LA
GRANDE ENCYCLOPÉDIE
IMPEîiMERIK mi E, ARRAULT ET C^^
LA
GRANDE ENCYCLOPÉDIE
INVENTAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.
PAR UNE
SOCIÉTÉ DE SAVANTS ET DE GENS DE LETTRES
sous LA DIRECTION DE
MM. BERTHËLOT, sénateur, membre de l'Institut.
Hartwig DERENBOURG, professeur à l'École spéciale des
langues orientales et à l'Ecole des hautes études.
A. GIRY, membre de l'Institut, professeur à l'École des
chartes et à l'Ecole des hautes études.
E. GLASSON, membre de l'Institut, doyen de la Faculté de
droit de Paris.
D' L. HAHN, bibliothécaire en chef de la Faculté de médecine
de Paris.
G.-A. LAISANT, docteur es sciences mathématiques, répé-
titeur à l'Ecole polytechnique.
MM. Ch.-V. LANGLOIS, chargé de cours à la Faculté des lettres
de Paris.
H. LAURENT, docteur es sciences mathématiques, examinateur
à l'École polytechnique.
E. LEVASSEUR, membre de rinstitmt, professeur au Collège
de France et au Conservatoire des arts et métiers.
G. LYON, maître de conférences à l'École normale supérieure.
H. MARION, professeur à la Faculté des lettres de Paris.
E. MUNTZ, membre de l'Institut, conservateur de PÉcole
nationale des beaux-arts.
Secrétaire général : André BERTHËLOT, député de la Seine.
TOME VINGT-CINQUIEME
ACCOMPAGNÉ DE SIX CARTES EN COULEURS, HORS TEXTE
(NORD, OCÉANIE, OISE, ORAN, ORNE, PARIS)
NORD — PART
PARIS
SOCIÉTÉ ANONYME DE LA GRANDE ENCYCLOPEDIE
61, RUE DE RENNES, 61
Tous droits réserves.
LISTE DE MM. LES COLLABORATEURS
DE
LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE
N. B. — Cette liste sera reproduite avec les modifications nécessaires en tête de chaque volume et une liste générale
sera publiée à la fin de l'ouvrage.
COMITÉ DE DIRECTION
MM. BERTHELOT, sénateur, membre de rinstitut.
Hartwig DERENBOURG, professeur à l'École spéciale
des langues orientales et à TEcoIe des hautes
'études.
A. GIRY, membre de l'Institut, professeur à l'École des
chartes et à l'Ecole des hautes études.
E. GLASSON, membre de l'Institut, doyen de la Faculté
de droit de Paris.
D»" L . HAHN, bibliothécaire en chef de la Faculté de
médecine de Paris.
C.-Â. LAISANT, docteur es sciences mathématiques,
répétiteur à l'École polytechnique.
MM. Ch.-V. LANGLOIS, chargé de cours à la Faculté des
lettres de Paris.
H. LAURENT, docteur es sciences mathématiques, exa-
minateur à l'École polytechnique.
E. LEVASSEUR, membre de l'Institut, professeur au
Collège de France et au Conservatoire des arts et
métiers.
G. LYON, maître de conférences à l'École normale
supérieure.
H. MARION, professeur à la Faculté des lettres de Paris,
E. MÎJNTZ , membre de l'Institut , conservateur de
l'École nationale des beaux-arts.
Secrétaire général ; André BERTHELOT, député de la Seine.
Abt (G.), agrégé de philosophie.
ADAM, professeur à la Faculté des lettres de Dijon.
Aguillon, inspecteur général des mines, professeur à
l'Ecole nationale supérieure des mines.
AiLLET (G.), élève de l'Ecole normale supérieure.
Alglave (Emile), professeur à la Faculté de droit de Paris.
Altamira (R.), professeur à l'Université d'Oviedo.
André (Louis,;, substitut près le Tribunal de la Seine.
Arnodin (F.), ingénieur des arts et manufactures.
AssE (E.), de la bibliothèque de l'Arsenal.
AiîBRY (Pierre), archiviste-paléographe.
Ablard (F.-A.), professeur à la Faculté des lettres de
l'Université de Paris.
Auriag (V. d'), bibliothécaire à la Bibliothèque nationale.
Babelon (E.), membre de l'Institut, conservateur du dé-
partement des médailles et antiques de la Bibliothèque
nationale.
BAiLLY, docteur es lettres, agrégé d'allemand.
Bapst (Germain), membre de la Société natiosale des anti-
quaires de France.
Barré (L.), astronome adjoint à l'Observatoire de Paris.
Barrés (Maurice), homme de lettres.
Barroux (Marins), archiviste adjoint aux archives de la Seine.
Baudrillart (André), ancien membre de l'Ecole française
de Rome, agrégé de l'Université.
Bayet, recteur de l'Académie de Lille, correspondant de
l'Institut.
Beaudoin (Mondry), professeur à la Faculté des lettres de
Toulouse.
Beauregard, député, professeur à la Faculté de droit de Paris.
Bechmann (G.), ingénieur en chef, professeur à l'Ecole des
ponts et chaussées, directeur des travaux de salubrité
de la ville de Paris.
BÉMONT (Charles), directeur adjoint à l'Ecole des hautes
études.
Berger (Philippe), membre de l'Institut, professeur au Col-
lège de France.
Bertaux (Emile), agrégé des lettres, ancien membre de
l'Ecole française de Rome.
BERTHELOT (Daniel), agrégé à l'Ecole de pharmacie, pro-
fesseur d'histoire des sciences physiques à l'Hôtel
de Ville de Paris.
BERTHELOT (Philippe), licencié es lettres et en droit.
BERTHELOT (René), professeur à l'Université de Bruxelles.
BERTRAND (Alexandre), membre de l'Institut, directeur du
musée de Saint-Germain.
BERTRAND (Al.), professeur à la Faculté des lettres de Lyon.
Bertrand (Léon), chargé de cours à la Faculté des sciences
de Toulouse.
BiNG (M.).
Blanchard (Raphaél), professeur à la Faculté de médecine
de Paris.
Blanchet (Adrien), ex-bibliothécaire au département des
médailles et antiques de la Bibliothèqwe nationale.
Bloch (G.), maître de conférences à l'Ecole normale supé-
rieure .
Bloghet (E.), maître de conférences à l'Ecole des hautes
études.
Blondel (D'' R.), docteur es sciences.
Blum (Eug.), professeur agrégé de philosophie.
BoiRAC; recteur de l'Académie de Grenoble.
Bosio, direction de la Statistique du royaume d'Italie.
Bossert (A.), inspecteur général de l'Instruction publique.
Bouché -Leclercq (A.), membre de l'institut, professeur à
la Faculté des lettres de Paris.
Bourion, préparateur à la Sorbonne.
BouRNON (F.), archiviste-paléographe.
BouTROux (Emile), membre de l'Institut, professeur à la
Faculté des lettres de Paris.
BouvAT, élève diplômé de l'École des langues orientales.
BOYÉ (Pierre), docteur es lettres et en droit, licencié es
sciences, avocat à la, Cour d'appel de Nancv.
Boyer (G.), professeur à l'Ecole d'agriculture de Montpellier.
Brancour (René), compositeur de musique.
LISTE DE MM. LES COLLABORATEURS
BfvicARD (R.), répétiteur à l'Ecole polyteclmique.
Bricon (Etienne), homme de lettres.
Brochard (Victor), professeur à la Faculté des lettres de Paris.
Brunetière (Ferdinand), membre de l'Académie française.
Brutails, archiviste du département de la Gironde.
BûcHNF-R, professeur de littérature étrangère à la Faculté
des lettres de Gaen.
Buisson (F.), professeur à l'Université de Pari«, directeur
honoraire au Ministère de l'instruction i)ublique.
CABANES (D'" Aug.), publiciste.
GAGNAT, membre de l'Institut, professeur au Collège de France.
Cagniard (Gaston), publiciste, ancien élève ce l'Ecole des
langues orientales.
Gaix de Saint-âymour (vicomte Amédée de), publiciste.
Gapus (Guillaume), docteur es sciences.
Cart (Théophile), professeur au lycée Henri IV et à l'Ecole
libre des sciences politiques.
Cart (William), agrégé de l'Université, professeur au lycée
Voltaire.
CASANOVA (E.), de r « Archivio di Stato ^', à Sienne.
Castan (A.), correspondant de l'Institut, conservateur de la
Bibliothèque de la ville de Besançon.
Cat (E.), professeur à l'École des lettres d'Alger.
Chabry (L.), docteur en médecine et es sciences.
Challamel, conservateur honoraire de la bibliothèque
Sainte- Geneviève.
Champeaux (de), bibliothécaire de l'Union centrale dc->
arts décoratifs.
ChAntriot (Emile), agrégé d'histoire, professeur au lycée et
à l'Ecole supérieure de commerce de Nancy.
Charavay (Etienne), archiviste-paléographe.
Gharlot (Marcel), chef de bureau au Ministère de l'ins-
truction publique.
Charnay ;;Maurice), publiciste.
Chassinat, chargé de la diiection de l'Institut français
d'archéologie orientale du Caire.
CïiA vannes (Ed.), professeur au Collège de France.
Chervin (D""), membre du Conseil supérieur de statistique,
directeur de l'Institution des bègues de Paris.
Cheuvreux (Casimir), avocat à la Cour d'appel de Paris.
Claparède (A. de), docteur en droit, ancien secrétaire du
Département politique (affaires étrangères) de la Confé-
dération suisse.
Glermont, docteur en médecine.
Colin (Maurice), professeur agrégé des Facultés de droit.
CoLLiGNON (M.), membre de l'Institut, professeur à la Faculté
des lettres de runlver&ité de Paris.
CoLMET d'Aage (Henri), conseiller maître à la Cour des comptes.
Colonna de Gesari Rocca, publiciste.
GoMPAYRÉ, recteur de l'académie de Lyon.
CoRDiER ^H.), professeur à l'Ecole des langues orientales.
CoRLAY (Pioire de), publicise.
GosNEAU (E.), professeur au lycée Henri IV.
CouDERC (Camille), sous-bibliothécaire au département des
manuscrits à la Bibliothèque nationale.
CouDREAu (Henri), explorateur de la Guyane.
GouGNY (Gaston), prôlesseur d'histoire de l'art dans les
Ecoles municipales de Paris.
COUPARD.
Gourant (Maurice), interprète du Ministère des affaires
étrangères pour les langues chinoise et japonaise, pro-
fesseur suppléant au Collège de France.
CocRTEAULT (Hcurl), archiviste aux Archives nationales.
CousTAN ( A.), docteur en médecine.
CoviLLE (A.-H.), professeur à la Faculté des lettres de Lyon.
Cramaussel, professeur de piiilosoi)hie'au lycée de Gap.
Crozals (J. de), prof, à la Faculté des lettres de Grenoble.
Da Costa, élève de l'Ecole normale supérieure.
Dastre (A.), professeur de physiologie à la Faculté des
sciences de Paris
Dauriac (Lionel), professeur à la Faculté des lettres de
Montpellier.
Debîdour (A.), inspecteur général de l'Instruction publique.
Debierre (D"" Ch.), professeurs la Faculté de médecine deJiille.
Debré (S.), rabbin.
i)EGLAREUiL (J.), docteur en droit.
DÉGLiN (H.), docteur en droit, avocat à la cour d'appel de Nancv.
ÔELAVAUD ^h.), inspecteur du service de santé de la
marine, en retraite.
Delavaud (L.), secrétaire d'ambassade.
Deniker, docteur es sciences naturelles, bibliothécaire du
Muséum.
Denis (E.), chargé de cours à la Faculté des lettres de Paris.
tiERENBOURG (Joseph), membre de l'Institut.
Desdouits, ingénieur en chef des chemins de fer de l'Etat.
Desrousseaux (A. -m.), directeur adjoint à l'Ecole des .hautes
études.
DiDON (Le P.), directeur de l'Ecole Albert-le-Grand.
DiEHL (Ch.), corree.pondant de l'Institut, ancien membre de
l'Ecole d'Athènes, professeur à la Faculté des lettres de
Nancy.
DoiLFTJs (G.), attaché à la Carte géologique deFcanee.
Dollfus : Lucien).
Douady (J.), élève de l'École normale. supérieure.
Dramard, conseiller à la cour de Limoges.
Drapeyron (Ludovic), docteur es lettres, directeur de la
Revue de Géographie,
Droogmans (h.), ancien chancelier du Consulat général belge
aux Etats-Unis.
Drouin (E.), secrétaire adjoint et bibliothécaire de la Soc.
asiatique.
Ducrocq, professeur à la Faculté de droit de Paris.
DUFOUR, chargé du cours de littérature grecque à la Faculté
des lettres de Lille.
Dufourmantelle (Charles), ancien archiviste de la Corse.
Dufourmantelle (Maurice), avocat à la Cour d'appel de Paris.
Duhamel (Louis), archiviste du département de Vaucluse.
Dumoulin (Maurice), rédacteur en chef du Journal du Havre.
Duproix (Paul), professeur à la Faculté des lettres de l'Uni-
versité de Genève.
Durand (G.), archiviste du département de la Somme.
Durand-Gréville, publiciste.
DuREAu(D^\.),biblioth. en chef de l'Académie de médecine.
Durier (Ch.), vice-président du Club alpin français, ancien
chef de division au Ministère de la justice,
Dussaud (René), élève diplômé de l'Ecole des langues orien-
tales vivantes.
Engerand.
ExNjALRAN, élève de l'Ecole normale supérieure.
Enlart, sous- bibliothécaire de l'Ecoie des beaux-arts.
Ernst (Alfred), de la bibliothèque Sainte-Geneviève.
EsGHBAECiiER (Emile), ancien chef de bureau au Ministère des
postes et télégraphes.
Espinas Alfred), professeur à la Faculté des lettres de Paris.
Farges (Louise chef du bureau historique au Ministère des
affaires étrangères.
Faucher (L.), ingén. en chef des poudres et salpêtres à Lille.
Feer (Léon), bibliothécaire au département des manuscrits
de la Bibliothèque nationale.
Flamaa^t (A.), ingénieur en chef des ponts et chaussées.
Flourac, archiviste du département des Basses-Py»énéos.
FoNCiN (Pierre), inspect. générai de l'Enseignem. secondaire.
FoNSEGRivE, professeur de philosophie au lycée Buffon.
Fonte (R.), professeur au collège communal d'Armentières.
FouGART (Georges), ingénieur, chargé de mission à Mada-
gascar.
FouoïïER (A.), maître de conférences à TEcole des hautes
études.
Fournier (Henri), docteur en médecine.
FouRNiER (Marcel), ancien professeur à la Faculté de droit
de Gaen, directeur Je la Revue politique et parle-
mentaire.
François (G.), chef comptable de banque.
Fredlricq ( Paul ) , professeur^ l'Université de Gand .
Funck-Brentano (Frantz), sous-bibliothecaire à la biblio-
thèque de l'Arsenal.
Galbrun, secrétaire de l'Ecole du Louvre.
Garnier (E.), membre du Comité des Sociétés des beaux-arts.
Garnier (1..), rédacteur en chef de la Presse vétérinaire.
Gasté (Armand), professeur à la Faculté des lettres de Gaen.
Gaubert (Paul), docteur es sciences, préparateur de miné-
ralogie au Muséum.
Gauthiez (Pierre), agrégé de l'Université.
Ga-utiiiot (Robert), agrégé de l'L'niversiié.
Gautier (Jules), inspecteur de l'académie de Paris.
Gavrilovitch, professeur d'histoire .a:u lycée de Belgrade.
GAZ1ER (A.), piofesseur adjoint à la Faculté des lettres de
Paris.
Gérard (Aug.), ministre plénipotentiaire en Belgique.
Gerspagh, administrateur .honoraire de la manufacture sdes
Gobelins.
Giard (A.), professeur à la Faculté des sciences.de Paris.
Gidel, ipro viseur du lycée Condorcet.
GiQUEAux (P.), professeur au lycée de N'we.
Girard (Charles), chef du Laboratoire municipal ;de Paris.
Girard (Paul), maître de conférences à l'Ecole normale
supérieure.
Girard (P. -F.), professeur à la Faculté de.droitid« Paris.
GiRODON (F.), docteur en droit, greflier à la Gour 'de cassa-
tion.
Gla chant (Victor),. abrégé des lettres, professeur au lycée
Buffon.
Glangeald (Ph.), -agrégé x\e l'Université, docteur es
sciences, maltse .de conférences à l'Université de Cler-
mont-Ferrand.
Gley'^E..), prof, agrégé àla Faculté de médecine de Paris.
Gobat (D'), conseiller d'Etat, directeur de l'Education du
canton de Berne.
Gûguel (P.),.prof. de filature à l'Institut industriel dfi Nord.
GoNSE, membre du Conseil.supérieur des Beaux-Arts, ancien
directeur de la Gazette des. Beauxr Arts,
GORCEix (H.), directeur de l'Ecole des mines d'Ouro Preto
(Brésil).
GouRDON DE Genouillac, membre du comité de la, Société de s
gens de lettres.
Grand (.E.tD.), .archiviste-paléagraplie.
Grandje AN (Charles), secrétaire-rédacteur, au Sénat.
GRiMALDi-CASTA'(Luigi), secrétaire à la Directian générale
de la Statistique du royaume d'Italie.
GuiGUE (Georges), archiviste du département du Kk^ne.
•GuiRAUD (Paul), professeur adjoint àla Facul-té'des lettres de
Paris.
LISTE. DE MM. LES COLLABORATEIRS
Hâhn (J.), médecin-major de 1"^^ classe.
HAim (Camille), licencié es sciences naturelles.
Haiin (Lucien), sous-bibliolhécaire à. la Faculté de méde-
cine de Paris.
HARLAY, interne en pharmacie.
Haug (Emile), maître de conférences à la Faculté des sciences
de l'Université de Paris.
Hauser (H.), docteur es lettres, professeur à la Faculté des
lettres de Clermont.
Heckel, professeur à la Faculté des sciences de Marseille.
Hedi (D'' Fr.)i professeur agrégé à la Faculté de médecine de
Paris.
Hemneguy (Félix), publiciste.
Herrmann (DO, professeur à la Faculté de médecine de Lille.
HiLD (J.-A.), professeur à la Faculté des lettres de Poitiers.
HoMOLLE, membre de l'Institut, directeur de l'Ecole fran-
çaise d'Athènes.
HcfuDAs, professeur à l'Ecole des langues orientales.
Houssaye (Arsène), homme de lettres.
llUART (M. -CL), consul de France, secrétaire-interprcto
du gouvernement, profes&eur à l'École spéciale des
langues orientales vivantes.
Hubert (Eugène), professeur à l'Université de Liège.
Hubert (Henri), agrégé d'histoire, attaché aux mtisées
nationaux.
HuMBERT (G.), ingénieur des ponts et chaussées.
HCRET (J.)
Jeanroy, professeur à la Faculté des lettres de Toulouse.
JoANNis, docteur es sciences, chargé de cours à la Faculté
des sciences de Paris.
JoRGA (N.), professeur à l'Université de Bucarest.
JouBi^i (L.), docteur es sciences, maître de conférences à la
Faculté des sciences de Rennes.
JuLLiAN (CamUle), correspondant de l'Institut, professeur à
la Faculté des lettres de Bordeaux.
KÉRAVAL (P. ), médecin des asiles de la Seine.
Kergomard (Joseph), agrégé d'histoire et de géographie,
I)rofesseur au lycée Descartes, à Tours.
Knab (L.), ingénieur civil des arts et manufactures.
KoHLER (Ch.), bibliothécaire à la bibliothèque Sainte-Gene-
Tiève.
KoNT (J ), professeur agrégé au collège Rollin, docteur de
l'Université de Budapest.
KoRZE^^IOVTSKI (L), délégué de l'Académie des sciences de
Cracovie.
KhûtSER (F.-H.), professeur à l'Institut des missions évangé-
liques de Paris.
KuKFF (G.), docteur en médecine.
KiiHNE, publiciste.
KuNSTLER, professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux.
LvcouR (P.), attaché à la direction des Beaux-Arts.
Lacivoix, docteur es sciences, professeur de minéralogie au
Muséum d'histoire naturelle.
Laloy, docteur en médecine.
Lambert (Mayer), professeur au séminaire Israélite de Paris.
Lambling (D""), professeur agrégé à la Faculté de médecine
de Lilie.
Lasglois (D"" p.), professeur agrégé à la Faculté: de méde-
cine, de Paris.
Lanson (G.), professeur de. rhétorique au lycée Louis-le-
Graûd,
Laroussie, Yice consul de Franice àMoBtevideo.
Launay (L. de), professeur à l'Ecole supérieure des mines
de Paris.
Lavalley (Gaston), bibliothécaire de la ville de Caen.
Lavojx (Henri), administrateur de la bibliothèque Sainte-
Geneviève.
JiECORNu (L.), ingénieur en chef des mines, docteur es sciences.
LÉGRivAiN (Ch.), chargé de cours à la Faculté des lettres de
Toulouse.
Lefèvre (Ch*arles), professeur à la Faculté de droit de Paris.
Lefèvre (Edouard), ancien, président de la Société entomo-
logique de France.
Lefort (Paul), Inspecteur des. Beaux- Arts .
Lefranc (Abelî, secrétaire du Collège de France.
Leg^r (L.), professeur au Collège, de France.
Legrand (Emile), professeur à l'Ecole des langues orientales.
Legras (J.), professeur à la Faculté des. lettres d« Dijon.
Leitr (E.), professeur honoraire de droit à Lausanne.
Lkuugeur (Paul), prolesseuj* au lycée Henri IV.
Lkmoise (Dj- Georges), pi^ofesseur à la. Faculté de médecine,
de Lille.
Lemosnier, chargé de cours, à la Faculté des lettres, pro-
fesseur à l'Ecole des^ beauxrarts.
Lem iSOF (Paul), attaché à la Société de géographie,
Léoxahûon, archiviste.'paléographe^ conservateuii adjoint
de la Bibliothèque de Versailles.
Leprieur (Paul), conservateur adjoint au Musée dâi Louvre.
Leriche, drogman-chancelier à- Mogador .
Leroux (AH.), archiviste du département dé la Haute- Vienne;
Le Sueur (L.), docteur en droit, juge d'instruction à Châ-
lons-sur-Marne.
Levasseur (L.), rédacteur au Ministère de la justice.
LÉvEiLLÉ, professeur à la Faculté de droit de Pans.
LÉvT (Israël), professeur d'histoire juive à I" Ecole des hautes
études et au séminaire Israélite de Paris.
LÉvi (Sylvain) professeur au Collège de France.
Levillain, agr.'^gé d'histoire et de géographie, professeur
au lycée de Brest.
Lévy (Gaston), maître de conférences à l'Université d'Upsal.
Lex (L.), archiviste du dépaj-tcment de Saône-et-Loire.
Leymarie (G.), bibliothécaire de la ville de Limoges.
LiiuiLLiEK (1;.), avocat, membre de la So:iéLé archéologique
de Touraine.
LiARD, membre de l'Institut, directeur de l'enseignement
supérieur au Ministère de l'instruction publique.
F.iBOJS, archiviste du département du Jura.
LicFiTENBERGFR (Henri), professeur à TUniversité de Nancy.
LïÉTARD, docteur en médecine.
LoDS (Armand), docteur en droit, directeur de la Revue de
droit et de jurisprudence des Eglises protestantes.
LoRÊT (Victor), directeur des fouilles et des musées d'Egypte,,
au Caire.
Lot (Ferdinand), bibliothécaire à la bibliothèque de l'Uni-
versité de Paris.
Lucas (Charles), architecte.
LuciPiA (Louis), membre du Conseil municipal de Paris.
Mabille (J.), attaché au laboratoire de malacologie du Mu-
séum d'histoire naturelle.
Maglin, ingénieur des arts et manufactures et répétiteur à
l'Ecole centrale.
Maindron (Maurice), critique d'art.
Mantz (Paul), directeur général honoraire des Beaux-Arts.
Marais (Paul), sous-bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine.
Marçais'.W.), directeur de la Médersa de Tlemcen.
Marcel (Gabriel), bibliothécaire de la section de géographie
à la Bibliothèque nationale.
MARCHAND (G.).
Marchand (Ludovic), licencié es lettres, diplômé d'études
supérieures de géographie.
Mariéton (Paul), directeur de la Revue félîbréenne.
Marlet (Léon), attaché à la bibliothèque du Sénat.
Maure (Aristide), chargé de cours à l'École des langues
orientales.
Martel (E.), agréé.
Martha (Jules;, professeur à la Fd<îulté des lettres de Paris.
Martha (D'), secrétaire de la Société de médecine publique
et d'hygiène professionnelle.
Martin (A.-J.), ancien préparateur au laboratoire de phy-
siologie de la Faculté de médecine de Paris.
Martin (Henry), bibliothécaire à la bibliothèque de l'Arsenal.
Martinet (A.), commissaire du gouvernement près le conseil
de préfecture de la Seine.
Maspero , membre de l'Institut , professeur au Collège de
France.
Massebieau (A.), professeur d'histoire au lycée de Rennes.
Massigli (Ch.), agrégé à la Faculté de droit de Paris.
Matignon (G.), maître de conférences à la Faculté des
sciences de 1 Université de Paris.
Maury, homme de lettres.
May (G.), professeur à la Faculté de droit de Nancy.
Ma-zade, préparateur au Laboratoire des recherclies mé-
dicales.
Mazerolle (Fernand ), bibl io thécai re-archi viste de la Monnaie
Mazon (A.), homme de lettres.
Mazzoni, professeur de littérature italienne à l'Institut des
Etudes supérieures de Florence.
Meillet (A.), directeur adjoint à l'Ecole des hautes études.
MÉLiNAND (G.), agrégé de philosophie.
Mély (F. de), correspondant du Comité des Sociétés des
Beaux-Arts deadepartementa.
Menant (J.), membre de l'Institut.
Menghini (DO, bibliothécaire à la « Biblioteca nationale », à
Rome.
MÉTiN (Albert), agrégé d'histoire.
Michaud (D-- E.), professeur à l'Universnté de Berne.
MicHAUT (G.), chimiste de la station agronomique de l'Yonne.
Michel (André), conservateur au Musée du Louvre, profes-
seur à, l'Ecole spéciale d'architecture.
Michel (Emile), membre de l'Institut.
MoiREAU (Aug.), agrégé des lettres.
Molinier(A.), professeur à l'Ecole des chartes.
MoLiNiEK (Ch.), professeur à la Faculté des lettres de Toulouse.
MoLiNiER (E.), conservateur au Musée du Louvre.
Monceaux (P.), docteur es lettres, professeur de rhétorique
au lycée Henri IV.
MoNïEZ (DO, professeur à la Faculté de médecine de Lille.
M!onin(H;), docteur es lettres, professeur au collège Rollin,
professeur d'histoire à l'Hôtel de Ville de Paris.
MONMïTONNET, profésseur à Saint-Pétersbourg.
MoNOD (Gabriel), membre de l'Institut, maître de confé-
r«:ices à TEtole normale supérieure, directeur de la
Revue, historique.
MoRER, médecin-major de l"* classe.
MoRTET (Ch.),, conservateur à> la bibliothèque Sainte-Gene-
viève.
MoRTET (Victor), bibliothécaire à la Sorbonne.
MtRTiLLET (G. de), ancien conservateur adjoint du musée de
Saint- Germain.
Moutard, examinateur à l'École polytechnique.
LISTE DE MM. LES COLLABORATEURS
MouTOu (S.), ingénieur des manufactures de l'Etat.
Nachbaur (Paul), avocat à Mirecourt.
NÉNOT, membre de l'Institut, architecte de la Sorbonne.
NOLHAC (Pierre de), conservateur du musée de Versailles.
Normand (Charles), directeur de la revue VAmi des monu-
ments et des arts.
Oltramare, astronome à l'Observatoire de Paris.
Omont (H.), conservateur adjoint au département des ma-
nuscrits de la Bibliothèque nationale.
Oppert (Jules), membre de l'Institut, professeur au Collège
de France.
OuRÉM (Alméida Aréas , vicomte d') , membre d'e l'Institut
hist. et géogr. du Brésil, ancien ministre plénipoten-
tiaire du Brésil à Londres.
Oi]stalet(E.), assistant au Muséum d'histoire naturelle.
Palustre (Léon), directeur honoraire de la Société française
d'archéologie.
Palustre (B.), archiviste du dépaitement des Pyrénées-
Orientales.
Paris, professeur à la Faculté des lettres de Bordeaux.
Parodi (D.), agrégé de philosophie.
Passy (Paul), directeur adjoint à TEcole des hautes études,
président de l'Association phonétique des professeurs
d'anglais.
Paulian, secrétaire-rédacteur à la Chambre des députés.
Pawlowski (Gustave), bibliographe.
PÉAN (D^, membre de F Académie de médecine.
PÉLissiER (L.-G.), professeur à la Faculté des lettres de
Montpellier.
Pelletan (Camille), député des Bouches-du-Rhône.
PÉRATÉ, conservateur adjoint du musée de Versailles.
Petit (E.), professeur au lycée Janson-de-Sailly.
Petit (D' h.-ll.), ancien bibliothécaire à la Faculté de mé-
decine de Paris.
Petit (P.), membre de la Société botanique de France.
PETiT-DuTAiLLis (Gh.) , Chargé de cours à la Faculté des
lettres de Lille.
Peyre, sous-préfet à Coutances.
Pfender (Charles).
PiCAVET, docteur es lettres, professeur au collège Rollin,
maître de conférences à l'Ecole des hautes études.
Picot (Emile), membre de l'Institut, professeur à l'Ecole
des langues orientales.
PiÉcHAUD (Adolphe), docteur en médecine, médecin du
Sénat, inspecteur des écoles de Paris.
Pierre (Constant), commis principal au secrétariat du Con-
servatoire national de musique.
PiERRET (Paul), conservateur du musée égyptien du Louvre.
Pignot(A.), préparateur à la Faculté de médecine.
PiLLET (Jules), professeur au Conservatoire des Arts et
Métiers, à l'Ecole des beaux-arts et à l'Ecole des ponts
et chaussées.
Pinard (Ad.), professeur à la Faculté de médecine de Paris.
PiNEL Maisonneuve, docteur en médecine.
PiNGAUD, agrégé d'histoire et de géopcraphie.
Planiol, professeur adjoint à la Faculté de droit de Paris.
Platon (G.), bibliothécaire de la Faculté de droit de Bor-
deaux.
PoiNGARÉ (Raymond), député.
PoTEL (Maurice), docteur en médecine, licencié es sciences.
PouGiN (Arthur), publiciste.
PouzET (Ph.), agrégé d'histoire.
Prado (Eduardo da Silva), avocat et homme de lettres.
Preux (J.), ancien secrét'« du Comité de législation étrangère.
Prou (M.), bibliothécaire au Cabinet des médailles à la
Bibliothèque nationale.
Prudhomme, archiviste du département de Tlsère.
PsiGHARi (Jean), directeur à l'Ecole des hautes études.
PuAux (Franck), publiciste.
Quellien (N.), publiciste.
QuESNEL, professeur à l'Ecole des hautes études commer-
ciales.
Quesnerie (Gustave de La), professeur au Ivcée Saint-Louis.
QuiTTARD (Henri), çubliciste.
RAVAissE(P.),chargé de cours à l'Ecole des langues orientales.
Ravaisson-Mollien (Ch.), conserv. adjt au Musée du Louvre.
REGNA UD (P.), professeur à la Faculté des lettres de Lyon.
Reinach (Théodore).
Renard (Georges), professeur à la Faculté des lettres de
Lausanne,
Renoult (René), avocat à la Cour d'appel, ancien chef de
cabinet du président de la Chambre des députés.
RÉviLLouT (E.), conservateur adjoint au Musée du Louvre.
RiBOT (Th.), professeur au Collège de France, directeur de
la Revue philosophique.
RiCHET (Charles), professeur à la Faculté de médecine de
Paris.
RiEGEL (Alfred), ingénieur des manufactures de l'Etat.
Rio-Branco (J.-M. da Silva-Paranhos, baron de), membre de
l'Institut historique et géographique du Brésil, ancien
député.
RiTTi (D'- Ant.), médecin de la maison nationale de Cha-
renton.
RocHEBRUNE (D'' de), assistant au Muséum d'histoire naturelle
Rolland, médecin des asiles de Laforce (Dordogne)
RossKjNOL, ^l^'lg^d^histoire, professeur à l'Ecole polytech-
RouiRE (D'), membre de la mission scientifique de Tunisie
Roussel (Félix), avocat à la Cour d'appel de Paris ""'^'''*
Ruelle (C.-E.), administrateur de la bibliothèque Sainte-Gé-
Russell (W.), docteur es sciences naturelles, préparateur
en chef a la Faculté des sciences.
Ruyssen (Th.), professeur agrégé de philosophie.
bAGNET (Léon), attaché au Ministère des travaux publics
S^^îNmM Henry), rédacteur en chef du Journal de Vagri-
Saint-Arroman (de), membre du comité de la Société des
gens de lettres.
SAL3I0N (Georges), élève diplômé de l'École des lan^^ues
orientales vivantes. ^
Salone, professeur agrégé d'histoire et de géographie au
lycée Condorcet.
Samuel (René), bibliothécaire du Sénat.
Sarrau, membre de l'Institut, ingénieur en chef des poudres
et salpêtres.
Saury (D'), médecin de l'asile de Suresnes.
Sauvage (D«-), directeur de la station aquicole de Boulogne-sur-
Mer. ^
Saverot (Victor), docteur en droit.
Sa vous, professeur à la Faculté des lettres de Besançon
membre correspondant de l'Académie hongroise.
ScHEFER (G.), bibliothécaire à la bibliothèque de l'Arsenal
ScH^YAB (M.), bibliothécaire à la Bibliothèque nationale
Second, professeur agrégé de philosophie.
Simon (Eugène), ancien président des Sociétés entomologique
et zoologique de France.
SiMOND (Charles), secrétaire de la Revue des Revues,
SouQUET (Paul), 'professeur de philosophie au lycée Henri IV
Stein (H.), archiviste aux Archives nationales.
Straus, professeur à la Faculté de médecine de Paris.
Strauss, avocat à la Cour d'appel de Paris.-
Strœhlin, professeur à l'Université de Genève.
Stryienski (Casimir), professeur agrégé au lycée Montaigne
Tânnery (P.), ingénieur des manufacturer de l'État.
Tarde (G.), directeur de la statistique au Minist. de la justice
Tausserat-Radkl (Alexandre), sous-chef du bureau histo-
rique au Ministère des affaires étrangères.
Teodoru (D. A.), chargé de mission par le gouvernement
roumain.
Tertrin (Paul), préparateur au Muséum d'histoire naturelle.
Théry (Edmond), directeur de l'Economiste européen.
Tholin (G.), archiviste du département du Lot-et-Garonne.
Thomas (Antoine), chargé de cours à laFaculté des lettres de
Paris, maîti-e de conférences à TEcole des hautes éludes
Thomas (D' L.), bibliothécaire à la Faculté de médecine de
Paris.
Tiersot (Julien), sous-bibliothécaire au Conservatoire de
musique.
TouRNEUx (Maurice), publiciste.
Tournerie (E.), rédacteur à la Préfecture de la Seine
TouTAiN (Jules), ancien membre,dc l'Ecole française de Rome
maître de conférences à l'Ecole des hautes études. ^
Trawinski, secrétaire des Musées nationaux.
Troude (J.), ingénieur agronome, professeur à l'Ecole des
industries agricoles de Douai.
Trouessart, docteur en médecine.
Vachon (Marins), critique d'art.
Valabrègue (Antony), critique d'art.
Varigny (H. de), docteur en médecine, docteur es sciences
naturelles.
Vast (Henri), professeur d'histoire et de géographie au lycée
Condorcet, examinateur d'admission à l'école Saint-Cyr.
Vayssière (A.), archiviste du département de l'Allier.
Vélain (Charles), professeur de géographie physique à la
Faculté des sciences de Paris.
Venukoff ( Michel ) , ancien secrétaire général de la Société
de géographie de Russie.
Vergniol (C), professeur agrégé d'histoire au lycée de
Bourges .
Vernes (Maurice), directeur adjoint à l'Ecole des hautes
études (section des sciences religieuses).
ViALA (Pierre), professeur de viticulture à l'Institut national
agronomique de Paris.
ViNsoN (Julien), professeur à l'Ecole des langues orientales.
VoLKOv (Th.), membre de la Société impériale russe de géo-
graphie.
Vollet ( E.-H. ) , docteur en droit.
Weill (Georges), docteur es lettres, professeur d'histoire
au lycée Carnet.
Welschinger (Henri), vice-président de la Société des études
historiques.
Will (Louis) .
Yriarte (Charles), inspecteur général des Beaux-Arts.
Zaborowski, publiciste, ancien secrétaire de la Société
d'anthropologie de Paris.
LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE
N
NORD (D^p. du). Situation, limites, superficie.
— Le dép. du Nord doit son nom à sa situation à l'ex-
trémité septentrionale de la France. Il touche à la fron-
tière de Belgique sur tout son côté N. et N.-E., à la mer
du Nord sur son côté N.-O., aux dép. de l'Aisne et de la
Somme au S., du Pas-de-Calais au S.-O. Son ch.-L, Lille,
est distant de Paris de 200 kil. à vol d'oiseau, de 247 kil.
par le chemin de fer. Il n'est qu'à 409 kil. de Bruxelles,
capitale de la Belgique, etpresque aussi rapproché de Londres
que de Paris. Le dép. du Nord est situé entre 49^ 58^ et
54° 6' lat. N. (com. de Bray-Dunes, la plus septentrionale
de France), entre 0« 45' long. 0. et 4^54/ long. E. Il n'a
de limites naturelles que sur les 35 kil. de côtes, sur les
24 kil. où l'Aa, sur les 48 kil. où la Lys le séparent du
Pas-de-Calais, sur les 27 kil. où la Lys le sépare de la Bel-
gique. Les autres limites, même la frontière internationale,
sont purement conventionnelles, ruisseaux, routes, sentiers,
parfois une rue de village le divisant entre deux nations.
Le pourtour du département est de 814 kil., dont 33
pour la côte de la mer du Nord, 330 pour la frontière
belge, 420 le long du dép. de l'Aisne, 44 le long de
celui de la Somme, 320 bornant celui du Pas-de-Calais.
La longueur du N.-O. au S.-E., de Fort-Philippe sur
la mer à Anor, est de 484 kil., supérieure à celle de
tout autre département français. Mais la largeur varie
beaucoup : elle est de 33 kil. sur le front de mer, se ré-
duit à 6 kil. vers Armentières, aux limites des arr. d'Ha-
zebrouck et de Lille, et dépasse 60 kil. dans le S. (arr. de
Cambrai et de Valenciennes), entre Honnecourt ou Vil-
lers-Outréaux et Mortagne. Les trois com. de Doignies,
Boursies, Mœuvr es sont enclavées dans le Pas-de-Calais, et
la com. d'Escaufourt enclavée dans le Nord appartient à
l'Aisne. La superficie du département est de 568.400 hect.
d'après le cadastre, 577.300 d'après le service géogra-
phique de l'armée, ce qui le classe au 59® rang des dé-
partements français avec une étendue inférieure à la
moyenne.
Relief du sol. — Au point de vue orographique, le
dép. du Nord appartient à la plaine de l'Europe septen-
trionale et marque le commencement méridional des Pays-
Bas. Toutefois, vu sa très grande longueur, il convient
d'y distinguer la plaine de Flandre sise à l'O. et les col-
lines du Hainaut et du Cambrésis adossées au massif
de l'Ardenne. La Flandre comprend environ les 3/5 du
département, N.-O. et centre, de la mer à l'Escaut. Plate
et presque sans pente, puisqu'à l'O. de Denain l'ait, n'est
encore que de 53 m. au-dessus de la mer, elle est fai-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
blement inchnée vers le N. , comme le révèle la direction
de ses cours d'eau, partis des collines de l'Artois. La plaine
comprend, du N.-O. au S.-E., la Flandre maritime ou
flamingante, la Flandre wallonne ou française. Dans la
Flandre maritime, région marécageuse et tourbeuse, im-
bibée d'eau et péniblement asséchée par Thomme, on dis-
tingue, au bord de la mer, la zone des Dunes littorales,
au miheu desquelles est Dunkerque ; leur hauteur ne dé-
passe pas 20 m., leur largeur 2 kil., les chaînons sablon-
neux alternant avec les prés salins. Ces dunes, qu'on fixe
avec l'oyat, roseau des sables, sont parfois poussées vers
l'intérieur par les tempêtes ; celle du 4®^ janv. 4777 en-
sevelit à demi Zuydcoote. Derrière le bourrelet des dunes,
l'ancien delta de l'Aa constitue la plaine des Waterin-
gues, vaste de 40.000 hect., qui s'étend depuis la falaise
du Blanc-Nez et Sangatte (Pas-de-Calais) jusqu'à Wat-
ten dans l'intérieur; Bourbourgen occupe le centre. L'ait,
n'y dépasse pas 5 m. et, dans une grande partie de la
surface, est inférieure au niveau des hautes mers ; aussi
les cours d'eau sont-ils endigués et fermés par des écluses.
La pente descend des dunes vers l'intérieur ; Bergues se
trouve à 4"^, 80 en contre-bas de Dunkerque. Les fossés ou
canaux appelés watergands drainent l'eau, la maintenant
au niveau des sables « pissarts », au-dessus desquels
s'étend la terre végétale ; cette nappe douce contient l'in-
filtration des eaux saumàtres qui gâteraient le sol arable.
Les Wateringues se prolongent au N.par les Mo^r^s, jadis
submergées tout l'hiver, desséchées à l'aide des moulins
à vent et de la vapeur, selon la méthode néerlandaise.
Elles se continuent en Belgique. Au S. de ces terres basses,
se dressent, comme des îles, les buttes ou monts de Wat-
ten (73 m.), de Gassel (463 m.) et des Récollets (467 m.),
puis le groupe plus étendu du Catsberg ou mont des Cats
(475m.), montdeBoeschêpe(457m.),montNoir(454 m.),
sur la frontière belge. Un peu au S., le petit mont d'Hy-
ver (76 m.), entre Hazebrouck et Saint-Omer.Au delà se
trouve la Flandre wallonne, où les grandes villes succèdent
aux vertes cultures et aux jardins; l'horizon se couvre
de maisons de briques, dominées par les hautes cheminées
d'usines. Après cette vaste région urbaine coupée de jar-
dins, de champs de betteraves et de céréales, où l'ait, dé-
passe rarement 50 m. , le sol se relève, entre Lille et Douai,
dans la colline de Pévèle (407 m.).
La vallée de l'Escaut marque la fin de la plaine fla-
mande, le sol se relève et s'accidente. Au S. le Cambrésis
forme une plaine ou plateau ondulé et raviné par des
« riots » temporaires, dont l'ait, passe de 75 à 450 m. :
4
NORD
2
c'est la terminaison des collines d'Artois et de Picar-
die. Au N. sont les hauteurs du Hainaut, ne dépassant
guère 150 m., puis, au delà de la Sambre, on arrive à
VArdenne, de laquelle relève l'arr. d'Avesnes, encadré
entre les grandes forêts de Mormal et de Trélon ; au S.
de la dernière, à l'angle S.-E. du dép., se trouve le bois
de Saint-Hubert (266 m.), point culminant du département
du Nord. Le long de la limite orientale, les collines attei-
gnent 240 m. , près de Solre, de Cousolre, etc. A.-M. B.
Géologie. — GÉNÉRAirrÉs. — Le dép. du Nord est
un des plus riches de France, tant par son sol couvert
en grande partie de Unions et de calcaires que par son
sous-sol d'où l'on extrait la houille. C'est peut-être celui
OLi les applications de la géologie à l'industrie et à l'agri-
culture ont été poussées le plus loin. Grâce aux nombreux
sondages qui ont été faits, on a pu connaître l'allure et
la disposition des bassins houillers, masqués par les ter-
rains plus récents, qui constituent une partie de sa for-
tune. La partie élevée et accidentée du département s'étend
principalement sur la r. dr. de la Sambre où affleurent
les terrains anciens (dévonien et carbonifère) . Le reste du
département est constitué par le crétacé supérieur, dont
l'extension ne va pas au delà de Lille; par le tertiaire,
qui est principalement développé dans le milieu du dépar-
tement et, comme le crétacé, ne se montre guère que sur
le flanc des vallées. Le pléistocène couvre à lui seul plus
de la moitié du département (tous les plateaux), principa-
lement le pays plat formant le N, de l'ancienne Flandre
française. On ne trouve dans le dép. du Nord ni terrain
primitif, ni silurien, ni jurassique, ni roches éruptives.
C'est dans les terrains crétacés, tertiaires et quaternaires
que se prolonge le bassin houiller de Belgique, qui s'étend
sous forme d'une grande cuvette de direction générale
E.-O. entre Valenciennes, Douai et Lens au S., Saint-
Amand, Marchiennes et Béthune au N. A ce bassin se rat-
tache celui du Boulonnais, qui faisait partie jadis de la
même dépression.
Tectonique. — Les terrains anciens (dévonien et car-
bonifère) sont fortement plissés. Ils forment une série de
plis, de direction E.-O., parallèles au bord du massif de
l'Ardenne. Après une première plongée du dévonien vers
le N., le carbonifère apparaît dans les synclinaux bordé
par le dévonien. Le crétacé et le tertiaire ne décrivent que
des ondulations de faible amplitude ; les assises qui les
constituent sont presque horizontales. Les dislocations les
plus importantes et les plus curieuses se rapportent aux
terrains carbonifère et dévonien, formant la cuvette du
bassin houiller de Valenciennes. Si l'on fait abstraction des
formations qui recouvrent ce bassin, on peut dire que la
houille est logée dans une cuvette allongée E.-O. Par suite
de mouvements intenses, postérieurs au houiller (soulè-
vement de l'Ardenne), la partie S. du bassin a été pous-
sée sur la partie N. ; un grand pli couché, formé de dévo-
nien, de carbonifère et de terrain houiller inférieur, a été
charrié sur la partie N. sur plusieurs kilomètres d'étendue
et est venu se superposer au houiller. L'érosion a fait
disparaître la partie supérieure du ph, de sorte qu'il ne
reste plus qu'un lambeau de poussée constitué de haut en
bas par le dévonien inférieur, le dévonien supérieur, le
carbonifère, le houiller renversé et le houiller normal
rebroussé, reposant sur la cuvette houillère. On pensait
que ce mouvement avait amené la formation d'une faille
appelée faille du Midi, tandis qu'une autre faille, appelée
cran de retour, Hmitait la partie pUssée du bassin de la
partie moins pUssée. Le cran de retour est considéré par
M. Marcel Bertrand comme une faille inverse le long de
laquelle les couches du faisceau de Denain auraient été
poussées de bas en haut, du S. vers le N., en subissant
un fort rebroussement. Ainsi le cran de retour se confon-
drait avec la faille Hmite du lambeau de poussée et la
faille du Midi. Cette faille résulterait de Fétirement et du
charriage du pU couché, et si elle a aujourd'hui une forme
courbe, cela est dû à des tassements. Le lambeau de pous-
sée n'a été conservé qu'à la faveur de cet affaissement,
la dénudation n'ayant fait disparaître que la partie la plus
élevée du ph. On a estimé que la partie enlevée par
l'érosion atteignait plus de 5.000 m. Ces dislocations sont
des plus intéressantes et des plus importantes à connaître
dans la recherche de la houille. Les mouvements de char-
riage dont nous venons de parler sont très analogues à
ceux que l'on a constatés en Provence, dans le bassin de
Eu veau ; ils ont également leurs correspondants dans un
certain nombre de chaînes de montagne (Alpes de Claris) et
montrent l'intensité des phénomènes de phssement dans
le bassin houiller du Nord, postérieurement à l'époque
houillère.
Stratigraphie. — Le silurien a été rencontré dans
plusieurs sondages, mais il n'affleure pas à la surface. A
la fin du silurien eurent Heu de grands mouvements qui
firent de l'Ardenne une contrée montagneuse et redres-
sèrent les couches siluriennes constituant ce massif, qui
servit de rivage à la mer dévonienne. Le retour de cette
mer fut marqué par la formation d'un poudingue consti-
tué par des cailloux roulés, dont quelques-uns atteignaient
des dimensions colossales (5.000 kilogr.). Ce poudingue
passe à une arkose (50 m.), surmontée de schistes gros-
siers verdàtres (50 m.) à Orthis Verneuilli. C'est sur ces
couches, qui n'affleurent pas dans le dép. du Nord, que
reposent, clans le département, les schistes bigarrés d'Oignies
(4.000 m.) recouverts de schistes verts quartzeux, compacts
I (500 m.). L'ensemble de ces assises constitue le gedinien.
I Le coblentzien comprend les grès d'Anor (550 m.)
blancs, roses ou gris, exploités, à Spirifer paradoxus, qui
forment des collines élevées partout où ils affleurent. Les
schistes grossiers de Montigny (700 m.) avec bancs de
grès à Pleurodictyum problematicum les surmontent;
ils sont recouverts à leur tour par des grès sihceux très
durs (grès noirs de Vireux, 350 m.), puis par des schistes
rouges et le poudingue de Burnot (400 m.), et enfin par
la grauwacke rouge d'Hierges (600 m.) avec couche d'oli-
giste, exploitée comme fer, à Spirifer cultrijugatus.
Le dévonien moijen comprend les schistes' et calcaires
deBancennes(400m.)'à Calceola sandalina et Spirifer
speciosîis ; j^iiis les calcaires noirs ou bleuâtres, dits cal-
caires de Civet (400 m.), exploités comme marbre, pierre
à chaux, etc., renfermant Stringocephahis Burtini et
de nombreux stromatopores qui formaient à cette époque
de véritables récifs. Au-dessus on trouve le dévonien
supérieur comprenant une série de schistes argileux
(400 m.) avec nodules calcaires et des masses considé-
rables de calcaire exploité comme marbre à Rhynch. cu-
boides. Ces calc^iires forment des collines excessivement
pittoresques. La série des couches supérieures se continue
par des schistes noirs à Cardium palmatum (50 m.),
puis par les psammites et les schistes d'Eppe Sauvage
(1.000 m.), comprenant des psammites plus ou moins
quartzeux et des schistes argileux à Spirifer Ver-
neuilli. Le dévonien se termine par un calcaire noir (cal-
caire d'Etrœunght [100 m.]) alternant avec des schistes
calcaires à Spirifer distans. La puissance du dévonien
est considérable, puisqu'elle atteint plus de 7.000 m. Cet
étage n'affleure pas cependant sur une grande étendue
dans le département, par suite du redressement très fort
des assises. Partout où il se montre, il constitue des ré-
gions accidentées, en partie couvertes de forêts.
Il y a concordance de stratification entre le dévonien et
le carbonifère. On a vu plus haut l'allure de ces couches.
Au commencement du carbonifère, il y avait deux bas-
sins, celui de Dinant-Avesnes et celui de Nainur-Valen-
ciennes, séparés par un haut fond, appelé crête de Con-
dros, mais communiquant entre eux par le N.-O. et le
S.~0. Ces deux bassins furent comblés d'abord par
des sédiments marins, puis par des sédiments houillers.
Dans le bassin de Dinant-Avesnes qui était le plus large,
le calcaire carbonifère forme des rides synclinales de di-
rection E.-O. séparées par des voûtes anticlinales dévo-
GraadeEacycLopédie —Tonte ^KXV.
NORD
: <urr"l yj /")f//";'r"
Cpood et imprimé' par ErhccrcL F*^ (J896)
Société anoiyme delaG-^Eucyclopédie.
iiieiines. Cette disposition, en bandes allongées, est très
nette sur une carte géologique. Le earbonifère comprend
une série de calcaires et de dolomies dans les(fuels on dis-
tingue plusieurs sous-étages : 1*^ le tournaisien foj'mé
par les calcaires et les schistes d'Avenelles, surmontés
par un calcaire bleu à crinoides à Spirifer Dwsqueiisis ;
^" le waulsorlien, constitué par les calcaires gris ou
blancs de Waulsort, renuuHpiables par leurs caractères
coralliens, car ils sont pétris de stromatopores ; à celte
époque, on avait des récifs coralliens (fui s'étendaieni
en Belgique, sur plus de 60 kil. ; ces calcaires sont carac-
térisés par Spirifer cuspidatus, Productus semi-relicu-
laliis; 3° le viséen comprenant des cab-airesgris ou noirs
à Productus cora et giganteus, avec inlercalalion dedo-
lomie ruinifoi'me à Choneles papiiionacea.
Le terrain Jiouit ter n'iiiWeiiYddimsh département qu'un
peu au N.-O. d'Avesnes, vers Aulnoye et Saint-Remy ou il
constilue âeu)^ petits bassins en exploitation. Le terrain
houiller du bassin de Valenciennes, recouvert par les morts
terrains, fait partie de la graiule bande qui part d'Aix-la-
(^hapelle. ])ass(,^ par Liège, Xanuu% Mons et se continue à
ro. vers Fléchineile et le Boidonnais, sur une étendue
de plus de 'ioO kil. On divise le terrain houiller en plu-
sieurs zones caractérisées pai' la riciiesse de la houille en
matières vobililes, dont la teneur augmente quand on
passe des couches les plus anciennes aux plus récentes.
A la base on trouve, reposant sur le calcaire de Visé, des
grès et des calcaires à Productus carlwnar lus, puis vient
le terrain productif ou terrain des charbons formés d'une
alternance de couches de houille, de schistes et de grès,
dans lesquelles on distingue : la zone de Vicoigne ou des
cbarbons maigres (Vicoigne, Fresnes) ; la zone d'Anzin
ou des charbons demi gras (Aniche, L'i'^scarpelle) ; la zone
de Denain ou des charbojis gras : c'est Ja plus activement
ex])loitée, car elle s'étend d'un bout à l'autre du bassin;
enfui la zojie de Bully-Grenay, ou des cliarboiis à gaz et
tïénus, qui ne dépasse pas Douai à l'O. La puissance du
terrain houiller est d'environ ^.500 m. Let étage com-
prend plus de ioO couches de houille dont l'épaisseur
varie de 0'",]0 à 'L^,50.
Le tias et le jurassique, qui n"affleurenl pas dans le dé-
partement, ont été rencontrés dans plusieurs sondages,
ainsi que hgaiilt. Ce dernier, constitué à la base par' des
argiles et, à la partie supérieure, par des saî)les assez épais,
fournit un niveau aquifère très important et des eaux jail-
lissantes.
Le CA'étacé supérieur ne se trouve qu'an S. de Lille.
Il est priucipalement développé le long d'une bande pas-
sant par Lille, Douai, Valenciennes, Cambrai, Landrecies
et Maubeuge ; mais on ne l'observe guère que dans les
vallées, les plateaux étant recouverts de limon. Le céno-
manien comprend des sables dits aachéniens, ex])loités
près d'Avesnes, puis des argiles à Ostrea aqiiila et Am.
mitletiamis, des sables verts à Am. marnillaris, des
manies sableuses, glauconifères à Pecten asper, puis des
ma.rnes blanches ou bleues, glauconifères (dièves) à Bel.
ptcAuis qui constituent un niveau aquifère. Cette formation
ne se montre guère qu'à l'extrémité N.-L. du dépar-
tement où elle forme des affleurements peu étendus,
mais on l'a rencontrée dans les puils de mines. Plus au
X., vers Lille, les dièves reposent sur une craie glauco-
nieuse avec galets de phtanite, de gi'ès houiller et dévo-
nien, connue sous le nom de towlia, et très dévelop])ée
en Belgique.
Le turonien est le premier terme du crétacé affleurant
sur une assez grande étendue. H com])ri4id une ai-gile mar-
neuse à Inoceraniiis tatnatus, exploitée pour la fabrication
de la tuile, puis des marnes argileubcs grises, avec interca-
lation de bancs de craie marneuse à Terebratula gracie
tis; une craie blanche avec silex à Ilotaster plamis, em-
ployée comme inerre à chaux, et une craie glauconieuse
plus ou moins phosphatée, exploitée près de Cafubrai comme
pierre de taille, et renfermant Micraster tireviporus.
— NORD
Le sénonien, remarquablement développé dans le dép.
du Nord, est constitué par une craie tendre et compacte
fournissant d'excellents matériaux de construction. La plu-
part des vieux édilices de Lille, Douai, Valenciennes, Cam-
brai, sont construits en craie de c(M)iveau, caractérisée par
}licrastercor. testu(tinariuiiH}{ )l. cor. a}iguimwi; cette
craie devient de plus ei] plus Inie de la base au sommet,
les silex diminuent également d(; taille. On s'en sert éga-
lement coQime piei're à cbaux, et on l'emploie beaucoup
dans la préparation de l'acide carbonique dont on fait usage
dans les sucreries. C'est la derinère assise crétacée qui se
montre dans le dép. du Nord. Le sénonien supérieur elle
danien s'étendent plus au S. et plus au N. Durant cette
période, le dép. du Nord fut émergé et il se produisit des
formatioiis contineiitales, qui durèrent jusqu'au connnen-
cement du tertiaire (lignites, couches d'argiles de Léou-
vdle, argih;s de décab'itication à silex). Ces' dernières pa-
raissent, cri partie, dater de la base de Véocêne, car elles
sont nndangées à des sables verts glauconieux, parfois
agglomérés en tufteau très dur (ciel de marie ou turc),
caractérisé par Cgprina planata, des diatomées, des ra-
diolaires et des spicules d'épongés. La glauconie de ces
sables renferme des fragments de zircoji, de rutile, d'ana-
tase. etc. Au-dessus viennent les sables et grès blancs ou
verdàtres, d'un grain tin, dits sables du Quesnoy ou d'Os-
tricourt, dont la stratification est entre-croisée. Ds ren-
ferment des intercalations d'argile plastique où l'on a trouvé
des empreintes de palmiers, de lauriers, de figuiers. Os
sables sont recouverts par l'argile des Flandres, synchro-
nique del'argih^ de Londres ; c'est une argile plastique sou-
vent fenilhqée rejifern)ant des cristaux de gypse, de py-
rite, de sidérose, caractérisée en certains points par Ostrea
iKdlovacina et ùirouL cuneifoonis. Llle couvre une assez
grande surface et atteint iOO m. d'épaisseur vei's Haze-
brouck. Vieinient ensuite des argiles ou des sables glau-
conieux, micacés avec lumacbelles de lunnmulites (V.';;/^^
nulata) et Turritella édita (Roubaix).
Le lutélien débute par une série de sables, d'argiles sa-
bleuses et glauconifères et de grès à Cardita ptanicosta
très développés à Cassel, constituant le brnxeUien et le
laekenien. On y trouve encore 0. ftat)etluta et ^uni. tœvi-
gata à la base, OrtiitotUes cojnptanata, Nuin. variota-
ria et de nombreux débris de poissons (Lamna, Carclio-
rodon) à la ])artie supérieure. D'autres sables avec bancs
solides de grès cah-aires les surmontent ; ils renferment
Cerithium giganteum et 0. iiiflata.
L'éocène se termine par des sables argileux et glauco-
nieux (Cassel), ravinant les cou(dies inférieures et ren-
fermant Pecten corneus. Au-dessus de cette formation se
montre au sommet des collines du N. du département une
série de couches que les uns rapportent à l'éocène, d'autres
à l'ohgocène, mais qui sont bien développées en Belgique.
Pendant la durée de Voligocènc, le N. de la Franco était
émergé et constituait une barrière entre le bassin de Paris
et le bassin de la mer du Nord.
En quelques points culminants, on trouve des lambeaux
de miocène (N. du dép.). A (Cassel, cet étage est rejn-é-
senté par des argiles grises, mélangées à des sables bi-
garrés renfermant du mica. Le sommet de ces proéminences
((Cassel) est occupé par des sables verts plus ou moins
ferrugineux, s'étendant en F^elgique oùl'on a recueilli Ter.
grandis., ce qui les fait assimiler au pliocène inférieur
(diestien). Lu cpielques points on a cependant trouvé des
argiles à silex (pii paraissent correspondre à cette époque.
Ces dépôts soin, les dépôts tei'tiaires h^s plus récents du
N. de la France.
PriJsKKiÈx!]. — Pres([uetout le N.-O. du département
constitue un pays presipieplat, couvert de limons masquant
les terrains sous-jacejits sous une apparente uniformité.
Le limon est divisé connue il suit : à la base, on rencontre un
diluvium formé par un dépôt de caiUoux, composés presque
exclusivement de silex pyromaques, plutôt cassés et usés
que roulés, renîennant Eteptias primigenius et des silex
NORD
taillés du type cliéléen; vient ensuite un sable argileux
verdàtre rempli de succinées, des dépôts de cailloux avec
débris de rocbes et de fossiles tertiaires à Elephas pri-
miyeiiius et Hijœna spelœa. L'assise qui les surmonte est
formée de limons, variables avec la nature du sol. C'est tan-
tôt un limon jaune clair, doux au toucher (ergeron), avec
petits débris de craie, tantôt un limon argilo-sableux, jaune,
panaché de blanc. L'assise supérieure est formée de limon
argileux (limon supérieur) brun rougeàtre, exploité acti-
vement pour lafabricalion des briques. Il produit des terres
très fertiles.
Les alluvions modernes offrent un beau développement
dans les vallées de la Sambre, de l'Escaut, de la Deùle,
de la Lys, oii elles reposent sur le pléistocène, le tertiaire
ou le secondaire. Leur composition dépend des terrains
dans lesquels est creusée la vallée. Ce sont surtout des argiles
bleues, des argiles calcaires ou sableuses, qui renferment
parfois des couches de tourbe. Elles forment aussi une assez
large bande de territoire, le long des côtes, entre Gravelnies,
Bergues, Hondschoote, dontle niveau enbeaucoup dépeints
est inférieur à celui des hautes mers (G m. à Dunkerque).
Cette bande continue celle qui prend une si grande exten-
sioji en Belgique. C'est pendant les premiers temps de l'ère
moderne que les rivages de la mer du Xord se soulevant
amenèrent la formation, le long des rivages, de marécages
où se développa la tourbe, pendant ([ue les essences fo-
restières croissaient sur les parties moins humides. La
tourbe est suctout concentrée vers le S. de la bande que
nous avons détinie, mais elle n'a guère plus d'un mètre
d'épaisseur, tandis qu'en Belgique elle atteint une puis-
sance de 7 m. Ue nombreux documents ont été trouvés
dans cette tourbe. A la partie moyenne, on a renconlré
des silex de la pierre pobe, des canots et des idoles, tan-
dis que la partie supérieure renferme des armes, des ins-
truments et des monnaies gauloises et romaines. Ces tour-
bières, dont la durée de formation a été évaluée à 7.000 ans,
existaient encore au moment de l'occupation de la Gaule
par Jules César. La tourbe est recouverte par dessables ou
des glaises, reposant sur de la vase bleue, dans lesquels on a
trouvé des coquilles marines. Cette formation résulte en
grande partie de l'envahissement de la région par la mer,
envahissement dû à des tempêtes qui se firejît sentir entre
les années 400 et 840. Puis après l'an mille, où de nouvelles
invasions eurent lieu, le sol se souleva, l'homme dessécha
les marais et cultiva cette région éminemment fertile.
Géolocie AGiucohE. — Si l'on examine les terrains des
plus anciens aux plus récents, on remar(iue (jue la région
constituée par les schisles et les psammites dèvoniens est
couverte de petits l)ois cultivés en taillis. C'est l'emploi le
plus productif (fue Ion puisse retirer de ces terrains. Par-
fois cependant les schistes, les psammites et les dièves
sont cultivés en prairies. La craie proprement dite ne porte
guère (|ue des bois et des garennes ; il en est de même
des sables éocènes, mais là où existent des marnes créta-
cées, les couches tertiaires et quaternaires qui les sur-
montent forment des régions humides couvertes de prai-
ries naturelles. Les dépôts de transport argilo-sableux
donnent des terres un peu fortes, mais très productives,
où le tabac et le houblon sont cultivés. Le limon supé-
rieur est essentiellement favorable à la culture des cé-
réales et des betteraves, et l'on sait que cette dernière
('ulture est faite en grand dans le déparlement.
L'industrie et l'agriculture utilisent l'eau provenant des
sources ou des puits artésiens. Lue première nappe aquifère
se trouve dans la couche argilo-sableuse du limon pléis-
tocène, retenue soit par l'argile des Flandres, soit par l'ar-
gile à silex. Elle ind)ibe la plaine de la Lys o'i elle forme
une couche à 3 ou 4 m. de profondeur. Une deuxième
nappe, mieux isolée, existe dans les sables verts éocènes.
La nappe la plus importante est située dans la marne à
Ter. gracilis. C'est elle qui fournit les sources de TOise,
de la Selle et de leurs affluents. Les sources de TEscaut et
de la Somme ont la même origine. Un dernier niveau se
montre dans les calcaires carbonifères ou dèvoniens ; il
fournit des eaux pures, légèrement sodiques, quelque-
fois en extrême abondance, mais son gisement est tou-
jours incertain. Ph. Glaxgeaud.
Régime des eaux. — Les eaux du dép. du Nord se
partagent entre divers tributaires de la mer du Nord, A a,
Vser, Escaut, Meuse. Toutefois, durant 3 kil. à l'angle S.-E. ,
rOise, tributaire de la Seine, longe le département, le sé-
parant de celui de l'Aisne; dh draine environ 2.500 hect.
de l'arr. d'Avesnes, dont le ru d'Anor, également né en
Belgique, empht et déverse quatre étangs.
L'Aa(80kil. , bassin de 12 j .474 hect. , débitmoyenSm. c.
par seconde) longe pendant ses 24 derniers kil. le dép. du
Nord, ou il baigne Watten et Gravelines. Canahsé, il com-
plète le réseau navigable formé par le canal de Neuffossé
qui le relie à la Lys (de Saint-Omer à Aire), le canal de
la Colme qui, de Watten à Bergues, s'appelle Haute-Colme
et, de Bergues à la Belgique vers Furnes, Basse-Colme ; le
canal de Bourbourg, également alimenté par les eaux de
l'Aa, aboutit au port de Dunker(fue, d'où lecanal de Dun-
kei'que à Xieuj)ort se dirige vers Furnes. Le canal de
Bergues rebeà Dunkerque le canal de la Haute-Colme. —
— L'Yser coule en France pendant 36 kil. et y draine
39.500 hect. qui lui fournissent 2.800 litres d>au en
[)ortée moyenne; sa source jaillit à 27 m. d'alt. , il passe
au pied du mont Cassel, à Esquelbec([, près de Worm-
b()udt,([u'arrose s(m atlîuenl,laPeene-Becque(dr.. 27 kil.),
il l'cçoit encore de France rEy-Becque(dr., 22 kil.), qui
forme un momentla frontière, etlaSalc-Becque(g., 46 kil.).
L'Escaut a 100 (cours actuel, 96), de ses 400 kil. de
cours, en France, dont 89 kil. dans le dép. du Nord, qui prend
365.000 hect. de son bassin sur un total de 2.070.000
dont 700.000 en France. Il naît dans le dép. de l'Aisne
à 87 m. d'ah., passe dans celui duNordà 80 m., escorté
par le canal de Saint-(^)uentin, qui, au bout de 26 kil., entre
à Cambrai dans l'Escaut canahsé. Aupai^avant, celui-ci a
passé à Honnecourt, Banteux, Crèvecœur où il boit le riot
d'Esnesou deLesdam (dr., 20 kil., bassin de 4 0.561 hect.,
débit moyen de 135 htres, nul en été), Masnières, Mar-
coing, où d reçoit l'Eauette ou Escauette (g.,20kd., bas-
sin de 44.800 hect.), autre riot sans eau jusqu'aux fon-
taines des Pèi-es et delà Troémée (|ui le grossissent à 2 kil.
de son continent avec l'Escaut ; celui-ci passe ensuite à
Noyelles avant (Earriver à Cambrai, grande ville, à partir
de laquelle il est canalisé et muni de 46 écluses sur les
63 kil. qu'd parcourt avant d'entrer enBelgi(jue. Il passe
à Escaudœuvres, Bamillies, Iwuy où lui arrive l'Herclin
(dr., 30 kil, bassin de 45.000 hect.), à Estrun, au Bassin-
Rond au confluent de la Sensée, à Bouchain, Neuvilie-sur-
TEscaut, Rœulx, Lourches, Denain, llaulchin, Trith-Saint-
Léger, Valenciennes, Anzin, Bruay, Escaupont, Fresnes,
Condé où débouche la Haine venue de Belgique; l'Escaut
qui depuis Marcoing suivait, réserve faite pour les sinuo-
sités secondaires, la dh'ection du N.-E., tourne à angle
droit vers le N.-O. par Vieux-Condé, Odomez, Hergnies,
Mortagne où lui arrive la Scarpe canalisée et entre en Bel-
gi({ue à 46 m. d'alt. ; sa largeur est alors de 20 à 25 m.,
son débit moyen de 42 m. c.', ne s'abaissant guère à moins
de 7 m. et ne s'élevant guère à plus de 40 m. c. En dehors
des premiers petits affluents que nous avons signalés au
passage, l'Escaut reçoit, en France : la Sensée (g., 60 kil.
dont 20 dans le Nord, 3 m. c. de débit moyen) vient du
Pas-de-Calais, par une plaine semée d'étangs, passe près
d'Arleux ou se détache le canal de la Sensée (25 kil.) qui
l'unit à la Scarpe ; la Sensée est dès lors canalisée jusqu'à
son embouchure. — La Selle (dr. , 46 lui., bassin de
24.500 hect. dont 4.600 dans l'Aisne, 2 m. c. pac seconde)
a ses 2 premiers kil. dans le dép. de l'Aisne, passe à tra-
vers une région industrielle, à Saint-Souplet, au Cateau, à
Neuvilly, Solesmes, Haiissy, Saulzoir, Haspres, pour finir à
Lourches. Elle reçoit le Bassuyau et le Bayart , (pii creusent
leur vallon dans la craie, comme la Selle' et comme l'Ecail-
lon. Celui-ci sort d^un étang de la forêt deMormal, passe
au S. du Quesnoy, s'augmente du Saint-Georges (g., 49 kil.)
et de la rivière des Harpies (g., 25 kii.) et termine en aval
de Tiiiantson cours de 33 Jdl. (bassin de 15.800 hect.,
débit 475 litres). — La Rhonelle (dr., 29 kil., bassin de
32.200 hect., débit 300 litres) vient aussi de la forêt de
Mormal, passe auN. du Quesnoy, à Aulnoy, Marly et finit
dans Valenciennes. — La Haine (dr., 80 kiL dont 5 en
France, 1.500 litres) est essentiellement ])clge; c'est la
rivière du Hainaut et de Mous, qui vient finir à Condé, ac-
compagnée du canal de Mous à Condé ; son affluent le Hog-
neauou Anneau (g., 34 kil. dont 22 enFrance) se forme par
la jonction du Hogneau majeur, qui passe sur le champ de
bataille de Malplaquet, et du Hogneau mineur, qui sort duN.
de la forêt de Mormal et arrose Louvignies-ies-Bavai et
Saint- Vaast ; le Hogneau passe ensuite en Belgique, rentre
en France pour y recevoir, près deBlanc-Misseron, laHon-
nelle (g.) venue également de la forêt de Mormal.
La Scarpe, le premier grand affluent de g. de l'Escaut,
s'y jette un peu avant qu'il sorte du territoire français ;
elle a 101 kil. dont 43 dans le Nord, draine un bassin de
109.450 hect., qui lui fournit en moyenne 5 m. c. par
seconde. Sa vallée, jadis marécageuse, a été bien asséchée;
elle l'eprésente l'artère centrale d'un réseau de canaux, de
rigoles qui raccompagnent (Bouchard, Grande et Petite
Traitoire, Décours, courants de Coutiche et de l'Hôpital,
Elnon, etc.). La Scarpe passe à Coinchelettes où débouche
le canal de la Sensée, à Douai, Fort-de-Scarpe d'où part
le canal de la Haute-Deùle ahmenté par elle, à Marchiennes,
Saint-Amand .
En dehors de France, l'Escaut reçoit encore des rivières
qui coulent dans le dép. du Nord, le Décours, canal de la
Scarpe, qui aboutit un peu au delà de la frontière, et sur-
tout la Lys ou Lis. Celle-ci a ses 126 premiers kil. en
France, dont 55 kil. le long ou dans le dép. du Nord.
Elle est déjà navigable quand elle l'atteint à 3 kil. i/2 en
aval d'Aire, à 18 m. d'alt. C'est, comme les autres rivières
flamandes, un large fossé endigué, dont les eaux se traînent
lentement, faute de pente, au miheu d'un large fond allu-
vial dont Fait, ne dépasse pas 20 m.; sept écluses régu-
larisant le cours pour la navigation achèvent la ressem-
blance avec un canal. Pendant une vingtaine de kil., la
Lys divise les dép. du Pas-de-Calais et du Nord qui ne
possède que sa rive gauche ; à Thiennes se détache le canal
de la Nieppe, à Merville celui de la Bourre, qui rejoint le
précédent au N. de la forêt de Nieppe et de là mène à
Hazebrouck; à La Gorgue, la Lys recueille la Lawe (dr.,
38 kiL, bassin de 17.500 hect., 1 m. c. par seconde) dont
seuls les 2 derniers kil. appartiennent au dép. du Nord ;
elle passe ensuite à Sailly, i^>quinghem-Lys, Armentières,
Houphnes, Frehnghien, Deulémont où elle reçoit la Deùle,
Comines, Werwicq-sud (en face de la ville belge de
Werwicq), Bousbecques, Halluin, et entre tout à fait en Bel-
gique, à laquelle sa rive g. appartenait déjà depuis Hou-
plines. La Lys quitte la France à Fait, de iO m., roulant
7 m. c. d'eau en temps normal, 2 1/2 à l'étiage ; son
bassin français est de 275.000 hect. Dans le dép. du
Nord, elle reçoit à gauche la Bourre ou Borvre-Becque qui
naît au N. d'Hazebrouck et est à partir de la forêt de
Nieppe confondue avec le canal de la Bourre qu'alimente
la Lys ; la Bourre communique par le fossé dit Plate-
Becque avec l'affluent suivant, la Méteren-Becque, qui com-
mence à rO. du Catsberg. Une troisième Becque, qui garde
mieux l'aspect d'un ruisseau naturel, naît au mont Noir,
passe à Bailleul et Steenwerck pour finir à Sailly. — Le
seul affluent notable de la Lys est la Deùle (dr., 68 kil.
dont 34 dans le Nord, bassin de 77.000 hect., débit
moyen 4 m. c. par seconde). Elle naît dans le Pas-de-
Calais, sous le nom de Carency, puis de Souchez, se con-
fond presque constamment à partir de Lens avec le canal
de la Deùle que le canal de la Haute-Deùle joint à la
Scarpe (à Fort-de-Scarpe). La rivière entre ensuite sur
le territoire du dép. du Nord, après avoir accueilli le ca-
nal de la Bassée, qui forme un moment la limite avec le
— NORD
dép. du Pas-de-Calais, et par lequel elle communiipie avec
la Lys. La Deùle, presque toujours confondue avec son
canal, et dont les usines et les villes transforment les claires
eaux crayeuses en un véritable égout, se traîne dans un
fond marécageux jusqu'aux abords de Lille, baigne ses
faubourgs d'Haubourdin, Loos, puis Lille même, bâtie à
FE. de la rivière, sauf la citadelle établie dans un repK
sur la rive occidentale. La Deùle canalisée passe ensuite
à Marquette ou aboutit la Marcq, née au pied de la col-
hne historique de Mons-eu-Pévêle, passant à Pont-à-Marcq,
sur le champ de bataille de Bouvines, entre Croix et Was-
quehal, après quoi elle se confond avec le canal de Rou-
baix, devant Marc(f et Marquette. Le canal de Roubaix,
qui part de Marquette sur la Lys. forme une route directe
vers l'Escaut, passant entre Tourcoing et Roubaix et s'ache-
vant en Belgique sous le nom de canal de l'Espierre ; il
ajoute aux eaux de la Marcq celles de la rigole de dessèche-
ment des marais de la Deùle que lui refoulent des machines
élévatoires placées à Lille. En aval de Marquette, la Deùle
décrit un coude vers le N.-O., passe à Wambrechies, au
Quesnoy et se joint à la Lys.
Dans la plaine flamande, qu'il s'agisse de la Flandre ma-
ritime ou de la Flandre wallonne,' les cours d'eau ne se
différencient guère des canaux, remphssant leur double
fonction de fossé de drainage et de chemin de navigation ;
la description des rivières naturelles est donc insépa-
rable de celle des embranchements creusés entre elles pour
les relier et compléter le réseau navigable. Tout autre est
l'aspect de la partie orientale du département, celle qui
relève du bassin de la Meuse.
La Meuse ne touche pas au dép. du Nord; elle recueille
les eaux de la plus grande partie de l'arr. d'Avesnes par
son grand affluent gauche, la Sambre, qui a en France 85
de ses 190 kil., et 107.500 hect. d'un bassin de 266.200.
Elle naît sur le plateau de Thiérache (dép. de l'Aisne),
mais sa branche supérieure, la Yieille-Sambre, a été dé-
rivée vers leNoirieu, affluent de l'Oise, au xvi^ siècle, pour
ahmenter le canal de Sambre-et-Oise, de sorte que la tète
actuelle de la rivière est la Jeune- Sambre, ou ruisseau de
France, parallèle à la Yieille-Sambre, mais à 4 kil. au N. ;
elle a sa source dans le dép. de l'Aisne et descend vers
rO. ; au bout de 1 kii. à peine, elle atteint au S. de Beau-
repaire le dép. du Nord qu'elle sépare de celui de l'Aisne
durant 3 kil. ; elle rentre sur le territoire de l'Aisne et,
près d'Oisy, débouche dans le bief de partage du canal de
Sambre-et-Oise. La Sambre canalisée tourne vers le N.,
entre dans le dép. du Nord, où neuf barrages écluses,
distribués sur les 67 kil. de son cours rectifié, assurent son
tirant d'eau de 2 m. ; elle passe à Catillon, (Jrs, et se re-
plie vers le N.-E., suivant extérieurement les terrains
dévoniens de l'Ardenne. Elle baigne Landrecies, le pied de
la forêt de Mormal, reçoit du S. -E. les deux Helpes, baigne
Sassegnies, les usines de Berlaimont, Aulnoye, Aymeries,
Pont-sur-Sambre, les carrières de Boussières, Hautmont,
Louvroil, Sous-le-Bois, Maubeuge, Assevent, Recquignies,
Rocq, Marpent, Jeumont et passe en Belgique, à 123 m.
d'alt. ; elle roule alors près de 6 m. c. par seconde aux
eaux moyennes, 31.2 à l'étiage. —Ses affluents français
lui viennent, de droite, du rivage ardennais ; de l'autre
côté du ht creusé par la Sambre, la pente du sol conti-
nuant vers le N.-O. mène les eaux à l'Escaut. Ces affluents
droits sont: laRiviérette (15 kil.), venue de l'ancien ma-
rais de Beaurepaire ; — la Petite-Helpe ou Helpe mineure
(45 kil., 23.200 hect., 700 litres par sec), qui se forme
sur le territoire de l'Aisne par l'union de plusieurs ruis-
seaux venus, les uns de la Flamengrie (Aisne), les autres
des bois de Fourmies et d'Anor, parles cités industrielles
de Fourmies et Wignehies, dont ils ahmentent les filatures;
la Helpe mineure passe ensuite à Cartignies ; — la Grande-
Helpe ou Helpe majeure (58 kil. , 21 .400 hect. , 1 .600 htres
par sec. ), qui nait sur la limite de la Belgique, dans les bois au
N. d'Anor, forme quelque temps la frontière, tandis qu'elle
se dirige au N., recueille le ruisseau deBaives, puis à Eppe-
NORD
— 6 ~
Sauvageja petite Eau d'Rppe. pittoresque ri yiérette belge;
la Helpe tourne alors àl'O., recueille les eaux de la foi'èt
de Trélon apportées par le Xoyoïi, déversoir de l'étang de
la Folie, quitte la pittoresque région des bois, arrose Avesnes;
— la Solre (20 kil., bassin de 48.400 liect., 500 litres
par sec.), cjui se forme à Solre-le-Château de ruisseaux nés
près de la frontière, arrose Ferrières-la-Pelite et Ferrières-
la-Grande. — Deux autres affluents de la Sambre, qui
naissent et finissent en Belgique, nous appartiennent par
leur cours moyen : la Tliure, pendant 9 kil. avant et après
Cousolre; la Hantes, pendant 5 kil. autour de Bousignies.
Climat. — Fe climat du dép. du Nord est maritime,
par conséquent doux et humide; Tbiver est pluvieux,
« pourri », disent les indigènes; le printemps l'ourt, l'été
parfois très chaud et à température variable ; la belle sai-
son est l'automne. Fa température moyenne annuelle est
(te + 40^2, celle de l'hiver + 30,42, celle de Fêté +17«, 8,
du printemps -F- 9^,3, de Fautomne + 40°,73. Fes extrêmes
constatés ont été — 49° le 3 déc. 4879, une année oti il
gela 48 jours de suite à Fille et où la couche de neige se
maintint à 50 centim. d'épaisseur; -j- 30^.5 le 45 juin
4858. F'arr. d'Avesnes, plus éloigné de la mer et plus
élevé, a un climat plus continental, fi'oids plus vifs, cha-
leurs plus fortes. J^e nombre des jours pluvieux varie entre
475 et 258 par an; la chute d'eau n'est pas très forte :
670 miUim. à Fille; un peu plus sur la côte, 771 à Dun-
kerque ; davantage dans la zone ardennaise plus haute et
])lus boisée, 857 millim. à Avesnes ; le maximum serait
atteint à Anor. Fes vents dominants soufflent de l'O., du
S.-O. et du N.-O. et amènent la pluie.
Flore et faune naturelles. — V. France, § Floi'e;
France et Europe, § Faune.
Histoire depuis 1789. Etat actuel. —Fe dép. du
Nord fut constitué en 4790 de territoires appartenant aux
trois anciennes provinces de Flandre française, Hainaut
français, Cambrésis, groupées déjà en un gouvernement
avec Fille pour ch.-l. Fa Flandre a fourni la moitié occi-
dentale du département (arr. de Dunkercpie, Hazebrouck,
Fille, Douai); le Hainaut, un tiers (Valenciennes, Avesnes):
le Cambrésis (arr. de Cambrai), un sixième. Quelques com-
munes méridionales ont été prises aux pays voisins d'Artois
etdeVermandois. Ce territoire se divisait entre les inten-
dances de Flandre maritime (Dunkerque, Hazebrouck) de la
mer à laFys, Flandre wallonne (Fille, Douai) de la Fys à l'Es-
caut, du îlainaut et du Cambrésis. Dans la Flandre wal-
lonne, on distinguait de petits pays répartis entre les châ-
tellenies de Taille, Douai et Orchies : Mélantois, autour de
Fille; Ferrain, au N. de Roubaix à Comines; Weppe, à
l'E. de la Deûle, avec (Juesnoy-sur-Deùle et Armentières ;
Pévèle, à FE. avec Orchies pour centre; Escrehieii, autour
de Douai; Ostrevant, autour de Bouchain. On trouvera
aux art. Flandre, Fille, etc., l'histoire antérieure à 4789.
Fe ch.-Fdu département fut d'abord Douai jusqu'en 4804,
puis Fille. Il fut le théâtre d'opérations inilitaires déci-
sives dans l'histoire de la Révolution. Fa « frontière d'ai-
rain » des forteresses construites par Vauban résista aux
envahisseurs, autrichiens, allemands, anglais, hollandais.
Fes principaux faits furent : le siège de Fille (4792), qui
repoussa les Autrichiens en 4793 ; la prise de Valenciennes
et du Quesnoy ; les sièges de Cambrai, Dunkerque, Mau-
beuge débloquées par les victoires de Hondschoote (6-8 sept.
4793), Tourcoing, Wattignies (45-46 oct.); en 4794, la
seconde victoire de Tourcoing (48 mai). En 4823, l'arr.
de Valenciennes fut formé aux dépens de celui de Douai.
— En 4870-74, le général Faidlierbe s'appuya sur les
places du Nord pour contenir les Allemands maîtres des dé-
partements méridionaux (V. Franco-Allemande [Guerre]).
On trouvera, dans les art. Pays-Bas, I^landre, Hainai:t,
Fille, Cambrai, etc., l'histoire de ces régions avant 4789,
et la liste des personnages célèbres nés sur le territoire
du Nord avant le xix^ siècle. Au cours du xix^ siècle, on
peut mentionner : Merlin de Douai, jurisconsulte (4754-
4838), né à Arleux; lejgénéral Vandamme (4770-4830),
né à Cassel ; le maréchal Mortier (4768-4835), né au Ca-
teau-Cambi'ésis ; le peintre Wicar (4762-4831), né à Fille ;
Martin da Nord, homme politique (4790-4847), né à Douai ;
M"'^ Desbordes-Valmore, poète (4785-4859), née à Douai ;
Fe Glay, archéologue (4785-4863), né à Arleux^ Abel de
Pujol, peintre (4785-4864), nés à Valenciennes; le père
Gi'atry (4805-72), né à Lille; Caignart de Saiilcy (1807-
80), archéologue, né à lille; Defrémery ('1822-83), orien-
taliste, né à (>iml)j*ai; Wallon, homme politique, né à Va-
lenciennes en 4842; les sculpteurs Femaire (4798-4880)
et Carpeaux (4827-75), né à Valenciennes; le général
Faidherbe (4848-89). né à Fille ; le chansonnier Gustave
Nadaud (1820-4893), né à Roubaix; le sculpteur Crauk,
né à Valenciennes en 4827 ; le peintre Carolus Duran, né à
Fille en 4837, etc.
Fa population se divise entre les Flamands (jui occui)ent
la Flandre maritime (V. 4\vys-Bas) et les Français qui
peuplent le reste du département. Fes premiers occu|)ent
l'ancien pays des Marins; ceux de la Flandre w^allonne, le
N. de l'ancien pays des Atrébates, tandis que la région
du haut 1^'scaut et de la Sambre était occupée par les
^ervi (V. ces mots). Fa population flamande descendrait
des Ménapiens (V. ce mot), qui, probablement vers le
iii^ siècle de l'ère chrétienne, refoulèrent les Morins. Fes
Flamands sont grands, élancés, blonds aux yeux bleus,
d'humeur grave, renfermée, très adonnés aux boissons
alcooliques (genièvre, bière, etc.). Les habitants du Hai-
naut et du Cambrésis sont de taille moyenne, bien mus-
clés, à cheveux châtains et yeux bruns, caractère enjoué,
aussi laborieux et économes que les Flamands. Fa popula-
tion de la France wallonne, entre Fys et Escaut, est inter-
médiaire, très mélangée de Belges immigrés dans ses cités
ouvrières; dans les districts miniers des arr. de Valen-
ciennes et de Douai, l'immigration vient plutôtdes campagnes
voisines. Enfin, sur les rives de l'l^]scaut, les habitants,
répartis en hameaux, sont tisserands l'hiver, travailleurs
agricoles l'été, se louant dans les dép. du Pas-de-Calais, de
l'Aisne, de FOise, etc.
Divisions administratives actuelles. — Arron-
dissements. — Fe dép. du Nord comprend 7 arrondisse-
ments : Fille, x\vesnes. Cambrai, Douai, Dunkerque, Haze-
brouck, Valenciennes, subdivisés en 67 cantons et 667 com-
munes. On en trouvera plus loin le détail.
Justice. Police. — Fe département ressortit à la cour
d'appel de Douai. Douai est le siège des assises. Il y a
7 tribunaux de première instance, un par ch.-l. d'arr. ;
celui de Fille a 3 chambres, celui d'Avesnes 2. Fe dépar-
tement possède 6 tribunaux de commerce, à Fille, (Cam-
brai, Dunkerque, Roubaix, Tourcoing et Valenciennes,
une justice de paix par canton. Fe nombre d'agents char-
gés de constater les crimes et délits était, en 4894, de
409 gendarmes (83 brigades), 58 commissaires de police,
463 agents depolice, 899 gardes champêtres, 4.4 J 6 gai'des
particuhers assermentés, 77 gardes forestiers. Il y eut
20.108 plaintes, dénonciations et procès-verbaux.
Finances. — Fe département possède : 4 directeur et
4 inspecteur des contributions directes à Fille; 4 tréso-
rier-payeur général à Fille; 428 perceptions dont 40 de
ville (5 à Fille, 4 à Cambrai, Douai, Dunkerque, Haze-
brouck, Valenciennes) ; 6 receveurs particuliers dans les
sous-préfectures; 4 directeur, 2 inspecteurs, 44 sous-
inspecteurs de l'enregistrement; 7 conservateurs des hy-
pothèques (un par arr.); 3 directions des douanes (Dun-
kerque, Fille, Valenciennes) ; le recouvrement des contri-
butions indirectes est assuré par 4 directeur et 44 inspecteurs
(9 à Fille, 4 à Cambrai, 4 à Valenciennes) ; 6 sous-direc-
teurs (dans les sous-préfectures, 2 receveurs principaux
(Fille, Valenciennes) ; 5 receveurs principaux entreposeurs
(dans les 5 autres ch.-l. d'arr.) ; 2 entreposeurs (Fille,
Valenciennes). Fille possède une direction et une manu-
facture des tabacs.
Instruction purltque. — Fe département relève de
l'académie de lille. F'inspecteur d'académie réside à Fille.
II y a iO iiispectGurs primaires. L'enseignement secon-
daire se (loinic : aux lycées de garçons de Lille. Douai,
T(iurcoing, Valeiicieniies, aux collèges cojujnunanx de gar-
çons d'Armenîières, Avesnes, (^assel, Coudé, Duukersjue,
Le Quesnoy, Maubeuge; aux collèges communaux de tilles
de Lille, Armentières, Cambrai, Valeuciennes. L'um'versité
de Lille, qui doime renseignement supérieur, possède des
facultés do droit, médecine et pharmacie, sciences, lettres.
Lille a des écoles normales d'instituteurs et d'inslitulrices.
L'enseignement professionnel est représenté par Fécole
nationale des industries agricoles (sucrerie, distillerie,
brasserie) créée à Douai en 1893, la station agrono-
mique, avec lal)oratoire de Lille, l'école pratique d'agri-
culture de Wagnonville, la chaire agricole départementale
de Douai, celles dWvesnes, Cambrai, Valeuciennes. Lille a
une école supérieure de commerce. Lille possède une suc-
cursale du (Conservatoire national de musi(|ue et déclauia-
lion ; Douai, lloubaix, Valenciennes, des écoles nationales
de musique.
Cultes. — Le département forme pour le culte catho-
lique le diocèse de Cambrai (archevêché). Il compte (au
1®^' nov. 1894) 3 vicaires généraux, 9 chanoines, 67 cu-
rés. 599 desservants, 157 vicaires. — Le culte réformé
relève de l'i^glise consistoriale de Lille et comptait 9 pas-
teurs pour environ 'L2.l)00 fidèles ; le culte israélite avait
pour un millier de tidèles un grand rabbin, un rabbin et
un officiant.
Armée. — Le Nord appartient à la L^® région mili-
taire (Lille). De même (pie le 1^^ corps d'armée, la i^'^ di-
vision d'infanterie a son siège à Lille, la 1^'*^ brigade à
Lille, la 2^ à Cambrai; la 1'^ brigade de cavalerie à
Lille; la i^^ brigade d'artillerie à Douai. Le département
comprend trois groupes de défejise de places fortes :
Lille, Dunkercpie, Maubcuge. Au point de vue du recrute-
ment, le Nord forme les i'*^ (Lille), 2^ (Valejiciennes),
3^ (C-ambrai), 4^ (Avesnes) et 8*^ (Dunker([ue) subdivisions
de la 1'"^ région.
Divers. — Le Nord ressortit : au 1^'' arrondissement
maritime (Cher])ourg), sous-arrondissement de Duidverque ;
à la L'^ légion de gcndarnierie (Lille) ; à la division mi-
néralogique du Nord-Ouest, arr. de Ulle et Valenciennes ;
à la 7^ conservation des eaux et forêts (Amiens), inspocti(ms
de Lille et du Quesnoy; à la 3*^ région agricole (Nord).
Il y a () inspecteurs départementaux du travail, à Lille,
Avesnes, Dunkerque, Roubaix, Tourcoing, Valenciennes ;
9 chambres de commerce à Lille, Armentières, Avesnes,
Cambrai, Douai, Dunkerque, Roubaix, Tourcoing, Valen-
ciennes.
Démographie. — Mouvemext de la populatioxX. —
Le recensement de 1896 a constaté dans le Nord une
population totale de 1.8T1.868 hab. Voici, depuis le com-
mencement du siècle, les chiffres donnés par les recense-
ments précédents :
1801.
480().
18^2] .
18^20.
76O.00I
839.533
905.764
96^2.648
989 . 938
. 1.026.417
4841. 1.085.298
1846 1.132.980
1831.
1836.
1851....
.. 1.158.285
LS56. ...
.. 1.212.353
iSi}] . . . .
.. 1.303.380
1866.. ..
1.392.0^1
1872... .
.. 1.447.764
NORD
1876 1.519.585
1881 1.603.259
1886 1.670.184
1891 1.736.341
1896 1.811.868
Lu 1790, RoUin évaluait la popidation à 808.147 hab.
l'Ak aiu'ait donc un peu dimiiuié pejidant les guerres ré-
volutionnaires dont le pays eut beaucoup à soulfrir de
1792 à 1794. Depin"s lors, l'accroissement a été continu;
même les pertes des guerres de ('rimée et de 1870-71.
qui ont fait iléchir la population de l'ensemble de la France,
n'ont pas ralenti la progression de celle du Nord. Elle
participe au nouvel essor industriel des Pays-Ras et croit
par l'immigration, attire les campagnards des régions voi-
sines dans les villes manufacttu'ières, et plus encore par
l'excédent des naissances. Pour 1.000 hab. recensés en
1801, on e]i comptait 1182 en 1821 ; 1415 en 1841 ;
1700 en 1861; 2.095 en 1881; 2.270 en 1891; enfin,
2.368 en 189i). Le mouvement, bien qu'il se soit produit
dans tout le département, n'a pas été tout à fait le même
dans chacun des arrondissements. On s'en rendra compte
en comparant les recensements de 1801, 1851 et I89(),
arrondissement par arrondissement.
arrondissemf:nts
Population
en 1801
Population
en 1851
Population
en 1896
Lille
222.988
91.776
108.550
69.925
80.212
96.2 !5
95.275
371.156
115.040
171.215
101.109
105. tu
10 1. 51 5
156.779
785.066
210.053
198 603
137.145
113.771
113.006
223.921:
AvcvSiios
Cambrai
Douai
Dunker(|ue
Ilazebrouck
Valencioniuîs
Totaux
7(i5.001
1.158.285
1.811.868
DEXSrrE DE JA DOPULA'llON PAR KILOMETRE CARRE
ARRONDISSEMENTS
1801
1851
1896
Augmen-
tation de
1801
à 1896
Lille
255
65.9
120,3
118.2
112'
139,1
151,3
421
103.8
195.2
211.2
146:i
150. '7
248,9
898
150.3
222:5
291 '2
199:2
163'
355,2
643
81. t
102:2
113
87,2
23.1
203,9
iVvesncs
Canibrai
Douai
Duiikcr(|uo
Hazebrouck •
Valcncieuncs
Départemout oiiticr
131,9
203,7
318,9
181
Ces chiffres ne sont qu'approximatifs pour les arr. de
Douai et de Valenciennes, lesfpiels n'ont été formés qu'en
1823 parla division du premier en deux parties.
Voici les chiffres absolus pour la dernière période :
ARRONDISSEMENTS
Lille
Avesnes. . . .
Cambrai. . . .
Douai
Dunkerque. .
Hazebrouck
Valenciennc
Totaux du départcnieut.
1872
555.262
rr2 335
195.191
116.180
118.096
110.283
180.117
1.(17.761
1876
591.131
182.577
196.118
123.619
121.811
111.775
192.518
1.519.585
1881
636.077
199.870
191 888
128 191
128.511
111.757
203.932
1.603.259
1886
680.951
205.189
197.026
131.278
132.159
112.921
210.360
1.670.181
1891
732.862
207.779
197.535
133.037
138.292
112.713
211.093
1.736.311
1896
785.066
210.053
198.603
137.445
143.771
113.006
223.921
1.811.868
L'arr. de Lille 011 sont les grandes villes manufactu-
rières a gagné 252 "/o et plus que doublé dans la seconde
moitié du siècle; l'arr. de Valenciennes, où sont les mines
de houille, a gagné 135 7o ; Pai'i^ d'Avesnes, oii l'indus-
NORD ~
tries' est développée le long de la Sambre, agagnéi^O'^ oî
c'était de ])eaiicoup le plus vaste et celui où la densité
était le plus faible, et il est encore le dernier, à ce point
de vue, à cause de ses vastes surfaces boisées, mais la
population y est déjà deux fois plus pressée que dans la
moyenne du territoire français. L'arr. de Douai gagne
96 °/o et, comme dans les précédents, le progrès continue
à peu près du même pas que dans la première moitié du
siècle. Dans l'arr. de Cambrai, qui gagne 83 ° «, il s'est
beaucoup ralenti. Dans celui de Dunkerque, qui gagne
79 ^'/o, l'accroissement, qui revient à la zone côtière, a été
plus lent, mais plus constant. Enfin, l'arr. d'Hazebrouck,
le seul qui soit à peu près exclusivement rural, n'a gagné
que 17 «/o depuis 1801 et ne progresse plus que d'une
quantité insensible. La densité y est d'ailleurs fort consi-
dérable pour un district agricole, ainsi que c'est le fait
général dans les Pays-Bas et spécialement dans les Flandres.
L'arr. d'Hazebrouck est le seul dont le gain de population
demeure inférieur à la moyenne générale de la France
(424 7oo de 1801 à 1896). Sur l'ensemble du départe-
ment, il a été trois fois plus fort, et dans l'arr. de Lille,
qui absorbe à lui seul plus de la moitié de la plus-value,
elle a été six fois plus forte que dans le reste de la France.
L'excédent des naissances sur les décès dans le dép. du Nord
formait, de 1886 à 1891, le tiers de l'excédent total de la
France entière.
Au point de vue de la population totale, le dép. du Nord
était, en 1896, le 2^ ; il était le 1^^' en 1801, mais a été
dépassé par la Seine. Au point de vue de la population
spécifique, il était le 2® en 1801 et l'est demeuré, avec
une densité plus que quadruple de la moyenne française
(73 hab. par kil. q.). Cette densité varie de 10.250 hab.
par kil. q. dans la ville de Lille à 78 environ dans le
cant. E. du Quesnoy, partout, en somme, fort au-dessus
de la moyenne générale de notre pays.
La population des chefs-lieux d'arrondissement et des
deux autres plus grandes villes se répartissait, en 1896,
de la manière suivante :
VILLES
Population
municipale
agglomérée
t
là
Totale
Lille
160.723
113.899
55.705
5.108
14.306
20.006
37.860
7.736
23.692
44.008
9.733
17.004
85
7.642
6.709
»
4.243
3.795
11.545
1.209
644
1.217
3.302
4.682
1.858
592
2.425
216.276
124.661
73.353
6.400
25.250
31.397
39.718
12.751
29.912
Roubaix
Tourcoing
Avesnes
Cambrai
Douai
Dunker(|ue
Hazebrouck
Valenciennes
La population éparse est de 241 °/oo, proportion infé-
rieure à la moyenne française (366 Voo), mais qui serait
considérable pour un pays urbain, si on ne comptait dans
la population éparse une partie de celle des faubourgs des
grandes villes, qui devrait figurer dans la population agglo-
mérée ; la proportion véritable, répondant à une définition
correcte de la population éparse, ne dépasse probablement
pas 14 à 15 7o, comme dans l'Aisne et l'Oise.
La population se répartit comme suit, entre les groupes
urbains et ruraux :
POPULATION
au 30 mai 1886
Urbaine.... 1.042.771
Rurale 627.413
Total... 1.670.184
POPULATION
au 29 mars 1896
Urbaine 1.225.027
Rurale 586.841
Total..
1.811.
Le nombre des communes urbaines (plus de 2.000 hab.
agglomérés) était de 136 en 1896, dont 5 seulement dans
l'arr. de Hazebrouck, 35 dans celui de Lille, 28 dans cha-
cun de ceux de Cambrai et de Yalenciennes, 19 dans celui
d' Avesnes, 12 dans celui de Douai, 9 dans celui de
Dunkerque. Aucun autre département ne renferme un aussi
grand nombre de villes ; la Seine, qui vient ensuite, n'en
a que 59, le Pas-de-Calais que 53.
Voici quelle était l'importance respective des popula-
tions urbaine et rurale aux recensements de 1856, 1872,
1886 et 1896, pour 100 hab. :
1856 1872 1886 1896
Population urbaine. 45,21 56,72 63,33 68,12
— rurale.. 54,79 43,28 37,67 31,88
La population urbaine domine complètement, formant
plus des deux tiers du total ; cette proportion n'est dépas-
sée que dans la Seine, les Rouches-du-Rhône et le Rhône.
Dans l'ensemble de la France, la population urbaine forme
à peine 40 *^/o du total.
Le mouvement de la population, en 1895, se traduit par
les chiffres suivants : naissances légitimes, 43.814, dont
22.321 du sexe masculm, 21.493 du sexe féminin; nais-
sances naturelles, 6.067, dont 3.096 du sexe masculin,
2.971 du sexe féminin. Soit un total de 49.881 naissances.
11 y eut 2.667 mort-nés; 39.076 décès, dont 20.627 du
sexe mascuHn et 18.449 du sexe féminin. L'excédent des
naissances sur les décès ressortait à 10.805. l\ se produit
surtout dans la population urbaine. Le nombre des ma-
riages a été de 14.523, celui des divorces de 256. La si-
tuation démographique est assez satisfaisante ; mais le
nombre des naissances tend à diminuer.
La répartition des communes, d'après l'importance de
la population, a donné, en 1891 , pour les ^Qi\ communes du
département: 3 com. de moins de 100 hab. ; 16 com. de
101 à 200 hab. ; 28 com. de 201 à 300 hab. ; 43 com.
de 501 à 400 hab. ; 37 com. de 401 à 500 hab. ; 176 com.
de 501 à 1.000 hab. ; 108 com. de 1.001 à 1.500 hab. :
70 com. de 1.501 à 2.000 hab.; 47 com. de 2.001 à
2.500 hab.; 34 com. de 2.501 à 3.000 hab. ; 14 com.
de 3.001 à 3.500 hab. ; 21 com. de 3.501 à 4.000 hab.;
21 com. de 4.001 à 5.000 hab.; 28 com. de 5.001 à
10.000. hab.; 12 com. de 10.001 à 20.000 hab. et 8 com.
de plus de 20.000 hab. (Armentières, Cambrai, Douai,
Dunkerque, Lille, Roubaix, Tourcoing, Yalenciennes). En
1896, il en faudrait ajouter une neuvième (Wattrelos).
Voici par arrondissement et canton la hste des com-
munes dont la population agglomérée en 1896 dépassait
1.000 hab. Les chiffres de superficie ne sont pas rigoureu-
sement exacts, parce que nous attribuons toute la superficie
des vifies divisées entre plusieurs cantons au premier de
ces cantons dans la liste. Les surfaces cantonales sont
indiquées d'après h Situation financière des communes
(année 1897):
Arrondissement de Lille (22 cant., 129 com., 87.439
liect., 785.066 hab.). — Cant. d' Armentières (8 com.,
6.284 hect., 49.474 hab.) : Armentières, 29.603 hab.
(28.377 aggl.) ; Houplines, 8.768 hab. (7.013 aggl.). —
Cant. de la Bassée (11 com., 7.009 hect., 17.292 hab.) ;
La Rassée, 4.017 hab. (3.514 aggl.) ; Salomé, 2.837 hab.
(aggl. 2.370). — Cant. de Cysoing (14 coin.. 9.701
hect., 18.484 hab.) : Cysoing, 3.379 hab. (2.797 aggl. )^.
— Cant. de Haubourdin (16 com., 8.732 hect., 37.285
hab.) : Haubourdin, 7.858 hab. (7.302 aggl.); Lomme,
5.677 hab. (2.152 aggl.); Loos, 8.770 hab. (7.534
aggl.) ; Wavrin, 3.809 hab. (2.418 aggl.). — Cant. de
Lannoy {ÏQ com., 7.980 hect., 35.651 hab.) : Ascq,
2.450 hab. (2.405 aggl.); Leers, 3.738 hab. (3.023
aggl.) ; Lys-les-Lannoy, 5.604 hab. (3.272 aggl.). —
Cant. de Lille (Centre) : 1 com., 2.110 hect. (pour la
ville entière), 37.413 hab. — Cant. de Lille (E.) (1 autre
com., 31.825 hab.) : Hellemmes-Lille, 329 hect., 6.967
hab. (5.938 aggl.).— Cant. de Lille (N.) (1 autre com.,
29.142 hab.) : La Madeleine, 285 hect., 10.779 hab.
(10.684 aggl.). — Cant. de Lille (N.-E.) (1 autre com.,
31.065 hab.) : Mons-en-Rarœul, 288 hect., 3.575 hab.
— 9 —
NORD
(3.49o aggl.). — Cant. de Lille (0.) (4 autres com.
mesurant '2.968 hect., 31.831 hab. dont ii.li6 pour
Lille) : Lanibersart, 4.8^20 hab. (3.929 aggl.) ; Marquette,
4.930 hab. (4.694 aggl.) ; Saint- André, 2.769 hab.
(2.355 aggl.) ; Wambrechies, 4.599 hab. (2.597 aggl.).
— Cant. de Lille (S.), 41.157 hab. — Cant. de
Lille (S.-E.) (3 autres com., ayant 1.216 hect., 26.503
hab. dont 17.337 pour Lille). — Canf. de Lille (S.-O.),
34.942 hab. — Cant. de Pont-à-Marcq (15 com., 11 .685
hect., 17.924 hab. — Cant. de Quesnoy-sur-Deùle
(9 com., 6.579 hect., 22.881 hab.) : Comines, 7.527
hab. (5.595 aggl.); Pérenchies, 3. 164 hab. (2.653 aggL);
Quesnoy-sur-Deiile, 5.254 hab. (2.746 aggl.) — Cant.
de Roubaix (E.) ; section des com. de Roubaix et Wat-
trelos, 57.984 hab.; Roubaix a 1.285 hect., 124.661
hab. dont 114.928 aggL ; Wattrelos a 1.362 hect., 22.731
hab., dont 10.704 aggl. — Cant. de Roubaix (N.),
63.344 hab. — Cant. de Roubaix (0.), 45.303 hab.
dont 1.161 hect. et 19.239 hab. pour les 2 autres com. :
Croix, 14.338 hab. (13.895 aggl.); Wasquehal, 4.901
hab. (seulement 1.462 aggl.). — Cant. de Sec lin {[Q
com., 9.598 hect., 28.732 hab.) : xVnnœullin, 5.013 hab.
(3.980 aggl.); Gondecourt, 2.183 hab. (2.102 aggl.) ;
Seclin, 6.245 hab. (5.371 aggl.). — Cant. de Tourcoing
(N.) (5 com., 5.624 hect., y compris ïourcoiug entier
1.511 hect.; 35.582 hab.) : Halluin, 15.781 hab. (11.619
aggl.); Roncq, 6.726 hab. (3.856 aggl.). — Cant. de
Tourcoing (N.-E.) (1 autre com. de 614 hect.; 37.374
hab. dont 33.126 pour Tourcoing) : Neuville-en-Ferrain,
4.248 hab. (2.593 aggl.). — Cant. de Tourcoing (S.)
(3 autres com. de 3.097 hect. ; 54.084 hab. dont 34.760
pour Tourcoing) ; Marcq-en-Barœul, 10.392 hab. (7.289
aggl.) ; Mouveaux, 5.786 hab. (4.449 aggl.).
Arrondissement d'Ayesnes (10 cant., 153 com.,
139.723 hect., 210.053 hab.). —Cant. d'Avesnes (N.)
(14com.,13.052hect.,13.074hab.):Avesnes,6.400hab.
(6.325 aggl.). — Cant. d'Avesnes (S.) (12 com.,
15.254 hect., 16.410 hab.): Sains-du-Nord, 3.886 hab.
(3.886aggl.). — Can^ de Bauai (18 com., 12.725 hect.,
17.780 hab.). — Cant. de Berlaimont (14 com.,
8.786 hect., 11.109 hab.). — Cant. de Landrecies
(lOcom., 11.456 hect.,15.640hab.):Bousies, 3.109hab.
(3.055 aggl.); Landrecies, 4.069 hab. (3.771 aggl.).—
Cant. rf^i}/aw/;^w^^(28com., 20.975 hect., 58. 689 hab.) :
Ferrière-la-Grande, 3.719 hab. (3.598 aggl.) ; Hautmont,
11.336 hab. (11.034 aggl.); Jeumont, 3.626 hab.
(3.511 aggl.); Louvroil, 4.389 hab. (2.390 aggl.);Mau-
beuge, 19.799 hab. (13.818 aggl.). — Cant. du Ques-
noij{E.) (15 com., 18.023 hect., 15.613 hab.): LeQues-
noy, 3.872 hab. (3.475 aggl.); Poix-du-Nord, 2. 426 hab.
(2.326 aggl.). — Cant. du Quesnoy (0.) (13 com.,
7.983 hect., 12.219 hab.). — Cant. de Solre-le-Chd-
teau (16 com., 13.490 hect., 12.684 hab.) : Consolre,
3.311 hab. (3.033 aggl.); Sars-Poteries, 2.461 hab.
(2.389aggl.); Solre-le-Chàteau, 2.767 hab. (2.529 aggl.).
— Cant.deTrélon{i3 com., 18.512 hect., 36.835hab.):
Anor, 4.578 hab. (2.077 aggl.); Fourmies, 15.287 hab.
(13.132 aggl.); Trélon, 4.308 hab. (3.918 aggl.); Wi-
gnehies, 5.987 hab. (5.189 aggl.).
Arrondissement de Cambrai (7 cant., 119 com.,
89.200 hect., 198.603 hab.). — Cant. de Cambrai (E.)
(14com.,8.910hect.,22.839hab.): Cambrai, 25.250hab.
(17.608 aggl.) ; Escaudœuvres, 2.763 hab. (2.740 aggl.) ;
Iwuy, 3.976hab. {^. 90^ SiggL). — Cant. de Cambrai (0.)
(17 com., 7.993 hect., 28.176 hab.). —Cant. de Car-
nières (16 com., 10.184 hect., 31.184 hab.): Avesnes-
les-Aubert, 4.702 hab. (4.475 aggl.); Fontaine-au-Pire,
2.337 hab. (2.313 aggl.); Quiévy , 3.317 hab.
(3.266 aggl.) ; Aubert, 2.176 hab. (2.176 aggl.); Saint-
Hilaire-les-Cambrai, 2.355 hab. (2.355 aggl.).— toiL
du Cateau (18 com., 16.059 hect., 30.406 hab.):LeCa-
teau, 10.451 hab. (10.183 aggl.); Ts'euvilly, 2.627 hab.
(2.602 aggl.); Saint-Souplet, 2.340 hab. (2.087 aggl.).
— Cant. de Clary (17com., 13.739 hect., 35.997 hab.) :
Bertry, 3.055 hab. (3.013 aggl.); Busigny, 3.069 hab.
(2.322 aggl.); Caudry, 9.460 îiab. (9.376 aggl.) ; Clary,
2. 572 hab. (2.474 aggl.) ; Lignv-en-Cambrésis, 2.218 hab.
(2.188 aggl.); Maretz, 2.874 hab. (2.694 aggl.); Vil-
lers-Outréaiix, 2.812 hab. (2.757 aggl.); Walincourt,
2.217 hab. (2.167 aggl.). — tant. deMarcointj (20 com.,
20.123 hect., 24.759 hab.) : Gou;œaucourt, 2.219 hab.
(2.130 aggl.); Masnières, 2.615 hab. (2.469 aggl.);
Rumilly, 2.225 hab. (2.139 aggl.). — Cant. de So-
lesmes (17 com., 12.771 hect., 25.242 hab.) : Haussy,
2.776hab.(2.650aggl.);Saulzoir,2.130hab.(2.130aggl.);
Solesmes, 6.322 hab. (5.829 aggl.); Viesly, 2.827 hab.
(2.748 aggl.).
Arroni)Isskment de Douai (6 cant., QQ com., 47.206
hect., 137.445 hab.). — Cant. d'Ai'leux(ii) com., 8.747
hect., 13.906 hab.). — Cant.de Douai (N.) (6 com.,
5.957 hect., 25.288 hab.) : Douai, 31.397 hab. (24.688
hab.); Flines-les-Raches, 4.074 hab. (4.048 aggl.); Sin-
le-Noble, 6.969 hab. (5.263 aggl.). — Cant. de Douai
(0.) (10 com., 6.346 hect., 32.845 hab.) : Raimbeau-
court, 2.599 hab. (2.588 aggl.); Roost-Warendin, 2.701
hab. (2.412 aggl.). — Cant. de Douai (S.) (11 com.,
5.849 hect.; 25.014 hab.) : Aniches, 6.924 hab., 6.437
aggl.); Auberchicourt, 2.739 hab. (2.()53 aggl.); Dechy,
2.394 hab. (2.301 aggl.). — Cant. de Maixhiennes
(15 com., 10.343 hect., 23.182 hab.) : Fenain, 2.516
hab. (2.445 aggl.); Marchiennes, 3.246 hab. (2.535 aggl.);
Somain, 6.042 hab. (5.161 aggl.). — Cant. d'Orchies
(9 com., 10.359 hect., 17.210 hab.) : Orchies, 4.137
hab. (3.583 aggl.).
Arrondissement de Dunkerque (7 cant. , 65 com. , 72.160
hect., 143.771 hab.). — Cant. de Bergues (13 com.,
12.133 hect., 14.948 hab.) : Bergues, 5.258 hab. (5.258
aggl.). — Cant. de Bourbourg (13 com., 14.081 hect.,
14.861 hab.) : Bourbourg- Ville, 2.513 hab. (2.513 aggl.).
— Cant. de Dunkerque (E.) (10 com., 7.854 hect.,
39.035 hab.): Dunkerque, 39.718 hab. (39.718 aggl.);
Coudekerque-Branche, 4.365 hab. (2.994 aggl.); Malo-
les-Bains, 3.032 hab. (3.032 aggl.); Rosendael, 8.872
hab. (8.872 aggl.). — Ca7it. de Dunkerque (0.) (6 com.,
4.650 hect., 36.480 hab., dont 21.986 pour Dunkerque) :
Saint-Pol-sur-Mer, 7.492 hab. (6.602 aggl.). — Cant.
de Gravelines (5 com., 6.943 hect., 12.498 hab.) :
Grand-Fort-Philippe, 3.029 hab. (3.029 aggl.); Grave-
lines, 5.907 hab. (4.020 aggl.). — Cant. de Honds-
choote (8 com., 12.860 hect., 12.042 hab.) — Cant. de
Wormhoudt (10 com., 14.209 hect., 13.907 hab.).
Arrondissement de Hazebrouck (7 cant. , 53 com.
69.321hect., 113.006 hab.). — Ca/i^ de Bailleul(}^.-E.)
(4 com., 9.615 hect., 18.675 hab.) : Bailleul, 13.449
hab. (8.951 aggl.). — Cant.de Bailleul (S.-O.) (5 com.,
6.866 hect., 14.028hab.). — Cant.de Cassel (13 com.,
11.758 hect., 12.961 hab.) : Cassel, 3.562hab. (2.384
aggl.). — Cant. de Hazebrouck (N.) (10 com., 12.530
hect., 16.600 hab.): Hazebrouck, 12.571 hab. (8.328
aggl.). — Cant.de Hazebrouck (S.) (7 com., 8.383 hect.,
14.799 hab.). —Cant. de Mer ville (^ com., 8.278hect.,
21.099 hab.) : Estaires, 6.569 hab. (3.583 aggl.) ; Mer-
ville, 7.720 hab. (4.100 aggl.). — Cant. de Steenvoorde
(9 com., 12.059 hect., 14.844 hab.).
Arrondissement de Valenciennes (8 cant., 82 com.,
62.978 hect., 223.924 hab.). — Cant. de Bouchain
(14 com., 8.983 hect., 22.254 hab.) : Haspres, 3.027
hab. (2.930 aggl.) ; Lourches, 4.863 hab. (4.863 aggl.);
Marquette, 2.463hab. (2.374 aggl.). — Cant.de Condé-
sur-V Escaut (10 com., 8.471 hect., 28.462 hab.) :
Condé-sur-l'Escaut, 4.481 hab. (3.252 aggl.) ; Crespin,
2.233 hab. (2.233 aggl.) ; Fresnes, 6.844 hab. (4.946
aggl.) ; Hergnies,3.533hab.(3.533 aggl.) ; Vieux-Condé,
7.125 hab. (3.603 aggl.). — Cant. de Denain(l com.,
5.259 hect., 33.726 hab.); Denain, 19.916 hab. (17.356
aggl.) ; Douchy, 2.815 hab. (2.575 aggl.) ; Escau-
NORD — 40
dam, 3.965 liai). ('2.341 aggl.). — Cant. de Saint-
Amand (r. dr.) (7 com., 40.877 liect., ±2.ili) liai).);
Raismes, 7.336 hab. (4.964 aggl.) ; Saint-Amaiid, 43.038
liai). (9.443 aggi.). — CajiL de SaùU-Amand {r. g.)
(40 com., 3.874 liecl., 44.764 liai).). — Cant. de Va-
lenciennes (E.) (44 com., 9.^6"2 liect., 28.266 liab.):
Marly, 2.863 hab. (2.i9i aggl.); (hmaiiig, 4.643 hab.
(4.434 aggl.) ; Préseaii, 2.449 hab. (2.149 aggl.) ; Qua-
rouble, 2.384 hab. (2.377 aggl.); Yalencieniies, 29.942
hab. (26.447 aggl.). — Cant. de Valenciennes (N.)
(8 com., 3.808 hect., 44.247 hab.) lAnzin, 42.768 hab.
(42.632 aggl.); Rmay, 6.033 hab. (3.046 aggl.) ; Saint-
Saulve, 3.426 hab. (2.396 aggl.); Wallors,' 3.669 hab.
(3.463 aggl.). — Cant. de Valenciennes (S.) (43 com.,
8.364 hect., 32.732 hab.): Aiilnoy, 2.333 hab. (2.043
aggl.), Hérin, 2.330 hab. (2.302 aggl.); Maing, 2.328
haï). (2.320 aggl.); La Sentmellc, 2.733 hab. (2.223 aggl.);
Trith-Saint-Léger, 3.716 hab. (2.436 aggl.).
Les deux grandes agglomérations urbaines sont, au
centre du réseau navigable: Lille, qui, avec ses faubourgs,
groupe près de 300.000 âmes ; et au N.-E., prescpie re-
liée à l'agglomération lilloise par des rues continues, celle
de Roubaix-Tourcoing-Wattrelos, fondues en une ville
unique de 220.000 âmes, 240.000 avec le faubourg de
Croix- Was([uehal. Viennent ensuite l'agglomération côtiére
de Dunker(|ue, qui dépasse 60.000 âmes, puis celles du
bassin houiller : à l'!'.., le groupe de Yalenciennes-Auzin.
réunissant avec ses annexes environ 60.000 personnes; au
centre, ceux de Denain (plus de 30.000 âmes), Aniche-
Somain (43.000 à 20.000); à l'O., le groupe de Douai
(40.000 hab. environ). Sur la Sambre, la principale agglo-
mération est celle de Hautmont-Maubcuge qui réunit près
de 40.000 âmes. Au même rang, on peut placer le grou-
pement d'Armentières, qui dépasse 40.000 âmes. Au troi-
sième rang, nous trouvons encore des agglomérations do
plus de20. 000 hab.. Cambrai, Fourmies-Wignehies, Coudé.
Habitations. — Le nombre des centres de population
(hameaux, villages ou sections de communes) était en
4894 de 3.867 dans le dép. du Nord. Le nombre des mai-
sons d'habitation, de 344.422, dont 333.772 occupées
en tout ou en partie, et 40.630 vacantes. Sur ce nombre,
on en comptait J 78.830 n'ayant qu'un rez-de-chaussée,
440.793 un seul étage, 44.984 deux étages, 44.664
trois étages, 4.433 quatre étages ou davantage. Elles
comportaient 442. 742 logements ou appartements distincts,
dont 428.763 occupés et 43.979 vacants ; en outre,
46.736 locaux servant d'atehers, de magasins ou de bou-
tiques. La proportion des locaux industriels ou commer-
ciaux est relativement faillie (403 °/oo, mémo moyenne
que sur l'ensemble de la France), à cause de la prédomi-
nance de la grande industrie.
Etat des personnes. — D'après la résidence. —
On a recensé, en 4894, 48.846 individus isolés et 379.347
familles, plus 600 établissements comptés à part, soit un
total de 428.763 ménages. Il y a 48.846 ménages com-
posés d'une seule personne; 74.949 de deux personnes;
77.424 de trois personnes; 78.283 de quatre personnes;
36.984 de cinq personnes ; 46.073 de six personnes;
33.632 de sept personnes et davantage. La proportion
d'isolés est moindre que dans l'ensemble de la France (444
sur 4.000 ménages au heu de 432), et surtout que dans
les autres départements de grandes villes (Seine, 288 ;
Rhône, 483).
La population résidente comptait 4.736.341 personnes,
dont 4 .677 .082 résidents présents, 47 .224 résidents absents
et 42.033 personnes comptées à part. La population pré-
sente comportait 4.749.417 résidents présents et 47.234
personnes de passage, soit un total de 4 .736.334 . La popula-
tion présente est donc presque exactement aussi nombreuse
que la population résidente ; en général, en France, elle est un
peu moins nombreuse. La proportion de résidents absents
n'atteint pas 4 % (moyenne française 4,74); seuls, les
pays d'élevage (Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Manche)
et la Loire, autre pays minier, ont atissi peu d'absents.
Il est probable que cette donnée statistiipie résulte de ce
que la population ouvrière tlottante est en partie étrangère
et n'est classée l'ésidente ([u'en cas de présence.
D'après lk eiec de naissance. — Classée d'après le
lieu de naissance, la population du Nord se divisait, en
J894, en :
Français nés dans la commune où ils habitent. 930.620
— dans une autre com. du dép. . . 374.040
— dans un autre département 87.337
— en Algérie ou dans une colonie
française ^ 424
Français nés à l'étranger 6.664
Soit un total de 4.448.782 Français de naissance.
Il y faut ajouter en premier lieu 24.382 naturalisés
dont 9.902 nés dans la commune, 3.803 dans une autre
du département, 969 sur un autre point du territoire
français, 6.908 à l'étranger; en second lieu, 293.987
étrangers dont :
Nés dans la commune où ils habitent 96.933
— dans une autre commune du département. 30.744
— dans un autre dép. ou dans une colonie.. 4.872
— à l'étranger 463 .436
(Classée par nationalité, la population du Nord comprend
4.4^0.364 Français, 289.328 Belges, 4.6i-3 Anglais,
l^xossais ou Irlandais, 36 Américains du Nord, 43 Amé-
ricains du Sud, 4.272 .Allemands, 434 Autrichiens et
Hongrois, 4.318 Hollandais, 434 Luxembourgeois, 630 Ita-
liens, 434 Espagnols, 3 Portugais, 346 Suisses, 490 Russes,
30 Suédois, 46' Norvégiens, 40 Danois, 22 d'autres na-
tionalités, 60 de nationalité inconnue. Ces chiffres indi-
quent d'une part la très grande quantité d'étrangers ; au-
cun autre département français n'en renferme autant, ni
en aussi forte proportion. La frontière franco-belge étant
artificieUe, les populations de même langue et de mêmes
mœurs des deux côtés de cette frontière sont en relations
constantes. Dans les grandes cités industrielles, Roubaix,
Tourcoing, Lille, Armentières, le dimanche, quantité d'ou-
vriers voiit eu Flandre belge visiter leurs parents, tandis
que d'autres reçoivent la visite de ces membres de leur
famille résidant en Belgique. Ce (jui est plus grave, c'est
que près de la moitié des étrangers sont nés en France,
souvent de parents eux-mêmes nés sur notre territoire et
qu'il s'y forme ainsi une véritable colonie belge, réfrac-
taire à la nationalité française à cause des charges plus
lourdes ((u'elle impose, eu particulier pour le service mi-
litaire. Les lois récentes sur la naturalisation ont cher-
ché à restreindre cet abus. Néanmoins, en 4891, la pro-
portion d'étrangers était encore dans le Nord de 47 «/o,
alors que dans l'ensemble de la France elle est de 3 ^/o.
— Si nous nous en tenons à l'élément français, nous
constatons qu'en 4894 ledép. du Nord possédait 4.324.660
nationaux nés sur son territoire et que l'on a recensé
dans la France entière 4.494.973 originaires du Nord
Celui-ci a donc conservé 89 «/o de ses enfants ; des autres,
34.492 ont passé dans le département voisin du Pas-de-
Calais, 47.427 dans celui de la Seine, 49.634 dans l'Aisne,
3.990 dans la Somme, etc. En revanche, le Nord renferme
87.334 Français originaires d'un autre département, dont
44.086 de l'Aisne, 36.883 du Pas-de-Calais, 7.227 de
la Seine, 7.442 de la Somme, etc. La comparaison de
ces chiffres établit que le Nord a perdu par l'émigration
intérieure 79.988 Français de plus que l'immigration ne
lui en a amené. L'accroissement de sa population est dû à
l'excédent des naissances et est ralenti par l'émigration.
Il est vrai f[ue l'immigration belge l'emporte sur l'émigra-
tion française en Belgique.
D'après l'état civil. — Classée par sexe, la popula-
tion se répartit en 867.773 hommes et 868.376 femmes ;
c'est une proportion de 4 .004 femmes pour 4 .000 hommes,
inférieure à la moyenne française (4.044), ce qui s'expHque
par le rôle des centres industriels attirant plutôt les
— 44
NORD
hommes. Le sexe masculin compte 4o0.84o célibataires
majem^s; le sexe féminin, 430.92o, proportions voisines
des moyennes françaises. La proportion des personnes ma-
riées est de 373 pour 1.000 (moyenne générale de la
France, 400). On a recense 407.146 veufs et veuves, soit
62 °/oo (moyenne française, 84). Le nombre des mineurs
est de 740.375, soit HO ^loo (moyenne française, 36o).
L'âge moyen des hommes est de 28 ans 9 mois 20 jours;
l'âge moyen des femmes de29ans 2mois4ojours. Lenombre
moyen des enfants vivants est de 274 par 400 familles
(moyenne française 210). Il est relativement satisfaisant
et classe le Nord au 7^ rang de nos 87 départements.
D'après la profession. — La population du Nord se dé-
compose par professions de la manière suivante (en 4894).
On classe sous chaque rubrique non seulement ceux qui
exercent la profession, mais aussi la totalité des personnes
qui en tirent leur subsistance :
Agriculture 396. o94, soit 229 «oo
Industries manufacturières.... 782.294 — 4o0 —
Transports 79.393 — 4o —
Commerce 283.954 — 463 —
Force publique 22.720 — - 43 —
Administration publique 48.639 — 44 —
Professions libérales 38.924 — 22 —
Personnes vivant exclusivement
de leurs revenus 40.653 — 23 —
En outre, 8.694 gens sans profession et 64. 489 indivi-
dus non classés (enfants en nourrice, étudiants ou élèves
de pensionnats vivant loin de leurs parents, personnel in-
terne des asiles, hospices, etc.), ou de profession inconnue.
Au point de vue social, la population comprend: 226.486
patrons, 33.353 employés, 463.600 ouvriers. Les per-
sonnes inactives de leurs familles sont au nombre de
894.362,^ plus 48.376 domestiques.
Etat économique. — Propriété. — Le nombre des
cotes foncières était, en 4893, de 536.223, dont 332.839
non bâties et 203.394 bâties ; le nombre des cotes non
bâties a augmenté de 444.287, soit 50 "/o depuis 4826.
L'enquête faite par l'administration des contiibutions di-
rectes en 4884 a relevé dans le dép. du Nord 324.094
propriétés non bâties imposables, savoir: 303.079 appai'-
tenant à la petite propriété, 47.244 à la moyenne pro-
priété, et 804 à la grande propriété.
Nous donnons ci-après un tableau indiquant le nombre
et la contenance des cotes foncières non bâties (en 4894) :
DÉSIGNATION
NOMRRE
SUPERFICIE
dos coles
(en hectares)
Petllo propriété :
Riens de moins de 10 ares . .
109.808
3.824
— de 10 à 20 ares
33.340
53.371
4.937
17.766
- de 20 à 50 -
— de 50 ares à 1 liecl —
39.480
28.296
— de 1 à 2 liect
33.777
48.207
— de2à3—
15.535
37.992
- de 3 à 4 -
8.747
:30.199
— de 4 à 5 —
5.0(33
25.370
- de 5 à 6 -
3.855
21.034
Moyenne propriété :
Biens de 6 à 7 hect
2.942
19.081
- de7à8-
2.216
16.619
— de 8 à 1) —
1.699
14.408
- de 9 à 10 —
1.438
13.903
— de 10 à 20 -
5.893
81.851
— de 20 à 30 -
1.884
45.276
- de 30 à 40 -
745
25.400
- de 40 à 50 -
394
17.273
Grande propriété :
Biens de 50 à 75 hect
425
25.082
— de 75 à 100 —
174
15.035
- de 100 à 200 -
150
19.838
Au-dessus de 200 —
Totaux
55
19.537
321.094
530.928
On voit par ce tableau que la petite propriété occupe
247.625 hect. ; la moyenne, 233.84 I ; la grande, 79.492.
La pelite propriété domine, avec la moyenne ; la grande
est relativement peu étendue. La division du sol est
J)eaucoap plus grande que daiis la moyenne de la
France, puiscpic la contenance moyenne d'une cote fon-
cière est de4^^^^^65, alors qiio la moyenne française atteint
3''«^^53.
La valeur de la propriété bâtie était évaluée (d'après
l'enquête de 4887-89) de la manière suivante :
Nombre (en 4894)..
Maisons
354.258
Usines
5.752
Francs
406.555.449
.026.928.135
24
347
Fr^nics
932.984
.376.456
Valeur locative réelle. .
Valeur vénale (en 4887)
Il faut y ajouter 2.776 bâtiments publics (asiles, pres-
bytères, préfectures, etc.), d'nue valeur locative réelle de
950.022 fr. La part du département dans la valeur delà
propriété bâtie sur le sol français re])résente '1/21^ de la
valeur totale.
Agricultcre. — L'agriculture ne fait vivre que229hab.
sur 4.000, alors que dans l'ensemble do la j'rance cette
proportion atteint 460. Seuls les dép. de la Seine, des
Bouches-du-Rhônc et du Khène ont un moindre coef-
ficient de population agricole, et, si Ton excepte la Seine,
le Nord est le seul département finançais où il y ait deux
fois plus de personnes vivant de l'industrie que de l'agri-
culture. Mais il ne faudrait pas en conclure que l'impor-
tance agricole du dép. du Nord est faible; loin de là ; si
elle est moindre que sa ricbesse industrielle, sa richesse
agricole est encore très considérable. Il est, à cet égard,
le premier des départements français. D'après l'assiette de
la contribution foncière, la valeur du sol non bâti du Nord
représente environ le 4/33^ de la valeur totale du solfran
çais ; c'est à peu près sa part dans la valeur totale des
récoltes de céréales.
On trouvera au § Géologie agricole des indications sur
les qualités des terrains des diverses parties du départe-
ment. Nous rappelons que la division fondamentale est celle
entre la plaine des Pays-Bas et la région accidentée de
l'Est, qui se rattache à l'Ardenne et aux collines de l'Ar-
tois, la limite étant à peu pi'ès tracée par le cours de
l'Escaut.
Dans les schistes et les glaises de l'arr. d'Avesnes,
les prairies naturelles et artificielles ont pris une grande
extension à côté des champs de betteraves et de blé ; dans
les polders et plaines mouillées de la Flandre maritime
(arr. de Dunkerque et Hazebrouck), les pâturages alternent
avec les champs ; enfin, dans les arrondissements centraux,
les terres perméables, très fertiles et exploitées d'une manière
plus scientifique que dans nul autre département français,
se partagent entre la cuhure des céréales, dont les rende-
ments sont les plus beaux de France, et les cultures indus-
trielles, surtout celle de la betterave. Les terres labou-
rables forment les deux tiers delà surface départementale ;
les champs de blé occupent près du quart du dép. du
Nord. La culture du blé et de l'avoine a gagné du terrain
depuis 4852, celle de l'orge en a perdu. Les pommes de
terre ont doublé leur étendue ; celle des betteraves su-
crières se maintient aux environs de 50.000 hect. ; celle
des prairies artificielles se restreint. Les assolements sont
assez compli([ués, faisant souvent alterner les céréales et
les plantes sarclées. La jachère ne représente que 42 °/oo
de la surface départemcntalo ; les terrains incultes, 9 •^/oo
seulement. L'usage des engrais permet de mettre en va-
leur presque tout le sol.
Nous donnons à la page suivante un tableau indiquant
la superficie et le rendement des principales cultures
en 4897 (mauvaise année en P>ance, médiocre dans le
Nord).
NORD
n
CULTURES
Froment
Seigle
Orge
Avoine
Ponniies de terre
Betteraves fourragères. .
Trètle
Luzerne
Sainfoin
Prés naturels et herbages
Chanvre
Lin
Col/a
Œillette
Cameline
Tabac
Houblon
Betteraves à sucre
Cidre
SUPERFICIE
Hectares
127.000
11.000
8.000
60.100
20.100
8.000
16.000
9.000
1.400
76.200
80
2.672
490
460
180
620
900
49.900
PRODUCTION
Hectolitres
3.698.000
Quintaux
2.818.000
Hectolitres
275.000
320.000
2.885.000
Quintaux
2.110.500
4.160.000
800.000
540.000
64.400
3.200.000
(Filasse 720
/ Graine 560
^Filasse 32.000
Graine 16.000
13.720
5.800
2.000
17.368
13 500
17.528.000
Hectolitres
15.058
Dans la période décennale 4 888-97 , la production moyenne
annuelle du froment (et méteil) fut de 3.300.000 hectol.,
celle du seigle de ^241.000, celle de l'orge de 368.000,
celle de l'avoine de 2.990.000. Les rendements sont re-
marquables, les plus beaux de France, '29 hectol. à Fhect.
en 4897 pour le froment (moyenne française, 43^^49);
47^^\75 pour le seigle (moyenne, 44^^68) ; 40 pour l'orge
(moyenne, 46^'\90), 48 pour l'avoine (moyenne, 20'^\40);
50 quintaux à Fhect. pour le trèfle (moyenne, 38*1,20);
354 quiiUaux à l'hect. pour la betterave (moyenne, 288;
Oise, 400). Pour la quantité comme pour la valeur de la
récolte du blé et delà betterave sucrier e, le Nord vient au
premier rang; pour l'avoine, le Pas-de-Calais, la Somme,
l'Aisne, l'Oise, Eure-et-Loir et Seine-et-Marne le dépas-
sent. Il est encore le premier pour le lin et le houblon.
— La valeur des récohes du dép. du Nord en 4897 était
pour les céréales (grains seulement) : blé, 72.362.000 fr. ;
avoine, 22.876.000 fr. ; seigle, 3.286.000 fr. ; orge,
3.309.000 fr.; pour les fourrages, 37.600.000 fr. ; pour
les pommes de terre, 4 4.773.500 fr. ; pour la betterave
à sucre, 40.685.000 fr. ; pour le houblon, 4.350.000 fr. ;
pour le tabac, 4.389.000 fr. ; pour le lin, 2.820.000 fr. ;
pour le colza, 250.000 fr. ; l'oeillette, 197.000 fr. ; la ca-
meline, 40.000 fr. ; etc.
Pour compléter ces chiffres, il faut tenir compte de
9.600 hect. de fèves et féveroles, 3.900 hect. de pois,
3.400 de haricots, 430 de lentilles, 4.800 de navets,
4.350 de carottes. La culture de la chicorée à café est
fort importante et alimente 420 fabriques qui transforment
les racines de cette plante. — L"en((uète décennale de 4882
accusait 9.748 hect. de prairies irriguées natureUement,
2.653 hect. de prairies irriguées à l'aide de travaux
spéciaux, 27.329 non irriguées. Les herbages pâturés
sont parmi les plus beaux de France. En outre, les four-
rages verts annuels étaient cultivés sur 6.554 hect. dont
2.482 de trèfle incarnat, 2.604 de vesces, 994 de choux,
452 de seigle en vert, 322 de maïs fourrages. Aux
chiffres donnés pour les prairies artificielles, il faut ajouter
700 hect. de mélanges de légumineuses. Si les prairies
artificielles ont perdu plus de 45.000 hect. depuis quarante
ans, les fourrages verts et racines fourragères ont gagné
presque autant, et la pulpe des sucreries et distilleries four-
nit une masse alimentaire équivalant à la production de
25.000 hect. de prairies.
Il n'y a pas de vignes dans le Nord, sauf quelques es-
paliers de chasselas et des serres dont l'importance s'ac-
croît dans les districts houillers. Les vergers sont répandus
dans les pays d'herbages : pommes à couteau vendues dans
les grandes villes et en Angleterre ; pommes à cidre ; poires,
cerises, pèches, abricots. Les jardins maraîchers sont nom-
breux autour de Dunkerque et le long de la Scarpe.
La surface boisée est estimée à 42.784 hect., dont
49.250 appartenant à l'Etat, 2.393 aux départements et
aux communes, 24.438 à des particuliers. Les taillis do-
minent. Les principales forêts sont celles de Mormal (9.200
hect.) et de Trélon (3.300 hect.) dans l'arr. d'Avesnes ;
puis celles de Saint-Amand (3.274 hect.), deNieppe (2.500
hect.), de Raismes (4.300 hect.), du Bois de l'Abbé
(4.400 hect.). L'arr. d'Avesnes a quelques oseraies.
L'élevage est très prospère. Le nombre des animaux de
ferme existant au 34 déc. 4897 était:
Espèce chevahne 83 . 578
— mulassière 2 . 264
— asine 4 . 580
— bovine 278.949
— ovine 86 . 664
— porcine 80 . 477
— caprine 47 . 028
Les chevaux sont de belle qualité, de race boulonnaise
et ardennaise en majorité. Les birufs, principalement de
race flamande, sont élevés pour la viande, spécialement
dans la Flandre maritime autour de Cassel et Bergues, et
dans les herbages de l'arr. d'Avesnes. Les vaches lai-
tières sont au nombre de 4()4.000. Si numériquement le
dép. du Nord est dépassé par ceux de l'Ouest, il est de
beaucoup le premier pour la production laitière (4. 564. 000
hectol. valant 75.742.000 fr.). On fait plus de 42 millions
de kilogr. de beurre, surtout vers Cassel, Wormhoudt,
Bailleul ; quantité de fromages, dont les variétés les plus
réputées sont les fromages de Maroilles, Bergues, Mons-
en-Pévèle. Les moutons, dont le nombre diminue, sont de
race flamande ou métissés de mérinos ; en 4897, ils ont
donné 3.784 quintaux de laine valant 567.000 fr. Les
chèvres sont élevées pour le lait. Les porcs, qu'on en-
graisse dans les fermes laitières, sont de race normande,
souvent croisée avec des variétés anglaises. — Enfm, en
4897, on recensait 8.400 ruches en activité produisant
66.000 kilogr. de miel et 43.000 kilogr. de cire d'une
v^aleur globale de 462.500 fr.
Les exploitations petites et moyennes dominent : 42.880
ont moins d'un hect. ; 32.074, de 4 à 40 hect. ; 9.438, de
4 0 à 40 hect. ; 4 .277 , de plus de 40 hect. Les propriétaires
faisant valoir directement leur terre sont au nombre de
48.000, exploitant des domaines d'une étendue moyenne
de 3 hect. ; on compte 22.700 fermiers et seulement
4.234 métayers. — L'outiflage agricole est très perfec-
tionné ; le semage, le battage se font à la machine, la
moisson en partie. L'emploi des engrais a été depuis long
temps réglé méthodiquement; à l'engrais humain, dit fla-
mand, s'ajoutent les gadoues des villes, les cendres et
résidus industriels, la marne, la chaux et toute la série
des engrais scientifiques, phosphates, nitrates, sels de po-
tasse, etc. Les agriculteurs du Nord ont ainsi conservé la
prééminence séculaire que leur assurent la fertilité du sol,
la science agricole et l'abondance des capitaux. Les Sociétés
agricoles sont nombreuses : au premier rang, la Société des
agricuheurs du Nord ; l'Ecole nationale de Wagnouville,
près Douai, la grande Ecole des industries agricoles do
Douai, et les professeurs d'agriculture continuent d'activer
le progrès.
Industrie. — L'industrie fait vivre 450 hab. sur 4.000
(moyenne française, 250). Elle est très développée sous
toutes ses formes et, à cet égard, le dép. du Nord ne le
cède qu'à celui de la Seine. Son essor a été favorisé par
les richesses houiUères du sous-sol, par la production
agricole à laquelle se sont juxtaposées de puissantes indus-
tries agricoles, enfin par un magnifique réseau de voies
navigables, doublé aujourd'hui du plus beau réseau ferré
de France. Enfin il ne faut pas oublier que le dép. du
13 —
NORD
Nord fait partie de cette région des Pays-Bas, qui est de-
puis le moyen âge un des principaux centres manufactu-
riers et un des plus grands marchés de la terre.
Mines et carrières. Des mines du Nord on n'extrait que
de la houille et du fer. Il existait au i^^ janv. 1897
22 concessions de mines de houille embrassant une super-
ficie totale de 64.160 hect. et 6 de mines de fer embras-
sant 2.791 hect. Les mines de houille appartiennent au
bassin du Hainaut décrit ci-dessus (V. le § Géologie et
les art. Axzix, Lens, etc.), et qui se prolonge vers Mons
et Charleroi en Belgique, Lens et Béthune dans le dép. du
Pas-de-Calais. Le dép. du Nord en possède la partie mé-
diane, d'où le nom de bassin de Valenciennes appHqué
souvent à l'ensemble, bien que cette partie soit la moins
productive. Elle fournit toutes sortes de houille, principa-
lement la qualité grasse à longue flamme. La production
du Nord fut en 1896, pour 15 concessions exploitées, de
5.201.877 tonnes, valant sur le carreau de la mine
49.982.525 fr., soit une moyenne de 9 fr. 60 la tonne.
C'était le fruit du travail de 16.916 ouvriers de l'in-
térieur ayant fourni 5.039.267 journées et reçu
22.732.244 fr. de salaire, et de 5.604 ouvriers de l'exté-
rieur ayant fourni 1.764.360 journées et reçu 5.607.037
fr. de salaire. Ces chiffres placent le Nord au second rang
parmi les départements français pour la production de la
houille, loin derrière son voisin le Pas-de-Calais. Pour la
consommation, il est le premier avec 6.574.900 tonnes,
valant en moyenne 12 fr. 46 la tonne sur le lieu de con-
sommation, soit 81.923.300 fr. en tout. De cette quan-
tité, 2.132.400 tonnes seulement viennent du département,
qui vend le surplus de sa production au dehors et achète
3.296.800 t. au Pas-de-Calais, 1.441.900 à la Belgique,
2.800 à l'Angleterre, 1.000 à l'Allemagne. Les princi-
pales mines de houille sont celles d'Anzin, x\niclic, Dou-
chy, Marly, l'EscarpeUe, etc. — Les mines de fer (Ohain,
Trélon) ne sont pas exploitées, non plus que les tour-
bières de la Colme.
Les carrières ont fourni les résultats suivants en 1896:
l'OIDP VALr.UR
on tonnes en francs
Pierre de (aille tendre 300 2.6i0
— — dure 14.000 238.000
Moellon 97.000 485.000
Sable et gravier pour mort'cr et
béton 220.960 172.430
Chaux grasse 70.250 732.150
Castine 146.000 262.300
Dolomie 5.000 9.000
Silex et sable 120.472 95.250
Argile à faïence et poteries .... 12.715 67.417
— pour briques et tuiles . . . 1.146.920 640.000
— rélVactaire 7.780 22.730
Phosphate de chaux 1.500 37.500
Marne 1.01 i 4.056
Chaux pour amendement 20.000 66.000
Pavés 12.000 160.020
Dalles 150 1.650
Matériaux pour ballast et empier-
rement 131.864 452.900
Marbre 7.500 210.000
Total 3.659.013
On exploitait 23 carrières souterraines et 323 à ciel
ouvert, ou travaillaient 1.463 ouvriers. La chaux et l'ar-
gile viennent surtout du centre et de PO. du département, le
marbre et la pierre dure de Tarr. d'Avesnes (Cousolre,
Bavai, Jeumont, Ferrière-la-Petite, etc.).
Des sources minérales sulfatées calciques (+ 19°, 5)
sont exploitées à Saint-Amand où l'on a installé des bains
de boues.
Industries manufacturières. Il existait, en 1896,
dans le dép. du Nord, 4.001 étabhssements industriels
faisant usage de machines à vapeur. Ces appareils, au
nombre de 5.696, d'une puissance égale à 173.917 che-
vaux-vapeur (non compris les machines des chemins de fer
et des bateaux), représentaient près du septième de la force
totale empruntée à la vapeur par les manufactures fi'an-
çaises ; le dép. du Nord vient à cet égard au 1<^'' rang, dis-
tançant de loin la Seine. Ces appareils se décomposaient en :
4 . 223 machines fixes d'une force de 1 63 . 730 chev. -vapeur
899 — mi-fixes — 5.741 —
566 — locomobiles — 4.274 —
8 — locomotives — 172 —
Cette force se répartissait t!e la manière suivante entre
les principaux groupes industriels :
Mines et carrières 13.066 chev.
Usines métallurgiques 26.265
-vapeur
2.118
18.713
Agricuhure.
Industries alimentaires
— chimiques et tanne-
ries 4.910 —
Tissus et vêtements 100.433 —
Papeterie, objets ]no))iliers et
d'habitation 2 .710 —
Bâtiments et travaux 4.667 —
Services publics de l'Etat 965 —
Ce tableau fait ressortir l'énorme importance des indus-
tries textiles, pour lesquelles le Nord possède plus du tiers
de la force mécanique ([uiy est consacrée en France; pour
la métallurgie, il n'est dépassé que par la Meurthe-et-Mo-
selle ; pour les industries alimentaires, il occupe la pre-
mière place. — La force liydrauli(|uc est minime dans ce
pays de plaines : en 1893, on l'utilisait pour 3.500 che-
vaux dans 300 établissements.
L'industrie métallurgique occupait, en 4891, environ
26.000 ouvriers à la production des métaux et 37. 000 pa-
trons et ouvriers à la fabrication de machines, d'outils et
instruments divers. Elle est représentée en premier lieu
par les grandes forges et aciéries de Denain, de Fives-Lille,
de Blanc -Misseron, par les usines de Baismes, Dunkerque,
Douai (instruments aratoires), Hiuitmont, Maubeuge, Cres-
pin, Saint-Amand, Ferrière-la-Grande, Fourmics, Tré-
lon, etc. 11 existait, en 4896, 20 usines à fer en activité :
40 hauts fourneaux, 244 foursàpuddler, 3 foyers d'afti-
nerie, 93 fours à réchauffer, etc. La production de la
fonte (d'aihnagc im coke) fut do 260.950 tonnes, valant
44.352.250 fr., plaçant le Nord au 2°
rang, après
Meurthe-et-Moselle (72.500.000 fr.); celle de la fontemou-
lée en2<^ fusion fut de 65.292 tojuies, valant42.294 .572 fr.,
et ici le Nord n'est dépassé <pie par le dép. des Ardennes.
Pour le fer ouvré, il vient en tète avec 306.840 tonnes,
valant 44.546.404 fr., la moitié de la proiluction fran-
çaise ; il fait des fers marchands et des tôles (5.460.000 fr.) .
Pour l'acier, il passe au 3*^ rang (après la Loire et Saone-
et-Loire), avec 484.059 tonnes, valant 26.625.679 fr.,
dont 35. 000 tonnes de rails, 62. 500 de tùles,86. 000 d'aciers
marchands. — Une usine à Blanc-Misseron fond un peu
de plomb argentifère. Une grande usine à Aubry traite
34.307 tonnes de calamine, d'où elle tire 47.223 tonnes de
zinc laminé, valant 7.473.840 fr. ; elle produit accessoi-
rement 44.243 tonnes d'acide sulfurique.
Les industries chimiques sont représentées par les
fabriques d'acide sulfurique, de céruse, desavons de Lille,
Valenciennes, etc. On évaluait, en 4892, le nombre des
savonneries à 59, leur production à 5.500.000 fr. ; le
nombre des usines à gaz à 4 06, leur production à 48 mil-
lions de m. c, valant 40 millions de fr. l^a production des
bougies était estimée 2.300.000 fr. ; celle des 5 papete-
ries, 4.400.000 fr. Les teintureries sont des annexes de
la grande industrie textile. Il existait, en 4892, 43 ver-
reries occupant 4.430 ouvriers et produisant8.500.000 fr.
de marchandises, 8 usines cérami(pies occupant 4.000 ou-
vriers et produisant 4.500.000 fr. (faïenceries des arr.
de Valenciennes et d'Avesnes, carreaux céramiques de
Maubeuge, etc.). En y comprenant les briqueteries et tui-
NORD
— 14 —
leries , l'industrie céramique fait travailler plus de
17.000 personnes.
Les industries alimentaires sont représentées : par une
centaine de sucreries (91 en activité en 1894 sur ;-)()8 en
France, ayant produit IJ 7.000 tonnes sur un total de
523.000 en France) ; par environ 1 10 distilleries de mé-
lasse et de betterave dont la production, de 1883 à 1892,
représentait 733.000 liectol. (en 4893, 8o(i.000), plus
du tiei's de la production française ; enfin, par plus de
1.700 brasseries, produisant annaellement 3 millions d'hec-
tol. presque entièrement consommés sur place.
Les industries textiles occupent plus de 100,000 tra-
vailleurs, patrons et ouvriers. On comptait : en 1892,
325 filatures et tissages de laine, avec 1.500.000 broches
actives, 24.000 métiers mécaniques et 8.000 métiers à
bras ; 206 fdatures et tissages de coton, avec en activité
1 million de broches, 9.000 métiers mécaniques, 7 .500 mé-
tiers à bras; 185 filatm^es et tissages de lin, chanvre et
jute avec 360.000 broches, 9.000 métiers mécaniques et
4.500 métiers à bras en activité ; 110 fdatures et tissages
de soie et mélangés, avec 16.000 broches ou bâtonnets,
14.000 métiers mécaniques et 4.200 métiers à bras.
A Lille et dans sa banlieue, nous trouvons des filatures de
hn et d'étoupe pour tissage et filterie, des fdatures et
retorderies de coton, produisant des fils à (poudre, mais
surtout des numéros fins pour mousselines, tuUes, ])onnc-
terie, rubans, velours divers, tissus de nouveauté. Au Ca-
teau est une grande filature. Roubaix file surtout la laine
et les mélangés ; Tourcoing, de môme, travaille plutôt la
laine; Cambrai, le lin et le chanvre; Dunkerque, le jute.
Les tissus fins de lin, linons, batistes, se font spéciale-
ment à Cambrai et Valenciennes ; Caudry se consacre sur-
tout aux tulles et dentelles. Les toiles de lin ont fait la
fortune d'Armentières, concurrencée par Lille pour les
linges de table, les coutils, toiles de confections, à mate-
las, à bâches, à sacs, d'emballage. On y prépare aussi les
rubans de fil et le velours de lin pour ameublement. Les
tissus de laine se font surtout à Roubaix (draps de laine
peignée) et Tourcoing (tapis, moquettes, étoffes d'ameu-
blement), puis à Lille, Halluin, etc.
Il existait, en 1894, dans le Nord, 60 syndicats patro-
naux (3.389 membres), 87 syndicats ouvriers (22.424
membres), 14 syndicats mixtes (5.679 membres) et 8 syn-
dicats agricoles (1.404 membres). La consommation
moyenne d'alcool était, en 1893, de 4\74 par tète, celle
de vin de 11 lit., celle de cidre de 1 lit., celle de bière
de 248 lit. par tête. — 11 a été vendu 3.789.487 kdogr.
de tabac à fumer ou à mâcher et 110.619 de tabac à
priser, soit nue consommation moyemie de 2.246 gr. par
tète, la plus forte de France (moyenne, 933 gr.).
Pêche. — Comme sur tout le littoral des Pays-Bas et
plus généralement de la mer du Nord, la pèche est acti-
vement pratiquée par les ports du dép. du Nord et forme
un revenu considérable. Les deux ports de GraveHnes et de
Dunkerque (y compris Fort-Mardyck) pratiquent la pèche
à pied, la pèche côtière, arment pour la pèche du hareng
sur le Dogger Bank et pour la grande pèche maritime (morue)
dans la mer d'Islande et sur le banc de Terre-Neuve.
En 1894, la pèche à pied, pratiquée par 1.800 pécheurs,
et portant notamment sur la crevette grise, a rapporté
plus de 400.000 fr.; la pèche côtière (200 bateaux et
1 .689 hommes de Dunkerque, 127 bateaux et 1 .079 hommes
de Gravelines) a rapporté 3.724.000 fr. ; les principales
espèces pèchées sont la sole, la plie, la raie, le turbot, le
maquereau ; la pèche du hareng (31 bateaux, 218 hommes)
a rapporté 78.000 fr. La pèche de la morue, pratiquée
par environ 120 navires jaugeant un peu plus de 11.000
tonneaux et montés par plus de 1.800 hommes, procure
en moyenne plus de 6 millions de kilogr. de morues vertes,
320.000 kilogr. d'huiles, 70.000^ kilogr. de rognes,
650.000 kilogr. d'issues.
CoMMEiicK Eï Cjrculatiox. — Lc commcrce fait vivre
163 hab. sur F. 000 (moyenne française, 103), proportion
qui n'est dépassée que dans les dép. de la Seine, du Rhône,
des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes ; ajoutez
45 o o vivant de l'industrie des transports (moyenne fran-
çaise, 30). Le montant des opérations des six succursales
de la Banque de France à Lille, Roubaix-Tourcoing, Va-
lenciennes, Dunkerque, Cambrai, Douai, représentait en
1894 un total de 970.268.600 fr. ; celle de Lille
était la ¥ de France avec 447.733.100 fr., celle de
Roubaix la 6^ avec 237.121.100 fr., Valenciennes la
10_^^avec 142.785.300 fr. ; l'ensemble formait plus du
1/7® du chiffre total d'affaires des succursales et près
du 1/15*^ du total des opérations de la Banque. — Le
nombre des patentes, en 1894, était de 94.428, dont
867 hauts commerçants et banquiers, 83.968 commer-
çants ordinaires et 8.322 industriels; 1.671 personnes
exerçant des professions libérales. Les valeurs locatives
étaient de 90.920.144 fr., c.-à-d. le 1/14<^ de la valeur
totale de l'ensemble de la France.
Le dép. du Nord exporte des fils et tissus de toute na-
ture dans le monde entier, de la houihe, des fers et aciers
ouvrés, du zinc, des machines, des outils, du sucre en
France et en Angleterre, des céréales, des légumes, du
beurre, des œufs pour l'Angleterre, de l'alcool, des tour-
teaux, huiles et graines de colza, etc. ; bref, tous les pro-
duits de son agricuhure et de son industrie. — Il importe
du sel, du vin (France, Espagne, Portugal), des raisins et
figues secs, des minerais de fer et de zinc, de la fonte brute,
des soufres de Sicile, des bois de Scandinavie, beaucoup de
laine de la République Argentine, des colonies anglaises,
beaucoup de jutes d'Austrahe, de lin, de suif et de potasse de
Russie, de blé d'Amérique et d'Odessa, d'orge de Beauce et
d'Algérie, de houille du Pas-de-Calais et de Belgique, etc.
Le commerce international et interdépartemental se fait
par mer, par voie fluviale, par voie ferrée et aussi par
charroi. Les recettes des douanes du dép. du Nord accu-
saient en 1892 une perception de 54.891.317 fr., infé-
rieure seulement à celles de la Seine-Inférieure (Le Havre et
Dieppe) et de la Seine. — Parmi les 20 premiers bureaux
de douane, nous en trouvons 6 dans le Nord, constatant
en 1893 le mouvement suivant (sur un ensemble de 9.278
millions au commerce général) : Dunkerque, 519 miUions ;
Tourcoing, 174; Jeumont, 125 ; Lille, 60; Roubaix, 56;
Blanc-Misscron, Valemdennes, 52 millions.
Le commerce maritime international se fait par les ports
de Dunkerque et de Gravelines, dont voici le mouvement en
1894:
i° ENTRÉES (mwlrcs chargea).
Navires français
Navires étrangers
TOTAUX Ij
^^*=^ „,»—
— -*^ ^-ii-—
_--_—»- — -
Dunkerque.
Gravelines.
Nombre
Tonnage
Nombre
Tonnage
Nombre
Tonnage
310
82
212.894
3.051
1.171
11
950.315
16.530
1.811
126
1.163.209
19.581
2° SORTIES (navires clianjés).
Dunkerque.
Gravelines.
191
78
109.891
2.327
813
2
330.636
519
1.037
80
410.527
2.846
Ces chiffres dénotent la faiblesse commune à toute la
navigation française, l'insuffisance du fret dans nos ports;
on voit (pie la majorité des navires doivent repartir sur
lest ou avec une cargaison insuftisante. Le commerce de
Dunkerque, ([ui est noti'e quatrième port et balance l'im-
portance du trahc du Havre et de Bordeaux pour le ton-
nage, sinon pour la valeur des marchandises, se fait sur-
tout a^'ec l'Angleterre et la République Argentine et porte
principalement sur les produits agricoles. Le cabotage,
très actif, se fait avec tous les ports de l'Océan, surtout
Bordeaux, et avec Marseille. Eii 1893, il représentait
141.000 tonnes aux entrées et 338.000 aux sorties; il
— 15 -
NORD
transporte de la houille, des fers et aciers, de l'alcool,
des pierres et matériaux de construction, dos engrais et
produits chimiques, des dépouilles d'animaux, etc.
Voies de communication. Le dép. du Nord avait en
1894 une longueur de 590 kil. de routes nationales dont
528 kil. pavés, 51 4kil. déroutes départementales, 9.1 43 kil.
de chemins vicinaux de grande communication, "2.213 kil.
de chemins vicinaux d'intérêt commun et 4.132 kil. de
chemins vicinaux ordinaires. La circulation sur les roules
nationales avait été, en 1888, de 97.299.()3() tonnes kilo-
métriques de tonnage utile (Je double en tonnage brut),
soit un tonnage utile quotidien de 452 t. par kilomètre.
Cette circulation routière forme le 1/18^ do celle de la
France entière, et est supérieure de moitié à celle de la
Seine et de Seine-et-Oise qui viennent ensuite, triple de
celle de tout autre département.
Le Nord est traversé en J899 par 52 lignes de cliemin
de fer, d'une longueur totale de -1.275 kil. , savoir :
i.092 kil. pour 44 lignes d'intérêt général, dont 13
(1.040 kil.) appartenant à la compagnie du Nord et
483 kil. pour 7 lignes d'intérêt local. En voici lahste:
1° La ligne de Paris à la frontière par Lille parcourt
53 kil. dans le dép. du Nord oii elle pénètre avant Douai,
tourne à l'O. par Leforest,Libercon}*t. Seclin, Wattignies,
et après Lille dessert Fives, Croix, Roubaix, Tourcoing
pour entrer en Belgique à Mouscron et de là gagner G and,
Bruges, Ostende. — 2« La ligne de Paris à la fi'ontière
par Valenciennes se détache de la précédente à Douai,
dessert Somain, Wallers, Raismes, Valenciennes et au
bout de 44 kil. quitte la France à Blanc-Misseron pour
entrer en Belgique à Quiévrain, gagner Mous et Bruxelles.
— 3° La ligne de Soissons à la frontière traverse l'angle
S.-E. du département sur 7 kil. après Hirson, vers Anor,
d'où ehe passe en Belgique, à Momignies. pour se rendre à
Chimay et Namur. — 4" La ligne de Creil à lù'quellnes,
qui parcourt 6i kil. dans le dép. du Nord, est la grande
voie ferrée de Paris vers la Meuse et la Basse-Allemagne
(Namur, Liège, Cologne, etc.) ; elle pénètre dans le Nord
après Saint-()uentin, à Basigny, dessert le Cateau, suit
la vallée de la Sambre par Landrecies, Aulnoye, llaiitniont,
Maubeuge et sort de France à Jeuniont pour eiiti-er en
Belgi(pie à Erquelines. — 5° L'embranchement de Busi-
gny à Birson a ses 3 premiers kil. dans le dép. du Nord.
— 6" L'embranchement de Busigny à Somain, long de
50 kil., dessert et relie directement à Paris les villes de
Caudry, Cambrai, Escaudœuvres, Ivvuy, Bouchain, Lour-
ches. — 7° L'embranchement de Cambrai à Douai (27 kil.),
par Aubigny-au-Bac, Arleux, Sin-le-.Xoble. — 8° L'em-
branchement d'Aubigny-au-Bac à Somain (H- kil.) se dé-
tache du précédent et dessert Aniche. — 9^ La ligne de
Cambrai à la frontière belge (51 kil.) se détache à Escau-
dœuvres de celle de Busigny à Somain et dessert Rieux,
Saint- Aubert, Solesmes, le (iuesnoy. Bavai, Bettrechies
pour entrer en Belgique à Roisin et s'y diriger vers Dour
et Saint-Ghislain (ligne de Paris-Valenciennes-Mons-
Bruxelles) . — 1 0*^ et d 1 « La ligne d' Aulnoye à Anor (32 kil . )
dessert Avesnes et Fourmies et forme, avec la ligne d'Aul-
noye à Valenciennes (35 kil.) par le Quesnoy, les derniers
tronçons de la ligne de Paris à Valenciennes par Hirson
et Aulnoye. — 12*^ La ligne de Hautmont-Maubcuge à
Mons, qui parcourt 40 kil. en France avant d'entrer en
Belgique entre Feignies et (iuevy, fonne un tronçon de la
voie de Paris à Bruxelles, qui emprunte le trajet Paris-
Liège jusiju'à Hautmont-Maubeuge, puis, à partir de Mons,
le trajet Valenciennes-Bruxelles. — '13« La hgne de Mau-
beuge à Fourmies (51 kil.) dessert Fei*rière-la-Crande,
d'où son embranchement mène à Cousolre, puis Sars-
Poteries, Solre-le-Chàteau, Clageon-Trélon et se raccorde
à Fourmies avec la ligne de Paris à Valenciennes par Hir-
son. — 14° La ligne de Laon au Cateau par Wassigny et
Saint-Souplet n'a que ses 4 derniers kil. dans le dép. du
Nord. — 15° La ligne de Valenciennes au Cateau (37 kil.)
passe à Trith-Saint-Léger, Prouvy-Thiant, liaspres, So-
lesmes, Neuvilly. —16° La ligne de Valenciennes à Dou-
zies (33 kil.) se raccoi*de à la ligne de Paris-Mons par
Maid)euge, après avoir desservi Marly et Bavai. —
17^^ La ligne de Valcncienues à Lille (44 kil. avec les rac-
cordements) passe à Raismes, Saint-Arnaud, Orchies, Tem-
pleuve, Ronchin et Lezennes. — 18° L'emhrauchement de
Saint-Amand à Tournai parcourt 9 kil. en France, (ju'il
quitte à Maulde-Mortague, avant la station belge de Blé-
haries. — 19° L'embrauchemeut de Saint-Amand à Blanc-
Misseron (20 kil.) dessert Odomez et Fresnes-sur-l'iLS-
caut. — 20° La ligne de Valenciennes à Lourches (18 kil.)
se confond d'abord avec celle de Valenciennes à Aulnoye
et au Cateau, s'en détache à Prouvy, passe à Denain. —
21^ La ligne de Denain à Saint-Amand (17 kil.) passe i)ar
Vallers. — 22° La ligne de Saint-.lust à Cambrai, (jui se
détache de la grande ligne Paris-Amiens, passe à Mont-
didier, Chaulnes, Péronne, avant de pénétrer après Epehy
dans le dép. du Nord, où elle parcourt 24 kil., desservant
Gouzeaucourt, Marcoing. — 23'^ Le pelit embranchement
de Marcoing à Masnières (2 kil.) se détacbe de la ligue
précédente. — 2i° La ligne de Lens à Don et Arnien-
tières (22 kil.) entre dans le Noid à Bauvin-Provin, des-
sert Don-Sainghiu, Wavrin. Ennetières. — 25"^ La ligne
de Don à Templeuve (28 kil.) passe à Annœulin, Gonde-
court, Sechn et Poni-à-Marcq. — 20° et 27° La ligne de
Douai à Orchies (17 kil.) se déiache de la grande ligne
Paris-Lille au Pont-de-la-Deùle, dessert Roost-Warendin,
Flines-lès-Raches, Orcliies d'où elle se continue sur Tour-
nai par une autre ligne (détachée de celle de Valenciennes
à Lille), laquelle sort de France au bout de 5 kil. à Bachv,
et entre en Belgique à Humes. — 28° La ligne d'Armen-
tières à Comines et Meniu par la r. g. de la Lys sort de
France au bout de 3 kik — 29° La' ligne de Lille à Co-
mines (15 kil.) part de Saint-André et dessert Marquette,
W'ambrecliies, Quesnoy-sur-Deùle. — 30° La ligne de Lille
à Tournai sort de France au 13^ kil., après "avoir passé
à Hellemmes, Ascq, Baisieux; elle forme le trajet direct
de Lille à Bruxelles, et, par suite, entre Calais et Bruxelles,
par Saint-Omer, Ha/.ebrouck, Aruieutières, Tournai, Ath
et Hal. — 31° La ligne de Lille à l^étbune (25 kil. dans
le Nord avec ses raccordements) dessert Loos, Haubour-
din. Wavrin, Don-Sainghin, La Bassée. -— 32° et 33° Le
cheiJiin de Ceinture de LiUe mesure 0 kil. ; un circuit plus
étendu, empruntant la ligne dite de Haubourdin (11 kil.)
et des tronçons de diverses autres, passe par Fives, La Ma-
deleine, Saint-André, Lambersart. Lomme, Haubourdin,
Loos, le faubourg des Postes, la porte de Douai. — 34° La
ligne de Somain à Menin (57 kil.) passe par Fenain,
Marchiennes, Orchies, Cysoing, Bouvines, Ascq, Roubaix-
Wattrelos,|Tourcoing, Roncq, Hahuin et, passant la Lys,
entre en Belgi(]ue à Meniu. — 35° La ligne de Lille à (]a-
lais passe par La Madeleine, Saint-André, Armentières,
Nieppe, Bailleul, Hazebrouck, et entre en Pas-de-Calais
avant Saint-Omer au bout de 60 kil. — 36° La hgne
d" Hazebrouck à Dunkerque (40 kil.) se détache de la pré-
cédente après Ha/ebrouck et passe à Cassel et Bergues. —
37° l.a ligne de Dunkerque à Furnes entre en Belgique
au [6'' kil., après avoir desservi Roseiulael et Ghyvelde.
— 38° La ligne de Dunkerque à Calais parcourt clans le
Nord 25 kil., par Bourbourg et Gravehnes. — 39° L'em-
branchement de Bourbourg (ou Gravelines) à Watten me-
sure 14 kil. — 40° La ligne de Saint-Omer à Armen-
tières (18 kil.), par Merville, Estaires, Erquinghem, le
long de la Lys. — 41° La ligne de Don à Hénin-Liétard
a ses 6 premiers kil. dans le Xoi'd. — 42° La ligne d'Ar-
ras à Hazebrouck par Lens (fune de celles dites des Houil-
lèi'es du Pas-de-Calais) a 13 kil. dans le dép. du Nord
à partir de Thiennes. -~ 43° et 44° La hgne industrielle
de Somain à Peruwelz (Belgi(}ue), par Abscon, Escaudin,
Denain, Herin.Anzin, Bruay. Lresnes, Coudé, Vieux-Condé,
longue de 37 kil., et la ligne de Haze])rouck à Poperinghe
(Belgique) et Vprch, longue de 15 kil. dans le Noi'd, sont
deux hgnes d'intérêt général que i-i'exploite pas la compa-
NORD
~ 16 -
gnie du Nord ; elles appartiennent à des compagnies parti-
culières.
Voici les lignes d'intérêt local : 43*^ La ligne d'Achiet à
Marcoing a ses 5 derniers kil. dans le Nord. — 46'^, 47^^
et 48° La petite compagnie des chemins de fer du Cam-
brésis exploite des lignes : do Denain à Caudry (28 kil.), par
Bessemer, Douchy, Noyelles- sur -Selle, Avesnes-le-Sec,
Saint- Aubert, Saint-Hilaire et Quiévy; de Caudry à Saint-
Quentin (22 kil. dans le Nord), parClary, Villers-Outréaux
et Le Catelet ; de Cambrai à Catillon(3okil.), par Caudry
etLeCateau. — 49° Ligne de Bettrechies à Hon (9 kil.).
— 50° Ligne de Maubeugeà Villers-Sire-Nicole (auN. de
Maubeuge sur la frontière) . — 31° Ligne du Pont-de-la-
Deùle à Pont-à-Marcq (29 kil.), très sinueuse, par Roost-
Warendin, Raimbeaucourt, Mons-en-Pévèle, Bersée,
Mérignies. — 52° Ligne de Hazebrouck à Bergues par
Steenwoorde, avec embranchement de Rexpocde sur Honds-
choote (42 kil.).
On projette, d'autre part, quelques nouvelles lignes
d'Avesnes à Sars-Poteries, d'Armentières à Roubaix et un
réseau d'intérêt local autour de Solesmes, le rehaut à
Ilaspres, Quiévy, Landrecies et Avesnes : enfin une ligne
d'intérêt local entre Cambrai et Lourches.
Le dép. du Nord possédait de plus, en 1897, 137 kil.
de tramways, auxquels devaient s'ajouter à bref délai 29 kil.
de nouvelles hgnes.
Le trafic des voies ferrées du dép. du Nord est très
considérable. On en jugera par les chiffres suivants (ra-
menés à la distance entière) :
La ligne d'Amiens à Lille et Mouscron a une moyenne
annuelle de 1.511.000 voyageurs et 2.822.000 tonnes de
marchandises ; celle deDouaià Yalenciennes et Quiévrain,
467.000 voyageurs, 2.055.000 t. de marchandises ; cehe
de Paris-Creil k Erquelines ou Feignies, 1.005.000 voya-
geurs et 1.886.000 t. Le trafic national est naturellement
plus faible que l'international; cependant la ligne deBusi-
gny à Somain transporte 444. 000 voyageurs et 1 . 401 . 000 1. ;
celle de Yalenciennes à Aulnoye et Anor, 336.000 voya-
geurs et 2.060.000 t. ; celle de Lille à Valenciennes,
605.000 voyageurs et 469.000 t. ; celle de Lille à Dun-
kerque et Calais, 717.000 voyageurs et 964.000 t. Les
tonnages de marchandises des lignes Amiens-Lille dé-
passent ceux de toute autre hgne française.
Les routes d'eau, canaux et rivières canalisées n'ont
pas moins d'importance commerciale que les voies ferrées.
Le dép. du Nord possède 256 kil. de rivières navigables
et environ 260 kil. de canaux. Les uns et les autres ont
un mouillage normal de 2 m., à l'exception des canaux
d'Hazebrouck (li",30) et de celui de Furnes (l'^,50). En
voici le détail. — La route de Paris à Charleroi par l'Oise
et la Sambre est formée dans le dép. du Nord par le ca-
nal de la Sambre à l'Oise, qui y parcourt 13 kil. le long
de la Sambre jusqu'à Landrecies, puis, à partir de cette
ville, jusqu'à la frontière, durant 54 kil., par la Sambre
canalisée. Le tonnage moyen (ramené à la distance en-
tière) fut, en 1893, de 757.500 t. sur le canal, de 760.600
sur la rivière. — La route de Paris àMonset à la Flandre
se détache de la précédente en quittant l'Oise pour suivre
le canal de Saint-Quentin ; celui-ci atteint l'Escaut sur
le territoire du dép. de l'Aisne et Tescorte dans le Nord
pendant 26 kil. jusqu'à Cambrai, où il se confond avec
ï Escaut canalisé; dans la navigation de ce fleuve, on dis-
tingue trois sections: 1° de Cambrai à Etrun (12 kil.) ;
2°'d'Etrun à Condé (36 kil.) ; 3° de Condé à la frontière
(15 kil.) ; à Etrun se détache le canal de la Sensée par
lequel le grand courant de transports gagne le bassin de
la Scarpe, puis de la Deûle ; à Coudé, tandis que l'Escaut
tourne vers EO., s'en détache vers l'E. le canal de Mous,
qui passe en Belgique au bout de 5 kil. Le mouvement du
canal de Saint-Quentin se traduisait en 1893 par un ton-
nage moyen de 3.391.000 t. ; celui de FEscaut, de Cam-
brai à Etrun, atteignait 3.541 .000, maximum d'intensité de
la navigation française intérieure ; mais en aval d'Etrun,
malgré la clientèle des charbonnages, le tonnage moyen
s'abaisse à 1.011.000 t., et en aval de Condé à464.000,
tandis que celui du canal de Mons est de 616.000.
La grande route de la navigation fluviale abandonne
donc l'Escaut après Etrun ; elle se dirige vers l'O. par le
canal de la Sensée (25 kil.), qui atteint la Scarpe à
Courchelettes (limite du dép. du Pas-de-Calais) ; de là
elle descend la Scarpe, pendant 7 kil., par Douai jusqu'à
Fort-de-Scarpe où s'embranche le canal de la Haute-
Deûle; celui-ci a 57 kil. de long, dont une vingtaine dans
le Pas-de-Calais où il entre après Auby, pour y rejoindre
à Courrières le canal de Lens et le cours de la Deûle et
rentrer dans le Nord à Bauvin ; il pousse un embranche-
nient vers SecHn et aboutit à Marquette au N. de Lille ; là,
il se bifurque : tandis que le canal de Roubaix (24 kil.)
s'en va passer entre Boubaix et Tourcoing et desservir
Croix par un embranchement, avant d'entrer en Belgique
et d'y rejoindre l'Escaut, le canal de la Basse-Ùeûle
(13 kil.) s'en va tomber dans la Lys à Deulémont. Le
tonnage moyen du canal de la Sensée en 1893 fut de
2.498.000 t. ; celui de la Scarpe entre Courchelettes et
Fort-de-Scarpe, de 2.663.000 ; celui du canal de laHaute-
Deùk, de 1.824.000 ; au N. de Lille, il se restreint à
233.000 t. sur le canal de Boubaix et 397.000 sur la
Basse-Deùle. Quant à la Scarpe, sur ses derniers 36 kil.,
en aval de Fort-de-Scarpe jusqu'à la ville frontière de Mor-
tagne, où elle s'unit à l'Fscaut, elle conserve seulement
un tonnage moyen de 423.000 t.
Une autre série de canaux, plus ou moins branchés sur
la Lys et ses tributaires, relient ceux de l'Escaut et de la
Deûle à la zone maritime. Le premier est le canal de la
Bassée qui se sépare à Bauvin du canal de la Ilaute-Deùle ;
il ne fait que borner le dép. du Nord sur 5 à 6 kil., se
dirigeant vers Aire et de là vers Saint-Omer ; cette voie
fluviale appartient au Pas-de-Calais, dont elle dessert le
bassin houiller. A Aire, elle atteint la Lys, canalisée de
cette ville à la frontière belge; sur 72 kil. (dont 69 le
long ou dans l'intérieur du dép. du Nord), son tonnage
moyen est (en 1893) de 235.000 tonnes; celui de son
affluent de gauche, la Lawe, canalisée depuis Béthune
(18 kil. dont les 2 derniers dans le Nord), n'est que de
4.000 tonnes. A Aire, ou convergent les routes fluviales
de Lille par la Lys et de Douai et Lens par la Haute-Deùle
et la Bassée, commence le canal de Neuff'ossé qui fait com-
muniquer le bassin de l'Escaut avec celui de l'Aa et ainsi avec
les ports maritimes (Dunkerque, Cravehnes, Calais, etc.).
Ce canal de Neuff'ossé ne traverse le dép. du Nord que sur
2 kil. 1/2, à Blaringhem, et le côtoie ensuite sur 4 kil. Son
tonnage moyen est de 1.640.000 tonnes. Il débouche dans
l'Aa à Saint-Omer ; le tonnage moyen de l'Aa, canahsé
sur 29 kil. (dont 25 dans le Nord), entre Saint-Omer et
Gravelines, est de 1.074.000 tonnes; l'abaissement du
chiffre moyen s'explique par les bifurcations du canal de
Calais qui se détache à West (Pas-de-Calais), du canal de
la Colme qui se détache à Watten et du canal de Bour-
bourg. Le canal de la Haute-Colme (25 kil.) a, de Watten à
Bergues, un tonnage moyen de 450.000 tonnes ; à Bergues,
il se continue, sous le nom de canal de la Basse-Colme, vers
Furnes en Belgique, desservant Hondschoote par un em-
branchement; sur les 13 kil. français de cette fraction, le
tonnage moyen n'est que de 40.000 tonnes; le grand
courant de transports passe par le canal de Bergues vers
Dunker<iue (8 kil., 393.000 t.). Toutefois, le mouvement
est encore plus actif sur le canal de Bourbourg (21 kil.),
entre Guindal sur l'Aa et Dunkerque ; il y atteint une
moyenne de 980.000 tonnes. — Le long du rivage est
creusé le canal de Furnes (13 kil. en France), auquel sa
jtrofomleur insuffisante ne laisse (ju'un tonnage moyen de
47.500 tonnes. La navigation a iout à fait délaissé : le
canal des Moeres (10 kil.), au centre de la plaine asséchée
de ce nom, dont il porte les eaux à Dunkerque par le canal
de la Cunelte (2 kil.); le canal de Mardyck(3 kil. 1/2), qui
communique avec ceux de Bergues et de Bourbourg. EHe
— 17 —
NORD
emploie encore un peu les quatre petits canaux du réseau
crHazebrouck (25 kil., tonnage moyen 16.000 tonnes).
Canal d'Hazebrouck, canal de Préavin, canal de la Nieppe,
canal de la Bourre reliant Hazebrouck à Thiennes et à
Merville-sur-la-Lvs.
Le mouvement poslal et télégraphique, desservi par
17 bureaux de poste, 4^2 bureaux de télégraphe et 157 bu-
reaux mixtes, a donné lieu en '189!2 à une recette postale
de 6. 192. 39^2 fr. qui n'est dépassée que dans la Seine, et
à une recette télégraphique nette de 1.079.431 fr., résul-
tant de 946.871 dépèches intérieures et 139.105 dépèches
internationales.
Finances. — Le dép. du Nord a fourni, en 1896, au
budget ordinaire, 167.627.909 fr. 03.
Ce chiffre se décompose comme suit :
Francs
Contributions directes 22 . 207 .134 95
Taxes spéciales assimilées aux contri-
butions directes 1 . 695 . 627 76
Enregistrement 17 . 661 . 928 59
Timbre 4.314.955 97
Impôt de 4 °/o sur le revenu des va-
hîurs mobilières 1 . 499 . 549 54
Douanes ' 46.708.193 68
Contril)utions indirectes 31 . 680 . 371 53
Sucres 12.560.871 36
Monopoles et exploitations industrielles
de l'Ktat ,.. 15.672.705 31
Postes 7 . 363 . 075 53
Télégraphes 1 .213.143 96
Téléphones 719.718 28
Domaine de l'Ltat (y compi-is les forêts) . 1 . 749 . 514 43
Produits divers du budget 694.792 37
Recettes d'ordre 1 . 886 . 325 77
Les revenus départementaux ont été en 1895 de
8.914.182 fr. 79 (plus un reliquat de 1.347.015 fr. 83
provenant de l'exercice 1894), se décomposant comme suit :
Produit des centimes départementaux. 5.793,241 52
Revenu du patrimoine départemental. 23.726 75
Subventions de l'Etat, des communes,
des particuliers 1 .725.954 32
Revenus extraordinaires, produits des
emprunts, aliénation do propriétés. 1.371.260 20
La dette se montait à 1 1.671.878 fr. 96 en capital a
la clôture de l'exercice 1895. (1 y a eu 22 cent, portant
sur les quatre contributions, dont 8 cent, ordinaires et
14 extraordinaires; de plus, 25 cent, ordiiuiires portant
sur la foncière et la mobilière seulement. La valeur du cen-
time portant sur la contribution foncière, la contribution
personnelle-mo])ilière et sur les bois de l'Etat était de
84.634 fr. 59 ; le produit du centime départemental portant
sur les quatre contributions atteignait 167.153 tV. 49.
Les dépenses de l'exercice 1895 ont été de 8.7 37.1 98 fr. 06,
dont 982.590 fr. 37 pour le service des emprunts,
4.528.693 fr. 25 pour la voirie, 200.218 fr. 48 pour
l'instruction publique, 138.589 fr. 66 pour, le personnel
préfectoral, 931.769 fr. 77 pour les propriétés départe-
mentales, 77.186 fr. 13 poui* les bâtiments pris à loyer,
34.535 fr. pour lemobdier départemental, 1 .341 .723 fr. 70
pour l'assistance publique, 242.394 fr. 26 pour les en-
couragements aux sciences, arts et industrie, 41.000 pour
le cadastre, 218.497 fr. 44 pour les dépenses diverses.
Les 667 communes du département avaient, en 1897,
un revenu de 32.719.722 fr. ; le nombre des centimes
pour dépenses, tant ordinaires qu'extraordinaires, était de
64.810. dont 10.929 extraordinaires; le nombre moyen de
centimes par commune atteignait 97. Il y avait 5 com-
munes imposées de uu)ins de 15 cent., 22 de 15 à 30 cent.,
56 de 31 à 50 cent., 296 de 51 à 100 cent., et 288 au-
dessus de 100 cent. Le nombre des connu unes à octroi
GRANDE ENCYCLOrÉDlE. — XXV.
était de 69, le produit des octrois montait cà 15.434.000 fr.
Les dépenses ordinaires communales s'élevaient à
29.219. 183 fr., la detteàl35. 885. 658 fr.au31marsl896.
La valeur moyenne du sol était de 5.643 fr. par hectare.
Les valeurs successorales étaient, en moyenne (1885-89),
de 230 millions de fr. par an approximativement.
Etat intellectuel du département. — Au point de
vue de l'instruction, le dép. du Nord est au-dessous de la
moyenne. En 1894, sur 15.934 conscrits examinés, 1.026
ne savaient pas lire. Cette proportion de 64 illettrés sur
1.000 place le dép. du Nord au 67« rang (sur 90 dép.)
parmi les départements français. Pour l'instruction des
femmes, en 1892, il est au 66"^ rang (sur 87 dép.), avec
835 femmes pour 1.000 ayant signé leur acte de mariage.
La proportion pour les hommes est de 908.
Le dép. du Nord comptait, durant l'année scolaire
1894-95, 430 écoles maternelles, dont 204 publi([ues
(161 lai(pies) et 226 privées (214 congréganistes), les-
quelles recevaient un total de 82.790 éKnes, répartis
comme suit : écoles p(d)li<fues laïques, 18.701 garçons et
17.743 tilles ; écoles privées laïques, 434 garçons et 521
biles; écoles publiques congréganistes, 4.769 garçons et
5.284 lilles; écoles privées c(mgréganistes, 16.188 gai'-
çons et 19.584 tilles. — Lu 1894-95, il y avait dans le
département 1.478 écoles primaires p{d)li({ues, à savoir :
691 écoles laïques de garçons, 551 de tilles et 125 mixtes,
contre 110 écoles congréganistes de filles et 1 mixte.
D'autre part, 490 écoles privées, à savoir : 29 écoles
laïques de garçons, 23 de tilles et 5 mixtes, contre 106
écoles congréganistes de garçons, 326 de filles et 1 mixte.
— Le nombre des élèves était de 265.021, qui se répar-
tissaient comme suit entre renseignement laïque et l'en-
seignement congréganiste : écoles pubUques laïques :
114.868 garçons, 75.045 filles ; écoles privées laïques :
4.678 garçons, 1.571 filles; écoles publiques congréga-
nistes : 720 garçons, 18.853 filles; écoles privées con-
gréganistes : 29.007 garçons, 49.937 filles. Les 4/5 des
garçons et la majorité des filles reçoivent donc l'enseigne-
ment laïque. Le nombre des enfants d'âge scolaire (six à
treize ans) était de 232.264. d'après le recensement de
1891 ; celui des élèves des écoles maternelles et primaires
de 265.071, ce (fui provient de la (juantité de doubles
inscriptions pour les enfants (|ui ont changé d'école au
cours de F an née.
L'enseignement primaire supérieur public comptait, en
1894-95, 1.891 garçons dans 9 écoles et 471 dans les
18 cours complémentaires; 534 filles dans 2 écoles et
145 dans 5 cours complémentaires, i'^n outre, l'enseigne-
ment primaire supérieur privé était donné à 1 42 garçons
dans des cours complèmentaiTes, à 349 filles dans des
écoles et à 94 dans des cours complémentaires. — L'école
normale d'instituteurs de Douai (fondée en 1833) comp-
tait 146 élèves-maîtres en 1895-96. L'école normale d'ins-
titutrices de Douai (fondée en 1879) comptait 1 42 élèves-
maitresses. Ces écoles dépensèrent (en 1894) 213.351 fr.
— Il y eut, en 1895, 6.842 garçons et 5.112 filles can-
didats au certificat d'études primaires. 6.161 garçons et
4.685 filles l'obtinrent ; 55 garçons sur 137 candidats,
31 filles sur 85 candidates, obtinrent le certificat d'études
primaires supérieures. Le brevet de capacité élémentaire
fut brigué par 589 aspirants, dont 252 furent admis, et
par 841 aspirantes, dont 484 furent admises. Pour le
brevet supérieur, il y eut 99 candidats et 65 admissions,
230 candidates et 152 admissions. Ces chiffres témoi-
gnent d'un développement très satisfaisant de l'instruction,
sauf dans la région flamingante.
Les 221 caisses des écoles avaient dans l'exercice fait
290.610 fr. de recettes, 244.795 fr. de dépenses. Le
total des ressources de renseignement primaire était de
7.906.860 fr.
i^'enseignement secondaire se donnait en 1893-94,
aux garçons, dans 4 lycées comptant 1.588 élèves
dont 726 internes ; dans 10 collèges communaux à
2
NORD — NORDAU
— 18
'1.62o élèves dont 6i4 internes. Aux tilles, l'enseignement
secondaire était donné dans i collèges communaux comp-
tant 717 élèves (172 internes) et dans les cours secondaires
de Douai et de Dunkerque.
Nous avons signalé le remarquable développement de
l'enseignement professionnel; aux institutions publiques
énumérées, écoles nationales des industries agricoles
(Douai), des arts industriels (Roubaix), professionnelle
(Armentières) , école supérieure de commerce de Lille, il
faut ajouter l'école des hautes études agricoles de Lille,
l'école d'ouvriers mineurs de Douai, l'école industrielle de
Maubeuge, les cours municipaux de filature et tissage et
de chauffage à Lille, l'école pratique de commerce et in-
dustrie de Fourmies, etc.
L'enseignement supérieur se donnait dans l'université
officielle de Lille (273 étudiants en droit, 476 en médecine
et pharmacie, '^60 à la faculté des lettres, 166 à celle des
sciences, concurrencée par un institut catholi([ue (théolo-
gie, droit, médecine et pharmacie, sciences, lettres, école
industrielle). On trouve encore à Ldle 1' « Institut indus-
triel du Nord de la France », et une puissante société de
géographie, sans oublier le musée qui est un des plus
riches de province.
Etat moral du département. — La statistique judi-
ciaire de 1891 accuse 100 condamnations en cour d'assises
dont 51 pour crimes contre les personnes ou l'ordre public.
Les 4 tribunaux correctionnels examinèrent 9.831 affaires
et 12.239 prévenus, dont 411 furent acquittés, 467 mi-
neurs rendus à leurs parents, 649 envoyés en correction,
263 prévenus condamnés à Temprisonnement de plus d'un
an, 7.789 de moins d'un an, et 2.660 à l'amende seule-
ment. On a compté 5.211 récidivistes dont 63 devant la
cour d'assises, et 5.148 en police correctionnelle; 31 furent
condamnés à la relégation. 11 veut 15.453 contraventions
de simple police. Le chiffre des morts accidentelles fut de
505, celui des suicides de 302.
La justice civile a prononcé, en 1891, sur 5.509 affaires
civiles en première instance et 1.043 en appel et sur 7.108
affaires commerciales en première instance et 81 en appel.
Il a été ouvert 212 et clos 225 faillites, constitué 276 et
dissous 125 sociétés; 208 divorces et 95 séparations de
corps ont été prononcés.
Les bureaux de bienfaisance, au nombre de 643 en 1895,
secoururent près de 250.000 personnes (3.000 étrangers),
sur une population d'environ 1.800.000 comprise dans
leur ressort ; letirs recettes s'élevèrent à la somme de
4.791.706 fr. ; les dépenses se sont élevées à la somme de
4.832.819 fr. Il existe à Roubaix un mont-de-piété (jui a
prêté (en 1895) un total de 305.119 fr. Les dégage-
ments ont poi'té sur 225.855 fr. On comptait 89 hospices
et hôpitaux avec 11.291 lits, dont 2. 496 affectés aux ma-
lades civils, 320 aux militaires, 6.049 aux vieillards,
infirmes, etc., 1.337 aux enfants assistés, 1.089 au per-
sonnel des établissements, 6.941.106 fr. de recettes et
6.872.266 de dépenses. Siu' les 18.037 malades soignés
dans les hôpitaux 1.934 sont morts. Il y a eu un nombre
total del. 038. 671 journéesdeprésencepour 3. 874 hommes;
875.619 pour 2.854 femmes et 415.740 pour 2.416 en-
fants. Le service des enfants assistés a secouru 1.571 en-
fants à l'hospice et 276 enfants à domicile et dépensé
356.055 fr. Il existe 3 asiles départementaux d'aliénés
(Railleul, Armentières, Marquette) ; 2.300 aliénés sont
à la charge du département. On compte 141 élabhssements
d'assistance privée.
La caisse des retraites pour la vieillesse a reçu, en
1893, 101.679 versements se montant à 660.573 fr. File
avait 5.1 69 rentes en cours pour une somme de 540.339 fr.
Les 7 caisses d'épargne du Nord avaient déUvré, au
31 déc. 1893, un total de 251.446 livrets. Le solde dû
aux déposants était de 135.124.707 fr. La valeur moyenne
du livret était de 539fr. La caisse nationale d'épargne avait
reçu 84.524 dépôts. L'excédent des remboursements était
de 128.082 fr. — Les sociétés de secours mutuels étaient
au nombre de 300 approuvées ou reconnues, avec
54.606 membres participants. Files avaient un avoir dis-
ponible (au 31 déc. 1892) de 927.420 fr. Il existait en
outre 166 sociétés autorisées, avec 11.435 participants, et
un avoir disponible de 138.043 fr. — Fn 1895, les libé-
ralités (dons et legs) aux éta])lissements charitables ont
atteint 484.181 fr. ; les fibéralités aux communes, 14.102 fr. ;
aux établissements religieux, 190.726. A. -M. Rerthelot.
BiBL. : Y. la bibl. des art Pays-Bas, Lillk. Cambrai. etc.
— Anniuiive du Nord, iii-12. — Aiimudre stidlstlquc de lu
France, particulièreiueut ceux de 1885. 188G, 1897 et 1898. —
Déiiombi'emods. i)articulierenieiit ceux de 1886 et 1891,
avec les résultats développés. — Stutislkiac ngrlcole an-
nuelle de 1891.— Stidlstuiae deVUidastne muiénde (1896),
— S tcUlstlque des chemins de fer un 31 déc. 1806. —Compte
défirdtif des recettes de 1896. — Rnpport sur lu situidion
fimmcière des dépnrtements en 189b. — A Joanni-,, Géo-
(p^iphie du Nord, iu-16. — Dieudonxé, Stnilsiupie du
'dép. du Nord, 1801. 3 vol. in-8(a^ecla collaboration ùc
Bottin). — Pkuciif.t et CiiArsLAiRE. Stid. du dép. du Nord,
1801. in-1. — M"»'' Cl IIkmery. Hlst. des fêtes et des usiujes
uuclens du dép. du Nord. l83l. 2 vol. iu-8. — J^orkl
d'IIautkrivk, Armoriid de' Flandre, Uainaut, Combrésls
(reiMieil officiel )comuiandépar Louis XlV, publié en 1856,
in-8). — J. CuRj-sTiF, N. A'oiicc stid. sur le dép. du Nord,
]8'i2. in-8. — Stid. nrchéol. du dép. du Nord \)av la Com-
mission hist ; Lille et Paris, 1867, 2 vol. in-8. — Juivg, No-
tice descriptive et stat. sur le dép. du Nord; Imprim. nat ,
1879. in-16. — Paillard, Nivellement (jénénd du Nord.
atlas au 40. 000-^ eu 17 feuilles avec notice hist — Bruni. l,
M()Ri)AC(,> etLi'COQ. Géo(jr. (jénérale du dép. duNord;lAl\c,
lS8l.iu-8 —-JA-.URiDX^.'Statist. féodale du dép. du Nord,
1866, 1 vol. — Di:cR()()^. Histoire générale de la France du
Nordjusijn'en 1811: Lille. 1871.
C):oLOGii:. — Travaux d(>s a-éolopues Ixd.ues Dumunt,
C(jRM'T, Briart, Dupont. — iMkugv, Fssai de géoloçjie
praticpie de laFla)ulre française. 1852. in-8. — CiiklloxI'UX
et Ori-liku^ Etude (jéoloulciue des collines tertiaires du, dé-
partement du Nord, 187Ô.— Nombreux travaux de M. Gos-
sKLKT, Cf. Esfjuisse (jéolo(ji(pu> du Nord de la France et
des cimtrées v o is lue s. \hmi^ Bull. Soc. (/éol. Nord (1880-83; ;
VArdenne, 1888, avec biblio-raplne. — Barrois, Cavuux,
Ladrièrk, Bull. Soc. (jéol. Nord et Bull. Soc. géol. France.
— Marcel Blrtrani^, Sur le raccordement des bassins
liouillers du nord de la France et du sud de VAnyleterre
(Annales des Mutes, 1893). — Du même, Etudes sur le bassin
hoidller du Nord et sur le Boulonnais, dans Annales des
Mines, 1894. — Le Bassin crétacé de Provence et le bassin
houiller du Nord, dans Annales des Mines, 1898, etc. —
Feuilles liéolopqucs au 1/80.000 de Dunkerque, Lille,
Samt-Omer, Valenciennes, Cambrai, Arras, Douai, Mau-
beuiix; (Servic(; cart(! iiéol. France;)-
NORDALBINGEN (Bernhard de) (V. Basedow [J.-B.]).
NORDALBINGIE. Ancien nom des pays auN. del'Elbe,
àlarctcine de la presqu'île danoise ou ciinbrique. Peuplée
d'abord de Cimbres, puis de Saxons, cette région fut con-
quise par Charlemagne jusipi'à l'Eider. On la subdivisa en
llolstein au N. , Stormarn au S. , pays des Dithmarses à l'O. ,
AYagrie à LE., sur la Baltique; cette dernière province
demeurait slave. Les Danois conquirent les premières, mais
Henri P^ les reprit et fonda mémo au N. de l'Eider la
marche de Slesvig, qui allait jusqu'à la Schlei, tandis qu'à
l'E. la marche de Saxe, du côté de la Wagrie, s'étendit
jusqu'à la Trave. Otton L^^ conquit la Wagrie et le Jut-
land jusqu'à l'Ottensund (930). Mais les Danois en rede-
vinrent maîtres, et Conrad II dut leur céder le Slesvig
(I03o). Depuis cette époque, les limites des races ont peu
varié, bien que les duchés de l'Elbe aient politiquement été
très disputés entre l'Allemagne et le Danemark (V. Hol-
STEiN et Slesvu^.).
NORDAU (Max-Simon), écrivain allemand, né à Buda-
pest le 29 juii. 1849. Fils d'un savant juif, M. Nordau
étudia d'abord la médecine ; il termina ses études en
1872 ; après avoir beaucoup voyagé, il s'établit comme
médecin à Pest (1878) ; depuis "^1880, il vit à Paris. —
Disciple convaincu du célèbre aliéniste italien Lombroso,
M. Xordau s'est efforcé dans son œu^re la plus connue
{Entartung, 2« éd., 1893) d'appliquer aux arts età la
littérature les méthodes rigoureuses de l'analyse scienti-
licpie, les procédés de la psycho-physiologie. La dégé-
nérescence n'est poijit seulement une tare physique,
mais aussi intellectuelle. Le sm)b est un dégénéré : il
veut surprendre, étomier ; il se singularise par son cos-
tume ; il recherche ce qui est en dehors des lois natu-
relies ; il a horreur de Faction parce (|ue chez lui la voloiUé
est atrophiée. Le snob subit fortement Fintluence d'ar-
tistes, peintres, musiciens, littérateurs, qui, eux aussi,
sont des dégénérés. Ces artistes tombent volontiers dans
le mysticisme, l'égotisme, le faux réalisme. Or le mysti-
cisme n'est que « l'expression de l'impuissance à être
attentif, à penser clair, à dominer ses émotions ; il a
pour cause l'affaiblissement des sens cérébraux supé-
rieurs » ; au mysticisme se rattachent le symbolisme, le
préraphaélitisme, l'engouement pour les romans de Tols-
toï, pour lamusique wagnérienne. L'égotisme, (pie cultivent
les parnassiens, les décadents, les admirateurs d'Ibsen et
de Nietzsche, a pour origine « les nerfs sensoriels mau-
vais conducteurs, les centres de perception émoussés.
l'aberration des instincts par le désir des impressions suf-
fisamment fortes, la prédominance des sensations orga-
ni(pies sur les représentations ». Le faux réalisme enfm,
que l'on trouve chez Zola et chez ses disciples de France
et d'outre-Rhin, vient de « théories esthéti([ucs confuses ;
il se caractérise par l'irrésistible penchant aux représen-
tations lubri(jues et à l'expression la plus vulgaire et la
plus sale ». M. Nord au est un critique sévère, mais, au
fond, bienveillant ; il met à nu les plaies de l'esprit
humain, mais c'est pour les soigner; malgré son habileté
à découvrir les maladies intellectuelles et morales, il est
optimiste ; il pense (^ue « l'hystérie de l'époque moderne
ne durera pas ; les faibles, les dégénérés périront, les
forts s'adapteront aux conquêtes de la civilisation ou la
subordonneront à leur capacité organique ». Déjà dans les
Paradoxes psychologiques [Paradoxe, i88o), M. Nor-
dau avait exprimé la même foi dans l'avenir : après
avoir critiqué le roman contemporain, (pii n'est que des-
cription ou apologie de faits morbides et exceptionnels,
l'auteur annonçait le « triomphe du moi contre les puis-
sances hostiles », la victoire du sens vital sur la dégéné-
rescence. — M. Nordau a également applicpié sa uié-
thode aux sciences sociales : dans Die konventionellen
Lilgen der Kulhuiaenschheit, 1884, il part en guerre
contre les préjugés, ou mieux contre les mensonges, sur
lesquels s'élève Fédifice vermoulu des conventions sociales ;
en religion, en politiijue, dans la vie privée, l'homme
moderne est lâche; il n'ose agir selon ses couNictions; il
craint de choquer les opinions reçues ; il n'est pas sincère ;
bien plus, il a peur de la vérité. Et pourtant, force lui est
de reconnaître que l'organisation de la société n'est con-
forme « ni à la saine raison, ni aux données fournies par
les sciences expérimentales, physi(]ues et naturelles». Des
idées analogues sont développées dans Paradoxe (Leipzig,
1891, 5^ éd.), où le critique sape à leur base les lieux
communs qui courent le monde et qui sont en désaccord
avec la loi du progrès. M. Nordau a raconté ses voyages
( Voiii kreinlznr Alhambra, 1880) ; il a décrit les mœurs
françaises (Paris Studien aus dem wahren Milliarden-
lande, 1878; Pans unter der dritlen llepiihlik, 1881 ;
Aiisgewâhlte Pariser Briefe, 1887) ; il a écrit des pièces
de théâtre {Die neuen Journalisiea , en collaboration avec
F. Gross, 1880; Der lirieg der Millionen, 188"i; Das
liecht zu lieben, 2<^ éd. 1894; Die Kiigel, 1894); des
romans et des nouvelles [Seifenhlasen Federzeichnungen
u. Geschichfen, 1879 ; Die Krankheit des Jahrhiinderts,
1889; Gefnhlskomôdie, 1892; Seelenanalysen, Nouel-
len, 1892 ; Die Drohnenschlacht, 1897). — Vaste éru-
dition littéraire, scientifique et philosophiciue, puissance de
l'observation, ilnesse de Fanalyse, rigueur du l'aisonneraent,
originalité de la pensée, voiLà quelques-unes des qualités de
M. Nordau. Dans son ardeur à rechercher la vérité, il rap-
pelle Lessing ; il y a en lui du combattant et de F apôtre ; il
semble souvent paradoxal, mais c'est parce qu'il ne recule
pas devant les conclusions les plus hardies ; il a une foi
inébranlable dans le triomphe hnal de la vérité, et cela
justifie l'ardeur de sa polémi(pie. M. Nordau traite les
(juestions philosophiques avec aisance et a\ec précision ; il
aime l'image frappante ; il ne crain tpoint la triviahté, ou tout
19 — NORDAU — NORDENFLYCHT
ou moins la familiarité; son style est \if, coloré, plein de
^erve. — Les principales aaivres de M. Nordau ont été
traduites en français par M. A. Dietrich. L.-W. Fart.
NORDAUSQUES. Corn, dudép. du Pas-de-Calais, arr.
de Saint-Omer, cant. d'Ardres; 336 hab.
NORDBORG (ix\L Norhurg). Village du Slesvig, au N.
de File d'Alsen ; jadis appelé Kjœping, il a pris le nom
d'un vieux château des rois de Danemark brûlé en 1665,
rebâti en 1779, mais en grande partie démoli depuis, qui
devint, lors du partage des duchés, le siège d'une lignée
de la famille royale danoise.
NORDEN. Ville de Prusse, district d'Aurich, à 4 Idl.
de la mer du Nord; 6.800 hab. (en 1895). Vieille église
Liudger ; grande fabrication de genièvre (20.000 hectoL);
tourbières ; important marché agricole. A 4 kil. N.-O.
est le port de Sorddeich. — Norden est l'ancien centre
du territoire frison de Nordi ou Nordividi cité dès 842.
En 1463, Frédéric III Férigea en comté immédiat.
NORDENBERG (Bengt),' peintre suédois, né à Gcmsjœ,
dans le Bleking, le 22 avril 1822. D'abord élève de l'Aca-
démie des beaux-arts de Stockhohn, il continua ses études
à Dusseldorf (1851) où il eut Tidemand comme maître.
Il séjourna ensuite en Suède, à Paris, à Rome et à Naples
et revint s'éta])hr définitivement, vers 1859, à Dusseldorf.
La plupart des sujets de ses tableaux sont tirés de la vie
des paysans en Suède : les plus connus sont la Fêle de
la Mi-cté à Leksand, une Noce à Vwrend, le Premier
Voyage, le Dernier Voyage, etc., etc. — Son fils Een-
rik est peintre de genre.
NORDENFLYCHT (Hedvig-Charlotta), femme do lettres
suédoise, née à Stockbo]mle28 nov. 1718, morte à Lugnet
le 28 juin 1765. Fille d'un chef de bureau de la Chambre
des thiances. elle montra de fort bonne heure un goût très
vif pour l'étude et un véritable talent poétique. Cédant
aux instances de son père mourant, elle se hança à l'âge
de seize ans avec son professeur, un nommé Tideman,
pour (|ui elle semblait éprouver moins d'amour que de
respectueuse affection. Le mariage, continuellement remis,
ne se ht pas, le jeune houime étant mort après trois ans
de hançailles. L'année suivante, elle fit connaissance d'un
jeune pasteur, J. Fabricius, (pii était lui-même un écri-
vain de mérite, sen éprit, mais ne put l'épouser que
quatre ans plus tard (17^1), à cause de l'opposition de
sa famille à ce mariage. Elle le perdit au bout de sept
mois. Sa douleur fut extrême. Elle se retira alors à la
campagne aux environs de Stockholm, et y composa un
recueil d'élégies, intitulé la Plainlive Tourlerelle, où
elle donne un libre cours à sa tristesse. L'état de sa santé
la força à revenir à Stockholm en 1744 ; son salon devint
au bout de quelques années le centre où se réunissaient
les jeunes écrivains les plus distingués de l'époque, parmi
eux, vers 1753, Oeutz et (îyllenborg. En 1761, elle tomba
])assionnément amoureuse d'un jeune auteur, J. Fischer-
stro^m, qui fréquentait cbez elle. Son amour n'était pas
partagé, semble-t-il, et elh^ en éprouva un si grand cha-
grin qu'elle se jeta, à ce qu'on prétend, dans le lac Malar,
près de Skokloster. ou elle résidait depuis un an, dans
le voisinage de celui qu'elle aimait. On sauva la « Sapho
suédoise », mais elle mourut (pielques jours après. Ses
œuvres jusque vers 1750 ont un caractère passionné et
sentimental (pie l'on ne retrouve guère dans les produc-
tions postérieures, d'une note plus philosophique, d'une
forme plus soignée, mais d'un moindre élan lyrique. Outre
les élégies menlionnées ])lus haut, on peut cjter encore,
parmi les oeuvres de la première ])éri()de: les Pensées fé-
)ni)n}ies d'une bergère du Nord (il ^ti-'ûQ) et la Suède
sauvée, poème épique (1746) ; parmi celles de la se-
conde période, les charmants récits : l'Oiseau vert. Al-
légorie, les Poètes suédois, etc. ; un poème épique : la
Traversée de Badtpar le roi Charles-Gustave en i658 ;
un poème didactique: Défense de la femme ( on tre J.-J.
Housseau, où elle défend avec énergie les droits des
femmes ; un recueil de Poésies, etc. Ses Œuvres complètes
NORDENFLYCHT — NORDHAUSEN
— 20 —
ont été publiées en 4852. Il a paru en allemand, à Berlin,
en 1851). un choix de ses poésies, traduites par '-'.-O.
Nordentlvcht. Th. C.
NORDENSKJÔLD (Xils-Adolf-frie, baron de), natura-
Ustc el explorateur suéilois, né à llelsingfors (Finlande) le
18 nov. 1852. Fils de A'z7s-Gw6'^^//'Nordenskj(ild, surin-
tendant des mines à llelsingfors et membre de la Société
des sciences ('e cette ville, il accompagna, à vingt ans,
son père dans un voyage d'exploration aux monts Oural,
et. reçu docteur es sciences en 1857, alla ^e fixer, après
une série de démêlés avec le gouvernement russe, à
Stockholm, où il fut nommé, en 1858, professeur de miné-
ralogie à l'Académie royale des sciences et directeur du
cabinet de géologie. Fn 1859 et en -1861. il fit avecTore'l
ses deux premières expéditions au Spitzberg, en dirigea
lui-même nue troisième en 1854 et, en 18()8. alla, pour
la (juatrièmc fois, visiter ce groupe d'des. dont il déter-
mina la position exacte ainsi (pie la constitution géolo-
gi(pie ; il effectua en même temps sur la côte de nombreux
sondages, qui amenèrent la découverte de plusieurs espèces
nouvelles de plantes et d'animaux marins; il s'était avancé,
avec le vapeur Id Sofia, le h» sept. 1868, |usqu'à8i"42'X.,
la plus liante latitude qu"un navire ait alors atteinte. Fn
1870, un riche habitant de Goteboi'g, M. Oscar Dickson
(V. ce nom), qui avait déjà fait en partie les frais de son
dernier voyage, mit à sa disposition une nouvelle somme:
Xordenskjold se rendit, cette fois, suc la côte occidentale du
Orœnland. s'avança plus loin dans l'intérieur ([u'on ne l'avait
encore fait et rapporta de précieuses collections d'histoire
natui'elle, notamment des échantillons de trois météorites du
poids de 10.000, 20.000 et 50.000 livres, trouvés dansl'ile
de IJisko. Fn 1872, il explora, une cinipiième fois, les lies
du Spitzberg et biverna dans la baie de Mossel. lui 1875,
il s'avança sur le voilier Pnv.ven, à travers la mer de
Kai'a. j(is(fu'aux bouches de riénisséi. A la fin dejuil. 1876,
il refit le même voyage sur le vapeur Yiner, en revenant
de visite!' l'exposition de Philadelphie, et il remonta l'iénis-
séi jus(fu'au 70'^N. Il était de retour à la hn de septembre
et il employa toute l'année suivante à préparer sa huitième
expédition, la plus importante de toutes. Parti de Gote-
borg le 4 juil. 1878 avec deux petits vapeurs, la Vû/a
et la Ijna. il traversa la merde Kara, arriva, le 20 août,
au cap Tchéliouskine, le 27 août en vue du delta de la
Féna, laissa la J.cna remonter le cours du fleuve jusqu'à
lakoustk et, continuant avec la Vâja, que commandait le
lieutenant Palander, de longer la cote de Sibérie, atteignit,
dès le 5 sept., les des de B:iren, par 160^ E. ; mais, à
partir de ce point, la navigalion. entravée par les glaces,
devint des plus pénibles ; le 28 sept, reniement, la Vc'fja
entra dans la baie de Kolioutchine ; elle n'en put sortir
(pie le 18 juil. 1870. et. deux jours après, le 20 juil.,
elle franchit le détroit de Bering. Xordenskjold avait ainsi
réussi, le i)remier, à se rendre de l'Atlantitpie dans le
Paciti(fue, par ce fameux passage du N.-F., si vainement
tenté depuis plus de trois siècles (V. Poiauiks [KégionsJ) ;
il avait en outre reclihé, sur bien des points, la carte de
ces régions. Il parcourut rapidement les deux rives du dé-
troit, toucha le 31 juil. à l'de Saint-Lorenz, fit relâche le
2 sept, à Yokohama et regagna l'iuirope par le canal de Suez.
A Naples, à Home, à Paris (mars 1880), le hardi navigateur
fut, ainsi (pie le lieutenant Palander. l'objet de réceptions
(mth(msiastes, et, à son arrivée àStockboîm. le 24 avr.,le
roi de Suéde le fit baron. En 1885, il effectua, toujours aux
frais de M. Oscar Dickson, une neuviimie expédition : parti
de Goteborg, sur la Sofia, le 25 mai, il mit le cap, pour
la seconde fois, sur le Groenland, y arriva le 1^'' juil. et
s'enfonça dans l'intinleur, avec des traîneaux, jus([u'à
150 kil., tandis que les Lapons ([ui l'accompagnaient pous-
saient, avec leurs patins. jus(pi"à 250 kil., sans arriver
d'ailleui's à découvrir une terre libre déglaces. Depuis, Xor-
denskjold s'est à peu près exclusivement consacré à des
travaux de cartographie ancienne. 11 est membre de
l'Académie des, sciences de Stockholm, associé étranger
de celle de Paris. Il a aussi été, à plusieurs reprises,
membre de la seconde Ghambre suédoise. Il a piibHé,
outre un grand nombre de mémoires, d'articles et de
notes parus dans divers recueils : Voyage de la Vega
autour de l'Asie et de l'Europe, en suéd. (Stockholm,
1881, 2 vol. ; trad. franc., par Gh. Rabot et Gh. Lalle-
mand; Paris, 1885-84, 2 vol. avec cartes; trad. allem.,
Leipzig. 181)0, 2^" éd.) ; liësullats scientifiques de
l'expédition de la Véga, en suéd. (Stockholm, 1882-87,
5 vol.); la Seconde Expédition suMoise au Grœ)iland,
en suéd. (Stockholm, 1885 ; trad. fr. par Gh. Rabot,
Paris, 1888, avec cartes) ; Atlas de cartographie an-
cienne, en suéd. et en angl. (Stockholm, 1889). — Son
fils, Gustaf (1868-95), a fait en 1890 un voyage au
Spitzberg et a exploré en 1891 les plus beaux canons du
Golorado. Il a donné des relations de ces voyages, en sué-
dois. La dernière a été traduite en anglais par Morgan,
sous le titre : The Cliff' dwellers of Ihe Mesa Verde
(1895). L. Sa(^net.
l)iiîi, : Li^sLii';. Arctic voijii'ies ofX -A .-E . Nonlcnslijôld,
JS3S-10 ; Londres. 1880.
NORDERNEY. Ile delà mer du Nord, dépendant de la
Prusse, district d'Aurich, cercle de Xorden ; 15 kil. q. ;
4.000 hab. (en 1895). llle appartient à la rangée d'îles
de la Frise orientale séparées du continent par le Wat-
tenmeer qui assèche à marée basse. Le bourg de Xor-
derney est à Textrémité 0. de File, et sa prospérité
est due aux bains de mer dont les établissements couvrent
le rivage maritime extérieur, celui du X. Ils sont fré({uentés
depuis 1800 et attirent annuellement 14.000 baigneurs;
la t(mipérature moyenne estivale est de -{-'W'^ à -\- 17°.
La saison dure du 1^'' juil. au 15 sept.
UiiiL. : ]^i;ri:niji;iig, Dus NorOsccbud Xordenietj : Kov-
(!(>n, 1MI5. ;.« ê(l.
NORD-EST (Passage du) (Y. P(mAiRKS [Régions]).
NORDFJORD. Contrée et fjord de Xorvège, district de
Xordre Bergenhus. (^est une des parties les plus sauvages
et les ])lus grandioses du pays : c'est là que s'élève le
Gjegnalund (1.725 m.), avec de grands glaciers, encore
peu coiuuis. On y élève une race de chevaux de petite
taille, les chevaux du fjord {f'jordlio'sterna), (pi'on vend
clunpie année, en juin, sur les marchés du Giidbrandsdal.
NORDGAU {Sorlgoiva, 905). Un des deux comtés de
l'Alsace, à l'épotpie carolingienne. 11 comprenait le dio-
cèse de Strasbourg et correspondait à peu près à cette
partie du pays (pi'on a appelée depuis la Basse-Alsace,
tandis (pie le Sundgau (pagus meridionalis) était le
comté de la Haute-Alsace et était conijU'is dans le diocèse
de Bàle. Le Sordgau s'étendait entre les Vosges et le
Kliin, depuis le Seltzbach, au X., jusqu'à l'Fckenbach,
petit ruisseau (pii se jette dans l'ill entre Schlestadt et
Guéniar et (pii, déjà à l'épo(pie gallo-romaine, formait la
frontière entre la Germanie et la Séipianaise. Le "Sordgau
et le Sundgau étaient administrés par des comtes (Gau-
grafim) (jui, vassaux du roi, axaient la haute juridiction.
Uuand, \ers le milieu du xii^ siècle, ces comtes furent
remplacés par des landgraves, la division de l'Alsace en
ISordgan et en Sundgau disparut.
NORDGREN (Axel), paysagiste suédois, né à Stockholm
le 5 déc. 1828. Lils d'un portraitiste distingué, Karl-
Wilhebn (1804-57), il débuta de bonne heure et ex-
posa (h^'jà avec succès à Stockholm en 1850. Il se rendit
ensuite à Dusseldorf. ou il fut l'élève de Gude. Il se fixa
d'ailleurs définitivement à Dusseldorf, mais fit de fré-
({uents séjours en Suède et en Xorvège et en a rapporté
ses meilleures toiles : Paijsage d'hiver en Norvège, Bord
de la nier en Norvège, Chute d'eau dans le Homsdal,
un Jour d'ét' au bord de la nier, etc.
NORDHAUSEN. Yille de Prusse, district d'Frfurt, sur
la /orge; 27.555 hab. (en 1895) ; huit églises dont celle
de Blasius (peintures de Lucas Granach) ; vieil hôtel de
ville (statue en bois de Roland) ; beau puits de Rietschel.
La grande industrie locale est la distillerie (74 fabriques
— -il
NOKDHAUSEN — NORD-OUEST
produisant 500.000 hectol. d'alcool); Hbrasseries; 17 ma-
nufactures de tabac d'où sortent Oi'i. 000 kilogr. de tabac
à mâcher, 290.000 de tabac à fumer, 3.600 de tabac à
priser et 15.700.000 cigares. Fabrique de tapis qui en
produit 2 millions de pièces par an; produits cliimiques,
chicorée, etc. Commerce très actif en pro(hiils locaux,
denrées coloiiiales, cotonnades, tils de lin, etc. — Nord-
luuisen, cité pour la première fois en 87 i, possédait un
palais royal; l'impératrice Mathilde, femme de Henri l^'',
y fonda un monastère (902). En 1220, la ville revint à
l'empire et en 1253 reçut les droits d'une ville libre im-
périale ; l'avouerie passa des comtes de Ilohenstein aux
électeurs de Saxe, puis au Brandebourg (1703), qui l'aban-
donna en 1715. Nordhausen fut médiatisée et annexée à
la Prusse en 1803, au royaume de Westphalie en 4807,
revint à la Prusse en 1815. Il s'y tint : en 1105, un con-
cile réuni par Henri V qui condamna le mariage des prêtres;
en 1207 et 1223, des diètes impériales.
Veau-de-vie de Nordhausen est une eau-de-vie de
grains obtenue par une double distillation et dont un long
séjour en fût adoucit le goût. On la falsifie couramment
avec de l'alcool de pommes de terre.
Sur Vacide fumant de Nordhausen ou acide disulfu-
rique, V. Sulfuhique (Acide). A. -M. B.
HiHL. : Vœr?^tkma:s^. Uriuuidllchc (Tesch.von Nordluni-
sen bis 1250 ; 1828-40, 2 vol. — Du luùmc. Klelne Scliriftmi
zur Gesch. der Studt Nordhuuscn, 1855.— Ecjkart. Gedenk-
blœtter mis der Gescli. der Relchstadt Nordhausen ; Lcip-
zi-, 1895.
NORDICA (Lillian), cantatrice scénique américaine, née
à Farmington vers 1860. Elève de J.-O. Neill à Boston et
à Milan de Sangiovanni, elle débuta à Brescia, dans la Ira-
viata. Engagée ensuite à l'Opéra impérial de Saint-Péters-
bourg, elle y demeurait deux années, après quoi elle ve-
nait débuter le 21 juil. 1882 à l'Opéra de Paris, dans
Faust, s'y montrait dans Hamlet, puis se retirait brus-
quement de la scène pour épouser M. Fr.-A. Gower, qui
la laissait veuve presque aussitôt. Elle reparaissait alors
en public à Londres, au théâtre de Covent Garden, enl884,
et pendant plusieurs années parcourait l'Europe et l'Amé-
rique en donnant des concerts et des représentations sur
les principales scènes des grandes capitales. En 1894, on
la retrouve sur le théâtre Wagner, à Baireuth, oii elle
joue Eisa de Lohenyrin, et dans les années suivantes elle
obtient de grands succès en chantant tout le grand réper-
toire au Metropolitan Opéra de New York, oii elle est encore
engagée à l'heure présente (1898). M"^^ Nord ica a épousé en
secondes noces, en 1896, un artiste hongrois, le ténor Dœme.
NORDIQUES (Civilisation, Droit, Langues, Littérature,
Mythologie) (V. Scandinavie).
NORDKYN (Cap) (V. Nord [Cap]).
NORDLAND (V. Norrland).
NORDLINGEN (Nordlingue). Ville de Bavière, prov.
de Souabe, sur l'Eger; 8.236 hab. (en 1895). Eglise
Georg en style gothique (1427-1505) ; vieille enceinte
conservée avec ses portes. Textiles, cuirs, meubles, ma-
chines agricoles. — Citée d'abord en 898, Nordlingen
appartint à l'évèque de Batisbonne, fut acquise en 1215
par l'empereur Frédéric II et demeura ville libre impé-
riale, membre de la ligue souabe (1347). Elle adopta la
Béforme en 1529, mais ne prit pas part à la lutte contre
l'empereur. Assiégée en 1634 par les catholiques, elle
fut secourue par l'armée suédoise qui perdit sous ses murs
la fameuse bataille des 5 et 6 sept. 1634. Le roi de Hon-
grie et Gallas commandaient les 30.000 impériaux; Ber-
nard de Saxe-Weimar et Horn, les 24.000 Suédois ; Ber-
nard brusqua l'attaque sans attendre les renforts ; la
bataille fut acharnée et meurtrière ; les Suédois perdirent
les trois quarts de leur effectif (12.000 morts ou blessés,
6.000 prisonniers), toute leur artillerie; Horn fut pris,
Bernard blessé. L'Allemagne du Sud retomba au pouvoir
des catholiques, et l'hégémonie suédoise fut brisée pour
jamais. Le 3 août 1647 fut livrée près d'Allersheim la
seconde bataille de Nordliniren. — La ville fut bombardée
par les Bavarois en 1647. Elle fut médiatisée et annexée
à la Bavière en 1803. A. -M. B.
BriiL. : l^Kv<(if[.A(x. Gesch. der >^tndt NordJ'nK/eii, 1851.
— Mam'.ii. Die Hindi N<n'dlut(ien. LsTC — lù'cii^, Die
HcJdiiehi l)ei XordliiKjen: Wciiiuu'. 18(i8. — I-'raas, 7^i(;
NordIuKier Schhiehf/ \>^(\') — SriiL'CK. Die Schhicht bel
Nordhnne)} : Slralsinid. is'l'.-!
NORDMARK. ?.larche orientale <le Saxe (955-1134)
qui fut concédée en 1131' à Albert l'Ours et appelée de-
puis Altmark (V. BHANDEBouHr,).
NORDMŒRÉ. Province norvégienne, dans le Romsdal;
environ 39.000 hab. Elle est traversée par la roule na-
tionale qui va de Molde àïrondhjem. Ses ressources sont
la pèche et la culture forestière.
NORD-OUEST (Passage du). Boute maritime cherchée
depuis le début du xvi^ biècle afin d'arriver à ITnde par
l'Ouest en passant au N. du nouveau continent. Les expé-
ditions polaires arcti(|ues (V. Poi.aip.e) ont fini par ré-
véler deux passages, mais toujours obstrués par les glaces
et commercialement in]prati(îal)les. Le premier, signalé par
Mac (allure en 1850, passe par la mer de Baffin. les dé-
troits de Lancastre et de Barrow, le bassin du Melville-
Sund et le détroit du Prince-de-Galles; le second, plus
méridional le long du rivage continental, par le détroit et
la baie dTIudson, le canal Fox, le détroit de Fury et Hécla,
le golfe Boothia, les détroits de Bellot. Victoria, Dease.
Dolphin et de l'Union pour atteindre la mer ouverte près
du cap Bathurst.
NORD-OUEST (Province du). Province de l'Inde anglaise
(V. Inde), réunie à l'Aoudh depuis 1877, sous un lieute-
nant-gouverneur ; située entre 23° 52' et 31 « 7' lat. N.,
74« 45' et 82^20' long. E., entre le Tibet et le Népal au
N., le Bengale à TE., l'Inde centrale au S., le Badj-
poutana au S.-O. , elle occupe 278.421 kil. q. avec
46.905.085 hab. (en 1891), plus 13.232 kil. q. et
792.491 hab. poui^ les principautés vassales de Kampur
et Garhwal. Au N. est l'Himalaya (Nanda-devi, 7.821 m. ;
Karnat, 7.132 m. ; Kidarnath, 6.980 m.), puis les avant-
monts Sivahk, enfin la plaine du Gange, arrosée par la
Djemna, le Gange, la Bamganga, la Gogra, ces trois der-
niers naissent dans la province, admirablement irriguée.
La plaine et plus encore la zone du Terai (V. Inde) sont
insalubres ; les sanatoria sont à Mussui'i, Nama Tal et
Landaur. Des 46.905.085 hab., 40.380.1 68 sont hindous,
6.346.651 musulmans, 84.061 djainas, 58.411 chrétiens,
n y avait (en 1891) 27.995 lùu'opéens. en majoi-ité mili-
taires. L'instruction est faible, 68 ^/oo des enfants vont à
l'école. On cultivait 13.361.152 hect. en blé, i-iz, coton,
indigo, pavot, canne à sucre, etc. Le bétail (iion com-
pris l'Aoudh) comprenait 15 millions de bètes bovines.
2.800.000 buffles, 325.000 chevaux, 263.000 ânes et
mulets, 4.177.000 moutons et chèvres. Les grandes villes
sont Khanpur (Cawnpore). Allahabad, Mirzapour, Béna-
rès. Mirât (Meerut), Mattrah, Agra. où siègent l'industrie
et les marchés commerciaux. La province, dont le chef-lieu
est Allahabad, se partage en sept divisions, non compris
l'Aoudh : Mirât, Agra, Kohilkand, Allahabad, Bénarès,
Djansi, Kumaou. A. -M. B.
NORD-OUEST (Territoire du). Ancien nom de la région
des Etats-Unis comprise entre le Mississipi, FOhio et les
grands lacs. Les chartes des colonies riveraines et notam-
ment de la Virginie, du Massachusetts et du Connecticut
ne précisant pas leurs limites vers l'O., quand cette région
eut été enlevée à la France, elles se la disputèrent. A])rès
la constitution de l'Union, les Etats lui firent abandon de
leurs droits, et l'on forma le territoire du Nord-Ouest en
spécifiant que l'esclavage y serait interdit (1787). Les
Etats actuels d'Ohio, Indiana, Illinois, Michigan, Wiscon-
sin y furent successivement créés (V. Etats-Unis).
NORD-OUEST (Territoire du). Vaste territoire de l'Amé-
rique anglaise ou Canada (V. ce mot) encore non orga-
nisé, formé des anciens territoires de la Compagnie de la
baie d'Hudson, entre l'océan Arctique au N., le Keewatin
(102« 20' long. 0.) à l'E., ceux de Saskatchéouane (55«
NORD-OUEST — NORFOLK — ^
lat. N.), Athabasca et Colombie britannique (60" lat. N.)
au S., l'Alaska (443" 20' long. 0.) à l'O. Il s'étend sur
2.310.450 kil. q. On en a déjà démembré, en 1882, les
territoires d'Assiniboiue, Saskatdiéouane, Aiberta, Atha-
basca et plus récemment Keewalin. Les Indiens ne sont
guère plus de lo.OOO, dont 1.700 sur la rivière delà
Paix, 5.600 sur l'Atbabasca et le Macken/.ie, 4.000 sur
la côte arctique, etc. La population blanche n'existait guère
que dans les postes de la Compagnie de la baie d'Hudson,
sur les lacs de l'Lsclave et du Grand-(hu^s et sur le fleuve
Mackenzie, avant que la découverte des placers aurifères
du Klondyke eût attiré dans le bassin glacé de l'Youkoa
des milliers de mineurs. A. -M. B.
NOROSJERNE-Oruen. Ordre suédois (V. Etoile: po-
laire [Ordre de l'i).
NORDSTRAND. Petite île de la mer du Nord, à 6 kil.
de la côte 0. du Slesvig; 42 kil. q. ; environ 2.500 hab.
L'île a perdu, par suite d'inondation, en 1300, plus de
7.000 hab., de nouveau un grand nombre en 1362 et
plus de 6.000, ainsi que 50.000 têtes de bétail, en 1634.
On construisit en 1650 des digues ([ui mirent l'île dès
lors à l'abri de pareilles catastrophes, mais elle n'a plus
retrouvé son ancienne prospérité.
NORE. Rivière àlslande (V. ce mot, t. XX, p. 950).
NOREEN (Adolf-Gotthard), philologue suédois, né en
Vaermland le 13 mars 1854. Reçu docteur en philosophie
en 1877, il enseigne depuis lors les langues Scandinaves
(nordiques) à l'Université d'Upsal. Il a été nommé profes-
seur titulaire en 1887. Ses travaux sont considérables, et
il fait autorité dans le domaine scientifique qu'il s'est
assigné. Ses ouvrages et articles les plus importants, re-
latifs soit aux langues germaniques en général, soit plus
particulièrement aux langues du Nord et aux dialectes
Scandinaves, sont : Phonetiqne du dialecte du Fryhdal
(1877), Vocabulaire du dialecte du Fryksdal (1878).
dialecte de Fàrœ, etc., du Traitement d'une voyelle
longue en relation avec une consonne longue suivante
dans le groupe nordique oriental (1880), des Voyelles
nasalisées dans les langues nordi(iues, des Doublets
en suédois moderne (tous en suédois), Altisldndische
und altnorvegische Grammatik (V^ éd. en 1884, 2^ éd.
en 1892). Il a pubUé dans V Encyclopédie britannique
Fart. Scandinavian languages et d'importants articles
dans le Grundriss de Paul, dans les Arkiv for nordisk
filologi, dans le Nordisk Familjel)ok,et(i.,ei,Q-n suédois
et en allemand, Abriss des urgermanischen Laullehre
(Strasbourg, 1894), etc. Th. C.
NOREG (V. Egypte, t. XV, p. 653).
NOREIA. Ville antique, capitale du peuple celte des
Taurisques. dans le Norique, non loin de l'emplacement
de la ville moderne de Neumarkt (Styrie). En 113, les
Cimbres y détruisirent l'armée romaine de Cn. Carbo. Les
Bûies l'assiégèrent en 59 av. J.-C. C'était le marché de
l'or et du fer extraits des mines voisines. I^^lle fut saccagée
par les Romains et perdit son importance après la conquête.
NÛREUIL. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr.d'Arras,
cant. de Croisilles; 296 hab.
NORFOLK. Comté maritime de l'Angleterre orientale,
au S.-E. de la baie du Wash ; 5.295 kil. q., 454.516 hab.
(en 1891) dont seulement 317.983 appartiennent au comté
rural administratif. Le Norfolk confine aux comtés de Lin-
coln et Cambridge à l'O., Suffolk au S. La côte de la mer
du Nord est plate, sauf le long de la petite falaise de
Runstanton-point (25 m.) sur le Wash. Le sol intérieur
est crétacé, un bourrelet le sépare des marais (fens)
conquis sur la mer. Les principaux cours d'eau sont l'Ouse,
tributaire du Wash, et la Y are, grossie de la Bure et
du Wavenay; elle finit à Yarmouth. Le chmat est humide
et nébuleux. Le Norfolk est essentiellement agricole ;
60 "/o de la surface sont labourés, 21 "/o en prairies,
4 °/o en bois. Il existait, en 1890, 64.500 chevaux,
137. OÛÛ bœufs, 595. QOÛ moutons, 105.000 porcs, beau-
coup de volailles, notamment d'oies. La pêche est active,
surtout à Y^armouth. L'industrie est insignifiante. Le chef-
lieu et la grande ville est Norvvich.
NORFOLK (Ile). Ile de l'Australasie britannique, dans
ro(îéan Pacifique, à LE- de l'AusIralie, par 29« 3' lat. N.
et 165^38^ long. E.. enli'e la Nouvelle-Calédonie et la
Nouvelle-Zélande. Elle mesure 4.130 hect., 4.400 avec
les Ilots voisins de Nepean et Phillip ou Pig, et comptait,
en 1891, 738 hab. Son sommet est le mont Pitt(317 m.);
48 hect. sont cultivés, le reste se partage entre les prés
et les bois où l'on remarque le palmier Ar^ca Daueri, le
magnifique yyf/i de Sor folk (Araucaria excelsa), lePhor-
niium ienax. Découverte par Cook en 1774, l'Ile fut de
1788 à 1851 un heu de déportation, puis on en fit cadeau
aux gens de l'ile Pilcairn (V. ce mot). Elle dépend delà
colonie de la Nouvelle-Galles du Sud.
NORFOLK. Ville des Etats-Unis (Virginie), sur le James,
au confluent de l'Ehzabeth ; 34.871 hab. (en 1890) dont
16.254 gens de coideur. Son ])ort est accessible aux na-
vires de 9 m. de tirant. Une station balnéaire, étabfie près
de l'ancien fort Monroë, à Old-Point-Comfort, dépend de
la ville. Le principal commerce se fait sur le coton, puis
le bois, le tabac, les huîtres, légumes, fruits. En face de
Norfolk sont, à Portsmouth et Gosporl, les grands éta-
blissements, arsenal et chantier de construction de la ma-
rine. L'incendie des navires fédéraux de ce port et de cet
arsenal par les sudistes, le 20 avr. 1861, fut un des pre-
miers actes de la guerre de sécession. Le 3 mai 1862, les
fédéraux ou nordistes reprirent Norfolk.
NORFOLK (Thomas Mowbray, duc de), homme d'Etat
anglais, né vers 1366, mort en 1399, fils du dixième ba-
ron Mowbray et d'Elisabeth Segrave, qui descendait par
sa mère du roi Edouard I^^. Il s'appela d'abord le comte
de Nottingham, siégea au Parlement de 1383, suivit Ri-
chard dans sa campagne contre les Ecossais en 1384 et
reçut de lui le titre de comte-maréchal d'Angleterre. 11
figura honorablement dans le brillant combat livré par
Arundel, son beau-frère, aux flottes espagnole, fran-
çaise et flamande (24 mars 1387). Richard prit les deux
comtes en haine et songea aies supprimer. Pourtant, Not-
tingham ne prit pas ouvertement part à la révolte des
lords, qui finirent par imposer leurs volontés au roi.
Richard II, ayant réussi à ressaisir lui-même le pouvoir,
chargea Nottingham de négocier un traité de paix avec
l'Ecosse, lui confia d'autres missions importantes et le
combla de faveurs. Nottingham accamp^igua le roi en
Irlande (1394), prit part à la mission chargée de négocier
un traité avec la France et de demapder en mariage
Isabelle, fille de Charles VL figura aux grandes fêtes de
Calais (1396). Il fut un des premiers à pousser Richard JI
dans la voie de l'absolutisme. Glocester, Arundel, War-
wick furent arrêtés, emprisonnés, condamnés à mort, leurs
partisans persécutés (1397). Puis ce fut le tour du Parle-
ment. Nottingham avait trempé dans le meurtre de Glo-
cester. Il fut récompensé par d'immenses propriétés enle-
vées à Arundel et à Warwiek. Il fut créé duc de Norfolk
(29 sept.). Le nouveau duc ne tarda pas à s'ahéner l'es-
prit du roi par des propos inconsidérés. Norfolk fut banni
du royaume et ses biens furent confisqués. Il passa en
Hollande, puis en Italie, eut l'intention de visiter la Pa-
lestine, mais il mourut à Y'enise le 22 sept. 1399.
John Mowbray, second duc, né en 1389, mort en 1432,
fils du précédent, devint, en 1405, comte-maréchal d'An-
gleterre ; d figura au premier parlement de Henri V, pré-
sida la commission chargée de faire une en(|uête sur le complot
du comte de Cambridge (1415), suivit le roi dans son expé-
dition en France et, après avoir assiégé Harfleur, il tomba
malade et dut rentrer en Angleterre. Il revint en France
en 1417, figura aux sièges de Caen et de Rouen et fut
chargé de gouverner les villes de Gournay et deNeufcbâtel
(1419). Le 16 mai 1420, il battait l'armée du Dauphin,
près du Mans, et devenait gouverneur de Pontoise. En
1422, on le retrouve à la bataille de Cravant. En 1424,
il ravage leRrabant et paraît sous les murs de Bruxelles.
23 —
NORFOLK
Kn 44!25, il recouvra le titre de duc de Norfolk qui avait
été enlevé à son père. Revenu en France en iA'H^} avec
Henri VI, il s'empara de Dammartin. H conseilla le clian-
gemenl de ministres opéré par Gloucester an commence-
ment de 1434 et il mourut peu après (19 oc t.).
John 3îoirbray, tvokmriG duc, iié le l"i sept. 1413,
mort le 6 nov. 1461, tils du précédent et de Catherine
Nevill. Dès 1436, il sert en France sous Gloucester, de-
vient garde des marches d'Ecosse en 1437, et fait partie
en 14'39 de l'amhassade chargée de négocier la paix avec
la France. Fn 1-442, il réprime une insurrection à Xor-
wich ; en 1446, il obtient la ])ermission de faire un pèle-
rinage à Rome et en 1447 il est envoyé en ambassade en
France. A partir de cette é])0(]ue, il prit une grande part
aux intrigues qui se nouaicjit (kuis le but de gouverner le
roi. Norfolk, dès que la folie de Henri V fut reconnue, ré-
clama une enquête sur l'administration de Somerset. Mais
le duc d'York et Nevill le reléguèrent au second plan, et
il occupa ses loisirs à faire divers pèlerinages en Irlande,
en Fcosse, en Bretagne, en Allemagne, à Rome, à Jérusa-
lem. Il ])i'it sa revanche en ne soutenant pas York, War-
wick et Salisluuy, lors de leur révolte de 1439, et il se
déclara pour la uiaison de Lancastre, ce ({ui ne l'empêcha
pas, en 1460, d'adhérer à la cause de la maison d'York.
Après la bataille de Saint-Albans (17 févr. 1461), il pro-
clama, avec d'autres seigneurs, Fdouard d'York, roi d'An-
gleterre, combattit à ses côtés à Towton (29 mars) et
remplit au couronnement (28 juin) son office de comte-
maréchal. Il reçut en récompense diverses fonctions, entre
autres celles de chief justice des forêts royales. Il mourut
peu après.
De son mariage avec Eleanor Rourchier, il eut un fils,
John, né le IS'oct. 1444, mort le 47 janv. 1476, qui fut
quatrième duc de Norfolk. Ce John, de son union avec
Ehzabeth ïalbot, hlle du fameux comte de Shre\vs])ury,
n'eut quune tille, Anne Mowbray, qui épousa, en 1478,
Richard, duc d'York, second tlls d' Fdouard IV, auquel
revint alors le titre de duc de Norfolk. Mais, Richard
ayant été assassiné à la Tour de Londres avant que le
niariagc fût consommé, la duchesse Anne mourut sans
héritier et le titre fut ét'^int. R. S.
iiiijL. : Wal><ixgiiam, Ihsto}-ia anulicana, dan.s les
Jlolls Séries. — Frojssart, Chronique. — Rvm?:h, Fœ-
dera. — Monstrelkt, ChronUiue. — Clironicles of thc
wldte Rose, 1845. — Doyli', Officiai biironage.
NORFOLK (John Howard, duc de), homme d'Ftat an-
glais, né vers 1420, mort le 22 août 1483. Partisan de
la maison d'York, il fut écuyer d'Fdouard IV qui lui
témoigna beaucoup d'affection. Il obtint divers autres
emplois, fit partie de l'expédition des lords Fauconberg
et CUnton sur les côtes de Bretagne (1462), fut nommé
vice-amiral en 1466 et conduisit en France les ambassa-
deurs envoyés au roi et au duc de Bourgogne. A la res-
tauration d'Henri VI, il demeura fidèle à la cause yorkiste.
Nommé gouverneur de Calais en 1471, il fut chargé de
diverses négociations à la cour de France et à celle de
Bourgogne ; il accompagna le roi durant l'expédition de
1 473' et contribua à la conclusion du traité d'Amiens. Il
négocia encore avec Louis XI et Commines en 1 477 et en
141*9-80. Après la mort d'Fdouard, il s'attacha à la
cause de Richard de Gloucester. Nommé conseiller privé
en 1483. il fut créé la même année duc de Norfolk, et,
un peu plus tard, après le couronnement de Richard IH,
amiral d'Angleterre, d'Irlande et d'Aquitaine. Il réprima
une révolte dans le Kent, négocia avec Jacques III d'Fcosse
en 1484, leva des troupes en 1483 contre le comte de
Richmond. Il périt sur le champ de ])ataille de Bosworth
ou il commandait l'avant-garde. R. S.
NORFOLK (Thomas Howard, comte de SuRREY,ducde),
homme d'Ftat anglais, né en 1443, mort le 21 mai 1324,
fils du précédent. Il lit partie de la maison d'Fdouard IV
dès sa jeunesse, participa à la guerre contre le comte de
V^arwick en 1467, combattit à Rarnet (1471), servit
comme volontaire dans les troupes du duc de Bourgogne
et. revenu en Angleterre, devint shérif de Norfolk et
Suffolk en 1176 et fut créé comte de Snrrey en 1483. Il
se déclara pour lîichard IH, et, fait prisonnier sur le
cliamp de l)alailh' de B(ls\^orth, fut envoyé à la Tour où
il resta trois ans et chmii. Henri VH, inaugurant la poli-
tique qui devait si bien hù réussir, résolut de l'attacher
aux intérêts de la couronne. H lui rendit ses biens et ses
titres (1489), le chargea de réprimer une insurrection
dans le comté d'York et lui conha la garde des frontières
d'Fcosse. Il s'acquitta avec bonheur de sa tâche jusqu'en
1497, date à laquelle Jacques IV repoussa son intrusion
en Fcosse. Surrey entra au conseil privé en 1301 et fut
nommé lord trésorier. Il négocia le mariage de Jacques IV
avec la fille de Henri VII, Marguerite, et accompagna cette
princesse à Fdinibourg (1303). 11 négocia encore l'union
de Marie, autre hlle du roi. avec Charles de Castille
(1308). Surrey jouit d'une influence encore plus considé-
rahle à la cour de Henri VIII. Il fit partie des commis-
sions chargées de conclure des traités avec la France
(1309) et avec Ferdinand le Catholique (1311). La faveur
de Wolsey lui porta ombrage et il quitta brusquement la
cour en 131 2. Le roi ne lui garda pas rancune, lui
donna, en 1313, Je grade de lieutenant général et lui
confia la tâche dilïicile de contenir Jactpies ÏV d'Fcosse
pendant son expédition de France. Surrey remporta sur
les Fcossais la victoicc décisive de Flodden (9 sept.). Il
fut récompensé de ce haut fait par le titre de duc de
Norfolk (1*^^" févr. 1314). H essaya de s'opposer au ma-
riage de la sœur de Henri VIII avec Louis XIH, et, com-
prenant l'inutilité de cette perpétuelle opposition aux vues
de Wolsey, il se soumit et fut depuis en fort bons termes
avec le cardinal. Norfolk réprima en 1317 la rébellion
des apprentis de Londres ; il fut préposé à la garde du
royaume pendant que le roi assistait à l'entrevue du (^lamp
du Drap d'or (1320). Il présida au procès de son ami et
parent, le duc de Buckingham, (ju'il fut forcé de condamner
à mort en pleurant à chaudes larmes. H dut, en 1323,
résigner ses fonctions de trésorier à cause de son grand
âge. R. S.
'ihBL. : Hio.m-aphio do Th. Howard, dan.s Wi:i;\Eii, Fii-
aernll Monmnoiis. — Blom!;i ii'^.li). liistorij of Norfolh, I.
— Howard, Memovials of tlw Howiirds. — Sandford et
To\vx.<^]-:m), Great governimj Fumdies of Enqlavd, II.
NORFOLK (Thomas Howard, comte de Surrey, duc de) ,
homme d'i'^tat anglais, né en 1473, mort le 23 août 1354,
fils du précédent. H fut envoyé en 1312 en Espagne avec
le grade de lieutenant général pour y commander sous
les ordres du manfuis de Dorset une armée anglo-espa-
gnole qui devait envahir la Guyeime. Mais cette expédi-
tion, mal conçue, ne put aboutir. Fn 1313, il était nommé
lord amiral, en remplacement de son frère Fdouard
Howard, tué dans une bataille navale. Il devint comte de
Surrey quand son père fut créé duc de Norfolk (1314) et
avec lui fit une vive opposition à la politique de Wolsey.
Il venait d'épouser en secondes noces une tille du duc de
Ihickingham, ce qui ne contribua pas peu à accroître ses
sentiments de haine à l'égard de Wolsey. Biais son beau-
père ayant été exécute (1321), il dut les manifester avec
plus de retenue. Fn 1320, il fut chargé de rétablir l'ordre
en Irlande, ])uis il obtint le commandement de la flotte
envoyée sur les côtes de France. Il brûla Morlaix (1322)
et ravagea les alentours de Boulogne. Puis il fut envoyé
sur la frontière d'iu'osse, et, suivant la môme tactique de
destruction systématique, il fit un désert sur toute la ligne
des marches écossaises et obligea le duc d'Albany à une
retraite honteuse. l']n 1323, if fut chargé de négociations
de paix avec la France. La même année, il eut à apaiser
à Norwich une révolte des fabricants de draps qui ne vou-
laient pas payer les impôts excessifs exigés par Wolsey.
Mais la grande affaire était maintenant le divorce du roi.
Norfolk était parent d'Anne Boleyn ; il poussa adroite-
ment Henri VHI dont la passion était avivée par les
obstacles que lui opposait Wolsey et bientôt il prit la
haute main dans le conseil. Wolsey tomba. Le duc de
NORFOLK
— 24 —
Norfolk le remplaça aussitôt au conseil privé ; son plan
fut de s'appuyer sur l'Espagne et d'obtenir l'assentiment
du Parlement. Il échoua dans ses négociations avec l'em-
pereur qui ne put se résoudre à abandonner sa tante.
Ouant aux plaintes adressées par le Parlement au pape,
elles ne produisirent aucun effet sur Clément Ylï. Le gou-
vernement eut alors recours à un autre expédient suggéré
par Cranmer : la consultation des universités d'Europe ;
mais il tourna à sa confusion, et il fallut un véritable abus
de pouvoir pour arracher l'approbation de celles de Cam-
bridge et d'Oxford. C'est alors que Thomas Cromwell
(V. ce nom) entra en jeu et fit reconnaître le roi comme
chef suprême de l'Eglise d'Angleterre. On sait (V. Thomas
More) quelles conséquences immédiates en résultèrent.
Toute la noblesse du Nord se souleva. Norfolk négocia
d'abord avec les insurgés, les berna, réintégra sans bruit
les garnisons royales dans les villes du Nord et s'établit
fortement au cŒ'ur du Yorkshire. Puis quelques émeutes
sans importance servirent de prétexte pour retirer toutes
les concessions qu'on avait accordées, et on fit une véritable
boucherie des chefs et des principaux adhérents du « pèle-
rinage de grâce » (1537). Cependant Norfolk s'indignait
de la toute-puissance de Cromwell. Il se mit à la tète de
l'opposition et marcha d'accord avec Gardiner, le plus
ardent de ses adversaires. En même temps, il essayait de
contrecarrer sa politique d'alliance avec l'Allemagne pro-
testante en cherchant à détacher lYançois I*^'' de Charles-
Quint. 11 vint à Paris dans ce but en 1540, mais n'obtint
aucun résultat. Il réussit mieux à l'intérieur. Henri VIII
finit par abandonner Cromwell qui l'avait marié, malgré
sa répugnance, avec Anne de Clèves. Norfolk fut chargé
d'arrêter le premier ministre en pleine chambre du conseil
et il lui arracha insolemment du cou le collier de l'ordre
de la Jarretière (1540). Il redevint tout-puissant, annula
le mariage avec Anne de Clèves et maria le roi à une
jeune fdle de sa famille, Catherine Howard. Il restaura la
politique de More et des humanistes : réformer l'Eglise
par un concile général et réconcilier l'Angleterre avec
l'Eglise catholique, ce qui impliquait une alliance avec
l'empereur. Malheureusement pour lui, Catherine Howard
déplut à Henri VIII tout comme Anne Boleyn et, du pre-
mier rang, Norfolk tom])a à celui de commandant mili-
taire. En 1542, il réprima brutalement et cruellement, à
son ordinaire, une incursion des Ecossais sur la frontière;
puis, avec le grade de lieutenant général, il accompagna
le roi en France en 1544, assiégea Montreuil et prit Bou-
logne. Le comte d'Herford gagna la faveur du roi et le
ramena à la politique de la Réforme. Norfolk fut accusé
de haute trahison, jeté en prison, et son fils, le comte de
Surrey, fut décapité. Lui-même faillit être exécuté, mais,
le roi étant mort la veille du jour fixé pour son exécution
(27 janv. 1547), le conseil ne crut pas devoir inaugurer
le nouveau règne par un acte de rigueur. Norfolk demeura
à la Tour pendant le règne d'Edouard VI ; il fut délivré
à l'avènement de Marie, reprit possession de ses droits et
entra au conseil privé (1553). Il présida le procès du duc
de Northumberland et, en 1554, fut chargé, malgré son
âge, de commander l'armée envoyée contre Thomas Wyatt.
Mais les milices bourgeoises de Londres qu'il avait sous
ses ordres passèrent à l'insurrection et il ne put empêcher
Wyatt de pousser jusqu'à Londres. Il mourut peu après.
R. S.
BiBL : Howard. Memoruds of tJie Howards. — Blome-
FiELD, History of Norfolk, III. — Froude, History of En-
gland. — Sandford et TowNSEND, Great governing Fiimi-
ïies of England, II.
NORFOLK (Thomas Howard, duc de), homme d'Etat
anglais, né le 10 mars 1536, mort à Londres le 2 juil.
1572, petit-fils du précédent. Comte de Surrey en 1553,
il entra dans la maison du prince consort et devint duc de
Norfolk en 1554. Dès l'avènement d'Elisabeth, il fut chargé
de négociations avec l'Ecosse ; il siégea au conseil privé
en 1561 et bientôt se prit de querelle avec le favori,
comte de Leicester. Elisabeth dut les réconcilier en 1567.
Mais Norfolk restait mécontent et il conçut l'étrange projet
d'épouser Marie Stuart. En secret, il gagna à sa cause
les lords des comtés du Nord et il tenta de la délivrer de
sa prison. Cecil surprit le projet de mariage, et Elisabeth
ht enfermer Norfolk à la Tour (1569). Remis bientôt en
liberté, il s'empressa de renouer une correspondance avec
Marie ; il réclama l'aide de Philippe II et l'intervention
d'une armée espagnole. Les pairs conservateurs adhéraient
pour la plupart à ses idées, car ils ne voulaient pas d'une
politique purement protestante. Ces menées aboutirent à
un complot formel. Philippe II promit son concours. La
situation devenait menaçante pour Elisabeth, car au même
moment les réfugiés catholiques se groupaient à Anvers.
Norfolk fut arrêté, emprisonné à la Tour (5 sept. 1571),
jugé sous le chef de haute trahison et condamné à mort.
H fut décapité sur le Tower Hill. R. S.
HuîL : Blomefij:ed, Hisk)rg of Norfolk, III. — Whright,
Queen Ellzabeth and her Times. — Howard, Memoruds
of the HoKurds. — Froudi:. History ofEnglund. — Sand-
ford et Tow>;^]:xD, Grcid governing Families of En-
gland, II.
NORFOLK (Henry Howard, duc de), homme politique
anglais, né le 11 janv. 1655, mort à Londres le 2 avr.
1701. Fils de Henry, sixième duc de Norfolk (1628-84) et
d'Anne Somerset , il porta le titre de comte d'Arundel de 1 678
à 1684. Lord lieutenant de Rerkshire et Surrey en 1682,
de Norfolk en 1683, il fut nommé colonel d'un régiment
d'infanterie en 1685. Fort protestant, son attachement à
la personne du roi ne l'empècbait pas de témoigner à
l'occasion son mécontentement. Jacques II l'ayant chargé
de porter devant lui l'épée d'Etat, le duc s'arrêta à la
porte de la chapelle catholique. « Votre père aurait été
plus loin, dit le roi. — Le père de Votre Majesté valait
mieux que nous, répondit Norfolk, il ne serait pas
allé plus loin. » En 1688, il signa la pétition réclamant
convocation d'un Parlement, puis, dès le débarquement
de Guillaume d'Orange, il apparut, à la tète de 300 gen-
tilshommes, sur la place du marché de Norwich, où il
proclama, au milieu des acclamations universelles, la haine
du « papisme et du pouvoir arbitraire ». Il leva un régi-
ment qui fut employé à la soumission de l'Irlande et il
demeura un des plus fidèles partisans de Guillaume III.
NORFOLK (Charles Howard, duc de), homme politique
anglais, né le 5 mars 1746, mort à Londres le 16 déc.
1815. Fils du dixième duc de Norfolk (1720-86), qui a
laissé quelques ouvrages, entre autres : Considérations
on the pénal laws ayainst lloinan catholics in En-
gland (1764, in-8) ; Thoughts, essays and Maxi^ns
(1768, in-8) et Historical anecdotes of some of Ihe
Howard FaniiUj (1769, in-8), il jouissait dans le Cum-
berland d'une immense popularité, due autant à son iné-
puisable générosité qu'à ses excentricités. Membre du
Parlement en 1780 et 1784, il soutint Fox et combattit
vivement la guerre d'Amérique. En 1783, il devint lord
de la trésorerie dans le cabinet Portland ; il s'attira en
1798 le mécontentement du roi, pour avoir porté, dans
un banquet monstre, le toast suivant : « A la santé de
notre souverain, S. M. le Peuple ! » et il perdit sa situa-
tion de lord lieutenant de Sussex et quelques autres em-
plois honorifiques. Il ne laissa pas d'enfants, et le titre
passa à Bernard-Edward Howard (1765-1842), qui fut
le premier lord catholique appelé à la Chambre haute
après l'acte d'émancipation. Son fils Henri-Charles, né
le 12 août 1791, mort le 18 fév. 1856, membre de la
Chambre des communes pour Horsham (1829 à 1832),
fut un whig renforcé. En 1837, il fut nommé trésorier
de la maison de la reine dans le cabinet Melbourne, et
grand éciiyer, en 1846, dans le cabinet John Russell.
Henri-Granville-Fitzalan Howard, duc de Norfolk,
fils du précédent, né le 7 nov. 1815, mort au château
d'Arundel le 25 nov. 1860, représenta Arundel à la
Chambre des communes à partir de 1837, épousa en 1839
la fdle de lord Lyons, l'ambassadeur, et vécut beaucoup
à Paris oti il se lia avec Montalembert. Catholique con-
NORFOLK — NORMAL
vaincu, il soutint la politique du parti whig, mais s'en
sépara lors de la présentation du bill ecclésiastique de
4850. A la Chambre des lords, où il entra à la mort de
son père, il combattit Palmerston. lia laissé : .1 feiv re-
■inarkH on the social and poUtical condiiion of Brifish
catholirs (Londres, 1817, in-8) ; Lettcr to Plumpfre
on the bull « in cœnd Domini » (Londres, 4848, in-8) ;
Observations on diploniatik relations ivitJi Ho)ne
(Londres, 4848, in-8), et il a publié : Lives of Pliilip
Howard, earl of Arundel and of Anne Dacresjiis wife
(Londres, 4857, in-8). Montalembert a donné sa biogra-
phie dans le Correspondant (4860, déc). R. S.
NORGES. Rivière du dép. de la Côte-d'Or (V. ce mot,
t. XII, p. 4487).
NORGES-LA-ViLLE. Corn, du dép. de la (^ôte-d'Or,
arr. et cant. (N.) de Dijon ; 490 hab.
NORIA (V. AuoET, t. [V, p. 638).
NORiAC (CJaude-Antoine-Jules CAmoN, dit), littérateur
français, né à Limoges en 4827, mort à Paris le 46 oct.
4882. Il débuta de bonne heure dans le journalisme, se fit
un nom de chroniqueur au Figaro, collabora à quantité
de journaux et de revues, entre autres la Revue fantai-
siste et la Gazette des Beaux- xirts, fut un moment direc-
teur du Soleil et fonda en 4865 un petit journal littéraire,
les youvelles, qui vécut peu. Un des directeurs du théâtre
des Variétés, Jules Noriac prit en 4867 la direction des
Rouffes-Parisiens. Ecrivain brillant, léger, spirituel, il a
beaucoup produit. Citons : la Vie en détail, le iOI'^ ré-
giment (Paris, 4857, in-42) qui eut un très grand succès;
la Bêtise humaine, Eusèbe Martin (4860, in-42); le
Grain de sable (4864 , in-42); Sur le rail (4862, in-42);
la Dame il la plume noire (4862, in-42); Mémoires
d'un te',9^r (4863, in-42); Mademoiselle Poucet (4865,
in-i%; Journal d'un flâneur (ISGd, in-42); le Capitaine
sauvage (4866, in-8); les Gens de Paris {iS6S, in-42);
Histoire du siège de Paris (4874, in-4); Dictionnaire
des amoureux (4874, in-42); la Falaise d'Houlgate
(4877, in-42); la Comtesse de Bruges (4878, in-42); le
Chevalier de Cerny (4879, in-42); Paris tel gu'il est
(4884, in-42);, les Plumeurs d'oiseaux (4884, in-42). Il
a donné aussi quelques pièces de théâtre : les Baisers
d'alentour (iSli); le Mouton enragé (iSl-i); Pierrette
et Jacquot (4876), opérette avec musi({ue d'Offenbach; et
collaboré à la Timbale d'argent de Jaime, à la Boite au
lait de Grange, à la Sorrentine de Moinaux.
NORIEN. terme employé par les géologues dans plu-
sieurs acceptions différentes, proposé par M. von Mojsiso-
vics en 486<) pour désigner une partie des calcaires de
Hallstadt, étendu plus tard par le même auteur à des
couches beaucoup plus anciennes, introduit en Amérique
en 4870 par Sterry-Hunt pour désigner des couches de la
série paléozouiue (V. Trias).
NORIQUE (/Yo/7V?zr?>i, Nwpr/ov). Province de l'empire
romain, situé au S. du Danube, entre la Pannonie à l'L.
et la Rhétie à l'O., Tltahe au S., correspondant aux pro-
vinces actuelles de Rasse et Haute-Autriche, et la plus
grande partie de la Styrie et de la Carinthie, des fragments
de Salzbourg, du Tirol et de la Carniole. Elle s'étendait
jusqu'à rinn à l'O., jusqu'à la Save et aux Alpes Car-
niques au S., au mont Cetius (Wienerwald) à l'E. Le
Norique, dont la principale ville était Noreia. était peuplé
des Taurisques ouNoriques, nation celtique, peut-être venue
seulement au iv*^ siècle av. J.-C. La richesse du pays tenait
à ses mines d'or et surtout de fer qui alimentèrent ses
fabriques d'acier et, de plus, tous les pays voisins. Le
Norique fut envahi, à la fm du ii® siècle av. J.-C, par les
(timbres et les Teutons, puis, en 59 av. J.-C, par les Roies
(passés d'Italie en Rohême) qui en conquirent le N. Il fut
aussi dévasté par les Gètes, et le peuple norique paraît
s'être émictté en six tribus dont une seule conserva son
nom; les autres étaient les Sevaces, Alauni au S., Ambi-
sontii sur l'Isonta (Salzach) , Ambidravi sur la Drave,
Ambihci. Les Noriques, qui faisaient un grand commerce
avecl'Itahe, parAquilée, furent soumis, sous le règne d'Au-
guste, par Tibère, Drusus et P. Silius. en une année, vers
l'an 4i) av. J.-C Le prétexte de la guerre avait été une
incursion en Istrie. Le pays fut organisé en province ro-
maiue, xma légion (Italica il) canq)ée à Laureaciun (Lorch,
près d'Lnns), trois ilottilles établies sur le Danube (Comagi-
nensis vers TuUn au pied du lvauud)erg; Arlapensis au con-
lluent de l'Ei'hif, Laureacensis àLorch), des routes tracées,
des forteresses bâties, des villes fondées ; les principales furent
Roiodurum (Innstadt, près Passau), Lentia (Linz), Ovilava
(Wels), Jiivavum (Salzbourg), Redaium (Chieming, sur le lac
Chiem), Arlape, ou Arelate (sur l'Erlaf), Xamare. Cetium,
Virunum (près de Klagenfiu't), Celeia ((^iUi), Teurnia. sur
la r. g. de la Drave. etc. Plus tard, la prov. de Nori(pie
fut subdivisée en deux : Xoricum ripense, le long du
tleuve ; ^\n'icu}n médit erraneum, région alpestre.
HijjL. : MuciiAR, Dos Bœiniscfie XoricLun; Grat/, 1825.
2 vol.
NORIQUES (Alpes) (Y. Alpes, t. II, p. 439).
NORIS (Henri), cardinal, né à Vérone (4634), de famille
anglaise, mort en 4704. Après avoir enseigné la théologie
à Pesaro, à Pérouse et àPadouc, dans la maison de l'ordre
des augustins, auquel il appartenait, il fut nommé par le
duc deToscane professeur d'histoire à l'Université de Pise;
enfin, par le pape Innoc-ent XII, cardinal (4695) et con-
servateur de la bibliothè([ue du Vatican. — OEuvres prin-
cipales : Histoire des pélagiens (en latin, Padoue, 4673,
in-fol. : objet de luttes opiniâtres avec les jésuites) ; Ceno-
taphia Pisana Caii et Lucii Ca'.sarum (Venise, 4684,
iu-fol. fig.) ; Histoire des donatistes. Ses OEuvres coin-
/;/^/e.s ont été publiées à Vérone (4729-44, 5 vol. in-fol.).
NORITE. Les norites sont des roches grenues très voi-
sines du gabbro (V. ce mot) et n'en différant que parce
que lediailage y est plus ou moins complètement remplacé
par un pyroxène rhombi(|ue {hypersthêne ou enstatite).
Ces deux types de roches constituent une même famille et
passent souvent l'une à l'autre dans un même massif. La
norite est formée de cristaux de magnétite et à'hyper-
sthène cimentés par une pâte verdâtre à structure grenue
formée de feldspath plagio:dase basique (labrador ou
anorthite). Le diallage et le mica noir peuvent s'asso-
cier à l'hypersthène, mais il n'y a jamais d'amphibole.
D'autre part, on rencontre assez fréîpiemment entre les
éléments précédents un peu de (juartz d'aspect granuli-
tique, mais d'origine probablement secondaire. Ces roches
peuvent aussi renfermer de Volivine. Les norites con-
tiennent généralement de 42 à 50 ^/o de silice et sont
par suite nettement basiques. Ces roches sont bien déve-
loppées en Norvège, et c'est en général en relation avec
elles que se trouvent les grosses masses de fer titane de
cette région. Les norites ont comme équivalent tertiaire
les hypérites ; il convient d'ailleurs actuellement de ne
pas conserver ce dernier nom, car ces roches sont iden-
tiques aux norites antétertiaires, et leur âge seul est dif-
férent. Léon Rertrand.
NORMAL (Géom.). Normal est en général synonyme
de perpendiculaire ; deux ligfies sont normales l'une sur
l'autre quand elles se coupent de telle sorte que leurs
tangentes au point d'intersection soient rectangulaires.
Deux surfaces sont normales quand leurs plans tangents
aux points communs sont rectangulaires, etc.
Normales des courbes planes. — On appelle normale
d'une courbe plane en un point donné la perpendiculaire
à la tangente menée par le point de contact. La normale
au cercle en un point est donc le rayon qui passe par ce point.
L'équation de la normale en coordonnées rectangulaires est
(X — x) dx 4- (Y — y) dy = 0,
X, Y désignant les coordonnées courantes, et ^,;î/ celles du
point de contact. On appelle quelquefois longueur de la
normale la portion de cette droite comprise entre la
courbe et l'axe des x, elle a pour expression :
\dx)
y sj
1 +
NORMAL — NORMAND
26 —
Le point où la normale rencontre la courbe et où elle est
perpendiculaire à la tangente porte le nom â(',pied ou de
point (rincidence. Le ])liis court chemin d'un ])oint à
une courbe esl le phis soiiveni l'une des noi'males que l'on
])eut mener de ce point à la courbe.
Normales aux courbes (.AU(:in<:s. Plan normal. — Kn
chaque point d'uîie courbe gauche passe un ])lan perpen-
diculaire à la tangente: c'esile plan noD nul; les droites
situées dans le phui normal et passant par le point ou il
coupe la courbe sont les normales en ce point à la courbe.
Parmi toutes les normales, il y en a deux particulière-
ment remarquables, l'une située dans le plan oscillateur
(V. ce mot) est dile noimate /)riur?//?<7/^, l'autre perpen-
diculaire à celle-ci e(, par consécpient, au plan osculateur
est appelée binorniale. Si l'on appelle X, Y, Z les coor-
données courantes supposées rectangulaires, x, y, z les
coordonnées d'un point d'une courbe, les é(fuations d'une
normale en x. //, z seront
(X — x) dx -h (Y — y) dy -h (Z — z) dz — 0
qui est l'équation du plan normal et
a (X — x) -j- /; (Y — y) + c (Z — % — {),
a, h, c désignant des arl)itraires. Les é(piations de la
normale princi])ale sont
X — ^_Yj-j/_Z— j
~d'x ~ dhi~ d''\^ '
Alors l'arc est variable indépendante. Leséipiations de la
binormale sont
X— X X — y __ l — z
dhjdx, — d:H dy d^ulx — di}xd:, d^xdAj — d'ydx
(V. Frpnet). Le lieu des normales principales est une sur-
face gauche; elle n'est jamais déyeloppable, à moins que
la courbe ne soit plane. Le lieu des binormales n'est pas
j]on plus une surface développable.
Normales aux sup^eaces. — La normale i\ une surface
en un point est la perpendiculaire menée par ce point au
])lan tangent; les plans qui passent par la normale sont
dits plans normaux à la surfïuîe.Les équations de la nor-
male à une surface sont
X — ,x'
Y
l — z
'' —1
■^ celles
(h ~ d_z ~
dx dy
X, Y, Z désignantles coordonnées courantes, x,y.
du point ou la normale perce la surface. SiF(x', y.
est l'équation de la surface, on peut enclore mettre les
é(piations de la normale sous la forme
X — X Y — y Z — o
ôx dy ô V
(Bourres normales. — On appelle courbes normales des
courbes types de dpgré 7? -f- 2 avec des singularités équi-
valentes à ~^^ ■ , points doubles auxquels on peut
toujours ramener les courbes de genre p an moyen d'une
transformation rationnelle. Les courbes normales pour le
genre zéro sont des droites. Les courbes normales pour le
genre 1 sont des courbes dont les coordonnées peuvent
s'exprimer au moyei] de fonctions elliptiques; elles sont du
troisième degré et ont un point double, etc. (V. Genre).
H. Laurent.
BiBi. : Les traités do fréométrio analyti(|ue et de calcul
iiiiiiiitésimal.
NORMALE (Ecole) (V. Ecole, t. XY, p. 378).
NORMALIE (Qéom.). On appelle normalies d'une sur-
face les surftices réglées dont les génératrices sont nor-
males à cette surface. Les normalies les plus importantes
sont les normalies développables, elles coupent la sur-
face suivant ses lignes de courbure iX . ce mot); les lieux
de leurs ai'ètes de rebroussement forment les surfaces
lieux des centres de courbure pi'incipaux. H. Laurent.
NORMAN. Fleuve d'Australie, colonie de Queensland,
qui se jette, à l'angle S.-i-L, dans le golfe de Carpentarie.
A Fembouchure est le p(tri de Kimberley et, à 48 kil. en
amont, la ville de Xo)'manlon. débouché des mines d'or
et de cuivre de Lloncurrv, Etherigc et Crodyon.
NORMANBY. Vihe d'Angleterre, comté d'York, North-
Riding, faubourg de Middlesborough ; 9.100 hab. (en
I(S91). Verreries, usines à fer.
NORMANBY ((^.onstantin-lienry Pmeps, marquis de),
homme d'Etat anghiis, né le 15 mai 1797, mort à Hamil-
lon Lodge (Soulh Kensington) le 28 jui). 1863. Dès sa
sortie de l'Universilé de F.ambridge, il représente Scarbo-
roug au Parlement (1818) et, pour ses débuts, réclame
la reconnaissance des droits des catholiques et la réforme
parlementaire. Sa famille, irritée de ce libéralisme
avancé, l'obligea à voyager en Italie. Il revint en 1822
et rentra à la Chambre des communes comme député de
Iligham Ferrers. Toujoin^s libéral, jl écrivit force pam-
phlets à l'appui des vues de Canning. Réélu par Malton
en 1826, il fut nommé en 1832 gouverneur de la Ja-
mai(pie. [I démissionna en 1831 et entra dans le cabinet
de lord Melbourne comme lord du sceau privé (1835),
poste ([u'il échangea lûentôt poui' celui de hu'il lieutenant
trii'lande. Les Irlandais raccueillirenl avec enthousiasme ;
mais les relations amicales (\u\\ eut avec O'Connell le ren-
dirent suspect aux protestants et odieux aux orangistes.
Il dut se retirer en 1839, et reçut, à titre de compensa-
tion, le titre de marquis et le porlefeuille de la guerre et
des colonies qu'il échangea ensuite pour celui de l'inté-
l'ieui'. Après la chute du ministère (1841), il resta assez
longtemps sairs emploi. Nommé ambassadeur à Paris en
1846, il conserva ce poste jusqu'en 1852 ; il se lia avec
Thiers assez intimement pour (pie Guizot se criH obligé
de le faire attaquer par la presse, ce qui faillit amener
une rupture diplomatique en 1847. En 1854, il fut mi-
nistre à la cour de Florence, mais il y manifesta de telles
sympathies pour l'Autriche qu'on dut le rappeler en
1858. Lord Nornjanby a publié un gi'and nombre de
nouvelles et de petits romans. Liions de lui : Tlie En-
(jlisJi in fiait/ (1825. 3 vol.) ; The Eniflisk in France
(1828) ; Maiilda (1825) ; \es and AV/(1828, 2 vol.) ;
Clorindam%)) ; The Contrast (1832, 3 vol.); A Year
of Révolution (1857). journal qu'il tint en 1848 et qui
a été traduit en français (Paris, 1858, 2 vol. in-8) ; The
Congress and Ihe Cabinet (1859), trad. en français
sous le titre le Cabinet anglais, lltalie et le Congrès
(Paris, 1860, in-8) ; Historical Sketch of Louise de Bour-
bon., dutcfiess of Parma (1861) ; A vindicalion of Ihe
duke of Modena from M. Gladstone s charges (1861),
trad. en français (Paris, 1862, in-8). R. S.
NORMANBY (George -Augustus-Constantine Phipps,
marquis de), homme politique anglais, né le23 juil. 1819,
mort à Rrighton le 3 avr. 1890, fils du précédent. Il en-
tra dans l'armée en 1838 et démissionna en 1846. En
18^7, il se faisait élire par S(;arborough à la (Chambre
des communes, et, réélu en 1852 et 1857, soutint, comme
son père, le parti libéral. Entré au Conseil privé en 1851 , il
fut trésorier de la maison royale de 1853 à 1858 et fut
nommé gouverneur de la Nouvelle-Ecosse en 1858. Ren-
ti'é en Angleterre en 1863. il siégea à la Chambre des
lords, devint gouverneur de Queensland en 1871, de Nou-
velle-Zélande en 1874, de Yictoria en 1879 ; il témoigna
en ces divers postes de sérieuses (|ualités d'administra-
teur et se fit partout aimer. Il rentra dans la vie privée
en 1884. R, S.
NORMAND (Charles-Pierrc-Joseph), architecte et gra-
veur d'architecture français, né k Goyencourt (Somme) le
25 nov. 1765, mort à Paris le 13 févr. 184(i. Elève de
l'Ecole royale de dessin, Ch. Normand obtint, en 1792,
le premier grand prix d'architecture sur un projet de
"27 —
NORMAND — NORMANDES
marché pul)lic pour une grande ville. Cli. Normand se
mit ensuite à graver des monuments et des dessins d'ar-
chitecture dont il puhlia environ 7.000 sujets de IcSOO à
'1(S15, amsi que les billets de la Banque de France et
des cartes à jouer, et enfin donna ses soins comme auleui',
collaborateur ou simplement comme graveui'. à nombre
d'ouvrages de valeur, enrichis de sujets antifjues, et qui
exercèrent une grande iniluence sur le mouvement artis-
tique du commencement de ce siècle. ïl faut citer, entre
autres : Ornements, Arabesques, Meubles, Irises (1(800,
in-fol.) ; Nouveau Recueil de divers genres d'orne-
ments (1803, in-fol.) ; llerneil de plans el de façades
(1815-2o, in-fol.); i\ouveaii Parallèle des ordres d'ar-
chiteelnre des Grecs, des Uomains, etc. (1819-2o,
traduit en anglais et allemand; le Vignole des ouvriers
(1821-"2o, in-4) ; Modèles d'orfèvrerie choisis aux
expositions du Louvre (1819-22, in-fol.) ; Olvuvres de
serrurerie (1824, in~fol.); le Guide de V ornemaniste
(1826, in-fol.); le Vignole des archilectes et Forne-
mentation des cinq ordres (1827-28, in-4) ; etc. En
outre, Ch. Normand grava de nombreuses planches ])our
les ouvrages de Biet, Grillon et Gourlier, de Clarac, de
Durand, et de Legrand etLandon. Charles Lu(.as.
Hiin, : Notice sur lu vtc cl les ournujcs (Je C'.-P.-J
Nontuind : lioip.e. 18 12, in-<s.
NORMAND (xVlfred-Nicolas) , architecte français, né à
Paris en 'J822. Eils de Nicolas Normand, architecte des
bâtiments de la Couronpe qui, sous la Restauration, avait
fait élever Bon-Secours, Ehôtel de son parent, Richard
Lenoir, rue de Charonne, à Paris, et petit-fds de Nicolas
Normand, qui avait été architecte du duc d'Orléans Phi-
lippe-Egî^lité, élève de son père et de M. Jai, il entra à
l'Ecole des beaux-arts et remporta le premier grand prix,
en 1846, sur un projet de muséum d'histoire naturelle.
Devenu inspecteur des bâtiments pénitentiaires, meuibre
du conseil des bâtiments civils, M. Normand a fait élever
la Maison centrale de force et de répression de Rennes,
l'hùpital-hospicc de Saint-Germain-en-Laye, plusieurs mai-
sons et tombeaux à Paris, un château et un tombeau de
famille à Eiancourt (Oise), et surtout la villa pompéienne
de l'avenue Montaigne, à Paris, édiiice malheureusement
détruit, mais qui fut certes le plus remanpiable essai
couronné de succès qui ait été tenté pour faire revi\re
une riche habitation gréco-romaine du temps des Césars.
II fut élu, en 1890, membre de l'Institut. Il a publie
plusieurs notices et articles parus dans le Moniteur des
Arcliitectes, dont il dirigea quelques années la publica-
tion, et fait paraître un important ouvrage intitulé
VArcliitecture des nations étrangères étudiée sur les
principales constructions élevées li l'Exposition 'uni-
verselle de Paris en 1861 (texte et pi. in-fol.).
Son iils aîné, Charles-Nicolas, né à Paris en '1858,
architecte, élève de son père et de M. J. André, s'est con-
sacré surtout à la publication d'études ardiéologiques,
parmi lesquelles il faut citer : V Hôtel de Cluny, le
Guide archéologique de Paris, la Jroie d'Homère, le
Musée de Sahbourg, V Architeclure métallique an-
tique, les Arènes de Lutèce, etc. M. Ch. Normand est
secrétaire général et fondateur de Timportante et active
Société des Amis des monuments parisiens et directeur
de la Revue des Monuments et des Arts. — Le deuxième
ills, Paul, également architecte, élève de son père et de
M. J. André, a été chargé au concours de la construction
d'une vaste prison à Douai (Nord). Charles Lucas.
NORMANDEL. Com. du dép. de l'Orne, arr. de Mor-
tagne, cant. de Tourouvre ; \{\{^ hab.
'NORIYIANDES (Iles) (angl. Channel-islands). Archi-
pel de la Manche, dépendant, au point de vuephysi(fue, de
la province française de Normandie, au point cïe vue po-
liti(pie du Royaume-Lni de Grande-Bretagne et d'Irlande.
Il se compose des îles de Jersey, Sercq, Guernesey, Au-
rigny. Leur siiperficie est de 196 kil. q.. leur population
en 1891 de 92.234 hab., soit 471 par kil. q. Autour
s'étendent une foule d'îlots rocheux et de bancs de sable.
Géographie. — Jersejj {(Avsarea), la plus méridionale
des îles de l'archipel . est située à uuc distance de 25 à
30 kil. de la côte française du Cotentin, PÎO kil. S. du
pî'omonfoir(^ anglais de Portland ; elle a 116 kil. ([. et
54.518 hab. (en 1891). Elle est de forme rectangulaire,
mesurant 22 kil. du S.-!'^. au N.-O. sur 10 de hu'geur duN.
au S. La pente du soi est du N. au S., les falaises du N. do-
minent la mer de 100 et même de 148 m., celles du S. de
20 m. seulement. Sur le littoral méi'idional se creuse la
baie de Saiut-Aubin, fermée à KO. par la pointe Noirmont,
à Y\\. par la pointe de Pas; à FO. de la baie principale
qui renferme les ports de Saini-\ubin et Sainl-llélier, se
trouvent la baie de Sainte-Brelade, puis la pointe de la
Corbière, dont les falaises déchiquetées et creusées de ca-
vernes forment l'angle S.-O. de l'île; à l'O. de la baie
principale s'évase la baie Saint-(]lément, termniée par la
pointe de La Rocipie, angle S.-E. de l'île. Le côté occi-
dental est formé par la baie de Saiut-Ouen, grève sauvage,
bordée de dunes; elle est abritée au N. pai' le bastion ro-
cheux du N.-O. de Jersey, ou se distinguent les avancées
rocheuses de l'iiltac, de Gros-Nez, et, vers le N., de Pié-
mont. La côte septentrionale est une succession de petites
baies ci'eusées de grottes et divisées par d'aiuuipts pro-
montoires : la grève de Lecq, le Trou du Diable, la pohite
Sorel (ext]*émité N. de l'île), la pointe Eremout, le havj»e
Giffard, la Roche aux Eées, la baie Bouley, la pointe de
Rûzel sont les principaux accidents de ce rivage; à la
pointe de la Coiq)e. angle N.-E. de l'île, la côte tourne.
Le rivage oriental, qui fait face au' Colentin, est divisé
entre les baies de Sainte-l^atherine et Grouville, séparées
par le promontoire oii s'élève le château de Montorgueil,
au-dessus de la ville de Gorey. — L'île est formée de
g/'anite et de syénite et se partage en une multitude de
vallons bordés de hêtres, de chênes, de châtaigniers, de
noyers. Le lierre pullule, l'evètant non seulement les troncs
d'arbres, mais les rochers. Le plateau oii se creusent les
vallons est bien cultivé. — Le climat est très doux, saul
au N. où le vent salin de la mer brûle la végétation. Les
araucarias du Chili, les fuchsias ai'boi*escents poussent en
pleine terre. 55 "/o du sol sont labourés, 14 'Vo cultivés
en prairies. On récolte du blé, des pommes de terre hâ-
tives, des fourrages ; les pommiers à cidre parsèment les
prés; les fruits de Jersey, en particuher les poires do
Chaumontel, sont très goûtés en Angleterre. Une culture
propre à Jersey est celle du chou Cavalier dont la tige
atteint 2 m. de haut et sert à faire des rotins vendus à
Saint-Héher (cabbage sticfis), — La race locale des petites
vaches laitières de Jersey est très estimée. Le cheval de
Jersey, issu d'un croisement avec les chevaux des Cosaques
casernes dans l'île au début du xix^ siècle, est de bonne
qualité. L'île exporte en Angleterre les produits du sol, y
achète ses étoffes, ses objets métahurgiques, et demande
à la France du vin, de la viande, du blé. Des services ré-
guliers relient Jersey à Southampton, Granville, Saint-
Malo, Saint-Brieuc. Deux petits chemins de fer vont de
Saint-Héher à Saint- Aubin et à Gorey. Le principal ré-
venu de Jersey, comme des autres îles normandes, pro-
vient des touristes qui la visitent ou y séjournent, surtout
en été. Leur exploitation est méthocliipiement organisée.
La douceur dn climat a attiré beaucoup d'immigrants an-
glais.
Guernesey (Sarniia des Romains), la seconde des îles
de rarchipel', a 65 kil. (j. et 35.218 hab. De forme trian-
gulaire, elle mesure 15 kil. du S.-O. au N.-E., sur 6 kil.
et demi de large, i'^lle est séparée de Jersey par un détroit de
29 kil. L'île, formée de gneiss, de granité, de trapp, et en-
tourée de rochers fouillés par la jner, se divise en deux
parties, plate au N.-E., accidentée et creusée de profonds
ravins au S.-O. oîi les falaises atteignent 120 m. Sur le
rivage oriental est la ville de Saint-Pieri'e-Port ; à l'angle
S.-O., la pointe de Pleinmont, au largo de laquelle sont
les écueils des Hanois. — Le climat est humide et plus
NORMANDES
— 28 —
doux encore qu'à Jersey : myrtes, oraugers, camélias
croissent en pleine terre ; les fuchsias ar])orescents forment
les haies des jardins; des ormes, plantés sur les banquettes
qui séparent les prés, les abritent du vent. Outre le blé,
l'orge, les pommiers à cidre, on cultive au dehors les
fruits, les légumes, le hs doré de Guernesey, les prime-
vères vendus en Angleterre. L'Ile s'est couverte de serres
où l'on produit des raisins, des tomates, des melons, des
choux-fleurs, des chrysanthèmes pour TAngleterre. Ajou-
tez le granité des carrières de Saint-Sam psou et les pro-
duits de la pèche (congres, chancres, etc.). Les touristes
sont fort nombreux, attirés en particulier par flauteville-
house, où Victor Hugo habita dans un faubourg de Saint-
Pierre de 1856 à 1870. A l'E. de Guernesey sont les dots
de Herm, Jethou et Sercq. Les deux premiers en sont sé-
parés par le chenal du Petit-Ruau. Herïn (o kil. sur
i.200) en pente douce vers le N. (grève de Shell-beach) ;
Jethou la prolonge au S. et se continue par les aiguilles
rocheuses des Ferrières.
Sercfj est la perle de l'archipel ; séparée de France par
le passage de la Déroute, d'Herm par le Grand-Ruau,
longue de 5.800 m., large de i. 800, vaste de 510hect.,
peuplée de 572 hab. , elle se divise en deux parties : le Grand-
Sercq (420 hect.) au N., le Petit-Sercq (90 hect.) au S.,
communicfuant par l'isthme étroit de la Coupée. C'est un
bloc granitique et schisteux de 114 m. de haut, dominant
de 80 à 100 m. à pic les flots marins qui la rongent; ses
hautes falaises, ses courts et profonds ravins, ses cavernes
lui donnent grand air, les touristes y affluent. Au S. est
le petit îlot Jirechou ou des Marchands (MO m» de long,
250 m. de large, 45 m. de haut) avec sa grotte ou cave
des Pirates où fut une mine de cuivre. Entre Sercq et
Brechou, le chenal du Gouliot, large de 73 m. , est parcouru
par la marée à une vitesse de 40 kd. à l'heure.
Aurigmj (angl. Alderney) mesure 6 kil. q. et compte
1.843 hab. Distante de 45 kil. du cap de la Hague, de
96 de la pointe de Porland, elle est flanquée à l'O. par
le dangereux plateau rocheux des Casquets. Une jetée de
4.400 m. abrite sur le littoral septentrional le port de
Braye fortifié par les Anglais, mais dont le brise-lames
résiste mal aux tempêtes. L'de forme un plateau granitique
de 90 m. de hauteur maxima, incliné vers le N., battu
des vents ; les champs y sont séparés par des tas de pierres,
au lieu des haies et des arbres de Guernesey et Jersey.
La pêche est la principale ressource.
Histoire et organisation politique. -- Les des
normandes sont connues depuis la conquête romaine de la
Gaule, et les monuments mégaHthiques. appelés Poifue-
laijes par les insulaires, y abondent. César vint de Cou-
tances à Jersey dont le nom d'Augia fut changé en celui
de Ca^sarea. Au vi^' siècle. Childebert enleva les îles à un
chef saxon et les donna à Févôque de Dol, saint Sampson.
qui les évangélisa. Son œuvre fut continuée par son suc-
cesseur, saint Magloire, lequel fonda un monastère à
Sercq (568) et termhia sa vie à Jersey où il fut enterré.
Prétextât, évêque de Rouen, y fut exilé de 577 à 587.
Le chef normand, Hastings, dévasta l'archipel en 856. Il
fut implicitement englobé dans la concession faiteàRollon
et suivit les destinées du duché de Normandie auquel il
fut annexé en 933, sous le duc Guillaume. Jersey fut
alors divisé en quatre fiefs principaux ou de haubert, eux-
mêmes fort subdivisés. Quand Philippe-Auguste se saisit
de la Normandie, les des restèrent au roi Jean qui, pré-
tendirent plus tard les habitants, leur donna une charte.
Son authenticité est peu probable. Edouard P^* leur ga-
rantit leurs privilèges (4279). Edouard III les confirma en
4344. Une descente française fut tentée en 4343. En
4368, Guernesey fut occupé par des mercenaires espagnols
de Charles V, et Duguesclin assiégea vainement le château
deGorey, chef-lieu de Jersey, qui reçut ensuite le nom de
Montorgued. En 4380,1e pape Pie IX promulgua une bulle
lançant l'anathème contre quiconque molesterait les îles
normandes. Cette bulle fut enregistrée en Angleterre
(4384) et en F'rance (4386) et garantit pour trois siècles
une quasi-neutralité. En 4 460, durant la guerre des Deux-
Roses, Marguerite d'Anjou s'entendit avec le sénéchal de
Normandie pour céder à Maulevrier les îles normandes, en
échange d'un secours pour Henri VI. Une descente eut
lieu dans l'île de Jersey. Montorgueil fut enlevé ^par esca-
lade ; Maulevrier, nommé gouverneur de l'île, y organisa
des états, sur le modèle français, chacune des douze pa-
roisses y déléguait son recteur ou curé (clergé), un con-
nétable (tiers état) ; la noblesse éhsait douze jurés. Mais,
dès 4463, Philippe de Carteret, seigneur de Saint-Ouen,
qui avait résisté à l'O. de l'île, réussit avec l'aide de
l'amiral Harliston à reprendre Montorgued. Jersey fut alors,
malgré la charte de 1494 qui restreignit le pouvoir des
gouverneurs, tyrannisée jus([u'au règne d'Ehsabeth, qui,
par crainte d'une atta([ue française, lui rendit ses Etats,
leur laissant l'administration de l'île. Des calvinistes fran-
çais l'avaient gagnée à la Réforme, et une discipline reli-
gieuse très sévère fut mise en vigueur. L'île de Sercq, où
s'étaient instahés des corsaires français, fut donnée en fief
par la reine à Héher de Carteret (4563), delà famille du-
quel la seigneurie passa aux Le Pelley (4738), puis aux
Collings (4852). Lors de la révolution d '/Angleterre, Guer-
nesey, qui était demeurée calviniste, se déclara pour les
parlementaires, tandis que Jersey, où une réaction dans le
sens de l'épiscopat anghcan avait triomphé en 4649, de-
meurait fidèle au roi; en 4649, Charles II y séjourna cinq
mois. En 4654, Cromwell envoya une flotte qui bombarda
et prit le château de Saint-Pierre-Port, puis Saint- Aubin,
Montorgueil et le F'ort-Elisabeth (de Saint-HéMer) où sir
George Carteret, chef des royalistes, dutserendre. Guillaume
d'Orange aboht en 4689 la neutralité de l'archipel. Le
5 janv. 4784, un coup de main tenté de Saint-Malo sur
Jersey par le baron de Rullecourt échoua ; le fort Régent
fut alors construit au-dessus de Saint-Hélier.
Actuellement, les îles normandes forment dans l'empire
britannique un petit F]tat autonome. Les lois du parlement
de Londres ne leur sont applicables que si leur texte le
dit expressément et si les Etats de Jersey et Guernesey en
autorisent l'enregistrement sur leurs registres (records).
Les habitants ne doivent le service mihtaire que dans l'ar-
chipel. Jersey et Guernesey battent monnaie de cuivre
(pièces d'un et deux sous). La langue française est la
langue officielle, bien que l'anglais l'emporte dans les
villes. Le dialecte parié dans la campagne dérive de celui
du xii^ et du xiii^ siècle; il est plus pur à Sercq.
Le gouvernement de Jersey et celui de Guernesey sont
indépendants l'un de l'autre ; dans chacun des bailHages,
la reine d'Angleterre est représentée par un lieutenant
gouverneur, officier anglais qui commande la garnison, les
milices insulaires, siège aux Etats à droite du bailli; il a
un droit de veto suspensif. Le baifli, chefcivd, est nommé
par la reine, parmi les insulaires. Les Etats de Jersey,
présidés par le badh, comprennent les 42 jurés-justiciers
élus à vie par les contribuables, les 42 recteurs anghcans
des paroisses nommés par la reine, les 42 connétables
(maires) de ces paroisses, élus pour trois ans par les
contribuables de chacune; on y a ajouté, depuis 4856,
44 députés élus pour trois ans par les conti'ibuables
(3 pour Saint-Hélier, 4 pour chaque autre paroisse). L'île
de Jersey se divise en douze paroisses, administrées par
leurs assemblées paroissiales que préside le connétable (élu
pour trois ans), assisté de centeniers et de vingteniers
élus à raison d'un par vingt feux. — La cour royale de
justice est formée des 42 jurés-justiciers présidés par le
iiaifli, assisté du lieutenant-gouverneur. Les affaires crimi-
nelles relèvent à Jersey d'un jury de 24 hommes du voisi-
nage ; 5 voix suffisent pour l'acquittement.
Guernesey se divise en dix paroisses. Les « Etats de
débbération » se composent de 37 membres : bailli nommé
à vie par la reine depuis 4607, de 42 jurés-justiciers, de
8 recteurs de paroisses (les 40 siègent à tour de rôle), du
procureur royal, des 6 députés de la ville de Saint-Pierre,
de 9 députés des autres paroisses. — Les jurés-justiciers,
qui forment sous la présidence du bailli la cour royale,
tribunal civil et criminel sont élus par les Etats d'élection
comprenant en tout 224 membres : le bailli, 12 jurés,
10 recteurs, le procureur, 20 connétables, 16 douzeniers
du Valle, 68 douzeniers de Saint-Pierre, 96 des huit autres
paroisses. En pratique, la cour royale a accaparé le pouvoir
et maintenu le plus possible les vieux abus (peine du fouet,
confiscation). — La seigneurie de Serc([, (jui relève de Guer-
nesey (de même qu'Aurigny), est partagée entre 40 tenan-
ciers, qui l'administrent dans leur assemblée des « chefs-
plaids », présidée par le sénéchal, qui rend la justice au nom
du seigneur, sauf appel à la cour de Guernesey. A. -M . B.
BuiL. : Lecerf, l'Archipel des îles Normandes ; Caen,
1853, iri-8. — Ansted et I.atiiam, The Chunnel islands,
18G5. — Franrois-Victor Hugo, la Normandie hiromuie'^
Paris, 1857. in-8. — Victor Hugo, les TravaÂlleurs d»/ la
mer. — Du inûnio, l'Archipel de la Mancfie, 1883, in-8. —
Au'j: LiicHjn\ Soiwenirs de Jersey. — Joanm;, les Iles a/i-
fjliiises (Guide), 189(5. — Nourv, Géolo(jic de Jerseij ; Paris,
1887. — Charles Li-: Quesnjs, A Consiitidionnal h'istory of
Jersey, 185G. — Duncan. llistory of Guernsey, 18J'2. —
Delacroix, Jersey, ses antuiLÙiés, ses instd.ntio)is...^lHb^).
NORMANDIE. Ancienne province comprise entre la Pi-
cardie àl'E., le Vexin français et l'Ile-de-France, le Perche
et le Maine au S. et la Bretagne à TO. Au N. elle est bai-
gnée par la Manche. Elle a formé, en 1790, cinq départe-
ments : la Seine-Inférieure, l'Eure, le Calvados, l'Orne et la
Mauche. Otte contrée tire son nom des Normands, pirates
norvégiens ou danois, qui s'établirent en Neustrie à la fui
du ix« siècle (V. Neustrie, Normands et Scandinavie).
Histoire. — Période préhistorique. — La Normandie
n'a ])as conservé de traces de la présence des races mag-
dah'Miiennes sur son sol . Les plus anciens vestiges ([ue riiomme
ait laissés dans cette région ne remontent ])as au delà de
l'âge de la pierre polie ; ils sont nombreux surtout dans
les dép. de la Manche, de l'Orne et du Calvados. On en
a trouvé en assez grand nombre à Notro-Dame-de-la-Ga-
renne (Eure), au Mont-de-Cerisy, à Briante (Orne), à
Saint-Cyr-du-Bailleul (Manche), à Cocherel,àYauvray, etc.
(rest également à cette époque de la ])ierre polie que re-
monteut les monuments mégalithiijues : dolmens et monu-
ments funéraires que l'on trouve dans la Manche, dans la
pai'tie occidentale du Calvados, dans l'Orne et dans la par-
lie méridionale de l'Eure (Cf. A. Bertrand, la Gaule avant
les Gaulois).
Période CELTIQUE — Avant l'incorporation de la Gaule
à l'Empire romain, la région, qui porta dans la suite le nom
de Normandie, était habitée parles Calètcs, les Véliocasses,
les Lexoviens, les Aulerques Eburovi({ues, les Sagiens, les
Yiducasses, les Bajocasses, les Unelles, les Abrincates.
Avant l'invasion romaine, le territoire des Calètes et des
Véliocasses, ayant été conquis par les Gallo-Kymris, fut
détaché de la Celtique et incorporé à la Belgique. César
eut vite fait de con(|uérir cette partie de la Gaule. Pendant
qu'il guerroyait contre les Venètes, les Unelles, sous la
conduite de Viridovix, se soulevaient. Les Aulerques Ebu-
rovicfues et les Lexoviens formèrent, avec les Unelles, une
confédération. Trompés par un transfuge, les Gaulois atta-
quèrent le camp de Q. Titurius Sabinus et se firent tuer
en grand nombre. Toutes les cités se donnèrent aussitôt
au lieutenant de César, et le proconsul romain put, au re-
tour d'une expédition contre les Morins et lesMénapiens,
prendre ses quartiers d'hiver chez les Aulerques, les Lexo-
viens et dans les autres cités récemment soumises. En 5^2,
lors du soulèvement général de la Gaule, les ï^buroviques
fournirent un contingent de 3.000 hommes à l'armée de
Yercingétorix.
Période callo-romaine. — Après l'invasion, quand la
domination romaine fut définitivement établie, Auguste rat-
tacha à la Lyonnaise les tribus (pie nous avons nommées,
y compris les deux cités belges, les Calètes et les Vélio-
casses, ((ui furent, dès lors, unies à la Celtique. Plus tard,
sOus Dioclétien, la Lyonnaise fut démembrée en deux pro-
vinces. La U^ Lyonnaise comprit toute la région qui nous
29 — NORMANDES — NORMANDIE
occupe. Rouen en fut la capitale. Enfin, sous Gratien, la
11^ Lyonnaise fut fractionnée en deux parties, dont l'une,
ayant toujours Rouen pour métropole, embrassa à peu près
exactement le territoire qui forma la Normandie. La Po-
llua provinclarum el civitatum Galliœ, rédigée vers
l'an 400, énumère huit cités : la métropole de Rouen, les
cités de Bayeux, d'Avranches, d'Evreux, de Sées, de Li-
sieux et de Cou tances. Il y avait donc eu comme un tas-
sement des anciennes tribus : les Calètes avaient été absor-
bés par les Véliocasses ; les Vi(hicasses par les Bajocasses.
Sous la domination romaine s'élevèrent des bourgs re-
liés entre eux par des routes dont on retrouve de nom-
breuses traces ; il n'est guère de localité où l'on ne ren-
contre des vestiges de l'occupation. Cette région profita
grandement de la paix romaine. Rouen en devint le grand
port maritime. Juliobona (Lillebonne) nous a laissé'd'iin-
portantes ruines : les arènes, de très belles mosaïques et
des objets d'orfèvrerie. Le trésor d'ai'genterie de Bernay
est célèbre parmi les archéologues, et le marbre de Vieux,
appelé aussi marbre de Thoriguy, parce (prila été trouvé
dans cette localité, est un texte épigraphi(pie de première
importance pour l'histoire des assemblées des Gaules sous
l'Empire romain. M. l'abbé Cocliet, au coui's de nombreuses
et fructueuses fouilles, a mis au jour des maisons romaines,
des sépultures gauloises et gallo-romaines.
i.e christianisme ne se répandit que lentement dans cette
région ; l'évangélisation ne commença qu'au iii^ siècle pour
se compléter au vii^ siècle. Saint Nicaise, saint Firmin,
sainte Honorine, saint (]lair, saint Mellon de Rouen prê-
chèrent les premiers la foi nouvelle. Saint Floxel et saint
Wigor évangélisèrent le Bessin ; saint Valéry, saint Wan-
drille, saint Ribert, saint Romain, saint Wulfran exter-
minèrent le paganisme dans la région de hi basse Seine et
le pays de Caux.
Période franque. — Sous les Mérovingiens et les Caro-
hngiens, les cités formèrent des pagi : la cité de Rouen
comprenait 4 pagi : le Roumois {pagus liolojuagemis),
le Vexin (p, Vilcassinus), leCaux(/;. Ca/^h^s) et le Talon
(/}. Tallaus) ; la cité d'Avranches ne formait qu'un pagus,
l'Avranchin (/;. Abrincatinus), qui fut réuni au ix^ siècle
au Cotentin {p. Gonstantùms) ; la cité de Bayeux donna
naissance à ^i pagi : le Bessin (/;. Bajocassinus) aiVOl-
linga Sai'()}ua; la cité d'Evreux, à "i pagi également:
l'Evrecin (p. Ehroicimis) et le pagus Madriacensis ; la
cité de Sées ou Hiémois comprit 3 pagi : p. Sagensis,
p. Corbonensis, p. Oximensis. Corbon fut remplacé
dans le courant du x*^ siècle par Mortagne comme chef-
lieu de pagus; lacitédeLisieux forma leLieuvin (/;. Le.ro-
vinus) et, enfin, la cité de Coutancesou Cotentin fut divisée
en '2 pagi : le pagus Gonslantinus et le pagus Corioval-
lensis, dont la capitale (^oriovallum s'élevait sur l'empla-
cement de (Cherbourg.
Vers la fin du v^ siècle, Rouen et tout le territoire qui
en relevait, c.-à-d. la contrée N.-O. de l'héritage de Clovis,
ht partie de la Neustrie et en suivit les destinées (V. Neus-
trie). Mais dans un remaniement territorial, peu antérieur
au traité de Verdun, le Talou, le Caux, le Roumois et le
Vexin furent détachés de la Neustrie et incorporés dans
la Francia. D'autre part, en 807, \q^ Annales de sainl
Berlin nous apprennent que le Cotentin fut cédé au roi de
Bretagne Salomon par Charles h ('hauve ; le Cotentin en-
globait sans doute déjà l'Avranchin.
Les invasions normandes en Neustrie. La convention de
Saint-Clair-sur-Epte. — Les Normands apparurent de bonne
heure dans la région neustrienne. Dès 843, ils avaient
remonté la Seine au-dessus de Rouen. Les annalistes enre-
gistrent leurs expéditions de 845, ^^Q et 857. Ils étaient
un véritable fléau (pie, par des prières publiques et (pio-
ti(hennes, on chercliait à détourner. Sydroc est le plus
ancien chef des Normands de la Seine (jui nous S()it connu.
En 858, Charles le Chauve et l'empereur Lothaire H l'as-
siègent, ainsi qu'un autre chef de bande, Bjoern Cote-de-
Fer (le Berno des Annales de saint Berlin), dans les îles
NORMy^NDlE
- 30 -
situées en face de Jeu fosse, et, ne pouvant les vaincre, achè-
tent leur départ ; mais ilfaut croire que Sydroc et Bjoern re-
çurent l'argent et ne partirent pas. ou que, s'ils s'éloi-
gnèrent, ils revinrent peu après, car, la même année, les
Normands de la Seine pillent Bayeux et tuent révé(|ue ;
en 859, Noyon etBeauvais, dont l'évcque est tué. En 860,
Charles le Chauve traita avec un autre chef normand étahli
à l'embouchure de la Somme, Weland, qui s'engagea pour
3.000 livres à chasser de Jeufosse ses compatriotes. Weland
reçut 5.000 livres et, en 861, assiégea Jeufosse; mais il
se laissa gagner par les promesses de ceux-ci, et, de con-
cert avec eux, ravagea le pays ([u'il était chargé de pur-
ger d'hôtes incommodes (86 1-62). Charles le Chauve eut
une nouvelle entrevue avec lui, et Weland se fit chrétien.
Le roi franc fit fortifier Pitres (86!2) et le cours de la Seine
(864). Ces défenses furent insutîisantes ; en 865, les Nor-
mands reparurent ; l'année suivante, ils défirent Robert
le Fort et Eudes à Mehm et consentirent à se retirer moyen-
nant4.000 livres. En 876, les Normands occupèrent Rouen ;
le comte Conrad fut chargé de traiter avec eux, ]^]n 88i2
et 885, des bandes ravagèrent de nouveau la région, et
l'un des chefs, Siegfried, attaqua Paris. L'année suivante,
Rollon entrait en scène. Les historiens avaient admis jus-
qu'à nos jours que Rollon était arrivé en Gaule vers 876;
la comparaison attentive de Dudon de Saint-Ouentin et de
l'annaliste de Saint-Waubt oblige à reculer l'apparition de
Rollon jus([u en 886. Le récit de la campagne de 886, ([ui
nous est fourni par les Annales Vedastini. ne contient
aucune mention de Rollon, qui devait être alors un simple
chef en sous-ordre, (iuoi qu'il en soit, entre 890 et 89"2,
Rollon dirige personnellement une expédition contreBayeux,
qui avait déjà victorieusement résisté au Normand Bothon
(le comte Bérenger avait même fait prisonnier Bothon).
Rollon prit et détruisit la ville. Au nombre des captifs
que Rollon emmenait avec lui, se trouvait la fille du comte
Rérenger, Poppa, que le chef nornioand épousa more da-
nico. Au retour de cette expédition, Rollon pilla Lisieux,
vint assiéger Paris (892). H fit ravager l'Evrecin à cette
même époque, alla peut-être lui-même dévaster le S. de
l'Angleterre, puis la Lorraine, et, de retour à Rouen, il
conclut une trêve avec ses voisins. Cette trêve, s'il faut en
croire Dudon, fut rompue par ceux-là mêmes qui avaient
le plus d'intérêt à la respecter. Les pillages recommen-
cèrent. Rollon partit de Rouen (vers 911) pour assiéger
Chartres, mais il fut battu devant cette ville par Raoul de
Bourgogne et Robert de Paris. Cette défaite ne semble pas
l'avoir arrêté. On ne s'expliquerait pas autrement que les
habitants eux-mêmes eussent attendu la défaite des Nor-
mands pour demander au roi qu'on donnât la Neustrie à
Rollon, et que Charles le Simple, accueillant cette demande,
eût envoyé à Rollon l'archevêque do Rouen, Francon, pour
conclure la paix définitive. li ressort en toute évidence de
ce qui précède que les Normands étaient établis comme à
demeure sur la Seine inférieure ; cela nous est confirmé
par ce fait que, vers l'an 900, l'archevêque de Rouen,
Witto, demanda à rarchevê([ue de Reims des conseils pour
convertir les hommes du Nord. La célèbre convention de
Saint-Clair-sur-]^]pte ne fit donc (|ue sanctioinier une prise
de possession déjà accom])lie.
Il n'y a pas eu, comme il seu)ble, de traité, c.-à-d.
d'instrument écrit, rédigé après des conférences et signé
par les parties contractantes. R n'y eut, à Saint-Chiir-s'ur-
Epte, qu'une entrevue suivie de conventions verbales. Aussi
les historiens ne s'accordent-ils pas sur la nature et l'im-
portance des concessions faites par Charles le Simple. L'opi-
juon la plus vraisemblable est qu'en 911 le territoire con-
cédé par Charles le Simple à Rollon ne comprenait que le
Talou, le Caux, le Roumois, la partie du Yexin située sur
la rive droite de l'Epte. leLieuvin etTINrecin. Rollon obtint
aussi des terres à ])iller en Bretagne, s'il faut en croire
Dudon de Saint-(Juentin ; ces terres ne pouvaient être (|ue
FAvranchin et le Cotentin, peut-être aussi le Bessin. Enfin,
Dudon raconte que, par la convention de Saint-Clair-sur-
l^^pte, Rollon et Charles conclurent une alliance qui fut con-
sacrée par le mariage de Rollon et de Cisela, fille du roi
de France. Mais, en 911, Cisela ne pouvait avoir que trois
ou quatre ans, et tout semble indiquer que ce n'est là qu'une
légende inventée postérieurement.
La Normandie sous les princes normands. — lia lion ne
nous est pas connu avant son arrivée dans notre pays.
Tout ce qu'on a dit sur son origine et celle de ses compa-
gnons est hypothétique : les preuves en faveur de l'origine
danoise sont aussi nombreuses et aussi peu convaincantes
(fue celles données en faveur de l'origine norvégienne.
Rollon se fit baptiser avec beaucoup de ses compagnons.
R partagea les terres qui lui avaient été concédées' entre
ses fidèles, probablement au sort ; donna à ses sujets des
lois; fil des largesses aux églises et aux couvents, moins
peut-être poussé par la piété que par le désir de se faire
un allié du clergé qu'il savait puissant. Les Normands
importèrent dans la région qu'ils occupèrent une organi-
sation féodale avant la lettre. Le duc continua de gou-
verner avec le concours des chefs de bande. Rollon resta
fidèle à ralliance carofingienne. En 918, il combat les
Normands de la Loire, mais il ne se mêle pas aux guerres
civiles jusqu'en 923. Une brouille survint à cette époque
entre Rollon et Charles le Simple ; néanmoins, le duc nor-
mand refusa à Hugues le Grand d'entrer dans une révolte
contre le roi. En 923, il prit parti pour Charles le Simple.
Après la mort de l'antiroi Robert, à Soissons, les grands
avaient donné la couronne à Raoul de Bourgogne. Charles
le Simple appela à son secours les Normands de la Loire.
Ceux-ci, conduits par Ragnold, furent renforcés par les
contingents de Rollon. Ragnold échoua en Ponthieu et en
Artois ; il pilla le Beauvaisis. Cette campagne malheureuse
eut pour conséquence l'envahissement par le roi Raoul des
territoires de Rollon. Celui-ci demanda, sans doute en
dédommagement des dégâts commis dans ses Etats, des
terres ull]-a Sequanani. A la paix qui fut signée en 924,
Rollon obtint le Bessin et le pays manceau (Flodoard). Le
Bessin, qui avait probablement été pillé par Rollon, (|ui
était, d'autre }>art, le refuge des Normands restés fidèles
aux coutumes et à la foi de leur pays d'origine et sans
cesse grossis par Tan'ivée de nouveaux barbares, chercha
à se soustraire à cette domination. ¥a\ 925, Rollon, ayant
déchiré le traité conclu avec Raoul, s'était jeté sur le
Beauvaisis et l'Amiénois. Les gens du Bessin ravagèrent
les terres normandes situées sur la rive gauche de la
Seine, pendant que Hugues le Grand, vainqueur à Noyon,
envahissait de son côté la Normandie et que Helgaud,
Ariioul de Flandre et Herbert de Vermandois ravageaient
un pays récemment occupé sur la rive droite (leVimeu?).
La situation de Rollon était désespérée quand Hugues le
Grand passa avec lui un traité de JUHilralité. Rollon re-
poussa ses adversaires jusque sous Arras où il les vain-
(piit (926). Cetie victoire des Normands et Finvasion hon-
groise de 926 obligèrent le roi Raoul à signer la paix.
Rollon reçut un tribut que l'on préleva sur la France et
sur la Rourgogne, et on lui donna en otage le fils d'Her-
bert de Vermandois, Eudes. Il n'en resta pas moins le
parlisan fidèle de Charles le Simple. En 927, il associa
son fils aillé Guillaume au gouvernement de son duché, et
Guillaume alla au château d'Eu prêter hommage à Charles
que Herbert venait de relâcher; l'année suivante, Rollon
refusait de rendre lAides à son père tant que le comte de
Vermandoib et ses partisans u'auraicnl pas juré fidélité au
roi carolingien.
Rollon mourut plein de jours vers 931 . En appelant
son fils à gouverner dés 927, non pas, comme le dit
Dudon de Saint-Quentin, à la demande des seigneurs, mais
de sa propre initiative, comme le veut Guillaume de Ju-
mièges, Rollon avait inauguré une pratique dont les rois
capéliens se serviront pour faire triom[)her le principe
héréditaire sur le principe électif que le duc normand,
tout voisin encore de ses origines Scandinaves, pouvait
moins que tout autre attaquer de front. Ses successeurs
— 34
NORMANDIE
l'imiteront. Cette pratique était d'autant plus nécessaire
que les ducs normands n'eurent pas, comme les Capétiens,
la chance de perpétuer leur race légitime. Le mariage
more danico assura l'hérédité dans la famille de Kollon.
Guillaume Longiie-Epi'e, '^^ duc de Normandie
(927-931-942), était (ils de Ilolion et de Poppa, par con-
séquent un bâtard. Il naquit probablement à Rouen. Le
règne de Guillaume est marqué par des événements con-
sidérables. Dès 931, les comtes bretons, Alain etRérenger,
chassant devant elix les Normands de la Loire, s'avan-
cèrent jusque dans le Dessin. Guillaume se porta à leur
rencontre, prit Avranches et Goutances, franchit le Coues-
non, força Rérenger à se soumettre et Alain à se réfugier
auprès du roi d'Angleterre, Athelstan (932). Guillaume
prit, d'après Flodoard, une concubina britaniiica ;
Guillaume de Jumièges dit qu'il épousa Sprota more da-
nico. Cette guerre est présentée le plus souvent comme
une révolte des comtés bretons contre la domination nor-
mande ; c'est une erreur. Cette ex])édition fut une véri-
table guerre de conquôlc, comme le prouve l'événement
de l'année 933. En celte année, Guillaume contracta
alliance avec Hugues le Grandet Herbert de Vermandois ;
il prêta hommage au roi de France, Raoul, (pii lui con-
firma la conquête effectuée l'année précédente, la terram
Brittonum in ora )nariti))ia sitam, c.-à-d. l'Avranchin
et le Cotentin.
La politi(pie d'alliance française adoptée par le duc
normand eut pour conséquence une révolte dans laquelle
s'affirmèrent les instincts aristocratiques des Scandinaves.
Les Normands, encore païens, du Dessin et du Cotentin,
craignirent que leur duc ne devint trop puissant ; ils lui
reprochèrent de n'être plus un pur Scandinave, de se
montrer trop favorable aux Français. Il se forma une
sorte de parti contre l'étranger. Sur les conseils d'unjarl
(noble) nommé Riulf, ils exigèrent que le duc se dépouillât
de tout le pays à l'O. de la Risle : de la sorte, disaient-
ils, « nous l'égalerons en puissance, il ne nous sera supé-
rieur que de nom » (potentiores co erimus fortuna, ille
tantum nobis nomine) . GuillaunK* rejeta leurs demandes;
ils envahirent le Roumois et le Vexin et marchèrent sur
Rouen. Guillaume, abandonné pres(|ue totalement, offrit
ce qu'on lui avait demandé. Riulf lui ht répondre de s'en
ail >r avec ses partisans chez les Français ses parents
{petatque Francos suos parentes citim). Guillaume
tojiba à l'improviste sur les rebelles et les mit en déroute.
En réprimant la révolte de Riulf, Guillaume assurait le
triomphe de la monarchie ducale sur l'aristocratie. Le
même jour, à Dayeux, dil-on, Sprota donnait un héritier
de cette monarchie à Guillaume, Richard,
Guillaume consolidait ses alliances ])ar des mariages.
Il épousait une iille d'Herbert de Vermandois, Leulgarde,
et mariait sa so'ur Gerloc au 'comte de Poitou, Guillaume
Tète-d'Etou|)e. Sur ces entrefaites. Raoul de Rourgogne
mourut. Guillaume dut prendre part au, rappel de Louis IV
d'Outremer, car, en 936, il est un des premiers à lui
prêter hommage à Doulogne. En 939, Guillaume suivit
Hugues le Grand dans sa révolte contre l^ouis IV, et
l'accompagna en Lorraine, où ils portèrent leur hommage
à Otton de Lorraine. Les évèques de Tentourage du roi
excommunièrent le duc de Normandie. Louis IV, ayant
fait une trêve avec Hugues le Grand, s'apprêta à tourner
ses forces contre Guillaume; celui-ci demanda la paix.
Dans une entrevue en Amiénois, Louis IV lui renouvela
rinrestiture de la Normandie (94()). Mais à la fm de cette
même année 940, Hugues, Guillaume et Herbert de Ver-
mandois s'emparèrent de Reims et mirent le siège devant
Laon que Louis IV secourut à temps. La paix fut signée.
Guillaume semble avoir été sincère en cette circonstance;
il s'est rapproché de Louis IV, lui a ménagé avec l'empe-
reur Henri l'Oiseleur une entrevue au cours de laquelle
fut décidé le mariage de Louis IV et de Herberge, fille
de Henri. Il est même le parrain du tils de Louis IV, Lo-
thaire. Et cependant, en 941, Guillaume a une entrevue
avec Hugues le Grand, Arnoul de Flandre et Herbert de
Vermandois, et, vers Noël, Herbert va trouver Otton.
Guillaume ne resta pas fidèle aux engagements pris dans
cette entrevue ; il se laissa gagner par Louis IV, qui vint
le trouver à Rouen. « Wiïlelmus, dit Flodoard, regeni
Ludovicum regaliter in liothomo suscepil. » Le comte
deRretagne, Alain Darbetorte, qui, en 938, avait secoué le
joug normand, le comte de Rennes, Rérenger et Guillaume
Tête-d'Etoupe vim'cnt se joindre à eux. Hugues, Herbert
et Otton campèrent sur les bords de l'Oise où les deux
armées se trouvèrent en présence. Une trêve de deux mois
fut conclue, vers le 15 sept. 942, et la paix générale
signée à la fin de cette a/mée qui devait voir la mort tî'a-
gique de Guillaume. Arnoul, comte de Flandre, avait mis
la main sur le château de Montreuil. Le comte Herluin,
dépossédé, invo(|ua le secours du duc de Normandie, qui
le rétablit dans son bien et reçut pour prix de ce service
sou hommage. Le comte de Flandre attira Guillaume à
une entrevue (peut-être à Picquigny) et le fit assassiner
le 17 déc. 942 (et non le 16 janv. 943).
Guillaume avait, peu de temps avant de mourir, con-
vo([Ué les grands de Normandie à Rayeux et fait recon-
naître comme son héritier son fils âgé de dix ans à peine.
liichard t'^ sans Peur, 3^ duc de Normandie (942-
996), failUt perdre son duché. Louis IV, après l'assas-
sinat de Guillaume, était venu à Rouen ; il avait donné
l'investiture à Richard et reçu l'hommage d'une partie des
seigneurs. D'autres Noi'mands avaient reconnu Hugues le
Grand pour leur suzerain. Mais, en 943, des Scandinaves
païens, sous la conduite de Setric, débarquèrent en Nor-
mandie et ramenèi'ent beaucoup d'habitants au paganisme.
L'uu de ces renégats, Turmod, essaya d'arracher le jeune
duc au christianisme. Hugues le Grand avait vaincu ces
barbares et occupé Evreux. Louis IV les anéantit sous
Rouen. Il rêva de réunir la Normandie à la couronne ;
ayant fait conduire Richard à Laon, il l'y retint dans une
demi-captivité. Il s'entendit avec Hugues le Grand à l'en-
trevue de la Croix, prés Compiègne. pour occuper mili-
taii'emont le duché, et le chargea de prendre Rayeux.
Mais, peu après, trompé par le vieux Rernard le Danois,
qui lui déclara <|ue les Normands du Dessin le préféraient
à Hugues pour suzerain, craignant aussi sans doute de
rendre trop puissant son redoutable allié, il ordonna à
celui-ci de lever le siège de Rayeux. Hugues obéit et
Louis [V ht son entrée à Rayeux, à I>reux et à Rouen (944).
Il crut pouvoir s'éloigner. Mais à ce moment arrivait une
flotte Scandinave qui séjourna près d'un an à Cherbourg.
Rernard le Danois avait envoyé, au nom du duc Richard,
une ambassade au roi de Danemark, Harold à la Dent
bleue (consanguineus et propinquus dncis Richardi).
l'ji 9i'3, Harold, pénétrant dans la Dive, débarqua à
Varaville. Louis IV était alors occu])é au siège de Reims ;
il revint à Rouen. Il eut une entrevue avec Hagrold, qui
commandait à Rayeux et qui le somma de rendre la Nor-
mandie à Richard. L'escorte du roi fut massacrée (13 juil.
945) ; ses troupes furent défaites à Varaville. Il s'enfuit
et gagna Rouen avec un Normand hdèle ; mais à Rouen
il fut fait prisonnier par des Normands qu'il croyait ses
partisans. Il n'obtint sa liberté qu'en signant avec Richard
sans Peur, qui s'était enfui de Laon, le traité de Gerberoy
(appelé aussi le deuxième traité de Saint-Clair-sur-Epte).
Louis IV reconnaissait les conquêtes successives faites par
les Normands. Le jeune Richard lui prêtait hommage,
mais le duc de Normandie n'était teini à aucun service
militaire envers son b'uzerain ; peut-être même fut-il auto-
risé à paraître devant le roi désarmé, l'épée au côté. Selon
le mot de Dudon de Saint-(^)uentin, depuis ce traité, le
duc était roi m "Sovnmndie {tenet sieiit rex monarchia)n
Nortkmanniœ regionis). Hugues le Grand, qui n'avait
pas pardonné au roi l'affaire de Bayeux, fit alliance avec
Richard et célébra les hançailles du duc de Normandie
avec sa fille Emma. Le mariage n'eut lieu qu'en 958, deux
ans après la mort de Hugues le Grand. Louis IV répondit
NORMANDIE
82 —
à cette alliance en faisant appel à Otton de Germanie
auqnel il abandonna ses droits sur la Lorraine. Otton,
Louis IV, Tarchevèque de Reims Artautl, Arnoul de
Flandre, Conrad le Pacifique, roi de Bourgogne transju-
rane, attaquèrent les Etats de Hugues, passèrent la Seine
et marchèrent sur Rouen. Leur avant-garde fut détruite
dans le bois de Maupertuis ; ils assiégèrent Rouen et se
retirèrent à l'approche de l'hiver (946). Dès lors, la
Normandie vécut en paix jus(ju"à \i\ mort de Louis IV
(10 sept. 954).
Le jeune roi Lothaire, ou, mieux, sa mère Herl)erge,
attaqua la Normandie avec l'aide de Thibaut le Tricheur,
comte de Chartres, Tours et Blois, qui avait épousé la
veuve de Guillaume Longue-Epée. Une première tentative
sur l'Aulne échoua ; une seconde sur Evreux réussit.
Thil)aut marcha alors sur Rouen pendant que Richard de
son côté ravageait le pays chartrain. Celui-ci rentra pré-
cipitamment dans sa capitale, poursuivit son ad\ersaire
vaincu jusque dans (Chartres (|u'il brûla (vers 96i2). Thi-
luiut forma contre Richard une coalition dans laquelle
entrèrent le roi et le comte du Perche et de Rellème.
Richard envoya une ambassade à llarold k la Dent bleue.
La flotte Scandinave remonta la Seine jus(|u'à Jeufosse ;
les Danois se jetèrent sur le pays chartrain et tirent de
tels ravages que, selon la forte expression de Guillaume
de Jumièges, on n'entendait plus un chien aboyer {Fit
lactus (»}inù(}}i 1)1 couDinoie, nuUo cane, per comila-
tuin Tedhaldi, latmnte. ?i(S^). La paix fut négociée au
noui de Thibaut par Tévèiue de Chartres : Tlùbaut ren-
dait Evreux. Le roi ne déposa les armes qu'en 969.
Pour la seconde fois, sous ce règfie, la Normandie jouit
d'une longue tranquillité, peiidant laquelle le duc assura
à l'intérieur la bonne administration de ses Etats, comme
en témoigne l'aifaire du sénéchal Raoul Torte, « cet oppres-
seur du peuple et do l'Eglise », qui fut mis à mort ;
s'eft'orça de réparer les maux de la guerre en restaurant
et reconstruisant les églises. A l'extérieur, Kichard joua
le rôle de médiateur et d'arbitre. En 956, Hugues le
Grand lui a confié en mourant son jeune fils. Quand
celui-ci, Hugues Capet, fut élu roi, le comte de Flandre
refusa de le reconnaître; Richard les accorda. Il intervint
avec autant de succès entre Hugues Capet et Herbert II
de Vermandois.
Richard sans Peur tomba malade à Bayeux ; il se fit
transporter à Fécamp. Il y convoijua les grands et leur
présenta son fils Richard H pour qu'ils l'acceptassent
comme son successeur, (^clui-ci était, comme ses ])rédé-
cesseurs, un hls naturel. De son mariage asec lùiima,
Richard P^' n'eut ])as d'enfant. De sa femme }iiore danico,
(fOimor, il eut six enfants : Hichard, lioherl, archevè(pie
de Rouen, comte d'E^reux; Manger, comte de (.orbeil,
([ui fut le ])ère de Guillaume, comte de Mortain ; Emma,
(pii épousa Ethelred, roi d'Angleterre; Hedumje, (pii fut
duchesse de Bretagne par son mariage avec Geoffroi, et
Malhilde, qui devint comtesse de Chartres, Tours et Blois
par son mariage avec le hls de Thibaut le Tricheur,
Eudes IL H avait eu des enfants d'autres femmes, entre
autres Guillaume, comte d'Exmes.
llichard il le Bon, ¥ duc de Normandie (996-
lO'^ô), vit son règne commencer par une tragédie. Guil-
laume de Jumièges rappoi'te (ju'en l'année 996 les
paysans formèrent une véritable fédération pour vivre à
leur guise, c.-à-d. pour écha]q)er à la tyrannie toute
féodale des seigneurs normands. Ils eurent la simplicité
de croire qu'ils pourraient atteindre leur but sans vio-
lence. Ils envoyèrent des députés auprès du duc. Les
envoyés eurent les j)ieds et les mains coupés. L'oncle ma-
ternel du roi, Raoul d'Ivry. ré])rima avec une sauvagerie
inouïe ce mouvement social ])acifi(jue. Il fut aussi chargé
de réduire à Tobéissance un frère consanguin du duc,
Guillaume, comte d'I^xmes, (pu avait refusé Lhommage.
Guillaume, fait prisonnier dans sa capitale, obtint son
pardon après cinq ans de captivité et devint comte d'Eu.
Ses partisans eurent les yeux crevés ; leurs biens furent
confisqués. — Après avoir rétabli l'ordre dans ses Etats,
Richard II reprit la politique d'alliance capétienne qui
avait si bien réussi à son père. C'est en vertu de cette
alliance qu'il intervint dans l'affaire de Melun et dans celle
de Bourgogne. Le comte de Chartres, Eudes II, s'était
emparé du château de Melun, appartenant à Bouchard le
Vénérable. Il refusa de rendre cette place à la requête du
roi. Ro])ert solHcita l'aide de Richard II et Melun fut
repris (999). A la mort de Henri le Grand, son beau-fils,
Otte -Guillaume, comte de Màcon, mit la main sur le
duché de Bourgogne (V. Bourgogne). Robert le Pieux,
qui avait des droits à la succession, essaya, avec le con-
cours de Richard, de faire valoir ces droits à la pointe de
ré])ée. En 1003, les deux alHés assiégèi-ent Auxerre, sans
succès. Pour venger cet échec, ils ravagèrent la Bourgogne
jus(pi'à la Saône.
La politique de fauiille vint seule troubler la paix du
duché. La Normandie fut en effet menacée d'une guerre
par Ethelred, beau-frère de Richard IL La cause du malen-
tendu est mal conruie ; on sait seulement que Richard ht
des reproches au roi d'Angleterre au sujet d'Emma.
Ethelred arma une flotte. Le débarquement eut lieu près
de Coutances. Les gens du Cotentin s'armèrent et reje-
tèrent à la mer le corps de débarquement. Quelques
aimées plus tard, ce même Ethelred, chassé de son
royaume par Swein le Danois, se réfugiait avec toute sa
famille en Normandie. En 104 4 ou j015, une autre so'ur
de Richard, Mathilde, mourut sans enfants. Elle avait eu
en dot une partie du comté de Dreux. Son mari, Eudes H
de Chai'tres, refusa de rendi'e la dot. Richard assiégea
Dreux et ht bâtir sur la frontière Tillières. Eudes' II,
s' étant allié à Hugues, comte du Mans, et à Galei'aii,
comte de Meulan, pilla les terres de Richard qui appela
à son secours les deux chefs Scandinaves, Olaf de Nor-
vège et Locman. L'arrivée des Scandinaves fit signer la
paix. Eudes rendit à Richard la dot de Mathilde, moins
Dreux (|u'il remit au roi de France. Les Scandinaves,
bien payés, se retirèrent, non sans avoir massacré Olaf,
qui avait été comerti au christianisme par l'archevèfpie
de Rouen, Robert. Enfin, en 1025, le comte de Chalon,
Hugues, ayant fait prisonnier le comte de Nevers, Renaud,
(pii avait épousé une fille de Richard il, Alice, eut à sou-
tenir une guerre avec la Normandie. Il vint, à Rouen, la
selle au cou, demander personnellement pardon au duc de
l'offense faite à Renaud (pii fut remis en liberté.
Jamais la ])uissance des ducs normands ne fut plus
grande. VA cependant le duc de .Xormaiidie était un ])er-
sonnage à demi ecclésiasti(iue comme son cont(Mnporain
Robert H; il fil de larges disti'ibutioiis aux églises, aux
pèlerins. 11 avait, en j008, épousé Judith de Bretagne;
il en eut deux hls : IHchard et liobert, (pii tous deux
montèrent sur le tnine ducal. Il mourut à Fécamp en 1026
après avoir fait reconnaître comme son successeur Richard
et donné à Robert le comté d'MKiues.
Le court règne de likhard Uî, 5° duc de Nor-
mandie (1026-27), est ensanglanté par la révolte de Robert
d'Exmes. Robert refuse à son frère l'hommage et se réfugie
dans le cbàleau de Falaise. Assiégé par Richard Hletpar
le comte d'Alençon. (iuillaume, il fut forcé de s'amender;
il obtint son pardon. Mais à ])eine Richard était-il de
retour à Rouen qu'il mourait ])res(pie subitement (3févr.
i027). On accusa Robej-t de Lavoir fait empoisonner,
mais les preuves manquent comme elles mancpient contre
Hugues du Mans sur lequel on a fait également peser des
soupçons. Richard III laissait un hls naturel, Nicolas, (\m
devint plus tard abbé de Saiut-Ouen.
Uobert l'^ le Diable, le Magnifique ou encore le Libc-
ral était (Lune rudesse de caractère et crune prodigalité
(|ui ont fraj)])é ses contemporains. H était aussi, dit Guil-
laume de Jumièges, « de mœurs féroces aux ennemis ».
L'avènement de Robert fut le signal d'une révolte des
grands. Au nombre de ceux-ci, étaient : l'archevêque de
Rouen, Robert, oncle du roi; l'évèque de Rayeux, Hugues,
son cousin ; Guillaume Talvas, comte d'Alençon et de
Rcllême ; Alain, duc de Rretagne, qui avait prêté liom-
lîiage à Richard 11 en 1003. L'archevêque, assiégé dans
Evreux, réussit à s'enfuir en France d'où il excommunia
le dnc et mit le duché en interdit. Peu après, il se récon-
cilia avec son neveu. L'évêijue de Rayeux fut assiégé dans
son château d'Ivry et fut reçu à composition. Guillaume
Talvas, qui aNait refusé de prêter hommage, défia Robert
dans sa ville de Domfront, perchée sur une hauteur quil
croyait inaccessible. Robert le Diable le força à venir
une selle sur les épaules demander merci et faire hom-
mage. Les fils de Guillaume tinrent la campagne ; ils
furent vaincus dans la forêt de Rallon. A la mort du comte
d'Alençon, son fds, Robert de Rellême, à son tour, refusa
l'hommage à Robert le Diable ; il mourut dans une expé-
dition contre le comte du Maine, Herbert Eveille-Chien.
Son frèi'e et successeur, Guillaume IH Talvas, se soumit.
Enfin conire Alain de Rretagne, Robert construisit sur le
(^ouesnon la forteresse de Carrouges (auj. Pontorson),
mais il ne put poursuivre de ce côté ses succès parce
qu'alors il avait soulevé la question de succession d'An-
gleterre. Robert, qui avait épousé une sœur de Knut le
Grand, avait à sa cour les enfants d'EthelrecL Alfred et
Edouard. Il envoya une ambassade au roi d'Angleterre
pour l'engager à restituer à ses protégés leur patrimoine.
Knut ayant congédié les am})assadeurs normands « sans
bojnie réponse », Robert réunit une flotte à Fécamppour
rétablir Alfred et Edouard. Sa flotte fut dispersée par la
tempête et la plupart de ses navires furent rejetés à Guer-
nesey. Robert se retourna alors contre la Rretagne. Alain
invoqua la médiation de l'archevêque de Rouen, son oncle.
La paix fut conclue. Alain reconnut la suzeraineté de
Robert le Diable (1030).
Ayant ainsi assuré son autorité dans ses Etats, Robert 1^'"
intervint dans les affaires de ses voisins, en France et en
Flandre. En France, à la mort de Robert le Pieux, se
forma contre Henri P^' une véritable coalition dans laquelle
entrèrent le frère du roi, Robert, sa mère Constance,
Eudes, comte de Champagne, et le comte de Flandre,
Raudouin IV le Rarbu. Henri P'' vint à Fécamp implorer
l'aide de Robert le Diable ; grâce au duc de Normandie
et au comte de Corbeil, Henri triompha de ses adver-
saires. Robert le Diable reçut, pour prix de ce service,
Pontoise, Chaumont-en-Vexin et tout le Vexin français
(1031). En Flandre, Robert fut appelé par Raudouin IV
contre son fils, Raudouin de Lille, qui l'avait chassé de
son comté, et il le rétablit dans son autorité.
En 1033, la famine et la peste désolèrent la Norman-
die, lies malheurs publics poussèrent probablement Robert
le Diable à entreprendre pour la rémission de ses péchés
un pèlerinage à Jérusalem. Avant de partir, il assura sa
succession à son fils naturel Guillaume qu'il plaça sous la
protection du roi de France. Il mourut au retour de Jéru-
salem à Nicée en i035.
(kiillaumell le Bâtard, le Grand, le Conquérant ou
encore le Triomphant, naquit à Falaise, très probable-
ment en i027, alors que son père n'était pas encore duc
de Normandie, de Robert le Diable et d'Ariette (ou mieux
Herleva), fille d'un tanneur, Fulbert. La tradition anglaise
qui rattache Herleva à la maison royale d'Angleterre est
invraisemblable. Les seigneurs normands ne firent aucune
diificulté pour reconnaître Guillaume, issu, comme Guil-
laume Longue-Epée, Richard I^'" et Richard H, d'un ma-
riage more danico. Ce n'est donc pas la bâtardise de
Guillaume qui est la cause des troubles qui éclatèrent en
Normandie à la mort de Robert le Diable. Les seigneurs
semblent avoir voulu mettre à profit la minorité de Guil-
laume pour ressaisir un peu de leur indépendance perdue.
La Normandie fut alors ensanglantée par des haines de
famille et des rivalités d'ambition au milieu desquelles la
vie du jeune duc fut souvent en danger. Les Montgom-
mery, les Talvas de Rellême, et surtout Roger de Toeni
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
33 — NORMANDIE
se distinguèrent par leurs crimes épouvantables. Le peuple,
qui est accablé de maux, est la victime des guerres pri-
vées. Une révolte de paysans, ([ui nous est d'ailleurs mal
connue, éclate à ce moment ; un homme du peuple, Rre-
ton de naissance, î']rmenald, qui s'intitule le champion
des opprimés, se met à la tête de bandes armées, bataille
plusieurs fois avec succès et finit après maintes prouesses
par être tué. Les chroniqueurs n'ont pas jugé bon de nous
renseigner sur le héros de cet épisode ; l'un d'eux se con-
tente de nous dire qu'il s'était donné au diable. Pour arrê-
ter les troubles, l'Eglise se décida à intervenir ; en 1042,
un concile tenu à Caen décréta la trêve de Dieu. Le
connétable Raoul de Gacé rétablit l'ordre.
(^hiand, en 1047, Guillaume prétendit régner par lui-
même, la Normandie fut de nouveau profondément agitée.
L'attitude du roi de France, Henri P^\futle signal d'une
nouvelle révolte contre le duc normand. Henri exigea qu'on
lui remit le fort de Tillières qui était devenu, par la ces-
sion de Dreux, forteresse frontière des possessions fran-
çaises. Guillaume le fit raser avant de s'en dessaisir.
Henri P^' se vengea en ravageant l'Hiémois. Ce fut le mo-
ment choisi par les rebelles de Normandie pour entrer en
campagne. Personne ne bougea dans la partie de la
Neustrie cédée à Rollon par Charles le Simple ; mais dans
le Ressin et le Otentin, la noblesse soulevée prétendit
renverser Guillaume et mettre à sa place son cousin Guy
de Rourgogne, fils de Renaud de Nevers et d'Alice, qui
avait reçu de son oncle Robert le Diable les deux fiefs
considérables de Vernon et de Rrionne. Les chefs des re-
belles étaient : Néel de Saint-Sauveur, \icomte du Coten-
tin; Renaud, vicomte du Ressin; Aymon, seigneur de Tho-
l'igny, etGrimoultduPlessis. Le complot tramé dans l'ombre
à Rayeux fut dénoncé à Guillaume qui résidait alors à
Valognes, en plein pays ennemi. Le duc gagna Falaise,
puis Rouen. Enfin, il alla, sur les conseils de l'archevêque
de Rouen, demander à llejui L^^' son appui. Promis ad
pedes Henrici régis, ut ah eo contra malefldos pro-
ceres et cognatos petivit (Orderic Vital). Henri n'osa
refuser. Les deux armées de Henri P'^' et de Guillaume dé-
firent l'armée rebelle au Val des Dunes, à quelques heures
de Caen, grâce surtout à la défection d'un des principaux
révoltés, Raoul Taisson de la Roche. Néel et Renaud s'en-
fuirent en Rretagne ; Aymon fut tué ; Grimoult, fait pri-
sonnier. Guy de Rourgogne, assiégé dans Rrionne, se sauva
en Rourgogne. Les plus coupables des rebelles eurent la
tête tranchée ou furent mutilés. Leurs châteaux furent
démolis (1047). L'année suivante (1048), Guillaume ren-
dit à Henri P^ l'assistance que celui-ci lui avait prêtée
dans cette circonstance difficile. Henri P^', en guerre contre
G eoff'roi Martel, comte d'Anjou (V. Anjou), fut secouru par
le duc de Normandie et dut à ce concours la victoire.
Mais cette expédition attira sur la Normandie les repré-
sailles du comte d'Anjou. G eoff'roi Martel abandonna HeiuM 1'-^
pour se venger de Guillaume: il s'empara d'Alençon, de
Domfront et de tout le Passais normand. Guillaume lui
reprit Alençon, fit couper les mains et les pieds aux dé-
fenseurs de la place parce qu'ils avaient frappé sur des
peaux en criant: La pel ! la pel! par allusion moqueuse
à la profession de Fulbert. H investit Domfront que Geof-
froi Martel n'osa secourir. Pendant ce temps, Néel de
Saint-Sauveur défaisait les Angevins sous Angers et ren-
trait ainsi en grâce auprès de Guillaume.
L'alliance de la Normandie et de la France touchait à
sa fin. Le roi Henri comprit quels dangers faisait courir
à sa couronne la puissance des ducs normands. Il semble
que ce soit le projet de mariage de Guillaume et de Ma-
thilde, fille de Raudouin V de Flandi'e, qui lui ait ouvert
les yeux. Dès 1051, en eff'et, Henri appuya, sans se dé-
couvrir, un nouveau compétiteur à la couronne ducale,
Guillaume Busas, comte d'Eu et deMontreuil, descendant
de Richard P^', dont les plus chauds partisans étaient des
parents de Guillaume, ses deux oncles : Manger, arche-
vêque de Rouen, et le comte d'Arqués, Guillaume. Le chà-
3
NORMANDIE
— 34 —
teau d'Arqués, forteresse quasi imprenable, servit de base
d'opérations aux rebelles. Guillaume le Bâtard accourut
du fond du Cotentin, tailla en pièces une armée française
à Saint- Aubin, prit Arques que Henri P^' avait refusé de
secourir. Le prétendant trouva asile à la cour capétienne
et devint duc de Soissons. Peut-être l'archevêque de Rouen
fut-il encore l'agent de Henri 1^^" dans la question du ma-
riage llamand au({uel le roi de France dut nécessairement
s'opposer. Matliilde descendait par sa mère de Richard II.
Le pape Léon IX (et non Nicolas il, comme il est dit à
Fart. Guillaume le Conquérant) vit dans la parenté des
deux futurs conjoints un empêchement canonique et s'op-
posa au mariage. Guillaume passa outre, malgré Lanfranc.
L'archevêque Manger excommunia le duc et la duchesse.
Guillaume brisa cette nouvelle résistance ; il fit déposer
Manger par un concile tenu à Lisieux. Le pape céda à
condition que Guillaume et Mathilde bâtiraient chacun une
abbaye. Le mariage fut alors célébré en grande pompe
dans la cathédrale de Rouen. C'est à cette transaction qu'on
doit l'Abbaye aux Hommes et l'Abbaye aux Dames, à Caen.
Dès lors, Henri I^^' passa ouvertement dans le camp des
ennemis de Guillaume et s'allia à son adversaire de la
veille, Geo|froi Martel. La Normandie fut envahie par deux
armées à 1 Est et au Sud. L'armée de VEsi fut vaincue à
Mortemer sur Aulne dans le pays de Neufchâtel. Guillaume
fit construire en face de Tillières le château de Breteuil.
Henri demanda à traiter, rendit à Guillaume Tillières et
céda d'avance à charge d'hommage toutes les conquêtes faites
sur Geoffroi Martelai 05 4).
Guillaume le Bâtard devint alors Guillaume le Conqué-
rant. Sa première conquête fut celle du Maine. Il cons-
truisit sur les frontières de cette province la forteresse
d'Ambrières malgré Geoffroi, et ce fut autour de cette
place forte que pendant quatre ans la guerre se canton lui.
Mais, en 4058, Henri F'' se laissa circonvenir par Geoffroi
Martel et reprit les armes contre son redoutable vassal.
Les alliés pénétrèrent jusque dans le Bessin ; ils allaient
entrer dans le pays d'Auge quand Guillaume les arrêta sur
les bords de la Dive par sa brillante victoire de Yaraville.
L'année suivante, la paix fut signée à Fécamp. Le comte
du Maine, Héribert, transporta à Guillaume l'hommage qu'il
devait jusqu'alors au comte d'Anjou, fiança sa sœur Mar-
guerite au fils aine de Guillaume le Conquérant, Robert
Courte-Heuse. Il fut décidé que, si Héribert mourait sans
enfants, le Maine passerait à Robert. Mais Héribert avait
marié une autre de ses soeurs au comte de Pontoise, Gau-
tier. A sa mort, celui-ci disputa le Manie à Guillaume qui
se débarrassa de son adversaire par le poison (1063).
La puissance du duc de Normandie consacrée par le
traité de Fécamp, par la minorité du roi de France Phi-
lippe F'' que Guillaume a contribué à faire reconnaître en
4 '360, par son alHance avec Baudouin de Flandre, régent
du royaume, par la con({uêtc (hi Maine et de quelques
domaines de moindre importance, par la reconjiaissance
de la suzeraineté des ducs normands sur la Bretagne
(4065), permit à Guillaume d'entreprendre sa grande ex-
pédition d'outre-mer. (Sur la conquête de l'Angleterre,
V. Angleterre et Guillaume le (Conquérant.) Au dire de
Guillaume de Poitiers, la nouvelle de la victoire d'Has-
tings (ou de Senlac) fut accueillie avec une grande allé-
gresse en Normandie, et quand Guillaume, sacré roi d'An-
gleterre à Westminster (25 déc. 4066), revint dans son
duché, il fut reçu comme un triomphateur. La victoire du
duc était une victoire pour hi Normandie : l'Angleterre
n'était qu'une province normande, une nouvelle terre à
coloniser. Quantité de seigneurs que la trêve de Dieu lais-
sait inactifs s'étaient enrôlés ; quelques-uns seulement re-
vinrent; les autres reçurent en Angleterre de nombreuses
terres, mais disséminées. Ils s'étaient enrichis sans deve-
nir redoutables pour le duc-roi auquel ils devaient tout
grandes fêtes qui eurent lieu à Rouen, à Fécamp (Pâques,
4067) et enfin à Dives pour la dédicace de l'éghse Notre-
Dame (4^'" mai). La pompe des cérémonies fut vraiment
royale. Mais cet accroissement subit des terres normandes
fut, à Forigine, une cause de faiblesse bien plutôt qu'une
cause de force, car le souci d'assurer définitivement sa
con({uête d'outre-Mancbe fit quelque peu perdre de vue au
duc-roi ses intérêts continentaux. Pendant que les révoltes
de 4067-69-74-72-75-76 occupaient Guillaume en Angle-
terre, de graves événements se passaient sur le conthient.
D'abord, en 4074, la duchesse Mathilde découvrit en Nor-
mandie un complot qui nécessita le retour précipité de son
mari. Dans la même année, en Flandre, Robert le Frison
dépouilla les neveux du duc de Normandie sans que celui-
ci intervint efficacement. L'année suivante (4072), lesMan-
ceaux cherchèrent à se rendre indépendants, et Guillaume
donna le comté du Maine à son hls Robert à charge d'hom-
mage au comte d'Anjou, Foulques {Traité de la Blanche-
Lande). Enfui, l'un des révoltés d'Angleterre (de 4075),
le Breton Raoul de Gael, comte de Norfolk, poussa le
comte de Bretagne, Hoel V, à se proclamer indépendant.
Hoel fut soutenu par le roi de France Philippe P^", et Guil-
laume échoua sous les murs de Dol (4076). Guillaume ne
fut pas plus heureux avec le successeur de Hoel V, Alain
Forgent, auquel il donna en mariage sa fille Constance.
Le plus grave danger ([ue courut Guillaume vint de son
fils anié, liobert Courte-lieuse, qui fut le héros incon-
scient d'une tentative de divorce entre la Normandie et
l'Angleterre. Les contemporains nous ont laissé de Robert
la peinture la plus défavorable; ils se sont montrés d'une
injustice flagrante. Né en 4054, Robert se montra de
bonne heure d'une activité dévorante; âgé de quatorze
ans à peine, il dirigea de courtes guerres contre les Man-
ceaux. Peu après, à l'occasion d'une dispute qu'il eut à
Couches avec ses trois frères Richard, Guillaume et Henri,
il essaya vainement de s'emparer du château ducal de
Rouen. Vers 4078-79, une dispute beaucoup plus grave
ayant éclaté entre son père et lui, il se retira auprès du
roi de France Philippe I^^' qui eut le mérite d'inaugurer
cette politique, si avantageuse pour la cause capétienne,
de protection accordée aux fils ou frères révoltés contre
le duc régnant. Philip])e, en effet, encouragea l'ambition
de Robert qui réclamait par avance sa part de l'héritage
paternel, la Normandie et le Maine, et rétal)lit sur la
frontière de Normandie au château de Gerberoy. Guil-
laume l'y assiégea; mais dans une sortie Robert blessa
son frère Guillaume le Roux, faillit tuer son père qu'il
n'avait pas reconnu et défit Farmée assiégeante (4079).
Toutes les influences s'unirent pour réconcilier le père et
le fils : le pape, xMatbilde, les barons normands. Guil-
laume céda : il reconnut Robert comme comte du Maine
et lui assura la Normandie. Robert peu après ramenait
Malcolm H d'Ecosse à la fidéhté. Mais, en 4083, il partait
de nouveau poiu' l'exil, on ne sait pour quelles raisons.
Mathilde jusqu'à sa mort (2 nov. 4083) implora son mari
pour qu'il pardonnât. Les dernières années de Guillaume
furent tristes. {[ fut obligé d'arrêter de sa propre main
pour trahison son frère, l'évèque de Bay eux, Eudes, qu'il
avait fait comte de Kent et régent d'Angleterre : il le retint
prisonnier malgré les protestations de Grégoire VIL II eut
la douleur de perdre, outre sa femme, son deuxième fils et
l'une de ses filles. En 4084, une invasion danoise projetée
contre l'Angleterre lui créa de gros embarras. ]^]nfin. en
4087, irrité d'une plaisanterie de Philippe F'', il s'était
jeté sur Mantes. 11 incendia la ville. Il fit une chute de
cheval ; on le transporta au monastère de Saint-Gervais,
près de Rouen; il y mourut abandonné de tous, le 7 sept.
4087. Ses funérailles donnèrent lieu ta des scènes lamen-
tables. Il fut enterré à Saint-J^^tienne de Caen. Orderic
Vital dit qu'à son ht de mort Guillaume avait donné à
- 35 —
NORMANDIE
Normandie à la mort de son père. Son autorité fut par-
tout reconnue. 11 y avait donc un duc de Normandie et un
roi d'Angleterre. Cette scission amena des troubles sans
fin : Robert voulait F Angleterre, Guillaume le Roux vou-
lait la Normandie, et chacun avait chez son frère des par-
tisans. En 4088, Robert emprunta de l'argent à son frère
Henri pour faire valoir ses droits sur F Angleterre. Ses
partisans furent battus en Angleterre ; sa flotte fut dé-
truite par la tempête. Il lui fallut en outre combattre en
Normandie les Montgommery qui s'étaient donnés à Guil-
laume le Roux. En 1090, celui-ci fit organiser à Rouen
un complot qui échoua et que Henri Beauclerc se cJiargea
de châtier. L'année suivante, Guillaume le Roux vint en
personne conquérir la Normandie ; une révolte éclata contre
Robert qui se tira fort bien de ce mauvais pas. Le traité
de Caen lui conservait son duché ; Guillaume recevait
Cherbourg et le Mont-Saint-Michel ; les deux frères s'en-
gageaient mutuellement à laisser leur héritage au dernier
vivant. Ainsi se préparait l'union des Etats de la monar-
chie anglo-normande; mais Robert allait man{juer l'occa-
sion. Il partit pour la croisade; comme il lui fallait de
l'argent, il engagea pour 10.000 livres son duché à Guil-
laume. Il revint au mois d'août 1100 et se rendit d'abord
au Mont-Saint-Michel et aux abbayes caennaises. Guil-
laume le Roux venait de mourir ("2 août 1100) dans des
circonstances mystérieuses : on a accusé Henri de l'avoir
fait disparaître. Quoiqu'il en soit, Henri, qui avait répandu
le bruit que Robert ne reviendrait pas, qu'il était roi de
Jérusalem, se fit couronner roi d'Angleterre. Robert, que
son mariage avec Sibylle de Fouille avait enrichi, voulut,
fort du traité de Caen, lui disputer le trône. Il aborda à
Portsmouth ; mais les nobles des deux armées refusèrent
de se battre. Henri l^^\ usant d'habileté, négocia. Robert
fut joué : Henri garda la couronne d'Angleterre. Robert
se contenta du vain titre de suzerain, d'une rente annuelle
de 3.000 marcs d'argent et d'une promesse d'héritage
(1101). La Normandie fut alors troublée par des luttes de
seigneur à seigneur, par des révoltes contre Robert qui
fut même blessé d'une flèche empoisonnée et qui ne dut
la vie qu'au dévouement de Sibylle : elle suça le sang
corrompu et en mourut. Henri 1^^'vint lui-même en 1103
organiser la révolte, sous prétexte de visiter Domfront
qui lui appartenait. En 1104, il débarqua à Barfleur,
pilla et incendia Bayeux. Robert s'enferma dans Caen
qu'il fit entourer de murailles. En 11 05, Henri reparut
pour la troisième fois ; il faillit s'emparer à Caen de son
frère trahi par quelques-uns des siens; il échoua contre
Falaise. Enhn, il revint eti 1106 ; la querelle se termina
le 28 sept. 1106 par la bataille de Tinchebray. Robert,
complètement vaincu, tomba aux mains de Henri et fut
enfermé à CardifF, où il devait mourir après vingt-huit ans
de captivité. La victoire de Tinchebray, remportée (jua-
rante ans juste, jour pour jour, après hi bataille d'Has-
tings, était la revanche des Anglais sur les Normands ;^
elle consacrait la sujétion de la Normandie à l'Angleterre.
La Normandie sous les rois axgeo-normaxds. — La
Normandie resta attachée, au point de vue politique, à
l'Angleterre de 1!06 à 1204. Le siècle anglo-noruiand
est loin d'avoir l'intérêt des deux siècles précédents, sim-
plement normands. Jusqu'ici la Normandie avait été au
premier plan; elle s'efface peu à peu devant l'Angleterre
et les autres possessions de ses souverains. Cela est encore
peu sensible sous Henri i^^. Henri est, comme Guillaume
le Conquérant, un pur Normand. Elevé en Normandie, il
continua de vivre en Normandie. Son séjour [)référé était
Caen; il n'aimait pas l'Angleterre et méprisait lesAnglo-
Saxons. Il eut fort à faire en Normandie. Le duché était
entouré d'ennemis ; des luttes presque quotidiennes avaient
lieu entre la France et la Normandie, dans le Yexin. Ro-
bert Courte-Heuse avait laissé deux fds. L'aîné, Guillaume
Chton, comte de M or tain, qui avait été enfermé à CardifF
avec son père, s'était enfui. Devenu pour quelque temps
comte de Flandre, il revendiqua la Normandie. Il fut sou-
tenu par le roi de France, Louis YI, et par Foulques II
d'Anjou qui voulait détacher le Maine de la Normandie.
Louis le Gros fut battu à Brémule en 1119. Après le nau-
frage de la Blanche Nef, qui frappait Henri 1*^^' d'un coup
si terrible que jamais plus il ne sourit, il ne restait plus
pour succéder au roi anglo-normand qu'une fille, Ma-
tliilde (1121). En Normandie, l'émotion fut profonde ; les
ambitions se réveillèrent : le roi de France, le conite
d'Evreux et quantité d'autres barons s'armèrent pour Guil-
laume Cliton. Au mois de mars 1124, les ennemis mena-
çaient Rouen. Henri était à Caen ; il fait armer des pay-
sans et les place sous les ordres de Robert de Caen ; il
attendit le résultat dans cette ville. Une nouvelle défaite
ruina les espérances de ses adversaires. Il se montra plus
inflexible que jamais et fit arracher les yeux aux prison-
niers. Henri s'épuisa à tenter de remettre la paix dans la
province. Il s'était remarié, mais il n'eut pas d'enfant. Sa
fille, Mathilde, veuve de l'empereur d'Allemagne, HenriV,
épousa GeofFroi Plantagenet, comte d'Anjou, l'ennemi
héréditaire du nom normand; ce mariage eut un effet dé-
plorable en Normandie ; les barons s'agitèrent de nouveau
en faveur de Guillaume (Cliton, qui mourut à ce moment
(1128) en essayant de s'emparer de nouveau de la Flandre
après le meurtre de Charles le Bon. Henri P^' faillit lui-
même se repentir de ce mariage. Mathilde « l'impéra-
trice », à l'instigation peut-être de son mari, organisait
un complot contre son père, quand Henri I^^ mourut d'une
indigestion à Lyons, près de Rouen (1^^ déc. 1135). Son
corps fut transporté en Angleterre : déjà la sépulture des
ducs échappait à la Normandie.
Henri I^'" était mort sans régler sa succession : la des-
cendance mâle deRollon n'existait plus. Qui allait hériter?
Il y eut trois candidats : Mathilde, au nom de son fils,
Henri Plantagenet, né en 1133 ; Thibaut et Etieznie, de
la maison de Blois-l^hampagne, petits-fils par leur mère,
Adèle, de Guillaume le Conquérant. Mathilde et son fils
étaient mal vus des Normands ; aussi crut-on le connétable
Hugues Bigot, quand il affirma que Henri I®^ avait déshé-
rité sa fille au profit de ses neveux. L'un, Thibaut, fut
appelé par les Normands de Normandie ; l'autre, Etienne,
par les Normands d'Angleterre. Le 15 déc. 1135, Etienne
de Blois était couronné roi d'Angleterre à Westminster.
En Normandie la lutte fut très vive ; la guerre de suc-
cession ne dura pas moins de neuf ans, avec des alterna-
tives de succès et de revers pour les deux partis. Thibaut
de Blois, que l'assemblée du Neubourg avait élu comme
duc, n'accepta pas; son frère prit sa place. La Norman-
die fut en proie à la guerre civile ; l'Angevin en profita
pour ravager le pays jusqu'au mois de janv. 1144, ou
Geoffroi prit la dernière place restée fidèle à Etienne,
Falaise. Les Normands décidèrent d'élire Thibaut. Le comte
de Blois céda la couronne ducale à GeofFroi contre Tours
et la mise en liberté de son frère, Etienne, que Mathilde
avait fait prisonnier en 1141 à Lincoln. Henri Plantagenet,
fils de GeofFroi, devenait maître de la Normandie. Pour la
seconde fois, la Normandie et l'Angleterre étaient sépa-
rées ; pour la troisième fois, elles allaient être réunies, et
la situation de la Normandie allait en être modifiée. Hemi
Plantagenet tint une assemblée à Lisieux dans laquelle
il décida les barons normands à l'accompagner en Angle-
terre. En 1153, il partit avec une flotte de 56 vaisseaux,
(iuand Henri H débarqua (juin), Etienne de Blois venait
de perdre son fils unique. Les deux adversaires s'enten-
dirent. Henri fut reconnu comme héritier par l']tienne,
qui mourut au mois d'octobre de cette même année. Le
18 mai 1152, Henri II avait épousé Aliénor d'Aquitaine.
A la suite de cet héritage et de ce mariage, la Normandie
se trouva comme noyée dans les possessions territoriales
des rois angevins ; elle en éprouva un vif ressentiment ;
elle se détacha insensiblement de princes qu'elle ne con-
naissait plus. La fin du xii^ siècle nous montre une Nor-
mandie prédisposée à la conquête capétienne.
La puissance de Henri H était une menace constante pour
NORMANDIE
36 —
le roi de France qui ne cessa d'inquiéter son rival. Dès
115!2, après le mariage de Henri avec Aliénor, Louis VII
avait attaqué la Normandie. La guerre, coupée de trêves,
se fait dans le Vexin jusqu'en J 157. Au mois d'août, la
paix est conclue sur les bords de l'Epte : le fils aîné du
roi anglais, Henri Court-Mantel, épouse Marguerite de
France, fille de Louis VIL La guerre de Toulouse, dans
laquelle Louis VII fit échec à Henri II, ralluma la guerre
dans le Vexin. A la paix, Henri Court-Mantel rendit hom-
mage à son beau-père pour le duché de Normandie (1158).
Fn 1159, les hostilités reprirent autour de Neaufie et de
Chaumont-en-Vexin ; de nouvelles trêves furent signées,
bientôt suivies d'une nouvelle paix. En 1165, le roi de
France ayant pris parti pour le comte Guillaume d'Au-
vergne dans la guerre que Henri H soutint contre lui, le Vexin
fut de nouveau ravagé. Dans la révolte de Thomas Becket, la
cour de Louis VU devint le refuge des exilés tP Angleterre :
Thomas Becket vécut de l'argent fourni par le Capétien.
Mais une meilleure occasion de nuire à Henri allait s'offrir
à Louis VIL Le roi d'Angleterre avait associé son fils aine
au trône pour assurer la paisible transmission de la cou-
ronne ; mais il eut le tort de partager de son vivant son
empire. Henri Court-Mantel eut Théritage paternel : Angle-
terre, Normandie, Anjou, Maine et Touraine. Le second,
Richard Cœur de Lion, l'héritage maternel : Aquitaine et
Poitou. Le troisième, Jean, n'eut rien, ce qui lui valut le
surnom de Sans Terre. A l'occasion du mariage de celui-ci
avec la fille du comte de Maurienne, Henri II voulut pré-
lever sur la part des deux aines quehpies châteaux. Henri
{^ourt-Mantel se révolta et se réfugia à la cour du roi de
France qui le reconnut comme l'uniijue et légitime héritier
de son père. Quantité de seigneurs le suivirent dans la
rébellion ; la reine Aliénor intrigua avec son premier mari
contre le second. Une coalition se forma contre Henri H,
dans laquelle entrèrent le comte de Boulogne, le comte de
Flandre, le comte de Chanq)agne et ]e roi de France, les
deux fils de Henri H, Henri et Richard. Aliénor fut arrêtée
et jetée en prison au moment où elle allait rejoindre ses
fils. La Normandie fut encore le théâtre de la guerre.
Louis VII assiégea Verneuil, Henri Court-Mantel occupa
Gournay, le comte de Flandre s'empara du château de
Drincourt. Henri H secourt Verjieuii et bat les troupes de
Louis VH à Couches. Le comte de Boulogne est tué dans
un combat et les Flamands sont repoussés. Le roi de France
obtient une trêve à Noël 1173.
L'année suivante, Louis VH, qui avait repris les armes,
voulut tenter une descente en Angleterre ; Henri II n'eut
qu'à paraître pour forcer Louis à demander la paix. Elle
fut conclue à Gisors le 30 sept. 117 i. Une autre révolte
des fils de Henri H en 1176 n'eut pas plus de succès. Au
traité d'Amboise, Henri Court-Mantel recevait deux for-
teresses en Normandie et 15.000 livres de pension. Il
sTiumiha, vint solliciter son pardon à Bures et mourut
peu après, en 1183. La dernière rébellion des fils de Henri II,
Richard et Jean sans Terre, troubla les dcï^niers instants
du vieux roi anglais ; elle avait encore été soutenue par
le roi de France : Philippe-Auguste continuait la politique
traditionnelle des Capétiens, Henri II mourut le 6 juil. ï 189.
Richard Cœur de Lion lui succéda.
Au retour de la troisième croisade et après sa captivité,
Richard Cœur de Lion était rentré en Angleterre. Le
12 mai 1194, il partait pour la Normandie. Pendant son
absence, Jean sans Terre l'avait trahi au profit du Capé-
tien. Sa mère vint au-devant de lui à Barfleur et le récon-
cilia avec Jean. La guerre contre Philippe-Auguste, au
cours de laquelle fut construit le Château-Gaillard, sur
une colline de la Seine qui domine le Petit- Andely, fut
sans intérêt. Le traité d'Issoudun, passé le 5 déc. 1195
entre les deux rois de France et d'Angleterre, assura à
Philippe-Auguste quelques-unes des conquêtes qu'il avait
faites en Normandie, c.-à-d. le Vexin normand, d'une part;
les chàtellenies deNonancourt, d'Ivry, de Pacy, deVernon
et de Gaillon, à la limite S.-O. de l'Evrecin, d'autre part.
Les deux derniers ducs de Normandie avaient été des
étrangers. Henri II était un pur Angevin. Richard Cœur
de Lion, né en Angleterre, était un Aquitain ; il ne fit
qu'apparaître en Normandie. Son frère, Jean sans Terre,
ne sut pas garder cette province. Philippe-Auguste lui
opposa son neveu Arthur de Bretagne. Après quelques
escarmouches, il entra en négociations avec lui. Le traité
du Goulet (mars 1200) amendait le traité d'Issoudun : il
rendait au roi d'Angleterre le Vexin normand et recon-
naissait au roi de France la possession d'Evreux et d'une
partie importante de l'Evrecin, l'écemment conquis sur le
comte Amaury, vassal de Jean sans Terre. Jean mariait
sa nièce. Blanche de Castille, avec Louis de France, et lui
donnait en dot quelques fiefs en Berry et en Normandie.
Il se reconnaissait l'homme lige du souverain français.
Philippe-Auguste, que ses démêlés avec la cour de Rome
occupaient alors, avait différé la conquête de la Normandie.
La CONQUETE DE ]A NoaMANDIE PAR PhIJJPPE-AuCUSTE.
— La Normandie détestait les rois angevins. Toutefois
elle restait encore attachée à l'Angleterre parce que la rup-
ture avait des conséquences économiques désastreuses
pour elle. Les Normands tiraient de la Grande-Bretagne
des laines, des métaux, des cuirs bruts et faisaient le
commerce des vins et des blés avec les provinces mé-
ridionales de la France qui étaient aux mains des
Anglais. D'autre part, si les exactions d'une fiscalité
violente pouvaient réunir les barons et le peuple contre
la royauté, elles n'allaient pas jusqu'à provoquer le dé-
sir d'une scission, parce qu'elles avaient, au cours des
dernières guerres contre les rois capétiens, permis le
développement des libertés munic'ipales qu'un nouveau
maître pouvait ne pas reconnaître. Philippe-Auguste com-
prit qu'après avoir détruit par les armes l'union politique
contractée sur les champs de bataille d'Hastings et de Tiii-
chebray, il lui faudrait ruiner l'union économique et as-
surer aux vaincus le maintien des libertés acquises
(V. Communes). U saisit la première occasion de reparaître
en Normandie. Après l'enlèvement par Jean sans Terre
d'Isabelle d'/iiigoulême, fiancée au comte de la Marche,
une coalition s'était formée contre le ravisseur. Les con-
fédérés en a})pelèrent à Philippe-Auguste. Dans un par-
lement qu'il tint au château de Gaillon en Normandie, le
roi capétien cita Jean sans Terre à comparaître devant
lui quinze jours après Pâ(jues (1202). Jean promit de venir
se justifier, tergiversa et ne comparut pas. La cour des
pairs, conformément au droit féodal, le déclara félon
(avr. 1202). Dès lors, le roi d'Angleterre ne pouvait plus
tenir aucun fief mouvant de la couronne ; il n'y avait plus
qu'à reprendre ceux qu'il détenait indûment. Philippe entra
en Normandie, s'empara de Tillières, Boute-Avant, Long-
champ, Morteuier, La Ferté-en-Bray, Lyons et Gournay.
Sous cette dernière ville, Philippe H fut rejoint par Arthur
de Bretagne qui, fait chevalier et fiancé à Marie de France,
^fut investi des comtés de Poitou, d'Anjou, du Maine et
de Touraine. La mort tragi(iue d'Arthur de Bretagne
(3 avr. 1203) ne donna pas lieu, comme on l'a dit à tort,
à une condamnation capitale du meurtrier Jean sans Terre.
On se contenta de faire revivre la sentence de 1202 et
d'en reprendre l'exécution. Philippe pritConches, les Ande-
lys et le Château-Gaillard que Roger de Lacy défendit avec
la plus sauvage énergie pendant cinq mois (6 mars 1204),
et il occupa le Vaudreuii. Après les fêtes de Pâ(jues, Phi-
lippe attaquait la Normandie par le S. Il se rendit
maitre de Falaise en sept jours, deDomfrontet de Laigle.
Il marclia alors sur Rouen. Pendant ce temps, Guy de
Thouars, qui avait épousé la mère d'Arthur, à la tête de
rarniée de Bretagne, brûlait la forteresse et l'abbaye du
Mont-Saint-Michel, prenait Avranches, Coutances, Bayeux,
Caen et Lisieux, et terminait cette brillante campagne en
enlevant Pontorson et Mortain. Le siège de Rouen ne fut
pas un haut fait d'armes. A la nouvelle de l'approche de
l'armée royale, la garnison anglaise sortit de la ville. Les
bourgeois fermèrent néanmoins les portes et réclamèrent
HT
NORMANDIE
un délai de quatre semaines, promettant, s'ils n'étaient pas
secourus, de se rendre. La trêve fut conclue ; chevaliers
et bourgeois fournirent des otages. Selon Matthieu de
Paris, Jean sans Terre jouait aux échecs quand les délégués
arrivèrent à Londres. Il refusa de les recevoir et continua
à jouer. Rouen capitula. Philippe-Auguste promit aux
Rouennais de confirmer leurs privilèges ; mais, pour être
plus sûr de leur soumission, il fit raser les murailles de
la ville. La reddition de Rouen entraîna celles de Verneuil
et d'Arqués qui avaient été comprises dans la trêve de juin
(juil. 1204). Ce fut le 26 oct, 4206 seulement que le
sort de la Normandie fut réglé par une trêve de deux ans,
plusieurs fois renouvelée dans la suite. A partir de ce
moment, en droit comme en fait, le roi de France fut le
suzerain immédiat du comté de Rrctagne et des autres
comtés moins importants d'Eu, d'Aumale, de Longueville,
de Mortain et du Perche. Les îles anglo-normandes, dont
la perte doit être probablement attril)uée à l'absence de flotte
sous Philippe- Auguste, furent oubliées et restèrent entre les
mains des rois d'Angleterre, La possession leur en a été
otficiellement reconnue par les rois de France au traité de
Paris (4 déc. J259). Justpi'à la paix de Brétigny (1360),
le roi d'Angleterre les a tenues en fief du roi de France
par foi et hommage; à cette date, le roi de France aban-
donna son droit de suzeraineté, et c'est alors seulement
que les îles anglo-normandes cessèrent de faire partie du
royaume de France.
La Normandie sous les Capétiens directs (1204-1328).
— Afin de se concilier ses nouveaux sujets, Philippe-
Auguste confirma les droits et privilèges reconnus par les rois
d'Angleterre aux églises, aux monastères, aux villes. La
plus caractéristique de ces confirmations fut l'acte donné
à Pacy entre le 23 avr. et le 31 oct. 1207 en faveur de
Rouen. Des troubles, dont les raisons et les circonstances
nous sont inconnues, avaient éclaté à Rouen. xA la tête
d'une armée, Philippe-iVuguste les réprima; après avoir
frappé la ville d'une forte contribution, il confirma et
même étendit ses privilèges; mais il interdit le commerce
étranger ; il défendit en particulier de transporter par eau
à Rouen les vins du Poitou, de l'Anjou et de la Gascogne
afin d'y donner accès aux vins de l'Ile-de-F'rance, du Berry
et de la Bourgogne. Il substituait ainsi l'influence économique
de la France à celle de l'Angleterre et utilisait la navigation
de la basse Seine au profit de ses propres Etats. Falaise,
Pont-Audemer, Caen, Fécamp, Montivilliers, Verneuil, etc.,
obtinrent des confirmations de leur commune. Cette po-
litique fut celle des successeurs immédiats de Philippe-
Auguste ; Louis VIII, enjânv. 1224, LouisIXà son avène-
ment, Philippe le Hardi à son avènement et en mai 1278
confirmèrent et précisèrent à leur tour les chartes des
villes. En 1266, saint Louis donna même aux bourgeois
de Rouen l'autorisation de faire le commerce étranger.
Une seule mesure parait limitative des libertés urbaines.
Par la célèbre ordonnance de 1256 relative à toutes les
communes de Normandie, saint Louis soumet les finances
communales à la tutelle royale ; les comptes doivent être
présentés chaque année au mois de novembre à des com-
missaires délégués par le roi. En réalité, le roi avait voulu
conjurer le péril de mal vivre dans lequel tombèrent toutes
les communes de France. La bourgeoisie le comprit ainsi
et s'attacha aux rois de France. Les grands eurent moins
à se louer de la conquête que les bourgeois. Philippe-
Auguste avait forcé les seigneurs à opter pour la France
ou pour l'Angleterre; il dédommagea ceux qui, en s'atta-
chant à lui, sacrifiaient leurs biens d'outre-mer en leur
donnant les terres confisquées de ceux qui s'étaient déclarés
pour l'Angleterre. Mais déjà la royauté française, qui
s'efforçait partout ailleurs de se rendre indépendante de
la noblesse, ne pouvait consentir en Normandie à sou-
mettre ses actes au contrôle des seigneurs. Encore, en
1204 et en 1205, Philippe-Auguste, comme les anciens
ducs normands, avait tenu des assemblées de barons.
Ceux-ci, ayant voulu astreindre le roi à les réunir régu-
lièrement, ne furent plus convoqués. Ils regrettèrent dès
lors la domination anglaise; à l'avènement de saint Louis,
ils se jetèrent dans la révolte féodale. Quand, en 1230,
Henri Hl d'Angleterre débarqua à Nantes, deux seigneurs
de l'illustre famille des Paynel et soixante gentilshommes
normands vinrent le solliciter })Our qu'il p\irat en Nor-
mandie, l'assurant que tout le pays se soulèverait en sa
faveur. Henri IH fit une manifestation militaire sur les
frontières de la province ([ui ne bougea pas. Le traité de
Paris (4 déc. 1259) contenait la renonciation absolue du
roi d'Angleterre à la Normandie. A la fin du xiii^ siècle,
l'assimilation était si complète que les Normands jouèrent,
dans les démêlés de Philippe le Bel et d'iùkiuard P'"
(1291-99), un rôle capital en organisant la course pour
ruiner les cinq ports (Hastings. Romney, Hythe, Douvres.
Sandwich) dont ils redoutaient la concurrence. Aussi Phi-
lippe le Bel pouvait-il rompre impunément avec la poli-
tique traditionnelle à l'égard de la Normandie et ruiner
les communes en confisquant tous leurs droits. Si, en
1293, il rend aux Rouennais ces droits, moins « certains
privilèges intolérables», entre autres le monopole du com-
merce de la basse Seine (il y avait conflit entre la vicomte
de Veau de Rouen et la marchandise de Veau de Paris);
si, en 1309, il conflrme les chartes de 1207 et de 1278
sans restriction, c'est qu'il bat monnaie : ce sont des me-
sures fiscales (fui lui rapportent, la première 12.000 livres,
et la deuxième 30.000. Louis X enleva en 1315 le mono-
pole du commerce de la basse Seine aux Rouennais. Phi-
lippe V mit fin au régime municipal de Rouen en mettant
la main sur la mairie dont le titulaire fut nommé par le
roi (1321). Les autres communes, perdues de dettes, avaient
fini par disparaître. A l'époque même où le système mu-
nicipal périclite, aux libertés des individualités urbaines
succèdent des libertés plus générales, communes à toute
la province. Les Etats de Normandie font leur appari-
tion ; ils se développeront à la faveur de la guerre de
Cent ans, comme les institutions municipales s'étaient
développées pendant les guerres des rois capétiens et des
souverains angevins. L'origine de ces l^tats réside dans
les privilèges financiers de la province, dans le droit de
consentir l'impôt né de l'usage {mos patriœ), inscrit dans
le Très ancien Coutiimier de Normandie (rédigé
vers 1199 à 1200), fixé dans le Grand Coiitumier de
Norynandie vers le milieu du xiii^ siècle, reconnu officiel-
lement par saint Louis en 1266 dans une charte adressée
auxévêques de Rayeux, Lisieux et Coutances. A la défense
de ces privilèges encore mal définis, la Normandie se con-
sacra tout entière sous les règnes de Philippe III et de
Philippe IV. Les soulèvements de 1276, 1283, 1286, 1292
eurent pour cause la levée d'impositions non consenties.
En 1304, la royauté n'osa pas affronter [de nouveau la
révolte normande ; Charles de Valois obtint « de grâce
pour quatre mois » l'aide demandée. La mort de Philippe
le Bel fut le signal d'une violente réaction féodale et pro-
vinciale. Bien (ju'aucun document ne soit relatif à la Nor-
mandie, il n'est pas douteux qu'elle prit part à la révolte.
Louis X céda. La charte donnée à la Normandie fut la
première en date. Elle est du 19 mars 1315; elle fut
renouvelée et remaniée le 22 juil. de la même année en
vertu delà décision générale prise par Louis X le 17 mai
précédent. Parla Charte aux Normands, le roi, en dehors
des droits régaliens, s'engageait à ne rien réclamer des
nobles et des non-nobles, ({ue ce soit service d'ost ou de
finances, sauf quand il y aurait arrière-ban et évidente
nécessité pour les impositions extraordinaires. Il ne pouvait
lever des subsides qu'en faisant appel à ses sujets nor-
mands, par conséquent aux Etats. Ce fut pour la Nor-
mandie l'équivalent de la Grande Charte anglaise. Tou-
tefois, ce n'est qu'en 1337 que nous constatons l'existence
d'Etats provinciaux dûment constitués. Les Etats de Nor-
mandie allaient être entre les mains des Valois une arme
contre l'invasion anglaise.
La Normandie pendant la guerre de Cent ans. — La
NORMANDIE
38 —
Normandie reprenait une demi-autonomie. En 1329, Phi-
lippe VI rétablissait le duché de Normandie au profit de
son fils Jean. Dix ans plus tard, il octroyait la seconde
Charte aux Normands, qui complétait la première. Le
25 août 4347, le duc Jean recevait « povoir, congié et
auctorité qu'il puisse assembler toutes foiz et quantes foiz
que il voudra tous ses subgiez » ; et, au mois de mars -134'8,
aux Etats de Pont-Audemer, les gens de la province met-
taient la main sur les iinances en accaparant l'administra-
tion du subside. Ea Normandie allait dès lors, par ses
Etats, s'imposer de lourds sacrifices d'hommes et d'argent
pour la défense du royaume et en particulier de son
propre sol. Les affaires d'Ecosse et de Flandre, qui furent
comme les préludes de la guerre de Cent ans, eurent leur
contre-coup dans l'histoire de la Normandie. En 1333.
1336, 1337, 1338, la Normandie fut en quelque sorte
l'arsenal maritime de la France pour des expéditions qui
aboutirent à l'annexion momentanée de Farcliipel anglo-
normand au duché. « Le garde du clos des galées du roy
à Rouen et des armeures et artillerie dudit seigneur »
était un commissaire général de la marine : il centralisait
les recettes, effectuait les dépenses sous le contrôle de la
chambre des comptes. En 1339, la province mit à la dis-
position du duc Jean une armée de 4.000 hommes d'armes
et de 20.000 sergents et une flotte pour aller détrôner
Edouard IIl et conquérir l'Angleterre. L'expédition n'eut
pas lieu, et les préparatifs qui furent faits servirent à la
campagne de F Ecluse. Siméon Luce et M. Rourel de la
Roncière ont bien mis en évidence la part importante,
presque exclusive, que les marins normands prirent à ce
désastreux combat naval (24 juin 1340). La guerre directe
entre Philippe VI et Edouard III avait commencé dans le
Midi de la France (1343). Le roi anglais préparait une
expédition qu'il destinait à la Guyenne quand arriva près
de lui Godefroi d'Harcourt, frère du comte Jean d'Har-
court et seigneur de Saint-Sauveur. Malgré la défense de
Philippe VI, Godefroi, en guerre privée avec l'évèquc de
Bayeux, avait fait acte d'hostilité. Son château de Saint-
Sauveur avait été occupé par les troupes royales. Accusé
de complot avec l'Angleterre, il avait été obligé de fuir.
Il représenta à Edouard III tous les avantages qu'il tire-
rait d'une diversion en Normandie et attira sur cette pro-
vince l'invasion. Le 12 juil. 1346, Edouard III débarquait
à Saint-Waast-la-Hougue. Il s'empara de Cherbourg, Bar-
fleur, Valognes, Carentan, Saint-Lô, Thorigny. Le 25 juil.
il était sous Caen dont les bourgeois firent une belle dé-
fense, quoi qu'en ait dit Froissart. Lisieux n'offrit pas
de résistance. Falaise et Rouen repoussèrent victorieuse-
ment l'ennemi. Cette campagne de Normandie fut l'une
des plus barbares de la guerre de Cent ans. De Saint-
Waast à Poissy, l'armée anglaise fit une vaste razzia.
Pont-de-F Arche, les faubourgs de Vernon, Meulan furent
incendiés. A partir de ce moment, la Normandie fut par-
courue par des bandes anglaises et françaises qui vécurent
sur le pays, « le gâtèrent et Fardirent ». Néanmoins, en
1348 et en 1350, les Etats votèrent de nouveaux subsides
pour la conquête de l'Angleterre. L'argent fut dépensé
sans résultat. En 1351, Jean le Bon faisait un nouvel
appel de fonds. La levée du subside accordé au mois de
mars donna Heu à de graves désordres. A Rouen, 23 dra-
piers furent pendus. La révolte qui couvait n'empêcha
pas Jean le Bon de recourir encore aux Etats (1352 et
1353). A partir de 1353, à côté des Etats généraux de
la province, il y eut des Etats partiels qui eurent surtout
pour but la défense locale. La Normandie, si cruellement
affligée par la guerre étrangère, eut encore à souffrir de
la guerre civile. Un membre de la famille royale, arrière-
petit-fils de Philippe le Hardi par ses ascendants mascu-
lins, petit-fils de Louis X le Hutin par sa mère, Charles II
le Mauvais fut l'ennemi le plus perfide du royaume. Ré-
cemment encore, M. E. Meyer, après Sismondi, a tenté
une réhabilitation ; il n'y a pas pleinement réussi. Outre
ses possessions de Navarre, Charles le Mauvais tenait par
héritage de ses père et mère le comté d'Evreux, le comté
de Lo'nguevillc en Caux, Mantes, Anet, Nogent-le-Roi,
Monlchauvet, Broval dans la Haute-Normandie, le comté
de Mortain dans la Basse-Normandie. Par le traité de
Mantes (22 févr. 1354), il obtint de Jean le Bon, après
que celui-ci eut confié la lieutenance de la province à son
jeune fils Charles, le comté de Beaumont-le-Roger, les
châteaux et châtellenies de Couches et de Breteuil, la vi-
comte de Pont-Audemer, moins la forêt de Brotonne dans
la Haute-Normandie, et dans la Basse-Normandie le clos
du Cotentin avec Cherbourg, les vicomtes de Valognes,
Coulances et Carentan. Bien que la vicomte d'Orbecne se
trouve pas menlionnée dans le traité, elle fut cependant
à cette époque cédée au roi de Navarre. Après le meurtre
du connétable Charles de la Cerda (1354), Charles le Mau-
vais se réfugia auprès d'Edouard III. Jean le Bon lui par-
donna. Mais le Xavarrais ne tardait pas à organiser contre
le roi de France un complot dont le but était de détrôner
Jean, peut-être même de le faire mourir; il essaya d'y
faire entrer le dauphin. Celui-ci dénonça les manœuvres
de Charles le Mauvais à son père. Il y eut encore pardon,
apparent seulement. Le dauphin recevait en apanage le
duché de Normandie (7 déc. 1355). En janv. 1356, il
vint à Rouen pour recevoir l'hommage de ses barons. Jean
comte d'Harcourt le lui refusa. Aux Etats de févr. 1356,
tenus au château du Vaudreuil, le comte d'Harcourt s'éleva
contre les exigences royales, non sans raison, et prononça
« plusieurs orgueilleuses et injurieuses paroles contre le
roi ». Le subside demandé ne put être levé, comme il
semble, sur les terres des barons de Normandie. Aux Etats
généraux de Paris (1^'" mars 1356), les nobles et quelques
grosses villes de Normandie firent défaut. Le roi soupçonna
Charles le Mauvais d'être l'instigateur de cette résistance
qu'il résolut de briser. Les 5 et 6 avr., le duc de Nor-
mandie tenait sa cour à Rouen ; il invita à sa table les
principaux seigneurs normands. Le roi Jean que l'on
croyait à Paris parut danslasalle à Fimproviste, fit saisir,
malgré les supplications du duc Charles, quelques-uns des
convives. Jean d'Harcourt, Jean Malet de Graville et plu-
sieurs autres furent « décollés » sans jugement. Le roi
de Navarre fut conduit de prison en prison au château
d'Arleux en Picardie. La tragédie de Rouen fut un acte
inique et maladroit. Philippe d'Evreux, frère du roi de
Navarre, et Godefroi d'Harcourt, oncle du comte Jean,
appelèrent de nouveau Edouard IH, et avec 800 hommes
d'armes ravagèrent la Normandie jusqu'au moment où,
après la défaite de Poitiers, le régent Charles de Nor-
mandie envoya contre eux des troupes (|ui défirent et
tuèrent Godefroi à Saint-Sauveur-le-Vicomte et rejetèrent
Philippe dans Evreux. La Normandie resta en grande ma-
jorité fidèle à la cause royaliste ; alors que le dauphin ne
trouvait plus d'argent ailleurs, il pouvait encore s'adresser
aux Normands. De 1357 à 1362, on ne compte pas moins
de dix-sept assemblées partielles ou générales suivies d'un
impôt consenti. Après cette crise terrible, la Normandie
faillit passer sous la domination anglaise par les prélimi-
naires de Londres (24 mars 1359). Au traité de Brétigny,
la Normandie restait française.
Le premier soin de Charles V fut de punir Charles le
Mauvais. Du Guesclin prit Mantes, Meulan et vainquit les
troupes anglo-navarraises de Jean Grailly et de Jean Jouel
à Cocherel (16 mai 1364). D'autre part, Valognes, Ca-
rentan furent occupés. Le traité de Pampelune du 6 mars
1365 enleva en Normandie le comté de Longueville à
Charles le Mauvais qui recouvrait le comté d'Evreux et
les places du Cotentin. La guerre étrangère et la guerre
civile terminées, la Normandie ne jouit pas encore de la
paix ; elle resta livrée aux Grandes Compagnies de Hugues
de Caverley et de James de Pipe.
Au printemps de 1369, les hostilités contre Edouard III
furent reprises. Charles V, qui pensait à faire une des-
cente en Angleterre, vint à Rouen surveiller l'armement
des grosses barges construites spécialement au Clos des
Galées."^^ La flotte ne partit pas. Le duc de Lancastre,
débarqué à Calais, ravageait la Picardie et le pays de
('aux jusqu'à Hartleur et regagnait Calais. En 1373, la
Normandie fournit Larmée qni harcela celle du duc de
Lancastre. Un siège mémorable occupa la Normandie :
celui de Saint-Sauveur-le-Vicomte (jue les Anglais occu-
paient. Apr(s plusieurs tentatives infrucUieuses, grâce à
l'argent donné par les huit l^tats partiels tenus de 1372
à 1373, grâce à la grosse artillerie de siège, qui apparaît
pour la première fois, la ville fut rendue à l'été de 1375.
Les Anglais étaient chassés de Normandie. Restait le roi
de Navarre. Lu i\év. 1377, l'arrestation d'un chanibellan
de Navarre, Jac({ues de Rue, révélait un nouveau complot
contre Charles Y. Avec le concours de Charles le Noble,
mis au courant de la trahison de son père, on reprit suc-
cessivement toutes les possessions de Charles le Mauvais,
moins Cherbourg, que le roi de Navarre avait cédé à
l'Angleterre pour trois ans et dont, en 1381, il prolongea
le délai de restitution jusqu'au jour ou il lui plairait
de réclamer la place. L'occupation de la Normandie fut
complétée en 1380 par la concpiètede Jersey et de Guer-
nesey qui devinrent françaises pour (juelques années.
Le règne de Cbarles Yl commençait heureusement : la
guerre était limitée à la Bretagne, et Charles Y en mou-
rant avait aboli les aides. Les lettres d'abolition du
10 sept. 1380 furent publiées dans la province jusque
dans les plus petites villes. La Normandie devait pouvoir
réparer les ruines de la guerre ; il n'en fut rien. Malgré
les engagements pris, les oncles du roi obtinrent des Etats
une aide considérable pour l'entretien des hommes d'armes,
le joyeux avènement et F « estât du roy » (3 févr. 1381).
En 1382, le duc d'Anjou prit le parti dangereux de
mettre les Normands à contribution encore une fois ; le
13 janv. 1382, le receveur Bérenger Loutrel vint à Rouen
pour préparer l'établissement d'une crue sur les aides. Le
24 févr., une révolte terrible éclata dans la ville : elle
est célèbre sous le nom de Harelle. Un mai'chand de
drap, proclamé roi de Rouen, dut promettre l'abolition
des aides à la foule (jui entourait son trône sur la place
du Marché : il lit publier à son de trompe une ordonnance
soi-disant royale. La Charte aux Normands, confirmée
le 25 janv. 1381, fut lue solennellement. Les maisons des
officiers, des riches, les monastères furent pillés. Le
pseudo-roi se sauva pour échapper à toute responsabilité.
Au mois de mars, Cbarles YI vint à Rouen avec ses oncles
à la tête d'une armée; il entra dans la ville par la brèche.
1^'amiral de France, Jean de Yienne, fut chargé d'infor-
mer contre les séditieux ; il se contenta de punir les plus
coupables. La ville paya une amende au profit du roi.
Les exigences financières du gouvernement devinrent plus
grandes. Le 8 avr., en .juin 1382. les Etats de la pro-
vince s'imposèrent encore. O^^^wes mois plus tard, pour
l'expédition de Flandre, la Normandie fut mise à contri-
bution ; toutefois, on ne convoqua pas les i^^tats provin-
ciaux, on eut recours à des consultations locales dans les
principales villes des diocèses de Bayeux, Coutances,
Avranches, Sées, Lisieux et Evreux. Le diocèse de Rouen,
troublé par une nouvelle sédition qui avait éclaté le
1^'^ août à Rouen, ne fut pas soUicité. Dans le grand
mouvement de réaction qui suivit la bataille de Rose-
becque (1382), les libertés provinciales s'abimèrent : il
n'y eut plus d'Etats provinciaux communs à toute la Nor-
mandie jusqu'à l'époque de la domination anglaise. Les
assemblées locales elles-mêmes disparurent dix ans plus
tard : la dernière est celle de 1393. Elle fut réunie à
l'occasion du rachat de Cherbourg aux Anglais qui deman-
daient 30.000 écus d'or. Cherbourg fut alors rendu à
Charles llï qui y entretint une garnison. Le 9 juin 1401,
Charles le Noble cédait au roi celte ville moyennant
200.000 livres tournois. Par un acte du même jour,
il renonça , moyennant une rente de 12.000 livres
tournois constituant le duché-pairie de Nemours, à l'héri-
tage de ses parents qui avait été légalement confisqué
— 39 — NORMANDIE
en 1385 à la suite de la tentative d'empoisonnement sur
la personne de Charles YI par Wourdreton, agent de
Charles le Mauvais.
La guerre étrangère avait failli reprendre dès 1386 :
une grande expédition avait été préparée au port de l'Ecluse,
la Normandie avait fourjji 1.387 navires, une ville de bois,
et des approvisionnements. Pendant trois ans, on attendit
le duc de Berry. Cette attente créa de nouveaux frais en
majeure partie supportés par les vicomtes de Normandie;
et l'on ne partit pas. Dans Tété de 1415 seulement, la
guerre fut conduite avec vigueur par les Anglais. Une
armée anglaise de 00.000 hommes montés sur'l.400 na-
vires débarqua à l'embouchure de ia Seine le 14 août.
Harfleur l'arrêta jusqu'au 10 sept. 1415. Après Azincourt,
les Anglais profitèrent de leur victoire. Ils ravagèrent
toute la Haute-Normandie. En 1417, l'amiral de France,
le bâtard de Bourbon, essaya de les déloger dllarfleur ;
sa campagne malheureuse fut suivie à bref délai de la
conquête de la Basse-Normandie. Le 3 août 1417,Renri Y
d'Angleterre débarcpia à Touques. En moins d'un an, il
soumit Caen, Ronfleur. Argentan, Alençon, Falaise, Bayeux,
Saint-Lo, Coutances. Carentan, Avranches et Cherbourg,
qui résista six mois; puis, revenant vers la Ilaute-Xor-
mandie, il occupa Lisieux, Beriuiy, le Xeubourg, Louviers,
Pont-de-l'Arche. Heiui Y s'établit sous les murs de Rouen
le 29 juil. 1418. Les Rouennais furent admirables; ils ne
cédèrent qu'à la famine. La capitulation fut signée par
Gui le Bouteiller, capitaine de la ville, le 13 janv. 1419 ;
la ville ouvrit ses portes le 19. Henri Y exigea une rançon
de 345.000 écus d'or et trois habitants : le chanoine
Delivet, vicaire général de l'archevêque et Jean Jourdain,
capitaine de l'artillerie, se rachetèrent; Alain Blanchart,
capitaine des arbalétriers, trop pauvre pour payer sa
rançon, fut mis en croix. La prise de Rouen entraîna
celle des principales places de la Haute-Normandie : Eu
(15 févr. 1419), Saint-Clair-sur-Epte, Etrépagny (févr.
1419), Chaumont-en-Yexin, Gisors (17 sept.)', etc. La
domination anglaise fut mal accueillie. Il y eut de nobles
dévouements : à Caen, 25.000 bourgeois et artisans sor-
tirent de la ville pour ne pas devenir Anglais. Perrette
de la Rivière, dame de La Roche-Guyon, en avr. 1419,
partit pour l'exil avec ses enfants, refusant les offres du
vainqueur. Quelques petites places, comme Fresneaux,
Méru, la Neu\ille-en-Hez, ne capitulèrent qu'en 1422. Le
Crotoy, défendu par Jacques dlïarcourt, retint les forces
qui l'assadlaient jusqu'au 1^'" mars 1424. Dans la Basse-
Normandie, le Mont-Saint-Michel brava l'Anglais. Suc-
cessivement défendu par Jean d'Harcourt, par Dunois et
par Louis d'Estouteville, il eut à subir trois sièges dont
le principal dura de sept. 1424 à juin 1425. Là s'étaient
enfermés presque tous les membres de la célèbre famille
desPaynel. Néanmoins, on peut dire qu'en 1420, à Fépoque
du traité de Troyes, la Normandie était conquise. Henri Y
vint en cette année à Rouen tenir un parlement d'Anglais
et de Normands, ou il fit reconnaître le duc de Clarence,
son frère, pour son lieutenant général en Normandie.
Les faits de guerre de 1420 à 1435 sont peu impor-
tants dans la région normande. A part les deux défaites
des Français à Yerneuil près d'Evreux le 17 aoiit 1424,
et à Saint-James-de-Beuvron près d'Avranches le 6 mars
1426, ils se réduisent à des sièges de places secondaires,
à des coups de main heureux ; de part et d'autre, ce sont
des succès et des revers compensés qui ne modifient pas
l'état de choses, jusqu'en 1433 oîi le régent d'Angleterre
le duc de Bedford, envoie d'Angleterre des renforts consi-
dérables en Normandie. Les Français lâchent pied presque
partout. Cependant la Normandie n'avait pas souscrit au
honteux traité de Troyes ; elle ne cessa de s'agiter. Dès
juil. 1419, à Rouen, il y avait eu une conspiration pour
livrer la ville aux Français ; il y eut pareille entreprise
à Neufchâtel, à Dieppe, à Saint-Martin-le-Gaillard, etc.
Partout la répression fut sanglante, ce qui n'empêcha pas
de recommencer; vers juin 1423, les bourgeois de Rouen
NORMANDIE
40 —
appelaient de nouveau Charles VIT; en 4434 et 4433, des
troubles éclatent encore. La résistance à la domination
anglaise s'organisait dans les campagnes : les documents
anglais parlent d'insurgés, de réfractaires, ou encore de
larrons et de brigands qui ne sont que des révoltés, des
partisans. La guerre des partisans s'étend de la forêt
d'Eu à la flague. La Basse-Xormandie est parcourue par
des bandes d'irréguliers, sans lien entre elles. Au con-
traire, dans la Haute-Normandie, les compagnies des Guil-
laume Halley, Perrot le Saige, Roger (.hristophle, Guil-
laume de Brédevent, Jeannecpiin de Villers, Le Roy de
Valescoiirt, agissent de concert et se tiennent perpétuel-
lement en contact avec^ les troupes régulières. Elles ont
une organisation et des cadres. Les hal)itants sont leurs
complices. Les partisans s'engagent par serment les uns
envers les autres, se reconnaissent à un mot d'ordre. Ils
pullulent malgré que les Anglais les traquent comme des
bètes fauves, mettent leur tète à prix, les exécutent sans
jugement. Le recel est puni comme l'insurrection : la
mort est donnée par la corde, la hache ou la noyade. Les
femmes sont enterrées vives au pied des gibets. Contre
cette insurrection qui paralyse ses forces, le gouverne-
ment de la conquête est ol)ligé d'entretenir sur pied une
série de petits corps mobiles. Il a cherché à organiser la
défense à l'aide des populations. Des dizeniers sont ins-
titués dans les paroisses pour essayer d'encadrer les gens
de village. Cette première ébauche de milice locale, cet
« armement et embastonnement des communes gens » ne
semble pas avoir réussi aux conquérants. C'était fournir
des armes à leurs ennemis. En 4429, Philippe le Cat or-
ganise un complot dont le but était de livrer Cherbourg
aux Français. x4 près 4435, de grands soulèvements éclatent
dans le pays de Caux, dans le Bessin et la plaine de
Caen, dans le Lieuvin, dans le val de Vire (4436) où un
certain Boschier tient en échec les Anglais. Le soulève-
ment du Val de Vire a laissé des souvenirs dans les chan-
sons du XV® siècle, et en particulier dans les poésies attri-
buées à Olivier Basselin. Le connétable Arthur de Richemoni
met à profit ces soulèvements. Il envoie le maréchal de
Rieux dans le pays de Caux rejoindre Charles Desmarets
et Le Carnier qui se sont mis à la tête des Cauchois ré-
voltés ; Dunois dans le Lieuvin où le bâtard de Douville
en 4436 et Le Borgne de Noce en 4438 organisent la ré-
sistance ; André de Laval, Jean de La Roche et Jean de
Beuil dans le Val de Vire ; le duc d'Alençon et Ambroise
de Loré dans le Cotentin. Les insurgés du Bessin ont atta-
qué Caen (janv. 4436). Les années 4436 et 4437 sont
marquées paroles succès de la cause française; mais
bientôt les gens de la campagne abandonnés à eux-mêmes
sont vaincus. Cette guerre d'indépendance finissait au mi-
lieu d'infortunes de toute sorte : la peste, la famine
s'ajoutaient à la guerre. Richemont, ({ui a voulu utiliser
les écorcheurs de Champagne dans le pays de Caux, a
déchaîné sur ce malheureux pays un nouveau fléau. En
4440, les Anglais sont les maîtres presque partout ; sur
quelques points seulement, ils trouvent encore de la ré-
sistance, à Harfleur qui succombe après un siège de trois
mois (aoùt-oct. 4440), à Granville, à Dieppe qui résiste
victorieusement k Talbot de nov. 4442 à août 4443. La
trêve de Bourges (20 mai 4444), renouvelée à plusieurs
reprises, et prolongée par le traité de Lavardin jusqu'au
4®'' avr. 4450, donna quelque répit à la Normandie. Les
hostilités recommencèrent avant la fin de la trêve. Dans
la nuit du 23 au 24 mars 4449, le capitaine anglais,
François de Surrienne, avait surpris Fougères. Le gouver-
nement anglais refusa de rendre cette ville au duc de
Bretagne. Par représailles, le roi de France entra en Nor-
mandie. Quand la guerre fut officiellement déclarée le
34 juil. 4449, déjà Pont-de-F Arche, Conches, Gerberoy,
Saint-James-de-Beuvron, Mortain avaient été pris par les
Français. Après la déclaration de guerre, la Normandie
fut attaquée de deux côtés à la fois : par le roi et Dunois
au S.-E., par Richemont et le duc de Bretagne dans le
Cotentin. On fit appel aux habitants que les Anglais cher-
chaient à contenir par la terreur. La campagne de l'Est
fut facile : Pont-Audemer, Mantes, Vernon, Lisieux, Ver-
neuil, Pont-fEvêque, Fécamp se soumirent. Le roi entrait
à Evreux au mois d'août 4449et le lendemain àLouviers.
L'opération capitale fut le siège de Rouen. La ville, dé-
fendue par le meilleur capitaine anglais, Talbot, fut livrée
par ses habitants le 9 oct. 4449 pendant la messe. Le
duc de Sommerset et Talbot s'enfermèrent dans le châ-
teau, capitulèrent le 29 oct. et livrèrent tout le pays de
Caux. Charles VU entra à Rouen le 40 nov. Les capitu-
lations du Château-Gaillard (23 nov.), de Harfleur (2 4 nov.),
de Condé-sur-Noireau et de Bellême en décembre, enfin le
siège de Ronfleur (janv.-févr. 4450), terminèrent cette cam-
pagne. Celle de l'Ouest se divise en deux périodes. Dans
la première, qui dura jusqu'au mois d'oct. 1449, Riche-
mont et son neveu le duc de Bretagne conquirent tout le
Cotentin. sauf Avi'anches, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Bri-
quebec et Cher])ourg : -les principaux événements mili-
taires furent la prise du château du Hommet par les pay-
sans soulevés (25 sept.), le siège de Carentan (26-29 sept.)
et le siège de Gavray (9-44 oct.). La seconde période
commença le 45 mars 4450 avec le débarquement à Cher-
bourg des 5.000 hommes de Thomas Kyriel. Celui-ci avait
reçu l'ordre de rejoindre le duc de Sommerset qui s'était
enfermé dans Caen après la capitulation de Rouen. Il oc-
cupe Valognes, passe le Grand Vey malgré les gens du
pays (44 avr.). Il trouve en face de lui le comte de Cler-
mont, fils du duc de Bourbon et gendre de Charles VII;
le connétable de Richemont, de son côté, arrivait à Saint-
Lô. Les deux capitaines français concertèrent mal leurs
mouvements et, le 45 avr., k Formigny, le comte de Cler-
mont attaquait seul Thomas Kyriel. (^uand le connétable
arriva, il était trois heures de l'après-midi, la bataille
était presque perdue. Les paysans du voisinage se joignirent
aux hommes d'armes de France ; 3.774 Anglais furent tués ;
4.200 à 4.400 étaient prisonniers, dont Thomas Kyriel.
x4près cette victoire, Vire le 24 avr., Avranches après
trois semaines de siège (43 mai), l'îlot de Tombelaine,
8aint-8auveur-le-Vicomte après dix jours d'investissement,
Briquebec, Valognes (mai), furent réoccupés par les troupes
françaises. Alors commença le siège de Caen par Riche-
mont, Dunois, les comtes d'Eu et de Nevers. La popula-
tion força Sommerset à capituler le 24 juin. La ville fut
remise au roi le 4®^' juil. et Charles VU y faisait son en-
trée solennelle le 6 juil. Les trois dernières villes occu-
pées par les Anglais, Falaise, Domfront et Cherbourg, ou-
vrirent leurs portes les 23 juil., 2 août et 42 août 4450.
La Normandie était conquise définitivement. En oct. 4452,
une flotte anglaise vint bien, il est vrai, menacer les côtes
de Normandie ; mais c'était une fausse démonstration :
l'attaque principale devait avoir lieu en Guyenne. On
continua néanmoins cà faire bonne garde. A l'assemblée
de Montils-lez-Tours réunie en mars 4454, Richemont,
Dunois, le comte d'Eu, l'archevêque de Narbonne qui était
président de l'Echiquier et Pierre de Brézé firent au roi
un rapport détaillé sur l'état de la Normandie ; ils lui re-
montrèrent que les impôts levés pour l'entretien et la
solde des troupes dans la province, si durement et long-
temps éprouvée par la guerre, étaient « à très grand dé-
plaisir et charge à ses sujets » ; ils le prièrent de ne point
rejeter des réclamations qui leur paraissaient fondées.
Charles se rendit à cet avis. Par l'ordonnance du 20 mars
4454, il permit de remplacer les contributions exigées au-
paravant par une taille fixe de 250.000 livres tournois
que la Normandie et le duché d'Alençon auraient à payer,
à partir du mois d'avril, pour la solde de 600 lances et
des troupes auxiliaires qui semblaient encore indispensables
à la défense du pays.
Ainsi la Normandie échappait à la domination anglaise
pour la seconde fois. Cette conquête est un événement ca-
pital, tant pour l'histoire générale que pour l'histoire de la
province. La Normandie aux mains des rois d'Angleterre
— 41 —
NORMANDIE
était une menace perpétuelle pour le suzerain de Paris.
Henri V le comprenait quand il disait : « Vous charge sur
tant que vous povez mesprendre, que tant que vous vivrez,
ne souffrez à faire traictié avecques nostre adversaire Charles
de Vallois ne autres pour chose qu'il advienne, que le duché
de Normandie ne lui demeure franchement. » Aussi les
Anglais s'étaient-ils efforcés de donner à la Normandie une
vie indépendante. Ils avaient rendu aux Normands leurs
Etats provinciaux ; l'Echiquier tenait lieu de Parlement.
En juil. 1436, Henri YI avait établià Rouen une chaml)re
des comptes spéciale à la Normandie, qui fut distraite de
la juridiction des généraux et delà cour des aides de Paris.
Enfin, en 143^2, le régent Bedford avait érigé à Caen une
faculté de droit canon et de droit civil, rivale des écoles
françaises d'Orléans et d'Angers. Après l'expulsion des
Anglais de Paris, en 1436, f université de Caen comprit
une faculté de théologie et arts (1437), une école de mé-
decine (1438) : destinée à détourner les sujets normands
du roi d'Angleterre d'aller étudier à Paris, elle fut en quelque
sorte modelée sur l'université parisienne. Après la conquête,
Charles VU confirma l'œuvre des rois anglais. En 1450,
l'université reçut une continuation temporaire ; seule, la
faculté de droit disparut ; elle fut rétablie par une charte
de 1452. Le roi conserva les Etats provinciaux et la juri-
diction financière en matière d'aides. En 1461, la Cour des
aides fut abolie ; mais, sur la plainte des Etats de Norman-
die, Louis XI, par lettres patentes du 19 nov. 1462, la
rétablit, en lui donnant la plénitude de juridiction qu'avait
celle de Paris. Elle vécut peu de temps. Enfin, il autorisa
son frère à recréer une Chambre des comptes à Rouen.
La Normandie de 1461 À 1790. — Ce souci de s'atta-
cher la Normandie nous révélerait au besoin l'intérêt que
les rois de France trouvaient à sa possession, si les con-
temporains ne nous avaient pleinement renseigné sur ce
sujet, « La chose du monde, écrit Commines, qu'il (Charles
le Téméraire) désiroit le plus, c'estoit de voir un duc en
Normandie, car, par ce moyen, il lui sembloit le roy estre
affoibli de la tierce partie. » Louis XI, qui avait donné en
1461 le gouvernement de cette province à Charles de Cha-
rolais, se rendit compte de sa faute et dépouilla celui-ci
de sa charge de gouverneur en 1464. Après la première
ligue du Bien public, le comte de Charolais exigea que la
Normandie fût donnée au chef des révoltés, le duc Charles
de Berry, frère du roi. L'art. 3 du traité de Contlans disait
que « Charles, frère unique du roi, auroit en apanage le
duché de Normandie, sous la foi et hommage de Sa Ma-
jesté, pour en jouir tout ainsi qu'avoient fait les ducs de
Normandie ». Le duc -de Bourbon occupa, d'oct. 1465
au 17 janv. 1466, le château de Rouen, au nom du duc
Charles. Louis XI était bien décidé à ne point laisser son
frère en possession de cet apanage. Il profita de la brouille
survenue entre le duc Charles et le duc de Bretagne, mé-
content d'être le vassal du premier, en vertu de l'art. 3
précité. Il eut une entrevue avec le duc breton à Caen, et,
avec son aide, il réduisit facilement toute la province. Le
10 janv. 1467, il entrait triomphalement à Rouen et en-
voyait au supplice les serviteurs de son frère. Les Etats
généraux de Tours (1468) ratifièrent l'usurpation du roi
et déclarèrent que la Normandie ne pourrait plus, sous au-
cun prétexte, être démembrée du domaine de la couronne.
En 1490, Charles VIII donna le gouvernement de la pro-
vince au duc Louis d'Orléans, qui resta à la tète de cette
province jusqu'à son avènement au trône. Louis XII nomma
à sa place le cardinal d'Amboise, archevêque de Rouen, de-
puis 1494. Par un édit d'avr. 1499, il rendit l' Echiquier
permanent, et, le 1^^'oct. 1506, l'Echiquier, qui, jusqu'a-
lors, avait tenu ses séances dans une des salles du château,
les tint dans le palais (aujourd'hui le palais de justice).
En 1512, François d'Angoulême succédait au cardinal d'Am-
boise, et, sur l'emplacement du petit port de Leure, fai-
sait jeter les premiers fondements du Havre de Grâce, des-
tiné à remplacer Harfleur, qui s'ensablait. Ce nouveau
gouverneur, devenu roi de France, changea, en 1515, le
nom d'Echiquier en celui de Parlement. Le Parlement de
Normandie n'eut pas à se louer toujours de son parrain ;
après avoir reçu de lui, en 1518, les privilèges dont jouis-
sait celui de Paris, il eut à subir, delà part du chancelier
Poyet, une épuration. Poyet n'avait pas pardonné aux
membres de cette cour souveraine l'improbation qu'ils avaient
manifestée contre lui pour sa conduite dans le procès de
Philippe Chabot, seigneur de Brion, amiral de France (1540).
Le Parlement résista à la mesure qui frappait quelques-
uns de ses membres. François l^^' vint à Rouen au mois
d'août avec le chancelier, qui prononça l'interdiction de
cette cour. H nomma un président et douze conseillers qu'il
envoya à Bayeux pour rendi'c la justice à ses sujets de
Normandie. Après la réhabilitation de l'amiral, par l'arrêt
du 29 mars 1541, il revint sur l'interdiction prononcée
et, par l'édit de juin 1542, accorda aux parlementaires
une exemption générale et perpétuelle de l'arrière-ban.
L'année suivante, au mois de juillet, il créait une cour des
aides, l'ancienne ayant disparu.
La Normandie accueillit bien VàUéforme, qui s'implanta
d'abord à Rouen. L'une des premières victimes des haines
religieuses, Etienne Lccourt, curé de Condé-sur-Sarthe,
fut brûlée, le 11 déc. 1533, sur la place du Marché. Dès
1535, les protestants eurent des ministres à Rouen, entre
autres le fameux Morlerat. Malgré les exécutions de 1555
et de 1559, les idées réformistes gagnèrent de proche en
proche. Rouen, Dieppe, le Havre, Caen, Bayeux, Falaise,
Coutances, Vire, Saint-Lô, Carentan et quelques autres
places étaient aux mains des religionnaires. A l'assemblée
préparatoire aux Etats généraux, qui se tint au mois d'août
1560, Cohgny présenta deux requêtes des réformés de
Normandie': ils suppUaient le roi de leur accorder des
temples, l'assurant de leur dévouement ; à cette condition,
ils s'engageaient à renoncer aux congrégations illicites,
s'offrant même à payer des taxes plus élevées que celles
qui frappaient les catholiques. Les Etats généraux qui s'ou-
vrirent le 13 déc. 1560 marquent le début d'une période
d'apaisement qui prit fin avec le massacre de Vassy (1562).
En 1562, 500 protestants s'emparèrent des portes de
la ville de Rouen et mirent au pillage églises et couvents.
Le Parlement se retira à Louviers, et le duc de Bouillon,
gouverneur de la province, obligé, lui aussi, de sortir de
la ville, occupa solidement Caudebec et Pont-de-l'Arche
pour couper aux Rouennais toute communication extérieure
par la vallée de la Seine. Son lieutenant, xMatignon, prit
toutes les places que détenaient les protestants dans la
Basse-Normandie. Une armée royale commandée par le duc
d'Aumale prit Harfleur, MontiviUiers, Lillebonne ; elle
parut sous les murs de Rouen ({u'une conspiration catho-
lique devait lui livrer; elle échoua. Le duc d'Aumale s'em-
para ensuite de Brionne, Pont-Audemer et Ronfleur. Le
Parlement de Louviers, le 26 août, déclara les protestants
rebelles et criminels de lèse-majesté. La cause protestante
était compromise. L'amiral Coligny, imitant en cela les
catholiques, appela l'étranger. Par le traité d'Hampton-
Court (20 sept. 1562), 3. 000 Anglais prenaient garnison
au Havre, au nom du roi de France; Elisabeth fournissait
3.000 hommes pour défendre Rouen et Dieppe contre les
catholiques, et payait 300.000 écus d'or pour le Havre.
L'armée cathoUque, commandée par le roi en personne,
assiégea Rouen. Le 24 sept., les forts Sainte-Catherine et
Saint-Michel étaient emportés, et le 26 oct., après les
assauts infructueux des 23 et 24, la ville fut prise de
vive force ; elle fut mise au pillage ; les ministres Mor-
lerat et Montreville furent exécutés. Le Parlement rentra
à Rouen le 29 oct. Dieppe et Caen se soumirent au roi.
Pour réparer cet échec, Condé voulut surprendre Paris ;
mais, cà l'approche d'une armée catholique, il se retira
vers l'Ouest et se fit battre à Dreux, où il fut fait prison-
nier (19 déc. 1562). Coligny fut plus heureux; après avoir
ravitaillé Orléans, il se jeta en Normandie, occupa Evreux,
Bernay, Saint-Pierre-sur-Dives, Ronfleur et Pont-l'Evèque.
Avec le concours des Anglais, il prit le château de Caen
NORMANDIE
— 42 —
(J^^ mars 1563). En même temps, les protestants redeve-
naient les maîtres de Baveux assiégé du 14 févr. au 4 mars,
de Saint-Lô, d'Avranclies, de Vire, de Mortagne, etc. A
la paix d'Amboise (19 mars lo63), les protestants domi-
naient en Basse-Normandie; le Havre et Caeii étaient au,^
mains des Anglais. La paix faite, prolestants et catbj-
liques concoururent à reprendre le Havre. Le maréch? ide
Cossé-Brissac mit le siège devant cette ville le 5 juil Le
28 du môme mois, le comte de Warwick, c|ui défend' itla
place, capitula. Charles L\, qui avait assisté au siège vint
à Rouen le 12 août ; le 17 août, il fut proclamé ma; air;
Ledit de proclamation ayant été publié, véi'ifié et eni'egis-
tré au Parlement de Normandie, le Parlement de Paris pro-
testa contre l'irrégularité du fait. Le roi passa outre. —
Après cette terrible secousse, la Normandie fut relativement
tranquille. Le diocèse de Rouen fut préservé des plus grands
maux par la modération de son archevêque, le cardinal de
Bourbon. Le massacre de la Saint-Bartbélemy (21 août
1572) n'eut pas une très grande répercussion dans la pro-
vince. A liouen, le cardinal s'interposa entre catholicpies et
])rotestants. A Dieppe le gouverneur Sigognes, à Lisieuxle
gouverneur Furnichon deLongchamps (et non l'évêque Jean
Le Hennuyer) refusèrent d'obéir aux ordres de la cour. En
1573, à la reprise des hostilités, lecomte deMontgommery
et ses deux fils, les sires deGallardon et de Lorges,se sai-
sirent de Saint-Lô, de Carentan, de Valognes et s'enfer-
mèrent dans Domfront. Matignon investit cette place.
Montgommery fut conduit à Paris et exécuté en place de
Grève, le 26 juin 1574. — Cette période de paix relative
fut consacrée à des travaux législatifs. Michel de FHospital
fit nommer par le roi, en 1577, des commissaires pour la
rédaction en un code unique des coutumes normandes.
Ces commissaires s'entourèrent des députés des grands
bailliages; à la fin de 1582, le travail était achevé. En
1585, Henri Hl ratifiait et approuvait la nouvelle cou-
tume. H rétablit aussi la chambre des comptes et chargea
Charles de Bauquemare de Bourg-Denis, premier président
du parlement de Normandie, d'installer cette cour et de
rédiger ses statuts et règlements, lùifin, par ses lettres
patentes de 1579, il érigeait en juridictions royales les
tribunaux subalternes.
La paix de Loches, signée le 14 mai 1576, causa une
profonde indignation dans le parti cathoHque. En Nor-
mandie, les nobles formèrent une ligue « pour l'honneur
de Dieu, service du roi, bien et repos de la patrie ». Hs
furent maîtres d'une grande partie de la Normandie en
quelques années. Rouen, cependant, tenait toujours pour
le roi. Après la journée des Barricades à Paris (mai 1588),
Henri HI se réfugia à Chartres, puis à Rouen où il arriva
le 11 juin. C'est là qu'il reçut Yilleroi qui lui portait les
demandes des seigneurs et qu'il signa Ledit d'Lnion, par
lequel il promettait d'exterminer les hérétiques et d'exclure
du trône Henri de Navarre. 11 resta à Rouen jusqu'à la
fin de juil. 1588 ; il (piitta la ville pour se rendre àBlois
où les Etats généraux étaient convoqués. La Normandie
prit part à cette réunion. Les cahiers de doléances, qui
furent rédigés dans les Assemblées de baiUiage à cette
occasion, sont des témoignages irrécusables des calamités
qui avaient frappé la province sous les règnes de Fran-
çois II, Charles IX et Henri lïl : 141.570 victimes,
491.480.000 bvres tourn. d'impositions, tel est le bilan
de cette malheureuse époque. — L'arrestation du cardinal
de Bourbon, après l'assassinat d'Henri de Guise, détacha les
Rouennais de la cause royale. Le 4 févr. 1589, Rouen
eut sa journée des Barricades. Le président du Parlement
de Normandie, Claude Groulart, sortit de la ville ; le duc
de Mayenne y entra (fin de févr. 1589). En cette même
année, le comte de Brissac, chassé d'Angers, passait en
Normandie pour attirer cette province dans le parti de la
Ligue, à Fexemple de Rouen. Des rassemblements désignés
sous le nom de Gautier se formaient, et le peuple « animé
d'un saint zèle pour la religion » se livrait au pillage, au
désordre, à tous les excès du fanatisme. Le marquis de
Villars fut fait gouverneur de Normandie pour la Ligue,
au mépris des droits du duc de Montpensier, gouverneur
au nom du coi. (^aen était l'csté fidèle à la calise royale.
Henri HI y transféra, par édit perpétuel et irrévocable, le
Parlement de Normandie, dont la moitié environ des
membres avait suivi Groulard dans son exode. Le duc de
Montpensier procéda à l'installation le 26 juin 1589. Le
Parlement de Caen reconnut Henri IV, lorsque Henri HI
eut été assassiné, le 1^^" août 1589. Le nouveau roi, appré-
ciant de quelle importance serait pour lui la possession de
la Normandie, se rendit maître de la vallée de la Seine
en ])i'enant Meulaii et Gisors. Dieppe, Caen, Pont-de-
TArclie, Neufchàtel se donnèrent à lui. Le duc de Mayenne
accourut pour lui disputer le terrain ; autour de Dieppe
se livra toute une série de combats qui se termina par une
mêlée très vive au pied du château d'Arqués (21 sept.).
Mayenne fut vaincu, l.e Parlement de Rouen, par arrêt
du 23 sept., appela la noblesse normande aux armes
contre Henri IV. Mais, même à Rouen, le roi avait des
pai'tisans résolus. Deux bourgeois, Cavey et Louis, avaient
résolu de lui livrer la ville. Ils furent pris par la faction de
la Ligue et pendus. Henri IV passa l'hiver sur les bords de la
Loii'e. Pendant ce temps, Alençon, Argentan, Domfront. Fa-
laise, Lisieux, Pont-Audemer, Baveux. Ronfleur, Pont-
r l<]vêque se prononçaient en sa faveur et ouvraient leurs portes
à ses troupes. Au printemps de 1590, le roi rentra en cam-
pagne; il emporta Xonancourt, assiégea Dreux (5 mars) et
vai n( |u it M ay enn e à Ivry-l a-Bat aille ( 1 4 m ars) . L a Norm and i e
était à lui pres([ue tout entière. Le Parlement de Caen pro-
mulgua une ordonnance prononçant la saisie et la vente des
biens des ligueurs : une Chambre des Domaines, compo-
sée tout exprès et présidée par Groulart, fonctionnait sans re-
lâche. Il protesta, comme ceux de Tours et de Châlons, contre
la bulle de Grégoire XIV, excommuniant le roi (août 1591).
Le maréchal de Biron réduisait Caudebec, Harfleur, Fé-
camp et quelques autres places du pays de Caux à l'obéis-
sance. Avec des secours anglais et allemands, Henri IV
venait camper sous les murs de Rouen le 11 nov. 1591.
La ville, défendue par André de Villars-Brancas, fut se-
courue par Alexandre Farnèse, duc de Parme et gouver-
neur des Pays-Bas espagnols, qui, bien que vaincu à Au-
male le 5 févr. 1592, occupa Neufchàtel et força le roi à
lever le siège de Rouen (20 avr. 1592). La guerre se pour-
suivit sans autre intérêt que la prise de quelques villes de
part et d'autre. Quand le roi eut abjuré la foi protestante,
Sully négocia avec Villars. Celui-ci exigea pour la reddi-
tion de Rouen et des autres villes qu'il commandait
1.200.000 livres comptant, 60.000 livres de pension et
la charge d'amiral de France. Biron, que le roi avait pourvu
de cette charge, consentit à la céder pour 120.000 écus.
Groulart et les trois autres présidents du Parlement, pour
hâter la pacification de la Normandie, s'obligèrent ensemble
et solidairement à la garantie du paiement desl20. 000 écus.
Les autres membres du Parlement donnèrent immédiate-
ment 30.000 écus. Le Parlement revint de Caen dans le
courant de mai 1594 et fut réinstallé le 26 avr. H ne
tarda pas à reprendre son rôle d'opposition en refusant
d'enregistrer Ledit de Nantes (1598). L'art. 30 de cet
édit créait au Parlement de Normandie une Chambre de
Ledit. Par contre, le Parlement normand vota le bannis-
sement des jésuites que Henri IV devait rappeler en 1603
par un édit daté de Rouen. En 1596, Henri IV avait
réuni à Rouen les notables des trois ordres; le 16 oct.,iI
vint au milieu d'eux.
Les révoltes seigneuriales sous le règne de Louis XIII
n'eurent qu'un faible écho en Normandie. Seule, la noblesse
de Normandie prit parti pour Marie de Médicis en 1620.
La prise du château de Caen entraîna celle des autres for-
teresses occupées par les grands. Le roi fit une véritable
promenade militaire dans la province, du 10 au 28 juil.
Plus importante fut la révolte des non-nobles en 1639.
Les aides avaient à ce point progressé qu'en juil. 1638
on avait dû créer une cour des aides à Caen. Leur poids
43 —
NORMANDIE
fut la cause de Finsurrection des Nii-Pieds et des Braf;-
Nus. Cette insurrection prit naissance à Avranchcs. Son
chef était Jean, dit Nu-Pieds. Elle s'étendit à toute la
Normandie. Il y eut des désordres àBayeux, àPontorson,
à Coutances, à Vire et à Rouen. A Caen, le chef des ré-
voltés est Bras-Nu. L'insurrection éclate le 13 août et dure
jusqu'au 16 ; elle se rallume le 26 et dure jusqu'au :29.
Gassion fut envoyé à Caen le 23 nov. 1639 pour con-
naître des troubles. Bras-Nu fut exécuté. Le chancelier
Séguier destitua les échevins et nomma six commissaires.
Les autres villes se soumirent. Le chancelier vint ensuite
à Rouen; il chargea Gassion de âispQv^Qv nicniu ndlilari
le Parlement qui n'avait pas su étouifer la révolte et il
commit en sa place des membres du Parlement de Paris.
Le Parlement de Rouen ne fut rétabli que par un édit de
janv. 1641 ; encore n'était-il plus que semestre.
Les expédients financiers de Particelli d'Emery (joyeux
avènement, droit sur les vins et augmentation de la taille)
suscitèrent en Normandie les révoltes de paysans de 1643 et
de 1644. l^a Fronde eut quelque retentissement dans la
province. En janv. 1649, le duc de Longueville, (pie le
comte d'Harcourt venait de remplacer comme gouverneur
de Normandie, réussit à entraîner dans la révolte le Parle-
ment (23 janv.), puis les autres coui^s souveraines. Le Par-
lement ne pomait pardonner au pouNoir royal le semestre ;
il s'en affranchit cette année même. Le reste de la pro-
vince resta tranquille. Le comte d'Harcourt, maître des
environs de Rouen, infligea deux défaites aux frondeurs
dans « la grande occasion de la Bouille » et dans « la
guerre des Moulineaux ». Mais des lieutenants de Longue-
ville se jetèrent dans Ilarfleur, Montivilliers, Fontaine-
Martel, Neufchâtel et Clères. D'autres prirent Valognes,
dont le siège dura du 20 mars au o juin, et Argentan. La
pacification de la Normandie demanda trois semaines (févr.
1630). A la nouvelle que son mari avait été arrêté, la
duchesse de Longueville tenta de soulever la Normandie.
D'Harcourt maintint la province dans l'obéissance et il
suffit fpi'Aime d'Autriche vînt avec son hls à Rouen le
6 fév. pour que la duchesse s'enfuît aux Pays-Bas. L'ordre
ne fut troublé pendant tout le règne de Louis XIV
que par la conjuration de la Truaumont en 1674. De con-
cert avec le chevalier de Préaux et un membre de la
famille de Rohan, la Truaumont eut l'intention de livrer
Quiliebeuf aux Hollandais. Le complot fut découvert et
ses auteurs condamnés à mort furent exécutés.
La Normandie eut à souffrir de l'absolutisme royal : les
Etats provinciaux disparurent en 1666. Le Parlement fut
réduit au silence ; il n'en sortit que pour approuver haute-
ment et enregistrer la révocation de F édit de Nantes ipii
atteignit surtout les manufactures créées par Colbert : on
estime à environ 180.000 individus la part contributive de
la Normandie dans le grand mouvement d'émigration de
1683 cà 1690. Ruinée par les impôts, la Normandie fut
encore inquiétée pendant la guerre de la Ligue d'Augs-
bourg. En 1694, lord Barclay ruina de fond en comble
Dieppe et bombarda avec moins de succès le Havre.
Le xviii® siècle rendit quelque vie aux provinces. D'abord,
l'édit du 15 sept. 1715 ayant rendu le droit de remontrance
aux Parlements, celui de Normandie se servit de ce droit pour
défendre les intérêts de la province et aussi ses propres
prérogatives. Il fit des remontrances contre l'édit du 24 mars
1693 qui déclara la bulle Unigenitus loi de l'Eglise et do
l'Etat, et sur les scènes affligeantes dont la Normandie fut
le théâtre à Foccasion du refus de sacrements qui en fut
la conséquence. Il lança des arrêts contre les jésuites, prit
une part malheureuse aux persécutions contre les protes-
tants sous le ministère du duc de Bourbon, résista aux
édits bursaux du cinquantième (1725), du vingtième
(1749), de subvention (1759), du nouveau vingtième et
de la crue de la capitation (1760). Tous ses arrêts furent
biffés d'un trait de plume le 3 août 1760 par le gouver-
neur, le duc de Luxembourg. L'affaire la plus grave fut
celle de 1763. Le duc d'Harcourt, gauverneur de la Nor-
mandie, avait imposé au Parlement l'enregistrement de
Fédit du 31 mai portant recensement des propriétés au
moyen d'un nouveau cadastre général du royaume. Des
protestations s'élevèrent. Dix magistrats furent exilés.
Le 19 déc. 1763, tous leurs collègues se démirent de
leurs charges. L'accord n'eut lieu que le 10 mars 1764.
Le Parlement de ?\ormandie, sept ans plus tard, prit fait
et cause pour celui de Paris contre Maupeou. Le 26 sept.
1771, un édit réunit la Haute-Normandie au ressort du
nouveau Parlement de Paris, et créa un conseil supérieur
à Bayeux pour la Basse-Normandie. La Chambre des
comptes protesta; elle fut supprimée le 4 oct. 1771. Ln
second conseil supérieur fut institué à Rouen. Ces mesures
furent mal accueillies. Le Mdnifesfe aux yormands allait
jusqu'à réclamer l'exécution de la Charte aux Normands,
« pacte sacré, disait-il, qui était la condition essentielle
de la soumission des Normands aux rois de France, de
sorte que, puisqu'il était violé, ils redevenaient libres ».
Quand on apprit (jue les deux conseils supérieurs avaient
enregistré les édits portant prorogation des deux ving-
tièmes, ordonnant de continuer les opérations du cadastre,
la fermentation des esprits fut grande en Normandie.
271 gentilshommes signèrent une adresse de protestation
au roi. On exigea de chacun d'eux en particulier une ré-
tractation. Les opposants furent jetés à la Bastille ou exilés.
Louis XVI rappela les Parlements. Celui de Normandie
revint animé d'un esprit plus réactionnaire que jamais.
Il se montra hostile à toutes les mesures utiles préconisées
par les ministres qui se succédèrent au pouvoir, et en par-
ticulier à la libre circulation des grains. Et cependant les
révoltes et les émeutes causées par l'insuflisance des ré-
coltes se multipliaient. Des séditions avaient éclaté en 1768
eà Rouen, à Caen. à Granville, à Fécamp. Le mal grandit :
bientôt le Bocage, le Cotentin et le pays de Caux furent
en pleine insurrection, l^ji 1773, le mal prit encore des
proportions plus inifuiétantes à cause des ouragans et des
pluies tori'entielles (jui détruisirent les moissons, à cause
aussi du chômage des ouvriers des manufactures. A ces
maux s'ajoutait en temps de guerre l'insécurité. On avait
bien essayé de protéger les cotes par l'institution des mi-
lices gardes-côtes déhnitivement organisées par le règle-
ment \lu 28 janv. 1716. Les capitaineries de ces milices
furent divisées, par l'ordonnance du 5 juin 1757, en trois
départements généraux: Haule, Moyenne et Basse-Nor-
mandie. Elles étaient à peine instituées (ju'elles servirent.
En 1758, l'amiral anglais Anson tenta vainement de dé-
barquer au Havre et à Cherbourg ; mais le 7 août de la
même année, Anson, après avoir reconnu Cherbourg et les
côtes voisines, put occuper l'anse d'Frville, et entrer dtins
Cherbourg qu'il abandonna à l'approche du duc d'Har-
court. En juil. 1759, l'amiral Rodney ne put que bom-
barder le Havre : « Il faut, disait-il, que le Havre soit
couvert de fer pour avoir résisté à tout le feu que j'y ai
jeté. » Trois ans après, le 12 juil., une escadre anglaise
vint mouiller dans la rivière d'Orne pour intercepter une
cargaison de bois de construction à destination de Brest.
Elle tenta un débarquement. Le sergent des milices gardes-
côtes, Michel Cabieux, par une ruse célèbre, força la com-
pagnie de débarquement à regagner les navires anglais.
Somme toute, les tentatives de descente n'avaient réussi
qu'à Cherbourg. Les travaux de défense sur ce point,
étudiés depuis' 1647, furent repris. Et Dumouriez, qui fut
gouverneur militaire de Cherbourg de 1778 à 1789, pou-
vait écrire dans ses Mémoires : « La France doit le port
et la digue de Cherbourg à trois hommes, le duc d'Har-
court, gouverneur de la Normandie, le capitaine de vais-
seau de la Bretonnière et moi. » Les travaux durèrent de
1784 à 1790. Ils furent repris en 1792 et continués
prescpie sans interruption jusqu'en 1858.
A l'Assemblée des notables, réunie par Calonneenl787
pour chercher un remède à la situation de la France, on
décida tout d'abord d'établir des assemblées provinciales
dans toutes les provinces oii il n'en existait pas encore.
NORMANDIE — 44 —
La Normandie, divisée en trois généralités, eut trois assem-
blées, tenues Tune à Rouen, sous la présidence de Tar-
chevè((ue le cardinal de La Rochefoucauld ; la seconde à
Lisieux, sous la présidence de l'évèque iVL de la Ferron-
nays, et la troisième à Caen, sous la présidence du duc
de Coigny. Le Parlement de Rouen, comme les autres,
refusa' d'enregistrer l'arrêt du conseil qui créait en Nor-
mandie ces assemblées. Cette protestation arrivait à un
moment bien inopportun. Lamoignon. (|ui veiuiit de rem-
placer tous les tribunaux d'exception parkas grands bail-
liages, institua une cokv plciiière pour reni'egistrement
des édits et supprima ainsi le rôle politique des Pai'jements.
L'agitation grandit. La retraite de Loménie de Brieiuicel
de Lamoignon y mit fin : les arrêts de mai furent rap-
portés. Le triomphe des Parlements fut de courte durée:
quand ils entrèrent en vacances à la fui d'août 1789, leur
rôle était fini. La nation tenait elle-même ses grandes
assises. La Normandie avait accueilli avec enthousiasme
Ledit de convocation des Etats généraux.
Aux termes du règlement du Vl janv. 1789, la Nor-
mandie était divisée en six bailliages principaux, (pii dépu-
teraient directement, et en trente-six bailliages secondaires.
pour lesquels il y aurait une élection à deux degrés. Les
bailliages principaux étaient Alençon, Caen, Caudebec,
Coutances, Evreux et Rouen. Les réunions électorales, fixées
par le décret au 16 mars 1789. se tinrent dans les six
bailliages de Normandie avec le plus grand calme ; dans
quelques-unes du clergé, les réclamations des curés à por-
tion congrue contre les hauts dignitaires de l'Eglise don-
nèrent lieu à des scènes tumultueuses. La Normandie
envoya aux Etats généraux 76 députés : le clergé 19, la
noblesse autant et le tiers, en vertu de la déclaration
royale du Ti déc. 1788, 38.
La plupart des assemblées de Normandie prirent pour
modèle de leurs cahiers celui de la commune de Rouen.
Les trois ordres réclamaient les Etats proAinciaux. La no-
blesse de Normandie se montra presque partout libérale,
s'empressa d'aller au-devant des va'ux du tiers état en
abandonnant ses privilèges pécuniaires et en consentant
à supporter avec les autres ordres sa part proportionnelle
des charges de l'Etat. L'accord entre le tiers état et les
deux ordres privilégiés fut rompu sur les questions de pré-
séance et de distinctions honorifujues et sur la question
du vote par ordre ou par tête, malgré les appels à la
conciliation de quelques membres du tiers comme l'avocat
Tliouret, qui publiait son Avis des bons Normands ii leurs
frères tons les bons Français (févr. 1789), et de ipiebpies
nobles comme le comte Leforestier de Yendeuvre, prési-
dent de l'assemblée du clergé et de la noblesse de Falaise,
ou connue Fauteur anonyme de Mon opinion motivée
(ou le Vœu d'un gentil ho)nme normand à la 'noblesse),
qui osait écrire que, dans une assemblée nationale, il n'y
a plus « que des citoyens, (pie des frères, les uns aînés,
les autres cadets ». C'est le mot du président de Mesmes
aux Etats généraux de 1614. L'histoire de la Normandie
prend fin avec le décret de l'Assemblée nationale consti-
tuante (15 janv. 1790), sanctionné par le roi le '26 févr.
1790, qui substitua à Fancienne division territoriale par
provinces la division en départements.
Administration. — La province ou le gouvernement
de Normandie comprenait les pays de Caux, de Bray, le
Yexin, le Roumois, la Champagne, l'Ouche, leLieuvin,le
pays d'Auge (pii formaient la îlaute-Normandie, le Des-
sin, le Bocage, le Cotentin, FAvranchin et FHoulme qui
constituaient la Basse-Normandie. Elle était placée sous le
commandement supérieur d'un gouverneur ayant sous
ses ordres deux lieutenants généraux, un pour la Haute-
Normandie, l'autre pour la Basse-Normandie.
Jusqu'au xvii^ siècle, la Normandie avait été un pays
d'Etats. Les Etats s'étaient régulièrement constitués au
xiv^ siècle, et nous avons vu que leur histoire est intime-
ment liée à celle de la province. Le pouvoir de convo-
quer les Etats appartenait au roi seul ; mais il pouvait
déléguer ce pouvoir. La convocation se faisait par lettres.
Le roi appelait les nobles qu'il lui plaisait de faire venir.
Les évêques assistaient de droit aux Etats; le clergé sécu-
lier et réguUer députait. Les élections, à proprement par-
ler, n'avaient lieu que dans les bonnes villes, en présence
des sergents et vicomtes. Le roi déléguait aux Etats des
commissaires spéciaux. Le lieu de réunion fut variable au
moins jusqu'au xv® siècle, et il ne semble pas qu'il y ait
jamais eu périodicité des l^tats. La compétence particu-
lière des Etats était le vote et l'administration des subsides
et des aides. Toutefois, les l^tats abordèrent les questions
d'intérêt local et adressèrent ta ce sujet au roi des remon-
trances. La dernière séance des Etats de Normandie se
tint en 1666. A partir de ce moment, la Normandie de-
vint pays d'élections. Le gouvernement de Normandie
fut alors divisé en trois généralités ou intendances,
celles de Rouen, Caen, Alençon, à la tête desquelles étaient
des intendants. Chacune de ces généralités était divisée en
élections devenues le siège des snbd'Hégués des inten-
dants. La généralité de Rouen comprenait les élections de
Rouen, Arques, Eu, Neufchâtel, Lyons, Cisors, (^haumont
etMagny, les Andelys et Vernon, Evreux, Pont-de-l' Arche,
Pont-1'Evêque, Pon't-Audemer, Caudebec et Montivilliers.
La généralité de Caen formait 8 élections, celles de Caen,
Bayeux, Carentan, Valognes, Coutances, Avranches, Yii*e
etSaint-Lô. La généralité d'Alençon comprenait les 9 élec-
tions d'Alençon, Bernay, Lisieux, Couches, Yerneuil,
Domfront. Falaise, Argentan et Mortagne.
Dès le xni^ siècle, la Normandie avait formé une ad-
ministration financière ; mais les rôles normands étaient
dans les archives de la Chambre des comptes de Paris.
Sous la domination anglaise, en juil. 1436, une Cfiambre
des comptes fut établie à Rouen (Y. Chambre des comptes
DE Roukn). Maintes fois supprimée, elle fut définitivement
rétablie en juil. 1580. En oct. 1704, elle fut réunie à
la Cour des aides de Normandie. Celle-ci, créée en 1450
par Charles YIÏ, supprimée en 1461 et rétablie le 19 nov.
146^2, absorba en mai 1641 la Cour des aides de Caen
érigée en 1638. Elle comptait, dans son dernier état,
3 présidents, 27 conseillers, 2 avocats généraux etl pro-
cureur général. Avant la réunion, la Chambre des comptes
comprenait 89 offices : 5 de présidents, 36 de conseil-
lers maîtres, 10 de correcteurs, 36 d'auditeurs, 1 de
procureur général et 1 d'avocat général. En 1749, la
cour des comptes, aides et finances de Normandie se
composa de 8 présidents, 63 conseillers maîtres. 10 con-
seillers correcteurs, 34 conseillers auditeurs, 2 avocats
généraux, 1 procureur général, 4 greffiers en chef, 1 com-
mis au greffe, 2 substituts des aides, 2 substituts des
comptes. Les conseillers maîtres étaient divisés en deux
bureaux : le bureau des comptes et le bureau des aides,
fonctionnant alternativement par semestre. Le siège de
cette cour était à Rouen, et sa juridiction s'étendait sur
les trois généralités. Au siège des généralités étaient les
bureaux^ des trésoriers des /in^/i^'é^s. Chacun d'eux avait
1 présideiit. F' Irésoriers, 1 avocat, 1 procureur du roi.
Ds connaissaient des donu i:i^s du roi et avaient l'inspec-
tion sur les finances et sur la i)olice des grands chemins.
Enfin Rouen et Saint-Lô avaient eu le privilège de battre
monnaie. Les pièces sorties de F atelier monétaire de
Rouen étaient marquées d'un B, et celles de Saint-Lô
d'un C. L'atelier monétaire de Saint-Lô avait dans la suite
été transféré à Caen. En conséquence, des juridictions ou
cours des monnaies avaient été établies à Rouen et à
Caen pour connaître particulièrement des malversations
commises par les officiers, les gardes et ouvriers em-
ployés aux hôtels des monnaies. Ces cours se composaient
de cinq ou six officiers, et les appels de leurs jugements
étaient portés devant la Cour des monnaies de Paris.
Le g)avernement de Normandie constituait le ressort
du Parlement de Normandie. Le Parlement était l'ancien
Echiquier (V. ce mot) des ducs normands devenu séden-
taire à Rouen en 1499. Le nom de Parlement avait rem-
— 45 —
NORMANDIE
placé celui d'Echiquier en 4515. Il ne se composait alors
que de deux chambres; il avait 4 présidents, 13 conseil-
lers clercs, 15 conseillers lais, 2 greffiers en chef, 7 huis-
siers, 2 avocats généraux et un procureur général. En
1545, on institua une Chambre criminelle ou lournelle.
En 1548, une Chambre des requêtes fut créée; suppri-
mée en 1560, elle fut rétablie en 1568. La Chambre des
enquêtes fut dédoublée en 1669. Sous la Ligue, le Par-
lement se scinda en deux, et une des parties s'étabht à
Caen avec le premier président Groulart. Le Parlement
de Caen s'accroît d'une Cha))it)re des doiriaines. Au
xviii^ siècle, le Parlement se composait de cinq chambres.
La grand'chambre avait un premier président, 2 prési-
dents à mortier, 20 conseillers clercs, 8 conseillers lais.
Les deux chambres des enquêtes avaient chacune 2 pré-
sidents, 19 conseillers lais et 9 conseillers clercs. La
chambre des recpiètes était composée de 2 présidents et
11 conseillers. La Tournelle, de 3 présidents et 12 con-
seillers. Auprès du Parlement, il y avait 2 avocats géné-
raux, 1 procureur général et 9 substituts, 2 greffiers
principaux, 4 notaires, 12 huissiers, 56 procureurs. Le
Parlement, maintenu en vacances par le décret de l'As-
semblée nationale du 3 nov. 1789, fut supprimé « après
cet enterrement vivant », selon l'expression d'A. Lameth,
par le décret (ki 6 sept. 1790.
Au Parlement de Normandie ressortissaient 7 grands
bailliages : 1« le bailliage de Rouen qui comprenait les
vicomtes .de Rouen, de Pont-de-l' Arche, de Pont-Aude-
mer, Pont-l'Evèque et de Pontorson ; 2° le bailliage de
Caux formé par les vicomtes de Caudebec, Montivilliers,
Arques, Eu, Neufchàtel, Gournay, le Havre, Cany, Lon-
gueville; 3*^ le bailliage d'Evreux composé des vicomtes
d'ICvreux, de Couches, de Rreteud, de Beaumont-le-RogCi',
d'Orbec, de Lisieux, de Pacy et de Nonancourt; 4"^ le
bailliage de Gisors comprenant les vicomtes de Gisors,
Vernon, les Andelys, Lyons, Chaumont et Magny; 5*^ le
bailliage de Caen dont les vicomtes étaient celles de Caen,
Bayeux, Ealaise, Yire-(^ondé, Thorigny; 6^ le bailliage
du Cotentin qui comptait 11 vicomtes : Coutances, Caren-
tan, Valognes, Avranches, Mortain, Saint-Lô, Périers,
Saint-Sauveur-le- Vicomte, Gramille, Gravillc et Cher-
bourg; 7'^ le bailliage d'Alençon avec ses vicomtes d'Alen-
(:on. Argentan, Domfront, Bernay, Montreuil, Verneuil,
Chàteauneuf, Exmes, Laigle, Lessey. Chacun de ces bail-
liages était le siège à'unprésidial qui se tenait généra-
lement dans la ville principale. Rouen, Caen, Alonçon,
Evreux, (Caudebec, les Andelys et Coutances avaient un
de ces tribunaux qui jugeaient en dernier ressort les pro-
cès dont l'enjeu n'était pas supérieur à 250 livres. Les
présidiaux furent établis par Henri II en 1551. Les vicom-
tes étaient des prévôtés, le prévôt portant en Normandie
le nom de vicomte.
Parmi les autres tribunaux, il faut encore mentionner
les trois directions générales et greniers à sel dont les
sièges étaient Rouen, (^aen et Aleneon ; la Normandie,
sauf dans une petite région à l'O. de l'Orne et à l'embou-
chure de la Touques qui était de quart bouillon, était
soumise au régime de la grande gabelle. La Normandie
avait eu deux grandes maîtrises des eaux et forets jus-
qu'en 1702, l'une à Rouen pour la Haute-Normandie,
l'autre à Caen pour la Basse-Normandie. Une troisième
fut établie à Alençon, à cette date. Le siège général des
eaux et forêts de la table de marbre du palais à Rouen
se composait d'un lieutenant général, d'un heutenant par-
ticulier et de 4 conseillers. La juridiction consulaire
n'existait tout d'abord qu'à Rouen oii Henri H l'avait ins-
tituée en 1556 ; bientôt elle eut un second siège à Dieppe ;
puis, en 1710, il fut fondé des chambres de commerce à
Caen, Vire, Coutances et xVlençon. La Normandie était
aussi le principal siège de V Amirauté de France. L'ami-
rauté tenait ses assises à la table de marbre du palais de
Rouen : elle était composée d'un lieutenant général,
d'un lieutenant particulier et de 4 conseillers. L'amiral
de France exerçait en outre sa juridiction par ses lieute-
nants résidant à Rouen, Caen, Dieppe, le Havre, Caudebec,
Eu, le Tréport, Fécamp, Saint-Valéry, Veules, Quille-
beuf, Hontleur, Touques, Dives, Caen, Ouistreham, Ber-
nières, Port-en-Bessin, Cherbourg, Port-Bail et Carteret,
Granville, le Mont-Saint-IVlichel. Les appels des sentences
rendus par les lieutenants étaient jugés en première ins-
tance à la table de marbre, en dernier ressort au Parle-
ment.
La maréchaussée avait pour chefs deux grands prévôts,
placés l'un dans la Haute, l'autre dans la Basse-Normandie.
Dans certains cas, les grands prévôts jugeaient les crimi-
nels en dernier ressoj't. Ils avaient sous leurs ordres des
vice-baillis et des compagnies d'archers toujoui's prêts à
monter à cheval.
La Normandie ecclésiastique constituait la province de
Rouen. L'archevêque de Rouen avait pour sullragants les
évoques d'tATCux, de Sées, de ij'sieux, de Bayeux, de
Coutances et d' Avranches. H y avait sur le sol normand
quantité de monastères ; le grand prieuré de Bourg-Achard,
les abbayes de Jumièges, de Saint-Wandrille, de Saint-
Evroult, du Mont-Saint-Michel, d'Ardejuie, de Troarn,
d'Ouche, duBec-llellouin, les célèbres Abbayes des Hommes
et des Dames à Caen, de Saint-Ouen à Rouen, l'abbaye
Saint-Martin de Sées, Notre-Dame de Bernay, Fécamp,
Mortemer, etc.
Lettres et Sciences . — (7est seulement au vn® siècle
que nous constatons une certaine activité intellectuelle en
Normandie. Saint Wandrille a fondé le monastère de Fon-
tenelle où les religieux rédigèrent les Gesta abbatum Fon-
tanetlensium, si précieux pour lacoiniaissance delà chro-
nologie mérovingienne et le Chronicon Fontanellense
écrit vers le w'^ siècle et continué jus(pi'en 1040 par des
auteurs anonymes. Toutefois, il send)le (fuc les moines
normands aient été plus préoccupés d'écrire la vie des
saints personnages, connue Ausbert, archevêque de Rouen,
Lambert, 2^ abbédeSaint-Wandcille, ou même de la reine
(^lotiide, jus([u'au x^ siècle. L'établissement des Normands
fut le signal d'une véritable renaissance Ht téraire et artis-
tique. La cour des ducs eut son académie. L'auteur ano-
nyme du Plaiictus super )norle})i Guillehni ducis (vers
943) en devait faire partie au même titre que le Picard
Dudon de Saint-Quentin (pii écrivait de 994 à 1026, sous
la direction de Raoul dTviy, son De Moribus et Actis pri-
moi'um Aorïnaiiniœ. ducuni. Le xi^ siècle, qui fut
l'époque la plus brillante de l'histoire ducale, fut aussi
la période la plus féconde ])our les lettres. L'abbaye du
Bec-Hellouin a été fondée vers 1035. Sous la direction de
Lanfranc et de saint Anselme, elle devint Fécole par ex-
cellence de la France du Nord, et à la lin du xi^' siècle
Anselme de Laoji y étudiait avant d'enseigner à Laon et
à Paris. Les monastères rivalisent. A Jumièges, Guil-
laume Calcutus écrit, entre 1070 et 1087, une Historia
yormannorum ([u'il dédie à Guillaume le Conquérant.
A Saint-Evroult, l'Anglais Orderic Vital cojnpose à la re-
quête des moines son Historia ecclesiastica qui devait
être tout d'abord une histoire de Saint-Evroult et qui
devint une histoire universelle, de la naissance du Christ
jusqu'à l'an 1141. date à hnfuelle il meurt très proba-
blement. La cour des ducs était toujours un centre impor-
tant de production littéraire. Le Normand Guillaume de
Poitiers, chapelain (\\\ duc, èci'ivit ses Gesta Guilletmi
ducis Aor)iia)inorum vers 1070-80 ; et Gui de Ponthieu,
qui, avant d'être èvè(jue d'Amiens (1058-76), avait été cha-
pelain de la duchesse Mathilde, chanta (1067) dans un
poème officiel en disti([ues la bataille d"Hastings. Raoul
de Caen, dans ses Gesta Tancredi, nous donnait la version
]iormande d'un témoin oculaire de la première croisade.
Le clergé séculier était lui-même lettj'é. Les évêques de
Lisieux! Hugues d'Eu (f 1077) ctGilbei'tMaminotdllOl),
avaient formé une sorte d'académie où l'on discutait des
questions de science, de théologie et de littérature. Vn
autre, Arnoul, qui fut évêque de 1141 à 1181 et qui
NORMANDIE
■46
mourut en 1184, a mérité, comme le montrent ses lettres,
que Robert du Mont le qualifiât : callidiis, eloqiiens et
lilteratm. Robert Wace composait au milieu de ce même
siècle le lloinan de lioii et son œuvre était reprise, après
sa disgrâce, par Benoit de Sainte-31aure. iLtienne de Rouen
écrivait, peu après 1170. en mètres variés, son Draco
yornianniciis en trois livres. Robert de Thorigny ou du
Mont, moine du Bec en 11:28 et abbé du Mont-Saint-Micbel
de 1144 à 1186, donna une nouvelle édition de Guillaume
de Jumièges et rédigea une continuation de la CJwonique
universelle de Sigebert de Gembloux. Peu après, un ano-
nyme composait une histoire des ducs de Normandie et
des rois d'Angleterre jusquà i!2"20, apparentée à la chro-
nique de l'anonyme de Béthune. Un certain Ambroise, Nor-
mand de naissance, écrivait peu avant 1196 un grand
poème français sur le pèlerinage du roi Richard. Alexandre
de Bernay et Alexandre de Villedieu vivaient vers le môme
temps. Sous Je règne de Philippe le Bel, Pierre Dubois,
avocat du roi à Coutances, publiait, entre autres œuvres,
son De liecuperatione terrœ aanctœ. J^es guerres du
xiv^ et du xv^ siècle donnèrent naissance à toute une lit-
térature : la Chronique normande (1337-72), la Chro-
nique du Blont-Saint- Miche l {ioVS-iioS) , la CJironique
de Pierre Cochon, notaire apostolique à Rouen (f iiij6),
l'histoire en latin de révé(|ue de Lisieux Thomas Basin,
né à Caudebec en ilH. VOratio Imtorialis et la 7t(?-
ductio NorjiKinnice de Ro])ert Blondel (1380-1461), le
liecouvreinenl de Sor]nandie par le héraut Berry. Les
a^uvres littéraires d'Alain Chartier, les Vaux de Vire dont
(pielques-uns sont l'o'uvre d'Olivier Basselin. sont égale-
ment très précieux pour Thistoire du xv^^ siècle. Le Jour-
nal de Masselin sur les Etats généraux de 1484 est un
document historique d'un prix inestimable. Au xiv^ et au
xv<^ siècle, la Normandie avait domié le jour à quelques
médecins illustres, Jean Pitarl, qui fut médecin de Phi-
lippe le Bel; Henri de Mondeville, dont le traité de méde-
cine récemment publié renferme des prescriptions (pu
n'ont pas peu étonné le monde médical; Jean Dalechamp,
qui fut surtout un praticien.
Les xvi*', xvii^etxvm" siècles normands ont été illustrés
par quantité d'écrivains, d'érudits. de jurisconsultes et de
savants. Parmi les poètes, citons : Pierre Gringoire (1480-
1547), Jean le Houx vers 1550, l'héritier de son compa-
triote 0. Basselin ; Jean Marot, Malherbe (1555-16^28),
Jean Yauquelin et son fils Nicolas Vau<juelin de la Fres-
naie qui mourut en {^[''1, Montchrétien (pii mourut en
1621, Jean Bertaut (1552-1611), l'académicien Pierre
Bardin, né à Rouen en 1590 et mort en 1637 ; de Boisro-
bert (1592-1662), Saint-Amand (1594-1661), Georges
de Scudéry (1601-67), Pierre Ojrneille, né à ]\ouen en
1606, son frère Thomas, né en 1625, Benserade (1612-90),
le rival de Racine et compatriote de Corneille, Pradon, né
en 1632; Amfrye de Chaulicu (1639-1720), qui mérita
l'épithète de iwe^nier des poêles nqjlùjes (pie Voltaire
lui décerna ; Segrais, le traducteui' en vers de {'Enéide.
des Bucoliques et des Géorgiques; ,k'dn Sarrazin. qui fut
à la fois poète et historien; Richer (1685-1718), Juhen
Quersens, auteur d'une tragédie Panihée, mort en 1738 ;
Malfilâtre (1732-67). Les prosateurs ne sont pas moins
]iombreux; nous citerons: Madeleine de Scudéry, l'auteur
de Clélie, de Ci/rus et de quantité d'autres romans qu'on
n'essaye même plus de lire; son émule. M"^*^ de La Layette,
(|ui a écrit la Princesse de Clèves et ÏMÏde ; Françoise
Bertaut, dame de Motteville (1615-89), dont les Mémoires
sont une des sources liiï^tontiues les mieux renseignées et
les plus impartiales pour fénoque de la Fronde; les his-
toriens et historiographes: Mèzerai. né en 1610; Robert
Deniaud, historiographe (hi roi en 1663; Daniel îluet,
évoque d'Avranches; le P. Daniel (1649-1728), Louis
Legendre (f 1747), François Raguenet (f 1720), Saint-
Fvremond (1613-1703), qui s'illustra plus par ses lettres,
qui sont de A^ais chefs-d'œ^ivre de hnesse et de goût, (]ue
par ses œuvres de longue haleine ; le Bovier de Fontenelle
(1657-1755), (pii échoua misérablement comme poète et
qui eut (pielques succès avec ses Dialogues des Morts et
ses Eloges académiques ; l'abbé de Saint-Pierre (1658-
1743), dont les opuscules politiques, économiques et mo-
raux sont marqués au coin du plus parfait amour de ITiu-
manité, et Bernai'din de Saint-Pierre, né au Havre (1737-
1814). plus connu par son idyllique Prt?^/(?^ Virginie (i^Q
par ses Eludes de la nature ou par ses Vœux d'un so-
litaire.
L'érudition est représentée en Normandie dès le xv^^ siècle
par l'évéque de Lisieux, Nicolas Oresme; au xvi^ siècle,
par les Rouennais, Turnèbe, Mathurin Cordier, et surtout,
au xvn^, par Samuel Bochart cpii fut principalement un
hébraisant; un autre Normand, dom Thomas Dufour, lit
également des études sur la langue hébraïque. On peut
encore nommer en ce siècle les humanistes le P. Bulteau,
Le Brun-Desmarets, né à Rouen en 1560, l'éditeur de
Lactance, Guyot-Desfontaines (1685-1715) et M"^^ Dacier.
Au xvm^ siècle, deux Normands, dom François ïoustain
et dom Tassin, bénédictins de l'abbaye de Saint-Wandrille,
donnèrent une histoire de cette abbaye et collaborèrent
au Nouveau Traité de diplomatique; enfin, à Granville,
est né en 1716 l'un des plus illustres érudits de ce siècle
si fécond, Oudart Feudrix deBréquigny (f 1795), membre
de l'Académie française et de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres. La Normandie a aussi fourni de grands
jurisconsultes, parmi lesquels Hemi Basnage, avocat au
Parlement de Normandie (1615-95), ([ui publia un Com-
mentaire sur la coutu))ie de Normandie ; ses deux fils,
Henri et Jac(|ues ; Guillaume Rouillé, né à la fin du xv^ siècle
à Alençon, auteur d'un Coimnenlaire sur la coutunie
du Maine et de Noies sur la glose de la couhune de
Normandie ; cniin le feudiste Le Loyer qui a composé
un Jraité des fiefs.
Les sciences n'ont pas été cultivées avec moins de succès
en Normandie dans les deux derniers siècles. Le médecin
Pierre Heurtant publia un Traité de la peste en 1621 à
Caen où il exerçait. Son confrère de Dieppe, Jean Pecquet
(f 1674), découvrit le réservoir du chyle connu sous le
nom de réservoir de Pecquet et publia ses Expériences
d'anatomie. Georges Fournier (1595-1652), Adrien Au-
zout (f 1690), Guillaume et Jean Gosselin, Pierre Yari-
gnon (1654-1722) et La Place (1749-1827), furent des
mathématiciens et des astronomes. Rouen a produit le
chimiste Lémery (1645-1715), et le Havre le naturaliste
l'abbé Dicquemare (1733-89).
Beaux- Arts. •— L'époque romaine ne nous a laissé
comme ruines importantes que les arènes de Lillebonne,
et nous ne possédons plus de monuments de l'art franc
en Normandie. Les invasions normandes avaient couvert
le pays de ruines ; les ducs ont réédifié. L'école romane
de Noi'inandie, définitivement constituée dès le xi° siècle,
fut l'une des plus brillantes. Son influence, dépassant les
frontières du duché, s'étendit jus(pi'à la Picardie, jus({u'à
Beauvais à TE., juscpi'à Gassicourt, près Mantes, se fit
sentir dans le pays cliartrain et en Bretagne jusqu'à Dol.
L'art normand a régi toute l'Angleterre. Le foyer de cette
école fut à Caen. Les églises romanes de Normandie sont
construites sur trois plans : les églises rurales ont une
nef terminée par un chevet plat, ou très rarement par une
abside ronde, connue à Saint-André-d'Hébertot (Calvados).
D'auti'cs ont une nef et deux bas côtés avec un chamr en
hémicycle et un traiiï^ept à deux abbidioles. Ce plan a subi
une modification impoi'tante à signaler : les églises d'Au-
tlieuil et de Saint-fk'^nery, dans l'Onic, n'ont pas de bas
cotés ; c'est le plan de l'église d'Axiat, dans J'Ariège.
Enfin les grandes églises ont une nef avec deux bas côtés,
un transept avec deux absidioles. Quelquefois, comme
dans l'église romane du Mont-Saint-Michel ou à Cerisy-la-
Forèt, au lieu (pie les bas côtés se prolongent par des
absidioles, ils se terminent par des clievets droits. La partie
droite du chœur est recouverte de deux voiites d'arête,
exceptionnellement à Saint-André-d'Hébertot, de deux
— 47 —
NORMANDIE
voûtes d'ogive. Le carré clii transept est surmonté d'une
lanterne carrée ; an xii'' siècle seulement, on Jança sur le
carré du transept des voûtes d'ogive. Les bras du transept
étaient voûtés en berceau plein cintre. Au xi^ siècle, les nefs
étaient couvertes d'une cbarpente, et encore au xii^ siècle
beaucoup d'églises rurales ne sont pas voûtées. Vers 1 150,
les arcliitectes normands ont adopté la voûte d'ogive sur
plan carré avec doubieau intermédiaire passant par la clef.
Ils ont été coiuluits à lancer ces voûtes après coup sur des
nefs qui en étaient primitivement dépourvues. Cette addi-
tion les a entraînés à remanier l'œuvre primitive, et en
particulier à aveugler, comme cela se constate à Saint-
Etienne de Caen. l'une des arcatures basses en plein cintre
qui ouvrent de la nef sur les tribunes placées au-dessus
des bas côtés, et à llanquer les piliers de colonneltes ; à
Saint-Etienne de Caen et à Bernicres (Calvados), les piliers
qui reçoivent les grands douldeaux ont dix colonnes en-
gagées, les autres deux seulement. A Cerisy-la-Eorèt, à
Saint-Georgcs-dc-Boscherville, à Saint-Sauveuj'-le-Vicomte
les piliers sont flanqués de huit colonnes. Les clocbers
normands sont composés généralement d'une tour carrée
flanquée de clochetons à la base de la fièclie. L'ornemen-
tation est simple, mais la profusion des décors, bâtons
brisés, chapiteaux à godrons, galeries extérieures d' arca-
tures entremêlées sont, avec les passages en galerie au-
dessus des tribunes dans les grandes églises, les caracté-
ristiques de cette architecture romane de Normandie. Les
monuments de l'école normande sont nombreux. Dans le
Calvados, les principaux sont : à Caen, les églises Saint-
Etienne et la Trinité, dont la construction commença vers
i0o4 ; Saint-Nicolas ; la crypte de la cathédrale deBayeux,
qui est du xi^ siècle; Secqueville-en-Bcssin, Ouistreham;
dans la Manche, les égUses de Cerisy-la-Eorèt, Lessay et
Pontorson; dans l'Orne, Domfront; dans l'Eure, l'église
abbatiale Notre-Dame de Bernay, et Saint-Taurin d'l>reux ;
dans la Seine-Inférieure, Jumièges, Saint-Georges de Bos-
cherville, Saint-Hildobert de Gournay, l'église de Petit-
Quevilly.
Les spécimens de l'architecture militaire du xi^ et du
xii^' siècle sont assez nouibreux en Normandie. Au château
d'Arqués, l'enceinte est du xi*^^ siècle; le donjon, d'après
Sigebert de Gembloux, n'aurait été commencé ([u'en iL23.
Le donjon de Domfront est probablement du xi'^ siècle.
l^e donjon de Ealaise n'est pas antérieur au xii^^ siècle ;
il fut construit par Robert de Belléme. Le château dit de
Guillaume le Conifuérant à Bonneville-sur-Touques n'était
pas plus ancien que celui de Ealaise. Cbambois, dans l'Orne,
est aussi du commencement du xii" siècle. Le château de
Gisors appartient déjà à une époijue de transition ; il a
d'ailleurs été restauré en LL23 et remanié en llTo. Tandis
qu'au xi^ siècle et au commencement du xii^ siècle les
donjons sont carrés, celui de Gisors est octogonal. Mais
le chef-d'œuvre do l'architecture mililaire ]U)rnumdc était
le formidable Cbàteau-Gadlard, dont les j'uines. à un coude
de la Seine, dominent le Petit-Andely. Son donjon, en
forme d'amande, était entouré de trois enceintes dont les
substructions sont encore visibles. Il avait été construit
par Richard Cœur de Lion. La tour Jeanne d'Arc à Rouen
est le donjon rond de Tancien château de Rouen, construit
par Philippe-Auguste.
L'école gothique de Normandie, dont l'influence s'éten-
dit à toute la Normandie et à toute la Bretagne et s'arrêta
aux frontières du Maine, n'a pas des cai'actères distinctifs
aussi accentués que l'école romane parce qu'elle a été
soumise à l'influence de l'école française, connue en
témoignent les cathédrales de Rouen et de Lisieux. 0]i
s'était contenté le plus souvent en Normandie d'adapter
les procédés architecturaux nouveaux aux édifices de
l'époque romane. Saint-Etienne de Caen, la Trinité, Saint-
Gabriel, près de Caen, nous en fournissent des exemples.
Mais, à la fin du x/i^ siècle, l'art gothique triomphe. C'e^^t
l'époque la plus belle de cet art. Alors fut counnencée la
cathédrale de Rouen. L'église romane avait été brûlée
en 'L200. La tour de Saint-Romain seule resta intacte.
Jean sans Terre ofti'it "2.000 livres pour la reconstruction
qui fut immédiatement commencée sous la direction du
maître maçon Enguerrand. Les voûtes de la nef ne furent
achevées qu'au xiv^ siècle par un certain Durand. Les tra-
vaux se poursuivirent jusqu'au xvi^ siècle. Le porche de
la cour des Libraires fut fait en i{{)-2. La tour de Beurre,
commencée en L487, fut terminée par Jacques le Roux
en 150(i ; le neveu de celui-ci, Roullant le Roux, relit le
grand portail en 1510. Après le grand incendie de 1514,
on édifia une flèche qui fut remplacée après l'incendie
de i82"2 par la flèche actuelle en fonte à laquelle on travailla
de 18-27 à 187(3. La cathédrale de Lisieux fut également
commencée à la belle époque du gothique. L'église primi-
tive, ayant été détruite par un incendie, avait été recons-
truite de 1141 à 118^2 ; mais, en 'L2:26, un nouvel incendie
ruina l'édifice, sauf les tours. La cathédrale actuelle
(Saint-Pierre de Lisieux) fut achevée en l'233 ; elle fut
modifiée vers le milieu du xni^ siècle par l'allongement
de la chapelle absidiale et par la réfection des portails.
La cathédrale d'i-^vreux, dont quelques parties remontent
au xii*^ siècle et même au xi^, nous offre, dans son état
actuel, une ]ief refaite de i'IO'l à 1^40, un chœur dont
la première pierre fut posée en 1^205, mais (|ui fut mo-
difié après Tincendie de 1579, et un transept du xvi*^ siècle,
i^a cathédrale do Bayeux, ou nous trouvons quelques ves-
tiges de l'éghse romane construite de 1077 à 1158 envi-
ron, fut en partie reconstruite vers 1^240 ; le croisillon N.
est du xiv- siècle, la tour centrale du xv«. Celle de Cou-
tances est presque entièrement de la première moitié du
xiii^ siC'cle, la chapelle delà Vierge est du xiV\ Le chœur
de celle de Sées fut construit de 1210 à l'250 ; la nef
est de la seconde moitié du xni^ siècle. Enfin à la même
époque appartiennent les églises d'Eu, du Petit-Andely
où l'on voit des peintures murales qui sont un des exemples
les plus anciens que l'on puisse citer, de Eierville, de Norrey ,
de Langrune, de Bernières-sur-Mer, de Saint-Pierre-sur-
Dives. Toutes les cathédrales sont construites sur un même
plan qui comporte une nef, des bas côtés simples, un
transept, des chapelles rayonnantes ouvrant sur le déam-
bulatoire. La chapelle de la Vierge, disposée dans l'axe de
réghse. est une véritable petite église annexée à la grande.
Toutes ces grandes églises ont un caractère commun ;
elles ont une tour-lauterne, tr.'>s richement ornée, sur le
carré du transept. Les éghses rurales sont composées
d'une nef terminée par un chevet plat. Le caractère le
plus frappant est l'acuité des arcs (arcs en Lancette) sur-
tout dans les chœurs, portails et clochers. Les croisées
d'ogive sont sur plan barlong. Ces dispositions restèrent
celles des monuments du gothi(iue rayonnant auquel
appartiennent Saint-Oucnde Rouen, Saint-Pierre de Caen
(le chœur est du xm^ siècle) et des édifices du gothique
flambloyant: Saint-Maclou de Rouen, Caudebec-en-Caux,
Notre-Dame de Saint-Lô, le chfcur de Téglise abbatiale
du Mont-Saint-Michel, Saint-Jacques de Lisieux, Saint-
Jacques de Dieppe, Notre-Dame dWlençon, les deux églises
Saint-Martin et Saint-Germain d'Argentan. Les différences
portent sur des détails d'exécution, comme la construction
de chapelles latérales entre les contreforts de la nef ou les
pihers losanges à nervures continuant celles de la nef, les
arcs-boutants doubles et à double volée (Saint-Ouen) ou
encore l'arc quint-point que l'on trouve au xvi^ siècle
dans la piscine de l'abbaye de Saint- Wandrille. Ce qui
caractérise surtout l'école de Normandie à toutes les époques
du gothique, ce sont les clocbers, remarquables par la
hauteur des flèches et des clochetons ; les plus belh^s iièches
sont celles de Saint-l^^tienne de Caen, de Notre-Dame de
Coutances, de Bayeux, de Secqueville-en-Bessin, de Saint-
Pierre-sur-Dives, de Langrune, de Bernières et de Saint-
Pierre de Caen.
L'architecture civile est représentée par de beaux spé-
cimens : tels le beffroi d'IAreux qui compte parmi les plus
beaux de Erance, le palais de justice de Rouen, com-
NORMANDIE
48 —
mencé en 1499 et dont toute l'aile qui comprend la
grand'chambre était terminée dès 4506, l'hôtel Bourgthe-
roulde encore à Rouen, la chambre de commerce de Caen.
l^es maisons particulières anciennes à signaler sont nom-
breuses ; on en pourrait citer, particulièrement à Rouen
et à Caen ; l'une des mieux conservées était, jusqu'à ces
dernières années, le manoir François I*^^à Lisieux, appelé
aussi maison de la Salamandre à cause du principal motif
de sculpture ([ui orne la façade. Il y avait un véritable
style normand pour les manoirs.
La Renaissance pénétra de bonne heure en Normandie,
sauf dans Fart religieux. C'est dans le chœur de Til-
lières, rebâti de 1534 à 1536 et dans les chapelles de
Dieppe que se manifesta, timidement encore, l'influence
italienne qui finit par devenir prépondérante et même
exclusive : le style rococo est représenté par quelques
monuments comme l'église du Havre, Sainte-Catherine de
Ronfleur, l'église du Grand Andely qui est de trois styles
diftérents. Le triomphe de cet art académique est dû sur-
tout à l'école qui se fonda à Caen sous la direction d'Hector
Sohier im])u des idées nouvelles. Dans l'architectuj'e civile,
dès les premières années du xvj« siècle, l'italianisme perce.
Le château de Verneuii, construit pour le duc de Nemours,
en porte les traces, même dans ses ruines. Le château de
Caillou, construit de 1508 à 1519 pour le cardinal d'Am-
boise, probablement d'après les plans de Fra Giocondo le
Classi(|ue, par Guillaume Senault, Pierre Fain et Pierre
Delormc, est en quelque sorte le témoin de la hille de
l'art indépendant et de l'art.
Les traditions de la belle sculpture du moyen âge qui
avait produit les stalles de la cathédrale de Lisieux, les
plus belles de tout le xiv^ siècle, la chaire extérieure de
Notre-Dame de Saint-Lù au xv^ siècle, se perdirent au
commencement du xvi^ siècle, vers le même temps où
Michel Colombe exécutait le Combat de saint Georges
contre le dragon pour le retable du maitrc-autel destiné
à la chapelle du château de Gaillon (1508). Déjà les deux
tombeaux de la chapelle de la Vierge, dans la cathédrale
de Rouen, sont imprégnés d'italianisme ; celui du cardinal
d'Amboise fut commencé en 1520 et terminé en 'I5"25;
le plan fut donné par Roullant le Roux, sous lequel tra-
vaillèrent, entre autres, Jean Goujon, André Le Flamand
et Mathieu Laignel. Le neveu du cardinal fit placer sa
statue auprès de celle de son oncle en I54i. Le tombeau
de Louis de Brézé (V. ce nom) fut exécuté de -1536 à 1544
par Nicolas Quesnel : on attribue à Jean Goujon la belle
ligure du gisant. Jean Goujon était d'ailleurs probable-
ment Normand;, c'est à Rouen qu'on le voit tout d'abord
travailler : le portail de Saint-Maclou est dû presque
entièrement à son ciseau.
Au xvii^' et au xvin^ siècle, la Normandie a produit des
artistes. Parmi les peintres, il convient de citer : Nicolas
Poussin, né aux Andelys (1594-1665) ; Jean Jouvenet,
né à Rouen (1647-17:27), auteur du Tableau de mai et
du Magnificat; son neveu, Jean Restout, né à Rouen
(169:2-1768), dont les tableaux les plus célèbres sont la
Présentation de la Vierge et la Destruction du palais
d'Armide. François et Michel Anguier furent des sculp-
teurs d'un très réel mérite. Rouen a donné naissance au
sculpteur Pierre Mazeline (1632-1708) et à un architecte,
(|ui fut sui'tout un théoiicien, Jacques- François Blondel
(1709-74). Michel Lasne, qui na(|uit à Caen et moui-ut
en 1667, fut un graseur de grand talent et son compa-
triote, Jean-Baptiste Fontenay, fournit des dessins pour
les Gobehns et la manufacture de Chaillot (1654-1715).
Enfin le xviii^ siècle a vu naître à Caen le grand musicien
Auber (1782) et, à Rouen, Boieldieu (1775).
Léon Lemllaix.
Assises de Normandie (V. Assises).
l^iiiL. : G. Du^iouiJN. Histoire (jénvi-u Je da Nonnondie;
Rouen, l()8t. iu-f(»l. — hoiw \ A'. "Soir. ^J('lnolr(' n'iutif au
jji'ojct d'imc histoire (/énénile de Nonnaudie. 1700. —
.l.-J -C Goui5E. Histoire du duehé de Xormundie ; Rouen,
Paris, 1815, 3 vol. in-8,— Licqukt, Histoire de lu Xormtin-
die, 1885. 2 vol. — Depping, Histoire de la Norinandie,
1835. 2 vol. — Léon Tiiikssk. Résumé de l'histoire du dît-
elié de Normandie ; Paris, 1825, in-82. — Trigan. Histoire
eeeh'siasti(iue de la Normamlie. — Farix, Normamfie
chrétienne. — L Duboi.^, Ilecherelies archéolo(ji([ues et
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1819, in-8. — A. (îiRv, lesEtablissements deRouen ; Paris,
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au xi\'' su''cle ; Paris. 1891. itr. in-8. — Laroqui^:. Histoire
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l'histoire de ('harles II, roi de Navarre. — T^dnL Meyer.
Charles IL roi de Navarre, comte (VEvreiLx, et la Nor~
mandie a/t xi\« siècle: Paris. 1898, in-8 — G -A. Pri:nost.
inti'odnction an ("ompte des recettes et dépenses du roi de
Navarre en Erance et enNorniandie, de 1307 à 1370. publié
par K. I/AR>' — K. Privât, (yharles III le Noble {Positions
des thèses de VEcole des Chartes), 1898. — G.' Dupont.
Histoire du Cotentin. et de ses iles.—l.. Dj<;lisle, Histoire
du châteiu etdes sires de Saint- Sauveur-le-Vicomte ; Va-
loiinos. 1867. in-8. — Siinron Lu(;e. la Erance pendant la
(juerre d<> Cent ans ; Paris, 1890-93. 2 vol. in-12. — O. de
Poli, les Défenseurs du Mont-Saint-Michel, Ik 17-50 ; Pa-
ris. I891.in-18 — L Pl"isi;ux. les Insurrections populaires
oi Normandie : Caen. 1^51. in-1. — G. L]:fevr]^-Pontalis,
la Guerre departisans dans la Haute-Normandie, 1^2^-20^
dans Bibl. LJeole des Chartes, t. LV ot suiv. — Rioult de
Ni':uviLLi:. De la résistance à Voccupation anglaise dans le
pays de Lisieux, de Er2^i à l'iUk, 1891. in-8. -^11. Vautier,
Caen et l'éUit du bailliage de Caen sous la domination an-
glaise, 1^1 17-50 [Positions des thèses de l'Ecole des Chartes),
1894. — E. CosM':ai:. le Connétable de Richemont, cli. vii,
le Recouvremoit de la Normandie : Paris. 1887, in-8 (Cf.
les liisloirc'S de Charles VII. de Yallkt di', Viriville et
de (t. de Peal'courtj — L Duval. la Libération du ter-
ritoire normand sous Cliarb's VII [Bull, de la Soc. hist. et
arcliéol. de VOi'ne, 1894) — Ch |de Peaurepaire. De VAd-
ministi'atioii de la Nornuuidie sous la domination an-
(flaise, Pi2'i-2i) {Mém. de la Soc. des Antiq. de Norman-
die. 1 XXI\'). 1859 — Du même, les Etats de Nor-
mamtie sous la doniination a)iglai8e ; Evreux, 1859. —
Ch Li: Pklion. lAvrancICui pendant la guerre de Ceid
ans. 1880 -- L. PiMsiax. VEnCugratiou normande au
XN*-' siècle. — Canel. Recherclu's sui' les Etats particuliers
de Normandie à pa)'tir du xn" ,si<^'n'/('; Pont-x\udemer. 1837
— FL()(^UT'yr. Histoire du Parlement de Normandie. —
Y^^^cnvAi. Evénenwnts militaires de la première (pierre de
religion en Normandie ; Caen. 1835. ni-8. — Rob. d Es-
TAixTOT. la Lhjue oi Normandie, 1588 9k: Paris, 1862. in-8.
— J. Pair. Histoire du Parlemoit de Nornwndie^ 1589-9^:
Caen. 1861. in-8. — A -M. Laisxe. Recherches sur l'affaire
des Nu-Pieds ; Avranclies. 1863. in-8. — P. Carel. Une
Emeute à Caen sous Louis XIII < / Ru-helieu ; Caen, 1886.
in-8. — A.-M. LaîsxI',. les Agitations de la Eronde enNor-
maiidie: Avranches. 1863. in-8. — II. d'EsTAixTOT, ?a Cour
des aides en Normandie ; Rf)U(ni, 1882. in-8. — M.-C. Hip-
pi:aij. le Gintveriiemeid de Normandie au xvii« et au
xviTi'' siècle : Caen. PMi^-O'.). !> \-oI in-N. — AL Daxsix. A'o-
In-esur les hberles proi inciales et Ve.'iprit public en Nor-
mandie en 1788 : Paris. Ib65. in-8. V. l(>s bibliographies de
Rori:x et Cai:x. Pour rUni\ ersilé. V. CaI':x ; y ajouterllAs-
TixGs Rasiidall. ///(' Universilies of LJurojie', t. III. (jui
donne une bonne 1)i})lioura])lhe sommaire. — L. Di':lisle.
Iidudessurla condition des classes aip'icoles en Normandie
aumogen âge: Evr(Mix. 1851 —Du nièn)e. Des Reveiiiis pu-
blics en Normandie au wi" siècle {Bibl. Ecole des Cliartes,
2'' série, t V) —A ComiaA'.. Reelierches sur lamisère en
Normandie au temps de Charles VI : Caen. 1886, in-8 —
Ch. d(> Ri:auui:pair1';. Notes concernant l'état des cam-
pagnes de la Haute-Normandie dans les derniers temps
du mogen âge ; Rouen. 1865. — l^.-D. Berxier. Essai sur
le tiers état rural ou les Pagsans de Basse-N or mandie au
49
NORMANDIE — NORMANDS
xviii" siècle ; Mayenne, IbOl. 1ji-8 -- Witingdon, An llis-
torlcal Survey on tJie eccbisiasUcol anttcpiities o'f Fnmcc,
1809. — CoTMAXN. Archiiechn\ l anilqulllcà of Norinb)i-
cbj. — RuPRicii-Roiii-j^w l'Architecture normande oiix
xi" et xw siècles enNorrruindie tien AnfiJetci're. — L;i Nor-
mandie 7nonnrnen[ale, o vol. (on cours de publication'. —
J. Jakin, la Norma.ndic historique, pittoi esciue et nionn-
mentiile^ ISIS. p:v. in-8. V. les publications de la Société de
rUlstolre de Normandie^ le Bulletin de la Société des j\}i-
liqualres de Norme ndic et les Mémoires de la Société des
Antlciiwirej de ?ùjrm.andic.
N 0 R IVI Â M DS. Sous ce nom générique d'hommes du ?û)rd,
les clironiqueiirs ec annalisies du moyen ù9;q ont désigné
les i>irates Scandinaves, la plupart Danois et Norvégiens,
qui, sous la conduite de chefs ou vikin-;S (rois uc mer),
onl , au ix^ et au x" siècle, fait de nombreuses incursions
dans les pays de l'occident de Tlvurope et parlicuKèrement
en France. Outre le nom de Normands, (ini est le plus
souvent employé, on les Irouve souvent appelés aussi païens
ou Danois et parfois Marcomans. On trouvera au mot
•ScÂîs^DTNAVKs j'expose des causes ([ui ont provoqué ces incur-
sions et une étude do la civilisation à laquelle ces peuples
étaient alors arrivés. Nous nous bornerons à pader briè-
vement ici du caractère de leurs principales invasions.
Les premières que rhisto'rc signale sont des dernières
années du vui^ siècle et eurent pour théâtre la Grande-
Bretagne. Kn 79-j et 793, des pirates normands firent des
incursions enMcrcie,en Noithumijcie et s'établirent quelque
tem[)S da;rs l'de de Lindisfarue, où ils saf^-^agèreut le mo-
nastère de S'aint-Cuthbert, En 800, ils apparurent sur les
côles septentrionales de Fraiice dont ils longèrent le littoral
jusqu'en Aquitaine. GrCce aux mesures prises aussitôt par
Cfjarlemagne, ils n'y firent (juc quelques descentes sans
conséquence. .Ocs i]ol tilles pour les poursuivre sur mer, dos
posies militaires pour surveiller les cotes et surtout pour
protéger Feniboucliure des fleuves suliirent pendant assez
longtemps à les tenir en respect. Les côtes de la Frise,
entre le FJiin et le Weser, seules ne purent être efficace-
ment protégées, et, dès le règue de Charlemagne, les Nor-
mands s'y établirent à demeure. Sons le règne do Louis le
Pieux, ou les revit sur les cotes de Flandre, ils dévastèrent
à diverses reprises la ville alors florissante de Doresiad
(auj. 'Wiik-te-Ducrt,tçde) dans le Wahal, ils débar([ucreat
fréquemment dans l'île de Noirmoutier, d'où les moines de
l'ahbaye de Sainl-Phihbert, après avoir tenté de protéger
leur monastère cd le fortifiant, durent se résoudre à émi-
grer sur le continent; omui ils s'emparèrent de l'de de
Y\^a]chcreii. Malgré ces teatalivcs, les précautions prises
sous le règue précédent suffirent encore à leur interdire
l'accès des fleuves et à empêcher toute incursion sérieuse
sur le continent. C'est sur F/'-ngleierre que semble s'être
alors porté tout l'effort des pirates. D3 833 à 846, ils ne
cessèrent d'y com])attre avec des alternatives de succès et
de revers. La guerre civile qui suivit la juort de Louis le
Pieux leur livra la Gaule ; la ScUTeillauce des côtes de
l'Océan négligée, les garnis;) .is des poslrs fortifiés retirées,
ils eurent accès dans tous les ileuves. et par Vi ils péné-
trèrent bientôt jusqu'au cœur même de L'empire. Lothaire
leur céda dès l'abord File de Walcheren et dès lors ils
s'étabhreut à demeure à remi)ouchrire de l'I^iscaut. Dès
81'0, ils pénétrèrent dans la Seine, pillèrent et biùlèrent
Rouen le 1 i mai, saccagèrent ou rançonnèrent les abbayes
de Saint-Guen, de Jumièges et de Saint-Wandrille. Ln
peu plus tard, à l'embouchure de la Candie, ils s'empa-
rèrent de ilriontovic, l'un des priucipaux ports de la Gaule,
et le ruinèrent si complètement qu'on en cherchait naguère
encore Femplaccment exact. Un peu plus tard, de Noir-
moutier, où ils étaient établis, ils partaient pour remonter
la Loire, s'emparaient de Nantes, dont ils massacraient
l'évêque dans sa cathédrale, et remontaient jusqu'à Tours.
Vers le même temps, ils eutra'ent dans la Giror-de. attei-
gnaient Toulouse et se répandaient dans le pays jusqifau
pied des Pyrénées où ils se heurtaient à la rébistance des
juontagiiards. Bieulôt ils aiteignaient les cotes de Galice,
d'où ils étaieut repoussés par le roi des Asiuries, entraient
GRANDE EXCYtLOPÉDlE. — XXV.
dans le Tage, débarquaient à Cadix, et arrivaient en 844
à Séville, où ils essuyaient une défaite de la part des Maures.
Nous ne saurions faire ici l'histoire de chacune des
incursions des Normands ; on trouvera dans les articles
consacrés à chaque pays, et pour la France à chaque pro-
vince, des indications précises sur les invasions dont ils
furent le théâtre. Aussi bien jnanque-t-on de renseigne-
ments contempoîains assez nombreux, assez surs et assez
précis pour qu'ils puissent être coordonnés en un récit
d'ensemble. Les annales du temps ne contiennent guère
que de sèches inentions ; les chroniques monastiques, les
vies de saints, les récits de miracles donnent des détails
locaux, très nombreux et pleins de saveur, mais où déjà
la légende se substitue sensiblement à la réalité; les chartes
fournissent ci el là des faits précis et bien datés ; les ca-
pituiaires, les décisions do conciles, les correspondances,
les œuvres littéraires ajoutent de nombreux traits au ta-
bleau, font connaître les iiupressions, l'état d'esprit des
contemporains et montrent les conséquences des invasions;
mais tout cela est insuffisant pour qu'on en puisse tirer
uue histoire coînplèto; on ne peut suivre les principaux
chefs ; des incursions certainement très importantes ne
nous sont connues (fue par quelques faits isolés, tandis que
d'autres, tout à fait secondaires, sont racontées dans le
plus menji détail. Si l'on s'adresse aux écrivains posté-
rieurs, on se trouve, au contraire, eu pleine légende.
On sait comment se faisaieiit les expéditions des Nor-
luands; des flottilles de grandes barques en nombre va-
riable, contenant chacune de 50 à 70 hommes, se grou-
paient sous le commandement d'un chef. Souvent plusieurs
flottilles se réunissaient pour une campagne. Ces flottilles
pénétraient par l'embouchure des fleuves, débarquaient des
hommes dans une lie où ils se fortifiaient et qui devenait
b'entôt un étabhssernent permanent, point de départ pour
les expéditions, heu de dépôt pour le butin, de garde pour
les otages, de ravitaiUement, et éventueflement place de
retraite et de défense. C'est ainsi qu'ils occupèrent, entre
autres, V/alcheren et d'autres lies des ])ouches de l'Fscaut,
les des en face de Jeufosse, sur la Seine, Noirmoutier aux
approches de la Loire, puis l'de de Biesse, dans le fleuve
même, en face de Nantes, ci la Camargue 'à l'embouchure
du Rlnnie. De là partaient de rapides incursions, soit sur
terre et par les routes, soit le plus souvent par eau, en
remontant le fleuve et ses affluents. On y employait des
barques plus petites qu'on remorquait à la cordefle ou
môme qu'on tirait à terre et qu'on traînait sur des rouleaux
lorsque le fond inanquait ou que la rivière présentait des
obsî actes.
One remarque intéressante est que, jusqu'au x^ siècle
du moins, les barques normandes n'étaient, contrairement
à l'opinion courante, que des moyens de transport et nul-
lement des navires de guerre. Aussi ne les voit-on ja-
mais engagées dans des combats, ni sur mer, ni sur les
reuves. C'est pour cela que, sous Charlemagne et sous
Louis le Pieux, tant ([ucremph'o franc conserva les restes
d'une marine militaire, elles furent aisément tenues à l'écart
des côtes. Plus tard, les marins de la Frise, les vaisseaux
du roi Alfred et surtout ceux d'AbdérameU, les mirent fa-
cilement en déroute. Les embarcations des pirates trans-
portaient des troupes de débarquement, ]'ecevaient le butin,
servaient de canipernent^ et de refuge, permettaient de se
retrancher dans les îles oii de les attaquer, mais n'étaient pas,
à proprement parier, des instruments de combat. Les guer-
riers combattaient à terre, le plus souvent à pied, quelque-
fois montés sur des chevaux; habiles à se dissimuler, très
rapides dans leurs mouvements, prompts à battre en retraite,
féconds en ruses de tout genre, experts en attaque de vive
force, mais ne redou-ant pas non plus les sièges.. L'objet de
leurs expéditions était de se pi'ocurerdu butin et des ri-
cJiesses : c'est i)oim cela qu'ils s'attaquèrent surtout aux
monastères et aux églises dont les riches trésoi's étaient
faits pour les tenter. Tous ceuK (pii se trouvèrent à proxi-
mité de leurs passages furent d'abord rançonnés à diverse
NORMANDS
oO
reprises, et, lorsque leurs ressources eurent été épuisées,
ou ])ien lorsque les moines épouvantés eurent pris la fuite,
ils furent saccagés, incendiés et détruits. NatuceUenient ils
ne se faisaient pas faute de piller les iiabitations des pays
([U ils traversaient, mas-^acrant les populations et dévasiant
à tel point que souvent, dit un chroniqueur, « il ne restait
pas un chien qui pût aboyei' après eux ». Pourtant, lors-
qu'ils y trouvaient intérêt, ils faisaient aussi des prisonniers ;
connue tous les pirates de tous les temps et de tous les
pays, ils s'emparaient d'otages qu'ils rendaient moyennant
rançon. C'est ainsi c|u'en 838 ils réussirent à s'emparer de
deux grands personnages du royaume franc : Gozlin, le
futur évoque de Paris, et son demi-frère, Louis, abbé de
Saint-Denis et grand chancelier de Charles le Chauve. Tous
deux ne furent relâchés que moyennant une énorme rançon,
payée pour le premier par l'église de Keims et pour le se-
cond par son abbaye.
Les monastères, les évêques, les populations payaient
les Normands poiu' éviter le pillage ; bientôt les monarques
eux-mêmes, impuissants k les repousser par la foi'ce, son-
gèrent à traiter avec eux. Tantôt ils essayèrent de les fixer
au sol en leur concédant le pays qu'ils occupaient ; ce moyen,
qui devait réussir à Charles le Simple, ne semble pas avoir
tout d'abord produit de bons résultais. Tantôt ils essayèrent
de se servir de Normands comme auxiliaires contre d'au-
tres armées normandes. Les pirates s'y prêtaient volontiers ;
Eî'ispoé, Pépin d'Aquitaine, Robert le Fort , Baudoin ne
Flandre, Cliarles le (Vnauve prirent ainsi les Normands à
leur solde. Mais le moyen était dangereux; sans cloute les
pirates n'avaient aucun scrupule à combattre leurs compa-
triotes, mais si ceux-ci enchérissaient sur les promesses
qui leur avaient été faites, ou leur offraient le butin en par-
tage, les auxiliaires s'empressaient de faire défection. Iji
853, une flotte normande ayant remonté la Loire avait sac-
cagé Nantes et s'était établie en face de la ville, dans l'iie
de Blesse, pour exploiter le ileuve. Suî'vint une seconde
ilotte, sous le commandement de Sydroc. qui. trouvant la
place prise, loua ses sei^vices au roi de Bretagne, f^rispoi^
pour déloger les premiers occupants qu'elle attaqua dans
leur île. Mais bientôt un accord intervint; les assiégés
oifrirent à Sydroc une part des richesses cju'ils avaient
accumulées et celui-ci, faussant compagnie au roi de Bre-
tagne, repartit pour la Seine. De même quelques années
plus tard, en 8(i0, Charles le Chauve, désespérant de re-
fouler la grande armée normande de Bjorn, cantonnée à
Jeufo-^se et maltresse de tout le cours de la Seine, traita,
pour s'en débarrasser, avec les bandes de ^^'eiand (jui exploi-
taient alors le cours delà Somme. Pour payer le prix énorme
cju'elles fixaient à leur concours, Charles le Chauve dut lever
dans tout le royaume un impôt extraordinaire sur les
églises, les nobles, les marchands et juscfu'aux plus pauvres
gens à proportion de leur foi'tune, et. comu]e la perception
prenait du temps, les Normands, iiupatients de leur inaction,
demandèrent des (otages et s'en allèj-ent faire une expédi-
tion en Angleterre. De retour l'année suivante, ils reçurent,
outre la somme convenue, des bestiaux et des vivres (lu'on
leur livra pour éviter la dévastation du pays et se mirent en
devoir d'exécuter la convention. AN eland avec 200 barques
remonta la Seine jusqu'à Jeufosse, lit passer 60 barques
par l'r'pte pour prendre à revers les Normands retranchés
dans ïde, qui se trouvèrent ainsi bloqués et ])ientôt affa-
més. Mais alors ils traitèrent avec leurs assiégeants, et
bientôt, remontant la Seine de conserve, ils allèrent hiver-
ner les uns dans les îles situées en face de Melun, les autres
dans la boucle de la Marne, à l'abbaye ([ui fut plus tard
Saint-Maur-des-Fossés .
Le plus souvent, pour paye?' tributs aux pirates, on lie
demandait même pas leur coopération ; on achetait leur dé-
part. Charles le Chauve et ses successeurs ne se firent pas
faute de traiter avec eux dans ces conditions, mais ils éprou-
vèrent combien de pareilles négociations étaient décevantes.
D'abord parce que la ])aix (ju'on obtenait ainsi était de
courte durée, de pareilles conventions devenant fatale-
ment raie prime à la piraterie; mais aussi parce que l'exé-
cution même de la convenlion n'était rien moins qu'assu-
rée : parsuite do l'oi-ganisation des armées normandes, il
fallait traiter en effet non seulement avec le chef de l'ex-
pédition, mais avec tous les chefs, ceux d'entre eux avec
lesquels il n'y avait pas en entente ne se considérant pas
connue liés par ces engagements.
La seconde moitié du ix^ siècle est l'époque oi;i les incur-
sions normandes eurent la plus grande extension : depuis
les bouches de l'IThe jus([u'à l'embouchure de la Gironde,
les pirates pénétî'èrent dans tous les lieuves de la mer du
Nord, de la Manche et de l'Océan, l'établis dans la Frise,
ils remontent le Rhin jusqu'à Worms, atteignent Trêves
par la Moselle, et de Cologne font une expédition sur Aix-
la-Chapelle ; par r^:scaut'et ses affluents', ils dévastent la
Flandre; en remontant la Somme, ils attaquent Abbevillo,
Amiens et l'abbaye de Saint-Riquier ; maîtres du cours de
la Seine, ils mejiacent Troyes, s'engagent dans tous les
afduents, l'Eure, l'Andelle,'^ l'Oise, la Marne, l'Yonne, et
portent successivement le pillage dans la Picardie, le Beau-
vaisis, le pays chartrain, la Champagne et la Bourgogne.
La Loire leur livre les riches abbayes riveraines de Saint-
Florent, de Saint-Maur. de Marmôutier, de Saint-Martin
et les villes de Nantes, d'Angers, de Saumur, de Tours, de
Blois et d'Amboise ; à Orléans seulement, ils trouvent la
résistance organisée par révêipie et subissent un échec.
En Aquitaine, ils saccagent Angoulême, Saintes, Poitiers,
Bordeaux, Périgueux, Toulouse, Bourges et Limoges. Re-
pousses des côtes d'Espagne, ils passent le détroit de Gi-
braltar et voîit jus(|u'à l'embouchure du Rhône s'étabUr
dans la Camargue, d'où ils remontent jusqu'à Valence. Puis
ils cinglent vers l'Italie où, entre autres villes, ils s'empa-
rent de Pise. (ju'ils dévastent, et de Luna, (\\ie, d'après
une ancienne légende, ils auraient prise pour Rome.
Nulle part en Gaule ils n'éprouvèrent de résistance sé-
rieuse. Les divisions intestines qui déchiraient l'empire, le
défaut de cohésion des populations, l'absence de tout pa-
triotisme national, l'égoisme et la préoccupation exclusive
de l'intérêt personnel chez les grands, la faiblesse des
princes, j-endirent vains les efforts que tentèrent çà et là
les habitants du pays pour repousser les envahisseurs. De-
vant eux les moines épouvantés, emportant leurs trésors
et leurs reliques, se sauvaient à la hâte, et, allant à travers
le royaume de refuge en refuge, affolaient les populations
en leur racontant les atrocités connnises par les païens.
Nombre d'hagiographes ont raconté ces « translations »
de reliques, et les miracles extraordinaires qu'accomplis-
saient, au cours de ces pérégrinations, ces pauvres saints
dont les mérites avaient été impuissants à protéger lem-s
monastères. Il est vrai (}ue les invasions étaient un fléau
déchaîné par la Providence pour punir les peuples de leurs
péchés et en particulier pour châtier les grands, coupables
d'avoir usurpé les biens des églises. Abandonnés à eux-
mêmes, les habitants fuyaient devant l'invasion, cherchaient
un asile dans les villes fortifiées; ceux qui restaient étaient
massacrés ou bien passaient dans les rangs des Normands
pour lesquels ils devenaient des auxiliaires pi écieux. « Le
nombre est grand, disait en 88(3 un archevêque de Reims,
de ceux qui ont abandonné la religion chrétienne pour s'as-
socier aux païens et se metti-e sous leur protection. >>
Et cependant, chaque fois qu'une résistance locale était
organisée, elle était suivie d'assez de succès pour montrer
que, si l'on coordonnait les efibrts, et surtout que si on
pom^ait les rendre durables, il ne serait pas impossible do
refouler l'invasion. Mais toute action sérieuse était entra-
vée par l'anarrhie où se trouvait l'empire. En 8o8, Chai'les
le (Chauve, qui témoigna parfois d'une volonté énergique,
résolut de faii-e un grand effort pour chasser les Normands
de la Seine. Il réussit à déterminer son neveu Lothaire à
coopérer avec lui ; tous deux rassemblèrent une armée
nombreuse et s'avancèrent sur les deux rives de la Loire,
de manière à isoler les Normands cantonnés dans l'île de
Jeufosse. En même temps, Charles avait rassemblé les
ol —
NORMANDS
barques nécessaires pour débar([uer dans l'île et y donnci'
l'assaut au camp normand. Mais les grands du royaume
mécontents choisn^ent ce moment pour se révolter et appe-
ler Louis le Germanique, qui, profitant de l'absence de
Lotliaire pour traverser la Lorraine, arriva en Champagne
pour tendre la main aux rebelles et déposséder son frère.
Olui-ci dut abandonner les Normands pour faire volte-
face et faillit y perdre sa couronne.
Quelques années plus tard, il s'avisa de mesures qui,
s'il avait pu les appuyer de forces sulfisantes, auraient pu
réussir ; elles consistaient à entraver la navigation des
cours d'eau en y établissant des ponts fortifiés. Le pre-
mier fut établi en 862, sur la Marne, à Trilbardou, à
quelques kilomètres en aval deMeaux, et eut aussitôt pour
résultat de contraindre à capituler les Normands ([ui s'étaient
aventurés jusqu'à cette ville, et même de débarrasser com-
plètement la Seine des pirates. Charles se hâta de profiter
de ce répit pour entreprendre la construction d'un pont'
semblable près de Pitres, un peu en aval du confluent de
l'Kurc et de l'Andelle, à l'endroit où se trouve aujour-
d'hui le Pont de l'Arche. Achevé, il aui'ait fermé aux Nor-
mands l'accès de ces rivières et du fleuve ; mais les ti'a-
vaux conduits ti^op mollement n'étaient pas terminés
quatre ans plus tard, et les Normands, forçant le passage.
remontaient encore jusqu'à Saint-Denis et à MeUm et ré-
duisaient le prince à acheter leur départ en payant un
nouveau tribut. En 868, le pont de Pitres fut rétabh et
achevé, et réussit, en effet, à arrêter les Normands. Un
pont analogue fut construit sur l'Oise et un autre plus
important à Paris, probablement à la pointe de la cité,
et non, comme or le dit d'ordinaire, sur l'emplacement
du Pont-au-Change.
La construction de ce pont fortifié de Paris eut une con-
séquence singulière : jusqu'alors, lorsque les Normands
remontaient la wSeinc, les habitants se retiraient dans l'en-
ceinte de la cité, tandis que les Normands, peu soucieux
de s'attarder à un siège, se contentaient de piller les fau-
bourgs et passaient. L'existence d'un pont, au contraire,
si elle suftisait à arrêter de petites ilottilles, obhgeait à un
siège une armée qui voudrait forcer le passage pour re-
monter au delà de Paris. C'est ce qui arriva en 885.
En cette année, de nombreuses flottilles se réunirent en
une grande armée commandée par Siegfried. Aux Nor-
mands de la Seine se joignirent des bandes du Bessin, de
la Loire, de l'Escaut et même d'Angleterre ; elles s'empa-
rèrent de Rouen (25juil.), forcèrent le passage de Pitres,
enlevèrent des fortifications élevées à la hâte à Pontoise
et se présentèrent le 25 nov., fortes de 40.000 hommes
devant la cité de Paris, défendue par l'évêque Gozlinetle
comte Eudes. La flotte, composée de' 700 barques, sans
compter les embarcations plus légères, couvrait la Seine
jusqu'à deux lieues et demie en aval de Paris, au dire d'un
contemporain. Le pont fortifié, élevé à la pointe de la
Cité, défendu à ses extrémités et sur le terre-plein sur
lequel il s'appuyait par des tours, barrait le fleuve dans
toute sa largeur. L'effort des Normands se porta d'abord
sur la tour de la rive droite, mais leurs attai;-^ -. c. h')uè~
rent ; une crue du fleuve ayant emporté le pont de h rive
gauche, la tête en fut isolée de la cité et la tour tomba au
pouvoir des assiégeants. Mais la cité continua à tenir bon
dans l'attente des armées de secours amenées par Henri
de Saxe et l'empereur Charles le Gros. Après dix mois d'un
siège héroïque, celui-ci campa sur les hauteurs de Mont-
martre ; mais, au lieu d'atîa<|uer 'es Normands, il négocia
et acheta leur retraite en leur laissant la faculté de remon-
ter la Seine au delà de Paris jusqu'en Bourgogne et en
Champagne. Le royaume était de nouveau abandonné à la
dévastation et au pillage.
L'ordre social créé par l'empire de Charlemagne acheva
alors de tomber en dissolution. Les Sarrasins au midi, les
Hongrois à i'E., les Normands pai'tout aclievèrent l'œuvre
de destruction. Aucune région ne fut épargnée et quelques-
unes devinrent de véritables déserts. Çàet là cependant les
populations rurales trouvent un refuge à l'abri de fortifica-
tions qui, bien défendues ou mal attaquées, résistent aux
envahisseurs. Tantôt ce sont de riclies monastères qui, pla-
cés dans une situation avantageuse, s'entourent de mu-
railles, y ouvrent une place de lefuge et appellent les ha-
bitants du voisinage à leur défense ; tantôt ce sont les
anciennes cités qui réparent à la liàte leurs fortiflcations
gallo-romaines et se repeuplent pom^ résister aux Nor-
mands comme elles avaient résiste aux barbares du iv® et
du V® siècle ; tantôt enfin des seigneurs construisent des
ciiàteaux, et dans leurs enceinies palissadées viennent aussi
se réfugier les habitants des environs, formant des grou-
pements dont plusieurs devinrent plus tard des vides. Et
c'est ainsi que les invasions normandes eurent cette con-
séquence inattendue de contribuer d'une part à substituer
à la civilisation j-urale, qui durait depuis les invasions du
IV® siècle, une civihsation urbaine, et d'autre part de com-
mencer à faire sentir aux populations qui se groupaient
pour résister la puissance d'une nouvelle force, celle de
l'association.
Llever \va château fut pour les seigneurs le moyen ordi-
naire de se mettre à l'abri des invasions. Le pays tout
entier se iiérissa de donjons de bois, construits sur des
éminences naturefles ou artificielles, auxquels on n'avait
accès, par une porte placée aupremier étage, qu'au moyen
d'une sorte d'échelle ou de pont mobile, et qu'on entourait
de fossés et de palissades. Ces constructions n'étaient point
susceptibles d'arrêter les Normands, mais lorsque ceux-ci
n'avaient pas intérêt à s'attarder pour les enlever, elles
pouvaient donner à lem^s défenseurs une sécurité provi-
soire. Loin du reste de protéger la contrée environnante,
elles favorisaient, une fois les Normands partis, les guerres
entre seigneurs, le piUage et le brigandage. Si bien que
les souverains, sans jamais du reste être obéis, durent
ordonner à maintes reprises la desti'uction de toutes ces
forteresses élevées sans leur autorisation. Et ainsi, les
invasions normandes deviiirent les auxiliaires du dévelop-
pement de la féodalité.
A la fin du ix® siècle, les Normands avaient donc par-
couru les plus riches contrées du royaume franc de l'Ouest,
et ne se trouvaient plus arrêtés (fue par des résistances
locales dont ifs flnissaient presque ioi-jours par trionipher.
!.es Vikings, enrichis par le butin, ne songeaient plus
guère àretourner en Scandinavie, et les invasions se trans-
formaient peu à peu en émigration, les expéditions en
conquêtes. Déjà plusieurs chefs célèbres, Weland, iïas-
tings, Ketil, Hunedée, avec de nombreux compagnons,
avaient demandé le baptême, pour se flxer en Ei'ance à
demeure et jouir paisiblement de leurs conquêtes. Rollon
s'était établi sur les bords de la Seine. Au lieu de s'épui-
ser en efforts pour le déloger, Ciiarles le Simple accepta
les faits accomplis et, par la convention de Saint-Clair-
sur-'4)le en 91 i, lui concéda la partie de la Neustrie qui
est devenue la Normandie (V. ce mot).
Depuis cette époque, les invasions Scandinaves dimi-
nuèrent progressivement. Les pirates de la Loire conti-
nuèrent quelque temps encore leurs expéditions dans ce
fleuve et dans la Gironde, mais ils subirent des échecs
décisifs sous le règne du roi Raoul après le([uel ils ne tar-
dèrent pas à disparaître. Ln Normandie, ïa duc Richard,
en 962. pour se défendre contre le roi de Erance, fit ap-
pel à ses conq)atriotes cjui s'établirent de nouveau à Jeu-
fosse, d'où ils dirigèrent des expéditions dans les vallées
de la Seine et de l'Eure; mais Richard lui-même, la paix
faite, débarrassa le royaume de ces pirates en leur four-
nissant des vaisseaux et des pilotes pour les conduire en
b]spagne. Dans le Nord même, l'industrie de la piraterie
prenait fm peu à peu. Convertis au christianisme, les Scan-
dinaves devenaient agriculteurs, artisans, marchands ou
pêcheurs. Au xi^ siècle, quelques expéditions furent encore
dirigées sur les des du N. de la Grande-Bretagne où
des colonies de pirates normands subsistèrent jusqu'au
xiii® siècle.
NORMANDS — NORRBOTTEN —
Les pèlerinages d'outrc-mer fournirent aux Normands
convertis le moyen de satisfaiie l'esprit d'aventure qu'ils
conservaient encore, vm iOlii, au cours d'un de ces pèle-
rinages au Monte-Gargano. dans la (^apitanate, quarante
pèlerins normands se mij'cnl à la solde des Grecs pour
combattre les Maures de Sicile; ceux-ci vaincus, les Nor-
mands, appuyés j)ar des gens du pays, se retournèrent contre
leurs alliés, appelèrent à leur secours des compatriotes et
hientùt. sur les déliris des principautés qui s'étaient formées
dans l'Italie méridionale, ils fondèrent le royaume des Deux-
Siciles (V. Sicile). A. G.
BiijL. : l'' Sourcils. — Aucun ('liruni(|ncur contemporain
n'a essayé un récit d'ensemble des invasions normandes :
le (lironicon de (jGsi'is Nonnannoriun n'est qu'une compila-
tion faiieaux^ siècle des mentions relatives aux Normands
(jui se trouvent dans les Annales de saint Berlin. Avec les
c[ironi(|ues et annales des i\« etx" siècles, il faudrait cifer
les innombrables œuvres hagiographiques du temps : vies
de saints, récits de miracles et cte translation.
2" Ouvrages de si:com)1. maix — M. Uepping, Histoire
des exj^éditions maritimes des Normands, l"'" éd.. 1<S2') ;
2'^ éd., l^aris, 1843, in-8. I^ivre vieilli, u'ais (jui demeure le
seul ouvrage d'ensemble. — J. Steeas'iri p, Normannerne;
Copenhague, 1876-82. 4 vol in-8. — Du miMne. Etudes pré-
liminaires pour servir à l'histoire des Normands et de leurs
invasions., traducl. (abrégée), par K de Bi:AUREPALRi'\ du
t. Idel'ouvrage précédent, Paris, 1881, in-8. — C -K Kj:ar^-,
Tlie Vikimjs in \V ester n Christendiom a. d. ISOtoa. d tl^'H ;
Londres, 18D1, in-8. — Il existe (piebjues mémoires relatifs
à certaines régions i)armi lesfjuels nous citerons : G. de
Lestang, Dissertation sur les ineursions normandes da)is
le Maine, 18.35. — A Carro, Notes sur les Incnrsions des
Nori)ian<ls dans la 3iar/ie,18'o.') — ri:urXi>l)ELAc<)URT, les
Nornuinsdans le No^jon^nns. 1808 — K. ^Iauilli;, les I n-
vasions normandes dans la Loire, 18b'J. — Paillard d1',
S A^yr- Al i^LA:s, Histoire des invasiotis des Nortlunans dans
Ui Morinie, 1878 — J. Lair, les Nor^iiands dans l'de dVs-
cellc, 18:J7. — Pour les ex})éditi()ns en Pspagne : l)o/v,
Rechcrclies sur Vhist. et la littérature de iEspa<jne pen-
dant le moyen âge, 3« éd., t. II; Leyde, 1881, p]). 2o0-332. —
On consultera également avec [)r()fit les bonnes histoires
locales et surtout les voluuies parus ou sur le point de pa-
raître des Annales de l'Iiist. de France pendant l'époque
carolingienne, publiées dans la Diblioth. de VEcole des
hautes étiK^ es ^ —Kd. Va\iif.., Euxles [il s'y trouve un ap-
pendice sur la civilisaJion des Normarids) — Eckkl,
Charles le Simple. — Ph. LAuiai, Louis IV. — F. Pot, les
Derniers Carolingiens. — Poupardix. le Royaume de
Bourgogne. — Pour les invasions en Ilalie, V. abbé De-
LARC, ^cs Aor)7ia/w/s en Halle depuis les premières inva-
sions jusqu'à V avènement de Grégoire VU (809-802, 1010-73);
Paris, 188J. m-8.
NÛRÎVIANN (Eilerl-Adels(een), peintre norvégien, né
en 1848. Il appartient à l'école de Dusseldorf. Ses la-
Ldeanx, dont plnsieurs ont été exposés à Paris ou ils onl
obtenuunvif succès, représentent principalement des pay-
sages Scandinaves.
^N OR IV! AN TON (Y. Norman).
NORIVIANVILLE. Com. du dép. de la Seine-înférieure,
arr. d'Yvetot, cant. de Fanville ; 784 hab.
NORME (Math.) (V. Idévux).
NORIVIÉE. Com. du dép. de la Marne, arr. d'Épernay,
cant. de La Fère-Champenoise ; 148 lia!).
NORIYÎIER. Com. du dép. de la C/de-d'Or. arr. de Se-
mur, cant. de Précy-sons-Thil ; ["i^) uab.
NORNA-G.EST, héros scanthnave, fils de Thord, ])rince
de Groeninge. A sa naissance, inie Xonie prédit qu'il ne
vivrait qu'aussi longtemps (jue durerait une cfuindelle
allumée dajis la chambre. La mère du ]iouveau-Jié éteignit
la chandelle, la serra soigneusement et, à sa mort, la
remit à son fils. Celui-ci vécut près de trois ceiits ans avaiit
do la brûler ; ce fut un laineux giierrier, compagnon do
lulles des fils de Ragnar L;jdbrok, du roi Erik d'Upsal,
de Harald Hârfagre, de Olaf Tryggvesson, etc. Son his-
toire est racontée dans la Sa^ja de Olaf Tryggvesson. La
melleure édition est celle de Brugges, dans sa collection
de Norrœne Skrifler (Christiana, 1863, et suiv.).
NORNES. Nom des déesses de la deslinée, dans la my-
thologie Scandinave. Elles déroulent, à la naissance de
l'homme, le fil de sa vie et marquent sa sphère d'action
terrestre. Leurs décrets sont inviolables et les dieux
mêmes sont soumis à leurs lois. Les Irois Nornes prijici-
pales soiit Uni (le Pabbc), Verilande (le Prébcnt) et
Skuld (l'Avenir). Elles demeurent au pied de l'arbre du
monde Ygdrasil. Outre les trois grandes Nornes, il y en
a d'autres bienfaisantes ou malfaisantes, elles nains mêmes
ont leurs Nornes. Elles n'appartiennent d'ailleurs qu'au
monde actuel, et après le Ragnariek, dans le nouveau
monde éternel, il n'y aura plus de Nornes. Th. C.
NORODOiVI, roi du Cambodge, né en 1835. Après
avoir pasi^é son adolescence à la cour du roi de Siam à
Bangkok, il succéda à son père Ong-Duong en nov. 183(3.
Il ht aussitôt acte de vassalité au roi de Siam, qui envoya
un mandarin à Oudong, sa capitale, ])our ratifier le choix
des ministres (pii, de concert avec son père, l'avaient dé-
signé pour monter sur letnine. Dès le début de son règne,
Norodom eut à s'occuper des menées de son frère puîné,
Si-Yotah. (jui voulait s'emparer du pouvoir et régner à sa
place. Yaincu au S. de Phnôm-Penh(juil. 1861), Norodom
se réfugia eji août 1861 à Battambang ; de là il se rendit
à Bangkok danv. 186'^) pour demander l'appui du roi de
Siaui. La France, qui était entrée en relation avec lui
dès mars 1861, lit échec aux prétentions du Siam. Revenu
à Ou(b)ng en mai*s 186'i, Norodom reçut en septembre la
visiie de l'amical Bonard et, en juil. 1863, accepta défi-
nitivement le protecîoj'at de la France, gcàce à laquelle
il a toujours déjoué les elforts de Si-Yotah (sur la suite
de son règne. Y. Cambodge).
NOROLLES. Com. du dép. du Calvados, arr. de Pont-
riLvé([ue, cant. deBlangy ; Wi5 hab. L'égbse, dont le portail
est du xvi^ siècle, a uu ciiœur roman. Elle conserve un moi)i-
lier intéressant, des statues, des tombes plates du moyen
âge et possède un trésor (jui contient quehpies pièces cu-
rieuses. Manoirs de la Pelletière (xvii^ siècle), delà Yallée
(xvi^ s.) transformé en ferme. Cbàteau du Malon (xvii^ s.).
NORON. Com. du dép. du Calvados, arr. et cant. (N.)
de Falaise; 182 hab.
NORON. Com. du dép. du Calvados, arr. de Baveux,
cant. de Ballerov ; 264 hab.
NOROY ou NOROY-suR-OuRa}. (^.om. du dép. de FAisne,
arr. de Soissons, cant. de Yillers-Cotterets ; 143 hab.
NOROY. Com. du dép. de l'Oise, arr. de Clermont, cant.
de Saint- Just ; 201 hab.
NOROY-Li:-Bounr. ou NOROY-l'Akchevèque (//r>îîor/-
siaciis, Noii-etiuii, Noreiiun). Ch.-l. de cant. du dép. de
la Haute-Saône, arr. de Yesoul ; 8oo hab. Carrières de
pierre. Moulins. Traces de voies antiques. Découvertes
d'objets gallo-romains. Le bourg fut fortitié au moyen âge
par les archevêques de Besançon à qui l'empereur d'Alle-
magne, Henri HI, confirma leurs possessions en 1049, et
Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard, donna la
seigneurie en 1314. Lors du démêlé qui éclata en 1389
entre Philippe le Hardi et l'archevêque Guillaume de Yergy,
Noroy fut eassiégé et pris. Occupé })ar les troupes de Louis'XI
en 1479, il leur fut repris par l'archiduc xMaximilien, époux
de Marie de Bourgogne, en 1492. Un lieutenant de Trem-
blecourt le saccagea encore en 1396. Les archevêques de
Besançon afranchirent les habitants en 1360. Lex.
BiJiJ.. ; C -J. PizARD. Documents inédits et notes histo-
riques sur Norog-le-Boarg. Sai)it-Ljng et Calmoutier ; Vc-
soul. 1888. in-S. Siippléi}ie')it ; YoHiwA, 18!Jl i)i-8.
NOROY-j.Ès-JussEV. Com. du dép. de la Haute-Saône,
arr. de Yesoul, cant. de Yitrev ; 327 hab.
NORRAIN, NORROiS (Langue, etc.) (Y. Scanuiname).
NORRBOTT EN. Province la plus septentrionale delà
Suède, hmitée à FF. et au N.-E. par la Finlande, à FO.
et au N.-O. par la Norvège, au S. par la province de Yester-
botten et par le golfe de Bothnie; 104.413 kil. q., dont
6.700 en lacs; 107.000 hab. environ, dont 9.000 seule-
ment habitent dans les villes. La population se compose de
Suédois/80 ''o), de Finnois (ii) «,o) ot de Lapons (4 ^ o).
La province est divisée en (piaire juridictions : Piteâ, Lulea,
Kalix et Tornea. Au point de vue ecclésiastique, elle se
rattache au diocèse d'Ha'rnœsand. Ses principales res-
sources sojit l'exploitation des mines de fer (Cellivara)
et de cuivre, la culture du sol, Fexploitation dcb forêts
NORHBOTTEN — NOHTH
et l'élevage du bétail (environ 12.000 chevaux, 46.000
bêtes à cornes, 3'2.000 moutons, 2.000 chèvres et -170.000
rennes). Le nouveau chemin de fer Luleà-Ofoten contri-
buera sans doute puissamment au développement com-
mercial et peut-être industriel de cette province.
NORRENT-FoNTKs. Ch.-l. de cant. du dcp. du Pas-
de-Calais, arr. de Béthune ; 4.288 ha'j.
NORREY. Com. du dép. du Calvados, arr. de Caen,
cant. de Tilly; 230 hab. Stat. du chem. de fer de l'Ouest.
Eglise du xm*^ siècle (mon. liist.), beau type d'architecture
gothique particulière à la Normandie.
NORREY ou NORREY-en-Alge. Com. du dép. du
Calvados, arr. de Falaise, cant. de Morteaux-Coulibo'uf ;
197 hab.
NORRI (Charles), architecte français (V. Norry).
NORRIS (Henry), homme politique anglais, mort
le -17 mai -lo26. D'une vieille famille aristocratique,
il fut placé jeune à la cour oii il fit ses débuts comme
gentilhomme de la chambre du roi. Il gagna l'amitié
d'Henri VIH et jouit bientôt d'une iniluencc considéra])le.
11 combattit vivement Wolsey et fut le principal instru-
ment de sa chute. Très lié avec Anne de Boleyn, il la
poussa à jouer un rôle dans l'Etat. H ne se fit du reste
pas scrupule d'abandonner ses intérêts pour s'occuper avec
zèle des négociations du mariage du roi avec Jane Sey-
mour. Pour se venger, Anne fit courir le bruit qu'il avait
voulu la séduire. Henry YIH fit arrêter Norris à la fin du
tournoi de Greenwich auquel il avait participé. Empri-
sonné à la Tour, il fut exécuté le 17 mai 1526. Sa pré-
tendue comphce fut décapitée le lendemain (V. Anne de
Boleyn). R. S.
NORRISTOWN. Ville des Etats-Unis (Pennsylvanie),
r. g. du Schuylkill, en face de Bridgeport, à 29 kil.
amont de Philadelphie; 19.791 hab. (en 1890). Hauts
fourneaux, filatures de laine et coton, verreries, etc. Vaste
prison.
NORRKŒPING. Ville maritime de Suède, prov. d'OEs-
tergœtland, à l'embouchure du Motala, dans le Brâvik ;
34.816 hab. (189i). Nombreuses églises et nombreuses
et importantes écoles. C'est par l'industrie (elle compte
plus de 90 fabriques) la seconde ville de la Suède, après
Stockholm (filatures, teintureries, papeteries, fabriques
d'allumettes, forges, etc.). Elle est reUée à la capitale
par une voie ferrée et par un service régulier de bateaux
à vapeur. Commerce assez actif avec les ports de la Bal-
tique. Connue dès le xn^ siècle, elle se développa au xvii^
quand le Hollandais de Geery créa des fabriques. En 1604
s'y tint la diète où fut couronné Charles IX; en 1800,
celle où fut couronné Gustave- Adolphe IV.
NORRLAND. Région de Suède. Nom donne à toute la
partie au N. de l'Uppland. Le Norrland comprend les huit
anciennes provinces de Gestrikland, Helsingland, Medel-
pad, Jœmtland, Haerjedalen, Angermanland, Vesterbotten
et le Lappmark , représentées par les cinq Isen de Gefle-
borg, Westernorrland, Jaemtland, Vesterbotten et Norr-
botten; 255.881 kil. q. ; 754.642 hab. (1891). En 1751,
la population était seulement de 148.759 hab.
NORROIS. Com. du dép. de la Marne, arr. de Vitry-
le-François, cant. de Thiéblemont ; 126 hab.
NORROY. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle, arr.
de Nancy, cant. de Pont-à-Mousson ; 674 hab.
NORROY ou NORRO Y-SUR- Vair. Com. du dép. des
Vosges, arr. de Neufchâteau, cant. deBulgnéville ; 285 hab.
NORROY-le-Sec. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle,
arr. de Briey, cant. de Conflans ; 502 hab.
NORRTELJEouNORRT>€LJE.VillemaritimedeSuède,
prov. de Stockholm, à l'embouchure de la Norrteljeâ ;
2.476 hab. (1891). Ee commerce, qui consiste principale-
ment dans l'exportation du bois, est peu développé. C'est
surtout une ville de bains (bains de boue) ; il y vient |
chaque année, outre un milKer de baigneurs, de nombreux
habitants de Stockholm, qui y passent l'été. Elle est reliée j
à Upsala et à Stockholm par un chemin de fer à voie étroite.
NORRY (Charles), architecte, dessinateur et écrivain
français, né à Bercy, près Paris, en 1756 et mort à Paris
le 16 nov. 1832. Elève de Uousset, puis de de Wailhi
(V. ce nom). Norry fut emmené par ce dernier maître
pour le seconder dans les voyages qu'il fit en Russie, en
Suisse et à Gênes. H fut ensuite attaché à l'expécii-
tion d'Egypte et, outre son importante collaboration au
remarquable ouvrage cpii fut le plus clair résultat de cette
expédition, il en publia un compte rendu sous ce titre :
Une Relation de Vexpédition d'Egypte (Paris, 1799,
in-8, fig.). Norry, ((ui avait exposé au Salon del799, fut,
de 1812 à 1829, inspecteur général (ki Conseil des bâti-
ments civils, memltre du Comité consultatif des bâtiments
de la Couronne et inspecteur général de la grande voirie
de Paris. Cet architecte, qui se piquait de littérature,
était un des membres assidus du Portique républicain,
club composé de « sans-culottes Uttéraires », comme ses
membres se quaUfieaient eux-mêmes, et dont les produc-
tions poétiques, surtout dirigées contre le Lycce Thélus-
son, autre club, mais à -tendances réactionnaires, qui
avait son si'-ge dans l'hôtel de ce nouT, ont fourni un
important contingent aux Satiriques du xvni^ siècle.
Charles Lucas.
NO RI. Ch.-l. de cant. du dép. de la Loire-Inférieure,
arr. de Chàteaubriant, sur la rive droite de l'Erdre;
5.346 hab. Stat. du chem. de fer d'Orléans. Eabriques de
noir animal; corderies, minoteries. La commune se divise
en trois quartiers distincts : le bourg de Nort, Saint-
Georges et Port-Malou.
NORT-L^']ULiNGHEM. Com. du dép. du Pas-de-Calais,
arr. de Saiiit-Omer, cant. d'Ardres ; 205 hab.
NORT H (Frederick), comte de Guiiford, homme poli-
tique anglais, né à Londres le 13 avr. 1732, mort à
Londres le 5 août 1792. Fils de Francis North, premier
comte de (i ail font (170i-90), qui fut gouverneur des
])rinces George et Edward, et de lady Lucy Montagu,
i^Yederick, au sortir de l'université, fut élu membre de la
Chambre des communes par Banbury ('175{) et, grâce à
sa parenté avec le duc de Newcastle, fut nommé lord de
la Trésorerie (1759). Chatham lui procura un siège au
Conseil pri^é en 1766 et voulut même le nommer en 1767
chancelier do l'Echiquier et leader des Communes. North
refusa d'aliord (mars), puis accepta à la fin de l'année.
Il réussit à expulser Wilkes de la Chambre des communes,
et, en 177 ), il décida le gouvernement à reprendre le
projet de taxe de Townsend sur le thé américain, ce qui
rendit la guerre inévitable. North devint alors premier
lord de la Trésorerie, il lutta courageusement contre une
opposition formidable dirigée par des hommes comme Cha-
tham, Grenville et Rockingham. Il fut d'ailleurs gran-
dement aidé par George lîl, qui tenait à avoir la haute
main sur toutes les affaires de politi([ue extérieure et in-
térieure et qui lui donna des conseils fort habiles sur la
manière de conduire les débats du Parlement. North était
dédaigneux de la popuîarité ; il le montrait trop, et, lors
des troubles do 177-1, sa voiture fut mise en pièces et il
ne put échapper qu'à grand'peine aux fureurs de la po-
pulace. L'émeute de Boston (1773), au cours de laquelle
la cargaison de plusieurs navires chargés de thé fut jetée
à la mer, fut suivie de mesures rigoureuses : bill fermant
le port de Boston à tout conmierce, retrait des libertés
du Massachusetts ^1774). Des troupes furent envoyées en
iVmérique pour appuyer ces mesures de répression. C'était
le début de la guerre de l'indépendance américaine. North
voulut en vain essayer de la conciliation, il se heurta à
l'obstination du roi. Après la défaite de Saragota (1777),
après la conclusion d'une alliance entre la France et les
Etats-Unis (1778), il tenta de parer le coup en promet-
tant de renoncer à l'avenir au droit de taxer directement
les colonies, mais il était trop tard, et le roi, d'ailleurs,
persistait dans son aveuglement. En 1781, lord Cornwal-
lis était acculé à la capitulation humiUante de Yorkstown.
North, désespéré, se mit, lorsqu'on lui annonça cette nou-
NORTH — NORTHCOTE — o4
vclle, à arpenter la chambre en gesticulant et en répétant :
« Tout est perdu », et il donna sa démission. George ÏU.
iuricux, n'eut ])as un remerciement pour un minisire (pii
l'avait servi si tidèlementet. la plupart du temps, contrai-
rement à ses propres convictions. Il lui dit durement :
« Rappelez-vous bien, milord, ({ue c'est vous qui m'a-
bandonnez, non moi qui vous abandonne » (178^2). La
chute de lord North rappela les whigs au pouvoir. 11 con-
serva à la Chambre des communes environ 170 partisans,
ce qui lui permit, en 4783, en s'alliant avec Fox, de
renverser le ministère Sheb urne. Le roi l'accabla d'injures,
mais fut obligé de le nommer secrétaire d'Etat à l'inté-
rieur dans le cabinet Portland. Ce nouveau cabinet était
extrêmement impopulaire, d'autant plus qu'il entreprit
d'arracher l'tnde à la Compagnie commerciale. Le bill fut
rejeté par les lords, sur lesquels le roi fit une scandaleuse
pression, et il profita de ce rejet pour renvoyer des mi-
nistres qui lui étaient odieux (48 déc. 4783). North con-
tinua de prendre une part active aux débats parlemen-
taires, bien qu'il fût devenu complètement aveugle au
commencement de 4787. 11 fit à Pitt une opposition per-
sistante. — On a de beaux portraits de lord North, entre
autres celui de Nathaniel Dance (à Wroxton Abbey), un
autre du même artiste (à la bibliothèque Bodléienne
d'Oxford), ceux de Reynolds, de Ramsay, de Rovvney.
W.-B. Donne a pu])lié sa Correspondance avec George 111
(Londres, 4867, 2 vol.). R. S.
BiBL. : Walpole, Memoirs of tho Rclgn of GconjQ III ;
Londres, 1815 — Du même. Joarnal of t/ie Heign of
George III ; Londres, 1859. — Brougham, Historical sket-
ches of the Stutesmen of George III ; Londres, 1839, I —
A view ofthe historg ofGreut BriUmi during ihe adminis-
tration oflord North ; Londres, 1782, 2 vol.
NORTH (John-Thomas), capitaliste anglais, né près
de Leeds le 30 janv. 4842, mort le 5 mai 4896. Après
avoir été mécanicien à Leeds, il s'établit au Pérou. Il
s'enrichit par diverses entreprises (distillation de l'eau de
mer dans des régions sans eau potable du Chili, guano, etc.) .
11 fut un des premiers à reconnaître la valeur commerciale
des champs de nitrate de Tarapaca, et devint « le roi du
nitrate de soude ». Son immense fortune fut grandement
augmentée par des spéculations pendant la guerre entre
le Chili et le Pérou. Le « colonel » North, de retour en
Angleterre, se fit un nom par son faste, son écurie de
courses et ses chenils. Ln 4895, peu s'en fallut qu'il n'en-
levât le siège parlementaire de West Leeds à M. Herbert
Gladstone : il s'était présenté, naturellement, comme con-
servateur.
NORTH-ADAMS. Ville des Etats-Unis (Massachusetts),
sur le Hoosac; 46.074 hab. (en 4894). Grandes fabri-
ques de cotonnades imprimées, de guingans, de cache-
mires; cordonnerie.
NORTHALLERTON. Ville d'Angleterre, comté d'York,
ch.-l. du North Riding; 3.802 hab. (en 4894). Au N. fut
livrée le 22 août 4138 la bataille de l'Etendard, dans la-
quelle les Anglais défirent David l^^ d'Ecosse.
NORTHAMPTON. Ville.— Ville d'Angleterre, ch.-l. du
comté de ce nom, sur le Nen; 64.042 hab. (en 4894).
C'est une vieille ville aux maisons de pierres rouges ; parmi
ses nombreuses églises, on remarque celles du Saint-Sé-
pulcre (ronde, de LÎ27) et de Saint-Pierre (en style nor-
mand). Evèché catholique. Ecole de médecine. La cordon-
nerie y occupe 43.000 ouvriers. Foires de chevaux et
bœufs. Au N.-O. est AUhorp Park, résidence des Spen-
cer (belle galerie de tableaux) .
Comté. — Le comté de Northampton, dont la ville est
détachée administrativement depuis 1888, a 2.598 kil. q.
et 302.483 hab. (en 4894); 203.247 hab. sans le comté
urbain. C'est un pays accidenté, au centre de l'Angleterre
(V. Grânde-Rretagne), entre les comtés de Leicester
au N., Warwick à l'O., Buckingham au S., Bedford au
S.-E., Huntingdon à l'E. 11 est arrosé par le Welland et
le Nen, dont la vallée devient marécageuse au N.-E. du
comté. De la surface totale, 53 % sont en prairies, 36 ^o
en champs. On y recensait, en 1890, 21.700 chevaux,
130.000 bœufs, 429.000 moutons, 37.500 porcs. On en-
graisse du bétail importé des comtés voisins. On exploite
les mines de fer (1.131.000 tonnes do minerai en 1894),
et on fabrique de la fonte (233.000 tonnes); la cordonnerie
occuoe 36.000 ouvilers.
NORTHAMPTON. Ville des Etats-Unis (Massachusetts),
sur le Connecticut; 15.000 hab. (en 1891). Célèbres
écoles, parmi lesquelles le Smith Collège pour les jeunes
tilles (500 élèves). Im face est Hadiey avec son école nor-
male féminine de Mount llolyoke (300 élèves).
NORTHAMPTON (Spencer Compfon) (V. Compton).
NORTH-ATTLEBOROUG. Ville des Etats-Unis (Massa-
chusetts); 6.727 hab. (en 1891). Orfèvrerie.
NORTHBROOK (Sir Francis Thornhill Baring, lord),
homme poHtiquo anglais, né à Calcutta le 20 avr. 1796,
mort à Londres le 6 se})t. 1866. Membre de la grande
famille financière des Ikiring (V. ce nom), il fit de bril-
lantes études à l'Université d'Oxford. En 1827, il fut élu
membre de la Cbamijre des communes par Portsmouth
qu'il représenta sans interruption pendant quarante ans,
votant avec le parti fibéral. Lord de la Trésorerie de 1830
à 1834, chancelier de l'Echiquier de 1839 à 1841, il
occupa les fonctions de premier lord de l'Amirauté de
1849 à 1852. Il avait été créé baron Northbrook le
4 janv. 1866. R. S.
NORTHBROOK (Thomas-George Baring, comte),
homme politique anglais, né le 22 janv. 1826, fils du
précédent. Il entra à la Chambre des communes au sortir
de l'université, comme représentant de Penryn et Fal-
mouth (1857), circonscriptions qu'il représenta jusqu'à
son entrée à la Chambre des lords (1866). Comme son
père, il soutint les principes libéraux. 11 occupa succes-
sivement les hauts emplois de lord de l'Amirauté (1857-
58), de sous-secrétaire d'Etat pour l'tndo (4859-64), do
sous-secrétaire d'Etat- à la guerre (4868). Gladstone le
nomma vice-roi de l'Inde après l'assassinat de lord Mayo
(4872). Northbrook démissionna en 4876, et devint en
4880 premier lord de l'Amirauté. Il accomplit en 4884
en Egypte, avec le titre de lord haut commissaire, une
mission financière qui aboutit à l'emprunt de 9.000.000 SZ.
Lord xXorthbrook se sépara de Gladstojio, en 4886, sur
la question du Home Unie. R. S.
NORTHCOTE (Stafford Henry), comte d'Iddesleigh,
homme d'Etat anglais, né à Londres le 27 oct. 4848,
mort à Londres le 44 janv. 4887. D'une santé délicate,
il fit cependant de bonnes études à Eton et à Oxford. Ins-
crit au barreau de Londres en 4840, il devint en 4842
secrétaire particuKer de Gladstone. H eut de bonne heure
l'idée de se jeter dans la politique, mais il dut passer au-
paravant par diverses situations administratives. C'est
ainsi qu'il s'occupa de l'organisation de l'Exposition uni-
verselle de 4850 et qu'il lit partie de la commission de
réforme du ministère du commerce. Elu membre de la
Chambre des communes par Dudley, en 4855, il prit part
à tous les débats importants, combattant les libéraux.
H fut batlu à Dudley en 1857, se présenta sans succès
pour le North Devoji et fut élu enfin par Stamford en
4858. Il devint un des meilleurs orateurs de l'opposition
et se lia avec Disraeli. Réélu par Stamford en 4865, il
fut nommé président du bureau du commerce dans le ca-
binet Derby (4866) et peu après secrétaire d'Etat pour
l'Inde. Il recommanda dans l'administration de ce pays
une large décentralisation financière, la création d'un
gouvernement séparé pour le Bengale, et l'admission des
indigènes aux emplois. Député du North Devon de 4866
à 4880, il devint directeur de la compagnie de l'Hudson
en 4869, s'occupa passionnément de ses affaires, et fit
un voyage en Amérique à cette occasion. Il fut membre
de la commission chargée de régler avec les Etats-Unis
les questions délicates de VAlahama, des pêcheries cana-
diennes, etc. (4874), commission dont les travaux abou-
tirent au traité de Washington (8 mai 4874). En 4874,
Northcote devenait cluincelior do rEchitîiiier dans ]e mi-
nistère Disraeli. 11 fit adopter une excelîeîile loi sur les
sociétés de secours mutuels (11 aoA( 1(S75) et présenta
des budgets remarquables qu'il défendit avec succès contre
les attaques de Gladstone, li essaya par une série de me-
sui'es raisonnées de réduire la dette pub'ique ■ sa décla-
ration concernant Fincome-lax, dont il dit avec franchise
(jue c'était un impôt qui depuis longtemps avait cessé
d'être temporaire, souleva d'ardentes polémiques. Il suc-
céda à Disi'aéli en 1876 comme leader de la Chami)re d{'6
communes, et c'est ainsi (;u'il eut l'occasion de prononcer
sur les aflaires de Bulgarie et la question d'Orient des
discours qui tirent sensation et de défendre contre l'op-
position les expéditions do FAfghanislan et du Zoulou-
land. Il eut à lutter dans l'assemblée contre la fameuse
tactique de Parnell et Biggar (jui éternisait les discussions,
et, lorsqu'il déposa des mêlions de nature à y mettre un
terme, il eut à subir la mémorable séaîice des 30 et ol juil.
1877 qui dura trente-six heures sans hiterruptioji. Ces
travaux l'épuisaient. En 1(S80, les libéraux revinrent au
pouvoir. Northcote. avec lord Salisbury, prit la direction
de l'opposition. îl infligea maintes défaites au ministère
qui tomba le 8 juin 1883. Northcote prit le portefeuille
de premier lord de la Trésorerie et fut créé comte d'Id-
desieigh. f e ministère dura peu et Gladstone redevenait
premier minisire le 8 mars 1886, pour tomber, il est
vrai, le 27 juil. Northcote fut nonnné ministre des affaires
étrangères. Il eut à s'occuper des inextricables affaires des
Balkans et arrangea les différends survenus entre les Etats-
Unis et le Canada au sujet des pêcheries des eaux cana-
diennes. Il se retira, à la suite de la démission de lord
Randolph Churchill, afin de faciliter une com])inaison avec
les libéraux unionistes. Le 11 janv., il rendait visite à
lord Salisbury lorscpi'il fut pris d'une syncope dans l'aji-
tichambre du premier ministre et mourut quelques heures
après. Gladslone a fait son plus bel éloge en disant que
c'était un homme qui avait pour pi-incipe absolu « de .se
mettre complètement hors de cause lors(|u'il avait en vue
lai'éalisation de gramls projets d'intérêt })ublic ». Northcote
a laissé wn certain nombre d'ouvrages intéressants, entre
autres: A sJioii review of Ihe Javigalion laivs {ISid);
A statement connecled ivith the élection of Glad-
slone, etc. (Londres, 1853); On previoiis Imprison-
ment of Children (1856) ; et surtout son traité de
finances, intitulé Twenty years of ftnancial policy
(Londres). U. S.
BijiL : WoRT.^y, Lifo oftfieeiirl of Iddesleigli; Londres
— Ai>di\!\v I.A^G, I/ifc, Ictlers und diurlcs of Stafford
NorUicote, firsL ctirl of'lddesJel'jh : Londres. 1H*)0. 2 voî.
NORTHEliVi (Norlen). Ville d'Allemagne, roy. de
Prusse, district de Hildesheim (Hanovre), sur la JUiume ;
7.d88 hab. (en 1893). Minoterie, sucre, tabac. Citée dès
875, on y fonda en 1063 le couvent de Saint-Blasie (sécu-
larisé à la Réforme). En 1208, elle reçut une charte ur-
baine ; elle fit partie de la Hanse, accepta la Réforme
(1539), fut prise par les impériaux le 18 juin 1627.
BiBL. : GnoTEN, Gesch dur Stadt Norlheiiii ; Einbeck.
NORTHESK (Comte de) (V. Carnegie [William]).
NORTHFLEET. Ville d'Angleterre, comté de Kent, au S.
de la Tamise, àl'O. de Gravesend ; 11.717 hab. (en 1891).
NORTH-FORK (V. Flatte [Rivière]).
NORTHiA(Malac.). Genre deMoHusquesProsobranches
établi par Gray en 1847 pour une coquille lisse, allon-
gée, turri culée, non épidermée, aspire élevée etacuminée ;
tours convexes, séparés par une suture profonde. Ouver-
ture ovale, terminée par un canal faiblement développé ;
columelle dentée; bord externe sillonné intérieurement et
denticulé. Ex, N. serrata Dufresne. Les espèces de genreha-
bitent les cotes de l'isthme de Panama et des Philippines.
NORTHINGTON (Robert Henley, comte de), homme
d'Etat anglais, né vers 1708, mort en 1772. Membre du
parlement pour Bath (1747-57), attorney général (1756),
il devint garde du grand sceîïti en 1737 et lord chancelier
- 3*) - NORTHCOTE - NORTHUMBERLAND
, en 1761. Il garda ces fonctions jusqu'en 1767. R a laissé
I Repolis of Cases argued and deterniined in the High
] Court ofChancei'ij (Londres, 1827, 2 vol. in-8,2^éd.).
I Son ftls Jlobert (17i7-86) fut lord lieutenant d'Ir-
lande en 1783-84. R. S.
Bn3L : Lord IIi.;\Lj-r/. Mcniotr of lord chpucellor Nor-
Ihingtoii ; Londres, 18'U.
NORTHUMBERLAND (Détroit de). Bras de mer des
côtes canadiennes qui sépare l'ile du Prince-Edouard de
!a Nouvelle- lu^osse et du Nouveau-Brunswick.
NORTH U iYI 8ERLAN D {Northuinbrie). Géographii- . —
Comté du N. de l'Angleterre, 5.219 kil. (f., 506.030 hab.
(en 1891) ; comme district administratif, 319.730 hab.
Riverain delà mer du Nord, il est borné au N. par l'Ecosse,
à ro. par le Gundierland, au S. par le Durham. C'est un
pays de collines dénudées et de maigres pâtis parsemés de
tourbières; toutefois, au N., les pentes des monts Cheviots
sont revêlus de beaux pâturages, et les vallées inférieures
sont très fertiles. La Tweed l'arrose auN., la Tyne au S.
(V. GRANDE-BRETAr.:\v). Le clhnat est froid et nébuleux.
Les champs occupent 20 ^o, les pâturages 35 1/2 %, les
bois 3 1/2 7o de la superlicie. On v comptait, en 1890,
17.500 chevaux, 105.000 bœufs, '1.003.000 moutons,
14.000 porcs. Le sol fournit do la houille (9.541.000 t.
en 1894), du plomb ai-gentifère (J.042 t.), de l'argile à
potier (145.000 t.). L'industrie est développée autour de
la grande ville de Nev.castle : construction de machines,
de navires en fer, production de fonte, fer et acier, ver-
rerie. Le ch.-l. est Newcastle-upon-Tyne.
lIisioiRE. — Les principales villes sont, après Newcastle,
Tynemouth et les ancieiines places forîes de Berwick, Alm-
vick, Morpeth, îlexham.
Le Northumberland est couvert de vestiges du passé :
cairns, menhirs, croinlechs, rocs sculptés, l'ancien mur
d'Adrien, la grande voie romaine de Londres à la fron-
tière, (pie les paysans appellent Jfafling street; restes de
camps et mines du tenips rcnnain. ruines du prieuré de
Lindisfarne (1093), du cbaleau de Norham (1121). de
l'abbaye d'Hexham et des innombrables forteresses dont
ce pays frontière se hérissa au moyen âge. En 1160. il
renfermait encore 37 châteaux, 78 tours, quantité de mai-
sons fortihées des yeomen (nobles).
Le Northumberland représente (ui débris du royaume
de Nortliiunbric(Y. ci-dessous), dont il renferme une ca-
pitale, Bambnrgh.
Quand ce dernier eut été soumis à celui de Wessex, dont
son roi Eadred se reconnut tributaire (827), il ne tarda
pas à succomber aux attaques des Pietés et des Danois.
Les premiers reconquirent le Lothian au milieu duix° siècle.
Les seconds; qui avaient dès 793 pillé Lindisfarne et en
794 Yarrow, s'établirent à demeure au N. de la Tyne en
875. Ce ne fut qu'en 924 que le roi de Wessex, Edouard,
rétablit sa suprématie sur le Northumberland.
En 937, la grande \ictoire de son fils Athelstan sur
Olaf Cuaran, fils du roi danois Sitric. et ses auxiliaires les
Scols, les Danois d'Irlande et les Bretons de Cumbrie,
rendit à l'Angleterre le pays jusqu'au Solway et à la Tweed.
Le rs'orthumberland fut d'ailleurs bientôt après offert à Eric
Bloodaxe, fils d'Harold Harlager, qui ne put s'y mainte-
nir. Ce ne fut qu'en 954, que le roi de Wessex, Eadred,
put le reprendre effectivement et y nommer un comte de
son choix, Oswulf. Son successeur, le roi Edgar, le partagea
en deux comtés, celui du S. répondant au comté d'York,
celui du N. au Northumberland et Durham que con-
serva Oswulf. La Cumbrie avait été cédée en 945 à Mal-
colm P^' d'Ixosse. Le Lothian le fut délinitivement à son
fils Kenneth vers 970, et conquis par Malcolm II après sa
victoire de Carham (1018), au moment où Knut s'empa-
rait de l'Angleterre. Le comte Waltheof (975) avait réuni
les deux parties delaNorthumbrie ; son fils, le comte Uhtred
(1000), vainqueur des Ecossais à Durham, se soumit à
Knut, dont le beau-frère Eric reçut à sa mort le comté
méridional, tandis qu'EadulfCudel, frère d'Ehtred, gardait
NORTHUMBERLAND — NORTON — 56
le Nortlminborlaïul ou Rernicic. fios (ils Airent h'-' s i\r; le
Danois Si^ard, i^ciidro d'halrod. (;ul winni i(;:iic Ij ^-r'-
lîiiimbi'ie (iOlii. ('o puissant personnage est diineuré !;'--
f^'endaire, et on lui prête une intervention daiiS la cir.ite (1(*
Macbeth. Asanio^t (lOr^^), iMouard le ''a')n!'''r-s.'-ur noiinn;^
Tostig, (ils de Godv. in, ( ointe du ?^'o! tiinir.beriu.ivl, [.K-nal
s'ajoutèrent les comtés de ?u)r;!u]uipion eLdellunliûgdirn. V
fut chassé par les gens du pays, bc réni^va j-rès de .son
beau-frère Baudouin de Fiandic. env^aîr'r r.\ngieieiTe avec
Ilarold Ilar(h^ai!a. en même îe.-nps (iue Guillaume le Con-
quérant, et fut vaiFîCii el tué à Siaii^fbrdlHddge ('25 scjs.
iOiio) [)ar son frère le roi Ikmohi. I.e comté d'Ycu'k fu.
presque de suite incorporé au royauuie de Gu'Jiauùie. f-kds
les pays du Nord, gouvernés par Morkere f:!s d'/Elfgar êe
Mercie et par le Ihane (^opsige, demeurèrent ind/pendar^s
en fait, puis(ju"iis ne sont pas compris da.is le Doinc^i'i.y
Book. Après une série de luttes où péF'ireîrl les comles
Robert de Comines (iOoD). WaiihciM' (■':JT()), X^'aK 'icr
(1080), le dernier comte seini-îndéponda:^t Ait l-oheri (\o
Montbray (Movvbray) (i08o~n.j). après la ré\(j[te (hi'juri
Guillaume le Roux unit le ^(ortiunnberhuid à la Couronne.
Henri ÎI conféra le comté à Henri, fils de L-arid i^-' d'vcosho
et déjà comte d'Huntingdon. Il (lemem'a dispnlé jusqu'à
l'issue des guerres entre les Planta>7enets et fL'cossL' (sui
deeneura indépendante, mais dont la ûx):il"èie fut arrêtée
à la IVeed. Richard fi, en 1377, (hnsnc :c v"i,:';lé à Henri
Percy, danslafainilieduMuei il estdeme.i'é. sanfune courte
occupation par les Dudley. Le titre de comte, ])uis de duc
do Northuuiberiaud. appartient doiic- derjuis \'S~1 é lu
famille iVrr?/, sauf un niomenl où il fut ixau-ijié aux
Dudley (Y. ces noms). X.~â. B.
BiiJL. : Kat,.«. îhslorij of XorUtu,.ih.>rUn(t ; Lwiuir(ir.,
LS95
NORTHUrvIBERLANQ (Robert cm 51ov--.,':av, comte de),
mort vers -ii'io. Fils de Roger de l^iouibrai, origiju'lr.^ du
Cotenlin et compagnon de Guillaume le (^onquérajit, il se
distingua dès sa jcuiiesse par sa turbulence et|>rii le ]'.arti
de Robert dans sa ré'oellion. contre son père (1078). Créé
comte de Northumbcrhmd vers lOB'l, il soutint c.icore Ro-
bert contic Guillaume le Roux (1088), 'irùla Bjùh, rava-
gea le Wiltshire, assiégea iJchester. Puis il lutta contre
son voisin, Tévèque de Durham, Guillaume de Saint-Calais,
dont il voulait prendre les terres, repoussa une invasion de
Blalcolm (iOdi), fut blessé en i(j\)3 pi es dkilnvdck, en
résistant à ujio nouvelle in'.asion du roi d'î'cosse, (ufil en-
ferma peu après et brûla dans réglise du prieuré de Tync-
moutlr. îl prit une part prépondérante à la conspiration
qui avait pour but d'enlever la couronjie aux :d,s du C.on-
quérant pour la placer sur la tète dk^ieriiso d'Aumf'b
(40;;">). Guiilauiiie le Roux marcha coîîh'e lui. s'ciirpaî-;.
de Newcastle-oci-lyne, assiégea et prit Tyi;e;]]ouih el viiil
oiirir la bataille à Northundierlami dcVcUii Bamborouijh.
Northum])erland se contenta de ^'ciiTcrmer dans cette for-
teresse imprenable. Peu après, il tominsit dans uiie em-
bûche; il réussit à s'enfuir et à gagiier Tynemontii où il
se réfugia dans l'éghsc. 11 y soutint an siège do si\ j-"urs
et fut pris. 11 fut emprisoinié à Wiudsor. On ne ScJ' (';■
qu'il devint par la suite. Quelques liisioi-ions aiilrnunU
(lu'il demeura prisonnier jusqu'i sa mort; d'autres, qu'i!
finit ses jours comme moine au monastère de Saint -.\lhans.
n avait épousé Mathilde du Laigle, qui défendit hérorpie-
ment Baniborough jusqu'à la prise de son mari. H. S.
Bi»L. : ORDr.RiC Vital, Hlstorhi. caJcsiaslicii, éd. I.o
Prévost (Société de t'tïibtoire de ]<ù'auce;. — Siiijéoii do
Duriia^nI, Gestd Re<jurn. éd. ïlinde. — Les '.'hroniqucs d(i
Guillaume de AlALMiîSBUiiY, de Mathieu Pari-î, a'iîeni'y
d'IIUXTÏXGDON.
NORTHUMBERLAND (comtes de) (V. IvlouKÙai:, Nn™
VILLE, Pergv, Puusi'^y [IPugh dc]).
NORTHUMBERLAND (Ducs de) (V. Dlu.ley et Percv).
NORTHUiVlBRiE. Ancien royaume anglo-saxon (piiud
constitué par le chef anglais J-^thetnaih, ^cî's'J-r^'K ïl com-
prit d'abord les royaumes de Deii'ie et de Bernicio .^t, en
603, à la suite d'une bataille ou furejit écrasés les Bre-
core aux d< ixMx; lu^
S' u!huicbrù-::s e^ ;'
s'i^'céda '! Jililnd'cl!
j'iva à !ùiii,),;(";^ i:.
i to;is sep!en!:'iîOianx. il sù'dendit depu.is rfJiunb'U' jiisqd'au
j ]A>i(ii. ;qo''s ;;o7 iluiL./lede Ches'cr), il ^'agrandit' c i -
i-ioiis de !a Bretaf^n-'^ coiiîi aie-, des
^h-i'ciens. r-oi s le roi Làul\M!n> (pii
])]'.! I eu (^'17. la Northi:!iii)i''e ar-
p ;tu' garorr 'a 'Voniière (lu Nord. Man et Aiiglesey fiu'ent
aoîiCoNS. La 'aîJhumlsri:' jusfpralors païenne fu! con-
verti'^ par j ;■:'';!: h\ éhis ajurs la mortd'l'^adwiiie (()3o).
le royaiupo au (iv'c'drf' par des li^ties iotesticiCs. Le roi
CsNvjtu {i)3{-vl) ;oa;:];[ une bille terrible cojiiro les
oa'Ci.s coo(!'ùss par raîula d*^ .Mercie. Cswi {iji:''-1''}
b'Và:^'! (îénoilivcincat ':■' paganisme (lans une gcaiide ba-
taille ])iei de -v^'ds (7j5). Son ssiccessear Kcgirilb lutta
conire hi .n, ■(!,'. ;'oa ^-a iv-^ Creicos du royauiue de (àiiu-
bria, tr. -, ;.^,| le Tol;!; cî aiia attaipuu' les Pietés en G85.
Son a:i'iér Un coiophùeineol, é('rao> e et il péj'iL Ses suc-
ce-sei-i's Ru'entsoîi ;Vère bâtard Aldfrid (G85). Osred (7(o).
Coenr'^d (7i(3), Osvi ([IS), Caoiwulf (7^Ù), Kadheid
'7'râ-7")8). C'en éhiii 1'; i! de Ut sopi'é'oalia da -a ^à)r--
Ibainhî'ù^. l'dle ^ i'i'la enua-e dhm éclat iiîtéraire sous \c--,
r^^gues ("a Ci^oi,, 'i'. d'Sadhert, îjUi !'^!'> . (Mx i-iitLèroid
au couvejit. «d <• oui naissance au celuîiv f]a da. Pins elb
tomba dans une ro;iip!ète anai'chie. Sas i.os iareid su-'-
(\'->iv(xnen( rv'oviu'^rs par une mnlessc tîo'bidnde, el'c
ja/v a aaos la O'ionoation de la )'.'i;i(^ au teaips d'Oifa.
(x 'oadxi ii'iab'iacid au \}}\-\u'i' (•"Scgl^eriit, roi ('es
SaxoiiSuccidentaiix.ipii pril 'e Ida- 'sic roi des Anglais (S'.u).
S^^s derniei'h rois, ipd ;>resa\ie tors ])érirent de mari vio-
bao^, rorent Os'auh' (758). î'dheL\\ald (7()o). Alcbrad
(77^). Ethe!i-ed (771;)^ delvo'l (788;. Osred (7;;2).
Iitheired (78'G), ''YMah'e d'Offar [''adred, (lUi se jxh'ouîiul
vassal du roi de We^^cx (827). P^. S.
Idin. . Li p;'. llislor,;. c (J" hiôllco f/. <slU A/';';'o"qj/o —
:'!:roiii<jLic nn(il()-8<ixo}iiic. — Spa^^wa i ujin;- m. Hiblcnj
o'i ll\(3 ÀH(jlo-:<o ^'Oi'rô. — (Pii'KX. Fii-:,'()]'il of Lie ciiiilibli
NORTH-V/ALSHALï. Ville d' Vngleterre, comté de Nor-
n Ik, à M kil. N. de Aurxich; o^GlJ hab. (en 7891).
f gbse gotliivpo.e du xiv^ siècle. Instruments agricoles, d-u
S.,-'), .a'd le vJIage de Wof'r'lcd ' (V. ce mot).
iiOHTHWICH; Ville d'Angleterre, comté do Chestcr ;
i-i.V>i-i Ivdh. (en 1871). Grandes saliiies. 'Un '1884, le
sol (buoe l'artie c:' ta 'Vile, mina pai' les galeries, s'e!'-
fondra.
■•rjRTllERQUE. Goun du dép. du Pas-de-Galais, ara.
de Saiîit-Oiuer. cant. (■'.'. udruicq ; i.077 hab.
NORTON ( Ulaire). Célèbre aifaire de faux (jui se pro-
:.-d en [''raace ci!
■Un nîulàire de File i\]auri('e.
'Jl'ied "^V'on, dit Uo) lu]i ('i850--dM-), fabrliuia des
,,x. .-o. qu'il prétendit dén'.ées à l'ambassade d'Angleteiae,
destia.ées >> é[aMi::pur'rlusiau!'s houijnes politiques, en par-
ù: ;d7'r yU:l. (aémenceauet Id^diefoit. élaient vendus à PAn-
gb'drre. Cesi^aî-iers fu'aaïl vendus pa:' lu" aux boulangistes
(ud en tirent le ihème de virulentes attaiiues développées par
li". Hil'evoye et iaéroubnP. Cette accusation absurde
sVa'amdra sous b^iidi(aur>, dds que Al. }di!levoye produisit à
la tribune de la Cixan'aa^ res doauments extravagants
('éanae du 2i: xdn 1803). a A AérouPale se condamna à une
retiaite p(niti aïo de quatre anxAes. Mais l'accusation,
rep'd'îe ea. teimes plus vagnx-spai' 1 ' Pdil -JoirintaJ. détr;--
mina bé^Vec dr 'A (7émencean aux éîeations législatives.
ivOllTûH (Carij!ioe-i'b'ai)eth-Sarmi). îemme autCvir
ajig'aise. née à Londres en iSAS. morte le io juin -1877.
Fille de '! h-'a-as Shcridan (V. ((»a;nn). {'Vm' témoigna
dès sa jeunesse une vive iide!iigen;ax Comina :-es deuv
so'urs. Héièioe qui épousa lord Daireiin. cl Georgette ([lîi
épousa le duc de Somerset, elle était d'une beauté ex-
traordinaire. Elle éci'ivait dès trei/C ans des essais non
sajis vahir^a Soi: véaitad)le délud di-^'^s les lettres, llie
Sorroms n'' Hi'yidic (Aondres. 1S':2A). uiie irasche et giai-
cieuse idy'ie. lui vaUd du înaanier coup la célébrité. (Ca-
roline Sh«n'i,lan avait é;);;usé. en PS':?//, tui homniie de lc<i,
George Norton, frère de loi-d GraniJey. Ce fut m\ ma-
o7 ~
NoirrON — NOSAIKTS
riagc {l'amour qui (légé;i«'ru rapidement en une haino fn~
l'ioiise Cl (jUL a!)()LitLt à mi procèd scandaleux, o.i an in)-
pliqué ]i iu 3]on)ourjio, '»[ à unebej>oi'a(iî)ii (■i8r)Lj). Cas'oliîie
poiirsuivil sa carrière, donna::! d'^sporsiies : ïlie [jK'ijnig
one (J83v/), <[ui met en œuvre la !é:^'"!u!.^ dii -Inlt crcaiit;
The 'Jiv-D't
oUu
The (jiihl Oj
rue hhcii'U iioij), .sorte c!e poèmes S()(':aiistes (jiii re-
ilèiQHl les prèGcccîpations du iemps. VT.ea ([ne séparé. Nor-
ton !;e ce-saii de p-erséciUer sa le^nme, cssayani de ]i;i
soiiiirer de ['argent. Lasse Je ces persécutions. (Caroline
lui inlei:ia nn procès (1^38). Les diiiercinls dos époux
iïiienl étalés dans les journanx. (Lironne pidiiia pour sa
déiense un patîiéliifue {}pnscn!e, ITi'Jisii uiws foi' wo-
men >;} llie !iiiie!ee:\lh Cciihirij (l/nnires. '185:;). Dix
ans après, elle écrivaif son clief-dèeîîVî'e, iJie L'uuj of La
ihiraye (Lc'ndres. lo;r2). Xortoa étaiiî mort en '1H7:L sd
veuve, en dépii de ses soixaote-di v ans, se remaria le
\ " maîo 'j8TT au haroimei sir U'idiam Stiriing-MaX'vcl!.
^h's .Voi'ton. nuire ses poènies. a é( iâi des roînans ioté-
re.ssants c-omme : Sîuarl o;' Tnd leelli (i8-j'i), h)^! un'l
Sared (i8(>3). Old sir ')i)n';iiis (-1867). T^. ".
'■îORTOi'' (Sir (^'nnde ; !]o>vyi.\i' -''--ddorn\v). ]] ):vnne po-
lihijue angLu^, né en liyli. En 1841. il était éiii moinbre
de !a C[uimi)re des conrinunes par lo coinié (îe StafforiL
(|iLil représenta sans interrnption p-nulant trente-seiit
ans. Conservateur, il occupa dans ie ministère de lord
Derby ('1838-39) ki fonefioas de président du bnroan
d'iiygièiio et de vice-préside]il du coiised de l'enseigne-
ment. Dans le ministère Derby do i8fi6, il fat sous-secré-
taire d'Etat des cotanies et. en 4874, il fut mis à la tète
du inirean di! commerce. Crée baron en 4878, il passa à
ta Chambre des ^ords. La môme mniée, il représenta la
reine aux fuQérailles de la reine Mercedes, à^Lulrid. Du-
rant son adniinistialion des colonies, lord Norton s'occupa
d'établir ;'autojiomie administrative et iî ])u!}lia de nom-
f)renx traités sur renseignement, sur la réforme ])énalc
et sac les affaires coloniales, R. S.
NORTON'S Vunn:,!! (Viticuk.). Cépage a.::érii aiii. issu
dii L///-) lidn'UôCa, dn !'. eslioalis et (!u l\ ciaerea. 11
])oi te encore les Ui^rnsda Oyn//i/an.cz, lied Hiver, Sortoii,
MorloiTs Virijinid see iliivj, ranplové en France, au début
de la reconstiiutioii. comme producteur (!irect à cause du
goût franc et do la ibrilianto coloration de son vin, il est
aujourd'liui totalement abaiidonné.
NORVÈGE ÇTorije) ( /. ScAxmxAvi^).
Meu \va NonvÈGr:
Nom donné dejm'
geograT)no
Mi>'ni à la poî'lion de Focéan Atlantiipw omprise en.tre
r Islande et la NojTège ; elle forane un bassin isolé du reste
de Focéan par l'isliimc sous-marin, probablement volca-
niijne, ({ui joint l'L^lande aux lies l'iereei-. Le point lep^lus
profiind e>t à 3.403 m. rdle est parcomaie par le Guif
Stream. qui s'y heurte au courant glacial de Ja:) Mayen ;
dans la zone de rencontre, on traverse altern.aiivenient des
couclies dont la température varie de 1 à 3*^.
NORViLLE (La). Com. du dép. de Seirie-et-Oise, arr.
de Oirbcil, cant. d'Arpajon ; 487 hab.
NORViLLE. Com. dudéj). de la Seine-Inférieure, arr.
du Havre, cant. de Lilleb.'nne; 622 nab. Eglise (mon.
List.) des xii*^, xiiL^xv^ et xvL^si'cies, clocher avec Uèche
en pierre de la fni du xv" sièrlj.
l^ORVJNS (Jacmies Mxa-^rEL, baron de Moxxia:Erox u;.;),
é,-i-ivaéin français, ué à Paris le 18 juin 1769, mort à Paris
le 30 juil. 1834. Conseiller (bu '3!L-.te'el, il démissionna
lors du procès de J^'avras, émigra, servit daïis le régiment
d"Lr!ach, vécut cin'j ans en Puisse. U.enti'ô en Erancc avant
les ;(»urnées de Fructidor, il fut arrêté eomme ancien émi-
gré et libéré après le 18 brumaire. Il devint un faaaiiipio
partisan de Bonaparte, suivit Lecierc à Saint-Domingue
comute secrétaire général, le fut ensîiito du conseil d'i'.tat
du royaujne de Westpbalie, puis cbai'gé d'affaires à Bade,
directeuir de la police des fjats romains de 1810 à 1814.
Il se bt, après la Pioslauration, l'apologiste de Napolé(m,
dont il a éci'it la biograptiie dans la lUograpki'' 'nouvelle
j des eonlemporains dèlrnaull et Jav. Tl fut préfet de la
j Dordogne (août 1830), de ia Loire (mai 1831a sept. 1832).
Parmi ses ouvrages, on peut ciîer une Histoire de Napo-
léon (1827 et suiv., i vol. in-8) et un lissai sur la ll/vo-
luHoih française (1832, 2 voL in-8).
NORWÂLK. Yitb' des !3a;s-Lnis (i:onnccticiît), sur le
détroit de Loug-Lsiaud, à reini)oacbuî e du Norwalk ;
17.7 1'7 hab. (en 1890). Plage ba néaire fro(pientéc ; excel-
lent poî't. Commerce de ileurs et d'iuutres.
r^OnWALK. Ville des Etals-Lnis (Oliio).au S. de San-
dusky ; 7.193 hab. (en 189()). Fonte, machines, scieries,
mins)leries.
MORWAÏ. Groupe iiisubiire du golfe du Tonkin, au S.
de l'ile Cac-])a. Les iles Vorv>-ay sont très nombreuses ;
au X. tout uii groupe dblots l'ocheux. les ilochers du
large, rendent ces parag-'s très dibiciles à ni navigation.
;\*ORWICH. V;uê d'Angleterre (comté administratif),
comté de Nolfork, au confliienî de LYare et du Wensum;
100.970 liab. (eu 1891). Dix pouts y\^'q\\\ les différents
([luirt'ers; le {>his ancien, dit pont de Levènpie, remonte à
'i293. Siu' une moite fciîihile s'élève, au i'eïiirede la ville,
le château nornuuid avec son donjon de 2i vu. Au pied est
le vieux marché ave i'h<;tel de viiie (guihlball) de 1433.
La saJie Saint-Andj-é, nef d'une église abbatiale, sert de
lieu de réunion. 11 l'Cste 34 églises, dont une belle calb.é-
drale édifiée de 1096 à 1310 ; la phis grande partie est
e:i style normand ; la toîU' de 96 m. et le cloître sont du
XV® siècle. Ecole latine fondée en 1323 ; école de méde-
cine, etc. L'indu^-trie, très active, dut son essor aux Fla-
mands attirés par 'Elisabeth, qui importèrent le tissage de
la toile, et aux réfugiés luiguenots français qui importèrent
Lhorlogerie et rindustile de la soie ; cette dernière do-
mine aujourd'luîi ; puis vient la cordonnerie. On exporte
aussi des tourteaux. A 3 kil. S. de Norv.nch est l'emplace-
ment de la cité romaine de Venla leenorum, aujourd'hui
boiu^g de Cuis l or.
\M\n.. . .'i>--oio\ Uht. of Norwldi: Loiulivs, 188t.
NORWIGH. Ville des Etats-Unis (Connecticut), au point
où le Yantic et le Shentucket s'unissent pour former le
Tuâmes; 16.136 hab. (en 1890). ?Nombreuses fabri(jues.
Jriicien cimetière des Mohicans, dont quelques descendants
métis vivent à 8 klL S. de la ville, dans le village de
JloJieoad.
NOBWlGrL Ville des Etats-Unis (New York), sur le
Clienango; 3.212 hab. (en 1890). Voitures, pianos,
ciùrs, etc.
NORWIGH (Comte de) (V. Gojuxg [George]).
NORWOOO. Faubourg de Londres (V. ce mot).
i'IORV/OOD (Richard), mathématicien anglais de la pre-
mière moitié du xvii® siècle. ïl était professeur de naviga-
tion. Il a, l'un des premiers (1633-36), mesuré avec
(juehjue exacrilude, entre Londres et York, la longueur
d'un degré dii niéridien (V. Géooésie, t. XVIH, p. 760).
Il suivait les chemins, la cbaîne à la main, ramenant les
distances trouvées à la direction de la méridienne et du
plan horizontal. Pour avoir ensuite la différence de latitude
des points de dépari et d'à: rivée, il observa, à deux sols-
lices d'été, la hauteur du soleil en chacun de ces points,
et il conclut ilnalement, pour le degré du méridien, à une
longueur de 367.176 pieds anglais, soit environ 37.300
toises. 11 a paiffié, outre plusieurs mémoires insérés dans les
Pliilosopliieal Transaeiious : TJie Doclrine of tria]U)les
(Londres, 1631, nombr. éd.); TJie Searnaris practice,
conUiiiiing Ihe niensuralioa of a degree of the earlh
(Londres, 1636. nombr. éd.); Loqarilhmic Tables, etc.
NOSAiRÎS ou AMSÂBIYES. Peuplade habitant en Sy--
rie la montagne dite 'djebel en-Nosairi, ju'olongatioii
du Liban au ?^., s'étondant entre la côte et la vallée de
rOronto, depuis le Nain* el-Kebir (l'ancien Eleuthère) au
S., juscpio vers le Casius au N. Ce massif est formé d'une
série de collines peu élevées — d'une hauteur moyenne
de 900 m. — en pente douce du coté de la mer, mais
tombant à pic sur la vallée de l'Oronte, Le sol uniforme-
NOSAÏRÎS
— 58 —
ment calcaire, à part quelques affleurements de roches
basaltiques, est très perméable. Aussi, sauf le Nabr eî-
Kebir du Nord (ne pas le confondre avec l'ancien Eleu-
thère) qui se jette dans la Méditerranée un peu au-des-
sous de Lataquié, la région n'a-t-ellc pas de rivières.
Excepté pendant la grosse Soaison des pluies, l'eau fdtre
dans le sous-sol pour réapparaître en masse, soit au pied
des collines près du littoral, soit même en pleine mer.
Ainsi se forment des cours d'eau qui, comme le Nalir es-
Sin entre Banias et Djebelé, n'ont que quelques kilomètres
de long, mais possèdent dès leur source le débit d'un
fleuve.
Le climat de ce pays est sain. La température n'est
guère plus élevée qu'en Provence ; on y retrouve
beaucoup des mêmes cultures. Les céréales, le coton,
le sésame, l'oignon, la réglisse, le tabac, le mûrier,
l'olivier, le figuier, la vigne, l'oranger, le citronnier, les
arbres fruitiers se cultivent suivant l'altitude. On ren-
contre de nombreuses essences : pin, chêne, platane, etc.
On élève le buffle, le bœuf, le mouton, la chèvre, le che-
val, l'âne et le mulet. La volaille y prospère, et le com-
merce des œufs qu'on expédie en France et en Angleterre
donne heu à un trafic important. La vigne et le tabac
fournissent des produits particuhèrement estimés. Les rai-
sins du Sahioun étaient déjà renommés dans l'antiquité
et fournissaient à Alexandrie la plus grande partie de son
vin; on l'expédiait par le port de Laodicée (Lataquié).
De Laodicée jusqu'à Apamée, nous dit Strabon, les col-
lines étaient couvertes de vignes jusqu'à leur sommet.
L'incurie et les vexations turques ont conduit peu à peu
les Nosairîs à abandonner la fabrication du vin. La cul-
ture du tabac dans le Djebel en-Nosairi était, jusqu'à
l'établissement de la régie turcpe, la principale source de
richesse du pays. On l'exportait en grande quantité en
Egypte et il était le plus réputé de tout l'Orient.
Parmi les peuplades syriennes sédentaires, celle des No-
sairîs occupe le territoire le plus étendu. Mais, bien que le
sol soit presque partout fertile, la densité delà population
est très faible. La cause en est au régime auquel sont sou-
mis les Nosairîs. Considérés comme sujets infidèles et re-
négats, ne pouvant comme les Maronites se prévaloir de
la protection des puissances européennes, ils sont en butte
à toutes les exigences de fonctionnaires avides et prévari-
cateurs. Les tentatives de toute sorte pour les amener à
renoncer à leur rehgion et à embrasser l'islam, le grand
nombre de recrues qu'ils doivent fournir, ajoutent au ma-
laise de cette population. Si bien que le Nosairî en est
revenu à l'idéal de l'homme primitif, ne cultivant que le
nécessaire pour subvenir aux besoins les plus immédiats.
Les Nosairîs sont presque exclusivement agriculteurs; leur
nom est synonyme de fellah. Habitant de faibles agglo-
mérations", ils ne viennent à la ville que pour vendre leurs
produits et acheter leurs vêtements. Avec la misère, l'igno-
rance a atteint chez eux un point qui les place bien au-
dessous des Maronites et même des Druses. C'est un état auquel
il serait facile de remédier, comme le prouvent quelques
exceptions. A Antioche qui renferme une forte proportion
de Nosairîs, beaucoup de ceux-ci sont arrivés parleur in-
telligence à s'emparer d'une grande partie du commerce.
Les agglomérations nosairîs d'Adana, de Tarsous en Cili-
cie, formées d'cmigrants de la région d' Antioche, sont re-
lativement prospères. L'évaluation à 450.000 du nombre
des Nosairîs, dont 430.000 pour la Syrie, est certaine-
ment un minimum. En d'autres temps, ce nombre pouvait
être décuplé.
Dès une haute époque, la montagne des Nosairîs
semble avoir été sous la domination des Phéniciens du
Nord. Nous savons en particuher qu'à l'arrivée d'Alexandre
le Grand en Syrie tout ce territoire dépendait du royaume
d'Arad. Nous traiterons à l'art. Piïénicie des monuments
qui subsistent de cette époque. Il nous suffira de retenir
que pendant des siècles les Nosairîs durent s'assimiler aux
Phéniciens et que, longtemps après la disparition de l'au-
tonomie phénicienne, ils conservèrent les traditions et les
croyances de ce peuple. Pline mentionne la tétrarchie des
Nazerini. A cette époque, la montagne des Nosairîs por-
tait le nom de 7nons Bargyhis. Le christianisme ne pé-
nétra pas chez les Nosairîs. Nous -les voyons même, vers
la fin du iv^ siècle, prêter main-forte aux païens d'Apamée
dans leur lutte contre les chrétiens. Au vu® siècle, la
grande irruption arabe en Syrie ne les atteint que très
superficiellement. Il en sera de même des conquêtes suc-
cessives des Byzantins, des Arabes et des Croisés. Les
plus ardents se contenteront d'occuper certains points
stratégiques assurant leur domination morale et la sécu-
rité des routes. Entre temps, sous l'influence de la pro-
pagande-des Ismaéliens (V. ce mot), les Nosairîs subirent
une transformation religieuse. Les écrits druses prouvent
que la religion nosairî, telle qu'elle nous est connue aujour-
d'hui, était déjà constituée au commencement du xi® siècle
de notre ère et qu'elle était distincte de la doctrine
ismaélienne. Un siècle après, les Ismaéhens, chassés de la
forteresse de Panéas, près de Damas, se rejettent dans le
Djebel en-Nosairî dont ils occupent un grand nombre de
points et d'où ils répandent la terreur chez les musul-
mans comme chez les Croisés sous le nom à' Assassins.
Quand il eut détruit en Syrie la puissance ismaélienne,
Beibars essaya, sans y réussir, de contraindre les Nosairîs
à embrasser l'islam. Plusieurs fois leur perte fut décidée ;
mais les propriétaires musulmans locaux, soucieux de
leurs intérêts, intervinrent à temps.
A l'époque moderne, on trouve les Nosairîs divisés en
tribus ou flc/izr(?5 qui dominent alternativement et cherchent
à asseoir leur autorité en payant tribut au pacha de Tri-
poh. Ibrahim Pacha ruina ce centre d'indépendance en
détruisant tous les châteaux forts de la montagne. Le
dernier chef local fut ismaèl Beg, qui, contre une redevance
annuelle de 300.000 fr. payés au gouvernement turc, eut
le pouvoir le plus absolu sur toute la région. Les exigences
du petit potentat amenèrent des soulèvements, et lorsqu'il
se fut ahéné les musulmans de la région, le gouvernement
turc fut obhgé d'intervenir (4858). Ismaèl Beg ne put
tenir tête aux troupes turques. S'étant enfui dans la haute
montagne, il fut trahi et tué par un de ses propres
parchts. Depids, le gouvernement turc n'a cessé de subs-
tituer des fonctionnaires ottomans aux chefs locaux. xAu-
jourd'hui tout le pays est sous l'administration directe
des Qaïmaqams de Safita (résidant à Drekich), de Hosn
el-Akrad (résidant à Tell el-Khala), de flamidié (Deir
ech-Chemâl), de Sahioun (résidant à Babenna) , de Marqab
(résidant à Baniyas) et des villes de la côte.
La religion des Nosairîs est soigneusement tenue se-
crète, ce qui a donné lieu à des accusations fort mal-
veillantes. Les Nosairîs n'ont pas accepté les doctrines
ismaéhennes sans leur faire subir d'importantes transforma-
lions. Leur rehgion est un moyen terme entre les vieux
cultes syro-phéniciens dégénérés etl'enseignementismaéUen.
On distingue plusieurs sectes, entre autres : les Chemâ-
liyés ou Chemsiyés, les Kléziyés ou Qamariyés, les Ghai-
biyés et les Haidariyés. Sans entrer dans le détail de ces
sectes, nous dirons que leurs adhérents s'accordent pour
reconnaître la divinité d'Alî. Ils repoussent les traditions
musulmanes concernant le gendre de Mohammed. Pour
eux, Alî ibn Abî Tâhb n'a eu ni père, ni mère, ni frère,
ni sœur, ni femme, ni enfants. Son essence est la lumière,
de lui rayonnent les astres, c'est l'émir des abeilles, c.-à-d.
des étoiles. Il est caché par la nature de son essence
divine, non enveloppé ; il est le sens, le Maana. Avec
Mohammed qui est son Voile ou son No7n et Salman el-
Farsi qui est sa Porte, Alî forme une sorte de trinité,
sans doute survivance des triades syro-phéniciennes, car
Alî est identifié au ciel, Mohammed au soleil et Salman
•el-Farsi à la lune. Plus tard, la comparaison avec la tri-
nité chrétienne s'imposa. La trinité nosairî est représen-
tée par un symbole très vénéré, le Ain-Mim-Sin — formé
de la première lettre des trois noms divins — qui joue un
— 59 —
NOSAIRIS — NOSTALGIE
grand rôle dans les séances d'initiation. Entre les trois
personnes il y, a une gradation fort nette : Alî a créé Mo-
hammed, celui-ci a créé Salman el-Farsi qui a créé les
cinq Incomparables. Ces derniers roprésenlent les cinq
planètes et à leur tonr ils ont créé le monde.
La vénération des Ismaéliens pour AU s'étendait à sa fa-
mille. Les Nosairls, admettant la divinité d'Alî, furent con-
duits à englober ses proches dans la même adoration. Ali,
Hasan, Hosein, Mohsin et Fatima sont dieux dans leur en-
semble. Parfois Mohammed est substitué k Ali, celui-ci
étant dieu par excellence, souvent Fater remplace Fatima.
Mais toujours le nombre est fixé à cinq, chiffre qui rap-
pelle la croyance d'origine grecque aux cinq éléments pri-
mitifs : la Raison universelle, l'Ame universelle, la Matière
première, F (espace et le Temps, système qu'on trouve à la
base de la doctrine Ismaélienne. ICn dehors des personnages
d'Alî, de Mohammed, etc., il faut citer surtout chez le
commun peuple, le non initié, une vénération toute par-
ticuUère pour Khodr, ce personnage mythique identifié à
saint Georges.
Les Nosairis possèdent nn certain nombre de livres re-
ligieux dont le principal est le Kitâb el~madjmou. On y
retrouve un grand nombre de préceptes islamiques, mais
complètement dénaturés par l'interprétation allégorique,
le tawîl. Ainsi, faire le pèlerinage de la Mecque, c'est ar-
river à la connaissance des divers personnages religieux,
Mohammed, Salman, etc., symbolisés par les éléments du
temple de la Mecque. L'interdiction de manger de certains
animaux comme le chameau, le lièvre, l'anguille, le sallour
(poisson noir de FOronte et du lac d' Antioche) , le porc et
en général toutes les bêtes mal tuées ™ à cause du sang
— doit appartenir au plus vieux fonds superstitieux que
certains codes religieux, comme la Bible et le Coran, ne
firent que consacrer. Chez les Nosairîs, le vin est d'usage
rituel : il est considéré comme émanation du soleil et par
suite de la divinité, on le désigne par le titre de abd
en-nour. Les Nosairis, suivant probablement en cela une
coutume fort ancienne, pratiquent la circoncision.
La connaissance de la religion est exclusivement réser-
vée aux hommes qui ne peuvent y parvenir qu'après une
initiation à trois degrés où sont peu à peu révélées les
formules et leur explication. Les Nosairîs ont adopté
comme héros éponyme Mohammed ibn Nosair. La mention
des Nosairîs par Pline doit faire complètement rejeter
cette tradition et celle qui en découle, à savoir que les
Nosairîs sont originaires de Perse. Ils considèrent el-
Khoseibî comme celui qui a mis au point leurs livres et
leur doctrine.
Les Nosairîs croient à la métempsycose et vont jus-
qu'à admettre la transmigration des âmes dans les ani-
maux, ce qu'ils réservent naturellement à leurs ennemis.
Le séjour sur la terre est considéré par eux comme le fait
d'une déchéance de l'âme condamnée à revêtir un corps
humain. L'âme du Nosairl doit se purifier en revenant
plusieurs fois dans des corps déplus en plus parfaits pour
revêtir enfin l'enveloppe lumineuse et demeurer parmi les
étoiles du ciel. La terre est en somme leur purgatoire, si
bien que leurs prières les plus instantes sont pour ne plus
revenir en ce bas monde. Parmi eux les cheikhs jouissent
d'une vénération particulière. Ils sont initiés plus avant
dans les mystères de la religion et constituent une sorte
d'aristocratie reHgieuse. A sa mort, un cheikh renommé
pour sa piété est considéré comme ayant élu domicile
parmi les étoiles, et son tombeau est l'objet d'un véri-
table culte. En somme, la rehgion nosairî est à l'islam
ce que les gnostiques étaient au christianisme.
L'état de dépendance économique dans laquelle les No-
sairîs vivent par rapport aux populations des villes voisines
les ont souvent conduits à accepter des fêtes ne répon-
dant nullement à leur religion. C'est ainsi qu'ils chôment
les principales fêtes chrétiennes comme les musulmanes.
Leur grande fête est celle du Ghadir, le 18 du mois de
Dhou el-Hidjdja. A toutes ces fêtes on fait les mêmes
prières et les mêmes cérémonies. Le cheikh le plus consi-
dérable prend le titre àHmam. A sa droite se place un
cheikh avec le titre de naqib, à gauche un autre avec le
titre de nadjib. Ils représentent respectivement Alî, Mo-
hammed et Salman el-Farsi. Après une série de prières,
l'imam trempe ses lèvres dans un verre rempli de vin et
le passe successivement à tous les assistants. Parfois ils
font usage d'encens et d'aspersion d'eau parfumée. Il n'y
a point là, comme on l'a cru, un souvenir de la messe
chrétienne : les Nosairîs ne font jamais usage des deux
espèces. Ils ne possèdent pas, comme les chrétiens, les
musulmans et les juifs, de sanctuaire où ils viennent prier
en commun. Aux jours de fête, la réunion a Heu dans la
maison d'un particuHer, ou bien ils s'assemblent en plein
air pour prier autour d'une Qoubbet vénérée, en général
un ancien tombeau. René Dussaud.
Btbl. : Ed. Saltrbury, Jour mil oflha American Oriental
Societ?/, t VIÏI (1861), pp. 227-308. — Clément Iïuart, la
Poésie religieuse des Nosal7'ls, dans Journal asiatique,
7« sorio, t. XIV (1879), pp. 190-261 — René Dussaud, His-
toire et Religion des Nosairis (doit ])araîtrc en 1899).
NOSENCÉPHÂLIE (Tératol.) (V. Anencéphalie).
NOSSAGE-et-Bénévént. Com. du dép. des Hautes-
Alpes, arr. de Gap, cant. d'Orpierre; 46 hab.
NOSSl-BÉ. Ile française de la côteN.-O. de Madagascar,
au N. de la baie de Passandava, séparée de la grande île
par un détroit de 12 kil. de large, où s'élève l'îlot rocheux
de Nossi-Coumba. Nossi-Bé a 293 kil. q. et environ
9.500 hab. (dont 240 blancs) ; 22 kil. de long, 45 de
large. D'origine granitique et volcanique, son plus haut pic
est le Loucoubé (453 m.). Les côtes sont très découpées
avec de bons mouillages, surtout au S. la rade de Helville,
autour de laquelle se groupe la population. Le climat est
assez salubre, le sol fertile, cultivé en canne à sucre, riz,
indigo, vanille, maïs, etc.
Cette île fut placée le 14 avr. 4840 sous le protectorat
français et occupée le 5 mars 4844. Le ch.-l. est Helville.
NOSSONGOURT. Com. du dép. des Vosges, arr.d'Epi-
nal, cant. de Rambervillers ; 230 hab.
NOSSOVKA. Ville de Russie, gouv. de Tchernigov, sur
le chem. de fer de Koursk à Kiev; 44.000 hab. 7 églises.
Sucreries, distilleries.
N OSTÂ LG i E. Lsinostalgie est connue en Allemagne sous
le nom de Heimweh, en Espagne de malatia del paes,
en Angleterre de homes sickness. Ces dénominations in-
diquent toutes le regret du pays natal, regret qui forme,
il est vrai, le caractère dominant de la maladie, mais
n'en est pas la cause exclusive. Si la nostalgie est un dé-
sir irrésistible de retourner au pays natal, ce désir n'em-
brasse pas seulement les lieux qui nous ont vus, naître, il
s'applique également aux amis, aux parents que nous y
avons laissés, aux objets dont la vue a charmé notre en-
fance, et jusqu'au genre d'ahments dont nous avons été
nourris (Widal).
Pour nous, la nostalgie est le surmenant et incessant
voyage de l'esprit vers un but dont on s'éloigne toujours ;
ce sont les étapes forcées de la pensée en des lieux où
le corps n'est jamais. Ce « mal du pays » est une véri-
table manie qu'Haspel caractérisait « le regret exagéré
que cause l'éloignement des miheux dans ^ lesquels on a
vécu un certain temps, avec le désir irrésistible d'y re-
tourner ». Cela veut dire que le nostalgique ne regrette pas
seulement le pays qui l'a vu naître, mais encore le pays
— quoiqu'il soit — où il a goûté le bonheur, et sur lequel
toutes ses sympathies se sont concentrées.
Les causes de la nostalgie peuvent être classées ^ en
deux groupes : causes prédisposantes (âge, profession,
éducation, etc.) ; causes occasioiinelles (relatives cà tous
les incidents propres à réveiller et à exalter le souvenir
du sol natal).
Causes prédisposantes. — 4^^ Vdge. L'adolescence est
l'âge de prédilection de la nostalgie ; nous pourrions dire
l'adolescence sage, car il est bien rare que la nostalgie, du
moins à l'intérieur du pays, s'attaque aux insouciants, à ceux
NOSTALGIE
60 —
qui s'amusent et trouvent clans le commerce des femmes
ou les habitudes d'intempérance une arme contre les
étreintes poignantes de l'absence et le souvenir des temps
heureux. C'est entre dix-huit et vingt-deux ans — l'âge
des illusions et de l'amour ardent, irréfléchi — du pre-
mier amour — que se montrent d'ordinaire les regrets des
inclinations brisées, des projets caressés avec cette naïveté
qu'apporte l'adolescent à son entrée dans la vie, la décep-
tion précoce des carrières entrevues, désirées, mais trou-
vées trop difficiles. A cette époque delà vie, le cœur parle
trop, les sens également, tandis qu'à vingt-cinq ans
l'homme a fini son service militaire, il a connu les tortures
de Fabsence ; il ne songe plus qu'à s'établir, à fonder un
foyer, il aimera mieux, désormais, la famille qu'il a créée
que le sol qui l'a vu naître, et il le quittera le cœur léger
pour aller gagner ailleurs le pain de ceux dont il a la
charge.
2° Le sexe. Les femmes sont peu portées à la nostal-
gie. De dix-sept à vingt ans, en effet, la jeune fille est
appelée à se marier, à faire souche d'enfants ; les migra-
tions que lui impose ce nouvel état ne l'étonnent pas ; elle
s'adapte plus facilement que l'homme aux nécessités de
l'existence, et c'est avec raison que M"^^ de Staël a dit de
la jeune femme que l'amour devient pour elle toute l'his-
toire de sa vie, et supprime en elle tout retour vers le
passé.
3*^ Tempérament. Instruction. Les tempéraments les
plus divers payent un égal tribut à la nostalgie. Les ner-
veux, au cœur tendre, au caractère doux, timide, sont,
pourtant, les plus enclins à cette maladie. L'éducation
trop molle de la famille rend l'âme plus sensible, sans la
fortifier contre les difficultés de la vie, et laisse l'enfant,
devenu homme, mal armé contre la nostalgie.
40 Profession. La profession militaire est celle qui pré-
dispose le plus à cette maladie par l'inconnu qui l'accom-
pagne, les dangers dont elle menace sans cesse le novice,
l inflexibiHté d'une discipline de fer, les fatigues de chaque
jour, le dépaysement — et c'est ce dernier facteur qui joue
le principal rôle ; son action nocive est en raison directe
de l'éloignement du pays natal et des difficultés de commu-
nication. C'est pourquoi la nostalgie est beaucoup plus fré-
quente et ses conséquences plus graves aux époques d'ex-
péditions coloniales.
La nostalgie fait de grands ravages parmi les troupes
de France appelées à servir éventuellement aux colonies,
et c'est elle qu'il faut accuser au premier rang, parmi
les causes qui ont favorisé à un degré si élevé l'apti-
tude pour les maladies des pays chauds des soldats de
notre armée à l'intérieur qui ont pris part aux cam-
pagnes de Tunisie, du Tonkin, de Madagascar. Et c'est
avec raison qu'en 4863 Arnould pouvait écrire que, si la
paralysie générale constitue la forme la plus fréquente
d'aliénation mentale chez les officiers, c'est la nostalgie qui
s'observe le plus parmi les soldats. On ne saura jamais le
nombre des victimes qu'a faites cette affection, parfois
vraiment épidémique. C'est ainsi que, pendant les premiers
temps de la Révolution, alors que les levées en masse en-
rôlaient dans la même demi-brigade tous les jeunes gens
d'une province, la nostalgie opérait de terribles ravages
dans les rangs. En l'an II, elle se déclara chez les Bretons
de l'armée de la Moselle décimés par la dysenterie ; elle
fut particulièrement fréquente à l'armée d1']gypte, après
la prise de Saint-Jean-d'Acre ; àl'arméedes Alpes (an VIII).
En 4812, elle décima l'armée de Pologne épuisée par le
froid et les privations. En 4843, les assiégés de Mayence,
atteints par le typhus, sont achevés par elle. Après la
malheureuse expédition de la Dobroudja (guerre de Cri-
mée), une épidémie de nostalgie ravagea les troupes ; en
4870, elle se montrasur les mobilesBretons enfermés dans
Paris ; en Tunisie, au Tonkin, à Madagascar, ses méfaits
furent lamentables.
La loi de 4832 sur le recrutement de l'armée, en con-
fondant dans un même régiment des conscrits pris dans
tous les départements, rendit plus rares, et même sup-
prima ces épidémies de nostalgie, véritable contagion mo-
rale, fruit d'un échange continuel de regrets et de souvenirs
portant sur les mêmes objets.
La nostalgie, maladie du repos prolongé dans l'attente
énervante des combats, a été mise en cause par les médecins
coloniaux de tous les pays comme cause importante de sui-
cides. Comme notre armée en Algérie, en Tunisie, au Tonkin,
à Madagascar, l'armée anglaise aux Indes enregistre deux
fois plus de suicides que les mêmes troupes dans les garni-
sons d'Angleterre. Là-bas, quand les fièvres ont terrassé
un soldat, 'la nostalgie l'achève : et celui qui, pour la pre-
mière fois, a quitté la France, et ne voit ni les tableaux
enchanteurs qu'il avait rêvés, ni l'ennemi qui se dérobe
devant lui, s'il n'a pas un moral ferme et soutenu, pense
alors à se détruire ; car la désillusion arrive vite lorsque,
débarqué sous un ciel sans pitié, sur un continent noir ou
jaune, la fatigue, puis l'oisiveté, la fièvre, les regrets le
ramènent à la réalité.
Voici ce qu'écrivait dans son rapport officiel sur l'expé-
dition de Madagascar, en 4896, M. le général Duchesne :
« Il suffit, au surplus, d'avoir vu et entendu les malades
du corps expéditionnaire, pour savoir que tous ne for-
mulaient qu'une demande, ne caressaient qu'un rêve,
rentrer en France, et retrouver au plus tôt l'air natal, la
vue du pays et les soins de la famille. Cette observation
est si vraie que l'interdiction, justifiée cependant, de con-
tinuer les rapatriements pendant les deux mois les plus
chauds, provoqua, chez la plupart des malades, de véri-
tables accès de désespoir. » Ce tableau est absolument
exact, il n'y a que la justification de la cessation des rapa-
triements pendant les deux mois les plus chauds que nous
ne saurions accepter. Quel que dût être le nombre des
hommes jetés à la mer durant la traversée, il eût été
toujours moindre que celui des moribonds qui dorment
aujourd'hui sur la grève de Majunga.
Les Anglais, sujets au spleen en leur pays, sont peu
nostalgiques au dehors. C'est qu'ils s'expatrient souvent
avec le désir et l'espoir déplanter leur tente aux colonies,
où ils trouvent une solde rémunératrice, un avenir assuré,
du confort et de nombreux compatriotes. Dans leurs pos-
sessions d'outre-mer — presque toutes enviables — on
ne peut pas regretter le pays natal, car souvent on l'y re-
trouve. Notre soldat, au contraire, aime jusqu'à ses gar-
rigues et ses montagnes pelées ; il ne songe qu'à y revenir.
Fréquente autrefois, la nostalgie est aujourd'hui rare dans
l'armée de mer. Les hommes de l'Inscription maritime qui
y servent, habitués à la mer, à ses dangers et aux fatigues
qu'elle impose, ne deviennent nostalgiques que s'ils ne sa-
vent pas se plier à la disciphne inflexible qui règne abord,
ou si, mariés, ils font des absences beaucoup plus longues
que celles que nécessitaient jadis la pêche ou le petit cabo-
tage. Quant à ceux qui proviennent de la conscription, pris
dans les campagnes ou les villes de l'intérieur, ils entrent
de plain-pied dans une vie nouvelle, le métier qu'on leur
impose du jour au lendemain est dur, la règle inexorable,
et bientôt le mal de mer, les plaisanteries dont ils se voient
assaillis grâce à leur gaucherie, l'inhabileté de certains à
se faire comprendre — comme les Bretons — les disposent à
un état d'âme tel qu'ils sont mûrs pour la nostalgie.
§0 La race. Cette maladie est de tous les pays, quel
que soit le degré de civilisation, quelque pauvre que soit
la terre regreUée. Les Lapons et les Grœnlandais trans-
portés éventuellement en Danemark ne tardent pas à re-
gretter leurs huttes enfumées ; les nègres émigrés en Eu-
rope ont souvent la nostalgie de leur soleil perdu, et les
jeunes Algériens que leurs études appellent en France ont
hâte de les terminer pour retourner sous leur ciel regretté.
Les Français, peu portés à voyager, attachés à leur sol
fertile, ne s'expatriant qu'avec répugnance, sont particu-
lièrement enclins à la maladie, et chaque région de France
fournit d'autant plus de nostalgiques que l'instruction et
les voies de communication y sont moins répandues.
6^ Vesclavage, la transportation, la captivité, Vexil
sont des conditions très favorables au développement du
7nal du pays; nous n'insisterons pas. Rappelons seule-
ment qu'on trouve plus de nostalgiques chez les écoliers
internes que chez les externes, et que, parmi les monta-
gnards de même âge, qui, chaque année, descendent dans
les villes du pays bas, soit pour y faire leur service
militaire, soit pour y exercer librement un métier, les
premiers, seuls, sont enclins à la nostalgie, — ce qui
montre le rôle évident que jouent dans la prédisposition à
cette maladie la privation de la liberté, la crainte des
punitions.
Causes occasionnelj.es. — Tout ce qui peut, à un
moment donné, rappeler les lieux où l'on fut heureux, l'ar-
rivée d'une lettre, la perte d'un confident, favorise la ma-
ladie. Jadis, l'effet de l'air du Jlanz des vaches sur les
soldats suisses au service de la France était si désastreux
qu'on dut interdire de le jouer dans leurs régiments, parce
qu'il faisait « fondre en larmes, déserter ou mourir ceux
qui l'entendaient, tant il excitait en eux l'ardent désir de
revoir leur pays ». Et lorsque, en 1881, dans la colonne
de huit mille hommes qui, au Sud de la Tunisie, s'avançait
de Tcbessa vers Kaïrouan, la fièvre typhoïde eut fait de tels
progrès que l'on crut devoir prescrire à la musique des
zouaves de sonner tous les jours la diane à grand orchestre,
ce concert de l'aube, succédant aux insomnies ou aux rêves
mensongers de la nuit, entendu par des hommes que rete-
naient pour la plupart, sous la tente, les loisirs du station-
nement ou quelque indisposition, leur rappelait les belles
après-midi du dimanche passées dans les garnisons, au
miUeu de figures aimées et de gens en fête, et ne faisait
qu'accroître la nostalgie de ceux que la maladie avait déjà
effleurés. C'est une constatation que nous fîmes autour de
nous chaque jour, à cette époque. De même les ballades
écossaises, VAnanigoux, breton, sont chants attristants,
entendus loin du milieu où d'ordinaire ils résonnent ;
n'évoquant que jeunesse et plaisirs passés, ils appellent le
contraste avec le présent odieux. Enfin, l'état ^^ maladie
est la plus importante des causes occasionnelles. Comme
les revers et les désastres, il plonge épidémiquement dans
la nostalgie le soldat et le marin. Toutes ces causes, nous
le répétons, ont été bien atténuées depuis un quart de
siècle, à la faveur des nombreuses lignes de chemins de
fer, de la bicyclette, des voies de navigation rapide,
récemment créées, qui permettent à l'affligé, grâce à la
perspicacité des médecins, de regagner ie pays perdu en
quelques semaines, quehjues jours ou quelques heures.
Symptômes. — Au milieu de cet état d'indifférence, vé-
ritable mélancolie, dans lequel « il semble que l'àme du
nostalgique ne réside plus dans le corps, et qu'elle a rompu
tout commerce avec lui », le sommeil est perdu, les rêves
évoluent autour de l'idée fixe du pays perdu, le réveil est
pénible et triste. Les forces physiques diminuent, le sys-
tème nerveux se trouble, les traits s'altèrent, l'appétit dis-
parait, le cœur palpite, la respiration devient irrégulière
et s'entrecoupe de soupirs, les yeux se creusent, le regard
devient vague, le pouls se déprime et s'irrégularise. Du
c'.té du tube digestif, on voit la bouche s'empâter, l'assi-
milation languir ; des alternatives de diarrhée ou de cons-
tipation se produisent, et il survient un profond amaigris-
sement. Parfois il y a refus de nourriture.
Pronostic. — La nostalgie invétérée peut entraîner la
mort, soit par le dépérissement progressif qu'elle déter-
mine, soit par l'aggravation des maladies et des blessures
qu'elle complique. Mais bien des nostalgiques finissent par
guérir sur place, surtout en France, La rechute est rare,
et nous avons vu, en Tunisie, des officiers que la nostal-
gie avait absolument déprimés, au point de leur enlever
l'énergie nécessaire pour faire tout leur service, partir peu
après pour le Tonkin, sur leur demande, et y faire preuve
de la plus grande vigueur pendant plus de deux ans.
Marche. Durée. Terminaison. — La marche de la nos-
talgie est habituellement lente, chronique et progressive.
61 — NOSTALGIE — NOSTITZ
Elle se termine parfois, ainsi que nous l'avons dit, par le
suicide. Dans ce cas, les nostomanes seraient de tous les
mélancoliques ceux qui ont le plus de tendance à se dé-
truire dès que leur état mental prend un caractère morbide
(L. Colin). Brierre de Boismont avait déjà constaté, il y
a plus de trente ans, que sur 52 cas de suicide par
monomanie 13 étaient occasionnés par la nostalgie. Le
rapatriement dissipe à peu près toujours la maladie, la
certitude du retour suffit même quelquefois. Percy a vu
des nostomanes mourir le jour même ou ils apprenaient
qu'on les avait trompés, et les sables de Madagascar re-
couvrent les corps de nombreux soldats du corps expédi-
tionnaire qui, désignés pour être rapatriés, moururent en
quelques jours, dès qu'on leur apprit que les convois vers
la France étaient provisoirement suspendus, grâce aux ré-
clamations de journalistes incompétents qui attribuaient
au voyage seul — toujours bienfaisant pour les nosto-
manes — les nombreux décès survenus en mer à un cer-
tain moment.
Formes. Complications. — La forme la plus com-
mune est la nostalgie hectique. Haspel ainsi que d'autres
auteurs ont décrit la forme cérébrale suraiguë, la forme
cérébrale chronique, et admis que l'excitation outre me-
sure de Fappareil cérébral par la préoccupation mélanco-
lique, sa persistance et son énergie, finissent par déterminer
une altération de texture du cerveau. Il est certain que
cette poussée congcstive incessante, inexorable, qui est la
nostalgie, surchauffe la cellule cérébrale jusqu'à l'épuise-
ment ; mais, au point de vue anatomo-pathologique, les
conclusions de nos prédécesseurs sont évidemment discu-
tables. Haspel admettait encore une forme intestinale. De
tout temps, en effet, on a remarqué la coïncidence de la nos-
talgie avec la fièvre typhoïde, et L. Colin, considérant, il y a
de nombreuses années, la fièvre typhoïde comme l'aboutis-
sant de plusieurs affections, n'oubliait pas la nostalgie qui,
d'après lui, agirait sur le développement de cette maladie
en produisant presque toujours une altération des fonctions
digestives : d'où dyspepsie, arrêt des sécrétions et des éli-
minations des matériaux putrides renfermés dans le tube
digestif — véritable auto-infection.
Pour cet auteur, les nostomanes seraient également très
accessibles à la tuberculose. Rien de plus vrai que la fré-
quence de ces deux maladies chez les nostomanes, et
l'explication en est aujourd'hui bien simple. L'homme, à
l'état de santé, au moral comme au physique, lutte victo-
rieusement contre les microbes, commensaux ordinaires de
son organisme, ou qui n'y font que passer, indifférents.
Vient la nostalgie qui enraye la nutrition, épuise les
forces, entrave la phagocytose. Les microorganismes, la-
tents jusqa'alors, deviennent agressifs, et l'homme, sans
défense, est la proie de la fièvre typhoïde, de la tubercu-
lose, des épidémies qui passent. C'est une constatation
faite au cours de toutes les guerres de la Révolution, du
premier et du second Empire, et de nos jours. Et l'on
peut dire, en définitive, que la nostalgie est tantôt anté-
rieure, tantôt consécutive à la maladie. D^' Coustan.
NOSTANG. Com. du dép. du Morbihan, arr. deLorient,
cant. de Port-Louis; 1.179 hab. Monuments préhisto-
riques. Vestiges romains. Chapelle du xvi^ siècle avec beau
clocher gothique à Legeven. Chapelle de Locmaria. Maison
Renaissance à façade sculptée.
NOSTiTZ. Ancienne famille do Lusace, représentée par
trois lignées comtales: Rokitnitx enBohème (comte d'em-
pire depuis 1692), Rieneck en Bohême et Silésie (comte
d'empire depuis 1673) et Jamckendorf. On en peut citer
Ïohann-Nepomuk (1768-1840), lieutenant feld-maréchal
autrichien (1809), qui prit part à toutes les campagnes
de 1788 àl8l5; —son fils Albert (1807-71); — Au~
gust-Liulwig-Ferdinand (1777-1866), aide de camp de
Bliicher (1813-15) qu'il sauvaàLigny, ministre prussien
à Hanovre (1850-59); Hermann de Nostitz-Wallwitz,
né le 30 mars d826, qui fut, de 1866 à 1891, ministre
de l'intérieur en Saxe, et y joignit en 1882 le portefeuille
NOSTITZ — NOSTRADAMUS — 62
des affaires étrangères; — son frère Oswald (1830-85)
fut ministre de Saxe à Berlin de 4873 à 4885.
NOSTOC(Bot.). Genre d'AIgnes, de la famille desNos-
tocacces et de la classe clés Cyanopliycées, communes,
se rencontrant fréquemment dans les lieux humides et à
l'ombre des arbres. Le végétal se présente sous la forme
d'une masse gélatineuse à contours très irréguliers, qui
lui constitue une enveloppe vert bleuâtre. L'Algue est
essentiellement composée de fdaments simples ou trichomes
et plus ou moins pelotonnés, constitués de cellules ajus-
tées bout à bout, parfois toutes semblables entre elles,
généralement différenciées en cellules vivantes, purement
végétatives, et cellules mortes ou hétérocystes, qui semblent
être des organes de fixation, présentant deux épaississe-
ments au niveau de leurs points d'attache avec les cellules
voisines ; ces dernières sont beaucoup moins nombreuses
que les premières. Les Nostocs (V. Algues, fig. 4, t. 11,
p. 492) se multiplient par homogonies, toute la partie
d'un filament comprise entre deux hétérocystes se déta-
chant et allant reproduire un nouveau végétal à quelque
distance. Ils ne forment pas de véritables spores, mais
constituent des kystes de conservation lorsque les condi-
tions extérieures deviennent défavorables : ces kystes se
forment par l'accroissement d'une cellule végétative,
souvent quelconque, dans certains cas locaUsée au voi-
sinage immédiat d'un hétérocyste, qui ciitinisc fortement
sa membrane de façon à la rendre très résistante;
la formation des kystes peut gagner toutes les cellules
d'un fdament ou se borner à quelques cellules seulement.
Ces spores de conservation germent comme les spores
ordinaires et reproduisent un filament de Nostoc droit,
qui se pelotonne dans la suite, son accroissement étant
intercalaire et ses extrémités fixes; le filament jeune pré-
sente des mouvements d'oscillation analogues à ceux des
Oscillaires. Les Nostocs, assez répandus dans la nature,
ont été classés, d'après leur habitat : en Nostocs terrestres,
paludéens et submarins, par Kiitzing; en Nostocs terrestres,
l)ryophiles et aquatiques ,par Rabenborst. Ils affectionnent
les endroits humides. Ils entrent dans la composition d'un
certain nombre de lichens. Henri ^'ournier.
NOSTOCACÉES (Bot.). Famille d'Algues, de la classe
des Gyanopliycées, assez hétérogène et offrant de remar-
quables différences entre ses genres. Thalle ou filamenteux
{Beggiatoa, Oscillaria), ou plan {Merismopœdid) , ou
massif (Glœocapsa), présentant généralement des hété-
rocystes dans les premiers cas, n'en offrant pas dans les
deux autres ; généralement rort bleuâtre, par suite de la
superposition d'un pigment bleu, la phycocyanine, au pig-
ment vert, la chlorophylle, ces pigments n'étant pas loca-
lisés sur des corpuscules spéciaux, mais étant -uniformé-
ment répartis dans toute la masse protoplasmique ; quel-
quefois complètement incolore {Beggiatoa, Lemonostoc) ,
parfois seulement vert. Développement extrêmement ra-
pide. Les Nostocacées ont les habitats les plus variés, mais
affectionnent les heux humides. Beaucoup sont aquatiques
{Anabœna Flos aqiiœ) ; qnelques-unes pullulent dans l'eau
chaude {Beggiatoa) ou dans certains solfatares. Certaines
ont la propriété de réduire les sulfates en emmagasinant
le soufre et en mettant en liberté l'acide suif hydrique. Le
Lemonostoc mesenteroides intervertit le sucre de canne
et se multiphe dans les sucreries avec une rapidité sur-
prenante et désastreuse.
y an Tieghem divise les Nostocacées en trois groupes,
suivant qu'elles présentent une, deux ou trois directions
de cloisonnement, et en six tribus. Dans le premier groupe
se classent quatre tribus : les Oscillariées sont composées
de filaments constitués par des cellules toutes semblables,
renfermant de la chlorophylle (genres Oscillaria, Lyng-
bya, Glœothece, Aphanotece et Synechococcus) ou n'en
renfermant pas (genres Beggiatoa et Lemonostoc). Les
trois autres tribus présentent des hétérocystes ; chez les
Nostocées, la croissance est uniforme : cette famille ren-
ferme les genres Nostoc, Anabœna, Cylindrosjjermum,
Sphœrozyga) ; chez les Rivulariées {Rivularia, Glœotri-
chia, Calothrix), le sommet du filament est dépourvu de
croissance et allongé en poil ; chez les Scytonémées {Scy-
tonema, Tolypothrix, Stigonema), la croissance est au
contraire localisés au sommet ; les filaments semblent se
ramifier.
Les Mérismopédiées, à thalle membraneux et dissocié,
constituent le second groupe et renferment les genres Me-
rismopœdia, CœlosphœîHum ; enfin le troisième groupe
renferme des Algues à thalle m.assif et dissocié, réunies
dans la tribu des Chroococées et renfermant les genres
Chroocoaciis, Glœocapsa, Aphanocapsa, Polycyslis, Pla-
coma, la classification de plusieurs d'entre eux restant
douteuse et ne paraissant être que provisoire.
Henri Fourinier.
NOSTRÂDÂIVIUS (Michel de NoTREDAME, dit), astrologue
français, né à Saint-Remy-de-Provence le 44 déc. 4503,
mort à Salon le 2 juilL 4566. D'une ancienne famille juive,
qui se convertit au christianisme quelques années après sa
naissance, il avait pour grands-pères deux médecins, dont
l'un fut conseiller du roi René, et pour père un notaire.
Son grand-père maternel lui enseigna les éléments du grec
et du latin ; il fut mis ensuite au collège d'Avignon et, ses
classes terminées, il alla étudier la médecine à MontpeUier.
Il y était encore lorsqu'une terrible épidémie de fièvre pes-
tilentielle vint désoler le S.-O. de la France; pendant
quatre ans (4525-29), il séjourna dans les principales
villes, à Narbonne, à Toulouse, à Bordeaux, donnant ses
soins aux malades, et, à son retour à MontpeUier, se fit
recevoir docteur. Pou après, on le trouve établi à Agen, où
l'avait appelé Scaliger et où il se maria. Il eut deux en-
fants, mais il les perdit tout jeunes, ainsi que leur mère,
et pour calmer sa douleur se mit à voyager ; il parcourut
ainsi, pendant une douzaine d'années, la Guyenne, le Lan-
guedoc, l'Italie, la Provence; en 4544, il se remaria avec
une jeune fille très riche, Pons Jumel, et se fixa à Salon.
En 4545, une nouvelle épidémie de peste éclata. A Aix et
à Lyon, où elle sévit surtout, et où il fut successivement
mandé par défibérations solennelles des autorités, il fit
preuve d'un réel dévouement et employa, paraît-il, avec un
grand succès, un remède secret, dont il était l'inventeur.
La jalousie de ses confrères et leurs attaques l'obligèrent
à vivre très retiré. Cette solitude exalta~t-elîe son esprit
au point qu'il crut se découvrir le don de prédire l'avenir,
ou comprit-il, connaissant la crédulité de son époque, qu'il
lui serait aisé de conquérir, s'il parvenait à se faire passer
pour prophète, la considération et les honneurs? Quoi qu'il
en soit sur ce point, qui a été très discuté, il se mit, dès
4550, à écrire dans un style énigmatique, et en quatrains,
pour leur donner une allure plus prophétique, toute une
série de prédictions, dont il pubfia à Lyon, en 4555, les
sept premières Centuries. La vogue de ce recueil fut con-
sidérable. Tout le monde prit parti pour ou contre Nostra-
damus, et Catherine de Médicis, qui avait dans l'astrologie
une confiance aveugle, l'appela à la cour, où il fut l'objet
des distinctions les plus flatteuses. En 4558, il donna une
nouvelle édition de son recueil, augmenté de trois centu-
ries et, l'année suivante, la mort de Henri II, blessé dans
un tournoi, vint mettre le comble à sa réputation. On vou-
lut voir, en effet, la prédiction de cet événement dans le
35® quatrain de sa première centurie :
Le lyon jeune le vieux surmontera
En champ bellique par singulier duelle;
Dans caige d'or les yeux luy crèvera :
Deux classes une, puis mourir; mort cruelle.
Retourné à Salon, il y reçut en 4564 la visite de
Charles IX, qui le nomma son médecin ordinaire. Mais nul
n'est prophète dans son pays et il était traité comme un
imposteur par ses compatriotes. Il mourut à l'âge de
soixante-trois ans et fut enterré dans l'église des frères
mineurs. Le bruit courut bientôt qu'il s'était fait enfermer
tout vivant dans un caveau, avec une lampe, du papier, de
l'encre, des plumes, et qu'il continuait à y écrire ses pro-
— 63 -
NOSTMDAMUS — NOTAIRE
phéties. Parmi les nombreuses satires qui furent dirigées
contre celles-ci, on cite surtout ce joli distique, attribué
tour à tour à Jodelie, à Bèze et à Utenhove :
Nostra daiims ciim falsa daraus, non fallere nostrura est,
Et cura falsa damus, nil nisi nostra damus.
Il convient de mentionner également une autre satire en
vers due à Conrad Badins : les Vertus de notre maître
Nostradamiis (Genève, 1562). Les Centuries ont en de
nombreuses éditions; les plus recherchées sont, outre les
deux premières (V. ci-dessus), les suivantes : Lyon, 1605 ;
Leyde, 1650; Amsterdam, 1667. De nombreux commen-
taires en ont été donnés (V. ci-dessous Bibl.). On attribue
encore à Nostradamus : Traité des fardements (Lyon,
1552; réimpr., Poitiers, 1556); le Remède très utile
contre la peste et toutes fièvres pestillentieles (Paris,
^561) ; Opuscule de plusieurs exquises receptes (Lyon,
1572). Il a enfin publié, à partir de 1550 et jusqu'à sa
mort, un Almanach, qui fut contrefait de son vivant et
qui, continué sous son nom après sa mort, rivalisa long-
temps, dans la faveur populaire, avec celui do Mathieu Laens-
berg. La Bibliothèque nationale a de lui de nombreuses
lettres inédites (Corresp. de Pciresc, suppl. franc., n» 986,
et fonds latin, n" 8589).
Jean de Notredame, son frère pumé, mort en 1590,
était procureur au parlement d'Aix. On a de lui une com-
pilation intitulée les Vies des plus célèbres et anciens
poètes prouensaux (Lyon, 1575), qui a été traduite en
itahenpar J. Giudici (Lyon, i 575) etpar Crescimbeni (Rome,
César de Notredame, son second fils (1555-1629), fit
d'abord de la peinture (portrait de son père au musée
d'Avignon), puis cultiva la poésie; mais il est particulière-
ment connu par son Histoire et chronique de Provence
(Lyon, 1614, in-foL), qui lui valut d'être nommé par
Louis XIÎI gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.
Un autre fils du célèbre astrologue, Michel de Notre-
dame, dit le Jeune (mort en 1574), tenta, comme lui,
de prédire l'avenir, mais ayant annoncé que le Pouzin, pe-
tite ville du VivaraJs assiégée par les troupes royales, pé-
rirait dans les flammes, il y mit lui-même le feu après
qu'elle eût' été prise et, surpris par le commandant des
assiégeants, Saint-Luc, fut tué de sa main. Il a écrit :
Traité d'astrologie (Paris, 1563). L. S.
Bibl. : Ciiavigny, Commentaires sur les centuries de
Nostradmnus; Paris, 1596. ~ E. Jaubert, Vie de M. Nos-
tradamus ; Amsterdsim, 1656. — GuYNAUD, la Concordance
des prophéties de Nostradamus avec rhistoire;P avis, 1G93.
— D.-G. MoRHOF, Polyhistor; Lubeck, 1708, Jiv. J, ch. x. —
J. Leroux, la Clef de Nostradamus; Paris, 1710. — L.-J.
de Haïtze, Vie de m. Nostradamus ; A\x,lll2. — P. Tronc
DE CoNDOULET, Abrégé de la vie de Michel Nostradamus ;
Salon, s. d. — D'Artigny, Mémoires: Paris, 1749, t. Il, III
et VIT. — Adelung, Histoire de la folie humaine; Leipzio-,
1785, t. VIT, p. 105. — Anon., la Vie et le Testament de
M. Nostradamus; Paris, 1789. — Th. Bouys, Nouvelles
Considérations sur les sibylles et les prophètes et particu-
lièrement sur Nostrad,amus ; Paris, 1806. — E. Bareste,
Nostradamus ; Paris, 1842.
NOTA (Alberto), auteur dramatique itahen, né à Turin
le 15 nov. 1775, mort le 17 avr. 1847. Il occupa divers
emplois dans l'administration, d'abord sous le gouverne-
ment français, puis, après 1815, sons celui de la dynas-
tie de Savoie ; d'abord secrétaire du prince de Carignan
(Charles-Albert), il fut successivement administrateur des
districts de Robbio, San-Remo, Pignerol, Casai et Coni.
C'est dans les nombreux loisirs que lui laissaient ses fonc-
tions qu'il écrivit pour le théâtre. Ses premiers essais
sont des traductions ou imitations de Molière {Il nuovo
ricco, VAmmalato per immaginaùone) ,^ puis de Gol-
doni. Même dans ses oeuvres originales, il suit de près
les traces de celui-ci : il se distingue surtout de lui en
essayant de peindre plus exactement la réafité et en fai-
sant plus de place aux préoccupations morales. Ses pièces
sont bien construites, mais d'une invention médiocrement
originale et d'une allure un peu tramante ; de plus, son
style académique et châtié convient parfois assez peu aux
personnages de condition moyenne qu'il se plaît à mettre
en scène. Ses pièces sont au nombre d'une trentaine ; les
meilleures sont : la Hera; Rivoluuoni in amore, Il
Benefattore, la Pace dômes tica, Vîrrequieto, il Pro~
gettista, la Lusinghie?rc, Educazione e Natura, la Ve-
dova in solitudine, l'Anior timido. Ses œuvres ont eu,
de 1816 à 1829, dix éditions; la meilleure est la der-
nière (Naples, 1829-30, 7 vol.). A. Jeanroy.
Bir.L. : Mestica, Manuale délia lett. ital nel secolo
decimo nono^ II, 447.
NOTABLES. Cette désignation tout honorifique, em-
pruntée à la hiérarchie nobiliaire du Bas-Empire, s'ap-
plique, sous l'ancien régime, aux individus nobles ou non
nobles (en général de haute ou de ])onne bourgeoisie)
appelés par le roi à former des assemblées consultatives
(V. Assemblées des notables, t. IV, p. 198). H. Monin.
NOTAIRE. î. Histoire.— On désignait à Rome, sous le
nom de notaires, les scribes qui écrivaient en notes, c.-à-d.
en une sorte de sténographie (V. Notes TiRo^nENNEs). Ces
scribes remplissaient les fonctions de secrétaires des princes,
des hauts fonctionnaires, des écrivains, des avocats, des
administrations, ainsi que celles do grefilers des tribunaux.
Les écrivains qui avaient pour métier de rédiger les con-
trats portaient un autre nom, celui de tabellion. Organi-
sés en corporation, les tabeiUons de l'empire romain fini-
rent, aux derniers temps de l'empire, par acquérir la
qualité Aq personœ publicœ, en vertu de laquelle les actes
qu'ils rédigeaient avaient le caractère d'écritures publiques.
Des constitutions impériales réglementèrent leur profes-
sion et déterminèrent le protocole qu'ils devaient employer.
On no saurait suivre l'histoire du notariat et dutabelhonat
après la chute de l'empire : en Italie au moins, ils parais-
sent avoir survécu aux invasions, mais en tombant dans la
confusion et l'irrégularité comme toutes les institutions
romaines qui ne furent pas alors anéanties.
Les notaires, avec le caractère de secrétaires, se re-
trouvent auprès des papes. Ils eurent charge de recueillir
les actes des martyrs, et plus tard, organisés en collège
sous la direction d'un primicier, et sous l'autorité du
chancelier, ils furent chargés de la rédaction et de l'expé-
dition des lettres apostoliques. On retrouve des notaires
chargés à peu près des. mêmes fonctions dans toutes les
chancelleries et notamment dans celle des rois de France.
Depuis le xiii^ siècle, ils y forment la corporation des « no-
taires du roi », parmi lesquels un certain nombre, qui s'in-
titulent « notaires et secrétaires du roi », sont chargés de
fonctions spéciales. Il existait de môme des notaires auprès
de chaque juridiction où ils remplissaient les fonctions de
greffier. Les officialités, comme les prévôtés et les baiUiages,
avaient leurs notaires. Quant aux notaires qui dressaient
les actes privés, il y a heu de distinguer, pour la France
du moins, entre les pays de droit écrit et les pays de droit
coutumier. Dans les pays de droit écrit, c.-à-d. dans tout
le midi du royaume, il existait des tabellions ou notaires
publics (les deux titres paraissent avoir été indifféremment
employés), ayant caractère àe personœ publicœ, ayant le
privilège de donner aux actes qu'ils dressaient, par l'addi-
tion d'un certificat et par l'apposition de leur seing ma-
nuel, le caractère d'actes authentiques. Ces notaires rece-
vaient l'investiture de l'écritoire et de la plume de ceux qui
détenaient une part de la puissance publique. Les seigneurs
justiciers, les évoques, les communes créaient des notaires
publics, seigneuriaux, épiscopaux, municipaux, auxquels
ils conféraient le droit d'instrumenter dans le ressort de
leurs seigneuries. Le pape et l'empereur, qui prétendaient
à la juridiction sur le monde entier, non seulement créèrent
des notaires pubhcs ayant droit d'instrumenter partout,
mais encore déléguèrent, concédèrent comme une faveur ou
vendirent la faculté d'instituer des notaires. En sorte que,
pour la plupart, les notaires pubhcs, apostoliques et impé-
riaux (un grand nombre réunissaient ce double titre) te-
naient leur investiture, non pas du pape ou de l'empereur,
NOTAIRE — 64 ---
mais du sénateur romain, du préfet de Rome, de princes
italiens, de seigneurs de l'empire. Les souverains de la
plupart des Etats de l'Europe durent prendre des mesures
pour imposer des limites aux prétentions de ces notaires
qui pullulaient dans toute la chrétienté. Après la réunion
à la couronne des provinces du Midi delà France, les rois
y instituèrent à Jeur tour des notaires ayant faculté d'ins-
trumenter in terra quœ jure siripto regilur, ainsi que
le porte la teneur de leur serment professionnel.
Dans les pays de droit coutumier, il y avait aussi des
notaires, mais qui, n'ayant pas de caractère public, n'avaient
pas le privilège d'authentiquer eux-mêmes les actes qu'ils
dressaient. lis étaient attachés aux diverses juridictions
ecclésiastiques, seigneuriales ou royales et devaient faire
apposer aux actes qu'ils dressaient le sceau de la juridic-
tion près de laquelle ils étaient assermentés. Ces notaires
de cour ou de juridiction [nolarii curiœ) étaient parfois
aussi appelés tabellions ; ceux qui exerçaient près des juri-
dictions royales étaient appelés « notaires royaux », titre
qu'il ne faut pas confondre avec celui de notaire du roi.
Depuis les règlements établis par Philippe le Bel, il y eut
auprès de chaque juridiction royale une petite chancellerie
placée sous la direction d'un garde du scel royal. Parfois
même on en établit plusieurs dans le ressort de la juri-
diction. Chacune de ces chancelleries avait pour annexe un
tabellionage ou bureau public d'écritures, dans lequel un no-
taire, tabellionjurô, avaitpour fonction principale derecevoir
des notaires jurés du ressort les minutes des actes dressés
par eux, de les transformer en expéditions originales ou
« grosses », de leur faire conférer l'authenticité par l'appo-
sition du sceau de la juridiction, et enfin de conserver les
minutes. Les notaires chargés de rédiger les actes n'en
avaient pas la garde, et parfois môme il fut créé à côté
des tabellionages des offices de gardes- notes, distincts de
ceux de tabellion.
A Pari:-, l'organisation était un peu différente ; il n'exis-
tait pas de tabellionage, mais seulement une nombreuse et
puissante corporation de notaires royaux, les notaires du
Châtelet, qui remplissaient en mémo temps auprès de cette
juridiction les fonctions de procureurs. Comme il n'y avait
pas de tabellion, chaque notaire devait rédiger les actes
en minutes, les grossoyer et les présenter chaque vendredi
à l'audience du sceau où le scelleur du Châtelet devait y
apposer le sceau de la Prévoté do Paris. Mais, en fait, les
notaires du Châtelet prenaient peu à peu l'habitude de ne
jamais rédiger les actes qu'en minutes et de les délivrer
aux parties, signés seulement de leurs seings manuels sans
sceau. Tandis que les notaires royaux des juridictions
locales ne pouvaient instrumenter que dans le ressort, ceux
du Châtelet le pouvaient faire dans tout le royaume et
étaient seulement tenus à n'avoir pas leur domicile ailleurs
qu'à Paris. Charles VI les plaça sous la sauvegarde royale,
les autorisant en conséquence à placer sur leurs maisons
les armes royales; c'est l'origine des panonceaux qui servent
encore aujourd'hui d'enseigue aux notaires, lui dépit des
prescriptions multipliées pour les obliger à faire sceller
leurs actes à la Prévôté, la pratique de les délivrer non
scellés aux parties se perpétua, surtout à partir de l'époque
où les signatures des parties et des témoins eurent été
rendues obhgatoires. Depuis le xvi^ siècle, on eut de moins
en moins recours à la formalité du sceau qui fut réservé
aux actes auxquels on voulait assurer force exécutoire par
voie parée. Cette pratique fut consacrée par les édits de
juil. 1706 et cl'avr. 4708, cpji suppiimèrent la différence
qui existait entre les notaires pubhcs du Pdidi et les notaires
l'oyaux du Nord, en supprimant les offices de garde-scel et
en autorisant les notaires royaux à apposer eux-mêmes
sur leurs actes un sceau aux armes royales.
La Révolution supprima les qualités anciennes des notaires,
abolit la vénalité et l'hérédité de leurs offices et les réunit
en un seul corps sous la dénomination de notaires publics,
iille en fit les délégués directs du pouvoir exécutif pour
rendre exécutoires tous actes et contrats alors nu' autre-
fois on les considérait comme une émanation de l'autorité
judiciaire. A. G-.
IL Droit actueL •— Fonctionnaire public établi pour
recevoir tous les aclcs cl contrats auxquels les parties
doivent ou veulent faire donner le caractère d'authenticité
attaché aux actes de t'auiorité publique, et pour en assurer
la date, en conserver le dépôt, en délivrer des grosses et
expéditions. Cette cléllniiion, qui est empruntée à la loi
du 25 ventôse an XI, loi organicpue du notariat, n'est
pourtant pas rigoureusement exacte. Il est certain que
les notaires ne sont pas des fonciionnaires, mais des ojfi-
ciers pichlics, pourvus d'un office ministériel dont ils
sont propriétaires et qu'ils peuvent céder à un succes-
seur, moyennant un prix détcrmijié. En Algérie cepen-
dant, les offices de notaires sont incessibles, et il ne peut
pas être traité ni du titre, ni de la clientèle (décret du
30 déc. 4842) ; dans cette colonie, les notaires sont véri-
tablement des fonctionnaires.
Comme tous les officiers ministériels, les notaires sont
nommés par décret du président de la République, sur la
présentation de leur cédant, et après examen du traité de
cession par la chancellerie. Leurs fondions sont incom-
patibles avec celles de magistrat, de greffier, d'avocat,
d'avoué, d'huissier, de commissaire-priseur, et avec les
professions de Ijanquicr, courtier ou négociant, ou, d'une
manière générale, avec toutes les professions commer-
ciales. Cependant, il est de jurisprudence constante que,
si un notaire se livre à dos actes de commerce et qu'il
vieinie à toml^-cr au-dessous de ses affaires, il peut être
déclaré en faillite ou en banqueroute comme un véritable
commerçant.
D'après la loi du 25 ventôse an XI, les notaires sont
divisés en trois classes, suivant qu'ils appartiennent au
ressort d'une cour d'appel, d'un tribunal de première
instance ou d'une justice de paix. Ainsi la première classe
comprend les notaires en résidence dans une ville où siège
une cour d'appel ; la deuxième comprend les notaires en
résidence dans une ville où siège un tribunal ; enfin, la
troisième classe comprend les notaires qui habitent dans
luie connnune oîi ne siège ni cour ni tribunal de première
instance. L'intérêt de cette classification n'est pas pure-
ment théori([ne : d'une part, les notaires de première et
de deuxième classe peuvent exercer leurs fonctions dans
toute l'étendue du ressort de la cour ou du tribunal,
tandis que les notaires de la troisième classe ne peuvent
instrumenter que (kins l'étendue de leur canton. La loi du
25 ventôse an XI défend à tout notaire d'instrumeiiter
hors de son ressort, à peine d'être suspendu de ses fonc-
tions pendant trois mois, d'être destitué en cas de réci-
dive, et de tous dommages-intérêts envers les confrères
du ressort voisin auxquels il aurait porté préjudice par une
concurrence déloyale. Nous verrons, d'autre part, que les
conditions de capacité varient, suivant qu'il s'agit d'un
notaire de première, de deuxième ou de troisième classe.
il doit, en principe, y avoir deux notaires au moins et
chiq au plus dans chaque canlon. Dans les villes de
400.000 âmes et au delà, il doit y en avoir un au plus
pour 6.000 âmes. Les créations de charges nouvelles et
les suppressions d'offices se font comme il sera dit au mot
Office !,îlxisïérîel.
Pour être admis aux fonctions de notaire, il faut :
4° être Français ; 2° jouir de l'exercice de ses droits de
citoyen ; 3° avoir satisfait aux lois sur le recrutement
militaire ; 4° produire un certificat de moralité et de ca-
pacité ; D'^ enfin juslifier d'un stage déterminé. La durée
de ce stage varie suivant les cas. Elle est, sauf exceptions,
de six années entières et non interrompues, dont une des
deux dernières au moins en qualité de premier clerc chez
un notaire d'une classe égale à celle à laquelle ils'agit d'êti'e
nommé ; ce temps de stage peut n'être que de quatre
années lorsqu'il en a été employé trois dans l'étude d'mi
notaire d'une classe supérieure, et lorsque pendant la
quatrième l'aspirant a travaillé en quahté de premier
65 -.
NOTAIRE
clerc chez un notaire d'une classe supérieure ou égale à
Celle à laquelle il se présente. L'aspirant qui a travaillé
pendant quatre ans sans interruption chez un notaire de
première ou de deuxième classe, et qui a été pendant deux
ans au moins avocat ou avoué près d'un tribunal civil,
peut être admis dans une des classes od il a fait son
stage, pourvu que, pendant l'une des deux dernières années,
il ait travaillé en qualité de premier clerc chez un notaire
d'une classe égale à celle à laquelle il aspire. La durée du
stage, telle que nous venons de la fixer, d'après les art. 36 et
suiv. de la loi du 25 ventôse an XI, est d'un tiers en
plus toutes les fois que l'aspirant, ayant travaillé chez un
notaire d'une classe inférieure, se présente pour remplir
une place d'une classe immédiatement supérieure. Enfin,
pour être admis à exercer dans la troisième classe, il
suffit d'avoir travaillé pendant trois ans chez un notaire
de première ou de seconde classe ou d'avoir exercé pen-
dant deux ans les fonctions d'avocat ou d'avoué près d'un
tribunal ou d'une cour, et d'avoir, de plus, travaillé pen-
dant un an chez un notaire. Quant au certificat de mora-
lité et de capacité exigé par la loi du 25 ventôse an XI,
il est délivré par, la chambre de discipline des notaires
de l'arrondissement dans lequel le candidat désire être
admis à exercer. Il est accordé après un examen profes-
sionnel passé devant cette chambre.
Toutes les conditions que nous venons de résumer étant
remplies, le candidat est nommé par décret du président
de la République, qui indique en même temps le lieu
de sa résidence. Chaque notaire doit résider dans le lieu
qui lui est ainsi désigné ; il ne peut donc pas changer
cette résidence, à peine d'être considéré comme démission-
naire, mais il peut être autorisé à effectuer ce changement
par le ministre de la justice, sur l'avis de la chambre de
discipline et du ministère public. Les notaires sont assujettis
à un cautionnement fixé par le gouvernement et qui est spé-
cialement affecté à la garantie des condamnations qui peuvent
être prononcées contre eux à l'occasion de l'exercice de leurs
fonctions. Ces cautionnements varient suivant le chiffre de
la population, et selon qu'il s'agit d'un notaire de première,
de deuxième ou de troisième classe : ils sont fixés par la
loi du 28 avr. 1816. Avant d'entrer en exercice, chaque
notaire doit prêter serment de bien et fidèlement remplir
ses fonctions, et déposer au greffe de chaque tribunal de
première instance de son déparlement la signature et le
paraphe dont il compte se servir. En principe, tout acte
notarié doit être reçu par deux notaires ; aussi ces actes
commencent-ils uniformément par la mention : « Par-
devant M« X... et son collègue, notaires à... ». Toutefois,
l'assistance du notaire en second peut être remplacée par
la présence de deux témoins. Exceptionnellement, quand
il s'agit d'un testament authentique, l'art. 971 du C. civ.
exige la présence de deux notaires et de deux témoins,
ou d'un seul notaire assisté de quatre témoins.
Les actes notariés doivent énoncer le nom et la rési-
dence du notaire qui les reçoit ; les noms, prénoms, qua-
lités et demeures des parties contractantes ; les noms et
demeures des témoins ; le lieu, l'année et le jour ou ces
actes ont été passés. Ils sont signés par les parties, les
témoins et les notaires, et mention doit en être faite. Ils
doivent être écrits en un seul contexte, lisiblement, sans
abréviations, blancs, ratures ou intervalles (V. Acte), et
enregistrés dans les dix jours de leur date, si le bureau
d'enregistrement est à la résidence du notaire ; dans les
quinze jours, au cas contraire. En dehors des actes qui
constatent les conventions des parties, les notaires reçoi-
vent encore beaucoup d'autres actes et sont chargés de
fonctions multiples par des textes de lois spéciaux ; ainsi,
ils représentent les présumés absents dans les inventaires,
comptes, liquidations et partages dans lesquels ils sont
intéressés ; ils sont chargés de notifier les actes respec-
tueux (V. Acte) ; ils reçoivent la déclaration par laquelle
le père nomme à la mère, pour le cas où elle lui sur-
vivra, un conseil spécial chargé de l'assister dans la tutelle
ÇBANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
des enfants communs ; ils procèdent aux licitations d'im-
meubles ; ils reçoivent le dépôt des testaments olographes ;
ils représentent les parties absentes aux levées de scellés ;
ils procèdent aux ventes d'immeubles appartenant à des
mineurs ; ils peuvent faire les protêts d'effets de com-
merce concurremment avec les huissiers, etc. Les actes
reçus par les notaires sont exécutoires quand ils sont re-
vêtus de la formule exécutoire ; mais cette formule ne
doit être donnée que lorsqu'il s'agit d'une grosse. Les
honoraires des notaires sont fixés, pour un très petit
nombre d'actes, par le décret du 16 févr. 1807 ; pour
les autres actes, ils sont déterminés par un règlement ap-
plicable dans le ressort de chaque cour d'appel. Si une
partie estime que les "honoraires demandés par le notaire
sont trop élevés, elle a toujours le droit de demander
l'avis (qui n'a rien d'obligatoire) de la chambre de disci-
phne de l'arrondissement, et la taxe du président du tri-
bmial civil de sa résidence. Contre la taxe du président,
0* peut se pourvoir par action principale devant le tri-
bunal. Les notaires doivent inscrire, jour par jour, sur un
registre timbré, coté et paraphé, un sommaire de tous les
actes qu'ils reçoivent ; ce registre porte le nom de réper-
toire ; il sert, d'une part, à retrouver la trace de divers
actes, et, d'autre part, à faciliter la surveillance de l'ad-
ministration de Fenregislrement.
En principe, tout acte nul par la faute du notaire qui
l'a reçu expose celui-ci à des dommages-intérêts envers
les parties. La jurisprudence, partant de cette idée que
les notaires sont les guides et les conseils des parties,
leur impose de plus l'obligation de les avertir des dan-
gers auxquels les exposent les actes qu'elles font, et de
leur indiquer les diverses formalités qu'elles auront à
remplir pour assurer la validité de ces actes. Indépen-
damment de leur responsabilité civile envers les clients,
les notaires encourent de plus une responsabilité pénale
pour les diverses contraventions qu'ils peuvent commettre
à la loi de l'an XL
Pour assurer la régularité et la correction des notaires
dans l'accomplissement de leurs délicates fonctions, la loi
du 4 janv. 1843 a organisé dans toutes les villes, où siège
un tribunal civil de première instc^ce, une chambre de
notaires chai'gée du maintien de la discipline parmi les
notaires de l'arrondissement, sous la surveillance du mi-
nistère public. A Paris, la chambre de discipline se com-
pose de dix-neuf membres; dans les départements, les
chambres des notaires comprennent neuf membres dans
les arrondissements où il y a plus de cinquante notaires,
sept membres seulement dans les autres. Pour que la
chambre puisse émettre un vote régulier, il faut la pré-
sence de douze membres au moins à Paris, de sept membres
dans les arrondissements qui comprennent plus de cin-
quante notaires, de cinq dans les autres. Les notaires de
chaque arrondissement choisissent parmi eux les membres
de leur chambre ; ceux-ci choisissent entre eux un prési-
dent, un syndic, un rapporteur, un secrétaire et un tré-
sorier. Le président dirige les débats et les réunions ; il
a voix prépondérante en cas de partage ; il convoque la
chambre quand il le juge à propos ou sur la réquisition
de deux autres membres. Le syndic joue à peu près, dans
les chambres de notaires, le rôle de ministère public ; c'est
lui qui poursuit les notaires inculpés ; il donne ses conclu-
sions et assure l'exécution des délibérations de la chambre ;
il représente la chambre devant les tribunaux. Le rappor-
teur est chargé de procéder à l'instruction des reproches
dirigés contre un de ses confrères et d'en faire son rapport
à la chambre. Le secrétaire rédige les délibérations, garde
les archives et dresse les expéditions. Indépendamment de
ces fonctions spéciales, chaque membre de la chambre a
voix délibérative dans toutes les assemblées ; par excep-
tion, lorsque le syndic, exerçant son rôle de ministère
public, est partie poursuivante, il s'abstient dans la déU-
bération. Les chambres de notaires se renouvellent par
tiers chaque année, dans la première quinzaine du mois
5
NOTAIRE — NOTATION — 66
de mai. Les attributions de la chambre sont : i^ de pro-
noncer ou de provoquer, suivant les cas, l'application de
toutes les dispositions de discipline ; 2« de prévenir ou
concilier tous différends entre notaires, et notamment ceux
qui pourraient s'élever, soit sur des communications, re-
mises, dépôts ou rétentions de pièces, fonds et autres
objets quelconques, soit sur dés questions relatives à la
réception et garde des minutes, à la préférence ou con-
currence dans les inventaires, partages, ventes ou adju-
dications et autres actes ; et, en cas de non-conciliation,
d'émettre son opinion par simple avis ; 3^ de prévenir ou
concilier également toutes plaintes et réclamations de la
part de tiers contre des notaires, à raison de leurs fonc-
tions ; de donner simplement son avis sur les dommages-
intérêts qui pourraient être dus, et réprimer, par voie de
censure et autres dispositions de discipline, toutes infrac-
tions qui en seraient l'objet, sans préjudice de Faction
devant les tribunaux, s'il y a lieu ; 4^* de donner son avis
sur les difficultés concernant le règlement des honoraires
et vacations des notaires, ainsi que sur tous différends
soumis à cet égard au tribunal civil ; 5** de délivrer ou
refuser tous certificats de bonnes mœurs et capacité à
elle demandés par les aspirants aux fonctions de notaire,
prendre à ce sujet toutes délibérations, donner tous avis
motivés, les adresser ou communiquer à qui de droit ;
6^ de recevoir en dépôt les états des minutes dépendant
des études de notaires supprimées ; 7*^ de représenter
tous les notaires de l'arrondissement collectivement, sous
le rapport de leurs droits et intérêts communs. D'une
manière générale, tout fait quelconque contraire à la pro-
bité, à la délicatesse professionnelle ou à la déférence du®
à la chambre, expose le notaire qui l'a commis à une
poursuite disciplinaire. Spécialement, l'ordonnance du
4 janv. 4843 intordit aux notaires, soit par eux-mêmes,
soit par personnes interposées, soit directement, soit in-
directement : i^ de se livrer à aucune spéculation de
bourse ou opération de commerce, banque, escompte et
courtage ; 2^ de s'immiscer dans l'administration d'aucune
société, entreprise ou compagnie de finances, de commerce
ou d'industrie ; 3*^ de faire des spéculations relatives à
l'acquisition et à lacevente des immeubles, à la cession
de créances, droits successifs, actions industrielles et autres
droits incorporels ; 4° de s'intéresser dans aucune affaire
pour laquelle ils prêtent leur ministère ; 5'^ de placer en
leur nom personnel des fonds qu'ils auraient reçus, même
à la condition d'en servir l'intérêt ; 6^ de se constituer
garants ou cautions, à quelque titre que ce soit, des prêts
qui auraient été faits par leur intermédiaire ou qu'ils
auraient été chargés de constater par acte public ou privé ;
7^ de se servir de prête-noms en aucune circonstance,
même pour des actes autres que ceux désignés ci-dessus.
Toutes ces infractions, et nous répétons que cette liste
n'est pas limitative, exposent le notaire qui s'en rend
coupable à l'application d'une des peines suivantes : le
rappel à l'ordre, la censure simple, la censure avec ré-
prnuande par le président de la chambre devant la chambre
assemblée ; la privation de la voix délibérative dans l'as-
semblée générale ; l'interdiction de l'entrée de la chambre
pendant trois ans et pendant dix ans en cas de récidive.
Outre ces peines, qui sont prononcées par la chambre de
discipline, il en est d'autres, beaucoup plus sévères, qui
sont prononcées par les tribunaux civils, sur la plainte
des parties intéressées ou sur la poursuite du ministère
public ; nous voulons parler de la suspension, de la des-
titution et des condamnations à des dommages-intérêts,
réservées à des infractions particulièrement graves. Dans
quelques cas déterminés, les décisions des chambres de
notaires statuant en matière disciplinaire sont soumises à
l'appel ; elles restent d'ailleurs toujours soumises au con-
trôle de la cour de cassation.
En dehors de leurs réunions discipMn aires, les chambres
de notaires tiennent de droit, chaque année, deux assem-
blées générales, soit pour les nominations des membres
de la chambre, soit pour délibérer sur tous sujets pou-
vant intéresser la profession. F. Girodon.
BiBL. : Les ouvrages sur les notaires et le notariat sont
nombreux. De plus, des recueils périodiques, parmi lesquels
nous citerons le Journal des Notaires et des Avocats et le
Répertoire du Notariat, s'occupent des questions multiples
que soulève chaque jour l'exercice du notariat.
NOTALGIE (Physiol.). On désigne sous ce nom une
douleur siégeant dans le dos, sans phénomènes inflamma-
toires. La notalgie est très fréquente dans la neurasthénie
et en est presque pathognomonique. Elle siège à la fois
dans les muscles rachidions et dans le squelette osseux
du rachis. Le diagnostic devra être fait avec les affec-
tions inflammatoires de la moelle épinière; dans la no-
talgie, la douleur est purement subjective, la moelle
n'est pas atteinte. On observe encore de la douleur de
dos sans lésion anatomique, après les fatigues prolongées,
les efforts répétés; d'autre part, dans certaines affections
des viscères abdominaux, il y a une douleur par irra-
diation, qui est localisée entre les deux épaules pour les
affections de l'estomac, dans la région des reins pour
celles de Tutérus. Le traitement de la notalgie sera
d'abord celui de ses causes : neurasthénie, dyspepsie,
métrite, etc. Comme traitement local, on pourra, sui-
vant les cas, employer l'hydrothérapie froide, la faradi-
sation ou la franklinisation, les frictions térébenthinées
ou à l'alcool camphré, les sinapismes, les vésicatoires,
les pulvérisations de chlorure de méthyle. D^' L. Laloy.
NOTARAS (Lucas), conseiller des empereurs Jean VU
et Constantin XI, amiral et grand-duc. Il joua un rôle
important dans les derniers jours deConstantinople. Très
hostile à l'union et aux Latins, d'humeur arrogante et
hautaine, il eut d'aigres conflits avec le Vénitien Giusti-
niani ; pris avec les siens dans la catastrophe finale, et
d'abord bien traité par Mohammed II qui songeait à lui
confier l'administration de la ville conquise, il fut ensuite
massacré avec son jeune tils par ordre du vainqueur.
NOTARCHUS (Malac). Animal allongé, de forme ovale,
convexe en dessus ; tête portant 4 tentacules, les posté-
rieurs développés et coniques ; une branchie arquée,
située sur la ligne médiane, dans une cavité étroite qu'elle
déborde lorsque l'animal est en marche ; un pied très étroit,
acuminé postérieurement. En arrière de la masse viscérale,
se trouve une très petite coquille, de même forme que celle
des Coriocelles, à Jspire peu développée. Les Notarchus
habitent la Nouvelle-Guinée, les Antilles, la Méditerranée.
NOTARIAT (V. Notaire).
NOTATION. I. Mathématiques. — La notation est
l'art de représenter les opérations arithmétiques ou algébri-
ques par des symboles. La notation est à peu près la même chez
tous les mathématiciens, elle a cependant un peu varié avec
les temps. On sait d'ailleurs que les mêmes opérations peu-
vent être notées par des symboles différents. Ainsi l'opéra-
a
tion r peut aussi se noter a : b. Les anciens ont employé
le signe a où nous employons le signe n: ; ils écrivaient
volontiers aa au lieu de a'^, etc.
Notation abrégée. — On a donné le nom de notation
abrégée à un chapitre de la géométrie analytique dans le-
quel les fonctions qui, égalées à zéro, représentent des
lignes ou des surfaces, sont désignées par une seule lettre ;
les coordonnées des points n'interviennent plus directe-
ment dans les calculs. Une foule de questions peuvent se
résoudre ainsi d'une manière très élégante, et les formules
sont alors d'une interprétation beaucoup plus facile, la
position des axes de coordonnées reste alors complètement
indéterminée. Pour fiiire comprendre l'utilité des nota-
tions abrégées, il suffira de traiter un exemple.
On sait que X désignant une quantité indépendante de
X et ?/, S -|- ^ S^ = 0 est l'équation générale des coniques
passant par les intersections des coniques qui ont S z:z 0,
S^= 0 pour équations. Soient oc ziz 0, p zz: 0, y = 0,
8 = 0 les é(}uations des quatre droites, ap-f-XY5;=:0 sera
alors l'équation générale des coniques circonscrites au qua-
67
NOTATION
drilatère ayant pour côtés opposés a = 0, p zr: 0 et
y=0, 8 = 0. Interprétons alors l'équation a|3 -f- ^yB r=: 0,
«[3 est à un facteur constant près le produit des distances
d'un point de la conique aux droites a =0, |3=:0 ; yS
est le produit des distances du même point aux droites
Y =: 0, S = 0, toujours à un facteur constant près, et comme
on peut écrire l'équation ajS -|- XyB =r 0 gous la forme
a3
-5. ==:: ~ X, on a ce théorème : le produit des distances d'un
point d'une conique à deux côtés d'un quadrilatère inscrit
est proportionnel au produit des distances du même point
aux deux autres côtés. Vx et Vij du point ne sont intervenus
que virtuellement dans la question, et les axes n'avaient pas
de position déterminée. On voit ({uel parti l'on peut tirer de
ces notations abrégées. Il est bien difficile de dire à qui on
doit en attribuer l'invention ; c'est, je crois, Plaecker qui en
a fait systématiquement usage pour la première fois [System
der analytischen Géométrie). On consultera avec fruit
sur ce sujet l'ouvrage de Salmon, Traité de géométrie ana-
lytique et le Cours lithocfraphié de géométrie analytique
de Painvin et, dans un autre ordre d'idées, la Géométrie
de direction de Paul Serret. H. Laurent.
II. Musique. — Si nous recherchons les plus anciens
vestiges de la notation musicale, ce n'est nichez les Egyp-
tiens, ni chez les Sémites que nous les trouverons, quelque
ingénieuses que soient les hypothèses émises à cet égard.
Par contre, les Indous et les Chinois semblent avoir figuré
les sons au moyen de signes spéciaux. Est-ce à ces peuples
que les Hellènes durent à leur tour leur système tonal ? Là
encore les conjectures se sont donné carrière, et nous ne les
examinerons point ici. Toujours est-il que la musique grecque
fut notée d'abord au moyen des simples lettres de l'alpha-
bet, puis celles-ci furent modifiées quant à leur position et à
leur îbrme et groupées de diverses manières jusqu'à former
un total de i .680 et 1 .620 signes, selon les uns, de 990 ou
de 138, selon les autres. En outre, les Grecs se servaient
pour la solmisation de quatre voyelles qu'ils joignaient à dif-
férentes consonnes pour discerner les modes d'articulation.
Les Latins n'adoptèrent pas la notation grecque, et le
philosophe Boétius, soit qu'il ait le premier appliqué à
l'échelle des sons compris entre les deux octaves les quinze
premières lettres de l'alphabet romain,
^
i
ix:
Fi-. 1.
soit qu'il n'ait fait qu'enregistrer cette application, ne nous
laisse aucun doute sur le fait même. De même, il est
certain que le nombre des lettres employées dans ce des-
sein fut ensuite réduit à sept, mais il ne l'est .nullement
que saint Grégoire le Grand soit l'auteur de cette'réduction.
Un autre système de notation dont les traces les plus
anciennes remontent au vi^ siècle de notre ère, mais dont
les premiers spécimens réellement bien tracés appar-
tiennent au viii^, vient, non pas encore détruire la nota-
tion alphabétique, mais coexister avec elle. Ce sont les
neiimes, sortes d'hiéroglyphes mystérieux et malai-
sément déchiffrables, qui ont exercé la patience des érudits
sans l'avoir jusqu'ici complètement récompensée. Pendant
cinq siècles, la notation neumatique subira de profondes
et nombreuses modifications, mais restera toujours basée
sur trois signes fondamentaux d'où naitra la foule innom-
brable des signes dérivés. Ce sont le point (punctus), la
virgule [im^ga) et l'incHnaison (clivus),
l'i^- 2. Fi- 3. Fig. 4.
le premier désignant un son bref, le deuxième un son lon^,
le troisième un groupe de deux notes. La distance à laquelle
les neumes se trouvaient des mots du texte indiquait approxi-
mativement les différents intervalles des sons. Ce système,
extrêmement imparfait, fut amélioré au x® siècle par une in-
vention assurément géniale et qui contenait en germe notre
notation actuelle ; elle consistait en une ligne rouge, qui,
tracée horizontalement au-dessus du texte, fournissait au
chanteur une note invariable (F =: fa) et aidait grande-
ment à l'approximation des intervalles. A cette première
ligne, une seconde, décodeur jaune (C ~ ut), fut ajoutée.
Puis deux autres lignes, à l'encre noire, les surmontèrent,
et la portée rendit dès lors la lecture incomparablement
plus facile, en déterminant exactement la place des sons.
Soucieux avant tout de retracer la généalogie de la nota-
tion moderne depuis ses origines, nous nous bornerons à
citer en passant la portée imaginée par le moine Ilucbald
de Saint-Amand, et qui, se rattachant à l'ancien système
grec des tétracordes, fut bientôt et définitivement aban-
donnée. Après un certain nombre de tâtonnements, la
portée de quatre lignes fut adoptée pour la musique
sacrée et celle de cinq lignes pour la musique profane.
La coloration jaune et rouge de certaines lignes fut peu
à peu supprimée et remplacée par les lettres F et C repré-
sentant nos notes fa et ut. Ces lettres peuvent être re-
gardées comme les embryons de nos clçfs dont les signes
représentatifs ne sont autre chose que les déformations
de lettres gothiques. On conçoit aisément que la portée
munie de ses clefs devait amener la disparition ou tout au
moins la simplification des neumes dont les complications
devenaient inutiles en face d'un système aussi ingénieux
que pratique. C'est à Franco de Cologne (xi« siècle) que
nous devons le premier traité de notation mesurée néces-
sité par l'introduction de Idi mesure dans la musique,
élément inconnu au plain-chant (V. ce mot) et qui devait
apparaître avec la musique profane. C'est à cette époque
qu'il convient de placer la naissance de la notation noire.
Il est aisé, d'ailleurs, en comparant les signes qu'elle nous
présente avec les neumes primitifs, de reconnaître les liens
de parenté qui les unissent, la double longue et la longue
dérivant de la virga, la brève et la semi-brève dérivant
du punctus. Il résulte donc de ce qui précède que la
notation noire s'est substftuée peu à peu à l'antique
système des neumes, par perfectionnements progressifs,
sans que jamais un changement brusque soit intervenu
pour remplacer, de propos délibéré, l'une par l'autre.
Suivant la mesure employée, la longue valait deux ou
trois brèves, et la même relation subsistait d'une valeur
à l'autre, suivant leur degré de durée.
Plus tard, Philippe de Vitry enrichit des deux signes
suivants la série précédente :
I
Fig. 5.
Enfin, au début du xiv« siècle, la notation blanche
commence à s'établir, et au siècle suivant nous la trou-
verons définitivement établie. C'est, après Jean de Mûris,
à Dufay et^ à Binchois que revient l'honneur de cette
transformation. Voici le tableau des signes employés dans
ce système :
=1
Q
Fig. 7.
Fig. 8.
Ce fut au xviii^ siècle que la notation arrondie ou
plutôt ovalisée, actuellement en usage, vint remplacer la
notation carrée qui a continué d'être employée dans le
plain-chant. Il est aisé, en supprimant les trois premières
valeurs, de reconnaître dans la semi-brève et dans les
NOTATION — NOTE ^
valeurs décroissantes qui la suivent l'image de la ronde
et de SOS sous-multiples, auxquels on a ajouté la double,
la triple et la quadruple croche (V. Musique, § Théorie,
où^Fon trouvera l'exposé de notre système actuel de
notation).
Les signes accidentels remontent, le bémM et le bé-
carre (!? molle ou rotondum et 1? durum ou quadrum) ,
au X® siècle, le dièse (figuré d'abord par une double croix
de Saint-André ;^) au xiii® siècle. La barre de mesure
date du xvi*^ siècle, mais elle paraît n'avoir été d'abord
employée que pour faciliter la lecture en servant à super-
poser exactement les portées. Ce n'est guère qu'au siècle
suivant qu'elle servit à séparer entre elles les mesures et
permit au lecteur de se rendre un compte exact de la
division des temps. Quant aux indications de nuances,
elles n'ont commencé à apparaître que vers la fin du
XVII® siècle.
Telle est, dans ses grandes lignes, l'histoire de la
notation musicale moderne. Bien des systèmes ont été
proposés pour la remplacer, dans le but de rendre la lec-
ture plus facile et de mettre la musique à la portée du
plus grand nombre par la simplification de l'apprentis-
sage. Nous ne nommerons ici qu'un seul de ces systèmes,
parce qu'il a laissé dans les annales de la pédagogie mu-
sicale une trace assez profonde et a produit d'incontes-
tables résultats. Nous voulons parler de la méthode Galin-
Paris-Chevé, qui remplace par les sept premiers chiffres
les sons des notes. Mais si cette méthode a rendu de réels
services pour le déchiffrage du chant en partie, elle est
inapplicable à la musique instrumentale et ne peut, par
conséquent, prétendre à régir qu'un domaine très restreint.
René Brancour.
III. Chimie. — La nomenclature chimique de Lavoi-
sier a été complétée par Berzélius, qui a donné le moyen
de représenter par des symboles les corps simples ou
composés et les réactions auxquelles elles donnent nais-
sance.
Deux systèmes de notation sont employés concurremment:
la notation en équivalents et la notation en atomes.
Les corps simples se représentent ordinairement par la
première lettre de leur nom ou par cette première lettre
suivie d'une seconde dans le cas où il y a plusieurs corps
commençant par la môme lettre, 0 représente l'oxygène,
H l'hydrogène, S le soufre, C le carbone, Ca le calcium,
Cd le cadmium. Ces sym])oles représentent l'élément non
seulement qualitativement, mais encore quantitativement ;
ainsi 0 représente non seulement de l'oxygène, mais un
poids de ce corps égal à son équivalent, ou à son poids
atomique, suivant le système de notation utilisé. L'équi-
valent de l'oxygène est 8, son poids atomique est J6.
0 représentera 8 gr. d'oxygène, quand pn emploiera la
notation en équivalents; 16 gr., si on emploie la
notation atomique. Quand l'équivalent et le poids ato-
mique sont égaux, comme cela arrive pour le chlore Cl,
l'hydrogène H, les symboles Cl, H ont la même valeur
dans les deux notations. On différencie quelquefois les
symboles éqiiivalentaircs et atomiques quand ils n'ont
pas la même valeur en barrant la lettre qui représente
quantitativement le poids atomique de l'élément considéré.
Ainsi 0 vaudra 8 gr. d'oxygène et O 46 gr. du même
élément.
Les corps composés sont représentés par des formules
obtenues en réunissant l'un à côté de l'autre les symboles
des éléments constituants et en affectant chacun des sym-
boles d'un exposant qui représente le nombre d'équivalents
ou d'atomes (suivant la notation employée) contenus dans
le poids moléculaire du composé. Ces nombres d'équi-
valents ou d'atomes sont toujours des nombres entiers,
comme cela résulte des lois de Gay-Lussac et des
nombres proportionnels. Ainsi le poids moléculaire de l'eau
fixé par la densité de ce composé est égal à 18; de plus,
l'analyse de ce corps établit qu'il renferme 1 gr. d'hydro-
gène pour 8 gr. d'oxygène. Si l'on consulte, d'autre part,
la table des équivalents, on y trouve que l'équivalent de
l'hydrogène est égal à 1 et celui de l'oxygène à 8, la
formule de l'eau en équivalents sera donc H^O^ ; si, au con-
traire, on veut exprimer la formule en notation atomique,
on consultera la table des poids atomiques :
Poids atomique de l'hydrogène z=i 1
— de l'oxygène zn 16.
La formule est donc H^O.
Une question se pose ici. Dans quel ordre faut-il placer
les symboles des éléments ? Faut-il écrire, par exemple, pour
la première formule H^O ou OH^ ? On est convenu d'écrire
le corps électro-positif le premier ; l'hydrogène étant élec-
tro-positif par rapport à l'oxygène, on écrira H^O.
La formule d'un corps établit donc à la fois sa compo-
sition qualitative, sa composition quantitative et la gran-
deur de son poids moléculaire. Ainsi le symbole Fe~0^
représente le sesquioxyde de fer constitué par l'union de
deux atomes de fer pour trois atomes d'oxygène.
Remarquons en outre que, dans la nomenclature parlée,
on commence toujours par désigner le corps électro-néga-
tif, tandis que, dans cette notation, on écrit d'abord le sym-
bole de l'élément électro-positif.
Comme conséquence des faits exposés précédemment, il
est facile de transformer dans la notation en équivalents
la formule d'un composé écrite dans la notation atomique
et inversement. Il suffit de connaître le rapport entre le
poids atomique et l'équivalent des éléments contenus.
Ces notations symboliques permettent de représenter
d'une façon fort simple les réactions chimiques. Ainsi
l'équation (notation en équivalents)
S 4- 02 rrr S02
indique que, si l'on fait réagir dans des conditions conve-
nables 16 gr. de soufre (1 équivalent) et 16 gr. (2 équi-
valents) d'oxygène, il se forme 32 gr. d'un composé SO^,
l'anhydride sulfureux. C. Matignon.
BiiîL. : MusiQUi:. — Alyi^hj.s, Introduction à la musique,
mss do hi Bibl. nationale, n" 3221. — Bœtius, De Institu-
tione, 1. V, éd. Glareau; Bâle,1750. — Chrysanthe de Ma-
D YïE, Introduction à la théorie et à la pratique de la musique
ecclésiastique ; Paris, 1821. — De Coussemaker, Hucbald,
moine de Saint-Amand. — Hist. de l'harmonie au moyen
âge. — Deldevez, la Notation de la musique ancienne
comparée à la notation de la musiciue moderne. — DihroTz
DE LA Salle, Remarciue sur la manière d'écrire la mu-
sique ; Paris, 1726. — Franco de Cologne, Ars cantus
mensurabilis, mss de la Bibl. nationale, n» 7360.— Galin,
Exposition d'une nouvelle méthode pour l'enseignement
de la musiciue. —Jean de Mûris, Spéculum musicœ, mss
de la Bibl, nationale, n»" 7027 et 7207. — Le P. Louis Lam-
lîiLLOTTE, Antipho7iaire de Saint-Gall; Bruxelles, 1847. ~
Ernest David et Mathis Lussv, Histoire de la notation
musicale depuis ses origines ; Paris, 1882. — Th. Nisard
Etudes sur les anciennes notations de l'Europe ; Parisl
1852.— Le P. Penîs^a, li Priml Albori inusicali per il
principianti délia musica fîgurata; Bologne, 1679.
L'abbé Raillard, Explication des neumes ; Paris, s. d.
NOTAWAY. Fleuve du Canada, tributaire de la baie
James (baie d'Hudson) ; 500 kil. de long.
NOTE. I. Musique (V. Musique et Notation).
II. Diplomatie. — En diplomatie, on donne le nom de
note à toute communication écrite, notamment en vue d'une
négociation en cours, échangée par des agents diploma-
tiques entre eux ou avec le gouvernement auprès duquel
ils sont accrédités. Les notes sont tantôt signées par celui
dont elles émanent, tantôt non signées ; ces dernières sont
dites notes verbales. Les notes signées sont, en général,
réservées pour les actes ou déclarations impHquant un
engagement ; les notes verbales servent à élucider des
points de détail, à fixer une conversation, à rappeler cer-
tains faits ou certaines propositions, etc. Les notes sont
rédigées à la troisième personne, tant pour le fonction-
naire qui les écrit que pour celui à qui elles s'adressejit.
— On appelle notes ad référendum les dépêches qu'un
agent diplomatique adresse à son propre gouvernement
pour obtenir, dans une négociation dont il est chargé, des
instructions nouvelles ou supplémentaires. Ernest Lehr.
— . 69 --.
NOTE
III. Tachygraphie. — Notes Tironiennes. — Ecriture
tachygrapliique latine employée dans l'antiquité et au moyen
âge. Ce n'est pas une écriture conventionnelle, mais une
écriture littérale, chaque mot étant représenté par un seul
caractère ou signe dont les éléments sont des lettres de
l'alphabet latin capital, tronquées, modifiées et liées en
vue d'une très grande rapidité de tracé. Plutarque {Cato
Minor, XXIÏI) rapporte que des discours de Catond'Utique
un seul avait été conservé, recueilli par des scribes que
Cicéron avait placés dans la curie et à qui il avait ensei-
gné l'art d'écrire rapidement en notes brèves dont cha-
cune représentait plusieurs lettres. Suétone (De vins
illustribics, § 406, dans Suetoni reliqiiiœ, éd. Reiffers-
cheid, p. 435) attribue l'invention de ce système d'écri-
ture à Ennius, qui aurait trouvé « onze cent notes servant
à consigner par écrit les discours et les débats devant les
tribunaux. A Rome, TuUius Tiro (d'où le nom de notes
tironiennes), affranchi de Cicéron, le premier forma un
recueil de notes ; après lui, Vipsanius, Philargyrus et
Aquila, ce dernier affranchi de Mécène, ajoutèrent de
nouveaux signes. Enfin Sénèque fit de ces notes un recueil
général et en porta le nombre à 5.000. Les scribes qui
pratiquaient ce système d'écriture prirent le nom de
notaires ». Ces notes servaient à recueillir les discours,
les plaidoyers, les dépositions des témoins, plus tard les
sermons.
Pour faciliter la lecture des notes, l'on composa des
lexiques. Ceux qui nous sont parvenus remontent à l'époque
carolingienne. Jean Trithème, dans sa Polygraphia publiée
en 4548, a recueilli trente notes tirées d'un psautier.
Griiter en 4603 a donné dans ses Inscriptiones antiqiiœ
totiiis or bis romani un glossaire. Le bénédictin Dom
Carpentier publia, sous le titre de Alphahetum tironia-
num seu notas Tironis explicandi methodus (Paris,
4745, in-fol.), un formulaire composé à Saint-Martin de
Tours, entre 828 et 832, aujourd'hui conservé à la BibHo-
thèque nationale sous le n** 2748 des manuscrits latins,
et où les notes sont accompagnées de leur transcription
en caractères ordinaires. Ce manuscrit a été à nouveau
reproduit, en phototypie, par le D^' W. Schmitz, Monu-
menta tachygraphica codicis parisiensis lat, 27i8
(Hanovre, 4882-83, in-4). Au commencement de notre
siècle, Kopp a exposé scientifiquement les lois et le sys-
tème des notes tironiennes; le premier volume de sa
P alœographia critica (M.Qj[\n]\em,iSil, in-4) est consa-
cré à l'étude de la tachygraphie des anciens, le second
renferme un très ample Lexicon tironianum, divisé en
deux parties : la première donnant les notes dans l'ordre
de leur valeur alphabétique, avec transcription littérale
et interprétation en regard ; la seconde, une liste alpha-
bétique des mots latins avec renvois aux notes qui les
expriment. Les deux volumes de Kopp sont restés l'ou-
vrage capital sur la matière et le plus utile pour le
déchiffrement des notes. Jules Tardif a étudié à son tour
les notes et dressé un lexique sous le titre de Mémoire
sur les notes tironiennes inséré dans les Mémoires pré-
sentés par divef^s savants à V Académie des Inscrip-
tions (4854, 2« série, t. lïl, p. 404). Le D^ Wilhelm
Schmitz s'est fait en ces dernières années une spécialité
du déchiffrement et de la publication des manuscrits en
notes tironiennes. Th. von Sickel et Julien Havet ont
plus particuHèrement porté leurs efforts sur la lecture
des notes des diplômes. L'un des lexiques tironiens les
plus répandus à l'époque carolingienne est celui qui, con-
servé en quinze exemplaires, tous des ix® et x^ siècles, a
été reproduit, d'après un manuscrit de Cassel, provenant
de l'abbaye de Fulda, transcrit et commenté par le D*' W.
Schmitz, dans ses Gommentarii notarum Tironianarum
(Leipzig, 4893, in-fol.). Cet ouvrage est précédé de pro-
légomènes comprenant, outre une dissertation sur l'ori-
gine et l'histoire des notes, une liste de tous les lexiques
manuscrits.
Dans les manuscrits littéraires, ce système tachy gra-
phique n'a guère été employé, du viii^ au xi® siècle, que
pour les gloses marginales. Quelques ouvrages ont été
écrits intégralement ou partiellement en notes tironiennes.
M. S. G. de Vries en a donné le catalogue dans ses Exer-
citationes palœographic. in bibliotheca Universitatis
Lugduno-Batavœ instauranda (Leyde, 4890, in-8).
Les notes ont été aussi usitées dans les chancelleries,
pour consigner sur les diplômes de brèves indications
« relatives à la confection de l'acte; le nom, par exemple,
de celui qui l'a prescrit ou de celui qui l'a collationné,
relu ou souscrit » (Giry, Manuel de diplomatique,
p. 524). En ce qui concerne la diplomatique mérovin-
gienne, la plus ancienne note qu'on ait signalée se trouve
dans un diplôme de Clotaire 11, de l'an 625 ; c'est seule-
ment à partir du règne de Thierry lll que les notes
deviennent fréquentes dans les actes royaux. Elles ont
parfois une valeur historique ; c'est ainsi que des men-
tions comme celles-ci : ordinante Ebroino majore
domiis, ordinante Pippino majore domus, sont un
témoignage du rôle important que jouait le maire du Palais
dans le gouvernement. M. d'Arbois de Jubain ville a donné
la liste des diplômes des rois mérovingiens qui contiennent
des notes tironiennes en y ajoutant le texte de celles qui
ont été déchiffrées {BibL de VEcole des Chartes, XLI,
p. 85). Julien Havet en a lu quelques autres (/Z?z(i. , XLVI,
p. 720). L'usage des notes se développa au ix® siècle.
« Dans les diplômes des monarques carolingiens, depuis
Louis le Pieux, les notes accompagnent le plus souvent,
comme auparavant, la souscription de chancellerie et se
placent dans la ruche, mais on en trouve aussi qui sont
jointes à l'invocation monogrammatiquc du début, pla-
cées à la suite de la date, ou parfois môme immédiate-
ment après la teneur » (Giry, ouvr. cité, p. 522). Le
plus souvent ces notes donnent le nom du personnage
par l'intermédiaire duquel le diplôme a été obtenu. Au
x^ siècle, les notes deviennent moins fréquentes dans les
diplômes royaux ; elles sont souvent remplacées par des
signes sans valeur qui en sont la simple imitation. Le der-
nier exemple de l'emploi des notes à la chancellerie royale de
France se trouve dans des diplômes de Philippe P^\ à la
fin du XI® siècle. Cependant la connaissance des notes
tironiennes était courante à Tours au x® siècle, et l'on en
a relevé un grand nombre dans les chartes de l'arche-
vêque Teotolon.
De plus, jusqu'à la fm du xi® siècle, le signe de subs-
cripsit se conserva dans la plupart des chancelleries,
mais, comme les scribes n'en savaient plus la valeur
exacte, au lieu de le placer à la suite du nom du témoin,
on le mettait devant ce nom au génitif, comme équivalent
de signum. Les notes tironiennes ont également laissé
des traces dans le système des abréviations ; l'abréviation
de us, en forme de 9, dont l'emploi a persisté jusque
dans les livres imprimés au xvi® siècle, est une note tiro-
nienne.
On ne doit pas confondre avec les notes tironiennes
une écriture tachygraphique, dont Julien Havet a le pre-
mier déterminé les règles {V Ecriture secrète de Gerbert
et la Tachygi^aphie italienne du x® siècle, dans
Comptes rendus de l'Acad. des Inscript., 4® sér., XV)
et qui fut employée par les notaires italiens au x® siècle
et dans les premières années du xi® siècle. Cette écriture
se compose de caractères syllabiques, c.-à-d. que, pour
écrire un mot, il faut autant de caractères que le mot a
de syllabes. Tous les monuments de cette tachygra-
phie jusqu'ici signalés sont d'origine italienne, sauf les
lettres de Gerbert qui contiennent quelques passages ainsi
écrits, mais on doit remarquer que ce personnage, ayant
séjourné dans la péninsule, a pu être initié à ce système
d'écriture par des scribes italiens. M. Piiou.
BiBL.: Tachygraphie.— Outre les ouvra!:>es cités au cours
de l'article précédent, V. : Bresslau, Handbuchder Urkun-
denlehre, I, p. 919.— A. Giry, Manuel de diplomatique,];). 519^
— J. Havet, une Charte de Metz accompagnée de notes tiroi
niennes, dans Bibliot de VEcole des Chartes, XLIX
NOTE — NOTHOSAURUS
70
g. 95. — Lehmann, Das ii7'07iisehe Psalteriiim dev Wolfen-
ûtteler Bibliotheh ; Leipzig, 1885, in-8. — Reusens, Elé-
ments de paléogy^aphie, p. 27. — W. Schmitz, Beitrage znr
lateinischen Sprach-und Literaturhunde ; Leipzig, 1877,
in-8. — Th. von Sickel, Acta regum Karolinorimi, 1,
p. 326, et Beitrage zur Diplomatik, Tl, p. 115. — J, Tardif,
Une Minute de notaire du ix^ siècle en notes tironiennes ;
Paris, 1888, in-8. — L. Traube, Varia libamenta critica.
Commentationes Woelfflinianœ^ p. 197. — Wattenbach,
Anleitung zur lateinischen Palœçjraphie, 4» édit., p. 10. —
K. Zangemeister, Zur Géographie des rômischen Galliens
und Germaniens nach den tironischen Notcn, dans Neue
Heidelberger Jahrbûcher, II, p. 1.
NOTENCÉPHALE (Térat.) (V. Monstre, t. XXIV,
p. 173).
NOTôER, évêque de Liège, né vers 940, mort en
1007. Issu d'une maison princière de Souabe, il se fit
moine à Fabbaye de Saint-Gall et fut élevé à la dignité
d'évêque de Liège par l'empereur Otlion P^' en 972 ; il
fortifia sa ville épiscopale, purgea le pays des voleurs de
grand chemin qui l'infestaient, agranclit considérablement
son diocèse, et obtint des empereurs Othon III et Henri P^
des diplômes confirmatifs de ses acquisitions. Il organisa
des écoles qui devinrent célèbres, et fut considéré pendant
tout le moyen âge comme le véritable fondateur de l'Etat
liégeois. Un de ses biographes s 'adressant à la ville de
Liège dit : Notgermn Christo, Notgero cœtera debes,
BiBL. : G. KuRTH, Une Biographie de Vévêque Notger au
xn" siècle {Bidletui de l'Académie royale de Belalciue,
4« sér., t. XYI, 1801).
NOTH. Com. du dép. de la Creuse, arr. de Guéret,
cant. de La Souterraine ; 865 hab.
NOTHI PPOS, poète tragique, contemporain de Périclès.
Il était raillé par les comiques, par exemple Hcrmippe
et Téléclide, pour sa gloutonnerie. On a conjecturé ingé-
nieusement que ce nom n'était qu'un calembour désignant
par allusion le tragique Gnésippos. Mais cette conjecture
doit être abandonnée, puisque, dans une liste de poètes tra-
giques, conservée par une inscription (CI. A., II, 977'^ 4),
le nom de Nô6t7i:7:oç se restitue avec certitude.
N OTH N AG E L (Hermann), médecin allemand contempo-
rain, né à Alt-Lietzegôrike le 28 sept. 1841. Reçu doc-
teur à Berlin en 1864, il enseigna successivement àKonigs-
berg, à Berlin et à Breslau en qualité de privat-docent,
puis en 1872 fut professeur de polyclinique médicale à
Fribourg, en 1874 professem' do clinique à léna, puis à
partir de 1882 à Vienne. Les travaux de pathologie ner-
veuse et de thérapeutique de Nothnagel sont universelle-
ment connus. Il a fait paraître : Handbuch der Arznei-
mittellehre (1870; 7« éd. avec Rossbach, 1894); To-
pische Diagnostik der Gehirnkrankheiten (1879) ;
Beitrœge zur Physiologie und Pathologie des Darms
(1884). Depuis 1894 il publie, à Vienne une revue, Spe-^
zielle Pathologie und Thérapie. D^' L. Hn.
NOTHOMB (Jean-Baptiste), homme d'Etat belge, né à
Messancy le 3 juill. 1805, mortàBcrlin le 16 sept. 1881,
Après avoir pris à Liège le grade de docteur en droit en 1826,
il se rendit à Bruxelles et entra dans la vie politique comme
rédacteur du Courrier des Pays-Bas, journal de l'oppo-
sition belge. Il prit une part active à la résistance oppo-
sée par les habitants des provinces du Sud à la politique
du roi Guillaume, et devint, après la révolution, membre
du Congrès national pour le district d'Arlon, et secrétaire
du comité constitutionnel. Il défendit le principe de la
monarchie, l'institution de deux assemblées élues, la liberté
de la presse, la liberté des cultes, et se prononça pour la
candidature du duc de Nemours. Il fut appelé par le ré-
gent Smiet de Chokier au poste de secrétaire général du
département des affaires étrangères, et, en cette qualité,
contribua personnellement au succès de l'élection du prince
de Saxe-Cobourg. Il jjrilla dans les discussions du Con-
grès et plus tard dans celles des chambres législatives,
notamment à propos des traités dits des dix-huit articles
et des vingt-quatre articles, qui réglèrent définitivement
la séparation de la Belgique et de la Hollande. Il se
démit de ses fonctions en 1836, et fut appelé l'année
suivante à prendre le portefeuille des travaux publics ;
réalisant les projets conçus par Rogier (V, ce nom),
il travailla avec une grande activité au développement
du réseau des chemins de fer et en fit construire plus
de 300 kil. en moins de quatre ans. Le cabinet dont il
faisait partie ayant dû se retirer en 1840, à la suite d'un
vote hostile de la Chambre des représentants, J.-B. No-
thomb fut envoyé en mission auprès de la Confédération
germanique. La trêve des partis qui existait depuis la
révolution de 1830 s'était rompue après la paix défi-
nitive avec la Hollande en 1839, et les libéraux et les
catholiques se disputaient le pouvoir. Nothomb, qui était
classé parmi les libéraux, accepta un portefeuille dans le
cabinet catholique dirigé par le comte de Muelenaere
(V. ce nom) en 1841, et il devint en 1843 président du
Conseil. Il s'efforça de faire prévaloir une politique de
modération et de tenir la balance exacte entre les préten-
tions rivales des deux partis, mais il fut vivement atta-
qué par ses anciens amis, Devaux, Lebeau et Rogier, qui
l'accusaient d'avoir abdiqué ses principes, tandis que le
ministre leur reprochait d'avoir déserté le drapeau unio-
niste pour adopter un libéralisme exclusif. Il succomba
sous un vote do coalition en 1845 et rentra dans la di-
plomatie. Son œuvre principale fut la loi du 23 sept.
1842, organisant l'enseignement primaire dans toutes les
communes du royaume et y admettant le clergé à titre
d'autorité. Cette loi, votée à l'unanimité moins trois voix
par la chambre des représentants, et à l'unanimité par le
Sénat, resta en vigueur jusqu'en 1879"
Après sa sortie du ministère, J.-B. Nothomb se retira
entièrement de la politique pour se consacrer à ses fonc-
tions de ministre de Belgique à Berlin, qu'il occupa du-
rant près de trente-six années avec une haute distinction.
Comme parlementaire et comme homme d'Etat, il avait
fait preuve d'un esprit souple, fertile en ressources, d'un
talent oratoire remarquable, d'une grande puissance.de
travail et d'une rare modération d'esprit. Comme diplo-
mate, il rendit des services signalés à son pays, notam-
ment pendant les années de crise de 1866 à 1870. Il avait
publié en 1833 un Essai historique et politique sur la
révolution belge, qui eut trois éditions en une année
(Bruxelles, 1876, 2 vol. in-8, ¥ éd.), et qui est un des
ouvrages les plus remarquables de l'époque. On ne sait, dit
M. de Loménie, ce qu'il faut le plus admirer dans ce livre
d'un homme d'Etat de vingt-sept ans, de la science des faits,
de la perspicacité des vues et de la logique des déductions.
Les détails de diplomatie les plus arides prennent sous la
plume de M. Nothomb une physionomie attrayante et vive,
le récit des négociations et des faits y est habilement mêlé
de considérations générales pleines d'élévation ; l'auteur
veut prouver que la révolution n'est pas un accident M-
tuit, qu'elle constitue plutôt le résultat historique et néces-
saire d'un besoin de nationalité qui remonte à quatre
siècles ; mais il a parfois le tort de forcer les fidts pour
établir cette thèse; c'est la partie contestable de son
œuvre. — Son frère, Alphonse, né en 1815, fut procu-
reur général à la Cour d'appel de Bruxelles, puis, du
30 mars 1855 au 9 nov. 1857, ministre de la justice;
ultramontain militant, il siégea à partir de 1859 à la
Chambre, reçut en 1884 le titre de ministre d'Etat; lors
de l'agitation révisionniste de 1891, il se déclara nette-
ment démocrate catholique. E. Hubert.
BiBL. : T. Juste, le Baron Nothomb; Bruxelles, 1874,
2 vol. in-8. — TiioNissEN, Histoire du règne de Léopold I*"';
Louvain, 1861, 3 vol. hi-8. — T. Juste, lîistoire du Congrès
national; Bruxelles, 1880, 2 vol. in-8. — L. Hyaians, His-
toire parlementaire de la Belgique; Bruxelles, 1877-80,
5 vol. in-8.
NOTHOSAURUS (Paléont.). Ce genre a été établi par
Munster pour des Reptiles Sauropodes du trias, caracté-
risés par la tête longue et étroite, les fosses temporales
très développées, les dents de l'intermaxillaire plus
grandes que les autres, le cou allongé, composé de
20 vertèbres. La caractéristique de la famille des Notho-
71 --
NOTHOSAURUS — NOTO
sauridées est : cinq doigts, deux facettes articulaires aux
vertèbres cervicales, clavicule distincte, coracoïdes non
réunies à Fépisternon. Cette famille, outre le genre No-
tliosaure, comprend les genres suivants, spéciaux aux
terrains du trias : Conchiêsaurus Meyer t dents en
massue, à couronne plissée ; Simosaurus : crâne large et
déprimé, museau tronqué ; Lariosaurus Curioni : appa-
rence de lézard, cou allongé, ceintures pectorale et pel-
vienne puissantes ; Pachijpîeura Cornalia, ressemblant
au genre précédent, mais de plus petite taille, 0*^,2j à
0"%'80, cou plus court, queue plus allongée comprenant
4)0 vertèbres au lieu de 35 ; Dactylausaurus Giiricli,
très semblable aux deux genres précédents, avec la main
conformée comme celle des lézards avec cinq doigts d'iné-
gale longueur. . E, Sauvage.
BiBL. : ZiTTEL, Traité de paléontologie^ t. III.
NOTHROPUS (Paléont.) (V. Megatherium).
NOTHRUS (Zool.) (V. Oribate).
NOTICE» On a nonimé au moyen âge notices, par oppo-
sition aux « chartes », la consignation par écrit d'actes
antérieurs. Tandis que la charte est un acte authentique
qui fait foi en justice, la notice ne constitue qu'un com-
mencement de preuve. Les notices ont été le plus souvent
rédigées par les bénéficiaires des actes qu'elles rappelaient.
Tandis que la charte est généralement écrite à la première
personne, la notice l'est généralement à la troisième. Les
notices sont souvent dépourvues de dates, mais parfois
aussi elles sont datées et, dans ce cas, la date se rapporte
plus souvent à l'époque où l'acte a été fait qu'à celle où sa
consignation a été écrite; certaines notices portent une
double date, celle de l'acte et celle de la notice. La plupart
n'ont pour signes de validation qu'une longue énumération
de témoins ; mais parfois aussi elles sont revêtues de sous-
criptions ou même de sceaux. C'est au x^ et au xi^ siècle
surtout qu'on trouve des actes rédigés sous cette forme.
NOTIFICATION (Procéd.). C'est l'acte par lequel on
donne connaissance à une personne d'un fait ou d'une dé-
cision. Elle est judiciaire ou administrative. La première,
qui porte le nom de signification (V. ce mot) , se fait par
exploit d'huissier. La notification administrative consiste,
au contraire, dans une simple lettre remise à l'intéressé
par un agent de l'autorité administrative. C'est dans cette
forme, notamment, que l'Etat notifie aux parties les arrê-
tés rendus par les conseils de préfecture dans les instances
engagées par lui ou contre lui (L. 22 juil. '1889, art. 51
et s.) ; la notification qui émane alors du préfet, et qui doit
contenir toutes les mentions essentielles exigées pour les
significations par huissier, est remise contre réccj)issé ; elle
fait courir les délais d'appel, aussi bien contre l'Etat qui
notifie, qu'en sa faveur. L'Etat a seul, d'ailleurs, le pou-
voir d'imprimer aux significations faites par ses agents un
caractère d'authenticité qui le dispense de recourir au
ministère d'huissier ; si la signification est faite au nom
d'autres personnes morales ou de particuliers, ce minis-
tère est indispensable, quelle que soit la juridiction.
NOTION (V. Idée et Concept). Ces trois termes idée,
concept et notion s'emploient à peu près indifféremment
comme des synonymes. Cependant Kant, dans sa termino-
logie, s'efforce d'assigner à chacun d'eux un sens spécial.
Voici comment il s'exprime à ce sujet dans la Critique
de la raison pure {Dialectique transcendantaîe, 1. I,
§ 423, trad. Tissot, t. II, p. 24): « Le mot générique est
représentation {reprœsentatio) ; il comprend la représen-
tation avec conscience (perceptio). Mais une perception
qui se rapporte simplement au sujet comme modification
de son état est sensation (sensatio) ; une perception ob-
jective est connaissance (cognitio). Celle-ci est à son tour
intuition ou concept (intuitio vel conceptus). L'intui-
tion se rapporte immédiatement à l'objet, de soi'te qu'elle
est nécessairement singulière ; le concept s'y rapporte
médiatement, par le moyen d'un signe, d'un caractère ou
attril^ut qui peut être commun à plusieurs choses. Le con-
cept est ou empirique ou pur ; et le concept pur, s'il a
Notiophilus rufipes.
son origine dans l'entendement seul (et non dans une
image pure de la sensibilité) s'appelle notion (notio). Le
concept suscité par des notions et qui dépasse la possibi-
lité de l'expérience est Vidée ou concept de raison ou bien
encore concept rationnel. » — Dans Hegel, la notion {Be-
griff) est l'objet de la troisième partie de la logique, les
deux premières ayant pour objet l'être et l'essence, et
l'idée est le dernier terme de l'évolution de la notion,
conséquemment de la logique elle-même : le concept semble
n'être au contraire que le premier moment de cette évo-
lution. E. BOIRAC.
NOTIOPHILUS (Entom.). Genre d'Insectes Coléop-
tères, de la famille des Carabides,
établi par Duméril {Zool. Anal.,
p. 194). Les Notiophilus sont de
petite taille, très vif, d'un bronzé
jjrillant et remarquables par la gros-
seur des yeux, les cannelures de la
tête et la disposition des stries ély-
trales. On les trouve dans les en-
droits sablonneux et frais de la zone
européo-méditerranéenne, du N. de
l'Asie et de l'Amérique. Le N. ru-
fipes Curt. se rencontre aux en-
virons de Paris dans les mousses et les feuilles mortes.
NOTKER Balbulus, moine bénédictin de Saint-Gall, né
à Jonsv^il (cant. actuel de Saint-Gall) vers 830, mort à
Saint-Gall le 6 avr. 912. Il perfectionna le chant d'église
et fut le principal auteur des proses rythmées ou séquences
latines ajoutées à la mélodie sans paroles de V Alléluia.
Wilmann lui attribue 35 mélodies et 44 textes rythmés. —
Il fut canonisé en 4513.
BiBL. : Wilmann, au t. XV de ZeitscJirift fur deutsches
Altertum de Haupt, 1871. — Bârtscii, Die lateinischen
Sequenzen des Mittelalters ; Rostock, 1868. — G. Mkykr
VON Knonau, Lebensbild des heiligen Nother^ dans Mit-
teil. Antiq. Gesellschaft de Zurich, 1877.
NOTKER Labeo (le Lippu) ou Teutonicus, moine de
Saint-Gall, né vers 952, mort le 29 juin 4022. Il vivait
sous l'excellent abbéPurchard (ouBurkard) 11(4001-22),
Il fut le premier à introduire systématiquement dans l'ensei-
gnement la traduction des auteurs latins en langue vul-
gaire, c.-à-d. en allemand. Il commentait même souvent en
allemand. On a conservé sa traduction des Psaumes avec
commentaires (d'abord dans le Thésaurus de Schiller, à
Ulm, 4727, t. I; séparément par Heinzel et Scherer, a
Strasbourg, 4876), une partie de VOrganon d'Aristote,
le De Consolatione de Boëcc, un petit traité de rhéto-
rique avec exemples tirés de chansons populaires alle-
mandes, etc. (dans Hattemer, Denkmahle des Mittelal-
ters; Saint-Gall, 4844-46, t. III). On a perdu ses traduc-
tions de Job, AçiVAndrienne de Térence, des Bucoliques
de Virgile. Il fut emporté par la peste que l'expédition
d'Henri II rapporta d'Italie. Les œuvres complètes de
Notker ont été données par Piper, dans le Germanischer
Bûcherschatz (Fribourg-en-Brisgau, 4883, t. VIII à X).
F.-H. K.
BiBL. : Henrici, Die Qucllen von Notkers Psalmen;
Strasbourg, 1878. — Kelle, Die Saint-Gallen deutschen
Schriften /Munich, 1888. — Du môme, Verbum und Nomen
in Notkei's BoethiuS ; Vienne, 1885 ; Untersuchungen zur
Ueberlieferung. .. der Psalmen Notkers (1889) et des articles
au t. XXX de Zeitschrift fiïr deutsches Altertum et aux
t. XVIII et XX de Zeitschrift far deutsche Philologie.
NOTKER Physicus, moine bénédictin de Saint-Gall,
mort le 42 nov. 975, élève de NotKer Balbulus, peintre,
scribe et médecin de la cour d'Otton P^. Il décora l'église
et plusieurs manuscrits de son couvent.
NOTO, Province maritime du Japon, sur la mer du Ja-
pon, formée d'une presqu'île du centre de Nippon, échan-
crée par le golfe de Nanao renfermant l'ile ^foto.
NOTO. Ville d'Italie, proy. et à 25 kil. S.-O. de Syra-
cuse (Sicile) , sur le fleuve côtier du même nom ; 20.000 hab.
(avec la commune). Elle a remplacé Noto vecchio, l'an-
tique Necethum, détruite par un tremblement de terre en
NOTO -^ NOTORYCTES ^ 72 —
1693. — Le val di Noto fut jadis une des trois divisions
(compartimenti) de la Sicile, bornée à l'O. par le Salos,
au N. par la Giaretta.
NOTOCIRRHUS (ZooL). Genre d'Annélides polychètes
errantes, famille des Eunicides, tribu des Lumbriconé-
réines ; ces animaux ont la tète dépourvue d'yeux et
d'antennes, les pieds portent un cirrlie supérieur et des
soies simples ou des soies simples et composées. Type :
N. Edwardsi Saint-Vaast; la plupart des autres espèces
sont exoti(pies.
N OTOCORDE (Anat.). La notocorde ou corde dorsale
{chorda dor salis) est une tige qui s'étend d'une extrémité à
l'autre de l'embryon, au-dessous du canal neuràl, au-dessus
du tube digestif et de l'aorte. Elle dérive du protendoderme ;
elle se façonne au-dessous du névraxe et progresse, comme
lui, d'après une direction longitudinale. Elle représente
le squelette axial primitif chez les vertébrés. C'est autour
d'elle du moins que se développe le corps des vertèbres,
d'abord cartilagineuses, puis osseuses, aux dépens des
expansions mésodermiques (couche squelettogène) , éla-
borées par les segments internes des protovertèbres ou
scléro tomes. Au début de la période cartilagineuse du
rachis, la notocorde offre l'aspect d'une tigelle cylindroïde,
étendue de la poche pharyngienne de Seessel ou poche de
Selenka, jusqu'au sommet de l'extrémité caudale. Elle se
compose d'un cordon central cellulaire (cellules de la
corde), qui acquièrent peu à peu une paroi, transforment
leur protoplasme en suc muqueux, qui se réduit ensuite
à une mince couche appliquée contre la paroi de la cel-
lule, se tassent les unes contre les autres et donnent à la
coupe transversale de l'organe l'aspect de la moelle de
sureau. Ce cordon de cellules est entouré d'une gaine cu-
ticulaire et d'un étui plus externe (gaine de la corde),
dérivant du mésoderme et faisant corps avec la substance
fondamentale des vertèbres cartilagineuses. Bientôt on
remarque qu'elle se renfle de distance en distance. Les
renflements correspondent au centre des disques interver-
tébraux. Là, les éléments de la corde persistent jusque
dans l'âge adulte sous la forme du noyau mou des disques
intervertébraux. Au niveau des corps des vertèbres, la
notocorde disparaît au moment de l'ossification des ver-
tèbres. En d'autres termes, la notocorde a l'aspect- d'un
chapelet et enfile la série des vertèbres et des disques
invertébraux. Les étranglements sont vertébraux chez les
amniotes et les mammifères ; ils sont intervertébraux chez
les reptiles et les oiseaux ; ils ont les deux dispositions chez
les amphibrens.
Chez l'amphioxus, la corde dorsale constitue à elle
seule tout le squelette axial. Elle envoie une expansion
supérieure en forme d'anneau (anneau neural) et une
expansion inférieure (anneau hémal), et, en plus, des
expansions latérales et transversales qui se réunissent aux
bandes conjonctives, myotomes, qui séparent les segments
musculaires. Elle forme encore chez les vertébrés infé-
rieurs, même adultes, un organe plus ou moins volumi-
neux. Chez les cyclostomes, les ganoides cartilagineux, les
chimères, les dipneustes, le corps des vertèbres est rem-
placé par la gaine de la notocorde, très développée, dans
laquelle se montrent, du côté dorsal et du côté ventral,
des pièces cartilagineuses (arc neural et arc hémal). — Par
contre, chez les amniotes, elle s'atrophie presque complè-
tement durant le développement et ne joue un rôle que
pendant les premières phases ; elle est ensuite remplacée
par un autre squelette axial. On comprendra maintenant
comment la notocorde a pu être appelée colonne verté-
brale primitive. Ch. Debierre.
NOTOMASTUS (ZooL). Genre d'Annélides polychètes
sédentaires, famille des Capitellides ; caractères : 42 seg-
ments thoraciques pourvus uniquement de soies subu-
lées, les segments abdominaux exclusivement armés de
soies en crochets ; les peignes supérieurs des soies en
crochet, au^ commencement de la partie postérieure du
corps, sont relégués tout à fait sur le dos ; branchies
Notonectii i^lauca.
simples ; organes segmentaires dans presque tous les seg-
ments abdominaux. iV. lineatus ; Naples.
NOTONECTE (Entom.). Genre d'Insectes Hémiptères-
Hétéroptères, du groupe des Hy-
drocorises,établiparLinné(5i/Si^.
Nat., éd., X, p. 439) et qui a
donné son nom à la famille des
Notonectidae. Celle-ci comprend
notamment les genres P/mFieb.,
AnisopsS])m., NotonectaL. Les
Notonectes sont des insectes aqua-
tiques, très carnassiers, nageant
sur le dos et remontant fréquem-
ment à la surface pour renouve-
ler leur provision d'air. Ce genre
comprend une vingtaine d'espèces
répandues sur toute la surface
du globe. Le N. glaiicaL., long
de 15 millim., d'un jaunâtre luisant, avec l'écusson noir,
se trouve dans toute l'Europe et le N. de l'Afrique.
NOTOPODES (ZooL). Division des Crustacés Déca-
podes brachyurcs, caractérisée par l'insertion plus ou
moins accusée sur la face dorsale de la dernière ou des
deux dernières paires de pattes ; les uns ne comprennent
sous ce nom que la famille des Dromiides ; d'autres y font
rentrer, en outre, les Porcellanides, Lithodides et Dorip-
pides.
NOTOPYGOS (ZooL). Genre d'Annélides polychètes
errantes, famille des Amphinomines. Ces animaux ont
quatre yeux ; leurs branchies sont en houppes, situées à
l'extrémité des rames supérieures ; les soies dorsales sont
bifides ; l'anus est dorsal, éloigné de l'extrémité posté-
rieure. N. crinita; Sainte-Hélène. _ R. Mz.
NOTORIÉTÉ (Acte de) (V. Acte, t. I, p. 463).
NOTORYCTES (ZooL). Genre de Mammifères marsu-
piaux créé par Stirling (4894) pour un animal récemment
découvert dans le désert de l'Australie centrale où il vit
à la manière des Taupes eurasiatiques et des Chrysochlores
africains qu'il représente dans le groupe des Didelphes.
L'unique espèce (Notonjctes typhîops) doit être considé-
rée comme le type d'une famille à part que l'on place
parmi les Marsupiaux polyprotodontes, à la suite des Da-
syuridœ. La taille diflere peu de celle de la Taupe, mais
les formes rappellent plutôt les Chrysochloirs (V. ce
mot). Le pelage est d'un jaune isabelle comme chez les
Notoryctes typhîops.
animaux déserticoles. La dentition est très remarquable :
il existe trois paires d'incisives dans chaque mâchoire, deux
paires de prémolaires et une canine très petites ; les
quatre vraies molaires ont une couronne triangulaire et à
trois tubercules, rappelant celles des Chrysochlores. Les
pattes, très courtes, ont cinq doigts très inégalement dé-
veloppés : aux pattes antérieures, le troisième et le qua-
trième doigt sont munis d'ongles énormes, comme chez
les Chrysochlores ; aux pattes postérieures, les ongles cor-
respondants sont dirigés en dehors et décroissent du se-
cond au cinquième qui est court et atrophié aux deux
paires de membres. La plante du pied est munie de tu-
bercules en forme de sillon. La queue est très courte,
nue, en cône tronqué. Le museau, court et obtus avec la
bouche au centre, porte en dessus une plaque cornée dure :
il n'y a pas d'oreille, ni d'œil visible extérieurement. La
7S
NOTORYCTES -~ NOTRE-DAME
poche de la femelle a son ouverture dirigée en arrière et
contient deux petits mamelons. Le pelage est long et
soyeux.
Les mœurs de cet animal, que les indigènes appellent
« Ur-quamata », sont assez mal connues. On sait seule-
ment que c'est un animal fouisseur qui vit sous terre et
se creuse un chemin dans le sable à la manière de la
Taupe d'Europe, s'aidant pour cela de la plaque cornée
qu'il porte sur le nez, et se servant des grands ongles de
ses pattes pour écarter le sable : il creuse ainsi un tun-
nel à quelques centimètres au-dessous du sol, venant à la
surface au bout de quelques mètres, sans doute pour res-
pirer, et s'enfonçant de nouveau. Dans ce mouvement sa
rapidité est telle qu'il semble nager littéralement dans le
sable, et si, après avoir capturé l'animal, on le laisse de
nouveau s'enfoncer dans le sable, il est presque impos-
sible de le rattraper même en se faisant aider de plusieurs
personnes armées de pelles et de pioches. D'après les ob-
servations faites sur des animaux captifs, h Notoryctes so
nourrirait de larves qui vivent dans les racines des aca-
cias et probablement aussi d'autres insectes. E. Trt.
BiBL. : Stirling, Trans. Roy. Soc. Soutli Austî^alia, 1891,
p. 154, avec planche. — Trouessart, la Nature, XIX,
2« sem., 1891, p. 290, avec fig.
NOTOTHERIUM (Paléont.). Genre de Mammifères fos-
siles, de Tordre des Marsupiaux et de la famille des Di-
protodontidœ, formant une sous-famille intermédiaire
entre le Diprotodon (V. ce mot) et le Wombat (Phasco-
lomtjs). La taille, encore considérable, était inférieure à
celle du Diprotodon. Le crâne est court et large avec la
l'égion nasale étalée en dehors. Les dents, en môme
nombre que chez le Diprotodon, présentent des incisives
coniques et non en ciseau, séparées sur la ligne médiane.
Les deux paires de membres étaient d'égale longueur. La
forme de l'humérus est semblable à celle du Wombat et
indique un animal fouisseur. Ce type vivait en Australie
à l'époque quaternaire. L'espèce la mieux connue est le
Not. Mitchelli Owen, qui devait avoir la taille d'un bœuf.
Les genres Zygomaturus at Euowe-
nia appartiennent à la même fa-
mille et sont de la même époque en
Australie.
NOTOXUS(Entom.). Genred'In-
sectes Coléoptères de la famille des
r /TlWX Anthicides,établipar Geoffroy (^tô^.
t f^^m\ Ins. enu. Paris, 1762,1, p. 356).
Les Notoxus sont caractérisés par
le corselet prolongé en avant en
forme de corne. Ils diffèrent des
Mecynotarsus (V. ce mot) par
Ax^^ les pattes simples et de longueur
^ moyenne. Ce sont des insectes très
petits, se nourrissant des parties
molles de certains Vésicants. Le
genre comprend quatre-vingts es-
pèces environ répandues sur toute
la surface du globe. Le N. cornu-
tiis Fab. mesure 4 millim. de long ; il est fauve avec
trois^bandes noires. On le trouve aux environs de Paris.
NOTRE (André Le), célèbre dessinateur de jardins, né
à Paris en 4613, mort à Paris en 1700. Son père, surin-
tendant des jardins des Tuileries, le destinait à la pein-
ture. Il fréquenta en effet Fatelier de Simon Vouet, oii il
se lia avec Lebrun ; mais il préféra succéder à son père
dans son emploi, et il s'acquit rapidement dans l'art de tracer
et de disposer les jardins une réputation assez grande pour
que Fouquet le chargeât d'exécuter ceux qui devaient en-
tourer son château de Vaux-le- Vicomte. Le Notre donna,
à cette occasion, la mesure de son génie et créa le jardin
français, aux allées droites et aux plates-bandes entou-
rant des gazons plans ou des bassins, avec des portiques,
des berceaux, des grottes, des treillages, des labyrinthes
(V. Architecture, t. III, p. 739). Louis XIV, qui avait
Notoxus cornutus.
A, profil de la tête
et du thorax.
été convié par Fouquet à venir visiter ces magnificences
nouvelles, en fut enthousiasmé et il confia à leur auteur, en
même temps que la direction de tous les jardins de ses ré-
sidences, le soin d'aménager la terrasse et le parc de Ver-
sailles. Le Nôtre se surpassa ; il fit d'une plaine aride la
merveille conservée à peu près intacte depuis deux siècles
et demi, et, après avoir imaginé le grand canal, pour des-
sécher le marais malsain qui couvrait toute cette partie,
dessina Trianon (V. Versailles). Ses autres chefs-d'œuvre,
tous postérieurs, sont : la terrasse de Saint-Germain, le
parterre du Tibre à Fontainebleau, les jardins de Clagny, ceux
de Chantilly, de Saint-Cloud, de Meudon, de Sceaux, de
Villers-Cotterets, la promenade de la Hotoie, à Amiens, les
parcs de Greenwich et de Saint- James, à Londres, etc.
En 1678, il visita l'Italie avec la permission du roi et reçut du
pape Innocent XI le plus aimable accueil. Il apporta encore, à
son retour, plusieurs améliorations dans les jardins royaux
et ne prit sa retraite qu'âgé de près de quatre-vingts ans.
Louis XIV, qui lui avait accordé en 1675 des lettres de
noblesse et la croix de Saint-Michel, continua de le combler,
jusqu'à sa mort, des plus flatteuses distinctions. On conte
notamment qu'à Marly, au cours d'une promenade, il le
fit monter près de lui dans une chaise semblable. Il fut
enterré à Saint-Roch, dans une chapelle qu'il y avait
fondée. Son buste a été sculpté par Coysevox. L. S.
NOTRE-DAME. I. Histoire religieuse. — Chan-
delle-Notre-Dame. — Bougie enroulée, dont les magis-
trats municipaux de Paris faisaient hommage chaque an-
née à Notre-Dame. Cet usage avait été étabfi en 1357, à
la suite d'un vœu fait par les bourgeois, pour obtenir la
délivrance du roi Jean, prisonnier des Anglais, et être eux-
mêmes délivrés du froid qui sévissait durement alors. La
bougie devait avoir la même longueur que l'enceinte de la
ville. En 1605,Miron, prévôt des marchands, la remplaça
par une lampe d'argent en forme de navire, qui devait être
allumée perpétuellement devant l'autel de la Vierge.
Ordres et Congrégations employant ces mots dans leur
dénomination. — Les indications qui suivent ont été ex-
traites du recensement spécial de i86i, le seul de nos
documents officiels qui nous semble avoir été dressé avec
l'autorité et le soin nécessaires. Depuis lors, le nombre et
l'importance des congrégations, particuhèrement des con-
grégations de femmes, ont' considérablement augmenté.
Il convient aussi de noter que les congrégations désignées
sous le vocable Notre-Dame ne forment qu'une très petite
partie des congrégations qui portent des noms empruntés
au culte de Marie. On trouvera des renseignements sur
la plupart de ces autres congrégations dans la série alpha-
bétique des mots qui leur servent de titre. — Frères de
ISotre-Pame de Pitié : 1 maison, 6 frères. —Mission-
naires de iV.-/). de la Salette : 2 maisons, 19 mission-
naires; de ^.-D. de Garaison : 2 m., 46 mis. — Pères
de N.-D. de la Paix : 1 m., 27 pères. — Prêtres de
N.-D. de Sion ; 1 m., 10 prêtres. — Augustines de la
Charité de N.-D. : 1 maison, 22 dames; de la Congré-
gation de N.-D. ; 2 m., 64 d. ; de N.-D. de Miséri-
corde ; 1 m., 39 d. — Bénédictines de N.-D. du Cal-
vaire : 4 maisons, 141 dames. — Franciscaines de iV.-i).
des Anges : 8 maisons, 58 dames. — Religieuses de
Notre-Dame : 12 maisons-mères, 114 maisons, 1.902 re-
hgieuses; de N.-D. des singes ; 9 m., 42 r. ; de N.-D.
du Calvaire : 36 m., 206 r. ; de N.-D. de Charité :
4 m., 102 r. ; de N.-D. de Charité du Refuge : 13 m.,
506 r. ; de N.-D. de Compassion : 2 maisons mères,
14 m., 144 r.; de N.-D. de Grâce : 1 m., 12 r.; de N.-D.
de la Providence : i m., 19 r.; àe N.-D. du Refuge :
4 m., 87 r. ; de N.-D. du Saint-Rosaire : 3 m., 42 r. ;
de N.-D. des Sept-Douleurs : 7 m., 57 r. — SœuRs de
N.-D. de Sainte-Croix : 6 maisons, 52 sœurs; de N.-D.
Auxiliatrice ; 19 m., 240 s. ;àe N.-D. de Bon-Secours :
2 maisons mères, 58 m., 494 s. ; deiV.-D. de la Charité
du Bon-Pasteur: 35 m., 1.046 s. ; de N.-D. de la Croix :
11 m., 83 s. ; de N.-D. de Loretta ; 3 m., 33 s. ; de
NOTRE-DAME
— 74
N.-D. de la Providence ; 2 maisons mères, 44 m., 33s. ;
de N.-D. de la Présentation : 3 maisons. mères, i4 m.,
136 s. ; de N.-D. de Sion : 2 m., 143 s. ; de N.-D. de
la Treille : 2 m. , 22 s. — Total : pom^ les Hommes ; 9 mai-
sons, 108 religieux; pour les Femmes : 277 maisons,
5.672 religieuses. E.-H. Vollet.
Notre-Da.me DE SioN (V. Doctrine chrétienne).
II. Ordres. — Ordre de Notre-Dame de Bethléem.
— Cet ordre fut créé en 1459 par le pape Pie II, ^Enéas
Sylvius Piccolomini, en vue de résister aux incursions des
Turcs. Son siège était à Lemnos. Il ne survécut pas à la
prise de cette île.
Ordre de Notre-Dame de Guadalupe. — Cet ordre
fut fondé le 21 juil. 1822 par Iturbide, alors empereur
du Mexique. Supprimé en 1823 par la République, rétabli
en 1853 et supprimé de nouveau en 1855, il fut une
dernière fois rétabli par Maximilien et reconstitué par lui
le 10 avr. 1865. A sa chute, il cessa définitivement
d'exister. Trois classes : grands-croix, commandeurs, che-
valiers. Une étoile à cinq branches ; sur le médaillon,
l'image de la Vierge. Devise : Religion, Indépendance,
Union. Ruban bleu à la bordure lilas.
Ordre de Notre-Dame de la Congepcion de Villaviciosa.
— Jean VI, roi de Portugal, institua cet ordre le 6 févr.
1818. Il est divisé en grands-croix, commandeurs et che-
valiers. La devise est : Padroeira de Reino, patronne du
royaume. Ruban moiré bleu clair, au liseré blanc.
Ordre de Notre-Dame de la Merci. — Cet ordre fut
créé le 10 août 1218 par Jacques ou Jayme P^', roi d'Ara-
gon, avec le concours de Pierre Nolasque et de saint Ray-
mond de Penafort. Tous trois avaient eu, dit la légende,
un même songe où la sainte Vierge leur était apparue
pour leur prescrire de fonder un ordre destiné au rachat
des chrétiens prisonniers des musulmans. Le pape Gré-
goire IX l'approuva en 1230 et, le 8 janv. 1235, imposa
à ses membres la règle de Saint- Augustin. Des dissen-
sions étant survenues dans l'ordre en 1308, un très grand
nombre de membres le quittèrent pour celui de Notre-
Dame de Montesa. Ceux qui restèrent adoptèrent la règle
de Saint-Benoit. L'ordre de la Merci eut un très grand
éclat et se répandit dans le monde entier. Il comprit aussi
des congrégations de femmes. Il disparut en France à la
Révolution.
Ordre de Notre-Dame de la Noble-Maison (V. Etoile
[Ordre de 1']).
Ordre de Notre-Dame de Lorette (V. Lorette).
Ordre de Notre-Dame de Montesa. — Jacques ou
Jayme II, roi d'Aragon et de Valence, fonda cet ordre en
1 317 et le pourvut des biens des templiers, abolis en 1311 .
Il était destiné à combattre les Maures et soumis à la
règle de Cîteaux. Les chevaliers portaient une croix rouge
sur la poitrine et dans leurs armoiries une croix alésée de
gueules sur champ d'or. Ils furent confirmés et régle-
mentés par plusieurs papes, dont le premier fut Jsan XXlï.
Cet ordre, qui rendit de très grands services, a, depuis
1587, le roi d'Espagne pour grand maître. 11 est encore
conféré aujourd'hui et ne comprend qu'une seule classe
de chevaliers. Ruban rouge.
Ordre de Notre-Dame des Grâces. — A la suite de
l'heureux succès de l'institution de l'ordre de Notre-Dame
de la Merci, le roi Jacques I®^' d'Aragon en créa un autre,
en 1223, celui de Notre-Dame des Grâces, dans le même
but, pour le rachat des chrétiens captifs des musulmans.
Ordre de Notre-Dame du Chardon ou de Bourbon, ou
de la Ceinture de l'Espérance. — Cet ordre fut fondé
en 1370 par Louis II, duc de Bourbon, à l'occasion de
son mariage avec Anne d'Auvergne, comtesse de Forez,
fille de Béraud II, comte de Clermont et dauphin d'Au-
vergne. Il comprenait une seule classe, de vingt-six che-
vahers, y compris le duc. Les chevaliers portaient une
ceinture de velours bleu, bordée d'or, sur laquelle était
brodé le mot Espérance. Le collier était composé ?de
losanges et de demi-losanges à double orle émaillés de vert,
remplis de fleurs de lys d'or et du mot Espérance écrit
en capitales, à l'antique. Au collier pendait un médaillon
représentant l'image de la sainte Vierge, couronnée de
douze étoiles, sur un soleil d'or, les pieds posés sur un
croissant. Au bout, une tète de chardon émaillée de si-
nople, barbillonnée d'argent.
Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel. — L'ordre de
Notre-Dame du Mont-Carmel fut la continuation, en France,
de l'ordre de Saint-Lazare. Le pape Paul V, par une bulle
du 16 févr. 1607, autorisa Henri IV à établir cet ordre,
et le roi en nomma grand maître Philibert de Nérestang,
dernier grand maître de l'ordi^e de Saint-Lazare en France.
Cette famille de Nérestang conserva la grande maîtrise jus-
qu'à la cinquième génération. Louvois, Dangeau possédèrent
aussi cette dignité. L'insigne était une croix d'or de huit
rais, d'un côté d'amarante à l'image de la Vierge au centre,
de l'autre de sinople à l'image de saint Lazare aussi au
centre ; chaque rayon pommetc d'or, et des fleurs de lys
d'or entre les rayons. Ruban amarante. Les chevaliers
pouvaient se marier, faisaient vœu de chasteté conjugale
et étaient astreints à certaines pratiques- rehgieuses. Cet
ordre disparut à la Révolution. V. l'Aurïac.
Ordre de Notre-Dame du Rosaire (V. Rosaire).
BfDL. : Ordres.— Ordre de Notre-Daime de la Merci:
Histoire de l'ordre de Notre-Dame de la Merci; Paris, 1691,
Ordre DE Notre-Dame du Mont-Carmel: Mémoires^
ri'illes, statuts, cérémonies et privilèges des ordres mili-
tnircs de Notre-Dame du, Mont-Carmel et de Saint-Lazare
de Hierusalem, par le P. C. M. D. ; Lyon, 1619, in-8.
NOTRE-DAM E-d'Aliermont. Coin du dép. de la
Seiiic-Inférieure, arr. de Dieppe, cant. d'Envermeu ;
AU hab.
NOTRE-DAME-d'Allençon. Com. du dép. de Maine-
et-Loire, arr. d'Angers, cant. de Thouarcé; 432 hab.
NOTRE-DAME-d'Aspres. Com. du dép. de l'Orne, arr.
de Mortagne, cant. de Moulins-ïa-Marche ; 402 hab.
NOTRÈ-DAIVIE-de-Rellecomde. Com. du dép. de la
Savoie, arr. d'Albertville, cant. d'Ugines ; 592 hab.
NOTRE-ÛAME-de-Rliquetuiï. Com. du dép. de la
Seine-Inférieure, arr. d'Yvetot, cant. de Casdebec ;
3o6 hab.
NOTRE-DAM E-de-Boisset. Com. du dép. de la Loire,
arr. de Roanne, cant. de Perreux ; 340 hab.
NOTRE-DAM E-de-Bokdeville. Com. du dép. de la
Seine-Inférieure, arr. de Rouen, cant. de Maromme ;
2.897 hab.
NOTRE-DAME-de-Rriançon. Com. du dép. de la
Savoie, arr. et cant. de Moùtiers ; 227 hab. Stat. du
chem. de fer de Lyon.
NOTRE-DAME-de-Cemlly. Com. du dép. de la
Manche, arr. de Coiitances, cant. de Cerisy-la-Salle ;
4<345 hab.
NOTRE-DAME-DE-CoMMiERs. Com. du dép. de l'Isère,
arr. de Grenoble, cant. de Vizille ; 223 hab. Stat. du
chem. de fer de Lyon.
NOTRE-DAM E-DE-GouRSON. Com. du dép. du Calva-
dos, arr. de Lisieux, cant. de Livarot ; 793 hab.
NOTRE-DAME-de-Franqueville. Com. du dép. de la
Seine-Inférieure, arr. de Rouen, cant. de Roos ; 486 hab.
NOTRE-DAME-de-Fresnay. Com. du dép. du Calva-
dos, arr. de Lisieux, cant. de Saint-Pierre-sur-Dives ;
203 hab.
NOTRE-DAM E-de-Gravenciion. Com. du dép. delà
Seine-Inférieure, arr. du Havre, cant. de Lillebonne;
716 hab.
NOTRE-DAM E-de-l'Epine (V. Lépine).
NOTRE-DAM E-de-l'Islë. Com. du dép. de l'Eure,
arr. et cant. des Andelys ; 4'iO hab.
NOTRE-DAM E-DE-LiYAYE. Com. du dép. du Calvados,
arr. de Lisieux, cant. de Mézidon; 114 hab.
NOTRE-DAM E-DE-LiYOYE. Com. du dép. de la Manche,
arr. d'Avranches, cant. de Brécey; 211 hab.
NÔTRE-DÂMÉ-d'ELLE. Com. du dép. delà Manche,
aiT. de Saint-Lô, cant. de Saint-Clair ; 183 hab.
NOTRE-DAMÉ-DE-LoiNDRES. Com. du dép. de l'Hé-
rault, arr. de Montpellier, cant. de Saint-Martin -de-
Londres ; 4i9 liai).
NOTRE-DAM E-de-l'Osier. Com. du dép. de l'Isère,
arr. de Saint-Marcellin, cant. de Vinay; 536 hab.
NOTRE-DAM E-de-Mésage. Com. du dép. de Flsère,
arr. de Grenoble, cant. de Vizille ; 239 hab.
NOTRE-DAME-de-Monts. Com. du dép. de la Ven-
dée, arr. des Sables-d'Olonne, cant. de Saint-Jean-de-
Monts; 1.369 hab.
NOTRE-DAME-i/Epine. Com. du dép. de l'Eure, arr.
de Bernay, cant. de Brionne ; 96 hab.
NOTRE-DAME-de-Sanilhâc. Com. du déj. de la
Dordogne, arr. de Périgueux, cant. de Saint-Pierre-dc-
Chignac ; 1.511 hab.
NOTRE-DAM E-des-Lândes. Com. du dép. de la
Loire-Inférieure, arr. de Saint-Nazaire, cant. de Blain ;
1.884 hab.
NOTRE-DAM E-des-Millières. Com. du dép. de la
Savoie, arr. d'Albertville, cant. de Grésy-sur-lsère ;
794 hab.
NOTRE-DAM E-d'Esïrées. Com. du dép. du Calvados,
arr. de Pont-l'Evèque, cant. de Cambremer; 307 hab.
NOTRE-DAME-de-Vaux. Com. du dép. de l'Isère,
arr. de Grenoble, cant. de La Mure ; 986 hab.
NOTRÊ-DAME-d'Oé. Com. du dép. d'Indre-et-Loire,
arr. de Tours, cant. de Vouvray; 468 hab. Stat. ducliem.
de fer d'Orléans.
NOTRE-DAME-d'Or. Com. du dép. de la Vienne, arr.
de Loudun, cant. de Moncontour; 177 hab.
NOTRE-DAME-du-Bec. Com. du dép. de la Seine-
Inférieure, arr. du Havre, cant. de Montivilliers ; 356 hab.
NOTRE-DAM E-du-Cruet. Com. du dép. de la Savoie,
arr. de Saint- Jean-de-Maurienne, cant. de La Chambre ;
251 hab.
NOTRE-DAME-du-Guildo. Com. du dép. des Côtes-
du-Nord, arr. de Dinan, cant. de Matignon ; 980 hab.
NOTRE-DAME-du-Hàmel. Com. du dép. de l'Eure, arr.
de Bernay, cant. de Broglie ; 475 hab.
NOTRE-DAME-du-Parc. Com. du dép. de la Seine-
Inférieure, arr. de Dieppe, cant. de Longueville ; 164 hab.
NOTRE-DAM E-du-Pré. Com. du dép. de la Savoie,
arr. et cant. de Moûtiers; 496 hab.
NOTRE-DAME-DU- Rocher. Com. du dép. de l'Orne,
arr. de Domfront, cant. d'Athis; 152 hab.
NOTRE-DAM E-du-Thil. Com. du dép. de l'Oise, arr.
et cant. (N.-E.) de Beaiivais ; 1.900 hab. Filatures de
laine. Ancienne abbaye de Saint-Lucien dont il ne reste
que le mur de clôture (xv^ siècle) et une tour (xm® siècle).
NOTRE-DAM E-Du-ToucHET. Com. du dép. de la
Blanche, arr. et cant. de Mortain; 1.191 hab.
NOTRE-DAME-du-Vauûreuil. Com. du dép. de l'Eure,
arr. de Louviers, cant. de Pont-de-l'Arche ; 889 hab.
Stat. du chem. de fer de l'Ouest.
NOTRE-DAM E (Michel de), astrologue français (V, Nos-
ïradamus).
NOTRE-HEURE (La). Rivière du dép. du Loiret (V. ce
mot, t. XXn, p. 474).
NOTT (Sir William), général anglais (1782-1845).
NOTTEBOHM (Martin-Gustav) , compositeur et musi-
cographe allemand, né à Ludenscheid en 1817, mort, à
Gratz le 30 oct. 1882. Apres aYoir étudié à Berhn, sous
la direction de Dehn et de Berger, il vint à Leipzig, où il
se Ua d'amitié avec Mendelssohn et surtout avec Schumann.
En 1846, il s'établit à Vienne, où sa réputation comme pro-
fesseur ne tarda pas à se répandre. Mais c'est surtout le
critique et l'érudit qu'il y a lieu d'apprécier en lui. En
effet, ses travaux historiques sur Beethoven et les belles
éditions qu'on lui doit des œuvres des grands classiques
sont précieux à tous égards et font à la fois honneur à sa
science et à la loyauté de ses recherches. Outre ces ou-
— 75 — NOTRE-DAME — NOUAGE
vrages, Nottebohm a écrit un certain nombre de pièces
pour piano et quelques morceaux de musique de chambre.
N0TT1N6HAM. Ville. —Ville d'Angleterre, ch.-l. du
comté de ce nom, au confluent de laLeenet duTrent, sur
les pentes d'un coteau de grès surmonté par un beau châ-
teau de 1674 restauré en 1831 ; 4.420 hecl. ; 213.877 hab.
(en 1891). C'est une ville très pittoresque, avec sa place
du marché enveloppée de massifs de verdure où sont les
boutiques élégantes, avec ses rues étroites et irrégulières,
ses vieilles églises : la principale est celle de Marie ; on
remarque aussi la cathédrale catholi(|ue bâtie par Pugin,
l'université, édifice néogothique de 1881, le nouvel hôtel
de ville en style Renaissance. Le château renferme un mu-
sée; l'école latine date de 1513 ; les baptistes ont un col-
lège à Chilwell. Nottingham est surtout une ville indus-
trielle (V. Grande-Bretagne), centre de la fabrication des
dentelles, qui occupait 21.700 ouvriers en 1891, et de la
bonneterie (7.300 ouvriers). On y construit aussi des ma-
chines, des vélocipèdes; on y fait des chaussures, etc. Elle
se développe rapidement, car en 1871 la population n'était
que de 138.876 hab.
Comté. — Comté du centre de l'Angleterre ; 2.184 kil.q.;
445.823 hab. (en 1891), dont 231.946 seulement dans
le comté administratif rural. Il est compris entre ceux de
Lincoln à l'E., Leicester au S., Derby à l'O., York au N.
C'est un pays ondulé, s'abaissant à l'E. vers la plaine
humide où coule le Trent, s'escarpant à l'O. vers les col-
lines du comté de Derby. Au S. sont les forêts, landes et
bruyères qui continuent celles de Leicester; à l'E., quelques
débris de l'ancienne forêt de Shervvood. Le sol est très fer-
tile, grâce à l'abondance de l'eau et à la douceur du climat,
(fui favorisent la culture et l'élevage. Les champs occupent
48 7o, les prés 39 7o, les bois 4 1/2 ^/o de la superficie
du comté. Il renfermait en 1890 21.000 chevaux,
82.000 bœufs, 231.000 moutons, 32.000 porcs. En 1894,
on a extrait 6.822.000 tonnes de houille et 46.200 de
plâtre (V. Grande-Bretagne). Les industries très actives
sont la dentellerie et la bonneterie, puis la métallurgie.
Les villes principales sont, après Nottingham, Mansfield et
Newark. A.-M. B.
BiBL. : WiLLiA?^!, Nottingham part and py^esent ; Not-
tingham, 1878. — G. Brown, Historu of Nottinqhamshire;
Londres?, 1891.
NOTTINGHAM (Thomas Mowbray, comte de), né en
1386, mort en 1405. Fils du premier duc de Norfolk
(V. ce nom), il était en 1399 page de Richard II. En
1400, il épousaitConstancelIolland, nièce du roi, et parti-
cipait en 1405 au complot du duc d'York. Ayant reçu son
pardon, il se prit bientôt de querelle avec Warwick, et,
mécontent que le roi eût pris le parti du comte, il .entra
dans les intrigues de Northumberland, dénonça le roi
comme usurpateur et marcha avec une armée pour re-
joindre les troupes de John Fauconberg^ Mais, une armée
royale ayant dispersé les partisans de Fauconberg, Not-
tingham fut fait prisonnier avec l'archevêque Scrope. Ils
furent décapités tous les deux sous les murs d'York le
8 juin 1405. Nottingham avait porté le titre héréditaire
de comte-maréchal d'Angleterre. R. S.
NOTTINGHAM (Comtes de) (V. Finch).
NOTTONVILLE. Com. du dép. d'Eure-et-Loir, arr. de
Châteaudun, cant. d'Orgères; 614 hab.
NOTTS. Abréviation usuelle du nom du comté de Not-
tingham (V. ce mot).
NOTUM (Entom.) (V. Insectes, t. XX, p. 823).
NOTUS (Mythol.) (V. Vent).
NOU. Ile de la Nouvelle-Calédonie (V. ce mot).
NOUAGE (Tissage). Lorsque l'on doit tisser sur le
même métier, successivement, plusieurs chaînes de même
composition et présentant la même armure, on évite
d'exécuter à nouveau le rentrage des fils de chacune de
ces chaînes dans les mailles des lames et des dents du
peigne, par l'opération du nouage. Cette opération con-
siste, lorsque le tissage de l'une des chaînes est terminé.
NOUAGE - NOUBA — 76
à rattacher chacun des fils de la nouvelle chaîne au fil
correspondant de l'ancienne, pour continuer le travail du
tissage sans autre interruption. La rattache se fait, non
par un véritable nœud, mais en tordant ensemble les fils
qu'il faut réunir. Dans le tissage à bras, le nouage se fait
ordinairement sur le métier à tisser lui-même ; dans les
tissages mécaniques, on y procède sur de petits métiers
spéciaux, P. G.
NOUAILHER (Les). Duxv« auxix^ siècle, les Nouailhcr,
dont le nom originaire est Noylier, transformé sous
Louis XIII en Nouailher, occupent une place importante
dans Fémaillerie peinte de Limoges. Mais si les noms des
membres de cette famille d'artistes parvenus jusqu'à nous
sont nombreux, quelques-uns seuls méritent d'être re-
tenus.
Le premier que nous rencontrons est Couly Noylier,
équivalent, en patois, de Colin, diminutif de Nicolas. Il figure
en 4503 dans un acte de partage. A. Darcel le suppose
fils d'un Pierre Noylier que nous voyons consul à Limoges
pendant les années 4513, 4519, 4525 et 1531. En 45(17,
un Nicolas Noylier est consul, ce ne peut être le même;
pour être consul, il fallait avoir un certain âge, et cin-
quante-quatre ans séparent 1513 de 1567. Un acte de
4558 le dit frère d'un Pierre Noylier. Ce Couly Noylier
vit encore en 4588. Il est donc évident qu'il y eut deux
Couly ; mais aucun renseignement positif ne permet de les
distinguer l'un de l'autre. Les pièces au nom de Couly
portent le millésime de 1539 et de 1545, ce qui n'au-
toiise pas l'attribution à l'un plus qu'à l'autre. Comme il
n'existe aucun point de repère, c'est donc l'archaïsme du
dessin seul qu'il faut, en résumé, interroger. L'un, débutant
à la fin du xv** siècle, doit certainement conserver des traces
d'influence gothique, même en pleine Renaissance, quand
le second, au contraire, doit être absolument net de toute
réminiscence du moyen âge. C'est ainsi que M. M. Ardant
croit pouvoir faire une différence entre les pièces signées
Colin et celles signées C. N. Et Darcel fait alors remar-
quer que, dans la collection du baron A. de Rothschild,
un coffret, qui présente précisément des caractères d'ar-
chaïsme, se distingue également par une particularité du
modelé qui fait voir, comme à travers un trou de la peau,
les articulations des genoux et des coudes des personnages.
Si les émaux des pièces signées Couly sont merveilleux,
par contre le dessin en est tout à fait négligé. Un excès
de fondant en rend les contours 'pâteux et incertains, et
les gris, de ce fait, deviennent légèrement transparents.
Couly II, enfin, abuse réellement de légendes latines ou
françaises, remarquables par leurs incorrections et leurs
déformations invraisemblables .
Jacques Nouailher, né en 4605 de Pierre P^' et deNarde
Guybert. M. Molinier donne comme date de sa mort le
9 déc. 4674 ; Darcel croit au contraire qu'il survécut à
sa femme Catherine Cogniasse, décédée le 30 oct. 1680. Il
demeure à Limoges, rue Magninie, et semble surtout s'être
consacré à la fabrication des pièces ornées d'émaux en re-
lief, modelés d'abord sur le cuivre avec une pâte d'émail
blanc, qui recevait ensuite une coloration de couleurs vitri-
fiables.
Pierre Nouailher. Comme les Couly, il existe deux Pierre
Nouailher. Le faire des pièces signées Pierre Nouailher
et P. N. présente des différences si évidentes qu'il est im-
possible de les attribuer à la même main. Pierre Nouailher,
né en 4657, ne peut être assez imprégné du style de la Re-
naissance pour être l'auteur des émaux, D. 424-428 du
Louvre. Déplus, nous venons de voir que Jacques Nouailher,
né en 1615, était fils de Pierre Nouailher et de Narde
Guybert; d'après M. Molinier, ce Pierre, qu'il faut appeler
Pierre I®^\ était frère de Couly II Nouailher.
Le Pierre, né en 4657, de Jacques Noylier et de Ca-
therine Cogniasse, doit porter le nom de Pierre IL II
épouse Anne Faute, qui meurt en 4724 : Pierre était dé-
cédé en 4747. Telle est la filiation adoptée par M. Moli-
nier. Darcel, au contraire, le fait descendre de Martin,
de la branche des Chabrou, qui avait épousé Anne Gui-
bert. Son style, qui procède par hachure, est absolument
différent de celui de Pierre P'', qui d'ailleurs signe Pierre
Noualher, sans i.
Jean-Baptiste Nouailher. Ici encore ils sont deux, mais
ce sont le père et le fils. Le père, fils de Joseph Nouailher
et de Françoise Dumas, nait en 1699, il meurt le 8 juil.
4775 ; sa femme Anne Gay l'avait précédé dans le tombeau.
Le fils naît en 4732, épouse Anne Gaston et meurt en
4804. Tous les deux appartiennent à la décadence la plus
complète. Il importe donc peu de savoir à qui attribuer
les trois plaques D. 434-436 du musée du Louvre, si-
gnées I. B. N., et Bap*« Nouailher. Cependant, comme
Jean-Baptiste II est en quelque sorte le dernier représen-
tant de l'école limousine, on doit parler de son dessin
lourd et sec, de ses couleurs criardes sur fond noir, enfin
de ses ornements en reliefs, souvenir et imitation des com-
positions de Jacques Nouailher. F. de Mély.
BiBL. : Archives de l'art français (t. III), 1853-55. Docu-
7nents, pp. 381-2. — M. Sarclant, Couly Noylier ; Angou-
lôme, 1865, in-8. — Darcel, Notices des émaux et de Vor-
fèvrérie du Louvre, série D, 1867. — Labarte, Histoire
des arts industriels du moyen âge et à l'époque de la Re-
naissance; Paris, 1881, in-4.
NOUAI LLE (La). Com. du dép. de la Creuse, arr.
d'Aubusson, cant. de Gentioux; 4.455 hab.
NOUAI LLÉ. Com. du dép. delà Vienne, arr. de Poitiers,
cant. de La Villedieu, sur le Miosson; 850 hab. Stat. du
chem. de fer d'Orléans. Monuments mégalithiques. Ruines
de l'ancienne abbaye bénédictine de Nouaillé, fondée au
VI® siècle, reconstruite aux xii®, xv®, xvi® etxviii^ siècles.
L'église (mon. hist.) du xii® siècle est entourée d'une en-
ceinte fortifiée, formée d'épaisses courtines flanquées de
tours rondes. Dans un caveau orné de fresques anciennes
se trouve le sarcophage de saint Junien. Une crypte, dite
Notre-Dame de Sous-Terre, a été récemment mise à jour
par des fouilles entreprises par le P. de La Croix. Des bâ-
timents de l'abbaye subsistent : le pavillon de FAbbé, édi-
fice octogone du xv*' siècle ; des celliers, une curieuse che-
minée, et une porte d'entrée entre deux tours.
NOUAINVILLE. Com. du dép. de la Manche, arr. de
Cherbourg, cant. d'Ocleville ; 238 hab.
NOUAN-LE-FuzELiER. Com. du dép. du Loir-et-Cher,
arr. de Romorantin, cant. de Lamotte-Beuvron ; 4 .957 hab.
NOUAN-suR-LoiRE. Com. du Loir-et-Cher, arr. de
Blois, cant. de Bracieux ; 700 hab.
NOUANS. Com. du dép. d'Indre-et-Loire, arr. de Loches,
cant. de Montrésor ; 4.462 hab.
NOUANS. Com. du dép. delaSarthe, arr. de Mamers,
cant. de Marolles-les-Braults ; 576 hab.
NOUART.Com. du dép. des Ardennes, arr. de Vouziers,
cant. de Buzancy ; 580 hab. Patrie de Chanzy. Combat
du 29 août 4870, préliminaire de la bataille de Sedan
(V. Franco-allemande [Guerre]).
NOUÂTRE. Com. du dép. d'Indre-et-Loire, sur la rive
droite delà Vienne, arr. de Chinon, cant. de Sainte-Maure ;
442 hab. Stat. du chem. de fer de l'Etat. Minerais d'ar-
gent et de cuivre. Fabrique d'instruments agricoles. Eglise
3u XV® siècle* Vestiges d'un château féodal. Ruines de
l'abbaye de Noyers, fondée en 4030.
NOUAYE (La). Com. du dép. d'Ille-et- Vilaine, arr. %t
cant. de Montfort ; 494 hab.
NOUB (V: ÏIathor).
NOUBA. Mot arabe désignant dans le monde islamique
un orchestre composé de plusieurs instruments concertants,
principalement de tambours et trompettes. A l'origine, la
nouba désignait exclusivement le concert qui se faisait en-
tendre périodiquement devant le palais d'un prince ou d'un
officier. Cela constituait une des prérogatives les plus ca-
ractéristiques de la souveraineté ou d'une haute charge,
particulièrement militaire. R. Dd.
NOUBA. Peuple du Soudan oriental qu'on rencontre
dans le S. du Kordofan.
NOUE (Charp.). Pièce de bois taillée à sa partie supé-
rieure de façon à former un angle rentrant dont les faces
se raccordent avec les surfaces des deux comldes se péné-
trant suivant la ligne de sommet de l'angle. On appelle
délardement de la noue Topération qui consiste à enlever
de la pièce de bois un prisme triangulaire de façon à
fermer la gorge de la noue. Dans les couvertures en
tuiles, les noues sont recouvertes d'une série de tuiles
creuses, et, dans les couvertures en ardoises ou en zinc,
elles sont recouvertes de tables de plomb ou de feuilles
de zinc, et c'est au travers des noues que l'on fixe sou-
vent les barres de fer servant d'échelons pour former
les chemins de service des combles. Charles Lucas.
NOUE (La). Riv. des dép. de la Haute-Garonne et du
Loir-et-Cher (V. Garonne, t. XYIIl, p. 5S4, et Loir-et-
Cher, t. XXII, p. 487).
NOUÉ (Bias.). Se dit de la queue fourchue d'un lion,
qui forme un nœud à la naissance de la fourche. On dit
aussi d'une fasce qu'elle est nouée quand elle s'élargit à
son milieu ; doublement nouée, si elle s'élargit deux fois.
NOUE (François de La) (V. La Noue).
NOUE (Jean Sauvé, dit de La), auteur dramatique
français (V. La Noue).
NOUÉE ou NOUEUSE (Géom.). Le dictionnaire de
Saverien dit que « M. Newton appelle ainsi une espèce
d'hyperbole qui, tournant en rond, se croise elle-même ».
Nous n'avons pas retrouvé dans les Œuvres de Newton
l'indication de cette courbe, qui est peut-être la spirale
hyperbolique.
NOUEILLES. Corn, du dép. delà Haute-Garonne, arr.
de Villefranche, cant. de Montgiscard; 254 hab.
NOUER. Tribu du Soudan (V. Afrique, t. I,p. 735).
NOUET (Nicolas- Antoine), astronome français, né à
Pompey (Lorraine) le 30 août 1740, mort à Chambéry le
Vk avr. 4814. Il entra dans l'ordre de Cîteaux, où il vé-
cut plusieurs années, puis vint habiter Paris et fat admis,
en 4782, à l'Observatoire. Envoyé en 4784 à Saint-Do-
mingue pour y dresser la carte des côtes, il revint prendre,
dès l'année suivante, ses travaux à l'Observatoire de Pa-
ris, fut nommé par la Convention, en 4793, l'un des
quatre professeurs de cet établissement et, passé eut 7 95
au dépôt de la guerre, exécuta, d'abord dans les départe-
ments rhénans, puis en Savoie, de grandes opérations de
triangulation. En 4798, il fut choisi pour faire partie de
l'expédition d'Egypte et, avec ses deux adjoints, Quenot
et Méchain fils, s'occupa, au milieu de difficultés et de
dangers de toute sorte, de lever la carte du pays. Il re-
monta le Nil jusqu'à Syène , et détermina 36 positions ;
mais ses calculs n'avaient pu avoir toute la précision dé-
sirable, et la valeur qu'il trouva pour l'arc du méridien fut
forcément un peu hypothétique. De retour en France, il
rentra comme ingénieur au dépôt de la guerre et alla con-
tinuer sa triangulation de la Savoie. Il mourut à Cham-
béry d'une attaque d'apoplexie. Outre des mémoires et
notes parus dans le recueil de l'Académie des sciences
(4788-89), dans la Connaissance des Temps et dans la
Décade égyptienne, il a publié : Exposé des résultats
des ohsernations astronomvfues faites en Egypte du
i'"- juil. 1898 au '28 août 1800 (Descript. de l'Egypte,
t. I). L. S.
NOUEUX (Blas.). Se dit d'un bâton ou chicot qui pré-
sente des nœuds.
N 0 U 6 A R ET (Pierre- Jean-Baptiste) , écrivain français ,
né à La Rochelle le 46 déc. 4742, mort à Paris en juin
4823, auteur d'une quantité de romans souvent erotiques
et de compilations dont le succès fut assez grand : Lucetfe
(la Paysanne pervertie) (4765-66, 6 vol. in-48) ; la
Capucinade (4765, in-42) ; les Astuces de Paris [1116,
in-42), etc.
BiBL. : Quérard, Ja France liltérairo. — Rainguet,
Biographie saintongeoise.
NOUGAROULET. Com. du dép. du Gers, arr. et cant.
(N.) d'Auch; 502 hab.
77 — NOUE - NOUKIIA
NOUGAT. Gâteau d'amandes ou de noix préparé en
prenant, d'une part, des amandes (250 gr.) débarrassées
de leurs pellicules, coupées en filets ou hachées grossièi ement,
que l'on fait sécher dans une casserole sur feu doux en
ayant soin de toujours remuer. D'autre part, on fait fondre
200 gr. de sucre et, lorsqu'il est fondu et d'une belle cou-
leur îîlonde, on y mêle les amandes, on retire du feu et on
monte le plus mince possible autour d'un, moule huilé avec
soin. Le montage doit se faire le plus promptement pos-
sible pour ne pas laisser la composition se refroidir. Afin
de ne pas se brûler les doigts, on se sert pour appuyer sur
les amandes et le sucre d'un citron ou d'une carotte bien
nettoyée et séchée. Si l'on fait des nougats de grande di-
mension, il faut s'y prendre à plusieurs fois pour la cuis-
son du sucre et des amandes : une personne monte le nou-
gat pendant que l'autre veille sur le sucre et les amandes.
Pour obtenir les petits nougats à la crème, on garnit avec
la préparation ci-dessus, à laquelle on a ajouté un peu de
jus de citron ou d'acide citrique, de petits moules à tar-
telette de la grandeur d'une pièce de 5 fr. légèrement
enduits d'huile d'amandes. On coupe au niveau des bords,
on laisse refroidir, on démonte et au moment de servir on
remplit chaque nougat avec de la crème fouettée, sucrée
et parfumée, bien égouttée.
Le nougat blanc ou nougat de Marseille se prépare
avec du miel, du sucre, des blancs d'œuf, des amandes et
des pistaches. On fait d'abord bouillir pendant une heure
du miel auquel on incorpore des blancs d'œuf fouettés
(3 pour 500 gr. de miel). Quand le mélange est cassant,
on le retire du feu et on y môle 375 gr. de sucre cuit au
cassé, 4.500 gr. d'amandes, 250 de pistaches et l'on aro-
matise avec du citron ou de la vanille. Le tout est ensuite
versé sur une plaque à rebords, masquée de pains azymes,
et étendu en une couche de 3 à 4 centim. d'épaisseur. Une
autre plaque, également masquée de pains azymes et char-
gée d'un poids suffisant pour presser convenablement, est
placée sur le nougat qui est ensuite divisé en carrés et
livré à la consommation.
NOUHANT. Com. du dép. de la Creuse, arr. de Bous-
sac, cant. de Chambon ; 748 hab.
NOUÏ-Cac-Ba. Montagne centrale de l'île Cac-Ba,
située dans le golfe du Tonkin, dans la baie d'Halong, à
peu de distance d'Haï-Phong.
NOUÏ-Tanh-Mau. Montagne de Cochinchine, un des
derniers contreforts du grand plateau qui forme la partie
centrale de l'Annam.
NOUIC. Com. du dép. de la Haute-Vienne, arr. de
Bellac, cant. deMézières; 1.356 hab.
N 0 U I L H A N . Com . du dép . des - Hautes-Pyrénées, arr
de Tarbes, cant. de Vic-en-Bigorre ; 240 hab.
NOUILLERS (Les). Com. du dép. de la Charente-
Inférieure, arr. de Saint- Jean-d'Angély, cant. de Saint-
Savinien; 868 hab.
NOUILLES ou NOULES. Espèce de pâte faite avec de
la farine et des œufs et qui reçoit les mêmes applications
culinaires que le înacaroni (V. ce mot). Pour leur faim-
cation, on se sert principalement de farine de froment dur,
pétrie avec de l'eau chaude de façon à obtenir une pâte
consistante souvent colorée avec du safran. Cette pâte est
coupée au couteau en petites lanières, et dans l'industrie
elle est jetée dans un cylindre à double paroi chaulfé à
la vapeur et à fond perforé. Une presse à vis comprime
la pâte qui en sortant du cylindre reçoit la forme des
trous. Les principaux lieux de fabrication se trouvent en
Italie, en Allemagne. On en fabrique aussi en Auvergne.
NOUILLONPONT. Com. du dép. de la Meuse, arr. de
Montmédy, cant. de Spincourt; 302 hab.
NOUKA-HivA (Ile) (V. Marquises).
NOUKHA. Ville de la Transcaucasie russe, ch.-l. de
district du gouv. d'Elisavetpol, sur le Kych-tchaï (sous-
affl. du Kour) ; 22.000 hab. Persans, Tatars, Arméniens.
Soieries, teintureries, tanneries, savons, poteries ; 30 mos-
quées, 2 éghses. Vaste citadelle bâtie en 4765 par les
NOUKHA — NOUPÉ
78 —
klians de Chéki dont elle fut la capitale jusqu'à l'annexion
àlaPiussie (1817).
NOULENS. Corn, du dcp. du Gers, arr. de Condom,
cant. d'Eauze; 203 hab.
NOULET (Cliarp.). Elément d'une petite ferme à deux
])ranclies établie à la rencontre de deux combles de hau-
teur différente et dont l'un, celui qui pénètre dans l'aulre,
est à deux égouts : ainsi la rencontre du toit d'une lu-
carne avec le comlde d'un bâtiment. Dans ce cas, iQsnou-
1e ts sont des chevrons formant les noues (V. ce mot)
dont, au reste, ils tirent leur nom. Ch. L.
NOUMÉA. Ch.-l. de la Nouvelle-Calédonie, sur la côte
0. de File; 6.968 hab. (en 1 896) . Elle fut choisie comme
telle et fondée, en 1854, par le capitaine de vaisseau Tardy
de Montravel, qui découvrit sa superbe rade et apprécia
sa situation commerciale avantageuse. Il lui avait donné
le nom de Port-de-France, qu'elle ne garda que quelques
années. Celui qui a prévalu provient d'une tribu, dite
Nguéa ou Nouméa, qui en occupait l'emplacement. Sa po-
sition géographique est à l'extrémité sud-occidentale de
nie, i^2â« 16' 12'^ lat. S., 164« 6' 53'' long. E. (mât
du pavillon). Elle est bâtie sur une péninsule montagneuse
découpée de baies et de criques et entourée d'Iles et d'Ilots ;
une grande brèche dans la ceinture de madrépores fait com-
muniquer avec plusieurs rades abritées. La principale, au
N.-N.-O., sépare File Non et la presqu'île Ducos, elle
pourrait aisément contenir une flotte entière. Tout Je com-
merce se concentre dans ce port, qui, d'ailleurs, est le seul
de la colonie, les autres n'étant que des petits ports d'es-
cale. C'est aussi la seule ville de la Nouvelle-Calédonie,
malgré l'importance que peuvent avoir diverses localités
comme centres agricoles, miniers ou pénitentiaires. Elle
est le siège du gouvernement et des administrations. Sur
la population totale, il y a 4.010 hab. libres, dont
3.560 Français. Au dernier' recensement (20 févr. 1898),
la population blanche et libre de Nouméa (ville) était de
4.316 hab., dont 2.171 du sexe mascuhn et 2.145 du.
sexe féminin. Ses rues sont tirées au cordeau, elle possède
de jolies avenues ombragées; la place des Cocotiers est la
promenade favorite ; il y existe encore beaucoup de maison-
nettes en bois entremêlées avec les édifices civils et mili-
taires; son aspect est agréable; les montagnes qui l'envi-
ronnent sont franchies à l'aide de sentiers pittoresques
jusqu'à la cote orientale. L'eau dont elle manquait lui arrive,
par une conduite de 13 kil., pure et abondante. La ville
et le port sont en voie de formation et de p^^ogrès. Tempé-
rature moyenne, 25*^; quantité moyenne de pluie, à
Nouméa, du 21 cléc. au 21 juin, 120 millim.; du 21 juin
au 21 déc, 60 millim.
Nouméa est le ch.-l. du premier arrondissement; con-
seil municipal (du 8 mai 1879) : c'est la seule commune
qui en soit pourvue; tribunal de première instance ; tri-
bunal supérieur ; tribunal de commerce ; chambre de com-
merce; chambre d'agriculture (12 mai 1884) ; un évèque;
succursale de la banque de FIndo-Chine (ses billets ont
cours dans la colonie); douanes; hôpital mihtaire ; hôpital
de l'immigration.
En dehors des services publics, dont Nouméa est le siège,
il est des industries et des maisons de commerce, telles
que : fabriques de chaux et de Iniques ; hauts fourneaux
pour fondre les minerais de cobalt et de nickel ; usine à
vapeur pour fonderie, traitement du fer et fonte (à la pointe
Chaleix) ; six compagnies minières, ,'dont trois étran-
gères ; distilleries ; minoterie à vapeur ; fabriques de savon,
de tabac ; imprimeries ; six journaux. La pêche ne se pra-
tique guère qu'à Nouméa, où le poisson est abondant. C'est
le port de Nouméa qui est le point de départ ou d'arrivée
et l'escale, pour la colonie, des communications avec FEu-
rope (Marseille en est distante de 21 .027 Idl. et de qua-
rante jours), l'Australie (Sydney); etc. Des bateaux font
un service régulier autour de l'île, en dedans de la bar-
rière des récifs. Bureau télégraphique en rapport avec les
diverses localités de File ; téléphone desservant Nouméa
et ses faubourgs ; câble entre la Nouvelle-Calédonie et a
France (13 fr. le mot). Ch. Delavâud.
Bir.L. : Cartes liydrograph., il" 1939. Port-de-France...
levée par Bouquet dk la Grye, en 1852, n" 4310 (1888,
1896). — Exposition de Nouméa en 1811, dans Revue ma-
rit. et coloniale (1878), t. LIV, p. 879.
NOUMÈNE (Noup,svov, c.-à-d. connu par le vov?, par
la raison pure). Ce mot a été forgé par Kantqui l'oppose
à phénomène (V. ce mot), comme la chose en soi à ce
qui apparaît. On sait ([iieles catégories (V.ce mot), indé-
pendantes de l'expérience quant àleuro?'ir/i?i^, sont, dans
leur usage, absolument limitées au monde de l'expérience.
Les objets, tels que nous les connaissons, sont donc rela-
tifs à la constitution de notre sensibiHté et de notre en-
tendement. Ce sont de purs phénomènes. Or la raison est
tentée d'opposer à ces phénomènes ces mêmes objets con-
çus au point de vue de leur nature en soi, c.-à-d. des
noumènes. Ce terme offre, d'ailleurs, une double acception,
positive ou négative. Au sens positif, il désigne une chose
qui peut être l'objet d'une intuition suprasensible ; au sens
négatif, une chose qui ne peut pas être l'objet d'une in-
tuition sensible. Le noumène positif est un concept pro-
l)lématique; sa possibilité dépend de la question de savoir
s'il existe un entendement intuitif. Peut-être l'entendement
divin (intellectus archetgpus) est-il pourvu de ce pou-
voir d'intuition intellectuelle. Mais l'entendement humain
est discursif, et le noumène n'a pour notre raison qu'une
valeur négative. Il peut devenir un principe régulateur
mais non pas constitutif de notre connaissance.
Cependant la métaphysique dogmatique tout entière est
fondée sur cette conviction que la raison peut atteindre la
chose en soi. C'est précisément à dissiper cette illusion
transcendante qu'est destinée la deuxième partie de la Lo-
gique transcendaniale, la Dialectique transcendantale
(V. Kânt). Dans cette partie capitale de la Critique de
la raison pure, la distinction du noumène et du phéno-
mène intervient notamment pour résoudre les deux der-
nières des quatre antinomies (V. ce mot) auxquelles la
raison se heurte quand elle prétend déterminer le monde
comme une réalité absolue. Tandis, en effet, que les thèses
et les antithèses des deux antinomies mathématiques (in-
finitude du monde, divisibilité à l'infini) sont également
fausses, la thèse des deux antinomies dynamiques (impos-
sibilité de la liberté et de l'être nécessaire) est vraie au
point de vue phénoménal, et l'antithèse (réahté de la liberté
et existence de l'être nécessaire) également vraie au point
de vue nouménal. La liberté et l'existence de Dieu sont
possibles dans le monde des noumènes. Il est vrai que la
raison pure ne peut déterminer la réalité de ces idées.
Mais la raison pratique, le fait de l'obligation attestent en
faveur de la liberté de l'agent moral et de l'existence d'un
législateur de l'ordre moral de l'univers. Th. Ruyssen.
NOUWIÉNIE (V. Néoménie).
NOUMRIS (V. BÉLouTCHisTÂN,t. VI, p. 107).
NOUN. Région du Maroc, riveraine de F Atlantique, au
S. de F Atlas, au N. de F oued Draa, arrosée par Foued
Assaka ou Noun qui la sépare du Sous et signalée par le
cap Noun ou Los Morretes (V. Maroc, t. XXIII, p. 245).
C'est un pays pauvre, peuplé d'environ 45.000 hab.
vivant de leurs moutons et de leurs chèvres. Le principal
centre est Oughelmin (Aouguilmin) , sur Foued Noun
(3.000 hab.). A 35 kil. E. sont les ruines de Fancienne
Nouna ou Agadir.
NOUN AT (V. Aphye).
NOUPÉ. Etat du Soudan central occupant les deux
rives du Niger depuis le confluent de la Bénoué jusqu'au
pays de Boussa. Il est borné au N. par le Boussa, le
Yaouri et le Gando, au S. par le Yorrouba, à l'O. par le
Borgou, à FI'], par le Sokoto dont il est tributaire. Le
Noupé a pour capitale Bida, située à 25 kil. de la rive g.
du Niger et qui compte 60.000 hab. D'autres villes,
comme Rabba et Egga, comptent de 20.000 à 25.000 hab.
Le chiffre de la population totale de ce royaume s'élève-
— 79 —
NOUPE — NOUR
rait à 3 millions. Les habitants du Noupé sont de race
peul ou foulali ; ils sont mahomctans. Le Noupé fait
partie depuis 1885 de la Nigeria ou Territoires de la Com-
pagnie du Niger. D^' Rouire.
NOUR-DjmAN ou NOURMAHAL, impératrice mongole
de l'Inde, née en 1585, morte à Lahore en 1645. Fille du
trésorier d'Akhar, elle fut aimée de l'empereur Djihan-guir,
lequel fit tuer son mari qui refusait le divorce. iVprcs une
longue résistance, elle accepta l'amour du souverain siu'
lequel elle eut la plus grande influence (1611). Il fit ajou-
ter son nom au sien sur les monnaies avec le titre de pàdi-
chali (impératrice), lui éleva des palais à Agra et Delhi.
Un parti opposant la combattit ; un moment emprisonnée
avec Djihan-guir, elle fut, après sa mort, reléguée à Lahore.
Son souvenir est resté très populaire.
NOUR ED~DtN Mahmoud (El-Melik-el-Adil) , souvent appelé
le martyr, el Chahid par les historiens arabes), né à
Damas le 21 févr. 1116 de l'ère chrétienne, mort à Damas
le 15 mai 1174. Il était fils de Vatabek Imad ed~Dîn
Zengi, qui, à force de victoires remportées sur les Francs,
avait étendu son empire depuis Mossoul jusqu'à Homs,
Hamah et Alep ; Zengi mourut le 25 sept. 1145, laissant
ses possessions de Syrie à Nour ed-Din, et Mossoul ainsi
que la province qui en dépendait à son fils aîné, Seïf ed-
D;n GhazL Nour ed-Dîn vint s'établir à Alep pour être
plus à proximité des Francs, et il se prépara à leur faire
une guerre sans merci pour les obliger à abandonner leurs
possessions de Syrie. A peine Zengi était-il mort que Jos-
celin, qui résidait à Tell-Bashir, parvint à surprendre la ville
d'Edesse, qui avait été sa capitale, et à l'enlever aux musul-
mans; Nour ed-Dîn la reprit et fit raser les fortifications.
La prise de cette ville eut un grand retentissement en
Occident, et ce fut pour l'arracher aux mains du prince
d'Alep que saint Bernard prêcha la seconde croisade, dont
les deux principaux chefs furent le roi de France Louis Yïï
et l'empereur d'Allemagne Conrad III ; mieux conduite
que la première croisade, cette expédition faillit amener
la chute de l'empire de Nour ed-Dîn, et les croisés furent
bien près de s'emparer de Damas, mais, Seïf ed-Dîn Ghazî
étant venu à son aide, il put empêcher la prise de cette
ville qui aurait rendu les chrétiens maîtres de toute la
Syrie. L'abandon du siège de Damas lui ])ermit de re-
prendre l'offensive, et, peu de temps après, il s'empara
de plusieurs places fortes de la principauté d'Antioche ;
en 1 148, il détruisit la forteresse d'Oraïmah, qui dépen-
dait du comté de Tripoli, et il détruisit une armée franque
à Yagra; la citadelle de ïlarim, qui était la clef de la
principauté d'Antioche du côté d'Alep, fut également
ruinée. Raymond, prince d'Antioche, fut battu et tué non
loin d'Apamée (29 juin 1149) ; cette défaite fit tomber
la ville d'Innib entre les mains de Nour ed-Dîn. Les deux
années qui suivirent furent aussi désastreuses pour les
chrétiens, et il n'y eut qu'à l'époque de Saladin qu'ils
subirent une telle série de défaites : toutes les villes et
les citadelles de la Syrie septentrionale furent prises et
ruinées par Nour ed-Dîn.
A cette époque, la ville de Damas appartenait à un
prince indépendant qui se nommait Modjir, et Dîn Abak,
l'un de ses principaux généraux, était un émir nommé
Anar, dont Nour ed-Dîn épousa la fille. Le sultan d'Alep
avait depuis longtemps l'intention d'étendre son empire
vers le Sud et de s'emparer de l'Egypte dont les khalifes
fatimites étaient alors les maîtres, et il fallait, pour qu'il
put songer à le faire, que la ville de Damas lui appartînt.
Modjir ed-Dîn n'était point très populaire parmi ses sujets
et Nour ed-Dîn n'eut pas de peine à détacher complète-
ment de lui la population de Damas ; quand l'émir comprit
quel était le plan du sultan d'Alep, il pria les princes
francs de lui prêter secours et de le défendre ; mais Noûr
ed-Dîn arriva soudainement devant Damas et y entra sans
coup férir ; Modjir ed-Dîn n'eut que le temps de se réfu-
gier à Bagdad (1156).
Nour ed-Dîn fut empêché d'attaquer les colonies
franques de Syrie et l'Egypte par un terrible tremblement
de terre qui renversa les murs de ses principales villes
fortes, puis par une grave maladie dont il fut atteint en
1159 et durant laquelle les chrétiens prirent les deux
villes de Chaizar et de Harim, tandis que son frère Nosret
ed-Dîn cherchait même à se rendre maître d'Alep, et que
Chirkouk tentait de se rendre indépendant à Damas. Quand
Nour ed-Dîn reprit la guerre contre les chrétiens, Beau-
doin III, roi de Jérusalem, lui infligea une sanglante dé-
faite près du lac de Génésareth ; néanmoins, il parvint à
éloigner l'empereur Manuel Comnène d'Alep et enleva
plusieurs villes au sultan seldjoucide du pays de Roum ;
en 1163, il s'empara do Renaud de Châtillon, qui avait
dévasté la principauté d'Edesse.
Pendant ce temps, la situation de l'Egypte devenait de
plus en plus critique par suite de la décadence de la
dynastie des Fatimites. Le vizir du kliahfe El-Aded,
Cliaver, fut attaqué et mis en déroute par un officier
égyptien nommé Dargham ; il s'enfuit à Damas, oîi il se
mit sous la protection de Nour ed-Dln et il s'engagea à
lui payer un tribut considérable s'il envoyait au Caire une
armée pour vaincre les révoltés et lui rendre les dignités
dont il était revêtu. Nour ed-Dîn saisit avec empresse-
ment l'occasion qui lui était ainsi offerte de s'emparer de
r Egypte ou tout au moins d'y dicter ses volontés et il fit
partir de Syrie une armée commandée par l'émir Chirkouh,
gouverneur de Homs ; cet officier, qui était d'origine
kurde, ne tarda pas à remettre l'ordre en Egypte et à
rétablir Chaver dans son poste de vizir ; Chaver oublia
bientôt les engagements qu'il avait pris volontairement
envers Nour ed-Dîn et il refusa de payer le tribut qu'il
avait fixé lui-même. Chirkouh prit immédiatement ses
mesures pour attaquer le vizir, qui fit appel aux chrétiens
de Syrie pour repousser les troupes de Nour ed-Din,
assiégé dans Belbeis par des forces très supérieures.
Chirkouk dut battre en retraite, pendant que son maître
infligeait aux chrétiens une sanglante défaite près de
Harim. Pendant le peu de temps qu'il avait passé en
Egypte, Chirkouh n'avait pas été long à reconnaître que
l'Egypte, bien que ruinée par un gouvernement d'une in-
vraisemblable insouciance, était l'un des pays les plus
riches du monde et que rien n'était plus facile que de s'en
emparer. A partir de ce moment, il ne songea plus qu'au
moyen de s'en rendre maître, et il fut assez habile pour
se faire donner par Nour ed-Dîn lui-même les moyens
d'arriver à ce but. Le sultan de Damas avait également
fort envie d'ajouter l'Egypte à l'empire que lui avait légué
Zengi et que ses victoires sur les Francs avaient considé-
rablement agrandi; aussi ne fit-il aucune objection à
Chirkouh quand ce général lui demanda de lui fournir une
armée pour envahir l'Egypte ; en même temps, il sollici-
tait du khalife abbaside de Bagdad la permission de s'em-
parer de l'Egypte pour la soustraire au joug des Fatimites
hétérodoxes. Chirkouh n'eut qu'à paraître pour mettre
l'armée égyptienne en pleine déroute et, malgré l'aide
d'Amaury, roi de Jérusalem, Chaver dut s'avouer vaincu ;
il fut assassiné par Saladin, neveu de Chirkouh, qui devint
alors vizir du khalife El-x4ded ; il ne jouit que pendant
deux mois de sa dignité dans laquelle Saladin lui succéda.
Nour ed-Dîn n'avait pas vu sans dépit les rapides succès
de Chirkouh et du jeune Saladin dont il redoutait l'ambi-
tion par-dessus tout ; aussi il lui intima l'ordre de revenir
en Syrie ; Saladin chercha à gagner du temps, quoiqu'il
n'espérât guère pouvoir résister à Nour ed-Dîn ; il allégua
que sa présence au Caire était absolument indispensable
à la sûreté du pays et que son départ serait le signal du
rétablissement de la dynastie déchue. Nour ed-Dîn, com-
prenant les motifs de son refus, rassembla une nombreuse
armée, et il allait marcher sur le Caire quand il mourut
subitement à Damas d'une maladie de la gorge, à l'âge de cin-
quante-huit ans ; il laissait le trône à son fils El-Mehk-el-Salèh
Ismaïl, qui n'était âgé que de onze ans. E. Blochet.
BiBL. : V. aux mots Egypte et Syrie les indications des
NOUR — NOURRICE
80 -^
œuvres des historiens inusulmans. Nous citerons en par-
ticulier Abou Chama, le Livide des deux jardins. — Bkha
ED-DÎN, Histoire de Saladin. — La Chronique ûg Guillaume:
de Tyr, etc.
NOURA. Rivière de la Sibérie occidentale (prov. de S6-
mipalatinsk et Akmolinsk), tributaire du lac Dengliiz ; longue
de 745 kil. à partir de la source de laNoura-Tchouroubai,
elle décrit des détours à travers le steppe kirghis où elle
forme plusieurs lacs (Ourta-Tclielkar, Kourgaldjin, etc.).
En été, elle est souvent à sec ; au printemps elle déborde
parfois et va s'épancher dans 'Ichim (affl. de l'Ob), près
d' Akmolinsk.
NOURARD-le-Franc. Corn, du dép. de l'Oise, arr. de
Clermont, cant. de Saint-Just-en-Chaussée ; 339 liab.
NOURPOUR. Ville de llnde, prov. de Djalandar (Pend-
jab), à 40 kil. N.-O. de Kangra; 6.000 liab. Ruines
d'un beau palais des radjahs. Ancienne capitale d'une prin-
cipauté.
NOURRAY. Corn, du dép. du Loir-et-Cher, arr. de
Vendôme, cant. de Saint- Amand ; 222 hab.
NOURRI (Blas.). Les plantes dont les racines ne sont
pas figurées, la fleur de lys dont manque la partie infé-
rieure, sont dites au pied coupé ou au pied nourri.
NOURRICE (Méd.). En principe, le nouveau-né doit
être allaité par sa mère. Les causes qui peuvent autoriser
une dérogation à cette loi naturelle ont été énumérées à
l'article Allaitement. L'usage de remplacer le lait de la
mère par le lait d'une nourrice mercenaire remonte à une
époque reculée. D'exceptionnel et réprouvé qu'il était au-
trefois, cet usage passa dans les mœurs courantes, et au
moyen âge il existait déjà des bureaux de nourrices. Rous-
seau remit à la mode pour quelque temps l'allaitement
maternel qui tomba de nouveau en désuétude dans la pre-
mière moitié du siècle actuel. Les efforts des accoucheurs
et des médecins semblent depuis quelque temps faire ga-
gner du terrain à la cause de l'allaitement maternel. Il
existe deux variétés de nourrices : les nourrices externes
ou à distance, auxquelles on confie l'enfant, qui s'él-n^e
ainsi à la campagne, le plus souvent loin de la surveil-
lance des parents ; les nourrices sur lieu, que l'on prend
à domicile. Ces dernières sont en réalité des nourrices de
luxe, accessibles seulement aux personnes dont la situation
est aisée. Les gages mensuels en sont en effet particuliè-
rement élevés, car ils atteignent de 50 à 80 fr., sans
compter les menus frais accessoires. Les nourrices à dis-
tance demandent en général de 25 à 40 fr. Ces nourrices
à distance élèvent l'enfant au sein ou au biberon, suivant
des conventions rarement observées s'il s'agit de l'allaite-
ment au sein, car la surveillance est bien difficile. La
nourrice est tout naturellement tentée de réserver son lait
à son propre enfant au lieu d'en faire profiter l'enfant des
étrangers. D'après une statistique établie par M. Petit, la
mortalité qui frappe les enfants élevés au sein par une
nourrice à distance est de 74 ^/o, tandis que la mortalité
des enfants élevés au sein par leur mère est seulement de
45 ^/o et de 32 «/o s'ils sont soumis à l'allaitement arti-
ficiel dans leur famille.
La nourriture sur lieu présente beaucoup moins d'in-
convénients pour le nourrisson qui en pr otite. Mais que
dire de l'enfant de la nourrice qui est ainsi frustré de son
aliment naturel? Lorsque la nourrice, après un séjour
plus ou moins prolongé dans un bureau de placement,
dont les conditions hygiéniques laissent souvent à désirer,
trouve ce que l'on est convenu d'appeler une bonne place,
l'enfant sevré brusquement du sein est confié aux soins
d'une meneuse pour être ramené au pays maternel. Ces
deux voyages d" aller et de retour, effectués souvent du-
rant la saison froide, ce sevrage brusque et habituelle-
ment prématuré, exercent des ravages considérables parmi
ces malheureux, et la moitié au moins de ces enfants, ro-
bustes pour la plupart, périt à la suite de ce triste exode.
Il y a là, au point de vue social, une perte considérable,
un déchet qu'il faudrait se hâter de faire disparaître.
L'emploi du lait stérilisé, e^i diminuant dans une certaine
mesure les dangers de l'allaitement artificiel, l'application
plus sévère et plus intellectuelle de la loi Roussel permet-
tront, il faut l'espérer, de restreindre l'emploi des nour-
rices sur lieu et de le réserver aux cas où il est absolu-
ment indispensable. ^
Lorsque l'on doit procéder au choix d'une nourrice, il
faut s'enquérir de son âge et de celui de son enfant : exa-
miner son aspect extérieur, l'état général de sa santé,
l'état de la glande mammaire et les qualités du lait ; le
nourrisson sera en oi^re examiné avec attention. Une
bonne nourrice a les mialités suivantes : elle ne doit
pas avoir moins de vingt ans ni plus de trente. L'enfant
n'aura pas moins de trois ou quatre mois. La nour-
rice sera robuste d'aspect et propre ; peu importe qu'elle
soit brune ou blonde. Ses dents, si elles ne sont pas au
complet, ne seront pas du moins cariées ; les amygdales ne
seront pas trop grosses, ni la bouche ni le nez n'émettront
pas d'odeur répugnante. La peau ne présentera aucune
éruption récente ou ancienne ; les ganghons lymphatiques
du cou et des aines ne seront pas perceptibles par la pal-
pation. L'examen par la percussion et l'auscuhation du
cœur et des poumons révélera jusqu'à l'évidence que ces
organes sont sains.
Ldi glande ma^nmaire est volumineuse; la palpation
sous un sein souvent pendant, mais sillonné de grosses
veines qui lui donnent un aspect marbré, permet de re-
connaître les nodosités formées par la glande. Le bout de
sein est proéminent, sans présenter un volume exagéré ;
à sa surface on distingue nettement les orifices des con-
duits du lait. Il ne présente ni gerçures ni excoriations.
En pressant le sein vers la base du mamelon, l'on doit
faire jaillir facilement le lait, dont on en doit recueillir un
peu sur une cuiller ou sur l'ongle pour apprécier sa ri-
chesse autant que faire se peut.
L'examen de l'enfant de la nourrice est non moins
important. Le nourrisson ne doit être ni maigre ni chétif.
Il faut demander qu'on le déshabille complètement, après
s'être assuré autant que possible de son identité. L'état
de propreté dans lequel il se trouve est déjà un indice des
habitudes de la nourrice. On examinera ensuite soigneu-
sement l'aspect extérieur de l'enfant dont la peau doit
être nette et marbrée, les chairs fermes. L'espace inter-
fessier, les fesses, les plis de l'anus, la face plantaire des
pieds et palmaire des mains seront l'objet d'un examen
spécial pour constater s'il n'y a point là d'éruptions de
nature syphilitique. La bouche, les lèvres, la muqueuse
buccale et l' arrière-gorge ne doivent présenter ni fissures
ni plaques. Par la palpation on se rendra compte du vo-
lume du foie qui ne doit déborder que de fort peu les
fausses côtes.
L'interrogatoire de la nourrice viendra ensuite. On saura
si elle est mariée ou fille, si elle est primipare ou multi-
pare, ces dernières étant considérées comme meilleures
nourrices. Par des questions indirectes, on cherchera à
s'assurer qu'elle n'a eu ni pleurésie ni hémoptysies ; on
s'inquiétera de savoir si elle n'a pas eu son retour de
couches, etc. L'importance de ces questions et la difficulté
de contrôler les réponses amènent à conclure que, lorsque
l'on a besoin d'une nourrice, il est plus sage de la choisir
ou de la faire choisir à l'avance dans le milieu où elle vit,
et de la faire examiner par un médecin qui connaît ses
antécédents et ceux de sa famille.
Il est impossible de donner des règles pour le choix
qu'il convient de faire entre une nourrice mariée et une
nourrice fille-mère. Les inconvénients que l'on peut avoir
à supporter du fait d'une nourrice mariée sont les' sui-
vants : la mère de famille regrette son foyer et son enfant
qu'elle prive de son afiment naturel ; l'affection qu'elle
porte au père, le souci de savoir ce que deviennent les
siens la portent à l'ennui. Malheureusement aussi, elle sait
faire valoir toutes ces raisons, et elle est toujours prête à
résilier son engagement, si on ne lui accorde pas l'aug-
mentatiop qu'elle demande. La fille-mère a contre elle la
-^ 84 -^
NOURRICE
qualification même que Ton lui donne, et sa situation
irrégulière. R est bien certain que, si la fille-mère n'en
est pas à son premier enfant, et par surcroît que ses
enfants ne soient pas du même père, il y a lieu de la
rejeter d'emblée et de ne pas l'admettre dans le milieu
domestique. Nous résumerions volontiers les règles à suivre
à ce sujet en un dilemme : ou une nourrice multipare et
mariée ou une nourrice primipare et fille-mère. En tout
cas, qu'elle soit mariée ou non, il convient d'interdire à
la nourrice toute sortie non accompagnée, toute visite hors
de la présence d'une personne de confiance. La nourrice
ne doit pas sortir seule sous quelque prétexte que ce soit.
x\ussi convient-il de refuser absolument d'engager toute
nourrice dont la famille ou les relations habitent la ville
même où résident les parents du nourrisson. R y a vrai-
ment dans l'observance de ces règles, qui sont cependant
indispensables, quelque chose de contraire à la dignité
humaine, et même à la justice. Aussi doit-on désirer voir
disparaître peu à peu la nourrice mercenaire, qui aliène
sa liberté et vend en quelque sorte la vie de son enfant.
Quelle pitié cependant méritent les mères, les vraies mères,
qui sont réduites à cette nécessité par la misère, par
le besoin pressant de gagner le pain quotidien pour
elles-mêmes et pour leur petit enfant ! La société actuelle
a également une bien grave responsabilité dans ce ser-
vage des nourrices dont la plupart sont des filles-mères
abandonnées par le père de leur enfant.
L'hygiène des nourrices est soumise aux mêmes règles
que celle de la mère qui allaite. On veillera tout particu-
lièrement aux soins de propreté. Un bain hebdomadaire
est indispensable. Le bout de sein sera lavé après chaque
tétée à l'eau bouillie et couvert d'un linge fin. L'ahmen-
tation doit être abondante et riche en azote ; les graisses
et les féculents doivent y entrer aussi pour une assez
forte proportion. Les potages gras et maigres, les viandes
de boucherie, les œufs, les poissons frais, le beurre, le
saindoux, d'une part ; les lentilles, les petits pois, les ha-
ricots, d'autre part, en formeront la base. On interdira
seulement la charcuterie, les coquillages, le gibier, les
fromages fermentes, les choux, l'ail et l'oignon, les pâtis-
series. R est bon d'autoriser un repas supplémentaire dans
l'après-midi si la nourrice le désire. Chez la femme qui
allaite, la soif est toujours vive, par suite de la déperdi-
tion d'eau. R est d'usage d'encourager les nourrices à
boire de la bière. Mais cette bière doit être légère et la
quantité ingérée ne dépassera pas un litre par jour.
Comme supplément, on donnera une tisane quelconque.
L'alcool, sous toutes ses formes, vin, liqueurs, etc., doit
être proscrit. R est fréquent de voir les enfants dont les
nourrices ont fait usage d'alcool ou de café présenter des
signes d'agitation. Tous les excitants moraux ou physiques
seront d'ailleurs mesurés à la nourrice, à laquelle on
évitera aussi toute cause de chagrin ou d'inquiétude. Ces
divers agents ont leur retentissement fatal sur la santé de
l'enfant en amenant des modifications qualitatives et quan-
titatives du lait. Les médicaments ne peuvent être admi-
nistrés à la nourrice qu'avec la plus grande prudence. Les
uns, tels que l'iodure de potassium, la rhubarbe, passent
en partie dans le lait et agissent sur le nourrisson; les
autres diminuent la sécrétion lactée, telle l'antipyrine.
Toute maladie de la nourrice amènera la suspension de
l'allaitement, surtout s'il y a de la fièvre, les toxines et
quelquefois les microbes enx-mêmes passant dans le lait ; si
la maladie doit être de courte durée, on peut espérer suppléer
à l'allaitement naturel à l'aide de l'allaitement artificiel.
La question de savoir si une nourrice qui a ses périodes
menstruelles peut continuer à allaiter est encore contro-
versée. Cependant, si la durée n'en est pas trop longue et
surtout si l'enfant ne souffre pas durant cette période, il
n'y a aucune raison de changer la nourrice. Le plus sou-
vent, l'enfant cesse d'augmenter de poids durant quelques
jours, ses garde-robes sont un peu vertes; il présente
un léger degré d'excitation. Mais ces phénomènes ne pré-
GRANDE ENCYCLOPÉWE. — XXV.
sentent pas habituellement de gravité et ne valent pas que
l'on coure les risques d'un changement de nourrice.
Nous prions le lecteur de bien vouloir se reporter pour
les détails complémentaires à Fart. Allaitement de cette
Encyclopédie. D^' M. Potel.
II. Législation. — Nourrices externes (V. Enfant,
t. XV, p. 1041).
Bureaux de nourrices. — L'industrie des recom-
manderesses ou directrices de bureaux de nourrices est
très ancienne. Dès 1350, un édit de Jean le Bon la régle-
mente ; il confère aux recommanderesses le droit exclusif
de recevoir les nourrices amenées par les meneurs, mais
il les frappe en même temps de peines sévères pour toute
infraction à ses prescriptions, notamment à l'interdiction
de confier plus d'un enfant par an à une même nourrice.
Au xvii® et au xviii® siècle, les ordonnances se succèdent,
ordonnances royales et ordonnances du lieutenant général
de la police. En 1769, les bureaux de recommanderesses,
au nombre de deux seulement, à Paris, jusqu'à Louis XIV,
puis au nombre de quatre, sont supprimés et remplacés par
un bureau unique, dirigé par quatre personnes, deux
hommes et deux femmes. En l'an IX, ce bureau (bureau
municipal ou grand bureau) passe des attributions de
la police dans celles du conseil général des hospices et, finale-
ment, de l'Assistance publique. Une se bornait pas à procurer
aux Parisiens de bonnes nourrices ; il garantissait aussi le
paiement de leurs salaires, dont le recouvrement était as-
similé à celui des contributions indirectes. R constituait
pour les finances municipales une lourde charge et sa sup-
pression, demandée dès 1866 par le directeur de l'Assis-
tance publique et réclamée tous les ans par le Conseil gé-
néral depuis 1872, a été prononcée en 1876. R n'existe
plus aujourd'hui, aussi bien à Paris que dans les dépar-
tements, que des bureaux particuliers. La loi du 23 déc.
1874 ou loi Roussel, qui régit encore l'industrie nourri-
cière (V. Enfant, t. XV, p. 1042) et qui a complété le
règlement d'administration publique du 27 févr. 1877,
contient, dans sa partie finale, un certain nombre de dis-
positions concernant leur fonctionnement. Aux termes de
l'art. 11, nul ne peut ouvrir ou diriger un bureau de nour-
rices, ni exercer la profession d'intermédiaire pour le
louage des nourrices ou le placement des nourrissons, sans
une autorisation préalable du préfet du département du
domicile (du préfet de police à Paris). La demande fait con-
naître les divers départements dans lesquels doivent être
pris ou placés les enfants ; le préfet, après l'avoir commu-
niquée à ses collègues de ces départements et s'être as-
suré de la moralité du demandeur, de la salubrité des locaux
et, s'il s'agit de meneurs, du bon état du matériel de
transport, accorde ou refuse l'autorisation, qu'il subor-
donne, dans le premier cas, à l'observation de conditions
particulières intéressant l'iiygiène, les bonnes mœurs,
l'ordre public, et qui est toujours révocable. Défense est faite
aux directeurs des bureaux de nourrices et aux autres inter-
médiaires de pourvoir de nourrissons ou de reconduire dans
leurs communes des nourrices non munies des pièces régle-
mentaires. Dans chaque bureau et chez les logeurs de nour-
rices est tenu un registre coté et parafé, où doivent être ins-
crits les nom, prénoms, profession, domicile, etc., des
nourrices et de ?eurs maris. Toute contravention à l'interdic-
tion d'ouvrir un bureau de nourrices ou de servir d'intermé-
diaire sans autorisation est punie d'une amende de 16 à
100 fr. et, en cas de récidive ou si la santé d'un ou de plu-
sieurs enfants a été compromiser d'un emprisonnement de
un à cinq jours. L'amende est de 5 à 15 fr., avec application
des art. 463, 482 et 483 C. pén., pour toutes les autres
infractions à la loi et aux règlements d'administration
publique s'y rattachant. Les établissements où l'on reçoit en
nourrice ou en garde des enfants de deux ans sont d'ailleurs
soumis, de même que les bureaux déplacement, à la néces-
sité de l'autorisation préalable, et les nourrices qui y sont
employées sont assimilées aux nourrices sur lieu. L. S.
BiBL. ; Les divers traités d'accu uclienieut. mais tout
6
NOURRICE — NOURRIT
particulièrement P.-S. Le Gejsdre^ Revue pratique d'obsté-
trique et dliygiène de l'enfance, 1888. — Choix des nour-
rices. ~ A.-B. Marp^an, Traité de l'allaitement ; Paris,
1899, pp. 214 à 273. On trouvera, en outre, dans ce dernier
ouvrage, de nombreux renseignements bibliographiques.
NOURRISSON (Jean-Félix), pliilosoplie français con-
temporain, né à Thiers (Puy-de-Dôme) le 18 juil. 4825.
Il étudia d'abord le droit et se fit inscrire, en 1848, au
barreau de la cour d'appel de Paris. Mais sa vocation phi-
losophique ne tarda pas à se dessiner. Dès 1849, il ensei-
gnait la philosophie au collège Stanislas, et, en 1850, était
reçu agrégé de philosophie. En 1852, il obtenait le
grade de docteur es lettres. Dès lors, nous le trouvons
successivement professeur de logique au lycée de Rennes,
chargé du cours de philosophie (1854), puis professeur
titulaire (1855) à la faculté des lettres de Clermont-Fer-
rand, professeur de logique au lycée Napoléon (1858).
Trois fois de suite, l'Institut le couronna : il obtient, en
effet, deux fois le prix du budget (concours sur la philo-
sophie de Leibniz, 1859, et sur le rôle de la psychologie
en philosophie, 1862) et le prix Rordin (concours sur la
philosophie de saint Augustin, 1864). En 1870, l'Acadé-
mie des sciences morales et politiques l'appelle à siéger
dans la section de philosophie. Après la guerre, il est dé-
légué pendant trois ans aux fonctions d'inspecteur général
de l'Université. Enfin, en 1873, il est appelé à la chaire
d'histoire de la philosophie moderne du Collège de France
comme professeur adjoint, et titularisé en 1874. M. Nour-
risson est membre honoraire ou associé de plusieurs corps
savants étrangers.
M. Nourrisson est l'un des nombreux représentants du
spiritualisme français qui, sans renouveler dogmatiquement
cette tradition philosophique, ont activement collaboré à
la rénovation des études d'histoire de la philosophie inau-
gurée par Y. Cousin. Ses principaux ouvrages sont:
Quid Plato de ideis senserit, thèse latine (Paris, 1852,
in-8) ; la Philosophie de Bossuet, thèse française (Paris,
1852 ; 2« éd., 1862) ; les Pères de l'Eglise latine (Pa-
ris, 1853, 2 vol. in-12) ; le Cardinal de Bérulle (Paris,
1856, in-12) ; Tableau des progrès de la pensée humaine
depuis Thaïes jusqu'à^ Hegel (Paris, 1858 ; 6« éd.,
1886, in-8); la Philosophie de Leibniz (Paris, 1860,
in-8); Portraits et Etudes (Paris, 1860, in-12) ; Expo-
sition de la théorie platonicienne des idées (Paris, 1862 ;
2 «^ éd . , 1 863 , in-1 2) ; /a Nature humaine , essais de psycho-
logie appliquée (Paris, 1865, in-8) ; la Philosophie de
saint Augustin (Paris, 1866, 2 vol. in-8); Spinoza et
le Natwalisme contemporain {^uris, i 866, in-12) ; la Po-
litique de Bossuet (Paris, 1 867, in-12) ; le Christianisme
et la Liberté (Paris, 1868, in-8) ; Essai sur Alexandre
d'Aphrodisias, suivi du Traité du destin et du libre ^
arbitre, traduit pour la première fois en français (Paris,
1870, in~8) ; l'Ancienne France et la Révolution,
avec une introduction sur la Souveraineté nationale
(Paris, 1873, in-12); Machiavel {Varis, 1875; 2« éd.,
1883, in-12); Trois révolutionnaires : Turgot, Necker,
Bailly (Paris, 1885, in-8); Pascal physicien et philo-
sophe (Paris, 1885, in-12); Philosophes delà nature :
Bacon, Bayle, Toland,^ Biiffbn (Paris, 1887, in-12) ;
Défense de Pascal (Paris, 1888, in-12); Voltaire et le
voltairianis me (Psœis, 1896, in-8). Il faut y joindre un très
grand nombre de rapports et travaux académiques puWiés
dans les Mémoires de l'Institut, et d'articles parus dans le
Journal des Débats, la Revue des Peux Mondes, la Bévue
Contemporaine, le Correspondant, etc. Th. Ruyssen.
NOURRIT (Louis), chanteur dramatique français, né à
Montpellier le 4 août 1780, mort le 23 sept. 183 ! . Après
avoir appris la musique à la collégiale de Montpellier, où
il était enfant de chœur, il vint à Paris, où Méhul, charmé
de sa belle voix de ténor, le fit entrer au Conservatoire.
Là, devenu élève de Garât, il mit à profit les leçons de
cet admirable artiste, et devint un chanteur extrêmement
distingué. Engagé à l'Opéra, il y débuta le 3 mars 1805
dans Armide, où on apprécia aussitôt le timbre pur et
argentin de sa voix, la bonne émission du son, la justesse
des intonations et l'élégance de la diction musicale. Ces
qualités faisaient contraste avec les cris peu harmonieux
qu'on avait coutume d'entendre alors sur la scène de
l'Opéra, et Nourrit, après Armide, se fit vivement ap-
plaudir dans Orphée et la Caravane du Caire. Par mal-
heur, il était gauche et froid comme comédien ; il acquit
pourtant, par la suite, quelque expérience sous ce rapport.
Devenu au bout de quelques années chef d'emploi, Louis
Nourrit parcourut, jusqu'à l'arrivée de son fils, qui devait
l'éclipser, une carrière intéressante, au cours de laquelle
il fit un grand nombre de créations, dans Abel, les Baya-
dères, les Abencérages, le Piossignol, Natalie ou la
Famille russe, Olympie, la Mort du lasse, Stratonice,
Aladin ou la Lampe merveilleuse, les Deux Salem, etc.
Arthur Pougin.
NOURRIT (Adolphe), chanteur dramatique français,
fils du précédent, né à Paris le 3 mars 1802, mort à
Naples le 8 mars 1839. Destiné au commerce par son
père, qui lui fit donner une bonne éducation, c'est àl'insu
de celui-ci que, passionné pour le chant, il alla prier
Garât de lui donner des leçons. Garât hésita d'abord, puis,
charmé par son admirable voix et sa rare intelligence mu-
sicale, il finit par céder, et ce fut lui-même qui, après
avoir complété l'éducation de son élève, alla tout racon-
ter à son père. Louis Nourrit fit mine alors de se fâcher,
mais, séduit à son tour par les quahtés <[u'il découvrait
dans son fils, il voulut ensuite le préparer en personne à
la carrière qu'il ambitionnait. Adolphe Nourrit, âgé
seulement de dix-neuf ans, débuta à l'Opéra le 1^^' sept.
1821, dans ïphigénie en Tauride.Lo. beauté de sa voix,
son intelligence scénique et la chaleur communicative de
sa diction lui firent obtenir un succès complet. Des leçons
excellentes de déclamation qu'il prit de Baptiste aîné, ac-
teur du Théâtre-Français, complétèrent son beau talent
de tragédien lyrique, et après s'être fait applaudir dans
les Bayadères, Orphée, Armide, Adolphe Nourrit fit
brillamment sa première création dans le Siège de Co-
rinthe d« Rossini, où il jouait le rôle de Néoclès, tandis
que son père, à ses côtés, remplissait celui de Cléomènes.
Son père s'étant presque aussitôt retiré , Adolphe
Nourrit resta seul en possession de l'emploi de premier
ténor, et l'on peut concevoir une idée de son admi-
rable talent par les succès que lui valurent ses créations
dans tous les ouvrages importants de cette période féconde
en chefs-d'œuvre: Moïse, le Comte Ory, la Muette de
Portici, le Philtre, Guillau7ne Tell, le Dieu et la Baya-
dère, Piobert le Diable, le Serment, la Juive, les Hu-
guenots, Stradella. Ces succès étaient de véritables
triomphes, justifiés par un talent d'un genre absolument
neuf et tel qu'on n'en avait encore jamais connu à
l'Opéra. Mais justement, après une quinzaine d'années,
l'administration de ce théâtre s'avisa avec raison que son
avenir pourrait être compromis si le répertoire continuait
de reposer sur un seul artiste, et elle engagea Duprez,
qui s'était fait une grande renommée en Itafie, pour par-
tager avec Nourrit le poids de ce répertoire. Mais Nourrit,
dont l'imagination était faible, ne l'entendit pas ainsi. Il
crut qu'on n'estimait plus son talent à sa juste valeur, et,
d'autre part, il craignit une comparaison qui pouvait lui
être funeste. Il préféra se retirer et donna sa démission,
en dépit de tous les conseils et de tous les efforts qu'on
fit pour le retenir. Il alla donner des représentations à
Bruxelles, puis à Marseille, où un accident qui lui arriva
en scène détermina en lui comme une sorte de première
crise de folie. Il se remit pourtant et partit pour l'Italie,
où il trouva de grands succès à Milan, à Florence et à
Rome ; mais décidément il était perdu, et à la suite d'une
représentation à laquelle il avait pris part à Naples, il se
précipita par la fenêtre de son hôtel et mourut sur le '
coup. Arthur Pougin.
BiBL. : L. QuicHERAï, Adolphe Nourrit; Paris, 1867-
3vol.in-S. ' . .
83 —
NOUSSE — NOUVEAU-MEXIQUE
HOUSSE. Corn, du dép. des Landes, arr. de Dax,
caiit. de Montfort ; 336 hab,
NOUSTY. Corn, du dép. des Basses-Pyrénées, arr. et
eant. (E.) de Pau ; 604 hab.
NO UT (Myth. égypt.). Déesse personnifiant le Ciel sous
la forme d'une femme courbée
au-dessus de la terre et donnant
naissance au soleil : elle est appe-
lée de ce fait la mère des dieux.
Peinte ou sculptée sur le couvercle
des sarcophages, elle s'étend au-
dessus de la momie qu'elle pro-
tège. On la représente aussi surgis-
sant des branches d'un sycomore
pour donner aux défunts l'alimen-
tation d'outre-tombe. Elle est figu-
rée quelquefois par une femme
debout, coiffée du vase sphéroïdal,
hiéroglyphe de son nom. P. P.
NOUVEAU-BRUNSWICK(iVgw-
Brimsivick) . Province du Canada,
située au S. de l'estuaire du Saint-
Laurent, à rO. du golfe de ce
nom, au N. de la baie de Fundy,
bornée à l'O. par l'Etat améri-
cain de Maine. Elle est rattachée
Déesse Nout. par l'étroit isthme de Chignecto,
entre le golfe du Saint-Laurent
et la baie de Fundy, à la presqu'île d'Acadie ou Nou-
velle-Ecosse, avancée orientale du continent américain.
Compris entre 45*^ et 48« lat. N., 66M0' et 71° 25'
long. 0., le Nouveau-JBrunswick s'étend sur 72.780 kil. q.
peuplés en 4891 de 321.263 hab., soit 4 hab. par kil. q.
Les rivages ont 800 kil. de développement à partir de la
baie de Passamiquoddy, limitrophe des Etats-Unis, jusqu'à
la baie des Chaleurs (golfe du Saint-Laurent), limite sep-
tentrionale de la province. La baie de Chignecto termine la
baie de Fundy au N. ; de l'autre côté de l'isthme, nous
trouvons le détroit de Northumberland, qui isole l'île du
Prince-Edouard, puis la baie de Miramichi. — Le Nouveau-
Brunswick est plat au centre, escarpé au N. et au S., où
les hauteurs approchent de 1.000 m. Les assises cam-
briennes et siluriennes sont le plus souvent recouvertes de
terrains dévonîens et carbonifères ; ils sont fortement
plissés dans le sens du N.-E. La culture n'utihse que les
vallées où se sont déposés les terrains glaciaires et les
alluvions ; les tourbières sont très vastes. Le sol, fertile,
se partage entre de belles prairies et d'épaisses forêts de
conifères, d'érables, de chênes, d'orme.s. Le seul fleuve
côtier important est le Saint-John, qui naît dans le Maine,
lui sert de frontière au N. et traverse le Nouveau-Brunswick,
passant à Fredericton, pour finir dans la baie de Fundy ;
citons encore le Sainte-Croix, qui sert de frontière jusqu'à
son embouchure dans la baie de Passamaquoddy, et le
Miramichi. Le seul lac étendu est dit G^rand Lac et se dé-
verse dans le Saint-John. Le climat est rude; la moyenne
annuelle de Fredericton est de -h 4^,6 sous la latitude de
Bordeaux et de Lyon ; la température oscille entre -+- 36*^
et — 31 '^. La chute d'eau annuelle est de 850 millim.,
mais beaucoup d'eau tombe sous forme de neige et occupe
à ce titre une épaisseur de 2^^,80. La flore et la faune
sont celles du Canada (V. Amérique du Nord). Le sol ren-
ferme de la houille, du fer, du cuivre, etc.
La population comprenait, en 1891, 321.263 personnes
dont 163.739 hommes et 157.524 femmes. Elle avait
diminué depuis 1881 où l'on avait recensé 323.358 per-
sonnes. Le total des habitants de 1891 comprenait 1.500
Peaux-Rouges (Micmacs, Etchémin, etc.), 1.700 nègres,
22.100 Européens, 61.767 personnes de langue française
établies surtout auN., descendant généralement des an-
ciens Acadiens. Beaucoup des Anglais descendent de colons
loyalistes émigrés lors de la guerre de l'Indépendance amé-
ricaine. Les 1.585 écoles primaires recevaient, en 1892,
31.967 garçons et 28.819 'filles, les écoles supérieures
avaient 66 maîtres et 683 élèves, les écoles normales
36 maîtres et 269 élèves. Saint-John a une université. —
Le pouvoir politique est partagé entre un lieutenant-gou-
verneur assisté de 7 ministres et un Corps législatif de
41 députés. Les revenus provinciaux étaient, en 1893, de
652.669 dollars, les dépenses de 676.483, la dette de
2.752.297 dollars.
Géographie économique. — La grande richesse du Nou-
veau-Brunswick est formée par ses bois dont il exportait,
en 1892, 357.775 tonnes, charge de 455 navires; les
tarifs différentiels anglais, grevant lourdement les bois
étrangers, favorisent l'importation de ceux des colonies.
On cultive un peu plus de 500.000 hect. en prés, avoine,
blé, orge, pommes de terre, racines, pommiers. Le bétail
comprenait, en 1891, environ 60.000 chevaux, 202.000
bœufs, 181.000 moutons, 51.000 porcs. L'industrie pro-
gresse, occupant (en 1891) 26.000 ouvriers au travail du
bois, aux constructions navales, à la papeterie, corroirie,
tissage, etc. La valeur des produits dépasse 125 millions
de fr. La pêche occupait, en 1893, 6.079 barques et ba-
teaux montés par 12.265 marins et produisait en harengs,
morues, saumons, homards, une vingtaine de millions defr.
— Le commerce se fait surtout avec la Grande-Bretagne
à laquelle on achetait en 1893 pour 31 millions de fr.
de produits manufacturés, lui vendant pour 38 millions
et demi de bois, objets en bois, de poissons, fourrures,
fer, etc. Des voies ferrées relient les principaux centres
aux villes du Canada et des Etats-Unis. Le trafic maritime
se fait par douze ports : Saint-André ws et Saint-Stephen,
sur la baie de Passamaquoddy ; Saint-John, à l'embouchure
du fleuve ; Moncton, sur le détroit de Northumberland ;
Chatham, sur la baie de Miramichi ; Dalhouse, sur la baie
des Chaleurs, etc. Le principal marché intérieur est le
ch.-L, Fredericton. La grande ville est Saint-John (Saint-
Jean) avec son faubourg de Portland.
Histoire. — Le Nouveau-Brunswick, colonisé par les Fran-
çais en juil. 1604, fut d'abord une dépendance àeVAcadie
française (V. ce mot). Comme on ne s'entendit pas sur les
limites, il fut contesté entre la France et l'Angleterre de
1713 à 1763, où la seconde l'acquit définitivement. En
1764, des colons écossais furent installés sur le Miramichi.
En 1783, il reçut quantité de loyalistes sortis des Etats-
Unis et fut alors érigé en province distincte, et en 1867
rattaché à la Puissance (Dominion) de Canada. La fron-
tière actuelle avec le Maine a été réglée en 1842.
BiBL. : V. AcADiE et Canada. — Geol. survey of C^-naAa,
rapports de 1878 et suiv. — Public Documents of New
Brunswick and Canada^ 1882. — A. Leith-Ada^is, Field
and forest ramble ; Londres, 1873.
NOUVEAU-HANOVRE. Ile de l'Océanie, la plus sep-
tentrionale des grandes îles de l'archipel Bismarck ou de
la Nouvelle-Bretagne (V. ce mot).
NOUVEAU -fVlEGKLEMBOURG. Nom actuel de la
Nouvelle-Irlande (V. Nouvelle -Bretagne).
NOUVEAU-i^lEXIQUE. L'un des Etats-Unis de l'Amé-
rique du Nord ; 317.470 kil. q. ; 153.593 hab. (en 1890),
187.000 avec les Indiens libres. Compris entre 31^ 20' et
37« lat. N., 105« 20' et 111^ 20' long. 0., il confine au
S.-O. au Mexique, au S.-E. au Texas, à l'E. au Texas,
au N. au Colorado, à l'O. à F Arizona. C'est un plateau
d'une ait. moyenne de 1.850 m., en pente du N. au S.,
traversé du N. au S. par la profonde vallée duBio Grande,
qui descend environ 1.100 m. sur ce parcours. Au N. du
Nouveau-Mexique et à l'E. du Pdo Grande est un puissant
massif qui termine au S. la rangée orientale des montagnes
Bocheuses ; le Cobtilla y atteint 3.845 m., le Truchas
4.008 m., le Baldy 3.858 m. De ce massif découlent vers
l'E. la Bivière Canadienne, affl. de l'Arkansas, vers le
Pecos, affl. du Bio Grande. A l'O. et au S. s'étendent de
vastes espaces Infertiles, mesas (plateaux) ou bas-fonds
salins et alcalins. Les mesas occidentaux (mesa de los Lo-
bes, plaine de San Augustin) forment la zone de partage
des eaux entre les océans, avec les monts de Zuni, de
NOUVEAU-MEXIQUE — NOUVEAU-NÈ
— 84
Membres et plus au S. le plateau de la sierra Madré. A
TE. du fleuve, on remarque dévastes coulées de laves, do-
minées à rO. pai' la sierra Soledad, à l'E. par le petit mas-
sif de la sierra Blanca (3.564 m.) et, au delà du Pecos, le
désert du Llano Estacado. Vers VO. se dirigent les rios
San Juan etGila, tributaires du Colorado. Aucun des cours
d'eau souvent enfoncés dans les canons de 300 m. de pro-
fondeur n'est navigable. Les monts sont boisés de pins, de
sapins, de cèdres; les pentes des vallées, de chênes et
d'érables, alternant avec les prairies qui tapissent aussi
une partie des « mesas ». L'ours, le loup, le lynx, le bi-
ber, l'élan, le buffle sont encore assez nombreux. Le cli-
mat est sec ; il ne pleut qu'en été, de juiUet à octobre. La
température moyenne annuelle de Santa Fé à 2.312 m.
d'alt. est de + i0«,3 ; elle varie de + ol« à — 24«.
La population augmente régulièrement : en 1850, efle
était de 61.547 âmes; en 1870, de 91.874; en 1880, de
119.565 ; en 1890, de 153.593 dont 83.055 hommes et
70.538 femmes, 1.956 nègres ou mulâtres, 361 Chinois,
9.903 Indiens sédentaires (Pueblos, Apaches). Il y faut
ajouter 23.450 Apaches etNavajos, qui ont conservé leurs
habitudes de vie sauvage. La population est en majorité
métisse d'Espagnols et d'Indiens, parlant surtout l'espa-
gnol, qui domine dans les écoles. L'instruction est, d'ail-
leurs, peu répandue, plus de la moitié des habitants ne
savent pas lire; sur 44.200 enfants d'âge scolaire, 22.600
seulement allaient à l'école. Il n'y a pas d'enseignement
supérieur ou secondaire. — Le territoire a un gouverneur
et un grand juge désignés par le président des Etats-Unis,
un Sénat de 12 membres, une Chambre de 26 députés ;
il élit un délégué au congrès fédéral. Son budget était, en
'1890, d'environ 1.600.000 fr. aux recettes, 800.000 fr.
aux dépenses, avec une dette de 15 miUions (territoire,
comté, communes). Le chef-lieu est Santa Fé.
On exploite des mines d'or et d'argent, de houille, de
cuivre, de plomb, de fer, le sel des lacs salins. La production
de métaux précieux représente 8 à 10 miUions de fr. par
an. — L'agriculture n'est possible que dans les vallées et
les points qu'on peut irriguer ; elle s'étendait, en 1890, à
105.000 hect. de maïs, blé, avoine, pommes de terre; les
fruits sont excellents. L'élevage du bétail est la principale
ressource : 38.000 chevaux, 8.400 ânes et mulets,
577.500 bœufs, 1.250.000 moutons, 10.000 porcs. Le
centre commercial est Santa Fé. Les voies ferrées ont rem-
placé les anciennes caravanes de bœufs. Le Southern Pa-
cific et la ligne d'Atchison-Topeka-Santa Fé desservent la
grande vallée.
Histoire. — Les grandes ruines des régions de Zuni et
de Pecos attestent l'antique civilisation ruinée par les sau-
vages Indiens nomades. Près de Pecos, à l'E. de Santa Fé,
se voient les restes de la cité de Cicuyé, patrie tradition-
nelle de Montezuma. Le premier Européen qui parcourut la
région fut Cabeza da Vaca ; naufragé sur la côte du Texas,
il traversa le continent jusqu'au golfe de Californie, visi-
tant les cités des Indiens Pueblos. Le gouverneur de Nou-
velle-Galice, Coronado, envoya en exploration un moine
franciscain qui visita Zuni, alors appelé Cibola (1539).
L'année suivante, le gouverneur s'y rendit lui-même. A la
fin du XVI® siècle, Onate amena de nombreux colons et les
mines furent mises en exploitation. En 1680, les Pueblos
asservis se révoltèrent, prirent Santa Fé et chassèrent les
Espagnols. En 1693, Diego de Vargas reconquit le pays.
Celui-ci forma une province sous son nom actuel. En 1804,
le lieutenant américain Pike, remontant l'Arkansas, y pé-
nétra et fut fait prisonnier. Les relations commerciales
s'établirent à travers la Prairie avec les Etats-Unis. En
1820, le Nouveau-Mexique fut affranchi avec le reste du
Mexique. En 1835, la constitution supprimant le fédéra-
lisme, un gouverneur fut envoyé de Mexico. Ce fut la cause
de la révolte du l®"* août 1837, qui partit de Canada ou
Santa Cruz, vifle des Pueblos ; le gouverneur Perez fut
mis à mort ; un Indien Taos, du nom de José Gonzalez,
fut installé à sa place. Le général Manuel Armijo comprima
le mouvement et demeura gouverneur jusqu'à l'invasion
américaine de 1846 ; il se retira sans combattre devant le
général Kearney. Le traité de Guadalupe-Hidalgo céda le
Nouveau-Mexique aux Etats-Unis. Il fut organisé en Ter-
ritoire par acte du 9 sept. 1850. En 1854, la convention
Gadsden l'agrandit d'une bande dé terre au S. On y avait
joint la partie de la Vieille-Californie acquise par l'Union.
Mais en 1863 on détacha la moitié occidentale qui forma
le territoire d'Arizona. Lors de la guerre de sécession, une
armée du Texas occupa Santa Fé le 20 mars 1862, mais
fut battue à Glorieta huit jours après et contrainte à la
retraite. Les gens du Nouveau-Mexique demeurèrent fidèles
à l'Union et lui fournirent 6.000 hommes. A.-M. B.
BiiîL. : Ladd, The Stovij of New Mexico; Boston,' 1891.
— Bandelier, History ofthe Soutlivoesiern -portion of the
United States; Cambridge (Mass.), 1891. — Cf. la bibl. de
l'art. Etats-Unis.
NOUVEAU-NÉ. I. Médecine. — La désignation de
nouveau-né s'applique aux enfants depuis leur naissance
jusqu'à une période indéterminée, la sixième semaine pour
Parrot, l'apparition des premières incisives, de quatre à
sept mois pour d'autres auteurs. On peut pratiquement
fixer comme limite Vàge de cinq mois où se manifestent
habituellement les phénomènes prémonitoires de la denti-
tion du coté des gencives. Cette dénomination n'est cepen-
dant pas purement nominale, car elle détermine en réalité
la période durant laquelle l'enfant sorti du milieu maternel,
oii il trouvait température constante et nutrition élémentaire,
s'adapte aux conditions de sa vie nouvelle et individueUe.
Ainsi que le dit Fonssagrives, le nouveau-né n'est qu'un fœtus
qui se fait enfant. La nutrition et la respiration placentaires,
servies par un système vasculaire spécial, cessent brusque-
ment. D'un milieu liquide à température élevée et cons-
tante, 38^, l'enfant se trouve transporté dans l'atmosphère,
où les conditions thermiques sont toutes différentes. L'or-
ganisme en entier subit donc une véritable crise durant les
premiers jours qui suivent la naissance ; la chute du cor-
don ombilical, qui se produit du quatrième au sixième jour,
est un des épisodes de cette crise, mais n'en marque pas
la fin. Le changement de milieu est bien la cause des mo-
difications qui se produisent, ainsi que la rupture du lien
vasculaire qui unissait l'enfant à la mère, puisqu'elles se
montrent quelle que soit la période où l'enfant est jeté hors
de la vie intra-utérine, pourvu qu'il naisse viable. Elles ne
sont donc point dues uniquement au développement spon-
tané et naturel des organes.
i\ussitôt après la naissance, la respiration pulmonaire,
condition essentielle de la vie du vertébré dans le miUeu
aérien, s'établit d'emblée ; le sang suit de nouvelles voies,
et le cœur se modifie en vue d'une distribution nouvelle du
liquide sanguin. D'autre part, l'absorption et la digestion
de l'aliment inaugurent un nouveau mode de nutrition. Les
facuhés de la vie de relation qui permettront plus tard au
nouvel être de pourvoir à ses propres besoins se dévelop-
peront peu à peu, mais elles vont rester au début dans un
état de grande imperfection. Le nouveau-né humain diffère
ainsi de beaucoup d'autres vertébrés,' qui peuvent marcher
dès la naissance, et dont un certain nombre, comme les
poussins, sont a])tes à chercher eux-mêmes leur nourri-
ture dès le début de leur vie.
L'on conçoit que ces modifications profondes dans la vie
organique ne peuvent s'accomplir sans exposer l'enfant à
de nombreux dangers. Cette fragilité spéciale dure plus ou
moins longtemps, suivant que l'enfant est vigoureux ou
faible, suivant qu'il est né à terme ou prématurément. Il
est nécessaire que pendant cette période l'enfant soit en-
touré de soins spéciaux, dont nous énumérerons les prin-
cipaux après avoir examiné les caractères propres au nou-
veau-né.
he poids du nouveau-né à terme est en moyenne de
3^^s',200 à 3'^ê',400, suivant le sexe. La longueur varie
entre 49 et 50 centim. Les filles pèsent en moyenne 150 gr.
de moins que les gar(;ons et ont en longueur 1 centim. de
moins. Les prématurés (enfants nés avant terme) ont en
n^oyenne un poids inférieur, qui peut descendre jusqu'à
4^^8,200 pour les enfants de six mois et demi, ou pour les
enfants atteints de faiblesse congénitale : ce poids si faible
est cependant compatible avec la vie et avec un dévelop-
pement ultérieur. Le poids et le volume des jumeaux
est habituellement au-dessous de la moyenne, même
lorsqu'ils naissent à terme, ce qui est rare. 11 arrive
souvent que l'un des fœtus succombe durant le cours
de la gestation. Les jumeaux sont, le plus habituellement,
de même sexe. Durant les deux premiers jours qui sui-
vent la naissance, on constate une diminution du poids
initial. Cette diminution est d'environ 150 gr. ; mais dès
que l'alimentation s'établit de façon régulière, la descente
s'arrête et, vers le septième jour, il y a retour au poids
primitif. Lorsque l'équilibre s'est définitivement rétabH,
l'enfant augmente rapidement de poids : cette augmentation
est en moyenne de 20 à 30 gr. par jour durant les premiers
mois. Quant à la taille, elle s'accroît de 4 centim. durant
le premier mois, de 3 durant le second. Au moment de la
naissance, la peau est couverte d'un enduit blanchâtre et
gras, qui, enlevé, laisse apercevoir la coloration rouge ou
rose foncé de la peau. Cette coloration persiste durant
quatre ou cinq jours et pendant ce temps, si l'on presse
sur les téguments, elle s'efface et la peau paraît jaunâtre.
Les extrémités des pieds et des mains sont légèrement vio-
lacées. Dans un gi'and nombre de cas, les modifications du
sang provoquent la mise en liberté de pigments qui colo-
rent la peau en jaune. En ce même temps, l'épiderme pri-
mitif se fendille, desquame, et fait place à un épiderme nou-
veau. Dans la race nègre, les enfants présentent, au
moment de la naissance, une couleur d'un rouge foncé ; le
pigment noir est locahsé presque uniquement autour de
l'ombilic.
Durant les tout premiers jours, l'enfant ne présente pas
d'ordinaire de sécrétion sudorale. Par contre, on -constate
très souvent chez les enfants des deux sexes un phénomène
singulier, bien étudié par Natalis Guillot : c'est le gonfle-
ment de la glande mammaire et l'établissement temporaire
de la sécrétion lactée avec production de véritable lait. Il
peut même se produire au niveau de la glande de l'inflam-
mation allant jusqu'à l'abcès.
Après la ligature du cordon, la partie qui reste adhé-
rente à l'ombilic de l'enfant se dessèche peu à peu, puis en
quelques jours se transforme en une sorte de lame dure et
cornée qui tombe, laissant à sa place une petite plaie qui
se couvre de bourgeons charnus et se cicatrise en huit
jours environ. Il se produit là un phénomène de nécrose,
le cordon n'ayant pas de vaisseaux propres. Ces modifica-
tions extérieures sont accompagnées de la production d'un
caiUot dans la veine ombiKcale et du retrait des deux ar-
tères ombilicales. Le canal veineux s'oblitère et la circu-
lation définitive s'établit dès les premiers moments. Le trou
de Botal, qui faisait communiquer les deux oreillettes du
cœur, s'oblitère peu à peu, la circulation pulmonaire per-
met au sang de s'oxygéner au contact de l'air et de rejeter -
au dehors l'acide carbonique.
Au moment de la naissance, la tête de l'enfant ne pré-
sente pas, sauf des exceptions rares, sa forme définitive,
mais son passage à travers la filière pelvienne l'a plus ou
moins déformée. Cette déformation disparaît rapidement,
d'ailleurs, après la naissance. Si l'on explore la surface du
crâne, on rencontre entre les os des espaces membraneux
linéaires qui les unissent entre eux, et, à Fentre-croisement
de ces sutures, des surfaces membraneuses auxquelles on
donne le nom de fontanelles (V. Foetus). La seule fonta-
nelle a[.T)réciable au moment de la naissance est la fonta-
nelle antci ieure ou frontale, qui continue à s'accroître jus-
qu'au neu^ ième mois et qui ne disparaît qu'à la fin de la
deuxième année. Le cuir chevelu, souvent infiltré dans les
premiers j(»urs (bosse séro-sanguine), est habituellement
couvert de cheveux courts et forts qui sont remplacés par
d'autres après quelques semaines. La peau est elle-même
— NOUVEAU-NE
couverte d'un duvet fin qui tombe bientôt.- Les ongles sont
développés et atteignent l'extrémité des phalanges.
Les fonctions de l'enfant nouveau-né s'accompUssent sui-
vant un type un peu spécial. Le sang subit dans les pre-
miers jours une véritable crise qui se traduit par la mul-
tiplicité des globules blancs, et par une rénovation intense
des globules rouges, qui sont plus nombreux et de dimen-
sion plus inégale que chez l'adulte. La circulation est
également plus active, le cœur battant 137 fois par
minute environ durant les deux premiers mois. Cette
fréquence s'exagère encore pour la moindre cause. Dans
les premiej's instants qui suivent la naissance, l'enfant fait
une première inspiration et crie. Cette première inspira-
tion et celles qui suivent, tant que les battements du cor-
don ombiUcal persistent, font pénétrer dans la circulation
la quantité de sang nécessaire pour remplir les vaisseaux
pulmonaires. Les premières respirations sont continues
mais irrégulières. Elles sont très fréquentes, puisqu'elles
sont au nombre de 50 en moyenne par minute. Au
début, la cage thoracique se dilate peu, et la respiration
est presque uni(|uement diaphragmatique. La température
centrale dunouveau-néestdeST'^ environ au moment de la
naissance, elle tend à diminuer durant les instants qui
suivent, d'où la nécessité fréquente de réchauffer le nou-
veau-né.
La bouche de l'enfant est sèche durant les trois pre-
miers mois, la sécrétion salivaire étant peu abondante.
Les muscles des lèvres, des joues, de la langue et du
pharynx sont bien développés et aptes à la succion dès la
naissance. Le nouveau-né entoure hermétiquement le ma-
melon avec la lèvre supérieure d'une part, la lèvre infé-
rieure et la langue d'autre part ; le maxillaire inférieur et
la langue, en se portant en arrière, aspirent le lait qui coule
dans la bouche. Durant la succion l'enfant respire par le
nez. Lorsqu'une série de succions ont remph la bouche,
l'enfant avale en produisant un bruit de déglutition. L'es-
tomac de l'enfant nouveau-né est très petit. D'une conte-
nance de 50 centim. c. au moment de la naissance, il ne
contient encore que 400 centim. c. à trois mois. Durant
les premiers jours, l'enfant ne prend qu'une très faible
quantité de lait, ou plutôt de colostrum (V. Allaitement),
en vingt-quatre heures, 30 gr., 420 gr., 300 gr., les pre-
mier, deuxième et troisième jours. Plus tard, durant le pre-
mier mois, les quantités quotidiennes de lait atteignent de
500 à 600 gr. Lorsque le lait arrive dans l'estomac du
nourrisson, la caséine se coagule en fins grumeaux s'il
s'agit du lait de femme, en caillots plus volumineux et de
digestion plus difficile s'il s'agit du lait de vache ; puis le
coagulum est en partie liquéfié et peptonisé. Le sucre de
lait se transforme en acide lactique; le beurre n'est
pas modifié. L'estomac met deux heures environ à se vider.
Dans l'intestin grêle la caséine achève de se modifier sous
l'influence du suc pancréatique, le beurre se dédouble en
acides gras et en glycérine, et les graisses s'émulsionnent
pour l'absorption. La digestion s'achève presque complè-
tement dans le duodénum, et l'absorption dans les parties
supérieures de l'intestin grêle. Les phénomènes de la di-
gestion chez le nouveau-né s'accompagnent à un très fable
degré seulement de putréfaction. Les selles revêtent deux
aspects différents. Les premières, qu'expulse l'enfant du-
rant les deux jours qui suivent la naissance, forment ce
que l'on nomme le méconium qui se présente sous l'as-
pect d'une masse épaisse et gluante d'un vert foncé. Puis
viennent les fèces réguHères, d'abord mélangées de méco-
nium. Les selles du nourrisson élevé au sein sont d'une
couleur jaune d'or, d'une consistance et d'un aspect rap-
pelant les œufs brouillés, d'odeur faible, non fécaloïde.
Elles ne doivent pas verdir à l'air. L'enfant élevé au lait
de vache rend des selles qui sont grisâtres et présentent
l'aspect du mastic de vitrier. Les évacuations sont chaque
jour de trois ou quatre durant le premier mois, de deux
ou trois durant le deuxième. Au moment de la naissance la
vessie contient un peu d'urine qui est expulsée le premier
NOUVEAU-NÉ — 86.
jour. Durant le premier mois, la quantité d'urine varie
journellement de 200 à 300 gr. L'urine renferme une très
faible quantité d'urée.
Le nouveau-né est plongé dans un état habituel de som-
nolence, et pour que l'état de veille se produise, il faut
une excitation des nerfs sensitifs. La faim ou la douleur
physique sont presque les seuls excitants qui amènent cet
état de veille. D'autre part, l'action de téter et le cri pro-,
voquent rapidement la fatigue et ramènent de nouveau
l'enfant à l'état de sommeil. Comme le remarque Preyer,
si on laisse crier l'enfant qui a faim, il s'endort le plus
souvent au bout de peu de temps, même quand on ne lui
a rien donné. Si un enfant tète une nourrice dont le lait
est peu abondant, il est habituel de voir l'enfant s'endor-
mir durant la tétée. Le mode d'activité le plus habituel
est donc, en dehors de la succion, le cri. Ce cri prend des
caractères un peu différents suivant qu'il est provoqué par
la faim ou par une impression désagréable ou un état de
malaise. Le cri delà faim est plus faible que le cri de dou-
leur, il ne se produit que par intervalles, la bouche est
largement ouverte, la langue tirée en arrière, comme si
l'enfant s'apprêtait à saisir le mamelon. Si on lui offre le
sein, l'enfant tourmenté par la faim ouvre largement les
yeux, tourne la tête de côté et d'autre. Les enfants nou-
veau-nés ne trouvent pas le mamelon sans y être aidés,
ils n'arrivent au but d'eux-mêmes que quelques jours
après la naissance. L'enfant suce souvent une partie voi-
sine du mamelon sans se rendre compte de la différence.
La fonction de succion n'est aussi développée que parce
qu'elle est héréditaire.
Les mouvements musculaires, en dehors de ceux de la
succion, sont un simple exercice musculaire et ne sont pas
soumis au contrôle de la volonté qui n'existe pas encore.
Ils n'ont ni précision, ni mesure, et l'ataxie apparaît smv
tout dans les divers mouvements des membres qui se font
pai' petites saccades. La préhension du sein elle-même ne
se fait qu'après un tâtonnement, ainsi que nous l'avons dit.
Les doigts sont habituellement en flexion, et l'acte de la pré-
hension n'est qu'un pur réflexe. Les mouvements volontaires
n'existent pas durant les trois premiers mois. Les mouve-
ments que l'on constate durant cette période sont ou innés
ou réflexes ou instinctifs. Les déplacements des yeux eux-
mêmes sont incoordonnés, les muscles du globe de l'œil
comme ceux des membres, ne recevant pas encore des centres
nerveux les excitations systématiques et synergiques qui sont
nécessaires au bon exercice de la vision, et qui sont consécu-
tives elles-mêmes à l'exercice du sens musculaire. Durant
les premiers jours le regard est vague, puis l'enfant ap-
prend à diriger les yeux d'un objet à l'autre, et plus tard
à suivre du regard un objet qui se déplace. Il devient apte
alors à regarder, à examiner les objets qui attirent son
attention. Durant les premières semaines d'ailleurs l'en-
fant ne peut voir au sens propre du mot, il distingue seu-
lement le clair de l'obscur. Le réflexe du clignement que
l'on provoque en approchant rapidement de l'œil un objet
quelconque manque aussi durant les premiers temps et ne
s'acquiert que par l'expérience.
Au moment de la naissance, il n'y a pas d'air dans
l'oreille moyenne, le conduit auditif externe n'est pas per-
méable ; en outre, les centres de l'audition ne sont pas dé-
veloppés. Aussi durant un temps variable, mais qui peut
aller jusqu'à plusieurs jours, le nouveau-né doit être con-
sidéré comme sourd. La sensibilité au contact, à la tempé-
rature, à la douleur est obtuse au moment delà naissance.
L'odorat, mais surtout le goût sont relativement beaucoup
plus perfectionnés.
Les sentiments de l'enfant durant la première période
de la vie sont peu nombreux, mais ils peuvent être très
vifs ; la volonté se développe peu à peu par la mémoire de
tout ce qui a provoqué une sensation agréable et par le
désir d'amener le retour de cette sensation, d'éviter tout
ce qui a provoqué une sensation inverse. La mémoire pro-
prement dite, mémoire des visages, mémoire des Heux,
n'existe pas avant le troisième mois. Les sensations désa-
gréables, pour peu qu'elles soient vives, provoquent le cri
qui s'accompagne de la tm^gescence du cou et de la face
et de rougeur de ces parties ; toute impression forte et
subite amène la fermeture des yeux, et au plus léger sen-
timent de malaise les coins de la bouche s'abaissent. Les
manifestations de plaisir ne sont pas variées; au début, la
sensation de bien-être se manifeste par l'ouverture des
yeux. Le premier sourire apparaît à une époque variable,
pour certains à la quatrième semaine, plus habituellement
vers la dixième. Prayer dit avoir constaté le rire véritable
chez son enfant au vingt-troisième jour. Pour Pline, aucun
enfant ne rit avant le quarantième jour.
Aussitôt après sa naissance, l'enfant doit être l'objet de
soins spéciaux. Il faut l'entourer immédiatement d'une
couverture chaude et procéder à la Kgature du cordon dès
que les battements de celui-ci ne sont plus perceptibles.
Cette ligature doit se faire très soigneusement avec du fil
fort ou de la soie chirurgicale conservés dans un Kquide
antiseptique. Cette ligature doit être appliquée à 5 centim. de
l'ombihc de l'enfant ; elle sera double et serrée. Une fois la
Hgature assurée, on procède à la section du cordon qui doit
se faire au delà du fil, sur la partie maternelle du cordon.
Lorsqu'il s'agit d'une naissance gémellaire diagnostiquée
ou seulement soupçonnée, il importe de faire sur le cor-
don deux ligatures, après la première naissance, et de ne
pratiquer la section du cordon qu'entre ces deux ligatures.
On ne doit négliger cette précaution que dans le cas où
l'on a la certitude que les deux placentas sont complète-
ment séparés.
Il arrive que, lorsque l'accouchement a été laborieux
ou que la mère est atteinte d'une maladie telle que
l'éclampsie, l'enfant ne respire pas au moment de la nais-
sance et se présente en état de mort apparente. Il peut
naître simplement étonné (P. Dubois), c.-à-d. en état
de suffocation transitoire. Il suffit alors de débarrasser
avec le doigt les voies aériennes des mucosités qui les en-
combrent et de pratiquer quelques vives frictions sur le
dos et sur les côtés de l'enfant pour voir apparaître les
mouvements de la respiration. Il est inutile de se hâter de
sectionner le cordon. Dans d'autres cas, l'enfant naît en
état de véritable asphyxie. Il naît alors complètement
inerte, les membres souples, la tête tombe de côté et
d'autre, sous l'influence de la pesanteur ; les paupières
sont entr'ouvertes, les yeux saillants, les conjonctives in-
jectées, la face tuméfiée, la peau et les lèvres violacées.
Mais, à l'auscultation, on constate que les battements du
cœur persistent encore, bien qu'affaiblis, et souvent irré-
guliers. Après la section du cordon, qu'il est inutile de
laisser saigner ainsi qu'on Fa conseillé, il faut se hâter
de désobstruer les voies respiratoires, comme dans le cas
précédent, puis pratiquer de suite la respiration artifi-
cielle. Celle-ci peut se faire directement de bouche à bouche,
en interposant un linge fin ; mais il vaut mieux employer
soit le tube de Chaussier, soit l'insufflateur de Ribemont-
Dessaignes. Ce dernier instrument est le plus parfait ; on
en introduit l'extrémité conique dans le larynx en se ser-
vant du doigt comme guide et comme conducteur. Il est
muni d'une poire en caoutchouc qui permet d'envoyer de
l'air dans les poumons, sans pression exagérée, et à l'aide
de laquelle on peut aussi aspirer les mucosités. Les mou-
vements alternatifs d'élévation, puis d'abaissement des
bras le long du corps avec pression sur les flancs peuvent
être employés en même temps. Il convient d'agir avec
calme et méthode. Les tractions rythmées de la langue,
peu faciles à employer chez le nouveau-né, sont peu usi-
tées. En même temps que l'on pratique la respiration
artificielle, l'on doit faire préparer un bain chaud à 45«,
ou un bain tiède sinapisé, et, dès que cela est possible, y
plonger l'enfant. Les docteurs allemands emploient vo-
lontiers l'eau froide. Lorsque les accidents ont tendance à
cesser et que l'état d'asphyxie s'améliore, on voit la co-
loration violacée faire place à une ce^loration rosée,, les
— 87 ~-
NOUVEAU-NE
mouvements du cœur deviennent plus amples et plus ré-
guliers, une première inspiration spontanée apparaît, et
est suivie de plusieurs mouvements respiratoires, faibles
et irréguliers d'abord, puis tendant à devenir normaux.
Il ne faut point abandonner l'enfant avant qu'il ait bien
franchement crié. L'on doit aussi se souvenir qu'il est
quelquefois nécessaire de continuer les manœuvres précé-
dentes durant une, heure et plus, avant d'arriver à rani-
mer le nouveau-né. Au lieu de présenter ces phénomènes
de l'asphyxie bleue, l'enfant peut naître en état syncopal,
en état à' asphyxie blanche. Il offre alors toutes les appa-
rences de la mort ; la face et les téguments sont blancs et
décolorés ; la résolution musculaire est complète, les sphinc-
ters sont relâchés. Les battements du cœur, lorsqu'ils sont
perçus, sont très faibles et irréguliers. Le traitement indi-
qué ci-dessus convient encore, mais avec des chances bien
moindres de succès. Il faut savoir, d'ailleurs, que, malheu-
reusement, un grand nombre d'enfants ainsi ranimés, à
la suite de phénomènes asphyxiques, succombent les jours
suivants, le plus souvent à la suite d'affections pulmo-
naires.
L'on doit baigner l'enfant après sa naissance pour le débar-
rasser de son enduit sébacé. Le bain sera donné avec de
l'eau plutôt chaude, bouiUie; il est utile d'employer le
savon et une brosse douce ou une éponge ; on veillera
surtout à la propreté des plis articulaires de la tête. Il
est bon d'éviter que l'eau du bain n'atteigne les yeux
de l'enfant, que l'on se contentera de laver avec un peu
d'eau boriquée, sauf indication contraire. Quelques accou-
cheurs se sont élevés récemment contre cette coutume sé-
culaire du bain, et se contentent de frictions effectuées
à l'aide de ouate hydrophile et d'alcool ou d'eau de Co-
logne. On procède ensuite au pansement du cordon que
l'on entoure simplement de ouate ou de gaze stérilisées et
que l'on maintient sur le côté à l'aide d'une petite bande
de flanelle modérément serrée. On doit ensuite habiller le
nouveau-né.
L'habillement du nouveau-né se compose de deux par-
ties, une partie pour ainsi dire inamovible, qui recouvre
la moitié supérieure du corps, et ne doit pas descendre
au-dessous du nombril, pour ne pas être souillée par
l'urine et par les garde-robes, et une partie qui doit être
fréquemment défaite et qui forme une sorte de gauie à la
moitié inférieure du corps. La première se compose d'une
chemisette en toile fine, en contact direct avec la peau,
puis une brassière de tricot ou de flanelle, enfin une bras-
sière plus large en piquet. Ces vêtements s'ouvrent en ar-
rière, et c'est là qu'on les ferme en les croisant et en les
fixant à l'aide d'une épingle de sûreté. La partie inférieure
du corps est enveloppée dans une couche pliée en triangle
et dont les bouts vont entourer et séparer les membres
inférieurs ; puis vient une pièce carrée en laine, le lange,
que l'on enroule autour de l'enfant, que l'on fixe par des
épingles et dont on ramène le bout pendant en arrière
pour l'y fixer également. Dans l'habillement dit à l'an-
glaise le lange de laine est remplacé par une petite culotte
de flanelle, les jambes et les pieds étant recouverts de
chaussettes et de chaussons. On superpose au tout, dans
ce dernier cas, une longue robe le plus souvent de fla-
nelle. Le premier mode, dit maiflot à la française, convient
durant le premier mois ; le second, l'habillement à l'an-
glaise, qui laisse plus de hberté à l'enfant, sera employé
avec avantage dès le second mois, surtout en été. En tout
cas, il faut bien se souvenir que les mouvements de l'en-
fant doivent être absolument hbres et que le maillot ne
doit le comprimer en aucun point. Il est bon d'ailleurs de
laisser le nourrisson exercer ses petits membres chaque
jour, en le débarrassant de ces entraves dans la chambre
chaude. La tête de l'enfant doit être nue, sauf pour les
sorties.
Il est bon dès les premiers mois de déshabiller l'enfant
à chaque tétée, et de le placer sur un vase. Il prendra
ainsi l'habitude de la propreté et se souillera plus rare-
ment d'urine. Souvent l'enfant crie dès qu'il est mouillé
et il est bon de le changer de suite. Il est bien entendu
qu'en aucun cas l'enfant ne doit être couché dans le lit
de la mère. La pièce dans laquelle il doit vivre sera, au-
tant que possible, vaste et exposée au midi, largement
éclairée. Il faut que la température en soit constante,
au moins durant les premiers jours, et elle ne doit pas
descendre au-dessous de 45° C. Le berceau de l'enfant
sera en métal, afin de pouvoir être lavé périodiquement.
On le garnira de deux petits matelas ou paillassons recou-
verts d'un drap et d'une toile imperméable. Le nouveau-né
y sera placé tout habillé et on mettra près de lui deux
ÎDOules d'eau chaude, pour peu que la température soit
froide, mais en ayant bien soin qu'elles ne puissent le
brûler. Il est inutile de garnir le berceau de rideaux, mais
il est bon de le placer en face d'une fenêtre. Le nourris-
son doit rester dans ce berceau sauf durant les tétées, au
moins durant les premières semaines. Chaque fois que
l'on change l'enfant, il est nécessaire de laver les régions
souillées et de les saupoudrer de poudre de lycopode, pré-
férable à la poudre d'amidon. Ces lavages doivent être
faits avec de l'eau bouiUie. Chaque jour l'on doit égale-
ment donner un bain général à l'enfant, bain dont la tem-
pérature sera de 30*^ au plus et dont la durée n'excédera
pas cinq minutes. Les narines, la bouche, les yeux et les
oreilles doivent également être nettoyés à plusieurs re-
prises chaque jour avec du coton aseptique et de F eau
bouillie. Il faut réaliser, autant que possible, l'asepsie de
l'enfant nouveau-né et ne pas le laisser manier et surtout
, embrasser parle premier venu.
On trouvera à l'art. Allaitement tout ce qui concerne
l'alimentation des nouveau-nés. Nous nous bornerons à
rappeler que l'enfant laissé à jeun jusque-là doit être mis
au sein de six à douze heures après sa naissance ; on lui
donnera successivement les deux seins, et l'on aura soin
d'introduire le bout du sein dans sa bouche, en pressant
la base du mamelon pour faire couler un peu de lait ou de
colostrum. La seconde tétée aura ,Heu quatre heures au
moins après la première, et il en sera de même jusqu'au
troisième jour. A partir de ce moment, les tétées devien-
dront régulières et l'on donnera le sein à l'enfant toutes
les deux heures et demie. La dernière tétée du soir doit
se faire sur les onze heures et la première du matin vers
cinq heures ; dans cet intervalle, l'enfant restera sans rien
prendre. A chaque tétée, l'enfant sain et bien constitué
prend en moyenne 70 gr. durant le premier mois, 100 gr.
le mois suivant. S'il existe un doute sur la quantité de lait
prise à la tétée, il est bon de le peser avant et après chaque
tétée. On ne doit pas laisser l'enfant s'endormir au sein ;
il faut, dans le cas où il aurait cette mauvaise habitude, le
réveiller doucement et l'exciter par de petites pressions
sur les joues. Il faut peser le nouveau-né régulièrement
toutes les semaines, et même tous les jours s'il y a un
doute sur la valeur de sa nutrition. Ces poids seront ins-
crits, et l'on établira la moyenne quotidienne de l'accrois-
sement. Cette moyenne seule a une valeur. Ces pesées
doivent être effectuées autant que possible à la même
heure, ou plutôt dans les mêmes conditions physiolo-
giques. Il est bien entendu que l'enfant sera dépouillé de
^on maillot avant de procéder à la pesée. La première
sortie de l'enfant peut se faire en été à la fin de la pre-
mière semaine, en hiver à la fin du premier mois. La
vaccination ne doit pas être pratiquée avant le troisième
mois, à moins qu'il ne soit né dans un milieu oti la variole
est fréquente.
Les enfants nés avant terme doivent être élevés dans
une couveuse (V. ce mot). Ils sont souvent atteints de
cyanose et se présentent habituellement en état de débilité
congénitale. Ils sont aussi plus prédisposés que les autres
à la gastro- entérite. Leur alimentation offre souvent des
difficultés spéciales, car ils ne sont pas toujours en état
de prendre le sein, et ils doivent être gavés.
Les maladies qui frappent les nouveau-nés sont, comme
NOUVEAU-NÉ — NOUVEAU TESTAMENT
on peut le concevoir, très nombreuses et très variées ; nous
ne pouvons même pas les énumérer ici. On en trouvera la
description aux divers articles de cette Encyclopédie (V.Cor-
DON OMBILICAL, EnTÉRITE, PnEUMONIE, StOMATITE, MuGUET,
Hernie, Bec-de-lièvre), etc. D^'M. Potel.
IL Législation. — Quiconque trouve un enfant nou-
veau-né est tenu, sous peine d'un emprisonnement de six
jours à six mois et d'une amende de 16 à 300 fr., de le
remettre, ainsi que les effets trouvés avec lui, à l'officier
de l'état civil et de lui déclarer toutes les circonstances du
temps et du lieu où il aura été trouvé. Un procès- verbal
détaillé en est dressé, qui énonce, outre Fàge apparent, le
sexe, les noms donnés, l'autorité civile à qui l'enfant est
remis, et qui est inscrit sur les registres de l'état civil
(C. civ., art. 58, et G. pén,, art. 347). — V. aussi Enfant,
t. XV, pp. 1039 et suiv., et Naissance, t. XXIV, p. 711.
NOUVEAU TESTAMENT. On a vu à l'art. Canon du
Nouveau Testament comment s'était formée la collection
des livres sacrés propres à l'Eglise chrétienne. Les pre-
miers chrétiens, qui étaient des Israélites réformés, qui
constituaient une secte ou branche particulière du judaïsme
promptement séparée et détachée du tronc, professaient
avec leurs coreligionnaires d'origine la foi en l'inspiration
divine des livres sacrés de la synagogue ; mais ils appli-
quèrent à ceux-ci un système d'interprétation justifiant
leur propre position, système d'après lequel la loi (Thora),
les prophètes et les hagiographes n'étaient qu'un premier
degré de la révélation accordée par Dieu aux descendants
d'Abraham, que le premier étage d'un bâtiment, dont le
couronnement était l'œuvre de Jésus de Nazareth, pro-
clamé comme Messie ou Christ. Il était donc essentiel, du
moment où la révolution surnaturelle qu'espérèrent les
premiers disciples de Jésus se faisait attendre, de donner
une forme matérielle et précise au système d'interpréta-
tion de la Bible adopté par le christianisme, de mettre par
écrit les souvenirs relatifs à la personne de Jésus et aux
débuts de la communauté chrétienne, d'exposer et de jus-
tifier le dogme et les institutions propres aux disciples du
crucifié. Le recueil ainsi formé, qui seul livrait le sens
profond et définitif des livres sacrés du judaïsme, devait
jouir d'une autorité au moins égale à ceux-ci. Il se com-
posa des Evangiles, traités historico-dogmatiques, desti-
nés à démontrer que Jésus de Nazareth est le Messie an-
noncé par les prophètes, et des Actes des apôtres qui
relatent les faits essentiels de la constitution de la société
chrétienne. On y joignit treize lettres de l'apôtre saint Paul,
Epîtres aux Romains, aux Corinthiens (au nombre
de deux), aux Galates, aux Ephésiens, aux Philip-
piens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens (au nombre
de deux), à Timothée (au nombre de deux), à Tite et à
Philémon, une lettre anonyme, dite Epitre aux Hébreux,
une lettre attribuée à saint Jacques, deux à saint Pierre,
trois à saint Jean, une à saint Jude, toutes lettres qui dé-
fendent la doctrine chrétienne et fixent des points de dis-
cipline et d'organisation ; enfin une œuvre, conçue sur le
modèle des prophéties dites apocalyptiques, V Apocalypse
de saint Jean, qui annonçait le triomphe complet de
l'Eglise chrétienne. On trouvera une analyse suffisante de
ces écrits aux art. Evangile, Actes des Apôtres, Paul
(saint), HÉRREUx(Epître aux), Jacques (saint), Pierre (saint),
Jean (saint), Jude (saint) et Apocalypse de saint Jean, en
même temps que des indications sur leur origine probable.
Il est très remarquable que la totalité de ces livres soit
écrite en langue grecque, qui fut ainsi la langue officielle
de la nouvelle forme religieuse. Comme ancienneté rela-
tive de ces différents écrits, l'avantage revient aux épîtres
de saint Paul reconnues authentiques (notamment les épîtres
aux Galates, aux Corinthiens et aux Romains) ; ce sont
les seuls écrits pour lesquels on puisse proposer décidé-
ment une date antérieure à la destruction de Jérusalem
par Titus (70 de notre ère). Les autres livres paraissent
appartenir au dernier quart du i*'^ siècle, quelques-uns au
premier ou au second quart du ii® siècle. Ils sont rédigés
dans une langue assez médiocre et dans le dialecte dit hel-
lénistique, c.-à-d. dans le grec tel qu'on l'écrivait en Syrie
et en Asie Mineure. Ici encore, il faut distinguer les écri-
vains du Nouveau Testament selon leur degré de culture,
visiblement très médiocre chez quelques-uns. On trouvera
à l'art. Critique sacrée et Bibliographie de la Bible toutes
les indications nécessaires sur l'évolution qui a, peu à peu,
substitué les règles d'une interprétation historique, repo-
sant sur les principes de la critique rationnelle appliquée
aux œuvres littéraires, à l'interprétation dogmatique, qui
a prévalu sans contradiction sérieuse jusque dans le cours
du xviii^ siècle. Le Nouveau Testament est, pour la science
moderne, un document d'un prix infini pour l'histoire des
idées et des institutions religieuses, mais ce document doit
être abordé dans les conditions de rigueur et de précision
que réclame l'étude de tous les monuments à nous par-
venus des littératures anciennes. Il doit être soustrait aux
polémiques des différentes Eglises qui appuient leur doc-
trine ou leur pratique sur son contenu, pour rentrer dans
le. cercle de ce qu'on peut appeler, au sens large, les hu-
manités, par quoi nous entendons les institutions et les
idées qui ont joué un rôle essentiel dans le développement
des sociétés civilisées de la Grèce, de l'empire romain et
du monde occidental jusqu'à nos jours.
Dans les traités dits Introductions au Nouveau Tes-
tament, on discute les questions touchant l'aspect que de-
vaient offrir les manuscrits originaux des livres entrés dans
la composition de ce recueil, manuscrits qui se sont per-
dus et qui ne nous sont connus que par l'intermédiaire de
copies de date plus récente. Nous possédons notamment
deux copies, qu'on peut faire remonter jusqu'au iv« siècle
de notre ère, l'une dite le Codex Sinaïticus, l'autre le
Codex Vaticanus, quicontenaient,àrorigine, F Ancien Tes-
tament grec ainsi que le Nouveau. Le premier a été dé-
couvert en 1844 par le paléographe Tischendorf dans la
riche bibliothèque du couvent grec (orthodoxe) du Sinaï et
publié en 1862, et il est connu sous la lettre hébraïque aleph
(iS) ; le Codex du Vatican (désigné par la lettre B) repré-
sente un texte plus correct, malheureusement il offre une
lacune assez considérable. Le nombre des manuscrits de
date plus récente est considérable. A leur aide et en invo-
quant le témoignage d'anciennes traductions en diverses
langues ou des citations que fournissent les textes des an-
ciens écrivains ecclésiastiques, on a cherché à corriger le
texte étabU provisoirement par les savants de la Renais-
sance et à reconstituer, d'une façon quelque peu arbitraire,
il faut l'avouer, le texte primitif des écrits sacrés du chris-
tianisme. Ce texte vulgaire, dit texte reçu, avait été lui-
même établi sur des manuscrits trop modernes et renfermait,
à côté de quelques grosses interpolations, de nombreuses
erreurs de détail. A ce travail minutieux et déUcat de
correction sont attachés les noms de Griesbach, de Lach-
mann, de Tischendorf, de Tregelles, de Westcott et Hort.
Nous emprunterons à M. Sabatier quelques indications auto-
risées touchant la délicate question de la reconstitution scien-
tifique du texte grec du Nouveau Testament (7^^^^ du Nou-
veau Testament, dans VEncyclopédie des sciences reli-
gieuses de Lichtenberger) . « Le texte du Nouveau Testament,
ditce savant, n'estpas arrivé jiisqu'ànous sans modifications.
Il a une histoire, qui est l'exposé de ces vicissitudes et de
ces changements. On y peut distinguer trois parties : l'his-
toire des modes de conservation, celle des altérations su-
bies et celle enfin des efforts persévérants de la critique
pour retrouver autant que possible le texte primitif. Dans
ces trois parties, la découverte de l'imprimerie marque un
moment capital, qui divise en deux périodes profondément
distinctes l'histoire du texte du Nouveau Testament. — Les
manuscrits originaux, ceux que l'on pourrait appeler les
autographes mêmes des premiers livres chrétiens, ont dis-
paru sans laisser dans l'histoire aucune trace certaine. Il
faut tenir pour des fables tout ce que l'on raconte, dans
l'antiquité et dans les temps modernes, de documents de
cette nature retrouvés ou conservés dans quelques biblio-
thèques. — Les premières copies que l'on fit des livres
apostoliques ne tardèrent pas à présenter de nombreuses
variantes, qui se multiplièrent encore avec le nombre des
copies elles-mêmes. C'était une chose inévitable. On peut
ranger les variantes en deux classes : la première compre-
nant les erreurs -involontaires des copistes; la seconde, les
modifications conscientes et intentionnelles. Rien n'est plus
difficile que de copier exactement un long manuscrit; et il
faut compter toujours : i^ avec les erreurs des yeux, si le
scribe lit lui-même le texte qu'il reproduit, qui lui font
prendre un mot pour un autre ; 2° avec les erreurs de
l'oreille, s'il écrit sous la dictée, qui lui font confondre des
sons voisins ; 3° avec les erreurs de la mémoire, qui lui
font échanger des synonymes ou des mots semblables ;
Âi^ avec les erreurs de l'intelligence, qui lui font mal inter-
préter une phrase et mal lire ou partager les mots... Il
vaut mieux insister sur la seconde classe de variantes, bien
autrement importantes et qui proviennent d'une intention
évidente d'améliorer le texte qu'on avait à reproduire : 1^ on
a voulu corriger la langïie, la rendre plus correcte et plus
claire là où elle paraissait fautive et obscure. Un grand
nombre des variantes de l'évangile de Marc, par exemple,
ont cette origine ; 2*^ on voulait écarter certaines erreurs
géographiques ou historiques qui paraissaient évidentes. . . ;
3" des variantes ont été amenées par des usages litur-
giques, comme la doxologie introduite dans l'Oraison domi-
nicale de Matthieu ; 4° enfin, il faut noter les préoccupations
dogmatiques. Sous ce rapport, les grandes controverses des
premiers siècles ont exercé sur le texte du Nouveau Tes-
tament une action bien plus considérable qu'on ne le croit
communément. » Après avoir donné à cet égard de curieuses
indications, M. Sabatier déclare « qu'il est d'autres traces
d'altérations plus profondes. On sait, par exemple, que la
fin actuelle de l'évangile de Marc (xvi, 9-20) est une ad-
dition postérieure, quoique très ancienne. . . La fin de VEpître
aux Romains présente une confusion étonnante. . . J'oserais
de même soupçonner les trois premiers versets de l'Apo-
calypse, qui ne sont qu'un titre ajouté au livre, sans doute
après coup. Le récit de la femme adultère (Jean,\m, 4-9)
n'appartient pas plus au quatrième évangile que le pas-
sage 2 Corinthiens, vi, 44-vii, 1 n'appartient à cette lettre
de Paul. On doit en dire autant du fameux passage des trois
témoins (1 Jean, v, 7) et des versets Jean, v, 3 et 4, qui
ont tout à fait l'air de glose explicative passée peut-être de
la marge dans le texte, etc. On voit combien la critique a
eu à faire pour arriver, je ne dis pas au texte certain, mais
au texte probable des écrits apostoHques. Encore aujour-
d'hui, ce qu'elle peut scientifiquement établir, ce sont les
textes les plus généralement admis d'une époque donnée,
comme celles du v*' siècle et du iv« ; mais elle ne peut re-
monter au delà que par des conjectures toujours sujettes
à discussion. » Voici enfin quelques indications touchant la
constitution du texte grec, dit textus recèptus, et les diffé-
rentes familles de manuscrits du Nouveau Testament :
« Erasme publia en 1516, àBâle, sa première édition, très
hâtivement faite, du Nouveau Testament. On a retrouvé les
trois ou quatre manuscrits, fort peu anciens, où Erasme a
puisé son texte et l'on s'est rendu compte de son audace,
pour ne pas dire de sa témérité. En 1519, il publia une
seconde édition, beaucoup mieux étudiée... — Robert Es-
tienne, son fils Henri et Théodore deBèze réunirent cepeh-
dant de nouveaux manuscrits et de nombreuses variantes.
L'édition de 1550, surnommée la Royale, est célèbre. C'est
dans celle de 1551, faite à Genève, qu'apparaît pour la
première fois notre division vulgaire et souvent absurde
du texte en chapitres et versets. Henri Estienne raconte
que son père l'aurait faite à cheval durant son voyage de
Paris à Lyon. Les éditions de Théodore de Bèze ne sont
guère que la reproduction du texte des Estienne, qui est
devenu aussi, à peu de chose près, celui des Elzévir. C'est
dans la préface de leur seconde édition (1633) qu'ils pré-
sentèrent leur texte comme le texte reçu par tous {tex-
tum nunc habes ah omnibus receptum). Cette réclame
89 — NOUVEAU TESTAMENT — NOUVELLE
de librairie, qui n'avait sans doute dans la pensée des édi-
teurs aucune valeur absolue, devint bien vite un dogme
consacré par la superstition des théologiens, en sorte que
toucher au texte reçu sembla longtemps un sacrilège in-
tolérable ». Griesbach, il y a tantôt un siècle, eut le grand
mérite d'esquisser pour la première fois une histoire an-
cienne des textes du Nouveau Testament ; il classe les ma-
nuscrits dans trois familles. Lachmann, à son tour, dis-
tingue entre un type oriental et un type occidental. « Le
travail critique poursuivi depuis Erasme est loin d'être
achevé, déclare M. Sabatier. La lâche consisterait à pou-
voir suivre sûrement, à travers les siècles et les pays, les
modifications du texte en remontant aussi haut que pos-
sible. Pour cela il faudrait, mieux qu'on ne l'a fait encore,
établir l'histoire et la généalogie des manuscrits grecs et
les comparer individuellement entre eux et avec les Pères
de l'Eglise, comme avec les versions ou les lectionnaires
auxquelles ils correspondent par leur date et leur lieu d'ori-
gine. Quand cela sera fait, on pourra écrire avec quelque
précision une histoire du texte du Nouveau Testament. »
On voit que la constitution du texte du Nouveau Testament
obéit exactement aux mêmes règles que l'étabUssement
scientifique de n'importe lequel des textes littéraires de
l'antiquité classique. Mais la difficulté est rendue plus grande,
d'une part par l'abondance extraordinaire des manuscrits,
de l'autre par les préoccupations dogmatiques dont les pa-
léographes ne savent pas toujours se débarrasser.
Maurice Vernes.
BiBL. ; Nous renverrons à rarliclc intitulé Critique sa-
crée ET Bibliographie de la Bible, et à l'excellent Grun-
driss der theologischen Wissenschaften, 7« division,
Einleitung in das Neue Testament, par Adolf Jûliciier ;
Fribourg-en-Brisgau etLeipzifï, 1894, notamment aux pp. 1,
6-18 (Uebersicht ueber die Litteratur der Disciplin)^ 19-20,
ai, 39, 44, 51, 67-68, 78, 84, 97, 112, 130, 136, 147, 152, 161, 161,
183, 238, 251, 259, 273, 280, 349, 358, 364, 392, sans négliger
les indications données au cours de l'exposition.
NOUVELLE (Littér.) (V. Roman).
NoTi velle à la main. — Nom donné au xvii® siècle à des
gazettes clandestines imprimées en secret, qui donnaient
les nouvelles de la cour ou de la ville souvent en forme sa-
tirique. Ce titre s'étendit à des gazettes simplement humo-
ristiques, comme les Nouvelles de l'ordre la Boisson chez
Museau Cramoisi d'Avignon. Les mazarinades (V. ce
mot) rentrent dans la catégorie des nouvelles à la main,
d'ailleurs prohibées par le Parlement de Paris dès 1620 et
par arrêts des 18 août 1666 et 9 déc. 1670, sous peine
du fouet et des galères pour les vendeurs. Le lieutenant
de police La Reynie fut spécialement chargé de la réprimer
et finit par y réussir. Elles reparurent sous la Régence où
M"^® Doublet publia un journal hebdomadaire intitulé
Nouvelles a la main et dont Rachaumont a reproduit le
contenu.
La liberté de la presse fit disparaître ces feuilles, mais
les anecdotes dont elles s'alimentaient se retrouvent dans
les journaux mondains, et le titre de Nouvelle à la main
s'applique aujourd'hui à de courtes anecdotes on à des
« mots » généralement imaginés.
Nouvelles ecclésiastiques (Gazette janséniste)
(V. Fontaine [Jacques]).
NOUVELLE (La). Com. du dép. de l'Aude, arr. deNar-
bonne, cant. de Sigean, sur un isthme sablonneux sépa-
rant de la mer l'étang de Sigean, sur un chenal formé
par le grau d'écoulement de l'étang; 2.446 hab. Station
du chemin de fer du Midi. Syndicat maritime, conseil de
prud'hommes ; entrepôt des douanes ; vice-consuls d'Espagne
et d'Italie. Râteau de sauvetage. Chantiers de constructions
maritimes. Forges, corderies pour la marine. Raffineries
de soufre; tonnellerie, salaisons de sardines. Commerce
de poissons. Rains de mer. Le chenal de La Nouvelle est
relié à Narbonne par le canal de la Robine. Le port importe
surtout des charbons, des bois du Nord, des salaisons, des
oranges, des fruits secs, du soufre, des vins d'Espagne et
d'Italie ; il exporte des vins, des eaux-de-vie, des huiles,
des poteries, tuiles et briques, du sel, du salpêtre, du tartre,
NOUVFXLE ~ NOUVELLE-CALÉDONIE
90 —
des amandes, des farines, du soufre raffiné, des fourrages,
du miel, etc.
NOUVELLE-ÂIVISTERDAi (Guyane anglaise) (V. Am-
sterdam [Nouvelle-]).
NOUVELLE-BRETAGNE (archipel Bismark). Avchii^el
de rOcéanie, situé au N.-E. de la Nouvelle-Guinée. On
réunit sous ce nom, que les Allemands ont remplacé de-
puis ^1885 par celui d'archipel Bismarck, les groupes de
la Nouvelle-Irlande, du duc d'York, de la Nouvelle-Bre-
tagne, de l'Amirauté et du Nouvel-Heanovre, On a queqluc-
fois réuni toutes ces lies, sous le nom d'archipel Salomon,
à celles qui portent plus spécialement ce nom. Les princi-
pales lies portent le nom de l'Echiquier, Rasco, Gérard
de Nys, Nouveau-Hanovre, Gracieuse, Guillaume, Nouvelle-
Irlande et Nouvelle-Bretagne (celles-ci sont les plus grandes) ,
les douze îlots du duc d'York qui entourent le port Fer-
guson, etc. Elles sont séparées de la Nouvelle-Guinée par
le détroit de Dampier. Elles sont encore très peu connues.
Ces îles sont situées entre 0^40' et 6^* 30' lat. S., 140«et
153° long. E. L'ensemble mesure 45.000 kil. q., et on
leur attribue 200.000 hab. Les deux principales îles, dis-
posées en demi-cercle ouvert à l'O., sont : la Nouvelle-
Poineranie (Nouvelle-Bretagne), 24.000 kil. q., et le
Nouveau- Mecklembour g (Nouvelle-Irlaiide),^. d^Ùkil, q.
Puis viennent auN.-O. : le Nouveau-Hanovre, 4 .476 kil. q. ,
les îles de l'Amirauté, 2.276 kil. q.; Matthias, 660 kil.
q., etc. Souvent on ajoute à ce total 2.000 kil. q. pour
les îles Rouk, Long, Dampier, Vulcan et Schouten, sises à
l'O. de la Nouvelle-Poméranie. La plupart de ces îles, et
surtout les deux grandes, sont longues et minces, avec de
hautes montagnes (2.0i)0 m. dans le Neuveau-Mecklem-
bourg) en partie volcaniques. Elles sont placées sur une
sorte de piédestal sous-marin formé par les coraux ; il pa-
raîtrait qu'elles ont subi un affaissement, mais qu'aujour-
d'hui elles se soulèvent au contraire. On y trouve des
volcans qui n'ont pas eu d'éruptions depuis longtemps.
On a remarqué sur les côtes de la Nouvelle-Irlande des
marées diurnes : le flux et le reflux y durent chacun douze
heures ; il y a peu de points du globe où se trouvent réunies
les conditions nécessaires à la production de ce curieux
phénomène. Les côtes sont d'un accès difficile en raison de
la présence des coraux qui offrent d'autre part des ports
naturels de bonne tenue. Le climat est doux et humide et
ne semble pas très sain. La Nouvelle-Irlande est très boisée
et arrosée par de nombreux ruisseaux. Toutes produisent
en abondance les bananes, les ignames, les patates, le taro,
les noix de coco. On y trouve beaucoup de poules et de porcs
et un grand nombre d'oiseaux. Les habitants appartiennent
à la race papoue comme ceux de la Nouvelle-Guinée. Dans
la Nouvelle-Bretagne, M Broon a trouvé une peuplade dif-
férant absolument de celles du reste de l'île ; la teinte est
plus claire, les cheveux moins crépus ; ils parlent une langue
inintelligible à leurs voisins ; les hommes et les femmes
portent une couverture pour vêtement, tandis que les
autres indigènes sont complètement nus. Les habitants des
îles de l'Amirauté peignent en ocre rouge leur corps oint
d'huile de coco. Presque toutes les peuplades indigènes
sont cannibales. Les naturels habitent dans des huttes
basses; ils sont armés de massues, de lances, de casse-
téte et de frondes. Les chefs sont élus et n'ont pas beau-
coup de pouvoir. La population est, dit-on, divisée en
deux classes distinctes; un homme ne doit pas épouser
une femme appartenant à la même classe que lui; les en-
fants appartiennent à la classe de leur mère. Ces deux
catégories portent le nom de Maramara et de Pikalaba.
La polygamie est en usage, A l'âge de six ou huit ans, les
jeunes filles, d'après les coutumes de la Nouvelle-Irlande,
doivent être enfermées dans une vaste cabane qui est
strictement tabou, jusqu'à ce qu'elles aient atteint onze
à douze ans ; elles sont forcées de demeurer dans des es-
pèces de cages à l'intérieur de cette grande hutte. On
cite plusieurs autres traits curieux des mœurs et des su-
perstitions indigènes. Les naturels ont plusieurs dialectes
différents ; ceux des îles du duc d'York ont le nombre cinq
comme base de leur système de numération. La monnaie
du pays consiste en petits coquillages blancs. Les objets
d'échange sont le tabac, les pipes de terre, les étoffes
légères, les perles, les couteaux, les armes. On estime à
100.000 le nombre des habitants.
Les îles de l'Amirauté ont été découvertes par Alvaro
de Saavedra en 1528 qui les nomma îles des noirs; on
ne connaît pas bien le voyage de Jorge Menezes, naviga-
teur portugais, qui l'aurait, dit-on, précédé dans ces pa-
rages (1526). D'autres îles du même groupe furent décou-
vertes par Hernando de Grijalva (1537); celle des Ana-
chorètes, par Inigo Ortiz de Retes, qui l'appela lie des
blancs (1545); la Nouvelle-Irlande, par Schouten (161 6);
la Nouvelle-Bretagne, par Tasman (1643) et par Dampier
(1699); le canal Saint-Georges (entre la Nouvelle-Bre-
tagne et la Nouvelle-Irlande), par Carteret (4767). Il faut
aussi citer les voyages de Bougainville (1768); Surville
(1769) ;d'Entrecàsteaux (1793)'; Dumontd'Urville(l827);
Redlich (1873); Broon, Cerutti, Powell, Finsch, etc. Des
missionnaires catholiques et protestants ont vainement es-
sayé de convertir les indigènes Des négociants allemands
ont fondé quelques comptoirs et acheté des terres. Le
19 mai 1889, des lettres impériales de protection ont été
accordées à la Compagnie de la Nouvelle-Guinée et de
l'archipel Bismarck qui s'était fondée l'année précédente
à Berlin. Cette Société prétend à la possession d'une par-
tie de la Nouvelle-Guinée et de « l'archipel Bismarck »,
c.-à-d. des « îles situées entre l'Equateur, le 8° de lat.
S. et les 141 <^ et 153° de long. E. L'Angleterre a re-
connu à l'Allemagne la souveraineté de cet archipel ; le
traité du 6 avr.1886 a fixé une ligne de démarcation par-
tant de White Rock, sur la côte N.-E. de la Nouvelle-
Guinée, à 8" lat. S. et coupant les îles Salomon qui se-
raient ainsi partagées entre les deux puissances. La
France, qui pourrait avoir certaines prétentions sur l'ar-
chipel Salomon, n'en a pas sur la Nouvelle-Bretagne. Un
commissaire impérial représente le gouvernement allemand
dans les pays protégés des mers du Sud. L.Delâvaud.
BiBL. : Pi^elations des anciens navigateurs espagnols, de
Schouten, de Dampier, de Carteret, de Bougainville,
de DuMONT d'Urville. — Herrera, Historia gênerai de
los hechos de los Castellanos en las islas del Mav oceano ;
Madrid, 1730. — Luis Torres de Mendoza, Coleccion de
documentos inedilos relativos al desciibrimiento de las
antiguas posesioiies espanolas en America y Oceania ;
Madrid, 186G. — F. Coello, la Conferencia de Berlin y la
cuestion de las Carolinas ; Madrid, 1885. — Redlich, Notes
on the western islands of the Pacific Océan (Journal of the
Royal geographical Society, 1874}.— Broon, The Archi-
pelaqo ofNew Brilain (ib'id.^ 1877). —Missions catholiques,
n«« 710, 726, 744, 765. — The Islands of the New Britain
group (The Colonies and India, 26 nov. 1880). — Nachrich-
\en fïir unduher Kônigs-Wilhelms Land und den Bis-
marck Ai'chipel (Berlin, périodiqiie, paraît depuis 1885). —
Hermann, Deutschland in der Sïidsee : Leipzig, 1885. —
D''0. FiNSci-i, DieethnologischeAnsstellungaerN. Giiinca
O" in kôniglicJie Museura far Volkerkunde ; Berlin, 1886.
— Du mùmè, Uber die ethnologische Samm.lungen ans der
Siidsee ; Berlin, 1886. — Du môme, Uber Naturprodukte der
westlichen Sûdsee, besonders der deiitschen Schutzgebiete ;
Berlin, 1887. — Friederighsen, Karte des westlichen
Theiles der Sûdsee, 1/3.000.000 ; Hambourg, 1885.
NOUVELLE-CALÉDONIE. Ile de l'Océanie (Mélanésie)
appartenant à la France, ainsi que les îles voisines, dé-
pendances immédiates. Son nom lui a été donné par Cook,
l'auteur de sa découverte, peut-être parce qu'il lui trouva
de la ressemblance avec l'Ecosse (anciennement Calé-
donie) par son aspect montagneux (le même nom a été
porté en 1806 par une contrée à l'O. des montagnes Ro-
cheuses, jusqu'en 1858, où il fut remplacé par celui de
Colombie britannique). A l'O. de la rangée des archipels
qui se terminent au S. par celui des M ouvelies -Hébrides,
dont elle est séparée par l'archipel des Loyalty, la Nou-
velle-Calédonie est la première terre qu'on rencontre en
ce point à l'E. de l'Australie. Elle est ainsi isolée au milieu
de possessions anglaises et allemandes. Tandis qu'elle est
éloignée de la côte australienne de près de 1.400 kil., elle
est relativement voisine des Loyalty (ou Loyauté) (98 kil.)
et des Nouvelles-Hébrides, à 235 kil. au delà (de Lifou à
Tanna) et directement (de la côte E., presqu'île Naouandou
à Tanna) 356 kil. Ce sont ses dépendances, mais ces der-
nières ne le sont encore qu'au point de vue géographique,
étant régies par un condominium franco-anglais. La direc-
tion de la Nouvelle-Calédonie est du N.-O. au S.-E., pa-
rallèlement à la côte du Queensland ; il en est de même
des îles Loyalty, de la portion septentrionale de la rangée
d'archipels dont la portion, au S., néo-hébridaise, incline
auN.-N,-0.-S.-S.-E.^
Géographie physique. — La Nouvelle-Calédonie est
comprise entre les lat. S. 20° W (pointe Néréma) et 22° 24'
(cap N'doua), entre les long. E. 161° 40' (Néréma, presqu'île
duS.-O., pointe de Poume) et 164° 41' (baie du Goro) et,
avec ses îles, lat. 19° 30' (îlesBelep) et 22° 48' (lleNokanhui) ;
long. 161° 15' et 165° 15' (mêmes îles) . Elle a la forme d'une
ellipse très allongée, d'une longueur de 400 kil. sur une lar-
geur d'environ 50 kil. On évalue approximativement son pour-
tour à plus de 1 .000 kil. et sa surface à deux fois celle de la
Corse, soit environ 17.000 kil. q. ; on a donné les chiffres
suivants : la grande terre, 16.712 kil. q. ; les îles adja-
centes, 208 ; les Loyalty, 2.743 ; ensemble, 19.663 kil. q.
Abstraction faite de l'Océanie occidentale, îles asiatiques
et Australasie, c'est la plus grande île de la Polynésie.
Côtes et îles. — La Nouvelle-Calédonie est entourée par
une ceinture de récifs coralliens qui ne se ferme pas sur
la grande terre, mais se prolonge au delà de ses deux
extrémités, s'imînergeant à l'île des Pins, au S., et se
prolongeant, au N., de 280 kil. au delà des îles Huon
qu'elle enferme. La barrière de récifs ou grand récif affleure
dans une largeur de 200 à 1.000 m., interrompue par des
passes nombreuses sur l'une et Fautré côtes, entre la mer
extérieure et le canal côtier. Celui-ci, large de 10 kil. en
moyenne, offre aux navires une voie en eau tranquille et
profonde, de 50 à 60 m., au milieu du chenal. Il est des
points toutefois où les récifs longent de trop près la côte
pour permettre aux gros bâtiments cette navigation inté-
rieure, comme cela a lieu sur la côte 0. depuis Ouarai
jusqu'à la baie Chass^loup, sur un espace d* environ
170 kil. Eii dehors de la muraille madréporique, souvent
accore, où \k mer vient briser, les fonds atteignent
rapidement plus de 700 m. Un vaste plateau sous-marin
de 325 kii. de large et de 0 à 2.000 Ui. de profondeur
supporte la Nouvelle-Calédonie et les îles voisines, des
Pins, Loyalty, Huon; ce sont les restes non immergés
d'une terre plus vaste.
Signalons les accidents naturels des . côtes en les par-
courant a partir de Nouméa par le N.-O. Elles sont très
dentelées et morcelées, offrant un grand nombre de baies
et de 'havres, de presqu'îles et de caps, d'îles, îlots et
rochers. Nouméa, en premier Heu, est le point le plus
remarquable à cet égard ; vers Textrémité S. de la côte 0.,
l'Ile Nou et la presqu'île Ducos forment la grande rade,
la première constituant, de plus, avec la terre ferme, où
est assise la ville, un port, le meilleur et presque le seul
pratiqué de l'île entière, dont cette ville est la capitale.
D'autres anfractuosités l'environnent au S., telle la baie
des Pêcheurs, protégée par la pointe Chaleix et l'îlot
Brun. Au N. de la presqu'île Ducos se trouve la baie de
Dombéa (ou de Koutio-Kouéta), à l'entrée de laquelle sont
les îlots Freycinet et Nié, et qui correspond au territoire
de la rivière Dombéa, qui fournit de l'eau à la capitale
par une longue conduite. Puis viennent : le portLaguerre,
la baie Saint- Vincent fermée par plusieurs petites îles entre
lesquelles s'oUvre la passe de même nom, et vis-à-vis des
embouchures de deux rivières et des localités de Tomo et
Bouloupari ; la passe et la baie d'Ouaraï viennent ensuite,
en face de la Fôa, Téremba, Moindou ; puis la baie de
Bourail, localité importante ; le cap Goulvain ; baies de
Porwy, de Muéo, de Koné, de Chasséloup, où est le poste
de Gatope ; de Gomen avec lé cap Devert qui supporte la
ville ; baie de Néhoué, île et baie de Tânlé, pointe de
91 — NOUVELLE-CALÉDONIE
Poumé, baie de Banaré, à l'O. de la presqu'île extrême N.
de Néréma ; île Néba à l'O., île Yandé, îles Paâba et îlots
Témaghié et Taanto, prolongeant la presqu'île au N. Al'E.
de celle-ci et à l'extrémité de la grande terre, la baie
d'Harcourt reçoit le Diahot et elle est fermée par les petites
îles septentrionales Pam et Boualabio.
Nous allons maintenant suivre la côte E. Le havre de
Balade se présente, nom primitif de la Nouvelle-Calédonie
et point de débarquement de sa découverte et plus tard
de sa prise de possession. On rencontre peu après le port
de Pouébo ; puis, après Oubatche, le cap Colnett (c'est le
nom de l'officier qui, le premier, aperçut la terre, à bord
, de la Résolution) ; le mouillage d'iiienghène, des îlots
Yenga, Yengou, Ouao, le cap Touho, la rivière et la baie
assez profonde de Tiouaka, le cap Bayes, les îlots d'Har-
court, le cap Bocage et le port de Bà, la rade de Ouaïlou,
les baies de Konaoua et Laugier, la baie de Kanala entre
le cap Dumoulin et la pointe Bogota, rappelant par sa dis-
position les rades de Toulon, avec la ville au fond, et à
quatre ports naturels ; tout auprès, la baie de Nakéti,
l'îlot Toupéti, les baies Konakoué et Ouinné, que sépare
la presqu'île Naoundou, celles des Massacres ou de Pou-
rina et de Yaté. Contournant l'extrémité S., on trouve :
les îlots Nou (de l'E.) et Néa, le cap de la reine-Charlotte ;
le canal de la Havannah, qui longe cette extrémité ; le cap
N'doua, point du continent le plus méridional ; côté E. de
la baie du Sud ou du Prony, dont le côté 0. se prolonge
par la petite île Ouén et par l'îlot Mato, et qui s'enfonce
de 13 kil. dans les terres. La côte offre plusieurs antres
baies, savoir : Ouié, Ngo, des Pirogues ou Koao, et de
Boulari ; cette dernière, au fond de laquelle est Saint-
Louis, est située sur le côté oriental de la péninsule qui
porte Nouméa, ainsi que la baie Ouémo, le port N'guéa,
l'île de même nom et l'île Ouéré. Enfin, après la pointe
du mont N'Doï, les petites anses Vata et du Styx nous
ramènent à la baie des Pêcheurs.
Dans l'axe de la Nouvelle-Calédonie se trouve, à 30 milles
de l'extrémité S., Vile des Pins, de i6 kil. sur 14, et les
îlots Koutoma et Nokanhoui, en dedans de l'anneau de co-
rail, mais celui-ci ne se manifestant que par quelques ré-
cifs à peine émergents. Au N., à une distance de 27 milles,
le groupe de Bélep, comprenant les îles d'Art et de Pott,
s'élève dans le lagon, dont la ceinture ne se referme qu'au-
tour des îles Huon, Fabre, Leleizour et Surprise, en cons-
tituant un véritable et vaste atoll. En dehors, mais sur le
socle, est la chaîne des îles Loyalty, parallèle à la grande
île néo-calédonienne. Elle commence au N.-O. par le récif
de l'Astrolabe, comprend les îles Ouvéa, avec une pléiade
d'îlots ; Lifou, la plus grande de l'archipel, 50 kil. sur 27 ;
et Mare, quadrilatère de 21 kil. environ dans ses diamètres ;
enfin la petite île Walpole. Cet archipel constitue avec la
Nouvelle-Calédonie un ensemble géographique, mais dif-
fère de celle-ci en ce que sa chaîne de montagnes sur les-
quelles les polypiers ont bâti est plus ou moins profon-
dément sous-marine. Quant aux îles Chesterfield, à 320 milles
au N.-O. de la Calédonie, et qui appartiennent aussi à la
France, eUes ne sont point une dépendance géographique
de la grande île, étant placées sur un socle différent, seuil
prolongé de la Nouvehe-Zélande, émergeant pour former
en passant l'île Norfolk.
Relief. — La Nouvelle-Calédonie est une terre élevée.
On a cru dans les commencements, en l'apercevant de la
mer, et d'après les cartes marines, que son système mon-
tagneux consistait en deux chaînes côtières séparées par
une vallée, mais cette disposition ne se présente qu'aux
deux extrémités de l'île. Ailleurs les monts sont épars ou
en chaînes, entre les deux versants. La diversité la plus
grande existe pour la forme et l'altitude des montagnes ou
des collines et la nature des plaines. Au S.-E. les hau-
teurs forment des massifs isolés et nettement délimités
s'élevant au-dessus des plaines horizontales marécageuses
et arides. Au N., les monts occupent la largeur de l'île en
s'abaissant vers le N.-O. C'est au N.^E. qu'ils sont les
NOUVELLE-CALEDONIE
— n
pus élevés. Les sommets les plus remarquables sout, daus
la portion sud, la Dent de Saint- Vincent (1.445 m.) et le
pic de Humboldt (4.634 m.), plus rapproché de la côte
orientale ; plus haut, au centre, et visible des deux côtes.
Table Unio ; l'aiguille de Muéo ; le Pic Table (1.243 m.) ;
le pic Homodéboua (1.200 m.) et le mont Koala (1.085),
au N.-O. ; vis-à-vis, sur la côte orientale, les plus grandes
altitudes: le piton dePanié (1.642 m.) et une cime, sorte
de plateau de 1.700 m. Bien d'autres sommets pourraient
être cités, entre autres, au-dessus de Nouméa, le mont
Dore (775 m.), le mont des Sources (1.025 m.), le mont
Ouen (1.319 m.), le mont Mou (1.218). En général, le
sol, bouleversé par d'anciennes éruptions, offre l'aspect
de monts entassés, aux flancs profondément ravinés, aux
vallées étroites et boisées ; les plaines sont rares, un cer-
tain nombre sont fertiles.
L'île des Pins offre un plateau central d'origine érup-
tive, de 80 m. de hauteur, aride et ferrugineux, et un pic
de 266 m., dit Nga. Au pourtour est une ceinture ma-
dréporique, de 2 à 3 m. d'alt., creusée de grottes, avec
une bande intermédiaire étroite d'alluvions. Au S. se
trouve également l'Ile Ouen, elle a 262 m. Les îles, auN.,
ont aussi d'assez grandes élévations. L'île Yandé a
326 m. ; l'île Balabio, 282 m. Plus loin, dans les Bélep,
l'île d'Art a 252 m. — L'altitude des îles Loyalty, bien
qu'elles soient de nature corallienne, est assez grande. Elle
augmente en allant au S. Après les récifs de Pétrie et ceux
de l'Astrolabe, situés à tleur d'eau, vient l'île d'Uvea,
plateau de corail haut de 15 à 18 m. et renfermant un
lagon de 18 m. de profondeur. Lifou, qui est aussi un
ancien atoll, soulevé successivement jusqu'à 90 m., et où
l'on distingue trois terrasses d'exhaussement. Mare s'élève
jusqu'à 100 m. et montre cinq étages, ainsi qu'un noyau
éruptif central. Les îles Huon, également madréporiques,
sont peu élevées.
Géologie. — L'ossature de la Nouvelle-Calédonie est
constituée par des roches de serpentine, formant une chaîne
qui suit, dans le S., l'axe de l'île, et où s'élèvent les hautes
cimes de Humboldt, de Saint- Vincent, de Table Unio ;
elle se divise entre Ouarail et Canala et se manifeste par
de nouvelles rangées de monts, sur la côte 0. jusqu'à
l'archipel de Bélep, tandis qu'à l'E. elle forme une chaîne
de Canala à Mou, se retrouve dans l'intérieur et disparaît
sous les schistes micacés de la chaîne qui s'étend de Touho
à l'île Balabio. Cette chaîne schisteuse est pittoresque et
donne à cette portion orientale de l'île le plus agréable
aspect. En dehors des terrains serpentineux et de ce lam-
beau de terrain cristallin, il est des terrains sédimentair es,
fréquemment métamorphosés par des roches éruptives mé-
laphyriques ; c'est à l'O. qu'on les rencontre. On signale,
parmi les roches, en outre de celles magnésiennes serpen-
tineuses et des porphyres mélaphyriques , des syénites,
des diorites, des trachytes, même des pierres ponces en
galets roulés par la mer, indices d'anciennes éruptions.
Comme il y a une grande ressemblance géologique avec
l'Austrahe orientale, il n'est pas étonnant que de l'or existe
en Nouvelle-Calédonie ; des veines aurifères ont été ob-
servées dans la partie nord. Mais ce sont surtout les métaux
communs qu'on y rencontre. Le groupe du fer est repré-
' sente : d'abord, par le fer lui-même, à l'état d'oxydule et
d'hématite brune, particuHèrement dans le Sud, et à fleur
du sol ; par le manganèse ; par le chrome ou fer chromé,
également au S. ; par le cobalt, très répandu (île Ouen,
baie du Sud, cap Bocage, Nakéti, îles Yandé et Bélep, etc.) ;
enfin, principalement, par le nickel, à l'état d'un minéral
nouveau, sihcate de nickel et de magnésie (à Boulari, Thio,
Canala, Houailou, etc.). Tout ce groupe appartient aux
régions serpentineuses. L'or, le cuivre, l'antimoine et le
plomb se rencontrent dans les terrains anciens du Nord. Le
cuivre sulfuré existe dans la vallée du Diahot, à Balade,
Oégoa et à Koumac. Le sulfure d'antimoine a été décou-
vert dans le district de Nakéti. Des gisements de plomb
sulfuré argentifère ont été trouvés à Koumac, avec la py-
rite cuivreuse et dans la mine d'or de Fern-Hill, où la
galène est accompagnée de blende. La houille, si impor-
tante, a offert des affleurements sur la côte ouest, les re-
cherches sont contiimées et se poursuivent aujourd'hui
activement. Dernièrement, on a découvert des pierres
lithographiques dans le Sud, notamment à l'île Mato.
En ce qui concerne les madrépores, les passes que pré-
sente la ceinture de récifs dépendraient plutôt de l'isole-
ment primitif des roches sous-adjacentes sur lesquelles
les polypiers ont bâti, que de la destruction de ces ani-
maux par le mélange avec la mer de l'eau douce des ri-
vières ; car les passes ne correspondent pas ici d'ordinaire
avec les embouchures des cours d'eau. 11 est à remarquer
que la croissance des coraux s'y fait avec une rapidité
extraordinaire ; on y observe des astrées gigantesques de
30 m. de tour, dans les parties exposées aux vagues. Aux
Loyalty, des coquilles appartenant aux espèces actuelles,
et situées au-dessus du niveau de la mer, démontrent la
date géologique récente de leur dernier exhaussement. Il
faut y signaler des fissures nombreuses dans les falaises
extérieures.
Bégime des eaux. — Grâce aux nuages qui s'arrêtent
sur les hauteurs, la Nouvelle-Calédonie est parfaitement
arrosée. Le faîte de partage des eaux qui suit l'axe insu-
laire les déverse perpendiculairement sur l'un et l'autre
rivage. Les cours d'eau sont fort nombreux, on pourrait
en nommer près d'une centaine. Ils ont nécessairement
une faible longueur et le caractère de torrents avec chutes,
qu'on pourrait utiliser, et ils donnent lieu parfois à des
inondations. Leurs embouchures sont le plus souvent o s-
truées par des roches ou autres obstacles, et un pe.it
nombre seulement sont navigables à u.ie faible distance.
Le Diahot, le « fleuve », se distingue à cet égard, étant
le plus considérable, navigable jusqu'à 40 kil. de son
embouchure, mais il diffère aussi des autres parce qu'il
coule dans le sens de l'axe : né dans les hauts massifs de
Panié, il se jette au N., après mille détours, dans la baie
d'Harcourt. Il est une autre particularité des rivières de
la Nouvelle-Calédonie, c'est que plusieurs ont un cours
souterrain, en sorte qu'en certains points, notamment au
S., des montagnes sèches à la surface reposent sur une
nappe interne. On entend à ses pieds, sous le sol, mur-
murer ces ruisseaux. Le plus curieux est la rivière de
Tontouta, dont la source, au mont de Humboldt, est énorme,
et qui disparaît et se montre alternativement avant de se
jeter dans la baie Saint- Vincent. La rivière d'Hienghène
serait plus remarquable encore. Après avoir dispara, elle
viendrait sourdre au miheu de l'îlot de sable Yenga, à
5 kil. de la côte. On a attribué, du moins en partie, la
salubrité des marais de l'île à ce que, par suite des fis-
sures du sol, les eaux n'y séjournent pas et n'y sont pas
stagnantes. Toutefois, des terrains marécageux offrent des
lacs, tel est le plateau des Lacs, au S.-E. Les régions sou-
terrahies jouent un rôle remarquable ; on voit des ruis-
seaux voisins, des cascades rapprochées, dont l'eau ici est
chaude, et là fraîche et glacée, par exemple, sur la côte
Nord-Orientale. Dans la baie de Prony, deux sources ther-
males jailHssent du fond de la mer. Plusieurs rivières sont
d'un charme pittoresque, avec leurs vallées boisées et les
viUages épars sur les bords. Les plus connues sont, en
contournant l'île comme précédemment : le ruisseau des
Français, la Dombéa, la Tamoa ; d'autres: Tontouta,
Ouengué, Foa, Néra, Témala, louanga ou de Gomen, de
Koumac, sur la côte Ouest; après le Diahot, et sur la côte
Est, celles de : Pouéba, Ouaième, Hienghène, Tiouaca,
Tchamba, Pounérihouen, Houailou, Ni, du Sud (iàùe du
Prony). — Aux Loyalty, où il n'y a pas de mohlagnes
pour retenir les nues, il n'y a point de cours d'eau; les
habitants recueillent un peu d'eau de pluie à l'aide de
rigoles creusées le long des cocotiers, et, d'ailleurs, ils
boivent le lait de coco.
Climat. — Située dans la zone torride, la Nouvelle-
Calédonie a une température assez élevée, 22*^ à 23« de
93 —
NOUVELLE-CALÉDONIE
moyenne annuelle, les extrêmes étant 36^ et 12<^ : on a
observé, mais exceptionnellement, 38^ et 7*^. A Nouméa,
d'après Campana, moyenne annuelle 24^,7, max. 36^,2,
minim. d4«, écart 22«,2; à Fîle des Pins (Mialaret),
moyenne annuelle 23*^,4, écart 19'^. Les différences des
températures pour les saisons sont moindres pour elle
que pour les grandes îles de l'Océanie, plus ou moins
continentales, mais, par contre, plus marquées que pour
les autres, vu l'isolement où elle se trouve de la haute
mer par son récif circulaire. La température moyenne de
Tété, dans ses mois les plus chauds, décembre à mars,
est 27^, celle de l'hiver, entrejuinetaoût, 20*^,5. L'été ou
hivernage est la saison des pluies, des vents variables et
des ouragans ; l'autre saison, qui dure huit mois, du
21 mars au 2i nov., est belle, plus sèche et fraîche. En
réalité, la saison pluvieuse n'est pas déterminée nettement.
Il est des années sèches, par exemple 0*^^767 d'eau en
1877, 1>^,597 en 1897. La moyenne de la pluie à Nou-
méa est, du 21 déc. au 22 juin, de 120 millim., et du
21 juin au 21 déc. de 60 millim. La cote occidentale offre
des distinctions moins marquées dans ses saisons, étant
influencée par les moussons de l'Australie, vents d'O. et
de S.-O., en juillet, août, septembre. C'est dans les mois
de janvier et février que sévissent, après s'être annoncés par
la baisse du baromètre (750 millim.), les ouragans, cyclones
tournant de droite à gauche (sens inverse des aiguilles
d'une montre) avec translation dans le S., conformément
à l'hémisphère S., d'ailleurs moins étendus en diamètre et
moins dévastateurs qu'aux Mascareignes. Ces phénomènes
ici sont rares et ne se présentent guère que tous les quatre
ou cinq ans. Ils sont plus rares dans la partie N. que
dans le reste de la contrée et moins violents, en raison
des vents alizés qui remontent au N. et qui prédominent,
continuant de souffler avec régularité du S.-E. et de l'E.-
S.-E. Le tonnerre ne se fait presque jamais entendre
sur la cote 0. Les brises rafraîchissantes de mer et de
terre sont inégales par rapport aux deux côtes, les pre-
mières dominant à l E., les secondes à l'O. qu'on pour-
rait appeler la côte sous le vent. — La pression baromé-
trique moyenne est de 758™"\5. — Les jours les plus
longs sont en décembre et ont 14 heures ; les plus courts
en juillet ont 10 heures et demie. — La mer marne de
0^,80 à 1^^,20.
La salubrité exceptionnelle de la Nouvelle-Calédonie per-
met aux Européens de travailler aux champs, en se pré-
servant, bien entendu, des insolations, par des casques
légers notamment. La mortalité de nos soldats y est moindre
qu'en France. L'explication de ce fait est dans l'absence
des causes telluriques, telles que celle des véritables ma-
rais, des corps en décomposition, des coraux morts, etc.,
et peut-être dans la présence des niaoulis, les analogues
des eucalyptus ailleurs. Malheureusement, la lèpre, qui
est répandue chez les naturels et atteint aussi les Euro-
péens, tend à envahir la colonie (1.500 à 4.000 individus
environ, dont près de 60 blancs). Pour enrayer ce mal
contagieux, on a établi une léproserie à File Art, que l'on
va (4898-99) remplacer par des étabUssements moins
éloignés.
Flore. — La richesse de la flore de la Nouvelle-Calé-
donie, où toutes les classes du règne végétal sont repré-
sentées, vient à l'appui de l'opinion d'après laquelle cette
île n'a pas été toujours isolée et a du faire partie d'un
grand continent, une océanide. Sans compter les cryp-
togames amphi gènes, algues, champignons, lichens, il y
aurait plus de 1.500 espèces de plantes. Les cryptogames
acrogènes sont surtout représentées par les fougères, sou-
vent arborescentes; il y a plus de 1.100 dicotylédones.
Les graminées, dont il n'y a que 160 espèces, sont sur-
tout nombreuses en individus. On remarque les familles
suivantes : mimosées, césalpiniées, protéacées, sautalacées ;
le santal {Santalum austro-caledonicum) , abondant ja-
dis, est devenu fort rare ; laurinées ; saxifragées arbores-
centes; nyctaginées; malvacées; tiliacées; euphorbiacée:
{Aleurites) ; térébinthacées; sapindacées; méliacées; ulma-
cées (Ficus, Artocarpus) ; combrétacées (les badamiers) ;
rhizophorées (les palétuviers) ; myrtacées {Melaleuca vi-
riâitlora ou niaouli) ; elles sont fort nombreuses ; clu-
siacées; rubiacées (divers Gartiema); borraginées ligneuses;
apocynées ; sapotacées ; ébénacées (Diospyros) ; styracées;
épacridées, conifères [Araucaria, Dammara ou kaori) ,
casuarinées (le filao) ; cycadées ; palmiers; pandanées ; dior-
corées {Dioscorea, Tacca) ; musacées (les bananiers) ; aroï-
dées (Colocasia); cypéracées; graminées; fougères, etc.
Un très grand nombre d'espèces sont ligneuses et consti-
tuent les diverses essences des forêts. La végétation est
inégalement répartie. Dans la région du Sud, aux terrains
éruptifs inféconds, il est des espèces spéciales de myrta-
cées, casuarinées, conifères, mais non les plantes consti-
tuantes des pâturages. Celles-ci, graminées, papiHonacées,
composées, sont abondantes sur les terrains sédimentaires
du Nord. Malheureusement, une graminée envahissante, An-
dropogon allionii, ne permet pas l'élève des brebis, ses
graines s'accrochant à leur toison et déterminant des
ulcères.
Faune. — Elle est pauvre en mammifères terrestres.
On n'y trouve guère que : 2 variétés de roussette (Plero-
pus), P. rubiHcollis, grandes chauves-souris atteignant
0'^,80 d'envergure ; c'est un mets recherché des naturels ;
une petite espèce de vespertilion, et 2 variétés de rats. Les
mammifères marins sont : le phoque, le morse, le marsouin,
le cachalot. Les mammifères introduits : chat, chien, co-
chon, cheval et âne, importés d'Australie ; bœuf, chèvre,
mouton, également d'Australie ; lièvre, cerf. — Les oiseaux
sont nombreux en espèces, plus d'une centaine: l'île, par
plusieurs espèces, se rattache aux aires de la Nouvelle-
Zélande, de l'Australie et des îles de la Sonde. Les pas-
sereaux dominent; ils chantent et sont très vifs. Les
palmipèdes et les échassiers sont abondants ; puis les oi-
seaux de proie et les grimpeurs. Les tourterelles offrent
des espèces agréablement nuancées. Le kagou (Rhina-
chetos jubatus), qui ressemble aux hérons et aux grues,
est fort curieux, il tend à disparaître. Il faut citer encore
le n'diuo [Gallirallus Lafresneyanus) et le talève, poule
sultane superbe, etc. Ont été introduits : poules, paons,
pintades, pigeons, canards, oies, dindons, perdrix de Ca-
lifornie.
La classe des poissons est fort nombreuse et utile pour
l'alimentation, mais certaines espèces sont dangereuses
par leur piqûre venimeuse (Diodon tigrimis, etc.) ou
par une chair toxique, ex. la Sardine vénéneuse (Meletto
venenosa). Ces propriétés malfaisantes n'existent pas pour
les poissons d'eau douce, qu'on peut manger sans crainte.
Des raies pèsent jusqu'à 200 kilogr. Les requins sont trop
nombreux. — Les reptiles sont peu nombreux en espèces.
Le genre lézard domine. Il n'y a pas d'ophidiens ter-
restres venimeux, mais des serpents d'eau ou hydrophides,
sur la côte, qu'on a crus inoffensifs, parce qu'ils mordent
difficilement, ayant la bouche petite, en réahté deux es-
pèces venimeuses des genres Platurus et Hydrophis. Il
faut s'en méfier. Des tortues vivent en abondance dans
les récifs ; on pêche la tortue caret dont l'écaiflc est pré-
cieuse. Les crustacés, fort nombreux en individus, ont des
espèces remarquables. Plusieurs (lupées, langoustes) ont
une chair délicate. Les insectes, s'ils offrent des espèces cu-
rieuses, des papillons brillants, n'en ont que trop de nui-
sibles, sauterelles, moustiques, puces répandues dans les
champs, etc. D'autres espèces nuisibles sont des arachnides
(scorpion) et des myriapodes. Il est des annéhdes terrestres
ou marins. Les moflusques, entre tous, se font remarquer,
terrestres, fluviatiles ou marins ; ils sont souvent alimen-
taires. Des nautiles, des Turbo sont nacrés. On remarque
des Pinna et des bénitiers de plus d'un mètre. Les huîtres
perlières (Meleagrina margaritifera) se trouvent généra-
lement par de grandes profondeurs ; il y en a un banc sur
le récif entre l'île Balabio et la pointe Nord. C'est dans les
rayonnes qu'on range les holothuries ou Iripangs ou
NOUVELLE-CALEDONIE
— U —
biches denfier, aliment aphrodisiaque aimé des Chinois,
et qui fait l'objet d'un commerce important. Enfin, les
coraux eux-mêmes, si abondants, méritent l'attention des
savants.
Géographie politique. — Découverte et histoire
POLITIQUE. — La Nouvelle-Calédonie fut découverte par
Cook le 4 sept. 1774, ainsi que l'île des Pins, le 26. Il
avait abordé à Balade. Ce fut en ce même point que
mouilla, le 17 avr. 1793, d'Entrecasteaux, après avoir
reconnu en 1792 l'île des Pins et exploré ces parages,
tandis que Beautemps-Beaupré en dressait les cartes hydro-
graphiques. Il faut placer ici les nombreuses explorations
dans l'île et sur ses côtes par les navigateurs baleiniers et
sandaliers : les vexations que subirent alors les indigènes
exphquent leurs sanglantes représailles, aujourd'hui dis-
parues sous l'influence de notre domijiation. En 1843, le
Bucéphale y amena des missionnaires français, et hissa
notre drapeau sur l'île. Le commandant, M. de La Fer-
rière, dut être désavoué par son gouvernement, par suite
des réclamations de l'Angleterre. La Seine fut expédiée
pour faire retirer le pavillon français. Dans cette mission
ce bâtiment se perdit sur les récifs de Pouçbo (4juil. 1846),
l'équipage revint en France sur un navire anglais, comme
pour combler la mesure. En 1851, la corvette française
rAlcmène, commandée par le comte d'Harcourt, étant au
mouillage de Balade, une de ses embarcations fut atta-
quée par les indigènes, et ses officiers et matelots furent
tués et dévorés ; seul, un jeune novice de la marine échappa
au massacre. Ce fait détermina la prise de possession
de l'île, qui, d'ailleurs, semblait convenir, aux yeux des
morahstes, pour l'internement des condamnés. Ce fut en-
core à Balade qu'elle eut heu, par l'amiral Febvrier Des-
pointes le 24 sept. 1853. A ce moment, un commodore
anglais, Taylor, commandant d'une mission scientifique
sur ï Herald, négociait à l'autre extrémité, avec le chef
Vandégou de File des Pins, le protectorat de cette île. Sur
ces entrefaites, arrive, avec sa corvette le Phoque, l'ami-
ral français, prévenu par le P. Montrouzier à Balade. Il
agit sur Vandégou, mis dans nos intérêts par nos mis-
sionnaires ; et ce fut notre pavillon qui définitivement fut
arboré sur ce point. Le drapeau anglais, qui avait été
déjà hissé par un des compagnons de Taylor, un des sa-
vants, nommé Clarke, fut amené. Le malheureux commo-
dore, sensible aux reproches de son état-major, à cause
de sa faiblesse, se brûla la cervelle à l'arrivée de V Herald
à Sydney.
Au mois de janv. 1854, le capitaine de vaisseau Tardy
de Montravel, commandant la Constantine, découvrait
l'excellente rade de Nouméa et choisissait ce port naturel,
le plus rapproché de Sydney, pour y établir le chef-lieu
ou capitale de la colonie : la ville reçut le nom de Port-
de-France, qu'elle ne garda pas. De 1853 à 1860, la
Nouvelle-Calédonie fut placée sous les ordres du gouver-
neur des établissements français de l'Océanie et dirigée,
pendant ses absences, par un commandant particuher. Un
décret du 14 juil. 1860 l'érigea en colonie distincte, sous
l'autorité d'un commandant, à dater du 1^^ juil. Ce titre
fut changé peu après en celui de gouverneur. Le capi-
taine de vaisseau Guillain fut le premier gouverneur de
la Nouvelle-Calédonie et dépendances, ayant été, nommé
par décret du 14 déc. 1861. Il dut pourvoir à l'organi-
sation, entreprendre des travaux, réprimer des soulève-
ments indigènes, un entre autres, en 1868. Ce fut en 1864,
en mai, que le premier convoi de condamnés, au nombre
de 250, arriva et forma le noyau du pénitencier de Fîle
Nou. Depuis, le nombre des criminels expatriés a progressé
rapidement, il était, à la fin de 1884, de 11.358 indivi-
dus; en 1875, il y en avait déjà 6.647, sans compter
3.937 déportés. La déportation remonte à l'année 1871
et a pris naissance dans des circonstances exceptionnelles.
Environ 4.000 de ces condamnés politiques furent placés,
les uns à la presqu'île Ducos, enceinte fortifiée, les autres
à l'île des Pins, déportation simple (4 oct. 1872). Leur
concours pour la colonisation promettait de bons résul-
tats ; nulle évasion, quoique facile, ne se produisit avant
celle de Rochefort ; bientôt la perspective d'une amnistie
prochaine annula tout service de leur part pour le déve-
loppement de la colonie jusqu'à la fin de leur séjour,
en 1880. En 1878, le 25 juin, une insurrection plus
sérieuse que les précédentes éclata, déterminée par les pré-
judices causés, dans leurs propriétés et dans leurs idées
religieuses, aux indigènes, malentendus qu'on aurait pu
éviter. Heureusejnent, ceux-ci, étant divisés, ne purent
que commettre des méfaits isolés et furent réprimés par
les troupes, sous le haut commandement du gouverneur
Olry. Cette insurrection n'en eut pas moins une répercus-
sion fâcheuse sur la colonisation en montrant son insé-
curité ; et pourtant aujourd'hui, c'est dans ces mêmes
indigènes que nous trouvons les meilleurs limiers pour
s'emparer de nos forçats évadés. A la suite, ceux qui
durent être punis furent exilés à l'île des Pins, ce qui était
punir du même coup ses habitants et les déposséder. Après
le départ des déportés, des condamnés ^et libérés, bientôt
au nombre de 750, vinrent prendre leur place, qu'ils cé-
dèrent à leur tour à la fin de 1886, car cette malheureuse
petite île annexe reçut, le 25 janv. 1887, les 300 pre-
miers relégués coUectifs, un nouvel élément pénal, les
récidivistes ou les incorrigibles, relégués loin de France,
moins criminels que déshérités et misérables, privés de
toute énergie, « parasites sociaux », et constituant une
cause d'encombrement et une gêne plutôt qu'une aide pour
la colonisation.
La Nouvelle-Calédonie est une île privilégiée : prin-
temps éternel, salubrité parfaite, absence de tout danger
des fauves et des serpents venimeux, soumission des natu-
rels, perspective éloignée du péril anglo-saxon l'attirant
dans l'orbite du grand continent océanien ; richesses
minières èxceptionneUes ; mais le nombre et la durée du
séjour sont deux forces avec lesquelles il faut compter,
quand il y a similitude de race. Or, ces deux forces, ce
sont les condamnés qui les possèdent, la colonisation libre
devrait prédominer par le nombre pour que cette colonie
de peuplement ne fût pas un simple établissement pénal.
Administration. — En outre de ses dépendances géo-
graphiques, la colonie administre les îles Wallis (V. ce
mot). Le gouverneur, commandant général, a sous ses
ordres le commandant militaire et ceux des bâtiments de
la station. Les troupes sont composées crinfanterie de ma-
rine, d'artillerie de marine et de gendarmerie. Au civil,
le gouverneur, assisté d'un conseil privé, a sous ses ordres
immédiats la direction de l'intérieur et la direction péni-
tentiaire, auxquelles il faut ajouter le service judiciaire,
dirigé par un procureur général, celui de la marine, chef
un commissaire des colonies, le service de santé, etc.
Au point de vue administratif, l'île est divisée, par
tranches transversales, et du S. au N., en cinq arrondis-
sements : 1^^ ch.-l. Nouméa; 2^, ch.-l. Canala; 3®, ch.-l.
Houadou ; 4^, ch.-l. Touho ; 5^, ch.-l. Ouégoa, compre-
nant les îles du Nord. Ce sont surtout des circonscriptions
électorales. — Au point de vue de la surveillance à exercer
par les administrateurs, elle est divisée, par arrêté du
gouverneur du 16 avr. 1898, en trois territoires : 1®^ ter-
ritoire comprenant le 1®- arrondissement, avec Nouméa pour
ch.-l.; le 2^ comprend tous les autres, versant E., ch.-l.
Canala; le 3®, également, versant 0., ch.-l. (provisoire-
ment) Moindou. — En ce qui a trait aux institutions libres,
la colonie élit, comme représentant dans la métropole, un
délégué; il y a un conseiï général, un conseil munidpal
à Nouméa, des commissions municipales dans les autres
centres. — Des écoles, un collège, des pensionnats ; pour
le culte catholique, des missionnaires maristes, un évêque,
un pasteur protestant. — La police et des postes mili-
taires protègent les colons ; la sécurité est réelle, particu-
lièrement contre les criminels. — La défense contre les
ennemis extérieurs n'est pas seulement confiée à nos
troupes, elle se trouve déjà dans les moyens naturels du
— 95 ~
NOUVELLE-CALÉDONIE
pays, dans sa muraille de coraux, aux passes difficiles et
assez éloignées pour que l'on n'ait pas à craindre un bom-
bardement. — Le budget annuel de la colonie oscille entre
2 et 3 millions de fr. (1887).
Le personnel administratif de la transportation et de la
relégation est considérable : bureaux, commandement mili-
taire, surveillance, personnel technique, instruction et édu-
cation, soins de médecins et de sœurs hospitalières. Les
établissements sont nombreux; comprenant les pénitenciers
et les centres agricoles. Les pénitenciers et camps com-
prennent l'île Non, Montravel, la baie du Sud et les chantiers
de routes ; les centres agricoles sont Koé, Kouttio-Koéta,
Fonwahary, la Foa, Téremba, Bourail, Pouembout et Ko-
niambo, leDiahot, Canala, Oégoa, baie duProny, îledesPins.
Géographie économique. — Démographie. — Les
éléments de la population sont très divers : 4^ par leur
origine (européens ou blancs et noirs ou autres races) ;
2*^ au point de vue moral (hommes libres et condamnés).
Des subdivisions sont nécessaires : 1^ parmi les blancs
Hbres (les colons, de nationalités et de sexes différents;
les fonctionnaires et les troupes) ; 2^ parmi les noirs libres
(indigènes de la Nouvelle-Calédonie et des Loyalty ; engagés,
Néo-Hébridais, Chinois et Hindous, Africains) ; o^ parmi
les condamnés (transportés et libérés, relégués, déportés).
Dans cette classe, il y a à considérer les dates d'arrivée
et de départ des catégories. En 1875, on avait (approxi-
mativement) : colons libres, 2.532; fonctionnaires et trou-
pes, 2.394, total 4.926 sur lesquels 4.360 du sexe fémi-
nin; indigènes de la grande île et des îles adjacentes,
24.250; des Loyalty ,47.600; total, 38.850; engagésnéo-
hébridais, africains et asiatiques, 2.600; total des indivi-
dus de races non européennes, 44 .450 ; transportés et libé-
rés, 6.645 ; déportés, 3.937; total des condamnés, 40.584.
Total général, 56.960. — En 4885 (les déportés ont été
amnistiés et sont partis depuis cinq ans, les relégués n'ar-
riveront qu'en 4887) : colons libres, 4.465, comprenant
2.505 hommes et 4.660 femmes, et comme nationalités,
3.535 Français, 547 Anglais, 45 Allemands, 66 divers;
ofTiciers, troupes et familles, 2.458; surveillants militaires
et familles, 857 ; total des blancs hbres, 7.480. Indigènes de
la Nouvelle-Calédonie, 23.000 ; des Loyalty, 47.000 ; total,
40.000; engagés, 2.465; races noires, 42.465; trans-
portés et libérés, 44.358. Total, 60.703 hab. — En 4887 :
colons, 5.585; fonctionnaires et troupes, 3.476; indi-
gènes, 44.874; engagés, 4.825; transportés (7.477) et
libérés (2.545), 9.992; relégués, 4.424; total générai,
63.876. — En 4898, total général de la population
blanche et libre : 40.595. Elle a donc augmenté constam-
ment. Cette augmentation a porté principalement sur les
colons, du moins nous en voyons 4.465 en 4885 et 5.585
en 4887; on peut évaluer leur nombre à 7.000 en 4898.
Si, pour ce dernier recensement, effectué le 20 févr. 4898
de la population blanche et hbre de la Nouvelle-Calédonie
et dépendances, on élimine les troupes, non les fonction-
naires, cet effectif étant 4.234 hommes, il reste 9.364 in-
dividus, pour lesquels on a constaté 4.963 hommes .et
4.404 femmes. — Bien des éléments manquent encore en
précision, pour établir des comparaisons exactes et en tirer
des conséquences au point de vue où l'on se place, dont le
principal est la colonisation Hbre. Il ne serait pas besoin
d'une statistique minutieuse, si, comme dans tant d'autres
contrées riches, le développement était ici ce qu'il doit
être. L'obstacle est évidemment dans la transportation.
C'est ce que l'autorité locale reconnaît, et récemment (oct.
4897) des territoires attribués à la transportation ont été
désaffectés au profit de la colonisation libre. Il y a, du reste,
un grand progrès depuis quatre ans, et la valeur des terres
s'est accrue. — On a émis l'idée de la culture des îles
Kerguélen (amiral Layrle) et de la transportation des
condamnés en ces lieux. — Les fruits des unions passa-
gères des Européens avec les femmes indigènes sont bien
doués physiquement et intellectuellement; la colonie a
créé pour eux des orphelinats.
Colonisation. •— La Nouvelle-Calédonie est une colonie
de peuplement et d'exploitation, et jusqu'ici, malgré les
progrès réalisés dans ces derniers temps, elle manque en-
core de colons et de capitaux. L'immigration européenne
est faible, l'argent est craintif. En ce qui concerne les émi-
grants de France en nos possessions, ils trouveront au
ministère des colonies des renseignements verbaux et des
notices à leur usage. Enumérons ici ce qui, dans la notice
concernant la Nouvelle-Calédonie, se rapporte à l'éco-
nomie.
Lignes de navigation. — Les communications sont assu-
rées par la Compagnie des Messageries maritimes, dont les
paquebots partent de Marseille le 3 de chaque mois. Les
émigrants peuvent obtenir la concession du passage de
troisième classe à titre gratuit. La durée du trajet jusqu'à
Nouméa (24.027 kil.) est de 38 à 40 jours. Le colon, à
son arrivée, trouvera à la direction de l'intérieur et au-
près de la société V Union agricole calédonienne (créée
en 4894) les renseignements utiles pour son étabhssement.
Des concessions de terres lui sont octroyées sous certaines
conditions. Une hgne de navigation est projetée, pour
une compagnie française : 4° de Nouméa à Tahiti, par
les Samoa et Tonga ; 2« de Nouméa à Saigon avec escales
à Batavia, etc.
Voies de communication intérieure. — La navigation flu-
viale ne comporte, pour les principaux cours d'eau, que 45
à 20 kil. avec des chaloupes ou des chalands. Les voies
terrestres, encore insuffisantes, consistent : en routes car-
rossables, dans la partie S. de Nouméa à Bourail et à Na-
kéti (total, 492 kil.); et en sentiers muletiers jusqu'au N.
et en travers de l'île. La navigation côtière est aisée, éco-
nomique et s'effectue par un service bimensuel de bateaux
à vapeur et par des navires marchands. Un chemin de fer
de Nouméa à Bourail, en projet, a été déclaré (4875) d'uti-
lité publique. Un ciiemin de fer privé a été inauguré aux
mines de Nepoui en 4897.
Postes et télégraphes. — Ces services se font par des
courriers, des bateaux côtiers, une malle-poste, des pié-
tons indigènes, des bureaux télégraphiques dans les centres
agricoles et miniers, le téléphone pour Nouméa et ses fau-
bourgs. Des câblogrammes sont échangés directement avec
la France, 43 fr. le mot. Le câble atterrit à Gomen pour
Sydney depuis 4893; il est concédé à une société fran-
çaise. — Un service postal a été établi aux îles Wallis, le
bureau est géré par l'administrateur (4894).
Travailleurs. — Pour les divers travaux, publics et
privés, de l'Etat ou de la colonie, des compagnies et des
particuhers, la main-d'œuvre est fort variée, 'mais laisse
à désirer. En premier lieu, la main-d'œuvre pénale des
condamnés en cours de peine et libérés est peu appréciée,
on les emploie aux routes et aux mines. Les Européens
libres, trop rares, peuvent exercer certains métiers et ser-
vir comme employés. Les indigènes sont paresseux et in-
dépendants. Les engagés néo-liébridais sont estim.és pour
les travaux agricoles et la domesticité, leur recrutement
est difficultueux. On a commencé à introduire des Annamites
et des Javanais. L'immigration des Chinois offre des dan-
gers en raison de leur concurrence commerciale.
Centres de colonisation. — Les principaux sont les
^ suivants : La Foa, important au point de vue agricole,
comporte deux territoires distincts, pour les colons libres
et pour les hijérés. Elevage. — Moindou, centre libre,
prospère, où on cultive le café, le tabac, etc. — Bourail,
centre presque exclusivement pénal, non prospère malgré
de riches terrains. — Pouembout, centre pénitentiaire. Cul-
tures secondaires. Dans le voisinage, exploitation de mines
de nickel employant 200 engagés annamites. — Koné,
centre libre, plantation de café importante. — Voh, hbre,
mais, tabac. — Ouaco. Elevage. — Oégoa, pénitentiaire;
a perdu son importance minière. — Hienghène, libre.
Plantations. — Pouérihouen, hbre. Elevage. — Houailou,
hbre. Elevage, café. — Canala, mixte, caféeries, exploi-
tation de nickel et de cobalt. — Thio, centre libre, kplus
NOUVELLE-CALEDONIE
— 96 -
important comme exploitation des mines de nickeL Ele-
vage, café. On doit préconiser le système des petites
propriétés et celui du métayage.
Produits naturels. — 1^ Minéraux. La surface des
mines de nickel est en Nouvelle-Calédonie de plusieurs cen-
taines de mille hectares. L'exploitation s'est réduite parla
surproduction et par la concurrence des minerais canadiens.
L'exportation du minerai en 1893 a été de 52.400 tonnes,
valant 6.241.912 fr. Il faudrait le transformer sur place.
Les exploitations de cobalt sont nombreuses. Le minerai est
fondu à Nouméa, dans de hauts fom^neaux. On a exporté,
en 1893, pour 101.080 fr. de minerai et pour 476.294 fr.
de fonte. — Les nombreuses mines de fer chromé du Sud
n'ont fourni à l'exportation, en 1893, que pour une valeur
de 21.525 fr. — L'exploitation des mines de plomb ar-
gentifère d'Oégoa est arrêtée, et n'a exporté que pour
44.560 fr. de lingots en 1893. — Les mines de cuivre
dn Nord ont eu une courte durée vu leur teneur
faible en métal. — Aucun travail n'a été fait pour les
filons d'or. —A Nakétise trouve unemine d'antimoine, qui
a été abandonnée. — On n'a pas exploité les quantités con-
sidérables des riches minerais de fer dans le Sud. — La houille
trouvée jusqu'ici paraît de bonne qualité et donne des es-
pérances. — Les pierres lithogi'aphiques du Sud n'ont pas
encore été jugées définitivement. — D'une manière géné-
rale, l'industrie minière subit une crise depuis quelques
années. Une compagnie anglaise, International Mining
Society, exploite plusieurs mines de minerais fort riches
renfermant plomb, zinc, cuivre, argent, or. Il est bien
d'autres mines qui attendent les capitaux français.
2" Végétaux. La superficie des forêts est d'environ
100.000 hect. On les observe sur les flancs des montagnes.
Elles comprennent les essences les plus variées ; nous en
relevons près de 300 dans le catalogue de l'Exposition
universel^ de 1878. Les bois utiles de ces arbres ont été
étudiés par M. Sébert. Rappelons le pin colonnaire {Arau-
caria cookii, qui se fait remarquer à l'île des Pins ; le
kaori (Dammara lanceolata); les Casuai^ina; le santal,
encore assez commun à l'île des Pins ; des ébénacées ; le
faux bois de rose (Thespesia populnea), etc. Des pro-
duits en sont retirés : résines du kaori, du pin colonnaire ;
caoutchouc du banian (Ficus prolixa) ; essence du
niaouli ; écorce du palétuvier (arbre du littoral) ; huile de
bancoul; fibres textiles, etc. — Les cultures principales
sont : celles du café, qui est d'excellente qualité et offre
de l'avenir; du maïs, des haricots, du riz, du manioc; tabac
(une manufacture à Nouméa); canne à sucre, abandonnée;
luzerne et herbes fourragères ; légumes de France ; arbres
fruitiers; ananas exquis; vanilles, céréales. Le cocotier,
presque sans soins, peut donner, par le coprah, de grands
bénéfices. ,
3*^ Animaux. Le gibier à poil ne consiste guère qu'en
porcs devenus sauvages, et en des cerfs importés, qui vi-
vent dans les forêts du Sud. Le gibier à plume est assez
commun. — L'élevage comprend près de 800.000 hect. de
pâturages, pour bœufs de boucherie, avec un débouché de
conserves de viande; pour chevaux, de bonne race (il y a
une société de courses) ; pour moutons, mais ici Yandro-
pogon est nuisible : cette graminée n'existe pas à l'île des
Pins. Citons encore comme animaux domestiques : chèvres,
porcs, lapins, volailles. — La pêche ne se pratique qu'à
Nouméa ; le poisson (parfois à chair vénéneuse) , les lan-
goustes, huîtres, etc., sont abondants. — Rappelons le
guano des îles Huon et Chesterfield.
Industrie. — En dehors des industries minière et agri-
cole, «celles manufacturières sont peu développées. Les
principaux établissements sont : minoterie à vapeur ; hauts
fourneaux ; fonderie ; manufacture de tabac ; usine à sucre ;
tannerie ; fabriques de conserves de viandes, de savon et
d'huile ; scieries à vapeur. Toutes les professions et mé-
tiers sont à peu près occupés.
Commerce. — Les magasins se sont multipliés depuis
que plusieurs articles de consommation se produisent dans
la colonie. -— Une succursale de la banque de l'Indo-Chine
peut émettre des billets qui ont cours dans le pays. Le
taux de l'argent est 8% et même 12. —Les importations
totales (de France, des colonies françaises et de l'étranger)
ont été : en 1894, 8.661 .293 fr. ; en 1895, 7.374.522 fr. ;
en 1896, 9.192.606 fr. ; enl897, 8.679.236 fr. Les expor-
tations correspondantes: 6.423.663 fr. ; 7.779.441 fr *
5.748.552 fr. ; 7.045.624 fr. Le chiffre des importations
de l'étranger, presque exclusivement de l'Australie, est
fort élevé. Il a diminué depuis l'établissement de la douane
(1^^* févr. 1893). Il était, en 1892, de 8.512.619 fr.; il
est descendu en 1893 à 4.010.307 fr., en 1894 à
3.385.869 fr. et en 1895 à 3.56i.215 fr. Contre l'en-
vahissement, la production néo-calédonienne, très possible
et en progi^ès, sera le moyen le plus efficace. C. Delavaud.
Anthropologie. — Il y a en Nouvelle-Calédonie de
nombreux restes d'anciennes cultures du taro [Arum es-
culentum, Colocase) qui ont nécessité des travaux d'amé-
nagement assez étendus. Ses premiers habitants connais-
saient bien cette plante pour ses qualités nutritives. Ils
en tiraient un plus grand parti qu'aujourd'hui ou étaient
plus. nombreux. Il n'est donc pas sans intérêt de faire
remarquer que son nom indigène est à peu près le même
à la Nouvelle-Zélande, à Taïti, aux lies Fidji, et que ce
nom est étroitement parent du nom malais de la même
plante. Les Néo-Calédoniens cultivaient aussi ancienne-
ment et avec autant de soins une igname, YOiibi (Dios-
corea alata), qui est de même très répandue à la Nou-
velle-Guinée, aux Moluques, dans la Malaisie. Nous
savons d'ailleurs, à n'en pas douter, que le fond premier
de la population néo-calédonienne est du type des Papous
de la Nouvelle-Guinée. Mais cette population a reçu une
infusion de sang polynésien plus ou moins pur qui l'a re-
levé physiquement et intellectuellement. La plus récente
immigration de Polynésiens déjà mêlés qui, des îlesLoyalty,
se sont répandus sur la côte orientale et à l'île des Pins,
date du siècle dernier. En raison de cette double origine,
on a toujours distingué parmi les Néo-Calédoniens deux
types différents (Rourgarel, Moncelon). Les individus du
premier, dans la proportion de deux cinquièmes (?), sont
petits, ont les membres grêles, des cheveux crépus,
courts, en masse floconneuse, un prognathisme considé-
rable, d'énormes arcades sourcilières, la peau fuligi-
neuse, le crâne étroit et allongé, le bord inférieur de l'ou-
verture nasale déprimé en deux gouttières simiennes.
Les individus du second type, dans la proportion d'un
cinquième (?) à peine, à Canala, ont la peau plus claire,
rouge jaune, exceptionnellement du tonde celle des Taï-
tiens, les cheveux plus longs, quelquefois à peine crépus
ou frisés, la taille grande, les membres mieux propor-
tionnés, le crâne moins étroit, un indice nasal moins
élevé. Ce sont des Mélano-Polynésiens et leur supériorité
leur a permis de s'emparer des rôles de chefs. Mais il n'y
a pas de démarcations bien tranchées entre les uns et les
autres.
Ils ne sont pas localisés en groupes distincts. La ma-
jorité de la population se compose aujourd'hui d'un mé-
lange oii s'entre-croisent des caractères des uns et des
autres. Ainsi le Néo-€alédonien, Papou par les cheveux,
le prognathisme, la saillie des arcades sourcilières, est
quelque peu Polynésien par la taille (moyenne, 1^,67), la
proportion des membres, la corpulence, parfois le nez et
la couleur de la peau. Il existe maintenant un nombre
appréciable de métis de blancs et de femmes canaques,
parvenus à l'âge adulte. Abandonnés jusqu'ici générale-
ment à la discrétion des tribus de leurs mères, ils passent
pour bien constitués, robustes, prolifiques, intelligents et
enclins à tous les vices. Les caractères du blanc tendent
à l'emporter chez eux.
On ne peut pas estimer aujourd'hui la population ca-
naque à plus de 40.000 individus. Et elle tend à dimi-
nuer devant la colonisation. Les infanticides de filles
étaient fréquents naguère, s'ils naJe sont plus (?). En tout
— 97
cas, le nombre des hommes l'emporte notablement sur
celui des femmes. Et celles-ci, très ardentes à ne manquer
aucune de leurs fêtes orgiaques (pilou-pilou), sont peu
prolifiques. Elles donnent d'ailleurs le sein à leurs enfants
souvent pendant plus de trois ans. Les mariages se font
par convention entre les parents et alors que les futurs
époux sont encore en bas âge. Les parents de la fille re-
çoivent des cadeaux de nourriture de ceux du garçon, et,
dès lors, il y a achat irrévocable. Les unions sont par
suite souvent mal assorties. Et la femme n'a alors d'autre
ressource que de se sauver de son village et de se livrer
au libertinage. Détail très particulier des mœurs néo-
calédoniennes, les hommes habitent à part des femmes et
des enfants, dans des cases distinctes, et ils ont, comme
certains Polynésiens, des habitudes dépravées. Ils sont
pourtant très jaloux de leurs femmes. Ils les tuent, a-t-on
dit, lorsqu'ils les prennent en faute. D'après M. Monce-
lon, en cas d'adultère, les hommes de la tribu de l'homme
outragé s'instituent ses vengeurs..., en faisant subir les
derniers outrages à la- femme du complice de l'adultère.
Les hommes peuvent avoir autant de femmes qu'ils peu-
vent s'en procurer et en nourrir ; ils en font leurs esclaves.
Les femmes doivent accoucher hors clu village, où elles
ne rentrent qu'après des purifications, une offrande au
sorcier. Les chefs, qui sont héréditaires, ont toujours un
sorcier comme second; ils consultent aussi les vieillards.
« La culture des ignames et des taros se fait presque tou-
jours en commun, et tous ceux qui ont pris part h la pré-
paration d'une planche d'ignames ou d'un bassin de taros
ont droit à y puiser pour leur nourriture. » La propriété
n'est donc pas nettement individualisée. Quiconque veut
entreprendre un défrichement pour jouir personnellement
d'une nouvelle parcelle de terre a besoin de la permission
du chef. Ils travaillent la terre à l'aide de deux épieux,
deux « piquets ^> de bois dur. Le bananier, le cocotier,
la canne à sucre, sont, de leur part, l'objet de soins cul-
turaux. Ils ont la ressource des coquillages, du poisson
qu'ils prennent en quantité au filet, à la ligne, et surtout
à la sagaie, et aussi du gibier, oiseaux divers, et de la
roussette, grande chauve-souris charnue, très abondante.
Ils possèdent des porcs, de la volaille, des chiens. Les
vieux ont conservé le goût de V anthropophagie (V. ce
mot).
Leurs armes consistent, en outre de la sagaie, souvent
travaillée avec art, dans la fronde, dans le casse-tête fait
pour les chefs d'un disque en serpentine très curieuse-
ment emmanché d'une branche de banian, et en haches au-
trefois de pierre, etc. Ils ont grand soin de leur chevelure
qu'ils peignent, lavent, teignent même fréquemment. Ils
se couvrent la tête souvent d'une couronne ou d'un dia-
dème de feuillage, d'écorce,etc. Ils se tatouent rarement, '
mais se perforent le lobe de l'oreille largement. Sauf des
jarretières en poils de roussette, ils vont presque nus. Les
hommes seulement enroulent leurs parties dans un mor-
ceau d'étoffe en écorce battue, qui forme ainsi un cornet
de 50 à 60 centim. de long, retenu par une cordelette
entourant la taille. Cet ornement bizarre est distinctif des
Néo-Calédoniens, mais se rencontre cependant chez les
habitants des Loyalty, de même composition ethnique, de
même race qu'eux. Jusqu'à leur mariage, les filles ne
portent, à part des colliers, qu'une cordelette autour des
reins, et elles peuvent impunément se livrer au Hberti-
nage. Ensuite elles enroulent autour de leur taille une
longue ceinture avec une frange d'environ 50 centim. de
long formant jupon court. Leurs cases, en branchages,
de forme conique pour les chefs, sont des réduits à unique
ouverture très basse constamment enfumés. Les femmes
savent fabriquer une poterie ovoïde. Les morts sont dé-
posés dans des grottes, dans des troncs d'arbres, ou sus-
pendus au sommet d'un arbre et boucanés. On brûle sou-
vent leurs cases, et on mange leurs provisions. Les parents
se font des brûlures en signe de deuil. Ils n'ont pas de
religion, mais leurs sorciers sont guérisseurs. Et leurs
r.RANDE ENCYCLOPÉLTE. — XXV.
NOUVELLE-CALÉDONIE — NOUVELLE-GALLES
fêtes, les pilou-pilou, qu'ils organisent lors de la récolte
des ignames, à la mort des chefs et après une guerre,
bien que consistant en danses, simulacres de combats et
festins, ont un caractère religieux, car elles sont relevées
de quelques prescriptions et cérémonies superstitieuses.
Leur langue appartient au groupe papou. Zaborowski.
BiBL. :^ Catalogue de l'Exposit. unlv. de 1818 ; Nouvelle-
Calédonie. — E. Vallée, Essai d'une bibliographie de la
Nouvelle-Calédonie et dépendances; Paris, 1880. — Ander-
SON, NoteS'Of voyage in Fiji and New Caledonia; Londres,
1880. — H. Rivière, Souvenirs de la Nouvelle-Calédonie,
L'insurrection canaque; Paris, 1881. — Ch . Lemire,
Voyage à pied en Nouvelle-Calédonie et descript. des
Nouvelles-Hébrides ; Paris, 1884. — Notices coloniales à
l'occasion de l'exposition d'Anvers en 1885, t. II. — De
Lanessan et Egasse, les Plantes utiles des colonies fran-
çaises, annexe aux notices précéd. ; Paris, 1886. — G. de
La Richerie, Nouvelle-Calédonie, dans Atla,-< Mager, 1885.
— Opigez, Aperçu général sur la Nouvelle-Calédonie,
dans Bull. Soc. géog., 1886. — Les Colonies françaises, no-
tices sous la direction de M. L. Henrique, Exposit, univ.
de 1889, t. IV. Cette notice comprend une vingtaine d'ar-
ticles bibliographiques, tels que : Montrouzier, Notices
(1860); Vieillard, Plantes... (1865); Garnier, Géologie...
(1867); BayÀy, ...n.iaoidi ...anacardier (1869) et autres mém.
sur reptiles, etc.; Heurteau, ...constitution géologique et
richesses minérales... (1876); Lemire, la Colonisation f ran-
çaise eï2. . .(1878); Gauharou, GéogfrapMe de. . .(1882); Gallet,
Notice... (1884); Perret, ...ciUture clu blé... (1889) ; Porte,
...houille... (1887). — Reclus, Géog. univ., t. XIV (1889),
avec indications bibl. : Chambeyron, Bull. Soc. géog. (1875) ;
Grundemann, Pcterm. Mitteil. (1876) ; Glaumont, Bull.
Soc. géog. comm. (1888) ; Balansa, Btdl. Soc. géog. (1875) ;
GiFFAULT. — D«- Legrand, Au pays des Canaques. La
Nouvelle-Calédonie, 1890. — Notice à l'usage des émi-
grants. La Nouvelle-Calédonie, 1895. — Mialaret, l'Ile des
Pins; Paris, 1897; avec une liste bibliographique par
M. Regelsperger, comprenant 28 articles, tels que : cartes
hydrographiques ; le R.-P. Goujon, dans Annales de la
propagat de la /"oi (1850); Vinson, ...Topographie médi-
cale... (1858), etc. — Pierre, les Lépreux en Nouvelle-
Calédonie, dans Annal, d'hyg. et de méd. colon., 1898, t. I,
p. 149. — Kermorgant, la Lèpre à la Conférence de Ber-
lin de 1897 ; même recueil, I, p. 266. — Annuaire de la
Nouvelle-Calédonie et dépendances, année 1898; Nouméa,
1898. — Bullet. de la Soc. de géog., passim. — Bullet. de
la Soc. de géog. commerciale de Paris. On y remarque les
communications de MM. Moncelon, Moriceau, Feillet,
CoRDEiL, Mercier, Benoît, etc.
Anthropologie. — De Rochas, Sur les Néo-Calédo-
niens, dans Bidl. Soc. anth., 1860, p. 380. — Bourgarel,
Sur les crânes des Néo-Calédoniens et des Polynésiens {ihicL,
p. 449), — Sur les races de VOcéanie franc. Mémoires de la
Soc. anth., t. I et II. — Deplanche, Ethnologie calédo-
nienne, dans Btdl. Soc. linnéenne de Normandie; Caen,
1870. — Bertillon, Etude des crânes néo-calédoniens
du musée de Caen {Revue d'anthr., 1873). — Moncelon,
Présentation d'un Canaque N éo-Calédonien, dans Bull.
Soc. ardh., 1885, p. 353. — Les Canaciues de la Nouvelle-
Calédonie et des Nouvelles-Hébrides ; Paris, 1886, 1 br. in-8.
NOUVELLE-CASTILLE (V. Câstille [Nouvelle-I).
NOUVELLE-CORINTHE (La) (V. Corinthe).
NOUVELLE-ECOSSE (V. Acadie).
NOUVELLE-ÉGLISE. Com. du dép. du Pas-de-Calais,
arr. de Saint-Omer, cant. d'Audruicq ; 369 hab.
NOUVELLE-FRANCE (Compagnie de La) (V. Compa-
gnie, t. XII, p. i58).
NOUVELLE-GALLES du Sud {New South Wales).
Colonie britannique de l'Australie orientale; 799.139kil.q.;
1.236.440 hab. (au 30 juin 1894). Riveraine de l'océan
Pacifique à FE., elle confine au S^à la colonie de Victoria
dont la sépare le Murray, à l'O. à la colonie d'Australie
méridionale, le long du 138° 40' long. E., au N. à la
colonie de Queensland. Les petites îles océaniques qui en
dépendent (Lord Howe, Norfolk, Pitcairn) portent son
étendue à 799.204 kil. q. — Le nom de Nouvelle-Galles
du Sud fut donné>à cette région par Cook qui, longeant
le littoral en 1770, fut frappé de l'analogie de ces côtes
escarpées avec celles du pays de Galles. Etendu à toute
la moitié orientale de l'Australie, ce nom fut limité à la
colonie actuelle par les démembrements successifs de celles
de Victoria, Tasmanie et Queensland.
La géographie générale a été exposée dans Fart. Aus-
tralie. La colonie comprend trois régions : 1° zone côtière,
très fertile, large de 50 à 200 kil. ; 2<^ zone des plateaux,
qui ^'élève brusquement au-dessus de la précédente et est
7
NOUVELLE-GALLES — NOUVELLE-GUINÉE
98
creusée de profondes vallées ; 3° zone de la plaine inté-
rieure du continent. La chaîne côtière suit le bord de la
zone des plateaux, à l'O. de laquelle se développent les
massifs de la Great Dividing Chain, ligne de partage des
eaux ; ce sont : du N. au S., les montagnes de Nouvelle-
Angleterre, Liverpool, Bleues, CuUarin, Gourock, Mancroo
et les Alpes australiennes, avec, près de la frontière méri-
dionale, le groupe de Kosciuszko (mont Townsend, 2.241 m. ;
mont Clarke, 2.216 m. ; MuUers Peak, 2.196 m.). Au
delà des grandes plaines et du cours du Darling s'élèvent
les monts Grey et Barrier. — La zone côtière appartient
aux formations secondaires et comprend au S. un bassin
houiller ; la zone des plateaux est granitique, avec des
coulées de trapp et des revêtements schisteux : c'est la
région des mines d'or et du zinc ; la plaine occidentale est
de formation tertiaire et quaternaire, avec de vastes éten-
dues de trapp. — Les fleuves côtiers sont insignifiants,
avec des embouchures envasées et un régime irréguher,
presque torrentiel. L'intérieur est parcouru par le Murray
et ses grands affluents, Murrumbidgee, Lachlan, Darling.
Le climat est chaud, la moyenne annuelle atteint -h 19^,4
sur les côtes. H- 12*^,5 sur les plateaux, -1-18'^ dans la
plaine occidentale. La chute d'eau est: de 1.200 milhm. à
Sidney, sur la côte ; de 534 à Bathurst, sur le plateau ;
de 158, le long du Darling. — Sur h flore et la faune,
V. Australie.
Des 1.236.440 hab. recensés au 30 juin 1894, 665.000
étaient du sexe masculin, 571.400 du sexe féminin ;
44.156 Chinois (dont 867 métis), 14.156 indigènes (dont
3.183 métis). L'immigration avait dépassé Témigration de
8.059 têtes. Les trois quarts des habitants étaient pro-
testants, 286.895 catholiques, 5.484 Israélites, 9.356
bouddhistes, 528 musulmans, etc. En 1871, on ne comp-
tait que 503.981 hab. et 751.468 au 3 avr. 1881.
L'instruction se donnait dans 2.520 écoles primaires pu-
bliques, 620 écoles catholiques, 5 collèges, une université
d'Etat à Sidney, laquelle comptait 48 professeurs et 586
étudiants dont 108 femmes. — Le gouverneur est nommé
par la reine pour cinq ans et assisté de neuf ministres.
La Chambre haate {législative Council) est formée de
membres nommés à vie par le gouverneur ; la Chambre
basse [législative Assembly), de 125 députés élus pour
trois ans. Les revenus publics se montaient, en 1893, à
265 millions de fr., les dépenses à 274 millions, la dette
à 1 .464 minions. La force mih taire locale comporte 534 sol-
dats, plus 4.174 volontaires ; la flotte coloniale (indépen-
damment de celle de l'Australie stationnée à Sydney),
2 torpilleurs. Des batteries défendent les ports de Sydney,
Newcastle, Wollongong.
L'agriculture prospère dans la zone côtière, les hautes
vallées et la pente occidentale de la chaîne de partage des
eaux ; le manque d'eau la paralyse dans la plaine inté-
rieure livrée à la pâture des bœufs et surtout des mou-
tons. Les montagnes orientales sont encore bien boisées.
La grande richesse vient des troupeaux ; en 1894, on
comptait 493.000 chevaux, 2.270.000 bœufs, 56 millions
981.000 moutons, 27.000 chèvres, 241.000 porcs. Les
lapins sont un fléau. — La production minière, qui occu-
pait 30.122 personnes, s'éleva en 1893 à 136 millions de
fr., en plomb argentifère (75 milhons), houille (29 mil-
lions), or (16 millions et demi), zinc (3 millions), anthra-
cite (2 millions et demi), cuivre, antimoine, fer, cobalt,
opal, etc. Depuis l'origine jusqu'en 1893, la colonie avait
produit pour plus d'un milHard d'or, de 700 millions de
houille, 400 milhons de plomb argentifère, 150 de zinc
et 92 de cuivre. Les grandes mines d'argent sont dans les
monts Barrier, celles de houille à Newcastle, celles d'an-
thracite à Hartley Vale. — L'industrie est peu développée.
1 e commerce se fait par la côte et aussi par la colonie de
Victoria et celle d'Australie méridionale. En 1894, on
importa pour 398 millions de fr. d'objets manufacturés,
vêtements, sucre, machines et objets métalliques, spiri-
tueux, bière, thé, blé et farine, meubles, etc. ; on exporta
pour 520 millions de laine, or, argent, zinc, houille, bétail,
conserves de viande, peaux, cuirs, suif, bois. Sydney pos-
sède une puissante organisation financière et commerciale.
C'est le principal port, puis viennent Newcastle, Grafton,
Richmond, Tweed River, Eden. La flotte locale était, en
1893, de 475 vapeurs déplaçant 54.512 tonnes et 494 voi-
hers déplaçant 55.683 tonnes; le mouvement de la navi-
gation, de 2.590.000 tonnes. Il existait, au 30 juin 1894,
4.002 kil. de chemins de fer ayant transporté dans l'année
19.266.000 voyageurs et 3.494.000 tonnes do marchan-
dises. Les lignes télégraphiques avaient une longueur de
19.355 kil. et expédiaient 2.765.000 télégrammes. La
poste, desservie par 5.615 employés -(1.827 bureaux),
transportait 77.540.000 lettres, 850.000 cartes postales,
44.928.000 imprimés et 72.124.000 paquets.
La colonie remonte à l'étabhssement pénitentiaire de
Port Jackson (1788) et son histoire se confond avec ceUe
de V Australie et de V Australasie britannique (V. ces
mots). A.-M. B.
BïBL. : Lang, Historiccil and statistical account of New
South Wales; Londres, 1874, 2 vol. — Liversidge, The
Minerais of New South Wales ; Londres, 1888. — Griffin,
New South Wales, her commerce and resources^ 1888. —
Barton, History of New South Wales, 1890 et suiy.
NOUVELLE-GRENADE (V. Colombie).
NOUVELLE-GUINÉE. La Nouvelle-Guinée est la plus
grande île du globe, si l'on considère l'Austrahe comme
un continent. Sa superficie est de 785.360 kil. q. EHe
est située dans la partie occidentale de l'océan Pacifique,
entre 128« 41' 50^' et 148« 51' 50''^ de long. E. et 0« 19' et
10<* 34' de lat. S. La plus grande partie de l'intérieur est
encore inconnue et le relevé même des côtes est à peine
achevé. L'île fut découverte en 1526 par Jorge de Me-
neses, envoyé du vice-roi de Goa. Elle fut vue de nouveau
en 1528 par un compagnon de Certes, Saavedra. Le nom
de Nueva Guinea lui aurait été donné en 1545 par Ynigo
Ortiz de Retez, à cause de la cotdeur de ses habitants. Les
Portugais ne connurent d'aifleurs que la. côte septentrio-
nale. La côte S. fut découverte parValz de Terres en 1605.
Mais le secret de cette découverte resta caché jusqu'en 1762,
année où les Anglais s'emparèrent de Manille, et l'on con-
tinua de croire que la Nouvelle-Guinée faisait partie de
l'Australie. — En 1606, les Hollandais s'avancèrent sur
la côte S. jusqu'au Valsche Kaap. En 1705, le navire
hoflandais Geelvink découvrit la grande baie du N. à la-
quelle il donna son nom. — Le voyage de James Cook,
en 1770, eut une importance capitale : il doubla le cap
York, refit le chemin de Torrès et donna au détroit le nom
de son navire : Endeavour. Ce ne fut que plus tard que
les géographes lui restituèrent celui de Torrès. — La fin
du xvjii^ siècle et le commencement du xix*^ furent l'ère
des .grands voyages dans le Pacifique : en 1791, Mac Cluer
explora le golfe étroit qui porte son nom, entre les deux
presqu'îles du N.-O. D'Entrecasteaux en 1793, Duperrey
en 1825, Dumont d'Urville en 1827 et 1839, firent de
nombreux relevés sur la côte N. de la Nouvefle-Guinée.
En 1835, les Hoflandais découvrirent le détroit de la
Princesse-Marianne, entre la grande lie et l'île du Prince
Frederik Henry qu'oui croyait jusquN à rattachées. En 1845,
le capitaine Blackwood découvrit dans le golfe des Papous
le delta d'un grand fleuve qu'il remonta pendant 37 kil.
et auquel il donna le nom de son navire, le Fly, L'ex-
ploration du fleuve fut continuée par Yule, par Ov^^en
Stanley et surtout par d'Albertis qui le remonta jusqu'à
200 kil. dans l'intérieur, en 1875. En 1874, le capitaine
Moresby, à bord de la Basilisk, parcourut toute la côte
de la péninsule S.-E. Russefl Wallace et Allen firent des
excursions zoologiques autour de la baie du Geelvink, et, à
deux reprises, le Russe Mikloukho Maklay séjourna sur la
côte de la baie de l'Astrolabe. —Depuis le traité de 1885,
les Anglais, les AUemands et les Hollandais ont poussé
avec vigueur l'exploration de leurs possessions respectives.
Le résident hoflandais de Ternate, de Clercq, a surtout
fait connaître les^ deux presqu'fles du N.-O. et les îles de
— 99 —
NOUVELLE-GUINÉE
la baie du Geelvink. Les Allemands Finsch, Dallmann,
Schleinitz, ont découvert et exploré le fleuve de r Impé-
ratrice Augusta. Schleinitz a également exploré la baie
de Huon et le fleuve Markham. En 1895, une expédition
allemande mal préparée, sous la conduite d'Otto Ehlers,
échoua complètement; mais cet échec a été compensé
en 1896 par le succès de l'expédition de Lauterbach, Tap-
penbeck et Kersting. — Les Anglais ont aussi fortement
poussé la reconnaissance de leur colonie. Chalmers a dé-
couvert à l'E. du Fly le Wickhamet a exploré une partie
de la péninsule S.-E. En 4883, la partie de la côte en-
core inconnue, comprise entre le détroit de Torrès et File
Frederik Henry, fut explorée par Robert Drewqui y trouva
le Chester River. Des missionnaires catholiques ont dé-
couvert le fleuve Saint- Joseph. En 4887, Hartmann et
Hunter ont atteint la crête de l'Owen Stanley. Enfin,
de 1893 à 1896, le heutenant-gouverneur de la Nouvelle-
Guinée anglaise, sir WiUiam Mac Gregor, a entrepris
l'exploration méthodique de la péninsule du S.-E. qu'il
est parvenu à franchir de part en part.
Orogknie. Relief. — La Nouvehe-Guinée est encore
trop mal connue pour qu'on puisse rien affirmer de cer-
tain sur son histoire géologique. L'île paraît être essen-
tiellement un morceau de Tare montagneux déterminé par
les ondulations, suite des effondrements des fosses Paci-
fiques. Ces ondulations ont été arrêtées par un massif
résistant, l'Australie, autour duquel eUes ont formé des
pKs montagneux. Le reUef de la Nouvelle-Guinée se rat-
tacherait ainsi, d'une part, à l'arc malais, d'autre part, à
la Nouvelle-Calédonie et à la Nouvelle-Zélande. Les ter-
rains paraissent formés surtout de grès et de calcaire;
dans le S.-E., les roches volcaniques abondent; les for-
mations coralliennes ont eu aussi une part importante
dans la constitution de l'île : un cap voisin de Finsch-
hafen porte le nom de Fortification Point, à cause de la
forme caractéristique de ses terrasses de calcaire coralUen.
Sur la côte 0., les sédiments, plus jeunes qu'à l'E., sont
de l'époque jurassique.
La Nouvelle-Guinée parait être traversée dans toute sa
longueur par une suite de massifs très élevés ; elle porte
les plus hauts sommets que l'on rencontre entre l'Hima-
laya et les Andes. La péninsule du S.-E. n'est qu'une
arête montagneuse dont les principaux massifs sont :
VOwen Stanley (3.044 m.), le mont Yule (3.062 m.),
le mont Daymann (2.794 m.). Dans la partie centrale,
les crêtes semblent d'abord se rapprocher de la côte N.
pour laisser place à la grande dépression où coule le Fly;
puis la chaîne vient rejoindre la côte S., laissant au N.
un large espace qui est la vaUée de l'Ambemoh. Les dif-
férentes sections de cette chaîne centrale, sur la coordination
desquelles on sait très peu de chose, ont reçu différents
noms : monts Musgrave, monts Albert-Victor, monts
Char les- Louis. Ces derniers ont plusieurs sommets à
neiges persistantes, dont l'un atteindrait 5.200 m. La
presqu'île du N.-O. est parcourue par une chaîne de direc-
tion générale S.-N., les monts Àrfak (2.902 m.), qui
marquent peut-être la première intersection des pMs E.-O.,
avec les plis qui ont formé les Philippines et le Japon.
Côtes. — La nature des côtes est en relation directe
avec le relief : tandis que la plaine ou coule le Fly
donne lieu à une côte plate, la péninsule montagneuse du
S.-E. est bordée de côtes abruptes. Les péninsules du
N.-O. descendent en pente douce à l'O. vers la mer des
Moluques, tandis que la côte 0. de la baie du Geelvink,
bordée par les monts Arfak, est escarpée. Le bord oriental
de cette baie, jusqu'à la pointe d'Urville, est bas et limo-
neux. A l'E. du fleuve Ambernoh la côte se relève. —
Cette côte N. de la partie centrale de File est la moins
indentée : on n'y trouve guère que les deux baies peu pro-
fondes de Humboldt et de V Astrolabe. En continuant à
l'E. on rencontre le mont Finisterre, qui s'avance dans
la mer vers l'île de la Nouvelle-Poméranie. La côte redes-
cend alors au S. formant le grand golfe de Huon. Celui-ci,
avec le golfe des Papous, qui lui est opposé sur la côte
S., marque le commencement de la presqu'île du S.-E.,
sur les côtes de laquelle sont les baies de Collingiuood,
de Goodenough et de Milne. La côte S. est de plus en
plus découpée, à mesure qu'on approche des deux pres-
qu'îles du N.-O., Onin et Berau, séparées par le golfe
étroit et profond de Mac Cluer, qui n'est séparé que par
un seuil de 20 kil. de large de la baie du Geelvink. —
La NouveUe-Guinée est entourée d'un grand nombre d'îles
qui font partie du même groupe géographique. Ce sont :
au N.-O., les îles des Papous {Waigeoe, Salaivatti, Mi-
sool) ; dans la baie du Geelvink, de nombreux Ilots dont
les plus importants sont Jobie et Mysore; entre la baie
de Humboldt et le golfe de Huon, les îles Dampier; le
long de la péninsule S.-E., les rangées parallèles des archi-
pels à' Entrecasteaux et de Moresby; davantage à l'E.,
le groupe de la Louisiade; sur la côte S., l'île Frederik
Henry, à peine séparée de la grande île, et les îlots d'Arou
et de Keï.
Climat. Hydrographie. — Les quelques données pré-
cises que nous avons sur le climat de la Nouvelle-Guinée
nous viennent de la partie aUemande. A Hatzfeldthafen,
sur la baie de l'Astrolabe., la température moyenne an-
nuelle est de W. Le maximum moyen est 30^^,8, le mi-
nimum moyen 22°, 5 ; le maximum absolu est 35*^,3, le
minimum absolu 49«,3. Le mois le plus froid est juin^
avec une moyenne de 25«,2, le plus chaud est février,
avec une moyenne de 26°, 7. La hauteur des pluies a été,
en 1886-87, de 194 centim. ; en 1887-88, de 249 cen-
tim. ; en 1888-89, de 238 centim. A Finschhafen, la
moyenne des précipitations (1887-90) a été de 277 cen-
tim. — Pour le reste de l'île, nous en sommes réduits à
des observations générales. Par suite de sa position dans
les basses latitudes et de sa proximité des continents asia-
tique et austrahen, la NouveUe-Guinée a un cHmat de
mousson, maritime et tropical. Mais la grande hauteur
des montagnes arrête tour à tour l'humidité des moussons
alternatives et établit une légère différence entre le N. et
le S. Ainsi la mousson du N.-E., qui souffle de novembre
à avril, coïncide avec les hauteurs maximales de pluie
dans la partie N., et c'est pendant le règne de la mousson
du S.-O. d'avril à novembre que les plaines du S. sont
le plus arrosées. Cependant, il pleut toute l'année, surtout
la nuit, dans l'île tout entière. Malgré les réclames colo-
niales anglaises et aUemandes, il semble bien que ce cK~
mat soit quelque peu insalubre ; cependant les fièvres ma-
lignes y sont rares ; le béribéri des indigènes est une dy-
senterie accompagnée de fièvre ; on croit qu'efle est due
uniquement à l'insuffisance de la nourriture.
L'abondance des pluies donne Heu à un réseau hydro-
graphique très développé ; toutes les explorations récentes
tentées dans l'intérieur signalent une grande quantité de
cours d'eau, navigables parfois jusqu'à une assez grande
distance. Quelques-uns comme le Fly, le Banxter, le
Douglas, le Wickham, le Saint-Joseph, V Ambernoh,
VImpératrice Augusta, sont de véritables fleuves. Aucun
d'eux, il est vrai, n'a été remonté jusqu'aux sources et
nous n'avons que des renseignements épars sur le régime
de leurs eaux.
Flore et faune.— La flore delà Nouvelle-Guinée marque
la transition entre celle de l'archipel insuHndien et celle
de l'Australie. Dans le Nord, la forêt est touffue comme aux
Moluques ; les arbres sont énormes, rehés les uns aux
autres par des Kanes. Le sous-bois est dénué de végéta-
tion. Cependant les espèces sont déjà moins nombreuses
que dans les îles de la Sonde. Dans le Sud, la forêt s'éclair-
cit et l'on voit apparaître les arbres caractéristiques de
l'Austrahe, l'acacia et l'eucalyptus. La faune, par suite
sans doute de l'ancienne communication avec le continent
voisin, est purement austraUenne. On y compte une ving-
taine d'espèces de marsupiaux, dont un kangourou qui vit
sur les arbres. On ne rencontre qu'un mammifère, de Fes-
pèca porcine, qu'on classe comme une variété de sanghef
NOUVELLE-GUINÉE — NOUVELLE-ORLÉANS — 100
ou de babiroussa. Les espèces d'oiseaux sont, au contraire,
excessivement nombreuses, et la Nouvelle-Guinée est le
domaine propre de l'oiseau de paradis, dont les indigènes
de la baie du Geelvink font un grand commerce. Le per-
roquet est représenté par des espèces de toutes les tailles
et de toutes les couleurs ; les reptiles et les insectes sont
très abondants : les scarabées et les papillons en particu-
lier présentent les colorations les plus variées.
Ethnographie (V. Papous).
Géographie politique. — Par un acte du 17 mai 1885,
l'Allemagne et l'Angleterre ont reconnu implicitement la
souveraineté de la Hollande sur la partie de la Nouvelle-
Guinée située à FO. de 138^0' delongit. E. (141° E. de
Greenwich), et elles se sont partagé l'E. de l'île, l'Angle-
terre gardant la côte S. et la péninsule de l'Est presque
tout entière. — La Nouvelle- Guinée britannique a une
superficie de 229.111 kil. q. avec une population approxi-
mative de 350.000 hab., dont 250 Européens. Le régime
administratif a été établi par l'acte de nov. 1887 et les
lettres patentes du 5 juin 1888. Les frais d'administration
sont évalués à 375.000 fr. par an et le payement en a été
garanti pendant dix ans par le Queensland ; mais cette
somme est partagée également entre le Queensland, la Nou-
velle-Galles du Sud et Victoria. La Nouvelle-Guinée est une
colonie de la Couronne. Le territoire est divisé en quatre
districts et le centre de l'administration est établi à Port
Moresby. On a commencé à instituer des magistrats et une
police indigènes dans les villages. L'armée, exclusivement
indigènCj^ compte 60 hommes. Le revenu, en 1895-96, a
été de 163.675 fr., provenant presque exclusivement des
droits de douane. L'importation d'étoffes, de tabacs, de
vêtements a été de 863.025 fr. ; l'exportation, limitée
presque exclusivement aux perles et à For exploité dans
la Louisiade et au mont Scratclilev, dans la péninsule S. -E.,
a produit, en 1895-96, 485.02d fr.
La partie allemande de la Nouvelle-Guinée porte le nom
de Kaiser Wilhelms Land. Le protectorat allemand y a
été établi en 1884. Le territoire n'est pas administré par
des agents de l'Etat, mais par une compagnie commer-
ciale. En y comprenant les îles voisines, la superficie est de
181 .300 kil. q. avec une population de 1 10.000 hab. dont
198 Européens. La capitale est Finschhafen; les deux
meilleurs ports sont Friedrich Wilhelmhafen et Hatz-
feldthafen, sur la baie de l'Astrolabe. Les principaux ar-
ticles d'exportation sont le sagou, le bambou, le caout-
chouc, le bois, le coton, le tabac et les perles. Le revenu
en 1896-97 a été de 116.000 fr.
La Nouvelle-Guinée hollandaise n'a qu'une impor-
tance très faible au point de vue économique et politique.
Elle est administrée par le résident général de Ternate,
dans les Moluques. Quelques comptoirs, Amberbaken,
Doreh, se sont étabUs au N. de la péninsule de Berau.
Ludovic Marchand.
BiJ3L. : James Alexander, Tlie Islands of ihe Pctcijic ;
New York, 1895. — Bâsseer, Sndsee Bilder ; Berlin, 1895.
— Chal^fers, Pioneer life and work in NewGuincci;
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Nederlandsch Nieuw Giùnea {Tijdsdsehrift van het aar-
drijhskundig Genootschaft, 1893, t. X).— Jack et Etiie-
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Guinea; Briâbane et Londres, 1^92. — W. Mac Gregor,
British New Giiinea^ Countrij and People ; Londres, 1897.
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1875. — Moresby, New Guinea and Polynesia ; Londres^
,1876. — Ilastings Romilly, From my verandah in New
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et allemande au l/2.000.000«, De?tisc/ie?^ Kolonial Atlas;
Gotha. J. Fertiles, 1893. — Noordhust van Nieuw Guinea,
1/1.000.000%- Bata\ia, 1889. — Queensland and British New
Guinea, surueyor-generaVs Office; Brisbane, 1891. — Kai-
ser WUhebns Land und Bismarck Archipel, 1/1.000.000»,
Deutsche Kolonialqesellschaft : Berlin, 1893.
NOUVELLE-IRLANDE. Ancien nom de l'ile du Nou-
veau-Mecklembourg (V. Nouvelle-Bretagne).
NOUVELLE-ORLÉANS (La) (New Orléans). Ville des
Etats-Unis, la plus grande au S. de Saint-Louis, la prin-
c'pale de l'Etat de Louisiane^ située sur la rive gauche du
Mississipi, à 462 kil. de son embouchure, par '^d^ 55^ de
lat. N. et 92° 25' de long. 0. de Paris. Population,
242.000 hab. en 1890, 300.000 en 1898. Le tleuve est
large en ce point d'un peu moins de 1 kil. La double courbe
qu'il décrit, convexe en amont, concave en aval, a fait
donner le surnom de Crescent City (Cité Croissant) à la ville
de La Nouvelle-Orléans, dont les différentes parties, soudées
graduellement les unes aux autres, s'étendent sur près de
20 kil. de la rive gauche. La ville est construite sur une
plaine basse et marécageuse qui, aux hautes eaux, se trouve
de O'^jG à 1^^\2 au-dessous de la surface .du fleuve, et en
temps ordinaire, émerge de '6 m. dans les parties les plus
élevées. Elle couvre une superficie énorme, 467 kil. q.,
entre le Mississipi au S. et le lac Pontchartrain au N.,
mais les trois quarts de cette étendue se composent de
marécages inhabitables. Une digue ou levée protège la ville
contre les eaux du fleuve. Haute d'un peu plus de 4 m.,
avec une largeur variant de 5 à 100 m. dans la ville, de
4 à 5 m. dans la campagne, elle s'étend jusqu'à Plaque-
mines, à 190 kil. en amont de La Nouvelle-Orléans. Le
climat est très chaud (les moyennes sont 27*^,3 en été,
13°, 3 en hiver, 20^,6 pour toute l'année), et humide (hau-
teur de pluie, 1.269 milhm.). La fièvre jaune y a fait long-
temps de grands ravages. Des mesures énergiques de dé-
fense ont fait reculer le fléau et diminué l'action des autres
causes de la mortalité, qui a été cependant encore de 25 °/oo
chez les blancs, et de 40 °/oo chez les gens de couleur en
1890.Enl890,ilestmort,àLaNouvelle-Orléans,6.875per-
sonnes, dont 3.198 blancs natifs, 1.296 blancs étrangers
et 2.367 personnes de couleur. Des citernes en bois et
des puits artésiens constituent l'ahmentation d'eau potable.
Les 242.000 hab. de 1890 se composaient des élé-
ments suivants au point de vue des origines : Anglo-Anjé-
ricains 18 ^o, Erançais 17 ^/o, Allemands 15 ^/o, Irlan-
dais 14 %, personnes de couleur 25 %, italiens 8 °/o,
Espagnols 2 à 3 °/o. Le nombre des habitants d'origine
étrangère, nés à l'étranger, était de 34.500, dont
7.900 Irlandais, 11.300 Allemands, 1.599 Anglais,
5.700 Français, 3.622 Italiens.
Le quartier français ou créole, appelé « Vieux Carré»,
est séparé par la grande voie commerciale Canal Street
de la ville nouvelle ou quartier américain, situé au S.-O.
du quartier créole et dont les plus belles habitations se
trouvent dans l'avenue Saint-Charles, parallèle au fleuve.
Le « Vieux Carré » est presque exclusivement habité par
des créoles, c.-à-d. par des descendants des colons fran-
çais, nés en Amérique. La langue française y est d'un usage
général. Les édifices, les mœurs, les coutumes y ont con-
servé le caractère des premiers habitants, Français et Es-
pagnols. Les principales rues y portent les noms de
Chartres, Royal, Bourbon, Dauphine, Rampart, Marais,
Ursuhnes, Dumaine, LaHarpe, Lapérouse, d'Abadie,Aubry,
Carondelet, Esplanade, La Fayette, La Force, Libéral, Fer-
dinand, Montégut, Clouet, etc. On retrouve là les façades
en stuc blanchies à la chaux, les jalousies, les portes co-
chères, les arcades, " les balcons, des anciennes villes
d'Espagne ou de la France méridionale, le tout encadré
d'une végétation tropicale aux fleurs élégantes. Les mai-
sons sont de construction légère, en bois ou en briques.
Les édifices pubHcs reposent sur des pilotis enfoncés de
20 ou 25 m. dans le sol. L'intérieur de la vifle est
sillonné de canaux dérivés du bayou Saint-John. A l'E.
de la vifle, les rues principales sont : l'avenue La Fayette,
l'avenue Saint-Bernhart et les Elysian Fields (Champs-
Elysées), toutes voies perpendiculaires au fleuve, près
daquel*leurs extrémités se rapprochent. La disposition
en échiquier est à peu près complète dans le quartier
français, entre l'avenue Saint-Bernhard et la rue du Ca-
nal. Le quartier neuf ou américain présente l'aspect d'un
grand éventail ouvert dont la poignée est la jonction des
rues Julia et Carrollton, et dont les branches sont les rues
se dirigeant vers les divers points de la courbe convexe
du Mississipi. Les principales de ces voies sont l'avenue
— 404 —
NOUVELLE-ORLEANS
Tulane, la rue Melpomène, la route de la Félicité, les ave-
nues Washington, Toledano, Louisiana, Napoléon, le parc
de l'Exposition, et enfin, tout à l'O., l'avenue Carrollton.
Ces voies sont coupées par une grande quantité de rues
parallèles au fleuve dont elles reproduisent la courbe ; les
principales sont les avenues Prytania, Saint-Charles, Clay-
borne et Broad. C'est dans ces quartiers du Sud-Ouest que
se trouvent les maisons les plus élégantes, entourées de
plantations d'orangers, de jasmins, de magnolias, etc.
Les principaux édifices pubhcs, cathédrale de Saint-
Louis (construite de 1792 à 1794 dans le style hispano-
créole), douane, poste, hôtel de ville, archevêché (un vieux
couvent d'ursulines), Bourse des produits, Bourse du coton,
Bourse du sucre, Monnaie, Grand Opéra, Académie de mu-
sique, tribunaux [cabildo espagnol), salle des Odd Fellows,
Université Tulane, sont concentrés sur la limite des deux
principaux quartiers français et américain, en face de la
pointe formée sur l'autre rive par l'avancée continue des
terres depuis cent cinquante ans. Près de la cathédrale de
Saint-Louis, sur le fleuve, se trouvent le square (ancienne
place d'Armes) et la statue équestre du général Andrew
Jackson, et le débarcadère de l'un des ferries qui font
communiquer la rive gauche aux faubourgs usiniers d'Al-
giers, Mac Donoughville et Gretna de la rive droite. Tout
le long de la rive gauche, sur une longueur de près de
10 kil., la « levée » est la promenade favorite de la po-
pulation new-orléanaise.
La ville possède d'assez nombreux squares ornés de sta-
tues de personnages célèbres, un petit nombre de jardins,
leCityParkauN. (60 hect.), l'Exposition Park à l'O., longue
et étroite bande de terrain boisée qui s'étend du fleuve à près
de 4 kil. dans l'intérieur, et où eut heu l'Exposition de
1884-85 ; des cimetières, qui sont une des curiosités de La
Nouvelle-Orléans, les corps y reposant non sous terre, mais
dans des tumuli ou mounds, monticules artificiels, parce
que le sol est trop marécageux pour que l'on y puisse creu-
ser des tombes : Cypress Grove Cemetery, près de City
Park, Greenwood Cemetery, où un monument a été élevé
à des soldats confédérés ; dans la rue Esplanade, de vieux
cimetières français. A 8 kil. au N. de la ville s'étend le lac
Pontchartrain, long de 65 kil. sur 40 de large. Le bayou
Saint-John s'y jette. Au N.-O. se trouvent les jardins,
dits Carrollton Gardens.
La Nouvefle-Orléans a dû sa prospérité et son dévelop-
pement à sa magnifique position commerciale qui, dès le
commencement du xix^ siècle, attirait le long de ses quais
les produits de toute la vaflée du Mississipi, même des ré-
gions riveraines de l'Ohio. Il est vrai que ces produits
étaient encore peu importants, et la brillante période de
l'ancienne métropole de la Louisiane française a été celle
du prodigieux développement de la culture du coton et de
l'expansion de l'esclavage dans le S. des Etats-Unis, entre
1830 et 1860. Encore aujourd'hui, bien que les chemins
de fer qui reHent directement Saint-Louis, Memphis et les
autres points importants de la grande vallée aux ports de
l'Atlantique, aient enlevé au marché louisianais une bonne
partie de son trafic de transit, La NouveUe-Orléans a con-
servé le premier rang pour l'expédition des cotons. Presque
tout le trafic se fait dans la rade que forme le croissant
d'aval. « Une triple ou quadruple rangée de bateaux à va-
peur, disposés comme un quartier insulaire de maisons à
triple étage, borde les quais encombrés de balles, de caisses
et de boucauts. Des embarcations de toute espèce animent
le fleuve, les gros vapeurs se croisent en grondant, les
petits remorqueurs attelés aux lourds trois-mâts les font
pirouetter gracieusement sur l'eau, les ponts volants vont
et viennent d'une rive à l'autre. Après la récolte des co-
tons, lorsque la première crue a dégagé les bateaux qui
opéraient leur chargement sur les divers affluents du Mis-
sissipi, on voit parfois jusqu'à cinquante léviathans à va-
peur descendre le fleuve en un seul jour, portant sur leurs
ponts et sur leurs galeries trois, quatre ou cinq mille balles
de coton. » (Elisée Reclus, Nouv. Géogr. univ.)
La Nouvelle-Orléans reçoit encore des Etats du Centre
et du Nord de grandes quantités de denrées agricoles :
maïs, blé, tabac en feuille, tourteaux, huile de graines de
coton, riz, viande de porc; elle recueille une partie du sucre
produit dans la Louisiane. Efle reçoit d'autre part de l'Amé-
rique centrale, de Cuba et des autres Antilles, du sucre et
des fruits, surtout des bananes. Elle n'a qu'une part
médiocre dans l'importation des produits manufacturés.
Elle possède elle-même quelques filatures, mais peu actives.
En 1890, son port a reçu 960 navires, portant 1.019.000
tonnes, et elle a exporté 1.650.000 balles de coton. En
certaines années, le chifi're s'est élevé à 2 milhons de baUes.
Mais Galveston (Texas) lui fait depuis quelque temps une
redoutable concurrence sur ce terrain, où sa suprématie
était naguère incontestée.
Le commerce général, intérieur et extérieur, de La Nou-
veUe-Orléans représentait en 1890 une valeur de 550 mil-
hons de dohars. Le total a été ramené à 483 millions en
1894 et à 455 milhons en 1895. Cette diminution pro-
gressive n'est due qu'à la baisse du prix des denrées, car
le volume des échanges a légèrement augmenté, 10.397.000
tonnes en 1895 contre 10.082.000 en 1890. Ce commerce
est réparti comme suit pour 1895 : il est entré pour 231
milhons de dohars de marchandises, dont 151 par chemins
de fer et bateaux du Mississipi, 67 par cabotage et 13 par
navires étrangers. Il est sorti 224 miUions de dollars de
marchandises, dont 111 par voie fluviale et chemins de fer,
44 par bateaux à destination d'autres ports des Etats-Unis
et 68 à destination des pays étrangers.
Les chilfres du commerce extérieur, représentant la va-
leur des échanges de La NouveUe-Orléans, exclusivement
avec les pays étrangers, sont en décroissance continue. En
1890, les importations avaient été de 15.500.000 dollars,
les exportations de 173 miUions, dont 83 millions de co-
ton. En 1891 , les chiff'res correspondants ont été de 21 mil-
lions aux entrées, 109 aux sorties; en 1895, 13 millions
aux entrées, 68 miUions aux sorties, dont 58 miUions (soit
290 millions de fr.) de coton. Là encore la baisse de prix
des denrées entre pour une grande part dans la diminu-
tion constatée, mais U reste aussi l'effet de la concurrence
de nouveaux ports, et surtout du déplacement des cou-
rants commerciaux par l'abaissement du fret sur les voies
ferrées, La pari de la France dans le commerce de La Nou-
velle-Orléans est minime. En 1895, eUe a importé de cette
place pour 14 milhons de doUars de marchandises, dont
12 1/2 miUions représentant 450.000 balles de coton, et
elle y a expédié pour 556.000 doUars d'eaux-de-vie, de
liqueurs et de conserves.
La Nouvelle-Orléans a été fondée en 1718 par Jean de
BienviUe, gouverneur du petit établissement français qu'il
avait lui-même créé depuis 1690 à Biloxi. En 1721, elle
fut élevée au rang de capitale de la Louisiane, alors que
cette colonie, livrée à la compagnie du Mississipi, venait de
servir aux spéculations de Law (1717-21), puis de passer
à la Compagnie française des Indes. La ville ne se déve-
loppa que très lentement. EUe fut cédée par la France à
l'Espagne, avec la partie de la Louisiane située à l'E. du
Mississipi, en 1763 après la guerre de Sept ans. Les habi-
tants s'organisèrent en gouvernement autonome et ne re-
connurent qu'en 1769 la juridiction espagnole. En 1800,
le traité de Saint-Udefonse rétrocéda La NouveUe-Orléans
à la France, qui vendit, en 1803, la Louisiane aux Etats-
Unis. Le territoire fut admis comme Etat dans l'Union en
1804. La guerre de 1812 contre l'Angleterre se termina
par la célèbre, victoire du général Andrew Jackson à La Nou-
velle-Orléans (1815) ou, plus exactement, prèsdeChal-
mette sur le Mississipi, à 8 kiï. au S. de Canal Street. Pen-
dant la guerre de sécession, la Nouvelle-Orléans prit parti
avec toute la Louisiane pour la cause sudiste, mais, l'ami-
ral Farragut ayant forcé le passage à l'embouchure du Mis-
sissipi sous le feu des forts des deux rives et détruit la
flottiUe confédérée devant les quais de La NouveUe-Orléans,
la ville se rendit au général Butler (1862). A. Moireau.
NOUVELLE-POMERANIE— NOUVELLE-ZELANDE — 10^ —
NOUVELLE-POMÉRANIE (Ile de la) (V. Nouvelle-
Bretagne).
NOUVELLE-RUSSIE {Novorossiskijkraj). Région de
la Russie méridionale comprise entre le Dniestr et les ter-
ritoires du Don, les mers Noire et d'Azov et la Petite-
Russie. Elle comprend les gouvernements d'Ekaterinoslav,
Kherson, Tauride. Ce dernier nom, tombé en désuétude,
fut donné par l'impératrice Elisabeth quand elle appela à
coloniser ces steppes des immigrants serbes, auxquels se
joignirent ensuite des Roumains, des Hongrois, des Polo-
nais, des Arméniens, etc. En dT64, Catherine 11 constitua
le gouvernement de Nouvelle-Russie, correspondant à ceux
actuels d'Ekaterinoslav et Kherson. Après la conquête de
la Crimée, le nom s'étendit à cette région aussi.
NOUVELLE-SIBÉRIE. Archipel de l'océan Glacial Arc-
tique compris entre 73° 9' et 77« 30' lat. N., 433o 56' et
i56M'61ong. E. ; 25.966 kil. q. 11 comprend les îles
Liakhov (5.058 kil. q.), dont les principales sont BKshnii
(3.907 kiL q.) et Malyi (808 kil. q.) ; un peu au N. le
groupe d'Anjou ou de Nouvelle-Sibérie (16.079 kil. q.)
avec les îles Kotelnoï (40.841 kil. q.), Faddeiev ou Thad-
dée (2.573 kil. q.) et de Nouvelle-Sibérie (2.316 kil. q.) ;
enfin, plus au N., les îles Delong (4.829 kil. q.), Bennett,
Henrietta, de la Jeannette. Ces terres rocheuses, sans
arbres, presque constamment bloquées par les glaces, sont
inhabitées. On y vient chasser des bêtes à fourrures et re-
cueillir l'ivoire fossile et les os de mammouths, rhinocéros,
buffles, etc. Elles sont rattachées administrativement au
district de Verkhoiansk du gouvernement d'Iakoutsk. Le
commerçant russe Liakhov découvrit en 1770-73 les îles
qui ont gardé son nom, et d'où il rapporta l'ivoire des
mammouths; La Nouvelle-Sibérie fut explorée par San-
nikov (1805-11), Hedenstrœm (1809-10), Anjou et lljin
(1822), ToU (1885-87). L'Américain Delong trouva en
1879 les trois îles auxquelles on a laissé son nom.
NOUVELLE-SILÉSIE. Ancienne province prussienne,
formée de districts polonais acquis en 1795, duché de
Sévérie et partie du territoire de Cracovie. Ils furent cédés
en 1807 au grand-duché de Varsovie.
NOUVELLE-ZÉLANDE. Le groupe d'îles appelé fort
improprement Nouvelle-Zélande fut découvert en 1642 par
Abel Tasman. Mais pendant plus d'un siècle les consé-
quences de cette découverte furent absolument nulles et
les voyages de Cook eurent pour cette contrée toute la
valeur d'une première exploration. Lors de son premier
voyage, eii 17695 il aborda dans un golfe de File du Nord,
qu'il appela Poverty Bay. Il fit le périple de l'archipel,
qu'il visita plus en détail au cours de ses deux autres
voyages. La même année que Cook, un Français, Surville,
aborda également à l'île du Nord. Depuis, la Nouvelle-
Zélande est devenue une des parties les plus importantes
de l'empire colonial anglais, et la connaissance que nous
en avons repose sur des bases aussi scientifiques que celle
de la plupart des contrées européennes. La longueur de
l'archipel, du N. au S., est de 1.600 kil. ; sa plus grande
largeur est de 320 kil. ; la longueur des côtes est de
48.000 kil. ; la superficie totale est de 269.957 kiL q., dont
115.175 pour l'île N., 151.570 pour l'île S., et 1.725
pour l'île Stewart.
Orogénie. Relief. — La Nouvelle-Zélande est constituée
par la section la plus méridionale du bourrelet monta-
gneux produit par l'effondrement des fosses Pacifiques,
boufrelet qui s'est collé, à l'époque tertiaire, contre le
bord oriental du grand continent primaire connu en géo-
logie sous le nom de continent austral. Situés au bord
même des effondrements, les plis ont été affectés de cas-
sures qui ont laissé fuser des coulées volcaniques; les
volcans de la Nouvelle-Zélande font partie de la ceinture
qui entoure le Pacifique et qui est appelée cercle de feu.
Dans l'île du Sud, le bourrelet montagneux n'est qu'un
demi-pli, les roches sédimentaires des divers âges géolo-
giques ne se retrouvant que sur un seul flanc. C'est un
premier caractère de ressemblance avec les Alpes euro-
péennes, au moins dans leur moitié occidentale. Les Alpes
néo-zélandaises commencent à l'O., le long de la mer de
Tasman, par des gneiss et des granits. Puis vient une
bande primaire formant les plus hauts sommets. Les sédi-
ments secondaires ont été plissés en un grand synclinal
ondulé ; enfin, la plaine de FE. est formée de sédiments
tertiaires. Dans le S.-E. de l'île méridionale se trouvent
quelques \olcans éteints. — Les mêmes couches géolo-
giques se retrouvent dans l'île du Nord. Mais la plaine
tertiaire de l'E. s'est presque complètement effondrée et
il n'en reste qu'une bande étroite. La partie la plus con-
sidérable de l'île N., située à l'O., est entièrement volca-
nique. Les montagnes de l'île S. , dans leur partie archéenne
et primaire, sont riches en minéraux exploitables : or,
argent, cuivre, chrome, antimoine, manganèse, houille.
L'effondrement des couches situées à l'O. de l'île du
Sud a eu pour effet de rendre inégales les pentes des deux
versants. La crête montagneuse suit le bord occidental de
l'île. Ces montagnes, appelées Alpes néo-zélandaises, com-
mencent dans la petite île située au S. de l'île méridionale,
dont elle est séparée par le détroit de Foveaux : c'est
Stewart Island, formée de tables de sédiments anciens.
Le caractère tabulaire se continue dans l'île Sud où, jus-
qu'au Milford Sound, le relief est formé d'un plateau de
1.000 à 1.200 m. d'alt. A partir de là, l'arête se rétrécit.
Elle est dominée par le Castle Mountain (2.146 m.), par
les monts Earnslaw (2.793 m.) et Aspiring ÇàM^^m,).
La crête se trouve alors interrompue par une véritable
cluse, le passage de Haast, qui n'est qu'à 491 m. d'alt.
Puis les sommets se relèvent aussitôt pour atteindre leur
point culminant (3.768 m.) avec le mont Cook, accom-
]3agné lui-même de très hauts sommets : le Hochstetter,
le Lyell, le Danvin, VElie de Beaumont, le Malte-Brun.
Les Alpes se maintiennent à une ait. de 2.500 m.
pendant près de 200 kil., jusqu'au Harper's Pa5s(1.067m.).
AuN. de cette échancrure oii trouve encore quelques hauts
massifs, comme le mont Franklin (3.000 m.)^ le mont
Arthur (1.768 m.). Enfin les Alpes néo-zélandaises se
terminent au N.-O. par le cap Fareioell. Sous les lati-
tudes où se trouve l'île Sud, la limite des neiges persis-
tantes n'est qu'à 2.400 ou 2.450 m. Un grand nombre
de sommets se trouvent donc couverts de névés. Ceux du
mont Cook et des pics environnants sont énormes. Sur le
versant E., le glacier de Tasman, dominé par le Malte-
Rrun, a 19 kil. de long et sa moraine frontale est à 715 m.
d'alt. Sur le versant 0., exposé à de plus fortes précipi-
tations, le glacier descend jusqu'à 240 m. Après avoir
occupé une surface beaucoup plus considérable qu'au-
jourd'hui, ces glaciers ont diminué, mais ils semblent
entrer dans une nouvelle période d'accroissement.
Le modelé résultant de ces extensions glaciaires a eu
pour conséquence l'établissement : sur le versant oriental,
de lacs ; sur le versant occidental, de fjords. Les lacs ont
été formés par des barrages morainiques et ils sont peu à
peu comblés parles torrents qui s'y déversent ; aussi, dans
le N. et le centre de l'île Sud, où la glace a disparu depuis
un temps plus long, les barrages ont été déblayés, les lacs
comblés, les cours d'eau régularisés. Dans le Sud, on compte
encore plus de 60 grands lacs et de nombreux étangs. La
plupart de ces lacs ont plus de 100 kil. q. de surface et de
100m. de profondeur. Les principaux sont : leWakatipu,
qui a 80 kil. de longueur avec une largeur de 2 à 5 kil.
et une profondeur maximale de 415 m., comportant une
profondeur moyenne de 365 m. ; le Te Anau, le plus
vaste de tous, qui a 340 kil. q. et 286 m. de profondeur
maximale; le Manapouri. — Sur la côte 0., les vallées,
autrefois remplies par la glace, tombent directement dans
la mer, et les débris des moraines frontales se sont accu-
mulés à la ligne même du rivage. Les vallées, protégées
contre l'alluvionnement par la glace, barrées à leur em-
bouchure, sont devenues des fjords quand les glaces ont
disparu. Comme nous l'avons vu à propos des lacs, les
fjords du centre, débarrassés de leur glace depuis un temps
— 408
NOUVELLE-ZELANDE
plus long, ont, par érosion, perdu une grande partie de
leur caractère. Les fjords véritables ne se rencontrent plus
qu'à l'angle S»-0. de File Sud. Les principaux sont : le Pre-
servaiiôn Inîet^ le Dai'k Cloiid, le Dusky Sound, le
George Sound, \eMilford Sound. Plusieurs fjords s'unis-
sent quelquefois par des bras latéraux et forment des îles.
La profondeur, dans la partie moyenne, est d'environ 220 m.
Le Milford Sound atteint 360 m. Tous les fjords sont barrés
NOUVELLE-ZÉLANDE
,.»• I dcJ" ProLr Rois
à leur entrée par un seuil, en avant duquel la mer elle-
même est peu profonde. — La côte E. de l'île du Sud est
d'un caractère tout différent : les fleuves ont formé des
plaines alluviales et étalé leurs limons jusque dans la mer.
Aussi la côte offrirait-elle peu de bons ports sans la pré-
sence de deux grands caps d'origine volcanique : le cap
Saunders et la péninsule de Banks; celle-ci n'est reliée
à la terre que par une mince langue de sable et est décou-
NOUVELLE-ZÉLANDE
— J04 —
pée par des baies : Poî^t Akmva, Pigeon Bay, Port
Levy, Port Cooper.
Le relief de l'île du Nord est, à l'E., la continuation de
celui de l'île du Sud. Mais, par suite de l'effondrement de
la plaine tertiaire, la ligne des grands sommets se trouve
très près du rivage oriental. Les sommets sont, d'ailleurs,
beaucoup moins élevés et le point culminant, le mont
Hikurang, situé près du cap Est, est à 1.688 m. d'alt.
Sur le versant 0., la montagne se relie par des plaines au
reste de l'île qui est entièrement volcanique. Au centre de
l'île sont les plus hauts cônes volcaniques : c'est d'abord
le Riiapehu, dont les pyramides suprêmes, reposant sur
un plateau de 1.000 m. d'alt., s'élèvent à 2.803 m. ; ce
volcan éteint est couvert de forêts sur ses pentes 0. Mais
à l'E. s'éteïid le désert à'Onetapu, formé de cendres et
de scories. A quelques kilomètres au N., le cône actif du
Tongariro, en état constant d'éruption, s'élève à 1.981 m.
Puis viennent le Ketotahi, le Ngauruhoe (2.280 m.), le
Pihanga, qui limite au S. le lac Taupo, d'origine proba-
blement volcanique. Ce lac est à 358 m» d'alt. et couvre
une surface de 775 kil. q. Entre le lac Taupo et la baie
de V Abondance est un autre groupe de volcans et de lacs,
dont le plus vaste est le Roto?ma, C'est dans les environs
de ce lac que se trouve le « Pays des Merveilles », région
de geysers (V. ce mot, t. XVIII, p. 893), de sources
thermales et minérales; à l'E. du lac, le volcan de
Tarawera, qu'on croyait éteint, s'est réveillé en 1886,
transformant complètement l'aspect de la contrée. — Au
S.-O. de l'île Nord, le massif volcanique du Taranaki
ou 7nont Egmont dresse au bord de la mer sa masse
isolée jusqu'à 2.521 m. d'alt. Le N.-O. de l'île est formé
par la presqu'île d'Auckland, amas de petits cratères
éteints, peu élevés, mais nombreux; plusieurs de ces
cratères ont été envahis par la mer et forment des baies
excellentes pour les navires.
Climat. Hydrographie. — Le S. de la Nouvelle-Zélande
est situé à la même latitude que la Bretagne, le N. à la
même latitude que la Sicile. L'archipel est donc dans la
zone de climat tempéré. Mais, d'une part, c'est un climat
maritime ; d'autre part, la température est généralement
moins 'élevée dans l'hémisphère S. que dans l'hémisphère N.
En juillet, le mois le plus froid, la température moyenne
est de 6*^ dans le S. de l'île méridionale, de 8*^ dans le N.,
de 10*^ dans l'île septentrionale. En janvier, l'archipel est
compris entre les isothermes de 14*^ et de 20^. L'incons-
tance des vents est très grande ; ils soufflent avec force
et ont des sautes brusques, surtout dans le détroit deCook.
Sur la côte 0. ils sont plus réguliers, la Nouvelle-Zélande
étant sur le passage des grands frais d'ouest; mais il
n'y a, pour ainsi dire, pas un jour dans l'année où l'at-
mosphère soit calme. C'est la persistance de ces vents
d'ouest, arrêtés par le bourrelet élevé des montagnes, qui
donne à la côte occidentale sa grande masse de précipita-
tions. Depuis l'entrée du détroit de Foveaux jusqu'à la
baie de Tasman, il tombe annuellement plus de 2 m. d'eau.
Dans l'île Sud, la hauteur de pluie décroît progressivement
vers l'E. jusqu'à 60 centim. La plus grande partie de l'île
Nord reçoit en moyenne 1 m. d'eau, sauf en trois points,
la presqu'île de Wellington, l'extrémité N.-O. de la pres-
qu'île d'Auckland et le territoire du Taranaki, où les pré-
cipitations atteignent 1"^,30. On a souvent assimilé ces
conditions climatériques à celles de l'Angleterre ; mais il y
a en faveur de la Nouvelle-Zélande une différence essen-
tielle, c'est l'absence complète de brouillards, qui rend le
chmat de l'archipel très salubre.
Les masses de pluie sont suffisantes pour entretenir des
cours d'eau importants. Une grande partie des précipita-
tions tombe sous forme de neige dont la fonte ahmente les
lacs et les cours d'eau qui leur servent de déversoirs. Les
principaux cours d'eau sont, dans l'île Sud ; le Waiau,
alimenté par les lacs Te Anau et Manapouri ; la Clutha,
le fleuve le plus important de tout l'archipel, qui sert de
déversoir aux lacs du centre et qui, grâce à sa position
dans la région aurifère, est le mieux exploré ; le Waima-
kaviri, k Waitaki. Dans l'île Nord, ce sont encore les
lacs, volcaniques ici, qui servent de réservoirs aux cours
d'eau. Le lac Taupo reçoit dix-sept aflluents, dont le prin-
cipal est le Waikaio,né dans les neiges du Ruapehu. L'af-
fluent du lac s'appelle aussi Waikato ; à la dmte de Huka, il
saute de 15 m., reçoit à l'O. un affluent qui lui amendes
eaux de la région des geysers et se termine au pied de la
péninsule d'Auckland par un large estuaire. Du Ruapehu
descend vers le détroit de Cook une autre rivière, le Wan-
gacha. Enfin, les lacs du Nord s'écoulent par le Awa o
te Atua (rivière des Dieux), qui descend auN.-E. et s'unit
au Rangitaiki avant de se jeter dans la baie de l'Abon-
dance.
Flore et faune. — La flore de la Nouvelle-Zélande pré-
sente de nombreuses analogies avec celle de l'Austrahe et
surtout avec celle de l'Amérique du Sud. En effet, les
arbres caractéristiques de l'Austrahe, l'acacia et l'euca-
lyptus, manquent totalement en Nouvelle-Zélande. Le
nombre des espèces indigènes est assez restreint ; on en
compte à peine un milher. C'est la contrée où les fougères
arborescentes se sont le mieux conservées ; il y en a
130 espèces. L'arbre caractéristique des forêts est un
pin spécial, le kauri. Les troncs, très élevés et très droits,
donnent un bois excellent pour la construction et surtout
pour la charpente des navires. La résine est très appré-
ciée pour la fabrication des vernis. L'aire de végétation
de ce pin était autrefois beaucoup plus étendue vers le S. ;
on trouve, en effet, dans le S. de l'île méridionale, de véri-
tables mines de résine fossile, dont la quaflté est supé-
rieure encore à celle de la résine extraite des arbres
vivants. Les forêts, très étendues et très denses, sont assez
monotones d'aspect; les fleurs qu'on y rencontre sont
ternes et peu apparentes ; l'absence presque complète
d'oiseaux rend ces forêts tristes.
Avant l'arrivée des Européens, la faune était en effet
assez pauvre. Les zoologistes pensent qu'elle ne compre-
nait qu'une seule espèce de quadrupèdes, une loutre, dont
Haast a reconnu les traces et que quelques chasseurs ont
vue, mais sans pouvoir s'emparer d'aucun individu. Le
rat maori, aujourd'hui disparu, avait été apporté par les
naturels, ainsi que le chien. On ne trouve ni serpents ni
tortues; une seule espèce de grenouille vit dans l'île du
Nord. Les lézards sont, par contre, assez nombreux. Avant
l'arrivée des colons, on trouvait fort peu de poissons, à
l'exception d'une espère d'anguilles, analogue à celles qui
vivent en Chine, aux Indes et en Europe, et d'une truite,
qu'on retrouve également en Tasmanie et dans l'Amé-
rique du Sud. Les oiseaux, formant la classe la plus
riche, comptaient 150 espèces. Le kiwi ou aptéryx,
aujourd'hui disparu, n'avait ni ailes ni queue ; le corps
était couvert de poils. Les quinze espèces de moa ou
dinornis, très analogue au grand oiseau de Madagascar,
ont également disparu; mais il semble que ce soit depuis
fort peu de temps, car on a retrouvé des squelettes ré-
cents, des plumes et même des œufs d'un pied de long. —
Les Européens ont amené avec eux une faune nouveUe,
qui n'a pas tardé à prospérer. Dans les forêts vivent des
chevreuils, des cerfs, des Hèvres et des lapins ; les porcs
sont redevenus sauvages dans quelques districts, ainsi que
le chat ; les chasseurs ont introduit la perdrix grise, le
faisan de Chine, la caille de Californie, qui a remplacé la
caille indigène ; le faisan ordinaire avait prospéré, mais il
a vite été détruit. Des saumons, des truites vivent dans
les cours d'eau, et autour des habitations on voit, comme
en Europe, des étourneaux, des fauvettes, des moineaux,
des merles, des grives, des corneilles, des alouettes, des
pinsons.
Ethnographie. — Lors du débarquement des premiers
colons blancs, les .îles de la Nouvelle-Zélande étaient
habitées par une population de 120.000 hab., les iW«om,
de race polynésienne. Les Maoris ne sont pas des autoch-
tones; ils conservent encore des légendes très précises et
— 105 —
NOUVELLE-ZELANDE
très détaillées sur leurs migrations ; au xm^ siècle, le
Maori Te Kupe aborda dans l'île du Nord. Frappé des res-
sources du pays, il retourna dans son île natale d'Hawaïki
et revint avec une flottille portant environ 700 guerriers.
La traversée fut sans doute d'autant plus facile que dans
cette partie du Pacifique les courants portent des archipels
polynésiens vers la Nouvelle-Zélande. Il est possible que
les Maoris aient trouvé une population déjà installée qu'ils
auraient en grande partie détruite ; des crânes néo-zélan-
dais offrent, en effet, selon Huxley et Quatrefages, tous
les caractères des crânes papouas. On n'a pas complète-
ment identifié l'île d'Hawaïki. Peut-être est-ce l'île de
Savaïi, dans l'archipel des Samoa, d'où auraient aussi
émigré les naturels d'Hawai ; peut-être est-ce une île de
l'archipel des Tonga. Comme tous les Polynésiens, les
Maoris sont de haute taille (4^^,76) ; la poitrine est large,
mais, proportionnellement, le buste est plus long et les
jambes plus courtes que chez les Européens. La couleur
de la peau varie du blanc jaunâtre à une teinte cuivrée.
Les cheveux sont noirs, avec une tendance à friser ; la
barbe est assez rare. Les yeux, noirs, sont ouverts et
droits ; la tète est légèrement allongée, l'indice cépha-
hque étant de 77 . Les pommettes sont légèrement saillantes,
le nez est droit, parfois aquilin, la mîchoire est très peu
projetée. En arrivant dans un pays plus froid que leur île
natale, les Maoris avaient dû compléter leur costume rudi-
men taire avec des peaux de chien. Mais ils conservèrent
l'habitude du tatouage qu'ils portèrent à sa perfection et
dont on trouve encore aujourd'hui de fréquents exemples.
Mieux armés que le reste des Polynésiens, ils avaient des
armes de pierre. Hs admettaient l'existence d'un esprit
distinct du corps et croyaient détruire ou au moins s'assi-
miler le souffle spirituel d'un ennemi en mangeant son
corps ; le cerveau donnait son intelligence, le cœur son
courage. L'anthropophagie avait d'ailleurs une autre ori-
gine que cette croyance, c'était le défaut de nourriture
animale. Les Maoris étaient surtout agriculteurs. Avec
des pointes de silex ils exécutaient des sculptures et des
décorations d'une finesse étonnante ; ils savaient filer les
fibres du phormium tenax, teindre les étoffes, tanner
les peaux de chien. Leur reUgion était celle des forces
naturelles, combinée avec le culte des ancêtres. Hs sont
aujourd'hui chrétiens ; mais pendant la révolte de 1864,
beaucoup d'entre eux abjurèrent le christianisme et fon-
dèrent la secte des hau-hau, pratiquant un mélange de
cérémonies chrétiennes et fétichistes. D'un caractère très
élevé, ils ont en effet toujours su se faire respecter des
Anglais. Peu à peu refoulés au centre de l'île Nord, ils
s'étaient réservé autour du lac Taupo un territoire de
25.000 kil. q^., appelé le Pays du roi. Les empiétements
des colons anglais les poussèrent à une série de révoltes
entre 1860 et 1870. La guerre fut surtout furieuse en
1864; retranchés derrière des ouvrages qui témoignaient
d'une vraie science de la fortification, ils repoussèrent
victorieusement les 4.000 soldats de Cameron. Malgré
tout, la race maori disparaît ; au recensement de 1896,
ils n'étaient plus que 40.000. Ils se fondent aussi par
mariages dans la population blanche ; ils ont d'ailleurs
adopté complètement les usages des blancs, leurs vêtements,
leur genre de vie ; ils sont instruits ; quatre des leurs
sont députés au Parlement où leur éloquence leur assure
souvent des succès par sa logique.
Géographie poutique. — La colonie fut fondée en
févr. 1840 par des missionnaires austraUens qui firent si-
gner aux principaux chefs maoris le traité de Waitangi,
par lequel ils acceptaient le protectorat anglais. Au mois
de juillet de la même année, des colons français arrivèrent
sur la côte orientale ; mais il était trop tard, et ceux qui
restèrent durent accepter la souveraineté de l'Angleterre.
— Le traité de Waitangi ne régla pas d'une façon défi-
nitive les relations entre colons et naturels. Chez les Maoris,
le sol était la propriété collective des tribus; quand le
nombre des colons blancs s'accrut, les nouveaux venus
tentèrent d'acheter des terres aux indigènes ; mais les rela-
tions d'échange sont difficiles entre deux systèmes de pro
priété différents, et des conflits naquirent. Pendant la guerre
de 1863-64, les blancs durent reculer; l'hostilité des natu-
rels, entretenue parla secte rehgieuse des hau-hau, dura
fort longtemps et ne cessa complètement qu'en 1883, par
la réconcihation des blancs avec le chef Tewhiao, reconnu
par presque toutes les tribus de l'île du Nord. Aujourd'hui,
les Maoris possèdent, dans le centre de l'île Nord, un ter-
ritoire de plus de 2 millions 1/2 dliectares, dont une partie,
il est vrai, sont des terres très pauvres. Le mouvement de
la population blanche en NouveUe-Zélande a été le suivant
depuis 1864 :
1886 578.482
1891 626.658
1896 703.360
1864 172.158
1871 256.260
1878 414.412
1881 489.933
Pour le chiffre de 1896, il uait ajouter 39.854 Maoris
et 3.711 Chinois, dont 26 femmes seulement. Les districts
sont, par ordre décroissant du chiffre de la population :
Welhngton, Canterbury, Taranaki, Hawke Bay, Otago,
Auckland, Nelson, Westland, Marlborough. En trente ans,
la population a presque quintuplé ; ce résultat n'est pas
dû seulement à Fimmigration, car si la Nouvelle-Zélande
reçoit des colons, elle envoie aussi des émigrants ; il est dû
surtout à l'excès des naissances sur les décès, comme le
montrent les tableaux suivants :
MOUVEMENT d'iMMIGRATION ET d'ÉMIGRATION
Années Immigration Emigration
1892
18.122
13.164
1893
26.135
15.723
1894
25.237
22.984
1895
21.862
20.967
1896
17.236
15.764
EXCÉDENT DES NAISSANCES SUR
LES DÉCÈS
Années
Naissances
Décès
Excédoi
1892
17.876
6.459
11.417
1893
18.187
6.767
11.420
1894
18.528
6.918
11.610
1895
18.546
6.863
11.683
1896
18.612
6.432
12.180
Comme la plupart des colonies anglaises de fondation
récente et de faible population, la Nouvelle-Zélande était
en 1840 une colonie de la Couronne, administrée entière-
ment par des fonctionnaires venus de la métropole (V. Aus-
tralasie et Australie). Ce régime fut modifié par la cons-
titution de 1852. La Nouvelle-Zélande devint une colonie
autonome, régie par une représentation locale ; le chef du
gouvernement est un gouverneur nommé par la reine, mais
qui n'a qu'un droit de veto suspensif et qui est obligé de
choisir les ministres dans la majorité des Chambres. La
constitution a été revisée en 1891, en ce qui concerne la
Chambre haute, ou assemblée législative : les membres
sont au nombre de quarante-six, payés à raison de
3.750 fr. par an ; ceux qui étaient en charge avant le
17 sept. 1891 sont membres à vie; les autres sont élus
tous les sept ans, et rééfigibles. La Chambre basse, ou
Chambre des représentants, comprend 74 membres, dont
4 Maoris ; les députés reçoivent un traitement annuel de
6.000 fr. Pour être électeur, un Européen n'a besoin que
d'un an de séjour dans la colonie, et de trois mois dans
un district électoral. Les femmes font partie du corps élec-
toral depuis 1893. On avait d'abord prétendu que l'exer-
cice de ce droit, réclamé pour elles surtout par le parti ^
sociaHste, les laissait assez indifférentes. Les résultats des
élections de 1896 semblent prouver le contraire ; le nombre
des femmes qui ont voté a été de très peu inférieur à celui
des hommes : 142.305 femmes pour 196.925 hommes.
Les Maoris ont pris part au vote au nombre de 13.008.
NOUVELLE-ZÉLANDE
— 406 —
— PourBradministration locale, la constitution de 4852
avait divisé le territoire en six provinces, portées plus tard
à neuf. Ces provinces étaient administrées par des agents
du pouvoir central. En 4873, les provinces ont été sup-
primées et remplacées par des districts, qui s'administrent
d'une façon autonome. Cependant le pouvoir de l'Etat est
très fort, grâce à la prépondérance du parti ouvrier. Ce
parti, accusé d'opportunisme par les partis révolutionnaires
d'Europe, est le seul en Nouvelle-Zélande qui ait une or-
ganisation réelle ; dans ce pays jeune, les partis qui se rat-
tacheraient à des traditions historiques font totalement
défaut. Les partis sont factices, tramés à la remorque de
certaines personnalités. En se coaKsant tantôt avec l'un,
tantôt avec l'autre, le parti ouvrier est maître de la situa-
tion. Il en a profité pour faire de la démocratie néo-zélan-
daise la démocratie du monde qui a obtenu le plus de ré-
sultats pratiques. Les libertés politiques, par suite du
simple développement des libertés anglaises, sont acquises
depuis longtemps ; dans le Parlement néo-zélandais, les
discussions portent le plus souvent sur des questions éco-
nomiques; les séances sont très longues, durent souvent
jusjïu'à minuit ou une heure du matin. L'instabilité minis-
térielle est plus grande qu'en aucun pays d'Europe ; les
lois votées sont non seulement révisables en théorie, elles
sont en pratique constamment remaniées sous la pression
des circonstances. Les partisans du référendum deviennent
de jour en jour plus nombreux, et il n'est pas douteux qu'il
ne soit bientôt établi, annulant en fait le rôle de la Cbambre
haute. C'est cette poussée démocratique, déterminée eUe-
même par les conditions économiques, qui a dirigé toute
la législation dans ces dernières années. L'état de l'indus-
trie naissante a fait établir un protectionnisme rigoureux
qui s'exerce même envers les produits de la métropole qui,
elle, pratique le libre échange le plus large. Les postes,
le télégraphe sont dans la main de l'Etat, ainsi que les
chemins de fer. Le phénomène qui a eu en effet une im-
portance capitale dans l'histoire de la NouveUe-Zélande a
été la découverte des mines d'or. La « fièvre de l'or »
a attiré des colons beaucoup plus nombreux que n'en com-
portait l'exploitation. La quantité des sans-travail s'est
accrue dans des proportions formidables ; comme, d'autre
part, l'Etat était riche, grâce aux droits de douane, il
s'est mis à construire des lignes de chemin de fer nom-
breuses, qui n'avaient très souvent qu'une utilité électo-
rale. Mais ce procédé même ne suffit plus ; les tracés pos-
sibles de chemins de fer sont tous effectués et le nombre
des sans-travail augmente, accroissant sans cesse la popu-
lation urbaine. Pour remédier à cet état, les législateurs
néo-zélan<iais en sont arrivés à toucher au principe même
de la propriété. On expHquera plus loin (V. § Géographie
économique) la méthode spéciale qui fut employée pour
la colonisation de la NouveUe-Zélande. Les grandes pro-
priétés qui se sont établies à ce moment sont menacées.
Les hommes d'Etat ont proclamé ce principe que la société
est propriétaire du sol, et ils l'ont combiné avec un système
de tenure perpétuelle- Une partie des terres de la Couronne
est bien encore vendue aux nouveaux colons ; mais ceux-ci
ne peuvent acquérir qu'une étendue relativement restreinte
sur laquelle ils sont tenus de faire des améliorations, sous
peine de reprise. Pour le reste des terres, elles sont louées
pour 999 ans. Comme les terres de la Couronne sont à
peu près toutes aliénées, les Chambres ont donné à l'Etat,
en 4894, le droit d'exproprier les propriétaires de plus de
400 hect. de bonne terre^ de 800 hect. de terre moyenne,
de 2.000 hect. de terre médiocre. Les terres ainsi recou-
vrées doivent être louées en petites exploitations. C'est là
une extension toute nouvelle du principe de l'expropriation
pour cause d'utilité publique. Les Néo-Zélandais ne pa-
raissent pas vouloir s'en tenir là : ils ont annoncé offi-
ciellement, en 4897, la préparation d'une loi assurant une
pension à tout homme âgé de plus de soixante-cinq ans.
Enfin, sous l'influence des idées propagées dans le pays
ainsi qu'en Australie par le socialiste américain Henry
George, on annonce la promulgation d'une loi reprenant
sous forme de taxe ce que Ricardo a appelé la rente du
sol, c.-à-d. la plus-value imprimée à une terre par autre
chose que le travail personnel du propriétaire, par exemple
par la mise en culture des terres environnantes moins fer-
tiles. — Les ouvriers des villes ont aussi obtenu de ce
gouvernement démocrate des lois de protection pour le tra-
vail industriel ; la journée de huit heures, établie en fait par
l'effort des syndicats, a été sanctionnée par les Chambres,
qui ont aussi déclaré officielle la fête annuelle du travail.
Les enfants âgés de moins de quatorze ans ne peuvent être
employés dans les ateliers, et de quatorze à seize ans ils
ne peuvent l'être que s'ils justifient d'un certain degré
d'instruction. Le jour de repos hebdomadaire est obHga-
toire, et il s'y ajoute même une demi-journée dans le cours
de la semaine pour les ouvriers âgés de moins de dix-huit
ans. Enfin, comme en Californie, on a édicté des lois contre
l'envahissement des ouvriers chinois.
Pour toutes les réformes démocratiques, c'est la Nou-
velle-Zélande qui a donné l'exemple aux autres colonies
anglaises d'Australasie. Sur un point seulement eUe résiste
à la tendance générale : en 4885, le Parlement d'Angle-
terre a voté un bill permettant la tenue d'un conseil fé-
déral chargé de préparer la fédération des colonies du
Pacifique. La Nouvelle- Galles du Sud et la Nouvelle-Zélande
s'abstinrent d'envoyer des délégués. En 4890, une nou-
veUe tentative, faite cette fois sur la proposition de la Nou-
velle-Galles du Sud, faillit aboutir ; mais elle fut arrêtée par
la crise financière de 4893. Elle a été reprise en 4895
dans un congrès tenu à Hobart ïown ; mais jusqu'ici la
Nouvelle-Zélande n'a pas participé aux efforts de ce con-
grès. Les Néo-Zélandais craignent que dans un système
fédéral leur importance politique ne soit amoindrie au pro-
fit de la colonie austraUenne qui posséderait la capitale de
la fédération.
Dans ce pays anglo-saxon, les forces militaires ont na-
turellement une importance très faible ; l'armée ne com-
prend, avec les officiers, que 7.000 hommes. L'instruction
est au contraire très développée. L'enseignement supérieur
comprend 3 universités : celle d'Otago, à Dunedin, qui a
7 professeurs ; celle de Canterbury, à Christchurch, avec
9 professeurs; cehe d'Auckland, avec 5 professeurs. Le
nombre total des étudiants est de 677. L'instruction se-
condaire était donnée, en 4 897, à 2.473 élèves, par 484 pro-
fesseurs, répartis dans 24 écoles. Enfin l'enseignement pri-
maire, laïque, obligatoire et gratuit, comprend 4 .533 écoles,
3.545 professeurs et 434.000 élèves. 11 y a pour les Mao-
ris 74 écoles de villages, avec 436 professeurs et 2.220
élèves. L'archipel possède en outre des écoles : de méde-
cine, de mines, d'agriculture, d'ingénieurs, de sourds-muets,
d'aveugles, 2 écoles normales, 4 écoles d'art^ 6 écoles in-
dustrielles. Il n'y a pas de culte dont les ministres soient
payés par l'Etat ; mais, comme dans tous les pays anglais,
la vie religieuse est très intense- La majorité des Néo-Zé-
landais sont des protestants, répartis dans un grand nombre
de sectes. Les cathoMques sont nombreux aussi, quoiqu'ils
le soient moins que dans beaucoup de pays anglo-saxons,
par suite du peu d'intensité de l'immigration irlandaise.
On compte à peine 70.000 personnes qui refusent de se
déclarer sectatrices d'aucune religion.
Géographie économique. — Les trois sources principales
de produits en Nouvelle-Zélande sont l'agriculture, les fo-
rêts, les mines. Jusqu'à la découverte de l'or, en 4857, ce
fut un pays uniquement agricole. La colonisation s'opéra
au moment où les idées de Wakefield et de Torrens étaient
en faveur (V. Colonisation). Il fut plus facile en Nouvelle-
Zélande qu'en Austrahe d'appliquer leur système : l'éten-
due du territoire, beaucoup moindre, permettait moins
aux salariés venus de l'étranger de se disperser dans le
pays en formant une foule de petits propriétaires. On choi-
sit aussi avec plus de rigueur le personnel des colons ; ce
furent uniquement des cultivateurs moyens, aisés, des offi-
ciers retraités, même des fils de familles riches. Il en ré-
407
NOUVELLE-ZELANDE
siilta tout d'abord une société très diiféreiite de la société
australienne, plus pondérée, plus uniforme, dont le carac-
tère anglais était aussi plus fortement marqué. La décou-
verte de For, en 1857, dans le S. de l'île méridionale,
vint bouleverser ces conditions. Les immigrants devinrent
beaucoup plus nombreux, en même temps que l'abandon
partiel des théories de Wakefield ne permettait plus d'opé-
rer parmi eux une sélection. Il semblerait que cet afflux
de travailleurs réalisait naturellement un des points du pro-
gramme de Wakefield, qui était de multiplier la main-
d'œuvre aux colonies. Mais en même temps la Nouvelle-Zé-
lande perdait en partie son caractère de colonie pour
devenir du jour au lendemain une puissance économique
dans le monde. Nous avons exposé (V. § Géographie poli-
tique) les dernières conséquences qu'eut ce bouleversement
sur la vie politique de la Nouvelle-Zélande.
Malgré tout, et quel que devienne le régime de la pos-
session de la terre, la Nouvelle-Zélande reste essentielle-
ment un pays agricole. Ce n'est pas pourtant que la plus
grande partie de sa surface soit utilisable pour l'agricul-
ture: 8.095.000 hect. sont couverts de forêts; 3.645.000
hect., occupés par l'eau des lacs ou formés de montagnes
et de rochers dénudés, sont inutilisables. Il reste 4.065.000
hect. de terres labourables et 4.675.000 hect. de prai-
ries. La population agricole s'élevait, au recensement de
1896, à 83.300. En 4897, l'archipel nourrissait 249.732
chevaux, 4.438.572 têtes de gros bétail et 49.438.493
moutons. La progression du nombre de têtes de petit bé-
tail a été la suivante :
4858 4.523.324
4864 4.937.273
4874 44.704.853
4886 46.580.388
Par rapport à l'Australie, et en tenant compte de la dif-
férence d'étendue, le nombre des moutons est faible. La
Nouvelle-Zélande, en effet, se prête difficilement à l'élevage
des très grands troupeaux, par le développement même de
l'agriculture proprement dite et par le manque des grands
steppes herbeux qui forment la plus grande partie de
l'Australie. En 4897 , le nombre des porcs était de 209.853.
La récolte en 4897 a été de 5.927.000 boisseaux de blé,
44.233.000 boisseaux d'avoine, 822.009 boisseaux d'orge
et 440.837 tonnes de foin. Le rendement moyen du blé est
de 24 hectol. à l'hectare ; c'est surtout dans le district de
Cauterbury qu'il est cultivé en grand.
Une grande partie de ces grains sont exportés en Eu-
rope et ils ont une grande influence sur les conditions de
nos marchés, parce qu'ils arrivent avant ou après la ré-
colte en Europe, celle de la Nouvelle-Zélande ayant lieu
pendant l'hiver de l'hémisphère nord. Produits à meilleur
marché que les blés européens, ils leur font une concurrence
redoutable. Les agriculteurs du vieux monde ont essayé
de reporter une partie de leurs efforts vers la production
delà viande et des produits accessoires de la ferme : beurre,
œufs, fromage, fruits, miel. Mais vnici que là encore la
concurrence des produits australiens menace de les frap-
per. Depuis longtemps déjà la Nouvelle-Zélande exportait
en Europe delà viande conservée par congélation. Mais ce
procédé avait le défaut grave de nuire sinon à la qualité
de la viande, au moins à son goût. Or. en 4895, l'expé-
rience décisive du vaisseau le Gothic a prouvé qu'on pou-
vait conserver la viande en la refroidissant simplement à
— 2«. Le Gothic, parti de Wellington, après avoir tra-
versé naturellement la zone équatorfale, a débarqué à Lon-
dres de la viande refroidie qui a été enlevée plus rapide-
ment et à un bien meiUeur prix que de la viande congelée.
Les Néo-Zélandais font en ce moment des expériences pour
transporter de la même façon le beurre et le miel.
L'exploitation du bois des forêts ne donne pas matière
à exportation ; le pin kauri seul est apprécié dans toute
l'Australasie par les constructeurs de navires. Mais c'est
surtout par sa résine qu'il est une source de profits. D'ail-
leurs, la gomme de kauri fossile est encore plus appréciée;
des sociétés de capitalistes se sont formées pour l'exploi-
tation des gisements (je l'île S. ; la production totale de la
gomme de kauri a été, en 4896, de 7.426 tonnes, ayant
une valeur de 40.782.975 fr. — L'or se trouve dans la
vallée de la Clutha et dans la région des lacs qui l'alimen-
tent. 11 y a longtemps déjà que le travail des orpailleurs
de rivière est terminé et qu'on est obligé de traiter le
quartz aurifère par des procédés mécaniques. La valeur de
l'or extrait en 4896 a été de 26.035.700 fr. La valeur de
l'argent a été de 264.725 fr. ; celle de l'antimoine et du
manganèse, insignifiante. Le fer est de bonne qualité, mais
entièrement inexploité. La Nouvelle-Zélande paraît, au con-
traire, être une réserve de houille pour l'avenir ; on évalue
rimportmce du gisement à WO millions de tonnes. En
4896, on a extrait 792.854 tonnes de charbon, valant
40.746.200 fr. Cette production est d'ailleurs inférieure
de 80.000 tonnes à la consommation des îles. La Nouvelle-
Zélande pourrait largement suffire à ses besoins et même
exporter de la houille si les mines étaient plus faciles à
exploiter : situées à l'O. de l'île S., dans un pays monta-
gneux où les transports sont difficiles, les mines sont, en
outre, privées d'un bon port à leur proximité.
Le chiffre total de l'importation s'est élevé en 4896
à 478.433.000 fr. ; celui de l'exportation a été de
233.027.625 fr. Les principaux objets d'importation sont :
les étoffes, le fer, les machines, le sucre, le thé, les spi-
ritueux, le vin, la bière, le tabac, le papier, lahouille, les sacs,
l'huile, les objets de luxe. Les produits envoyés à l'étran-
ger sont : la laine, l'or, le blé, les légumes, la farine,
les viandes congelées, la résine de kauri, les graisses, les
peaux, le cuir, le beurre, le fromage, le porc conservé,
les semences de prairies, le phormium tenax. Le réseau
des voies ferrées a été considérablement étendu pour les
raisons politiques exposées plus haut. En 4897, il y en
avait 4.250 kil. dans l'île Nord, 2.000 IdL dans l'île Sud,
appartenant tous à l'Etat. Il n'y a que 270 kil. de che-
mins de fer appartenant ô des particuliers. Au reste, la
plus grande partie du commerce entre les différentes villes
se fait par cabotage le long des côtes.
Le système des impôts est assez complexe ; aux an-
ciennes sources de produits : douanes, location et vente
de terres domaniales, recettes des services publics, droits
de succession, impôts de consommation, sont venues s'ajou-
ter de nouveUes taxes : un impôt foncier et un impôt sur
le revenu ; celui-ci est progressif et les revenus inférieurs
à 7.500 fr. en sont exonérés. Le produit des impôts en
4897 s'est élevé à 422.705.700 fr. Les dépenses ont été
de 442.749.700 fr.
Les villes néo-zélandaises. — Dans une contrée où
les dangers extérieurs sont nuls, on n'a pas été guidé dans
l'étabhssementdes villes par des raisons politiques, mais uni-
quement par des considérations économiques. Le peu de lar-
geur des îles, la présence de bons ports naturels, la nature
montagneuse du pays, ont fait que toutes les villes impor-
tantes se sont établies sur la côte. Celles qui sont situées
à quelques kilomètres du rivage sont reliées à un port qui
est comme un faubourg de la grande ville. D'ailleurs, la
grande extension des faubourgs est aussi caractéristique
qu'en Angleterre. L'aspect des viUes néo-zélandaises est
tout britannique avec ses maisons entourées de jardins et
ne comportant que deux ou trois étages, sauf dans les
parties de la ville qui sont le centre du commerce. Les
plus importantes de ces villes sont : Auckland, fondée en
4840 au centre de la presqu'île duNord-Ouest. Lamer, péné-
trant dans ce pays volcanique, a formé d'excellents ports;
iVuckland se trouve entre deux baies, l'une de la côte N.,
l'autre de la côte S., à peine séparées par une langue de
terre et que l'on projette de réunir par un canal. Auckland
est le centre d'exportation du bois de pin et de la résine
de kauri. — Tauranga, au fond de la baie de l'Abon-
dance (Plenty Bay), est le lieu de débarquement des tou-
ristes qui vont visiter le lac Tarawera et le Pays des
Merveilles. — Napier, au fond de la baie de Hawke, sur
la côte E. del'île Nord, est d'accès difficile: c'est cependant
NOUVELLE-ZÉLANDE— NOUVELLES-HÉBRIDES — 408
un port important. — Wellington, la capitale de la co-
lonie, a été fondée en 1840, quelque temps avant Auckland.
Située sur la partie la plus étroite du détroit de Cook, elle
est vraiment au centre politique et économique de l'archipel.
— La ville de Blenheim, sur l'autre rive du détroit,
profite des mêmes avantages. — Westport et Greymouth,
sur la côte 0. de l'île du Sud, sont les ports qui centrali-
sent la houille pour l'expédier sur tout le reste de l'ar-
chipel. — Christchurch, sur la côte orientale, est située
à quelques kilomètres de la mer ; elle a i)our port Lyttel-
ton, refuge très sûr grâce aux échancrures de la pres-
qu'île de Banks. — La position de Port Chalmers, à
l'abri du cap Saunders, est tout à fait analogue ; Port
Chalmers établit la connnuni cation avec la mer de la grande
ville du Sud, Dunedin, d'origine écossaise. Toutes ces
villes ont été d'abord des villes calmes, des centres du
commerce des produits agriculturaux. Mais ce sont elles
uniquement qui ont profité de l'afflux de population amené
par la découverte de For. Elles sont sans doute appelées
à se développer davantage encore, même si, par l'exten-
sion des industries extractives, il se fondait dans les dis-
tricts miniers des villes industrielles. Le pays lui-même
est tout entier dans une phase de développement très ac-
tive. On a cru pouvoir prédire que l'étonnant excès des
naissances sur les morts allait s'arrêter et que la popula-
tion arriverait vite à un certain équihbre démographique.
Les statistiques ne semblent pas encore confirmer ces
prévisions. Il est certain que la surface disponible pour
de nouveaux agriculteurs paraît maintenant très restreinte,
puisqu'on essaye de réduire l'étendue des grandes pro-
priétés. Mais la vie industrielle est à peine née en Nou-
velle-Zélande, et, grâce aux mines de métaux et de houille,
elle est susceptible de prendre un énorme développement
et de précipiter encore l'évolution du pays.
Ludovic Marchand.
BiBL. : New Zectland officiai year Book; Wellington. —
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New Zealand ; Londres, 1891. — Grey, Polynesian Mitho-
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and Proceed. New ZeaUnd Institute, 1895, XXVIII). —
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DiELS, Vegetations-biologie von Neii-Seeland. Engler's
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Arbeiter bewegung in Australien und Neu-Seeland; Leii)-
zig, 1897. — Henri de Walker, Aiislralasian Democracy ;
Londres, 1897.
NOUVELLE-ZEMBLE (Novaia Zembia, c.-à-d. nou-
veau pays). Groupe de deux îles russes de l'océan Glacial
Arctique; 91.070 kil. q. Elles sont situées sur le prolon-
gement de l'Oural entre 70« 31' et 77« & lat. N., 49° 15'
et 6Q^ 42' long. E., séparant la mer de Kara de ce qu'on
pourrait appeler la mer du Spitzberg ou de Barendsz. Les
deux îles sont divisées par l'étroit bras de mer de Matocli-
kin Char; l'île du Nord a 50.115 kil. q., l'île du Sud
40.955 ; mais elles forment un ensemble, qu'un détroit
de 43 kil. de large sépare au S. de l'île de Vaïgatch, très
voisine du continent. Dans son ensemble, la Nouvelle-
Zemble a 950 kil. de long, depuis le cap des Glaces au
N. jusqu'au cap Kussov au S., sur 60 à 145 kil. de large.
On y rattache les petites îles Kussov, Mitiouchev, Gorbo-
viyé, Pankratievii, Krestoviyé, Orange, Pachtousov, en-
semble 321 kil. La Nouvelle-Zemble a une arête centrale
qui atteint 1 .400 m. de haut ; la côte occidentale est creu-
sée de profonds fjords où aboutissent les vallées ; toute-
fois la côte des Oies (GussinaiaZemlia), au S.-O., estrec-
tiligne sur 160 kil. ; de même, le N. et le S. de la côte
orientale. Au delà du 74^ lat. N., les glaciers descendent
jusqu'à la mer. — Le sol est formé de terrains siluriens
et dévoniens ; au S., sont des chaînons porphyriques et
des schistes carbonifères. — La flore comprend 185 es-
pèces de phanérogames, beaucoup de mousses et de lichens ;
la faune, 43 oiseaux (hibou des neiges, cygne nain, eider,
colombe), l'ours blanc, le renne, le loup, le renard blanc,
l'hermine.
Dès lexi^ siècle, les chasseurs de fourrures etd'eiders,
les pêcheurs, visitaient les côtes de la Nouvelle-Zemble. Il
y fut créé un étabHssement sédentaire en 1877, par le
gouvernement russe, dans la baie Moller, où fut aménagée
une station météorologique (1882). En 1888, Nossilov y
amena une colonie de Samoyèdes et en fixa une atitre dans
le détroit de Matochkin. — La Nouvelle-Zemble dépend
du gouvernement d'Arkhangel, cercle de Mezen. — Son
premier explorateur fut Barendsz (1594-97), qui hiverna
au N.-E. dans le Port des glaces ; il fautencore citerLiitke
(1821-24), Nordenskjœld (1875-78) et Nossilov.
NOUVELLES-HÉBRIDES. Archipel de l'Océanie (Mé-
lanésie) qui a été neutralisé. Son nom est celui donné par
Cook ; il a prévalu sur ceux antérieurement donnés de
Terra australia ciel Espiritu Santo, par Quiros, et de
Grandes Cyclades, parBougainvillc. — Il constitue l'extré-
mité méridionale d'une longue rangée d'îles en forme de
croissant à peine indiqué, située àl'E. de la Nouvelle-Guinée
et de la Nouvelle-Hollande, comprenant les archipels de
l'Amirauté, Bismarck et Salomon, dirigés à peu près N.-O.-
S.-E., puis de Santa Cruz, de Banks et des Nouvelles-
Hébrides à direction approchée du N.-N.-O. au S.-S.-E.
Cette deuxième ligne s'étend du 10° de lat. S. au delà du
20° et même du 22° (îlot Matthew) ; si on laisse à part les
Santa Cruz et cet îlot, la lat. au N. des îles Banks étant
13° 5' et celle au S. de l'île Anatom étant 20° 15', la diffé-
rence est de plus de 7° ; celle des long. E. (0. de
l'île Saint-Esprit 164° 10', etE. de Erronan 167° 50') est
de 3° 40'. On distingue : un groupe S., formé de cinq îles,
Anatom, Tanna, p]rronan ou Futuna, Nina, Erromango ;
un groupe N., que sépare un canal de 105 kil., formé de
l'île Vaté ou Sandwich, qui est entourée au N. d'îlots :
Protection, Déception, Vêlé, Montagne, etc. ; des petites
îles Deux-Monts, TrOis-Monts, des îles Shepherd ; de l'île
Tongas, de l'île Api ; ici, il y a une bifurcation, et les
îles, jusque-là arrondies, s'allongent dans le sens de la
chaîne; branche orientale: îlols Lopévi et Paama, et îles
Ambrym, Pentecôte, Aurore avec Aoba (ou des Lépreux)
à l'O. ; la branche occidentale comprend : Malhcolo, Saint-
Barthélémy, Saint-Esprit. Ce second groupe devient le
groupe du milieu si l'on comprend dans les Nouvelles-Hé-
brides les îles Banks (V. ce mot), séparées par un canal
de 80 kil. Le troisième groupe montre : le Pic de l'Etoile ;
l'île Santa Maria ; Vanoua-Lava, avec les îlots Mota, la
Selle ou Valua, Ouréparapara, Yatou; les îles Torrès :
du Sud, Lô ou la Selle, du MiHeu, du Nord. L'archipel
de Santa Cruz, en outre de l'île de ce nom, renferme
Vanikoro, où périt Lapérouse ; au N.-E. de cet archipel,
Duff ; au S.-E., Tukopia, Anuda. Tout cet ensemble d'îles
aurait une superficie de 13.000 à 14.000 kil. q., avec
une population de 70.000 hab.
Géographie physique. — Aspect, relief, géologie,
COURS d'eau. — L'aspect de ces îles, accidentées et cou-
vertes d'une végétation puissante depuis les bords de la
mer jusqu'au sommet de leurs montagnes, est splendide
et a frappé d'admiration tous les navigateurs. Ces mon-
tagnes constituent dans leur ensemble une longue chaîne
dont les sommets varient entre 100 m. et 1.500 m. :
1° Anatom, 850 ; Tanna, 910 ; Erromango, 900 ; 2° Vaté,
275; Api, 900; Lopévi, 1.524; Ambiym, 1.065; Pen-
tecôte, Aurore, 600; Aoba, 1.200; Saint-Esprit, 660;
3° Santa Maria, 700 ; Vanua-Lava, 931 ; îles Torrès, 180,
360. Les pics coniques sont nombreux et répandus dans
toutes ces îles, ce qui dénote autant de volcans : plusieurs
sont encore en activité. La ligne d'activité actuelle passe
précisément entre les plus grandes îles, depuis le Tina-
koro, un des îlots septentrionaux de Santa Cruz, qui est
toujours en éruption, puis, dans le groupe des Banks, le
d09
NOUVELLES-HEBRIDES
volcan d'Ureparapara, de 595 m., au cratère effondré,
les sources thermales de Vanua-Lava ensuite, dans le
groupe N. des Nouvelles- Hébrides proprement dites, le
volcan d'Ambrym et celui de l'îlot de Lopévi, le plus
haut de tous, jusqu'à l'île de Tanna (groupe S.), qui ren-
ferme le plus puissant, le Yasova, toujours en travail. Le
sol est fréquemment agité par des secousses, qui se font
sentir jusqu'en Nouvelle-Calédonie, et qui sont accompa-
gnées d'éruptions sous-marines. H est constitué par des
roches récentes ignées, laves et cendres, pierre ponce, et
par des basaltes* plus anciens. Une mine de soufre impor-
tante existe dans Tanna. A Santo, il y aurait des schistes
ardoisiers et des terrains de sédiment anciens. Des ma-
drépores forment une bordure plus ou moins large, ils
sont aussi parfois soulevés à de grandes hauteurs, mais
ce sont des coraux morts, comme si la chaleur ou les
éruptions volcaniques avaient tué les zoophytes ; ils ne
montrent point de récifs ou de ceintures, si ce n'est à Va-
nikoro, archipel de Santa Cruz, contrairement aux archi-
pels coralligènes entre lesquels les Nouvelles-Hébrides
sont situées, et aucune île ici n'offre de lac intérieur ou
d'atoll. Les débris et la poussière de leurs roches produisent
avec l'humus, fort épais, une terre végétale fertile, rouge,
noirâtre ou blanchâtre, trop souvent, sur les côtes, ma-
récageuse et insalubre. L'instabilité est dans ces parages
presque la règle, les commotions volcaniques donnant lieu
à des effondrements ou au comblement des golfes. Les
ruisseaux descendant en cascades sont nombreux, et se
réunissent en rivières dont les eaux pures et claires (en
dehors des Heux marécageux) fournissent d'excellentes
aiguades ; les marais sont dus à ce que ces eaux sont
arrêtées dans leur cours inférieur par l'horizontalité du
terrain ainsi que par l'enchevêtrement des broussailles et
des racines de palétuviers. D'autre part, la mer, autour des
îles et jusqu'au pied des rochers à pic, a de grandes pro-
fondeurs, et les côtes ont des anfractuosités constituant
des havres naturels où les bâtiments sont à l'abri.
Climatologie. — Le climat est chaud et humide et il
a une réputation (exagérée, il est vrai) d'insalubrité ;
il exige une hygiène scrupuleuse et, pour les immigrants,
l'arrivée à une époque favorable (de mai à oct.). Le pays
pourrait être assaini en le débroussant. La température
est nécessairement différente aux deux extrémités de la
ligne des archipels, soit, pour les moyennes, de "2^ à 3^.
On distingue deux saisons : l'une, sèche et relativement
fraîche, de mai à octobre ; l'autre, chaude et humide, de
novembre à avril. A la fin de cette dernière, on a trouvé
de 28^ à 32*^ ; et la température ne descendait pas la
imit au-dessous de 25". Dans l'année la température varie
de 14° à 35*^. H y a un ou plusieurs grains de pluie par
jour. Même il n'est pas rare, dans les îles du Nord, qu'il
pleuve beaucoup durant la saison sèche. Le régime des
vents est semblable pour tout l'archipel, savoir: alizés du
S.-E. en hiver (de l'hémisphère austral) ; dans l'été ou
hivernage, de novembre à avril, ce sont des vents irré-
guhers; celui d'O. l'emporte, amenant des pluies, des
orages, voire même des cyclones. Cette dernière saison
est la plus insalubre, il en est de même du côté occidental,
ou des pluies. Les maladies des Européens sont l'anémie,
la dysenterie, la fièvre paludéenne, celle-ci d'ailleurs non
pernicieuse, mais tenace et sévissant semblablement sur
les naturels, décimés particuhèrement par la tuberculose
et sujets aux affections de la peau, entre autres le eo-
kelau, et aux ulcères. Les indigènes évitent le contact des
rivières marécageuses qu'empoisonnent les coraux en dé-
composition, et ils ont le soin de ne pas s'exposer aux
brouillards des matins et des soirs ; mais, en demeurant dans
leurs cases, ils contractent par la fumée qui lo3 emplit
des maladies des yeux. Les hommes faits sont générale-
ment robustes — c'est qu'il faut être robuste pour résister
aux influences qui les entourent — ils sont des produits de
sélection.
Floue et faune. — La végétation est luxuriante, mais
les forêts vierges sont impénétrables ; on ne connaît pas
l'intérieur des îles, oti mènent des sentiers étroits et boi-
sés, dangereux par la présence dissimulée des sauvages.
Sans doute cette flore ménage des surprises aux bota-
nistes. Elle tient de celle de l'Inde, et l'on peut citer
comme espèces spéciales une myrtacée de 42 m., au par-
fum pénétrant, une sorte de cèdre à feuilles d'olivier fort
élevé, un grand nombre d'arbres à suc résineux, et sur-
tout le sandal au bois odorant. Les Nouvelles-Hébrides
appartiennent aussi au domaine néo-zélandais par la mul-
titude de leurs fougères, par le dammara et l'araucaria.
Les arbres à fruit sont ceux des autres îles océaniennes :
cocotiers, sagoutiers, arbres à pain, bananiers. Un lé-
gume, ici principal aliment, c'est l'igname. La faune est
pauvre en mammifères : des chauves-souris et des rats,
espèces primitives; les cochons, à défenses recourbées,
y vivent à l'état sauvage et domestique ; les chiens y ont
été introduits il n'y a pas longtemps. H existe à Tanna une
espèce particulière de pigeons, le pigeon du muscadier. Il
n'y a pas de serpent. La mer est très })oissonneuse.
Anthropologie et ethnographie. — Les habitants des
Nouvelles-Hébrides sont des Mélanésiens ou des noirs océa-
niens dérivés de la race papoue. Leur peau est noir mat,
leurs cheveux laineux ; le crâne comprimé dans le bas
âge, au moyen de planchettes ou de bandelettes, fuit en
arrière ou s'allonge en pain de sucre. Hs vont presque
nus ; leur tatouage consiste en de simples entailles à cica-
trices saillantes ; ils aiment sur eux les ornements et les
enluminures. La condition de la femme est inférieure, ils
la traitent à la manière d'une bête de somme; ils la
vendent, comme épouse, au plus offrant, pour un certain
nombre de porcs. Leurs mœurs sont féroces ; dès qu'un
malade ne man^e plus, on l'enterre ; dans Anatom, la
femme suit son époux dans la fosse ; comme oh lui met,
quand elle se marie, une corde au cou, il ne reste plus
qu'à la serrer. Hs sont anthropophages, bien que la base
de leur nourriture soit purement végétale. H y a peu de
temps encore (1892), un équipage composé de Canaques
héli ridais ayant assassiné les officiers, le capitaine fut
cuit et mangé dans une fête. Ce sont d'habiles navigateurs;
leurs pirogues, simples ou doubles, sont à balancier. Les
cases, aux toits établis sur quatre pieux, et les villages,
sont entourés de palissades solides. Des troncs d'arbres
creusés leur servent d'orchestre ; leurs armes sont des
casse- tète, des lances, des flèches empoisonnées. L'extré-
mité de celles-ci a été plongée dans des trous de crabes
de la vase infecte des marais et se trouve imprégnée d'un
double poison microbien, l'un septique et altérable, promp-
tement mortel, l'autre tétanique et persistant. A ce der-
nier succomba un commodore anglais, Goodenough, en
1875. Il est une autre race plus belle, parmi les Néo-
Hébridais, c'est celle des Polynésiens, à la large carrure,
à la peau presque blanche, à la figure souriante, et dont
les femmes, nullement esclaves, ont des attraits. Ils y ont
émigré et, par leur mélange, ont donné lieu à une race
intermédiaire. De même que les types, les dialectes sont
fort divers, entre le rude langage mélanésien et le doux
idiome maori. La religion est ici une grossière idolâtrie
de fétiches en bois. Les sorciers ou prêtres sont redoutés
et pratiquent la tyrannie du tabou. On croit aux esprits,
à une vie après la mort ; les ancêtres sont les dieux de
la tribu. H n'y a pas de roi ni de conseil comme en
Polynésie, mais les chefs sont absolus et conduisent les
guerriers au combat ; ils ont un caractère sacerdotal.
Géographie économique. — Les cultures princi-
pales dans l'archipel, dont la terre est d'une grande fer-
tilité, sont celles : du cocotier, qui constitue la première
richesse du pays, en fournissant le coprah ; du maïs, qu'on
expédie à Nouméa ; du tabac, besoin impérieux pour les
indigènes, et d'excellente qualité d'ailleurs; du café et
de l'igname. La fécule de ce tubercule du Dioscorea sa-
liva est la base de l'alimentation des naturels ; il y faut
joindre le taro [Colocasia esculenia), le manioc, le fruit
NOUVELLES-HEBRIDES
— 140
de l'arbre à pain, la patate douce {Convolvulus batatas),
l'amande de Vlnocarpus edulis, la banane et autres fé-
culents. Celle-ci est aussi un fruit sucré, et l'on doit
mentionner les goyaves, la iwmme-cyihèrQ (Spondias dul-
cis), les oranges, les ananas, la canne à sucre, qui est
consommée telle quelle par les indigènes et dont il n'existe
que peu de plantations. Le kava, du Piper methysticiim,
est leur boisson enivrante, de préférence au vin et à l'eau-
de-vie, qu'ils repoussent. Les produits industriels sont
d'abord représentés par les bois d'ébénisterie dont les fo-
rêts sont remplies, tels que le cliône tigré, l'arbre à ca-
not, le gaïac, le tamanou {Calophyllum montanum) , le
faux bois de rose {Thespesia populnea?), le bourao, le
milnèdi {JSemedr a eleagnoides ?) , enfin, surtout le bois
de fer (Casuarina), le plus utile et le plus commun. Le
santal (Santalum aiistro-caledonicum) , exploité jadis
avec fureur ici comme en Nouvelle-Calédonie, est devenu
fort rare dans les deux archipels océaniens. Citons en-
core : les bambous, les Pandanus, les palmiers, le banian,
aux dimensions gigantesques ; les palétuviers du rivage,
dont l'écorce pourrait être utilisée. On cultive le coton en
certains points. La Société française des Nouvelles-Hé-
brides, ayant son siège à Nouméa et qui est représentée
à Paris, possède dans l'archipel plus de 800.000 hect. de
terres, avec de grandes plantations, de gras pâturages
(à l'île Vaté) pour l'élevage des montons, et les mines de
soufre de Tanna. Les indigènes élèvent des volailles ; ils
pratiquent avec brutalité (aujourd'hui au moyen de la
dynamite) la pêche du poisson, qu'ils mangent cru. On
prend à Saint-Esprit des tortues dont l'écaillé est de pre-
mier choix, et l'on y trouve des huîtres à nacre en abon-
dance. Un produit vivant, ce sont les naturels eux-mêmes
dont se fait, pour la Nouvelle-Calédonie, les Fidji, Vkm-
trahe et les possessions insulaires allemandes, le trafic ou
engagement comme travailleurs, qui fut souvent une traite
déguisée.
Iles. — Population et superficie. Ports. Le tableau
comparatif suivant donne (Reclus, Géog. univ., XIV, 683)
la superficie en kil. q. et la population approximative des
îles dans les archipels voisins :
Superficie. Population.
Archipel ( Santa Cruz 560
de ] Vanikoro 164 } 5.000
Santa Cruz ( Autres îles 214
Ensemble
Iles de Banks et de ïorrès
/ Espiritu Santo.
Nouvelles-
Hébrides
938
926 4.500
4.857 20.000
Mallicolo 2.268 8.000
Ambrym 644 3.000
Vaté (Sandwich)... 518 3.000
Erromango 1.041 2.000
I Tanna 380 10.000
Anatom 160 1.280
\ Autres îles 3.259 15.000
Ensemble 13.127 62.280
IlesdePEst : Tukopia,Anuda, etc. 66 650
La population spécifique, faible en général, serait donc ;
archipel de Santa Cruz, 5,3 ; pour celui des Nouvelles-
Hébrides, 4,7 ; dans ce dernier, on remarque que la den-
sité est d'autant plus faible que les îles sont plus grandes,
comme si la population se portait vers le rivage ou était
inconnue au centre ; ce^'e de Tanna (26,3) est extraor-
dinaire, relativement aux autres : Anatom, 8 ; Vaté, 5,8 ;
Espiritu Santo, 4,1 ; Mallicolo, 3,5; Erromango, 1,9
seulement.
Dans le groupe Sud, Anatom possède deux ports :
Patrick, au N., et Inyang, au S.; ce dernier offre un
mouillage sûr d'avril à octobre. C'est un pays malsain,
où néanmoins les missionnaires séjournent depuis cinquante
ans et où ils ont installé plus de 40 écoles. Habitants
civilisés, quoique du type nègre océanien. On y voit
des niaoulis {Melaleuca viridifl,ora),_ aux troncs blan-
châtres. — Tanna. Soji port le plus connu. Port Réso-
lution, ayant été bouleversé par les derniers treml)lemenls
de terre, les navires mouillent actuellement à Uaisisi,
dans une petite baie de sable (le Segond, en 1879). Race
métissée malayo-polynésienne ; peuple belliqueux ; vivres
en abondance. — Erromango. Il y a deux an(*rages, dans
les baies de Cook et de Polénia, entourées de récifs. Popu-
lation hostile aux Européens, par vengeance de méfaits
dus à ces derniers. Type nègre océanien.
Dans le groupe Nord, Vaté ou Sandwich possède les
deux rades les plus fréquentées de l'archipel : Port Ha-
vannah, mouillage par 33 m., aiguade, vivres, point
central des établissements de la compagnie des Nouvelles-
Hébrides, qui peut fournir bœufs, moutons, cochons;
Port Yila ou Eranceville, vaste baie d'un atterrissage
facile. Cultures variées, admirables ; on emploie comme
engrais des astéries de la mer ; pâturages, élève de
troupeaux considérables. Indigènes de race métissée, guer-
riers et migrateurs. Colons européens, français surtout.
Un délégué de V Alliance française et un de V Alliance
scientifique y résident, ainsi que le directeur de la Société
des Nouvelles-Hébrides. — Api (Tasiko). Cette île a deux
bons mouillages, les baies Nelson et Eoreland ; elle est très
fertile et renferme une population considérable, de mœurs
plus douces que dans les îles voisines et qui fournissent
aux engagistes un grand nombre de travailleurs. — Am-
brym a également deux bons mouillages, les pointes Dip
et Rodds. — Mallicolo possède le port Sandwich, le
meilleur mouillage de l'archipel, par 20 à 30 m.; il y a
aussi la baie du S.-O., havre excellent. Il faut y ajouter
le port Stanley du petit îlot Urikiki, sa dépendance au
N.-E., très bien abrité, 30 m. de fond. Type nègre océa-
nien. A Port Sandwich est un délégué de V Alliance fran-
çaise. — Pentecôte. Ile allongée, pittoresque, possède
plusieurs mouillages, entre autres la baie de la Falaise.
— Aurore. Trois bons ancrages sur la côte 0. de cette
île oblongue ; au S., baie de Latoto ; au milieu, baie
Narovo-Rovo, 22 m. de fond, aiguade ; au N., baie de
Laka-Réré. — Aoba, mal dénommée île des Lépreux. Sa
population polynésienne se fait remarquer par ses formes
gracieuses et par son hospitalité. Mouillage de Rice Road,
assez bon, mais pas d'aiguade. — Saint-Esprit ou
Santo. C'est sur la côte E. de cette île, la plus grande
de l'archipel, que se rencontrent ses mouillages, qui sont
très bons, savoir : port de l'île Aoré, baie du Requin,
Port Olry, et surtout la vaste baie Saint-Philippe, où vint
mouiller C)uiros en \666. C'est un abri pai^fait pour les
plus gros vaisseaux. A son extrémité se trouve le port de
Vera Cruz, entre deux rivières, que le navigateur portugais
dénomma Jourdain et Saint-Sauveur. La végétation de
l'île est remarquable. Les habitants sont de type croisé
malayo-polynésien, les hommes sont grands et forts, les
femmes sont bien proportionnées.
Voies de commuimicâtion et commerce. — Les moyens
de transport étaient bornés, jusqu'à une époque non éloi-
gnée, aux bateaux appartenant à la compagnie calédo-
nienne et aux bâtiments de passage ; il existe actuellement
un service régulier entre Nouméa et l'archipel néo-hébri-
dais. Un vapeur, subventionné par l'Etat, parcourt les
divers groupes, faisant escale dans les principaux ports
pour prendre leà produits de la compagnie, ainsi que les
colons hbres, et les porter à destination. De plus, les
bateaux d'un service australien reliant Sydney aux Fidji
relâchent à Port Sandwich. — Les marchandises expor-
tées des Nouvelles-Hébrides arrivent d'abord à Sydney ou
à Nouméa d'oii elles peuvent être expédiées en France ou
à Sydney par la voie des Messageries maritimes, paque-
bots mensuels. Il y a un service bi mensuel par la ligne
australienne de Sydney à Port Vila par Nouméa. Des
bâtiments à voile font aussi le service régulier des trans-
ports. La Compagnie nantaise Pénitentiaire pour Nouméa
prend des passagers pour les Nouvelles-Hébrides.
Historique. — Le navigateur espagnol Mendana avait
découvert en 1595 l'archipel de Santa Cruz. Il mourut
la même année. Son pilote et son remplaçant, le Portu-
gais Pedro Fernandez de Queiros, au service de l'Espagne,
fit, en 4606, la découverle des Nouvelles-Hébrides ; il
reconnut File Saint-Esprit, où il fonda la ville (imagi-
naire) de la « Nouvelle- Jérusalem ». Plus de cent soixante
ans s'écoulèrent avant que Bougainville( 1768) vînt explorer
plusieurs des autres îles de l'archipel. Puis, six ans après,
Cook (1774) compléta l'œuvre de son prédécesseur.
En 1789, Bligh rencontra le groupe des îles de Banks.
L'année précédente, Laper ouse avait parcouru ces parages,
mais, à partir de sa relâche àBotany Bay, en janv. 1788,
on ne sut ce qu'il était devenu, jusqu'à ce que l'Anglais
Dillon retrouva, trente-neuf ans après, le lieu de son nau-
frage à Vanikoro. Après Lapérouse, les Nouvelles-Hébrides
furent visitées en passant par les marins à la recherche
de ses traces, d'Ëntrecasteaux (1793), Dillon (1827), Du-
mont-d'Urville(1828), ainsi que par des navigateurs russes.
Vers 1840, des bâtiments y vinrent exploiter, particulière-
ment à Erromango, le bois de santal à destination de la
Chine. Des missionnaires presbytériens, en 1843, s'éta-
blirent à Anatom. Lorsque l'amiral Febvrier des Pointes
prit possession de la Nouvelle-Calédonie en 1853, les
Nouvelles-Hébrides étaient en relations commerciales avec
la grande île, grâce au capitaine Paddon, qui vivait dans
ces parages depuis une douzaine d'années. Cette circons-
tance et leur proximité relative en faisaient une dépen-
dance de la Nouvelle-Calédonie. Mais, en 1877, les mis-
sionnaires presbytériens menèrent une campagne pour
l'annexion anglaise, précisément après la pétition, en 1876,
des planteurs anglais eux-mêmes de l'île Vaté, réclamant,
auprès du gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, le protec-
torat de la France. Un arrangement provisoire fut conclu
entre la France et l'Angleterre, sous le nom de « Con-
vention de 1878 » : les îles furent neutralisées. Toutefois,
les colons anglais et français, au point de vue des actes
civils, n'y sont pas sur le même pied, par suite de la
nomination, peu de temps après, du gouverneur des îles
Fidji, en qualité de haut commissaire, donnant à ces actes
force de loi, ce qui n'a pas lieu aux Hébrides avec le gou-
verneur de la Nouvelle-Calédonie (1881). Les colons de
cette dernière colonie craignant l'empiétement australien
et l'influence anglaise, M. Higginson fonda, en 1882, la
« Compagnie calédonienne des Nouvelles-Hébrides », qui
acheta des terres considérables pour affirmer la supré-
matie de la France. La suite des affaires de cette société
a été prise en 1894 par une association, également fon-
dée par M. Higginson, sous le nom de Société française
des Nouvelles-Hébrides. — En 1883 (déc), le congrès
de Sydney demanda l'application au profit de l'Australie
de la doctrine de Monroë pour les terres du Pacifique
sans maîtres européens. Alors, l'Angleterre et l'Allemagne
se partagèrent les îles Salomon et la Nouvelle-Guinée (1885).
Ce dernier gouvernement assura la France de son désin-
téressement quant aux Nouvelles-Hébrides, se réservant
seulement la faculté d'y recruter des travailleurs. Durant
les pourparlers entre la France et l'Angleterre survint un
événement (avr. 1886), le massacre de colons français
par les indigènes aux Nouvelles-Hébrides, qui amena le
gouvernement de la Nouvelle-Calédonie à y envoyer des
troupes.
La queslionàes Nouvelles-Hébrides avait passé par les
mêmes phases que celle des îles Sous le Vent : mission-
naires anglais établis dans le pays avant l'intervention des
puissances européennes ; occupation incomplète de la
France en ces pays, négligeant leurs dépendances ; menées
des missionnaires ; conventions entre les gouvernements
français et anglais, et condominium, système bâtard ;
scrupules du côté de la France vis-à-vis de ses engage-
ments. Ici, la simihtude fut telle que l'une des questions
fut tranchée à la condition que l'autre ne le fût pas. La
convention franco-anglaise du 24 oct. 1887 porte que le
— 111 — NOUVELLES-HÉËRIDES — NOUVION
gouvernement britannique consent à abroger la déclaration
de 1847 relative aux îles Sous le Vent de Tahiti aussitôt
après l'accord suivant concernant les Nouvelles-Hébrides :
surveillance par une commission mixte d'officiers de ma-
rine des stations navales française et anglaise ; retrait des
postes miHtaires français. La question est donc encore
indécise, et c'est une de celles que l'Angleterre veut régler
actuellement (nov. 1898). En attendant, elle a planté de
sa propre autorité son drapeau sur les Santa Cruz (août
1898). Quoiqu'il en soit, et malgré la concurrence d'une
société australienne, les Français ont la prépondérance,
jusqu'ici, aux Nouvelles-Hébrides, même par le nombre
des colons. Du moins, en 1894, on y comptait 157 Fran-
çais contre 60 Anglais et 18 colons de nationalités diverses.
La Société française des Nouvelles-Hébrides a, en outre,
des représentants dans le groupe Banks. D'autre part,
afin de se conformer loyalement à la convention du pro-^
tectorat mixte, la France n'a pas adopté pour Port Villa
le nom de France ville. — L'immigration des Néo-Hébridais
comme travailleurs fut pratiquée d'abord par le capitaine
Towns pour l'AustraHe. En 1875, à la suite de troubles,
les naturels furent châtiés par le commodore Wiseman.
Ceux-ci se vengèrent en 1867. Les missionnaires anglais,
l'année suivante, dénoncèrent au Queensland cette « traite
des travailleurs ». L'immigration en Nouvelle-Calédonie,
suspendue en 1882, reprise en 1883, suspendue de nou-
veau en 1885, fut rétablie en 1890. Près de 600 tra-
vailleurs y furent introduits. Ch. Delavaud.
BiBL. : Brenciiley, So^Uh sea Islancls. — Meinicke,
Zeitschrift cler Gesellschaft fCw ErcUumcle, 1874. — Otto
FiNSCH^ Anthropologische Ercjâbi'iisse einer Reise in cler
Suclsee. — Cl. Markham, Criàsc of the « Rosario » among
the New Hébrides (voyage en 1872). — Roberjot, Sur
les Nouvelles-Hébrides, dans Biill. Soc. géogr., 1883. ~
MoNiN, les Nourelles-Hébrides, dans Archives de méd.
navale, t. XXXVIII (1882j et t. XXXIX (1883). — Le Char-
TiER, la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides ;
Paris, 1883. — Lemire, Voyage à pied en Nouvelle-
Calédonie et description des Nouvelles-Hébrides ; Paris,
1884. — Comte de Baudissin, Notizen uber die Neu-
Hebriden ; Annalen der Hydrographie, 1886. — J. Lœse-
vrrz, la Question des Nouvelles-Hébrides, dsins Gazette géo-
graphique, 1886. — L. MoNCELON, la Question des Nou-
velles-Hébrides {ibid., nouvelle série, 1886, t. XXI).— L. Gâ-
tât, l'Occupation française aux Nouvelles-Hébrides, dans
Bull. Soc. géogr. commerciale de Paris, 1886-87. — Pol-
liart, les Nouvelles-Hébrides, dans môme recueil, 1886-87.
— Oraiières, Aux Nouvelles-Hébrides, même recueil,
1887-88. — Le baron Michel, Confér. sur les Nouvelles-
Hébrides, dans Bull. Soc. franc, de colonisation, nov.
1887. — Higginson, les Nouvelles-Hébrides, dans Atlas
colonial de Mager. — Reclus, Géogr. universelle, t. XIV
[1^%^^) .— Les Colonies françaises {h. l'Exposition de 1889).
— Imîiauss. les Nouvelles-Hébrides ; Paris, 1890. — Spe-
DER, les Nouvelles-Hébrides, dans Bull. Soc. géogr.
commerc. de Paris., 1891-92. — François, môme titre,
môme recueil, môme volume. — Le Dantec, Origine tel-
lurique du poison des flèches des naturels des Nouvelles-
Hébrides, dans Arch. de médecine nav., t. LIX (1893J. —
Davillé Sur les Nouvelles-Hébrides., môme recueil,
t. LXII (1894). — Du môme, la Colonisation française aux
Nouvelles-Hébrides ; Paris, 1895. — Les Colons français
aux Nouvelles-Hébrides, dans Revue coloniale; déc. 1895.
— Cartes hydrographiques : n" 4310 (1888) ; n° 4811
(1890-93).
NOUVELLISTE (V. Nouvelle à la main).
NOU\HON (Le) ou^LE N0UV10N-en-Thiéiuche. Ch.-l.
de cant. du dép, de fAisne, arr. deVervins; 3.085 hah.
Stat. du chem. de fer du Nord. Boisselleries, hrasscrics,
filat. de laine.
NOUVION-KN-PoNTïiTEu. Ch.-l. de cant. du dép. de la
Somme, arr. d'Al)heville, àl'O. delà forêt de Crécy ; 716
hah. — Etait autrefois une chàtellenie et une pairie du
comté de Ponthieu.
NOUVION"Et-Catillon ou NOUVION-l'Abbesse. Corn,
du dép. de l'Aisne, arr. de Laon, cant. de Crécy~sur-
Serre; 818 hah.
NOUVION-le-Comte. Corn, du dép. de l'Aisne, arr. de
Laon, cant. de Crécy-sur- Serre; 603 hah.
NOUVION-le-Vineux. Corn, du dép. de l'Aisne, arr. et
cant. de Laon; 145 hah.
NOUVION — NOVARE
142 ^
NOUVION-sur-Meuse. Com. du dép. des Ardennes,
arr. de Mézières, cant. de Flize; 338 liab.
NOUVOITOU. Com. du dép. d'Ille-et- Vilaine, arr. de
Rennes, cant. de Châteaugiron ; 1.541 liab.
NOUVRON-ViNGRÉ. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de
Soissons, cant. de Vie-sur- Aisne ; 337 hab.
NOUY (Lecomte du) (V. Lecomte du Nouy).
NOUZERNIES. Com. du dép. de la Creuse, arr. et
cant. de Boussac ; 915 hab.
NOUZEROLLES. Com. du dép. de la Creuse, arr. de
Guéret, cant. de Bonnat-les-Eglises ; 480 hab.
NOUZIERS. Com. du dép. de la Creuse, arr. de Bous-
sac, cant. de Châtelus-Malvaleix ; 874 hab.
NOUZILLY. Com. du dép. d'Indre-et-Loire, arr. de
Tours, cant. de Cliâteaurenault ; 1.031 hab.
NOUZON. Com. du dép. des Ardennes, arr. de Mé-
zières, cant. de Charleville, sur la Meuse; 6.603 hab. Na-
guère simple hameau composé de quelques cabanes de pé-
cheurs, aujourd'hui bourgade industrielle : forges, fonde-
ries, fabriques de ferronnerie ; clouterie, quincaillerie, etc.
Stat. sur la ligne ferrée Mézières-Namur. E. Ch.
NOVA-Alexandria (autrefois Pulawij). Ville de la Po-
logne russe, gouv. deLublin, r. dr. delaVistule ; 3.130 bab.
Beau château où résidèrent les Czartoryski. Institut im-
périal pour l'éducation des jeunes filles I
NOVA-Friburgo. Agglomération urbaine centrale d'une
colonie suisse de l'Etat de Rio de Janeiro, à près de
1.000 m. d'alt., dans une vallée de la Serra clos Or-
gaos (V. ce mot). On y a installé un sanatorium ; c'est
aujourd'hui une coquette résidence d'été où l'on 'se rend
de la capitale fédérale en trois heures, après avoir tra-
versé la baie de Rio (station de chemin de fer de Nichte-
roy) par une voie ferrée d'un système spécial (dérivation
du système Riggenbach). Ch. Larr.
NOVA-Petropolis. Ville du Brésil, Etat de Rio Grande
do Sul, sur le rio Cahy ; 12.000 hab. (en 1892). Colonie
allemande fondée en 1858 ; marché agricole dont les denrées
s'exportent par Sao Sebastiâo, sur le Cahy.
NOVA (Joao da), dit Joao Gallego, navigateur his-
pano-portugais, originaire delaGahce. Il dirigea en 1501
une escadre de quatre voiles, découvrit à l'aller Fîle de la
Conception, se rendit par Mozambique à Cananore, détrui-
sit la flotte du zamorin de Calicut, découvrit à son retour
l'ile de Sainte-Hélène. Revenu en Asie, il se brouilla avec
Albuquerque, demeurant le dévoué ami d'Almeida aux
exploits duquel il collabora.
NOVACELLES. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr.
d'Ambert, cant. d'x\rlanc; 711 hab.
iiOVAGlILITE (Pétrogr.) Pierre schisteuse, à grain très
fin et de couleur jaune, qui n'est d'ailleurs qu'une variété
de phyllade (V. ce mot) et dont les couteliers se servent,
sous le nom de pierre à rasoir, pour affûter la coutellerie
fine. On la rencontre principalement dans le cambrien.
NOVAIA-Ladoga. Ville de Russie, gouv. de Saint-Pé-
tersbourg, sur le lac Ladoga, au point où il reçoit le Vol-
chov et le canal Ladoga ; 4.159 hab. (en 1889). Grande
foire en août. 4 éghses. Ville bâtie par Pierre le Grand
en 1704, à la place d'un couvent du xvi^ siècle.
NOVAlA-OucHrrzA. Ville de Russie, gouv. de Podolie,
sur le Kaljus; 4.783 hab. (en 1889). Toile, tabac.
NOVAIRI (Ahmed), historien et jurisconsulte arabe
(V. NOWAIRI).
NGVAKGVITCH (Stoian), philologue, diplomate, homme
d'Etat serbe, né à Chabatz le 13 nov. 1842. Après avoir
Fait ses études à la faculté de droit de Belgrade, il a dé-
buté dans la carrière universitaire comme professeur de
lycée (1863), poste qu'il quitta pour devenir directeur de
la Bibliothèque Nationale (1869), et ensuite, ministre de
l'instruction publique d'avr. à nov. 1873 et de déc. 1874
à août 1875. Nommé après professeur de philologie slave
à la faculté des lettres de Belgrade (1876), il quitta
cette chaire en oct. 1880 pour être successivement mi-
nistre de l'instruction publique, membre du conseil d'Etat
(1883), ministre de l'intérieur (févr. 1884-mars 1886).
De 1886 à 1891, il occupa le poste de ministre de Serbie
à Constantinople, qu'il reprit en déc. 1897, après avoir
été président du conseil des ministres du 6 août 1895 au
25 déc. 1896. S. Noyakovitch, philologue de talent, est le
meilleur élève de Danicic et l'un des premiers érudits slaves
méridionaux. Ses mémoires se trouvent dans le Glasnik
de la Société scientifique serbe, le l\ad de l'Académie sud-
slave de Zagreb (Agram), le Staline et VAixhiv filr
slavische Philologie. Parmi ses ouvrages, il faut citer :
Bibliographie serbe de 1141 à 1867 (Belgrade, 1869) ;
Histoire de la littérature serbe (1871); Ecriture des
vieux Serbes et Slovènes (1877) ; Grammaire du vieux
slave (1884); les Débuts de la littérature slave balka-
nique (J893); Serbes et Turcs aux xiv^ e^ xv® siècles
(1893). Ses passages au ministère de l'instruction publique
ont été signalés par des réformes salutaires dans l'ensei-
gnement secondaire, de même que, pendant son séjour à
Constantinople, il a réussi à obtenir quelques concessions en
faveur du développement intellectuel des Serbes en Macé-
doine. Depuis la mort de Miloutine Garachanin (mars 1898),
il est considéré comme le chef du parti progressiste . M . G .
NOVA LAI SE. Com. du dép. de la Savoie, arr. de Cham-
béry, cant. de Saint-Genix ; 1 .367 hab.
NOVA LE (V. DiME, t. XIV, p. 573).
NOVALE. Com. du dép. de la Corse, arr. de Corte,
cant. de Valle-d'Alesani ; 276 hab.
NOVALIS (Georg-Friedrich-Philipp, baron de Harden-
.BERG, dit), poète et philosophe allemand (1772-1801)
(V. Hardenberg).
NOVARE. I. Ville. — Ville d'Italie, ch.-l. de la prov. de
ce nom, à 159 m. d'alt., sur une colline, entre l'Agognaet
le Terdoppio ; 26.206 hab. (en 1881) avec les faubourgs;
33.077 pour la commune entière. Vieille cathédrale qui
remonte au iv^ siècle, mais fut refaite à l'époque romane,
avec baptistère octogone de la première époque et cloître
gothique. Eglises San Gaudenzio, bâtie en 1577 par Pelle-
grino Tibaldi, avec un étrange campanile déplus de 80 m. ;
San Pietro del Rosario, où furent anathématisés les parti-
sans de Fra Dolcino. Hôtel de ville; ancien marché cou-
vert ; hôpital du ix^ siècle ; ancien château transformé en
prison. Les anciens remparts, démoUs en 1830, sont rem-
placés par des plantations. — Evêché. — Novare est le
grand marché des céréales du N.-O. de l'Italie ; on y fait
aussi le commerce de la soie et des textiles, on y fabrique
des cotonnades, des lainages, de la céramique. C'est un
important nœud de voies ferrées au croisement des routes
de Milan à Turin, du Simplon et du lac de Côme vers
Alexandrie et Gênes.
C'est l'ancienne Novaria, cité gauloise et ligure colonisée
par les Romains, saccagée par Radagaise (405) et Attila
(452). Ce fut le chef-heu d'un duché lombard, comté ca-
rolingien, l'une des principales cités lombardes. En 1110,
Henri V la brûla; à la fin du xu^ siècle, elle passa sous le
protectorat de Milan. Le 6 juin 1513, les mercenaires suisses
de Sforza y défirent les Français. Les ducs de Savoie, ar-
guant d'un traité avec les Visconti, la réclamèrent long-
temps et finirent par se la faire céder aux traités de 1735-38.
C.^ fut le ch.-l. du dép. français d'Agogna. Le 23 mars 1849,
le général autrichien Radetzky'y infligea un désastre
complet au roi de Sardaigne Charles-Albert, qui abdiqua
dans la ville. — Le rhéteur Albucius Silus et le peintre
Gaudenzio Ferrari, dont Novare renferme beaucoup de ta-
bleaux, y sont nés. De célèbres musiciens y furent maîtres
de chapelle (Paganini, Mercadante, Coccia, etc.),
II. Province. — Province du Piémont s'étendant du Pô aux
Alpes Pennines ou Valaisanes qui la séparent de la Suisse,
confinant à l'E. au lac Majeur, au Tessin, à la Sesia, qui la
séparent de laLombardie (prov. de Côme et de Milan), à
l'O. à la prov. de Turin, qui ne dépasse pas le bassin de
la Doire Baltée . Elle a 6 . 61 3 kiL q. et comptait 754 . 5 75 hab .
(fin 1895), soit 114 hab. par kil. q. Elle se partage en
^ 443 ^
NOVARE -- NOVATIEN
une région alpestre septentrionale et une région méridio-
nale appartenant à la plaine du Pô, où les eaux aboutis-
sent par la Sesia, FAgogna et le Tessin. Les principaux
produits sont le riz (2.100.900 hectol. en 4894), le blé,
le maïs, le vin (344.000 hectol.), les châtaignes. On
compte 488.000 bêtes bovines donnant beaucoup de lait
et de fromage ; l'élevage du ver à soie est important. On
exploite quelques minerais de fer, d'or, des pierres. On
fait de la toile, des lainages, cotonnades, du papier, du
cuir, des machines, des allumettes, de l'alcool, etc. Les
principales villes sont : dans la montagne, Domo, d'Ossola,
Varallo; au débouché, Pallanza, Biella ; en plaine, Novare
et Verceil. Ce sont les chefs-lieux des six cercles.
NOVAT (Novatiis), prêtre de Carthage. Il s'était opposé
à l'élection de Cyprien (248). Persévérant dans cette op-
position, il devint un des meneurs les plus actifs du parti
qui reprochait à cet évêque de refuser la réconciliation
aux lapsiy c.-à-d. à ceux qui avaient apostasie devant
les persécuteurs (pour la signification précise de ce mot,
V. Donatjsme), et d'exagérer les prérogatives de l'auto-
rité épiscopale : ils prétendaient que tous les prêtres sont
égaux, et que révê([ue n'est que leur président. Confor-
mément à cette prétention, Novat avait reconnu comme
diacre un laïque nommé Felicissimus, et il lui avait im-
posé les mains, sans demander l'autorisation de l'évèque.
Cyprien avait quitté son siège pour se soustraire à la vio-
lente persécution édictée par Decius (250). Quand il fut
rentré à Carthage, il convoqua un concile qui décida que
Ie> lapsi ne seraient reçus dans l'Eglise qu'en cas de
péril de mor.t, et qui condamna les opposants. Novat se
rendit à Rome et se joignit à un parti qui voulait exclure
inexorablement de l'Eglise les lapsi, c.-à-d. leur appliquer
une règle beaucoup plus sévère que celle que lui-même
avait blâmée chez Cyprien. Il paraît avoir contribué puis-
samment à Télection de Novatien (V. ci-après). Après la
consécration de Novatien, il fut envoyé en Ahique, pour
organiser le parti ; dès lors, on ne trouve plus mention
de lui dans l'histoire ecclésiastique. E.-H. Vollet.
NOVATI (Francesco), érudit italien, né à Crémone le
40 janv. 4859. Il fut d'abord chargé du cours d'histoire com
parée de littératures néo-latines à l'Académie scientifico-
iittéraire de Milan (4883), puis professeur extraordinaire
à Païenne (4886) et à Gênes (4889), enfin professeur à
Milan (4892). Après avoir pubHé quelques travaux sur
la philologie classique (dans VHermès et la RivUta di
filologia classica), M. Novati s'est depuis longtemps con-
sacré tout entier à l'histoire des littératures romanes au
moyen âge et à l'époque de la Renaissance. Il s'est signalé
non seulement par quelques très heureuses trouvailles (un
fragment du Tristan de Thomas, les Noie de Patecchio),
mais surtout par des travaux dont un grand nombre ont
une importance capitale pour l'étude du moyen âge ita-
lien ; quelques-uns ont été réunis en volume (Studj cri-
tici e letterari; Turin, 4889) ; on trouvera les autres
dans le Giornale storico, VA^rhivio storico italiano,
VArchivio storico lombardo, les Studj di filologia ro-
manza, la Romania, etc. Une de ses dernières publica-
tions est la Correspondance de Coluccio Salutati (4894-96,
3 vol.), mine inépuisable de renseignements sur l'histoire
de l'humanisme. Enfiin par la fondation (4883) du Gior-
nale storico délia letteratura italiana (en collaboration
avec MM. A. Graf et R. Renier), il a grandement con-
tribué au progrès des études philologiques en Itahe. A. J.
NOVATIEN, antipape, élu en 254. L'historien Philos-
torge (iv® siècle) écrit qu'il était né en Phrygie. Ce qui est
plus certain, c'est qu'il appartenait à une famille païenne,
et qu'avant sa conversion au christianisme il était philo-
sophe, vraisemblablement de l'école stoïcienne. Ordonné
prêtre par Fabien, évêque de Rome, il acquit par ses vertus
et par son éloquence une grande autorité dans l'Eglise de
cette ville. Il semble que jusqu'en 250 il avait professé à
l'égard des lapsi des maximes très modérées. Mais les dé-
faillances dont il fut témoin pendant la persécution de Dé- '
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. -*- XXV.
cius le convainquirent de la nécessité d'une inexorable
sévérité. Après la mort de Fabien, le siège de Rome resta
vacant pendant plus d'une année. Au mois de juin 254 ou
plutôt, suivant Lipsius, au commencement de mars, Cor-
neille (V. t. XII, p. 985) fut élu. Il appartenait au parti
de l'indulgence. Les fidèles rigides, excités par Novat (V. ci-
dessus), lui opposèrent Novatien et le firent consacrer par
trois évêques d'Italie. Cyprien de Carthage et Denis d'Alexan-
drie reconnurent Corneille ; Fabius d'Antioche refusa ou
s'abstint. Vers la fin de l'année 254, Novatien fut for-
mellement condamné par un concile de 60 évoques assem-
blés à Rome. H entreprit d'organiser avec ses adhérents
une Eglise constituée d'après les principes de rigidité in-
transigeante qui avaient motivé son élection ; et dan^^ ce
but, il expédia des lettres et des agents dans toutes les
parties de l'Empire. Les renseignements précis manquent
sur le reste de sa vie. Socrate rapporte qu'il souffrit le
martyre sous Valérien {hist, ecclés,, IV, 28). Jérôme
{de Viris illustribus, LXX) attribue à Novatien de nom-
breux écrits : de Pascha, — de Sabbato, — de Circum-
cisione, — de Sacerdote, — de Oratione, — de Ins-
tantia, — deAttalo, — de Cibisjudaicis, — de Trinitate.
De tous ces traités, les deux derniers seulement nous sont
parvenus. Ils ont été imprimés à Oxford (4724), à Londres
(4728) et dans la Bibliotheca grœco-latina veierum
patrumde Galland (Venise, 4765-84, 44 vol. in-fol.).
NovATiANisME. — Lcs novaticiis n'étaient ainsi nommés
que parleurs adversaires. Eux-mêmes s'appelaient les chré-
tiens, les purs: considérant l'apostasie et généralement
toute pactisation avec l'apostasie et l'idolâtrie comme une
corruption inconcihable avec la pureté essentielle à l'Eglise
chrétienne. Ils administraient un nouveau baptême à ceux
qui avaient été baptisés par des hommes entachés de cette
indulgence corruptrice. La fondation de leur Eghse présente
le premier exemple d'un schisme motivé uniquement par
des considérations d'ordre disciphnaire. Avant eux, les
montanistes, dont ils avaient repris les conceptions sur plu-
sieurs points, prétendaient bien adhérer à tous les dogmes
de l'Eghse catholique, mais ils professaient une doctrine
différente sur les procédés et la continuité de la révélation.
Les novatiens n'admettant aucune ditï'érence de ce genre,
leur opposition portait principalement sur la rémission des
péchés ; et à certains égards elle était conforme aux ten-
dances de l'Eglise primitive et aux sentiments des chrétiens
les plus zélés parmi leurs contemporains, ainsi qu'aux be-
soins d'une religion constamment menacée de persécution.
C'est pourquoi leur secte se répandit rapidement et cons-
titua en beaucoup de lieux une minorité respectable et res-
pectée, dotée de sa hiérarchie propre et affrontant vaillam-
ment le martyre. Pour maintenir sa supériorité morale et
conserver sa raison d'être, lorsque le danger des persécu-
tions diminua, elle augmenta l'énumération des péchés
auxquels l'Eglise ne peut point accorder de rémission après
le baptême. — Tant que l'empire fut gouverné par des
princes païens, l'Eglise catholique resta dépourvue des
moyens d'opprimer les novatiens. Constantin lui-même les
traita avec égards. Cette tolérance dura jusqu'à ce que l'al-
.liance de l'Eglise et de l'Empire eut augmenté les préten-
tions et la puissance du clergé officiel. Alors commença
une série de mesures de compression qui aboutit à la des-
truction de la secte, déteirminée d'autre part par sa fusion
avec des sectes similaires, telles que celle des donatistes,
et aussi par ses propres divisions. On connaît les noms de
plusieurs de ses évêques à Rome jusqu'à la fin du iv® siècle,
à Constantinople jusqu'à la fin du v®. A Rome, Célestin lui
enleva ses églises vers la fin du v® siècle. A Alexandrie,
quoiqu'ils eussent été traités fort rigoureusement par Cy-
rille et ses successeurs, les novatiens étaient encore nom-
breux au vu*' siècle. La dernière mention officielle de leur
existence se trouve dans le xcv^ canon du concile in Trullo
(692). — Socrates rapporte aux mesures prises contre le
novatianisme l'institution du prêtre pénitencier que nous
avons déjà indiquée sommairement au mot Nectaire. Afin
NOVATIEN — NOVATION — iU
d'apaiser les scrupules de ceux qui connaissaient des lapsi,
les évêques avaient commis un prêtre pour recevoir secrè-
tement la confession des pénitents. Cet office fut maintenu à
Constantinople jusqu'au temps du patriarche Nectaire (39i ),
qui l'abolit, à cause d'un grave scandale auquel il avait
donné lieu. Dès lors, il fut décidé qu'on laisserait chacun
à sa propre conscience, pour décider de sa participation
aux saints mystères (Hist. ecclés., XIX). Plusieurs théo-
logiens latins nient ce fait, qui contredit leurs assertions
sur la confession secrète. E.-H. Yollet.
BiBL. : G.-T. Stokes, Novatianism, dans le Dtctionary
of Christian biography de W. Smith et H. Wack : Londres.
1877-87, 4 Yol. m-8.
NOVATION. I. Droit romain. — La novation, qui est
l'extinction d'une obligation par la formation d'une obliga-
tion nouvelle, paraît figurer dans le système des modes
d'extinction des obligations du droit romain dès une époque
fort ancienne, dès une époque où les obligations nées de
contrats ne pouvaient, en principe, s'éteindre que par un
cérémonial inverse de celui de leur formation. La position
anormale ainsi occupée par la novation tient probablement
à ce qu'elle tire son origine d'un autre principe, également
très ancien, du vieux droit romain, du principe, plus tard
oublié en partie, selon lequel deux obligations ne peuvent
coexister quant au même objet (V. par ex. Pomponius, i).,
45, i, DeV.O.,iS). Ce principe n'excluait pas la pluralité
de sujets actifs et passifs pour une obligation unique née
dès l'origine au proiit de plusieurs créanciers ou'à la charge
de plusieurs débiteurs (corréalité) ; mais il excluait la jux-
taposition à une obligation ancienne d'une obligation nou-
velle ayant le même objet, même probablement quand le
créancier ou le débiteur nouveau n'était pas le même (ce
qui porte à considérer le cautionnement comme plus récent
que la solidarité), à plus forte raison entre les mêmes par-
ties. En conséquence, ou il empêchait l'obligation nouvelle
de naître, si elle était identique à l'ancienne, ou, si elle en
différait sur un point quelconque, il ne lui permettait de
naître qu'à condition qu'elle éteignît l'obligation ancienne
— un peu, comme en vertu de la règle pareillement très
vieille : Bis de eadem re ne sit actio, le droit déduit en
justice est anéanti par l'acquisition même du droit d'obte-
nir un jugement qui résulte de l'accomplissement de la
legis actio (Y. Litis contestatio et Chose jugée).
Ce principe a plus tard été obscurci, presque totale-
ment effacé ; mais il n'en faut pas moins remonter à lui
pour comprendre l'origine de la novation, et c'est même par
lui que s'expliquent le mieux les règles fondamentales qui,
malgré la pression des besoins pratiques, ont continué en
grande partie à la régir jusqu'au temps de Justinien.
Conformément à sa haute antiquité, la novation romaine
ne peut être opérée qu'au moyen d'un contrat formel,
peut-être seulement d'un contrat verbal. Résultant de l'in-
compatibilité de deux obligations tendant à un même objet,
elle exige nécessairement une dette ancienne à éteindre,
d'une part, une dette nouvelle à créer, de l'autre. Il est
aussi d'accord avec sa pensée première qu'elle ^'dgQ^ à la
fois, entre les deux obligations, l'identité d'objet {idem
debitiim), qui produit l'incompatibilité, et l'élément nou-
veau divers {alicjuid noui) à raison duquel c'est l'obliga-
tion nouvelle qui tue l'ancienne et non pas l'ancienne qui
empêche la première de naître. Il est moins conforme à cet
esprit que la novation exige, comme condition propre, à côté
de ses éléments matériels, un élément tiré de l'intention
des parties qui procèdent au nouveau contrat, l'intention de
nover {animus novandi); mais cette condition distincte
n'est sûrement exigée qu'à une période du droit classique
assez récente où l'institution formée brisait son ancien
moule. Il faut arriver au temps de Justinien pour voir le
droit romain rompre définitivement avec l'ancien principe
en effaçant nettement une autre condition ancienne, l'exi-
gence de l'identité d'objet, et en admettant la novation par
changement d'objet.
Les utilités trouvées par la pratique à l'institutioliî sont
tirées de l'élément nouveau qui sépare l'obligation nouvelle
de l'obligation ancienne. Cet élément est le créancier,
dans la novation par changement de créancier, où le débi-
teur s'engage envei's un nouveau créancier sur l'invitation
de l'ancien et qui peut intervenir dans toutes les circons-
tances où l'on désire opérer une cession de créance. C'est
le débiteur, dans la novation par changement de débiteur,
où une personne promet ce que devait une autre et qui
peut être motivée par toutes les raisons de nature à déter-
miner à assumer la dette d'autrui. Même sans changement
de parties, la nouveauté peut consister dans la substitution
d'une obligation contractuelle, perpétuelle et transmissible,
née d'un contrat formel et de droit strict, à une dette qui
était peut-être une dette délictuelle, temporaire, intrans-
missible passivement, une dette née d'un contrat de bonne
foi, une dette née d'un contrat non formel ; si l'obligation
primitive était déjà verbale, dans une modification de mo-
dalité ; depuis Justinien, dans un changement d'objet.
Quant aux effets, la novation éteint l'obligation ancienne ;
par conséquent, à moins de précautions spéciales, elle h-
hère définitivement le débiteur ancien, quand bien même
le débiteur nouveau serait insolvable ; elle éteint aussi, au
moins en principe, les garanties accessoires de la dette an-
cienne ; enfin elle Hbère le débiteur de la demeure. En
retour, elle crée une obligation nouvelle ; mais c'est un
point très controversé de savoir en quelle mesure cette
créance nouvelle ayant le même objet que l'ancienne est
exposée aux fins de non-recevoir qui étaient opposables à
l'ancienne. A notre sens, la solution dépend, avant Justi-
nien, de la formule du contrat novatoire. P.-F. Girard.
IL Ancien broiï et droit actuel. — Les obligations
s'éteignent, dit l'art. 1234 du C. civ. : 1» ; 2^ par
la novation. Eteindre une obligation, c'est détruire le
lien de droit qui met le débiteur dans la dépendance
de son créancier, c'est le délier {solvei^e) de son obli-
gation (ob-ligare). Or, de même qu'une obligation n'a
pas seulement pour objet une somme d'argent, mais
toute espèce de prestation (Y. ce mot), toute espèce
de chose que le débiteur s'oblige à donner, à faire ou
même à ne pas faire (art. 1404, C. civ.), de même
aussi le paiement, au sens large qu'a ce mot dans la langue
du droit, n'est pas seulement le fait de remettre la chose
due au créancier ; en d'autres termes, une obligation ne
s'éteint pas seulement par l'accomplissement envers le
créancier de la chose qui fait l'objet de cette obligation ;
l'extinction résulte de tout acte juridique ay^ant pour effet
de libérer le débiteur, de faire qu^il ne doit plus la chose
qu'il avait promise, qu'il n'est plus lié envers le créan-
cier. La novation est un de ces faits juridiques : c'est une
manière de paiement, dit justement Demolombe. Pothier
la définit la « substitution d'une nouvelle dette à une an-
cienne ». Cette définition peut ne pas paraître rigoureu-
sement exacte, puisque nous allons voir que la novation
a lieu également par substitution d'un nouveau débiteur
à l'ancien ou par celle d'un nouveau créancier. Mais
comme la notion de créancier et de débiteur implique né-
cessairement une dette et une créance, si l'on va au fond
des choses, c'est bien aussi une dette nouvelle qui, même
dans ce cas, est substituée à une {incienne. Ainsi le con-
trat de novation est toujours complexe : on y peut tou-
jours distinguer un double effet, l'un d'éteindre une obli-
gation préexistante, l'autre d'en faire naître une nouvelle
qui la remplace. L'extinction de la première obhgation
n'est donc pas complète et absolue ; il en reste et il doit
en rester toujours quelque chose, soit le débiteur, soit le
créancier, soit l'objet, parce que le caractère essentiel
de ce mode de libération est qu'une nouvelle dette se
substitue à l'ancienne, sans quoi la novation ne se réali-
serait pas : car, si la première obligation continuait à
subsister, il y aurait deux obligations concurrentes, ou
plutôt la deuxième serait null« faute de cause, et l'on se
trouverait juridiquement dans la même sikiation que si
l'on n'avait rien fait. Ainsi Paul doit 4.000 fr. à Pierre :
115 —
NOVATION
ils conviennent que Paul, au lieu cl<e payer ces 1.000 fr.
à Pierre, fera son portrait ou lui remettra 10 hectol. de
vin de sa récolte. Par l'effet de cette convention, Paul
doit toujours quelque chose, il n'y a de changé que la chose
qu'il va maintenant devoir; quant aux 1.000 fr. qu'il
devait avant, il ne les doit al3solument plus désormais.
Prenons garde toutefois que des additions ou des modifi-
cations faites à la première obligation peuvent ne pas en
entraîner l'extinction dans toutes ses parties. Ainsi Paul
qui 'devait 1.000 fr. à terme fixe obtient la faculté de se
libérer par dixièmes, ou bien il devait sur parole, mais
son créancier exige, pour lui accorder délai, qu'il donne
des garanties. Ces modifications et autres semblables
laissent intact le contrat primitif.
Ainsi la condition essentielle de la novation est qu'une
nouvelle dette soit substituée à une ancienne qui est éteinte,
ce qui a Heu de trois manières : 1^ par le changement de
dette ; 2^ par le changement de débiteur ; 3*^ par le chan-
gement de créancier. — Nous avons donné plus hau^ des
exemples de la novation par changement de dette. Cette
manière de nover exige, on le comprend du reste, le con-
cours du créancier et du débi«teur. — Il y a novation par
changement de débiteur quand le créancier accepte un
nouveau débiteur qui s'offre de remplir l'obligation aux
lieu et place du débiteur originaire. Cette novation exige
le concours du créancier et du nouveau débiteur ; mais
l'opération peut se faire à l'insu de l'ancien. — La no-
vation par changement de créancier a heu quand un nou-
veau créancier est substitué à l'ancien envers qui le dé-
biteur est définitivement libéré. Le concours de ces trois
parties est indispensable pour opérer la novation : celui du
précédent créancier, puisque lui seul peut libérer le débi-
teur, et celui des deux autres parties pour créer la nou-
velle obligation. — Cette manière de nover se rapproche
beaucoup d'un autre contrat avec lequel il faut se garder
de la confondre, c'est la subrogation (V. ce mot) par la-
quelle un nouveau créancier, le subrogé, est mis aux lieu et
place et aux droits du créancier originaire. Dans la subro-
gation la dette primitive reste intacte, le débiteur reste
devoir ce qu'il devait et il continue môme à le devoir,
dans certains cas, au créancier envers qui il s'est engagé,
parce qu'il reste étranger à l'opération faite entre le pre-
mier et le seeond créancier. De là il résulte qu'il peut
opposer au nouveau créancier toutes les exceptions pui-
sées dans la nature de la dette qu'il aurait pu opposer au
créancier subrogeant : les cautionnements, hypothèques
et autres garanties dont bénéficiait le subrogeant, conti-
nuent à exister au profit du subrogé, tandis que dans la
novation ils disparaissent avec la dette elle-même. La
cession de créance produit les mêmes effets que la subro-
gation.
La novation, en général, ne peut se faire qu'entre per-
sonnes capables de contracter, car la novation est une con-
vention soumise à toutes les règles sur la validité des conven-
tions. On comprend, d'après ce qui précède, que la novation
suppose que l'obligation antérieure était valable puis-
qu'elle est la cause de l'obligation nouvelle. Si donc elle
est affectée d'un vice qui en entraîne la nullité — par
exemple si elle est nulle comme n'ayant point de cause,
ou en ayant une contraire à l'ordre public ou à la morale
— la novation ne peut avoir lieu, car on ne nove pas,
on ne transforme pas le néant. — A l'inverse, la nullité
de la nouvelle obligation ne laisse pas toujours subsister
la première. Sans doute, si le créancier n'a pas la capacité
exigée pour aliéner les droits qu'il tient du premier enga-
gement, celui-ci subsiste puisqu'il n'a pu être détruit par
le second qui est réputé ne pas exister. Mais si le créan-
cier avait la capacité voulue, peu importe qu'il ait échangé
un contrat valable contre un contrat inefficace. Par
exemple, il a libéré son premier débiteur qui était solvable
pour en accepter un qui ne l'était pas ou J)ien qui était
incapable de s'obliger, la nullité ou Tinefficacité du second
engagement ne fera pas revivre les droits du créancier
contre le débiteur primitif. De même, si le créancier con-
sent à ce que l'obligation de livrer un immeuble soit
substituée à l'obligation de payer une somme d'argent, et
qu'il soit évincé de l'immeuble qu'il a reçu du débiteur,
il ne redevient pas créancier de la somme que lui devait
en premier heu celui-ci ; il puise seulement dans le fait de
l'éviction un recours en garantie contre lui ; mais ce
recours est tout à fait indépendant de la première obli-
gation ; il se rattache au contraire intimement à la
seconde.
La novation ne se présume pas, il faut que la volonté
de l'opérer résulte clairement de l'acte (art. 1273). Il
appartient aux juges du fait d'apprécier quelle a dû être
la volonté des parties.
L'extinction de la dette originaire emporte l'extinction
des garanties qui y étaient attachées ; mais les parties
peuvent décider le contraire dans l'acte même qui opère
la novation, et transporter les garanties dans la seconde
obligation. Mais, la novation éteignant la dette, le trans-
fert de l'hypothèque à la créance nouvelle n'a pas l'effet
d'une subrogation. L'hypothèque, ne pouvant préjudicier
aux droits acquis à des tiers, ne prend rang qu'à sa date
nouvelle et non à celle qu'elle avait lorsqu'etaiten vigueur
la dette novée depuis. — La novation opérée à l'égard du
débiteur principal, éteignant la dette, libère par cela même
les cautions, car il n'y a plus de cautions quand il n'y a
plus de dette. Cependant le créancier peut ne consentir à
la novation qu'autant que les cautions accéderont au nou-
vel engagement. S'ils refusent, il n'y a pas de novation et
l'ancienne dette continue de subsister.
La délégation est l'acte par lequel un débiteur indique
à son créancier un autre débiteur qui paiera à sa place ou
pour lui, mais sans que ce débiteur délégué soit pour cela
substitué au débiteur déléguant qui n'en reste pas moins
obligé. Pour réaliser une délégation, il faut le concours de
trois volontés : celle du débiteur déléguant, celle du délégué
qui devra payer pour lui et celle du délégataire qui ac-
cepte cet arrangement. Son avantage est évident puisqu'il
a ainsi deux débiteurs au lieu d'un. Il ne peut y avoir
dans ce cas novation puisque le créancier conserve ses
droits contre son débiteur originaire. Pour que celui-ci
soit libéré, il faut une déclaration expresse et non équi-
voque du créancier ; son intention de nover ne se présu-
mant pas. Il n'y a, dans ce cas, aucune place pour l'in-
terprétation par le juge de la volonté des parties et son
appréciation des circonstances. Mais si le créancier a ex-
pressément libéré son premier débiteur en acceptant le
délégué comme seul débiteur, il ne conserve aucun re-
cours contre lui si le délégué devient insolvable. Toute-
fois, si l'insolvabilité existait déjà au moment de la délé-
gation, si le deuxième débiteur était déjà en état de
cessation de paiements ou en déconfiture, le créancier a
de plein droit un recours contre son premier débiteur.
Mais il est bon de remarquer que dans ce cas le recours
se borne à une simple action personnelle en paiement ex-
cluant tous droits d'hypothèque ou autres qui accompa-
grtikient la dette originaire et qui se sont trouvés éteints
avec la -dette elle-même, par suite de la novation.
Une délégation régulière ne produit que les effets res-
treints dont il vient d'être question, mais au moins n'est-
elle pas dénuée d'effets juridiques. Il en est tout autre-
ment de la simple indication faite par le débiteur d'une
personne qui doit payer po'ur lui ou par le créancier d'un
tiers qui doit recevoir pour lui ; ce n'est pas plus une
délégation que la délégation n'est une novation. La loi
ne veut y voir qu'un mode d'exécution de l'obligation
propre à satisfaire les convenances des parties, mais dé-
pourvu de toute sanction. E. Dramard.
BiBL. : Droit romaixX. — Salpiup, Novation vnd Dele-
(lailon nach rôinisdwm Recht, 1864. — Salkowski, Zur
LGhre von der Novation nach rômischem Recht, 18ti6. —
P. Gide, Etudes sur la novation et le transport des
créances, 1879. — Windscheid, Lehrbiich des Pandekten-
rechts, II, 1891, §§ 353-35i. — Dernburg, Pandekten, II,
NOVATÎON -« NOVELL!
•^ 416 -^
1894, §§ GO et suiv. — P. -F. Girard, Manuel de droit
romain, 2* édit., 1898, pp. 669 et 675-887.
Ancien droit. — Cousult. tous les traités et commen-
taires de droit civil au titre des Contrats et Obligations
(art. 1271 à 1281). — V. Dramard, Bibliographie du droit
civil, nos 2102 et suiv. et 2245 à 2248.
NOVÉANT. Corn, de la Lorraine annexée, rive g. de la
Moselle; U kil. de Metz; 1.457 hab. (en 1895). Pont
suspendu sur la Moselle. Première station allemande de la
ligne Nancy-Metz. Extraction de minerais de fer aux envi-
rons. Mentionné en 858 {Noviandum). Ancien château
seigneurial dans le hameau dit de FAître. E. Ch.
NOVEL. Corn, du dép. de la Haute-Savoie, arr. de
Thonon, cant. d'Evian; 118 hab.
NOVELDA. Ville d'Espagne, prov. d'Alicanto, sur le
Vinalopo ; 10.000 hab. Dentelles, vins, fruits ; eaux sul-
fureuses.
NOVELLA. Com. du dép. de la Corse, arr. de Calvi,
cant. de Belgodere ; 520 hab.
NOVELLA, jongleur (V. Augier).
NOVELLÂRA. Ville d'Italie, prov. de Reggio-d'Emilie,
entre Guastalla et Sassuolo; 1.500 hab. Ancien palais des
Gonzague. Soie, fromages.
NOVEL LE (Ettore), écrivain italien, ne à VeUetri en
1822. Il est actuellement bibliothécaire k l'Angelica de
Rome. Versificateur élégant et habile, il est l'un des meil-
leurs représentants de l'école dite romaine (V. Nanna-
RELLi). Il a donné une traduction de Héro et Léandre,
de Musée (avec une introduction critique), et plusieurs vo-
lumes de vers (1881 et 1883).
NOVELLES {Novellœ constUutiones). Dénomination
donnée sous l'Empire, en un sens large, à des constitutions
nouvelles quelconques, mais surtout, dans un sens plus
technique et plus fréquent, aux constitutions rendues en
Orient et en Occident après la publication du code Théodo-
sien et à celles rendues en Orient après la publication de la
deuxième édition du codé Justinien.
Les premières, les novellespost-théodosiennes, sont des
constitutions qui, après la publication du code commun
dans les deux moitiés de l'Empire, ont pu être rendues libre-
ment par chacun des deux princes dans le territoire soumis
à sa souveraineté, mais qui, naturellement, n'acquéraient
force de loi dans l'autre partie de l'Empire que par une
promulgation distincte de l'autorité compétente, dont la
preuve existe seulement pour des constitutions rendues en
Orient et ainsi transmises en Occident. Les recueils faits
dans l'Empire d'Orient des novelles qui y étaient obliga-
toires ont été mis hors d'usage par la codification de Jus-
tinien, et il ne nous en est parvenu aucun débris. Au con-
traire, la lex llomana Wisigolhorum contient des
fragments d'un recueil de ce genre fait en Occident, aux-
quels certains de ses manuscrits ajoutent même d'autres
extraits de l'ouvrage original. La dernière édition en a été^
donnée par Hœnel, comme complément de son édition des
codes Grégorien, Hermogénien et Théodosien (Novellœ
constitutiones imper atorum Theodosii, etc., édit. lls-
nel, 1844).
Les novelles de Justinien, rendues pour la plupart en
langue grecque et en langue latine seulement pour des
motifs spéciaux, ont été conservées dans trois collections
principales, toutes trois d'un caractère privé : VEpitome
Jiiliani, recueil latin de 122 novelles attribué à un pro-
fesseur de Constantinople nommé Julien, qui est le plus
anciennement connu ; V Aulhenticum, contenant cmiron
134 novelles, les latines en original, les grecques dans
une traduction latine défectueuse qui paraît avoir été connue
depuis le début du xn*^ siècle, et auquel Trnerius semble
avoir donné ce nom par opposition à VEpitome de Julien ;
enfin, une collection plus complète et meilleure de 164 no-
velles en langue grecque de Justinien et de ses successeurs,
qui n'a été utiKsée que depuis lexvi® siècle. La meilleure
édition est celle commencée par Schoell et achevée par
Kroll, en 1895, qui forme le tome III du Corpiis juris
avilis de Mommsen, Krueger et Schoell; elle donne le
texte grec, une ivd.à\xQ,\ÀmQ,iVAuthenticum; une édition
distincte de VEpitome Juliani a été donnée par Hsenel,
en 1873. p.-F. Girard.
BiBL. : V. sur les novelles post-théoclosiemiesP. Kruk-
GER, Histoire des sources du droit romain, trad. Brissaud,
1894, pp. 390-392. — Sur les novelles de Justinien, V. le même
ouvrage, ])}). 472-480, 515-516. — Bikner, Geschichte dor
Novellen Justimans, 1821, et la préface rédi«:ée par Kroll,
de l'éd. Schoell-Kroll. ^
NOVELLES (Jacques de) (V. Benoît XII, pape).
NOVELLI (Antonio), sculpteur italien, né à Castel-
Franco (Toscane) en 1600, mort à Florence en im^.
Entré de bonne heure dans l'ateher de Gherardo Silvani,
il y passa six ans, puis il étudia sous la direction d'yVgos-
tino Bugiardini, dont il devint le collaborateur. Après la
mort de ce maître, Novelli fut désigné pour continuer le
Mausolée d'Arcanqela Paladini, et le caractère nouveau
et original qu'il sut imprimer à cette œuvre le signala à
l'attention de ses contemporains. Bientôt après, il pro-
duisit une colossale figure de pierre. Vent déchirant une
voile, de nombreux bustes et une Lucrèce couchée, dont
le succès lui valut des travaux considérables. Il entreprit
successivement la décoration de la façade du palais Stro.zi
et l'ornementation d'une salle du palais Pitti ; l'exécution
d'un Michel- Ange assis, deux statues des Mois, pour la
reine Marie de Médicis ; quatre figures à' Apôtres, desti-
nées au vestibule de la sacristie de Saint-Marc; une
Madeleine, que lui avait demandée la reine de Suède —
c'est sa meilleure statue ~ enfin les fontaines du palais
BJdolli. Après un repos forcé de plusieurs années, néces-
sité par l'état de sa santé, il se remit à l'ouvrage, sur
l'ordre de Cosme IH, avec un Atlas portant le ciel sur
ses épaules. Adonné, comme statuaire, aux figures colos-
sales, Antonio Novelli, dont l'imagination était d'une rare
souplesse, s'était acquis également, en qualité de ciseleur,
une brillante renommée, et on lui doit, à ce titre, d'ex-
quises créations. Il avait d'autres talents encore : il cul-
tivait la poésie et la musique et pratiquait les sciences
a])pliquées. G. Cougny.
NOVELLI (Pietro), dit le Morrealese, peintre et archi-
tecte itaKen, né à Morreale en 1608, mort à Païenne en
1647. Ses oncles, artistes médiocres, furent ses premiers
jnaltres ; mais, dès l'âge de dix-huit ans, les fresques qu'il
exécuta à Palerme, dans l'église de San Giovanni di Dio,
dénotèrent les excellentes qualités de cet artiste. A vingt
ans, il entreprit le plafond des bénédictines de San Mar-
tine, près de Palerme, et le succès qu'il obtint fut tel que
ses amis et protecteurs l'envoyèrent à Rome pour se per-
fectionner dans la peinture. Il y passa deux ans, puis
revint à Palerme, dont il dota les églises de nombreux
tableaux, parmi lesquels il faut citer : à la confrérie du
Rosaire, la Descente du Saint-Esprit; à Santa Maria
di Valverde, Notre-Dame du Mont-Carmel ; à Santa
Zita, la Communion de la Madeleine; à Saint-Charles,
la Vierge avec saint Benoit et ses compagnons ; à la
cathédrale, un Saint François de Paule, et maintes autres
toiles à Saint-Nicolas de Tolentino, à l'église des Jésuites,
à la Conception, à l'hospice des Pauvres, au couvent de
Saint-Martin, etc. La qualité maîtresse de Novelli, c'est
la couleur, qui, chez lui, est brillante et ferme. Peintre
consciencieux, il sacrifia peu aux grâces, mais sa forme
est distinguée et savante. Il pratiquait aussi l'architecture,
et les travaux qu'il avait dirigés à la maison des Pères de
l'Olivella de Palerme et à la Porta Felice lui avaient fait
conférer par Phihppe IV les fonctions d'ingénieur royal ;
il moiu^ut en les exerçant, occupé à visiter les dégâts subis
par les monuments durant les guerres civiles de cette
époque. G. Cougny.
NOVELLI (Ermete), acteur et auteur dramatique ita-
hen, né à Lucques le 5 mars 1851, d'une noble famille de
la Romagne. A l'âge de quinze ans, il se fit remarquer dans
une revue à Milan, où il figurait comme amateur. Signalé
à l'attention pubhque par la presse, il fut engagé dans la
« Troupe romaine », et y tint l'emploi de comique de genre
^ w
NOVELLI -~ NOVGOROD
(generico). Un an plus tard, il abordait les jeunes premiers
comiques, avec l'imprésario Cuniberti. Ses succès lui va-
lurent un engagement d'un des plus célèbres impresarii de
l'Italie, Giuseppe Pietriboni (1871), auprès j duquel il se
façonna dans l'art de la mimique. Il obtint « la grande
vedette » dans la troupe de Bellotti-Bon, où il fut chargé
des rôles « marqués » {caratterista). Après deux années
de pratique avec Paolo Ferrari, considéré alors comme le
plus grand artiste dramatique de son pays, la réputation
ds Novelli éclata au grand jour. En 1884, il prit lui-même
la direction d'une de ces « tournées » qui, en Italie, rem-
placent nos théâtres réguliers de France. Gomme son glo-
rieux devancier, Molière, Novelli est à la fois imprésario,
acteur et auteur dramatique. C'est ainsi qu'il a parcouru
l'Espagne, les Etats-Unis, le Brésil, l'Autriche, en provo-
quant partout l'enthousiasme par ses créations variées et
par son jeu inimitable. A Monte-Carlo, à Paris surtout
(1898), il a produit une sensation profonde. Comme auteur
dramatique, il a écrit les Distractions de M. Antonere,
avec Traversi, et Monsieur Lecocq, d'après un roman de
Gaboriau. La plupart des œuvres représentées par sa
troupe et par ses confrères italiens ont été modifiées, adap-
tées ou, comme on dit en Italie, « réduites» par ses soins.
Parmi ses principales adaptations figurent iï^m/^i, Otello,
Shylock de Shakespeare, ainsi que la Mégère apprivoi-
sée, qu'il a fait connaître dans le Midi de l'Europe. Il faut
citer encore : Papa Lebonnard, de Jean Aicard ; Ma
I^emme n'a pas de chic, de Valabrègue ; F Alléluia, de
Braga, dont il a renouvelé tout le troisième acte, et sur-
tout Nitouche {la Santarellina), pour laquelle il com-
posa une grande scène, adoptée par toute lltalie. On lui
doit aussi des centaines de monologues.
Mais c'est avant tout comme artiste que Novelli jouit
d'une grande célébrité dans les pays latins. Sa renommée,
assise dès 1884, devint universelle en 1890, lorsqu'il eut
créé à Madrid le Drame nouveau, de Tamayo y Baus,
une de ses plus remarquables adaptations. Shylock
(1893) ; Papa Lebonnard (1893); Otello (1894) comp-
tent parmi ses meilleures créations ; de même qii'Hamlet,
le Bourru bienfaisant, de Goldoni ; le Pain d' autrui,
de Tourgueniev ; Kean, et les grandes pièces du théâtre
contemporain français. Il eut à lutter, en Italie, pour faire
triompher le genre dramatique, complètement abandonné,
et il y réussit, grâce à son énergie et à son talent. S' étant
fait lui-même, Novelli a sa manière originale, caractéri-
sée par la mobilité de sa physionomie, par le naturel de
sa voix et de son geste, ainsi que par la simplicité péné-
trante de son jeu. Sa femme, W^^ Giannini, est l'étoile
féminine de sa troupe. A. -P. de Lannoy.
NOVELLO (Mary) (V. Clarke [M'^^]).
NOVEMBRE (Astron.). Nom du onzième mois de l'an-
née actuelle ; c'était le neuvième de l'année romaine de
dix mois; de là son nom.
NOVEMPOPULANIE. Province romaine au S. de la
Gaule, correspondant plus tard k la Gascogne avec le
Béarn, c.-à-d. au pays aquitain s'étendant entre l'Océan,
les Pyrénées, la vallée de la Garonne et la ceinture orien-
tale de son bassin supérieur. Les Novem Populi, qui ont
donné le nom à la province, étaient ces peuples de race
ibérienne qui, après la Constitution de Narbonne de l'an
27 avant notre ère, ne voulaient pas être confondus avec
les peuples gaulois compris avec eux dans la province
politique d'Aquitaine. S'il faut ajouter foi à l'inscription
d'Hasparren (V. ce mot), ils 'auraient envoyé à l'empe-
reur Auguste un délégué, pour lui demander, comme
faveur, à ne pas être soumis au même régime que les
populations celtiques. Ils formaient donc un groupe ethno-
graphique très distinct et nettement délimité, représen-
tant l'élément ibérien au N. des Pyrénées. Cependant,
tout' en admettant l'authenticité relative de l'inscription
d'Hasparren, M. E. Desjardins suppose que la rédaction
actuelle de cette inscription, reproduisant avec de légères
modifications un texte du f^ siècle, ne date que de
l'époque deDioclétien ; car les novem populi, mentionnés
par l'inscription, n'existaient pas encore du temps d'Au-
guste. Ptolémée, au ii^ siècle, n'en connaît que cinq, et ces
cinq peuples occupaient l'Aquitaine ibérienne dont l'éten-
due correspondait à la Novempopulanie, formée ultérieu-
rement. Les peuples de race ibérienne, qui, d'après
Ptolémée, occupaient, au ii« siècle, le territoire de l'Aqui-
taine proprement dite, étaient: l^^les Vassarii (Vasates)
avec Cossium (Bazas) ; 2« les Lactorates ou Datii avec
Tasta ou Lactora (Lectoure) ; 3*^ les Ausci avec Elim-
berris ou Augusta Auscorum (Auch) ; 4» les Tarbelh
avec Aquœ farbellicœ (Dax) ; 5° les Convenœ avec
Lugdunum (Saint-Bertrand-de-Gomminges). L'expression
géographicfue^ de Novempopulanie et le nombre de cités
qui la justifiaient ne datent donc pas de l'époque d'Au-
guste, mais bien d'une époque postérieure. La liste de
Vérone de 297 est le document le plus ancien qui men-
tionne neuf cités. Le territoire des cinq peuples primitifs
avait été démembré et comprenait, du temps de Dioclétien,
quatre cités nouvelles : 1» celle des Boiates{aii'N. d'Ar-
cachon); 2° celle des Elusates ixyacEliiza (Eause), aux
dépens des Tarbelli et des Ausci; 3« celle des Bigerri
(Bigorre) ou Turba ubi caslrum Bigorra (Tarbcs) ;
¥ celle des Consorani (le Couserans) avec Saint-Lizier ;
les deux dernières cités furent démembrées du territoire
des Convenœ. C'est de cette époque probablement que
date l'inscription actuelle d'Hasparren; l'Aquitaine est
maintenant vraiment la province des neuf peuples ibé-
riens. Cependant, plus tard, le nombre des cités fut encore
augmenté à la suite d'un nouveau fractionnement. La
Notice des Provinces, rédigée vers le v® siècle, nous
donne douze peuples ou cités pour la Provincia Novem-
populana, qui, plus tard, formeront douze évêchés. Cela
n'empêcha pas la Provincia Novempopulana de garder
un nom qui n'était justifié que pour la période de Dioclé-
tien à Théodose. Les trois nouvelles cités, probablement
détachées du territoire des Tarbelli, sont : 1« la civitas
Aturensium (Aire) ; 2^ la civitas Benarnensium (le
Béarn) ; 3<^ la civitas îluronensium (Oloron). La métro-
pole de la Novempopulanie du v^ siècle était la civitas
Elusatium (Eause). L. Will.
BiBL. : Desjardins, Géogr. de la Gaule rom. — Baron
Ghaudruc de Crazannes, Recherches sur la Novempo-
pulanie; Paris, 1811. —A. du Mège, Archéologie pyré-
néenne ; Toulouse, 1858-62, 3 vol.
N 0 V E R R E (Jean-Georges) , danseur français, né à Paris
le 29 mars 1727, mort à Saint-Germain-en-Laye le
19 nov. 1810. Elève de Dupré, il débuta avec grand
succès à Fontainebleau (1743), exerça à Berlin, à Paris
comme maître de ballet de l'Opéra-Comique, à Londres
dans la troupe de Garrick, à Lyon, Stuttgart, Vienne,
Milan, à l'Opéra de Paris (1776) et prit sa retraite en 1780.
Il a publié : Lettres sur les arts imitateurs (Lyon, 1767 ;
2® éd., Paris, 1807, 2 vol.). Sur son rôle et ses réformes
dans le ballet, V. Danse, t. XIII, p. 871.
NOVES. Com. du dép. des Bouches-du-Rhône, arr.
d'Arles, cant. de Châteaurenard ; 2.173 hab. Stat. du
chem. de fer de Barbentane à Orgon. Etablissements de
moulinage, dévidage et filature de la soie ; fabrique de
papiers et de cartons. Eglise des xii® et xiv*^ siècles ; rem-
parts avec portes crénelées et tours carrées. A peu de dis-
tance, sur la colline du Puech, chapelle de Notre-Dame
de Pitié, appartenant à un ancien couvent d'observantins,
aujourd'hui délaissé ; belle vue sur la vallée de la Du-
rance ; sur une autre colline, chapelle de Notre-Dame
des Fonts de Vaquières appartenant à un ancien ermitage.
— La légende fait naître à Noves, en 1308, la célèbre
Laure chantée par Pétrarque (V. ce nom) ; mais cette
légende ne s'appuie sur aucune preuve certaine, et l'exis-
tence même de Laure reste douteuse. J. M.
NOVGOROD. Ville. — Géographie (Velîki Novgorod,
la Grande). — Ville de Russie, ch.-l. dugouv. de ce nom,
sur le Volchov (affl, du lac Ladoga), à 2 kil. 1/2 en aval
do *a sortie du lac Ilmen, à 52 m, d'alt. ; 24.786 hab.
NOVGOROD
148 -
(en 1893). Elle se divise en deux quartiers: à gauche de
la rivière, la ville officielle Sofiiskaia Storona avec leKreml ;
à droite, la ville marchande Torgovaia Storona. Il subsiste
41 églises et 14 couvents, parmi les centaines qu'elle pos-
séda au temps de sapuissance ; quelques-unes sont à 7 kil.
du centre. La principale est celle de Sophie, cathédrale
dans le Kreml, édifiée en bois en 989, rebâtie en pierre,
après incendie, par des architectes byzantins (1044-51)
sur le modèle de Sainte-Sophie. On y montre les reliques de
plusieurs saints, métropolitains et anciens tsars, une image
miraculeuse du Christ, qu'on fait remonter au xi^ siècle,
un autel chaldéen, des portes de bronze rapportées au
XII® siècle de la ville suédoise de Sigtuna et celles dites de
Itossoun datées de 1152-56. Une puissante muraille enve-
loppe le Kreml ; elle remonte à 1302, fut agrandie en 1490.
Dans cette vaste enceinte s' abritaient] adis quantité d'églises,
de boutiques, de places où l'on se réunissait, en particulier
la cour d'ïaroslav, lieu d'assemblée du conseil communal
(vyetché), dominée par la vieille tour d'ïaroslav où siégeait
la chancellerie. Citons encore les églises de Nicolas (1135),
Nicolo Dvoritchki (1113), Paraskevy-Pisenitza (1156), le
monastère Saint-Antoine, celui de louriev, à 3 kil. N. de
la ville, fondé en 1030 et somptueusement décoré. Un
monument du millième anniversaire de l'Etat russe fut
érigé par Mikiéchin en 1864. — Il se fait un peu de com-
merce de blé, fourrages, bois, fer, sel. Un embranchement
relie la vieille cité au chem. de fer de Saint-Pétersbourg
à Moscou.
Histoire. — Novgorod se développa auprès de forts
érigés par les Slaves sur le Volchov : le premier, Gorodich,
au bord du lac où il existait encore au xiii^ siècle, le se-
cond ensuite (d'où le nom de nouvelle ville) un peu plus
bas. Les Scandinaves ouVarègues s'y établirent au ix® siècle;
ils l'appelaient Holmgadr, et dès ce moment elle exerçait
une sorte de .suprématie sur les villes de la région des
grands lacs. En 864, Rurik y fixa sa résidence (V. Russie,
I Histoire) . Elle continua d'appartenir au premier empire
russe et d'être ainsi subordonnée à Kiev jusqu'à la fin du
X® siècle. Elle avait sauvegardé son autonomie munici-
pale et obtint en 997, de son prince laroslav, une consti-
tution qui dura cinq siècles et donna le gouvernement au
vyetche ou conseil communal. Celui-ci élut les princes que
jusqu'en 1136 on choisit dans la famille régnante de Kiev
ou dans une autre branche de la famille de Rurik. Ils
étaient chefs militaires ; le conseil, qui votait les dépenses,
les expulsait en cas de conflit. La municipalité fut aussi
divisée par les luttes entre l'aristocratie des grands mar-
chands et la masse populaire. Enfin, comme le blé venait
du pays de Souzdal, les princes de cet Etat, qui s'ap-
puyaient sur le petit peuple, firent plusieurs fois élire leurs
parents à la principauté de Novgorod. Grâce à sa position
sur le réseau fluvial et lacustre qui faisait communiquer
l'intérieur de la Russie et les pays de la mer Noire avec
la Scandinavie et l'Allemagne, assez au N, pour être à
l'abri des invasions asiatiques, Novgorod fut l'intermé-
diaire entre les Russes, l'Asie et l'Europe septentrionale
et put maintenir son indépendance.
En 1270, quand les Mongols eurent asservi les princes
du bassin du Volga, elle refusa d'en accepter plus long-
temps et confia le pouvoir exécutif à un maire électif (po-
sadnik). Elle prenait le titre de « Souveraine Grande
Novgorod » (Gospodin Velîki Novgorod).!,^ pouvoir di-
rigeant appartenait au conseil (vyetche). La ville, qui comp-
tait bien 100.000 hab. (on dit même 400.000 au xiv^ siècle
où la peste eij emporta 134.000, mais ces chiffres doivent
s'appliquer au territoire), était divisée en secteurs (kontsy)
rayonnant du centre et subdivisés en rues (vlitsy), les-
quelles correspondaient aux corporations professionnelles
et s'administraient librement, élisant leurs prêtres, faisant
leur police, réglant leur vie économi<jue et leurs petites
affaires judiciaires. Dans les corporations, on distinguait
les marchands (gosti) des artisans. Par le Volchov et la
Neva on communiquait avec les ports de la Raltique ; par
le Dniepr, avec ceux de la mer Noire et Constantinople, et
accessoirement, par le Volga, avec le reste de la Russie et
les steppes turco-mongols. Les relations se resserrèrent
au XII® siècle avec les négociants de Wisby et bientôt avec
la Hanse (V. ce mot et Commerce). Novgorod fut le grand
entrepôt de l'Europe du N.-E. : le cuir, les fourrures, la
cire, le suif, le lin, le chanvre de Russie s'y échangeaient
contre les toiles, les draps, les objets métalliques, le
plomb, le. soufre, le vin, la bière, le parchemin, plus tard
la poudre d'Allemagne et des Pays-Ras.
Les gens de Novgorod marchands, et, à l'occasion, pil-
lards, furent, par la chasse aux fourrures, entraînés de
bonne heure vers les rivages de la mer Rlanche ; au
XI® siècle, ils parcouraient la NouveUe-Zemble. Ils coloni-
sèrent le bassin de la Dvina septentrionale, et par le Volga,
franchissantl'Oural, pénétrèrent en Sibérie. Les deux grandes
colonies de Vologda et de Viatka, oi'ganisées sur le modèle
de la métropole, civifisèrent la Russie septentrionale, tandis
que des forts protégeaient les comptoirs du Zavolotchié
(bassin de la Dvina). D'autres cités vassales [prigorodg),
dont les plus prospères furent Novyilorg (Torchok), No-
vaia, Ladoga, Pskov, grandirent dans la région des lacs.
Pskov ne tarda pas à se rendre indépendante ; les autres
continuèrent de coopérer avec la grande république. Celle-
ci sut se défendre contre les princes de Sorzdal, puis
contre les Scandinaves et les Allemands qui unissaient ie
prosélytisme religieux à la passion conquérante, mais furent
battus à Ladoga (1240) et à Pskov (1242). Les Mongols
s'arrêtèrent devant les marécages, mais leurs vassaux, les
princes de Moscou, attaquèrent Novgorod qui paya aux
Idians un tribut, plus tard retenu en route par les princes
moscovites. La république aida cependant ceux-ci contre
les princes de Tver. L'aUiance des Lithuaniens lui permit
de repousser une attaque de Moscou (1332). Mais au
XV® siècle les dissensions intestines et les troubles civils
livrèrent Novgorod à ses ennemis.
En 1456, le giwd prince de Moscou, VasifiTemnyi, ap-
puyé par les boïards de la ville, lui impose un lourd tri-
but. Ivan III s'empare de ses colonies de la Kama et de
Dvina, et, malgré une énergique résistance dirigée par
Martha Posadnitza, il prend Novgorod (1475), abolit sa
constitution, déporte 1.000 familles riches qu'il remplace
par des Moscovites. Ivan IV le Terrible achève le désastre;
profitant des ravages de la peste, il prend prétexte d'une
entente avec les Lithuaniens pour entrer en campagne. La
ville fut occupée sans résistance ; les abbés des monastères
furent bâtonnés à mort et Novgorod mise à sac ; les bou-
tiques détruites, les marchands et le clergé massacrés ou
noyés par masses dans la rivière ; on dit que 60.000 per-
sonnes furent égorgées (d'autres abaissent ce chiffre à
15.000). Les villages des environs eurent le même sort.
Le butin fut emporté à Moscou. La famine acheva Fœuvre
des soldats. Les survivants furent transportés à Moscou,
à Nijni-Novgorod et dans d'autres villes moscovites. La
Grande Novgorod ne se releva pas de ce coup. Au
XVII® siècle, les Suédois l'occupèrent sept ans ; elle tenta
une fois encore, en 1650, de recouvrer sa liberté. Son rôle
commercial passa à Saint-Pétersbourg. Elle gardait encore
quelque importance par sa situation sur la route fluviale
de la Neva au Volga et au Dniepr et sur la route de terre
entre Saint-Pétersbourg et Moscou ; mais l'ouverture du
canal, qui du Ladoga mène directement au Volga, et du
chemin de fer de Moscou à Saint-Pétersbourg, qui passe
à 75 kil. de Novgorod, ont consommé son effacement.
Gouvernement. — Province du N*-0. de la Russie ;
122.339 kil q. ; 1.279.910hab. (en 1892), soit 10 hab.
par kil. q. Elle est comprise entre ceUes de Saint-Péters-
bourg au N.-O., Olonetz au N., Vologda au N.-E., laros-
lav au S.-E*, Tver au S., Pskov au S.-O. La partie S.-E.
est occupée par le plateau de Valdaï (313 m.) que pro-
longe celui d'Alaun ; c'est la ligne de partage des eaux
entre le versant de la Caspienne et de la Baltique. Vers
rO. le sol s'abaisse, à 32 m. au lac Ilmen; vers le N.,
419 —
NOVGOROD ^ NOVICIAT
l'altitude est d'une centaine de mètres dans la région
du lac Bielozéro, entouré de vastes marais dont l'en-
semble occupe 16.000 kil. q. L'O. du pays est formé de
calcaires et de grès dévoniens, l'E. d'assises carbonifères
et, à l'extrémité, permo-triasiques. Une grande partie de
ces terrains sont revêtus de limons pleîstocènes. On compte
environ 3.000 petites nappes lacustres. Le lac Ilmen, ali-
menté par le Lovât venu du S. et à l'E. par la Msta qui
contourne au N. le plateau de Valdaï, s'écoule au N. par
le Volchov dans le lac Ladoga. Celui-ci reçoit également
le Sias, utilisé par le canal de Tichvin pour la communi-
cation fluviale avec le bassin du Volga, auquel reviennent,
par la Mologa et ses affluents la Chekna (issue du lac Bie-
lozéro) et la Tchagodochtcha, les eaux du N. et de TE. du
gouvernement. — Le climat est rude ; la température
moyenne annuelle, + 4<^,4'.
Les bois de pins, sapins et bouleaux couvrent 49 % de
la superficie, les prés 16 1/2 ^/o, les champs 12 1/2, le
reste est inculte ou aquatique. Les principales cultures sont
l'avoine (4.500.000 hectol. en 1883-92) dont on exporte,
le seigle (3 millions d'hectol.) qui ne suffit pas à la consom-
mation, le lin. On comptait en 1892 : 251,000 chevaux,
460.000 bœufs, 251. 000 moutons à laine grossière, 4.500
chèvres, 53.000 porcs. On chasse beaucoup. On extrait
des mines du ferhmoneux, delà houille mêlée de pyrites,
du cuivre, un peu d'argent. Il y a beaucoup de sources
minérales, notamment à Staraia Russa. — La population
est russe, sauf 26.000 Carélîens, 7.000 Tchoudes, quelques
Juifs et Allemands. Elle émigré beaucoup vers Saint-Pé-
tersbourg et y cherche du travaiL Le commerce se fait
surtout aux foires locales de Kirilo-Novozersk, Staraia
Russa, Tchérépovez. On exporte du bois, achète et revend
le sel, les métaux, les grains des |3rovinces du Volga.
L'industrie se développe un peu : scieries, papeteries, allu-
mettes, verrerie, céramique, toiles ; elle occupait en 1893,
dans 355 fabriques, 7.358 ouvriers produisant 8.880.000
roubles de marchandises.
Le gouvernement se divise en onze cercles : Biélozersk,
Borovitchi, Demiansk, Kirilov, Krestzy, Novgorod, Sta-
raia Russa, Tichvin, Tchérépovez, Oustiouchna, Valdai.
A,-M. B.
NOVGOROD-LiTOvsKY (V. Novogroudok).
NOVGOROD-SiÉvERSK (Novgorodok). Ville de Russie,
gouv. de Tchernigov, surlaDesna; 8.005 hab. (en 1889).
14 églises, 2 gymnases. Clianvre, huile, bois. Ville fon-
dée au xi*^ siècle.
NOVL Ville de Bosnie, au confluent de la Sanna et de
l'Unna; 2.147 hab. en 1885. Ancienne place forte où
furent livrés de nombreux combats entre Turcs et Autri-
chiens en 1629, 1717 et 1789.
NOVL Ville maritime de Croatie- Slavonie, comitat de
Modrus-Fiume, sur le canal de Morlacca, en face de l'de
de Veglia; 3.267 hab.
NO VI Ligure. Ville d'Italie, prov. d'x41exandrie, à la
bifurcation des voies ferrées de Gênes à Alexandrie et à
Pavie-Milan; 9.917 hab. en 1881 (com. 13.783 hab.).
Filatures de soie et de coton. Le 15 août 1799, Souvorov
y remporta sur Joubert, qui fut tué, une sanglante victoire ;
le 6 nov., Saint-Gyr y défit les Autrichiens de Kray.
NOV!-Seher (V. Zepce).
NOVI (Jean) (V. Caveirac [Novi de]).
NOVIANT'Aux-Prés. Com. du dép. de Meurthe-et-Mo-
selle, arr. de Toul, cant. de Domêvre ; 355 hab.
NOVI BAZAR [lenipasar). Ville de Turquie d'Europe,
ch.-l. d'un sandjak du vilayet de Kossovo, sur la Rachka
(sous-affluent de la Morava serbe), à 544 m. d'alt.;
12.000 hab. Thermes romains à coupole octogone, vieille
éghse serbe Petrovo, installée dans un ancien temple païen ;
ruines du couvent d'Iourjovi Stoupovi. Novibazar a suc-
cédé à la viUe de Rassia, importante dans l'histoire primi-
tive des Serbes. C'est une position stratégique de premier
ordre dominant le couloir qui relie la Macédoine à la Bos-
nie et coupant la Serbie du Monténégro. Le sandjak de
Novibazar, auquel on conserve son ancien nom de Rascw,
compris entre la Serbie, le Monténégro, la Bosnie et l'AlDa-
nie, a 7.350 kil. q. et 153.000 hab. dont un quart d'Al-
banais musulmans et trois quarts de Serbes. C'est un pla-
teau calcaire sans eau ni verdure, incliné vers le Lim, affl.
de la Drina qui le traverse du S.-O. au N.-E. Le ch.-l.
est Sienitza, bourgade insignifiante. En vertu de l'art. 85
du traité de BerMn,r Autriche-Hongrie a occupé militaire-
ment le district du Lim avec ses villes de Plevlié, Priépo-
lié, Biélopohé. Elle a rendu aux Turcs le canton de Mitro-
vitza à l'extrémité S. du sandjak. A. -M. B.
NOVICE (Mar.) (V. Marine, t. XXIII, p. 135).
NOVICIAT. Dans le système monastique, on appelle
ainsi le temps pendant lequel on éprouve les personnes en-
trées en religion, avant de les admettre à la joro/^sswn, par
la prononciation des vœux. « Cette probation, disait un
de nos anciens canonistes, est nécessaire, parce que la
chair et le démon font tous les jours illusion à plusieurs,
comme il appert de la conduite de certains religieux qui
ne montrent de leur état que l'habit. » C'est pourquoi la
plupart des règles monastiques prescrivent, tant pour le
bien de l'ordre que pour celui des prosélytes, le noviciat
et, même avant le noviciat, une sorte d'épreuve prélimi-
naire qu'on appelle postulation, — Parmi les cas d'exclu-
sion, les uns résultent du droit commun et sont reconnus
par tous les ordres, les autres sont déterminés par la règle
particulière de chaque ordre. Sont exclus par le droit com-
mun : 1« les personnes mariées; 2" les esclaves sans le
consentement de leur maître ; 3^^ les évêques sans le con-
sentement du pape ; 4° ceux qui sont contraints par la
force ou par la crainte ; 5olcs impubères, les fous, les im-
béciles ; 6^ les personnes chargées de dettes. Cependant
plusieurs saints docteurs enseignent que les dettes ne sont
point un obstacle à la vocation d'une personne que Dieu
semble décharger de toute obligation en l'appelant à
lui : Ex decreto Spiritus Sancti sit liber. 7*^ Ceux dont
les parents sont dans un état qui demande absolument leur
secours. — Suivant les canons des anciens moines d'Egypte,
la durée du noviciat était de trois ans ; saint Benoît ia ré-
duisit à un an. Mais ces règlements furent mal observés.
Plusieurs abbés et même les supérieurs des ordres men-
diants, par suite des privilèges qu'ils obtinrent du pape,
dispensaient de l'année du noviciat. Pour réformer ces
abus, le concile de Trente (Sess. XXV, c. 25) décida que :
« En quelque rehgion que ce fût, tant d'hommes que de
femmes, on ne ferait point profession avant seize ans ac-
comphs, et qu'on ne recevrait à cette profession personne
qui n'eût passé au moins un an entier dans le noviciat,
après avoir pris l'habit ; que toute profession faite plus tôt
serait nulle et ne produirait aucun engagement à l'obser-
vation de quelque règle ou ordre que ce fût, ni aucune
autre chose qui pourrait s'ensuivre. » Cette décision fut
reproduite par Fart. 28 de l'ordonnance deBlois. Mais les
conditions relatives à l'âge étaient si mal observées, sous
l'ancien régime, que Jacqueline Arnaud (la Mère 4ngéhquc)
était abbesse de Port-Royal à huit ans, et qu'efle fit pro-
fession solennelle à neuf ans. Sa sœur Jeanne (la Mère
Agnès) était abbesse de Saint-Cyr à six ans et fit profes-
sion à sept ans. Une déclaration de mars 1768 prescrivit
l'âge de vingt et un ans pour les hommes et de dix-huit
ans pour les filles. L'ai't. 7 du décret du 18 janv. 1808
fixe, pour les fiUes, à seize ans accomplis l'âge des novices
qui pourraient contracter des vœux pour un an, avec le
consentement de leurs parents. A vingt ans, l'art. 8 leur
permet de s'engager pour cinq ans. — Un règlement de
Clément VIII ordonne de séparer les novices desprofès, et
de leur donner pour maître un ancien refigieux zélé et
bien exercé dans la pratique de la règle. —■ Le concile de
Trente (Sess. XXV, c. 16) a statué que, le temps du no-
viciat étant fini, les supérieurs recevraient à la profession
les novices, en qui ils auraient trouvé les qualités requises-;
sinon, qu'ils les mettraient hors du monastère; » mais il
a formellement exempté \qs jésuites de cette ordonnance,
NOVICIAT -. NOVOPACKY
— 420
« afin de ne point empêcher qu'ils ne rendent service à
Notre- Seigneur et à son Eglise, conformément à leur pieux
institut, approuvé par le saint-siège apostolique ». —
L'habile organisation, qui est une des principales causes
de la puissance de la milice créée par Ignace de Loyola,
comprend six états : i^ les Novices, subdivisés en trois
classes : les novices destinés au sacerdoce, les novices
pour les emplois temporels, et les indifférents; ^^ les
Frères temporels formés; ^^ les Scolastiques ou Eco-
liers APPROUVÉS ; ¥ les Coadjuteurs spirituels formés ;
5*^ les Profês des Trois-Vœux, qui sont toujours en
nombre fort restreint; 6^ les Profes des Quatre-Voeux,
beaucoup moins nombreux encore. Ce sont les seuls qui aient
entrée dans les congrégations où sont élus le général et les
assistants ; les seuls aussi qui puissent être nommés général,
assistant, secrétaire général, provincial. E.-H. Vollet.
NOVIKOV (Nicolos-Ivanovitch), écrivain russe, né sur
le domaine d'Avdotchino (gouv. de Moscou) le 8 mai 4744,
mort à Avdotchino le 42 août 4848. Officier d'un régi-
ment de la garde, Catherine II le distingua et lui donna
un emploi administratif, auquel il renonça dès 4768 pour
se vouer à la littérature. Il débuta par des journaux sati-
riques {le Bourdon, 4769-70 ; le Peintre, 4772-73) et des
essais d'histoire Httéraire {Dict. dliist. de la litt, russe,
4772), entreprit la publication d'une Bibliothèque des an-
ciens auteurs russes (4773), puii fonda en 4777 l'Aurore
{Utrennii Svet), vayiiQ hebdomadaire qu'il continua plus
de dix ans sous divers titres, assuma en 4779 la direction
des Nouvelles de Moscou. Il s'occupa activement de déve-
lopper la franc-maçonnerie (V. ce mot) en Russie, ce
qui lui valut quatre années d'emprisonnement (4792-96).*
BiBL. : Biographie par Neseliènov; Saint-Pétersbourg,
1875.
NOVIKOV (Olga), écrivain russe, née Kiréev, née à
Moscou le 29 mars (40 avr.) 1840, d'une famille d'ancienne
noblesse. Elle a épousé en 1859 le général Jean Novikov,
curateur de l'Université de Saint-Pétersbourg (f 4890) et
dont le frère a été ambassadeur de Russie à Vienne etàCons-
tantinople. Entraînée par le dévouement de son frère Nicolas
Kiréev, mort en héros en 1877, elle a voulu, elle aussi, ser-
vir la cause slave. C'est son patriotisme qui lui a mis la
plume à la main. Dans la crainte de créer des difficultés
à son beau-frère par la franchise de ses convictions poli-
tiques, elle garda d'abord l'anonyme et ne signa ses
publications que de ses initiales : 0. K. Elle publia en
russe, en anglais et en allemand des livres et des articles
qui eurent un grand retentissement en Europe et lui con-
quirent immédiatement l'amitié des Gladstone, des Car-
lyle, des Fronde, des Kinglake, des Tyndall, des Frohs-
chammer, des Riehl, etc. Ses principales publications sont :
Is Russia wrong? (Londres, 4877); Friends or Foes ?
(Londres, 4878) ; Russia and England from i876 to
■J880; a Protest and an Appel (Londres, 4880) ; Sko-
beleff and tke Slavonic Cause (Londres, 4884) ; Uns-
terblichkeitslehre nach der Bihel, etc. W^^ Novikov a
publié, en outre, de nombreux et remarquables articles
dans la XIX Century, le Fraser s Magazine, la Contem-
porary Review, le Daily Graphie, le Russ d'Aksakov,
la Gazette de Moscou, la Revue russe, etc. Les thèses
religieuses et politiques qu'elle soutient sont principale-
ment la glorification de l'orthodoxie et cfelle du nationa-
lisme. E. MiCHAUD.
BiBL. : Review of Reviews, It févr. 1891, pp. 122-13G.
— V., sur plusieurs des articles précités, les articles de
M. Gladstone dans la XIX Century, de E. de Laveleye
dans la Revue des Deux Mondes, de M. Girard (Coriolis)
dans la Nouvelle Revue, etc.
NOVILLARD. Com. du territ. de Belfort, cant. de
Belfort; 452 hab.
N OVULA R S. Com. du dép. du Doubs, arr. de Besan-
çon, cant. de Marchaux; 273 hab. Stat. du chem. de fer
de Lyon.
NOVILLERS. Com, du dép. de l'Oise, arr. de Beauvais,
cant, de Noailles ; i §2 hab, Stat, du chem, de fer du Nord.
NOVION-PoRciEN. Ch.-l. de cant. du dép. des Ar-
dennes, arr. de Rethel ; 884 hab. Stat. du chem. de fer
de l'Est. Extraction de phosphates. Machines agricoles ;
briqueteries,
NOVION (L.-A.-J. Potier, marquis de) (V. Potier).
NOVO-ALEXANDROVSK. Ville de Russie, gouv. de
Kovno, entre les lacs Ossa et Ossida ; 6.927 hab., en ma-
jorité juifs. C'est l'ancien village d'Esirtrossy érigé en ville
en 4836 pour remplacer Vidsy.
NOVO-BAYEZID. Ville de la Caucasie russe, prov.
d'Erivan, à FO. du lac Goktchaï ; 7.500 hab. (en 4889)
arméniens grégoriens. Ch.-l. d'un cercle de 6.424 kil. (i.
(400.000 hab.).
NOVODVINSKAIA. Autre mm à' Arkhangel (Y, ce mot).
NOVOGEORGIEVSK. Nouveau nom de Modlin, grande
place forte et camp retranché de la Pologne russe, gouv. de
Plock (Plozk), au confluent du Boug et de la Vistule. La
citadelle est sur la rive droite du fleuve avec les caserne-
ments à l'épreuve de la bombe, enveloppés d'une muraille
qui domine l'eau de 40 m. ; extérieurement, une série d'ou-
vrages protègent les approches sur la rive gauche, et le
long du Boug sont plusieurs forts. Novogeorgievsk, (jui
peut abriter 40.000 hommes, forme avec les places de
Varsovie, Ivangorod et Brest-Litovsk, le quadrilalèi-e
polonais. Son importance stratégique fut signalée par
Charles XII de Suède, qui y fortiha le village de Modlin.
Napoléon P^ en fit une véritable forteresse (4807), où
Dœndels dut capituler devant les Russes le 4^^déc. 4813.
Alexandre P^' continua les travaux. Les Polonais prirent
k place en 4830, mais le comte Ledochowski dut s'y rendre
au général russe Golovin (7 oct. 4834). Elle fut recons-
truite sur les plans de Dehn et récemment aménagée de
nouveau. , A. -M. B.
NOVOGEORGIEVSK (Krylov). Vifle de Russie, gouv.
de Kherson, près du confluent du Tiasmin et du Dniepr ;
9.042 hab. (en 4892). Suif, chandelles, cuirs, commerce
de bois et de bétail.
NOVOGOROD. Ville de Russie (V. Novgorod).
NOVOGRAD VoLYNSK. Ville de Russie, ffouv. de Vol-
hynie, sur la Sloutch ; 45.345 hab. (en 4892). 45 églises ;
commerce de blé et de bois.
NOVOGROUDOK (ou Novgorod Litovsky). Ville de
Russie, gouv. de Minsk; 42.600 hab. (en 4894); 4 églises,
mosquée. Ce fut la capitale d'une puissante principauté,
dont le plus illustre souverain fut Witowt (4392-4430),
qui embellit la ville et y implanta une colonie de prisonniers
tatares dont 500 descendants y vivent encore. Casimir IV
de Pologne y tint une diète en 4448. De 4584 à 4775, le
tribunal provincial (transféré à Grodno) y siégea une année
sur deux.
NOVO-MEXICANA (Viticult.). Ce céjpage, considéré par
M. T.-V. Munson comme une espèce, constitue, en réalité,
un groupe d'hybrides très nets de F. candicans et de W
Riparia; peut-être même aussi, d'après M. Millardet, de
F. Rupestrls. Ce groupe d'hybrides, qui a pour type le
Solonis, comprend plusieurs formes peu intéressantes au
point de vue de la reconstitution ; ce sont : l'Hutchison,
le Mobeetie, le Doaniana.
NOVOMIRGOROD. Ville de Russie, gouv. de Kherson,
sur le lac Longo ; 6.622 hab. Suif. Quatre foires annuelles.
NOVOMOSKOVSK. Ville de Russie, gouv. de lékatéri-
noslav, sur la Samara; 49.406 hab. (en 4889). 4 églises.
Grandes foires à chevaux et bestiaux. Suif. Tanneries qui
emploient des racines de statice. Fondée en 4687, elle
reçut son nom actuel en 4784, au lieu de celui d'Iékaté-
rinoskv qu'elle portait.
NOVOPACKY (Jean), paysagiste et lithographe tchèque,
né en Bohème en 1824. Après avoir suivi les cours de
l'Académie des beaux-arts de Vienne, il séjourna longtemps
en Italie d'où il rapporta des études très attachantes. Les
musées de Vienne possèdent de lui des paysages (Ruines
d'églises) qui ne manquent pas de saveur, On l'a quel-
quefois comparé à Ruysdaël, F, T,
^ i^^l -^
NOVORADOMSK r- NOYELLES
NOVORADOMSK, Ville de la Pologne russe, gouv. de
Petrokov, sur la Radomka; 8.832 hab. (en 1890) dont
beaucoup de juifs. Ancien couvent franciscain ; bel hôtel
de ville.
NOVO-REDONDO. Ville de la côte occidentale d'Afrique,
dans la province portugaise d'Angola, à 275 kil. S. de
Loanda.
NOVOROSSIISK. Ville maritime de la Caucasie russe,
ch.-l. du district de la mer Noire, sur une baie qui four-
nit un abri à de grandes flottes ; 19.309 hab. (en 1890).-
Elle a remplacé en 1838 la ville turque de Soudjouk-
Kaléh, détruite par les Russes en 1812. Le port, achevé
en 1893, sert de débouché aux mines de naphte du val
de Koudako, aux céréales, graines de lin des campagnes
voisines. Le mouvement s'élevait en 1891 à 1.000 navires
et 355.800 tonnes de marchandises, les deux tiers sous
pavillon anglais.
NOVO-TCHERKASK. Ville de Russie, ch.-l. du terri-
toire du Don, sur une colline enveloppée par le Tourssov
et l'Akssaï, au N. du fleuve; 38.476 hab. (en 1891).
11 églises ; 2 foires annuelles. Marché actif de grains,
de vin, de bois» de denrées coloniales. Minoterie, brique-
terie, forges. Résidence de l'ataman Nakasnoï, chef des
Cosaques du Don qui n'ont pas d'autre ville. Celle-ci fut
fondée en 1805 par Fhetman Platov. A 30 kil. N., grandes
mines d'anthracite de la Grouchevka.
NOVOZYBKOV. Ville de Russie, gouv. de Tchernigov;
14.348 hab. (en 1889) presque tous raskolniks, 3 éghses.
On y prépare du cuir, de la toile, de l'huile, du sucre,
des allunettes ; c'est le marché du blé, du suif, du bétail,
du chan/re, du lois des campagnes environnantes.
NOVY-Chevriêres. Com. du dép. des Ardennes, arr.
et cant. de Rethel ; 749 hab.
nOM^d-BOUG {jadis KouzourzaBalka). Ville chUwssic,
gouv. de Kherson, sur le chem. de fer de Nikolaiev à Kiev ;
8.000 hab. Ecole normale.
NOVYI-DVOR. Ville de la Pologne russe, gouv. de Var-
sovie, sur la presqu'île au confluent du Boug et de la Vis-
tule, sorte de faubourg de Novogeorgievsk ; 5.641 hab.
(en 1880) en majorité juifs. Faïences.
NOVYI-OUSEN. Ville de Russie, gouv. de Samara, sur
rOusen; 12.497 hab. (en 1889). Suif, tanneries. Deux
grandes foires annuelles, dont celle de Pokrov, dans la pre-
mière quinzaine d'octobre, est très importante, parce que
les Kirghis de la Horde intérieure y viennent échanger
leurs troupeaux contre des objets manufacturés. Erigée
en ville en 1835.
NOWAWES. Ville de Prusse, district de Potsdam, sur
la Havel; 10.055 hab. (en 1895). Peluche, cotonnades,
lainages.
NOXA (Dr. rom.). Terme juridique romain exprimant
le dommage causé à un tiers par l'esclave ou par l'animal
domestique d' autrui. Il donnait heu à ïactio noxalis contre
le propriétaire, lequel pouvait se hbérer en abandonnant
au plaignant l'esclave ou la bête. Cette action dirigée contre
le propriétaire actuel (noxa caput sequitur) s'éteignait
avec le caput noxium.
NOYA. Ville maritime d'Espagne, prov. de la Corogne
(Coruna), à Fembouchure duTambre, dans la baie de Muros ;
9.257 hab. (en 1888). Port. Papier, cuir.
NOYAL.Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Ver vins, cant.
de Guise; 366 hab.
NOYAL, Com» du dép. des Côtes-du-Nord, arr. deSaint-
Brieuc, cant» de Lamballe ; 490 hab.
NOYAL. Com. du dép. de la Loire-Inférieure, arr. de
Châteaubriant, cant. de Rougé; 557 hab.
NOYAL-MuziLLÂC. Com. du dép. du Morbihan, arr. de
Vannes, cant. de Muzillac; 2.368 hab. Monuments méga-
lithiques. Eglise des xi® et xm® siècles. Chapelles de Notre-
Dame de Brangolo, de Notre-Dame de Logorenne, de Notre-
Dame de Benneguy. Château de Keralio (xv^ siècle).
NOYAL-PoNTivY. Com. du dép. du Morbihan, arr. et
cant, de Pontivy; 3.390 hab. Eghse des xiii% xv^ et
xvi® siècles avec porche orné de sculptures ; chape de
saint Mériadec, chapelle et fontaine de Sainte-Noyale, lieu
de pèlerinage. Chapelle Saint- Jean (xvi® siècle) et Sainte-
Barbe (xv^-xvi® siècles).
NOYAL-sous-BAzouGEs.Com. du dép. d'IUe-et-Vilaine,
arr. de Fougères, cant. d'Antrain ; 1.050 hab. Menhir
(mon. hist.) de S'", 10 de haut., désigné sous le nom de
Pierre-Longue ou Pierre de Lande Ros.
NOYAL-sur-Seiche. Com. du dép. d'Ille-et-Vilaine,
arr. et-cant. (S.-O.)de Rennes; 957 hab. Stat. du chem.
de fer de l'Ouest.
NOYALO. Com. du dép. du Morbihan, arr. et cant.
(E.) de Vannes; 382 hab.
NOYANT ou NOYÂNT-d'Allier. Com. du dép. de l'Al-
lier, arr. de MouKns, cant. de Souvigny ; 818 hab. Stat.
du chem. de fer d'Orléans.
NOYANT. Com. du dép. d'Indre-et-Loire, arr. de Chi-
non, cant. de Sainte-Maure ; 564 hab.
NOYANT. Ch.-l. de cant. du dép. de Maine-et-Loire,
arr. de Baugé; 1.591 hab. Stat. des chem. de fer de
l'Etat et d'Orléans.
NOYANT-ET-AcoNiN. Com. du dép. de l'Aisne, arr. et
cant. de Soissons ; 269 hab.
NOYANT-la-Grâvoyère. Com. du dép. de Maine-et-
Loire, arr. et cant. de Segré; 1.021 hab.
NOYANT-la-Plaine. Com. du dép. de Maine-et-Loire,
arr. de Saumur, cant. de Gennes; 243 hab.
NOYA RE Y. Com. du dép. de l'Isère, arr. de Grenoble,
cant. de Sassenage ; 727 hab.
NOYAU. I. Botanique. — Couche intérieure (endocarpe)
du péricarpe qui, dans certains fruits (Prunées, etc.),
devient ligneuse (V. Cellule, Fruit, etc.).
IL Economie domestique. — Liqueur de noyaux. Elle
se prépare en prenant :
Noyaux de pêches ou d'abricots. . n^ 60
Eau-de-vie 1 litre.
Sucre 150 gr.
On casse les noyaux et on les met en macération dans
l'eau-de-vie. Au bout d'un mois on ajoute le sucre et l'on
filtre. On opère de même avec les noyaux de cerises.
III. Anatomie (V. Cellule).
Noyaux lenticulaire et caudé(Y. Cerveau, t. X, p. 95).
IV. Technologie (V. Modèle et Moule).
V. Architecture (V. Escalier, t. XVI, p. 235).
VI. Astronomie (V. Comète, t. XII, p. d6).
NOYE. Rivière du dép. de VOise (V. ce mot).
NOYELLE-Godault. Com. du dép. du Pas-de-Calais,
arr. deBéthune, cant. de Carvin; 1.982 hab.
NOYE ILE (Charles de), 12^ général de la Compagnie
de Jésus, né à Bruxelles le 28 juil. 1615 ; élu le 5 juil.
1682, à l'unanimité des suffrages ; mort le 12 déc. 1686.
Avant son élection, il était vicaire général, nommé par
Paul Oliva, à qui il succéda. Lorsqu'il fut élu, le conflit
entre Louis XIV et Innocent XI venait de provoquer la
célèbre Déclaration du clergé de France (19 mars 1682).
Ce conflit mettait dans une situation extrêmement diflîcile
et périlleuse l'ordre des jésuites, qui était voué à la dé-
fense de toutes les prétentions de la papauté. L'habileté
du père La Chaise et la souplesse de Charles de Noyelle
firent prendre aux jésuites une attitude qui leur permit de
conserver tout leur crédit en France, mais qui excita vi-
vement la colère du pape. Il menaça de dissoudre leur
Compagnie et lui fit défense d'admettre à l'avenir des
novices et de recevoir aucun vœu, simple ou solennel
(1684). E.-H. Vollet.
NOYELLES ou NOYE LLES-sur-l'Escaut. Com. du dép,
du Nord, arr. de Cambrai, cant. de Marcoing; 716 hab.
NOYELLES ouNOYELLES-sur-Sambre. Com. du dép.
du Nord, arr. d'Avesnes, cant. de Berlaimont ; 365 hab.
NOYELLES-en-Chaussée. Com. du dép. de la Sommo,
arr, d'Abbeville, cant, de Crécy; 480 hab.
NOYELLES -~ NOYER
NOYELLES-LÈs-HuMiÈRES. Com. du dép. du Pas-de-
falais, arr. de Saint-Pol, cant. du Parcq; 406 hab.
NOYELLES-lès-Seclin. Com. du dép. du Nord, arr,
de Lille, cant. de Seclin; 298 hab.
NOYELLES-lês-Vermelles. Com. du dép. du Pas-de-
Calais, arr. de Béthune, cant. deCambrîn; 374 hab.
M OYELL ES-SOUS -Bellonne. Com. du dép. du Pas-de-
Calais, arr. d'Arras, cant. de Vitry-en-Artois ; 546 hab.
NOYELLES-sous-Lens. Com. du dép. du Pas-de-Ca-
lais, arr. de Béthune, cant. de Lens; 4.469 hab. '
NOYELLES-sur-Mer. Com. du dép. de la Somme, arr.
d'Abbeville, cant. de Nouvion; 883 hab. Stat. du chem.
de fer du Nord. Estacade de 4367 m., sur laquelle le
chemin de fer de Saint-Valery franchit l'estuaire de la
Somme.
NOYELLES-suR-SELLE.Com. du dép. du Nord, arr. de
Valenciennes, cant. de Bouchain ; 654 hab.
NOYELLES-ViON. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr.
de Saint-Pol, cant. d'Avesnes-le-Comte ; 405 hab.
NOYELLETTE. Com, du dép. du Pas-de-Calais, arr.
de Saint-Pol, cant. d'Avesnes-le-Comte ; d 57 hab.
NOYEN. Com. du dép. de la Sarthe, arr. de La Flèche,
cant. deMalicorne, sur la r. dr. de la Sarlhe; 2.534 hab.
Stat. du chem. de fer de l'O. Etang de la Bonde. Fontaine
ferrugineuse à la Chevalerie. Carrière; scierie mécanique;
chaux; taillanderie; tuilerie; corderie; minoterie. Eglise
moderne de style gothique flamboyant. Ancienne église
des xii^, XIV® et xv® siècles servant de halle. Manoir d'Au-
bigné (xvi^ siècle). Fontaine intermittente du Chatelet.
Pont suspendu sur la Sarthe.
NOYEN-sur-Seine. Com. du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Provins, cant. de Bray-sur-Seine ; 508 hab.
NOYER {Juglans L.). L Botanique. — Genre type
de la famille des Juglandacées, dont les représentants sont
de grands et beaux arbres à feuilles alternes, répandus ordi-
nairement dans l'Asie occidentale et dans l'Amérique boréale.
Les fleurs, apé-
tales, sont mo-
noïques, dispo-
sées chez les
mâles en longs
et grêles cha-
tons, dont l'axe
porte des brac-
tées alternes. A
l'aisselle de
celles-ci se trou-
vent les fleurs,
en général so-
litaires, et dont
le périanthe pré-
sente d'ordi-
naire 6 divi-
sions imbri-
quées et des
étamines en
nombre variable
à anthères bi-
loculaires e x -
trorses. Les
fleurs femelles sont ou solitaires, ou réunies en courts
chatons ; le périanthe, protégé par des bractées axillantes,
est formé de 4 folioles et surmonte un ovaire infère.
En dedans du périanthe, il y a deux branches stylaires
épaisses, chargées de papilles stigmatiques. L'ovaire est
imiloculaire avec un placenta basilaire supportant un
seul ovule orthotrope, dressé, à micropyle supérieur. Le
fruit est une drupe de couleur verte, la noix, dont le
mésocarpe fibreux ou brou (V. ce mot) est employé en
pharmacie et dans l'industrie. Le péricarpe ligneux, qui
s'ouvre en deux valves, vulgairement appelées coquilles
de noix, au moment de la germination, renferme une
graine unique, "privée d'albumen, bosselée, toruleuse, et
422 —
Chaton de fleurs mâles et fleur femeUe
du noyer commun.
divisée en quatre lobes séparés les uns des autres, au
sommet et à la base, par de fausses cloisons à testa mem-
braneux mince. Elle est comestible (V. ci-après). L'embryon,
exal buminé , à cotyléd ons bilol)és , charnus et huileux , off're d es
anfractuositésct des circonvolutions ; la radicule est courte,
Rameau fructifère du noyer commun.
supère ; la geiîimule présente 2 feuilles multifides. — Les
espèces principales de ce genre sont : /. regia L., ou
Noyer cammun, bel arbre dont toutes les parties exhalent,
si on les froisse, une odeur aromatique ; il est origi-
naire de la Perse et du Caucase, mais naturalisé depuis
longtemps dans presque toute l'Europe. Les feuilles,
riches en tannin, comme toutes les parties du noyer, ser-
vent à titre d'astringent sous forme de décoction (60 à
200 ^/oo) en injections contre la leucorrhée, et en bains
dans les affections lymphatiques et scrofuleuses. On en con-
naît un grand nombre de variétés. — /. nigra L., espèce
américaine, abondante surtout aux environs de Philadelphie.
— /. cinerealu. (/. catharticaMichx, J. oblong a MiW.),
répandu aux Etats-Unis d'Amérique, où son écorce interne
sert de purgatif sous forme de décocté ou d'extrait ; on a
comparé cette action purgative à celle de la rhubarbe ; elle
n'occasionne ni irritation, ni coliques et ne débilite pas le
canal intestinal. — Le genre Caryal^iitt., voisin des Ju-
glans, n'en difî'ère que peu (Y. Carya) ; il en est de même
des genres Pterocarya Kunthet Engelhardtia Nutt., que
nous ne ferons que nommer. D^ L. Hn.
Noyer vénéneux (Y. Mancenillier).
IL Arroriculture. — Le noyer se cultive de préfé-
rence dans les régions tempérées à sol profond, frais et
perméable. Les noyers destinés à la plantation sont élevés
de semis qu'on exécute en pépinière, après' les gelées,
avec des noix stratifiées dans le sable pendant l'hiver. On
bine, on arrose les jeunes plants pendant trois ou quatre
ans et on les repique pour qu'ils émettent un chevelu
abondant. On les met ensuite en place, soit en bordure,
soit en lignes à grand écartement, et on les greff'e, après
la reprise, en une ou plusieurs des variétés estimées pour
la table ou pour l'huile, hâtives ou tardives. On peut
aussi grefî'er en pépinière un an avant la plantation à
demeure. 0. Boyer.
123 —
NOYER — NOYON
III. Economie rurale et domestique. — La culture du
noyer, autrefois importante en France, a diminué sensi-
blement, depuis le milieu de ce siècle, particulièrement
sous l'influence de la concurrence faite aux huiles comestibles
indigènes par les produits exotiques ; il faut aussi ajouter à
cette cause la négligence même des planteurs dont les arbres
mal entretenus ont été souvent attaqués par certains
cryptogames qui ont entraîné leur mort ou, tout au
moins, réduit considérablement leur vigueur, et, par suite,
les rendements. Les fruits du noyer arrivent à complète
maturité, sous nos climats, depuis la mi-septembre jus-
qu'à la fin d'octobre; le brou se crevasse alors et se dé-
tache naturellement; le plus souvent, on provoque leur
chute par le gaulage, opération que l'on doit exécuter avec
beaucoup de précaution, en évitant de casser les brindilles
terminales qui porteront les bourgeons à fleurs l'année sui-
vante. Les noix sont transportées à la ferme et débarras-
sées le plus rapidement possible de leur enveloppe (éca-
lage), puis on les dépose en couches de faible épaisseur
(8 à 10 centim.) sur le plancher de greniers ou de chambres
bien aérés ; la dessiccation est complète au bout de trois à
quatre semaines, on la facilite par des pelletages fréquents
et même journaKers si la récolte a été effectuée par un
temps humide ; réchauffement des fruits est prévenu éga-
lement par ces manipulations. La conservation des noix
sèches se fait dans des pièces un peu fraîches et gardant
une température moyenne aussi constante que possible. La
vente des noix de table se fait à l'état frais (cerneaux)
ou après dessiccation, suivant les variétés et l'état du mar-
ché ; on ne peut poser de règles générales à ce sujet. Les noix
destinées à l'huilerie sont plus difficiles à conserver que
les premières et doivent être livrées sans perte de temps,
afin de prévenir le rancissement qui est une cause de dé-
préciation notable ; leur valeur commerciale varie ordinai-
rement entre la moitié et le tiers de celle des fruits de
table.
Toutes les parties du noyer peuvent être utilisées avan-
tageusement. Le fruit constitue, pour l'ahmentation hu-
maine, une précieuse ressource ; pressé, il fournit une huile
de bouche de bonne qualité et des huiles secondaires qui
trouvent leur place dans quelques industries (V. Huile);
son tourteau est encore un excellent aliment pour le bé-
tail; il peut sernr pour la préparation de confiseries saines
et agréables au goût. Le brou macéré est employé comme
teinture et comme Hqueur ; sa décoction jouit aussi de pro-
priétés vermifuges (V. Brou). Les feuilles, douées de pro-
priétés astringentes très prononcées, sont également uti-
lisées en décoction et Fécorce de quelques espèces comme
purgatif (V. ci-dessus, § Botanique). Le bols est très
veiné et flexible, facile à tailler et à tourner et susceptible
d'un beau poH ; on l'emploie pour la fabrication des meubles
et d'une foule d'objets divers. Enfin les racines sont uti-
lisées en teinturerie.
Il serait impossible d'indiquer Tétendue consacrée à
la culture du noyer en France, aussi bien que le nombre
des arbres en rapport; les statistiques font défaut à ce
sujet; elles nous renseignent uniquement sur les chiffres
de production ; cette dernière a varié, dans les dix der
nières années, de 807.615 quint, à L. 349. 8^7 quint., avec
une moyenne générale de 831.147 quint.; elle est surtout
spéciale aux régions montagneuses du Centre, du Sud-
Ouest, des Alpes et de l'Est; la région des Cévcnneset du
Plateau central fournit à elle seule plus des trois quarts
de la production totale (Dordogne, Lot, Corrèze, Drôme,
Ardèche, etc.). La valeur totale moyenne de la production
pour la période 1889-97 est estimée à 17.873.700 fr. et
celle du quintal à 21 fr. 55 ; il faut remarquer que ces
moyennes sont purement approximatives, car nous rele-
vons, dans les cours, des écarts de 8 fr. à 65 fr. ; les
prix les plus élevés sont atteints dans le Dauphiné et le
Sud-Est, nos meilleurs centres de production des noix de
table ; leurs fruits sont très estimés et donnent lieu à un
mouvement commercial très important à l'intérieur et
pour l'exportation : cette dernière atteint en année
moyenne environ 120.000 quint., elle a lieu surtout vers
l'Angleterre, la Belgique, l'Allemagne, etc.; nos impor-
tations ne dépassent guère une moyenne de 5.000 quint.;
elles proviennent presque exclusivement d'Italie et d'Es-
pagne. Le tiers environ de notre production est consacré
à la fabrication de l'huile ; le rendement moyen est de
11 à 12 lit. par hectol. de fruits; il a varié, en 1892, de
8 à 18 ht. J. Troude.
NOYER (Le). Com. du dép. des Ilautes-Alpes, arr. de
G^ap, cant, de Saint-Bonnet; 689 hab.
NOYER (Le). Com. du dép. du Cher, arr. de Sancerre,
cant. de Vailly; 978 hab.
NOYER (Le). Com. du dép. de la Savoie, arr. de Cham-
béry, cant. du Châtelard; 568 hab.
NOYER-EN-OucHE (Le). Com. du dép. de l'Euro, arr.
de Bernay, cant. de Beaumesnil ; 376 hab.
NOYER (PaulCARDEL du) (V: Cardel).
NOYERS ou NOYERS-BocÂGE. Com. du dép. du Cal-
vados, arr. de Caen, cant. de Villiers-Bocage ; Q%^ hab.
NOYERS ou NOYERS-près-Vesly, Com. du dép. de
l'Eure, arr. des Andelys, cant. de Gisors ; 177 hab.
NOYERS. Com. du dép. de Loir-et-Cher, arr. de Blois,
cant. de Saint- Aignan ; 1.822 hab.
NOYERS. Com. du dép. du Loiret, arr. de Montargis,
cant. de Lorris; 491 hab.
NOYERS. Com. du dép. de la Haute-Marne, arr. de
Chaumont, cant. de Clefmont; 285 hab.
NOYERS. Com. du dép. de la Meuse, arr. de Bar-le-
Duc, cant. de Vaubecourt; 343 hab.
NOYERS ou NOYERS-sur-Serein. Ch.-l. de cant. du
dép. de l'Yonne, arr. de Tonnerre; 1.348 hab. Stat. du
chem. de fer de Laroche k l'Isle-sur-Sercin. Buines d'un
château et de remparts du xiii^ siècle.
NOYERS-Pont-Maugis. Com. du dép. des Ardennes,
arr. et cant. (S.) de Sedan ; 769 hab.
NOYERS-Saint-Martin. Com. du dép. de l'Oise, arr.
de Clermont, cant. de Froissy; 579 hab.
NOYERS-sur-JabrOn. Ch.-l. de cant. du dép. des Basses-
Alpes, arr. de Sisteron; 797 hab.
NOYON. Ch.-l. de cant. du dép. de l'Oise, arr. de Com-
piègne, sur la Verse, près du canal latéral de l'Oise ;
6.141' hab. Stat. du ch. de fer du Nord. Petit séminaire.
Bibliothèque publique. Société archéologique. Cons'iu'tic n
de bateaux; atefiers de constructions mécaniques; sneiio
mécanique; sucrerie; fabriques de chaussures, de chan-
delles, de chapeaux; brasseries; carrosseries; briquete-
ries; tanneries et corroirie; imprimeries; teintureries; sa-
boteries ; moulins. Important commerce de blé. Commerce
de chevaux, de bestiaux, de grains, de haricots, de pois,
de fruits, de chiffons et de peaux. Port sur le canal.
Histoire. — Noyon apparaît dans l'histoire au iv^ siècle
dans l'Itinéraire d'Antonin, sous le nom de Noviomagus,
comme station de la voie romaine qui reliait Beims à
Amiens ; elle était comprise dans la cité des Veromandui.
Au vi*^ siècle l'évèque de Vermand, dont la cité avait été
à diverses reprises saccagée par les Vandales, les Huns
et les Francs, transféra sa résidence à Noyon qui devint
ainsi le chef-lieu du diocèse. La cité se développa obscti-
rément pendant l'époque mérovingienne; un palais roja),
une cathéxlrale y furent construits, et ce fut à Noyon que,
le 9 oct. 768, Charlemagne fut reconnu et couronné roi,
en môme temps que son frère Garloman l'était à Soissors.
Au ix^ siècle, Noyon reçut à diverses reprises la visite des
pirates normands ; en 859, la ville fut saccagée et l'évèque
tué; en 889, ils passèrent par Noyon en allant assiéger
Reims ; en 890, ils attaquèrent la ville, mais furent repous-
sés; en 925 'enfin, ils incendièrent les faubourgs, mais
furent également repoussés. Au xi^^siècle, le pouvoir royal
ne se manifestait plus dans la ville' que par une tour, qui
se dressait dans le voisinage de la cathédrale et de l'évè-
ché, gardée par un châtelain royal. En 1027, l'évèque
Hardouin de Croy arma les habitants et fit raser la tour ;
NOYON
^ \U
condamné au bannissement par le roi Robert, il ne tarda
pas à obtenir son pardon et demeura depuis lors le sei-
gneur incontesté de la ville. Il exerçait ses pouvoirs tem-
porels par l'intermédiaire d'un vidame qui prit plus tard
le nom de châtelain, d'officier devint seigneur féodal et
(mit par être le rival de l'évêque. En 1108, la ville reçut
de son évoque Baudry une charte de commune. Cette com-
mune de cultivateurs, de clercs et de moines eut une exis-
tence fort tranquille. En 1223, seulement une émeute éclata
contre le chapitre : l'archevêque de Reims et le roi de
France vinrent la réprimer et depuis lors les institutions
communales ne cessèrent de décliner. La faillite de la com-
mune qui survint à la fin du xiii® siècle acheva la ruine
des libertés municipales en mettant la ville à la discrétion
du pouvoir royal. La liquidation financière dura plus de
cinquante ans (1278-1333). Depuis lors l'évêque fut le
maître de la cité, et la commune ne subsista plus que de
nom. Un traité d'alliance .fut conclu à Noyon le 13 août
1516 entre François P^ et Charles-Quint. Les Espagnols
assiégèrent vainement la ville en 1552, mais six mois plus
tard ils revinrent et réussirent à l'emporter. Noyon em-
brassa le parti de la Ligue, fut prise par Henri IV en 1591 ,
réoccupée par les ligueurs le 30 mars 1593, réassiégée par
Henri IV et reprise par lui à la fm de 1594. Calvin est né
à Noyon en 1509.
Monuments et description. — De l'époque gallo-ro-
maine subsistent des débris nombreux de l'enceinte forti-
fiée, dont le plus important est nommé le Château-Corbault.
Le principal et le plus intéressant monument de Noyon est
Fancienne cathédrale (mon. hist.), aujourd'hui église Notre-
Dame (V. les art. Bibliothèque, fig. 3 ; Eglise, fig. 4 ,et Fe-
nêtre, fig. 5). C'est l'une des premières cathédrales cons-
truites en style gothique. L'église ancienne ayant été détruite
par un incendie en 1131, un nouvel édifice fut commencé
en 1135 par l'évêque Simon de Vermandois. Le chœur
paraît avoir été construit tout d'abord en style roman, mais
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Hôtel de ville de Noyon.
démoli bientôt après pour être mis en harmonie avec le
reste de l'édifice ; il en subsiste des fragments dans le
chœur actuel. L'édifice est construit tout entier en style
gothique auquel cependant le grand nombre des ouver-
tures en plein cintre donne un aspect archaïque. Malheu-
reusement, il a subi de trop nombreuses retouches : la
façade restaurée à diverses reprises, augmentée d'un
porche au xvi^ siècle, est disgracieuse; les voûtes de la
grande nef, détruites par un incendie à la fin du xiii® siècle,
ne reproduisent pas les dispositions primitives ; les arcs-
boutants sont une restauration moderne qui a remplacé
des arcs-boutants refaits au xviii^ siècle, en forme de
consoles renversées ; les chapelles de la nef ont été ajou-
tées après coup, etc. La longueur de l'édifice est de 104 m. ;
la hauteur sous voûte de la grande nef est de 23 m. ; les
bras du transept se terminent par des absides ; la nef, le
chœur et l'abside principale ont des bas côtés et des tribunes
La façade est flanquée de deux tours dissemblables, hautes
l'une et l'autre de 62 m. A côté de la cathédrale s'élève
au N. un cloître avec arcades à meneaux du xiii® siècle,
une salle capitulaire, une salle du trésor de la même épo-
que, et l'ancienne librairie ou bibliothèque des chanoines,
édifice en bois du commencement du xvi^ siècle. L'ancien
palais épiscopal, reconstruit sous Louis XÏI en style de
la Renaissance, est aujourd'hui une habitation privée.
L'hôtel de ville (mon. hist.) est une belle construction
partie gothique, partie Renaissance, élevée de 1485 à
1522. Sur la place qui précède Fhôtel de ville s'élève une
fontaine ornée de statues, construite en 1770 par Févêque
Charles de Broglie. L'HôteFDieu a conservé une tour du
XVI® siècle.
Evêques de Noyon. — On a vu plus haut que c'est .au
VI® siècle que Noyon devint ch.-l. du diocèse. Voici la
liste des évoques depuis cette époque : saint Médard, v. 531 ;
nommé évoque de Tournai peu de temps après, il réunit
les deux diocèses et cette union persista sous ses succes-
seurs; il mourut le 8 juin 545; Faustin; Gondulf; Chras-
maras, v. 575; Evroul ; Bertimond; S. Achaire, v. 621-
V. 640; S. Eloi, 640-1®^ déc. 659 ; S. Mommelin, 659
ou 665-685 ou 691 ; Autgaire ; Gondoin; Garoul, 721 ;
Framenger, 723 ; Hunuan, 730 ; Guy I®^ v. 741 ;
S. Eunuce, v. 742; Elisée, v. 745; Alfred, 757-65; Do-
don; Gilbert, 769-82; Philéon,798; Wandelmar, 814-47;
Ragenaire, 825-29 ; Achard, 830-v. 839 ; Emmon, v.
840-59; Rainelme, 860-80 ; Hédilon. 880-v. 903; Ram-
bert, 999; Airard, v. 915-32; Walbert, 932-26 déc.
936 ; Transmar, 938-22 mars 950 ; Rodolphe, 950-
9 janv. 952 ; Fulchaire, 954-55 ; Adolphe, 955-25 juin
977 ; Liudulf, 977-88 ; Ratbod P^, 989-v. 997 ; Har-
douin de Croi, 1000-v. 1030 ; Hugues, v. 1030-44 ;
Baudoin 1®^, 1044-68 ; Ratbod ïï, 1068-janv. 1098 ;
Baudry, 1098-1113 ; Lambert, 1113-20 ou 1123 ; Si-
mon I®"^ de Vermandois. Sous l'épiscopatde Simon, en 1146,
le diocèse de Tournai fut séparé de celui de Noyon ; Simon
mourut en 1148. Baudoin H de Boulogne, 1148-2 mai
1167 ; Baudoin III, 1167-74 ou 1175 ; Renaud, 1175-88;
Etienne I®^ de Nemours, 1188-1221 ; Gérard de Bazoches,
1222-28 ; Nicolas de Roye, 1228-40 ; Pierre I®^' Chariot,
1240-7 oct. 1249 ; Vermond de la Boissière,' 1250-janv.
1272 ; Guy H des Prés, 1272-11 janv. 1297 ; Simon H
de Clermont-Nesle, 23 juin 1297-1301 ; Pierre H de Fer-
riores, 1301-23 août 1303 ; André le Moine, 8 août 1304-
avr. 1315; Florent de la Boissière, 27 juin 1315-17 ;
Foucaud de Rochechouart, 1317-30 ; Guillaume I®^' Ber-
trand, 6 avr. 1331-févr. 1338 ; Etienne II Aubert (pape
Innocent VI), 1338-39 ; Pierre IH d'André, 26 oct.
1339-42 ; Bernard le Brun, 1342-47 ; Guy IH de Com-
born, 1347-49; Firmin-Coquerel, 1349-janv. 1350; Phi-
lippe P^ d'Arbois, 23 janv. 1350-janv. 1351 ; Jean P^
de Meulan, janv. 1351-févr. 1352 ; Gilles de Lorris, févr.
1352-28 nov. 1388 ; PhihppeH de Moulin, 24 déc. 1388-
31 juil. 1409 ; Pierre IV Fresnel, 21 août 1409-15 ;
Raoul de Coucy, 1415-17 mars 1425 ; Jean II de Mailly,
2 sept. 1425-14 févr. 1473 ; Guillaume ïï Marafin,
5 juil. 1473-7 avr. 1501; Charles I®^* de Hangest, janv.
1502-25 ; Jean lïï de Hangest, 1®^ août 1525-4 févr.
1577 ; Claude P^'d'Angennes, 24 nov. 1578-88 ; Gabriel
deBlaigny, 1588-90; Jean IV Munier, 1590-9 juil.
1594 ; François-Annibal d'Estrées, nommé 1594, démis-
sionnaire 1596, sans avoir pris possession; Charles II
de Balzac, 10 janv. 1596-1625; Gilles deLourmé, nommé
déc. 1625, n'est jamais entré en possession ; Henri de
Baradat, 2 août 1626-20 août 1660 ; François de Cler-
i%
NOYON ^ NUAGE
mont-Tonnerre, mars 4661-25 févr. 1701 ; Ciaude-Maur
d'Aubigné, mars 1701-24 déc. 1707; Cli.-Fr. de Clia-
teaimeuf de Rochebonne, déc. 1707-jml. 1731 ; Claude II
de Rouvroy de Saint-Simon, juil. 1731-sept. 1733; Jean-
François de la Cropte de Bourzac, 9 nov. d 734-29 janv.
1766 ; Charles lïl de Broglie, mars 1766-77 ; Louis-
André de Grimaldi, 1777-90. Supprimé en 1790, révèclic
de Noyon est resté depuis réuni à celui de Beauvais.
Conciles de Noyon. — 814. Concile présidé par Wul-
faire, archevêque de Reims: il détermina les limites des
diocèses de Noyon et de Soissons. — 1233. Quatre con-
ciles furent tenus en cette année, à Noyon, à Laon et à
Saint-Quentin pour le môme objet (V. Laon, t. XXI,
p. 936). — 1271 : canons disciplinaires. — 1280: ca-
nons disciplinaires. — 1299 ? : décisions contre les usu-
riers et le trop grand nombre des avocats. — 1344. Con-
cile présidé par Jean de Vienne, archevêque de Reims :
dix-sept canons. La plupart concernent la protection de la
juridiction et des biens du clergé. V: Excommunication
des seigneurs qui empêchent leurs vassaux de rien vendre
aux ecclésiastiques, de rien leur acheter et de labourer
leurs terres. XII : Défense de publier des miracles nou-
veaux, sans la permission de Tévêque.
BiRL. : J. LE Vasseur, Annales de Véglise de Noyon ;
Paris, 1638,2 vol. in-L — Moët delà Forte-Maison, An-
tiquitês de Noyon; Rennes, 1845, in-8. — A. Lefranc,
Histoire de la ville de Noyon; Paris, 1887, in-8 (BibliotJi.
de l'Ecole des Hautes études). — CL A. de Marsy, Biblio-
graphie noyonnaiso, au t. V. du Bulletin du comité ar-
chéologique de Noyon.
NOZAC. Com. du dép. du Lot, arr. etcant. deGourdon;
541 hab. Stat. du chem. de fer d'Orléans.
NOZAL (Alexandre), paysagiste français contemporain,
é à Paris le 7 août 1852. Elève deLuminais, il a débuté
au Salon de 1876 hyoc un Etang de la Brenne. Il exposa
en 1878 : Effet d'automne en Berry; en 1879, une Al-
lée du pare de Saint-Cloud en janvier 1819 ; en 1880,
le Cap d'Antifer, et depuis lors'il a régulièrement envoyé
des paysages à tous les Salons. On voit de lui, au musée du
Luxembourg : la Lande d'or; au musée d'Evreux : une
Bande d'étang enBrenne; au musée de Saint-Quentin:
Vieux Chênes au bord de l'eau; au musée de Châlons-
sur-Marne : Lever de soleil en automne dans un petit
bras de la Seine au Petit Andely; au musée de Carcas-
sonne : V Hiver à l'étang de Saint-Cucufa, pastel; au
musée de Montpellier : les Saintes Maries de la mer en
Provence; au musée de Nantes : Moisson sur le plateau
d'Elretat, Cet artiste très consciencieux a une vision tou-
jours juste et précise des choses avec un goût particuher
pour les effets de la nature aux fortes colorations. E. Br .
NOZAY. Com. du dép. de l'Aube, arr. et<îant. d'Arcis;
158 hab.
NOZAY. Ch.-l. de cant. du dép. de la Loire-Inférieure,
arr. de Chateaubriand; 3.978 hab. Stat. du chem. de fer
de rOuest. Ancienne Ecole nationale d'agriculture fondée
en 1830 (à Grand- Jouan), transférée à Rennes en 1893.
NOZAY. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de Ver-
sailles, cant. de Palaiseau; 323 hab.
NOZEROY. Ch.-l. de cant. du dép. du Jura, arr. de
PoHgny ; 751 hab. Petit séminaire diocésain. Ruines d'un
château où les comtes de la maison de Chalon aimaient à
fah^e leur résidence. Patrie de Gilbert Cousin, ami et secré-
taire d'Erasme.
NOZEYROLLES. Com. du dép. de la Haute-Loire, arr.
de Brioude, cant. de Pinols; 448 hab.
NOZIÈRES. Com. du dép. de FArdèche, arr. de
Tournon, cant. de Lamastre; 1.405 hab.
NOZIÈRES. Com. du dép. du Cher, arr. et cant. de
Saint-Amand-Mont-Rond; 283 hab.
NOZZARI (Andréa), l'un des plus fameux représen-
tants de la belle école de chant italien, né à Bergame en
1775, mort à Naples le 12 déc. 1832. Elève d'un maître
de chapelle nommé Petrobelli, puis de David père et
d'Aprile, il débuta à Pavie âgé seulement de dix-neuf ans.
et son succès fut tel qu'il fut engagé à Rome Tannée sui-
vante. Après avoir fait applaudir sa belle voix de ténor
et son rare talent de chanteur à la Scala de Milan, il vint
à Paris en 1803 et obtint de vifs succès à l'Opéra Italien,
particulièrement dans il Matrimonio segrelo de Cimarosa,
qu'il chantait avec une suavité délicieuse. Cependant, le
climat de la France étant défavorable à sa voix, il dut re-
tourner en Itahe l'année suivante. Sa voix retrouva alors
toutes ses qualités, avec une puissance qui même lui était
inconnue jusqu'alors. Après avoir remporté d'éclatants
succès à Turin, à Rome, à Venise, à Milan, il se fixa à
iXaples, où il créa les rôles de ténor de tous les opéras
que Rossini écrivait alors pour le théâtre San Carlo : Eli-
sabetta, Otello, Armida, Mosè, Ricciardo e Zoraide,
Ermione, la Donna del Lago, Zelmira. Il se retira de
la scène en 1822, conservant seulement les fonctions de
chanteur qu'il occupait à la chapelle royale de Naples.
N U. I. Beaux-arts. — Le nu est le fond nécessaire des
arts du dessin, de la sculpture et de la peinture, et l'on ne
saurait prétendre à les exercer avec succès si l'on n'a fait
des études suffisantes de nu, c.-à-d. si l'on n'a pratiqué
la représentation des formes vivantes, considérées direc-
tement et sans voile. Et l'histoire de l'art nous enseigne
que les peuples qui se sont montrés les plus habiles dans
les arts plastiques sont précisément ceux-là qui ont abordé
cette étude du corps nu : là est le secret de la supériorité
des Egyptiens, puis des Grecs ,^ et aussi la raison de l'in-
suffisance du sculpteur assyrien quand il taille dans la
pierre des personnages humains ; il n'a pas reçu ces leçons
de la forme nue, indispensables à l'artiste. Mais, si, pour
les anciens, et surtout pour les Grecs, le beau ne pouva.'t
trouver de plus complète traduction que dans des formes
matérielles accomplies et parfaites, aux yeux des chré-
tiens qui jetèrent Fanathème à la matière, la beauté prii:~
cipale devait résider dans l'expression du reflet de l'âme
sur les traits du visage ; l'idéal moderne, surtout au
moyen âge, ditfère donc essentiellement, à ce point de vue,
de l'idéal antique. Quoi qu'il en soit, l'importance du nu
dans les beaux-arts n'est point contestable, et il est cer-
tain, par exemple, qu'elle est le principal objet de Fart
statuaire, où le vêtement, la draperie apportent seule-
ment un motif de variété, un supplément d'expression ou
un raffinement de grâce. Au surplus, le nu en art est
toujours chaste, parce qu'au lieu d'avoir les accents de la
vie individuelle, il porte les empreintes de la vie générique.
« Aucune idée, a écrit Charles Blanc, aucun soupçon même
d'impudeur ne saurait s'attacher à Vénus, si elle est une
statue impersonnelle de l'amour. » Gaston Cougny.
IL Architecture. — Surface plane, concave ou con-
vexe, qui sert de champ pour recevoir un motif de déco-
rations et à partir de laquelle on compte la saillie de ce
motif: ainsi un bandeau sera indiqué comme devant faire
saillie de 0^,05 sur le nu d'un mur, et un chiffre, ou tout
autre ornement, sera coté avec une sailhe de 0"^,03 sur
la table destinée à le recevoir. On appelle aussi nu dans
les diverses industries du bâtiment le devant d'un ouvrage
quelconque, tel que bâti ou panneau de menuiserie ou de
serrurerie. - Ch. L.
NUAGE. Si une masse d'air contient de l'humidité et
qu'elle se refroidisse, soit, selon la règle, en s'élevant dans
des couches plus hautes de Fatmospîière, soit pour toute
autre cause, il pourra se faire qu'elle devienne sursatu-
rée. En ce cas, son excédent de vapeur d'eau se transfor-
mera généralement en gouttelettes dont le diamètre peut
varier de 6 à 100 microns (millièmes de millimètre). Cette
transformation, comme l'a montré Aitken , est grandement
favorisée par la présence de poussières microscopiques, qui
serventdecentresdeprécipitation.Latempératures'abaisse-
t~elle encore, les gouttelettes passent à l'état de surfusion,
puis finissent par devenir de petits cristaux de glace très
tins. Toute agglomération de particules d'eau, liquides ou
solides, flottant dans l'air, constitue un nuage. H n'existe,
en réalité, que deux sortes de nuages, les cirrus, formés
NUAGE ~ NUBAR
126 --
de glace, et les cumulus, formes d'eau ; les cirrus pro-
vieniierxt ordinairement des masses d'air, qui, après avoir
été en contact avec la surface de la terre ou des eaux,
sont envoyées à de très grandes hauteurs (40 kil. au delà)
par le puissant tourbillonnement ascendant des cyclones
et des bourrasques ; les seconds sont produits par un mou-
vement ascensionnel vertical, surtout aux heures chaudes
de la saison chaude.
Ces deux espèces de nuages présentent de nombreuses
variétés que Lamarck et Howard, puis Poëy, Cl. Ley,
Koppen, Abercromby et lî. Hildebrandsson ont cherché à
classifier. La classification de ces deux derniers savants,
prise comme base par la commission internationale des
météorologistes, réunie à Munich en 1891, et un peu mo-
difiée par un comité permanent, se retrouve dans V Atlas
international des nuages, dont la publication a été dé-
cidée lors de la réunion du comité permanent à Upsal, en
1894. Cet atlas, accompagné de figures, distingue deux
formes dans les nuages : les uns sont divisés en fragments,
les autres étalés en nappes ; en tout, dix espèces. ,
Les nuages supérieurs, de 9.000 m. d'alt. en moyenne,
sont : les cirrus, vulgairement queues-de-cheval, à struc-
ture fibreuse, et les cinv-stratiis, forme étalée et presque
homogène des mêmes masses de glace, qui produit parfois
des halos autour du soleil et de la lune. Les nuages moyens,
de 3.000 m. à 7.000 m., ont deux formes divisées, le
cirro-cumulus ou ciel pommelé ; V alto-cumulus, à boules
plus épaisses et légèrement ombrées ; Fun et l'autre lais-
sant voir du ciel entre leurs balles. La forme étalée est
V alto-stratus, <^^\\. produit non des halos, mais des petites
couronnes. Les nuages inférieurs planent au-dessous de
2.000 m. Ce sont les strato-cumulus^ bourrelets de nuages
sombres qui couvrent parfois tout le ciel, surtout en hiver,
mais laissent voir du ciel bleu entre eux, et les nimbus,
nuages à pluie, couche épaisse de nuages sombres et dé-
chirés. Quand cette dernière couche se déchire en lambeaux
très déchiquetés, ce sont des fracto-nimbus . Encore plus
bas, au-dessous de 1.000 m., se trouvent les stratus ou
brouillards élevés; /?'ac^o-Si^raifi(5, quand leur couche est
déchirée en lambeaux. Les nuages de courant ascendant
diurne, ou cumulus, ont leur base à 4.400 m. environ
d'alt. On les reconnaît à leur forme arrondie de balles de
coton. Leurs sommets sont à 1.800 m. Mais, pendant les
journées très chaudes et humides, les courants ascendants
peuvent former de grands bancs, des masses énormes de
cumulo-nimbus, nuages à averses, nuages d'orage, dont
la base est naturellementàl.400m.,mais dont les som-
mets peuvent atteindre à 4, 6, 8 kil. et davantage. Comme
ils pénètrent dans les couches glacées, leurs sommets sont
souvent effilochés en cirrus, et forment même des « cham-
pignons » ou «enclumes » de cirrus, qui surmontent leur
masse arrondie ou surélevée en grosses tours. Ces cirrus
qui les surmontent, ou qui parfois flottent autour d'eux,
sont de vrais nuages de cristaux de glace ; on les a pour-
tant appelés « faux cirrus » pour les distinguer des cirrus
ordinaires, qui, formés par le tourbillon ascendant des
bourrasques, ne quittent pas les régions supérieures de
9 à iO kil. d'alt. Mais leur seule différence est dans la
hauteur.
En règle générale, les nuages d'eau étalés se résolvent
en pluie ; les nuages d'eau divisés restent en suspension,
ainsi que les nuages de glace. La pluie d'orage est le ré-
sultat du iml'imgQ brusque des cirrus bas, ou faux cirrus,
avec les sommets, en surfusion, des grands cumulus.
E. Duranb-Gréville.
NUAGE (Blas.). En forme de nuées; se dit des pièces
présentant une suite de courbes semblables.
N UÂI LLÉ. Com. du dép. de la Charente-Inférieure, arr
de Saint-Jean-d'Angély, cant. d'Aulnay; 327 hab.
N UAI LLÉ. Com. du dép. de la Charente-Inférieure, arr.
de La Rochelle, cant. de Courçon; 699 hab.
NUANCE (Mus.). On appelle nuances ks différences
d'intensité données aux sons par l'exécutant. Le compo-
siteur les indique au moyen de mots français ou allemands,
mais le plus souvent italiens, pai^ des abréviations de
ceux-ci ou encore par des signes. Voici le tableau des
nuances les plus usitées :
DOLCE
Piano
Pianissimo
FURÏE
Fortissimo
Forte-piano
par abréviation dol.
V'
■ /'.
- tl
- (V-
-ppp.
Vf'
nif.
mez-voc.
cresc.
(ou<).
decresc. oii dim.
(ou>).
Doux.
Doux.
Très doux.
Fort.
Très fort.
Fort, puis subi-
tement doux.
Doux, puis subi-
tement fort.
A moitié fort.
A demi-voix.
En augmentant.
En diminuant.
sf%.
rfi:
En forçant.
En renforçant.
des nuances, les
Piano-forte
Mezzo-forte
Mezza-voge
Crescendo
Decrescendo )
ou > "
DlMINUENDO )
Sforzando
RiNFORZANDO
Bien que n'étant pas absolument
termes et les signes d'accentuation s'y rattachent d'assez
près pour que nous les fassions figurer ici :
Sostenuto Soutenu.
Legato ou y^ ^^ Lié.
Marcato ou > /\ /\~ Marqué, accentué.
Espressivo Expressif.
Leggiero Léger.
Staccato ou * Détaché.
NUARS. Com. du dép. de la Nièvre, arr. de Clamecy,
cant. de Tannay; 396 hab.
NUBAR Pacha, homme d'Etat égyptien, né à Smyrne
en janv. 1825, mort à Paris le 14 janv, 1899. Issu
d'une famille chrétienne, il fut élevé en Suisse, puis
en France, entra en 1842 au service de Méhémet-Aii,
dont il devint, deux ans plus tard, secrétaire-interprète,
et fut employé au même titre par Abbas Pacha, qui,
à partir de 1850, le chargea de plusieurs missions diplo-
matiques à Londres et à Vienne, Abbas Pacha lui confia
en 1856 l'organisation du transit égyptien pour l'Inde,
tâche dont il s'acquitta avec succès. Sous ïsmail (1863),
il devint pacha, fut envoyé à Paris, où il aplanit, de
concert avec Napoléon III, les difficultés qui s'étaient
élevées entre le gouvernement égyptien et la Compa-
gnie du canal de Suez (1864), occupa quelque temps
le ministère des travaux publics et, nommé en 1866 mi-
nistre des affaires étrangères, fit accorder à son maître
par le sultan le titre de khédive avec une notable aug-
mentation de pouvoir. A partir de 1870, il se rapproclia
visiblement de l'Angleterre, dont il favorisa de plus en
plus les intérêts en Egypte, au détriment de ceux de la
France. Ecarté du gouvernement en 1874, il y rentra
l'année suivante, en sortit encore en 1876, mais y fut
rappelé le 23 août 1878 comme président du Conseil.
C'est lui qui, à cette époque, eut à réorganiser hcondo-
minium anglo-français, contre lequel le khédive Ismaïl
essaya de réagir en 1879. Nubar dut se retirer, mais
ïsmail fut bientôt après déposé et remplacé par son fils,
Tewfik Pacha, sous qui l'Angleterre put mettre la main
sur l'Egypte, par suite des hésitations et des fausses ma-
nœuvres de la France (1882). Nubar, rappelé aux affaires
comme président du Conseil et ministre de la justice
(4 janv. 1884), se signala par sa complaisance pour le
gouvernement britannique, surtout en matière financière
et policière (suppression du journal le Bosphore égyp-
tien, etc.). Il se produisit pourtant à la longue une lutte
sourde entre cet homme d'Etat et le représentant de
l'Angleterre (sirEvelyn Baring), qui voulait s'emparer de
fait du service de la police en Egypte, et qui finit par
obliger Nubar à résigner ses fonctions (11 juin 1888). Il
revint au pouvoir de 1894 à 1895. A. Debidour.
NUBÉCOURT. Corn, dudép. de la Meuse, arr. deBar-
le-Duc, cant. de Triaucourt; 257 hab. ^
NUBIE. Contrée de l'Afrique située sur le Nil, au S. de
l'Esypte, et s' étendant à peu près d'Assouan à Khartoum
et des oasis occidentales du désert de Libye à la mer Rouge.
Cet espace d'environ 750.000 kil. q. a 1 million d'hab.
Le nom de Nubie n'a pas de valem^ officielle. On trouvera
la description physique, politique €t économique du pays
à l'art, Soudan égyptien. La flore, la faune et l'ethno-
graphie ont été traitées à l'art. Afrique.
NUBILITÉ (V. Puberté).
NUBLE. Prov. du Chili, entre 31« 5' et 37« 151at. N. ;
9.210 kil. q., 165.529 hab. (en 1894), soit 18 hab. par
kiL q. La zone maritime est fertile, puis viennent des
llanos, puis la montagne avec ses bois et ses pâturages.
Le ch.-l. est Chillan.
NU CELLE (V. Cellule, Ovule).
NUGERIA (V. Nocera).
NUCINE (Chim. ind.) (V. Brou de noix).
NUCK (Anton), anatomiste hollandais, né à Harderwyk
en 1650, mort à Leyde en 1692. 11 fut professeur d'ana-
tomie et de chirurgie à Leyde, Ses découvertes en anato-
mie (glandes, lymphatiques, œil, etc.), ses recherches dans
le domaine de la chirurgie, etc., le placent au rang des
c" ands savants de son siècle. 1)'' L. Hn.
" NUCLÉINE (V. Cerveau, t. X, p. 96).
NUCOURT. Corn, du dép. de Seine-et-Oise, arr. dePon-
toise, cant. de Marines; 366 hab. Stat. du chem. de
Eglise (le Niicourt.
fer de Chars à Magny. Eglise du xn« au xvi^ siècle, ave.
un beau retable de cette dernière époque. Carrières de
pierre.
NUCULÂ. L Zoologie. — Cenrede Mollusques Lamd-
libr anches, de l'ordre des Pectinacés, établi par Lamarck en
i799pourune coquille de petite tailk, épaisse, épidermcc,
trigone, équivalve et inéquilatérale ; entièrement close.
Le ligament interne est reçu dans une fossette de chaque
côté de laquelle existe une rangée de petites dents lamel-
^ leuses. Llmpression palléale est simple et l'intérieur des
valves nacré. Ex. N, nudeus L. Les Nucules habitent
toutes les mers, quelques-unes à de grandes profondeurs.
IL Paléontologie. — Les représentants de cette famille
S):it connus depuis le silurien où le genre JSmula est
représenté, bien que beaucoup d'espèces décrites sous ce
ujm puissent aussi bien appartenir au genre TelUnomyia.
Les genres Cucullela, Cleidophorus sont de la même
époque. Piychostolis est jurassique. Leda, encore vivant,
date du silurien; il en est de même de Yoldia, genre
arctique. Malletia, qui vit encore au Chili, se trouve dans
le tertiaire d'Italie.
127 — NUBAR — NUCENT
NU eu LA! NE (Bot.) (V. Fruit, t. XVÎÏI, p. 217).
NU DDE A (Nadya), Ville de l'Inde anglaise, prov. de
Calcutta (Bengale), r. dr. delaBaghirati (deltadu Gange) ;
9.000 hab. Port fluvial. Ancienne capitale du Bengale
hindou, fondée par le roiLakchman Sen en 1065, un des
centres de la résistance aux musulmans. Ville sainte et
littéraire, patrie du réformateur vichnouite Tchaïtanya;
ses écoles sont très fréquentées.
NUDITÉ (Beaux-arts) (V. Nu).
NUE PROPRIÉTÉ, La nue propriété est, comme l'on sait,
une propriété dont on ne jouira qu'au décès d'une ou plu-
sieurs pei^sonnes désignées (V. Propriété). — Une nue
propriété a une valeur vénale que l'on peut estimer comme
il suit : soit V la valeur actuelle d'une nue propriété qui
sera, pour fixer les idées, une somme d'argent (ou la somme
d'argent estimation du capital qu'elle représente). Suppo-
sons que l'on ne puisse entrer en jouissance qu'à la mort
d'une personne actuellement d'âge a. La valeur de cette '
propriété est évidemment égale à la prime d'assurance qu'il
faudrait verser pour se procurer le capital V au décès d'une
tête d'âge a. Elle se calculera donc comme il a été dit à
l'article Assurance. Mais il est clair que si la personne
d'âge a est d'une santé débile, ou exposée à des risques qui
mettent son existence en danger, le calcul n'a plus au-
cune prise sur l'estimation de cette nue propriété. H. L.
NUÉE (Blas.). La nuée se représente héraldiquement
par une succession de plusieurs volutes nuageuses.
NUEIL-sous-Fâye, Com. du dép. de la Vienne, arr.
de Loudun, cant. de Monts-sur-Guesnes ; 510 hab.
N U E I L-sous-les-Aubiers ou N U E I L-les-Aubiers. Com.
du dép. des Deux-Sèvres, arr. de Bressuire, cant. de
Châtillon-sur-Sèvre ; 2.129 hab, Stat. du chem. de fer de
l'Etat. Ateliers de constructions mécaniques, moulins.
NUEiL-so us-Passavant. Com. du dép. de Maine-et-
Loire, arr. de Saumur, cant. de Vihiers; 1.790 hab. Eglise
moderne. Monument érigé en 1894 à 15 habitants qui, le
27 avr. 1794, enfermés dans le clocher, résistèrent aux
attaques de 600 Vendéens jusqu'à l'arrivée de l'armée ré-
publicaine.
NUEIL-sur-Dive. Com. du dép. de la Vienne, arr. de
Loudun, cant. des Trois-Moûtiers ; 618 hal).
NU EL LES. Com. du dép. du Rhône, arr. de Lyon,
cant. de l'Arbresle ; 242 hab.
NUEVA BARCELONA (V. Barcelona).
NUEVÂ-BERIViEJA (Colon). Ville de Cuba, prov. de
Matanzas, sur le chem. de fer de la Havane à Cienfue-
gos; 16.679 hab. (en 1887). Sucre.
NUEViTAS (San-Fernàndo-dk). Ville maritime du N.
de Cuba ; 6.618 hab, (en 1887). C'est le port dePuerto-
Principe auquel la relie un chem. de fer de 71 kil.
NUEVO-LEON. L'un des Etats unis du Mexique, au
N. de la république; 62.381 kil. q. ; 293.793 hab. (en
1894). Il est compris entre les Etats de Coahuila à l'O.,
Tamanlipas au N. et à l'E., San-Luis-de-Potosi au S.-O.
Montagneux à l'O, il s'abaisse àl'Ë. vers la plaine du Rio
Grande del Norte, auquel le Pesquerto mène ses eaux. La
capitale est Monterey. Culture d'agave, élevage de bé-
tail ; mine-s d'argent, plomb, houille, soufre, salpêtre,
fer.
NUfENEN (italien Novena). Col des Alpes valaisanncs,
conduisant du val d'Eginen (Valais) au val Bedrctto, dans
le Tessin, par le sud du Saint-Gothard. Alt., 2.441 m.
NUFFAR (V. Nippour).
NUGENT, barons de Delvin, vieille famille irlandaise
dont les membres les plus importants sont :
Sir Gilbert Nugent, qui reçut de Hugh de Lacy la ])a-
ronnie de Delvin, vers 1172.
Sir Richard, qui fut shérif deMcath, en 1424, et prit
une part importante à la guerre contre l'Irlande, durant
laquelle il s'empara d'O'Conor (1427). Il fut nommé en
1444 lord député d'Irlande et, en 1452, sénéchal deMcath.
Il mourut vers 1465.
Richard, w^oî't ^'<?î's 1538, fut employé à la répression
NUGENT ^ NUIT
128
de la révolte de lord Clanricarde (4504), et il s'y dis-
tingua par son audace. Il fut nommé lord député d'Ir-
lande en 1527. Son administration souleva les plus âpres
critiques. Il essaya de traiter avec Brian O'Conor, qui par
ruse s'empara de lui (1528) et le garda dix mois. Pour-
tant Delvin fut nommé de nouveau gouverneur d'Irlande
en 1534, mais ce fut seulement en l'absence du comte de
Kildare. Il rendit par la suite d'importants services mili-
taires et ce fut lui qui annonça à Henri VIII la soumis-
sion de O'Conor et de Fitz-Gerald (1535). Aussi fut-il
chargé de réprimer une nouvelle rébellion d'O'Conor en
1537 et mourut au cours des opérations.
Sir Christopher, petit-fils du précédent, né en 1544,
mort en 1602, lutta comme ses parents contre les rebelles
irlandais, notamment contre Shane O'Neill (1565). Mais
en 1574, ayant refusé de reconnaître pour rebelle le comte
de Desmond, il fut poursuivi par le gouvernement et dut
faire amende honorable. En 1576, il excita encore le res-
sentiment d'Elisabeth, en poussant un grand nombre de
gentilshommes irlandais à déclarer inconstitutionnelle la
coutume de s'emparer d'approvisionnements pour l'armée
à des prix arbitrairement fixés. Il fut emprisonné quelque
temps. Après avoir été chargé de réprimer les incursions
de Turlough Luineach O'Neill sur les frontières du Nord
(1579), il tomba encore en disgrâce à cause de son ca-
thohcisme intransigeant et fut impliqué dans le complot
de Baltingias. Il fut emprisonné dix-huit mois à DubUn, et
retenu ensuite en Angleterre. On lui permit en 1588 de
revenir en Mande, mais, toujours suspect, il fut surveillé
de près. Cependant, lors de la grande révolte du comte de
Tyrone (1593-97), il fut chargé de la défense du Pale et
fit partie de la commission d'enquête sur les abus commis
dans le gouvernement de l'Irlande. En 1600, il fut obligé
de se soumettre à Tyrone. Arrêté peu après comme traître,
il fut enfermé à Dublin et mourut avant l'ouverture de son
procès. Delvin, qui était éruditet grand amateur de livres,
a écrit : A primer of the Irish Language et A Plot for
the Reformation of Ireland, publiés par Gilbert dans
Account of National Mss of Ireland.
Sir Richard, premier comte deWestmeath, né en 1583,
mort en 1642, fils du précédent, prit part en 1606 aune
conspiration contre le gouvernement. Arrêté et emprisonné,
il réussit à s'évader et à se réfugier dans les montagnes,
où sir Richard Wingfield, envoyé à sa poursuite, ne par-
vint pas à le saisir. Il fit sa soumission en 1608 et il ne
tarda pas à faire de l'opposition au gouvernement dans
le Parlement. Le roi ne lui garda pas rancune et il fut
créé comte de Westmeath en 1621. Il fut chargé d'une
mission auprès de Buckingham à l'île de Ré (1627), et,
lors de la révolte de l'Irlande de 1641, il demeura fidèle
à l'Angleterre, malgré les prières et les menaces de ses
compatriotes. R. S.
BiBL. : Gilbert, Contemporary history ofaffairs in Ire-
land (Irish archœological Society ^ I, 35).
NUGENT (George, baron) (1788-1850) (V. Grenville).
NUGENT-Craggs (Robert, comte), homme politique et
écrivain anglais, né en 1 702 , mort à Dublin le 1 3 oct. 1 788 .
D'une bonne famille irlandaise, mais peu favorisé de la
fortune, il s'enrichit colossalement en épousant successi-
vement des veuves riches, sorte de talent qui inspira à
Horace Walpole un mot nouveau, la « Nugentize ». Repré-
sentant de Saint-Mawes à la Chambre des communes, de
1741 à 1754, puis député de Bristol de 1754 à 1774, et
de nouveau de Saint-Mawes (1774 à 1784), il fut nommé
lord de la Trésorerie en 1754, devint vice-trésorier d'Ir-
lande en 1760, président du bureau du commerce en 1766 ;
il fut un ministériel imperturbable. Il était très populaire
dans les milieux parlementaires et il essaya en 1784 de
réconcilier Pitt et Fox. Il avait prêté de grosses sommes
au prince de Galles. Georges II ne remboursa jamais les
dettes de son fils, mais il créa Nugent vicomte, puis ba-
ron, puis comte. Grand, gros, doué d'une voix de sten-
tor et infiniment spirituel, Nugent eût joué un plus grand
rôle s'il n'avait été trop sceptique pour s'attacher à un
parti quelconque. Il a laissé des poésies qui ne manquent
pas de valeur, entre autres une Ode à William Putney
(Londres, 1739), qui passa pour un chef-d'œuvre. Mal-
heureusement, on a prétendu qu'il avait payé Mallet pour
l'écrire. Citons de lui : Odes and epistles (1739) ; Faith
(1774); The Genius of Ireland (\11^). Glover, dans ses
Mémoires (1813), a laissé de Nugent ce portrait : « C'était
un joyeux et voluptueux Irlandais qui avait abandonné le
catholicisme pour le protestantisme, l'argent et les veuves. »
Sa fille aînée épousa en 1775 le marquis de Buckin-
gham, qui prit dès lors le nom de Nugent et Temple et
le transmit à ses héritiers. • R, S.
NUGENT DE Westmeath (Comte Laval), feld-maréchal
autrichien, né à Ballynacor (Irlande) le 3 nov. 1777, mort
au château Bosilievo, près de Carlstadt,le 21 août 1862.
Il descendait des barons de Delvin (V. ci-dessus). En
1793, il entra dans l'armée autrichienne, où son grand-
oncle, Jacob-Robert Nugent (1720-94), avait été feld-
maréchal-lieutenant, se distingua durant la campagne
contre l'Italie, et, promu en 1807 colonel, devint en 1809
chef d'état-major général de l'archiduc Jean. En 1813,
il dirigea, comme général-major, les opérations contre le
vice-roi d'Italie, Eugène de Beauharnais, fut une première
fois repoussé par les troupes françaises, puis conquit la
Croatie, l'Istrie, et se rendit maître de la vallée du Pô.
En 1815, il eut le commandement, comme feld-maréchal-
lieutenant, de l'aile droite de l'armée autrichienne en Ita-
lie, occupa Rome et battit Murât. En 1816, il fut élevé
par le pape à la dignité de prince de l'Eglise, entra l'an-
née suivante, comme capitaine-général du royaume de
Naples, au service de Ferdinand I^^ et, après fa révolu-
tion de 1820, reprit du service en Autriche. Envoyé en
1848, à la tête d'un corps d'armée, au secours de Ra-
detzky, il prit part, l'année suivante, à la soumission de
la Hongrie et fut promu peu après feld-maréchal. L. S.
NUGENT-DuNBAR (Robert) (V. Dunbar).
NUGENT-Temple (V. Grenville).
NUILLE-le-Jalais. Corn, du dép. de la Sarthe, arr.
du Mans, cant. de Montfort ; 438 hab.
NUILLÉ-sur-Ouette. Com. du dép. de la Mayenne,
arr. de Laval, cant. de Montsùrs ; 344 hab.
NUILLÉ-suR-VicoiN. Com. du dép. de la Mayenne, arr.
et cant. (E.) de Laval; 1.184 hab.
NUISEMENT-aux-Bois. Com. du dép. de la Marne,
arr. de Vitry-le-François, cant. de Saint-Remy-en-Bou-
zemont; 115 hab.
NUISEMENT-sur-Coole. Com. du dép. de la Marne,
arr. de Châlons, cant. d'Ecury-sur-Coole ; 181 hab.
NUIT. I. Astronomie. — La nuit est, par opposition
au jour, dont elle forme le complément, l'espace de temps
compris entre le coucher et le lever du soleil. Pourtant, il
ne fait réellement nuit, au sens propre du mot, qu'assez
longtemps après le coucher du soleil, et il cesse de faire
nuit bien avant son lever; la lumière indécise, intermé-
diaire entre le jour et la nuit, qu'on observe le soir et le
matin, alors que le soleil est entre l'horizon et un cercle
situé à 18^ au-dessous de cet horizon, constitue, le soir,
le crépuscule, et le matin, V aurore (V. ces mots). A
Paris, au moment du solstice d'été, il n'y a pas de nuit
absolue, le soleil ne descendant pas au-dessous du cercle
précité. Dans les régions polaires, au contraire, il y a de
longues nuits de plusieurs mois (V. Polaires [Terres]).
II. Législation. — Les lois et règlements emploient
fréquemment le mot nuit. Parfois, ils en délimitent ex-
pressément la durée, et c'est alors cette délimitation qui
doit être suivie. Ainsi, l'art. 1037 du Code de proc. civ.,
qui interdit de faire, durant la nuit, aucune signification
ni exécution, fait courir cette nuit de six heures du matin
à six heures du soir du 1®^ oct. au 31 mars et de quatre
heures du matin à neuf heures du soir du 1®^' avr. au
30 sept. Mêmes limites sont fixées par l'ordonnance du 29 oct.
1820, qui défend à tout gendarme de pénétrer, la nuit
dans les maisons des citoyens, hors les cas d'incendie,
d'inondation ou de réclamation venant de l'intérieur de la
maison. Dans d'autres cas, au contraire, les textes sont
muets sur la durée de la nuit : telle la loi du 3 mai 48i4,
qui interdit de chasser la nuit, tel le décret du 40 août
4852 qui ordonne d'éclairer les voitures circulant la nuit
sur les routes, tels également les art. 384, 385 et 386
du C. pén. qui aggravent les pénalités du vol lorsque
celui-ci est commis la nuit. Dans ces cas et dans les autres
cas analogues, il semble que les tribunaux aient à pro-
céder avant tout, pour établir la contravention ou le ca-
ractère du délit, à une constatation de fait et, à défaut
d'indications contraires, à réputer la nuit commencée dès
que le crépuscule a pris fin. Pourtant, un arrêt de la Cour
de cassation du 6 févr. 4886 a décidé qu'en l'absence de
toute énonciation contraire dans un règlement municipal
ordonnant l'éclairage des voitures pendant les « courses
de nuit », ce mot doit s'entendre de plein droit de tout
l'intervalle de temps qui s'écoule du coucher au lever du
soleil. L. S.
III. Mythologie. — La Nuit (Nyx des Grecs, Nox des
Latins) n'a jamais été qu'une personnification allégorique
figurant dans les poèmes ou les œuvres d'art. Homère
chante sa puissance qui dompte par le sommeil les hommes
et les dieux. La théogonie hésiodique la classe fille du
Chaos, sœur et épouse de FErèbe, avec qui elle procrée
l'Ether et le Jour ; seule elle enfante les divinités de la
destinée, Kères et Moires, la Mort, le Sommeil, les Rêves,
la Plainte, la Misère, la Faim, la Peur, la Némésis, la
Discorde, la Folie (Atê), mais aussi l'Amour (Eros). Elle
était représentée sur le fameux coifret de Kypselos (Cyp-
selus) avec le Sommeil et la Mort dans ses bras. On prit
l'habitude de la peindre la face voilée de noir, vêtue d'une
longue robe noire semée d'étoiles, tantôt ailée, tantôt sur
un char traîné de chevaux noirs, portant soit le Sommeil
et la Mort, soit une torche renversée. A. -M. B.
IV. Histoire. — Nuit du 4 août (V. Août).
NUITS ou NUITS-sous-Beaune ou NUITS-Satnt-
Georges. Ch.-l. de cant. du dép. de la Côte-d'Or, arr.
de Beaune, sur le Muzin, à l'entrée d'une vallée pit-
toresque ; 3.625 hab. Stat. du chem. de fer P. -L. -M.
Commerce de vins ; vignobles renommés ; les crus les
plus renommés sont Saint-Georges et Chàteau-Latour. La
seigneurie de Nuits appartenait aux sires de Vergy ; Alix
de Vergy la porta en dot à Eudes III, duc de Bourgogne
en 4498. Celui-ci dota en avr. 4242 les hommes de son
abe7^gement de l^iiits d\me charte de liberté, par laquelle
il les affranchissait de toute taille et exaction, ne se réser-
vant qu'un cens annuel de cinq sols par manse. Cette
charte fut confirmée en 4256 et 4268 par le duc Hugues IV.
Les privilèges qui ne s'appliquent qu'à Nuits-à-Val furent
plus tard étendus à Nuits-à-Mont. L'origine des magis-
trats municipaux est inconnue ; mais dès 4347 on constate
l'existence d'échevins. Pour se préserver des pillages des
Compagnies, les habitants obtinrent en 4362 du gouver-
neur de Bourgogne la permission de construire une forte-
resse. En 4477, Louis XI donna la ville, prévôté et sei-
gneurie de Nuits, à Pierre DorioUe, chancelier de France.
François 1^^ visita Nuits le 29 déc. 4533 ; d'autres sou-
verains s'y arrêtèrent : Louis XIII en 4630, Louis XIV
en 4658. En 4576, la ville, après un siège vaillamment
soutenu, dut ouvrir ses portes au duc Casimir qui la livra
au pillage et à l'incendie. Les Nuitons se montrèrent
ardents partisans de la Ligue ; le maréchal de Biron entra
dans la ville le 23 mai 4595. Pendant la guerre franco-
allemande, Nuits a été le théâtre d'une sanglante bataille,
le 48 déc. 4870, entre la première légion des mobiUsés
du Rhône et les mobiles de la Gironde, commandés par le
général Cremer, et la division badoise de Glumer. L'issue
du combat demeura indécise ; et tandis que les Allemands
se repliaient sur Dijon, Cremer se retira sur Beaune. Un
monument commémoratif en forme d'obélisque a été élevé
sur le lieu de la bataille.
gp.a^'dt: eXvCyclopédie. — XXV,
429 -«. NUIT — NULL
On a recueilli quelques silex taillés dans les excava-
tions dites T7VUS Légers, creusées dans le flanc de la col-
line au-dessus du Muzin. A diverses reprises, on a trouve
des substructions et des antiquités romaines. Uéglise pa-
roissiale de Saint-Symphorien est un monument remar-
quable de la fin du xiii^ siècle ; elle a la forme d'une croix
latine avec transept n'excédant pas les bas côtés, et chevet
plat ; le croisillon septentrional du transept a disparu au
XV® siècle par la construction de la chapelle de Saint-Jean ;
au carré du transept s'élève une tour carrée. L'église col-
légiale de Saint-Denis, dans Nuits-à-Val, a été naguère
remplacée par une église dans le style roman : c'est une
succursale de la paroisse. L'hôpital Saint-Laurent, qui exis-
tait dès 4445, est tenu par des religieuses du même Institut
que les dames hospitalières de Beaune. Patrie du corsaire
François Thurot. Les armes de Nuits sont : Bandé d'or
et d'azur de six pièces, à la bordure de gueules, au
chef d'or à trois tourteaux de gueules. M. Prou.
BiBL. : H. ViENxXE, Essai historique sur la ville de Nuits;
Dijon, 18-45, m-8.
NUITS-sur-Armançonou NUITS-sous-Bavières. Com.
du dép. de l'Yonne, arr. de Tonnerre, cant. d'Ancy-le-
Franc, sur l'Armançon. Stat. du chem. de fer P.-L.-M.,
embranchements sur Châtillon-sur-Seine et sur Avallon ;
507 hab. Autrefois baronnie relevant de Châtel-Gérard.
Voie romaine de Sens à Alise. EgUse de Saint-Cyr et Sainte-
Julitte, avec portail du xii^ siècle ; vitrail de 4578 ; pis-
cine de la Benaissance. Château Morin, manoir du xv^ siècle.
Château des xvn® et xvni® siècles. Pont sur l'Armançon
datant de 4738. Aux environs, restes de la commanderie
de Saint-Marc : chapelle du xn^ siècle.
NUJEEBABAD. Ville de Flnde (V. Nadjibabad).
NUL (Math.). Un nombre est nul lorsqu'il devient égal
à zéro, ou, pour parler plus exactement, le symbole zéro
exprime l'absence de toute grandeur. En algèbre, on trouve
grand avantage, en général, à rendre nul le second mem-
bre de toute équation. Ce symbole de la nulHté s'introduit
dans le calcul, mais exige des précautions particuUères.
C'est ainsi qu'on ne peut, par exemple, diviser par une
expression les deux membres d'une équation sans avoir
l'assurance que cette expression n'est pas nulle. Cette oj)é-
ration faite à la légère conduirait aux pires absurdités, et
il est facile d'en présenter de nombreux exemples. Cela
tient à ce que le produit de tout nombre par 0 est nul ;
de 3 X 0 = 7 X 0, on ne peut conclure 3 zn 7.
En géométrie, on considère quelquefois aussi des lon-
gueurs nulles. On dit souvent que l'équation ^^+î/'2 = 0,
en coordonnées rectangulaires, représente un cercle de
rayon nul, ce qui est surtout une forme de langage. L'une
des définitions des foyers d'une conique consiste à dire
qu'un foyer est un cercle de rayon nul, doublement tan-
gent à la conique.
A un point de vue plus général que celui qui précède, il
y a lieu de distinguer entre zéro et une quantité nulle ;
zéro est nul en ce qui concerne l'addition ; mais si l'on
multiphe un nombre par 4 , on ne l'altère pas. Il serait donc
permis de dire que 4 est nul par rapport à la multipHcation,
puisque la multiplication par 4 est de nul effet. En général, on
peut considérer comme nul, dans une opération quelconque
représentée par le symbole anb, tout opérateur a tel que
<xnb soit identique à b, quel que soit b. C.-A. Laisant.
N U LES. Ville d'Espagne, prov. de Castellon, sur le chem.
de fer de Valence àTarragone; 4.500 hab. (en 4887).
Vieille enceinte garnie de tours. A2kil. 0., source ferru-
gineuse (-h 30 '^^ de Villavieja.
NULL (Eduard van der), architecte autrichien, né à
Vienne le 9 janv. 4842, mort (suicidé) à Vienne le 3 avr.
4868. Professeur à l'Académie de cette ville, il eut une
grande influence sur le style des nouvelles constructions,
dont il éleva un grand nombre en collaboration avec Sic-
cardsburg, notamment la maison Haus (au Graben), le
palais Larisch, l'Opéra. Il imitait le style Renaissance avec
tendance au rococo.
NULLEMONT — NUMA
— 430
NULLEMONT. Corn, du dép. de la Seine-Inférieure,
arr. de Neufchâtel, cant. d'Aumale ; 472 hab.
NUL LlTÉ (Droit civ.). On peut appeler nullité tout vice
qpi en droit empêche un acte ou une convention d'avoir
une existence légale et, partant, de produire effet. La théo-
rie des nullités est une des plus compliquées de notre droit
français ; cela vient surtout de l'insuffisance des règles
tracées en cette matière par le législateur. La jurispru-
dence a bien, il est vrai, essayé en certains cas de sup-
pléer à l'insuffisance de la loi, mais ses principes, bien
que justes et relativement simples, sont souvent en prati-
que d'une application délicate. Les nullités peuvent se clas-
ser à différents points de vue : ainsi, on distingue les nullités
absolues et les nullités relatives. Les nullités absolues sont
celles qui ne peuvent être couvertes, qui peuvent être invo-
quées par tous ceux qui y ont intérêt et même par le ministère
public. Les nullités relatives sont, au contraire, susceptibles
d'être couvertes, et sont moins, à vrai dire, une nullité qu'une
faculté accordée à une ou plusieurs personnes d'attaquer
un acte ou un contrat. Les nullités sont aussi extrinsèques
ou intrinsèques. La nullité extrinsèque est celle qui résulte
de la forme extérieure d'un acte ; la nullité intrinsèque
est celle qui résulte du fond môme de l'acte. Enfin certains
auteurs divisent les nullités en nullités de plein droit et
nullités par voie d'action. Les premières sont celles qui
sont expressément prononcées par la loi ou qui résultent
d'un vice qui a empêché l'acte d'exister ou le contrat de se
former. Les nuUilès par voie d'action sont celles qui doi-
vent être prononcées par les tribunaux sur la demande des
parties ou de l'une d'elles et qui résultent d'un ensemble
de circonstances laissées à l'appréciation des juges.
La théorie des nullités s'applique à toutes les branches
du droit et particulièrement aux actes de procédure, aux
exploits (V. ce mot) . En ce qui touche la nuHité de ces actes,
la loi a pris soin de formuler les règles générales. En
principe, aucun acte de procédure ne peut être déclaré
nul qu'autant que la nullité en est formellement prononcée
par un texte ; c'est ce qu'on exprime en disant que les
nullités ne se suppléent poi7it.Vac conséquent, ûorsmème
(jue la loi prescrit une formalité en termes impératifs,
l'omission de cette formalité n'entraîne pas la nullité de
l'acte si la loi ne le dit pas expressément. Inversement,
dès qu'une nullité est prononcée par la loi, elle doit être
prononcée par le juge, qui n'a, à ce point do vue, aucun
pouvoir d'appréciation ; on dit, en ce sens, que les nulHtés
ne sont pas comminatoires. Les nullités de procédure, les
seules dont nous parlions actuellement, doivent, en règle
générale, être proposées avant toute défense au fond. Un
exemple précisera ces trois règles. Je suis assigné devant
un tribunal en paiement d'une somme d'argent, mais
l'exploit qui m'est signifié n'indi([ue pas le nom de l'huis-
sier qui l'a délivré ; c'est une cause de nuUité, car l'art. 64
du G. de procéd. exige cette .mention, à peine de nullité.
Dès lors, si je relève cette omission, le juge devra néces-
sairement prononcer la nullité de l'exploit, car les nullités
ne sont pas comminatoires. Je devrai d'ailleurs invoquer
la nullité de l'ajournement avant de conclure au fond, car
si j'accepte le débat, je suis réputé y renoncer. Mais,
inversement, je ne serai pas admis à me plaindre de ce
que l'exploit n'indique pas quel jour de la semaine il a
été rédigé, car la loi n'exige pas cette mention, et les
nullités ne se suppléent point. Il va de soi que la nullité
ne peut être demandée que par la partie à qui l'acte est
opposé et non par celle à la requête de laquelle il a été fait ;
dans l'exemple précédent notamment, le défendeur peut
seul relever la nullité de l'assignation. — L'acte de pro-
cédure une fois déclaré nul ne produit aucun effet, et,
pour continuer l'exemple précédent, l'ajournement annulé
n'interrompt pas la prescription, ne fait pas courir les
intérêts et ne met pas le débiteur en demeure. On com-
prend combien une nulUté ainsi commise peut entraîner
de graves conséquences. Aussi la loi dit-elle que les pro-
cédures ou les actes nuls seront à la charge des officiers
ministériels qui les auront faits et permet-elle, en ci:':e,
de condamner ceux-ci à des dommages-intérêts envers k
partie lésée.
En ce qui touche les conventions, la théorie des nul-
Htés est beaucoup plus compliquée. D'une manière géné-
rale, le contrat nul est celui qui, bien que réunissant
tous les éléments essentiels à sa formation, renferme ce-
pendant un vice suffisant pour le faire annuler. Ces causes
de nullité sont l'incapacité d'une des parties contractantes,
le dol, l'erreur, la violence et exceptionnellement la lésion,
c.-à-d. le fait qu'un des contractants n'a pas reçu un
équivalent suffisant. La nullité d'un contrat ne peut être
prononcée que par la justice, aussi peut-on' dire que la
convention nulle est celle qui a été déclarée telle par un
tribunal, et que, jusqu'à ce moment, elle n'est qu'annu-
lable. Les contrats nuls (ou plus exactement annulables)
ne peuvent être attaqués que par la partie en faveur de
laquelle la nullité a été édictée, par celle, par exemple,
qui était incapable ou dont le consentement a été surpris
par erreur, dol ou violence. D'ailleurs, cette partie peut
confirmer l'acte annulable dès qu'elle est devenue capable
ou dès que son consentement est devenu libre. Cette con-
firmation peut être expresse, la partie qui pourrait atta-
quer le contrat déclarant le tenir pour bon et valable.
Elle peut aussi être tacite, lorsque celui qui pourrait in-
vo([uer la nullité n'intente pas son action dans un certain
délai. Ce délai n'est pas toujours le même : ainsi, quand
il s'agit d'une demande en revision d'une vente d'im-
meuble pour lésion de plus de sept douzièmes, l'art. 4676
du C. de comm. le limite à deux ans. Mais, en règle gé-
nérale, dans tous les cas où l'action en nullité n'est pas
fixée à un moindre temps par une loi particulière, l'action
dure dix ans. Ce temps court, dans le cas de violence, du
jour où la violence a cessé ; dans le cas d'erreur ou de
dol, du jour où ces vices ont été découverts ; pour les
actes passés par des femmes mariées non autorisées, du
jour de la dissolution du mariage. A l'égard des actes
faits par des interdits, le délai de dix ans cowt du jour oii
l'interdiction est levée, et par ceux faits par des mineurs,
du jour de la majorité. La nullité une fois prononcée, le
contrat est réputé n'avoir jamais existé ; si donc il n'a
pas encore été exécuté, il ne peut plus l'être, car il n'a
engendré aucune obligation, ni civile, ni même naturelle.
Si la convention a déjà été exécutée, les parties doivent
être remises au même et semblable état que si aucun
contrat n'était jamais intervenu entre elles ; par exemple,
s'agissant d'une vente, l'acheteur doit rendre la chose
vendue avec les fruits qu'il a recueillis depuis la passation
du contrat ; par contre, le vendeur doit lui restituer le
prix qu'il a payé et les intérêts. Par exception, s'il s'agit
d'un incapable, mineur, interdit ou femme mariée, qui
obtient la nullité d'un contrat à raison de son incapacité,
il ne doit rembourser que ce qui a tourné à son profit,
de façon qu'il ne soit pas enrichi aux dépens de son co-
contractant. Enfin, par suite de la nullité prononcée, les
droits que les parties peuvent avoir concédés à des tiers sont
rétroactivement anéantis. P. Girodon et E. Tournerie.
N U LLY. Com. du dép. de la Haute-Marne, arr. de Wassy,
cant. de Doulevant, à la source du Martin-Champ, r. dr.
du Ceffondet (affll. de la Voire) ; 474 hab. Mouhns, tuilerie,
carrières. Les seigneurs de NuUy sont mentionnés au
xii^ siècle {Nuilleïum) ; ils relevaient de la prévôté de
Bar-sur- Aube. La seigneurie avait titre de baronnie;
elle appartenait à la famille de Mandat. L'ancien château
subsiste. E. Ch,
NUMA (Marc Beschefer, dit), comédien français, né à
Vincennes en 4802,^ mort à Sarcelles (Seine-et-Oise) en
4869. Après avoir fait de bonnes classes et commencé
l'étude de la médecine, le goût du théâtre s'empara de lui,
et, après s'être essayé sur le petit théâtre de société de
Doyen, il accepta un engagement pour Versailles, d'où,
en 4823, il était appelé au Gymnase, où l'on désirait le
voir prendre la succession de Perlet. Mais Numa était ua
134 —
NUMA — NUMÉRATION
comique trop fin, trop personnel pour chausser les souliers
d'autrui. Les auteurs le comprirent, et les créations qu'ils
lui confièrent lui firent bientôt conquérir sur le public une
autorité que peu d'artistes peuvent se flatter de posséder.
Comique froid en apparence, avec des allures de pince-
sans-rire, mais plein de naturel et de bonhomie, il avait
le don d'exciter la galté à l'aide d'un flegme impertur-
bable. De plus, il était doué, à l'occasion, d'une émotion
communie a live, et savait par un mot, par un geste, tirer
les larmes des yeux. A part quelques courtes escapades
au Cirque, à la Gaité, au Théâtre-Historique, aux Variétés,
Nu m a resta pendant quarante ans au Gymnase et y fit
plus de deux cents créations. Parmi celles qui lui firent
le plus d'honneur, on peut citer : Rodolphe, les Mora-
listes, la Cour d'assises, la Demoiselle à marier, Moi-
roud et C*^, V Ambassadeur, les Malheurs d'un amant
heureux, Geneviève, l'Article 2i8, le Premier Coup de
cfimf, Bocquet père et fils, Jeanne et Jeannelon, etc.
NUMA PoMPiLius. Le second des rois légendaires de
Rome (745-672 av. J.-C). l^ilsdu Sabin PompiliusPompo,
gendre du roi Tatius, il fut quelque temps associé au trône
de Romulus. On vint le chercher à Cures, après la mort de
ce dernier et un interrègne d'une année, le peuple ayant
forcé le sénat à rétablir la royauté que ce dernier voulait laisser
vacante. A rencontre du règne belliqueux de Romulus, le
sien fut entièrement pacifique. On lui prête un caractère
essentiellement pacifique et pieux et la légende en fait l'or-
ganisateur de l'Etat romain, et en particufier l'auteur de
ses institutions religieuses. Il partagea entre les citoyens
les terres conquises par Romulus, planta des bornes aux
limites, ériga des sanctuaires à Terminus et à Fides. Il fit
concorder l'année civile avec l'année solaire, créant douze
mois au lieu de dix usités jusqu'alors, combla par des mois
intercalaires l'écart existant avec l'ancienne chronologie,
institua les collèges religieux des Pontifes, des Augures,
des Saliens, des Féciaux, des Vestales, les Flamines
(V. ces mots), érigea à Janus un temple avec une double
porte qu'on ne devait ouvrii' qu'en temps de guerre ; sous
son règne, elle fut constamment close. Il régla les rites
des prières et des sacrifices, des conjurations pour forcer
les dieux à révéler leurs volontés par les éclairs ou le vol
des oiseaux. Ces enseignements lui furent donnés par Fau-
nus et Picus qu'il avait surpris et enchaînés, grâce aux
avis de la nymphe Egérie. On contait en effet que Camcna
Egeria avait épousé Numa et qu'ils se voyaient dans un bois
sacré des environs de Rome. On disait aussi que les livres
sacrés de Numa avaient été enfermés dans un caveau voi-
sin de sa tombe. En l'an 484 av. J.-C, on déclara les
avoir découverts sur le Janicule ; 7 ou 42 livres étaient en
latin, autant en grec ; sagement le sénat fit brûler les se-
conds et mettre de côté les premiers. Les Grecs ont voulu
faire du sage roi romain un disciple de Pythagore, dont
la personnalité historique est aussi bien brumeuse, il n'est
pas possible de dégager des faits historiques certains de la
légende de Numa. On a mis sous son nom toutes les vieilles
institutions refigieuses, par un procédé évidemment arti-
ficiel. Retenons seulement son origine sabine qui affirme
la dualité ethnique de la population dirigeante do la Rome
primitive. On lui donnait une fille, Pompilia, qui, mariée à
Numa Marcius, en eut Ancus Martius, quatrième roi de
Rome. Ces versions sur les mariages et filiations parais-
sent en contradiction avec Tusage de l'exogamie que tra-
duirait la légende de l'enlèvement des Sabines (V. Famille) ;
elles seraient donc peut-être plus récentes. A. -M. R.
NU MANGE. Ville antique d'Espagne, dont les ruines se
voient à G-array, auN. de Saria, sur le haut Douro (Duero).
C'était la capitale des Arevaques, de race celtibère, bâtie
sur une colline abrupte à 1.400 m. d'alt., ayant environ
4.500 m. de tour. Après la soumission des Celtibères par'
le consul Metellus (442), elle continua la résistance avec
ses 8.000 combattants. Le consul Q. Pompeius fut mis en
échec et forcé de traiter (439), mais le sénat romain re-
jeta la paix. Le consul M. Popilius Lsenas fut repoussé ;
son successeur, Gna;us Hostilius Mancinus, enveloppé et
forcé de capituler (137) ; le consul et ses ofliciers, dont le
({uesteur Tiberius Sempronius Gracchus, jurèrent le traité ;
il n'en fut pas moins rejeté encore par le sénat, et Mancinus
livré aux Numanciens qui refusèrent de l'accepter. Enfin, en
434, on envoya en Espagne le jeunePublius Cornélius Scipio
l'Africain. Celui-ci refusa tout combat, dévasta la cam-
pagne aux environs de Numance et entoura la ville de
circonvallations gardées par 60.000 hommes. Affamés, les
Numanciens s'entre-tuèrentpour la plupart; les survivants
furent vendus comme esclaves, la ville rasée (433). Scipion
obtint le triomphe et le nouveau surnom de Numantinus.
N U M E N I U S d' Apamée, philosophe grec platonicien, qui
vivait vers 450 après J.-C. Il soutint que la philosophie
de Platon dérivait de celle de Pythagore, elle-même ori-
ginaire d'Orient, développa le thème des trois hypostases
de la divinité (esprit, créateur et Cosmos). On trouvera
des fragments de ses œuvres dans Mullach, au t. III des
Fragmenta phil. Grœc.
BiBL. : Thedinga, De Numenio philosopha plàtoràco ;
Bonn, 1875.
NUMÉRAIRE (Econ. pol.) (V. Monnaie).
NUMÉRATEUR (Arithm.). Une fraction ordinaire, en
arithmétique, se définit par une collection de parties égales
de l'unité, celle-ci ayant été divisée en un certain nombre
de parties égales. Le nombre de ces parties égales que
l'on prend pour former la fraction s'appelle le numérateur
de cette dernière, et le nombre des parties en lesquelles
on a divisé l'unité s'appelle le dénominateur. Le numéra-
teur s'écrit au-dessus et le dénominateur au-dessous," les
deux étant séparés par un trait. La. fraction cinq septièmes,
par exemple, s'écrira -, et 5 est le numéi-ateur. De mémo,
. a
dans une fraction algébrique y, <2 est le numérateur.
NUMÉRATiON (Arithm. ) . Exprimer les nombres par le
langage articulé et par l'écriture, tel est le but de la nu-
mération, qu'on distingue pour cette raison en numération
parlée et en numération écrite, dans pres.juetous les traités.
Cependant les principes essentiels restent les mêmes. Nous
ne pouvons ici ni expliquer par le détail la numération
décimale, aujourd'hui à peu près universellement en usage,
ni nous livrer à des recherches historiques sur les numé-
rations qui ont été ou qu'on croit avoir été employées suc-
cessivement par les divers peuples et aux diverses époques.
Toutes les numérations semblent avoir reposé sur le
principe uniforme des bases, lequel consiste au fond à
mettre un nombre N sous la forme
N r= ^0 + a^B + a^R^ 4- ,
B étant la base, et aQ,a.^,a2,... des coefficients toujours
inférieurs à B, qui sont les chiffres, par conséquent' tou-
jours inférieurs à B ; en y ajoutant le zéro qui sert à mar-
quer la place d'un coefficient nul, cela fait donc B carac-
tères différents. Dans la numération décimale, la plus usitée
aujourd'hui dans le monde, B =; 40, et il faut par consé-
quent j 0 caractères pour écrire un nombre entier quel-
conque. Dans la numération binaire, due à Leibniz, B = 2,
et on lie se sert que des deux caractères 0 et 4. La numé-
ration duodécimale, qui a quelquefois été proposée, exige-
rait deux chiffres de plus, représentant les nombres 40 et
44 par un seul caractiTe. il importe, dans l'étude (ie
l'arithmétique, de s'exercer à passer rapidement d'un sys-
tème de numération à un autre.
Cauchy parait être le premier qui aie proposé d'employer
la numération décimale avec cinq chiffres seulement, 4,2,
3, 4, 5, plus le zéro, bien entendu, en affectant cerlains
chiffres d'un signe —, placé au-dessus d'eux et indi([uant
([ue le terme correspondant du développement ci-dessus
doit être pris négativement. Par exemple, 3687 s'écrirait
dans ce système 4 343, car 4000 — 300 — 40 — 3=3687 .
Il est possible, avec un peu d'usage, de calculer dans ce
système aussi simplement (et peut-être plus simplement)
qu'avec la numération décimale ordinaire.
NUMÉRATION — NUMEROTAGE
— 432 —
Ainsi 37,568 représente 3.10 + 7 + fâ -^ a^ "
Il est possible d'imaginer beaucoup d'autres méthodes
de numération, en dehors du principe des bases. Nous
indiquons, uniquement à titre d'exemple, dans cet ordre
d"idées, la numération factorielle, où les chiffres succes-
sifs, de droite à gauche, indiquent les coefficients par les-
quels il faut multiplier les factorielles 4! = 1, 2! =: 2,
3! z= 6, 4! =: 24,... pour obtenir le nombre en ajoutant
les produits obtenus. Ainsi, en numération factorielle, le
nombre 36259 s'écrirait 7420304, comme il est facile de
le vérifier. Dans un tel système, un chiffre est toujours au
plus égal à son rang à partir de la droite ; mais le nombre
des chiffres à employer est illimité quand les nombres à
représenter deviennent très grands, ce qui rend cette nu-
mération, pour ainsi dire, impraticable au point de vue
des calculs ordinaires. Elle n'en est pas moins précieuse
pour certaines questions purement scientifiques.
Dans tout ce qui précède, il ne s'agit que des nombres
entiers. Nous rappelons seulement que l'usage de la vir-
gule, et des chiffres décimaux écrits à la suite, permet
d'écrire toutes les fractions décimales d'après un principe
analogue à celui qui préside à la numération des entiers.
5 . 6 _^ J_
'"^40^^*
C.-A. Laisant.
NUWIERI. Un des quatre corps d'élite qui constituaient
à Byzance la garde impériale, et dont la résidence était
fixée au Palais sacré, auprès de la personne du basileus.
On le désignait également par le terme d'^ApiOp-o;. 11
semble que ce régiment, outre la garde du palais, four-
nissait des détachements pour le service des murs, du
cirque, de certaines prisons. A la tète de ce corps était
placé un officier appelé domestique ou drongaire. Ch. D.
NUMERIANUS (Marcus-x^urelius), empereur romain.
Fils cadet de Carus, qui l'avait nommé césar, il avait
accompagné son père à la campagne de Perse, tandis que
son frère aîné Carinus restait en Occident. Il fut, après
la mort étrange de Carus, tué par la foudre à ce que pré-
tendit son entourage, proclamé empereur, avec son frère,
par l'armée (déc. 283). Les troupes, effrayées par cette
mort qu'elles rattachaient aux prophéties qui interdisaient
à l'empire romain de dépasser le Tigre, exigèrent la re-
traite. Numerianus, qui était un lettré doux et aimable,
céda. Durant cette marche qui dura huit mois, du Tigre
au Bosphore, il fut bientôt confiné dans sa litière par une
maladie des yeux. L'autorité fut exercée par son beau-
père Avrius Aper, préfet du prétoire. A la fin, surpris de
ne plus voir l'empereur, les soldats forcèrent l'entrée de
sa tente et y trouvèrent son cadavre. Aper, accusé de
meurtre, dans un conseil de guerre tenu à Chalcédoine, fut
tué sur place par Dioclétien qui fut acclamé empereur
(47 sept. 284). A.-M. B.
NUMÉRIQUE. Valeur numérique. — On appelle valeur
numérique d'une expression F (a, ^, c. . . ) la valeur évaluée en
nombres de cette expression quand on y remplace a, b,c...
par des nombres donnés. Ainsi la valeur numérique de
^2ab
di^oiir a-=6, b=:^, c^^^i, d==:i, est 44.
Fonctions numériques. — On appelle fonctions numé-
riques les fonctions qui ne sont définies que pour des
valeurs entières de leurs variables. Ainsi la fonction 9 (N),
qui désigne le nombre des entiers non supérieurs à N et
premiers avec N, est une fonction numérique. L'interpo-
lation des fonctions numériques est un problème très in-
déterminé qui a pour but de trouver une fonction conti-
nue qui prenne pour des valeurs entières de la variable
les mêmes valeurs qu'une fonction numérique donnée.
'g) est une fonction qui interpole la fonction numé-
rique 4 -[- 2 -|- 3. . . -1- n. — La fonction F {x) de Legendre
et d'Euler interpole le produit 4.2.3.. (x — 4) (V. Eulé-
RiENNEs). H. Laurent.
BiBL. : Laurent, Traité d'analyse^ vol .III.
N U iVi ERO. I. Art militaire. — Numéro matricule. —
C'est le numéro qui est donné au soldat lors de son incor-
poration dans un régiment ou dans un bataillon formant
corps. Il est porté sur son hvret et reproduit sur tous ses
effets et objets d'équipement, ainsi que sur les diverses
pièces le concernant. Il est changé si le soldat change de
corps et lors de son passage dans la réserve.
IL Marine. — Chaque bâtiment a, outre son nom, un
numéro, qu'il conserve toujours, même quand il change
d'escadre, de station, ou qu'il désarme : c'est son numéro
officiel. Il reçoit en outre, lorsqu'il entre dans une escadre,
un numéro d'escadre, qui lui est donné par l'amiral. Ces
numéros permettent aux bâtiments de se faire reconnaître en
arborant les signaux qui leur correspondent.
III. Voirie. — Numérotage des maisons (V. Voirie).
NUMÉROTAGE. I. Technologie. •— Numérotage des
fils. — Nous avons indiqué au mot fil quelles sont les
bases des méthodes employées pour indiquer la grosseur
des fils industriels, au moyen d'un numéro (ou titre lors-
qu'il s'agit de fils de soie moulinés). Pour les soieries, le
titre indique le poids que pèse une longueur déterminée
de fil, tandis que, pour les filés d'autres matières, le nu-
méro représente la longueur de fil qui correspond à un
poids invariable.
Les systèmes employés pour les différentes matières
textiles et dans les différents pays sont toujours établis
d'après ces principes, mais varient par les unités de poids
et de mesures dont on fait usage. Le poids base est ordi-
nairement l'unité de poids usuelle du pays, et la longueur
base est déterminée par la manière dont se fait le dévi-
dage des fils lorsque la vente doit en être faite sous
forme d'échevettes.
Le dévidoir dont on fait usage en France pour les fils
de laine et de coton a un périmètre de 4"\428. L'éche-
veau, correspondant à la longueur base de 4.000 m., est
composé de 40 échevettes formées chacune par 70 tours
enroulés autour du dévidoir. Jusqu'il y a peu de temps,
les écheveaux de laine comprenaient 5 échevettes formées
de 400 tours, et contenaient par conséquent environ
740 m. de fil. Le dévidoir ordinairement employé en An-
gleterre a un périmètre de 4 4/2 yard équivalent à
4^,3746, et l'écheveau formé par 7 échevettes à 80 tours
renferme une longueur de fil de 840 yards ou 768 m.
L'industrie du lin fait usage, même en France, d'un nu-
mérotage anglais dérivant d'un dévidoir ayant un péri-
mètre de 2 4/2 yards ou 2'",286; l'écheveau contenant
300 tours renferme une longueur de fil de 300 yards ou
274 m. Le tableau ci- après indique les bases des systèmes
les plus usuellement employés.
Rien n'est plus facile que de ramener les numéros pris
dans un système à ceux d'un autre système. Pour établir
la relation qui existe entre ces numéros, il suffit d'expri-
mer, au moyen des mêmes unités, le poids d'une même
longueur de fil, en le déduisant des données des systèmes
que l'on veut comparer, et d'égaler les valeurs de ces
poids.
En prenant, par exemple, les numérotages anglais et
fi'ançais du coton, l'on trouve que le poids de 4.000 m,
de fil a pour valeur, d'après le système français,
500
p = -^ grammes,
et d'après le système anglais,
453,6 Xi, 000
^'= N.X768 ^'''^'^''-
d'où, en égalant ces deux valeurs,
500 453,6 X 4,000
Nr
par suite :
-^~.:r:4,48etN,r
N. X T68
Nk X 4 ,48 ou N. — Na X 0,846.
133
NUMÉROTAGE - NUMIDIE
SYSTÈME
LONGUEUR BASE
POIDS BASE
Métrîane •••
1.000 m.
1.000 m.
840 yards =768 m.
840 yards =: 768 m.
700 à 714 m.
560 yards = 512 m.
840 yards = 768 m.
1.120 êllen =750 m.
300 yards = 274 m.
3.600 ellen de Vienne = 2.805m.
0i^?,500.
1 livre = 0>'«,4536.
Oi^s, 500.
li'g ou 500g'-.
1 livre angl. = 0%,4536.
1 livre de Berlin = 0i'g,468.
1 livre angL=ûi'-g,4536.
10 livres anglaises = 4i^g,536.
Français du coton
Belge ~
Ancien français de la laine
Anû'lais de la laine
Allemand de la laine
Saxon de la laine
Anû'lais de lin
Autrichien de lin
Un fil portant le n*^ 50 dans le système français aura
par conséquent en Angleterre le n^ 59, et un fil anglais
du n'* 60 sera désigné en France par le n° 50,76.
Signalons aussi pour les soies grèges et moulinées les
bases des trois systèmes suivants :
SYSTÈME
LONGUEUR
BASE
POIDS
BASE
Ancien de Lyon..
Nouveau de Lyon.
Suisse et Italie.. .
400 aunes =476'>'. 43
500 mètres.
450 -
1 grain = 0s'-,0533
Id. Id.
0,05 grammes.
Les titres fournis par ces systèmes diffèrent peu les uns
des autres. Pour les schappes et autres déchets de soie
filés, le numérotage des fils se fait comme pour le coton
ou la laine ; en France, on leur applique le numérotage
métrique.. P. Goguel.
NUMÉROTEUR (Techn.). On désigne sous ce nom des
appareils destinés à imprimer une série de nombres
consécutifs et dans lesquels un mouvement de rota-
tion, généralement automatique, permet qu'après chaque
coup de l'appareil le chiffre qui vient d'être imprimé se
déplace et soit remplacé par celui qui le surpasse numé-
riquement d'une unité. Le numéroteur est composé d'une
série de molettes, petits disques métalliques qui portent
en relief, sur la tranche, la succession des chiffres de 0
à 9 inclus. La première molette de droite figure la colonne
des unités ; la deuxième, celle des dizaines et ainsi de
suite. Dans les timbres dateurs, le remplacement des
chiffres du quantième ne se faisant qu'une fois par jour,
on l'effectue généralement à la main ; il en est de même
pour le timbre sec des correspondances d'omnibus. Pour
le foHotage et pour le numérotage des billets de chemin
de fer, billets de banque, etc., le mouvement est auto-
matique.
Le problème le plus difiîcile est le numérotage des titres
de Bourse (actions, obligations, etc.). On emploie alors
non plus un numéroteur unique, mais une série de numé-
roteurs disposés dans des châssis spéciaux s' adaptant sur
des presses typographiques mues à bras ou mécanique-
ment. Un jeu de tringles et de leviers permet d'opérer
instantanément et d'un seul coup toutes les transforma-
tions de chiffres dans l'ordre où elles doivent se produire.
Nous citerons, comme exemple des difficultés qu'on peut
surmonter avec ces appareils, le numérotage fait, avec des
machines de la maison Trouillet, de deux miUions d'obli-
gations des chemins de fer turcs, où chaque titre portait
deux cents coupons, moitié au recto, moitié au verso, les
premiers numérotés en chiffres romains, les seconds en
chiffres turcs, avec, en outre, l'adjonction sur chaque
coupon d'une autre série de numéros indiquant s'il appar-
tenait à un titre de 5-40-25 ou 100 obligations. Chaque
titre multiple présentait alors plus de 400 numéros, de
7 chiffres chacun, dans lesquels toutes les substitutions se
faisaient à l'aide d'un seul coup de levier. E. Maglin.
NU NI ICI A {Gens). Vieille famille patricienne de Rome
dont un membre, T. Numicius Priscus, fut consul en 469
av. J.-C. EUe disparaît, mais on trouve un Titus Numicius
tribun de la plèbe en 320.
NUMICIUS. Petit fleuve côtier du Latium, aujourd'hui
nommé rio Torto. C'est un ruisseau qui se jette dans la
mer, entre Lavinium et Ardée. On contait qu'Enée avait
été brûlé au bord du Numicius, et on lui rapportait un bois
sacré et un autel consacrés à Jupiter Indiges, identifié avec
le héros troyen. Auprès était le sanctuaire d'Anna Perenna,
nymphe locale dont on fit une sœur de Didon.
BiBL. : Ovide. Fast., III, 5i5-64. — Silius Italicus, VIII,
28-201. - Pline, III, 5. — Denys, I, 64.
NUMIDIE. I. Géographie ancienne. — Ancien royaume
de l'Afrique septentrionale, correspondant à l'Algérie; la
Mulucha (Moulouia) le séparait de la Maurétanie à l'O. ;
le Tusca (ruisseau de Tabarka), du territoire carthaginois,
qui forma ensuite la province d'Afrique (aujourd'hui Tu-
nisie). Au S., la région saharienne était occupée par les
Gétules. Les Numides, dont les descendants sont les Ka-
byles, étaient divisés en tribus, dont les deux principales
étaient, au iii^ siècle, les Massyli et les Massœsyli, for-
mant deux royaumes séparés par l'Ampsaga (oued el-
Kebir, entre les Sept Caps [Seba-Rous] et Djidjelli) ; les
premiers à l'E., les seconds à l'O. Le nom de Numides
dérive du mot nomade et fut donné par les Grecs. La
cavalerie excellente de ces peuples était leur principale
force militaire. Ils ignoraient encore le chameau, qui ne
fut introduit qu'à l'époque des Ptolémées, et d'abord vers
la Cyrénaïque, mais ils possédaient l'éléphant, qu'ils do-
mestiquaient, chassaient la gazelle, l'âne sauvage, l'au-
truche, le lion, très abondants. Les principales ressources
végétales étaient l'olivier, l'oranger, le ricin arborescent,
le dattier. Les marbres veinés de Numidie furent les plus
recherchés à l'époque impériale.
A l'époque romaine, où la région occidentale fut ratta-
chée à la Maurétanie et la Numidie réduite au pays des
Massyli, les principales villes furent : avec la capitale Cirta,
(Constantine), son port de Rusicade (près Philippeville),
Hippo Regius (près de Bône), Tabraca (Tabarka), The-
veste (Tebessa), Lambsesa, Thamucadis (Timgad), Bulla
Regia, sur le Bagradas (Medjerda), Sicca Veneria (le
Kef), etc.
II. Histoire. — La cavalerie numide faisait la force des
armées carthaginoises, et le contingent commandé par le
métis Mutines faillit enlever la Sicile aux Romains. A
cette époque, le roi des Massy liens était Gala, voisin et
allié de Carthage ; le roi des Masssesy liens, Syphax,
s'était, au contraire, rapproché de Rome. Masinissa, fils
de Gala, fut, en 213, chargé de combattre Syphax, le
vainquit et l'obligea à se réfugier chez les Maurétaniens,
l'empêchant d'exiler les Romains en Espagne. Lui-même y
passa avec ses cavaliers numides (212). On l'y retrouve
NUMIDIE
d34
en 209 et en 206 à la bataille de Silpia où Scipion écrasa
l'armée carthaginoise d'Asdrubal, Giscon et Magon. Le
priice numide négocia alors avec le vainqueur, eut une
entrevue personnelle avec Scipion et s'engagea à lui prê-
ter son concours pour une invasion en Afrique. Cette dé-
fection fut, dit-on, motivée par un manque de parole
d'Asdrubal, qui avait promis à Masinissa la main de sa
fille, la belle Sophonisbe, et qui la donna à Syphax pour
le gagner ; mais il se pourrait que cette rupture fût pos-
térieure à l'entente secrète de Masinissa et de Scipion.
Quoi qu'il en soit, le premier demeura en apparence fidèle
à ses alliés. Sur ces entrefaites, son père, étant mort, avait
eu pour successeur, selon l'usage numide, le mâle aîné
de la famille, son frère OEsalcès, oncle de Masinissa, lequel
mourut bientôt et fut remplacé par son fils, le faible Capusa,
lequel fut évincé au profit de son frère, le jeune Lacumacès,
sous le nom duquel le pouvoir fut exercé par un chef du
nom de Mezetulus* Masinissa revendiqua la couronne, sol-
licita vainement l'appui de Bocchar, roi de Maurétanic,
et n'en vainquit pas moins ses concurrents. Mais à peine
était~il établi qu'il fut attaqué par Syphax et trois fois
de suite complètement défait et réduit à se cacher. Il
errait sur la côte avec une bande de maraudeurs quand
Scipion débarqua (204). Il ne lui rendit pas moins de si-
gnalés services, embaucha des cavaliers numides, défit
Hannon, fils d'Amilcar, et eut une grande part à la dé-
cisive attaque de nuit qui dispersa les forces d'Asdrubal
et de Syphax. Masinissa, intimement lié avec Scipion
et Laîlius, révéla des qualités militaires remarquables,
une énergie à toute épreuve, une fidéUté qui ne se démen-
tit jamais. Après une seconde défaite de Syphax et Asdru-
bal, il reconquit son royaume ; un retour offensif de Syphax
fut repoussé et le roi fait prisonnier. Sa capitale, Cirta,
fut prise avec ses trésors et sa femme, la belle Sopho-
nisbe. Celle-ci était toujours aimée de Masinissa ; mais le
général romain, redoutant l'influence de la fille d'Asdru-
bal, mit l'amoureux en demeure de choisir, et Masinissa
invita Sophonisbe à s'empoisonner. En récompense, il obtint
les honneurs royaux. Annibal, revenu en Afrique, fit une
tentative pour le ramener à lui, mais sans y parvenir.
Masinissa assistait à la bataille de 2ama, avec 6.000 fantas-
sins et 4.000 cavaliers, et commandait la cavalerie de l'aile
droite; après avoir mis en fuite les cavaliers numides,
qui lui. étaient opposés, il revint prendre à revers l'infan-
terie d' Annibal et eut part au choc qui décida de la vic-
toire.^ A la paix, il obtint non seulement la protection
romaine et ses anciens Etats, mais encore la plus grande
partie do ceux de Syphax (201).
A partir de ce moment, le redoutable chef régna pen-
dant cinquante années sur la Numidie. Son objectif cons-
tant fut l'annexion des fertiles territoires carthaginois, en
particulier deTEmporia (Tunisie centrale, Sahel de Sfax-
Sousse). Les querelles étaient portées à Rome dont les
Carthaginois invoquaient l'autorité pour faire observer le
traité, mais qui favorisait en sous main les agressions nu-
mides. Masinissa fournissait des auxiliaires commandés
par son fils Misagènes, des cavaliers, des éléphants, du
blé pour les guerres de Macédoine et d'Asie. Enfin, en
\^0, on en vint à un conflit, le parti favorable aux Nu-
mides fut exilé de Carthage par les démocrates ; le i*oi
prépara la guérite ; une ambassade envoyée par lui, avec
ses deux fils Micipsa etGulussa, ne fut pas reçue et nlême
fut attaquée au retour. Masinissa vint assiéger Orocaspa.
Asdrubal lui livra bataille sans résultat. Le jeune Scipion
Emilien, venu visiter Masinissa, s'interposa sans pouvoir
réconcilier les ennemis, Carthage ayant refusé de livrer
les déserteurs numides. Asdrubal fut cernée obligé de ca-
pituler, et une grande partie de ses soldats furent égorgés au
mépris du pacte. Ce fut alors que les Romains intervinrent
pour consommer la ruine de la cité rivale (149). Les né-
gociations conduites par eux avec une perfidie insigne dé-
sarmèrent Carthage (V. ce mot), sans lui laisser d^autre î
issue qu'une résistance désespérée. Masinissa s'abstint au '
début de la troisième guerre punique, inquiet de voir les
Romains opérer pour leur propre compte et peu soucieux
du redoutable voisinage qu'allait procurer à son royaume
leur installation permanente en Afrique. Il mourut plus
que nonagénaire au moment où une ambassade romaine
venait le mettre en demeured'envoyer ses auxiliaires. Jus-
qu'à la fin, il avait conser\é son activité physique et mar-
ché lui-même à la tête de ses troupes. Des 54 fils qu'il
avait eus de ses femmes ou concubines, trois seulement
survivants ont joué un rôle, Micipsa, Mastanabal et Gu-
lussa. A son lit de mort, le vieux monarque avait mandé
Scipion EmiKen, le chargeant de régler sa succession
('148).
Le fils aîné, Micipsa, eut Cirta et les trésors paternels ;
la mort de ses frères le laissa bientôt seul roi de la Nu-
midie agrandie jusqu'aux Syrtes après la chute de Car-
thage. Il fut fidèle à l'alliance romaine, envoya des auxi-
liaires pour les guerres d'Espagne, notamment contre
Viriathe (142) et contre Numance. En 125, une peste ra-
vagea la Numidie et fit périr 800.000 personnes. Micipsa,
comme ses frères, était fort civilisé, s'entourant de lettrés
et gavants grecs ; il embellit beaucoup sa capitale. A sa
mort (118), il laissa son royaume à ses fils légitimes
Adherbal et Hiempsal et à son neveu Jugurtha, qu'il avait
adopté. Il restait encore un fils de Gulussa, du nom de
Massiva, et un autre fils de Mastanabal, du nom de Gaiida,
qui fut désigné comme héritier à défaut des trois premiers
princes. De ceux-ci , le plus remarquable était Jugurtha,
fils d'une concubine de Mastanabal ; son grand-père Ma-
sinissa l'avait tenu à Fécart, mais le doux Micipsa l'adopta
et l'associa à ses fils Adherbal et Hiempsal. Jngurtha, très
brave et habile aux exercices physiques, était populaire
parmi les Numides ; il commanda brillamment le corps
auxiliaire envoyé à Scipion contre Numance. Dès que Mi-
cipsa fut mort, la brouille éclata entre Jugurtha et ses
cousins, surtout le plus jeune, le bouillant Hiempsal. On
était convenu de partager le royaume et les trésors, mais
pendant les pourparlers Hiempsal, logé à Thirmida cbez
un serviteur de Jugurtha, fut assassiné. Adherbal prit les
armes, mais fut battu et se réfugia dans la province ro-
maine d'où il gagna Rome afin de plaider sa cause devant
le sénat.
Jugurtha, qui avait vécu devant Numance avec les nobles
romains et savait leur corruption, expédia des ambassa-
deurs qui, par des présents bien distribués, calmèrent l'in-
dignation des sénateurs. Ils décidèrent de partager la Nu-
midie entre les deux compétiteurs et en chargèrent une
commission qui vint en Afrique. Jugurtha la corrompit
et se fit adjuger la portion occidentale, la pltis vaste
(117). Il ne tarda pas à reprendre ses tentatives pour de-
venir maître de tout. Adherbal supportant sans répondre
ses agressions, il finit par envahir son royaume ; vain-
queur, il le bloqua dans Cirta. Une ambassade romaine
arriva pour ordonner la paix ; Jugurtha là renvoya avec
de belles paroles et de l'argent et reprit h siège. Une
seconde ambassade survint, dirigée par M. /Emifius Scau-
rus ; elle se laissa berner, et quand elle fut partie la gar-
nison de Cirta capitula sur la promesse d'avoir la vie
sauve : ce qui n'empêcha pas Jugurtha défaire aussitôt mas-
sacrer Adherbal et sa suite (112). C'était trop compter
sitr la longanimité romaine; le tribun G. Memmius porta
la question devant le peuple et la'guorre fut déclarée.
Le consul L, Calpurnius Bestia débarqua en Afrique
et envahit la Numidie ; Jugurtha l'acheta, ainsi que
M. Scaurus, son lieutenant, et en obtint une paix favo-
rable (111). L'irritation redoubla à Rome et l'intègre
préteur L. Cassius fut dépêché au roi pour le sommer de
venir à Rome se justifier. Il déféra à l'invitation, mais
acheta un tribun de la plèbe qui, lorsqu'il parut devant
l'assemblée du peuple, lui défendit de parler. Il resta à
Rome, continuant ses intrigues, et eût fiiîi probablement
par s'en tirer, sHl ii'âVàit eu l'atidace de faire assassiner
soîl cousin Mâssiva, ûh de Gulussâ, qui, allié d' Adherbal,
— 435 —
NUMÏDIE — NUMISIUS
s'était réfugié à Rome, où il briguait le trône de Numidie
(HO). L'agent du crime, Bomilcar, fut mis en accusation,
et Jugurtha reçut l'ordre de quitter l'Italie. A son départ
de Rome, il s'écria, dit-on : « Ville vénale qui périrait
vite s'il se trouvait un acheteur ! » Le consul Sp. Pos-
tumius Albinus, protecteur de Massiva, fut chargé de la
guerre ; il ne fit rien, et son frère Aulus, qui le suppléait
en son absence, laissa surprendre et battre son armée
près de Suthul ; une partie passa sous le joug. Le traité
consenti par Aulus fut annulé par le sénat, et le consul
désigné, Q. Caecilius Metellus, envoyé en Numidie (109).
La campagne fut bien conduite, Jugurtha battu, mais
Metellus ne put prendre Zama. Suivant la méthode ro-
maine, il négocia, augmentant à mesure ses exigences, et,
lorsque Jugurtha eut livré ses éléphants et une grande
partie de ses armes et de ses chevaux, l'invita à se livrer
lui-même. Le roi reprit la lutte, déjoua le complot de
Bomilcar et Nabdalsa, deux de ses fidèles gagnés par
l'ennemi, et qu'il fit tuer. Dès lors il n'eut plus confiance
en personne et beaucoup de ses adhérents furent immolés
à ses soupçons. Il se retira vers le désert, où Metellus
lui enleva sa place forte de Thala, mais obtint l'alliance
de Bocchus, roi de Maurétanie (108). Marins réussit alors
à se faire donner le commandement aux lieu et place de
Metellus (107). Il mena vivement la guerre, emporta
toutes les forteresses du roi numide et conquit ainsi tous
ses trésors. Désespérés, Jugurtha et Bocchus tentèrent
une surprise, mais furent complètement défaits. Jugurtba
fut livré à Sulla, questeur de Marius, par son allié au
début de l'an ,106. Il figura au triomphe de Marius le
l^*' janv. 104, puis fut étranglé dans son cachot. Ses
deux fils furent internés à Venouse. L'histoire de ce cruel
et rusé personnage nous a valu le chef-d'œuvre de
Salluste.
L'héritier du trône était le faible Ganda qui avait épousé
la cause des Romains et s'était attaché à Marius. Il eut
probablement pour sa part la Numidie orientale, l'ancien
royaume des Massscsyli étant cédé à Bocchus et annexé
à la Maurétanie. On peut supposer que le roi Hiempsal,
dont il est question ensuite, était le fils de ce Gauda, bien
qu'une inscription le présente comme petit-fils de Masi-
nissa et en fasse un fils de Gulussa. Quoi qu'il en soit,
cet Hiempsal régnait en Numidie à l'époque de la guerre
civile entre Marius et Sulla, et il se prononça contre les
Marianistes (88). Il fut, en raison de cette attitude, ren-
versé par Cn. Domitius Ahenobarbus, qui lui substitua
Hiarbas. Mais après le triomphe des Sullaniens, Pompée
vint en Afrique écraser Domitius et restaurer Hiempsal
(81), lequel vivait encore en 62. Salluste parle de ses
ouvrages en langue punique.
Il eut pour successeur son fils Juba, qui était venu à
Rome en 62 pour plaider la cause de son père contre un
Numide du nom de Masintha et eut à ce sujet une violente
discussion avec César, alors préteur. Le royaume de Nu-
midie s'étendait sur une grande partie des tribus gélules
du désert. Juba, dans la guerre civile, resta fidèle à
Pompée, d'autant plus que le tribun césarien Gurion avait
en 50 proposé de réduire son royaume en province. Qimnà
ce même Curion débarqua en Afrique l'année suivante
avec deux légions, Juba accourut au secours du général
pompéien P. Attius Varus. Celui-ci avait été battu et rejeté
surUtique, mais Juba infligea une défaite sanglante à
Curion qu'il avait su attirer sur les bords du Bagradaâ ;
il resta sur le champ de bataille avec toute son infanterie;
les cavahers survivants se rendirent à Varus, mais furent
passés au fil de l'épée par ordre de Juba. Le sénat pom-
péien lui décerna les honneurs royaux ; César et son sénat
le déclarèrent ennemi public. Ce fut en Afrique que se
réfugièrent après Pharsale les chefs de la noblesse, à leur
tête Scipion et Caton. En 46, César les y poursuivit ; en
même temps, Bocchus, roi de Maurétanie, renforcé par
un aventurier du nom de P. Sittius, qui s'était mis au
service de César, avec la bande réunie par lui, envahit la
Numidie et prit Cirta. L'arrogance du roi blessait vive-
ment ses aUiés romains, et ni'ses éléphants ni sa cavalerie
ne leur furent d'un grand secours. Les Gétules, qui avaient
conservé le souvenir de Marius, passèrent du côté de
César. Juba et Labienus furent -d'abord battus dans un
combat de cavalerie. Après la déroute de Thapsus, la forte
place de Zama, où le roi avait abrité sa famille et ses
trésors^ lui ferma ses portes. Quand il apprit le suicide
de Caton à Utique et la défaite de son général Saburra,
qu'il avait opposé à Sittius, lui-même se donna la mort
avec son compagnon romain Petreius.
La Numidie fut alors réduite en province romaine sous
le titre de Numiclia propria ou de Nova Africa, et l'his-
torien Salluste chargé de l'administrer comme préfet avec
pouvoir proconsulaire. Dion Cassius l'accuse d'avoir sur-
tout pillé. La province fut d'ailleurs démembrée pour ré-
compenser le concours de Sittius, qui reçut Cirta, et du roi
de Maurétanie, qui reçut le pays jusqu'à Saldse (Bougie)
ou même jusqu'à FAmpsaga. Tous deux y furent tenus en
échec par un chef numide du nom d'Arabion. Lors du par-
tage du second triumvirat, l'Afrique fut assignée à Octave
(43). T. Sextius, ancien légat de César, gouvernait la
Nouvelle Afrique, il guerroya contre Q. Cornificius et
Lœhus qui tenaient l'ancienne Afrique au nom du parti
républicain ; il les défit et les fit périr. Mais alors il fallut
remettre les deux provinces à Lépide auquel les attribuait
le nouveau partage fait entre les triumvirs après la bataille
de PhiHppes. Elles revinrent à Octave en 36. Quand il fut
seul maître, il rendit au jeune Juba lï, fils du premier
Juba, le royaume de Numidie. Elevé en Italie, celui-ci avait
été le compagnon d'Auguste qui lui fit épouser Séléné,
fille d'Antoine et de Cléopâtre. En l'an 25, Juba II échan-
gea la Numidie contre la Maurétanie, l'empereur lui attri-
buant le double royaume de Bogud et de Bocchus.
La Numidie fut définitivement réduite en province ro-
maine. Elle fut adjointe à l'Afrique, formant une province
sénatoriale et proconsulaire, qui s'étendit de Saldse à l'au-
tel djes Philénes aux limites de la Cyrénaïque. A Lambèse
fut campée une légion (Tertia Augusta), noyau de la dé-
fense militaire de l'Afrique. Au temps de Caligula, on
sépara l'autorité civile du commandement militaire confié
à un légat qui paraît bien avoir administré sous l'empire
la province de Numidie, séparée de celle d'Afri({ue par le
Tusca sur la côte N. et le fossé de Scipion à Thense (entre
Sfax et Maharès) sur la côte E. A l'O., la frontière avait
été rapprochée par l'extension de la Maurétanie jusqu'au
cours de l'Ampsaga au moment où Caligula en fit une
province romaine. —A l'époque de Dioclétien, la Numidie
était à peu près réduite à notre dép, de Constantine, par
la formation des nouvelles provinces de Byzacène et Tri-
pohtaine. Dans l'intervalle, son histoire avait été celle de
l'Afrique romaine, très prospère, à peine troublée par
quelques insurrections de tribus natives et la guerre civile
des G-ordiens (238). Au iv^ siècle, les troubles s'aggravent,
le schisme desdonatistes, celui des circumcellions, devaient
s'appuyer sur des éléments indigènes. La conquête van-
dale de 429 à 439 fut marquée par de cruels ravages ;
elle désorganise le pays et les Maures ruinent les villes
de l'intérieur. Les Byzantins luttent contre les Berbères
jusqu'au moment où la conquête arabe efface jusqu'au nom
de Numidie. A. -M. B.
BiBL. : BoissiÈRE, l'Algérie ro7nai/îe,1883, 2 vol.,' 2° ôd
— TissoT, Géographie comparée de la province romaine
d'Afrique, 1884-88, 2 vol. - Fallu de Lessert, les Fastes
de la Numidie; Constantine, 1888.
N U lï! 1 S I U S, architecte romain, qui, d'après une inscrip-
tion retrouvée en place, construisit le théâtre d'Hercula-
m\m {Mommsm, Inscript, Neopolitan., 2419). Numisius
vivait probablement au temps d'Auguste. On doit peut-
être l'identifier avec l'architecte P. Numisius, que Vitruve
(I, prœfat., 2) mentionne comme étant son collègue dans
l'inspection des machines de guerre. P. M.
BiBL. : Brunn, Geschichte der griechischen Kûnstler :
Stuttgart, 1889, t. II, p. 251, 2« éd. ^
NUMISMATIQUE
— 433
NUMISMATIQUE. La numismatique (de numisma,
monnaie) est la science des monnaies et médailles ancien-
nes. Les spécialistes qui s'y adonnent étaient appelés,
dans les siècles derniers, des numismates et plus souvent
des médaillistes ou « des curieux de monnaies et mé-
dailles ». La Bruyère, dans son chapitre sur la Curiosité,
raille spirituellement Diognète, le curieux « qui sait
d'une médaille le frust, le feloux et la fleur de coin ».
Aujourd'hui, quelques auteurs, qui font autorité dans la
science, répudient les expressions de médailliste et de
numismate pour leur substituer celle de numismatiste.
Néanmoins, si le vieux mot de médailliste n'est plus
guère employé, celui de numismate a persisté dans
l'usage populaire et courant ; le terme de numisma-
tiste, forgé vers 1830, sur le modèle des mots comme
« artiste, légiste, diplomatiste, etc. », a l'inconvénient
d'être plus long et d'avoir une allure plus pédante. Si le
mot numismate est critiquable au point de vue des règles
de la morphologie, il peut cependant invoquer des ana-
logues, tels que « gymnaste » (de gymnastique), « ca-
suiste » (de casuistique), «linguiste» (de linguistique) , etc.
Enfin, il a pour lui l'antériorité, car jusqu'ici le Diction-
naire de l'Académie française, qui consacre Tusage, n'a
encore enregistré que le mot numismate. Néanmoins, on
lira des plaidoyers en faveur du terme numismatiste,
écrits par F. de Saulcy {Revue française de numisma-
tique, 4837, p. 44), Cartier {Revue belge de numis-
matique, 4847, pp. 447-454), Adrien de Longpérier et
M. Deloche {Revue numismatique, 4893, p. 442). Le
mot numismatique est employé à la fois substantivement
et adjectivement; on dit : « une singularité numisma-
tique, la Revue numismatique, des recherches numisma-
tiques », etc.
Dans son acception la plus large, la numismatique
embrasse l'étude des monnaies anciennes sous tous leurs
aspects : elle doit les considérer, soit en elles-mêmes, soil
dans les documents écrits qui les concernent, sous le rap-
port économique, social, métrologique, artistique, aussi
bien qu'aux multiples points de vue des sciences histo-
riques : mythologie, iconographie, épigraphie, géographie,
chronologie, etc. Elle n'est pas seulement l'une des bases
fondamentales de l'archéologie : c'est aussi l'une des
sources les plus fécondes des annales de l'évolution éco-
nomique des sociétés civilisées. Il est juste d'ajouter qu'à
tous ces points de vue l'importance de la numismatique
est en raison inverse de l'abondance des autres sources
d'information historique. Une comparaison fera toucher
du doigt ce que nous venons d'énoncer en principe. Pla-
çons-nous, un instant, par rapport à notre numéraire cir-
culant, dans la situation où nous nous trouvons vis-à-vis
des monnaies que nous ont laissées les Grecs et les Ro-
mains. Supposons que dans vingt siècles d'ici des savants
cherchent à reconstituer l'histoire de notre civilisation,
alors que le temps aura fait disparaître presque entière-
ment notre littérature et nos monuments : voici tout à
coup un savant entre les mains duquel tombe une pièce
de 5 francs, au millésime de 4878. Que lui apprendra cette
monnaie ? Il est aisé de démontrer qu'armé de la critique
la plus rigoureuse, il en tirera des éléments propres à
enrichir le domaine de toutes les sciences historiques et
économiques. La légende République française lui indi-
quera la forme actuelle de notre gouvernement, et s'il a
déjà rangé dans son médaillier un nombre raisonnable de
monnaies de notre xix® siècle, il constatera que notre
régime politique a changé souvent ; il pourra même pré-
ciser la durée de chaque régime. Dans l'inscription Liberté,
Egalité, Fraternité, il verra la formule officielle de l'idéal
social que nous poursuivons ; le type de l'Hercule debout
entre la Justice et l'Equité lui donnera quelque idée des
tendances philosophiques de notre temps en lui démon-
trant que, à rencontre des siècles antérieurs, nous pré-
férons ces allégories païennes aux emblèmes du christia-
nisme. L'inscription Dieu protège la France, gravée
sur la tranche, lui enseignera le fondement essentiel de
nos conceptions religieuses et morales. En consultant son
médaillier, il s'apercevra que la frappe de la pièce de
5 fr. est suspendue chez nous depuis 4878, ce qui lui
servira d'argument pour disserter sur les questions éco-
nomiques, telles que le monométalHsme et le bimétallisme.
La date 4878 témoignera de la persistance de l'ère chré-
tienne, tandis que les premières monnaies émises aux
mêmes types révéleront l'existence momentanée d'une
ère nouvelle, celle de la Révolution, et la durée de celle-
ci dans les usages officiels sera rigoureusement indiquée
à notre collectionneur par le seul examen de sa série nu-
mismatique. Cette même suite des monnaies du xix^ siècle
lui permettra de mieux comprendre la valeur réelle et
relative des choses à noire époque; d'interpréter avec
plus d'assurance les comptes et les marchés dont le texte
aura réussi à se conserver jusqu'à lui. Pour l'histoire de
notre droit public, il constatera que la République fran-
çaise ne donne pas à ses présidents le droit d'effigie qu'ont
eu nos souverains. Bref, on se rend compte, par ces con-
sidérations que nous pourrions multiplier, de toute la
portée historique ou économique que nos monnaies mo-
dernes, ce vulgaire instrument de nos échanges quotidiens,
si pauvre comme invention, pourrait néanmoins acquérir,
dans un lointain avenir et dans une situation scientifique
comparable à celle qui nous a été faite vis-à-vis de l'an-
tiquité, par le temps et les révolutions des siècles.
Ainsi, les monnaies anciennes sont des témoins oculaires,
indiscutables et officiels, appelés à déposer dans la vaste
enquête entreprise par l'ensemble des sciences historiques
sur le passé de l'humanité. De là, l'intérêt des études
nmnismatiques, et l'importance des collections de médailles
anciennes. Partout, dans l'antiquité grecque ou romaine,
on trouve dans les monnaies le reflet des commotions
politiques et économiques, de l'histoire de l'art, de la vie
municipale, de l'activité commerciale, de l'expansion colo-
niale, de cette diversité d'institutions, d'usages, de tradi-
tions locales qui sont, le principal aliment de l'étude de
l'antiquité. La prodigieuse variété des types monétaires
fait que chaque trouvaille nouvelle de monnaies grecques
ou romaines n'est pas seulement un attrait pour les curieux
et les amateurs, mais souvent le point de départ d'une
découverte scientifique, venant compléter le récit des his-
toriens, le rectifier au besoin, ou nous aider à le mieux
comprendre (V. Monnaie, t. XXIV, § xiii, p. 423).
La numismatique du moyen âge et des temps modernes
n'ofi're pas, sans doute, aux investigations de l'érudit, la
même abondance d'informations. Les types monétaires
s'immobilisent, et les documents écrits deviennent trop
nombreux pour qu'on puisse espérer combler des lacunes
historiques par les monnaies. Cependant, la philologie et
la géographie, par exemple, ont tiré un immense profit
des 1.200 noms de localités et des 2.400 noms de per-
sonnes qu'on a jusqu'ici relevés sur les monnaies mérovin-
giennes. En outre, les plus utiles renseignements sur les ori-
gines de la féodalité ont été fournis par l'étude des espèces
frappées du ix® au xii^ siècle. L'histoire monétaire a par
elle-même son attrait et son impoi^tance. N'est-il pas néces-
saire à l'historien et à l'économiste de savoir exactement
ce qu'étaient les variétés d'espèces monétaires qu'ils trour
vent mentionnées dans les textes : le parisis, le tournois,
l'agnel, le florin, le franc, l'esterlin, legros,lapougeoise,
le ducat, le sequin, lapistole, lemarabotin, pour ne citer
qu'un bien petit nombre d'espèces, comparativement à
toutes celles qui furent en usage ?
Ainsi, de quelque époque de l'histoire qu'il s'agisse, la
numismatique revêt les caractères d'une science 'féconde,
et elle ne saurait être considérée, ainsi que le font parfois
les esprits superficiels et en dépit de l'attitude de certains
collectionneurs, comme un délassement de curieux, un
luxe ou une mode un peu plus relevée que la passion des
timbres-poste. Le déchiffrement des pièces, leur attribu-
tion, leur classement géographique et historique néces^
137 —
NUMISMATIQUE
sitent une expérience prolongée et une grande acuité de
critique de la part de ceux qui s'y livrent et qui ont, en
outre, souvent à se tenir en garde contre les entreprises
des faussaires. De tout temps, les esprits éclairés se sont
rendu compte du parti scientifique qu'on pouvait tirer
do l'étude des monnaies. Les Romains déjà gardaient des
collections de pièces anciennes et étrangères auxquelles
ils avaient recours pour établir la réalité de certains
événements (F. Lenormant, la Monnaie dans l'anti-
quité, t. I, p. 80). A l'époque moderne, on a, dès le
XVI® siècle, imprimé des livres sur la numismatique consi-
dérée comme l'une des principales sources de l'histoire.
Mais l'absence complète de critique, l'inexpérience des
monuments et l'habitude qu'on avait alors de fabriquer
des médailles telles qu'on supposait qu'elles avaient dii
exister, enlèvent à ces premiers traités toute valeur scien-
tifique ; ils ne peuvent être considérés que comme des
curiosités de bibliophiles. Le plus ancien livre imprime
que nous connaissions sur la numismatique a pour titre :
llhistrium imagines, opus impressum Lugduni, in
aedibus Antonii Blanchardi, calcographi, impensis
honestojmm virorum J. Mousnier et tr. Juste (1524,
in- 12). Un livre plus connu, imprimé aussi à Lyon, un
peu plus tard, est le Promptuaire des medalles des plus
renommées personnes qui ont esté depuis le commen-
cement du monde, avec briève description de leurs
vies et faicts, recueillie des bons auteurs. A Lyon,
chez Guillaume Rouille, 1553, in-4*'. Comme l'indique suffi-
samment leur titre, ces ouvrages avaient la prétention de
donner, d'après les monnaies, les portraits de tous les
grands hommes de l'antiquité. Mais, dans le Promptuaire,
par exemple, cette suite de grands hommes commence
par une médaille représentant Adam, pour finir à Henri IV,
en passant par tous les patriarches, les rois mentionnés
dans la Bible, quelques philosophes grecs, des poètes, des
artistes, des rois, les empereurs romains. On n'y ren-
contre qu'un bien petit nombre de pièces authentiques, et
encore mal interprétées ou défigurées. Tout le reste est
une galerie de portraits supposés.
Un ouvrage déjà mieux documenté et plus sérieux est
celui que Hubert Goltz (Goltzius) publia, en 4566, sur
les monnaies de la République romaine, sous ce titre :
Fasti magistratuum et triumphorum Romanorum,
ab Urbe condita ad Augusti obitum (Brugis Flandi^o-
rum, '1566, in-fol. ; une 2® édit. a été donnée à Anvers en
1617) ; onze ans après, en 1577, Fulvio Orsini (Fulvius
Ur sinus) donnait, à Rome, un recueil du même genre, où
abondent encore les pièces imaginées par les faussaires
contemporains ; il est néanmoins jugé par les antiquaires
des derniers siècles, tels que Scaliger et Spanheim,
aureum et divinum, et Charles Patin le réédita, en
l'améliorant, en 1663. Dans tous les pays de l'Europe, on
voit ainsi paraître, au xvi® siècle, des traités où les pièces
apocryphes sont plus nombreuses que les monnaies authen-
tiques, véritables recueils de naïvetés, qualifiés absurda
ac frivola par Eckhel. Nous citerons, entre autres, le livre,
longtemps en vogue, d'Antonio Augustino, archevêque de
Tarragone : Dialogo de medallas, inscriciones y otras
antiquedades (îarragom, 1587), ouvrage traduit en latin
et en italien. Adolphe Occo publie à Anvers, en 1579,
un catalogue des monnaies des empereurs romains ; Phi-
lippe Paruta, à Païenne, en 1612, compose le premier
répertoire des monnaies de la Sicile. Viennent ensuite le
Co7nm.eniaire historique de Jean Tristan (1635), les
Selecta numismata de Pierre Seguin, puis les ouvrages
de Charles Patin, de François Mezzabarba, d'Henri Noris,
d'André Morell, de Jean Vaillant : les nombreux et savants
écrits de ce dernier sont parfois encore consultés par les
érudits, de même que les Dissertationes de prœstaniia
et usu numismatum antiquorum d'Ezechiel Spanheim
(Londres, 1706, in-fol.). Les divagations du fameux P. Har-
douin ont eu pour excellent effet d'aiguiser la critique de
ses contradicteurs ; le P. Louis Jobert, Banduri, Nicolas
Haym, Sigebert Havercamp, Christian Liebe, le P. Frah-
lich, Gori, Arigoni, François Wiese, Henri Florez, Joseph
Pellerin, le P. Khell, Beauvais et quelques autres, pré-
parent et annoncent le P. Joseph Eckhel, l'immortel légis-
lateur de la numismatique. La Doctrina numorum
veterum d'Eckhel (Vienne, 1792-98, 8 vol. in-4), qui
traite à la fois des monnaies grecques et romaines, est
un chef-d'œuvre de saine et sévère critique : il n'a pas
encore été remplacé comme ouvrage d'ensemble.
Il n'estpas possible de songer à énumérer ici les ouvrages
importants parus, dans le cours de ce siècle, sur les diverses
branches de la numismatique grecque et romaine : ils
forment toute une bibliothèque. Disons seulement que,
comme livres de doctrine, les travaux de J. Brandis, de
Th. Mommsen, de Fr. Lenormant font autorité; comme
répertoires généraux, on consulte couramment la Descrip-
tion de médailles antiques de T.Mionnet(1806 à 1837,
15 vol. avec le Supplément) , la Description des mon-
naies de Vempire romain, de H. Cohen (1880-92, 2® éd.,
8 vol.), les Monnaies grecques et les Griechische Mûn-
%en de M. Imhoof-Blumer (1883 et 1890, in-4), enfin la
suite considérable des catalogues de cabinets numisma-
tiques, en particulier les Catalogues du Musée britannique,
du Cabinet des médailles de Paris et du musée de Berlin.
Comme guide manuel pour la numismatique grecque,
VHistoria numorum de M. Barclay V. Head (Londres,
1887, in-8) est supérieure à tous les autres livres du
même genre. L'Académie de Berlin, enfin, se dispose à
éditer prochainement un Corpus numorum destiné à
remplacer le recueil vieilli de Mionnet.
Ce fut seulement au début du xvii® siècle que parurent
les premiers livres sur la numismatique du moyen âge et
des temps modernes. C'est l'époque, d'ailleurs, oti Henri IV
faisait venir d'Aix en Provence le sieur Rascas de Bagarris,
pour jeter les fondements de la collection royale qui est
devenue aujourd'hui le département des médailles et an-
tiques de la Bibliothèque nationale. C'est le temps aussi
où Fabri de Peiresc (1580-1637) posait véritablement les
bases de la critique archéologique : les lettres et manus-
crits de Peiresc sont remplis de judicieuses réflexions sur
des monnaies, soit de l'antiquité, soit de l'époque méro-
vingienne et carolingienne ou même des temps féodaux.
En 1610, un antiquaire d'Orléans, Paul Petau, faisait
imprimer son Veterum numorum gnorisma, dans lequel
sont reproduites quelques monnaies mérovingiennes et caro-
lingiennes. En 1619, J.-B. Hautin, conseiller au Châtelet,
éditait un album de planches, intitulé higuresdes mon-
noyes de trance, commençant à la seconde race pour
finir avec le règne de Henri IV. En Hollande, dès 1597,
Erasme von Houvveninghen publiait, sous le titre de Pen-
ningboeck of te wechwijser der Chroniken, une histoire
numismatique des comtes de Hollande qu'on a, plus tard,
complétée et éditée plusieurs fois. On cite en Allemagne
un certain Tileman Friese qui, dès 1588, fit imprimer un
Mûnz-Spiegel, recueil de dessins de monnaies anciennes,
d'ailleurs sans portée scientifique. Dès la fin du xvii^ siècle,
l'étude des monnaies du moyen âge et de la période mo-
derne revêt un caractère de sérieuse érudition ; en tête
des savantes publications qui vont éclore désormais de
plus en plus nombreuses, il faut placer les dissertations
de Du Cange et le magistral traité de François Le Blanc :
Traité historique des monnaies de France, depuis le
commencement de la monarchie jusques à présent
(1690, in-4). Ce livre, un siècle avant la Doc^rma d'Eckhel,
fait époque dans l'histoire de la numismatique moderne :
tous les écrits parus jusqu'à ce jour sur la monnaie fran-
çaise s'inspirent de l'œuvre de Le Blanc.
Comme pour l'antiquité, le nombre des écrits publiés,
dans ce siècle, sur la numismatique médiévale et moderne,
est immense; mais tous ces travaux, il convient de le
dire, ont un caractère descriptif ou documentaire : pour
aucune contrée de l'Europe, il n'existe encore un traité
doctrinal de son histoire monétaire.
NUMISMATIQUE — NUMMULITIQUE — 438
Telle est Texpaiision qu'ont prise les études de numis-
matique depuis soixante ans, que chaque pays a aujour-
.d'iiui une société de numismatique et une ou plusieurs
revues de numismatique. Non seulement les grandes capi-
tales, mais les villes provinciales qui sont dotées d'un
musée tiennent à honneur de posséder un médaillier où,
à côté de spécimens choisis de la numismatique grecque
et romaine, on trouve rangées les monnaies frappées par
les anciens ateliers locaux. Des découvertes développent
et complètent journellement ces diverses séries. Le mo-
ment viendra bientôt où il sera possible d'entreprendre
et de rédiger, non seulement pour les temps antiques,
mais pour la période moderne, le catalogue général des
monnaies de chaque pct^^s. Ajoutons que la publication
critique de tous les textes et documents écrits relatifs à
la monnaie et à son histoire, aussi bien pour l'antiquité
que poiu* les temps modernes, serait le plus utile corol-
laire du catalogue descriptif des pièces. Ce sont ces deux
espèces de travaux — l'étude directe des monnaies elles-
mêmes et la critique des documents monétaires — qui
constituent l'ensemble si vaste et si complexe du domaine
de la numismatique. . E. Babelon.
BiBL. : Numismatique. — Les principaux répertoires bi-
bliographiques relatifs à la numismatique sont les suivants :
J.-G. Lipsius, Bibliotheca niimaria, sive catalogiis aucto-
riiin qui itsqtie ad finem seculi xviii de re monetaria aut
niimis scripsetunt ; Leipzig, 1801, etdeux suppléments, par
Leitzmann, 181:1 et 1867. — J. Friedlaender, Eepertoî^mm
zur antiken Niimismatik; Berlin, 1885, in-8. — Arthur
Engel et R. Serrure, Répertoire des sources imprimées
de la numismatique française ; Paris, 1887-89, in-8, 2 vol.
et Supplément. — V. Monnaie*
NUNIITOR, roi d'Albe (V. Romulus).
NUMMULARIA (Bot.) (V. LYsiMAcmE).
NUMMULITES. I. Zoologie. — Genre de Fommini-
fères (V. ce mot), surtout connu à l'état fossile et qui
présente les caractères
suivants : coquille dure,
calcaire, perforée de fins
canaux pluriloculaires .
Tours disposés en spirale
ou en cercle. Cloisons
composées de deux la-
melles calcaires com-
pactes tapissant l'inté-
rieur des loges. Entre les
lamelles des cloisons, il
existe souvent un sys-
tème de canaux ramifiés ;
les cloisons ne sont per-
forées que d'un petit
nombre de pores. — Ce
genre, créé par d'Orbi-
gny, est le type d'une
importante famille qui
a joué un rôle considé-
rable dans la formation
des couches géologiques ^
£Utiout à l'époque éo-
cène. Les types encore
vivants habitent les mers
tropicales du globe a de
grandes profondeurs, et
sont assez mal connus.
Ce sont les plus grands
de tous les Foramini-
fèrcs. Le nom du genre
vient de la forme discoïdale, souvent à peine bombée au
centre, que présente la coquille, forme que l'on a com-
parée à celle d'une pièce de monnaie. La famille des
Nummulitidœ se subdivise en quatre sous-familles : les
Fusulinœ tous éteints ; les Polystomellince représentés
à l'époque actuelle par les genres Nonionina et Polys-
tomeila qui sont cosmopoHtes dans les mers chaudes ; les
Nummulitinœ, vivants et fossiles, parmi lesquels nous
Nummulites fossiles, a, NummitUtcs Lucasanus, coupes montrant
les loges séparées par des cloisons et les canaux interseptaux
(très grossi) ; b, b\ Nummulites gizehensis du désert Libyque,
de champ et de profil (2/3 grand, natur.); c, calcaire à Nummulites
des Pyrénées avec N. distans (coupe, 2/3 grand, natur,) ; d, cal-
caire à JV. Lucasaniis des Karpates (coupe transversale, 2/3 grand,
natur.).
citerons : Amphistegina Lessoni, des mers tropicales;
Operculina ammonoides, qui se trouve sur les côtes de
France ; Nummulites Cumingii, des mers tropicales ;
enfin les Cycloclypeinœ qui atteignent une assez grande
taille et rappellent, sous ce rapport, les grandes formes
fossiles {Cycloclypeus gambelianus des îles Fidji).
IL Paléontologie. *-* Les Nummulites constituent pres-
que en entier certaines assises géologiques de l'époque
tertiaire (calcaire nummuHtique) , notamment celles qui ont
servi à bâtir les pyramides d'Egypte. Les plus ancienne-
ment connues sont les Fusulina du calcaire carbonifère ;
les véritables Nummulites apparaissent pour la première
fois dans le jurassique supérieur, et la famille a son plus
grand développement dans l'éocène, où elle donne môme
son nom à un étage important qui forme en quelque sorte
le bassin de la Méditerranée, et s'étend jusqu'aux Pyré-
nées. Elle décroît ensuite rapidement jusqu'à l'époque
actuelle, où ses rares représentants sont confinés, à part
quelques exceptions, dans les mers intertropicales.
Les genres principaux sont : Archœdiscus, du calcaire
carbonifère d'Angleterre et de Russie ; Amphistegina,
encore vivant, est fossile dans le miocène et le pliocène
d'Autriche. Operculina (vivant) date du crétacé et abonde
dans l'éocène du S. de l'Europe et du N. de l'Afrique.
Nummulites est caractérisé par sa coquille discoïdale, len-
ticulaire, renflée des deux côtés, parfois presque sphérique.
Ce genre a été subdivisé en plusieurs sous-genres [Assi-
lina, Nummulina,GU.). Les espèces les plus remarquables
sont : Assilina exponens du nummulitique des Pyrénées ;
Nummulites lœvtgatus du calcaire grossier parisien ;
N. gizehensis du désert Libyque : le sable du désert autour
des pyramides d'Egypte, et sur une étendue considérable,
est presque entièrement formé de ces coquilles qui ont le
diamètre d'un écu de 5 fr. ; d'autres nummulites se dé-
tachent des blocs de
pierre dont sont cons-
truites les pyramides
elles-mêmes, car ce cal-
caire en est littéralement
pétri. N. Ramondi,
beaucoup plus petit, est
du calcaire nummuli-
tique des Pyrénées;
N. distans, du même
gisement, est. de taille
très variable ; Polysto-
niella (vivant) date du
crétacé, peut-être du
calcaire carbonifère ; il
en est de même de No-
nionina; Cycloclypeus
est remarquable par sa
taille supérieure à celle
des autres Nummulites
(jusqu'à 7 centim. de
(iiam.) ; Orbitoïdes enfin
s'étend du crétacé au mio-
cène. E. Trouessart.
NUMMULITIQUE
(Géol.). Nom donné au
type méditerranéen des
terrains tertiaires infé-
rieurs ou éogènes. C'est
une formation géologique
caractérisée par l'abon-
dance des Nummulites; certaines roches qui y prennent
part en sont presque exclusivement formées ; ce sont ou
des calcaires (calcaires à NummuUtes) essentiellement zoo-
gènes, ou des marnes, ou^encore des sables ou des grès.
Les calcaires éogènes de l'Europe méridionale sont consti-
tués, soit par des Alvéolines ou par d'autres Foraminifères,
soit par des Algues calcaires du genre Lithothamnium.
Les calcaires marneux sont souvent riches en Echinides,
i39 —
NUMMULITIQUE
en Zoanthaires, en Lamellibranches. Les Gastropodes
abondent surtout dans les faciès saumâtres. Le flysch est
un faciès schisteux ou gréseux, très peu fossilifère, attei-
gnant des épaisseurs énormes.
Le nummulitique s'étend dans la région alpine, dans les
Pyrénées et dans toute la région méditerranéenne, jus-
qu'en Asie Mineure. En dehors de l'Europe, il est confiné
aux régions équatoriales (V. Tertiaire). Les mers du S.
de l'Europe ne communiquaient pas directement avec le
bassin anglo-parisien, où les Nummulites ne se rencontrent
que temporairement (dans l'yprésien, Nummulites pla-
nulata; dans le lutétien, ISummulitês lœvigata); leurs
eaux étaient évidemment plus chaudes que celles du N. de
l'Europe, et c'est ce qui explique l'abondance des gros Fo-
raminifères, des grandes Ovules-, des grands Corbis et, en
général, des êtres sécrétant de grandes quantités de cal-
caire. Cependant les Rudistes, qui, au crétacé, caracté-
risaient les mêmes régions, ont entièrement disparu, et
leur disparition coïncide très exactement avec l'apparition
des premières Ntimmulites dans la région méditerra-
néenne.
Dans les Pyrénées, ainsi qu'en Istrie, il y a concordance
et continuité parfaite entre le crétacé supérieur et le num-
mulitique, de sorte que la paléontologie peut seule fournir
une limite entre les deux systèmes. Dans la région alpine,
par contre, il y a toujours une lacune entre le crétacé et
le tertiaire, due à ce que, entre le dépôt du sénonien et
celui de Féocène moyen, il s'est produit des mouvements
orogéniques qui se sont continués quelquefois pendant
toute l'époque éocène. Lorsque la mer envahit à nouveau
la région alpine, les premiers dépôts formés reposent sou-
vent en discordance angulaire sur les terrains secondaires
redressés, voire même sur les terrains cristallophylliens,
comme par exemple au S. du massif du Pelvoux. La trans-
gression du nummulitique débute alors, soit par Féocène
moyen, soit par Féocène supérieur, soit même par l'oli-
gocène inférieur.
La classification du nummulitique a été basée en partie
sur la distribution verticale des Nummulites. Si, avec
d'Archiac et Jules H aime, on divise les Nummulites en
Lisses, Réticulées, Subréticulées, Granulées et Striées, on
constate, d'après de La Harpe, que ces différents groupes
sont répartis de la manière suivante dans Féocène :
IIL Eocène supérieur
3. Striées, zone supérieure. N. vasca, N. Boucheri,
*2, Réticulées N. intermôdia-Fichteli.
i . Lisses N. complanata-Tchihat-
cheffl.
IL ÉoCÈNE MOYEN
4. Striées, zone moyenne. . iV. contorUi-striata.
3. Assilines (sous-genre).. , A. spira.
â. Granulées .' N. perforata-Lucasana,
i . Subréticulées N. lœvigaia.
L ËOCÈNE INFÉRIEUR
Striées, zone inférieure. . N. planulata-elegans.
(Les espèces réunies par un trait d'union constituent des
couples de formes toujours associées, qui ne sont autre
chose que des générations alternantes d'une même es-
pèce.)
On a beaucoup exagéré la valeur absolue de cette ré-
partition ou échelle des Nummulites; en Algérie et en
Egypte la succession n'est plus la même, de sorte qu'il est
préférable de baser la classification du nummulitique sur
l'ensemble de la faune et sur les caractères stratigra-
phiques.
EocÈNE INFÉRIEUR. — Les couchès les pllîs inférieures
de Féocène ne sont représentées dans la région méditer-
ranéenne que dans un très petit nombre de points. On
les connaît dans les Pyrénées, par exemple aux environs
de Foix, où elles renferment comme fossiles caractéris-
tiques : Echinanthus Pouechi, Horiolampas Miche-
Uni, Nummulites spileccensis, Operculina B'eberii.
Dans le Vicentin, Féocène inférieur fait souvent défaut,
mais au Monte Spilecco le niveau le plus inférieur existe
et se trouve représenté par des tufs très fossilifères {Num-
mulites spileccensis , nombreux Ofthophragmina, Rh^jn-
chonôUa polymorpha).
Un niveau plus élevé de Féocène inférieuf peut être
parallélisé .avec les sables de Cuise du bassin de Paris
(yprésien). Il est représenté dans les Pyrénées par les
couches à Nummulites planulata de la Chalosse. En Al-
gérie, on peut lui attribuer une importante série de couches
à nummulites, qui forme une bande continue dans la ré-
gion des Hauts Plateaux, ainsi qu'une bande plus méri-
dionale, séparée de la première par une terre émergée à
Féocène inférieur, comprenant les célèbres gisements de '
phosphates de Tebessa et de Gafsa. En Egypte, la partie
inférieure de F « étage libyen » de M. Zittel parait occuper
le même niveau.
Eocène moyen ou étage parisien. — La succession des
dépôts nummulitiques correspondant à Féocène moyen est
surtout bien nette dans le Vicentin et en Hongrie (Hé])ert
et Munier-Gh aimas). On distingue dans ces deux régions
trois niveaux, que l'on peut caractériser chacun par une
espèce de Nummulite :
1° Couches à Nummulites lœvigata, correspondant
par leur faune au calcaire grossier inférieur du bassin de
Paris. Ce sont tantôt des calcaires à Lithothamninm,
tantôt des calcaires à Alvéolines (Monte Postale), tantôt,
comme à la célèbre localité du Monte Bolca, des schistes
à Poissons.
2** Couches à Nummulites perforata, niveau de San
Giovanni Harione. C'est un des horizons nummulitiques les
plus répandus dans la région méditerranéenne, il est sur-
tout caractérisé par ses Echinides (Conoclypus conoideus,
Amblypygus dilatatus, Prenaster alpinus, etc.). On le
retrouve avec la même faune en Istrie, dans les Pyrénées,
dans le canton de Schwytz, au Kressenberg (Bavière), etc.
Des calcaires à Nummulites perforata et grandes Num-
mulites complanata constituent aux environs de Nice et
dans l'Ubaye (Basses-Alpes) le terme le plus inférieur de
la série tertiaire. En Egypte, on retrouve au Mokkatam,
près du Caire, les Echinides de San Giovanni Harione as-
sociés aux grandes Nummulites Gizehensis, tandis que
Nummulites perforata se remontre à un niveau plus bas.
En Algérie, par contre, cette espèce se trouverait au som-
met de Féocène moyen, au-dessus des Assilines (Fi-
cheur) .
3° Couches à Nummulites striata et conforta de la
forêt de Bakony (Hongrie), de Faudon près Gap, de
Vence, de Biarritz (niveau moyen). A Roncà, dans le Vi-
centin, le même horizon est représenté par des couches
saumâtres renfermant des espèces des sables de Beauchamp
(Fusus polygonus, F. subcarinatus, Cerithium corvi-
num).
Eocène supérieur ou étage priabonien. — C'est encore
dans le Vicentin que l'on rencontre le type le plus net de
cet étage, aussi le nom de priabonien (de Priabona, Vi-
centin), qui lui a été donné par MM. Mimier-Chalmas et
de Lapparent, lui convient-il fort bien. A la base on ob-
serve,, à la Granella, un niveau saumâtre qui renferme déjà
plusieurs espèces oligocènes (Cerithium plicatum, C. dia-
boli, C. margaritaceum, Baijania^ semidecussaia) et
qui existe avec les mêmes associations aux Diablerets
(Alpes vaudoises), à Entrevernes (Haute-Savoie), à Fau-
don près Gap, à Allons (Basses-Alpes). Puis viennent les
couches de Priabona proprement dites, ce sont des marnes
riches en Nummulites (N. intermedia-Fichteli) , en 0?^-
bitoîdes, en Echinides [Leiopedina Tallavignesi, Echi-
NUMMULITIQUE — NUNEZ -~ 140
nanthus scutella, Schizaster vicinalis, etc.), en Lamel-
libranches {Ostrea Brongniarti), L'étage se termine par
les marnes de Brendola contenant de petites Nummulites
(N. vasca, N. Boucheri) et un autre Foraminifère, par-
ticulièrement caractéristique, Clavulina Szaboi. Ces
mêmes couches sont connues en Hongrie sous le nom de
marnes de Biide ; on les a retrouvées aux environs de
Nice.
A Biarritz, le priabonien est également fort bien repré-
senté; M. Pellat y distingue un groupe inférieur, où
abonde Serpula spirulœa et qui comprend les calcaires
du rocher du Goulet, riches en Echinides, et les marnes
du Port des Basques, sans Echinides, puis un groupe su-
périeur à Operculines, renfermant plusieurs espèces de
Priabona.
En Algérie, Féocène supérieur est représenté par des
argiles et des grès à Fucoïdes très développés dans la ré-
gion littorale ; M. Ficheur y a distingué deux termes, dont
le supérieur, discordant et transgressif par rapport à
l'autre, correspond aux grès de Numidie, qui possèdent
une grande extension dans toute l'Afrique septentrionale. ■
En Egypte, toutefois, il existe des calcaires priaboniens
très fossilifères.
Oligocène. — Le priabonien peut avec autant de rai-
son être attribué à Féocène ou à l'oligocène, il corres-
pond certainement à F « oligocène inférieur » de l'Alle-
magne du Nord (lattorfien). En France, on a l'habitude
de faire commencer l'oligocène par les « marnes supra-
gypseuses » et on réunit dans l'oligocène inférieur ou
tongrien les deux sous-étages sannoisien et stampien.
Dans le Yicentin, le sannoisien est représenté parles tufs
de Montecchio Maggiore, encore très riches en Nummu-
lites, tandis que les calcaires de Castel Gomberto à Na-
tica crassatina, Macropneustes Meneghinii, correspon-
dent peut-être déjà au stampien, auquel appartiennent
certainement les calcaires à Cerithium plicatum d'Isola
di Malo. Dans les Alpes françaises, on connaît à Barrême
(Basses-Alpes) et aux Déserts, près Chambéry, des couches
sannoisiennes, surmontées à cette localité par des calcaires
à NummuHtes (iV. variolaria, Ramondi, striata, Guet-
tardi, Boucheri), et le stampien est représenté par des
grès, des conglomérats, des schistes à écailles de pois-
sons. Une grande partie du flysch des Alpes appartient à
l'oligocène, il en est de même des grès de FEmbrunais et
des grès d'Annot (Basses-Alpes), qui sont transgressifs
par rapport aux calcaires schisteux du priabonien.
L'aquitanien, qui, dans le N. de l'Europe, se rattache
à l'oligocène, dont il constitue le terme supérieur, a, dans
les régions méditerranéennes, beaucoup plus d'affinités
avec le miocène. On ne le connaît pas à l'état de calcaire
à Nummulites. Emile Haug.
NU MM US. Monnaie romaine (V. Monnaie, t. XXIV,
p. 100).
NUNCQ. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. et cant.
de Saint-Pol; 313 hab.
N UN DINES (Antiq. rom.). On appelait ainsi les jours
de marché à Bome. Ils revenaient tous les neuf jours.
Cette périodicité était invariable, si ce n'est que les nun-
dines ne pouvaient avoir lieu aux calendes de janvier ni
le jour des nones de chaque mois. Néfastes à l'origine,
les nundines furent rendues fastes en 466 par une loi Hor-
tensia, afin que les gens du peuple venus à Bome pour
le marché pussent faire juger leurs procès ce jour-là et
traiter leurs affaires privées. On affichait les projets de loi
avant de les mettre en déUbération, et les campagnards en
prenaient connaissance. Les candidats aux magistratures
profitaient aussi des nundines pour parcourir les mar-
chés et entrer en rapport avec les électeurs.
N UN EATON. Ville d'Angleterre, comté de V^arwick,
au N. de Coventry ; 11.580 hab. Laine, filature de coton.
NUNEZ (Bio). Fleuve côtier de l'Afrique occidentale,
colonie française des Rivières du Sud (V. ce mot), qui a
reçu le nom du navigateur portugais Nuno Tristao (f 1 445) .
Il a 180 kil. de long et finit par deux bras enveloppant
Fîle du Sable (10« 36' lat. N.). A.-M. B.
NUNEZ-iVLVARES-PEREiRA. Com. de Portugal (V. Pe-
reira).
NUNEZ (Pedro), également connu sous les noms de
Nonius, Nunes, Nunnius, mathématicien portugais, né à
Alcazar de Sal en 1492, mort à Coïmbre en 1577. Il fit
ses études, à Lisbonne et à Salamanque, fut d'abord ins-
pecteur des douanes à Goa, dans l'Hindoustan (1519),
puis professeur de mathématiques transcendantes à l'Uni-
versité de Coïmbre et cosmographe en chef du royaume,
il a fait faire d'importants progrès à l'art de la naviga-
tion, notamment par la découverte de la loxodromie
(V. ce mot) et par l'indication de plusieurs procédés nou-
veaux d'astronomie nautique. On l'a aussi considéré, mais
à tort, comme l'inventeur de l'instrument appelé, de son
nom, Nonius (V. Vernier), car celui qu'il préconise dans
ses ouvrages pour la mesure des petites portions d'arc n'a
rien de commun avec le précédent. 11 a laissé de nombreux
écrits : Tratado da Esphera (Lisbonne, 1537) ; De cre-
pusculis liber unus (Eisbonne, 1542) ; De arte atque
ratione navigandi (Connbre, 1546), etc. Il a réuni en
outre, sous le titre Opéra mathematica (Bâle, 1566),
une série d'opuscules sur la géométrie, Fart nautique, les
projections cartographiques, la correction des instruments
d'astronomie. L. S.
BiBL. : F. Navarrete, Recherches sur les progrès de
Vastronomie et des sciences nautiques en Espagne (trad.
fr. par M.-D. de Mofras) ; Paris, 1839.
NUNEZ (Bafael), président des Etats-Unis de Colombie,
né à Carthagène (Etat de Bolivar), en 1825, mort à Car-
thagène le 18 sept. 1894. Docteur en droit, avocat élo-
quent, il fut élu, en 1851, par la province de Panama,
membre du congrès qui donna à la répubhque de Nouvelle-
Grenade (nom que portait alors la Colombie) une consti-
tution démocratique, basée sur le suffrage universel direct.
A ce moment, il appartenait à la fraction modérée du
parti HbéraL Sous la présidence du D^ Mallarino (1855-57),
il eut le courage de prendre le portefeuille des finances,
dans une situation lamentable, causée par une récente
guerre civile, et il s'en tira à son honneur. La réaction
conservatrice ayant repris le dessus avec le président Os-
pina, le D^' Nunez se mit à la tête du journal El Parvenir,
où il défendit, avec talent et vigueur, la politique fédéra-
liste, qui prévalut et aboutit à Fétabfissement de la Con-
fédération Grenadine (1858). Le général Mosquera s'étant
emparé, après une nouvelle guerre civile, du pouvoir su-
prême delà république (20 sept. 1861), qui reçut alors
le nom qu'elle porte actuellement, Nunez redevint ministre
des finances, et rendit derechef des services marquants à
son pays. Après la retraite constitutionnelle du dictateur
(1864), il se fixa à New York, oti il dirigea le journal El
Continental, et exerça ensuite les fonctions de consul
au Havre, puis à Liverpool. De retour dans sa patrie en
1874, il devint gouverneur de l'Etat de Bolivar, après
avoir échoué aux élections pour la présidence ; mais il fut
élu, le l®'^ avr. 1880, en remplacement du général Tru-
jillo. Pour se rendre compte de l'énormité de la tâche qu'il
assuma alors et des efforts qu'il dut faire dans le but de
pacifier et de relever son pays, toujours divisé et ruiné de
nouveau, il faut se reporter à ce qui a été exposé à cet
égard à Fart. Colombie. Cette tâche colossale ne fut pas
au-dessus de son génie pohtique et financier, et il le prouva
pendant la première période de sa présidence (1880-82).
Béélu en 1884, il eut à lutter, l'année suivante, contre sept
Etats insurgés. Etant venu à bout de cette levée de bou-
cliers à tendances séparatistes, il résolut d'en prévenir le
retour. Il se rallia au mouvement centrahste, et fit voter,
le 5 août 1886, une nouvelle constitution, qui remplaça le
régime fédéraliste par une république unitaire (V. Colom-
bie). Le Conseil national l'investit, en même temps, des
fonctions présidentielles pour une période de six années.
Ge coup d'Etat fit tout rentrer dans l'ordre, la pacification
— 441
NUNEZ — NUPTIALITÉ
des esprits s'opéra graduellement, et ramélioration des
conditions économiques du pays reprit un vigoureux essor.
Adversaire du canal de Panama, il renouvela cependant,
en 1890, le contrat avec la Compagnie concessionnaire et
lui accorda, en 1893, une prolongation. Enfin, réélu pour
la quatrième fois président de la république, le 7 août 1892,
il eut la gloire de terminer le différend avec le Venezuela
au sujet d'une importante question des limites territo-
riales, par une sentence arbitrale que la régente d'Es-
pagne rendit en faveur de la Colombie* (1873). Un
an avant sa mort, il obtint du parlement national un
congé permanent pour cause de santé, et se retira dans
sa ville natale. Le vice-président, M. A. Caro, reçut alors
le titre de chef du pouvoir exécutif. Poète à ses heures,
le président Nunez publia un recueil de^ Versos (Bogota,
1880, in-8). On lui doit aussi des brochures politiques.
G. Pawlowski.
NUNEZ Cabeza de Vacâ (Alvar) (V. Cabeza).
NUNEZ DE Arce (Gaspar), poète, auteur dramatique
et homme d'Etat espagnol contemporain, né à Valladolid
le 4 août 1834. Docteur en philosophie de l'Université de
Tolède, il débuta dans les lettres par des poésies dispersées
çà et là et aborda le théâtre en 1859, avec des piécettes
qui n'eurent que des succès éphémères. Député depuis
1865, il appartint d'abord au parti libéral modéré, figura
plus tard parmi les soutiens du roi Amédée et se rangea
ensuite du côté des partisans de la restauration des Bour-
bons. Sous l'influence des secousses violentes qui ont agité
l'Espagne depuis la révolution de 1868, il se révéla pocte
poHtique d'une inspiration puissante dans ses G7'itos del
combate (Madrid, 1875, in-8), composés dès 1870, œuvre
de désespérance et du doute, qui eut un retentissement
formidable. Elle lui valut d'être reçu à l'Académie espa-
gnole le 21 mai 1876. Sa gloii^e ne fit dès lors que gran-
dir. Ses poèmes : Ultima Lamentacion de lord Byron
(1879 ; trad. en franc, par Georges Bouret ; Paris, 1888);
la Selva oscura (1879), un bijou de poésie lyrique ; El
Vertigo (1879), résurrection du genre romantique; la
Vision de Fray Martin (1880), dont le héros est Martin
Luther ; enfin Raimundo Lulio assurèrent à Nunez de
Arce la première place parmi les poHes lyriques contem-
porains de son pays, même à côté de Campoamor. Un de
ses biographes dit qu'il est « la personnification de la plus
haute inspiration et du génie le plus titanique de l'Espagne
actuelle ». Il a su concilier l'idéal du temps présent avec
la forme traditionnelle et classique de la poésie castillane,
forme qui, sous sa plume, devient admirable. On peut
encore citer parmi ses œuvres poétiques : la Pesca (1884);
Maruja (1886), etc. Il a réuni en un volume (Obras dra-
mdticas, 1880, in-4) ses meilleures pièces de théâtre :
Deudas de la honra, Quien dehe paga, Justicia provi-
dencial et El Haz de lena. Cette dernière, drame his-
torique dont le sujet est la prison et la mort de Don Carlos,
fils de Philippe 11, a été comprise parmi les chefs-d'œuvre
insérés dans le recueil Autores dramdticos contempo-
rdneos (Madrid, 1881-82, 2 vol. in-4).
Nunez de Arce fut ministre des colonies dans le cabinet
Sagasta (9 janv. 1883-18 janv. 1884), puis sénateur et
président de section au conseil d'Etat en 1888.
G. Pawlowski.
BiBL. : M. DE LA Revilla, Obras ; Madrid, 1883, gr. in-8.
— Uu môme, Criticas ; Burgos, 1885, in-16. — Menendez
V Pelayo, Estudios de critica literaria; Madrid, 1884, in-16.
— G. Bouret, la Poésie lyrique en Espagne. D. G. Nunez
de Arce; Paris, 1889, in-18. — V. aussi la bibliographie de
l'art. Espagne, § Littérature du xix^ siècle.
NUNEZ DE Balboa (V. Balboa).
N U N EZ-Delgado (Gaspar), sculpteur espagnol établi à
Sévilleoù il travaillait au commencement du xvi® siècle. Il
avait été l'élève de Pedro Delgado, qui lui-même avait
appris son art d'un sculpteur florentin, venu à Séville.
Les ouvrages de Nunez, parmi lesquels on cite principale-
ment une figure de saint Jean-Baptiste, de grandeur
nature, que Pacheco étoffa, c.-à-d. peignit en tons natu-
rels, sont, au dire de Ce an Bermudez, de véritables chefs-
d'œuvre par la perfection du rendu et leur tournure gran-
diose. L'artiste avait exécuté beaucoup de terres cuites
qui, malheureusement, ont été brisées ou ont été empor-
tées à l'étranger. P. Lefort.
BiBL. : Pacheco, Arte de la pintura ; Séville, 1649.
NUNEZ DE GuzMAN (Hernan) (V. Guzman).
NUNEZ DE ViLLAvicENCio (Pedro), peintre espagnol et
chevalier de Malte, né à Séville en 1635, mort à Séville
on 1700. Cjuoique issu d'une famille noble, ses aptitudes
et son incHnation pour la peinture l'amenèrent à fré-
quenter l'ateHer de Bartolomé Murillo, qui le prit en grande
amitié et s'appliqua à développer ses dons innés. Pendant
qu'il faisait ses caravanes et qu'il séjournait à Malte,
l'élève de Murillo y rencontra Mattias Preti(z7 Calabrese),
appartenant comme lui à l'ordre de Malte. Ce nouveau
maître enseigna à Nunez les mystérieuses ressources du
clair-obscur et le perfectionna grandement dans l'exercice
de l'art. Rentré dans sa patrie, Nunez de Villavicencio
se remit sous la direction de Murillo, devint son intime
ami, le seconda dans ses travaux et ses entreprises, pre-
nant part avec lui à la création d'une académie de pein-
ture à Séville et contribuant largement par ses dons aux
dépenses et à l'entretien d'un établissement qui était cher
à Murillo. Lorsqu'en 1682 Murillo se sentit près de sa
fin, ce fut Nunez qui, nommé son exécuteur testamen-
taire, reçut le dernier soupir du grand artiste. Le talent
de Nunez est un reflet, mais assez vigoureux, des créa-
tions et des méthodes de son maître. On en a la preuve
devant la vivante peinture de lui représentant des Enfants
jouant aux des, que conserve le musée du Prado. Bien
des toiles de Nunez, reproduisant siirtoiit des muchachos,
des sujets pittoresques, des scènes de la rue, en raison de
l'analogie de facture et de coloris qu'elles ofiTrent avec
les mêmes sujets traités par Murillo, ont été fréquemment
attribuées à ce maître. Paul Lefort.
NUNZIANTE (Vito), général italien, né à Campagna
(princip. citer.) le 12 avr. 1TT5, mort à Torre-Anniin-
ciata, près de Naples, le 22 sept. 1836. De parents
pauvres et sans instruction, il s'enrôla en 1794 dans un
régiment d'infanterie et, de fourrier qu'il était en 1799,
se promut lui-même colonel, mettant à la disposition du
cardinal Ruflb, qui le continua dans son grade, le millier
de volontaires qu'il avait rassemblés. Durant les seiz%
années qui suivirent, il prit part aux affaires de Capoue,
de Sienne, de Campotenese, de Reggio, fut nommé en
1807 brigadier, en 1814 maréchal de camp, en 1815
commandant supérieur des Calabres et présida à la con-
damnation et à l'exécution de Joachim Murât (V. ce nom).
Récompensé du tact qu'il déploya en cette circonstance
par le titre de marquis, il devint par la suite lieutenant-
général (1819), commandant de Salerne (1820), com-
mandant des divisions de Syracuse et de Palerme, inspec-
teur général de l'armée, quartier-maître général, vice-roi
de la Sicile (1830), ministre d'Etat et commandant de
toutes les troupes du royaume (1831). L. S.
BiDL. : Fr. Palermo, Vita e fatti di Vito Nunziante ;
Florence, 1839.
NUORO. Ville d'Italie, prov. de Sassari (Sardaigne) ;
6.000 hab. Evêché. Carrières de marbre. Un chemin de
fer la relie à Bosa.
NUPHAR (Bot.) (V. Nénuphar).
NURAGHl (Paléoarchéol.) (V. Italie, t. XX, p. 1042).
NUPTIALITÉ. Mot qui, comme ceux de natalité et de
morialité, a deux significations distinctes en démographie :
il signifie, à proprement parler, le rapport du nombre des
mariages au nombre des habitants qui ont fourni ces ma-
riages ; il signifie aussi, par extension, l'étude démogra-
phique des mariages. Le tableau suivant, déjà inséré à
l'article Démographie, résume par périodes décennales
la nuptialité française :
NUPTIALITE
— im —
NOMBRE MOYEN
NOMBRE
NOMBRE
PÉRIODES
de mariages
de mariages
de personnes
annuels
par
mariées
(en milliers d'unités)
1.000 hab.
par 100 hab.
1801-10
222
7,6
15,2
1811-20
244
7,9
15,8
1821-30
246
7,8
15,6
1831-40
266
8
16
1841-50 -^
279
8
16
1851-60
287
7,9
15,8
1861-70
294
7,8
15,6
1871-80
297
8
16
1881-90
280
7,3
14.6
1891-96
287
7.5
15
Quoique le mariage soit un acte libre, dépendant — dans
les pays civilisés où le consentement de la femme est
nécessaire — de la volonté des personnes qui le contractent,
on peut dire qu'il est, comme la naissance et la mort,
soumis à une certaine régularité qui constitue des lois démo-
graphiques, La mort est, à part quelques exceptions, un
tait involontaire ; la naissance est le résultat d'un acte
volontaire, le rapprochement de l'homme et de la femme.
Divers mobiles poussent au mariage. Le premier mobile
est une loi naturelle : un instinct, qui est un des plus
énergiques de l'homme comme des animaux, porte à la
propagation de l'espèce; l'amour ennoblit ce sentiment
instinctif et, dans une société civilisée, le sens moral en-
seigne que le mariage, c.-à-d. l'union permanente et légale
de l'homme et de la femme, est le moyen légitime de fonder
une famille. On pourrait penser que, d'après la loi natu-
relle, chaque génération doit entrer successivement tout
entière dans le mariage à mesure qu'elle parvient à la
puberté, les (llles plus tôt parce qu'elles sont nubiles de
bonne heure, les garçons plus tard; que, par suite, le nombre
de mariages serait à peu près égal à celui des survivants
du sexe mascuHn à l'âge d'une vingtaine d'années. Ce
n'est pas ce qui a lieu, parce que des obstacles détournent
du mariage une partie des individus de chaque généra-
tion ou en retardent l'époque. Ces obstacles sont : les uns,
d'ordre physique, comme les infirmités et les maladies ;
d'autres, d'ordre moral, comme une affection contrariée,
un caractère indépendant ou solitaire; d'autres, d'ordre
social, résultant d'une obligation politique ou religieuse,
*1['omme le service militaire et les vœux monastiques, ou
d'une convenance économique, comme le désir de parvenir
à une certaine situation avant de fonder une famille ou
celui d'assortir des fortunes. Les lois ont, comme les mœurs,
une influence sur la nuptiahté : par exemple, la prohibi-
tion du mariage à certains degrés de parenté, l'obUgation
du consentement des parents, etc.
Avant 4789, vers la fm de l'ancien régime, on éva-
luait à peu près à 8 le nombre des mariages annuels
par 4.000 hab., peut-être même à un peu plus (cepen-
dant une des études les plus pi^écises faites sur ce sujet:
V Essai... sur le mouvement de la population de
Roiiùaix, de M. Faidherbe, donne moins 4e 7 pour cette
ville). Depuis 4804 la statistique dispose, comme pour les
naissances et Jes décès, des relevés annuels de l'état civil, et
ces relevés sont plus à l'abri de la critique pour les mariages
que poOT les deux autres faits démographiques, parce qu'au-
cun mariage n'a pu être contracté sans être inscrit sur le
registre de l'état civil. De 4804 à 4808, le nombre des ma-
riages a varié entre 200.000 et 220.000, et la nuptialité,
c.-à-d. le rapport du nombre des mariages au nombre
des habitants de la France, a viirié entre 7,2 et 7,5 ; au-
trement dit, sur 4.000 hab., il y en a eu 44,4 à J5 qui
se sont mariés. Toutefois, l'année 4805 a donné une nup-
tialité plus forte: 7,9 ^/oo, parce qu'on levait alors la
(conscription pour la campagne d'Autriche et que beaucoup
de jeunes gens se hâtaient d'entrer en ménage pour
acquérir le droit de rester dans leurs foyers. Cet empres-
sement se manifesta d'une manière plus sensible en 4809
lorsque la cinquième coalition nécessita de nouvelles levées ;
le nombre des mariages s'éleva à 267.964 et la nuptiahté
atteignit 9,4 par 4.000 hab. La même cause, après le dé-
sastre de Russie, fit monter le nombre des mariages en
4843 à 387,486. Jamais, même avec une population plus
nombreuse, la France n'a enregistré dans la suite un tel
chiffre : la nuptiahté monta à 42,9. La loi de compensa-
tion se manifeste dans la nuptialité comme dans la nata-
hté et la mortalité : ainsi en 4806 la nuptialité tombe à
7,2, en 4844 à 6,8, en 4844 à 6,5. Balance faite, la
nuptialité moyenne de la période impériale a été de 7,8.
Sous la Restauration et sous le règne de Louis-Philippe,
période de paix, le nombre des mariages augmenta,
243.343 en 4848 et 283.338 en 4845, non seulement
parce que la population augmentait, înais parce que le
taux de la nuptialité s'élevait : la moyenne générale de
4833 à 4845 a été de 8,4. En 4845 et en 4846, le taux
a été de 8,3 et de 8,5 ; la disette de 4847 l'a abaissé
à 7 ; celle de 4847, à 7 aussi.
Après la révolution de 4848, le taux, grâce à de bonnes
récoltes et malgré la crise poUtique, remonta jusqu'à 8,3
en 4850. Puis de mauvaises récoltes et le choléra le firent
redescendre à 7,5 en 4854. Il se maintint ensuite à 8
environ pendant le second Empire. La guerre franco-alle-
mande le fit descendre au niveau le plus bas qu'ait atteint
la France au xix^ siècle : 6°/oo, taux d'où le mouvement de
compensation le fit monter en 4872 jusqu'à 9,8. Depuis
ce temps, la nuptiahté a eu une tendance à faiblir. L'année
4890 n'a fourni que 7 mariages par 4.000 hab., c'est
la plus mauvaise des vingt dernières années dont la moyenne
ne dépasse pas 7,4. De 4887 à 4896, avec une population
de plus de 38 millions d'âmes, le nombre total des ma-
riages n'a pas été supérieur à celui qu'avait fourni de 4835
à 4845 une population d'environ 34 millions; la généra-
tion qui se mariait de 4887 à 4896 était celle qui était
née pendant et après la guerre de 4870. Sans doute les
mariages inconsidérés des prolétaires peuvent empirer
l'état démographique d'une nation, et il n'est pas toujours
désirable de les voir se multiplier. Mais la France, à la
considérer dans l'eiisemble, est, malgré certains symptômes
fâcheux, plus riche aujourd'hui qu'il y a cinquante ans,
et cependant on s'y marie moins. Quoique la statistique
ne nous renseigne pas sur la fortune des mariés, l'ana-
lyse par départements montre que la nuptialité a diminue
dans tous, et on peut en induire que cette diminution a
porté sur toutes les catégories sociales ; l'accroissement
du nombre des ouvriers et des domestiques dans les
villes a dû avoir pour conséquence plus de célibataires ;
l'augmentation, non du prix de chaque chose en elle-
même, mais des dépenses générales de la vie, a dû
tenir éloignées du mariage plus de personnes de la classe
moyenne, etc. L'obstacle vient surtout d'un goût exagéré
du bien-être.
Néanmoins, à considérer toute la durée du siècle, le
nombre absolu des mariages a augmenté. De 4804 à 4805,
27 milhons 4/2 d'hab. ont fourni en moyenne 205.000 ma-
riages; de 4890 à 4896, 38 millions 4/2 en ont fourni
287.000. Quand on examine la courbe annuelle des ma-
riages, on distingue l'influence de certains événements de
l'histoire, surtout de l'histoire économique, crises, disettes,
prospérité commerciale. Les disettes ont exercé une action
ti'ès sensible jusqu'à l'époque oli 1^ libeité du commerce
des céréales et la facilité des approvisionnements^ qui a
subsisté en partie malgré le rétablissement du droit de
douane, en ont amorti les effets.
Il y a en France une géographie de la nuptialité, comme
de la mortahté et de la natahté, c.-à-d. que l'état éco-
nomique et moral de la population détermine un taux de
nuptialité différent suivant les régions. Voici les dix dé-
partements dans lesquels la nuptialité était la plus forte et
les êix dans lesquels elle' était la plus faible au eommen-
eement du siècle et en 4893.
Départements où la nuptialité était la plus forte
En 1801-10
Nuptialité : 10,5 à 8.
Vendée.
Allier.
Indre.
Haute- Vienne.
Bas-Rhin.
Nièvre.
Pyrénées-Orientales .
Finistère.
Var.
Maine-et-Loire.
Départements où
En 1801-10
Nuptialité : 5 à 6
AvejTon.
lUe-et- Vilaine.
Ain.
Ariège.
Lozère.
Marne.
Basses-Pyrénées.
Vienne.
Doubs.
Cher.
En 1893
Nuptialité : 9,3 à 8,0
Seine.
Allier.
Côtes-du-Nord.
Creuse.
Dordogne.
Loire.
Nord.
Seine-Inférieure.
Vaucluse.
Haute-Vienne.
la nuptialité était la plus faible
En 1893
Nuptialité : 5,5 à 6,6
Basses-Pyrénées.
Hautes-Pyrénées.
Corse.
Savoie.
Hautes- Alpes.
Alpes-Maritimes.
Côte-d'Or.
Lot.
Haute-Marne.
Haute-Savoie.
Les départements de montagnes, qui sont pauvres et
d'où les hommes émigrent à la recherche de travail, sont
généralement dans les derniers rangs de la nuptialité, parce
) que la population nubile mâle fait défaut. Le même phé-
nomène s'observe, mais d'une manière moins prononcée.
— UU — NUPTIALITÉ
dans les départements de forte immigration, parce que
beaucoup d'immigrants n'ont pas l'intention de se û^r
en fondant une famille. La Normandie a une faible nup-
tialité parce qu'on y redoute les charges du ménage. Au
contraire, les Landes, le Massif central, etc., ont une
forte nuptialité.
La nuptialité paraît souvent plus élevée dans les villes
que dans les campagnes. Ainsi, en 1885, elle était de 8,3
dans le dép. de la Seine, de 7,4 dans la population
urbaine et de 7,3 dans. la population rurale. C'est une
simple apparence : les populations des grandes villes com-
prenant en général, à cause de l'immigration, une pro-
portion d'adultes supérieure à la proportion normale, il
peut y avoir plus de mariages par rapport à la population
totale, bien qu'il y en ait moins par rapport à la fraction
de cette population qui est en âge de se marier.
En France, l'âge moyen du mariage est en moyenne de
30 ans environ pour les hommes et d'un peu plus de 25
pour les femmes. Cette moyenne se compose d'éléments
divers. Entre célibataires, la moyenne descend à 28 ans
3 mois pour les hommes et à 24 ans 2 mois pour les
femmes ; entre veufs et veuves, elle s'élève à 48 ans pour
les hommes et à 42 1/2 pour les femmes. L'âge est d'or-
dinaire un peu plus précoce dans les campagnes que dans
les villes et un peu plus tardif dans le dép. de la Seine que
dans les autres. Les mariages entre célibataires sont de
beaucoup les plus nombreux: 243.768 en 1895 sur un
total de 282.915 mariages, soit 86,1 ^/o. Pour la période
1865-82, on a calculé que sur 100 mariages il y en avait
eu 84,4 entre célibataires, 4,1 entre gar(;ons et veuves,
7,8 entre veufs et filles, 3,7 entre veufs et veuves.
Voici comment se répartissaient, suivant l'âge, les ma-
riasses des céhbataires en 1895 :
CELIBATAIRES
du
SEXE MASCULIN
\ au-dessous
de 20 ans
Au-dessous de 20 ans
De 20 à 25 ans
— 25 à 30 ans
— 30 à 35 ans
— 35 à 40 ans
— 40 à 50 ans
— 50 à 60 ans
Au-dessus de 60 ans .
0,67
7,20
10,08
1,81
0,34
0,07
0,01
0,001
MARIES AVEC DES CELIBATAIRES DU SEXE FEMININ
de 20
à 25 ans
0,77
14,81
23,19
6,20
1,34
0,31
0,03
0,002
de 25
ù 30 ans
0,69
4,84
10,58
4,31
1,56
0,49
0,05
0,006
de 30
à 35 ans
0,12
0,89
2,15
2,13
1,04
0,54
0,09
0,011
de 35
à 40 ans
0,03
0,17
0,46
0,53
0,59
0,42
0,09
0,015
de 40
à 50 ans
0,004
0,04
0.10
0,15
0,19
0,37
0,12
0,03
au-dessus
de 50 ans
0,003
0,008
0,011
0,015
0,06
0,07
0,04
TOTAL
2,29
28,02
46,58
15,16
5,10
2,28
0,46
0,11
Si- l'on veut chercher la probabilité de mariage, c.-à-d.
la chance qu'a un individu, homme ou femme, célibataire
ou veuf, de se marier dans l'année, il faut diviser le
nombre total des individus vivants de chaque âge par le
nombre des individus de cet âge qui ont contracté mariage.
Voici le résultat (calculé sur la période 1877-81).
GROUPES D'AGES
De 15 à 20 ans (femmes)
— 18 à 20 ans (hommes)
— 20 û, 25 ans (les deux)
— 25 â 30 ans —
— 30 à 35 ans —
— 35 à 40 ans —
— 40 à 50 ans —
Plus de 50 ans —
SUR 1.000 PERSONNES
de chaque groupe d'âge
Nombre de ceux qui se marient dans l'année
CELIBATAIRES
VEUFS
Hommes
Femmes
Hommes
Femmes
,
39,9
12.5
»
282.0
160,5
59,8
110,4
119,2
112,6
238,6
98,3
109,9
79,8
226,2
75,2
79,1
49,3
161,5
74,1
34,8
21,1
76,1
18,9
10,7
3,9
13,2
2,6
La moyenne générale pour toute la population mascu-
line pendant cette période a été de 57 mariages par
1.000 hab. Les veufs à tout âge ont plus de chance de
mariage que les célibataires. On comprend facilement
pourquoi : les veufs avaient, au physique et au moral, l'ap-
titude au mariage puisqu'ils s'étaient mariés ; en outre,
beaucoup d'entre eux ont besoin d'une compagne, soit pour
élever leurs enfants, soit pour remplacer dans leur pro-
fession la compagne qu'ils ont perdue. Il en est tout au-
trement pour le sexe féminin : les veuves sont moins re-
cherchées que les filles. Sur 100 hommes qui se sont
mariés, on a calculé (période 1865-82) qu'il y avait 88,4
garçons et 11,6 veufs ; sur 100 femmes, 92,2 filles et
7,8 veuves.
Dans tous les pays on trouve des rapports de même
nature relativement aux mouvements de la population.
Toutefois, on doit observer que d'un pays à l'autre les
différences sont plus considérables pour la nuptialité
que pom' la natahté. Entre la Serbie qui accusait 11,5
et l'Irlande qui ne donne que 4,4, la différence est de plus
du simple au double. La moyenne générale de l'Europe,
calculée sur la période 1865-83, a été trouvée de 8,4 ma-
riages par 1.000 hab. La France se plaçait un peu au-
dessous de cette moyenne. Les Slaves et Magyars occu-
NUPTIALITÉ
144
paient le premier rang avec une nuptialité dépassant 8,5
et même 10, pour la Serbie. Les Germains étaient au se-
cond rang. La nuptialité est très forte dans certains pays
d'immigration : le Massachusetts en est un exemple. Elle ne
Test cependant pas dans tous, surtout quand l'immigration
amène peu de femmes : l'Australasie en est un exemple.
Nulle part la nuptialité n'est aussi faible qu'en Irlande où les
difficultés économiques opposent un obstacle considérable
au mariage et d'où émigrent beaucoup d'adultes.
En divisant l'Europe en quatre régions, Sir W. Raw-
son a trouvé une nuptialité de 7 pour le N.-O. de l'Eu-
rope, 8 pour le S., 8,4 pour le centre et 9,4 pour l'E.
Les Slaves doivent en général leur taux supérieur à la
précocité du mariage et à la grande prédominance de l'élé-
ment rural. En Russie, 68 ^/o des hommes se marient
avant 25 ans ; le paysan marie même souvent son fds
entre 16 et 20 ans ; la jeune fdle qu'il lui donne est quel-
quefois à peine nubile, mais elle devient une servante de
plus dans la famille. En Hongrie et en Serbie, les mariages
sont précoces aussi : la vie rurale prédomine.
Une forte nuptialité peut avoir parfois une autre cause.
Ainsi le Japon a accusé de 1883 à 1887 un taux de 6,8
à 9 par 1.000 hab., et même en 1896 un taux de 11,7 :
c'est que la fréquence des divorces motivait un grand
nombre de mariages nouveaux. Dans quelques pays ru-
raux, la naissance d'un enfant précède souvent le mariage :
le Chili en fournissait naguère un exemple.
Le tableau suivant présente la nuptialité des Etats
d'Europe et de trois Etats américains à trois époques ;
ces Etats sont groupés d'après l'ordre de leur nuptialité
à la dernière époque :
NUPTIALITÉ
(d'après les calculs de M. Bodio).
ETATS
Serbie
Massachusetts
Saxe
Rhode Island
Hongrie
Prusse
Roumanie
Connecticut. . .
Empire allemand*...
Russie d'Europe
Autriche
Italie
Angleterre et Galles.
France.
Belgique
Finlande
Suisse
Pays-Bas
Danemark
Bavière
Wurttembei'g
Ecosse
Norvège
Suéde
Espagne
Grèce
Irlande
1865-69 1876-80 1887-91
11,29
10,53
9,18
11,27
10,28
8,82
»
9,21
8,86
» •
8,69
7,30
8,36
7.89
7,58
7,01
»
8,10-
7,90
9,25
»
7,02
6,45
6,18
7,57
6,49
5.29
11,48
7,83
8,se
8,94
9,61
7,88
7,30
7,83
9,79
7,74
7,51
7,67
7,61
6,90
7,81
7,40
7,84
7,78
7,30
7,12
6,88
7,18
6,58
6,60(1)
5,66
4,56
9,29 (2)
9,23
9,16
8,64
8,08
7,99
7,95 (3)
7,93
>,74
7,69
7,51
7,26
7,22
7,12
7,11
7.02
6,97
6,98
6,66
6,64
6,36
5,98
5,61 (4)
4,41
* Total pour l'Empire allemand entier.
(1) 1878-80. - (2) 1886-90. - (3) 1885-89. — (4)
La nuptialité de chaque Etat est soumise à des variations
accidentelles ou continues ; mais elle oscille en quelque sorte
autour de la moyenne qui lui est propre. Ainsi la Prusse a
éprouvé, comme la France, mais moins qu'elle, l'influence
dépressive de la guerre en 1870 et en 1871 ; le mouvement de
compensation s'y est fait brusquement sentir aussi en 1872,
et la nuptialité, qui était tombée à 7,6, s'est relevée à 10,2 ;
elle a diminué ensuite jusqu'en 1886, puis est remontée
un peu et marquait 8 en 1894. La Norvège, de 1801
à 1815, période agitée, a eu une nuptialité faible qui
est tombée à 6,4 en 1814 : la mer était alors fermée aux
pêcheurs. Après la paix, les mariages se sont multiphés :
la nuptialité a été de 10,2 en 1816. La crise commerciale
de 1837 l'a fait tomber à 6,2 ; la prospérité l'a ramenée
à 8,3 en 1846. Après les événements de 1870 et l'essor
que prirent alors les affaires, elle s'éleva à 7,8 en 1875, elle
est redescendue depuis, peut-être à cause de l'émigration
et du ralentissement des affaires ; le taux moyen en
1887-91 était à peine de 6,4; il a été de 6,5 de 1892
à 1895.
Chaque Etat a pour l'âge des époux, comme pour tous
les phénomènes démographiques, sa moyenne propre qu'ex-
pliquent le climat, les lois et les mœurs. Ainsi, sous le
climat froid des Etats Scandinaves, les hommes et les
femmes se marient d'ordinaire tardivement. Nous avons
dit qu'au contraire, en Russie, les paysans mariaient de
très bonne heure leurs enfants, garçons et filles, coutume
qui paraît être la conséquence du régime de communauté
dans lequel vivent les familles. En Angleterre, d'autres
mœurs, qui ont leur fondement dans une précoce éman^
cipation morale, portent les jeunes gens à se marier
plus tôt qu'en France, et comme ce sont eux-mêmes plus
que les parents qui font les accords, il y a plus parité
d'âge qu'en France : la différence moyenne est de 2 ans
en Angleterre (28 ans pour les hommes et 26 pour les
femmes), tandis qu'elle est de 4 ans en France (28 ans
3 mois et 24 ans 2 mois pour les mariages de célibataires).
La différence est d'environ 2 ans 1/2 en Belgique, dans
les Pays-Bas et en Norvège. En général, cette différence
augmente à mesure que le mari est plus âgé et au con-
traire diminue à mesure que la femme est plus âgée :
ainsi on a calculé qu'un jeune homme de 20 à 25 ans
épousait une femme qui, en moyenne, avait seulement
quelques mois de moins que lui et qu'un homme de 50 à
60 ans épousait une femme ayant en moyenne 15 ans de
moins que lui.
La proportion entre les mariages des célibataires et ceux
des veufs varie suivant les Etats, mais avec des diffé-
rences qui ne sont pas considérables. Les extrêmes sont
représentés par la Grèce qui a 86,1 °lo de mariages de
célibataires et par la Croatie qui n'en a que 68,9. Il est
naturel que, dans les pays où les mariages sont précoces,
il y ait plus de jeunes veufs et veuves qui désirent se
remarier. Le tableau suivant a été établi par M. Bodio
pour la période 1865-83 :
PÉRIODE 1865-1883
ETATS
Grèce
Irlande
Norvège (1876-82). . .
Suède (1869-82)
Ecosse
Roumanie
France .^
Belgique
Italie
Danemark
Angleterre
Espagne
Pays-Bas
Prusse
Bavière (1876-83) . . .
Suisse (1876-83) ....
Finlande
Russie
Autriche
Hongrie
Croatie et Slavonie
(1871-82)
SQR
100 MARIAGES
de mariages de :
as
86,1
85,7
85,3
85,3
85,1
84,8
84,3
83,4
83,2
82,3
81,9
81,1
80,2
80,0
79,8
79,0
78,8
77,2
75,8
74,5
68,9
o3>
3,9
8,1
3,2
3,3
2,9
2,8
4,1
5,0
3,7
4,7
4,4
4,0
4,3
5,2
5,3
4,2
5,4
4,2
6,2
4,7
4,3
6,7
8,6
9,3
^^
8,9
6,1
7,8
8,1
9,6
8,4
10,1
10,3
10,3
12,2
10,4
11,3
9,8
12,9
9,7
12,0
3 ^
»
3,3
2,6
2,1
2,1
3,1
6,3
3,7
3,5
3,7
2,1
5,3
4,8
4,8
3,5
2,4
3,1
4,5
8,8
5,1
10,2
14,7
0) «3
O Ul
0,1
0,2
2,2
1,4
1,7
1,3
3,3
^ 145 —
NUPTIALITÉ -^ NUREMBERG
On comptait on France, clans la période 186S-83, 4 ma-
riage consanguin sur 100 mariages. C'est une proportion
qui, quoique faible par elle-même, paraît un peu plus
élevée que celle de la plupart des Etats d'Europe ; la
Prusse en compte seulement 8 par 1.000, la Bavière 9,
l'Italie 7, la Finlande 2. On a beaucoup écrit sur la ques-
tion des mariages consanguins et on a produit des exemples
et même des statistiques partielles en vue de prouver le
danger des unions de ce genre. On les accuse d'être moins
fécondes que ks autres et de donner iiaissance à des
e/ifants malingres ou infirmes, surtout à des sourds-muets
et à des crétins. Il est certain qu'on citera des cas à
l'appui de cette thèse pessimiste et qu'elle contient par
conséquent une part de vérité. Mais il n'y a jamais eu de
statistique précise portant sur une population entière et
sur un nombre suffisant d'années qui permette d'établir à
cet égard une loi démographique.
Les mariages ont, comme les naissances, leurs saisons.
En France et dans quelques autres pays, comme la Bel-
gique, la plus favorisée est le printemps. L'influence re-
ligieuse est marquée dans tous les pays catholiques en
février et dans la seconde moitié d'avril par le grand
nombre de mariages contractés avant et après le carême;
février donne le maximum et mars le minimum. C'est une
influence économique qui se manifeste par le petit nom])re
de mariages en juillet, août et septembre, où la popula-
tion est occupée dans les champs par les travaux de la
moisson ; la compensation s'étabHt par les nombreux ma-
riages de novembre. On s'explique aisément comment en
juillet la moisson puisse être à la fois une cause de nais-
sances illégitimes et un obstacle aux mariages. En Suède,
pays protestant, l'influence du carême est très peu sensible ;
mais l'hiver venant de bonne heure, le cultivateur ne doit
pas perdre de temps, et les mariages d'été sont relativement
bien plus rares qu'en Italie où la belle saison se prolonge
longtemps ; aussi, en Suède, y a-t-il une grande accu-
mulation de mariages en décembre, à l'époque où la neige
tient le paysan enfermé dnns son village. E. Levâsseur.
BiBL. : E. Levâsseur, la Population frunçaise, t. IL ch. x
et XIV du livre IL — L'ouvrage de M. G. von Mayr {Statis-
tik und Gesellschaftslehre contient \mie bibliographie dé-
taillée du sujet dans le chapitre Eheschliessungen.
NURAGHI (Grec Tholoi, italien Noraga, Nuracu,
Nurhag ou). Monuments d'architecture militaire, véri-
tables tours fortifiées aujourd'hui ruinées, mais dont
environ trois mille ont été reconnues avoir été élevées
dans l'île de Sardaigne avant l'époque de la conquête ro-
maine (259 à 176 avant notre ère). Ces monuments, décrits
par Délia Marmora ( Foya^^6^UvS>rf/<2?>m^, Turin, i 839-60,
t. Il, in-8), occupent généralement les sommets de mon-
tagnes naturelles ou de collines artificielles créées en vue
de la protection des plaines environnantes ; ils affectent
la forme de tronc de cône et, à l'origine, ils devaient être
entourés de murs de circonvallation formant une enceinte
à leur pied, de même qu'ils étaient surmontés de tourelles
de guet. En outre, lorsque, ce qui était assez fréquent,
deux de ces ouvrages étaient rapprochés, ils étaient reliés
par une muraille. Leur maçonnerie se compose d'assises
de pierres non taillées, assemblées sans liaison, et dont les
pierres des rangs inférieurs atteignent parfois de très
grandes dimensions : aussi, de temps immémorial, ces mo-
numents ont-ils servi de carrières de matériaux pour la
création des édifices des centres de population les avoisi-
nant. (^)uelques-unes de ces tours ont de iO à 20 m. de
hauteur, et le diamètre de leur base varie de 10 à 30 m.
Dans l'intérieur se distinguent deux ou trois étages, et
des niches sont aménagées dans l'épaisseur des murs. On
a reconnu de semblables constructions à Malte et dans
les îles Baléares, et cet ensemble de monuments d'une
antiquité reculée présente quelque analogie avec les duns
d'Ecosse et les clochans d'Irlande ; mais c'est dans l'île
de Sardaigne que l'on peut en observer le plus grand
nombre et aussi la plus grande variété de forme et de
groupement. Charles Lucas.
GRANDE ENCyCLOPÉDTE, — XXV.
NUREMBERG(all. Nûrnberg). Grande ville de Bavière,
prov. de Franconie moyenne, sur la Pegnitz, sous-affluent
du Main et la voie navigable du Danube au Bhin ; 113hect. ;
162.380 hab. (en 1895). La ville intérieure, qui renferme
55.453 hab., est partagée en deux moitiés par la Pegnitz,
qui portent le nom de leurs grandes églises : Saint-Sebald,
à droite et au N.; Laurent (Lorenz), à gauche et au S. La
rivière forme quatre îles dont la première, seule considé-
rable, s'appelle Schutt. Elle est franchie par 10 ponts et
11 passerelles; le plus intéressant est le pont de la Boucherie,
arche unique de 32 m. La ville intérieure possède encore
son enceinte formée d'une double muraille flanquée de tours
et de bastions et enveloppée d'un fossé de 10 m. de pro-
fondeur et 30 m. de large. Elle a 5 kil. de pourtour,
4 grandes portes garnies de grosses tours bâties par Unger
(1555-68) et 6 petites portes. Sur plusieurs points on a
récemment percé de nouvelles et plus commodes entrées.
Les faubourgs, qui possèdent les deux tiers de la popula-
tion, s'étendent autour de la vieille ville et renferment les
fabriques.
La ville intérieure a gardé un aspect archéologique avec
ses maisons du xvii^ et du xviii*^ siècle, présentant à la
rue leur pignon et des avancées. Elle renferme beaucoup
de monuments remarquables. L'église Saint-Laurent, en
style gothique (1274-1477 ; restaurée), mesure 101 m.
de long sur 34 de large, avec deux tours de 77 m., une
rosace de 9 m. de diamètre, un portail très décoré de sculp-
tures, trois nefs, la centrale mesurant 25 m. de haut. On
y voit la maison du Saint-Sacrement, chef-d'œuvre d'Ad.
kraft, pyramide de 19 m. de haut sur laquelle est retra-
cée la passion du Christ ; de belles boiseries, des vi-
traux, etc. — L'église Saint-Sebald, également gothique,
a été commencée dans la première moitié du xiii® siècle,
le chœur et les tours sont du xiv® ; elle a 94 m. de long
sur 32 de large, la voûte est portée par 20 colonnes de
26 m. de haut. On y voit le célèbre tombeau de Saint-
Sebald par P. Vischer (1508-19), avec les statuettes des
douze apôtres, de pères de l'Eglise et autres personnages ;
de vieux vitraux ; au dehors se voit le tombeau de Schreyer
(pierre), par Ad. Kraft (1492), qui a aussi sculpté le Ju-
gement demie}' sur la porte S.-O. de la nef. L'église de
Marie, gothique (1355-61; restaurée, 1878-81), se dis-
tingue par un vaste portail chargé de sculptures, des ta-
bleaux de Wolgemut, de beaux vitraux. J^'église Mgiùi
(1711-18), en style italien, conserve une chapelle romane
et un tableau d'autel de Van Dyck. L'église du Saint-Es-
prit (1333-41; rest. 1850) abritait jadis les ornements
impériaux, aujourd'hui conservés à Vienne. L'église Saint-
Jacques, bâtie par l'ordre Teutonique en 1283, a été re-
faite en 1824-25. L'église Saint-Jean, àl kil. de la ville,
est entourée d'un cimetière où reposent Albert Diirer, Veit
Stoss, Sandrart, Pirkheimer, L.-A. et A. Feuerbach ,
L. Spengler, Grubel, etc.
A l'angle N.-O. de la ville intérieure s'élève le châ-
teau, la burg impériale, propriété commune du roi de
Bavière et de l'empereur. Elle fut bâtie par l'empereur
Henri II et prit sa physionomie actuelle sous Frédéric Bar-
berousse. On y remarque la tour ronde Vestner, point cul-
minant de Nuremberg (ait. 352 m.), la tour carrée des
païens avec ses deux chapelles (de Marguerite ei de
l'empereur) superposées, la tour pentagonale qui est le
plus ancien édifice de ÎS'uremberg, des boiseries de Veit
Stoss, des tableaux de L. Cranach, Burgkmaier, Schœnf-
ferlin, un grand tilleul dans la cour intérieure, auquel on
attribue un âge de huit cents ans. A côté de la burg im-
périale s'élevait jadis le château du burgrave ; il fut
brûlé en 1420 et remplacé parunehalle au blé (1494-95),
le Kaiserstall, qu'on aménagea ensuite pour contribuer à
la défense entre la tour pentagonale et celle de Lugins-
land. — En face de Saint-Sebald s'élève l'hôtel de ville,
en style italien (1616-22), avec sa façade à deux étages
longue de 89 m. et ses trois portails ; dans la cour est le
joli puits de bronze de Hirschvogel (1557); la grande salle
NUREMBERG ~- NORSCHAU
"~ 446 —
qui s'étend sur les deux étages a 39 m. de long sur 14
de large, et est décorée de fresques, d'après les cartons de
Diirer, et de vitraux de Hirsclivogel ; Essenveina refait le
côté ^f.-E. de l'hôtel de ville dans le dernier tiers du
xix^ siècle. — L'hôpital du Saint-Esprit est à cheval sur la
Pegnitz, à la pointe de l'île Schiitt. — Un grand nombre
de maisons particuUères offrent un intérêt historique et
esthétique. Citons celles de Nassau, avec une statue de l'em-
pereur Adolphe de Nassau sur le puits ; de Grundherr, où
fut rédigée la bulle d'or de 4356 ; d'Albert Durer, de
Hans Sachs, du poète Griibel, de Kraft, dePeller (en style
vénitien, 4605), deRuprecht, etc. — Les autres monu-
ments notables sont les fontaines : celle du Marché (5c/iœng
Brunnen), œuvre de maître Henri le Balier (4385-96),
colonne de pierre de 49^^,5 à trois étages, finement ou-
vragée et décorée de jolies figurines ; celle de bronze
connue sous le nom de l'Enfant à l'Oie ; celle de la Vertu
(bronze): celle de l'Art, œuvre moderne érigée en 1835
pour commémorer l'ouverture du premier chemin de fer
d'Allemagne (de Nuremberg àFùrth)r On peut enfin citer
les statues d'A. Diirer par Rauch, d e Hans Sachs par
Krauser, le monument de Griiber par Wanderer, les sept
stations, colonnes de pierre, décorées par Ad. Kraft, qui
s'espacent sur le trajet entre la maison de Pilate et le
cimetière Saint-Jean.
La population, qui n'était en 1818 que de 26.854 hab.,
a sextuplé. Elle comprenait, en 1895, 417.744 protestants,
38.994 catholiques et 4.749 juifs, sur un total de
462.380 personnes (garnison comprise). — Nuremberg
est une ville essentiellement industrielle. Ses jouets, sa
quincaillerie, ses objets de laiton et d'acier, ses montres,
ses crayons (Maison Faber depuis 4764), ses produits chi-
miques, ses couleurs (outremer) se vendent dans le monde
entier ; ajoutez la brosserie, la cire à cacheter, la pâtis-
serie, le ta])ac, les cartes à jouer, les pantoufles, les ma-
chines et wagons, les appareils électriques de toute nature,
les fonderies de caractères, l'imprimerie, la chromolitho-
graphie, toutes industries considérables, la fameuse bière
noire, etc. Le mouvement de la succursale de la banque
impériale était, en 1894, de 4.260 millions de francs. Nu-
remberg est aussi un marché de denrées coloniales impor-
tées des Pays-Bas, de houblon exporté vers l'Amérique,
de céréales et farines, de pétrole, de timbres-poste. Le
commerce se fait par voie ferrée. Le mouvement fluvial
est insignifiant : 40.000 tonnes en 1893.
La ville est administrée par un Conseil comprenant
3 } magistrats et 51 conseillers. Son budget était, en 1894,
de 12.877.000 fr. derecettes, 12.080.000 fr. de dépenses,
la dette de 26.370.000 fr. Parmi les musées et collec-
tions, il faut signaler le musée germanique national, fondé
en 1852 et logé dans le couvent des Chartreux qui date
de 1382. Ce musée, subventionné par l'empire allemand,
par la Bavière, par une foule de particuliers, réunit une
superbe collection de monuments archéologiques relatifs à
toute l'histoire de la nation allemande, vie privée et vie
pubHque. Ils sont répartis en 40 groupes , à commencer par
les monuments préhistoriques, puis les œuvres architec-
turales et plastiques de toute nature, en particulier de
céramique (poêles, carreaux), de serrurerie, quantité de
moulages des principales œuvres du moyen âge (sculptures,
tombeaux, etc.), une magnifique sirie numismatique, une
collection considérable de vitraux du xii^ au xix® siècle,
plus de 200.000 estampes, parmi lesquelles quelques-unes
remontant aux origines de la gravure (V. ce mot), des
instruments et livres de musique, d'astronomie, de chi-
rurgie, de géographie, de pharmacie, d'alchimie ; des sé-
ries historiques de tissus, broderies et dentelles, de l'époque
romaine à nos jours; plus de 5.000 objets d'ameuble-
ment ; plus de 2.000 armes (grâce à l'achat de la collec-
tion Sulkowski, cette série est presque sans rivale pour le
moyen âge) ; un musée commercial, etc. La bibliothèque
possède plus de 200.000 volumes, les archives 11.000
diplômes dont 8.000 sur parchemin, 4.000 recueils d'actes.
12.000 autographes. Le musée publie un annuaire, une
revue, des guides spéciaux.
La bibhothèque municipale, logée dans l'ancien couvent
des dominicains, n'a que 60.000 volumes, mais de précieux
manuscrits et beaucoup d'incunables.
Histoire. — Nuremberg était déjà une ville en 1062 ;
elle obtint de Henri HI la franchise du marché, le droit
d'octroi et de monnaie. Frédéric II lui accorda l'immé-
diateté (1219). Le burgraviat mentionné à partir de 1105,
où Henri V saccagea la ville, passa en 1191 aux comtes
de Zollern (V. Hohenzollern), mais n'arrêta pas le déve-
loppement des libertés municipales de la ville, administrée
par ses consulsdès 1236. Ce ne fut pourtant qu' au xv^ siècle
qu'ayant acquis les propriétés impériales, les bourgeois
transformèrent en magistrats municipaux les officiers im-
périaux des finances et des forêts. La grande prospérité
de la ville date du xiv« siècle, elle devint le grand en-
trepôt du négoce entre l'Italie et l'Allemagne du Nord ; les
découvertes maritimes, détournant la route du commerce
indien, la firent décliner. Toutefois, sa population ne semble
pas avoir été considérable, variant de 20.000 à 40.000
âmes. En raison de sa position en plaine, entre le Danube,
le Rhin et l'Elbe, beaucoup de diètes impériales y furent
tenues depuis 1073 jusqu'à la fin du xvi« siècle ; la 'plus
célèbre est celle ouverte le 25 nov. 135.5 où fut rédigée
la Bulle d'Or. De 1424 à 1806 les ornements officiels de
l'empire furent conservés à Nuremberg. En 1247,1a ville
acheta au burgrave Frédéric VI son château et tous ses
droits pour la somme de 120.000 florins. Elle eut cepen-
dant des luttes à soutenir à ce sujet avec les margraves
de Brandebourg- Ansbach et Culmbach (1449-50 et 1552).
Elle profita de la guerre de succession palatine (1583-87)
pour agrandir son territoire vers l'E. et le S. A l'époque
de la Renaissance, Nuremberg fut un des centres les plus
brillants de l'art et de la science allemands (V. Allemagne),
patrie de Martin Behaim, Coban Hess, Melchior Pfintzing,
Joachim Sandrart, Wilibald Pirkheimer, Hans Sachs,
Albert Durer, Ad. Kraft, P. Vischer, Griibel, etc. Elle
revendique avec plus ou moins de raison l'invention de la
montre, de la clarinette, de la pédale, des globes, de l'ar-
quebuse, du laiton. La Réforme fut acceptée en 1524. A
Nuremberg furent conclues la première paix religieuse entre
protestants et catholiques (23 juil. 1532) et une ligue de
Charles-Quint et des Etats catholiques (10 juin 1538). La
ville resta neutre dans la guerre de Smalkalde, adhéra à
l'Union protestante du 10 mai 1609, vit en 1632 les sa-
vantes manœuvres de Gustave-Adolphe contre Wallens-
tein, traita avec l'empereur en même temps que l'électeur
de Saxe (i 635). Ruinée par les guerres de la Révolution,
elle offrit, en 1796, de se donner au roi de Prusse qui
refusa, conserva sa liberté en 1803, mais fut en 1806
annexée à la Bavière avec son territoire (1.266 kil. q.,
80.000 hab.) ; il est vrai que la Bavière se chargeait de
sa dette qui montait à 9 millions de florins. A.-M. B.
BiBL. : LoTTER, Grossindiistrie uncl Grosshandel V)On
Nûrnberg-Fûrth und Umgehung, 1895. — Nurnhergische
Chronik, éd. î)ar Hegel ; Leipzig, 1862-74, 5 vol. — Soden,
Kriegs und Sittengeschichte der Reichsstadt Nûrnberg ;
Erlangen, 1860. — Priem, Nûrnberger Sagen und Geschich-
ten ; Nuremberg, 1870. — Du même, Illustrierte Gesch. der
Stadt Nûrnberg, 1895, 2« éd. — Stockhaner, Nûrnber-
gisches Handwerksrecht derl6^'>^Jahrh. ; Nuremberg, 1875.
— LuDEwiG, Die Politih Nûrnbergs imZeitalter derRefor-
mation; Gœttingue, 1893. — Thode, Die Malerschule von
Nûrnberg im i4t«^ und 15^''^ Jahrh.; Francfort, 1891. —
Rœsel, AUnûrnberg in ZussLmmenhang des deutschen
Reichs und Volksgeschichte, 1895.
NURET-le-Ferron. Com. du dép. de l'Indre, arr. du
Blanc, cant. de Saint-Gaultier; 762 hab.
NURLU. Com. du dép. de la Somme, arr. dePéronne,
cant.^ de Roisel; 858 hab.
NÎJRSCHAU (tchèque Nyrany). Ville de Bohème, dis-
trict de Mies, sur le ch. de fer de Pilsen à Furth ; 5.159 hab.
(en 1890) dont 3.088 Tchèques et 2.063 Allemands. Mines
de houille (800.000 tonnes en 1894),
-147
NURSERY — NUTATION
NURSERY (Arcliit.). Les Anglais désignent ainsi les
pièces spécialement aménagées dans les grandes habita-
tions, hôtels à la ville ou résidences à la campagne, pour
recevoir les enfants en bas âge et les domestiques qui les
soignent. Une nursery bien ctabHe doit comprendre au
moins deux grandes pièces, une pour le jour et une pour
la nuit avec, à cette dernière, quelques dépendances. La
pièce de jour, véritable salle de jeu des enfants, doit être
au rez-de-chaussée et s'ouvrir largement sur la partie
de jardin ou de cour plantée dans laquelle les enfants
prennent leurs ébats, tandis que la pièce de nuit doit être
à l'étage des chambres à coucher de la maison et à proxi-
mité de l'escalier la mettant en communication avec la
pièce de jour. A la pièce do nuit, véritable dortoir,
doivent être annexés une lingerie, une petite cuisine et
un water-closet. Dans les grandes villes industrielles des
Flandres, en France et en Belgique, où les familles
comptent encore de nombreux enfants, il n'est pas rare
de voir, dans une des ailes d'une grande habitation, un
ensemble de pièces disposées comme il est dit ci-dessus et
formant une véritable nursery. Charles Lucas.
BiBL, : Kerr, The Gentleman's Ilonse ; Londres, 187Ï,
in-8, 3« éd.
NURSIA (V. Norciâ).
N Û RTl N GEN . Ville du Wurttemberg, cercle de la Forêt-
Noire, sur le Neckar; 5.738 hab. (en 4895). Filature de
coton, bonneterie, teinture, ébénisterie. C'est l'ancienne
Niordinge.
NUS (Eugène), auteur dramatique français, né à Cha-
lon-sur-Saône le 2i nov. 4816, mort à Cannes le 18 janv.
J894. 11 débuta en 1837 dans le journalisme, collabora
à VEntr'acte, au Prisme, à la Revue critique, s'essaya
au théâtre et, après d'heureux débuts sur de modestes
scènes de banlieue, obtint un grand succès à la Gaîté avec
un drame mouvementé, Jacques le Corsaire [iSM). Il
continua donc dans cette voie et produisit un assez grand
nombre de pièces, soit seul, soit en collaboration. Entre
temps, il se jetait avec ardeur dans le mouvement socia-
liste de 1848, et, aux côtés des phalanstériens, combattait
le bon combat dans la Démocratie pacifique. Ces idées
altruistes ne l'abandonnèrent jamais et, en 1873, nous le
retrouvons à la tète du Bulletin de mouvement social,
et se faisant l'apôtre de la coopération et du mutualisme.
Enfin, le mysticisme le ^agna et, à la suite de Papas et
de Stanislas de Guaita, il s'adonna à l'occultisme. Citons
parmi ses œuvres : i° Théâtre : r Enseignement mutuel
(comédie en 3 actes, 1846), en collab. avec Desnoyer; le
Comte de Sainte-Hélène {ànmie en 5 actes, 1849), avec
le même ; le Vicaire de Wakefteld (drame en 5 actes,
1854), avec Tisserand; la Tour de Londres (drame m
5 actes, 1855), avec A. Brot et Ch. Lemaître ; les Pau-
vres de Paris {id., 1856), avec Ed. Brisebarre ; Jane
Grey (id., 1857), avec A. Brot ; la Femme coupable {id.,
1863); Léonard {id.,i%i^), avec Brisebarre; la Vierge
noire (id.,i869), avec Bravard; laCamorra {id., 1873);
les Deux Comtesses (comédie en 3 actes, 1875); la
Fièvre du jour (comédie en 4 actes, 1870), avec Ad.
Belot; la Marquise (1874), avec le même ; Madame de
Navarret (id., 1881, 3 actes), avec Charles de Courcy; le
Mari (drame en 4 actes, 1884), avec Arthur Arnould; les
Petits Concours (comédie en 3 actes, 1881), avec Be-
lot, etc. — 2° En dehors du théâtre : les Dogmes nou-
veaux (Paris, 1861 , in-12), poésies ; la République natu-
raliste. Lettre à Emile Zola (1879, in-8) ; Choses de
r autre monde (1880, in-12) ; A la recherche des des-
tinées (1891, in-12); Vivisection du catholicisme
(1894, in-12). R. S.
NU SCO. Ville d'Italie, prov. d'Avellino; 3.000 hab.
Evêché.
NUSLE. Ville de Bohême, faubourg E. de Prague;
7.693 hab. (en 1890). Château, jolies villas^ brasserie.
NUSSBAUM (Johann-Nepomuk von), chirurgien alle-
mand contemporain, né à Munich le 2 sept. 1829. Il étu-
dia à Berlin et k Wurtzbourg, puis à Paris sous Nélaton,
à Londres sous Spencer Wells, à Edimbourg sous Lister,
et, en 1860, fut nommé à Munich professeur de chnique
chirurgicale et médecin en chef de l'armée. Il a écrit un
très grand nombre de mémoires sur le cancer, l'extension
des nerfs, l'ovariotomie, les greffes osseuses, les panse-
ments antiseptiques, la cure radicale des hernies, la trans-
fusion, etc. D^' L. Hn.
NUTATION. ï. Astronomie. — La terre tourne au-
tour d'un axe de rotation (Hgne des pôles) sensiblement
invariable par rapport à sa surface, mais cette droite est
loin d'être fixe comme direction dans l'espace. Les astro-
nomes lui rapportent cependant continuellement les posi-
tions apparentes des étoiles, il en résulte que ces dernières,
ou, ce qui revient au même, la sphère céleste tout entière,
paraissent animées de mouvements assez compliqués. Ils
ont été décomposés en éléments plus simples, dont le
principal est la précession : sujet qui sera traité ultérieu-
rement vu son importance.
Si nous faisons abstraction de cette donnée, l'on trouve
que l'axe polaire se meut autour d'une position moyenne
en décrivant sensiblement une petite ellipse dans un in-
tervalle de 18 ans 1/2. Cette période concorde avec celle du
mouvement moyen des nœuds de l'orbite de la lune sur
l'éclip tique, et la théorie montre qu'il faut reporter prin-
cipalement à cette cause l'oscillation dont nous venons de
parler. Elle porte le nom de nutation luni-solaire, car Ton
y fait rentrer aussi l'action du soleil.
Pour en percevoir la cause, quelques explications sont
nécessaires ; la lune et le soleil se meuvent sur des orbites
passant par le centre de la terre, mais ne concordant pas
avec son équateur. Si notre planète était rigoureusement
sphérique et formée de couches concentriques homogènes,
l'attraction de ces astres ne pourrait avoir aucune action
sur la direction de son axe de rotation. En réalité, sa
forme est celle d'un ellipsoïde de révolution ; la portion
équatoriale offre un renflement, une sorte d'anneau pesant,
et, l'attraction de la lune ou du soleil étant légèrement
plus forte sur la partie la plus voisine que sur l'autre, il
en résulte une série de faibles déplacements. Abstraction
faite de la précession, l'on trouve que l'un a pour période
le mois lunaire, l'autre l'année solaire, et enfin le plus im-
portant est lié à la position du plan de l'orbite de la lune.
Ce dernier tourne et reprend la même position au bout
de 18 ans 222 jours environ ; après ce laps de temps, tout
se retrouve dans la position primitive.
La nutation au point de vue théorique avait été prévue
par d'Alembert, mais, ne considérant que l'action du soleil,
il trouvait que son effet était négligeable. Bradleyen 1748,
après la remarquable série d'observations stellaires qui
lui permit de découvrir l'aberration, fit voir qu'elle était
en réalité sensible et trouva sa relation avec le moute-
ment de l'orbite de la lune. Euler, Laplace, Poisson re-
prirent la question au point de vue théorique et établirent
[es formules qui donnent la solution du problême ; Peters,
à Dorpat, Stone à Greenwich, Nyren à Pontkowa, pour ne
citer que les principaux, firent des observations pour con-
trôler la théorie. L'on trouvera dans la Mécanique céleste
de Tisserand (Paris, 1895-96) tous les développements dési-
rables au point de vue mathématique. Il considère, comme
ses devanciers, un ellipsoïde de révolution en rotation uni-
forme autour de son petit axe, et développe les équations
de son mouvement en tenant compte des attractions luni-
solaires sur ses différents points. La précession s'en dé-
duit et, en réduisant les mouvements restants à leurs
termes principaux, il retrouve l'ellipse de nutation. Ses
éléments sont : grand axe, 18''',44'6„; petit axe, 13'^735,
quantités petites, mais non négligeables.
Par suite de la nutation et abstraction faite de l'action
des planètes^ l'obliquité de l'équateur sur l'écliptique
moyen varie continuellement ; de même l'intersection des
deux plans a lieu tantôt en avant, tantôt en arrière de la
position moyenne. Des formules de transformations de
NUTATION — NUTRITION
— 148
coordonnées, fort simplifiées yu la petitesse des oscilla-
tions, permettent de rechercher les variations qui en ré-
sultent pour les coordonnées apparentes des étoiles. Chaque
année, la Connaissance des temps donne les valeurs numé-
riques des corrections (étoiles, formules de réduction), il
est donc facile d'en débarrasser les observations. Elles
sont réunies aux effets de la précession et de l'aberration,
ce qui simplifie le calcul destiné à rapporter toutes les
positions à l'équateur moyen de Tannée (Position, jan-
vier 0). Oltramare.
II. Balistique (V. Projectile).
NUTER-KHER (V. Enfers, t. XV, p. 1048).
NUTRITION. I. Physiologie. — L'instabilité chimique
est la caractéristique même de la cellule vivante ; il est
impossible, en fait, de comprendre une manifestation vitale
quelconque, si simple soit-elle, sans dépense d'énergie.
D'autre part, l'intégrité même de l'organite ne peut s'ex-
pliquer que par une tendance constante à maintenir l'équi-
libre chimique dans les éléments constituants de cet orga-
nite. Phénomènes de désassimilation ou de katabolisme et
phénomènes d'assimilation ou d'anabohsme doivent donc
se produire parallèlement, les uns l'emportant sur les
autres temporairement, suivant les circonstances.
La nutrition doit comprendre non seulement les phé-
nomènes d'assimilation qui se produisent dans l'être vi-
vant, mais encore une partie des phénomènes de désas-
similation qui font partie adéquate des premiers.
La digestion n'est qu'un élément de la nutrition, c'est
grâce à elle que les éléments ingérés subissent une trans-
formation première, mais non ultime, qui leur permet de
pénétrer dans le miUeu intérieur, dans le sang; dans le
liquide sanguin encore la digestion continue; l'existence
de véritables ferments digestifs est en effet démontrée :
ferments diastasiques, lypasiques, etc. Puis ces éléments
ainsi transformés arrivent en contact direct avec les cel-
lules et subissent de nouveau des modifications plus im-
portantes encore qui constituent le véritable stade de la
nutrition, stade le plus intéressant, mais aussi le plus
obscur. Si nous avons pu jusqu'ici en effet connaître ap-
proximativement, tout au moins, le mécanisme même de
l'inversion du sucre par la salive ou le suc intestinal de
la peptonisation des albuminoïdes par le suc gastrique ou
pancréatique, de l'émulsion des graisses par le suc pan-
créatique encore, les transformations ultimes au contact
ou dans l'intérieur de la cellule nous échappent totalement.
Prenons un exemple : chez un enfant nourri exclusive-
ment avec du lait, nous voyons les matières albuminoïdes
du lait servir à son entretien, à sa croissance, donner
lieu à d'autres matières albûmlnoides à constitutions bien
différentes. Un double travail de décomposition et de re-
composition, d'analyse et de synthèse est nécessaire. La
molécule albuminoïde au poids moléculaires! élevé (6.000)
se désagrège en syntonine, en albumosc, enpeptone, puis
se reconstitue ensuite pour former la sérumalbumine et
la sérumglobuline, mais ensuite la phase d'intégration
vraie nous échappe, et il existe une lacune peut-être im-
mense dans nos connaissances sur les transformations
nécessaires de la sérumalbumine en myosine, en chon-
drine, en hémoglobine. Pour Gauthier, le pouvoir électif
des cellules est limité, déterminant simplement une mo-
dification des principes immédiats, ne portant que sur les
annexes de la molécule, mais non sur les éléments qui
donnent à ces corps leurs caractères fondamentaux. Cette
restriction nous paraît aujourd'hui en contradiction avec
les faits.
On peut admettre jusqu'à un certain point que les nîa-
tières albuminoïdes, en apparence si différentes, qui en-
trent dans la constitution des tissus vivants, possèdent un
noyau commun constant, et qu'elles ne donnent leurs pro-
priétés particuHères qu'à des modifications accessoires,
parfois même à de simples glissements dans les combinai-
sons moléculaires. Mais comment exphquer alors la trans-
formation des matières albuminoïdes et des hydrates do
carbone en graisses. Il s'agit évidemment d'un phéno-
mène de nutrition qui se passe dans la cellule même, et
qui entraîne des transformations complètes des éléments
primitifs. Parmi les phénomènes de nutrition, nous pou-
vons prendre pour type la fonction glycogénique. Sous
l'influence des processus vitaux qui se passent dans un
certain nombre de tissus, mais principalement dans les
cehules hépatiques, les hydrates de carbone sont formés
incessamment chez les animaux, alors que ceux-ci n'en
reçoivent point par les aliments ou ne reçoivent même pas
d'aliments pendant un certain temps. Quelque importantes
que soient les critiques adressées aux idées de Chauveau,
il n'en reste pas moins étabh que c'est dans la combustion
du sucre que réside la source essentielle de l'énergie dé-
pensée par l'animal. Or chez l'animal en état d'inanition,
la quantité d'hydrates de carbone disséminée dans les lis-
sus est rapidement comburée; la dépense d'énergie n'en
continue pas moins, parce que les graisses en réserve,
puis, à défaut de graisses, les albuminoïdes des tissas
viennent à leur tour former le glycogène et le glucose in-
dispensables. Il va de soi que ces mêmes modifications se
produisent avec les substances ingérées pour l'animal ali-
menté.
Dans un autre ordre d'idées, il faut noter les mutations
qui se produisent dans l'organisme en faveur d'un tissa
aux dépens d'un autre.
L'animal privé d'aliment meurt quand il a perdu le tiers
de son poids (Chossas). Or à ce moment les pesées mon-
trent que certains organes, comme le cerveau, le cœur,
n'ont pas diminué, alors que d'autres, comme les muscles,
sont émaciés, ont perdu jusqu'à la moitié de leurs poids
primitifs, et cependant il est certain que pendant cette pé-
riode de jeûne absolu, quelquefois très longue, quarante
jours chez le chien, ces organes ont travaillé, usé par
suite des matériaux qu'ils ont di:i prendre aux autres
tissus. Un exemple saisissant de cette mobiUsation des
principes nutritifs a été donné par Miescher. Les saumons
pendant le temps qu'ils remontent le Rhin pour frayer ne
prennent aucune nourriture, soit six mois de jeûne. Or,
au début de la montée, les ovaires sont rudimentaires ;
au moment de la ponte, ils atteignent un poids considé-
rable, le quart de celui de l'animal. Par contre, les muscles,
tout d'abord puissants et volumineux, sont réduits en rap-
port avec le développement même des ovaires. Les molé-
cules azotées qui entraient dans la constitution du muscle
sous forme de myosine, de syntonine, etc., se sont donc
mobilisées pour aller, sous une forme nouvelle, constituer
les ovoalbumines et autres corps azotés que l'on rencontre
dans l'ovaire.
Sous quelle influence, sous quelle impulsion se produi-
sent ces mutations ? nous l'ignorons encore. Que le sys-
tème nerveux exerce une réelle action trophique sur' les
cellules de l'organisme, c'est un fait indéniable, mais les
phénomènes sont si complexes qu'il est impossi])le jus-
qu'ici de donner d'explication satisfaisante.
Ce que nous connaissons le mieux à cet égard, c'est
l'action trophique de la cellule nerveuse sur ses prolon-
gements cellulaires (V. Nerveux) ; il semble, dans ce cas
tout au moins, que les phénomènes de nutrition sont Hés à
l'intégrité du neurone. Pour les cellules musculaires et
autres, le rôle du système nerveux est moins manifeste ;
nous voyons cependant que certaines conditions paraissent
requises pour maintenir l'intégrité de la nutrition des or-
ganes. Il suffit d'immobiliser un membre pour constater
l'amaigrissement des muscles. Par contre, nous voyons,
sous l'influence de causes morbides multiples, certains élé-
ments présenter, soit une activité nutritive exagérée, soit,
au contraire, une diminution dans l'activité ' entraînant
l'hypertrophie ou l'atrophie des organes.
Toute la pathogénie pour ainsi dire se rattache à l'étude
des troubles de la nutrition cellulaire, puisque la maladie
n'est, en fait, qu'une perturbation dans la nutrition de la
cellule. J.-P. Langlois.
— 149
NUTRITION
II. Botanique. — Avant de traiter de la nutrition
des plantes, il importe de dire quels sont leurs aliments.
Les plus indispensables d'entre eux sont : le carbone,
l'hydrogène, l'oxygène, l'azote, le phosphore, le soufre,
le jpotassium, le magnésium, le fer, puis, à un moindre
degré, le silicium, le zinc, le manganèse. D'autres élé-
ments, tels que le calcium, le sodium, le chlore, se
rencontrent chez les végétaux ; mais ils ne sont pas in-
dispensables aux phénomènes essentiels de la nutrition
chez toutes les plantes. Il y a cependant des végétaul
calcicoles qui absorbent le calcium avec une grande acti-
vité ; d'autres qui en font autant du sodium ; enfin les
plantes marines contiennent de l'iode, du brome, etc.
Mais nous n'avons à nous occuper ici que de l'absorption
des éléments nécessaires à toutes les plantes et non de
ceux qui ne sont indispensables qu'à certains groupes végé-
taux ou dont la présence est simplement accidentelle. Nous
n'aurons pas à parler ici de l'absorption de l'oxygène à
l'état libre ; c'est là une fonction de respiration (V. ce
mot), dont il sera traité plus loin. Mais la plante puise éga-
lement ce corps dans l'eau et dans les divers composés
organiques et inorganiques qui le contiennent. Le carbone
est fourni à la plante par sa fonction chlorophyllienne, ou,
si elle est privée de chlorophylle (V. ce mot), par les ma-
tières organiques toutes formées dont elle se nourrit. Mais,
en tous les cas, la plante puise aussi des composés car-
bonés dans le sol. L'hydrogène et l'azote sont absorbés
à l'état d'ammoniaque et d'autres combinaisons plus
complexes. L'azote l'est également à l'état de nitrates
formés dans le sol aux dépens de l'azote de l'air, grâce à
l'activité de ferments nitrifiants (V. Azotate et Nitri-
fication). Le phosphore, le soufre et le silicium sont pris
à l'état de phosphates, de sulfates et de silicates. Quant
aux autres éléments, ils sont métalliques et constituent
les bases des sels que nous venons d'énumérer. L'oxygène,
le carbone, l'hydrogène et l'azote proviennent en majeure
partie, soit de l'atmosphère, soit de la décomposition de
matières organiques, dont la présence est indispensable
pour la grande majorité des plantes. Les autres éléments
ont pour origine la destruction des roches superficielles de
l'écorce terrestre sous l'influence des agents^^atmosphériques.
Ces roches finement divisées et mêlées de matières orga-
niques en décomposition constituent l'humus ou terre arable,
dont l'épaisseur et la composition sont variables suivant
les points du globe, mais dont la présence est indispensable
à toute végétation terrestre, excepté à celle des lichens
et de quelques autres plantes inférieures.
Nous éliminerons de notre étude : d'une part, les végé-
taux saprophytes qui utilisent les produits de la destruc-
tion d'autres organismes : tels sont, par exemple, le plus
grand nombre de champignons ; d'autre part, les para-
sites, qui vivent aux dépens d'un hôte vivant et qui pui-
sent en lui la totalité ou une partie de leurs aliments. Ils
seront étudiés au mot PARAsrrisaiE. Nous éliminerons
également les lichens qui ne se nourrissent guère que de
substances contenues dans l'air et absorbées directement
par toute la surface du thalle, et les végétaux aquatiques,
dont les uns, comme la plupart des herbes de nos eaux
douces, absorbent au moins une partie de leurs aliments
par des racines fixées au fond de l'eau et rentrent donc
partiellement dans le cas général, tandis que les autres,
flottant dans ou sur l'eau, ou possédant de simples cram-
pons de fixation, qui ne peuvent servir à la nutrition,
absorbent par toute la surface de leur corps les aliments
dissous dans l'eau.
Le premier acte de la nutrition est V absorption, c.-à-d.
l'acte par lequel le végétal extrait du milieu cosmique
les substances qui peuvent lui servir d'aliments. Cette
fonction, dans ce qu'elle a de plus général, a été étudiée
au mot Absorption. Nous n'avons donc à nous occuper
que de l'absorption effectuée par l'organe spécialement
dévolu à cet usage dans les plantes supérieures, c.-à-d.
par la racine (V, ce mot). La pénétration des liquides
dans la racine n'a lieu qu'au niveau de la région pilifère.
Cette pénétration, déterminée par l'osmose, se continue
de proche en proche jusqu'au cylindre central. Le liquide
monte ensuite dans le système ligneux, grâce à la capil-
larité qui l'aspire le long des éléments vasculaires. Il est
attiré, en outre, vers les régions supérieures par la perte
d'eau due à la transpiration (V. ce mot) et à la chloro-
vaporisation, et, à un moindre degré, par les différences
de température, les parties aériennes' du végétal étant en
général à une température plus élevée que les racines,
enfin, par l'appel exercé par la formation d'organes nou-
veaux. Ce liquide est la sève brute ou ascendante, dont
les propriétés physiques et chimiques seront étudiées au
mot Sève. Il nous suffira de dire ici que c'est une solu-
tion aqueuse très peu chargée en sels minéraux et en
substances organiques et ne contenant aucun corps en
suspension. Toute substance, pour être absorbée par le
végétal intact, doit être préalablement dissoute. Aussi les
poils des racines sécrètent-ils un liquide acide qui a la
propriété de faciliter la dissolution de certains composants
de l'humus. Chaque corps est dissous, au fur et à mesure
de son utihsation par l'organisme, soit qu'il soit décom-
posé, soit qu'il donne lieu, en réagissant sur d'autres
principes, à des combinaisons insolubles. Aussi, comme les
plantes n'utiUsent pas toutes les mêmes principes, si elles
sont placées dans un milieu identique, toutes n'absorbent
pas les mêmes substances contenues dans ce milieu. C'est
ce qui avait fait croire au pouvoir électif des racines, qui
étaient censées choisir dans le milieu les seules substances
nécessaires au végétal. Dans la tige, la sève brute continue
à s'élever surtout par les éléments vasculaires du bois.
Elle commence aussi à se modifier en absorbant les maté-
riaux de réserve qu'elle trouve sur son passage et, quand
la tige n'est pas recouverte de parties imperméables, mais
de tissus verts, en se concentrant par évaporation et en
changeant de nature chimique par fixation du carbone.
Ces modifications, transpiration, chlorovaporisation, fonc-
tion chlorophyllienne, atteignent leur maximum d'inten-
sité dans la feuille, où elles sont d'ailleurs complétées
par l'excrétion d'acide carbonique et la fixation d'oxygène
dues à la respiration (V. ce mot). C'est là que la sève
se concentre définitivement et transforme les principes
minéraux et organiques qu'elle contenait en composés
nouveaux, sur lesquels nous aurons à revenir. Elle prend
dès lors le nom de sève élaborée ou sève descendante.
Cette dernière expression est impropre. Car la sève éla-
borée ne fait pas que descendre, elle se transporte aussi
obliquement et même en haut, partout où les aliments
qu'elle contient peuvent être utilisés par le végétal. Elle
ne circule pas à travers les vaisseaux ligneux, mais à
travers les éléments cribreux du liber.
Les matières nutritives apportées par la sève élaborée
aux tissus végétaux sont souvent directement assimilées
par eux, c.-à-d. utilisées pour l'entretien des phytocystes
ou cellules végétales ou pour la création de nouvelles
cellules destinées à l'accroissement des organes anciens ou
à la formation d'organes nouveaux. D'autres fois, elles
sont mises en réserve, soit simplement dans les tissus de
la plante, soit dans des organes modifiés de façon à servir
de réservoirs de substances alimentaires. Ces organes se
présentent sous la forme de bulbes, de tubercules, de
rhizomes, de tiges épaissies, de vaisseaux laticifères. D'autre
part, dans les graines des plantes, il y a toujours des
réserves alimentaires, contenues, soit dans un albumen
extérieur à l'embryon, soit dans les cotylédons eux-
mêmes. Au moment de la germination, ces réserves doi-
vent être digérées pour être rendues absorbables (V. Al-
bumen, Cotylédon, Germination, Graine).
Les matières mises en réserve dans les plantes soit
adultes, soit embryonnaires, sont, soit des composés ter-
naires, tels que l'amidon, l'inuline, les sucres, les tanins
et les divers glucosides, les acides organiques, les huiles
grasses, les essences volatiles, les résines, les cires, divers
NUTRITION — NYAYA
— 4S0 —
alcaloïdes, soit des composés quaternaires, tels que Faleu-
rone, l'asparagine, le gluten et certains alcaloïdes. D'autres
fois, elles constituent des -liquides complexes nommés
latex, contenus tantôt dans des vaisseaux spéciaux, les
laiicifères (V. ce mot), tantôt dans des phytocystes de
forme variable, comme chez les champignons. Les latex
sont, en général, des émulsions,c.-à-d. qu'ils sont formés
d'un liquide incolore et limpide dans lequel flottent des
globules de substances non dissoutes, qui lui donnent
une consistance plus ou moins visqueuse, une couleur et
des propriétés souvent très accentuées. Tantôt peu riche
en globules et peu coloré, comme chez les fumariacées,
le latex revêt, dans le pavot, les euphorbes, la laitue,
une couleur blanche qui le fait ressembler à du lait. Ailleurs,
il est jaune, comme dans la chéhdoine, les plantes à gutta-
percha et à gomme-gutte. Sa couleur devient de plus en
plus brune à mesure qu'il contient plus de résine, comme
dans les ombetlifères, les conifères, etc. Le latex peut
renfermer des alcaloïdes, comme dans le pavot ; des principes
volatils comme ceux de l'antiar, du manioc, de la laitue
vireuse ; du caoutchouc, comme dans les arbres qui sont
utilisés pour l'extraction de cette substance ; enfin, le latex
de certaines euphorbiacées renferme de l'amidon. On avait
longtemps pris le latex pour une substance excrémentitiellc.
On sait aujourd'hui qu'il est souvent repris par les liquides
nourriciers et qu'il es t susceptible de se modifier à leur contact .
Il doit donc rentrer dans la grande classe des réserves nu-
tritives. Les autres substances faisant partie de cette caté-
gorie sont étudiées en détail au nom de chacune d'elles, ainsi
qu'au mot Cellule (Physiologie végétale). Tous ces corps,
pour être repris et utilisés par la plante, doivent être solul)i-
lisés s'ils sont insolubles et à l'état solide, et, dans tous
les cas, transformés chimiquement. Ce sont ces transfor-
mations qui constituent ce qu'on appelle la digestion; elle
a lieu par l'intermédiaire de divers ferments solubles (V. Fer-
mentation), qui se forment dans la plante dans le voi-
sinage des matières sur lesquelles ils doivent réagir. C'est
ainsi que la diastase transforme l'amidon en dextrine, qui
est soluble ; un autre ferment fabrique également de la
dextrine avec la cellulose de l'albumen dur et corné de
certaines plantes, notamment du caféier. Un autre sapo-
nifie les corps gras des graines oléagineuses. De même les
réserves azotées sont digérées au moment de la germination
des graines qui les contiennent par une pepsine sécrétée par
l'embryon. D'autres plantes contiennent d'autres ferments
solubles destinés à agir sur les substances particulières
qu'elles ont mises en réserve. D^ L. Laloy.
NUWA (Astron.) (V. Astéroïde, t. IV, p. 354).
N UYENS (François), historien hollandais, né à Avenhorn
en 1823, mort à Westwoud (près Hoorn) le il déc. 1894.
11 étudia la médecine à Utrecht et s'établit comme prati-
cien à Westwoud, toutefois il se voua surtout aux études
historiques et publia un grand nombre d'ouvrages inspirés
par l'esprit ultramontain le plus étroit, mais oii il fait
preuve d'un incontestable talent. Les principaux sont :
Du Catholicisme dans ses rapports avec la civilisa-
tion de l'Europe (Amsterdam, 1856, 2 vol. in-8) ; His-
toire du règne de Pie IX (ibid., 1862, 2 vol. in-8);
Histoii^e générale du peuple néerlandais (1871-82,
20 vol. in-8) ; Histoire du siège 'de Leyde (Leyde,
1874, in 8); Histoire du peuple néerlandais depuis
1E1 5 jusqu'à nos jours (Amsterdam, 1883-86, 4 vol.
in-8). Tous ces ouvrages sont écrits en néerlandais. Il
fonda, en collaboration avec le D^ Schaepman, en 1871,
une revue cathoHque, De Wachter (la Sentinelle), qui se
fusionna avec le Katholiek en 1874.
NUYTS (Pierre), navigateur hollandais, né à Amster-
dam vers 1600. Chargé de conduire un navire de com-
merce à Batavia, il fut détourné de sa route par la tem-
pête, et aborda en 1627 en Australie peu de mois après
que Carpenter eut découvert ce continent. Il occupa en-
suite les fonctions d'ambassadeur du conseil des Indes au
Japon, et fut nommé vers 1629 gouverneur de Formose.
' Un acte de mauvais gré dont Nuvts se rendit coupable en
1630 rompit les relations de la Compagnie des Indes avec
le Japon. Le Conseil destitua le gouverneur et le livra
aux Japonais qui le retinrent en captivité pendant deux
ans, puis le laissèrent retourner en Hollande. Il termina
ses jours dans l'obscurité.
BiBL. : Charlevoix, Histoire du Japon; Paris, 1715.
NUZÉJOULS. Com. du dép. du Lot, arr. de Cahors,
cant. de Catus ; 307 hab.
NYA-Halla (V. Hala).
NYACK. Ville des Etats-Unis (New York), port fluvial
de la r. dr. de l'Hudson; 4.111 hab. (en 1890). Villé-
giature d'été.
NYANI-Nyam (V. Afrique, § Anthropologie).
N YA NI I N A ou YA IVl I N A. Ville du Soudan français, sur la
r. g. du haut Niger, à 55 kil. N.-O. de Koulikoro. Les
habitants appartiennent à la race barabarave.
NYANGOUÉ. Localité de l'Etat du Congo, r. dr. du
Loulaba, par 4« 15' lat. S. et 24« long. E., à 530 m.
d'alt. Deux quartiers dont chacun a son chef. C'est le
grand entrepôt du commefrce avec le Manyema et l'Ouroua,
exercé par des traitants arabes. Routes de caravanes vers
Albertville sur le Tanganyika et Lousambo, station des va-
peurs sur le Sankourou. Livingstone y vint en 1871, Ca-
meron en 1872, Stanley en 1876; le baron Dhanis s'en
empara le 15 fév. 1893.
NYANZA (Lac) (V. Nil).
NYASSA (Niandcha). Grand lac de l'Afrique, compris
entre 9^^ 30' et 14« 25' lat. S. , 32« et 33« long. E. , à 480 m.
d'alt. 11 a 570 kil. de long du N. au S., 90 kil. de largeur
moyenne, 26.500 kil. q. de superficie, une profondeur
moyenne de 130 à 170 m. C'est une profonde dépression
des hautes terres africaines, encaissée entre de hautes mon-
tagnes qui ne laissent quelque espace de plaine qu'au N.,
entre les monts Beja (3.600 m.) etOufafa (3.000 m.), et
au S., le long du rivage oriental, se développent les monts
Livingstone et Mosamba. Les îles sont petites, assez nom-
breuses au S. Les tempêtes et la force des vagues gênent
la navigation. Les principaux affluents sont le Sougoué et
le Rikourou au N. ; au S. le lac Nyassa s'écoule par le
Chiré dans le Zambèze. Le N. et le N.-E. appartiennent
à l'Allemagne, le S.-E. au Mozambique portugais, l'O. à
la colonie anglaise de Nyassaland. Au N. est la station al-
lemande de Langenburg. Les Anglais ont plusieurs canon-
nières et vapeurs sur le lac. — Connu depuis le xvii*^ siècle
par les Portugais, il fut visité par Livingstone en sept.
1859. ' A.-M. B.
NYASSALAND (Ancien Makololand). Territoire pro-
tégé de la Grande-Bretagne dans l'Afrique méridionale.
Elle s'en est emparée en 1891, forçant le Portugal à le
lui abandonner. Il est compris entre l'Etat du Congo, au-
quel il confine vers les lacs Moero etBangouélo, l'Afrique
orientale allemande, le Mozambique portugais et la co-
lonie britannique du Zambèze ou d'Afrique centrale. Il
embrasse donc un vaste territoire à FO. du lac Nyassa,
et, de plus, au S. de ce lac, le bassin du Chiré moins son
embouchure. C'est une région montagneuse de I.OOO à
1.800 m. d'alt., parcourue au centre par le Chiré et à l'O.
par leTchambezi, affl. du Congo, et le Loangoua, affl. du
Zambèze. La température moyenne annuelle est de + 17*^;
le chmat est supportable pour les Européens, le sol fertile
en riz, café, etc. L'a population est de race cafre (bantou),
le principal peuple est celui des Yao. Des compagnies
anglaises ont enlevé le commerce aux Arabes et plantent
du café. Le chef-lieu est Somba, sur le Chiré; le centre
commercial, Blantyre. Il y a des forts à Maguire, Fort-
Johnston, Port-Hérald, Tchiromo, Katounga. A.-M. B.
BicL. : Bankin, The Zambesi basin and Nyassaland;
Londres, 1893.
NYÂYA est le nom d'un des six systèmes ou Barçanas
de la philosophie indienne (V. Inde, p. 704), et celui dont
l'étude forme la meilleure introduction à celle des cinq
autres, à cause de l'importance qu'il donne à la logique :
154
NYAYA
aussi a-t-on pu l'appeler « la colonne vertébrale de
la philosophie indienne ». Il a des rapports particuliè-
rement étroits avec le système Vaiçéshika : on peut
dire d'une façon générale que ce dernier complète par ses
vues métaphysiques la dialectique diiNydya, mais, en fait,
aucun des deux systèmes ne s'interdit les digressions qui
lui semblent utiles à son objet, à savoir, comme pour tous
les Darçanas, l'obtention du salut par la science. Les
soufras de Gotama (V. ce mot) sont la base de l'étude
du Nyâya, comme ceux de Kanâda, le « mangeur d'ato-
mes », le sont du Vaiçéshika : on ignore la date exacte
de la composition de ces soûtras qui devaient résumer un
long développement spéculatif plus ancien, mais nous ne
voyons aucune raison pour ne pas les croire antérieurs,
comme on l'admet quelquefois, de trois à quatre siècles à
notre ère. Disons toutefois que le commentateur le plus
ancien dont l'ouvrage ait été conservé, Vâtsyâyana, dut
vivre vers la fin du v*^ siècle ap. J.-C. : Udyotakâra le
suivit de près. A partir du x"^ siècle, nous trouvons une
suite ininterrompue d'écrivains Naiydyikas : citons no-
tamment Çridhara, auteur àelsi Nydya-Kandalî (x^ siècle}
et Yachaspati, qui commenta Udyotakâra et fut à son tour
commenté par Udayana, l'auteur de la Kirandvali {xii^ siè-
cle). A la fin du xiv^ siècle, Gangeça écrivait la Tattva-
Cintdmani et fondait l'école dite nouvelle du Nyâya qui
fleurit encore aujourd'hui dans les « lois » ou collèges
indigènes de Nadia (anc. Navadvîpa) au Bengale et d'où
sortit au xvi^ siècle le grand réformateur bengali Chaita-
nya. Ce fut une période de subtilités et de distinctions sco-
lastiques amoncelées à plaisir et même de polémiques entre
sectateurs du Nyâya et du Vaiçéshika. Elle amena, par
une réaction naturelle, la confection au xvii^ siècle de
manuels extrêmement simplifiés et combinant tant bien
que mal les deux systèmes : le plus célèbre de ces ma-
nuels est le Tarkasangraha on Résumé des notions phi-
losophiques, ouvrage du pandit Annambhatta el qui est
resté le livre classique élémentaire, toujours en usage
dans les écoles de l'Inde. Faute d'un ouvrage européen
auquel renvoyer le lecteur, c'est également de ce petit
traité que nous nous servons pour donner un aperçu
sommaire des deux systèmes Nyâya et Vaiçéshika.
Catégories. — Tout ce qui existe se répartit sous
sept chefs principaux ou catégories (paddrtha) qui sont:
4^ la substance (dravyci) ; 2° la qualité (guna) ; Surac-
tivité (karma) ; 4^ la généralité {sdmdnya) ; 5° la spé-
cificité (viçesha) ; 6^ la coexistence (samavâya) et
7^ l'inexistence (abhdvd). Nous les examinerons tour à
tour.
I. Substances. — Les substances sont au nombre de
neuf: 4° la terre, caractérisée par l'odeur; 2^ Veau,
caractérisée par la froideur au toucher ; 3^ Véclat (lu-
mière, feu, etc.), caractérisé par la chaleur au toucher ;
4^ Vaù\ caractérisé par un toucher sans forme ni cou-
leur ; 5^ Véther, caractérisé par le son ; 6*^ le temps,
cause de l'emploi du présent, du passé et du futur; 7*^ Ves-
pace, cause de l'emploi des points cardinaux ; 8*^ Vdme
(dtman), substrat de la connaissance ; ^^V esprit {manas),
sens du plaisir et de la douleur.
II. Qualités. ^ Les quaMtés ou attributs sont au
nombre de vingt-quatre : 4^ la forme ou la couleur,
perçue seulement par la vue et qui est de sept sortes :
blanche, bleue, jaiîne, rouge, verte, brune ou bigarrée ;
'2^ la saveur, perçue seulement par le goût et qui est de
six sortes i sucrée, amère, salée, acre, astringente ou
piquante ; 3*^ Vodeur, perçue seulement par l'odorat et
qui est de deux sortes, parfumée ou non ; 4° le toucher,
perçu seulement par le tact et qui est de trois sortes :
froid, chaud ou tempéré ; ^° le nombre, cause de l'em-
ploi de l'unité, etc. ; G*' la dimension, cause de la notion
de mesure et qtii est de quatre sortes : petite, grande,
longue ou courte; 7° la distinctivité, cause de la notion
de différenciation ; 8*^ la conjonction, cause de la notion
de contact ; 9*^ la disjonction, négation du précédent ;
40« et W Véloignement et la proximité tant dans le
temps que dans l'espace ; 42« la pesanteur, cause de la
chute spontanée et qui ne réside que dans la terre et l'eau;
43« la fluidité, qui fait que les liquides coulent et qui est
de deux sortes, naturelle dans l'eau, artificielle dans la
terre et l'éclat (ex. beurre ou or fondus au feu) ; 44° la
viscosité, qui fait que la farine se pétrit et qui ne réside
que dans l'eau ; 45° le son, perçu seulement par Fouie et
qui est de deux sortes, articulé ou inarticulé; 46° Vin-
lelligence, cause de toute notion ; 47*^ le plaisir, ce qui
est conforme à la nature ; 48« la douleur, ce qui est con-
traire à la nature; 49« le désir ou l'amour; 20Ma
haine ou l'aversion ; 24 ^ V effort ou la volonté ; 22° le
bien, ce qui est prescrit ; 23« le mal, ce qui est défendu
et 24« la faculté ou samskara qui est de trois sortes :
dans la terre, l'eau, le feu et l'air, c'est la vitesse; dans
l'âme, ce sont les traces de l'imagination, causes de la
mémoire; dans la terre, c'est l'élasticité.
Parmi ces vingt-quatre qualités, les numéros 46-23 sont
spécifiques de l'âme : c'est à leur propos que sont intro-
duites dans le système les théories de la cause et de la
connaissance dont il faut que nous donnions une idée.
Théorie de la cause. La cause causante ou détermi-
nante (karana) est définie « une cause {kârana) spéci-
fique agissant au moyen d'une opération {vijâpâra) ». Une
cause est un antécédent constant et nécessaire ; tel est,
dans la production d'un pot, si nous prenons l'exemple
traditionnel et famiher aux écoles indiennes, le bâton dont
le potier se sert pour faire tourner sa roue à l'exclusion
de son âne dont la présence au même moment n'a aucune
influence sur la production du résultat. Une opération est ce
qui, produit par la cause, produit ce qui est produit par
la cause : dans l'exemple choisi, c'est la révolution de la
roue qui, produite par le bâton, produit le pot qui est
produit par le bâton. Ajoutons que cette opération ne
saurait jamais être une substance ; et ceci nous conduit à
la distinction de trois sortes de causes : 4<^ la cause coes-
sentielle (ou, comme nous dirions, matérielle), qui ne
peut être qu'une substance; 2° la cause non-coessen-
tielle, qui no peut être qu'une qualité ou une action, et
enfin 3« la cause instrumentale, qui présente avec les
deux premières cette différence qu'elle peut être détruite
sans que l'effet soit du même coup détruit. Par exemple,
dans la production d'une étoffe, les fils sont la cause coes-
sentielle, le contact des fils est la cause non-coessentielle,
le métier et la navette sont la cause instrumentale.
Théorie de la connaissance. La seizième qualité, la
Buddhi ou intelligence, est la cause de toute notion; c'est
elle qui fait que nous communiquons entre nous par le
langage. Elle est de deux sortes : la mémoire (smriti)
qui est le produit d'impressions antérieures, et la con-
naissance nouvelle ou directe (anubhaua). Toutes deux
sont susceptibles d'être fausses ou vraies ; occupons-nous
de la seconde. Etant donné un objet possédant tel attri-
but, si la connaissance que nous en avons a pour prédicat
ce même attribut, elle est exacte ; dans le cas contraire,
c.-à-d. si nous-prédiquons d'un objet un attribut qu'il ne
possède pas, elle est inexacte. Ex. : étant donné de l'ar-
gent, si nous disons : « c'est de l'argent, » notre con-
naissance est vraie ; étant donnée de la nacre, si nous
disons : « c'est de l'argent, » notre connaissance est
fausse.
La connaissance vraie (pramâ) est de quatre sortes :
la perception (pratyaksha) , la déduction par syllogisme
(anumiti), l'induction i^rv mûogie (upamiti) et la parole
(çabda). Analysons-les tour à tour.
a. h^ perception est une connaissance primitive, c.-à-d.
non dérivée d'une connaissance antérieure. Elle est de
deux sortes : 4° indéterminée, quand elle n'a pas de
prédicat, comme quand on dit : « voiLà, quelque chose ; »
2° déterminée, quand elle a prédicat, ex. : « c'est un tel,
c'est un Brahmane, » etc. Elle est produite par le « frot-
tement » du sens et de l'objet ; ce frottement étant de
NYAYA — NVCTAGINACÉES
im —
six sortes, elle naît donc : l^par simple contact, comme la
perception du pot par Toeil ; ^^ par coexistence avec ce
qui est en contact, comme la perception par l'œil de la
couleur du pot qui est coessentielle au pot qui est en con-
tact avec l'œil ; 3° par coexistence avec ce qui est coes-
scntiel à ce qui est en contact, comme la perception par
l'œil de l'idée de la couleur du pot, laquelle idée est
coessentielle à la couleur qui est coessentielle au pot qui
est en contact avec l'œil; 4° par coexistence, comme la
perception par Fouie qui n'est que l'éther contenu dans
le creux de l'oreille du son qui n'est autre que la qualité
spécifique de l'éther et lui est par suite coessentiel ; 5" par
coexistence avec ce qui est coessentiel, comme la percep-
tion par l'ouïe de l'idée du son qui est coessentielle au
son qui est coessentiel à l'ouïe, ou enfin 6^ par « quali-
fiant et qualifié », comme quand, dans la perception de
l'inexistence, on qualifie une place en contact avec l'œ^l
par le fait qu'elle possède une absence de pot.
b. La déductiop. suppose : 4^ la connaissance acquise
par expérience, d'une concomitance invariable (vyâpti)
entre une raison (hetu ou linga =: moyen terme) et ce
dont il faut démontrer l'existence (5ac^%a = petit terme) .
Ex. : partout où il y a de la fumée, il y a du feu ;
2° la considération (parâmarça) que le sujet ipaksha
—z le grand terme) possède justement le moyen terme, lequel
en traîne l'existence du petit terme ; ex. : sur cette
montagne il y a de la fumée, laquelle implique du feu.
En fait, cette « considération » contient le raisonnement
tout entier et c'est en ce sens qu'on peut dire qu'elle est
la déduction même et la cause de la connaissance déduite,
à savoir, dans ce cas particulier : donc sur cette mon-
tagne il y a du feu. Mais il faut distinguer deux cas, se-
lon que l'on fait le raisonnement pour soi-même ou pour
le bénéfice d'autrui : dans le premier cas, la démarche
de la pensée est à peu près celle que nous venons d'es-
quisser : mais le syllogisme didactique procède autrement
et comporte cinq membres : 4^ la proposition (il y a du
feu sur la montagne) ; 2*^ la raison (car il y a de la fu-
mée) ; 3^ l'exemple (partout oti il y a de la fumée, il y
a du feu, comme par exemple dans une cuisine) ; 4° l'ap-
plication (il en est de même pour cette montagne) ; 5<^ la
conclusion (donc il en est ainsi). Les raisons (ou moyens
termes) sont de trois sortes ; à leur tour les fautes de syl-
logisme sont de six espèces, qui elles-mêmes comportent
plusieurs subdivisions, etc. Il serait trop long d'entrer ici
dans tous ces détails.
c. h' induction far analogie est proprement le fait de
mettre un nom sur un objet. L'opération est ainsi dé-
crite : quelqu'un qui ne sait pas ce que c'est qu'un rhi-
nocéros a entendu dire à un chasseur que c'était un ani-
mal de la taille d'un petit éléphant avec une corne sur le
nez : cette description lui est restée dans la mémoire, et
un jour, dans la forêt, apercevant un animal qui y cor-
respond, il connaît : « c'est là ce qu'on appelle un rhi-
nocéros ; » cette connaissance est une iipamiti.
d. La parole est la sentence d'une personne digne de
foi ; une personne digne de foi est celle qui dit la vérité ;
une sentence est une collection de mots; un mot, c'est un
son articulé qui a un sens ; le rapport des mots et de
leur sens respectif est d'institution divine. Pour qu'une
sentence soit compréhensible, il faut que les mots qui la
composent soient : i^ subordonnés l'un à l'autre ; 2^ com-
patibles entre eux et 3° énoncés à intervalles rapprochés.
Il y a deux sortes de parole : la sacrée ou védique et la
mondaine ou profane ; la première fait toute autorité ;
pour la seconde, cela dépend de celui qui l'énonce.
Telles sont les quatre espèces de connaissance vraie. De
son côté, la connaissance fansse est de trois sortes : 4^ le
doute, comme quand on dit : « c'est un tronc d'arbre ou
un homme » ; 2" la méprise, comme quand on prend de
la nacre pour de l'argent, et S^l'absurdité logique, comme
quand on dit : « voilà de la fumée sans feu, » proposi-
tion qui peut être immédiatement « réduite à l'absurde »,
III. Activité. — Elle est de cinq espèces : rélévation,
l'abaissement, l'expansion, la contraction et le mouvement
en général.
IV. Générauté. — Elle est éternelle, une, existant en
plusieurs : elle réside dans la substance, la qualité et
l'activité. Elle est de deux sortes, supérieure ou inférieure.
La supérieure, c'est l'idée d'être ; l'inférieure, c'est par
exemple l'idée plus restreinte de substance.
V. SpÉciFicrrÉ. — Les diiférences résident dans les
atomes subtils des substances, lesquels sont éternels :
elles s'excluent l'une l'autre et sont sans nombre.
VI. Coexistence. — C'est une relation intime et per-
pétuelle qui existe entre des couples qui se supposent
mutuellement, comme le qualifiant et le qualifié, l'action
et l'agent, l'espèce et l'individu, etc.
VII. Inexistence. — Elle est de quatre espèces :
4 '^ l'inexistence antérieure, qui n'a pas de commencement,
mais qui a une fin (ex. celle d'un effet antérieurement
à sa production) ; 2^ l'inexistence postérieure ou par des-
truction, qui a un commencement, mais n'a pas de fin (ex. :
celle d'un effet après sa destruction) ; 3'' l'inexistence
absolue, à la fois passée, présente et future, comme quand
on dit : « il n'y a pas de pot à cet endroit ; » 4^ l'inexis-
tence réciproque, comme quand on dit : « un pot n'est
pas de l'étoffe. » Avec cette septième et dernière catégo-
rie, nous avons épuisé la liste de tous les objets connus
et terminé notre tableau général des choses.
Tel est, d'après Annambhatta, le résumé ou plutôt le
squelette de cette philosophie : il y manque, il va de soi,
dans les limites qui nous sont imposées ici, sans parler
de plus d'une théorie importante, comme par exemple celle
de la définition, toute la richesse des détails, tous les raf-
finements des commentaires, toute la saveur particulière
des discussions d'école, c.-à-d. tout ce qui en fait la vie,
la substance et l'intérêt. A. Fougher.
NYBLOM (Carl-Rupert), littérateur suédois, néàUpsal
le 29 mars 4832. Il enseigne depuis d860 l'esthétique et
la Httérature à l' Université d'Upsal. Chargé à diverses reprises
de missions artistiques et littéraires en France, en Itahe, en
Finlande, en Allemagne, en Hollande et en Belgique, il a rap-
porté de ses voyages et de ses séjours de nombreuses et
remarquables études sur l'art et la littérature de ces divers
pays : Eludes d'art à Paris (4863), De l'Art antique
et de sa régénération (4864), Tableaux d'Italie des-
sinés par Carlino (4864, remanié en 4883 sous le titre :
Un an au Midi), Etudes esthétiques (4873 et 4884), etc.
Il a publié en outre plusieurs volumes de vers, qui se
distinguent par la perfection de la forme. Il a excellem-
ment traduit les Mélodies irlandaises de Moore, les Son-
nets de Shakespeare et d'autres auteurs anglais ou italiens,
et a écrit sur plusieurs écrivains et artistes suédois de
bonnes études (Sergel, Lindblad, Runeberg, Nybom, etc.) .
Il a contribué à la reconstruction de la cathédrale
d'Upsal. Th. C.
NYBLOIVI (Hélène-Augusta), femme de lettres danoise
et suédoise, femme du précédent, née à Copenhague le
7 déc. 4843. Fille du peintre danois Jœrgen Koed, elle
voyagea avec lui en Angleterre, en France et en Italie
(1864-62), où elle fit connaissance de C.-R. Nyblom,
qu'elle épousa en 4864. Elle a publié des charmantes
Nouvelles en danois, bientôt traduites en suédois et en
allemand. Ses Poésies, composées en danois (4884 et
4886) révèlent un don poétique rare. On lui doit aussi
plusieurs Etudes d'art et de littérature (Ibsen, de Amicis,
Turgenief, etc.). Th. C.
NYBORG. Ville danoise, bâtie sur un golfe du Grand
Belt, à 30kil. d'Odense; 8.755 hab. (4890). Nyborg,
autrefois résidence royale, a un bon port. L'industrie et
le commerce y sont assez développés.
NVCTAGINACÉES (Bot.) {NijctaginaceœA.RÏdi,, Nyc-
tagineœ Juss.). Famille de plantes Dicotylédones apétales,
dont les représentants, propres pour la plupart aux régions
tropicales du nouveau monde, rares sur l'ancien continent,
sont des herbes annuelles ou vivaces, à racines parfois
charnues-tubéreus'es, ou des arbrisseaux, quelquefois sar-
menteux; les feuilles sont simples, entières, opposées, ra-
rement alternes, sans stipules ; les fleurs, en général her-
maphrodites, axillaires ou terminales, sont solitaires ou
groupées, dans un involucre caliciforme, monophylle ou
polyphylle, qui présente souvent des couleurs éclatantes ;
le périanthe pétaloide, également coloré, est tubuleux, à
limbe élargi en coupe ou en entonnoir, à 5 divisions, in-
dupliquées-tordues. Los étamines, ordinairement au nombre
de 5, alternes avec les divisions du périanthe et de lon-
gueur inégale, avec une anthère courte, biloculaire, sont
ijisérées sur une sorte de disque glanduleux qui entoure
l'ovaire libre. Celui-ci est uniloculaire et surmonté d'un
style grêle, à sommet capité et ramifié. Il renferme, vers
la base, un placenta que surmonte un ovule unique, as-
cendant, anatrope, à micropyle inférieur. Le fruit sec,
akène ou plutôt caryopse, est enveloppé en partie par l'in-
volucre et complètement par la base accrescente et per-
sistante du tube du périanthe, de manière à constituer une
sorte de péricarpe crustacé. La graine renferme un em-
bryon recourbé sur lui-même et pourvu de cotylédons fo-
liacés entourant un albumen farineux central. — On connaît
une douzaine de genres de Nyctaginacées, parmi lesquels :
Mirabilis L., Boerhaavia L., Abronia Juss., Pisonia
Plum., Boldoa CnY., Bougainuillea Commers., etc., dont
un grand nombre possèdent des propriétés purgatives.
D^' L. Hn.
NYCTALOPIE (Méd.). Ce mot, qui est employé par
({iielques auteurs pour désigner la cécité nocturne ou Af'-
m'ralopie (V. ce mot), doit en réalité désigner tout le
contraire. Les nyctalopes voient mieux dans l'obscurité
ou du moins dans la demi-obscurité. Cette anomahe delà
vision s'observe ordinairement dans l'albinisme, la my-
driase, le colobome de l'iris et dans quelques affections
(lu nerf optique et de la rétine. Arlt décrit une rétinite
nyctalopique dans laquelle la nyctalopie constitue le symp-
tôme principal (V. Rétinite) ; dans ce cas, elle est sans
doute le résultat d'une hyperesthésiede la rétine. Souvent
aussi on observe la nyctalopie dans la cataracte centrale ;
cela tient à la dilatation de l'iris dans l'obscurité et à la
transmission des rayons lumineux par les parties du cris-
lallin non atteintes d'opacité. D^ L. Hn.
NYCTÈRE (ZooL). Genre de Mammifères Chiroptères,
devenu le type de la famille des Nycteridœ, qui comprend
dos Chauves-Souris insectivores à appendices cutanés bor-
dant l'ouverture des narines, à grandes oreilles réunies
au-dessus du front et munies d'un oreillon. Le doigt mé-
dian de l'aile a deux phalanges dont la première est étendue
(au repos) en ligne droite avec le métacarpien ; il existe
ou non une courte phalange à l'index. Les incisives supé-
rieures font défaut ou sont rudimentaires au centre de
l'espace qui sépare les canines. Les molaires, bien déve-
loppées, ont des tubercules pointus disposés en W. Tous
sont propres à l'Afrique, à l'Asie méridionale, à la Ma-
laisie et à l'Australie. On y distingue deux sous-familles.
Les Megaderminœ, avec le seul genre Megaderma, sont
caractérisés par leur feuille nasale dressée, leur queue
très courte. Le type du genre {Megaderma spasma) est
une Chauve-Souris un peu plus grande que la Sérotine, à
oreilles très grandes, largement sondées par leur bord
interne, à oreillon large et bifide, à feuille nasale tronquée
carrément, la base cordiforme. Elle habite l'Indo-Chine
et la Malaisie jusqu'à Ternate. Lei¥. gigas est une grande
et belle espèce récemment découverte dans leN. de l'Aus-
tralie. Le M. lyra est de l'Inde, les M. cor et frons de
l'Afrique chaude.
La sous- famille des Nycterinœ comprend le seul genre
Nycteris où la feuille nasale est remplacée par un sillon
profond ; la queue est longue, dépassant de beaucoup la
membrane interfémorale. Le Nycteris thebaïca est une
espèce un peu plus grande que notre Pipistrelle, bien re-
connaissable au sillon profond qui sépare les deux narines
J33 -- NYCTAGINACEES — NYIR
et à sa queue, plus longue que le corps et bien dégagée
de la membrane interfémorale. Elle habite l'Afrique orien-
tale et remonte jusqu'en Egypte. D'autres espèces habi-
tent l'Afrique méridionale et occidentale. Le N. javanica
représente le genre dans la région orientale, à Java et à
Malacca. - E. Trouessart.
NYCTEREUTES (Zool.) (V. Chien, t. XI, p. 2).
NYCTICÈBE (Zool.) (V. Loris).
NYCTICÉE (Zool.) (V. Yespertilion).
NYCTINE (Zool.) (V. Molosse).
NYCTIORNITHINES (Zool.) (Y. Guêpier).
NYCTIPITHÈQUE (Zool.). Genre de Singes américains
présentant les caractères suivants : incisives inférieures
verticales ; queue longue non préhensile ; pouce bien dé-
veloppé; tète ronde; orbites très larges séparés par une
cloison étroite; narines moins séparées que chez les autres
Nyctipithèque {Nyctipithecus vociferans).
Singes américains. — Les Ouistitis exceptés, ce sont,
avec les Saimiris, les plus petits Singes américains ; on
les désigne au Brésil sous le nom de Douroiicoulis. Leurs
grands yeux de chat indiquent des habitudes nocturnes.
D'après Bâtes qui les a observés sur les bords de l'Ama-
zone, ces petits Singes dorment le jour dans des trous
d'arbre et n'en sortent qu'à la nuit pour chercher les
insectes et les fruits dont ils se nourrissent. Leur phy-
sionomie est plutôt celle d'un chat ou d'une chouette que
celle d'un Singe, et rappelle aussi certains Lémuriens,
leur face, à museau peu saillant, étant encore élargie par
un collier de poils blancs. Le Nyctipithecus trivirgatus,
déjà signalé par Humboldt, a la taille d'un chat de six
mois, et son pelage est agréablement varié de gris, de
noir, d'orangé et de blanc. Sa voix est forte et, d'après
Humboldt, rappelle, pendant la nuit, le cri du jaguar. Il
habite la Guyane et l'Amazonie jusqu'au Pérou. Des espèces
assez voisines habitent plus au N. ; tels sont le N. ru-
fipes du Nicaragua et le N. vociferans de Costa Rica et
de Colombie. Au contraire le N. Azarce est plus méri-
dional : on le trouve en Bolivie et même dans le N. de
l'Argentine, sur les bords du Rio Paraguay (Y. Cébiens
et Singe). E. Trouessart.
NYCTITHÉRIUIVI (Zool.) (Y. Yespertilion).
NYCTOPHILE (Zool.) (Y. Yespertilion).
NYDALA Kloster. Cloître dans le Smâland (Suède),
fondé, dit-on, par des moines de Clairvaux (Clara Vallis,
Nova Vallis, Ny dal) en 1144. De riches trésors y furent
réunis, mais il fut pillé par Christian II de Danemark, qui
fit périr tous les moines qui y résidaient en les faisant
jeter, les mains liées, dans le lac Rusken, au pied du
cloître.
NYER. Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, arr. de
Prades, cant. d'Olette; 37^ hab.
NYIR. Plateau sablonneux de Hongrie, au S. de la
Tisza, occupant 4.800 kiL q. partagés entre le comita
NYIR — NYMPHE
— 154 —
de Szabolis et celui de Szatmar. Il comprend des marais,
quatre lacs de natron. 11 était jadis couvert de bouleaux
{Nyir, en magyar).
NYIRBATOR. Ville de Hongrie, comitat de Szabolis;
5.061 hab. (en 1896) magyars, protestants. Résidence
patrimoniale des Bathori. Tabac, alcool.
NYIREGYHAZA. Ville de Hongrie, cli.-L du comitat
de Szabolis ; 27.014 hab. (en 1890), magyars et slovaques.
Important nœud de chemin de fer vers Debreczin, Szerencs,
Csap, Mateszalka. Grand marché agricole de moutons, de
céréales, de tabac.
NYITRA (AH. Neittra). Rivière de Hongrie, affl, du
Vag, longue de 175 kil., née au mont Facsko ; elle traverse
le comitat auquel elle donne son nom.
NYITRA. Ville. — Ville de Hongrie, ch.-l. du comitat
de ce nom, sur la Nyitra ; 13.538 hab. (en 1890) ma-
gyars. La cité épiscopale, avec sa double cathédrale et son
vieux château, est bâtie sur un rocher qui s'élève au milieu
de la plaine et est fortifiée. La ville basse, où sont les mo-
numents modernes, est industrielle et commerciale (fa-
rine, drèche, alcool, vinaigre, instruments agricoles). En
face est le mont Zobor^ couvert de vignes et de villas.
CoMrrAT. — Province de Hongrie, rive gauche du Da-
nube, limitrophe de la Moravie et du comitat de Poszoni
(Presbourg) ; 5.742 kil. q. ; 396.559 hab. (en 1890)
slovaques, magyars et allemands. Région montagneuse par-
courue par le Vag, la Marche (Morava). Le sol, sablon-
neux à rO., est fertile au S. 50 7o sont labourés, 25 ^/o
en prairies. Plusieurs sources minérales. Industrie active.
Sucre, alcool, papier, verre, machines, toiles grossières.
NYKJŒBING. Nom de trois villes danoises : l'une, sur
la côte 0. de l'île deFalster; 6.087 hab. (1890)?évêché;
l'autre, sur la côte E. de l'île de Mors, près du Limfjord,
3.607 hab. (1890) ; la troisième, sur la côte N. de File
de Seeland; 1.703 hab. (1890).
NYKŒPING. Ville de Suède, ch.-l. dulœn (prov.) de Sœ-
dermanland, située sur les deux rives de la Nykœpingsâ ;
5.949 hab. (1891). Ruines de l'ancien château fort royal.
Bonneterie, toiles, machines. Le commerce y est médiocre et
consiste spécialement en exportation d'avoine et de minerais
de fer. C'est une très ancienne ville, qui a joué au moyen
âge un rôle important : c'est là que fut retenu prisonnier
le roi Waldemar et qu'il mourut en 1302; c'est là aussi
que le roi Birger Magnusson fit périr en 1318 ses frères
Erik et Waldemar, dont il s'était emparé par trahison.
Cet assassinat, connu sous le nom de Festin de Nykœ-
ping (Nykœping gœstabud), provoqua un soulèvement
populaire qui renversa le roi. Les Russes détruisirent la
ville en 1719.
NYLÂND (Unsimaa, en finnois). Prov. de la Finlande,
sur îa côte S. ; 11.814 kil. q.; 254.313 hab. (en 1887),
dont la moitié Suédois. Ch.-l. Helsingfors. Les cours d'eau
les plus importants qui la traversent sont le Karis, le
Borgâ, le Lapptraesk et le Kymmene. Le pays contient
des mines de fer et est assez fertile. La partie à l'E. du
Kvmmene appartient à la Russie déjà depuis la paix
d'Abo (1743).
NY1VIE6EN (V. Nimègue).
NY1V1PH>€A. I. Mythologie (V. Nymphée).
IL Botanique (V. Nénuphar et Nymph^acées) .
NYMPH/CACÉES {Nyniphœaeeœ Salisb.). Famille de
plantes Dicotylédones, dont on trouve des représentants
dans les eaux douces de toutes les parties du monde. Ce
sont des herbes vivaces, à gros rhizomes souten^ains cou-
verts de cicatrices, à feuilles alternes, de forme variable,
soit submergées et alors très découpées chez les Cabomha
et genres voisins, soit flottantes et alors de forme arron-
die, peltée, cordée, ou pliées en forme de cornet, etc. Les
Heurs s'épanouissent à la surface de l'eau. Les pétales et
les élamines, très nombreux en général, sont insérés sui-
vant une spirale continue. L'ovaire, libre, renferme un
grand nombre de carpelles multilocul aires à loges multi-
ovulées. Le fruit, charnu, est indéhiscent ; les graines sont
renfermées dans une enveloppe succulente ; l'embryon est
droit, avec la radicule dirigée vers le hile. — H. Bâillon
divise les Nympha^,acées en trois séries, ou en quatre, si
l'on y comprend les Sarracénées: 1° Cabombées. Fleurs
trimères. Carpelles libres insérés sur un réceptacle con-
vexe. Ovules en petit nombre, insérés dans l'angle interne
des ovaires (disposition rappelant les Alismacées). Double
album-en autour de l'embryon. Genre : Cabomha Aubl.
— 2*^ Nélumbées. Fleurs 4-5-mères. CarpeUes Ubres,
entourés par le réceptacle accru, qui isole chacun d'eux
dans une cavité particuhère. Ovules 1,2, insérés en haut
de l'angle interne des ovaires (analogues des Renonculées).
Albumen nul. Genre : Nelnmbo T. — 3° Nymph^ées.
Fleurs 4-5-mèrés. Cai'pelles unis sur la surface convexe
ou concave d'un réceptacle commun. Ovules en nombre
indéfini insérés sur les parois latérales des loges ovariennes
(analogues des Lardizabalées, Podophyllées, etc.). Albu-
men double. Genres : Nupha?- Sm. Nymphœa L., Ba?^-
elaya Wall., Eui^yale Salisb. — ¥ Sarracénées. Fleurs
4-5-mères. Carpelles unis en un ovaire partagé complè-
tement ou incomplètement en loges peu nombreuses,
miiltiovulées, analogues des Papavéracées, etc., albumen
simple. Genres : Sarracena T., DarlingtoniaTorv., etc.
Les Nymphgeacées forment, à certains égards, la transi-
tion des Monocotylédones aux Dicotylédones, par exemple
par l'inégalité de leurs deux cotylédons. Il faut aussi re-
marquer que les faisceaux caulinaires des plantes de cette
famille sont dénués de cambium et se comportent comme
ceux des Monocotylédones ; au point de vue phylogénique,
Saporta et Marion voient là plutôt un retour vers un état
originaire qu'un résidu de cet état. Il paraît bien établi,
d'autre part, quelesNymphaeacées, demême que lesNaia-
dées, ont fait retour au milieu primitif aquatique, à la suite
d'une vie terrestre plus ou moins longue, dont elles ont
gai'dé l'empreinte. Le genre Nelumbium apparaît le pre-
mier dans la craie ; Saporta a trouvé le N. provinciale
dans la craie campanienne de Provence. Dans l'éocène d'Aix,
les premiers types de Nymphœa font leur apparition, et on
retrouve des NymphcBa dans l'oMgocène à côté des ISelmn-
hiuin. Enfin l'étude des tufs calcaires de Cannstadt prouve
que dans la flore quaternaire, si semblable à la flore ac-
tuelle de l'Europe centrale, existaient des espèces sem-
blables aux Nuphai' et aux ISymphœa actuels. D^ L. Hn.
NYMPH^EUWI (Archéol.) (V. Nymphée).
NYMPHALE (Entom.). Genre d'Insectes Lépidoptères-
Rhopalocères, établi parLatreille {Eist. nat. Crust. Ins.,
XIV, p. 82) et qui a donné son nom au groupe des Nym-
phalides. Les Nymphalides comprennent les Vanesses,
les Argynnes, les Apatures, les Satyres. Le genre Nym-
phalis est composé de beaux papillons (V. Danaïs) répan-
dus sur toute la surface du globe, avec prédominance dans
les pays chauds. Les chenilles sont en forme de limace ; le
dernier anneau est aplati et terminé en queue de'poisson ;
la tête est ornée de cornes. Le N. {Limenitis) popiilih.,
d'un brun velouté avec deux rangées de taches blanches,
vit, à l'état de chenille, sur les jeunes trembles. On le
trouve en France et en Allemagne.
NYMPHE. I. Mythologie. — Le mot nymphe est à
rattacher au même radical que nuhere et signifie, d'une
façon générale, femme. Dans la mythologie gréco-romaine,
il sert à désigner un ensemble de personnifications, qui, sous
une forme gracieuse et animée, expriment la vie de la nature
champêtre, les sources vives et jaillissantes, la végétation
luxuriante des forêts, l'ombre fraîche des grottes, la verdure
fleurie des prés. Ces personnifications sont des divinités
d'ordre inférieur, mais leur généalogie les rattache aux
grands dieux, àZeusou à Oceanos, qui, tous deux, sont ap-
pelés leur père, à la Terre qui est leur mère. L'imagina-
lion des Grecs se les représentait sous les traits de jeunes
filles, d'une beauté ravissante, qui animent de leurs danses
et de leurs chants les montagnes et les bois, prennent
leurs ébats au sein de la mer, peuplent les bords des ruis-
seaux et des lacs, ou font leur résidence dans les antres
155 —
NYMPHE
qui sont à la tête des fleuves. Les Nymphes de la mer sont
appelées Océanides ou Néréides, suivant qu'on les fait
descendre d'Oceanos ou de Ncrée. Leurs noms expriment
les aspects pittoresques et multiples, les énergies et les
séductions de l'élément où elles habitent; Amphitrite,
épouse de Poséidon, est une Néréide, et les Tritons sont
leurs compagnons ou leurs frères. Sur des chars attelés
de Tritons ou sur le dos des dauphins et des hippocampes,
elles parcourent les flots, s'intéressent aux exploits des
héros navigateurs, viennent au secours des naufragés et
parfois aussi se vengent des femmes mortelles, qui leur
ont contesté la suprématie de la beauté, en évoquant contre
elles des monstres marins.
Sur la terre ferme oti habitent les Nymphes proprement
dites, elles s'appellent iVfl^mfc, quand elles président à la
vie des sources, des rivières et des lacs, Oréades quand
elles peuplent les sohtudes des montagnes, Dryades et
Hamadryades lorsqu'elles incarnent la force végétative
des arbres dans les bois. La distraction qui leur est com-
mune à toutes, parce qu'elle exprime le mieux leur nature
légère et gracieuse, c'est la danse ; on les voit également
occupées à filer ou à tisser des vêtements, à soigner les
abeilles dans leurs ruches et à puiser dans les fontaines
avec des cruches à anses et des cratères : c'est ainsi qu'Ho-
mère, à.dimV Odyssée, dépeint les Nymphes de l'île d'Ithaque :
Pénélope, la fileuse, n'est que la plus éminente d'entre
elles.
Mais ces Nymphes terrestres, personnifications de la vie
riante, qui se manifeste par les phénomènes de la végé-
tation sous l'action des eaux, sont aussi à l'occasion des
agents de guérison par la vertu des plantes et des sources,
des prophétesses qui rendent des oracles et même des di-
vinités de l'inspiration poétique, puisque, sur l'Hélicon et
au pied du mont Olympe, la religion des Muses n'a été
d'abord qu'une forme cle celle des Nymphes. Les Oréades
sont déterminées à la fois par l'idée des grottes monta-
gneuses, des sources qui s'en échappent, et par les dis-
(ractions de la chasse, les courses infatigables à travers
les hallicrs et les rochers ; de même les Naïades, par les
occupations plus calmes de la vie pastorale et rustique.
Les Ménades elles-mêmes ne sont que les Nymphes de
Bacchus, avec le caractère animé et le véhément enthou-
siasme qui est le propre de tout l'entotirage de ce dieu ;
ce sont, du reste, les Nymphes qui se sont chargées de
l'éducation du dieu dans les grottes parfumées de Nysa ;
et lorsque, dans sa force juvénile, il parcourt les bois,
elles l'accompagnent de leurs ébats et de leurs chants. Les
Oréades sont les compagnes d'Artémis-Diane, comme les
Naïades font surtout partie du cortège d'Apollon pasteur
ou d'Hermès-Mercure. Quant aux Dryades et Hamadryades,
c'est en elles que s'incarne la vie des grands arbres au
fond des bois ; un hymne homérique raconte de celles du
mont Ida que les hêtres et les chênes sont leurs sanctuaires,
([u'il n'est permis à personne de violer ces arbres et que
ceux-ci naissent et meurent avec elles. Quoique divines,
elles ne sont pas, en effet, immortelles, mais leur durée
dépasse neuf fois celle du palmier qui lui-même vit trois
fois plus qu'un corbeau, lequel dépasse quatre fois la vie
d'un cerf, etc. De là les fables qui veulent qu'une Nymphe
ait sauvé la vie de l'arbre à laquelle la sienne propre est
attachée, en accordant son amour ; ou aussi qu'elle venge
sur une race tout entière le dommage causé à l'arbre sacré
par quelque mortel ; dans VIliade, les Oréades elles-mêmes
plantent des ormeaux sur un tertre funéraire.
Ces Nymphes sont l'objet de l'amour des dieux qui en-
fantent avec elles des héros et des rois ; et même les
hommes des générations primitives, ancêtres et fondateurs,
ont obtenu leurs faveurs. Ainsi les légendes ont rattaché
aux Nymphes les origines d'un grand nombre de peuples
ou d'illustres familles. Dans le récit de ces amours ne
manquent pas les épisodes d'une grâce idylHque ni quel-
quefois les complications tragiques ; c'est le cas de la lé-
gende de Daphnis, berger sicilien, ou celui des amours
de Narcisse et d'Echo. Souvent aussi les Nymphes frappent
de délire ceux qui les offensent ou les trompent : on ap-
pelait ces victimes en grec vjfjLcpdXrjTCToi et en latin hjïn-
phaiici, par une identification du mot lympha avec celui
de nymphe que la linguistique n'a pas confirmée. — Le culte
des Nymphes a un caractère naïf et simple ; on leur offre
des agneaux et des chèvres, du lait, de l'huile et du vin ;
on leur consacrait les grottes qui par elles-mêmes se
trouvaient être leurs sanctuaires dans la religion primi-
tive ; plus tard, on leur élevait des Nymphéa, monuments
qui n'étaient que des grottes artistiques, rappelant leur
destination première en ce qu'elles servent d'ordinaire de
réservoirs ou de châteaux d'eau. Ainsi Théagène, tyran
de Mégare, construisit une sorte de temple orné de colonnes
où s'écoulait l'eau des Nymphes Sithniennes ; Zeus avec
l'une d'entre elles avait enfanté, disait-on, Megaros, le
héros éponyme du pays et l'ancêtre prétendu de Théagène.
L'être des Nymphes est assez nettement déterminé par la
poésie pour que l'art n'ait eu aucune peine à en tirer des
figures aussi variées d'aspect et de fonctions qu'elles sont
naturellement gracieuses ; l'on peut dire que le charme
des représentations qui en sont issues et qui contribuent
pour une si grande part à varier les sujets en honneur
dans la céramique à figures rouges ou polychromes, est
demeuré inépuisable : les artistes de tout ordre, depuis la
Renaissance jusqu'à nos jours, ont, en effet, exploité la
conception hellénique des Nymphes au moins autant que
ceux de l'antiquité. J.-A. Hïld.
II. Entomologie (V. Métamorphose).
III. Anatomie. — Les nymphes ou petites lèvres sont
deux repUs cutanés, d'aspect muqueux et chagriné, greffés
sur la face interne des grandes lèvres. Leur bord adhérent
se continue en dehors avec la peau de la grande lèvre coi'-
respondante, en dedans avec la muqueuse du vestibule du
vagin. Leur bord libre est souvent denticulé, ce qui fait
que Boyer avait comparé la forme des petites lèvres à
une crête de coq. Leur extrémité antérieure se bifurque
pour embrasser le chtoris auquel elle forme un capuchon,
prépuce du clitoris, qui no recouvre que la demi-circon-
férence supérieure du phallus féminin. Los branches de
bifurcation inférieures droite et gauche s'unissent à la face
inférieure du même organe pour constituer le frein (frein
du clitoris). L'extrémité postérieure des nymphes se perd
en mourant à la face interne des grandes lèvres. Très
rarement, elles se prolongent suflisamment en arrière pour
se réunir et former en dedans des grandes lèvres un anneau
complet. Elles sont encadrées dans l'aire des grandes
lèvTes ou les dépassent selon les femmes. Dans le premier
cas, elles sont rosées ; dans le second, brunâtres. Chez les
Hottentotes, elles acquièrent d'énormes dimensions et sor-
tent de la vulve où elles constituent le tablier de cette
race humaine.
Leur structure est celle de la peau modifiée comme
partout où la peau rentre dans les orifices naturels. Son
chorion est papillaire et se trouve doublé d'un épithélium
pavimenteux stratifié, analogue à celui qui constitue l'épi-
derme. Elles contiennent des glandes sébacées et des cor-
puscules du tact (corpuscules de la volupté). Leurs artères
viennent des rameaux de la honteuse interne ; leurs veines
sont volumineuses et forment un plexus qui se continue
avec ceux du clitoris et du bulbe du vagin ; leurs lym-
phatiques vont aux ganglions de Faine et leurs nerfs sont
fournis par le nerf honteux interne. Elles dérivent des
bords de la gouttière uro-génitale (partie préurélrale
du vestibule), tandis que les grandes lèvres dérivent des
bourrelets génitaux. Les anciens les ont appelées nymphes
parce que, étant situées à droite et à gauche jiu méat uri-
naire, ils avaient pensé qu'elles étaient destinées à diriger
le jet de l'urine. Ch. Debierre.
IV. Ordres. — Ordre des Ciip:valiers et des Nymphes
DE LA Rose. — Sous forme d'ordre chevaleresque, c'était
une association de compagnons de plaisir fondée en 1780
par Louis-Pbflippe- Joseph d'Orléans, duc de Chartres
NYMPHE - NYONS
IS
(Philippe-Egalité). Certains y ont vu une pensée poli-
tique.
BiBL. : Mythologie. — Preller, Griechische Mytho-
logie, I, p. 593, 2« édit., etpassim.— Welcker, Griechische
Gœtterlehre, I, pp. 656 et suiv. ; III, 48 et suiv. — Lehrs,
Popiilâren Aiifsâtze^ pp. 91 et suiv. — O. Mûllee,
Handbuch des Archœologie, § 403, etc. ~ Curtius, Die
Plastik der Hellenen an Quellen iind Drunneïi ; Berlin, 187(5.
NYMPHÉE (Antiq. grec, et rom.). On appelait de ce
nom des monuments en rapport avec le culte des Nymphes,
ayant à la fois le caractère d'un temple et d'un château
d'eau ; l'idée première en était tirée des grottes naturelles
que l'opinion consacrait aux Nymphes. L'exemple le plus
anciennement connu est celui du monument de Mégare,
élevé par Théagène aux Nymphes locales, dont il se van-
tait de descendre. Strabon dit que toute la région de
l'Arcadie était pleine de monuments en l'honneur d'Ar-
témis, d'Aphrodite et des Nymphes, et que ces monuments
s'élevaient dans des bosquets humides et fleuris. On a
supposé que les nymphœa élevés par l'art étaient une
imitation des grottes de stalactites ; ceux qui, à l'exemple
des Grecs, furent construits par les Romains, étaient d'or-
dinaire des rotondes, ornées de statues et de peintures ;
ils étaient placés sous la protection des Nymphes et dis-
posés, dans certaines de leurs parties, pour servir de réser-
voirs, d'oîi l'eau se distribuait par les quartiers, dans
d'autres pour ofi'rir un lieu de réunion, où se célébraient
surtout les cérémonies nuptiales ; on en cite à Corinthe,
à Antioche, à Byzance ; Rome en possédait plusieurs. On
vient de découvrir à Gennes, près de Saint-Maur (Maine-
et-Loire), les restes d'un nymphœum très considérable :
c'est une demi-rotonde avec colonnade, flanquée de deux
salles rectangulaires de 49 m., le tout d'une longueur de
50 m. ; la rotonde était ornée de cinq statues. C'est le
monument le plus curieux en ce genre qui ait été décou-
vert hors de Rome. J.-A. Hild.
NYMPHENBURG. Village de Bavière, à l'O. de Munich ;
3.694 hab. Château royal de 1663, dont la galerie de ta-
bleaux a été écrémée au profit de la Pinacothèque de Mu-
nich. On y transféra en 4758 la fabrique de porcelaine
de Naudeek, dont la marque était M. V. avec le bouclier
bavarois en losange; elle fabriquait des services de table
et des figurines. Beau jardin en style français, avec plu-
sieurs pavillons de plaisance.
Le traité de Nymphenburg du 28 mai 4741 fut conclu
par l'électeur Charles- Albert avec l'Espagne, au début de
la guerre de succession d'Autriche, pour attribuer à la
Bavière une fraction des possessions allemandes, à l'Es-
pagne les possessions italiennes des Habsbourg. L'Autriche
mit en circulation un faux traité du 18 mai, prétendument
conclu entre la France et l'électeur, pour le partage des
possessions autrichiennes et des agrandissements de la
France aux dépens de l'Allemagne. Ce faux grossier fit
passer l'électeur pour traître à l'empire. Un autre traité
réglant la succession palatine fut signé à Nymphenburg,
le '5 sept. 1766, entre la Bavière, le Palatinat et les Deux-
Ponts. A.-M. B.
BiBL, : Remlein, Nymphenburg s Vergangenheit und Ge-
genvart; Munich, 1885, 2« éd. — ÎIeigel, Das œsterr. Erb-
folgestreît und die Kaiserwahl Karls YIJ ; î^œrdlingen,
1877. — Droysen, Abhandlungen zur deutschen Gesch. ;
Leipzig, 1876.
NYWIPHODORE (NuixcodScapo;), de Syracuse, chroni-
queur grec du m« siècle. Il avait composé des ouvrages sur
les Merveilles de la Sicile (:t£pitl5v Iv SixsXi'a 6au{xa^o-
(xevwv), sur les Législations barbares (vdfxtfxa pap6a-
pt/a, en trois livres au moins), et un Périple ou descrip-
tion des côtes de la Méditerranée. Tous sont perdus. Une
mauvaise leçon de manuscrit est cause qu'on a cru devoir
le distinguer d'un soi-disant Nymphodore d'Amphipolis ;
mais le fait est qu'il exerça à Syracuse la magistrature
nommée à^icp^i^oKa. — Les fragments de ses écrits se
trouvent dans les Fragmenta historicorum grœcorum
de la collection Didot (t. II, pp. 375 et suiv.).
NYMPHOMANIE (Path.). Variété de délire erotique
propre à la femme et consistant en une exaltation exces-
sive et morbide de l'appétit vénérien. Elle relève le plus
souvent d'une névrose générale, mais c'est de l'appareil
sexuel atteint d'une manière primitive ou secondaire que
dépendent les principaux symptômes. Les causes qui pro-
duisent cette affection sont : A. cérébrales ; B. génitales.
A. On l'observe dans diff'érentes formes d'aliénation men-
tale, telles que la période de début de la paralysie générale,
la folie hystérique, la manie simple ou épileptique, l'im-
bécillité, l'idiotie. On la rencontre également chez les
femmes à imagination vive à la suite de lectures erotiques,
d'attachements romanesques contrariés, etc., en dehors de
toute folie préexistante. B. Les causes génitales sont toutes
celles qui peuvent déterminer une irritation locale des
organes sexuels, telles que : excès vénériens, pratiques
solitaires, etc., affections cutanées provoquant une déman-
geaison insupportable du côté des organes génitaux, les
parasites du rectum, de la vulve, les altérations orga-
niques du vagin, de l'utérus, des ovaires. — A tous les
âges on a pu observer des cas de nymphomanie; il existe
des cas d'enfants de trois ans et de femmes de soixante-dix
ans. En général, elle se manifeste pendant la période
d'activité de l'appareil sexuel, entre la puberté et l'âge
critique. Il n'est pas rare que ces malades présentent un
développement exagéré du clitoris.
Symptômes. — A un premier degré, l'affection est peu
marquée ; elle est due à une cause locale, à une affection
cutanée ; la femme peut réussir à dominer ses ardeurs.
A un degré plus avancé, il n'en est plus de même, et la
malade perd toute pudeur, d'autant plus que des déman-
geaisons intolérables l'obligent à se gratter. Dans la nym-
phomanie diOidgine cérébrale, il n'existe plus aucune re-
tenue : on est en présence d'une folle qui recourt à tous
les moyens pour manifester ses ardeurs et les assouvir :
regards hardis, gestes provoquants, propos obscènes tra-
duisent la constante préoccupation de leur esprit ; elles
sollicitent effrontément les faveurs de l'homme, relèvent
leurs vêtements, etc. Jusque dans leur sommeil l'éréthisme
vénérien persiste et se manifeste par des rêves lascifs.
Parfois, à ces crises succède une dépression passagère
accompagnée de remords, de désespoir, d'idée de suicide.
Il est rare que cette affection soit permanente ; elle finit
par guérir. Quand elle dépend d'une dermatose, elle en
suit les variations ; lorsqu'elle n'est qu'un symptôme acci-
dentel de Faliénation mentale, elle en subit les alterna-
tives.
ÎRArrEMENT. — Lo mariage doit être déconseillé. On
prescrira le bromure de potassium qui donne les meilleurs
résultats. L'hydrothérapie, les lavages locaux, le traite-
ment de la maladie occasionnelle et le traitement moral
ne seront pas négligés. D^ Marthâ.
BiBL. : Tardieu, Etude médico-légale sur la folie.
NYOISEAU. Com. du dép. de Maine-et-Loire, arr. et
cant. de Segré; 725 hab.
NYON (lat. Noviodunum, ail. iV^W5^). Ville de Suisse,
cant. de Vaud, au bord du lac de Genève ; 4.225 hab.
(en 1888). Ancien château des avoués bernois. Auprès est
le château de Prangins, résidence de Joseph Bonaparte,
puis du prince Napoléon, fils de Jérôme. — Nyon est l'an-
cienne colonie romaine Julia equestris.
NYONS. Ch.-l. d'arr. du dép. de la Drôme, sur la rive
droite de l'Eygues ; 3.601 hab. Eglises réformée et bap-
tiste. Collège. Hospice; orphelinat. Sources minérales.
Gisement de lignite. Fabriques de conserves alimentaires,
de papier à cigarettes, de chaises, de poteries. Filature et
moulinages de soie ; distillerie d'essences ; tanneries ; cou-
elleries ; chapelleries ; huileries ; moulins ; imprimeries.
Ateliers de constructions mécaniques. Nyons est une très
ancienne ville, déjà mentionnée par Ptolémée. Elle fut
comprise depuis le xi® siècle dans le domaine direct des
dauphins de Viennois qui lui concédèrent une charte de
franchise en 1337, Restes d'anciennes fortifications flan-
quées de tours. Clocher gothique. Pont du xiv^ siècle sur
le rocher du Guard, vestiges de l'ancienne citadelle démo-
lie sous Louis XIII. L'ancien quartier dit des Forts a con-
servé son aspect pittoresque du moyen âge. L'hôpital est
établi dans les anciens bâtiments des Récollets. Ruines du
château de Randonne, dont la tour est convertie, depuis
1863, en sanctuaire de Notre-Dame de Bon-Secours.
NYREN (Magnus), astronome suédois, né à Wermland
le 21 févr. 1837. Il fit ses études à Upsal, se fit admettre
en 1868 à l'observatoire de Pulkowa et en devint, en
1871, astronome adjoint, en 1873 premier astronome*' :il
en est, depuis 1892, sous-directeur. Observateur des plus
actifs et des plus scrupuleux, M. Nyren s'est placé au
premier rang parmi les astronomes modernes par de re-
marquables travaux sur la précession et la nutation, sur
l'aberration des étoiles fixes, sur la hauteur du pôle à
Pulkowa, sur les variations de sa latitude, etc. Il en a
publié les résultats dans les Mémoires de l'Académie de
Saint-Pétersbourg et dans plusieurs autres recueils. L. S.
NYROP (Christoph), philologue.danois, né à Copenhague
le 11 juin 1858. Il étudia à Paris et professe à Copenhague
la philologie romane; il est l'auteur d'un remarquable
ouvrage sur D^n Oldfranske Oheltedigtning (iS8S,tYiid.
ital. de Grorra, 1886), de travaux sur l'adjectif dans les
langues romanes, etc.
NYS (Ernest), publiciste belge, né à Courtraienl851.
Après avoir pris le grade de docteur en droit, il fut
successivement chef de bureau au ministère de la jus-
tice et juge au tribunal d'Anvers ; puis il passa au tri-
bunal de Bruxelles, et devint en même temps professeur
à l'Université libre. Il s'est voué surtout à l'étude du
droit international et a pubHo un grand nombre d'ou-
vrages importants, qui ont été très remarqués des spécia-
listes ; en voici les principaux : la Guerre maritime
(Bruxelles, 1881) ; le Droit de la Guerre et les Pré-
curseurs de Grotius {ibid., 1882) ; l'Arbre des batailles
d'Homwé Bonet (ibid., 1883); les Théories politiques
et le droit inte7mational en France jusqu'au xvni'^ siècle
(Paris, 1891); les Théories politiques en Angleterre
(Bruxelles, 1892); les Origines du droit international
(Paris, 1894). M. Nys est un des directeurs de l'Institut
et de la Revue du droit international. Il a traduit de
l'anglais les deux travaux les plus considérables de James
Lorimer : les Principes du droit hiternational
(Bruxelles, 1885) et les Principes du droit naturel
(ibid., 1890). E. Hubert.
NYS A. I. Mythologie grecque. — Localité légendaire
oii serait né Dionysos (V. ce mot). On la situait en Thrace,
dans l'Inde, en Arabie. Ce nom, attribué aussi à la nourrice
du dieu, fdle d'Aristée, fut ensuite donné à quelques villes
historiques placées sous lepatronage de Dionysos; l'une en
Cappadoce, près de FHalys, sur la route d'Ancyre à Cé-
sarée ; une autre en Carie, au N. du Méandre, sur la
pente S. du mont Mésogis, fondée par des Spartiates ; elle
fut assez florissante à l'époque romaine et nous a laissé
beaucoup de monnaies des empereurs d'Auguste à Gallie-
nus. Ses ruines sont apparentes.
IL Astronomie (V. Astéroïde, t. IV, p. 353).
NYSLOTT (finnois Savonlinna). Forteresse de Fin-
lande, gouv. de Saint-Michel, sur l'îlot de Kyrœnsaari,
entre les lacs Pihlajavesi et Haukivesi; 1.543 hab. (en
1-890). Deux églises. La ville est sur un îlot voisin de la
forteresse. Celle-ci s'appelait primitivement Olofsborg et
fut construite en 1475-77. Prise^par les Russes en 1742,
elle leur fut cédée parlapaixd'Àbo (1743) et resta for-
teresse jusqu'en 1847. De 1855-59, elle servit de prison,
brûla en 1868 et en 1869 et n'a pas été reconstruite
depuis. C'est encore un des plus beaux monuments histo-
riques de la Finlande.
NYSSA (NyssaL.). Genre de Combrctacées, dont les
représentants sont désignés indistinctement, dans l'Amé-
rique du Nord, sous le nom de Tupelos. Ce sont des arbres
à feuilles alternes, propres à l'Amérique septentrionale
— 157 -^ NYONS — NYSTAGMUS
et aux montagnes de l'Inde et de la Malaisie ; on les cul-
tive aussi en Europe, et il en reste de beaux exemplaires
à Trianon. Les fleurs sont polygames-monoïques ; les mâles
ont le calice divisé en 5 lobes ou plus, possèdent 5 pétales
imbriqués ou plus, 5 à 8 étamines ; les femelles ont le ré-
ceptacle concave, logeant l'ovaire infère et portant sur ses
bords un petit calice à 5 dents. L'ovaire est uniloculaire
avec un ovule descendant. Le fruit est une drupe aréolée
au sommet, avec une graine albuminée et un embryon
renversé. Dans la Caroline, on substitue fréquemment aux
citrons les drupes acides du N. hiflora Michx et celles du
N. capitala Walt. D^ L. Hn.
NYSSENS (Albert), homme politique belge, né à Ypres
en 1855. Après avoir pris à Gand le grade de docteur en
droit, il fut nommé, en 1880, professeur de procédure
pénale et de droit commercial à l'Université catholique de
Louvain. Il entra dans la vie politique, d'abord comme
conseiller provincial du canton de Louvain en 1888, puis
comme représentant de cet arrondissement en 1892. Ace
moment, les Chambres avaient à se prononcer sur la revi-
sion de la Constitution. Les débats sur l'électorat législatif,
longs et pénibles, n'aboutissaient pas : douze formules basées
les unes sur le suffrage universel, d'autres sur la capacité,
d'autres encore sur l'habitation, avaient été successive-
ment rejetées. La situation devenait critique : des émeutes
avaient éclaté à Mons et à Anvers, le sang avait coulé, et
des troubles graves étaient à redouter dans les régions
industrielles ; il était urgent de mettre un terme aux agi-
tations. C'est alors que M. Nyssens parvint à réunir la
majorité légale des deux tiers des voix sur sa proposition
dite du suffrage plural. Cette solution, votée à la Chambre
des représentants le 18 avr. 1893 par 119 voix contre
14 et 12 abstentions, était ingénieuse; elle accordait le
droit de suffrage à tout citoyen belge âgé de vingt-cinq
ans, mais créait en faveur de certaines catégories un ou
deux suffrages complémentaires et, tout en décrétant le
suffrage universel, accordait un privilège à la capacité et
à la propriété. Le Sénat s'y rallia à la presque unanimité.
Cette discussion mémorable avait mis M. Nyssens en évi-
dence ; il s'était montré habile tacticien autant qu'orateur
distingué. L'année suivante, il fut appelé au ministère de
l'industrie et du travail, nouvellement créé. Il y a fait
preuve d'une grande activité, a obtenu des Chambres le
vote d'une série de lois dites sociales, et organisé l'ins-
pection du travail. Ces mesures n'ont pas été admises
sans opposition ; les sociaHstes reprochent au ministre de
n'avoir proposé que des lois de façade, tandis que les
conservateurs l'accusent de faire au parti intervention-
niste des concessions dangereuses. L'avenir dira si ces
plaintes sont fondées. M. Nyssens est l'auteur de travaux
juridiques remarquables ; d'autre part, il a dédié à la mé-
moire d'Eudore Pirmez une étude considérable portant sur
l'homme politique, l'économiste, le jurisconsulte, le sa-
vant, l'orateur et l'homme privé. Membre de la droite
parlementaire, et écrivant la biographie d'un des chefs
les plus éminents de la gauche, l'auteur fait preuve, dans
l'appréciation des questions les plus délicates et les plus
brûlantes, d'une grande hauteur de vues et d'une rare
impartialité. On trouve largement esquissé dans son livre
le tableau de la politique belge de 1 856 à 1 890 . E. Hurert.
NYSTAD. Ville de Finlande, prov. d'Abo-Bjœrneborg,
sur le golfe de Botnie; 3.908 hab. (en 1890). Bon port,
chantier de construction, commerce de bois. Fondée en
1617, on y signa le 10 sept. 1721 la paix qui consacra
la déchéance de la Suède après la grande guerre du Nord
engagée par Charles XII. Le 5 juil. 1855, les Anglais la
bombardèrent.
NYSTAGMUS (Ophtalm.). Le nystagmus est un mou-
vement d'oscillation rythmique, rapide et de peu d'étendue,
des globes oculaires, accompagné ou non de clignotement
des paupières. Ces oscillations peuvent être verticales ou
horizontales, consister en mouvements de rotation ou de
circumduction, ou même en mouvements mixtes. Les deux
NYSTAGMUS — NYSTEN
_ 158 -
globes oculaires sont en général agités simultanément,
surtout dans le nystagmus horizontal. Ces mouvements
anormaux s'exagèrent par la fatigue de l'œil, la fixation
prolongée de celui-ci sur un objet et par les efforts d'ac-
commodation. On ne saurait les confondre avec les mouve-
ments saccadés, non conjugués, dus à l'action des muscles
oculaires restés sains, dans le cas de strabisme paralytique.
Le nystagmus 'peut être congénital, sans trouble no-
table de la vision, cfui cependant n'est pas tout à fait nor-
male ; il existe généralement, dans ce cas, quelque diffi-
culté de la perception nette des petits objets (amblyopic).
Il peut accompagner l'albinisme; sa cause physiologique,
dans ce cas particulier, est encore obscure. Le nystagmus
acquis professionnel se rencontre chez les personnes tra-
vaillant avec un éclairage insuffisant (mineurs des houil-
lères) ou obhgées à exécuter des mouvements oculaires
incessants toujours identiques (couturières, etc.).
Le nystagmus congénital, qui peut être considéré comme
physiologique, malgré un certain degré d'amblyopie, se
distingue aisément du nystagmus acquis, pathologique. Il
suffit de faire fixer au sujet un objet qu'on éloigne de ses
yeux de manière à le lui faire suivre et fixer dans les
positions extrêmes de la vision distincte; le nystagmus
pathologique s'exagère dans la position la plus éloiguéc,
celui qui est physiologique disparait (Bard). Le nystag-
mus professionnel seul peut être considéré comme une
maladie propre. Dans tous les autres cas, il n'est qu'un
symptôme soit d'une lésion des muscles moteurs de l'œil,
primitive ou consécutive à des anomalies de la réfraction,
soit d'une altération des centres nerveux (sclérose en
plaques, plus rarement maladie de Friedreich, plus rare-
ment encore tabès et syringomyélie, exceptionnellement
tumeurs cérébrales et encéphalites partielles de l'enfance) ;
dans ces différents cas, les symptômes concomitants per-
mettent de déterminer les maladies dont le nystagmus n'est
le plus souvent qu'un symptôme accessoire. Enfin, il peut
exister dans l'hystérie, l'épilepsie et la chorée.
Quelle que soit la cause du nystagmus, les mouvements
qui le caractérisent s'accompagnent d'ordinaire de mou-
vements concomitants de la tête. Il augmente avec les exci-
tations morales, les variations de l'éclairage et les efforts
brusques d'accommodation. Le plus souvent iLse présente
sous la forme d'accès paroxystiques, mais il cesse d'or-
dinaire dans le sommeil profond, naturel ou provoqué. Les
malades peuvent n'avoir pas conscience de ce trouble fonc-
tionnel, surtout s'il est continu. Il en est tout autrement
dans le nystagmus paroxystique des mineurs. Tout
d'abord le nystagmus, chez ceux-ci, ne se produit que
lorsque la ligne du regard est dirigée au-dessus du plan
horizontal, et il consiste en un mouvement de va-et-vient
de la cornée le long du diamètre vertical, d'où deux: genres
d'oscillations qui se combinent et alternent parfois chez le
même sujet; en même temp^ la vue est troublée, les objets
placés devant les yeux paraissent tourner et se mouvoir
dans le sens des oscillations, d'oti des sensations de ver-
tige. Tout cesse, quand le mineur regarde en bas. S'il
persiste à travaillera la veine, il survient des maux de
tête sous forme d'une barre frontale. A la suite d'excès
de boissons, le nystagmus augmente d'intensité. Chez tous
les mineurs atteints de cette maladie, on rencontre un
brliit de souffle dans la région du cou (Dransart). Il y a
en même temps des symptômes de déchéance générale.
Nous ne pouvons ici décrire toutes les formes do cette
maladie. Son étude approfondie a amené M. Dransart à
la définir de la manière suivante: Le nystagmus desmi-
neiirs^ est une myopathie de la paire des élévateurs et du
droit interne, intimement liée à Y anémie et à la parésie
de r accommodation. Cette maladie n'aboutit à des troubles
définitifs de la vue que si le mineur persiste à travailler
dans les veines. La première condition pour la guérison
est donc de changer de profession ou du moins de ne plus
travailler qu'à ce qu'on appelle Vaccrochage. Puis on
combattra l'état général, l'ariémie, par les ferrugineux et
le quinquina, et on tonifiera les fibres musculaires, dont
Faction est en déficit, par l'électricité et la strychnine.
Quant aux variétés symptomatiques du nystagmus, le
seul traitement qui leur convient est celui de la cause,
c.-à-d. de la maladie dont il n'est qu'un symptôme. La
ti'notomie et la gymnastique des muscles de l'œil sont les
meilleurs moyens à opposer au nystagmus d'origine mus-
culaire. " D^' L. Hn.
BiDL : WARLOMO^•T, Art. Nysiagmiis du Dictionnaire
encyclop. des sciences -tnCdicales, 2« série, t. XIII. —
Mayet, Traité de diagnostic médical et de séméiologie ;
Paris, 1899, t. II, in-8. — Dransart, Du nystagmus des mi-
neurs [Annal cVocuUst, t. LXXVIII, p. 109). —Les Traités
des maladies des yeux.
NYSTEN (Pierre-Hubert), médecin belge, né à Liège le
30 oct. 4774, mort k Paris le3 mars 1817. Il fit ses études
à Paris, y devint aide d'anatomie en 4798, fut envoyé en
mission en Espagne et dans le Midi, et à son retour devint
médecin de l'hôpital des Enfants. 11 est surtout connu par
le dictionnaire de médecine qui a porté son nom, et qui, à
sa treizième édition, devint franchement matérialiste de
spirituahste qu'il était et ne porta plus que les noms de Lit-
tré et Robin. Depuis la quinzième édition, le nom de Robin
a également disparu. Ouvrages principaux : Nouvelles expé-
riences faites sur les 07^g ânes musculaires de l'homme et
des animaux à sang rouge (Paris, 4803, in-8) ; Re-
cherches sur les maladies des vers à soie (Paris, 4808,
in-8) ; Nouveau Dictionnaire de médecine, etc. (2*^ éd.
[avec Capuron]), Paris, 4840, in-8 (la 4^'^ éd. était de
Capuron seul). Nombreuses éditions. D^' L. Hn.
LA
GRANDE ENCYCLOPÉDIE
1—1
i. Ms. \isigothique du viii® siècle.
2. Ms. \isigothique du \iii^ siècle.
3. Ms. anglo-saxon du ix® siècle.
4. Ms. anglo-saxon du ix® siècle.
5. Ms. italien du x® siècle.
6. Ms. italien du xii^ siècle.
<:>(Oi:^^V(,L,uiv..
7. Ms. français du xii® sièc'e.
8. Ms. français du xii^ siècle.
9. Ms. français du xiii® siècle.
iO. Ms. français du xiv^ siècle.
\ i . Gothique deslivres de chœur. Ms.duMont-Caesin,x\'i®s.
12. Bible de Wittemberg, xvi^ siècle.
LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE
0
0. I. Phonétique. — Quinzième lettre de l'alphabet
latin. La voyelle o, longue et brève, constitue avec le ii
long ou bref, qui en est l'état faible, une série vocalique
primitivement et essentiellement différente de celle dont a
long ou bref est le premier terme et i long ou bref le
dernier. Tout ce qu'on a pu dire sur la relation entre le cl
du sanscrit pâd (pied) et le to du grec (dorien) tcoSç est
donc chimérique. L'antécédent commun est pôâds (cf.
vieux haut allemand foaz), et c'est l'élimination de ô qui
a réduit cette forme à pâd, alors que c'est l'élimination
de à qui l'a réduite à tioS;. En un mot, ces deux voyelles
sont primitives et irréductibles entre elles, du moins dans
les langues delà famille indo-européenne.
Comme pour toutes les voyelles, la forme forte ô a
précédé la forme affaiblie o, ainsi que l'indiquent le vo-
calisme en ô, quand il appartient à cette série, de la plu-
part des monosyllabes sanscrits, grecs, latins, etc., et le
fait que le sanscrit et le gothique ne connaissent encore
que Vd long.
Un état moyen de cette voyelle est représenté en grec
par la diphtongue ou d'où, par exemple, l'ionien-attique
7U0UÇ auprès du dorien /zoSç. Cf. en latin archaïque douco
(dùco) pour un plus ancien d(ko,
Vo bref est très souvent descendu en latin à u (pro-
noncé ou) ; c'est ce qui explique Vu de genus (archaïque
genos) auprès de Vo du grec y^voç, etc. L'italien a con-
servé Vo primitif à la finale des mots de la seconde
déclinaison ; exemple bono, auprès du latin bonus, bonum,
antériieurement bonos, bonom.
Dans le passage du latin au français, Vo s'est maintenu
surtout dans les cas suivants : pondre auprès ^^.ponere ;
long auprès de longum ; ordre auprès de ordinem ;
mordre auprès de mordere; fort, mort, sort auprès de
fortem, mortem, sortent, etc. ; soh^e auprès de so-
brium; bon auprès de bonum; son auprès àesonum;
honneur auprès de honorem; dot auprès de dotem; note
auprès de notam ; proche auprès de proximum. Vo
commun du latin est représenté par la jfausse diphtongue
eu dans honneur auprès de honorem, amateur auprès
de amatorem, fleur auprès de florem, etc. La fausse
triphtongue œu représente 1'^ long dans cœur auprès de
cor, sœur auprès de sororem, nœud auprès de no-
dum, etc.
Enfin la fausse diphtongue ou tient lieu de Vo latin à
titre d'état faible (eu égard à eu) dans nous mourons,
cf. je m£urs ; courage, cf. cœur; ouvrage, cf. œuvre;
amoureux, cf. amour \>QMvameur; vouer, d. vœu, ^Xc.
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
L'effet de la nasalisation a amené l'orthographe on,
om pour un, um dans inonde auprès de mundum, fond
auprès de fundum, ombre auprès de umbram, tombe
auprès de tumbam, son auprès de suum, ton auprès de
tuum, etc. Paul Regnaud.
II. Paléographie. — La lettre 0 de l'alphabet latin est
Vomikron grec reproduisant lui-même Vaïn (œil) phéni-
cien, détourné de sa valeur primitive {gh) pour prendre
le son d'une voyelle. Entre la forme du signe phénicien
et celle du caractère correspondant de l'écriture hiératique
égyptienne, d'où dérive l'alphabet phénicien, il n'y a pas
de rapport sensible; aussi M. de Rougé, qui a fait le pre-
mier la démonstration de cette dérivation, l'a-t-il laissé
en dehors de son système. Rien que de vraisemblable en
effet à ce que les Phéniciens, tout en imitant pour laphi-
part de leurs lettres les caractères égyptiens, aient rem-
placé un caractère qui ne se différenciait pas suffisamment
d'autres caractères analogues, par un signe nouveau aussi
simple que l'O. (îuoi qu'il en soit, le signe adopté par les
Phéniciens a passé sans modification, un peu grossi seu-
lement, dans l'alphabet grec, de là dans l'alphabet latin,
et s'est perpétué tel quel jusqu'à nous. On conçoit en effet
qu'une forme aussi précise et aussi simple ne pouvait se
prêter à de grandes variétés d'interprétation. Parfois seu-
lement les lapicides grecs ou latins ont trouvé plus facile
de graver un losange qu'un cercle (V. tabl. i). L'étrusque,
qui ne possédait pas le son 0, a cependant dans son al-
phabet le même signe, mais il y a une tout autre valeur ;
c'est le Ô grec {th) ; et il en est de même des alphabets
italiotes dérivés de l'étrusque : ombrien, sabeUique et
osque. C'est même là, pour le dire en passant, l'un des
indices que l'alphabet latin doit dériver directement de l'al-
phabet grec, sans intermédiaire de l'alphabet étrusque.
De toutes les lettres de l'alphabet latin, Vo est certai-
nement celle dont la forme est demeurée la plus constante
aux diverses époques, dans les différents pays et dans les
diverses espèces d'écriture. Entre les formes capitale ou
onciale et les formes cursive ou minuscule, il n'y a guère
de différence que dans la régularité et la dimension. Dans
les inscriptions seulement la fantaisie ou la commodité des
graveurs a parfois donné à Vo la forme de losange que
nous avons déjà signalée dans l'épi^aphio grecque et la-
tine. Dans ce qui nous reste de l'écriture antique, les graf-
jiti et les tablettes de cire nous montrent des o dont la
panse est souvent plus ou moins ouverte à droite ; les pa-
pyrus des rescrits impériaux nous font voir Vo cursif
caractérisé par sa très faible dimension par rapport aux
W
— 162 —
1. ORIGINE ET DÉRIVATION DE L'O LATIN
-
tXXAjU><\llO
A/
nénicieny
toîa(^ot'im
il
O
O
0
00
2. ÉCRITURES DE LA PREMIÈRE PERIODE DU MOYEN AGE
Ecriture antique.
V^ siècle .
VP siècle.
VII® siècle .
VIII® siècle .
IX® siècle .
X® siècle .
XI« siècle.
/
©
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ï
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0
O
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\
o
^
0
0
o
E ô
0
— 163 — 0
autres lettres ; et il en est encore de même dans les écri- 1 carolingienne. Mais ce qu'il faut noter surtout, ce senties
tures cursives et minuscules des époques mérovingienne et | traits de liaison qui rattachent Yo aux caractères qui le
3, ÉCRITURES DITES NATIONALES
Mérovingienne.
Lombarde .
Yisigothique
Irlandaise .
Anglo-saxonne .
CamJïcâù
0\\^dw>.c
Cur^içe
)Umuâcui0-
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précèdent ou le suivent, lui donnent très souvent la forme I parfois aussi celle d'un b ou d'un chninuscule (V. tabl. 2 et 3) .
d'unSouvert par le haut, parfois celle d'un sz^^m^ (a) grec, j Ces formes à traits parasites ont disparu d'assez bonne
4. ÉCRITURES GOTHIQUES
Mam^ulC
XRe siècle.
XIIP siècle.
XrV^ siècle .
XY^ siècle.
àviécïïj)tixmé
Sccauoc
JlïUui^ycim
@
ED
®
CiA/CàlVt
heure (ix® siècle) dans les manuscrits, mais elles ont per-
sisté dans les chartes jusqu'au cours du xi^ siècle. On re-
trouve il est vrai cette forme du 8 ouvert par en haut dans
les manuscrits allemands du xii® et du xiii® siècle, mais
^ 164
alors c'est un o surmonté d'un it suscrit, et c'est pour
noter la diphtongue ou. Dans l'écriture anglo-saxonne on
rencontre assez fréquemment la lettre o barrée d'un trait
vertical, qui lui donne un peu l'aspect de certains 9 grecs ;
c'est une ^manière de noter la diphtongue oe. On a fait
usage de cette notation pendant le moyen âge dans la plu-
part des langues du Nord.
L'O n'est pas une des lettres caractéristiques des écri-
tures dites nationales, et il n'y présente même absolument
aucune particularité, comme on peut le voir par notre ta-,
bleau 3. Il en est de même des écritures de la fm du
moyen âge (tabl. 4). A l'époque gothique l'O a été sou-
vent composé de traits juxtaposés qui ont transformé la
forme normale du cercle en un quadrilatère ou un poly-
gone plus ou moins régulier (tabl. 4 et 5). Dans l'écriture
des bulles, rO n'est plus composé que de deux traits lourds,
parallèles et inclinés, qui n'ont guère plus de ressemblance
avec la forme itahque ou romaine que Vaïn phénicien avec
5. ECRITURES MODERNES
JicoaolJèic^c
Jlonuiivu/
olaîic[iit/
LckxXaxkji
0^ iJa^
JMXoKVt
Q
0
0
0
0
le caractère égyptien correspondant, et cependant ici la
dérivation n'est pas douteuse.
Dans les majuscules, la fantaisie n'a pu se donner au-
tant carrière que dans les autres lettres, et, même dans les
grandes majuscules ornées, les ornements sont toujours
accessoires et n'ont jamais beaucoup modifié la forme fon-
damentale de l'O. ***
m. Logique. — Les propositions particulières négatives,
telles que : quelques oiseaux ne sont pas capables de
voler ; il y a des gens qui ne sont jamais contents de leur
sort, etc., se symbolisent, en logique formelle, par la
voyelle 0, comme l'indiquent les deux vers traditionnels :
Assevii A, negat E, verum qeneraliter arnbo.
Asserit I, negat 0, sed particuhiriter ambo.
Les propriétés principales des propositions 0 sont les
suivantes : 1« elles ne peuvent se convertir ni simplement,
comme E et I, ni par accident comme A (V. Conversion) ;
on les convertit par une opération appelée coMraposition
qui consiste à ajouter la négation devant le sujet et l'at-
tribut. Soit par exemple la proposition : Quelque B n'est
pas C; elle devient par contraposition : Quelque non-B
n'est pas non-C, et en cet état se convertit simplement :
Quelque 'uon-C n'est pas non-B ou, ce qui revient au
même, Quelque non-C est B. On pourrait donc dire, sans
avoir recours à la théorie de la contraposition (qui semble
avoir été imaginée par Boèce), qu'il' suffit pour convertir
0 de la transformer en I en faisant retomber la négation
du verbe sur l'attribut et de convertir ensuite simplement la
proposition I ainsi obtenue. Exemple : Quelque B n'est
pas C 1= Quelque B est non-C zn Quelque non-C est B.
â° Au point de vue de l'opposition, 0 est la subalterne de
E, la subcontraire de I et la contradictoire de A : elle
est vraie, si E est vrai ; mais sa fausseté entraîne celle
de E ; si elle est fausse, I est fausse ; mais elle peut être
vraie en même temps que I ; enfin, si elle est vraie, A
est fausse, et si elle est fausse, A est vraie. 3° Enfin 0 est
la conclusion de huit modes du syllogisme sur 19 ; Ferio
(1'^® fig.), Festino, Baroco (2^- fig.), Felapton, Ferison,
Bocardo (3*^ fig.), Fesapo, Fresison (4^ fig.).
E. BoiRAC.
0 (Famille d'). Maison de Basse-Normandie qui re-
monte au xii^ siècle. Bobert d'O, chevalier, seigneur d'O,
près Argentan, figure dans un acte de 1158. On rencontre
Godefroy en 1195 et 1200, puis Bobert II en 1257 et
1264. Bobert III aida Philippe de Valois contre les An-
glais en 1306. Bobert IV épousa en 1345 Alix de Ven-
dôme. Bobert VI, capitaine des ville et château d'Exmes,
fut tué à Azincourt. Bobert VII, écuyer et échanson de
Charles P^, duc de Bom^bon, hérita de sa mère, Jeanne le
Baveux, les terres de Fresne, Baillet, Maillebois et Fran-
con ville. Jean, marié en 1454 à Jeanne de Montfaucon,
succéda en 1473 au titre de sénéchal héréditaire du comté
d'Eu, et devint conseiller et chambellan de Charles VIII.
Son fils aîné, Charles, fut chambellan de Louis XII. Le
fils de Charles, Jean II, chevalier de Tordre, capitaine
des gardes écossaises, grand maréchal de Normandie, eut
de son mariage avec Hélène d'IUiers (1534) : 1« Fran-
çois (V. ci-dessous) ; 2° Jean, tige des seigneurs de Ma-
non ; 3« Françoise, mariée à Louis d'Angennes. Fran-
çois n'ayant pas eu d'enfants, le titre passa à la branche
de Jacques, second fils de Jean P^', qui avait reçu de son
frère Charles les terres de Baillet et Franconville ; il mou- ,
rut à Pavie. De son mariage avec Louise de Villiers de
risle-Adam naquit Charles IL Le roi renouvela en 1699
le titre de marquis de Franconville en faveur de Gabriel-
Claude d'O, gouverneur du comte de Toulouse, chef d'es-
cadre, lieutenant des armées navales, grand-croix de
l'ordre de Saint-Louis, mort en 1718. Gabriel-Simon
(f 1743) ne laissa qu'une fille, qui épousa Louis de Bran-
cas. — Armes : D'hermine, au chef endenté de
gueules. H. Hauser.
BiBL. : La Chesnaye-Desbois. — Desvaux, VAbbaye
d'Almenèches et le château d'O ; Caen, 1890, in-8.
0 (François, marquis d'), surintendant des finances, né
à Paris en 1535, mort à Paris le 24 oct. 1594. Présenté
à la cour à l'avènement de Henri III par son beau-père,
M. de Villequier, l'un des favoris de ce prince, il ne tarda
guère à être personnellement fort en faveur près de lui.
Beaucoup moins frivole que la plupart de ses collègues dans
l'amitié souveraine, Quélus et consorts, il ne dédaigna pas
de coopérer à la besogne fiscale destinée à fournir la dé-
pense commune. Aussi bien il fit merveille dans la voie des
exactions plus ou moins légales : en quelques années, le
revenu de la Couronne augmenta d'un tiers. Le roi lui sut
grand gré de cette activité intéressée et l'en récompensa
en lui conférant le collier du Saint-Esprit, puis en l'éle-
vant à la surintendance des finances, poste en rapport avec
ses tendances utilitaires, sinon avec ses capacités réehes,
Bientôt même il le nomma, par sur croit, gouverneur de
Paris et de l'Ile-de-France. Ce fut en cette dernière qua-
lité qu'il fut appelé à faire prendre, lors de h Journée des
barricades (déc. 1588), des mesures pour barrer la route
à l'émeute. Il échoua d'abord complètement dans cette nou-
velle direction de sa volonté. Son administration des de-
niers publics fut à son tour vivement attaquée par les
Etats généraux assemblés à Blois au commencement de
l'année suivante, et Henri Hï fut contraint de le relever
de ces fonctions. Après l'attentat de Jacques Clément, il
fut près de Henri IV le porte-parole des catholiques, réso-
lus à ne lui conserver leur fidélité que s'il abjurait le pro- •
465
0 ^ OANG
testantisme. Cependant il ne poussa pas la défiance aussi
loin que certains et demeura attaché au Béarnais encore
huguenot. La direction des finances lui fut rendue alors.
En 4593, il fut chargé par le roi de préparer avec les
principaux prélats de France sa conversion, promise au
cathoKcisme et ajournée jusque-là, moitié par dignité de
souverain, moitié par répugnance de sceptique. Il mourut
l'année suivante, ne laissant pas d'enfant de Charlotte-
Catherine de Villequier, qu'il avait épousée en 4573.
Léon Marlet.
OABOU (Ile) (V. Sandwich [Iles]).
OAKHAM. Ville d'Angleterre, ch.-l. du comté de Rut-
land; 3.542 hab. (en 4894). Château ruiné du xii^ siècle.
Non loin est le château de Burley-on-the-Hill.
OAKLAND. Ville des Etats-Unis (Californie), à l'E. de
la baie de San-Francisco, terminus occidental du chem.
de fer Central-Pacific ; 48.682 hab. (en 4890). Entou-
rée de chênes verts, ellepossède de vastes docks, greniers,
étables, abattoirs. Au N. est Alameda, au S. Berkeley.
OAKLEY (Barons) (V. Cadogan).
OAKS STAKES (V. Course, t. XIU, p. 453).
OAKWORTH. Ville d'Angleterre, comté d'York (West-
Riding), à 5 kil. S.-O. de Keighley; 5.880 hab. (en
4894). Cotonnades, draps.
0 A NI ABU» Ville de la Nouvelle-Zélande, sur la côte E. de
l'ile du Sud ; 5.624 hab. Abattoirs, magasins de grains,
minoterie.
OAN cHEou CHENG TIEN. Description des fêtes célébrées
pour le soixantième anniversaire de l'empereur Khang hi,
comprenant, avec des planches, le texte des décrets, pièces
de vers, procès-verbaux des cérémonies. Ouvrage très
soigné, publié par une commission de fonctionnaires (4743);
des rééditions modernes à bon marché l'ont popularisé
parmi les étrangers résidant en Chine. M. C.
OAN G. Dynastie qui a régné sur la Corée de 948 à 4392 ;
capitale principale à Syong to ou Kai kyeng (Kai syeng,
à 60 kil. environ au N. de Séoul) ; près de la ville, on voit
encore les tombes de la plupart de ses rois ; capitale se-
condaire à Sye kyeng ou Ho kyeng (Hpyeng yang).
Le fondateur de cette dynastie, Oang Ken, d'une origine
obscure, était né à Syong ak (Syong to) en 877. Dans les
troubles qui déchiraient le royaume de Sin ra, il entra au
service de Koung yei, membre de la famille royale, l'un
des principaux rebelles ; il se distingua comme général,
aida son chef à se rendre maître du N. et du N.-O. du
pays et fut mis à sa place, lorsque le peuple eut tué
Koung yei, détesté pour sa cruauté (948). Il donna à son
royaume le nom de Ko rye (d'où Corée), peut-être en sou-
venir d'un des anciens Etats de la péninsule (V. Trois
Royaumes). Il soumit (935) Tjin Houen qui s'était rendu
indépendant dans le Sud-Ouest (royaume de Paik tjyei pos-
térieur, 892-935) ; il persuada à Kyeng syoun, roi légitime
du Sin ra, d'abdiquer en sa faveur, il lui donna une riche
dotation et épousa sa fille (935). Dès 948, il avait recons-
truit Hpyeng yang abandonné depuis 668 ; il avait élevé
d'autres citadelles encore plus au N. et étendu son pou-
voir jusqu'à l'Ap rok kang (Ya lou) et au Tou man kang ,
par des alhances avec les peuplades Nye tjin et Keui tan ;
l'île de Quelpaërt paya tribut en 938 : à cette date, la
Corée unifiée atteignait à peu près ses limites contempo-
raines. A l'intérieur, le roi, connu' depuis sa mort sous le
nom de Htai tjo, s'efforça d'organiser une société nouvelle
à la place de l'aristocratie du Sin ra, et il s'appuya surtout
sur les bonzes et sur ses compagnons d'armes.
Ses ûls Hyeitjong (943-45), Tyeng tjong (945-49),
Koang tjong (949-75) régnèrent après lui ; les deux pre-
miers s'adonnèrent au luxe et aux grandes constructions,
exemple que suivirent presque tous leurs successeurs ; le pou-
voir fut tyranniquement exercé pendant plusieurs années
par Oang Kyou,- beau-père de Hyei tjong, qui joua le rôle
d'un maire .du palais et dont Tyeng tjong ne sut se débar-
rasser que par l'assassinat. Koang tjong gouverna par lui-
même, poursuivit l'œuvre de la défense des frontières sep-
tentrionales et fonda des examens littéraires imités de
ceux de la dynastie des Thang (958).
Après son fils Kyeng tjong (975-84), un autre petit-fils
de Htai tjo, Syeng tjong monta sur le trône (984-97); il
déploya une grande activité, organisa l'administration ît
vile, institua des préfets et des sous-préfets, maintint dans
le respect du pouvoir les bonzes toujours prêts à abuser de
la faveur royale. C'est lui qui fit graver les planches pour
l'impression du Tripitaka complet : un exemplaire tiré au
xv« siècle sur ces planches se voit encore aujourd'hui à
Tokyo. Il eut à lutter contre les Keui tan (Khi tan) qui
avaient fondé un empire sous le nom de Liao, étaient de-
venus voisins du Ko rye en détruisant le royaume de Pal
hai (Po hai, 925) et réclamaient le N. de la Corée jusqu'à
Hpyeng yang; vainqueur (993), Syeng tjong maintint sa
frontière à l'Ap rok kang, mais consentit à se servir des
noms d'années des Liao et envoya des Coréens apprendre
la langue keui tan.
Le règne de Mok tjong, fils de Kyeng tjong, fut marqué
par les débauches et les conspirations de la reine mère
(997-4009) ; le roi fut déposé et remplacé par Hyen tjong,
petit-fils de Htai jo. De 4044 à 4020, les Keui tan enva-
hirent plusieurs fois la Corée, occupèrent la capitale, chas-
sèrent le roi vers le S. ; les principaux fonctionnaires
miUtaires, se croyant indispensables, se rendirent, par leur
arrogance, insupportables aux fonctionnaires civils et à la
cour : ils furent massacrés (4045). Des discordes du même
genre, avec les incursions des Nye tjin, tantôt soumis,
tantôt révoltés, remplirent les règnes de Tek tjong (4034-
34) et de Tjyeng tjong (4034-46), tous deux fils de
Hyen tjong. Dès le règne de ce dernier, on avait commencé
de donner aux Nye tjin (Niu tchen) et à d'autres tribus
eptentrionales des terres situées à l'intérieur du royaume
et dont on formait de nouveaux districts ; cette politique
s'accentua sous les règnes suivants, surtout sous Moun
tjong (4046-83), également fils de Hyen tjong. Ce prince
reprit (4074) les relations avec la Chine, qui étaient inter-
rompues depuis plus de cinquante ans ; en effet, la puis-
sance des Keui tan était déjà sur son déclin. Moun tjong
montra la plus grande partialité pour les bonzes : des dis-
tricts entiers furent exemptés d'impôts et consacrés à la
corvée pour la construction de la bonzerie de Heung oang,
qui fut élevée sur un plan grandiose, magnifiquement ornée
et somptueusement inaugurée en 4067 ; trois ans plus
tard, les bonzes obtinrent de la fortifier. Syoun tjong, fils
du précédent, ne régna que quelques mois ; Syen tjong
(4083-94), également fils de Moun tjong, institua des
examens spéciaux pour les bonzes (4084). Syouk tjong
(1095-4405), troisième fils de Moun tjong, força son neveu
Heh tjong (4094-95) à lui céder le trône ; il forma une
importante collection de livres, dont une partie subsistait au
xv« siècle ; il jeta les premières fondations d'une nouvelle
capitale (4099) qui est devenue Séoul.
C'est sous son règne et sous celui de son fils Yei tjong
(4405-22) que s'établit la puissance des Nye tjin : le pre-
mier chef important de ces barbares, Yeng ka, envoya
une ambassade en Corée (4402) ; une défaite infligée par
son successeur, 0 a syok, aux Coréens (4404), fut vengée
par le massacre de quatre cents chefs invités à un banquet
(4407), d'où résulta la pacification de la frontière du Nord
pour quelques années. En 4444, A kol hta (Agouta), chef
d'une branche plus septentrionale, parent de Yeng ka et
descendant d'un bonze coréen et d'une femme nye tjin, se
révolta contre les Liao et fonda l'empire des Kin. Il y eut
entre le nouvel empire et la Corée quelques difficultés de
frontières : mais le royaume accepta la suzeraineté des
Nye tjin (4446) et eut moins à souffrir de leur part que de
celle des Keui tan.
Les règnes de Yei tjong, de son fils In tjong (4422-
46), de ses petits-fils JÇm tjong (4446-70), Myeng tjong
(4470-97), Sin tjong (4497-4204), ceux de Hem tjong
/4 204-44), fils du précédent, de Kang tjong (4244-43),
nls de Myeng tjong, et les premières années de Ko tjong
OANG — OASIS
(4243-59), fils de Kang tjong, furent calmes à rextérieiir.
Mais à Fintérieur ils furent marqués par les prodigalités
et le luxe des rois et par l'affaiblissement centinu du pou-
voir royal : rivalités sanglantes entre militaires et civils
(4440, 70), pouvoir de Ri Tja kyem, beau-père des rois
Yei tjong et In tjong (4422), révoltes des bonzes {ii^6-
35, etc.), un roi déposé en 4470, mis à mort en 4473, un
autre détrôné en 4496, un autre en 4244, tels sont les
événements les plus saillants de cette période. A partir
de 4470, le pouvoir appartint uniquement aux fonction-
naires militaires qui se réservèrent presque toutes les
charges; ce n'est qu'en 4275 que les fonctionnaires civils
reprirent quelque influence. D'ailleurs, la tyrannie dos
grands chefs militaires fut telle qu'un personnage peu im-
portant, Tchoi Tchyoung hen, réussit à les renverser
(4496) et fut considéré comme un sauveur: il s'empara
de tout le pouvoir, nomma et destitua les fonctionnaires,
réorganisa l'administration à son profit. Il fit d'ailleurs
preuve de hautes capacités et d'une grande énergie et
devint une sorte de maire du palais ; son fils Tchoi Ou
(4248), son petit-fils Tchoi Hang (4249), son arrière-
petit-fils Tchoi Eui (4257), héritèrent de son autorité et
de ses dignités ; c'est par l'assassinat de ce dernier (4258)
que s'éteignit cette dynastie comparable à celles des
chôgouns japonais. Il faut encore noter pendant cette pé-
riode la réunion au royaume de l'île de Quelpaërt trans-
formée en sous-préfecture (4468) et la composition du
Sam kouk sa keui, le plus ancien ouvrage d'histoire co-
réenne qui soit pcxrvcnu jusqu'à nous : il fut présenté au
roi par son auteur Kim Pou sik (4445).
Les quarante dernières années de l'administration des
Tchoi (4248-58) furent signalées par une lutte opiniâtre
contre l'invasion mongole, plus terrible que celles des
Keui tan et des Nye tjin. En 4234 , soixante-douze résidents
mongols furent installés en Corée, le'pays dut payer tribut,
donner des otages, fournir un million d'hommes à l'armée
du khan ; mais l'année suivante, Tchoi Ou emmena la cour
dans l'île de Kang hoa et prescrivit au peuple de se retirer
dans les îles et dans les montagnes pour continuer la résis-
tance. Après la mort de Tchoi Eui, le prince héritier fut
envoyé à la cour du khan pour traiter (4259), et la pre-
mière condition posée fut que le roi revînt sur la terre
ferme. A son retour, le prince héritier monta sur le trône
(Ouen tjong, 4259-74). Désormais, la Corée ne fut plus
qu'une province mongole, gouvernée par des rois indi-
gènes : ceux-ci étaient mariés à des princesses mongoles
qui prenaient le pas sur eux dans les cérémonies publiques ;
des conseillers mongols dirigeaient leur politique ; ils
étaient appelés à Peking, exilés, déposés, remis sur le
trône suivant les caprices du khan ; fils de mères mongoles,
ils parlaient la langue de celles-ci, portaient des noms mon-
gols, étaient privés d'une partie des honneurs posthumes
rendus jusqu'alors à leurs ancêtres. Telle fut la situation
de Tchyoung ryel (4274-98 et 4298-4308), fils de
Ouen tjong; de son fils Tchyoung syen (4298 et 4308-
43), qui abdiqua pour vivre à Peking avec des lettrés ; de
Tchyoung syouk (4343-30 et 4332-39), fils du précédent ;
de Tchyoung hyei (4330-32 et 4339-44), fils du précé-
dent ; de Tchyoung niok (4344-48) et de Tchyoung
lyeng (4348-54), tous deux fils de Tchyoung hyei.
Pour la politique extérieure, les Mongols firent de la
Corée leur base d'opérations contre le Japon ; malgré des
préparatifs considérables (depuis 4270), Mongols et Coréens
réunis furent plusieurs fois repoussés par les tempêtes et
par le courage des Japonais ;'après un dernier échec (4280),
le khan Koubilaï renonça à son projet. Mais ces expédi-
tions avaient appauvri la Corée d'hommes et de grains et
avaient ajouté de nouvelles inimitiés à celles qui existaient
déjà entre la péninsule et le Japon.
Grâce à l'affaiblissement de la puissance mongole, le
roi Kong min (4354-74), fils de Tchyoung syouk, jouit
de plus d'indépendance que ses prédécesseurs. Il tomba
sous la domination des bonzes, particulièrement de Pyen
466 —
syo, ou Sin Ton ; celui-ci sut persuader au roi que Sin
Ou, son propre fils, devait la naissance au roi lui-même.
Sin Ou (4374-88), puis Sin Tchyang (4388-89), fils
de Sin Ou, succédèrent donc à Kong niin ; ils s'atta-
chèrent à la fortune des Mongols qui venaient d'être
chassés de Chine. Ri Syeng kyei, principal chef de la no-
blesse, fut le général chargé de marcher contre les Chi-
nois (4388) ; il refusa d'obéir, déposa le roi et le rem-
plaça par Kong yang (4389), descendant de Sin tjong ;
peu d'années après, il se sentit assez fort pour régner
lui-même : il déposa Kong yang et fonda une nouvelle
dynastie (4392).
Outre les événements rapportés ci-dessus, il faut noter
que, sous cette dynastie, la noblesse territoriale du Sinra
ra a graduellement disparu et qu'une nouvelle aristocratie,
une « noblesse de pinceau », s'est peu à peu formée ; elle
était constituée dès le xi*^ siècle avec les principaux traits
qu'elle a conservés. En même temps est apparu un régime
de castes qui a laissé des traces jusqu'aujourd'hui. D'autre
part, les formes extérieures de l'administration ont été de
plus en plus empruntées à la Chine. Maurice Courant.
BiBL, : Maurice Courant, Bibliogniphie coréenne sVaris,
1895-97, 3 vol. gr. m-8.
GANG Ngan chi, célèbre réformateur politique chi-
nois (4024-86). Doué d'un talent littéraire remarquable,
il fut distingué par Ngeou yang Sieou (V. ce nom),; sa
carrière fut cependant ordinaire jusqu'à l'avènement de
Chen tsong (4068) ; sa profonde connaissance de l'anti-
quité, la logique de ses idées et, ajoutent ses adversaires,
ses adroites flatteries lui attirèrent la faveur du souverain
qui le mit à la tête des affaires. Il élabora un plan de
réorganisation du gouvernement chinois, portant sur les
points suivants : formation de forces d'infanterie et de ca-
valerie au moyen du service obligatoire, le service étant
dû par groupes do dix feux unis solidairement ; rempla-
cement de la corvée et des prestations en nature par un
impôt en monnaie ; avances de fonds par l'Etat à tout
homme qui fournit des gages ; avances de grains par
l'Etat aux cultivateurs, ces avances étant faites au prin-
temps et remboursées après la récolte ; suppression de
la propriété foncière individuelle, les terres étant chaque
année distribuées également par les fonctionnaires locaux
à tous les imposables du district.
Des essais partiels d'application furent faits dans diffé-
rentes régions, malgré l'opposition de Ngeou yang Sieou,
de Seu ma Koang et autres ; ils donnèrent heu à toutes
sortes de désordres et à des rébellions ; pourtant on
n'abandonna totalement les idées de Oang Ngan chi que
vers J420. Il avait été privé de sa charge par Tche tsong
(4085) et était mort l'année suivante. Maurice Courant.
CANNES. Divinité chaldéenne mentionnée par Bérose.
On racontait que cet être, à corps et tête de poisson, se-
conde tête et pieds humains, à voix humaine, était sorti
de la mer Erythrée pour enseigner aux Babyloniens, qui
vivaient sans lois comme des animaux, l'écriture, les
sciences et les principaux arts, arpentage, agriculture, etc.
OASIS (Egypt. Ouit, copte Ouah, arabe OuûK grec
Ouasis). On désigne sous ce nom des points situés dans
le désert et qui se distinguent du milieu environnant par
une végétation plus ou moins abondante. Les oasis doivent
leur fertilité aux sources qu'elles renferment et qui les
arrosent. Si l'eau vient à tarir, l'oasis disparaît; de même
on peut créer artificiellement des oasis en forant des puits
dans le désert. Le terme oasis, appliqué dans l'antiquité
exclusivement aux îlots do verdure situés dans le désert
égyptien {Oasis d'Ammon, auj. Siouah; Petite Oasis,
auj. Baharièh et Parafrah; Grande Oasis, auj. Khargèh
et Dakhel), s'est généralisé et s'applique aujourd'hui aux
îlots du même genre situés dans les déserts d'Afrique,
d'Asie, d'Amérique, d'Australie. Leur emplacement déter-
mine le trajet des routes de caravanes à travers le désert.
Les plus vastes et les plus importantes oasis sont celles
du désert de l'Asie centrale, le long du Tarim, autour de
— 167 —
OASIS — OAXAGA
Khotan, Yarkand, Kacligan, etc.; celle de Palmyre, aiiN. de
l'Arabie, celles du Sahara, du Fezzan,d u Touât, de l'Air, etc.
OATES* (Titus), fanatique anglais, né à Oakham en
4649, mort à Londres le 42 juil. 4705. Fils d'un recteur,
il se fait remarquer dès son enfance par son inconduite ;
chassé de diverses "écoles, il quitte l'Université de Cam-
bridge après des études incomplètes. Cependant il prend
les ordres et devient vicaire de Bobbing (Kent), puis curé
à Hastings. Impliqué dans un procès louche, il est empri-
sonné à Douvres. Il s'échappe, s'engage comme aumônier
sur un navire de guerre. Bientôt chassé de la flotte, il
réussit à tromper la confiance du duc de Norfolk qui l'en-
gage comme chapelain. Il se lie avec de nombreux catho-
liques et, tombé dans la pire misère, songe à tirer parti
d'une conversion opportune. Il s'introduit dans les mai-
sons jésuites de Valladolid et de Saint-Omer d'où sa mau-
vaise conduite le fait encore expulser. Par vengeance ou
désir de battre monnaie, coûte que coûte, il conçoit un
abominable projet. Ayant appris à Saint-Omer que les jé-
suites se disposaient à tenir à Londres une assemblée
secrète, probablement une de ces réunions ordinaires
où ils discutent les intérêts de l'ordre, il fait passer au
roi, en 4678, l'avis que les papistes tramaient un grand
complot . contre le protestantisme et contre la vie de
Charles II. Le roi accueille cette confidence avec incrédu-
lité. Oates la rédige avec soin, entrant dans les détails
les plus extraordinaires, et affirme par serment, solen-
nellement reçu par un magistrat de Londres, la vérité de
sa relation. Il est mandé devant le conseil privé (28 sept.)
où il répète son histoire avec la plus incroyable assu-
rance et en la corsant de nouveaux détails. Il s'agissait,
en un mot, de fomenter une insurrection en Irlande, de
pénétrer en Ecosse sous le costume de cameroniens et
d'assassiner le roi pour assurer le trône au duc d'York.
Charles II se montrait de plus en plus défiant. Mais au mo-
ment où Titus Oates allait être renvoyé avec le mépris qu'il
méritait, la correspondance de Coleman, secrétaire de la
duchesse d'York, tomba entre les mains du gouvernement.
Coleman parlait d'un projet d'entente avec Louis XIV,
dans le but de convertir les trois royaumes et de « vaincre
complètement l'hérésie pestilentielle qui a si longtemps
dominé dans une grande partie du Nord ». Cette décou-
verte donnait quelque couleur de 'STaisemblance au com-
plot papiste imaginé par Oates. La situation fut savam-
ment exploitée par Shaftesbury, pressé de ruiner la poli-
tique de Danby. Sur ces entrefaites, le magistrat devant
lequel Oates avait déposé fut trouvé dans un lîhamp des
environs de Londres, le cœur per«cé de son épée. L'imagi-
nation populaire se^^nonta. On eut la conviction d'un crime
commis par les jésuites pour étouffer l'affaire. On fit à sir
Edmundsbury Godfrey des funérailles solennelles. Londres
et la province connurent toutes les folles extrémités de
la panique. Sous la pression populaire, la Chambre des
lords et la Chambre des communes nommèrent des com-
missions pour faire une enquête sur les révélations de
Titus Oates. Shaftesbury s'arrangea pour la diriger (4679).
Il accepta sans contrôle toutes les accusations nouvelles
que le dénonciateur se prit à forger. Cinq lords catho-
liques furent envoyés à la Tour, deux mille suspects furent
jetés en prison. Une véritable terreur s'abattit sur le pays.
Shaftesbury apparaissait comme un sauveur et il ne né-
'gligeait rien pour fortifier cette apparence, faisant chasser
de Londres tous les catholiques, appelant les mihces aux
armes, faisant voter un bill excluant les catholiques des
Chambres. Au bout de quatre mois de ce régime, on com-
mença à concevoir des doutes sur la réalité du complot
papiste. Mais un autre imposteur, nommé Bedloe, se mit
à inventer des atrocités plus fortes que celles qu'avait con-
çues Oates, Il ne parlait rien moins que du débarquement
d'une armée papiste et du massacre général des protes-
tants. Oates ne voulut pas se laisser distancer et il accusa
la reine d'avoir participé à la conjuration contre son mari.
L'affolement de la population parvint à son comble. Les
lords cathoHques furent, mis en jugement sous l'inculpa-
tion de haute trahison, et Shaftesbury fit procéder à une
série de meurtres juridiques qui débuta par l'exécution de
Coleman ; mais il remplaça Danby à la tête du gouverne-
ment. Il essaya encore de jouer du complot papiste pour
lutter contre la réaction qui vint, inévitable. Ainsi, en
4680, il produisit de nouvelles révélations sensationnelles :
complot contre sa vie, affiliation du duc d'York lui-même
aux diverses conjurations papistes, etc. Il ne réussit qu'à
provoquer de grandes processions aux flambeaux qui, après
s'être promenées dans Londres, brûlèrent l'effigie du pape.
Le jury acquittait, coup sur coup, les victimes désignées
par les dénonciateurs et, Titus Oates, qui vivait grassement
du produit de ses mensonges, fut un beau jour arrêté,
condamné à 400.000 £de dommages-intérêts et mis aux
fers (4684). Dès son avènement, Jacques II lui fit intenter
un procès pour parjure. Oates fut condamné (4686) au
pilori et à la détention perpétuelle. Guillaume d'Orange le
fit remettre en liberté (4689), et l'imposteur trouva encore
moyen de faire des dupes en épousant une riche veuve, en
obtenant son admission dans la secte des baptistes, d'où
il^ se fit expulser d'ailleurs pour avoir sollicité un legs
d'une dévote, etc. Il a laissé un abominable pamphlet
contre Jacques II, l'Eîxcoy pacrtXtxrj (Londres, 4696-97,
4 vol. in-4). K. s.
BiBL. : Thomas Seccombe, Lives of twelve Badmen:
Londres, 1894.
OAXACA (Oajaca). Ville. — Ville du Mexique, capi>
taie de l'Etat d'Oaxaca, dans une vallée voisine du fleuve
Atoyac, à 4 .542 m. d'alt. ; 27.856 hab. (en 4894). Palais
épiscopal dans le style des palais de Mitla ; cathédrale
achevée en 4729; grand couvent de dominicains au point
culminant de la ville, souvent utifisé comme forteresse
dans les guerres civiles ; séminaire, école technique. On
y fait des cigares, du chocolat, des cierges, du savon, des
cotonnades. Elle a remplacé en 4522 la forteresse aztèque
d'Huaxiacac, sise à 6 kil., et porta d'abord le nom d'An-
tequera. Non loin sont le bourg aztèque de Xalatlaca et
Villa de Santa-Maria de Marquesado, ch.-l. d'un mar-
quisat de Fernand Certes. A 45 kil. E. ,les ruines de Mitla,
Etat. — L'Etat mexicain d'Oaxaca, riverain de l'océan
Pacifique au S., embrasse 88.974 kil. q., peuplés de
793.449 hab. (8 hab. par kil. q.). Il s'étend entre 45«
et 48<> lat. N. et confine aux Etats de Chiapas à l'E.-,
Vera Cruz et Puebla au N., Guerrero à l'O. Son terri-^
toire comprend les montagnes qui, du plateau d'Anahuac,
vont à l'isthme de Tehuantepec, les hautes vallées qui
descendent vers l'Atlantique et tout le versant du Paci-
fique. Le mont Zempoaltepec atteint 3.990 m. La côte,
qui a 570 kil. de long, est peu accidentée et uniforme,
sauf à l'E. de Tehuantepec où elle est échancrée par une
vaste lagune. Les principaux fleuves sont : vers le S., le
rio Verde, qui arrose Oaxaca; vers le N., le Papaloapan
et San Juan, qui fusionnent à leur embouchure (Etat de
Vera Cruz) et le Coatzacoalco. Le climat est celui du
Mexique, frais et sain sur les hautes terres, chaud sur la
côte et dans les vallées. Il pleut beaucoup, même durant
la saison sèche ; le littoral souffre de fréquents orages ;
les tremblements de terre sont assez fréquents. Les bois
de teinture, le caoutchouc, la vanille sont exploités dans
les bois où errent les onces, les léopards, les loups. Il
existe des mines d'or, d'argent, de cuivre, de mercure,
de fer, de sel, de pétrole, de houille.
La population est formée d'Indiens, avec moins de 40 «/o
de métis. Elle vit d'agriculture et d'élevage, cultivant le
maïs, le blé, l'agave, la canne à sucre, le cacao, le café,
le coton, le tabac ; l'industrie est à peu près exclusive-
ment agricole ; sucreries, distilleries, manufactures de
tabac, et, dans chaque petit centre, poterie et savonnerie.
Le commerce se fait par Vera Cruz. Cette région fut un
des foyers de la civilisation mexicaine (en particulier des
prêtres Zapotecs), ainsi qu'en témoignent les belles ruines
de Mitla, Miguitland, Achiutla, etc. A. -M. B.
OB -- OBÉDIENCE
— 168
OB. Fleuve de Russie (V. Obi).
OBADYAH, prophète (V. Abdias).
OBAID ou LOBAIT (El). Ville du Soudan égyptien,
capitale du Kordofan, par 28« 31' long. E. et 18M0'
lat. N., à 585 m. d'alt,, ayant une population de 80.000 à
35.000 âmes environ. La ville a 2 kil. de circonférence
environ et s'étale dans une vaste plaine desséchée en été,
parsemée d'une abondante végétation en hiver; elle se
compose de six villages distincts, aux huttes entourées de
haies épineuses, peuplées de gens deDongola, du Bornou,
du Borgou, du Daghirmi, du Darfour, et de diverses races
nègres. On y fait des nattes, des vases, des ouvrages en
filigrane. C'était avant la conquête mahdiste (17 janv. 1 883)
un marché d'exportation de gomme et de plumes d'au-
truche vers l'Egypte. Rouire.
OBAI D-Allah, général arabe (648-685), fils de Ziyâd,
que Moâwiya, 1^^' khalife omeyyade, avait reconnu pour
frère, malgré l'illégitimité de sa naissance. .11 servit la
cause des Omeyyades sous les khalifats de Yazîd I®^',
Molwiya II, Marwàn P^ et Abd-el-Melik, fdsde Marwân.
Gouverneur de Basra, puis de Koûfa, il fut chargé par
Yazîd d'étouffer la réJjellion des Alides dans la province
d'Iraq. Après avoir soumis les Koùfiens, il tua al-Housain,
fils d Ali, et massacra ses partisans dans la sanglante jour-
née de Kerbéla (680). Sa cruauté lui attira les reproches
du khalife et les malédictions des Chiites. Obaid-Allah re-
fusa ensuite de marcher contre Abdallah, fils d'Az-Zoubalr,
qui s'était révolté dans le Hidjâz, ne voulant pas com-
mettre un second sacrilège en portant les armes contre
La Mecque. En 684, il facilita à Marwân, filsd'Al-Hakam,
l'accès du khalifat, par sa victoire de Merdj Rahat, près
de Damas, contre Dahak ibn Kais, lieutenant de l'usurpa-
teur de La Mecque. Envoyé par le khalife Abd-el-Melik
contre les révoltés de Koùfa, il rencontra à Mossoul ur.e
armée ennemie commandée par Ibrahim ibnMaHk Aschtar.
Il fut battu et tué par ce dernier, qui avait juré de ven-
ger la mort des descend«ints d'AU (685). G. Salmon.
OBAID Allah Abou Mohammed, surnommé Al Mculhy,
c.-à-d. Al-Madhy-billah, celui qui est conduit par Allah,
fondateur de la dynastie des Fâtimites, né en 88!2, mort
en 934. Ce nom de Madhy était donné par certains chiites
(V. les art. CniirES et Ismaéliens) à l'imam qui, dans
l'opinion de ces sectaires, devait être envoyé par Dieu
pour rétablir l'interprétation véritable du Coran et ap-
porter la solution des questions difficiles de l'islam. Obaid
Allah se disait le descendant d'Alî et de Fàtima, fille du
prophète (d'où le nom de Fâtimites), par Hosain, le mar-
tyr de Kerbela. Au reste, la plupart des auteurs musul-
mans ont mis en doute l'authenticité de la généalogie, que
ses descendants invoquèrent à l'appui de leurs prétentions.
Dès le règne d'El Moktafy, Obaid Allah commença sa pro-
pagande par l'envoi de daïs ou missionnaires, en Arabie,
en Egypte, en Syrie, dans le Maghreb. Dans ce dernier
pays, le dai Abou-Alîd- Allah Hasan Ibn Ahmed recruta de
nombreux adhérents et détruisit la dynastie des Aghla-
bites. Vers 908, sous le règne d'El Moktadir, il invita
Obaid Allah à passer en Afrique pour venir se mettre à
la tête des partisans qu'il y comptait. Obaid Allah tra-
versa la Syrie et l'Egypte, et parvint sain et Sauf jusqu'à
Sedjelmes, où il fut reconnu et arrêté sur l'ordre du gou-
verneur. Délivré peu de temps après par Abou- Abd-Allab,
il monta sur le trône à Rakkadaen 910, et ajouta au titre
de Ma(Z% celui d'Am/r-^/-MoMmmm, prince des croyants.
Abou-Abd-Allah avait pensé que le Madhy se conten-
terait d'une autorité spirituelle, et que lui-même conser-
verait entièrement la conduite des affaires temporelles. Il
ne tarda point à être déçu dans cette espérance. Obaid
Allah, en même temps qu'il faisait peser sur ses nouveaux
sujets une lourde inquisition, manifesta dès le début l'in-
tention d'exercer sans partage tous les pouvoirs de la
royauté; aussi, dès l'année 912, Abou-Abd-Allah se ré-
volta contre celui qu'il avait appelé. Il fut vaincu, mis à
mort, et les Berbères qu'il avait entraînés dans sa rébellion
furent durement châtiés. Puis Obaid Allah, pour aia»rmir
son autorité naissante et assurer l'avenir de ses descen-
dants, fonda la ville de Madhyya dans une forte position,
entre le golfe d'Hammama et Gabès, et eii fit sa capitale.
Il dirigea sans succès plusieurs expéditions contre
l'Egypte : la conquête de cette province était réservée â
l'un de ses successeurs. Il réussit mieux en Sicile. Son
général, Abou Saïd, mit habilement à profit les discordes
qui avaient éclaté dans ce pays entre Arabes et Ber-
bères, chassa le gouverneur abbaside, et installa des gar-
nisons à Païenne et à G^irgent. A la mort d'Obaid Allah,
l'île tout entière avait reconnu la suprématie spirituelle
et temporelle des Fâtimites. W. Marçâis.
BiBL. : QuATREMÈRE, Mémoire historique sur la dynastie
des Fâtiinites, dans Journ. as., 1836. — Wûstenfeld,
Geschichte der Fatiiniden-Chalifen^ 1881.
OBAMA. Ville maritime du Japon, île de Nipon, ken
et à 80 kil. S. de Fonkoui, dans la baie de Vakasa ;
20.000 hab.
OBAMBA ou MBAMBA. Peuple de l'Afrique occiden-
tale dans le Congo français. Son habitat est la rive droite
du haut Ogooué. Sa langue est le dialecte bantou.
OBAN. Ville d'Ecosse, comté d'Argyle, sur le lac
Linnhe; 4.946 hab. (en 1891). C'est le centre d'excur-
sions des touristes dans l'Ecosse occidentale.
OBANI (V. Bonny).
OBAZINE (V. AuBAziNEs).
OBBL Localité de la côte italienne des Somalis, à
5^^ 20' lat. N., près du Ras Aouad; résidence d'un petit
sultan local.
OBBOS. Peuplade du Soudan oriental égyptien habi-
tant la rive droite du haut Nil, au midi du poste de
Lado.
OBCHA. Riv. de Russie d'Europe, gouvernement de
Smolensk, afïl. de gauche de la Meja, bassin de la Dvina
occidentale. Direction S., puis N.-O., longueur 130 kil.,
largeur, en été, de 10 à 4() m. ; profondeur, par endroits,
jusqu'à 3 m. Elle est utilisée pendant le printemps pour le
transport de diverses marchandises de Bieli, principal
bourg situé sur ses rives. P. Lemosof.
OBCHTCHI Syrt. Dénomination donnée à un plateau
de faïble élévation, au S.-O. des monts Oural, englobé par-
tiellement par les provinces d'Oufa, Orenbourg et Samara,
et qui forme le partage des eaux entre les bassins du
Volga et de l'Oural. La région, qui n'est pas dépourvue de
pittoresque, tranche également l'aspect physique du pays.
Au N., le sol est couvert de vastes forêts et traversé par
de nombreux cours d'eauj le Sud n'est plus qu'un steppe
Importants gisements de*cuivre.
OBDORSK(iVosoi;a, Nosovoïgorod ; ostiak Polnowat-
wam; samoïède Saléchmm). Village de Sibérie, gouv.
de Tobolsk, cercle de Berezov, près du confluent du Po-
loui et de l'Obi ; le commerce s est déplacé au profit de
Touroukhansk. — On appelle Ohdorié la plaine sise entre
l'Obi, le golfe de l'Obi et les monts Oural, dénommés ici
Obdor. Elle est peuplée de 3.000 Ostiaks et de quelques
centaines de Samoïèdes.
OBÉDIENCE. Dans le régime monastique, on appelle
maison d'obédience celle où un religieux doit faire sa
demeure ordinaire, parce qu'il y est soumis aux ordres et
corrections de ses supérieurs. — En un sens spécial et
communément usité, le mot obédience désigne une or-
donnance du provincial ou d'un autre supérieur de l'ordre
permettant, à titre de faculté, ou enjoignant, en forme de
commandement, de sortir d'un monastère pour aller dans
un autre ou ailleurs. Le concile de Trente (Sess. XXV,
c. 4) défendit aux réguliers de s'éloigner de leur couvent,
même sous prétexte de se rendre auprès de leurs supé-
rieurs, s'ils n'étaient envoyés ou mandés par eux. Plu-
sieurs conciles avaient défendu aux religieux d'aller seuls
dans les villes ou de demeurer seuls dans les prieurés.
Néanmoins les anciens canonistes constataient, scandali-
sés, que rien n'était plus fréquent que de rencontrer des
169 —
OBEDIENCE - OBERDANK
religieux, même des ordres les plus austères, seuls et
qu'on savait bien n'être pas employés à visiter et confesser
les malades. Pour réprimer ces vagabondages, l'art. 109 du
cahier de la Chambre ecclésiastique des Etats généraux de
4614 porte que, si quelque religieux est trouvé seul, hors
de son monastère, sans son habit régulier et sans lettre
d'obédience ou viatique, il sera appréhendé et châtié comme
apostat. E.-H. Vollet.
Pays d'obédience (V. France ecclésiastique, t. XVII,
p. 4057).
Lettre d'obédience (V. Lettre, § Histoire reli-
gieuse).
OBÉISSANCE (V. Discipline).
Vœu d'obéissance (V. Vœu).
OBÈLE (du grec o6c).o$, broche). Signe critique en
forme de broche ou de raie transversale, employé fréquem-
ment dans les anciens manuscrits, principalement dans les
Hexaples d'Origène, pour indiquer une répétition, une
surabondance de mots ou une transposition. Origène dis-
tinguait par un astérisque les suppléments qu'il a ajoutés
au texte des Septante. Saint Jérôme dit que l'obèle se
trouvait seulement dans les endroits où quelque chose
avait été retouché des Septante comme superflu, et l'as-
térisque dans ceux où il manquait quelque chose. — On dis-
tingue : l'obèle ponctuée (-^ ou -7-) qui indique le doute
où Ton se trouve d'ôter ou de laisser le passage ainsi
marqué, l'obèle surmontée de deux points {■^) indiquant
une transposition, etc. \J astérisque (V. ce mot) est une
croix de saint André accompagnée de quatre points (>k<) .
OBÉLION (Anat.) (V. Crâne, t. XllI, p. 264). *"
OBÉLISQUE (Archit.). Motif architectural, spécial à
l'ancienne Egypte et consistant le plus souvent en un seul bloc
de granit, de grande hauteur par rapport aux dimensions
de sa base, di^essé sur un plan carré, taillé à quatre faces
légèrement pyramidales, terminé par une petite pyramide
dite pyramidion et couvert d'inscriptions en caractères
hiéroglyphiques. C'est à cause de cette forme élancée que
les Grecs ont donné aux obélisques leur nom qui, en grec,
signifie broche ou aiguille, dernier mot par lequel on dé-
signe aussi ce genre de monuments. Les obélisques étaient
généralement au nombre de deux, placés symétriquement
sur des piédestaux peu élevés, au-devant et à droite et à
gauche de la porte percée dans le pylône extérieur des
temples égyptiens ; ils avaient alors environ de 20 à 30 m.
de hauteur. L'obélisque de syénite rose, donné par Méhé-
met-Ali à la France, enlevé en 4834 de la façade du temple
de Louqsor (Haute-Egypte) et transporté à Paris, où il fut
dressé en 4836 sur la place de la Concorde par les soins
de l'ingénieur de la marine Lebas , mesure exactement
22«^,83 de hauteur et pèse environ 230.000 kilogr. M. P.
Pierret {Dict. d'archéol. égypt.) a donné la traduction du
texte couvrant une des faces de cet obélisque et rappelant
les formules protocolaires de Ramsès II, pharaon qui l'avait
fait ériger. Mais, à Louqsor, cet obélisque était, comme
celui lui faisant pendant, élevé sur un socle décoré sur deux
de ses faces de cynocéphales adorant le soleil et, sur les
deux autres, de représentations du dieu Nil faisant ses
offrandes à Ammon ; de plus, le pyramidion fruste et dé-
gradé qui le surmonte devait, d'après Hittorff {Précis sur
les pyramidions de bronze, etc. ; Paris, 4836, in-8, pL),
être recouvert d'une enveloppe métallique dorée. Peut-être
même l'obélisque lui-même était-il doré sur toutes ses faces,
ce qui aurait fait ressortir, en ton de granit sur une sur-
face brillante, les caractères hiéroglyphiques qui le décorent
et dont le fond a été soigneusement poli. On conçoit que,
privé de son compagnon et de la façade du temple au-devant
de laquelle il était élevé, l'obélisque de la place de la Con-
corde, semblant perdu dans un espace trop vaste, ne donne
qu'une idée bien incomplète de l'effet décoratif produit par
les obélisques égyptiens au xv® siècle avant notre ère. On
taillait aussi, et même dès la IV« dynastie, de petits obé-
lisques monolithes de grès ou de calcaire, mesurant de 4
à 4 m. de hauteur et que l'on plaçait dans les tombes, à
droite et à gauche de la porte de la chambre du défunt,
dont ces obélisques portaient gravés le nom et les titres. Il
ne faut pas négliger de remarquer que, dans les grands
obélisques comme ceux de Louqsor, les faces présentent une
faible convexité calculée de façon à ce que ces faces, par
le seul fait de l'acuité des arêtes, ne paraissent pas con-
caves, et il faut peut-être chercher, dans cette courbure
des faces des obélisques égyptiens, l'origine de la courbure
si longtemps discutée des lignes des temples grecs. Les
grands obélisques, malgré leur énorme poids, ont dû être
mis à leur place primitive seulement à l'aide de cordages
et de caissons de sable et, à voir les difficultés qu'ont éprou-
vées les ingénieurs des temps modernes à enlever ces mio-
numents d'Egypte et à les transporter en Europe pour les
dresser sur les places de quelques grandes villes, on ne saurait
trop admirer la patience et la grande entente déployées par
les milliers d'esclaves ou de fellahs qui les ont extraits des
carrières souvent lointaines et les ont amenés, puis élevés
devant la façade des temples. Au reste, cette coutume d'en-
lever les obélisques d'Egypte remonte à une assez haute an-
tiquité, car, d'après 0. Smith (Transactions de la So-
ciété d'arc fiéologie biblique), Assurbanipal, au vii^ siècle
avant notre ère, aurait rapporté à Ninive, et comme tro-
phées d'uMe expédition en Egypte, deux grands obéhsques
enlevés à Thèbes, de même que d'autres monuments de ce
genre ont été trouvés dans les ruines de plusieurs villes
anciennes. Rome ne compte pas moins de douze obélisques
qui y ont été amenés par les empereurs romains, et neuf
d'entre eux ont été relevés en leurs places actuelles à di-
verses époques : trois de 4586 à 4589 pai^ G. Fontana ;
deux en 4667 par le Bernin, et trois de 4786 à 4792 par
G. Antinori. Il y avait également à Constantinople trois obé-
lisques dont un fut transporté à Venise en 4546 ; un autre,
trouvé à Arles, fut placé sur un piédestal en 4675 ; il y en
avait un à Florence, etc. On emploie assez fréquemment,
dans les édifices modernes, les obélisques comme motifs,
d'amortissement et, dans la langue des arts, le mot obélis-
cal qualifie assez bien des membres d'architecture d'une
trop grande hauteur par rapport aux dimensions de leur
base. Enfin on appelle obélisque d'eau une pyramide dont
les faces sont formées de nappes d'eau tombant par étages
ou réduits et comme il en existe dans les jardins de Ver-
sailles. Charles Lucas.
OBER. Rivière de Prusse (V. Obra).
OBERALP. Route carrossable des Alpes suisses, mas-
sif du Saint-Gothard, établie de 4862 à 4864 (34 kil.
de long), mettant en rapport les cant. des Grisons et d'Uri,
de Dissentis à Andermatt. Le col où se trouve la limite
est à 2.046 m. Près de là, un petit lac, l'Oberalpsee, de
4 kil. 4/2 de longueur. En 4799, il y eut dans ces parages
un combat terrible où les Français battirent les Autri-
chiens.
OBERAMMERGAU. Com. de Bavière, prov. de Haute-
Bavière, sur l'Ammer, à 844 m. d'alt. ; 4.366 hab. Elle
est connue par ses représentations théâtrales populaires
mettant en scène la Passion du Christ. Elles ont lieu tou^
les dix ans (4890, 4900, etc.), en souvenir de la peste de
4634. Les acteurs sont au nombre de près de 500. La
mode s'en est engouée et, en 4889, on construisit près du
village un théâtre de 4.000 places.
BiBL. : Daisenberger, Obevcimmergau und seine Be-
xçôhner; Munich, 1890, 2" éd.
OBERBERGHEIM (Alsace) (V. Bergheim).
OBERBEUTHEN (Prusse) (V. Beuthen).
OBERDANK (Wilhelm)\ étudiant autrichien:, né à
Trieste, exécuté à Trieste le 22 déc. 4882. Affilié kVIta-
lia irredenta, il passa en Italie pour ne pas servir dans
l'armée autrichienne, revint à Trieste, lors d'un voyage
de l'empereur François-Joseph, y fut arrêté, le 46 sept.
4882, porteur de bombes Orsini, et condamné à mort par
un conseil de guerre. Sa mémoire est célébrée en ItaHe
par les irrédentistes comme celle d'un martyr.
OBERHALBSTEIN — OBERNAI
— no —
OBERHALBSTEIN. Vallée de Suisse, cant.' des Gri-
sons, arrosée par un affluent de l'Albula qu'on nomme
Rhin d'Oberhalbstein et formé par deux ruisseaux issus,
Fun du Julier, l'autre du Septimer, qui se joignent à
Stalla ou Bivio (4.776 m.), la plus haute des onze com-
munes de la vallée. Celle-ci forme la route d'accès du
Rhin vers les cols du Julier et du Septimer, fermée en
bas par une yéritable porte de rochers, le « Stein », et fort
pittoresque. Les habitants, au nombre de 2.500, sont
catholiques, sauf à Bivio, et de langue romanche : ils
appellent leur vallée Sui^ Seissa.
OBERHASLACH. Com. de Basse-Alsace, cercle et cant.
de Molsheim, sur la Hasel; 992 liab. (en 4895). Scie-
ries. Cascades. Quatre burgs ruinées, dont la plus célèbre
est Niedeck.
OBERHAUSEN. Ville de Bavière, prov. de Souabe, sur
la Wertach, au N.-O. d'Augsbourg dont c'est un lieu de
plaisance ; 6.454 hab. (en 4895).
OBERHAUSEN, Ville de Prusse, district de Diisseldorf,
à rO. d'Essen , dans le bassin houiller de la Ruhr ;
30.459 hab. (en 4895), dont un tiers protestant. Fondée
en 4845, ce n'était encore qu'un hameau en 4862. Im-
portant nœud de voies ferrées. Mines de houille. Grandes
usines à fer, acier, zinc ; atcHers de chemins de fer ; cons-
truction de chaudières. Verreries, porcelaine, produits
chimiques.
OBERKAMPF (Christophe-Philippe) , manufacturier fran-
çais, d'origine allemande, né à Weissenbach (Bavière) le
44 juin 4738, mort à Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise) le
4 oct. 4845. Fils d'un fabricant de toiles peintes, qui était
venu fonder à Aarau, en Suisse, un établissement assez
prospère et qui l'associa, tout jeune, à ses travaux, il se
rendit à Paris à dix-neuf ans et, deux ans plus tard, ne
disposant que d'un faible capital de 25 louis, il monta,
dans une modeste chaumière des bords de laBièvre, à Jouy,
l'une de nos premières fabriques àHndiennes (V. Impres-
sion, t. XX, p. 642). D'abord, il y fit et fut tout;
mais, grâce à son activité et aux perfectionnements qu'il
imagina, elle devint bientôt la plus importante, et, de nos
jours encore, il est considéré comme le véritable introduc-
teur de cette industrie dans notre pays. 11 jouit, du reste,
de son vivant, de la plus grande considération. Louis XVI
lui donna des lettres de noblesse, qui lui conféraient, du
même coup, la naturalisation ; en 4790, le conseil général
du département lui vota une statue, qu'il refusa, de même
que, dix ans plus tard, un siège de sénateur ; en 4806, le
jury de l'exposition lui décerna une médaille d'or, et, vers
le même temps, Napoléon P^' lui attacha sur la poitrine,
au cours d'une visite qu'il lui fit, sa propre croix. C'est
aussi à cette époque que le « seigneur de Jouy », comme
on l'appelait, fonda à Essonnes, près de Corbeil, notre pre-
mière filature de coton. L. S.
BiBL. : Notice histoynqiie sur Oherkampf, dans le Mémo-
rial universel de l'industrie^ t. III, p. 220.
OBERKAMPF (Emilie), dame Mollet (V, Mallet).
OBERKIRCH (Baronne de), auteur de mémoires, née
au château de Schweighausen, en Alsace, le 5 juin 4754,
morte en 4804. Elle fut, dès son enfance, liée d'amitié
avec la jeune princesse de Montbéhard, Sophie-Dorothée,
qui devint, sous le nom de Marie-Feodorowna, impératrice
de Russie par son mariage avec le grand-duc Paul, plus
tard Paul P^, fils et successeur de Catherine IL M'^® d'Ober-
kirch ne suivit point son amie on Russie, mais elle resta
jusqu'à sa mort en relation épistolaire avec l'impératrice
et l'accompagna au cours des deux voyages fameux qu'elle
fit en France avec son mari, le grand-duc Paul. Ses mé-
moires, écrits d'une plume alerte et piquante, sont pré-
cieux pour l'histoire de la principauté de Montbéliard et
de l'Alsace au xviii^ siècle ; ils peuvent être consultés avec
fruit sur l'état de la cour de France à la veille de la Révo-
lution. Beaulieu.
BiBL. : Baronne cI'Oberkirch. Mémoires, publiés par
le comte de Montbrison ; Paris, 1853, 2 vol. in-Î8.
OBERLAHNSTEIN. Ville de Prusse, district de Wies-
baden, au confluent de la Lahn et du Rhin ; 7.037 hab.
(en 4895). Mines de plomb argentifère. Sources d'acide
carbonique. Couleurs ; fonte ; machinés. EUe a gardé sa
vieille enceinte garnie de tours. Ancien château des élec-
teurs de Mayence, chapelle où fut déposé l'empereur Wen-
ceslas (20 août 4400). On a restauré à côté la burg de
Lahneck. Sur la rive droite de 4a Lahn, en face, est Nie-
derlahnstein. Oberlahnstein fut un domaine royal, cédé
en 900 à l'archevêché de Mayence, et reçut sa charte
urbaine en 4324.
OBERLAND (soit haut pays) . On désigne ordinairement
sous ce nom la partie du cant. de Berne (Suisse) qui est
située au pied des hautes Alpes. Elle comprend les dis-
tricts de Thun, du Haut et Bas-Simmenthal, de Gesse-
nay, de Frutigen, d'Interlaken et du Hasli, avec environ
95.000 hab. C'est une des contrées les plus pittoresques
et les plus visitées du monde entier.
OBERL^ENDER (Adolf), dessinateur allemand, né à
Ratisbonne le 4^^" août 4845. Elève de Piloty, il collabore
depuis 4863 à la revue humoristique et caricaturale, les
Fliegende Blœtter, dont il est devenu le plus remar-
quable artiste. Son dessin est simple, sans brutalité, la
caricature très spirituelle. Il réunit ses œuvres dans Ober-
lœnder- Album qui, de 4879 à 4894, comptait déjà 9 vol.
(Munich).
0 BERLIN. ViUedes Etats-Unis (Ohio); 4.376 hab.
(en 4890). Formée autour du collège Oberhn qui comp-
tait 70 professeurs et 4.462 étudiants, admis sans dis-
tinction de sexe ni de couleur.
0 BERLIN (Johann-Friedrich), philanthrope alsacien,
né à Strasbourg le 34 août 4740, mort au Ban-de-la-
Roche, en Alsace, le 4®^" juin 4826. Il fit ses études à
Strasbourg et devint, en 4767, pasteur au Ban-de-la-
Roche, où il devait passer toute sa vie. Cette commune
était l'une des plus misérables et des plus incultes des
Vosges. Oberlin en entreprit la transformation matérielle
et morale. En même temps qu'il se préoccupait de la cul-
ture des âmes avec un dévouement qui l'a fait appeler par
un de ses biographes « un saint de l'Eglise protestante »,
il fondait, l'un des premiers, une salle d'asile pour les
enfants, une caisse d'épargne et de prêt, un grenier d'abon-
dance, améliorait l'agriculture et installait le tissage du
colon. Il fit ainsi de sa paroisse un véritable modèle de
prospérité et de moralité. A son exemple se fondèrent,
po(ir la protection de l'enfance, un grand nombre d'asso-
ciations qui prirent son nom (Oberlinvereine).
Th. RUYSSEN.
BiBL. : François de Neufciiàteau, Rapport fait à la So-
ciété royale d'agricult. sur Vagricult. et la civilis. du Ban-
de-la-Roche, 1818.— Lutteroth, Vie d'Oberlin^ Paris, 1826;
trad. en allem. par Krafft; Strasbourg, 1826, et par Schu-
bert, Nuremberg, 1826, 2«éd., 1890. — Hilpert etStŒBER,
Vie et écrits d'Oberlin, trad. et éd. en allem. par Bur-
ckhart, Stuttgart, 1843 ; par Bodeman, i5id., 1855, 3« éd.,
1879, et par Spach, Strasbourg, 1864 ; édité en IVançais
paf Bernard, Paris, 1867.
OBERMÙLLNER (Adolf) , peintre paysagiste autrichien ,
né à Wels en 4833. Elève de Steinfeld et Zimmermann,
auteur de paysages alpestres et polaires : Obersee, Cha-
monix, Stilfser Joch, Ortler, Goldberggletscher (galerie
imp. de Vienne), Kœnigssee, etc.
OBERNAI (CunaEhenheimlOS,EhinhaimnS, en
allem. Oberehnheim). Ch.-l. de cant. de la Basse-Alsace,
arr. d'Erstein, sur l'Ehn, affluent de l'Ill, et le chem. de
fer de Saverne à Schlestadt, au pied du mont Sainte-
Odile ; 3.966 hab. ; progymnase j école normale {Lehrer-
seminar) ; tissage de coton, vins, carrières de chaux
hydraulique, antiquités gallo-romaines. A l'époque mérovin-
gienne, Obernai fut la villa regia du duc Adalric ou Etichon,
et, sek>n la légende, le lieu de naissance de sainte Odile.
Plus tard, les Hohenstaufen y construisirent un château
qui servit de résidence à plusieurs d'entre eux. Obernai,
entouré de murs dès 4260, fut élevé au rang de ville im-
périale, et, en 4330, affranchi par Louis de Bavière de
— ITl —
OBERNAl — OBESITE
toute juridiction étrangère. Après avoir résisté, en i44'4,
aux Armagnacs, la petite ville, pendant la guerre de Trente
ans, fut prise en 1622 par les troupes de Mansfeld, dix
ans plus tard par les Suédois et en 1836 par Bernard de
Weimar.
Monuments. — Des anciennes fortifications il subsiste
encore quelques murs et une tour du xiii® siècle. Hôtel de
ville commencé en 1642 en style gothique et restauré en
1525 par l'architecte Hans Jùnglingen style Renaissance,
avec les armes de la maison de Habsbourg et des peintures
du xvi^ et du xvii^ siècle ; dans la chapelle de l'hôpital,
peintures du xv® siècle, attribuées à tort à Hans Holbein;
belle fontaine de 1579 en style Renaissance ; près de
l'église paroissiale on trouve, encastrées dans un mur, de
curieuses sculptures provenant de l'ancienne église go-
thique du xv^ siècle, démolie en 1 867 . Obernai porte : parti
diapré de gueules et de sable, à un aigle d'or brochant
sur le tout. — Patrie de Gœsli, poète {Minnesœnger) du
XV® siècle ; de Thomas Murner, moine franciscain, poète
satirique (1475-1536) ; du général Becker (1770-1840)
et de l'abbé Freppel (1827-91). L. Will.
BiBL. : Ï.-Ph. Meyer, Oberehnlielm; Strasbourg, 1841. —
Gyss, les Vicissitudes du protestantisme à Obernai ;Stra^-
bourg, 1864. ~ Du môme, Hist. de la ville d'Obernai ; Stras-
bom^g, 1866. — Du même, Notice hist. sur l'Hôtel de Ville
d'Obernai. dans BitU. de ïa Soc. pou?' laçons, des mon. hist.,
2" série, II, pp. 25 et suiv. — Du même, Urkundliche Ge's-
chichte der Stadt Oberehnheim ; Obernai, 1894. — Maurice
ScHEFFER, A travers Obernai; Strasbourg, 1887. — R. Reuss.
l'Alsace au xvii« siècle; Paris, 1897, I, pp. 483-487.
OBERNDORF. Ville de Wurttemberg, cercle de la
Forêt-Noire, sur le Neckar ; 4.067 hab. Grande manufac-
ture d'armes des Mauser, qui occupe 2.500 ouvriers.
Ruines de la burg de Weseneck. Possession autrichienne
jusqu'en 1805.
OBERNETTER (Johann-Baptist), chimiste allemand,
né à Munich le 31 mai 1840. Entré on 1860 dans l'ate-
lier d'Albert, il a contribué à plusieurs perfectionnements
de procédés photographiques : impressions photographiques
sur porcelaine, émail et verre; papier au coUodion; im-
pressions aux encres grasses avec sous-couche d'albumine
et de silicate de soude; photogravure sans retouche. 11 a
aussi travaillé aux plaques sèches, à la photographie des
couleurs et à l'orthochromie au moyen de l'éosine et de
Férythrosine.
OBERNKIRGHEN. Ville de Prusse, district de Cassel,
sur le flanc duBiickeberg; 3.282 hab. (en 1895). Vieille
église renfermant les toml3eaux de plusieurs comtes de
Schaumburg. Ancien couvent bénédictin. Mine de houille
(1.800 ouvriers) et grande verrerie (1.000 ouvriers).
0 B E R N Y l K (Karoly) , écrivain dramatique hongrois , né
en 1816, mort en 1855. Il fit ses études à Debreczcn et
devint précepteur dans la famille de son oncle Kolcsoy,
poète et orateur ; finalement professeur à Kecskemét. Il
remporta son premier succès par un drame intitulé tour
es Par (Noble et Serf), qui fut couronné par l'Académie
en 1843, et exprimait à merveille les idées ambiantes du
jour. Bientôt suivirent : rïïéritage (1844); TAméf (1846);
V Homme sans femme (1846); Mère et Rivale (1850) ;
Khelonis (1855), et son chef-d'œuvre, Georges Bran-
kovics, qu'on trouva dans ses manuscrits. Cette tragédie
historique s'est surtout maintenue grâce au génie de
l'acteur Egressy, le Talma magyar. Obernyik a égale-
ment écrit des nouvelles. C'est un disciple intelligent des au-
teurs dramatiques français dont l'influence a été si grande
en Hongrie depuis la fondation du Théâtre National de
Budapest (1837). Pathétique, souvent violent, exprimant
les tendances politiques à la veille de la Révolution, le
théâtre d'Obernyik a beaucoup perdu de sa valeur, mais
son Brankovics, d'otiErkel a tiré un opéra, est une œuvre
durable. J, Kont.
BiBL. : Œuvres complètes d'Obernyik Karoly, éditées par
Joseph Ferenczy en 4 vol. ; Budapest, 1879, avec une bonne
introduction. — . Moravosik, dans Philologiai Kôzlôny ;
1889 — Joseph Bayer, A magyar dràmdirodatom tôr-
ténete (Hist. de la littérature dramatique hongroise) ; Bu-
dapest, 1897, vol. II.
OBERON (en français Albéron). Légendaire roi des
Elfes. Une légende du moyen âge mettait en scène un frère
enneiui de Mérovée, le sorcier Albéric, qui fit épouser à
son fils amé Valbert une princesse byzantine. Cette légende
se retrouve dans le poème à'Huon de Bordeaux (éd. par
Guessard de Grandmaison; Paris, 1860), où Albéric est
devenu le nain Albéron ou Aubéron, roi des génies; on
la trouve aussi dans le poème germanique à^Ortnit. C'est
d'après Huon qu'elle passa dans la littérature romanesque,
servit de thème à Chaucer, Spencer, Shakespeare [Songe
d'une nuit d'été) et enfin à Wieland qui consacra à Obe-
ron un poème épique (1780). Weber en fit un opéra d'après
un livret de Planche.
OBERSTDORF. Station alpestre de Bavière, district de
Souabe, aux sources de l'Uler ; 1.889 hab. (en 1890). Très
visitée l'été, elle a une chapelle qui est un lieu de pèleri-
nage; c'est aussi un centre d'élevage de la race bovine
d'Algau et d'exportation de beurre et fromages. Draps.
OBERTYN. Ville d'Autriche (Galicie), district d'Horo-
denka; 5.346 hab. (en 1890). Distillerie, marché de bes-
tiaux ; ancienne forteresse.
OBERWEStL. Ville de Prusse, district de Coblentz,
r. g. du Rhin; 2.666 hab. (en 1895). Ruines d'anciennes
fortifications (tour Rouge, tour du Bœuf, etc.). EgUse
gothique de 1312. Au-dessus, un rocher porte les ruines
de Schœnberg, burg détruite par les Français en 1689.
Ancienne viÙe libre impériale, cédée par l'empereur
Henri VII à l'archevêque de Trêves.
BiBL. : ViNG, Gesch. der Trechirgaues ; Leipzig, 1881,
OBÉSITÉ. Définition. — - L'obésité ou polysarcie ou
polyadipose ou lipomatose généralisée est constituée par
une accumulation de graisse dans l'organisme dépassant
notablement la normale. La graisse se dépose d'abord ^n
tous les points où il y a normalement du tissu adipeux,
notamment dans le tissu conjonctif sous-cutané, où elle
constitue un pannicule adipeux, puis dans le mésentère, le
grand épiploon, la capsule adipeuse des reins, le médias-
tin, le péricarde. Dans les degrés les plus intenses de
l'obésité, il se forme de la graisse môme dans les régions
qui n'en contiennent pas normalement, entre les faisceaux
musculaires et dans les divers viscères. Une faut d'ailleurs
pas confondre cette surcharge adipeuse des organes viscé-
raux, qui caractérise les stades extrêmes de l'obésité, avec
la dégénérescence graisseuse de ces mômes organes, qui
constitue un phénomène d'atrophie accompagnant d'ordi-
naire les cachexies. Il n'en est pas moins vrai que chez les
obèses les organes les plus essentiels à la vie, notamment
le cœur, sont comprimés, étouffés par l'envahissement
progressif du tissu adipeux. Le sang lui-même est altéré,
et, d'après les expériences de Ritter sur des oies soumises
à l'engraissement, il charrie des quantités beaucoup plus
considérables de graisse qu'à l'état n«rmal. Aussi les obèses
meurent-ils fréquemment d'asystolie et d'asphyxie car])o-
nique : les poumons, le cerveau, la rate sont souvent con-
gestionnés et gorgés d'un sang noir et difiluent. Les obèses
respirent mal ; ils ont de l'essoufflement, de l'oppression,
des palpitations.
Symptomatologie. — Il y a une infinité de degrés entre
l'embonpoint le plus aimable et cet état extrême d'engrais-
sement qui rend le sujet difforme et l'expose souvent à la
risée du vulgaire. Les obèses sont apathiques et rarement
capables d'un travail long et soutenu ; tout effort leur est
pénible, ils dorment dix, douze heures par jour, et leur
vie se passe en quelque sorte d'une façon végétative. Ils
sont, en général, de gros mangeurs ; Heysler rapporte l'his-
toire d'un Anglais polysarcique et mort à vingt-huit ans,
qui mangeait 18 livres de bœuf par jour. La soif est éga-
lement vive chez eux : la plupart sont grands buveurs de
bière, de cidre, d'eau. Leurs urines contiennent assez sou-
vent du sucre (V. Diabète), parfois de l'albumine. Les
fonctions génitales sont peu développées et les femmes
OBESITE -^ OBI
^ 172 -^
obèses sont en général stériles. L'obésité peut n'être que
partielle ; chez certaines femmes, les mamelles deviennent
énormes. D'autres fois, ce sont les fesses qui se dévelop-
pent outre mesure et qui rappellent la conformation par-
ticulière aux femmes boschimanes et connue sous le nom
de stéatopygie (V. ce mot). Les lipomes enfin, tantôt
uniques, tantôt multiples, peuvent être considérés comme
une obésité partielle.
Etiologie. — L'une des principales causes prédispo-
santes est l'hérédité ; le plus souvent, les enfants d'obèses
n'héritent que d'une prédisposition à la polysarcie ; dans
des cas bien plus rares, l'hypertrophie des tissus adipeux
est réellement congénitale et peut devenir une cause de
dystocie. Plus fréquemment, c'est immédiatement après la
naissance que cette obésité infantile se développe. Une
autre époque où la polysarcie apparaît de préférence est
l'âge de la puberté, surtout chez les jeunes filles. Enfin,
chez l'adulte, c'est ordinairement de vingt à trente ans
que débute l'obésité, et chez la femme vers l'époque de la
ménopause. On a dit que le sexe féminin avait une prédis-
position pour l'obésité. Nous pensons que c'est plutôt au
genre de vie plus sédentaire des femmes qu'il faut attri-
buer la fréquence plus grande de la polysarcie dans ce
sexe. L'influence du climat et de la race est également
problématique ; en pareil cas, il faut faire entrer en ligne
de compte, outre le genre de vie, l'influence de la mode,
qui porte les Orientaux et certains nègres à priser par-
dessus tout l'obésité chez la femme. Une i^elation plus
importante à noter est celle qui existe entre l'obésité et la
diathèse arthritique, et cela aussi bien en ce qui concerne
le tempérament de l'obèse lui-même que celui de ses
ascendants. Les principales causes occasionnelles sont l'oi-
siveté, la vie sédentaire, une nourriture trop abondante,
la grossesse, la. cessation du flux menstruel, de même
qu'une menstruation peu abondante, enfin la castration.
Les aliments qui donnent le plus facilement naissance à
l'obésité sont les aUments gras et féculents. Une nourri-
ture exclusivement azotée ne produit l'engraissement que
si elle est très exagérée comme quantité.
Traitement. — Le traitement est d'abord une question
de régime ; on commencera par modérer la quantité des
aliments et celle des hquides absorbés. Cependant il ne
faut pas exagérer cette prescription ; on arriverait à tomber
au-dessous de la ration d'entretien et à provoquer des
phénomènes d'inanition graves. La base de la nourriture
sera la viande rôtie, saignante et bien dégraissée. On re-
jettera toutes les viandes grasses, notamment le porc et
l'oie grasse. On recommandera l'usage des légumes verts
et des fruits acides. On permettra les œufs, le lait bien
écrémé et comme boisson un verre d'eau et de vin à chaque
repas et surtout du vin plutôt jeune. La bière, les liqueurs,
les alcools sont formellement interdits. Si la soif est très
Aàve, on peut permettre une décoction de café noir très
léger ou du thé. D'ailleurs, une fois les malades habitués
à prendre une moins grande masse d'aliments, on voit en
général la soif ou polydipsie (V. ce mot) diminuer et
disparaître. Un second point important du traitement, mais
qui est parfois difficile à appliquer chez les sujets dont
l'obésité est extrême, est l'exercice : promenades au grand
air, gymnastique, canotage, natation, escrime, etc. Cette
méthode est basée sur ce fait que le muscle qui travaille
brûle non des matières azotées, mais des hydrocarbures,
de la graisse et des matières amylacées ; elle met donc à
profit les pertes que subit l'organisme par l'exercice mus-
culaire. Elle est aidée d'ailleurs par les sudations qui
accompagnent d'ordinaire tout travail chez les obèses.
Comme médications internes, la plus utile est, sans con-
testation, l'usage répété des purgatifs salins. L'iodure de
potassium est le type des médicaments dénutritifs ; il sera
prescrit de préférence sous forme d'eau de Bondonneau à
prendre avec le vin aux repas. Les alcalins seront donnés
lorsque l'obésité se compliquera de manifestations arthri-
tiques. Enfin on a préconisé récemment contre la poly-
sarcie les extraits de corps thyroïde ; cette médication, qui
n'a d'ailleurs pas encore fait ses preuves, pourrait donner
lieu à des phénomènes de dénutrition graves. D'ailleurs,
tous les médicaments que nous avons énumérés ne peuvent
agir que comme adjuvants du régime et de l'exercice, qui
sont les deux pierres angulaires du traitement de l'obé-
sité. D^ L. Laloy.
0 B L Petit groupe de onze îles de l'archipel des Moluques,
dépendant de la résidence deTernate; 1.900 kil. dont
1.500 pour l'île principale (Obi, Ombirah). Forêts de mus-
cadiers ; climat insalubre.
OBI ou OB ou OBI US. Fleuve de Sibérie, l'un des plus
vastes du globe. Il prend ses sources dans les monts Ahaï
(région de la Biéloukha, vers 50° lat. N., 85'^ long. E.)
par une série d'affluents secondaires, dont les principaux
sont la Bia et la Katomi; se jette dans le golfe de même
nom (mer de Kara, océan Glacial), après un parcours total
de plus de 5.000 kil. Direction générale N.-O.Les eaux de
rObi, ne rencontrant nul obstacle, s'épanchent librement à
droite et à gauche, se divisent en branches nombreuses,
entourant des îles, et forment, par endroits, de vastes lacs.
Le fleuve devient particulièrement puissant à la cinquième
partie de son cours, à 1.100 kil. environ de la mer, où il
reçoit à gauche l'Irtyche, cours d'eau égal en importance à
l'Obi, au point que les géographes hésitent parfois auquel
de ces deux cours d'eau il convient d'attribuer le titre de
fleuve principal. Les eaux de l'Obi sont partout troubles ; le
fond argileux. Sa largeur varie, dans son cours moyen,
suivant les saisons, de 1.000 à 2.000 m. La vitesse du
courant est de 1 à 2 nœuds à l'heure, la profondeur de
4 à 40 m. ; en beaucoup d'endroits, la profondeur est
plus considérable; en d'autres parties, elle est, par contre,
insignifiante. Les rives incessamment rongées sont cou-
vertes de forêts de cèdres, de pins, de mélèzes, de bou-
leaux. Sur tout son parcours, la rive droite est plus élevée
que la rive gauche; près de l'embouchure, la berge du
grand Obi domine les eaux de 60 m. environ; c'est une
vraie montagne revêtue de broussailles. Un peu avant son
entrée dans la mer, le fleuve se divise en deux branches
parallèles, le Grand Obi et le Petit Obi, séparées par un
espace de 30 à 40 kil. , mais unies entre elles par des bras
innombrables. Son entrée dans la mer se trouve déjà au delà
du cercle polaire (67*^ lat. N.) qu'il longe en partie après
un brusque retour à l'E. La superficie du bassin de l'Obi est
évaluée à près de 3 miUions de q. c. et off're à la navigat'on
un réseau d'une longueur déplus de 1.600 kil., malheureu-
sement inutilisable par la gelée durant la plus grande partie
de l'année. Sa profondeur permettrait pourtant la naviga-
tion aux plus grands navires. Comparé aux autres fleuves
de la Sibérie, le mouvement sur ce cours d'eau est assez
actif, mais limité au trafic intérieur. Le premier bateau à
vapeur fut lancé en 1844. Plusieurs tentatives furent faites
depuis pour pénétrer dans le fleuve par la mer de Kara.
(iuelques-unes échouèrent misérablement. En 1893, une
expédition scientifique fut organisée sous les ordres du co-
lonel Vilkitzky pour l'exploration des cours de l'Obi et du
Yenisseï. Avec beaucoup de précautions, les voyageurs
purent traverser la baie et remonter le fleuve jusqu'à To-
bolsk, sur l'Irtyche. Deux années plus tard, en 1897, une
flottille organisée par un groupe de négociants anglais réus-
sit à pénétrer en Sibérie par cette même voie. Le gouver-
nement russe encouragea ces essais en faisant des remises
de taxes de douanes. De nouvelles expéditions se préparent
actuellement dans le même but. D'autre part, les travaux
du chemin de fer transsibérien ne manqueront pas de don-
ner une impulsion nouveUe aux entreprises à tenter sur
les rives du grand fleuve. Au point de vue politique, le
bassin de l'Obi a une réeUe importance pour la Bussie ;
c'est par là qu'eUe a commencé la conquête de ses ter-
ritoh^es asiatiques. Les migrations de nombreuses familles
slaves du S.-E. de l'Europe ont pour but les régions par-
fois très fertiles du bassin de l'Obi. Les tribus aborigènes
des rives de l'Obi sont : les Tatars, les Ostiaks et les Sa-
473
OBÎ «- OBITUAIRE
moyèdes. Les villages sont assez nombreux dans la partie
supérieure du bassin et comptent chacun 700 à 800 bab.
A mesure qu'on s'avance dans le Nord, les habitations de-
viennent fort rares. Les villages, très disséminés, ne comptent
habituellement que 70 à 100 bab. La majeure partie des
habitants s'adonne à l'industrie de la pêche, tant dans l'Obi
que dans ses affluents : esturgeon, saumon (nelma), lotte,
éperlan, dauphin blanc.
L'Obi porte : chez les Tatars, les noms de Omar ou Ou-
mor; chez les Ostiaks, As, Yag ou Kolta; chez les gens
du Narym, Ema; chez les Samoyèdes, Kouay. Les princi-
paux affluents de l'Obi sont, ceux de gauche, en dehors de l'Ir-
tyche : le ïobol, la Chaya, le Yougan, la Sosva, la Voikara ;
de droite : la Choulym, le Tom, le Liamine, le Polouy. Les
communications d'une rive à l'autre se font encore sur toute
l'étendue du fleuve (sauf le pont du chemin de fer trans-
sibérien), au moyen de bacs. Aucune ville importante ne se
trouve encore sur les rives de ce grand fleuve.
La baie (en russe : Ohskaya gouba) , formant une pro-
fonde entaille dans la terre, est séparée de la mer de Kat a
par la longue presqu'île de Yalmal. A droite, une autre
échancrure, la baie du Taz, forme comme un puissant bras
de la baie principale. Les rives ont une étendue de près de
600 kil. chacune; sa profondeur est de 11 à 22 m. dans
la partie supérieure ; elle est moindre dans la partie infé-
rieure et près des côtes; sa largeur dépasse, dans la plus
grande étendue, 35 milles marins. Le fond est vaseux.
L'eau est douce et nourrit une quantité considérable de
poissons. Les premières informations sur cette vaste baie ne
datent que de l'année 1734. De nombreux naufrages y
eurent lieu par suite de l'absence complète d'instructions
nautiques. Des travaux hydrographiques furent entrepris
dans la baie pour la première fois en 1881 et continués en
1894-96 par l'expédition citée plus haut. Les rives, arides
et dépourvues de toute habitation humaine, offrent un spec-
tacle des plus désolés. La baie est prise de glace pendant
près de huit mois de l'année, sauf dejuillet à octobre. La partie
supérieure reste parfois congelée durant toute l'année.
P. Lemosof.
OBI DOS. Ville du Portugal, prov. d'Estremadura, à
7 kil. de la mer; 3.500 hab. Remparts mauresques, an-
cien château.
OBI DOS. Ville du Brésil, port amazonien de l'Etat
de Para, r. g. du fleuve, à mi-chemin entre Belem et
Manaos, ancienne capitainerie portugaise avec forteresse
du XVI® siècle. — A cet endroit, l'Amazone ne forme pas
d'iles et, resserré entre ses rives (1.800 m. de largeur
moyenne), il a 80 k dOO brasses de profondeur (courant
de 6 à 8 nœuds). La population, d'un millier d'iiab., tend
à diminuer: elle se porte vers les exploitations de caout-
chouc. Le commerce consiste dans l'exportation du cacao
récolté aux environs.
OBIER (Bot.) (V. Viorne).
OBIL Décoration instituée par Danilo P^ prince de
Monténégro, en l'honneur du général Meutenant du Gar
Lajar qui se couvrit de gloire à Rossow et dont le nom et
la bravoure sont restés légendaires dans les pays yugllo-
slaves. Elle est purement locale.
OBISIUM (ZooL). Genre d'Arachnides, de l'ordre des
Chernètes, type d'une famille différant surtout de celJe
des Cheliferides par les chélicères dépourvues de galea à
leur article mobile et par les pattes manquant du petit
article appelé trochantin. Le céphalothorax des Obisium
est parallèle, tronqué en avant et dépourvu de stries, il
porte de chaque côté en avant deux yeux contigus ; leurs
téguments, lisses et généralement rougeâtres, sont garnis
de poils simples, jamais claviformes. Les Obisium habi^
tent dans les mousses et les détritus végétaux où on peut
les trouver toute l'année ; ils sont très agiles "et courent
facilement à reculons. Plusieurs espèces : 0. muscorum
Leach, Simoni, Simîis L. Koch, sont communes dans
les bois des environs de Paris. E. Simon.
OBIOU (Mont) (V. Isère, t. XX, p. 988).
OBIT, Obitus, anniversarium. Messe fondée, qu'on
dit pour un défunt tous les ans, au jour de sa mort. Il est
di\ aux fabriques, pour les obits, comme pour tous les
autres services rehgieux fondés dans les églises, des droits
qui sont réglés par le tarif diocésain {Décision ministé-
rielle du 10 nov. i853). En France, le plus ancien obit
était celui de Childebert, fondé en l'abbaye de Saint-Ger-
main des Prés, à Paris. Les obits étaient parfois accom-
pagnés d'aumônes : argent, pain, sel, etc. Il y avait à
Notre-Dame de Paris un obit appelé salé, parce qu'on y
distribuait du sel.
OBITUAIRE. On appelle obituaires ou nécrologes
des registres, en forme de calendriers, où les commu-
nautés rehgieuses du moyen âge inscrivaient les noms de
leurs membres, confrères, associés spirituels ou bienfai-
teurs, pour l'âme desquels elles étaient tenues de réciter
des prières. Les noms qui servaient à désigner ces livres
étaient en latin obituarius, liber obitumn, et quelquefois
martyrologium, necrologium, calendarium, liber de-
functorum. Les obituaires n'apparaissent qu'au ix^ siècle.
Le plus ancien obituaire français est celui de Saint-Ger-
main-des-Prés compilé par d'Usuar entre 858 et 869 et
que l'on ne doit pas confondre avec le martyrologe pro-
prement dit du même auteur. Toute église, abbaye, prieuré,
chapitre de cathédrale, communauté de chanoines régu-
liers ou même simple paroisse pouvait avoir son obituaire.
Il semble que primitivement, après la disparition de l'usage
d'écrire les noms des défunts sur des diptyques d'ivoire
qu'on posait sur l'autel et dont on lisait les listes au canon
de la messe, on se soit d'abord servi des martyrologes
pour y inscrire, dans les espaces laissés en blanc, les noms
des défunts recommandés aux prières des fidèles. C'est
ainsi qu'un obituaire de la cathédrale d'Auxerre, conservé
à la Bibliothèque nationale, à Paris, sous le n^ 894 des
manuscrits latins, n'est autre chose qu'un martyrologe
écrit au x^ siècle et interpolé jusqu'au xii^ siècle. Les
manuscrits obituaires contiennent d'ordinaire un martyro-
loge, celui d'Adon ou celui d'Usuard, puis une règle qui
varie suivant l'éghsc, la règle de Saint-Benoît ou celle de
Saint-Augustin à laquelle on joignait les constitutions du
concile d'Aix-la-Chapelle de 816, quelquefois la règle dite
de Saint-Isidore, plus rarement celle de Saint-Basile ou
celle de Saint-Gérôme, enfin l'obituaire proprement dit.
L' obituaire se présente sous la forme d'un calendrier per-
pétuel ; en face de chaque jour l'on inscrivait les noms
des défunts dont on devait célébrer l'anniversaire ou aux-
quels on se contentait d'appliquer le bénéfice des prières
récitées par la communauté pour le repos des âmes. Les
obituaires étaient tenus au courant ; l'on ajoutait les noms
des défunts au fur et à mesure des décès. Les plus an-
ciennes formules d'inscription sont très simples ; le nom
du défunt est précédé du mot obitus : obitus Guillelmi,
ou du mot obiit : obiit Guillelmus. On trouve encore
depositio, commemoralio, anniversariiim talis. Le nom
du mort est suivi de sa qualité. Au cours des temps, les
mentions s'amplifièrent ; on rappela les bienfaits du défunt
envers l'église, les objets d'orfèvrerie et les livres qu'il
avait donnés, ses constructions, ses fondations pieuses, ses
legs en terres ou en argent, les constitutions de rentes
qu'il avait faites et même les conditions, le temps et le
lieu de leur perception, etc. Rarement on mentionnait
l'année de la mort ; cet usage toutefois, qui apparaît au
xiii^ siècle, lendit à se propager au xiv® siècle. L'obit d'un
personnage n'est pas toujours mar(|ué au jour anniversaire
de sa mort. En effet, certains défunts ayant droit à un
office spécial, il arrivait ou bien que son anniversaire coïn-
cidait avec l'une des grandes fêtes de l'année, à date fixe,
jour auquel on ne pouvait célébrer un office funèbre, ou
qu'un même jour comprît plus de messes commémoratives
que le nombre de prêtres de la communauté ne perm?ttait
d'en dire ; dans ces deux cas, on inscrivait l'obit à un
jour différent de celui de sa mort, autant que possible la
veille. Quand l'anniversaire se rencontrait avec un dimanche
OBITUAIRE -- OBJECTIF — 474 —
ou une fête solennelle mobile, on le célébrait aussi la veilk.
Mais, d'une façon générale, l'obit est inscrit au jour anni-
versaire de la mort. Aussi les renseignements que les his-
toriens peuvent tirer des obituaires sont surtout chrono-
logiques, permettant de fixer avec précision la date de
décès d'un personnage. Par exemple, soit un Guillaume,
abbé d'un monastère quelconque, inscrit au 5 juil. dans
un obituaire, si d'autres documents établissent qu'il vivait
encore le 7 oct. 1254, mais qu'en mars 1253 il avait déjà
un successeur, nous conclurons qu'il mourut le 5 juil. 1252.
Autre exemple : « Si l'on consulte les historiens du .
XIII® siècle, écrit M. Molinier, on remarque qu'ils placent
la mort de Philippe III dit le Hardi à des jours différents
du 15 sept, au 15 oct. 1285. La question a son impor-
tance... ; si l'on arrive à prouver que le roi de France
mourut à Perpignan, c.-à-d. au commencement d'oct. 1285,
on détruit une légende rapportée par Muntaner. Or parmi
les chroniqueurs contemporains, quelques-uns... disent
que Philippe mouinjt à Perpignan le 5 oct. 1285, c.-à-d.
le III des nones de ce mois ; cette date est également
fournie par plusieurs obituaires. Nous en citerons seule-
ment deux, celui de la cathédrale de Narbonne (on sait
que dans cette éghse fut inhumée une partie du corps du
roi) et celui des Trinitaires de Fontainebleau ; plus que
tous les autres, ces religieux, chapelains ordinaires des rois
durant le séjour de ces princes au château, devaient être
bien renseignés » (A. MoHnier). Ce qu'on a dijt plus haut
des mentions, qui, surtout à partir du xii® siècle, accom-
pagnent le nom du défunt, indique assez de quel genre
sont les autres renseignements fournis par les obituaires.
Il convient de distinguer des obituaires les livres d'an-
niversaires où sont énumérés et déterminés les offices
anniversaires dus par une église et les livres de dÂstri-
butions où sont énumérées les fondations pieuses faites en
faveur d'une égUse, les charges à acquitter par elle et les
distributions à faire sur les rentes léguées.
M. A. Molinier a dressé le catalogue des obituaires ma-
nuscrits des églises de France et la liste de ceux qui ont
été imprimés. L'académie des inscriptions et belles-lettres
a confié au même savant la rédaction d'un recueil général
des obituaires français, dont le premier volume, compre-
nant l'ancien diocèse de Paris, est sous presse. Pour les
obituaires des pays allemands, on en trouvera une biblio-
graphie dans le Deutschlands Geschichtsquellen de Wat-
tenbach (4® éd., t. II, p. 379). La commission dés Monu-
menta Germaniœ historica a entrepris la publication des
principaux nécrologes allemands. Le premier volume (Ber-
lin, 1888, in-4) est intitulé Necrologia Germaniœ. Diœ-
ceses xiugustensis, Constantiensis, Cmnensis ; il est dû
à M. L. Baumann. Sur les obituaires autrichiens, on con-
sultera la Bibliothèque de VEcole des chartes (année
1878, pp. 489 et 490) et des articles de MM. Friess et
Budik dans Archiv fur œsterreichische Geschichte (t.XLVI
et LXV). Une bibliographie sommaire des nécrologes ita-
liens a été donnée par M. Novati dans son édition de l'obi-
tuaire de Crémone, Archivio storico lombardo (années
1876. et 1880); on consultera en outre le livre de Gio-
vine, Kalendaria vetera manuscripta aliaque monu-
menta ecclesiarum Apuliœ et Japigiœ. M. Prou.
BiBL. : Auguste Molinier, les Obituaires français au
moyen âge; Paris, 1890, in-S.
OBJ AT. Com. du dép. de la Corrèze, arr. de Brive,
cant. d'Ayen; 1.772 hab.
OBJECTIF. I. Philosophie. — Objectif signifie litté-
ralement ce qui appartient à Vobjei (V. ce mot) et
s'oppose à subjectif qui -désigne tout attribut propre au
sujet (V. Subjectif et Sujet). Le langage philosophique
courant, indépendamment de toute théorie spéciale, recon-
nail un caractère objectif à toute réahté que l'esprit affirme
comme extérieure à lui-même, comme indépendante, et
investie d'une valeur propre. Le sens commun attribue l'ob-
jectivité à la matière et à ses qualités, à l'existence des
esprits et des vivants ; le savant, aux lois générales qui
lient les phénomènes. Mais le mot objectif est très loin
d'être resté conforme, dans l'histoire des doctrines philo-
sophiques, à cette acceptionréaliste. Laplus simple réflexion
amène l'esprit à se rendre compte qu'il ne connaît pas les
choses en elles-mêmes, mais simplement les représenta-
tions, images ou idées plus ou moins déformées qu'il s'en
fait. Les êtres ou qualités auxquelles nous accordons l'ob-
jectivité ne sont encore que des états subjectifs. Aussi Des-
cartes désignait-il par réalité objecrtive, non pas les objets
extérieurs, mais l'idée même considérée comme un objet
interne sur lequel se fixe l'attention. C'est le caractère re-
présentatif des idées. Pour Kant, le mot objectif prend un
sens tout autre, très spécial encore, quoique plus voisin
du sens ordinaire. L'objectivité de la connaissance est cons-
tituée non pas par une accommodation tout empirique, et
par suite contingente, de la pensée et de l'objet, mais par
l'application des catégories, ou formes à priori de l'en-
tendenient, au divers de l'intuition. Toute connaissance dé-
rive, il est vrai, de l'expérience, mais l'expérience même
n'est possible qu'autant qu'elle est soumise à l'action uni-
fiante des catégories. Or, cette unification même suppose
que le sujet, saisissant son unité dans l'acte du « je pense »,
s'oppose, par cet acte même, au multiple qu'il coordonne. Il
en résulte que le cogito, ou « aperception transcendantale »
du sujet par lui-même, est la condition de la valeur ol)-
jective des catégories, c.-à-d. de toute objectivité. Ce carac-
tère est nécessairement valable pour tous les esprits, et
Kant a pu, dans les Prolégomènes, définir l'objectivité :
la nécessité et l'universalité d'une proposition. Il en ré-
sulte cette conséquence d'apparence paradoxale qie l'objec-
tivité dépend chez Kant des conditions subjectives de la
connaissance et que les objets, que la raison dogmatique pré-
tend découvrir derrière les phénomènes, n'ont qu'une valeur
limitative (Grenzbegriffe) et nullement objective. .Seule,
la raison pratique rend à la croyance le droit d'affirmer la
réalité objective de l'âme, de Dieu et de la liberté. Plus
récemment, M. Benouvier a modifié le sens kantien du mot
objectif, et désigne par ce terme le caractère de la repré-
sentation considérée par le sujet « à titre d'objet ». L'ob-
jectivité n'est plus dès lors qu'un point de vue admis par
le sujet quand il s'oppose à ses propres représentations.
Th. RUYSSEN.
^ IL Grammaire. — • Ce mot en terme de grammaire
s'oppose à subjectif comme objet s'oppose à sujet. Le
sujet étant l'être dont l'action émane, l'objet est celui qui
la subit. C'est ainsi que quelques grammairiens ont em-
ployé l'expression aujourd'hui abandonnée de voix objec-
tive pour désigner la voix passive, qui est la forme que
prend le verbe quand le sujet subit l'action. De même on
dit quelquefois cas objectif pour désigner le cas auquel
se met le complément direct. On distingue parmi les dif-
férents emplois du génitif celui du génitif objectif sevYmt
à désigner la personne ou la chose qui est l'objet de ce
que signifie le substantif complété : indagatio veri, la
recherche du vrai, amor Dei, l'amour de Dieu, c.-à-d.
l'amour dont Dieu est l'objet, etc.
m. Physique. — On désigne par objectif, en physique,
une lentille ou un système de lentilles capable de donner
une image d'un objet déterminé ; la plupart des instru-
ments d'optique se composent de deux systèmes : l'un, l'ob-
jectif, donnant une image des objets, et l'autre, l'oculaire,
placé près de l'œil, et avec lequel on regarde l'image fournie
par l'objectif: tels sont, par exemple, le microscope et la
lunette astronomique. En photographie, le système op-
tique est réduit à l'objectif.
Les objectifs sont de natures très différentes : lorsqu'ils
font partie d'appareils destinés à regarder des objets éloi-
gnés, les lentilles qui les composent ont des diamètres con-
sidérables qui peuvent atteindre 0^^,60 et plus dans les
grandes lunettes astronomiques. Leurs rayons de cour-
bures sont aussi très grands, plusieurs mètres ; leur dis-
tance focale est donc considérable. En effet, la grandeur de
l'image qu'ils fournissent est indépendante de la distance
— 475 -.
OBJECTIF
des objets très éloignés que l'on regarde , mais elle est
proportionnelle à la distance focale de l'objectif, de là la
nécessité pour avoir de grandes images d'employer les len-
tilles à grandes distances focales, c,-à-d. à grands rayons
de courbures. Comme il faut, en outre, que ces images soient
le plus éclairées possible, l'objectif doit être de surface aussi
grande que possible. Ce qui limite les dimensions qu'on
leur donne, ce sont les difficultés pratiques que l'on ren-
contre dans la fabrication de grandes lentilles bien homo-
gènes; aussi ne peut-on pas dépasser un certain dia-
mètre. D'autre part, à mesure que l'on prend des rayons
de courbures plus grands,' la longueur des lunettes aug-
mente et, par suite, leur montage et leur entraînement
régulier par un mouvement d'horlogerie, quand on les em-
ploie pour suivre les astres, deviennent plus difficiles.
Dans les appareils destinés à regarder au contraire des
objets ti^ès rapprochés, comme les microscopes, la grandeur
de l'image fournie par les objectifs dépend à la fois de la
distance focale de ceux-ci et de la distance de l'objet que
l'on peut, dans ce cas, faire variera volonté. En plaçant les
objets suffisamment près du foyer de l'objectif, on aurait
théoriquement une image aussi grande qu'on le voudrait ;
il suffirait pour cela d'employer des microscopes suffisam-
ment longs, mais pratiquement on ne peut dépasser une
certaine longueur, parce que, lorsque l'objet est trop près du
foyer, les plus petites différences dans la distance de l'ob-
jet au foyer se traduisent par des changements considé-
rables dans la distancé de l'image à la lentille, de sorte
que l'oeil ne verrait nettement que les points situés dans
une tranche extrêmement mince de l'objet. Il n'y a donc
pas, dans la pratique, intérêt à dépasser une certaine lon-
gueur ; mais on peut encore augmenter la grandeur de
l'image en diminuant la distance focale de l'objectif ;
on n'est arrêté que car les difficultés que l'on rencontre
pour travailler régulièrement les très petites lentilles. De-
puis quelque temps, en employant des verres très réfrin-
gents, on a pu augmenter encore le pouvoir grossissant
des objectifs.
Outre cette qualité de fournir des images très grossies,
on demande aux objectifs de les donner aussi exactes que
possible : les images des lignes droites doivent être droites,
les contours des objets ne doivent pas être irisés sur leurs
bords ; c'est ce que l'on exprime en disant que l'aberra-
tion de sphéricité (¥. Aberration) doit être nulle et l'achro-
matisme aussi parfait que possible (V. Achromatisme).
Objectifs photographiques. — Xes objectifs photogra-
phiques doivent posséder un certain nombre de qualités ;
quelques-unes sont contradictoires, de sorte qu'elles ne
peuvent être réunies dans le même appareil, mais, comme
elles importent plus ou moins selon le but qu'on se pro-
pose^ on en réalise l'une ou l'autre dans des objectifs spé-
ciaux.
Le champ des objectifs^ c.~à-d. la portion de l'espace
dans laquelle doit se trouver un point pour être vu dans
l'appareil, est toujours un cône dont le sommet est au
centre optique de l'objectif; on l'évalue en indiquant en
degrés l'angle au sommet de ce cône. Pour qu'une plaque
photographique de dimensions a et b et par conséquent de
diagonale ^ a^-hb'^ puisse être couverte par un objectif
de distance focale/', il faut et il suffit que la tangente tri-
gonométrique de la moitié de l'angle du cône soit supé-
\fa^+b'
avec un objectif ayant une distance focale de 12 centim., on
veut couvrir la dimension quart de plaque («= 9, è=: 12),
le rapport considéré devient ^ ; or l'angle qui a pour tan-
gente trigonométrique ce rapport est 32<^. Le champ de
l'objectif doit donc être de 64<^. Les objectifs doivent être
exempts de distorsion ; en présence de Hgnes droites et pa-
rallèles, ils doivent donner des images également droites
et parallèles. Ils doivent être, de plus, dépourvus à'astig-
rieure ou au moins égale à ,
Si, par exemple,
matisme. On constatera ces qualités dans un objectif en
s'en servant pour photographier des lignes tracées en da-
mier sur une grande feuille de carton : les lignes devront
être sur la photographie bien droites et parallèles et en
outre également nettes. Pour faire cette épreuve, il est in-
dispensable que la feuille de carton et le cliché soient ri-
goureusement parallèle^. Les objectifs doivent, déplus, être
aplanétiques : les rayons centraux et marginaux des ob-
jectifs doivent avoir sensiblement môme foyer. Les objec-
tifs doivent être en outre achromatiques, c.-à-d. que les
lignes gui forment les contours des objets ne doivent pas
être irisées, ni au centre de l'image, ni sur les bords ; il
faut de plus qu'ils soient achromatisés pour les rayons chi-
miques, c.-à-d. que les rayons violets et ultra-violets aient
leurs foyers au même point que les rayons les plus bril-
lants (jaunes). Leur surface focale doit être sensible-
ment plane, c.-à-d. que le lieu géométrique de tous les
foyers situés sur les axes secondaires doit être sensible-
ment plan. Toutes ces conditions ne peuvent être satis-
faites avec une rigueur mathématique, mais il suffit qu'elles
le soient suffisamment pour que l'œil, dont la justesse et
la sensibilité sont limitées, ne s'en aperçoive pas. En par-
ticulier, l'image d'un point n'est pas rigoureusement un
point, mais on admet que, si cette image est un petit cercle
de diamètre de 0'^^'^\2, l'image est suffisamment nette si
elle doit être regardée à l'œil nu ; pour être regardée à la
loupe, on reporte la limite à 0"^"\1. Grâce à cette tolé-
rance de l'œil, les objets situés à des distances diverses de
l'objectif peuvent paraître fournir des images également
nettes. On appelle profondeur de foyer le déplacement
que l'on peut imprimer à la glace dépolie d'un appareil
sans que l'image d'un point lumineux cesse d'être nette,
c.-à-d. sans que sa dimension dépasse la limite tolérée,
0mm ^1^ Cette profondeur, pour un point situé à l'infini, est
égale à 0,2 X -7 ; dans cette formule, festla distance fo-
cale principale et d le diamètre à' ouverture utile de l'ob-
jectif (V. un peu plus loin la détermination de cette cons-
tante). Pour un point situé à une distance jo de l'objectif,
cette profondeur est 0,2 -4 -/- . Il est bon qu'un objectif
ait une profondeur de foyer notable, la mise au point est
alors plus facile. On w^^eWe profondeur du champ le dé-
placement suivant l'axe optique de l'objectif que l'on peut
imprimer à un point sans que son image atteigne un dia,-
mètre supérieur à 0"^°^,1. Avec les mêmes notations que
précédemment, la profondeur du champ, pour un point si-
tué à une distance p.est 0,2^ //■ • ^^ appelle souvent
distance hyperfocale d'un objectif la distance à laquelle
un point lumineux doit se trouver d'un objectif pour que
son image sur une glace dépolie, placée au foyer, ait un
diamètre inférieur à 0^™,2. Cette distance est donnée par
la formule ---ç.. Ainsi un objectif ayant pour diamètre utile
30 millim. et pour foyer 100 millim. aura pour distance
. „ , 30 XlOO ,„ ^„„ ,, ^
hyperfocale — jr-^ z=i Ib.OOO ou 15 m. Pour un pa-
reil objectif tous les objets placés à plus de 15 m. seraient
nets, l'appareil étant, une fois pour toutes, réglé pour l'in-
fini. On peut aussi se poser le problème suivant : avec un
objectif d'ouverture utile de 20 millim., quelle distance fo-
cale doit-on employer pour que tous les objets soient nets
à partir de 4 m.? On aurait alors l'équation
20 X^
'= 4.000,
0,2
d'où l'on tire x = 40 millim. Les profondeurs de foyer et
de champ étant, comme le montrent les formules citées
pilus haut, inversement proportionnelles kd, et cette quan-
tité étant proportionnelle au diamètre du diaphragme em-
ployé, il en résulte que ces profondeurs sont inversement
OBJECTIF
_ 176
proportionnelles à ce diamètre ; la distance hyperfocalc est
au contraire proportionnelle à ce diamètre. Au point de
vue de la clarté, les objectifs doivent avoir la plus grande
clarté possible et, en outre, éclairer d'une façon uniforme
les divers points de la plaque sensible. D'après la défini-
tion du Congrès international de photographie de 1888,1a
clarté d'un objectif est le rapport entre l'éclat de l'image
qu'il donne d'un objet situé à l'infini, sur l'axe principal,
et celui de l'image que donnerait du même objet un ob-
jectif pris comme unité. Si l'on fait abstraction de la lu-
mière perdue par réflexion à la surface des verres et par
absorption, la clarté est proportionnelle à l'ouverture utile
et en raison inverse de la distance focale principale ; mais
la portion de lumière réfléchie et absorbée n'est nullement
négligeable, elle peut dépasser 20 ^jo de la lumière to-
tale. Enfin l'objectif ne doit pas laisser arriver sur la
plaque de rayons étrangers aux objets : pour éviter les ré-
flexions intérieures, on a soin de noircir les objectifs en de-
dans ; il faut aussi pour la même raison que les lentilles
de l'objectif soient absolument propres ; un léger dépôt de
poussière sur la face antérieure de la première lentille peut
produire un voile manifeste sur la plaque, surtout dans
les photographies faites à contre-jour.
Divers types d'objectifs. On peut les diviser en objec-
tifs simples, objectifs doubles et triplets. Les verres em-
ployés pour leur construction sont des flintet des crown.
Depuis quelques années, on a fabriqué des verres nouveaux
dont les indices de réfraction et la dispersion ont beau-
coup augmenté le nombre de combinaisons possibles. Les
objectifs simples se composent d'une ou plusieurs len-
tilles accolées. On a employé d'abord une simple lentille
plan-convexe, sur la surface plane de laquelle on plaçf.it
le diaphragme, puis un ménisque convergent, la face con-
cave étant tournée vers l'objet avec un diaphragme situé
en avant, à une distance égale au d/5 de la distance [->-
cale. On a perfectionné ces appareils en prenant des verres
achromatisés formés, par exemple, par l'ensemble d'unflint
plan-concave et d'un crown biconvexe ou par juxta-
position d'un flint biconcave et d'un crown biconvexe, en
plaçant toujours en avant la surface la moins convexe.
Vn objectif simple plus moderne consiste en un ménisque
convergent en crown associé à un ménisque divergent en
flint ; le diamètre des lentilles et la distance du diaphragme
représentent 4/5 de la distance focale. Son ouverture a pour
diamètre r^. L'objectif simple grand angulaire deDall-
meifer se compose de 3 verres : un ménisque divergent
en flint, compris entre deux ménisques convergents en crown;
le diaphragme est situé en avant, à une distance égale au
diamètre des lentilles ; la distorsion est légère et la clarté
plus grande que dans les objectifs précédents ; le champ
est d'environ 90*^. V objectif grand angulaire pour vues
(Landscape, 1886) est formé aussi de 3 lentilles analogues
aux précédentes, de courbure un peu diff'érente ; le
champ n'est plus que de 50**, mais la clarté est deux ff is
plus grande et permet de faire des instantanés : on peut
aussi rapprocher des objectifs simples un objectif rectili-
néaire pour vues, formé d'une première lentille composée
d'un ménisque divergent en flint et d'un ménisque conver-
gent en crow^n, et à une très petite distance se trouve un
ménisque convergent en crow^n ; le diaphragme d'une ou-
f . ,
verture -^ est situé en avant à une distance un peu plus
grande que le diamètre des lentilles, le champ est d'envi-
ron 50" ; cet objectif, qui peut servir de transition entre
les simples et les doubles, est mieux corrigé de l'astigma-
tisme et de la distorsion que les premiers. Les objectifs
simples, les seuls employés au début, ont été abandonnés
ensuite; mais on y est revenu depuis peu, pour certains
usages. Leurs défauts sont les suivants : ils présentent des
aberrations de sphéricité et des distorsions notables, leur
surface focale n'est pas très plane ; ils sont peu clairs et
par suite peu rapides à cause de la petite ouverture des
diaphragmes qu'il est nécessaire d'employer ; ils ne peu-
vent donc servir pour les photographies instantanées et
pour les reproductions, mais pour les paysages ils donnent
beaucoup de finesse et une meilleure répartition de la lu-
mière entre les premiers plans et les lointains. Les objectifs
doubles se composent de deux systèmes de lentilles formées
elles-mêmes de deux ou plusieurs verres. Tantôt ces deux
systèmes sont identiques et disposés symétriquement, tanttU
ils sontdifl*érents. Le nombre des combinaisons adoptées est
très considérable ; les nouveaux verres allemands, les verres
français de M. Mantois, etc., ont permis de varier beaucoup
plus qu'autrefois ces combinaisons. Parmi les objectifs déjà
anciens, nous citerons le rectilinéaire rapide de Dallmeyer
(1866), Faplanat du D^' Steinheil (1866). Chacun des deux
systèmes de lentilles est formé d'un ménisque divergent en
flint et d'un ménisque convergent en crown (ou en flint lourd
dans Faplanat) ; les surfaces convexes de ces deux systèmes
sont tournées vers l'extérieur. Comme variantes de ces sys-
tèmes, on peut citer les aplanétiques rapides de Berthiot,
les rectilinéaires rapides de Français, les aplanats rapides
d'Hermagis, les euryscopes de Voigtlânder, etc. En rap-
prochant les deux systèmes de lentilles et en augmentant
leur courbure on a obtenu des champs plus considérables :
tels sont l'aplanat pour paysages et Faplanat grand angu-
laire pour vues du D^ Steinheil. Citons encore parmi les
objectifs de ce genre les objectifs grands angulaires de
Martin, panoramique de Prazmowski, lepantoscopedeBusch
et le périgraphique de Berthiot dont les champs sont voi-
sins de 100". Dans les objectifs symétriques pour portraits,
au contraire, on écarte les deux systèmes de verre et on
diminue les courbures ; le champ est moins grand et peut
descendre à 30", et moins profond, mais la rapidité est
augmentée. Les objectifs les plus récents faits avec des
verres nouveaux, à base de baryte principalement, sont
ceux qui constituent les diverses séries de ZeissetdeGoerz
qui comprennent des champs variant entre 70 et 105", puis
Faplanastigmat de Fleury-Hermagis, le planigraphe de la
maison Darlot, etc. Parmi les objectifs doubles non symé-
triques se trouvent les rectilinéaires grand angle de Dall-
meyer, les doublets de Boss, Fantiplanat pour groupes de
Steinheil, formé de deux systèmes très différents ayant sé-
parément des aberrations très notables de sphéricité et de
réfrangibilité, mais se compensant d'une façon satisfai-
sante. Les eury graphes de Lacour sont aussi des objectifs
dissymétriques.
Parmi les triplets, objectifs formés de trois groupes de
lentilles, on peut citer Fantiplanat pour portraits de Stein-
heil ; il est formé d'un crown biconvexe collé à un flint
biconcave, puis d'un flint biconcaxe et enfin d'un crown
biconvexe; le champ est faible, mais la rapidité est grande.
Le triplet de Dallmeyer sert principalement pour la repro-
duction de cartes et de monuments ou pour faire des
agrandissements ; il se compose de trois lentilles doubles :
la première, de diamètre moyen, formée d'un crown bicon-
vexe et d'un flint biconcave ; la seconde, qui est la plus pe-
tite, d'un flint biconvexe et d'un crown biconcave ; et la
troisième, qui est la plus grande, d'un flint biconcave et
d'un crown biconvexe.
Détermination des constantes d'un objectif, La dis-
tance focale principale absolue, c.-à-d.. la distance du
))oint nodal d'émergence au foyer principal postérieur, se
détermine en visant d'abord un objet très éloigné, et met-
tant au point sur la glace dépolie dont on note la position,
puis on vise une circonférence tracée sur une feuille de pa-
})ier et l'on déplace cette feuille jusqu'à ce que son image
nette sur le ven^e dépoli ait un diamètre égal au sien ; il
a fallu pour cela reculer la glace dépolie d'une longueur
justement égale à la distance cherchée. On peut aussi la
déterminer à l'aide du tourniquet du commandant Moëssard
fondé sur les propriétés des points nodaux des objectifs :
les points nodaux sont des points tels que, si un rayon lu-
mineux, avant de pénétrer dans l'objectif, se dirige vers le
_17T --
OBJECTIF
point nodal trincidence, il en ressort suivant une direc-
tion émanée du point nodal d'émergence ; ces deux points
jouent un rôle analogue à celui du centre optique ,dans la
théorie élémentaire des lentilles. C'est à partir de ces
points que l'on compte respectivement les distances j;, p'
111
et f qui figurent dans la formule -4- — = «t:. Le tourni-
quet se compose d'une boîte en Lois sans fond ni couvercle
AA (fig. 1), qui contient intérieurement une planchette BB
qui peut se mouvoir parallèlement à elle-même à l'aide d'une
vis non représentée sur la figure. C'est sur cette planchette
que l'on adapte l'objectif (jue l'on étudie. Cette boîte peut
tourner autour d'un axe vertical creux ; cet axe 00 tra-
verse une boîte CC qui est percée de deux grandes ouver-
tures pour laisser passer les rayons lumineux qui traver-
sent l'objectif ; en arrière de cette boîte se trouve un soufflet
qui relie la partie précédente à un cadre DD, où se trouve
une glace dépolie que l'on regarde avec une loupe L ; on
avance plus ou moins ce cadre à l'aide d'une crémaillère
et du bouton V, et l'on mesure ces déplacements le long
d'une règle graduée dont le zéro correspond au centre de
Taxe 0. De même le haut de cet axe est muni d'une ma-
nette M qui se déplace devant un cercle divisé. Pour me-
surer la distance focale d'un objectif, on dispose celui-ci
Fig. 1.
de façon que son axe géométrique rencontre Taxe 0; puis,
l'appareil étant tourné vers des objets quelconques, on met
au point leur image sur la glace dépolie et, tournant la ma-
nette M, on regarde si l'image se déplace. Si elle ne se dé-
place pas, c'est que Taxe 00 rencontre l'axe géométrique
0
QA^,QL/L,ele.posià'0fts successives de la, mcuiêîSè
Fig. 2.
de l'objectif juste au point nodal d'émergence. Mais si
l'image se déplace dans le même sens que la manette, c'est
que le point nodal est en arrière de l'axe 00 ; si elle se
déplace au contraire en sens inverse de celui de la ma-
nette, c'est que le point nodal est en avant ; on modifie
alors la position de la planchette BB jusqu'à ce que l'on
obtienne l'immobilité de l'image malgré la rotation de
Taxe ; on met alors au point de nouveau avec la vis V et
le nombre lu sur la règle graduée donne immédiatement
la distance focale cherchée. Pour marquer sur l'objectif la
GR.\NDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV,
position du point nodal d'émergence, on introduit dans
l'intérieur de l'axe 0 un poinçon portant comme marque
un <^ dont le sommet est juste au centre de l'axe ; un
coup très léger permet de marquer ainsi la position du
point nodal. En retournant ensuite l'objectif, on détermine
de même la position de l'autre point nodal.
Mesure du diamètre d'ouverture utile. Ce diamètre
varie avec le diaphragme employé. Pour le déterminer,
on met le plus grand diaphragme ; on met au point sur
l'infini, puis on remplace la glace par un écran en carton
percé d'un petit trou que l'on expose à une lumière vive,
tandis que le reste de l'appareil est dans l'obscurité ; on
voit alors un cercle lumineux à la surface antérieure de
Tobjectif, on mesure son diamètre avec un compas : c'est
le diamètre cherché. Il n'est pas nécessaire de recommen-
cer cette mesure pour les divers diaphragmes, il suffit de
multiplier le diamètre trouvé par les rapports respectifs
des diamètres des divers autres diaphragmes au diamètre
de celui qui a servi à l'expérience. La profondeur de foyer,
qui est inversement proportionnelle à ce diamètre d utile,
f
se détermine par la formule 0,2-,. De même la profon-
deur du champ peut être calculée à l'aide de d et de f et
des formules données plus haut.
Etude de la surface focale principale. Cette étude se
fait avec le tourniquet : sur une feuille de papier on trace
une série de rayons faisant entre eux des angles de 10^
par exemple, puis, l'objectif étant placé sur la planchette
du tourniquet et la manette étant à la division 0*^, on met
au point un objet très éloigné ; on mesure la distance fo-
cale et Ton porte la longueur trouvée sur l'une des lignes
tracées sur le papier ; on déplace ensuite la manette de
10^, et on met de nouveau au point ; la longueur trouvée
est ensuite portée sur la droite qui fait avec la première
un angle de 10° et ainsi desuite ; en joignantpar une courbe
régulière les divers points a^, «g, % ainsi tracés (fig. 2)
sur le papier, on obtient une courbe qui est la méridienne de
la surface focale cherchée. Cette surface focale variant avec
le diamètre du diaphragme, on peut faire cette détermina-
tion pour ces divers diaphragmes, ou au moins pour le plus
grand et le plus petit.
Etude du volume focal. A l'aide du tourniquet on vise
un objet très éloigné présentant des détails ayant 1/10 de
millim. sur la glace dépolie. On donne à la manette une
certaine direction, on met au point comme pour l'étude de
la surface focale et on lit la division du vernier, ce qui
donne un point de cette surface, puis on déplace le verre
dépoli jusqu'à ce que le détail de 1/10 de millim. ne soit
plus visible et on lit de nouveau la position du vernier.
On a un nouveau point qui représente, suivant la direction
de la manette, la profondeur du foyer ; en recommençant
ainsi pour diverses directions de la manette, on a deux sé-
ries de points qui représentent : l'une, la méridienne de la
surface focale, %, a^... a,^\ l'autre, la méridienne limitant
la profondeur du foyer, b^, h-^... b^; le volume focal est
compris entre les surfaces correspondant à ces deux méri-
diennes.
Mesure du champ. Le champ de visibilité se déter-
mine facilement à l'aide du tourniquet en notant l'angle
compris entre les positions extrêmes qu'on peut donner à
la manette sans cesser d'apercevoir une image ; le champ
de netteté, qui ne comprend que les points pour lesquels
la netteté est parfaite, se déduit facilement des deux mé-
ridiennes du volume focal. Au sommet de la courbe de sur-
face focale principale on mène une tangente qui rencontre
l'autre méridienne en deux points BB (fig. 2) dont la dis-
tance représente le diamètre du champ.
Clarté. La clarté normale d'un objectif se mesure en le
f
munissant d'un diaphragme d'ouverture -j^. Pour compa-
rer la clarté de deux objectifs on place au foyer princi-
pal de chacun d'eux une plaque sensible recouverte d'un
12
OBJECTIF — OBJET
— 178 —
sensitomètre de Warnerke; c'est un ensemble de cases
numérotées de 4 à 25 et recouvertes chacune d'un noml)re
égal au numéro qu'elles portent de couches de gélatine
teintée avec du noir de fumée. On développe ensuite les
, plaques. Tous les numéros du sensitomètre n'apparaissent
pas; si n^ et n^ sont les deux nombres les plus grands lus
C
sur leschchés ; le rapport des deux clartés ~ est donne
Essai d'un objectif. L'essai d'un objectif cojuporte la
détermination des constantes précédentes et la vérification
d'un certain nombre de conditions.
Centrage. On s'aperçoit qu'un objectif est mal centré,
c.-à-d. que les centres de ses diverses courbures ne sont
pas sur une même droite en cherchant à déterminer la po-
sition du point nodal d'émergence à. l'aide du tourniquet ;
on ne peut pas, dans ce cas, arriver à trouver un point tel
que l'image soit immobile quand on tourne la manette. A
l'aide du même instrument on peut contrôler le travail
des surfaces en déterminant et marquant les points no-
daux dans diverses sections longitudinales des objectifs,
chaque série de points nodaux doit former une circonfé-
rence parfaite perpendiculaire à Taxe de l'objectif. La
position des diaphragmes est correcte quand le champ
de visibilité ne change pas avec les différents diaphragmes.
Pour vérifier V achromatisme on vise une série de secteurs
numérotés et placés perpendiculairement sur un même axe,
mais à des distances variables et disposés en éventail, de
façon à ne pas se masquer les uns les autres ; l'axe est di-
rigé vers l'objectif et on met au point sur le secteur 5 par
exemple ; on expose une plaque et on développe ; si c'est
le chiffre 5 qui sur la photographie se trouve le plus net,
c'est que le foyer des rayons chimiques correspond bien au
foyer des rayons lumineux qui servent pour la mise au
point. Pour vérifier Vaplanétisme, on fait deux photogra-
phies : l'une en mettant au point, mais en masquant la par-
tie centrale de l'objectif; l'autre sans changer la mise
au point, mais en masquant la partie marginale ; sil'apla-
nétisme est bon, les deux images développées doivent être
également nettes. On vérifie l'absence de tache centrale
en dirigeant l'appareil sur le ciel et exposant une plaque
sensible qui ne doit pas présenter de tache centrale au dé-
veloppement. V astigmatisme et la distorsion s'étudient
en photographiant un réseau à mailles carrées de lignes
d'épaisseur égale ; l'image obtenue doit être formée aussi
de lignes droites de même intensité. A. Joanais.
OBJET. I. Philosophie. — Pour le sens commun,
un objet est un tout concret, matériel, présenté par l'ex-
périence sensible. A ce point de vue, les objets se dis-
tinguent, en s'opp osant les uns aux autres, suivant les
régions de l'espace qu'ils occupent. Le langage philoso-
phique courant supprime cette distinction purement spa-
tiale et y substitue la distinction logique du moi, de l'esprit,
du sujet (V. ce mot) qui connaît ou qui agit et de Vohjet
de cette connaissance ou de cette action.
Au point de vue de la connaissance, Platon avait reconnu
déjà que la connaissance sensible est due à la coopération de
l'esprit et des choses. Cependant, la distinction de l'objet
du sujet est essentiellement moderne et prend, selon les
théories, une signification très variable. Pour le réalisme,
l'objet de la connaissance n'est autre chose que la matière
avec ses qualités sensibles, premières ou secondes. Lephé-
noménisme le ramène aux impressions, aux états du moi.
L'idéalisme de Malebranche et de Berkeley arrive à sup-
primer toute réalité en dehors des esprits, et l'objet véritable
de la connaissance est Dieu manifesté par son action sur
l'intellect et sur les sens. Le criticisme de Kant a singu-
lièrement compliqué ce dualisme de l'objet et du sujet en
distinguant radicalement, au moyen de deux mots, deux
sens du mot objet que la langue française traduit malheu-
reusement par le même mot: Gegenstand etObject. Au
premier sens, l'objet {Gegenstand) est le donné offert à
la sensibihté et à l'entendement, c'est le divers de l'intui-
tion, le phénomène auquel l'esprit applique ses formes à
priori ; ainsi unifié par le sujet, le phénomène devient objet
au second sens {Object) ; et le jugement qui opère cette ré-
duction du divers à l'intuition prend une valeur objective.
Quant à l'objet dont le réalisme affirme l'existence derrière
le phénomène, Kant n'y voit qu'un X irreprésentable. La
raison n'atteint pas d'objets au delà du monde de l'expé-
rience et ne peut que concevoir des idées, des noumènes
vides de réalité. — L'idéahsme issu du kantisme devait
logiquement dépasser ce point de vue et nier l'opposition
fondamentale de l'objet et du sujet. Le moi, suivant Fichte,
pose le 'non-moi en même temps qu'il se pose lui-même.
Chez Hegel, l'esprit et les choses dérivent également de l'idée
qui les contient virtuellement. Pour Schopenhauer, l'objet
n'est qu'une représentation, une illusion du sujet.
Au point de vue de l'action, l'objet, dans les doctrines
eudémonistes ou utilitaires, détermine la valeur de l'acte
moral. A cette conception, Kant oppose l'autonomie de la
bonne volonté. Dédaignant de considérer la matière delà
moralité, il n'en retient que la forme et demande au su-
jet seul de s'ériger en législateur de l'acte moral. De cette
conception il déduit logiquement l'objet qui servira de ma-
tière à l'impératif catégorique, à savoir la dignité même de
la personne morale. Th. Ruyssen.
II. Droit civil. — Tout contrat, toute obligation a
un objet : relativement au contrat, c'est le droit que les
parties veulent créer en contractant ; relativement à l'obli-
gation, c'est la chose ou le fait auquel ce droit s'applique.
Le code civil confond du reste l'objet du contrat avec
l'objet de l'obligation et, dans son art. 1126, il nous fait
connaître que cet objet peut consister en une chose ou en un
fait. Si l'obligation a pour objet une chose, il faut que cette
chose rempMsse trois conditions essentielles : 1^ Elle doit
être in rerum natura, c.-à-d. existante. Ainsi la vente
d'une bête de trait morte la veille est nulle (art. lôOl).
2« Elle doit être dans le commerce (art. 1128). Parmi
les choses qui sont hors du commerce, les unes le sont par
nature, tels l'air, la mer, etc., d'autres par destination,
comme faisant partie du domaine public, tels les fleuves,
les places fortes, les routes nationales, etc., d'autres enfin
par des considérations d'ordre public, telles certaines
armes et certaines substances, dont la vente est prohibée,
et telles aussi les successions futures. En ce qui concerne
ces dernières, l'art. 1130, qui permet, en principe, de
prendre comme objet d'une obligation une chose future,
une récolte à venir, par exemple, interdit, au contraire,
de la façon la plus expresse, toute renonciation ou toute
autre espèce de stipulation . ayant pour objet une suc-
cession non ouverte, « même avec le consentement de
celui de la succession duquel il s'agit » |(V. Succession).
o« Elle doit être déterminée ou déterminable, au moins
quant à l'espèce (art. 1129). Il faut en effet que l'obli-
gation du débiteur soit sérieuse, et celui-ci ne pourrait
s'engager à livrer « un animal », « du blé », « du vin ».
Mais la convention serait vaiable si elle portait sur « un
cheval », sur « un hectolitre de blé», sur « une pièce de
vin», sans préciser davantage la qualité, et quitte ensuite,
au cas de contestation, à rechercher la commune intention
des parties. Le simple usage ou la simple possession d'une
chose peut être d'ailleurs, comme la propriété même de
la chose, l'objet d'un contrat (art. 1127). Si, maintenant,
l'obligation a pour objet un fait (obligation de faire ou de
ne pas faire telle ou telle chose), il faut que ce fait rem-
plisse, lui aussi, sous peine d'inexistence du contrat et de
l'obligation, trois conditions : 1*^ Il doit être possible. La
promesse d'un fait impossible ne saurait en effet obliger
le débiteur ; mais il faut naturellement qu'il s'agisse d'une
impossibilité absolue, générale, car l'impossibilité qui ne
serait relative qu'à ce débiteur l'obligerait à des dom-
mages et intérêts. 2« Il doit être utile au stipulant. Pas
d'intérêt, pas d'action. 3^ Il doit être licite, car les faits
contraires à l'ordre public ou aux bonnes moeurs sont lé-
179
OBJET — OBLAT
gaiement ou moralement impossibles. Si la chose ou le
fait ne réunit pas les diverses conditions qui précèdent,
le contrat et l'obligation se trouvent sans objet ; ils ne
sont pas seulement nuls : ils sont inexistants (V. Con-
vention). Il en est de même pour les sociétés. Art. 1833 :
« Toute société doit avoir un objet licite et être contractée
pour l'intérêt commun des parties. Chaque associé doit y
apporter ou de l'argent, ou d'autres biens, ou son in-
dustrie. »
III. Administration. — Objets trouvés. — On a vu
à Fart. Epave, t. XVI, p. 18, que l'inventeur d'un objet
perdu doit, s'il ne veut s'exposer à être poursuivi pour vol,
en faire le dépôt entre les mains de l'autorité publique,
et qu'aucune disposition légale ne réglant la matière, il
ne devient propriétaire de l'objet, s'il n'est pas réclamé,
que par l'effet de la prescription, c.-à-d. après une pos-
session de trois ans. A Paris, le dépôt doit être effectué,
dans les vingt-quatre heures chez le commissaire de police
du quartier si l'objet a été ramassé sur la voie publique,
dans un théâtre, un magasin, etc. ; il est de là envoyé à la Pré-
fecture de police, où sont portés directement, dans les qua-
rante-huit heures, les objets trouvés dans les voitures pu-
bliques et oii tout est ainsi centralisé. Après un an et un
jour et si son propriétaire ne l'a pas réclamé, l'objet est remis,
sur sa demande, à l'inventeur, auquel il en a été donné
reçu et qui, ainsi qu'il a été dit plus haut, en devient,
deux ans après, définitivement propriétaire. Sur 64.177
objets déposés en 1897 à la Préfecture de police, 24.436
ont été réclamés par leurs propriétaires, 25.856 ont été
rendus à ceux qui les avaient déposés ; les autres, que
personne n'avait retirés, ont été vendus aux enchères.
OBLADE (IchtyoL). Genre de Poissons Téléostéens, de
l'ordre des Âcanthoptérygiensperciformes, de la famille
des Sparidœ, créé pour une forme, VOblada melanura. Ce
Poisson a le corps oblong ; derrière les incisives se trou-
vent une rangée de très petites dents grenues, le dos est
de couleur jaunâtre, les flancs d'un gris argenté nuancé de
bleuâtre, et parcourus par des lignes longitudinales noi-
râtres ou d'un bleu foncé, le ventre est gris jaunâtre glacé
d'argent, une tache noire se montre sur l'opercule, la tète
est grisâtre à reilets dorés, la caudale est brune, les autres
nageoires d'un gris plus ou moins foncé. Cette forme est
spéciale à la Méditerranée. Sa chair n'est pas estimée.
BiBL. : Sauvage, dans Breha:, éd.. t'r.
OBLAT. Ce mot est employé avec des acceptions fort
diverses. A l'art. Conyeus, nous en avons indiqué la
première signification. — Anciennement, on appliquait
aussi ce nom à ceux qui donnaient à un monastère leur
personne et leurs biens. Quelques-uns même vouaient à
ce servage leurs enfants et leurs descendants. Ceux-ci
étaient dits donnés. On recevait les oblats en leur mettant
autour du cou les cordes des cloches de l'église. Ces serfs
par dévotion étaient distingués des frères convers, parce
qu'ils n'étaient point religieux, et ne portaient point l'ha-
bit, ou du moins ne portaient pas un habit semblable à
celui des religieux. On les distinguait aussi des serfs de
naissance et des valets. — Nos rois mettaient en chaque
abbaye ou prieuré de leur nomination un moine lai, appelé
oblat. Les rehgieux devaient lui donner une portion mo-
nacale ; ses fonctions étaient d'ouvrir les portes, de sonner
les cloches et de rendre des services analogues. Ces places
étaient ordinairement réservées à des soldats invahdes. Les
monastères qui ne voulaient point recevoir les oblaîs de-
vaient leur payer une pension, qui fut fixée à 60, puis à
100, enfin à 150 livres. Ces obligations et redevances furent
supprimées par la fondation de V Hôtel des Invalides à
Paris ; mais les abbayes et les prieurés conventuels à la
nomination du roi furent mis à contribution {Ari'êt du
Conseil, 7 juil. 1716) pour l'entretien de cet hôtel. — On
donne encore le nom à' oblats et d'oblates à des personnes ({ui
s'agrègent à des communautés religieuses, en leur faisant
donation de tous leurs biens. Ces personnes portent un
habit qui les distingue [des séculiers, ordinairement l'ha-
bit rehgieux avec quelques retranchements ; elles vivent
dans le couvent et prennent part aux exercices. La plupart
font des vœux simples. En certaines congrégations, notam-
ment chez les Olivetains, elles peuvent devenir profès ou
professes, en faisant des vœux solennels, après une pro-
bation plus ou moins longue. Dans l'ordre de Saint-Fran-
çois, les oblats sont chargés du maniement de l'argent, in-
terdit aux profès. Un décret de la Sacrée Congrégation des
Evêques et Réguliers (16 mai 1675) contient les principales
règles relatives à cette variélé de l'état monastique.
Enfin, ont été formées des Congrégations dont tous les
membres portent le nom d'OfiiATS : 1° Oblats de Saint-
Ambroise : Congrégation de prêtres fondée en 1578, par
saint Charles Borromée, archevêque de Milan (V. t. YII,
p. 445). Ces prêtres s'engageaient, par un vœu particulier,
à s'offrir à leur évêque et à se rendre partout où il esti-
merait leur action utile. Leur institut fut approuvé par
Grégoire XIII, qui lui accorda beaucoup de privilèges et
leur attribua les revenus de la congrégation des Humiliés,
récemment supprimée : les constitutions rédigées par saint
Charles Borromée pour les oblats de Saint-Ambroise ont
servi de modèle pour les congrégations analogues qui se
sont établies en divers diocèses. — 2^ Oblats de Marie
Immaculée: Congrégation de prêtres fondée en 1815, à
Aix en Provence, par Ch.-J. de Mazenod, approuvée par
lettre apostolique du 17 févr. 1828. OEuvre des missions
et des grands séminaires. La maison-mère, étabhe primi-
tivement à Marseille, a été transférée à Paris, où réside
le supérieur général ; procureur général à Rome. Maisons
en France, en Italie et en Angleterre ; établissements mis-
sionnaires dans toutes les parties du monde. En France,
12 maisons et 190 prêtres, d'après le recensement de 1861 .
— 3^ Oblals de la Vierge Marie : Congrégation de prêtres
fondée en 1816, pour la perfection de ses membres et celle
des fidèles ; elle pratique les exercices de Saint-Ignace,
fait l'éducation des aspirants à la prêtrise, envoie des pré-
dicateurs partout où ils sont appelés avec la permission
de l'Ordinaire, et répand les bons livres. La Sacrée Con-
grégation de la Propagande l'a chargée d'envoyer des mis-
sionnaires aux Indes et en Birmanie. Elle est dirigée par
un procureur-majeur, avec un procureur général. En l^'rance,
2 maisons, 46 prêtres (recensement de 1861). — 4^ Oblats
de Saint- Alphonse de Liguori i Congrégation de prêtres,
fondée par l'évêque de Bobbio et établie dans le célèbre
monastère de cette ville. Institut loué en 1839, par la Sacrée
Congrégation des Evêques et Réguliers. — 5^ Oblats de
Saint- François de Sales. Il importe de ne pas confondre
celte congrégation de prêtres avec la société des Mission-
naires d'Anneey ni avec celle des Salésiens de Turin.
Elle a été fondée par l'abbé Brisson, alors chapelain de la
Visitation de Troyes ; bénie par Pie IX et louée par décret
en déc. 1875 ; constitutiojiS approuvées par Léon XIII
(déc. 1887). L'inspiratrice de cette fondation fut la Mère
Marie de Sales Chappuis, morte en 1875, Objets ; Salut
des âmes conformément aux moyens employés par saint
François de Sales, éducation de la jeunesse, missions eh
pays hérétiques et inOdèles. Maison-mère à Troyes et, di-
vers établissements en Europe ; préfecture apostolique du
fleuve Orange (Afrique), mission de Rio Rambo (Equateur).
A cette congrégation de prêtres le même fondateur et la
même inspiratrice adjoignirent celle des religieuses Oblates
de Saint-François de Sales, qui a pour but de faire
pénétrer dans le monde, au moyen des pensionnats et des
œuvres, l'esprit de saint François de Sales. — 6*^ Oblals
de Saint- Hilaire : Congrégation de prêtres fondée en 1850,
par l'évêque de Poitiers, pour les missions et la direction
des séminaires du diocèse. Louée en 1855, par la Sacrée
Congrégation des Evêques et Réguliers. 5 maisons, 33 prêtres
en 1861 . — Les Missionnaires de Marie Immaculée por-
tent aussi dans leur nom le titre lï Oblats de Saint- Hilaire.
— En ce qui précède, nous avons relevé les nombres pré-
sentés par le recensement spécial de 1861, lesquels for-
ment un total de 19 maisons, ^89 oblats, mais ne pou-
OBLAT — OBLIGATION -^ 180.
vaient point comprendre les oblats'de Saint-François de
Sales, non institués alors. Les nombres indiqués en 4877,
à l'occasion des décrets relatifs aux congrégations d'hommes
non autorisées, sont: 21 maisons, 231 oblats.
Pour ce qui concerne les congrégations d'oblats et
d'oblates ne possédant pas de maisons en France, il con-
vient d'ajouter aux Oblats de Saint-Ambroise et aux
0()lats de Saint- Alphonse de Liguori la congrégation
des Oblats de Saint-Charles Borroniée, dits Oblats de
Westminster, fondée en 1856, par le cardinal Wiseman ;
les Oblats de Marie comprenant deux compagnies établies
à Viterbe (Italie), par sainte Hyacinthe, franciscaine morte
en 1640, pour les malades, les convalescents, les pauvres
honteux et les prisonniers ; les Oblates philippines^ ins-
tituées à Rome en 1620, sous la règle de Saint- Augustin ;
les Oblates de la lourdes Miivirs (V. Françoise [Sainte],
t. XVIII). E.-H. VOLLET.
Oblats de Saint-François de Sales (V. Missionnaire) .
BiBL. : André et Condis, Dictio7inaire de droit cano-
nique; Paris, 1888-90, 3 vol. in-8. — Glaire, Dictionnaire
universel des sciences ecclésicistiques ; Paris, 1867, 2 vol.
in-8.
OBLATE (Hist. relig.). On donnait ce nom aux pains
qui servaient à la célébration de la messe. Il y en avait de
deux sortes : les uns pour être consacrés, les autres pour
être distribués aux fidèles, comme aujourd'hui le pain
])énit.
OBLATION (Dr. canon) (V. Casuel, Dîme, Offrande et
Offertoire).
OBLATlONARlUWl.Se dit Siimi prothesis. C'était, dans
les anciennes basiliques chrétiennes, une absidiole latérale
réservée à la cérémonie du pain et du vin. Au moyen âge,
il y eut aussi dans les églises ou autour des églises des
tables d'offrande ou d'oblation, analogues par leur forme
à des autels, et sur lesquelles les fidèles déposaient leurs
offrandes.
OBLATORIUP/i (Archit.). On désignait sous ce nom, dans
la primitive église, une des absides latérales terminant les
basses nefs dans les basiliques affectées au culte, lorsque,
dans cette abside, avait lieu la bénédiction du pain et
du vin.
OBLIGATION. L Jurisprudence. — L'obligation
est un Ifen de droit en vertu duquel une personne est te-
nue de donner quelque chose ou d'accomplir un fait au
profit d'une autre personne. La première est le débiteur
et la seconde le créancier. En général, tout créancier a
une action en justice pour contraindre le débiteur à ac-
complir son obligation. Il existe cependant certaines obli-
gations, dites naturelles, qui ne sont pas sanctionnées
par des actions et ne produisent que certains effets civils.
Cela tient à ce qu'au point de vue du droit civil elles sont
entachées de quelque imperfection. Tels sont les engage-
ments des personnes incapables, les obligations résultant
de contrats ou actes soumis à des formahtés qui n'ont pas
été observées, comme les legs imposés aux héritiers par un
testament qui n'est pas valable en la forme. De même,
lorsqu'une dette civile est éteinte par la prescription, il
subsiste encore une obligation naturelle. Bien que le dé-
biteur ne puisse pas être contraint par action en justice à
acquitter une obhgation naturelle, cependant s'il la paie
volontairement, c.-à-d. sachant qu'il s'agit d'une obU-
gation naturelle, le paiement est valable et il n'y a pas
heu à répétition. Les obligations comportent encore beau-
coup d'autres modalités dont il suffira de relever les prin-
cipales. Ainsi elles sont pures et simples, lorsque le créan-
cier peut exiger immédiatement le paiement; à terme, si
ce paiement dépend d'un événement futur qui, d'ailleurs,
arrivera certainement; sous condition, si l'existence de
l'obligation elle-même dépend d'un événement futur et
incertain (V. Condition,' Terme). Certaines obligations sont
soUdaires, soit de la part des créanciers, soit de la paît
des débiteurs : c'est ce qui a lieu toutes les fois qu'il existe
plusieurs créanciers ou plusieurs débiteurs de la même
dette et que chacun des créanciers peut réclamer le tout.
comme chacun des débiteurs peut être actionné pour le
tout. Cette sohdarité résulte tantôt de la loi elle-même, tantôt
de la convention des parties (V. Solidarité) . Il y a encore un
autre cas ou plusieurs personnes étant tenues d'une même
dette, chacune d'elles peut être actionnée pour le tout : c'est
ce qui a lieu si l'objet sur lequel porte l'oWigation est indi-
visible (V. Indivisibilité). La sohdarité et l'indivisibilité sont
deux dérogations à la règle suivant laquelle toutes les fois
que plusieurs personnes sont tenues d'une même dette, cette
dette se répartit entre elles. Parfois une personne est tenue
d'une obligation qui porte sur plusieurs objets, mais de
telle sorte cependant qu'eUe sera libérée par le paiement
d'un seul de ces objets ; on dit alors que l'obHgation est
alternative et, à moins de convention contraire, le choix
parmi les objets dus appartient au débiteur. Il ne faut
pas confondre cette obligation alternative avec F obhgation
facultative. Dans ce second cas, un seul objet est dû au
Heu de plusieurs, mais le débiteur a la faculté de se libé-
rer en livrant une autre chose. En cas d'obligation alter-
native, si un des objets dus vient à périr par cas fortuit,
les autres n'en continuent pas moins à être encore dus,
tandis que dans F obhgation facultative, si le seul objet dû
vient à périr par cas fortuit, la dette est entièrement
éteinte. Il arrive parfois que les parties contractantes,
prévoyant le cas où le débiteur, par sa faute, n'accom-
plirait pas son obligation, fixent à l'avance le montant
des dommages-intérêts que ce débiteur devra payer au
créancier. On dit alors que F obhgation est contractée avec
clause pénale (V. Clause pénale, t. XI, p. 589). •
Les obligations naissent de quatre causes principales :
le contrat, le quasi-contrat, le délit, le quasi~d/lit
(V. ces mots). D'un autre côté, elles peuvent s'éteindre de
bien des manières : par le paiement, par la remise de
la dette, par la novation, par la confusion, par la
compensation (V. ces mots). De même, lorsque, par cas
fortuit, il devient impossible au débiteur d'accomplir son
obligation, on l'en tient quitte et la perte est ainsi supportée
par le créancier. D'un autre côté, toutes les fois qu'une
obligation est entachée de nullité, soit pour vice de forme,
soit pour incapacité de l'un des contractants, soit pour
vice du consentement de l'une ou de l'autre des parties,
l'action en nullité a aussi pour résultat d'entraîner l'ex-
tinction de l'obligation. Mais la lésion n'est pas en principe
une cause de rescision au profit des majeurs; ce sont
seulement les mineurs qui peuvent attaquer pour cause
de lésion et faire tomber les obligations qu'ils ont par
eux-mêmes contractées (V. Lésion). Par exemption, la
lésion est une cause de rescision entre majeurs dans deux
cas, celui de partage et celui de vente d'un immeuble. Tout
copartageant lésé de plus du quart peut demander la resci-
sion du partage (V. Partage), et tout vendeur d'un
immeuble lésé de plus des sept douzièmes peut demander
la rescision de la vente (V. Vente). E. Glasson.
IL Philosophie. — Obligation morale (V. Devoir,
t. XIV, p. 387).
ÎIÎ. Enseignement. — Obligation scolaire (V. En-
seignement, t. XV, p. 1143).
IV. Finances. — Lorsqu'une société a épuisé la por-
tion versée de son capital social et qu'elle a besoin de nou-
veaux fonds, elle se les procure, en général, au moyen
d'une émission d'obligations. C'est aussi dans cette forme
que les grandes villes contractent le plus souvent leurs
emprunts (V. ce mot). L'obligation, qui constitue avec
{[action et la rente (V. ces mots) l'une des trois catégo-
ries principales de valeurs mobilières (V. ce mot), dif-
fère essentiellement de l'action en ce qu'elle rapporte un
intérêt fixe et en ce qu'elle est remboursable dans des con-
ditions bien déterminées. Tandis que l'actionnaire est un
propriétaire et participe, à ce titre, aux risques aussi bien
qu'aux gains de l'entreprise, l'obhgataire est un créancier,
qui n'a jamais' droit, quelle que soit la prospérité de l'af-
faire, qu'au revenu convenu et au remboursement à
l'échéance fixée, mais qui est assuré de l'un et de l'autre,
— 484
OBLIGATION ~~ OBLIQUE
tant que la société ne sera pas devenue insolvable. Celle-ci
vient-elle à être déclarée en faillite, il sera intégralement
remboursé avant qu'aucun actionnaire ait pu to.ucher une
part quelconque de son apport, et si l'actit est insuffisant,
il concourra au marc le franc avec les autres créanciers.
Il arrive même parfois que la créance de certaines obliga-
tions est privilégiée par rapport à certaines autres ; il
existe alors, parmi les porteurs, divers degrés de garantie
et les obligataires privilégiés viennent, dans la répartition,
avant les créanciers qui n'ont pas eux-mêmes un privilège
d'un rang antérieur.
La différence entre les obligations et les rentes est
moins grande, car les unes et les autres produisent un
revenu fixe. Il n'en existe même, à proprement parler,
qu'entre les obligations et les rentes perpétuelles, les-
quelles ne sont pas remboursables; quant aux rentes
amortissables, ce sont, à tous égards, de véritables obli-
gations ; mais on réserve plus ordinairement la première
des deux dénominations aux fonds d'Etat.
Les principaux types d'obligations actuellement en usage
sont : les obligations remboursables à époque fixe, les
obligations remboursables par tirages au sort, les obliga-
tions à lots. Le porteur de Vobligation remboursable à
époque fixe a droit au remboursement à une époque dé-
terminée d'avance, soit que toutes les obligations d'un
même emprunt doivent être remboursées à une date
unique, soit qu'elles aient été fractionnées en plusieurs
séries venant à échéance à des dates successives. Ce type,
assez répandu aux Etats-Unis, est au contraire fort peu
usité en France. Il a l'inconvénient d'astreindre l'emprun-
teur au remboursement simultané d'une somme considé-
rable, ou, si. le remboursement est fractionné, de créer
autant de cours qu'il- y a d'échéances, chaque série de
titres ayant une valeur variable avec l'éloignement de son rem-
boursement. Vobligation remboursable par tiiriges au
sort est de beaucoup préférable. Avec l'aide des tables
à' ainortissement (V. ce mot), Femprunteur qui a décidé de
se libérer en un temps donné établit le nombre de titres
qu'il lui faudra rembourser successivement chaque année
pour que l'annuité (intérêt et amortissement) demeure
constante, et, au lieu de désigner d'avance les titres qui
composeront chacune de ces séries, il procède, le moment
' venu, à leur désignation, au moyen d'un tirage au sort.
De cette façon, les titres non encore remboursés ont tous,
à un moment quelconque, la même valeur, et il ne s'éta-
blit, pour tous, qu'un cours unique. Le remboursement a
lieu, en principe, au pair, c.-à-d. pour la somme qui est
portée sur le titre et qu'on appelle la valeur nominale.
Elle est presque toujours supérieure au prix cV émission
et la différence constitue la prime de remboursement.
En outre, dans le troisième type, dans les obligations à
lots, les premiers numéros désignés par le sort pour le
remboursement reçoivent une seconde prime, le lot. Ces
lots varient beaucoup et comme nombre et comme impor-
tance, le plus gros étant ordinairement de 400.000 ou
450.000 fr., les moindres de 4.000 fr. Ils équivalent à ;
un supplément d'intérêt, très aléatoire, il est vrai, et les
obligations qui en comportent ont une clientèle spéciale, ■
que l'appât d'un gros gain possible attire beaucoup plus
que le revenu lui-même, ce qui permet à l'emprunteur
d'émettre à des taux très avantageux. Toutefois, comme
de pareils emprunts constituent, en réalité, des loteries,
une loi spéciale doit les autoriser. Ajoutons, pour termi-
ner ce qui concerne spécialement les obligations à lots,
que, presque toujours, le gagnant d'un lot perd son capi-
tal. Soit, par exemple, une obligation d'une valeur nomi- ,
nale de 500 fr. sortie au tirage dans un rang qui lui donne
droit à un lot de 10.000 fr.; l'obligataire touchera en tout
40.000 fr. et non 40.500 fr. Les Villes-de-Paris 4855-60,
aujourd'hui amorties, faisaient exception à cette règle.
Un quatrième type d'obligations mérite une mention. Il
est d'ailleurs très onéreux pour l'emprunteur et l'on n'y a
recours que dans des cas exceptionnels, lorsque le crédit '
est fort compromis. Aux termes d'une clause du cahier
des charges, il est distrait immédiatement du produit de
l'emprunt un capital, dont le montant a été calculé d'avance
de façon à assurer, aux échéances successives, le ser-
vice des remboursements et des lots, et qui est converti
en titres de rentes ou en autres valeurs très sûres. Le dé-
pôt en est effectué, avec privilège pour les obligataires,
dans un établissement placé sous la surveillance de l'Etat
(Banque de France, Crédit foncier, etc.), et, si l'emprun-
teur vient à tomber en déconfiture, les porteurs ne perdent
que les intérêts, le remboursement au pair et, éventuelle-
ment, le paiement des lots gagnés se trouvant matérielle-
ment garantis par ce fonds spécial qui leur est affecté.
C'est le type qui a été adopté par la Compagnie du canal
de Panama pour son dernier emprunt.
Nous ne pouvons entrer dans le détail des nombreuses
sous-variétés d'obligations, les conditions du rembourse-
ment et du paiement des intérêts variant fréquemment, au
moins dans leurs dispositions secondaires et pour un même
type, voire pour une même société ou une même ville,
d'un emprunt à un autre. Ainsi les tirages au sort sont
tantôt annuels, tantôt semestriels, tantôt trimestriels;
quelquefois même, ils ont lieu tous les deux mois. Les in-
térêts se paient en général par semestre, plus rarement
par année ou par trimestre ; souvent, le service des amor-
tissements et celui des intérêts fonctionnent simultané-
ment ; souvent aussi ils sont distincts, l'un fonctionnant
plus fréquemment que l'autre. Toutes ces conditions sont,
du reste, relatées sur chaque titre. Il est nécessaire d'en
tenir grand compte, ainsi que des chances de lots, lors-
qu'on veut calculer mathématiquement la valeur actuelle
d'une obligation. La formule qui la donne exactement est
d'ailleurs trop complexe pour que nous croyons devoir la
reproduire.'. -
Comme les autres valeurs mobiUères, les obligations
sont frappées d'un double impôt (V. Valeur) ; elles com-
portent, comme elles, des titres nominatifs et des titres
au porteur (V. Titre); elles sont susceptibles, dans les
mêmes conditions, de conversions (V. ce mot) ; enfin, si
elles ont été admises à la cote, elles se négocient de la
même façon, en Bourse, au comptant ou à terme (V. Bourse) .
On trouvera au Journal officiel et à la Cote officielle la
liste complète de toutes les obligations figurant sur notre
marché. Les plus recherchées et les plus nombreuses sont
celles de nos grandes Compagnies de chemins de fer, qui
appartiennent au deuxième type, celles de la Ville de Pa-
ris, qui appartiennent au troisième type, celles du Crédit
foncier (communales et foncières), qui sont également à
lots.
Obligations à court terme (V. Dette, t. XIV, pp. 328-
335). ^
BiBL. : Code civil, art. 1101 à 1387. — Aubry et Rau,
Cours de droit civil français, t. IV. — La^rombière, Traité
des obligations ; Paris, iii-8, 2« éd.
OBLINGHEM. Corn, du dép. du Pas-de-Calais, arr. et
cant. de Béthune; 463 hab.
OBLIQUE. I. Géométrie. — Quand une ligne droite
n'est pas perpendiculaire à une autre ligne droite (ou à un
plan), on dit qu'elle est oblique sur cette ligne (ou sur ce
plan) . Lorsque d'un point on mène, aune droite ou à un plan,
une perpendiculaire et des obliques, la perpendiculaire
est plus courte que toute oblique ; des obliques qui s'é-
cartent également du pied de la perpendiculaire sont
égales, et la réciproque est vraie. Il s'ensuit que d'un
point on ne peut mener à une droite que deux obliques
égales, et que le lieu des pieds des obliques égales menées
d'un point à un plan. est un cercle ayant pour centre le
pied de la perpendiculaire. — En topographie, pour la
représentation figurée des terrains, on distingue la lu-
mière verticale et la lumière oblique, correspondant
aux deux conventions que l'on peut faire sur la façon
dont on suppose le terrain éclairé. — En géométrie des-
criptive, on a quelquefois à considérer des projections
OBLIQUE — OBONGOS
— 482 —
obliques, c.-à-d. faites parallèlement à une direction
donnée, qui n'est pas pez^pendiculaire au plan sur lequel
on fait la projection. G.-A. Lâisânt*
II. Anatomie. — Muscles obliques, — Obliques du
ventre. Il y en a deux : le grand oblique ou oblique externe,
et le petit oblique ou oblique interne. — Le premier est un
muscle large, inséré, d'une part^ à la face externe des huit
dernièi*es côtes (face externe) et à l'aponévrose lombaire,
et, d'ailtro part, à l'aponévrose abdominale (et par elle à
la ligne blanche abdominale), au pubis , à l'arcade crurale
et aux deux tiers antérieurs de la lèvre externe de la crête
iliaqite; Il est abaisseur des côtes, rotateur du thorax du
côté opposé, compresseur de l'abdomen et, partant, expi-
rateur. — Le petit oblique, situé au-dessous du précé-
dent, s'attache, d'une part, à l'aponévrose lombaire, au
bord inférieur des cartilages des quatre dernières côtes, et,
d'autre part, à l'aponévrose abdominale (et par elle à la
ligne blanche), aux deux tiers antérieurs de l'interstice de
la crête iliaque et à la moitié externe de l'arcade crurale.
11 est fléchisseur du tronc, compresseur de l'abdomen et
rotateur du thorax du même côté.
Obliqiles de la têlei Grand oblique ou oblique infé-
rieur : il s'insère, d'une part, à l'apophyse épineuse de
l'axis, de l'autre, à l'apophyse transverse de l'atlas. —
Petit oblique ou oblique supérieur : il s'attache en bas à
l'apophyse transverse (sommet) de l'atlas, et en haut à
l'occipital. Ces muscles sont extenseurs et rotateurs de la
tète.
Obliques de l'œil. Grand oblique ou oblique supérieur :
Il s'insère au pourtour du trou optique ^ se rétléchit au
niveau du tubercule trochléaire en traversant un anneau
ostéo-fibreux (poulie du grand oblique) et va s'insérer à
la partie supéro-externe de la calotte postérieure du globe
de l'œil. — Petit obhque ou oblique inférieur : il s'attache
au plancher de l'orbite et sur le globe de l'œil au-dessous
de l'insertion du grand oblique* Ces muscles sont pro-
tracteurs et rotateurs du globe de l'ieiL Ch. Debieure.
OBNUBILATIONi C'est cet état qui précède la syncope
ou la mort et dans lequel les objets sont vus comme à
travers un nuage* L'obnubilation ti'est cependant pas né-
cessairement suivie de syncope i de même dans le vertige,
les objets peuvent paraître tourner sans cesser d'être vus
distinctement; L'obnubilation ou éblotiissenieîit indique,
soit de l'anémie cérébrale^ soit, au contraire, de la con-
gestion. Elle peut donc être le signe avant-coureur d'une
apoplexie. Elle a lieu également, de même que les nau-
sées et la syncope, dans les douleurs vives. Enfin, cer-
taines personnes, des cardiaques notamment^ ont de l'ob-
nubilation chaque fois qu'ayant été baissées, elles se
relèvent brusquement. — Le mot obnubilation est quelque-
fois usité dans un sens tout an atomique, pour exprimer
l'opacité d'un tissu ; on dit qu'il y a obnubilation de la
cornée, lorsque celle-ci est couverte d'un voile ténu res-
semblant à une toile d'araignée. D^ L. LâlOy.
OBOGK (Ville)» Côte française des Sômalis et dépen-
dances (V. SoMALLs). C'est de cette colonie que dépend
Obock (ou Obok), situé sur la côte des Danakils. Naguère,
son nom s'étendait, non seulement à son territoire, mais
encore à la colonie tout entière, successivement agrandie,
et dont la mince localité avait été le point de départ et
le chef4ieu (1862). Dès 4892, à la suite d'une enquête
faite à Obock, une commission présidée par M. Lagarde,
gouverneur de cette colonie, approuvait le transfèrertient
à Djibouti du siège de son gouvernement. A la fin de 4895,
un câble sous^marin rehait cette dernière ville à Obock,
déjà en communication avec le réseau international parle
câble aboutissant cà Périm, et (42 nov,) l'escale de Dji-
bouti était substituée à celle d'Obock dans l'itinéraire de
la ligne postale (subventionnée) de Marseille à la Réunion
(Messageries maritimes) par la côte orientale d'Afrique
(Journal officiel du 4 oct 4895). Le décret relatif au
transfèrement du chef-lieu et au changement de la colonie
est du 20 mal 4896.
Depuis lors, Obock est abandonné. On n'y compte guère
comme blancs que l'employé du télégraphe. Ce n'est plus
qu'un village d'indigènes ; les routes mêmes des caravanes
vers l'Abyssinie sont délaissées pour la tête de ligne de
Djibouti.
Obock, situé par 44*^57' lat. N. et iO" 57^ long. E., à
l'extrémité S.-E. du pays dafar ou dankali, sur la côte N.
de la baie de Tadjoura, possède une rade entourée par
des falaises madréporiques et protégée ainsi contre les
vents du N.-N.-E. et du N.-O. Ces falaises sont le pro-
longement de celles qui encadrent la vallée dite des Jar-
dins, en formant deux plateaux, au N. celui des Sources,
et au S. celui des Gazelles. Le port, entre les deux caps
Raz el Bir et d'Obock, est naturellement divisé en deux
parties par des bancs de coraux. Les torrents de la vallée
sont d'ordinaire à sec, malgré le nom de Moya (qui veut
dire eau) donné au principal, qu'on appelle aussi rivière
d'Obock. Le climat chaud et sec de cette localité est plus
excessif qu'à Djibouti, mais non pas malsain comme dans
des contrées chaudes et humides. — La population, peu
nombreuse (200 à 300 hab.), est un mélange de Danakils,
d'Arabes et de nègres, de quelques Abyssins et Somalis.
Ch. Dblavâud.
BÎBL. : Pï Loti, Obock en passant, clans Revue polit et
llttér., févr. 1887. — Poydekot, Obock, station de ravitail-
lement, 1889 (Pour la colonie, V. Somalis).
OBOIAN. Ville de Russie, gouv. de Koùrsk, près du
Psiol, affl. g. du Dniepr; 9.024 hab. (en 4894). Suif,
huile, cire; tanneries. Commerce de céréales et de bétail
avec Moscou. Fondée en 4650.
OBOLE. Ancienne monnaie grecque (V. Athènes, § Nu-
mismatùjue-, t. ÏV, p. 439, Drachme et Monnaie).
Frappée en argent, puis en cuivre, c*était la pièce divi-
sionnaire usuelle. On mettait une obole dans la bouche
des morts pour payer au nautonier Char on le prix du
passage (V. Enfers).
OBOLUS (Paléont.). Genre de Brachiopodes fossiles,
type d'une famille qui présente les caractères suivants :
coquille un peu inéquivalve^ ronde ou en ovale transversal,
calcaire, cornée. Bord cardinal épaissi avec sillon pour la
sortie du pédoncule. Structure de la coquille semblable à
celle de Lingula^ mais le phosphate de chaux est plus
abondant que la substance cornée. Les genres Acrothele,
Siphonotreta, Acrotreta, etc., sont de cette famille.
Obolus Apollinis est une coquille de petite taille, presque
ronde, très commune en Russie dans le « grès à Ungu-
lites » du silurien inférieur. Ungulites est syno'nyme
à'Obolus. Ë. Trt.
OBONGOS (Ethnol.). Les Obongos, Bongos ou Babon-
kos, car ces noms ont le même sens en s'appliqUant à des
tribus dispersées dans des localités ditférentes, sont les
descendants des Matimbas de Battellj des Bakkes-Bakkes
de Dapper (V. Négriîos). Du Chaillu a rencontré les nains
qu'il appelle Obongos chez les Achangos^ à TE. de la Ngii-
jai. Un homme mesuré par lui avait 4™, 52^ quatre femmes
avaient 4^^,42. Leur tête était relativement volumineuse,
leur peau plus claire que celle des autres noirs (l'Afrique
sauvage i 4868^ p. 263). Les nains Babonkos, à peu de
distance au S., ont été étudiés par la mission allemande du
Loango. Des photographies qu'en a prises Mi Falkenstein,
deux ont été publiées par la Revue d'ethnologie de Berlin
pour 4874 (VI, p. 46) et deux par M. Hartmann, dans son
livre sur les Nigritiens (Die Nigritief^ etc., 4876). Elles
représentent dèUx adultes. L'un d'eux rappelle, par l'appa-
rente dimension de sa tête, Timpression notée déjà par Dap-
per qui disait des Bakkes quils avaient la tête extraordinai-
rement grosse. Elle est en effet très grosse, mais par rapport
à la taille qui n'est que de six têtes. Le nez est court et large,
les lèvres sont retroussées et les oreilles relativement
grandes. Les mâchoires sont robustes et leurs muscles fort
accusés ; le thorax est ample et les avant-bras sont pro-
portionnellement très lôftgs. Le second adulte, d'environ
quarante ans, niestirait 4"^,36. Son indice céphalométrique
- 183 —
OBONGOS — O'BRIEN
était de 80,45, c.-à-d. que son crâne n'était pas allongé
comme celui de la généralité des nègres. Son apparence
était encore plus robuste.
Les Babonkos vivent dispersés dans les forêts de l'inté-
rieur du Loango, fuyant les autres noirs, et les individus
observés par les voyageurs sont pour la plupart des esclaves.
Dybowski a pu en voir plusieurs, et il en a pris des por-
traits. Ces photographies, présentées à la Société d'anthro-
pologie en 1894, n'ont malheureusement pas été publiées
encore, du moins à ma connaissance. Chez les N'javis,
dans les montagnes à TE. de la Ngujai, c.-à-d. dans la
région où du Chaillu a vu les Obongos, Marche a observé
des hommes de petite taille (au-dessous d«4"^,60),quipar
la forme de la tète, les traits du visage, le ton plus clair
de leurs téguments, rappelaient ces nanis. Zaborowski.
OBOTRITES, ABODRITES, BÔDRIZES ou BÉ-
RÈGES. Ancien peuple slave wende étabH à l'angle S.-O.
de la Baltique, au N. des bouches de l'Elbe, à l'époque de
Charlemagne, auquel ils prêtèrent assistance contre les
Saxons. Ils furent ensuite les alhés des Francs contre les
Danois. Mais quand le royaume germanique eut à sa tête
une dynastie saxonne, elle fit la guerre aux Wendes ; les
Obotrites, qui étaient partiellement convertis au christia-
nisme, saccagèrent Hambourg (983), chassèrent leur prince
chrétien Mistislav. Toutefois, le Holstoin demeura germa-
nique et chrétien. Le parti chrétien fut de nouveau mas-
sacré en 1060, dans un soulèvement où périrent le prince
Gottschalk et quantité de missionnaires. Les Obotrites ne
revinrent au christianisme qu'un siècle plus tard, lorsque
Henri le Lion les soumit avec l'alliance de Waldemar P^
roi de Danemark. Les princes obotrites se sont perpétués
dans le duché de Mecklemboiirg (V. ce mot).
OBOUCHOVSK. Grand établissement métallurgique de
l'Etat russe, à Alexandrovski près de Saint-Pétersbourg.
Il suffit à fabriquer tous les canons d'acier de l'Empire et
dépend de la marine. Il conserve le nom de son fondateur,
l'ingénieur des mines Obouchov, qui Fétabht en 1864.
080UT0NG. Région de l'Afrique occidentale située
sur la rive gauche du VieuX7Calabar ou Cross River.
Ch.-l. Old Town. Elle est comprise aujourd'hui dans le
Cameroun allemand.
OBRA. Rivière de Prusse (prov. de Poznan), née au
N. de Koschmin, elle coule vers TO. et s'épanche dans les
vastes marais, aujourd'hui canalisés, de l'Obrabruck, longs
de 82 kil., larges de 2 à 8. ; de ce bas-fond part vers le
Nord un bras canalisé qui va se jeter dans la Warta
(Warthe) en aval de Schwerin; mais, d'autre part, l'Ob-
rzycko (Faule Obra), descendant du N. au S., recueille une
partie des eaux du canal de l'Obra et les amène à l'Oder
au S. de Zùllichau (Brandebourg).
OBRADOVITCH (Dmitriyé, puis de son nom de moine
DosiTHEus), né à Tchakovo tiaas le Banat (Hongrie) en
1739, mort à Belgrade le 7 avr. 1811. Ce fut le premier
écrivain national serbe. La grammaire grecque et les Vies
des Saints furent ses lectures favorites dans sa jeunesse ;
aussi finit-il par se faire moine (1753). Mais il quitta bien-
tôt son monastère d'Opovo (Syrmie) et vint à Zagreb
(Croatie) où il apprit le latin. Il séjourna longtemps pour
étudier au mont Athos, à Smyrne (trois ans auprès du
grec Hierotheos), à Corfou, à Vienne, en Italie, à Cons-
tantinople et Halle, toujours en quahté de précepteur ou
de professeur. C'est à Leipzig qu'il publia en 1783 Vie et
Aventures, en 1784 Conseil (Vun Esprit sain, et en
1788 les Fables d'Esope, publications écrites en serbe
vulgaire, qui devint de ce fait la langue littéraire, par
laquelle l'auteur s'adressa directement au peuple qu'il
voulait instruire. Jusque-là la langue littéraire était le
slavo-serbe, mélange bizarre et disparate de russe ecclé-
siastique et de serbe, qui s'était formé, chez les Serbes
de Hongrie, sous Fintluence des instituteurs et des livres
envoyés de Russie. Dosithée fit ensuite d'autres voyages
à Paris, à Londres, en Russie (1788), k Venise (1802)
et publia quelques ouvrages dans lesquels il se révèle -de
plus en plus comme le fondateur de la nouvelle école
serbe. Le plus connu est son Recueil de morale (Vienne,
1793, continué en 1818 par Solaric sous le titre de
Mezimac). En 1807, il vint en Serbie, au moment où ce
pays, venait de s'affranchir du joug turc, et fut nommé
précepteur des enfants de Karageorges. En sa qualité de
sénateur, il était chargé de la direction générale des écoles,
fonction qu'il occupa jusqu'à sa mort. Une édition com-
plète de ses oeuvres fut pubhée par G. Vozarovitch (Bel-
grade, 1833-40, 10 vol.). M. Garrilovïtch.
BiBL.: Sevic Mil4.n, Dositheus Obradovic, ein serbis-
cher Aiifklarer d. XVIII. Jahrh ; Neusatz, 1889, in-8. —
Pypine et Spasovitch (tracL. Denis), Histoire des littéra-
tures slaves; Paris, 1888, in-8. -~ P.-J. Safarik, Geschi-
chte der sûdslavischen Litteratur ; Prague, 1865, in-8,
t. III.
OBRAY (Esteban de), sculpteur espagnol, ou mieux
tailleur d'images, que l'on croit originaire de la Navarre.
C'est de ce royaume qu'il vint, en 1541, à Saragosse,
prendre part à un concours ouvert pour l'établissement
et la décoration sculpturale des stalles du chœur à la
cathédrale à'el Pilaf; le modèle présenté par Obray
obtint la préférence et il fut chargé de l'exécution de la
silleria. Elle se compose de cent quinze stalles, toutes en
chêne des Flandres, et merveilleusement ornées de colon-
nettes, de rinceaux de feuillage et de figures d'angelots
d'une rare délicatesse d'exécution. Dans ce travail qu'il
commença en 1542 et termina en 15^8, Obray eut pour
aides et collaborateurs Juan Moreto, Florentin, et Nicolas
Lobato. ' P. L.
OBRECHIES. Corn, du dép. du Nord, arr. d'Avesnes,
cant. de Maubeuge; 227 hab. Stat. du chem. de fer du
Nord.
OBRECHT (Jacques), musicien flamand, né à Utrccht
vers 1440, mort à une date inconnue. Il exerça de bonne
heure dans cette ville les fonctions de maître de chapelle,
puis, après un séjour à Florence, il revint à Anvers, où
il remplit un emploi analogue et acquit une grande répu-
tation. Plusieurs de ses œuvres ont été conservées, no-
tamment huit messes et une certaine quantité de motets
et do chansons. Erasme, qui fut son élève, parle de lui avec
le plus grand enthousiasme. R. Br.
OBRÉGON (Bernardin), né à Las Huelgas, près deBur-
gos, en 1540, mort en 1599. Il avait commencé par suivre
la carrière des armes ; en 1568, il quitta le monde, et ins-
titua en l'hôpital de la cour à Madrid les frères hospita-
Hers du tiers-ordre de Saint-François, appelés Infirmiers-
minimes ou Obrégons. Cet institut fut approuvé en 1669.
08REN0V1TCH, famille royale de Serbie (V. ce mot
et les art. Miloch, Milan et Michel).
OBREPTION, SUBREPTION. Quelques canonistes pré-
sentent ces termes comme synonymes ; mais la plupart les
distinguent et appellent obreptice un exposé contraire à
la vérité ; subreptice, un exposé qui omet ou soustrait
une vérité, dont l'exposant redoute les conséquences. Ainsi,
l'obreption constituerait un faux; la subreption une omis-
sion frauduleuse. En matière bénéficiale, l'obreption et
la subreption étaient généralement considérées comme dé-
terminant la nuUité de la grâce obtenue. E.-H. V.
O'BRIEN. Ancienne famille irlandaise, qui a fourni un
nombre considérable d'hommes remarquables et qui des-
cend de Brian, roi d'Irlande (926-1014). Nous mention-
nerons :
Donough O'Brien, petit-fils de Brian, roi de Munster ;
il fut déposé en 1064 et mourut, la même année, à Rome
où il accomplissait un pèlerinage.
Turlough, né en 1009, mort le 14 juil. 1086. Ega-
lement roi de Munster, il passa son existence à guerroyer
contre ses voisins.
Son fils Murtough, mort le 1 0 mars 1 119, roi de Munster ,
est dépeint dans les vieilles chroniques comme un guerrier
redoutable* Il fit des expéditions plus ou moins heureuses
dans le Connaught (1093 et 1094), dans le Meath(1094),
dans rUlster (1100) et, notamment en 1101, entreprit une
O'BRIEN
-^ 184
marche militaire tout autour derirlande(7/i^ Circuitous
hosting) qui le rendit fameux.
Domhnall, fils du précédent, mort en 1494, devint roi
de Munster en 1168, battit les Normands à Thurles on
1174, lutta longtemps contre les Anglais, et fit sa sou-
mission à llenri II à Caslue (1171).
Donogh Cairbrech, fils du précédent, mort en 124^,
devint roi de Thomond en 1208, fit des expéditions heu-
reuses dans le Connaught et repoussa una invasion an-
glaise du Thomond en 1233.
Son fils, Conchobhar, mort en 1267, fut roi de Tho-
mond en 1242, battit les Anglais en 1257, et fut blessé
mortellement à Belaclugga, en réprimant une insurrec-
tion de ses sujets qui refusaient de payer l'impôt.
Brian Ruadh, fils du précédent, mort en 1276, roi de
Thomond en 1242, remporta de brillants succès sur les
Anglais, prit le château de Clare (1270), fut expulsé en
1275 par une révolte de seigneurs qui lui opposaient un de
ses parents, Turlough O'Brien, s'allia alors avec les An-
glais, surprit les rebelles, les écrasa en diverses rencontres,
mais fut battu par Turlough avec son allié de Clare qui, fu-
rieux, le fit pendre.
Conor, mort en 1539, descendant de Turlough, devint
prince de Thomond en 1528 et eut à lutter contre les
puissantes familles de Kildare et de Butler, ses rivales. Il
s'alha aux Fitzgerald, tandis que son frère Donogh O'Brien,
s'alliait aux Butler. Conor fut battu à Jerpoint (1534). Il
combattit désespérément l'ingérence anglaise jusqu'en 1537 .
Une expédition anglaise le contraignit à la paix. Conor fut
le dernier prince indépendant de Thomond.
Son frère Murrough, mort en 1551, continua la lutte
contre les Anglais. Il fut obligé de reconnaître la souveraineté
d'Henri VIII, qui fut reconnu roi d'Irlande en 1541 . O'Brien,
reçut le titre de comte de Thomond (1 ®^'juil.) .Ce fut le premier
pas fait par le roi dans la voie de la pacification de l'Irlande.
Conor, troisième comte de Thomond, né vers 1534, mort
en 1581, fut dépossédé par son oncle de Clonroad, la
vieille résidence des O'Brien. Avec l'aide des Anglais, il fut
rétabU dans ses droits. En 1569, il se rebella et entra
dans la ligue dirigée par James Fitzmaurice Fitzgerald.
Obhgé de se rendre au comte d'Ormonde, il passa en France
où il causa des embarras à l'ambassadeur sir Henry Nor-
ris. On eut quelque difficulté à le faire rentrer en Irlande,
oii il reçut le pardon d'Efisabeth.
Son fils aîné, Donough, mort en 1624, baron d'Ibri-
Civan, et plus connu sous le nom du « grand comte de
Thomond », se montra fidèle à la maison d'Angleterre.
En 1583, il réprime une révolte des montagnards irlan-
dais, et en 1595, il joue le plus grand rôle dans la répres-
sion de la révolte de Tyrone. En 1599, il fut chargé, avec
le comte d'Ormonde, de combattre O'Donnell, qu'il chassa
du comté de Clare. Il entra au conseil privé, continua jus-
qu'en 1602 à guerroyer contre Mac Carthy Reagh et contre
O'Donnell, assiégea et prit Kinsale, puis Dunboy (1601).
En 1605 il fut nommé président de Munster.
Daniel, premier vicomte Clare, né vers 1577, mort en
1663, frère du précédent, l'assista dans ses combats contre
les patriotes irlandais ; il fut blessé et fait prisonnier en
1599 et bientôt délivré par son frère. Il joua un rôle im-
portant au Parlement irlandais, oti son indépendance dé-
plut au gouvernement anglais. Membre de la confédération
de Kilkenny en 1541, il prit vigoureusement l'offensive,
mais en 1651 tous ses châteaux étaient pris et il se ré-
fugia auprès de Charles IL II jouit auprès de ce prince
d'une grande faveur, fut rétabli dans ses possessions en
1660 et créé vicomte Clare en 1663.
Barnabas, shiëme comte de Thomond, mort en 1657,
fils de Donough (V. ci-dessus), fit partie du Parlement
irlandais et demeura longtemps suspect au gouvernement
anglais. Lors de la rébellion d'Irlande de 1641, il voulut
demeurer neutre. Habile diplomate, il sut pourtant se mé-
nager la faveur du roi, qui le nomma en 1645 marquis de
Billing, puis celle de Cromwell.
Murrough, comte d'Inchiquin, né en sept. 1614, mort
le 9 sept. 1674. Il prit part en 1641 à la répression de
la grande rébellion de l'Irlande, se distingua au siège de
Cork (1642), et remporta une victoire sur le général Barry
à Liscarrol. Gouverneur de Munster, il entreprit en 1643
une campagne contre le chef irlandais Muskerry et traita
avec lui sur l'ordre du roi. Les grands services qu'il avait
rendus furent mal récompensés. Le gouvernement de Muns-
ter fut donné au comte de Portland. Fort mécontent, In-
chiquin se fit restituer le gouvernement de Munster parle
Parlement anglais et se donna tout entier à la cause par-
lementaire (1644). Le Munster fut envahi par une forte
armée, sous, le commandement de Castlehaven. Inchiquin,
obligé de se retirer d'abord devant des forces supérieures,
finit par reconquérir tout le pays ; cette réduction n'alla
pas sans massacres et sans atrocités. En 1647, il était
maître de tout le S. de l'Irlande et personne n'osait plus
se mesurer avec lui. Mais comme le Parlement ne payait
pas ses troupes, il se rapprocha d'Ormonde et des confé-
dérés catholiques. En 1649, il s'empara de Drogheda dont
Monk était gouverneur. Cromwell accourut à la rescousse,
reprit la ville: et obligea Inchiquin à se réfugier dans le
Leinster. Toutes les villes du Munster se soumirent l'une
après l'autre. Inchiquin, après une énergique résistance,
finit par être acculé et s'empressa de passer dans le comté
de Clare, et de là à Perros-Guirec, en Bretagne. Il se mit
aussitôt en rapport avec la cour de Saipt-Germain, et
Charles II le nomma membre de son conseil royal. x\vide
de mouvement, il s'en fut guerroyer à Naples à la tête d'un
régiment de réfugiés irlandais, qui fut détruit dans la né-
faste expédition de Guise, puis en Catalogne. En 1659,
il passait en Portugal et était capturé par des corsaires
algériens. Délivré grâce à l'intervention active du gouver-
nement anglais, il devint par la suite intendant delà mai-
son d'Henriette-Marie. En 1662, il fut chargé du.comman-
dement des forces que Charles II envoya au secours du
Portugal. Les Espagnols se retirèrent devant lui, et son
armée décimée parla dysenterie s'épuisa en longues marches
à leur poursuite. En 1663, il était de retour en Angle-
terre oïl il vécut, depuis, tranquillement dans ses pro-
priétés.
IF///mm, comte d'Inchiquin, né vers 1638, mort à San-
tiago de laVega en 1692, fils du précédent. Il prit part à
presque toutes les campagnes de son père, et fut, comme
lui, capturé par les corsaires barbaresques. En 1674, il
fut nommé gouverneur de la citadelle de Tanger, cédée à
l'Angleterre par le Portugal et occupa ce poste six ans. Il
se déclara en 1688 en faveur du prince d'Orange, ce qui
amena la confiscation de ses propriétés d'Irlande. Il leva des
troupes pour les reprendre, fut mal soutenu par le gou-
vernement et battu par Maccarthy. Il revint en toute hâte
en Angleterre. Il figura ensuite à la bataille delaBoyne,
accompagna Guillaume III à Dublin, et en 1690 fut nommé
gouverneur de la Jamaïque. Il trouva l'île en pleine anar-
chie, augmenta encore les difficultés par son attitude in-
tolérante et s'épuisa à vouloir rétablir l'ordre.
Charles, vicomte Clare, mort en 1706, fils de Daniel
(V. ci-dessus). Il commanda un régiment dans l'armée de
Jacques II en Irlande (1689-91), passa en France en 1692
et servit la France durant les campagnes de 1696 et 1697.
Au début de la guerre de la succession d'Espagne, il s'en-
rôla dans l'armée allemande et combattit brillamment à
Hochstaedt (20 sept. 1703). En 1704, il fut créé maréchal
de camp, servit dans l'armée de Flandre et fut mortelle-
ment blessé à Bamillies (23 mai il 06),
Charles, vicomte Clare, fils du précédent, né le 27 mars
1699, mort à Montpellier le 9 sept. 1761, demeura au
service de la France. En 1715, il servait à l'armée d'Es-
pagne ; il se distingua à Dillingen et encore plus à Fon-
tenoy, à Boucoux, à Laeffelt et fut créé maréchal de France
en 1757. Il devint par la suite commandant en chef du
Languedoc. Il était connu sous le nom de maréchal de
Thomond. .
185
O'BRIEN
Sir Lucius Henry, homme politique ii lai Riais, membre
de la branche cadette des comtes d'Inchiqiiiri et de Tho-
mond, mort à Dromoland le 15 janv. 1795. Membre du
Parlement à partir de 1763, il devint rapidement un des
chefs les plus influents du parti populaire. Il s'occupa avec
passion des moyens d'améliorer le sort de l'Irlande, no-
tamment par la suppression des restrictions imposées au
commerce irlandais.
James , marquis de Thomond , né en 1769 , mort le
3 juil. 1855. Entré dans la marine en 1783, il eut un
service très actif et se distingua notamment dans les cam-
pagnes de 1803 et 1804. Contre-amiral en 1825, il de-
venait amiral en 1847 et gentilhomme de la chambre de
Guillaume IV en 1831.
James Thomas, né à New Ross (comté de Westmeath)
en sept. 1792, mort à Londres le 12 déc. 1874, entra
dans les ordres et devint évêque d'Ossory, Ferns et Leigii-
lin (1842). Très érudit, il a laissé de nombreux ouvrages,
entre autres : Tractarianism (1850) ; An Attempt to
explain the Doctrine of justification by faith only
(1833) ; The Expediency ofrestoring at this Time to the
Church her synodical Powers (1843) ; The Church in
Ireland (1866) ; The Case of the est ablished Church in
Jreland (1867-68).
William, acteur et auteur dramatique, de la branche
des vicomtes Clare, mort en 1815. En 1758, il apparaît
sur la scène de Drury Lane où il obtint de grands succès
jusqu'en 1764. Il fut forcé de s'enfuir en Amérique ayant
enlevé et épousé une jeune fille de bonne famille, et il
obtint un emploi dans les bureaux du gouverneur de la
province de New York. Il a écrit quelques comédies pour
Covent Garden, entre autres : Cross Purposes (1772) ;
The Duel (1773), qui est une adaptation dix Philosophe
sans le savoir, de Sedaine.
William Smith, célèbre agitateur irlandais, de la fa-
mille des comtes de Thomond, né à Dromoland (comté de
Clare) le 17 oct. 1803, mort à Bangor le 18 juin 1864,
petit-fils de sir Lucius (V. ci-dessus). Entré en 1828 à la
Chambre des communes, lors d'une élection partielle dans
le bourg d'Ennis, qu'il représenta jusqu'en 1831, il sou-
tint l'émancipation des catholiques et il se trouva dès 1819
en opposition avec O'Connell. Réélu en 1835 par le comté
de Limerick, il présenta diverses propositions relatives à
l'allégement de la misère des Irlandais, à l'éducation, à
l'émigration, etc., et il appuya fortement le cabinet whig
en 1841. Après la mort d'OConnell, il adhéra formel-
lement au parti de la jeune Irlande, et devint une des per-
sonnalités politiques les plus en vue. Très populaire, mal-
gré son.infatuation aristocratique, et la complaisance avec
laquelle il rappelait la longue lignée de ses aïeux, O'Brien
eut bientôt la tête tournée par les ovations enthousiastes
de ses partisans et sa situation de chef de parti. On crut
trouver en lui le Lafayettede la révolution irlandaise. Mais
il n'en avait pas l'étoffe. Après les événements de 1848,
il conduisit auprès de Lamartine une députation de jeunes
Irlandais qui fut assez froidement accueillie. Puis, poussé
par John,Mitchel, qui préconisait l'action dans son journal
r Mande unie, il prêcha l'insurrection, surtout après l'ar-
restation de Mitchel, parcourant le pays, passant en revue
les confédérés. Le gouvernement anglais lança contre lui
un mandat d'arrêt et snsi^enôitV haheas corpus en Irlande.
O'Brien se jeta dans la campagne et réunit un corps de
partisans qui bientôt en vint aux mains avec la police à
BaUingarry (29 juil. 1848). Les soixante policiers se dé-
fendirent énergiquemen*,' et le pays ne bougeant pas, la
révolte en resta là. O'Brien fut arrêté quelques jours api es
et jugé. Il fit preuve, durant son procès, d'une rare dignité
et d'une vraie noblesse détenue. Il fut condamné à mort,
sous le chef de haute trahison, ie 16 janv. 1849. La peine
fut commuée en transportation à vie. O'Brien, envoyé en
Australie, refusa de prendre part à l'évasion de Mitchel et
de Meagher, ses compagnons de captivité, ne voulant pas
manquer à son serment, car on le traitait assez doucement
et il était prisonnier sur parole. Il fut gracié (1854),
s'établit à Bruxelles, puis reçut l'autorisation de revenir
en Irlande (1856). Il fit un voyage en Amérique en 1859,
un autre en Pologne en 1863, et le reste du temps vécut
tranquillement dans le comté de Galles. Il a laissé quelques
écrits : Considérations i^elative to the reneval of the
east India Company' s Charter (Londres, 1830, in-8) ;
Education in Ireland (Londres, 1839, in-8) ; Principles
of govermnent, or méditations mEx"//(?(Dubhn, 1856,
2 vol. in~8) ; Du véritable caractère de Vinsmrection
polonaise de i863 (Paris, 1863, in-8). L'arrivée de son
corps à Dublin le 23 juin 1864 donna lieu à une im-
mense démonstration nationaliste. Sa statue, œuvre de Tho-
mas Farrell, a été élevée à Dublin en 1870.
James Francis Xavier, né en 1831, secrétaire de la
ligue nationale irlandaise, fut condamné à mort en 1867
pour crime de haute trahison. Cette peine fut commuée en
celle des travaux forcés, et O'Brien lut remis plus tard en
liberté et amnistié. Membre de la Chambre des communes
pour le comté de Mayo , de 1 885 à 1 895 , et réélu par Cork aux
élections de juil. 1895, il appartient au parti nationaliste.
- William, né en 1852, entra à- la Chambre des com-
munes en 1883 pour le bourg de Mallow qu'il représenta
jusqu'en 1885 . Il fut ensuite député du Tyrone (Sud) (1 886) ,
puis de Cork (1892) et démissionna en 1895. Membre très
influent du parti parnelliste, rédacteur en chef de r/?^toiffe
unie, il prit part à la convention de Chicago (1886), fut
emprisonné à diverses reprises, à cause de la violence de
ses polémiques, et finit par se brouiller avec Parnell qu'il
combattit au Parlement.
Patrick, né àTullamore, en 1853, membre de la Chambre
des communes pourMonaghan (Nord), de 1886 à 1892,
et pour Kilkenny (1895), ingénieur distingué, prit aussi
une part active au mouvement nationaliste, fut secrétaire
de la « Land League », de la « Ligue nationale » et lui
aussi subit plusieurs emprisonnements. Il demeura fidèle
à Parnell. - ■ R. S.
BiBL. : O'DoNOGHUE, Meinoirs of the O'Briens, 1861. —
Mao Cab-thy, Histoire contemporaine d'Angleterre ;PanF,
1885, t. II, in-8.
O'BRIEN (Donat-Henchy), amiral anglais, né en Irlande
en mars 1785, mort le 13 mai 1857. Entré dans la ma-
rine en 1796, il fit naufrage à l'île de Sein en 1804, fut
fait prisonnier et retenu trois ans à Verdun. Il réussit à
s'échapper en 1808, reprit du service dans l'escadre de
lord CoUingwood, participa à l'afi'aire de Lissa (1811) et
se distingua à diverses reprises pendant les campagnes de
1811 à 1813. Il avait été promu contre-amiral en 1852.^
On a de lui : The Narrative, containingan account ofhis
shipwreck, captivity and escapefrom France (Londres,
1814) ; My Adventures during the late war (Londres,
1839, 2 vol. in-8). R. S.
O'BRIEN (James, dit Bronterre), écrivain socialiste
anglais, né en 1805, mort le 23 déc. 1864. Elève de
l'Université de Dublin, il fut inscrit au barreau de Londres
en 1829, fonda en 1831 le Poor Man' s Guardian où il
développa des théories politico-sociales, inspirées, au début,
des idées de Cobbett. En 1836, il traduisait l'histoire de
la conspiration de Babeuf de Buonarotti et publiait en
1837 une apologie de Robespierre. Il créait encore deux
journaux qui vécurent peu :le Bronterre' s National Be-
former et the Operative. Il se jeta avec ardeur dans le
mouvement chartiste et bientôt y joua un rôle prépondé-
rant. Poursuivi à outrance par le gouvernement, il fut
condamné en 1840 à treize mois de prison. Remis en hberté
en 1841, il eut avecO'Conor des polémiques amères,puis
il reprit dans h Bristish Statesman (1842), dans le Na-
tional Pie former (1845), la difl'usion des théories char-
tistes. Après l'échec du chartisme en 1848, il se tint dans
une retraite studieuse. Citons encore de lui : Odes to lord
Palmerston, and Napoléon Bonaparte ; elegy on Bo-
bespierre (1856-59) ; The Bise, progress, and Phases
of human Slavery {iS8^). R. S,
O'BRIEN — OBSERVATION
486
O'BRIEN (Henry), érudit anglais, ne dans le comté de
Kerry en 1808, mort à Hanwell (Middlesex) le 28 juin
4835. 11 consacra sa courte existence à l'érudition et pu-
blia, entre autres, une traduction de Villanueva, Phœnician
Jreland (4833, in-8) ; The Round towers of Irelmid
(Londres, 4834, in-8), ouvrage qui renferme pas mal
d'extravagances. k. S.
O'BRYEN (Dennis), littérateur anglais, né en Irlande
en 4755, mort à Margate le 43 août 4832. Médecin, il
négligea fort la pratique pour s'occuper passionnément de
politique. Partisan zélé de Fox, il publia, pour le soute-
nir, quantité de brochures. Ce zèle lui valut de grosses
sinécures, comme celle de payeur général adjoint ou celle
de maréchal de l'amirauté au cap de Bonne-Espérance.
Citons parmi ses écrits : Défense ofthe earl of Shelhurne
(Londres, 4782, in-8) ; A Friend in Need is a Friend
indeed (4783), amusante comédie, jouée à Haymarket
sans le moindre succès ; A Gleam of Comfort {ilM) ; A
View of the commercial treaty with France (4786) ;
Lines written at Twickenham (4788) ; The Prospect
before us (4788), relatif à la question de la Régence ;
Utrum Horum? The Government or the Country?
(4796). R. S.
OBROUTCHEV (Nicolas-Nicolaiévitch) , général russe,
né en 4829. Entré au service en 4848, il se fit remarquer
dès 4850 par un Essai d'histoire de l'art militaire en
Russie, passa par l'école d' état-major (académie Nicolas)
en 4852, publia une esquisse des documents manuscrits ou
imprimés relatifs à l'histoire de l'art militaire avant 4725,
devint professeur à l'académie Nicolas (4857), président
du comité scientifique de la guerre (4866), avec rang de
major général. Il eut dès lors un rôle considérable dans
toute l'organisation militaire, fut promu lieutenant général
(4873) ; attaché à l'état-major de l'armée du Caucase,
dans la guerre russo-turque, il prépara et régla le mou-
vement tournant exécuté par Lazarev qui décida la victoire
d'Aladja-dagh (45 oct. 4877). En 4884, il est devenu le
chef du grand état-major. C'est un panslaviste ardent et
un partisan convaincu de l'alliance française. Il a épousé
une Française. On prise très haut son traité de statistique
militaire publié en 4874.
OBSEQUENS (Juliu^), écrivain latin, de date inconnue,
sous le nom duquel nous est parvenu un fragment d'un
traité des prodiges {De prodigiis), extrait surtout de Tite-
Live, publié par Aide (Venise, 4508, in-8), d'après un
manuscrit, appartenant à Jodocus de Vérone et perdu de-
puis. Ce fragment se rapporte à la période de l'an 490 à
Tan 44 av. J.-G. Citons les éditions d'Oudendorp (Leyde,
4720) avec commentaires, et de Jahn (Leipzig, 4853).
OBSERVATION. I. Philosophie.— L'observation est
l'acte par lequel l'esprit s'applique à un fait ou à un ensemble
de faits, en vue de le connaître et de l'expliquer. On peut
donc dire que c'est un cas particulier de V attention (V. ce
mot). Mais tandis que l'attention peut être éveillée par la
façon toute particulière dont un objet affecte notre sensibi-
lité ou par son accord ou son désaccord avec notre vouloir,
l'observation n'est suscitée que par ce qui intéresse notre
intelligence. Elle est comme la forme intellectuelle de
l'attention. Elle en est même la forme scientifique, en ce
sens qu'il n'y a pas observation véritable s'il n'y a pas
un désir et même un pressentiment d'une explication ulté-
rieure des faits observés. L'attention se contente du fait
en lui-même, l'observarion ne l'enregistre que dans l'es-
poir d'en dégager une loi, ou d'y saisir un trait caracté-
ristique d'une espèce. Nous distinguerons. successivement
l'observation extérieure qui porte sur les phénomènes
du monde visible, et Vobseruation intérieure qui porte
sur les faits de conscience, (iuand nous aurons appris à
connaître l'observation comme méthode, nous chercherons
ce qu'elle exige en tant que faculté de l'esprit, pour se
développer, c.-à-d. comment l'on peut acquérir et fortifier
en soi l'ejsprît d'obserVi.tion.
i. Observation extérieure. -— Toutes les sciences phy-
siques et naturelles débutent par l'observation des phéno-
mènes. Comme c'est précisément pour cette raison que
ces sciences sont dites dérivées, à des degrés divers, de
l'expérience, on ne voit pas bien au premier abord ce qui
peut différencier V expérience (V. ce mot) et l'observation.
Toutes deux semblent faites, comme dit Bacon, pour
« amasser les matériaux ». En ce sens large, on peut dire
en effet que le domaine de l'observation et celui de l'ex-
périence coïncident. Mais on peut prendre ces deux mots
dans un sens plus étroit et établir des distinctions. C'est
ce que s'est efforcé de faire Claude Bernard (Introduction
à l'étude de la Médecine expérimentale y 4^^ part. , ch. i^'').
La première distinction que l'on croie pouvoir faire, dit
cet auteur, entre l'observation et l'expérience, est celle de
la passivité à V activité. L'observateur constaterait sim-
plement des faits; l'expérimentateur les déterminerait.
Mais, dit Cl. Bernard, l'esprit ne reste plus toujours
inactif comme la main dans l'observation. S'il y a des
observations passives, lûtes au hasard, sans idée pré-
conçue (l'observation d'une maladie endémique quelconque
qui se manifeste dans une contrée, ou d'une planète qui
passe par hasard dans le champ de la lunette d'un astro-
nome), il y a aussi des observations actives, faites « avec
intention de vérifier l'exactitude d'une vue de l'esprit ».
Peut-être môme faut-il aller plus loin que Cl. Bernard et
dire qu'il n'y a pas d'observation absolument passive, que,
si l'on peut observer sans idée préconçue particulière,
sans l'idée arrêtée d'une explication déterminée, l'on n'ob-
serve jamais sans l'idée d'une explication possible et de
la nature même de cette explication. Observer, c'est déjà,
dans une certaine mesure, interpréter. Toute observation
consiste à faire un choix entre les nombreux faits de détail
qui constituent un phénomène particulier et à ne noter
que ce que l'on sait devoir être utile à la science : l'heure
du passage de la planète observée, par exemple, à un
point du ciel. D'un autre côté, continue Cl. Bernard, s'il
y a des expériences actives, où la main de l'expérimenta-
teur doit intervenir (pour établir une fistule gastrique,
par ex.), il peut y avoir des expériences en quelque sorte
passives, oU l'opération est réalisée par un accident (la fis-
tule de l'estomac peut se produire à la suite d'une bles-
sure) .
L'on est alors porté à croire que « l'observation con-
siste dans la constatation de tout ce qui est normal et ré-
gulier », tandis que l'expérience impliquerait « l'idée
d'une variation ou d'un trouble intentionnellement
apportés par l'investigateur dans les conditions des phéno-
mènes naturels ». Cette distinction, dit Cl. Bernard, n'est
pas beaucoup plus décisive que la première, car si elle
admet qu'il n'y a expérience que si l'on fait varier ou si
l'on décompose par l'analyse le phénomène à connaître,
elle suppose toujours une activité intentionnelle de la part
de l'expérimentateur. Or, nous avons vu que des troubles
servant à l'expérience peuvent se produire spontanément
ou fortuitement, par lésion pathologique ou par accident.
Pour établir une distinction réelle entre l'observation
et l'expérience. Cl. Bernard distingue le procédé, d'inves^
tigation employé pour obtenir les faits du procédé
intellectuel qui les met en œuvre.
Du point de vue de l'investigation^ qui est le point
de vue concret, celui de la recherche des faits, l'obser-
vation se distingue de l'expérience en ce qu'elle est Vin-
vestigation d'un phénomène naturel, tandis que l'ex-
périence est V investigation d'un phénomène modifié
par l'expérimentateur. Cette •définition diffère de la
première des deux définitions que nous avons successive-
ment rejetées en ce qu'elle ne laisse pas l'observateur
passif, mais le considère au contraire comme ayant le
devoir d'aller au-devant des phénomènes par tous les
moyens qui sont en son pouvoir, de les analyser menta-
lement (non matériellement, comme l'expérimentateur)
et en se servant même d'instruments spéciaux pour n'en
garder que l'essentiel j l'instructif. (Cf. à cet égard Stuait
— 187 —
OBSERVATION
Mill, Système de logique inductive et déductive, 1. lîL
ch. tu, § 4.) Et elle diffère de la seconde définition re-
jetée en ce qu'elle est moins exclusive, en ce qu'elle ne
prétend pas établir une distinction absolue et unique entre
l'observation et l'expérience, fondée sur l'action réelle
que l'expérimentateur seul a sur les phénomènes, en ce
qu'elle laisse au contraire place à une autre définition,
fondée sur l'analyse du raisonnement expérimental.
du "point de vue du raisonnement expérimental,
qui est le point de vue logique, abstrait, observation et
expérience ne diffèrent plus comme deux méthodes diffé-
rentes, mais comme deux moments différents d'une même
méthode. L'observation alors est^ ou bien le fait qui sert
de point de départ au raisonnement, ou bien l'action de
l'esprit qui montre ce fait initial, tandis que l'expérience
est, ou bien « le fruit d'un raisonnement juste appliqué à
l'interprétation des faits », ou bien le fait décisif qui nous
instruit^ qui sert de contrôle Ou de conclusion au raison-
nement expérimental. L'expérience, considérée ainsi comme
un fait permettant de contrôler une hypothèse et comme
le dernier moment du raisonnement scientifique, peut être
simplement une observation, au premier sens du mot,
c.-à-d. un fait qui se sera produit naturellement, sans
que nous ayons eu le besoin, ni même parfois le pouvoir
de faire varier expéiimentalement ses conditions.
C'est précisément ce qui se produit dans les sciences
d'observation pure, comme l'astronomie, dans les sciences
où nous ne pouvons pas expérimenter et où nous avons à
retrouver les causes par les effets sans pouvoir faire varier
les effets en agissant sur les causes (cf. S. Mill, loc. cit.^
§ 3 et 4)* Dans ces sciences, comme 16 fait remarquer
S. Mill, nous ne pouvons atteindre qu' « une antécé-
dence invariable dans les limites de l'expérience, mais non
une arttécédence inconditionnelle ou la causation ».
L'observation étant ainsi définie et distinguée dé l'ex-
périence et de l'expérimentation^ il nous reste à faire re-
marquer avec Cl. Bernard {loc. cit., §5 et 6) que dans
l'expérience même l'observation reprend ses droits. Toute
expérience, en effet, au sens de fait contrôlant une hy-
pothèse, est, ou bien une observation invoquée pour le
contrôle (dans les sciences d'observation pure), ou bien
une observation provoquée par l'expérimentateur (dans
les sciences d'e:Jfpérimentation), c.^à-d. qu'une fois l'ex-
périence commencée, il reste à observer* ce que la nature
répondra. Pour cela, il faut que le savant se débarrasse
de toute idée préconçue, qti'il prenne bien soin d'observer
réellement ce qui se passe, dû ne pas faire d'inférences
hâtives (cf» S. Mill, loc, cit., l ÎV, ch. i, § % et Y, iv, 8)
et d'éviter tous ces sophismes {ibid.<,\^ iv) qui viennent, ou
bien de ce que l'oti oublie de noter certains faits, ou bien
de ce que l'on néglige des circonstances importantes d'un
fait donné* L'observation devra être exacte, c.-à--d. qu'on
ne devra rien ajouter ni omettre ; elle devra être précise,
c.-à-^d. qu'on devra autant que possible apprécier la quan-
tité de faits observés, les mesurer ; elle devra enfin être
méthodique, c.-à-d. « procéder régulièrement d'un objet
à un autre » (cf. Rabier, Logique, ch. vu, § 2). Pour cela
l'observateui* ne devra négliger aucun instrument qui
puisse étendre la portée ou augmenter la précision de
ses sens, ou môme les suppléer avantageusement.
IL ObsehvâTïon ïntëriëuïië Ou psvchologiquk. --^ En
psychologie, l'observation prend deux aspects très diffé-
rents, suivant que par elle on prétend constituer une
science psychologique rigoureuse ou simplement noter des
faits utiles à la conduite de la vie ou pouvant servir de
matière à des deuvres d'art.
i^ Observation scientifique ou introspection. La mé-
thode d'obsei^vation intérieure en psychologie fut surtout
préconisée à la fin du xviii^ siècle et au commencement
du %tx^ par l'école écossaise (Reid, Dugald Stewart, etc.).
Elle ^'introduisit en France, principalement souâ l'influence
de mm école (cf. Boutf ôUï, Etudes d'histoire de la phi-
losophie) et par réaction contre la méthode constructive I
abstraite des condillaciens. On espérait, grâce à une ob-
servation rigoureuse de la conscience, recueillir un nombre
suffisant de faits internes que l'on classerait et d'où Ton
induirait des lois aussi certaines que celles des sciences
de la nature. Victor Cousin d'abord, puis, avec des pré-
occupations moins métaphysiques, Jouffroy et Garnier
furent les principaux propagateurs de la psychologie nou-
velle. Maine de Biran vint en étendre le champ par sa
philosophie de l'effort: ce ne sont plus simplement des
phénomènes, des faits psychiques que la conscience saisit
en elle, mais l'effort même de^ Tesprit qui les produit.
Maine de Biran cependant faisait moins appel à l'obser-
vation et à l'induction qu'au sentiment et à la réflexion,
(iuoi qu'il en soit, on peut dire que tous les psychologues
qui ont eu le souci de distinguer leur science de la phy-
siologie ont adopté la méthode d'observation intérieiu^e.
Bain, S. Mill et tous les associationistes en font la mé-
thode propre de la psychologie. Par elle cependant la
psychologie peut-elle arriver k se constituer comnie science
de l'esprit ? Aug. Comte le nie. Selon lui, l'esprit ne peut
pas plus s'observer que l'œil ne peut se voir lui-même.
L'observation suppose deux termes : le sujet observant et
l'objet observé. Il est absurde de supposer qu'on peut être
les deux à la fois. Comte conclut que nous ne pouvons
connaître l'esprit que dans ses manifestations extérieures.
Il y a une double base à la psychologie : la sociologie et
la phrénologie. C'est nier la psychologie comme connais-
sance directe de l'esprit par la conscience. Cette connais-
sance est pourtant un fait. Nous savons tous par expé-
rience ce que c'est que penser, ce que c'est qu'un acte
spirituel. La difficulté est de savoir comment nous pour-
rons arriver à une intelligence complète de la pensée. Or
il semble bien que ce ne puisse être par la simple obser-
vation, si l'on entend ce mot en son sens précis. Des phi-
losophes comme M. Ravaisson (cf. l'art, intitulé Philoso-
phie contemporaine dans la Revue des Deux Mondes
de nov. 4840, et les pp. 22 et suiv, de son Rapport sur
la Philosophie en France au xix® siècle) et surtout
M. Lachelier (art. intitulé Psychologie et Métaphysique,
Rev. philos., mai 4885) se sont efforcés de substituer à
la psychologie d'observation pure qui chercherait à noter
des faits de conscience et à en induire, sous le nom de
lois psychologiques, des faits plus généraux, une psycho-
logie réflexive qui chercherait surtout à fonder en raison
et à rattacher à des premiers principes les diverses fonc-
tions de la vie mentale.
Avec l'école anglo-américaine (James Ward, William
James), la psychologie d'observation intérieure, reprise
surtout en France par M. Bergson, s'occupe non plus de
rechercher des lois de composition ou de combniaison
entre des faits internes déterminés, mais de' saisir, sous
les déformations abstraites que les nécessités de la vie
pratique introduisent dans notre conscience, la réalité psy-
chique fondamentale (cf. J. Ward, art. Psychology de
V Encyclopédie britannique; W. James, Psychoïogy,
surtout ch. IX du 4^^* vol. ; Bergson, Essai sur les données
immédiates de la conscience; Matière et Mémoire),
Pour reprendre la très intéressante distinction de W. James,
il y a dans la conscience des parties substantielles (images,
sentiments), érigées par l'ancienne psychologie en réalités
indépendantes, et des parties transitives qui sont surtout
les processus psychiques, l'activité mentale continue abou-
tissant à ces sentiments ou à ces ilnages. Les parties subs-
tantielles sont comme des choses dans la pensée; c'est
dans leâ parties transitives que l'observation intérieure
doit s'efforcer de ressaisir la pensée même. Or elle ne le
peut qu'en faisant appel à là connaissance immédiate ({ue ,
nous avons des réalités psychiques, en nous déshabituant
des formes arrêtées, délimitées dans l'espace et dans le
temps, que les nécessités de l'action nous font donner aux
phénomènes, en nous faisant retrouver sous ces formes
cô qu'il y a de fluide danâ les états de conscience, la mul-
tiplicité vivante de transformations qualitatives qui se pé-
OBSERVATION ^ 188
nètrent réciproquement. Mais cette méthode nouvelle, par
cela même qu'elle consiste à prendre conscience de la
vraie nature de la pensée, suppose que nous avons l'idée
de cette vraie nature. En prendre conscience, ce sera
confronter toutes les déformations inférieures, toutes les
expressions inexactes de la pensée avec cette idée que
nous en avons ; ce sera réfléchir sur elles et juger dans
quelle mesure elles s'en approchent ou s'en éloignent. Il
semble donc qu'il n'y ait pas là observation proprement
dite, mais interprétation, réflexion.
2" Observation littéraire et morale. Cette seconde
forme de l'observation psychologique est bien encore une
forme de l'observation intérieure. Alors même que nous
n'observons pas nos propres sentiments, mais ceux d'au-
trui, et que nous les observons par l'intermédiaire des
actions extérieures qui nous les révèlent, nous ne pou-
vons interpréter ces actions et par là connaître ces sen-
timents que grâce à la connaissance intérieure que nous
avons de nous-mêmes. C'est seulement en nous et par
nous que nous pouvons connaître les autres. Les historiens
et les littérateurs ne font œuvre de psychologues que dans
la mesure où ils ont un sens affiné de la vie intérieure.
Mais l'observation pour eux est plutôt un art qu'une mé-
thode scientifique rigoureuse. Bien que certains romanciers
aient émis la prétention d'expérimenter dans leurs œuvres,
en soumettant leurs personnages à certaines conditions
déterminées, ils ne saluaient atteindre ainsi que des
probabilités et des vi'aisemblances. L'observation des mi-
lieux où vivent les bommes semble être, grâce à l'in-
lluence réelle et assez déterminée du climat, de la race,
de la condition sociale, et en général des conditions phy-
siques sur le moral, une source de connaissances plus
certaines. Mais il ne faudrait pas oublier que le milieu
n'est qu'une des Ui-mbreuses circonstances qui peuvent
influer sur la formation du caractère individuel.
L'observation morale n'a pas seulement pour but la con-
naissance théorique des hommes ou le plaisir esthétique que
l'on goûte à les faire revivre dans une œuvre d'art. Elle
peut avoir aussi un intérêt pratique. Cet intérêt est double.
Nous pouvons nous observer et observer les autres, ou
bien dans l'intention morale de devenir nous-mêmes et de
rendre les autres meilleurs, ou bien dans l'intention pru-
dente de nous conduire habilement et d'user d'autrui pour
des fins particulières Cette seconde forme de l'observa-
tion morale est ce que l'on entend ordinairement par « con-
naissance des hommes ». C'est celle que nous exigeons
des politiques et que nous pratiquons à des degrés divers
dans la vie quotidien ae. Mais elle n'aboutit le plus sou-
vent qu'à connaître les faiblesses d'autrui et repose au
fond, si l'on en fait une règle de l'action, sur un certain
mépris des hommes qui seul peut permettre de les traiter
comme des moyens, c.-à~d. comme des choses. En ce
sens, observer les hommes, c'est observer ce que nous
croyons qu'ils sont, et nullement ce qu'ils peuvent être en
réalité ou ce qu'ils sont capables de devenir. La véritable
observation morale tient compte de ce progrès toujours
possible : elle est limitée par la conscience de ce que nous
ne pouvons observer. Elle est fondée sur la connaissance
de notre devoir et porte sur les moyens pratiques que
nous avons de le réaliser. Elle tire aussi un grand parti
de la connaissance des sentiments que font naître chez les
autres nos propres actions, et des résultats réels, que
souvent, en dépit de nos intentions, nous avons atteints.
IIÏ. De la faculté d'observer. — Outre une santé par-
faite de l'esprit et de tous les organes des sens, la faculté
d'observer exige encore l'acquisition de certaines qualités
mentales utiles à son complet développement, comme la
patience et le désintéressement (cf. Rabier, Logique, ch.
VII, § i). Mais ce sont là des qualités que l'on ne peut
demander qu'au savaat ou à l'homnie adulte. Chez l'en-
fant, la faculté d'observation est peu développée : elle ne
porte guère que sur les objets qui peuvent servir à ses
besoins. C'est dire qu'elle est surtout fort peu désinté- ,
ressée. En second lieu, Fenfant n'analyse guère : il est
trop ému par les choses pour les étudier (cf. l'art. Obser-
vation de M. Espinas, dans le Dictionnaire pédago-
gique de M. Buisson). Ne cherchant pas à connaître, mais
à constater, il ne suit aucune méttiode. Enfin, il généra-
lise, mais hâtivement, sans réflexion. Des lors, l'éducation
de la faculté d'observer devra se faire en développant
chez l'enfant ces qualités qui lui manquent. Pour éviter
ces généralisations rapides et abstraites, on le mettra en
présence des choses mêmes, en le forçant à les discerner,
à les regarder de près. On évitera tout ce qui est con-
vention et artifice. C'est ce que les grands éducateurs
comme Rabelais, Montaigne, Rousseau n'ont cessé de
réclamer. On évitera aussi l'excès contraire qui serait de
lui faire croire qu'il n'y a de vrai que ce qu'il touche :
on lui fera sentir combien ses moyens d'investigation sont
restreints ; on lui fei'a comprendre la nécessité d'instru-
ments spéciaux pour étendre la portée des sens et pour
mesurer ce qu'il serait tenté d'évaluer sommairement.
Pour lui faire saisir la nécessité de la méthode, on l'ha-
bituera à reconnaître d'abord le trait essentiel, à savoir
décrire et définir : la composition littéraire pourra être à
cet égard un bon auxiliaire pour la formation' de l'esprit
scientifique. L'enfant pourra encore, grâce à elle, déve-
lopper ses facultés d'analyse. C'est ainsi '.que peu à peu
on le forcera à s'intéresser, non plus à l'utilité grossière-
ment pratique que les objets peuvent avoir pour lui, mais
à ces objets en eux-mêmes. On rendra sa curiosité plus
désintéressée. Par sa formation même et par son déve-
loppement, l'esprit d'observation, en excitant et en diri-
geant tout à la fois l'attention, est comme l'intermédiaire
nécessaire entre l'instinct qui est l'esclave du besoin, et
l'intelligence qui libère. G. Aillet.
II.. Astronomie (V. Astronome et Astronomie).
ill. Météorologie, — Pour connaître la situation
météorologique générale d'un pays ou d'uri continent, il faut
savoir quels sont, au même instant absolu, dans le plus grand
nombre d'endroits possible, la pression barométrique, la
température, le degré d'humidité, la vitesse et la direction
du vent, l'état du ciel plus ou moins couvert,' enfin, la
pluie, la. neige ou l'orage, s'il y a lieu. Les trois pre-
mières sortes d'observations se font, soit directement, à
l'aide du baromètre, du thermomètre et de l'hygromètre,
celui-ci pouvant être remplacé par la comparaison du ther-
momètre sec et du thermomètre humide, soit indirecte-
ment, au moyen d'instruments enregistreurs qui inscri-
vent ou photographient en chaque instant, d'une façon
continue, la valeur de l'élément auquel ils correspondent.
La direction du vent s'observe au moyen d'une girouette,
à laquelle on peut aussi adapter un cylindre enregistreur.
Pour la vitesse des vents, on peut l'évaluer d'après une
échelle variable selon les pays et la situation des obser-
vateurs sur terre ou sur mer. Les marins préfèrent l'échelle
de Beaufort (de 0 à 42) ; les météorologistes français se
contentent de l'échelle de 0 (calme) à 6 (ouragan). Ils
évaluent la vitesse d'après l'effet produit par le vent sur
les arbres, sur les voiles, ou simplement sur leur, visage.
Il existe, du reste, plusieurs sortes d'anémomètres qui
enregistrent la vitesse du vent en mètres, yards, etc., par
seconde ; de même, des pluviomètres enregistreurs pour
la pluie ou la neige. L'état du ciel ne peut être observé
que directement : on note, en le représentant par des ini-
tiales, les diverses espèces des nuages observés ; on in-
dique la direction d'où ils viennent et aussi, ce qui n'est
pas la même chose, leur orientation, c.-à-d. les points de
Ihorizon où les bandes parallèles des nuages, surtout su-
périeurs, paraissent converger ; la proportion du ciel cou-
vert est compté de 0, ciel pur, à 10, ciel tout à fait cou-
vert. Pour les orages, V. ce mot.
Dans chaque pays, le bureau ou institut central publie
des Instructions météorologiques, destinées à mettre de
l'unité dans la manière d'observer. Les observations du
matin envoyées par voie télégraphique au bureau central
189 ™^-
OBSERVATION — OBSERVATOIRE
permettent d'établir tous les jours un Bulletin inlerha-
tional dont les cartes servent à la' prévision du temps
pour le jour même et le lendemain (V. Bulletin et Bureau) .
Le minimum du nombre des observations nécessaires
est de trois par jour ; elles sont faites à des heures telles
que leur moyenne journalière se rapproche de la moyenne
réelle. Dans certains pays, elles se font à six heures du
matin, deux heures après midi et dix heures du soir ;
dans d'autres, à huit heures du matin, deux heures du
soir et huit heures du soir. . E. Durand-Gbéville.
OBSERVATOIRE. I. Astronomie. —Il ne semble
pas que les anciens aient eu de véritables observatoires.
Les instruments dont se servaient leurs astronomes étaient
fort rudimentaires, et ils les dressaient le plus ordinaire-
ment sur les places pubhques ou sur les façades des
temples. Peut-être y eut-il aussi quelques installations d'un
caractère plus permanent, notamment dans. la tour de
Belus; à Babylone, au tombeau d'Ôsymandias, en Egypte,
et, plus tard, dans les bâtiments de la bibUothèque d'Alexan-
drie. Mais ce furent des exceptions et il n'exista, en tout
cas, aucune construction spécialement aménagée pour les
observations célestes. Les premières remontent aux Arabes.,
Le khalife Almamon, au commencement du ix^ siècle, les
khalifes EI-Aziz et El-Hàkim, au x® siècle, furent ériger à
Bagdad et au Caire des observatoires munis d'astrolabes,
d'armilles et de quadrants : c'est là qu'Aboul- Wefa et Ibn-
Younis efiTectuèrent les observations qui les ont rendus
célèbres. D'autres observatoires s'élèvent ensuite, qui eu-
rent également une grande réputation : celui de Meragah
(Perse), qui fut bâti vers 1250 par Filkhan Houlagou;
celui de Samarkand, qui date de la fin du xv^, siècle, et
qui est dû à Ouloug-Beg. En Europe, il n'y avait encore, à
cette époque, que des installations particulières, établies
tant bien que mal dans leurs propres maisons par les as-
tronomes du moyen âge. Le premier observatoire pubhc
paraît avoir été celui de Cassel, construit en 1561 par
ordre du landgrave de Hesse, Guillaume IV. Tous furent
d'ailleurs bientôt éclipsés par celui d'Uranicnborg, que le
roi de Danemark, Frédéric II, fit élever en 1576, dans File
de Hven, pour ïycho Brahe.(V. Brahe), et qui fut, vingt
ans durant, comme le temple de l'astronomie. Par la suite
et avec les progrès réalisés ; dans la ;construction des ins-
truments, les observatoires se multiplièrent. En ItaUe, les
grandes congrégations religieuses en dotèrent leurs col-
lèges. Puis toutes les capitales, toutes les grandes villes
universitaires voulurent avoir le leur , et on en vit
tour à tour surgir à Dantzig (1641), à. Paris (1667), à
Greenwich (1675), à Nuremberg (1678), à Berlin (1706),
à Saint-Pétersbourg (1725), à Gœttingue (1734), k
Vienne (1758), à Palerme (1787), etc. A Paris seulement,
il y avait, à la fin du xviii^ siècle, une dizaine d'observa-
toires : le grand observatoire, ou observatoire national,
ou encore observatoire de l'Académie des sciences, qui a
seul subsisté ; l'observatoire de l'Ecole militaire, où tra-
vaillèrent les Lalande ; l'observatoire du Luxembourg,;
l'observatoire de la Marine, à l'hôtel Cluny, qui eut pour
directeur Messier ; celui de Lemonnier, rue Saint-Honoré ;
celui de Delambre, rue de Paradis ; l'observatoire de Sainte-
Geneviève, dans les bâtiments actuels du lycée Henri lY,
avej&k l'abbé Pingre ; l'observatoire du collège Mazarin,
fondé par Lacaille, etc. La situation était, proportions
gardées, à peu près la même en province et dans les autres
pays d'Europe. Dans les contrées lointaines, au S. de
l'Afrique, aux Indes, en Australie, l'Angleterre créa vers le
même temps de nombreuses stations, où elle envoya ses
meiliears astronomes. Ce fut enfin le tour des Etats-Unis,
qui ont eu, depuis un demi-siècle, une part très grande
dans les progrès de l'astronomie pratique.
De nos jours, la tendance est à la limitation du nombre
des observatoires, au profit du développement et de l'amé-
nagement de ceux qui sont conservés ou qu'on construit
nouvellement. Comme d'ailleurs les images fournies par
les instruments sont d'autant plus nettes que l'atmosphère
est plus pure et qu'il y a intérêt à pouvoir embrasser
un horizon très étendu, on recherche de préférence les
endroits élevés et éloignés des habitations.* Les trépi-
dations doivent aussi être évitées et, conséquemment, le
voisinage immédiat des lignes de chemins de fer. Enfin,
on disperse le plus possible les observatoires, afin d'avoir
des observations sous toutes les latitudes. La mission prin-
cipale d'un grand observatoire astronomique est la déter-
mination de la position précise des astres, étoiles et pla-
nètes, par l'observation de leurs passages. On s'y occupe
aussi, mais subsidiairement, de la recherche de planètes
nouvelles ou de comètes, de l'étude de la constitution
physique des astres, d'analyse spectrale, de mesure d'étoiles
doubles, etc. ; mais ce sont là, nous le répétons, des tra-
vaux en quelque sorte extraordinaires, qui nécessitent des
services spéciaux et qu'on poursuit le plus souvent dans
des observatoires spéciaux ; il s'est ainsi créé des observa-
toires d'astronomie physique, de spectroscopie céleste, etc.
D'autre part, la photographie céleste, qui a pris dans ces
derniers temps une grande extension, a nécessité, elle
aussi, l'installation de nouveaux services, et tous les grands
observatoires sont aujourd'hui organisés de façon à pou-
voir concourir à la confection de la carte du ciel.
Les principaux instruments dont doivent être munis les
établissements de premier ordre sont : le cercle méridien
(V. Cercle, t. X, p. 8), Véquatorial (V. ce mot) et le
télescope (V. ce mot), tous trois pouvant recevoir, du
reste, des appareils de spectroscopie et de photographie
célestes. Des héfiomètres, des altazimuts, de petites
lunettes, d'excellents chronomètres, des • appareils enre-
gistreurs complètent l'outillage. Les plus grands instru-
ments reposent sur des piliers de pierre a fondations
profondes et indépendantes. De grandes ouvertures sont
pratiquées suivant le plan de la méridienne, dans les sens
vertical et horizontal, c.-à-d. du haut en bas des murs
et au plafond des salles, pour les instruments de pas-
sage. Les équatoriaux, les héhomètres, les altazimuts
sont placés au sommet de tours, dans des coupoles
tournantes, ce qui permet l'observation dans toutes les
directions. Enfin on ménage, en général, une terrasse pour
la recherche des comètes et pour les observations en plein
air.
Le nombre des observatoires astronomiques actuellement
existants est de 300 environ, dont 130 datent des siècles
précédents et dont une vingtaine à peine sont situés dans
l'hémisphère austral. Le tableau de la page suivante en
donne la liste pour la France et, pour les autres pays, les
noms des plus importants, avec l'indication de la latitude
(en degrés) , de la longitude (en temps) et de la différence AO
entre le temps sidéraLlocal à midi moyen et le temps sidéral
à midi de Paris.
Des neuf observatoires français mentionnés dans ce
tableau, et qui ont tous été construits ou transfoimés,
sauf celui de Paris, postérieurement à 1867, huit seule-
ment appartiennent à l'Etat, celui de Nice (V. ci-après)
étant un établissement particuher. Celui de Meudon est
spécialement consacré à l'astronomie physique ; celui de
Besançon est plutôt chronométrique. Ce dernier est, en oui re,
de même que ceux de Bordeaux et de Lyon, en même
temps météorologique. A signaler encore les observatoires
de la marine de Toulon et de Brest et une trentaine d'ob-
servatoires privés, d'importance moindre, notamment l'ob-
servatoire de Juvisy, fondé en 1882 et dirigé par M. Camille
Flammarion. — Comme observatoire astronomique de
montagne, on ne peut guère citer, en France, que la
station établie au sommet du mont Blanc (4.810 m.) par
M. Janssen. C'est le point le plus élevé où l'on ait pra-
tiqué des observations astronomiques ; mais l'instalkition
se réduit à un simple édicule et l'on n'y peut opérer que
l'été. L'observatoire du mont Hamilton, en Californie, est
à une altitude beaucoup moindre : 1.480 m.; par contre,
il est l'un des mieux aménagés et des plus richement do-
tés comme instruments. Les observatoires astronomiques
OBSERVATOIRE
— 190 —
de Nice, de Strasbourg et du mont Hamillon peuvent être
considérés en effet, à l'heure actuelle, comme les premiers
du monde. De même, l'observatoire d'astronomie physique
de Potsdam est le modèle du genre. ^Quelques renseigne-
ments sur chacun de ces quatre observatoires sont indis-
pensables. Nous les ferons précéder d'un rapide historique
et d'une description sommaire de celui de Paris, demeuré, à
plus d'un titre, le plus célèbre.
OBSERVATOIRES FRANÇAIS ET PRINCIPAUX OBSERVATOIRES
ÉTRANGERS
OBSERVATOIRE
France
Paris ♦
Nice
Marseille
Toulouse.,..,..
Meudon...,.,.»
Lyon
Bordeaux
Besancon.., ., .
Alger
Angleterre
Greenwich
Cambridge
Allemagne
Berlin
Leipzig
Bonn
Strasbourg
Gotha..
Potsdam.,
Kœnlgsbci'g-....
Autriche
Vienne ,
Italie
Palerme
Russie
Poulkova
Dorpat
Afrique
Le Cap
Amérique
Mont-Hamilton.
Cambridge (Har-
vard) . ,
Washington . ,
Ri o-de- Janeiro
Ocêanie
Melbourne. . ..
LATITUDE JLONGITUDE
(en degrés (en temps)
48'>50'11"N.
43 43 11 N.
43 18 19 N.
43 36 45 N.
48 48 18 N.
45 41 41 N.
44 50 7 N.
47 14 50 N.
36 47 50 N.
51 28 38 N.
5'2 12 52 N.
52 30 17 N.
51 20 6 N.
50 43 45 N,
4S 35 0 N,
50 56 36 N,
52 22 56 N
51 42 50 N,
48 13 55 N.
38 6 46 N
59 46 19 N
58 22 47 N.
33 56 3 S.
0^ Oi
0 19
0 12
0 3
0 0
0 9
0 11
0 11
0 2
37 20 24 N.
42 22 48 N.
38 53 15 N.
22 54 24 S.
37 49 53 S
0 44
0 40
0 19
0 21
0 33
0 42
1 12
t 0*
51 E.
14 E.
310.
25 0.
48 E.
26 0.
36 E.
48 E.
210.
58 0.
14 E
13 E.
2E
44 E
30 E
55 E.
38 E,
t
0%00
3 ,26
2 ,01
0 ,58
0 ,07
1 ,61
1 .88
2 ;40
0 ,46
-f 1 ,53
+ 1,47
0 56
0 44
1 51
1 37
lE
5E.
58 E,
32 E,
1 4 34 E
8 15 56 O.
4 53
5 17
3 2
52 0.
37 0.
2 0.
9 30 33 E.
Ao
André.
Ray«t
Gruey,
TrépieJ.
Cbristie.
Bail.
- 7
,27
6 ,61
3 .13
3 ,57
6 ,59
7 ,05
11 ,93
9 ,20
7 ,24
- 18 .39
-16 ,02
-10 ,61
DIRECTEUR
actuel
Lœwy.
Stephan^
Biillaud.
Porster,
Bruns.
Kustner.
E. Becker.
))
Vogel.
H. Struva.
Baeklund.
Lewitzky.
+ 81 ,47Holdea.
-{-48 ,27iPeoîcermg.
4-52 ,18 Harckness.
+ 29 ,90cruls.
-93 ,73'£llery.
Commencé, nous l'avons déjà dit, dès 1667, sous l'in-
fluence de Colbert et d'après les plans de l'architecte Per-
rault, V Observatoire de Paris, dont la construction exigea
à peine cinq ans, fut terminé en 1672. Cassîni protesta
tout de suite contre son aménagement, qui ne répondait
pas à sa destination ; mais Louis XIV ordonna qu'on n'y
changeât rien. Il est, du reste, encore tel quel. Il a la
forme d'un rectangle, dont chacun des côtés correspond
aux quatre points cardinaux, la façade principale, qui ter-
mine l'avenue de l'Observatoire, au S. dujardin du Luxem-
bourg, regardant exactement ie N. Aux deux angles s'élè-
vent des pavillons octogones, surmontés de coupoles ; entre
elles règne une terrasse dont le milieu est occupé par un
observatoire minuscule de trois petites coupoles. L'en-
semble de Fédifice, qui est tout en pierre et qui forme deux
étagtîs, le dernier beaucoup plus élevé, a une hauteur totale
de 27 m. C'estégalement la profondeur des fondations, qui
recèlent des caves à température constante (-f- 12° C), où
sont conservés depuis 1671, à l'abri de l'influence de la
chaleur solaire, des thermomètres-types. Le bâtiment lui"
même est, aujourd'hui, plutôt un musée qu'un observatoire^
Dans la grande salle centrale du deuxième étage, ornée
des bustes des plus illustres astronomes et meublée d'an-
ciens instruments, est incrustée en cuivre, sur le pavé dallé,
la ligne méridienne. Les autres pièces sont affectées à di-
vers usages, notamment à la bibliothèque et aux services
de l'administration. Sur la terrasse et dans les coupoles
des tourelles se trouvent des instruments météorologiques,
le célèbre cercle répétiteur deReichenbach, unpetitéqua-
torial de Gambey et deux fortes lunettes, de 5 m. et de 9 m.
Toute l'activité est, de fait, concentrée dans les ailes et dans
les nombreuses annexes du jardin. Les ailes, très basses,
sont au nombre de deux, l'une àl'E., l'autre à l'O. Edifiées
en 1834, elles renferment : la première, dont les faces N. et
S. et le toit sont fendus comme par trois énormes traits de
scie, le cercle méridien, une ancienne lunette méridienne
et un cercle mural, ces deux derniers désormais sans uti-
lité ; la deuxième, un amphithéâtre de 800 personnes, oii
professa Arago. Dans le jardin, absolument encombré,
quoique assez vaste, s'élèvent plusieurs coupoles et autres
constructions abritant des équatoriaux, parmi lesquels le
bel équatorial du système coudé, dû à M. Lœwy (0"'\60
d'ouverture), et l'appareil photographique de M. M. Henry
(0*^,33 d'ouverture), un nouveau cercle méridien, des ap-
pareils divers, enfin le télescope colossal de 7 "^,30 de
hauteur et de 1"^,20 de diamètre. Il est l'un des plus
grands qui existent, mais non l'un des meilleurs, car son
diamètre utile se trouve souvent réduit, par suite de la
taille défectueuse de ses bords, à moins de 75 centim.
D'ailleurs, la situation même de l'établissement au milieu
des brumes de la capitale et dans le voisinage d'une ligne
de chemins de fer s'oppose à toute observation rigou-
reusement précise.
L'observatoire de Paris a eu successivement pour di-
recteurs: Dominique Cassini, Jacques Cassini, César-Fran-
çois Cassini, Lalande, Bouvard, Arago, Leverrier (l^^fois),
Delaunay, Leverrier (2® fois). Mouchez, Tisserand, et,
depuis 1896, M. Lœwy. Placé jusqu'à la Révolution dans
la dépendance de l'Académie des sciences, qui y installait
ses astronomes, puis, jusqu'en 1854, dans celle du Bu-
reau des longitudes (V. Bureau, t. VIII, p. 457), qui
nommait son directeur, il fut, durant les quinze années
qui suivirent, affranchi de cette tutelle, mais pour y re-
tomber en 1868, à la suite des réclamations que souleva
l'administration de Leverrier. Les décrets des 13 févr.
1873 et 21 févr. 1878 lui ont donné son organisation
actuelle, qui est aussi celle des observatoires de province.
Le personnel scientifique comprend, outre un directeur et
un sous-directeur, des astronomes titulaires, des astro-
nomes adjoints, des aides --astronomes, tous nommés par
le ministre de l'instruction -publique. Le directeur, assisté
d'un conseil de 12 membres, administre rétablissement, sans
intervention du Bureau des longitudes, dirige le service scien-
tifique, pourvoit au service intérieur et est exclusivement
chargé de la correspondance, ainsi que de la publication du
résultat des travaux. Un arrêté du 31 oct. 1879 a régle-
menté en outre l'admission des élèves-astronomes. Pris,
sur la proposition du directeur de l'observatoire, parmi
les anciens élèves de l'Ecole normale et de l'Ecole poly-
technique et parmi les licenciés es sciences mathématiques
âgés de vingt-cinq ans au plus, ils passent dans l'établis-
sement deux années, durant lesquelles ils sont successive-
ment astreints au service des calculs, au sei^vicedu méri-
dien, auservice des équatoriaux et au service d'astronomie
physique. Ils sont nommés ensuite, au fur et à mesure
des vacances, aides-astronomes dans un observatoire de
l'Etat. Il y a enfin des élèves libres, agréés par le direc-
teur. Quant au personnel administratif, il se compose d'un
secrétaire-agent comptable, d'employés de bureaux et de
calculateurs. L'observatoire de Paris a poursuivi sans in-
terruption, depuis le 1^^ janv. 1837, ses observations de
Chaque année, son service de calculs publie
- 191 --
OBSERVATOIRE
un volume d'Observations (aim. 1858 et s.), ([ui consti-
tuent avec les Mémoires (ann. 4855 et s.), dont la publi-
cation est moins régulière, les Annales de l'observatoire
de Paris. L'observatoire fait paraître, en outre, un Bul-
letin astronomique mensuel et il travaille à un grand
catalogue d'étoiles.
L'observatoire de Nice s'élève à 378 m. au-dessus de
la mer, sur le mont' Gros, à 1 heure et demie au N.-E. de
la ville.{route de la Corniche) . Dû entièrement à la générosité
de M. Bischoffsheim, le banquier parisien bien connu, qui y a
consacré près de 5 millions de fr., il a été commencé en
1884, sur les plans de l'architecte Charles Garnier, et ter-
miné en 4887. Il comprend huit pavillons isolés et de di-
mensions différentes, mais tous magnifiquement installés.
Celui du grand équatorial possède l'une des trois plus
puissantes lunettes du monde (les deux autres sont à l'ob-
servatoire du mont Hamilton et à celui de Poulkova) :
elle n'a pas moins de 48 m. de distance focale et sa len-
tille, de 77 centim. de diamètre, a coûté, à elle seule,
une centaine de mille francs. Elle est placée sous une cou-
pole de 22"^, 50 de diamètre intérieur, qui, au lieu de rou-
ler sur des galets, se termine, à sa base, par un flotteur
annulaire de 4^^,50 de profondeur et de 0"^,95 de largeur,
plongeant dans une cuve également annulaire et rem-
plie d'un liquide incongelable (eau et glycérine, chlorure
de magij^sium, etc.). Cette disposition, réalisée par l'in-
génieur Eiffel et appliquée là pour la première fois, per-
met de déplacer très aisément, avec un contrepoids de
3 kilogr., l'énorme masse de 95.000 kilogr. que repré-
sente tout le système. Les autres instruments de l'obser-
vatoire sont : un équatorial de 38 centim. d'ouverture et
de 7 m. de distance focale, un équatorial coudé, un grand
cercle méridien de 20 centim. d'ouverture et de 3 "^,20
de distance fo(;ale, des instruments de passage portatifs,
dés lunettes photographiques, des appareils de spectros-
copie et toute une série d'instruments de moindre impor-
tance. L'observatoire de Nice a, en outre, une station
annexe au mont Monnier, près de la frontière italienne, à
2.7-40 m. d'alt. Son personnel, peu nombreux, est payé
au moyen des subventions fouroies par son fondateur.
Le nouvel observatoire de Strasbourg, qui a été inau-
guré en 4881 , est une dépendance de l'université. Il se
compose de trois bâtiments distincts, mais reliés par des
allées couvertes : l'un affecté à l'administration, les deux
autres aux instruments. Le principal est une tour à cou-
pole, qui s'élève à 25 m. au-dessus du sol et qui a 44 m.
de diamètre. Il abrite le grand réfracteur de Repsold,
qui est monté, afin de le soustraire aux vibrations, sur un
pied en fonte de 4 m. de hauteur et dont l'objectif a
43 '^«, 7 de diamètre et 7 m, de distance focale. Un méca-
nisme d'horlogerie le fait mouvoir autour de l'axe des
heures de façon à permettre l'observation continue d'une
étoile, et contre la paroi de la salle règne une galerie semi-
circulaire, pour l'observateur. Le même bâtiment contient
encore la bibliothèque, une salle de conférences, et, au
centre, des chambres voûtées à température constante pour
le logement des chronomètres. L'autre pavillon d'obser-
vations comprend : 4^ la salle méridienne, avec un cercle
méridien de Repsold, de 0'»,46 d'ouverture et 4 ^",09 de
distance focale ; 2° la salle des passages, immédiatement
contiguë, avec un vieil instrument de passage de Cauchoix
et deux nouveaux instruments de passage portatifs de Rep-
sold et de Bamberg ; 2^ reliées par une galerie, deux tours à
coupoles tournantes de 20 m. de hauteur, renfermant,
celle du N. un altazimut avec une lunette de 43^"\6 d'ou-
verture, celle du S. une lunette de recherches de 6 pouces.
L'observatoire du mont Hamilton^ en Californie,
appelé encore du nom du riche américain qui a pourvu
aux frais de sa construction, observatoire Lick, est le
plus élevé et le dernier construit des grands observatoires
astronamiques : il est, en effet, à 4.480 m. d'alt. et il a
été inauguré en 4888. Son principal instrument est un
réfracteur muni d'un objectif de Clark, de 94"^^, 5 d'ou-
verture et de 17 m. de distance focale. C'est la lunette la
plus grande et la plus puissante qui existe. Elle est placée sous
une coupole du poids de 90.000 kilogr. , qui est mise en mou-
vement au moyen d'un appareil hydrauhque. Elle a donné
d'excellents résultats, non seulement pour les observations
directes, mais aussi pour la photographie céleste et pour la
spectroscopie. Le directeur, M. Holden, a notamment obtenu,
avec elle, d'admirables clichés de la Lune. Les autres grands
instruments de l'observatoire Lick sont : deux équatoriaux
de 12 et de 6 pouces, un cercle méridien de 6 pouces et
demi, un réflecteur de 3 pieds. Ils occupent, comme
dans tous les nouveaux observatoires, des pavillons isolés.
V observatoire de Potsdam, bâti sur la montagne du
Télégraphe, près de la ville, est spécialement consacré,
comme notre observatoire de Meudon, à l'astronomie phy-
sique. Doté de tous les derniers perfectionnements et
pourvu des meilleurs instruments, il possède notamment
un appareil photographique, dont la lunette optique a
50 centim. d'ouverture et 12"\5 de distance focale et qui
a lui-même un objectif de 80 centim. d'ouverture et de 12 m.
de distance focale. Dans des tours à coupole sont un grand
réfracteur de 29^"% 8 d'ouverture, pour les observations as-
tronomiques, un autre, de 20^^^, 3, employé surtout pour la
photométrie céleste, un photomètre de Wanschaff. Un ob-
servatoire météorologique, des laboratoires de physique,
de chimie, d'optique, de photographie, complètent l'ins-
tallation. L. S.
IL Météorologie. — D'une installation moins com-
pliquée et moins dispendieuse que celle des observatoires
astronomiques, les observatoires météorologiques n'ont en
vue que l'étude de la météorologie et de la physique du
globe. Il y en a de premier et de second ordre, "^selon que
leur outillage est plus ou moins complet ; au-dessous
viennent les simples stations, qui font moins d'observa-
tions par jour, et cela sur un nombre restreint d'instru-
ments. En général, un observatoire, ou une station mé-
téorologique, est pourvu des instruments suivants : baro-
mètres, thermomètres et psychromètres, à lecture directe
et enregistreurs, pluviomètres (décuplateur, totaKsa-
teur, etc.), héUographe, magnétographe, anémomètres. —
L'énumération de tous les observatoires météorologiques
serait trop longue : il en existe dans toutes les capitales et
dans beaucoup de villes secondaires. Les renseignements
à leur sujet sont d'ailleurs assez faciles à obtenir. Nous
nous occuperons seulement des principaux observatoires
français, des observatoires de montagne et des observa-
toires des pays peu connus.
Les observatoires météorologiques appartenant â l'Etat
sont, en France, outre le Bureau central météorologique
(V. Bureau, t. VIII, p. 457), dont dépend l'observatoire
du Pai^c-Saint-Maur, et les observatoires de Besançon, de
Bordeaux et de Lyon, en même temps astronomiques
(V. ci-dessus), ceux du Puy-de-Dôme, du pic du Midi de
Bigorre, du Petit-Port, à Nantes, et de Perpignan. La ville
de Paris possède, de son côté, l'observatoire du parc
Montsouris, qui a une annexe à la tour Saint- Jacques. —
\S observatoire du Puy-de-Dôme, qui rentre, de même que
le suivant et que l'observatoire Vallot, dans la catégorie des
observatoires de montagne (V. ci-après), a été crée par dé-
cret du 29 déc. 1871, sur l'initiative de M. Alluard, pro-
fessem^ à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand. Les
travaux ont été commencés en 1873; ils ont duré quatre
ans. Admirablement situé, à 1.467 m. d'alt., l'observa-
toire se compose d'une tour ronde, au point culminant, d'un
bâtiment d'habitation, à 15 m. au-dessous, et d'une galerie
souterraine, qui les relie. Il est en communication constante
avec la station de la faculté des sciences de Clermont. —
V observatoire du pic du Midi, qui a remplacé en 1881
la station établie par Nansouty à Sencours et qui appar-
tient depuis 1882 à l'Etat (V.' Nansouty), est à l'ait, de
2.859 m., sur un rocher isolé, à quelques kilomètres au
N. de la crête des Pyrénées. Pendant six mois de l'année,
les communications se trouvent interceptées par la neige.
OBSERVATOIRE --- OBSESSION ^ 192
et ii a failli prendre des dispositions spéciales pour Tliiver-
nage. Le bâtiment d'habitation, qui a ses ouvertures au midi,
renferme donc, outre. les chambres, des magasins d'appro-
visionnement .11 communique par un tunnel avec une pièce
circulaire voûtée oii sont installés les appareils magné-
tiques, le baromètre, etc. Des stations annexes sont .établies
au lac d'Oredon (1.900 m.), à Barèges (1.230 m.), etc.
— \j observatoire, du Parc Montsouris, à Paris, est ins-
tallé dans un pavillon en bois qui est une, reproduction du
Bardo (palais du bey de Tunis) et qui a figuré à l'Expositioji
universelle de 1867. Dirigé d'abord • par Sainte-Claii'e-
Deville, et, après qu'un décret du 13 févr. 1873 en eût
fait un établissement municipal, par Marié-Davy, il com-
prend un service météorologique, un service chimique et
un service micrographique. — V observatoire Vallot, qui
a été construit par M. Vallot et qui est demeuré sa pro-
priété, est sur la pente française du mont Blanc, au rocher
des Bosses (4.365 m.). M. Vallot avait, en 1887, établi
au sommet même, à 4.810 m., un poste d'instruments,
remplacé aujourd'hui par la station astronomique de
M. Janssen. L'observatoire actuel a été édifié en 1890 et
agrandi en 1892. Il se compose de 8 pièces : 4 chambres
d'observation, 1 chambre à coucher, 1 cuisine, 1 salle de
provisions et 1 chambre pour les guides. Un refuge de
2 pièces y a été annexé, pour les ascensionnistes, avec
lits, couvertures et fourneau à pétrole. Il va, du reste,
être transporté à quelque distance, dans une situation
plus favorable.
Les observatoires de montagne, qui deviennent de
plus en plus nombreux, feront connaître les mouvements
des couches moyennes de l'atmosphère. Voici la liste des
plus importants en Europe et dans l'Amérique du Nord :
En Europe :
Altitude
Hohenpeissenberg (Bavière) 994 m.
Brocken (Mont, du Harz) 1.141 —
CTlatzer-Schneeberg (Prusse) ' 1 .210 —
Ballon de Servance (Haute-Saône) 1 .216 —
Briançon (Hautes-Alpes) 1 .298 —
Vésuve (Italie) 1 .300 —
Ben-iNevis (Ecosse) 1 . 342 ■—
Schneegruben-Baude (Prusse) 1 ,425 —
Puy-de-Dôme (Auvergne) 1 . 467 —
Aïgoual (Cévennes) 1 . 567 —
Schneekoppe (Allemagne) 1 . 599 —
Schaffberg (Autriche) 1 . 776 — ■
Righi-Kulm (Suisse) " 1 .790 —
Wendelstein (Bavière) 1 . 837 —
Mont Ventoux (Vaucluse) 1 . 900 —
Schmcttenhôhe (Autriche) 1 .935 —
Hospice du Saint-Gothard (Suisse). 2.100 —
Hoch-Obir (Carinthie) 2 . 148 —
Petit Saint-Bernard (Italie) 2.160 •—
Monte Cimone (Italie) 2.167 —
Grand Saint-Bernard (Suisse) 2.478 —
Sântis (Suisse) • 2.500 —
Stelvio (Italie) 2.543 —
Valdobbia (Italie) 2.548 —
Pic du Midi de Bigorre (Pyrénées) 2.859 —
Etna (Sicile) 2.950 —
SonnbUck (près Salzbourg, Autriche) 3.095 —
Col de Saint-Tliéodule (Suisse) 3 . 330 —
Rocher des Bosses (Mont-Blanc) 4 . 365 •—
Elbrouz (Caucase) 5 . 636 —
Da7%s VAméru[ue du No7'd :
Mont Washington (Massachusetts) 1 .915 m.
Pike's Peak (Colorado) 4.308 —
En Afrique, les stations sont assez nombreuses sur la
Méditerranée ; en Asie, la Sibérie est assez bien pour-
vue, puis l'Inde, puis la Chine (obs. deZi-Ka-Wei). L'Aus-
tralie possède déjà un réseau assez complet, avec service
journalier de prévision du temps ; l'observatoire Elagstatt
y a été organisé par Neumayer. Dans l'Amérique du Sud,
les pays qui ont un bureau central météorologique sont :
le Chili, à Santiago, ait. 520 m. ; le Pérou, à Arequipa,
ait. 2.489 m.; avec plusieurs stations élevées : l'une, au
sommet du volcan ElMisti, ait. 5. 856, m.; une autre, au
lac Titicaca, ait. 3.824 m. ; la République Argentine, à
Cordoba, et d'autres observatoires à La Plata,-à Buenos
Aires, etc. ; l'Uruguay, à Villa Colon ; le Brésil, à Rio de
Janeiro, sur le Morro do Castello. Ces divers bureaux pu-
blient leurs observations. E. Durand-Gréville.
OBSESSION, POSSESSION (Démonologie) . Parmi les
procédés que le Diable emploie pour séduire les hommes,
les soustraire au règne de Dieu et les soumettre à son
empire, les théologiens et les démonologues distinguent
la tentation, V illusion, V obsession et la possession. —
L'homme attaqué par la Tentation proprement dite jouit
encore de son libre arbitre ou, du moins, de la part que
lui en ont laissée la déchéance originelle et l'infirmité résul-
tant de ses chutes précédentes ; mais il n'y a en lui ou hors
d3 lui presque rien que le Diable ne sache utiliser pour le
vaincre et pour se l'assujettir. Les promptitudes et les
témérités de l'esprit, les faiblesses et les convoitises de la
chair, les affections et les désirs du cœur, la crainte et
l'espérance, les souyenirs et les regrets, l'ignorance et la
connaissance, la maladie et la santé, la beauté e^ la lai-
deur, la richesse et la pauvreté, les revers et les succès,
tout devient arme aux mains du Tentateur. En outre, les
prédispositions funestes qui constituent les sept vices capi-
taux : Orgueil, Envie, Colère, Avarice, Gourmandise,
Luxure et Paresse, forment, pour ainsi dire, tout autant de
provinces occupées, sous la direction de Satan, par des lé-
gions de démons aussi actifs qu'habiles en leur spécialité.
Contre la tentation, l'Evangile recommande la vigilance et
la prière (S. Math., xxvi, 41): l'ascétisme catholique y
ajoute le jeûûe, la solitude, le silence et les exercices pré-
ventifs ou répressifs de mortification ou de pénitence, dont
les principaux instruments sont le cilice (V. ce mot) et
le fouet en ses diverses formes (V. Discipline, Flagella-
tion).— Entre la tentation et l'obsession se place FIllusion.
C'est ordinairement à propos des illusions nocturnes que
les théologiens s'occupent de cet artifice du Diable. Les con-
fesseurs les plus sévères innocentent ces illusions-là, lors-
qu'elles n'ont point été provoquées durant la veille, par
ces imprudences et ces complaisances du souvenir, ou de
l'imagination que les casuistes appellent delectatio mo-
rosa. — Ce qui différencie I'Obsession de la possession,
c'est que dans l'obsession le Diable agit en dehors de
l'homme, tandis que dans la possession il agit en dedans.
La série des tentations de saint Antoine présente plu-
sieurs cas bien caractérisés d'obsession. D'autres légendes,
pareillement canonisées par l'Eglise, permettent de com-
pléter rénumération de ce que les démons peuvent et
savent entreprendre pour terroriser ou corrompre les
fidèles. Elles les montrent commandant aux éléments, pour
faire gronder le tonnerre et tomber la foudre, pour dé-
chaîner les vents et soulever les flots, pour produire tan-
tôt des paysagesravissants, tantôt des précipices épouvan-
tables, tantôt des édifices prodigieux, tantôt les aliments
les plus appétissants, tantôt les concerts les plus amoUis-
sants ou les cris les plus affreux. Les démons peuvent
aussi prendre les formes de tous les êtres de la création,
et même créer et revêtir des formes fantastiques, merveil-
leusement terribles ou merveilleusement belles, suivant le
but proposé. Parmi ces créations, les théologiens et les
démonologues classent, d'après d'éminents pères de l'Eglise,
l'iNcuBisME et le succuBisME. Le démon qui se fait incube
prend la forme d'un homme, pour séduire une femme et
l'induire au péché. A l'inverse, le succube se présente
sous la forme d'une femme, pour consommer la perdition
d'un homme. Comme moyens de résister aux obsessions,
les documents que nous analysons indiquent le signe de la
croix et l'eau bénite. L'effet de ces deux moyens est tout.
— 193
OBSESSION — OBSIDIENNE
puissant, mais Feau bénite semble préférable. Non seu-
lement elle met en fuite le tentateur ; mais elle le punit
de son entreprise, en lui infligeant l'horrible souffrance que
le contact de cette eau fait toujours endurer aux démons.
Les formes et les effets de la possession sont très divers ;
mais tous les cas présentent un caractère commun : Tin-
troduction dans le corps d'un homme d'un ou de plusieurs
démons, qui s'y établissent, s'emparent des membres, des
sens et de l'esprit de cet homme, et les asservissent à l'ac-
complissement de leurs volontés. Au gré ou suivant la
nature du diable qui le domine, le possédé devient para-
lytique, épileptique ou hystérique, sourd, muet ou aveugle;
il se tord ou s'endort, sourit ou grimace, chante ou hurle,
mais ordinairement blasphème et se livre à des paroles et
à des actions fort impures et fort impies ; parfois aussi à
des manifestations religieuses, dans lesquelles cependant
un observateur orthodoxe peut toujours reconnaître les
inspirations du (Zèj'mon te hérésies. Le remède spécifique
contre la possession, ou plutôt le moyen officiel de déh-
vrance pour le démoniaque, c'est I'exorcisme. « Les chré-
tiens, écrit saint Cyprien {Traité de la vanité des idoles) ,
conjurent les démons au nom du Dieu vivant, les contrai-
gnant de quitter le corps du possédé, de hurler, pleurer
et souffrir, de confesser d'où ils viennent et de s'enfuir. »
Ce n'est pas seulement du corps des hommes que l'exor-
cisme chasse les démons ; c'est aussi du corps des ani-
maux et même des éléments qui composent les choses
inanimées; car on sait que toutes les parties de notre
monde sont infestées par une multitude invisible d'esprits
malfaisants, et que le Diable professe une prédilection
marquée pour certains animaux, qu'il associe à ses malé-
fices. Pour les hommes, l'exorcisme s'opère suivant un
rituel assez compliqué. Pour les animaux et les choses la
cérémonie est plus simple; elle consiste : l*^ à supplier
Dieu de faire cesser le mal ; 2** à sommer le démon, de
la part de Dieu et en vertu de la puissance qu'il a donnée
à son Eghse, de quitter le corps des animaux ou les lieux
ou les choses dont il abuse pour nuire aux hommes. Des
rites spéciaux sont destinés à exorciser les éléments dont
l'Eglise se sert pour son culte : Feau, le sel, l'huile, etc.
Ces dernières opérations constituent Vexorcisme ordi-
naire; celles dont on use pour délivrer les possédés, pu-
rifier les choses et les lieux infestés, écarter les orages,
faire périr les animaux nuisibles, etc., sont appelées
exorcismes extraordinaires. — Primitivement, le pou-
voir d'exorciser était reconnu à tous les chrétiens, ensuite
on en attribua l'exercice à un ministère spécial, qui devint
alors très actif, celui des exorcistes. Il ne figure plus au-
jourd'hui que dans les ordres mineurs (V. Ordre) et
pour le titre seulement, titre sans emploi. Les prêtres
eux-mêmes ne peuvent exorciser les' personnes, sinon
avec une permission deleurévêque. Des instructions delà
sacrée Congrégation du Saint-Ofiice (déc. 1700) et de la
sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers (janv. 1713,
sept. 1738, juil. 1787) prescrivent les règles à suivre en
ces matières. Elles ont été écrites à l'occasion des troubles
qui agitaient les rehgieuses de l'Annonciation (diocèse
dlesi) ; de deux novices d'un couvent de Frésingue misé-
rablement molestées par le Malin Esprit ; d'une religieuse
choriste du couvent de Saint-Bernardin (évêchéde S. An-
gelo in Vado) et d'une religieuse de Gallerata (diocèse de
Milan) . Elles recommandent les exorcismes contenus dans
le livre intitulé Flagellum dœmonum; mais pour les
précautions et mesures à prendre, elles semblent avoir été
influencées, sur certains points, par le doute moderne,
qui prétend classer parmi les maladies naturelles, que la
pathologie médicale réclame, ou parmi les passions hu-
maines, des cas qui autrefois étaient incontestablement
attribués à Fœuvre du Démon : Avant tout, observer sé-
rieusement le confesseur ordinaire du couvent et l'écarter
s'il paraît suspect ; puis s'enquérir, même avec des ex-
plorateurs secrets, si les religieuses obsédées sont encore
ou ont jamais été prises d'amour profane ; si elles ont
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
Fhabitude de fréquenter les grilles du monastère ; si elles
ont des correspondances d'amitié avec des séculiers ; si
ces séculiers ont l'habitude de circuler de jour ou de nuit
autour du monastère ; si leurs agitations peuvent dériver
de causes et passions mondaines ou bien d'effets hysté-
riques et naturels : pour cela, les faire examiner par un
ou plusieurs médecins d'un âge avancé ; enfin, surveiller
très attentivement les domestiques qu'on a coutume de
faire entrer dans le couvent, pour les services manuels.
Il est notable que tous les documents que nous venons de
mentionner se rapportent à des cas advenus dans des
monastères de femmes. En effet, il semble bien que les
religieuses sont particulièrement Fobjet des entreprises et
des ruses de Satan. Il est avéré que ses suppôts As-
taroth, Cédon, Asmodée, Uriel,Belzébuth et autres diables
de haut rang, surent s'emparer du corps des Ursuhnes
de Loudun (1633), en y entrant par le nez lorsqu'elles
respiraient une branche de rosier fleuri, envoyée par Ur-
bain Grandier, ainsi qu'ils le déclarèrent à l'évèque de
Poitiers et aux autres exorcistes qui opéraient avec lui.
E.-H. VOLLET.
OBSIDIENNE. Les obsidiennes sont des roches d'ori-
gine éruptive ressemblant d'une façon frappante à un
verre, de couleur habituellement noire, quelquefois rouge ;
leur cassure est semblable à celle du verre et donne
souvent naissance à des arêtes coupantes. Ces roches sont les
correspondants vitreux de roches volcaniques bien définies
et cristallisées, et leurs coulées sont souvent associées à
d'autres ayant la même composition chimique en bloc,
mais ayant partiellement cristaUisé en prenant une struc-
ture microlithique et en donnant, suivant les cas, des tra-
chytes ou des andésites ou encore des types plus acides,
des liparites. La composition chimique de ces roches, de
même que celle de toutes les roches éruptives, est d'ail-
leurs celle d'un verre. Ce sont des silicates complexes
d'AF03, de Fe^O^ de K^O,de Na^O, de CaO, de MgO et
de FeO, dans lesquels la proportion relative de ces divers
éléments est assez variable. L'un des éléments les plus
variables est la silice, dont la proportion à la masse
totale de la roche caractérise le degré d'acidité de cette
dernière ; cette teneur en silice varie depuis 78 •'/o, dans
les obsidiennes les plus acides, correspondant aux lipa-
rites, jusqu'à 60 ^jo environ dans les plus basiques et
descend même jusqu'à 50 «/o dans des verres analogues
encore plus basiques, correspondant aux basaltes et qui
ont reçu des noms spéciaux (hyalobasaltes, tachylites
et hyalomélanes).
En l'absence d'éléments cristallisés (du moins d'élé-
ments de quelque importance) dans les obsidiennes, celles-
ci ne peuvent être classées comme les roches éruptives
cristallisées, pour lesquelles la composition minéralogique
joue un rôle de premier ordre et permet d'établir de
nombreuses subdivisions. Pour les obsidiennes, on se borne
généralement à considérer la teneur en silice, c.-à-d. à
donner une idée de l'acidité de la roche ; pour une déter-
mination plus exacte, il faut tenir compte des variations,
parfois très grandes, des diverses bases combinées à la silice.
Caractères microscopiques. — Bien qu'à Fœil nu les
obsidiennes paraissent complètement vitreuses, c.-à-d.
dépourvues de tout produit de cristallisation, on constate
fréquemment dans ces roches, étudiées en lames minces
au microscope polarisant, qu'il existe des indices d'une
séparation d'éléments cristallisés au milieu du magma
resté pour la plus grande partie absolument vitreux. Dans
les obsidiennes relativement basiques, correspondant aux
andésites, on observe souvent de petits microUthes de
pyroxène, c.-à-d. de très petits cristaux présentant des
formes bien définies ; mais, en outre, Femploi de forts
grossissements révèle, dans presque toutes les obsidiennes,
l'existence de toute une catégorie de formes élémentaires,
très intéressantes parce qu'elles constituent pour ainsi
dire quelque chose d'intermédiaire entre l'état amorphe
et l'état cristallin.
13
OBSIDIENNE — OBSTRUCTION
— 494
Ces formes, désignées sous le nom de cristallites , se-
divisent, suivant la figure qu'elles afFectenl, en longuliies
et glohulites (%. 1), ou en trichites (fig. 2) ; ces der-
niers, qui ressemblent souvent à des paquets de cheveux
entremêlés, peuvent aussi servir de support à des globu-
lites ou être formés parfois de rangées de ces globulites
(lig. 3). Parfois aussi il existe des spîiérolithes. Ces diverses
Fig. 1. - Lon- Fig. 2.- Tri- Fig. 3. - Trichites
gulites et glo- chites. avec globulites.
lûulites.
formations cristallitiques, ainsi que les microlithes lors-
qu'ils existent, se disposent fréquemment en traînées ali-
gnées, parallèles au sens de Fécoulement du magma liquide
lors de son épancliement et nommées pour cette raison
rangées fluidaîes. La fig. 4 montre très nettement ces
^^-
Fig. 4. — Traînées fluidalos.
traînées Cuidales de petits microlilhcs pyroxéniques, al-
ternant avec des trichites, les uns vitreux, les autres gar-
nis de globules cristallitiques de magnétite etdepyroxene.
En outre, comme dans beaucoup de roches vitreuses, le
retrait résultant du refroidissement fait souvent naître de
petites fentes, les unes
presque rectiligncs,
les autres circulaires
ou spiraliformes
(fig.5):c'estla.s'/?'iL(?-
lure perlitigtiê.
Certaines obsi-
diennes sont très ri-
ches en vacuoles ar-
rondies (pores gazeux)
provenant de bulles
des vapeurs qui ac-
compagnent le magma
fondu lors de sa venue
et qui sont restées
emprisonnées dans la masse pendant son refroidissement.
Lorsque ces pores gazeux deviennent assez abondants et
d'assez grande taille pour donner une structure absolument
spongieuse, dans laquelle la roche solide forme seulement
la trame, on a affaire à une 7)once de couleur claire, si
Fig. 5. — Structure ])crlitiquc
(Aden).
elle correspond à un trachyte ou à une andésite, ou à une
scorie basaltique brun foncé ou noire, dans le cas oti sa
composition est celle d'un basalte. Cette structure spon-
gieuse ou scoriacée se rencontre souvent à la surface des
coulées, mais surtout dans les produits projetés par les
éruptions, en raison même du rôle important des vapeurs
dans la projection de ces blocs, qui constituent une sorte
d'écume, et aussi de la rapidité de leur refroidissement.
Les ponces peuvent parfois être assez légères pour flotter
à la surface de leau (ex. Krakatoa).
DisTRiBUTiOx\. — Parmi les obsidiennes, certaines renfer-
ment autant de silice que les roches acides et correspondent
auxliparites (lipar obsidiennes et liparoponces). On peut
citer par exemple dans ce groupe celles d'Obsidian Cliff\
coulée de 40 m. de puissance sur 4.600 m. de long
(Yellowstone), renfermant 75 à 78 «/o de silice, dont
certaines variétés ieviennent pierreuses {lithoklites) et
renferment des vacuoles dont les parois sont tapissées de
quartz, tridymite, feldspath, fayalite et magnétite, pro-
venant probablement de l'action exercée sur le verre fondu
par les vapeurs qui s'en dégageaient pendant la consoli-
dation. 11 est intéressant de signaler, à propos de cette
localité, une application ingénieuse des fentes de reirait
produites par refroidissement brusque dans ces roches ;
pour y creuser une route, les ingénieurs américains, re-
noni:ant à l'emploi direct des outils habituels dont Fac-
tion était presque nulle sur ces roches extrêmement dures
et compactes, chaufïaient fortement la surface et la re-
froidissaient ensuite brusquement avec de l'eau, de façon
à produire ces fissures, qui permettaient ensuite une facile
désagrégation. D'autres types d'obsidiennes acides se
rencontrent en Cahfornie, au Mexicjue, en Hongrie, aux
lies Lipari (74 %), à l'île Saint-Paul (74,5 «/o), en
Nouvelle-Zélande, etc.
Quant aux obsidiennes plus basiques, correspondant aux
trachytes et aux andésites, elles renferment en moyenne
65 7o de sihce ; elles sont aussi très fréquentes et pren-
nent en particulier un grand développement en Islande,
aux Açores, à l'île de Milo, etc. On y rencontre tous les
intermédiaires entre des variétés ne renfermant pas trace
d'ébauches cristallines, d'autres contenant des trichites
et des granules globulitiques, et d'autres encore plus dé-
vitrifiées (fig. 4) avec des rangées de petits microlithes,
c.-à-d. de petits cristaux bien définis, de pyroxène.
Quant aux types vitreux des basaltes, et en général
des roches basiques à olivine, ils ont été désignés sous les
noms de tachylites (verres solubles dans les acides) et
de hjjalomelanes (verres insolubles) ; on les réunit sou-
vent sous le nom àliyalobasalles ; ils renferment de 50 à
53 7o de silice. Ces verres sont relativement beaucoup
plus rares que ceux des roches acides ou neutres, ce qui
tient probablement sl la facihté plus grande de la cristal-
lisation des magmas basiques par refroidissement. On
peut en citer comme exemples certains accidents des laves
à olivine de Kilauea (iles Sandwich) et de celles de la
Réunion, décrites par M. Vélain. Léon Biîrtrand.
OBSONVILLE. Com. du dép. de Seine-et-Marne, arr.
de Fontainebleau, cant. de Châteall-Landon ; 447 hab.
OBSTÉTRIOUE (Hist.) (V. Accoucheuîis) .
OBSTRUCTION (Polit.). Dans une assemblée parle-
mentaire, l'obstruction est un moyen, pour la minorité,
d'entraver les travaux législatifs et de jeter le discrédit sur
la majorité. Elle ne va pas sans une connaissance appro-
fondie du règlement et sans une organisation savante des
partis. On verra dans l'art. Parlementarisme, par l'étude
comparée des règlements intérieurs des principales Chambres
du monde, quelles ressources les minorités peuvent y
trouver, non pas seulement pour le maintien de leurs droits,
mais surtout pour l'empiétement sur lès droits des majo-
rités, -et de quelles armes les majorités disposent pour ré-
sister à de pareilles entreprises. Nous nous bornerons donc
ici au bref récit des mémorables campagnes obstruction-
nistes, qui ont joué un rôle si marqué dans l'histoire du
195 —
OBSTRUCTION — OBTURATEUR
parlementarisme, notamment en Angleterre et en Autriche-
Hongrie.
L'obstruction en Angleterre. Le règlement anglais,
respectueux, au delà de toute mesure, des droits des mino-
rités, ne prévoyait jadis aucune mesure restrictive de la
liberté de la parole ; il ignorait la clôture, c.-à-d. le droit
pour la majorité de clore un débat lorsqu'elle se sent suf-
fisamment éclairée. En 1877, les députés autonomistes
irlandais (home-rulers) s'avisèrent d'abuser des facilités
que leur prêtait le règlement, pour entraver le vote des
lois qui tenaient le plus au cœur de la majorité. Les obs-
tructionnistes n'étaient que sept, mais ils étaient infati-
gables, doués d'une intarissable faconde et connaissaient,
par le menu, les prescriptions souvent embrouillées des
standing orders (règlement). Ils s'attaquèrent, le 2ijuil.,
en fm de session, au South-Africa Bill, et, prenant la pa-
role à tour de rôle, Parnell, O'Donnell, Biggar, Kirk, Gray,
Nolan et Power firent durer la séance du 24 jusqu'à deux
heures un quart du matin, celle du 25 jusqu'à six heures
du matin, celle du 31 jusqu'à six heures un quart du len-
demain soir! O'Donnell pour sa part avait rédigé et déve-
loppé 73 amendements ! La majorité était harassée et
furieuse, mais elle ne se décida pourtant pas encore à ré-
former son règlement. Les obstructionnistes continuèrent
leur tactique, améliorée par l'expérience, pendant les ses-
sions de 1878, 1879 et 1880. On édicta alors quekjues
dispositions pénales, qui ne purent venir à bout de l'habi-
leté et de la ténacité des home-rulers. Le 25 janv. 1881,
ils marchaient avec un admirable entrain à l'assaut des
bills coercitifs destinés à réprimer les attentats criminels
qui se multipliaient en Irlande. La séance traîna jusqu'à
neuf heures du soir ; de neuf à dix heures, Biggar s'obstina
à lire un volumineux dossier qui avait peu de rapport avec
la question. Rappelé à l'ordre, nommé, il est enfin sus-
pendu de ses fonctions par le speaker. Healy et O'Donneil
réclament l'ajournement des débats jusqu'à ce que leur
collègue exclu ait été autorisé à rentrer dans la salle. Le
combat dura jusqu'à minuit. On proposa alors, comme
transaction, de statuer sur l'urgence, le débat sur le fond
devant être remis au lendemain. Un nouvel engagement eut
lieu sur ce point et se prolongea jusqu'au lendemain deux
heures de l'après-midi. La séance avait duré vingt-deux
heures. La discussion fut reprise le lendemain, puis le surlen-
demain ; le '31 janv. , elle devait se prolonger au delà de toute
limite jusque-là connue ; la séance commencée le lundi à
quatre heures après-midi se termina seulement au bout de
41 heures, le mercredi matin; elle avait été semée des
incidents les plus vifs et les plus singuliers, entre autres
l'expulsion par la force de tous les représentants irlandais,
un par un, et n'avait pu se clore que par un coup d'Etat
du président qui, rompant avec tous les précédents, se
décida à interdire la parole à tous les orateurs. Elle eut
pour conséquence l'adoption d'un bill attribuant au speaker
des pouvoirs extraordinaires, consistant en somme dans
lafacuhé de repousser sans débat la motion d'ajournement,
de limiter et d'interdire les discours oiseux, etc. Les home-
rulers ne perdirent pas courage et, à propos du vote du
bill agraire relatif à l'Irlande, ils reprirent avec succès
leur campagne, si bien qu'au dernier jour de !a session le
gouvernement dut confesser avec amertume la stérilité des
travaux législatifs. Il réclama alors contre l'obstruction-
nisme l'arme la plus eflicace et celle à laquelle ont recours
presque tous les parlements, la clôture. Les home-rulers
se sentant atteints luttèrent désespérément contre une
réforme aussi grave du règlement qui fut enfin adoptée non
sans peine.
L'obstruction en Autriche-Hongrie. Au Rciclisrath
autrichien, une singulière mesure d'obstruction a été sou-
vent employée par les partis, c'est la désertion en masse
des bancs de l'assemblée. Jusqu'en i^M cependant, elle
n'avait point eu d'effets graves, lorsque tout d'un coup le
pai'ti des libéraux ou parti allemand (140 membres) dis-
parut systématiquement de la Chambre (20 mai) au cours
d'un débat sur une vérification d'élection. Cette manifes-
tation produisit un efî'et énorme ; mais, comme l'absence
des gauches n'empêchait pas en somme l'assemblée dedéh-
bérer, elles s'empressèrent de reparaître le lendemain pour
renouveler cette politique d'abstention à diverses autres
reprises, notamment en 1882-83, sans négliger néanmoins
d'user des mesures dilatoires qu'on retrouve partout : longs
discours, demandes de scrutins, motions d'ajournement,
présentation d'amendements, etc., les querelles des natio-
nalités étant extrêmement vives et déterminant entre les
Allemands et les nationahstes, presque égaux en nombre,
des luttes incessantes et surtout âpres, oîi tous les moyens
sont bons pour écraser l'adversaire.
Les campagnes obstructionnistes ont repris avec une
violence nouvelle en 1897. Les Allemands, en minorité au
Reichsrath, ont usé de tous les moyens pour ruiner lapo-
' litique de la majorité tchèque, et ils ont réussi, à force de
discours dilatoires et en empêchant leurs adversaires de
parler grâce à la violence et la persistance avec lesquelles
ils irappaient leurs pupitres, à arrêter net tout le travail
législatif. Le 2 juin sa session dut être close. Elle reprit
en septembre et fut marquée par des incidents d'une vio-
lence inouïe : entre autres, des luttes corps à corps. La
police ayant expulsé les plus enragés obstructionnistes, les
étudiants et le peuple prirent. fait et cause pour eux et,
de guerre lasse, l'empereur, cédant à tuie minorité
tapageuse^ dut accepter la démission du ministère Badené,
ce qui n'empêcha pas d'ailleurs l'obstruction de reparaître
dans l'assemblée et même de passer du parlement dans
tous les conseils municipaux de la .monarchie.
Au Parlement hongrois, le règlement est bénévole ;
cependant le ton des discussions y est plus élevé que par-
tout ailleurs. Rien n'égale la fougue des débats qui dégé-
nèrent en personnalités blessantes et aboutissent à des duels
fréquents. L'obstruction ne consiste guère qu'en scènes
tumultueuses, qui ont pourtant un correctif inattendu,
l'urbanité dans les rapports personnels des députés et une
camaraderie spéciale qui tempère et même annihile les
excès des inimitiés pohtiques.
L'obstruction en France. EUe est rendue presque im-
possible par les prescriptions du règlement concernant la
({uestion préalable et la clôture. Néanmoins, les minorités
ont essayé parfois — notamment au moment du boulan-
gisme — de la tactique irlandaise de l'expulsion manu
militari. Mais comme cette expulson est suivie d'une
exclusion assez longue du membre expulsé et même de
pénalités pécuniaires, elle n'est pas de nature à faire perdre
beaucoup de temps à l'assemblée. Les interpellations à jet
continu constitueraient une meilleure méthode â'o]3struc-
tion, mais la Chambre est toujours fibre d'en refuser la
discussion ou de la renvoyer à un mois (Y. Parlementa-
risme). : R. S.
OBTERRE. Com. du dép. de l'Indre, arr. du Blanc,
cant. de Mézières-en-Brenne ; 590 hab.
OBTRÉE. Com. du dép. de la Cote-d'Or, arr. et cant.
de Chàtillon-sur-Seine : 141 hab.
OBTURATEUR. I. Mécanique. — Nom donné aux or-
ganes employés pour ouvrir ou fermer une conduite d'eau
ou de vapeur. Pour les tuyaux d'arrivée de vapeur, on
emploie comme obturateurs des robinets qui doivent avoir,
s'ils sont à boisseau, une garde suffisante pour éviter les
fuites. On emploie dans le même ])ut des robinets à soupape
actionnée par une vis. Quand les conduites sont de fort dia-
mètre, on fait usage de robinets dits «peet-vaives», dans
lescpiels l'obturation se fait au moyen d'un registre com-
posé de deux coquilles qui sont plaquées sur leurs sièges
par un coin intermédiaire. Dans les conduites d'eau, on
emploie les robinets-vannes, sortes de registres coniques
analogues aux peet-valves, mais en une seule pièce. Dans
les pompes, l'obturation se îmi au moyen de clapets en
cuir ou -en caoutchouc. Pour les presses hydrauliques qui
subissent des pressions considérables, les obturateurs sont
des cuirs emboutis. E. Maglïn.
OBTURATEUR — OBUS
~~ 496 -
II. Photographie (V. Photographie).
m. Artillerie (V. Fermeture).
IV. Anatomie. — Muscles obturateurs. Il y a deux
muscles obturateurs : obturateur interne, obturateur ex-
terne. Le premier, situé dans le bassin, s'insère à la face
interne de la membrane obturatrice, au pourtour du trou
obturateur et à la surface quadrilatère qui sépare le trou
de l'échancrure sciatique, sort du bassin par la petite
échancrure sciatique et va s'attacher par son tendon au
grand trochanter du fémur. L'obturateur externe s'in-
sère au pourtour du trou obturateur et à la face externe
de la membrane obturatrice. Il se porte en dehors, son
tendon contourne le col du fémur et va s'attacher dans
la cavité digitale du grand trochanter du fémur.
Nerf obturateur. Il vient du plexus lombaire (des 2^,
3^ et ¥ nerfs lombaires), traverse le muscle psoas, des-
cend dans le bassin dont il côtoie la paroi latérale, tra-
verse le trou obturateur en compagnie de l'artère et de
la veine obturatrice, apparaît à la racine de la cuisse
(face interne) et se divise en branches qui vont innerver
les muscles obturateurs, droit interne et les trois adduc-
teurs de la cuisse.
Irou obturateur. Trou sous-pubien (V. Iliaque [Os]).
Ch. Debierre.
OBTURATRICE (Anat.). Membrane obturatrice. C'est
une membrane fibreuse qui garnit et ferme le trou obtura-
teur. Elle est seulement interrompue à sa partie supérieure,
au niveau de la gouttière sous-pubienne ou obturatrice,
pour laisser passer les vaisseaux et nerf obturateurs.
Artère obturatrice. Elle vient de l'artère hypogas-
trique, sort du bassin par le canal sous-pubien et se di-
vise en deux branches : une interne qui fournit du sang
aux muscles obturateurs externes et adducteurs de la
cuisse et aux organes génitaux externes (scrotum chez
l'homme, grande lèvre chez la femme) et s'anastomose
avec la circonflexe interne, branche de la fémorale ; une
externe qui fournit des rameaux à l'articulation coxofé-
morale, aux muscles obturateurs et carré crural et s'a-
nastomose avec l'ischiatique. Avant de sortir du bassin,
l'obturatrice fournit une anastomose importante à l'artère
épigastrique. Quand cette anastomose est d'un fort calibre,
on dit que l'obturatrice naît de l'épigastrique. Cette ano-
malie est importante à connaître au chirurgien qui débride
la hernie crurale.
Veine obturatrice. Elle accompagne l'artère et va se
jeter dans la veine hypogastrique. Ch. Debierre.
OBTUS (Géom.). Quand un angle tracé est plus grand
qu'un angle droit et plus petit que deux, on dit qu'il est
obtus. Cette désignation se rapporte à la figure appa-
rente de l'angle, plutôt qu'à sa grandeur. Deux angles,
en effet, qui diffèrent par un nombre entier de tours
complets, sont représentés par la même figure. Ainsi, on
ne dira pas généralement qu'un angle de 390^ est un
angle aigu, ni qu'un angle de 470^ est obtus.
OBTUSANGLE (Géom.). Un triangle a des angles qui
sont chacun plus petits que deux droits ; et leur somme
étant de deux droits, il en résulte qu'un seul d'entre eux
peut être obtus. On dit alors parfois que le triangle est
obtusangle, par opposition à l'expression d'acutangle, qui
s'applique à un triangle dont les trois angles sont aigus.
Si le triangle a un angle droit (et il ne peut en avoir
qu'un seul), le triangle est appelé rectangle. Ces notions
se rapportent exclusivement aux triangles rectilignes ;
elles n'auraient plus de raison d'être, par exemple pour les
triangles sphériques, où la somme des angles peut appro-
cher de six droits d'autant qu'on voudra.
OBUS. Projectile creux contenant une charge de poudre
d'éclatement ; le feu est communiqué à la poudre par une
fusée vissée dans l'œil du projectile. Les mortiers lisses
de petit et moyen calibre tirent des obus sphériques; ces
obus diffèrent des bombes en ce qu'ils n'ont pas de men-
tonnet et n'ont pas le culot renforcé. Les canons rayés ti-
rent des obus oblongs de forme cylindro-ogivale. Les obus
des canons rayes se chargeant par la bouche sont munis
sur leur pourtour d'ailettes en zinc (fîg. i ) qui s'engagent
dans les rayures et communiquent au '
projectile un mouvement de rotation
autour de son axe.
Pour les obus des canons se char-
geant par la culasse, ces ailettes sont
remplacées, soit par des cordons de
plomb (canons de 5 et de 7 et de 438,
système de Reffye), soit par des cein-
tures en cuivre (canons du système de
Range) (fig. 2) ; en outre, ces pro-
jectiles sont renflés k la naissance
de l'ogive. La ceinture du projectile
mord dans les rayures à frottement
dur, le renflement empêche le bal-
lottement du projectile pendant son
trajet dans l'âme de la pièce. Ce bal-
lottement serait nuisible à la justesse
du tir.
Obus ordinaire (fig. 2). Obus dont le vide intérieur
contient simplement une charge d'éclatement. Il est armé
d'une fusée percutante
^ÀileiU-
Fig. 1. ~ Obus
ordinaire de 12.
Ces obus existent dans
les approvisionnements des
canons et mortiers de
siège; ils sont peints en
noir.
Obus à balles. Obus
renfermant dans son inté-
rieur des balles et une
charge de poudre. L'idée
de renfermer des balles
dans les projectiles paraît
due à un officier anglais
nommé Shrapnell, d'où
le nom de shrapnell donné
à l'étranger aux obus à
balles. Les modèles d'obus
à balles sont très divers,
ils diffèrent par la position
respective des balles et de
la poudre :
i'' La charge d'éclate-
ment peut être mélangée
Odl
Re7jfte?nent>
.—Ceinture^
Fig. 2. — Obus ordinaire de 120,
modèle 1878.
aux balles. Ce dispositif se rencontre dans l'obus Robin
(fig. 3), actuellement en service dans les batteries de
1-- ^
Charge, d'èdaUinemt^
...Ba2h
, Composiium,
fumiqèpe.
'■^u;e
.Balle
.Ccintara
Fig. 3. — Obus Robin. Fig. 4. — Shrapnell allemand,
modèle 1891.
^0 millim. de campagne. Dans ces obus, les balles sont
agglomérées avec de la poudre comprimée à une forte
pression; un tube central contient une planchette d'in-
flammation qui communique le feu sur toute la longueur
de l'obus. L'ogive est vissée sur le corps d'obus et porte
-^497 —
OBUS
une fusée à double effet. Ces projectiles donnent un très fort
nuage de fumée. Pour les reconnaître on les peint en blanc.
2° La charge d'éclatement est contenue
dans un tube central. Ce dispositif se pré-
sente dans l'obus à balles libres de 95 mil-
lim., ainsi que dans l'obus allemand, mo-
dèle 1891 (fig. 4). Dans ce dernier, les
balles sont noyées dans une substance fu-
migère.
3" La charge d'éclatement est séparée
des balles et .située en avant. Ce disposi-
tif (fig. 5) présente l'inconvénient de dimi-
nuer la vitesse restante des balles si la
charge d'éclatement est assez forte (obus
à balles de 5 et de 7, système de Reffye),
ou de faire très peu de fumée si cette
charge est faible (shrapnell anglais ; obus
à mitraille); ce manque de fumée rend
très difficile le réglage du tir.
4° La charge d'éclatement est placée
à l'arrière de l'obus. Ce dispositif a été adopté dans la
construction de l'obus à balles, modèle 1891, du canon de
120 court (fig. 6) ;
jy,^j l'obus comprend un
corps d'obus conte-
nant 630 balles de
plomb durci mainte-
nues entre deux dia-
phragmes ; entre le
diaphragme inférieur
et le culot, une charge
de poudre de 320 gr.;
un tube de prise de
feu traverse l'obus
dans toute sa lon-
gueur, l'ogive est vis-
sée sur le corps
d'obus. Le shrapnell
Boxer présente un dis-
positif analogue, son
ogive est en bois.
Ohus a mitraille.
Genre particulier
d'obus à balles don-
nant un très grand
nombre d'éclats.
L'obus à mitraille de
90 (fig. 7) se compose
de rondelles ou ga-
lettes en fonte dure,
fragmentées d'une fa-
çon systématique et
présentant des alvéoles hémisphériques ; ces galettes sont
superposées et renferment entre leurs alvéoles des balles
en plomb durci. A la partie infé-
rieure un culot, à la partie supé-
rieure une grenade renfermant la
charge d'éclatement ; de la pous-
sière de charbon remplit les inters-
tices du chargement ; une enveloppe
en tôle d'acier recouvre ces divers
éléments; elle est sertie sur le cu-
lot et maintenue par la ceinture.
L'obus à mitraille du canon de
155 (fig. 8) diffère un peu du mo-
dèle précédent ; le vide intérieur de
la grenade se prolonge par un tube
en laiton qui règne dans toute la
longueur du projectile et contient
une partie de la charge d'éclate-
ment ; cet obus s'appelle obus à
gerbe ouverte (V. Projectile). Les obus à mitraille sont
peints en rouge; ils sont armés de la fusée à double effet.
Fio'
- .XejTiivre
6.- Obus à balles de 120,
modèle 1891.
Fig. 8. - Obus à
mitraille de 155,
Fig. 7. - Obus à
mitraille de 90.
S,\ — Gcaji£. du,
déionatvixp
Ces projectiles sont très efficaces contre le personnel ; ils
donnent un grand nombre d'éclats, environ 240 pour l'obus
de 90 millim. et 160 pour celui de 80 millim. ; on leur
reproche de faire peu de fumée, leur charge d'éclatement
étant très faible (80 gr. de pou-
dre Fg [à fusil] pour l'obus de
80 millim. de campagne); ce
manque de fumée rend bien dif-
ficile le réglage du tir.
Obus allongé, obus torpilles,
obus à grande capacité {ûg. 9).
Ces trois désignations se rappor-
tent au même obus, l'obus chargé
avec une matière explosive. Il est
plus long que les obus précédents,
il a 4 cahbres ou 4 calilires 1/2 de
longueur, les précédents n'ayant
que 3 calibres. Il est formé d'une
enveloppe en tôle d'acier qu'on
obtient par emboutissage, en par-
tant d'un disque qu'on amène par
emboutissages successifs à avoir
la forme d'un cylindre terminé
par une calotte sphérique ; on
forme ensuite le culot en refou-
lant le métal dans une matrice à
l'aide d'un poinçon et du marteau-
pilon, puis on forme l'ogive par
étampage. Les obus allongés em-
ployés m France sont chargés en mélinite ou crésylite
fondue; pour faire éclater cette charge, il est nécessaire
d'employer un détonateur particulier, ce détonateur est lui-
même enflammé par une fusée percutante. Ces projectiles
sont emploj^és dans le tir contre
des obstacles. Les obus allongés,
par un dispositif spécial, n'écla-
tent que lorsqu'ils ont pénétré
dans l'obstacle. Ces obus ont une
puissance de destruction considé-
rable contre les maçonneries et
contre les retranchements en
terre ; ils agissent surtout par
le souffle produit par l'énorme
quantité de gaz qui se forme par
la combustion de la mélinite.
Les obus allongés sont en gé-
néral d'une seule pièce. Cepen-
dant le mortier de 220 millim.
tire un obus allongé à culot vissé
(fig. 10). Les obus torpilles ita-
liens présentent également cette
disposition.
Obus de rupture. Projectiles
en fonte dure ou en acier des-
tinés au tir contre les cuiras-
sements (fig. 11). Ces obus con-
tiennent une charge d'éclatement
et ne sont pas armés de fusées
pour la plupart ; la chaleur dégagée par le choc suffit à
enflammer la charge intérieure. L'ogive est très massive
et trempée. Quelques obus de rupture de petit calibre sont
armés d'une fusée de culot (obus en acier de 37 millim.).
Obus incendiaires. Ils contiennent des matières incen-
diaires et sont destinés à mettre le feu aux localités bom-
bardées. Au xviii^ siècle, on employait les boulets rouges
(rougis au feu) pour allumer les incendies. Ces obus n'exis-
tent pas en France, on en trouvait dans les approvision-
nements en Autriche; ils ont été supprimés en 1878 après
la guerre de Bosnie et d'Herzégovine, n'ayant pas donné les
résultats qu'on attendait.
Obus à fragmentation systématique. Ces obus exis-
taient dans les approvisionnements des canons de campagne
français jusqu'en 1883; ils ont été remplacés par l'obus
Fig. 9. — Obus allongé
de 90 (4 calibres).
OBUS — OCAGNE
— 198 —
à mitraille. Les canons de 80 miilim. et de 90 millim.
tiraient un obus à balles on fonte (fig. i2), forn é de
Ofjfvue
Corps de Vobvs
Fig. 10.— Culot de lobus
allongé du mortier de
22 centim. ^4 calib. 1/2;
BaachQT^ dc^- cidot
Fig. 11. — Obus de rupture oi:
acier de 24. centim.
balles prismatiques empilées les unes sur les autres et
formant des couronnes (fig. 13). Le canon de 95 tirait,
Fig. 12. - Obus
à balles de 90.
Fig. 13 . - Obus a
double paroi de 95.
un obus à double paroi dont la paroi était préparée pour
se rompre suivant certaines lignes,
BiBL. : Règlemenls sur le service des canons de cam-
pagne, de siège et de côte. — E. Jouffret, les Projectiles,
1881. — • Mémorial de l'artillerie de la marine; Revue
d'artillei'ie ; Cours de l'Ecole d'application de l'artillerie
et du génie.
ÛBUSIER. Bouche à feu lisse se chargeant par la
bouche, dont la longueur était comprise entre celle des ca-
nons et celle des mortiers, la chambre à poudre était d'un
diamètre inférieur à celui de l'âme ; il était destiné à tirer
des projectiles sphériques creux (obus). Les premiers obu-
siers qui furent tirés en France avaient été pris aux An-
glais à la bataille de Nerwinden en 1693. Ils apparais-
sent régulièrement en 1749 dans le système d'artillerie de
Vallière (obusiers de 8 pouces d'un mod'Me mal défini en-
core i; Gribeauval en réglementa le modèle et fit cons-
truire des obusiers de campagne de 6 pouces. Ces obu-
siers étaient très courts; lors de la réorganisation de
l'artillerie, en 1828, on augmenta leur longueur d'âme et
on leur donna le nom d'obusiers de 15 et de 16 centim. ;
on construisit également un obusier de montagne. En 1853,
un canon obusier fut créé. La marine n'adopta les obu-
siers qu'en 1827; les obusiers de la marine étaient en
fonte.
La marine a conservé l'obusier rayé de 22 centim. Le
terme d'o^wszer a disparu de la nomenclature des bouches
à feu actuelles, pour être remplacé par le terme de cano7i
court. Ainsi le canon de 155 court est un véritable obu-
sier, destiné à tirer sous de grands angles. Le canon de 120
court (fig.) est un obusier de campagne. Le canon de 120
conrt prosente la particularité de ne. pas reculer pendant
TreUs dj culisss
cMdnchan ù uneite
Indicateur'-
1. de rëcùl-
par\on aêpçmt^gx:^ Tovrilhn,
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*
Ql
1
1
'{:orpz de painpi du freni' (o/"^ Vtécupèrdteur du frçm
Canon de 120 court et son frein hydro-pneumatique.
le tir. Son affût est muni d'une bêche de crosse qui s'en-
fonce dans le sol; quant au canon, il est relié à la tige
du piston d'un frein hydropneumatique, et au moment du
départ du coup, la pièce recule, entraînant avec elle le pis-
ton du frein ; le recul de la pièce est ainsi limité à une
course variant de 80 centim. à 1^^^,10 ; pendant le recul
de la pièce, l'air est compri.né dans un récipient (récupé-
rateur) situé à l'avant du piston ; la pièce revient .d'elle-
même à sa position de tir par la détente de l'au^ contenu
dans le récupérateur.
OBVA. Rivière de Russie, gouv. de Perm, affl. dr. de
a Kama ; 215 kil. dont 40 navigables.
O'BYRNE (Fiagb-Mac-Hugh), patriote irlandais, né vers
1544, mort en 1597. Descendant du roi d'Irlande Ca-
thaeir Mor, chef du clan redouté des O'Byrne, il favorise
en 1569 l'évasion d'Edmund Butler, du château de I)u-
!)[in, et trempe dans l'assassinat de Robert Browne de
Mulcranan (1572). Poursuivi à outrance par le lord dé-
])uté William Fitz WiUiam, il pille le Wexford et le Pale.
L? gouvernement dut lui accorder son pardon (1573).
O'Byrne demeura tranquille pendant plusieurs années. En
1580, il envahit le Wexford pour venger le meurtre de
plusieurs de ses parents ou alliés, mis à mort par le sé-
néchal; battit lord Grey de Wilton à Glcnmalure, pilla
et brûla Rathmore, Tassagard, Rathcoole, et menaça les
faubourgs de Dublin. En 1581, il repoussa une expédition
commandée par sir William Stanley et le capitaine Rus-
sell. On dut accepter, à la fin de l'année, et faute de
mieux, ses offres de soumission. Mais sa présence aux
portes de Dublin inspirait toujours les plus vives inquié-
tudes et le gouvernement chercha les moyens de le sup-
primer. En 1594, son gendre et ses fils, ayant brûlé la
maison du shérif de Kildare, O'Byrne fut rendu respon-
sable de ce crime, auquel il n'avait point eu de part. Il
réussit à échapper à toutes les poursuites, mais le 8 mai
1597 il tomba, par surprise, entre les mains d'un sergent
qui lui coupa la tète. R, S,
BiBL. : O'Byrne , Historical réminiscences of the
O'Byrnes ; Londres, 1843. -™ Book of the O'Byrnes. Ms. de
la Bibliotaequc du Trinity Collège de Dublin.
OC (Langue d*) (V. Languedoc, Provence et Romanes
JLangues]).
OCAGNE (Philbert-Maurice d'), mathématicien fran-
çais, né à Paris le 25 mars 1862, issu d'une vieille famille
normande, fixée à Paris au xviii« siècle. Son père, Mor-
timer d'Ocagne, a publié un ouvrage remarqué, les Grandes
Ecoles de France, sur l'organisation de l'enseignement
supérieur. Entré à l'Ecole polytechnique en 1880, M.Mau-
rice d' Ocagne on est sorti dans le corps des ponts et €haus-
sées. 11 est actuellement (1898) attaché au service du nivel-
lement général de la France, répétiteur à l'Ecole polytech-
nique et professeur à l'Ecole des ponts et chaussées. Il a
été deux fois lauréat de l'Académie des sciences : en 1892
(prix Leconte), pour sa Nomographie (V, ce mot); en
1894 (prix Dalmont), pour l'ensemble de ses travaux
mathématiques. Ceux-ci, d'une grande diversité, ont paru
dans de nombreux recueils spéciaux, notamment dans les
-~ 199 ^
OCAGNE — OCCAM
Comptes rendus de V Académie des sciences, le Jour-
nal de l Ecole polytechnique, les Nouvelles Annales
de matli'.'matiques, V American Journal of Mathema-
ticSy etc. Il y a lieu de citer ses études sur les inva-
riants algébriques, sur les suites récurrentes, sur la pro-
babilité des erreurs, sur de nouveaux systèmes de coor-
données et sur la géométrie infinitésimale. Mais son
œuvre capitale est la création du corps de doctrine, ap-
pelé par lui Nomographie, concernant la représentation
graphique des lois mathématiques à plusieurs variables ;
il a en préparation (4898) sur cette matière un traité
définitif dans lequel cette théorie est portée à son plus
haut degré de généralisation. M. d'Ocagne fut l'un des
premiers instigateurs du Répertoire bibliographique des
sciences mathématiques ; désigné par le congrès inter-
national de 4889, parmi les cinq Français devant faire par-
tie de la commission permanente de cette œuvre, il y a
rempli les fonctions de secrétaire pendant plusieurs années.
— Sous le pseudonyme de Pieire Delix, il a produit
quelques essais littéraires, et notamment une comédie en
un acte, la Candidate, qui a eu plus de cent représen-
tations à Paris, au théâtre Gluny (4888-89). Les princi-
paux ouvrages de M. d'Ocagne, publiés séparément, sont :
Coordonnées parallèles e- axiales (1885) ; homogra-
phie ; les Calculs usuels effectuas au raoyen des aba-
ques (4894) ; le Calcul simplifié par lesproctd 's m 'ca-
niques et graphiques t4894) ; Cours de géom 'trie des-
criptive et de g 'orné trie ininitésimale professé à V Ecole
des pon ts et chauss '^5(4896). C . - A . L .
O'CÂLLAGHAN (EdmundBailey), historien anglais, né
en Irlande le 28 fév. 4797, mort à New York le 29 mai
4880. Elève en médecine à Paris, il émigra au (Canada en
4823 et s'établit comme médecin à Québec en 4827, à
Montréal en 4830, Il se jeta dans la politique, devint ré-
dacteur en chef du Vindicator (4834), organe des pa--
triotes, et fut élu député de Yamaska. Un des chefs du parti
révolutionnaire, il prit les armes en 4837, se battit à Saint-
Denis et, le mouvement ayant avorté, s'enfuit avec Papi-
neau aux Etats-Unis. Il demeura à New York, où il exerça
la médecine et dirigea le Northern Light. Grand travail-
leur et chercheur s agace, il s'occupa avec passion des vieilles
archives coloniales, où il trouva la matière de l'ouvrage
qui a fait sa réputation : History of new Netherland,
or New York under the Dutch (New York, 4846-49,
2 vol ). Il a encore pubhé : State Recoixls or documen-
tary history of the State of New York (4849-54,
44 vol. in-4) ; Jésuite Relations (4847), etc. R. S.
O'CALLAGHAN (John-Cornelius) , historien irlandais,
né à Dublin en 4805, mort à Dublin le 24 avr. 4883.
Inscrit au barreau irlandais en 4829, il préféra la htté-
rature à la chicane. Il fit ses débuts dans le The Cornet,
petit journal ou collaborait O'Connell (4830-33), écrivit
dans Vlrish Monthly Magaùne, puis dans U Nation, le
fameux organe delà « Jeune Irlande». Il rassembla plus
tard ses principaux articles dans un volume intitulé The
Green Book, or gleanings from the writing desk of
a literary agitator (Dublin, 4840, in-8). Mais c'est comme
historien que O'Callaghan est surtout connu. Ilpubhaune
bonne édition du Macariœ Excidium, du colonel O'Kelly
(Dublin, 4846, in-4), puis sa grande History ofthe Irish
brigade, in the service of France from the Révolution
in Great Britain and Jreland under James II to the
Révolution in France under Louis XVI (Glasgow, 4869,
in-8), précieuse par l'immensité et la sûreté de ses^ re-
cherches. R, S.
OGAiVlPO (Florian de), chroniqueur espagnol, né à
Zamora on 4499, mort en 4555. Elève du collège de San
Ildefonso de l'Université d'Alcalâ, il se fit ensuite prêtre
et reçut de Charles-Quint le titre d'historiographe. En
cette qualité, il entreprit d'écrire l'histoire du règne de
ce souverain, mais il eut l'idée singuKère de la commen-
cer par les annales de l'Espagne depuis Tubal, petit-fils
de Noélll n'eut le temps de poursuivre son œuvre bizarre,
d'une crédulité plus que naïve et d'un style prétentieux,
que jusqu'à l'époque des Scipions. Ces quatre premiers
livres de son ambitieuse Cronica gênerai de Espafia pa-
rurent d'abord à Zamora (4544, in-fol.) et eurent plusieurs
éditions; la meilleure est celle de Madrid, 4794, 2 vol.
in-4. Ocampo avait annoté et pubhé, mais avec négh-
gence, la première Cronica de Espafia, compilée avec la
participation personnelle du roi Alphonse X (Zamora,
]544,in-foL). d, P-i.
BiBL. : J. deRezabal y Ugarte, Biblioteca de los escri-
tores que han sido individuos de los seis colegiosmmjores;
Madrid, 1805, in-4 (contient la meilleure biographie
d'Ocampo).
OCANA. Corn, du dép. de la Corse, arr. d'Ajaccio, cant.
de'Bastehca; 559 Iiab.
OCANA. Ville de Colombie, dép. de Santander, à 4.465m.
d'alt. , dans la vallée de Hacari ; 6.000 hab. Mines de houille
et de plomb; commerce de peaux, de café, d'anis.
OCANA. Ville d'Espagne, ch.-l. de district de la prov.
de Tolède, à 780 m. d'alt., sur le chem. de fer d'Aran-
juez à Cuenca; 6.000 hab. Aqueduc antique; palais des
ducs de Frias. Savon, poterie, toile. — Le49nov. 4809,
Mortier y détruisit l'armée espagnole d'Arei/.oga.
OCARINA. Instrument de musique dont la facilité de
jeu fait le principal mérite. De forme ovoïde, l'ocarina
est percé de dix trous et pourvu d'une embouchure fixe.
Les sons qu'il émet présentent quelque rapport avec ceux
du flageolet, leur étendue est d'une octave et une quarte.
L'ocarina, construit, soit en terre, soit en métal, est par-
fois muni d'une pompe servant à l'accorder. Il comporte
six formats différents, dénommés ocarinas soprano, con-
tralto, t'nor, baryton, basse et contre-basse.
OCARITZ (José, chevalier d'), diplomate espagnol, né
dans la pi'ov. de Rioja en 4750, mort à Varna en 4805.
Il fut secrétaire d'ambassade à Turin, Copenhague, devint
consul général à Paris (déc. 4788) et, après le rappel de
l'ambassadeur Thomas Iriarte qui suivit le 40 août 4792,
chargé d'affaires. Il déploya les plus grands efforts pour
sauver Louis XVI, offrit par une lettre du 28 déc. 4792
la neutralité de l'Espagne et sa médiation vis-à-vis de
r.^utriche et de la Prusse, si on voulait laisser le roi se
retirer hors de France ; la lettre fut renvoyée au comité
diplomatique. Le 4 7 janv. 4793, Ocaritz demanda un simple
sursis; la Convention passa à l'ordre du jour. Le 7 mars,
la guerre fut déclarée par la France, et Ocaritz dut partir.
Ce fut lui qui ouvrit les négociations pour la paix à ligue-
ras en 4795. Quand elle fut signée à Bâle(22 jul. 4795),
il rentra à Paris comme consul général, fut ensuite rési-
dent à Hambourg, mnistre à Stockholm (4803). Nommé
ambassadeur à Constantinople, il mourut en route. — Sa
veuve, Emilie-Lucrèce d' Estât, fut pensionnée par
Louis XVIIÏ.
OCCAGNES. Corn, du dép. de l'Orne, arr. et cant.
d'Argentan; 532 hab.
OCCA^ (Guillaume d'), philosophe, théologien, polé-
miste rehgieux et politique, né au village d'Occam, comté
de Surrey, dans la dernière partie du xni® siècle, mort à
Munich le 7 avr. 4347 (d'après Fabricius). Il aurait, si
l'on en croit une tradition, été, dès l'enfance, remarqué
par les franciscains, appelé dans leur ordre, et il aurait dû
à leurs soins de faire àMerton Collège (Oxford) ses études,
de les couronner enfin à l'Université de Paris. Là il suivit
les leçons de Duns Scot, alors à l'apogée de sa gloire, et il
s'instruisit directement de cette métaphysique réahste que
tout son enseignement propre et la longue in uence qu'il
devait exercer sur le cours de la pensée philosophique
étaient destinés à renverser. Lui-même devint bien vite un
maître de grande célébrité ( Venerabilis inceptor et aussi
Doctor invincibilis, fut le surnom que lui attribuèrent
ses admirateurs). Aussi n'cst-il pas surprenant qu'il passe
pour avoir pris sa part de la grande lutte qui venait jus-
tement d'éclater entre Philippe le Bel et Boniface VIfl.
M. Hauréau, dans son Histoire de la scolastique, ne
met pas en doute l'intervention résolue, passionnée du
OCCAM
200
philosophe anglais en faveur du roi de France, contre les
prétentions du pape en matière temporelle. Il lui impute
le libelle fameux, publié par Melchior Goldast : Disputa-
tio super potestate ecclesiastica prœlatis atque prm-
cipibus terrarum commissa, libelle qui refusait au chef
de l'Eglise le droit de blâme envers le souverain temporel
et qui dénonçait comme une pure hérésie la doctrine de
la suprématie pontificale à l'égard des princes. Tout autre
est l'avis de M. Lindsay, selon qui l'intervention de
Guillaume d'Occam dans le débat engagé entre le trône
et le saint-siège relèverait de la légende. Quant au
hbelle Disp'utatio, etc., il faudrait, au dire du même
écrivain, l'attribuer, non pas à notre philosophe, mais
au juriste parisien Pierre Dubois. Quoi qu'il en soif de
ce point d'histoire, ce qui est certain, c'est que le rôle
de champion du pouvoir sécuHer en face des usurpations
de la plus haute puissance ecclésiastique, Occam le jouera
contre le pape Jean XXII. Sa rupture avec ce dernier date
de 4322 : il avait, cette année-là, en qualité de provin-
cial d'Angleterre, assisté à la gi^ande assemblée de son
ordre, qui se tint à Pérouse et qui préluda au soulève-
ment des franciscains contre l'autorité pontificale. Dans
son libelle Defensorium, il s'était adressé directement à
Jean XXII, formulant avec une hautaine indépendance les
thèses protestataires. 11 lui fut répondu par une citation
devant les évêques de Ferrare et de Bologne et plus tard
par un procès en hérésie. Les détails de ce procès nous
sont inconnus. Nous savons seulement que dans la même
accusation Michel de Césène, général des franciscains, et
Bona Gratia de Bergame se trouvèrent impliqués ; qu'en
4328 tous trois étaient gardés dans le donjon du palais
d'Avignon ; qu'ils prévinrent par la fuite une condamnation
certaine; qu'ils passèrent à Munich, où le prince Louis de
Bavière, dont le pape refusait de reconnaître l'élection au
trône impérial, trouva en eux d'infatigables auxihaircs
dans sa longue querelle avec le chef de la chrétienté. De-
fendas me gladio, defendam te catamo, avait proposé
Guillaume d'Oceam à Louis de Bavière. De part et d'autre
le contrat fut bien tenu. Nos religieux en révolte trouvè-
rent à Munich le refuge le plus sûr ; en retour, ils lan-
cèrent les écrits d'attaque où les prétentions de la curie
en matière temporelle étaient continuellement réfutées sans
qu'il en coûtât rien à leurs convictions profondes, puisque
l'indépendance des deux sphères, ecclésiastique et sécu-
lière, avait été l'un des grands principes au nom desquels
ils avaient conduit la révolte.
Parmi ces pamphlets qui, se répandant en Europe, mi-
naient la souveraineté papale, les écrits de Guillaume d'Oc-
cam occupaient une place d'honneur. Citons son Opus
nonagenta dierum (4330-33); son Tractatus de dog-
matihus Johannis XXII, papœ (4333-34) ; son Com-
pendium errorum Johannis XXII, papœ (4335-38) ;
son Defensorium contra errores Johannis XXII, papœ
(4335-39) ; ses Super Potestate summi pontiftcis octo
quœstionmn decisiones (4339-42), où, du point de vue
théologique principalement, il travaillait à ruiner la doc-
trine de l'omnipotence du pape. Mentionnons également
son Tractatus de jurisdictione imperatoris in causis
matrûnonialibus , composé pour revendiquer en faveur
de la seule autorité civile le droit de trancher les cas de
consanguinité en matière de mariage, contrairement à la
prétention ecclésiastique de réserver exclusivement aux
chefs de l'Eghse les questions relatives à l'obtention de ce
sacremeîit. Jusqu'au bout, l'ardent controversiste com-
battra le même combat, puisque son dernier ouvrage. De
Electione Caroli VI, sera consacré à soutenir les thèses
de l'école franciscaine sur la séparation absolue des deux
pouvoirs.
Les dernières années de Guillaume d'Occam ne nous sont
guère mieux connues que le début de sa vie. Disons seu-
lement qu'après la mort de Michel de Césène, qui eut lieu
en 4342, d'Occam fut par son parti désigné comme général
de l'ordre. Le point demeure obscur de savoir s'il se ré-
conciha, avant sa fin, avec cette curie romaine dont il
avait été, depuis tant d'années, l'intraitable ennemi. Ce
suprême raccommodement paraîtra bien peu vraisemblable
et l'on inclinera à croire plutôt les récits qui nous le re-
présentent comme mourant excommunié.
Le résumé qui précède montrerait suffisamment l'inté-
rêt historique qui s'attache au nom de Guillaume d'Occam.
Au déclin du moyen âge, ce religieux apparaît comme
l'avocat impétueux des revendications de l'esprit civil en
opposition avec les exigences de l'autocratie sacerdotale.
Quelque chose du hobbisme se laisse déjà pressentir dans
les traités politico-ecclésiastiques de ce polémiste qui allait
jusqu'à proclamer que « Jésus-Christ lui-même, m quantum
homo, in quantum viator 7no7ialis, n'avait pas le droit
de censurer Tibère » et qui aurait entendu bien plutôt
incliner sous la souveraineté séculière l'autorité sacerdo-
tale. Mais là ne se borne pas l'originalité de son rôle mi-
litant. M. Lindsay remarque avec beaucoup de raison que
l'adversaire de Jean XXII doit figurer au nombre des
grands réformateurs qui appelèrent le rétablissement, au
sein d'un christianisme dégénéré, de la primitive vie évan-
gélique, vie d'humilité et de pauvreté. « Son Compen-
diiun choisit quatre constitutions pontificales, qui enve-
loppaient une déclaration contre la pauvreté selon l'Evan-
gile et il les dénonce comme pleines d'hérésie. » On sait
quels troubles firent naître dans l'Eglise ces protestations
de la conscience morale contre la corruption grandissante
de l'idéal chrétien, corruption à laquelle l'heure se fait
proche où la Réforme apportera un remède radical. Oc-
cam ne pousse assurément point jusqu'où ira un Luther.
Mai sa prédication sera imitée et reprise par ces nom-
breuses sectes monastiques à demi orthodoxes, à demi
révolutionnaires, « Fraticelli, Beggards, Lollards, etc. »,
que l'Eglise combattra pai' toutes armes sans réussir jamais
à les réduire entièrement.
Si Guillaume d'Occam a mérité de compter parmi les
révolutionnaires refigieux; si le protestantisme anglais
est autorisé à le réclamer comme l'un de ses précurseurs,
c'est cependant en qualité de philosophe qu'il a obtenu la
plus grande et la plus légitime célébrité. M. Lindsay, passe
trop légèrement sur son œuvre scolastique et il se méprend
du tout au tout lorsqu'il lui dénie toute valeur originale.
Que cette œuvre soit grandement redevable à l'enseigne-
ment logique de Psellus et de l'école byzantine, enseigne-
ment transmis au monde occidental par l'intermédiaire de
Pierre d'Espagne, nous ne le contesterons pas. Mais la doc-
trine d'Occam dépasse bien la sphère de la pure logique ;
elle est bien plus qu'une reprise savante et très perfec-
tionnée du nominalisme paradoxal d'un Roscehn, bien
mieux qu'une tentative ingénieuse et artificielle en vue de
transformer en une sorte d'arithmétique des signes le
travail du langage et de la pensée. Si l'action qu'elle était
appelée à exercer va se prolonger durant tout le cours de
la Renaissance, pénétrant les systèmes les plus divers,
séduisant les maîtres du plus grand renom, c'est qu'elle
inaugurait vraiment, dans la spéculation philosophique,
une vie nouvelle et qu'un esprit tout moderne l'animait.
Cet esprit est celui d'une philosophie éminemment critique,
habile à l'analyse des concepts, inclinée à dériver des
intuitions de nos sens ou de notre conscience les notions
les plus générales de notre esprit. Assurément, ce grand
devancier de Locke subit encore la tyrannie de la scolas-
tique; la syllogistique traditionnelle pèse sur sa pensée;
ses expositions et discussions se conforment aux méthodes
dialectiques alors en honneur dans tous les enseignements.
C'est que les théories les plus originales, les plus oifensives
même, revêtent fréquemment les formes consacrées qu'elles
sont destinées à briser. Ainsi en arriva- t-il pour notre
philosophe ; il pense en moderne ; il parle et expose à la
vieille mode.
Les principaux ouvrages philosophiques d'Occam sont
les suivants : Quœstiones et decisiones in quatuor lihros
Sententiarum cum centilogio theologico (Lyon, 4495) ;
201
OCCAM
Quodlibeta septem (Paris, 1487) ; Iractatus de Sacra-
mento Altaris (Strasbourg, 1491), « dans lequel, tout en
acceptant comme point de foi la doctrine de la présence
réelle, il montre que l'on pourrait proposer une théorie
plus rationnelle ; celle qu'il y formule au sujet de l'Eucha-
ristie devait être plus tard adoptée presque au pied de la
lettre par Luther, et elle est aujourd'hui connue sous le
nom de consubstantiation » (Lindsay); Expositio aurea et
admodum utihs super artem veterem (Bologne, 1496) ;
Summa logices (Paris, 1488) ; Quœstiones in hbros
Physicorum (Strasbourg, 1491). L'inteUigence de la phi-
losophie occamiste nous est, d'ailleurs, bien facilitée par
la compilation d'un disciple du xv® siècle, Gabriel Biel,
premier professeur de théologie à l'Université de Tubingue
(en 1477). Biel a, dans son Collectorium super Hbros
sententiarum W. Ockami (Tubingue, 1501), synthétisé
avec une pieuse exactitude les théories principales que
le maître nominaliste avait disséminées dans ses divers
écrits. Donnons-en une vue rapide.
Guillaume d'Occam aurait été, ce semble, en droit de
s'appliquer le mot de Carnéade sur Chrysippe : « Si Duns
Scott n'avait pas composé, je n'aurais pas eu de raison
d'exister. » Et de fait, on peut dire, sans nulle exagéra-
tion, que toujours il écrivit en ayant Duns Scot devant
les yeux. Il ne pouvait, d'ailleurs, s'attaquer à un réalisme
plus fortement soutenu. Dire ce que Guillaume d'Occam
réfute, ce sera dire ce que lui-même établit. Or la doc-
trine de Scot, en laquelle plus d'un moderne a cru aper-
cevoir une anticipation de l'hégélianisme, avait proclamé
l'identité du réel avec le conçu ; ce principe même, elle
l'avait appuyé sur une double thèse savamment et labo-
rieusement développée : 1*^ la dépendance logique se con-
fond avec la subordination causale, et celle-ci n'est qu'une
autre expression de celle-là ; ^^ plus une notion se vide
de ce qu'elle contenait de particulier, plus elle gagne en
réalité véritable, et chacun des pas que la généralisation
franchit rapproche de l'unité, c.-à-d. de l'existence. —
A cette double proposition, l'occamisme n'est qu'un long
démenti. Et ce démenti se déploie dans une théorie de la
connaissance, aux termes de laquelle cette perception de
l'universel à laquelle Scot avait cru se résout, à l'analyse,
en éléments conceptuels, issus d'intuitions contingentes,
élaborés, contrôlés et composés par l'activité de l'esprit.
La connaissance a son origine dans l'information sen-
sible, sauf cette réserve qui sauvegarde les croyances et
les aspirations du théologien : Pro statu vice hujus. L'in-
tuition est elle-même due à l'action d'un objet extérieur.
Tel est le premier degré du savoir. Aux degrés suivants
interviennent le sensus communis, puis « la connaissance
mémorative ». Dans cette ère initiale, l'intellect propre-
ment dit n'est pas encore, notons-le bien, entré en jeu.
Mais, sans ce premier travail, l'action de l'intellect ne se
produirait pas : elle le continue, elle en dérive. Intellec-
tus, dit Biel, qui est potentia superior operationem
suam incipit a sensious, neque enim non sentiens
intelligit. Et de se réclamer d'Aristote (Biel. L. L Dist.
111, Qu. 6). Quel sera donc maintenant le rôle de l'intel-
lect? Il consistera à abstraire, et cette opération, à son
tour, comptera divers moments. De la connaissance de la
chose sentie, l'intellect dégagera une notion d'abord vague,
à laquelle, l'abstraction aidant, succédera la notion de
singuher et de commun. L'opération abstr active poursui-
vra son œuvre. De plus en plus elle distinguera des cir-
constances multiples et changeantes le permanent et l'im-
muable. Elle ira de la sorte, snnplifiant toujours davantage,
jusqu'à ce qu'indépendamment des êtres singuliers soit
atteinte une quahté une absolument. Grâce à l'observa-
tion des ressemblances et au discernement des similitudes
essentielles seront composés des concepts de genres et
d'espèces. Ces concepts deviendi^ont autant de matériaux
pour l'intellect qui les fera entrer dans ses propositions et,
par le secours du langage, les disposera dans ses syllo-
gismes, les agencera dans des suites de raisonnements qui
lui permettront de construire la science et de procéder à
la découverte. ic?^m ex propositionibus syllogismos facit
et altos discursus consequentiales quibus inquirit ex
notis ignota (Ibid,). On croirait par instants posséder
comme une ébauche de VEssai sur V entendement hu-
main, et l'empirisme moderne ne fera guère mieux.
C'est ainsi que la théorie occamiste tourne, comme sur
son véritable pivot, autour de la notion abstraite. Les con-
cepts, objets sur lesquels s'exercera l'activité ultérieure
de l'intellect, le réalisme les prenait tels qu'ils s'offraient,
comme des entités subsistantes, que disons-nous? comme
les réalités primaires, comme les seules existences dignes
de ce nom, au prix desquelles particulier et concret ne
posséderaient qu'une apparente et insaisissable valeur.
Mais voici que s'est ouvert le règne de l'analyse. Ces con-
cepts, Occam les soumet à une investigation critique, et il
résulte dé cette enquête qu'ils ne sontnuUement des choses
données, des essences simples et, absolues, tombées dans
notre pensée comme du haut de l'éternité, ce qui les élè-
verait à la dignité d'archétypes transcendants et d'idées
divines (Biel. L. I. Dist, 35, Qu. 5). Ils consistent, comme
eût dit de nos jours un Taine, en des extraits, donc en
des produits artificiels de notre labeur mental. Indispen-
sables à l'esprit qui, sans eux, manquerait d'une matière
sur laquelle agir, est-ce à dire qu'ils ne répondent à rien
d'objectif? Si fait, mais à la condition que l'analyse nous
rappelle sans cesse le processus de leur formation et les
éléments perceptifs dont l'assemblage les constitua. Bref,
l'abstrait n'a d'existence et même de signification que celles
qu'il emprunte à la chose ou à l'ensemble des choses con-
crètes, particulières, dont il tient la place {pro quibus
supponit, selon l'expression favorite d'Occam et de Biel).
On comprend sans peine qu'une pareille doctrine rend par-
faitement oiseuse l'hypothèse classique des espèces. Cette
hypothèse avait déjà' été bien malmenée par une suite de
maîtres réputés. L'occamisme, on peut le dh-e, lui portait
le dernier coup.
Parmi les œuvres de l'abstraction, il en est une qui dé-
passe immensément les autres, qui couronne tout ce labeui'
de composition : elle réunit en elle \di singularité absolue et
la plus haute universalité : la notion de Dieu. Cette idée,
Occam l'examine et il découvre qu'elle se rapporte à un
« composé » dont les parties ont été normalement abs-
traites des choses. Et il n'y a pas, nous est-il énergique-
ment déclaré, d'autre manière de connaître Dieu (Biel,
L. I. Dist. 3. Qu. 2-4). La conséquence est évidente,
notre intellect, qui ne s'élève à Dieu que grâce à l'artifice
de l'abstraction, ne connaît pas en elle-même cette sou-
veraine existence et ne saurait acquérir d'elle qu'une no-
tion purement relative. Il est vrai d'ajouter que la dis-
tinction persistante entre la condition du viator et celle
du beatus permet à Occam de réserver les droits de la théolo-
gie, étant bien entendu que la science absolue du divin
relève, contrairement à ce que Duns Scot avait enseigné,
de la pure foi. — On voit sans peine également comment
Lindsay a pu dire que le scepticisme théologique, aux termes
duquel les vérités de la foi chrétienne devaient être admises
de confiance, en dépit des défauts logiques que la raison
y découvrait, devint « presque un lieu commun, grâce
à Occam qui lui donna pour base sa théorie de la connais-
sance ». Et l'on comprend que, parmi les écoles qui vont
naître, les plus empressées à accepter le nominalisme ré-
formé par ce maître seront précisément les plus mystiques.
Il avait fait de l'intuition la source première de toute
science. Ils diront comme lui, sauf à reconnaître une in-
tuition spéciale, privilégiée, qui, celle-là, vient non pas des
sens, mais du cœur : l'intuition du divin. Georges Lyon.
BiBL. : Prantl, Geschichte der Logik. — Stoçkl, Ges-
chichte der Philosophie des Mittelalters^ vol. II. — Riez-
LER, Die literarischen Wiedersacher der Pâpste zur Zeit
Ludwig desBaiers. — Lindsay, Occam and his Connexion
with the Reformation {Brit. Quart. Review, juil. 1872), ainsi
que son art. Occam {Èncyclop. Brit., vol. a VII). — Hau-
RÉAu, Histoire de la philosophie scolastique (2« partie,
vol. IT, ch. xxvii).
OCCASIONNELLES — OCCLUSION
— 202 ^
OCCASIONNELLES (Causes) (V. Cause, t. IX, p. 906,
et Mâleb^anche),
OCCEY. Corn, du dép. de la Haute-Marne, arr. de
Laugres, eant. de Prauthoy ; 291 liab.
OCCHIATANA. Corn, du dép. de la Corse, arr. de Calvi,
cant. de BeJgodere ; 733 hab.
OCCHIOBELLO. Village d'Italie, prov. de Rovigo, r. g.
du Pô. Le i2 avr. 1815, Murât y fut défait par l'armée
autrichienne de Mohr.
OCCIDENT (Astron.) (V. Couchant).
Compagnie l'Occident (V. Compagnie, t. XII, p. 162).
OCCIONI (Onorato), écrivain italien, né à Venise en
1830, mort à Rome le 10 nov. 4895. D'abord professeur
aux gymnases de Venise et de Trieste, puis à l'Université
d'Innsbrtick, directeur du gymnase de Trieste, puis, après
la libération de la Vénétie, directeur du lycée Q. Visconti
à Rome, enfin professe^ir de littérature italienne à l'Uni-
versité de cette dernière ville. Il ne s'était pas assimilé les
récentes méthodes philologiques, mais il avait une vaste
culture littéraire et une grande sûreté de goût. Ce sont ces
qualités qui recommandent sa traduction do Silius Italicus
(publ. en 1878, et rééditée avec de nombreuses additions
en 1889, en 2 vol. in-8) et ses autres ouvrages (nom-
breux articles dans la Nuova Anlologia; Scritti di let-
teraturalatina, 1891 ; Vita ed opère di Orazio, 1893).
Il est en outre l'auteur d'un Manuel de littérature latine
très apprécié du public des écoles.
OCCIONI-BoNAFFONS (Giuseppe), érudit italien, né à
Venise an 1838. 11 enseigne l'histoire à l'Ecole supé-
rieure de commerce de sa ville natale ; il est l'auteur d'un
très grand nombre de mémoires historiques sur la Véné-
tie et le Frioul ; le plus utile de ces ouvrages est une Bi-
bliografia storioa friulana (Udine, 1883-87, 2 vol.),
OCCIPITAL (Anat.). Os om^f^ito/. Os plat, incurvé sur
lui-même, situéà larégion postérieure et inférieure du crâne.
Il est d une seule pièce chez l'homme adulte, mais le dé-
veloppement du squelette et l'étude du crâne des animaux
montrent qu'il est essentiellement composé : l^d'un basi-
occipital, d'un sus-occipital et de deux occipitaux latéraux
(ex-occipitaux), d'origine chondro-cranienne; 2° d'un supra-
occipital (inter-pariétal), de provenance dermo-cranienne.
Chez les marsupiaux, la portion supérieure ou écailleuse
reste toute la Yie séparée de la portion inférieure ou ba-
silaire. Chez les autres mammifères, ces pièces sont sou-
dées. L'écaillé présente extérieurement une crête médiane,
la crôte occipitale externe, aboutissant, en haut, à une
saillie, la protubérance occipitale externe ou inion, et, de
chaque côté, deux lignes horizontales arquées, les lignes
courbes supérieure et inférieure ; intérieurement, elle offre
quatre fosses, deux supérieures (fosses cérébrales) et deux
inférieures (fosses cérébelleuses), séparées par une saillie
cruciale, au centre de laquelle se trouve un mamelon
(protubérance occipitale interne). Sur la saillie, qui s'étend
au-dessous de la protubérance occipitale interne, on ren-
contre chez les singes, et à titre exceptionnel dans l'es-
pèce humaine, une fossette (fossette vermienne, fossette
aymarienne).
Dans sa portion b asilaire, l'occipital est percé d'un
grand trou, le trou occipital, par lequel passent la moelle,
ses enveloppes et les artères vertébrales. De chaque côté,
on voit les condyles de l'occipital, qui s'articulent avec
les cavités gléiioides do l'atlas. Chez les reptiles et les
oiseaux, il n'y a qu'un cpndyle situé en avant du trou
occipital. En avant des condyles, il y a le trou du nerf
hypoglosse chez les mammifères ; en dehors s'observent
deux apophyses (ap. jugulaires chez l'homme, paramas-
toideschez les autres mammifères). Chez un grand nombre
de mammifères (marsupiaux, rongeurs, carnassiers, etc.),
la portion supra-occipitale reste distincte (os interparié-
tal), ce que Von observe aussi exceptionnellement dans
l'espèce humaine (os épactal).
Muscle occipital. Muscle large recouvrant l'occiput. Il
s'insère en avant à l'aponévrose épicranienne et en ar-
rière, à la hgne courbe supérieure de Toccipital.
Artère occipitale. Elle vient de la carotide externe, se
porte sur la région occipitale et donne une branche ster-
no-mastoidienne, une stylo-mastoïdienne, une mastoï-
dienne ou méningée postérieure, une cervicale postérieure.
Veine occipitale. Elle correspond à l'artère occipitale
et va se jeter dans la jugulaire interne.
Nerf occipital ou sous-occipital. Le petit nerf sous-
occipital et le grand nerf sous-occipital sont les deux
branches dorsales des ' deux premières paires des nerfs
rachidiens. Ch. Debierre.
OCCLEVE (Thomas) (V. Hoccleve).
OCCLUSION. I. Chimie. — Graham a donné le nom
d'occlusion à la pr*opriété que possèdent les métaux de
condenser les gaz et de les conserver même dans le vide.
Graham voyait dans l'occlusion un phénomène spécial,
complexe, à la fois physique et chimique. Les faits pa-
raissent, d'après M. Berthelot, faire rentrer les phénomènes
d'occlusion dans la classe des phénomènes chimiques. Le
platine réduit par l'acide formique, puis séché à 100^, ab-
sorbe 1 1 4 fois son volume d'hydrogène en formant successi-
vement deux hydrures, dont la formation respective dégage
pour 1 gr. d'hydrogène entré en combinaison -h 17 cal. et
14^^^^ 2. Les deux hydrures peuvent être portés à 200^
dans le vide, mais le plus hydrogéné est lentement disso-
ciable dans ces conditions. Le dernier hydrure absorbe
l'oxygène à froid en formant de l'eau, ce qui permet d'en
mesurer la chaleur de formation, au moins pour la portion
d'hydrogène fixe qui surpasse le premier hydrure, si l'on
a soin d'empêcher toute élévation notable de température
capable de détruire le second hydrure.
Le second hydrure a une composition correspondant
à Pts^IP
Pt30 +H'- — Pt30H3 H-33«^i,9.
Le plus hydrogéné correspond à Pt^^^H^
Pt30^ H3 -_pt30H3 ^ 42^^i,6.
L'addition du troisième atome d'hydrogène se fait donc
avec un dégagement de S^^^J.
La mousse de platine et le platine fondu donnent des
résultats analogues, mais une absorption totale d hydro-
gène moindre. La mousse absorbe seulement 35,5 fois son
volume d'hydrogène, le platine fondu notablement moins.
La mousse de platine absorbe l'oxygène libre avec déga-
gement de chaleur, mais la dose absolue d'oxygène ab-
sorbé est très faible. La chaleur dégagée paraît surpasser
34 calories pour un poids d'oxygène égal à 16 gr.
La chaleur dégagée par la formation des combinaisons
hydrogénées et oxygénées du platine est la cause qui
détermine la réaction bien connue du platine sur le mé-
lange tonnant d'hydrogène et d'oxygène. Les mômes com-
posés jouent un rôle considérable dans les phénomènes de
polarisation éiectrolytique observés avec des électrodes en
platine. Ces mêmes hydrures de platine expliquent la trans-
formation des composés oxygénés de l'azote en ammoniaque,
quand on les chauffe avec rhydrogène en présence de
mousse de platine ; les composés avec l'oxygène rendent
compte de la transformation inverse de l'ammoniaque en
acide azotique, de l'oxydation de l'anhydride sulfureux en
acide sulfurique, etc.
Le palladium condense 700 à 800 fois son volume d'hy-
drogène et donne un hydrure voisin de Pd^^H. Chaque
gramme d'hydrogène absorbé dégage -h 5^^\7 au début de
la réaction et seulement 3^^\9 à la fin. Une lame de pal-
ladium, employée comme pôle négatif dans un voltamètre,
absorbe l'hydrogène tout entier au début del'électrolyse,
en même temps que la lame augmente de volume, perd sa
ténacité, sa conductibilité électrique et acquiert des pro-
priétés magnétiques.
La plupart des métaux présentent avec l'hydrogène le
phénomène d'occlusion, mais à un degré moindre que les
deux métaux précédents. C. Matignon.
II. Médecine (V. Intestin, t. XX, p. 914).
— 203
OCCOCHES — OCCULTATION
OCCOCHES. Coin, du dép. de la Somme, arr. de Doul-
lens, cant. de Bernaville ; 210 liab.
OCCULTATION (Astr.). La lune, dans son mouvement
de révolution mensuel antom' de la terre, recouvre succes-
sivement pour un observateur terrestre une bande de la
sphère céleste d'une largeur égale à celle de son disque. Les
étoiles ou plantes situées sur cette bande sont cachées,
occultées, pendant un certain temps, de là le nom du
phénomène. Le commencement ou disparition de l'astre
s'appelle immersion, la sortie émersion; enfin, si l'étoile,
sans être cachée par notre satellite, s'en rapproche beau-
coup, l'on dit qu'il y a appulse.
Entre l'éclipsé proprement dite et l'occultation existe
une légère différence; dans le premier cas, il s'agit en
général d'un satellite qui, entrant dans le cône d ombre
projeté par sa planète à l'opposite du soleil, voit sa
lumière s'éteindre progressivement. Pour une occultation,
au contraire, l'astre qui disparaît à nos yeux garde sa
lumière propre. Toutefois, les éclipses de soleil, quoique
étant en fait de véritables occultations, ne sont pas rangées
dans cette catégorie. Certaines occultations peuvent être
perçues à l'œil nu, et dans les anciennes chroniques l'on
trouve mentionnés des phénomènes de ce genre ; ces don-
nées sont assez intéressantes, car elles permettent de
fixer des dates et de contrôler les tables de la lune.
Observer une occultation consiste simplement à noter
l'heure de la disparition ou de la réapparition de l'astre.
La chose n'est généralement possible, même en s 'aidant
d'une forte lunette, que pour les belles étoiles, la lune fort
brillante faisant disparaître par contraste les astres plus
faibles, surtout lorsque le phénomène se produit sur le
bord éclairé. Cette difficulté disparaît pendant les éclipses
totales, le disque de la lune n'étant plus alors percep-
tible qu'en vertu d'une sorte de phosphorescence, les
observations peuvent être multipliées. Les astronomes
s'empressent d'utiliser une circonstance aussi exception-
nelle ; ils ont en vue la détermination de la grandeur réelle
du disque lunaire, élément difficile à obtenir d'une manière
très précise, un seul bord étant généralement éclairé et
la diffraction venant en plus troubler les observations.
Les occultations ont prouvé que la densité de l'atmos-
phère à la surface de notre satellite est à peu près nulle.
Si elle était sensible, nous devrions voir l'étoile se pro-
jeter pendant quelques instants sur le disque de la lune
avant l'immersion et reparaître dans les mêmes condi-
tions. Pour l'observateur, sur le bord obscur, la chose
n'est pas appréciable, les apparences relevées sur le bord
éclairé doivent tenir à la diffraction ; elle nous fait paraître
'le disque de la lune plus grand qu'il n'est en réahté.
Toutefois, il résulte de la discussion d'un grand nombre
d'observations que le diamètre de la lune déduit des occul-
tations est d'environ 4./'' inférieur à celui fourni par les
mesures directes. L'atmosphère lunaire serait à peu près
900 fois moins dense que celle qui nous entoure, et diverses
autres données conduisent à peu près à la même conclu-
sion.
Avant l'invention du télégraphe, les occultations ser-
vaient aux astronomes à déterminer les longitudes ; les
résultats étaient excellents, comme l'ont prouvé les mé-
thodes plus précises employées depuis une quarantaine
d'années. A l'heure actuelle, c'est encore le seul procédé
irréprochable que puissent utiliser les explorateurs en pays
non civilisés ; malheureusement, l'observation est assez
délicate; de plus, la recherche du moment où se produira
le phénomène présente des difficultés plus apparentes
toutefois que réelles, qui découragent nombre d'entre eux.
Prédiction des occultations. Le calcul est tout fait
pour Vms (Connaissance des temps), GrQenmch (Nau-
tical Almanach), Berlin (Berliner Jahrbuch), mais dès
que l'on quitte ces localités les résultats indiqués ne sont
plus applicables. Il faut utiliser les éléments pour le calcul
des occultations fournis par les grandes éphémérides que
nous venons de citer, et nous croyons devoir donner à cet
égard quelques éclaircissements. La méthode employée,
due à Bessel, dégagée des formules de trigonométrie sphé-
rique qui la résument, peut en effet donner une idée, sous
forme simplifiée, de celle utihsée pour le calcul des éclipses.
La lune n'est pas très éloignée de la terre, et en vertu de
la parallaxe, l'observateur aperçoit notre satellite se pro-
jetant sur des points assez différents du ciel, suivant la
localité qu'il occupe. Il en résulte que la bande découpée
par le disque lunaire n'est pas la même pour deux Ueux
distincts, et il se peut fort bien qu'il n'y ait occultation
que pour l'un des points. La latitude joue le rôle principal;
la Connaissance des temps donne les limites en latitude
des lieux pour lesquels le phénomène peut se produire ; il
faut de plus que la lune soit levée et qu'il fasse nuit,
autant de conditions faciles à vérifier une fois l'endroit
donné.
Pour le calcul proprement dit, l'observateur, supposé
d'abord au centre de la terre et ne participant pas à sa
rotation, verra la lune se déplacer lentement sur le ciel,
et les éphémérides calculés dans cette hypothèse lui four-
niront les positions successives de notre satellite. L'étoile
restera fixe et si, au point oti elle est vue, nous considérons
le plan tangent k la sphère céleste, la lune se mouvra sur
ce plan, au voisinage du moment de l'occultation, d'un
mouvement sensiblement rectiligne et uniforme. Les astro-
nomes rapportent son déplacement à deux axes rectangu-
laires dont l'un n'est autre que l'intersection du plan tan-
gent par le cercle horaire de l'étoile ; ils calculent l'heure
Tq ou la lune passe sur cet axe (époque de la conjonction
vraie en ascension droite). Cette donnée est fournie par la
Connaissance des temps, ainsi que les coordoimées recti-
lignes du centre de la lune. L'on a, pour leur valeur,
t étant le temps exprimé en portion d'heure et compté à
partir de T^ :
X = p' t,
y ^-= Qo H- q' t^
p' g,), f/' étant des nombres tout calculés et indépendants de
la position de l'observateur à la surface de la terre. Reste
à introduire ce dernier élément. Le point ou Ton se trouve
est connu, au moins approximativement ; l'on recherche
la projection de ses coordonnées sur des axes parallèles
aux précédents et passant par le centre de la terre pour
l'époque T^, Ce point se déplacera à peu près proportion-
nellement au temps, par suite de la rotation, et ses coor-
données pourront s'écrire à un instant quelconque :
x' — u^ + ^t^t,
^ y'^v^-\-vt'.
Ce seront les points successifs où l'on verra l'étoile sur
le plan tangent supposé fixe si nous observons les conven-
tions suivantes :
4» Le rayon de la sphère céleste devra être pris égal à
la distance vraie de la lune à la terre ; 2° le rayon é'qua-
torial de la terre pris comme unité sera supposé vu du
centre de la lune sous un angle t. égal à la parallaxe
horizontale de cet astre à l'époque T^. Cela fait, la solu-
tion du problème est immédiate : soit k le rayon de la lune
exprimé en fraction du rayon terrestre pris pour unité,
les deux astres se mouvant simultanément sur le plan
tangent, il y aura occultation dos que la distance entre
le centre de la lune et l'étoile sera égale au rayon de la
lune; d'où l'équation de condition,
{x -- xy + (y — ?y)2 =- A;«,
exprimaut que la distance enti'e les deux points est égale
à k. Substituant à x, y, x' , ij les valeurs données plus
haut, nous aurons une équation de second degré en t
fournissant deux racines. L'une se rapportera à l immer-
sion, l'autre àl'émersion. Si ces racines deviennent égales,
il y aura appulse sur le bord môme do la lune ; si elles
sont imaginaires, notre sateliite passera à une certaine
distance de l'étoile sans la recouvrir. La Connaissance des
temps donne sous une forme très élégante la résolution de
cette équation par les fonctions trigonométriques.
OCCULTATION — OCCULTISME
- 20i -
L'on peut encore, et c'est en général suffisant dans la
pratique, avoir recours à une construction géométrique.
Il suffit pour cela de laisser la lune fixe sur l'épure, rayon
égal à K, position à l'époque T^ et d'animer l'étoile de
deux mouvements, celui de l'observateur et celui de la
lune pris en sens contraire. Enfin, les mouvements de la
lune et de l'observateur, n'étant pas en réalité rectilignes,
il conviendra, si on le juge utile, de recommencer le
calcul en substituant à T^ les heures approchées comme
origine.
La longitude s'obtient par une occultation observée,
d'une manière très analogue ; une valeur approchée étant
supposée connue, l'on détermine la correction à lui apporter
pour satisfaire rigoureusement à l'équation de condition.
Incidemment, l'on peut faire la remarque que l'observa-
tion de l'occultation revient à déterminer l'instant où la
distance lunaire devient rigoureusement égale au rayon
apparent de la lune.
Pour les éclipses de soleil, la question se complique,
car cet astre se déplace pour son propre compte et a de
plus une parallaxe ; les équations sont toutefois très ana-
logues. Le commencement ou la fin du phénomène ont lieu
au moment où la distance des centres est égale à la somme
des rayons ; les contacts intérieurs, lorsque cette même
donnée est égale à leur différence.
La même méthode est applicable au calcul des passages
de Vénus ou de Mercure sur le soleil. Dans les éclipses de
lune ou de satellites de Jupiter, le disque rencontré n'est
autre que la section du cône d'ombre ou de pénombre de
la planète faite à une distance égale à la distance vraie du
satellite. Oltrâmare,
BiBL. : Bessel, Astronomische Nachrilten, 1829, mé-
moire réimprimé en 1875. — Berry, Théoine complète des
occultations ; Paris, 1880.
OCCULTES (Propriétés) (Alchim.). C'était une opinion
très répandue au moyen âge, et provenant, disait-on,
d'Aristote, que « toute chose douée d'une qualité appa-
rente possède une qualité occulte opposée, et réciproque-
ment. Le feu rendait apparent ce qui est caché, et inver-
sement». «Transforme leur nature, car la nature est ca-
chée à l'intérieur, » disait le faux Démocrite. Les Arabes
et leurs disciples précisent davantage. Dans ses qualités
apparentes, le fer est chaud, sec et dur. Dans sa cons-
titution secrète, il possède les qualités opposées, la mol-
lesse, par exemple. Réciproquement, ce qui est, quant
aux apparences, mercure est fer dans son intimité. Ce qui
est extérieurement du cuivre est intérieurement de l'or et
comme l'âme du métal. Dans n'importe quelle chose toute
chose existe en puissance, même si on ne l'y voit pas.
Pour accomplir la transmutation, il suffit donc de faire
disparaître certaines qualités. Le cuivre, d'après Rasés, est
de l'argent en puissance: celui qui en extrait radicalement
la couleur rouge le ramène à l'état d'argent, etc. Toute
cette théorie des qualités occultes a joué un grand rôle, au
moyen âge, en philosophie et en médecine, aussi bien qu'en
alchimie. M. Berthelot.
OCCULTISME. On peut grouper sous cette désignation
un ensemble d'idées, de tendances constituant un domaine
intermédiaire entre celui du surnaturel et celui de la rai-
son, entre la religion et la science. C'est une croyance
extrêmement répandue dans l'espèce humaine, et, jusqu'à
une date récente, quasi-universelle, que celle de faits échap-
pant à toute explication rationnelle et manifestant l'inter-
vention de forces, d'êtres, de volontés généralement ina-
perçus, qui interviennent dans les afi'aires humaines ou
dans la marche de l'univers d'une manière pour nous ar-
bitraire. Sous sa forme la plus précise, celle du miracle,
cette croyance au surnaturel semble à peu près inséparable
de l'idée même de reHgion, le miracle étant la preuve
sensible de l'existence de la divinité révélée par des phé-
nomènes que les lois rationnelles sont impuissantes à ex-
pliquer. Seulement les progrès de la science et de la cri-
tique ont établi que jamais un miracle ne s'était produit
en un lieu où il se trouvât des hommes capables d'en
vérifier la réaUté. Les faits qui semblaient jadis surnatu-
rels ne paraissaient tels qu'à notre ignorance ; la plupart
ont reçu une expUcation rationnelle, et la conviction s'est
enracinée qu'il n'y a d'autres bornes au domaine de la loi
scientifique que celles de la perception humaine. Tout ce
qui peut être perçu, c.-à-d. senti ou connu par nous à
quelque titre que ce soit, est ou pourra être ramené à des
lois abstraites. Un nombre chaque jour plus grand de
personnes imbues de la culture rationnelle écartent toute
idée de surnaturel. La supériorité de la pensée moderne
s'affirme à leurs yeux par la substitution des notions scien-
tifiques aux croyances religieuses qui, malgré d'ingénieux
efforts et des concessions variées, sont inconciliables. Nous
n'insistons pas sur cette question qui est traitée dans
d'autres articles à ses divers points de vue. L'objet de.
celui-ci est d'examiner ce que furent et ce que deviennent,
au moment de l'éviction du surnaturel par la science, les
idées occultistes.
La prétention de leurs adeptes fut de tout temps d'étendre
leur connaissance et leur pouvoir sur des forces différentes
des forces matérielles et susceptibles pourtant d'être étu-
diées et méthodiquement employées. Ce domaine des
sciences occultes, distinct de celui du surnaturel, puisqu'il
demeurait accessible à l'action humaine, a été de plus en
plus restreint par les progrès de la science rationnelle.
Toutefois, aujourd'hui encore, ces idées ont de nombreux
partisans et, fidèles à notre règle d'impartialité, nous avons
confié à l'un d'eux l'exposé de leur système. On le trou-
vera plus loin. Ces théories nous paraissent une survi-
vance des époques antérieures où la notion de loi scienti-
fique n'était pas clairement dégagée. L'œuvre des savants
a été précisément d'éhminer cette part de mystère qu'on
mêlait autrefois aux pratiques et aux théories scientifiques.
Ecartée des sciences exactes, elle tend à se confiner dans
le champ encore obscur des rapports du physique et du
moral. Quant aux imaginations développées par quelques
écrivains occultistes sur la primitive histoire- de l'huma-
nité, elles sont purement fantaisistes. Avant d'en arriver
à l'exposé de l'occultisme contemporain, il nous faut re-
tracer brièvement les données les plus générales et l'his-
torique de ces sciences du surnaturel, desquelles se sont
peu à peu dégagées les sciences proprement dites, rejetant
un encombrant résidu de superstitions qui n'ont plus d'in-
térêt que pour l'étude psychologique des diverses sociétés
humaines.
A l'origine, les conceptions occultistes remplissent l'ho-
rizon tout entier ; elles forment un amalgame confus d'où
se dégageront ultérieurement la religion et la science
confondues à ce stade de l'évolution. Les premières
généralisations de V animisme (V. ce mot) expliquent tout
phénomène par l'action d'esprits semblables au nôtre.
Ainsi que l'ont clairement montré les sociologues, notam-
ment Spencer, pour le sauvage, l'immatériel, l'invisible
paraît aussi réel que le matériel. Un nuage se forme, se
dissout sur place ; que dire du vent dont on sait l'irrésis-
tible violence ? de l'ombre, du reflet ? Les mirages mon-
trent tour à tour au même endroit des objets fort di-
' vers. Les métamorphoses des insectes imposent la notion
des transformations inattendues d'un même être. Les
pétrifications, les fossiles témoignent qu'elles s'éten-
dent de la nature vivante à l'inanimée. Le rêve conduit à
distinguer du corps l'âme qui se promène au loin, accom-
plit les actes les plus variés, tandis que le corps demeure
à la même place à peu près inerte. Une généralisation bien
facile assimile la mort à un sommeil prolongé, à une émi-
gration définitive de l'âme, d'autant plus que les survi-
vants revoient en rêve les morts qu'ils ont connus. Les
constatations de la vie courante aboutissent donc sans
grand effort à cette idée que le monde est peuplé d'âmes,
esprits, souffles, auxquels on attribue tout événement dont
la cause échappe. L'animisme, le spiritualisme est à la ra-
cine de toute notre évolution mentale. Il n'en est pas le
205
OCCULTISME
résultat, mais le point de départ. Refoulé dans un domaine
de plus en plus étroit, à mesure que s'agrandit à ses dé-
pens celui de la science rationnelle, il survit obstinément
dans les religions et dans l'occultisme.
Dès cette phase primitive où se confondaient en une
généralisation inconsciente des rudiments confus et gros-
siers de philosophie religieuse et scientifique, la pratique
intervient à côté de la théorie. On s'efforce d'entrer en re-
lations avec les esprits ; des habitudes s'établissent à ce
sujet, des règles sont posées, et voilà le culte avec ses
rites. On s'efforce d'utiliser les concomitances, les corres-
pondances que l'observation révèle dans les phénomènes
naturels et d'en tirer parti par l'intermédiaire des esprits
auxquels on les attribue ; on veut faire de ceux-ci des
instruments au service des intérêts et des passions hu-
maines; cet art est la magie, la sorcellerie, dont le rôle
fut et demeure immense.
Sous ce nom de magie, d'art des anciens mages de l'Iran
(Perse, Médie), on a réuni une masse de croyances et de
pratiques dont le caractère commun est de dépasser les
effets et les causes que leur régulière succession a conduit
les hommes à regarder comme naturels. 11 est malaisé de
définir les limites de la magie et de la religion, car la re-
ligion adopte souvent des pratiques magiques (c'est le cas,
par exemple, de la transsubstantiation qui, par le pouvoir
des formules et du prêtre, est censée changer la nature de
l'hostie et du vin en chair et en sang) ; et d'autre part, l'effi-
cacité des pratiques magiques est fréquemment attribuée
à l'intervention d'êtres divins. Toutefois, la magie prétend
être un art se suffisant pour ainsi dire à lui-même et dont
les résultats sont obtenus par la volonté du magicien do-
minant les puissances naturelles ou divines au moyen des
formules dont il a le secret. Il peut évoquer le fantôme des
morts pour les questionner, pour les envoyer tourmenter
les vivants, faire pénétrer les esprits dans le corps d'un
homme ou d'un animal ainsi obsédé ou possédé (V. Obses-
sion). C'est par l'intermédiaire des esprits qu'il peut dé-
chaîner le vent, faire tomber la pluie, donner ou guérir
les maladies, ressusciter les morts. Il sait lire dans les
phénomènes naturels les intentions des dieux ; le cri des
oiseaux, les combinaisons des astres lui révèlent les évé-
nements inconnus passés et même futurs ; c'est là une
branche spéciale qui s'est développée séparément, la divi-
nation (V. ce mot). Elle est arrivée à coordonner ses mé-
thodes au point de se détacher presque de l'occultisme.
Si nous jugeons la magie du point de vue expérimental
et rationnel, ce qui la caractérise, c'est qu'elle n'est pas
réelle. Aucune de ses prétentions n'est justifiée. Ses mé-
thodes se présentent parfois avec une cohérence théorique,
mais jamais elles ne produisent aucun résultat pratique ;
elles n'ont donc pas de tendance à se perfectionner ; cer-
taines de ces formules ou de ces règles se sont transmises
depuis des milliers d'années toujours les mêmes, à l'op-
posé des recettes qui correspondent à un effet réel et que
l'expérience perfectionne au cours des âges. Cependant,
dans les pays .et les époques où les idées occultistes sont
dans toute leur force, des éléments réels sont mélangés
aux pratiques de sorcellerie et de magie ; mais ils tendent
à s'en détacher successivement pour constituer les sciences
exactes. La valeur intrinsèque des formules étant nulle et
tout l'effet tenant aux pratiques positives, celles-ci seules
étaient susceptibles de progrès et se sont développées par
l'expérience accumulée, de manière à devenir des spécia-
lités distinctes.
Parmi les peuplades attardées aux degrés inférieurs de
la civilisation, le rôle de la sorcellerie, l'importance du
sorcier sont énormes. Les nègres natifs de l'Australie ont
leur existence entière dominée par cette croyance et par
la terreur du sorcier. Ne concevant la mort que violente,
ils rapportent tous les cas de ce que nous appelons mort
naturelle à un méfait des êtres invisibles ; de même toute
maladie. Si un homme est malade, c'est qu'un esprit a
pénétré dans son corps ; l'Australien sent la piqûre que
fait le sorcier au moment où il s'enfonce et la compare à
celle d'une pointe de cristal de roche ; avec un cristal, le
sorcier ami pourra extraire du corps malade l'esprit hos-
tile, sans quoi celui-ci le dévore peu à peu et le malade
meurt de consomption. Le sorcier peut aussi venir invi-
sible tuer sa victime endormie, en la frappant avec un os
de kangourou. D'autres fois, il se contente de s'emparer
d'une mèche de cheveux, et, en la brûlant, il fait périr celui
auquel ils appartenaient. Quand un homme meurt, le pre-
mier soin des Australiens est donc de rechercher le sor-
cier qui l'a tué pour en tirer vengeance ; c'est aussi leur
préoccupation quand un d'eux tombe malade ; la guérison
est demandée au sorcier ami, qui cherche à enfermer le
charme, l'esprit hostile dans une pierre,- dans un os de
poisson, ou à la faire sortir le long d'une corde dont il
tient l'autre extrémité entre ses dents. C'est aux sorciers
qu'on attribue l'orage, l'éclair, le tonnerre ; on suppose
qu'ils peuvent se mouvoir dans le ciel, invisibles, sauf aux
autres sorciers. On regarde les étoiles filantes et les co-
mètes comme présages de catastrophes. L'art. Sorcellerie
donnera des détails plus complets sur ce sujet. Nous nous
bornons à en constater ici l'universelle extension.
Chez toutes les races humaines, nous rencontrons le
sorcier (souvent identique au prêtre), qui est un des diri-
geants des tribus peu civilisées. Dans les îles d'Océanie,
les Européens trouvèrent une classe de sorciers dont l'in-
fluence s'exerçait principalement sur les malades ; il est
bon d'observer que, dans ce cas, l'art magique peut pro-
duire un effet réel, non pas par ses pratiques, mais par
suggestion sur le patient ; on sait combien est considé-
rable à cet égard l'influence morale du médecin ; il y a
tout un groupe de maladies où la conviction qu'a le patient
de l'efficacité des exorcismes peut suffire à lui en pro-
curer une. Nous retrouvons aussi dans l'Océanie cette idée
que le sorcier, quand il possède des cheveux ou toute
autre parcelle du corps d'un homme ou même simplement
des objets lui ayant servi, acquiert pouvoir sur lui. — En
Afrique, le sorcier mganga ou nyanga des nègres est
tout d'abord un devin, conseiller toujours consulté par les
chefs, qu'il s'agisse d'entreprendre une expédition, de
retrouver du bétail volé, de choisir une résidence, défaire
périr un ennemi. Sa fonction sociale la plus considérable
est de procurer la pluie. On sait Vextemion du. fétichisme
(V. Afrique, 1. 1, p. 740) chez les Africains. Ils sont copieuse-
ment munis de fétiches, amulettes, talismans, grigris aux-
quels ils attribuent une vertu surnaturelle . Lorsque le pouvoir
occulte attribué au morceau de bois ou de pierre ou à la
loque quelconque qui constitue le fétiche trompe leur
attente, la seule conclusion qu'ils en tirent est de le
changer pour un autre. Le fétichisme, dont la floraison
complète se manifeste chez les nègres africains, persiste
dans nos civilisations européennes où se trouve encore très
répandu l'usage des porte-bonheur les plus bizarres, des
objets rapportés d'un pèlerinage ou d'un sanctuaire cé-
lèbre, et auxquels on prête des qualités mystérieuses. —
En Amérique, les sorciers que trouvèrent les Espagnols
se préparaient en général à leur rôle par des initiations
et des épreuves fort dures, retraite dans le désert, jeûne,
souffrances. Ils atteignaient ainsi un pouvoir surhumain,
devenaient capables d'entrer en relations avec les esprits,
de consacrer des amulettes, d'agir sur le temps, d'inter-
préter les cris et actes des animaux. Ils absorbaient des
narcotiques qui les plongeaient dans une sorte d'extase
où ils croyaient converser avec les fantômes. Les danses
produisaient à un moindre degré des effets analogues. Ces
croyances se retrouvent chez les Indiens de Guyane et du
Brésil. Ceux de l'Amérique du Nord attachaient plus de
prix à l'œuvre médicale de leurs sorciers, que les Français
désignaient sous le nom de médecins et qui avaient amassé
des connaissances étendues sur les simples, herbes véné-
neuses ou salutaires. Ils employaient aussi les instruments
musicaux et la danse. Ils prétendaient agir &ur les indi-
vidus par des pratiques accomplies sur une image peinte
OCCULTISME
— 206
ou sculptée les représentant. — Dans toute l'Asie sep-
tentrionale et centrale et l'Europe septentrionale, le cha-
manisme (\ . CQ mot) est demeuré la forme des croyances
religieuses, subordonnées aux théories et pratiques des
sorciers. — Nous pourrions multiplier les exemples, mais
ce n'est pas le lieu d'analyser et de classer les pratiques
de sorcellerie (V. ce mot). Sur ce fonds commun aux
peuples non civilisés se sont développées la magie et la
divination des sociétés plus cultivées, prenant physionomie
d'art et de science.
Les anciens Egyptiens avaient coordonné les idées et
pratiques magiques en systèmes et rituels sur lesquels
nous sommes amplement renseignés par plusieurs papy-
rus. Tantôt nous y trouvons des invocations à des divi-
nités dont on veut obtenir ou contraindre le concours ;
tantôt des formules combinant des recettes médicales avec
des appels au démon qui est supposé les rendre efficaces.
A l'action physique du médicament s'ajoutait l'action mo-
rale sur l'imagination du malade. Les Egyptiens divi-
saient le corps humain en parties dont chacune était pla-
cée sous la protection spéciale d'une divinité. Ils avaient
dressé une nomenclature des jours heureux ou néfastes,
tenant compte de la nature de l'entreprise; on ne de-
vait pas s'embarquer sur le Nil le 49 du mois Athor;
l'enfant né le 5 du mois Paopi était condamné à mort.
A côté de la magie officielle, pratiquée par les prêtres et
scribes, et fort estimée, on signale des magiciens clandes-
tins faisant usage de philtres, de poisons ; à Fépoque de
Uamsès III eut lieu une condamnation à mort pour en-
voûtement. Toute la science d'alors avait d'ailleurs ce ca-
ractère occulte. Le secret des recettes industrielles (tein-
tureS) verreries, etc.) était préservé par un langage
conventionnel à tournure mystique. On en trouvera des
exemples saisissants dans les écrits alchimiques publiés et
traduits par M. Berthelot.
La Chaldée fut la terre d'élection des sciences et arts
occultes de la magie, de la divination, de l'astrologie. Son
monde fourmillait de démons, de génies; l'art de les con-
cilier ou de les expulser par des formules était un des
principaux efforts de la pensée chaldéènne. Les inscrip-
tions cunéiformes nous ont transmis quantité de ces for-
mules. Une idée curieuse des Babyloniens était celle du
double nom des dieux; à côté du nom officiel, ils avaient
un nom secret auquel était attaché le pouvoir magique que
sa connaissance conférait sur eux. Ces idées se répandirent
ou se formèrent dans d'autres pays, en Italie. notamment
oa l'on prétendait tenir caché le véritable nom du dieu
prjtccteur des cités, afin que l'ennemi ne pût l'invoquer
et l'influencer. La divination fut codifiée à Babylone oii il
faut chercher l'origine de beaucoup de pratiques gréco-
romaines (V. Divination). La branche la plus développée
fut V astrologie (V. ce mot), dont toute la savante cons-
truction fut édifiée en Chaldée, C'est de là que viennent
aussi les croyances sur les douze signes du zodiaque, sur
les affinités des sept métaux et des sept planètes (Cf. Ber-
thelot, Chimie des anciens), sur les qualités occultes (V. ce
mot) des corps, envisagées comme complémentaires des
qualités apparentes, etc. Bref, c'est en Chaldée que l'occul-
tisme s'élabore en système complet où s'incorporent la
philosophie et les sciences positives.
Les légendes de la littérature primitive des Grecs font
une large place à la niagie ; rappelons seulement la Toi-
son d'or et le rôle de Médée ; celui de Circé dans V Odyssée;
l'évocation des morts dans le même poème. On trouvera
dans l'art. Divination des détails sur les croyances divi-
natoires qui sont connexes à la magie et se confondirent
avec elle aux derniers siècles de la république, lorsque
les devins et magiciens orientaux- envahirent l'Occident;
le sénat et les empereurs les poursuivirent et les expul-
sèrent à plusieurs reprises. Les savants recueillent les
faits positifs mêlés aux recettes magiques et en combattent
les théories illusoires et les pratiques frauduleuses. Il faut
liro à ce sujet Pline l'Ancien et Sextus Empiricus. Dans
la philosophie pythagoricienne avait passé la science de
l'Orient avec son mysticisme. Peu à peu la raison hellé-
nique la dégagea de cet alliage et en tira nos mathé-
matiques; mais les pythagoriciens demeurèrent fidèles à
la tradition mystique, attribuant aux nombres des signi-
fications symboliques. Epurée par Platon, cette philosophie
scientifique revient chez ses disciples alexandrins à la
théurgie et à la magie (V. Pythagore, Platon, Alexan-
drie, Néoplatonisme, Théurgie). On recommence à tenter
de se mettre en rapport avec les puissances démoniaques
de l'univers, par les invocations, les sacrifices, les talis-
mans. Les formules se multiplient et se compliquent ; une
des plus célèbres ^^iVAbraxas. On trouve dans les écrits
apocalyptiques la trace de ces spéculations. Les Juifs y
eurent une grande part ; sans parler de la classification
hiérarchique des anges et des démons, oti l'iniluence ira-
nienne est évidente, ils ont développé la théurgie et l'ont
propagée à travers tout le moyen âge. Dans leurs écrits
se trouvent amalgamés des détritus d'origine diverse : les
grands démons Asmodée, Astaroth, Achérontnous repor-
tent à la Perse, à la Syrie, à la Grèce ; le pentagramme
est emprunté aux pythagoriciens et adjoint au cercle ma-
gique pour l'invocation démoniaque. Cette figure géomé-
trique, dont la construction parut une merveille, devint un
signe de reconnaissance entre les mathématiciens, entre
les initiés et, d'un bout à l'autre du continent, de l'At-
lantique à la mer de Chine, il fut adopté par les magiciens.
Les musulmans ont emprunté la magie et la demono-
logie aux Juifs, aux Syriens, aux Iraniens, Fastrologie
aux Chaldéens et aux Grecs. Les arts occultes sont alors
à peu près codifiés ; les procédés sont à peu près les
mêmes de l'Espagne à l'Inde : fumigations, incantations,
talismans, horoscopes, almanachs. On s'en fera une idée
îùvi exacte par la lecture des Mille et une Nuits. Dans
l'Inde, l'occultisme a un fond antérieur ; la religion est
inséparable de la magie, non seulement par le rôle prêté
aux démons, mais par l'opinion que l'on peut, au moyen
des sacrifices, de pratiques d'austérité ou même de for-
mules et de charmes, acquérir un pouvoir sur les dieux.
Le bouddhisme n'élimine pas l'élément magique, lequel a une
grande importance au Tibet ; en Mongolie, l'antique cha-
manisme persiste, combiné, comme dans l'extrême Orient,
avec les calendriers zodiacaux et toute une divination as-
trologique rudimentaire. Les idées magiques se traduisent
en Ckine (Y. ce mot) par les règles an Foug-choui, l'amé-
nagement des maisons, des tombes, etc.
Dans l'Europe chrétienne, la magie fut pourchassée par
l'Eglise, qui, assimilant les dieux des autres religions à
des démons, enveloppe les cultes étrangers dans cette pros-
cription. Elle sévit ainsi contre les vieux rites gréco-ro-
mains, puis contre ceux des Germains, des Celtes et des
Slaves, traitant leurs prêtres de sorciers. Elle ne put ce-
pendant étouffer ni la sorcellerie, qui persista dans les
classes inférieures, ni la magie, l'astrologie, l'alchimie
qui conservèrent leurs adeptes dans les classes relative-
ment instruites. Il était conforme à l'esprit général de
l'époque, tout imbu de religion, de revêtir de formes mys-
tiques ce qui avait survécu de science dans le naufrage de
la civilisation antique. Le coup mortel fut porté à Toccul-
tisme par la Renaissance. Lorsqu'on fut revenu aux mé-
thodes critiques et expérimentales, on examina si les effets
annoncés par les magiciens se produisaient réelkment, et
l'on constata bien vite le contraire'; l'astronomie se dé-
gagea de l'astrologie, la chimie de l'alchimie, ne rete-
najît comme vérité scientifique que les faits, dégagés de
l'alliage de spéculations mysti<fues. A Lépoque contempo-
raine, des multiples théories et pratiques de l'occultisme
il ne subsiste guère que le spiritisme qui a remplacé la
nécromancie, et, d'une manière générale, des systèmes
sur les relations du physique et du moral, des %âvants
et des morts. Dans les classes moins instruites, beau-
coup des vieilles superstitions survivent : la divina-
tion compte encore de nombreux adeptes (V. Divination et
207 —
OCCULTISME
Chiromancie); 011 croit aux revenants, au mauvais œil, etc.
Dans cette revue rapide nous ne Sommes pas entré
dans le détail et n'avons pas décrit les pratiques de la
magie, de la sorcellerie, des enchantements. Mieux que par
toute analyse on se mettra au courant par la simple lec-
ture de quelques-uns des ouvrages oa elles figurent: F Ane
d'or d'Apulée, les Mlle et une Nuits, les Contes de la
nuit de Noël de Souvestre, des romans du moyen âge,
les grands traités ethnographiques et les récits de voyage
où ils puisent leurs renseignements, les textes alchimiques
grecs, syriaques, arahes publiés, traduits et (ommentés
par M. Berthelot, etc. On trouvera d'ailleurs dans la bi-
b'iographie de cet article et de ceux auxquels il renvoie
do nombreux renseignements.
L'occultisme est une survivance des conceptions primi-
tives de l'humanité à une période où l'ignorance supposait
partout des causes et des agents mystérieux. Dérivé d'une
tendance philosophique où se confondaient les idées scien-
tifiques et rehgieuses, il est très important dans l'évolu-
tion mentale de l'homme. L'analogie, avec ses généralisations
hâtives et superficielles, est le précurseur du raisonnement
scientifique. L'homme, se sentant partie d'un ensemble, fit
effort pour déterminer et mesurer l'action du miheu sur
lui et réciproquement pour agir sur le milieu. Ce second
cas fut naturellement de beaucoup le plus commun, parce
que pratique* Nous sourions aujourd'hui des vieux astro-
logues abordant sans sourciller des problèmes « dont le
moindre écraserait tout l'appareil des mathématiques mo-
dernes », mais c'est en vue de ces tentatives qu'a été
commencée la construction de ce puissant instrument de
nos sciences. Les relations affirmées jadis entre les pla-
nètes et les métaux, entre des animaux et les signes du
zodiaque, entre le calendrier et les phase§;4e la vie hu-
maine, nous semblent puériles, mais elles ont été. un pré-
texte à des recherches où furent approfondies les pro-
priétés réelles de la matière et mieux observée la manière
d'être des vivants. Combien de prétentions chimériques de
la magie la science n'a-t-elle pas réahsées ? la communi-
cation à distance par l'électricité, la vision à distance par
les télescopes et longues-vues, la vision à travers les corps
opaques à l'aide de la radiographie, une prodigieuse rapi-
dité de translation, etc. On sait que les très habiles phy-
siciens donnent le nom de magie blanche à l'art des
illusions optiques par lequel ils stupéfient le public; Robert
Houdin en l^rance, Maskelyne en Angleterre simulent des
prodiges comparables à ceux dont se vantaient les magi-
ciens ; non moins que les apparitions et disparitions de
fantômes^ que le décapité parlant ou l'homme déambulant
en l'air, les automates habilement construits et truqués
excitent l'admiration ; l'automate joueur d'échecs, étudié
par Poe, a été dépasse par le joueur de whist, par le cal-
culateur Psycho. Des fraudes et des trucs de ce genre ont
pu intervenir quelquefois dans les opérations magiques.
Toutefois, ce n'est là qu'un coté accessoire de la question.
Dans les arts et sciences occultes, nous discernons deux
éléments longtemps enchevêtrés : un élément positif, un
élément mysticjue et illusoire. Dans les pratiques médicales,
dans les combinaisons alchimiques, dans les calculs astro-
logiques, quantité de faits et de relations parfaitement
réels ont été découverts et utilisés. On conçoit aisément
comment toute la science appliquée put être enveloppée
de ce voile occultiste. Le secret des recettes et des procé--
dés de fabrication encore observé dans certaines industries,
malgré la garantie des brevets et la rapidité des progrès
industriels, fut de règle autrefois. Les familles, les corpo-
rations se les transmettaient; fréquemment, ces corpora-
tions avaient un lien religieux ou môme étaient attachées
à un temple. Los secrets techniques étaient transmis en
un langage conventionnel à forme mystique. Avant fim-
primerie, les livres étaient rares, les connaissances limi-
tées à quelques privilégiés qui les gardaient secrètes, écar-
tant le vulgaire par l'obscurité du langage conventionnel.
L'initié lui-même distinguait maî dans la science la part
du fait positif, de la loi abstraite, et celle du langage, du
signe par lequel on l'exprimait. Aujourd'hui même, cons-
tamment des savants confondent la relation abstraite, qui
est seule objet de science avec le signe par lequel on la
traduit en représentation imagée. La notion même de loi
rationnelle ne fut nettement dégagée que par les Grecs du
iv*^ au 1®'' siècle av. J.-C. Auparavant, tout était de nature
à entretenir la confusion.
L'état d^esprit universel était la croyance à une sorte de
pouvoir mystique des formules ; elle a des racines mul-
tiples dans la rehgion, dans la jurisprudence, dans les
sciences exactes, et partout elle a sa raison d'être. Une
opération physique ne réussit qu'à une température déter-
minée, ni au-dessus, ni au-dessous; une combinaison chi-
mique ne se réalise que dans des proportions déterminées ;
il en est de même pour Faction thérapeutique. D'autre
part, les civilisations commençantes ont, à un plus haut
degré que quiconque, le sentiment de la stricte et littérale
observation du formalisme juridique; ce qu'on sait des
Celtes irlandais et des Lidous comparés par Sumner-Maine,
des Scandinaves (ci., par exemple, la Saga de Niai) est
frappant. L'application de ce formalisme à la religion,
dont le rituel n'est pas moins minutieusement précisé, favo-
rise cette conviction que les formules ont une valeur intrin-
sèque, et agissent par leur simple récitation non moins
que par les actes accompHs en même temps.
Les sentiments religieux et mystiques de tout ordre
manquent d'ailleurs presque toujours de précision, com-
portent des rapprochements et des généralisations intuitifs.
De là l'idée de la force d'action extérieure de nos sou-
haits. La religion y fait intervenir la prière, qui suppose
l'intermédiaire du dieu ; la magie supprime volontiers cet
intermédiaire spirituel aussi bien que 1 intermédiaire ma-
tériel et admet ([ue, en remplissant certaines conditions,
on puisse extérioriser sa volonté. Les superstitions popu-
laires du mauvais œil, du sort jeté se réiérent à cet ordre
d'idées. A fortiori admet-on qu'on puisse agir sur un être
à l'aide d'un symbolisme ruclimentaire tel que celui de V en-
voûtement {S . ce mot) usité chez les nègres australiens
comme dans l'Europe du moyen âge et même dans la France
contemporaine. Mieux encore que par l'image de la vic-
time, on agit sur elle par la possession d'objets lui ayant
appartenu. Ces superstitions sont très répandues et expli-
quent la terreur de tant de populations pour la photogra-
phie ; elles sont convaincues qu'on acquiert pouvoir sur
l'homme dont on a le portrait.
Une autre forme très générale de l'occultisme est l'effort
pour se mettre en communication avec les forces mysté-
rieuses de la nature, en particulier avec celles qui prési-
dent à la vie animale et végétale lors du retour périodique
des moments de reproduction. Ce sentiment se manifeste
dans les cultes enthousiastes (V. les art. Dionysos, M!>re
DES DIEUX, Adonis, Mystère, Orphisme), où par la danse,
par diverses pratiques, les fidèles arrivent à l'état d'extase
et à un véritable délire. Les hallucinations et autosugges-
tions réalisent pour eux toutes les chimères de leur ima-
gination. Il serait difficile de comprendre la puissance et
la ténacité des croyances occultistes, si l'on ne faisait
entrer en ligne les illusions des sens qui leur donnent la
même apparence de réalité qu'aux autres phénomènes.
Dans les pays du Midi, le mirage, clans ceux du Nord, le
brouillard, favorisent extrêmement* la croyance aux en-
chantements. Mais plus encore il faut tenir compte des
boissons et vapeurs qui troublent l'esprit et les sens, des
narcotiques comme 1 opium et le haschich, des solanées.
Aussi les récits d'opérations magiques débutent-ils cons-
tamment par des fumigations.
C'est par un travail séculaire que l'expérience scienti-*
fique a fait le partage entre les influences réelles et chi-
mériques,, aidée peut-être par les religions constituées qui
combattaient la magie, et par les gouvernements qui ré-
primaient un art dont les manœuvres secrètes les effrayaient
et qui était couramment employé par des empoisonneurs
OCCULTISME
-- 208
et par des charlatans pour l'exploitation des dupes. Le
prêtre, confondu à l'origine avec le sorcier, s'en distingue
avec le progrès de la religion et de VElat (V. ces mots).
Il devient alors son ennemi et, bien qu'il utilise encore à
l'occasion les ressources que les cultes enthousiastes,
l'hystérie, fournissent à la production des miracles, d'une
manière générale il combat les appels trop fréquents au
surnaturel. Les Occidentaux ont emprunté à l'Iran la com-
mode théorie du dualisme et attribuent au diable et aux
démons tous les faits extranaturels qu'ils répudient. La
divination (V. ce mot), mise au service de la religion
dans l'antiquité, a été de même évincée par le christia-
nisme. — Quant aux rapports de l'occultisme avec la
science, ils lui ont été encore plus dommageables. A l'ori-
gine, il l'absorbait et lui fournissait sa philosophie ; mais
les pratiques et recettes techniques qui constituaient la
partie réelle se sont développées avec l'expérience et spé-
cialisées ; comme les sciences mathématiques se dégagèrent
de l'astrologie, les sciences physiques de l'alchimie, la
médecine et les sciences naturelles se dégagèrent de la
magie. Lorsque le lucide génie des Grecs eut arrêté les
principes de la méthode rationnelle, les éléments mys-
tiques furent rejetés. Aucune des affirmations de l'occul-
tisme n'a pu être prouvée par une expérience méthodique.
Le cas est le même que pour le surnaturel et les miracles,
et la critique rationnelle les écarte au même titre. De fait,
entre l'Eglise qui a arrêté le dogme et discipliné le sen-
timent religieux, et la science qui a ruiné toute idée d'in-
fluence mystérieuse et qui déclare tout phénomène expli-
cable, sinon expliqué, par les seules ressources de la raison,
le champ de l'occultisme s'est sans cesse rétréci. Après
s'être étendu sur toute la pensée humaine, il tend à se
confiner aux rapports de Fâme et du corps, et ses des-
tinées sont liées à celles, bien compromises, du spiri-
tuahsme qui affirme ce dualisme hypothétique. A. -M. B.
Conformément à notre règle d'impartialité, nous
donnons ci-dessous un exposé des théories actuelles
de l'occultisme (V. aussi les art. Divination, Sorcelle-
rie, Alchimie, Astrologie, Spiritisme, Théurgie, Mys-
tère, Franc-Maçonnerie).
Occultisme. — Science du caché (Scientia occultati) ;
science cachée [dans les enceintes réservées aux adeptes]
{scientia occultata) ; science cachant [ses enseignements
aux profanes] (scientia occultans) ; ainsi peut-on par
voie de triple exposition, plutôt que de définition propre-
ment dite, donner l'idée de ce qu'est l'occultisme ou la
science occulte. Les deux termes sont rigoureusement sy-
nonymes. Mais le second a le défaut de se confondre aisé-
ment avec l'expression à peine dissemblable de sciences
occultes et de la sorte de préparer l'esprit dès le principe
à concevoir les notions comprises sous cette dénomination
comme autant d'incursions aventureuses dans le domaine
de l'hypothèse, non comme une synthèse de laquelle tout
découle : ov tq tzolv, selon l'axiome des alchimistes. Les
sciences occultes sont à la science occulte ce que la pra-
tique est à la théorie, ce que l'application d'un principe
est au principe lui-même. Historiquement, on constate l'exis-
tence des sciences occultes aussi haut que remonte l'his-
toire ( inscriptions et papyrus des premières dynasties
égyptiennes, documents proto-chaldéens conservés jus-
qu'à nous soit en original, soit dans les copies sur argile
prises bien plus tard' par les scribes des rois d'Assyrie) ;
quant à l'occultisme considéré en soi, ses principes n'ont
été formulés que de nos jours, et il n'en pouvait être dif-
féremment avec les idées des anciens sur le caractère
sacro-saint de la haute instruction. Peureux celui-là seul
devait en recevoir le dépôt qui s'était montré digne d'un
tel bienfait. Il était licite à chacun d'y aspirer ; mais,
avant toute révélation, il était astreint à fournir la preuve,
en accomplissant un certain nombre de travaux pénibles,
voire périlleux, qu'il avait une trempe morale l'élevant au-
dessus du vulgaire ; ces travaux renfermaient en même
temps des symboles entrebâillant devant lui les portes du
mystère; les voyages imposés par la franc-maçonnerie
aux néophytes en sont un souvenir lointain ; on les trou-
vera décrites tout au long dans leur primitive pureté dans
le de my>4eriis Mgyptorum, attribué à Jamblique par
quelques critiques, en tout cas rédigé sous l'influence de
ses doctrines (iv^ s. de J.-C.). L'alimentation intellec-
tuelle qui attendait quiconque avait surmonté ces épreuves
préliminaires ne consistait d'ailleurs nullement en un cours
méthodique et complet de ornni re scihili ; c'était sim-
plement une initiation {initium), l'explication de certains
signes, de certaines formules, des indications sommaires
sur leur sens sous le triple aspect inhérent à toute chose,
physique, psychique et divin. A la méditation personnelle,
travaillant sur ces données, il appartenait de les féconder.
L'initiation reprenait dès lors sur de nouvelles bases, et
c'est ainsi que l'initié montait d'étape en étape vers l'om-
niscience. Pascal, découvrant une partie de la géométrie,
fournit un exemple de cette savante et laborieuse autodi-
dactie. De la remarque que tout le monde ne ferait pas
ce que fit Pascal il est aisé de conclure que, pour des
raisons identiques, était occultiste qui pouvait, non qui
désirait l'être. En suivant les conséquences logiques de
cette anecdote, il paraît singulier qu'on ait tant tardé à
se demander s'il n'y aurait pas d'aventure une similitude
entre les signes ou les sigles des sciences reconnues — si
parlants, eux aussi, aux yeux et à l'esprit de ceux qui en
ont la clef, si abstrus pour ceux qui ne l'ont pas — et
les figures bizarres, les phrases en apparence dénuées de
signification, dont sont remplis les écrits touchant à l'oc-
culte. Ce sera l'honneur de M. Marcelin Berthelot, membre
de l'Institut, d'avoir scruté l'imbroglio des grimoires alchi-
miques et d'avoir restitué en langage clair les combinai-
sons de corps ciui s'y trouvaient très exactement décrites
sous le voile de l'allégorie (V. Alchimie). Du reste, exclu-
sivement rationaUste en dépit de ses étrangetés d'expres-
sion, l'occultisme du haut en bas de l'échelle des connais-
sances nie avec une égale énergie et le hasard et le
surnaturel. Il proclame l'ordre universel toujours iden-
tique à lui-même malgré la variété de ses manifestations.
Le domaine de l'invisible et le domaine du visible sont
régis par les mêmes lois. De ce constant parallélisme il
suit que connaître celui-ci dans son essence, c'est con-
naître celui-là dans son essence. L'analogie rigoureusement
appliquée à tout, telle est la méthode à l'aide de laquelle
se démontrent la réalité et la cause de phénomènes échap-
pant au contrôle des sens et semblant de prime abord les
suggestions d'une imagination malade. Un exemple. La
succession du jour à la nuit et de la nuit au jour, d'une
part, la transition plus ou moins longue entre la clarté
complète et l'obscurité complète ou vice versa, d'autre
part, voilà ce que nul ne songerait à contester. Ce rôle de la
pénombre vis-à-vis de la lumière et de Vombre, l'état
liquide le joue vis-à-vis de l'état gazeux et de l'état
solide, les sels lejouentvis-à-visdesacztoetdestees, etc.
De ces faits il se dégage en définitive la loi suivante : Deux
choses opposées ont toujours un point commun intermé-
diaire et procédant de l'une et de l'autre. Transposant du
règne de la matière au règne de la pensée cette loi du ter-
naire, nous sommes contraints à l'habituelle compréhen-
sion de la constitution de l'homme — le corps et l'âme —
de substituer celle-ci : le corps ; un intermédiaire entre le
corps et l'âme : l'âme ; (cet intermédiaire porte différents
noms : corps astral, corps tluidique, médiateur plastique, etc.;
c'est ce que les philosophes, en particulier, appellent l'in-
conscient, et les spirites le périsprit; en langage clair, c'est
la vitalité). Par analogie, sortant de l'homme {microcosme)
et portant nos regards sur ce qui l'entoure {macrocosme), à
côté des deux entités communément admises, le monde ou
plan physique (création), le monde ou plan divin (créateur),
il faut bien en admettre un autre, le monde ou plan astral.
Nous reviendrons tout à l'heure au macrocosme. Pour l'ins-
tant, bornons-nous à l'ana lyse du microcosme, de l'homme
%9
OCCULTISME
Ce qui vient d'être dit de sa constitution ternaire n'est
pas absolument exact, parce que, en vertu de la même loi,
chacune de ses parties se détriple ; toutefois, l'assise su-
périeure de chacune des sections primitives et l'assise su-
périeure de la section immédiatement suivante se confon-
dant en une seule, les principes constitutifs de l'être
humain ne sont en somme ni au nombre de 3, ni au nombre
de 9, mais au nombre de 7, dont voici la liste avec leur
localisation dans les différents organes :
Matière
Vie
du corps
p h y s i ([ u e
CORP;
Par
anim
K Corps \
siège des )
Liquor du sang.
Cellules
organiques.
Ganglions du grand
sympathique.
Plexus du grand
sympathique.
Cerveau.
Cellules
supérieures du
cerveau.
Principe
non incarné (le
reflet de la
divinité en nous).
Ces distinctions subtiles n'ont rien d'arbitraire. C'est
par elles que s'expliquent quelques-unes des plus mysté-
rieuses fonctions de l'existence, de la conception à la mort.
— Au moment de la conception, deux éléments sont en
présence : le premier (spermatozoïde) contient en germe
le principe a (représenté pai' le liquide albumino'ide
ambiant) en faible proportion, le principe c (représenté
par la tête du spermatozoïde), plus un centre de réserve
vitale spéciale (représenté par le corps du spermato-
zoïde) pour le bien ; le second (œuf) contient en germe le
principe a (représenté par le vitellus) en forte proportion,
le principe b (représenté par h granulation du vitellus),
plus un centre de réserve vitale spéciale (représenté par
les tache et vésicule germinatiues). En d'autres termes,
l'un possède ce qui manque à l'autre ; leur réunion (fé-
condation) n'est autre que la création du corps physique,
qui, à son tour, générera, dans la période comprise entre
la conception et la naissance, le corps astral ; celui-ci une
fois constitué, la vie embryonnaire s'achève, la vie ter-
restre commence (naissance) ; avec le premier souffle, le .
premier cri de l'enfant, l'âme, par son principe inférieur
(g), s'incarne en lui. Bien entendu, ces mots : créa-
tion du corps physique, création du corps astral, création
du corps psychique, doivent être pris dans leur acception
la plus stricte : la débilité des organes physiques et des
facultés psychiques au moment de la naissance, leur dé-
veloppement au cours de la vie, tous deux d'observation
facile, montrent assez que, analogiquement, les principes
a à /', notés ci- dessus comme déjà formés quand nail le
principe g, ont, en réahté, un développement réguUer à
acquérir ; chacun d'eux traverse tour à tour différentes
étapes qui se peuvent comparer à l'enfance, à l'adoles-
cence, à la maturité; lorsque celui qui s'est incarné le pre-
mier a atteint son apogée, le dernier incarné est en voie
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
de croissance et encore très bas sur [cette sorte d'échelle
OÙ d'autres occupent des places intermédiaires ; sembla-
blement, les principes g et h évoluent jusqu'au terme de
l'existence. — L'ascension de la matière brute vers l'es-
prit pur est à la fois graduelle et constante, de la concep-
tion à la mort. Dans la mort, il se produit un phénomène
de dissociation inverse au phénomène d'association dont
la conception a été le résultat. Le départ s'établit au ni-
veau du principe e, qui se partage lui-même : les parties
inférieures de l'être (moitié de e, d, c, b, a) restent dans
le plan physique et passent dans de nouvelles combinaisons
(décomposition organique) ; les parties supérieures .conti-
nuent leur- évolution. La vie n'était autre chose que la
force reliant des éléments de pôle opposé ; elle constituait,
en ce qui concerne le microcosme, l'équilibre universel
figuré synthétiquement par deux triangles équilatéraux
égaux, concentriques, mais pointant respectivement par un
de leurs sommets, l'un vers le haut, l'autre vers le bas,
et par conséquent se neutrahsant réciproquement (cette
figure est le Sceau de Salomon des Mille et une nuits
et des formulaires magiques, V Etoile rayonnante des
francs-maçons) ; la mort est la rupture de l'équilibre du
physique et du moral. Qu'advient-il alors ? L'éternelle analo-
gie nous le révèle. De même que la conception était l'acces-
sion à la vie embryonnaire, de même que la naissance était
l'accession à la vie terrestre, ainsi la mort est l'accession à
une autre forme de vie, la vie astrale — une période de repos
après la période d'activité reprise entre la conception et la
mort et qui elle-même aura son terme : l'âme que nous
venons de voir se désincarner se réincarnera. Aussi bien
sa conception n'avait-elle été que le terme d'un repos anté-
rieur, consécutif à une autre existence. Ces divers stades
de la vie universelle sont en progrès les uns sur les autres,
c.-à-d. que leur évolution est symétrique à celle que nous
avons indiquée, de la conception à la mort dans l'être
humain ; chacun sert de chaînon médian entre le pré-
cédent et le suivant ; les épreuves corporelles, intellec-
tuelles et morales sont une conséquence des fautes com-
mises durant la vie d'auparavant, en même temps qu'une
promesse pour la vie d'après ; ainsi s'expfique la variété
de nos destinées ici-bas. Il est à peine besoin de rappe-
ler que, par ce côté de ses enseignements, l'occultisme se
rapproche singiihèrement du bouddhisme. C'est que le
bouddhisme est, en effet, la déformation grossière (du reste
sous de multiples aspects, selon qu'on le considère à Cey-
lan ou au Japon, en Chine ou dans le royaume de Siam)
des dogmes occultes ; on surprend là, sur le fait, la façon
dont les cultes révélés se trouvent avoir au fond conservé
le dépôt des traditions, le cachant non plus sous les sym-
boles que nous avons mentionnés au début de cette étude,
mais sous des fables, grâce auxquelles le vulgaire pouvait
s'assimiler quelque chose de sa substance. Voilà, disons-le en
passant, en quoi consiste l'opposition de I'Esotérisme (mé-
thode du dedans, du sanctuaire — transmission par les
hommes instruits) — et de FExotérisjie (méthode du
dehors, de la foule — transmission par les ignorants),
séparés dans leurs moyens d'expansion et pourtant con-
courant au même but. Comme le bouddhisme, le trans-
formisme est (quoique probablement à l'insu de ses fon-
dateurs) un souvenir et la diffusion de l'occultisme. Avant
Darwin, mais comme Darwin devait le proclamer en Occi-
dent, les initiés de l'Inde ne concevaient pas autrement que
par une série de modifications, résultant d'une évolution
nécessaire, les différences de conformation qui existent
entre les divers ordres d'êtres créés, du plus bas au plus
haut. De nos jours, les investigations des savants les plus
autorisés et les moins suspects de partialité envers eux
leur ont donné raison sur un grand nombre de points en
ces matières si délicates où la science rationnelle n'en est,
au demeurant, qu'à son premier balbutiement. De même,
les astronomes et ethnographes modernes ont repris déjà
beaucoup de leurs idées sur l'évolution des mondes et l'évo-
lution des races humaines.
U
OCCULTISME
— MO —
Le plan astral. Spiritisme. Magie. — Nous avons dit
que l'àme humaine, après la mort terrestre, naît à une
nouvelle existence, que nous avons appelée vie astrale
par analogie avec le nom {plan astral) du domaine où
elle est entrée, lui-même connu et baptisé par analogie
avec le plan phijsique (création, Natura Naturata), seul
étudié jusqu'ici, et le plan divin (Créateur, Nalura Na-
turam), indéniable, mais que l'infirmité des facultés de
l'initié le plus évolué ne peut songer à déterminer par le
raisonnement. Les hôtes, si l'on peut ainsi parler, du plan
astral sont de deux sortes : les Elémentaires, esprits
conscients et volontaires des morts ; les Elémentaicx ou
Elémentals (les deux formes grammaticales coexistent),
êtres inconscients qui n'ont jamais été incarnés et qui ne
le seront jamais, recelant des forces aussi puissantes, une
fois mises en action par une volonté extérieure, qu'inca-
pables d'agir spontanément. La distinction est des plus
importantes à plusieurs points de vue. Et d'abord, quant
au parti qu'on peut tirer des uns et des autres, la volonté
consciente étant la caractéristique de Y Elémentaire, il
n'obéira à l'appel de l'évocateur que s'il lui plaît de le
faire et dans les limites de sa convenance personnelle ;
tandis que YEk'menial, fluide tout passif, crée le bien ou
le mal selon le caprice de ce dernier, seul responsable :
ce dernier d'ailleurs peut fort bien être victime de l'agent
aveugle et irrésistible qu'il a déchaîné sans être suffisam-
ment sur de le savoir diriger et maîtriser (de la même
façon l'électricité en a fort mal agi maintes fois à l'égard
de ses manipulateurs, sans qu'ils pussent s'en prendre à
d'autres qu'à leur propre maladresse). La manière d'avoir
prise sur les forces de l'astral varie également selon qu'il
s'agit des Elémentaires ou des Elémentanx. Le cas le
plus habituel est celui qui consiste pour le non initié à
recourir pour cela à un intermédiaire inconscient {médium)
endormi du sommeil hypnotique (V. Hypnotisme) : c'est
le spiritisme (V. ce mot) ; l'action qu'il donne est assez
incomplète, étant indirecte, et de plus elle n'atteint que les
Elémentaires. L'initié, au contraire, procède par auto-
hypnotisme conscient sur toutes les forces astrales indis-
tinctement : c'est la magie, applicable «/br/zon aux forces
physiques et qui peut se définir : V Application de la vo-
lonté humaine dynamisée a F évolution rapide des forces
vivantes de la nature. Elle revêt deux modes différents
selon l'objet qu'elle se propose ; lorsqu'elle poursuit un
but soit de recherche désintéressée, soit de salut privé ou
collectif, c'est la magie blanche ou magie proprement
dite {Nécromancie dans le cas particuher des communi-
cations avec les Elémentaires) ; lorsqu'elle est guidée par
la haine, fût-ce pour une revanche, quelque légitime qu'elle
soit, c'est la magie noire, la goétie ou sorcellerie, dont
les pratiques sont éminemment dommageables à l'évolution
psychique de leur auteur ; les pratiques de l'envoûtement,
si connues, si redoutées au moyen âge, depuis si souvent
traitées de charlatan esques et dont les travaux du colonel
de Rochas ont démontré scientifiquement la réalité en ces
dernières années, se rangent dans cette seconde catégorie.
Delà définition du mot magie, il résulte que la première
préparation aux opérations qui en ressortissent est l'édu-
cation de la volonté. Celle-ci, dans le courant de la vie
ordinaire, subit sans cesse, souvent à son insu, des obs-
tacles suscités par l'être impulsif, sous la forme d'instincts
réflexes, habitudes, répugnances, affinités. Il faut tout
d'abord diriger de ce côté un effort permanent sur soi-
même, ne tolérer aucune manifestation des sens sans être
à même d'y résister immédiatement et avec succès. Non
moins nécessaire dès le début est une exacte connaissance
des effets sur l'organisme des divers aliments et excitants
matériels (viande, etc., bière, etc., comme aliments ;
café, etc., comme excitants), des divers excitants intellec-
tuels (musique, poésie, etc.), selon que la nature nous a
donné tel ou tel tempérament et selon qu'on veut se rendre
plus spécialement apte à tel ou tel genre de réaUsation
psychique. La pensée et ses fonctions doivent subir le
même contrôle incessant que les sens et leurs fonctions :
se rendre compte de toutes les idées qu'on exprime, donner
toujours le pas à l'intelligence active sur la mémoire ;
s'accoutumer à démêler dans tous les faits ambiants
les lois qui les causent, à chercher l'idée invisible sous
la sensation visible, puis les rapports des idées entre
elles, étudier soi-même les analogies naturelles ; tels sont
les divers exercices par lesquels on parviendra à con-
quérir un nouveau degré de la maîtrise de soi. Tout cela
n'est pour ainsi dire que la préface. Pour se mettre en
rapport avec le monde invisible, il faut encore s'être rendu
compte par la méditation du pouvoir exercé par les diverses
parties du microcosme entre elles et par les diverses
parties du macrocosme sur le microcosme, ainsi que les
réactions que ces courants provoquent en se croisant dans
l'astral. La clef de l'occultisme, en pratique comme en théorie,
est l'autodidactie. Celui-là seul est occultiste qui veut et
f.eut l'être. Il faut savoir, au préalable, et tous les talis-
mans du monde remis à un non initié lui seraient inutiles
pour la plus banale des réalisations. Le reste des pratiques
magiques (manœuvres combinées de la baguette, qui con-
dense les forces, et de l'épée, qui les dissout; incantations,
gestes rythmés, consécrations de parfums, dessin per-
sonnel des figures talismaniques appropriées), sans parler
du régime initial tendant vers le jeûne sans y atteindre,
et vers l'abstinence totale des substances azotées suscep-
ti])les d'alourdir l'esprit de l'opérateur, tout cela n'est pas
d'une valeur absolument incontestée. Dans la plupart des
centres occultes, elles sont réputées indispensables, mais
les rites présentent entre eux des divergences profondes.
Certains initiés vont môme jusqu'à leur accorder unique-
ment le mérite, du reste sérieux déjà, de servir comme de
support à la volonté. En tout cas, les cérémonies décrites
par les rituels sont d'une comphcation telle qu'à une des-
cription forcément ccourtée nous substituerons le récit,
d'après Eliphas Lévi, d'une évocation qu'il fit en 4854 ;
il donnera une physionomie suffisamment claire de l'opé-
ration, en même temps comment les manifestations as-
trales se produisent (on pourra en rapprocher les nom-
breuses opérations décrites dans les Mille et une Nuits,
particulièrement 5% 26^, 69®, 80® nuits) :
«... Tout était terminé le 24 juil. (1854) : il s'agissait
d'évoquer le fantôme du divin Apollonius (de Tyane) et
de l'interroger sur deux secrets, l'un qui me concernait
moi-même, Fautrequi concernait cette dame... Le cabinet
préparé pour l'évocation était pratiqué dans une tourelle.
On y avait disposé quatre miroirs concaves, une sorte
d'autel dont le dessus de marbre blanc était entouré d'une
cbalue de fer aimanté. Sur le marbre blanc était gravé et
doré le signe du pentagramme et le même était tracé en
diverses couleurs sur une peau d'agneau blanche et neuve
qui était tendue sur l'autel. Au centre de la table de
marbre il y avait un petit réchaud de cuivre avec du char-
bon de bois d'aune et de laurier ; un autre réchaud était
dressé devant moi sur un trépied. — J'étais vêtu d'une
robe blanche assez semblable aux robes de nos prêtres
catliohques, mais plus ample et plus longue, et je portais
sur la tête une couronne de feui!les de verveine entre-
lacées dans une chaîne d'or. D'une main, je tenais une
épée neuve et de l'autre le rituel. J'allumai les deux feux
avec les substances requises et préparées et je commençai,
à voix basse d'abord, puis en élevant la voix par degrés,
les invocations du rituel.
« La fumée s'étendit, la flamme fit vaciller tous les
objets qu'elle éclairait, puis elle s'éteignit.
« La fumée s'élevait blanche et droite sur l'autel de
marbre. Il me sembla sentir une secousse de tremblement
de terre. Les oreilles me tintaient et le cœur me battait
avec force. Je remis quelques branches et des parfums sur
les réchauds et, lorsque la flamme s'éleva, je vis distinc-
tement devant l'autel une figure d'homme plus grande que
nature qui se décomposait et s'effaçait. Je recommençai les
évocations et vins me placer dans un cercle que j'avais
2il —
OCCULTISME ~ OCCUPATION
tracé d'avance entre Faulel et le trépied. Je vis alorss'éclaircir
peu à peu le fond du miroir qui était en face de moi, der-
rière l'autel, et semblant s'approcher peu à peu. J'appelai
trois fois Apollonius cri fermant les yeux, et, lorsque je
les rouvris, un homme était devant moi, enveloppé tout en-
tier d'une sorte de linceul qui me sembla être gris plutôt
que blanc ; sa figure était maigre, triste et sans barbe, ce
qui ne se rapportait pas précisément à l'idée que je me
faisais d'abord d'Apollonius.
« J'éprouvai une sensation de froid extraordinaire, et
lorsque j'ouvris la bouche pour interpeller le fantôme, il
me fut impossible d'articuler un son. Je mis alors la main
sur le signe du pentagramme et je dirigeai vers lui la pointe
de l'épée, en lui commandant mentalement par un signe de
ne point m' épouvanter et de m'obéir. Alors la forme devint
plus confuse, et il disparut tout à coup.
« Je lui commandai de revenir. Alors je sentis passer
près de moi comme un souffle, et, quelque chose m'ayant
touché la main qui tenait Fépée, j'eus immédiatement le
bras engourdi jusqu'à l'épaule. Je crus comprendre que
cette épée offensait l'esprit, et je la plantai par la pointe
dans le cercle à côté de moi. La figure humaine reparut
aussitôt; mais je sentis un si grand affaibhssement dans
mes membres et une si prompte défaillance s'emparer de
moi que je fis deux pas pour m'asseoir.
« Dès que je fus assis, je tombai dans un assoupisse-
ment profond et accompagné de rêves dont il ne me resta,
quand je revins à moi, qu'un souvenir confus et vague.
« J'eus pendant plusieurs jours le bras engourdi et dou-
loureux. La figure ne m'avait point parlé, mais il me sem-
bla que les questions que j'avais à lui faire s'étaient résolues
d'elles-mêmes, dans mon esprit.
« A celle de la dame une voix intérieure répondait ce
mot : mort (il s'agissait d'un homme dont elle voulait sa-
voir des nouvelles). Quant à moi, je voulais savoir si le
rapprochement et le pardon seraient possibles entre deux
personnes auxquelles je pensais, et le même écho intérieur
répondait impitoyablement : mortes.
« Je raconte ici les faits tels qu'ils se sont passés ; je
ne les impose à personne. L'effet de cette expérience sur
moi fut quelque chose d'inexplicable. Je n'étais plus le
même ; quelque chose d'un autre monde avait passé en moi ;
je n'étais plus ni gai ni triste; mais j'éprouvais un singu-
lier attrait pour la mort, sans être cependant aucunement
tenté de recourir au suicide, »
Sciences divinatoires. — C'est en songeant à elles que
je disais au début de cette étude : les sciences occultes sont
à la science occulte ou occultisme ce cpe la pratique est à
la théorie, ce que l'application d'un principe est à ce prin-
cipe lui-même. L'occultisme a, par une analyse attentive du
microcosme, déterminé les lois analogues présidant à la
vie du macrocosme : les sciences divinatoires étudient les
influences du macrocosme sur' le microcosme. C'est sur les
correspondances planétaires que sont basées, non seulement
V astrologie, mais par Yo'ieinàixQtteV onomancie ou astro-
onomancie (rapport entre la valeur numérique des lettres
du nom, du prénom, etc., du consultant, d'une part, et les
influx planétaires, d'autre part), mais la chiromancie,
mais la géomancie (très utihsée dans les Mille et une
Nuits; la clef en est aujourd'hui totalement perdue), mais
la cartomancie ou divination par le Tarot, etc. (V. Divi-
nation). Léon Marlet.
BiBL. : Tylor, Primitive Culture, 3^ éd., 1891, 2 vol. —
Waitz, Anthropologie der Nalwvœlher, 1859-71, 6 vol. —
Gaspari, Urgeschichte der Menschfieit, 2^ éd., 1877, 2 \ol.
~ WooD, Natural history ofman. — Sayce, Records of
ihe Past et Origin and growth of religion, 1887. — Cha-
bas, le Papyrus 7nagique Harris. — Lenormaist, la Ma-
gie chez les Chaldéens, 1874. — Maury, la Magie et VAs~
trologie; 4« éd., Paris, 1877. — A. de Rochas, l'Art des
thaumaturges dans l'antiquité, 1882. — Berthelot, les
Origines de l'alchimie, 1885. — Du môme, Introduction à
l'étude de la chimie des anciens et dumoyen âge, 1889, m-8.
~ Brand, Popular antiquities.
On trouvera des détails étendus dans Gr/esse, Biblio-
heca magica, 1843. — Migîïe, Dict. des sçiencçs occultes
aux t. XLVIII et XLIX de son Encyclopédie théoloqique
1846-48, — Salverte, Des sciences occultes, 3- éd., 1856. —
Resie, Histoire et traité des sciences occultes, 1857, 2 vol
— Lacroix, Curiosités des Sciences occultes, 1884. — Fa-
BART, Histoire philosophique et politique de l'occulte, 1885
— Behre, Spiritisten, Ohkultisten, Mystiker und Theoso-
phen, 1890. — Plytoff, les Sciences occultes ; Paris, 1891
— KiESEWETTER, GescMchtc des neuern Okhultismus '-
Leipzig, 1891.
Voici enfin la liste des principaux ouvrages invoqués par
les occultistes : ^
loFo^'^^o^^T^' ^^^'^ dorés, trad. par Fabre d'Olivet; Paris,
ÎSo' i.ii-°--J^^"îLiQUE (?), Demysteriis JEgyptorum; Lyon,
155^, m-l<e. — Collection des anciens alchimistes grecs' édi-
tee et traduite par Berthelot et Ruelle; 1887-88, 3 vol.
m-4.-- M. Berthelot, la Chimie au moyen âqe : 1» Trans-
7mssion de la science antique; 2« Alchimie syriaque:
3" Alchimie arabe; 1893, 3 vol. in-4. — Hermès Tris-
MEGiSTE, Pymandre, trad. du grec par de Foix de Can-
dole; Bordeaux 1759. - Du môme, Œuvres, trad. par
Louis Menard; Pans, 1866, in-12.- Roger Bacox, Opws
?najus; Londres, 1733, in-t'ol. - Henri-Corneille Agrippa,
Philosophia occulta; La Haye, 1727, 2 vol in-8 — Du
môme, Artis Cabalistœ scr'iptores ex bibUotheca Pis-
torn; s.L, 1587,. in-fol. - François Bacon, De diqnitate
et augmentis scientiarum. — lieinricus Khunrath. Am~
phitheatrum sapientlse œternae solius [verœ christiano-
habahsticum, divino-magicum, nec non physico-chemi-
cum, tertriunum..,; Hanovre, 1609, in-foi. - Le P. Esprit
bABBATiiiER, l Ombreicléalc de la sagesse universelle, 1619.
r Le P. Kircher, Œdipus TEgypliacus; Rome, 1623,
ô vol. m-lol. - Du môme, Arithmologise, sive de occultis
nunierorummystems; Rome, 1663. - Gaffarel, Abdita
divinœ cabalœ mysteria; s. 1., 1625, in-4. - Du môme, les
Curiosités sur la sculpture talismanique des Persans;
f r}uÉr >^']r~^^] môme, Kabbala denwdatci ; Franc-
tort, 1684, m-iol. — J.-B. Robinet, Considérations phi-
losophiques sur la gradation naturelle des formes de
letre; Amsterdam 1768, in-4. - Claude de Saint-Martin,
Tableau naturel des rapports tant entre Dieu, l'homme
et l univers; Lyon et Edimbourg, 1783, in-8. - Du môme,
l Homme de desir; Lyon, 1790, in-8. - Du môme. Essai
relatif à la question : Déterminer l'influence des slnnes sur
la formation des idées ; Paris, 1799, in-8.— Du môme l'Es-
prit des choses ou coup d'œil ^philosophique sur la nature
des êtres et sur l objet de leur existence; Paris, 1800 2 vol
i?"?,' "" ^ "îtii^ie. Traité des nombres; Paris, 1843, in-4 —
iQ^ip o^ Olivet, la Langue hébraïque restituée; Paris, 1815-
i81b, 2 vol. in-4 -- Du même. De l'Etat social de l'homme ou
vues philosophiques sur l'histoire du genre humain; Pa-
ris 1824, 2 vol.. m-8 - L'abbé Lacuria, Harmonies de
letre exprimées par les nombres, ou les lois de l'analoqie,
de la psychologie, de l'éthiciue, de l'esthétique et de la phy-
sique expliquées les unes par les autres et ramenées % un
^'^t^PY'^^^ ^^'^'^^ ^•^^^'''^ ^°1- in-8. - Eliphas Levi. His-
toire de la magie; Pans, 1860, in-8. - Du même, Dogmes et
rituel de la Haute magie; Paris, 1861, in-8. - Du môme,
Clef des grands mystères; Paris, 1861, in-8. ~ Du même
Fdbleset Symboles; yavis, 1862, in-8. - Adolphe Frank
laKabbale; Pans, 1863, in-8. - Landur, Recherche des
pnncipes du savoir et de l'action; Paris. 1865, in-8 — Du
Potet, la Magie dévoilée; Saint- GermdAn, 1875. -^ II -T
Blavatsky, Isis unveled; New York, 1877. - Alexandre
Saint-Yves, les Clefs de l'Orient; Paris, 1877, in-12. -
LadyOAiTHNEss, duchesse de Pomar, Fragments qlanés
dans latheosophie occulte de l'Orient; Paris, 1884, in-8 —
Henri Delage, la Science du vrai ou les Mystères de la
vie, de l amour dévoilés; Paris, 1882, in-12. — Louis Dra-
MARD, {a Scierice occulte, étude sur la doctrine ésotérique:
Bruxelles, 1885, in-8. - Eugène Maldant, Matière et force
(extrait des Comptes rendus de l'Académie des sciences
ynorales et politiques) ; Paris, 1883, in-8. — D'- Adrien Péla-
dan, Anatomie homologique; la triple dualité du corps hu-
main et la polarité des organes splanchniques ; Paris, 1886,
in-8. — Stanislas de Guaita, Essais de sciences maudites :
L Au seuil du mystère, 2« éd.; Paris, 1890. in-8; — //. le
Serpent de la Genèse; Paris, 1895, in-8. — ' Papus Traité
élémentaire de Science occulte ; Paris, 1888, pet. in-lS — Du
?nêï"?' l® ^^^yt, clef absolue de la Science occulte; Paris,
1891 m-b. -- Du môme, Traité méthodique de Science oc-
culte; Pans, 1891, in-8 de xxxvi-1092 pp. - Du môme, la
Science des mages; Paris, 1892, plaquette in-8. -Du môme,
Traite élémentaire de magie pratique; Paris, 1893, in-8. -
Edouard ScHURE, les Grands Initiés, esquisse de l'histoire
secrète des religions; Paris, 1889, in-8. — D*- Gérard En-
causse, Essai de physiologie synthétique ;Pâris, 1890, in-8.
— Charles Barlet, la Science secrète; Paris, 1890, in-12.
-- Jules Lermina, la Science occulte ; Paris, 1890, in-12. —
Du même, la Magie pratique; Paris, s. d., in-12. - Augustin
Lhaboseau, Essai sur la philosophie bouddhique. '
OCCUPATION. î, Droit romain. — Mode d'acquérir
du droit des gens résultant de la prise de possession d'une
chose n'appartenant à personne. L'occupation s'applique en
droit romain aux choses prises à l'ennemi (res hostiles) , aux
choses qui n'ont encore appai^enu à personne, telles que les
OCCUPATION — OCÉAN
îles de la mer, le gibier pris à la chasse, le poisson pris à
la pèche et, en dépit de certaines hésitations, aux choses
abandonnées par leur propriétaire (res derelictœ) et au Tré-
sor. Elle fait, dans le droit de Justinien, acquérir la propriété
immédiate des choses sur lesquelles elle porte. Mais il est
probable qu'àl'époque antérieure où la distinction des choses
7nancipi et nec mancipi éi'àit encore en vigueur, elle était
aussi nnpuissante que la tradition à faire acquérir la pro-
priété quiritaire des choses mancipi et, si comme on peut
le supposer, il y a eu un temps où la propriété quiritaire
ne pouvait s'acquérir que par les modes de droit civil, les
choses sur lesquelles portait l'occupation n'ont pu devenir
alors la propriété des occupants que par l'expiration du
délai delusucapion. L'objection tirée de ce que les Romains
considéraient comme la source par excellence de la pro-
priété, Voccupatio bellica, disparait, si l'on remarque que,
dans le cas normal de guerre régulière, le butin n'appar-
tient pas aux soldats, mais à l'Ltat. P.-V. Girard.
IL Droit civil actuel. — L'occupation est le fait d'exer-
cer une mainmise sur une chose qui n'appartient à personne
avec la volonté de se l'approprier instantanément. Elle a été
le moyen primordial et par conséquent naturel de constituer,
à son origine, le droit de propriété. Le premier qui en-
toura un champ d'une clôture et a dit ; « Ce champ est
à moi, » n'a pas commis un vol, ce qui supposerait qu'un
autre, collectivité ou particulier, en était déjà proprié-
taire, mais il a fondé son droitde propriété sur l'adhésion
tacite de ses semblables. Avant d'acquérir la propriété
par l'échange d'abord et ensuite par l'effet des autres
contrats, l'homme dut préalablement acquérir par l'occu-
pation les choses mêmes qu'il pût échanger, donner ou
vendre. Tout, au début, fut matière à occupation, et l'on ne
peut concevoir à l'origine des rapports des hommes d'autre
manière de satisfaire leurs besoins que de s'approprier
une partie de ce qui était commun à tous et n'était à
personne. Cependant le fait matériel de l'occupation et le
travail de l'occupant sont insuffisants pour légitimer l'ac-
quisition par lui de la propriété, telle que l'entend le Code
civil, surtout quant aux choses immobihères, parce que,
outre que c'est la nature qui les a créées, une part plus
ou moins considérable appartient à la société dans la créa-
tion de leur valeur. Mais nous touchons ici au problème
fondamental de la conception du droit de propriété que
l'on trouvera traité à ce mot. La loi a consacré le fait de
l'occupation en lui faisant produire des effets juridiques,
en en faisant un droit. Ces effets sont déterminés par les
art. 713 à 717 du C. civ.
L'art. 713 déclare d'abord que les biens qui n'ont pas
de maître appartiennent à l'Etat. En déduisant de ce prin-
cipe ses conséquences rigoureuses, on a été jusqu'à dire
que l'Etat est propriétaire de l'air, de l'eau, puisque, tant
que nous ne nous en sommes pas approprié une part
quelconque, ils ne sont pas à nous. Il en serait de même
du hèvre qui court daQS les champs, du poisson qui nage
dans l'eau courante, de l'oiseau qui vole dans les airs,
puisqu'ils ne peuvent devenir une propriété privée que
par la capture. Il faudrait conclure de l'art. 713 que
l'occupation n'est pas un mode d'acquérir la propriété
reconnue dans notre droit comme il l'était dans le droit
romain, puisqu'il n'admet pas qu'une chose n'ait pas de
maître, soit res nullius. Mais les articles suivants don-
nent une idée plus exacte de ce qu'a entendu le législa-
teur. L'art. 714 démontre qu'il y a des choses qui,
par leur nature même, échappent à toute espèce d'ap-
propriation, fût-ce même de l'Etat. « Il est des choses
qui n'appartiennent à personne et dont Vusage est com-
mun à tous. — Des lois de police règlent la manière d'en
jouir. » Les choses auxquelles cette disposition s'applique
sont celles que l'on a toujours appelées choses communes,
c.-à-d. l'air, la lumière, l'eau courante, celle de la mer.
L'eau qui s'écoule, par exemple, ne peut jamais être,
dans son volume incessamment renouvelé, l'objet d'une
appropriation, et les parties que l'homme en détache ne
212'
sont appréhendées que pour être presque aussitôt anéan-
ties par l'usage quil en fait; ce qui n'empêche pas,
comme le disait Pothier, que celui qui, pour s'éviter la
peine d'aller à la rivière, verserait dans sa cruche l'eau
qui est dans la mienne, commettrait à mon préjudice un
véritable vol, car l'eau de ma c^^uche est ma propriété.
On considère comme n'appartenant à personne le pois-
son, le gibier. Il tombe sous le sens, en effet, que le
poisson qui est momentanément dans l'eau courante au
droit de mon pré, le lièvre qui gîte d'ordinaire dans mon
champ ne peuvent devenir ma propriété que quand je les
aurai capturés, sauf mon droit d'interdire l'accès de mon
champ.
La loi reconnaît quatre modes d'acquérir la propriété
par l'occupation; ce sont : 1^ l'occupation simple dont
nous avons parlé plus haut ; 2^ la chasse ; 3^ la pêche ;
4^^ l'invention en ce qui concerne plus spécialement les
trésors et les épaves ou objets abandonnés par leur maître.
Il est traité de ces divers modes d'acquisition aux mots
qui les concernent. E. Dramard.
III. Droit international (V. Guerre, t. XIX, p. 529).
BiBL. : Droit romain. — De Czyhlarz, dans Gluck,
Ausfùhrllches EiHaûterung der Pandekten, Série der Bû-
cher, 41-42, 1, 1887. — Girard, Manuel de droit romain,
1898, pp. 308-310, 2« éd.
ÇCÉAN. I. MYTHOLOGIE.— L'Océan, dans la mytho-
logie grecque, est à envisager sous deux aspects différents :
il est le premier, le plus grand de tous les fleuves, celui
qui donne naissance à tous les cours d'eau sur la terre et
qui enveloppe de toutes parts le continent. Il est ensuite
une personnification anthropomorphique qui fait partie de
la classe des grands dieux et donne lui-même naissance à
la nombreuse lignée des divinités maritimes ou simplement
aquatiques. Comme fleuve, il n'est question ni de sa source,
ni de son embouchure ; sur ses bords habitent des peuples
mystérieux, les uns dans une parfaite félicité, les autres
au sein des brouillards et des ténèbres, dans le voisinage
des régions de la mort. Le Soleil sort de son sein à l'Orient,
il s'y plonge le soir vers l'Occident, et, au delà, il n'y a
plus que le royaume de Pluton ; les deux phénomènes sont
mis en relation par une course nocturne d'Helios (le Soleil)
qui, contournant les bords du monde semblables à ceux
d'une coupe immense, revient chaque jour à son point de
départ. Hécatée de Milet fut le premier qui essaya, dans
ces vagues notions, de mettre quelque précision géogra-
phique. Il soupçonne l'océan Indien et en fait dériver le
Nil qui vient se jeter dans la mer Intérieure ; il connaît
aussi les colonnes d'Hercule à l'O. et au delà l'océan
Atlantique. Cependant au temps d' Aristote le nom d'Océan
s'applique à la grande mer extérieure qui se répand vers
les régions gréco-italiques, d'une part à travers les co-
lonnes d'Hercule, d'autre part avec la mer Rouge et le
Nil. Ce fut plus tard seulement, quand les régions du
Nord furent explorées, qu'on distingua divers Océans indé-
pendants et que l'unité de la conception mythique d'Ocea-
nos, père de tous les cours d'eau, fut abandonnée.
En tant que personnification divine, Oceanos est un fils
d'Uranos et Gaea (le Ciel et la Terre), l'époux de Téthys,
la mère nourricière, le père d'Eurynomé, personnification
des ténèbres profondes, et de Perse qui est elle-même
l'épouse d'Hehos. Il est, d'ailleurs, à l'origine de toutes
choses et par là même le père de tous les dieux ; de sorte
que le philosophe Thaïes, qui faisait de l'eau le principe
universel des êtres, interprétait simplement par une abs-
traction scientifique l'opinion des anciens poètes sur l'ori-
gine du monde, sorti de l'Océan. On se représentait Ocea-
nos comme un vieillard de noble prestance, de sentiments
doux et bienveillants, qui vit bien loin des agitations, au
sein des eaux profondes. La légende lui donnait pour fils
les principaux tleuves connus et pour filles toute la lignée des
Nymphes nommées Océanides (V. Nymphes). J.-A. H.
II. GÉOGRAPHIE . — Les limites officielles des cinq grands
océans ont été établies, en 1 847 , par la commission de la So-
ciété de géographie de Londres de la façon suivante : les deux
--243
OCEAN
océans polaires sont limités par les cercles polaires, qui
servent également de limites, au N., à l'océan Atlan-
tique et au Pacifique, au S. aux trois océans Atlantique,
Indien et Pacifique. La limite commune de l'Atlantique et
du Pacifique est le méridien du cap Horn ; celle de l'Atlan-
tique et de l'océan Indien est le méridien du cap des Ai-
guilles, celle du Pacifique et de l'océan Indien, le méri-
dien du cap S. de la Tasmanie. Les limites continentales
de l'Atlantique sont nettement formées par les côtes de
l'Amérique, de l'Europe et de l'Afrique ; la limite E. du
Pacifique, par l'Amérique. Entre le Pacifique et l'océan
Indien, la limite est marquée par la côte E. de l'archipel
australasien, de la Nouvelle-Guinée et de l'Australie. —
(Pour les questions d'océanographie générale, de faune,
de flore, V. Fart. Mer.)
Océan Atlantique. — Géologie. Contours. — L'At-
lantique est, géologiquement, le plus jeune des grands
océans. Jusqu'à l'époque tertiaire, les régions maritimes
de cette partie du globe ne correspondaient nullement,
par leur direction, à la dépression N.-S. que nous con-
naissons aujourd'hui. Aux époques précambrienne, silu-
rienne, carboniférienne, les trois séries de plissements
appelées continents huronien, calédonien et hercynien fai-
saient émerger toute la partie N. de l'Atlantique comprise
actuellement entre l'Amérique du Nord et l'Europe occi-
dentale. Après le plissement hercynien, une bande de terres
plus méridionale s'étendait des Antilles et de la Guyane à
l'Espagne et à l'Atlas. Une fosse marine étroite s'étendait
de la dépression amazonienne à celle du Sahara; tout
au S., le continent austral était ininterrompu des plateaux
du Brésil à ceux de l'Afrique australe. Pendant la pé-
riode de grande extension marine de l'âge secondaire, la
fosse méditerranéenne s'élargit, la côte S. du continent
austral est largement échancrée ; mais l'Atlantique reste
encore fermé au N. et au S. Ce n'est qu'à l'époque ter-
tiaire, au moment des plissements alpins, que l'Atlan-
tique prend à peu près sa forme actuelle, par l'effondre-
ment des barrières N. et S. Cet effondrement tardif de
masses fortement consolidées a eu une influence considé-
rable sur l'aspect général des lignes de jonction entre le
relief continental et la dépression maritime : les ridements
montagneux sont rarement parallèles aux rivages ; ils ont
été coupés pour ainsi dire à angle droit. Comme pour
témoigner de leur antériorité par rapport à la dépres-
sion, les réseaux hydrographiques ne sont pas, dans leur
direction maîtresse, perpendiculaires à la ligne centrale
de la masse océanique : le Mississipi et le Saint-Laurent
contournent le massif des Apalaches, l'Amazone et les
rivières de la Plata contournent le plateau brésilien, le
Niger et le Congo ont des cours incertains, les fleuves
allemands sont parallèles à l'Atlantique. Enfin, ce qui
distingue nettement l'x^tlantique du Pacifique et de l'océan
Indien, c'est la grande étendue du socle continental : alors
que pour l'ensemble des mers du globe 7 centièmes de la
surface des océans appartiennent à la zone des profon-
deurs de 0 à 200 m., la proportion atteint 11,5 ^/o dans
l'Atlantique, et la zone de 200 à 500 m. y occupe 3,9 Wq,
chiffre presque double de celui qui convient à l'ensemble
des mers. Or les endroits où le socle continental a sa plus
grande étendue sont, au N., au large du canal de Bris-
tol, de Terre-Neuve et de New York; au S., le long de
l'Amérique, entre la Plata et la Terre de Feu, c.-à-d. à
peu près dans les régions qui se sont effondrées le plus
tard (de Lapparent).
Au point de vue des côtes, l'Atlantique N. est beau-
coup plus indenté que l'Atlantique S., non seulement par
les petites échancrures du rivage, mais par le grand nombre
de mers adventives : Méditerranée, américaine et latine,
Baltique, mer du Nord, mer d'Irlande, golfe de Saint-
Laurent. L'Atlantique S. a aussi un caractère plus fran-
chement océanique ; il communique librement avec l'océan
Indien et l'océan Antarctique, tandis que vers le N. il n'y
a que quatre portes ouvertes sur la mer polaire : a, le
détroit d'Hudson (112 kil.) ; b, le détroit de Davis
(370 kil.); c, le canal Danois (240 kil.) ; d, le canal
d'Islande (740 kil.). Les deux plus petites largeurs de l'At-
lantique sont : 1° entre la pointe S. du Grœnland (cap
Farewell) et la Norvège (2.780 kil.) ; 2^ entre Monrovia
(Afrique) et le cap San Roque (2.965 kil.). Les deux plus
grandes largeurs sont : 1« entre le cap Bojador et Mata-
moras, au Mexique (8.335 kil.) ; 2° entre le cap des Ai-
guilles et l'embouchure de la Plata (6.850 kil.). Sur le
cercle polaire, entre le méridien du cap Horn et celui du
cap des Aiguilles, la distance est de 4.000 kil. — Enfin
ce qui' achève de déterminer le caractère superficiel de
l'Atlantique, c'est, d'une part, le petit nombre d'îles, sur-
tout d'îles océaniques qui y sont situées ; d'autre part, le
grand nombre de fleuves qu'il reçoit des continents. Tan-
dis que le Pacifique ne sert de déversoir qu'à cinq grands
fleuves : le Cambodge, le Yank-Tsé, le Hoang-Ho, l'Amour
et la Columbia, dans l'Atlantique se jettent, soit directe-
ment, soit par le moyen des mers adventives : le Saint-
Laurent, le Mississipi, l'Orénoque, l'Amazone, le Parana,
le Paraguay, la Loire, la Garonne, le Douro, le Tage, le
Guadalquivir, le Sénégal, la Gambie, le Niger, le Congo,
l'Elbe, le Weser, le Rhin, la Vistule, l'Ebre, le Rhône,
le Danube, le Don, le Nil.
(Nous n'étudierons, à propos de l'Atlantique, que celles
des mers adventives qui sont en large communication avec
l'Océan : la mer du Nord, le golfe du Mexique, la mer des
Antilles. Pour les autres, V. les articles : Baltique [Mer],
Méditerranée, Noire [Mer]).
Relief et nature du fond. — L'Atlantique est nette-
ment partagé en deux parties, E. et 0., par une série de
crêtes sous-marines à peu près ininterrompue qui court
du N. au S. parallèlement aux deux lignes de côte et
qui a, par suite, la forme d'un S. Cette crête est rat-
tachée au N. au large plateau qui relie l'Europe à l'Is-
lande, et, par là, elle est en communication également
avec le plateau du Télégraphe, entre l'Islande et Terre-
Neuve. Puis la crête passe à l'E. et au S. du groupe des
Açores, où elle forme, entre 45° et 30^^ long.N., ce qu'on
appelait autrefois le banc du Dolphin, qui est connu au-
jourd'hui sous le nom de banc des Açores. La partie de
ce banc située immédiatement au S. du groupe d'îles, et
où la profondeur est très faible, porte le nom de banc de
la Princesse- Alice, depuis l'exploration qu'en a faite le
prince de Monaco. — L'arête tourne ensuite au S.-O.
jusque vers le 58® méridien (de Paris), formant auN. du
tropique le plateau Atlantique. Elle descend alors droit
au S. et s'infléchit au S.-E. avant d'atteindre l'équateur,
où elle est marquée par l'île Saint-Paul : c'est Varête
équatoriale, qui, à l'E. de Saint-Paul, devient de plus
en plus étroite et se termine même, probablement tout à
fait, au bord de fosses profondes signalées par les
explorations de V Enterprise et de la Romanche. —
Au N. de l'île de l'Ascension commence une autre arête
qui s'élargit à mesure qu'elle descend vers le S., portant
les îlots de l'Ascension, de Sainte-Hélène, de Tristan da
Cunha, de Gough; g' est Varête de V Atlantique *S.; l'état
actuel des explorations ne permet pas d'affirmer que cette
arête aille rejoindre le continent austral, lui-même encore
hypothétique. — Outre cette arête longitudinale, il existe,
à partir du coude qu'elle forme au S.-O., une élévation
sous-marine qui va rejoindre la côte américaine dans les
parages du cap Orange; la série occidentale des dépres-
sions se trouve ainsi partagée en deux parties, N. et S.
Cependant, si l'ensemble des dépressions atlantiques est
nettement partagé en trois groupes, il est facile de dis-
tinguer un certain nombre de cuvettes assez bien définies,
auxquelles on a donné des noms différents. C'est ainsi que
dans la mer du Nord, en général peu profonde et dont la
plus grande partie est occupée par le Dogger-bank et ses
dépendances, on trouve un sillon profond le long de la
côte norvégienne et un autre entre les îles Feroë et
Shetland. Le long du Labrador s'étend une cuvette bien
OCÉAN — 244
caractérisée. Entre les îles Bermudes et le banc de Terre-
Neuve, la cuvette de l'Atlantique iV. a des profondeurs
de plus de 5.000 m. Le groupe des Açores est isolé par
deux sillons, à l'O. où la profondeur maxima est de
5.260 m. et à l'E. où elle est de 5.760 m. entre Téné-
riffe et Saint-Thomas. Le golfe de Gascogne, considéré
dans sa plus grande étendue, n'a, en général, que de
faibles profondeurs, le N. étant formé par le socle con-
tinental de la Bretagne et le S. occupé par le plateau
du Travailleur ; mais entre ces deux régions de faible
profondeur s'avance une dépression bien marquée, qui
se rétrécit de plus en plus et forme, en face de l'Adour,
le gouf du cap Breton, profond de 4.800 m. Au S.-O.
du Portugal, par contre, le profond sillon oriental des
Açores n'est pas ininterrompu, et au banc de Gorringe,
entre le Portugal et Madère, la profondeur n'est que de
60 m. — Entre le plateau de l'Atlantique N. et l'arête
équatoriale d'une part, le socle des îles du cap Vert d'autre
part, la cuvette du cap F^r^ s'enfonce à plus de 5.000 m.
Elle est en communication à l'E. avec la cuvette afri-
caine où VEssex a sondé des fonds de 6.000 m. , et à l'O.
avec la cuvette brésilienne, séparée en deux parties par
l'île de Trinidad, et où la profondeur la plus grande mesurée
jusqu'à ce jour est de 6.000 m. (moyenne 4.000-5.000 m.).
La cuvette africaine et la cuvette brésilienne isolent l'arête
de l'Atlantique S. qui n'est recouverte, autour des îles
Gough et Tristan da Cunba, que par 2.000 m. d'eau; ce-
pendant, entre 30° et 40° lat. S., le Challenger et la
Gazelle ont trouvé des fonds de 4.000 à 5.300 m. ; à
l'E. de ces îles, la profondeur descend encore jusqu'à
4.000 m., ainsi qu'entre les îlesFalkland et Montevideo,
tandis qu'entre les îles Falkland et le détroit de Magellan
le sol se trouve seulement entre 400 et 200 m. — C'est
dans la partie N.-O. de l'Atlantique que se trouvent les
plus grandes profondeurs de cet océan, entre les Antilles
et les îles Bermudes ; le Challenger en 4879, le Gettys-
burg en 4876, V Enterprise en 4886 y ont trouvé une
profondeur moyenne de 5.200 à 7.400 m., avec des
maxima de 7.086 m., 8.282 m., 8.344 m. — - La mer
des Antilles contient deux fosses profondes, l'une peu
étendue au S., l'autre, la fosse de Bartlett, qui s'étend
sur 4.430 kil. de longueur entre Haïti et le fond du golfe
de Honduras, avec une profondeur maxima de 6.269 m.,
au S. de l'île du Grand-Caïman. Les passages principaux
qui font communiquer la mer des Antilles et l'Atlantique
sont : le passage du Vent, entre Cuba et Haïti, qui a
une profondeur maxima de 3.547 m., mais dont le fond
est très irrégulier ; le passage de Mona, entre Haïti et
Porto-Rico, qui n'a que 475 m. de profondeur; ce pla-
teau sous-marin relie également entre elles toute la chaîne
des Petites-Antilles, mais il est coupé, entre Saint-Tho-
mas et Sainte-Croix, par un sillon de 4.500 m. de pro-
fondeur. — Le golfe du Mexique est peu profond dans
son ensemble; l'isobathe de 200 m. est très éloignée de
la côte américaine et limite une surface égale aux deux
tiers de celle du golfe. La partie S.-E. est occupée par
la fosse de Sigsbee, séparée du Yucatan par le banc de
Campêche et de la Floride par le banc de Floride. La
profondeur maxima est de 3.875 m. Le golfe commu-
nique avec la mer des Antilles par le canal de Yucatan,
large de 286 kil. avec une profondeur maxima de 2.430 m. ,
et avec l'Atlantique par le canal de Floride, large seu-
lement de 29 kil. et dont la profondeur ne dépasse nulle
part 630 m. — Si l'on s'en rapporte aux calculs de
Krummel, la profondeur moyenne de l'Atlantique N. est
de 3.600 m., celle de l'Atlantique S. de 3.800 m., celle
de la mer du Nord de 89 m., celle de la Méditerranée
américaine de 4.830 m., le golfe du Mexique n'ayant
qu'une profondeur moyenne de 875 m.
La nature du fond, très variable au voisinage des côtes
où les sédiments participent de la diversité des roches conti-
nentales qui ont servi à les former, est au contraire très facile
à caractériser pour les parties vraiment océaniques. L'Atlan-
tique est par excellence le domaine des boues de foramini-
fères {Globigerina, Orbulina, Pulvinulina, Sphœroï-
dina) . Ces boues se rencontrent à partir d'environ 4 .000 m .
de profondeur et subsistent jusqu'à plus de 4.000 m. A
partir de 4.000 m. , la boue calcaire est remplacée par une
argile grise formant la transition entre les boues de forami-
nifères et l'argile rouge des grands fonds qui se rencontre
exclusivement à partir de 4.500 m., et qui occupe par con-
séquent une très grande étendue. Il est à remarquer, ce-
pendant, qu'au voisinage des Canaries et dans la partie
de l'Océan qui s'étend entre ces îles et l'île Saint-Thomas
toutes les boues, aussi bien celles de foraminifères que
les argiles, ont une couleur brun chocolat foncé ; cette
coloration est due à la présence d'une quantité notable de
peroxyde de manganèse.
Densité. Salinité. — Le poids spécifique, qui est en rap-
port direct avec le degré de salinité, est soumis, dans l'Atlan-
tique comme dans le Pacifique, à la loi générale suivante : il
augmente des pôles vers Féquateur : mais, dans les régions
équatorialesmêmes, à cause de l'abondance des pluies, une
zone de faible densité et de faible salinité sépare les deux
zones de grande densité, situées dans l'hémisphère N. au N.
du tropique du Cancer, dans l'hémisphère S., un peu auN.
du tropique du Capricorne. Les valeurs moyennes de den-
sité et de salinité données par l'Atlas de la Deutsche
Seewarte, calculées d'après de nombreuses observations
et réduites à des températures de 45° à47°,5 C. sont les
suivantes :
ATLANTIQUE NORD
ATLANTIQUE SUD
^_- "-^
0
■"""^""^
^ ^^
<v
^ 0 ^
'^
■3
W
.g.
O'o
'S
3
ni
^a
"ce
wJ
O-,
'^
M
m
ce
m
550-500
1,02665
3,48
00-50
1,02715
3,55
500-150
688
3,51
50-100
740
3.59
45o_40o
691
3.52
100-150
786
3,65
400-350
735
3,58
150-200
818
3,69
350-300
768
3,63
200-250
787
3,65
300-250
759
3,61
250-300
732
3,57
25°-20»
764
3,62
3O0-350
717
3,55
200-150
727
3,57
350-400
680
3,50
150-100
694
3,52
400-450
670
3,49
100-50
651
3,47
45°-50o
642
3,45
50-00
657
3,47
500-550
576
3,37
L'analyse de ce tableau montre qu'entre 20° et 40° la
densité est plus grande dans l'Atlantique S. que dans
l'Atlantique N. ; mais à partir de 25° l'eau de mer est
moins dense au S. qu'au N. ; cependant, d'une façon gé-
nérale, l'Atlantique S. est plus salé et plus dense que
l'Atlantique N. — L'analyse de l'eau aux diverses pro-
fondeurs a montré que, dans les régions de grande con-
centration (tropicales et subtropicales), la densité diminue
dans les couches de 366 à 550 m., tandis qu'aux mêmes
profondeurs elle augmente dans la région équatoriale.
Pour les profondeurs plus grandes, le chimiste du Chal-
lenger, Buchanan, a énoncé la loi suivante : la densité,
sous toutes les latitudes, diminue jusqu'à la couche com-
prise entre 1.460 et 4.830 m., et elle augmente ensuite
jusqu'au fond. — Dans l'Atlantique N., la région où l'eau
est le plus dense (4,0285) est située entre les Açores, les
Canaries et les îles du cap Vert; c'est entre 45° et Féqua-
teur qu'elle est le plus faible. Dans l'Atlantique S. il y a
deux régions de forte densité, atteignant 4,0285 : 4° à
l'E. autour de Sainte-Hélène et entre cette île et celle de
l'Ascension; 2° à l'O. au N. de San-Trinidad. — • Les con-
ditions de densité de la mer du Nord sont particuUèrement
bien connues depuis les travaux de la commission scienti-
fique de Kiel pour l'exploration des mers allemandes ; les
mesures de l'aviso à vapeur Pomerania ont donné les ré-
sultats suivants :
215 —
OCEAN
REGIONS
Fjords norvégiens. .
N . de la mer du Nord.
S.-O. -
Poids spécifique
réduit à 17°, 5 c.
Surface Fond
1,0198
1,0263
1.0257
1.0267
1,0268
1,0258
Salinité %
Surface Fond
3,59
3,45
3.37
3.50
3;51
3,38
La salinité et la densité sont donc relativement faibles ;
cela tient à ce que l'influence des eaux douces appor-
tées par les fleuves se fait sentir à une grande distance.
Enfin, il est remarquable que, indépendamment de la sa-
linité générale, la proportion des chlorures par rapport
aux autres sels est beaucoup plus faible dans la mer du
Nord que dans le reste de l'Atlantique.
Température. — Il faut noter tout d'abord que, d'une
façon générale, l'eau de la surface des océans a une
tendance à être un peu plus chaude que la couche d'air
qui est immédiatement en contact avec elle ; mais cette
règle n'est pas absolument vraie pour toutes les régions
et toutes les saisons. En ce qui concerne la partie la mieux
connue de l'Atlantique N., c.-à-d. entre 40° et 40^^ de
long. 0., de 20° à 10° lat. N., de juillet à février l'eau
est plus chaude, de mars à mai plus froide que l'air ; en
juin les températures sont sensiblement égales. Entre i 0"
N. et l'équateur, l'eau est plus chaude queFair toute l'an-
née; entre l'équateur et 10'^ S., de mars à août l'eau est
plus chaude, et de septembre à février plus froide que
l'air. — Dans l'Atlantique S., pour la région orientale,
l'eau est plus chaude que l'air dans le Nord mais plus froide
dans le Sud. La région où il y a égalité de température
entre l'air et l'eau est située entre 4i° et 43° de lat. S.
La carte des températures annuelles de surface de l'at-
las de la Deutsche Seewarte montre dans l'Atlantique
deux régions de hautes températures, atteignant 28° C.
La première est située sur la côte orientale de l'Amérique
du Sud, entre Para et Cayenne, la seconde sur la côte 0.
de l'Afrique, entre Freetown et Cap Coast Castle. Les iso-
thermes de 27° à 22° sont comprises entre l'équateur et
35° N. d'une part, 25° S. d'autre part; leur direction est
sensiblement parallèle à l'équateur ; cependant, en allant
de l'O. à l'E., les isothermes se rapprochent. — Les iso-
thermes de 20° à 4° sont situées dans F Atlantique N. entre
35° et 50° N., depuis la côte des Etats-Unis jusqu'à l'E.
de Terre-Neuve ; à partir de là, elles s'éloignent les unes
des autres et l'isotherme de 4° atteint 65° lat. N. Dans
l'Atlantique S., ces mêmes isothermes de 20° à 4° s'éten-
dent du tropique du Capricorne à 55° lat. S. Pour les
diverses saisons de l'année la distribution est complexe.
C'est en hiver et au printemps que les deux régions où la
température atteint 28° sont le plus étendues vers la haute
mer; en été, l'isotherme de 28° disparaît sur la côte afri-
caine ; mais on la retrouve en automne. En été, la région
limitée par l'isotherme de 28° sur la côte américaine com-
prend la mer des Antilles, le golfe du Mexique, au moins
dans sa partie E., les îles Bahama et Bermudes. — Les
isothermes de 4° à 20° ont dans les différentes saisons des
directions sensiblementparallèles aux isothermes annuelles ;
dans l'Atlantique N., c'est en hiver et au printemps que
l'isotherme de 4° descend le plus au S. jusqu'à 43°-40°
lat. N. ; en été elle remonte à 57°, auN. de Terre-Neuve.
Dans l'Atlantique S., dont le caractère océanique est mieux
marqué, les isothermes se déplacent beaucoup moins en
latitude, aux diverses saisons. — On se fera une idée
assez exacte de la répartition annuelle des températures
de surface au moyen du tableau ci-après donné par
Boguslawski.
Ainsi, à latitude égale, l'Atlantique N. est sensiblement
plus chaud à la surface que l'Atlantique S. Cette diffé-
rence se maintient très forte jusqu'à 350-400 m. depro-
ATLANTIQUE KORD
Zone Moy. Max. Min.
ATLANTIQUE SUD
Zone Moy. Max. Min.
SO^-IO"
40<»-30<'
30°-20o
200-100
lOo-O»
14.2
19;4
23,9
24,9
26,9
26,1
27,2
29,4
28,3
28,9
0,0
9,4
14,4
17,8
23,3
500-40°
40O-30O
30O-20O
20O-10O
lOo-Oo
10,7
16,8
20,8
22,8
25,2
18,9
26,7
27,0
27,8
28,9
0,6
7.2
i2;3
15,6
20,6
500-00
21,9
28,9
0,0
50O-0O
19,5
28,9
0,6
fondeur. A partir de là elle s'atténue, et elle est insigni-
fiante vers 3.000m. Aufonddel'océan Atlantique, surplus
des trois quarts de la surface et par une profondeur moyenne
de 3.650 m., la température moyenne est de -f- 4°, 8,
variant entre 4°, 7 et 2°, 4. D'ailleurs la diminution de la
température ne s'opère pas avec la même rapidité aux
différents points, et en particulier les conditions sont dif-
férentes dans l'Atlantique N. et dans l'Atlantique S. Si
l'on met à parties couches superficielles, jusqu'à 2.750 m.
l'eau est toujours plus chaude dans l'hémisphère N. que
dans l'hémisphère S., les conditions de profondeur et de
latitude étant égales d'ailleurs. Les isothermes de pro-
fondeur ne se comportent pas non plus de la même façon
dans l'E. et dans l'O. de l'Atlantique, comme en témoigne
le tableau suivant:
PROFONDEUR DES ISOTHERMES DE
ZONE
- — ^^^-^
««- ---.
lOoC.
50 C.
20,5 C.
Partie orientale.
20O-40O lat. N
20o-40olat. S
m,
550-820
180-500
m.
1.050-1.650
550-800
m.
2.200-2.925
1.275-2.750
Partie occidentale.
200-40'^ lat. N
20°-40o lat. S
710-840
230-550
1.100-1.170
370-730
2.650-2,975
1.550-2.200
Réqion équatoynale.
lOoN. -10» S
250->380
550-900
2.100-2.925
La mer du Nord, en raison de son peu de profondeur
et de sa situation, dans une certaine mesure, méditerra-
néenne, a des conditions de température assez spéciales.
L'eau qui recouvre le Dogger-Bank, dont les hauts fonds
occupent presque toute la partie S. de la mer, est aussi
différente de l'eau du N. Dans le Nord, la couche d'eau
influencée par la chaleur solaire en été est très mince et
ne dépasse pas 40 m. A partir de 40 à 45 m. l'abaisse-
ment de température est très brusque. Ainsi la Pome-
rania, pendant l'été de 4872, sur le 58® parallèle, a
trouvé de 40 m. à 40 m. des abaissements de tempéra-
ture allant de 43°,7 à 8°,4 et de 45°,5 à' 5°. Ce phéno-
mène est dû à un courant froid coulant du N. au S', et
que le Porcupine avait également constaté, en J869,
près des Shetland. Quant à l'eau de surface, elle présente
aussi de notables diiférences de température entre la côte
norvégienne et la côte écossaise. En été, l'eau superficielle
n'a, près de l'Ecosse, qu'une température de 42® à 45°,
alors que sur la côte norvégienne elle atteint 48° à 20°.
Il faut attribuer cette élévation sur la côte norvégienne à
l'arrivée des eaux de la Baltique et aussi à réchauffement
plus grand du continent. Pour les mêmes raisons, l'eau
de la mer du Nord est plus chaude, à latitude égale, que
l'eau de l'Atlantique. En hiver, par contre, l'eau de la
mer du Nord, plus directement soumise aux influences
continentales, est plus froide que celle de l'Atlantique.
Dans la fosse norvégienne, la température décroît rapide-
ment jusqu'à 20 m., et à 400 m. règne une température
constante de + 5°. Mais nulle -part, dans cette fosse, on
OCÉAN
— 216
Surface
Fond
170,4
12«,5
46^9
5^7
l8^4
5«,8
l2^6
8«,9
l7^5
17«,1
ne rencontre les basses températures de — 1*^,3 trouvées
à 1.170 m. seulement, près des îles Feroë. La fosse
norvégienne, en effet, n'est pas en communication avec la
mer arctique, dont elle est séparée à l'O. et au N. par
des seuils qui s'enfoncent à peine à 400 m. Dans toute la
partie septentrionale de la mer du Nord, la différence des
saisons, dont nous avons vu la grande influence sur les
eaux de surface, ne se fait sentir qu'à une faible profon-
deur ; dans le Skager-Rak, elle a totalement disparu à
180 m. — L'eau qui recouvre le Dogger-Bank est plus
chaude en été que celle de la partie septentrionale ; les
différences moyennes sont : à la surface de 1^6, à 20 m.
de 3, à 40 m. de 9^ à 50-70 m. de 8^5. La commission
de Kiel donne les chiffres suivants :
RÉGIONS
Baltique 0., Belt, Cattegat
Skager-Rak
Côte norvégienne et fjords
Mer du Nord, partie N
— partie S
En hiver, les eaux du Dogger-Bank se refroidissent
beaucoup, mais il faut sans doute attribuer ce phénomène
à l'influence des vents froids, car le Drake a constaté
entre les Orcades et les Shetland l'existence d'un afflux
d'eaux chaudes venant de l'Atlantique, atteignant la fosse
norvégienne, et qui empêcherait ainsi toute communica-
tion entre le Dogger-Bank et les eaux de la mer de Nor-
vège. — La partie S. de cette mer de Norvège est bien
comprise dans les limites officielles de l'Atlantique, mais
ses conditions de température dépendent entièrement de
celles de l'Océan polaire et elles seront étudiées plus loin.
11 est nécessaire, par contre, de résumer, dès mainte-
nant, les données que nous possédons sur la température
des régions parcourues par le Gulf-Stream. On a longtemps
cru que la mer d'où le courant a tiré son nom, le golfe
du Mexique, contenait dans la totahté de sa cuvette une
masse d'eau fortement échauffée. Or les dernières obser-
vations de Sigsbee, de Bartlett et de Pillsbury à bord du
Blake ont détruit cette légende; s'il est vrai que la tem-
pérature de surface atteigne 28^ et soit en moyenne de
25"^, s'il est vrai qu'entre la Floride et le Yucatan on
trouve encore une température de 15° à 460 m. de pro-
fondeur, dans toute la partie située à l'O. du 91<^ de lon-
gitude 0. de Paris, on ne trouve à la même profondeur
que 6°, 7 à 9^,4, c.-à-d. des eaux plus froides que celles
de la Méditerranée européenne, entre 3.000 et 4.000 m.
Dans le canal de Floride même, le Dacia a trouvé la série
suivante :
Profondeur.... 0 180 315 550 730
Température... 28«,9 25«,0 17^5 llo,9 9«,2
et pour l'axe principal du courant, jusqu'à Terre-Neuve,
les dernières mesures n'ont pas sensiblement modifié les
moyennes publiées par l'amirauté britannique :
RÉGIONS
0
B
>
a
1
0
<
0
<
Golfe du Mexique (avec
les réserves faites pi. haut).
Canal de Floride
En face de Ghar-
leston
28° N.
25°
32°
35"
40o
43°
22«.8
25'',0
23%9
220,2
1S»,4
16«,7
25%0
250,6
25%0
22«,8
20'>,0
160,4
280,3
28°, 3
270,8
26o,7
26o,7
250,6
26o,7
270,8
270,2
240,4
22o,2
200,0
250,7
26°,7
26o,0
240,0
220,1
200,4
En face du C. Hatte-
ras
Au S.-E. de Nantu-
cket
Au S.-E. de la Nou-
velle-Ecosse
Mais le Gulf-Stream n'est pas composé uniquement de
cet axe principal et les plus récentes explorations ont
montré qu'il était formé d'un véritable faisceau de bandes
alternativement chaudes et froides. Au sortir du canal de
Floride, ces bandes sont peu différenciées, mais elles
s'élargissent vers le N.-E. A la hauteur du cap Hatteras
par exemple, on compte en partant de la côte une pre-
mière bande fi*oide de 30 milles de large, une bande
chaude large de 47 milles, une deuxième bande froide
large de 25 milles, une deuxième bande chaude large de
45 milles ; l'ensemble de ces trois dernières bandes, d'une
largeur totale de 117 milles, est d'ordinaire marquée sur
les cartes comme le courant proprement dit ; mais plus à
l'E. on trouve encore une bande froide large de 28 milles
et une bande chaude large de 75 milles. Nous verrons
d'ailleurs, au § Courants, que la position de ces bandes
n'est pas fixe. Les bandes froides sont, à vrai dire, des
contre-courants. La plus rapprochée de la côte, la plus
anciennement connue, a été appelée par les Américains
le « Gold Wall », le mur froid. Ce qui caractérise sur-
tout cette bande froide, c'est moins la différence de tem-
pérature à sa surface et à celle du courant chaud, quoi-
qu'elle soit notable, que la rapide diminution de la
température avec la profondeur: à 40 m. le Cold Wall
a une température de 15*^,5, à 200 m. de 8°, à 400 m.
de 6°, à 600 m. de ¥ à 5^5, à 800 m. de 2«,5 à 4«,2.
Quant au courant chaud lui-même, d'après les mesures
du Challenger etduBtoA-e, il n'aurait qu'une profondeur
de 200 m. Il repose sur une couche d'eau puissante de
400 m. et dont la température varie de 15'', 6 à 18^,3.
A partir de 600 m. la température décroît rapidement et
l'isotherme de 4^,4 n'est qu'à 1.200 m. La température
continue d'ailleurs à baisser et sur le sol, dans les fonds
de 4.000 à 5.000 m., elle varie del«,2 à 1«,6. L'opinion
des savants du Blake est qu'il faut attribuer l'origine de
la haute température du Gulf-Stream, au moins pour la
plus grande partie, non pas à réchauffement des eaux du
golfe du Mexique, mais à celui delà région comprise entre
les îles Bahama et le cap Hatteras.
Météorologie. — Alors que sur les continents la pres-
sion barométrique est notablement plus forte en hiver qu'en
été, sur les océans elle est beaucoup plus uniformément
partagée. Sur l'Atlantique, comme sur tous les océans,
on trouve deux régions où la pression dépasse ordinaire-
ment 760 millim., la première entre 30° et 40° lat. N.,
la seconde entre 20° et 30° de lat. S. Entre les deux est
une région de basses pressions, et dans les mers subpo-
laires, c.-à-d. vers 50° de lat., sont également deux zones
de faibles pressions. Mais à l'intérieur de ces régions il
faut noter, dans chaque océan, des positions bien déter-
minées oti les maxima et les minima s'accentuent, qui va-
rient avec les saisons, et qui sont la vraie cause des dé-
placements d'atmosphère appelés vents, La direction et
la force des vents océaniques sont d'ailleurs aussi influen-
cés par la position des foyers d'appel continentaux. En
hiver, dans l'Atlantique N., il existe un centre de fortes
pressions (765-767 millim.) au S. des Açores ; la région
comprise entre le Labrador, le Groenland, le Spitzberg et
le N.-O. de l'Europe est au contraire une région de basses
pressions (moins de 750 millim.), le minimum (745 mil-
lim.) étant au S.-O. de l'Irlande. Dans l'Atlantique S.,
les maxima (plus de 764 millim.) se trouvent placés,
pendant la même saison, près de, la côte africaine. Les
minima (745-740 millim.) sont situés en pleine mer par
environ 60° lat. S. — En été, dans l'Atlantique N., les
maxima (jusqu'à 769 millim.) restent dans le voisinage
des Açores ; les minima (756 millim. et 760 millim.)
sont situés, d'une part entre l'Islande etla Norvège, d'autre
part en plein océan, par 17° lat. N. — Dans l'Atlan-
tique S. la zone des fortes pressions (765 millim.) va de
l'Amérique à l'Afrique entre 20° et 30° lat. S. Les mi-
nima se répartissent tout le long du 60° parallèle.
Du fait que certaines régions de l'Atlantique, comme la
ceinture équatoriale, sont des zones de faible pression
toute l'année, tandis qu'en d'autres points les maxima et
les minima se déplacent suivant les saisons, il résulte que
— i2i7 —
OCEAN
certains vents ont un caractère de constance très marqué,
tandis que d'autres sont beaucoup plus variables, A quel-
ques degrés au N. de l'équateur, sur une bande qui pen-
dant Tété de l'hémisphère N. remonte jusqu'à 42<^ ou 'M'^
de lat. , on trouve entre l'Afrique et l'Amérique la zone
des calmes équatoriaiix, où ne régnent que des vents
faibles et variables qui souvent cessent complètement de
souffler. — AuN. de cette région, V alizé du N.-E. souffle
toute l'année ; en hiver il commence entre 30*^ et 25^ lat. N. ;
en été son origine remonte environ de 2°, 5 vers le N. En
hiver, il descend jusqu'à l'équateur sur la côte américaine,
mais sur la côte d'Afrique il ne franchit jamais le 5^ lat. N.
— V alizé du S.-E. est plus constant et plus fort que celui
du N.-E., parce que le foyer d'appel, la zone des calmes
équatoriaux, est située au N. de l'équateur. En hiver,
quand le soleil s'avance le plus loin vers le S., l'alizé du
S.-E. commence sur la côte américaine à la lat. de Rio-
de-Janeiro (25**) et sur la côte d'Afrique dès le cap de
Bonne-Espérance, par 30° de lat. S. En toute saison, il
franchit l'équateur, ce qui fait qu'en été surtout il arrive
à se confondre avec l'alizé du N.-E., la résultante des deux
forces donnant une direction unique vers l'O., tandis que
sur la côte africaine il se transforme en vent du S. et du
S.-O. à cause du puissant appel d'air produit par réchauf-
fement du Sahara. — Au N. et au S. des régions d'alizés
se trouvent deux bandes de largeur très variable suivant
les saisons, qu'on appelait autrefois les zones de calmes
tropicaux, et qui sont caractérisées par des vents variables
encore plus que par des calmes. — Dans le N. de l'Atlan-
tique le régime des vents est déterminé toute l'année par
le centre de hautes pressions constantes des Açores : en
hiver, par suite de la grande étendue de la zone des basses
pressions, du Grœnland à l'Europe, les vents soufflent du
S., de l'O. et du S.-O., avec une prédominance marquée
de cette dernière direction. En été, la région des minima
progresse vers le N.-O. en se rétrécissant, et sur toute la
partie septentrionale de l'Atlantique les vents soufflent
du S.-O. — Dans l'Atlantique S., pendant l'hiver, les
plateaux sud-africains sont fortement échauffés, et comme
il y a en même temps une zone de fortes pressions non loin
de la côte d'Afrique, les vents viennent de l'O. dans la partie
orientale ; en été, la direction du vent n'est pas sensible-
ment modifiée. Du côté de l'Amérique, la direction du vent
est surtout causée en hiver par réchauffement du plateau
brésilien et les vents convergent vers la côte. En été, la
zone des basses pressions qui règne vers le 60® parallèle
appelle des vents de N:-0. ; ces vents s'infléchissent de
plus en plus de FO. à l'E., en descendant vers le S., jus-
qu'à prendre une direction parallèle à l'équateur. Vers 50**,
ces vents d'O. sont très violents et soufflent toute l'année :
ce sont les grands frais d'ouest.
Courants. — L'eau de l'Atlantique, comme celle de tous
les Océans, ne reste pas immobile; on distingue dans sa
masse des courants chauds et des courants froids dont les
limites ne sont pas fixes, qui s'entremêlent parfois d'une
façon compliquée, mais qu'on peut cependant parvenir à
différencier, en schématisant Fensemble de leurs conditions
respectives.
a. Le courant nord-équatorial est un courant de posi-
tion essentiellement variable. Son bord méridional, dans
l'espace compris entre 20° et 2o° de long. 0., se déplace
dans les limites suivantes :
Janvier ....
. .. 8°1. N.
Juillet
. H° 1
. N.
Mars
... 6o -
Septembre. . .
. 12°
—
Mai
.. 6° -
Novembre . . .
. 9°
—
La limite N. est difficile à établir parce qu'à partir de
20° lat. N. la puissance du courant diminue très lente-
ment. La vitesse mo}^enne, au S. de 20°, est de 45 à
il milles marins par jour; elle diminue vers le N. pour
atteindre, vers 28° lat. N., 40 milles par jour. La direc-
tion, à l'E. de 35° long. 0., est vers l'O.-S.-O. ; de 35° '
à 55° long. 0., elle est franchement 0. pour tourner, au
voisinage des Antilles, à l'O. -N.-O.
b. Courant sud-équatorial. C'est un courant puissant,
d'une grande constance de direction, de force et de super-
ficie. Il s'étend au S. jusqu'à 45° de lat. S. et au N. il
franchit l'équateur, de 2° environ sous le méridien de
Greenwich, de 3° plus à l'E. ; d'ailleurs cette limite sep-
tentrionale varie un peu, car elle atteint 4° lat. N. de juin
à septembre, tandis qu'elle recule en deçà de 3° à la fin
de l'hiver. La force de ce courant est très grande ; entre
8° lat. et 3° lat. N., elle ne demeure jamais au-dessous
de 20 milles par jour et atteint en général 24 milles ; on
a même observé des vitesses de 72 milles. C'est dans la
zone équatoriale jusqu'à 2° de lat. S. que la force est la
plus grande ; elle décroît ensuite jusqu'à 6° pour aug-
menter de nouveau ; il y a donc en réalité deux courants.
A l'E. de 20° long. E., la vitesse est moins grande que
les chiffres donnés plus haut, mais elle devient considé-
rable à l'O. de 40°, où l'on a observé des rapidités de
plus de 400 milles par jour. Au cap San Roque, le cou-
rant se partage en deux tronçons, l'un qui se recourbe au
S., l'autre au N.-O.
c. Ce dernier rencontre le courant de l'Amazone, puis
la fin du courant nord-équatorial et l'ensemble de ces trois
courants forme le courant de Guyane, qui a une vitesse
de 30 à 60 milles par jour, mais dont l'inconstance a sou-
vent causé la perte de navires mauvais voiliers.
d. Courant des Caraïbes, C'est la suite du courant de
Guyane et de la partie principale du courant nord-équa-
torial. Selon l'expression de Rennell, ce n'est pas un cou-
rant dans la mer, mais la mer tout entière qui est en
mouvement ; cependant c'est surtout vers la côte améri-
caine que la force du courant est considérable ; dans la
partie orientale de l'axe, elle varie de 24 à 72 milles ma-
rins par jour; plus à l'O., elle n'est que de 4 2 à 36 milles.
Le courant est d'ailleurs profond, et il est difficile d'y faire
des sondages, le plomb de sonde se trouvant emporté au
fil de l'eau. Le courant arrive ^enfin au détroit resserré
qui, entre Yucatan et Cuba, n'a guère plus de 400 milles
de large ; le courant ainsi rétréci acquiert une vitesse con-
sidérable en pénétrant dans le golfe du Mexique.
e. Couinant des Antilles. Le courant nord-équatorial
ne pénètre pas tout entier dans la mer des Antilles ; une
partie des eaux en mouvement remonte à l'E. de la chaîne
des Petites Antilles, où il forme un courant d'une vitesse
moyenne de 42 milles par jour, mais qui, selon les obser-
vations du Challenger, atteint, entre Saint- Thomas et les
Bermudes, 20 et 24 milles. Au cours de ce trajet dans une
mer tropicale fortement échauffée en été, le courant acquiert
une chaleur considérable qui est sans doute un des élé-
ments de la chaleur du Gulf-Stream.
f. Courant du Bîrsil. La branche du courant sud-
équatorial, qui se recourbe au S., suit vers le S.-O. la
côte américaine. C'est un courant de force moyenne dont
la vitesse dépasse rarement 24 milles par jour et est en
général de 20 milles. La position du courant est assez
variable et elle se déplace, suivant les saisons, par la
prédominance des divers vents de mousson appelés par
l'échauffement du plateau brésilien.
g. Courant des Canaries. Il s'étend en moyenne de
Madère aux îles du cap Vert et est déterminé par la sec-
tion orientale de l'alizé du N.-E. La vitesse de son cours
varie de 8 à 30 milles par jour, mais elle se tient le plus
souvent dans les environs de 45 milles. Venant de lati-
tudes plus élevées vers des latitudes plus basses, c'est un
courant relativement froid. L'extrémité S. du courant des
Canaries est beaucoup plus méridionale en mars qu'en
septembre ; mais, dans toutes les saisons, la plus grande
partie de ses eaux rejoint le courant nord-équatorial, une
faible partie seulement se détournant au S.-E. pour con-
tourner la côte africaine.
h. Courant de Benguela. C'est l'analogue, dans l'hé-
misphère S., du courant des Canaries; du Cap jusqu'au
OCÉAN
248 —
JN'. de l'emboucliure du Congo, un courant froid remonte
le long de la côte d'Afrique avec une vitesse moyenne de
12 milles par jour et qui atteint rarement 30 milles. Au
voisinage même de la côte, le courant est faible et irré-
gulier.
i. Courant de Guinée. C'est un contre-courant qui,
au rebours des deux courants équatoriaux, va de l'O. à
VE, Ses limites N. et S. sont variables, surtout en plein
Océan, par suite du déplacement des deux courants équa-
toriaux. Sa source, à l'O., varie aussi suivant les saisons,
de 40° de long. 0. en septembre à 28° en mai. La vitesse
moyenne est de 18 milles par jour; elle peut aller jusqu'cà
40 ou 50 milles. La direction, qui est O.-E. en plein
Océan, est détournée au S.-E. par la côte africaine ; à ce
moment de sa marche, la largeur du courant se trouve
ainsi rétrécie et sa vitesse augmentée.
k. Gulf-Stream, On peut dire que c'est le courant le
plus célèbre, parce que c'est celui qui arrive sur les côtes
d'Europe, dont il modifie d'une façon incontestable les
conditions climatériques. Déjà signalé par Franklin, il a
été surtout connu du grand public après la fameuse des-
cription de Maury qui commence par la phrase souvent
reproduite : « Il est un fleuve dans la mer ! » On attri-
buait à ce fleuve un cours immuable, une vitesse énorme, dé-
passant parfois 120 milles par jour, une source incontes-
table, le golfe du Mexique, et pour cause, la rupture
d'équilibre entre des eaux de salinité, de température,
et par suite de densité différentes. Les observations vrai-
ment scientifiques ont détruit une partie de cette théo-
rie. Nous avons déjà vu que la température attribuée aux
eaux du golfe du Mexique avait été fort exagérée. En outre,
le courant qui sort du canal de Floride est inférieur en
force et en vitesse au courant du Yucatan, en sorte qu'on
est obligé de supposer l'existence d'un courant de com-
pensation qui se recourberait dans les profondeurs vers
la mer des Antilles. Dans le golfe du Mexique même, les
conditions du courant varient suivant les saisons. Quand
les alizés font trêve, le courant du Yucatan est moins vio-
lent et le courant de Floride est presque annihilé. Il semble
donc que la vraie source du courant soit située entre les
Bahama et le cap Hatteras, région fortement chauffée et
soumise à une puissante évaporation, sous l'influence de
l'alizé du N.-E. Cette évaporation produirait une circula^
tion verticale, transformée en circulation horizontale du
S.-O. au N.-E. sous l'impulsion première du vrai courant du
golfe ; cette direction vers le N.-E. et la vitesse du courant
seraient ensuite accentuées par la prédominance des vents
d'O. dans l'Atlantique N. En tout cas, le Gulf-Stream se com-
pose de plusieurs bandes de courants, comme nous l'avons
déjà vu à propos de la distribution de la température. La
position de ces bandes n'est pas absolument fixe: elles sont
écartées de la côte américaine par les vents d'O. ; elles en sont
rapprochées par les vents d'E. A partir du banc de Terre-
Neuve les bandes d'eau chaude en mouvement, qui continuent
à porter le nom de Gulf-Stream, divergent de plus en plus
et sont aussi de plus en plus sous la dépendance des vents.
Une partie de ces eaux chaudes se dirige à FE., et, par sa
jonction avec le courant des Canaries, forme un circuit
fermé avec le courant nord-équatorial ; c'est à l'intérieur
de ce circuit que se trouve hmer des Sargasses. La plus
grande partie du Gulf-Stream se dirige au N.-E. vers les
îles britanniques et pénètre dans la mer de Norvège entre
l'Ecosse et l'Islande ; les eaux chaudes atteignent la ban-
quise de l'océan Arctique. — Les cartes ont longtemps
marqué une branche du Gulf-Stream qui se serait recour-
bée dans le golfe de Gascogne, et appelée courant de
Rennell. Les expériences récentes et décisives de M. Hau-
treux ont démontré qu'il n'y avait là qu'un afflux des
eaux vers la côte, quandles vents d'O. soufflent avec force.
— Enfin une dernière partie des eaux du Gulf-Stream
" s'engage dans le détroit de Davis, où on les a constatées en
été jusqu'à 50° lat. N., en hiver jusqu'à 46°, et dans le
canal des Danois sous le nom de courant d'Irminger, —
Le Gulf-Stream est un courant d'eau très salée et par suite
très dense ; l'excès de salinité se traduit aux yeux par un
accroissement de la couleur bleue de l'eau, que l'on dis-
tingue très facilement au milieu des eaux grises ou ver-
dâtres des bandes plus froides.
1. Courants du Grœnland et du Labrador. Le cou-
rant qui descend du N. au S. le long de la côte E. du
Grœnland, avec une vitesse moyenne de 5 à 6 milles par
jour, se trouve presque entièrement annihilé à la ren-
contre du courant d'Irminger. Mais le courant du Labra-
dor, dont on a constaté l'existence jusque dans les eaux
du Nord, est le véritable charrieur des icebergs et des
glaces détachées du pack. Il arrive au contact des eaux du
Gulf-Stream au banc de Terre-Neuve, qu'il a contribué à
former. En effet, la fusion des icebergs dépose au fond de
la mer non seulement les débris de moraines qui sont à la
surface, mais aussi les bou6s congelées à la base de ces
icebergs; en effet, dans leur course vers le S. de 10 milles
par jour environ, ils ne peuvent atteindre Terre-Neuve
dans le cours d'un seul été; ils sont donc repris par la
glace du détroit de Labrador, peu profond, dont ils arra-
chent, à l'été suivant, les débris du fond. Ce sont sans
doute ces eaux du courant du Labrador qui forment la
bande froide appelée Cold Wall.
m. Courants de l'Atlantique S. Vers la latitude de
l'embouchure de la Plata, le courant du Brésil se re-
courbe assez brusquement vers l'E., et, quoique sa vitesse
devienne assez faible, il va rejoindre, sur la côte africaine,
le courant de Benguela. Plus au S., l'Atlantique est par-
couru d'O. en E. par un courant froid, conséquence des
vents généraux d'O. Une branche de ce courant, appelée
courant des Falklancl, remonte directement au N. C'est
la cause principale des conditions climatériques froides
de la côte orientale de Patagonie.
n. Cowants de la mer du Nord. La mer du Nord
étant en communication avec le reste des océans surtout
par le N., c'est surtout dans la partie au N. du Dogger-
Bank que les courants sont caractérisés. Le long de la côte
de la Grande-Bretagne, un courant descend du N. au S.,
tandis que dans la partie E. le courant va du S. au N.
Mais, en face des détroits de Danemark, les courants de
sortie de la Baltique dévient fortement ce courant vers l'O. ,
à tel point que les navires à voile s'en servent souvent
dans la traversée de Norvège en Ecosse pour naviguer
contre le vent de S.-O.
En résumé, si l'on jette les yeux sur une carte des cou-
rants de l'Atlantique, on constate que la région comprise
entre 45° lat. N. et 40° lat. S. comporte deux systèmes
de courants formant deux circuits fermés, séparés l'un de
l'autre par le contre-courant de Guinée. Mais, tandis que
dans l'Atlantique S. le courant du Brésil est arrêté dans
sa course vers le S. par une circulation intense des eaux
froides de l'O. vers l'E., dans l'iitlantique N., au con-
traire, la masse principale du courant chaud du Gulf-
Stream se mêle avec les courants froids venus du N. sans
être arrêtée par eux et parvient à pénétrer dans la mer
polaire.
Océan Indien. — Géologie et contours. — Le nombre
relativement faible des données que nous possédons sur
l'océan Indien ne permet pas d'affirmer rien de définitif,
surtout en ce qui concerne son histoire géologique. Il
semble pourtant qu'à l'époque précambrienne l'espace ac-
tuel couvert par cet océan était une mer largement ouverte.
Mais, à la fin du carboniférien, tous les îlots primaires
s'étant réunis, une immense masse de terres émergées, le
continent austral, s'étendit depuis. F Amérique du Sud
jusqu'à FAustralie, en réunissant l'Afrique, Madagascar
et le Décan. Dans la période de grandes transgressions
marines qui dura pendant la plus grande partie des temps
secondaires, le continent austral lui-même, au moins dans
la partie qui nous occupe ici, se trouva fortement entamé.
A la fin de l'époque jurassique le golfe éthiopien, en com-
munication avec la Méditerranée, ne laissa subsister au
— 249 -
OCEAN
N. qu'une étroite bande entre l'Afrique, la partie E. de
Madagascar et le Décan.
L'Inde et l'Indo-Chine se trouvèrent séparées par la
coupure du golfe du Bengale ; de même Bornéo se trouva
séparée de l'Australie. Entin les grands bouleversements
de l'époque tertiaire achevèrent de disloquer les mor-
ceaux du continent austral, pendant que le Décan se trou-
vait, par eux, soudé au continent septentrional. — Ces
circonstances ont eu pour résultat d'individualiser forle-
ment l'océan Indien en faisant de lui un océan purement
méridional. Fermé auN., il n'atteint le tropique du Can-
cer que par les golfes terminés en pointes du Bengale et
d'Arabie, et le 30^^ parallèle que par les golfes étroits de
la mer Rouge et du golfe Persique. Au S., au contraire,
l'océan Indien est en libre communication avec la mer
Antarctique. Dans l'ensemble, l'océan Indien a la forme
d'un ovale dont l'extrémité S. serait coupée par le cercle
polaire. Du cap des Aiguilles au cap S. de Tasmanie, la
largeur est de il. 100 kil. La longueur du N. au S. est
d'environ 10.000 kil. — Par suite de sa formation géo-
logique, des effondrements produits sans ridements au
sein d'une masse compacte, l'océan Indien n'est pas bordé,
en général, par des côtes montagneuses, mais plutôt par
des rebords de plateaux; le long de l'arc malais seulement
le caractère montagneux est fortement accusé. L'océan In-
dien est plus riche en îles dans sa partie 0. que dans sa
partie E., et nous verrons que c'est aussi à l'O. que se
trouvent les moins grandes profondeurs. L'océan Indien
ne reçoit pas autant de fleuves importants que l'Atlan-
tique, quoique ceux qui s'y jettent comptent parmi les plus
puissants cours d'eau du globe : le Zambèze, le Ïigre-Eu-
phrate, l'Indus, le Gange-Brahmapoutra, l'Iraouaddi, le
Salouen.
Relief et nature du fond. — Le relief du fond de
l'océan Indien est encore très mal connu. Nous ne possé-
dons guère que cinq séries importantes d'observations :
celles du Challenger et de la Gazelle en 1874, dans le
Sud ; les opérations préliminaires de la pose du câble entre
FEurope et FAsie, dans le Nord; l'exploration de VEn-
terprise qui en 1883 est allée du Cap à Zanzibar, puis de
Zanzibar au golfe du Bengale en traversant la région équa-
toriale; enfin l'exploration de ÏEgeria, qui, en 1889, a
parcouru l'espace compris entre Java et Maurice et est
revenue vers l'Australie en passant par les îles Saint-Paul
et Amsterdam. — Au S. entre 3o<^ et 66° lat. S., et 20*^
et 120*' long. E., le Challenger et la Gazelle ont cons-
taté l'existence d'un immense plateau sous-marin recou-
vert par une couche d'eau de moins de 3.500 m. Ce pla-
teau porte les îles du Prince-Edouard, Crozet, Kerguelen,
Mac-Donald, Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam. Il pa-
raît être la continuation du grand plateau antarctique
exploré par James Ross en 1840-43. Au S.-O. de l'Aus-
tralie la profondeur moyenne atteint 4.000 à 4.500 m.,
etTEgeria y a opéré des sondages de 5.500 et 5.600 m.
Cette dépression de la grande baie australienne paraît
s'étendre fort loin à l'O., la Gazelle ayant trouvé à FE.
des îles Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam une profondeur
maximade5.276m. — Entre ces îles et les Mascareignes, la
profondeur atteint 5.000 m. (max. àeïEgeria: 5.260 m.).
Entre les Mascareignes et Madagascar, la moyenne est de
4.000 à 4.600 m. De Zanzibar aux Maldives, V Enter-
prise a trouvé comme plus grande profondeur 4.961 m.
par 3« 2' lat. S. et 48° 24' long. E., tandis qu'entre
les Maldives et les Chagos le fond se relève jusqu'à
1.878 m. Des Chagos à Féquateur, sous le méridien des
îh^s Andaman, on trouve une profondeur uniforme de 4.000
à 4.500 m., avec un maximum qui atteint cependant
5.664 m.
La mer d'Oman a un fond extraordinairement plat dont
la profondeur ne va jamais jusqu'à 4.000 m. ; le golfe du
Bengale a au contraire la forme d'une vallée dont la pro-
fondeur est de 2.-1 00 à 2.500 m. sur les bords, etde3.400
à 4.300 m. au milieu. — C'est dans le grand golfe trian-
gulaire qui s'enfonce entre l'arc malais et l'Australie qu'on
a trouvé les plus grands fonds de l'océan Indien, à l'ex-
ception toutefois de la mer d'Arafoura, où la sonde n'atteint
nulle part 200 m. La Gazelle a mesuré au S.-O. de Ti-
mor 5.505 m. et 5.523 m. et VEgeria, entre JavaetFîle
Christmas, 5.850 et 6.205 m. Le fond se relève à 4.500 m.
autour des îles Weihnacht et Keeling, pour s'enfoncer de
nouveau au S.-O. à plus de 5.000 m., et se relever en-
suite lentement, le long tk\ 20^ parallèle jusqu'à File Ro-
driguez oli la cuvette n'a plus que 2.900 m. de profon-
deur. — De ces renseignements on peut se former, au
moins provisoirement, Fidée générale suivante du relief de
l'océan Indien : les grandes profondeurs sont situées à FE. ;
la fosse australindienne, de 5.000 à 6.000 m., s'avance à
l'O. jusque vers 85° de long. E. ; elle s'enfonce en coin
entre l'Australie et Farc malais, et se recourbe au S.-E.
pour former la grande baie australienne. L'isobathe de
4.000 m. part de la pointe N. de Sumatra, passe au S.
de Ceylan, et de là se dirige au S.-O. jusque vers le mé-
ridien de la baie de Delagoa ; de là elle retourne vers FE.
jusqu'au S. delà Tasmanie, en formant vers le S. un golfe
qui atteint presciueles îles Crozet et Kerguelen, et dont le
bord remonte à l'O. de Saint-Paul et de Nouvelle- Amster-
dam. Au S., les profondeurs sont uniforméjnent de 2.000
à 3.000 m. Au N.-O., une dépression de 4.000 m. com-
prise entre les Amirautés, les Seychelles, les Maldives, les
Laquedives et la côte des Somalis est entourée d'une au-
réole dont la profondeur n'atteint pas 2.000 m.
Les sédiments qu'on trouve au fond de Focéan Indien
peuvent se diviser en quatre groupes : — a, le long de toutes
les côtes et dans les mers plates et peu profondes du N.,
le fond est formé de boues bleues et vertes, comme il
arrive presque toujours au voisinage des masses conti-
nentales. Ces boues bleues se retrouvent aussi en grande
quantité sur toute la surface du plateau méridional, sem-
blant indiquer par là même la nature continentale des
terres antarctiques ; — b, le centre de l'océan est formé de
boues de globigérines qui occupent la surface la plus éten-
due (30 millions de kil. q.) ; — c, les boues de diatomées,
qui sont proprement la caractéristique de l'océan Indien,
occupent sur la carte des Reports du Challenger ima sur-
face de 13.600.000 kil. q. dans le S. de l'Océan, où on les
trouve vivantes à la surface même; — (/, dans les grandes
profondeurs de la dépression australindienne, le sol est
couvert d'argile rouge sur une étendue de 12 millions de
kil. q. Mais il est nécessaire d'ajouter que les profondeurs
de plus de 5.000 m., qui paraissent nécessaires à la sélec-
tion complète de cette argile, sont loin d'être complète-
ment explorées.
Salinité. Densité. — Les mesures opérées jusqu'ici sont
encore fort peu nombreuses. Dans le Nord, nous n'avons
guère que la série de sondages opérés par Liebscher du
détroit de la Sonde à Aden. Il a observé en général une
concentration de la salinité de plus en plus grande de
Féquateur vers les hautes latitudes et du plein océan vers
le golfe d'Aden, comme le montre le tableau suivant :
LATITUDE
LONG. E.
DENSITÉ
SALINITE
5« 39'
84° 38'
1,0255
3.31
§0 7/
74° 50'
1,0262
3,44
12« 8'
72° 35'
1,0262
3,46
18° 7'
66^ 55'
1,0264
3,40
15° V
57° 33'
1,0276
3,52
13° 39'
i8° i V
1,0276
3,50
Dans le Sud, ce sont les voyages du Challenger et de
la Gazelle qui ont donné le plus grand nombre de
renseignements. Le centre de concentration serait situé
dans la zone des alizés S.-E., entre le S. de l'Afrique et
l'Australie, c.-à-d. entre 20° et 36° de lat. S. et 60° et
80° de long. E., et où la densité moyenne serait de
1,0274. Entre 45° et 65° lat. S. la densité moyenne,
aussi bien dans les profondeurs qu'à la surface, serait de
1,0260. En combinant ces données avec les rares mesures
OCÉAN — 220
postérieures, la Deutsche Seewarte a dressé dans son
atlas de l'océan Indien une carte des densités qui n'a sans
doute encore qu'une valeur schématique. On y distingue
deux régions où la densité est comprise entre 4,0275 et
4,0280 : — a, l'entrée du golfe d'Aden, sur une surface
limitée par une ligne qui part de 6° lat. N. sur la côte
africaine, atteint 70^ de long. E. et se recourbe auN.-O.
pour toucher la côte d'Arabie par 49^ lat. N. ; cette ré-
gion est entourée d'une bande concentrique étroite dont
la densité est de 4,0270 à 4,0275; — b, la surface com-
prise entre le tropique S. et 34^ lat. S. et 80"^ long. E.
et 440Mong. E., où la densité atteint aussi 4,0280. Elle
est entourée d'une large auréole allant du Cap à l'Aus-
tralie, limitée au N. par le 48^ parallèle S. et au S. par
le 39^ parallèle, et où la densité \arie entre 4,0270 et
4,0275. — Ea ligne marquant la limite des densités in-
férieures à 4,0260 part de la cote hindoue au N. de Bom-
bay et laisse au N. toutes les côtes de l'Hindoustan, de
rindo-Chine et de l'arc malais jusqu'à Timor. Dans le
golfe du Bengale lui-même la densité est très faible et
atteint à peine 4,0245. Cette densité varie d'ailleurs selon
les saisons, comme le montrent les cartes du Bureau mé-
téorologique de Calcutta : de mars à mai la densité est
irrégulièrement distribuée et diminue en général duS.-O.
au N.-E., c.-à-d. en allant vers les embouchures du
Gange et de l'Iraouaddi. De juin à août, la densité dé-
croit régulièrement du S. vers le Gange. De septembre à
novembre, après la chute des pluies de moussons, la den-
sité est excessivement faible jusqu'à près de 400 kil. des
côtes. Elle recommence à croître de décembre à février.
Températures. — Les séries d'observations aux diverses
profondeurs sont encore fort peu nombreuses. Dans la ré-
gion comprise entre 34^ et 52'' lat. S. et 48'' et 70*' long.
E., c.-à-d. entre le Cap, les îles Kerguelen et Mac-Donald,
la température de surface est de 23*' à 49° sur le banc
des Aiguilles, alors qu'elle n'est plus que de 3° à l'île Mac-
Donald. Le courant chaud des Aiguilles, analogue en cela
au Gulf-Stream et au Kouro-Sivo, est formé de bandes
alternatives, chaudes et froides, et la différence se marque
moins encore entre les températures de surface que par
l'abaissement beaucoup plus rapide avec la profondeur
dans les bandes froides. Au fond, par des profondeurs de
2.900 à 3.500 m. la température estde4«,7 à 0«,7. —
A l'E. de 30*' long. E., sous les hautes latitudes, la tem-
pérature décroît rapidement de l'O. à l'E. aussi bien dans
les profondeurs qu'à la surface. A l'E. de 70° long. E.
la Gazelle a constaté une augmentation régulière de la
température du S. au N., allant, à la surface, de 3°, 5
par 54° lat. S., à 44° par 40° lat. S., 22° par 35° S.,
26°,5 par 22°,5 lat. S. A 200 m. de profondeur, la tem-
pérature augmente de 2° sous les hautes latitudes, à 45°
sous le tropique. Sur le sol, quand la profondeur dépasse
3.000 m., la température ne varie qu'entre de faibles
limites : 0°,8 à 4°, 2. Dans la région équatoriale, à l'E.
des îles Chagos, VEnterprise a trouvé une température
de -H 0°,8 par 5.664 m. de profondeur. — Plus à l'E.,
entre le cercle polaire et l'Australie, le Challenger a
aussi trouvé une augmentation de température notable du
S. au N. : à la surface de 7°,2 à 42°,8, à 400 m. de 7°
à 44°, à 500 m. de 3°, 8 à 8°,7, à 4.000 m. de 2°,7 à
6°, 9, au fond de 0°,4 à 0°, 7. —Entre Maurice et l'Aus-
tralie, la distribution en profondeur subit de grandes os-
cillations jusqu'au fond, où la température varie de 2°, 2
à 0°, 7. Entre l'Australie et Timor, la température s'abaisse
de 27° à 28° à la surface, à 0°,9 dans les fonds de près
de 6.000 m. — Dans les deux golfes du N., encore très
mal connus à ce point de vue, on observe, entre 40° et
49° lat. N., une rapide diminution de la surface à 400 m.,
allant de 23° à 42° ou 44°. La température décroît en-
suite plus lentement jusque dans les fonds de 2.000 m.,
où elle est de 4°, 3.
La distribution de la température à la surface de l'océan
Indien est mieux connue que la distribution en profon-
deur, grâce à ce que les navires de guerre des différentes
marines font souvent des observations qui ne demandent
pas l'usage d'instruments spéciaux. La Deutsche Seewarte
a pu établir quatre cartes des distributions de tempéra-
ture aux différentes saisons. En février, la bande des
maxima (28°-29°) est limitée au N. par une ligne qui va
de Witu (Afrique) à Atschin (Sumatra), et au S. par une
ligne partant du cap Delgado (Afrique) et aboutissant à
Rœburne (Australie) ; il y a en outre deux petites régions
de 28°, l'une au N., entre 65° et 70° long. E., l'autre
au S. sous les mômes méridiens, et entre 40° et 42° lat. S.
— Il y a deux lignes isothermiques de 25°, l'une allant
de la côte arabique, au N. d'Aden, jusqu'à la côte hindoue,
au N. de Bombay, l'autre au S. allant de Natal au cap
Xord-Ouest (Australie). L'isotherme de 20° va du Cap au
S. de Fx^ustraHe, et plus au S. les isothermes sont régu-
lièrement espacées et parallèles à l'équateur jusqu'aux
Kerguelen, où passe l'isotherme de 5°. — En mai, l'iso-
therme de 28° part de 5° lat. N. sur la côte africaine,
descend aux Seychelles, aux Chagos, et de là court droit
à l'E. jusqu'à Java. L'isotherme de 30° passe au fond de
la mer d'Oman. Celle de 25° part de Sofala (Afrique) et
aboutit au cap Nord-Ouest (Australie). Celle de 45° passe
à Nouvelle-Amsterdam, celle de 6° aux îles du Prince-
Edouard et Crozet. — En août, les isothermes de 24° et
25° sont situées sur la côte d'Arabie ; une autre ligne
de 25° passe au N. de Madagascar et rejoint FiVustralie
à liœburne. Le maximum (28°) est rejeté à l'E. sur la
côte de Sumatra. L'isotherme de 5° passe aux îles du
Prince-Edouard et Crozet, celle de 2° aux Kerguelen. —
En novembre, il existe un maximum de 28° au centre de
la partie N. de l'océan Indien, c.-à-d. au S. de la mer
d'Oman, et une autre région de 28° au centre du golfe de
Bengale. L'isotherme de 26° passe à l'entrée de la mer
Rouge ; celle de 25° part de la baie de Delagoa et atteint
l'Australie à Rœburne. Les températures des parties les
plus méridionales sont sensiblement les mêmes qu'au mois
d'août.
Pressions barométriques. Vents. — Les conditions ba-
rométriques de l'océan Indien, en raison de la ceinture
continentale qui le ferme au N., sont, beaucoup plus que
dans l'Atlantique et le Pacifique, dépendantes de réchauf-
fement des hauts plateaux asiatiques et africains. En jan-
vier et février, il y a deux zones de maxima, de 765 mil-
lim. en moyenne : l'une au fond du golfe Arabique, l'autre
entre 28° et 38° lat. S. et 52° et 400° long. E. Une ré-
gion de minima atteignant 755 millim. occupe le golfe
situé au N.-O. de l'Australie; une autre de 754 millim.
s'étend au S. des îles du Prince-Edouard. — En mai, les
deux régions de maxima (765 millim.) occupent : l'une
l'espace compris entre le cap Corrientes et Natal à l'O.
et 75^ de long. E., l'autre le désert australien et la par-
tie côtière de l'océan. Au fond du golfe Arabique et du
golfe du Bengale règne une pression minima de 755 millim.
Un autre minimum de 7 52"^^'^, 5 se trouve dans la région
des Kerguelen. — En juillet-août, une première zone de
maxima (765 millim.), fort étendue, commence sur la
côte d'Afrique, au cap Delgado, descend au S. du Cap et
atteint à l'E. le méridien de Java. Une autre zone de
765 millim. couvre les trois quarts de l'Australie. Sur
les plateaux himalayens, au contraire, la pression n'est
que de 750 millim., ainsi qu'aux îles Kerguelen. — En
novembre, on ne trouve qu'un seul maximum de 765 mil-
lim. dans la région comprise entre le tropique du Capri-
corne et 37° lat. S. et 65° et 408° de long. E. Au fond
du golfe de Bengale la pression est de 760 millim. Elle
est de 757^^"\5 sur la mer d'Arafoura et de 752"^"^, 5 aux
Kerguelen.
Du fait que l'océan Indien est fermé vers le N. et n'a
qu'une étendue relativement restreinte au N. de l'équa-
teur, il s'ensuit que l'alizé du N.-E. n'existe pas, et aussi
que l'alizé du S.-E. n'occupe une grande aire que dans
la partie orientale de l'océan. Le vent caractéristique des
m ~-
OCEAN
régions N. et 0. de Tocéan Indien, c'est la mousson (de
Tarabe mossim, saison). De novembre à mars, c.-à-d.
pendant l'été de l'hémisphère S., les plateaux du S. de
l'Afrique, fortement échauffés par les rayons perpendicu-
laires du soleil, forment un puissant foyer d'appel, et les
vents se précipitent de l'Inde vers l'Afrique : c'est la mous-
son du N.-E. Cette mousson a sensiblement la direction
que prendrait l'alizé du N.-E., mais elle en diffère en ce
qu'elle est beaucoup moins régulière et que ce n'est un
vent ni froid, ni sec. — Au printemps, le soleil revient
au-dessus de l'hémisphère N., et le foyer d'appel remonte
tout le long des plateaux africains. Au commencement de
mai, la mousson du S.-O. atteint le cap Comorin, et de
juin à septembre elle souffle sur toute l'étendue des golfes
Arabique et du Bengale. En plein océan, elle atteint sa
plus grande force de juin à août. Le résultat de ce ré-
gime de moussons est de contrarier et d'annihiler en par-
tie la force de l'alizé du S.-E. Ainsi, pendant l'été de
l'hémisphère S., c.-à-d. pendant le règne de la mousson
du N.-E., les calmes sont très fréquents dans la région de
l'océan Indien située en dehors du souffle de la mousson.
Pendant l'été de l'hémisphère N., au contraire, comme la
mousson du S.-O. occupe une aire moins grande que la
mousson du N.-E., les calmes sont très rares dans la ré-
gion où souffle l'alizé du S.-E. La limite N. de l'alizé du
S.-E. est variable et difficile à déterminer ; sa limite S.
commence sur la côte australienne par 33° lat. S. et
s'étend jusqu'à l'E. des lies Rodriguez. — Au S. de 35**
lat. S. régnent toute l'année des vents d'O. qui, dans les
hautes latitudes, atteignent leur maximum d'intensité en
automne et leur minimum en été. — Enfin, l'océan Indien
est caractérisé, au moins dans certaines parties, par la
fréquence et la violence de ses cyclones tropicaux. Ils se
produisent surtout dans la région des Mascareignes et
dans le golfe du Bengale, où ils partent, en général, des
îles Andaman, pour se diriger vers l'embouchure du
Gange.
Courants. — a. Courants de moussons. En partant de
cette considération que les courants de moussons ont pour
cause des vents de directions absolument contraires l'une
à l'autre, les anciennes cartes traçaient dans la partie N.
de l'océan Indien deux courants en sens opposé. Les faits
ne répondent pas exactement à cette figuration. En hiver,
dans le golfe du Bengale, le courant descend au S.-O. le
long de la côte de Coromandel, aspirant les eaux de la
côte de Birmanie, en sorte qu'au miheu du golfe la direc-
tion est franchement à l'O. A Ceylan, le courant se rétré-
cit, sa vitesse augmente jusqu'à 80 milles marins par jour,
et même jusqu'à 100 milles. Dans la mer d'Oman, le cou-
rant va vers TO. sur la côte du Baloutchistan, vers le S.-O.
sur la côte d'Arabie. L'eau entre alors dans la mer
Rouge, au moins en partie, tandis que le reste descend au
S.-O. le long de la côte des Somalis. Le courant franchit
l'équateur où il atteint des vitesses de 24, 48 et même
60 milles marins par jour. A l'époque de la mousson du
S.-O. , en été, le mouvement dominant, dans la mer d'Oman,
s'opère vers le N.-E. Sur la côte des Somalis et d'Ara])ie
il se produit un contre-courant venant de l'O. qui aspire
l'eau de la mer Rouge, aspiration qui se fait sentir jusque
vers le canal de Suez. En pleine mer, le courant s'infléchit
vers l'E., et, sur la côte de Malabar, vers le S. atteignant
son maximum de rapidité à Ceylan, où il parcourt 48 à
78 milles marins par jour. Dans le golfe du Bengale, les
courants sont alors très variables ; il semble toutefois que
la masse principale des eaux soit aspirée vers le S. à par-
tir de la pointe N.-O. de Sumatra.
b. Courant équatorial. C'est un courant de direction
E.-O. qui, en été, coule autour de l'archipel des Chagos
et en hiver un peu plus au S. ; sa vitesse varie entre ii et
36 milles marins par jour et elle atteint parfois 60 milles.
A la rencontre de Madagascar, le courant est partagé en
deux par l'île, vers 20° de lat. S., une branche allant au
S., l'autre au N. Cette dernière forme autour du cap de
l'Ambre un fort courant, allant d'abord au N.-O., puis à
l'O. Ce courant 0. pénètre dans la large baie de Zanzibar,
se courbe de plus en plus au N. et à l'époque de la mous-
son du S.-O. se confond .avec le courant qui remonte le
long de la côte d'Afrique. A l'époque de la mousson du
N.-E., il est rejeté vers le S. et forme la source du contre-
courant équatorial. Une branche du courant N. est déviée
au S. par le cap Delgado, et descend dans le canal de
Mozambique, où les vents la serrent contre la côte afri-
caine et la rendent dangereuse ; au cap Corrientes il a,
toute l'année, une vitesse de 40 à 69 milles par jour; le
long de la côte 0. de Madagascar remonte un contre-cou-
rant dont la vitesse est de 48 à 59 milles.
c. Contre-courant équatorial. C'est un courant de
compensation du courant sud-équatorial, toutàfait compa-
ra])le au contre-courant de Guinée. 11 s'étend entre les
îles Amirantes à l'O. et Sumatra à l'E. et l'équateur et
7° lat. S. Suivant quelques observations, il franchirait
l'Equateur vers le groupe des îles Maldives. Sur la côte
de Sumatra, une partie du courant se recourbe au N. ; la
plus grande masse tourne au S., en face du détroit de la
Sonde. Sa force moyenne est de 12 à 18 milles par jour;
elle atteint quelquefois 54 milles; mais les calmes sont
aussi très fréquents. C'est au moment de la mousson du
S.-O., alors que les eaux de la moitié N. de l'océan Indien
sont entraînées vers l'E., que le contre-courant équato-
rial atteint sa plus grande puissance.
d. Courant des Aiguilles. Il fut connu dès le xvi^ siècle
par les Portugais qui eurent à lutter contre lui dans leur
conquête de la route des Indes. C'est la suite du courant
de Mozambique et aussi, mais d'une façon moins nette,
de la branche S. du courant sud-équatorial. Depuis le
cap Corrientes, il se meut dans la direction du S.-O. avec
une très grande rapidité, atteignant toute l'année des
maxima de 100 à 110 milles par jour. Sa vitesse moyenne
est en février de 51 milles, en juillet de 46 milles. Au'
S. de l'Afrique, le courant atteint le large banc des Ai-
guilles qui lui a donné son nom ; un contre-courant se
forme alors, qui augmente encore les dangers de la navi-
gation, et le courant des Aiguilles se recourbe à l'E. ; il
reste encore très puissant sur une distance d'environ
20 milles seulement ; il rencontre alors le courant froid
venu de l'Atlantique S. et, comme nous l'avons déjà ^u
pour le Gulf-Stream, il se forme un enchevêtrement de
bandes froides et chaudes ; les différences de température
ne sont pas aussi considérables qu'au banc de Terre-Neuve ;
toutefois, il n'est pas rare de trouver, à 20 milles de dis-
tance, des écarts de 8°.
e. Courant de V Australie occidentale. W est de for-
mation analogue à celle du courant de Benguela ; il a une
direction générale S.-N. et une vitesse de 18 à 36 milles
par jour, mais qui peut descendre à un chiffre insignifiant,
comme l'a observé la Gazelle. Il y a au peu d'impor-
tance relative de ce courant diverses raisons : d'abord
la convexité de la côte australienne qui empêche le cou-
rant d'être resserré contre elle sur une longue étendue et
par là d'augmenter sa vitesse, et ensuite l'arrivée au N.
d'un courant chaud venu de la mer d'Arafoura dont une
partie, il est vrai, va rejoindre le courant sud-équatorial,
mais dont une branche longe la côte 0. de l'Austrahe du
N. au S., puis vers le S.-E., avec une vitesse que la
Gazelle a trouvée être de 16 milles par jour.
f. Courant du S. de l'océan Indien. Causé par les
grands frais d'O., il est la suite du courant de l'Atlan-
tique S. Celui-ci, un peu à l'O. du méridien du Cap, re-
monte vers le N.-E. pour atteindre la côte africaine. Mais
là il est rejeté au S. par le courant des Aiguilles, prend
une direction d'abord S.-E., puis franchement orientale
qu'il conserve dans toute la traversée de l'océan Indien.
Il occupe donc toute la région de l'océan Indien située au
S. du 35^ parallèle. Sa vitesse n'est pas considérable,
puisqu'elle n'est que de 10 milles par jour en plein océan;
mais sa constance est remarquable. Peu sensible dans la
OCÉAN
— 222 —
grande buio australienne, il atteint au détroit de Bass,
par Fadjonclioa des courants de marée, une vitesse moyenne
de 24 milles par jour. Nous avons déjà va que la ren-
contre de ce courant et du courant des Aiguilles produi-
sait une alternance de bandes chaudes et froides. La pré-
sence des eaux chaudes dure très longtemps et elle se
manifeste encore à plus de 2.300 milles à TE. du méri-
dien du cap des Aiguilles, (x'tte persistance des tempéra-
tures relativement élevées est-elle due à une branche du
courant sud-équatorial qui se recourberait au S. avant
d'aller rejoindre le courant des Aiguilles ? Le manque d'ob-
servations ne permet guère de l'affirmer. Mais il est re-
marquable que dans toute la région des îles Kerguelen et
Mac-Donald les icebergs sont très rares.
Le système des courants de l'océan Indien ne ressemble
donc pas à celui de l'Atlantique S., avec lequel il est pour-
tant le plus directement en relation. En effet, si le courant
sud-équatorial et les courants de l'extrême S. venus de
rO. sont dans les deux océans reliés ensemble pour former
un circuit, tandis que dans l'Atlantique S. le courant des
Falkland est un courant froid allant du S. au N., dans
l'oséan Indien le courant des Aiguilles est un courant chaud
allant du N. au S. Le courant des Aiguilles serait donc,
dans une certaine mesure, comparable au Gulf-Stream.
Océan Pacifique. — Géologie. Côies. — A ren-
contre de l'Atlantique et de l'océan Indien, le Pacifique pa-
rait avoir été, dès les époques géologiques les plus reculées,
une dépression fondamentale de l'écorcc terrestre. Depuis
la fm de l'époque primaire, il ne semble pas que des chan-
gements considérables soient venus modifier les conditions
générales de la dépression pacifique. Aussi est-ce sur les
bords de cet océan que l'on trouve les formes de relief les
mieux en rapport avec les théories récentes des ridements
de l'écorce teirestre. Le Pacifique est entouré d'un bour-
relet montagneux parallèle à la côte ; le plissement des
couches en a parfois provoqué la rupture, et tout autour du
Pacifique se dresse une ceinture de volcans appelée le cercle
de feu. Cependant, si la limite géologique est parfaite-
ment nette le long des deux Amériques et aussi au N.-E.
de l'Asie, si sur cet immense demi-cercle qui va du cap
Ilorn à l'extrémité S. du Japon les grandes profondeuis
océaniques sont très voisines des grandes élévations conti-
nentales, en revanche les géologues hésitent à fixer une
limite occidentale au Pacifique. Faut-il, en effet, prendre
comme suite naturelle de la chaîne japonaise les montagnes
des Philippines et de l'Australie, ou la ligne Mariannes, Caro-
lines, Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zé-
lande? Les phénomènes volcaniques de FO. sont-ils le ré-
sultat de l'effondrement du Pacifique, ou des effondrements
partiels des différentes mers secondaires ? Pour répondre à
ces questions, il faudrait connaître l'âge relatif des effondre-
ments, ce que les explorations n'ont pas encore déterminé.
Il est donc convenable de s'en tenir, au moins provisoire-
ment, aux limites qu'on a Thabitude d'assigner à l'O. du
Pacifique. — La côte américaine du Pacifique est presque
dépourvue d'articulations ; le golfe de Cafifornie au N., les
iL.^s et presqu'îles du Chili au S., marquent seuls des inden-
lations un peu prononcées ; au centre, les golfes de Panama
et du Pérou ne font qu'accentuer un peu la courbure générale
(le la côte. A l'O., au contraire, la côte Pacifique est découpée
par une quantité deniers secondaires : mer d'Okhotsk, mer
(kl Japon, mer Jaune, mers de Chine, de Java, de Célèbes, de
Banda, du Corail, deTasman. La même différence se remarque
dans la distribution des lies : alors qu'elles sont très nom-
breuses à l'O. de 'i?)l^ de long. 0., on ne trouve que
quelques îlots volcaniques dans la partie orientale. Et pour
l'hydrographie encore, alors que le Pacifique ne reçoit sur
la côte américaine que le Colorado, sur la côte australasia-
tique se jettent : PAmour, le Hoang-Ho, le Yang-Tse, le
lleiive Rouge, le Mékong, les fleuves de Bornéo et de la
Nouvelle-Guinée. Il faut remarquer toutefois que ces fleuves
de la côte occidentale débouchent tous dans des mers se-
condaires. — Enfin, ce qui achève, à la premi('»re inspec-
tion d'une carte, d'individuu'iser le Pacifujue, c'est que
s'il n'est pas, comme l'océan Indien, presque exclusive-
ment limité à Phémisphère S., il n'a pas non plus, comme
l'Atlantique, une large communication avec l'océan polaire
du N. En effet, le détroit de Bering, entre le cap Oriental
et la pointe de Barrow, n'a pas 93 kil. de large et sa pro-
fondeur moyenne n'est que de 50m. Ajoutons que lapins
grande largeur du Pacifi(|ue est de 7.400 kil., sous le
5^ degré de lat. N.
Relief et nature du fond. — Aucun océan n'a des
écueils et des bas-fonds aussi nombreux que le Pacifique;
leur position d'ailleurs, pour beaucoup d'entre eux, n'est
pas encore déterminée d'une mani(''re certaine. Quant aux
bancs de quelque étendue, ils sont situés surtout dans la
mer de Chine, dans le détroit de Torrès, sur les côtes de
Californie et du Chili. — Nous sommes très loin de pos-
séder des renseignements complets sur le refiefdufonddu
Pacifique et les cartes sont encore à ce point provisoires
(fu'il suffit parfois d'une seule exploration nouvelle pour
modifier l'idée que nous nous faisons du relief. C'est ainsi
([ue dans le Pacifique N. depuis les voyages du Tuscarora
en 1874 pour la pose d'un câble télégraphique entre la
Californie et les îles Sandwich, on avait cru pouvoir at-
tribuer une étendue énorme à la fosse dite du Tuscarora.
Les récentes explorations de VAlbatross ont montré ({ue
la zone des profondeurs dépassant 6.000 m. (maximum
6.985 m. par 52*^ 20' lat. N. et 167'^ long. 0.) ne forme
probablement qu'un sillon étroit le long des iVléoutien-
nes. En revanche, ÏAlbalross a sondé 4.435 m. par
58° 51' lat N. et 147° 45' de long. 0. ; il faut donc res-
treindre considérablement l'étendue du banc c(~)1ier qui est
situé entre Vancouver et Kodiak. Il serait -d'ailleurs pré-
maturé d'affirmer qu'il n'y a pas de très grandes profon-
deurs dans la région située plus au S., et les renseigne-
ments précis du Tuscarora n'en subsistent pas moins :
Eîitre la Californie et les îles Sandwich s'étend une grande
dépression à bords abrupts et à fond plat ; la profondeur
moyenne est de 4.400 m. et les minima de 3.600 à
5.700 m. ont été trouvés entre 23« et 24« de lat. N. et
152° et 154° de long. 0. A l'O. des Sandwich, la dépres-
sion est encore très marquée, mais le fond est beaucoup
n]{)ins uniforme. D'Honolulu aux îles Bonin, le Tuscarora
trouva entre 20^,5 et 26«,5 lat. N. et 172« long. 0. et
ni° long. E., en sondant tous les 50 milles, sept mon-
tagnes s'élevant du fond de l'océan avec des pentes très
raides; six dépassaient la surface de 2.000 à 3.000 m.
ei entre elles se trouvaient des dépressions de i.750 à
6.000 m. ; la plus grande profondeur mesurée a été de
6.010 m. par 25° 11' de lat. N. et 142° 26' de long. E.
Entre les îles Bonin et la côte S.-E. de Nippon, des hau-
teurs de 800 m. à 4.400 m. au-dessus du niveau de la
nnn^ alternent avec des dépressions allantjusqu'à 2.950 m.
— A une petite distance de la côte E. du Japon com-
mence la fosse du Tuscarora, vers le golfe de Sandy. Les
bords de la dépression sont très escarpés du côté du Japon
eî des Kouriles. La profondeui' maxima mesurée jusqu'ici
est de 8.513 m. La profondeur moyenne dépasse 7.000 m.
dans la partie occidentale; la fosse se prolonge très loin
à FE. jusqu'au S. des Aléoutiennes, mais nous avons vu
(iii'il faut considérablemeni restreindre son étendue vers
le S. — Entre les îles Bonin et File Marcus commence la
Fosse du Challenger qui a une profondeur maximale de
8. 367 m. par 11° 24' de lat. N. et 140° 56' de long. E.;
sa profondeur moyenne est de 4.200 à 5.000 m. — Au
S. do la fosse du Challenger, et séparée d'elle par le pla-
teau sous -marin qui s'étend entre les îles Carolines et les
iles Palaos, la Fosse de Nares s'étend jusqu'à l'équateur
a:i N. de la Nouvelle-Guinée. Sa profondeur moyenne est
de 4.000 m. et le point le plus profond où la sonde soit
descendue est à 4.800 m., par 0°40' de lat. N. et
116° 21' de long. E. — Droit au S. des îles Bonin, c.-à-d.
dans l'espace compris entre les Mariannes et les Philip-
pines et les îles Palaos et le S. de Nippon, se trouvent
— 2^23 —
OCEAN
une série de profondeurs atteignant 5.500 m., mais ne
formant, la plupart du temps, que des fosses étroites. —
Au S. des îles Sandwicli, entre *20o de lat. et l'équateur,
et IS^i** et 172*^ long. 0., des profondeurs de 5.000 m.
existent entre 1^27'^ et 132*^ de long. 0. Entre le fond du
golfe de Panama et les lies Galapagos, VAlbatross n'a pas
trouvé de profondeurs supérieures à 3.600 m., mais elles
s'étendent jusqu'à une très faible distance de la cote. —
La partie la plus occidentale de l'océan Pacifique est for-
mée par un certain nombre de mers adventives, véritables
compartiments en partie fermés et ne communiquant pas
librement soit entre elles, soit avec l'Océan même. Elles
sont d'ailleurs imparfaitement explorées et pour quelques-
unes nous n'avons que de très rares renseignements. La
mer de Chine est séparée du grand Océan par une bar-
rière rocheuse; sa profondeur moyenne est de 1.480 à
1.650 m. et le maximum connu atteint 3.840 m. La m^r
de Soulou ou de Mindoro, entourée de rochers et de bas-
fonds;^ a une profondeur maxima de 4.660 m. La mer de
C'JIèbes ne communique librement ([u'avec la mer de
Banda; la première atteint 4.755 m. , la seconde 5. 120 m.
de profondeur; la récente exploration du Penguin a
donné dans la mer de Banda un sondage de 6.505 m. La
nie duCorailonàQMélmv'sie a une profondeur maxima
de 4.850 m. — La mer de Tasnian, entre l'Aus-
tralie d'une part, la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-
Zélande d'autre part, renferme deux fosses profondes,
l'une au N.-E. de Brisbane, l'autre, la fosse de Thom-
son, entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont
toutes les deux une profondeur moyenne de 4.500 à
5.000 m. — Au S.-E. des îles de Tonga et Samoa, les
explorateurs de la Gazelle avaient trouvé une dépression
profonde où ils avaient opéré des sondages de 4.750 à
5.475 m. L'exploration de cette fosse des Tonga ou
iVAhlrich a été complétée par le Penguin. C'est la partie
la plus profonde, non seulement du Pacifique, mais de
toutes les mers du globe. Par 23^ 39' de lat. S. et 177o 2 1'
de long. 0., un coup de sonde a donné une profondeur
de 9.035 m. , un second coup de sonde de vérification a
donné 9.185 m. Par 28^44' de lat. S. et '178°24' de
long. 0., la profondeur, encore plus grande, a été de
9. 413 m. Deux autres sondages ont aussi dépassé 9.000 m.
et pour le reste des mesures on a trouvé des variations
de 4.000 à 7.000 m La fosse d'Aldrich paraît toutefois
n'être qu'un sillon assez étroit ; mais sa longueur est très
grande du S. au N. où elle se termine tout près de l'ar-
chipel des Samoa. — Pour la partie du Pacifique S. située
à i'E. de \?)î'^ de long. 0. nous n'avons de renseigne-
ments que par les explorations parallèles du Challenger
le long du 40^ parallèle et de la Gabelle, entre 50^ et
55*^ de lat. S., et les sondages de ÏAlert, entre Tahiti et
la côte chilienne. Ces trois séries d'observations semblent
montrer une augmentation de la profondeur du N. au S.,
de 2.800 à4.200 m. dans le Nord, jusqu'à3. 700-4.700 m.
dans le Sud. Tout le long de la côte américaine s'allonge une
fosse profonde de 5.8U0 à 6.160 m , très voisine de la côte,
et dont la déclivité est presque à pic. — Sous les hautes
latitudes, James Ross a trouvé 2.850 m. de profondeur
par 65^ de lat. S. et 170 de long. E. — En résumé,
l'état actuel de nos connaissances ne permet guère de se
faire une idée d'ensemble sur le relief du fond du Paci-
fi({ue. 11 semble que cette grande zone de dépression soit
formée d'une juxtaposition de fosses profondes, mais on
ne peut encore dire si ces fosses sont distribuées suivant
certaines lignes directrices ni jusqu'à quel point elles sont
en communication les unes avec les autres.
Si les boues de globigérines sont caractéristiques de
l'Atlantique et les boues de diatomées caractéristiques de
l'océan Indien par les grandes étendues qu'elles occupent
dans ces deux océans, le Pacifique est le domaine propre
des boues de radiolaires, au moins dans sa partie équa-
toriale. Entre 15« de lat. N. et 10° de lat. S., 142« de
long. E. et 152'' de long. 0., elles couvrent tout le fond
de l'océan même dans les très grandes profondeurs ; sur
des fonds de 8.184 m. et 8.367 m., le Challenger a
trouvé le sol formé d'un tiers de boues de radiolaires et
deux tiers de particules de peroxyde de manganèse. Plus
à I'E., cette bande se divise en deux;branches, l'une com-
prise entre 11'^ et 7^ de lat. N., l'autre entre 2° et 10«
de lat. S., jusque vers 148° de long. 0. Dans cette partie
les débris de radiolaires sont mélangés de boues de dia-
tomées, mais on n'y trouve pas de globigérines. Celles-ci
forment au contraire la totalité du fond entre les deux
bandes de boues de radiolaires, c.-à-d. entre 7'^ de lat.
N. et 2*^ de lat. S. Cette région correspond à la région
équatoriale de globigérines de l'Atlantique, mais elle pa-
raît beaucoup moins étendue. On trouve encore des boues
de globigérines dans les régions peu profondes du Pacifique
S., notamment à l'O. de la Nouvelle-Zélande, au S.-E. de
l'archipel Toubouaï et le long du 40^ parallèle, entre 1 20° et
-107'^ et 100« et 82*^ de long. 0. —A l'exception des ré-
gions équatoriales, les profondeurs de plus de 5.000 m.
sont, comme dans l'Atlantique et l'océan Indien, caracté-
risées par des argiles grises et ronges. On les a rencon-
trées surtout entre Yokohama et Hoiiolulu, entre les îles
de la Société et les îles Toubouaï et au S.-E. de celles-ci
entre 30° et 40« de lat. S. et 140° et 125° de long. 0.
Elles contiennent des fragments de ponces et de laves et
surtout des nodules de peroxyde de manganèse d'une
grosseur inconnue dans les autres océans. — Sur la route
parcourue par le Tuscarora, entre l'Amérique et les îles
Sandwich et entre celles-ci et les îles Bonin, le sol est
formé d'une boue jaune brun contenant des débris de co-
raux et des morceaux de ponces et des laves. — Dans les
mers profondes de l'O. qui sont des mers fermées, entou-
rées de grandes îles ou de masses continentales, on ne
trouve ni les boues de globigérines dans les parties peu
profondes, ni les argiles rouges d'abîmes dans les grandes
profondeurs, mais uniquement des boues d'argiles grises et
bleues qui décèlent leur origine terrestre et organique.
Salinitî:. Densité. — Les observations de salinité et
de densité sont très peu nombreuses. On a constaté un
centre de maxima, où la salinité dépasse 3,55 % entre
les îles Sandwich et les îles Bonin. De cette région vers
le N. la saUnité diminue: dans la mer de Bering, elle est
de 3,30 %; dans la mer d'Okhotsk, de 3,20 %; dans le
N.-O. du Pacifique, de 3,30 <^/o. Le contre-courant équa-
torial, par 10° de lat. N., paraît aussi correspondre aune
région de faible sahnité : 3,35 à 3,40 ^o- — H ne paraît
y avoir, sur toute la suiface du Pacifique, qu'un seul centre
de concentration de densité autour des îles de la Société.
La densité est là de 1,02719 (réduite à 15^5 C). Le
maximum est donc plus petit que celui de l'Atlantique. Le
minimum équatorial, correspondant au minimum de sali-
nité dans le contre- courant équatorial, est de 1,02485,
par 7° 26' de lat. N. Dans le Pacifique N. la plus grande
densité mesurée a été de 1,02644 par 30° 1/2 de lat.N.
environ, et sur toute l'étendue du Pacifique septentrional
les variations sont peu considérables. L'absence d'un
deuxième centre de concentration dans les régions tropi-
cales du Nord provient de cequel'ahzé du N.-E. est beau-
coup plus faible que dans l'Atlantique; l'évaporation et la
concentration sont par suite beaucoup moins fortes. Dans
les mers fermées de l'Ouest, grâce aux pluies et à l'afflux des
cours d'eau, la densité, très faible, descend à 1,0250. —
La distribution de la densité en profondeur est soumise à
la même loi que dans l'Atlantique : elle décroît depuis la
surface jusque vers 1.830 m., et de là jusqu'au fond elle
recommence à augmenter lentement.
Température. — Dans le Pacifique N., entre 55° et 20"
de lat. N., la température de surface augmente en géné-
ral, mais avec des oscillations notables de I'E. à l'O., ahisi
que le montrent les chiffres du tableau ci-après, extraits
du Manuel de Boguslawski.
Il est nécessaire d'ajouter que ces chiffres, (pii sont le
résultat des observations du luscarora et du Challenger
OCÉAN
•- 224
III
IV
VI
VII
VIII
IX
XI
XII
Loii?. O.
152° 21'
152" 51'
158° 57'
158» 45'
158° 41'
165° 43'
165° 46'
165° 45'
174° 31'
174° 8'
173° 53'
179° 8'
179° 24'
179° 30'
Lonp:. E.
170° 44'
172° 11'
171° 23'
161° 6'
164° 15'
163° 53'
158° 48'
159° 32'
159° 30'
155° 1'
155° 22'
15 i° 52'
153° 5'
151" 19'
151° 4G'
145° 28'
144° 49'
115° 27'
138° 12'
138° 2'
138° 7'
Lat. N.
53° 55'
23° 10'
53° 16'
38° 9'
21° 43'
51° 31'
37° 37'
20° 25'
Te ni p. de
surface
10°.! C.
22°:7
13°,4 C.
19°.8
23°.2
52" 58'
37° 59'
20° 41'
52° 11'
37° 41'
21° 21'
Lat. N.
52° H'
36° 23'
22° 1'
51° 47'
35° 24'
22° 59'
51°
6'
35"
29'
23°
31'
49°
23'
35°
41'
23°
6'
48°
21'
35°
20'
21°
20'
42°
34'
35°
18'
25°
51'
5°,9 C.
18°,3
23°,6
8°.6C.
18°:4
23°.6
6°.2 C.
20°:7
22°.9
Temp. de
surface
7°,7 C.
20°.6
22°,8
7''.8C.
2l°.7
23°. 9
6°, 6 G.
20",3
21°,4
6».2 C.
20°. 6
2 4°, 2
6°,6C.
18°,2
22°. 7
10°.6C.
21°.'2
22°,9
34° 37'
37° 58'
22° 1'
22°,8 C.
20°.0
25",8
ne représentent que des séries uniques de mesures et que
les relevés ont été faits dans une saison plus avancée,
sous les latitudes de oo° et de 3o^, que sous les latitudes
tropicales. On voit par là comljien sont précaires les con-
clusions que l'on peut en tirer. Dans cette partie N. du
Pacifique, comme dans le N. de l'Atlantique, les condi-
tions de température sont encore compliquées par l'exis-
tence de deux courants : l'un chaud, le Kouro-Sivo; l'autre
froid, le Oya-Sivo. Comme le Gulf-Stream, le Kouro-Sivo
est formé de bandes alternatives, froides et chaudes, et
si la séparation est encore assez facile à établir le long
du Japon, cela est beaucoup plus difficile à mesure que
le courant remonte vers le N.-E. Les bandes chaudes du
Kouro-Sivo sont d'ailleurs, en général, moins chaudes de
2« ou 3^ que celles du Gulf-Stream, et cette différence se
maintient jusque dans les couches les plus profondes de
l'eau en mouvement. — Dans la partie intertropicale, la
température de l'eau de surface est en général un peu
plus basse (O'^,o à 1° de différence) au centre qu'à TO.
Cette température oscille entre 26*^ et 27^^, les maxima
se trouvant au voisinage de la côte N. de la Nouvelle-
Guinée. — Dans le Pacifique S., dont les conditions de
température sont plus mal connues encore, la Gazelle a
constaté qu'entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande et 28*^
et 33^ de lat. S. les eaux étaient protégées contre le re-
froidissement venant des eaux du S. par l'élévation géné-
rale du fond. Mais plus au S., entre 34« et oS*', le Chal-
lenger a remarqué une influence prépondérante des eaux
antarctiques, qui se fait sentir davantage encore sous Le
méridien des lies Samoa. — Pour la distribution verticale
de la température, on peut distinguer dans chaque partie
N. et S. du Pacifique trois zones : orientale, centrale et
occidentale. Partout, jusqu'à 1.830 m., profondeur au
delà de laquelle les observations sont trop peu nombreuses,
l'eau du Pacifique N. est plus froide que l'eau du Paci-
fique S. Cependant, entre 20« de lat. N. et 20« de lat. S.,
à partir de 725 m., l'eau est plus chaude au N. qu'auS.,
et à partir de 4.450 m. il y a sensiblement égalité de
température. Dans cette même bande inter tropicale, jus-
qu'à 1.500 m., l'eau est plus chaude à l'O. qu'à l'E.
Entre 20« et 40« de lat. N., jusqu'à 2.745 m., l'eau est
également plus chaude à l'O. qu'à l'E. Dans le Pacifiques.,
de 20« à 40^ l'eau de l'O. est au contraire plus froide
que celle du centre et de l'E., au moins jusqu'à 365 m.
Mais les conditions ordinaires des eaux pacifiques se re-
trouvent entre 365 et 1,830 m., où l'eau de la partie
occidentale est plus chaude. — Sur le sol même du Paci-
fique, dans les fonds déplus de 4.000 m., la température
est assez uniforme. Dans la région tropicale, au N. de
l'équateur et vers le centre du Pacifique, la température
moyenne est de 0«,95, tandis que dans l'O. elle est de
1^22. La même différence se remarque au S. de l'équa-
teur ; dans la partie centrale, la température movenne
est de 0^,8, dans l'O. elle est de 1«,8, sauf au fond'^de la
mer du Corail dont nous donnerons plus loin les condi-
tions spéciales. Dans le Pacifique N., entre 20« et 40^ de
lat. N., la température du fond est de 1«,8 entre la Nou-
velle-Guinée et le Japon ; au centre, elle est en movenne
de 1« ; à FE., elle n'est que de 0«,8. Au N. de 40o,près
des Kouriles, on trouve — 0«, 4 à 3.500 m., et à TE. de
Yéso — 0«,1 à 2.960 m. — Dans le Pacifique S., entre
l'Australie et la Nouvelle-Zélande, la température est
uniformément de 0o,6 entre 4.000 et 4.750 m. Au centre,
elle est de 0«,5 à 5.300 m., à l'E. de 0«,7 à 0^,9 dans
les fonds qui dépassent 4.000 m. Au S. du 40« parallèle,
la température du fond ne diminue pas sensiblement; elle
oscille de 0«,7 à 1«,1 entre 4.275 et 4.750 m. —Il faut
mentionner à part, dans une étude de la distribution ver-
ticale de la température, les conditions qui régnent au
sein des mers fermées de l'O. Comme il arrive pour la
Méditerranée latine, la température décroît normalement
avec la profondeur tant que la mer adventive est en com-
munication avec le plein Océan. A partir du moment où
Ton atteint la profondeur des seuils de limitation, la tem-
pérature reste constante jusqu'au fond. Dans la mer de
Chine, la température de surface est en moyenne de 24«;
elle descend à 2«,3-2«,8 entre 1.100 et 1.650 m. et reste
alors uniforme jusqu'au fond qui est à 3.840 m. — Nous
avons déjà vu que dans les fosses situées entre les Ma-
riannes, les Philippines, la Nouvelle-Guinée et le Japon,
la température du fond est de 1^,8, mais cette tempéra-
ture est atteinte dès 2.375-2.745 m. — A la surface de
la îuer de Soiilou, la température est de 28«,6; elle reste
uniformément de 10^,2 à partir de 730 m. jusqu'au fond,
à 4.663 m. — Dans la mer de Célèbes, h température
descend de 29*^,4 à la surface à 3«,7 vers 1.300 m.; elle
se maintient là jusqu'au fond à 4.755 m. — Dans la
mer de Banda, on trouve 28^5 à la surface et 2<^,9 de
1.640 m. à 5.120 m. — Enfin, dans la mer du Corail,
la température minima de 1^^,7-10,8 est constante de
2.470 m. à plus de 4.000 m. — Si l'on compare les
températures de l'Atlantique et du Pacifique, on constate
que l'eau du Pacifique N. est plus froide que celle de
l'Atlantique N., que l'eau du Pacifique S. est plus chaude
^ue celle de l'Atlantique S. jusqu'à 1.300 m., mais qu'à
partir de là elle est plus froide ; que les températures du
fond sont en général plus basses dans le Pacifique que
dans l'Atlantique.
Pression barométrique. Vents. — Pendant l'hiver il y
a sur le Pacifique trois régions de maxima : l'une, de 765-
767 millim. au N.-O. des îles Hawaï; une seconde, de
765 millim. près de la côte E. de l'Asie ; une troisième,
de 768 millim. le long de la côte de l'Amérique du Sud
225
OCEAN
Pendant la même saison, les minima sont situés : à TE.
du Kamtchatka (752 millim.) et dans la zone équatoriale
(760-757 millim.). En été, nous ne trouvons plus que
deux zones de maxima: dans le Pacifique N., entre 180^
et d30^ de long. 0. (765-767 millim.); sur toute la lar-
geur du Pacifique S., entre 20*^ et 30" de lat. S. (765 mil-
lim.). Une région de minima atteignant à peine 760 mil-
lim. s'étend le long de réquateur ; une autre de 740 millim.
se rencontre vers le 60^ parallèle. — Le régime des vents
du Pacifique est encore assez mal connu. Dans le Pacifique
N., les vents dominants soufflent du N. et duN.-O., le long
de la côtp asiatique ; ils viennent franchement de l'O.
quand on s'approche de la côte américaine. Dans le Paci-
fique S., les vents d'O. soufflent toute l'année. Le régime
de la région intertropicale présente quelques différences
avec celui de l'Atlantique sous les mêmes latitudes. Pen-
dant l'été de l'hémisphère N., l'air est fortement attiré
vers l'Asie dans la région 0. ; les vents sont alors de vé-
ritables moussons. L'alizé du N.-E. est moins puissantque
dans l'Atlantique et il franchit l'équateur en hiver ; par
contre, l'alizé du S.-E. le franchit à son tour en été.
Cette alternance est due à l'influence régulatrice de la
grande étendue océanique qui rapproche sensiblement
l'équateur thermique de l'équateur géographique, alors
que dans l'Atlantique l'équateur thermique occupe tou-
jours une position plus septentrionale.
Courants. — Courant nord-équaiorial . Résultat de
l'alizé du N.-E., il s'étend du 120« de long. 0. jusqu'aux
Philippines. Sa vitesse, très régulière, est en moyenne de
12 à '18 milles par jour, avec de très faibles oscillations
et des calmes très rares. Il augmente de vitesse en appro-
chant des îles Marshall et Carolines, et. avant d'atteindre
les Philippines, il est fortement dévié vers le N. en aug-
mentant sa vitesse jusqu'à 42 milles par jour.
Courant sud-équatorial. Dans sa partie orientale il
présente de grandes analogies avec le courant correspon-
dant de l'Atlantique. Comme lui, il franchit l'équateur et
atteint o" à 6" de lat. N. C'est aussi sur son bord septen-
trional qu'il est le plus rapide, avec une vitesse moyenne
' de 24 à 25 milles par jour, mais ([ui est souvent doublée
et qui va parfois à 80 ou 100 milles. Vers la région des
îles Marquises et de la Société, le courant redescend tout
entier au S. de l'équateur, et il est alors nécessaire d'y
distinguer deux parties séparées par une ligne qui join-
drait les îles Samoa à la Nouvelle-Calédonie. Au N.-O. de
cette ligne, quoique le courant soit brisé et ralenti par la
rencontre de nombreuses îles, il conserve dans l'ensemble
une direction E. -0. , et une vitesse moyenne de i 2 à 14 milles
par jour. Au S. de la ligne Samoa-Nouvelle-Calédonie,
le courant est plus mal connu, et il paraît être beaucoup
plus irrégulier. Entre les Samoa et les Tonga une branche
tourne au S.-O., puis au S. Entre les îles Tonga etKer-
madec, nouvelle dérivation vers le S., et enfin entre les
îles Tonga et la Nouvelle-Calédonie la dernière partie du
courant s'infléchit au S.-O. Il y a donc pour cette partie
du courant sud-équatorial une série de dérivations succes-
sives.
Contre-courant équatorial. Ce courant, dont on a
autrefois contesté l'existence, est au contraire, selon les
plus récentes observations, très régulier et très puissant.
En été, il est plus fort que le courant nord-équatorial et
il ne cesse pas, même en hiver, quand la réunion des deux
ahzés le réduit à son minimum. Il commence non loin des
Philippines et coule entre 5« et i0« N. jusqu'au golfe de
Panama. Il ne se recourbe pas vers le S., comme le contre-
courant de Guinée, mais vers le N.-O. En hiver cepen-
dant, on constate un courant allant vers le S.-E. ; mais
c'est un empiétement du courant froid de Californie, et il n'y
a pas là, au dire des explorateurs les plus récents, de
courants alternatifs de moussons, comme l'indique la carte
de Berghaus. La vitesse du contre- courant équatorial at-
teint souvent 60 milles par jour.
Courant du Japon et Kouro-Sivo. Le courant du
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
Japon est la suite du courant nord-équatorial. Celui-ci, dé-
tourné vers le N. par la rencontre des Philippines, s'in-
fléchit davantage à l'E., après avoir suivi la côte E. de
Formose, où il a une vitesse moyenne de 24 à 42 milles
par jour. Il est là strictement limité et ne s'étend pas plus
loin à l'E. que l'île Maïacochima ; il laisse les Riou-Kiou
à gauche; sa masse principale s'infléchit à l'E., tandis
qu'une branche remonte vers le N., à l'O. de Kiou-Siou.
A partir du 160° de long. E., le courant, alors fortétendu
en superficie, mais diminué en puissance, est repris par
les vents généraux d'O. comme il arrive pour le Gulf-
Stream. Les analogies sont d'ailleurs nombreuses tout le
long du parcours : le Kouro-Sivo est, lui aussi, d'une
salinité très forte et d'une couleur bleue intense ; il n'est
pas formé d'un courant unique, mais de bandes chaudes
entre lesquelles s'intercalent des bandes froides ; enfin la
position de ces bandes est variable: les vents d'E. les rap-
prochent de la côte asiatique, tandis que les vents d'O.
les en éloignent.
Courant de Californie. Ce courant, analogue au
courant des Canaries par sa direction et son rôle, est
extraordinairement froid. Pendant l'hiver, sa direction et
sa force sont très irrégulières, mais il existe toute l'an-
née. Sa vitesse moyenne est évaluée à 14 milles par jour;
mais elle peut atteindre, dans sa partie S., 30 à 36 milles.
Courants froids du Pacifique N. Mal connus en ce
qui concerne leurs conditions de vitesse et de tempéra-
ture, leur existence n'en est pas moins certaine. Elle est
témoignée dans la mer de Bering et la mer d'Okhotsk par
un mouvement de dérive des glaces vers le S., lent à la
vérité. La rotation de la terre dévie ces courants à droite
et leur fait raser la côte asiatique, où ils entraînent avec
eux les eaux douces de l'Amour.
Couî-ant de l'Australie orientale. Malgré l'alter-
nance des vents qui soufflent du N.-E. et du S.-O. en
hiver, il règne toute l'année, le long de la côte austra-
lienne, un courant de direction et de force sensiblement
constantes, s'étendant jusqu'à une distance de 20 à 60 milles
du rivage. La vitesse est de un demi-nœud à 3 nœuds à
l'heure. Le long de la côte, et surtout dans les anfractuo-
sités, des contre-courants se produisent. Il semble qu'il
faille expliquer ce courant constant et relativement chaud
par un recourbement du courant sud-équatorial à sa ren-
contre de la côte australienne.
Courants du Pacifique S., du cap Ho m et du
Pérou. Sous les hautes latitudes règne naturellement un
courant constant d'O. en E., suite de ceux qui parcourent
l'Atlantique et l'océan Indien. Mais, entre 40° et 45'' lat. S.,
la direction O.-E. n'est pas constante et il semble que des
branches se détachent vers le N. allant à la rencontre des
branches détachées successivement du courant sud-équato-
rial. Ces courants de direction N.-E. se font sentir d'abord
des deux côtés de l'archipel néo-zélandais, puis entre 180^
et 160*^ de long. 0. ; enfin, près de la côte américaine.
Ici la complication est plus grande encore ; car, si le cou-
rant froid du Pérou ou de Humboldt semble bien une dé-
viation vers le N. du grand courant d'O. en E., le courant
du cap Horn, qui a la même direction que le courant gé-
néral, est un courant relativement chaud. C'est sans doute
à lui qu'il faut attribuer la rareté relative des icebergs
dans ces parages, et il est peut-être la suite de la pre-
mière déviation du courant sud-équatorial à la rencontre
des îles Marquises. — Ainsi, ce qui caractérise la circu-
lation dans le Pacifique et ce ({ui le différencie de l'Atlan-
tique et de l'océan Indien, c'est l'existence, dans l'hémis-
phère S., d'un Système complexe de circuits enchevêtrés
les uns dans les autres. En outre, si le Pacifique N. a,
comme l'Atlantique N., un circuit fermé de courants, en
raison de la barrière formée par le détroit de Bering, le s
eaux chaudes du Kouro-Sivo ne pénètrent pas dans la mer
Polaire.
Océan Arctique. — Explorations. — Notre con-
naissance de la mer glacée du Nord n'a commencé qu'au
15
OCEAN
— 226
xvi^ siècle, le souvenir des établissements Scandinaves au
Grœnland ayant presque disparu dès le xiii® siècle. Mais,
jusqu'au commencement du siècle présent, les recherches
ne furent à peu près jamais faites dans un intérêt scien-
tifique. Les récits de Marco Polo sur les richesses de
l'Orient, la découverte de la route des Indes par les Por-
tugais, de l'Amérique par les Espagnols, excitèrent des
convoitises commerciales. Ce qu'on chercha, ce fut un pas-
sage vers les Indes. On s'attaqua d'abord au passage du
N.-O. ; le peu de résultats obtenus par Cabot, CorteReal,
Verazzano, Cartier, détermina, vers le N.-E., les entre-
prises de Willoughby, Chancellor et Burrough. Puis Fro-
bisher, Davis, Hudson, Burton, Baffin, Fox essayèrent de
nouveau de reprendre la route du N.-O. Ils n'y parvinrent
pas, mais on obtint par eux une première connaissance des
détroits qui donnent entrée sur l'archipel américain. La ten-
tative de Barendsz, qui eut des résultats considérables, i
elle ne parvint pas à découvrir le passage, marque la fin
des efforts du côté de l'ancien continent avant notre siècle.
Les explorations des Cosaques en eflet, la grande expé-
dition du Nord organisée par Pierre le Grand et dont le
voyage de Bering n'était qu'une partie, furent simplement
des voyages de délimitation. La seule tentative faite en vue
d'atteindre le pôle fut celle de Hudson qui, en 4607,
remonta le long de la côte E. du Grœnland. — A partir
du troisième voyage de Cook (4776-79), les explorations
ont toutes, au contraire, un but scientifique. En 4848,
l'amirauté anglaise envoya John Ross etParry pour chercher
le passage du N.-O. Ils arrivèrent au 77° lat. N. et re-
vinrent, Ross convaincu que le passage n'existait pas,
Parry convaincu du contraire. 11 s'ensuivit trois autres
voyages de Parry et un de Ross, voyages qui eurent des
résultats importants, mais qui ne changèrent rien aux
convictions des deux voyageurs. La découverte du passage
est due aux explorations faites pour retrouver Franklin.
Le passage est d'ailleurs impraticable. Le passage du N.-E.
au contraire, qui est une véritable route vers l'extrême
Orient, ne fut presque pas recherché, et il faut arriver
jusqu'à Nordenskjôld pour sa découverte.
Mais les voyages de la première moitié du siècle, aussi
bien ceux du N.-O. que ceux de Hedenstrom, Anjou et Wran-
gel au N.-E., semblèrent confirmer l'opinion déjcà ancienne
que les espaces polaires étaient occupés par une mer libre,
la Polynia. Le voyage de l'Américain Kane au N. de la
baie de Baffin, en 4853-55, qui affirma l'existence de h
mer libre sur le rapport de son stewart Morton, eut une
grande influence sur les théories géographiques. Celte idée
fut adoptée avec enthousiasme par les principaux géo-
graphes de l'époque, Behm, Maury et surtout Pelermann.
La recherche de la inerlil^re inspira toutes les expéditions
jusqu'à l'échec retentibsanidu Tegellhoff qui, ayant tenté
de parvenir au N. en suivant le courant chaud venu de
l'Atlantique, fut pris par les glaces le jour même de son
entrée dans le pack, le 24 août 4872. La perte de la
Jeannette prouva, une fois de plus, que la glace n'est
aussi compacte que dans le voisinage du courant chaud.
Petermann lui-même abandonna l'idée d'une mer libre. Il
faut arriver jusqu'au projet de Nansen, en 4890, pour
retrouver une tentative aventureuse faite d'après des
théories : la dérive de la Jeannette, qui, entrée par le
détroit de Bering, avait été retrouvée au Grœnland, ins-
pira à Nansen l'idée de s'avancer le plus loin possible en
partant du détroit de Bering, de se faire prendre par les
glaces avec un navire solidement construit et de se laisser
porter par elles. Le projet, combattu par Nares, par Mar-
kham, par Nordenskjôld. est le premier éont Laccomplis-
sement n'ait pas donné Heu à une désillusion : le Fra)7i
se compoi'ta exactement comme Nansen l'avait prévu ; le
pôle Nord n'est pas découverl, il est vi'ai, mais la déter-
mination de ce point précis n'a plus désormais qu'un in-
térêt secondaire.
CôrES, Profondelrs, — il est tout à fait impossible
d'esquisser l'histoire géologique de l'océan Arctique avec
le peu de renseignements que nous possédons. C'est à peine
si nous avons quelques notions précises sur son état actuel.
Sur la moitié 0. de la côte américaine et la moitié E. de
la côte asiatique, on ne trouve pas d'articulations et les
îles sont peu nombreuses : archipel de la Nouvelle-Sibé-
rie, Terre de Wrangel. Le reste du pourtour est au con-
traire fortement indenté : golfe de l'Obi, mer Blanche,
baie d'Hudson, et les îles sont nombreuses (V. Polaires
[Régions]).
L'océan Arctique est une mer fermée sur presque
tout son pourtour ; il ne communique avec le Pacifique
que par le détroit pou profond et resserré de Bering ;
il n'est ^ véritablement ouvert que du côté de l'Atlan-
tique. L'océan Arctique est une mer profonde. Avant le
voyage de Nansen on savait déjà que la mer de Nor-
vège atteignait 3.600 m. entre la Norvège, l'Islande et
Jan Mayen et 4.800 m. entre le Spitzberg et le Grœn-
land; dans la mer de Baffin, Ross et Parry avaient aussi
trouvé des profondeurs dépassant 4.800 m.; mais la mer
de Barendsz a un fond plat situé en moyenne à 200 m, de
profondeur, la mer de Kara atteint rarement 700 m.; dans
la mer de Sibérie, Nordenskjôld a trouvé une profondeur
moyenne de 30 à 60 m. et des maxima de 400 à 478 m.
à l'E. du cap Tcheliouskin ; au N. du détroit de Bering,
le fond n'est pas à 50 m,; dans les détroits de l'archipel
américain, la profondeur moyenne est de 4 20 à 300 m. On
croyait donc que ces conditions restaient sensiblement les
mômes sur toute la surface de l'océan Arctique, et Nansen
n'avait emporté que des sondes ordinaires, destinées aux
faibles profondeurs; pendant tout le voyage du Fram on
trouva des profondeurs de plus de 3.0Ô0'm. et il arriva
souvent que les fils de sonde, déroulés jusqu'à plus de
4 kil., cassèrent avant qu'on n'eût atteint le fond. — Nous
n'avons presque pas de renseignements sur la nature même
de ce fond ; dans la mer de Norvège, à partir de 4 .800 m. ,
on trouve une bouilhe Hmoneuse contenant de nombreuses
coquilles de foraminifères ; autour de Jan Mayen, la boue
noirâtre semble indiquer une origine volcanique.
Saltmté. Densité. — Dans la mer de Norvège la den-
sité décroît quand on avance vers le N. Aux Feroë, elle
est de 4,0270, avec une salinité de 3,35 %; à l'île des
Ours, elle est de 4,0267; plus au N., on l'a trouvée de
4,0264. Le phénomène s'explique probablement par la
fonte de la glace, les observations ayant toutes été faites
en été. Dans les profondeurs la densité est assez forte
entre l'Islande et la xXorvège; elle décroît également vers
le N. L'eau de la mer Blanche et de la mer de Sibérie,
grâce à l'apport des fleuves, est très peu dense (4,04)'
La densité est encore moindre à la surface des détroits de
rai'chipel américain; elle descend là jusqu'à 4,00217 et
même 4,00037; elle augmente de nouveau, il est vrai,
avec la profondeur, mais oi-i n'a pas trouvé de densité su-
périeure à 4,0246. Pour l'intérieur polaire lui-même, la
publication des résultats scientifiques de l'expédition' de
Nansen fournira sans doute les premières densités pré-
cises.
Température. Glace. — C'est encore dans les parties
de l'océan Arctique qui communiquent avec l'Atlantique
que les conditions de température sont les mieux connues ;
elles sont d'aifleurs en relation directe avec celles de
l'Atlantique. Dans le canal des Danois, on trouve un enche-
vêtrement de couches froides et relativement chaudes qui
continue l'état observé dans le Gulf-Strcam dont le cou-
rant dlrminger n'est qu'uue branche. Immédiatement au
N. de 1 Islande, Feau a encore une température de -j- o^
sur les fonds de 300 m,, tandis qu'à 20 kiL plus au N.
l'eau est au point de glace entre 300 et 400 m. Dans la
mer de Norvège, Farete sous-marine qui va des Feroé à
l'Islande forme une première séparation entre les eaux
chaudes de l'Atlantique et les eaux froides du N. Mais la
séparation n'est pas complète, puisque entre l'Islande et
Jan Mayen on trouve quatre couches alternativement
chaudes et froides. L'ensemble des deux premières couches
-- m —
OCEAN
a une épaisseur de 100 m, environ; la température des-
cend au-dessous de 0°; puis une nouvelle élévation de
température porte l'eau à -{- 1°; vers 400 m. elle est à
— 1°, et elle continue de se refroidir. Les plus basses
températures observées sur des fonds de i.900 à 3.630 m.
ont été de — l'^,4 et — 1^,7 entre le Cxrœnland et Jan
Mayen d'une part, entre la Norvège et le Spitzberg d'autre
part. Il est remarquable que toute l'Islande, les Feroë,
la côte norvégienne, Jan Mayen, l'île des Ours, la côte 0.
du Spitzberg sont entourées jusqu'au fond d'une couche
d'eau chaude (supérieure à 0«); c'est ce qui explique la
douceur relative de leur cUmat en hiver. Dans la mer de
Barendsz, les explorateurs du Jegetthoff, Payer et Wey-
precht, ont observé que l'eau était plus froide en été qu'en
hiver, ce que Weyprecht explique par l'arrêt des courants
chauds en été, arrêt causé par l'afflux des courants de
fonte des glaces venant de la mer de Sibérie, et qui, éle-
vant le niveau, déterminent un écoulement général des
eaux vers le S. Dans la mer de Sibérie, Nordenskjôld et
Palander ont observé presque partout que la température
de 0^ était atteinte très rapidement (entre 3 et 10 m.) ; entre
30 et 52 m., la température oscille entre— -1" et — 2*^,4.
Dans le détroit de Bering, la température sur la côte amé-
ricaine est supérieure de 6^ à S'^ à celle qu'on trouve sur
la côte asiatique (11° à 3"-5°). 11 faut sans doute attri-
buer ce phénomène à une branche du Kouro-Sivo qui re-
monterait le long de la côte de l'Alaska. Dans les détroits
de l'archipel américain, en raison du peu de largeur, le
mélange des eaux froides et chaudes se fait plutôt par
couches verticales que par juxtaposition de bandes super-
ficielles. C'est ainsi que le Polaris a mesuré dans le canal
de Robeson les températures suivantes :
— 1° — 0°,.
~o^2 o^o
90"^
l-OM
1^25»^ 370"^
_}_oo,6 ^-o^4.
Pour l'intérieur polaire, nous attendons encore la publi-
cation des observations scientifiques de Nanscn ; on seiit
toutefois que pendant toute la dérive du Fram la tempé-
rature des étés fut très basse, se tenant généralement vers
0° et s'élevant rarement à + 4° ; le maximum observé a
été de 4°, 44. L'eau de surface est aune température infé-
rieure à — 2*^; mais à partir de 200 m. la température
se relève, atteint -h 0^,5 et reste jusqu'à 3. 000 et 4. 000 m.,
beaucoup plus forte qu'on ne le croyait.
La nature de la glace de mer et les conditions dans les-
quelles elle se forme ont été expliquées à l'art. Mer. La
limite méridionale du pack est mal déterminée pour l'hi-
ver. En été, elle descend à 50^ lat. N. sur la côte du
Labrador, remonte vers le N. jusqu'au détroit de Davis,
s'infléchit au S. jusqu'à oO milles du cap Farewel, remonte
au N. le long de la côte E. du Groenland, passe à l'O. de
l'Islande et se dirige vers le Spitzberg; le cap S. du Spitz-
berg est en général glacé au commencement de l'été, tan-
dis que la côte 0. est libre ; la ligne délimite atteint ensuite
la Nouvelle-Zemble et elle laisse, au N. de la Sibérie et
du détroit de Bering, un chenal li.bre dont la largeur est
inconnue. Sous les plus hautes latitudes, on ne trouve ni
une mer libre, ni une calotte de glace compacte, mais des
champs de glace qui dérivent, se soudent les uns aux
autres et se fragmentent de nouveau.
Yents. Courants. — Il est encore impossible de carac-
tériser la directioji générale des vents au-dessus deTocéaji
Arctique, et l'éeheiî d'Andrée n'est pus fait poiii' conflr-
m.erles théories émises jusqu'ici. Le Fra}}i a bien étéporlé,
dans la première partie de son vo.yagc, par des vents souf-
llant du S. à partir du détroit de Bering. Mais vers 80'^' de
lat. N., le sens de la dérive n'indique plus rien sur la direc-
tion du vent, puisque le navire était alors porté par un cou-
rant. — Les courants de l'océan Arctique sont eux-mêmes
très mal connus. Vers l'Atlantiifue existe certainement \m
courant de sortie, le courant du Groenland, dont la puis-
sance, contrariée à la surface par les courants de l'Atlan-
tique, paraît croître avec la profondeur. Le courant du
Labrador, qui joue un rôle analogue, est surtout connu
dans sa partie atlantique, et l'on ne sait rien de ses ori-
gines polaires. Au N. du détroit de Bering, les dérives
parallèles de la Jeannette et du Fram prouvent l'exis-
tence d'un mouvement général des eaux vers l'Atlantique;
mais la source de ce courant est mal déterminée et il n'est
vraiment caractéristique qu'à partir de 80*^ de long. E.
Nansen croit que son existence prouve, vers le N., l'exis-
tence d'une grande étendue maritime, sans interposition
de terres.
Océan Antarctique. — De cet océan nous savons
fort peu de choses. Les explorations ont d'ailleurs été
peu nombreuses. Pendant la grande période de décou-
vertes qui va de la fm du xviii® siècle au miheu duxix®, la
mer poloaire du S. ne fut guère visitée que par Cook(1773),
Bellinsghausen {'1819-21), Dumont-d'Urville (1838-40),
James Ross (1839-43). Il faut ensuite aller jusqu'à 1874
pour trouver une incursion du Challenger dans ces pa-
rages. Mais les résultats de cette expédition ont engagé
Murray à provoquer de nouvelles recherches faites par le
Jason en 1893, VAntarctic en 1893; enfin, en 1897, un
navire belge, la Behjica, est parti avec un personnel
choisi et des instruments perfectionnés pour séjourner
dans les mers australes.
Les sondages de James Ross qui n'avaient nulle part
révélé des profondeurs de plus de 1.000 m., les houes
bleues recueillies parle Challenger au voisinage du cercle
polaire, avaient fait conclure à l'existence d'un continent
austral. Ce continent semble avoir été atteint par VAn-
tarctic au cap xVdare, par 71^ 33' de lat. S. On a re-
cueilli à cet endroit des granitoïdes, alors ([ue Ross n'avait
constaté dans les mêmes parages que des débris volca-
niques. — Les températures de l'air observées par Ross
en 1841 et par VAntarctic en 1895 ne concordent pas :
CIIIFFlUvS DE
Minimum a])solu
Maximum —
Moyenne de 00'^
à 68» lat. . .
Moyenne de 73*^
à 78*^ lat. . .
10",3
o^3
0»,9
CHIFFRES DE i/Antarctic
Minimum absolu. . — 2^,8
Maximum — .. -|-G",I
Moyenne à 66*^ lat. 0'\0
"— de 70*^ à
74Mat -~0«,2
A la surface.. .
.. -»-l«,7
A 366 m
. . ~0«,8
A 550 m
. . —0^1
Il semble que les premières observations aient été faites
dans une année particulièrement froide et les secondes
dans une année particulièrement chaude. Dans l'eau, le
Challenger a trouvé des couches alternatives, chaudes et
froides. Vers 62^,5 de lat. S., il a mesuré :
A 730 m +0»,4
A 900 m 0»,0
A 2.063 m. (fond) — 2«
VAntarctic a observé que la température de l'eau était
plus basse entre 65'' et 68° qu'au delà de 70°. C'est
d'ailleurs au S. de la Nouvelle-Zélande que le pack
semble le plus facilement franchissable. Ross atteignit là
IS^^'W. VAntarctic s'arrêta à 74^10', mais lès rap-
ports de Borchgreviidi et Imstensen constatent qu'ils au-
raient pu s'avancer beaucoup plus loin. Dans la direction
opposée, c.-à-d. au S. de l'Atlantique, Ross parvint aussi
à pénétrer jusqu'à 71'^31^ Mais partout ailleurs le pack
semble fci'nié dès l(\s environs (bi cercle polaire. Les glaces
de dérive remonleiit dans les trois océans au N. du l'î)^])a~
rallèle ; on obbcrve, ('(U'taines années, une telle quantité
d(» ces glaces qu'on a cru pouvoir l'attribuer à une rup-
ture partielle du pack par des secousses de tremblements
de terre. Ludovic Marchand.
BiBE. _: Pour les ouvrages généraux, V. JMbl. de l'arL
Mer. Ajouter : Ericii voxV Djiygalski, Die Eishcw'Cijiivij.
ihrc plLysiliiillsclien UrsacJien luid ihro geographischrn
WLrJmngen,dânfi Pet. MUteilumjen, 1898.— Haas, GriDid-
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OCEAN lA (ZooL). Type d'un groupe de petites Mé-
duses, les Océanides, appelées encore Phialidées; ce sont
des Leptoméduses, c.-à-d. des Méduses issues d'Hydroides
calyptoblastiques. Le manubrium, chez ces animaux, est
sessile ; ils présentent 4 canaux radiaux simples ; il existe
12 à 100 otocytes et plus. Principaux genres : Phialis,
Phialium, PhialicUum, Milrocoma, Halopsis. On ne
connaît encore (ju'un petit nombre d'Hyclraires auxquels
on puisse rattacher les nombreuses espèces de ce groupe
et il en est, sans doute, pour lesquelles le développement
est direct, par abréviation. R. Moniez.
OCÉANIDES (V. Nymphe).
OCÉAN lE. Limites. — D'une façon générale, on entend
par Océanie l'ensemble des terres insulaires comprises,
dans le Pacifique, entre les deux tropiques. Maison éprouve
une certaine difficulté à établir les limites précises dans
lesquelles on veut se renfermer. Il est hors de doute que
l'Australie doit être mise à part. Mais, d'abord, la limite
des tropiques n'a rien d'absolu ; un certain nombre d'îles
du groupe des Sandwich et de l'archipel de Magellan sont
au N. du tropique du Cancer; bien au S. du tropique du
Capricorne s'étend l'archipel de la Nouvelle-Zélande avec
ses dépendances. A LE., les îles Galapagos dépendent évi-
demment de l'Amérique. Mais c'est surtout à l'O. qu'il
est difficile de faire la séparation entre l'Asie et l'Océanie.
On comprenait autrefois dans l'Océanie toutes les grandes
îles : les Philippines, Bornéo, Java, Célèbes, les Mo-
luques, 'etc. Aujourd'hui, on en fait le plus souvent un
monde distinct qu'on appelle Insulinde et qui correspond
à l'ancienne Malaisie. Nous allons voir qu'en réalité ni
la distinction de climat ni celles de la végétation, de la
faune ou de l'ethnographie n'autorisent le tracé d'une
frontière tant soit peu naturelle. L'ancienne division de
l'Océanie en Malaisie, Mélanésie, Micronésie, Polynésie
n'est pas non plus caractéristique. La Malaisie est une
division ethnique, et cependant, au milieu des populations
malaises, subsistent de nombreux îlots de populations
noires. La Mélanésie, dont le nom rappelle une couleur
très foncée des habitants, contient en effet la terre des
Papous, mais aussi les Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-
Calédonie, les Fidji ou Viti, où les Papous sont fortement
métissés de Polynésiens. Avec toutes ces réserves, nous
continuerons d'appliquer le nom d'Océanie avec son an-
cienne acception, en renvoyant, pour l'étude détaillée des
grandes îles et des principaux groupes, aux mots : Bornéo,
Célèbes, Philippines, Moluques, Sonde (îles de la), Java,
Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande,
Sandwich (Iles). La Malaisie se compose des îles de
Bornéo, Célèbes, Sumatra, Java, BaH, Lombok, Soum-
bawa. Florès, Timor, des archipels des Moluques et des
Philippines. — Nous rangerons dans la Micronésie les
groupes de Magellan, des Mariannes, des Carolines, des
Palaos, de Marshall et de Gilbert. — Outre la Nouvelle-
Guinée, la Mélanésie comprend l'archipel Bismarck, les %
îles Salomon, l'archipel de la Louisiade, les îles Santa-
Cruz et Saint-Esprit, les îles Viti, les Nouvelles-Hébrides,
la Nouvelle-Calédonie et les îles Loyalty. — Enfin, la
Polynésie renferme les îles Hawaï ou Sandwich, les Spo-
rades centrales polynésiennes, les îles Phœnix, Ellice, de
l'Union, Manihiki, Marquises, Touamotou ou Pomotou,
Gambier, de la Société, l'archipel Toubouai, l'archipel de
Cook ou Hervey, les îles Samoa, Tonga, Kermadec et
enfin le groupe de la Nouvelle-Zélande avec ses dépen-
dances.
Explorations. — L'antiquité classique n'a pas connu
l'Océanie. Ptolémée place à l'extrémité orientale du monde
la Chersonèse cVOr, qui est sans doute l'île de Sumatra,
et qu'il fait se recourber au S. pour venir rejoindre
l'Afrique. Quant à la ville de Thinœ, qu'il place plus à
l'E., on ne sait avec quoi l'identifier. Les Arabes, et parmi
eux le plus célèbre de leurs géographes, Edrisi, appellent
Sumatra Soborma, et leur île Malai est sans doute la
presqu'île de Malacca. Ils connaissent aussi les épices et
les volcans de Java, Al-Jauah. — A la fin du xiii*^ siècle,
le voyageur vénitien Marco Polo dit qu'au S. du Japon
s'étend la mer de Chine, où l'on ne compte pas moins de
7.440 îles, pour la plupart habitées, et produisant des
épices en abondance. En 1280, Marco Polo visita la ^?^anc^<?
Java (Bornéo ou Java) et la petite Java (Sumatra), où il
mentionne le rhinocéros et la fabrication du sagou. —
Mais l'Océanie proprement dite ne commença à être connue
qu'au xv^ siècle, au moment des grandes découvertes des
Portugais et des Espagnols. En sept. 1513, Vasco Nunez
de Balboa, ayant traversé l'isthme de Darien, découvrit le
Pacifique, qu'il appela mer du Sud. Le i6 mars 1521,
Magellan arriva aux Philippines après avoir contourné
l'Amérique par le détroit qui porte son nom et découvert
les îles Mariannes, qu'il appela Ladrones. De l'Amérique
Gr aadfi JEitcyclop é die Tome
t'r'a'ife et t/n/>r>un</ pow-E^^o'-tf F'S* , 35'^", Jf^w JDejtfei^,- ftoeJiereaxo Par-
n9 —
OCÉANIE
aux Mariannes, Magellan ne rencontra que deux îles dé-
sertes, qu'il d,^çeh Desventuradas (Malheureuses). Après
sa mort, ses compagnons touchèrent sur plusieurs points
de Bornéo, passèrent au N. de Célèbes et abordèrent à
Tidor, l'une des Moluques. La même année, les Moluqucs
furent explorées plus complètement par Francesco Ser-
rano. En 1525, les Portugais découvrirent Célèbes, où ils
s'établirent en io40. La Nouvelle-Guinée, découverte en
1726 par un envoyé du vice-roi de Goa, Jorge de Meneses,
fut revue en 1528 par un parent de Cortez, Alvara de
Saavedra, dans un voyage du Mexique aux Moluques. En
1542, Lopez de Villalobos donna son nom au groupe des
Philippines, en l'honneur du prince Philippe d'Espagne.
Les iles Sandwich furent aperçues une première fois en
1555 par l'Espagnol Juan Gaetano. Dans un premier
voyage, en 1568, Mendana, guidé par le pilote Hernando
Gallego, découvrit les îles Salomon, auxquelles il donna
ce nom pour faire croire qu'il avait retrouvé le pays
d'Ophir ; la route fut d'ailleurs perdue après sa mort.
Dans ce voyage, Mendana avait aussi découvert Santa-
Cruz. Pendant un second, en 1595, il aborda au groupe
S.-E. des îles Marquises. C'est à cette époque, de 1577
à 1580, que se place l'extraordinaire croisière de l'Anglais
Drake ; il avait juré une haine implacable aux Espagnols
et avec quatre petits vaisseaux, dont deux furent perdus
en route, il fit un butin considérable dans le Pacifique
oriental, descendit au S. jusqu'cà des îles glacées qu'on
n'a pas identifiées, et, le premier, conçut le projet de
chercher le passage du Pacifique à l'Atlantique par le N.
de l'Amérique. En 1606, Pedro Fernandez de Quiros et
Torres découvrirent les Nouvelles-Hébrides et l'île Sagit-
taria, qui est peut-être Tahiti. Puis Torrès, séparé de son
compagnon, franchit le détroit auquel on a depuis donné
son nom. En 1642, le Hollandais Abel Tasman aborda
dans l'île N. de la Nouvelle-Zélande. Le 6 févr. 1643, il
vit une partie du groupe oriental des Viti, qu'il appela
iles du prince Willems, et la même année il découvrit
les Tonga. En 1656, Le Maire et Schouten découvrirent
les îles de l'Amirauté, auxquelles les Allemands ont donné
le nom d'archipel Bismarck en s'y installant. En 1684,
Dampier fit pour la première fois une étude détaillée des
Galapagos, que les Espagnols avaient déj«à nommées Iles
enchantées et qui figurent sur la carte d'Ortelius de 1570.
Le groupe des Carolines fut découvert à la suite d'un
événement curieux: déjà en 1686 l'amiral espagnol Fran-
cesco Lazeano avait trouvé à l'E. [des Philippines une île
qu'il appela San Barnabe, puis Carolina, en l'honneur du
roi d'Espagne Charles IL En 1696, des indigènes firent
naufrage sur la côte des Phihppines ; on les recueillit et
quand ils surent quelques mots d'espagnol, ils racontèrent
qu'ils étaient originaires d'un groupe d'îles situé k l'E.,
et dont on leur fit faire une carte approximative avec des
cailloux. Les jésuites résolurent d'évangéliser les sauvages
de cet archipel, et des navires transportèrent aux Caro-
lines le P. Cantova avec quelques missionnaires. La pre-
mière moitié du xviii® siècle, en raison de l'épuisement
général des nations européennes, fut peu favorable aux
découvertes dans l'Océanie. C'est à peine si l'on peut citer
une première découverte des Samoa en 1722 par Rogge-
veen, et en 1742 la croisière de l'amiral anglais Anson ([ui
donna des renseignements sur les Mariannes. Mais à partir
du dernier tiers du xviii^ siècle, jusqu'au milieu du xix^,
les explorations reprennent ; c'est la grande époque des
découvertes océaniennes. En 1765, Byron explora les Ma-
riannes et découvrit l'île qui porte son nom dans l'archi-
pel Gilbert. En 1761 , Wallis avait exploré l'archipel
Bismarck ; en 1766, accompagné de Carteret, il découvrit
la Nouvelle-Zélande et retrouva Tahiti ; dans son dernier
voyage, en 1777, Wallis continua de fixer l'hydrographie
des Mariannes. Dans son voyage de 1867-68, Bougain-
ville découvrit une seconde fois les Samoa, qu'il appela
ile des Navigateurs ; puis il toucha aux îles Salomon, de
la Société, aux Nouvelles-Hébrides qu'il appela les Grandes
En 1769, Surville fit quelques relevés des
on. En 1772, Crozet visita les Mariannes. C'est
Cyclades,
îles Salomon.
à ce moment que se placent les explorations de celui dont
le nom domine toute la découverte des terres du Paci-
fique : James Cook. Dans un premier voyage, en 1769,
il séjourna aux îles de la Société, pour l'observation du
passage de Vénus sur le Soleil. Dans un second voyage,
de 1772 à 1774, il découvrit ou explora la partie S.-^E.
des îles Marquises, les îles Tonga, les petites îles de l'ar-
chipel de Cook, l'île des Tortues, du groupe des Viti, la
Nouvelle-Calédonie, l'ensemble des Nouvelles-Hébrides,
auxquelles il donna ce nom quoiqu'une partie d'entre elles
eût été appelée Grandes Cyclades par Bougain ville. Dans
son troisième voyage (1777-78), Cook retourna aux Tonga,
découvrit les plus grandes îles de l'archipel qui porte son
nom, et alla périr misérablement aux îles Sandwich. —
En 1781, l'Espagnol Maurelle découvrit les îles N. du
groupe des Tonga et parcourut l'archipel Bismarck, lui
1787-88, La Pérouse toucha aux Samoa et à la Nouvelle-
Calédonie, avant de mourir sur l'îlot deVanikoro. En 1788,
Marshall et Gilbert découvrirent la plus grande partie des
îles qui forment les deux archipels qui portent leurs noms.
En 1789, le capitaine de la Bounty, Bligh, abandonné
par son équipage révolté sur un petit canot, découvrit au
N. des Nouvelles-Hébrides les îles de Banks, que n'avait
pas vues Cook, et aborda aux îles Viti. En 1791-92,
d'Entrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse,
alla d'abord en Nouvelle-Calédonie, puis parcourut les ar-
chipels Salomon et Bismarck. C'est en 1791 également que
le capitaine Etienne Marchand passa aux îles de la Société,
puis aux îles Marquises où il découvrit Nouka-Hiva, et
qu'il appela iles de la Révolution. De 1792 à 1795,
Vancouver étudia l'hydrographie des Sandwich et des Ga-
lapagos. Ces dernières furent aussi explorées avec soin
en 1794, par un élève de Cook, Colnett. En 1796, Fan-
ning donna son nom aux îles qu'il découvrit et, en 1797,
Wilson, après avoir touché aux Viti, découvrit les Gam-
bier, auxquelles il donna ce nom en l'honneur de l'ami-
ral Gambier, le grand protecteur des missions protestantes
anglaises dans le Pacifique. Au xix^ siècle, il n'y a plus
guère, à proprement parler, de terres nouvelles à découvrir.
On ne peut guère citer, en 1819, que la découverte des
îles Ellice par Peyster et celle des Pomotou par Bellings-
hausen. Mais les voyages entrepris au point de vue hydro-
graphique ou naturaliste sont nombreux. Ce sont : en 1804,
le voyage de Krusenstern aux îles Marquises; en 1817 et
1824, ceux de Kotzebue aux Carolines, aux Samoa, aux
Gilbert; en 1818, celui de Freycinet aux Mariannes; en
1819 et 1824, ceux de Duperrey aux Sandwich, aux Gil-
bert et aux Carolines. A partir de 1820, des missionnaires
venus des Etats-Unis évangéHsèrent les Polynésiens des
îles Sandwich et fournir*ent des renseignements nombreux
sur l'archipel. En 1823, un baleinier, Coffin, découvrit
de nouveau les îles Bonin-Sima, autrefois connues des Ja-
ponais. En 1825-26, Beechey explora les Pomotou et
dressa la carte des Gambier. Dumont d'Lrville dans son
premier voyage, en 1827, recueillit une foule de rensei-
gnements sur l'histoire naturelle des Loyalty, des Tonga,
des Viti, des Carolines.
Dans un second voyage, en 1838, il explora de nou-
veau les Viti, puis les*^ Salomon et les Marquises. Lùtke
explora les Carolines en 1828, Stewart les Marquises en
1829, Bennett le même archipel en 1835. En 1836, les
deux navires le Beagle et VAdventure, sous le comman-
dement de King, Stôkes et Fitz-Rov, explorèrent en détail
l'archipel des Galapagos. De 1838 à 1841 se placent les
voyages de l'homme qui, après Cook, a le plus contribué
à faire connaître l'Océanie, l'Américain Wilkes; il explora
avec un soin remarquable les Samoa, les Pomotou, les
Sandwich, les Tonga, les EUice, les Viti, les Gilbert. En
1838 et 1842, Du Petit-Thouars dressa la carte des Gala-
pagos et prit, au nom de la France, possession des île§
Marquises.
OCÉANÎE
— no —
En 4860, la géographie des Viti iiit déimitivoment
fixée par la commission nommée à l'occasion de la propo-
sition de cession à l'Angleterre. Enfin il faut mentionner,
dans la découverte de l'Océanie, le grand rôle géogra-
phique joué par les missionnaires anglais et américains,
Gulick aux Carolines, Laury et West aux Tonga, et une
foule d'autres qui nous ont fourni les seuls renseignements
que nous possédions sur l'intérieur des Salomon et des
Samoa. — Dans la seconde moitié du xix^ siècle, les expé-
ditions dans le Pacifique ont eu surtout un but purement
océanographique. (Pour le détail des explorations des
grandes îles, V. les articles qui les concernent.)
Nature des îles. Géologie. — Si l'on met à part les
terres de l'Insulinde, dont la formation géologique se rat-
tache à celle de l'Asie (V. aussi la géologie de I'Océan
Pacifique), on peut distinguer en Océanie les îles monta-
gneuses et élevées de l'O. : Nouvelle-Guinée, Nouvelle-
Calédonie, Nouvelle-Zélande (V. ces mots), et les îles
basses de la Polynésie. (Le groupe le plus important, ce-
lui des îles Sandwich, sera étudié à part. V. Sandwich
[Iles].) Les îles basses sont en général d'origine coral-
lienne. Elles se présentent le plus souvent sous la forme
d'alignements circulaires, ou même de cercles plus ou
moins ébréchés dont l'ensemble a reçu le nom d'atoll,
d'après le nom des îles de formation analogue qui compo-
sent l'archipel des Maldives dans l'océan Indien. Quand la
mer pénètre à l'intérieur de l'atoll, elle y forme un bassin
plus ou moins fermé appelé lagon. Les îles, même celles
qui ne sont pas d'origine madréporique, sont presque tou-
jours entourées d'une ceinture d'écueils coralliens. C'est
de cette observation qu'était parti Darwin pour expliquer
la formation des atolls ; il supposait un affaissement con-
tinu du fond du Pacifique qui faisait disparaître peu à peu
l'île centrale ; les coraux, qui ne peuvent vivre au delà
d'une certaine profondeur, exhausseraient peu à peu leurs
constructions qui, à la fin, subsisteraient seules. Cette
théorie, longtemps acceptée, a été vivement combattue par
Agassiz et par le géologue du Challenger, Murray. Ils ont
constaté que des régions signalées par Darwin comme des
zones d'affaissements étaient au contraire des zones stables
ou même en voie d'élévation. Ils en ont conclu que les
atolls étaient simplement dus à des constructions coral-
liennes édifiées sur le bord de cratères sous-marins. Il est
juste d'ajouter que des explorations récentes ont constaté
des affaissements du sol dans la région de certains atolls.
Peut-être faut-il attribuer ces formations curieuses à des
causes diverses et attendre pour conclure un plus grand
nombre d'observations précises.
Climat. Flore. Faune. — La plupart des îles de l'Océa-
nie jouissent d'un climat tropical maritime, plutôt que
d'un climat équatorial. Sous l'équateur même en effet ne
se trouvent que Bornéo, Célèbes, les Moluques, l'extrême
N. de la Nouvelle-Guinée et les îlots de l'archipel Gilbert.
Au centre môme de l'océan, la masse de l'eau régularise
les effets de la course du soleil ; la zone des calmes équa-
toriaux ne se déplace guère, les alizés soufflent toute l'an-
née. Il n'y a donc pas, à proprement parler, de saison
sèche et de saison humide dans toute la Polynésie ; il pleut
toute l'année sur le côté des îles qui est frappé par l'alizé;
il ne pleut presque pas sur l'autre côté. Dans la région
occidentale, le régime change ; les grandes îles ont une
étendue assez importante pour modifier les conditions océa-
niques ; sur les petites îles mêmes l'influence continentale
de l'Australie et de l'Asie transforme le régime des alizés
en régime de moussons ; l'écran des hautes montagnes
contribue aussi à arrêter les vapeurs et à produire, sur
les côtés N. et S., des alternances de saisons pluvieuse et
sèche. — Cette différence entre les pluies d'alizés et les
pluies de moussons établit une différence sensible dans
la végétation : sur les îles frappées par les alizés, la vé-
gétation est intense du côté où il pleut ; elle est chétive
sur le côté où il ne pleut pas. Dans la région des mous-
sons, la végétation est luxuriante sur toute l'étendue des
îles. Quant à la flore, elle est indienne dans l'Insulinde,
dans la partie N. de la Nouvelle-Guinée, dans les Nou-
velles-Hébrides, et en général sur toutes les îles basses.
Elle est australienne dans le S. de la Nouvelle-Guinée et
en Nouvelle-Calédonie. En Nouvelle-Zélande elle a, selon
Grisebach, de nombreux rapports avec la flore de l'Amé-
rique du Sud occidentale.
D'ailleurs les îles volcaniques, beaucoup plus élevées
que les madréporiques, sont en général des centres de flore
endémique. Ce phénomène est particulièrement remar-
quable aux îles Sandwich où les plantes endémiques cou-
vrent la région forestière, entre 290 et 1.810 m. —Par-
tout les espèces cultivées ont un caractère indien ; ce sont:
le cocotier, le bananier, l'arbre à pain, l'igname. — Le
manque d'espace n'a pas permis le développement d'une
faune nombreuse. On ne compte qu'une cinquantaine d'es-
pèces de mammifères, dont plus de la moitié en Nouvelle-
Guinée. A l'exception de l'Insulinde, où la faune est pu-
rement indienne, on ne trouve en Océanie ni singes, ni
ruminants, mais des chéiroptères, des marsupiaux et des
rongeurs, surtout des rats. Les oiseaux, nombreux dans
l'Ouest et surtout en Nouvelle-Guinée, deviennent rares dans
l'Est. Le casoar, l'aptéryx, le kogou, mal protégés contre
la destruction par l'insuffisance de leurs ailes, disparais-
sent rapidement. Les reptiles et les insectes ne sont nom-
breux que dans la région occidentale.
Ethnographie . — Au point de vue ethnographique, on peut
distinguer en Océanie quatre races principales : les Malais,
les Polynésiens, les Papoiias et les Négrilos. (Pour leurs
caractères ethnologiques, V. ces mots et Races humaines.)
Mais les limites entre ces races sont impossibles à tracer;
l'Océanie en effet a été sillonnée par des migrations nom-
breuses qui ont produit des croisements ; les Malais et les
Polynésiens surtout sont de grands navigateurs. En outre,
même chez les rameaux restés purs, le changement d'ha-
bitat a nécessité des changements dans les mœurs, sinon
dans les caractères anthropologiques. C'est ainsi que les
Maoris, partis des îles Tonga ou Samoa, ont dû, en Nou-
velle-Zélande, adapter leur vie à un cHmat plus rude ;
ils ont, par contre, pu ajouter à une nourriture presque
exclusivement ichtyophagique des produits agricoles. —
Enfin, une dernière cause de mélange ou de disparition
des races a été l'arrivée en Océanie des étrangers. Euro-
péens, Asiatiques ou Américains. Les Chinois se sont ré-
pandus au miUeu des Malais ; les Japonais ont fortement
métissé les indigènes de la Micronésie ; ceux de la Nou-
velle-Zélande, de la Nouvelle-Calédonie, des Viti, des
Sandwich, de Tahiti, sont très rapidement absorbés par
la civilisation européenne ou détruits par elle. L'Océanie
est en effet une région de colonisation. L'Insulinde, le pays
des épices, a naturellement été la première proie des puis-
sances colonisatrices. La Hollande y exploite les îles de
la Sonde, Bornéo, Célèbes, les Moluques, la moitié occi-
dentale delà Nouvelle-Guinée. Jusqu'en 4898, les Palaos,
les Mariannes, lesCarohnes et surtout les Phihppines for-
maient avec Cuba les derniers restes du merveilleux em-
pire colonial de l'Espagne ; les Etats-Unis ont anéanti par
la force le rôle colonial de leurs rivaux et annexé les îles
Sandwich. L'Allemagne s'est installée à l'archipel Bis-
marck, dans le N.-E. de la Nouvelle-Guinée, et aux îles
Marshall. La France est maîtresse de la Polynésie orien-
tale: les îles de la Société, les Pomotou, les îles Mar-
quises, Gambier, Toubouaï et de la Nouvelle-Calédonie.
Le Japon s'avance vers l'archipel Magellan, où il possède
les îles Bonin-Sima. L'Angleterre a transformé en pays
anglo-saxons la Nouvelle-Zélande et les îlots qui l'entou-
rent, les Viti; elle est établie dans le S.-E. de la Nou-
velle-Guinée, dans l'archipel de Cook et dans une foule
d'îlots. On ne compte plus, comme archipels indépendants,
que les Nouvelles-Hébrides, les archipels Salomon, Gilbert,
Samoa et Tonga. Mais il est évident que cette indépen-
dance est désormais précaire.
Superficie et population. — D'après Wagner et Su-
— 231 —
OCEANIE — OnEANOGRAPHIK
pan (Bevôlkeriing der Erde, cah.VIII, 1891), les chiffres
de superficie et de population sont les suivants :
Malaisie
SUPERFICIK
Kil. q.
ilcs do la Sonde, Bornéo,
Célèbes, Mol uq nos 1 . 699 . 73 1
Philippines .,. 296.182
POT'ULATION
Ilab.
32. {30.000
7.000.000
Total
Mélî
Groupe de la Nouvelle-
Guinée
1.993.933
mésio
807.936
47.J00
22.233
21.643
938
13.227
19.823
20.837
933.8^8
onésie
110
J.140
1.430
410
430
3 340
mésie
271.067
17.008
997
393
2.787
14
42
137
668
368
286
1.630
978
1.274
122
6
ÙD
7.643
»
»
»
39.430.000
837.000
Archipel Bismarck
Iles Saloraon (allemandes).
Iles Salomon (indépend*®^)
Sanla-Cruz ....
188.000
89.000
87.000
3.009
Tucopia
Nouvelles-Hébrides
N^^^-Calédonie et Lovaltv.
Viti \..'. .
Total
Micr
Archipel Magellan
— des Mariannes. . .
— des Carolines . . .
— Marshall
-' Gilbert
Total
P0I3
Groupe de la Nouvelle-Zé-
lande
Iles Sandwich
630
83.000
62.714
124.919
1.479.300
1.270
10.172
36.000
11.300
33.000
94.100
673.300
80.378
— Tonsa
22 000
-— entre Tonga et Samoa
— Samoa
14.900
e33 363
— Union
314
— Pliœnix
39
— Manihiki
— Fanninsf
1.830
200
0
-™ (]ook
8.900
— Toubouai
-__ (le l'-imitié . . .
1.881
16 030
— Pomolou
3.662
— - Marquises
--- Oster
5.143
130
— (^lipperton , .
— des Cocoliers .......
— Galapagos
— Rcvillagigedo .......
™ Ambrosio
0
?
204
»
»
=™ Juan lernandez
»
Total
303.473
867.138
Total généRxVl. . .
3.238.796
41.870.338
Si l'on met à part les grandes îles et les archipels les
plus importants, dont les conditions économiques sont étu-
diées aux articles qui leur sont consacrés, il faut convenir
que le rôle économique de la plupart des îles de l'Océanie
est encore à peu près nul. En raison du peu d'étendue de
ces îles, il est aussi fort peu probable qu'elles deviennent
jamais des centres importants de production et de con-
sommation ; elles ne peuvent devenir que de faibles dé-
bouchés pour la colonisation. Mais leur importance s'ac-
croîtra parce qu'elles peuvent devenir, au milieu d'une
immense étendue maritime, des escales pour le charbon
et l'eau douce. Depuis le milieu du siècle, en effet, le Pa-
cifique a vu s'étaldir sur tout son pourtour, non pas do
véritables colonies, mais des pays neufs, des puissances
économi({ues qui grandissent avec rapidité : les Etats-Unis,
le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande. Un monde nou-
veau s'est formé là, avec tous les besoins modernes de l'an-
cien monde, avec une intensité de vie d'autant plus dévo-
rante qu'elle est plus jeune. Le jour est proche où le
Pacifique sera une voie commerciale presque aussi fréquen-
tée que l'Atlantique et où les îlots du grand Océan devront
entrer dans le mouvement général de la ci^ilisation.
Ludovic Marchand.
BiBL. : Bastian, Inselgnippen in Océanien; Berlin,
1882. — CoopER, The Islands of the Pacific; Londres, 1888.
— CoTTEAu, EnOcéanie; Paris, 1888. — Dana, On Corals
and Coral Islands; Nev/ Yorl^. 1872. — Darwin, Journal
of researches into the natural history and geology of tJ^e
countries visited during the voyage of H. ]\L S. Beayle
round the world; Londres, 1860. — P. Desciianel, la Poli-
ticiue française en Océanie; Paris, 1884. — Cari Meinicke,
Die Insein des Stillen Ozeans; Leipzii^-, 187G. — Ratzel,
Die Natnrvôlker Ozeaniens ; Leipzig, 1887. — De Varigny,
l'Océanie moderne, dans Rcrue des Deux Mondes^ 1887 et
1688.
OCÉANOGRAPHIE. Michelet dit que le premier senti-
ment inspiré à l'homme par la mer, c'est la terreur. Lon^--
temps les peuples de l'Europe n'ont connu que la Médi-
terranée, qui est terrible dans les jours de tempête, et le
fleuve Océan, où flottait la terre. Quelques hommes, les
plus hardis, poussés par l'âpre désir du gain, se risquaient
sur le désert liquide ; ils y trouvaient le plus souvent la
mort, sans que leurs proches pussent accomplir pour eux
les rites de la sépulture. L'Océan était donc l'ennemi de
la lumière. Cm soleil, qu'il engloutit chaque soir et aussi
de l'homme qu'il frappait dans sa croyance la plus chère,
La mythologie de l'Océan est terrible, et les pratiques
superstitieuses destinées à apaiser le monstre durent en-
core ; aucune force naturelle n'a été, comme lui, divinisée
et les meilleurs esprits, à son aspect, ont cru à la fata-
lité; une part de la poésie de l'Océan, depuis Homère
jusqu'à Hugo et Richepin, est faite d'ignorance.
La science de la mer, V océanographie, est née assez
tard pour que l'on puisse se rendre compte des circons-
tances et des conditions de sa naissance. Au xvi® siècle,
le désir d'atteindre par des voies rapides le pays des
épices, l'Inde et l'extrême Orient, fit opérer la traversée
des trois grands océans, Atlantique, Indien et Pacifique :
on chercha aussi le passage vers les mômes terres par le
N. de l'Amérique et de l'Asie et l'on découvrit l'océan
Arctique. Puis, pendant deux siècles et demi, on compléta
la connaissance que l'on avait de la surface des mers.
Mais ce n'était encore là que de la topograpliie. H fallait,
pour qu'on soupçonnât la possibilité d'une science do
l'Océan, un certain progrès général des sciences et de la
techni(]ue et aussi le besoin, de plus en plus impérieux,
d'économiser le travail dans la concurrence vitale. Les
sondages de grande profondeur n'étaient pas possibles
avant l'invention de sondes spéciales dont la première,
celle de Brooke, date do 4854 (V. Soxdage [Instruments
de]). On s'exposa à des erreurs énormes dans l'apprécia-
tion des températures tant qu'on laissa les thermomètres
soumis aux pressions de colonnes d'eau considérables, et
c'est d'hier seulement que l'étude do la chimie biologique
permet d'aborder le problème de la vie sous-marine. —
L'océanographie a été fondée par les Américains. Dès 1773,
Franklin signalait l'existence du Gulf-Stream. En 1848,
Maury publia ses cartes de vents et de courants, com-
plétées plus tard par deux ouvrages explicatifs. Le but
de Maury était d'abord tout pratique : c'était de réduire
la durée de la navigation à voile en profitant des lois gé-
nérales qui règlent la circulation à la surface de la mer.
Maury fut par là amené à émettre des hypothèses en
partie détruites plus tard, mais qui n'en restent pas moins
la première tentative de systématiser les conditions phy-
siques de l'Océan. D'ailleurs, la navigation à voile put
être en partie remplacée par la navigation à vapeur sans
que l'étude de la météorologie maritime fût désormais
OCÉANOGRAPHIE — OCELLLS
— 232 —
interrompue. La connaissance de la topographie du fond
fut la conséquence d'un autre système de communication
entre les hommes : la pose des câbles télégraphiques né-
cessita une étude précise du relief, la réparation de ces
câbles jeta un trait de lumière sur les conditions de la vie
et de la sédimentation. Désormais, l'océanographie a pris
rang parmi les autres sciences. Toutes les nations mari-
times se préoccupent de la faire progresser, mais trois
d'entre elles se sont mises à la tète du mouvement : l'Alle-
magne, l'Angleterre et les Etats-Unis. L'Allemagne a
établi deux grands observatoires, celui de Kiel et celui de
Hambourg. En Angleterre, celui de Granton, près d'Edim-
bourg, est dirigé par les hommes qui ont pris part à la
remarquable campagne du Challenger. Aux Etats-Unis,
le Coast and geodetic Survey est un véritable service
public dont les recherches actives, la méthode sûre et les
résultats d'ordre général ou pratique conservent à la grande
nation américaine le premier rang dans l'étude de la mer.
Enfin, il faut noter que des particuliers consacrent leur
temps et leur fortune à cette étude et que les marines
militaires ont partout reçu la mission de faire servir leurs
croisières à l'avancement de la science.
Tard venue, l'océanographie a profité du progrès gé-
néral des sciences physiques et naturelles. Les océano-
graphes n'ont pas tâtonné dans la recherche d'une méthode,
et leur science a une place bien définie au milieu des autres
sciences. La méthode est celle des sciences naturelles,
c'est surtout l'observation; l'expérimentation intervient
sans doute, et l'on peut espérer que les recherches de
laboratoire prendront une place de plus en plus impor-
tante en océanographie ; mais il est incontestable que c'est
la nature même qui fournira toujours les renseignements
les plus amples et les plus sûrs. — L'océanographie se
sert des résultats de la géologie, de la physique, de la
chimie, de la mécanique, de la météorologie ; elle profite
des progrès faits par les sciences biologiques. Elle est
l'application de toutes ces sciences à une partie de la na-
ture, qui est l'Océan. Elle est donc, si l'on veut, la sec-
tion de la géographie qui concerne la mer. Elle diffère
pourtant de la géographie physique des continents autre-
ment encore que par son objet ; en écartant, en effet, de
la géographie tout finaHsme, toute préoccupation anthro-
pomorphique, il est cependant indéniable que l'homme a,
comme les autres éléments de la nature, le pouvoir de
modifier son habitat. Ce pouvoir est à peu près nul sur
les conditions de l'Océan ; la destruction par lui de cer-
tains éléments de la faune marine est fort peu de chose
par rapport à l'ensemble de la vie océanique, et l'exploi-
tation scientifique des pêcheries prouve seulement que là,
plus que partout ailleurs, l'homme ne se sert de la nature
qu'en lui obéissant (V, aussi les art. Mer, Océan).
Ludovic Marchand.
OCELLES (Entom.) (V. Insectes, t. XX, p. 826).
OCELLUS DE Lucanie, pythagoricien du v^ siècle avant
notre ère, contemporain et disciple direct du fondateur de
l'école. Alors que la personne de Pythagore est enveloppée
dans un brouillard de légendes, il faut s'attendre à ce que
ses élèves ne nous soient guèrejnieux connus et à ce que
leurs noms patronnent des œuvres bien suspectes. Ocellus
le Lucanien est un de ceux qui offrent le moins de jour à
la vérité historique. Les seuls renseignements sur sa vie
nous sont fournis par Diogène Laérce dans deux lettres
que celui-ci rapporte et qui auraient été échangées entre
Platon et le pythagoricien Archytas. Platon y répondait à
Archytas en lui accusant réception de quatre traités d'Ocel-
lus et il ajoutait à l'expression de sa reconnaissance quel-
ques indications biographiques sur l'auteur de ces écrits.
Ces indications n'offrent, par malheur, qu'un intérêt bien
problématique, étant donné que les deux lettres qui les
renferment ont un caractère évidemment apocryphe.
Des quatre pseudo- traités énumérés par Diogène, il
en est un, sans doute, que nous possédons : De la Ge-
nèse du monde (que d'autres écrivains désignent différem-
ment; Philon : De F Immortalité du monde; Stobée :
De la Nature de F Univers, etc.). Cet écrit, composé avec
une certaine élégance, n'est nullement méprisable. Nous
y trouvons proclamée cette thèse familière à la philoso-
phie grecque, que l'univers est inengendré et qu'il est im-
périssable. « Nous ne le voyons ni naître, ni s'améhorer
ou s'agrandir, ni se corrompre ou s'amoindrir ; mais bien
il garde à jamais la même condition et il demeure à jamais
égal et semblable à lui-même » (ch. i, § 6). Rien n'étant
en dehors de lui, il sera donc la seule cause, une cause
parfaite et qui se suffit. — A cette cosmologie succède
une physique, dans laquelle le monde sublunaire est dis-
tingué du ciel. Le ciel a l'immutabilité; le monde sublu-
naire est au contraire le théâtre du devenir. Comment ce
devenir s'accomplit, de quelle manière se réalisent pro-
duction et destruction, c'est ce que le chap. ii du Traité
fait connaître. H pose d'abord la substance matérielle
comme le commun réceptacle de la génération : touto 8'av
sl'r] 7Z(xv^e-^éq noCi ly.fJLaysîov aùxfi; ttj; ysysastoç. Viennent
ensuite les quatre propriétés contraires (svavTidxrjicç) ou
encore les quatre puissances que la réalité matérielle re-
vêt et qui n'admettent en elle ni naissance ni destruction :
ce sonti e chaud et le froid, le sec et Thumide. Puis sont
énumérés les quatre éléments (al oùaLat) dont notre phi-
losophe fai^., semble-t-il, l'actualisation de ces puissances;
ce sont le h-u, l'eau, l'air et la terre : ces éléments sont
aptes à se ti ansformer les uns dans les autres. Et l'his-
toire de ces ti ansformations, que complique l'addition aux
quatre propriétés fondamentales de douze propriétés sub-
sidiaires, se con''ond avec l'histoire de notre monde parti-
cuUer, de sa naissance et de sa constitution. Quant à la
cause d'où procède le mouvement de la génération, celle
qui, dans la formation des corps, joue le rôle de père uni-
versel, elle n'est autre que la partie supralunaire du
monde (ch. ii, § 22). L'auteur du Traité en arrive bien-
tôt au règne de la vie. Le monde est éternel ; éternelles
sont ses parties ; éternelles seront donc aussi les espèces.
Une espèce dominante habite chacun des grands quartiers
du monde ; dans le ciel résident les dieux ; au-dessus de
nous(lv TO) {jLcTapa^w), les démons ; sur la terre, les hommes.
Puis donc que les parties ne sauraient ne point coexister
avec le tout, il suit que l'espèce humaine doit être perpé-
tuelle (ch. III, § 3). Sur ce principe de la perpétuité de
notre race s'édifie tout un système de morale et de poli-
tique qui compose la partie la plus originale et la plus in-
téressante de l'écrit. Si la divinité a doué l'homme d'at-
tributs actifs, de facultés et de tendances, ce n'est pas
pour qu'il fasse du plaisir la fin de son existence indivi-
duelle. Cette fin doit être la permanence de notre race : cha-
cun de nous est périssable, mais notre race ne saurait périr.
Le même principe présidera aux grandes institutions
humaines: le mariage, la famille, l'organisation de la cité.
Un idéal ascétique est présent à toute cette doctrine. For-
mer des enfants beaux, forts et vertueux, ne rien négliger
pour les élever dignement, tel est le devoir social par ex-
cellence, devoir dont l'accompUssement seul permet à
l'homme de s'élever au-dessus de l'animalité (ch. iv).
Tel est ce curieux traité, qui correspond à un âge de
la spéculation bien postérieur au temps de Pythagore.
Qu'il émane réellement du vieil Ocellus, on ne saurait son-
ger à le prétendre. Les dogmes essentiels de l'antique py-
thagorisme, tels que la théorie des nombres, la transmi-
gration des âmes, la constitution arithmétique des vertus,
n'y figurent point même par voie d'allusion. Par contre,
des points de doctrine y paraissent, notamment en ce qui
concerne la physique générale, qui furent très certaine-
ment étrangers à la pensée du fondateur. — D'autre part,
cependant, quelque chose de l'inspiration pythagoricienne
s'y retrouve. Aussi peut-on tenir, avec Mullach,pour hau-
tement probable l'hypothèse selon laquelle l'écrit du Pseu-
docellus daterait du dernier siècle avant notre ère, alors
qu'entre toutes les écoles [anciennes celle de Pythagore
avait été particulièrement remise en honneur et que les
— ^233 —
OCELLUS — OCllS
livres réputés en provenir étaient curieusement recher-
chés. Quant au fait que le Traité est écrit en dialecte
attique, Mullach conjecture qu'il faudrait l'attribuer à
quelque lettré du moyen âge, qui aurait transcrit ce pe-
tit livre, en s' accordant cette petite liberté. G. Lyon.
BiBL. : Philon, De mundo non interitiiro. — Diogém:
Laërce, VIII, 80 et suiv. — Stobée, Ecl.phys.,\, ch. xxiv.
— Mullach, À7'«st. de Malisso, etc., et Ocelli Luc. de univ.
nat., 1815, ainsi que Fragmenta philosophorum fjraecoruin,
1. 1 : De Ocello tacano] etc. — Zeller, Philosophie des
Grecs (trad. Boutroux), t. I, p. 291.
OCELOT (Zool.) {V. Chat, t. X, p. 876).
OC H. Ville du Turkestan russe, prov. de Ferghana, sur
l'Ak-Boura, à 9"2 kil. E. de Marghilan, sur la route
d'accès à l'Alaî (ait., 4.085 m.). A l'O., le roc du Trône
de Salomon est un lieu de pèlerinage musuhnan.
OCH. Ville du Ferghana, iVsie centrale russe, à l'E. de
Marghelan, au fond de la vallée d'Akboura. Grande cité
étagée en amphithéâtre autour de la montagne de Tachti-
Solennan. Sa fondation remonterait à l'époque d'Alexandre
le Grand. Vaste bazar, très fréquenté par les Sartes des
régions voisines; 14.000 hab. P. Lemosof.
OC H A. Rivière de Sibérie, gouy. de Tobolsk, affl. g.
de l'Irtych, sortie du lac Ténis ; 180 kil. de long.
OCHAGAVIA. Ville d'Espagne, prov. de Navarre, à
48 kil. E. de Pampelune, ch.-l. de la vallée d'Ahescoa,
au S. de la forêt d'Irati. Belle éghse du xiii^^ siècle ; deux
châteaux ruinés. Eaux sulfureuses.
OCH AN COURT. Com. du dép. de la Somme, arr.
d'Abbeville, cant. d'Ault; 340 hab.
OCHE (Géog. anc.) (V. Eubée).
OCH ES. Com. du dép. des Ardennes, arr. de Vouziers,
cant. de Buzancy; 178 hab.
OCHETODON (Zool.) (V. Hamster, t. XIX, p. 810).
OCHEY. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle, arr. et
cant. (S.) de Toul ; 274 hab.
OCHIAZ. Com. du dép. de l'Ain, arr. de Nantua, cant.
de Châtillon-de-Michaille ; 403 hab.
OCHILL. Collines volcaniques d'Ecosse, de Stirling à
Perth (V. Grande-Bretagne, t. XÏX, p. 150).
OCHINO (Bernardino) , prédicateur et théologien itaHen,
né à Sienne en 1487, mort à Schladow (Moravie) en 1563.
Son penchant pour l'ascétisme le fit entrer dans l'ordre
des franciscains, et passer, en 1534, dans celui des ca-
pucins. Ses prédications le firent bientôt remarquer. Charles-
Quint, qui l'entendit à Naples en 1536, s'écria : « Cet
homme remuerait les pierres ! » Le pape Paul III en fit
son confesseur. En 1538, il fut élu général des capucins,
et réélu en 1541, La Béforme gagnait alors des partisans
en Italie; l'Inquisition, instituée en 1542, étouffa le mou-
vement. Ochino protesta à Venise contre l'arrestation de
Giulio di Milano; par là il se rendit lui-même suspect d'hé-
résie et dut fuir. Il arriva à Genève en oct. 1542. Il avait
déjà publié des sermons à Venise en 1539 ; il en publia
divers petits volumes à Genève de 1542 à 154i, traduits
en allemand (Bâle, 1545), en français (Genève, 1546 et
1561) et en anglais (Londres, 1548). Ne pouvant s'en-
tendre avec Calvin, il quitta Genève. Alors commença pour
lui une vie errante; il est à Augsbourg (1545-47), à
Londres (1547-53), à Zurich (1555-61). Là il se laissa
aller à des spéculations qui furent jugées dangereuses, en
particulier ce qu'il disait de la Trinité et de la polygamie
{DialogiXXX in duos libros divisi, ...de Messia, ...de
rébus variis, tum potissimum de Trinitate (Bâle,
1563, in-8). Les magistrats l'exilèrent. Il se réfugia à Nu-
remberg, puis à Cracovie, d'où il fut expulsé en 1564.
La mort le surprit en voyage. F.-H. K.
BiBL. : G. BucHSENscHÛTz, Vie et écrits de B. Ochino :
Strasbour":, 1871. — Benrath, B. Ochino von Sienna; Leip-
ziii-, 1875; 2» éd. à Brunswick, 1892 (liste. bibliogTaphi((ue des
œuvres d'Ochino).
OCHLOCRATIE (V. Démocratie, t. XIV, p. 64).
OCHNACÉES (OchnaceœDC). Famille de plantes Di-
cotylédones, composée d'arbres et d'arbustes, répandus
luisantes, remarquables par leur mode de nervation, sti-
pulées. Les fleurs dialypétales présentent un disque ni an-
nulaire, ni glanduleux ; le gynécée est formé de carpelles
ordinairement indépendants, dont le style gynobasique
s'unit, en dedans de la base des ovaires, avec une cer-
taine étendue de la portion centrale du réceptacle. Le
fruit est soit charnu, soit capsulaire ; les graines sont tan-
tôt albuminées, tantôt non albuminées. Les Ochnacéessont
très voisines des Rustacées et renferment les genres
Ochna Schreb., OurateaAiM., Cuthemis Jack., Luxem-
burgia A. -S. IL, etc. Les deux premiers seuls nous in-
téressent : les Ouratea ont l'androcée diplostémoné, tan-
dis que les étamines sont nombreuses dans les Ochna. Ce
sont, en général, des plantes amères qui par là se rap-
prochent des Quassiées. Les Ochna sont propres à l'an-
cien continent ; VO. Jabotapita L. fait maintenant partie
des Ouratea, qui sont surtout américains. Au Brésil, les
Ouratea Jabotapita H. Bn et 0. hexasperma jouissent
d'une grande réputation comme toniques amers et diges-
tifs, L'écorce du dernier sert à traiter les plaies des bes-
tiaux produites par la piqûre des insectes. Au Malabar,
les racines et les feuilles de l'O. angustifolia IL Bn.
(Goniphea angustifolia Vahl) sont préconisées comme
stomachiques et antivomitives, en décoction dans l'eau ou
le lait. Aux Antilles, on attribue les mêmes propriétés à
l'écorce de VO. ilicifolia DC. Enfin, les graines de VO.
parviflora fournissent, au Brésil, une huile employée
comme condiment. D^" L. Hn.
OCHOA (Don Eugeniode), écrivain espagnol, né àLezo
(Guipuzcoa) le 19 avr. 1815, mort à Madrid le 29 févr.
1872. Il suivit à Paris les cours de l'école d'arts et mé-
tiers (1829), s'adonna à la peinture dont une maladie des
yeux l'écarta, revint à Madrid (1834), collabora à la
Gaceta de Madrid d'Alberto Lista, repartit pour Paris
après la défaite de ses amis politiques et y travailla à la
grande Coleccion de los mejores autores espaùoles, en-
treprise par Baudry, où il donna un EpistolarioqmîormQ
les t. XIII et XLII. Il fit paraître un volume àewers, Ecos
delalma (1841), édita les oeuvres du marquis de Santil-
lana (1844), et un Catalogo razonado des manuscrits
espagnols des bibliothèques de Paris. Derechef rentré à
Madrid (1844), il entra à l'Académie des sciences, fut
pourvu tour à tour d'emplois à la Bibliothèque, à l'Im-
primerie nationale, au ministère de l'instruction publique,
traduisit plusieurs ouvrages français, publia de nombreux
articles politiques ou littéraires, des nouvelles, des
drames, etc.
OCHOSIAS(Achazia). Nom de deux rois juifs : le pre-
mier, fils d'Achab, régna sur Israël (Dix-Tribus), de 895 à
893 av. J.-C. selon la chronologie vulgaire. Il est mal noté
par l'écrivain des Rois qui l'accuse d'avoir consulté, à
l'occasion d'une grave maladie, un oracle étranger au
Heu de s'adresser à la divinité nationale (1 Rois, ch. xxii, et
2 Rois, ch. i; cf. 2 Chroniques, ch. xx). — Ochosias,
fils et successeur de Joram, roi de Juda (883 à 882),
s'unit à Joram, roi dTsraèl, pour combattre Hazael, roi
de Syrie. Joram ayant été blessé devant Ramoth de Ga-
laad, les deux rois revinrent à Jezrahel, où ils furent
assassinés par l'usurpateur Jéhu (2 Rois, ch. viii ; cf.
2 Chroniques, ch. xxii).
OCHRIDA. Ville de Tu^iuie d'Europe, vilayet de Mo^
nastir, au N. d'un grand lac (269 kil. q., 693 m. d'alt.),
d'où sort le Drin. La ville a 10.000 hab., 7 mosquées,
7 églises, 1 citadelle. Ce fut jusqu'en 1767 le siège d'un
archevêché grec. C'est une ville moderne, bâtie à 25 kil. N.
de l'antique Lgchnidos, capitale des Dessaretiens, conquise
par Philippe ri de Macédoine, puis par les Romains. Occupée
par le prince bulgare Bogoris (861), elle devint, sous le
nom à'Achrida ou Ochrida, capitale du royaume bulgare.
A 2 kil. est le riche couvent de Saint-Xaum.
OCHROCARPUS (Bot.) (V. Tovomita).
OCH S (Pierre), homme politique suisse, né à Xantes
OCHS — O'CONiNELl
— 234
s'établir à Bàle, lieu d'origine de sa famille. Ti y devint
bientôt cbeancelier d'Etat. Après la Révolution française,
il exerça une influence considérable sur les affaires suisses.
11 fut dans son pays l'homme du Directoire qui l'imposa
même en 4798 au Directoire helvétique : il ne put s'y
maintenir et démissionna en 1799. Il prit part à la
('onsulte convoquée à Paris par le premier consul et d'où
sortit l'Acte de médiation. Dès lors il vécut à Bâle, où il
s'occupa de travaux historiques et littéraires. Il a laissé
des œuvres dramatiques en français sans grande valeur et
une Histoire de la ville et du pays de Belle en 5 vol.
OCHSENBEIN (Ulrich), militaire et homme politique
suisse, né à Nidau (Berne) en 4811, mort à Nidau le
3 nov. 1890. Lors de l'effervescence politico-religieuse
qui précéda le Sonderbund, Ochsenbein, alors capitaine
d'état-major, prit le commandement des corps francs
qui marchèrent sur Lucerne. Il fut battu et désavoué,
mais, devenu chef du gouvernement bernois, il con-
tinua ardemment la lutte contre les cantons catholiques.
Il commandait comme colonel un corps de réserve lors de
la campagne du Sonderbund. Lors de la mise en vigueur
de la constitution fédérale de 1848, il fut nommé au gou-
vernement central, où il siégea jusqu'en 1834. Non réélu,
il s'offrit pour commander une légion étrangère pour la
guerre de Crimée ; il avait o])tenu ce commandement
comme général au titre étranger lorsque fut signée la paix.
Il rentra alors en Suisse et vécut dans la retraite. En
1870, il offrit son épéo au gouvernement de la Défense na-
tionale. E. K.
OCHSENHAUSEN. Village du Wurttemberg, cercle du
Danube, sur la Rottum ; '2.090 hab. (en 189o). Ancienne
abbaye impériale bénédictine, issue d'un prieuré de l'an
1100, érigé en abbaye en 1391, dontl'abbé devintprince
d'empire (1746). Sécularisée en 1803, elle fut partagée
entre le comte de Sch?esberg (annexée au Wurttemberg
dès 1806) et le prince de Metternich, qui vendit sa part
au Wurttemberg pour 1.200.000 florins en 1825.
OCHSENHEIIVIER (Ferdinand), naturaliste allemand,
né à Mayence en 1763, mort en 1822 à Vienne où il était
acteur; auteur du traité le plus complet sur les papillons
d'Europe : Die Schmetterlinge von Europa (Leipzig,
1807-33, 10 vol., achevé par Treitschke).
OCHTERVELT (Jacob), peintre hollandais. On ignore
la date exacte de sa naissance et de sa mort, mais un docu-
ment dit que sa femme, veuve, mourut en 1710, à l'âge
de quatre-vingts ans ; il doit donc être né un peu avant
1630, ce qui s'accorde avec ce fait qu'il fut élève de Ber-
chem (né en 1620), en même temps que Pieter de Hooch
(né en 1630). D'autre part, il ne vivait plus en 1710,
puisque sa femme est morte veuve. Il fut, de 1663 à
1672, membre' de la gilde à Rotterdam, et en 167411
vint à Amsterdam pour peindre son grand tableau : les
Régents de l'hospice des lépreux. Cette importante pein-
ture le chasse à un rang élevé, tout près de Terburg, dont
il a certainement connu les œuvres. On y trouve une so-
briété, une tenue de valeurs et une justesse de dessin très
remarquables, en même temps qu'un sens très fin de la
physionomie des personnages. Ses tableaux de chevalet
rappellent Metzu et Ter Borch, mais sans aucune imita-
tion servile, et sont plus appréciés des connaisseurs que
célèbres dans le grand public. On en trouve à Amsterdam
(coll. Six), 'à La Haye, à Rotterdam, à Bruxelles (galerie
d'Arenberg), à Carlsruhe, à Dresde, à Copenhague, à Saint-
Pétersbourg. E. D.-G.
BiBL. : A. Bredius, Chefs-d'œuvre du musée d'Amster-
dnm.
OCHTEZEELE. Com. du dép. du Nord, arr. de Haze-
brouck, cant. de Cassel ; 476 hab.
OCHUS (V. Artaxerxès III).
OCKAM (Guillaume d') (V. Occam).
OCKAM (Peter King, baron d') (V. King).
OCKEGHEM, compositeur de musique (V. Okkghem).
OCKEL (Eduard), peintre allemand, né à Schwante
(Brandebourg) le 4^^' févr. 1834. Elève de Couture à Paris
(1838), disciple de l'école de Fontainebleau, il peignit ses
premiers paysages en Normandie et dans la forêt de Fon-
tainebleau, s'efforçant d'alher le sentiment poétique à
l'exacte reproduction de la nature. Plus tard, il prit ses
sujets dans lo Brandebourg. Ses principales œuvres oii
souvent il figure des cerfs ou des daims sont : Vaches
près de Touques (1861) ; Cerfs à la mare aux hée^
(1863); Lever de soleil a Sassemvall ((i^Q^i)', Cerfs
sur la Schorfheide (1868) ; Daims au printemps (1877);
Soir d'automne au lac Carmen (1883) ; les Quatre
Saisons (1892).
OCKER. Rivière (V. Oker).
OCKLEY (Simon), orientaliste anglais, né à-Exeter en
1678, mort eà Swavesey le 9 août 1720. Elève distingué
de l'université d'Oxford, il prit les ordres, occupa diverses
cures et, finalement, celle de Sw^avesey où il mourut. Tra-
vailleur acharné, il étudia passionnément l'arabe et publia
son întroductio ad linguas orientales (Cambridge, 1706),
qui fut accueillie avec faveur. Il donna ensuite la traduc-
tion de V Histoire des Juifs, du rabbin italien Léon Modena
(Londres, 1707) ; Jlie Improvement of human Pieason
exhibited in the Life of Mai ebn Yokdhan (Londres,
1708), traduit de l'arabe Ibn-at-Tufail ; The Conquest
of Syria, Persia and Egijpt of the Saracens (Londres,
1708-18, 2 vol.), ouvrage qui eut un succès considérable
et fut traduit en diverses langues, notamment en français
(Paris, 1748). Ce succès valut à Ockley la chaire d'arabe
à Cambridge(1711). llpubUa encore : Accoiintof the Auto-
rity of the Arabie Mss. in the Bodleian Library, etc.
(1712); la traduction du second livre d'Esdras (Î716);
Account of South-West Barbary (1713), la traduction
des Sentences d'Ali (1717), etc. R. S.
BiBL. : Vie d'Ockley, par Ralph Ilcathcotc, clans Chal-
.mer's, General Biogr. Dictionary, 1761.
OCKLOCKONEE. Fleuve côtier des Etats-Unis, tribu-
taire de l'Atlantique, qui naît en Géorgie et finit en Flo-
ride ; 223 kil.
OCMULGEE. Rivière des Etats-Unis, Géorgie, s'unit à
rOconee pour former FAltamalia ; il a 380 IdL dont 173
navigables, depuis Maçon.
OCONA ou LAMP A. Fleuve cùtier du Pérou, dép. d'Are-
quipa, qui suit le 73° 30' long. E. ; 300 kil. de long.
VaUée fertile.
O'CONNELL (Daniel), célèbre homme politique irlan-
dais, né dans le comté de Kerry le 6 août 1773, mort à
Gènes le 13 mai 1847. D'une vieille famille catholique,
il termina son instruction au collège des jésuites de Saint-
Omer et à celui de Douai. Il y puisa une horreur des prin-
cipes de la Révolution française qui lui inspira, par la
suite, la plus fausse appréciation sur ceux qu'il appelait
les « rebelles de 1789 ». Inscrit au barreau de Londres
en 1794, il revint en Irlande en 1796 et ne tarda pas à
s'illustrer dans la carrière d'avocat. La politique l'attirait
irrésistiblement. Il s'essaya dans des meetings cathoUques
oti sa parole puissante, chaude, colorée, produisit une pro-
fonde impression. Il réclamait avec passion l'émancipation
des catholiques et dès 1800 il ne cessa de protester contre
l'union de l'Irlande à l'Angleterre. Il eut bientôt conquis
une popularité sans précédent. En 1813, les violences de
sa polémique relativement aux affaires municipales de Du-
blin l'entraînèrent à un duel avec le Heutenant de vais-
seau d'Esterre qu'il tua. Il eut aussi une querelle grave
avec Robert Peel, alors secrétaire pour l'Irlande, qui affec-
tait de le considérer comme un agitateur de bas étage, et
il faiUit se battre avec lui. En 1§22, il fonda la grande
association catholique qui eut des ramifications dans toute
l'Irlande et qui devint un tel instrument de propagande
que le gouvernement dut la supprimer en 1823. O'Connell
n'eut que la peine de la rétablir sous un autre nom et sous
une autre forme. En 1828, il fut élu membre de la Cheambre
des communes par le comté de Clare. Cette élection, qui
53r) —
O'CONNELL
avait donné lieu de la part du lord lieutenant à un impo-
sant déploiement de forces, se passa fort tranquillement :
elle excita dans toute l'Irlande un grand enthousiasme.
Elle eut pour conséquence immédiate la création de clubs
libéraux dans toutes les localités importantes. O'Connell
ne pouvait siéger au Parlement, puisqu'il était catholique.
Il plaida lui-môme sa cause à la barre des Communes
(15 mai 4829) : elle ne fut rejetée que par 190 voix contre
416. Mais bientôt l'émancipation des catholiques était un
fait accompli, le gouvernement ayant redouté une guerre
civile, et O'Conneil, réélu le 30 juil. 4829, entrait à la
Chambre où il devenait en peu de temps un des orateurs
parlementaires les plus appréciés et les mieux écoutés de
l'époque. Il s'attacha dès le début à réclamer l'abrogation
de la loi d'union entre l'Angleterre et l'Irlande; et pour
appuyer cette réclamation, il organisa savamment l'agita-
tion dans le pays et fonda en 4830 la « Société des amis
d'Irlande ». Réélu par Waterford le 24 juil., il créa une
autre société, r « Anti-Union Association », la précédente
ayant été supprimée, puis une autre encore, pour le même
motif, « les Volontaires Irlandaispour lerappelderUnion »,
puis des «déjeuners publics » oii, comme en nos banquets
Réformistes de 4848, on ne faisait que parler poUtique.
Ces banquets ayant été interdits à leur tour, O'Conneil s'obs-
tina et fut arrêté (49 janv. 4834). Dublin se souleva, à
cette nouvelle. O'Conneil, tout-puissant sur son peuple, sut
calmer d'un mot cette effervescence et empêcher les plus
graves désordres : le gouvernement renonça à sa poursuite.
Député de Dublin, à partir de 4832, O'Conneil inaugura avec
succès un système politique qui accrut son influence. Il fit
entrer à la Chambre ses fils, ses neveux, ses partisans les
plus dévoués ; c'est ce qu'on appelait plaisamment la « queue
d'O'Connell ». Il tenait en ses mains la plupart des collèges
électoraux d'Irlande et, dès qu'une vacance se produisait,
il faisait élire un candidat partisan de sa politique. Aussi,
lorsqu'en 4835 les élections eurent amené au Parlement
un nombre presque égal de tories et de vvhigs, O'Conneil
fut-il maître de hi situation. lien profita pour obtenir di-
verses améliorations : cinq députés déplus pour l'Irlande,
un bill en faveur des pauvres, etc. Puis il ropiit sur une
plus grande échelle l'agitation pour le « rappel de l'Union».
Un 4836, il fondait F « Association générale d'Irlande » ;
en 4838, la « Precursor Society », enfin en 4840 la « Re-
peal Association ». De plus, comme il avait constaté qu'en
soutenant le cabinet Melbourne il avait excité l'horreur
des whigs contre le parti tory qu'ils accusaient de sr.bor-
dination au grand agitateur et qu'il avait finalement causé
sa ruine, O'Conneil songea à faire de l'intimidation en
grand, en inaugurant les meetings monstres. Ces meetings
se tenaient d'ordinaire le dimanche, en plein air, dans
quelque lieu pittoresque et le plus souvent célèbre dans les
annales irlandaises. Les partisans d'O'Connell accouraient
de tous les environs, les prêtres marchant à la tête de leurs
paroisses. On célébrait une messe, puis O'Conneil prenait
la parole, formulant en termes enflammés les griefs des Ir-
landais contrôles Saxons. Il est impossible de décrire l'effet
produit par ces discours sur ces foules immenses. Lord
Lytton en fut si frappé qu'il essaya de le dépeindre dans
son poème de Saint-Stephens. « C'est ainsi qu'un jour
le géant m'apparut entouré de l'horizon immense, ayant
au-dessus de sa tête la voûte du firmament sans bornes...
Comme je rêvais, s'éleva la voix sonore ; ainsi vibre la cloche
argentine de la tour d'une égUse ; elle planait, limpide,
sur la vague aérienne, ghssant semblable à l'oiseau. Elle
arrivait jusqu'aux dernières limites de ce vaste auditoire ;
elle se jouait avec les passions sauvages, augmentant le
tumulte ou apaisant le murmure, déchaînant les rires ou
excitant les sanglots. » Tous ces hommes eussent obéi
aveuglément à un ordre d'O'Connell. Le gouvernement
s'effraya de ces sortes de revues militaires qui réunissaient
tant de gens qu'un seul mot eût lancés contre lui. Le jour-
nal la Nation venait d'être fondé et prêtait à la cause
de l'agitateur tout l'éclat de sa renommée littéraire. Il était
temps d'agir. Le 7 oct. -1843, une proclamation du lord
lieutenant interdisait un meeting qui devait avoir lieu le
lendemain à Clontarf , le but de cette réunion étant « d'ex-
citer les craintes légitimes du gouvernement et d'obtenir
un changement dans les lois constitutionnelles du royaume
par l'intimidation et le déploiement de la force brulale».
O'Conneil avait toujours été ennemi de la violence, il s'op-
posait même aux grèves. Il dédaigna res])èce de provoca-
tion du gouvernement, car toute une population était déjà
en marche lorsque parut la proclamation, et, affirmant sa
toute-puissance, « le souverain sans couronne », comme
on diseiit, ordonna de respecter les ordres du lord lieute-
nant et le meeting n'eut pas lieu. Poussant jusqu'au bout
sa facile victoire, le gouvernement poursuivit aussitôt O'Con-
neil et ses principaux lieutenants, les accusant « d'avoir
ourdi une conspiration, d'avoir excité les sujets de S. M.
au mépris et à la haine du gouvernement et de la loi
constitutionnelle». Le 24 mars 4844, O'Conneil était con-
damné à douze mois de prison et à oO.OOO fr. d'amende.
Il en appela à la Chambre des lords, iTcommxandant aux
masses populaires le calme absolu : « Tout homme qui trouble
en quoi que ce soit la paix publique est mon ennemi et
celui de l'Irlande. » Son peuple lui obéit encore. Il resta
dans la prison de Richmond, à DubHn, jusqu'à l'arrêt de
la Chambre haute qui ne fut rendu que le 4 sept. 4844.
O'Conneil et ses compagnons étaient acquittés, le premier
procès ayant été jugé souverainement impoUtique. O'Con-
neil, remis aussitôt en liberté, fut reconduit en triomphe
à sa maison : il y eut en son honneur des banquets, des
illuminations, des processions. Plus que jamais il affirma
que l'heure de l'indépendance allait sonner, mais on ne
tarda pas à s'apercevoir qu'il avait perdu non pas sa po-
pularité, mais son autorité, sa toute-puissance. Un pro-
fond politique, Cavour, en a très nettement indiqué les
raisons. Il écrivait en 4843 : «Pour moi, le rôle d'O'Con-
nell est fini. A la première manifestation un peu énergique
de ses adversaires, il a reculé ; depuis ce moment, il a cessé
d'èti'e dangereux. » De ce moment date en effet une scis-
sion dans le parti irlandais. Toute la jeune Irlande aban-
donna l'agitaleur. Les meetings monstres ne fui'ont plus
un objet de terreur pour l'Angleterre, et dès qu'il fut
prouvé qu'O'Connell se bornait à l'agitation pure, il ne fut
pas plus redouté qu'un apôlre quelconque du tee-ioialism .
Ses dernières années furent tristes. Malade, épuisé, pro-
fondément blessé de voir les jeunes déserter en masse son
drapeau, il parla encore, en diverses occasions, à la Chambre
des communes, d'une voix presque éteinte, mais qu'on
écoutait avec le plus profond respect. En 4847, très souf-
frant, il s'embarqua poui' un voyage à Rome. II traversa
la France à petites journées, recevant partout des marques
de la plus vive estime, et, arrivé à Gênes, il y mourut d'une
congestion cérébrale. Son cœur embaumé fut déposé à
réghse Sainte-Agathe de Rome. Son corps fut ramené en
Irlande oîi des honneurs presque royaux lui furent rendus le
5 août 4847. On a élevé en 4869 sur son tombeau, dans
le cimetière de Glasnevin, une tour de 465 pieds de haut.
O'Conneil, véritable géant, a exercé sur tous ceux qui
l'ont connu une impression profonde. Peu d'hommes ont
été aussi aimés et aussi détestés que lui. Il avait l'habi-
tude de prodiguer à ses adversaires des injures et des in-
vectives si grossières et si mordantes qu'il s'en faisait des
ennemis peissionnés. On rappelle encore son apostrophe à
Wellington, « ce caporal rabougri », et il osa appeler le
limes « un vil chiffon de papier ». Il n'est pas étonnant,
après cela, que le Times, durant des années, lui ait con-
sacré un venimeux article de tête, qu'on l'ait surnommé
« le Gros Mendiant» et qu'on l'ait accusé de vénalité, lui
qui mourut pauvre, laissant des enfants dans le besoin. A
la Chambre, il ne fut pas moins écouté et admiré que dans
les réunions publiques. Son éloquence s'était pliée tout de
suite au milieu parlementaire, et il peut être considéré
comme l'un des plus grands orateurs politiques de l'An-
gleterre. Ses discours ont été publiés par son fils John
O'CONNELL — O'CONNOR
rsij
(Dublin, 4846,^2 vol.) et par M. F. Ciisack (Dublin, ;1875,
i2 vol.), et il a laissé un ouvrage d'une valeur littéraire in-
contestable : Historical memoir of Ireland and ihe
Irishy native and Saxon (Dublin, 1843). Fitzpatrick a
publié : The political and private Corre^pondence of
D. OXonnell (Londres, 1888, 2 vol.).
Son fils aîné, Maurice (mort à Londres le 18 juin 1853),
fut député de Clare (1831), puis de Tralee (1833) aux
Communes. Le troisième, John, né le 24 déc. 1810, mort
à Kingstown le 24 mai 1858, député depuis 1833, suc-
céda à son père dans la direction de la « Repeal Asso-
ciation », qu'il laissa dissoudre en 1848. Il accepta en
1857 une sinécure du gouvernement. Il a écrit la biogra-
phie de son père et Recolle étions and Expériences du-
ring a parlementary carier from iSSS to 1848
(Londres. 1848, 2 vol.). René Samuel.
BiBL. : RoB HuisH, Memoirs private and political of
D. O'Connell; Londres, 1836, in-8. —J. Graeske, O'Connell,
his contemporaries andcareer; Dublin, 1842, in-8. — Louis
de LoMÉNiE, M. O'Connell, par un homme de rien; Paris,
1842, in- 12. — E.-A. Moriarty, Le5en imd Wirken O'Con-
îie/rs; Berlin, 1843, in-8. — Perceval, Tribute to O'Con-
nell; Dublin, 1844, m-8. — Ludwig Schipper, O'Connell's
Leben undWirken, 1844, in-8. — John O'Comnell, Li/'e and
speeches of D. O'Connell; Dublin, 1846-47, 3 vol. in-8. —
G. Ventura, Orazione funèbre nelleesequie di D. O'Con-
nell; Rome, 1847, in-8. — Réminiscences of D. O'Connell,
by a Munster farmer ; Londres, 1847 in-8. — Pascal Du-
PRAT, D. O'Connell; Paris, 1847, in-8. — G. Dairnwœll,
la Libération d'O'Connell; Paris, 1847, in-8. — J. Gondox,
Biographie de D. O'Connell; Paris, 1847, in-18. — William
Fagan, Life and times of D. O'Connell; Londres, 1850,
2 vol. in-12.— J. deFRANCHEviLLE,D. 0'Con7ieU; Paris. 1848,
in-8. — Lacordaire, Eloge funèbre sur la tombe de
D. O'Connell; Paris, 1848, in-8. — Dauxt, Personal recol-
lections of the laie O'Connell; Londres, 1848,2 vol. in-8. —
W. Maccabe, The last days of O'Connell; Londres, 1848,
in-8. — J. LuTz, Uber O'Connell and Pius IX; Tubingue,
1848, in-8. — Elias Regnault, Procès de D. O'Connell;
Paris, 1844, in-8. — Sly, O'Connell undsein Process ; Cre-
feld, 1844, in-12. — Rixtel, O'Connell's Process; Munster,
1845, in-8. — John O'Connell, Recollections and Expé-
riences during a Parliamentary Career; Londres, 1848,
2 vol. — J. O'Rourke et O'Keeffe, Life of D. O'Connell;
Londres, 1875. — Hamilton, Life of O'Connell; Londres,
1888. — Marc Carthy, Histoire contemporaine d'Angle-
terre; Paris, ^ 1885, t. I, in-8. — Lefèvre, Peel and O'Con-
nell; Londres, 1887. — Nemours-Godré, O'Connell, sa vie,
son œuvre ;Pâris^ 1890, in-12. — Pauli, Wie O'Connell,
zur Falle kam^ dans Preussische Jahrbucher, 1873, t. XXXI.
— Gladstone, Daniel O'Connell, dans Nineteenth Century,
1889. — Ch. Wœste, O'Connell et Parnell, dans Revue
générale, 1893.
O'CONNOR (Turlough), roi de Connaught, i\é dans le
Connaught en 1088, mort en 11 56. 11 remplaça sur le trône,
en 1106, son frère Domhnall, qui avait été déposé par
Murtougti O'Brien (V. ce nom). Son règne se passa en
guerres perpétuelles avec ses voisins. En 1111, ilenvaliit
rUlster, ravagea le Tliomond en 1114, s'avançant jus-
qu'à Limerick, fit des incursions dans le Munster de 1116
à 1119, puis de nouveau en 1121 et, finalement, enl 127,
il partagea ce pays en trois parties, confiées chacune à
un chef difTérent, politique qu'il avait appliquée dans
le Meath en 1123. Nous ne suivrons pas O'Connor dans
ses innombrables expéditions qu'il mena presque toujours
à bien. Les anciennes chroniques le décrivent comme un
homme charitable, bienveillant, hospitalier et chevale-
resque. R. S.
O'CONNOR (Roderic), roi d'Irlande, né en 1116, mort
en ld98. Fils du précédent, il lui succéda comme roi de
Connaught en 1156. Conquérant, comme son père, il fit
d'innombrables expéditions, soit contre ses voisins, soit
contre les familles de son pays assez puissantes pour lui
disputer la suprématie. Il conquit par les armes la cou-
ronne d'Irlande (1166) et réunit l'année suivante une
grande assemblée de clercs et de laies qui délibéra di-
verses lois. En 1171, il assiégea Dublin, mais, surpris
par les Normands, il fut complètement battu. Il se vengea
de cet échec en battant Strongbovv à Thurles en 1174 et
en ravageant le Munster en 1175. Il finit par conclure
avec Henry II le traité de Windsor (1175). En il 86, un
de ses fils fit alliance avec les Anglais, le déposa et le
chassa du Connaught. Après diverses tentatives pour res-
saisir sa couronne, il se retira à l'abbaye de Cong, oti il
mourut. R. S.
O'CONNOR (Feargus-Edward), homme politique irlan-
dais, né le 18 juil. 1794, mort à Londres le 30 août 1855.
Inscrit au barreau irlandais, après avoir fait de fort médio-
cres études àTrinity Collège de Dublin, il écrivait en 1822
un pamphlet insignifiant : A state of Ireland, et se si-
gnalait davantage par de folles dissipations. Très exalté,
il se lançait en 1831 dans la politique à propos de l'agi-
tation réformiste. En 1832, il était élu membre de la
Chambre des communes par le comté de Cork. Il vota
avec les radicaux et prit souvent la parole sur des ques-
tions irlandaises. Il témoignait à O'Connell une véritable
hostiHté. Lors des élections de 1835, il stupéfia le peuple
en se promenant clans un char avec un étendard repré-
sentant Roderic O'Connor, roi d'Irlande (V. ci-dessus),
dont il prétendait descendre. Le 18nov. 1837, il fondait
V Etoile dît Nord, qui devint rapidement le plus populaire
et le plus influent des organes chartistes. En même temps,
il tenait force meetings, remuant les masses par des dis-
cours enflammés, gagnant leur cœur par son aspect im-
posant, sa haute taille, sa force herculéenne ; il fut re-
connu pour le chef incontestable du Chartisme (V. ce mot).
Le 11 mai 1840, il était condamné pour « libelles sédi-
tieux », publiés dans V Etoile du Nord, à 18 mois de pri-
son, peine qu'il subit au château d'York. A peine remis
en liberté, il fut impliqué dans un second procès, d'oii il
réussit à se tirer (1842). Le 24 oct. 1846, il fondait,
avec Ernest Jones, la « Chartist Coopérative Land Com-
pany », qui s'appela par la suite « National Land Com-
pany », sorte de familistère rural, dont les peintures sé-
duisantes émerveillèrent les âmes simples. Un organe spé-
cial, The Labourer (1847), fut créé pour répandre les
idées de coopération agricole. Réélu à la Chambre des
communes par Nottingham, en 1847, Feargus O'Connor
joua bientôt un rôle prépondérant. La Révolution de Paris
donna Heu de penser au grand chef du chartisme que le
gouvernement pouvait tomber entre ses mains comme il
était tombé entre les mains des républicains français. On
résolut de tenir, le 10 avr. 1848, un immense meeting à
Kensington-Common, sous la présidence de Feargus O'Con-
nor. On espérait une collision avec la police et la force
armée, et, le mouvement une fois engagé, y impliquer
le peuple entier. Environ 25.000 hommes se rassemblèrent
et jetèrent la terreur dans Londres. Cependant, la proces-
sion à la Chambre des communes, but du meeting, fut
interdite, et le duc de Wellington avait pris toutes les
précautions nécessaires pour le maintien de l'ordre. O'Con-
nor comprit bien que le mouvement avorterait, et il com-
battit de toute son influence le projet que nombre de ses
partisans avaient formé de recourir au besoin à la force
et de s'armer. Il s'ensuivit une scission parmi les char-
tistes, les uns tenant pour une démonstration pacifique,
les autres voulant recourir à la force. La procession ne
se forma pas et la démonstration aboutit à un pitoyable
échec. La fameuse pétition chartiste qui suivit éprouva
une pareille aventure. O'Connor avait présenté à la Chambre
des communes une prodigieuse liste renfermant, disait-il,
5.706.000 signatures. La commission des pétitions exa-
mina de près ce document et ne trouva que 1.975.496 si-
gnatures et encore la plupart d'entre elles étaient l'œuvre
de mauvais plaisants qui avaient inscrit d'otfice : Robert
Peel, Wellington, John Russell, le prince Albert, voire la
reine, sans compter « Cheecks le marin », un héros de roman,
et quantité de personnages imaginaires. La pétition avait
produit une véritable impression sur la Chambre ; aussi
les déclarations de la commission excitèrent-elles un fou rire
qui s'étendit à toute l'Angleterre. Dès lors, on ne prit plus
O'Connor au sérieux. Entre temps, la « National Land Com-
pany » avait fait faillite. Toutes ces désillusions avaient
profondément affecté O'Connor. Il commença à se livrer
à des plaisanteries déplacées au cours des séances de la
"287
O'CONNOR — OCTAVIA
Chambre ; puis il insulta gravement un de ses collègues.
Arrêté par le sergent d'armes, il fut soumis à un examen
médical, qui conclut à la folie. D'abord enfermé dans une
maison de santé, il fut confié à sa sœur, chez laquelle il
mourut. R. Samuel.
BiiîL. : Gammage, History of Chartism ; Londres, 1854.
— Frost, Fortij years Recollections ; Londres, 1880. —
J. Mac-Carthy, Histoire contemporaine d'Angleterre;
Paris, 1885, in-8, t. I et II. ,
OCONTO. Ville des Etats-Unis, \yisconsin, sur la
Green-bay (lac Michigan) à l'embouchure de la rivière
Oconto ; 5.219 hab. (en 1890). Scieries, moulins.
OCOPA. Couvent du Pérou, dép. de Junin, fondé dans
la vallée de Jauja par les carmes déchaussés, qui explo-
rèrent les contrées voisines (bassins de l'Ucayali, du
Huallaga, etc.) aux xvii® et xviii^ siècles et en dressèrent
de bonnes cartes.
OCOS (Barre de). Estuaire de la côte américaine de
l'océan Pacifique, à la Umite du Mexique et du Guatemala.
Ce dernier Etat y a ouvert un port franc en 1885.
OCOTAL. Ville du Nicaragua (V. Segovia).
OCOTEA (Ocoteak\\\A.). Genre de Lauracées-Ocotées,
composé d'arbres et d'arbustes de l'Amérique, de l'Afrique
et de l'Asie, au nombre d'une centaine, à feuilles alternes,
à cymes disposées en grappes terminales et axill aires. Les
fleurs sont dioiques, rarement hermaphrodites, à verti-
cilles trimères, avec 9 étamines fertiles, les 3 intérieures
pourvues de 2 glandes ; l'ovaire est libre ; la graine a un
embryon épais et charnu, souvent chargé de matière
grasse. Les 0. bullata E. Mey(5fe^-?(;ooc? des Anglais)
et 0. fœtens Ait. fournissent un bois d'une fétidité ex-
trême. Les feuilles de l'O. giiianensis Aubl. s'emploient
topiquement, à la Guyane, dans le traitement des abcès,
des bubons, etc. L'huile essentielle jaune, qu'on extrait
par distillation des fruits de l'O. opifera Nées ou Ca-
nella de Cheiro du Rio Negro, sert en frictions contre
les douleurs rhumatismales. — Les Ocotea ont fait leur
apparition dans le miocène supérieur par VOreodaphne
(Ocotea) Heeri Gaud. ; il a été trouvé à Sinigaglia et
d'autres espèces ont été rencontrées dans les tufs cal-
caires pliocènes de Meximieux. D'^" L. Hn.
OCQUERRE. Com. du dép. de Seine-et-Marne, arr.
de Meaux, cant. de Lizy-sur-Ourcq ; 311 hab.
OCQUEVILLE. Com. du dép. de la Seine-Inférieure,
arr. d'Yvetot, cant. de Cany ; 580 hab.
OCRE (Chim. ind.) (V.^Brun, t. VIII, pp. 232-33).
OCRE (Th. Bonanni, baron d') (V. Bonanni).
OCRE AT US, mathématicien du xii^ siècle, auteur d'un
petit opuscule extrait de l'arabe, sous le titre : Prologus
N. Ocreati inllelceph ad Adelhardum Batensem ma-
gistrum siium. Il a été publié dans le Zeitschrift fur
Math, iind Phys., en 1880, par M. Ch. Henry. Le nom
de l'auteur, longtemps pris pour irlandais (O'Creat), est
plutôt une traduction latine d'un nom anglais ou français
signifiant botté (par exemple de la forme normande i/^z/:5é/).
Le mot Helceph peut représenter VAl-Kdfi fil hisdb,
c.-à-d. l'arithmétique d'Alkarchi (qui vécut à Bagdad vers
l'an 1000). L'opuscule d'Ocreatus, qui semble incomplet
et dont le texte est défectueux, traite de îa multiplication
et de la division ; il est particulièrement intéressant à
cause de^sa date. T.
OCTAÈDRE (Géom.) On appelle octaèdre un polyèdre
à huit faces. Les faces sont des triangles, les sommets
sont au nombre de six, et à chaque sommet aboutissent
quatre arêtes. L'octaèdre régulier peut se construire en acco-
lant par leurs bases deux pyramides régulières à bases
carrées, la hauteur de chacune d'elles étant égale à la
demi- diagonale de la base. Les faces sont alors des
triangles équilatéraux. Parmi les récentes études les plus
remarquables sur les polyèdres, nous devons signaler celle
dont il est question dans ce qui va suivre, et qui se rap-
porte à des octaèdres non convexes.
Octaèdre articulé. — On sait, d'après Cauchy, qu\m
polyèdre, dont toutes les faces sont rigides, n'est, en
aucun cas, susceptible de déformation. Mais la démonstra-
tion de l'illustre géomètre suppose essentiellement que les
polyèdres auxquels elle s'applique sont convexes. Il y
avait donc lieu de se demander si, dans certains cas, un
polyèdre concave ne peut être déformable. S'il existe de
tels polyèdres, tous leurs angles solides présentent au
moins quatre faces, car un angle trièdre est nécessaire-
ment rigide. Les plus simples possible des polyèdres satis-
faisant à cette condition sont les octaèdres à faces trian-
gulaires. Pour résoudre la question indiquée ci-dessus, il
était donc naturel de rechercher les conditions de défor-
mabilité d'un octaèdre à faces triangulaires ; c'est ce qu'a
fait M. Bricard dans un Mémoire sur l'octaèdre arti-
culé, paru dans le Journal des mathématiques pures
et appliquées (année 1898). L'auteur de ce mémoire à
reconnu qu'il existe bien des octaèdres déformables (tous
concaves, bien entendu), qui se ramènent à trois types
distincts : 1^ des octaèdres ayant leurs arêtes opposées
égales deux à deux, et possédant un axe de symétrie ;
2* des octaèdres ayant leurs arêtes égales deux à deux,
et possédant un plan de symétrie ; 3*^ des octaèdres
dont tous les angles solides ont leurs faces opposées deux
à deux égales ou supplémentaires, et qui peuvent être
aplatis de deux manières différentes. Pour plus de détails,
nous renverrons au mémoire signalé plus haut. Nous
ajouterons seulement que les octaèdres du premier et du
second type sont chacun le premier terme d'une série
comprenant un nombre infini de polyèdres déformables.
On rencontre en particulier, dans la première série, un
icosaèdre déformable. C.-A. Laisant.
OCTANT. Instrument à réflexion assez analogue au
sextant (V. ce mot). Il sert, comme lui, à la mesure des
angles et n'en diffère essentiellement qu'en ce que son arc
divisé n'embrasse qu'un huitième de circonférence, d'où
l'impossibilité de mesurer des angles de plus de 90^. En
outre, il n'a pas de lunette, mais un simple tube portant
à l'un de ses bouts, en guise d'oculaire, une plaque de
cuivre percée de deux trous ; on vise par le plus rappro-
ché ou par le plus éloigné du plan de l'instrument, suivant
que l'image réfléchie est peu éclairée ou très brillante.
L'octant a en général un rayon de 25 centim.; son approxi-
mation est alors d'une demi-minute. Il est peu employé.
OCTASTYLE ou OCTOSTYLE (Archit.). Nom donné
dans l'antiquité à l'ordonnance des façades des édifices
quand ces façades se composaient de huit colonnes : le plus
i)el exemple que l'on puisse citer d'une ordonnance octa-
style est la façade du Parthénon (V. ce mot) ou temple de
Minerve, à Athènes. Ch. L.
OCTAVE. I. Musique (V. Musique et Intervalle).
IL Liturgie. — Ce mot désigne les huit jours pen-
dant lesquels la célébration de certaines fêtes est pro-
longée, par la répétition d'une partie de l'office de la fête:
hymnes, antiennes, versets, avec une ou plusieurs leçons
relatives au sujet ; mais il s'applique plus spécialement
au huitième jour, octava dies. Les octaves sont classées
en plusieurs ordres. Le premier comprend celles de Noèl,
Pâques, Pentecôte et Dédicace. Les doubles majeures n'ont
que des octaves du second ordre. Celles du troisième ordre
se rattachent à quelques fêtes de la sainte Vierge et de
saints. — On appelle Octavaire le livre qui contient ou
indique ce qu'on récite pendant les octaves.
m. Escrime (V. Escrime, t. XVI, p. 290).
OCTAVE (Caius Octavius) (V. Auguste).
OCTAVIA [Gens). Famille romaine dont le plus célèbre
membre fut l'empereur Auguste. Elle était plébéienne,
originaire de la ville volsque de Vélitres et n'est histori-
quement connue qu'à partir de Cneius Octavius Rufus,
questeur en l'an 230 av. J.-C. Plus tard, on lui fabriqua
une légende qui la faisait naturaliser romaine par Tarquin
l'Ancien et classer patricienne par Servius Tullius.
Le questeur Cneius eut deux fils, Cneius et Caius, de qui
descendirent deux Mgnées. Cneius, préteur en 205, fit
campagne en Sardaigne, ravitailla l'armée d'Afrique (203),
OCTAVIA — OCTOBRE
238
combattit à Zama, fut chargé de missions en Afrique (200),
en Grèce (492). — Son fils, Cneius, fut préteur en 468,
commanda la flotte qui captura Persée à Samothrace,
obtint un triomphe naval et rapporta de grandes richesses
à Rome. Il y fit ériger, près du cirque Flaminien, un beau
portique (avec double rangée de colonnes corinthiennes),
se construisit une maison sur le Palatin, fut élu consul
pour 465. Au cours d'une ambassade en Syrie, il fut as-
sassiné à Laodicée. — Son fds, Cneiiis, fut consul en
428. On ignore le degré de sa parenté avec son contem-
porain le tribun de la plèbe, Marcus Octavius, que Tibe-
rius Gracchus fit déposer en 433 pour se débarrasser du
veto opposé par lui à la loi agraire. — Cneius, fils de
Cneius, fut consul en 87 ; il était du parti oligarchique,
se brouilla avec son collègue Cinna, du parti marianiste,
le chassa de Rome et le ht déposer par le Sénat ; mais
quand Marins et Cinna reprirent Rome, il fut tué sur sa
chaise curule, et sa tète accrochée aux rostres. 11 eut pour
ûhLiicius, consul en 75, proconsul en Cilicie où il mou-
rut (74). Le consul de 87 eut pour frère Marcus, tuteur
de la plèbe, père de Cneius, consul en 76 ; le fds de celui-ci,
Marcus, édile curule en 50, ami de Cicéron, prit parti
pour Pompée, commanda une forte flotte dans l'Adria-
tique, guerroya en Blyrie après Pharsale, passa en Afrique
où il disputa après Thapsus le commandement à Caton.
On le retrouve à la bataille d'Actium commandant le
centre de la flotte d'Antoine.
La seconde lignée de la gens Octavia, descondant de
Caius, demeura dans l'ordre équestre ; après le premier
Caius, viennent son hls, le second Caius, tribun mihtairc
échappé du carnage de Cannes ; le troisième Caius, hls du
précédent, vécut dans sa ville de Yelitres où il s'enrichit
par la banque et l'usure. Son fils, le quatrième Caius,
père d'Auguste, fut tribun militaire, questeur, éddedela
plèbe, juge, préteur (64). Sa richesse lui facilita l'accès
des honneurs, non moins que son mariage avec Atia, fille
de Julia, sœur de Jules César. Il avait d'ailleurs une
excellente réputation. Il reçut le gouvernement de Macé-
doine, avec titre proconsulaire, détruisit en route une
bande d'anciens esclaves, près de Thurium, défit les
Thraces, fut proclamé imperator par ses troupes et mou-
rut à Noie en 58, au moment où il allait briguer le con-
sulat. De sa première femme, Ancharia, il eut une fdle ;
de la seconde, Atia, une M.Q et un fils. De la fille aînée,
on ne sait rien. Le fds passa par adoption dans la gens
Julia (V. ce mot) et, héritant de son oncle Jules César,>
devint empereur (V. Auguste).
La seconde fille Octavia, morte en Fan 44 av. J.-C,
épousa avant 54 Caius Marcellus (consul en 50) ; son
oncle Jules César songea à la faire divorcer pour la marier
à Pompée, lequel refusa. Llle perdit son mari en 44 av.
J.-C, et son frère Octave (Octavien), qui venait de se ré-
concilier avec Antoine, le lui fit épouser, bien qu'elle fût
enceinte des œuvres de Marcellus. C'était une femme
accomplie, dont on louait universellement la beauté et la
vertu. Antoine lui échappa pour retomber sous l'influence
de Cléopâtre, et, sous prétexte d'aller combattre les Parthes,
il la renvoya à son frère (36). Llle tenta de le rejoindre,
lui amenant des renforts pour la guerre d'Arménie ; il lui
envova à Athènes l'ordre de s'en retourner. Llle resta
dans la maison de son mari, élevant le fils qu'il avait eu
de Fulvie (sa première femme) avec ses propres enfants.
Lorsque la guerre éclata entre Octave et Antoine, celui-ri
divorça (32). Plus tard, elle recueillit les enfants d'An-
toine et de Cléopàtj'c. Ses fiuiérailles furent célébrées aux
frais de l'Ltat ; Angiiste prononça son oraison funèbre.
Llle eut cinq enfants : 4" Marcus Marcellus, successeur
désigné d'Auguste, mort (ni Fan 23 av. J.-C. ; — 2° Mar-
cella l'aînée, mariée à xVgrippa, pais à Juins Antonius,
fils du triumvir condamné à mort pour adultère avec Julie,
fille d'Auguste (2 av. J.-C), et en troisième lieu à Sextus
Appuleius, consul en 4 4 ap. J.-C. ; — 3« une autre Mar-
cella ; — 4° Antonia l'aînée, mariée àL. Domitius Aheno-
barbus dont elle eut trois enfants, Cneius Domitius, mari
d'Agrippine et père de Néron; Domitia, épouse de Crispus
Passienus, et Domitia Lepida, épouse de M. ValeriusMes-
salla et mère de Messaline ; — 5^ Antonia la jeune, mariée
à Drusus, frère de Tibère, dont elle eut trois enfants :
Germanicus, marié à Agrippine (fille de Julie, fille d'Au-
guste), père de CaHgula, de la seconde Agrippine, etc. ;
Livie, femme de Caius César, puis de Drusus, fils de Ti-
bère ; l'empereur Claude. Celui-ci eut de sa troisième
femme Mcssahne, outre le jeune Britannicus, une fille, la
seconde Octavie (V. ci-après). On trouvera sur toute cette
progéniture de la première Octavie des détadsdans Farticle
consacré à la gens JuKa, puisque c'est par ses descendants
que se continua la famille impériale.
La seconde Octavie, née en 42, morte en 62 ap. J.-C,
fut en 48 fiancée à Silanus ; mais .\grippine força celui-
ci à se suicider et maria Octavie à son fils, le futur Néron
(49). Celui-ci ne l'aima jamais, divorça en 62 sous pré-
texte qu'elle était stérile, en réalité pour épouser Poppée.
Exdée en Campanie, les murmures du peuple la firent
rappeler ; on lui intenta un procès d'adultère et, après un
simulacre de jugement, elle fut exilée dans Fîle de Pan-
dataria et bientôt mise à mort (Cf. Tacite, Ànn., Xf, 32;
XII, 2 à 9 et 58 ; XIII, 42 ; XIV, 60-54). Llle est Fhé-
roine d'une tragédie attribuée à Sénèque et probablement
écrite par Curiatius Maternus.
Le portique d' Octavie (différent de celai d' Octavius
parfois appelé Corinthien), important monument de Rome,
fut édifié par Auguste entre le cirque Flaminius et le
théâtre Marcellus, à la place d'un ancien portique de Me-
tellus Macédoniens, embrassant comme lui les temples de
Jupiter Stator et de Junon. Il comprenait une salle de
bibliothèque qui servit souvent de salle de réunion au Sénat,
des collections d'œuvres d'art. Un incendie le ravagea
sous le règne de Titus. A. -M. B.
OCTAVIE (V. Octavia).
OCTAVIEN (V. Auguste).
OCTAVIEN, antipape (4095-4464) (V. Victor IV).
OCTEVILLE. Ch.-l. de cant. du dép. de la Manche,
arr. de Cherbourg; 3.352 hab.
OCTEVILLE. Com. du dép. de la Seine-Inférieure, arr.
du Havre, cant. de Montivilliers ; 2.086 hab.
OCTEVILLE-la-Venelle. Com. du dép. de la Manche,
arr. de Valognes, cant. de Quettehou ; 369 hab.
OCTIBBÉHITE (V. Fer météorique).
OCTOBOTHRIUM (Zool.) (V. Octocotylides).
OCTOBRE. Le huitième mois deFannée chez les anciens
Romains, d'où son nom. Depuis que Fannée commence le
4^^' janv., il est le dixième. Il a 34 jours. Le soleil entre,
en octobre, dans le signe du Scorpion.
Journées des 5 et 6 octobre 1789. — Depuis long-
temps, l'Assemblée nationale délibérait sur la constitution.
A Paris, les meneurs populaires trouvaient qu'elle n'avan-
çait pas assez vite dans ses travaux et ils résolurent, afin
de hâter ses décisions, de profiter de l'agitation que sou-
levaient les menées contre-révolutionnaires et les mani-
festations intempestives des gardes du corps (V. Assemblée,
t. IV, p. 202) et du mécontentement causé par la disette.
Le 5 oct. au matin, le tocsin appela le peuple aux armes
et une fonle d'hommes et de femmes, portant des piques,
se j'ua sur l'hùlel de ville, qu'elle envahit. Depuis plus d'un
mois, les gardes nationaux parlaient de marcher sur Ver-
sailles. Le mol d'ordre était donc virtuellement donné.
.Vussi dès <jiie les assaiUants. repoussés de Fhôtel de ville.
se furent répandus sur la place de Grève, le cri : A Vei--
sailies ! fut poussé par des milhers de voix. La Fayetîe
harangua le peuple, essayant de le détourner de son inten-
tion. Mais rien n'y fît et il dut se résigner, vers les quatre
heures du soir, après avoir laissé passer le gros de la
manifestation, à suivre le mouvement, en ayant toutefois
la précaution de se faire accompagner par plusieurs ba-
taillons. Les femmes dominaient dans cette foule qui s'était
réunie aux Champs- i^^lysées, avait pris ensuite le chemin
— 239
OCTOBRE — OCTODON
de Versailles : ouvrières, boutiquier es, beaucoup de femmes
de mauvaise vie, et des excentriques comme Théroignede
Méricourt ; elles étaient précédées de tambours, suivies par
des bandes d'hommes armés de la façon la plus bizarre.
par Hulin et les volontaires de la Bastille. Sur leur pas-
sage, elles arrêtaient toutes les femmes, les contraignant
de marcher avec elles, et tous les courriers, de sorte qu'on
ignorait à Versailles ce qui se passait à Paris. A quatre
heures, elles arrivent sur la place d'Armes. Les troupes
ne savent quelle contenance tenir. L'armée féminine insiste
pour voir le roi. Quatre déléguées sont introduites auprès
de Louis XVI qui leur dit : « Vous devez connaître mon
cœur ; je vais ordonner de ramasser tout le pain qui est à
Versailles et je vous le ferai remettre, » et il embrasse
Louison Chabry, la plus jolie des déléguées qui se retirent
charmées. Les manifestants les accusent de s'être laissées
acheter et exigent un ordre écrit du roi, relatif aux sub-
sistances. J^ouis XVI le signe. Il est bien forcé de céder :
les dragons, les soldats de Flandre font défection, cajolés
qu'ils sont par les Parisiennes ; la milice de Versai iles n'a
pas de munitions et ne reçoit d'ailleurs pas d'ordre. Seuls
les gardes du corps tiennent bon. Ils tirent des coups de
feu qui font des victimes. La cour leur ordonne aussitôt
de se retirer dans le jardin, puis de se diiiger sur Trianon
et Rambouillet. Ils étaient d'ailleurs trop peu nombreux
pour résister et plusieurs, surpris par la foule exaspérée,
sont décapités. Pendant que ces événements se précipi-
taient, Maillard, à la tête d'une fraction importante des
manifestants, se présente à la barre de l'Assemblée natio-
nale, réclame du pain et la punition des gardes du corps
qui ont insulté la cocarde nationale. Une députation est
envoyée au roi pour le presser d'accepter la constitution et
d'assurer à la capitale les grains et farines dont elle a
besoin. A huit heures du soir seulement, cette députation
revient, apportant une réponse favorable en ce qui con-
cerne les subsistances ; à neuf heures et demie, on obtient
l'acceptation pure et sim.ple de la constitution. Cependant,
un grand nombre de manifestants étaient demeurés dans
la salle et y faisaient un tumulte scandaleux. Grâce à La
Fayette enfin arrivé, on réussit à les expulser non sans
peine. Le général fit faire des patrouilles, plaça des postes
et put enfin rétablir l'ordre. Mais le 6 oct., dès six heures
du matin, la populace revenait à la charge et forçait les
grilles du château ; les gardes du corps ayant tiré, elle
devient furieuse, envahit les appartements. La garde na-
tionale la repousse. La Fayette se rend auprès du roi ; du
haut du balcon, il harangue la foule et annonce que le roi
va partir pour Paris. La reine se montre aussi et La
Fayette lui baise la main, aux vivats de la multitude. Enfin
on mande un garde du corps, on le munit d'une énorme
cocarde tricolore et le peuple applaudit de plus belle. A
une heure de l'après-midi, Louis XVI montait en voiture
avec sa famille. 11 n'arriva à l'hôtel de ville qu'à neuf
heures, perdu dans un cortège burlesque. Un gros
détachement de troupes et d'artillerie formait l'avant-
garde, puis venaient des quantités incroyables de femmes
et d'hommes, montés les uns dans des fiacres, les
autres dans des chariots, sur des caissons et des affûts
de canons, etc. Les femmes portaient des branches de
peupKer, des rubans tricolores. Venaient ensuite des voi-
tures chargées de grains, entourées d'hommes portant les
uns des branches de peupHer, les autres des piques. Après
les cent Suisses, une garde d'jjonneur à cheval, la dépu-
tation de la municipalité, une députation de cent meinj)res
de l'Assemblée nationale, les voitures de la famille royale,
suivies de nou^ elles voitures de grains et enfin encore une
foule d'hommes armés de piques ou portant des brandies
depeupher. On chantait, on criait : «Nous no manquerons
plus de pain, voici le boulanger, la boulangère et le petit
mitron ! » La Fayette avait fait route auprès de la portière
de la voiture du roi. Le maire de Paris, Bailly, reçut la
famille royale dans la grande salle, la gratifia d'un discours
de bienvenue. Le roi et la reine assurèrent qu'ils venaient
avec confiance au milieu des habitants de Paris ; ils se
rendirent ensuite aux Tuileries, toujours accompagnés par
La Fayette. L'Assemblée nationale ne vint s'établir dans
la capitale que le 19 oct. La Commune de Paris obtint
alors tous les résultats qu'elle se proposait d'atteindre par
les journées d'octobre, hlle tenait sous sa main le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif. R. S.
BiBL. : Camille Desmoulins, Révolutions de France et
de Brabant, t. III. — La Fayette, Mémoires. —■ Thié-
BAULT, Mémoires. — Bûchez et Roux, Histoire parleraient
taire de la Révolution française, t. III. — Archives parle-
mentaires., t. IX, l^e série. — Mathieu Dumas, Souvenirs.
— Walsh, Journées mémorables de la Révohitlon fran-
çaise. — MoNiN, Journal d'un bourgeois de Paris pendant
la Révolution française; Paris, 1881), in-12. — H. Gautier,
VAn 1189; Paris, 1888, gr. iii-4.
OCTODON. I. Zoologie. — Genre de Mammifères
rongeurs devenu le type d'une importante famille {Octo-
dontidœ), dont la plupart des genres sont américains et
qui présente les caractères suivants: Rongeurs Hystricho-
morphes, munis d'une clavicule bien développée, à mo-
laires présentant un repli d'émail sur le bord interne
et sur le bord externe, au nombre de quatre paires,
c.-à-d. qu'il existe une paire de prémolaires aux deux
mâchoires, sauf dans le genre Ctenodactyhis. Les ma-
melles sont placées assez luiut sur les côtés du corps. Ce
sont des animaux à forme de Rat, vivant à terre, quelque-
ibis fouisseurs ou nageurs. La famille a été divisée en quatre
sous-familles : Ctenodactylinœ, Octodontinœ, Lonche-
rinœ et Capromysinœ. La première habite l'Afrique
(V. Cténo dactyle) ; les trois autres sont propres à l'Amé-
rique chaude, sauf le genre Ihryonomys qui est africain.
Les OcTODONTES (Octodon) sont des Rongeurs ayant à
peu près l'apparence de nos Loirs, mais atteignant la
taille de VEmvmii.V Octodon degiis{o\\ Ecureuil degus)
de Molina habite le Pérou et le Chifioùilest commiun. Le
pelage est fauve, varié de noir et de gris, avec le bout de
la queue brun. Ces animaux vivent en nombreuses socié-
tés, se creusant des terriers comme les Campagnols, et sont
très nuisibles aux céréales. Ils peuvent grimper aux arbres.
Le pelage est soyeux et doux au toucher comme celui du
Chinchilla.
Les 0. Bridgesii et 0. gliroïdes habitent l'O. de l'Amé-
rique méridionale, de Costa-Rica à la BoHvie et au Chili,
s'élevant dans les montagnes jusqu'à 3.000 m. Les genres
Abrocoma (ou Habrocoma) et Spalacopus (ou Pœpha-
gomys) 'sont voisins et habitent également les régions
montagneuses du Chili. •— Le genre Ctexomys renferme
des espèces plus trapues et rappelant sous ce rapport les
Campagnols ; le Ctenomys brésilien (Ct. hrasiliensis) est
un animal de la taille du cobaye, à oreilles et queue
courte, à pelage roussàtre. Il habite les régions sèches du
Brésil, du Paraguay et de l'Argentine, s'élevant dans les
montagnes jusqu'à 4.000 m. Il creuse de nombreuses gale-
ries dans les prairies sablonneuses, ou pampas, et sur les
plateaux des Andes, et y accumule des provisions végé-
tales, particulièrement des oignons'; il est très nuisible aux
plantations. D'autres espèces habitent l'Uruguay, la Boh-
vie, le Chih et la Patagonie {Ct. magellanicus) . Le genre
Aconœmys ou Schizodon, du Chili, forme la transition
aux Octodontes.
La sous-famille des toncherinœ o\\ Eclnnofnyince, qm
renferme les genres Dactylomys, Tluinacodus, Kanna-
batomys, Loncheres, Thricomys, Cercomys, Echi-
Diys, etc.. 0 été traitée au mot Echimys (V. ce mot).
La sous-famille des Caproinysimc, dont le genre Ca-
proiiiys (V. (e mot) e^t le type, renferme en outre les'
genres Myocw^inr et Tltryu)w})tys, Lo genre Myopotami,
(Myocastor). qui représente le type aquatique de la famille,
ayant été décrit ao im^Echymis (V. co mot), il nous reste
à parler du genre Thryononiys ou Aulacodus qui est
africain. — L'Aulâcode de ^xsmT>Ei\(Tliryonomtjs swin-
deriamis), connu sur la côte de Guinée et au Congo sous
le nom de Cochon de tore, Fiat de tore et Rat des bois,
est un gros Rongeur, plus grand qu'un lapin, mais avec
OCTODON — OCTROI
240 --
les formes d'un Rat ; le pelage est épineux, les oreilles
courtes ; la queue, couverte également de poils épineux,
ne dépasse pas la longueur de la moitié du corps. La cou-
leur est d'un gris roussâtre, tous les poils étant annelés
de noir et de roux : la queue est noire en dessus. Ces gros
Rats sont très redoutés des colons en raison des dégâts
qu'ils commettent, particulièrement dans les champs de
maïs. D'autres espèces du môme genre habitent l'Afrique
centrale et orientale {Thr. gregorianus, Thr, calamo-
phagus, Thr. semi-palmatus) . Cette dernière, d'après
la forme de ses pieds demi-palmés, aurait des habitudes
nageuses. Toutes sont armées de puissantes incisives, for-
tement sillonnées sur leur face antérieure, et qui leur per-
mettent de ronger les substances les plus dures, notam-
ment l'ivoire des défenses de l'éléphant, substance pour
laquelle ces animaux ont une prédilection marquée. On
rencontre souvent des défenses présentant nettement l'em-
preinte de ces dents. E. Trouessart.
II. Paléontologie. — Un grand nombre de genres fos-
siles, récemment décrits par Ameghino et Winge et pro-
venant du tertiaire de l'Argentine ou du Brésil méridional,
appartiennent à la famille des Octodontidœ : tels sont les
gmresDicœlophorus, Phthoramys,\Platœomys, Dicolpo-
mys, Morenia, Spaniomys, Scler()7nys,0rthomys,et(i.,
qu'il suffit de mentionner ici et qui sont voisins de ceux
qui vivent encore dans le même pavs. E. Trt.
OCTOGONE (Géom.). Polygone de huit côtés. L'octo-
gone régulier convexe , inscrit dans un cercle dont le
rayon est l'unité, a pour c(Ué v2 — \Ji et pour apothème
'1 /-
^V2-
• v/2.
OCTON. Com. du dép. de l'Hérault, arr. de Lodève,
cant. deLunas; 503 hab.
OCTON VILLE (Raoul d'), gentilhomme normand , meur-
trier de Louis, duc d'Orléans, né au xiv^ siècle, mort
après 141i2. Garde de l'épargne du roi en 4396, conseil-
ler supérieur des finances, gouverneur général des finances
en Guyenne et Languedoc en 4398, il se vit en 1401 as-
signé par la reine devant le Parlement en restitution d'une
somme de 10.000 livres et fut destitué de ses fonctions
par le duc d'Orléans. H entra alors dans le parti du duc
de Bourgogne et, à son instigation, accepta de devenir le
meurtrier du rival de Jean sans Peur; il accomplit son
crime le 23 nov. 1407 dans la rue Vieille-du-Temple,
près l'hôtel Barbette, et reçut en récompense 800 fr. d'or.
Il vivait encore en 1412 et figura à cette époque au nombre
des écuvers ordinaires du duc de Bourgogne.
OCTOPUS (Malac.) (V. Poulpe).
OCTOSTOMA (Zool.) (V. Ogtocotylides).
OCTOTOMUS (Paléont.).V. Dinocere, dont ce genre,
créé par Cope en 1885, est synonyme.
OCTROL 1. Histoire. — Autorisation accordée par le su-
zerain au vassal, par le souverain aux villes ou commu-
nautés d'habitants, d'étabhr des taxes indirectes sur les
objets et denrées de consommation ; par suite, ces taxes
elles-mêmes. Tel est le sens le plus commun du mot:
toutefois, inversement, il a également signifié l'autorisa-
tion votée par les Etats généraux du royaume ou par les
Etats des provinces (ex. : celle de Languedoc) de perce-
voir telle somme au profit du trésor royal ; en pareil cas,
on spécifiait en disant : Voctroi des Etats. Mais le droit
monarchique l'ayant emporté sur le droit populaire, il
fut de règle, dès la fin du xiii^ siècle, que si les revenus
patrimoniaux d'une collectivité d'habitants ne suffisaient pas
à l'acquittement de ses dépenses (y compris ses impôts),
le souverain, sur sa demande, lui octroyait la permission
d'établir des droits indirects à l'entrée de son territoire,
et de les percevoir comme elle l'entendrait. La forme de
cette permission fut celle de lettres patentes enregistrées
à la cour des comptes. Des octrois de ce genre subsistent
en actes authentiques pour Lyon (6 av. 1295), Carcas-
sonne (juin 1351), Paris (déc. 1377), Tournai (3 nov.
1463), Caen (14 fév. 1484), etc. La royauté ne tarda
pas à y voir des moyens commodes d'exaction ; elle les
subordonna soit au paiement d'une somme une fois donnée,
soit à celui d'une certaine quotité du produit net annuel.
Des charges de contrôleurs des octrois furent aussi créées
(ex. : en mars 1514, en mars 1694), surtout dans les
temps de pénurie financière, afin d'amener les villes à les
racheter à cause des gènes et des frais supplémentaires
de perception que ces charges impliquaient. On voit aussi
certaines villes donner à ferme leurs octrois, à l'adjudi-
cation desquels procèdent les agents du pouvoir central,
en dernier lieu les intendants (ex. : arrêt du Conseil du
17 oct. 1780). En 1784, d'après Necker, sur 78 millions
que Paris payait en contributions annuelles, 36 étaient
perçus sous forme de droits indirects à l'entrée de la ca-
pitale : sur cette somme, 2 revenaient aux hôpitaux, 4 à
la ville, 30 au trésor royal. (Juant à l'ensemble du
royaume, l'édit de déc. 1663 et l'ordonnance du 12 juil.
1681 avaient établi que la première moitié de tous les
octrois serait levée au profit du roi, et que les dettes et
charges des villes seraient acquittées sur la seconde
moitié ; or il est à noter que beaucoup de ces dettes et
charges provenaient du fait de l'Etat. C'est pour sortir
de cette confusion et de cet arbitraire, c'est aussi par
besoin de popularité que la Constituante supprima tous
les octrois par la loi du 19 fév. 1791 : « Tous les impôts
perçus à l'entrée des villes, bourgs et villages sont sup-
primés. L'Assemblée charge son comité des impositions
de lui présenter, sous huit jours au plus tard, les projets
qui compléteraient le remplacement des impôts supprimés. »
Mais cette suppression fut de pure forme en quelque sorte.
Les localités qui ne pouvaient plus faire face à leurs dé-
penses ne tardèrent pas à s'adresser à l'Etat ; et l'Etat,
n'ayant pas de moyen d'y subvenir à leur place (puisque
le décret du 2 mars 1791 avait depuis aboli tous les im-
pôts généraux indirects), finit par reprendre l'ancien sys-
tème. La loi du 27 vendémiaire an VII rétablit l'octroi
municipal de Paris ; celle du 11 frimaire an VII étendit
l'autorisation aux villes qui, formant à elles seules un
canton, n'étaient pas à même de présenter un budget en
équilibre ; celle du 5 ventôse an VIII, à toute vilîe qui
ne pourrait subvenir à l'entretien de son hospice civil. Il
était stipulé d'ailleurs que l'établissement des taxes indi-
rectes locales demeurait subordonné à l'autorisation ex-
presse du gouvernement: les projets de taxes municipales,
soumis d'abord au directoire du département (plus tard,
au préfet), étaient ensuite transmis au pouvoir exécutif,
qui les soumettait enfin au pouvoir législatif. En l'an XI,
le Consulat ordonna par un simple arrêté (24 frimaire)
le prélèvement pour le compte de l'Etat de 5 ^/o du pro-
duit net, dans toutes les villes ayant plus de 4.000 âmes.
Ce taux fut élevé à 10 «/o en 1806, et étendu à tous les
octrois par la loi du 28 avr. 1816 (art. 153). La loi du
8 déc. 1814 et l'ordonnance du 9 déc. 1814, rendue en
apphcation de cette loi, ont modifié ou complété les dispo-
sitions antérieures relatives à la désignation des objets
imposables (décret du 17 mai 1809), à la perception, etc.
Elles peuvent être considérées, avec quelques dispositions de
la loi du 28 avr. 1816, comme formant en quelque sorte
le code des octrois. Il convient toutefois d'y ajouter la
loi du 11 juin 1842, qui établit des tarifs maxima pour
les boissons ; le décret du 17 mars 1852, qui supprima
le prélèvement de 10 «/o opéré par l'Etat (la plupart des
communes reprirent d'ailleurs à leur profit cette portion,
en obtenant la majoration de leurs tarifs) ; la loi muni-
cipale du 24 juil. 1867, qui laissa un peu plus de jeu
aux communes pour réduire ou supprimer les taxes, et
même pour les élever de plus d'un dixième sous la ré-
serve de la sanction préfectorale ; le décret du 12 fév.
1870, qui, au contraire, mit un frein aux augmentations
de taxes que les municipalités votaient ou obtenaient trop
aisément ; enfin les art. 137, 138 et 139 de la loi mu-
nicipale du 5 avr. 1884, qui ont modifié diverses attri-
~ 241
OCTROI
butions administratives. Somme toute, si l'initiative ap-
partient aux conseils municipaux, comme son effet est
subordonné, non seulement à l'avis du conseil général,
mais à l'approbation gouvernementale après avis rendu en
conseil d'Etat, le pouvoir central, en France, demeure le
maître des octrois municipaux, et la question de leur
suppression a toujours impliqué celle de leur rempla-
cement. Une loi du "29 déc. 1897 ordonna une réduction
des droits d'octroi sur les boissons liygiéniques et, com-
plétée par une loi du 12 mai 1898, prévit l'abolition
totale des octrois, mais elle ne put être appliquée dans
le délai d'un an et fut suspendue jusqu'au 31 déc. 1899.
H. MoMN.
II. Administration. — Les objets qui peuvent être sou-
mis à l'octroi sont désignés au tarif général annexé au
décret du 12 févr. 1870 et répartis, depuis 1809, en cinq
catégories : boissons et liquides, comestibles, combus-
tibles, fourrages, matériaux, auxquelles on en a ajouté
une sixième, objets divers. Les taxes ne peuvent frapper
que des objets de consommation locale ; ceux qui sont
employés à la fabrication d'objets de commerce général
sont exempts. Les denrées alimentaires de première né-
cessité (farine, pain, légumes, sel, certains poissons salés)
sont exemptes, de même les objets grevés de forts droits
d'Etat (sucre, café, tbé, poivre) ou monopolisés (tabac,
poudre, allumettes) et ceux de commerce général (meubles,
caisses, machines, outils, etc.), les matériaux d'empier-
rement et de réfection des chemins publics, les fourrages
verts. Les huiles minérales ne peuvent être hnposées que
si les huiles végétales le sont aussi.
Les taxes sont graduées par catégories, proportionnel-
lement à la population agglomérée; toutefois, les maxima
peuvent être dépassés avec l'autorisation du gouverne-
ment. Sur les boissons, il faut une loi pour dépasser le
taux des droits d'entrée du Trésor. Les tarifs sont proro-
gés par période de cinq années. Les frais de perception
constituent une dépense obligatoire.
Le périmètre du territoire soumis à l'octroi est, autant
que possible, limité à l'agglomération principale et aux
habitations qui jouissent de ses avantages. On peut éta-
blir dans la banUeue des grandes villes des taxes spé-
ciales dites octroi de banlieue, afin de diminuer la
fraude"; les produits de ces taxes, étabUes après consulta-
tion des communes dont est composée cette banlieue, leur
sont attribuées. L'octroi de banlieue de Paris frappant
les eaux-de-vie, esprits et liqueurs s'étend à tout le dép.
de la Seine.
La perception peut se faire soit en régie simple par
l'administration municipale, lacjuelle fait souvent appel au
concours des agents des contributions indirectes ; soit en
régie intéressée (avec maximum de frais de perception
fixé à 12 7o' sauf cas spécial) par voie d'adjudication ; soit
enfin à ferme par adjudication pure et simple. L'adminis-
tration des contributions indirectes peut traiter de gré à
gré avec les municipalités pour la perception des taxes
d'octroi. — La perception est universelle, sauf les immu-
nités diplomatiques accordées à Paris, et la franchise d'en-
trepôt concédée aux industriels pour les combustibles et
matières premières employées à la fabrication d'objets de
commerce général. Elle se fait généralement à l'entrée
oti tout porteur ou conducteur d'objets soumis à l'octroi
est tenu de les déclarer et d'acquitter les droits ; s'il n'y
a qu'un bureau d'octroi dans la ville, il doit s'y rendre
directement. Les personnes ne peuvent être visitées sur
leur personne ou à raison de leurs effets; elles doivent,
si on les soupçonne de fraude, être conduites devant un
officier de police qui autorise la visite personnelle s'il y a
lieu. Les instruments de vérification sont ceux employés
par l'administration des contributions indirectes. L'abon-
nement individuel est interdit, mais les communes peuvent
traiter avec des corporations ou classes de redevables pour
les affranchir de la perception des taxes moyennant une
somme fixe annuelle : tous les membres sont solidairement
GRANBE ENXYCLOPÉDIE. — XXV.
responsables, et leur adhésion doit être unanime. — Toute
personne qui récolte, prépare ou fabrique, dans l'intérieur
du périmètre de l'octroi, des objets compris au tarif, est
obligée, sous peine de confiscation et d'amende, de les dé-
clarer et d'acquitter immédiatement le droit, à moins qu'elle
n'obtienne la faculté d'entrepôt. Cette règle s'applique en
particulier aux propriétaires de bestiaux entretenus dans
le rayon d'octroi. — Le porteur ou conducteur d'objets
soumis à octroi, qui veut traverser un lieu sujet sans y
séjourner plus de vingt-quatre heures, se munit d'un per-
mis de passe-debout, après avoir versé un cautionnement
ou consigné les droits qui lui sont restitués à la sortie, à
moins qu'il ne préfère faire les frais d'une escorte. Le sé-
jour en transit peut être prolongé jusqu'à trois jours ou
davantage, selon les usages locaux, moyennant dépôt des
objets en un lieu déclaré où les employés peuvent se les
faire présenter à tout moment. Certaines facilités sont
accordées, dans beaucoup de villes, aux objets amenés aux
foires et marchés.
L'entrepôt est la faculté donnée à un propriétaire,
commerçant ou industriel, de recevoir dans un lieu sujet
à octroi, sans acquittement des droits d'octroi, des mar-
chandises assujetties aux droits et susceptibles d'être ré-
expédiées au dehors. L'entrepôt est réel quand les mar-
chandises sont déposées dans un magasin pubHc ; fictif
quand elles le sont au domicile de Fentrepositaire. Sa
durée est illimitée. Il est réglementé par les municipali-
tés. Les droits sont dus sur les quantités dont la réexpé-
dition au dehors n'est pas constatée. Les combustibles et
matières employés dans les établissements industriels
sont affranchis des droits d'octroi au moyen de l'entrepôt
dit industriel (décret du 12 févr. 1870). Les approvi-
sionnements en vivres destinés aux armées de terre et de
mer ne sont soumis à l'octroi que pour la partie qui est
consommée sur place dans le lieu sujet; les matières em-
ployées à la confection du matériel, les combustibles et
autres matières embarqués sur les bâtiments de l'Etat et
du commerce pour être consommés en mer, échappent à
l'octroi et sont entreposés dans les magasins de l'Etat ou
de la marine marchande. Les combustibles et matières
destinés au service de l'exploitation des chemins de fer,
aux travaux des ateliers et à la construction de la voie
sont affranchis de tout droit d'octroi. Ceux-ci ne peuvent
être perçus que sur les ol)jets exclusivement affectés à une
gare dans ses rapports avec la consommation locale (Cass.,
21 juin 1880). Il en est de môme de l'exploitation des
mines.
Le personnel de l'octroi est communal, nommé par les
préfets sur proposition des maires ; le traitement des pré-
posés en chef d'octroi est sujet à une retenue de 5 7o au pro-
fit de la caisse des pensions civiles, et leur pension de
retraite est payée par l'Etat. Avant d'entrer en fonctions,
les préposés prêtent serment devant le tribunal civil ou
devant le juge de paix. Ils versent au Trésor un caution-
nement. Ils peuvent être révoqués par les préfets, mais
les préposés en chef seulement par le ministre des
finances ; quand l'octroi est affermé, l'adjudicataire peut
révoquer ses agents.
Les contraventions aux lois et règlements des octrois
sont punis de la confiscation des objets saisis et d'une
amende de 100 à 200 fr. Les chevaux, voitures et moyens
de transport ne sont saisissables que pour la garantie de
l'amende, à moins qu'ils ne soient truqués pour la fraude.
Celle-ci, pour les spiritueux, entraîne de six jours à six
mois de prison. La fraude par escalade, par souterrain
ou à main armée, est punie de six mois de prison.
Les contraventions sont constatées par procès- verbaux,
lesquels font foi en justice, même rédigés par un seul
})réposé. Les procès-verbaux constatant la fraude doivent
être affirmés devant le juge de paix de l'arrondissement
du siège de l'administration communale dans les vingt-
quatre heures. Les objets saisis sont déposés au bureau
le plus voisin, et, au bout de dix jours, il est procédé à la
1801...
181]...
1821...
1831...
18M...
1851...
OCTROI — 242 —•
mise en vente par voie d'affiche. Les maires peuvent tran-
siger, sauf approbation des préfets, mais ce droit appar-
tient exclusivement à la régie des contributions indirectes
toutes les fois que la saisie a été opérée dans l'intérêt
commun des droits d'octroi et des droits imposés au profit
du Trésor. La moitié du produit des amendes ou confis-
cations est attribuée aux employés de l'octroi, l'autre
moitié à la commune.
L'octroi de Paris a une organisation spéciale ; il a été
institué par la loi du 27 vendémiaire an VIL 11 est admi-
nistré par un directeur et trois régisseurs (dont la fonc-
tion passe pour une sinécure) sous l'autorité du préfet de
la Seine et la surveillance du directeur général des con-
tributions indirectes. Le fonctionnement de l'octroi est
réglé par l'ordonnance du 22 juil. 1831 et la loi munici-
pale du 24 juil. 1867. Le conseil municipal ne statue
définitivement que sur les suppressions ou diminutions de
taxes ; les prorogations ou augmentations de taxes exis-
tantes et les taxes nouvelles sont subordonnées à l'appro-
bation du gouvernement. L'entrepôt à domicile est interdit,
sauf pour les matières premières employées dans l'indus-
trie. On a constitué, au quai Saint-Bernard et à Bercy, un
double entrepôt général pour les vins et eaux-de-vie (depuis
le 30 mars 1808). Pour les combustibles employés dans l'in-
dustrie, les industriels peuvent être dispensés des droits,
n'ayant à payer qu'un abonnement annuel représentant
leur consommation personnelle et les frais de surveillance.
Pour l'année 18^)6, il y avait en France 1.513 com-
munes à octroi, et la population comprise dans le péri-
mètre de ces octrois était de 12.904.760 liab. (d'après le
recensement de 1891, c.-à-d., en 1896, de près de 13 mil-
lions 1/2). Les départements qui ont le plus d'octrois sont
le Finistère (185 com., 587.800 hab. sur un total de
291 com. et 727.000 hab.), la Seine (45 com. sur 75 et
3.006.300 hab. sur 3.141.600). Les Bouches-du-Rhône
(52 com. sur 109 et 553.400 hab. sur 630.600). Le pro-
duit total s'élève pour la France entière à 326.143.756 fr.
de produit brut, d'où il faut défalquer 29.285.866 fr. de
frais de perception, ce qui fait ressortir un produit net
de 296.857.890 fr. La part contributive de chaque con-
sommateur est de 25 fr. 27 ; la quotité des frais de per-
ception, d'environ 9 ^jo- Dans ces totaux l'octroi de Paris
représente près de la moitié ; il percevait en 1896 un produit
brut de 155.681 .428 fr. , soit 65 fr. 24 par consommateur,
et, après déduction des frais de perception (10.484.483 fr.
soit 6,73 ^/o), le produit net s'élevait à 145.196.945 fr.
Viennent ensuite le reste du dép. de la Seine (12.550.596 fr.
de produit net), ceux du Nord (15.127.594 fr.), des
Bouches-du-Hhone (11.095.355 fr.). c.-à-d. les régions
urbaines. Voici pour la France et pour Paris les répartitions
des produits suivant les catégories du tarif :
1"-^® C-VTÉCORI']. Boissons Francl^ Paris
et Uquides : Fi-ancs Francs
Vins 81 .328 .888 51 .402.084
Cidres 3.833.407 710.061
Alcools 30.418. 469 15.041.407
Huiles comestibles ... 4 . 408 . 1 1 2 3 . 8 46 . 738
Bières 17.432.519 3.723.230
Autres liquides 2 . 249 . 368 8 41 . 826
2^ Catr(;. Comestibles :
Viandes 55 . 577 . 380 18.1 60 . 336
Autres comestibles. . . 33 . 98,) . 056 16 . 805 . 1 49
3« Catég. Combustibles. 42 . 280 . 60 1 22 . 823 . 315
4« — Fourrages.,. 17.824.267 6.015.5^9
5« — Matériaux'... 31.770.816 13. 711.056
6^ — Objets divers
(sel , cire , bougies ,
suifs, asphalte, etc.). 4.212.181 2.077.139
Ke -ettes ivre.soiros. ... 818. 692 520 . 530
Totaux 326.1117756 155.681.428
Les boisions représentent donc 139.670.763 fr., et les
comestibles 89.566.436 fr. A Paris, les boissons fournis-
sent à elles seules la moitié du produit global.
Le produit annuel des droits d'octroi de Paris était en
Francs
10.936.416
21.016.982
25.976.891
19.943.750
31.248.003
37.279.055
.1831... do
1872... —
1881... —
iSJi... —
Francs
77,277.971
(après l'annexion
des com. Fubuib.")
100.436. ()93
148.630.830
149.097.200
Il représente la moitié des recettes du budget municipal.
Pays étrangeus. — Il n'y a pas d'octroi en Gramle-
Bretagne, quoique que}([ucs villes perçoivent des taxes
sur certains objets de consommation, par exemple sur
chaque voiture dç légumes à Edimbourg. Le prijicipe est
d'ailleurs que les droits de consommation sont réservés au
gouvernement. Le Danemark, la Suède n'ont pas d'oc-
trois, dans ce dernier pays les communes perçoivent sou-
vent un droit de détail sur la vente des spiritueux. — La
Russie n'a pas non plus d'octroi, non plus que les Etats-
Unis. — En Suisse, il n'a été fait appel à l'octroi que
dans quelques communes de la région romande (Vaud,
Genève, Tessin). —En Espagne, les droits sur les objets
de consommation sont partagés entre les communes et
l'Etat. — En Portugal, ils sont perçus surtout sur le vin
et la viande et s'ajoutent à des droits de marché. — En
Italie, les impôts de consommation sont impots d'Etat, mais-
les communes peuvent percevoir des taxes additionnelles,
notamment suc le sel, le poivre, le thé, le café. Les taxes
de l'Etat frappent les boissons, les viandes, la farine, le
riz, les huiles, le beurre, les graisses, le sucre. La môme
loi règle les contributions indirectes et les octrois ; dans
les villes fermées, les droits sont perçus à l'entrée dans
le périmètre de l'octroi. — En Egypte, l'octroi a été or-
ganisé sur le modèle français ; universel en 1867, il a été
restreint aux principales villes ; le taux des droits est en
général de 9 12 % ad valorem. — En Autrictie, les
octrois peuvent être établis par les villes fermées comme
ressources complémentaires. — En Hongrie, ils consti-
tuent le principal aliment du budget communal, mais seu-
lement pour les villes ouvertes de "plus de 2.000 âmes
et pour les villes fermées. — En Allemagne, les taxes
municipales sur les objets de consommation existent dans
un certain nombre de villes, mais il est en général peu
important, relativement aux taxes directes qui constituent
la principale ressource communale. Il frappe surtout lo'
malt ou la bière, la viande, le blé et la farine ou même
le pain. En Prusse, les taxes d'octroi représentent une
fraction insignifiante des ressources communales. — En
Belgique, les octrois régis par le décret impérial du 17 mai
1809 ont été abohs en 1860. Ils étaient au nombre de 78
et donnaient en 1858 un revenu brut de 12.376.000 fr..
net de 10.876.000 fr. Leur abolition proposée dès 1847,
par une commission d'Etat, fut réalisée en 1860 par
Frère-Orban. Il fit admettre à la Chambre que la suppres-
sion de ces barrières stimulerait extrêmement les relations
de ville à ville et de province à province et qu'elle était
d'intérêt national. Ce fut donc l'Etat qui pourvut aux dé-
penses des communes en leur abandonnant 40 ^'o des
recettes postales, 75 °'o des droits d'entrées sur le café,
34 °/o des droits d'accise sur les vins et eaux-de-vie
étrangères, sur les eaux-de-vie indigènes, les vinaigres,
la bière et le sucre. Ces droits sont répartis entre toutes
les communes (y compris celles qui n'avaient pas d'octroi)
au prorata du principal des contributions dn-ectes, mais
la quote-part des communes qui avaient un octroi doit
être au moins égale au produit net qu'elles en tiraient.
— Aux Pays-Bas (Hollande), les octrois, qui remontent au
xiv^ siècle, furent réglementés par le décret royal du
4 nov. 1803 et la loi du 29 avr. 1819. A l'exemple de
la Belgi(fue, ils furent aboiis par la loi du 4 juiL 1865,
l'Etal fais'Mit remise aux communes à octroi de 80 % de
us —
OCTROI — OCULAIRE'
la contribution personnelle et les autorisant à créer des
centimes additionnels et un impôt sur le revenu réel déclaré.
Suppression des octrois. — La suppression des octrois,
réalisée en Belgique et aux Pays-Bas, est énergiquement
réclamée en France. Les objections qu'on leur fait sont en
premier lieu les mêmes que contre les autres impôts sur
les objets de consommation (V. Impôt). Ils sont iniques
parce qu'ils sont proportionnels aux besoins du contri-
l)uable au lieu de l'être à ses facultés. Perçus sur les den-
rées de première nécessité, ils pèsent très lourdement
sur les travailleurs pauvres en majorant le prix de la vie
dans les villes, et ils ne demandent qu'une contribution
minime aux riches. Ils gênent les transactions entre les
villes et les campagnes, et, en imposant l'emploi d'inter-
médiaires, en obligeant le vendeur à des débours antici-
pés, ils majorent le prix de vente d'une somme souvent
très supérieure à celle perçue au profit de l'octroi, sans
même parler des frais de perception qui atteignent un taux
élevé (19 °/o cà Versailles). — Les partisans de l'octroi plai-
dent la facilité de perception, l'avantage qu'il y aà atteindre
le visiteur de passage (à Paris on peut évaluer à 2 ou
3 millions par an la part payée par les étrangers dans
les taxes d'octroi), l'imposition de certaines consomma-
tions de luxe comme le gibier et la volaille. Un dernier
argument, constamment mis en avant, est que le dégrève-
ment des droits d'octroi profiterait, non pas aux consom-
mateurs, mais aux intermédiaires qui augmenteraient leur
prix. Cette allégation est contredite par les faits : le jeu
de la concurrence entraîne en général une baisse au moins
égale au chiffre de la détaxe. La loi du 26 mai 1878,
ayant supprimé le droit de 5 fr. siu* le savon, le prix
baissa de ^0 fr. par 100 kilogr. En 1880, le sucre fut
détaxé de 0,40 par kilogr., le prix de vente tomba de
1 fr. 80 à 1 fr. 20. La chicorée se vendait 0,65 à 0,60
la livre; après la suppression du droit d'Etat en 1879,
droit qui était de 0,15, le prix diminua, de ce chiffre,
s'abaissant à 0,50 et 0,45. De même après les dégrève-
ments des huiles (1883), du pétrole, du vin, etc. Le con-
sommateur bénéficierait donc du dégrèvement, et le ven-
deur en profiterait par l'accroissement de la consommation,
conséquence du bon marché, et par la disparition des frais
accessoires qu'impose la barrière de l'octroi.
La question est à l'ordre du jour depuis la proposition
Menier du 24 janv. 1880, rapportée par Pascal Duprat.
l*]lle a fait l'objet de remarquables rapports de M. Guil-
lemet, député, en 1893 et 1895. La réforme a été para-
lysée par les résistances des propriétaires qui auraient à
supporter le poids des taxes directes de remplacement des
octrois. Une loi du 29 déc. 1897 imposa aux communes
une réduction des taxes d'octroi sur les boissons hygié-
niques (vin, bière, cidre), mais elles ne purent trouver
de taxes de remplacement, celles qu'elles proposaient ayant
été contestées par le gouvernement et, à la fin de 1898,
le statu (jno fut prorogé d'un an ; toutefois à Paris inter-
vint un dégrèvement des vins compensé par une surtaxe
de l'alcool. On trouvera dans les impressions parlemen-
taires, rapports et discussions à la Chambre en 1897
et déc. 1898, et dans celles de la ville de Paris, de
nombreux documents sur la question de la suppression des
octrois et des taxes de remplacement. A. -M. Bertiielot.
BiBL. : IsAMBERT, RcciLeil des édits, ordonnances, etc.—
Edui. BoNNAL, Trciitd des octrois ; Paris, 1873, in-8. —
Aimé Tri:scaz[^, Dictionnaire génénii des contributions
indirectes ; Poitiers, 188t, in-8. — V. aussi l'article
Octroi: 1° dans le Dictionnaire des finances de Léon
(1890) ; 2° dans le Dictionnaire de t'Adminis-
Say
tration française de Maurice Block (4« édition, 1898),
article signé Vuatrin, remanié et mis à jour par Henri
de PoN'i'icii. — Cf. les propositions et rapports de Guille-
met à la Chambre des députés visant la suppression
totale ou partielle des octrois et ceux de Veber au conseil
municipal de Paris sur cette question.
Equiv. . . . Ci^IF6(^V7ip).
Atom.... ^^IP7(AzH-<').
L'octylamine ou caprylamine est une base qui se rat-
tache à l'alcool octylique normal. Elle se forme par Tac-
OCTYLAMINE. Form.
tion de Fammoniaque alcoolique sur Fiodure d'octyle.
Liquide incolore, excessivement caustique, d'une saveur
amêre, bouillant à 180°. Les sels sont très solubles et
peuvent être obtenus cristallisés. Le chloroplatinate est en
écailles brillantes jaune d'or, insolubles dans l'alcool et
l'éther.
On connaît des isomères de la caprylamine. C. M.
OCTYLÈNE Form \ ^^^"^^ ^'"^^^
L'octylène ou caprylène est un homologue de Féthy-
lène que Cahours a okenu en distillant un mélange in-
time d'acide pélargonique et de chaux potassée. Il semble
prendre naissance dans la distillation de la plupart des
huiles fixes.
On le prépare réguhèrement en chauffant de F alcool
octylique avec du chlorure de zinc fondu. Il bouta 122- 123°,
sa densité est 0,722 à 17°. Ses propriétés rappellent celles
de l'éthylène. C. M.
OCTYLIQUE (Alcool). Form. ( ifi ; l ST."
L'expression octylique s'applique aux composés en C^^.
On coui ait plusieurs alcools octyliques primaires et secon-
daires etun alcool tertiaire. Nous ne parlerons que de qrel-
t^ues-uns d'entre eux. L'alcool octylique normal primaire
ou alcool caprylique existe sous la forme d'éther dans
l'huile des fruits de VHeracteum sphondylium, de VHera-
cleum giganteum et du Paslinica sativa ; on l'obtient
par saponification de l'huile. Cet alcool oxydé fournit
l'acide caprylique normal. Il bout à 190-192°, sa den-
sité est 0,83 à 16°. Un alcool octylique secondaire, le
méthylhexylcarbinol, qui bout à 179°, Î5, peut être obtenu
quand on distille rapidement un mélange d'huile de ricin
avec la potasse ou la soude caustique. Son oxydation en-
gendre une acétone qui est la méthylhexylacétone. C. M.
OCULAIRE (Phys.). On nomme ainsi la lentille ou le
système de lentilles dont on approche l'œil lorsqu'on re-
garde dans un instrument d'optique. Un premier système
tie verres, nommé objectif, donne une image de "^l'objet
que l'on considère, et l'oculaire sert à regarder cette image,
il fonctionne comme une loupe (V. ce mot) dans les ocu-^
laires positifs ; aussi la loupe peut-elle être considérée
comme le type des oculaires ; c'est le plus simple. Les
oculaires plus complexes que l'on emploie de préférence
à la loupe, soit dans le microscope, soit dans les lunettes,
donnent des images plus parfaites (fue les loupes, sous le
rapport des aberrations de sphéricité et de réfrangibilité.
Les plus simples sont composés de deux verres. On dis-
tingue les oculaires positifs des oculaires négatifs ; les
premiers donnent des images virtuelles des objets réels,
comme les loupes ; les seconds ne donnent que des images
réelles d'objets, ils ne peuvent fonctionner comme loupes;
il est donc facile de reconnaître ces deux sortes d'ocu-
laires en les employant comme des loupes ; si l'on ne par-
vient pas à voir les objets nettement, on est en présence
d'un oculaire négatif; il est positif dans le cas contraire.
On dispose les premiers de façon k empêcher l'image don-
née par l'objectif de se former ; les rayons qui viendraient
former cette image se couperaient en un certain point
compris entre les deux lentilles de l'oculaire si la pre-
mière ne les déviait dans leur route, en substituant à
l'image réelle qu'ils auraient donnée une image virtuelle ; "
c'est cette image virtuelle que l'œil aperçoit. Un des sys-
tèmes d'oculaires négatifs les plus employés est l'oculaire
d'Huyghens : il se compose de deux lentilles plan-convexes
dont les surfaces convexes sont tournées toutes les deux
vers l'objectif; l'une de ces lentilles ayant pour distance
focale principale f, l'autre, celle qui est plus voisine de
l'obj'ectif, a pour distance focale 3/", et la distance des deux
lentilles est 2/". Avec ce système d'oculaire le grossisse-
ment est les deux tiers de celui que donnerait la lentille
de distance focale f employée seule, mais le champ est le
double de ce que donnerait une lentille à oculaire simple
de même grossissement ; aussi l'un des verres de cet ocu-
OCULAIRE — ODALISQUE
— 2i4 —
laire, celui qui a pour distance focale 3/*, est-il appelé
verre de champ. Outre l'avantage présenté par Fagran-
dissement du champ, cet oculaire offre surtout celui de
donner des images plus nettes et mieux achromatisées.
Comme oculaire positif, celui de Ramsden est très em-
ployé : il se compose de deux lentilles plan-convexes dont
les surfaces courbes sont tournées l'une vers l'autre. On
peut adopter diverses combinaisons pour les distances fo-
cales et pour la distance mutuelle des deux verres qui
composent cet oculaire. L'une des plus fréquentes est
celle-ci : les deux lentilles ont même distance focale f et
leur distance est ^ f. Dans ce cas, le grossissement est
4 . ^
^ de fois plus grand que le grossissement fourni par un
oculaire simple de distance focale f. Le champ est aussi
augmenté dans la même proportion, à égalité de grossis-
sement.
. Les oculaires négatifs peuvent être plus facilement
achromatisés que les oculaires positifs, mais ils ne peuvent
être employés quand les instruments d'optique doivent
être munis de réticule ; on sait, en effet, que le réticule
doit être placé dans le plan même où se forme l'image
donnée par l'objectif; cette image ne se formant pas dans
le cas dun oculaire négatif et ce système ne pouvant fonc-
tionner comme loupe, ainsi que nous l'avons remarqué au
début, il n'existe pas d'endroit ou l'on puisse placer le
réticule pour qu'il soit aperçu nettement à travers l'ocu-
laire. Aussi ne peut-on employer ce système dans les lu-
nettes avec lesquelles on fait des visées comme dans les
lunettes astronomiques ou géodésiques. Au contraire, on
les emploie avec avantage dans les microscopes et les
longues-vues.
On désigne sous le nom d'oculaire divergent une simple
lentille biconcave qui sert d'oculaire dans la lunette de
Galilée ; cet oculaire peut aussi être achromatisé par l'ad-
dition de lentilles convergentes collées contre la première,
mais telles que l'ensemble reste divergent. A. Joannis.
Anneau oculaire (V. Anneau, t. III, p. 38).
OCULINESouOCULINIDES.I. Zoologie.— Famille de
Cœlentérés coralliaires, du groupe des Madréporaires. Ces
animaux habitent les mers des pays chauds ; ils ont un
polypier arborescent qui s'accroît par bourgeonnement
latéral; muraille très développée se continuant extérieu-
rement avec un c^nenchyme compact ; traverses lamel-
laires incomplètes, pas de synapticules ; cloisons lamel-
laires peu nombreuses. Fossile dans les terrains secondaire
et tertiaire. Genres principaux : Stylophordy Lophohelia,
Oculina, Cyathohelia, Sclerohelia, Amphihelia. Type :
0. virginea à rameaux nombreux, tortueux, blanc de
lait, océan Indien, Méditerranée. R. Moniez.
II. Paléontologie. — Les Polypiers de la famille des
Oculinidœ sont relativement récents, les plus anciens
{Psammokelia, Pivhelia) datant du jurassique ; mais
c'est seulement dans le tertia're et de nos jours qu'ils
prennent une certaine extension. Le genre Oculina, en-
core vivant, date du tertiaire. Les genres Astrohelia,
Enalloheliay Euhelia, etc., sont tous éteints. E. Trt.
OCULUS (Archit.) (V. Œil).
OCUMARE. Ville maritime du Venezuela, Etat de Ca-
rabobo; 10.000 hab. Bolivar y débarqua en 1816.
OCYDROME (Ornith.).Le genre Ocydromus (Wagler,
1830) a été créé pour de petits Echassier s, voisins de notre
Marouette (Ortygometra), mais bien distincts par leur
bec élevé, comprimé et pointu, la longueur de la tète,
et par un plumage mou, soyeux, décomposé au point que
les rémiges semblent impropres au voL Les ailes sont
courtes et arrondies, mais les rémiges secondaires et les
couvertures de l'aile sont allongées, à barbes décompo-
sées, recouvrant et dépassant les pennes primaires ; la
queue est assez longue, les tarses robustes, de la longueur
du doigt médian, les jambes emplumées jusqu'au talon, le
pouce court. Ces oiseaux habitent la Nouvelle-Zélande et les
îles voisines où on les nomme Weka, et leurs mœurs ne
sont pas aquatiques comme celles de la plupart des Ralles.
VO. auslralis, type du genre, est un oiseau de la taille
de notre Foulque macroule : son plumage est varié de
gris, de roux brun et de noir, le bec et les pieds sont
d'un rouge marron. 11 vole mal et ne va jamais à l'eau,
mais court rapidement lorsqu'il est poursuivi ; il gratte le
sol pour y chercher des vers et se cache dans des trous
creusés dans la terre ou les troncs d'arbres ; c'est un bon
gibier, peu farouche, car il s'approche volontiers des habi-
tations pour y manger les œufs que les poules déposent
à terre et même les souris qu'il peut attraper. E. Trt.
OCYPODES (Zool.). Genre de Crustacés décapodes
brachyures, type d'une famille comprenant en outre le
genre Gelasimus. Les Ocypodides ont la carapace rhom-
boïdale ou quadrangulaire, très large en avant, avec deux
angles très nets, déprimée en arrière ; les pédoncules ocu-
laires sont fort longs, les antennes externes rudimentaires.
Des deux pinces, l'une est toujours beaucoup plus déve-
loppée que l'autre. Ce sont des animaux exclusivement
terrestres et qui ne peuvent séjourner dans l'eau ; ils
sont, en effet, organisés pour respirer l'oxygène en nature
et font pénétrer l'air dans la cavité branchiale par un
orifice obturable. Ils vivent sur la plage et s'y creusent
des terriers qu'ils habitent, n'allant à la mer que pour
pondre ; ils sont généralement remarquables par la vitesse
extrême de leur course. Les Ocypoda se distinguent par
Ocypode des sables.
leur carapace à peu près aussi large en arrive qu'en
avant ; les Gelasimus sont beaucoup plus rétrécis en
arrière. Types: Ocypoda arenaria, Amérique septentrio-
nale, Antilles ; Gelasimus anmilipes, mer des Indes.
R. MOMEZ.
OCZAKOV (V. Otchakov).
CD (Phys.) (V. Reichenbach [Karl de] et Psychophy-
sique).
ODACANTHA ou ODONTACANTHA (Entom.). Genre
d'Insectes Coléoptères, de la famille des Carabides, éta-
bli par Fabricius {Syst. el., 1801, I, p. 228 >, et qui a
donné son nom à la tribu des Odacanthinœ. Cette tribu
diffère de celle des Trigonodactylinœ par la forme du
prothorax, et des Cienodactylinœ par les élytres tronqués
au bout. Les principaux genres sont : Plagiorhytis de
Chaud., Apioderade Chaud., Casnonia Lat., Ophionea
KL, Odacantha Fab. Ce dernier genre ne comprend que
quelques espèces, de petite taille, de la Birmanie, du Séné-
gal et de l'Europe. 0, melanura L. se trouve au bord
des eaux.
BiBL. : CiiAUDOiR, Bull Mosc, 1848, p. 126 et 1850, p. 28.
ODALISQUE. Femme attachée au service de la mère,
des sœurs, des femmes et des filles du sultan. Les oda-
lisques s'occupent des appartements ou de la table. Ce ne
sont donc que les chambrières du harem. Mais, sous la
plume de divers écrivains et même de lexicographes, elles
sont devenues des Géorgiennes ou des Circassiennes d'une
beauté remarquable, choisies avec un soin particulier sur
les marchés desclaves et destinées aux plaisirs du Grand
Turc dont elles seraient les favorites et les conçu l)ines.
Cette opinion traditionnelle, consacrée en quelque sorte par
la peinture (V. les Odalisques d'Ingres et d'Eug. Dela-
croix), est radicalement fausse. On devrait écrire odalique,
du turc odaliq (étym. oda, chambre). Barrau-Dihigo.
O'DALY (Daniel) (V. Daly).
ODARS. Corn, du dép. de la Haute-Garonne, arr. de
Viliefr anche, cant. de Montgiscard ; 242 hab.
OOAVARA. Yille maritime du Japon, prov. de Sagami,
ken de Kanagava, à 45 kil. S.-O. de Yokohama ;
45.000 hab.
ODAX (Ichtyol.). Genre de Poissons téléostéens, de
Tordre des Acanthoptérygiens PharyngognatheSj de la
famille des Labridce, dont on connaît six formes des mers
d'Australie et de la Nouvelle-Zélande. L'une d'elles, VOdax
radiatus, est un animal de petite taille, caractérisé par
ses mâchoires tranchantes sans dents, par les dents trian-
gulaires, sur le pharyngien inférieur, par les opercules
couverts d'écaillés et le museau conique. Rochbr.
ODDFELLOWS (littéralement les drôles-de-corps) .
Puissante société secrète, fondée vers la fin du xviii® siècle
en Angleterre et qui s'est surtout développée au:. États-
Unis d'Amérique. C'est, à ce qu'il semble, une branche
détachée de la franc-maçonnerie (V. ce mot). Les Odd
fellows reçurent leur organisation définitive en 1817, de
Thomas Wildey, ouvrier anglais émigré en Amérique.
Toutes les loges reçoivent leur direction des grandes loges
de district et celles-ci dépendent de la grande loge souve-
raine des Etats-Unis, de la grande loge d'Australasie et
de la grande loge d'Allemagne. La société a été intro-
duite en Allemagne vers 1870 par l'Américain Morse;
elle y a prospéré et y compte plus de 6.000 adhérents.
En Angleterre, il y a plus de 4.000 loges et 800.000 mem-
bres. En Amérique, les adhérents sont plus de 810.000
et ont un budget annuel de 370 miUions. L'ordre des Odd
fellows, dont les réunions et les pratiques s'entourent de
mystère et où l'initiation a des rapports multiples avec
celle des francs-maçons, s'occupe surtout de bienfaisance ;
il distribue des secours aux membres nécessiteux ou ma-
lades, aux veuves, aux orphelins, subventionne des établis-
sements considérables pour l'éducation des orphelins des
sociétaires décédés ou pour l'entretien des sociétaires âgés
et infirmes. Il ne se désintéresse pas pourtant des ques-
tions politiques et pèse d'un certain poids dans la balance
électorale.
BiBL . : Andraas, Der Order der Odd Fello-ws : Leip-
zig, 1882. — W.-S. Harwood, Article sur les sociétés
secrètes en Amérique, dans North Aynerican Review,
mai 1897.
ODE. Ce nom désigne, dans les littératures modernes,
une espèce de composition lyrique qui peut n'être pas
aisée à définir, mais qui enfin se distingue d'autres poèmes
congénères, tels que Vhymne, le cantique, la cantate,
le dithyrambe (V. ces mots). Le mot wSr[, chant, dont
il est la transcription, s'applique à toute pièce destinée à
être chantée, et, partant, à tout le genre lyrique : les Grecs
appellent ode aussi bien les grands morceaux choriques
de Pindare , divisés en longues strophes ou en triades (strophe ,
antistrophe et épode) que les petites chansons d'Alcée ou
d'Anacréon, en courtes strophes, ordinairement de quatre
membres (V. Poésie). En latin, ode ou oda reste long-
temps un mot étranger : les poésies lyriques de Catulle
et d'Horace, composées à l'imitation des- Grecs, ne sont
pas intitulées par leurs auteurs oda^;, mais carmina.
Ôuand Pétrone {Satir., 53) emploie le mot odarium,
c'est qu'il le met dans la bouche d'un ridicule qui affecte
l'hellénisme. Ce terme d'ode se perd donc dans la litté-
rature générale, à mesure que le grec s'oublie, et au moyen
âge il n'est plus en usage nulle part. Il ne reparaît, pour
caractériser une nouvelle forme poétique, qu'au xvi^ siècle,
d'abord en France, dans VEpître au Lecteur mïsQ en tète
de la seconde édition de ses 0(/é?.s (1550), Ronsard se vante
d'avoir employé le premier ce mot : « et osai le premier des
nostres enrichir ma langue de ce nom à' ode ». La pater-
nité ne lui en fut point contestée, même par du Bellay,
qui avait pourtant pubfié quelques odes trois ans aupa-
^S — ODALISQUE — ODENATH
vaut, à la suite de V Olive; mais il ne les avait compo-
sées qu'à l'exemple de son maître et ami. Des quatre livres
d'Odes de Ronsard, le premier seul contient des poèmes
dont la forme reproduit la triade des lyriques grecs : strophe,
antistrophe et épode ; ce sont les odes pindariques; les
autres se rapprochent plus de celles d'Horace et se divi-
sent en couplets similaires, ou souvent en couplets alter-
nés de longueur différente, ou bien sont à l'imitation des
poèmes pseudo-anacréontiques (V. Anacréon) et ne com-
portent pas de division strophique. Presque en même
temps, en Italie, Bernardo Tasso renonçait à la forme de
la canzone pétrarquesque, pour écrire des odes en courtes
strophes égales ; très peu après, Trissin et Alamanni im-
portaient en Toscane la forme pindarique en triades {bal-
lata,contraballata etstanza, ouvolta, rivolta eistanza;
giro, rigiro et stanza). Sous l'influence itahenne, l'ode
s'introduisit en Espagne au commencement du xvii® siècle:
le premier qui se soit servi du nom d'ode paraît être don
Francisco de Medrano (1617), car les célèbres poèmes
de Fernando de Herrera (f 1595) sont encore intitulés
canciones. En Angleterre, il ne paraît pas y avoir eu
diodes avant Samuel Daniel (1562-1619). Les odes alle-
mandes de Weckherlin parurent en 1618 {Oden und
Gesânge) ; après lui, l'ode fut en faveur chez les poètes
de l'école de Silésie, Opitz, Tscherning, Fleming. — Vode
eut ainsi droit de cité dans toutes les littératures modernes,
mais l'ode pindarique ne s'acclimata nulle part, et l'on
prit l'habitude de ne désigner par ce nom que des poésies
lyriques en strophes égales, qui pouvaient être rythmées
ou mesurées, selon l'époque, le pays et surtout le caprice
du poète. A la fin du xviii® siècle, Klopstock même parut
très hardi en insérant dans ses odes des pièces en vers
tout à fait libres. Quant au caractère poétique de Vode,
il ne pouvait se définir ni par la nature du sujet, ni par
la destination du poème ; matière et objet variaient à l'in-
fini. Si l'on est tenté de sourire, quand on lit dans les
Poétiques et les Traités de littérature des siècles der-
niers que le caractère de Vode est « l'enthousiasme »,
on s'aperçoit à la réflexion qu'il est difficile de distinguer
par une marque plus nette Vode de tout autre poème en
strophes régulières. Il faut seulement donner au mot le
sens de vivacité de sentiment, réelle ou feinte, et recon-
naître qu'il y a dans la désignation des poèmes, en dehors
de leur forme extérieure, une grande part d'arbitraire. On
classait d'ordinaire les odes en quatre espèces : l'ode sa-
crée, souvent inspirée de la Bible, et distinguée de l'hymne
ou du cantique en ce qu'elle n'était pas faite pour être
chantée ; l'ode héroïque ; l'ode philosophique ou didac-
tique, très en faveur dans la première moitié du xvm^ siècle
(La Motte) ; l'ode anacréontique ou badine. La plupart
des poésies lyriques ou soi-disant telles portèrent ce nom,
aussi bien chez les derniers classiques que chez les pre-
miers romantiques. Lamartine, Victor "ugo écrivirent des
odes, et l'on connaît ce qui est dit du renouvellement de
cette forme dans la préface des Odes et Ballades. Nous
pourrions évidemment étiqueter odes nombre de pièces des
Châtiments ou des Contemplations ; mais la vérité est
que ce nom tomba en désuétude vers 1840, et ne fut en-
suite employé que par caprice [Odes funambulesques de
Th. de Banville). La poésie parnassienne l'ignora presque
complètement. Il a reparu plusieurs fois dans la poésie de
ces dix dernières années, sous l'influence surtout du groupe
de jeunes gens qui porta quelque temps le titre d'école
romane. A. -M. Desrousseaux.
ODEILLO. Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, arr,
de Prades, cant. de Saillagouse ; 430 hab.
CD EN AS. Com. du dép. du Rhône, arr. de Villefranche,
cant. de Belleville; 839 hab.
ODENATH, empereur romain, mort en ^^^ ap. J.-C.
C'était un chef des tribus arabes de la région de Palmyre,
époux de la célèbre Zénobie (V. ce nom), qui s'illustra en
battant le roi de Perse Sapor, vainqueur de Valérien ; il
le chassa de Syrie, reprit Nisibis, s'empara du harem
ODENATIl — CDÉON
r^Q
royal et s'avança jusqu'à Ctésiplion. Il défit et tua àEmèse
Quietus, fils de Macrin, qui prétendait à l'empire. Lui-
même reçut de Gallienus le titre d'auguste et fut reconnu
par lui comme son collègue pour l'Orient. Il fut bientôt
assassiné par son cousin Maeonius, avec la complicité pro-
bable de sa femme.
ODENSE. Ville danoise dans l'île de Fionie, reliée par
le canal d'Odense avec le fjord qui porte le même nom ;
30.2-27 hab. (1890). Eglises, dont l'une, Saint-Knut,
en bricjues, remontant au xii^ siècle, possède une crypte,
plusieurs tombes royales. Bel hôtel de ville. Le commerce
de cette ville est assez important ; on y fabrique de la |
bière, de l'alcool, du sucre, du verre, du papier, de la
fonte, des machines, etc. On exporte surtout des œufs,
puis du lard, de la viande, des peaux, des fruits. Le mou-
vement du port fut en 1 894 de 71.638 tonnes. Nombreuses
écoles, musée d'antiquités du Nord ; galerie de tableaux.
C'est une des plus anciennes villes du Danemark, et son
nom, qui signifie h sanctuaire d'Odin, remonte à l'époque
païenne. Son évêché fut fondé en 988 par Harald à la
dent bleue. La diète d'Odense de 1527 accorda aux pro-
testants le libre exercice de leur culte.
L'amt (district) d'Odense comprend 1.770 kil. q. et
136.117 hab. (en 18J0) au N.-O. de Fionie et sur les
petites îles voisines (Romsœ, Abelœ, Fœnœ, Bogœ, Thorœ,
Brandsœ, etc.).
L'ia d'Odense, ri aère de 60 kil., naît au S. de file
de Fionie, recueille les eaux du lac Arreskov et aboutit
au canal d'Odense (7 kil. 1/2), creusé de 1796 à 1804
pour joindre la ville d'Odense au jiord d'Odense, baie du
('attégat qui entaille au N. File de Fionie et est encom-
brée d'des.
ODENWALD (haut-allemand OdowakU, bois). Massif
montagneux d'Allemagne, r, dr. du Rhin, entre le Neckar
et le Main, long de 75 kil., large de 30 à 50 kil. La
partie occidentale, le long de la plaine rhénane, est formée
-de schistes cristallins, gneiss, granité, syénite, granu-
lite, etc. ; la partie orientale, de grès bigarrés. Les prin-
cipaux sommets sont le Melibokus (515 m.), le Felsberg
(501 m.), le Hardberg (592 m.) et le Katzenbuckel
(628 m.), point culminant, au bord du Neckar. La région
occidentale est très pittoresque avec ses forêts de chênes
et de hêtres, ses jolies gorges et ses châteaux ruinés ; celle
du S.-E., boisée de conifères, est plus triste.
JBiBL. : Guides de Montanus et Wimihaus.
ODÉON. Ce nom, qui vient de w^stov, chant, indique
l'usage des monuments qui le portaient. C'étaient des
théâtres destinés aux concours de poésie et de musique.
Assez semblables par la disposition générale aux autres
théâtres, ils étaient cependant plus petits et couverts, comme
leur destination le réclamait, du moins à partir du temps
de Périclès. Le plus ancien odéon d'Athènes est antérieur
aux théâtres de pierre (76« Olympiade). Cet odéon était
vaste et n'avait pas de toit. Entre temps, il servait aux
distributions de blé, aux séances d'un tribunal, etc. Pé-
riclès bâtit le premier odéon de pierre. Mais l'on sait peu
de chose sur sa construction. Ses colonnes étaient de pierre
et la toiture, en forme de porte, était faite des mâts et des
vergues des vaisseaux pris à Xerxès. Cet odéon fut brûlé
lors de la prise d'Athènes par vSylla, et Pausanias dit que,
lorsqu'on le rebâtit, on lui donna la forme de la tente de
Xerxès. De ce renseignement un peu vague, on peut con-
clure que le toit n'était pas plat. Les architectes Caiuset
Marcus Stullius et Ménalippos furent chargés de cette ré-
fection par Ariobarzane, roi de Cappadoce. Pausanias y
vit les statues des rois d'Egypte de la famille des Lagides.
Il y avait probablement un espace libre pour les choeurs
(orchestre) et une estrade ou scène pour les musiciens.
•Comme les séances de l'odéan ne comportaient pas de mise
-en scène, la décoration était fixe. En eifet, selon Vitruve,
la scène de Fodéon de Traites avait été peinte par Apati-
rriusd'Alabunda. A Fodéon de Smyrne, Apelle avait peint
wne Grâce. Un autre odéon, richement décoré et rempli j
d'œuvros d'art, fut éJeve à Athènes aux frais (filérode Atli-
cus. Il en subsiste des ruines considérables. Beaucoup
d'autres villes grecques, Patras, Corinthe, etc., posséchiient
des odéons. Rome eut deux odéons, Fun bâti par Domi-
tien, Fautre par Trajan. On voit les ruines d'un odéun
à Pompéi, et les restes d'un autre dans la villa d'Adrien,
près de Tivoli. André Baudrillart.
Théâtre de l'Odéon. — Le théâtre de FOdéon oc-
cupe l'emplacement de la salle construite pour la Comé-
die-Française (V. cet art.) sur les terrains de l'ancien
hôtel de Condé et inaugurée le 9 avr. 1782.
Abandonnée par la Comédie-Française le 23 déc. 1794,
elle fut rouverte par Poupart-Dorfeuille, sous le nom
d'Odéon. Il rouvrit le 8 avr. 1797 par un concert, qu'il
renouvela le 16 du même mois. Puis il donna des thiases,
c.-à-d. des bals, et commença sa vraie campagne théâ-
trale le 20 mai par un spectacle qui comprenait un Prologue
d'ouverture, de Patrat (artiste du théâtre) et \yeiss, le Phi-
losophe amoureux, de Destouches, et l'Apparence trom-
peuse, de Cuyotde Merville. Cette tentative échoua. Une
autre fut risquée le 1 7 août sans plus de succès. On fit
alors appel à la troupe tragique que M^^^ Raucourt avait
réunie au théâtre Louvois et qui comprenait les meilleurs
artistes de la Comédie-Française toujours désorganisée.
Cette tentative, dirigée par Sagerct, fut arrêtée par l'in-
cendie de la salle de l'Odéon le 18-19 mars 1798 (V. Co-
médie-Française).
Lors de sa reconstitution, la Comédie-Française s'ins-
talla dans la salle du théâtre de la République, rue Ri-
chelieu, où elle se trouve encore anjourdhui. Pendant ce
temps, les artistes de FOdéon, qui &em])laient précisément
constituer le second Théâtre-Français que les auteurs
dramatiques réclamaient depuis si longtemps, se réunis-
saient à la salle Louvois, alors vacante, sous la conduite
de leur camarade Picard, l'auteur de tant d'agréables co-
médies. Ils y restent jusqu'au 13 avr. 1799, où ils vont
s'installer au théâtre du Marais, donnent aussi quelques
représentations à FOpéra et au théâtre Favart, puis, le
[\ juin, s'en vont partager le théâtre de la Cité avec la
troupe qui s'y trouvait, l'une et Fautre alternant leurs
représentations. C'est là que Picard donne avec beaucoup
de succès sa grande comédie de l'Entrée dans le monde.
Lel^^oct. 1800, ils retournent au théâtre du Marais, et,
un mois après, ils vont alterner leurs représentations avec
la troupe d'opéra-comique du théâtre Feydeau. Enfin, le
tlièâtre Louvois se trouvant libre, la troupe de FOdéon,
Picard toujours en tète, s'y installe délinitivement et eti
prend possession le 5 mai 1801.
Picard alors se multiplie, et comme administrateur, et
comme comédien, et comme auteur, et fait preuve d'une
prodigieuse activité, si bien que, l'Empire à peine cons-
titué, il obtenait pour son théâtre le titre de « Théâtre de
ITmpératrice » et pour ses artistes celui de « comédiens
ordinaires de l'Empereur ».
On lui donne alors comme auxiliaire la troupe de l'Opéra
italien, qui donnera désormais ses représentations le lundi
et le jeudi, tandis que les autres jours lui sont réservés.
Le l^'" nov. 1807, Picard, qui venait d'être élu membre
de l'Académie française, était nommé directeur de FOpéra,
et on lui donnait comme successeur son confrère et son
ami Alexandre Duval. Le départ de Picard amenait la
dissolution de la société des artistes, qui ne s'entendaient
pas entre eux. La direction du Théâtre de l'Impératrice
devenait donc une entreprise, entre les mains d'un nommé
Gobert, k qui Duval vendait son privilège, tout en restant
directeur en titre. C'est le 1^^ janv. 1808 que la nouvelle
administration entra en possession. Elle ne devait pas
rester longtemps à Louvois, les travaux de la nouvelle
salle de FOdéon touchant à leur fin. Celle-ci, reconstruite
par l'architecte Clialgnis, fut inaugurée le 15 juin 1808,
sous le titre de Th/àtre de Sa Majesté l'Impératrice cl
Heine. Le programme de ce premier spectacle était ainsi
composé : Ouverture deCherubini; le Vieil Amateur,
— Ul
ODKON
prologue irinaiifiuratioîi d'Akwai.diT Duval ; le Vohi/c.
comédie de (^aignio.:; la (ojiidic au joi,in\ (''piloi;ue
frAlissiin de Cliazet. Le nouveau lliéàlre de l'Odéoii était
considéré comme « annexe de la Comédie-Française »,
mais pour la comédie seulement, et la tragédie lui était
interdite.
Quelques débuts de nouveaux artistes eurent lieu pen-
dant les premières années de la nouvelle direction, et à la
tin de 4810 la troupe, en partie renouvelée, se trou-
vait ainsi composée : Armand, Firmin, Perroud, Dugrand,
€liazel, Leborne, ïhénard jeune, Thérigny, Fusil, Saint-
Aubin, Pélissier, Gobelain, et M"^^^ Mole, Mille, Régnier,
Henry, Fleury, Charles, Descuillés, Perroud, Delmanci,
Maillard, Descuillés cadette. Divers artistes vinrent encore
successivement se joindre à ceux-ci : Martelly (auteur d'nnc
jolie comédie, les Deux Fig aras), Victor, Talon, M^^® Dé-
lia et la toute charmante M^^® Desbordes, qui devait se faire
un si grand nom de poète sous celui de M"^^ Desbordes-
Valmore. Le Théâtre de l'Impératrice continuait d'ail-
leurs de travailler avec une grande activité, sans toutefois
cire aussi heureux qu'il l'avait été avec Picard. De 1808
à 1814 on n'a guère à enregistrer, comme pièces à succès,
(pie rAlcade de Molorido et la Vieille Janle, de Picard,
le Retour' d'un croisé, d'Alexandre Duval (qui, lui aussi,
se voyait élire à l'Académie française), Jeunesse et Folie,
de Pigault-Lebrun, la Servante de qualité, de Pelletier-
Volméranges, le Valet intrigué, de Justin Gensoul, et
Evélina^ de Rigault. En réalité, la direction de Gobert
et d'Alexandre Duval avait .été déplorable, et les résultats
en étaient funestes. Au commencement de 1814, Gobert,
seul responsable, était déclaré en faillite, laissant les
artistes impayés. Les événements politiques n'étaient pas
de nature à rendre au théâtre sa prospérité passée. Après
la Restauration, celui-ci reprend son titre de théâtre de
rOdéon, et les comédiens, qui s'étaient constitués en so-
.ciété après la disparition de Gobert, supplient le ministre
<le leur rendre leur ancien directeur, Picard, qui venait
d'abandonner la direction de l'Opéra. Picard est nommé
an effet et reprend, le 1'^"^ janv. 1816, la direction de
l'Odéon, devenu « Théâtre royal » avec une subvention de
"27.000 fr. A ce moment, il n'a plus à se préoccuper de
l'Opéra italien, qui est allé s'installer à la salle Favart, et
il peut jouer tous les jours.
L'activité, l'expérience et l'honnêteté de Picard eurent
raison de la mauvaise fortune et ramenèrent à l'Odéon un
public qu'une administration désastreuse en avait éloigné.
Picard ne s'était pas borné à reprendi'e la direction; il
avait aussi retrouvé sa plume et donna de nouveau plu-
sieurs comédies, dont deux au moins obtinrent d'éclatants
succès : M. de Boulainville ou la double Béputation,
les Deux Philibert, le Capitaine Belronde, \auglas
ou les Anciens Amis; quelques autres ouvrages furent
aussi bien accueillis : le Valet de son Rival, de Scribe
et Germain Delavigne, le Chevalier de Canolle, de Saint-
Georges, V Homme gris, de Daubigny et Poujol, Agar et
Jsmaël au désert, de Népomucène Lemercier. . . Deux
années s'étaient écoulées et la bienfaisante influence de
Picard s'était fait sentir de la façon la plus heureuse,
lorsque l'Odéon disparut tout à coup dans un nouveau dé-
sastre. Le "20 mars 1818, dix-neuf ans presque jour pour
jour après le premier incendie, le feu se déclarait au théâtre
en plein jour, à trois heures de l'après-midi, et pour la
seconde fois le réduisait en cendres.
Voilà nos pauvres artistes obligés de nouveau de cher-
cher un autre asile, en attendant que l'on reconstruise leur
salle engloutie dans les flammes. Heureusement pour eux,
la récente débâcle du Théâtre-Italien avait laissé libre celle
du théâtre Favart. Ils allèrent s'y installer provisoirement
et la rouvrirent le 2 avr. 1818, toujours avec Picard à
leur tète. Ils allaient y rester dix-huit mois. Du reste, on
s'occupa aussitôt de la réédification de l'Odéon, et, dès
(jue les travaux furent achevés, ils reprirent possession de
leur domicile naturel. Hs fièrent donc Finaiiguration de
leiu' nouvelle ^alie ic oO scjit. 1811K Ce fui To ^aMon d'une
l'ccigi'ji'satioH coiiijiiclc de ruiliepn.H\ (tablie j)ar une
ordonnance ro\ale en date du "il juil. lbl(S. Par cette
ordonnance, le théâtre de l'Odéon, considéré comme annexe
de la Comédie-Française, conservait son rang de théâtre
royal et était placé sous l'autorité du ministre de la mai-
son du roi ; il devait jouer les tragédies, comédies et drames
qui composent le répertoire du Théâtre-Français et qui
appartiennent au domaine public, et les pièces du même
genre qui lui étaient présentées par les auteurs; enfin, le
pi'ivilège était accordé à une société de comédiens qui
l'exploitaient « à leurs risque et fortune et aux mêmes
conditions que celles imposées aux comédiens du Théâtre-
Français». La troupe de rOdéon, qui avait subi de nombreux
changements, était ahisi composée en 181 9, lors de l'ouver-
ture de la nouvelle salle : MM. Joanny, Victor, David, Pré-
vost, Eric-Bernard, Valmore, Chazel, Lafargue, Perroud,
Armand, Samson, Duparai, Thénard jeune, Duvernoy,
Ménétrier, Sabathier, Charles; M'"^^ Kléber, Laroche,
Perroud, Délia, Fleury, Guibert, Millon, Clairet, Dufres-
noy, Falcoz, Casaneuve et Sabathier.
La représentation du premier ouvrage nouveau donné
dans la nouvelle salle fut un événement littéraire : c'était
les Vêpres siciliennes, le début dramatique de Casimir
Delavigne, qui, peu de mois après, allait donner avec non
moins de succès les Comédiens. Un peu plus tard avait
lieu lin début éclatant, celui de W^^ George, la fameuse
tragédienne, qui depuis longtemps déjà avait quitté la
Comédie-Française. Cependant, l'Odéon n'allait pas tarder
à entrer dans une des périodes les plus difficiles et les plus
tonrmentées de sa longue histoire. En 18!21, Picard se
retire, la société des artistes est dissoute et le théâtre
passe aux mains d'un directeur responsable, nommé Gen-
til. Mais celui-ci est à peine installé qu'il donne sa démis-
sion et est remplacé par M. de Gimel. C'est sous l'admi-
nistration de ce dernier qu'on voit paraître à l'Odéon Bo-
cage, qui devait se faire un si grand nom, Anaïs Aubert
et Elisa Wenzel. On joue Louis IX en Egypte, de Népo-
mucène Lemercier, Jean sans Peur, de Liadières, le
Paria, de Casimir Delavigne, les Deux Ménages, de Pi-
card, AVuaflard et Fulgence, les Machabées, d'Alexandre
Guiraud, Saiil, de Soumet, V Enfant trouvé , do Picard,
liienzi, de Gustave Drouineau, et(^ '
Mais, au bout de trois années, Gimel cède la place à
un nouveau directeur, Bernard, qui prend possession le
i27 avr. 1824. Ce nouveau directeur a fait inscrire dans son
privilège la faculté de jouer le gejire lyrique et de joindre
l'opéra à la tragédie et à la comédie. Seulement, comme,
en France, l'administration s'est toujours montrée absurde
en matière de théâtre, retirant d'une main ce qu'elle don-
nait de l'autre, elle n'accordait à l'Odéon cette faculté qu'à
la condition qu'il ne jouerait aucun opéra français nouveau,
se bornant aux traductions et aux ouvrages tombés dans
le domaine public. Quoi qu'il en soit, il fallait une troupe
chantante, et Bernard en forma une qui comprenait les
noms de Lecomte, Campenhout, Valère, Camoin, et de
î^jmes Montano, Letellier, Camoin, Pouilley, auxquels se
joignirent ensuite Duprez (notre grand Duprez), Cœuriot,
Léon Bizot, Mondonville, Thénard, M'"^^ Schutz et Mon-
donville. On inaugura le genre avec un prologue intitulé
les Trois Genres, dont, par autorisation spéciale, Boiel-
dieu et Auber avaient écrit la musique ; puis on reprit une
foule d'ouvrages de Grétry, Dézèdes, Dalayrac, Méhul,
Monsigny, Devienne, qui avaient appartenu au répertoire
de rOpéra-Comique, et, enfin, on joua nombre de traduc-
tions et pastiches : la Pie voleuse, Othello, la Dame du
Lac, Tancrède, le Barbier de Séville, de Rossini, Don
Juan, le Mariage de figaro, de Mozart, Marguerite
d'Anjou, de Meyerbeer, Bobin des Bois, de Weber, le
Sacrifice interrompu, de Winter, etc. Pendant ce temps,
rOdéon donnait aussi des tragédies et des comédies de
Draparnaud, Ancelot, Soumet, Mazères, d'Epagny, Hip-
polyte Bis, Bayard, Royou, Merville. Pourtant, après deux
ODEON
— 248 ~
ans d'exploitation, Bernard se retirait, cédant la place à
Frédéric du Petit-Méré (1826), qui lui-même avait pour
successeur Thomas Sauvage (1827), lequel passait la main
à son tour en faveur de Lemétheycr. Les choses allaient
toujours de mal en pis, si bien que Lemétheyer aboutis-
sait à une catastrophe et laissait le théâtre fermé pendant
six mois. Harel le rouvrait en 1829, en congédiant le per-
sonnel lyrique et en amenant avec lui de nouveaux artistes :
Vizentini, Ferville, Delafosse, Stockleit, puis Frederick
Lemaître, et M"^«« Moreau-Sainti, Nollet, Nadèje Fusil et
Thénard. C'est alors que FOdéon prit, avec la Comédie-
Française et la Porte-Saint-Martin, sa part du grand mou-
vement romantique qui révolutionnait nos théâtres, et c'est
alors qu'il joua successivement : Amy Robsart, de Victor
Hugo et Paul Foucher, Roméo et Juliette et Christine
à Fontainebleau, de Frédéric SouUé, la Nuit vénitienne,
d'Alfred de Musset, Norma et Une Fête de Néron, de
Soumet, Charles VII chez ses grands' vassaux, d'Alexandre
Dumas, la Maréchale d'Ancre, d'Alfred de Vigny, le
Moine, de Fontan, etc. Cependant, la direction d'Harel,
très aventureuse, ne fut pas plus heureuse que les précé-
dentes et, à la fin de 1832, l'Odéon était définitivement
fermé, cette fois pour longtemps.
Il fallut attendre en effet jusqu'en 1837 pour voir
ses portes se rouvrir ; encore ne fut-ce que d'une façon
fugitive et par le fait d'une combinaison de VedeU, alors
directeur de la Comédie-Française, qui eut l'idée de faire
de l'Odéon une véritable succursale de celle-ci et de l'exploi-
ter avec ses artistes. Les résultats prouvèrent rapidement
que l'idée n'était pas heureuse, et au bout de quelques
mois l'Odéon redevint silencieux. C'est seulement le 28 sept.
1841 qu'il rouvrit ses portes, sous la direction de d'Epa-
gny, qui, presque aussitôt, disparut devant Auguste Lireux.
La troupe, entièrement nouvelle, comprenait les noms de
Louis Monrose, Bocage, Baron, Bignon, Crécy, Milon, De-
rosselle, Bouchet, Rosambeau, Barré, Saint-Léon, Pier-
ron, Rousset, Valmore, Mauzin, Bouvière, Ballande, et de
]y[mes Dorval, George, Maxime, Julie Berthault, Virginie
Bourbier, Peyre, TiUy. A signaler alors les débuts écla-
tants d'Emile Augier avec la Ciguë, de Ponsard avec
Lucrèce (l'une et l'autre refusées à la Comédie-Française),
et de deux pièces de Léon Gozlan : les Cinq minutes du
Commandeur et la Main droite et la Main gauche.
Néanmoins Lireux fait place en 1845 à Bocage ; Vizen-
tini succède à celui-ci en 1847, et en 1849 la direction
passe aux mains d'Altaroche, qui en 1853 la cède à
Alphonse Royer. Pendant ce temps la troupe se renou-
velait avec Pierron, Tisserant, Têtard, Talbot, Clarence,
Harville, M^^^s Célestine Thuillier, Sarah Félix, Bilhaut,
Siona Lévy, devenue, plus tard, la lectrice de poésies
]y[me Ernst, Ramelli, Roger-Solié, Lorentine Léon, Zulma
Restout, et l'on voyait jouer successivement Agnès de
Méranie, de Ponsard, Echec et mat, d'Octave Feuillet et
Paul Bocage, le Chariot d'enfant, de Méry et Gérard de
Nerval, François le Chanipi, Claudie, Maître Favilla,
de George Sand, les Contes d'Hoffmann et les Marion-
nettes du Docteur, de Michel Carré et Jules Barbier,
l'Honneur et l'Argent, de Ponsard (oti Laferrière par-
tage le succès de Fauteur), la Conscience, d'Alexandre
Dumas...
Enfin, on allait voir ce qu'on n'avait encore jamais vu
à l'Odéon : une direction qui durerait plus de dix années.
C'est celle de La Rounat, car La Rounat succéda en 1856
à Alphonse Royer, qui était nommé directeur de l'Opéra,
let il n'abandonna l'Odéon, à la suite d'un différend avec
ee ministère, qu'en 1867. Son administration probe, active
et intelligente ramena enfin la prospérité à ce théâtre et
dlle fut marquée par plusieurs succès retentissants : Ma-
dame de Montarcij, Hélène Peijron et la Conjuration
G'Amboise, de Louis Bouilhet, le Testament de César
dirodot, d'Adolphe Belot et Edmond Villetard, l'Usurier
ce village, d'Amédée Rolland et Ch. Bataille, les Va-
cances du docteur, d'Amédée Rolland seul, le Marqins
de Villemer, de George Sand, la Jeunesse, d'I'jnilc Au-
gier. Durant cette période on vit paraître à l'Odéon de
nombreux artistes : Berton, Brindeau, sortant de la Comé-
die-Française, Febvre, Kime, Thiron, Gibeau, Ariste, La-
ray, Laute, Grenier, IVP"^^ Doche, Devoyod, Karoly, Méa,
Périga, Jane Essler, Arène, Lacressonnière, Thaïs Petit.
A La Bounat succéda de Chilly, ancien acteur et directeur
de l'Ambigu, sous l'administration duquel on vit débuter
nombre d'artistes, soit déjà renommés, soit destinés à se
faire un nom : Taillade, Coquelin cadet, Berton et son
fils Pierre Berton, Paul Deshayes, Reynard, et M'"^^ Sa-
rah Bernhardt, Agar, Blanche Baretta, Emilie Broisat,
Antonine Lambquin, Hortense Damain, Laurence Gérard,
Marie Laurent. C'est alors aussi qu'on vit jouer le Roi
Lear, de Shakespeare, traduit par Jules Lacroix, le Pas-
sant, de M. François Coppée, interprété par Agar et Sarah
Bernhardt, et qui produisit sur le public un véritable enchan-
tement, la Contagion, d'Emile Augier, dont, par autori-
sation expresse de la Comédie-Française, M. Got vint
jouer à l'Odéon le rôle principal, Didier, àeVierre Berton,
le Bâtard, d'Alfred Touroude, le Drame de la rue de
la Paix, d'Adolphe Belot.
Après quelques années, M. Duquesnel succède à de
Chilly, et sa direction, plus active peut-être qu'heureuse,
n'en est pas moins intéressante. L'Odéon, pendant si long-
temps malheureux, a d'ailleurs retrouvé un public sur
lequel il peut désormais compter et qui ne lui marchande
pas ses sympathies. M. Duquesnel offre successivement à
ce public : la Maîtresse légitime, de Louis Davyl, Un
Drame sous Philippe II, de Porto-Riche, les Da-
nicheff, de Pierre Newsky, Déidamia, de Théodore
de Banville, VHetman, de Paul Déroulède, Joseph
Balsamo, d'Alexandre Dumas, les Noces d'Attila, de
Henri de Bornier. . . Pendant ce temps, la troupe se
renouvelle avec MM. Porel, Georges Richard, Tallien,
iVmaurv, Baillet, Clerh, Marais, Keraval, Masset, Truf-
fier, GÎl Naza, et M"^^^ Léonide Leblanc, Hélène Petit,
Crosnier, Elise Picard, Alice Lody, Kolb, Chartier, Sisos,
Rousseil. Cependant, en 1880, Duquesnel est obligé de
quitter la place, et l'Odéon retourne aux mains d'un de ses
anciens directeurs, Charles de La Rounat, celui qui lui
avait fait retrouver la prospérité. Sous cette direction de
La Rounat, qui n'est pas moins heureuse que la première,
on voit se produire plusieurs succès retentissants : Jack,
d'Alphonse Daudet, Formosa, d'Auguste Vacquerie, Ma-
dame de Maintenon eV Severo Torelli, de François Cop-
pée, puis deux petits actes charmants, le lilephte, de
Abraham Dreyfus, et le Dîner de Pierrot, de Millanvoye.
Le personnel fait aussi de solides recrues avec Chelles,
Paul Mounet, Albert Lambert père et fils, Cornaglia, Ra-
meau, Duflos, Matrat, W^^^ Tessandier, Marie Defresne,
Grivot, Samary, Malvau, Laurianne, Hadamard, Nancy
Martel, Rachel Boyer, Marie Laure, Elise Petit, Baréty.
Mais La Rounat meurt à la fin de 1884, et c'est un de ses
pensionnaires, non moins actif que lui, Porel, qui est appelé
à lui succéder. Porel reste sept ans en fonction, puis, en
1892, laisse le théâtre aux mains de ses deux régisseurs,
Emile Marck et Desbeaux, qui donnent leur démission en
1896. Le ministère nomme alors comme directeurs asso-
ciés Paul Ginisty et Antoine (ce dernier, fondateur du
fameux Théâtre-Libre), mais au bout de peu de temps un
désaccord s'élève entre eux, M. Antoine se retire et de-
puis lors M. Ginisty reste seul à la tète de l'Odéon. Sous
ces trois dernières directions on a vu jouer Conte d'avril,
de Dorchain, les Jacobites et Pour la Couronne, de
François Coppée, Renée Mauper in, de Henri Céard, Numa
Roumestan, d'Alphonse Daudet, la Marchande de sou-
rires, de M"^^ Judith Gautier, la Belle Saïnara, d'Ernest
d'Hervilly, Germinie Lacerteux, d'Edmond de Concourt,
Amoureuse et le Passé, de Porto-Riche, les Deux No-
blesses, d'Henri Lavedan, le Chemineau, de Jean Riche-
pin, etc. Quant aux artistes qui se sont produits pendant
cette période, ce sont MM. Segond, Calmettes, Céalis, Ma-
259 —
OIM>N — ODESSA
gnier, P^énoiix, Colombey, Candé, Dumény, de Max, Sihiot,
Coste, et M'"®^ Segond-Weber, Cerny, Antonia Laurent,
Rosa Briick, Grumbacb, Wanda de Boncza, Arbel, Dilx,
Rose Syma, Page, Wissocq, Yabne, Chapelas. A. P.
BiiJL. : Rosa, Uber clic Odeon in Athen, Rom iind Kar-
thiif/o ;Sœst, 1^31.
ODER (lat. Vidua, slave Vpdr). Grand fleuve d'Alle-
magne, tributaire de la mer Baltique. H naît en Autriche
(Moravie), à 627 m. d'alt., dafls les hauteurs qui pro-
longent au S.-E. les monts Sudètes, coule vers le S.-E.,
puis vers le N.-E., à travers la dépression qui sépare les
Sudètes des Karpates, forme un instant la frontière entre
l'Autriche et la Prusse, où il entre en aval d'Oderberg. Il
se dirige vers le N.-O. à travers la Silésie, décrivant des
sinuosités marquées, arrose Ratibor, Kosel, Oppeln, Brieg,
Ohlau, Breslau, Steinau, Glogau, Beuthen, Neusalz, entre
en Brandebourg où il prend, après Krossen, la direction
du N., arrosant Francfort, Kiistrin, Schwedt, puis, en
Poméranie, Garz, Greifenhagen, Stettin. Après Kùstrin,
il entre dans la fertile plaine de VOderbruch (36 kil. de
long sur 12 à 30 de large) ; le fleuve y décrivait une
vaste courbe vers l'O. (Freien\valde),mais on lui a creusé
un nouveau lit (1743-53). A partir de Schwedt, la pente
est nulle (0°^,20 au-dessus de la mer). A Garz, l'Oder se
partage en deux bras : l'oriental, appelé Grande Reglitz
ou Zollstrom, passe par Greifenhagen et débouche dans
la lagune de Damm; le bras occidental, qui garde le nom
d'Oder, passe à Stettin, d'où il détache vers l'autre la
Petite Reglitz. Toutes les eaux se réunissent au N. de la
lagune de Damm et, par le Pappen ou Pfaffenvvasser, dé-
bouchent dans la grande lagune de l'Oder ou de Stettin,
séparée de la mer Baltique par les îles de Wollin et
d'Usedom ; les eaux s'écoulent vers la mer par le Dievenow
à l'E., la Swine au centre, entre les îles, la Peene à l'O.
Le bassin de l'Oder mesure 112.000 kil. q.; son cours,
905 kil. dont 741 en Prusse, 716 navigables (à partir de
Ratibor). La profondeur est très faible, s'abaissant à 1 m.
en été, aussi bien en Brandebourg qu'en Silésie; la lar-
geur est de 30 m. à Ratibor, 176 à Breslau, 250 dans
l'Oderbruch. Les torrents qui lui viennent des monts
Sudètes occasionnent souvent de fortes crues et des inon-
dations. Les principaux affluents sont : l'Oppa (g., Silésie
autrichienne), l'Olsa (dr., Teschen), la Klodnitz (dr.), la
Malapane (dr.), la Neisse de Glatz (g.), l'Ohlau (g.), la
Lohe (g.), la Weistritz (g.), la Weicla (dr.), la KatzJ3ach
(g., Liegnitz), la Bartsch (dr.), la Bober (g., grossie de
la Gneis), la Neisse de Lusace (g.), la Warthe (dr.),
grossie de la Netze et presque aussi importante que l'Oder,
l'Ihna (dr., Stargard). — L'Oder était médiocrement na-
vigable, mais a été beaucoup amélioré par les travaux
entrepris récemment à partir de Kosel ; le port maritime
est à Swinemunde, dans l'île d'Usedpm, puis viennent
Stettin et Breslau dont le mouvement atteignait, en 1893,
1.300.000 tonnes. La Klodnitz et son canal desservent le
grand bassin houiller et industriel de la haute Silésie. Un
canal de 100 kil. unit l'Oder à la Sprée ; celui de Finow
(56 kil.), l'Oder à la Hanel; par la Wartha et la Netze,
on communique avec le bassin de la Vistule. A. -M. B.
BiBL. : Becker, Ziir Kenntniss dcr Oder, 18G8. — Chris-
tian!, Das Oderhruch; Freienwalde, 1«76. — Carte de
l'Oder au 100. 000» en 12 feuilles, éditée })ar le service de la
navigation à Breslau, 1883-85. — Fàhrer suif den deutschen
Schiffahrtsstrassen, publié par le ministère des travaux
publics de Prusse, 1893. — Mohr, Der Oder iind seine
Bauten, 1890.
ODERBERG. Ville de Prusse, district de Potsdam, sur
l'ancien bras de l'Oder ; 4.100 hab. Ruines d'un château
du xiv« siècle {Bœrenkasten),
ODERBERG (Pol. Dogumin). Ville de Silésie autri-
chienne, à la frontière de Prusse, sur la r. dr. de l'Oder ;
1.400 hab. Raffinerie de pétrole.
ODERIC DE PORDENONE (V. PoRDENONe),
ODERICO (Gaspare-Luigi), antiquaire italien, né à Gènes
en 1723, mort en 1803. Entré dans l'ordre des jésuites,
il s'adonna quelque temps à la théologie et à la prédica-
tion ; puis, ayant été comme professeur au collège des
Ecossais à Rome, il y trouva l'occasion d'étudier la nu-
mismatique et l'épigraphie : il publia alors plusieurs mé-
moires et dissertations où il fit preuve de goût et de sa-
voir, entre autres : Dissertazione sopra un' antica
îscrizione novellamente scoperta (Rome, 1756) ; Dis-
sertationes et annotationes in aliquot ineditas vete-
rum inscriptiones et numismata (Rome, 1765) ; 2^u-
mismata cjrœca non anie vulgata (Rome, 1777), etc,
R séjourna ensuite à Turin et à Gènes, où il devint con-
servateur de la bibliothèque publique. G. G.
ODER 161 DA GuBBio, enlumineur et miniaturiste ita-
lien, né à Gubbio, près de Pérouse, vers 12*20, mort à
Bologne en 1299. Il fut le contemporain et F ami de Giotto,
et passa à Bologne la plus grande partie de son existence.
C'est tout ce qu'on sait de lui. Ses enluminures, fort van-
tées de son temps, sont probablement perdues. Un passage
de Dante, où le poète parle avec enthousiasme d'Oderigi
et l'appelle l'honneur de Gubbio, VOnor da Gubbio, i^roiwe
qu'il jouissait d'un grand renom. Il eut pour élève Franco
le Bolonais. G. C.
ODERZO. Ville d'Italie, prov. de Trévise, sur le Mon-
ticano ; 2.500 hab. Evêché. Eglise du xiv^ siècle. C'est
l'antique Opitergium.
ODESCALCHI. Famille italienne, originaire de Côme,
dont les principaux membres furent : Pietro- Giorgio^
mort à Viterbe le 6 mai 1620, évêque d'Alexandrie, et
son frère Paolo, gouverneur de Rome; le pape Inno-
cent XI (V. ce nom) et son frère Marco- Antonio, n\ort
à Rome en J670, qui fit de son palais un hôpital ; leur
neveu Livio (1652-1713) , qui acheta aux Orsini le duché de
Bracciano, fut candidat au trône de Pologne (1697) et
transmit son héritage à Baldassare Erba, fils de sa sœur
Lucrezia; Benedelto (1679-1740), archevêque de Milan
(1712-37) et cardinal; Baldassare, duc de Ceri (1748-
1810), fondateur de l'Académie des Occulti; Carlo
(1785-1841), cardinal (1823) et archevêque de Ferrare.
ODESPUNG DE LA Meschi^ière (Louis), ecclésiastif] ue
français, né à Chinon en 1597. La date de sa mort est
inconnue. 11 servit plusieurs fois de 1645 à 1652 de se-
crétaire rédacteur aux assemblées du clergé de France et
publia les Concilia novissima Galliœ a tempore concilii
Tridentini celebrata (Paris, 1646, in-fol.).
ODESSA. Ville maritime du Midi de la Russie, principal
port de l'empire, située sur la rive septentrionale de la
mer Noire, à 1.725 kil. S. de Saint-Pétersbourg, 1.415
S.-O. de Moscou, par 46« 28'36'Mat. N., 28^25' 17'' long.
E. de Paris, 55 m. d'alt. ; 450.000 hab.
Comme la capitale russe, à l'antipode de l'empire, Odessa
présente ce type de cités modernes surgies brusquement au
miheu de solitudes, s'épanouissant dans le court espace
d'un siècle à l'instar des villes les plus florissantes des
Etats-Unis de l'Amérique. Il y a un peu plus de cent ans,
en 1789, l'emplacement occupé de nos jours par Odessa
était un vaste steppe orné d'un fortin, Khadji Bey, du
nom de l'un des princes (ou beys) tatares du xiv^ siècle.
Le fortin fut pris par les troupes russes, dans leur guerre
contre les Turcs, en sept. 1789. Deux années plus tard,
par le traité de lassy, la région fut cédée à la Russie.
Un nouveau fort fut construit en 1793, et l'année suivante
le gouverneur de la région, deRibas, reçut l'ordre défaire
édifier par ses soldats une ville et de la baptiser Odessa, du
nom d'une bourgade voisine Odessos, et que la grande Cathe-
rine prévoyait déjà devoir un jour rivaliser avec les prin-
cipales villes de l'Europe. (On fait aussi dériver le nom
à'Odessa des mots français assez d'eau, souvent pro-
noncés par Richeheu à qui l'on faisait valoir que l'empla-
cement était privé d'eau potable : Assez d'eau — Eau
d'assez.) 40.000 hect. de terre devaient être distribués
aux nouveaux arrivants et une somme de 7 millions
de francs fut assignée pour les frais de construction.
Un appel fut fait aussi aux puissances maritimes étran-
gères. En 1796, 60 navires autrichiens, italiens, turcs
ODESSA
250
et grecs vinrent mouiller dans le nouveau port. La popula-
tion se montait déjà à 3.i50 liab. et la viMe naissante
comptait 35 '2 maisons. Tels furent les débuts de la grande
cité maritime. Les franchises accordées aux navires étran-
gers pour la circulation dans la mer Noire, en 4802, de-
vaient accentuer ce mouvement, et Odessa devint bientôt le
centre maritime le plus considérable de la mer Noire. Le
duc de Richelieu, neveu du cardinal, émigré français, fut
chargé en 4803, par Alexandre P'', de l'administration de
la province. C'est à lui que les annalistes russes attribuent
la plus grande part des progrès faits par la cité. Lors de
la nomination de Richelieu comme gouverneur, Odessa
comptait 9.000 hab. environ, répartis dans 4.200 maisons
d'habitation. Onze années plus tard, le nombre d'habitants
était de 2o.000 et la ville comptait plus de 2.000 maisons.
Richelieu se consacra avec une rare intelligence à l'embel-
lissement de la ville nouvelle, fit construire des temples
pour les différents cultes, des écoles, des hospices, un
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c , ^ ^■■
Grand escalier et statue de Richelieu, à Odessa.
théâU^e, un jardin, un afuedic piur amener à la ville de
l'eau potable. Au painî de vue adiuiuisti'alif, son activité
ne fut pas moins féconde. Investi des pouvoirs les plus
étendus, le neveu du cardinal français contribua dans une
large mesure à l'extension commerciale de la ville par la
réduction des droits de douane ; il institua un tribunal de
commerce, des banques de change et d'escompte, obtint
l'installation de consulats étrangers, et fit appel aux arti-
sans allemands, déjà établis en Russie, à venir exercer
leurs métiers dans la province nouvelle. Son successeur, le
comte Langeron, ne fut pas moins actif. Ln 1847, Odessa
fut déclaré port franc, prérogative dont elle jouit jusqu'à
l'année 4859. La ville se développe dès lors d'une manière
normale. En 4852, elle comptait déjà une population de
près de 400.000 âmes; en 4866, 425.000; en 4887,
274.000; en 4892, 338.000; enfin le recensement de
4897 (février) accusait le chiffre de 404.654 hab., notable-
ment augmenté depuis. Contrairement à la disposition ha-
bituelle des grandes villes maritimes, le choix de Cathe-
rine se porta, pour la fondation d'Odessa, non pas sur
l'embouchure d'un fleuve, mais sur une éminence de 35 à
60 m. au-dessus du niveau de la mer, entre les embou-
chures des trois grands cours d'eau, le Dniestr, à gauche,
le Roug et le Dniepr, à droite. Sur cette hauteur, la ville
occupe une superficie de près de 45.000 hect., dont plus
de 4.000 de terrains bâtis. Construite en grande par-
,tie dans le cours de la seconde moitié du xix^ siècle,
Odessa a un aspect tout moderne : rues régulières, droites,
constructions somptuenses, et se présente comme l'une
des plus bolles villes de l'Europe. Lue promenade fort
jolie, ornée d une statue de Richelieu, se déploie le long de
la mer à laquelle elle communique par un escalier monu-
mental en pierre de 460 marches. De nombreux jardins,
des villas échelonnées autour de la ville et le long de la
mer compensent en partie l'inconvénient résultant de sa
position découverte, exposée aux tourbillons du steppe
,ou aux intempéries. La population de la ville est un mé-
lange de toutes les races et renferme une quantité consi-
dérable de représentants de divers coins du globe. Dans
cette Marseille de l'Orient, le Français coudoie le Tatare
et le Tcherkesse, l'Anglais trafique avec le Persan ; Grecs,
Turcs, Juifs de tous les pays, Allemands, Slaves des Ral-
kans, sont en contact constant avec les Russes, maîtres
de la ville, mais qui n'en forment pas la grande majorité-
Odessa jouit également, chez les Russes, d'une grande répu-
tation comme ville d'eau ; sa plage est très fréquentée. La
faible étendue des cotes de l'empire, surtout dans la zone
tempérée, rehausse le prestige de cette ville maritime aux
yeux de la majorité de la nation, privée de toute commu-
nication avec la mer.
Au point de vue commercial, Odessa occupe dans l'em-
pire la première place pour l'exportation, la troisième
pour l'importation, après la capitale, Saint-Pétersbourg,
et Revel ; 20 7o de toutes les exportations russes par la
voie de l'Europe (500 à 700 millions de fr.) passent par
cette voie. Plus de 40 7o des revenus des douanes (43
-251 —
ODESSA — ODILE
millions de roubles) reviennent au port d'Odessa. La rade,
vaste et profonde, n'est prise de glace que durant quinze
jours ou un mois de Tannée. Elle présente toutefois cer-
tains dangers à la navigation à cause des vents violents
du S. et du S.-E. qui sévissent dans ces parages, parti-
culièrement à répoque des équinoxes. Aussi est-il recom-
mandé aux navires de se tenir toujours prêts au départ.
Des améliorations notables ont été apportées, durant ces
dernières années (1880-95), tant au port même qu'aux
quais de débarquement, pourvus d'appareils élévatoires
et de transbordement de marchandises.
Le mouvement des navires varie sensiblement d'une
iinnée à l'autre ; le trafic étant alimenté principalement
par les céréales amenées de l'intérieur de l'empire, partie
par voie d'eau (38 "-'/o), partie par les voies ferrées (54 ^/o)
et par routes, toute mauvaise récolte se traduit par un
ralentissement considérable dans la navigation. Ainsi, en
4892, année de disette, le nombre de navires étrangers
ayant touché à Odessa était seulement de 500, alors que
la moyenne de ces cinq dernières années (1893-98) atteint
le chiffre de 1.150 environ avec un tonnage de 1.800.000
tonnes, tant à l'entrée qu'à la sortie. Céréales exportées,
en moyenne, 800 millions de kilogr., dont 320 millions
de Ivilogr. pour l'Angleterre, 120 millions pour la Hol-
lande, 100 millions pour la France, 70 millions pour la
Belgique, 65 millions pour l'Italie, 45 pour l'Allemagne.
Après les céréales, les principaux articles d'exportation
sont le beurre, le sucre, le caviar, l'alcool, le tabac, le
bétail (12 à -15.000 tètes), dirigés habituellement : sucre
pour l'Italie, la Turquie, l'Egypte ; tabacs, Italie; alcools,
Turquie, pays balkaniques, France. Les importations,
d'une valeur moindre (150 millions de fr. environ), des-
tinées à l'intérieur du pays, consistent en fruits, café,
houille et thé. Ces deux derniers articles perdent considé-
rablement de l'importance comme objets d'importation, à
la suite du développement de l'exploitation minière dans
l'intérieur de l'empire et de l'établissement des voies ferrées
qui relient les villes du centre avec les pays producteurs, no-
lamment la Chine. Près de la moitié des marchandises
amenées par les navires à Odessa sont immédiatement di-
rigées sur Moscou. Le cabotage compte un total d'environ
3.100 à 3.200 embarcations par an avec un chargement,
tant à l'entrée qu'à la sortie, de 5.600 à 6.520 tonnes.
Le mouvement général d'affaires est évalué à un milliard
de roubles environ (2 milliards 60 millions de fr.).
L'industrie est née à Odessa, il y a quelques années
seulement, sous l'influence des mauvaises récoltes et des
crises diverses dont souffrait le commerce des céréales. La
ville compte environ 400 usines et fabriques diverses.
Ouehiues-unes des plus importantes ont été créées durant
les anjiées 1895-98 par des sociétés étrangères, belges
surtout. Les principales de ces usines ont pour objet la
raffinerie du sucre. Viennent ensuite les fonderies, fabriques
de produits chimiques, tanneries, entreprises vinicoles,
savonneries. Odessa est aussi le siège de divers importants
établissements financiers (banque d'escompte, banque russe
pour le commeice étranger. Crédit lyonnais, banque fon-
cière) et de compagnies d'assurance et de transport (com-
pagnies du Nord, Volga, Russe, de Moscou, Lloyd russe,
Nadejda). Un rapport consulaire français du moisdejuil.
1898 évalue à plus de 50 millions de roubles (140 mil-
lions de fr.) le chiffre d'affaires de ces diverses entre-
prises. Au point de vue administratif, Odessa appartient
au gouvernement de Kherson (distante à l'E. de 190 kil.
environ) et forme un gradonatchalstvo (municipalité)
sur le modèle de la capitale, Pétersbourg. La ville compte
en outre 267 établissements d'instruction publique dont
14' d'enseignement secondaire, 1 université, diverses socié-
tés savantes, cercles artistiques, observatoire, etc. Princi-
paux faubourgs : Peressype, Mol-davanka, Fontan, Dalnik.
Le 22 août 1894, fut célébré à Odessa le centenaire de
la fondation de la ville, et posée la première pierre du
monument élevé à Catherine IL P. Lemosoï
ODESSUS ('Oor.ao;'!. Ville grecque anli({uedela côte
de la mer Noire, près de remplacement actuel de Varna
(V. ce mot) , à l'embouchure du petit lleuve Panysus. C'était
une colonie milésienne, fondée dans la première moitié
du vi^ siècle. Elle avait un gouvernement démocratique et
présidait une fédération des cinq colonies grecques de cette
côte 0. du Pont-Euxin, Odessus, Tomi, Collatis, Mesam-
bia, Apollonia. Les Bulgares s'établirent à côté à Varna
qui la remplaça.
ODET. Rivière du Finistère{N, ce mot, t. XVII,p.490).
ODETTE DE Champdivers (V. Champdivers).
ODEUR (Physiol.) (V. Olfaoion).
ODEVAERE (Joseph-Dionisius), peintre belge, né à
Bruges en 1778, mort à Bruxelles en 1830. Il peignit
l'histoire et les sujets de batailles. Elève de l'Académie de
Bruges, puis de L. David, à Paris, il eut, en 1804, le grand
prix de Rome et, en 1812, la grande médaille d'or. 11
fut nommé peintre de la cour en 1815. Nombreux ouvrages
à Bruges, Bruxelles, etc. {Couronnement de Charle-
magne, Bataille de Waterloo, Bataille de Nieuport,
Triomphe de Qimabue, etc.).
ODHADA-Hraun (V. Islande, t. XX, p. 1009).
ODIERNA (G.-B.) (V. IIodierna).
ODIHAM. Ville d'Angleterre, comté de Rants, à 3i kil.
N.-E. de Winchester; 2.700 hab. Ancienne résidence des
rois de Wessex. Ruines d'un château des rois normands
où fut enfermé le roi David P'^ d'Ecosse.
ODILE (Sainte), fille d'Adalric (Etichon), duc d'Alsace.
Au viii^ siècle, elle fonda près d'0l3ernai, sur le mont qui
prit plus tard le nom de Sainte-Odile (V. ce mot), le cou-
vent de Hohenbourg, dont elle devint la première abbesse.
Les reliques, exposées à la vénération des fidèles sur
l'autel de la chapelle conventuelle, et auxquelles, d's le
ix^ siècle, on attribuait des miracles, sont probablement
les restes authentiques de la sainte. Elle fut vénérée, dès
le moyen âge, comme la patronne de l'Alsace. On célèbre
le 13 déc. comme le jour anniversaire de sa mort.
D'après la légende, Odile naquit à Obcrnai. Comme elle
était aveugle de naissance, son père résolut de la tuer.
Bereswinde, sa mère, chargea la nourrice de se réfugier
avec elle dans le monastère de Palma(Raume-les-Dames,
en Franche-Comté). C'est là que l'enfant recouvra la vue,
après avoir été baptisée par Erhard, évèque de la Bavière.
Plus tard, par l'entremise de son frère Adalbert, Odile re-
tourna auprès de son père qui, touché de sa douceur et
de sa piété, lui céda le château de Hohenbourg. Dans ce
manoir, converti en couvent sous le vocable de Notre-Dame
et de saint Pierre, elle rassembla autour d'elle une nom-
breuse congrégation de religieuses d'origine noble et
accomplit beaucoup de miracles. Par ses prières elle arra-
cha aux tourments du purgatoire l'àme de son père. Après
la mort de ses parents qui furent enterrés à Hohenbourg,
elle fonda au pied de la montagne le monastère de Nie-
dermiinster.
(quoique le nom de la sainte alsacienne ne se trouve
mentionné dans aucun document authentique, relatif à
l'histoire du duché mérovingien d'Alsace, son existence
historique ne saurait être révoquée en doute. Dès le ix^ siècle
les traits fondamentaux de la légende existent, mais il est
prouvé qu'ils sont en grande partie empruntés à la biogra-
phie de sainte Salaberge [Bollandistes, sept., t. VI,
p. 523). Au x^ siècle, il se forma une biographie de la
sainte qui devint en quelque sorte la légende explicative
des reliques vénérées par les nombreux pèlerins. Cette vita
Ottiliœ., qu'on lit dans de nombreux manuscrits datant en
partie du xi® siècle, se répandit rapidement, fut traduite
en allemand et en français et contribua beaucoup à faire
de la fdle d'Adalric une sainte populaire. Cette légende
eut d'autant plus de succès que, plus tard, on greffa sur
elle un curieux arbre généalogique, qui depuis a induit
en erreur tous les historiens tant alsaciens que lorrains.
Les descendants les plus illustres furent, de la f^içon la
plus arbitraire, attribués à la famille de la sainte de Hohen-
ODILE ~ ODOACKE
2512
bourg. Au XVI® siècle, Jérôme Gebwiller, Immaniste alsa-
cien, à la satisfaction de l'empereur Maximilien, parvint
à relier à Adalric la maison des Habsbourg ; et au milieu
du XVII® siècle, l'oratorien Jérôme Vignier fabriqua une
vie d'Odile qu'il attribua à un auteur contemporain de la
sainte, pour prouver que les ducs de Lorraine et les comtes
d'Eguisheim avaient comme ancêtre commun le même Adal-
ric, père de la patronne d'Alsace. Il n'est pas sûr qu'Odile
elle-même ait créé Niedermdnster. On peut tout au plus
affirmer que ce couvent existait au commencement du
X® siècle et qu'à cette époque déjà on en attribuait la fon-
dation à la première abbesse de Hobenbourg. Les fameux
testaments de sainte Odile, sur lesquels plus tard les re-
ligieuses de Niedermiinster, en litige avec le monastère de
Hobenbourg, cherchaient à baser leurs prétentions, sont
évidemment des titres falsifiés, fabriqués au xii® siècle
pour les besoins de la cause.
BiiîL. : Ch. Pfister, le Duché mérovingien d'Alsace et
la Légende de sainte Odile; Paris-Nancy, 1892, avec une
bibliographie complète.
ODILON-Barrot(V. Barrot).
ODILON DE Mercœur (Saint), 5® abbé de Cluny, né
en Auvergne (962), mort en 1049. Fête, le 1®'" janv. Par
la disciphne sévère qu'il maintint dans la congrégation
de Cluny et par son mérite personnel, il éleva au plus haut
degré le renom de cette congrégation, et lui-même exerça
une puissante action sur la plupart des princes et des
princesses de son temps. On lui attribue la première ins-
titution de la ti'êve de Dieu. — Ses écrits, reproduits
dans la Bibliotheca cluniacensis, sont : des Vies de
saints, notamment une Vie de saint Mayeul, 4® abbé
de Cluny, une Vie de sainte Adélaïde ; des Sermons
dogmatiques, dont l'un a été attribué à saint Augustin ;
des poèmes et des lettres,
ODIN ou ODEN (Wuatan, vada = aller) est, dans
la mythologie Scandinave, le plus ancien et le premier
des dieux ou Ases. H est le petit-fils de Bure, le géant
issu des rocs salés, couverts de frimas, que léchait la
vache Audhumbla, la nourrice d'Ymer (V. ce nom).
Son père est Bœrr, qui avait épousé Bestla, fille d'un
géant, et il a deux frères, Vilje et Vê. C'est avec l'aide de
ceux-ci qu'il tire du corps à'Ymer le ciel et la terre. Le
soleil est son œil. H crée la race des hommes avec le
concours de Hœner et de Lodur. Tout provient de lui :
la paix et la guerre, les sciences et les arts, et il est l'in-
venteur des runes. H gouverne toutes choses ; les divinités,
comme les hommes, lui sont soumises. Sa vie est d'ail-
leurs un combat continuel contre les puissances du mal.
Il est aidé dans cette lutte par les autres dieux, par les
héros tombés sur les champs de bataille (Einherjes) et
même par les nains. Sa demeure est le Gladsheim ou
le Valaskjalf, et il réunit dans la salle d'or du Valhall
ceux qui combattent avec lui. Son cheval, nommé Sleipner
(le glissant), a huit pieds et est le plus rapide des cour-
siers. Les deux corbeaux Hugin (réflexion) et Munin
(mémoire) qui viennent se reposer sur ses épaules par-
courent le monde pour le renseigner surtout ce qui se passe.
Ses épouses sont lord, Frigg et liind ; Thor et Brage
sont deux de ses fils; les Valkyries sont ses filles. Odin
est représenté, en général, comme un grand et noble vieil-
lard, à la longue barbe blanche; il est coiffé d'un grand
chapeau à larges bords et porte un manteau bigarré. Sa
main tient la lance {Gungner) et il a au bras l'anneau d'or
[Braupner). H est assis sur un trône élevé {Lidskjalf)el
deux loups sont couchés à ses pieds, à moins qu'il ne che-
vauche sur les vents avec Sleipner. Au Ragnarœk il sera
dévoré par le loup Fenris. Th. Cart.
BiBL. : AsDBRiéE^i^Mythologie Scandinave, traduction de
Jules Leclercq; Paris, 188(5. — Th. Wisex, Odcn och
Loche, 1873.
ODIOT. Famille d'orfèvres français, dont le membre le
plus renommé fut Jean-Baptiste-Claude Odiot, né à
Paris en 1763, mort à Paris en 1850. Fils d'orfèvre, il
voulut d'abord suivre la carrière militaire et, s'ètant en-
gagé comme dragon, il servit pendant trente mois en cette
qualité dans les armées du roi ; puis il racheta son congé
et revint travailler avec son père. x\près la Révolution de
1789, il reprit quelque temps du service, se battit à Jem-
mapes, et plus tard (1814) se distingua, comme comman-
dant de la garde nationale, à la défense de la barrière
de Clichy. Entre temps, il s'adonna avec le plus grand
succès à l'orfèvrerie, et les remarquables pièces sorties
de ses ateliers lui valurent une réputation européenne :
elles étaient exécutées le plus souvent d'après les dessins
de Prudhon, Moreau, Garneray, Cuvillier ; les sculpteurs
Dumont, Chaudet, Roguier lui prêtèrent également leur
concours. En 1827, Odiot se retira et céda son étabHsse-
ment à son fils, qui continua dignement la tradition pa-
ternelle. G. C.
ODiVAL. Corn, du dép. de la Haute-Marne, arr. de
Chaumont, cant. de Nogent-en-Bassigny ; 302 hab.
ODO DE Cheriton ou de Sherston, fabuliste anglais,
mort en 1247. Prédicateur, appartenant probablement à
l'ordre de Citeaux, il a, suivant la mode du temps, intro-
duit dans ses sermons quantité d'apologues, empruntés sur-
tout au roman du Renard, aux bestiaires ou à d'anciens
recueils de fables. Ces apologues ont été de bonne heure
détachés des sermons pour former des recueils spéciaux.
Il en existe un grand nombre en manuscrits du xiii'', du
xiv® et du xv*^ siècle; ils ont été traduits en français
(xiii® siècle), en espagnol, en anglais, en allemand. Une ex-
cellente édition des fables d'Odo de Cheriton a été donnée
par Hervieux : Fabulistes latins (Paris, 1884). Quant aux
sermons, ils ont été publiés par Mathieu Macherel (Pa-
ris, 1520). On a, à tort, identifié Odo de Cheriton avec
Odo de Canterbury. R. S.
BiBL. : BuLŒUs, Historia universitatis Painsiensis; Pa-
ris, 1665, t. II. — Fabricivs, Bibliothecamedise œtatis, 1736,
t. V. — H. QEsTERLEY, Die narrationes des Odo de Ciring-
tonia^ dans Jahvbûch far Roman. English Litteratiir,
1868-71, t. IX et XII. — Paul Meyer, Romania, 1885, t. XIV.
ODOACRE (Odovakar), roi d'Italie (476-493), tué à
Ravenne le 5 mars 493. Fils d'Edecon, ministre d'Attila,
et frère d'Onulf, il était du peuple des Scires ou Scyres que
détruisirent les Ostrogoths (vers 463) dans une bataille
où périt son père et devint Je chef d'une horde ou armée
formée des débris des Scires, de Rugiens, d'Hérules et de
Turcilinges. Il entra au service de l'Empire et devint le
chef de la garde impériale à Rome. Lorsque Oreste, qui
venait de porter au trône son fils Romulus Augustule,
refusa de distribuer aux mercenaires barbares le tiers des
terres d'Italie, Odoacre les souleva et leur promit cette
répartition. Il vainquit Oreste, le captura à Pavie et le fit
périr ; Paul, frère d' Oreste, fut tué à Ravenne ; Romulus
Augustule, déposé et banni en Campanie. Les anciens his-
toriens regardent cet événement comme mettant fin à
l'empire romain d'Occident (476) (V. Empire). Odoacre
fut proclamé roi par son armée ; il obtint de l'empereur
d'Orient Zenon le titre de patrice, mais ne put se faire
reconnaître par lui comme le régent légitime de l'Italie ;
il ne l'en gouverna pas moins et fit preuve de grandes
qualités. Il fixa sa résidence à Ravenne, distribua à ses
soldats le tiers des terres, d'ailleurs en grande partie aban-
données. Il s'efforça de faire fonctionner le régime romain,
témoignant de sa déférence au Sénat, restaurant le con-
sulat, chargeant de l'administration, de la justice et des
finances des fonctionnaires italiens ; quoique arien, il mé-
nagea le clergé orthodoxe. Il fit la guerre au meurtrier de
l'empereur Nepos, qui occupait la Dalmatie, et annexa cette
province (481). Il s'assura l'amitié des Visigoths en leur
cédant la portion de la Gaule demeurée dépendante de
l'Italie. Il défit les Rugiens qui voulaient se rendre indé-
pendants dans le Norique ; leur roi Felethens ou Faba fut
pris avec beaucoup de ses nobles. Mais le reste, refoulé,
demanda la protection du roi des Ostrogoths Tliéodoric.
Celui-ci, encouragé par l'empereur Zenon, envahit l'Italie
en 489. Odoacre fut battu sur l'Isonzo, près d'Aquilée, une
seconde fois à Vérone. Il courut à Rome, mais les habi-
^i53
ODOACUE — ODON
tants lui fermèi'ent les portes. Il revint alors à Ravenne,
défit un corps de Goths et força Théodoric à s'abriter dans
Pavie. Mais son adversaire concentra de nouveau ses forces
et remporta une victoire décisive sur F Adda (11 août 490).
Odoacre fut alors bloqué dans Ravenne ; la troisième année,
il capitula ; une convention stipula que Théodoric et lui
régneraient conjointement sur l'Italie (27 févr. 493). Sept
jours plus tard, il fut égorgé dans un festin avec son fils
et ses amis. A.-M. B.
BiDL. : Ennodius, Vita Epiphani.
ODOARDS (Fantindes) (V. Fantin).
ODOFREDUS, célèbre jurisconsulte italien du xiu® siècle,
né à Bologne, mort à Bologne le 3 déc. 1265. Il eut pour
maîtres dans la jurisprudence Balduini, Hugolinus et
Accurse, et exerça la profession d'avocat en Italie et en
France ; en 1228, il professa le droit à Bologne avec
grand succès et fut chargé par cette ville de négociations
importantes. Les commentaires sur le droit romain connus
sous son nom sont les cahiers de ses cours rédigés par
ses auditeurs; malgré leur incorrection, ils sont fort im-
portants, car ils contiennent des renseignements très pré-
cieux sur la renaissance de l'étude du droit en Italie et
sur la biographie des jurisconsultes duxii« et du xiii<^ siècle.
On a de lui : Lechirœ in codicem (Lyon, 1480) ; Lec-
turœ in digestum vêtus (Paris, 1504) ; Siimma de libel-
lis formandis (Strasbourg, 1510) ; Lecturœ in très
libros (Venise, 1514) ; Lecturœ in digestum novum
(Lyon, 1552), et divers manuscrits dans les bibliothèques
de Paris, de Berlin, et les archives de Bologne.
ODOIEV. Ville de Russie, chef-lieu de district, gouver-
nement de Toula, sur la Soukhaia-Klevenka, affl. g. de
rOupa ; 5.139 hab. Commerce de céréales, de bétail, de
miel.
ODOLL Première capitale de la dynastie mandchoue
qui règne actuellement en Chine ; située dans les environs
de Ningouta.
BiBL. : HowoRTii, The norlhcrn Frontages of China,
dans Journ. Soc. Asiat. ; Londres, 1877.
0 DO M ETRE (Méc). Instrument destiné à la mesure
du chemin parcouru par un piéton ou par une voiture.
Vitruve en parle déjà comme d'une machine très ancienne.
C'était, de son temps, une roue portant une dent et déter-
minant, par tout un jeu d'engrenages successifs, la chute
d'une pierre, d'un vase, après chaque mille parcouru.
Souvent transformé depuis, mais demeuré d'un mécanisme
très compliqué, l'odomètre a fait place, de nos jours, au
compteur kilométrique de voiture et au podomètre ou
compte-pas (V. ce dernier mot).
ODOMEZ. Com. du dép. du Nord, arr. de Valenciennes,
cant. de Condé ; 575 hab. Stat. du chem. de fer du Nord.
Fabr. de produits réfractaires, chicorée. Mines de houille.
ODON ou EUDES de Glanfeuil ou de SALYr-MAUR,
hagiographe de la seconde moitié du ix^ siècle. Il écrivit
une relation des miracles de saint Maur où il raconte la
ruine du monastère de Glanfeuil (Saint-Maur-sur-Loire)
sous Pépin le Bref, sa restauration sous Louis le Pieux,
les miracles faits au tombeau de saint Maur, la fuite des
moines par crainte des Normands en Bourgogne, leur re-
traite au monastère des Fossés (depuis Saint-Maur-des-
Fossés) et les miracles survenus au cours des pérégrina-
tions et de la translation du saint. Cet écrit a été publié
sous le titre de Historia euersionis seu restaurationis
monasterii Glannafoliensis, mais les manuscrits ne lui
donnent pas d'autre titre que Miracula sancti Mauri.
Odon a fait précéder cet ouvrage d'une vie de saint Maur
qu'il attribue à un auteur du nom de Faustus et qu'il ra-
conte avoir trouvée et acquise dans des circonstances roma-
nesques. L'œuvre entière a pour objet de prouver l'iden-
tité d'un disciple de saint Benoît du nom de Maur, men-
tionné dans les dialogues de Grégoire le Grand, avec le
fondateur de l'abbaye de Glanfeuil, et de montrer que
c'est par lui que s'est produite la propagation en Gaule de
k règle Bénédictine. Odon se donne lui-même pour un
moine de Glanfeuil, devenu abbé en 862 ; ce serait lui qui
aurait emporté le corps de saint Maur, aurait guidé la
communauté dans son exode et l'aurait conduite à cher-
cher un refuge en 868 à l'abbaye de Saint-Pierre-des-
Fossés dont il serait peu après devenu abbé. Mais il y a
dans son œuvre tant d'erreurs et de contradictions qu'on
ne saurait se fier même aux renseignements que l'auteur
donne sur sa personne et qu'il n'est pas sûr qu'il n'ait pas
mis au nom de l'abbé Odon de Glanfeuil le récit des mi-
racles, comme il mettait au compte d'un prétendu Faus-
tus le récit de la vie de saint Maur. La vie de saint Maur
a été publiée plusieurs fois, notamment par les Bollandistes,
Acta sanctorum^ t. I de janvier (15janv,), p. 1039, et
par Mabillon, Acta sanctonim ord. S. Benedicti, sœc. I,
p. 274. La relation des miracles a été pubhée par les Bol-
landistes, Ibid., p. 1051; par Mabillon, Ibid,, saec. IV,
part. II, p. 165. Une meilleure édition, mais incomplète,
en a été donnée par Holder-Egger, Monumenta Germa-
niœ Script., t. XV, 1^^ part., p. 462. A. G.
ODON (Saint), 2« abbé de Cluny, né dans le Maine en
879, mort en 943. Fête, le 18 nov. Fils d'un seigneur
attaché à la cour de Guillaume d'Aquitaine, fondateur
de l'abbaye de Cluny, il fit ses études à Tours et
devint écolâtre de Féglise de cette ville. Vers l'âge de
trente ans, il entra dans l'abbaye de Cluny, récemment
fondée. Après la mort de Bernon (927).,*^ il en devint
abbé, et lui donna l'organisation et l'impulsion qui en
firent le centre et le chef d'une très puissante congréga-
tion (V. Abbaye, t. I, p. 37 ; Benoit, t. VI, p. 207 ;
Cluny, t. XI). — La Bibliothèque des Pères (Lyon) et
la Bibliothèque de Cluny de Du Chesne renferment les
ouvrages suivants d'Odon : Tractatiis de reuersione
b, Martini de Burgundia, des Hymnes et des An-
tiennes ; des Sermons; un Abrégé des Morales de saint
Grégoire Ae Grand sur Job. On lui attribue un traité
de Musica et une Vie du comte Saint-Gérault d'Au-
rillac, dont le manuscrit authentique se trouve à la
Bibliothèque nationale de Paris, ancien fonds du roi, 5301.
ODON ou EUDES de Saint-Maur, moine de l'abbaye
de Saint-Maur-des-Fossés, né vers l'an 1000, mort après
1058. Elevé à l'abbaye des Fossés, il passa une partie
de sa vie à l'abbaye de Saint-Maur-sur-Loire ou de Glan-
feuil, qui dépendait alors de la première, revint plus tard
aux Fossés où il écrivit en 1058 une vie de Bouchard le
Vénérable, comte de Vendôme, de Corbeil, de Melun et
de Paris, protecteur et bienfaiteur de l'abbaye. C'est le
seul ouvrage de lui qu'on connaisse, bien qu'il y "^ait annoncé
l'intention d'écrire une vie des religieux de l'abbaye qui
s'étaient distingués par leurs vertus, et une biographie de
Renaud, évêque de Paris, neveu du comte Bouchard. La
vie de Bouchard, intéressante pour l'histoire de la fin du
x^ et du commencement du xi^ siècle, a été plusieurs fois
publiée. La meilleure et la plus récente édition est due à
M. Ch. B. de la Roncière, Vie de Bouchard... par Eudes
de Saint-Maur {Coll. de textes pour servir à l'étude
et à Venseign. de Vhistoire; Paris, 1892, in-8). A. G.
ODON, évêque de Bayeux et comte de Kent, mort en
1097. Il était fds de Herluin de Conteviîle et de Heilcva
de Falaise. Sa mère, avant d'épouser Herluin, avait été la
maîtresse de Robert de Normandie et en avait eu un fils
qui fut Guillaume le Bâtard. Odon était donc le frère uté-
rin du futur conquérant de l'Angleterre. H reçut de Guil-
laume l'évêché de Bayeux en 1049. Il fournit quarante
nefs pour l'expédition de 1066 en Angleterre, prit part à
la bataille de Senlac, et dans la Tapisserie de Bayeux il
est représenté arrêtant et ralliant les fuyards. Il fut nommé
gardien du château de Douvres et comte de Kent, et reçut
d'importants domaines dans douze comtés. C'était « le se-
cond roi », dit Orderic Vital. Parvenu au comble de la for-
tune, il ambitionna la tiare, et résolut de partir pour Rome
avec une troupe de chevahers, pour briguer la succession
de Grégoire VII; mais son frère, que ces visées inquié-
taient, le fit arrêter et l'envoya captif à Rouen. Libéré à
ODON — O'DOXNELL
— 9,U
la mort de Guillaume le Conquérant (-1087), Odon recouvra
ses titres et ses biens, mais non son ancienne influence. Il
se fit alors le principal agent des intrigues normandes
contre Guillaume le Roux. Puni du bannissement et de la
perte de tous ses biens en x4ngleterre, il vécut désormais
en Normandie, et prit une iniluence prépondérante dans
le conseil du duc Robert. Il partit avec lui pour la terre
sainte en 1096 et mourut en chemin, à Palerme. Il fut
enterré dans la cathédrale. Ce prélat menait une vie toute
séculière. Il avait un fds appelé Jean. Il était dur et cruel,
et, pendant ses années de puissance, il fut très impopu-
laire en Angleterre. Mais il avait du goût pour les a^ts.
On lui doit la reconstruction d' la cathédrale de Rayeux,
et peut-être la fameuse tapisserie fut-elle faite pour lui.
Ch. Petit-Dutâillis.
BiRL. : Freemax, History of the Norman conqiiest;
Oxford, 1877-79, 6 vol. in-8. — Du mcme, Tfie Re'ujn of
William Rufas; Oxford, 1882, 2 vol. in-S.
ODON DE Deuil, chroniqueur, né à Deud, village de la
vallée de Montmorency, mort à Saint-Denis vers 1062.
Moine à l'abbaye de Saint-Denis, il suivit Louis VII en terre
sainte en qualité de conseiller et de chapelain. Au retour,
il devint abbé de Saint-Corneille de Compiègne, puis rem-
plaça Suger comme abbé de Saint-Denis. On a de lui un
opuscule intéressant pour l'histoire de la seconde croisade :
De Ludovici VIL Franconun régis, profectione in
Orientem. Il a été publié dans le Sancti BernanU gé-
mis illustre de Chifflet (Dijon, 1660, in-4), et fragmen-
tairement dans le t. XII du Recueil des historiens de la
France.
BiiiL. : Histoire littéraire de la France, XII, 6U, et XIV,
188. — KuGLKR, Stndicn znr Geschichte des z\s::eiten Kreuz-
zuges ; Stuttgart. 186(5, in-8.
ODON AT ES (Entom.). Insectes Névroptères Pseudo-
OrthoptTes, désignés aussi sous le nom de Libelluliens et
comprenant les Libellulides, les Agrionides, les Eschnides.
A l'état adulte, ce sont des insectes carnassiers, de grande
taille, tros élégants, au vol rapide pour la plupart, et
nommés vulgairement Demoiselles. La tète est libre et
mobile, les antennes courtes, les yeux saillants, les man-
dibules et les mâchoires fortes. Les ailes, finement réti-
culées, ordinairement avec un stigma près de leur extré-
mité, sont inégales chez les Libellulides et les Eschnides,
semblables chez les Agrionides. L'abdomen, le plus souvent
cylindrique, s'allonge d'une façon démesurée. Les larves
sont carnassières et aquatiques et possèdent une respira-
tion rectale. Celles des Agrionides ont des lames respira-
toires terminales. Les œufs sont ordinairement pondus
dans l'eau, soit isolément, soit par groupes. Les méta-
morphoses sont incomplètes. On rencontre ces insectes sur
tous les points du globe, y compris les régions subarctiques.
O'DONNELL. Ancienne famille irlandaise à laquelle
appartiennent: Godfreg O'Donnell, puissant chef irlan-
dais, célèbre par les combats qu'il livra à Maurice Fitz-
gerald et ses victoires sur les Anglais en 1237. Il mou-
rut en 1258.
Manu s, lord de Tyrconnel, renommé pour ses ta-
lents militaires, défendit son pays contre les entreprises
des O'Neills. En 1539, ayant fait alliance avec eux,
il envahit le Pale. En 1541, il reconnut la supré-
matie de l'Angleterre : il fut nommé comte de Tyrconnel
et demeura fidèle à cette alliance. Il mourut le 9 févr.
1564.
Caluagh, fils aîné du précédent, se rebella contre son
père en 1547, et de nouveau en 1554, le fit prison-
nier et obligea le gouverneur anglais à reconnaître son
usurpation en 1558, et même à le créer comte de Tyr-
connel en 1561. Mais il fut surpris et fait prisonnier
par Shane O'Neill qu'il avait attaqué à l'instigation des
Anglais. Il su])itd'eifroya])les tortures et fut mis en liberté
en 1564. Il réclama aussitôt à Dublin l'appui des Anglais,
mais fut froidement accueilli et porta en personne ses
doléances à la cour d'Elisabeth qui ne fit que lui témoi-
gner une amicale compassion. Il rentra en Irlande en 1566,
sir Henry Sidney ayant enfin reçu l'ordre de le rétablir
en ses biens. Il périt peu après (26 oct. 1566) d'une chute
de cheval.
Sir JSiall Garv, petit-fils du précédent, né en 1569,
mort en 1626, jura, lui aussi, fidélité à l'Angleterre;
il combattit son cousin Hugh Roe O'Donncll, qui avait
hérité du titre de comte de Tyrconnel, et l'obligea à
passer en l^^spagne. Puis, mécontent de voir ses serviceiy
mal récoin])ensés, il se rebella. Arrêté, il dut aller faire
sa soumission à Londres. Il demeura suspect au gou-
vernement qui l'accusa en 1608 de correspondre secrète-
ment avec O'Dogherty. Il fut emmené en Angleterre et
enfermé ta la tour de Londres, où il mourut.
Hugh Roe, petit-fils de Manus (V. ci-dessus), né
en 1571, mort en 1602, eut force démêlés avec son
cousin Niall, relativement à la succession au titre de
comte de Tyrconnel, qui finalement lui fut garanti par le
gouvernement anglais. En 1587, il fut arrêté par ordre
du gouvernement et enfermé à Dublin. En 1591, il réus-
sit à s'échapper, fut repris, et, bien qu'on eût redoublé de
surveillance, il s'évada encore. Cette fois, il parvint à
gagner son pays non sans peine et sans souffrance : il eut
les deux pieds gelés et dut se faire amputer. Il feignit de
se soumettre et commença à nouer des intelligences avec
l'Espagne en 1593. En 1595, il envahit le tonnaught,
s'empara de Sligo, et en 1597 il avait soumis presque
toute cette province. En 1598, il aida le comte de Tyrone
à battre sir Henry Ragnol au Yellow Ford (l4 août) ,'^ et en
1599 il dépêcha contre Essex, envoyé pour le rêikiire,
O'Rourke qui le battit complètement. En 1600, il reçut
de l'Espagne des subsides et des armes, mais sa politique
agressive finit par lui attirer des représailles. Le comte
de Clanricarde leva une armée contre lui. Mais O'Donnell,
toujours allié aux Tyrone, enferma les Anglais à Kinsale.
Des forces espagnoles, sons le commandement de don Juan
d'Aquila, ravaientrejointT.ecapitaineespagnol, trop pressé,
essaya une attaque de nuit qui échoua piteusement. Fu-
rieux, O'Donnell s'embarqua pour l'Espagne et porta lui-
même ses plaintes à Phih])pe IIL Après s'être longtemps
morfondu, il finit par obtenir la disgrâce d'Aquila. Mais
il tomba dangereusement malade à Simancas oii il mou-
rut le 10 sept. 1602. Le bruit courut qu'on l'avait em-
poisonné.
Ronj, comte de Tyrconnel, né en 1575, mort en
1608, frère du précédent, prit le commandement général
lorsque son frère fut parti en Espagne, et en déc. 1602
il se soumit. 11 fut gracieusement reçu par le roi à
llampton-Court, en 1603, et fut créé comte de Tyr-
connel. Ce titre ne le satisfaisait pas; il envoyait plainte
sur plainte, au grand ennui du roi. En 1606, ilcom])lota
avec divers chefs, lord Delvin, le comte de Tyrone entre
autres, de saisir par surprise le château de Dublin, et de
mettre la main sur le gouverneur de l'Irlande et sur le
conseil du gouvernement. Puis, effrayés soudain des con-
séquences que ponri'ait avoir ce complot, les comtes s'em-
pressèrent de passer le détroit. L'ambassadeur anglais
demanda leur extradition à Henri IV qui la refusa, mais
qui ne leur permit pas de séjourner en France. Ils pas-
sèrent en Relgique et de là en Italie par le Saint-Gothard.
Le pape les re^'ut avec de grands honneurs, mais Tyrcon-
nel, ayant pris les fièvres, mourut à Rome le 28 juil.
Sa fille Mary Stuart eut les aventures les plus roma-
nesques. Déguisée en homme, elle s'échappa de Londi'es
en 1626, réussit à passer en France et de là en Relgique.
Toujours en cavalier, elle fit force conquêtes féminines ;
elle finit par se marier avec John O'Gallagher, qui l'avait
accompagnée dans ses escapades, et tombadansune affreuse
misère.
Daniel, né en 1666, mort à Saint-Germain-en-Laye le
7 juil. 1735, entra au service de la France dans la bri-
gade irlandaise, et se distingua à Oiidenarde et à Malpla-
quet. Il fut nomme brigadier général en 1719. R. S.
BiijL. : 0 Clery, Life of Hugh Roe O'Donnell ; Dublin»
181)3. — Meehax, Fate and Fortunes of Ti/rone and Tijr-
connel. — Russkll ei pRj;M>j-;R(iAST. (\iiciidcr of Irisli
State papers (1603-1G08). — Annals of tlic four Mastcrs, vO.
O'DONOVAX.
O'DONNELL (Charles), comto de Tyrconnel, de la fa-
mille précédente, né en 1715, mort à Vienne le 26 mars
•1771. Entré dans l'armée autrichienne, il se distingua à
la hataille de Plaisance (174G), fut promu heutenant
feld-maréchal en 1757. 11 joua un rôle prépondérant
en 1758 et 1759 comme général de la cavalerie dans les
combats d'Hochkirch et de Maxoi. A Torgau il com-
manda en chef (juand Daun fut blessé; il figura encore
honoraldement à Zitlan, mais se fit battre en 1762 à
Keiclieidjachpar le duc de Brunswick-Bevern. En déc. 1762,
il prit le commandement des Pays-Bas. Le reste de sa
carrière fut plus tranquille : il entra au conseil privé
en 1764, devint inspecteur général de la cavalerie en 1765
et gouverneur de Transylvanie en 1768. B. S.
O'DONNELL (Joseph-Henri), comte d'Abispal, né en
1769, en Espagne, mort à Montpellier le 17 mai 1834. Il
entra jeune dans la garde royale espagnole. D'un courage
à toute épreuve, il se distingua dès 1795 et surtout
en 1810 dans les luttes contre Napoléon ; il était alors
général et commandait en Catalogne ; il remporta un
succès à Abispal, d'où son titre. Ayant refusé de recon-
naître les Certes, il fut emprisonné (1814); aussi, au retour
de Ferdinand VU, il fut nommé capitaine général d'An-
dalousie; en 1818, gouverneur de Cadix. En 1823, pourvu
du commandement de l'armée de réserve chargée de cou-
vrir Madrid, il eut une attitude si suspecte que ses troupes
elles-mêmes le déposèrent. Il passa en France. — Son
frère, Henri-Charles (1780-1830), fut capitaine-général
delà Vieille-Castille. B. S.
O'DONNELL (Léopold), comtede Lucena.ducdeTétuan,
né à Sainte-Croix-de-Ténériffe le 12 janv. 1809, mort à
Bayonne le 5 nov. 1867, fils du précédent. Entré lui
aussi dans Tarmée, il fut un des plus fidèles partisans de
(Christine et avança rapidement jusqu'au grade de général
de division. Il demeura fidèle à la régente à Valence lors
de son a])dication (oct. 1840) et s'iiisurgea en sa faveur
à Pampelune (1841). Il fit un assez long séjour en France
et. en 1843, il contribua à la chute d'Espartero. Le nouveau
gouvei'nement l'envoya à Cuba (1844). Rappelé en 1848,
il entra au Sénat. Adversaire de Bravo-Murillo, il obtint
du cabinet Narvaezle poste d'inspecteur général de l'infan-
terie qu'il garda jusqu'en 1851. Miriistre de la guerre en
juil. 1854, il obtint la présidence du conseil en juil. 1856,
mais fut renversé par Narvaez en octobre suivant. Ministre
de la guerre et des colonies, et de nouveau président du
conseil en 1858, il fut chargé en 1859 de la direction
générale de l'expédition du Maroc qu'il mena à bonne fin,
ce (jui lui valut le titre de duc de Tétuan. Il fut encore
président du conseil du 15 janv. au 26 févr. 1863, et de
juin 1865 à juil. 1866. B. S.
O'DONNELL (Maximilian-Carl-Lamoral) , comte de
Tyrconnel, né le 29 oct. 18 i2, mort à Salzbourg le
13 juil. (895. Fils d'un lieutenantfeld-maréchal autri-
chien, Moritz, comte O'Donnell (1780-1843), il entra
lui aussi dans l'armée autrichiemie (1830), servit' en
Italie (1848), en Hongrie (1849). Lors de l'attentat de
Libenyi (18 févr. 1853), il sauva par sa présence d'esprit
la vie de l'empereur François-Joseph. Il jouit dès lors
d'une grande faveur à la cour de Vieiuie et prit sa retraite
en 1859. B. S.
0' DO NO VAN RossA (Jérémy), agitateur irlandais, né
près de Skibbereen (comté de Cork) le 4 sept. 1831. Fils
d'un petit tenancier, il fit son apprentissage commercial à
Skibbereen, où il ouvrit ensuite xino. modeste m.aison de
comestibles. Doué d'une âme rêveuse et fortement épris
de sa patrie, il fut séduit par les théories répandues par
les membres de la Société le J^hosnix, qui devint par la
suite la Société des Fénians. et il y entra, comme membre
actif, en 18j6. Dix ans apiès, il foiKlait à Dublin fhe
IrisJi PeojAe (1865), organe i\Q6 fiiians, qui fut pour-
— 255 — O'DONNELL — ODONTOBMTHES
suivi par le gouvernement avec la dernière rigueur.
O'Donovan, condamné le 15 sept, à la détention perpé-
tuelle, fut choisi en 1869 comme député de Tipperary par
les patriotes. Cette élection fut cassée par la Chambre des
communes, mais elle eut pour réhultat de faire mettre en
liberté O'Donovan, qui passa en Amérique (1870). 11 y
fonda r/r/.s7i World, puis V United Ireland, où il prêcha
cette théorie : que tous les moyens étaient bons, voire la
dynamite, pour délivrer ITrlande de l'oppression et de la
tyrannie de l'Angleterre, (pii n'étaient fondées elles-mêmes
que sur la violence. Une Anglaise fanatique, le rendant
responsable des attentats de la Tour de Londres et de
Westminster (1885), lui tira un coup de revolver qui le
blessa assez grièvement (2 févr.). Depuis, O'Donovan Bossa
a peu fait parler de lui. Titulaire d'une fonction dans
l'administration de New York, il continua à rédiger
V United Ireland et à faire mm active propagande en
faveur de ses malheureux conq^atriotes. B. S.
ODONT/EUS (Entom.) (V. Bolhocerâs).
ODONTALGIE (Méd.) (V. Dexi).
ODONTASPIS (Paléont.). Genre de Poissons fossiles
voisin de Lanina (V. ce mot), et présentant des dents
semblables, mais un peu plus épaisses et recourbées. Le
corps est cylindrique avec la deuxième dorsale et Eanale
un peu plus petite que la prcmièie dorsale. Ce genre est
du crétacé et de l'éocène {0. raphiodon du cénomanien;
0. Hopei, éocène). E. Trt.
ODONTINE (V. Dentifrice).
ODONTOGLOSSUM (Bot.) (V. Vandées).
■ODONTOLABIS (Entom.) (V. Lucane).
OÔONTOLITHE (Miner.). Pierre bleu verdâtre et
souvent appelée fausse timiuoise ou turquoise de nou-
velle roche; elle est constituée par des fragments de
dents fossiles colorées par du phosphate de fer. Elle
dégage au feu une odeur animale.
ODONTOPTERIS (Pal. \hi.) (V. Névroptéhu)Ées).
ODONTORNITHES (PaléoKt.). On désigne sous ce nom
"":>"-
Ilcsperornis re.U'aiis.
un ordre ou sous-ordre d'Oiseaux fossiles essentiellement
ODONTORMTIIES — ODYXÈllE
— 256
caractérisé par un bec pourvu de véritables dents, lîuxley
et Zittel les considèrent comme un sous-ordre des Ratilœ
(V. ce mot), parce que les ailes étaient atropbiées et le
sternum plat comme chez ces derniers, mais il serait pré-
férable d'en faire un ordre à part que Marsh désigne sous
le nom d'ODONTOLC/E. Chez ces Oiseaux, qui sont de l'époque
secondaire, les maxillaires supérieur et inférieur étaient
garnis de dents nombreuses, insérées dans une rainure
commune ; les ailes étaient rudimentaires et les membres
postérieurs très robustes avaient des pattes probablement
palmées. — Le genre type (Hesperornis) devait avoir à
peu près le port des Plongeons (Cohjmbus) de l'époque
actuelle. C'était un grand Oiseau nageur et plongeur de
d m. de haut, à cou long et grêle. Les os n'étaient pas
creux. Le crâne est long, étroit, le bec pointu avec i 4 paires
de dents en haut, l'intermaxillaire (c.-à-d. la partie anté-
rieure du bec) en étant dépourvue, et 33 paires en bas.
Le cerveau était très petit. Le sternum est grêle, allongé,
sans carène. Aux pieds, le doigt externe est le plus déve-
loppé et les doigts comptent de l'interne à l'externe suc-
cessivement 2, 3, 4 et 5 phalanges. V Hesperornis rega-
lis du crétacé moyen du Kansas (iVmérique du Nord)
devait se nourrir de poissons. On connaît deux autres espèces
du même genre et une du genre voisin Baptornis. E. Trt.
ODORAT (Physiol.) (V. Olfaction).
ODOS. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. et
cant. (S.) deTarbes; 727 hab.
ODOUIVIASL Ville de la Côte d'Or (Afrique occidentale),
à environ 10 kil. de la rive droite de la Volta. Popula-
tion: 5.000 hab.
ODRY (Jacques-Charles), acteur français, né à Ver-
sailles en 1781, mort à Paris le 28 avr. 1853. Il com-
mença sa carrière en 1802 au petit théâtre des Délasse-
ments-Comiques,^ d'où il passa en 1803 à la Gaîté, en
1805 à la Porte-Saint-Martin, et enfin en 1807 aux Va-
riétés, où il devait rester près de quarante ans, c.-à-d.
jusqu'à la fm de sa carrière. Pendant tout le cours de
cette longue carrière, il ne cessa de faire la joie du public,
et sa renommée fut telle qu'elle franchit même les fron-
tières. C'était, si l'on peut dire, un grotesque de génie,
qui n'avait qu'à se laisser aller à sa nature, et par sa
seule présence, par ses gestes, par son organe, par sa
bêtise béate ou solennelle, soulevait chez le spectateur un
rire inextinguible. On a cité nombre de pièces dans les-
quelles il n'avait qu'à paraître pour exciter l'hilarité : le
Valet ventriloque, l'Homme automate, l'Intrigue à la
Râpée, les Cuisinières, M. 3Ioufle, le Soldat laboureur,
Chapolard, l'Aveugle de Montmorency, Quinze ans
d'absence, les Ouvriers, M. Cagnard ; mais tout pâlit
devant cette farce épique, les Saltimbanques, où, dans
son rôle de Bilboquet, il fit courir tout Paris et dont,
grâce à lui, le succès est resté légendaire. Et les triomphes
d'Odry ne se bornèrent pas à Paris ; dans des tournées
fructueuses il se fit acclamer en province, à Lyon, à Lille,
à Strasbourg, à Bordeaux, à Rouen, au Havre et jusqu'à
Londres, où les Anglais lui firent un accueil enthousiaste.
Odry, qui ne manquait pas d'instruction, a publié un pe-
tit poème burlesque intitulé les Gendarmes, qiîi est d'une
étonnante insanité, et on a recueilli dans un petit volume
intitulé Odrijana, qui a eu plusieurs éditions, les plaisan-
teries, les bons mots, les calembours et jusqu'aux niaise-
ries dont il avait coutume d'émailler ses rôles. A. P.
ODRYSES ('05>uaat). Peuple antique de Thrace, établi
sur l'Artiscus (Arda) et le bassin supérieur de l'Hébrus
(Maritza) . Ils ne se soumirent pas à Darius, et leur roi Teres
étendit sa domination jusqu'à la mer Noire, quoique mise en
échec par les Thyns. Sa fdle épousa Ariapesthès, roi des
Scythes. Au v^ siècle av. J.-C, son tils Sitalcès comman-
dait à presque toute la Thrace, depuis le N. du Danube jus-
qu'à Abdère, et de Byzance au Strymon. Au moment de la
guerre du Péloponèse, Athènes et Sparte sollicitèrent son
alliance, que la première obtint grâce à son beau-frère
Nymphodore. Il intercepta les ambassadeurs envoyés par
Corinthe et Sparte pour demander Talliance des Perses.
Son fils Sadocus et lui-même reçurent le droit de cité
athénienne. Il entreprit une grande expédition contre Per-
diccas II, roi de Macédoine, rassembla 150.000 hommes
dont 50.000 cavaliers, envahit la Macédoine et la Chalci-
dique, mais se retira en constatant l'absence de la flotte
athénienne (429). En 424, il périt en combattant les Tri-
balles. Son neveu Seuthès lui succéda ; c'était l'allié de
Perdiccas dont il avait épousé la sœur Stratonice ; il main-
tint de bonnes relations avec Athènes ; il avait un revenu
annuel de 400 talents. x\près lui, le royaume fut morcelé
entre trois souverains : Medocus régna sur les Odryses,
Mœsades, son frère, sur les Tliyns, et Telles sur le Delta
(presqu'île voisine de Byzance). Xénophon et ses merce-
naires, les Dix Mille, à leur retour en Europe restaurèrent
Seuthès II, hls de M^esades, que plus tard nous voyons les
Athéniens réconcilier avec son oncle. Cotys P*\ qui régna
ensuite de 382 à 358, fut aflaibli par les incursions des
Triballes qui pénétrèrent jusqu'à Abdère. On le trouve en
guerre avec les Athéniens à propos de la Chersonèse de
Thidce à partir de 36 i. Il fut assassiné par deux Grecs
d'iËnos. Son fds, Cersobleptès, qui partagea d'abord le
pouvoir avec Bérisades et Médocus, fut gouverné par un
aventurier eubéen du nom de Charidème. Il céda la Cher-
sonèse aux Athéniens (357). Leur alliance l'engagea dans
une longue guerre contre Philippe de Macédoine, qui finit
par le rendre tributaire (343). Le roi de Macédoine fonda
pour contenir les Odryses la cité de Philippopolis. Ils four-
nirent un contingent à Alexandre, mais leur roi Seuthès III
se révolta plusieurs fois : après la défaite infligée par les
Gètes au Macédonien Zopyrion (325), puis contre Lysi-
maque, qui ne le soumit jamais complètement. Ces mon-
tagnards insubordonnés sont encore en lutte contre les
Macédoniens en 211, en 183. Les Romains s'allient à eux
et les emploient à combattre les Macédoniens, puis à con-
tenir les peuplades voisines, en particulier lesBesses. Ceux
de leurs rois dont le nom s'est conservé sont : Cotys II,
contemporain de Persée ; Cotys III, alhé de Pompée contre
César; le fils de celm-ci, Sadalès, lègue son royaume au
peuple romain (42) et Brutus en prend possession. Au-
guste les traite favorablement ; M. Crassus leur cède en
29 un territoire consacré à Dionysos. Le régent Rhœme-
talcès, qui gouvernait au nom des trois fils mineurs de
Cotys /F, aide Sollius à soumettre les Besses (20) ; il est
à son tour vaincu par eux (13 av. J.-C), mais rétabli
parL. Pison. Les rois des Odryses semblent avoir alors
étendu sur toute la Thrace leur royaume vassal de Rome.
A la mort de Rhœmetalcês, Auguste le divise entre son
fils Cotys V et son frère Rhascuporis ; celui-ci tua Cotys,
mais Tibère le déporta à x^lexandrie où il mourut bientôt,
et maintint la division, donnant Trebellienus Rufus pour
tuteur aux fils de Cotys, tandis que Rhœmetalcês II, fils
de Rhascuporis, lui succédait dans la zone montagneuse.
Deux ans après, les Odryses s'insurgent contre les Romains
et contre leur roi Rhœmetalcês II. P. Velleius les subjugue.
En 26 ap. J.-C, nouvelle insurrection comprimée par Pop-
pœus Sabinus. En 38, Caligula donna la Thrace entière à
Rhœmetalcês, assignant la Petite Arménie aux fils de Cotys,
dont le seul connu s'appelait aussi Cotys. Finalement, Ves-
pasien incorpore la Thrace à l'empire. On représente les
Odryses comme un peuple aux mœurs rudes et féroces, adonné
à l'ivrognerie. Le culte dominant était celui de Dionysos;
leurs danses guerrières et leur musique barbare ont été
décrites par Xénophon (Anab., VU, 3). A. -M. B.
ODYNERE {Odynerus Latr.). Genre d'Hyménoptères,
de la famille des Vespidés, Ce sont, comme les Eumènes
(V. ce mot), des Guêpes solitaires, caractérisées par un
corps ovalaire, des mandibules très allongées, des mâ-
choires et des lèvres courtes, des ailes à une cellule ra-
diale et trois cubitales, les ailes antérieures offrant d'ail-
leurs cette particularité de se replier en deux, au repos,
dans le sens longitudinal. Elles présentent au surplus l'as-
pect général et la coloration des autres Guêpes. L'espèce
type, 0. parietiun L., assez répandue en Europe, pra-
tique dans les talus et dans les murs en terre des trous,
divisés en trois ou quatre cellules et terminés, à leur ou-
verture, par une sorte de tuyau ou de cheminée saillant
de 3 à 4 centim. ; un œuf y est déposé, ainsi qu'une
dizaine de larves d'insectes, destinées à la nourriture de
celle qui sortira de l'œuf ; puis le tuyau est détruit et le
trou est bouché. — 11 y a encore beaucoup d'autres espèces
d'Odynères, ayant à peu près les mêmes mœurs : VO. des
murailles (Vespa niuraria L.) ; VO. Reaumurii DuL ;
VO. lœvipes Schuck., qui fait son nid dans les tiges des-
séchées des ronces, etc.
ODYNIEC (Antoine-Edouard), poète polonais, né à Giejs-
tuny (Lithuanie) en 1804, mort à Varsovie le 45 janv.
1885. Il se lia à Vilna avec Mickiewicz et fut un fervent
romantique, traducteur de ULenore deBurger; il fit pa-
raître 2 vol. de poésies (1825), s'établit à Varsovie où il
publia une revue très appréciée, Melitele, qui devint l'or-
gane des romantiques, séjourna en Allemagne et en Italie
avec Mickiewicz (1829-37), traduisant Bvron, Moore,
W. Scott, rentra à Vilna où il rédigea l'officiel Courrier
de Vilna (1840-60), vécut à Varsovie à partir de 1866.
Il a donné plusieurs pièces de théâtre : hora, drame roman-
tique (1829); Felicyta (1849); Barbara Radi-iwillowa
(1858) ; Jer Lubomirski (1860). Il réunit ses poèmes,
ballades, légendes (4« éd., Varsovie, 1875, 2 vol.). Ses
récits de voyages (I/.sfz/ z podrozy; Varsovie, 1875-78,
4 vol.) eurent un vif succès.
ODYSSEUS (V. Ulysse).
ODYSSEUS, héros de la guerre de l'indépendance
grecque, né à Prevesa en 1785, mort à Athènes le 16 juin
1825. Fils du chef Idephte Androutzos, il servit Ali, pacha
de Janina, qui le nomma armatole de Béotie, Phocide et
Doride, s'entendit avec les Klephtes, repoussa Omer-Vrione
de Gravia (1321) et fut nommé généralissime de l'Hel-
lade orientale par le premier congrès national (1822). Il
échoua dans sa marche sur Lamia, fut blâmé par l'Aréo-
page, démissionna et se retira dans la caverne de l'antre
Corycien. Au moment de la triple attaque des armées
turques de Dramali, Resit et Orner Vrione, le gouverne-
ment provisoire rappela Odysseus qui défendit victorieuse-
ment les Thermopyles contre Bairam Pacha et l'Acropole
d'Athènes contre Kesit Pacha. II débloqua ensuite Misso-
longhi, mais ne put prendre Chalcis (1823). Destitué par
le gouvernement, il passa aux Turcs, revint aux Grecs ;
son ancien lieutenant Goura le déclara prisonnier et l'ex-
pédia à Athènes où on le trouva mort sur l'Acropole
ŒA6RE (V. Orphée).
ŒANTHE. Ville de la Grèce antique, à l'O. du golfe
de Grisa, dans le pays des Locriens Ozoles, temples
d'Aphrodite et d'Artemis. Aujourd'hui Galaxidi.
ŒCHALIE (Ol/aXi'a). Nom de plusieurs villes de la
Grèce antique. L'une en Messénie, dans la plaine de Ste-
nyclaros ; Strabon ridentilie avec Andania, Pausanias avec
Carnasium. A 2 kii. de là, sanctuaire d'Apollon Carnéeu,
d'Hermès Criophore, de Perséphone et de cultes mystiques
confondus avec ceux de la grande déesse. D'autres en
Etohe, enEubée, près d'Erétrie; en Thessalie, près d'Itho-
nie. Ghacune de ces villes revendiquait pour elle la gloire
de la cité légendaire d'OEchalie, la capitale d'Eurytus
conquise par Héraklès,et cette expédition fut l'objet d'un
des grands poèmes épiques (Oix.aXta; àAoja-.ç), lequel ne
nous a pas été conservé.
ŒCHELHAUSER (Wilhelm von), économiste allemand,
ne à Siegen le 26 aoiUl820.Il se destina d'abord à l'in-
dustrie et au commerce, fit de longs voyages à travers
toute l'Europe, fut quelque temps attaché à la commission
centrale fédérale de Francfort-sur-le-Main et, en 1856,
prit la direction de la Compagnie continentale du ffaz à
Dessau. Anobli en 1883, il est depuis 1893 membre du
conseil colonial et il a reçu la même année le titre de doc-
teur honoraire de l'Université d'Erlangen. De 1878à 1893
I a fait partie du Reichstag, où il ^siégeait avec les m;-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
■ ">^ ~ ODYiNÈRE - OECOLAMPADE
tionaux libéraux. Il s'est acquis, comme économiste, une
grande réputation, et a pris part, d'une façon toute spé-
ciale, à l'élaboration de la loi sur les nouvelles sociétés
commerciales à garantie hmitée. Il a publié : Die wirt-
schaftliche Krisis (Berhn, 1876); Die JSachteile des
Aktienwesensunddie Reform der Aktiengesetzgebunq
(Berlm, 1878); Die Tarifreform von 1819 (Berhn,' 1880);
Die Arbeiterfrage {BerVm, 1886); Das soùalen Aufga-
beji der Arbeitgeber (Berlin, 1887); Soùale Tagesfra-
yen (Berlin, 1889), etc. On lui doit aussi des Erinne-
rungen aus den Jahren J848-50 (Berlin, 1892).
Enfin, il est le fondateur et le président de la Société alle-
mande shakespearienne et il a donné, outre une Einfûh-
7ii7ig in Shakespeares Bûhnendramen (Minden, 1895,
3® éd.), une grande édition des œuvres dramatiques de
Shakespeare (Weimar, 1878, 7 vol.). L. S.
ŒCHSLI (Guillaume), historien suisse, né àRiesbach,
près Zurich, le 6 oct. 1851, professeur au Polytechnikum
(1887), puis à l'Université (1894) de Zurich; auteur de
plusieurs manuels historiques et de Die Anfœnge des
Glaubenskonfliktes zwischen Ziirich und den Eidge-
nossen J 521 -n {^\ïnierûlur, 1883); Quellenbuch zur
Schweizergeschichte (Zurich, 1886-93); Die Anfœnge
der schweizerischen Eidgenossenschaft (iSdi), etc.
^ CECODOMA (Entom.). Genre d'Insectes Hyménoptères-
Formicides, de la famille desMyrmicides. Ce genre, distrait
desAtta, est re-
marquable p a r
ses mœurs. Les
OE. (Atta) ce-
p ha lot es ou
Fourmis de vi-
site forment des
colonies dans les-
quelles on dis-
tingue des m^les
et des femelles
ailés, des ou-
vrières à grosso
tête, qui vont aux champs, des ouvrières plus petites, qui
restent dans les fourmilières, et des soldats de taille
énorme. Ces Fourmis habitent la Guyane et le N. du Brésil ;
Œcodoma ceplialotes soldat
(1 1/2 gr. nat.).
Œcodoma ceplialotes femelle (1 1/2 gr. nat.).
elles organisent de véritables expéditions pour la récolte
des feuilles de caféiers qu'elles emmagasinent dans de
longues galeries creusées dans le sol. Ces feuilles forment
une espèce de terreau sur lequel poussent des champignons,
servant à la nourriture des Insectes.
ŒCOLAIVIPAOE (Jean Husgen et non HauscheI^, dit),
réformateur suisse, né à Weinsberg (Wurttembei'g) en
1482, mort à Bàle le 21 nov. 1531. 11 commença l'étude
du droit à Bologne ; mais n'ayant pu y prendre goût, il
alla à Heidelberg (1499), où'^il étudia la théologie et les
humanités ; il préféra Gerson aux scolastiques. Et^i^t re-
17
(EGOLAMPADE — OEDÈME
— ûoH —
venu dans sa viile natale, oii il eut une prébende, il prê-
cha avec succès. En [Mil, il reprit ses études, se lia avec
Mélanchthon à Tubingue, connut Reuchlin à Stuttgart,
apprit l'hébreu avec un juif espagnol, et revint enseigner
le grec et l'hébreu à Heidelberg. En 15 lo, il fut prédica-
teur à Bàle, cil il connut Erasme, et prit ses grades théo-
logiques. En 1518, il alla comme prédicateur à xiugsbourg,
où il se sentit de plus en plus attiré par Luther. Mais
l'amour de l'étude le poussa à entrer, à la grande surprise
de ses amis, dans le couvent des brigittes à Altenmùnster
(près Augsbourg). Il y resta deux ans ; mais y ayant prê-
ché les doctrines de la Réforme, il dut s'enfuir, et se rendit
à la Ebernburg, auprès de Erançois de Sikingen, dont il
fut le chapelain. En nov. lo22, il revint à Bàle, ou l'ap-
pelait son imprimeur Kratander, et il ne quitta plus cette
ville, dont il devint le réformateur, tant par la prédica-
tion que par l'enseignement, comme pasteur et comme
professeur de théologie. Il se ha avec Zwingle avec lequel
il entretint une correspondance active, il le remplaça au
colloque de Bade (V. Baden), en 13:26. et raccompagna à
C3lui de Marbourgeni529 (V. Luther, t. XXlï, p. 78o). Il
partageait entièrement les doctrines sacramentaires du ré-
formateur de Zurich. La Réforme ayant triomphé détîni-
tivament à Bàle (1529), il réorganisa l'Eglise, Euniversité
et les écoles. En 1531, il alla, avec Bucer, introduire la
Réforme à llm'. (Ecolampade avait un caractère essen-
tiellement iréniquc, et se prononça toujours contre l'in-
tervention du bras sécuUer dans les affaires d'Eglise. Sa
tombe se trouve dans la cathédrale de Baie, à laquelle est
aussi adossée sa statue. On n'a pas encore pubhé une édi-
tion complète de ses œuvres. Ses commentaires bibliques
ont été fort appréciés. Ch. Pfendeh.
BiBL. : Hess, Lebensgeschlchte D"" Joh. ŒJiolninpads ;
Zurich, 1791 (on y trouve la liste complète dcscs ouvrages).
— Uerzog, bas' Lcben Joh. Œcolompods u. die Refornui-
tlon der Kirchezu Basel, 1818. 2 vol. (a été résumé eu Iran-
çais par A. de Mestral ; Ncuchatel. iu-8). — IIagknbacii,
Œcolampads Leben ti. ousgewaeJdte ScJirîften, 1859. —
IIer^iinjard, Correspondance des réformateurs, passim.
ŒCONOMOS (Constantin), théologien et littérateur
grec, né à Tsaritsana (Thcssalie) le 27 août 1780, mort
à Athènes le 9 mars 1857. Il succéda à son père Cyriaque
dans les fonctions de prêtre et d'économe de l'évêché d'Elas-
sona. Soupçonné d'avoir pris part aux ti'oubles de 1808
en Thessalie, il fut emprisonné pendant (|uelque temps à
Janina, put payer une rançon, et vers latin de 1808 fut
appelé à Smyrne pour diriger, avec Koumas, une seconde
école fondée sur les conseils de Korais ; il y enseigna la
théologie et la littérature grcc([ne pendant près de onze
•ans ; mais, à la suite de dissentnnents avec l'école évan-
géHque, il dut se retirer à Mitylène, d'où le patriarche
Grégoire le fit venir à .Uliènes. Le soulèvement de la Grèce
ne lui permit pas d'y rester longtemps ; il passa d'abord
à Odessa, puis à Saint-Pétersbourg, où il composa un
ouvrage (en grec, i8"28) sur la parenté des langues russe
et grecque, en trois volumes, et son livre le plus connu,
rispl Tf,çyyrjgLaç Tipo'fopaç ttJç âXXrjVtxfj;; YXwaarjç (1833).
Il fut membre de l'Académie impériale de Saint-P(^tersbourg
et membre correspondant de l'Académie de Berlin. Après
un voyage en Allemagne et en Italie, il revint enfin en
Grècje, et se fixa d'abord à Nauplie, puis à Athènes, qu'il
ne quitta plus. Outre les deux ouvrages cités plus haut,
OEconomos composa des ouvrages religieux, entre aulres
la 'Icpà KoLxrlyr^Giq (Vienne, 1814), souvent réimprimée ;
un traité en 4 volumes sur la traduction des Septante ;
un poème en l'honneur du tsar Alexandre P^' (grec-russe,
Saint-Pétersbourg, 1825) ; des discours et des oraisons fu-
Mèbres, parmi lesquelles celle du patriarche Grégoire et celle
de Kolokotronis ; une Hhétorique en 3 livres (Vienne, 1 81 3) ,
et une traduction de F Avare de MoHère, qu'il intitula
'EÇrjvTaCsXwvrjÇ. Ses œuvres ont été rassemblées par son
fils Sophoklis sous le titre de Ta cyw'Cd[j.£va K. Oixovoaou
(Athènes, 1864 et années suiv.). ' M. Beaudoilx".
ŒCUMÉNIQUE (V. Svxoui:).
ŒCJJ3(A]iliq. roin.). («emot, qui en grec signi.le mai-
son (oixo;), désignait aussi un appartement spécial de la
maison grecque. C'était une grande pièce dans lacpielle la
mère de famille filait avec ses servantes. On y installait
aussi des tables et Ton y donnait les festins d'honnnes,
les femmes, dit Vitruve, ne prenant pas place avec les
hommes dans les grands repas.
Uœcus ne faisait pas ])rimitivement partie de la mai-
son romaine. 11 y fut adjoint par imitation de la maison
grecque, et par la nécessité qu'imposait une vie de plus
en plus large de disposer de pièces de luxe larges et com-
modes. Vitruve signale quatre sortes à'œcus, désignées
chacune par un nom particulier. Ce sont : 1^ ïœcus Ic-
trastyle ou soutenu par quatre colonnes, pièce entière-
ment couverte, composée d'un carré formé par les colonnes,
et d'une galerie entre les colonnes et les murs latéraux ;
^^Vœcus corinthien iwec. un toit envoûte, supporté ])ar
des colonnes, sans ouverture au milieu; 3° Vœctts égyp-
tien, à double rang de colonnes, avec un toit en terrasse,
formant promenade; 4.'^ Vœciis cyzicanus avec portes et
fenêtres en verre, servant surtout aux repas donnés pen-
dant l'été.
l^iuL. : l^LTXE l'Ancien-. H. N., XXXVL 60. ~ Yitrum:,
VI, 2, 3, 4, 7.
ŒDÈME (Méd.). L'œdème ou hydropisie est l'infdtration
du tissu cellulaire par de la sérosité, localisée à une por-
tion de l'enveloppe cutanée ou à tout autre organe. iJans
ranasar([ue, au contraire, l'infiltration est généraUsée à
toute ou à presque toute la surface du corps. Les tégu-
ments sont soulevés, tendus, pâles, froids, indolores ; ils
cèdent à la pression du doigt dont ils conservent long-
temps la trace. Ces carttctères distinguent l'œdème vrai
des autres tuméfactions de la peau, de Temphysème sous-
cutané, où il y a une crépitation caractéristique, de la
phlegmatia alba dolens, qui est douloureuse, et des
œdèmes dits inflammatoires, qui accompagnent réi'ysipi'le
et le phlegmon, et où les téguments sont chauds, rosés
et douloureux. Le liquide de l'œdème est séro-albumi-
neux, transparent, et, contrairement à la sérosité inflam-
matoire, il ne se coagule pas au contact de l'air. L'œdème
est un symptôme et non une maladie ; il résulte le plus
souvent d'un trouble de la circulation sanguine. Aussi le
voit-on survenir dès qu'un obstacle mécanique est o})posé
au retour du sang veineux vers le cœur. C'est ainsi (^ue
les parties les plus décUves du corps, c.-à-d. les mem-
bres inférieurs, s'œdématient dans l'asystolie, c.-à-d.
lorsque le cœur n'est plus à même de subvenir à sa tâche.
Dans l'ascite ou hydropisie accompagnant les afiéclions du
foie et notamment la cirrhose alcoolique, les rameaux d(^
la veine-porte sont comprimés et, la pression veineuse
augmentant, la partie liquide du sang s'extravase el ^]cnl
remplir la cavité péritonéale ; il y a généralement en même
temps de l'œdème des membres inférieurs et du scrotum.
Les tt'dèmes de l'albuminurie paraissent tenir non seule-
ment au trouble apporté à la circulation rénale, mais aussi
à un vice de composition du sang. L'œ^dème du larynx
accompagne, soit les inflamma'tions aiguës de cet organe
(brûlures, phlegmons, pustules de variole), soit h'S affec-
tions chroniques (tuberculose, cancer) ; il se termine
presque toujours par la mort. L'œdème du poumon s'ob-
serve souvent en même temps que la congestion de cet
organe, d'autres fois au cours des maladies dyscrasi(pies
générales qui engendrent les hydropisies. L'œdème malin
est une affection charbonneuse, qui se rencontre le plus
souvent aux paupières ; il se termine par la formation de
phlyctènes et d'eschares. D'autres œJèmes reconnaissent
pour cause l'absorption de substances toxiques, notam-
ment l'arsenic. D'autres encore surviennent au cours
d'affections chirurgicales ou pendant la convalescence des
fièvres graves. Entin, il est des a\lèmes primitifs ou essen-
tiels ne pouvant être rapportés à aucun état morbide an-
térieur. Ils se développent à la suite d'un arrêt de règles
ou sous l'influence d'un refroidissement brusque. Il est
ry\) —
(»K:)i-:>(îc
lEDlPE
probable qu'ils l'Ocoiuiui^JMM ]M)[w caiis,* une aclioii saso-
motriee.
La gravilé j.i'onohlifiuo (]o Tirti" nie e^l trs ',aiiable,
suivant la cause qui Ta produit. Son IraitiMnent variera
également suivant cette cause. D'une façon g'''nérale, il
consistera à favoriser réliminalion des li piides par les
purgatifs, les diurétiques, les sudorifiques, à soutenir le
cœur par la digitale et les médicaments analogues. On peut
aussi donner issue à la sérosité par la ponction des cavités
viscérales et par des mouchetures prati(iuées sur la peau.
Lutin, on ne négligei'a pas de donner aux parties œdéma-
tiées une position élevée et de faire des frictions dans le
sens du courant veineux pour favoriser la circulation de
retour .^ ^ 1)'' L. Laloy.
ŒDÉMÈRE (Entom.). Genre d'Insectes Coléoptères-Hé-
téromères, établi par Olivier {Entom., 1795, lll, p. 50)
et qui a donné son nom à la famille des OEdémérides.
Cette famille est très homogène — abstraction faite du
genre Myctenis ; — elle comprend des Insectes de forme
allongée, ayant le faciès des Longicornes. Ils diifèrent des
Méloides par les organes buccaux et la tète l'étrécie gra-
duellement en arrière, ils déposent leurs œufs dans le bois
décomposé. Le genre OEdonera comprend des espèces de
couleurs métalliques avec lesélytres munis de lignes sail-
lantes. Il renferme une (piarantaine d'espèces appartenant
à FEurope, à l'Asie et au littoral de la Méditerranée.
L'O. Podagrariœ L., long de 8 à 10 millim., d'un noir
bronzé, à élvtres fauves, se rencontre en Erance.
ŒDENBÛRG (V. Sopron).
ŒDER (Georg), peintre allemand, né à Aix-la-Cha-
pelle led2 avr. 1846. Il s'adonna sans maître au paysage,
traitant de préférence des scènes de printemps et d'au-
tomne dans un sentiment mélancolique. Le musée de Ber-
lin a son Jour de novembre (1880). Citons encore : Ma-
tin d'automne (1883); Bois à Vautonine (1891); Lande
de Hollande (iS9'2), etc.
ŒDERAN. Ville de Saxe, cercle de Zwickau, sur le ch.
de fer de Dresde à Chemnitz; 5.515 hab. (en 1895). Po-
teries, tapis, fdature de coton, etc.
ŒDICNÈME (ZooL). Genre d'Echassiers, de la famille
des Charadriidœ. ou Pluviers, dans laquelle il forme la
transition à celle des Outardes par sa taille et ses carac-
tères. Le bec, de la longueur de la tète, est droit, épais.
(Ivîic ÙAWO (^riai\l.
robuste, triangulaire, renflé vers son niilioa e1 f){)iiitii à
son extrémité; les ailes sont longues, la qie.ie m('di(.cr.%
j ctauM'. ie^ îai'.M's lon^i's et grêles, de nudes jus<fu'iiux deux
tiers du tibia, i-éticab's ; les doigts courts, soudés à la
base ; le |)ouce manque complètement. Ce genre est cos-
mopolite, si l'on y comprend les genres Burhinus Esaciis,
et Carvanaca ({ui en ont été démembrés. — L'OEdicxème
CRIARD (OEdicnemm rrepitans) est un oiseau de (a gros-
seur d'une poule, à plumage varié de brun et de roux,
cha({ue plume portant <les mèches foncées sur im fond
clair; la tète, grosse, avec les yeux grands et saillants,
porte des taches blanches. Il habite les déserts et les
steppes de la région méditerranéenne, du S. de l'Europe
à rinde et à l'Arabie, et se trouve aussi en Algérie. En
Erance, il se montre jus(fue dans le centre (Indre), lecher-
cliant les landes et les plaines arides, ou il niche à terre,
entre deux cailloux : les œufs sont d'un jaune roux, tacheté
àe brun, au nombre de deux. A la chute du jour, l'oiseau
prend son vol pour chercher pâture et tourne dans l'air
en poussant un cri pi^olongé et retentissant qu'on entend
encore par la nuit noire. Il se nourrit de sauterelles, de
coléoptères et de lombrics. A Tautomne, la plupart émi-
grent vers le Midi pour revenir en mars, mais quelques indi-
vidus hivernent dans notre pays. II. Trouessart.
ŒDIPE, héros principal de la légende thébaine, lils de
Lauis et de Jocaste. Son nom signifie, diaprés plusieurs
auteurs anciens : Vfiomme aux pieds enfles. Sauf quel-
ques détails accessoires, la première partie du mythe
(l'(Edipe est à peu près la même dans toutes les traditions.
Laïus et sa femme Jocaste (l']picaste dans Homère), déso-
lés de n'avoir pas d'enfant, interrogèrent l'oracle d'Apol-
lon. Il leur fut répondu que, s'ils donnaient le jour à un
fds, ce fils tuerait son père, contracterait avec sa nière un
mariage incestueux, et ferait le malheur de sa pati-ie. Ce
(ils na(piit pourtant : aussitôt Lais et .locaste l'exposèrent
sur le Cithéron, dans l'intention de l'y laisser périr. Sauvé
par un berger, il fut élevé par le roi de Corinthe, ([ui lui
donna le nom d'OEdipe. Pai'venu à l'âge d'homme, il se
rendit à Delphes pour y consulter Apollon sur sa naissance;
après avoir quitté le sanctuaire du dieu, il tua son père
sans le connaître, délivra les ïhébains de la tyrannie du
Sphinx dont il devina les énigmes, et obtint en reconnais-
sance de ce service la royauté de Thèbes avec la main de
sa propre mère, Jocaste. Pendant (juebfues années, son
règne fut heureux et tranquille; mais bientôt les dieux
irrités firent éclater une peste: l'oracle, pour la conjurer,
ordonna d'expulser le meurtrier de Laïus. Œdipe prononça
les imprécations les plus terribles contre ce crituincl in-
connu; mais le mystère de sa naissance ne larda pas à se
découvrir. Jocaste se pendit pour ]ie pas survivre à cette
horrible révélation; OEdipe se creva les yeux.
Le récit des derniers jours d'OEdipe n'est pas le même
dans toutes les légendes. D'apj'ès Homère, OEdipe aurait
continué de régner à Thèbes, api'ès la mort de Jocaste; il
serait mort à Li guerre, et des funéi'ailles solennelles au-
raient été célébrées en son honneur [Odi/ssée, XL ^70 et
suiv.; Iliade, XXHI, ()T9). Dans une autre version du
' mythe, (Edipe était immédiatement chassé de Thèjies par
ses deux fils, Ltéocle et Polynice. et par Créon, le frère de
Jocaste; accompagné de' sa fille Antigone, il se réfugiait
en Attique. Suivant une autre tradition, il avait été em-
prisonné à Thèbes par ses pi'opres fils, qui voulaient ca-
cher au monde le déshonneiu' de letu' père. OEdipe les mau-
dit alors. Etéocle et Polynice, (|ui étaient montés sur le
trône et qui exei'çaient aller'nalivement la royauté dans
Thèbes, se pi'irent de querelle, en vinrent aux mains, et se
donnèrent mutuellement la mort dans un combat singulier.
Créon leur succéda et chassa Œdipe. Après de longues pé-
régrinations, le vieillaî'd aveugle, guidé par sa fille Anti-
gone, se rendit en Atticpie. ou il demanda l'hospitalité au
roi d'Athènes, Thésée. Arrivé près du bourg de Colone, il
se réfugia en sup[)liant dans le bois sacré des lùiménides;
les ambassadeurs de Créon essayèrent de l'en arracher,
pour le ramener à Thèbes, parce (prini nouvel oi'acle
d'Apollon avait prédit une grande pi'ospérité à la terre où
(EblPE — OEHLENSCHLÂGER
— 200
serait enfermée la dépouille mortelle cFCEdipe. Thésée prit
la défense de son hôte. Enfin Œdipe disparut mystérieuse-
ment dans le sanctuaire des Euméuides.
La légende attrihuait à (Edipe quatre enfants, deux fils,
Etéocle et Polynice, et deux tilles, Antigone etlsmène;
d'après une tradition, OEdipe avait eu ces enfants de sa
propre mère, Jocaste ; d'après une autre, moins épouvan-
table, il les aurait eus d'une autre femme nommée Eury-
ganeia.
Au temps de Pausanias, on montrait encore le tombeau
d' OEdipe à Athènes, entre l'Acropole et l'Aréopage. D'autre
part, près du bourg d'Etéonus, situé sur la limite de l'At-
tique et de la Béotie, existait dans un sanctuaire de Dé-
mêler un CEdipodeon, que certaines légendes représentaient
comme le tombeau d'Œdipe.
Les principales formes de la légende d'OEdipe furent con-
sacrées par la tragédie grecque. Eschyle en avait fait le sujet
d'une trilogie entière, dont il ne reste que les Sept de-
vant Tkèbes.U OEdipe roi et V OEdipe ci Colone de So-
phocle sont parmi les chefs-d'œuvre les plus purs de l'es-
prit humain. Euripide s'inspira du mythe d'Œdipe dans
ses Phéniciennes. Quoique ces œuvres aient été souvent
imitées ou adaptées sur notre théâtre classique, aucune
de ces imitations ou adaptations ne peut donner, même de
loin, la sensation des tragédies athéniennes, surtout des
drames incomparables de Sophocle. Citons toutefois, avec
V OEdipe de Voltaire, V OEdipe roi de J. Lacroix. Le rôle
du héros dans cette dernière pièce a valu à l'acteur Mou-
net-Sally un des grands triomphes de sa carrière.
La mythologie comparée a appliqué sa méthode au
mythe du roi thébain. Elle s'est etforcée de l'interpréter
par des phénomènes solaires. D'après MM. Bréal et De-
charme, OEdipe ne serait autre chose que le soleil lui-
môme ; les deux ennemis qu'il tue, Lai us et le Sphinx,
personnifient, l'un et l'autre, les nuages orageux, que les
rayons de l'astre percent comme des traits. Jocaste est
l'Aurore. A la chute du jour, le dis<|ue du soleil parait
s'aveugler, lorsqu'il s'enfonce mystérieusement sous terre.
Preller voit, au contraire, dans OEdipe une personnifica-
tion de l'hiver. Le professeur itaUen Comparetti a essayé
de réfuter cette interprétation purement natuiiste en in-
sistant sur le caractère moral de la légende d'didipe.
BiBL. : M. Bréal, Mélanges de mythologie et de lingiLis-
tique, 2^ éd., ])p. 172 et suiv. — Decharme, Mythologie de
la Grèce antique; Paris — Preller, GriecJiische }ïytho-
i!of/ie; Berlin, 1872-75, o" éd.— Comparetti, Edipoc l'a mi-
tologia comparata; Pise, 1867.
ŒDOGONlUiVI (Bot.). Genre d'Algues de la famille
hétérogène des Gonfervacées et de l'ordre des Chlorophycées,
constituant, avec le genre Bulbochaete, la tribu des OEdo-
goniées. Thalle constitué par des filaments cloisoiniés, non
ramifiés, différencié en un appareil fixateur formé d'une
sorte de crampon, un appareil nutritif et un appareil re-
producteur, le filament pouvant se terminej' par une sorte
de poil transparent. La croissance est intercalaire et loca-
hsée dans la cellule que l'on considère au niveau d'un
anneau de cellulose souvent très développé, remarquable
exemple d'une modification passagère de la membrane
végétale. — Les OEdogonium ont deux modes de repro-
duction, ils produisent : soit des zoospores, soit des œufs
et, dans ce dernier cas, offrent une hétérogamie très
nette. La zoospore nait par rénovation totale du contenu
protoplasmique d'une cellule quelconque et est mise en
liberté par gélification de la paroi de cette cellule le long
d'une ligne circulaire : elle affecte une forme ovoïde, est
animée d'un mouvement rapide de rotation de gauche à
droite dû à une couronne de cils vi])ratils qu'elle porte,
localisée autour d'une sorte de plateau à sa partie anté-
rieure. L'anthérozoïde a un aspect analogue à celui de
la zoospore : ses dimensions sont seulement beaucoup
moindres, il nait de la même façon dans des cellules
aplaties ou anthéridies ([ui produisent, tantôt un OEdogo-
nium curvmn, tantôt deux anthérozoïdes ; plusieurs
anthéridies peuvent se trouver superposées dans le même
fdainent ; elles mettent en liberté leur contenu par un dé-
boitement circulaire de leur membrane. Les OEdogonium
peuvent être dioiques, mais sont généralement monoKpies:
la parenté des gamètes est alors fort étroite, oosphère et
anthérozoïde provenant de deux cellules, quelquefois con-
tiguès, du même filament. L'oogone provient d'une cellule :
par une bipartition, cette cellule donne naissance à deux
cellules filles ; la supérieure accroît considérablement ses
dimensions et renferme l'oosphère ; l'oogone est percé
d'un trou que ferme une masse hyaline de substance gé-
latineuse et par lequel s'opère la fécondation ; quelquefois
l'oogone subit une première déhiscence qui isole de lui
une sorte de couvercle, l'oosphère restant protégée par
une mince couche de substance gélatineuse percée d'un
orifice circulaire. La fécondation donne naissance à un
œuf qui ne reproduit pas la plante directement : il germe
en abandonnant complètement la membrane qui l'entoure
et par une double bipartition engendre quatre zoospores,
analogues à celles que nous avons décrites, chacune d'elles
reproduisant dans la suite une plante semblable à celles
dont elles proviennent.
Chez certaines espèces, dites gynandrospori'pies, il
se forme avant la maturité de l'oogone, par rénova-
tion totale et dans des articles courts du fdainent géné-
rateur, des corps ciliés particuliers ou androspores,
analogues aux anthérozoïdes, mais de plus grande taille;
après avoir été mis en liberté d'une façon quelconque,
mais déterminée pour chaque espèce, ils germent dans le
voisinage de l'oogone et donnent chacune naissance à un
filament de dimensions réduites, formé de cellules aplaties,
ajustées bout à bout, dont chacune produira un ou deux
anthérozoïdes suivant l'espèce considérée ; le rôle de ces
anthérozoïdes est d'ailleurs absolument le même que
celui des anthérozoïdes nés directement des cellules d'un
filament ordinaire : ils arrivent à maturité en même
temps que les oosphères qu'ils doivent féconder. — Le
genre OEdogonium constitue avec le genre Bulbochaete
la tribu des OEdogoniées. Henri Fournier.
ŒHLSCHL/EGER (Otto), peintre allemand, né en
Prusse le 16 mai 4831 . Il entra en 1838 dans la magistra-
ture, devint président de chambre à Berlin (1838), secré-
taire d'Etat à l'ofîice impérial de justice (1889) et succéda
à Simson dans la présidence de la cour suprême de Leip-
zig (1891).
ŒHLENSCHLÂGER (Adam-Gottlob), poète danois, né
à Vesterbro, près de Copenhague, le linov. 1779, mort
h Copenhague le 20 janv. ifeo. Son père était orga-
niste au château de Fredericksberg, dont il devint ensuite
régisseur. Les ressources de la famille étaient très mé-
diocres et la première instruction de l'enfant fut assez
négligée, les bonnes écoles coûtant trop cher. Le poète
nous a laissé dans ses Souvenirs (1830-51, 4 vol.) un
tableau charmant de la vie libre et rêveuse qu'il menait
dans les grandes salles du château, ornées des portraits
des princes du Danemark, et dans le parc magnifique,
qui entourait la demeure royale. On le mit cependant vers
l'âge de douze ans — un professeur nommé Storm
s'étant intéressé à lui et l'ayant pris sous sa protection —
dans une école où il aurait pu faire des études sérieuses, si
son goût pour la poésie et pour le théâtre ne l'avait détourné
non seulement du commerce, auquel on le destinait d'abord,
mais aussi du grec et du latin, quil étudia ensuite. En
1797, il débuta au théâtre royal dans les rôles de jeune
premier et joua pendant près de deux ans, mais sans ja-
mais attirer sur lui l'attention du public. Dégoûté, il re-
nonce au théâtre, et sous l'intluencc de ses amis, les
frères OErsted, se met avec ardeur à l'étude du droit. Ce-
pendant, il compose divers poèmes que l'on écoute avec
plaisir et remporte un accessit dans un concours ouvert
sur cette question : Y aurait-il profit pour la littéra-
ture du yord II remplacer la mytliologie grecque par
la sca)ulinave? C'est alors, en 1802, qu'il rencontre un
homme qui exerça sur lui une décisive inOuence, Henrik
— -261
œHLENSCHLAGER — CEI
StefFens, jeune professeur, qui rapportait d'Allemagne le
romantisme et le culte de Goethe. Après une conversation
avec lui qui avait duré seize heures, Œlilenschlàger écrivit
le premier poème qui le révéla à ses compatriotes : les
Cornes cVor (Gnldhornene) , du plus pur romantisme
Scandinave. Il avait trouvé sa voie : ses anciennes poésies,
prêtes à paraître, il les supprime, mais publie en re-
vanche, avant la fin de l'année, un recueil de Poésies
(1802, non 1803, malgré le titre), qui obtint le phis grand
succès et lait époque dans l'histoire de la littérature da-
noise.
Les années suivantes sont marquées par des oeuvres
nombreuses en vers et en prose, réunies en 1805 sous le
titre à' Ecrits poétiques (Poetiske Ski'ifter, 2 vol.) et
qui contiennent entre autres : la Saga de Vaulundur,
V Evangile de la Nature, le Voyage de Langeland,
Knud le Grand et surtout le poème dramatique à'Alad-
din ou la Lampe merveilleuse, charmant développement
d'un des plus gracieux épisodes des Mille et une Nuits,
dans lequel OEhlenschliiger donne un libre essor à sa riche
et juvénile imagination. En 1805, le poète se rend en
Allemagne, à Halle, où il se rencontre avec Steffens, puis
à \Yeimar où il fréquente Gœthe et écrit Hakon Jarl, la
première de ses tragédies septentrionales et Baldur le
Bon, en même temps qu'il traduit en allemand son poème
d'Aladdin et quelques-unes de ses premières poésies.
D'Allemagne il se rend à Paris, où il passe plus d'un an,
visitant assidûment les théâtres et entretenant avec son
compatriote Baggesen de très cordiales relations, qui furent
rompues plus tard à la suite de vives polémiques, auxquelles
prirent part plutôt ses amis qu'OEhlenschlàger lui-même.
Il compose à Paris la tragédie de Palnatoke, digne pen-
dant à' Hakon Jarl, ainsi que le recueil des Poèmes du
Nord (Nordiske Digte) où il rassemble des œuvres an-
térieures auxquelles il ajoute le Voyage de Tor à Jo-
tunheim, poème en cinq chants. C'est alors aussi qu'il
achève sa tragédie d'Axel et Valhorg, dont le succès à
Copenhague fut éclatant et qui est sans doute, encore
aujourd'hui, le plus intéressant de ses drames. Il travaille
en même temps à la traduction allemande de ses œuvres.
Peu après, en 1808, il part pour la Suisse et l'Italie, où
il séjourne jusqu'en automne 1809 et écrit en allemand,
pour ne la traduire que plus tard en danois, sa tragédie
du Corrège. A son retour à Copenhague, il est nommé
professeur d'esthétique à l'Université, ce qui lui permet
d'épouser Christine Heger, avec laquelle il était fiancé
depuis 1801. Son activité httéraire ne se ralentit point :
comme professeur sans doute, son succès est médiocre,
mais il continue à composer des drames, des vaudevilles
mêmes, des poésies et des poèmes, reçus avec faveur par
le public, quoiqu'on y sente parfois quelque fatigue, une
composition trop hâtive et qu'aucune de ces œ^uvres nou-
velles ne surpasse les premières par l'invention ou par le
charme du style.
Nous nous contenterons donc de citer parmi toutes
ses créations diverses qui s'accumulent jusqu'à la der-
nière année de sa vie deux volumes de Poésies {Digt-
ninger 1 et Digtninger II, 1811 et 1813), des cycles
de romances et ballades : Helge (1814) ; la Saga de
Hroar, composée pendant un séjour à Paris en 1817 ;
les Dieux du Nord (Nordens Guder, 1819); le poème
héroïque Hrolf Krake (1828) en douze chants, et les
drames : Yrsa (1814) ; Hagbarth et Signe (1815) ;
Erik et Abel (1820) ; les Vœrings àMiklagard{iS'21),
pièce vivement critiquée par Heiberg ; la Reine Margue-
rite (1833); Dina (1842) ; Amleth (1846); Kjaiian
et Gudrun (1848), etc. En 1829, lors d'un voyage en
Suède, il avait été couronné à Lund par Tegner « roi des
poètes du Nord », et le 14nov. 1849 les écrivains danois
fêtèrent avec éclat le 71*^ anniversaire de sa naissance. Il
mourait tranquillement deux mois plus tard : « Les spec-
tacles de Copenhague furent suspendus et toutes les ré-
jouissances publiques interdites pendant huit jours. La
stalle qu'il occupait au grand théâtre resta vide et enve-
loppée de crêpe pendant six mois ». On lui fit de splendides
funérailles dans la cathédrale de Copenhague et le prince
royal, accompagné des ministres et des généraux, suivit
son convoi. OEhlenschlager était digne de tels honneurs,
car il est vraiment le poète national du Danemark.
Aucun n'a exercé sur la littérature de son pays une
influence aussi considérable. Doué d'une imagination puis-
sante et sachant user de toutes les ressources d'une langue,
qu'il enrichit encore, il ouvrit des voies nouvelles en
révélant la poésie merveilleuse de l'antique mythologie et
des légendes du Nord. Presque toutes ses œuvres ont été
traduites en allemand, plusieurs en anglais ; quelques-
unes en français. Th. C.
BiBL. : Poetiske Skrifter, 1857-62, 32 vol., édition critique
de Liebenberii-. — Kr. Arkntzen, Ada7n Œhlenshlsger,
Litteratur historisk Uvsbillede, 1879. — Ampère, Litth^a-
turc, Voyages et Poésies^ t. J. — Le Fèvre Deumier, Œh-
lenschlàgei\ le poète national du Danemark; Paris, 1854. —
Gi^hlenschlïigers Werke, traduction allemande en 18 vol.,
(Breslau, 1829) et en 21 vol. (1839) ; les vol. 1 et 2 consacrés à
l'autobiographie. — Lebens Erinnerungen ; Leipzig-, 1858,
4 vol.
ŒHLER (Gustav-Friedrich), théologien wurttember-
geois, né à Ebingen le 10 juin 1812, mort à Tubingue le
19 févr. 1872. Maître d'études au séminaire protestant
de Tubingue en 1837, professeur au séminaire de Schôn-
thalen 1840, à l'Université de Breslau en 1845 et à par-
tir de 1852 à celle de Tubingue, il attira partout la jeu-
nesse. 11 enseignait surtout la théologie de l'Ancien Tes-
tament. On a de lui deux ouvrages posthumes : les Vor-
lesungen iiher die Théologie des Alten Testaments
(Tubingue, 1874, 2 vol.), traduit en français (Neuchâtel,
1880) et le Lehrbuch der Symbolik (Tubingue, 1876).
ŒHME (Ernst-Erwin), peintre allemand, né à Dresde
le 18 déc. 1831; fils et élève du paysagiste Ernst-Frie-
drich OEhme (1797-1854), il est aquarelHste, peintre de
décors et de tapisseries.
ŒHMICHEN (Hugo), peintre allemand, né à Bohrs-
dorf le 10 mars 1843, fixé à Dusseldorf (1870). Il peint
surtout des scènes de genre de la vie populaire ; la Bé-
nédiction du gj-and-père (1864); le Paiement des con-
tributions (1876, mus. de Dresde); Noël{\%*è\), etc.
ŒHRINGEN. Ville du Wurttemberg, cercle de Jagst,
sur l'Ohrn; 3.554 hab. (en 1895). Bâtie à la place du
Viens Aurelii des Romains, elle devint le ch.-l. de l'Olirn-
gau, puis d'une seigneurie passée dans la famille de Hohen-
iohe. Ils y ont un beau château; l'éghse renferme des
boiseries de cèdre du xv® siècle. Le cloître, qui remonte à
1034, sert de bibliothèque.
BiBL. : Keller, Viens Aurelii; Bonn, 1872.
OEl. Rivière de Chine, affluent de droite du fleuve Jaune ;
elle ferme à peu près vers le S. la grande boucle que ce fleuve
forme entre les provinces de Kan son et de Chan si. Sa
vallée est limitée d'assez près au S. par la chaîne Tshin
ling, qui la sépare du bassin du Han, affluent du Kiang
(fl. Bleu) ; ces montagnes renferment des marbres ; le sol
de la vallée est principalement formé de loess; il produit
du coton, du tabac, du froment, des fruits en abondance.
La route qui va de Peking au Turkestan d'une part, au
Seu tchhoan de l'autre, passe par cette vallée. C'est là un
des centres les plus anciens de la civilisation chinoise :
sur les bords de la Oei furent situées les capitales des
Tcheou, des Tshin, des Han, des Thang ; Si ngan fou,
capitale de la province du Chan si, s'élève entre la Oei et
la chaîne Tshin ling; la ville renferme d'intéressants
monuments, et tous les environs en sont jonchés de ruines.
M. Courant.
BiBL : Von Richtofen, China, ; Berlin, 1882, t. II, in-4.
OEl. Etat de la Chine ancienne, au N. du fleuve Jaune,
sur les frontières des provinces actuelles de Chan si et de
Ho nan ; il fut constitué en faveur d'un frère de Oou oang,
fondateur de la dynastie des Tcheou, et fut supprimé par
Chi hoang ti, fondateur de la dynastie des Tshin.
CEI ^ (Mil
— ^26^2
OEI. Ville de lu Chine ancienne ; elle donna son noin
à un Etat différent du précédent et situé également dans
la partie méridionale du Clian si ; il fut con(|uis en 661
av. J.-C. par le prince de Tsin, qui le doinia comme tief
à Fun de ses serviteurs. Les descendants de celui-ci pri-
rent une impoi'tance croissante dans le royaume de Tsin
et le démembrèrent, d'accord avec les seigneurs de Tcliao
et de Han ; le nouvel Ltat de Oei lui reconnu à litre »le
royaume en 0)2 ; il fut soumis par (lii lioangti desTshiii
en 225 av. J.-C.
Ce vieux nom. étendu à une grande région au X. du
lîeuve Yang ts<'u, (ionna un titre au général Tsliao Tsliao,
qui fut prince de Oei (245 ap. J.-C.) et se déclara plus
tard empereur de Oei (V. TuojsHovAUin^s).
Oei a enfui servi de nom à une dynastie, de race Sien
pei, dite des Oei septentrionaux. Toba \i km, fondateur
de cette famille, fut en 315 investi d'un counnandemenl
comme prince de Tai, dans le N. du Tclii li et du Chan
si ; un de ses descendants se proclama empereur, il Cht
connu sous le nom de Tao oou li (386-109) ; son suc-
cesseur, Ming yiien ti (409-i24), adopta les coutumes
chinoises, employa des Chinois, organisa l'adminislratioi!
de ses Etats et construisit une nuu'aille de 2.000 li pour
arrêter les incursions des nomades septentrionaux. Thdi
oou ti (424-452) étendit sa domination jus([u'à la rivière
Oei et au fleuve Jaune et commanda à la moitié de l'em-
pire ; sous Hien ooi ti (466-471). le Chan tong fut ajoulé
aux domaines des Oei. Mais au siècle suivant, des dissen-
sions éclatèrent dans la famille impériale ; les Liauf.
dynastie méridionale, firent des progrès ; les Oei se divi-
sèrent en deux branches. Oei orientaux i^'è^ii-o^^), (pii
furent renversés parles TM septentrionaux, et Oei or-
eidenlaux{TySD-^Dl) , dontles Etats passèrent aux Tclieou
septentrionaux. A])rès avoir favorisé le taoïsme et per-
sécuté le bouddhisme sous le régne de Thai oou. les Oei
se montrèrent fervents adhérents de la religion hindoue.
Maurice Courant.
ŒIL. Anatomie (V. Cornée, Rétine, Sclérotique, etc.).
Considérations générales. — L'ceil est l'organe de
la vue ; il nous permet de juger la distance, la couleur,
le volume des corps : c'est le « toucher lointain » de
Buffon. Ce petit organe si délicat, si merveilleusement
constitué, a de tout temps fait l'éionnement et l'admi-
ration des philosophes et des savants. Le même o'il
braqué à un télescope verra nettemejit les satellites de
Jupiter situé à des millions de lieues; un instant après, il
pourra, placé sur l'oculaire tl'un microscope, étudier le ])u-
cille de la tuberculose ou de la lèpre qui n'a que 5 à 6 mil-
lièmes de millim. : nous pouvons donc voir d'une façon
distincte à quelques millimètres et àrinllni, l'œil s'adapte
de lui-même, grâce à l'accommodation.
CoNriruRATioN. — Le globe oculaire a la forme d'une
sphère qui n'e^t pas géométriquciiMMst régub.ère; ii e.4
nplati léL,Mn*oiiieJi{ (K> harit en lias et c;i avasit; il existe
une saillie ii'ès nia.'iih-ste. v\'^\ la cornée. Par ce fait, il
Fig. 1. — Œ^il myope [c
iilllC
existe une inégalité plus ou moins prononcée, mais cons-
tante, dans les tcois principaux diamètres du globe ocu-
laire. Le diamètre transversal mesure 23 miUim., le ver-
tical 23 millnn. et rantéro-poslérieur25el mèin,v26 millim.
en dehors de toute anomalie ; le globe orulaire étant à peu
près achevé au moment de la naissance, la différence entre
l'œil du nouveau-né et de l'adulte est minime, surtout si
on le compare aux parties voisines : orbite, crâne et face.
Lorsque le diamètre antéro-postérieur est trop long, les
images viennent se peindre en avant de la rétine : c'est la
myopie. Si au contraire ce même diamètre est trop court,
les images viennent se peindre en arrière de la rétine : c'est
l'hypermétropie. Le poids du globe oculaire varie de 7 à
8 gr. Sa consistance est très ferme et élastique sur le vi-
vant, ce <{ui est d'i non seulement à son enveloppe résis-
tante (scléi'oti(pie). mais à la pression intérieure des liquides
(hum.'ur aqueuse, etc.) (pii atteint jusqu'à 45 millim. do
Oeil hun-ertn^lrn/i^
\ C':",t CLfv oe'J. Im^i co.ir.l
SlLiiî!±
Fig. 2. — Œil liyperiiiélrope Voupe schéiiiali(juc).
mercure ; c'est ce qu'on appelle la tonicité de l'oeil, qui
augmente dans le glaucome par exemple ou l'œil a la du-
reté d'une bille, ou qui diminue jusqu'à devenir nulle
lorsque Lœil s'atrophie (phtisie du gh)be).
De même qu'au globe terrestre, on distingue au globe'
oculaire deux pôles : le pôle antérieur, qui correspond
au centre de la cornée transparente ; le pôle postéiieur,
qui est situé au point diamétralement opposé, un peu en
dehors de l'orifice d'entrée du nerf optique". Le globe
oculaire n'est pas situé exactement dans l'axe antéro-
postérieur de l'orbite, il est plus rapproché de la paroi
externe et inférieure ; quant aux axes antéro-postérieurs
des deux yeux, ils sont sensiblement parallèles.
Structure. — Le globe de l'œil ou bulbe peut être con-
sidéré comme composé de quatre appareils : i'^ un appa-
reil de protection formé par la sclérotique en arrière, par
la cornée en avant ; 2" un appareil de vision : la rétine ;
3^ un appareil de réfraction constitué par une série de
milieux transparents : l'humour aqueuse, le cristallin, le
corps vitré; 4" un appareil d'accommodation ou d'adap-
tation à la vision à différentes distances, constitué par le
cristallin et ses annexes, muscle et procès ciliaires. L'œil
se compose de plusieurs enveloppes qui sont de dehors en
dedans : une membrane hbreuse entourant les trois quarts
postérieurs de l'anl : la sclérotique qui, en avant, devient
transparente : c'est la cornée, elle protège l'œil; une mem-
brane moyenne: h. choroïde, formée d'un feutrage de
vaisseaux qui assurent la nutrition de la rétine renfermant
un pigment noir destiné à empêcher les réflexions intra-
oculaires. Un diaphragme, Viris, qui est une dépendance
de la choroïde, se trouve devant le cristallin et sépaie la
chambre aqueuse en deux parties ; ce diaphragme eiit percé
d'un trou central, la pupille, qui en se dilatant dans l'obs-
curité et en se rétrécissant à la lumière, sert à régler la
quantité de lumière qui doit frapper la rétine. Le corps
vitré ou corps hyatoïde est constitué par une masse
sphérique gélatineuse, entièrement transparente, qui rem-
plit tout l'espace compris entre la concavité de la ré-
tine en arrière, le cristallin et la zonule en avant ; il a
une membrane enveloppante, l'hyaloide. Enfln la rétine
(V. ce mot), qui n'est autre que l'expansion du nerf
optique.
Si l'on considère sur une coupe transversale l'œ^il d'avant
en arrière, on trouve la cornée dont le diamètre est de
42 millim. et l'épaisseur de presque i millim. ; ses ksions
ulcératives pouvant aller jusqu'à la perforation (ulcères
de la cornée) s'appellent les kératites. Derrière se trouve
la chambre antérieure de 1 œil contenant quelques gouttes
^21)3
OEIL
ûliumeur aqveiise; celle-ci, analogue à l'eau distillée,
s'écoule lors de l'incision de la cornée dans l'extraction
du cristallin cataracte ; cette humeur se reproduit en quel-
ques minutes. On donne le nom d'hypopion au pus formé
dans la chambre antérieure. Toujours sur la même coupe
transversale, on voif la section du cristallin avec son en-
veloppe la cristalloidc ; cette lentille est suspendue au centre
de la pupille pai' les pi'orîvs cilijures qui reiitourent à la
Vii: 3. — CoiîjjG traiis\ ors'ilf^ (bi scu'nicat aiitérlciir
façon des griffes du chaton d une bague ; répaisseur dii
cristallin est d'environ 2 à ^2 millim. et demi, son poids e>l
de 20 à 25 centigr. ; à la partie postérieure on trouve le
canal hyaloidien, cordon par où passent pendant la vie em-
bryonnaire les vaisseaux nutritifs du globe, l-^nlin, on voit
la masse du vitro qui forme une sorte de matière de rem-
plissage pour maintenir la sphéricité de l'ceil et qui sou-
tient la rétine, la choroïde, la sclérotique qui se confond
avec la gaine fd)reiise du nerf optique. A ce niveau, c.-à-
d. au pèle postérieur, il y a un orifice par leijuel entre W
nerf en travei'>aiïl la lame criblée pour s'épanouir en fi'rio.
rétiniennes; il forme la papille, et. tout à fait dans l'axe
antérieur de l'iril, la rétine, (jui n'a plus que des cône^.
forme la macula ou tache jaune.
Vaisseaux de l'œil. — Les artères viemient de Topli-
talmique, branche delà carotide interne; accolée au nci f
optique, elle donne l'artère centrale de ce nerf, puis le^
artères ciliaires; les ciliaires antérieures sont iîcxueus*\s
et vont former le grand cercle et le^petit cercle artériel
de l'iris. Les ciliaires postérieures se subdivisent en ci-
liaires courtes qui fournissent 48 ou 20 petites branches
entourant le nerf opti<[ue et pénétrant dans la sclérotique
et allant dans la choroïde ; les ciliaires longues vont con-
courir à la formation du grand cercle artériel irien; toutes
ces artérioles s'anastoiuosent entre elles. Les veines de
l'onl se rendent dans la veine ophtalmique dont le tronc.
après avoir traversé la fente sphénoîdale. se jette dans le
sinus caverneux, les veines de l'iris s'unissent aux paqtrets
veineux des procès cihaires et aux veines en tourbillon de
la choroïde.
Lymphatiques. ■ — On ne connaît aucun vaisseau lym-
phatique émanant An globe de l'œil, la lymphe de l'iris
et des procès ciliaires se déverse dans la chambre anté-
lieure à tra^ers un système de fentes; de la chambre an-
térieure, elle passe dans le cercle deSchlemmet dans b's
veines musculaires.
Nerfs oe l'oeil. — Les rameaux nerveux destinés à la
choroïde émanent du ganglion ophtalmique; ils forment à
sa surface externe le riche plexus nerveux choroidien avec
de nombreuses cellules ganglionnaires, puis le plexus ci-
liaire; de là partent les nerfs ciliaires qui forment b^
plexus irien (pii se résolvent en fibres sensitives et fibrrs
motrices du sphincter pupillaire. Telle est dans ses lignes
générales la structure de l'œil proprement dit.
Orbite. — Le globe oculaire est logé dans la cavité
orbitaire qui le protège contre les violences extérieures :
c'est une sorte de pyramide osseuse quadrangulaire ; sa
base est le rebord orbitaire : c'est l'ouverture de la cavité
ou s'enchâsse l'œil; elle est constituée par l'arcade orbi-
taire plus ou moins proéminente, dépendance du frontal,
la paroi supérieure forme une voûte excavée; sur son côté
externe se trouve la logette de la glande lacrymale; la
paroi inférieure est plane, la paroi interne très mince; on
y voit la gouttière lacrymale. La paroi externe la plus
résistante est celle par où pénètre le chirurgien pour
rénucléation du globe. Le sommet de Foi-bite est occupé
¥\ix. L
Vue feupéi-ieure des iimscles û^i 1 u'il.
par la fente sphénoidale. Le tendon de Zinn s'y insère :
enfin on y voit le trou optique par Oxi passent le nerf op-
tique et l'artère ophtalmique.
Contenu de n'oanirE. — Le périoste orbitaire, qui est
la continuation delà dure-mère, tapisse toutes les parois
osseuses, puis vers la base il se dédouble et une portion
va former l'aponévrose orbito-oculaire ou de Tenon qui
sépare en qnekpie sorte en deux loges la cavité orbitaire ;
en avant elle enveloppe le globe oculaire et le sépare
de la partie profonde ou loge postérieure où se trouve
un tissu cellulo-graisseux jaunàlre formant une sorte
de coussin élasticjue pei-mettant à Lifil de se laisser re-
fouler en arrière et amortissant les chocs auxquels il est
exposé.
Annexes de l'oeil. — Ce sont les paupières, la con-
jonctive {V. ces mots), puis les muscles et l'appareil la-
crymal" que nous allons décrire.
xMuscles de l'œil. — Ils sont au nombre de sept, tous
constitués par des fibres striées et volontaires. Ce sont les
muscles extrinsèques de l'ail par opposition avec le muscle
ciliaire qui entoure le cristallin et sert à l'accommodation
et le muscle de 1 iris, tous deux à fibres lisses et cà con-
tractions involontaires. Six muscles sont prépasés aux
mouvements du glolie : le droit supérieur et le petit oblique
pour l'élévation, le droit inférieur et le grand obhque pour
l'abaissement, le droit interne pour l'adduction et le droit
(EIL
264 —
externe pour Tabduction. Les grand et petit obliques, en
même temps qu'ils tirent l'oeil en dehors, impriment au
globe oculaire des mouvements opposés de rotation autour
de son axe antéro-pos'érieur. A ces six muscles, il faut
ajouter le releveur de la paupière et chez les animaux le
rétracteur du globe ou m iscle choanoide. Tous ces muscles,
à l'exception du petit ob'ique, prennent leur insertion fixe
sur le pourtour du trou optique au fond de l'orbite ; de
là ils se dirigent en avant, logés dans leurs gaines, et for-
ment une sorte d'entonnoir musculaire ouvert en avant où
ils s'implantent dans la sclérotique. Seul le grand oblique
fait exception. Parvenu à la partie supéro-interne du re-
bord orbitaire, il vient se réfléchir dans une poulie de
renvoi, puis il se porte obliquement en arrière et en dehors
pour se fixer sur le segment postérieur externe de la sclé-
rotique. Le petit oblique s'insère au plancher de l'orbite
Inserlîon sdèroiicat
deô U mtcscles droits,
DroÛ su/ieneur
Fig. 5. — Insertion des muscles droits de l'œiU
en dedans, en avant et en dehors du sac lacrymal; de là
il se porte oMiquement en arrière et en dehors et, après
avoir croisé le droit inférietu* qu'il recouvre, il contourne
le globe pour s'attacher à la sclérotique immédiatement
au-dessous du grand oblique. Les insertions des tendons
des muscles droits sur la sclérotique suivent une hgne
spirale : l'insertion du droit interne est la plus rappro-
chée ; elle est à 5 millim. de la cornée, la plus éloignée
est celle du droit supérieur qui est à 8 millim.; la lar-
geur de l'insertion des tendons varie de 9 à 41 millim.
Ces détails sont importants à connaître lorsque l'on
doit sectionner ces insertions dans l'opération du ûva-
bisme (V. ce mot). Trois paires nerveuses crâniennes
innervent les muscles de l'œil ; le moteur oculaire com-
mun ou 3® paire anime tous les muscles droits, à l'ex-
ception du droit externe, du releveur de la paupière et
du petit oblique ; le nerf pathétique ou ¥ paire innerve le
grand oblique, le moteur oculaire externe innerve le droit
externe.
Appareil lacrymal. — Il se compose de deux parties :
l'une sécrétante, les glandes, -et une excrétante, les deux
canalicules lacrymaux, le sac et le canal nasal. La glande
lacrymale se compose d'une portion orbitaire du volume
d'une petite amande logée dans la fossette de l'angle ex-
terne du ft'ontal ; la portion palpébrale aplatie est incluse
dans l'épaisseur de la paupière supérieure. Cette glande
est formée de lobules analogues à ceux des glandes sali-
vaires; une branche de l'ophtalmique l'irrigue, les nerfs
viennent du trijumeau et du sympathique qui influence la
sécrétion des larmes. Rien de plus variable que l'activité
de cette sécrétion. On sait qu'il y a des individus, des
femmes surtout, qui pleurent à tout propos ; chez l'enfant
à la mamelle la sécrétion n'existe pas, aussi crient-ils sans
verser de pleurs. Les larmes sont transportées sur la sur-
face du globe par le clignement des paupières ; çMqs lu-
brifient l'œil et balayent les petits corpuscules. Les excita-
tions physiques et morales influent sur leur sécrétion.
Voici leur composition : elles sont alcalines ou neutres,
Glande LaxruTTtftlt
Fig. 6. — Appareil lacrymal.
contiennent 99 <^/o d'eau, puis du chlorure de sodium
(goût salé des larmes), des phosphates de soude et de chaux,
de la graisse et de T albumine. Les larmes sont aspirées
par les points lacrymaux situés dans l'angle interne de
l'œil, sur le bord libre des paupières ; chacun d'eux se
trouve au sommet d'un petit tubercule, le supérieur un
peu plus en dedans ; ils sont l'orifice d'entrée des canali-
cules lacrymaux qui ont de 6 à 8 minim. de long sur 1
à 2 milhm. de large et vont s'aboucher dans un canal
commun pour s'ouvrir dans le sac lacrymal ; celui-ci a la
forme d'une ampoule de 12 à 15 milhm. de long sur 5 à
6 de large. Le canal nasal fait suite au sac lacrymal, il
s'ouvre sous forme d'une fente dans l'angle formé par
Tunion du cornet inférieur avec la paroi externe des fosses
nasales (V. Nez). La muqueuse des conduits lacrymaux se
continue avec la muqueuse nasale : ce qui explique la
pi'opagation de Finflammation de l'un à l'autre.
Développement de l'œil. — Il se fait aux dépens de
deux diverticules du cerveau, les vésicules optiques qui
peu à peu se rapprochent des téguments. Arrivée au con-
tact de l'épiderme, la vésicule optique prend la forme'
d'une coupe par l'invagination de sa paroi antérieure;
cette coupe se remplit par prolifération de l'épiderme
d'une lentille transparente : c'est le cristallin ; derrière
elle se forme un autre tissu transparent: c'est le corps
vRré. Enfin, les deux parois de la coupe optique se sou-
dent ensuite pour devenir : l'antérieure, l'épithélium sen-
soriel; la rétine, la postérieure devient la couche pigmen-
taire.
De l'œil dans la série animale. — Si l'œil humain est
le plus parfait, celui des primates (singes) n'en diffère
guère. Chez les carnivores et les ruminants, les cellules
pigmentaires manquent sur une partie de la choroïde :
c'est ce qu'on appelle le tapis ou miroir (on connaît la
phosphorescence des yeux de chat dans l'obscurité). La
pupille est circulaire chez les primates, mais elle est ellip-
tique à grand axe vertical chez les carnivores, ovale à
grand axe horizontal chez les ruminants.
Oiseaux. Ils ont tous la vue perçante ; les rapaces, obli-
gés de planer à des hauteurs considérables, voient leur
proie de fort loin. Ils sont souvent obligés de changer la
portée de leur vue ; leur œil est naturellement hypermé-
trope à cristallin plus aplati que les mammifères, et ils
— 2Go —
(EIL
Fig. 7. — Coupe antéro-postérieure
d'un œil d'oiseau.
possèdent pour raccommodation le peigne allant du cris-
tallin à la choroïde. On sait que les volailles, pigeons,
poulets, voient les plus petits fragments de nourriture
mêlés à la terre.
Les nocturnes,
chouettes et hi-
l)oux, ont de gros
yeux.
Poissons. Vi-
vant dans Teau
qui est d'une den-
sité plus grande
que l'air, ils ont
besoin d'une len-
tille plus réfrin-
gente, aussi leur
cristallin est -il
sphérique et ils
ont une vue de
myope. Comme ils plongent et que leurs yeux sont sou-
mis à une forte pression, leur sclérotique est en partie
osseuse ; ceux qui vivent à une très grande profondeur
sont aveugles ou ont de grands yeux ronds et élargis pour
recueillir les moindres rayons lumineux ; quelques-uns
sont phosphorescents. Certains ont des organes lumineux
sur la tète, qu'ils allument pour chercher leur proie ou
éteignent quand ils veulent se soustraire à un ennemi.
A mesure que l'on descend l'échelle animale, l'œil se
simplifie ; chez les reptiles comme chez les poissons, il y a
disparition complète des paupières, tandis qu'il y a une
troisième membrane clignotante chez les oiseaux. Le ca-
méléon a la curieuse propriété de remuer indépendamment
un œil de l'autre; il peut, par exemple, regarder en haiit
avec l'œil droit et en bas avec l'œil gauche. L'œil réduit à
sa plus simple expression est formé d'une cellule spéciale
se continuant par un nerf et renfermant du pigment rouge
ou noir, impressionnable à la lumière. Les insectes voient
presque tous très bien ; ils ont souvent deux espèces d'yeux :
les ocelles ; l'œil simple se compose uniquement d'une
lentille derrière laquelle est un liquide gélatineux trans-
parent, puis la rétine sur laquelle s'épanouissent les fais-
ceaux ; Fœil composé a sa surface divisée en hexagones
nommés facettes ; au-dessous de chaque facette apparaît
un cône où vient aboutir un faisceau de nerfs communi-
quant avec le nerf optique. La reine des abeilles a
5.000 facettes, la mouche 8.000 et certains scarabées jus-
qu'à 35.000 facettes ; il est donc probable que chez les
insectes la vue est une série de mosaïques, une série de
minuscules images ; les mollusques ont des yeux, tantôt
sur les cornes, quelquefois entre les tentacules ; les crus-
tacés, crabes et homards possèdent deux yeux composés,
placés sur des pédoncules mobiles.
Parmi les plus petits, beaucoup ne peuvent distinguer
la lumière de l'obscurité (ver de terre, etc.), mais tout
leur corps est sensible ; car les téguments peuvent être
sensibles à la lumière, c'est ce qu'on observe chez les ani-
maux inférieurs ; il y a alors sensation dermatoptique.
Physiologie. — NcTRrrioN pu globe. — L'humeur
aqueuse est sécrétée en arrière de l'iris par les procès
ciliaires, la nutrition du cristallin et du corps hyaloïde
est sous la dépendance de la rétine ; l'excrétion des li-
quides intra-oculaires se fait en avant par l'angle iridien,
en arrière par les gaines du nerf optique.
Sensibiuté générale de l'oeil. — ^On sait que le
moindre attouchement de la surface de la cornée est vive-
ment ressenti, car celle-ci a un plexus nerveux sous et
intra-épithélial extrêmement riche; ses nerfs lui viennent,
pour la plupart, du ganglion ophtalmique. C'est la cornée
qui réagit en dernier dans la mort et Tanesthésie chloro-
formique ; on sait que la cocaïne a la précieuse propriété
d'abolir la sensibilité de l'œil, ce qui a singulièrement fa-
cilité les opérations oculaires ; la sclérotique a une sensi-
bilité fort obtuse, l'iris et les procès ciliaires jouissent
d'une sensibilité exquise, grâce à leur richesse nerveuse :
aussi les opérations d'iridectomie, l'iritis et la cyclitesont
fort douloureux ; la choroïde est bien moins sensible. La
rétine et le nerf optique sont à peu près dépourvus de sen-
sibilité.
Motricité intrinsèque du globe. Seuls l'iris et le
muscle ciliaire possèdent la propriété de se contracter sous
l'intluence des nerfs moteurs, grâce à la présence des fibres
lisses ; la lumière contracte l'iris, l'obscurité la relâche ;
la paralysie du moteur oculaire commun (qui anime l'iris)
a pour effet de paralyser son sphincter et de dilater la
pupille ; l'action du sympathique cervical est diamétrale-
ment opposé. On sait que l'atropine dilate la pupille ;
c'est un mydriatique, tandis que l'ésérine la contracte :
ces propriétés sont très utilisées en ophtalmologie. L'œil,
dans son ensemble, est comparable à un appareil photo-
graphique, seulement la chambre noire de l'œil est globu-
laire, ce qui permet aux parties périphériques de l'image
formée par l'appareil convergent de venir tomber exacte-
ment sur la membrane sensible, la rétine, qui fait office
de plaque sensible. Il faut, pour qu'une image vienne se
peindre nettement sur la rétine, la coïncidence toujours
exacte du sommet du cône oculaire avec la rétine ; cela se
fait grâce à l'adaptation : c'est la mise au point des pho-
tographes ; elle se fait instinctivement par l'accommoda-
tion, c.-à-d. par un changement de forme du cristallin
dont la face antérieure augmente de convexité quand on
adapte l'œil pour la vision d'un objet très rapproché ; le
cristallin est donc une sorte de lentille vivante qui change
de courbure grâce au muscle ciliaire, qui peut agir sur la
périphérie du cristallin, par l'intermédiaire des procès
ciliaires. La puissance accommodative, très puissante chez
l'enfant, diminue peu à peu avec l'âge ; à dix ans, elle
est de quatorze dioptries et de zéro à soixante-quinze ans,
d'après Donders. Le diaphragme irien règle la quantité
de lumière qui doit arriver à la réti7îe (V. ce mot), mem-
brane sensible spécialement à la lumière, par ses cellules
visuelles; l'entrée du nerf optique, la pupille, est insen-
sible à la lumière : c'est la tache aveugle de Mariotte
ou punctum cœciim ; la partie la plus sensible de la ré-
tine, c'est la tache j aime placée exactement au pôle pos-
térieur de l'œ^il ; elle est remarquable par sa richesse en
cônes. La vision des couleurs s'explique par la théorie de
Young et d'Helmholtz, qui consiste à supposer que chaque
fibre du nerf optique est composée de trois fibres élémen-
taires différemment excitables pour chacune des trois cou-
leurs fondamentales.
Les dyschromatopses sont les individus qui sont aveugles
pour une ou plusieurs couleurs ; les daltoniens sont ceux
qui ne voient pas le rouge. Si l'on réfléchit au peu d'éten-
due de la partie vraiment sensible de l'œil, on comprendra
de quelle utilité sont les mouvements du globe oculaire
qui peuvent se faire instantanément en tous sens.
Champ visuel. — On donne ce nom à toute l'étendue
qui peut être embrassée d'un seul coup d'œil. Ainsi, l'œil
étant fixé sur un objet, les points les plus excentriques
dont cet œil recevra une impression représenteront les
limites du champ visuel. On l'examine au moyen d'un
campimètre ou d'un périmètre ; il est plus étendu du côté
externe que du côté interne où il est limité par la saillie
du nez. On donne le nom de scotomes aux points obscurs
dans l'étendue du champ visuel ; à l'état normal il y a
un scotome physiologique dans le méridien horizontal du
côté externe, il correspond à la tache aveugle de Mariotte.
L'examen du champ visuel pour les couleurs montre que
les limites de perception du bleu sont les plus étendues,
les limites du vert les plus restreintes, le rouge et le jaune
sont intermédiaires.
Cette sensibilité chromatique de la rétine est très im-
portante à connaître, car elle est très souvent modifiée
dans les affections des centres nerveux encéphaliques (in-
toxications diverses : alcooliques, saturniques, nicotini-
ques, etc.). On donne le nom de champ du regard à
QEIL
206 —
toute l'étendue que l'œil peut embrasser, grâce aux mou-
vements que lui impriment ses six muscles, la tète restant
immobile ; on comprend que ce champ du regard est mo-
difié dans les paralysies des muscles oculaires. Les larmes
(jui n'ont pas été évaporées à la surface de l'œil sont
aspirées par les points lacrymaux dans les fosses nasales
qu'elles empêchent de se dessécher sous rintkiencc du
courant d'air de Tinspiration.
ExAMKN DE i/œil. — Il faut l'examiner à l'éclairage
naturel; on se rend compte de l'état des annexes: pau-
pières, voies lacrymales, conjonctive, cornée, etc. ; on se
sert de l'éclairage latéral pour voir les éraillures, les ul-
cères, les taies, les corps étrangers de la cornée, les opa-
cités du cristallin, les adhérences de Firis ou synéchies ;
pour examiner le cul-de-sac supérieur de l'œil ou viennent
si souvent se loger les corps étrangers (escarbilles, etc.),
il faut retourner la paupière supérieure en faisant bas-
culer le cartilage tarse. Pour l'examen du fond de l'œil,
on emploie ïophtalmoscop<^ (V. ce mot) . L'examen àTimage
droite est ditiiciie; dans ce procédé, on se sert du miroir
seul, l'image que Ton voit est virtuelle, droite et située en
réalité derrière l'œil ; dans l'image renversée, on se sert
du miroir et d'une lentille biconvexe : l'image que l'on voit
est réelle, renversée et située entre notre œil et la lentille.
Voici ce que l'on voit : le fond de Vœ'û apparaît rouge
clair, ce qui est di\ au sang de la choroïde, ce rellet varie
avec la quantité de pigment ; dans les yeux bleus, le reflet
est rouge clair ; dans les yeux noirs la teinte est plus
sombre ; chez le nègre, il apparaît bleu foncé. Les parties
du fond de l'œil qui exigent une attention spéciale sont
la papille : c'est le point de repère, elle apparaît d'une
couleur pâle qui tranche avec le rose d'alentour ; de son
centre on voit émerger Jes vaisseaux sanguins de la ré-
tine : ils se divisent habituellement en huit branches qui
se dirigent deux par deux en haut et en bas, quatre sont
des artères, les veines sont plus volumineuses et plus
sombres ; la région de la tache jaune est reconnaissable
à l'absence des vaisseaux sanguins et à une coloration
rouge sombre, la rétine est entièrement transparente et
incolore. Rien de plus variable que l'image ophtalmosco-
pique, aussi faut-il une grande habitude et une attention
soutenue pour ne pas prendre dans certains cas un état
physiologique pour un cas pathologique.
Pathologie. — M\ladies de l'orbîte. — L'ostéo-
périostite, surtout chez l'enfant, est la plus fréquente de
toutes les inflammations; cîie/J' adulte, on observe l'ostéo-
périostite syphiliti([ue clu'onique.
Phlegmon de Vorbite. C'est l'inflammation du tissu
graisseux du fond de la cavité orbitaire, il survient à la
suite d'un (raumatisme. de dacryocystite, de blessures les
plus diverses ; mais pour qu'il y int plilejmon (V. ce mol)
il faut qu'il y ait infection micro])ienne, ({u'eile vienne du
dedans ou du dehors, ce (pii est le plus fré([uent. 11 y a
fièvre, fi'isson, protusion de Taùl qui est très douloureux
et injecté, la vue n'est pas atteinte ; il faut faire une pro-
fonde et hâtive incision dans le sillon palpébro-sourcilier,
car il peut survenir une tlirombose du sinus souvent mor-
telle. On donne le nom de ténonite, affection rare, à l'in-
flammation de la bourse séreuse du globe. Les traiima-
tismes de l'orbite, les contusions sont tVéqucntes (boxeurs),
les fractures et les corps étrangers ne sont pas rares (fleu-
rets, projectiles, l)alles de revolver dans suicide, grains
de plomb dans accidents de chasse, etc.). S'il y a infec-
tion, il survient un phlegmon et souvent il y a amaurose
] îuitropbie «lu nerf optiiuie ; les fractures indirectes sont
-((.'aux fractuces du cràue. La luxation du globe par in-
oduction du doigt dans l'oi'bite s'observe chez les aliénés,
(^lutteurs, les enfants dans les convulsions ; on réduit
l'on applique un bandeau compressif. L'hématome de
i orbite, rare, se voit dans l'hémophilie. On observe les
exophtalmies pulsatiles ou non, celles du goitre exophtal-
mique, les exostoses, les kystes séreux et (lermoides, ^n^vw
les néoplasmes dont le plus grave est le sarcome de l'or-
bite. Les traumatismes du globe oculaire sont des plus
variables ; ils ont lieu par instruments piquants, plume,
aiguille, fleuret, etc., ou instrument tranchant par pro-
jectile, plomb de chasse. La lésion peut intéresser la con-
jonctive, la cornée, le cristallin, tout le globe et, s'il y a
infection, donner lieu à une panophtalmie qui nécessitera
l'énucléation de l'anl.
Maladies des muscles de l'oeil. — (Juels que soient
les muscles paralysés, il existe des symptômes communs :
1° Symplômel objeefifs. Diminution des mouvenn^nts
du globe du coté paralysé, l'anl devient strabique par suite
des muscles antagonistes (V. Strabisme).
^^ Symptômes subjectifs. Ce dont les malades se plai-
gnent le plus, c'est de voir double : il y a diplopie (V. ce
mot) binoculaire ; il y a deux images: l'une nette, cellii de
l'œil sain, l'autre pâle provenant de l'œil atteint. Les
images sont homonipnes quand celle située à droite ap-
partient à l'anl droit et celle située à gauche, à l'œil gauche ;
dans le cas contraire, elles sont croisées. On recher«'lie
cette diplopie au moyen de verres colorés, il peut y avoir
du vertige; V attitude du malade est caractéristique : comme
il est très gêné de voir double, il tourne la tète du coté
paralysé.
Paralysie du moteur oculaire commun. C'est la plus
fréquente de toutes ; on observe la chute de la paupière
supérieure (ptosis), une diminution ou une suppression des
mouvements du globe en haut, en bas et en dedans ; il
y a diplopie croisée ({ui accompagne tou/)urs leslrahismo
divergent, dilatation de la pupille, paralysie de l'accommo-
dation. On comprend qiie la paralysie du muscle droit in-
terne donnera lieu à une diminution de la motilité du
glo])e en dedans et à un strabisme divergent. Dans la pa-
ralysie du dcoit supérieur, le malade renverse toujours la
tète en arrière, ayant la vision nette dans toute la partie
inférieure du champ visuel. Au contraire, dans laparahsie
du muscle droit inférieur, le malade baisse la tète, et
tourne les yeux en haut afin de voir par la moitié supé-
rieure de son champ visuel qui est normale. Lf\s cause les
plus fréquentes des paralysies des muscles de l'œil sont la
syphilis, puis celles résultant du tabès ou de l'ataxie lo-
comotrice; enfin celle due à un coup de froid, à l'hystérie,
à une compression nerveuse, soit sur le trajet des nerfs,
soit dans le cerveau. On soigne les paralysies des muscb's
de l'œnl en traitant la cause, puis en éiectrisant les
muscles.
Maladies des voies lacrymales. — Le larmoiement
n'est pas une maladie, mais un symptôme fréquent dans de
nombreuses aflections oculaires. Pour le guérir, il tant en
rechercher la cause et la soigner ; s'il y a obstruction d'un
point lacrymal, il faut le dilater ou l'inciser. La daci'yo-
adénite ou inflammation de ki glande lacrymale e^t très
rare, les tuiueurs de la glande lacrymale sont variables.
On donne le nom de dacryops à la tumeur formée par
l'accumulation des larmes, résultat de l'oblitération du
conduit excréteur. La déviation, le réti'écissement et 1 obli-
tération des points lacrymaux résultent d'ulcérations, suite
de maladies de la conjonctive. Si les produits de sécrétion
du sac augmentent et (pie le canal nasal s'enflamme, il y
a obstruction, d'oa tumeur lacrymale ou mucocèle. Si le
sac s'enflamme, on a une dacryocystite aiguë qui donne
lieu à de la suppuration.
Toutes ces affections de sac et de canal nasal sont
souvent très tenaces; étant devenues chroni([ues, elles né-
cessitent l'incision et le passage de sondes pendant un
temps fort long; elles sont parfois incurables et un véri-
table tourment pour les malades.
De l'i:xamen de l'oeil dans les maladies oénérale.--. ~
II apporte souvent un sérieux appoint dans le diagnostic
d'atrections générales. Ainsi une kératite interstitielle avec
ses caractères si spéciaux pourra faire dépister une syphi-
lis héréditaire. Une personne s'aperçoit ([ue sa vue baisse:
on constate à l'examen ophtalmoscopique une rétinite dia-
bétique ou brightique ; l'intoxication alcoolique et taba-
— ^267
CEIL
gique donne lieu à une amblyopie spéciale. On observe chez
la femme des iritis et choroidites liés à des troubles uté-
rins. Les signes oculaires de tabès sont souvent les pre-
miers symptômes de cette terrible maladie et servent à la
dépister ; ce sont des migraines oplitalmicpies, la paraly-
sie fugace des muscles de l'œil, du myosis, enfin l'atrophie
du nerf optique. La syphilis cérébrale, la paralysie géné-
rale s'accompagnent de mêmes troubles, inégalité papillaire,
opjitalmoplégies ; la sclérose en plaques donne lieu à des
troubles de coordination dans les mouvements associés des
yeux. L'hystérie donne lieu à des troubles caractéristi({ues
(anesthésie de la cornée et de la conjonctive, rétrécisse-
ment concentrique du champ visuel, cécité des couleurs,
sauf le rouge).
Les tumeurs cérébrales donnent lieu k des névrites op-
tiques typicjues, la papille est rouge, boursoutlée et sail-
lante. Le rhumatisme, la goutte peuvent déterminer des
sclérites, iritis avec épanchement de sang. En résumé,
bien des maladies générales retentissent sur l'appareil ocu-
laire, son examen attentif permettra de les déceler.
Hygiène de l'œil. — Elle est d'une importance capi-
tale, quand on veut bien réfléchir que, en tous pays, le
nombre des aveugles est considérable, ce qui est une
charge pour la société, et que 75 ^jo, c.-a-d. les trou
quarts des cécités, pourraient être évitées. En France,
il y a environ 39.000 aveugles.
C'est donc près de 30.000 individus qui seraient rendus
à la société, utiles au lieu de lui être à charge, si toutes
les maladies contagieuses oculaires venaient à être radi-
calement supprimées. Les causes dominantes de la cécité
sont l'atrophie des nerfs optiipies, contre laquelle jusqu'à
ce jour on est malheureusement impuissant, et l'ophtal-
mie purulente des nouveau-nés (cause principale de tant
de cécités de l'enfance) contre laquelle on peut tout; avec
une prophylaxie sévère, elle devrait disparaître, puisque
c'est toujours la contagion facile à éviter qui en est la
cause ; avec des soins appropriés, on pourrait presque tou-
jours la guérir.
Les pouvoirs publics devraient tenir la main à ce que
les théâtres, les casernes, les navires, les ateliers, hôpi-
taux, etc., soient largement éclairés et aérés; la lumière,
milieu naturel de l'œil, doit pénétrer -à profusion dans
toutes les habitations oii il y a agglomération d'individus.
Hygiène scolaire. C'est surtout chez l'enfant qu'il faut
surveiller l'état des yeux, les classes doivent être parfai-
tement éclairées, les livres imprimés avec des caractères
très nets ; on doit exiger des écoliers une tenue droite pour
éviter les déformations dues aux attitudes vicieuses, les
yeux fixés à 30 centim. du livre ou du cahier pour lire
ou écrire ; il faut examiner la réfraction des enfants et
corriger leur amétropie ; on sait (pie la myopie augmente
dans toutes les classes. L'éclairage artiiiciel devra être
aussi parfait que possible (lumière électrique, lampe b
pétrole ou lumière à incandescence).
Hygiène professionnelle. Certaines professions exigent
une hygiène rigoureuse: graveurs, imprimeurs, etc.; les
ouvriers des tabacs, des fabriques d'alcool, de plomb, mer-
cure, de sulfure de carbone, sont sujets à des troubles ocu-
laires variés, dus à une action indirecte sur l'o^l des pro-
duits qu'ils fabriquent. Les électriciens, les mineurs, les
fcmdeurs, tous ceux qui manient l'acier sont sujets aux
corps étrangers ; les professions à poussières et à gaz irri-
tants donnent heu à une action directe sur l'œil.
De L'AcuirÉ visuelle dans l'armée. — Quelles que soient
les maladies des yeux, lorsju'elles réduisent l'acuité vi-
suelle au-dessous de un quart des deux côtés ou de Tœil
droit, ou de un douzième de Lœil gauche, ou qu'elles occa-
sionnent une diminution de la moitié environ de l'angle
temporal du champ visuel, elles rendent impropres au
service militaire à moins que l'amblyopie, dépendant d'un
vice de réfraction, ne puisse être corrigée par des v<^rres.
On autorise pour les myopes le port de lunettes bicon-
caves de une à six dioptries. Pour la marine, le port des
lunettes n'est pas autorisé ; l'acuité visuelle minimum a
été fixée à un demi. Tous les employés de chemin de fer
doivent avoir un sens chromatique parfait pour pouvoir
distinguer les disques rouges des verts.
Thérapeutique oculaire. — Elle emploie surtout des
collyres antiseptiques à base de cocaïne pour calmer la
douleur, d'atropine ou désérine, de pilocarpino pour di-
later ou rétrécir la pupille, des pommades à l'oxyde jaune
ou rouge de mercure, à l'iodoforme, à l'oxyde de zinc, des.
lavages avec des antisepti(|ues variés, les solutions de ni-
trate d'argent qui font merveille contre l'ophtalmie pu-
rulente. Toute inflammation de l'œil doit être combattue dès
le début par des lavages et compresses tièdes à l'eau bori-
(juée ou à toute autre solution antiseptiipie n'irritant pas.
l'œil, on préviendra ainsi bien des affections graves.
Lorsque l'on est obligé de prati({uer l'énucléation de l'œil,
ce qui devient de plus en plus rare, il faut avoir grand
soin de conserver un bon moignon qui permettra à l'œil
artificiel de se mouvoir.
La prothèse oculaire se faisait déjà dans l'anticfuité,
mais c'est au commencement du siècle que les yeux eu
émail furent découverts ou vulgarisés par Hazard Mirault.
Les conditions nécessaires au port d'un œil artiliciei sont
une cavité saine, lisse ; il faut que le port en soit indolore ;
la cavité doit être lavée matin et soir.
En résumé, l'œil, organe si compliqué, est sujet à de nom-
breuses affections, souvent suite de négligence ; avec une
prophylaxie bien entendue, des soins immédiats, on éviterait
de nombreuses cécités qui sont d'ailleurs proportionnées
au degré de civihsation d'un peuple.
D*" L. Pinel-Maisonneuve.
Anthropologie. — L'œil fournit pour la distinction
des races des caractères de premier ordre, et aussi des
caractères sériaires. La membrane clignotante dont il n'y a
que des vestiges dans les races blanches est plus ap])arento
chez les nègres et se montre surtout chez les hyperboréens.
La conjonctive, toujours injectée chez les noirs, y est jau-
nàtrp. La sclérotiipie de même, alors (jue parmi les blancs
elle est d'im blanc oparfue. Le globe oculaire est peut-être
plus volumineux chez les noirs. Il parait très sensiblement
plus petit chez les peuples de race mongolique, et aussi à
ileur de tète. Ce ne sont([ue des appaiences, dues, la der-
nière à l'effacement des os du nez aplati, la seconde à la
configuration des paupières et de la fente palpèbrale. Les
peuples jaunes ont la paupirre supérieure lourde et bour-
soullée et un pli transversal en masque le bord ciiiaire.
La commissure externe est comme pincée et tirée en haut
et en dehoi's, et, à son niveau, les bords palpébraux
s'accolent. A l'angle interne, un repli cutané, continua-
tion du pH transversal de la paupière supérieure dont il
vient d'être question, descend verticalement un peu au-des-
sus du pi)int lacrymal, et j'ecouvre à moitié la caroncule
kicrvmale. Il forme comme une bride retenant la paupière
supérieure, lorMfue l'oeil est ouvert. Sa présence est un des
signes les plus constants et les plus surs de la pi'ésence du
sang mongolique. L'obliquité de l'feil en haut et en dehors
est un caract'h-e moins persistant. Cbez les Lapons (V. La-
ponie), on l'a vu, cette obliquité est en sens inverse de ce
qu'elle est chez la plupart des Mongoli(|ues. Les autres va-
riations qui ont une valeur ethnique sont celles que pré-
sente la couleur de l'iris. Celui-ci a, suivant les races, des
nuances fondaineu la les i\m [^amont se ramener à quatre :
le brun, le vert, le bleu, le gris. Chacune de ces nuances
ofl're difTérents degrés d'intensité, différents tons. Et h^
nombre de ceux-ci qui. au premier abord, parait être très
considérable, a été ramené également par Broca à quatre
essentiels. Ces quatre tons s'expriment par des chiflres. sui-
vant une échelle chromatique comprenant vingt numéros.
On peut aussi les exprimer verbalement en ajoutant au
nom de la nuance fondamentale, par exemple le bleu, l un
des cinq qualificatifs suivants : très foncé, foncé, i)iler-
mMiaire, clair et très clair. Généralement les observa-
teurs se contentent de classer tous les tons en clairs et
(EIL
2G8 —
en foncés. Trop souvent mèine, ils omcUeiit des indica-
tions relatives à la nuance dont la détermination exacte
exige de l'attention, et classent les yeux de toutes nuances
en foncés et en clairs.
« L'iris, dit Broca, est tellement mince, qu'il est tou-
jours plus ou moins transparent ; il ne remplirait donc pas
son rôle de diaphragme s'il n'était tapissé, sur sa face
postérieure, d'une couche de pigment qu'on appelle Vuvce,
sorte de vernis noir constamment et uniformément opaque.
Les rayons qui traversent entièrement l'iris sont ainsi
absorbés par l'uvée ; ceux qui se réfléchissent à sa surface
sont renvoyés sans être décomposés et sans donner lieu à
aucune couleur ; mais ceux qui, sans le traverser entière-
ment, pénètrent dans ses couches superficielles et se rétlé-
€hissent dans l'épaisseur de son tissu, sont décomposés en
même temps que réfléchis, et donnent à l'œil de l'observa-
teur la sensation d'une certaine nuance. C'est la nuance
fondamentale de l'iris, et comme elle dépend de la struc-
ture de cette membrane, elle constitue un caractère an-
thropologique aussi important que si elle était due à une
matière colorante spéciale. Le second caractère est fourni
par la détermination du ton de la nuance. La même nuance,
le bleu, par exemple, peut exister sur des yeux extrême-
ment clairs, et sur des yeux tellement foncés, qu'au pre-
mier abord ils paraissent noirs. Les causes qui produisent
ces variations de ton sont au nombre de deux : i^ le degré
de transparence de l'iris ; 2° la présence ou l'absence d'un
dépôt de pigment noir dans l'épaisseur de cette membrane.
Un iris très mince et d'un tissu peu serré laisse aperce-
voir par transparence la teinte noire de l'uvée, et la
nuance fondamentale se trouve ainsi rabattue comme elle
le serait si on la déposait avec un pinceau sur un papier
préalablement teinté à l'encre de Chine. D'un autre côté,
le pigment qui se dépose dans l'épaisseur de l'iris sous la
forme d'un pointillé microscopique, ou de taches plus ou
moins irrégulières, rabat la nuance comme le ferait un
coup d'estompé ou un barbouillage au crayon noir sur un
dessin colorié. Les iris très clairs sont ceux qui sont à la
fois très peu transparents et privés de pigment- propre. On
voit d'après cela que, s'il importe de déterminer la nuance
fondamentale, il n'importe pas moins de déterminer le ton
de cette nuance. »
Je serais bien disposé à croire pour mon compte que,
dans les variations de ton, le pigme-nt propre de l'iris joue
un rôle plus grand que l'épaisseur ou le plus ou moins de
transparence de cette membrane. Les faits même ne me
semblent pas réserver à ces deux dernières conditions une
influence bien appréciable. Chez les enfants de parents
dont l'un est brun et l'autre blond, par exemple, on observe
souvent, s'ils relèvent du type blond, une seule tache
brune dans les yeux clairs ou même dans un seul oeil.
La nuance fondamentale des yeux est un caractère plus
stable et qui se transmet plus sûrement que la couleur des
autres téguments, peau et cheveux. Mais il y a une rela-
tion entre l'une et l'autre, et toutes deux tendent à se
modifier dans le même sens.
Dans les mélanges, les nuances fondamentales et leurs
tons divers persistent ou s'altèrent suivant des lois qui
nous sont inconnues. Ainsi les yeux bleus, distinctifs des
blonds, se conservent dans les mélanges avec les bruns,
tout en devenant plus foncés, alors que tous les autres ca-
ractères des blonds ont disparu. D'autre part cependant,
€omme il n'y a pas d'yeux bleus chez les Mongoliques, dans
leurs mélanges avec les blonds, ce ne sont pas les yeux
bleus de ceux-ci qui l'emportent le plus souvent, semble-
t-il ; ce sont les yeux verts. Mais il faudrait connaître
d'avance les origines de tous les individus observés pour
faire de ces observations des règles invariables. Or nous
•nous aidons de la couleur des yeux pour démêler ces
origines, au lieu de la juger d'après elles. Nous ne for-
mulons donc aucune loi. Nous proposons des exemples
pour faire apprécier l'intérêt de la détermination de la
nuance et du ton des yeux. Zâborowski.
Zootechnie. — L'œil des animaux domestiques offre
la plus grande analogie, comme description anatomique,
avec celui de l'homme. Une lumière trop vive surexcite
l'organe de la vision, affaiblit la vue, provoque des affec-
tions spéciales et peut déterminer la cécité. L'œil doit
être grand, bien fendu, les membranes qui le composent:
cornée lucide, sclérotique ; les humeurs qu'il renferme :
humeur aqueuse, cristallin, corps vitré ou hyaloide, doi-
vent être limpides, et l'iris doué de mobilité. La vivacité
du reflet de l'œil, la hardiesse du regard sont un indice
d'énergie, et c'est à la qualité de l'organe que la tête doit
son élégance et son expression. Les yeux peuvent être pe-
tits ou trop gros, inégaux par suite de l'inégalité de vo-
*lume du globe oculaire; ils sont cerclés, s'ils laissent voir
un cercle blanc autour de la cornée, lequel n'est autre
qu'une portion de la sclérotique. 11 est quelques chevaux
chez lesquels l'iris au lieu d'être brun est brun ou blanc ;
on les appelle vairons. Sur la vitre de l'œil existent par-
fois un nuage, une taie ou un leucoma (cicatrice intéres-
sant la cornée transparente plus profondément que la
taie). La cataracte constitue l'opacité du cristallin; on
appelle glaucome une maladie de l'humeur vitiée qui de
cristalline est devenue verdâtre ; l'amaurose ou goutte se-
reine est une paralysie de l'œil ; la fluxion périodique est
une ophtalmie périodique qui apparaît, disparaît, revient
à des époques différentes pendant le jeune âge surtout, et
qui se termine par la perte des yeux. La fluxion constitue
un vice rédhibitoire avec un délai de garantie de ti'ente
jours. L. G ARMER.
Botanique. — C'est la cicatrice qui, dans les
fruits infères, marque le lieu de l'ouverture réceptacu-
laire. On donne aussi le nom d'œ'il aux bourgeons. Enfin,
il sert à former le nom vulgaire d'un grand nombre de
plantes : (Eil de bœuf. V Anthémis tinctoria L. — 0. de
BOURRIQUE. La graine du Mucuna prurita Hook. — 0. de
CHAT. La graine du Cœsalpinia Bonduc. — (Eil de
Christ. Nom vulgaire de V Aster amelliis L. — 0. du
diable. V Adonis a'stivalis L. — 0. de perdrix. Le Sca-
biosa colnmbaria L. et V Adonis œstivalis L. — 0. de
soleil. Le Matricaria Parihenium L. D'' L. Hn.
Dermatologie. — (Eil de perdrix. — Variété de
cor située entre les orteils, remarquable par une plus
grande mollesse et des bords en saillie. La partie centrale, au
lieu d'être proéminente comme dans les cors situés à la face
supérieure des orteils, externe du petit, est au contraire dé-
primée. Certaines de ces productions sont très douloureuses,
mais on en vient assez facilement à bout par l'application
de substances décapantes et ramollissantes (savon mou,
acide salicylique, etc.), les parties saines étant au préa-
lable isolées par des linges ou des fragments de coton.
Henri Fournier.
Minéralogie. — (Eil de chat. — Pierre taillée en
cabochon et possédant un éclat chatoyant. L'œil de chat
le plus estimé est une variété de chrysobéryl ou cymo-
phane. L'œil de chat ordinaire est du f[uartz dont le cha-
toiement est fréquemment dû à des fibres très fines d'as-
beste.
(Eil de poisson. — Nom donné à plusieurs variétés de
quartz laiteux ou transparent. Les lapidaires l'appliquent
plus spécialement à une variété d'orthose à reflets nacrés,
qu'ils appellent aussi pierre de lune, aî^gentine, et qui
vient de l'Orient, principalement de l'Arabie et de la
Perse.
(Eil de serpent. — Petite pierre de peu de valeur,
qui offre quelque ressemblance avec l'œil du serpent et
qu'on monte en bague.
(Eil de tigre. — La crocidolite (variété d'amphibole)
du Cap, ressemblant à de l'amiante, est souvent altérée
par suite de l'oxydation du fer et l'infiltration de silice ;
il en résulte une substance siliceuse compacte, d'éclat
chatoyant, montrant des couches de couleur jaune clair,
jaune foncé, et à laquelle l'on donne le nom à'œil
de tigre. On la taille en cabochon pour des bijoux et
269
ŒAL - (ELSNITZ
pour divers objets d'ornement. La trop grande quan-
tité de crocidolite jetée sur le marché a fait baisser beau-
coup la valeur commerciale de cette pierre.
Architecture. — On donne en architecture et en cons-
truction le nom à'œil à toute ouverture circulaire ou ovale
pratiquée le plus souvent à la partie supérieure des édifices,
attique, comble, dôme, fronton, voûte, etc., afin de laisser
pénétrer l'air et la lumière. Les anciens avaient ménagé
des ouvertures de ce genre au sommet des temples et des
salles de thermes : ainsi, l'architecte Xénoclès avait éclairé
par un œil dans le comble la grande salle des Mystères ou
grand temple à Lleusis, et c'est bien de ce même mot
œil qu'il convient de désigner l'ouverture circulaire mé-
nagée au sommet do la voûte du Panthéon ou grande salle
des Thermes d' Agrippa, à Rome, et qui a été tant de fois
imitée depuis dans des édifices ronds ou ovales de moindres
dimensions. — On appelle œil-de-bœuf les petites ou-
vertures, rondes ou ovales, percées dans une façade ou
dans un comble et souvent décorées extérieurement avec
grande richesse depuis la Renaissance. — Va>il de tail-
loir désigne la fleur ou le motif ornemental sculpté au
milieu de chacune des faces de l'abaque du chapiteau co-
rinthien. — Vœil de volute est le petit cercle placé au
centre de la volute (V. ce mot) du chapiteau ionique et
autour duquel s'enroulent les courbes formant cette vo-
lute : c'est à l'intérieur de cet œil que se trouvent placés
les différents centres servant à décrire, à l'aide du com-
pas, les parties de courbes qui, par leur raccordement,
donnent la volute. — En architecture hydraulique, on
appelle œils de pont les ouvertures rondes placées au-
dessus des piles, dans les reins des arches du pont et tra-
versant la construction de ce pont de part en part ; ces
ouvertures ont le double but de rendre l'ouvrage plus
léger et de faciHter l'écoulement des eaux lors des grandes
crues. — En général, on appelle encore œil, toute ouver-
ture, ronde ou ovale, ménagée dans le fer d'un outil pour
y adapter un manche, et tout trou percé dans le bois ou
dans le métal pour laisser passer un cordage ou pour
recevoir une cheville ou une vis servant à maintenir un
assemblage.
On donne plus particulièrement le nom à'oculush l'œil
ou petite baie ronde, ébrasée à l'intérieur et pratiquée
dans le pignon de la façade des anciennes basilic jues latines.
Le style roman et le style gothique conservèrent cette
tradition de l'oculus, mais en donnant souvent à l'oculus
une importance considérable et en le décorant de meneaux
enchâssant des verrières ; suivant VioUet-Le-Duc, les belles
roses (V. ce mot) des grandes cathédrales gothiques ne
seraient que le développement des oculus des basiliques
primitives. Charles Lucas.
Le nom à'œil de bœAïf fut appliqué à l'antichambre de
la chambre à coucher de Louis XIV au palais de Yersaifles
où les courtisans attendaient le lever du roi.
Météorologie. — 0E[l dk la ti]:.ipeïe (V. Tempèto).
BiBL. .-Anatomie, Physiologie, Pathologie. —Wkcker,
Traité d'opJitamologie, — Panas, Maladies des yeux. —
Fucus, Prévention de ta cécité.
ŒILLADE. Cépage fiançais, très répandu dans le Bas-
Languedoc, la Provence et le Roussilion : il porte dans
ces pays les noms d'UUiade, d'Ouillade; maturité de
deuxième époipie. L'OEillade noire donne d'excellent raisin
de table, un vin fin déhcat et de jolie couleur; mais en
raison de sa très grande sensibilité aux gelées et aux
diverses maladies cryptogamiques, il est de plus en plus
abandonné.
ŒILLET. L Botaxique. — Nom vulgaire des espèces
du genre Dianthus (V. ce mot). On appelle encore OEil-
let d'amour le Gypsophila saxifraga L., 0. de Caro-
line le Spigeliainaryhuulicah., 0. de Dieu l^Lgchnis
githajo L. et le L. dioica L., 0. des prés le Lgchnis
flos-cuculi L., 0. marin ou de Paris le Staticearme-
ria L.
IL Horticulture. — LesOEillett, se cultivent en pleine
terre ou en pots. Un sol moyennement consistant, perméable
et frais leur convient. On les multiplie par le bouturage
ou parle marcottage. Les boutures sont faites sous bâche,
dans une serre à multiplication ou sous cloches. Le mar-
cottage s'exécute en été lorsque les rameaux sont en partie
aoûtés. La région aoùtée est débarrassée de ses feuilles,
incisée dans sa longueur, inclinée dans le sol où elle est
fixée sous quelques centimètres de terre. La terre est main-
tenue fraîche. En quelques semaines les rameaux sont en-
racinés. On les sèvre et on les repique en pleine terre ou
en pots. G. Boyer.
ŒILLETON (Phys.). C'est une pièce ronde de cuivre ^
qui est percée d'un trou très petit et que l'on place, dans
les lunettes, en avant de l'oculaire, pour déterminer la
position à donner à l'œil. Il est disposé, à cet effet, de
telle façon que, l'œil en étant très près, la pupille coïn-
cide avec Vanneau oculaire (V. Anxeau, t. lïï, p. 39).
ŒILLETON NAGE (Hortic.) (V. Artichaut [Horticul-
ture]) .
ŒILLETTE. I. Botanique. — Nom vulgaire du
Papaver somniferum L., var. nigrum (V. Pavot),
IL Agriculture (V. Pavot).
OEI LIAO, personnage chinois qui vivait à la fin des
Tcheou et dont la vie est peu connue ; il était originaire
du pays de Oei ou du pays de Tslii. Il a laissé un ou-
vrage, le Oei liao tseu, qui est l'un des sept classiques mi-
litaires.
ŒIRAS. Ville du Portugal, au N. de l'estuaire du Tage ;
Fort Sào Juliào. Château des Pombal.
ŒLAND. Ile suédoise, dans la Baltique, laen de Calmar;
elle est séparée du continent par le détroit de Kalmar,
large de 4 à 25 kil. Elle a une longueur de 139 kil. et
sa largeur varie de 7 à '20 kil. Superficie : i.345 kil. q.
Population : 34.936 hab. (1893). La constitution géolo-
gique de cette île est très intéressante : le noyau est
formé d'une masse de calcaire rouge, VAllvar (sommet
42 m.) à peu près inculte, tout autour s'étend la plaine
alluviale du Landberg de 2 à 3 kil. de large; elle est
cultivée (céréales) ou en prairies, et on y élève une race
de poneys très estimés. Peu de bois. La seule ville est
Borghoïm oii l'on voit des ruines importantes sur k>
cote 0. — L'île d'OEland a été habitée de très bonne heure ;
on y a trouvé un grand nombre d'antiquités Scandinaves,
Au moyen âge elle était indépendante. En 4310, elle échoit
en partage aux ducs Erik et Valdemar, et passe alterna-
tivement des Suédois aux Danois, et des Danois aux Sué-
dois. De nombreuses et célèbres batailles navales ont été
livrées sur ses côtes entre Suédois et Danois (1563, 1564,.
1676), et entre Suédois et Russes (1789). Th. C.
BiBL. : Ahlqvist, Œlands historia, 1822-25. — Sylvan-
KER, Borgholms slott historia, 1877.
Œ.LETS (V. Eleuthes).
OËLLEVILLE. Coin, du dép. des Vosges, arr. et cant.
de Mirecourt; 459 hab.
ŒLS. Ville de Prusse, district de Breslau (Silésie), sur
l'OElsbach; 18.030 hab. (en 1895). Château de 1558.
Instruments agricoles, carrosserie, cloches, etc. — La
principauté d'OEls, qui comprenait 1.760 kil. q. (OEls^
Trebnitz, etc.), appartint aux ducs de Basse-Silésie, eut
de 1312 à 1492 ses ducs particuliers de la famille des
Piasts, passa aux ducs de Munsterberg (1495) et par
alliance à une branche cadette de Wurttemberg (1647), à
l'extinction de laquelle ('l7lJ2) l'héritière la transmit à un
cadet de Brunswick. En 1884, le fief fit retour à la Prusse,
les alleux à la Saxe.
BiiiL. : IL]:i:=iLER. fk'scli. des Fïirstentums Œls bis zum
Aiisstcrben der ^yiastlsclien Ilerzoyslinie ; Brcblau, 1883.
ŒLSCHLAEGER (Adam) (V. Olearius).
ŒLSNITZ. Ville de Saxe, cercle de Zwickau, sur l'Els-
ter blanche; 11.557 hab. (en 1895). Vieille église, bel
hôtel de ville. Tissus, peluche, meubles, corsets. Pêche-
ries de perles. Auprès sont les ruines du château de
Vorgtsberg (prison de femmes). Fondée par les Sorbes au
C£LSMTZ — GEXlBAÎ{Oi\]ÈTHK
— ^270 —
vi<^ siècle, la ville appartint aux avoués (k' Pianen, à la
Misnie, aux bi^rgiT.vo.^ (L- Xui'i'inÎHM-g, à la ^axi' (1418).
BiiJL. : Ja}in, Ci'onili dcr Stadt (Eisndz^ 1872-75, Z" éd.
ŒLSNITZ-im-Krzgebirge. Ville de Saxe, cercle de
Zwickau, sur l'OEisnitz; 14.574 liab. (en 4895). Mines
de houille C^.oOO ouvriers).
ŒN, roi de Suède (V. Aln).
(L\{kmHE[OEnantheh.). Genre d'Ombellifères, dont
les représentants se rencontrent piùncipalement dans les
mai-ais et les prés humides. Les tleurs sont disposées en
ombelles, stériles et souvent irrégulières et rayonnantes
sur la circonférence des ombellules, fertiles et régulières
iiu centre. Linvolucre est à foholes linéaires ou mds ; les
involucelles sont formées de bractées étroites ; le calice
est denté, et le fruit oblong, silloinié, marqué de côtes
égales séparées par des vallécules larges, présentant au
fond une seule bandelette. Les espèces les plus impor-
tantes sont VOE. fisfuIosaJj. ou Persil des Marais. VOE.
crorata L. on OEiunilhe safranée, etc., toutes toxiques ;
seul VOE. pimpineUifoIia L. fait exception. Lï>£. Phel-
laiidrium ou Phellandrie (V. ce mot) est devenue le
PheUandrium aquatirum L. — Les ffinanthes étaient
employées jadis dans l'épilepsie, les scrofules, l'asthme,
la leucorrhée, la dysenterie, etc. ; elles sont encore au-
jourd'hui d'un usage populaire contre la gale, les pana-
ris, les hémorroïdes, etc. ; mais leur emploi n'est pas
«ans danger dans ce dernier cas. La médecine pourrait
peut-être utiliser leur action révulsive, malgré leur
grande toxicité. Ln effet, d'après Bloc, la solution alcoo-
lique de résine produit sur la peau une action rubéhante
énergique et durable. — La résine extraite de la racine
d'OEnanthe en constitue le princi])e actif. C'est un poison
narcotico-àcre, qui provoque une iniUunmation gastro-
intestinale très vive, des troubles circulatoires, des con-
vulsions et le coma. Dans les cas d'empoisonnement, la
médecine légale trouve un signe utile dans Todeur de cé-
leri grillé que répandent les matières rejetées par le vo-
missement ou restées dans Lestomac. D^ L. Hn.
ŒNANTHIQUE (Acide). Liebig et Pelouze en 4836
isolèrent du vin un éther éthylique nouveau qu'ils regar-
dèrent comme le principe donnant au vin sa saveur carac-
téristique ; ils donnèrent à cet éther le nom d'éther
<Bnauthique, de olvo;, vin, et nommèrent l'acide corres-
pondant l'acide œnanthique. L'acide œnanthique aurait eu
pour formule C^'*H^'^0'\ Il a été démontré depuis que l'éther
œnanthique n'est pas autre chose (pi'un mélange d'éthers
éthyliques dérivant des acides caprylique et caprique ;
néanmoins, le nom précédent est resté aux composés de
la série en C ^ (Y. OEnanïhyliql-r [Série]).
ŒNANTHYLIQUE (Série), ijuand on distille l'huile de
ricin, on obtient, à coté d'un acide undécyli(}ue, C'^-W-O'',
un composé aldéhydique, l'œnanthol, C^4L^0-, qui sert de
point de départ pour la préparation d'une sîrie de déri-
vés en (>\ lesquels constituent la série œnanihylique.
OEiianlhol, C^'^H^'^O'. On le prépare en soumettant
l'huile de ricin à la distillation sxhe, de préférence dans
le vide ; on agite le produit obteiui avec une solution de
carbonate de potassium et l'on chauffe, l'œnanthol vient
nager à la surface sous forme d'une couche huileuse. On
purifie l'œnanthol en passant par sa combinaison bisulfi-
tique cristallisable. Lluiile de ricin convenablement traitée
donne 4-2 ^;^ d'œnantliol.
L'œnanthol provient de la décomposition de l'acide
ricinoléique contenu dans l'huile :
Acide Œiiaiitliol Acide
ricinoléique uu(lecyli({Tie
C'est un liquide fortement réfringent, d'odeur aroma-
tique très forte, très peu soluble dans l'eau. 11 bout à 454"
et possède à 47^ une densité égale à 0,827.
Par oxydation, r(ï'nanthol donne l'acide normal hexyl-
carbonique ou a^nanthvlique :
c^nii'Ho-j 4- 0^ = c^^^Hi^(o^).
L'a'iiaîittjol est susceptible de se ])oiymériser dans des
co!idi!iuns ca!ivciiai)les eu U!i produit solide fondant à
52-5.)", soluble dans l'alcool et agissant comme réducteur
sur la solution d'argent.
Le chlorure de zinc produit une condensation avec éli-
mination d'eau et production d'un aldéhyde non saturé.
Cette réaction est semblable à celle qui engendre l'al-
déhyde crotonique à partir de l'aldéhyde ordinaire :
2C^-*ÏF^02 = 11-202 + C2SH-2602.
Son oxime fond à 50"^.
Acide amanlhijlùjue, C^'^IP''(0'^). Cet acide a été pré-
paré synthétiquement à partir de l'alcool hexylique et du
niti'ile correspondant. C'est le même produit que cçlui
obtenu par oxydation de l'œnanthol ou par oxydation
directe de l'huile de ricin.
Huile incolore, d'odeur faible à froid, plus intense à
chaud, qui se décompose à l'ébullition vers 4 48".
Les o^nanthylates sont, en général, bien cristallisés et
facilement solubles. Les éthers méthyli(tue et éthylique
sont des liquides à odeur agréable.
Alcool œnanllijjliijue on heptjjlique, C^HV^({ViV).
Produit de réduction de l'aldéhyde; il bout à 476*^ et
possède à 0^ la densité 0,836.
A cette même série appartiennent encore : 4^ l'heptane
normal, C^HP^*, bouillant à 98'^ et pesant 0,683 à 21»", qui
est contenu dans le pétrole de Pennsylvanie et dans les
produits de distillation du cannel-coal et du bodgcad ;
2" l'heptylène, C^4I^^, qui bout à 99" et possède une den-
sité de 0,703 : on l'appelle aussi œnanthylène; 3" l'hep-
tylidène ou octylidène, C^''1P-, produit de l'action de la
potasse alcoolique sur le chlorure dérivé de l'œnanthol :
Il bout vers 407" (V. Œ:nanthique [Acide]). C. M.
ŒNÉE (O'.vcu;), roi légendaire de IHeuron et Calydon,
en Etolie, tils de Portheus, frère d'Agrios et Mêlas, époux
d'Althea, dont il eut ïydée et Méléagre. Cette famille
joue un grand rôle dans l'épopée homérique : les poètes
tragiques l'augmentent de nombreux frères et enfants
d'OEnée, notamment de Déjanire qui serait sa iille. Dé-
trôné par les tils d'Agrios, il fut restauré par son petit-
fds Diomède (fds de Tydée) ou, d'après une autre version,
emmené par lui en Argolide. L'auteur de V Iliade ignore
ces détails ; il fait d'OEnée le contemporain et l'hôte de
Bellérophon et dit que sa négligence à sacritier à Artémise
irrita la déesse, (pii envoya à Calydon le faineux sanglier
chassé par Méléagre.
ŒNÎADES (OîvtaBai). Ville de la Grèce antique, en
Acarnanie, à l'O. de FAchélous, près de l'embouchure, sur
une colline entourée de lagunes et de marais. Elle fut la
place forte et le port de l' Acarnanie ; prise en 455 par
les Messéniens de Xaupacte, qui ne purent s'y maintenir,
et vainement assiégée par Périclès (454), elle demeura
ralliée de Lacédémone jusqu'en 424 où Démoslhène la
réduisit. Les Etoliens la conquirent au temps d'Alexandre;
Philippe de Macédoine la prit en 249 et renforça ses dé-
fenses ; mais dès 214 les Romains s'en emparèi'ent, la res-
tituant aux Etoliens, puis en 489 aux Acarnanes. Ses ruhies
se voient à Trikardo, près de Kardochi ; l'enceinte, en
appareil polygonal, est bien conservée, avec ses portes.
ŒN IN 61 EN (CéoL). Nom donné à la mollasse d'eau
douce supérieure, (pii constitue un équivalent lacustre de
l'étage tortonien (V. Xkogène, t. XXIV, p. 936).
OEN 0AN6, célèbre monanjue chinois; père de Oou
oang, fondateur de la dynastie des Tcheou (V. ce nom).
ŒNOBAROMÈTRE. Le dosage d'un vin en extrait sec
par sa dessiccation, soit à 400", soit dans le vide, est une
opération très délicate et fort longue. En 4866, Lalouet a
imaginé un instrument spécial, Vœnoharoinèlre, (jui a été
perfectionné depuis par E. Houdart, et qui permet d'effec-
rii —
OEXOBAHOMÈTRE — OEXOÏHÈRE
tuer ce dosage assez facileineiit. C'est un aréomHre dont
la graduation en cinquicmes de degré marque de i à i6
<3t correspond pour [^ à 0,987 de densité, pour 16*^ à
d,00^2, nom!)res qui représentent eux-mêmes l'extrême
limite des densités du vin. On remplît de vin une éprou-
vette, on y plonge l'œnobaromètre, on lit sur la gradua-
tion la densité, on prend la température et on effectue à
l'aide d'une table la correction nécessaire pour rame-
ner l'observation à -+- 15° C. On détermine la richesse
alcoolique du vin, soit au moyen de la distillation
dans ralambic(V. CEnomètue), soit au moyen de Véhul-
lioseope (V. ce mot), et, dans une seconde table à double
entrée (densité du vin et richesse en al(;ool), on trouve la
richesse en extrait sec. On l'obtiendrait aussi par le cal-
cul en appliquant la formule
7;— 2,062(D— D'),
dans laquelle p est le poids d'extrait sec par litre de vin,
D la densité du vin à -h 1 5" C. , fournie par l'œnobaromètre
<^tla correction de température, D' la densité du mélange
d'eau pure et d'alcool pur ayant à + io^ C. la même ri-
chesse alcoolique que le vin, 2,05^2 une constante déter-
minée par le calcul. L. S.
ŒNOGHOÉ (V. Vase).
ŒNOÉ. Petite ville de la Grèce antique, à FO. d'Argos,
sur la route de Mantinée. Temple d'Artemis. Tombeau sup-
posé d'Œnée. Défaite des Lacédémoniens par les Ar-
giens.
ŒNOLINE. On donne le nom d'œnoîine à la matière
colorante du vin rouge. Elle est constituée par une poudre
violette très peu soluble dans l'eau pure, insoluble dans
l'éther, mais très soluble dans l'alcool. Le sous-acétate de
plomb la précipite. Sa composition conduirait à une for-
mule voisine de C-^^H^'^O^^. C. M.
ŒNOLIS (V. Vin médicinal).
ŒNOMÂNGIE (V. DiviNATioN, t. XIV, p. 72^2).
ŒNOMAUS, légendaire roi de Pise en Elide, fils d'Ares
et d'Harpinna (lille d'Asopus), mari de Sterope, père
d'Iiippodamie. Un oracle lui prédisant qu'il mourraitlorsque
sa tille se marierait, il déliait les prétendants à une course
de chars courue depuis Pise jusqu'à l'autel de Poséidon, sur
l'isthme deCorinthe. Il laissait le prétendant prendre les
devants et, après avoir sacrifié à Zeus, se mettait à sa pour-
suite avec son quadrige guidé pai Myrtilus et le perçait
de sa lance quand il Patteignait. Il en avait vaincu trei/e,
lors'iue Pélops, fils de Tantale, le vainquit à l'aide de
chevaux dormes par Poséidon, et après avoir corrompu
Myrtilus. OEnomous se suicida, et Pélops, épousant llip-
podamie, lui succéda. On raconte aussi que Myrtilus, n'ayant
pas reçu de Pélops la récompense promise et ayant été tué
par lui, lança contre sa descendance une malédiction qui
lui fut fatale.
ŒNOIVIÈTRE. Si le vin n'était qu'un mélange d'eau et
d'alcool, l'alcoomètre centésimal {V. Alcoomètre) suffirait
pour le dosage rigoureux de sa richesse en alcool. Mais il
renferme un grand nombre d'autres substances, qui mo-
difient sa densité, et Ton se trouve obligé, soit d'isoler
tout d'abord l'alcool, par une distillation dans un alambic,
et, lui ayant rendu par une addition d'eau le volume primitif
du vin, de mesurer ensuite le degré de ce mélange d'eau et
d'alcool, soit d'avoir recours à des instruments qui n'exi-
gent pas qu'on tienne compte des divers principes consti-
tuants du vin. Ces derniers sont de deux sortes : les ébul-
Uoscopes (V. ce mot), qui ont déjà été décrits, et les
œnouiètres ou pèse-vins. Le plus ancien œnomètre est celai
duD'Tabarié (1833). C'est un aréomètre, dont les degrés,
très étendus, sont divisés chacun en dix partie-;. On com-
mence par déterminer la densité du vin à essayer, à 4- i5° C.
par exemple, on fait bouillir un volume connu de ce vin,
jus(]u'à réduction de son volume à moitié, afin d'en chasser
tout l'alcool, on laisse refroidir, on ajoute de l'eau jusqu'à
reproduction du volume primitif, on prend de nouveau la
densité à -[- ïd'', et on a, appelant D' la richesse alcoo-
lique cherchée, D la densité du vin, A la densité du mé-
lange privé d'alcool, d h densité de l'eau à -f- 15° (0,9992) :
A — f^ — D — D', d'où D' := (^ — (A — D).
Valcoomètre-œnomêfre de Berquier et Limousin (4868)
et le comple-gouttes-œnoïnètre de Duclaux (1874), qui
n'est qu'un perfectionnement du premier, sont basés sur
un autre principe : la variation de volume des gouttes
d'un hquide spiritueux, à l'extrémité d'un tube capillaire,
suivant la richesse en alcool de ce liquide et indépendam-
ment des substances qui peuvent s'y trouver en dissolution.
Le compte-gouttes-anomètre de Duclaux a la forme d'une
pipette, du volume de 5 centim. c. ; son orifice est réglé
de telle façon que 5 centim. c. d'eau distillée à -f- 15" y
donnent exactement 100 gouttes. Pour doser le vin, on le
filtre, afin de le débarrasser de toute matière en suspen-
sion, on remplit la pipette par aspiration, on la place au-
dessus d'un vase et l'on compte le nombre de gouttes qui
en tombent. Une table, due à l'inventeur, fait connaître
ensuite, pour les diverses températures, la relation entre
le titre alcoolique du vin et le nombre de gouttes qu'il
fournit. L. S.
ŒNONE (O'.yojvrj). Nymphe, fille du fleuve Cobren, pre-
mière épouse de Paris. Elle lisait dans l'avenir et l'avertit
lors de son voyage en Grèce. Elle refusa de le soigner
quand il eut été blessé par Philoctètc et se suicida après
sa mort.
ŒNOPIDES DE Chios, célèbre mathématicien grec du
V® siècle av. J.-C. qui est regardé comme pythagoricien.
11 fut, dit-on, instruit par les prêtres égyptiens de l'obU-
quité de l'écliptique, fixa à 365 jours et un peu moins de
neuf heures la durée de l'année solaire. Proclus lui attri-
bue la 12® et la 23® proposition du premier livre d'Eu-
clide.
ŒNOTHÈRE {OEnothera L., Onagra T.). Genre
d'Onagrariacées, dont on connaît environ une centaine
i^ranche llorif.ire dVlùiotlièro.
d,esp-'ces, herbes ou plantes suffrutescentes de l'Amérique
et de la Tasmanio, à feuilles alternes, à fleurs occupant
Faisselle des feuilles ou des bractées d'un épi terminal.
Les fleurs sont tétramères, avec un réceptacle logeant
l'ovaire infère et prolongé en tube au-dessus pour don-
ner insertion aux sépales valvaires, aux pétales tordues
et aux 8 étamines bisériées. L'ovaire est à 4 loges, su-
()h:\OTllÈRE — ŒRSTED
^7^
perposées aux pétales et miiltiovulées. Le fruit est une
capsule loculicide, à graines exalbuminces. VOE. biennis
L., de son nom wû^aire Onagre, Jambon des jardiniers,
Herbe aux ânes, etc., offre une belle corolle jaune ; ori-
ginaire de r Amérique du Nord, il s'est naturalisé dans
toute l'Europe. En Allemagne, on en mange les jeunes
racines et les pousses, comme celles dos mâches, des rai-
ponces, etc. On le préconise comme détersif, vulnéraire
et astringent ; il sert à nourrir les porcs, à fabriquer de
l'encre, à préparer les peaux. — VOE. affinis Camb. est
réputé apéritif et vulnéraire ; c'est VErva minuana des
pharmacopées brésiliennes ; les OE. acaulis Cav. et OE.
moUissùna L., du Chili, jouissent des mêmes propriétés
et, de plus, on mange leurs feuilles. — Enfin, les OE. gran-
diflora Ait., CE, Muricata L., OE. parviftora L. et OE.
suaueoîens Desf., espèces de l'Amérique du Nord, pré-
sentent les propriétés de l'onagre, et sont cultivés dans
nos jardins pour la beauté de leurs fleurs. D^' L. Hn.
CÉNOTRIDES (Iles). Ilots rocheux de la côte d'Italie,
en face de la VeHa et de Tembouchure de l'Haïes (auj.
Alento).
ŒNOTRIE (O'.vtorp'a). Nom donné d'abord par les
Grecs à la presqu'île d'Otrante. Elle était habitée par les
OEnotriens, dont les principales tribus étaient les Ckones,
les Morgètes, les Italiens. Ce dernier nom fut appliqué à
l'ensemble des OEnotriens, puis de tous les habitants de
la péninsule. Les (Enotriens étaient parents des Epirotes
et ont été regardés comme des Pélasges. Ils furent asservis
par les colons grecs (V. Iiâlie, t. XX, p. 1061) et plus
tard par les Lucaniens. Us avaient disparu à l'époque ro-
maine.
OEN TCHANG, dieu chinois de la littérature, d'ori-
gine taoïste, adoré spécialement à Tseu thong (prov. du
vSeu tchhoHu) ; son culte est célébré officiellement à Pe-
king et dans toutes les préfectures et sous-préfectures de
l'empire. Ce personnage est l'esprit des étoiles ■/., X, u. de
l'Hydre, qui forment la constellation Tchang ; il s'est in-
carné sous le nom de Tchang à diverses reprises, auxxii^,
ix«, vii^' siècles av. J.-C, et aussi aux iii*^ et iv*^ siècles de
notre ère ; ses (hfférentes existences furent marquées de
prodiges étonnants ; divers empereurs des dynasties Thang
et Song lui ont décerné des titres honorifiques très élevés.
Le culte de ce dieu est associé à ceux de Koan Yu, dieu
de la guerre, et de Liu Tong pin. M. Courant.
OEN TCHEOU. Préfecture chinoise, prov. du Tche
kiang, ouverte au commerce par la convention de Tchi
fou (1876) ; les bui'caux de la douane y furent installés
en i877. La ville est située au fond de l'estuaiie du Ta
khi; rebâtie en 1385, elle a jadis servi de retraite pen-
dant quelque temps au dernier empereur de la dynastie
des Song. H n'y a pas de concession étrangère, et les
étrangers sont fort peu noud)reux. Les environs produisent
de l'opium; exportation de bois, bambou, thé.
BiiiL. : Jlctnrns of trade und trade reports for China,
publics à Cliaii,u'-Haï })ai'lo-5 Douanes cliinoises.
ŒNUSES (Iles). Archipel de la côte S. de Messénie
(V. ce mot). Les principales des cinq îles s'appellent au-
jourd'hui Sapienza et Schiza. — Le môme nom est appli-
qué aux petites lies situées entre Chios et la côte d'Asie.
ŒOLINE (V. Harmonium).
ŒRLIKON. Localité à 5 kil. de Zurich (Suisse) et qui
en est une sorte de faubourg industriel. Nombreuses fa-
briques, spécialement de machines utilisant l'électricité
comme moteur.
ŒRSTEO (Hans-Christian), physicien danois, né à
Rudkjobing (île de Langeland) le 14 août 1777, mort à
Copenhague le 9 mars 1851. Eils d'un pharmacien, il
suivit, à partir de 179 i, les cours de l'Lniversité de
Copenhague, prit en 1800 le grade de docteur en philoso-
phie et commença, la même année, à enseigner la chimie.
De 1801 à 1803, il fit, avec l'aide d'une bourse, de longs
voyages en Hollande et en Allemagne, puis séjourna un an
à Paris, et, en 1806, fut nommé professeur de physique à
FUniversité de Copenhague. En 18l!2, il se rendit de nou-
veau en Allemagne et y écrivit son Ansicht der chemis-
chen Naturgesetxe (Berlin, 1812 ; trad. franc, par Marcel
de Serres; Paris, 1813), livre plein d'idées neuves, qui a
beaucoup contribué aux progrès de la science. Sept ans
plus tard paraissaient ses Expérimenta circa ejficaciani
conflictus electrici in acum magneticani (Copenhague,
1820), où se trouve consignée sa mémorable découverte
de V électro-magnétisme (V. ce mot et ELECTRicriÉ, t. XV,
p. 756). En 1822, il entreprit une nouvelle série de
voyages à Berlin, à Munich, à Paris, à Londres, accueilli
partout avec enthousiasme parle monde savant. En 1828,
il fut fait conseiller d'Etat et, en 1829, il fut appelé à la
direction de l'Ecole polytechnique de Copenhague, après
avoir pris la part la plus active à sa création. Il était,
depuis 1808, membre de la Société royale des sciences
de Danemark, dont il devint, en 1815, le secrétaire per-
pétuel; en 1842, il fut élu associé étranger de l'Académie
des sciences de Paris, qui lui avait décerné antérieure-
ment une grande médaille d'or; il avait lui-même fondé
en 1824 la Société danoise pour la propagation des
sciences naturelles. On doit à (Ersted, outre la découverte
qui a illustré son nom, un nombre considérable d'autres
travaux, également très importants, sur la physique et
sur la chimie. Citons notamment ses belles recherches sur
la compressibilité de l'eau, qui datent de 1822 (V. Com-
PRESsiBiuTÉ, t. XÏI, p. 227). La liste de ses ouvrages,
dont quelques-uns traitent de sujets philosophiques, est
aussi fort longue. Nous avons déjà donné les titres de
deux d'entre eux ; signalons encore, parmi les plus im-
portants : Naturldrens mechaniske Deel (Copenhague,
1844; 3«éd., 1859; trad. allem., Bruns^^ick, 1851) ;
Aanden i Naturen (Copenhague, 1849-50, 2 vol. ; trad.
allem., 6^ éd., Leipzig, 1874); Die Naturwissenschaft
inihrem Verhallnis zuDichtkunst und Religion (Leip-
zig, 1850); Die Naturwissenschaftund die Geistesbil-
dung (Leipzig, 1850); Neue Beilrdge zur dem « Geist
in der Natiir » (Leipzig, 1851); Charaktere iindReden
(Leipzig, 1851). Ses mémoires et articles scientifiques,
au nombre de plusieurs centaines, ont paru surtout dans
le Journal de Schvveigger, dans celui de Gehlen, dans
les Annalen de Poggendorff, dans les Annales de chi-
mie et de physique, et aussi dans la Tidskrift for Natiw-
videnskaberne, dont il était l'un des principaux rédac-
teurs. On lui doit enfin plusieurs petits poèmes. Une
édition complète de ses œuvres a été publiée en 1850-51
(Copenhague, 9 vol.). Une statue en bronze lui a été éle-
vée à Copenhague en 1876.
Son tils, Anders-Sandôe (1816-73), piofesseur de
botanique à l'Université de Copenhague, a exploré de
1845 à 1848 l'Amérique centrale et a publie : r Amé-
rique centrale, sa flore, etc., en franc. (Copenhague,
1863, inachevé) ; Chênes de F Amérique tropicale, en
franc. (Copenhague, 1868), etc. L. S.
BiDL. : Haucii et Forciiiiammer, Vie d'Œrsted (eu da-
nois) ; trad all(3ii». par Schold; Spaiidau, 1853.
ŒRSTED (Anders-Sandoe), jurisconsulte et homme
d'Etat danois, frère du précédent, né à Rudkjobing le 21 déc.
1778, mort le 1^^ mai 1860. Après d'excellentes études
littéraires, il suivit, à Copenhague, les cours de droit et
de philosophie, fut nommé en 1801 assesseur du tribunal
de la ville, passa en 1810 à la haute cour et devint en
1825 procureur général. Commissaire royal aux états pro-
vinciaux des îles du Jutland à partir de 1831, ministre
d'Etat en 1842, il dut démissionner en 1848 à raison de
ses opinions antilil)érales ; mais il revint au pouvoir
comme chef du cabinet qui remplaça, le 21 avr. 1853,
celui de Bliihme, et prit d'abord le portefeuille de l'inté-
rieur, puis celui de la justice. Engagé avec les Chambres,
au .sujet des affaires du Schleswig-Holstein, dans une lutte
à outrance, qui aboutit à la dissolution, il se retira, le
12 déc. 1854, après des élections tout à fait défavorables,
et fut mis en accusation, ainsi que tous ses collègues, mais
273
OEKSTED — OESOPHAGE
acquitté (28 févr. 4856). Il vécut ensuite dans la retraite.
Très versé dans les législations des pays du Nord, il con-
tribua pour une grande part aux progrès de la science du
droit dans son pays et rédigea les exposés des motifs de
presque toutes les lois nouvelles promulguées de 4825 à
48i8. Il a laissé de nombreux ouvrages en danois : Eu-
nomia (Copenhague, 4815-22, 4 vol.; trad. allem., 4848-
26, 3 vol.); Manuel de jurisprudence danoise et nor-
/'r^/é^mi^ (Copenhague, 4822-35, 5 vol.); Histoire de ma
vie et de mon ^^^^i^^s (Copenhague, 4854-57, 4 vol.), etc.
Il a aussi publié une foule d'articles, sur des matières de
droit et d'économie politique, dans les Juridisk Archiu
(4804-44), dans les Nye juridisk Archiv (4842-20),
dans la Collégial Tidende (4845-48), dans la Juridisk
Tidskrift (4820-30), etc. L. S.
ŒRTEL ou ORTELL (Abraham), en latin Ortelius,
géographe flamand, né à Anvers le 28 juin 4598. D'une
famille très riche, originaire d'Augsbourg, il entreprit, ses
études terminées, une longue série de voyages à travers
toute l'Europe, en rapporta une riche collection d'antiques,
de bronzes et de médailles, puis se consacra tout entier à
la géographie etpubUaen 4570, à Anvers, un célèbre Atlas
(Theatrum orbis terrarum), qui fut vraisemblablement le
premier ouvrage de ce genre et qui eut le plus grand suc-
cès. Il a eu de nombreuses réimpressions et a été traduit
en italien, en espagnol, en français. Philippe II nomma l'au-
teur son géographe, et ses contemporains l'appelèrent le
Ptolémée du xvi^ siècle. On a encore d'0Ertel:5/ynf;n/y-
mia geographica (Anvers, 4578), rééditée sous le titre :
Thésaurus geographicus (Anvers, 4596), dictionnaire des
noms géographiques anciens et modernes; Itinerarium
per nonnullas GaUi,v belgicœ partes (Anvers, 4584);
Theatri orbis terrarum Par erg on (Amers, 4595), atlas
de géographie ancienne, sacrée et profane; Am-ei sœciili
imago (Anvers, 1598), etc. L. S.
BiBL. : De MAOKoo.iYo^ice sur les travaux géo<jVciphiqiics
iVOrtelhiS^ dans les Annales des vo\ja<jcs de Malte-Brun.
II, 184-192.
OERTEL (Eriedrich-AVilhclm-l^hilipp), écrivain alle-
mand, plus conim sous le pseudonyme de W.-O. von
Uor)i, né à Horu le 45 août 4798, mort à Wiesbaden le
44 oct. 4867. Pasteur à Mannbach, puis à Sobernheim,
Oertel exerça une influence considérable sur son temps
comme écrivain i>opu!aire. Il rédigea, à partir de 4846,
un almanach, Die Spinnstube, qui eut un immense
succès ; il publia, soit dans ce recueil, soit dans une revue
memiwWe, Die Maje (4858), soit, sous forme de volumes
détachés, un nombre immense de contes et de récits ; enfin '
il composa une collection d'écrits populaires, intitulée
Jugend und Volksschriftcn (4853 et suiv.), qui ne
compte pas moins de 75 vol. Par la diffusion prodigieuse
de son œuvre, ([ui a eu des millions de lecteurs, Oertel
mérile une place dans Thistoire de la culture allemande.
BiisL : U^-0. von Horu. eut \'^alirer Frciiiid des Vollies;
Wiesb<'i(l<MK 1S08. — Bru.m.mer, AU<j. denhche Blfxjr..
t. XXIY. pp. 135 et suiv.
0ERT2EN (Gcorg von), poète allemand, né en 4824,
auteur de nombreux recueils de poésies ou d'apborismes.
Principales œuvres : Gedictile (485^) ; nei}ngebraclites
(4866) ; Aus dm Kdm/ifen des Lebens (4868) ; In Son-
nenschcin uud Wind (1868); Aile lUlder und neue
lUdller (4869) ; Cnler dem lieicJispanier (4874) ;
Selbstgesprdche (1874) ; Liebeslieder aus jungen Tagen
(4875) ; Stimmeu des Lebens (4876) ; Deutsche Trdume,
deutsche Siège (4877) ; Epigramme und Epiloge in
Prosa (4880) ; Lieder und Leule (4883) ; Eines Lg-
rikers Chronik (4888) ; Sommerfahrt eines Junggeblie-
benen (4890) ; Lieder im Wiederhall (4894) ; Kapitel
aus einem beweglen Leben [;l8or)-64\ (4895) ; Auf
Schwar:Avahlwegen (4896).
ŒSCHINEN. Petit lac des Alpes Bernoises, situé à
4.592 m. (l'ait., dans une situation magnifique. Il est en-
cadré dans des montagnes escarpées dont les pentes à pic
sillonnées de cascades plongent directement dans le lac.
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
ŒSEL. Groupe d'iles de la mer Baltique, à l'entrée
du golfe de lliga, d'une superficie totale d'environ 2.700
kil. q. dont 2.500 kil. environ reviennent à File princi-
pale, OEsel, qui donne son nom à Farchipel. Capricieuse-
ment découpée par des baies profondes, l'Ile principale est
entourée en outre d'une ceinture de bancs et de rochers
qui en défendent l'accès de toutes parts. Au N. seule-
ment quelques passages sont praticables aux navires. Sol
plat, sauf dans le centre où une série de collines forment
le partage des eaux entre le N. et le S. Carrières renom-
mées. — Au point de vue administratif, les iles forment
un district (ouiezd) du gouvernement de Livonie (Lifland) ;
ch.-l. Arensbourg, au N.-O. de l'île principale; 52.000
hab. environ, s'occupant d'agriculture et de l'extraction
de pierres. P. Lem.
ŒSER (Adam-Friedrich), artiste allemand, né àPoszony
(Presbourg) le 47 févr. 4747, moit à Leipzig le 48 mars
4799. D'origine saxonne, il se forma à Vienne, puis à
Dresde (4739-56), où il fut élève de Dietrich et de Mengs
et se lia avec Winckelmann. Il y décora le théâtre de la
cour et peignit de nombreux plafonds. En 4764, il devint
directeur de FAcadémie d'art de Leipzig où quelques-uns de
ses tableaux suî)sisteut à FégHse Nikolaï ; il y sculpta le
monument de l'éle(;teur lu'édéric-Auguste. (^omme gra-
veur, il a laissé 45 planches originales ou d'après Rem-
brandt. Son enseignement, favorable au retour à l'antique,
eut de l'action, notamment sur Gœthe. — Son flls, Johann-
Iriedrich-Ludwig (4754-92), a peint de jolies aqua-
relles et gravé d'après Rembrandt, Rubens, Rosa, etc.
BiBL. : DÔRR, A. -F. Œser; Leipzig, 1870.
ŒSER (Rudolf-Ludvvig), écrivain allemand connu sous
le pseudonyme à'Otto Glaubrechl, né à Giessen le 34 oct.
4807, mort àLindlieim, dansle Wetterau, le 43 oct. 4859.
Curé de Lindheim depuis 4835, il a retracé la vie popu-
laire de la liesse dans une série de nouvelles d'inspiration
piéliste.
ŒSLER (V. EsELLEi;).
ŒSOPHAGE. I. Anatomie. — L'œsophage est un con-
duit musculo-membraneux qui s'étend du pbarynx à l'esto-
mac. Dans la partie supérieure de son trajet, il est situé
dans le cou ; il descend derrière la trachée-artère, en
avant de la colonne vertébrale, pénètre dans la poitrine
par son orifice supérieur, passe dans le médiastin pos-
térieur et glisse derrière la bifurcation de la trachée,
derrière la crosse de l'aorte, derrière le cœur, et pénètre
dans l'abdomen en traversant le dia])bragme (orifice œso-
phagien) ; là il se continue avec l'estomac. Il se com-
pose de deux tunicpies, l'une externe, musculaire, com-
posée d'une couche superficielle de flbres longitudinales
et d'une couche profonde de fibres circulaires lisses. La
tunique interne est une meml)rane muqueuse, composée
d'un chorion vil [eux et d'un épitbéhum pavimenteux
stratifié chez l'adulte, cilié chez l'embryon, comme il reste
toute la vie chez les Batraciens, renfermant des glandes
acineuses mucipares. Les artères de ce conduit viennent
des artères environnantes (thyroïdiennes inférieures au
cou, bronchi([ues et intercostales dans le thorax). Ses
veines se jettent dans les tliyroidiennes, les azygos, et ses
lymphati(jues dans les ganglions du médiastin. Ses nerfs
viennent des ])neumo-gastri(jues (|ui rampent à sa surface
en descendant le long de la poitrine.
L'œ^sophage est un canal de transmission (pii porte le
bol alimentaire du pbarynx dans l'estomac. Il est à peine
différencié du reste de l'intestin chez les poissons, nette-
ment distinct de l'estomac chez les reptiles, les oiseaux
et les mammifères. Chez les oiseaux, il présente une di-
latation à sa partie inférieure connue sous le nom de ja-
bot. Une dilatation analogue existe chez les cétacés. Il
constitue avec le pharynx et la bouche la portion sus-
diaphragmatique du canal intestinal et dérive de l'endo-
derme. Ch. Dewekui:.
II. Pathologie. — ïkaumâtis.mes. — L'œsophage peut
être atteint par un corps vulnérant de dehors en dedans
48
OESOPHAGE — OESTERLEN
— 274 —
ou de dedans en dehors. Dans le premier cas (piqûres,
coupures, plaies par armes à feu), la lésion aggravée par
le fait des lésions concomitantes des organes du cou est
d'un diagnostic d'autant plus difficile que la plaie du cou
est plus petite. Les plaies de dedans en dehors sont les
perforations, les déchirures produites par les corps étran-
gers irréguliers ou par l'introduction d'une sonde. La dou-
leur qui n'indique pas toujours le siège de la lésion, l'an-
goisse, les accès de suffocation, l'issue par la plaie des
liquides ou môme des soHdes ingérés, les spasmes, l'ex-
pulsion de glaires sanglantes font lediagnostic.il est indi-
qué dans tous les cas de rétahlir la continuité du canal par
la suture aidée d'une sonde à demeure ; le siège intra-tiio-
racique de la plaie paraît mettre cette lésion au-dessus des
ressources de l'art. L'œsophage peut être encore, sous l'in-
lluence d'efforts, le siège de ruptures que l'alcoolisme favo-
ribe, de hrûlures par des liquides houillants ou corrosifs. Des
corps étrangers de toute espèce peuvent s'arrêter dans l'œso-
phage. Les uns y sont tolérés plus ou moins longtemps
(pièces de monnaie) et peuvent tardivement produire d'em-
blée des accidents mortels (ulcérations de l'aorte) ; d'autres,
surtout ceux munis d'aspérités, provoquent des accidents
initiaux analogues à ceux des plaies et, après une période de
calme, des accidents consécutifs d'œsophagite, de périœso-
phagite, d'abcès, de phlegmons, etc., d'ulcération des or-
ganes et des vaisseaux voisins. L'indication consiste à ne
jamais quitter un malade eivant de l'avoir débarrassé de
son corps étranger. On peut faire l'extraction par les
voies naturelles à l'aide du panier de Graefe, de la pince
œsophagienne, du balai d'anses de fil fixées à une sonde ;
l'éponge fixée à la tige de Graefe, lasonde œsophagienne,
le vulgaire poireau serviront à précipiter le corps étran-
ger dans l'estomac. Enfin, si, par suite de la configuration
du corps étranger, ces manœuvres sont imprudentes ou
infructueuses, on en viendra rapidement à l'œsophagoto-
mie externe (V. OEsophagotomie), précédée quelquefois
de la trachéotomie imposée parles accidents de suffocation.
Lésions org-aniques. — La conséquence des inflamma-
tions consécutives aux traumatismes, surtout à l'ingestion
des substances corrosives, est souvent la production d'un
rétrécissement qui peut encore naître sous l'influence d'un
ulcère, d'un néoplasme ou de la syphilis. Ces rétrécisse-
ments fibreux cicatriciels ou néoplasiques s'accompagnent
souvent d'un spasme du conduit {œsophagisme) (V. ce
mot), qui, par les sensations décevantes cpi'il fait naiire,
peut tromper le chirurgien sur l'existence, le siège, la
nature du rétrécissement.' Caractérisé par la douleur fixe
ou irradiée entre les deux épaules, par la dysphagie pro-
gressive, les pliénomènes de régurgitation, la déchéance
organique, le rétrécissement se démontre par le cathété-
risme. Les adénopathies sus-claviculaires, les vomituri-
tions sanglantes, la déchéance rapide de l'état général,
feront admettre le cancer.
Le traitement consiste dans la dilatation du rétrécisse-
ment par le Ceithéter à olives de plus en plus grosses. Ce
moyen est lent, mais donne de bons résultats. L'œ^sopha-
gotomie interne aveugle, malgré quehjues succès, n'est
pas passée dans la pratique; l'électrolyse a guéri quelques
malades; l'œsophagotomie externe, qui ne peut toujours
se faire au-dessous du rétrécissement et qui, en (ous cas,
crée une bouche cervicale défectueuse, doit céder ie ])ns
à la gastrostomie qui permet de nourrir commodément le
malade et a souvent permis par le cathétérisme direct ou
rétrograde de recalibrer l'œsophage. En axs de cancer, la
gastrostomie met au repos l'organe malade et, mieux que
la sonde à demeure ou le tubage, met à l'abri des com-
plications pulmonaires mortelles. D'' S. Morer.
l^iBL. : Poulet et Bousquet, Traite de path. externe. —
TiLLAux, Amitom. topog.
ŒSOPHAGISME. C'est le spasme de l'œsophage qui,
s'il prend une certaine diim, prend le nom de rétrécis-
sement spasmodique. On ro])serve choz les hystériques,
les hypocondriaques, les nerveux, dans certaines affections
utérines, dans les traumatismes, le cancer et dans les cas
de corps étranger. Souvent brus(jue et inlermittent, il
peut durer un certain temps, empêcher l'alimentation et
par suite altérer gravement l'état général. Une fois la
cause combattue, le traitement consiste dans l'emploi des
antispasmodiques et surtout dans le cathétérisme quotidien
et progressif qui ne tarde pas à calmer le spasme, surtout
si l'on a soin d'enduire l'oUve de pommade belladonce ou
mieux coca'inée.
ŒSOPHAGITE. C'est l'inflammation de l'œsophage.
Primitive, elle est la conséquence de tous les traumatismes ;
secondaire, elle succède aux maladies infectieuses (diphté-
rie, variole, fièvre typhoïde). La muqueuse est rouge,
ramollie, érodée, ulcérée ; les parois peuvent être perfo-
rées en totaUté. L'œsophagite, qui peut donner Heu à un
abcès, s'accompagne souvent de périœsophagite eavec phleg-
mon du cou pouvant fuser dans le thorax" Le Iraitement
antiphlogistique, les a])plicalions aniiseptiques, le repos
de l'organe, l'ouveilure large des abcès, sont le traite-
ment de cette affection.
ŒSOPHAGOTOIVIIE. C'est l'incision longitudinale de
l'œsophage. Elle se fait de dedans en dehors : œsophago-
tomie interne peu employée, ou de dehors en dedans :
œ^sophagotomie externe. Elle se fait dans les cas de corps
étrangers contre lesquels tout a échoué et dans les cas
d"(3 rétrécissements fibreux ou néoplasiques infranchis-
sables. Nous avons vu que dans ces cas et surtout dans
les cas de cancer la gastrostomie lui est préférée. La tech-
nique de l'a^sophagotomie externe consiste à faire une in-
cision verticale dont le milieu correspond ordinairement
à un travers de doigt au-dessous du cartilage cricoide et
qui suit une ligne un peuen avant du sterno-masloidien.
On pénètre entre ce muscle et les muscles thyroïdiens et
en écartant dans la profondeur le canal laryngo-trachéal
et les vaisseaux carotidiens. On met à nu l'œ^sophage que
l'on incise sur le corps étranger ou sur une olive intro-
duite jusqu'à l'obstacle ; on débride aux ciseaux sur la
sonde cannelée. Le corps étranger est extrait ou préci-
pité dans l'estomac. On ne suture pas d'ordinaire. On
nourrit le malade par le rectum pendant deux ou trois
jours, ou on met une sonde à demeure, ordinairement in-
toléréc et (pi'il est préférable de remplacer par un cathé-
térisme journalier avec une sonde molle. D'\S. Morer.
ŒSTËR6ŒTLAND. Province de la Suède méridionale,
formant le lam de Linkœ^ping ; iO.977 kil. q. ; W6.6{ 9 hab.
(en 1890), soit 24 hab. par kiî. q. ; bornée à l'O. par le
lac Wetter, h. V\i. par la mer, au N. par le la?n d'OErebro,
au S. par celui de Jonkœ^ping. La Baltique s'y enfonce par
les profondes baies de Brâviken et Slaetbaken, qui enve-
loppent la fertile presqu'île deWikbokland. Le fleuve local
est le Motala, déversoir du lac Wetter; le principal lac,
celui de Sommen. Les bois couvrent 64 7o delà superficie,
les prés 7 ^o, les champs 24 %. On a récolté, en 1894,
153.000 hectol. de blé, 473.000 de seigle, 276.500 d'orge,
1.314.500 d'avoine, 621.000 de pommes déterre, etfon
possédait environ 21.000 chevaux, 176.000 bœ^ufs,
74.000 moutons, 36\000 porcs. Mines de fer de Skœllvik ;
mines de cuivre d'Atvidaberg. Etablissements métallur-
giques de la Motala. — Le ch.-I. est Linkœping.
ŒSTERLEN (Ei'iedrich), médecin allemand, né à Murr-
hardt(Wiirttemberg) le 22 mars 1812, mort à Stuttgart
le 19 mars 1877. Il fut priva t-docent h Tubingue, puis
en 1845 devint professeur de clinique médicale ii Dorpat.
Il se retira en 1848. Il s'est occupé avec succès de phy-
siologie, de pharmacologie, d'hygiène et de statistique mé-
dicale. Ses ouvrages les plus importants sont: Handhucfi
der Heilmittellehre (Tubingue, 1845; 7« éd., 1861);
Medicinische Lor/z/c (Tubingue, 1852) ; Handb. der Hy-
giène (Tubingue,'l851 ; 3*^ éd., 1876); Handb. der med.
Slatistik(TiihinguG, 1864; i81i);Die Seuchen,ihre Ur~
sachen, Geselze und Bekdmpfung (Tubingue, 1873). Il a
créé en 18 Î5 Jahrb. fur prakt. Heilkunde e\.. en 1860,
Zeitsclirifi fur Hygiène, mediciii . Sfalisdk. 1)^^ L. Hx.
GESTE RLE Y (Karl), peintre alleninrid, iic à Gœltiiigue
le 20 juin 1805, mort à Hanovre le 28 mars 189i. Elève
de Mattha^is, il vécut à Rome de 1824 à -1829 et publia avec
Otfried Millier les Benkmœler der huiist. Ses principales
œuvres sont : Die Tochier Jephthas ('1830) ; Chrislus nncl
Ahasvérus (i844') ; Dornrœschen(i8Qi), etc..
Son fils Karl, né à Gœttingue le 23 janv. 1839, élève
de Deger à Dusseldorf, débuta par la peinture religieuse,
puis s'adonna au paysage, retraçant avec talent l'aspect et
la lumière des pays Scandinaves : Mitternachlsslimmung^
bel den Lofoten ; Norwegische Gelnrgschluchl ; llafi-
sund; Nordische Soimnernacht ; Nordischer Urwald;
Fischer m einem noriuegischen Fjord, etc.
ŒSTERSUND. Yiile de Suède, cli,-l. du ben de Jcmt-
land, sur le Storsjœ, en face de Frœsœ ; o.333 liab. (en
1890). Scieries, fabriques de machines.
ŒSTRE (OEstrus t.=z CephalomyiaUii.). I. Ento-
mologie, -~ Genre d'Insectes Diptères, établi par Liiuic
et qui a donné son nom à la famille des Ol^^strides. Celle
famille est très naturelle, à raison du caractère ])iologique
de ces Diptères de vivre, à Fétat larvaire, en parasites do
l'homme et des grands mammifères. Les larves occupent
trois stations principales chez leurs hôtes : 1" les Ciili-
r(;/es vivant sous la peau [Cuterebra, Dernialobia, llypo-
derma); 2° les Ca vicol es ImhitmU les narines et les sinus
frontaux {Cephenemyia, Cephaloinijia) ; 3*^ les Gaslri-
cales vivant greffés à la paroi interne do rcslomac des
Equidés (Gastrophihis) . Les OEstres produisent les tu-
meurs où vivent leurs larves et ne déposent qu'un seul
œuf en un point donné. Les larves sont fusiformes, sans
tète distincte, privées d'yeux. Le corps est courbé et ne
possède que deux paires de stigmates dont Einférieure est
logée dans une dépression.
II. Art vétérinaire. — Les OEstres comprennent di-
verses espèces de Diptères appartenant au genre Gastrophi-
lus. L'OEstre du cheval est une grosse mouche jaunùîi'e et
longue de 12 à 14 miiïim. ; aux heures les plus chaudes du
jour, la femelle voltige autour des chevaux, se précipite sur
eux, dépose son œmf et s'envole aussit'-t. C'est sur les
membres antérieurs et au poitrail qu'elle pond de préfé-
rence. Les œ-ufs sont légèrement jaunâtres ; ils adhèrent
aux poils ; au bout do trois semaines les œufs éclosent,
une larve en sort qui rampe sous les poils et chatouille
l'animal; celui-ci se lèche, avale les larves qui se rendent
à l'estomac. A son complet développement la larve est
brune, formée d'une série de 10 'à 11 aimeaux, munie
d'épines à ses extrémités et longue de 18 à^O millim. Son
évolution dure un an environ. Arrivée à maturité, elle
quitte l'estomac, traverse l'intestin, se loge dans la terre
ou le crottin et, au bout de vingt-quatre heures, se trans-
forme en nymphe. Elle reste à l'état de nymphe pendant
trente-cinq ou quarante jours, puis devient un insecte par-
fait.
Le Gastrophile hémorroidal est nue mouche a\stre dont
la larve se développe aussi dans l'estomac, et qui, dans
la dernière semaine de sa croissance, se fixe dans le lectum
et au pourtour de l'anus. On distingue eiuore : le Gaslro-
philus pecorum, observé à Paris sur des chevaux ho]]-
grois; le Gaslrophilus nasalis, qui se déveloj>pe sur le
pylore et le duodéiunn; le Gaslrophilus jJavipes, connnun
ciiez l'âne, en Espagne, en Asie et en Afrique. Les bovidés
etlesovidés ont aussi leur OEstre. L'OEstre du mouton pond
sur les narines, pénètre dans les cavités nasales et dans
les sinns frontaux. La présence des larves cause au mou-
ton des douleurs excessives et le met dans une fureur telle
(ju'il se jette la tète conlre les murs et se l'y briserait si
on ne le surveillait pas. Les larves gastriques du cheval
occasionnent rarement des maladies ; trop nombreuses (on
en a rencontré jusqu'à six cents dans l'estomac et le py-
lore), elles peuvent déterminer l'inflannnation et la perfo-
ration du ventricule et amener consécpiemment la mort.
Les larves des sinus du mouton sont plus dajigereuses, en
raison de leur siège. On dèbairasse b^lioval (lifùilemej)!
— 275 — (ESTERLEY — OETTINGEN
de ses larves accrocliées à l'estomac, et c'est en vain que
souvent à cet effet les purgatifs drastiques ont été em-
ployés, (iuant aux larves des cavités nasales et des sinus,
on parvieiit à en dél)arrasser les moutons au jnoyen de fumi-
gations de goudron et d'huile empyreumatique. L. Garnier.
III. Paiéontologie. — Des Diptères appartenant à
cette famille ont été trouvés dans l'ambre tertiaire et à
Elorissant, et la larve décrite sous le nom de Dipleriles
obovatus (lîeer), provenant du miocène d'OEningen, paraît
se rapporter à cette famille. E. Trt.
Bi]îL. : Entomologijî. — IhiAUJîR, Moiiographie der
Œslnden; Yicuno, 1803.
ŒSTRYMNIDES (Iles). Nom donné par les anciens à
un archipel de l'Atlantique ; le récit d'.Vvienus paraît
confondre les lies Scilly et les Açores.
ŒTÂ (Mont). Montagne de Grèce (V. ce mot), aujour-
d'hui nommée Katavothra (2.158 m.). C'est la barrière
qui sépare la Grèce centrale de la Thessalie, s'abaissant
le lopig du golfe Maliaque, au défilé des Theimopyles. La
mythologie plaçait au sommet le bûcher à'ik'raklès (V. ce
mot). Les pentes septentrionales de EOEta formaient le
petit pays d'Ociaia, ayant pour centre la cité d'OEta.
ŒTINGER (Eriedrich-(uhristoph), théosopho Avurttem-
bergeois, né à Goppingen le 6mail702, mort càMurrhard
le 10 févr. 1782. Il devait étudier le droit, mais le mys-
tère éternel l'attirait puissamment. Il se tourna vers la
théologie, mais s'occupa beaucoup aussi de sciences natu-
relles, d'alchimie, de médecine. 11 voyagea pour entrer en
contact personnel avec les esprits originaux dont il enten-
dait parler. En 1738, il fut nommé pasteur à Hirsau, passa
successivement par quatre autres paroisses et vécut comme
surintendant ecclésiastique à Murrhard à partir de 1765.
Vers 1778, son esprit commença à s'affaiblir. Son activité
pastorale a laissé une profonde empreinte dans l'àme de
ses paroissiens et de beaucoup de ses contemporains ; sa
cojîcepiion intime, mystique à la fois, et pratique de la
piété demeure encore l'un des caractères marquants de la
l'ehgiosité souabe. Ce n'est guère (fue vers le milieu de ce
siècle que ses écrits ont été réédités, surtout par K.-Er.-
Chr. Ehmann (Stuttgart, 1858 et suiv., 10 vol.) et par
J. llamberger (œ^uvres spéciales). Le plus populaire est son
Dictionnaire biblique (Stuttgart, 1843, et très souvent
depuis lors); le plus caractcrihti(|ue, la T/i^o/o//m ex idea
uilœ deducla (Stuttgart, 1765; trad. allemande parHam-
berger, en 1852). L'étude de son Aulobiographie (éd.
par ilamberger, Stuttgart, 1815) est indispensable pour
(jui veut comprendre ses spéculations. Celles-ci procèdent de
J. Bœhme, mais OEtinger a la prétention de ne dévelop-
per que le contenu de la Bible. 11 ramène tout à la péné-
tration et cà la transfiguration de la matière (ou nature) par
l'esprit. La corporéité (Le iblichkeit) est i^onr lui le terme
des voies deDieu. F.-H. K.
ŒTITE (V. Fer oxydé).
ŒTOBATIS (Paléont.) (V. MYLioBAimî:).
ŒTTIN6EN. Ville de Bavière, prov.de Souabe, sur la
Wœrnitz ; 3.100 hab. (en 1895). Château princier. —
Capitale de la principauté d'OFJtingen, médiatisée en
1806, qui embrassait 990 kil. et a été partagée entre la
Bavière et le Wurtlemberg.
La famille d'OEttingen, qui prétend descendre des ducs
de Souabe, occupait de date immémoriale le Ries et por-
tait depuis le xii^ siècle le titre comtal. Elle se divisa en
lignes de Spielberg (princes d'empire en 1734) et de
Wallerstein (princes d'empire en 1774). Le seul person-
nage marquant fut Liidwig, prince d'OEttingen-Waller-
stein, né le 31 janv. 1791, mortàLucerne le 22 juin 1870,
fils du princo KraUf-Ernst et d'une fille du duc de Wurt-
lemberg. Sa principauté fut médiatisée sur son refus d'en-
trer au service français ; il dirigea le soulèvement national
en Souabe en 1813, contribua à la rédaction des constitu-
tions de AVurttemberg ei de Bavière, perdit ses dignités
(transmises à son frère Friedrich) par son mariage avec
la tille d'un de ses enqiîoyés (1823), fut ministre de l'in-
OETTINGEN — ŒUF
rib —
tcrieur (1831-37), envoyé extraordinaire à Paris (1846),
forma en nov. '1847 le cabinet Lola Montez, renversé
dès le l'2 mars 4848, devint le leader de l'opposition à la
(^.hambre (4849) et finit, totalement ruiné, par se retirer
en Suisse.
0ETTIN6ER (Eduard-Maria), écrivain allemand, né à
Breslau le 49 mars 4808, mort à Blasewitz, près Dresde, le
26 juin 4872. Journaliste à Vienne, Municb, Berlin, Mann-
heim, Leipzig où il fit paraître le Charivari (4842-52) et
Narrenalmanach (4843-49), à Paris et Bruxelles, de
4852 à 4860. Il a écrit: des nouvelles liumoristicpies {Biich
derLiebe ;Ber\m, 4832; 5^ éd., 4850; ^eues Bnch der
Liebe ;Dr(isÔQ, 4852); des œuvres historiques (G^sc/i. des
dœnischen Hofs von Christian 11 bis Friedrich Vil;
Hanovre, 4857-59, 8 vol.) et bibliographiques (Bibl. des
Schachspiels; Leipzig, 4844; Iconographia Mariana,
4852 ; Bibliographie biographique, 4850, 2*^ éd. 4854;
Moniteur des dates; Dresde, 4806-68, 6 vol., continué
jusqu'en 4878 par Schramm).
ŒTYLUS (Géog. anc). Ville de Laconie, auj. Vitijto,
sur le golfe deMessénie. Citée dès Homère (//., Il, 585), elle
fut l'une des cités éleuthéro-laconiennes. On y voit des
ruines anti(|ues, de belles colonnes ioniques, etc.
ŒTZTHAL. Vallée alpestre du Tirol, longue de 86 kil.,
inclinée du S. au N.; parcourue par l'Ache d'OEtzthal, altl.
dr. de l'inn. Elle compte 5.200 hab. La vallée inférieure
est fertile ; dans la vallée supérieure ahernent les circpies
et les défilés encaissés de hauts ro(4iers, d'oii se précipi-
tent les cascades. A Zwichelstein (ait. 4.456 m.), le val
se bifuixpie, une branche monte vers Vent (4.892 in.),
l'autre vers Gurgl (4.940 m.), les deux locahtés habitées
les plus hautes du Tirol. La route de la vallée s'arrête à
Solden, en aval de Zwieselstein.
L'Œtzthal donne son nom au massif alpestre (schistes,
gneiss, hornblende) d'où il descend et vers lequel il forme
voie d'accès. Ce massif, situé au centre des Alpes du Tirol,
est compris entre la vallée del'lnn au X. (depuis le col de
Einstermmiz jusqu'à Innsbruck), le col du Brenner à l'F].,
le val de l'Eisack au S.-E., le val supérieur de l'Adige et
le col de Reschen. Il embrasse ainsi 5.258 kil. q. dont
750 kil. q. couverts par les glaciers. Les vallées de l'OEtz
et du Passeier (atll. de l'Adige) l'entaillent et le divisent en
trois parties : massif de l'OF^tzthal proprement dit à l'O.,
Alpes de Stubai au X.-E., Alpes de Sarntlial au S.-E. Le
massif de l'OEtztlial, séparé des deux autres par la vallée
de rCEtzthal et la vallée du Passeiei' (fue divise seulement
la crête du Timbler Joch '(col à 2.480 m.), se développe en
fer à cheval autour du val de Vent ; 45 pics dépassent
3.500 m. ;lesprincipauxsont, en commençant par le S. -0.:
la Wildsphze (3.774 m.), point culminant; la Weisskngel
(3.746 m.); la Hintere Schwœrze (3.633 m.); le Similaun
(3.607 m.). Le point de vue le plus accessible e-t laKi'euzs-
pitze (3.455 m.). Les principales excursions sont le pas-
sage du Timbler Joch et celui du glacier dellodijoch, enirc
le val de Vent et le val de Schnalser qui descend vers l'Adige.
— Les Alpes de Stubai, longées au N. par l'Inn, à LE.
par la Sill et l'Eisack, sont dominées par le Zuckerhutl
(3.544 m.) ; le Vo^l de Stubai en descend vers la Sill
(affl. de rinn venu du Brenner). — Les Alpes de Sarn-
tlial, dominées par le Hirzer (2.785 m.), enveloppent le
val de Sarnthal, parcouru par la Talfer, affl. de l'Eisack
à Botzen.
HiiiL. : Carto spéciale d'i club al[)in aiislro-allciiiand au
50.000'= <ni six i'euiiles. — Guides de Mkver, Deutsche Al-
pca. t. I, et de Hess.
ŒUF. I. Anatomie. — L'œufou ovule est une cellule
spécialisée, sexuelle (cellule femelle), ayant, chez les mam-
mifères, de 450 {JL à 200 (x de diamètre. Contenue dans la
vésicule de Graaf (ovisac), elle dérive des bourgeons de l'épi-
thélium gerininatif de Féminence sexuelle. Elle est cons-
litiiée par: une membrane d'enveloppe, la membrane vitel-
line ; un corps de protoplasme, le vitellns : un noyau, la
vésicule germinative ou vésicule de Pnrkinje ; un nu-
cléole, la ta(4ie de Wagner. La membrane vitelline (zone
pellucide, chorion de l'oeuf) est une membrane hyaline,
transparente, élastique, formée d'une substance protéique
molle qui laisse passer les spermatozonles. Chez certains
animaux (poissons osseux), elle est épaisse et percée d'un
trou (micropyle) destiné à laisser pénétrer les spermato-
zoïdes. Elle dérive des cellules de la membrane granu-
leuse (disque proligère) de l'ovisac. Le vitellus se com-
pose de deux parties : le protoplasme (vitellus formateur)
destiné à constituer l'embryon, et le deutoplasme ou lé-
cithe (vitellus nutritif), constitué par des granulations
protéiques et graisseuses employées à la nutrition de l'em-
bryon. Le vitellus renferme d'ordinaire un corps nucléi-
forme temporaire, le corps vitellin de Balbiani ou vésicule
embryogène, sur la nature duquel on n'est pas tout à fait
fixé.
La disposition, du vitellus a permis de diviser les oeufs en
quatre groupes ; 4^ les œufs alécithes (holoblastiques)
ne renfermant qu'une petite quantité de vitellus nutritif
distribué uniformément dans le vitellus formateur (éponges,
méduses, échinodermes, amphioxus), œufs à segmentation
totale et égale ; 2*^ les œufs panlécithes, dans lescjnels
le vitellus nutritif est distribué dans toutes les parties de
l'œuf, tout en étant moins condensé à l'un des pôles (ba-
traciens), o^ufs holobhisti(pies, à segmentation totale, mais
inégale ; 3*^ les œufs tclolécithes, dans lesquels les deux
sortes de vitellus nutritif et formatif occupent respecti-
vement les deux pôles de l'œuf (mollns(pies, vers, verté-
brés), œufs méroblastiques, à segmentation partielle :
4° les œufs cenlrolcciflies, dans lescpiels le vitellus nu-
tritif est disposé au centre, entouré complètement par le
vitellus formateur (arthropodes).
Tel est l'œnif ovarien. Lorsqu'il est mûr, l'ovisac se
crève et l'abandonne (ponte ovarique). Cette rupture a
MemlrânexiteMe,^
Châîâzes
ùcâlriciik
YifeUiisjaune \ tfdçlliis UaRC
Àlbaniine
..Cojiidlecêlcâirô
Meiîiki'ôiie ■
Chambre iûw
Coupe schématique d'un œuf de i)Oulea\ant 1 incubation,
pour corollaire, chez la femme, la menstruation. 1/œuf
tombe s'engage dans l'oviducte. S'il n'est pas fécondé, il
se désorganise et disparait. S'il est pénétré par un sper-
matozoïde, il passe à l'état d'œuf féc(mdé ([ui, dans son
développement, reproduira un être semblable à celui d'où
il dérive, (.liez les oiseaux, l'amf ovarien ne correspond
qu'au jaune. Be^u dans l'oviducte de la jioule, cet œuf
s'y entoure de couches successives d'albumine (albumen,
blanc de l'œuf avec les chalazes), de la membi'ane co(juil-
lière ((jui circonscrit au gros bout de Wvwï la chambre à
air) et de la co([uille composée d'une substance organi([ue
sulfurée (kératine), imprégnée de sels calcaires et parfois
de pigments (co([uille colorée ou ta(4ietée). Dans l'œuf
d'oiseau, le vitellus formateur, vitellus blanc, embrasse
le vitellus jaune ou nutritif. En un point de sa surface,
le vitellus formateur forme un épaississement lenticulaire
(cicatricule, dis(}ue proligère) qui s'enfonce dans le vitel-
lus nutritif sous la forme d'un battant de cloche (latebra).
C'est dans la cicatricule qu'on trouve la vésicule germi-
native. Une fois ainsi constitué, l'œuf des oiseaux est ex-
pulsé au dehors (ponte définitive (ju'il ne faut pas con-
fondre avec la p(mte ovarique ou ovulation). L'ovisac
-277
ŒUF
rompu au moment de la ponte ovarique se cicatrise en
formant à la surface de l'ovaire une tache appelée corps
jaune.
L'ovule, mis en liberté par la rupture d'un ovisac, est
mûr (maturation de l'œuf). U a perdu sa limpidité; son
noyau (vésicule germinative) gagne la périphérie, et ses
filaments nucléaires prennent la forme d'un fuseau (am-
phiaster), selon le procédé de la karyokynèse. L'un des
pôles de l'amphiaster soulève le protoplasme de l'ovule
sous forme d'une sorte de mamelon qui s'étrangle à sa
hase et se détache tout à fait du vitellus : c'est le pre-
mier globule polaire, renfermant le pôle ou aster supé-
rieur du fuseau. Le fuseau se reforme en un nouvel am-
pliiaster qui donne lieu à l'émission d'an nouveau globule
polaire comme avait fait le précédent fuseau. A la suite
de l'expulsion des deux globules polaires, le reste de la
vési('ule germinative se condense en un petit noyau splié-
rique appelé pronucléus femelle qui gagne le centre du
vitellus. A ce moment, l'œuf est devenu une cellule
sexuelle. Mais celle-ci est incomplète désormais ; elle ne
peut se développer davantage si elle ne reçoit un appoint
équivalent à la portion de noyau qu'elle a perdue. Cet
appoint peut être fourni à la cellule femelle par le sper-
matozoïde ou cellule mâle. Ce dernier a lui-même subi
l'élimination d'une partie de son noyau (corps probléma-
tique), de telle sorte que les deux éléments sexuels ont
tendance à se réunir pour se compléter mutuellement,
phénomène qui constitue la fécondation (V. Fécondation,
Segmentation et Embryologie). Ch. Debierre.
II. Physiologie. — (Elf de Naboth (V. Utérus).
III. Botanique (V. Ovule).
IV. Économie rurale. — Le producteur doit avant tout
faire clioixd'uneexcelleiite racede poules, et, autant que pos-
sible, préférer des types appartenant à une race indigène qu'il
peut améliorer par une sélection rigoureuse et continue, et
en évitant avec le plus grand soin les mélanges de races,
cause importante de dégénérescence. Le choix de la nour-
riture doit aussi attirer son attention : l'élevage réelle-
ment économique exige la disposition d'un libre parcours
(cours, herbages, bois, etc.), la nourriture est complétée
avec des graines et des criblures que l'on distribue à un
endroit fixe et à des heures bien régulières. Il est bon
d'avoir, dans toute exploitation, des poules de plusieurs
couvées afin de prolonger la durée de la ponte ; celle-ci
commence, pour les races précoces, vers l'âge de six mois,
elle diminue sensiblement dès la quatrième année, et il
est recommandable de réformer les sujets âgés de cinq
années ; la ponte varie dans de grandes limites avec la
race, Tâge, le régime, les conditions extérieures ; une
moyenne de 400 œufs est rarement dé])assée ; avril, mai
et juin sont les mois de plus grande fécondité. La levée
des œufs doit se faire chaque jour, à la même heure, et
aussitôt après la ponte. De nombreuses méthodes (bain
de chaux, de gélatine, conservation dans la sciure de bois,
la tannée, la chaux éteinte, le sable, etc.) ont été pro-
posées pour la conservation des œufs pendant l'hiver,
époque où les prix se relèvent considérablement, mais
elles ne sauraient être recommandées à l'agriculteur :
celui-ci aura toujours intérêt à se débarrasser de sa pro-
duction sans aucune perte de temps et à laisser au com-
merçant le soin d'en assurer la conservation (V. Conserve,
t. XII, p. 544).
V. Commerce. — Le commercedes œufs présente, par-
ticulièrement en France, en Angleterre, en Belgique et
dans la région méditerranéenne, une importance considé-
rable. Paris consomme annuellement pour 40 à 50 mil-
lions de fr. d'œufs (15 à 20 millions de kilogr.) expédiés
par des intermédiaires et vendus aux Halles centrales pour
une proportion de près de 95 V^, et provenant surtout
de la Normandie, de la Picardie et de la Brie (œufs extra,
iO 7o)» ^^ la Touraine, de la Beauce et de l'Orne (gros
ordinaires, 10 ^/J, de la Vienne, de la Bourgogne, de la
Champagne, du Nivernais et du Bourbonnais (ordinaires,
30 ";,,), de la Bretagne, de la Vendée et de l'Auvergne
(ordinaires faibles, 15 '\ ,,), du Midi (gros et petits, 25 °/„),
et enfin de Tétranger (Autriche-Hongrie, Italie, Belgique,
Russie et Allemagne) (qualités moyennes et inférieures,
1070)- ^'os importations restent ^actuellement station-
naires aux environs de 10 millions de kilogr., représentant
une valeur moyenne de 8 à 1 0 millions de fr. Nos expor-
tations ont diminué, entre i884 et J894, de près de
7 millions de kilogr.; elles se relèvent depuis quelques
années et atteignent, en 1896, 22.364.300 kilogr., cor-
respondant à une valeur totale de 23.482.515 fr. (Stat.
des douanes) ; l'Angleterre est notre principal débouché,
elle a absorbé, en 4896, 21.467.800 kilogr. d'onifs
provenant surtout de la Normandie. Nos exportations
pourraient être facilement et avantageusement accrues,
étant donnée la faveur dont jouissent, à l'étranger, les œufs
de provenance française. J. ïroude.
VI. Pharmacie. —Les applications de l'œuf de poule
en pharmacie peuvent être résumées sous les trois titres sui-
vants : 1^ préparation de médicaments où il joue un rôle
tlierapeiitique, comme adoucissant, analepti(fùe. ou recons-
tituant ; 2" rôle chimique (antidote du bichlorure de
mercure); 3^ rôle physique {nàjmâni dans certaines pré-
parations.
1° OEuf considéré comme subsUnwe médicamen-
teuse. Au premier plan doit être placée \liui le de jaunes
d'œufs (V. Huiles animales, t. XX, p. 375).
\jeau albiimi)ieuse est employée pour combattre cer-
tains accidents inflammatoires de l'intestin. Le Codex la
prépare ainsi : blancs d'œufs n'^ 4 ; eau distillée, \ .000 gr. ;
eau distillée de fleurs d'oranger, 40 gr. On délaie' les
blancs d'œufs dans une petite quantité d'eau, en les bat-
tant à l'aide d'un fouet d'osier, on ajoute le reste du
liquide et on passe à travers une élamine. On aromatise
avec l'eau de fleurs d'oranger. L'eau albumineuse pos-
sède la propriété de bleuir le papier de tournesol rouge,
propriété due à la présence d'une petite (juantité de soude
libre. Après coagulation de l'albumine par la chaleur, et
filtration, on peut déceler dans le liquide la ])résence de
traces de sucre, de chlorures et de ])hospliates.
Le sirop d'œufs (Payen), médicament analeptitpie, faci-
lement digestible, ordonné aux sujets affaiblis ])ar une
longue maladie, se prépare en additionnant de sucre et
d'un peu de sel une émulsion d'œnifs, blanc et jaune ; on
aromatise avec l'eau de fleurs d'oranger. La dissolution se
fait à froid, en agitant de temps en temps. Cette pré})a-
ration se rapproche du lail de poule, remède populaire
contre les rhumes et maux de gorge, que l'on prépare en
délayant dans l'eau chaude un faune d'onif et additionnant
de sucre et d'eau de flems d'oranger.
2<^ Œuf antidote du bichlorure de mercure (su-
blimé corrosif). Bien que le jaune d'œuf ait été préconisé
à la dose de un jaune pour 45 centigr. de sublimé ingéré,
on emploie de préférence le blanc d'o uf. Le but cherché
est de précipiter le sublimé à l'état de combinaison inso-
luble, par suite moins facilement absorbable dans Téco-
nomie et facile à évacuer. Si on verse dans une solution
de sublimé une solution d'albumine, il se fait un précipité
où l'albumine est associée au bichlorure de mercure. i](^X{Q
combinaison se compose de 93,55 d'albumine pour 6,43
de sublimé non moditié, d'après Lassaigne. Mie est inso-
luble dans l'eau, soluble dans les chlorures alcalins (NaCl,
KCl, AzH'^Cl) et dans un excès d'all)umine. De là deux
précautions à observer relativement à l'emploi de l'albu-
mine comme antidote du sublimé : 4*^ éviter un excès
d'albumine, et pour cela employer un blanc daùif par
20 centigr. environ de sublimé absorbé ; 2" expulser par
des vomissements le composé insoluble formé, de façon à
le soustraire à l'action du chlorure de sodium contenu
dans les liquides de l'organisme.
3*^ OEuf considéré comme adjuvant dans les prépa-
rations pharmaceutiques. L'œuf joue un rôle physique
dans la clarification des sirops, la préparation de la pâte
OEUF ~ OEUM
'lis
de guiinaiive et la confection des émulsions. Pour ce qui
a trait à la clarification, nous reiivoyons à ce mot.
Dans la pâle de gomme, nommée improprement pâte
de guimanve, c'est cgalemenl la coagulation de Falbmïiino
qu'on utilise. Celle-ci comiTiuni([ue à la pâte la propriété
d'englober l'air par une agitation vive, ce qui la rend plus
légère ; cette légèreté est conservée par la coagulation de
l'albumine. Pour cela, on ajoute au mélange en propor-
tions convenables de sucre, de gomme et d'eau, des blancs
d'œufs battus en neige dans de l'eau de tleurs d'oranger.
On agite vivement et on continue cette agitation pendant
la cuisson. En forçant la proportion d'œufs, on obtient la
pâle de guimauve, dite soufflée, plus légère que la précé-
dente. Les matières albuminoides{all)umine, vitelline^etc),
contenues dans le ])lanc et dans le jaune de l'œuf en font
d'excellents agents émulsifs. Quoique les émuhions obte-
nues avec le blanc d'œuf soient peut-être plus stables que
celles qu'on prépare avec le jaune, c'est à celui-ci qu'on
a généralement recours, surtout pour émulsionner les
substances grasses ou résineuses. Vcmidsion de résine
de jalap (Codex, 1866) peut être prise comme exemple.
On triture fortement la résine de jalap (4 gr.) et le sucre
(60 gr.), on ajoute peu à peu un jaune d'œuf, puis, len-
tement, de l'eau (120 gr.). On aromatise avec 20 gr.
d'eau de fleurs d'oranger. C'est encore un rôle émuîsif
que joue le jaune d'œuf dans la préparation des digestifs
(V. Digestif). V. H.
VII. Alimentation et économie domestique. —
Les (eufs constituent un des aliments les plus répandus, les
plus agréables et les plus complets. Leur préparation et leur
assaisonnement sont très variés : on les mange à la co(fue,
au beurre noir, brouillés, farcis, frits, au gratin, pochés,
à la neige, cuits au lait, etc., etc. Tous les manuels de
cuisine donnent à ce sujet les renseignements nécessaires.
Les œ'ufs sont encore la base de la préparation des crèmes,
des pâtisseries, des entremets, de certaines sauces, etc.
Pour la consommation, ils doivent toujours être choisis aussi
frais que possible, et on reconnaîtra qu'un œuf est Irais
quand, placé entre l'œd et la lumière, il ne montre pas de
ponctuations translucides et quand , agité avec la main, il ne fait
entendre aucun battement. L'œuf vieux offre un vide plus
ou moins considérable à la pointe et sa coque présente des
petits points plus ou moins transparents et plus ou moins
nombreux.
Pour déterminer l'âge d'un œuf, on fait dissoudre
423 gr. de sel de cuisine dans 1 litre d'eau pure et lorscpie
la solution est complète, on y plonge l'œuf dont on veut
connaître l'âge : si l'œ'uf est du jour, il se précipite au
fond du vase ; s'U est de la veille, il n'en atteint pas le
fond ; s'il a trois jours, il Hotte dans le liciuide ; s'il a
plus de cinq jours, il vient à la surface et la coque res-
sort d'autant plus ([ue l'œuf est plus âgé.
VIII. Industrie. — Le blanc d'œuf est employé pour
la clarification des vins et des sirops ; il sert à faire un
vernis pour les tableaux ; mélangé à de la chaux, il forme
un excellent lut pour le raccommodage dos porcelaines
(en Chine on raccommode les porcelaines avec un ciment
composé de poudre de verre blanc broyé avec du blanc
d'œul) . Les relieurs l'eujploient dans l'application des feuilles
d'or .— Le jaune est employé en grande (juaniité par la
mégisserie (V. ce mot) pour la fabrication des gairts de
peau.
IX. Histoire. — OEcrs le Pâques. — Leur origine re-
monte au temps où les œ-ufs étaient prohibés en carême. Le
samedi saint, on en faisait bénir "une grande quantité, mise
en réserve pendant six semaines; et le jour de Pâques,
on les distribuait aux amis, aux enfants et aux domesîicfues.
Ils étaient teints de diveises couleurs, ordinairement en
rouge ; ou bien on les dorait, on les argent ait ; parfois même,
on y dessinait des emblèmes et des devises. Sous l'ancien
régime, des corbeilles d'o'ufs p^ùnts et dorés étaient por-
tées, après la grand'messe de Pâques, dans le cabinet du
roi, qui les donnait aux personnes de la cour. On dit que
cette coutmne existe toujours en Russie. — \in quelque-
provinces, les curés font encore quêter de maison en mais
son leucs œ^ufs par le bedeau de la paroisse, afin de re-
trouver ainsi la part prélevée autrefois pour la bénédic-
tioji ; le plus généralement, les enfants de chœur les
quêtent pour eux-mêmes, pendant l'octave de la fête. Mais,
dans la plupart de nos villes, ce sont les confiseurs qui
bénéficient aujourd'hui le plus largement de l'antique
usage, la fabrication des œufs de Pâques fournissant un
des meilleurs appoints de leur casuel. E.-H. V.
X. Alchimie. — OEuf philosophique. — C'est un nom
symbolique, représentant à la fois la création de l'univers
et la transmutation des métaux. L'a'uf du monde, origine
de toutes choses, se retrouve dans un grand nombre de
mythologies et spécialement dans celles de l'Egypte, oiile
démiurge Knomn façonne sur une roue à potier l'œuf
mystérieux, et dans celles des Chaldéens. L'alchimie a pris
cet o'uf coaune le signe de l'œ^uvre sacré; il représente à
la fois les appareils employés dans les opérations et les
produits qui y figurent. Toutes ses parties ont une signi-
fication emblématique, dont l'énumération semble être la
j^remière forme des lexiques alchimiques. « L'œ'uf, disent-
ils, est composé des quatre éléments; on l'a nommé pierre
de cuivre, pierre d'Arménie, pierre égyptienne, etc. La
coquille de l'œuf est un élément semblable à la terre : on
l'a nommée cuivre, fei*, étain, plomb (métaux imparfaits
qui servent à composer l'or et l'argent). Le J)lanc d'ot'ur
s'appelle mercure, eau d'argent, eau de soufre natif ou
eau divijie, etc. Le jaune d'(ruf s'appelle le misy (sulfate
basique de fer), la couperose de cuivre, l'ocre attique, le
vermillon, etc. »' M. Behthelot.
XI. Physique. — OEuf électrique. — C'est un ballon
de verre de forme ellipsoïdale, muni à ses extrémités de
deux tiges métalliques, dont l'une est fixe, tandis que
l'autre, mobile, glisse à frottement dur dans une gaine de
cuir, ce qui permet de faire varier leur écartement. De
plus, le pied de l'appareil, creux et pourvu d'un robinet,
peut se visser sur le plateau d'une machine pneumatique,
de façon à faire, à volonté, le vide dans le ballon. Si, à
la pression normale, on met les deux tiges en communi-
cation avec les pôles d'une machine électrique, il jaillit
entre elles une série d'étincelles, dont la fréquence, l'éclat
et l'aspect varient à mesure ([u'on diminue la pression
(V. Etincelle et Radiante [Matière]). Si, d'autre part,
on substitue à l'air, dans l'appareil, un autre gaz, c'est la
couleur de l'étincelle qui change : de blanc bleuâtre, elle
devient bleue ou pourpre avec l'azote, cramoisie avec Thy-
drogène, verte avec le chlore, jaune avec la vapeur d'eau, etc.
XIÎ. Ameublement. — OEuf d'autruche. — Autre-
fois objet rare et de haute curiosité en Europe où il était
employé, dès le moyen âge, cà faire des coupes, des gobelets
et autres vases finement sculptés et montés sur un pied de
métal décoré avec art. Il est fait mention de pièces de
service de table comprenant des œufs d'autruche dans des
inventaires de rois ou de princes de la maison de Erance,
dès la fin du xiv^ siècle ; mais, de nos jours, les o'ufs
d'autruche, devenus moins rares, ne sont plus que des
objets de fantaisie employés avec des cordages de soie dans
l'ornementation de pièces décorées dans le genre oriental.
BiML. : I']coxoMri] ruralj:. — - D'' Biiocciii. y.oologie n(jr'i-
coUi ; Prais, 1806. — Gayot, Poules ci Œufs ; i^ai'is.— l)n
luoino, lu (IttUiirc 'niLcnisiva de l'œuf et son incuhidioa. —
ÀlAiiioT-l)ii)ii:ux, E(lucidio}i des poules; Paris.
ŒU F (L"). Riv. de France (V. Loiret, t. XXII, p. 475).
ŒUF-en-Ternois. Corn, dudép. du Pas-de-Calais, arr.
et cant. de Saint-Pol-sur-ïernoisc; 380 liab.
ŒUILLY. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Laon, cant.
de Craonne; 240 hab.
ŒUiLLY.Com. dudép. delà Marne, arr. d'Epernay,
cant. de Dormans; 39 {• hab.
ŒUIVI (Géogr. anc). Ville de Laconie, ch.-l. du district
de Sciritis, dans le détilé septentrional qui de Tégée don-
nait accès dans la vallée.
— ^279
OEUVRE — OFFENBACH
ŒUVRE. I. Architecture. — Terme générique em-
ployé en arcbitectm^e, en construction et en ameublement
pour désigner un édifice, un bâtiment ou un meuble quelles
qu'en soient la nature et l'importance. C'est ainsi que l'on
dit : Mettre en œuvre, pour indiquer le travail, la forme
et la place à donner à une matière quelconque ; En ou Dans
œuvre et Hors œuvre "^om: spécifier que des mesures sont
prises à l'intérieur ou à l'extérieur des bâtiments. On dit
aussi, en architecture et en ameublement, qu'une partie,
colonne, pilier, corniche, etc., se détachant en saillie sur
le corps de l'édifice ou du meuble, est en hors œuvre;
Gros œuvre, pour délimiter l'ensemble des parties prin-
cipales : gros murs, poitrails ou poutres, voûtes, couver-
ture, etc., d'une construction, celles en un mot qui don-
nent lieu aux grosses réparations mises par le G. civ.
(art. 60o et 606) à la charge du nu-propriétaire
en cas àhtsu fruit ; xi pied cV œuvre, des matériaux
amenés sur un chantier de leur lieu d'exploitation ou
de fabrication, etc. On dit encore Reprendre en sous-
œuvre quand il s'agit de réparations, de modifications ou
de reconstructions à apporter à la partie inférieure d'un
bâtiment, en conservant, au moins pendant les travaux,
la partie supérieure dans son état actuel (Y. Bang-u'OEuvre,
Main-d'OEuviu:, Maîïre-i/OEuvre). Charles Lucas.
ïï. Droit ecclésiastique. — 07iiu'r(^ désigne tantôt la
fabrique elle-même, tantôt le revenu d'une paroisse destiné
à la construction ou réparation des bâtiments et à l'entre-
tien des services.
III. Alchimie. — Grand oeuvre (V. Alchimie).
Œl/ VY. Corn, du dép. de la Marne, arr. d'Kpcrnay, cant.
de Fère-Champenoise ; iQQ hab.
OEVER (Hendrick ten), peintre hollandais. Il travaillait
à Zwolie dans la seconde moitié duxvm^ siècle. Il peignit
le paysage et le portrait. On trouve deux excellents pay-
sages de lui, l'un, daté de 467o, à Edimbourg, l'autre,
dans la colleclion Cramer, à Cologne, tous deux étofies de
fort bouiics figures. 11 peignait aussi des paysages avec
animaux.
ŒXIVlELiN (Alexandre-Olivier), voyageur belge, né en
Flandre vers tôio, mort vers 1740. il fit de longs
voyages sur des navires de la compagnie des Indes, et
écrivit une très curieuse Histoire des flibustiers qui se
sont signales dans les Indes (Paris, 1686, 3 vol. in-12;
rééd., ibid., il M, et Lyon, 1774).
OÉY. Com. du dép. de la Meuse, arr. de Bar-!o-Duc,
cant. de Ligny-en-Barrois ; 203 hab.
ŒYNHâÙSEN. Ville de Prusse, district de Minden(West-
phalie), sur la Werre ; 2.900 hab. (en 1895). Jadis appelée
Hehmer, elle a pris le nom du géologue Karl von OKyn-
hausen (793-1865), qui fit sa fortune par la création d'une
station balnéaire (jui exploite ses eaux salines (-f- 33°, 7 ;
1.033 centim.c. d'acide carbonique par litre); 6.000 bai-
gneurs par an.
BiBL. : B.Eiiii et Œtker, Bad ŒynJiaiisen luid Urage-
gciid.
ŒYREGAVE. Com. du dép. des Landes, arr. de Dax,
cant. de Peyrehorade; 428 hab.
ŒYRELUY. Com. du dép. des Landes, arr. et cant. de
Dax; 383 hab.
OFANTO (lat. Aufidus). Fleuve d'Italie, 160 kil. de
long. Né à Nusco, prov. d'Avellino, il coule vers le N.-E.,
forme limite entre les prov. dePotenza et Avellino, puis de
Foggia et Bari, passant au pied du mont Vultur, près de
Meifi, près de Canosa, le long du champ de bataille do
Cannes, se jette au N.-O. deBarletta dans la mer Adria-
tique.
OFFA. Ville du Noupé, dans le Soudan central, près de
la frontière du Yoyrrouba. Fait partie aujourd'hui de la
Nigeria anglaise.
OFFA, célèbre roi de Mercie (V. ce mot). Il régna de
757 à 794, succéda à Etheibald, défit les gens de Sussex,
les Northumbriens auxquels il enleva Nottinghain (773), le
roi de Kent qui reconnut sa suzeraineté (774), Cj^newulf,
roide Wessex, auquel il enleva Oxford, Glocester, etc. (777).
Il enleva ensuite aux Bretons le pays entre la Severn et la
Wye et étabht le long de la frontière, qui demeura la môme
aux siècles suivants, une fortification (mur et fossé) qui a
gardé son nom et dont il reste des vestiges près de Mont-
gomery. — Il fit ériger par les légats du pape sa ville de
Lichfield en métropole des évêchés sis entre la Tamise et
l'Humber. Il eut avec Charlemagne des relations diploma-
tiques parfois tendues, qu'x41cuin assouplit. En 793, il fit
tuer son gendre Ethelbert, roi d'EstangUe, dont il prit le
royaume. — Son seul fils Egferth, qui lui succéda, mourut
au bout de quatre mois. A. -M, B.
OFFEKERQUE. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr.
de Saint-Omer, cant. d'Audruicq; 715 hab. Stat. du
chem. de fer du Nord.
OFFEiVIONT. Com. du territ. de Belfort, arr. et cant.
de Belfort; 541 hab. Carrières de grès rouges. Sources
minérales abondantes, inexploitées, mais faisant mouvoir
des usines.
OFFEN BACH. Ville d'Allemagne, grand-duché de liesse,
prov. de Starkenburg, sur le Main ; 4'0.310 hab. (en 1895).
C'est une grande ville industrielle qui dut sa prospérité aux
huguenots français ; elle compte 450 fabriques d'objets en
cuir, harnais, de produits chimiques, couleurs, parfumerie,
d'objets en acier, de machines, de passementerie, etc. Citée
dès 970, ce fut la résidence des princes d'Isenburg depuis
1685. Elle n'avait que 6.210 hab. en 1816.
BiBL. : PiRAzzi, Bïlder iind Gescli. aus Offenbaclis Ver-
gangenheit^ 1879.
OFFENBACH (Jacques), compositeur français, né à Co-
logne (Allemagne) le 21 juin 1819, mort à Paris le 5 oct.
1880. Après avoir, dès son arrivée en France (1833),
suivi les cours du Conservatoire oîi Vaslin lui enseignait
le violoncelle, il entra à l'orchestre de l'Opéra-Comique,
puis fut directeur de la musique de scène au Théâtre-Fran-
çais. C'est là qu'il écrivit, pour le Chandelier d'Alfred de
Musset, sa charmante Chanson de Fortunio. Désireux
d'attirer rattention du pubfic, il y réussit pour la pre-
mièi^e fois avec les Deux Aveugles et le Violoneux. En
1835, il fonda le théâtre des BouîFes-Parisiens, où com-
mença à se dérouler la longue série de ses opérettes.
Après de fructueuses tournées en province, en Angleterre
et en Allemtigne, il abandonna en 1866 son 'théâtre
pour se consacrer exclusivement à la composition. Les
livrets follement spirituels de Meilhac et Halévy conve-
naient parfaitement au talent caricatural d'Offenbach, et
une ère de succès ininterrompus s'ouvrit devant ces chefs-
d'œuvre d'un genre qu'on nous pardonnera de ne pas
quaUfier de supérieur. On ne saurait méconnaître chez
Offenbach un sens de la bouffonnerie qui n'a guère été
égalé. Le rythme joue dans sa musique un rôle prépon-
dérant, et l'entrain, la verve, ïhumour y abondent. Il
est toujours et partout en situation, et le librettiste peut
compter sur lui comme sur un indéfectible auxiKaire.
M. Camille Bellaigue a pu dire avec raison qu' « intaris-
sable mélodiste, Offenbach est un mélodiste souvent tri-
vial, canaille môme, toujours brillant, jamais banal et
quelquefois exquis ». Il sait en outre dévelo])per un sujet,
et cela avec des procédés qu'un maître classi(]ue ne désa-
vouerait pas. Mais cette musique brillante et bruyante
n'est pas la seule qu'il ait connue, et parfois la sentimen-
talité germanique a fleuri çà et là parmi les flonflons de
l'opérette. — Outre un certain nombre de compositions vo-
cales et instrumentales sans grand intérêt, il faut citer parmi
les productions théâtrales d'Offenbach : les Deux Aveugles
(Bouffes-Parisiens, 1855); le Violoneux {id., 1855);
h'omb-al-Cazar (id., 1856); le Financier et le Save-
tier {id., 1856); Croijuefer ou le Dernier des Paladins
(id., 1857); le Mariage aux lanternes {id., 1857); la
Chatte métamorphosée en femme (/cL,1858); Orphée
aux Enfers {id., 1858); Daphnis et Chloé {Uanus-Vhil-
sirs, 1866); i>c/r/i()z^/" (Opéra-Comique, 1860); la Chanson
OFFENBACH — OFFICE
— ^im
de Fortunio (Bouffes-Parisiens, 4861); le Pont des Sou-
pirs (id., 1861); le Jioman comique (Variétés, 1861),
Monsieur et Madame Denis {id., 1862); les Bavards
(id., 1863); la Belle Hélène {id., 1864); Barbe-Bleue
(id., 1866); la Grande-Duchesse de Gerolstein (id.,
1867); la Permission de dix /i^wr^.s (Ueiiaissance, 1873);
la Vie parisienne (Palais-Royal, 1866); BobinsonCru-
soé/ (Opéra-Comique, 1867); l lie de Tulipatan (Bouffes-
Parisiens, 1868); laPérichole (Variélés, 1868); la Prin-
cesse de ï'/*É''/?rconc^^ (Bouffes-Parisiens, 1869); Vert-
Vert (Opéra-Comique, 1869); la Diva (Bouffes-Parisiens,
1869); les Brigands (Variétés, iSG^); Boule-de-Neige
(Bouffes-Parisiens, 1871); Fantasio (Opéra-Comique,
1872); les Braconniei-s (Ysiriétés, 1873); Pomme d'Api
(Bouttes-Parisiens, 1873); la Jolie Parfumeuse (}{enixis-
sance, 1873); Madame VAixiiiduc (Bouffes-Parisiens,
1874) ; la Boulangère a des écus (Variétés, 1875); le
Voyage dans la Lune (Gaîté, 1875); la Boîte au lait
(Bouffes-Parisiens, 1876); le Docteur Ox(ysiriétés, 1877);
la Foire Saint-Laurent (Folies-Dramatiques, 1877);
Maître Peronilla (Bouffes-Parisiens, 1878); la Maro-
caine (id., 1879); Madame Favart (Folies-Dramatiques,
1879); la Fille du tambour-major (id., 1879); Belle
Lurette (Renaissance, 1880); les Contes d'Hoffmann
(Opéra-Comique, 1881).
BiBL. : Martinet. Offenhiich, su Vie et son Œm-re;
Paris, 1892.
OFFENBURG. Ville du grand duclié de Bade, sur la
Kinzig; 9.741 hab. (en 1895). Marché agricole et centre
industriel. — Cli.-l. d'un cercle de 1.593 kil. q. et
162.579 liai), (en 1895). — Citée en 1011, ville impériale
depuis 1289, annexée à Bade en 1802. Le 24 sept. 1707
les Autrichiens y battirent les Français.
OFFENSE. L'offense est une injure de fait ou de parole.
L'offense diffère de l'injure ou de l'outrage en ce sens
qu'elle n'est point définie par la loi et par conséquent
qu'elle est plus vague et plus générale. Quels faits et quels
actes constituent l'offense? Les tribunaux ont en cette
matière une grande hberté d'appréciation. La jurispru-
dence considère comme une offense tout fait ([ui peut
porter atteinte à la dignité et à la considération de la per-
sonne offensée. L'offense pourra donc èlrc un propos in-
jurieux, une bravade ou même un simple geste de dédain;
ce dernier point a été formellement établi par plusieurs
décisions jurisprudentielles. L'offense est réprimée par
notre loi pénale suivant sa gravité et suivant la (|uahté
de la personne offensée. La' loi punit d'une façon quelque-
fois rigoureuse les offenses faites à des fonctionnaires pu-
blics et particulièrement au chef de l'Etat. Sous l'ancienne
monarchie, l'offense à la personne du roi était assimilée
au crime de lèse-majesté et punie par conséquent de la
peine de mort. Aujourd'hui, l'offense soit au président de
la Répubhque, soit même au souverain des Etats étrangers
est punie, suivant la gravité des faits, de l'amende et de
l'emprisonnement. L'offense qui est faite soit à un magis-
trat, soit à un agent quelconque de l'autorité, est d'ordi-
naire qualifiée outrage et punie de peines variables
(V. Outrage). Elie Tournerie.
OFFENSIVE (Art miht.) (V. Tactique et Stratégie).
OFFERTE. Cérémonie par laquelle le prêtre offre à la
Sainte-Trinité, en son nom et au nom des assistants, le
pain et le vin, avant qu'ils soient consacrés par la secrète
(V. ce mot).
OFFERTOIRE. Ce mot désigne parfois I'offerte men-
tionnée précédemment, mais plus généralement V antienne
récitée par le prêtre, chantée par le chœur ou jouée par
l'orgue, pendant qu'on prépare le pain et le vin pour les
offrir à Dieu et que le peuple va à l'offrande. Dans les
églises où l'orgue joue l'offertoire, le cho'ur ne fait que
l'entonner, en chantant les deux ou trois j)remiers mots.
— Saint Augustin est le premier écrivain qui en parle. Il
ne fut prescrit par Y Or do romanus que vers le commen-
cement du ix^ siècle.
OFFICE. 1. Histoire et Législation (V. Officier,
§ Histoire et législation).
II. Droit canon. — Offices claustraux. — A l'art.
BiENs"EccLÉsiASTiQUEs(t. VI, p. 740), uous avoiis constaté
qu'on finit par partager les biens-fonds et les revenus des
églises en autant de lots ([u'on put trouver d'offices distincts.
En conférant l'ofiice, on investit le titulaire de la jouissance
de la part de biens <[ui y était attachée. Les choses en
vinrent à ce point, écrit Fleury, que chaque officier de
l'Eglise eut son revenu séparé, dont il jouissait par ses
mains, et dont il faisait emploi selon sa conscience, sans
rendre compte à personne. Ce revenu joint à un office
ecclésiastique s'appelait bénéfice. — Une évolution ana-
logue s'opéra dans le régime monastique. On attribua à
chaque office claustral une part des biens du monastère.
Naturellement, la plus grande portion restait à Vabbé.
Après lui venaient le prieur, le prévôt, le cellerier, dont
les fonctions et les revenus furent enlamés en faveur de
Vinfirmier, de Vhospitalier, de Véconome et du tréso-
rier; enfin, le pilancier, le chantre et le sacristain.
Chacun d'eux était chargé des dépenses relatives à son
office ; il devait en rendre compte deux ou trois fois l'an;
mais il ne le rendait guère, et il aspirait à administrer
comme sa , nense propre la portion assignée à sa fonc-
tion. Ce p.nrtage était contraire à la maxime que tous les
biens d'un couvent doivent être communs ; mais en fait
il constitua au profit des réguliers toute une série de sous-
bénéfices, lette évolution, qui transformait en titres de
bénéfices le simples administrations confiées primitive-
ment par >rme de commission révocable, s'accomplit par-
fois au moyen de fondations ou d'érections expresses, mais
le plus souvent au moyen de résignations faites par les
religieux, en cour de Home : cette cour favorisant par-
tout ce qui pouvait augmenter le nom])re (K' ses protégés,
à rencontre des autorités locales. — Vai principe, les
offices claustraux, qui étaient aijisi devenus des titres de
bénéfices, ne pouvaient point être tenus par les séculiers.
Mais quand on voulait les leur donner en commende, ti-
tulo commendœ, on prétextait qu'il n'y avait pas de ré-
guliers pour les posséder, defeclu regularium. On fit
d'ailleurs des parts monacales, auxquelles on admit des
séculiers. « Les réguliers, écrit un ancien canoniste, souf-
fraient volontiers ce mélange, parce qu'il rendait leur
état moins gênant. » — Les religieux qui prétendaient
que les offices claustraux de leurs maisons étaient des
titres de bénéfices devaient le prouver, parce que la pré-
somption leur était contraire. Cette preuve se faisait soit
par la production des actes de fondation ou d'érection,
soit par la présentation de trois provisions, soit même,
dans le dernier état de la jurisprudence, par une posses-
sion de quarante années. — Lors du partage des biens
d'une abbaye e; : e les religieux et l'abbé commendataire,
les dépendances ues offices claustraux amovibles en-
traient dans la masse ; mais non celles des offices claus-
traux possédés en titre de bénéfices. E.-H. Vollet.
Office divin.— Ces mots désignent : 1« le culte public
de l'Eglise, c.-à-d. le service divin en général; 2^ un
nombre déterminé de prières et de leçons, appelé bré-
viaire, que certaines personnes ecclésiastiques doivent ré-
citer chaque jour, en suivant un ordre prescrit. Ce qui se
rapporte cà la première acception est traité en l'article
Service divin. On y trouvera un exposé sommaire des ori-
gines et des développements du culte chrétien, et l'énu-
mération des principales liturgies. — D'après plusieurs
liturgistes, le nom de Bréviaire aurait été donné au re-
cueif qu'il désigne, parce qu'il est l'abrégé des prières,
des lectures et des hymnes de l'Eglise; suivant d'autres,
Grégoire VK, désirant réserver un temps plus long à l'ex-
pédition des affaires dont lui et sa curie étaient chargés,
aljrégoa pour l'usage de sa maison l'office qui y avait été
chanté ou récité jusqu'alors. Cet abrégé fut appelé Bre-
viarium curim romance, et le nom fut étendu à tous les
ouvrages du même genre, composés dans les divers dio-
281
OFFICE — OFFICIÂL
c/^ses. Le bréviaire comprend sept parties : Matines, Laudes,
Prime, Tierce, Sexle, None, Vêpres et Complies, lesquelles
doivent en principe être récitées aux Heures cânoiNIAles
(V. t. XX, p. 48). Cependant, suivant une interprétation
indulgente, généralement admise, on satisfait à l'obliga-
tion de l'oflice divin en le récitant dans le cours de la
journée, entre les deux minuiU. La division qui vient
d'être indiquée est commune à presque tous les bréviaires,
mais on trouve entre eux des différences importantes, pour
le nombre des psaumes, pour les jours de la récitation,
pour le choix des leçons, pour les répons, les hymnes, les
fêtes, etc. Plusieurs contiennent des textes empruntés aux
écrits apocryphes et des légendes fabuleuses. Le Bréviaire
romain lui-même n'en est point exempt, malgré les di-
verses réformes dont il a été Lobjet. Celui qui en contient
le moins est le Bréviaire parisien, qui présente en outre
une partie poétique, très estimable, due à Santeuil et à
Coffin. Il est maintenant abandonné, par suite du succès
de Funification ultramontaine. — L'Eglise impose à tous
les clercs qni sont dans les ordres sacrés l'obligation de
réciter le bréviaire tous les jours. S'ils n'en sont point légi-
timement empêchés, ils ne peuvent omettre cette récita-
tion, en totalité ou en portion importante, sans se rendre
coupables de péché mortel et sans encourir des peines dis-
ciplinaires. l^]n outre, cette obligation était considérée au-
trefois comme une charge des bénéfices ecclésiastiques.
Les clercs, disait-on, sont obligés par état de prier, non
seulement pour eux, mais pour le peuple. L'Eglise ne leur
accorde les revenus d'un bénéfice qu'à la condilion qu'ils
s'acquitteront de ce devoir. S'ils ne le rempHssent point,
les canons ordonnent qu'ils soient privés de ce revenu. De
là obligation de restituer. La restitution peut se faire en
donnant à des amis pauvres ou à d'autres la part de reve-
nus afférente à la durée du temps pendant lequel l'office
divin a été négligé. Il semble bien, en saine morale, que
la restitution doit comprendre la part des appointements
reçus de l'Etat. Saint Alphonse de Liguori estime qu'elle peut
profiter au délinquant lui-même, s'il est pauvre, et être em-
ployée soit aux dépenses nécessaires de sa maison, soit à
l'amélioration de son bénéfice, soit à l'entretien de son église.
A ce propos, les anciens canonistes discutaient si un bénéficier
non investi des ordres sacrés, et dont le bénéfice ne rappor-
tait rien, était obligé à l'office divin. E.-H. Vollet.
Sacrée Congrégation du Saint-Office (V. Congréga-
tions CARDINALICES, t. XII, p. 423).
III. Droit international (V. Bons offices).
IV. Architecture. — On désigne sous ce nom, d'une
façon générale, toute la partie d'une grande habitation qui
constitue ce que l'on pourrait appeler le département de la
bouche, et qui comprend les cuisines, les garde-manger,
les laveries et autres salles de service ou de resserre des
provisions, tandis que, dans un sens plus restreint, l'office
est une petite pièce placée à côté de la salle à manger,
servant à renfermer la vaisselle et l'argenterie et dans
laquelle on prépare les divers services du repas et surtout
le dessert. L'office sert encore — et c'est de cet usage an-
cien qu'il tire son nom — de salle à manger pour les
domestiques qui, autrefois, dans les maisons royales ou
seigneuriales, portaient le nom &' officiers. La partie affec-
tée aux offices est souvent considérable dans les grandes
résidences de campagne, et les diverses pièces constituant
ce service sont groupées autour d'une cour spéciale.
BiBL. : Droit canon. — P. Guéranger, Institutions U-
inrgiqiies ; Paris, 1885, 4 vol. in-8.
OFFICIAL, OFFICIALITÉ. L'official est un prêtre qui
exerce la juridiction contentieuse d'un diocèse. Le mot
OFFICIALITÉ désigne la juridiction de cet officiai et aussi,
par extension, l'auditoire où il rend la justice. — La cons-
titution définitive des offici alités fut déterminée par la
nécessité de restreindre la puissance des archidiacres (V. ce
mot, t. III, p. 670) et de réprimer les abus commis par
eux. Vers le commencement du xiii^ siècle, les évêques
leur défendirent de connaître des causes les plus impor-
tantes, notamment des causes de mariage, et de déléguer
leurs fonctions. Ils remirent l'exercice de la juridiction
ainsi reprise à des prêtres qu'ils chargèrent de commis-
sions révocables à volonté. Primitivement, ces commis-
saires étaient appelés indifféremment vicaires ou officiaux ;
mais ensuite on les distingua. Le titre à'official fut ré-
servé à ceux qui étaient commis à la juridiction conten-
tieuse ; et on donna le nom de vicaires généraux ou de
grands vicaires à ceux qui étaient chargés de la juridic-
tion volontaire. Les officialités se multiplièrent excessive-
ment. Les chapitres exempts voulurent avoir les leurs ;
et les évêques en établirent quelquefois plusieurs dans
un même diocèse, prétextant la multiplicité des affaires;
mais les juges sécuHers leur répondaient que c'était pré-
cisément le nombre des officiaux qui produisait le nombre
des procès. — Dans le dernier état de l'organisation ecclé-
siastique sous l'ancien régime, on distinguait trois sortes
d'officialités : 1° les officialités ordinaires, instituées dans
la ville de la cathédrale, et dont les appellations étaient
portées au supérieur naturel ; 2^ les officialités fin'aines,
établies hors de la ville cathédrale, par tolérance d'un
usage ancien ou parce qu'une partie du diocèse s'étendait,
soit sur le ressort d'un autre parlement, soit sur le terri-
toire d'un autre royaume. Telles étaient les officialités de
Saint-Denis, dans le diocèse de Paris ; Dreux, Dourdan,
Mantes (d. de Chartres) ; Caen (d. de Bayeux) ; Saint-
Lo, Valogne (d. de Coutances); Pontoise (d. de Rouen);
Mortagne-en- Perche (d. de Séez) ; tiennes (d. de Tours) ;
Domfront (d. du Mans); Mauriac en Languedoc (d. de
Clermont) ; Poitiers pour le parlement de Paris (d . de
Bordeaux) ; Mentanarez, pour le parlement de Pau
(d. d'Auch); Pont-de-Vaux (d. de Lyon); Dijon, Cha-
gny{d. deLangres); Moulins, Beaune, Avalon (d. d'Au-
tun) ; Arpajon, Marcoles, Maurs (d. de Saint-Flour) ;
} ic (d. de Metz) ; Brive, Chenerailles, Guéret (d. de
Limoges); Tarascon, Villeneuve (archevêché d'Avignon) ;
3*^ les (i^id'dX\i(i^ privilégiées, appartenant à des exempts,
et dont les appels étaient portés au pape, omisso medio.
l']lles étaient regardées et traitées défavorablement en
France. A ces trois sortes d'officialités, on ajoutait les
métropolitaines et les prima Haies. Les premières étaient
celles des archevêchés où ressortissaient les appellations
des officiaux des suffragants : les autres, comme celles de
Lyon et de Bourges, formaient un degré de juridiction su-
périeur à celui des métropolitaines.
Des canonistes éminents, parmi lesquels le célèbre Pa-
norme, enseignaient que l'évêque était tenu d'instituer un
officiai devant exercer pour lui la juridiction contentieuse,
à l'exemple des seigneurs qui ne pouvaient exercer par
eux-mêmes la justice de leurs fiefs. Quoique cette opinion
fût contestée, elle fit règle dans l'usage du royaume ; mais
on y admettait des exceptions en faveur des évêques de
la Provence et de quelques pays acquis, tels que l'arche-
vêché de Cambrai, où les prélats restèrent en possession
de tenir eux-mêmes le siège de leurs officialités. Quand
des prélats étrangers refusaient de commettre des officiaux
dans les parties de la France sur lesquelles leur juridic-
tion s'étendait, les cours souveraines y pourvoyaient. —
Les évêques nommaient à leur gré et destituaient, en
observant certaines distinctions, les membres de leurs offi-
cialités. Les membres ordinaires étaient Vofficial, le pro-
moteur et le greffier. L'official était considéré, moins
comme l'officier de l'évêque que comme celui de l'évêché.
L'ordonnance de Blois (art. 45) prescrivait qu'il fût prêtre
et gradué en théologie ; une déclaration du 26 janv. i680
exigea en outre qu'il fût Hcenciéen droit canon. A propre-
ment parler, il formait seul tout le tribunal. Lorsque, dansles
matières difficiles, il prenait des assesseurs ou que l'évêque
lui en adjoignait, ceux-ci n'avaient que voix consultative :
l'official pouvait ne pas déférer à leur avis. En cas d'ab-
sence, de maladie, de récusation ou d'autre empêchement
légitime, il était remplacé par un vice-gérant, qui était
son suppléant. Les fonctions du promoteur étaient ana-
OFFÏCÏAL — OFFICIER
— 282
logues à celles du ministère public près des tribunaux ci
vils, mais plus étendues. 11 était chargé de veiller au bon
ordre et à la répression des abus, d'instruire les affaires,
de poursuivre les délinquants, d'assigner et de faire com-
parai tre les accusés et les témoins. Le greffe pouvait être
tenu par des laïques. La mise en jugement d'un accusé ne
devait avoir lieu qu'après trois monitions (V. ce mot,
t. XXIV, p. 95). Comme l'official n'exerçait que la juri-
diction de l'évoque, on ne pouvait point appeler de ses
sentences à l' évoque ; mais seulement à rofficialité métro-
politaine, si l'appel était simple, ou au parlement, par
voie à' appel comme d'abus.
Pour la COMPÉTENCE, les officialités suivirent le sort de
la juridiction ecclésiastique dont elles étaient les organes
(V. Appellations ECCLÉsLisriQUES, t. III, p. il7, 2^ col.;
JuRiLiGTioN ECCLÉSIASTIQUE, t. XXi). A la tiu dc cc dcmier
article, p. 336, on trouvera des renseignements sur leur
suppression. — En 4849 et en 4850, de nombreux con-
ciles provinciaux furent tenus en France, pour restaurer
la puissance de l'Eglise et pour lui rendre, par des
moyens plus ou moins adaptés aux temps nouveaux, ce
que la Révolution lui avait enlevé. Protégés par le pacte
secret conclu entre le clergé et le président de la Répu-
l)lique, ils opérèrent avec grande habileté et grand suc-
cès. Parmi les mesures proposées, les conciles de Paris,
de Reims, d'Avignon, de Lyon, de Sens, de Bourges, de
Bordeaux, de Rennes pour la province do Tours, adoptè-
rent la RÉoiiGANisATioN DES oFi' iciALiTÉs. Si le gouvi^me-
ment no craignait point de découvrir des institutions sup-
primées par les lois civiles, il trouverait des officialités
rétablies dans la plupart dos diocèses, sinon dans tous.
Elles connaissent de toutes les causes concernant la foi, la
discipline ecclésiastique et les mœurs, notamment de l'adul-
tère, de l'inceste et du péché contre nature ; et aussi des
causes matrimoniales. En matière temporelle, elles peuvent
juger, par voie d'arbitrage, les différends entre les ecclé-
siosti([ucs, sur la demande des parties. L'organisation
diffère quelque peu, suivant les diocèses; mais générale-
ment les nouvelles officialités se composent de trois ou
quatre membres, outre la promoteur, savoir : de Vofficial
et de deux assesseurs, quelquefois d'un vice-official et
d'un assesseur suppléant. L'official seul est juge ; mais
l'évéque peut toujours présider son officiaHté. Dans ce
cas, l'official n'est plus qu'un troisième assesseur. Des
secrétaires 0^1 greffiers dressent les procès-verbaux, tien-
nent les registres et veillent à la conservation de toutes
les pièces. Tous les ecclésiastiques d'un diocèse sont tenus,
sous peine de censure, d'obéir aux assignations et réqui-
sitions du promoteur et de rofficial. L'instruction pré-
sente des analogies avec les procédés de l'Inquisition.
Les témoins sont entendus sous la foi du serment, sépa-
rément, mais en secret. S'ils ne veulent point être nom-
més, leur témoignage est reçu à titre de renseignement,
et livré comme tel à l'appréciation du juge. Ceux qui re-
fuseraient do déposer peuvent y être contraints par les
mo}ens puissants dont l'Eglise dispose: censures, excom-
munications, si redoutés par tous les fidèles. L'accusé a
le droit de présenter sa défense, de vive voix ou par écrit;
il peut aussi se faire assister d'un ou de deux défenseurs;
mais ces défenseurs doivent être pris parmi les prêtres
approuvés du diocèse. Les peines sont : la réprimande,
qualifiée aumône, la réclusion pour un temps dans une
maison de retraite, la suspense partielle ou totale, l'ex-
communication, la perte du titre. L'appel doit être formé
dans les dix jours ; il est porté devant l'officialité métro-
politaine. — Ces choses extralégales sont aujourd'hui pro-
tégées par la constitution Aposlolicœ Sedis de Pie IX
(oct. 1869), édictant excommunication contre tous ceux
qui, directement ou indirectement, contraignent les juges
1ai([ues à citer devant leurs tribunaux des personnes ecclé-
siastiques, contrairement aux dispositions canoniques ; et
généralement contre tous ceux ([ui émettent des lois et
dos déci^ets contre la puissance et les droits de l'Eglise.
Lorsque sera venu le temps, attendu par les espérances des
fidèles, où l'excommunication prononcée par cette consti-
tution lui aura donné force de loi sur toutes les cons-
ciences, les clercs seront soustraits à la juridiction civile
pour tous les délits et crimes commis par eux, car les dis-
positions canoniques prescrivent qu'ils ne soient jugés pour
ces faits que par des juges ecclésiastiques. E.-H. Vollet.
OFFICIER. I. Armée de terre. — Notions histo-
riques. — Le mot officier, appliqué à l'homme de guerre
qui a un grade ou un commandement, se rencontre pour
la première fois, avec cette acception spéciale et collective,
dans le Dictionnaire universel de Furetière (1690). Jus-
qu'au xvii^ siècle, en effet, il servait surtout à désigner, d'une
façon générale , toute personne pourvue d'une charge ou
d'un orfice (V. plus loin, p. 289), et il n'avait, dans son sens
actuel, aucun équivalent ; de même dans les langues grecque
et latine. Les armées anciennes ne comptaient, du reste,
qu'un nombre relativement restreint d'officiers. A Rome,
notamment, qui posséda de bonne heure l'armée la mieux
organisée, il n'y eut longtemps, au-dessous des tri-
biini militum et des prœfecti socium, pris dans les
familles sénatoriales et équestres, que les centurions,
sortis du rang. Plus tard, sous Fempire, ces derniers fu-
rent assistés à'optiones (lieutenants), de tesserarii (olli-
ciers d'ordonnance), de vexillarii (porte-drapeau), et ils
purent s'élever à un grade nouveau, celui de prœfectus
castroruni, intermédiaire entre le tribunal et le centurio-
nat (V. Armée, t. III, pp. 994 etsuiv.; Etat-ma.ior, t. XVl,
p. 499). En France, la condition et le mode de recrute-
ment des ofticiers ont été bien différents, jusqu'à la Révo-
lution, de ce qu'ils sont aujourd'hui. Nous passons sur
la période du moyen âge, où l'organisiition militaire était
toute féodale et où il ne pouvait exister une hiérarchie
militaire proprement dite, les cadres de l'armée se con-
fondant avec les cadres permanents et héréditaires de la
société civile (V. Féodaldé). Sous Louis Xtll encore, l'of-
ficier était plus gentilhomme que soldat ; il combattait
pour le roi avec ses hommes plutôt qu'avec les hommes
du roi, et il tirait son autorité, non de l'armée, dont il ne
faisait que momentanément partie, mais de son influence
et de sa richesse personnelles. Dès la seconde moitié du
règne de Louis XIV, la situation a notablement changé.
Plus discipliné et plus assujetti, l'officier, qui maintenant
est passé, d'ordinaire, soit par les compagnies de cadels,
soit par les académies militaires, et qui porte, même pen-
dant la paix, l'uniforme du roi, a, dans une hiérarchie
professionnelle, semblable, en beaucoup de points, à la
hiérarchie actuelle, un rang bien déterminé ; c'est de ce
rang, de son grade dans l'armée, qu'il tire son prestige
et son pouvoir; cette armée est pour lui une carrière, et
il reçoit du gouvernement une solde fixe, qui, en 1763,
est, dans rinfanterie, de 4.500 fr. pour les colonels, de
3.500 fr. pour les lieutenants-colonels, de 3.000 fr. pour
les majors, do 1.500 cà 2.000 fr. pour les capitaines, de
600 à 900 fr. pour les lieutenants, de 540 à 600 fr.pour
les sous-Heu tenants, et qui est presque double dans la ca-
valerie. Au point de vue des origines, de la naissance, des
modifications se sont également introduites. Il faut tou-
jours, en principe, être noble pour être officier ; mais, do
même que les grades, cette noblesse s'achète, et d'an-
ciens roturiers pénètrent ainsi, en assez forte proportion,
dans les cadres (V. ce mot). En outre, les bas officiers
ont assez facilement accès, surtout dans la dernière pé-
riode de l'ancien régime, aux grades inférieurs, jusqu'à
celui de capitaine ; ils forment la classe des officiers de
fortuiie, qu'on aurait pu appeler plus exactement les
officiers sans fortune. Le nombre des grades est devenu,
du reste, considérable. Celui de capitaine est le plus an-
cien. Il avait commencé à être fort en usage dès la fin du
moyen âge. alors que les rois ajoutaient aux troupes four-
nies par leurs vassaux des compagnies^ qu'ils donnaient
mission de lever à quelques seigneurs ; ceux-ci prenaient
le titre de capitaines de ces compagnies. Sous François P^',
^283
OFFICIER
ciuiqiie capitaine commandait 1 .000 hommes. Les colo-
nels, institués en 1544, eurent tout d'abord une situation
assez mal définie : capitaines de la 4^'^ compagnie du ré-
giment, ce ne fut que plus tard qu'ils devinrent de yéri-
ta])les chefs de corps et qu'ils réunirent effectivement sous
leur commandement plusieurs compagnies, tout en de-
meurant d'ailleurs les chefs immédiats do la première.
Les autres grades étaient, en commençant par le plus
élevé : lieutenant général des armées, maréchal de
ca)np, brigadier d'armée. Puis venaient les colonels ou
nieslres c/(?(^«?/î/?, qui se distinguaient en colonels de ca-
valerie l'gère, colonels de dragons, colonels d'infan-
terie, ces deux derniers presque assimilés. Au-dessous
du colonel prenaient rang successivement : le lieutenant-
colonel, qui était capitaine de la 2^ compagnie, les capi-
taines (capitaines en premier, en second, en pied, capi-
taines des guides, capitaines de mineurs, capitaines de
charrois, etc.), les, lieutenants, les sous-lieutenanls,
les cornettes, les enseignes, les guidons. Les officiers
d'infanterie portaient l'esponton, sorte de dcn^i-pique de
cinq pieds de long; les officiers de grenadiers et de fusi-
liers étaient armés d'un fusil mieux fini et plus léger que
celui des soldats; les officiers de cavalerie n'avaient que
l'épéc ou le sabre.
L'un des premiers actes de la Uévoiution fut de rendre
accessibles à tous les grades supérieurs. En môme temps,
ils furent rigoureusement hiérarchisés, de façon qu'on ne
pût les conquérir que successivement. Quelques modifica-
tions furent aussi apportées dans leurs dénominations, qui,
par la suite, ne devaient plus guère changer. Le grade de
maréchal de camp, qui avait absorbé celui do brigadier,
fut remplacé par celui de général de brigade. Le nom de
chef de brigade hd substitué à celui de colonel, qui re-
parut en 4804. On créa aussi des adjudants-généraux,
dont la situation était intermédiaire entre celle de géné-
ral de brigade et celle de colonel, et qui no furent, du
reste, pas conservés. Sous Napoléon, l'organisation du
corps des officiers fut encore atfermie. Il n'y a plus (!é-
sormais, dans l'armée, d'autre supériorité que celle (pie
conquièrent la valeur militaire, les services rendus, les
actions d'éclat, et, les circonstances aidant, les oiïicicrs
vont peu à peu constituer une sorte d'aristocratie nou-
velle, qui s'attachera non plus à la race, mais à la per-
sonne et à l'emploi. Ils formeront dans le pays comme une
classe à part, ayant des lois spéciales, une juridiction spé-
ciale, et, quelque peu aussi, une vie spéciale, qui a sur-
vécu, quoique bien atténuée dans ses caractères, aux con-
ditions nouvelles de recrutement de l'armée, à sa nalio-
nalisation,Gt qui continue à les tenjr légèrement à l'écart
de r « élément civil » — . Pour plus de détails sur les
origines dos corps d'officiers des différentes armes, V. les
mots [xFANTEiuE, CaVxIlerie, Artilleuïe, Génie, Etat-
Major, etc.
Organisation actuelle du coï^ps des ofi-jciers. Etat et
POSITIONS DIVERSES. — ^ Ou trouvora à l'art. Guaue, t. XL\,
p. 404, le tableau de la hiérarchie militaire, avec la cor-
respondance des grades dans les différentes armes. Les gé-
néraux de division et de brigade sont compris sous la dé-
nomination commune (ïojficiers généraux; les colonels,
lieutenants-colonels, chefs de bataillon ou d'escadrons, sous
celle éCofflciers supérieurs; les capitaines, lieutenants et
sous-lieutenants, sous celle à'offciers subalternes. Au
point de vue de l'emploi, il y a tout d'abord les olficiers
(ïinfanterie, de cavalerie, (Tartillerie, du génie, du
train des équipages, d'état- major, de gendarmerie, etc.
(V. ces mots et Organisation de l'armée), qui forment le
groupe des officiers combattants et qui, seuls, prennent
place dans la hiérarchie générale des grades ; puis vien-
nent les fonctionnaires et employés militaires, ciui ont été
pour\us de l'état d'officier, mais qui n'ont que la corres-
pondance du gnxdc: intendants (V. Administration), //ié/-
decins, pharmaciens, vétérinaires militaires, gardes
d'artillerie, adjoinls du génie, archivistes d'état-ma-
jor, interprètes, chefs de nnisi'jue, etc. (V. ces mots);
ce sont les assimilés (V. Assimilation). Tous les officiers
et assimilés sont nommés et promus par décret du prési-
dent de la République. Leur titre et la propriété de leurs
grades se trouvent garantis par la loi du 49 mai 4834
sur V état des officiers; ils n'en peuvent être dépouillés que
pour des motifs limitativement déterminés. L'emploi, au
contraire, est conféré par le ministre de la guerre, qui
prononce, par simple arrêté, les affectations et les muta-
tions; l'officier en peut être privé, soit temporairement
(mise en non-activité) , soit définitivement (mise en réforme) ,
pour fautes contre la discipline ou pour indignité. En te-
nant compte de ces deux situations, il y a pour les olfi-
ciers de l'armée active (il n'est question que d'eux ici) six
positions : 4° activité, position de l'ofiJcier compris dans
les cadres constitutifs de l'armée et pourvu d'un emploi,
ou de l'officier hors cadres employé temporairement à un
service spécial ou à une mission; '2^ disponibililé, posi-
tion spéciale aux olficiers généraux compris dans les cadres
constitutifs, mais momentanément sans emploi; oo ré-
serve, position spéciale aux officiers généraux qui, étant
atteints par la limite d'âge ou no pouvant plus faire \\n
service actif, ont été rayés des cadres constitutils, mais
n'ont pas demandé leur retraite; 4^ non-activiU\ position
de l'officier non compris dans les cadres constitutifs et
momentanément sans emploi; 5^ réforme, position de
l'officier délinitivement sans emploi et ne pouvant ni ren-
trer dans les cadres constitutifs, ni obtenir une retraite;
6^ retraite, ]iOÛim\ de l'officier rendu à la vie civile avec
une pension de retraite (V. IvrAT des officieus, t. X\I,
p. 498; Conseil d'enquête, t. Xlî, p. 408; AcrivjrÉ, Dis-
ponibilité, Réserve, etc.).
PiECrutement et avancement. DÉ(:op.ATji;NS. — Naguère
encore, notre corps d'officiers avait une douljle origine :
les uns sortaient des écoles, les autres du rang. Tous au-
jourd'hui passent par une école. Mais V unité d'origine, au
moins dans les corps combattants, n'a pas été complète-
ment réalisée, comme en Allemagne et en Ai]gleterre ; il
existe encore, comme en Autriche, en Russie et en Kalie,
un dualisme relatif, une partie des o.liciers provenant
d'écoles de niveau supérieur (Ecole spéciale militaii'o de
Saint-Cyr, pour l'infanterie et la cavalerie. Ecole Polytech-
nique, pour l'artillerie et le génie), ou, de la vie civih\
ils sont entrés directement, après concours, oii nualiîé
d'élèves-olficiers, les autres étant au contraire d'anciens
sous-officiers, qui, arrivés au corps comme simples sohiats
et y ayant servi au titre commun, ont été admis plus tard
à suivre, pendant un an, les cours des écoles do Saint-
Maixent, pour l'infanterie, do Saumur pour la cavalerie,
do Versailles, pour Fartillerie, le génie et le train. Le
nombre des officiers de la première catégorie tend, pour
les diverses armes, à devenir proportionnellement plus
grand ; chaque promotion des Ecoles de Saint-Cvr et Poly-
technique est, en eff'et, à l'heure actuelle (4899), supé-
rieure d'au moins un tiers aux promotionscorrcspondantes
des Ecoles do Saint-Maixont, de Saumur et de Versailles.
Des unes et des autres, les élèves sortent, du reste, indis-
tinctement sous-lieutenants, et ils ont ensuite, en principe,
dans leurs armes respectives, les mêmes droits à l'avan-
ccmcnt. Mais, tandis que ceux des trois dernières écoles
sont versés tout de suite, avec leur grade, ainsi d'ailleurs
que tous les officiers d'ini'anterie, dans un corps do troupe,
ceux do la première qui ont choisi la cavalerie passent, préa-
lablement, une année, en qualité d'oificiers-élèves, à l'Ecole
de Saumur, ceux de la seconde qui se destinent à l'artillerie
ou au génie doux ans, en la même qualité, à l'Ecole de
Fontainebleau; ce temps leur compte pour l'avancement.
Mentionnons, en outre, l'existence d'un co'tain noml)re
d'écoles spéciales oii des olficiers des corps de troupe sont
envoyés en cours de ser\ico pour y compléter certaines
parties de leur instruction : écoles do tir, écoles de gym-
nastique et d'escrime, éc(de do pyrotechnie militaire, et(,'.
lispeuvent enfin, après cinq années de services et sans distille-
OFFICIER
— 284 —
tion d'origine, ni d'arme, concourir pour l'Ecole supérieure
de guerre, qui a remplacé l'ancienne Ecole d'application
d'état-major ; ils en sortent, après deux années d'études, avec
le titre ^'officiers brevetés (85 à 90 chatjue année) ; il ne
leur confère aucun droit, mais il leur assure, en fait, un
avancement plus rapide et il les désigne pour les fonctions
d'officiers à' état-major (V. ce mot). Quant aux officiers
des autres corps: intendance, service de santé, etc., ils
proviennent également d'écoles spéciales : Ecole d'admi-
nistration militaire de Versailles, Ecole de médecine et 'de
pharmacie militaires du Val-de-Grâce, etc. (V. les articles
consacrés aux différentes écoles militaires, t. XV, pp. 339
et suiv.).
Jusqu'au grade de colonel inclusivement, l'avancement
se fait par arme. Après deux ans de services, les sous-
lieutenants de toutes armes sont, de droit, lieutenants.
Il faut ensuite, <2W minimum, deux ans pour passer ca-
pitaine, quatre ans chef de bataillon, trois ans lieutenant-
colonel, deux ans colonel, trois ans général de brigade,
trois ans général de division (L. du 44 avr. 1832 et or-
donn. duÏ6 mars 4838). Ces minima, qui, en temps de
paix, n'ont d'intérêt que pour les grades supérieurs, sont
encore, en campagne, réduits de moitié ; il n'est même
exigé aucune condition de temps en cas d'action d'éclat
avec mise à l'ordre de l'armée, ou en présence de l'ennemi
lorsqu'il est impossible de pourvoir autrement aux va-
cances. Les promotions au grade de capitaine ont lieu : deux
tiers à l'ancienneté, un tiers au choix ; celles au grade de
chef de bataillon ou d'escadrons, moitié à l'ancienneté,
moitié au choix. Pour les grades supérieurs, tout est donné
au choix. Les lieutenants et les capitaines doivent, pour
être proposés respectivement aux grades de capitaine et
de chef de bataillon ou d'escadrons, subir, lors de Vins-
pection générale (Y. ce moi), deux examens portant, l'un
sur les connaissances administratives, l'autre sur les con-
naissances tactiques. Pour tous les officiers, il faut un
minimum d'ancienneté réel, qui est délerminé chaque an-
née, pour chaque arme et chaque grade, par le ministre
de la guerre et qui est réduit de six mois pour les offi-
ciers nrevetés. Les propositions sont faites d'ailleurs d'après
les prescriptions du décret du 3 mars 1899, qui a abrogé
ceux des 22 mars et 4 août 1898, et qui est revenu au
système du décret du 2 avril 1889. Les commissions
d'armes et la commission supérieure de classement sont
rétablies (V. Classemknt). Les premières prononcent défi-
nitivement l'inscription au tableau d'avancement pour les
grades de capitaine et de chef de ])ataillon ou d'escadrons ;
elles présentent des propositions d'inscription pour les
grades de lieutenant-colonel, de colonel et de général de
brigade. La commission supérieure opère l'inscription dé-
finitive pour les lieutenants-colonels et les colonels ; elle
dresse une hste de présentation, par ordre de préférence
et par arme, pour les grades de général de brigade et de
division. Enfin les membres du conseil supérieui' de h
guerre dressent, individuellemeiTi, une liste semblable
pour ces deux grades, et c'est le résultat du dépouille-
ment de ces Mstes qui constitue le tableau d'avancement
du généralat. Les mêmes membres sont consultés par le
ministre pour les nominations de commandants de corps
d'armée. Sauf pour les grades de général de brigade et
de division, les officiers proposés figurent aux tableaux
d'avancement par ordre d'ancienneté. En campagne, la
moitié des grades de capitaine et la totalité des grades
de chef de bataillon sont donnés au choix. Il n'est pas
dressé de tableau d'avancement. Les propositions sont
faites : pour les grades subalternes par le chef de corps,
pour le grade de chef de bataillon par le général de bri-
gade, pour celui de lieutenant-colonel par le général de
division, pour ceux de colonel et de général de brigade
par le commandant en chef. Ce dernier peut être auto-
risé, par décret spécial du chef de l'Etat, à faire pro-
visoirement les nominations. Le même droit appartient au
commandant d'une place investie pour les grades subal-
ternes, s'il est lieutenant-colonel ou colonel, et jusques
et y compris le grade de chef de bataillon, s'il est général.
Le minimum d'ancienneté exigé par la loi se trouve
toujours, en fait, considérablement dépassé. Actuellement,
il faut, en moyenne et au choix : dans l'infanterie, 9 ans
de grade d'officier pour passer capitaine, 11 ans de ce
dernier grade pour être promu ensuite chef de bataillon,
puis encore 9 ans pour être promu lieutenant-co'onel,
4 ans 1/2 colonel ; dans la cavalerie, respectivement,
9 ans, 10 ans, 7 ans et 4 ans ; dans l'artillerie, 9 ans,
12 ans, 8 ans et 4 ans; dans le génie, 7 ans, 14 ans,
9 ans et 3 ans. Les généraux de brigade ont, au moment
de leur promotion, 3 ans 1/2 à 6 ans 1/2 du grade infé-
rieur; les généraux de division, 3 ans 1/2 à 6 ans. A
l'ancienneté, on passe capitaine au bout de 11 ans de grade
d'officier dans l'infanterie, de 13 ans dans la cavalerie, de
10 ans dans l'artillerie, de 8 ans dans le génie; chef de
bataillon ou d'escadrons au bout de 14 ans de grade de
capitaine dans l'infanterie, de '13 ans dans la cavalerie,
de 17 ans dans l'artillerie, de 18 ans dans le génie. Au
1^^' janvier 1898, le plus jeune général de division avait
54 ans; le plus jeune général de brigade, 48 ans; le plus
jeune colonel, 46 ans; le plus jeune chef de bataillon,
37 ans; le plus jeune capitaine, 26 ans 1/2. Enfin, dans
chaque grade, il existe une limite d'âge maximum, laquelle
atteinte, l'officier qui n'a pu arriver à un grade supérieur
est mis d'office à la retraite (V. Age, t. I, p. 573). —
Pour les règles spéciales aux officiers des armes non com-
battantes, V. Administration, Médecin, etc. Pour le haut
commandement, V. Organisation de l'armée.
Les tableaux de concours pour la Légion d'honneur et
pour la médaille militaire sont établis dans les mêmes
conditions que les tableaux d'avancement. Pour la médaille
militaire, pour les croix de chevalier et pour celles d'offi-
cier, ce sont les commissions d'arme qui prononcent, en
ayant égard, dans chaque arme, à l'ancienneté dans le
grade; pour le grade de commandeur, c'est la commis-
sion supérieure ; pour celui de grand-officier, les membres
du conseil supérieur de la guerre donnent leur apprécia-
tion sur les candidats dont les noms lui sont soumis par
le ministre. Les officiers doivent d'ailleurs, pour pouvoir
être proposés, remplir les conditions générales d'aptitude
exigées de tous les postulants (V. Légion d'honneur) . Ils n'en
sont dispensés que pour actions d'éclat et blessures graves.
Solde et indemnités. — La solde est aujourd'hui la
même pour toutes les armes {solde unifiée). Elle est dé-
comptée par jour et payée par mois, à terme échu. Elle
est nette de toute retenue pour la retraite. Elle doit pour-
voir à tous les besoins de l'officier : logement, nourriture,
entretien, et lorsqu'il est logé dans des bâtiments de l'Etat,
il lui est fait une retenue. Il ne s'y ajoute qu'éventuellement
des indemnités de monture, de rassemblement, d'entrée en
campagne, etc. (V. Indemnité). L'indemnité de rassem-
blement est allouée dans les grandes villes ou dans les
centres de garnison importants, où la vie est chère. Elle
est remplacée, à Paris, par une indemnité de résidence
spéciale. En campagne, la solde reste la même, mais l'of-
ficier reçoit, au début, une indemnité d'entrée en cam-
pagne et touche des rations de vivres : officiers généraux,
4 rations ; officiers supérieurs, 3 ; capitaines, 2 ; Heute-
nants et sous-fieutenants, 1 1/2 (V. Vivres). Aux grandes
manœuvres et dans les marches à l'intérieur, il est alloué,
en plus de leur solde, 10 fr. par jour aux offiriers géné-
raux, 5 fr. aux ofiiciers supérieurs, 3 fr. aux officiers su-
balternes ; ils ne touchent aucune ration, mais ils ont droit
au logement gratuit. Dans les déplacements pour le ser-
vice, ils reçoivent : 1*^ une indemnité de chemin de fer, à
peu près égale au quart d'un billet de première classe ;
2" une indemnité de frais de route de 6 fr. par jour
(300 kil. en chemin de fer sont comptés pour un jour) ;
3^ une indemnité fixe de 5 fr. pour le transport du do-
micile à la gare, (départ et arrivée). Dans la position
à' absence, la solde est diminuée de moitié.
— -285 —
SOLDE D'ACTIVITÉ ET INDEMNITÉS DES OFFICIERS ET ASSIMILÉS {par jour)
OFFICIER
INDF.MMTK
>OLlJK
rXDi;.MMTE
de
rasse
nblen
ent
INDEMNITE
INDEMNITE
INDEMNITE
GRADES
de
de résidence
en
d'entrée
nette
nionture
N« 1
N« 2
N" 3
No 4
dans Paris
Aliiérie
et en Tunisie
en campagne
(V e.
i'v. e.
fr. c.
fr. c.
fr. 0.
fr. c.
ïv. c.
fr. c.
fr.
M) »
52 50
» )i
2 50
» »
2 »
1 50
1 ))
5 »
» »
3 55
12.000
6.000
Général de division . .
Général d(; brigade
» ^)
2 50
2 )^
1 50
1 »
5 »
2 '^5
4.000
1.800
1.200
CDloncl
22 00
1 50
2 »
1 50
1 »
» 50
1 00
1 35
I.ieutenant-colonel
18 30
1 50
2 »
1 50
1 »
» 50
l 00
1 35
Clief de bataillon ou d'escadrons.
15 30
l 50
2 »
1 50
1 »
)) 50
1 »
1 35
1.000
Capitaine après 13 ans de izrade.-
11 50
» 50
1 10
1 05
» 70
» 35
2 00
1 05
700
— ai)res 10 ans de i>ra(le..
10 50
^) 50
1 10
1 05
» 70
» 35
2 00
1 05
700
— après 6 ans de .urade..
0 50
» 50
l 10
1 05
» 70
» 35
2 00
1 05
700
— avant 6 ans de gi-ade..
« 50
0 50
1 10
1 05
» 70
» 35
2 00
1 05
700
fJcnitenant en 1«''ou de 1'" cla.sse.
7 50
» 50
1 »
» 75
» 50
» 25
2 00
1 05
500
— en 2« ou de 2« classe . .
7 )>
^) 50
1 »
)i 75
» 50
» 25
2 00
1 05
500
g^mj^-lieutenant
0 50
0 50
1 ),
>'> it)
» 50
^> 25
2 GO
1 05
500
P:<:nsions de rethaite (Y. Pensio.n),
IbaFOKME (V. U.MFOKMK).
Effectifs et affectations. — On tiouvera à Fait.
Etat-Major, t. XVI, pp. o03 et suiv., ot au nom de chaque
arme le détail des effeclifs d'olîiciers dans cha({ue unité
des corps de troupe. Le tableau ci-dessous, qui a été dressé
d'après les prévisions du projet de budget de Fexei'cice 1899,
ne donne que la répartition générale par service d'affec-
tation et par grade. D'après l'arme, on comptait en 1898
(officiers supérieurs et subalternes) :
colonels Lie.t.-cC. S,-
Capitaines Lieuten^^ S.
-lient.
Infanterie... 18()
205 I.IU
5 070 5.115
1.102
Cavalerie ... 87
1)2 311
1.120 1.082
385
Artillerie.... 81
105 4!0
1.707 1.101
310
Génie 11
10 101
510 175
10!
Train »
1 20
101 101
21
Gendannerie
et g''o rép»'^'. Ij
15 101
2J0 200
30
EFFECTIFS Dl
:S OFFICIERS ET ASSIMILÉS,
AU
1.480 de ces olFiciers étaient brevetés d'état-major.
Colonels Lient, -col.
Chefs de ~ ., , . ,
bataillon ^^P'*^'"^^ ^^^"^«"^^
81
101
229
410
20
21
19
11
70
15
30
32
m
182
1
0
7
21
1
30
2
Infanterie
Cavalerie
Artillerie
Géni(! . ..
Gendarni
Les ashimilés. de tous grades comprenaient (Jp leur
cùlé : 301 intend.uits, sous-intendants et adjoints, 1.30i2
médecins, llSpIiarmaciens, i65 vétérinaires, oOO gardes
d'artillerie, 159 cotUrôIeurs d'armes, 511' adjoints du
génie, 4.370 officiers d'administration (intendance iOG,
subsistances Adi, bèpitaux 318. bal)illement et recrute-
ment i05), 37 interprètes, 180 archivistes d'état-
major.
^^" JANVIER 4899, PAR l^MPLOI ET PAR GRADE
AFFECTATION
Adniinistratir)!! centrale
Ktat-niajor général
Service d'état-niajor
Contrôle de radmin"" de larniée (1)
Intendance militaire
Etat-major particulier de l'artillerie.
l^^tat-major })articulier du i/énie
Ecoles "militaires (2)
/ Infanterie
1 Cavalerie
Corpy I Remonte
J Artillerie
de < Génie
j Train
troupes/ B / Reerntenunit
j a< Servie(ï de santé
\ ^ ( Service administratif
TT i Recrutement
.. wiw.. Alî'aires indi-ènes
cames ( Kenseignements
Non classés Personnel de santé
dans les ) Personnel admini.^tratif. .
corps I Vétérinaires
de troupes \ Interprètes
Invalides de la guerre
Gendarmerie
Garde républicaine
^^/^'■^ ( FAat-major généful
résercei '^'^'''^'^ces udmlnislratifs . .
TOTAI
112
1
l
121
11
13
210
100
498
32
15
00
31
20
12
170
81
42
0
H
1
518
20
41
10
85
45
27
18
215
82
î
41
13
2
00
150
5
91
110
115
58
1.137
203
20
329
37
20
1
129
41
2.703
111
011
13
710
431
309
4.378
1.157
70
1.071
181
113
1
21
20
333
45
207
331
''lO
1
270
10.500
17
151
105
131
498
3.830
1.053
35
1.030
199
201
»
10
8
V)i
13
108
337
12
212
31
251
181
373
2.899
958
»
109
21
20
'l5
20
113
320
5.502
211
32:;
1.071
49
309
1.312
917
1.271
12.(j59
3 . 597
128
3.28 i
452
391
11
49
51
388
111
23
713
1.038
7
01
3
058
83
DIJ
3o
29.004
(1) Les contrôleurs n"ont pas, en principe, d'assimilation. On les a classés i)ar analogie.
(2) Yconipris les officiers-élèves.
OFFICIER
— 286
Dispositions divei.ses LON(j:r,NANT les OFFif:iEiis. OinjoA-
ïiONS. Prérogatives. — L'oiïicier en activité est, au même
titre et dans les mômes conditions que les hommes de
troupe, justiciable des tribunaux militaires pour les crimes
et délits par lui commis (V. Justice, t. XX, p. ooO),
Comme eux aussi, il encourl pour les simples fautes des
punitions disciplinaires (V. Punition). Comme eux encore, il
ne peut voter, du moins s'il est en activité, et il est inélî-
£,àl)le . Il a au corps un dossier qui se compose de trois parties :
pièces d'archives (état civil, liyret-matricule, etc.), dos-
sier du personnel (feuillets de notes des écoles, copies des
lettres d'éloges ou de blâme, etc.), feuillets de note d'ins-
pection généiale ; anx termes de décrets en date du 'îl déc.
1897, la première est conservée par le trésorier, la se-
conde par le lieutenant-coionel, la troisième par le colonel. Il
ne peut se marier sans autorisation , et sa femme doit, de toute
façon, réunir certaines conditions defortnne (V. Mariage).
li loge ou il lui convient, pourvu (|ue ce soit à proximité de
la caserne, et il est, en dehors des heures où il est com-
mandé pour le service, entièrement libre, pourvu qu'il
ne s'écai'te pas, sans permission, du lieu de la garnison ;
il doit pouvoir en effet répondre à une alei-te. 11 prend
ses repas, lorsqu'il est célibataire, avec ses camarades
(V. Mess); lorsqu'il est marié, en famille. 11 paie direc-
tement sa pension, ainsi que ses autres dépenses. Mais
une relemie peut être ordonnée d'office, sur son traite-
ment, par son chef de corps pour l'acquittement des dettes
qu'it aurait contractées, particulièrement de celles ayant
pour objet sa subsistance, son logement, son liabillement ;
le ministre do la guerre peut, de son côté, en ordonner
une autre pour aliments dus à sa femme, à ses enfants
et à ses ascendants (Ordonn., 25 déc. 1837, art. 444
et 447). Il peut disposer, pour son service personnel, et,
s'il est monté, pour le pansage de son cheval, d'un sol-
dat ordonnance (V. ce mot). Il bénéficie, sur toutes les
lignes de chemin de fer, de billets à quart de place, cpi
lui sont délivrés au guichet sur le vu d'une carte d'identité
spéciale. Il est exempt d'une partie de l'impôt mobilier.
Enfin, la loi lui a réservé, dans les administrations
publiques, un certain nombre d'emplois civils qui
lui sont dévolus par préférence, avec ou sans concours, lors-
(ju'il quitte l'armée après un certain nomJ)re d'années de
service. Mais il ne peut cumuler le traitement de l'un de
ces emplois avec sa pension militaire que dans certaines
limites (L. 26 déc. i890, 6 avr. et 31 déc. 1897). L'of-
ficier mis à la retraite doit cinq ans de services dans la
réserve ou dans l'armée territoriale, sans être assujetti
toutefois, pendant ce temps, à aucune période d'instruc-
tion (L. 22 juin 1878, art. 2).
Officiers de la réserve et de l'armj':e ierreioriale.
— Destinés à fournir ou à compléter les cadres des for-
mations du temps de guerre, les officiers de la réserve et
de l'armée territoriale ont leur situation réglée par le
décret du iQ juin 1897 et par l'arrêté ministériel du
même jour. Ils se recrutent parmi les officiers démission-
naires de l'armée active cpii en font la demande, les offi-
ciers retraités depuis moins de cinq ans, les anciens élèves
des Ecoles polytechnique, forestière, centrale, les anciens
sous- officiers de l'armée ac'tive, les anciens engagés con-
ditionnels, les sous-officiers de réserve. Les candidats des
trois dernières catégories sont soumis à des examens
spéciaux. Les anciens sous-ofiiciers doivent compter
deux ans de ce grade et avoir obtenu au corps un certifi-
cat d'aptitude à l'emploi de chef do section ou de peloton.
A l'exception des anciens officiers de rarmée active et des
élèves des écoles précitées, tous les officiers de réserve ou
de territoriale débutent par le grade de sous-lieutenant. Ils
ne peuvent avancer qu'au choix et seulement jusqu'au grade
de capitaine dans la réserve, au grade de chef de bataillon
ou d'escadrons dans l'armée terriloriale. Ils doivent comp-
ter au minimum quatre années d'ancienneté du grade de
sous-lieutenant, le temps passé dans leurs foyei's c-ompris.
pour être promus lieutenants, six aimées de ce dernier
grade pour ê(re promus capitaines, six années également
de celui-ci pour être promus chefs de bataillon ou d'es-
cadrons. Leur inscription aux tableaux d'avancement a lieu
dans les mêmes formes que pour les officiers de F armée
active. L'officier de réserve passe dans l'armée territoriale
avec sa classe de tirage au sort ou d'assimilation ; il y
conserve son grade et son ancienneté ; il peut aussi être
maintenu, sur sa demande, dans la réserve de l'armée
active. L'officier de réserve ou do territoriale qui démis-
sionne avant d'avoir été libéré de toutes les obligations
militaires imposées à sa classe rentre dans le rang avec le
grade qu'il avait antérieurement (sous-officier , capo-
ral, etc.) et sert, avec ce grade, pendant les périodes de
vingt-huit ou de treize jours qui lui restent à faire, ainsi
qu'en cas de mobilisation. Les officiers de réserve et de
territoriale sont convoqués, en principe, tous les deux ans,
pour des périodes d'instruction : vingt-huit jours les pre-
miers, quinze jours les seconds. Ils peuvent faire, en
outre, en dehors de ces périodes, des stages volontaires
de durée quelconque, avec ou sans solde, suivant la situa-
tion des crédits. Ils peuvent aussi, en cas d'insuffisance
d'instruction, être astreints, l'année qui suit leur convoca-
tion normale, à un stage supplémentaire de durée égale.
Durant ces convocations et en cas de mobilisation, les offi-
ciers de réserve et de territoriale sont assimilés de tous
points aux officiers de même grade et do même emploi de
l'armée active. Ils portentle même uniforme qu'eux, touchent
la môme solde, reçoivent les mêmes indemnités, jouissent
des mêmes prérogatives et sont assujettis aux mêmes obli-
gations. Toutefois, s'ils n'ont pas servi avec leur grade
dans Farinée active, ils cèdent le pas aux officiers actifs
de même grade, qu'ils soient ou non plus anciens
qu'eux, et ils ne peuvent, dans aucun cas. à moins
qu'ils ne soient d'anciens officiers de cette armée, exercer
les fonctions soit de chef de corps ou de service, soit de
commandant de dépôt. Hors le temps de service, il leur
est interdit de se revêtir sans autorisation spéciale de
leur uniforme.
Afin d'assurer, en dehors des périodes de convocation,
l'instruction des officiers des réserves, il a été créé dans
les diverses garnisons des écoles d'insî rue lion, oii sont
organisés, sous la direction et avec le concours des offi-
ciers du régiment actif, des conférences et des exercices
pratiques. Chaque officier est inscrit à celle de ces écoles
quiest la plus proche de sa résidence, et il lui est accordé,
pour s'y rendre, quart de tarif sur les lignes de chemins
de fer. Mais l'assiduité n'est pas exigée, et elles sont toutes
fort peu fréquentées.
Tous les services de l'armée ont, de même que les ar-
mées combattantes, des officiers des réserves : service de
santé, services administratifs, etc. Certains ont même leurs
cadres à peu près exclusivement constitués par eux : ser-
vice des chemins de fer et des étapes, service de la tréso-
rerie et des postes aux armées, service de la télégraphie
militaire, etc. Les titulaires de ces emplois sont, en gé-
néral, des agents des administrations publiques ou des
compagnies de chemins de fer, qui, en cas de mobilisa-
tion, reçoivent une commission d'officier, dont la nature
et l'importance dépendent de leur situation j)rofessionnelle
et non de leurs services mililaires proprement dits.
Ee nombre total des ofliciers et assimilés de la réserve
et de l'armée territoriale est de 6o. 000 environ.
ARMÉES ÉrnANGÈHES. — Allema(jne.].(is (jîMqvs
sont recrutés pour un tiers parmi les cadels, pour les deux
autres tiers parmi les avanlageurs. \.qs écoles de cadels
ont quelque analogie avec notre Prytanée de La Flèche.
La Prusse en a sept ; il y en a, en outre, une à Mu-
nich, une à Dresde et une à Carlsruhe. La durée des
études est de six années, embrassant tout l'enseignement
secondaire ; mais on y peut entrer dans les deux der-
nières années. A la fin de la sixième année, les élèves
passent un examen devant une commission spéciale sié-
geant à Berhn et, s'ils le subissent avec succès, sont en-
— 287 —
OFFICIER
voyés dans un corps de troupe de l'arme par eux choi-
sie, suivant leur classement de sortie. Les avantageins
sont des jeunes gens ayant fait leurs études dans des
établissements autres que les écoles de cadets. Ils pas-
sent le même examen que les cadets ou fournissent un
diplôme d'études supérieures. Ils sont incorporés, comme
les cadets, dans un régiment de l'arme par eux choisie et,
après cinq mois de service, les uns et les autres sont nom-
més FdJinriche (Porte-épée-fdhnriche avant le l^'^janv.
1899). Ils remplissent alors dans une compagnie, un es-
cadron ou une batterie, un emploi de sous-officier, tout
en ayant accès au casino des officiers et en vivant avec
eux, et, au bout de cinq à six autres mois de service,
sont dirigés par leurs chefs de corps sur l'une des onze
écoles de guerre {Kriegsschulen). Les cours, qui corres-
pondent à peu près à ceux de notre école de Saint-Cyr,
durent trente-cinq semaines. Ils se terminent par 1' « exa-
men d'officier ». Les Fdhnriche rentrent à leur corps,
toujours avec ce même titre, et, lorsqu'une vacance de
Leutnant (autref. Sekonde-LeiUnant) se produit, le plus
ancien est présenté pour la combler et soumis à un bal-
lottage d'admission. Tous les officiers du corps votent,
sous la présidence du colonel. S'il y a unanimité, l'ad-
mission est immédiate. S'il y a seulement une majorité
favorable, les commandants aux divers degrés appré-
cient, et le souverain prononce. Si la majorité est défa-
vorable, le Fâhnrich est exclu du corps sans recours
possible. Il peut essayer de se faire accepter dans un autre
corps; mais il rentre, d'ordinaire,dansla vie civile. Ajou-
tons que quelques privilégiés, de plus en plus nombreux
(un quart à un tiers), ne passent pas par toute cette filière :
ce sont les meilleurs élèves des écoles de cadets, lesquels,
à la lin de leurs études, se font admettre dans la Division
selecia. Il en existe une aux écoles de Lichterede, de
Dresde, de Munich. Les cours y sont semblables à ceux
des Kriegsschulen et, lorsqu'ils sont terminés, les cadets
qui les ont suivis subissent l'examen d'officier et sont nom-
més immédiatement Leutnant. Les officiers de l'artillerie
et du génie doivent, d'ailleurs, qu'ils aient été ou non
Fdhnriche, aller, après un stage de deux ans (artillerie)
ou d'un an (génie) dans un corps de troupe, une ou deux
années aux écoles d'application de Berlin et de Munich.
Quant aux officiers d'état-major, ils sont fournis par les
académies de guerre de ces deux villes (V. Etaï-M4jor).
En somme, et sauf certains privilèges en faveur des cadets
d'élite, \\ y a, parmi les officiers allemands, unité d'origine.
La hiérarchie des grades est la même qu'en France
jusques et y compris le grade de général de division. Il y
a ensuite un grade correspondant à notre emploi de com-
mandant en chef; les officiers généraux qui y sont nom-
més portent le titre de General, auxquels ils ajoutent cler
Infanterie, cler Kavallerie, der Artillerie, Selon leur
arme d'origine, où, jusque-là, ils ont tous été conservés.
L'avancement à tous les grades a lieu exclusivement à
l'ancienneté : dans le corps de troupe jusques et y com-
pris le grade de major, sur toute Larme pour les éche-
lons supérieurs. Pour ces derniers avancements, c'est, au
surplus, l'infanterie qui sert de règle ; par suite, aucun
major de la cavalerie ou de l'artillerie ne peut passer Keu-
tenant-colonel, aucun lieutenant-colonel ne peut passer
colonel, tant qu'il existe dans l'infanterie un major ou un
lieutenant-colonel plus ancien. Comme d'ailleurs le grade
est distinct de l'emploi, on trouve dans la cavalerie, arme
où les vacances sont plus fréquentes, plus des deux tiers
des régiments commandés par des lieutenants-colonels qui
n'ont pu passer encore colonels et qui en font fonctions.
Le fait inverse peut également se produire, et il existe dans
l'infanterie des majors continuant à remplir un emploi de
capitaine. Le droit strict d'avancer à l'ancienneté se trouve
mitigé en ce qu'il pourrait avoir de fâcheux par la fa-
culté que se réserve l'empereur de ne pas appeler un
officier au grade supérieur lorsque son tour arrive : celui-
ci demande alors sa mise à la retraite.
La statisti<}ue suivante, empruntée aux derniers an-
imaires allemands (tin 4898), donne une idée des condi-
tions de rapidité de ravancemcnt chez nos voisins. Le
plus ancien général faisant un service actif a 43 ans de
grade d'ofticier, le plus jeune commandant de corps d'ar-
mée 32 ans. Parmi les généraux de division, il en est dont
le brevet d'officier date de 4867, d'autres de 48(35 et
môme de 4864. (Quelques généraux de brigade ont été
nommés ofliciers en 4864, les plus jeunes en 4 868; seuls,
les personnages princiers font exception. La promotion à
l'emploi de commandant de régiment demande, en moyenne,
de 30 à M ans de service ; il faut, pour y arriver plus
tôt, être passé par les états-majors. Le grade même de
colonel s'obtient moins vite encore ; ceux (|ui ont été ré-
cemment promus sont sous-heutenants de 4862 à 4864
dans l'infanterie, de 4867 à 4869 dans la cavalerie, de
4865 à 4866 dans l'artillerie de campagne, de 4866 à
4868 dans l'artillerie à pied. De capitaine à major, l'avan-
cement est aussi fort Iciit : dans l'infanterie, la promo-
tion de 4872 n'est pas encore épuisée, l^ur résumer, on
passe capitaine vers 32 à 33 ans, major vers i'2 à 44 ans,
lieutenant-colonel vers 46 à i8 ans, colonel vers 48 à
34 ans, général vers 33 ans. Afin d'opérer un rajeunisse-
ment, de nombreuses mises à la retraite ont été pronon-
cées, en ces derniers temps, dans le haut commandement. —
Effectif des officiers de l'armée allemande en 4897 (armes
combattantes) : 23.000.
Les officiers des réserves sont recrutés en Allemagne
parmi les officiers démissionnaires et les anciens volon-
taires d'un an. Comme le nombre en serait insuffisant
pour les besoins de la mobilisation, on a créé, en faveur
des meilleurs sous-officiers présents sous les drapeaux, un
grade intermédiaire entre les positions de sous-officier et
d'officier {Diensl-thuende-offizier). De cette façon, les
emplois sont pourvus, et le titre d'officier n'est pas con-
féré à des candidats que les idées allemandes font consi-
dérer comme insuffisamment qualifiés.
Autriche- Hongrie. Les officiers de l'armée austro-
hongroise se recrutent : 4° parmi les élèves des académies
militaires de Wiener-Ncustadt (Theresianische Militdr-
Akademie) et de Vienne (TechniJi-AJcademie) , qui corres-
pondent assez, la première cà notre Ecole de Saint-Cyr, la
seconde à une fusion de nos Ecoles Polytechnique et de Fon-
tainebleau ; 2° parmi les cadets-suppléants officiers. Ce der-
nier titre se donne, tant aux élèves sortis des quinze écoles
de cadets, lesquelles sont tout à la fois des prytanées
comme celui de La Flèche et des écoles militaires prépara-
toires, qu'aux autres jeunes gens, militaires ou civils, qui
se présentent aux examens de sortie de ces écoles. Les
élèves des académies, qui fournissent environ 4/6 des offi-
ciers d'infanterie et de cavalerie et 2,6 des officiers d'ar-
tillerie et du génie, sont nommés tout de suite au grade
de Leutnant, leurs études terminées (3 à 4 ans). Le
cadet-suppléant a une situation assez analogue à celle du
tdhnrich allemand. Comme lui, il a au corps une situa-
tion intermédiaire entre celles de sous-officier et d'officier
et, pour être promu Leutnant, il lui faut l'agrément des
officiers du régiment. Il ne passe, toutefois, par aucune
nouvelle école, ayant dû ac([iiérir préalablement l'instruc-
tion tbéorique militaire.
D'après une loi récente du 29 déc. 4893, l'avancement
a lieu en principe à l'ancienneté et exceptionnellement au
choix. Jusqu'au grade de colonel, il porte sur l'earme ; pour /
les grades supérieurs, les colonels et généraux de toutes
armes concourent ensemble. Le grade est indépendant de
l'emploi: dans l'infanterie, des bataillons sont commandés
par des colonels ; dans F artillerie, la plupart des régi-
ments le sont par des lieutenants-colonels, qui jouissent,
d'ailleurs, de tous les avantages attribués au grade de co-
lonel. Pour beaucoup d'officiers, la carrière s'arrête au
grade de capitaine ; mais lorsque ceux-ci se trouvent dé-
passés, ils ne sont pas tenus, comme en Allemagne, de dé-
missionner. Un examen est nécessaire pour être promu
OFFICIER
288 —
major. Le major dépassé peut être repris ensuite et promu
lieutenant-colonel. Le lieutenant-colonel dépassé n'est ja-
mais repris et ne va pas plus loin. — Effectif des officiers de
toutes armes de l'armée austro-hongroise en 1897 : 24.500.
L'armée austro-hongroise a ses cadres de réserve cons-
titués par les anciens officiers démissionnaires et par les
anciens cadets et engagés conditionnels cpii ont satisfait à
des examens spéciaux.
Italie. L'armée italienne recrute ses officiers : 1° pour
les deux tiers, parmi les élèves de l'Ecole militaire de Mo-
dène (durée des cours, 2 ans) pour l'infanterie et la ca-
valerie, de l'Académie militaire de Turin (durée des cours,
CORRESPONDANCE DES GRADES DANS LES PRINCIPALES ARMÉES EUROPÉENNES
FRANCE
ALLEMAGNE
AUTRICHE-HONGRIB
RUSSIE
ITALIE
ANGLETERRE
(General feldinarschall.
'
Generalfeldmarsal.
General Field maràhall.
Maréchal do France, j General feldzeugmeister.
>Foldmarschail.
Maresciallo.
\
(General oberst.
)
Generalfeldze'gmeister.
]
/Field marshall.
Général de division.
General.
Feldzeugmeistcr.
General de Kavalerie.
General polni.
General.
Générale.
General.
General leutnant.
Feldmarschall-leutnant .
Generalleitnant.
Tencnte générale.
Lieutenant gênerai.
Général de brigade.
General major.
Generalmajor.
Generalmajor.
Maggiore générale.
Major gênerai.
Colonel.
Oberst.
Oberst.
Polkovnic.
Colonnello.
Colonel.
Lieutenant-colonel.
Oberstleutnant.
Oberstleutnant.
Podpolkovnic.
Tenonte colonnello
Lieufenant colonel.
Chef de bat.oud'csc.
Major.
Major.
Felt (2).
Maggiore.
Major.
Canifainc JHauptmann.
Lapuame. Rittmeistcr.
Hauplmann.
Rittmeistcr.
Kapitan, stabskapitan.
Rotmistr, stabstotmistr.
Gapitano.
Captain.
Lieutenant. Obcrlcutnant (1).
Oberleutnant.
Parrouchik.
Tenonte.
Lieutenant.
Sous-lieutenant. Leutnant (1).
Leutnant.
Podparrouchik.
Sottotenente.
Second-lieutenant.
(1) On disait, avant le l''^' janvier 1899,
Promier-leutnant, Sekonde-leutnant ; un or
dre impérial v a substitué ces deux nou- ||
voiles dénominations. — (2) Grade snppr
me.
3 ans) pour Fartillerie et le génie ; ^*^ pour un tiers, parmi
les sous-officiers qui ont été proposés pour l'avancement
et qui ont suivi pendant deux ans les cours de l'I^cole des
sous-officiers de Caserte. Les officiers de complément
(élèves des écoles militaires démissionnaires, sous-offîciers
libérés et volontaires d'un an élèves-officiers) peuvent aussi
rentrer dans l'armée active comme sous-lieutenants, en
passant un examen équivalant à l'examen de sortie de cette
dernière école. Les sous-lieutenants qui proviennent des
écoles de Modènc ou de Turin et qui veulent entrer dans les
armes spéciales vont compléter leur instruction dans des
écoles supérieures (ICcole de cavalerie de Pignerol, racole
d'application du génie et d'artillerie de Turin), au sortir
desquelles ils sont promus lieutenants. Il y a aussi, pour
l'infanterie, une Ecole centrale de tir, à Turin.
D'après une loi nouvelle du 2 juil. 1896, l'avancement
a lieu, en principe, à l'ancienneté par arme et par service,
jusqu'au grade de colonel inclus. l'lxceptionnellement,pour
le grade de capitaine, un quart des vacances sont données
au choix. Les lieutenants proposés doivent se trouver dans
le premier douzième de la liste d'ancienneté et avoir subi
avec succès les examens de sorlie de FEcole de guerre, ou
bien des examens spéciaux dont le ministre établit le pro-
gramme. Il leur faut d'ailleurs, pour s\v présenter, obte-
nir l'agrément de leur chef de corps et des généraux sous
les ordres desquels ils sont placés. Pour les divers éche-
lons du généi'alat, l'avancement a lieu exclusivement au
choix et sur l'ensemble des armes. Enfin, il y a pour tous
les grades un avancement exceptionnel au choix en fa-
veur de quelques officiers d'élite ([iie leurs aptitudes dési-
gnent d'avance pour le haut commandemenf. Les auteurs
de la loi pensent qu'elle permettra aux officiers d'arriver
au généralat, par le choix normal, entre oi- et 58 ans,
par le choix exceptionnel, vers 50 ans. — Effectif des offi-
ciers italiens de toutes armes en 1897 : 14.500.
Les cadres des réserves comprennent : les officiers en
position de service auxiliaire et les officiers de réserve,
qui sont d'anciens officiers retraités ou démissionnaires, les
officiers de complément (V. ci-dessus), qui correspondent
à nos officiers de réserve, et les officiers de milice territo-
riale, dont on n'exige que la possession d'un diplôme équi-
valant à notre certificat de grammaire et une situation so-
ciale et pécuniaire en rapport avec la position d'officier.
Ilussie. Les officiers se recrutent dans le corps des pages
du tsar, dans les écoles militaires, dans les écoles dGijoun-
Jiers, directement dans les cadres. Les pages sont des fils de
hauts fonctionnaires. Ils passent neuf ans à l'Ecole des
pages et, après un examen très sévère, sont placés, d'après
leur numéro de sortie, soit, comme sous-lieutenants, avec
un an d'ancienneté, dans un régiment delà garde ou dans
un autre régiment de leur choix, soit avec le même grade,
mais sans ancienneté, dans un régiment quelconque, soit
comme sous-enseigne-younker dans un régiment, où, avant
de passer sous-lieutenants, ils font, pendant six mois, fonc-
tions de sous-officier. Ces écoles militaires sont au nombre
de 3 pour l'infanterie, 1 pour l'artillerie, 1 pour le génie.
Elles sont ouvertes aux jeunes gens de toutes les classes
de la société ; on y est admis à 16 ans, soit après examen,
soit sur la production d'un diplôme d'études délivré par
l'un des 22 gymnases de l'empire russe ; la durée des
cours est de 2 ans pour l'infanterie et la cavalerie, de
3 ans pour l'artillerie et le génie ; on en sort, suivant le
numéro de sortie, sous-lieutenant ou sous-enseigne-youn-
ker. Les écoles des younkers, au nombre de 8 pour l'in-
fanterie, 2 pour la cavalerie, 3 pour les cosaques, consti-
tuent la principale source de recrutement des officiers.
Elles sont ouvertes aux sous-officiers volontaires aspirants
officiers et aux miliciens justifiant d'une certaine instruc-
tion. La durée des cours est de deux ans. A la sortie, les
élèves sont nommés sous-enseignes-younkers et promus
sous-lieutenants d'après leur rang, après six mois ou un
an de service. A titre exceptionnel, des sous-officiers peu-
vent être nommés directement officiers sans passer par les
écoles, soit en récompense d'actions d'éclat, soit après de
longs et excellents services.
En Russie, comme en Allemagne et en Autriche, la
fonction est indépendante du grade. Les sous-lieutenants
sont nommés lieutenants après 4 années de service. Les
lieutenants sont, sauf de rares exceptions, promus capi-
taines à l'ancienneté. Cet avancement a lieu par régiment,
dans l'infanterie et la cavalerie, sur l'ensemble de l'arme
pour le génie et l'artillerie. L'avancement a lieu ensuite,
pour toutes les armes, sur l'ensemble de chacune d'elles.
Le grade de major a été supprimé en 1884. Les lieute-
nants-colonels sont pris au choix pour moitié dans l'in-
fanterie et la cavalerie, pour un quart dans l'artillerie et
le génie. On passe lieutenant-colonel de 38 à M ans au
choix, de 48 à 50 ans à l'ancienneté. Pour le grade de
"289
OFFICIER
colonel et pour les grades supérieurs, l'avancement ne se
fait qu'au choix. — Effectif des officiers russes (1897) :
environ 36.000.
Les officiers de réserve sont ou des officiers en congé,
ou d'anciens officiers démissionnaires ou retraités, ou
d'anciens volontaires, ou enfin des élèves des écoles mili-
taires ou des écoles de younkers, dont on dispose d'avance
pour une mobilisation éventuelle. On arrive ainsi à un total
de 'iîO.OOO environ; il en faudrait plus de 40.000 pour
compléter les cadres des diverses unités mobilisées.
Angleterre. Jusqu'en 1871, les grades, dans l'armée
anglaise, s'achetaient à des prix variables, mais d'ordinaire
fort élevés. Le régime actuel résulte d'une ordonnance de
1877. Le grade de second lieutenant est conféré : 4^ aux
cadets du collège militaire de Sandhurst (infanterie et ca-
valerie) ou de l'académie militaire de Woohvich (artillerie
et génie), qui ont subi avec succès les examens de sortie ;
2^ aux officiers de la milice qui remplissent certaines con-
ditions; 3^ aux sous-officiers méritants. Les officiers de
ces deux dernières catégories sont fort rares, de sorte que
l'unité d'origine existe en fait. Après trois ans de stage
et un nouvel examen, le second-lieutenant est promu lieu-
tenant ou congédié. Dans l'armée anglaise, plus que dans
aucune autre, la fonction est indépendante du grade, pres-
que toujours supérieur à celui qu'elle comporte. L'avan-
cement est donné à l'ancienneté jusqu'au grade de major.
Les lieutenants-colonels, lesquels sont commandants de ré-
giment, sont nommés au choix et, au bout de quatre ans,
reçoivent le titre de colonel. Les généraux passent à l'an-
cienneté. L'avancement est particulièrement rapide. A cela
trois causes : la proportion des officiers supérieurs est très
forte, la retraite est prononcée d'office à un âge très jeune
et un grand nombre d'officiers sont en disponibilité. Ceux-
ci reçoivent la demi-solde. La solde elle-même est, d'ail-
leurs, 1res élevée ; de même la retraite, qui, pour un capi-
taine, peut atteindre plus de 7.000 fr. Dans l'armée des
Indes, la plupart des officiers subalternes sont indigènes.
Les officiers supérieurs et ceux de l'état-major sont Anglais.
Ces derniers avancent à date fixe, qu'il y ait ou non des
vacances. Un lieutenant touche 7.800 fr., un colonel
chef de corps 36.000 fr. Les officiers de la milice sont,
sauf un adjudant-major par corps, qui appartient à l'armée,
de simples citoyens nommés sur la proposition des auto-
rités des comtés et après un examen superficiel. — Effectif
des officiers de l'armée anglaise en 1898 (armée perma-
nente) : 10.500.
II. Marine. — Officiers de marine, Officiers mari-
niers. Officiers de vaisseau. Officiers des troupes de la
MARINE (V. Marine).
III. Histoire et législation. — Officiers de la cou-
ronne.— On désigna en France, à partir du xvi^ siècle, sous
le nom d'officiers de la couronne ou grands officiers un
certain nom])re de dignitaires qui remplissaient à la
cour certaines fonctions en même temps qu'ils étaient les
chefs de grandes administrations publiques. Ils se dis-
tinguaient des autres officiers royaux en ce que leur
office était perpétuel, c.-à-d. viager, mais non héré-
ditaire, et ne pouvait leur être enlevé que pour crime de
lèse-majesté et après procès, qu'ils prêtaient le serment
au roi et n'étaient pas tenus de prendre des lettres de
confirmation aux mutations de rois et que chacun d'eux
avait une justice particulière. Pour retrouver l'origine des
grands officiers et pour se rendre compte du doul)le carac-
tère de leur charge, qui comportait le service particulier
du roi et un service public, il faut remonter jusqu'à l'époque
mérovingienne. Le roi s'élanl approprié h^s droits de l'Etat
et le palais étant devenu le centre du gouvernement, les
officiers, qui, originairement, n'avaient a remplir vis-à-vis
du roi que des services privée» se trouvèrent portés à la
tête de F administration du royaume. -C'est ainsi, par
exemple, que les camerarii, de simples gardiens du tré-
sor royal, devinrent les plus hauts fonctionnaires de l'ad-
ministration financière, le fisc public s'élant confondu avec
GRANDE encyclopédie. — XXV.
le fisc royal ; ainsi encore que le connétable, qui n'avait
d'abord que le soin des écuries royales, devint par la suite
le chef de la cavalerie, puis de l'armée. La plupart des
officiers qui deviendront les officiers de la couronne se ren-
contrent déjà dans le palais mérovingien : le sénéchal, le
chambrier, le connétable ; seulement ils n'avaient pas en-
core la prépondérance sur les autres palatins. Le bouteil-
1er et le chanceUer n'apparaissent qu'à Fépoque carolin-
gienne. Sous les premiers Capétiens, les officiers du palais
souscrivent aux diplômes, confondus avec les grands laïques
et ecclésiastiques, et sans qu'aucune hiérarchie soit éta-
blie entre eux. Peu à peu, sous le règne de Philippe 1^^',
cinq officiers tendent à se dégager des autres : le sénéchal
(dapifer), le connétable, le bouteiller, le chambrier, le
chancelier. A partir de Louis VI, il est de règle que les
noms de ces cinq officiers figurent à la fin des di])lomes
royaux.
L'ordre suivi dans leur énumération varie, sauf pour le
sénéchal et le chancelier, dont l'un tient toujours la tête
et F autre le dernier rang. Mais sous Philippe- Auguste l'on
s'arrête au système suivant : sénéchal, bouteiller, cham-
brier, connétable, chancelier. Il importe de remarquer que
la souscription des grands officiers esttictive, c.-à-d. qu'elle
n'indique pas qu'ils assistaient à l'expédition de l'acte,
qu'ils étaient au lieu même d'où l'acte est daté, mais seu-
lement qu'ils étaient en charge. On indiquait la vacance
de l'office : dapifero millOy par exemple, ou vacante
cancellaria. Ces officiers s'efforcèrent de rendre leur charge
héréditaire. L'accroissement de leur pouvoir effraya la
royauté qui, au xii^ siècle, eut à soutenir des luttes contre
ses officiers. Pour écarter le danger, les rois Louis VI,
Louis VII et Philippe- Auguste dépossédèrent violemment
certains titulaires, laissèrent les offices vacants et firent
passer les attributions des gj\ands officiers à des officiers
inférieurs. Philippe-Auguste laissa, après W^^), la chan-
cellerie vacante pendant trente-huit ans. Le même roi, en
1191, à la mort du sénéchal Thibault, comte de Blois, ne
lui donna pas de successeur ; l'oifice ne fut cependant pas
supprimé, et, jus([u'au xiv^ siècle, les diplômes royaux
portèrent l'indication de la vacance du dapiférat. Encore
auxvii^ siècle, figurait au sacre un personnage qu'on dé-
corait pour la circonstance du titre de sénéchal et qui en
jouait le rôle dans la cérémonie.
Dans le premier cpiart du xiii^ siècle, Fusage s'établit
d'ajouter au titre des grands officiers le qualificatif « de
France ». Robert de Courtenay apparaît en l!223 avec la
qualité de bouteiller de France dans l'ordonnance sur les
juifs. La même année, Barthélémy de Roye et Mathieu de
Montmorency figurent parmi les membres de la cour du
roi, au Parlement, le premier comme chambrier de France,
le second comme connétable de France. En 1224, à pro-
pos d'un appel porté à la cour par Jean de Néelle contre
la comtesse de Flandre, la cour jugea que le chancelier,
le bouteiller, le chambrier et le connétable avaient droit
de siéger avec les pairs de France pour juger les pairs ;
ces officiers sont qualifiés niinisteriales hospitii do-
mini régis, c.-à-d. officiers de l'hôtel du roi. Le nombre
des officiers de la couronne a varié. Et les jurisconsultes
ne sont jamais tombés d'accord sur les dignitaires aux-
quels il convenait d'accorder cette qualification. D'ailleurs,
même aux deux derniers siècles de la monarchie dans les
Etats de la France, qui donnent la liste des fonctionnaires
et le tableau des administrations, les grands officiers ne
forment pas une classe à part ; ils prennent rang„ soit dans
la maison du roi, soit en tête des administrations de la
guerre. La dignité de chambrier fut supprimée en lo4o
par François 1^'', qui réunit les droite, profits et justice
de cette charge au domaine de la couronne. Les fonctions
du chambrier furent en partie dévolues au grand cham-
bellan.
Une déclaration de Henri Kl, en date du b avr. ibS'2,
réglant des questions de préséance, énumère les gi^ands
officiers dans l'ordre suivant : le connétable, le chance-
19
OFFICIER
290
lier, le grand maître, le grand chambellan, l'amiral et les
maréchaux. C'est encore le roi Henri 111 qui, en 4584,
érigea en office de la couronne la charge de colonel de
l'infanterie, en faveur du duc d'Epernon, qui prit le titre
de grand colonel de France. Henri IV reconnut au grand
écuyer la qualité d'officier de la couronne. Du Tillet, dans
son Recueil des roys de France, publié en 160:2, met au
l'ang des officiers de la couronne le grand pane lier, le
grand échanson ou bouteiller, le grand queux de France.
En 1613, Loyseau, dans son livre du Broie t des offices,
donne la liste suivante des officiers de la couronne : le
connétable, le chancelier et le grand maître de France,
qui sont les trois principaux : pour la guerre, les maré-
chaux de France, le colonel de l'infanterie, le grand maître
de l'artillerie ; pour la maison du roi, le grand aumônier,
le grand chambellan, le grand veneur, le grand prévôt.
En 1627, Richelieu fit supprimer l'office de connétable, et
ses attributions judiciaires furent confiées à un tribunal
composé de maréchaux et connu sous le nom de tribunal
de la connétablie. La charge de colonel général de l'in-
fanterie fut supprimée en i66i. Quant à la dignité de
grand aumônier, la question de savoir si elle était ou non
office de la couronne resta toujours en suspens. Saint-Si-
mon, dans ses Mémoires (édit. deBoislisle, VII, p. 196),
dit que M. le cardinal de Bouillon « prétendoit très faus-
sement que sa charge de grand aumônier étoit office de la
couronne, comme force autres choses, et que, conséquem-
ment, en ne donnant point de démission, elle ne pouvoit
lui être ôtée sans lui faire son procès, dont sa pourpre le
meltoit à l'abri ». Et le Journal de Dangeau (VII, p. 370) :
« On dispute ici si elle est charge de la couronne ou si elle
ne l'est pas ; les avis des courtisans sont fort partagés là-
dessus, aussi bien que ceux des auteurs qui ont écrit sur
cette matière. » Plusieurs des officiers de la maison du roi,
qui prêtaient serment entre les mains du roi, prétendirent
à la qualité d'officiers de la couronne, par exemple le pre-
mier écuyer, qui voulait se soustraire à l'autorité du grand
écuyer.
Nous avons dit plus haut quels étaient au xvii^ siècle
les caractères essentiels qui distinguaient les officiers de
la couronne. Leur charge était viagère ; mais si le roi ne
pouvait pas les dépouiller de leur titre, il pouvait leur
enlever leurs fonctions, comme, par exemple, la garde du
sceau de France au chancelier. Les officiers cherchèrent à
convertir leur charge en fief et à la rendre héréditaire.
Ils n'y parvinrent pas, en droit, mais, en fait, les rois au-
torisèrent la transmission de ces offices : par exemple, les
ducs de Bourbon tinrent pendant plusieurs générations
l'office de chambrier, qui ne leur fut enlevé que lors de
la confiscation des biens de Charles de Bourbon. Les grands
officiers étaient reçus sans information par le seul ser-
ment entre les mains du roi, et si quelques-uns ont fait
enregistrer leurs lettres au Parlement, ils n'y étaient pas
obligés, bien que le Parlement prétendit que les officiers,
comme exerçant une juridiction, dussent être reçus par
lui au môme titre que les autres officiers de justice. Les
émoluments des grands officiers consistaient en certains
revenus du domaine ; de plus, ils disposaient des charges
inférieures dépendant de leur département, prérogative
qui devint une source de profits quand la vénalité des
charges fut établie : « J'eslime, dit Loyseau, que le plus
beau droit qu'ayent à présent les officiers de la couronne,
c'est la disposition des menus oflices de leur charge, de-
puis qu'ils se sont Hcenciez de les vendre. » Quand le roi
tenait séance au Parlement, ces ofliciers l'accompagnaient ;
mais ils ne pouvaient entrer qu'à sa suite, bien qu'ils sié-
geassent aux hauts sièges avec voix défibérative ; cepen-
dant le chancelier, chef de la justice, avait son siège en
bas parce qu'il était tenu seulement comme magistrat.
Les grands officiers de la couronne disparurent avec
l'ancienne monarchie. Napoléon P'' les rétabfit ; on dis-
tinguait sous l'Empire les grands dignitaires et les grands
officiers. Les premiers étaient le grand électeur, le grand
connétable, l'archi-chancelier, Parchi-trésorier, le grand
amiral, le vice-électeur, le vice-connétable. Les grands
officiers étaient les uns militaires, les autres civils. Les
mihtaires étaient : les maréchaux, les inspecteurs et co-
lonels généraux de l'artillerie, du génie, des troupes à
cheval et de la marine, l'inspecteur général des côtes de
la mer de Ligurie, l'inspecteur général des côtes de la mer
du Nord. Les grands officiers civils étaient : le grand chan-
ceher et le grand trésorier de la Légion d'honneur, le
grand aumônier, le grand chambellan, le grand maréchal
du palais, le grand écuyer, le grand veneur et le grand
maître des céiémonies. La Restauration rétabHt quelques-
uns des officiers de la couronne de l'ancien régime, qui
disparurent en 1830. Le second Empire créa un grand
maréchal de palais, un grand chambellan, un grand maître
des cérémonies et un grand écuyer. (Pour les détails, voyez
les articles consacrés à chacun des grands officiers.)
M. Prou.
Offices. Officiers ministériels. — Agents institués par
la loi pour aider à l'administration de la justice et pour
prêter aux parties leur ministère, qu'ils ne peuvent refu-
ser. La Kste des officiers ministériels peut être dressée
Umitativement ; elle comprend : les avocats à la cour de cas-
sation, les notaires, greffiers, avoués, huissiers, commis-
saires-priseurs, agents de change et courtiers. Ces divers
officiers ministériels, qui sont nommés par le gouvernement,
comme les fonctionnaires, présentent ce trait caractéristique
qu'ils sont propriétaires de leurs charges et qu'ils peuvent les
céder à un successeur, moyennant un prix déterminé. Au
contraire, un conservateur des hypothèques qui reçoit un
Iraitemcnt de l'Etat et certains honoraires des particufiers,
tout comme un greffier, n'est pas propriétaire de son office
et ne pourrait par conséquent pas le céder : il n'est pas
officier ministériel.
On appellait autrefois offices toutes les charges con-
férant des fonctions publiques. Longtemps les fonction-
naires furent nommés à prix d'argent, et le principe
de la vénalité des charges paraît remonter aux premières
époques de l'empire romain sous Tibère, alors que l'usage
s'introduisit de donner les fonctions publiques à celui qiii
versait une sommed'argent supi^aléesuffragium. Lessuffra-
gia n'étaient point cependant considérés comme un prix de
vente, et les fonctionnaires n'avaient point la propriété de
leurs charges qu'ils ne pouvaient transmettre par voie d'hé-
rédité. En France, la vénalité des charges semble n'avoir été
légalement reconnue que vers le milieu du xv^ siècle ; aupa-
ravant les charges étaient temporaires, révocables et essen-
tiellement intransmissibles, et cependant on voit déjà des
ordonnances défendant la vénalité des charges, ce qui
prouve combien peu était respectée en pratique la règle
de l'intransmissibiUté des charges. Quand Loyseau écrit
son traité des offices sous Henri IV, après i'édit fameux
de la Paulette, les jurisconsultes reconnaissaient en France
trois sortes d'oflîces héréditaires. Tous les offices qui re-
levaient de la pure volonté du roi, c.-à-d., en fait, les
plus nombreux, étaient vénaux. Déjà au temps de saint
Louis, la prévôté de Paris était réputée vénale. Sous
les règnes suivants, les abus ne firent qu'augmenter.
Sous Henri III, l'ordonnance de Blois abofit la vénaHté des
charges de judicature, mais bientôt après elle est rétablie.
Enfin, en 1601, survient Ledit de Henri IV, appelé édit de
la Paulette, parce que Charles Paulet, secrétaire du roi, en
avait fourni l'idée. Avant I'édit de 1601, dans toutes les
provisions des offices, on insérait la clause suivante em-
pruntée au droit canonique : « pourvu que le résignant
vive quarante jours après la date des présentes ». En
pratique, il était fait exception à cette règle par des dis-
penses qui étaient devenues de forme puisqu'elles étaient
insérées dans toutes les provisions moyennant finances.
L'édit de 1604 supprima la règle de quarante jours pour
les ofliciers, soit de finances, soit de justice, qui payaient
au roi au commencement de chaque année la soixantième
pai'lio du prix mi taxe de leur offi'cc. et établil ainsi, en
— ^m
()l4lCtËK
fait, l'hérédité et la vénalité des offices ; aussi vit-on le
prix des offices considérablement augmenté, puisque, moyen-
nant le paiement de l'impôt annuel dit paulette, chaque
officier devenait propriétaire de sa charge. Si la vénalité
des offices avait eu quelques bons résultats, notamment
l'inamovibilité de la magistrature, il n'en est pas moins
vrai qu'elle donnait lieu de toutes parts à des plaintes
nombreuses. Nommés à prix d'argent, les officiers ne
voyaient dans leurs charges qu'un moyen de faire rai)i-
dement fortune par toutes sortes d'exactions.
Ce système de la vénalité des charges dui'a, nialgcé
les réclamations et les protestations, jusqu'à la tin de
la monarchie. L'Assemblée constituante en décréta l'abo-
lition dans la nuit du 4 août 1789. Pour ne pas dé-
pouiller les titulaires d'offices d'une propriété qu'ils
avaient réguUèrement payée, diverses lois de 1791 déci-
dèrent que ce prix leur serait remboursé sous forme
d'une inscription de rente sur le grand livre de la Dette
publique. Cependant, la vénalité des charges, abolie en
droit, continua d'exister en fait pendant tout le Consu-
lat et l'Empire. Un décret de 1791 et plus tard une loi
du o germinal an XI avaient permis aux notaires rem-
placés de traiter de gré à gré avec leurs successeurs
])our les recouvrements des honoraires qui leur étaient
encore dus et pour le bénéfice des expéditions. Cette
concession servit à masquer de véritables cessions d'of-
fices. Les officiers ministériels qui désiraient céder trai-
taient avec leur futur successeur, et, sous couleur de
stipuler une indemnité pour la transmission de leurs
minutes, de leurs dossiers et de leurs recouvrements, ils
fixaient un véritable prix. Puis, avec la connivence des
chambres de discipline et la tolérance du gouverne-
ment, le successeur désigné était régulièrement nommé,
de sorte qu'en réalité il y avait bien eu vente ou cession
d'office.
Après l'Empire, le Trésor étant ruiné et la l^ranco
endettée, on imagina de tirer un revenu des cessions
d'offices qui continuaient toujoui's à être pratiquées: à
cet eflet, la loi du 28 avr. 1816 (loi de finances) obligea
les officiers ministériels à augmenter le montant de leur
cautionnement, et, par compensation, leur reconnut le
droit de présenter à l'agrément du roi leurs successeurs,
pourvu que ceux-ci réunissent les conditions exigées par
les lois : c'est la consécration de la vénalité des offices
et d'une véritable propriété au profit des officiers minis-
tériels.
Actuellement donc, les officiers ministériels sont pro-
priétaires de leurs charges, ils peuvent les vendre, ou,
comme on dit, les céder, mais il faut que leurs succes-
seurs soient agréés par le gouvernement. D'après la loi du
'25 juin 1841, tout traité de cession d'office doit être cons-
taté par écrit et enregistré. Deux exemplaires sont pro-
duits : l'un, sur papier libre, doit rester au parquet du
procureur général; l'autre, sur papier timbré, est soumis
à l'approbation de la chancellerie ; ce second exemplaire
est accompagné d'un état des produits de l'office pendant
les cinq dernières années, avec l'indication du prix de ces-
sion. Mais ce prix doit être agréé par la chancellerie, qui
peut le réduire, si elle estime qu'il est exagéré. Il im-
porte en effet à l'ordre public que les offices ministériels
ne soient pas cédés k des prix trop élevés, car autrement
les titulaires de charges s'efforceraient, pour retrouver
l'intérêt de leur argent, de percevoir des honoraires abu-
sifs ou de chercher des ressources dans des occupations
étrangères à leurs fonctions. C'est ce désir d'augmenter
leurs bénéfices qui a poussé tant de" notaires à s'occuper
d'opérations de banque pour le compte de leurs clients et
à se transformer peu à peu en agents d'affaires. Jusque
vers 1850, la chancellerie avait fixé d'une manière inva-
riable les bases qui devaient servir à déterminer le prix
d'un office : elle multipliait par 10 le chiffre du produit
moyen des cinq dernières années et le total représentant
le prix de la charge. Ce procédé n'attribuait aux offices
qu'une valeur insufiisante, aussi y a-t-on renoncé. Actuel-
lement, la chancellerie admet assez généralement que,
pour déterminer la valeur en capital d'une charge, le
produit moyen doit être multiplié par 15 ou 20 pour les
huissiers, par 12 à 15pourlescommissaires-priseurs, par
12 pour les notaires et les greffiers, par 15 pour les
avoués. D'ailleurs, cette base de calcul n'a plus rien d'in-
variable, et, si l'on s'en rapproche volontiers, du moins on
apprécie dans chaque cas particulier les conditions spé-
ciales oii se trouve placé l'ofiicc dont il s'agit : sa situa-
lion, son avenir, sa réputation. Si le prix fixé par les
parties paraît trop élevé, la chancellerie le réduit. Elle vé-
rifie également si le candidat réunit toutes les conditions
do capacité, et ensuite la nomination est faite par le Pré-
sident de la République. Très souvent, afin de tromper la
surveillance du gouvernement, l'officier ministériel et son
futur successeur fixent un prix apparent, destiné à être
soumis à la chancellerie, et stipulent un supplément dans
une contre-lettre qui restera secrète entre eux. Cette fraude,
d'un usage trop fréquent, n'est pas sans danger. Indépen-
damment des peines disciplinaires très graves (amende et
même destitution) qu'elles entraînent contre le cession-
naire, pour le cas oti la supercherie est découverte, ces
contre-lettres sont contraires à l'ordre public et radicale-
ment nulles : elles ne produisent aucun effet. Par consé- *
quent, le cessionnaire n'est pas tenu de payer le supplé-
ment de prix stipulé ; s'il l'a payé, il est en droit d'en
imputer le montant sur le prix, si celui-ci n'a pas été
encore intégralement versé ; il peut même répéter ce sup-
plément (le prix versé, pendant trente ans; enfin l'action
en nuUité de la contre-lettre n'est couverte ni par une re-
nonciation, ni par une ratification, ni par une transaction.
Le nombre des offices ministériels d'un ressort déter-
miné n'estpas invariable : il appartient toujours au gou-
vernement de l'augmenter ou de le diminuer s'il estime
qu'il est insuffisant ou trop élevé. Dans le cas de création
d'une nouvelle charge, le titulaire la reçoit gratuitement,
mais il doit piiyer une indemnité à ses confrères dont les
produits se trouveront diminués par l'établissement d'une
nouvelle charge. Inversement, quand il s'agit de la sup-
pression d'un office, le gouvernement attend en général
qu'un titulaire décède ou manifeste l'intention de se reti-
rer, et il oblige ses confrères à lui verser à eux tous une
indemnité égale au prix de l'étude supprimée. Les sup-
pressions sont d'ailleurs incomparablement plus nom-
breuses que les créations de nouvelles charges, car le
nombre des offices avait été, à l'origine, fixé à un chiffre
trop élevé, sauf pour certaines grandes villes. La sup-
pression d'un office ministériel ne dépend pas absolument
de l'arbitraire du gouvernement, et certaines autorités
doivent, au préalable, être consultées : ainsi la chancel-
lerie demande l'avis de la chambre de discipline, du tri-
bunal et de la cour d'appel, sur l'opportunité de la sup-
pression projetée. F. Girodon.
IV. Police. — Officiers de police judiciaire. — On
appelle officiers de police judiciaire les agents officiels qui
sont chargés de l'exercice de la police judiciaire, c.-à-d.
principalement de la recherche des crimes et des délits.
Les officiers de pohce judiciaire sont, aux termes de l'art. 9
du C. d'inst. crim. qui nous en donne l'énuméralion : les
gardes champêtres et les gardes forestiers, les commissaires
de police, les maires et adjoints au maire, les procureurs
de la République et leurs substituts, les officiers de gen-
darmerie et les juges d'instruction. L'art. 9 mentionne aussi
les commissaires généraux de police qui ont été supprimés en
1815. Les préfets dans leurs départements peuvent aussi,
dans certains cas, remplir des actes d'officier de police ju-
diciaire. La police judiciaire est exercée sous l'autorité su-
prême de la cour d'appel, et chaque officier de police
judiciaire a des attributions spéciales établies par le code
d'instruction criminelle et est soumis à la double surveil-
lance du procureur général et do la c()ur d'appel.
Elle TOURNERIE.
OFFICIER
^29^2 —
Officiers de paix (V. Police).
V. Médecine. — Officiers de santé. — Les ofiiciers
de santé constituaient une classe de médecins d'une instruc-
tion moins étendue que les docteurs en médecine. Institués
par la loi du 19 ventOse an XI (10 mars 1803), ils ne pou-
vaient exercer en dehors du département où ils avaient été
examinés par le jury nommé à cet etfet ; ils ne pouvaient
pratiquer les grandes opérations chirurgicales s»ns l'assis-
tance d'un docteur en médecine, et, dans le cas d'accidents
graves arrivés dans une opération pratiquée en dehors de
cette surveillance, il y a\ aitrecoui^s à indemnité contre l'offi-
cier de santé coupable. Tout le monde sentait depuis long-
temps tout rillogisme de cette organisation, qui avait eu
pour but, à l'origine, d'assurer les secours médicaux dans
les campagnes et dont le seul résultat avait été de faire
naître une concurrence regrettable entre les deux caté-
gories de médecins, sans que pour cela les campagnes
lussent mieux desservies. En eflfet, on trouvait autant
d'officiers de santé dans les grandes villes que dans les
petits centres. Enfin la loi de 1892 est venue faire cesser
cet état de choses en décrétant la suppression de l'offi-
ciat. L'es officiers de santé en exercice ont été invités à
régulariser leur situation en passant les examens. com-
plémentaires nécessaires pour acquérir le diplôme de doc-
teur.
VI. Distinctions honorifiques. — Officiers d'Aca-
démie et Officiers d'Instruction publique. — Ces deux
grades de la décoration décernée par le ministère de l'ins-
truction publique, et dont la vogue depuis tantôt un siècle
est toujours allée grandissant, n'ont pas présenté, à l'ori-
gine de l'institution, le caractère qui leur appartient de nos
jours. Maintenant, en effet, les palmes académiques —
tel est le nom donné aux insignes qui les attestent —
constituent une décoration officielle, au-dessous de la
Légion d'honneur. Et, de même que la Légion d'honneur,
primitivement destinée avant tout à récompenser la valeur
militaire, a bien vite signalé également les services civils,
de même les palmes académiques n'avaient d'abord d'autre
tin que de désigner des fonctionnaires de Tinstruction pu-
bbque placés aux degrés supérieurs de la hiérarchie ou
mis en lumière par leur activité et leurs talents ; puis, peu
à peu, elles se sont étendues à des mérites très divers,
mais qui ne concernaient l'enseignement que de loin. Bien
plus, à parler exactement, les palmes ne composaient pas,
dans la pensée de leurs fondateurs, un ordre proprement
dit, et le mot de décoration les aurait alors très impro-
prement dénommées. Elles correspondaient à des titres,
comprenant trois degrés, dont un devait plus tard dispa-
raître. Nous ne saurions mieux, d'ailleurs, retracer leur
histoire qu'en citant ou en analysant les principaux articles
des décrets et règlements s'appliquant à cet ordre.
« Cet ordre », disons-nous, et tel est bien le terme em-
ployé par le décret fondateur. Mais nous devons prendre
garde, alors que nous en usons, à ne point commettre une
équivoque. Quand le décret parle à'ordre, c'est au sens
étymologique, pour désigner la hiérarchie selon laquelle
il conviendra de répartir les différents dignitaires de l'Uni-
versité. Il vise à étabhr la suite, le rang des membres
attitrés de l'enseignement public. Il se propose non pas de
fournir un appât aux amours-propres, mais une métho-
dique distribution des agents d'un grand service national.
Ce n'est que plus tard que cette destination ju'emière sera
perdue de vue et que les palmes joueront le rôle exclusif
de distinction honorifique, conférée en proportions presque
égales aux membres de l'enseignement et à des personnes
dénuées de toute investiture universitaire. La fondation
des palmes, définies de la sorte, est pour ain.si dire con-
temporaine de l'Université elle-même. Le règlement qui
stipule leur mode de collation fait partie intégrante du
décret impérial du IT mars 1808 « portant organisation
de l'Université ». Il est compris dans le titre IV traitant
de l'ordre qui sera établi entre les membres de VUni-
versilé, des ra)ujs et des tilres attachés aux fonctions.
De ce titre il occupe le §2, que nous donnons en son en-
tier :
« § 2. Des titres attachés aux fonctions. — 32. 11
est créé, parmi les gradués fonctionnaires de l'Université,
des titres honorifiques destinés à distinguer les fonctions
éminentes et à récompenser les services rendus à l'ensei-
gnement. Ces titres seront au nombre de trois, savoir :
1° les titulaires ; 2« les officiers de l'Université; 3^ les
officiers des Académies.
« 33. A ces titres seront attachées : 1° des pensions
qui seront données par le grand maître ; 2« une décora-
tion qui consistera dans une double palme brodée sur la
l)artie gauche de la poitrine. La décoration sera brodée
en or pour les titulaires, en argent pour les officiers de
l'Université, en soie bleue et blaiiche pour les ofiiciers des
Académies.
« 34. Seront titulaires de F Université impériale, dans
l'ordre suivant: 1*^ le grand maître de l'Université ; 2'' le
chancelier de l'Université ; 3« le trésorier de l'Université ;
^^ les conseillers à vie de l'Université.
« 35. Seront, de droit, officiers de l'Université, les con-
seillers ordinaires de l'Université, les inspecteurs de l'Uni-
versité, les recteurs, les inspecteurs des Académies, les
doyens et professeurs des Facultés. Le titre d'officier de
l'Université pourra aussi être accordé par le grand maître
aux proviseurs, censeurs, et aux professeurs des deux pre-
mières classes des lycées les plus recommandables par leurs
talents et par leurs services.
« 36. Seront, de droit, officiers des Académies, les pro-
viseurs, censeurs et professeurs des deux premières classes
des lycées et les principaux des collèges. Le titre d'officiers
des Académies pourra aussi être accordé par le grand maître
aux autres professeurs des lycées, ainsi qu'aux régents
des collèges et aux chefs d'histitution, dans le cas où ces
divers fonctionnaires auraient mérité cette distinction par
des services éminents.
«37. Les professeurs et agrégés des lycées, les régents
des collèges et les chefs d'institutions, qui n'auraient pas les
titres précédents, porteront, ainsi que les maîtres de pen-
sion et les maîtres d'étude, le seul titre de membres de
l'Université. »
Sous le règne de Louis-Philippe paraissent diverses or-
donnances modifiant ou complétant le décret de 1808, sans
en altérer ni l'esprit ni les dispositions essentielles. L'or-
donnance royale du 14nov. 1844 autorise la collation du
troisième grade, celui d'officier d'Académie, aux maîtres
d'études des collèges. Celle du 9 sept. 1845 porte que
les titulaires seront désormais appelés hauts titulaires
de l'Université (-àH. 1^^) ; elle étend le droit d'admission
aux deux autres grades, à diverses catégories de fonction-
naires de Fenseignement, aumôniers, principaux des col-
lèges, inspecteurs de l'instruction primaire, directeurs des
écoles normales, instituteurs du degré supérieur ayant au
moins dix ans d'exercice (art. 2 et 3) ; elle stipule que
« les nominations aux grades d'officiers d'Académie et
d'officiers de l'Université auront lieu deux fois par an, à
l'époque des vacances et à celle des vacances trimestrielles,
sur la présentation des inspecteurs généraux et des rec-
teurs », et que le tableau des nominations devra être pu-
blié au Moniteur (iirt. 4). Enfin, Fart. 5 porte que « le
titre d'officier d'Académie pourra être maintenu à ceux qui
en étaient revêtus de droit, eji vertu de fonctions qu'ils
cessent de remplii' : les officiers de l'Université, en pareil
cas, conserveront. leur titre de plein droit, s'il n'en est
ordonné autrement par une décision spéciale ; le titre de
haut titulaire restera attaché à la personne de ceux qui
en auront été revêtus de droit ». Cette dernière clause est
particulièrement à retenir : car elle atteste à quel point
ces divers grades étaient par destination complémentaires
et inséparables des fonctions qu'ils étaient appelés à re-
hausser. L'ordonnance de 1845 marque une première et
hésitante démarche en vue d'isoler le grade de la fonction
et de l'attacher à la personne. Mais l'ordre demeure tou-
^298
OFFICIER
jours exclusivement universitaire, el le but de l'institution
ne s'est en rien modifié. Une longue ordonnance royale du
i^^ nov. 4846 énumère quels sont les fonctionnaires de
l'instruction publique auxquels appartiendra le titre d"ofli-
ciers de l'Université et celui d'officiers d'Académie. L'art. 4,
plus particulièrement, fiiit ressortir ce caractère éminem-
ment professionnel. « Art. 4 : Nul ne peut être revêtu des
titres universitaires, ni proposé pour ces titres par les ins-
pecteurs généraux et recteurs, s'il ne remplit toutes les
conditions de grades prescrites par les règlements pour
les fonctions dont il est en possession. A l'avenir, nul ne
sera revêtu de ce titre, s'il ne compte cinq ans de services
dans l'Université. Nul ne sera promu à un titre supérieur,
s'il ne compte cinq ans de services dans le titre inférieur.
Il ne peut être dérogé à ces dispositions que par un arrêté
individuel et motivé. » Sans doute, la dernière phrase de
l'article ouvre une porte aux exceptions, mais une porte
singulièrement étroite et par où il n'est point dit que des
titulaires étrangers à l'enseignement public pourront pé-
nétrer.
Le 9 déc. 1836, un décret du président de la Répu-
blique, rendu sur avis du Conseil supérieur, supprime im-
plicitement le grade des « hauts titulaires ». Nous lisons
en effet, dans l'art. 1^^* : « Les distinctions honorifiques
attribuées aux membres de l'enseignement public et de l'en-
seignement libre sont au nombre de deux ; celle d'officier
d'Académie ; celle d'officier de l'Instruction publique. La
palme sera brodée en soie bleue et blanche pour les offi-
ciers d'Académie ; elle sera brodée en argent pour les offi-
ciers de l'Instruction publique. » L'art. 2 spécifiait les
catégories de fonctionnaires aptes à recevoir l'un et l'autre
grades. Remarquonsque, pour la première fois, les membres
de l'enseignement libre sont placés sur le même rang que
ceux de l'Université. L'art. 3 porte, en effet : « Les dis-
tinctions honorifiques attribuées aux membres de l'ensei-
gnement public et de l'enseignement libre sont conférées
par le ministre de l'instruction publique, sur la proposi-
tion des recteurs et l'avis des conseils académiques. »
C'était évidemment là un corollaire des célèbres lois de
1830 d'où les écoles libres sont sorties.
Toutefois, même aux termes du décret de 1830, les
palmes conservaient leur destination initiale qui était d'at-
tester, par un signe honorifique, les services profession-
nels rendus dans l'un ou l'autre enseignement. Elles ne
correspondaient plus forcément à des titres officiels, puisque
des maîtres de l'enseignement privé les pouvaient obtenir.
Elles constituaient, selon l'expression qu'emploiera Duruy,
« à la fois un titre et une décoration ».
L'usage allait bientôt élargir les catégories de personnes
aptes à les recevoir. Des dignitaires de l'armée, des corps
politiques, des administrations, en furent revêtus. A cette
extension sera corrélative une modification dans la forme
extérieure des insignes elle-même. Ceux-ci désormais au-
ront l'aspect d'unQ décoration particulière qui se pourra
détacher, qui se pourra joindre auxinsignes d'autres ordres.
Le 7 avr. -1866, sur le rapport du ministre Victor Duruy,
un décret impérial consacre cette transformation.
11 édicté que : « Le signe distinctif des officiers de l'Ins-
truction publique est la double palme d'or, et celui des
officiers d'Académie la double palme d'argent, conformes
aux modèles annexés au présent décret. »
En application du décret du 7 avril, un arrêté ministé-
riel du i23 mai de la même année portait que les promo-
tions auraient lieu à trois époques : 4° à la fin de décembre ;
i2^ lors de la réunion à Paris des sociétés savantes des dé-
partements ; 3^ au 4 3 août. A la première époque, seraient
promus des membres de l'enseignement supérieur et secon-
daire ; à la seconde, des membres des sociétés savantes
ainsi que « les littérateurs et les savants recommandés par
leurs succès dans les cours libres ou par des ouvrages in-
téressant l'instruction publique » ; à la troisième, des délé-
gués cantonaux, des membres de l'enseignement primaire,
ainsi que « les personnes étrangères à l'Université qui
auraient bien mérité d(^ rinstruction publique, soit par leur
participation aux travaux des divers conseils et commis-
saires étabhs près des lycées, des collèges et des écoles
normales (conseils de perfectionnement et de patronage,
bureaux d'administration, commissions administratives),
soit par le concours efficace qu'elles auraient prêté au dé-
veloppement de l'enseignement à tous ses degrés et sous
toutes ses formes ». L'art. !2 stipulait qu'à moins de cir-
constances exceptionnelles, aucune nomination ne pourrait
avoir lieu dans l'intervalle de ces trois époques. Enfin, ce
règlement revêtait une forme plus solennelle en même
temps que plus précise et plus détaillée, grâce au décret
rendu, après avis du Conseil impérial de l'instruction pu-
hhque, le 27 déc. 4866. Ce décret énumérait quelles con-
ditions seraient requises pour l'obtention des grades, sur
quelles propositions nécessaires les nominations seraient
faites. Nous n'en détacherons que l'art. 8, encore en
vigueur aujourd'hui, qui montrera, mieux que tous les
commentaires, comment les palmes devenaient de moins
en moins un titre et de plus en plus une décoration immé-
diatement au-dessous de l'ordre national : « Art. 8. Nul
ne peut être nommé officier de l'Instruction publique s'il
n'a été pendant cinq ans au moins officier d'Académie. Il
ne pourra être dérogé à cette règle qu'en faveur des per-
sonnes déjà titulaires du grade d'officier de la Légion d'hon-
neur. »
Nous ne citerons que pour mémoire le décret du 30 juin
4880 qui se borne à désigner les trois époques où auront
lieu les collations de palmes : 4 ^'janvier, 44 juillet et
époque de la réunion des sociétés savantes. Jusqu'en 4883,
aucun décret ni arrêté ne vient modifier celui de 4 866. Mais,
parmi les dispositions de ce dernier, quelques-unes devin-
rent, par un abus insensible, objet de négligence : ainsi
surtout celles qui exigeaient, comme condition préalable,
des propositions officielles ; quelques autres furent tout à
fait lettre morte : ainsi celle qui imposait la publication du
tableau au Journal officiel; d'autres enfin prêtèrent à
une extension toujours croissante : ainsi la clause com-
prenant parmi les titulaires possibles de la promotion du
43 août « les personnes étrangères à l'Université ^/tfz au-
raient bien mérité de rinstruction publique ». Cette
dernière addition était d'une élasticité indéfinie. Elle im-
phquait hien que les services à récompenser devraient avoir
eu quelque répercussion heureuse sur l'enseignement. Mais
une telle condition était si vague ; il y avait tant de ma-
nières de paraître la remplir que nul prétendant aux palmes
ne devait plus raisonnablement désespérer de les obtenir.
Aussi le nombre des nominations s'accrut-il à l'excès, et
le risque devenait-il grand que des distinctions honorifiques
trop facilement et abondamment conférées ne finissent par
être dépréciées. C'est pour arrêter l'abus et écarter le
péril que, sur l'initiative du ministre Goblet, fut pris le
décret du 24 déc. 4883, appuyé de deux circulaires, l'une
aux recteurs et l'autre aux préfets. L'art. 2 fixait ainsi le
chiffre maximum des décorations à accorder annuellement :
4.200 officiers d'Académie; 300 officiers d'instruction pu-
blique, étant entendu que « la moitié de ces distinctions
au moins serait réservée aux fonctionnaires de l'instruc-
tion publique ». (^est ainsi que cet ordre, purement pro-
fessionnel à l'origine, devenait accessible par moitié à ces
« personnes étrangères à l'Université », que le décret de
4866 avait si discrètement admises à y prétendre. Les art. 3,
4 et 3 déterminent quels sont les hauts fonctionnaires
(recteurs, directeurs d'établissements littéraires ou scien-
tifiques, préfets), dont la proposition sera requise pour les
diverses catégories de candidats appartenant à l'enseigne-
ment. Notons, à l'art. 3, la stipulation concernant les
« services rendus aux beaux-arts ». Citons également
l'art. 6 : « Les distinctions honorifiques attribuées aux lit-
térateurs et aux savants recommandés par leurs ouvrages
ou par des services rendus à l'enseignement sont accor-
dées sur la proposition des recteurs. » C'était un élargis-
sement nouveau, consacré officiellement, de l'addition con-
OFFICIKR — OFFRANDE
291 —
tenue dans le Jécret de 1866. Désoi'mais on pent dire que
l'objet de la décoralion fondée en 4808 était universalisé.
Les palmes étaient ainsi désormais destinées à récompenser
indistinctement les maîtres de l'enseignement public ou
privé, les personnes en situation de faire valoir leurs bons
offices, quelle qu'en fût la forme, envers l'instruction pu-
])lique, les artistes, les auteurs d'ouvrages scientifiques ou
littéraires. Enfin, l'art. 42 apportait à l'examen des titres
une garantie efficace, en faisant revivre la clause qui exi-
geait la publication du tableau des nominations au Journal
officiel, clause inscrite dans le décret du 47 mars 4808,
mais qu'une fâcheuse négligence avait à la longue laissé
tomber en désuétude.
Pour être complet, nous ne ferons que mentionner le dé-
cret du 23 juil. 4896 accordant annuellement le 44 juillet,
en sus du contingent précédemment fixé, « aux instituteurs
et institutrices publics qui auront dirigé avec le plus de
zèle et de succès, des cours d'adultes et d'adolescents :
00 palmes d'officier d'Académie; 20 palmes d'officier de
l'Instruction publique ».
Si l'auteur du décret de 4885 s'était flatté d'endiguer
la marée montante des nominations, grande fut son illu-
sion. Deux ans à peine s'écoulèrent que l'abusive prodi-
galité à laquelle il avait tenté de porter remède reprenait
de plus belle. En 4888, le nombre total des palmes d'of-
liciers de l'instruction publique s'élevait à 354 . au lieu du
chiffre de 820 qui avait été fixé pour le contingent annuel.
L'accroissement se continua dans les années qui suivirent
jusqu'à atteindre, pour l'année 4897, le total invraisem-
blable de 1 .048. Quant aux officiers d'Académie, cette môme
année 4897, leur nombre total qui, réglementairement,
n'eût pas dû dépasser 4.260, s'élevait à 2.948! Une telle
recrudescence devait enfin appeler des mesures protec-
tri(;es, sous peine d'en arriver à cette extrême logique que
tout citoyen français fût déclaré, par définition, revêtu des
palmes.
C'est ainsi qu'un nouveau décret a paru à V Officiel du
6 août 4898. Le ministre, après avoir, dans un rapport au
Président, fait ressortir quel discrédit la méconnaissance
du décret de 4883 risquait de jeter sur l'institution, con-
clut, pour tout remède, à la nécessité d'augmenter les
chiffres déterminés par ce décret, « dans une mesure assez
large pour n'offrir plus aucun prétexte à dépasser le con-
tingent réglementaire, assez restreinte pour abaisser nota-
Idemontle chiffre auquel on était arrivé dans la pratique ».
Le décret fixait comme il suit le nouveau maximum des
décorations à accorder annuellement : « aux fonctionnaires
de l'instruction publique, 800 officiers d'Académie et 300
officiers de l'Instruction publique ; — aux fonctionnaires
des établissements d'enseignement public ressortissant à
d'autres ministères, 73 officiers d'Académie et 23 officiers
de l'Instruction pu])lique ; — aux personnes étrangères à
rUniversité, 4.200 olliciers d'Académie et 300 officiers
de rinstfuction publique. En aucun cas ces chiffres ne pour-
ront être dépassés. » C'est là faire largement, comme l'on
dit, la part du feu. On remarquera de plus que, d'après
les proportions fixées par ce décret, la majorité des titu-
laires se trouvera composée de personnes étrangères à
l'Université. On peut ainsi mesurer l'espace parcouru de-
puis 4808.
Le décret de 4898 aura-t-il meilleure fortune que ses
aînés? Les cabinets qui succéderont à celui dont il émane
se montreront-ils plus respectueux que leurs devanciers
des efforts accomplis pour prévenir l'avilissement d'in-
signes dont la création répondait à une pensée délicate et
élevée : celle d'honorer, par un symbole visible, les pa-
cifiques services rendus à l'éducation nationale, tout comme
un signe glorieux atteste les bons mérites militaires et ci-
vils envers l'Etat ? Pour avoir droit d'y compter, peut-
être une réforme plus profonde serait-elle nécessaire. Peut-
être y faudrait-il la création d'une sorte de chancellerie,
soustraite aux fluctuations de la politique, ayant charge
de contrôler les propositions faites, de veiller à l'accom-
plissement des déci'ets et airèlés. Que les palmes aient, à
la longue, cessé de constituer un ordre étroitement pro-
fessionnel ; qu'elles soient devenues le signe des bonnes
œuvres intellectuelles, du talent, du savoir, du zèle éclairé
pour les cboses (le l'esprit, leur valeur n'a pu qu'y gagner,
l'^ncore faut-il que les mains qui les dispensent ne s'ouvrent
])oint toutes grandes, faciles et complaisantes aux indis-
crètes prétentions des vanités. Georges Lyon.
BiBL. : Artsiée. — Corontin Guyho, l'ArmOe, son Jiistoirc.
son avenir ; Pâvis^ 1870. — G.)L. M.^V Officier et les Cndre.^
supérieurs; Paris, 1887-91, 4 vol, —A. Babeau, la Vie mi-
litaire sous l'ancien régime; t. II, les Officiers ; Paris, 1890.
~ S. V., de la Situation de l'officier dans la pratique cou-
rante; Paris, 1890. — J. Saumur, Mémento militaire; Paris,
1893. —H. Genoux, Mariage des o/'/iciers ; Paris, 1893,2» éd.
— Lois^ décrets et règlements relatifs à l'organisation de
l'armée ; Paris, 1894. — P. de Pardiellan, Graines d'offi-
ciers ; Paris, 1895. — Commandant Francfort, les Corps
d'officiers des principales années européennes ; Paris,, 1895.
— DucARNE, Recrutement et avancement des officiers;
P.ruxelles, 1897.
Histoire et législation. — Lughaire, Hist. des ins-
titutions monar^chiques de la France sous les premiers
Capétiens, 1. II, ch. ii. — Du môme, Manuel des institu-
tions françaises, pp. 518 et suiv. — P. Viollet, Hist. des
Institutions politiques et administ. de la France, t. II,
pp. 104 et suiv. — A. Esmein, Cours élémentaire d'histoire
du droit français, 3" édit., pp. 440 et suiv. — A. Giry, Ma-
nuel de diplomatic[ue, p. 747. — Du Tillet, Recueil des
roys de France, leurs couronne et maison ; Paris, 1602,
in-4. — Ch. Loyseau, Cinq livres c/n droict des offices:
Paris, 1613, 1. IV, in-4. — A. Favyn, Traités des premiers;
officiers de la couronne ; Paris, 1613, in-8. — P. Anselme,
Histoire généalogique et chronologique de la maison
royale de France', t. VI et suiv. — Vrayk, Des offices mi-
nistériels. — Perriquet, Traité des offices ministériels.
— Greffier, Des cessions et suppressions d'offices. —
Durand, Des offices...
Distin(jtions honorifiques. — Recueil des lois et règle-
ments concernant l'instruction publique depuis Védit de
HenrilV en 1598j\isqu'â ce jour {18Hi), l'*^ série, t. IV.
OFFICINE (Archit.). Nom donné autrefois à la petite
pièce, à la fois magasin et laboratoire, dépendant d'une
pharmacie, et où l'on conserve et prépare les substances
devant entrer dans la composition des médicaments.
OFFIGNIES. Com. du dép. de la Somme, arr. d'Amiens,
cant. de Poix; 115 hab.
OFFIN. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. de Mon-
treuil, cant. de Campagne-les-lïesdin ; 278 hab.
0FFLAN6ES. Com. du dép. du Jura, arr. de Dôle,
cant. de Montmirey-le-Chàtcau ; 356 hab.
OFFOY. Com. du dép. de l'Oise, arr. deBeauvais,cant.
de Grandvilliers ; 129 hab.
OFFOY. Com. du dép. do la Somme, arr. de Péronne,
cant. de Ham ; 393 hab.
OFFRANDE. Au mot Câsuel (t. IX) et au commence-
ment des articles Biens du clergé (t. VT, p. 736), Dîmr
(t. XIV, p. 752), on trouvera, avec tous les développe-
ments nécessaires, des indications sur les moyens em-
ployés à diverses époques pour inviter ou contraindre le
peuple à contribuer aux dépenses du culte, à l'entretien
de ses ministres et, dans une certaine mesure, à l'assis-
tance des pauvres. — Parmi les oblations, il ne s'agit ici
que de celles qui étaient apportées dans l'Eglise pour la
célébration du culte eucharistique, le souper du Sei-
gneur, lequel était associé primitivement à un repas com-
mun (V. Agapes, t. I). C'était un devoir pour tous ceux
([ui pouvaient le faire d'apporter le pain et le vin néces-
saires. De très anciens documents relatent des reproches
sévères -adressés à ceux qui communiaient sans avoir
fourni les aliments ou les éléments de la communion. Les
formes de cette offrande ayant considérablement varié,
suivant les temps et les lieux, nous ri'i'n pouvons présen-
ter ici que les traits les plus généraux, esquisse fort in-
complète. Lorsque les lieux oii se célébrait le culte chré-
tien n'avaient point encore reçu la division ou la dispo-
sition qui leur fut assignée plus tard, il est vraisemblable
que les objets apportés par les fidèles étaient placés direc-
tement par eux sur la table de la communion, le pain
dans des linges, le vin dans des vases. Quand le rituel et
295 —
OFFRANDR — O'FLAHERTY
lu hiérarchie se furent développés, ces objets furent re-
çus, à l'entrée ou, dans tous les cas, en dehors du lieu
réservé au clergé, par un diacre ou un sous-diacre, qui
les plaçait sur l'autel. En Orient, il semble que le dépôt
sur l'autel était fait par le célébrant. La faculté d'entrer
dans le chœur pour l'offrande était un privilège qui n'était
accordé qu'à l'empereur et à quelques hauts dignitaires.
— Ces oblations étaient considérées comme ayant le ca-
ractère d'un sacrifice, et elles en reçurentle nom (V. Messe,
t. XXIII, p. 749, 2*^ col.). On en faisait deux parts, l'une
qui était consacrée pour la communion des assistants et
l'envoi des eulogies (V. ce mot) ; l'autre qui était em-
ployée à l'entretien des ministres du culte, à l'assistance
des pauvres et à la distribution des antidores (V. Eulo-
cie). Les Constitutions apostoliijues attribuent quatre
parts à l'évoque, trois à un prêtre, deux à un diacre, le
reste aux sous-diacres, aux lecteurs, aux chantres et aux
diaconesses. En principe, étaient seuls admis à l'offrande
ceux qui devaient participer à la communion. D'ailleurs,
k^s autres, à l'exception de certains pénitents, devaient
être absents ou sortis de l'église, au moment où se fai-
sait l'office eucharistique. Mais le temps vint ])ientôt où
Ton s'occupa moins d'interdire l'offrande aux indignes
que de contraindre le peuple à y prendre part. Le second
concile de Mâcon (585) enjoint aux hommes et aux femmes
d'y aller au moins tous les dimanches. Les évêques, dans
leurs visites, devaient s'informer si tous accomplissaient
ce devoir ; à défaut des hommes, leurs femmes devaient
le remplir. Ces ordonna;! ces furent sanctionnées par les
capitulaires de nos rois. Lorsque l'usage du pain levé fut
aboli dans l'Eglise latine, le pain de l'offrande ne servit
plus qu'à être distribué au peuple, comme symbole de
communion, ou à être vendu au profit des ministres de
l'église ou de la fabrique. Plus tard, on demanda de l'ar-
gent au lieu de pain, afin que l'église se pourvût elle-
même du pain azyme et du vin nécessaires à la commu-
nion. C'est de cette manière que l'antique offrande du
peuple s'est convertie en argent. Dès lors, divers conciles
firent des règlements pour obliger tous les habitants de
la paroisse, même les juifs, à la payer. Toutefois la cou-
tume de porter du pain et du vin à l'offrande subsistait
encore au siècle dernier, pour les messes de la consécra-
tion des évêques, de la bénédiction des abbés et des ab-
besses, du sacre des rois, de la canonisation des saints, etc.
Aujourd'hui même, en quelques diocèses, la famille du
défunt offre, pour la messe des morts, un pain et du vin,
avec un cierge. — La cérémonie de l'offrande tombe de
plus en plus en désuétude. Ce qui en reste se fait de ma-
nières fort diverses suivant les provinces. Mais la Petite
Encyclopédie ecclésiastique, approuvée par l'évêque de
Versailles (18 17, in-8), se plaint de ce que les fidèles en
profitent pour se défaire des pièces de monnaie qui n'ont
plus cours. La règle en matière d'oblations est qu'elles
appartiennent à ceux à qui elles sont attribuées par l'usage
ou par la volonté expresse ou présumée des donateurs.
Pour l'espèce. d'oblation qui fait l'objet de cette notice,
l'usage l'attribue généralement au curé, qui peut en dis-
poser comme il le juge convenable. E.-H. Vollet.
OFFRANDES nationales (Caisse des). Elle a son ori-
gine dans la souscription publique ouverte pour venir en
aide aux blessés de la guerre d'Italie. Frappé de l'impor-
tance des fonds recueillis, le comité de répartition pensa
devoir transformer en une institution permanence cette
œuvre charitable et, le 19 déc. 1859, il créa la Caisse
des offrandes nationales en faveur des armées de terre
et de mer, qui fut déclarée d'utilité publique par le décret
du d8juin 1860. Réorganisée par la loi du 27 nov. 1872
et le décret du 9 janv. 1873, elle est administrée par un
comité qui siège au ministère de la guerre et qui est pré-
sidé par le ministre. Sa gestion financière est confiée à la
Caisse des dépôts et consignations. Elle centralise les dons
et legs faits par des particuliers en faveur de l'o'uvre
qu'elle poursuit, et les fonds qui peuvent être inscrits au
budget pour le même objet, Son assistance comporte :
1« un complément de pension destiné à élever à 600 fr.
la retraite des sous-officiers, caporaux et soldats des
armées de terre et de mer et assimilés, admis à la re-
traite pour blessures reçues devant l'ennemi ou pour
infirmités contractées en campagne, ayant entraîné l'am-
putation d'un membre ou la perte de l'usage d'un ou de
deux membres ; 2° la continuation du service des supplé-
ments de pension payés sous l'Empire sur les fonds de la
liste civile ; S*' des secours permanents ou éventuels aux
militaires et aux familles de militaires retirés du service
dans des conditions dignes d'intérêt et ne touchant pas
déjà une allocation sur les fonds de la Caisse. Ces secours
varient, comme maximum, de 80 fr. pour les simples
soldats ou assimilés, à 500 fr. pour les officiers généraux
ou assimilés. En 1861, lorsque la Caisse des dépôts en
prit la gestion, les recettes de la Caisse des offrandes na-
tionales n'atteignaient pas 6.500.000 fr. Elle possèd<^
actuellement plus de 2 millions de rentes sur l'Etat.
OFFRANVILLE. Ch.-l. de cant. du dép. de la Seine-
Inférieure, arr. de Dieppe, sur le plateau de Caux: 1.721
hab. Stat. du ch. de fer de l'Ouest. Filature de coton.
Moulins. Commerce de bois. Eglise du xvi^ siècle en style
gothique avec restes de vitraux intéressants. Château du
XVIII® siècle.
OFFRE ET Demande (Econ. pol.) (V. Commerce, Econo-
mie POLITIQUE, LiDRE-EchANGe).
OFFRES RÉELLES (Dr. fr.) (V. Paiement).
OFFRETHUN. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. de
Boulogne, cant. de Marquise; 106 hab.
OFFROICOURT. Com. du dép. des Vosges, arr. de Mi-
recourt, cant. de Vittel ; 306 hab.
OFFROY DE Lamettrie (V. Lamettrie).
OFFROY Durrieu (V. Durrieu [J. -Jacques]).
OFILIUS (Aulus), jurisconsulte contemporain de César
et de Cicéron, qui fut l'élève de Ser. Sulpicius et le maître
de Q. Aelius Tubero, l'accusateur de Ligarius. Pomponius
le représente à la fois comme ayant vécu dans l'intimité
de César, et comme ayant fait des travaux d'ensemble sur
tout le droit, et on a tiré de là beaucoup de conjectures
gratuites sur de prétendus rapports de son activité scien-
tifique et des projets de réforme législative de César.
D'après le même texte en partie obscur de Pomponius, et
diverses citations du Digeste, l'œuvre littéraire d'Ofilius com-
prenait, outre des /Ts/^onsa, un ouvrage sur l'éditdes/z/??'?
jiiris partiti au nombre d'au moins cinq, des libri actio-
num au nombre d'au moins seize, et un ouvrage de le-
gibus, peut-être dédié à Atticus, qu'une corruption à peu
près certaine du texte de Pomponius présente comme re-
latif à l'impôt de 5 ^jo sur les successions, établi par Au-
guste {de legihusvicensimœ) et que l'on a particulièrement
tenté de rattacher aux vues de codification de César.
BiBL. : Sources : Pomponius, Dir/., 1, 2; De O. J., 2, 44.
— CicÉRONj Ad Ait., 13, 37, 4, et lès cinquante-huit cita-
tions d'Ofilius rassemblées dans Lenel, Palingcnesia ju-
ris civilis, 1889, I, pp. 795-804. —Commentaires: Karlowa,
RômisctieRechtsgeschichte, '[SS5,I, pp. 486-487. —P. Krue-
GER, Histoire des sources du droit romain, trad. Bris.'?aud.
1894, pp. 84-85 et les renvois.
O'FLAHERTY (Roderic), historien irlandais, né au
château de Moycullen (comté de Galway) en 4629, mort à
Parke (Galway) le 8 avr. 1718, d'une vieille famille qui
tire sa descendance d'un roi d'Irlande. Il avait de grands
biens dont il fut dépossédé après la guerre civile et qu'il
se fit rendre en partie en 4653 et 1677. Il a laissé une
histoire des rois d'Irlande qui est un guide précieux pour
l'étude de ces temps troublés : Ogygia, seu rerum Hi-
hernicarum chronologia (Londres, 4685, in-4), trad.
en anglais (4793, 2 vol.); Ogygia vindicated against
the objections of sir George Mackenzie (Dublin, 4775,
in-8) ; Chronological description of west or H-^Iar
Connaught (48i6), publié par la Société archéologique
d'Irlande. R. "S.
O'fLANAGAN — OGGIONNO — 1% —
O'FLANAGAN (James-Roderick). Jitléraloiii- anglais,
né à Fermoy (comté de Cork) le 1^'^" sept. 1814. Inscrit
au barreau irlandais en 1838, il occupa, à partir de 1846
les fonctions de procureur du gouvernement pour la ville
de Cork. Parmi ses nombreux ouvrages, citons : Impres-
sions ai home and abroad (Londres, 1837, 2 vol.); His-
toricalandpicturesqiie Guide lo Ihe Bîackivater {[S^i9);
Life and writings of the irish historian J. d'Alton,
(jui parut dans les Mémoires de l'Académie royale d'Irlande
dont il fut élu membre en 1853 ; Histonj of Dundala
(Dublin, 1861); Bar life of O'Connell (1866); Bryan
(ÏRyan (1866) ; The Lives of the lord Chancelloî^s of
ïreland (1870, 2 vol.) ; The Irish Bar (1878); The
Munster circuit (iSHO), etc. Il a dirigé V Irish National
Magazine de 1845 à 1852. R. S.
ÔFOUÉ ou OFOOUÉ. Rivière du Congo français, la-
quelle est un affluent de gauche de l'Ogooné.
06. Le Deutéronome rapporte qu'on montrait à
Rabbat-Ammon (plus tard Philadelphie), capitale des
Ammonites, un objet en fer (peut-être en basalte) qu'on
désignait comme le lit du géant Og, ancien roi des Amor-
rhéens, que Moïse aurait battu et des territoires duquel il se
serait emparé. Ce lit (peut-être un sarcophage, peut-être
une sépulture mégalithique) aurait mesuré plus de 4 m.
sur 2 (9 coudées sur 4). On voit comment l'interpréta-
tion populaire d'un monument mal compris a donné nais-
sance à une assertion d'apparence histori(|ue {Nombres, xxi;
Deutéronome, m et iv). M. VERNf:s.
OGADINE ou OGAOEN. Région de l'Afrique orientale,
qui est bornée à l'E. par le pays des Merdjoutines et la
cAte Somal, à l'O. par le pays Galla, au S. par le pays
des Haouias et au N. par l'Ethiopie. Ses habitants, de
race haouia, sont des nomades. Il n'y existe point de villes
ou villages. Les points marqués sur les cartes ne sont
que des puits autour desquels les nomades se reunissent
avec leurs troupeaux. Les Ogadines sont musulmans fana-
tiques ; leurs pratiques semblent se rapprocher de celles
des Wahabites d'Arabie. Aux termes de la dernière con-
vention anglo-italienne, l'Ogadine rentrerait, partie dans la
zone d'influence du Somaliland britannique, partie dans la
zone d'influence italienne du Somaliland italien.
06AMIQUE. Ancienne écriture irlandaise employée jus-
qu'au iii^ siècle de notre ère, époque de l'adoption de
l'écriture latine. On la connaît par des monuments lapi-
daires du pays de Galles et d'Irlande et siu^tout par des
inscriptions funéraires. Son nom viendrait, d'après la lé-
gende, du dieu Ogma ou Ogmios, de la mythologie cel-
tique, dieu des armées et de l'éloquence et, à ce titre,
inventeur de l'alphabet; mais, en réalité, Varron et Pris-
cien racontent qu'elle tire son nom tout simplement de la
lettre agma, représentant à peu près le groupe ng, lettre
particulière à cette écriture et très employée dans l'irlan-
dais ancien. L'alphabet ogamique compte vingt caractères
qui correspondent aux lettres suivantes : a, b, c, d, e,
/, g, h, iy /, m, n, o, q, r, s, t, i\ x, ng; il dérive, pour
la valeur des lettres, de l'alphabet latin classique. Quant
à la forme des caractères, on a prétendu qu'ils dérivaient
de branches d'arbres disposées de façons variées, et de
fait chaque lettre y porte le nom d'un arbre ou d'un
arbuste. Elles sont formées de traits parallèles dont le
nombre varie de 1 à 5, placés à droite, à gauche ou au
milieu d'un trait vertical. Ces traits sont tantôt disposés
horizontalement et tantôt obhquement et ont, dans ce cas,
une certaine ressemblance avec un arbre schématique-
ment figuré. Les voyelles sont formées soit de traits plus
courts que ceux des consonnes, soit de gros points placés
sur la barre verticale.
Nous donnons ci-après un tableau représentant l'al-
phabet ogamique tel qu'il a été dressé par M. d'Arbois
de Jubainville.
On conçoit, d'après ce tableau et les noms que portent
les lettres, comment a pu s'accréditer la légende que l'écri-
ture ogamique était l'écriture secrète et magique des
druides et qu'elle consistait en branches d'arl)res divers
entrelacées. Sa régularité semble provenir de ce (jue cet
alphabet aurait été créé d'une manière conventionnelle et
tout d'une pièce. Il paraît vraisemblable, dans tous les cas,
qu'il dérive de bâtonnets à entailles qui onl été employés
si longtemj)s comme moyen mnémonique.
^ i idhadh (if).
g e edhadh (tremb!<')-
= u iir (bruyère).
~ 0 onn (genêt).
a aihn (sapiti).
= r .- . . . mis (sui'eau).
^ x 0?/ ts straif (prunier sauvage).
ng ngedal (roseau).
=: g gort (lierre) .
— m )nuin (ronce).
qu ({ueirt (pommiei*).
c coll (coudrier).
t tenue (?)
d duir (chêne).
h Iniath (aubé])ine).
= n nion (frêne des plaines).
^ s sait (saule) .
=: f fern (aulne).
=1 l luis (frêne des montagnes).
— b beith (bouleau).
BiBL. : HÛI3NER. Inscrlpt'iones Britannise diriGtianœ ;
Berlin, 1876. — G. Stephens, The olcl northern runic Mo-
numents; Londres, 1866-84, 3 vol. in-f'ol. — II. d'Arrois de
.Jubainville, l'Alphabet irlandais pinmitlf et le dieti,
Ogmios, dans les Comptes rendus de l'Acndéjnie des ins-
criptions, 1881.
OGASAVARA. Nom japonais de l'archipel Ronin ou
Bonin-Sima (V. ce mot).
06DEN. Ville des Etats-Unis, Utah, au pied des monts
Wahsatch, au confluent du Weber et de l'Ogden; 1 5.000 hab .
Les lignes ferrées de l'Union and Central Pacific et de
Denver et Rio Grande s'y joignent. Poudre, lainages, bon-
neterie, minoterie , commerce de farine, de sel, etc.
06DENSBUR6. Ville des Etats-Unis, New York, sur
le Saint-Laurent, au confluent de l'Oswegatchie, en face
de Prescott (Canada); 11.162 hab. (en 1890). Evêché
catholique. Commerce de céréales.
06EECHEE. Fleuve des Etats-Unis, Géorgie, long de
275 kil. Il se jette dans l'Atlantique au S. de Savannah,
dans rOssabaw-sound, près du fort Mac-Allister.
OGENNE-Câmptort. Com. du dép. des Rasses-Pyré-
nées, arr. d'Orthez, cant. de Navarrenx; 430 hab.
06ER. Com. du dép. de la Marne, arr. d'Epernay, canl.
d'Avize; 832 hab. Vignobles renommés. Fabrication de
vin de Champagne. Première mention en 1062 (Or/é'/'n/w).
OGER (Louis d') (V. Cavoie [Marq. de]).
06EU. Com. du dép. des Rasses-Pyrénées, arr. et
cant. (E.) d'Oloron; 1.208 hab. Stat. du chem. de fer du
Midi. Eaux minérales ferrugineuses (2i'^C.) qui avaient une
certaine célébrité aux xvi^ et xvii^ siècles.
OGÉVILLER. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle, arr.
de Lunéville, cant. de Rlàmont; 515 hab.
OGGERSHEIM. Ville d'Allemagne (Ravière), prov. du
Palatinat rhénan ; 5.053 hab. Grande fabrique de coton-
nades et de velours. C'est l'ancienne Agridesheim, rési-
dence des comtes palatins. Schiller y écrivit Kabale und
Liebe.
OGGIONNO (Marco da), peintre italien, né à Oggionno
(Milanais) vers 1470, mort vers 1540. Ce fut un des bons
élèves et imitateurs de Léonard de Vinci, auteur de plu-
— 297
OGGIONNO - OGLÏASTRO
sieurs copies de la (aiic (Tiine à rAcmlémie de Londres,
une autre au couvent de Caslellazzo) ; le musée de Brera
possède de lui cinq fresques remarquables peintes pour
l'église Santa-Maria délia Pace, et un beau tableau d'autel,
l\\rch(ni{je triomphani de Lucifer; à Kamptoneourt,
on trouve Enfant Jésus et Jean.
OGIER (Charles), littérateur latin, né à Paris en 1595,
mort le il août 1654. Avocat à Paris, secrétaire du
comte à'Avaux (V. ce nom) qu'il suivit dans ses ambas-
sades, il entra par la suite dans l'ordre des génovéfains.
On a de lui : Ephenierides, sive iter Danicum Sueci-
cum, Poloniciim, etc. (Paris, 1656, in-8). relation
fort intéressante de ses déplacements. — Son frèi'e,
François, né en 1597 ou 1598, mort le 3 juil. 1670,
entra aussi dans les ordres, lui succéda comme secré-
taire de d'Avaux, qu'il accompagna au congrès de Muns-
ter, et se fit une réputation de prédicateur et de bel
esprit. Il a laissé : Jugement et censure de la doctrine
curieuse du P. Garasse (Paris, i623,in-12); Apologie
pour M. de Balzac (1627, in-12); Actions publiques
(1652-55, 2 vol.. in-i), recueil de ses seimons, etc.,
sans compter des petits vers, assez bien tournés, épars
dans les recueils du temps. M. A. Boppe a publié son
Journal du congrès de Munster (Paris, 4893, in-8).
OGIER d'Ivry (Henri-Pierre-Georges-Marie, comte),
poète français, né au Mans en 1843. Entré dans l'armée,
il prit sa retraite en 1897 avec le grade de chef d'esca-
drons du 14^ hussards. On a de lui : Rimes de cape et
d'cpée, sonnets poudrés et choses de guerre (Paris,
1876, in-12) ; Nouvelles rimes de cape et d'épée {iSl{),
in-12); Dernières rimes décape et d'épée {\^^1 M-'^^)-
OGIER LE Danois, nommé aussi Oger, Ager et Aut-
CAÏR, personnage de la cour de Charlemagne, originaire
d'Austràsie. souvent célébré par les romans de chevale-
rie. Après avoir brillé sur les champs de bataille, il se
serait fait moine et serait mort à l'alibaye de Saint-Fa-
ron à Meaux, vers la fm du ix^ siècle. Le texte le plus
ancien esl celui de Raimbert, de Paris, édité par Barrois;
on cite aussi deux poèmes en haut allemand du xv^ siècle
dont la source serait néerlandaise : le premier conte la
jeunesse; le second, la suite de la vie du héros. Ou l'iden-
tifie avec Antcharius qui conduisit à la cour de Didier,
roi des Lombards, les enfants de Carloman en 771, et
combattit contre (^harlemagne.
BiHL. : J.-B. Barrois, Oglcr de DaanemarcJïC ; l^nvis,
1812, 2 vol. in-8. — Voretz^ch. Uehcr die i^aqe von Orjier
de)nDa?7icn;Unl\e,18dl.
OGILBY (John), écrivain anglais, né à Edimbourg en
nov. 4600, mort le 4 sept. 1676. D'abord maître de
danse, il dirigea un petit théâtre à Dublin et fut ruiné par
la guerre civile de 1641. Il vint alors à Cambridge où il
apprit, des étudiants, le latin et le grec. En 1661, il sut
se glisser à la cour de Charles II, obtint une patente de
commissaire ordonnateur des spectacles pour Elrlande et
reconstruisit son théâtre qui ne lui causa encore que des
déboires. Il réintégra Londres où il gagna sa vie en tra-
duisant et en publiant force livres. Il _y établit ensuite
une imprimerie d'où sortirent beaucoup d'in-folio magni-
fiquement illustrés, notannnent une belle édition de Vir-
gile (1658, in-fol., avec 101 illustrations de Lombart,
Eait borne et Hollar) . Citons parmi ses nombreux ouvrages :
une traduction en vers de Virgile (Londres, 1649, in-8;
1654, in-fol., avec gravures de Dollar); une paraphrase
en vers des Fables d'Esope (1651, in-4) ; une traduction
de riliade (1660) et de VOdi/ssèe (1665) ; une Bible
illustrée (Cambridge, 1660, 2^^ol. in-fol.) ; The Rela-
tion of fus Majesties Entertainment passing through
the city of London to his Coronation (1661, in-fol.);
The Entertainment of Charles II (16()2, in-fol.); de
nombreux livres de géographie et de topographie, très bien
illustrés; des cartes, des atlas, etc. R. S.
OGILVIE (John), littérateur anglais, né à Aberdeenen
1733, mort à Aberdeen le 17 nov. 1813. Entré dans les
ordres, il fut curé de Midmar, de 1759 à sa mort. Tivs
répandu dans les cercles littéraires de Londres et d'Edim-
bourg, il a laissé des poésies qui sont plus recomman-
dables par l'érudition que par le sentiment poétique, et
des feuvres philosophi(jues où il s'attacha à combattre les
théories de llume. VÀUms : The Day of Judgment (Edim-
bourg, 1753) ; Poems on several subjects, with Essay
on tyric Poetry (Londres, 1769, 2 vol.) ; Solit%ule or
the Elysivm of the Poels (\l(]o) ; Phitosophicat and
critical observations on composition (Londres. 1774,
2 vol.); Rona (1777) ; Imjuiry into the causes of In-
fidelity andScepticism (Londres, 1783) ; The Fane of the
Druids (1789); The Theology of Plato compared with
the Principtes of Grecian and Oriental Phitoso-
phers (1793); Britannia (Aberdeen. 1801), poème
épique, etc.
OGILVIE (John), érudit anglais, né dans le Banffshire
le 17 avr. 1797, mort à Aberdeen le 21 nov. 1867. Fils
d'un fermier, il fit ses premières études dans les écoles
du soir, et à force de persévérance réussit à entrer à l'Uni-
versité d'Aberdeen, où il occupa par la suite une chaire de
mathématiques. Collaborateur de VAbo'deen Magazine,
il travailla à l'édition annotée de YHistoire de la Bible
de Stackhouse (1836), publia une oeuvre immense, T Im-
périal Diclionary , english , technical and scientifw
(1847-55), puis un abrégé du précédent Comprehensive
english Diclionary (iSê{^) et un Students' english Dic-
lionary (1865), qui obtinrent beaucoup de succès. R. S.
061 N S KL Famille de Lithuanie, dont les membres les
plus connus furent : le comte Michel-Casimir, né à Var-
sovie en 1731, mort à Slonim le 3 mai 1799. Grand
hetman de Lithuanie, il était artiste, bon musicien et des-
sinateur, protecteur des arts. En 1771, il fut à la tète de
la résistance contre les Russes, ce qui l'obligea à fuir.
Rentré en 1776. il continua à ses frais le canal Oginski,
qui relie les bassins du Niémen et du Dniepr (joignant le
Chara, aftl. du Niémen, au Jassolda, affl. du Pripet); long
de 55 kil., ce canal, commencé en 1770, ne fut terminé
qu'en 1804. Michel-Casimir prit encore part à l'insurrec-
tion de 1791.
Son neveu Michel-Cléophas, né le 25 sept. 1765, mort
à Florence en 1831, fut député à la Diète, envoyé extra-
ordinaire en Hollande, grand trésorier (1793), leva un
régiment de chasseurs pour coopérer avec Ivosciuszko
(1794), rentra sur sa terre de Zalezie, près Vilna, en 1802,
passa en France après la paix de Tilsit, fut sénateur de
Pologne en 1810, se retira en Italie en 1815. R a laissé
d'intéressants Mémoires sur la Pologne et les Polonais
de 1188 à 18 15 (Paris, 1826, 2 vol.) et des composi-
tions musicales sur les chants nationaux et les danses de
Pologne ,
OGIVAL, OGIVE (Archit.) (V. Architeciurk, t. III,
p. 727).
Croisée d'ogives (V. Croisée).
OGIVE, reine de France (V. Edgive).
OGLE (George), homme d'Etat irlandais, né lel4oct.
1742, mort àBellevue (comté de Wexford) le 10 aoiit 18 1 4.
Fils de George Ogle (1704-46), littérateur renommé pour
l'élégance et la fulélitéde ses traductions latines et grecques,
il reçut une bonne instruction, et dès sa jeunesse il com-
posait des chants qui sont demeurés populaires. Elu membre
du Parlement irlandais par le comté de Wexford, de 1768
à 1796, il eut bientôt acquis une grande influence, grâce
à ses brillantes qualités oratoires. Whig décidé, il s'opposa
néanmoins à l'émancipation des catholiques. En 1783, il
entra au conseil privé d'Irlande et devint gouverneur de
Wexford en 1796. En 1798, il fut réélu membre du Par-
lement par Dublin et vota contre l'union législative entre
l'Angleterre et l'Irlande. Il rentra dans la vie privée en
1804. On lui a élevé une statue dans la cathédrale de
Saint-Patrick, à Dublin. R. S.
OGLÏASTRO. Corn, du dép. de la Corse, arr. de Bas-
tia, cant. deNonza; 307 hab.
OCtLIO — O'HIGGÏNS
-298 —
06LI0. Rivière d'Italie (V. ce mot, r. XX, p. 1039),
aftl. g. du Pô, long de 280 kil., dont 60 navigables
(depuis Pontevica). Il naît au pied de l'Ortler, dans la
prov. de Brescia, traverse le val Camonica, remplit le lac
d'Iseo, où il entre à Pisogne, pour en sortir à Sarnico,
traverse la plaine lombarde en séparantla prov. de Brescia
de celles de Bergame et Crémone et finit en amont de Bor-
goforte. Il reçoit à g. la Mella (96 kil.), qui arrose le
val Trompia, et passe près de Brescia, puis le Chiese venu
du ïirol.
OGMIUS. Divinité celtique que Lucien nous décrit
comme F Hercule gaulois sous la figure d'un vieillard
décrépit, revêtu d'une peau de lion, portant arc et
carquois et entraînant derrière lui une foule de personnes
enchaînées à sa langue parles oreilles. Suivant le rhéteur
de Samosate, Ogmius serait le dieu de l'éloquence, capti-
vant le peuple. Il est impossible d'identifier ce dieu, qui
n'est mentionné que par Lucien, avec une divinité celtique
quelconque.
OGNES. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Laon, cant,
de Chauny ; 600 hab.
OG'N ES. Com. du dép. de laMarne, arr. d'Epernay, cant.
de Fère-Champenoise ; 120 hab.
OGNES. Com. du dép. de l'Oise, arr. de Senlis, cant.
deNanteuil-le-Haudouin; 490 hab.
OGNEVILLE. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle,
arr. de Nancy, cant. de Yézehse ; 20o hab.
OGNOLLES. Com. du dép. de l'Oise, arr. de Com-
piègne, cant. de Guiscard ; 339 hab.
ÔGNON (L'). Rivières de France (V. HÉRAm.T [Dép.],
L XIX, p. 1141, Loire-Inférieure [Dép.], t. XXII,
p. 462, et Saône [Dép. de la Haute-]).
OGNON. Com. du dép. de l'Oise, arr. et cant. de Sen-
lis ; 141 hab.
OGOESSE (Blas.). Tourteau de sable (V. Tourteau).
OGOOUÉ (Fleuve) (V. Congo français).
OGOUN. Fleuve de la côte occidentale d'Afrique qui
prend naissance au N. du Dahomey, sur le versant méri-
dional de la ligne de partage des eaux, entre le moyen
Niger et le golfe de Bénin, descend au S., arrose le
Yorouba, et après un parcours de 250 à 300 kil. débouche
par un delta dans la lagune Kradou, et de là dans le golfe
de Bénin. L'Ogoun est navigable jusqu'à Abbéokouta.
OGOURTCHiNSKIL Ile de la mer Caspienne, à 55 kil.
du littoral oriental, rattachée à la prov. Transcaspienne,
district de Krasnovodsk ; 84 kil. q., langue de sable de
38 kil. de long sur 300 à 2.500 m. de large: quelques
nomades turcomans y vivent.
OGRE. Géant qui, dans les contes de Perrault et depuis,
est représenté dévorant les enfants. On ne sait si ce nom
est une corruption d'Oigour ou même Hurmigour, de l'an-
tique Or eus, où s'il faut chercher une autre étymologie.
OGULNIA (Gens). Famille romaine plébéienne dont les
seuls membres célèbres furent deux frères, Quintus et
Cnetus, tribuns en 300, qui firent porter de quatre à huit le
nombre des pontifes, et de quatre à neuf celui des augures,
réservant aux plébéiens ces nouveaux sièges ; l'égalité des
ordres fut ainsi consommée. Ils furent ensuite édiles curules
ensemble (296) et réprimèrent l'usure. Quintus fut chargé
de deux ambassades et consul en 269.
OGYGES ('Qyo'Yr]?), souverain légendaire de Béotie,
roi des Hectènes. La région thébaine aurait porté d'abord
le nom d'Ogygia. Le souvenir d'Ogygès est lié à celui d'un
déluge qu'on explique par une crue du lac Copaïs inondant
la plaine de Béotie. Ce nom fut aussi porté parle dernier
roi d'Achaïe.
0GY6IE. Nom donné dans V Odyssée à l'île de Calypso,
à l'ombilic de la mer. Il est puériî ie chercher à l'identi-
fier avec une île réelle.
O'HAGAN (Thomas, baron), magistrat anglais, né à
Belfast le 29 mai 1812. mort à Londres le 1 <^^ févr. 1885.
Fils d'un commerçant, il se distingua dès l'enfance par
son goût pour l'étude, et produisit une Histoire de Vélo-
qiience ancùnine et moderne, qui témoigne de réelles
qualités. Inscrit au barreau de Dublin en 1836, il se lia
avec O'Connell dont il appuya la politique dans un journal,
le Newry Examiner, qu'il dirigea de 1836 à 1840. Il
plaida brillamment des procès de presse, notamment celui
de Gavan Duffy. Bien qu'il ne fût pas partisan du rappel
de la loi d'union entre l'Irlande et l'Angleterre, il élait
fort populaire. Nommé en 1861 solicitor gênerai pour
l'Irlande, il fut élu membre de la Chambre des communes
par Tralee en 1863 et prononça dans cette assemblée des
discours qui firent sensation. Juge des plaids communs
d'Irlande en 1865, il parvint en 1868 à la haute situa-
tion de lord chancelier d'Irlande et, créé baron en 1870,
entra à la Chambre des lords où il fit voter d'excellentes
mesures relatives à l'Irlande. Il démissionna en 1874 avec
le cabinet Gladstone et reprit ses fonctions de chancelier
lorsque cet homme d'Etat reprit le pouvoir en 1880, mais
il se retira pour cause de santé après avoir éloquemment
défendu l'Irish Land Bill (1881). On a publié de lui :
Occasional Papers and addresses (1884) ; Selected
Speeches and arguments (1885). R. S.
OH AIN. Com. du dép. du Nord. arr. d'Avesnes, cant.
de Trélon; 1.362 hab.
O'HARA (Kane), littérateur anglais, né vers 1714, mort
à Dublin le 17 juin 1782. Après avoir fait de bonnes
études au Trinity Collège de Dublin, il donna au théâtre
une série de pièces dans le genre burlesque qui, introduit
d'Italie, faisait fureur en Angleterre. Midas (1759) fut
joué avec un succès considérable à Dublin et à Londres et
demeura au répertoire jusqu'en 1825 ; The Golden Pippin
(1773) ; Two Misers (1775); A fine day (1777), etc. Il
avait perdu la vue en 1780. R. S.
O'HARA TALES (V. Banin).
OHERVILLE-AuFFAY. Com. du dép. de la Loire-Infé-
rieure, arr. d'Yvetot, cant. d'Ourville, sur le Durdent ;
419 hab. Filature de coton. Moulins. Source ferrugineuse.
Eglise en partie romane avec nombreuses réfections et
restaurations modernes. A Auffray, beau château Renais-
sance (xvi^ siècle) récemment restauré, à côté d'une motte
et vestiges d'un château du moyen âge.
O'HIGGIN (Teague), poète irlandais, mort en 1617.
D'une vieille famille irlandaise, qui a produit une quinzaine
de poètes nationaux, il écrivit, sur des sujets irlandais,
des poésies qui lui valurent une renommée considérable.
Ses œuvres sont très nombreuses ; on en trouvera l'énu-
mération dans la biographie de Leslie Stephen. Les écrits
d'O'Higgin sont pleins de fraîcheur et donnent des détails
curieux sur les mœurs locales de l'Irlande ; ils sont peu
prisés en Angleterre, car le poète ne cesse d'y prêcher la
haine et l'extermination des Anglais. R. S.
O'HIGGÏNS. Province du Chili, entre l'Océan et les
Andes, les fleuves Maipo et Rapel ou Cachapoal; 6.537
kil. q.; 93.537 hab. (en 1894), soit 14 hab. par kil. q.
Les plus hauts sommets sont le San José (6.096 m.) et
le Maipo (5.384 m.). Mines d'or au Cerro d'Alhué
(2.238 m.). Bien irrigué, le sol se prête à l'élevage. Le
ch.-l. est Rancagua.
O'HIGGÏNS (Don Ambrosio), marquis de Osorno, vice-
roi du Pérou, né dans le comté de Meath vers 1720, mort
à Lima le 18 mars 1801. De très humble origine, il fut
remarqué par un jésuite, son oncle, qui le fit élever à
Cadix. Le jeune homme, n'ayant témoigné aucune vocation
religieuse, acheta quelques marchandises et alla tenter
fortune à Buenos Aires, puis à Lima. 11 se défit heureu-
sement de sa pacotille, s'employa à l'établissement d'une
route entre le Chili et Mendoza, plut au viee-roi du Chili,
qui l'employa en 1770 avec le grade de capitaine contre
les Araucans révoltés. Il les battit et fonda le fort de
San Carlos. Promu colonel, puis brigadier général (1777),
il fut nommé en 1786 intendant de Concepion. En 1789,
il devenait major général et vice-roi du Chili, en 1794
lieutenant général et en 1795 vice-roi du Pérou. Il se
distingua par l'habileté de son administration. R. S.
299 -
OHIO
OH 10. Rivière dos J^^tats-Unis, affluent de gauche du
Mississipi, arrose par son cours principal et ses diverses
branches un bassin d'une superficie égale à celle de la
France, avec une population de 12 à 15 millions d'hab.,
et développe un réseau navigable de 8.000 kil, La vallée
de rOhio recueille, pour les porter au Mississipi, les eaux
descendant du versant occidental des monts AUeghanys
et du faîte qui sépare ce bassin de celui du lac Erié.
L'Ohio proprement dit commence à Pittsburg, où il est
formé par la réunion des rivières Alleghany et Monon-
gahela. L' Alleghany sort des montagnes de Pennsylvanie,
et, après un court détour dans l'Etat de New York, coule
du N. au S. et rencontre la Monongahela à Pittsburg, à
212 m. d'alt. La Monongahela, issue d'une haute vallée
des AUeghanys de Virginie, coule du S. au N., grossie
de la Youghiogheny, à travers une région comprise en
entier dans les roches carbonifères. La jonction des deux
rivières forme FOhio, dont le cours moyen se déroule entre
dos campagnes reposant sur des formations dévonienne et
silurienne. De Pittsburg à Cairo, où TOhio se jette dans
le Mississipi, la distance qui, à vol i'oiseau, est de 900 kil.,
est portée par les méandres à 1.570 kil. L'Ohio, durant
ce parcours, descend de 414 m., Cairo étant à 98 m.
d'alt. Le courant normal est paisible, mais la vitesse varie,
avec le niveau des eaux, de 160 m. à 5.000 m. à Theure.
La largeur de la rivière est de 300 m. à Pittsburg, de
900 m. à l'embouchure. Les grandes crues augmentant la
largeur dans des proportions considérables, la différence
entre l'étiage et le niveau des hautes eaux atteignant 13,
15, parfois 19 m. à la fonte des neiges ou après de
grandes pluies. En certaines années, l'écart a dépassé
20 m.; les eaux couvraient une grande partie de la vallée.
Au. niveau normal, l'Ohio est souvent guéable en plu-
sieurs points en amont de Cincinnati. Le lit est parsemé
d'iles, de bancs de sable, qui entravent la navigation en
été. D'autre part, la rivière est souvent prise par les
glaces en hiver, et la débâcle arrête la navigation pendant
plusieurs semaines. Dans les circonstances ordinaires, les
steamboats du Mississipi remontent l'Ohio jusqu'à Pitts-
burg, contournant les rapides de Louisville par un canal
long de 4 kil., dont la construction a été achevée en 1872.
L'Ohio, après avoir arrosé durant 60 à 70 kil. la partie
occidentale de la Pennsylvanie, atteint l'Etat d'Ohio, et
coule dès lors, en détours sinueux, entre des falaises de
75 à 180 m. de hauteur, séparant les Etats d'Ohio, d'ïn-
dianact d'illinois sur sa rive droite, de la Virginie occi-
dentale et du Kentucky sur sa rive gauche. Son cours
général est au S.-O. Dans une première section, il reçoit à
droite le Muskingàm et le Hocking, à gauche la petite et la
grande Kanawha {k Parkersburg et à Point-Pleasant) et le
Big Sandy (près d'Ironton). Dans une seconde section
(entre les Etats d'Ohio et de Kentucky) il reçoit : à droite,
le Scioto à Portsmouth, le Miami près de Cincinnati ; à
gauche, le Licking, entre Newport et Covington, en face
de Cincinnati. Dans la troisième et dernière section, la
plus longue (entre les Etats d'indianaet d'illinois à droite,
et celui de Kentucky, à gauche), il reçoit: h droite, le
Wabash ; à gauche, le Kentucky, le Green River, le Cum-
borland et le Tennessee. Il arrose sur son passage, depuis
Cincinnati, les villes de Madison, Jeffersonsville, Louis-
ville, New Albany, Evansville, lïenderson, Paducah et
Cairo. Les rivières Kentucky et Tennessee ont donné leurs
noms aux Etats qu'elles traversent. Le contîuent du Ken-
tucky, en amont des rapides de Louisville, marque la jK-
mite naturelle entre le cours moyen et le cours inférieur
du fleuve. En aval des rapides, la plaine alluviale s'étend
à l'infini, les collines sont rares et lointaines, des îles ou des
péninsules boisées cachent les embouchures des affluents.
Le cours supérieur de la rivière Tennessee, formé du Clinch
River, du Holston, du French Broad River, coule du N. au S.
à travers une grande vallée longitudinale des Appalaches,
qui est une des régions les plus pittoresques des Etats-
Unis (V. Tennessee [Rivière et Etat]). A. Moireau.
OHIO. Un des Etats de TUnion de l'Amérique du Nord,
situé entre 38« 25' et /i2« lat. N.; 32« 50' et 87« 10'
long. 0. Il a pour frontières naturelles, au N. le lac Erié,
au S. la rivière Ohio. Des lignes conventionnelles
le séparent de la Pennsylvanie à l'E., de l'Indiana
à l'O. et du Michigan au N.-O. Sa superficie est de
106.000 kil. q., soit environ le cinquième de la France:
sa population de 4.500.000 hab. en 1898. L'Etat d'Ohio
est contigu à l'Indiana sur 2^^0 kil., auMichigansur 115,
au lac Erié sur 336, à la Pennsylvanie sur 146, à l'Ohio
sur 615, soit une périphérie totale de 1.502 kil. Tout le
pays est une plaine ondulée, s'incHnant légèrement de l'E.
à l'O., et du N. au S. dans le sens du cours de la rivière
Ohio. Celle-ci est à 192 m. d'alt. à l'extrême frontière
orientale de l'Etat, à 129 m. au point extrême occidental.
La surface du lac Erié est à 139 m., les terrasses du port
de Cleveland à 177 m. Dans la partie septentrionale de
ri'^tat, et de l'O. à l'E., un faîte à peine saillant sépare
le bassin de l'Ohio de celui du lac Erié. Les plus hautes
altitudes de ce faîte ne dépassent pas de 300 à 400 m. Un
point, cependant, entre le Scioto et le Bliami, atteint 470 m.
Tout le pays est aujourd'hui une succession de champs,
de prairies, de bosquets et de vergers. On ne trouve la
trace d'aucun soulèvement géologique. Depuis que le sol
a émergé de la mer antécarbonifère, les pluies et les autres
facteurs atmosphériques ont désagrégé les roches et érodé
les vallées. Sur les bords des eaux on a trouvé par milliers
des tertres ou monticules artificiels de toute forme, de 18
à 20 m. d'élévation, de 50 à 100 m. de tour, appelés
moiinds et dont on attribue la construction à des popula-
tions disparues depuis un temps plus ou moins reculé et dé-
signées sous l'appellation vague de moundbuilders.
L'Ohio faisait partie, à la fin de la guerre qui fonda
l'indépendance des l^tats-Unis, du Territoire du Nord-Ouest,
compris entre la rivière Ohio, le Mississipi et les Grands
Lacs, pour lequel le Congrès et la Confédération édictèrent la
célèbre Ordonnance de 1787, qui y interdisait à tout ja-
mais l'esclavage. C'est de ce Territoire que furent formés
successivement les Etats d'Ohio, d'Indiana, d'Blinois, de
Michigan et de AVisconsin. Le plus oriental de ces Etats,
l'Ohio, fut le premier constitué et admis dans l'Union en
1802. Longtemps avant cette époque, les Français avaient
fondé des établissements dans les vallées principales. Mais
le peuplement avait été retardé par des guerres avec les
Indiens, qui ne disparurent définitivement du Territoire
qu'au commencement du xix® siècle. Marietta, la première
ville anglo-américaine, sur la rive droite de l'Ohio, fut fon-
dée en 1788, les premières maisons de Cincinnati furent
construites la même année. La population de l'Etat atteignait
déjà 230.000 hab. en 1810, et 581.000 en 1820. Elle dé-
passa 1 million 1/2 en 1840 et 3 millions en 1880. Le recen-
sement de 1 890 donna 3.672. 000 hab . La population est éva-
luéeà 4.500.000 en 1898. Le chiffre de 3.672.000, afférent
à 1890, comprenait 87 .000 individus de couleur et 458.000
nés à l'étranger, dont 236.000 Allemands, 70.000 Irlan-
dais, 61.000 Anglais, 16.000 Canadiens, 10.000 Slaves,
7.000 Français et 4.000 Italiens. La capitale est Colum-
bus, ville de 130.000 hab., sur le Scioto, près du centre
géométrique de l'Etat, grand entrepôt de denrées agricoles,
siège d'importants établissements d'industrie houillère et
métallurgique. Les villes principales sont : Cincinnati,
400.000 hab. ; Cleveland, 385.000 ; Toledo, 135.000 ;
Dayton, 85.000 ; Springfield, 36.000. Cleveland, San-
dusky et Toledo sont sur le lac Erié. Toledo, à l'embou-
chure du Maumee, est le terminus des canaux de navigation
qui font communiquer l'Erié avec les rivières Miami et W^a-
bash et tout le réseau fluvial mississipien ; Findlay, sur le
haut Maumee, est un des foyers les plus riches en réser-
voirs naturels de gaz d'éclairage. Lima, au S.-O. de Find-
lay, repose sur des lacs souterrains d'un pétrole plus épais
que celui de Pennsylvanie, et que des conduites de métal
portent à Chicago et dans d'autres villes, oii on l'emploie
comme combustible à la place de la houille.
OHIO — OHM
800 —
Les principaux canaux do l'Ktat sont : J'Ohio. do Qe-
voland à Portsmoutli, 490 kil., 144 écluses, achevé en
1835, coût 4.695.000 dollars; le Miami and Erié, de
Cincinnati à Toledo, 453 kil,. 97 écluses, achevé en 1835,
cofit 8.063.000 dollars ; le Hocking, deCarroll à Nelson-
ville, 68 kiL, 'lii écluses, achevé en 1843, coût 975.000
dollars; le Walhonding, de Hochestcr à Roscoe, 40 kil..
Il écluses, achevé en 1843, coût 607.000 dollars.
L'Ohio possède de grandes richesses minérales. Ses gi-
sements houillers couvrent 25.000 kil. q. et ont produit
10 millions de toimes on 1890 et 13 millions en 1896 ;
sa production pétrolifère no le cède on importance qu'à
celle de la Pennsylvanie. Le sol ne contient point de mé-
taux précieux. La région est une dos plus développées au
point de vue agricole. On y comptait en 4890 un total de
251.000 formes, comprenant 9 milHons d'hect. en culture,
et donnant des produits d'une valeur totale de 133 mil-
lions do dollars. Les principaux produits à cette date étaient :
DOLLARS
HECTARES
Mars 123.692.000 25.975.000 1.200.000
Blé 21.800.000 17.000.000 500.000
Avoine 32 . 553 .000 5 . 534 . 000 400 . 000
Tabac (livres) 32 . 169 . 000 1 . 753 . 000 [6. 000
Dans les grandes villes de l'Ltat prospèrent les indus-
tries les plus diverses, occupant 330.000 ouvriers, aux-
quels sont répartis dos salaires pour 159 millions de dollars
et livrant des produits d'une valeur estimée à 650 mil-
lions de dollars. 25.400 instituteurs donnent l'instruction
primaire à 820.000 enfants inscrits aux écoles publiques
et fournissant une assistance moyenne de 600.000. Les
collèges pour l'enseignement secondaire et supérieur sont
au nombre de 37, avec 877 professeurs et 12.000 élèves
dont un tiers du sexe féminin. Los plus importants de ces
étabhssemonts sont: l'Ohio State University, àColumbus;
rOhio Wesloyan University, à Delaware ; le Collège Obor-
lin, à Oberhn ; l'Université de Wooster, à Wooster ; la
Western Reserve University, à Cleveland ; l' University of
Cincinnati, à Cincinnati. L'I^^tat est divisé administrative-
ment en 88 comtés. Sa législature est composée d'un Sénat
de 36 membres et d'une Chambre de 109. Le parti répu-
blicain a presijue constamment dominé dans les élections
tant locales que fédérales. En 1896, le candidat présiden-
tiel démocrate, Bryan, a obtenu 477.000 voix contre
526.000 données à'^M. Mac Kinley, le candidat républi-
cain. L'Ohio envoie au congrès de Washington 2 sénateurs
et 19 représentants. ' A. Moire au.
OHIS. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Vervins,
cant. do Hirson ; 579 bah. Stat. du chom. de for du
Nord .
OHLAU {Olawa). Ville de Prusse, district de Breslau,
sur l'Ohle (affl. g. de l'Oder, 98 kil.) ; 9.181 hab.
(en 1895). Grandes foires de chevaux et Ijestiaux; manu-
facture de tabac. Ville depuis 1291 ; résidence des Sobieski
de 1691 à 1734.
0HLI6S. Xom porté depuis 1891 par l'ancienne ville
de McncheitU district de Diisseldorf ; 17.069 hab. (en
1895). Grands établissements métallurgiques (aciers dits
do Solingen), fabriques de parapluies, etc.
OHLMÙLLER (Daniel-Joseph), architecte allemand, né
à Bamberg en 1791. mort à Munich le 22 avr. 1839.
Llèvo de Karl Fischer, et ayant voyagé en Italie et en Si-
cile, Ohlmiiller fit construire, de 1816 à 1830, la Glyp-
lothèquo. à Munich, d'après les plans de Léon deKlenzo,
et, de 1831 à l'époque de sa mort, fit commencer, sur ses
propres plans, l'église, de style ogival, de Notre-Dame-de-
Bon-Secours, dans le faubourg d'An. On doit encore à cet
architecte deux autres édifices de style ogival : le monu-
ment commémoratif élevé sur l'emplacement de l'ancien
château de Othon de Wittelsbach, ce berceau de la mai-
son royale de Bavière, et la chapelle bâtie à Kiefersfel-
den, sur la frontière du Tirol, à l'endroit où le roi de
Grèce, Othon P^\ quitta la Bavière pour se rendre à
Albènes. Enlin, on 1837. à la uiori du peinti'o V. Ouaglio,
Ohlmullorfut appelé à continuer les travaux dii château de
Hohenschwangau et nommé inspecteur des bâtiments civils
à Munich. llpubUaun vaç^M^làQ^ Monuments funéraires
de sa composition (Munich, 1824-39, 17 pL).
OHM {Aam), Ancienne mesure de liquides usitée en
Allemagne et Scandinavie; elle valait 150 lit. en Nor-
vège et on Brunswick, 149^619 en Suède, 157^839 on
Prusse, 160 lit. en Hanovre, 154S579 en Suisse.
OHM. Un ité électrique pratique de résislance. L' unité
électrique de résistance dans le système C. G. S. est un
nombre beaucoup trop petit pour les besoins de la pra-
ticpie, de sorte que le congrès des électriciens (1881) a
adopté une unité 10^ fois plus forte pour les besoins
de la pratique, c'est Vohm. Une fois la définition théo-
rique adoptée, il a fallu déterminer les dimensions de
cet étalon de résistance et le construire. Une condition
nécessaire que doit remplir tout étalon de mesure, c'est
de rester toujours identique : les métaux ne remplissent
cette condition (jue d'une façon en général imparfoite ;
le mercure cependant, lorsqu'il est pur, présente un état
physique toujours le mémo. On a donc choisi ce métal
pour former la matière do l'étalon ; mais son état liquide
exige qu'on le ronformo dans un tube qu'il faudra choi-
sir avec soin et dont il faudra déterminer la section
et la longueur. La section adoptée est de O'^^i.OOl. Di-
verses séries d'expériences ont été faites pour détermi-
ner avec la plus grande précision possible la longueui'
(pi'il fallait donner à une [jaroille colonne pour (pie sa ré-
sistance fut bien égale à 10^ unités C. G. S. L'Association
britanni([ue avait tout d'abord adopté l'^.0193 ; actuelle-
ment on prend l''\063. Comme il n'existe pas de tubes
de verre d'un diamètre exactement uniforme et de sur-
face égale à 0™*^i,001, on prend un tube de verre aussi
régulier et aussi voisin que possible du tube théori(|ue et
on étudie la valeur de sa section en divers points en y
faisant promener nn index de mercure dont on mesure la
longueur on diverses régions à l'aide d'une machine à di-
viser. Le tube peut être alors considéré, non comme un
cylindre, mais comme une succession de troncs de cône
dont on connaît les dimensions par l'étude préalable faite
avec l'index de mercure ; un calcul simple, indi(|ué par
M. Crova, permet alors de calculer la longueur ([u'il faut
donner au tube que l'on possède pour que, rempli de mer-
cure à 0«, il offre une résistance exactement é^ale à un
ohm. Une fois un pareil étalon construit, comme il est fra-
gile et encombrant, on lui compare des bobines do résis-
tance construites avec un fil de maillechort (ou avec un
alliage de Qi),Q d'argent et de 33,4 de platine) de façon à
avoir même résistance que l'ohm légal ; ces copies de Téta-
Ion sont d'un usage plus commode ; mais comme le maille-
chort peut éprouver de légers changements moléculaires
altérant sa résistance primitive, on doit les comparer de
temps à autre à l'étalon mercure et mémo n'employer
que ce dernier pour les expériences les plus précises. Il
faut, de plus, connaître pour chaque copie d'étalon la tem-
pérature à laquelle on l'a étalonné et, pour chaque expé-
rience, la température de l'appareil pour faire la correc-
tion nécessaire. A. Joannis.
OHM (Georg-Simon), physicien allemand, né à Er-
langen le 16 mars 1787, mort à Munich le 7 juil. 1851.
Fils d'un ouvrier serrurier, il montra, très jeune, des ap-
titudes toutes particulières pour l'étude des sciences, s'y
appliqua avec ardeur, et fut nommé en 1817 professeur
de mathématiques et de physique au gymnase de Cologne.
Passé en 1826 àFEcole de guerre de Berlin, directeur de
l'Ecole polytechnique de Nuremberg en 1833, professeur
de physique à FUniversité de Munich en 1849, il occupa
cette dernière chaire jusqu'à sa mort. Il est surtout connu
par ses admirables travaux sur l'électricité, qui l'ont con-
duit à la découverte de quelques-unes des lois qui régis-
sent les courants (V. ce mot, t. XHl, p. 91). Elles se
trouvent énoncées dans un ouvrage intitulé Die galva-
801 —
OHM — OÏDIUM
nische Kette mathematisch hearbeiiet (Berlin, 1827;
nouv. éd., Vienne, 4887; trad. franc., par Gaiigain,
Paris, 1860). On lui doit aussi une théorie des sons se-
condaires (1843). Outre Touvrage déjà cité, il a pu})lié:
Beitrage lur Molekularphysik (Nuremberg, 1849) ;
Grundziige der Pliysik (Nuremberg, 1854), etc. Son
nom a été donné en 1881 par le congrès de Paris à l'unité
électrique pratique de résistance (V. ci-dessus).
Loi de Ohm (V. Courant).
BiBL. : BauI'Rnfeind, Gcdiichinlsvede ;iuf Ohm ;M\i~
iiicli, 1882.
OHM (Martin), mathématicien allemand, frère du pré-
cédent, né à Erlangen le 6 mai 1792, mort à Berlin le
1^^" avr. 1872. Reçu en 1811 agrégé de TUniversité de
sa ville natale, puis professeur de mathématiques et de
physique au gymnase de Thorn, il fut nommé en 1824
professeur adjoint, et en 1839 professeur titulaire à l'Uni-
versité de Berlin. Il faisait aussi un cours à l'Ecole d'ap-
plication de l'artillerie et du génie. De 1849 à 1852, il
fut député de Berlin à la seconde Chambre, où il siégea
avec les libéraux conservateurs. Il a fait faire de grands
progrès à l'enseignement par ses leçons et par ses ou-
vrages. Ces derniers sont très nombreux : Reine Elementar-
niathematik (Berlin, 1826, 3 part., 3''éd., 1844); Ver-
siich eines Uouxquenten Systems der Mathematik (Nu-
remberg, 1822-52, 9 vol. ; 2^ éd. [t. let II], 1853-54) ;
Lehrbuch fur den gesamten mathematischen Elemen-
kirunterncht{Le\i^'âg,iS36; 5^ éd., 1856); Lehrbuch
der g esamten ho hem Mathematik (Leii^zig, 1839, 2 vol.);
Geist der mathematischen Analysis (Berlin, 1842), etc.
OH N ET (Georges), romancier et auteur dramatique fran-
çais, né à Paris le 3 avril 1848. Son père, architecte, le
poussa vers le barreau, mais il se sentit attiré par le jour-
nalisme et la littérature. Après 1870, il écrivit au Pays
et au Constitutionnel, où sa polémique alerte et ses chro-
niques le firent remarquer. Endéc. 1875, il fit représenter
avec un vif succès sa première pièce, au Théâtre Histo-
rique, Jiegina Sarpi, drame en dm\ actes, en collabora-
tion avec M. Denayrouze. En 1877, M. Ohnet Ht jouer au
Gymnase Marthe, comédie en quatre actes. C'est à cette
époque qu'il commença une série de romans qui parurent
sous le titre général de Batailles de la vie et furent in-
sérés d'abord dans des journaux ou des revues (/^ Figaro,
rillustration, la Revue des Deux Mondes) ; ce furent :
Serge Panine (1881 ), couronné par l'Académie française ;
le Maître de Forges (1882), qui obtint un prodigieux
succès ; la Comtesse Sarah (1882) ; Lise Fleuron (1884) ;
la Grande Marnière (1885), roman qui se rapproche de
la manière de George Sand ; les Dames de Croix-Mort
(1886) ; Volonté (1888) ; le Docteur Rameau (1889) ;
Dernier Amour (1889) ; le Curé de Favières (1891) ;
Dette de haine (1891) ; Au fond du gouffre {iSd9) ; il
a publié aussi des nouvelles : AWr^^iio*'^ (1887), VAme
de Pierre {iSdO). Georges Ohnet a transporté quelques-uns
de ses romans à la scène, où plusieurs ont obtenu, d'écla-
tants succès : le Maître de Forges fut joué au Gymnase
(1883) pendant une année entière; puis vinrent Se7-ge
Panine, pièce en cinq actes (1884) ; la Comtesse Sarah,
drame en cinq actes (1887) ; la Grande Marnière, drame
en cinq actes (1888), jouée encore avec une fortune pro-
longée ; Dernier Amour, pièce en quatre actes (1890) ;
le Colonel Hoquebrune (1897).
L'œuvre littéraire de M. Georges Ohnet a été l'objet des
plus vives critiques. Elle est venue au moment où le na-
turalisme triomphait, et a paru se proposer une rénova-
tion idéaliste à la manière de George Sand. La simplicité
et la netteté avec lesquelles l'auteur exposait son sujet,
conduisait l'action et amenait le dénouement, une réelle
honnêteté d'intentions, ainsi que la moraHté des sujets,
ont conquis à ses œuvres un immense public dans cette
partie moyenne de la bourgeoisie à qui ses occupations ne
laissent pas le temps de raffmer beaucoup sur ses goûts
littéraires. La fortune extraordinaire qu'elles rencontraient
a attiré l'attention de ses confrères et des critiques qui
ont poursuivi M. Ohnet avec acharnement. M. Jules Le-
maitre a commencé, par un article très sévère, véritable
modèle de critique, démontrant tout ce qu'il y a de faux et
de convenu dans Lidéalisme de M. Ohnet etrextrême mé-
diocrité de son style et de ses moyens. C'a été pendant
longtemps le premier exercice de "^tout débutant dans la
critique que l'éreintement de l'œuvre d'Ohnet ; il faut
ajouter que l'unanimité de ces attaques a fini par émou-
voir l'opinion qui s'est peu à peu dépris de cet auteur.
Peut-être la réaction contre le succès excessif des pre-
mières a^uvres de M. Georges Ohnet a-t-elle été plus loin
qu'il ne convenait : c'est un honnête romancier qui bâtit
habilement des feuilletons mouvementés ; mais le style
est plat, la conception assez vulgaire et la psychologie
des personnages trop élémentaire.
OHO-y-Gawa (Eleuve) (V. Japon, t. XXI, p. 21).
OHRA. Ville de Prusse, district de Dantzig, dont c'est
un faubourg ; 6.876 hab. (en 1895). Scieries; cultures
maraîchères.
OHRDRUF. Ville d'Allemagne, duché de Saxe-Gotha,
sur rOhra;6.16Uiab. (en 1896). Elle forme, avec les
environs, le petit comté à'Obergleichen, appartenant
aux Hohenlohe-Langenburg. Il y existait dès 725 un
couvent.
OIDEMIA (Ornith.) (V. Maoieuse).
oïdium (Bot.). Champignon parasite des végétaux, à
spores incolores ou non colorées en noir, sphériques ou
ovoides, disposées en file droite, en chapelets fixés à l'ex-
trémité de filaments cylindriques. La plupart des oïdiums
peuvent être considérés comme des formes conidiales de
Champignons dont la forme parfaite a jusqu'à présent
échappé aux investigations des mycologistes ; cette forme
pai faite est connue dans un petit nombre d'espèces seule-
ment. Il en est ainsi pour une Périsporiacée du groupe
des Erysiphées (Tulasne), Oïdium Monilioides, forme co-
nidienne de VErysiphe graminis et pour l'oïdium de la
vigne dont la forme à penthées a été observée plusieurs
fois en Erance.
V Oïdium Tuckeri, qui est, en etfet, la forme coni-
dienne de VUncinula sjnralis, peut, en maintes cir-
constances, attaquer la vigne et occasionner des dégâts
souvent considérables. Il n'est pas d'année que l'on ne
signale ce parasite sur quelques points du vignoble
français. Apparu depuis 1847, il s'est conservé, chez
nous, aussi vivace, aussi redoutable qu'à ses débuts, lorsque
les conditions favorables à son développement se trouvent
réunies.
Caractères. — Les jeunes pousses, en raison de leur
grande richesse en matériaux nutritifs, sont les premières
attaquées. Elles offrent au champignon un excellent milieu
de culture où il se développe rapidement, décelant son exis-
tence par des taches. Ces taches, d'abord légères, peu éten-
dues, blanches, à peine visibles à l'œil nu, s'agrandissent
et s'irradient irrégulièrement dans tous les sens, en même
temps qu'elles prennent une teinte grisâtre ou gris bleuâtre.
Elles constituent un enduit poussiéreux, gras au toucher,
dégageantuneforte odeur de moisi ; enduit qui peut s'étendre
à tout un coté du sarment et en particulier à celui qui est
le plus exposé au soleil, ou l'enlacer complètement. Lorsque
le mal est intense, le jeune rameau devient noii', seml)le
carbonisé et ne se développe plus ; son aoûtement se fait
mal et son bois sèche l'hiver. Lorsque l'attaque est plus
tardive, les taches, tout en étant parfois très nombreuses,
restent isolées, disséminées çà et là sur les mérithalles.
L'aoùtement peut alors se faire, mais, comme précédem-
ment, le bois sèche parfois l'hiver. Les feuilles, à toute
époque, à tout âge et indistinctement sur les deux faces,
peuvent être envahies avec une grande intensité. Les pé-
tioles subissent le même sort. Sur ces organes, on retrouve
les inévitables taches caractéristiques de la maladie plus
ou moins nombreuses, plus ou inoins grandes, mais tou-
joui's formées de la poussière à odeur de moisi, d'abord
OÏDÎUM - OIE
302 —
SOUFRE t?UUFIlE
trituré sublime
lokilofijr. 13 kilosçr.
blanche, ensuite gris bleuâtre. Ces taches, par leur feu-
trage grisâtre, donnent aux feuilles une coloration noirâtre
plus ou moins intense. Les raisins ne sont pas épargnés
par le parasite ; fréquemment, au contraire, ils en subissent
les néfastes eflfets, depuis la fécondation jusqu'à la vérai-
son. Les jeunes grains, recouverts d'une poussière très
abondante, blanche, grasse au toucher, à odeur de moisi
très accentuée, se dessèchent, se rident et tombent, ou
continuent à grossir sans cependant atteindre leur déve-
loppement normal. Si, ce qui se produit fréquemment, ils
ne sont que partiellement atteints, leur épiderme se fent1
en un ou plusieurs endroits, les divisant en deux, Irois ou
quatre parties et permettant à la pourriture de détruire la
pulpe du grain.
Traitements. — De tous les nombreux procédés essayés
pour entraver les dégâts occasionnés par Foidium, un seul,
l'emploi du soufre répandu en fme poussière et à l'état
sec, sur les divers organes de la vigne, a donné d'excel-
lents résultats. Cette matière en contact avec le champi-
gnon le désorganise. Il faut, pour obtenir ce résultat, que
la température, au moment du soufrage, soit d'au moins
25° C, car le soufre agit surtout sur l'oïdium par sa trans-
formation en acide sulfureux et par l'émission de vapeurs.
Le soufre est répandu sur la vigne à l'aide d'instruments
soufreurs de types très divers. Le moment de la journée
auquel on doit faire cette opération n'a que peu d'impor-
tance. La quantité de soufre à employer à chaque soufrage
varie avec bon nombre de causes. D'une manière générale,
on se conforme aux données suivantes :
ÉPOQUE
des soufrages
1^^" (avant la floraison). . . .
2^ (au moment de la florai-
son oO — 30 —
3^ (entre la floraison et la
véraison) 60 à 70 — 40 —
Soufrages intercalaires... Doses intermédiaires suivant
les époques.
OIE. I. Ornithologie. — Genre de Palmipèdes lamelli-
rostres, caractérisé par un bec de la longueur de la tète,
à mandibule supérieure garnie de lamelles espacées, sail-
lantes en forme de dents et portant un onglet terminal
presque aussi large que le bec ; les foi*mes sont plus élan-
cées que chez les Canards, moins que chez les Cygnes ; les
tarses sont épais avec les doigts médiocrement allongés;
le plumage est dépourvu de couleurs brillantes et tran-
chées, généralement gris, ou varié de brun et de blanc.
— L'Oie cendrée {Anser cinereus) est l'espèce qui se
montre en Europe et probablement la souche de l'Oie do-
mestique. Son plumage est d'un gris roussâtre assez uni-
forme, plus foncé sur le dos, les plumes de cette région
étant bordées de blanc; les rémiges et les rectrices sont
noires, à tige et extrémité blanches. Le bec est jaune, les
pattes rouge pâle. La taiUe atteint i m. et plus du bout
du bec à l'extrémité de la queue; l'envergure est de 'L",78.
Elle visite dans ses migrations tout le N. de l'ancien
continent, jusqu'au 70° de lat. septentrionale, venant
nicher au printemps en Ecosse, en Norvège, en Islande
et retournant vers le S. (Europe méridionale, N.-O. de
l'Afrique, Chine) à l'automne. En Erance, ehe est de
passage régulier en février et en novembre, par bandes
de 8 à ï2o individus, qui s'arrêtent rarement pendant le
jour, mais dont on entend, pendant la nuit, le cri reten-
tissant dans les airs. l']lle niche au bord des grands
marais tourbeux, couverts d'iles oii poussent des roseaux,
des herbes et des buissons qui lui offrent un abri tranquille
pendant la nuit. Le matin elle vient paitrc dans les champs
et les prairies.
Le port de l'Oie cendrée est plus dégagé et ses mouve-
ments plus rapides que ceux de l'Oie domestique. En vo-
lant, la bande est toujours disposée en triangle, et c'est
tantôt le plus vieux mâle, tantôt la p(us vieille femelle qui
forme le sommet de l'angle et sert de guide au reste de
la famifle. Les jeunes mâles ne sont adultes et' en état de se
reproduire qu'à deux ans. Le nid, qui est placé au ras du
Oie cendrée.
sol, est assez grossier, formé de branchages, de chaumes
et de roseaux entrelacés, d'abord très élevé, mais bientôt
affaissé par le poids de la femelle qui le foule en y entrant ;
des matériaux plus délicats et du duvet en gai'nissent le
fond. La ponte est de 7 à i 4 œufs suivant l'âge de l'oi-
seau ; la coquille est absolument semblable à celle de l'Oie
domestique, d'un blanc jaune sale tirant parfois sur le
vert. La ponte commence en mars; au bout de 28 jours,
les petits éclosent, et c'est seulement le lendemain que la
mère les conduit à l'eau. Dès la tin de juillet, les jeunes
sont en état de suivre les parents dans la migration qui
se fait d'abord très lentement et par courtes étapes, puisque
ce n'est qu'en novembre qu'ils quittent détinitivement notre
pays. La chair des adultes est dure, mais celle des jeunes
est excellente. Le duvet est plus estimé que celui de l'Oie
domestique.
Domestication. — La domestication de l'Oie cendrée pa-
rait remonter à l'antiquité grecque, sinon plus loin en-
core. Il en est question dans V Odyssée comme d'un oiseau
domestique, et Aristote avait déjà remarqué qu'elle pon-
dait quelquefois des œufs blancs, c.-à-d. non fécondés,
comme la Poule. A. Pictet attribue sa domestication aux
Aryas primitifs de l'Asie centrale, mais le fait n'est pas
prouvé. Dans tous les cas, cette domestication a dû se faire
dans un pays septentrional, puisque l'espèce ne niche pas
dans le bassin de la Méditerranée.
Deux autres espèces d'Oies sauvages nous visitent à
l'époque des migrations. Ce sont : I'Oie des moissons {An-
ser sylveslris ou seijelum), à tète et cou brun cendré, le
bec orangé, mais avec la base de l'onglet noir. Les bandes
sont plus nombreuses que celles de l'espèce précédente. Elle
mesure 0™,86 sur 4"^, 80. Les chasseurs la tirent par les
grands vents qui la forcent à voler plus près de terre.
I']lle passe en janvier et en novembre et se rend en parti-
culier à la Nouvelle-Zemble ; elle gîîe de préférence
dans les lies déboisées inhabitées et dans les marais.
On en peut rapprocher deux variétés : Y Oie des champs
{Anser arvensis), plus grande, qui pond en Laponie et au
N. de la Ehdande et passe en Allemagne en mars et oc-
tobre ; voie à pied rouge {A. hrachyriiijnchus) qui vit
au Spitzberg et hiverne sur les rivages de la mer du
Nord.
L'Oie à front islanc {Anser albifrons), dite aussi
polonaise, plus petite que les deux précédent f^s. o le front
blanc, le devant du cou hlanc entouré de brun, le dos
brun avec les plumes bordées de roux. Elle passe en
bandes nombreuses en décembre, puis en février, les
vols affectant toujours la forme d'un triangle. Elle est très
sauvage, ne se pose que le soir et le matin, de sorte
qu'on la tue plus rarement que les autres espèces. On en
distingue deux autres variétés, VOie islandaise (Anser
intermedius) , longue de 0"^,76, et VOie naine (A. fin-
marchicus) qui vivent l'été dans les terres arctiques et
hivernent jusqu'en Egypte et dans l'Inde.
L'Oie CANADIENNE {A. canadensis onCtjynopsis),longm
de 0^^,94, large de 1"^,70, plus élancée que l'Oie cendrée, a
la tèle, le bec, les pieds, la queue, l'arrière du cou noirs,
la gorge gris blanc, la poitrine grise, le dessus brun gris;
elle vit dans l'Amérique du Nord, refoulée vers le N. par
les chasseurs. Elle descend en hiver jusqu'aux Etats-Unis
par petites bandes; en avril et mai, elle retourne à la
toundra, entre 50*^ et 67° lat. N., pour la ponte. Elle niche "
près de Feau, dans les taillis ou l'herbe, pond de trois à
neuf œufs. On la mange beaucoup fumée. Ses plumes sont
fort appréciées. On l'a domestiquée et croisée avec l'oie
cendrée ; les métis sont faciles à engraisser.
La Bernache et la Cereopse (V. ces mots) ont fait
l'objet d'articles distincts, de même que VOie d'Egypte
(V. Chenalopex).
Le genre Chen a été créé pour une espèce (Ch. niveus)
propre aux régions arctiques de l'ancien continent.
L'Amérique du Nord possède des espèces distinctes, mais
très voisines. E. Tuouessart.
II. Economie rurale. — L'oie est, sans contredit, le
plus précieux des animaux de basse-cour après la poule ; elle
est l'objet d'une exploitation très importante en Europe,
particulièrement en Irlande (15.335.749 existences), en
France ^3.519.741 existences), en Suède (d. 571 .254 exis-
tences),' en Danemark et en Hollande. La statistique géné-
rale de 1892 évalue à 2.346.360 le nombre de ces ani-
maux livrés annuellement à la consommation en France, le
prix moyen par tèle étant de 4 fr. 52. Nos principaux
départements producteurs sont l'Allier, la Haute-Garonne,
les Landes, la Dordogne, la Sarthe, les Deux-Sèvres, la
Mayenne, la Saône-et-Loire, le Gers, les Basses-Pyrénées,
le Maine-et-Loire, la Nièvre, le Tarn-ct-Garonne, l'Indre,
le Cher, la Vienne, l'Yonne, etc.; les oies de la Haute-
Garonne, du Tarn, du Lot-et-Garonne, de la vallée de
la Loire et de l'Est sont les plus renommées et elles
sont l'objet d'une grande recherche pour l'exportation,
les chiffres font défaut sur ce dernier point. Nous expor-
tons de 100.000 à 105.000 kilogr. de pâtés de foie,
plus du double de nos importations de ces mêmes produits.
On exploite en France deux races d'oies comprenant un
assez grand nombre de variétés : 1*^ Petite race, oie grise
ou commune; elle est encore la plus répandue et ne dif-
fère guère des oies sauvages que par la nuance plus cendrée
de son plumage et par son aspect général plus lourd ; elle
est très rustique, sa ponte n'est pas abondante, et le poids
n'atteint que 3 à 5 kilogr. ; dans les bonnes exploitations
on lui préfère les types de grosse race avec lesquels elle a
souvent été croisée. 2° Grosse race. La variété la plus
intéressante et donnant le meilleur rapport est dite de
Toulouse ; l'aspect est massif et lourd, la poitrine est très
développée et très basse, le cou très gros et les ailes sail-
lantes ; le plumage est gris brun dans l'ensemble, les
plumes de la tête et du cou sont gris fer et forment liseré
à partir de la gorge jusque sous le ventre et sur les cuisses ;
l'abdomen et le croupion sont nettement blancs ; la queue
est grise avec l'extrémité blanche ; enfin les membranes
des pattes et le bec sont de couleur rouge brique assez
foncée ; l'œil est petit et vif, gris foncé presque noir. Le
développement est rapide ; par une alimentation bien con-
duite le poids de 10 à 11 kilogr. peut être facilement
atteint ; la ponte est abondante, elle s'élève à 50 et même
à 60 œufs (janvier à juin) annuellement. Les variétés de
Guinée et A' Egypte fournissent une chair plus délicate
que l'oie de Toulouse, mais elles sont moins rustiques ; lu
303 - OÎE
variété à'Embden, dérivée de l'oie de Toulouse, à plumage
entièrement blanc, à bec et pattes jaune orangé, est très
répandue en Angleterre et en Irlande ; elle est également
de grande taille et donne un fort rendement. Les oies
doivent avoir un logement spécial, aéré et bien sain et
entretenu en parfait état de propreté ; la litière est renou-
velée tous les deux ou trois jours et retournée fréquem-
ment ; le couchage dans des parcs couverts et transpor-
tables donne aussi de bons résultats lorsque les oies
pâturent sur les chaumes ou dans les prairies et ne rentrent
pas le soir à la ferme. Les mâles ou /«r^ sont toujours peu
nombreux : un jars sufïit pour 6 ou 8 femelles; il ne doit
pas être trop jeune, l'âge de deux ans à deux ans et demi
est à préférer ; tout mâle d'élite doit être conservé avec
le plus grand soin tant qu'il est bon. Avec une bonne ali-
mentation la ponte peut commencer dès le mois de février ;
l'établissement du nid est surveillé ; les œ^ufs, de goût
moins délicat que ceux de la poule, pèsent de 150 à 160 gr.
en moyenne dans les belles espèces. L'oie est très bonne
couveuse, l'éclosion a Heu ordinairement au bout d'un
mois ; 15 œufs suffisent par couvée ; les oisons sont retirés
au fur et à mesure de leur éclosion, puis on les place dans
un panier ouaté ou garni de laine que l'on pose auprès
du feu ou dans une pièce très chaude, le moindre refroi-
dissement leur est fatal. Dès le lendemain, on peut les
rendre à leur mère, mais, à moins que le temps ne soit
très beau^ on ne les laisse prendre le grand air qu'au bout
de quelques jours ; leur première nourriture consiste en
œufs durs hachés avec du pain émietté et des orties très
tendres, puis en pâtées de farines, de remoulages et de
pommes de terre cuites écrasées, mélangées avec de la ver-
dure hachée ; les orties prennent une grande place dans leur
alimentation ; les repas ont Heu cinq ou six fois par jour
et même plus. Les bains peuvent commencer au bout d'une
dizaine de jours; il faut bien éviter de les donner pendant
le milieu de la journée par crainte des coups de soleil ;
après trois ou quatre semaines, on peut conduire les oisons
au pâturage avec leur mère. L'élevage n'est réellement
économique que si l'on dispose de grandes surfaces, prai-
ries ou chaumes, avoisinant surtout des cours d'eau ; la
nourriture est complétée avec des racines, des légumes et
tous les débris végétaux encore frais dont on peut disposer ;
on y ajoute plus tard avec avantage des graines ou des
pâtées ; l'animal est ainsi bien préparé pour l'engraisse-
ment, cette opération commence dès le mois de septembre
et dure de quatre à six semaines ; chaque jour les oies
sont gavées à plusieurs reprises et à des heures bien ré-
gulières avec des pâtons de farine de maïs et de pommes
de terre cuites. Les sujets sont séquestrés dans une pièce
obscure et bien saine ; dans le Sud-Ouest on prolonge l'en-
graissement encore plus loin pour obtenir les oies dites à
foie gras, très recherchées pour la fabrication des pâtés
aux truffes. Bréchemin estime de 16 à 22 fr. le produit
brut, suivant grosseur et quahté (graisse 6 fr., quatre
membres à 1 fr. 50, foie 3 fr. 50 à 5 fr. 50 le kilogr.,
plume et duvet), d'une belle oie engraissée de Gascogne,
mais ce taux est exceptionnel. Les vieilles oies sont plumées
en mai, en juillet et à la fin de septembre, et les oisons
vers la fin de juin et en juillet lorsqu'ils sont croisés, et
à la fin de septembre, sauf dans le cas où ils sont des-
tinés à l'engraissement ; le duvet est arraché après les
plumes, mais sans dépouiller complètement le sujet ; on
peut obtenir sur une vieille oie jusqu'à 300 gr. de plumes
et 75 gr. de duvet par année ; l'oison donne au plus 150 gr.
de plumes et 30 gr. de duvet. Dans quelques pays, la peau
est ouverte et enlevée après le plumage et préparée avec des
soins spéciaux pour être vendue comme peau de cygne ; la
chair est alors débitée et vendue par morceaux à un prix
inférieur à celui de la chair des animaux non écorchés.
J. Troude.
III. alimentation. — L'oie fournit un mets subs-
tantiel et savoureux. On la mange en daube, avec de la
choucroute, avec des navels et des pommes de terre, rôtie
OJE — OIGNON — 304 —
et garnie avec une farce faite avec le foie et de la chair
à saucisses, hacliée et assaisonnée de sel, de poivre, de
ciboule, de persil auxquels on peut ajouter quelques mar-
rons passés dans du beurre chaud. La cuisson à la broche
d'une oie grasse demande environ une heure et demie. La
graisse est très bonne à conserver et s'unit délicieusement
à différents légumes, tels que pommes de terre, épinards,
haricots, etc. Les cuisses et les ailes, confites dans du
saindoux ou de l'huile d'olive, font le régal de certains
gourmets, particulièrement sur les bords de la Garonne.
Le foie sert à la préparation députés renommés (V. ce mot).
IV. Jeu. — Ce jeu, très ancien (il pojie pour titre :
« le noble jeu de l'oie, renouvelé des Grecs ») était pra-
tiqué dans les dernières années du moyen âge et a été
principalement en faveur au xviii^^ siècle, oii il était joué
aussi bien par les parents que par les enfants : un dessin
de Chardin en fait foi. La vogue du jeu de l'oie est au-
jourd'hui passée, et il n'y a guère que les enfants qui s'y
livrent encore de temps à autre. Ce jeu se joue avec une
feuille de carton {diiek jardin de l'oie), sur laquelle est
représentée une ellipse qui tourne deux fois sur elle-même
et est divisée en soixante-trois cases. Chaque case numé-
rotée représente une image dessinée d'une manière élé-
mentaire et qui prèle à l'hilarité et aux bons mots ; Voie
figure à la case 63, but final du jeu, et se répète six fois
(de neuf en neuf numéros) dans le courant des cases pré-
cédentes. On peut jouer à plusieurs personnes et même
à nombre indéterminé de joueurs ; les instruments du jeu
sont deux dés, un cornet et le tableau ou jardin de l'oie.
On tire au sort pour savoir qui commencera, et chaque
joueur adopte une marque ])articulière.
Voici les règles du jeu, dans leur texte original, selon
le règlement connu de nos ancêtres : « Pour jouer à ce
jeu qui est composé de 63 cases, à prendre du n^ 1 jus-
qu'au nombre 63, où il faut arriver pour gagner la partie,
il faut que chaque joueur ait une marque distinctive pour
marquer sur la case le nombre de points qu'il aura amenés.
Mais il n'est pas facile d'arriver au Iwsquel (c'estle n°63,
siège de l'oie finale), car plusieurs empêchements se pré-
sentent avant qu'on puisse y aborder. Il faut avoir deux
dés que chaque joueur jettera à son tour, et autant de
points que les dés amèneront, il les marquera sur le jeu
avec sa marciue. Il faut faire attention que Ton ne peut
pas s'arrêter sur les oies, qui sont disposées de neuf en
neuf; ainsi donc, si vous arrivez à une oie, redoublez le
nombre de points que vous avez amenés jusqu'à ce que
vous n'en rencontriez plus. Si, en marquant les points que
vous amenez vers la fin de la partie, vous excédez le
nombre 63, vous redoublez vos points et retournez en
arrière, et enfin celui qui arrivera juste au nombre 63
gagnera la partie. » Le règlement est suivi d'observations :
« Si, du premier coup que l'on tire les dés, on faisait 9,
ce ([ui peut se faii'e de deux manières, savoir 5 et 4 ou 6
et 3, il faut que celui qui fera 6 et 3 aille au nombre 26,
où sont représentés deux dés, et celui qui fera 3 et 4 au
nombre 53, où sont deux autres dés. Celui qui fei'a 6, où
il y a un pont, payei'a le prix convenu et ira au nombre 12
pour se noyer sous le pont. Celui qui ira au nombre 19,
où il y a une hôtellerie, s'y reposera jusqu'à ce que les
autres joueurs aient tiré chacun deux fois. Celui qui ir^
au nombre 31, où il y a un puiis, payera le prix convenu
et y restera jusqu'à ce qu'un autre, arrivant au même
nombre, vienne l'en délivrer. Alors celui cpii sortira du
puits ira occuper la place qu'avait celui qui est venu le
remplacer. Celui qui ira au nombre 12, où il y a un laby-
rinthe, payera le prix convenu et retournera au nombre 3().
Oui arrivera au nombre 52, ou il y a \\m prison, payera
le prix convenu et y restera jusqu'à ce qu'un autrt> l'en
retire. Quand on arrivera au nombre oH, ou est repré-
sentée la mort (une tète de mort), on payera encore le
prix convenu et on recommencera tout le jeu. Et celui
qui sera rencontré par un des joueurs ])ayera le prix
convenu étira se mettre à sa place. »
Les régies du jeu de l'oie sont très simples et à la
portée des nitelligences les plus enfantines. La vogue très
grande qu'a eue ce jeu s'explique encore par les distrac-
tions et les retours philosophiques qu'il offre ; l'on a voulu
y voir .une image de la vie et l'occasion de mille ensei-
gnements familiers. Il a donné naissance à de nombreux
jeux analogues, jeux plaisants ou instructifs, tels que le
jeu des monuments de Paris, le jeu de Vhistoire, le
jeu de rhijmen,le jeu de la guerre, le jeu du steeple-
chase, le jeu de géographie. Une des plus spirituelles
imitations a été le jeu d'oie parlementaire, où l'on voit
représenté le Corps législatif de 1870 ; il est divisé en
droite et gauche, porte des portraits de députés ou des
signes symboliques : crédits extraordinaires, applau-
dissements, murmures, vote de confiance, chanqement
de cabinet, dissolution, etc. Ily avait deux jeux distincts,
le jeu de la gauche qui comptait à partir de la case Roche-
fort, et le jeu de la droite qui commençait à Granier de
Cassagnac. Déjà on avait adopté le jeu de l'oie à la fin du
xviii^ siècle en le débaptisant pour l'appeler jeu de la
Révolution française. Ph. B.
V. Littérature — La mèhe l'Oie (V. Comte, t. XR
p. 777).
VI. Histoire. — Oies de mer (V. Guelx).
VII. Législation étrangère. ~- L'oie ghîse (Y.
CiiÂuÂs).
VIII. Coiffure. — Peuti: oie (V. Coiffure, t. XL
p. 866.
OIE (L'). Com. du dep. de la Vendée, arr. de La
Roche-sur-Yon, caiit. des Lssarts ; 854 hab.
^\QWï.X{Ougneijum). Com. du dép. de la Haute-Saône,
arr. deYesoul, cant. de Combeaufontaine ; 201- hab. Car-
rières de pierre. Traces de voie antique. Découvertes de
ruines, sépultures et monnaies romaines, lieu d'il E)iSar-
razin. Iiglisedu xviii^siècle (boiseries dignes d'attention).
La seigneurie a appartenu successivement aux de Pesmes,
de Rupl et d'Orsay.
, OIGNIES. (W. du dép. du Pas-de-Calais, arr. de Bé-
thune, cant. de Carvin ; 2.439 hab. Mines de houille des
concessions d'Ostricourt, de Courrières et de Dourges.
Bi'iqueferie ; brasserie. Eglise moderne de stvle roman.
Château moderne.
OIGNON ou OGNON,]. Botanique et Thérapeutioue. —
Nom vulgaire de VAllium Cepa L. (Y. Ail). Liliacée dont on
ne connaît pas la patrie, mais qu'on cultive pour ses bulbes
qui sont comestibles. L'Oignon, par sa composition chi-
mique, aussi bien qu'au point de vue bromatologique, n'est
qu'un diminutif de l'ail. Le jus exprimé subit la fermentation
alcoolique. L'Oignon frais a été préconisé comme stimu-
lant, diurétique et anthelmintique. Pris avec modération,
il augmente l'appétit et aciive la digestion. R sert à fa-
briquer des cataplasmes maturatifs. — Le vin d'oignon
se prépare par macération de deux oignons dans un litre
de vin blanc ; il sert comme vermifuge, de même que le
sirop d'oignon.
Le mot oignon est aussi employé, en botanique, comme
synonyme de bull)e (Y. ce^mot, t. YIII, p. 397). D^' L. Hn.
IL Horticulture. — La culture ordinaire de l'Oignon
consiste à seiner ses graines vers la fin de l'hiver' à la
volée ou en lignes, en sol riche, non fumé de frais au
fumier et fortement plombé après le semis. On sarcle, on
bine les jeunes plantes suivant le besoin, on les arrose
pendant leur pleine végétation. A la récolte, lorsque les
feuilles jaunissent, on laisse ressuyer un jour ou deux au
soleil, puis l'on rentre au grenier fia conservation se fait
bien tout Thiver, en lieu sec. On a de bonne heure des
oignons frais au printemps, par des semis d'été exécutés
en août et suivis du repiquage, en lignes, du jeune plant
avant Lhiver. ' G'. Boyer.
IIL ALDiENfAiio::. — L'oigoon est très fréquemment
emplo^^edans la préparation de nos aliments : il entre dans
la confection d'une soupe, d'une purée, de certaines
sauces, d'omelettes ; on l'associe également aux viandes
a05
OIGNON — OIRON
en le faisant cuire avec elles ; on le confit dans du vinaigre
soit seul, soit mélangé à des cornichons ; coupé en minces
rondelles, il sert aussi quelquefois à assaisonner des sa-
lades, etc. Certaines personnes le mangent cru, ce qui
rend l'haleine fétide et provoque des renvois fort incom-
modes, car il est très indigeste. — Pour donner au pot-
au-feu une couleur et un îumet plus appétissants, on se
sert d'une préparation d'oignons appelés oignons brûlés
ou oignons glacés. Ce sont des tranches de bulbe d'oi-
gnons ayant subi un commencement de carbonisation ou
plutôt de caramélisation. La préparation industrielle de
ce condiment forme une branche commerciale assez im-
portante. Dans le commerce, on rencontre quelquefois un
produit analogue, mais préparé avec des carottes, du
navet ou de la betterave. Un examen attentif, après
ébuUition, suffît pour découvrir la fraude.
OIGNON. Rivière du dép. du Doiibs (V. ce mot, t. XIV,
p. 1005).
OIGNY. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Soissons,
cant. de Villers-Cotterets ; i296 hab.
OIGNY. Com. du dép. de la Cùte-d'Or, arr. de Châ-
tillon-sur-Seine, cant. de Baigneux-les-Juifs ; 104 hab.
OIGNY. Com. du dép. de Loir-et-Cher, arr. de Ven-
dôme, cant. de Mondoubleau ; 268 hab.
' OIGOURS (V. Turcs Oligours).
01 H EN ART (Arnaud d'), historien et poète basque, né
à Mauléon le 7 août 4592, mort avant le 14 janv. 1668.
Fils d'un procureur du roi au pays de Soûle, il fit à Bor-
deaux ses études de droit, devint en 1623 syndic du tiers
état de Soûle et par son mariage avec Jeanne d'Erdoy,
d'une vieille famille de Saint-Palais, obtint l'entrée aux
Etats de Navarre dans le corps de la noblesse. Reçu avo-
cat au parlement de Navarre, il fut chargé de la gestion
des immenses biens de la maison de Gramont, et les nom-
breux documents qu'il rencontra dans le cliar trier de
Bidache lui donnèrent le goût des recherches historiques.
Il visita un grand nombre de dépôts d'archives, à Bayonne,
Toulouse, Pau, Pampelune, ou il fut fort mal accueiUi,
Lescar, Périgueux, Paris, Dijon, Précy- sur-Oise, et les
vingt-trois volumes manuscrits qui lurent le fruit de ses
recherches sont aujourd'hui compris dans la collection
Duchesne à la Bibliothèque nationale (vol. 96 à 99 et
101 à 119) ; ils furent envoyés à Colbert en 1675 par
Gabriel d'Oihénart, son fds, au moment môme où François
Duchesne venait de donner à ce ministre quarante-cinq
volumes de documents ayant appartenu à son père. Mais
la bibliothèque d'Oihénart et une partie de ses pièces ori-
ginales restèrent à Saint-Palais où D. Martène et D. Du-
rand les virent en 1711 ; le comte d'Hérouville en acquit
une partie en 1753, et ces papiers passèrent ensuite dans
le cabinet de l'abbé de Vergés, historiographe de France,
et de là aux archives du séminaire d'Aucb. Vn résidu
important du cabinet d'Oihénart, resté à Saint-Palais, a
appartenu jusqu'à ces dernières aimées à la comtesse de
Bran(;ioii qui l'a légué à son qyarent, M. Labrouche,
archiviste des Hautes-Pyrénées. Oihénart publia à Paris,
en 1637, sous le titre tïe Notitia ubiusque Vasconiœ,
fum Ibericœ, htm Aquitanicœ, l'ouvrage auquel il doit
sa célébrité, et dont une seconde édition parut en 1656;
c'est un livre très recherché et utilisé encore de nos jours.
On lui attribue snissiiim Déclaration historique de Tin-
juste usurpation et rétention de la Navarre par les
Espagnols, pubUée en 1625 (in-8), et un extrait d'un
livre, qui ne parut point, intitulé- Navarra injuste rea,
sive de Navarrœ regno contra jus fasque occupato
(pièce in-'i de 8 pp. qui se trouve dans Galland, Mé-
moires pour l'histoire de la Navarre (Paris, 1648,
in-foL, Preuves, p. 110). Oihénart avait voulu écrire
encore une histoire de la maison de Gramont, dont on
trouve un résumé à la Bibliothèque nationale (fonds fr.
20222, fol. 169 et vol. 1163 de Clairambault). Comme
poète, Oihénart avait écrit un recueil de proverbes basques
et de poésies dans la même langue qui parut en 1657 à
GRANDE ENCYCLOPÉDIE . — XXV.
Paris et a été réédité en 1847 à Bordeaux par Francisque
Michel. 11 avait aussi réuni les éléments d'un dictionnaire
basque. Henri Courteault.
BiBL. : J.-B.-E. de Jauiigain. Arnnud d'Oihénart et sa
famille ; Paris, 1885, in-8.
OÏL (Langue d') (V. Romanes [Langues]).
OIL-Crrv. Ville des Etats-Unis (Pennsylvanie) , au con-
fluent de l'Oil Creek et de l'Allegliany, au centre de la
région du pétrole (V. Etats-Unis, t. XVI, p. 577) ;
19.902 hab.
OINGT. Com. du dép. du Rhône, arr. de Villefranche,
cant. du Bois-d'Oingt ; 414 hab. Ancienne station ro-
maine à'Iconium, sur la voie d'Aure àFeurs. Au moyen
âge, c'était une place très forte qui fut ruinée en 1562
par le baron des Adrets. A l'O. de cette localité est l'an-
cien manoir de Prony, domaine patrimonial du physicien
de ce nom. Ruines du rempart et du château.
01 N VI LIE. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de
Mantes, cant. de Limay; 506 hab.
OINVILLE-Sainx-Liphard. Com. du dép. d'Eure-et-
Loir, arr. de Chartres, cant. de Janville ; 566 hab.
OINVILLE-sous-iVuNEAu. Com du dép. d'Eure-et-Loir,
arr. de Chartres, cant. de Janville ; 298 hab. Stat. du
chem. de fer de l'Ouest.
OIRON {Orio). Com. du dép. des Deux-Sèvres, arr.
de Bressuire, cant. de Thouars ; 845 hab. Oiron était au
moyen âge le siège d'une seigneurie qui passa à la maison
d'Amboise, puis à celle de Sancoins. Lors du procès de
Jacques Cœur, Charles VII la contisqua sur Jean de San-
coins et la donna aussitôt à Guillaume Gouffier. Artns
Gouffier, fils aîné de celui-ci, commença, en 1518, la
construction d'une éghse coUégiale (mon. hist.) qui est
aujourd'hui la paroisse du bourg. C'est un édifice à une
nef terminée par une abside avec deux petites chapelles
latérales et une tour à droite de la façade ; la construc-
tion est gothique, mais l'ornementation Renaissance ; les
deux portes latérales sont l'une de 1540, l'autre du temps
de Henri II ; l'intérieur contient de nombreuses curiosités
parmi les(|uelles tiennent le premier rang les tombeaux,
malheureusement mutilés, de la famille Gonftier ; celui de
Phihppe de Montmorency, veuve de Guillaume Gouffier,
celui d'Artus Gouffier, fondateur de la collégiale, celui de
l'amiral Bonnivet, son frère, et celui de Claude Gouffier.
Les deux premiers sont l'œuvre de Jean Juste, le père, et
les deux autres de Jean Juste, le fils. L'église à peine
commencée, Artus Gouffier entreprit la consîruction d'un
château destiné à remplacer la résidence primitive des
seigneurs d'Oiron, dont les restes, qui datent du xv^ siècle,
se voient encore à Leugny, à 1 kil. au S.-E. Il mourut
tlès 1539, mais son œuvre fut continuée d'abord pai* sa
veuve, Hélène de Hangest, qui lui survécut jusqu'en 1537,
et ensuite par leur fils, Claude Gouffier. De cette cons-
truction subsistent deux ailes du château actuel, mais celle
de droite a été remaniée à la fin du xvii® siècle, tandis
que celle de gauche demeure l'un des plus précieux bijoux
de la Renaissance française. Le bâtiment d'un seul étage
s'élève au-dessus d'une galerie dont les arcades en anse
de panier sont supportées par des colonnes torses ; les
appuis des fenêtres sont ornés de médaillons représen-
tant des Césars et Mahomet sculptés par Mathurin Bou-
berault, de Tours. L'intérieur contient un vaste escalier
donnant accès à la salle des gardes ou des peintures, parce
qu'elle est ornée de quatorze peintures représentant des
scènes de V Enéide, peintes au xvi^ siècle par Pierre F^oulon
et Noël Jallier. Protectrice des arts et artiste elle-même,
Hélène de Hangest avait établi auprès de son château une
fabrique de faïences artistiques qui subsista jusque vers
le milieu du xvii^ siècle, et dont les pièces très rares — la
plupart avaient été destinées au château et à l'église — sont
aujourd'hui d'un prix inestimable. Saccagé en 1568 par
les protestants de François de Cohgny, le château fut
acquis en 1667 par le duc de La Feuillade (jui en entre-
prit la transformai ion ; c'est lui qui fit élever le grand
20
OIKON — OISE
306
corps de logis central, et les deux pavillons dont il est
flanqué; il n'eut heureusement pas le temps d'achever
son œuvre. M^'^^ de Montespan racquit en 1700, le donna
hientôt à son fils, le duc d'An^in, en s'en réservant la
jouissance ; elle y passa les dernières années de sa vie et
fonda l'hùpitai qui subsiste encore et où se voit un beau
portrait d'elle pai- Mignard. Le duc d'Antin vendit le châ-
teau en 1745 au maréchal de Vdleroy qui le conserva juh-
qu'en 1779. Dans le grand parc du château, qui comprend
o90 hect., se trouve sur uji petit plateau un groupe de
quatre dolmens, dont le principal est formé de sept pierres
supportant une table longue de |)rès de 7 m. — Eaux mi-
nérales sulfureuses de Bilazais.
01 RY. Corn, dudép. de la Marne, arr. d'Koernav, cant.
d'Avize ; 315 hab.
OISANCE. Rivière du dép. dllIe-el-Vilaiiie (V. ce
mot, t. XX, p. o61).
OISANS (V. Isère, t. XX, p. 988).
OISE (L'). Rivière du dép. de la Loire (V. ce mot,
t. XXn, p. 435).
OISE (lat. Isara) . Rivière de France, affl. dr. de la Seine.
Elle a sa source en Belgique, prov. de Namur, à 300 m.
d'alt. environ, descend vers TO., entre en France au bout
de 15 kil. , sépare un instant les dép. du Nord et de V Aisne
(V. ces mots), s'engage dans celui-ci, où elle adopte après
Guise la direction du S.-O., qu'elle conservera jusqu'au
bout : elle est plus que doublée à La Fère par l'apport de
la Serre, pasbc dans le dép. de VOise (Y. ce mot) ou elle
reçoit son grand affluent. TAisne, et huit en Seine-et-
Oise (V. ce mol), ou elle s'unit à la Seine à Confians. Elle
a 302 kil. de long dans un bassin de 1.6G7.000 hect. La
branche principale en est non pas l'Oise supérieure, mais
l'Aisne. A partir de la source de l'Aire (affl. de l'Aisne),
la rivière aurait plus de 400 kil. de long.
Mais l'Oise forme une route historique et économique
de premier ordre entre le bassin de la Seine et ceux de la
Meuse (Sambre) et de l'I^scaut, entre Paris et les Pays-
Bas. Navigable de l'emliouchure à Janville, l'Oise est
suppléée jusqu'à Chauny ]^ar un canal latéral. Sur ce tronc
commun se branchent les grands canaux du Nord.
La vallée de l'Oise constitue également la voie d'accès
militaire des Pays-Bas vers Paris. Elle est barrée par la
forteresse de La Fère. A l'origine de la vallée se trouvaient
les places de Marienbourg et Philippeville que les traités
de 1815 ont attribuées à la Belgique afin de laisser ou-
verte une trouée dans notre frontière septentrionale.
L'Oise n'arrose aucune grande ville, ni même de cité
de second rang ; les principales sont llirson. Guise, La
¥hYQ, Ghauny, No3^on, Compiègne, Creil, Pontoise.
Pour les détails, Y. les art. consacrés aux dép. de
l'Aisxi:, de I'Oise et de Sei^e-ei-Oise, f§ Régime Oes
eaux, Voies de communication.
Canal latéral à l'Oise. — Canal creusé sur lar. dr. de
l'Oise, pour assurer entre Chauny et Janville un tirant d'eau
de 2 m. aux bateaux. 11 a 34 kil. de long en y comprenant les
5 premiers qui portent le Jiom de Canal de Manicamp.
Canal de l'Oise à l'Aisne. ~- Canal creusé entre
rOise supérieure et l'Aisne pour éviter au trafic entre le
X. et l'E. de la France le détour par Compiègne et les
difficultés de la remonte de l'Aisne. Il va de Chauny à
Bourg. Il s'embranche à Abbécourt sur le canal latéral à
l'Oise, franchit cette rivière sur un pont-canal de 67 m.,
coupe la Lette, remonte par Ani/y-le-Chàteau au moyen tte
neuf écluses jusqu'au bief de partage long de 7 kil. [^fran-
chit le faîte par le souterrain de Braye (^.305 m.) et
descend par quatre écluses vers l'Aisne qu'il franchit sur
un pont de 6^2 m. de long à Moussy, il se raccorde à Bourg
avec le canal latéral à l'Aisne. Sa profondeur est de 2''S20 ;
sa longueur de 56 kil. Il est alimenté par des prises d'eau
à la Lette et à l'Aisne (àBerry-au-Bac, d'où on les amène
à Bourg et les refoule vers le bief départage). Ouvert en
1890, il a coûté 32 millions de IV., dont 13.100. 000 pour
le souterrain de Braye,
Rigole de l'Oise. — Conduite d'eau qui amène au
canal de Saint-Quentin des eaux prises dans l'Oise à 3 kil.
aval de Guise. Elle a '25 kil. de long, dont une partie sou-
terraine ciitre Berjioville et Fonsomme (source de la
Somme).
OISE (Dép. de F). Situation, limites, superficie.
— Le dép. de l'Oise doit son nom à la grande rivière qui
le traverse du N.-t^ au S. ïl appartient à la région sep-
tentrionale delà France, est compris entre les dép. de la
Somme au N., de l'Aisne à FE., de Seine-et-Marne et
Seine-et-Oise au S., de FEure au S.-O. et de Seine-Infé-
rieure à FO. Son ch.-l. Beauvais est distant do Paris de
69 kil. à vol d'oiseau et de 79 kil. par le chem, de
fer. Le dép. de l'Oise est situé entre 49« 3^ et 49« 46'
lat. X., 0«oO' long. E. et 0° 39' long. 0. Sa forme est
celle d'un rectangle assez réguher et orienté parallèlement
aux degrés et méridiens; d'E. en 0., il mesure 100 à
110 kil. du N. au S., 70 kil. à VE., 52 au centre, 65 à
FO. Il n'a de limites naturelles que sur une faible partie
de son pourtour, à FO., ou FEpte le sépare des dép. de
la Seine-Liférieure, puis de FEure durant une trentaine
de kilomètres (sauf les banlieues de Gournay etdeGisors
qui demeurent à ces départements voisins). Au S., la
Thève, longeant la forêt du Lys, sépare pendant 5 kil. les
dép. d'Oise et Seine-et-Oise"; au S.-E., FOurcq et son
ailluent la Gergogne séparent chacun les dép. d'Oise et
de Seine -et-iVlarne durant 3 ou 4 kil.; de même, à l'angle
X.-O., la Bresle pour le dép. de Seine-inférieure. Les
autres limites sont purement conventionnelles. Le pour-
tour du département est de ii^5 kil. La buperiicie du
dép. de rOise est de 585.500 hect. d'après le cadastre,
de 588.500 hect. d'après le service géographique de
l'armée.
Relief du sol. — Au pohit de vue orographique, le
dép. do l'Oise appartient au bassin parisien. C'est un pays
de plaine, d'un rehef très peu accentué. Le poinc le plus
bas est celui oa l'Oise sort du département, à 20 m. en-
viron ; les plus élevés atteignent 240 m. (à FO. de Savi-
gnies, au N.-O. et à FO. d'Auneuil) sur la lisière orientale
du pays de Bray, dont l'escarpement domine la vallée du
Beauvaisis. Les deux traits essentiels de l'orographie du
dép. de l'Oise sont cet escarpement du pays de Brav et
de Thelle, orienté du X.-O. au S.-E., et la vallée de
l'Oise, orientée du X.-E. au S.-O. La vallée de LOisc forme
un sillon profond et large ; la rivière n'est qu'à 37 m.
au-dessus de la mer au point ou elle aborde le départe-
ment et sa pente est de 0,17 par kilomètre durant ce
parcours. Cette vallée, élargie en aval du confluent de
FAisne, est creusée dans les'terrains tertiaires. Elle laisse
à gauche une région de collines boisées coupées par des
vallons descendant de l'E. à FO. : forêt de Carlepont,
adossée à des coteaux de 159 m.; forêt de l'Aigle ou de
Laigue (ait., 113 m.), sépai^ée par FAisne de la forêt de
Compiègne (Beaux Monts. 130 m. ; mont Saint-Marc,
131 m. ; Grands Monts, x'olline de Pierrefonds, 137 m. ;
plaine boisée, 50 m. environ); puis, au S. de la vallée de
FAulhonne, la forêt d'ilallate(228 m. au X.-E.), séparée
par la Nonette de celles d'Ermenonville (113 à 66 m.),
de Chantilly et du Lys, moins accidentées. — Sur la
rive droite de l'Oise, les mêmes terrains forment les col-
hnes du Xoyoïniais, mioins bien boisées, qui atteignent
181 jn. au S.-ï']. de Xoyon, dans les bois d'Autrecourt.
et 152 m. au mont Ganelon, qui domine le confluent de
l'Oise et de l'Aisne. AFO. de la vallée de l'Oise et jusqu'à
celle du Thérain s'étend une plaine crétacée monotone,
médiocrement mouvementée, dont l'altitude varie de 100
à 178 m., s' abaissant à 50 ou 60 m. au fond des
sillons creusés par les cour^ d'eau. Les vallées perpendi-
culaires do_ l'Oise et du Thérain convergent vers Creil,
dominées d'une centaine de mètres par les hauteurs du
Clermontois qui atteignent 158 m. dans la forêt de Hez,
106 au-dessus de la grande vallée. — La vallée du Thé-
rain longe au pied le soulèvement du pays de Bray. pro-
Grande ETicjclopédie__ Tome XXY.
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Société anoiiyme de la GiandÊ Encyclopédie
— 307 —
OISK
longé au S.-E. par les talus crétacés de la Thelle. Le
bourrelet atteint 240 m., avons-nous dit; il encaisse une
sorte de boutonnière jurassique, d'un niveau inférieur de
60 à 80 m., formant une région accidentée et herbeuse
qu'arrosent de nombreux ruisseaux. L'angle N.-O. du dép.
de l'Oise, dont l'ait, dépasse 200 m., est un faîte entre les
bassins de l'Oise (Thérain), de la Somme et de la Bresle.
A.-M. B.
Géologie. — Généralités. — Considéré dans son
ensemble, le dép. de l'Oise constitue une vaste plaine,
faiblement inclinée vers le dép. de la Seine. Si l'on fait
abstraction des terrains pléistocènes, on peut dire que les
autres formations s'y succèdent progressivement dans la
même direction. Cependanl, cette disposition générale est
dérangée, à l'O. du département, par la présence de la
petite contrée connue sous le nom de pays de Bray. C'est
une région assez peu élevée, alignée N.-O. -S.-E., resserrée
entre deux falaises longitudinales qui l'isolent de la grande
plaine dont elle interrompt la continuité. Une vallée ver-
doyante s'ouvre au milieu de ce bourrelefqui va s'élargis-
sant dans la direction de la Normandie. La bordure du pays
de Bray forme, par sa continuité, le trait le plus remarquable
du relief du pays, et ce caractère ne peut être expliqué que
par la géologie. Elle forme une série de coteaux commen-
çant vers Précy-sur-Oise et s'étendant daiis le dép, de la
Seine-Inférieure jusqu'aux environs de Dieppe et constituant
la partie la plus élevée de la contrée. — On ne trouve
pas dans le dép. de l'Oise de terrains plus anciens que le
kimméridgien et le portlandien, encore ces deux étages ne
se montrent-ils que dans l'axe du pays de Bray. Ils sont
entourés d'auréoles formées par le crétacé inférieur (néo-
comien, aptien, gault), le cénomanien et le turonien. Le
sénonien ou étage de la craie blanche offre, au contraire,
une extension considérable, puisqu'il forme une partie des
plateaux de la Picardie et du pays de Thelle, c.-à-d. le terri-
toire situé au N.-O. du département, au N. d'une ligne
passant près de Beauvais, de Clermont et de Compiè:;iie.
Une deuxième bande crétacée, de moindre importance,
s'étend au S. du Bray, jusqu'à ('iiaumont-en-Yexin, ]\'éru
et Beaumont-sur-Oise. Le reste de la région est constitué
principalement par l'éocène qui forme une partie des col-
lines du Vexin et du Valois, aux contours dentelée et
se poursuivant dans le Soissonnais et vers Paris. Le
pléistocène couvre d'assez grandes surfaces, principalement
sur la bande crétacée qui s'étend au S. du pays de Bs'ay.
Tectonique. — Le dép. de l'Oise est traversé dans une
direction générale N.-O. -S.-E. par trois grands pL'sse-
ments formant des bandes parallèles. Ce sont dii N.
au S. : i^ l'anticlinal de Gompiègne-Granvilliers, qui
relève assez fortement le niveau de la craie, sépa» ' le
bassin de la Seine de celui de l'Oise et sert ainsi de ligne
de partage des eaux; de part et d'autre de cet antic' nal,
les couches plongent assez rapidement ; 2° le synclh. Ide
Béarnais, très rapproché de l'anticlinal remarquabh (3°)
dont fait partie le pays de Bray. Le pays de Bray n'est
pas, comme on le croyait, une vallée d'érosion; c'es' une
sorte d'échancrure dont les falaises intérieures circons-
crivent un fossé fermé en forme de fuseau très allongé et
très aigu, ne communiquant avec le dehors que par
d'étroites et profondes déchirures par où s"écliappei;i les
cours d'eau, comme l'Lpte, qui ont pris naissance à l'in-
térieur. Cette large éc]iancrure, au sol étrangement acci-
denté, qui s'ouvre brusquement au milieu des plateaux qui
joignent la Normandie à la Picardie et fait succéder béloji-
nante verdure de ses herbages à la teinte monotone des
terres labourées, se détache d'une manière remarquable
des plateaux uniformes qui l'enserrent de toutes parts.
Ce qui lui donne un cachet particuUer, c'est la netteté
exceptionnelle ave^ laquelle son contour extérieur se révèle
au premier coup d'œil.
A travers la déchirure en forme de boutonnière qui
le constitue apparaît le système jurassique perdant une
couverture de dépôts crétacés. L'axe anticlinal, remar-
quablement rectiligne et orienté N.-O. -S.-E., est situé
tout près du bord septentrional de la région, qui prend
le plus souvent les allures d'une faille ou d'un pli
très brusque. Les calcaires lithographiques du kimmérid-
gien s'y trouvent relevés jusqu'à plus de 210 m. d'alt.,
et si les agents d'érosion, profitant des fissures qui n'ont
pu manquer de s'ouvrir au-dessus de la clef de voûte,
n'avaient pas nivelé la contrée, ne laissant subsister aucune
altitude supérieure à 240 m., la craie blanche atteindrait,
sur le dôme de Bray, une hauteur de 600 m. au-dessus
du niveau de la mer
La dislocation de Bray, qui est la mieux définie de celles
que l'on constate dans le bassin de Paris et rappelle celle
des régions montagneuses, quoique aune moindre échelle, est
la ligne culminante d'un système de rides parallèles compre-
nant la vallée de la Seine. Le fleuve serpente, sans jamais
s'en écarter beaucoup, autour d'une direction moyenne
orientée 430^, exactement comme le Bray, et jalonnée par
une série d'accidents. Le soulè^ement qui a fait surgir le
dôme de Bray semble avoir été progressif. Le principal
mouvement aurait eu lieu à l'époque du gypse ; mais, sur
son prolongement vers Senlis, les sables de Fontainebleau
ont été également influencés. Il est à croire que cette ligne
de fractures a rejoué à plus d'une reprise. La moitié S.-E.
du dôme du Bray s'étend dans le dép. de l'Oise. La falaise
qui le limite au N.-E. est celle où les terrains sont re-
levés le plus fortement. Elle passe à 2 kil. de Beauvais,
coupe l'Oise à Précy-sur-Oise et se distingue encore jusqu'à
la forêt de Chantilly. La deuxième falaise, échancrée
par la vallée de l'Epte, est plus irré^ulière ; elle s'étend,
par Ons-en-Bray, vers Auneuil et Silly. La partie com-
prise entre les deux falaises de craie englobe le Bray pro-
prement dit. L'axe du bombement, très rapproché de la
falaise N., constitue la crête du haut Bray et s'étend seu-
lement dans la partie centrale de la boutonnière vers
Hodène et Glatigny.
Stratigraphie. — Le jurassique est la formation la
plus ancienne affleurant daiis le dép. de l'Oise, encore
n'est-elle représentée que par ses termes les plus supé-
rieurs : le kimméridgien et le portlandien, qui se montrent
dans Taxe du Bray.
Le kinimcridgien (virgulien) forme une assez large
tache depuis Bouzaiicourt jusqu'à Glatigny etVillambray. Il
est visible sur 100 à 200 m. et comprend des argiles bleues
avec des intercalations de Hts-lumachelles à Ostrea vir-
(jula. Certaines assises sont assez compactes pour avoir
été exploitées comme marbre (marbre d'Hécourt). Au mi-
Heu de la série s'observe une couche de 3 à 4 m. de cal-
caire lithographique sans fossiles. L'ensemble renferme
Am. Lallieriamis, Ostrea virgula, Gervilia kimerid-
giensis, etc. Le portlandien forme une auréole autour
du kimméridgien. Il débute par une marne bleue à Ostrea
catalaunica, que surmonte un grès en plaquettes à Ano-
nia lœuiyata. Puis viennent des calcaires marneux et des
marnes bleues calcariferes, enfin un grès calcaire glauco-
nieux avec poudingue à galets arrondis de roches anciennes
renfermant : Hemicidaris Hoffïnanni, Echinobrissus
Brodiei, Ostrea Bruntrutana. Cet ensemble, qui offre
une épaisseur d'environ 30 m., représente le portlandien
inférieur. Le portlandien supérieur est constitué par une
argile bleue (12 m.) à Oslrea expansa (chaux hydraulique),
avec quelques bancs de calcaire marneux bleu à grandes
ammonites (A. rotundus). Cette argile est couronnée par
un grès ferrugineux, épais d'une dizaine de mètres, quel-
quefois à l'état de sal)les et renfermant Trigonia gib-
bosa, Mijtiliis, etc. Vers son extrémité S., le portlandien
supérieur se transforme en un sable sans fossiles, à gros
galets de roches anciennes se reliant intimement aux couches
infracrétacées et représentant sans doute le purbeckien.
Les divers termes du crétacé sont très inégalement ré-
partis dans rO. du département. Tandis que le crétacé
inférieur, le cénomanien et le turonien n'affleurent que
dans le pays de Bray, par suite du bombement dont nous
OISE
308 —
avons parlé, le séaoïiieii occupe une grande étendue dans
le N.-O. du département et au S. du Bray. Tous les termes
du crétacé jusqu'au sénonien constituent donc des auréoles
entourant le Bray, tandis que la craie blanche s'étale lar-
gement.
Le néocomien, dont la puissance est d'environ 60 m.,
comprend à la base des argiles réfractaires (5 à 6 m.)
exploitées pour la faïence et les creusets de verrerie, sur-
montées par des sables blancs, (piart-^eux, micacés (20 m.)
avec intercalation de lignites à Lonchopteris mantelli.
Puis viennent de nouvelles argiles réfractaires (6 m., objets
réfractaires) surmontées par des sables, et des grès ferru-
gineux avec minerai de fer géodique et lits marins à Pleu-
romya neocomiensis, Carclmm siibhillanum. Les argiles
])anachées, qui recouvrent le néocomien et représentent le
barremien, renferment des lits de grès et de sables, ainsi
que des cristaux de gypse. Vient ensuite une couche argilo-
marneuse (12 m.), gris verdâtre, à rognons de grès fer-
rugineux à Ostrea aquila, qui est l'équivalent de l'aptien.
Le ^aw/^ débute par des sables verts (i5 m.) avec petits
silex, recouverts par des argiles (6 m.) gris bleuâtre, exploi-
tées pour la fabrication de la faïence, où l'on recueille :
Am. Deliicii, A, splendens, etc. Certaines assises com-
prennent des nodules phosphatés. Le cénomanien est re-
présenté à la base par une roche tendre, poreuse, grisâtre,
surtout siliceuse, appelée gaize, renfermant des nodules de
silex et de pyrite, et passant à la partie supérieure à une
argile sableuse, gris bleuâtre, à Am. inflatusel Ani. auri-
tus. Au-dessus vient une craie glauconieuse (Auneuil),
meuble, verdâtre, avec nodules phosphatés assez riches à
A. mantelli, A. gentoni, etc. L'étage luronien est cons-
titué par une craie marneuse, blanche ou grisâtre à Ter.
grandis et Cidaris vesicidosus. — Le reste du crétacé
forme ce qu'on appelle la craie à micrasler et la craie à
bélemnitelles.
Le sénonien inférieur (coniacien et santonien) comprend
la craie à micaster (35 à 40 m.) qui occupe la partie éle-
vée de la falaise du Bray. A la base, on trouve des cal-
caires durs, compacts, exploités comme pierre de taille et
renfermant ; Micraster cor iestudinarium et Ter.
semiglobosa, et à la partie supérieure une craie marneuse
tendre avec silex (chaux grasse) à Micraster cor angiii-
num. Au-dessus vient la craie à Marsupites ornatus. La
craie à bélemnitelles s'étend dans le N. du département et
au S. deBray. Elle est formée à la base par une craie blanche,
tendre, avec un niveau inférieur à Bel. quadrata, Ofj'aster
pilula, Ananchytes carinata et un niveau supérieur à
Bel. miicronata, Magas pumilus, Ananchytes ovata,
Micraster Brongniarti. Toute cette craie blanche renferme
dos Ihs de silex noirs. Elle est exploitée pour la fabrica-
tion du blanc d'Espagne et dans les raffineries de sucre
pour la production de l'acide carbonique.
L"émersion qui se produisit après le dépiU de la craie
empêcha le dépôt des couches maèstrichtiennes supé-
rieures. La mer, qui vint recouvrir le pays après cette
émersion, déposa des sédiments dont on ne trouve que des
lambeaux dans les environs de Paris. Dans l'Oise, le
danien est adossé à la craie. Il se montre en un seul
point, à Laversines, un peu à l'E. de Beauvais où il est
constitué par un calcaire friable, grossier, celluleux,
formé surtout de débris de fossiles brisés, principalement de
lÀjna Carolina et de radioles de Cidaris Tombecki.
Le tertiaire occupe principalement la partie E. etS.-O.
du département. Il foz^me la grande plaine du Valois, les
coteaux du Vexin et ceux qui s'étendent sur les deuxrives de
l'Oise entre Senlis, Nanteuil, Clermont et Compiègne. Vers
l'E., le tertiaire est limité, une première fois, parla falaise
N. du pays de Bray qui s'étend depuis Alonne, près Beau-
vais, jusqu'à Précy-sur-Oise et la forêt de Gbantilly. Ces
divers étages du tertiaire sont en retrait successif du N.
vers le S. C'est principalement l'éocène qui est ici repré-
senté. Le miocène ne se montre guère que sous forme de
lambeaux ; il forme le couronnement des collines les plus
élevées (mont Pagnotte). Il existe, dans le dép. de l'Oise,
un grand nombre de locahtés classiques au point de vue
géologique et paléontologique.
Uéocène débute par une formation ravinant les dépôts
crayeux et constituant un conglomérat de silex verts, sco-
riacés, empâtés dans une argile plus ou moins sableuse. Ce
conglomérat est surmonté par des sables glauconieux, dits
sabies de Bracheux, caractérisés par Ostrea Bellova-
cina, Ciicullea crassatina, Cardita pectuncularis. En
quelques points qui s'alignent le long de la falaise du Bray,
ces sables renferment des lits de gros galets. L'érosion a par-
fois enlevé les sédiments dans les([uels sont renfermés ces der-
niers, ne laissant subsister que des nappes de galets, comme
cela se voit au pied des coteaux du Vexin. Sur les sables
de Bracheux s'étend une argile plastique, pyriteuse et
gypsifère que surmontent, par places, des lignites pyriteuses
à Cyrènes (4 m.), exploitées pour la fabrication de la cou-
perose et de l'alun. Cet ensemble est raviné par des sables
passant à un calcaire lacustre marneux et bitumineux cou-
ronné par les argiles plastiques proprement dites, ren-
fermant des intercalations de grès et de sables, et carac-
térisées par Ostrea Bellovacina, Cyrena cuneiformis,
Cerithium variabile, Melania, Melanopsis, etc. Cette
formation de l'argile plastique (i5 m.) constitue la ma-
jeure partie du sous-sol des forêts de Laigue et de Com-
piègne et le soubassement des coteaux du Vexin. Viennent
ensuite les sables numniuli tiques du Soisso)inais (35 à
40 m.), jaunes, siUceux. micacés et glauconieux à la base,
calcarifères, gris verdâtre au milieu, avec veinules argi-
leuses et lignitifères. Ils contiennent à divers niveaux des
rognons tuberculeux de grès calcaire ou dolomitique, par-
fois siliceux, dits tètes de chats. Le seul fossile caracté-
ristique et le plus constant de ce niveau est une petite
nummulite (.V. planulata). Ces sables sont bien développés
à Cuise-la-Motte, Creil, près de Pont-Sainte-Maxence et aux
environs deNoailles. Ils sont surtout fossilifères à leur par-
tie supérieure : Tur. édita, Nerita Schmideliana, Cyrena
gravesi. Le grand nombre d'espèces d'estuaires ou de
rivages qu'ils renferment prouve le caractère littoral du
dépôt, qui est encore accentué par la présence du G. au-
ricula. Les sables nummulitiques, par suite du ravinement
facile qu'ils ont subi, impriment au paysage un cachet
bien spécial le long des vallées de l'Aisne et de l'Oise.
Le lutétien (ancien étage du calcaire grossier) , ^avù-
culièrement développé entre Clermont et Senlis, a été divisé
en trois parties : la division inférieure caractérisée parV^m.
lœvigata, Cardita planicosta est la moins développée;
elle est débordée par la division moyenne qui comprend
les couches à Cer. giganteiim, et à Milioles, reposant
parfois sur les sables de Cuise, et enfin la division supé-
rieure qui s'étend encore davantage et débute par un cal-
caire lacustre (émersion), celui du banc vert, i\ Cerithium
lapiduni, et se termine par des couches saumàtres, ou
d'eau douce, ^û(t% caillasses, reposant, par places, sur une
formation lignitifère, dans laquelle on a trouvé des restes
de végétaux, de poissons et de Lophiodon.
Les caillasses sont principalement constituées par des
marnes et des calcaires en plaquettes. Elles se présentent
aussi sous forme de roches dures exploitées (Chantilly) et
renfermant Ce/', lapidum, Cer. cristatum. Mais les autres
assises du calcaire grossier sont également exploitées non
seulement dans l'Oise, mais dans tous les environs de
Paris. Elles fournissent d'excellents matériaux employés
dans la construction des habitations et des monuments de la
capitale. Dans le Vexin, de nombreuses carrières sont ou-
vertes dans cette forirxation (30 m.) extrêmement fossilifère
et dont certains niveaux sont connus sous les noms de
pierres à liards {{nerra i\ nmmmûites) , bancs ù vérins
(cale, à Cer. giganteum).
{.\k)cène supérieur comprend les sables et grès de
Beauchamp (K) m.), qui constituent le sol des grandes
forêts d'Hallatte et d'Ermenonville. Plusieurs niveaux
ont été distingués au milieu de cette formation formée
— :u)9
OISE
par une série de sables, de grès (grès à pavos) pi-ésenlant
des intercalations d'argile verte plastique (tuiles), à la par-
tie inférieure. Les sables sont activement exploités sur
plus de 80 m. de haut, pour la fabrication des verres, dans
les usines de Saint-Gobain, Aniche, et, pour le moulage,
dans les fonderies de Montataire. Ils renferment : Num.
variolaria, Cer. Boiiei, Cer. mutahile, Fusus polygo-
nits, etc.
En maints endroits, les sables deBeauchamp sont recou-
verts par les calcaires et marnes dits de Saint-Ouen
(dépôt lacustre et saumâtre), composés de calcaires gri-
sâtres, compacts, siliceux, avec intercalation de lits de
marnes blanches à Lymnœa longiscata, Cyclostoma mu-
mia, Planorhis rotundatus, Hydrobia pusilla.ha base
des collines deNeuilly, en Vexin, du montPagnotte et de
Nanteuil est constituée par une série d'assises faisant partie
de la fm de l'éocène supérieur. Elle comprend des gypses
peu développés dans le département (Neuilly) et surtout
des marnes à Pholadomya ludensis.
Le passage de l'éocène à V oligocène est insensible.
L'oligocène débute par des marnes plastiques, vertes,
dites marnes à cyrènes {Cyrena semistriata, Cer. pli-
catum, Bithynia Duchasteli, planorbes, etc.). Les glaises
vertes de la partie supérieure sont exploitées. Les meu-
lières et les calcaires dits calcaires de Brie n'affleurent
pas dans le département ; ils sont surmontés sur quelques
collines (au N. de Marines, montPagnotte) par des marnes
à huîtres, assez épaisses (0. Cyaihiila, 0. longirostris),
recouvertes d'une belle végétation, surmontées par des
sables jaune clair, micacés, parfois transformés en grès,
irrégulièrement stratifiés, correspondant à l'horizon des
sables dits de Fontainebleau. Ces sables n'offrent ici que
de rares fossiles. Ces collines sont couronnées par de pe-
tits lambeaux de calcaires compacts, passant à la meulière
et présentant la texture et la faune des meulières de Mont-
morency (équivalent au calcaire de Beaiice).
Il n'existe pas de dépôts miocènes et pliocènes dans le
dép. de l'Oise. En revanche, les dépôts pléistocènes
s'étendent sur une vaste étendue, car ils recouvrent la
plupart des plateaux du N. du département, ne laissant
affleurer la craie que dans les vallées. Ils sont principa-
lement développés au N. et au S. du Bray.
Le limon pléistocène qui couronne ces plateaux pro-
vient, en partie, de la craie sur laquelle il repose, car il
est constitué à la base par une argile de couleur foncée
renfermant de nombreux silex brisés et un peu roulés,
provenant de la décalcification de la craie sous-jacente,
décalcification qui se poursuit encore de nos jours. Cette
argile est recouverte par le limon proprement dit, qui est
argilo-sableux et très fertile sur les plateaux tertiaires du
Valois et du Vexin et sur les rives du Thérain. Ils sont
plus maigres sur les pentes du Thelle et de la Picardie.
On a trouvé des silex moustiériens sur plusieurs points de
ce limon.
Les alluvions anciennes offrent une assez grande
extension dans les vallées de l'Oise, de l'Aisne et du Thé-
rain. Elles se composent à la base de cailloux roulés (gra-
viers de fond), et, à la partie supérieure, de galets de gra-
viers et de sables plus ou moins argileux exploités comme
ballast. En certains points, ils s'élèvent jusqu'à 30 m. au-
dessus des vallées actuelles. En plusieurs points (Méru.etc),
on a trouvé à la base de ce dépôt une faune de grands
vertébrés : lUephas primigeniiis. Rhinocéros ticho-
rhimis, Ursns spelœus, Hyœna spelœa, Eqiius, Canis,
Bas, Cer vus, etc.
Les alluvions modernes sont formées d'une alternance
d'argiles sableuses, de sables et de marnes. Les gra-
viers sont de dimensions plus réduites que ceux des allu-
vions anciennes. Par suite du peu de pente de certains
cours d'eau, comme le Thérain, la Troesne, la Brèche, la
tourbe continue à se former de nos jours. On l'exploite
activement dans les marais de Sucy-le-Grand et de Bresle
(5 m. d'épaisseur). On y a rencontré une faune très riche.
Oulre les ossements d'ours, de loup, de chien, de renard,
de castor, de cerf, on y trouve de nombreux mollusques :
Hélix hispida, Succinea oblonga, Limnea auricu-
laris, etc.
Géologie agricole. Plusieurs nappes aquifères sont uti-
lisées par l'agriculture et l'industrie dans le dép. de l'Oise.
La plus importante est celle de l'argile plastique où se
développent les vallées de la Brèche, du Thérain et de
l'Oise ; l'Esche et la Troesne y prennent naissance. Vn
autre niveau existe au-dessus des glaises vertes.
Dans la région crayeuse, il en existe un à la base de
la craie. Il faut citer également au S.-O. du Bray celui
des argiles du gault et un autre, le plus important, qui
reçoit les infdtrations de la masse crayeuse et détermine
un horizon aquifère à la base de la craie verte. Enfin, les
sables verts, qui s'enfoncent sous les assises précédentes
pour reparaître à l'I^]. du bassin parisien, constituent le
grand réservoir où s'alimentent les puits artésiens de la
capitale.
Les cultures sont assez différentes suivant la formation
sur lesquelles elles se trouvent. Les plateaux couverts
d'un limon épais, généralement sec, donnent une excel-
lente terre pour la culture des céréales et des betteraves ;
comme la chaux y manque généralement, il faut y sup-
pléer par un marnage régulier. Sur le bord des plateaux
affleure l'argile à silex qui constitue un sol froid, pierreux,
difficile à cultiver et que l'on boise souvent ; il convient donc
également de maintenir des bois sur la surface du diluvium
caillouteux, car toute autre culture y dépérit rapidement.
Les belles forêts de l'Aigle, de Compiègne, de Chantilly sont
installées sur des sables ou des argiles. En quelques points,
l'argile plastique peut former le sol de prairies artificielles.
Sur la craie végètent do maigres taillis, tandis que dans
le pays de Bray le sol, ordinairement boueux, donne des
herbages renommés. Ph. Glaîsceaud.
Régime des eaux. — Le bassin de la Seine, par
l'Oise et accessoirement par la Marne et l'^^pte, recueille
les eaux de 525.000 hect. du dép. de l'Oise ; 60.000 hect.
s'écoulent parla Somme et 5.500 par la Bresle. — L'Ourcq
est un affl. dr. de la Marne qui n'appartient au dép. de
l'Oise que pendant 16 kil., commençant dans le dép.
de l'Aisne et finissant en Seine-et-Oise ; il roule, en
moyenne, 1.100 litres par seconde, au maximum 6.000,
mais il est saigné par le canal de l'Ourcq, à partir de Ma-
reuil; 18.000 hect. du dép. de l'Oise se déversent dans
l'Ourcq qui en reçoit la Grivette(dr., 15 kil.), qui passe à
Betz, et la Gergogne (dr., 1:2 kil.), qui passe près d'Acy
et de Rosoy-en-Mii(tion.
L'Oise, l'un des grands affluents droits de la Seine, lui
porte 100 m. c. d'eau par seconde en moyenne, 650 en
crue, 30 en eaux basses. Elle draine un bassin de
1.667.700 hect., dont environ 457.000 compris dans le
dép. qui prend son nom. Elle y parcourt 103 de ses 300 kil.
de long et quintuple son volume. Sa largeur y varie de
30 à 50 m. en amont du confluent de l'Aisne, de 60 à
120 m. en aval. La pente étant faible, à peine 1.6000^,
elle inonde souvent les prés de sa vallée, ronge ses bords,
crée et détruit des îles de sable et de limon. Elle pénètre
dans le dép. de l'Oise à 37 m. d'alt., au sortir du dép.
de l'Aisne, escortée à droite par son canal latéral. Elle
coule vers le S.-O., décrivant des courbes autour des col-
lines riveraines, passe à Brétigny, Varennes, entre Sem-
pigny et Pont-FEvêque, au S. deNoyon, à Ourscamps,Pim-
prez, près de Ribécourt, à Montmacq, Janville où cesse
son canal latéral, s'unit, aupieddumontGanelon, à l'Aisne
plus forte qu'elle de moitié, plus longue de moitié et drai-
nant un bassin moitié plus vaste (9 m. c. par seconde à
l'étiage contre 6; 300 kil. contre 200; 775.000 hect.
contre 500.000), mais qui est loin d'avoir la même im-
portance comme voie historique et commerciale. L'Oise
passe ensuite à Compiègne, longe la belle forêt de ce nom,
passe devant les villes historiques de Verberie, Pont-Sainte -
Maxence, Creil, centre industriel, voisin du confluent du
OISE
310 —
Thérain, puis à Saint-Leu-d'l']sserent, Précy-sur-Oise, Bo-
ran et pénètre en Seine-et-Oise. Les affluents qu'elle re-
çoit dans le département sont des rivières à débit très
stable, dont l'étiage s'abaisse rarement à la moitié du dé-
bit moyen et dont les crues ne font guère que doubler ou
tripler ce débit. Voici les principales :
La Verse (dr., '20 kil., bassin de 45.000 liect., débit
303 litres par sec.) vient du dép. de l'Aisne, reçoit la
Mève (dr.), passe à Novon. — La Divette ou Bouy (dr.,
15 kil., 270 l. p. sec\, bassin de 8.000 hect.y vient
de Lassigny et du château de Dipes. — Le Matz (dr.,
26 kil., 550 1. p. sec, bassin de 18.000 bect.) passe
à Ressons-sur-Matz. — L'Aronde (dr., 30 kil., 800 1. p.
sec, 28.000 hect.) est alimentée par des sources abon-
dantes et serpente dans un vallon marécageux. — L'Aisne
n'a que ses 20 derniers kil. dans le dép. de l'Oise; elle y
arrose Attichy et Ghoisy-au-Bac, reçoit le Vandy (g.,
15 kil.), qui passe à Cuisse-la-Motte, et le ru de Berne
(g., 15 kil.), venu de Pierrefonds à travers la forêt de
Compiègne. — L'Authonne (g., 30 kil., 2 m. c p. sec,
30.000 hect.), née près de Villers-Cotterets (Aisne), coule
entre des prairies mouillées, où elle baigne Orrouy, Bé-
thisy-Saint-Martin, Saintines, finit à Verberie. — La
Brèche (dr., 50 kil., 3 m. c. p. sec, 50.000 hect.)
a, comme les autres cours d'eau de ces régions, vu ses
sources s'abaisser ; elle commence maintenant à la Fon-
taine-au-But, près de la Neuville-Saint-Pierrc, passe à
Montreuil-sur-Brèche, Bulles, Etouy, se grossit de TAré
(g., 16 kil.), venu de Saint- Just-en-Ohaussée, passe entre
Clermont et Fitz- James, à Li'ancourt où elle reçoit la Bé-
ronnelle (g., 12 kil.), se partage après Laigneville en deux
bras, Petite-Brèche au N., Grande-Brèche au S., celle-ci
voisine de Royaumont et de Nogent-les- Vierges ; la partie
la plus riche de la vallée de la Brèche porte aux environs
de Liancourt le nom de Vallée-Dorée. — Le Thérain (dr.,
86 kil., 5 m. c p. sec, bassin de 115.000 hect.), rivière
du pays de Bray, a sa source aux confins du dép. de la
Seine-Inférieure, arrose Songeons, Milly où il reçoit le
Petit-Thérain (g., 21 kil, 700 1. p. sec), grossi à Mar-
seille-le-Petit du Vivier-du-Coq et à Saint-Omer-en-Chaus-
sée de l'Herpelle ; le Thérain baigne ensuite Beauvais, ou
il reçoit l'Avelon (dr., 27 kil,, 900 1. p. sec), descendu
du pays de Bray ; il se divise en plusieurs bras, roulant
de fraîches et pures eaux sur un lit tourbeux où son cours
est obstrué de quantité de levées et de digues par les meu
niers et usiniers; il actionne une cinquantaine d'usines et
autant de moulins, baigne les bourgades de Hermès, Mouy,
Bury, Cires-les-Mello, le grand centre industriel de Mon-
tataire. —La Nonette (g., 1.500 1. p. sec, 35.000 hect.),
rivière du Valois, réunit plusieurs rivières du nom d'Au-
nette ou Nonette ; la principale naît en Seine-et-Marne,
alimente les étangs et cascades du parc d'Lrmenonville, les
étangs de Chaalis, et se joint près de Fontaine-les-Corps-
Nuds à une autre venue de Nanteuil-le-Haudouin,par Ver-
signy et Baron; à Senlis, arrive du N. une troisième qui
baigne les prés de Chamant et dont les sources sises à Bully
se dessèchent progressivement (de quatorze, il n'en reste
que deux) ; la Nonette passe ensuite à Courteuil, Saint-Léo-
nard, Saint-Firmin, enveloppe le magnifique château de
Chantilly, dont la forêt longe au S. la rivière qui, après
Gouvieux, s'absorbe dans FOise. C'est comme les autres une
nonchalante rivière qui se promène parmi les prairies uti-
lisées pour les haras et établissements d'entraînement des
chevaux de pur sang (V. Courses). — Il en est de même
de laThève (g., 25 kil., 700 1. p. sec, 26.300 hect.,
dont 18.100 dans le dép. de l'Oise), qui forme les pitto-
resques étangs du célèbre parc de Mortefontaine et de Com-
melle ou de la Reine-Blanche, entre les forêts de Coye et
de Chantilly ; elle arrose Pontarmé, La Morlaye. — L'Esches
(dr., 22 kil., 800 1. p. sec, 19.000 hect.), dont le val
remonte à la Neuville- d'Aumont, n'a d'eau qu'à partir de
Lardières, arrose Méru, Esches, Fosseuse, Chambly et
finit en Seine-et-Oise. — La Viosne, qui finit à Pontoise,
n'a que sa source dans le dép. de FOise à l'O. de La-
villetertre.
L'Epte porte à la Seine les eaux de 50.000 hect. du
dép. de l'Oise sur les 125.000 hect. de son bassin. Elle
ne fait que le longer, appartenant surtout aux dép. limi-
trophes do Seine-Inférieure et d'Eure; elle a environ
100 kil. de long, 12 m. de large quand elle quitte le dép.
(le l'Oise et roule alors en moyenne 3.600 litres par se-
conde. Elle coule dans une étroite vallée bordée d'escar-
pements assez r aides, sur un lit argileux, et déborde sou-
vent en hiver. File ne baigne nulle bourgade importante du
dép. de l'Oise ; son volume y est plus que doublé par de
nombreuses sources et par l'afflux de la Troesne (g. , 25 kil . ,
900 1. p. sec, 25.000 hect.); celle-ci surgit \ Henon-
ville, forme des marais drainés par le canal de Marque-
mont, arrose Chaumont-en-Vexin, Trie-Château, reçoit
l'Aunette de Labosse (dr., 10 kil.) et finit à Gisors (Eure).
La Somme qui passe à 4 kil. de l'angle N.-E. du dép.
de l'Oise, vers Ham, en reçoit deux affluents notables,
l'Avre picarde et la Selle. L'Avrc y a sa source et ses
6 premiers kil. près d'Avricourt, d'où elle gagne Roye
(Somme); son affluent la Roye vient également du dép.
de l'Oise, où il réunit les eaux abondantes des rus de
Vendeuil, de Sainte-Radegonde et du gué du Nil, arrose
Breteuil. — La Selle a son origine près de Grandvilliers,
dans des vallons aujourd'hui desséchés ; la source actuelle
jaillit à une douzaine de kilomètres à FF., à Catheux, au
N. de Crèvecœur; 8 kil. plus bas, la Selle passe au dép.
de la Somme avec 510 litres par seconde de portée
moyenne.
La Bresle naît à la limite des dép. d'Oise et de Seine-
Inférieure et traverse ou côtoie le premier pendant 10 kil.
pour le quitter à Aumale.
Climat. — Le dép. de l'Oise jouit du climat séqua-
nien ou parisien, tempéré par le voisinage de la mer; la
plaine septentrionale est balayée par les vents, les vallées
sont humides et fréquemment brumeuses. La chute d'eau
moyenne est de 600 millim. à FE. et au centre (Beau-
vais, Senlis), 650 à 700 à l'O. (le Coudray-Saint-Germer,
Noailles). Il pleut, en particulier dans la région forestière,
une centaine de jours par an.
Faune et flore naturelles (V. France, § Flore, et
France et Europe, § Faune).
Histoire depuis 1789. État actuel. — Le dép. de
FOise a été formé en 1790 de territoires appartenant aux
anciennes provinces de l'Ile-de-France et de Picardie. A la
première on a pris plus de 450.000 hect., à la seconde
130.009. L'Ile-de-France a fourni le Beauvaisis et le Cler-
montois (250.000 hect.), le Valois (121.000 hect.), le
Noyonnais (62.000), un lambeau du Soissonnais (20.000
hect.); la Picardie (cant. N. des arr. de Beauvais et de
Clermont); un morceau de FAmiénois (30.000 hect.) et
un plus vaste du Santerre (102.000 hect.). Cette région
n'a plus sa grande importance historique d'autrefois, au
temps des Bellovaques, des Francs, dont ce fut un centre
avec ses villas mérovingiennes et carolingiennes de Be-
thisy, Compiègne, Cuise, Noyon, Senlis, Trosly, Verberie,
des évêchés de Beauvais, Noyon, Senlis, etc. On trou-
vera son histoire passée dans ces divers articles et à celui
consacré à V Ile-de-France. Deipuis la Révolution, le dép.
de l'Oise subit les invasions de 1814, marquée par la
vaillante résistance de Compiègne et Crépy, de 1815 et
1870-71 (V. Franco-Allemande [Guerre]). Les person-
nages célèbres du xix® siècle qui y sont nés sont : les ar-
chitectes Labarre (1764-1833), né à Ourscamps; Godde
(1781-1869), né à Breteuil ; l'archéologue Barraud(1801-
74) ; le peintre Couture (1815-79), né à Senlis.
La population se divise en deux groupes, d'ailleurs
assez voisins : paysans sanguins et colorés de la plaine
picarde, blonds, à visage arrondi et stature assez haute;
habitants des vallées et centres industriels, bruns, à vi-
sage ovale. Les premiers sont routiniers, entêtés, colé-
riques; les autres plus turbulents, intelligents, mais im-
31! —
OÎSK
prévoyants. L'arr. de Scnlis el raiicien Valois avec la
région forestière de la gauche de i'Oise demeurent un pays
de grandes chasses et de grandes propriétés, villégiature
de l'oligarchie financière parisienne, banquiers et terriens
plus ou moins titrés. Dans le reste du départemenl, la
vente des biens du clergé a fait prédominer la petite pro-
priété.
Divisions administratives actuelles. - Akron-
mssEMENTs. — Le dép. de l'Oise comprend 4 arr. : Beau-
vais, Clermont, Compiègne, Senlis, subdivisés en ?)?) cnnt.
et 701 com. On en trouvera plus loin le détail.
Justice. Police. — LedépartenientressortitàJa cour d'ap-
pel d'Amiens. Arras est le siège de la cour d'assises. Il y a
A' tribunaux de première instance, i par chef-lieu d'arrondis-
sement; i2 tribunaux de commerce, à Beauvais et Com-
piègne, une justice de paix par canton. Le nombre d'agents
chargés de constater les crimes et délits était, en 1891,
de "^GG gendarmes (53 brigades), 7 comjnissaires de po-
lice, 'iG agents de police, 765 gardes champêtres. 4.08^
gardes particuliers assermentés, 105 gardes forestiers. Il
y eut 6.135 plaintes, dénonciations et procès- verbaux.
FINÂ^XES. — Le département possède 1 directeur et
1 inspecteur des contributions directes à Beauvais, 1 tré-
sorier-payeur général à Beauvais, 97 perceptions dont
3 de ville, Beauvais, Compiègne, Senlis, 3 receveurs p;ir-
ticuliers dans les sous-préfectures ; 1 directeur, 1 inspec-
teur, 5 sous-inspecteurs de l'enregistrement ; 4 conserva-
teurs des hypothèques (1 par arr.). Le recouvrement des
contributions indirectes est assuré par 1 directeur et 3 ins-
pecteurs, 2 à Beauvais, 1 à Compiègne (sucres), 3 sous-
directeurs (dans les sous-préfectures), 4 receveurs pinnci-
paux entreposeurs (dans les ch.-l. d'arr.).
Instrcction PUBLIQUE. — Le département relève de Taca-
démie de Paris. L'inspecteur d'académie réside à Beauvais.
Il y a 5 inspecteurs primaires, 2 à Beauvais, 1 dans chaque
autre arrondissement. L'enseignement secondaire se donne
au lycée de garçons de Beauvais, aux collèges communaux
de garçons de Clermont et Compiègne ; collège communal
de tilles de Beauvais. Beauvais a des écoles normales d'ins-
tituteurs et d'institutrices. L'enseignement professionnel
est représenté par un institut agricole congréganisto à
Beauvais.
Cultes. — Le département forme pour le culte catho-
lique le diocèse de Beauvais. Il compte (au l^'^ nov. 1894)
2 vicaires généraux, 8 chanoines, 39 curés, 501 desser-
vants, 10 vicaires. — Le culte réforme comptait 1 pas-
teur pour un millier de fidèles.
Armée. — L'Oise appartient à la 2^ région militaire
(Amiens). La 6^ brigade d'infanterie a son siège à Beau-
vais, la 2® brigade de cavalerie à Compiègne, la 4^ bri-
gade de cuirassiers à Noyon. Au point de vue du recrute-
ment, l'Oise forme les 3® (Beauvais) et 5*^^ (Compiègne)
subdivisions de la 2® région.
Divers. — L'Oise ressortit h la 2® légion de gendar-
merie, à la division minéralogique du Nord-Ouest, arr.
d' Arras, à la 1^® conservation des forêts, aux inspections de
Beauvais et Compiègne, à la 3® région agricole (Nordj.
Il y a une chambre de commerce à Beauvais.
Démographie. — Mouvemet^t de la popuiation. — Le
recensement de 1896 a constaté dans l'Oise une popula-
tion de 404.511 hab. Voici, depuis le commencement du
siècle, les chiffres donnés par les recensements :
1801 350.854
1806 372.676
1821 375.817
1826 3S5.124
1831 397.725
1836 398.641
1841 398.868
1846 406.028
1851 403.857
1856 396.085
1861 401.417
1866 401.274
1872 396.804
1876 401.618
1881 404.555
1886 403.146
1891 401.835
1896 404.511
La population est à peu près stationnaire depuis un
demi-siècle. Pour 1.000 hab. recensés en 1801, on en
comptait 1. 153 en 18!)u. Cet accroissement est relativement
faible. Il ne s'est pas produit d'une manière uniforme.
On s'en rendra compte en comparant les recensements de
1801, 1851 et 181)6; aiTondissement par arrondissement :
ARI^OXÎ)ISSi':\lKXT.^
Beauvais
Clermont
CompiéiiiK'
Sentis
Totaux . .
Population
en 1801
122.111
79.802
79.859
09.052
:)50.cs5t
Population
en l<s51
131.983
90.515
98.190
83.169
Population
en LS9G
125.149
82.516
95.009
101.807
tôt. 511
DENSirÉ DE LÀ ]>0iM]LÂTI0X PAR KILOMÈTRE CARRÉ
ARRONDISSEMENTS
1801
1851
189G
Augmen-
tation de
1801
à 1896
63,2
61.4
62.2
52'
67,3
69,6
76,7
62
63,8
63,4
74.1
75;8
0,6
2
11,9
- 23,8
! Clermont
Comuieû'iio
Sentis.."
Département
59,7
68,0
68,7 .
9
Voici les cbiffres absolus pour la dernière période
ARRONDISSEMENTS
1872
1881
1891
1896
Reauvais
123.712
88.270
91.550
90.272
125.555
87.69«
98.22«
98.071
125.767
83 769
93 039
99.260
125.149
82.516
95.009
101.807
Clermont
Comniè'^'ne
Senlis
Département
396.80!
401.555
101.835
!0!.511
Au début du siècle, la densité était sensiblement la même
dans les trois premiers arrondissements, et nettement in-
férieure dans celui de Senlis. Aujourd'hui, nous la retrou-
vons la même dans les arrondissements occidentaux (Beau-
vais et Clermont), qui sont tout à fait dépassés par ceux
de la vallée de l'Oise (Compiègne, Senlis). Ce changement
est dû à l'agglomération des hommes dans les centres in-
dustriels, et l'arr. de Senlis qui en a profité passe du der-
nier au premier rang, augmentant sa population de près
de 50 *^/o au cours du xix° siècle.
L'accroissement a été général et régulier jusqu'en 1831 ;
depuis cette date, le chiffre de la population est à peu près
stationnaire, fléchissant lors des guerres de Crimée et de
1870-71 pour se relever ensuite. L'arr. de Beauvais a di-
minué depuis 1846 et légèrement regagné de 1872 à 1881 .
Celui de Clermont diminue constamment depuis 1851 et a
perdu dans ce demi-siècle le dixième de ses habitants. La
progression de l'arr. de Senlis fait plus que compenser ce
déchet. Il augmente constamment. L'arr. de Compiègne
demeure à peu près au même chiffre, sauf quelques varia-
tions d'un recensement à l'autre.
Au point de vue de la population totale, le dép. de
l'Oise était, en 18 '6, le 35®. Au point de vue de la popu-
lation spécifique, il était le 31^ avec une densité un peu
inférieure à la moyenne française (71,8 hab. par kil. q.).
Cette densité varie de 319 par kil. q. dans les cant. de
Beauvais, à 34 dans le cant. de Nanteuil-le-Haudouin.
La population des chefs-lieux d'arrondissement se ré-
partissait, en 1896, de la manière suivante :
OISE
ai 2
VILLES
s-fê
m
c
Totale
Beauvais
IG.P.Tl
a. 809
12.380
5.87:5
2(it
))
543
15
3.271
1.922
2.. 302
1.319
19.906
5.731
15.225
7.207
Clermont
Compiè^no
SpuUs..'
La population éparse est (en 1891) de 164 « oo- pi'o-
portion inférieure à la moyenne française (366 ^^/oo)-
Le population se répartit comme suit, entre les groupes
urbains et ruraux :
POPULATION
au 29 mars 189G
Urbaine 106.030
Rurale !298.484
Total..
POPULATION
au 30 mai 1880
Urbaine 96.774
Rurale 306.372
Total 403.146
404.311
Le nombre des communes urbaines (plus de 2.000 hab.
agglomérés) était de 18 en 1896.
Voici quelle était l'importance respective des popula-
tions urbaine et rurale aux recensements de 1856, 1872,
1886 et 1896, pour 100 hab. :
1856 1872 1886 1896
Population urbaine. 17,49 19,38 24 26,21
— rurale.. 82,31 80,12 76 73,78
La population rurale domine complètement, formant les
trois quarts du total. Dans Tensemble de la France, elle
forme à peine 60 °/o du total.
Le mouvement de la population, en 1896, se traduit
par les chiflfres suivants : naissances légitimes, 7.923, dont
4.114 du sexe masculin, 3.809 du sexe féminin ; nais-
sances naturelles, 813, dont 395 du sexe masculin, 418
du sexe féminin. Soit un total de 8.736 naissances. Il y
eut 8.700 décès; dont 4.353 du sexe masculin et 4.147 du
sexe féminin. L'excédent des naissances sur les décès
ressortait à 36. Le nombre des mariages a été de 3.128,
celui des divorces de 103. La situation démographique est
peu satisfaisante.
La répartition des communes, d'après limportance de
la population, a donné, en 1891 , pour les 701 communes du
département, 15 com. de moins de 100 hab. ; 132 com. de
101 à 200 hab. ; 152 com. de 201 à 300 hab. ; 112 com.
de 301 à 400 hab. ; 31 com. de 401 à 500 hab. ; 145 com.
de 501 à 1.000 hab. ; 28 com. de 1.001 à 1.500 hab. :
14 com. de 1.501 à 2.000 hab.; 7 com. de 2.001 à
2.500 hab. ; 2 com. de 2.501 cà 3.000 hab. ; 2 com. de
3.001 à 3.500 hab. ; 4 com. de 4.001 à 5.000 hab. ;
5 com. de 5.001 à 10.000; 2 com. de 10.001 et plus
(Compiègne, Beauvais).
Voici par arrondissement et canton la liste des com-
munes dont la population agglomérée en 1896 dépassait
1.000 hab. Les chiffres de superficie ne sont pas rigoureu-
sement exacts, parce que nous attribuons toute la super-
ficie des villes divisées entre plusieurs cantons au premier
de ces cantons dans la liste. Les surfaces cantonales sont
indiquées d'après la Situation financière des communes
(année 1897):
Arrondissement de Beauvais (12 cant., 242 com.,
196.168 hect., 125.149 hab.). — Ca7it. (VAuneuil
(20 com., 18.071 hect., 8.950 hab.). — Cant. de Beau-
vais (N.-E.) (8 com., 5.571 hect., 15.809 hab.) : Beau-
vais, 19.906 hab. (agol. 19.642), — Cant. de Beau-
vais (S.-O.) (3 com.,^ 3.828 hect., 13.706 hab.). —
Cant. de Cliaumonti^l com.,^8.im\iect.,U.9^9h?ih.),
— Cant. du Coudraij- Saint -Germer (18 com.,
20.293 hect., 9. 562hab.)'.— 6Vm^.f/f?i^orwmV(23 com.,
15,172 hect., 7.921 hab.). — Cant. de Grandvilliers
(23 com., 16.371 hect., 8.496 hab.). — Cant. de Mar-
seille (19 com., 15.682 hect., 6.328 hab.). - - Ccmt. de
Méru (20 com., 16.506 hect., 13.379 hab.) : Méru,
4.558 hab. (4.414 aggl.). — Cant. de ^ivillers (21 com.,
18.322 hect., 8.978 hab.) : Bresles, 2.269 hab.
(2.219 aggl.).— Cant. deNoailles (22 com. , 1 6.054hect. ,
11.985 iiab.). — Cani. de Songeons (28 com.,
19.631 hect., 8.096 hab.).
Arrondissement de Clermont (8 cant.. 169 com.,
130.091 hect., 82.546 hab.). — Cant. de Breteuil
(23 com., 17.333 hect., 11.178 hab.) : Breteuil,
2.991 hab. (2.963 aggl.). — Cant.de Clermont (24 com.,
21.184 becL, 15.631 hab.) : Clermont, 5.731 hab.
(3.809 aggl.). — Cant. de Crèvecœur -le- Grand
(20 com.," '15.346 hect., 7.567 hab.): Crèvecœur-le-
Grand, 2.189 hab. (2.050 aggl.). — Cant. de Froissij
(17 com., 13.702 hect., 5.892 \\^h.).— Cant.de Lian-
coiirt (23 com., 13.957 hect., 13.573 hab.): Liancourt,
4.169 hab. (4.163 aggl.). — Cant. de Maignelay
(21 com., 15.480 hect., 7.421 hab.).— Cant. deMouy
[H com., 8.281 hect., 8.850 hab.): Mouy, 3.305 hab.
(3.266 aggl.). — Cant. de Sainl-JusI-en-CJiaiissée
(30 com. ,'24.710 hect., 12.434 bal).) : Saint-Just-en-
Chaussée, 2.376 bal). (2.264 aggl.).
Arrondissement de Compiègne (8 cant., 157 com.,
128.137 hect., 95.009 hab.).— 6>z^z/.^/M^f!V'%(20com.,
21.087 hect., 11.252 hab.). — Cani. de Compièg)ie
(12 com., 18.230 hect., 24.304 hab.) : Compiègne,
13.225 hab. (14.682 aggl.). — Cant. d' Es Irées- Saint-
Denis (18 com., 15.001 hect., 10.185 hab.). — Can'.
de Guiscard (20 com., 12.471 hect., 6.227 liab.). —
Cant. deLassigny (22 com., 17.533 hect., 8.541 bal).).
— Cant. deNoyon (23 com., 13.220 hect., 15.200 hab.) :
Noyon, 7.458 hab. (6.884 aggl.). — Cant. de Bessons-
sur-JÏatz (24 com., 16.588 hect., 8.567 hab.). — Caiil.
de IMbxourt (18 com., 13.319 hect., 10.733 hab).
Arrondissement de Senlis (7 cant., 133 com.,
134.277 hect., 101 .807 hab.). — Cant. deBetz (25 com. ,
21.456 hect., 8.095 hab.).— Cant. de Creil (19 com.,
18.003 hect., 34.180 hab.) : Chantilly, 4.211 hab.
(3.905 aggl.); Creil, 8.456 hab. (8.416 aggl.) : Monta-
taire, 5.936 hab. (5.815 aggl.) ; Nogeni-les- Vierges,
3.076 hab. (2.968 aggl.). —^Cant. de Crepy-en-Valois
(25 com., 23.816 hect., 15.890 hab.): Crépv-en-Valois,
4.381 hab. (3.642 aggl.). — Cant. de yanteuil-le-
Haudouin (19 com., 24^814 hect., 8.392 hab.). — Cant.
de Neuilly-en-TIielle (15 com., 13.931 hect., 10.865
hab.). — Cant. de P ont-Saint e-Maxenfe (13 com.,
13.279 hect., 9.086 hab.) : Pont- Sainte -Maxence,
2.386 hab. (2.467 aggl.). — Cant. de Senlis (17 com.,
18.437 hect., 13.299 hab.) : Senlis, 7.207 hab.
(7.192 aggl.).
Les principales agglomérations urbaines sont, le long
de l'Oise : Noyon d'abord, puis Compiègne, puis le groupe
de Creil-Montataire-Nogent qui dépasse 17.000 âmes. Les
vieilles cités historiques de Beauvais et Senlis sont sur
des vallées latérales. Les autres villes sont de petits centres
locaux.
Habitations. — Le nombre des centres de population
(hameaux, villages ou sections de communes) était en
1891 de 1814 dans ledép. de l'Oise. Le nombre des mai-
sons d'habitation, de 107.573, dont 101.888 occupées en
tout ou en partie, et 5.685 vacantes. Sur ce nombre on
en comptait 75.551 n'ayant qu'un rez-de-chaussée, 27. 539
un seul étage, 3.981 deux étages, 447 trois étages, 33 quatre
étages ou davantage. Elles comportaient 129.898 loge-
ments ou appartements distincts, dont 123.009 occupés
et 7.281 vacants; en outre, 12.637 locaux servent d'ate-
liers, de magasins ou de boutiques.
Etat des personnes. — D'après la résidence. —
On a recensé, enl891, 19.477 individus isolés et 103.401
familles, plus 131 étabUssements comptés à part, soit un
total de 123.009 ménages. Il y a 19.477 ménages com-
posés d'une seule personne; 33.160, de deux personnes ;
— 313 —
OISE
26.956, de trois personnes ; 19.033, de quatre personnes;
il. 205, de cinq personnes; 6.539, de six personnes ;
6.508, de sept personnes et davantage. La proportion d'iso-
lés est à peu près la même que dans l'ensemble de la
France (158 sur 1.000 ménages au lieu de 152).
La population résidante comptait 401.835 personnes,
dont 382.850 résidants présents, 7.996 résidants absents
et 10.989 personnes comptées à part. La population pré-
sente comportait 393.839 résidants présents et 7.768
personnes de passage, soit un total de 401.607. La popu-
lation présente est donc presque exactement aussi nom-
breuse que la population résidante; en général, en France
elle est un peu moins nombreuse. La proportion de rési-
dants absents atteint à peu près 2 °/o (moyenne française,
1,74).
D'après le lieu de naissance. — Classée d'après le
lieu de naissance, la population de l'Oise se divisait, en
1891, en:
Français nés dans la commune où ils habitent. 183. 931
— dans une autre com. du dép. . , 113.468
— dans un autre département 82.356
— en Algérie ou dans une colonie
française 174
Français nés à l'étranger 825
Soit un total de 383.754 Français de naissance.
Il y faut ajouter : en premier lieu, 1.271 naturalisés dont
255 nés dans la commune, 212 dans une autre du dépar-
tement, 201 sur un autre point du territoire français,
603 à l'étranger ; en second lieu, 16.582 étrangers, dont :
Nés dans la commune où ils habitent 4.895
— dans une autre commune du département. 1 .913
— dans un autre dép. ou dans une colonie. . 1 .297
— à l'étranger 8 . ^7
Classée parnationaHté, la population de l'Oise comprend
385.025 Français, 11.286 Belges, 1.632 Anglais, Ecos-
sais ou Irlandais, 16 Américains du Xord, 24 Américains
du Sud, 628 Allemands, 62 Autrichiens et Hongrois, 154
Hollandais, 961 Luxembourgeois, 378 Italiens, 60 Espa-
gnols, 8 Portugais, 1.118 Suisses, 193 Russes, 8 Scandi-
naves, 46 d'autres nationalités, 14 de nationalité incon-
nue. — Si nous nous en tenons à l'élément français, nous
constatons qu'en 1891 le dép. de l'Oise possédait 300.399
nationaux nés sur son territoire et que l'on a recensé dans
la France entière 381.664 originaires de TOise. Celui-ci
a donc conservé 784 ^'oo de ses enfants ; des autres,
35.469 ont passé dans le dép. de la Seine, 10.857 en
Seine-et-Oise, 6.766 dans F Aisne, 7.305 dans la Somme, etc.
En revanche, l'Oise renferme 82.356 Français originaires
d'un autre département, dont 13.360 de la Somme, 10.648
de l'Aisne, 10.060 de la Seine, 5.530 de Seine-et-Oise,
5.631 de SeiiKî-ïnférieure, etc. La comparaison de ces
chiifres établit que l'émigration intérieure et l'immi-
gration se balancent.
D'après l'état civil. — Classée par sexe, la popula-
tion se répartit en 199.123 hommes et 202.484 femmes;
c'est une proportion de 1.020 femmes pour 1.000 hommes,
analogue à la moyenne française (1.014). Le sexe mas-
culin compte 25.676, soit 129 «/oo, célibataires majeurs;
le sexe féminin, 15.408, soit767oo, proportions meilleures
des mo3^ennes françaises (174 et 137 7oo). La proportion
des personnes mariées sur le total des habitants est de
460 pour 1.000 (moyenne générale de la France, 400).
On a recensé 37.380 veufs et veuves, soit 93 ^/oo (moyenne
française, 81). Le nombre des mineurs est de 140.459,
soit 350 7oo (moyenne française, 365). L'âge moyen des
hommes est de 33 ans 4 mois 15 jours; l'âge moyen des
femmes, de 34 ans. Le nombre moyen des enfants vivants
est de 188 par 100 familles (moyenne française, 210). H
est déplorablement faible.
D'après la profession. — La population de l'Oise se
décompose par professions de la manière suivante (en
1891). On classe sous chaque rubrique non seulement ceux
qui exercent la profession, mais aussi la totalité des per-
sonnes qui en tirent leur subsistance :
Agriculture 1 42.205, soit
Industries manufacturières.,., 140.233
Transports 13.383
Commerce .
Force pubhque
Administration publique
Professions libérales
Personnes vivant exclusivement
de leurs revenus
38.310
5.818
9.227
10.970
350
33
95
14
23
Q7
33.139 — 82 —
En outre, 1.170 gens sans profession et 7.152 indivi-
dus non classés (enfants en nourrice, étudiants ou élèves
de pensionnats vivant loin de leurs parents, personnel in-
terne des asiles, hospices, etc.), ou de profession incon-
nue. Au point de vue social, la population comprend :
70.477 patrons, 9.370 employés, 163.500 ouvriers. Les
personnes inactives de leurs familles sont au nombre de
198.103, plus 11.755 domestiques. Il y a lieu de remar-
quer la forte proportion de rentiers ; c'est un fait commun
aux départements voisins de Paris qui lui servent de villé-
giature.
Etat économique. — Propriété. — La statistique
décennale de 1892 accusait une surface cultivée totale de
552.925 hect., dont 506.090 appartenant à des particu-
liers, 31.789 à l'Etat, 6.566 aux communes, etc. Des
506.090 hect. appartenant aux particuliers, 384.460
étaient des terres labourables, 42.226 des prés et ver-
gers, 229 des vignes, 12.244 des jardins, 66.931 des
forêts.
Le nombre des cotes foncières était, en 1895, de
312.138, dont 230.952 non bâties et 81.186 bâties; le
nombre des cotes non bâties a augmenté de 20.732, soit
10 o/o depuis 1826. L'enquête faite par l'administration
des contributions directes en 188 i a relevé dans le dép.
de l'Oise 244.356 propriétés non bâties imposables, sa-
voir : 228.344 appartenant à la petite propriété, 14.739
à la moyenne propriété, et 1.273 à la grande propriété.
Nous donnons ci-après un tableau indiquant le nombre
et la contenance des cotes foncières non bâties (en 1894) :
DÉSIGNATION
NOMBRE
superficie
des cotes
(en hectares)
Petite propriété :
Biens de moins de 10 ares...
52.520
2.577
— c^ e 10 à 20 ares
37.203
50.233
5.403
16.303
— de 20 à 50 --
— de 50 ares à 1 hect —
32.190
22.931
— de 1 à 2 hect
27.144
38.644
- de 2 à 3 -
12.829
31.443
- de :\ à i ~
7.668
26.635
— de 4 à 5 —
5.083
22.671
— de 5 à 6 —
3.474
18.991
Moyenne propriété :
Biens de 6 à 7 hect
2.632
17.056
- de 7 à 8 --
1.886
14.103
- de 8 à 9 -
1.509
12.773
- de 9 à 10 —
1.206
11.493
— de 10 à 20 -
5.050
69.622
- de 20 à 30 -
1.415
31.266
- de 30 à 40 -
673
23.231
- de 40 à 50 -
5G8
16.316
Grande propriété :
Biens de 50 à 75 hect
481
29.063
- de 75 à 100 -
252
21.968
- de 100 à 200 -
392
54.456
Au-dessus de 200 —
Totaux
148
49.511
214.356
539.486
On voit par ce tableau que la petite propriété occupe
185.598 hect. ; la moyenne, 198.890 ; lagrande, 154. 9J8.
La moyenne propriété domine, avec la petite; mais la
grande est également étendue, surtout au S.-E., et de va-
leur considérable. La division du sol est beaucoup plus
OISE
814
grande que dans la moyenne de la France, puisque la
contenance moyenne d'une cote foncière est de 2^''«\28
alors que la moyenne française atteint 3^^'^\53.
La valeur de la propriété bâtie était évaluée (d'après
l'enquête de 4887-89) de la manière suivante :
Maisons
Francs
27. 204.3 i>2
Usines
4.685
Francs
3.484.462
Nombre (en 4897)
Valeur locative réelle . . .
Il faut y ajouter 4.636 bâtiments publics (asiles, pres-
bytères, préfectures, etc.), d'une valeur locative réelle
(en 4887) de 333.7^*0 fr. La part du département dans la
valeur de la propriété bâtie sur le sol français représente
4/89^ de la valeilr totale.
Agriculiurk. — L'agriculture ne fait vivre que 355 hab.
sur 4.000, alors que dans l'ensemble do la France cette
proportion atteint 460. C'est le cas des départements du
N. de la France, particulièrement frappant ici, parce que
l'Oise ne renferme aucune grande ville et a trois quarts
de ruraux dans sa population.
On trouvera au § Géologie agricole des indications sur
les qualités des terrains des diverses parties du départe-
ment.
On peut distinguer trois régions : celle de l'Ouest, qui se
rapproche de la Normandie, à laquelle le pays de Bray se
rattache ; celle du Nord, qui prolonge la plaine de Picardie ;
celle du Midi, où mûrit encore la vigne. Les deux tiers de
la superficie sont occupés par les champs, un cinipiième
par les bois ; les prés sont peu étendus, sauf à l'O. Les
champs de céréales s'étendent sur les deux cinquièmes du
département, dont près de moitié j^our le froment ; la ja-
chère ne représente pas 5 % du territoire. Depuis 4852
ces chiffres varient peu, sauf la diminution des jachères.
Les racines fourragères gagnent du terrain ; de même, la
betterave à sucre ; tandis que les légumes secs et les tex-
tiles sont délaissés. Le voisinage de Paris développe la
culture maraîchère. Les pommes à cidre se multipHent;
la vigne tend à disparaître. Nous donnons ci-dessous un
tableau indiquant la superficie et le rendement des prin-
cipales cultures en 4896 (année bonne) :
CULTURES
SUPERFICIE
PRODUCTION
Froment
Seigle
Orge
Avoine
Hectares
108.700
12.000
7.000
90.000
9.900
8.400
8.000
29.500
18 000
28.800
151
124
27.660
»
200
Hectolitres
2.896.000
Quintaux
2.2d0.000
Hectolitres
2»2.000
142.000
2.820.000
Quintaux
1.050.000
4.013.000
429.000
1.194.000
416.000
3.280.000
Filasse 1.781
Graine 874
Filasse 878
Graine 680
11.504.000
125.000
963
57
Hectolitres
2.100
Pommes de terre.
Betteraves fourragères. . .
TrèOe
Luzerne
Sainfoin
Prés naturels et herbages.
Chanvre
Lin
Betteraves àsucre
Pommes à cidre
Noix ,
Prunes
Viû'nes
Dans la période décenn aie 4 886-95 ,1a production moyenne
annuelle du froment (et méteil)fut de 2.378.000 hectoL,
celle du seigle de 294.000, celle de l'orge de 247.000,
celle de l'avoine de 3.027.000. Les rendements sont bons,
27 hectol. à l'hect. en 4897 pour le fromejit (moyenne fran-
çaise, 47^^42) ;23^\3 pour le seigle (moyenne, 46^\3) ;
34^^38 pour l'avoine (moyenne, 23^^50) ; 53,6 quin-
taux à Fhect. pour le trèfle (moyenne, 35^\70) ; 446
quintaux à l'hect. pour la betterave (moyenne, 344). Pour
la betterave sucrière, ces rendements sont les meilleurs de
France ; pour la quantité récoltée, l'Oise arrive au 3^ rang
après le Nord et l'Aisne ; pour le blé, il est au 6^ rang ;
pour l'avoine, au 7® des départements français. L'arr. de
Compiègne est réputé pour ses fécules de pommes de
terre.
Pour compléter ces chiffres, il faut tenir compte de
3.300 hect. cultivés en légumes secs, haricots, pois, fèves
et féveroles, lentilles, de 4.500 en carottes et navets. On
prise fort les haricots de Noyon et de Liancourt, les pois
de Noyon. Les cultures de chanvre et de lin des vallées
de l'Oise et de l'Authonne ont été stimulées par les primes
de la loi de 4893. — La vigne, qui occupait encore 2.285
hect. en 4852, a presque disparu. Les cultures maraî-
chères sont variées : cresson dans la vallée delaNonette,
oignons à Yerberie, artichauts à Noyon et Senlis, as-
perges à Compiègne, champignons de couche dans les car-
rières de Saint-Nicolas et Saint-Maximin, produits de
toute sorte dans la vallée du ïhérain. La fertihté et l'hu-
midité des fonds de vallée les favorisent ; leurs produits
se vendent à Paris. De même les cerises des cant. de
Clermont, Liancourt, Noyon, les prunes, les noix, etc.
Les cultures fourragères jouent un grand rôle. L'en-
quête décennale de 4882 accusait 3.454 hect. de prairies
irriguées naturellement, 4.696 hect. de prairies irriguées
à l'aide de travaux spéciaux, 4.494 non irriguées. Les
herbages pâturés du pays de Bray sont comparables à ceux
de Normandie. Ln outre, les fourrages verts annuels étaient
cultivés sur 45.490 hect., dont 9.457 de trèfle incarnat,
5.490 de vesces, 42 de choux, 426 de seigle en vert,
396 de mais-fourrage. Aux chiffres donnés pour les prai-
ries artificielles, il faut ajouter 705 hect. de mélanges de
légumineuses. De plus, la pulpe des sucreries et distille-
ries fournit une masse alimentaire équivalant à la produc-
tion de 20.000 hect. de prairies.
La surface boisée est estimée à 404.280 hect., dont
34.700 appartenant à l'Etat, 3.408 aux communes,
66.472 à des particuliers; 49.000 hect. sont en futaie, le
reste en taillis. La région boisée est celle de la rive gauche
de l'Oise ou se trouvent la magnifique forêt de Compiègne
(44.636 hect.), celles d'Hallate (4.255 hect.), de Chan-
tilly (2.450 hect.), d'Ermenonville (2.970 hect.), vers le
midi; de l'Aigle (3.866 hoct.),d'Ourscamps (4.570hect.),
vers le septentrion. On peut encore citer la forêt de Hez
(4.670 hect.), au centre du département, près de Cler-
mont, et celle de Thelle (992 hect. à l'O.). Les
essences les plus répandues sont le chêne, le hêtre, le
charme, le tilleul, le bouleau, La production du bois est
évaluée à 400.000 stères par an. Les industries annexes
sont importantes ; la boissellerie, la vannerie, la tonnel-
lerie, également. On fabrique un peu d'huile avec les faînes
de hêtre dans l'arr. de Compiègne.
L'élevage est prospère. Le nombre des animaux de ferme
existant au 34 déc. 4896 était :
Espèce chevaline 49.778
— mulassière 237
— asine 2.348
— bovine 425.352
~ ovine 344.779
— porcine 36.247
— caprine 5 . 390
La population chevaline est stationnaire : les chevaux
de ferme sont de race ardennaise et boulonaise. Chantilly,
avec la région environnante, est le centre d'entraînement
des chevaux de course en France. On fait des demi-sang
dans les arr. de Compiègne et de Noyon. Les bêtes bovines
sont en majorité de races normande et flamande ; les
vaches laitières dominent. La production du lait fut, en
4896, de 4.294.000 hectol. valant 47.425.000 fr. ; il
s'expédie à Paris ainsi que le beurre (2.300.000 kilogr.)
— oM5 —
OISE
et le fromage : on fait surtout des bondons. Les princi-
pales variétés de fromages sont celles de Compit^gne (oct.
à déc), Rollot, Macqueline, Thury-en-Valois. Autour do
Chaumont on fait des fromages genre Mont-d'Or ; à
Eragny, du genre Brie. L'engraissement des bêtes bovines
n'a qu'un rôle secondaire, excepté dans les herbages de
rO. du département où il est facilité par la pulpe des
distilleries. — Les moutons, moins nombreux qu'autre-
fois, sont de race mérinos ou picarde, lis ont fourni
13.100 quintaux de laine valant 1.439.000 fr. Les porcs
sont de race normande croisée avec des races anglaises! La
volaille est abondante, près d'un million de poules,
50.000 canards, plus de 20.000 oies et presque autant
de dindons. On élève aussi beaucoup de lapins. Enfin, en
1896, on a recensé 14.900 ruches en activité produisant
117.000 kilogr. de miel et 21.700 kilogr. de cire, d\me
valeur totale de 203. OpO fr.
Les exploitations petites et moyennes dominent : 38.577
ont moins de 5 hect., 5.626 de 5 à 10 hect., 6.471 de
10 à 40 hect., 1.894 plus de 40 hect. Il y a pourtant un
assez grand nombre de grandes fermes, 392 de 100 à
200 hect., 148 de plus de 200 hect. Le nombre des pro-
priétaires cultivant eux-mêmes leurs terres est de 40. 146,
celui des fermiers de 7.725 ; il n'y a que 340 métayers.
Les cultivateurs émigrant vers les villes, leur nombre
diminue. L'abondance relative des capitaux a permis de
perfectionner l'outillage agricole oti les machines sont de
plus en plus employées. Les associations agricoles sont
nombreuses ; chaque chef-lieu d'arrondissement en possède
une, ainsi qu'une société d'horticulture. Une grande école
d'agriculture existe à Beauvais avec une station agrono-
mique. Il y a une chaire départementale d'agriculture.
Industrie. — L'industrie fait vivre 350 hab. sur 1.000
(moyenne française, 250), à peu près autant que l'agri-
culture. C'est dire qu elle est bien développée, quoi(fue
l'Oise n'ait aucune mine. Les industries aUmentaires do-
minent, la sucrière en particuUer ; puis viennent les indus-
tries textiles et métallurgiques, favorisées par l'activité
des transports par voies fluviale et ferrée et par le voisi-
nage du marché parisien d'une part et de celui du Nord
de l'autre.
Mines et carrières. Le dép. de l'Oise n'a pas de houille;
il en a consommé (en 1896) 593.500 tonnes importées du
bassin de Valenciennes (487.800) et de Belgique (103.100),
d'une valeur globale de 11.981.000 fr., soit 20 fr. 19 la
tonne sur le lieu de consommation. On extrait des tour-
bières de Bresles, Mello, Sacy-le-Grand et des rives delà
Brèche et de l'Ourcq environ 18.000 tonnes de tourbe
valant 220.000 fr. xAucun minerai n'est exploité dans ces
terrains tertiaires ou secondaires. En revanche, les car-
rières représentent une richesse considérable.
Elles ont fourni les résultats suivants en 1896 :
POIDS VALEUR
en tonnes en francs
Pierre de taiUe tendre 276.000 2.415.000
Moellon 274.800 503.800
Sable et gravier pour mortier et
béton 25.200 22.280
Plâtre 3.250 27.000
Silex et sable 28.500 22.500
Argile à faïence et poteries .... 13.600 71.900
— pour briques et tuiles . . . 73.100 128.600
— réfractaire 16.200 486.000
Phosphate de chaux 8.200 186.300
Marne 179.200 224.000
Pavés 350 43.750
Matériaux pour ballast et empier-
rement
Total 4.437.630
On exploitait 93 carrières souterraines et 381 à ciel
ouvert, où travaillaient 1.686 ouvriers.
Pour l'ensemble des pierres à bâtir, l'Oise partage le
172.000 306.500
premier rang des départements français avec la Meuse.
Les carrières de Crcil et des alentours, Saint-Leu, Saint-
Maximin, Saint-Vaast-les-Mello, et jusqu'à Liancourt et
Chaumont, fournissent de magnifiques pierres de taille
tendres qui aHmentent depuis ]o moyen âge la construc-
tion parisienne. A Senlis, on extrait un liais plus dur qui
est fort apprécié. L'arr. de Beauvais donne des argiles à
briques, poteries et céramique dans les environs de son
chef-lieu, à Savignies, Goincourt, Saint-Cxermain-la-Po-
terie, Saint- Aubin-en-Bray, Saint-Samson, etc. ; près de
Senlis, le sable des buttes d'Aumont sert à fabriquer des
glaces. — Des sources minérales ferrugineuses froides
sont exploitées à Chantilly, Gouvieux, Fontaine-Bonneleau,
Pierrefonds ; ces dernières sont sulfurées et sont admi-
nistrées dans un établissement thermal.
Industries manufacturières. Il existait en 1896 dans
le dép. de l'Oise 1.201 établissements faisant usage de
machines à vapeur. Ces appareils, au nombre de 1.876,
d'une puissance égale à 25.044 chevaux-vapeur (non
compris les machines des chemins de fer «tdes bateaux),
se décomposaient en :
889 machines fixes d'une force de 17 .406 chev. -vapeur
4i4 — - mi-fixes ~ 4.358 •—
531 — locomobiles — 3.192
12 — locomotives — 788 —
Cette force se répartissait de la manière suivante entre
les principaux groupes industriels :
Mines et carrières
Usines métallurgiques
Agriculture
Industries alimentaires
— chimiques et tanne-
ries
Tissus et vêtements
Papeterie, objets mobiliers et
d'habitation
Bâtiments et travaux
Services pubhcs de l' l'état
Ce tableau place au premier plan les industries alimen-
taires, c.-à-d. la sucrerie concentrée dans une trentaine
d'usines ; elles ont pour annexes des distilleries qui se
trouvent également dans toutes les parties du département.
Les féculeries se rencontrent surtout dans l'arr. de Com-
piègne. Les principales villes renferment des brasseries.
On fait du chocolat à Compiègne et Margny. La meunerie
est encore éparpillée sur toute la surface du pays. — Les
industries textiles sont représentées par des spéciahtés re-
nommées : dentelles de Chantilly, faites par des femmes
dans les environs de cette ville ; tapis de Beauvais (ma-
nufacture nationale et manufactures privées); filatures de
coton 127.000 broches) à Ourscamps, de bourre de soie
(18.000 broches), de laine cardée (22.000 broches) et pei-
gnée (39.000 broches), notamment à Balagnyet Cires-les-
Mello; tissages de laine (1.100 métiers mécanicfues); pas-
sementerie; tissage de rubans, de bretelles et jarretières.
Beauvais fait des draps militaires, des flanelles, des étoffes
teintes sur place ; on tisse des couvertures, molletons, lai-
nages divers à Esquennoy, Herchies; des draps à Mouy,
des cachemires à Crèvecœur-le - Grand ; la bonneterie
occupe 2.000 personnes autour de Saint-Just-en-Chaussée,
spécialement aux bas de laine. Le chanvre se travaille dans
la vallée de l'Authonne et à Breteuil ; on fait des lacets à
ïnval; des feutres, àClermont. — L'industrie du cuir est
surtout développée à Noyon, Saint-Crépin, Senlis, Ver-
berie ; la cordonnerie, à Liancourt et Mouy.
La qualité des argiles et du sable a fomenté la verrerie
(600 ouvriers, produits 2.500.000 fr.) à Creil, Saint-Ger-
mer-de-Fly, Hoye-sur-Matz ; on fait des vitraux à Beau-
vais et au Mesnil-Saint-Firmin ; des faïences et porcelaines
opaques très renommées à Creil et Chantilly ; des carreaux
de faïence et de porcelaine et des carreaux ordinaires à
Auneuil, Creil, Briscourt, Blacourt, Liancourt, Ponchon,
1.132 chev. -vapeur
5.972 —
3.216 —
6.204
587 -~
3.472 —
2.553 —
1.816 —
92 "
OISE
:h6
Pont, Rainvillers, Saint-Aubin-en-Bray, Saint-Jiist-des-
Marais, Saint-Paul, Yillcrs-Saint-Bartliclemy ; des pote-
ries communes et des briques dans tout l'O. du départe-
ment. — L'industrie du bois est naturellement représentée
par quantité de scieries, charpenteries, menuiseries; on
fait de la boissellerie à la Croix-Saint-Ouen, Xeiiyille-on-
Hez; des bois de brosses à Saint-Sauveur, des caisses
d'emballage à Béthisy-Sainl-xMartin, des chaises à la Croix-
Saint-Ouen, MontjavouK, Pai'nes, des sabots à Beauvais,
de l'ébénisterie à Crespy, Beauvais, Clermont,Mcru,Mouy ;
de la carrosserie ou chai-ronnerie à Beauvius, Compif'gne,
Méru, etc. — La tabletterie s'est développée au point de
devenir l'industrie caractéristique de Tarr. de Beauvais ;
Méru en est le centre; mais il y a beaucoup d'autres ma-
nufactures à Beauvais, Sainte-Geneviève, Noailles, Ande-
ville, Lal)oissière, Tracy-le->lont, etc., pour les boutons
en bois, os ou nacre, les éventails découpés en nacre ou
bois, les dominos, dés à jouer, fiches et jetons, manches
en os et ébène pour coutellerie, couverts en buffle et
ivoire, brosserie fine, manches de parapluie, etc. Les ins-
truments d'horlogerie, d'optique et de précision sont une
autre spécialité du département : horlogerie à Beauvais,
Ferrières et Liancourt ; instruments d'optique à Cuise-la-
Motte, Machemont, Saint-Pierre-lès-Bitry ; verres d'op-
tique à Saint-Samson, Sully, Songeons ; orfèvrerie de table
(alfénide) à Bornel. Ercuis ; instruments de pesage et me-
sures à Saint-Paul, Berthecourt, Courteuil, Laboissière;
appareils électriques à Neuilly-en-Thelle.
L'industrie métallurgique occupait, en 189{i, 2 usines
à fer considérables à Montataire. MWes produisaient par
puddlage et affinage au charbon de bois 20.140 tonnes
de fer ouvré valant 3.040.000 fr. (rails 15.820 tonnes va-
lant 2. 21 5. 000 fr., tôles 4.320 tonnes valant 825.000 fr.).
La production de l'acier était de 38.000 tonnes valant
6.880.000 fr., moitié de tôles et moitié d'aciers mar-
chands. On lamine le zinc à Droitecourt et Sérifontaine,
le cuivre à Saint-Victor. On fabrique des outils divers et
instruments aratoires à Creil, Liancourt, Nogent-les-
Vierges. — Pour compléter cet aperçu, il faut mention-
ner encore les constructions de bateaux des divers ports
de l'Oise, les produits chimiques et savons de Beauvais,
l'amidon de Gouvieux, les chandelles de Notre-Dame-du-
Thil, Clermont, Mouy, les cierges de Clermontet Margny,
la soude de Remy, les grandes fabriques de sels d'alumine
et de baryte à Noyon,de produits antiseptiques à Villers-
Saint-Sépulcre, des usines à gaz et des imprimeries dans
les principales villes.
11 existait en 1894 dans l'Oise 7 syndicats })atronaux
(275 membres), 24 syndicats ouvriers (1.706 membres),
un mixte (17 membres) et 3 syndicats agricoles (1.858
membres). La consommation moyenne d'alcool était en
1896 de 9^''^35 poar tète, plus que double de la moyenne
française. Il a été fabriqué en moyenne dans l'Oise, de
1887 à 1896, une quantité de 65'.480 hectol. d'alcool
par an, sans compter 120 hectol. distillés annuellement
par les bouilleurs de cru. En 1894, la consommation du
vin était de 42 litres par tête, celle du cidre de 32, celle
de la bière de 11. — 11 a été vendu, en 1896, 291.903
kilogr. de tabac à fumer ou à mâcher et 90.695 de tabac
à priser, soit une consommation moyenne de 721 gr. par
tête.
Co^niERCE i:ï circulation. — Le commerce fait vivre
95 personnes sur 1.000 (moyenne française, 103) ; ajou-
tez 33 qui vivent de l'industrie des transports (moyenne
française, 30). Le montant des opérations de la succur-
sale de la Banque de France à Beauvais était en 1897 de
31.161.300 fr. (sur un total de 15.308.125.000 fr.).Le
nombre des patentés en 1895 était do 19.353, dont 97
hauts commerçants et banquiers, 15.974 commerçants,
2.783 industriels, 499 personnes exerçant des professions
libérales. Il existe une chambre de commerce à Beauvais.
L'Oise exporte des pierres et matériaux de construction,
des terres réfractaires, des bois, des céréales, des lé-
gumes, des bestiaux, du lait, du beurre, du fromage, de
la volaille, du sucre, de la mélasse, de l'alcool, des tapis,
dentelles et passementeries, poteries et faïenceries, des
verres, objets d'optique, instruments divers. Paris est le
principal lieu de destination et aussi le marché oîi le dép.
de l'Oise achète du vin, des denrées coloniales, de la houille,
des fers et métaux J)ruts, du coton, de la laine, pour
alimenter son industrie ; des machines, des livres et objets
de luxe pour l'ameublement et la toilette, etc. Le com-
merce se partage entre la voie fluviale et la voie ferrée.
Voies de communication. Le dép. de l'Oise avait en
189/ une longueur de 602 kil. de routes nationales dont
198 kil. pavés, 51 4 kil. de routes départementales, 2.982
kil. de chemins vicinaux de grande communication, et
4.372 kil. de chemins vicinaux ordinaires. La circulation
sur les routes nationales avait été. en 1888, de 32.511 .414
tonnes kilométriques de tonnage utile (le double en ton-
nage brut), soit un tonnage utile quotidien de 148 t. par
kilomètre.
Le dép. de l'Oise est traAcrsé en 1899 par 32 lignes
de chemin de fer d'une longueur totale de 864 kil. Les
24 premières représentant 708 kil. sont des lignes d'intérêt
général exploitées par la compagnie du Nord. Deux autres
lignes d'intérêt général parcourant 36 kil. dans l'Oise sont
exploitées par la compagnie de l'Ouest. Les autres sont
des lignes d'intérêt local. Kn voici la liste : 1^ La ligno
de Paris vers l'Angleterre (via Calais) et la Belgique {via
Lille, Yalenciennes) par Amiens parcourt 70 kil. dans
l'Oise ; elle y pénètre après Survilliers, dessert Orry-la-
Ville, Chanlilly, Creil, remonte la vallée de l'Are par
Laigneville, Liancourt-Rajitigny, Clermont, Avrechy,
Saint-Remy-en-l'Eau, Saint-Just-en-Chaussée et continue
vers le N. par Gannes, Chepoix, Breteuil-Gare et passe
dans le dép. de la Somme. — 2" La hgne de Paris vers
l'Allemagne et vers Bruxelles [via Maubeuge) se détache
de la précédente à Creil et remonte la r. dr. de LOisc ;
elle parcourt dans le département 66 kil., desservant Vil-
lers-Saint-Paul, Pont-Sainte-Maxence, Chevrières, Lon-
gueil-Sainte-Marie, le Meux, Compiègne, Choisy-au-Bac,
Longueil-Annel, Thourotte, Ribécourt, Ourscamps, Pont-
l'Evèque, JSoyon, Babeuf, Appilly et passe dans le dép.
de l'Aisne. — 3^^ La ligne de Paris à Creil par Pontoise et
la r. dr. de l'Oise a 12 kil. dans le département, desser-
vant Boran. Précy, Saint-Leu-d'Essereiit. — 4° La ligne
de Paris à Beauvais parcourt 37 kil. dans le département
et y dessert Chambly, Bornel-Fosseuse, Esches, Mérii,
Laboissière, Saint-Suïpice, Warlins, Villers-sur-Thère où
elle se confond avec la suivante. — 5*^ La Hgne de Creil
à Beauvais et au Tréport (85 kil. dans le dép.) remonte
le Thérain, desservant Montataire, Cramoisy, Cires-les-
Mello, Balagny, Mouy-Bury, Heilles, Mouchy, Hermès,
Rochy-Cond'é,"^ Beauvais, Saint-Just-des-Marais, Fouque-
nies-Troissereux, Herchies, Milly, Saint-Omer-en-Chaussée,
Achy, Marseille-le-Petit, Grez-Gaudechart, Grandvilliers.
Brombos, Feuquières, Moliens, Abancourt et Gourchelles.
puis entre dans la Seine-Inférieure. — 6° La ligne de
Beauvais à Gournay (25 kil. dans l'Oise) dessert Pente-
mont-Saint-Just, Goincourt, Saint-Paul, la Chapelle-aux-
Pots et Saint-Germer. — 7^ La ligne de Beauvais à Cam-
brai (15 kil. dans l'Oise), se détachant à Rochy-Condé
de la ligne de Creil au Tréport, dessert Bresles, la Rue-
Saint-Pieri'e, Bulles, Fournival, Saint-Just, Maignelay-
Montigny, Dompierre-Ferrières et Domfront, avant d'entrer
dans la Somme. — 8'^ La ligne de Clermont à la Rue-
Saint-Pierre (9 kil.) dessert Ronquerolles, Etouy, et re-
joint à la Rue la précédente. — 9° La ligne de Beauvais
'à Gisors (32 kil.), passe à Pentemont, Goincourt, Rain-
villers, Saint-Léger-en-Bray, Auneuil, Labosse, au Vau-
main à Boutencourt et à Trie-Château ; puis elle entre
dans l'Eure. — 10^ La ligne de Paris à Soissons parcourt
27 kil. dans rOise où elle passe àNanteuil, Ormoy, Crépy-
en-Valois et Vaumoise. — 11'' La ligne de Chantilly à
Crépy-en-Valois (36 kil.) dessert Vineuil, Saint-Firmin,
-^ 317 —
OISE
Saiiit-Nicolas-Aumoiit, Seiilis, Barbery et x\uger-Sainl-
Vincent. —-42° La ligne de Clermont à Compiègne ('20 kil.)
dessert Breuil-le-Sec, Nointel-Saiiit- Aubin, Catenoy, Avri-
gny, Bois-de-Lihus, Estrées- Saint-Denis, ou elle se rac-
corde avec la ligne d'Amiens. — 13° La ligne de Rouen
à Amiens (44 kil.) dessert Formerie, Abancourt, Romes-
camps et Eouilloy. — 4-4° L'embranchement de Breteuil-
Gare à Breteuil-Ville a 7 kil. — ■ 45° La ligne de Saint-
Omer-en-Chauss6e à Amiens (25 kil.) dessert Oudeuil,
Blicourt, Crèvecœur, I^ontaine-BonneleauetCroisy et entre
ensuite dans la Somme. — 46° La ligne de Compiègne à
Roye (25 kil.) dessert Coudun, Viliers-sous-Coudun ,
Antheuil, Ressons-sur-Matz et Roye. — 4 7° L'embranche-
ment du Meux à (j'épy-en-Valois (49 kil.) se détache
de la grande ligne do Paris à Bruxelles et dessert Verberie,
Béthisy-Saint-Picrre, Orrouy-Glaignes, Duvy et Crépy.
— 48° La ligne de Compiègne à Soissons (20 kil. dans
rOise) dessert Relhondes, la Motte-Rrenil et Atticliy. —
49" La ligne de Compiègne à Villers-Cotterets (23 kil.
dans l'Oise), se détachant à Rethondes de la ligne de Sois-
sons, dessert Vieux-Moulin, Pierj'efonds, Morienval, Emé-
viile, puis entre dans le départ, de l'Aisne. — 20° La
ligne de Compiègne à Amiens (33 kil. dans l'Oise) passe
à Remy, Estrées-Saint-Denis, Moyenneville, Tricot, entre
dans le dép. de la Somme. — 24 " La ligne d'Estrées-
Saint-Denis à Yerl>eric (17 kil.) dessert Arsy-Moyvillers,
Canly-Grandfresnoy et Longueil-Sainte-Marie. — 22° La
ligne de Milly à Formerie (32 kil.) dessert Bonnières,
Haucourt, Crillon, Martincourt, Yrocourt, la Chapelle-
sous- G erberoy, Gerberoy, Songeons, Hemecourt, Esc âmes,
Sully, Fontenay, Héricourt, Saint-Samson-la-4^terie,
Canny-sur-Thérain et Formerie. — 23° La ligne d'Ormoy-
Yillers à Mareuil-sur-Ourcq (22 kil.) dessert Boissy-Le-
vignen, Macquelines, Betz, Antilly, Thury-Boullarre et
Mareuii. — 2i° La ligne de Paris à Reims traverse du-
rant 5 kil. l'angle S.-E. du dép. de lOise, desservant
Mareuil-sur-Ourcq. — 25° La ligne de Paris à Dieppe
par I^ntoise remonte le cours de i'Epte et passe à plu-
sieurs reprises de l'Oise dans l'Eure ou la Seine-Inférieure
et réciproquement. Elle parcourt dans l'Oise 32 kil. et y
dessert Liancourt-Saint-Pierre, Chaumont-eji-Vexin, Trie-
Château, Eragny, Sérifontaine. — 26° La ligne de Gisors
à Vernon parcourt 4 kil. dans le département. —
27° La ligne d'intérêt local de Chars (S.-et-O.) à Ma-
gny se branche sur celle de Paris-Dieppe et parcourt ses
5 premiers kil. dans l'Oise où elle dessert Bouconvillers.
— 28° La ligne d'intérêt local d'Estrées-Saint-Denis à
Froissy par Saint-Just-en-Chaussée mesure 43 kil. —
29° La ligne d'intérêt local de Hermès à Persan-Beau-
mont par Noailles et Xeuilly-en-Thelle mesure 32 kil. —
30'^ et 34" Les lignes d'intérêt local de Noyon à Guiscard
et de Noyon à Lassigny ont respectivement li et 46 kil.
— 32° La ligne d'Ercheu (Somme) àBussy, qui se branche
sur la précédente, parcourt 40 de ses 43 kil. dans l'Oise.
En somme, le dép. de l'Oise est traversé par toutes
les grandes voies de la Compagnie du Nord ([ui, de Paris,
rayonnent en éventail vers les plages de la Manche, la
Picardie, l'Artois, la Flandre, l'Angleterre, la Belgi![ue,
l'Allemagne. Elles sont actuellement très fréquentées ;
mais ce trafic est de transit et ne revient pas au dép. de
rOise ; de Paris à Creil, il atteint une moyenne amiuellc
(ramenée à la distance entière) de 2.945.000 voyageurs
et 4.583.000 tonnes de marchandises par an; de Creil à
Amiens, 4.675.000 voyageurs et 2.022.000 tonnes ; de
Creil à Erquelines (Maubeuge), 4.005.000 vovaseurs ei
4.886.000 tonnes.
n faut remarquer que la route ferrée des marchandises
d'Amiens à Paris est doublée par la voie Amiens-Lon-
gueau-Estrées-Saint-Denis-Verberie-Ormoy-Villers, qui
va joindre la ligne de Paris à Soissons ; ce trajet est em-
prunté par plus de 4.500.000 tonnes de marchandises.
Pour les voies fluviales, il en est de même. A vrai dire,
le dép. de l'Oise n'en possède qu'une, celle de l'Oise, la
plus grande route de navigation intérieure de France,
reliant Paris aux charbonnages et carrières du Nord.
L'Oise jusqu'à Janville, puis son canal latéral forment un
tronc commun à toutes les voies navigables qui convergent
de Saint-Quentin vers la mer, vers l'Escaut, vers la Meuse
(V. Nord [Dép.], Pas-de-Calais [Dép.J et Aisxe [Dép.]).
Elle est navigable dans toute son étendue départementale
(403 kil.), mais supplée, k partir de Janville à Chauny,
par le canal latéral d'ailleurs beaucoup plus court. Sur
l'Oise jusqu'à Janville (63 kil.), le tonnage annuel moyen
ramené à distance entière est (en 4897) de 3. 4 85. 000
tonnes, chiffre qui (si l'on excepte le canal de la Sensée)
n'est dépassé que sur la Seine (de Paris à l'Oise), sur le
canal latéral où il atteint 3.398.000 tonnes et sur son
prolongement du canal de Saint-Quentin (de Chauny à
Cambrai, 4. 452.000 tonnes), c.-à-d. sur les autres tron-
çons de la môme voie fluviale. L'Aisne, navigable dans le
dép. de l'Oise, a un tonnage moyen de 340.000 tonnes.
Le canal de l'Ourcq, qui eftleure le département, en
transporte 472.000.
Les 5 bureaux de poste, les 69 bureaux télégraphiques
et les 403 bureaux mixtes ont en 4 897 produit une recette
postale de 4.742.367 fr. pour les correspondances et
442.990 sur les envois d'argent et bons de poste et une
recette télégraphique de 229.705 ïv. . produit des dépèches
intérieures et internationales.
Finances. —Le dép. de l'Oise a fourni, en 4896, un
total de 37.053.464 fr. 20 au budget général de la France.
.Ce chiffre se décompose comme suit :
Francs
Impôts directs 6.323.265 44
Enregistrement 6 . 464 . 433 77
Timbre 4 .262.031 88
Impôt de 4 °/o sur le revenu des valeurs
mobilières 446.643 46
Contributions indirectes 8.268.947 84
Sucres 5.463.967 44
Monopoles et exploitations industrielles
de l'Etat 5.222.464 79
Domaines de rEtat(non compris les forêts) 466.005 29
Forêts 4.485.549 25
Postes 4.744.653 35
Télégraphes 228.478 39
Produils divers du budget, ressources
exceptionnelles 208.790 58
Recettes d'ordre 354 .967 35
Les revenus départementaux ont été, en 4896, de
3.702.062 fr. 47, se décomposant comme suit :
Francs
Produits des centimes départementaux. 2.499.284 20
Revejui du patrimoine départemental.. 3.004 20
Subventions de l'Etat, des communes,
des particuliers 4 . i99 . 780 07
Les dépenses départementales se sont élevées à
3.725.546 fr. 35, se décomposant comme suit :
Personnel des préfi}ctures et sous-pré- Fi-ancs
fectures 49. 795 36
Propriétés départementales, locations et
mobilier 470.944 42
Chemins vicinaux 1 . 946 . 703 54
Chemin de fer d'intérêt local 317.839 47
Instruction publique 44.442 23
Cultes 4.500 »
Assistance publique 679 . 764 87
Encouragements intellectuels 42.687 80
— à l'agriculture 22.576 47
Service des emprunts 396.639 45
Dépenses diverses ^8.9'i5 97
La dette départementale était en capital de
5.854.544 fr. 42. La valeur du centime départemental
OISE
— 318 —
portant sur les quatre contributions était de 51 .644 fr. 16,
sur les deuxpremières (foncière, mobilière) de38.421 fr.64.
Il y avait outre les 33 centimes additionnels départemen-
taux ordinaires (dont 25 sur les deux premières contri-
butions seulement), [6 centimes exlraordinaiies portant
sur les quatre contributions.
Les 701 communes du département avaieni enl896un
revenuglobalde6.857.700fr. et dépensaient (). 756. 981 fr.
Le nombre des centimes était de 59.903 dont 4.7()2
extraordinaires, soit une moyenne de 85 centimes par
commune. 11 y avait 5 communes imposées de moins de
15 cent. ; 14, de 15 à 30 cent. ; 53, de 31 à 50 cent. ;
4"27, de 51 à 100 cent. ; 20"2, au-dessus de 100 cent.
— Le nombre des communes à octroi était de 13; le pro-
duit net des octrois, de 1.104,307 fr. — La dette totale
des communes s'élevait en capital, au 31 mars 1896, à
11.113.231 fr.
Etat intellectueL — Au point de vue de l'instruc-
tion, le dép. de l'Oise est dans la moyenne. En 1894, sur
3.303 conscrits examinés, 154 ne savaient pas lire. Cette
proportion de 47 illettrés sur 1.000 (moyenne française,
58 7oo) place le dép. de l'Oise au 48® rang (sur 90 dép.)
parmi les départements français. Pour l'uistruction des
femmes, il est au 25® rang (sur 87 dép.), avec 96 femmes
pour 1.000 ayant signé leur acte de mariage. La pro-
portion pour les hommes est de 968.
Durant l'année scolaire 1896-27, voici quelle était la
situation scolaire :
1° Ecoles primaires élémentaires et supérieures
Ecoles Uiques Ecoles congréganistes
publiques privées publiques privées
Nombre des écoles 977 19 3t 10 i 1.134
Instituteurs 830 '"TF 001
Institutrices 437 310 717
Elèves garçons... 25.737 259 249" 1.586 27.831
— tilles 20.906 550 2.205 5.795 29.456
2*^ Ecoles maternelles
Ecoles laïques Ecoles congréganistes
pubhques privées publiques privées
Nombre d'écoles. . 2i » 6 80 60
Institutrices 46 )> 9 35 90
Garçons 1.740 » 256 1.171 3.167
Filles 1.623 » 275 1.270 3.171
Ces chiffres montrent que la laïcisation de l'enseigne-
ment est fort avancée. 11 y a peu d'écoles maternelles, la
plupart des communes étant très petites. La même raison
a fait généraliser le système des écoles mixtes ; on en
compte 500, dont 495 publiques.
Le total de la population d'âge scolaire (six à treize
ans) serait de 46.288 enfants inscrits dans les écoles;
cela s'explique par les doubles inscriptions et ceux qui
changent d'école en cours d'année et aussi par l'accepta-
tion de très jeunes enfants.
L'enseignement primaire supérieur public n'est repré-
senté pour les garçons que par des cours complémentaires
(155 élèves) ; pour les iilles, par une école et un cours
(16 et 12 élèves) ; l'enseignement privé a un coiu*s comp-
tant 40 élèves Iilles.
Les écoles normales primaires sises à Beauvais comp-
taient, en 1895-96, 67 élèves-maîtres et 43 élèves-mai-
tresses.
Le certificat d'études primaires élémentaires fut bri-
gué, en 1895, par 1.399 garçons, dont 1.034 l'obtinrent,
et 1.112 fdles, dont 900 l'obtinrent. Le certificat d'études
primaires supérieures eut 7 candidats dont 3 réussirent,
3 candidates toutes admises. — A l'examen du brevet de
capacité se présentèrent 71 aspirants dont 38 furent ad-
mis, 97 aspirantes dont 65 furent admises. Au brevet su-
périeur, 18 aspirants dont 12 admis, 22 aspirantes dont
12 admises.
Ces chiffres attestent un développement convenable de
l'enseignement sans rien de particulier.
Le total des ressources de l'enseignement primaire pu-
blic était en 1894 de 2.321.498 fr. 45. — 11 existait
234 caisses des écoles avec 62.452 fr. de recettes et
46.381 fr. de dépenses.
L'enseignement secondaire se donnait dans trois col-
lèges communaux (celui de Beauvais a été transformé en
lycée) à 608 élèves, dont 360 internes. Le collège de filles
de Beauvais comptait 118 élèves, dont 65 internes en 1896.
Etat lîioraL — La criminalité est assez élevée. La
statistique judiciaire de 1892 accuse 51 condamnations
en cour d'assises, dont 23 pour crimes contre les per-
sonnes ou l'ordre public. Les 4 tribunaux correctionnels
examinèrent 2.348 affaires et 3.054 prévenus, dontl38 fu-
rent acquittés, 61 mineurs remis k leurs parents, 26 mi-
neurs envoyés en correction, 1.031 condamnés à l'amende
seulement, 1.758 à un emprisonnement de moins d'un
an, 40 à un emprisonnement de plus d'un an. On a
compté 33 récidivistes devant la cour d'assises et 1.573 en
correctionnelle ; Î5 furent condamnés à la relégation. —
Il y eut 3.600 contraventions de simple poKce. — Le
nombre des suicides s'éleva à 200 ; celui des morts vio-
lentes à 144. Les 4 prisons départementales renfermaient,
au 31 déc. 1892, 379 détenus, dont 332 hommes et
47 femmes.
L'assistance publique est assez bien organisée. Les bu-
reaux de bienfaisance étaient en 1894 au nombre de 387 ;
ils assistèrent 14.984 personnes; leurs recettes furent de
434.807 fr., leurs dépenses de 432.695 fr. — Le nombre
des hôpitaux et hospices est de 18, desservis par 33 mé-
decins et disposant de 1.605 lits. Ils ont reçu 2.216 ma-
lades dont 256 décédèrent, 1.547 vieillards et inciu'ables
dont 129 décédèrent, 1.099 enfants assistés; en outre,
452 enfants furent assistés à domicile. Le budget hospita-
lier était de 1.139.169 fr. de recettes et 1.221.437 fr.
de dépenses ; celui du service des enfants assistés, de
275.000 fr. de recettes et 281.438 fr. de dépenses. —
Un asile départemental d'aliénés existe à Clermont-sur-
Oise; le département y entretenait 222 hommes et 169
femmes; la dépense totale était de 196.770 fr., dont
150.026 fournis par le département. — L'assistance pri-
vée était représentée par 37 établissements et 100 sociétés
diverses.
Les œuvres de prévoyance sont normalement dévelop-
pées. La Caisse nationale d'épargne a reçu, en 1896,
27.043 dépots (dont 3.244 premiers versements) se mon-
tant à 2.336.714 fr. 82. Elle a remboursé 7.965 dépôts,
pour un total de 2.109.821 fr. 30. — Les 13 caisses
d'épargne ordinaires et leurs 18 succursales avaient déli-
vré au 31 déc. 1896 un total de 136.040 livrets ; au cours
de l'année, il en avait été ouvert 7.378 et soldé 6.962. Le
soldedû aux déposants était au 31 déc. de 70.639.608 fr.47 .
Il avait dépose ou transféré 11.459.433 fr. 65 et rem-
boursé 15.705.656 l'r. 29. — La Caisse nationale de re-
traites pour la vieillesse a reçu en 1897 par 576 verse-
ments individuels 118.810 fr. et par 4.282 versements
collectifs 53.831 fr. Les versements individuels ont dimi-
nué depuis 1893. A cette date, les pensions en cours
étaient au nombre de 3.626, pour un total de 597.848 fr.,
ce qui indique ([ue l'Oise est un des départements où on
a le plus tôt compris les avantages de la Caisse nationale
de retraites. — Les sociétés de secours mutuels étaient,
en 1893, au nombre de 105 dont 78 approuvées (12.321
membres participants) et 27 autorisées (3.882 membres
participants). Les piemières avaient un avoir disponible
au l'^'' janv. 1894 de 415.305 fr., encaissé dans l'année
174.885 fr. de recettes et dépensé 161.783 fr. ; les se-
condes avaient un avoir disponible de 60.159 fr., encaissé
70.562 fr. et déboursé 59.265 fr. — Ln d893, les dons
et legs aux établissements publics et reconnus d'utilité
publique ont atteint 616.902 fr. A. -M. Bertiielot.
BiBL. : V. Ile-di<:- Frais CE, Picardie. Beauvais. Cu.m-
319 —
OISE — OISEAU
piÈGNE, Chantilly, Noyon. — Annuaire de l'Oise, in-12.
— Annuaires statistiques de la France, en particulier ceux
de 1«65, 1«86 et lô9t (mieux établis que les derniers). —
Dcnombremenls, particulièrement ceux de 1866 et 1891
avec les résultats développés. — Statistique agricole
annuelle. — Statistique (annuelle de l'industrie juinërale.
— Situation financière des comynunes (annuel); des dépar-
tements (id.), publiées par le ministère de l'intérieur. —
Résumé des états de situation de renseignement primaire
(annuel). — Ad Joaivne, Géographie de l'Oise, in-16. —
Caaibry, Description du dép. de l'Oise, 1803, 2 vol. in-8 et
atlas. — Peuchet et Cîiaulaire, Statisticiue de l'Oise,
1811, in-8. — Gavrel, Géographie de toutes les communes
du dép. de l'Oise; Beauvais, 18G5. in-18.
Géologie. ~ L. Graves, Essai sur la topographie géo-
gnostique du dép. de l'Oise, 1847, in-8. — De Lapparext,
le Pays de Bray [Mémoire carte géol. France, 1879). —
H.Thomas, Contribution à la géologiede l'Oise {BulLn''23
serv. carte géol. France, 1891). Cf. aussi C. R. Coll. Bull,
serv. car te 'géol France, \S93-dl, Bull. Soc. géol. Nord et
Bull. Soc. géol. France: Travaux de MM. Brongnlart,
Hébert, Munier-Chal>l\s, Dollfus, etc. Feuilles géo-
logiques au 1/80.000'' de Beauvais, Soissons, Meaux, Mont-
didier, Rouen, Laon et Paris (Serv. carte géol. France).
OISEAU. I. Ornithologie. — Seconde classe des
\ertébrc's (V. ce mot), comprenant des animaux à sang
chaud, couverts de plumes, ovipares, à respiration exclu-
sivement pulmonaire ; les deux paires de membres très dif-
féremment conformées : l'antérieure, en forme d'aile, de
nageoire ou atrophiée; la postérieure, en forme de pied;
les mâchoires dépourvues de dents et recouvertes d'un bec
corné. — Cette classe, plus nombreuse que celle des Mam-
mifères (V. ce mot), présente une beaucoup plus grande
uniformité, au point que l'on a pu dire que tous les Oiseaux
actuellemejit vivants pourraient être classés en trois ordres :
un pour les Ratites (Autruches), un pour les Impennes
(Pingouins), et le troisième renfermant tous les autres
Oiseaux à aile normalement développée. Cependant l'usage
a prévalu de diviser ce dernier groupe, de beaucoup le
plus nombreux, en un certain nombre d'ordres qui n'ont, en
réalité, que la valeur des familles naturelles admises par les
botanistes. — Bien que ces Vertébrés se rapprochent des
Mammifères par leur nature d'animaux à sang chaud et
certains caractères qu'ils ont en commun avec les plus in-
férieurs de ceux-ci (V. Mo^joruÈMEs), ils sont, en réahté,
beaucoup plus voisins des lleptiles par l'ensemble de leurs
caractères internes, si bien que Huxley a proposé de réu-
nir les deux classes en un groupe à paît sous le nom de
Sauropsidœ, par opposition aux Amphibiens et aux Pois-
sons qui constituent les Ichtijopsidœ. — Les Oiseaux,
répandus sur toute la surface du globe, jouent, à l'époque
actuelle, un rôle considérable dans la nature. Nous étudie-
rons successivement leur organisation, leurs mœurs, leur
distribution géographique, leur utilité pour l'homme et leur
classification.
Organisation. — Técjumenis. La plume caractérise
l'Oiseau comme le poil, le Mammifère. Cette plume est in-
sérée dans un derme très mince, pauvre en vaisseaux,
mais riche en organes sensoriels. Dans les couches pro-
fondes de la peau, un réseau de fibres musculaires lisses,
pourvues de petits tendons aboutissant aux foRicules des
plumes, permet à l'Oiseau de secouer et hérisser son plu-
mage. Il n'y a pas d'autres i^landes cutanées que celle du
croupion (glande uropygienne) .
La plume se développe d'une papille formée par une
saillie du derme : on voit d'abord un long cône à sommet
libre (germe de la plume) qui s'enfonce par sa base dans
le derme, y creusant une poche qui est le follicule plu-
vieux. Le germe s'allonge et, en même temps, une partie
de la pulpe qui en rempUt l'intérieur (couche de Malpighi)
se développe, formant des replis, puis des rayons cornés
qui constituent les barbes primitives de la plume : à cet
état, c'est la plumule ou duvet embryonnaire, tel ([u'on
l'observe chez les poussins nouveau-nés. Les Pingouins
conservent cette forme jusqu'à l'âge adulte. La plume dé-
finitive se forme d'abord cle la même manière, mais au
moyen d'un second follicule qui se développe au fond du
follicule de la plumule et repousse au dehors le tuyau de
celle-ci qui tombe. La nouvelle plume est d'abord sem-
blable à la plumule, mais bientôt un des rayons s'épaissit
pour former la hampe ou axe de la plume, les autres
constituant les barbes. Le tuyau s'allonge plus tardivement.
Tuyau et tige sont d'abord recouverts d'une gaine, pro-
longement de l'épi derme, et qui croit avec la plume; mais
A
B
Fii>-. 1. — Développement des plumes. A, dessous de l'aile
d'un jeune Pigeon montrant les pennes encore envelop-
pées en partie de leur gaine; B, plume de Hocco enfer-
mée dans sa capsule ; C, plume de Calao, complètement
développée : a, ombilic supérieur; 5, ombilic inférieur.
comme cette gaine est mince et se dessèche à l'air, l'oi-
seau la déchire et la fait tomber en se grattant, de sorte
qu'on n'en voit jamais que la base, adhérente au tuyau. La
tige semble ainsi sortir du tuyau comme d'un fourreau;
d'ailleurs le tuyau est d'abord largement ouvert à sa jonc-
tion avec la tige, c.-à-d. au point où s'insèrent les barbes;
mais sur la plume complètement développée il ne reste
plus trace de cette ouverture qu'à l'origine du sillon infé-
rieure ou raphé de la tige, oii se voit l'ombilic supé-
rieur. C'est un canal obKque, plus ou moins capillaire et
qui s'oblitère souvent, mais qui permet toujours assez fa-
cilement l'introduction d'une aiguille fine ou d'un fil rigide.
D'après Sappey, ce canal reste toujours perméable à l'air.
V ombilic infcrieur est situé à la partie opposée du tuyau
insérée dans le derme : c'est par là que pénètre la papille
avec les vaisseaux sanguins nourriciers qui sont très dé-
veloppés pendant que la plume pousse : mais dès que son
accroissement est terminé, ces vaisseaux s'oblitèrent; la
papille se rétracte peu à peu en laissant de distance en
distance les membranes sécrétées à sa surface et qui se
sont successivement desséchées (âme de la plume); l'om-
bilic inférieur se resserre et s'oblitère complètement. Un
seul tuyau porte quelquefois deux tiges (Casoar, Faisan).
Les barbes de la tige et les barbules qui s'y insèrent laté-
ralement, examinées à la loupe, se montrent munies, sur
leurs faces en contact, de fins crochets cornés qui s'entre-
lacent et donnent ainsi aux pennes de l'aile la rigidité né-
cessaire au vol. Le duvet et les plumes décomposées man-
quent de ces crochets. Il existe des plumes dépourvues de
barbes et semblables à des piquants et d'autres, plus fines,
identiques à des soies ou à des poils ; d'autres sont cor-
nées ou écailleuses, etc. Les plumes d'ornement ont une
variété de formes presque infinie.
Les plumes ne sont pas insérées également sur toutes
les parties du corps. Elles sont disposées à intervalles
réguhers, suivant des lignes longitudinales, parallèles à
la colonne vertébrale comme des arbres le long d'une allée,
et c'est en s'imbriqnant de haut en bas et d'avant en
arrière qu'ehes arrivent à recouvrir le corps tout entier.
Le milieu du ventre est toujours dépourvu de plumes :
ce sont les plumes latérales qui le recouvrent. Cette dis-
position en lignes longitudinales est facile à étudier sur un
oiseau plumé, les folhcules restant béants après l'arrache-
ment des plumes.
On connaît l'extrême variété de couleurs que présente le
plumage des Oiseaux, au moins chez les Passereaux, les
OISEAU — mo
Grimpeurs et les Pigeons et dans les régions intertropi-
cales. Sous ce rapport, la plume est supérieure au poil des
Mammifères. Les couleurs vives et tianchées, le rouge pur,
le jaune, le bleu, le vert, le vioJeî el toutes les nuances
Fig. 2. — Ptérvluii'rapliie : cUsjjfJbitioii des pluiuos sur la
peau d'un Oiseau (Martinet, CypseUis apus). Les lignes
})ointiHées indiquent l'insertion des plumes ; les pennes
de l'aile et de la queue ont été eoni)ées près de; leur in-
sertion ; II, dess(jus ; b, (Jessiis
intermédiaires, se rencontrent chez les Oiseaux ; les Insectes
et peut-être les Poissons sont les deux seules classes qui
puissent leur être comparées pour la variété des teintes.
Kn général, ce sont surtout les mâles (pii présentent ces
coideurs vives : les femelles sont moins parées, aussi bien
sous le rapport des couleurs (|ue par le développement des
plumes d'ornement (Paon, Faisan, Paradisiers); celles-ci
caractéi-iseiU exclusivement le sexe mâle. Les llapaces, les
Echassiers, les Gallinacés ont d'ordinaire d(>s coideurs
plus atténuées et qui rapi)ellent celles des Mammifères.
D'une façon générale, on peut dire que les Oiseaux qui
vivent à teri-e ont des couleurs ternes; ceux qui vivent
sui' les arbres ont des couleurs vives et tranchées.
Les plumes à reflets métalliques sont aussi très répan-
dues chez les Oiseaux, mais presque exchisiveinent chez les
h i,u. 3. — Dénominations prmcipales du plumage d'un Oiseau
(Passereau). I. rémiges primaires; IL rémiges secon-
daires; III. tectrices ; IV, grandes couvertures de l'aile ;
\. couvertures moycnnn^s ; Vl. petite^ couvertures ;
A 11. pennes bâtardes ou aileron; se, plumes scapulaircs;
/, ]-ectrices ou pennes caudales; es, couverturi^s supé-
rnnires de la ({ueuc ; ci. cou\ertures inférieures de la
(jueue,
mâles. On a longtemps discuté sur la nature de ces cou-
leurs changeantes qui donnent tant d'éclat aux Oiseaux-
Mouches et aux Parathsiers. On sait aujourd'hui que cet
effet est dû à un phénomène d'irisation, c.-à-d., suivant la
déiinition des physiciens, à un « effet d'optique produit
par les inégalités de réilexion d'un corps à surface striée ».
Examinées au microscope, les plumes à éclat métalli(|ue
se montrent uniformément noires : mais Ileusinger a re-
marquéle premier que leurs barbes présentent de petites
dépressions régulières dont le fond est poh et qui agissent
comme autant de miroirs pour refléter la lumière ; l'effet
est donc analogue à celui qui se produit dans i'arc-en-ciel
et dans les lames de mica suivant leur épaisseur et l'inci-
denc{> des rayons lumineux (V. Ixtkrfékivxck).
Mue. On désigne sous ce nom la chute des plumes et
leur remplacement par des plumes nouvelles. Ordinaire-
ment ce phénomène a lieu seulement une fois l'an, après
la saisoji tles nids, c.-à-d. vers la fin de Tété, au moins
sous notre climat tempéré. On croyait autrefois, et l'on dit
encore dans beaucoup d'ouvrages d'ornithologie, qu'il y a
deux mues par an , l'une au 'printemps, l'autre à l'au-
to nnie. En réalité la première n'existe pas, et les anciens
naturalistes ont été trompés par une apparence : en effet,
ch(^z les jeunes Oiseaux qui prennent, au printemps, le plu-
mage de l'adulte, ce changement ne s'opère pas par l'ap-
parition de nouvelles plumes, inais par le développement
et le changement de couleurs des plumes que l'Oiseau pos-
sède depuis l'automne précédent : c'est ce que l'on a appelé
métachromathme (Yerreaux, vSchlegel). Chez les Oiseaux
qui devieniient blancs en hiver (Lagopède), on a admis
jusqu'à trois ou quatre nuu^s chaque année; en réahté, il
n'y en a normalement qu'une véritable qui a lieu au prin-
temps lorsque l'oiseau perd son plumage d'hiver pour re-
vêtir celui d'été; à l'automne, les plumes de ce dernier
plumage blanchissfMît par lui phénomène analogue à celui
qui fait blanchir les cheveux chez l'homme (Brehm). La
mue ne se fait jamais d'un seul coup, mais peu à peu, de
inanière que l'oiseau ne soit jamais dévêtu : les -pennes de
l'aile, en particuher, ne tombent ordinairement que par
paires et successivement, de telle sorte ([ue l'Oiseau con-
serve toujours la faculté de voler. Les Palmipèdes lamel-
lirostces (Canards), et (pielques autres Oiseaux, font excep-
tion à cette règle ; ils perdent leurs pennes d'un seul coup,
ce qui les force à se cacher dans les roseaux des marais,
car ils sont incapables de s'envoler pendant tout le temps
que les nouvelles pennes mettent à pousser. Les jeunes
des deux sexes, après avoir perdu leur premier duvet, pren-
nent une livrée particulière assez terne qui ressemble or-
dinairement au plumage de la femelle : ce n'est qu'au bout
d'un oii deux ans, quelquefois de trois à six ans chez les
gros Oiseaux, qu'ils prennent le plumage de l'aduhe, et
que le mâle acquiert son plumage de noce, dans les
espèces où les deux sexes différent sous ce rapport. Ce
])lumage de noce lui-même n'acquiert tout son dévelop-
pement et tout son éclat qu'au moment ou les deux sexes
se recherchent pouj' la reproduction, c.-à-d. au printemps,
dans notre pays. Mais, comme nous l'avons ait, les p lianes
d'ornement ne sont pas de nouvelles plumes, mais des
phtmes ordinaires qui ont commencé à pousser l'automne
précédent, et qui s'allongent souvent considérablement, ou
changent de couleur, au moment où l'oiseau est apte à la
l'eproduction. Les vieilles fenndies qui ne pondent plus
])rennent quelquefois le plumage brillant du mâle (Poule
faisane). Chez le mâle en plumagi^ de noce, les parties nues
du cou et du bec se revêtent aussi quelquefois de couleurs
vives et tranchées (Toucan, Calao, Dindon, Casoar).
Squeletle. Le s([uelette des Oiseaux ressemble à celui
des Reptiles plus qu'à celui des Mammifères. Leur colonne
vertébrale se développe de la même manièce. Les ver-
tèbres cervicales des Oiseaux, souvent très longues et très
mobiles, s'articulent par emboîtement réciproque ; les apo-
physes transverses sont bifurquées à la base et percées
d'un trou ; les côtes qui s'articulent avec elles sojit éga-
lement bifur([uées. Les vertèbres du tronc sont moins mo-
biles, souvent tout à fait soudées par les disques fibi'o-
cartihigineux intercalaires. Les vertèbres sacrées sont
toujoui's soudées chez l'adtdte, et les vertèbres lombaires,
dorsales et caudales se soudent avec eUes. Les apophyses
transverses des deux premières vertèbres sacrées (ver-
tèbres primaires ou vraies) doivent être considérées comme
des côtes, de telle sorte que le bassin (comme chez les
Reptiles) est porté par des côtes. Les vertèbres caudales
présentent un caractère ludimentaire ou régressif, les der-
nières se soudant entre elles pour former une lame ver-
ticale, souvent élargie latéi'alement (coccyx ou pygostyle).
Chez ksHatitessnûs, les vertcores restent distinctes jus-
(|u'à l'extrémité de la queue, qui est d'ailleurs beaucoup
^^l
OISEAU
plus courte quo colle de V Archœoptenjx fossile. Les
côtes sont foi'iiié.^s, comme chez les Lacertiliens, de deux
parties, l'une vertébrale osseuse, l'autre sternale cartila-
gineuse, articulées de manière à faciliter la respiration ;
la portion vertébrale est bifurquée {apophyses uncinées)
de manière à s'imbriquer sur la côte précédente, ce qui
donne à la cage thoracique plus de résistance. Le nombre
des côtes (jui se soudent au sternum varie de deux à
neuf.
La ceinture scapiilaire est conformée comme chez les
Reptiles et les Monotrèmes (V. ce mot), c.-à-d. qu'il
Vi'j;. 1, — C(MiitLu-o scapulaii'o ot cage ihoracique d'un
l'aïK'oii. /', colonne vertébrale ; o. omoplate; ç, cora-
coïde; /", loiirclictte claviculaire ; st, sternum; co, cotes
avec apopJ)ys(^H uncinées; b, bassin (sacrum).
existe des os coracoïdes distincis, s'unissant directement
au bord supérieur et latéral du sternum. Celui-ci prend
un très grand développement pour donner attache aux
imiscles des ailes. C'est une large plaque, munie sur la
ligne médiane d'une crête ou carène longitudinale [bré-
chet], souvent fenètrée ou découpée en arrière. Chez les
Hatites qui ne volent pas, cette crête manque, et le ster-
]njm est en forme déboucher faiblement bombé en avant.
X.'ejjisternuni des Reptiles manque ou est atrophié, tan-
dis qu'il se retrouve chez les Monotrèmes.
Le crâne est construit sur le type de celui des Rep-
tiles ( Lacer tihens), mais la boîte crânienne est bombée,
ctla fp
"^9 ap
C
fais
\'\\i. 3. — Crâne d'un Oiseau (Canard). A, vu de prolil ;
G, vu par sa face sujjérieure ; jB, mâchoire inférieure de
profd ; )7A\ prémaxillaire ; n, nasal ; le, lacrymal ; aïs, ali-
sphénoïde; fr. frontal; ^/, os carré; f/y. (iuadrato-jugal ;
j. irg'il; (/, dentaire; <(;/, angnhiire ; ar, articulaire."
en rapport ^w^x le développement du cerveau, les os sont
plus minces, spongieux, et les sutures disparaissent de
bonne heure. Le londyle occipital (unique) n'est pas
situé en arrière, miiis en dessous, v^rs la base du cnino.
GRÂNm: Kxcvcr.opi'ntii:. — \\\'.
Les orbito-sphénoïdes et alisphénoïdes sont plus déve-
loppés que chez les Reptiles ; mais Vos carré reste mo-
bile ; il ne se forme pas de voûte palatine ; les orifices
postérieurs des fosses nasales sont toujours situés entre le
vomer et le palatin. Les mâchoires sont toujours dépour-
vues de dents chez les Oiseaux actuels, mais les Oiseaux
secondaires {Archœopteryx, Hesperornis) avaient des
dents bien développées comme celles des Reptiles. Chez
les Oiseaux actuels, les mâchoires sont revêtues d'un étui
corné qui s'étend sur les intermaxillaires et qui remplace
les dents. Chez les Palmipèdes lamelhrostres, cet étui corné
forme des replis saillants qui simulent de véi'itables dents
et servent à l'Oiseau pour retenir la proie qu'il a saisie.
Chez les Rapaces et les Passereaux dentirostres, la man-
dibule supérieure est ordinairement entaillée sur le bord
en forme de dent.
Le membre antérieur Qom])renà : une omoplate souvent
très allongée en arrière ; un coracoide volumineux arti-
culé à angle aigu avec l'omoplate et dont l'extrémité su-
périeure contribue à la formation de la cavité glénoide (le
procoracoïde n'est développé que chez les Ratites) ; une
clavicule bien développée et soudée avec sa congénère
(fourchette), de forme et de dimension variables suivant la
force de l'aile, par suite atrophiée chez les Hatites ; enfin
le membre lui-même transformé en organe du vol, et qui
est décrit à l'art. Aile (V. ce mot). La présence d'un
ongle à l'aile est exceptionnelle à l'époque actuelle, et cet
ongle n'est jamais conformé en forme de griflè préhen-
sile,
La ceinture petvienne qui soutient le membre pos-
térieur comprend un pubis long et grêle, dirigiî obh-
quement en arrière, parallèlement kXiscliion et à lai)artie
acétabulaire de l'os iliaque : au point de rencontre de ces
trois parties du bassin se trouve la cavité cotytoïde^ ou-
verte en dehors et au fond de laquelle s'insère la tête du
fémur. Le membre postérieur est ordinairement moins
développé que Tantérieur (sauf chez les Hatites). La tibia
est volumineux, et le péroné rudimentaire lui est plus ou
moins soudé. La réduction du ta7\se est considérable :
chez l'embryon, il existe cinq métatarsiens distincts qui
se soudent chez l'aduUe [tarso-métatarse), tandis que les
deux pièces du tarse se soudent au tibia, de sorte qu'il
n'y a plus de tarsiens distincts. Il n'y a jamais phis de
quatre doigts, et, chez l'Autruche, ce nombre est réduit
à deux.
Le système musculaire est surtout remai-quable par le
développement excessif des muscles du bras, surtout du
grand pectoral et des intercostaux, c.-à-d. des muscles
utilisés pour le vol et la respiration. Par contre, les muscles
de la région ventrale sont peu développés.
Système nerveux. Le cerveau des Oiseaux est plus
volumineux et moins allongé que celui des Reptiles, mais
la surface est dépourvue de circonvolutions. Les diverses
parties de l'encéphale ont déjà cette tendance à se recou-
vrir qui s'accentue chez les Mammifères. Le cerveau pos-
térieur reste seul à découvert. Les nerfs optiques sont
très développés, tandis que les lobes olfactifs le sont très
peu.
l^es organes des sens présentent des particularités re-
marquables. V odorat est peu développé. Il n'existe qu'un
seul cornet vrai dans la cavité olfactive, les autres sail-
lies (une dans la cavité nasale, l'autre dans le vestibule)
sont de faux cornets connue ceux des Reptiles. Le cornet
vrai, cartilagineux, est droit ou enroulé en spirale : au-
dessus et en avant débouche le canal naso-lacrymal. La
glande nasale externe est située dans le frontal et le
nasal. Le vestibule, profondément situé, est tapissé d'u?i
épithéhum pavimenteux.
L'a'// est très déveIoi»i)é : il est allongé, surtout chez
les Rapaces nocturnes et divibé en portion antérieure plus
grande, portion postérieuie petite. La comte, fortement
bombée, recouvre la chambre antérieure et le muscle ci-
liaire (ou de (yampton), strié et compliqué. Dmb hi
^21
OISEAU
chambi^ postérieure, il existe un peigne très développé,
entre le nerf optique et la capsule du cristallin, mais attei-
gnant rarement celle-ci. Cet organe est bien l'homologue
du ligament falciforme des Poissons, mais, chez les Oi-
seaux, il n'a plus d'utilité pour l'accommodation. C'est un
repli de la choroïde, plissé et formé d'anses capillaires
enchevêtrées, servant probablement à la nutrition du noyau
de l'œil et de la rétine (privée de vaisseaux) La scléro-
tique présente un cercle de lamelles osseuses, comme chez
les Reptiles, et ces lamelles osseuses se retrouvent quel-
quefois, formant un cercle ou un fer à cheval, autour du
nerf optique.
Outre les paupières, qui ont des mouvements très limi-
tés, il existe chez les Ohamwm^i membrane nirtitante,
située dans l'angle interne de l'œil, sous les paupières pro-
prement dites, et pouvant recouvrir toute la face anté-
rieure de l'œil (troisième paupière) ; cette membrane est
mue par des muscles spéciaux {carré et pyramidal). La
glande lacrymale est située derrière la paupière inférieure,
et les points lacrymaux ont la forme d'une fente.
V oreille interne présente un limaçon bien développé.
Les canaux demi-circulaires ont une courbure excessi-
vement prononcée ; l'antérieur et le postérieur viennent
déboucher, en sens inverse, dans le sinus supérieur de
l'utricule (ou renflement central). Ces particularités sont
en rapport avec le développement de l'organe vocal et du
sens de la direction qui paraît avoir son siège dans les
canaux demi-circulaires.
Le goût est peu développé, car la langue n'est qu'un
instrument de préhension et de tact présentant les formes
les plus variées, souvent entièrement sèche, et les Oiseaux
avalent, presque toujours, sans goûter et sans mâcher. 11
en est de même du lact, bien que cerlains Oiseaux (Kchas-
siers , Palmipèdes) aient l'extrémité du bec et la plante
du pied garnis de papilles tactiles qui leur servent dans la
recherche des vers et autres animaux dont ils se nour-
rissent.
Organes digestifs. Par suite de l'absence de dents, le
canal digestif est plus compliqué que chez les Reptiles. A
la suite de l'œsophage, dilaté en forme de jabot pour em-
magasiner les aliments, et qui, dans certains cas, exerce
déjà sur eux une action chimique (jabot vrai), on trouve
l'estomac divisé en deux parties : l'antérieure [ventricule
siiecenturié ou estomac glandulaire), très riche en
glandes digestives, et la postérieure {gésier ou estomac
musculeux), tapissée d'une couche corWe sécrétée par
les glands de sa paroi, munie de muscles épais et de deux
disques tendineux propres à broyer les aliments ; ces deux
derniers organes sont moins développés chez les Rapaces
et les Insectivores que chez les Granivores. V intestin
grêle ou moyen, qui fait suite au gésier, est un conduit
cylindrique d'une longueur variable, suivant le régime.
Vers le milieu de sa longueur, on remarque un petit cul-
de-sac, reste de l'organe embryonnaire appelé conduit
vitello-intestinal. Le gros intestin présente en général
deux crecums, très allongés chez les Lameliirostres, les
Gallinacés et les Ratites, très variables dans les autres
groupes, mais jouant un rôle important dans la digestion.
Chez V Autruche, un repli spiral augmente encore la sur-
face de l'organe. Dans toute sa longueur, l'intestin est
richement pourvu de glandes. Il débouche entin dans le
cloaque, cavité terminale qui lui est commune avec les
conduits génito-urinaires chez tous les Oiseaux. Les glandes
annexes du tube digestif (foie, pancréas) ne présentent
rien de remarquable.
Organes respiratoires . Chez les Oiseaux, il existe un
tarijux supérieur et un largnx inférieur : le premier
est l'homologue de celui des Mammifères, mais il est ru-
dimentaire et incapable de produire des sons. Le largnx
inférieur (ou sgrinx), au contraire, est l'organe di} la
voix chez tous les Oiseaux ; il est situé au point de jonc-
tion de la trachée avccles bronches. L'extrémité inférieure |
de la trachée est quelquefois dilatée en forme de bulle '
322 —
osseuse {tambour) constituant un appareil résonnateur
(Canard mâle). La longueur de la trachée elle-même est
très variable : chez le Cggne et la Grue, elle forme une
anse contournée derrière le bi'échet, allant se loger jusque
is
'H
iv^
É
fe
ViiX.Q ~-A-C, Larynx iiiicricTircIcsOiscRix; A , P<nT()(iUot;
B, Rossignol; C, Canard (avec tambour); D-F. lani^uo.s
d'Oiseaux ; D, Flamand ; E, Toucan ; F, Podarge.
dans la crête dn sternum ; chez le Phonygama Kerau-
drenii, de l'ordre des Passereaux, la trachée forme plu-
sieurs anses spirales logées entre la peau et les muscles
thoraciques. Chez les Oiseaux à cri rauque et métallique,
les anneaux de la trachée sont ossiliés et soudés entre eux ;
chez les Oiseaux chanteurs, ils restent minces et ilexibles.
Organe du chant. Le sijrinx ou larynx inférieur est
essentiellement formé par une membrane tendue à la partie
inférieure de la trachée et formant au niveau de la bifur-
cation des bronches une valvule circulaire faisant saillie
dans l'intérieur de la trachée. Cette membrane, tympani-
forme, unique ou double (suivant qu'elle est au-dessus ou
au-dessous de la bifurcation), est l'organe vibratoire qui
produit les sons, sous l'influence de la colonne d'air
chassée par le jeu des poumons et de la tension produite
par de petits muscles, en nombre très variable suivant les
espèces et très compliqués chez les Oiseaux chanteurs
(Rossignol), qui ont jusqu'à cinq paires de ces muscles.
Les Perroquets n'en ont que trois et les Rapaces une seule
paire. Les tambours, quand ils existent, et la trachée
plus ou moins longue, plus ou moins flexible, contribuent
aussi à varier le son de la voix ou à lui donner une plus
grande portée. On sait d'ailleurs que l'éducation fait beau-
coup sous ce rapport, puisque l'on peut apprendre à
chanter à des Oiseaux dont la voix ordinaire est peu har-
monieuse, et qui ont, par conséquent, un syrinx moins
parfait que les autres. Même à l'état sauvage, certains
Oiseaux imitent le chant des autres Oiseaux (Moqueur) .
Poumons et sacs aériens. La bronche principale de
(;liaque poumon s'étend jusqu'à l'extrémité postérieure de
l'organe qui n'a qu'un seul lobe ; dès son origine, elle
donne une bronche latérale et, un peu plus loin, six autres
bronches divergentes, puis un grand nombre de bronches
collatérales qui se subdivisent et s'anastomosent entre elles
(parabronches d'Huxley), puis, par un système de canaux
réticulés, sont en contact direct avec le parenchyme du
])Oumon. Les capillaires sanguins y sont presque à nu et
baignés de tout côté par l'air, de telle sorte que la masse
du poumon est peu considérable relativement à retendue
de la surface respiratoire.
Les poumons sont tixés à la partie supérieure ou pos-
térieure du thorax, mais par leur face inférieure ou anté-
:;^3
OISEAU
rieuro, qui est concave et libre, ils sont en rapport avec
les sacs acriens qui communiquent avec eux par de nom-
breuses ouvertures qui en font de véritables divertlculums
du poumon. Ces sacs, qui tapissent les parois et toutes
les cavités du tronc, enveloppent tous les viscères d'une
couche d'air, de telle sorte que Carus a pu dire que toutes
les parties internes du corps do l'oiseau sont contenues
dans les poumons et les sacs qui en dépendent. Les ou-
vertures des sacs dans le poumon sont à la face interne
et inférieure de cet organe, au nombre de 5 à 9, de chaque
côté, les sacs étant disposés symétriquement par paires
(sauf pour le supra-coracoïdien ou interclaviculaire,
qui est impair) ; les sacs cervicaux, diaphragmatiques an-
térieur et postérieur, abdominaux, etc., sont pairs. Ils
T
Fig. 7. — Poumons et sacs acriens d'un Canard (la paroi
ventrale du corps a été enlevée ; les poumons et les sacs
aériens sont ombrés ; les autres viscères sont figurés au
trait). Pe, musclepcctoral;s.ce., sacs cervicaux ;s.p, sacs
pectoraux; es, les deux moitiés du sac sus-coracoïdien
impair ; s.d., sacs diaphragmatiques antérieurs ; sd\ sacs
diaphragmatiques postérieurs ; s. a., sacs abdominaux ;
po, poumons ; T, trachée ; S, muscle sous-clavier ; Z), dia-
phragme thoraco-abdominal ; C, cœur dans le péricarde ;
F, lobes du foie ; E, estomac ; /, intestin.
s'étendent non seulement dans le tronc et le cou, mais
aussi entre les muscles, dans les os creux, sous la peau
et jusqu'à l'ombilic inférieur des grosses plumes de Faile :
sur les os, les orifices aériens sont toujours situés à leur
face concave ; un système particulier de cavités aériennes
s'étend de la cavité naso-pharyngienne ou de la caisse du
tympan dans les os du crâne. Toutes ces cavités (sauf
celles de la tête) communiquent en^re elles et avec le pou-
mon, de telle sorte que, si on lie la trachée artère et que
Ton pousse de l'air par un trou pratiqué artificiellement
au fémur ou à l'humérus, on peut insuffler le corps tout
entier, tandis que la piqûre accidentelle d'un des sacs
amène le dégonflement rapide de tout l'appareil ; sur
l'Oiseau vivant, cet accident, qui permet à l'air chaud de
s'échapper, suffit pour ôter à l'Oiseau la faculté de voler.
Les sacs aériens servent surtout à assurer, par la varia-
tion de leur volume, la ventilation des bronches, sans que
le parenchyme même du poumon subisse des déplacemenis
étendus qui nuiraient à l'hématose. En outre, par la péné-
tration de l'air dans les os et les muscles de l'aile, il y a
diminution du poids propre de ce membre, bien que la
pneumaticité des os ne soit pas du Jout indispensable au
vol, comme le montrent les Chauves-Souris et certains
Oiseaux bons voiliers dont les os contiennent cependant
peu d'air (Mouettes). Enfin, la vaste surface interne de ces
sacs sert aussi à la transpireation, suppléant ainsi la peau
qui, chez les Oiseaux couverts d'un épais plumage, reste
toujours sèche. Il est intéressant de noter que les Ratites
(Autruches), inc^apables de voler, ont conservé des os très
pneumatiques ; par contre, les Dinornis avaient des os
beaucoup plus compacts, et ceux de VArchœopteryx secon-
daire ne renfermaient pas d'air.
Système circulatoire sanguin. Le cœur des Oiseaux
est à quatre cavités comme celui des Mammifères : la cir-
culation est double et complète, et nulle part il n'y a mé-
lange du sang artériel et du sang veineux. Les ventricules
surtout sont très musculeux. C'est l'arc artériel droit qui
devient la crosse de l'aorte (et non le gauche, comme chez
les Mammifères), mais il n'y a qu'une seule crosse aor-
tique dont les subdivisions envoient le sang artériel à tout
le corps. Il existe dans la peau de la région ventrale un
plexus incubateur correspondant extérieurement à des
régions privées de plume et que l'Oiseau élargit encore en
s'arrachant le duvet (Eider) à l'époque de l'incubation.
Ordinairement ce plexus est surtout développé chez les
femelles, mais chez les Phalaropes et les Rhynchées, on
les mâles se chargent presque exclusivement de l'incuba-
tion, on le trouve très développé chez ceux-ci. On sait
que la température du milieu intérieur atteint, chez les
Oiseaux, 40*^ à 42^ (tandis que chi^z les Mammifères cette
température est de 27^ à 87*^) ; cette élévation est en rap-
port avec l'activité plus grande des fonctions respiratoires
et circulatoires.
Organes génitaux et urinaires. Les reins, situés dans
la région pelvienne, sont volumineux, moulés, en quelque
sorte, dans la cavité du bassin, dont leur face dorsale
présente en creux le relief ; la face ventrale aplatie est lobée,
parcourue par des veines superficielles, et leur extrémité
postérieure se fusionne souvent sur la ligne médiane. I^es
uretères sont plus ou moins allongés, et comme il n'y a
pas de vessie, ils débouchent directement dans le cloacfue,
d'où l'urine est expulsée mêlée aux matières fécales. Les
testicules sont situés sous les reins et le canal déférent
s'accole à l'uretère pour déboucher dans le cloaque par un
orifice distinct. Le testicule gauche est souvent plus déve-
loppé que le droit. L'organe d'accouplement n'est bien dé-
veloppé que chez les Katites et les grands Palmipèdes ; il
est formé d'un tube reployé ordinairement sur le côté gauche
du cloaque et qui peut se développer au dehors, soutenu
par deux corps fibreux ; il est ramené dans le cloaque par
un ligament élastique. Chez la plupart des Oiseaux, le rap-
prochement sexuel ne dure que quelques instants. \j ovaire
est asymétrique, le gauche fonctionnant seul, ce qui lui
permet de produire un très gros œuf, pendant que le droit
s'atrophie. Uoviclucte a des parois musculeuses et qui
renferment des glandes destinées à sécréter l'albumiiK» et
la coque de l'œuf; il décrit, à l'époque de la reproduction,
de nombreuses circonvolutions avant d'aboutir au cloaque.
Vœuf des Oiseaux est gros, riche en uitellus destiné à
nourrir l'embryon pendîint la période incubatoire (V. Al-
LANTOïDE et (Euf). Il u'cst d'abord formé que du jaune
(vitellus) renfermé dans la membrane chalazifère, et c'est
sous cette forme qu'il se détache de l'ovaire et commence
à cheminer lentement dans l'oviducte congestionné. La sé-
crétion de cet organe forme d'abord l'albumine qui s'ac-
cumule par couches successives et, par suite de la com-
pression du canal, donne à l'œuf sa forme allongée, elliptique ;
bientôt se forme la membrane opaque ou commune, qui se
fait en deux temps, car cette membrane a deux feuillets,
l-jîfin, continuant à cheminer, fœuf arrive dans la partie
inférieure de l'oviducte, dilatée et moins riche en fibres
OISEAU
3^4 —
musciileuses. Il y séjourne dix à vingt heures, suivant les
espèces : là, un liquide blanc, laiteux, sécrété par des
glandes spéciales riches en carbonate de chaux, se dépose
autour de la membrane sous forme de petits cristaux ([ui
se soudent et constituent la coquille. Bientôt il est expulsé
sans s'arrêter dans le cloaque.
L'apparence de la coquille est très variable et, comme
la forme, caractéristi(|ue des familles, des genres et des
espèces ; cette coquille est toujours poreuse et perméable
aux gaz. La surface extérieure est plus ou moins lisse ou
rugueuse ; l'interne présente des sillons qui assurent l'adhé-
rence avec le feuillet externe de la membrane commune.
La foi me est presque sphérique (Kapaces nocturnes), ova-
laire, cylindrique, ovée, ovoiconique ou elliptique (0. des
Murs), suivant les groupes. La coloration est (excessivement
variable, et fait d'une collection d'œufs d'Oiseaux un des
spectacles les plus attrayants que l'on puisse rêver. Toutes
les teintes de la palette des peintres s'y trouvent repré-
sentées. Si le blanc prédomine, le vert, le bleu, le rose, le
lilas, l'orangé ne sont pas rares ; d'autres œufs (notamment
ceux des Echassiers) sont tachetés ou marbrés d'une cou-
leur plus foncée que la teinte fondamentale, et la disposi-
tion des taches est toujours agréable à l'œil. En parlant de
chaque genre nous avons eu soin d'indiquer ces particula-
rités qui, pour un naturaliste exercé, permettent de nommer
l'oiseau sur la seule inspection de ses œufs.
Mœurs des Oiseaux. — Les mœurs des Oiseaux indi-
(juont sinon de rinlelligence, tout au moins un instinct très
iléveloppé. ('et instinct se montre surtout au moment de
la reproduction : les deux sexes se recherchent et les maies,
j'evétus de leur plumage de noce, déploient devant les fo-
mclles toute la gi'àce de leurs mouvements en étalant ce
{)lumage de manière à lui donner plus d'éclat ; ils se pa-
vanent ou fo)it la roue; et ceux qui possèdejitun chant
harmonieux ne cessent de le faire entendre, de majiière à
séduire les femelles à la fois par l'oreille et par la vue.
L'union accomplie, tous deux concourent à la construction
du nid (V. ce mot). Il n'y a d'exception que chez les Gal-
linacés polygÀUies. Chez les Ratites, également polygames,
c'est le mâle seul qui s'occupe de l'incubation ; mais chez
la plupart des Passereaux monogames le mâle et la femelle
se suppléent dans ce soin important. (Quelquefois le rôle
du mâle se borne à apporter la nourriture à la femelle (pii
ne s'éloigne pas de ses œufs. Les petits une fois éclos, l'in-
telligence et la tendresse des parents se montrent encore
dans les mille ruses qu'ils e?nploient pour éloigner du nid,
ou des petits encore sans défense, l'ennemi qui pourrait
les détruire.
Migrations. Mais c'est surtout dans les migrations an-
nuelles que les Oiseaux déploient toute la finesse de leur
instinct. On sait que ces migrations sont nécessitées, sur-
tout chez les espèces insectivores, par le besoin d'aller
chercher au loin la nourriture qui leur fait défaut dans le
pays où ils sont nés. Ces migrations se font toujours dans
le sens parallèle au méridien. Presque toutes les espèces
insectivores qui nichent en Europe ou dans le N. de l'Asie
et de l'Amérique, quittent ces régions à l'approche de
l'hiver et se dirigent vers les régions chaudes ou inter-
tropicales qui ont leur saison humide, [favorable aux in-
sectes, pendant notre hiver. Les Oiseaux d'Europe vont
en Afrique, ceux de l'Asie centrale dans l'Inde et la Ma-
laisie, ceux de l'Amérique du Nerd dans les Antilles et
l'Amérique méridionale. On peut citer comme exemple nos
Hirondelles dont les migrations s'étendent jusque dans le
centre ou le S. de l'Afrique (pays d'Angola). Des migra-
tions du même genre, mais dans le sens invei'se, ont lieu
dans l'hémisphère sud, mais ont été moins observées; on
sait cependant que certains Oiseaux d'Australie émigrenl
chaque année jusqu'à la Nouvelle-Zélande. Ces voyages se
font toujours la nuit et par étapes successives ou graduées,
les Oiseaux voyageant par grandes bandes qui prennent
soin de ménageries jeunes qui se fatiguent plus vite. Mais
loi'squp la zone à traverser n'offre pas de nourriture suf-
fisante ou est coupée par un large bras de mer, la tra-
versée se fait avec une rapidité extrême et d'une seule
étape ; c'est ainsi que la plupart de nos espèces migra-
trices traversent la Méditerranée en une seule nuit. La
rapidité du vol de certaines espèces (Hirondelles, Pigeons)
n'est du reste compai'able qu'à celle des chemhis de fer et
des grands paquebots, et la surpasse même chez les espèces
les mieux douées. Au printemps et presque à jour fixe, la
plupart des espèces reviennent nicher au lieu même de
leur naissance, ce qui indique un sens de la direction
très développé ; d'après les expériences des physiologistes,
ce sens particulier, si évident chez le Pigeon voyageur,
aurait son siège dans les canaux demi-circulaires de l'oreille
interne (V. plus haut).
DisTHUsuTiON GÉoGUAPHiQui:. — La répartition géogra-
phique des Oiseaux est beaucoup plus étendue que celle
des Mammifères, car les Oiseaux sont encore nombreux
et variés là ou les Mammifères sont rares ou font com-
plètement défaut, conmie dans les archipels de la Polynésie.
Ils le doivent évidemment à leur» ades qui leur permettent
de franchir de larges bras de mer, et nous avons vu que
les Chiroptères sont dans le même cas et pour la même
raison (V. Chauve-Souris). Sous ce rapport, d'ailleurs, il
existe de grandes différences d'un ordre et d'une famille à
l'autre : les Rapaces, les Pigeons, les Echassiers et les
Palmipèdes renferment des types d'une vaste extension
géographi(pie, (pielquefois cosmopolites, tandis que les
Callinacés et la grande majorité des Passereaux ont un«^
(^xloiision plus limitée; parmi ces dei'niers, les Hirundi-
iiidœ QX\Qs(Ajpselida' Umt exception par leurs migrations
lointaines et leur vaste dispersion. Tandis que chez les
xMammifères on trouve un contraste marqué entre VArc-
togée et la Nologée (hémisphères Nord et Sud), ici le con-
traste est plus marqué entre la Paléogée (ancien conti-
nent et la Néogée (nouveau continent). Les Ratites,
cependant, sont tous propres à la Notogée. Mais les fa-
milles suivantes sont toutes propres à l'ancien continent :
Platgcercidœ, Bucerotida^, Nectarinidœ, Muscicapidœ,
Oriolidœ,, Parasidœidœ, Ploceidœ, Si/lviidœ, TUnalii-
dœ, tandis que les familles suivantes les remplacent en
Amérique : Comiridœ, Haniphastidœ, Trochilidce, Ty-
rannidœ, Icteridœ, Tanagridœ, Sylvicolidœ, Formi-
caridœ.
On doit considérer connue la patrie d'une espèce la ré-
gion du globe où elle se reproduit, ([uelle que soit l'éten-
due de ses migrations. On dit que l'espèce Qsi sédentaire
lorsqu'elle passe toute l'année dans le même pays et
n'émigre pas. L'espèce est de passage régulier lorsque
dans ses migrations annuelles elle visite régulièrement un
pays au printemps et à l'automne ; elle est de passage
accidentel lorsque ces visites n'ont heu qu'à long inter-
valle, sous l'influence des perturbations atmosphériques,
et d'ordinaire en petit nombre. Très peu d'espèces sont
communes aux deux continents, et la phipart de celles-ci
sont sub-cosmopolites.
On peut, d'après Reichenow, diviser les régions orni-
thologiques du globe en 6 zones qui se subdivisent en ré-
gions de la manière suivante : i*' Zone arctique (une
seule région circumpolaire) ; 2*^ zotie occidentale ou
américaine, comprenant une région tempérée et une ré-
gion sud-américaine ; 3<» xone orientale, comprenant
l'Eurasie, laMalaisie, l'Afrique Qtsnhdiyisée en tempérée,
éthiopienne et malaise (celle-ci comprenant l'inde) ;
4° zone australe, comprenant une région australienne
(avec la Nouvelle-(iuinée et la Polynésie) et une région
néo-zélandaise ; 5*^ zo}ie malgache, comprenant Mada-
gascar, les (^omores et les Seychelles ; ^^ zone antarc-
lique, avec u/ie région circumpohùre. (Chacune de ces ré-
gions est caractérisée [Ktr un petit nombre de familles qui
lui sont propres. On peut, en outre, distinguer des sous-
regions qui sont quelquefois assez restreintes : c'est ainsi
que l'archipel des Galiapagos, celui des îles Hawai et
d'iiutros encore possèdeul des genres (^t des espèces qui
ni-y -
OISEAU
Jour sont propres cl iroat d'analogues nulle pari ailleuj's.
T'iiUTÉ DES Ojsealx iMUR i/ho.w\ie. — Oiitrc les espèces
domestiques dont on a fait l'histoire dans des articles spé-
ciaux (V, Coq, Dindon, Canard, Oie, etc.), et qui sont
surtout alimentaires, un grand nombre d'espèces sauvages
sont également recherchées pour leur chaii* comme gibiers
(V. Faisan, Perdrix, etc.), ou pour leurs plumes (V. E\-
DEH, Grèbe), dont on fait des oreillers, desédredons, des
fourrures, ou qui servent à orner la coiffure des danies et
des (costumes militaires (V. Autriche, Aigrette). Mais les
Oiseaux insectivores sont surtout uliles à Fagriculture par
la destruction énorme d'insectes qu'ils font pour leur
nourriture. A ce point de vue, on peut dire que la grande
majorité des Oiseaux de notre pays sont utiles, attendu
que, sur 500 espèces environ signalées en Europe, il y en
a à peine 25 qui soient réellement nuisibles (ce sont les
grands Rapaces et quelques Passereaux de forte taille).
Tous les petits Passereaux sont utiles, même les espèces
granivores, attendu que chez ces derniers les jeunes sont
nourris d'insectes jusqu'au moment où ils quittent le nid.
On ne saurait donc trop se préoccuper de protéger les
petits Passereaux et leurs nids qui deviennent chaque an-
née plus rares en France. Pour cela il faudrait, avant
tout, interdire la chasse des Oiseaux dits de passage qui
se fait sur une grande échelle dans le Midi de la France.
Ces Oiseaux, prétendus de passage, sont en grande partie
des Insectivores migrateurs qui reviennent nicher dans
notre pays et que l'on détruit ainsi, dès leur arrivée, au
grand détriment de l'agriculture.
Classification. — G. Cuvier (1817) avait divisé les
Oiseaux en six ordres : Accipitres (ou Oiseaux de proie),
Passereaux, Grimpeurs, Gallinacés, Echassiers et Pal-
mipèdes. Cette classification, longtemps restée classique,
est encore adoptée par beaucoup d'ornithologistes, mais la
plupart admettent en outre, d'après Blainville (1815), les
trois ordres des Préhenseurs (Perroquets), Pigeons et
Coureurs (Autruches), ce qui porte le nombre des ordres
à neuf. Beaucoup d'autres classifications ont été proposées ;
celle deTemminck (18*20) a joui d'un certain succès jusque
vers 18i0. Elle comprend seize ordres qui sont plutôt des
familles naturelles : Rapaces, Omnivores, Insectivores,
Granivores, Zygodactyles, Anisodactyles, Alcyons, Chéli-
dons, Pigeons, Gallinacés, Alectorides, Coureurs, Gralles,
Pinnatipèdes, Palmipèdes, Inertes. Is. Geoffroy Saint-Hi-
laire, dans son Cours du Muséum (et dans VUistoire
naturelle de Le Maout, 1855), admettait 3 divisions et
8 ordres : 1. Division des Alipennes (Rapaces, Passe-
reaux, Gallinacés, Echassiers, Palmipèdes) ; !2. Division
des Uudipen/nes (Coureurs et Inertes [Dronte]); 3. Divi-
sion des Impennes (Manchots). La classification de Cli.
Bonaparte mérite d'être signalée, carde 1855 à 1870 la
collection du Muséum de Paris fut rangée d'après cette
méthode : les Oiseaux sont divisés en deux sous-classes :
les Altrices, dont les petits naissent nus et sont nourris
par les parents, et les Pr.ecoces, qui naissent couverts de
duvet et peuvent courir et chercher leur nourriture au
sortir de l'œuf. Les Altrices comprennent 8 ordres (Pré-
henseurs, Rapaces, Passereaux, Ineptes, Colombins, Hé-
rodions, Gaviés, Ptiloplères) ; les Prœcoces, 4, qui for-
ment une série parallèle aux quatre derniers des Altrices
(Gallinacés, Gralles, Nageurs etRudipennes),soit en tout
H ordres.
Les classifications plus modernes cherchent surtout à
tenir compte des caractères anatomiques et particulière-
ment de l'ostéolo^ie. Telle est la classification de Fur-
bringer (1888), qui comprend les formes fossiles et a été
adoptée par Zittel (1892) dans son Iraité de paléonto-
logie. Furbringer forme une sous-classe à part (Saurur.*:)
pour VArchœopteryx. La sous-classe des Ornithurœ
comprend tous les autres Oiseaux, et se subdivise en
7 ordres, savoir : Struthiornithes (Autruches) ; Rlieor-
nithes (Nandou) ; hippalectryornithes (Casoar, Aepgor-
nis, Kamichi); Pelargornithes (Palmipèdes, Hérodions,
Inipennes) ; Cluiradriornilhes (Echassiers ])récoces ou
Gralles), Alectorornithes (Apterix, Dinornis, Tinamons,
Gallinacés, Colombins, Perroquets) ; Coracornithes (Pas-
sereaux et Grimpeurs), Chacun de ces ordres se subdivise
en plusieurs sous-ordres constituant des f^imilles natu-
relles. Cette classification, et celle de Seebom (1890) qui
en dérive, est adoptée particulièrement par les ornitholo-
gistes anglais, notamment dans le Catalogue of Birds du
Musée britannique. E. Trouessap.t.
Oiseau de nuit (V. Choiji:tte et RxeAcE).
Oiseau de proie (V. Kapace).
II. Paléontologie. — Les plus anciens fossiles (jui
se rapportent à la classe des Oiseaux datent du juras-
sique supérieur de Bavière {Arehœopieryx [V. ce mot|)
et montrent, par leur longue queue, les griffes de leurs
ailes, leur bec garni de dents, leurs os pleins, des rap-
ports étroits avec les Reptiles, bien que leur peau soit
déjà couverte de véritables plumes. Dans le Crétacé de
l'Amérique du Nord, on trouve les Odontornithes (ou
Odontoleœ) avec les genres îlesperorms et Baptornis
(V. ces mots), qui forment le passage aux Oiseaux actuels,
malgré leur bec encore pourvu de dents. Les genres
Ichthyornis et Apatornis, qui sont dans le même cas,
mais dont les ailes él aient bien développées, sont encore
plus voisins des Palmipèdes actuels. Dès le crétacé supé-
rieur, en Europe et en Amérique, on trouve des Oiseaux
à bec normal, dépourvu de dents (Graculavus, Laornis,
Palœotringa, etc.). Dans le tertiaire, les Oiseaux sont
plus abondants et se rattachent aux types actuels. De
grands Oiseaux semblables aux Autruches ont laissé leurs
débris dans l'éocène de France et d'Angleterre (Gastor-
niSy Megalornis, Dasornis). Ce qui caractérise surtout la
faune tertiaire, c'est la vaste extension des types actuel-
lement confinés dans les régions chaudes du globe. C'est
ainsi que le miocène de France a possédé des Psittacidœ,,
des Trogonida% des Bucerotidœ, etc., et les Flamands
(Palœlodus) étaient très nombreux, mais la faune de
l'ancien continent est déjà distincte de celle de l'Amé-
rique. La faune quaternaire de notre pays se rapproche
de la faune actuelle et l'on y trouve déjà des débris de la
Poule domestique, puis, pendant la période glaciaire, des
types arctiques (Harfang, Lagopède).
C'est surtout dans l'hémisphère austral que vivaient à
cette époque les Oiseaux gigantesques et sans ailes, tels
que Y/Epyornis de Madagascar, le Dinornis de la Nou-
velle-Zélande; mais le Brontornis de Patagonie parait
plus ancien. Enfin la faune des Iles Mascareignes (Dronte,
Pezophaps, Leguatia, etc.) ne s'est éteinte que dans
les temps historiques, postérieurement à l'arrivée des Eu-
ropéens dans ces îles. E. Trouessart.
III. Législation. — Les rapaces nocturnes (hibou,
cbouette, chat-huant, etc.) et presque tous les petits oiseaux
sont insectivores. A ce titre, ils rendent à l'agricultui'e
d'importants services, compensant et au delà les dégâts
cfimmis au temps de la récolte par ceux d'enti^e eux
qui sont friands de grains (V. Insecte), et comme,
d'autre part, le plus grand nombre n'ont aucune valeur
alimentaire, ils sont l'objet, dans tous les pays, de me-
sures de protection sévères. A l'étranger, ce sont, en gé-
rai, des lois spéciales qui en prohibent directement la des-
truction. En France, l'art. 9 de la loi sur la chasse du
3 mai 1844, modifié par la loi du 22 janv. 1874, est de-
meuré le seul document législatif sur la matière. 11 se
borne à prescrire aux préfets de prendre des arrêtés « pour
prévenir la destruction des oiseaux ou pour favoriser leur
repeuplement ». Les préfets ont, de par ce texte, entière
latitude. Toutefois, des circulaires du ministre de l'inté-
rieur en date des 13 juil. 1877, 8 juil. et 16 déc. 1885
leur ont imposé, en même temps qu'une vigilance rigou-
reuse, un type général d'arrêté. Ils conservent le soin de
déterminer, en tenant compte des intérêts particuliers de
chaque département et du sentiment des populations, les
espèces devant faire l'objet de l'interdiction, laquelle
OISEAU — OISEAU-MOUCHIl
— :>2()
s'étend, d'ordinaire, à tous les oiseaux autres que les ra-
paces diurnes (V. Râpâœ) considérés comme animaux mal-
faisants, et que les oiseaux-gibiers (V. Gibier); mais ces
espèces une fois désignées, ils sont tenus de prohiber, outre
l'enlèvement et la destruction de leurs nids, œufs et cou-
vées, leur chasse en tout temps et par tout procédé (armes
à feu, lacs, pièges, glu, etc.). Les contraventions aux pres-
criptions de ces arrêtés tombent, d'ailleurs, sous le coup
de l'art. 11 de la loi du 3 mai 1844, qui punit les délin-
quants d'une amende de 46 à 100 fr. Toutes les autres
règles spéciales relatives à la compétence, à la preuve, aux
confiscations, aux circonstances aggravantes et atténuantes,
à la prescription, sont les mêmes que pour les autres dé-
lits de chasse (V. Chasse, t. X, p. 842). Les parents,
maîtres et commettants sont civilement responsables
(art. 28). Ajoutons qu'une commission internationale s'est
réunie à Paris, au mois de juin 1893, en vue d'étudier la
question de la protection des oiseaux utiles à l'agriculture.
Elle en a dressé la liste et elle a préparé un projet de
convention.
IV. Industrie et commerce. — Oiseaux exotiques.
Oiseaux de luxe (V. Oiselier).
Acclimatation des oiseaux (V. Acclimatation, t. I,
p. 288).
Empaillage des oiseaux (V. Empaillage).
Plumes d'oiseaux. Oiseaux de parure (V. Plume).
V. Mécanique. — Oiseaux mécaniques (V. Aviation).
VI. Art héraldique. — Les oiseaux sont représentés
généralement de profil ou de ilanc. Exception est faite pour
l'aigle, la merlette, la grue, le pélican, le phénix et le
paon. On les dit animés, becqués, langues, membres ou
armés, selon que les yeux, le bec, la langue, les pattes
ou les griffes sont d'un émail différent de celui du corps
de l'oiseau.
BiBL. : Zoologie. — Oisenux vivants. — Sharpe, Ga-
Dow, Seebom et ScLATER, Ciitcilogue of Birds in the
British Miiseuni, 1874-98, 27 vol. iii-8, avec pi. — Schlegj-il,
Muséiun d'histoire naturelle des Pays-Bas, Oiseaux (in-
complet), 1862-86. — Gray, Tfie Gênera of Birds, 1814-49,
3 vol. avec 336 pi. — Reichenbacii, Vollstandigsten Na~
turgeschichte der Vogel, 1850-61, 20 parties et généralités
avec plusieurs milliers de fig. col. — Chenu et O. des
Murs, Histoire naturelle des Oiseaux, 6 vol. et table avec
fig. — O. DES Murs et Verreaux, Leçons élémentaires sur
l'histoire naturelle des Oiseaux,' 1862, 4 vol. — Dresser.
History of the Birds of Europe, 1871-82, 8 vol. iii-4 avec
633 pi. col. ; et les grands ouvrages in-fol. et in-4 avec pi.
col. de GouLD, WiLSON, AuDUBON, etc. — Giebel, Thé-
saurus Ornithologiœ, ISl'^-ll^in-S, avec bibliographie plus
complète. — Nitzsch, Pterylography (Roy. Soc), in-l'ol.,
1867.
Paléontologie. — A. Milne Edwards, Reclierches
anatomiques et paléoniologiques sur les Oiseaux fossiles
en France, 1867-72, 4 noI. in-4, dont 2 de pi. — Zittel,
trad. Barrois, Traité de paléontologie, 1893, t. IIl, pp.797-
857, avec bibliographie plus complète.
OISEAU-NIOUCHE. L'ancien genre Tro<:^/i//2;s de Linné,
qui comprenait tous les Oiseaux désignés sous les noms
de Colibri et à' Oiseau-Mouche, est aujourd'hui le type
d'une nombreuse famille [Irochilidés) qui renferme près de
oOO espèces réparties en 127 genres, tous propres à l'x^mé-
rique chaude (région néotropicale). Cette famille, classée
par Cuvier dans ses Passereaux ténuirostres, a été rap-
prochée, par les naturalistes modernes, des ùjpselidés et
des Caprimulgidés , en raison des caractères ostéologiques
que les Oiseaux-Mouches présentent en commun avec les
Martinets et les Engoulevents, malgré la forme du bec si
différente à l'âge adulte ; mais les Trochihdés sortent de
l'œuf avec un bec plus court, et qui s'allonge avec l'âge.
Les caractères de la famille sont les suivants : bec grêle,
cylindrique, allongé, droit ou recourbé vers le bas (rare-
ment vers le haut), quelquefois finement dentelé en scie
vers la pointe; langue extensible, tubuleuse, bifide ; ailes
longues, pointues, suraigués, ayant 40 pennes primaires
dont la première est la plus longue ; pennes secondaires
réduites à six ; queue de forme très variable ; pattes très
courtes à doigts longs et minces, à ongles crochus. Sou-
vent des plumes squamiformes brillantes sur diverses
parties du corps. La taille varie de celle d'un Martinet
(Patagona gigas) à celle d'un Bourdon, et la famille ren-
ferme les plus petits Oiseaux connus. La force et la lon-
gueur du bec varient beaucoup d'un genre à l'autre : il
en est de mémo de la longueur des ailes et surtout de la
forme et de la disposition des plumes caudales. Le plumage
est ordinairement d'un vert cuivreux dessus avec les ailes
noires, plus clair ou blanc dessous, mais relevé chez le
mâle de plastrons de plumes écailleuses à reflets brillants
et irisés où toutes les couleurs du prisme sont représentées
du violet au bleu saphir en passant par le grenat, l'amé-
th3ste, le rubis, la topaze et l'émeraude. Ces plastrons
affectent quelquefois la forme de cravates, de huppes,
Oiseau-MoucUo {Lesbia ptiaon).
d'oreiUes ou d'aigrettes plus ou moins détachées du
corps. Les femelles sont plus simplement vêtues, sauf
dans quelques genres {Petawphora, etc.) où elles ont la
même parure que le mâle : elles ont aussi la queue plus
courte dans les espèces dont le mâle a les pennes caudales
très allongées. Les jeunes, jusqu'à l'âge de deux ou trois
ans, et les mâles en dehors du temps des amours ressem-
blent aux femelles, ces parures constituant leur;; /m>/?y7^(?
de noce.
Le squelette est construit sur le môme type que celui
des Martinets et indique des Oiseaux très bons voihers, ce
que confirme la forme de l'aile. Il est aujourd'hui bien
prouvé que les Oiseaux-Mouches se nourrissent non seu-
lement du nectar des fleurs, mais surtout des petits Li-
sectes qu'ils capturent dans la corolle de ces tleurs, à
l'aide de leur langue bifide, car on trouve des débris de ces
insectes dans leur gésier. Toutes les fois que l'on a essayé
de les nourrir en captivité exclusivement à l'aide de miel
ou d'eau sucrée, on les a vus mourir, au bout de quelques
semaines, dans un état de maigreur extrême. La langue
est longue et fihforme, fixée derrière le crâne par un os
hyoïde grêle, semblable à celui du Pic, de telle sorte que
l'Oiseau peut la faire saillir de toute la longueur du bec :
son extrémité bifide forme deux petites spatules qui, en-
duites d'une salive gluante, saisissent facilement les petits
insectes et se rétractent rapidement comme mues par un
ressort. On les voit aussi saisir de grosses mouches au vol
et même aller chercher ces insectes dans les toiles d'arai-
gnées.
Les Oiseaux-Mouches sont répandus depuis le S. du
Canada (Trochilus coluhris) jusqu'au ChiH patagonien
(Eustephanus galeritus), mais le plus grand nombre des
espèces est propre au Mexique, aux Antilles, à la Colom-
bie, à la Guyane, au Brésil, au Pérou et à la Bolivie. Dans
la chaîne des Andes, ils s'élèvent jusqu'à 3 et 4.000 m.,
et le genre Or eo trochilus se voit au sommet du Pichincha
et du Chimborazo, volant à la hmite des neiges perpé-
tuelles. Une espèce (Eustephanus fernandensis) est
propre à l'ile de Juan Fernandez ; d'autres se trouvent aux
mi
OISEAU-MOUCHE
îles Très Murias, mais ou n'en trouve pas dans rarchipel
des Gailapagos. Beaucoup d'espèces sont de passage, no-
tamment aux îles Bahamas et dans le S. des Etats- ITnis ;
mais ces migrations ont été peu étudiées. Un général,
chaque espèce est cantonnée dans une région bien détinic
et remplacée ailleurs par des espèces du même genre ou
de genres différents.
Les Oiseaux-Mouches sont des êtres d'une vivacité ex-
trême. On les voit pendant le jour visiter les plantes cou-
vertes de fleurs en faisant miroiter au soleil les plastrons
de leur plumage qui jettent des feux comme des pierres
précieuses. Leur vol bourdonnant (en anglais on les nomme
huniming-bml) avertit souvent de leur présence avant
qu'on ait pu les apercevoir, et rappelle le bruit de l'aile
de notre Sphynx bourdon (Macroglossa). Leurs mouve-
ments ressemblent beaucoup à ceux de cet insecte, alors
qu'ils se maintiennent, d'un rapide mouvement d'aik-s,
devant les fleurs tubuîeuses, enfonçant leur bec au fond de
la corolle pour y saisir les insectes. On prétend qu'ils peu-
vent voler le dos tourné vers le bas, en s'aidant de la
queue, ce qui est très rare chez les Oiseaux. Leur cri est
strident, mais faible, et leur chant est monotone. Leur vol
est si rapide que l'œil ne peut les suivre au delà de
quelques mètres : on ne les voit ])ien que lorsqu'ils buti-
nent autour desileurs ou se perchent sur une branche pour
se reposer et hsscr leur plumage.
Leur nid (V. ce mot) est très artistement tressé des
matériaux les plus lins et tapissé extérieurement de hchens
qui le dérobent à la vue au miheu des végétaux qui l'en-
tourent. Ce nid est fixé à l'écorce d'une branche, à la face
intérieure d'une grande feuille lancéolée ; souvent des toiles
d'araignées servent à lui donner plus de consistance, ou
bien un lourd pendentif lixé à sa partie inférieure l'em-
pêche de se renverser sous l'effort du vent lorsqu'il est
simplement suspendu. Les Oréotrochiles montagnards atta-
chent leurs nids aux rochers comme les Salanganes. Il nj
a jamais ({ue deux (rufs blancs, sans taches, mais il y a
souvent deux couvées successives chaque année : c'est le
cas pour hTrochilus cohibris des Etats-Unis. Les petits
sont nourris par les parents qui leur dégorgent la nourri-
ture à la manière des Hirondelles, jusqu'à ce qu'ils soient
en état de quitter le jjid. Les petites espèces surtout sont
d'un naturel querelleur et batailleur, attaquant tous les
autres Oiseaux, même de leur espèce, qui s'approchent de
leur nid ou de l'espace qu'ils considèrent comme leur do-
maine, et mettant audacieusement en fuite des Oiseaux dix
fois plus gros qu'eux. On les capture assez facilement, sur
les fleurs, à l'aide d'un fllet à papillons.
Les Oiseaux-Mouches vivent difficilement en captivité.
Cependant, dans leur pays natal, on peut les garder en
cage, pendant quelques mois, en leur donnant chaque jour
les fleurs fraîches qu'ils recherchent d'habitude el dans
lesquelles ils trouvent les petits insectes dont ils se nour-
rissent. BeuUoch, au Mexique, en a réuni près de soixante-
dix à la fois, d'espèces variées, dans une vaste cage où
se trouvaient des vases remphs d'eau sucrée, dans laquelle
trempait le pédoncule des fleurs, telles que celles du Big-
nonia ou du grand Aloès. C'est un spectacle curieux de
voir les plus petits prendre des libertés surprenantes avec
les grandes espèces. « Par exemple, lorsque la perche était
occupée par l'Oiseau-Mouche à gorge bleue, le Mexicain
étoile, véritable nain en comparaison du premier, s'éta-
bhssait sur le long bec de celui-ci et y demeurait pendant
plusieurs minutes, sans que son compagnon parut s'offen-
ser de cette famiharité. » Par contre, on a pu très rare-
ment en transporter vivants jusqu'en Europe, et la plu-
part sont morts au bout de quelques jours, malgré tous
les soins et faute d'une nourriture convenable. On sait la
consommation que la mode a faite, à certaines époques et
tout récemment encore, de la dépouille de ces charmants
Oiseaux que l'on détruit par mifliers dans leur pays d'ori-
gine ; cette desti'uction est inflniment regrettable et plu-
sieurs espèces sont déjà d'une rareté extrême dans des
régions où ils abondaient autrefois: on peut prévoir leur
extinction complète.
La classiflcation des Trochilidés présente de grandes dif-
ficultés en raison de la variété de formes que présente ce
groupe d'une oi'ganisation d'ailleurs très uniforme. L'an-
cienne division en Oiseaux-Mouches à bec droit et Coli-
bris à bec recourbé est depuis longtemps abandonnée, car
Oiseau-Mouche {Dociinastes ensîfcr).
on trouve tous les intermédiaires. Salvin divise la famille
en deux sections ; les Serriroslres à bec dentelé sur le
bord et les Léuirostres à bec hsse; mais, comme le fliit
remarquer i^]. Simon, le fait que Salvifi a été obligé de
créer, sous le nom à'Inlennàliaires, une ti^oisième sec-
lion plus nombreuse que la première prouve combien cette
classiflcation est artificielle. Il jsenfljle préférable de ranger
les 127 genres de lafamiUe en une seule série, comme Ta
fait Simon, sans tenir compte de la serrulation du bec, qui
n'est qu'un caractère générique, mais en groupant les
genres qui ont des aflinités réefles et passant insensible-
ment des types à bec fort et robuste aux types à bec grêle
et faible. Dans cette revue rapide, nous signalerons seule-
ment les types les plus saillants, renvoyant pour les autres
aux monographies signalées dans la Bibhographie, notam-
ment au grand ouvrage de Gould, où presque toutes les
espèces sont admirablement figurées. A l'article Oiseau
(V. ce mot), on a indiqué la structure des plumes écailleuses
à reflets irisés, si communes chez les Trochihdés.
Les genres Rhaniphodon et Eutoxeres renferment des
espèces de grande taille, à bec robuste, droit dans le pre-
mier, fortement recourbé dans le secoiul, à plumage peu
brillant. Le bec est serrulé dans le premier, dépourvu de
dents dans le second où la courbure du bec semble sup-
pléer cette denticulation. L'Eutoxkre à uec d'akîle {Eu-
toxeres aiiuila) est des Andes de Panama et de l'Equa-
teur. Le genre Pliœtornis, très nombreux en espèces et
à queue étagée, s'en rapproche, mais le bec est plus grêle
et moins forteuîent recourbé. Le Colibri ermite {Pli. ere-
mila) du Brésil en est le type. Caïupylopterus est remar-
quable par la force de ses ailes dont la penne externe a la
tige dilatée en forme de faux. Les mâles ont la tête bleue.
Ils sont de Colombie et remplacés au Mexique par le geni e
Pampa. Le Feorislige à gorge bleue {Florisuga melli-
vora) des Antilles, une des espèces les plus anciennement
connues, a les tectrices caudales médianes aussi longues
(jue les i^ectrices. AphantocJiroa (V. ce mot) en est voi-
sin. Le Patagona gigas, le plus grand des Trochilidés, a
des couleurs assez ternes, le l)ec droit non dentelé. 11 habite
les Andes de l'Equateur, du Pérou et du Chih. Des Ayna-
7Alia (V. ce mot) ou Becs de corail, eu doit rapprocher
OISEAU-MOUCflE
348 —
les geuros Uranoatilni, Eucepliala, liasilhnid et Ili/lo-
charis, qui sont souvent blancs ou fauves dessous
avec un plastron bleu brillant chez les mâles, et habitent
la Colombie, la Guyane et le Brésil. Près du genre CJilo-
rostilhon (V. ce mot) se placent les genres liicordia (des
Antilles) et Piniterpe de Costa-Bica; ce dernier, dont la
femelle est aussi brillante (|ue le mâle, porte un plastron
d'un rouge orangé doré, suivi d'une tache bleue ; le dessus
est d'un vert foncé lustré passant au bleu et au noir. Dans
les Thalnriana, au contraire, les sexes sont très dissem-
blables {Th. glaucopis, commun au Brésil), les femelles
n'ayant rien de la parure des mâles.
Par contre, Petasophora, dont le bec est dentelé et
dont r An AÏS de Lesson est le type, nous montre des fe-
melles ornées comme les mâles de petites ailes de plumes
brillantes formant cravate des deux côtés de la télé et
d'un bleu ou violet magnifique qui tranche sur le vert
doré du reste du corps {P. iolata des Andes de la Co-
lombie et du Pérou). Avocettula (V. ce mot) prend place
ici. Le CoLumi de la Jamaïque (Lampornis mango) est
en dessous d'un beau noir velouté avec les côtés du cou
cravatés de rouge violet. Le Rubis-topaze (V. Chrysolam-
pis) a chez le mâle une huppe d'un beau rouge carmin
avec la gorge d'un jaune doré éclatant; il vit à la Guyane
et dans les régions voisines, et c'est une des espèces que
l'on trouve le plus communément chez les plumassiers. Les
Eulampis, dont le bec est fortement dentelé, recourbé,
plus long chez les femelles que chez les mâles, sont des
oiseaux relativement grands et trapus ; le Colibri grenat
{E. jugularis), noir avec la gorge d'un rouge violet, est
de la Martinique.
Tous les genres qui suivent ont le bec dépourvu de dents.
Smaragdites, Chrijsobronchiis (ou P ol y tmii s) sont delà
Guyane, des Antilles et de l'Amazonie. Leiicochloris a,
même chez le mâle, la poitrine blanche sans plastron bril-
lant. Aethurus polytmus, de la Jamaïque, se distingue,
dans la famille, par ses ailes dont la première rémige est
un peu plus courte que les suivantes ; le mâle a deux plumes
de la queue très longues (trois fois plus longues que le
corps) : c'est le Colibri a tête noire des anciens auteurs.
I^e genre Topaza renferme deux magnifiques espèces : le
Colibri topaze (7. pella), de la Guyane, d'un rouge sombre
dessus, carminé dessous, avec la gorge dorée bordée de
noir, et le T. pyra du Rio Negro, non moins brillant. Près
de ce genre se place Oreolrochilus, si remarquable par son
habitat au sommet des plus hautes montagnes et des vol-
cans des Andes, de l'Equateur au Chili ; les mâles ont sou-
vent la tête et la gorge d'un beau bleu irisé comme VO.
chimboraw, le reste du ventre blanc ou roux. Urochroa
et Sternoclyta sont voisins; St. cyanipectus du Vene-
zuela a la gorge émeraude avec la poitrine d'un bleu sa-
phir. Chez les Cœligena,h gorge est bleue pâle, rose ou
violette, suivant les espèces (pii habitent le Mexique et la
Nouvelle-Grenade. Le Grand-Rubis (C////o/«?mfl rubined),
commun dans le S. du Brésil, a la gorge d'un beau rouge
carminé. Ileliodoxa et Hylomjmpha sont voisins. VEu-
geniaimperatrix, de l'Equateur, a la queue profondément
fourchue, une tache frontale émeraude et la gorge violette.
Les Helianthea ont un bec long, droit, au moins de la
moitié de la longueur du corps, et certaines espèces (sous-
genre Diphlogaena) à plumage roux ont le sommet de la
tête très brillant, rouge feu, jaune d'or ou bleu saphir.
Toutes sont des Andes, du Venezuela au Pérou et à la Bo-
livie. Mais le caractère du bec est encore exagéré dans le
genre Docimastes, dont l'unique espèce {D. ensifer) a cet
organe plus long que le corps entier, pointu, droit ou même
légèrement recourbé vers le haut. Cet Oiseau, d'un vert
brillant, de grande taille, habite les hautes montagnes du
Venezuela et de l'Equateur. La femelle moins brillante a
le bec encore plus long que le mâle. Pterophanes Tem-
tnincki, le plus gros des Trochilidés après Patagona gi-
gas, en est voisin, ainsi qiiAglœaetis (V. ce mot) et Bois-
soneauxia (ou PanopHtes).
Le genre Spalhard est remarquable ])ar les touti'es de
plumes blanches ou rousses qui garnissent les pattes au-
dessus des doigts, formant de petits manchons tloconneux.
La queue est fortement fourchue et les rcctrices externes
se terminent par une palette arrondie, précédée d'un ré-
trécissement. Ces Oiseaux, plus petits que les précédents,
habitent la (kdombie, le Pérou, la Bolivie. E'i)gyele et
Eriornemys ont des manchons du même genre, plus ré-
duits dans Vrostirte. AdeJoiiuja (V. ce mot), Heliau-
geh(s et Metallura ont la queue plus courte et souvent
des plaques gulaires à reflets de couleur variée suivant les
espèces. Le genre Eiistephanus est celui qui pénètre le
plus au S., comme nous l'avons dit [E. galeritiis du
Chih; E. fernmidensis de Juan Fernandez et E. Leyboldi
de l'île voisine de Masafuera) ; la tète est parée d'une huppe
d'un rouge brillant.
Le genre Lesbia (ou Sapho) est le type d'un beau
groupe très remaniuahle par sa queue fourchue deux ou
trois fois plus longue que le corps, chez les mâles : dans
L. phaon des Andes de Bolivie, la queue est d'un rouge
carminé brillant; dans L.spar garnira du Chili et de l'Ar-
gentine, elle est d'un rouge cuivreux; mais, chez les deux
espèces, les rectrices sont terminées par une bande d'un
noir velouté. Dans le genre Cyauolesbia (ou Cynanihiis).
la queue a la même forme, mais sa couleur est d'un beau
bleu ou d'un vert changeant, et les espèces habitent les
Andes de l'Equateur et de la Bolivie. Le bec est assez court,
droit, et passe au genre suivant.
Hamphomicron se distingue par son bec plus court que
la tête, ce qui est exceptionnel chez les Trochilidés. Le mâle
du P\h. microrhyiichum, de Colombie, porte une étroite
barbiche d'un vert doré. Dans le genre voisin, Oxypogon
des Andes de Colombie, le plumage est mou, peu brdlant.
Augastes (V. ce mot) et Schistes prennent place ici. Helio-
thrix, qui a le bec exceptionnellement denté, mais surtout
en lame de poignard^ porte une queue à rectrices étroites,
plus courte chez le mâle que chez la femelle. //. auritus,
très répandu, des Antilles au S. du Brésil, porte deux pe-
tites touffes d'un bleu violet en forme d'oreilles. Heliactin
cornutvs du Brésil, plus élégant encore, porte deux
aigrettes d'un rouge doré tranchant sur les plumes bleues
du sommet de la tête.
Dans les genres suivants, tous de petite taille, la dispo-
sition de la queue est très variable, souvent formée de
plumes effilées, pointues ou inégales : Ihanmasfura, dont
le type est rOiSEAu-MoucHE Cora (TJi. cora) du Pérou occi-
dental, a la gorge d'un beau rose lilas à reflets gorge-de-
pigeon ; la queue est longue, à rectrices étroites, blanches
et noires. Les genres Calli thorax et CallipMox
se placent ici. Myrmia micrura, de l'Equateur, est
très petit, à plumage mou et peu brillant. Le genre Tro-
chilus proprement dit a pour type I'Oiseau-Mouche rubis
{Tr. colubris), qui vient nicher, au printemps, dans le
S. des Etats-Unis, qu'il quitte à l'automne pour aller
hiverner plus au S. Acestrura et Atthis (V. ces mots)
sont voisins, et Polyxemus Iwmlnis, des Andes de l'Equa-
teur, à gorge d'un beau rouge, est peut-être le plus petit
de tous les Oiseaux-Mouches, n'i'tant guère plus gros qu(*
notre Sphinx bourdon. Melliniga minima, des Antilles,
considéré longtemps comme tel, est un peu plus gros.
Les genres Bellona, Stephanoxis (ou Cephalolepsis),
Claïs, Lophornis, renferment de petites espèces très re-
marquables par les huppes et les (cravates étalées en éven-
tail, dont leur front et les côtés de leur cou sont ornés, et
qu'ils relèvent en faisant la roue devant leurs femelles. Ils
sont des Antilles, de Colombie et du Brésil, et sont dési-
gnés vulgairement sous les noms de Huppe-col, Hausse-col
et Coquette. Les genres Almflia (V. ce mot), Micro-
chera, qui renferment aussi de très petites espèces (il/, al-
bocoronata, des Andes de Panama), et Popelairea, ter-
minent cette série. Loddigesia mirabilis, enfin, remar-
quable par ses ailes courtes et sa queue, dont les d(Hix
rectrices médianes, très longues, se terminent par une large
^)^9
OLSKAl-MOLlCtlE — 0J1^J)A
palette, esl tout à fait isolé par ses caracli^i'es et lial)ile le
Pérou central. E. Trollssart.
Oiseau de PARAms (V, Paradisier).
BiBL. : Got/LD Pt SiJARPE, T'tiP TrorhiUd'cC or Hum-
ming-Birds v.tlh Supplément ; l^oudres, 1850-57, 420 pi.
col.,' en 30 hine. ou 0 vol. in-fol. — Mulsan r et Ykk-
rkaÎjx, Histoire naturelle des Oiseaux-MoiieheH ou Co-
lifyris, 1874-7*», 4 vol. avec 120 pi. col. — Lf.^^(^n, ///.s-
ioire nat^irelle des Colibris et Oiseaux de paradis, l.S22-!^5.
4 vol., 260 pi. col. — - Elliot, Classification and synopsis
of the Trochilida^ \s'ith 127 i\^., 187i). — l-fKicHKXBACJi.
Vollstaud. Natnry. der Colibris, 1855-02, avec 176 pi. col..
584 fig. — SiiARi'ic'et Salvin, Catalogue of Birds in British
Muséum, 1892. XVI. — E. Simon. ïievision des genres de
la famille des Trochilidès, clans Feuille des jeunes natura-
listes, 1897-08.
OISELAY-et-Graehalx. Coiii. du dép. de la Haiile-
Saùne, arr. de (jray, cant. de G y ; 5o0 hab.
OISELIER. Les oiseliers, que les anciennes ordonnances
de police appellent aussi très souvent oiseleurs, ont été
réunis de bonne heure en corps de métiers. Ils devaient,
lorsque le roi faisait son entrée solennelle à Paris, effec-
tuer un lâcher de 500 petits oiseaux, et, au moment de
la Révolution, ils constituaient une corporation assez nom-
breuse, dont les statuts dataient de 1647. Leur quartier
général était déjà au quai de la Mégisserie, sur la rive
droite de la Seine, en plein midi. Il s'est étendu depuis à
droite et à gauche, entre l'hôtel de ville, en amont, et la
colonnade du Louvre, en aval, et il se lient, en outre, le
dimanche, un marché aux oiseaux sur l'emplacement du
marché aux fleurs de la Cité. L'industrie des oiseliers s'est,
du reste, dans le courant du siècle, beaucoup développée.
Ils font surtout commerce d'oiseaux de luxe ou d'agré-
ment : oiseaux exotiques (perruches, inséparables, cana-
ris, papes, évèques, veuves, colibris, bengalis, etc.) rap-
portés des pays lointains par les matelots ou reproduits en
volière, et oiseaux de France (rossignols, pinsons, char-
donnerets, rouges-gorges, fauvettes, etc.). Ils vendent aussi
des œufs d'espèces rares de volailles et de gibiers, pour le
peuplement des basses-cours et des parcs, ainsi que des
couples reproducteurs desdites espèces. Quelques pies, des
merles, des geais, des corbeaux blancs, des furets et des
souris blanches apprivoisées complètent en général leur
petite ménagerie.
OISELLERIE. C'est l'art de prendre et d'élever les
oiseaux. C'est aussi l'étabUssement, le lieu, où cet élevage
est pratiqué avec des soins particuliers et où sont mises
en œuvre les différentes méthodes de multiplication et de
croisement. Les oiseaux utiles trouvent, d'ailleurs, asile,
tout aussi bien que les oiseaux d'agrément, dans les oisel-
leries, et, d'ordinaire, celles-ci comportent, outre une
basse-cour, une faisanderie et une volière. Il en existe
dans la plupart des jardins zoologiques, dans certaines
fermes modèles et dans les communs des grands châteaux
(V. au nom de chaque oiseau, et aux mots : Bâtiment,
t. V, p. 780, Faisanderie, Yoeïère, etc.).
OISE MONT. Ch.-I. de canl. du dép. de la Somme, arr.
d'Amiens; i.207 hab. Stat. du chem. de fer du Nord.
Patrie du conventionnel André Dimiont (V. ce nom).
OISILLY. Com. du dép. de la Céte-d'Or, arr. de Dijon,
cant. de Mirebeau-sur-Bè/e ; 17i hab. Stal. du chem. de
ïev de ri'st.
OISLY. Com. du dép. du Loir-et-Cher, arr. de Blois,
cant. de Contres ; 427 hab.
OISON (L'). Ruisseau du dép. de YEure (V. ce mot,
t. XVI, p. 759).
OISON. Com. du dép. du Loiret, arr. de Pithiviers,
cant. d'Outarville ; 236 hab.
OISONVlLLE. Com. du dép. d'Lure-et-Loir, arr. de
Chartres, cant. d'Anneau ; 432 hab.
OISSEAU. Com. du dép. de la Mayenne, arr. et cant (0.)
de Mayenne ; 2.475 hab.
OISSEAU-le-Petit. Com. du dép. de la Sartlie, arr.
de Mamers, cant. de Saint-Paterne ; 723 hab.
0 ISS EL. Com. du dép. de la Seine-Inférieure, arr. de
Rouen, cant. de Grand-Couronne, sur la rive gauche de
la Seine ; 3.948 bal). Slal. du chem. de kv de fOuesL Port
sur la Seine. Industrie très active : chaudronnerie, tila-
tures, blanchisseries, outils de filatures. Tuilerie. Pont du
chem. de fer sur la Seine.. Manoii' de la Chapelle du
\vi*' siècle.
OISSERY. Com. du dép, de Seine-et-Marne, arr. de
Meaux, cant. de Dammar(in-en-Goèle ; 438 hab. Froma-
geries. Curieu.\ monument funéraire du xiii« siècle (mon.
hist.). Patrie de Guillaume des Ban'es (V. ce nom).
OISSY. Com. du dé]). île la Sommi\ arr. d'Amiens,
cant. de Molliens-Vidame ; 240 hab.
OISY. Com. du dép. de la Nièvre, arr. e! cant. de Cla-
mecy ; 637 hab.
OISY. Com. du dép. du Nord. arr. et cant. (S.) de
Valenciennes ; 261 hab.
OISY-LE- Verger. Com. du dép. du Pas-de-(^alais. arr.
d'Arras, cant. de Marquion ; 2.249 hab. Distillerie de
betteraves, fabi'ique de sacs, lourneries, brasseries, bi-i-
([ueteries, fours à chaux. Commerce de lin. Lghse mo-
derne de style roman, renfermant le beau reliquaire du
xiii*^ siècle de la Sainte-Epine. Ruines de l'abbaye des re-
hgieuses cisterciennes du Verger, fondée en 4253, dont ie
clocher a été converti en pigeonnier.
OISY (Huon d'), baron et poète fran(:aisdu xii^' siècle,
mort vers 1191. Bien qu'il appartint à l'une des plus
puissantes familles féodales de l'Ile-de-France, ce qu'on
sait de sa vie est fort peu de chose ; il est surtout connu
comme l'un des premiers poètes ayant cultivé au Nord la
poésie méridionale, dont il transmit les secrets à son jeune
parent, le célèbre Conon de Béthune. S'étant brouillé avec
celui-ci, il dirigea contre lui un violent « serventois »,
où il lui reprochait d'avoir abandonné la Terre Saint«î
(1191) avant l'entier accomplissement de son vœu; l'au-
thenticité de cette pièce a été récemment contestée sans
raisons bien probantes. Il est, en outre, l'auteur d'une
composition de sens assez énigmatique, le Toiirnoienienl
des dames (P. Paris voudrait la rapporter à Fan 1183),
où il représente un grand nombre de nobles dames de son
temps se livrant à une joute. Ces deux pièces ont été
publiées plusieurs fois (V. Bibl.) ; une nouvelle édition de
la seconde va uaraitre dans le numéro sous presse de la
Roman ia (avr! 1899). A. .1.
Bibl. : I^. Paris, Romancero français, 1833, p. 103. —
A, iJiNAUx, Trouvères cam/)ré8Je?is. 183l),p 121).— Liî^roux
DE LiNOv, Citants lùstoricpies français, I, p.- 110. — His-
toire littéraire de la France^ XXllï, p. 023. ~ Walli^n^-
KoLu, les Cliansons de Coaou de Béthune ; Ilelsin.urors,
1891, p. 101. — Brakelmanx, ^cs Pltis Anciens ('hanson-
niers français^ 1891, p. Mi.
OITOZ. Col des Karpates (846 m.), menant du comitat
transylvain de Haromszek à la vallée moldave du Trotus.
OIZÉ. Com. du dép. de la vSarthe, arr. de La Flèche,
cant. de Pontvallain ; 796 hab.
0 J E DA (Don Alonzo de), voyageur espagnol, né à Cuenca
vers 1463, mort au commencement du xvi*" siècle. Il fut
un des premiers qui découvrirent l'Amérique : lieutenant
de Christophe Colomb, il fut plus tard le compagnon d'Amé-
ric Vespuce et le chef de Pizarre et de Cortés. Flevé chez
le duc de Médina-Celi, il se signala par un courage excep-
tionnel dans les guerres contre les Maures. Il lit partie
des aventuriers recrutés par Colomb pour son deuxième
voyage (23 sept. 1493); le 22 nov.,le bateau aborda dans
la baie de Samara, à la pointe est d'Hispaniola : Colomb
apprit là le massacre des soldats qu'il avait laissés à La
Navidad à son premier voyage et résolut d'envoyer un dé
lâchement commandé par Ojeda dans l'intérieur de l'île.
Ojeda partit avec quinze cavaliers et atteignit Cibao après
six jours de marche au S. ; en avr. 1494, il tit une ex-
pédition sur les bords du Rio del Oro et s'empara par la
ruse de Caonabo, un des caciques des Caraïbes.
Ojeda se brouilla peu de temps après avec Colomb et
revint en luspagne intriguer contre lui auprès de l'évèque
de Badajoz, Fonseca, son protecteur; puis il arma quatre
vaisseaux et partit avec un des armateurs, Americo Ves-
OJEDA - O'KELLY
— 330
puccio, le ^20 mai 1499; après vingt-sept jours de tra-
versée, il découvrit le continent américain et aborda à un
endroit qu'il appela Venezuela (Petite-Venise, parce que
les habitations étaient bâties sur pilotis); il suivit la côte
pendant 80 lieues, jusqu'au golfe du Paria, puis, guidé
par les cartes de Colomb, atteignit le cap de la Vêla; en
sept. 4499, il aborda à Yaquimo. Colomb, inquiet de son
débarquement, envova un de ses capitaines pour voir Ojeda :
celui-ci ne put réaliser son intention qui était de déloger
Colomb de Santo-Domingo et revint à Cadix (fév. -1500).
où il vendit de nombreux esclaves pris pendant son voyage.
]]n loOl, Ojeda et Vespuce repartirent de Cadix et abor-
dèrent dans le golfe d'Craba : Ojeda fut emprisonné par
ses matelots et enfermé à Yaquimo. En 4o08, il reparaît
et obtient le gouvernement d'une province appelée Nueva-
x4ndalucia : Ojeda reprit la mer avec 300 hommes parmi
lesquels se trouvait François Pizarre ; Cortés, malade, s'était
engagé dans l'expédition, mais ne put la suivre. Après des
aventures diverses et des revers considérables, il fonda
San Sébastian, puis débarqua à Cuba où les naturels détrui-
sirent sa bande. Revenu à Hispaniola, il ne survécut pas à
ses fatigues et fut inhumé dans l'église des Franciscains
de Santo-Domingo. Ph. B
OKA. Mesure de capacité employée dans les Balkans.
Pour les liquides elle vaut i^^S283, pour les grains 'P'^537,
en Valachie. Pour l'huile, en Grèce, elle pèse 1.280 gr.
L'oka turque pesait 4.281 gr. et était comptée dans l'usage
pour 4/9 de la livre viennoise. L'oka monétaire pesait
environ 4.283 gr. Celle d'Egypte pèse 4.235s'^,3G, celle
de Tripoli 4.2205^,8, soit 2 1/2 artal.
OKA. I. Fdvière de Russie (Europe), principal affluent
de droite du Volga (bassin de la mer Caspienne). Elle
prend naissance dans les marais du gouvernement d'Orel,
à 350 m. d'alt., et traverse les gouvernements d'Orel,
Toula, Kalouga, Moscou, Riazan, Tambov, Vladimir et
Nijni-Novgorod, pour se jeter dans le Volga, près de la ville
de Nijni, après un parcours total de 4.500 kil. Direction
générale N.-N.-O. avec plusieurs détours, dans son cours
moyen, vers le S. et le S. -E. Cours d'eau considérable à
la ibis par son débit et par la valeur économique des ré-
gions qu'il traverse, considérées comme les plus importantes
de l'empire. Son bassin occupe une superficie de près de
6.000 kil. q. Navigable sur la plus grande étendue de son
parcours, l'Oka sert au trans])ort de marchandises destinées
à la province de Moscou et à Nijni, ou plus proprement
au Volga. Sa largeur, à partir d'Orel, augmente sensi-
blement, 60 à 400 m. ; la profondeur n'atteint pas, en
certains endroits, 4 m. ; en d'autres, elle dépasse 5 m.
Peu d'îles ; par contre, divers gués, même dans son cours
moyen. Fond plutôt sablonneux. Rives assez élevées, par-
ticulièrement la rive droite, et atteignant parfois, sur divers
points (gouv. de Kalouga), jusqu'à 40 m, d'élévation. Trafic
assez considérable, grâce aux villes importantes situées
sur le parcours : Orel, Kalouga, Toula, Riazan, Nijni-Nov-
gorod. Principaux objets transportés : céréales, lin, chanvre,
foin, objets manufacturés (toiles, tissus, quincaillerie).
La rivière est assez poissonneuse, mais peu exploitée sous
ce rapport. La rivière gèle habituellement des premiers
jours de novembre à la fin mars. L'Oka reçoit un très petit
nombre d'afïïuents, tous peu importants. (Quelques tra-
vaux de régularisation ont été entrepris en vue d'utiliser
ce cours d'eau, à la suite de l'expédition organisée, en 4894,
sous les ordres du général Tillo pour V étude des bassins
supérieurs des principaux cours d'eau de la Uiissie
(Saint-Pétersbourg, 4894).
IL Rivière de Sibérie, affluent gauche de l'Angara, dans
le gouvernement d'Irkoutsk. Descend des monts Sayan.
Direction générale N. Long, environ 800 kil., obstruée, en
grande partie, par des rapides. Reçoit un grand nombre
de petits cours d'eau. — Le nom d'Oka est donné encore à
plusieurs cours d'eau de moindre importance : 4^^ bassin
de la Kama, affluent de l'Ay (gouv. de Perm et d'Oufa);
long., 65 kil. ; 2^^ affluent de droite de la Kounia (bassin
, du lac Jlmen). gouvernement de Pskov ; long, environ
I 45 kil. ' P. Lem.
I OKAK.lledelacoteN.-E.duLabrador, par 5703 l'Iat.N.;
j 350 hab. (lisquimaux). Fondée en 4776.
I OKANDA. Peuple de l'Afrique occidentale dans le Congo
h^mçais. Son habitat est la contrée à cheval sur le cours
moyen du ileuve Ogooué.
ÔKAYARflA. Ville du Japon, ch.-l. d'un ken de la prov.
de Bizen, au S.-O. de Nippon, sur l'Asahi-Gava; 54.665
hab. (en 4894). Grand palais de l'ancien daïmio.
OKEECHOBEE (Lac) . Lac du centre de la Floride (Etats-
Unis), au N. desEverglades. Long, de 70 kil., il occupe
2.600 kil. q., mais sa profondeur ne dépasse pas 3 m.
On travaille à le dessécher. Il s'écoule par le Caloosa-
hatchee dans le golfe du Mexique.
OKEGHEiVl (Jean), illustre musicien belge du xv^ siècle,
né à Bavay ou dans une autre ville voisine du Hainaut
vers 4430, mort cà Tours vers 4513. Les détails de sa vie
sont peu nombreux et incertains : il fut probablement
élève de Gilles Binchois, premier chantre du duc de Bour-
gogne, n résulte d'un compte des officiers de la maison de
Charles y II, qui reçurent des habits de deuil à l'occasion
de ses funérailles, que Okeghem était en 4464 premier
chantre du roi ; il se rendit sans doute ensuite à l'abbaye
de Saint-Martin de Tours, dont il devint plus tard chantre
et trésorier et où il acheva sa vie. Okeghem jouit d'une
grande réputation de science et forma un grand nombre
d'élèves qui devinrent les musiciens les plus célèbres de
la fin du xv^ siècle et du commencement du xvi*^ ; il pa-
raît avoir été un véritable chef d'école : Vimitation et le
canon prirent une forme plus régulière et plus de déve-
loppement entre ses mains ; il fut aussi l'un des premiers
qui proposèrent ces combinaisons hérissées de toutes les
subtilités du contrepoint, qui contribuèrent à la perfection
des formes scientifiques quand leur abus eut disparu. On a
un canon à trois voix d'Okeghem, le hjrie à quatre voix
et le Bened ictus à deux voix de sa messe Ad onineni to-
niun, ainsi que le kyrie de sa messe Gaudeanius et plu-
sieurs messes conservées à la chapelle pontificale, à liome.
On a prétendu qu'Okeghem avait écrit une messe à trente-
six voix, mais une pareille composition ne paraît pas pos-
sible au XV® siècle, ou les morceaux écrits à six voix étaient
très rares et où le personnel des chapelles royales était en
petit nombre,
P.iBL. : Biii:x i/r, Je</n de Ohcijhain; Paris. 1893.
OKEHAiyiPTON. Bourgade d'Angleterre, comté de De-
von, sur rOkement; 4.879 hab. (en 4894). Ruines d'un
château du xi*^ siècle. Truites.
OKEL (Archit.). Nom donné en Egypte aux édifices du
genre de ceux que les Turcs et les Persans appellent ca-
ravansérails (V. ce mot). L'okel est à la fois un bazar,
un magasin, un atelier et une auberge où se rendent les
voyageurs et de préférence les marchands. Les okels sont
nom])reux au Caire et dans les principales villes d'Egypte
et, lors de l'Exposition universelle de 4\iris en 4867,
M. Drevct, architecte, avait été chargé par le vice-roi
d'édifier au Champ de Mars un de ces édifices dont le
plan, quoique un peu modifié pour recevoir certains ser-
vices, salle de commission, musée d'anthropologie et café,
et dont la décoration, empruntée à plusieurs okels d'As-
souan, donnaient cependant bien une idée des principales
dispositions et de l'aspect de ces édifices. Au milieu de
l'okel est une cour avec fontaine et latrines, entourée de
portiques sous lesquels s'ouvrent les boutiques et les ma-
gasins, tandis qu'au premier étage des chambres sont amé-
nagées autour des portiques ou des teri-asses couvrant ces
portiques. Charles Lucas.
BiBL. : A. Normand, VArcJiltecture dos nidions étriin-
(jùres à rExposUlon de 1861 ; Paris, 1870, deiii.-iol., pi.
OKELLOS DF. LUCANIE (V. OCELLUS).
O'KELLY (Charles), historien irlandais, né au château
de Screen (comté de Calsvay) en 46'21, mort en 4695. Fils
d'un lord catholique, il fut élevé au collège irlandais de
— 334
O'KRLl.Y
Saiiit-Omer, prit du service en 164^2 dans T armée du
marquis d'Ormonde et, après le triomphe du Parlement, se
retira en Espagne. De retour en Angleterre après la Res-
tauration, il siégea en iGS9 au Parlement irlandais et com-
manda un régiment. Battu en 1689 par le colonel Lloyd,
il tint encore dans l'île de Bafm jusqu'au 20 août 4691 ;
il fut alors obligé de se rendre à l'armée orangiste. Après
le traité de Limerick, il se tint dans la vie privée. On a de
lui : Macariœ Excidhim or the Destruction of Cyriis
(16M, nouv. éd. de la Camden Society en 1841, de
VIrîsh Archœloçfical Society en 1850, et du comte Plun-
ket en 189i). C'est une fort curieuse relation de la lutte
de Jacques II contre Guillaume III, en Irlande. R. S.
0' KELLY (James), homme politique irlandais, né à
Dubhn en 1845. Après avoir terminé ses études, il prit
du service dans l'armée française pendant la guerre franco-
allemande. Il passa ensuite aux Etats-Unis, écrivit dans
l^lSew York Herald et alla à Cuba, comme correspondant
de ce journal ; mais, emporté par la vivacité de son tem-
pérament, il donna son concours aux Cubains révoltés, fut
fait prisonnier et enfermé dans une forteresse, d'où il réussit
à s'échapper. Il a raconté ses aventures dans un livre inti-
tulé The Mambi Land. Il revint en Amérique, prit part
à l'expédition contre les Sioux (1876), séjourna en Algérie
et gagna le Soudan (1884) dans l'intention de servir dans
l'armée du mahdi. Après une série d'aventures extraor-
dinaires, il parvint dans les environs de Khartoumd'où il
envoya au Daily hews des lettres d'un vif intérêt. N'ayant
pu réahserson projet, carie gouvernement égyptien le fit
arrêter à Dongola, il revint en Angleterre et se lança
dans la politique. Un des partisans les plus actifs de Par-
nell, il fut élu en 1885 parRoscommonà la Chambre des
communes, réélu en 1886, il fut battu en 1892 par un
antiparnelliste. Il prit sa revanche en 1895. Toujours
violent, M. O'Kelly fut à diverses reprises frappé par la
Chambre des communes de la peine de la suspension. En
1 881-82, il fut même emprisonné comme suspect. 11 a fondé
et dirige à Londres VIrish Daily Independeiit. R. S.
OKEN (Lorenz), de son vrai nom Ockenfuss, naturahste
et philosophe allemand, né à Bohlsbachle le 1^=^ août 1779,
mort à Zurich le 11 août 1851. Oken est le plus célèbre
des philosophes appartenant à l'école dite des Philosophes
de la nature, qui s'efforça de faire pénétrer dans la science
et d'appliquer au monde réel le système d'idées générales
qui, depuis Kant, et k travers Eichte et ScheUing, avait
donné une direction nouvelle et originale à la métaphysique
allemande. Déjà ScheUing, en 1797, avait publié un livre
intitulé De VAme du monde, hypothèse de haute méta-
j3hysique, pour exphquer T organisme universel, dans lequel
il indiquait comment on peut retrouver dans le monde, dans
la vie môme, les lois abstraites de la philosophie transcen-
dantale. Oken se lança avec passion dans la voie de ces auda-
cieuses constructions tout en essayant de leur donner, par
une étude approfondie de l'histoire naturelle, une rigueur
plus scientifique. L'idée générale, qui se dégage de son œuvre
puissamment et aussi témérairement synthétique, est celle
deFunité absolue du plan de l'univers, qui réalise, à travers
tous ses degrés et par l'infinité même de ses formes, l'unité
divine. Un panthéisme universel, dans lequel il est possible
de suivre et de retrouver, jusque dans les plus infimes dé-
tails de l'organisation matérielle, l'unité logique du déve-
loppement divin, un infini qui se répète en se diversifiant :
tel est le monde. Tous les êtres représentent Dieu, chaque
être particulier manifestant une ou plusieurs qualités d'un
être supérieur et résumant en lui les qualités des êtres in-
férieurs. La continuité est ainsi étabhe dans le monde,
expression directe de l'activité divine : et l'œuvre d'Oken
apparaît comme une exacte application, au domaine des
sciences naturelles, du système de la monadologie.
La vie d'Oken donne l'exemple d'une prodigieuse acti-
vité intellectuelle. Dès 1802, il donne une vaste esquisse
de sa théorie dans un premier ouvi'age intitulé Grun-
driss der Natur philosophie, der Théorie der Sinne,
und der daraufgegriindeten Classification der Ihiere.
Il expose dans ce livre que les classes d'animaux ne sont
virtuellement rien de phis que la représentation des or-
ganes des seiîs : d'où la distinction des animaux en cinq
chisses : 1^ les Dermatozoa ou Invertébrés; 2° les Glos-
sozoa ou Poissons ; 3*^ les Rhinozoa ou Reptiles ; 4° les
Otozoa ou Oiseaux ; 5° les Ophtalanozoa ou Mammifères.
Va\ 1805, il publie la Génératioii (die Zeuguny) oti il
soutient que tout être organique consiste primitivement en
vésicules, masses protoplasmiques d'où sortent et se dé-
veloppent, par évolution, tous les êtres, hypothèse de gé-
nie que les découvertes récentes de l'analyse anatomique
ont confirmée. L'année suivante, en 1806, publication
d'un ouvrage intitulé Beilrdge zur vergleichenden Zoo-
logie, Anaiomie, Physiologie, où l'on trouve des re-
cherches neuves sur l'origine des intestins dans la vésicule
om])ilicale.
La récompense de ces travaux fut la nomination d'Oken
comme professeur à l'Université d'Iéna, en 1807. A cette
occasion, Oken prononça un discours d'ouverture en pré-
sence de Gœthe, conseiller privé et recteur de l'Univer-
sité, où il traitait de la signification des os du crâne. lien
tira ensuite un mémoire qu'il publia sous le titre de :
IJeber die Bedeutung der Schddelknochen, où se trouve
développée une idée entrevue, en même temps, par Gœthe
en Allemagne et par Dumeril en France, à savoir que la
tête est composée de vertèbres modifiées : découverte qui
apportait une confirmation éclatante aux idées générales
d'Oken, puisqu'elle montrait l'unité réaHsée dans le détail
(Hvers de l'organisation anatomique. En 1808, publica-
tion d'un traité Ueber das Universum als Iwrtsetzung
der Sinnensy stems, ou il expose que le monde et l'or-
ganisme ne se tiennent pas seulement en harmonie l'un
avec l'autre, mais qu'ils sont un en espèce. En 1809,
Lehrbilch der JSatur philosophie, classification nouvelle
des éléments, minéraux, végétaux, animaux, d'après ses
théories philosophiques. Chaque groupe d'animaux et de
végétaux est caractérisé par le développement qu'y acquiert
un des systèmes organiques, en sorte que les séries bota-
niques et zoologiques sont déterminées par les divers de-
grés de l'évolution organique. Oken y montre également
(]uo, de même qu'en chimie les combinaisons dérivent
d'une loi définie numériquement, de même en anatomie
les organes, en physiologie les fonctions, en histoire na-
turelle les classes, familles et genres, présentent entre
eux des rapports arithmétiques semblables. Ce livre pro-
cura à Oken le titre de conseiller à la cour.
En 1816 commence, sous sa direction, la publication
de Vlsis, eine encyclopàdische Zeitschrift vorzilghch
fïir NaturgescJiichie, vergleichende Anatomie and Phy-
siologie — revue générale, qui comprend non seulement
des articles sur les sciences naturelles, mais aussi des ar-
(icles littéraires et des bulletins pohtiques. Cette revue
attira à Oken les remontrances des Etats allemands, et la
cour de Weimar le mit en demeure de supprimer VIsis ou
d'abandonner sa chaire. Oken choisit ce dernier parti, l^a
])ublication de Vîsis fut interdite à Weimar : mais elle con-
tinua à paraître, jusqu'en 1848, àRudolstadt. C'est dans
Vïsis qu'en 1821 Oken avait, le premier, exposé l'idée
d'un congrès général périodique de naturalistes et de mé-
decins allemands. Le premier de ces congrès eut lieu l'an-
née suivante à Leipzig. C'est sur le modèle de ce congrès
qu'a été organisée la British Association pour l'avance-
ment de la science.
En 1828, Oken reprit son humble poste de privat-do-
cent à l'Université de Munich, récemment créée. Mais il
fut obligé de la quitter en 1832, à la suite d'attaques et
de calomnies. Il se réfugia àZurich où venait de se fonder
une université.
Oken a ouvert à l'étude de la nature des voies nouvelles
et pressenti des vérités dont plusieurs ont pris une place
importante dans la science. Carus, Geoffroy Saint-Hilaire,
Blainville, Owenlui doivent beaucoup. Peut-être son œuvre
uki:lly
0KI.A110MA
est-elle gâtée par une l'orme eiriphatique et une trop
grande systématisalion dïdées. 11 y avait là \\n danger
pour le développement de la science, danger que les élèves
d'Oken n'ont pas toujours su éviter = Oken a écrit en fran-
çais un seul ouvrage intitulé Esquisse d'un systèmed'aiKh
tiniiie, de phi/sioloffie et dliistoire naturelle (18 1^2).
Da Costa.
JiiJiL. : KcKi.R, L. Oheit: Siuit^uart, 1880. — (luTTr.i'U.
/.. Oken und sein VcrhœllnisH zur modonion Ent\\icJ!(;l-
nnfjf^lliporic, 1881
OKER. Rivière d'Allemagne, alll. g. de l'Aller, longue
de lOo kil. Célèbre par les pittoresques rochers de son
val supérieur (V. Harz).
La bourgade d'Oker (2.700 hab.), au débouché de ce val-
lon, renferme de grands établissements industriels où on
traite les minerais de plomb, et où on fabrique de l'acide sul-
furique, des couleurs, etc.
BiBL. : SciiuoHT, Gcoiiaosiedos Olierthals; Ilar/burg, 1889.
— Du même, Uevmatshunde des llidlenorls Oher, 1888.
OKHOTSK (Mer d'), dite aussi mer Toungonse ou
Lamoutique. Mer de l'océan Pacifique au N.-E. de l'Asie
comprise entre 4io-62« 16' lat. N. et i3;^-iGl« long. E.
Superficie environ 1.507.600 kil. q. Elle est bornée
à l'O. et au N. par les côtes de l'Asie, au N.-S. par la
côte du Kamtchatka, au S. par la traînée des îles Kou-
l'ilcs et au S.-O. par l'de de Sakhaline. Elle communique
avec l'océan par les nombreux détroits qui séparent les
Kouriles, et avec la mer du Japon par le détroit de la
Pérouse et la Manche de Tartarie. Le Ultoral baigné par
la mer d'Okhotsk a un caractère assez varié. Trois
grandes baies s'ouvrent au N. : la baie de Penjina, la baie
de Ghùiga et la baie du Taoui oii se jettent (|uatre rivières :
rOla, l'Arman, la ïana et le Taoui avec la Kova. La côte
IL de la baie de Penjina, très rocheuse, offre de nom-
breuses échancrures pareilles à des fjords. Plus à FO. on
rencontre la rade d'Okhotsk, l'estuaire de l'Aldoma, le golfe
et le port d'Aïan ; au S. se découpent le grand golfe de
l'Oud (pii reçoit les eaux de la rivière du même nom et la
baie du Tougour en face desquels émergent les lies Chantar.
Les sondages opérés par le lieutenant Moser, sur V Alba-
tros, en sept. 1896, ont prouvé que le bassin de la mer
d'Okhotsk présente un entonnoir dont la dépression s'al-
longe parallèlement à la chaîne des Kouriles ; ces der-
nières forment connue une muraille à pic du côté de l'île
Sakhaline ; par contre, le fond est ta pente douce. La plus
grande profondeur trouvée par le lieuteiumt Moser, vers
47^-8^ lat. N. et iW 42' long. E., était de :).370 m
Climat très rigoureux, ce qui s'explique par le voisi-
nage du continent bordé de chaînes montagneuses où les
neiges et les glaces s'accumnlent et qui l'enserrent sur
trois de ses côtés. La mer est prise depuis le commen-
cement de novembre jusqu'aux premiers jours de juin; les
glaces ne disparaissent jamais complètement, même au mois
d'août on en trouve encore dans les eaux du S.-O. La
température de l'eau varie, en été, de 9'^ à L2^ à la sur-
face ; elle est de O'^ à — 2"^ à la profondeur de 50 à 200 m . ,
elle remonte sensiblement à partir de cette profondeur et
l'on a constaté 2*^,4 à 800 m. Particularité remarquable :
les couches froides sont plus denses que les couches chaudes.
Les dernières recherches ont démontré qu'il doit exister
dans la mer d'Okhotsk un courant assez chaud venant de
la mer du Japon. Les marées, très considérables, attei-
gnent 3*^,60 et quelquefois 6 m. en certains endroits.
Malgré son climat i'igoureux, la flore et la faune de la mer
d'Okhotsk sont très riches. On y a trouvé plus de 50 es-
pèces d'algues ; les saumons abondent ainsi que plusieurs
espèces de phoques, de dauphins et de baleines. Depuis
1846, épocpie où les baleiniers (principalement américains)
ont commencé à fréquenter ces parages, jusqu'en 4861,
on a exporté pour 130 millions de dollars de baleine et de
graisse. Une compagnie russo-américaine (depuis 4864)
et depuis 4866 une compagnie russe (Lindholm) ont l'entre-
prise de la pêche de la baleine dans cette mer. Les pre-
mières explorations scientitiqiie^ de la mer d'Okhotsk
remontent à Pierre le Grand. Mar. C.
OKHOTSK. Ville de la Province maritime (Sibérie), à
près de 10.000 kilom. E. de Saint-Pétersbourg. Port
et chef-lieu de cercle, sur la côte septentrionale de la mer
d'Okhotsk, à l'embouchure du Koukhtoni et de TOkhota.
Au début, simple centie d'approvisionnement de la pre-
nn'ère expédition du Kamtchatka dii-igée par Bering et siège
de la Compagnie commerciale, le port d'Okhotsk ue fut
achevé qu'en 1744. En 1849, Okhotsk fut incorporée à la
prov. de Iakoutsk ; mais, depuis 1858, la ville avec son
cercle fait partie de la province mai'itime. Le cercle
(200.000 kil. q.). v compris le ch.-l., ne compte que
4.800 hab. environ." Mvis. C.
OKHRIDA. Turquie (V. Ochiuda).
OKINAVA (Ile) (V. Riou-Kiou [Hes]).
OKLAHOMA. Territoire des Etats-Unis, 404 .000 kil. q.,
limité au N. par le Kansas et le Colorado, à l'E. pai' le
Territoire Indien, au S. et à l'O. par le Texas ; 31 0.000 hab.
en 4896. Capitale, Guthrie, 28.000 hab. en 4896. Villes
principales : Norman, siège de l'Université territoriale,
et Stillwater, siège d'un collège d'agriculture. Le Terri-
toire est arrosé par leCimarron et la rivière Canadienne,
coulant de l'O. à l'E., affluents de FArkansas. Il est des-
servi par 645 kil. de chemins de fer appartenant aux
compagnies d'Atchison, Topeka and Santa-Fe, de Chicago-
Rock-lsland and Pacific, et de Choctaw Coal Road. Eu
1893, il y avait 284.000 acres cultivées en mais, 222.000
en blé. Ces chiffres ont été considérablement dépassés
depuis. L(ï Territoire est représenté au congrès de Washing-
ton par un délégué élu au suff'rage universel. La législa-
tion territoriale se compose d'un sénat, ou conseil, de treize
membres, et d'une chambre de vingt-six. Le gouverneur
est nommé par le président des Etats-Unis. Les autres
fonctionnaires principaux sont : un secrétaire, un tréso-
rier, un attorney général, un surintendant de l'éducation.
11 y a une cour suprême, composée d'un chief justice et
de quatre juges.
Le 1"^'' févr. 4889, un décret livra aux colons le district
d'Oklahoma, enclave de 8.000 kil. q. sur les rives du
Cimarron, au centre du Territoire Indien. « Toutes les me-
sures avaient été prises par les compagnies des voies ferrées,
par les éleveurs de bétail et les spéculateurs, pour s'em-
parer du sol. Les plans des villes étaient déjà tracés ; on
vendait, on achetait les lots aux enchères, avant même de
les avoir vus. A l'heure indiquée, la foule franchissait les
limites et se ruait sur les terres nouvelles ; les préemp-
teurs du sol posaient leurs bornes; les charrettes, les
voitures creusaient leurs ornières sur les routes à venir ;
les industriels plantaient leurs tentes sur l'emplacement
de leurs magasins futurs. La vie économique et sociale
des cités américaines animait soudain la solitude. La ville
d'Oklahoma, celle de Guthrie, choisie comme capitale,
apparurent ainsi, se dressant en quelques jours au-dessus
des plaines. » (Elisée Reclus.)
L'Oklahoma de 4889 était un terrain que le gouverne-
ment fédéral s'était réservé, mais que les Peaux-Rouges
considéraient comme un territoire de pâture pour leur bé-
tail. Le Territoire Indien avait encore alors 474.000 kil. q.
et 486.000 hab. dont 408.000 blancs et 78.000 Indiens
répartis en un grand nombre de tribus, dont celle des
Cherokees était la plus nombreuse et la plus civilisée. Ta-
lequah est le siège de leur législature. Ils sont établis dans
l'angle N.-E. du Territoire, sur les confins du Kansas, du
Missouri et de FArkansas. Autour d'eux vivent les Otta-
was, les Shawnees, les Wyandotts, les Senecas. Dans
l'angle E. sont les Choctaws, qui s'accroissent en nombre
comme les Cherokees et s'enrichissent par l'agriculture et
l'élève du bétail (V. Territoire Indien).
En 4894, une partie des terres voisines de l'enclave de
4889 fut encore ouverte à la colonisation, et les compa-
gnies de spéculateurs et de colons s'y précipitèrent. Eu
4893, enfin, de nouvelles adjonctions portèrent les hmites
3o3
OKLAHOMA -- OLAl
de rOklahoma, au N. jusqu'à la frontière S. du Kausas.
et au S. jusqu'à la rivière Rouge, frontière du Texas. Les
réserves militaires du N.-O. et tout ce qui restait de lu
partie occidentale du Territoii'c Indien, avec une bande
étroite entre le N.-O. du Texas et le S.-K. du Colorado
{Cherokee Strlp), furent annexés à l'Oklahoma, dont la
superficie fut dès lors portée aux dimensions actuelles, qui
dépassent celles de ce qui subsiste du Territoire Indien.
Aug. MoniEAu.
OKOAS (Etbiiol.). En 1861, le D^' Touchard signalait,
comme avant existé au Gabon, des nains appelés Akoas ou
Okoas dont le nom a ensuite frappé pour sa similitude avec
celui des nains de FOuellé, les Akkas (V. NÉGanos). Les
M'Pongués, disait-il, les avaient détruits dans leur mouve-
ment d'expajîsion vers TO. En 1868, l'amiral Eleuriot de
Langle a vu et photographié, au cap Lopez, un Akoa, qui
avait été vendu aux Oroungous et amené de l'intérieur
comme esclave. Il avait quarante ans et mesurait de i"\ .il
à I"\iQ. Il était bien proportionné; il avait le thorax bien
développé et bien musclé, de même que les épaules, mais
les meml)res inférieurs assez maigres. Sa tèle était glo-
buleuse et sa face peu prognathe. Il offrait, en un mot, les
caractères observés chez les Obongos (V. ce nom). Un
crâne akoa rapporté par de Langle a donné à M. llamy
un indice céphalique de 83,65.
lui 1877, A. Marche {Trois Voyages dans V Afrique
occidenlale) a visité un village d'Okoas,à quelque distance
de Lopé. lisse signalent par une peau plus claire. La taille
moyenne était : pour les hommes, de 1"S50 à l"\5i2; pour
les femmes, de I"\iO à \^./ià. Un seul, un vieillard qui
passait pour un géant, avait l'",6:2. Ces Okoas, évidem-
ment partie détachée de la race, du peuple des Okoas, des
Bongos, Obongos, Babonlvos, etc., ne se mêlent pas volon-
tiers aux autres noirs. Cependant ils leur ont emprunté
leurs mœurs, et M. Marche signale l'usage pour les femmes,
« très bien faites », dit-il, de s'arracher les cils, à l'exemple
des femmes Okondas. Dybowski a vu de ces Okoas esclaves
à Sette-Camma, et ce qui l'a frappé en eux, c'est que la
j)eau, les yeux, les cheveux mêmes étaient de nuance plus
claire que chez les autres nègres. Zaijokonnski.
OKOLOMA (V. Bonn Y).
OKQTA, Peuple de l'Afrique occidenlale. dans le (^ongo
français, vivant sur les rives de l'Ogooué.
OKTAI ou OGODAI, (ils de Djengis Khan (V. Mongolie.
t. XXIV, p. U).
OKUBO TosHÉMUsu, homme d'Etat japonais, né à Sat-
îsouma, assassiné à Tokiole 14 mai 1878. Fils d'un samou-
raï, serviteur du dannio deSatsouma, il eut une part active
à la révolution de 1868 qui renversa le shogoun de Yedo et
devint Lun des conseillers les plus écoutés du Mikado, au-
({uel il persuada de transférer sa résidence à Tokio et
d'abandonner l'ancien cérémonial qui l'isolait du monde
extérieur. La conséquence fut la chute de la féodalité.
Okubo devint ministre des finances (1871), puis de l'in-
térieur, participa à la grande mission en Amérique et Eu-
rope (187^-73), comprima l'insurrection de Saga (1884),
bigna la paix avec la Chine. L'énergie déployée contre les
rebelles de Satsouma lui coûta la vie ; il tomba sous les
coups d'un samouraï.
OKU MA ShigKxNObu, homme d'Etat japonais, né à Hizen
en 1837. Il apprit l'anglais et le néerlandais, prit part à la
révolution de 1868, devint en 1873 ministre des finances,
se retu'a en 188^2 pour fonder le parti réformiste (Kais-
hin-tô) favorable aux étrangers. L'empereur le créa comte
(1883), lui confia en 1888 le portefeuille de l'intérieur.
Okuma se voua à l'œuvre de la revision des traités inter-
nationaux et l'obthit de la plupart des puissances, mais
en introduisant pour douze ans des juges étrangers dans les
tribunaux japonais, ce qui irrita le sentiment national. 11
fut victime d'un attentat à la dynamite (18 oct, 1889) et
y perdit une jambe. 11 se retira alors des alFaires, ce qui
ajourna la révision des traites, achevée depuis. Après être
resté jusqu'en nov. 1891 dans le conseil d'Etat (Soumit-
I sou-in), il se mit tout à fait à la tête de l'opposition cons-
I tituée par son parti réformiste.
0LACACÉESou0LACINÉES(Ô/^;6W^^^ Endl.). Groupe
de plantes Dicotylédones dont M. Bâillon fait une simple
tribu, de la famille des Lorantliacées (V. ce mot), ca-
ractérisée par l'ovaire supère et les ovules pendants. Le
genre type est Olax L., caractérisé par le^ feuilles al-
ternes, les fleurs hermaphrodites, la corolle infère o-6-mère,
avec autant d'étamines superposées à ses divisions et un
nombre indéterminé de staminodes, l'ovaire uniloculaii'c
à 3 cloisons incomjdètes, avec un i)lacenta central (pai
porte 3 ovules descendants. Le fruit estdrupacé. Le genre
Olax est représenté par *^5 arbres ou arbustes des ré-
gions tropicales de l'ancien monde, parmi lesquels 0. Zc^//-
taiiira L., VArhre a salade de Ceylan {Mrlahola des
naturels). Ses feuilles et ses jeunes ])ousses constituent
un aliment rafraichissant. Son bois répand une odeur ex-
crémentitielle très désagréable ; oji l'emphnaitjadis contre
les fièvres. — Les autres genres sojitO/; /7m Hoxb., 7/t^/-s-
leria L. et Ximeiiia Plum. D^ L. Ih.
OLAFi Nom de plusieurs rois de Norvège.
1" Olaf, surnommé Irijguason, roide Norvège, né en 9o6,
mort en 1000. Arrière-petit-fils de llarald llarfagar (pii
avait le premier dominé toute la Norvège, filsdeTrygve,
qui sous le règne d'Hakon le Bon avait gouverné une partie
du pays, Olaf fut élevé avec soin en Bussie où sa mère
s'était réfugiée après le massacre de son mari. Olaf prit
la mer et vécut du métier de corsaire, ravageant les côtes
d'Angleterre et de France jusqu'au jour où il se fit ])ap~
tiser par un ermite dans les des Sorlingues. En 995,
appelé par Hakon le Mauvais, roi de Norvège, qui voulait
be défaire traîtreusement de lui, il se rendit avec quelques
vaisseaux en Norvège ; à son arrivée, il fut reçu comme
un libérateur et proclamé roi, pendant que l'on assassinait
Hakon. Quand il eut consolidé son pouvoir, il attacha
tous ses efforts à convertir ses sujets au christianisme et
parvint à faire adopter la nouvelle religion au plus grand
nombre par la persuasion ou la violence. Il fonda
une nouvelle capitale en fixant sa résidence à Nidavos,
plus tard appelé Trondhjem (Drontheim). En 998,
il épousa Thyra, princesse danoise, qui avait abandonné
son mari Burislav, prince de Pomcranie ; Olaf fit une ex-
pédition pour s'emparer des domaines de sa femme dans
l'île de Bugen ; mais attaqué au retoui' par les rois Olaf
Skœlkonung de Suède et Sven de Danemark alliés contre lui,
il fut accablé par le nombre et, ne voulant pas être fait pri-
sonnier, se jeta dans la mer après une héroïque résistance.
2'^ Olaf II, surnommé le Gros ou le Saint, roi de Nor-
vège, né en 995, mort le 31 août 1030. Fils de Harahl
Graenske, arrière-])etit-fils de llarald llarfagar, il fut
élevé chez le second mari de sa mère, le jarl Sigurd Syr.
Dès l'âge de quinze ans, il s'embarqua et ra\agea les côtes
de Suède, d'Allemagne, de France et d'Espagne. En 1017
il donna son concours à Edouard le Confesseur qui se pré-
parait à disputer à Canut, roi du Danemark, la couronne
d'Angleterre ; après cette expédition, Olaf II se rendit en
Norvège où régnait Sven, fils d'Haquin le Mauvais, sous
la suzeraineté du Danemark et de la Suède ; il battit Sven
sur mer et reçut la soumission de tout le pays. Le roi de
Suède, Olaf Skœlkonung, fut obligé de lui donner en ma-
j'iage sa fille Astrid. Olaf II rétablit le christianisme qu'il
introduisit aux Orcades et aux îles Feroe, dont il s'em-
paj'a ainsi que de l'Islande et de l'Ecosse (1025) et gou-
verna quelque tem])s avec justice el sévérité. Mais Canut
le Grand, dont Olaf avait ravagé quelques provinces pen-
dant le séjour du roi de Danemark à Bome, revint en 1208
en Norvège oii il fut reçu comme un libérateur par le
peuple. Olaf II s'enfuit en Bussie auprès de son beau-père
Jaroslav. En 1029, il tenta de reconquérir son royaume
avec une petite armée, mais il fut vaincu et tué à la ba-
taille de Stikleslad. près du fjo]'d de Drontheim, par une
armée norvégieiuie, le 31 août. \près sa mort, il fut re-
gretté par ses hujets (jui firent transporter son corps dans
OLAF — OÎ.BEHS
3'-) 4
la cathédrale de Drontheim. Son zèle pour le christianisme,
qu'il fut le premier à implanter solidement en Norvège,
lui valut plus tard une grande vénération : en 1464, il
fut canonisé et déclaré patron de la Norvège. Les Skaldes
lui ont consacré un cycle de légendes et de chants, et on
a conservé jusqu'à nos jours des hymnes à sa gloire.
^^ Olaf m, surnommé Kyrre (le Pacifique), roi de
Norvège, mort en 4093. Fils de Harald III Hardrada, il
lui succéda après sa mort en 4066 et partagea avec son
frère Magnus II le gouvernement de ses Etats; en 4069,
Magnus mourut, et Olaf III régna seul sur la Norvège. De
caractère doux et humain, il prit des mesures pour di-
minuer l'esclavage et adoucir les mœurs. Il aimait les
fêtes et favorisa le commerce avec les étrangers ; il fonda
dans cette intention la ville de Bergen en 4076.
4*^ Olaf IV (V), roi de Norvège, né en 4370, mort en
4387. Fils d'Hakon VII et do la célèbre reine Marguerite
de Danemark, il fut en 4374 choisi par la diète danoise
comme roi et en 4380 fut aussi appelé au trône de Nor-
vège. Pendant sa minorité, le pouvoir fut exercé par sa
mère et il mourut subitement peu de temps avant sa
majorité. Ph. B.
BiBL. : V. Scandinavie. — Maurer, Norvegens Schen-
kung an den heiligen OUif ; Munich, 1877.
OLAF (Ordre d') ou de Saint-Olaf. Ordre de cheva-
lerie fondé le 24 août 1847 par le roi de Suède et de
Norvège, Oscar P^', en mémoire de saint Olaf, qui en
4045 introduisit le christianisme en Norvège. Trois
classes : grands-croix , commandeurs, chevaliers. Ruban
rouge, liséré bleu sur choque bord entre deux lilets blancs.
OLÂH (Miklos-Nicolas), archevêque hongrois, né en
4493, mort après 4566. Secrétaire de la reine Marie, il
accompagna celle-ci dans les Pays-Bas, devint chancelier
sous Ferdinand I®'' et, après la mort de Thomas Nâdasdy,
gouverneur de la Hongrie. Pour combattre les progrès de
la Réforme, il appela les jésuites en Hongrie et les ins-
talla à Nagy-Szombat (Tyrnau), où il fonda, en 4564,
une université. On a de lui une correspondance et quelques
œuvres historiques qui furent éditées par Arnold Ipolyi,
dans les Monumenta Hungariœ historica (4876).
OLAI (Ericus), hist. suéd. (V. Ericus Olai).
0LAR6UES. Ch.-l. de cant. du dép. de l'Hérault, arr.
de Saint-Pons, sur la rive gauche du Jaur; 955 hab. Stat.
du chem. de fer du Midi. Sources minérales. Carrières de
marbre. Tanneries, modins, taillanderies. Châtaignes,
truffes. Huileries. Vieux pont sur le Jaur. Restes d'un
château féodal dominant le bourg.
OLAVIDE (Paul- Antoine-Joseph), homme d'Etat espa-
gnol, né à Lima (Pérou) en 4725, mort en 4803. Il acheva
son éducation à Madrid et suivit, en qualité de secrétaire,
le comte d'Arunda dans son ambassade en France. A son
retour, il fut créé comte de Pilos par Charles IV et nommé
intendant de Séville. 11 conçut le projet de coloniser les
vastes terrains qui s'étendent au revers méridional de la
Sierra Morena. Il y fit venir de la Suisse et de l'Allemagne
six mille colons. En 4767, il fonda la bourgade princi-
pale, qui fut appelée Carolina, par hommage au nom du
roi. Associé aux entreprises du comte d'Aranda contre les
jésuites, non seulement il subit le contre-coup de la chute
de ce ministre et fut destitué de ses fonctions, mais il fut
choisi comme victime des représailles que l'on n'osait
point exercer contre son ancien protecteur. En 4776, il
fut jeté dans les cachots de l'Inquisition à Séville. On l'ac-
cusait d'avoir appelé des hérétiques dans la colonie de la
Sierra Morena, d'avoir manqué de respect aux dogmes et
au culte de l'EgHse, d'avoir partagé les idées de philo-
sophes français et adhéré au système de Copernic. Deux
ans après, il fut condamné à la réclusion perpétuelle pour
cause d'hérésie formelle, et contraint de rétracter cent
soixante-dix propositions. 11 réussit à s'évader, et se re-
tira cà Paris, où il vécut dans la société des libres pen-
seurs les plus notoires. En 4798, le cardinal de Loren-
zana lui fit accorder la permission de rentrer en Espagne.
Les dangers auxquels il avait été exposé pendant la
Révolution et vraisemblablement aussi l'effet de son édu-
cation première avaient ramené Olavide à la foi catholique.
H consacra à l'apologie de sa conversion un livre qui eut
quelque célébrité en son temps: ElEvangelio en trionfo
0 Eistoriade un filosophodesenganado (Maàvià, 4803).
Ce livre a été traduit en italien, en allemand et en fran-
çais, sous le titre : Triomphe de r Evangile ou Mémoires
d'un homme du momie revenu des erreurs du philo-
sophisme moderne (Lyon, 4805, 4 vol. in-8 ; 2^ éd.
abrégée, 4821, 3 vol. in-8). Olavide a laissé en outre un
recueil de poésies chrétiennes : Poemas cristianas.
E.-H. VOLLET.
BiBL. : .T. -A. Llorente, Histoire de l'Inquisition de l'Es-
pagne; Paris, 1817. — Rossoeuw Saint-Hilaire, Histoire
d'Espngne; Paris, 1878.
OLAX (Bot.) (V. Olacacées).
OLBERS (Heinrich-Wilhelm-Matthias), astronome alle-
mand, né à Arbergen, près de Brème, le 44 oct. 4758,
mort à Brème le 2 mars 4840. Il était petit-fils et fils de
pasteurs protestants. A quatorze ans, il montrait déjà un
goût très vif pour l'astronomie. En 4779, il se trouvait à
Gœttingue, où, depuis deux ans, il étudiait la médecine,
tout en suivant assidûment les cours d'analyse infinitési-
male de Kâstner, lorsque fut signalée une nouvelle comète
n en observa la marche, calcula son orbite, d'abord à
l'aide d'une construction graphique, puis par la méthode
d'Euler, et pubUa ces premiers résultats, reconnus des
plus exacts, dans le Jahrbuch de Bode. En 4780, il fut
reçu docteur en médecine avec une thèse fort remarquée.
De oculi mutationibus internis, et, l'année suivante, il
s'établit à Brème. Les soucis de la clientèle ne lui firent
pas négliger l'étude du ciel. Elle devint même bientôt sa
principale préoccupation et, en 4797, il donna, pour le
calcul des orbites des comètes, une méthode nouvelle, qui
était beaucoup plus simple que toutes celles employées
jusque-là et qui devait faire époque dans les annales de
l'astronomie. La constitution physique de ces corps, la
probabilité et les conséquences de la rencontre de l'un
d'eux avec la Terre furent également l'objet de ses re-
cherches. Mais son nom est surtout demeuré attaché à
l'histoire des petites planètes (V. Astéroïde). Le 4®^'janv.
4802, il retrouva la première, Cérès, aperçue un an aupa-
ravant par Piazzi, puis perdue de vue; le 28 mars sui-
vant et le 29 mars 4807, il découvrit lui-même Pallas et
Vesta, la deuxième et la quatrième ; enfin, en 4845, il
en annonça une cinquième: c'était une comète périodique,
à longue révolution (72 ans 6 mois), et elle a gardé son
nom (V. Comète, t. XII, p. 20). Olbers, qui passait une
grande partie de ses nuits dans un petit observatoire
établi dans sa propre maison, à Brème, n'a pas limité,
d'ailleurs, son activité à l'étude des comètes et des asté-
roïdes. Il a produit, en outre, de très intéressants travaux
sur les aérolithes et les étoiles filantes, sur la mesure du
temps, sur l'influence atmosphérique de la lune, qu'il
niait, sur diverses questions d'analyse. Il a aussi beaucoup
contribué à répandre l'emploi du micromètre annulaire et
l'a perfectionné. Bessel et Gauss ont été, en même temps
que ses amis, ses disciples. Il faisait partie de nombreuses
sociétés savantes, notamment de l'Académie des sciences
de Paris, qui l'avait élu en 4829 associé étranger. En
4830, sa ville natale fêta solennellement le cinquante-
naire de son doctorat et lit frapper une médaille en son
honneur. Les mémoires, fort nombreux, où sont consignés
les résultats de ses recherches, se trouvent insérés d.ans
le Jahrbuch àe Bode (4782-4829), la Monatliche Cor-
respondenz de Zach (4800-42), les Astronomische Na-
chrichten (4823-35) et V Astronomisches Jahrhbueh
(4837-43) de Schumacher, les Archiv de Kàstner(4824
et suiv.). Il a fait paraître à part : Abhandlung ilber
die leichteste und hequemste Méthode die Bahn eines
Komelen ut berechnen (Weimar, 4797 ; 3^ éd., par
Galle, Leipzig, 4864). Sa correspondance avec Bessel a été
— o35
publiée par A. Erman (Leipzig, 1852, 'i vol.)- Une édi-
tion conipléle de ses œuvres, précédée de sa biographie,
a été donnée par C. Schilling : l^'ilhelm Olbers. Sein
Leben und seine Werke (Berlin, 1894 et suiv., 3 vol.).
Une statue en marbre, due à Steinhauser, lui a été élevée
à Brème en 4850. L. S,
BiBL. : V. Fouvraiïc })rccité.
OLBIA ou BORYSTHENES. Ville anti(fue de l'embou-
chure du Boug (Hypanis), colonie milésienne, fondée en
655 av. J.-C, enrichie par le commerce du blé. Elle eut,
à partir de la fin du iii^ siècle av. J.-C, à lutter contre
les Galates et les Scires, fut saccagée par les Gètes au
1^1' siècle av. J.-C, efficacement protégée par l'empire ro-
main jusqu'au temps de Caracalla et finalement ruinée par
les Goths en l'an '250 ap. J.-C Les ruines se voient à
Kondak, à 22 kil. S. de Nikolaiev. On possède beaucoup
de monnaies et d'inscriptions d'Olbia.
D'autres villes antiques de ce nom, toutes maritimes,
se trouvaient :
1^ En Sardaigne,au N. de la côte orientale; elle devint
le principal port de l'île ; elle a pris depuis le nom de Ci-
vita, puis de Terranova;
2^ Sur la côte S. de la Gaule, colonie marseillaise àl'O.
de Fréjus ;
3^ En Bithynie, probablement la môme qu'Astacus ;
¥ En Pamphylie, entre Phasehs et Attalie.
OLBIA DÈS, peintre grec, né sans doute à Athènes (pre-
mière moitié du iii« siècle av. J.-C). 11 fut chargé d'exé-
cuter à Athènes, pour la salle des séances du Conseil des
(^inq-Cents, un tableau commémoratif de la victoire des
Grecs sur les Gaulois en 279 ; nous savons qu'il y avait
représenté Kallippos, qui avait commandé alors le contin-
gent des Athéniens aux Thermopyles (Pausanias, L '^, 5 ;
Cf. I, 42; X, 20, 5; 23, 44). P. M.
BiBL. : Bru.nn, Gcscliichte der grieclnsclien Kdnstler:
Stuttgart, 1889, t. II, p. 197, 2« éd.
OLBREUSE (Eléonore Desmiek, dame d'), née au châ-
teau d'Olbreuse le 3 janv. 4639, morte le 5 févr. 4722.
D'une famille noble protestante du Poitou, elle devint dame
d'honneur d'Emilie de Hesse-Cassel, mariée au prince de
Tarente, fut aimée du duc Georg-Wilhelm de Brunswick-
Cclle, qui la fit dame de Harburg (4665), comtesse de
Wilhelmsburg (4674), et enfin, l'ayant épousée, duchesse
régnante. Elle est la mère de la princesse d'Ahlden, So-
phie-Dorothée de Hanovre.
BiBL. : Neigebaur, E. d'Olhreuse; Brunswick, 1859. —
Beaucaire, ^£1 Dernière Duchesse de Celle. — Sa^nder.
E. d'Olbreuse; Berlin, 1893.
OLBY. Corn, du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de Cler-
mont, cant. de Rochefort; 828 hab.
OLCANL Com. du dép. de la Corse, arr. de Bastia,
cant. de Nonza ; 264 hab.
OLD Bailey. Surnom populaire de la cour criminelle
de Londres {Central criminal court), qui siège à New-
gate, au centre de la Cité.
OLDBURY. Ville d'Angleterre, comté de Worcester,
sur la Terne, à l'E. de Dudley; 20.370 hab. (en 4894).
Ville de fabriques : wagons, instruments, vases en fonte,
poteries, produits chimiques.
OLDCASTLE (sir John, lord Cobham), guerrier anglais,
mort à Londres le 44 déc. 4447. D'une vieille famille
établie dans le comté d'Hereford, il était garde des marches
Welches, shérif du llerefordshire, et rendit d'importants
services à la Couronne. A la suite de son mariage avec
lady Cobham (4408), il siégea au Parlement. Très lié avec
le prince de Galles, attaché quelque temps à sa maison,
il fut chargé en 4444 de commander une armée envoyée
au secours du duc de Bourgogne. Mais il s'affilia au lol-
lardisme qui faisait les plus grands progrès, et ouvrit aux
missionnaires persécutés les portes de ses châteaux. x\près
la mort du comte de Salisbury, il devint le chef du parti,
à la grande exaspération de la Couronne, car il passait
pour l'un des plus illustres guerriers du temps. Le château
de Cowling devint le quartier général des prédicateurs
— OLBERS ~ OLDENBERG
lollards, et Oldcastle refusa nettement d'obéir aux prohi-
bitions et aux sentences des évoques. Henri V, malgré son
ancienne amitié pour Oldcastle, le poursuivit rigoureu-
sement et le fit assiéger dans son château, (^ontraintde se
rendre, le chef des lollards fut emprisonné à la Tour de
Londres. Il réussit à s'en échapper dans des conditions si
mystérieuses que le bruit se répandit que le diable avait
contribué à son évasion. Il s'ensuivit une grande révolte
des lollards ; ordre fut donné de se réunir dans les champs
de Saint-Gilles pour coopérer avec les frères de Londres à
renverser le gouvernement. Henri V réussit à empêcher
la jonction des lollards de Londres avec ceux des cam-
pagnes. Ses troupes dispersèrent assez facilement les con-
jurés réunis à Saint-Gilles. Une persécution effroyable
couronna le succès. Oldcastle avait réussi à s'échapper.
Il fut arrêté quelques années plus tard et fut brûlé
vit. R. S.
BiBL. : John Dale, A hrefe chronycle concernyngge tlic
cxamiimcion and deatli of syr Johan Oldecnslell; Mar-
bourg, 1544, in-8, souvent réimprimé. — W. Gilpin, Lives
of Wycliffe, Cobham, etc.; Londres, 1765. — Thomas Gas-
VEY, Life and times of the good lord Cobham; Londres,
1848, 2 vol. in-12. — Tlie Writings and examinations of W.
Bute, lord Cobham, etc.; Londres, 1831, in-8.
OLDENBARNEVELD (Jean van), homme d'Etat hol-
landais, né à Amersfoort le 25 sept. 4547, mort sur
l'échafaud à La Haye le d3 mai 4649. Successivement
avocat au Conseil de Hollande, négociateur de la Pacifica-
tion de Gand, et pensionnaire de la ville de Rotterdam
(4577), il fut le confident et le collaborateur préféré de
Guillaume d'Orange. Après l'assassinat de ce prince et la
prise d'Anvers par Farnèse, il obtint de la reine d'Angle-
terre un corps important de troupes auxiliaires commandé
par le comte de Leicester ; mais, craignant l'ambition de
ce favori d'Elisabeth, il fit confier à Maurice de Nassau
les fonctions de stathouder et d'amiral. Oldenbarneveld,
nommé conseiller pensionnaire de Hollande (4586), devint
le ministre dirigeant de la province de Hollande, la plus
influente des Provinces-Unies. H déploya les plus grandes
cpiahtés dans la gestion des finances, des colonies et des
relations extérieures. 11 était le chef du palriciat des grandes
villes. Durant la guerre qui se prolongea jusqu'en 4609,
Oldenbarneveld fut chargé d'importantes négociations di-
plomatiques auprès des cours de Fi'ance et d'Angleterre,
et rendit à son pays des services signalés. A ce moment
les forces de la republique étaient épuisées, la paix était
indispensable, et Oldenbarneveld employa toute son activité
à la faire conclure. Ses efforts furent contrecarrés par son
ancien protégé, Maurice de Nassau, qui voyait dans la
continuation de la guerre le moyen d'étendre et d'affer-
mir son autorité. Cependant les beUigérants convinrent
d'une trêve de douze années. Maurice, mécontent, profita
des troubles causés par les dissensions des Arminiens et
des Gomaristes pour exciter la populace fanatique conlre
le grand pensionnaire qui, avec l'élite de la nation, avait
adopté les doctrines modérées d'Arminius. Le stathouder,
m^ilgré l'opposition des Etats de Hollande, convoqua le
synode de Dordrccht et y fit condamner les Arminiens.
Les Etats généraux et Maurice firent arrè ter , le 29 août 4648,
Oldenbarneveld, accusé de trahison. Il fut traduit devant
une commission de vingt-quatre juges (mars 4649) cpi le
condamnèrent à mort malgré sa brillante défense, et comme
il refusa de demander sa grâce, la peine fut exécutée. H
subit cette injustice avec une dignité rare et fut décapité
dans le Binnenhof de La Haye. — Ses fils, Willem et
Reinier, tentèrent de le venger ; le premier fut décapité
en 1623 pour complot contre le stathouder.
BiBL. : CornelisBoscii, l'Histoire véritable de Vemprl-
sonncment et de la mort de Jeon vnn Oldenbarneveld (on
holL) ; Amsterdam, 1648. — De Tiiou, Guotius, Bor, cAc.
— Deveintkr, Souvenirs de J. v. Oldeidjanieveld (en lioll.);
La Haye, 18(50-65. o vol. — Motli'^y, Lije and death ofJohn
of Barneveld, 1873, 2 vol. — Grohn van PriiNSTerer,
Maurice etBarneveld; Utrecht, 1875.
OLDENBERG (Hermann), indianiste allemand, né à
Hambourg le 31 oct. 4854, professeur de sanscrit à l'Uni-
OJ.DENBERG — OLDENLANDIA
336
versité do Berlin, pais dcKiel (1889). Parmi ses ouvrages
on peut citer les éditions de textes pâli : Vinaya pitakcmi
(Londres, J879 et suiv.. 5 vol.); Dipavamsa (1879.
av. irad.) ; T/iÉ^ra-Gd^/iâ('1883) ; Vinaya texfs('à\Avaô.
dans Sacral Boots oflhe Ëasf ; Oxford, i88i-85, 3 vol.) ;
Grilif/a-Siilras (ibicL, 1880-90, 2 vol.). En outre, un
livre 'sur Biiddha (Berlin, 1881: '2^ éd. 1890); Die
llymnen des liiyveda (1888, t. l) ; Die Jieligion des
Vedaim)'.).
OLDENBOURG. Ville d'Allemagne, capitale du graïuî-
(luché d'Oldenbourg, sur la Huntc (navigable), attl. du
Wcbcr; 23.472 hab. (en 1895). Autour de la vieille ville
aux rues étroites, enveloppée de beaux boulevards, se sont
bâtis de nouveaux quartiers avec de grands jardins. Fonte,
tilatures, verreries, tabac, cuirs, gants ; grandes foires à
chevaux. Bibliothèque de 1()0.000 volumes. Au S., fau-
bourg hiikisXYkXù' Osier )iburg. Fortiliée en 1155, Olden-
bourg eut sa charte urbaine en 1345.
OLDENBOURG (Grand-duché d'). Géographie. —
Etat d'Allemagne formé de trois parties : le duché d'Olden-
bourg à rO. du Weser maritime; la principauté de Lubeck
et la principauté de Birkenfeld. Le duché d'Oldenbourg a
5.383 kil. q. et 295.998 liai), (lin 1895) ; la principauté
de Lubeck, 511 kil. q. et 35.501 hab. ; la pj'incipauté
de Birkenfeld 503 kil. ((. et 42.248 hab., soit pour l'en-
semble 0.427 kil. q. et 373.739 hab. ; 58 hab. par kil. q.
Le duché d'Oldenbourg appartient à la plaine del'AUe-
niagne du ?sord : riverain de la mer du Nord, il occupe la
rive occidentale de Vestuiiire du \Veï>«u' à partir du terri-
toii'e de Brème et le pourtour du golfe de Jade. Il possède
l"ile de Wajigeroog, la plus orientale des des de la Frise.
Le sol forme une plaine de landes, de sables et de marais
tourbeux. Les principaux cours d'eau qui l'arrosent sont
la Ilunte, aftl. du Weser, et par leur cours supérieur la
\'echtaet l'Aue, afll. de l'Ems. Des canaux de dessèchement
sillonnent les anciens marais, aujourd'hui les régions les
plus riches du pays, en particulier les cantons de Jever
à rO. du Jade, de*^Butjading à l'E., le long de l'estuaire
du Weser, de Steding au S. du précédent. Sur la fron-
tière frisonne, à l'O., est le canton marécageux de Sater-
land; au S., le district du Munsterland.
— La principauté de Lidjeck est au 1\. de cana ville,
sur la Baltique. La principauté de Birkenfeld, enclavée au
S.-E. de la Prusse Rhéiunie, possède les sources de Ir,
Xahe ; elle est très boisée.
La popidation d'Oldenbourg augmente leiitement puisque
dès 1837 elle atteignait 202.171 hab. Ln cause est Fémi-
gration vers les grandes villes et vers l'Amérique. Les trois
quarts des habitants sont protestants, un quart catholiques.
Dans le duché, 57 1/2 du sol sont cultivés. Les chevaux
de la zone humide (Uoor qu'on oppose à la Geest, plaine
sablonneuse) sont estimés pour leur foi'ce ; de même les
bêtes bovines. Birkenfeld est industrielle. —Le duché n'a
eu de chemin de fer que depuis 1800; auparavant il se
contentait de la navigation lluviab» et maritime — Les
principales vdies sont : dans le duché, la capitale Olden-
bourg, Delmenhorst à l'O. de Brème, Elsileth et Brake sur
le bas Weser, Jever ; dans la principauté de Lubeck, Eu-
tin ; dans celle de Birkenfeld, le ch.-l. est Oberstein.
La constitution date du 22 nov. 1852. La dignité grand-
(hicale est héi'éditaire en bgne masculine exclusivement et
par ordre de primogéniture dans la maison de Holstein-
(iottorp, branche cadette. Le grand-duc, majeur à dix-huit
ans, est assisté de trois ministres et d'une diète (landtag)
de 34 d(''putés (dont 4 pour chacune des principautés,
20 pour 01denl)ourg) . Chacune des trois parties a son ad-
ministration financière ; le total formait en 1894-90 un
budget de 7.930.000 nwrcs. La dette était de 40.800.000
fuarcs pour le duché, insignifiante dans les principautés.
Les troupes form''nt un régiment d'infanterie de l arm.ec
prussienne, un régiment de dragons et 2 batteries d"artd-
lerie. Les couleurs du grand-duché sont bleu et rouge ; le
drapeau, bleu avec croix rouge.
Histoire. — f.e territoire d'Oldenbouig fit partie de la
Saxe, formant les gaus d'Ammer et Leri. Les premiers
comtes d'Oldenbourg coiuius sont Elimar P^ (1088), son
fils Ehmar II (1108), le fils de celui-ci, Christian I«'' (11 48-
08), qui périt en combattant Henri le Lion ; mais à la
chute du puissant duc de Saxe le comté acquit l'immédia-
teté. Ses souverains l'agrandirent aux dépens des libres
Frisons de Steding (1234). Dietrich (y [MO), qui réunit
les possessions divisées des lignes d'Oldenburg et de Del-
menhorst, eut de sa seconde fennne, Hedwig de Holstein.
trois fils : Moritz V, Christian VIH et Gerhard, dont le
deuxième fut élu roi de Danemark en 11 48 et devint aussi
duc de Slesvig-Holstein ; IVloritz enti'a dans les ordres ; Ger-
hard garda Oldenbourg : il dessécha les marais et guerroya
contre Brème. Son fils Jean XIV soumit les Frisons de
Butjading et se fit céder ce district et celui de Steding par
le comte de Frise orientale (1517). Antoine P^' (1520-
73) embrassa la Béforme. D'incessonts partages continuent
de diviser le comté : Jean XVÏ, qui a hérité de Jever, éta-
blit en 1003 le droit de primogéniture : mais soji hls An-
toine-Gunther, qui avait habilement sauvegardé sa neu-
tralité dans la guerre de Trente Ans, meurt sans enfants
le 19 juin 1007. Un pacte d'héritage du 10 avr. 1049
assurait la succession à la branche danoise et à la ligne
d'Ilolstein-Gottorp. Le roi Christian V de Danemark entre
en possession du comté en 1070 ; ses successeurs l(^
conserventjusqu'autraitédul*^^' juin 1773 par lequel Chris-
tian VU le donne au grand-duc de Bussie, Paul de Hols-
tein-Gottorp. pour obtenir su renonciation à ses préten-
tions sur le Slesvig-Holstein et les biens des Cottorp. Paul
le transmet à son cousin révèijue de Lubeck, Frédéric-
Auguste, (jui le fait ériger en duché par l'empereur le
22 mars 1777. Son successeur s'agrandit en 1803 et fait
ériger en principauté héréditaire l'évèché de Lubeck. En
1800-07, les Français, en guerre avec la Bussie, occupent
le duché. Le 10 déc. 1810, Napoléon l'annexe à la France,
et cette agression contre un parent du tsar contribua à la
rupture. Restauré, le duc obtint au congrès de Vienne le
titre de giand-duc et la principauté de Birkenfeld ; en
1823. le tsar Alexandre P"" lui céda Jever. La constitu-
tion absolutiste fut tempérée en 1848 et arrêtée à la
foi'me actuelle en 1852. Les grands-ducs sont demeurés
fidèles à l'alliance prussienne ; ils ont vendu à la Prusse
le coin de terre où elle a établi sur le golfe de Jade son
port militaire de Wilhelmshaven (1854). Ils ont acheté
Kniphausen à la famille Bentinck en 1854. Us combatti-
i*enl les prétentions de leurs parents de Danemark sur le
Slesvig-Holstein et protestèrent le 17 nov. 1803 contre
la prise de possession des duchés par Christian IX. Le tsar
ayant abdiqué toute prétention, le grand-duc réitéra en
1805 sa revendication des duchés. Mais il resta d'accord
avec la Prusse et y gagna un airondissement de sa prin-
cipauté de Lubeck (cant. d'Ahrensbock). A. -M. B.
l^iBL. : K()LLMAN>. Diis llcrzofjtain Oldenburcf in seiner
\S'lrtchafUicîien Entwh'Jielnng, 1893. — Halkm. Gesch. des
llerz. Oldcnburr/, 1791-9{), '^ vol. (iuaclicvé). -- Nif.manx.
Dus oldcnbtir<ji's('Jie Mûnsterluiui. l(S80-90, 2 vol.
OLDENBURG (Aldenburg). Ville de Slesvig, sur un
canal qui joint les lacs Grub et Wessek; 2.500 hab. Là
fut de 948 à 1103 le siège de l'évèché transféré ensuite à
Lubeck.
OLDENLANDIA( Oldenlandia Plum . ) . Genre de Rubia-
cèes-Oldenlandièes. représenté par environ 250 herbes ou
ai'busles, des régions chaudes du globe, à feuilles oppo-
sées stipulées. 1 va fleur présente un calice tubuleuxet une
coi'olle quadriiides. \ ètamines. Le fruit est une capsule
subglobuleuse, biloculaire, à déhiscence loculicide, à
grain(*s nombreuses. l'O. mnbellatah. {Hedyolis indica
l\<em. et Scli.). des Indes orientales, a des racines minces,
tortueuses, connues sous le nom de (^Jiaya-vair, et qui
fournissent une matière tmctoriyle semblable à la sa-
l'duce ; elles contiennent de ralizarine. Les feuilles sèches
sont employées comme expectorantes ; pulvérisées et mé-
bnigecs a d'e in farine, ou en faii des gâteaux pour les
337
OLDENLANDIA — OLEINE
asthmatiques et les phtisiques. Aux Antilles, les racines
de VO. lactea DC. [0. corymbosa Ait.), leradix Chayœ
de la pharmacopée des Etats-Unis, sont prescrites comme
vermifuges. D^ L. Hn.
OLDENZAAL. Ville des Pays-Bas, arr. d'Almeloo, prov.
d'Overyssel ; 4.500 hab. Stat. duchem. deferd'Utrechtvers
la frontière allemande. Fabriques de tissus de coton ; fda-
tures, soieries, corroieries, teintureries ; fabriques de papier.
Monuments. — Eglise de Sainte-Flechelmi, dont la
construction fut entreprise dès le x® siècle et dont la ma-
jeure partie remonte au xvi® siècle. L'hôtel de ville ren-
ferme une belle collection d'antiquités.
Histoire. — Oldenzaal est une localité très ancienne ;
on attribue sa fondation aux Francs et on a des raisons
de croire qu'elle était déjà fortifiée au ix^ siècle. La ville
subit plusieurs sièges importants, notamment en 1503,
4509, 4517, 1560, 1597, 1605, 1665 et 1672.
OLDESLOE {Odisloé). Ville de Prusse, province de
Slesvig, sur la Trave; 4.286 hab. (en 1895). Salines et
eaux sulfureuses exploitées dès le moyen âge.
OLDFIELD (Anne), célèbre actrice anglaise, née à
Londres en 1683, morte à Londres le 23 oct. 1730. Fille
d'un soldat aux gardes, elle fit son apprentissage chez une
couturière, puis elle aida une de ses tantes à tenir la
taverne de la Mitre où fréquentaient des auteurs drama-
tiques. Farquhar et Vanbrugh, frappés de sa beauté et
de son intelligence, la poussèrent au théâtre. Engagée en
1692 à Drury Lane, elle y fit une carrière brillante. Très
belle, très gracieuse, aussi bonne dans les rôles tragiques
que dans les comiques, elle peut être considérée comme
une des meilleures actrices de l'Angleterre. Elle fit beau-
coup de bien et elle était très considérée et très respectée.
Elle eut deux liaisons bien connues, l'une avec Arthur
Mainwaring, dont elle eut un fds, l'autre avec le général
Charles Churchill, dont elle eut aussi un fils, qui épousa,
du vivant de sa mère, lady Mary Walpole, en sorte que
Mrs Oldfield se trouva alliée avec les plus grandes familles
anglaises, y compris celle de Wellington. Elle fut enter-
rée à AYestminster. R. S.
BiBL. : Authentick Me^noirs on the Life of that cele-
braded actress Mrs Oldfield; Londres, 1730. — William
Egerton, Fait/ifiii Memoirs of the Life, Amours and Per-
formances of Mrs Anne Oldfield; Londres, 173L — The
Lovers'miscelhiny ; a Collection of ainorous taies and
poems -with Memoirs of the life and Amours ofMistress
Ann Oldfield; Londres, 1731, in-8.
OLDHAM. Ville d'Angleterre, comté de Lancastre (où
est enclavé le comté urbain qu'elle forme), à 8 kil. N.-E.
de Manchester, sur le Medlock; 131 .463 hab. (en 1891).
Grande ville manufacturière; 30.397 ouvriers y travail-
laient en 1891 le coton, 5.3691e fer, 4.561 construisaient
des machines. Chadderton (22.087 hab.) en est un vé-
ritable faubourg.
OLDHAIVI (John), poète anglais, né à Shipton Moyne
(Gloucestershire) le 9 août 1653, mort près de Nottin-
gham le 9 déc. 1683. Après avoir terminé de bonnes
études à l'Université d'Oxford, il occupa l'humble situation
de maître d'école à Croydon, qu'il quitta pour devenir pré-
cepteur dans la famille d'un vieux juge, sir Edward Thur-
land, d'où il passa dans celle de sir William Hickes. Là
il se lia avec plusieurs membres de la haute aristocratie,
notamment le comte de Kingston, dans le château duquel
il mourut prématurément de la petite vérole. Il a laissé
des poésies fort originales qui ont influé sur les principaux
poètes du xviii^ siècle, notamment sur Pope. Ce sont des
élégies d'une noble inspiration, des satires mordantes,
entre autres Satires upon the Jesuits (1679-1681), des
traductions des poètes latins et grecs, etc. On a publié
ses Poems and translations {iQ^^) , Remains in Verse
and Prose (1684), qui ont eu de nombreuses rééditions,
dont la meilleure est celle de Edward Thompson : The
Compositions in Prose and Verse ofJ. Oldha?n (Londres,
1770, 3 vol, in.l2). R. S.
^BiBL. : Thompson, Memoirs of the life of J. Oldham, en
tet« de l'éd. de ses œuvres; Londres, 1770, in-12.
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
OLDTOVN. Ville des Etats-Unis (Maine), sur le Pe-
nobscot; 5.312 hab. Commerce de bois.
OLÉAC-Debat. Com. dudép. des Hautes-Pyrénées, arr.
do Tarbes, cant. de Pouyastruc; 96 hab.
OLÉAC-Dessus. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr.
de Tarbes, cant. de Tournay; 208 hab.
OLÉACÉES ou OLÉINÉES (Oleaceœ LindL, Oleime
Link). Famille de plantes Dicotylédones, composée d'arbres
et d'arbustes à feuilles opposées, dépourvues de stipules,
et à fleurs hermaphrodites, parfois dioiques, disposées en
grappes ou en panicules. La corolle gamopétale présente
la préfloraison valvaire ; les étamines, au nombre de 2,
sont insérées sur la corolle et alternes avec ses lobes, à
anthères biloculaires dorsifixes. L'ovaire, libre, renferme
des ovules pendants, anatropes. Le fruit est une capsule,
une drupe ou une baie ; les graines renferment un em-
bryon droit qui occupe l'axe d'un albumen plus ou moins
épais. Cette famille comprend deux tribus: l^les Oléi-
NÉES, caractérisées par le fruit drupacé ou bacciforme.
Genres: Olea T., Osmanthus Lour., Phillyrea T., Li-
gustrum T., etc.; 2^ les Fraxinées, dont le fruit est
capsulaire, tantôt samaroïde et indéhiscent, tantôt bivalve
et à déhiscence locuHcide. Genres : Fraxinus T., Fonta-
nesia LabilL, Forsythia Vahl, etc. Bâillon fait une troi-
sième tribu des Jasminées, qui se distinguent des autres
Oléacées par la corolle à préfloraison imbriquée, les éta-
mines à anthères basifixes, les ovules ascendants, les
graines à albumen nul ou presque nul. Genres : Jasmi-
num T., Nyctanthes L., etc. D'' L. Hn.
OLEAN. Ville des Etats-Unis (New York), sur l'AUe-
ghany River; 7.358 hab. Vaste entrepôt de pétrole à la
hmite de la Pennsylvanie, dans le district de l'huile. Pro-
duits chimiques.
OLÉAN DRI N E. L'oléandrine est une substance résinoide
qui se trouve dans les feuilles et les branches de laurier-
rose {Nerium oleander). En précipitant l'extrait aqueux
des feuilles avec le tanin, et en décomposant le précipité
par la chaux, on obtient l'oléandrine sublimable en petits
cristaux microscopiques qui fondent à 70-75^ en donnant
une huile verte. Ces cristaux sont peu solubles dans l'eau,
solubles dans Talcool et l'éther, ils ont une saveur amère
et constituent un poison assez violent. Les sels de l'oléan-
drine sont amorphes. C. Matignon.
BiBL. : LuKOwsKi, Répertoire de chimie appliquée, 18bl,
p. 77.
OLEARIUS (Adam OElschlager, connu sous le nom
latinisé d'), écrivain allemand, né à Aschersleben en 1603,
mort à Gottorp le 22 fév. 1671. Il prit part à l'ambassade
de Fleming en Perse et en publia une intéressante rela-
tion : Beschreibung der Moskowitischenund Persischen
/ime (Slesvig, 1647). Il traduisit le Gulistan, de Sadi
{Persianisches Rosenthal, 1654).
BiBL. : Grosse, A. Olearlus; Aschersleben, 1867(ProgT.).
OLÉFINES. Ce sont des carbures d'hydrogène qu'on
désigne plus généralement aujourd'hui sous^ le nom de car-
bures éthyléniques (V. ce mot). On les désignait autrefois
sous ce nom, parce que le premier terme de la série,
Téthylène, donnait, sous l'action du chlore, naissance à une
huile, comme l'avaient reconnu des chimistes hoUandais.
OLEINE. L'acide oléique forme avec la glycérine, trois
combinaisons qui ont été préparées synthétiquement par
M. Berthelot. Chevreul avait reconnu antérieurement la
présence de la trioléine dans certains corps gras, notam-
ment dans la partie liquide des huiles.
L MoNOLÉiNE. - Form. | ^(^1 * ' ' ' " ' ; ' • ' c^^H^^^O-**.
La monooléine s'obtient en chauffant à 200^, pendant
dix-huit heures, dans un tube scellé, un mélange d'acide
oléique pur et de glycérine en excès. Le tube doit être
rempli au préalable de gaz carbonique, pour prévenir l'ac-
tion de l'oxygène sur l'acide oléique et sur l'oléine. On
enlève l'excès d'acide oléique par la chaux éteinte, après
22
OLÉINE"— OLÉIQUE
avoir séparé la glycérine n'ayant pas réagi, en évi-
tant le contact de l'air. On sépare la cliaiix par disso-
lution dans Téther. C'est un liquide neutre, huileux, jau-
nâtre, inodore, d'un goût presque nul, d'une densité égale
à 0,947 à 2i<^. La monooléine se fige lentement entre 1-j
et 20^ en produisant une masse molle, mêlée de grains
cristallins. Une fois fondue, si on la refroidit brusque-
ment jusque vers zéro, elle se solidifie ; mais elle fond de
nouveau, avant que la température soit remontée jusqu'à
•10*^. A la suite d'un repos prolongé à cette dernière tem-
pérature, elle cristallise spontanément et reprend dès
lors son point de fusion normal. Soumise à l'action de la
chaleur, elle peut distiller dans le vide barométrique.
Chauflee à l'air libre, elle se décompose avec production
d'acroléine.
DioLEiNE. ~ Form. ^"^ C^^H'^O^ *
Elle s'obtient en chauffant la monooléine pendant quel-
ques heures à 230^, avec cinq à six fois son poids d'acide
oléique ; ou bien encore en faisant réagir à 200*^ la gly-
cérine sur l'oléine naturelle. C'est un liquide neutre. Sa
densité à 21° est 0,921. Elle cristaUise entre 10 et 45°.
1 Fa C^^^H^^'^O^'^
Trioléine. — Form. | ^^ ' ' * * • * ' " * * qôi^ioaqg "
Ce corps se prépare en chauffant à 240", en tube scellé,
pendant quatre heures, la monooléine, avec c[uinze ou
vingt fois son poids d'acide oléique. On extrait la matière
neutre par la chaux et l'éther ; on traite la dissolution
éthérée par le noir animal, on la concentre et on la mêle
avec huit ou dix fois son volume d'alcool ordinaire; la
trioléine se précipite. On la recueille sur un fdtre, et on
la dessèche dans le vide. La trioléine est neutre, elle de-
meure liquide à 40" et même au-dessous. Elle est ino-
dore, insipide. Sa densité est 0,92 à 0*^ et 0,8o à 400'\
Elle est insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool,
miscible avec l'éther et le sulfure de carbone.
Chauffée à feu nu, elle se détruit, avec production
d'acroléine, d'acides gras volatils, d'acide sébacique et de
carbures gazeux. 4 gr. de trioléine dégage en brûlant
9 calories, soit, pour 4 équivalent : 8,747 calories.
On désigne sous 1e nom d\)Iéine nalurelle la partie
liquide de l'huile d'olive séparée par la compression et
les dissolvants. C'est évidemment un produit impur.
L'oléine exposée à l'air s'oxyde peu à peu ; elle devient
acide et prend une odeur rance. En même temps, eHe
acquiert des propriétés oxydantes, analogues à celles de
l'essence de térébenthine. L'absorption de l'oxygène, lente
au début, s'accélère peu à peu, et donne lieu au gaz car-
bonique et à divers produits. Ces phénomènes sont dus à
l'acide oléique : car l'acide isolé les manifeste d'ime ma-
nière plus marquée que l'oléine elle-même. Les huiles
qui renferment de l'oléine les présentent à un haut degré.
L'oléine mise en contact avec l'acide hypoazotique, ou
avec le nitrate acide de mercure, se change en un com-
posé isomérique, Vélaidine, substance cristalline, fusible
à 32° et moins soluble dans les dissolvants que l'oléine.
C'est un éther glycérique de l'acide élaïdique, acide cris-
tallisé, isomérique avec l'acide oléique.
L'acide nitrique concentré attaque violemment l'oléine.
L'acide étendu et bouillant l'oxyde en formant les acides
monobasiques et volatils, C^'^IF^O'^ et les acides fixes et
bibasiques C^'^H^^-^O^. Ces phénomènes sont dus à l'oxy-
dation de l'acide oléique.
Oléo. Mais indépendamment de la trioléine chimique-
ment pure dont il vient d'être question, et de la quantité
plus ou moins grande de cette matière existant dans les
différentes huiles, on retire aujourd'hui du suif une quan-
tité assez considérable d'un produit appelé oléo, formé en
majeure partie par de la trioléine, et qui sert à fabriquer
la margarine, produit destiné à se substituer économique-
ment au beurre dans l'ahmentation ; et cela grâce à la
découverte de iVège-Mouriàs, permettant ainsi au suif de
s'écouler sous forme comestible alors que de nombreuses
338 —
causes faisaient déprécier ce produit. Le suif de boucherie
provenant des abattoirs (suif en branches), blanc rosé,
d'aspect opalin, est transformé dans le premier jus (on
élimine toutefois le suif de mouton, qui sent mauvais et
celui du veau, qui s'altérerait). Pour cela, on le dessèche
dans un atelier spécial, fortement aéré, puis il est haché
et broyé de façon à le réduire en pulpe, au moment de le
fondre. La fusion, qui s'effectue dans une cuve en bois de
sapin, remplie au tiers d'eau, munie d'un barboteur en
fer étamé et amenant de la vapeur d'eau chaude, est des-
tinée à séparer les graisses des membranes. La graisse
fondue, décantée dans un aulre vase, est à nouveau dé-
cantée, après deux heures de repos, et répartie dans des
bacs d'une contenance d'environ 50 kilogr. que l'on porte
immédiatement dans une chambre à 38° et. à l'abri de
tout courant d'air ; on abandonne au repos pendant qua-
rante-huit heures. La matière grasse cristallise, c.-à-d.
que la stéarine se soUdifie,- tandis que l'oléine, fluide à la
température de la chambre chaude, reste englobée dans
les particules concrètes de stéarine.
Le produit ainsi obtenu, ou premier jus, grenu, de
couleur jaune, est donc constitué par deux glycérides,
Tun concret, la stéarine, l'autre liquide à 38°, l'oléine,
déjà séparés. Ce mélange ayant un point de fusion trop
élevé pour convenir à la fabrication de la margarine, il
faut en retirer la partie huileuse qui constitue Voléo, qui
par ses propriétés physiques et organoleptiques est une
substance analogue avec la graisse du beurre.
On isole l'oléine de la stéarine au moyen de la presse
hydraulique. On forme de cette substance des gâteaux de
4 centim. d'épaisseur et de 48 centim. sur 20, renfermés
dans des serviettes de toile résistante; 4 ou G de ces gâ-
teaux sont compris entre deux plaques de tôle étamées,
portées à 50°, et lorsque la presse est montée, elle com-
porte 460 à 200 gâteaux. La séparation de l'oléo com-
jnence sous l'action de la chaleur au cours du chargement ;
l'oléo fdtre à treavers les serviettes et s'écoule dans un
récipient placé sous la gouttière du plateau de la presse ;
la presse est mise en action lentement, et la température
s'abaissant, la pression finale ne se fait plus qu'à 40°,
température à laquelle l'oléo, encore liquide, se sépare
de la stéarine, qui reste emprisonnée dans les serviettes
sous forme de gâteaux durs. D'aUleurs, le travail de la
presse étant d'un faible rendement, dans les margari-
]]ières sérieuses, on emploie des presses à double chariot,
de manière à préparer une presse sur un chariot pendant
que l'autre subit la pression.
L'oléo, de couleur jaujie, a une saveur rappelant celle
du beurre fondu. Certains fondeurs, ne transformant pas
eux-mêmes l'oléo en margarine, vendent leurs productions
aux margariniers ; alors on les refroidit pour les faire
cristalliser. L'unique emploi de l'oléo est dans la fabrica-
tion de la margarine; son principal marché est Rotter-
dam ou les Américains en expédient régulièrement des
quantités considérables; le marché de Paris est beaucoup
moins important.
On a pendant un certain temps préparé un produit,
appelé l'oléo-margarine, intermédiaire. Actuellement, la
fabrication de la margarine consiste à partir de l'oléo
précédent et à le baratter avec du lait et une petite
quantité d'huile végétale (de coton sésame ou arachide)
destiné à modifier la pâte de la margarine, trop courte ou
trop cassante, lorsqu'elle n'est formée que de graisse ani-
male. Pour donner une idée de l'importance de cette indus-
trie, il suffit de remarquer qu'en 4893, en France, on a eu
une importation totale de 63.004.650 kilogr. de margarine
à i fr. 40 le kilogr. (prix moyen). L'oléo, produit intermé-
diaire, est donc lui-même très important. Bourion.
BriîL. : BerthI'Lot, Chimio organique fondée sur la
synthèse.
nii^miic /\ -1 N r ^ Equiv. . . . C^WW.
OLÉIQUE (Acule), lorm. \ ^tom. . . . {^^«H^^f)^
L'acide oléique a été découvert par Chevreul lors de ses
études classiques sur les corps gras. Il accompagne les
acides saturés de formule C^'^H^^O^* et intervient, pour
la plus grande part, dans la composition des matières
grasses répandues dans le monde végétal et le monde ani-
mal, sous la forme de son éther, de la glycérine, l'oléine.
La fabrication industrielle de F acide stéari([ue fournit
de l'acide oléique en très grande quantité. Les matières
grasses saponifères donnent de la gl}xérine et un mélange
des acides gras. On profite de l'état liquide de l'acide
oléique pour le séparer des autres acides solides à la tem-
pérature ordinaire par une simple compression. Abandonné
à la température de O'', la plus grande partie des acides
stéarique et palmitique qui l'accompagnent se solidifient ;
on eifectue une nouvelle séparation, puis on transforme
l'acide en sel alcalin. Pour purifier l'acide oléique, on
transforme le sel alcalin en sel de baryum par une double
décomposition et l'on fait cristalliser plusieurs fois ce sel
dans l'alcool; finalement, on le décompose par l'acide
tartrique. Il faut soustraire l'acide oléique à l'action de
l'oxygène de l'air.
Pour obtenir l'acide rigoureusement pur, le mieux est
d'utiliser la solubilité de son sel de plomb dans l'éther
bien exempt d'alcool ; tous les sels de plomb des autres
acides gras y sont insolubles. On effectue ainsi une sépa-
ration rigoureuse.
L'acide oléique, à la température ordinaire, est un liquide
incolore, de consistance huileuse, sans odeur ni saveur,
dont la solution alcoolique ne rougit pas le papier de tour-
nesol. Il s'oxyde facilement à l'air en brunissant et don-
nant des produits à réaction acide et à odeur rance. Il se
sursature facilement et il est nécessaire de le refroidir
au-dessous de zéro pour obtenir sa solidification ; il fond
alors à -+- 44*'. On ne peut le distiller sous la pression
ordinaire sans décomposition ; mais sous la pression réduite
à 10 millim., il bout à ^^i". La vapeur d'eau surchauffée
à 250° entraîne l'acide oléique. La distillation de l'acide
oléique avec une fois et demi son poids de chaux fournit un
liquide oléagineux neutre, regardé comme l'acétone corres-
pondant à l'acide oléique et nommé oléine. Sous l'influence
de l'acide nitreux, l'acide oléique se transforme en un
isomère, l'acide élaidique solide, qui fond à 44" ; l'acide
élaïdique paraît être un isomère stéréochimique du pre-
mier, correspondant à l'isomérie des acides fumarique et
maléique également non saturés.
Les deux acides oléique et élaidique fixent une molécule
d'hydrogène sous l'influence de l'acide iodhydrique et se
transforment tous deux en acide stéari(|ue :
G36H3404 + H'^ =z C-^6H3604
La fonction éthylénique de cet acide se trouve accusée
en outre par la fixation du brome, de l'acide sulfurique,
par l'oxydation par le permanganate de potasse avec
formation d'acide dioxystéarique.
Les oléates alcalins sont solublos, les autres insolubles.
L'oléatede potasse est mou, celui de soude est solide; ils
entrent l'un et l'autre pour une forte proportion dans la
constitution des savons. — La plus grande partie de
l'acide oléique produit dans la fabrication des bougies est
transformée immédiatement en savon par l'addition d'une
lessive de soude à l'acide brut. G. Matignon.
BiBL. : Chevreul, Recherches sur les corps qnis, 1823,
p. 75.
OLEKIVIA. Rivière de Sibérie, prov. de Iakoutsk, affl.de
droite de la Lena. Elle prend sa source dans les monts lablo-
noyi, coule d'abord vers le N.-1l. , puis vers le \. ; elle reçoit
à droite un affluent important, laNiougja, puis à gauche,
près de son embouchure, dans la Lena, un autre aftliienl
plus considérable, la Tchara, que grossit le Toko. Longueur
du cours, environ 1.500 kil. Largeur en aval du confluent
de la Nougja, 215 m., en aval du confluent de la Tchara,
750 m. Nombreux rapides. Courant impétueux. La vaflée
de rOlekma est couverte de forêts où pullulent les bêtes
à fourrure; les rives sont presque inhabitées, sauf à l'em-
339 — OLÉIQUE — OLÉOPALMITINE
bouchure de la Niougja, emplacement d'une foire toun-
gouse. Khabarov (1649) fut le premier explorateur de
roiekma; le fleuve fut ensuite visité par les expéditions
scientiiiques de Kovanko et de Schwartz, puis par Orlov
et enfin en 1857 par Oussoltzev. L'Olekma n'a pas beau-
coup d'importance comme voie navigable à cause de son
courant trop rapide, mais sa vallée a acquis de la célébrité
par suite de la découverte de mines d'or en 1843.
OLEKIVIINSK. Ville de Sibérie, prov. de Iakoutsk. Ch.-l.
de cercle, sur la r. g. de la Lena, à 12 kil. en amont
de roiekma, au pied de la chaîne de la Lena. Elle fut
fondée en 1635 par les cosaques du Ienisseï, en face du
confluent de l'Olekma, et ne fut qu'assez longtemps après
transportée à son emplacement actuel. Chef-lieu de cercle
depuis 1822; 1.178 hab. (Iakouts, exilés, marchands),
46 établissements commerciaux. Foire active en été. Com-
merce de fourrures, poisson, bétail (40 à 70.000 roubles de
transactions). Olekmin^k possède 3 écoles, 2 églises, 6 cha-
pelles, 1 hôpital.
Le cercle (okroug), dans le S.-O. de la province, a
340.000 kil. q. ; 15.000 hab. Mines d'or.
OLEWIPS. Corn, du dép. de l'Aveyron, arr. et cant. de
Rodez; 881 hab.
OLEN ('QXrjv) est le nom d'un très ancien poète grec,
à qui l'on attribuait des hymnes, un entre autres à lli-
thyie, et des nomes exécutés aux fêtes de Délos, encore au
temps de Callimaque. Certains auteurs le regardaient
comme l'inventeur de l'hexamètre. On faisait de lui tan-
tôt un Hyperboréen, tantôt, et plus souvent, un Lycien.
Son nom est ainsi lié à l'introduction dans les îles grecques
du culte d'Apollon, originaire de Lycie. SiOlen a existé,
il doit donc être placé vers le viii^ siècle.
OLENDA. Village du Congo français, dans le bassin de
rOgooué.
OLENDON. Com. du dép. du Calvados, arr. de Falaise,
cant. de Morteaux-Coulibœuf ; 240 hab.
OLEN Dl EN (GéoL). Nom donné à l'étage supérieur du
groupe cambrien (V. ce mot).
OLENEK. Fleuve de Sibérie, prov.de Iakoutsk. Il naît
à la frontière orientale du gouv. de lénisseisk, dans une
montagne peu élevée, le larghan; sa direction générale
est S.-O.-N.-E. Il décrit de nombreux méandres et reçoit
plusieurs atïïuents : à gauche, l'Arga-Sala, le plus impor-
tant, et l'Oukykat; à droite, le Silgir. Dans la première
partie de son cours, sa longueur moyenne est de 40 m. ; il
coule rapidement, resserré entre les falaises pittoresques,
obstrué par des rochers et des bancs de sable qui empê-
chent toute navigation. Après avoir reçu l'Arga-Sala, EOlc-
nek s'élargit et atteint 425 à 640 m. Il coule alors à tra-
vers une région montagneuse et couverte de forêts, puis il
entre dans la zone des toundras et sa largeur dépasse alors
1 kil. Après un parcours de 2.200 kil., il se jette dans
l'océan Arctique par 72° 54' de lat. N.L'Olenek mesure à
son embouchure 9 kil.de largeur; il est gelé dans la par-
tie supérieure de son cours depuis le commencement d'oc-
tobre jusqu'à la fin de mai.
OLEN US (Paléont.). Genre de Jnlobites(Y. ce mot).
OLEN US. Cité grecque de l'époque légendaire, détruite
par les Etoliens. Strabon la place près de Pleuron.
OLEN US. Cité antique de l'Achaie, entre Patras et
Dyme; elle fut détruite et annexée à Dyme au temps de
la Ligue achéenne.
OLEN US Calenlis, devin légendaire d'Etrurie qui fut
aj^polé par Tarquin, lors de la fondation du Capitole, quand
on trouva on creusant les fondations une tête humaine
(Cf. Dh:n. IIal.,IV, 59-61, etPLiNE,i/. X, XXXVIII, 2).
OLÉOMARGARINE (V. Margarine).
OLÉONE (Chim. indust.) (V, Oléique [Acide]).
OLÉOPALMITINE. Les oléopalmitines sont des étliers
de la glycérine qui résultent, soit de l'union de la glycé-
rine avec une molécule d'acida oléiqud dt une molécule
OLÉOPALMITINE — OLERON
— 340
d'acide palmitique en même temps que deux molécules
d'eau s'éliminent,
C^H^ (H^O^) (H-'02) (H202) + C^^H^^O^ 4- C^m^W
Glycérine Acide Ac. oléique
palmitique
Oléopalmitinc
soit de l'union de la glycérine avec deux molécules d'acide
palmitique, une d'acide oléique, ou bien deux molécules
d'acide oléique et une d'acide palmitique, dans tous les
cas avec mise en liberté de trois molécules d'eau :
C6H2 (H202) (nW) (nW) + 2C-^2H3204 _^ C=^6JJ3404
Glycérine Ac. palmitique Ac. oléique
-_ Ç6II2 (C32H3204)2 (C36H340^)
Oléodipalmitine
C6H2 (H202) (H^O'-) (H^O-^) 4- C^-H^W + ^C^^H^^O^
Glycérine Ac. palmit. Ac. oléique
= C«H2 (C32H3204) p6H3404)2,
palmitodioléine
Ces substances possèdent des propriétés intermédiaires
entre celles de la tripalmitine et de la trioléine. C. M.
OLÉOPHOSPHORIQUE (Acide). Cet acide a été dé-
couvert par Frémy dans le cerveau. Il paraît ne pas y
exister à l'état libre, mais être un produit de décompo-
sition de la lécithine ou plutôt de corps analogues, décom-
position qui se produit pendant la préparation. C'est un
liquide peu mobile, jaune, insoluble dans l'eau et l'alcool
froid. Il contient environ 2 ^j^ de phosphore. Les alcalis
convertissent cet acide en phosphates, en oléates et en
glycérine, ce qui rendrait la formule suivante comme pro-
bable, C^««Hi43p024,
C156H143P024 _ 2C^H80^ -}- ^C^^^iQA _|_ PQSHseH^O.
Glycérine Acide Acide
oléique phosphor.
L'ébullition avec Feau donne simplement l'oléine et
l'acide phosphorique.
Cet acide ne parait pas avoir été isolé à l'état pur. C. M.
OLÉOSACCHARUM (Pharm.). On appelle oléosaccha-
rum, oléosaccharolé, et plus (iourixmmQnioleosaccha7'ure
tout médicament solide, pulvérulent, composé de sucre
uni à une huile essentielle. La proportion ordinaire d'es-
sence est de 4 goutte pour 4 gr. de sucre (2 gr. dans la
pharmacopée suisse). Les oléosaccharures se préparent
en triturant ensemble, au mortier, le sucre et l'essence.
Ils permettent, en divisant l'essence, d'en faciliter l'ad-
ministration Ja solution, ou la mise en suspension dans
l'eau. Le Codex de 1884 indique deux types d'oléosac-
charures : 1^ V oléosaccharure cVanis, qui se prépare,
avec l'essence d'anis, dans les proportions et de la façon
indiquées ci-dessus (on prépare de même les oléosaccha-
rures de carvi, fenouil, menthe, etc.); 2^ V oléosaccha-
rure de citron qui se prépare en frottant sur 10 gr. de
sucre la partie extérieure du zeste d'un citron. On triture
ensuite le sucre au mortier. En préparant ainsi les oléo-
saccharures d'to/?^nW^5 (bergamote, cédrat, or ange, etc.),
on obtient un médicament plus aromatique que celui ob-
tenu avec l'essence distillée. Les oléosaccharures sont
facilement altérables. L'état de division extrême de l'es-
sence facihte sa volatilisation et son oxydation. Aussi ces
préparations ne doivent être faites qu'au moment du
besoin. V. H.
OLERON (Ile d'). Ile de l'Océan située dans le golfe de
Gascogne, auprès des rivages de la Saintonge et rattachée
administrativement au dép. de la Charente-Inférieure. Sa
superficie est évaluée à 17.520 hcct. et elle compte
17.190 hab. répartis entre six communes : Saint-Georges,
Le Château, Dolus, Saint-Trojan, Saint-Pierre, Saint-De-
nis et une infinité de villages. Cela fait environ 100 hab.
par kilomètre carré, densité considérable si l'on observe
que de la superficie totale il faudrait défalquer une grande
quantité de sables et de dunes qui ne sont encore ni habi-
tables ni productrices. L'ile d'Oleron, inclinée du S.-E.
au N.-O., a une longueur totale de 30 kil., du phare de
Chassiron au N., àla pointe de Maumusson au S., sur une
largeur maximum de 11 kil. par le travers de la pointe des
Saumonards, mais sa largeur moyenne n'est que de 5 à
6 kil. Au N. elle est séparée de File de Ré et du conti-
nent par le pertuis d'Antioche ; ce bras de mer devient à
FO., à partir de la pointe des Saumonards, du fort Boyard
et de File d'Aix, un détroit sinueux entre Oleron et la côte
de Saintonge, large à peine de 500 m. à marée basse,
entre des bancs de sable et de vase ; il se resserre encore
entre la pointe d'Ors et le fort du Chapus où aboutit le
chemin de fer de Marennes; ce détroit du Chapus, large de
2.200 m. à haute mer, n'a plus que 1.200 m. à marée
basse. Au delà du détroit s'étend la baie triangulaire de
Seudre, qui se termine au S. par un nouvel étranglement,
le pertuis de Maumusson, entre la pointe méridionale de
l'île et la presqu'île d'Arvert. Ce pertuis de Maumusson,
dont les courants sont redoutables, n'a pas plus de 500 m.
de large aux basses mers ; il est large de 2.200 m. à la
marée haute. Toute cette côte est s'envase et s'ensable
rapidement, et sa séparation du continent n'est maintenue
que par la violence des courants des pertuis.
En suivant cette côte est du N. au S., on rencontre
d'abord au N. un massif rocheux isolé, le rocher d'An-
tioche, énorme écueil qui a donné son nom au grand per-
tuis du N. : puis le port Saint-Denis, la belle plage de la
Brie, la pointe des Boulassiers et le port du Douhet, à
partir duquel des sables et des dunes font suite au banc
rocheux qui borde File depuis son extrémité septentrio-
nale. Boyardville est un petit port en communication
maritime avec Rochefort, l'île d'x4ix et La Rochelle. Il y
a quelques années, la marine avait conçu le projet d'en
faire un grand port militaire, commandant la rade des
Trousses ; elle y avait installé l'école des torpilleurs et
commencé de vastes travaux pour l'élargissement du che-
nal ; ces projets sont aujourd'hui abandonnés. Au S. de
Boyardville la côte devient basse et vaseuse, la mer dé-
couvre de plus de 3 kil. ; des marais salants pénètrent
dans l'intérieur des terres, et des parcs d'huîtres occupent
toute la partie recouverte par les marées. Le chenal du châ-
teau d'Oleron, ville, citadelle et port, coupe cette côte basse ;
plus au S., Saint-Trojan est un petit port de pêche sur la
baie de la Seudre. La côte 0., qui fait face à l'Océan, a
reçu, comme da»s les autres îles de l'Océan, exposées de
même, le nom caractéristique de « côte sauvage » ; elle
présente l'aspect uniforme d'un cordon de dunes supporté
par un socle rocheux, qui atteint parfois 2.500 m. de large
et s'élève dans le N., aux dunes de Domino, jusqu'à la
hauteur de 26 m. et dans le S., aux dunes de Saint-Tro-
jan, jusqu'à 32 m. Les villages se sont tous écartés du ri-
vage à l'exception d'un seul, celui de la Cotinière, bourg
de pêche, qui possède une dizaine de grandes chaloupes
employées en été à la pêche de la sardine, mais qu'il faut
hisser sur la côte aussitôt qu'arrivent les mauvais temps
de l'équinoxe. Sur cette côte inhospitalière se trouve
pourtant ménagée une vaste baie, oti s'interrompt le sou-
bassement rocheux de l'île, c'est celle de La Perroche
A diverses reprises on a tenté d'y établir un port qui se-
rait un abri précieux. En 1795, on avait construit une je-
tée au S.; en 1825, on en établit une au N.; en 1868, on
avait commencé la construction d'une jetée en fer à che-
val, protégeant la moitié de l'anse et donnant accès aux
barques de pêche ou même à de grands navires que la tem-
pête forcerait à se réfugier à La Perroche ; tous ces tra-
vaux ont été successivement emportés par la mer, et il n'en
subsiste que des débris.
L'île est traversée par une seule route importante,
dont le nom ofliciel est : route départementale n^ 7, de
Saintes à Chassiron ; en réalité, elle prend naissance à la
pointe d'Ors, en face de la pointe du Chapus, oti aboutit la
route de Saintes, mais de chaque côté une chaussée pavée
descend jusqu'au niveau des plus basses mers d'où une
barque fait le trajet de 1 kil. qui sépare alors File du
~ 341
OLERON
continent, ce qui permet de considérer la route comme
ininterrompue. De la pointe d'Ors, la route gagne le châ-
teau, et va de là à Dolus, à Saint-Pierre et à Saint-Denis
pour se terminer à la pointe de Chassiron. Les autres lo-
calités sont desservies par des chemins vicinaux. Les
communications avec le continent sont assurées par des
services de vapeurs entre Le Château et la pointe du Cha-
pus, entre La Rochelle et Royardville, et en été entre
Saint-Trojan et la pointe du Chapus. Rasse et plate, l'île
d'Oleron, autrefois boisée, est aujourd'hui cultivée en vignes,
ravagées naguère par le phylloxéra, en céréales, en four-
rages, en betteraves et en jardins maraîchers. Nulle part
la propriété n'a été plus morcelée, et les arbres en ont
presque totalement disparu. Une partie des dunes seule-
ment a été plantée de pins maritimes destinés à les fixer.
Les principales industries de l'il^ sont : l'ostréiculture qui
occupe près de 600 hect. de claires, de parcs et de vi-
viers, où l'on élève des huîtres plates et des portugaises ;
un grand nombre des premières sont envoyées à Marennes
pour les verdir, les autres sont livrées directement à la
consommation ; l'industrie du sel qui est en décroissance à
cause de la concurrence des salines du Midi et de l'Est ;
la récolte du varech qui sert d'engrais dans toute l'île,
et qui s'exporte aussi sur le continent, et enfin la pêche.
Celle-ci s'exerce surtout au N. de l'île dans des pêche-
ries ou écluses à poissons disposées dans les immenses
roches plates qui découvrent à marée basse, de façon à
ce que le poisson y arrive avec le flot et y soit retenu
lorsque la mer se retire. Chaque enclos est affermé à l'Etat
par une association de cinq ou six personnes qui sont
généralement des cultivateurs et non des pêcheurs de pro-
fession.
L'île est peu riche en monuments anciens ; l'église de
Saint-Georges est de l'époque de transition et a une fa-
çade intéressante ; celles du Château et de Saint-Pierre
sont modernes ; mais îkfaut signaler à Saint-Pierre une
magnifique lanterne des morts du xiii^ siècle, haute de
20 m., qui s'élève au milieu d'un square sur l'emplace-
ment de l'ancien cimetière. Près de la pointe de Meuson
on a construit en 4895 un vaste hôpital maritime pour
les enfants de l'Assistance publique de Paris.
Le phare de Chassiron, à l'extrémité N.-O. de l'île, est
haut de 43 m. et porte un feu blanc à éclats d'une por-
tée de 32 milles. Les autres phares de l'île, à La Perro-
tineet au Château, ne sont que des feux de ports ; toute la
côte 0., si dangereuse, est dépourvue de phares. A la
pointe S. s'élève seulement sur les dunes de Saint-Tro-
jan un amer en bois.
Au point de vue de la défense, la citadelle du Château
est un édifice pittoresque du xvu^ siècle, qui sert de dé-
pôt à une compagnie de disciphne de la marine ; il y a
également un ancien fort à Boyardville et un autre aux
Saumonards. A ces ouvrages, sans grande valeur aujour-
d'hui, on a ajouté aux Saumonards une batterie an-
nexe et un ouvrage avancé, à Boyardville une batterie,
qui concourent avec le fort Boyard à la défense des rades
de l'île d'Aix et des Trousses.
Histoire. — On est d'accord pour reconnaître Oleron dans
l'île des Venètes nommée Uliarus, citée par Pline. Pom-
ponius Mêla, Strabon, Ptolémée la mentionnent à leur tour.
Sidoine Apollinaire, qui parle des incursions des pirates
saxons auxquelles elle était en butte, fait mention des fauves,
sanghers, cerfs et daims qui la peuplaient. Un peu plus tard,
elle fut exposée aux irruptions des Normands. Comprise
d'abord dans le duché d'Aquitaine, elle fut conquise au
XI® siècle avec le duché par le comte d'Anjou, Geoffroy
Martel, qui concéda à l'abbaye de la Trinité de Vendôme
le quart de l'île, l'église Saint-Georges, qui devint un prieuré
dépendant de la Trinité, et les deux églises du Château-
Notre-Dame et Saint-Nicolas. Un peu plus tard, l'abbaye
de Notre-Dame de Saintes, lors de sa fondation, en 1047,
reçut en don la dîme des peaux de cerfs et de biches tués
dans l'île, pour en faire des couvertures de livres. Eléo-
nore de Guyenne apporta Tile en dot, d'abord au roi de
France Louis VII, puis à son second mari, Henri Planta-
genêt, devenu roi d'Angleterre en 1514. Pendant son
court passage sous la domination française, l'île reçut
quelques privilèges du roi de France. Eléonore de Guyenne
y promulgua les lois maritimes qui, sous le nom à^ Juge-
ments de la 7ner ou de Rôles d'Oleron, devinrent au
moyen âge le code de tous les navigateurs de l'Occident.
En 1197, Othon de Brunswick, en qualité de duc d'Aqui-
taine, concéda quelques franchises aux habitants de l'île.
Quelques années plus tard, ils étaient organisés en com-
mune jurée et recevaient, avec les mêmes privilèges que
ceux de La Rochelle, la charte municipale connue sous le
nom d'Etablissements de Rouen. Concédée en 1214 par
Jean sans Terre aux Lusignan, l'île resta sous leur domi-
nation après la conquête de Louis VIII. Elle redevint an-
glaise en 1230 et Henri III eut même assez confiance en
ses habitants pour octroyer aux hardis marins d'Oleron
des lettres de marque pour armer en course contre la
Fran e. Reconquise par les Français en 1294, elle dut être
restituée en 1303, redevint française sous Philippe de Va-
lois et fut concédée par lui à Foulque de Matha, seigneur
de Royan, après la mort duquel (1359) elle fut réunie au
domaine royal. Moins d'un an après, le traité de Rrétigny
la cédait une fois de plus à l'Angleterre; en 1370, enfin,
elle était reconquise, et Charles V la réunissait définitive-
ment cette fois à la France. Les sires de Pons, descen-
dants des Lusignan, essayèrent vainement d'y faire valoir
leurs prétentions, et entamèrent avec la couronne un long
procès qui ne fut terminé qu'au xvii^ siècle.
A travers toutes ses vicissitudes, l'île d'Oleron avait
réussi à conserver ses privilèges, ses franchises et sa
commune ; chacun de ses maîtres successifs s'était em-
pressé de les confirmer ; et en 1344, elle avait fait rédi-
ger sa coutume particulière. Au xvi® siècle, un grand
nombre d'Oleronais embrassèrent la Réforme. Vers le mi-
lieu du XIV® siècle, ils se joignirent à la révolte des réfor-
més de Marennes et d'Arvert. Agrippa d'Aubigné et les
Rochelais s'emparèrent de l'île qui resta au pouvoir de La
Rochelle jusqu'en 1625. A. G.
Rôles d'Oleron. — Les jugements ourdies d' Oleron
sont un recueil de décisions rendues par certains juges de
la mer. On a réuni ces décisions pour en former un en-
semble destiné à fixer les usages maritimes de l'Océan.
C'est dans le même but que fut aussi composé le Consu-
lat de la mer pour les usages maritimes de la Méditer-
ranée. Les opinions les plus diverses ont été autrefois
émises sur l'origine des rôles d'Oleron. Les jurisconsultes
anglais en ont souvent et volontiers attribué la paternité
à leur pays, mais sans preuves sérieuses. On relègue au-
jourd'hui parmi les fables les opinions suivant lesquelles
les rôles d'Oleron seraient une œuvre législative que les
uns ont attribuée au roi Richard et les autres à Eléonore
de Guyenne. Il n'est plus douteux que nous sommes en
présence, comme le prouve leur titre même, d'une œuvre
privée de la fin du xi® ou du commencement du xii® siècle.
Ce recueil comprend un certain nombre de décisions éma-
nées des juges de la mer d'Oleron. Ce qui reste douteux,
c'est la question de savoir si ces décisions se rattachent à
des affaires qui auraient été plaidées devant ces juges,
ou s'il ne s'agit pas plutôt de simples déclarations de
principes posés d'une manière abstraite, et en dehors de
tout procès par ces mêmes juges pour fixer certains usages.
Ce coutumier a joui d'une grande renommée. En France,
il a été reconnu obligatoire par des ordonnances royales,
et il a été également accepté par tous les pays étrangers
riverains de l'Océan, de sorte qu'on peut dire sans exagé-
ration que, tout en comprenant un nombre très limité d'ar-
ticles, il a, pendant plusieurs siècles, formé le droit com-
mun privé maritime de l'Europe occidentale pour les rives
de l'Océan, comme le Consulat de la mer pour les rives de
la Méditerranée. E. Glasson.
BiBL. : Akdouin-Dumazet, Voyage en France, 1895,
OLERON — OLFACTION
- 34^2
t. II. — Les Iles de V Atlantique,— A. Giry, les Etablisse-
ments de Rouen^ 1883, 1. 1, ch. vi. — Iles d'Oleron et de Ré.
RÔLES d'OlerOin. — Pardessus, Collections des lois
maritimes., t. I. — Sir Travers Twis, Blackbook ofthe ad-
miralty.— François Saim'-Maur, les Rôles d'Oleron., dans
la Revue de législation ancienne et moderne., année 1873,
pp. 163 et suiv. — Pols. les Rôles d'Oleron et leurs addi-
tions, dans la Nouvelle Revue historique de droit français
et étranger., année 1885, t. IX, p. 454. — Dufour. Droit ma-
ritime., t. L p. 32. — Arthur Desjardins. Introduction his-
torique à Vêtude du droit commercial maritime, p. 31.
— Glasson. Histoire du droit des Institutions de In France.
t. lY, p. 267.
G LÉSA DE MoNSERiUT. Ville d'Espagne, prov. de Bar-
celone, sur le Llobregat et le ch. de fer de Barcelone à Sa-
ragosse; 3.235 hab. Lainages.
OLESKO. Village de Galicie, district de Zloczow; 3.412
hab. (en 4890). Château oti naquit Jean Sobieski. Eglise
gothique.
OLESZCZYNSKI(Antoine),graveurpolonais,néen4796.
Après avoir fait ses premières études artistiques à Saint-
Pétersbourg, il alla les continuer à Paris sous la direction
de Regnault. Son œuvre la plus connue, et devenue popu-
laire, est un recueil de 100 estampes intitulé Variétés
polonaises, où il a reproduit les épisodes les plus glo-
rieux de l'histoire de son pays. F. T.
BiBL. : StJDHOFF, K. Olevianus u. Z. Ursinus Leben und
ausgeu-cvJdte Schriften; Elbcri'eld, 1857.
OLETTA. Ch.-l. de cant. du dép. de la Corse, arr. de
Bastia, dans une situation très pittoresque sur le ver-
sant 0. du mont Zuccarello (955 m. d'alt.); 1.194 hab.
Vers à soie. Culture du mûrier et du cédrat, chènes-liège,
châtaigniers.
OLETTE. Ch.-l. de cant. du dép. des Pyrénées-Orien-
tales, arr. de Prades; 935 hab. Olette appartint long-
temps aux vicomtes d'Evol, ses privilèges municipaux furent
peu importants. Elle est située au confluent de la Tet et
de la rivière d'Evol et faisait jadis partie de la viguerie de
Conilent et Capcir. Le général Dagobert y battit les Espa-
gnols (2 sept. 1793). Olette possède un étabhssement
thermal. Ruines des châteaux d'Evol et de La Bastide.
Tour carrée en face du pont de Cerdagne. Les principaux
produits consistent en ardoises, vins, fruits, céréales.
BiBL. : J.-N. Fervel, Campagnes de la Rév. Franc, dans
les Pyr.-Or., I, 123. — D^^ M. Puig, Obstrv. sur les eaux
thermales des Graûs d'Olette ; Perpignan, 1863, in-8.
OLÉVIAN (Kaspar), réformateur du Palatinat, né à
Trêves le 10 août 1536, mort à Herborn le 15 mars 1587.
Il se laissa gagner aux nouvelles idées religieuses à Paris,
où il faisait ses études. En 1557, il retourna avec le titre
de docteur en droit dans sa ville natale, mais pour pas-
ser bientôt à Genève afin d'étudier la théologie auprès de
Calvin. Dès 1559, il prêcha la Réforme à Trêves, et quand
on lui ferma sa salle d'école, les bourgeois le firent monter
dans la chaire de l'éghsc Saint-Jacques. Accusé de rébel-
lion en 1560, il dut se réfugier à Heidelberg, où il réor-
ganisa l'Eghse réformée et pubha, avec Ursinus, le caté-
chisme de Heidelberg (1563), le document le plus popu-
laire des Eghses réformées de langue allemande. A la
mort de l'électeur Frédéric 111 (26oct. 1576), les réformés
furent expulsés. Olévian se relira à Berleburg, puis à Her-
born, où il ajouta à son activité réformatrice (synode de
Herborn en Î586) une activité littéraire fort étendue.
F.-H. K.
OLFACTION. L'olfaction est destinée à donner les
sensations odorantes, et l'appareil spécial adapté à ce but
est disposé, dans la partie supérieure des* cavités nasales,
sur le passage de l'air qui traverse les narines pour péné-
trer dans les poumons ; la muqueuse pituitaire qui tapisse
les fosses nasales est donc le siège de l'organe olfactif,
mais en fait les éléments essentiels de l'olfaction, les cel-
lules olfactives, n'occupent qu'une région assez limitée de
la paroi des fosses nasales ; on les trouve uniquement dans
la muqueuse que recouvre la partie moyenne du cornet
supérieur et la partie correspondante de la cloison des
fosses nasales. La muqueuse qui tapisse les fosses nasales,
la pituitaire, est molle, vasculaire, présentant de nombreux
replis qui augmentent la surface de ces cavités ; elle ren-
ferme de nombreuses glandes dont les produits de sécré-
tion ont pour but de maintenir constamment humide la
surface des cavités nasales. Nous n'insisterons pas sur les
cellules à cils vibratils qui tapissent cette muqueuse aussi
bien dans la partie respiratoire que dans la région olfac-
tive. Mais, dans cette région, il faut signaler des cellules
véritablement spécifiques, les cellules olfactives.
Entre les cellules épithéliales, on rencontre, en effet, un
certain nombre de cellules bipolaires présentant par suite
deux prolongements, Fun externe, arrivant jusqu'à la sur-
face libre de la muqueuse, où il se termine par un ou deux
petits filaments ou cils qui dépassent le niveau de
la muqueuse ; l'autre, interne, beaucoup plus grêle,
traverse la partie inférieure de l'épithélium, arrive dans
la sous-muqueuse, où il devient le cylindre-axe d'un des
filets du nerf olfactif, qui, après avoir traversé la lame
criblée de Fetlimoide, pénétreront dans le bulbe olfactif et
se mettront en contact avec les glomérules olfactifs céré-
braux. On ne saurait trop insister sur cette disposition
spéciale de la cellule olfactive, à la fois cellule sensorielle
et cellule d'origine du nerf sensitif . Alors que pour l'appa-
reil de la vision nous voyons la cellule sensorielle de la
rétine, cellule à cône ou à bâtonnet, entrer en relation
avec d'autres cellules nerveuses rétiniennes, ici la cellule
chargée de percevoir l'impression gustative est en connexion
directe par son cylindre-axe avec les cellules cérébrales ;
l'organe de l'olfaction est donc le plus simple et le plus
primitif des organes des sens.
Mais l'étude de l'appareil de l'odorat ne saurait s'arrêter
là; les terminaisons du nerf olfactif, c.-à-d. les cylindres-
axes issus des cellules olfactives de la pituitaire, entrent en
contiguïté dans le bulbe olfactif avec les ramifications de
nouvelles cellules nerveuses, les cellules mitrales, qui, à
leur tour, enverront des cylindres-axes dans les différentes
régions de l'axe cérébro-spinal ; les unes iront directement
vers l'écorce cérébrale, dans l'écorce grise temporale, où
nous pouvons aujourd'hui localiser le centre cortical de
l'olfaction; d'autres, soit directement, soit par des relais
successifs à travers la circonvolution de l'hippocampe et la
corne d'Ammon, conduiront les incitations olfactives jus-
qu'au voisinage des noyaux des nerfs bulbaires. Les con-
nexions du nerf olfactif proprement dit sont, on le voit,
des plus multiples et des plus complexes, et il règne encore
bien des incertitudes sur les voies suivies par ces impres-
sions à travers le cerveau. Comment en serait-il
autrement puis(|u'on a refusé au nerf olfactif le rôle
essentiel dans la conduction des sensations des odeurs.
Le nerf olfactif n'est pas le seul nerf de la pituitaire. A
côté de lui se trouve, en effet, le nerf trijumeau dont les
dernières ramifications assurent à toute la muqueuse la
sensibilité générale. On a discuté pour savoir si ce dernier
nerf n'était pas susceptible de transmettre également les
sensations olfactives. Cl. Bernard ayant constaté à l'au-
topsie, en 1858, l'absence de nerf olfactif sur un sujet
chez le(juel on n'avait pas noté pendant la vie de troubles
marqués de l'olfaction, Magendie attribua au nerf de la
cinquième paire la fonction olfactive. Mais cette observa-
tion est loin d'être suffisante, et les recherches de M. Duval
sur des cas analogues à celui de Cl. Bernard ont montré
qu'il n'y avait là qu'une prétendue absence, une simple
réduction du nerf, et qu'il existait réellement des filets
olfactifs dans la muqueuse pituitaire et de véritables moi-
gnons d'implantation des nerfs olfactifs sur le cerveau.
Nous avons défini l'olfaction la fonction spéciale qui nous
fait percevoir les odeurs. 11 faut donc, au préalable, étudier,
au point de vue physiologique, ce quel'on entend par odeurs.
En fait, les notions que nous possédons sur la cause maté-
rielle des sensations dites olfactives sont des plus som-
maires. Un fait parait tout d'abord ressortir des nombreuses
expériences faites pour étudier la nature physique des odeurs ,
c'est la matérialité de l'agent qui leur donne naissance.
Nous ne sommes plus ici en présence de ces ondulations
43 —
Of.FACTION ~ OLIER
ubratoircs comme dans la vision et l'audition, il suîïit
d'évoquer la persistance des odeurs des objets exposés à
une source odorante pour réfuter la théorie des ondula-
tions.
On allègue, il e.^t vrai, que certains corps très odorants
comme le musc, par exemple, ne perdent pas de poids
pendant une longue exposition à l'air. En fait, ce poids
est très faible, mais il n'est pas nul. Berthollet a montré,
par exemple, qu'un morceau de camphre placé dans un
tube barométrique faisait baisser lentement le niveau du
mercure, preuve évidente d'une émission de vapeur, et,
d'autre part, les études olfactimétriques ont permis de
reconnaître qu'il suffisait de moins d'un billionième de
gramme de musc dans un mètre cube d'air pour que l'odeur
en fût nettement perçue. On voit que la sensibilité de notre
appareil olfactif dépasse de beaucoup celle des réactions
chimiques et même l'analyse spectrale. C'est ainsi que,
d'après Kirchhoff et Bunsen, l'analyse spectrale peut déceler
la présence de 4/1.400.000 de milligrammes de sodium,
tandis que l'odorat perçoit une quantité 250 fois moindre
de mercaptan et i 0.000 fois moindre de musc artitlciel
(Jacques Passy).
Pi^opriéPJs caractéristiques des odeurs. Au point de vue
physiologique, les odeurs se distinguent par leur qualité,
leur puissance du pouvoir odorant, leur intensité. La qua-
lité est ce qui nous permet de reconnaître une odeur, ce qui
correspond à la couleur pour l'œil, au timbre pour Foreille:
l'odeur de rose, de jasmin. C'est à propos de la qualité
que nous pourrions discuter ici la classification des odeurs,
il nous suffira de citer celles de Haller et de Linné pour
montrer l'inanité de telles classifications : odeurs agréables,
désagréables et indifférentes (Haller) ; aromatiques, fra-
grantes, ambrosiaques, alliacées, fétides, vireuses, nau-
séeuses (Linné) . Passy définit l'intensité en disant que, lorsque
deux odeurs sont en présence, la plus intense est celle
([ui masque l'autre. Remarquons que ce sont généralement
les odeurs les plus fortes qui disparaissent les premières
([uand on diminue la dose. Enfin, la puissance ou le pou-
voir odorant se définit par l'inverse du minimum percep-
tible : s'il faut i.OOO fois moins de vanille que de camphre
pour provoquer la perception caractéristique, on dira que
la vanille a un pouvoir odorant 1 .000 fois plus grand.
Conditions physiologiques de l'olfaction. Pour que
les particules odoi^antes impressionnent l'appareil olfactif,
il faut que l'air qui les porte soit doué d'un certain mou-
vement et que le courant d'air produit se dirige de bas en
haut. Or nous pouvons, suivant notre volonté, changer le
type de nos mouvements respiratoires pour accomphr l'acte
de flaire}'. On ferme la bouche afin que l'air ne s'intro-
duise plus que par les fosses nasales et on exécute une
série de petites inspirations saccadées et rapides, puis on
cliasse brusquement l'air qui s'est ainsi introduit successi-
vement dans la poitrine. Les narines prennent une grande
part au phénomène sous l'intluence des muscles propres
du nez, elles se dilatent au niveau de leur orifice infé-
j'ieur et se rétrécissent en même temps au niveau de
l'orifice supérieur qui se resserre par la traction en dedans
que subit le bord inférieur du cartilage latéral du nez, le
courant d'air pénètre ainsi facilement à travers l'orifice
inférieur dilaté et subit un redoublement de vitesse au
niveau de l'orifice supérieur rétréci.
L'olfaction ne peut-elle se faire que dans les conditions
indiquées ci-dessus, c.-à-d. quand le courant d'air est
dirigé de bas en haut, de l'extérieur vers l'intérieur? Pour
affirmer ce fait, les auteurs s'appuient sur cette observa-
tion courante que l'on ne perçoit pas normalement l'odeur
propre de son haleine, alors qu'elle peut atteindre des qua-
lités et une intensité remarquables : haleine fétide, alliacée,
alcoohque.
Mais il_ faut objecter qu'il s'agit ici d'odeurs persis-
tantes, qui finissent par ne plus être perçues. C'est l'odorat,
en effet, plus que le goût qui nous permet de distinguer
le bouquet ou le fumet des vins et des mets, et c'est par
l'arrière-gorge que ces odeurs ou parfums arrivent en
contact avec la muqueuse olfactive. Il n'y a donc pas Heu
de faire cette distinction dans le courant d'air qui doit
frapper la surface sensible.
On a cru pendant longtemps que les sensations olfac-
tives ne pouvaient être déterminées que par le passage de
l'air chargé de vapeur et qu'il était impossible de perce-
voir les odeurs introduites en solution dans les narines. On
s'appuyait sur une expérience de Weber qui, ayant aspiré
un mélange d'eau et d'eau de Cologne, déclarait n'avoir
senti aucune odeur. Partant de là, Jolyet, reconnaissant
(fue les animaux aquatiques perçoivent certainement les
odeurs, suppose qu'ils ne les perçoivent pas comme telles,
mais plutôt comme des saveurs. Or Aronsohn a montré
que les odeurs étaient nettement perçues en milieux
liquides, si ce mifieu était isotonique, c.-à-d. inoffensif
poiu' les cellules de la muqueuse olfactive. Dans une solu-
tion de sel marin à 8 °/oo, non seulement on peut perce-
voir toutes les odeurs dissoutes, mais mesurer leur inten-
sité avec beaucoup d'exactitude. La perte de l'olfaction,
Tanosmie, peut se rattacher, soit à une lésion pituitaire,
soit à des lésions cérébrales des centres perceptifs de
l'odorat. J.-P. Langlois.
OLFUSA. Rivière d'Islande (V. Islande, t. XX, p. 4010).
OLGA (Sainte), simple paysanne russe qu'épousa le
grand-duc Igor de Kiev, l'ayant vue à la chasse, morte
eu 969. Après sa mort, elle tint dix ans la régence (945-
955) au nom de son fils mineur, puis se rendit à Constan-
tinople, s'y fit baptiser et reçut le nom d'Hélène. Elle fut
canonisée. Sa fête se célèbre le 44 juil. (ancien style).
Ordre d'Olga. — Eondé le 27 juin 4874 par Charles P^,
l'oi de Wurttemberg. Cet ordre, qui ne comporte qu'une
seule classe, peut être conféré aux femmes. Ruban noir,
liséré carmin sur chaque bord.
OLGOPOL. Ville de Russie, gouv. de Podolie, sur la
Savranka; 9.743 hab. (en 4894). Marché agricole. Fondée
en 4795.
OLHAO. Ville maritime du Portugal, prov. d'Algarve,
district et à 7 kil. E. de Faro, sur l'Atlantique ; 7.000 hab.
Vins, cordes, poteries.
OLIAROS ou OLÉAROS (V. Antiparos),
OLIBAN (V. Encens).
OLIER (Jean-Jacques), ecclésiastique français, fonda-
teur du séminaire de Saint-Sulpice, né à Paris le ^0 sept.
4608, mort à Paris le 2 avr. 4657. H fit ses études au
collège d'Harcourt et à la Sorbonne. Après un voyage en
Italie, il assista, de retour à Paris, aux conférences que
saint Vincent de Paul donnait à Saint-Lazare sur les devoirs
du sacerdoce. Cela fut décisif pour toute sa vie. Il avait
été ordonné prêtre le 24 mars 4683. H parcourut d'abord
l'Auvergne et le Velay comme missionnaire, puis il refusa
la situation de coadjuteur do l'évêque de Chàlons-sur-
Marnc, que Louis Xlll lui faisait offrir, pour se vouer à
l'éducation de jeunes prêtres. Il loua une maison à Vau-
girard et y commença, en janv. 4642, une association fra-
ternelle ; pour débuter, il y eut trois membres, mais on
ne taida pas à en compter une vingtaine. Quand le nombre
do ces prêtres augmejjta encore, il les partagea en deux
groupes : la congrégation de Saint-Sulpice, cbargée de la
direction du séminaire qui, en 4645, avait été transférée
de Vaugirard à Paris et pour lequel Cher avait obtenu, en
no\embre delà même année, des lettres patentes. Le second
groupe formait la communauté des prêtres de la paroisse ;
le gouvernement de l'éghse lui était confié, sous la direc-
tion d'(;liei% qui, le 40 août 4642, avait cédé aux instances
de srs amis pour accepter la cure de Saint-Sulpice. Il la
réorganisa admirablement, se fit remanpier dans le monde
par un mouvement contre le duel (4654), mais se démit
de sa cure dès juin 4652, afin de consacrer toutes ses
forces à son séminaire. Ses dons personnels pour diriger
les âmes étaient considérables ; avec une étrange perspi-
cacité, une sorte d'intuition, il pénétrait dans les pensées
de ceux qui vi^ aient autour de lui et qui venaient le con-
OLIER — OLIGOCÈNE
344 —
sulter. On l'a comparé à Ignace de Loyola ; il est une
énergie me^Ié et religieuse en face des procédés extérieurs
du jésuite. « Ceux qui l'approchaient, dit un contempo-
rain, remarquaient en lui une telle plénitude de l'Esprit
divin qu'ils sortaient tout remplis du désir de servir Xotre-
Seigneur. » Bossuet l'a appelé sanctitatis odore floven-
tem. Il n'est pas douteux que son intluence sur une partie
du jeune clergé au milieu du xvii® siècle ne fût bienfai-
sante, tranquille et profonde. L'histoire du séminaire de
Saint-Sulpice ne saurait être faite ici. Mais, du vivant
d'Olier, des établissements pareils furent créés, avec sa
participation, à Rodez, au Puy, à Limoges, à Clermont-
l'Hérault, à Nantes et jusqu'à Montréal au Canada. Parmi
ses nombreux ouvrages de dévotion, réédités en 1830, on
peut citer les Lettres spirituelles et la Journée chré-
tienne, l'un des plus populaires. Le Catéchisme chrétien
pour la vie intérieure a fait accuser Olier d'un mysti-
cisme répréhensible. Quand on entreprit, il y a une tren-
taine d'années, d'introduire auprès du Saint-Siège la cause
de la béatification du fondateur de Saint-Sulpice, il se pro-
duisit dans le camp jésuitique des velléités d'opposition et
des attaques contre la doctrine et la personne d'Olier. La
polémique, fort instructive, suscitée ainsi, dure encore.
F.-H. K.
BiBL. (Le P. GiRY) la Vie de M. J.-J. Olier; s. l., 1687,
in-12. — Nagot, Vie de M. Olier ; Paris, 1818. — L'Esprit
directeur des âmes ou Maximes et Pratiques de M. Olier
touchant la direction; Paris , 1831, in-12. — De Breton-
viLLiERS, Mémoires sur M. Olier ; Paris, 1841, 2 vol. —
M. Olier ,• Lille, 1861, in-12.— Vie intérieure de la Très
Sainte Vierge, ouvrage recueilli des écrits de M. Olier ;
Rome, 1866, 2 vol. (déféré à l'Index). — H.-J. Icard, Doc-
trine de M. Olier; Paris. 1889. — Du même. Explication de
cjuelques passages des Mémoires de M. Olier ; Paris, 1892.
OLIFANT (Archéol.). Ce mot désignait en vieux fran-
çais l'ivoire, et plus spécialement les cors d'ivoire, en par-
ticulier celui du héros Roland qui le fit retentir à Ronce-
veaux (V. Cor et Roland).
OLIFANT (Fleuve), c.-à-d. Fleuve des Eléphants.
Nom de quatre cours d'eau du S. de l'Afrique : l'Olifant
occidental, long de :250 kil., naît au N. du grand VVin-
terhoek, coule vers le N., puis vers l'O., passe à Clan-
wilham et se jette dans l'Atlantique ; — l'Olifant orien-
tal coule de l'E. à l'O. longeant au S. le grand Zwarteberg,
arrose Oudtshoorn et s'unit au Gouritz, tributaire de l'océan
Indien ; — l'Olifant Vley, rivière du steppe des Roschi-
mans au N. des monts Karree, qui s'unit au Hartebeest,
tributaire de l'Orange; — l'Olifant Lepelule, affl. dr. du
Limpopo, long de 700 kil., qui a presque tout son cours
dans le Transvaal, à partir de sa source au Klipstapel-
berg, coule vers le N., puis vers l'Ë.-N.-E.
OLIGARCHIE (V. Aristocratie, t. Ill, p. 926).
OLIGISTE (Fer) (Miner.) (V. Hématite).
OLIGOCÈNE. Nom donné en géologie à la partie supé-
rieure des terrains éogènes ou tertiaires inférieurs, pro-
posé par Reyrich en 1854 (de oXiyoç, peu, et de xaivôc,
récent). L'oligocène est compris entre l'éocène et le mio-
cène. Sa limite inférieure est placée tantôt au-dessous du
gypse parisien, tantôt au-dessus ; sa limite supérieure passe.
suivant les auteurs, tantôt au-dessus, tantôt au-dessous de
l'aquitanien.
Caractères généraux. — Pour la faune terrestre et la
flore, V. Tertiaire.
La faune marine ne se distingue par aucun caractère de
premier ordre de la faune éocène et de la faune miocène,
c'est donc surtout sur des caractères stratigraphiques que
doit être établi le groupe oligocène, et c'est sur la grande
transgression du début de la période que Reyrich se basa
pour introduire cette nouvelle subdivision des temps ter-
tiaires. Les terrains éocènes manquent dans toute la plaine
de l'Allemagne du Nord, et ce n'est qu'avec le début de
l'oligocène que cette région est de nouveau envahie par la
mer. Dans les régions méditerranéennes on observe non
inoins nettement la transgressivitédupriabonien, étage qui
correspond à Toligocène inférieur du N. derKurope; Dans
l'un et dans l'autre cas, la mer semble pénétrer dans des
géosynclinaux situés à peu près sur l'emplacement de ceux
de la période secondaire et qui seront le théâtre de plisse-
ments plus ou moins intenses vers la fin de la période ter-
tiaire. Dans les régions étrangères à ces pHssements, comme
par exemple dans le massif central de la France et dans la
vallée du Rhin, l'invasion marine n'a lieu qu'à l'oligocène
moyen. Les eaux pénètrent dans de grandes dépressions
limitées par des fractures dirigées N.-S. Dans tout le N.
de l'Europe, l'oHgocène supérieur ou aquitanien corres-
pond à une phase de régression, tandis que dans les ré-
gions méridionales la transgressivité de cet étage inaugure
les mouvements de submersion de la période néogène.
A une certaine distance des rivages et au fond des bassins,
ce sont les faciès vaseux qui prédominent. L'abondance
des Dentales, des Pleurotomes, desAstartes, des Nucules,
des Cyprines dans les couches argileuses du N. de l'Eu-
rope indique des eaux froides, et la présence dans ces dé-
pôts de Foraminifères appartenant à des types boréaux
vient encore corroborer ce résultat (A. Andrese). Dans les
eaux moins profondes on rencontre surtout des dépôts sa-
bleux, dans lesquels abondent les Pectunculus, les Cy-
therea, les Natica. Certaines couches marneuses et schis-
teuses de l'oligocène renferment souvent des Poissons des
genres Meletta et Amphisyle. Le long des rivages il se
forme des lagunes qui fonctionnent comme bassins d'éva-
poration ou qui sont dessalées par des cours d'eau et ren-
ferment alors une faune saumâtre, dans laquelle prédomi-
nent les Potamides, les Cyrènes, etc.
Reyrich a divisé l'oligocène en trois termes, dont l'infé-
rieur correspond au tongrien (de Tongres, Limbourg
belge) des géologues belges, dont le moyen constitue le
rupélien (du Rupel, affluent de l'Escaut) des mêmes au-
teurs (stampien des géologues parisiens) et dont le supé-
rieur est désigné sous le nom k aquitanien. Le tongrien,
tel qu'il a été défini par Dumont, comprend le sannoisien
de MM. Munier-Ghalmas et de Lapparent et une partie du
Indien de ces auteurs ; sa partie inférieure renferme un
mélange d'espèces éocènes et d'espèces oligocènes et cor-
respond au priabonien de la région méditerranéenne.
Répartition géographique. — La plaine de l'Allemagne
septentrionale est, dans l'état actuel de nos connaissances,
la seule région où l'on rencontre en superposition les trois
termes de l'oligocène, représentés par des dépôts ma-
rins fossilifères, et encore n'est-ce que dans des sondages
que l'on a pu constater cette superposition. L'oligocène
inférieur est surtout bien développé aux environs de Mag-
debourg, il est représenté par des sables glauconieux ex-
trêmement fosilifères, riches en Gastropodes, en Lamelli-
branches, en ?.oanthaires. Parmi les centaines d'espèces de
Mollusques décrites par M. von Kœnen, on peut citer comme
particulièrement fréquentes : Pleurotoma Beyrichi, Bos-
queti, Buccinum bullatum, Voluta décora, Arcaappen-
diculata, Astarte Bosqueti, Ostrea ventilahrum, etc.
Ces sables marins reposent sur une série de lignites qui
représentent quelquefois tout l'oligocène inférieur, comme
par exemple dans les environs de Leipzig et de Halle, et
qu'il faut se garder de confondre avec les lignites de la
Poméranie, du Rrandebourg et de la Prusse rhénane, qui
reposent sur l'ohgocène supérieur et appartiennent au mio-
cène. C'est aussi dans l'oligocène inférieur que l'on doit
placer les célèbres dépôts à ambre du Samland, près Kœnigs-
berg.
L'oligocène moyen, toujours marin, est formé par les
sables de Stettin, à la base, et par les argiles à septaria,
au sommet. Ces dernières atteignent quelquefois plus de
100 m. d'épaisseur, dans le centre du géosynclinal, comme
par exemple à Rerhn. Elles renferment comme fossiles ca-
ractéristiques : Dentalium Kickxi, Leda Deshayesiana,
Nucula Chasteli, Cyprinarotundata, Pleurotoma Du-
chasteli, etc.
L'oligocène supérieur présente des caractères moins cons-
tants et s'e§t déposé dans des eaux moins profondes que
OLIGOCÈNE
l'oligocène moyen ; il est surtout représenté par des sables
et par des grès. A la localité classique du Doberg, près
Bunde, en Westphalie, on trouve surtout : lerebnûula
grandis, Spatangiis Hoff'manniy Echitiolampas Kleini.
Dans le centre de l'Allemagne, et en particulier dans le
bassin de Mayence, l'oligocène inférieur fait défaut et l'oli-
gocène moyen, représenté par des sables marins et par les
argiles à septaria, repose immédiatement sur les terrains
mésozoiques et paléozoïques. Il s'étendait vraisemblable-
ment par-dessus le massif rhénan, de sorte que la vallée
moyenne du Rhin communiquait directement avec la Bel-
gique. L'oligocène supérieur est saumâtre et supporte des
dépôts miocènes, formés dans une mer déplus en plus des-
salée. Suivons maintenant vers l'O. et vers le S.-O. les
dépôts de la mer oligocène du N. de l'Europe.
En Belgique, l'oligocène est surtout bien développé dans
le Limbourg. Le tongrien inférieur y est toujours marin
et se trouve constitué par des argiles et des sables renfer-
mant une faune identique à celle de l'oligocène inférieur
des environs de Magdebourg. Le tongrien supérieur, en
revanche, est à l'état saumâtre et lagunaire. Il comprend :
1*^ les sables et marnes de Bautersem, à Cyrena semi-
striata; "2*^ les glaises vertes de Hénis, à Cyiherea in-
crassata; 3*^ les sables et marnes de Vieux- Joncs, à Ceri-
ihium plicatum.
L'oligocène moyen ou étage rupéUen comprend, comme
dans l'Allemagne du Nord, des sables et des argiles, ces der-
nières prédominant dans la partie supérieure et connues
sous les dénominations d'argiles à septaria, d'argiles du
Rupel, d'argiles de Boom. L'oligocène supérieur fait dé-
faut en Belgique.
La mer oligocène s'étendait du Limbourg par le Brabant
et le Hainaut jusque dans le N. de la France, mais dans
cette région les dépôts ont été détruits par ablation, et ce
n'est que dans le dép. de l'Oise que l'on retrouve de nou-
veau des formations oligocènes.
Dans les environs de Paris l'oligocène inférieur ne com-
prend qu'exceptionnellement des dépôts franchement ma-
rins. Les marnes à Pholadomya ludensis se rattachent
encore par leur faune au bartonien, bien qu'elles renfer-
ment déjà quelques espèces oligocènes ; mais le gypse doit
être incontestablement paralléhsé avec le tongrien inférieur
du Limbourg. En effet les marnes, qui séparent la masse
moyenne du gypse de la masse inférieure, contiennent une
faune dans laquelle la proportion des espèces oligocènes est
déjà considérable. D'autre part, les couches de Headon,
dans l'île de Wight, qui sont en général lagunaires et ont
fourni des ossements de Palœotherium et (ï Anoplothe-
rium identiques à ceux du gypse de Paris, présentent des
intercalations marines caractérisées par des espèces de
l'oligocène inférieur de l'Allemagne du Nord et du Lim-
bourg.
Le « sannoisien » des environs de Paris correspond par-
faitement au tongrien supérieur des géologues belges. Il
est constitué à Argenteuil par les termes suivants :
1^ Marnes supragypseuses à Sphœroma margariim,
Nystiaplicata,N. Duchasleli, Limnea strigosa;
2^ Marnes àCyrènes, avec Cyrena convexa. Psammobia
plana, Cerithium plicatum, C. conjunctuni;
l]^ Marnes vertes, avec mêmes fossiles et fissures de retrait ;
4^ Marnes blanches et marno-calcaires avec Cytherea
incrassata et Natira crassatina.
Cette série est lagunaire, à l'exception du dernier terme,
qui est marin. Cependant, au S. et à l'E. de Paris, le sau-
noisien se termine par une formation d'eau douce, connue
sous les noms de calcaire de Brie, de meulière de La Ferté-
sous-Jouarre, de calcaire de Château-Landon. Dans l'île
de Wight le sannoisien est représenté par les couches la-
custres d'Osborne et de Bembridge.
L'oligocène moyen est depuis longtemps classique dans
le bassin de Paris, où il est bien connu sous le nom de
sables de fonlainebleau ou encore d'étîjge stampien,
d'après la localité d'Etampes, où l'on a distingué les sub-
divisions suivantes :
1^ Le stampien inférieur, qui comprend deux niveaux :
a, le niveau de Jeurresà Pectunculus angusticosla-
tus, Ostreacyathula, Naticacrassatina, Deshayesia
parisienm, Cerithium conjunctum; b, le niveau
deMorigny h Pectunculus obovatus, Lucina Heberti,
Cytiierea incrassata, C. splendida, Buccinum
Gossardi ;
^^ Le stampien moyen ou série de Pierrefitte, caractérisé
par la présence d'espèces méditerranéennes, telles
que Cerithium Charpentieri, Venus Aglaurœ;
3° Le stampien supérieur, qui présente à la base l'horizon
d'Ormoy, où abondent Cardita Bazini , Lucina
Heberfi, Hydrobia Dubuissoni et où Potamides
Lamarcki ifait son apparition. C'est à ce niveau que
se trouvent les grès à pavés do Fontainebleau.
Les couches saumàtres d'Ormoy alternent à leur partie
supérieure avec des calcaires d'eau douce, qui bientôt de-
viennent prédominants et sont connus sous le nom de cal-
caire de Beauce. On y trouve : Hydrobia Dubuissoni,
Potamides Lamarc/ii, Limnea cylindrica et de nom-
breux Hélix.
C'est au-dessus des calcaires de Beauce que l'on fait
maintenant commencer l'aquitanien, représenté dans le S.
du bassin de Paris par la mollasse du Gdtinais et par le
calcaire de l'Orléanais, qui est caractérisé par Melania
aquitanica et par des Hélix différents de ceux du calcaire
de Beauce.
Au S. et à l'O. de Paris, l'oligocène moyen se signale
par sa transgressivité. Les sables de Fontainebleau repo-
sent en discordance sur des couches de plus en plus an-
ciennes et finalement sur la craie, comme l'a étabU M. Doll-
fus ; mais partout la mer demeure peu profonde, de sorte
qu'd n'existe nulle part d'argiles analogues à celles du ru-
péHen de Belgique. La présence d'espèces méditerranéennes
dans les couches de Pierrefitte démontre que le bassin de
Paris n'était pas une simple dépendance des mers de l'Europe
septentrionale, mais qu'il communiquait également avec les
mers chaudes de l'Lurope méridionale, soit indirectemenl
par la Manche ou la Bretagne et le bassin de l'Aquitaine,
dont les dépots seront étudiés plus loin, soit peut-être aussi
par le Plateau central. Dans cette dernière région, en effet,
la mer de l'ohgocène moyen pénétrait sous la forme d<^
deux golfes étroits, correspondant aux dépressions de la
Limagne et de la vallée de la Loire, et qui sans doute éta-
blissaient une communication avec le bassin du Rhône,
tout au moins par une série de lacs (Munier-Chalmas). De
même que les vaUées de l'Alher et de la Loire dépendaient
du bassin de Paiis, le golfe de l'Alsace constituait un pio-
longement méridional du ])assin de Mayence, qui s'éten-
dait vers le S. jusqu'à Montbéliard et Delémont. Ici toute-
fois il ne peut être question d'une communication avec les
mers méridionales (W. Kiiian), car il n'existe pas d'ohgo-
cène inférieur et moyen dans la plaine suisse, et l'aquita-
nien, qui suit tout le bord externe delà chaîne des Alpes,
depuis la Méditerranée jusqu'à Vienne, est lui-même lacustre
en Suisse et ne devient samnàtre que plus à l'E. et dans
le S. du bassin du Rhône.
Après avoir suivi vers l'O. et vers le S. les prolonge-
ments de la mer oligocène de l'Allemagne septentrionale,
U nous reste à voir comment cette mer s'étendait vers l'E.
dans toute la Russie méridionale. Par la Pologne et la
Lithuanie nous atteignons la région du Dniepr et du Donetz,
où, grâce aux beaux travaux de M. Sokolov, la succes-
sion des dép(Us tertiaires est actuefiement bien connue.
Au-dessous des marnes à Spondylus de Kiew, qui repré-
sentent le bartonien, on observe une série d'argiles sa-
bleuses et glauconieuses, qui renferment un grand nombre
de fossiles caractéristiques de l'oligocène inférieur des envi-
rons de Magdebourg; c'est l'étage de Karkov. Puis vien-
nent des gables et des grès à végétaux, alternant avec des
OLÏGOCËNE — OTiM
~- 346
argiles sans fossiles ; c'est l'étage de Poltawa, qui corres-
pond à l'oligocène moyen et supérieur.
Des formations analogues existent également sur le bord
du Volga jusqu'à Simbirsk; puis, au delà de la mer Cas-
pienne, on connaît dans l'Oust-Ourt des couches renfer-
mant une faune de l'oligocène inférieur (von Kœnen), et
M. Karpinsky a rencontré sur tout le versant oriental de
r Oural des dépôts tertiaires paraissant en partie repré-
senter l'oligocène ; enfui, les dépots oligocènes s'étendent
vers l'E. dans le Turkestan. Il y a lieu de constater que
toute la surface occupée par la mer oligocène a été pré-
cisément le théâtre des mouvements orogéniques de la fm du
tertiaire, que M. Karpinsky a fait connaître dans la Russie
méridionale et dans les régions caspiennes, et nous avons
vu qu'il en était de môme dans le N. de l'Allemagne.
Au S. de cette mer de la Russie méridionale l'oligocène
possède un caractère méditerranéen ; les Nummulites, les
Coraux deviennent plus abondants, et la répartition des
dépôts suit à peu près celle des plissements alpins (V. Num-
mulitique). Il faut ajouter que, dans les régions alpines,
l'oligocène est souvent représenté par de puissantes accu-
mulations de schistes et de grès connues sous le nom de
îlysch. La Méditerranée ohgocène communiquait certaine-
ment avec la mer septentrionale par la Crimée et par les
Balkans, car à Bourgas, dans la RouméHe orientale,
M. Toula a découvert une faune, étudiée par M. von Kœ-
nen, qui renferme encore un assez grand nombre d'espèces
tongriennes du Nord. A l'époque de l'oligocène inférieur, il
n'y avait pas d'autre communication entre les deux grandes
mers de l'Europe, mais à l'oligocène moyen, comme nous
l" avons vu plus haut, il devait exister également une commu-
nication occidentale par le bassin de l'Aquitaine. Il nous
reste à parler de cette dernière région.
Les couches de Biarritz comprennent une partie infé-
rieure correspondant au priabonien et une partie supérieure
correspondant au sannoisien. La partie inférieure est géné-
ralement considérée comme l'éocène supérieur par les géo-
logues français, mais elle est incontestablement synchro-
nique de la partie inférieure du tongrien du Nord, elle
possède même quelques Echinides en commun avec les
couches de l'ambre de l'Allemagne du Nord. La partie su-
périeure comprend les grès sœgilenx k Operculina, Phola-
domya Puschi et Nummulites intermediaàeh Chambre
d'Amour. Dans les environs de Bordeaux, le sannoisien est
représenté par la 7noUasse du Fronsadais et par le cal-
caire d'eau douce de Castillon.
Le tongrien est constitué dans le Bordelais par les cal-
caires à Astéries, formation zoogène particuHèrement riche
en Echinides et contenant beaucoup de Mollusques des sables
de Fontainebleau, associés à des espèces méridionales.
Vers l'E., ces calcaires passent latéralement à la mollasse
inférieure de l'Agenais; vers le S., ils sont remplacés dans
les Landes par la formation argileuse de Gaas.
L'aquitanien des environs de Bordeaux a été pris par
M. Mayer-Eymar comme type de l'étage. Il débute par des
couches marneuses k înnxiesdinmkire {Neritina Ferussaci,
Cerithium pHcatum, C. margaritaceum, etc.), puis il
comprend une série de calcaires lacustres séparée en deux
parties par une intercalation de sables ou de grès coquil-
liers connus sous le nom de faluns de Bazas {Ostrea
aginensis, Arca cardiiformis, Pijrulci Lainei, Ceri-
Ihium bidentatum, etc.). Dans l'E. du bassin, tout l'aqui-
tanien est représenté par des formations lacustres.
Emile Haug.
BiBL. : A VON Kœnen, Ueber die Parallelisirung des
norddeiitschen, englischen und franzôsischen OUgocàns ;
Berlin, 1867 {Zeitschr. d. deutsch. geol. Gesellsch., t. XIX).
— CossMANN et J. Lambert. Etude paléontologique etstra-
tigraphique sur le terrain oligocène marin aux environs
d Etampes; Paris, 1881 [Mém. Soc. géoL, sér. 3, t. II, n« 1).
— N. SoKOLOv, Die untertertiâren Ablagerungen Sûdruss-
lands: Saint-Pétersbourg, 1893 [Mémoir s du Com. géol,
t. IX. n» 2). — E. Fallot, Contribution à Vétude de l'étage
tongrien dans le dép. de la Gironde ; Bordeaux, 1694 {Mêm.
de la Soc. des Se. phys. et nnt. de Bordeaux, t. V). — E.
VAN DEN 6rœckh, Cou]:) d'œil sgnihâticiue sur l'oligocène
belge; Bruxelles, 1894 {Bull Soc. belgeGéol. Pal. Hydrol,
t. VII).— A. VON Kœnen, Das norddeutscheUnter-OUgocan
und seine Mollusken-Fauna ; Berlin, 1889-1891 [Abhandl.
z. qeol. Specialkurte von Preussen, t. X),
• OLIGOCLASE (Miner.) (V. Feldspath).
OLIM. Ce terme générique désigne les premiers recueils
de décisions du Parlement de Paris. L'usage de rédiger
par écrit toutes les sentences ne s'introduisit qu'au
XIII® siècle à la cour des rois de France. Jusque-là on s'en
rapportait uniquement à la mémoire des juges : leur re-
cord seul faisait la preuve des jugements rendus. La con-
quête de la Normandie peut n'avoir pas été étrangère à la
modification de cet état de choses : depuis longtemps, les
cours de justice anglo-normandes tenaient leurs archives
avec soin. D'autre part, le développement donné à la pro-
cédure écrite, notamment en matière d'enquête, et l'ac-
croissement du nombre des affaires, notamment par l'in-
troduction de l'appel, commandaient le progrès dont nous
parlons. Il nous apparaît dans la seconde moitié du
XIII® siècle comme un fait accompli. Des notaires du roi,
parfois appelés « clercs des arrêts», sont délégués à l'au-
dience du Parlement, et notent les décisions sur des ro-
tuli, ou rouleaux formés de feuilles de parchemin cousues
bout à bout. Mais ces rouleaux étaient incommodes à con-
sulter. En 4263, l'un des clercs se mit à faire un choix
de décisions, qu'il transcrivit, en totalité ou en partie, sur
des cahiers. Les cahiers, reliés, ont formé le Livre de
maître Jehan de Montliiçon. Une note de l'auteur nous
apprend que ce registre était une innovation. Jehan de
Montluçon poussa son travail jusqu'à l'année 4273, époque
de sa sortie de charge. Mais, d'autre part, il voulut faire
remonter sa jurisprudence à l'année 4254, époque ou
saint Louis revint de la croisade. Ce retour avait été si-
gnalé par de nouveaux progrès apportés au fonctionne-
ment de la justice. Notre clerc accomplit le travail pour
les années Î254 à 4237. Son collaborateur et successeur,
Nicolas de Chartres, compléta le livre de 4257 à 1263.
Ce premier registre va donc de 1 254 à 4 273 . — Nicolas pour-
suivit l'œuvre entreprise. Il sépara, dans sa rédaction, les
décisions rendues dans les procès par écrit {incfueste et
processus) des sentences rendues sur plaidoiries ou en
conseil (arresta, arrestationes, judicia, consilia). Le
livre des arrêts (de 4274 à 1298), liber magnus cum
pilo rubro, dit un inventaire, nous est parvenu. C'est le
liber qui incipit : Olim, et de ce mot initial lui vint le
surnom de livre ou registre Olim. Ce vocable fit fortune
dans la suite. i)ue ce soit en raison de l'importance attri-
buée au recueil ainsi désigné, ou en raison du sens même
du mot latin, on le trouve constamment employé depuis
le XVII® siècle, pour désigner un quelconque des livres de
notre collection. L'autre livre de Nicolas de Chartres,
celui des enquêtes (de 4269 à 4298), liber magnus cum
pilo nigro, a été perdu, nous ne savons comment, au
XVI® siècle. Avec lui ont disparu un livre Vayron des pé-
titions (de 1280 à 1298), et un parvulus liber contenant
la liste des enquêtes et procès remis à Nicolas de Chartres. —
Son collaborateur et successeur, Pierre de Bourges, dont
le Mémorial nous fournit les renseignements précédents,
avec une intéressante description du greffe parlementaire,
a laissé, lui aussi, un livre des arrêts et un livre des en-
(fuêtes, relatifs au temps où il fut en fonctions, de 1299
à 1318. A cette date cesse la collection dite des Olim.
Geoffroy Chalop succède à Pierre de Bourges, après l'avoir
d'ailleurs secondé pour l'auditoire du droit écrit, et nous
voyons changer la façon d'enregistrer les sentences du
Parlement. Elles cessent d'être écrites sur des rouleaux,
et sont toutes portées sur deux collections de registres ;
l'une dite « des jugés », pour les arrêts, et l'autre dite
« du greffe », pour les décisions interlocutoires. Ces col-
lections elles-mêmes ne tardèrent pas à être subdivisées.
Les Olim qui nous restent sont donc au nombre de
quatre. On les désigne en leur particulier de I à IV, dans
cet ordre : Livre de J. de Montluçon, Livre de N. de
Chartres, Livre des arrêts et Livre des enquêtes de P. de
— 347 —
OLIM — OLIPHANT
Bourges. Cette collection ininterrompue, qui va de 4234
à 1349, commence la série, continuée depuis, des registres
du Parlement. Toutefois, il est douteux qu'ils aient le ca-
ractère officiel et authentique reconnu aux autres registres
depuis 1319. On se demande s'il ne faut pas y voir sim-
plement, une compilation privée à l'usage des grefiiers.
A la vérité, il est certain que des arrêts y ont été insé-
rés sur l'ordre du Parlement. Mais, d'autre part, la plus
complète indépendance se manifeste dans la rédaction des
arrêts et dans les annotations ajoutées par les clercs. En
somme, la question reste discutée, et la controverse est
peut-être insoluble dans l'état de nos connaissances. Elle
n'a, d'ailleurs, qu'une importance relative. En premier
lieu, d'où que soit venue l'inspiration, le but poursuivi
par les auteurs a été atteint. Les Olim, plus faciles à
consulter que les rouleaux d'audience, ont institué, à côté
de la preuve par record, l'habitude de se reporter sim-
plement au texte des jugements rendus. Ils ont aussi con-
tribué, soit en fait, soit en droit, à fixer la jurisprudence
du Parlement. En deuxième lieu, quand le seul texte offi-
ciel eilt été celui des rouleaux d'arrêts, comme ceux-ci
ont péri dans l'incendie du Palais de 4648, il reste vrai
de dire que les Olim constituent pour nous le recueil des
décisions rendues par le Parlement à l'époque contempo-
raine de leur rédaction.
Le texte des quatre Olim qui nous restent a été pubhé
par le comte Beugnot, dans \d. Collection des documents
inédits. Boutaric a donné l'inventaire chronologique des
arrêts qui y sont contenus, dans la Collection des ar-
chives nationales {Actes du Parlement de Paris). L'on
s'est aussi préoccupé de compléter ces recueils, et même
de rétablir ceux qui sont perdus, à l'aide des ouvrages
juridiques de l'époque et des pièces conservées dans les
archives. L. DeHsle a tenté la restitution du Pelu noir
(Livre des enquêtes de Nicolas de Chartres) V. Actes du
Parlement de Paris, t. I, et les fragments inédits pu-
bliés ensuite dans les Notices et extraits des manus-
crits de la Bibliothèque nationale, t. XXIÏI, 2® partie.
M. Langlois en a publié de nouveaux fragments dans la
Bibliothèque de V Ecole des chartes, 4885.
La bibliographie des Olim commence au xviii^ siècle,
avec une copie que l'on en fit h l'insu du Parlement, et
sur laquelle Voltaire disserta de leur caractère authen-
tique, tant dans son Histoire du Parlement que dans
l'art. Parlement de V Encyclopédie. On trouvera la suite
de la controverse dans la notice placée par Beugnot en
tête de son édition des Olim ; dans les Travaux sur l'his-
toire du droit (t. I), de Klimrath ; dans V Essai sur V au-
thenticité et le caractère officiel des Olim, de Lot, et
dans V Histoire du droit et des institutions de la France
(t. IV), de M. Glasson. — M. Grim a publié, en tête
de l'inventaire des Actes du Parlement de Paris, une
notice très détaillée sur les Olim.
Pour une bibUographie plus étendue, V. Langlois
(Textes relatifs à l'histoire du Parlement [introduc-
tion]) et Viollet {Histoire du droit civil français).
A. Lefas.
OLINDA. Ville du Brésil, État de Pernambuco. dont
elle fut la capitale, fondée en 4534 pai' Duarte Coelho
Pereira, sur la côte de l'Atlantique; 45.000 liab. Cette
ville est le siège d'un évèché dont la création remonte à
près de trois siècles. Située à quelques kilomètres au N.
de Recife (Pernambuco), elle est reliée à cette ville par
un tramway à vapeur. On prétend qu'elle a donné son
nom (Olinde) à des lames d'épée très fines que l'on fabri-
quait là. — Son ancien commerce a émigré à Recife.
OLIOUTORA. Rivière de la prov. maritime (Sibérie),
au N. du Kamtchatka. Elle prend naissance dans les monts
Stanovoï, coule dans une direction générale N.-S. et se
jette dans la Baie de VOlioutora (mer de Bering). Lon-
gueur: plus de 320 kil. Principaux affluents: Kalkina et
Glotova. Navigable seulement en aval du confluent de la 1
Kalkina, à 85 kil. de la mer.
OLIPHANT (Margaret Wilson, Mrs), femme de lettres
anglaise, née à Wallyford (Midlothian) en 4828, morte
dans les environs de Londres le 25 juin 4897, parente
du suivant. Mariée en 4852, elle se trouva, en 4859,
veuve avec deux enfants et presque sans ressources. Elle
essaya d'abord de la peinture, mais ne réussit pas et trouva
dans la littérature sa véritable voie. Déjà, avant même sa
majorité, elle avait publié : Passages in the life of Mrs
Margaret Maitland (4 849) , description fort intéressante
de la vie et des mœurs écossaises qui avait été accueillie
avec faveur. Elle aborda tous les genres, le roman, l'his-
toire, la biographie, la critique, la poésie et réussit dans
tous. Elle a produit un nombre énorme d'ouvrages qui
lui ont valu en Angleterre et en Amérique une grande
réputation. Nous citerons seulement, parmi ses romans :
Katie Steivart (4852) ; Chronicle of Carlirigford {186^2-
66) ; The Minister's wife{iS69) ; TheBeleaguered City
(4879); Young Musgrave (4877); Hester (1884); Oli-
ver's Bride (4886); The Second Son (4888) ; A Poor
gentleman (4889) ; Sons and daughters (4890) ; The
Marriage of Ellinor (4892); The Sorceress (1893);
Prodigals and their mheritance (1894). En histoire,
ou critique, en littérature, on peut mentionner : The Ma-
kers of llorence (4876) ; Literary histoii/ of England
(1882), des biographies de Dante, de Molière, de Cer-
vantes, d'Edouard Irving et de Laurence Oliphant (V. ci-
après), etc. R. S.
OLIPHANT (Laurence), littérateur anglais, né au Cap
en 'j829, mort à Londres le 23 déc. 4888. Fils d'un
magistrat colonial, il fut élevé par un précepteur à
Ceylan, accompagna ses parents dans un grand voyage
en France, en Italie, en Grèce (1846-48), s'en fut
chasser dans le Népal, et s'arrêta enfin à Londres en 4854,
et même se fit inscrire au barreau écossais en 4852.
Mais il ne pouvait tenir en place. Après avoir publié A
journey to Rhatmandu (Londres, 4852), il visite la
Russie et la Crimée et écrit The Russian Shores of the
Black Sea (1853). De la Crimée il saute au Canada où
il devient secrétaire du gouverneur général lord Elgin
qu'il suivit peu après dans son poste de superintendant
des affaires de l'Inde. Il publie : Minnesota and the Far
West (1855), voyage dans la Circassie avec le duc de
Newcastle, s'engage dans l'armée d'Omer Pacha. Après
la chute de Kars, il retourne en Angleterre où il écrit The
Transcaucasiancampaignunder Orner Pascha{Loïidves,
4856). Delane l'emmène avec lui aux Etats-Unis (4856) ;
il s'engage dans une expédition du flibustier Walker et
j)eu s'en faut qu'il ne se batte contre un navire anglais.
H a relaté cette aventure dans ses Patriots andFilibus-
ters (4860). En 4857, Oliphant accompagne lord Elgin
en Chine, d'où son nouveau livre : Narrative of the earl
of Elgiiis mission to China and Japan {Lonàves,iS^9 ;
trad. en fr., Paris, 4860). En 4860, n'ayant rien de
mieux à faire, il revient en Italie où il se met en relation
avec CavoLir et où il complote avec Garibaldi une expé-
dition dans le but de détruire les urnes où l'on recevait
les suffrages du peuple relatifs à l'annexion de Nice à la
France. Le projet n'eut pas d'autre suite qu'un pamphlet :
Universal suffrage and Napoléon the Third (4860).
Infatigable, Oliphant parcourt en 4864 le Monténégro et
de là, sans transition, il passe au Japon en qualité de
premier secrétaii"e de légation. A peine arrivé à Yeddo, il
a à repousser une attaijue des Japonais contre l'ambassade
et il est dangereusement blessé. Là se borna sa carrière
diplomatique. Il voyage en 4862 à Corfou, en Herzégo-
vine, dans les Abruzzes, essaie de soulever les Polonais en
4863, visite la Moldavie, vient en Slesvig-Holstein pour
assister aux opérations militaires. Enfin il paraît disposé
à se fixer, et de retour à Londres fonde le journal The
Ow (4861), et écrit Pircadilly (4865), son chef-d'œuvre,
brillante satire de l'hypocrisie et de la corruption de la
société. En 4865, il se fait élire membre de la Chambre
des communes par les Stirling Burghs, mais il se dégoûte
OLIPHANT — OLIVA — .-
bientôt de la vie parlementaire et de ses intrigues et se
retire en 1867. Entre temps, il avait versé dans un ex-
traordinaire mysticisme et il s'était épris de Thomas Lake
llarris. l'auteur du Poème du Soleil. Jl s'aifilie à la com-
numauté formée en Amérique par cet excentrique et s'oc-
cnpe avec lui de la régénération du monde.
l'ji 1870, ses instincts de jouriuilisle se réveillent et
il accepte la correspondance du TiDies relative à la guerre
franco-allemande, puis à la Commune, lise marie en 1874,
non sans le consentement de llarris. et fait entrer sa femme
et sa mère dans la fameuse conununauîé ponr la(|ueHe il
entreprend lui-nuMue des spéculations commerciales fort
habilement conduites, llarris le sépare de sa femme ({u'il
emmène avec lui à Santa Kosa, près de San Francisco; il
fait croire à Oliphant que sa véritable moitié appartient
au monde extra-terresti'e et peut communiquer avec lui
])ar des chocs magnétiques. Négligeant alors sa femme
terrestre. Oliphant s'embarfiue dans le projet d'une colo-
nisation de la Palestine à l'aide des juifs. Le gouverne-
ment turc ne consentit pas à lui accorder les autorisa-
tions nécessaires. Ohphant, qui avait écrit le compte rendu
de ses excursions, The Landoj Gilead with excursions
in the Lehanon (1860), revint en Angleterre où il fut
l'cjoint par sa femme. Les deux époux entreprirent un
voyage en Egypte, décrit dans The Land of Khenii vp
and down the Middle yih' ( 188^2) et, revenus en Amé-
ricpic. finirent par se l'Ciube couipte (\\\o Hariis iTélail
qu'un imposteur et avait profité de leur aveuglement pour
mettre la main sur leur fortune. Ce fut toute une affaire
])our lui faire rendre gorge. Oliphant publia encore :
Traits and Travesties (188"2), entreprit une nouvelle ex-
cursion en Palestine, avec sa femme, composa à Haifa son
Atfiora Peto (1883) dans \e genre de Piccadilly, et avec
elle se convertit au bouddhisme ésotérique. Le premicj'
résultat de cette étrange conversion fut un livre insensé
composé en commun et intitulé Sympneumata. Mrs Oli-
phant mourut le 2 janv. 1887. Son mari prétendit qu'il
était resté en communication avec elle, et commit nombre
d'extravagances. Il se remaria pourtant en 1888 avec une
Américaine, Miss Rosamond^Dale Owen. Jusqu'à ses der-
niers jours, il voyagea de côté et d'autre et composa des
ouvrages de plus en plus mystiques et de plus en plus
étranges: Episodes in a Life of adventure (1887);
Faslûonable Philosophy (1887) ; The Star in the East
(1887) ; Scientific religion, or evolutionary forces now
active in Man{[HSS). R. S.
BiBL. : Margaret Oliphant, Memoir of the life of Lau-
rence iind of Alice Oliphant, his wife ; I-ondres, 1891,
2 vol. — L. Leesching, Personal réminiscences of L. Oli-
phant, s. d. — Scott, L. Oliphant. Supplementary to
his bioijraphy, 1895.
OLISiPPO. Ancien nom de Lisbonne (V. ce mot).
OLITE. Ville d'Espagne, prov. de Navarre, sur le Zi-
daco ; 3.0U0 hab. Eglise San Pedro avec tour gothique ;
vieux château des rois de Navarre.
Ancien château des rois de Navarre, à Otite.
OLIVA. L Malacologie. — Genre de Mollusques Proso-
branches établi par Bruguière en 1789 pour une coquille
solide, épaisse, parfaitement polie et ornée de couleurs vives
et brillantes, de forme subcylindrique, à spire courte, à suture
canaliculée ; ouverture allongée, échancrée à la base, un
peu dilatée inférieurement ; columelle verticale, calleuse et
munie de plis o])lic{ues ; le bord externe lisse non réfléchi.
Ex. : 0. porphyria L., animaux vivant dans le sable,
à tentacules grêles, épaissis à la base et portant les yeux
vers le milieu de leur bord externe ; le pied très large
peut se replier sur les cotés de la coquille. Les espèces du
genre Olive habitent les mers tropicales.
IL Paléontologir. — Les représentants fossiles de ce
genre datent du tertiaire (0. Dufresnei, 0. claviila) ; une
seule est du crétacé de Californie (0. Mathewsiana). Le
genre Ancillaria ou Ancilla (V. ce mot), qui appartient
à la même famille, se trouve dans le crétacé supérieur
d'Europe (Ancilla cretacea). E. Trt.
OLIVA. Ville d'Espagne, prov. de Valence, près de la
Méditerranée ; 8.80U hab. (en 1887). Château des ducs
de Gandia. Soie, vin, huile, oranges, riz.
OLIVA. Ville de Prusse, district et auN.-O. deDantzig,
au pied de la butte du Karlsberg; 4.215 hab. (en 1893).
Belle église renfermant la plus grand orgue d'Allemagne
et qui dépendait de l'ancienne abbaye cistercienne trans-
formée en château royal. Cette abbaye, fondée par le duc
Sobieslaw I®^" de Poméranie en 1170, fut saccagée par les
Prussiens païens en 1224, par les Hussites en 1432, par
les gens de Dantzig en 1576, sécularisée en 1829. Elle a
attaché son nom au célèbre tr^aité du S mai 1660 qui
mit un terme à la guerre entre la Suède, la Pologne,
l'empereur et l'électeur de Brandebourg. Le roi de Po-
logne, Casimir, renonçait à ses prétentions à la couronne
de Suède et lui cédait l'île d'OEsel, l'Esthonie, le N. de
la Livonie, conservant la Courlande. Les deux puissances
reconnaissaient l'indépendance du duché de Prusse qui de-
venait Etat souverain (V. Prusse).
BiBL. : SciiuLTz. Gesch. des Friedens von Oliva ; La-
])iau. 1860. — Haumant, la Guerre du Nord et la Paix
dVlivn ; I^aris. 189t.
OLIVA DE Jeri:z. Ville d'Espagne, prov. de Badajoz,
sur la frontière portugaise; 6.400 hab. (en 1887). Lai-
nages, toiles.
OLIVA (Hernan Perez de), moraliste espagnol, né à
Cordoue vers 1492, mort en 1533. Il étudia successive-
ment aux universités de Salamanque, d'Alcalâ et de Paris,
séjourna ensuite à Rome, vint professer à Paris et re-
tourna à Salamanque, oH il devint un des premiers
8i9 —
OLIVA — "^OLIVEIRA
membres du « Colegio del Arzobispo », l'onde en 15^28,
puis professeur de morale et recteur de l'université. Sa
mort prématurée fut considérée comme une pei'te natio-
nale. Il avait, en effet, joué dans la littérature espagnole
un rôle bienfaisant par ses efforts tendant à combattre le
préjugé en vertu duquel on ne pouvait, sans commettre
un sacrilège, employer que le latin pour des sujets graves.
Prêchant d'exemple, il écrivit en castillan un dialogue
didactique : De la Dignidad del hombre, puis des dis-
sertations morales sur les facultés de Fàme, etc., dans un
style souvent pompeux, mais solide et pur, et démontrn
ainsi la flexibilité et la richesse de sa langue maternelle.
Le dialogue ci-dessus, resté inachevé, fut complété par
Francisco Cervantes de Salazar et publié d'abord en lo 41).
Oliva traduisit librement V Electre de Sophocle, VHecube
d'Euripide et V Amphitryon de Plante. Ses œuvres furent
publiées par son neveu, Ambrosio de Morales (Cordoue.
1385, in-4; rééditées à Madrid, 1787, 2 vol. in-8).
BiBL. : J. DE Rezabal y Ugarte, Biblioteca clelos cscri-
tores. que han sido indiuiduos de los seis Colegios imiyo-
res; Madrid, 1805, in-4.
OLIVA (Jean-Paul), onzième général des jésuites. Il
ne reçut cetitre qu'en 1664, après la mort de Goswin Xic-
kel; mais, dès le 7 juin 1661, il avait été élu vicaire gé-
néral perpétuel avec droit de succession, sur la demande
de Nickel, qui se trouvait affaibli par Tàge et les infirmi-
tés. Depuis lors jusqu'à la fm de sa vie (26 nov. 1681),
il gouverna en réalité la Compagnie de Jésus. Il descen-
dait d'une famille ducale de Gènes ; son grand-père et son
oncle avaient été doges de la république. Avant d'être élevé
à la dignité suprême de son ordre, il avait été maitredes
novices, puis recteur du Collège germanique.
OLIVARES. Faubourg de Lisbonne (V. ce mot).
OLIVAREZ (Don Gasparo de Guzmax, comte d'), duc de
San Lucar de Barrameda, célèbre homme d'Etat espagnol.
né à Rome le 6 janv. lo87, mort à Toro le 22 juil. 1645.
Fils d'un ambassadeur espagnol auprès du pape, il vint à
la cour sous Philippe IIl, et par les femmes acquit une
réelle faveur. L'infant Philippe le prit en affection et, étant
monté sur le trône à seize ans (1621), s'en remit à Oli-
varez de la gestion des affaires. Il disgracia l'incapable
duc d'Uzeda, favori de Philippe III, et le cardinal de Lerme,
dont le vieil agent, le comte d'Oliva, fut décapité à Madrid.
Olivarez reçut le titre de duc de San Lucar et la prési-
dence du conseil des ministres, et garda vingt-deux ans
la confiance royale. Tandis que Philippe IV s'adonnait aux
fêtes et aux plaisirs, son ministre, qui ne partageait pas
ses goûts, s'efforçait de réformer l'Espagne ; mais il lui
manquait le génie et l'énergie de RicheHeu, son contem-
porain et son rival. C'était un homme instruit, de mœurs
simples, désintéressé, épris du bien public, mais orgueil-
leux à l'excès, dur et brouillon. Il combattit les déplorables
abus introduits par Lerme et ses créatures, révoquant les
fonctionnaires corrompus, essayant de stimuler l'industrie
et le commerce. Mais il dut continuer d'alimenter le luxe
de la cour de Madrid oii il voyait un élément essentiel du
prestige de la monarchie et de la grandeur de l'Espagne.
Sa politique extérieure fut dominée par l'idée de l'hégé-
monie des Habsbourg et l'entente complète des souverains
de Vienne et de Madrid ; elle engagea l'Espagne dans la
ruineuse guerre de Trente ans et désorganisa ses finances ;
en vain on créa de nouveaux impôts, des monopoles nou-
veaux, il fallut vendre les biens domaniaux, emprunter à
des taux usuraires, mettre à l'encan les hauts emplois et
les bénéfices ecclésiastiques, pressurer les colonies.
Les échecs infligés aux armes espagnoles par les Hol-
landais sur mer et les Français sur terre se compliquèrent
d'insurrections dans la péninsule. Le régime castillan irri-
tait les autres royaumes dont les vieilles franchises étaient
menacées ; Olivarez voulait imiter l'absolutisme de Riche-
lieu. (Juand les Catalans se virent imposer, contrairement
à leurs fueros, des impôts non consentis par eux et le ser-
vice militaire àl'étranger, ils protestèrent ; Olivarez répondit
qu'invoquer les privilèges locaux pour se soustraire aux
charges communes était un acte de trahison et fit empri-
sonner leurs députes. Pour repousser l'invasion française
en Roussillon, une armée castillane pénétra en Catalogne
et y prit ses ([uartiers. Les excès des soldats déterminè-
rent une insurrection à Barcelone (12 mai 1610) ; le vice-
roi fut tué (7 juin), la province entière soulevée. En Por-
tugal, Olivarez ne fut pas plus habile. Il indisposa le
peuple en violanl les règles de la constitution de Thomar
et humiliant la noblesse portugaise. Un impôt arbitraire,
non voté par les f^tats, provoqua des révoltes durement
réprimées (1638). Se défiant du duc Jean de Bragance,
Olivarez voulut l'endormir en lui confiant l'inspection et
la mise en défense dos ports contre la flotte française ; les
commandants avaient l'ordre secret de s'emparer de sa
personne. Bragance déjoua ces perfidies, proiila du pres-
tige de sa l'onction pour augtnenter le nombre de ses par-
tisans et, le 1^'" déc. 1 6 iO, il éfait proclamé roi, et le Portu-
gal séparé de l'Espagne. La renie Isabelle, fille de Henri IV,
qui était hostile à Olivarez, réussit enfin aie culbuter, les
plainles des provinciaux opprimés, des nobles froissés, des
employés trop surveillés formant un concert de haines,
l'n janv. 16i3, Olivarez fut remplacé par son neveu don
Luis de liaro. Le ministre disgracié se défendit en
pu!)liant un mémoire, (jui faisait l'apologie de son gou-
vernement et metfciit en cause de grands personnages
(^t des membres de la famille royale. Il fut exilé à
Foro. A, -M. B.
IkBL. : De LA RoccA, Histoire du v^inistère du conite-
<hie d'Oliveu'ci ; Cologne, 1673.
0LIVE. I. Botanique, Thérapeutique et Récolte
(V. Olivikr).
TI. Art culinaire. — Les olives ne se servent sur
la table qu'après avoir subi certaines préparations des-
tinées à leur enlever leur saveur acre et désagréable. On
les mange le plus souvent confites ; (pielques variétés
cependant peuvent être consommées fraîches, mais il faut
les cueillir en pleine maturité. Celles qu'on se propose de
confire sont mises, au moment de leur récolte, à macérer
pendant plusieurs jours dans une lessive faible de potasse
ou de soude additiomiée d'une petite quaniité de chaux.
On les fait ensuite tremper pendant cin({ à six jours dans
de l'eau que Ton renouvelle deux fois par jour, puis on
les recouvre d'une forte saumure et d'une infusion de
plantes aromatiques, telles que cumin, coriandre, men-
the, etc. Quand les olives sont ainsi confites, on les coupe
en spirale avec un couteau bien affilé et l'on remplace le
noyau par des câpres, des anchois, du thon mariné, des
trufles. On les conserve ensuite dans des flacons remplis
d'huile d'olive fine et hermétiquement bouchés. Ainsi
farcies, elles forment un hors-d'auvre excellent et des
plus recherchés. On les appelle picJialines. On confit éga-
lement des olives dans du vinaigre additionné de plantes
aromatiques, de saumure et d'huile. D'autres procédés
existent encore qui varient avec les localités. —Les olives
accompagnejit fréquemment la volaille et le gibier (V. Ca-
xAuu) comme garniture.
Hlile d'olive (V. HciLi-:).
III. Architecture. — Ornement de forme oblongue,
l'appelant le fruit de l'olivier et employé alternativement
avec des perles, des piccelles ou des pirouettes pour
former un motif sculpté ou moulé le long d'une ba-
guette, d'ini astragale, etc. En menuiserie et en serrure-
rie, on donne ce nom à des piè<'es ou à des ajustements
de bois ou de métal ayant la forme d'une olive ; de même,
en ([uincaillerie, pour des boutons ou poignées. Dans les
chapiteaux corinthiens, on disfingue ceux dont les feuilles
sont taillées à l'imitation de feuilles d'olive ou d'olivier de
ceux (jui rappellent la feuille d'acanthe. En peinture, la
couleur olive est un vert foncé formé de parties égales de
vert clairet de pourpre avec addition d'un peu d'orange.
l'y. Malacologie (V. Oliva).
OLIVEIRA (Antonio de) (1610-90) (V. Cadornega).
OLIVEIRA — OLIVÉTAlNS
— 3S0
OLIVEIRA Martins (Joaquim Pedro), homme d'Etat et
écrivain portugais, né à Lisbonne le 30 avr. 1845, mort
à Lisbonne le ^24 août 4894. Elève de l'Ecole polytech-
nique, il devint directeur de chemin de fer à Porto (1874),
écrivit de nombreux ouvrages historiques et sociologiques
remarquables par la vie et l'éclat des exposés plutôt que
par l'originalité. Il défendit d'abord les idées radicales,
puis se rallia aux gouvernementaux et fut ministre des ti-
nances de déc. 1891 à mai 1892. Il débuta dans les lettres
par un roman patriotique Phebus Moniz (1870, 2 vol.)
et un dithyrambe sur Camoens, Os Lusiadas (1872, rééd.
1891). Parmi ses ouvrages historiques les plus goûtés
sont : Historia de Portugal (1879, ¥ éd., 1887), 0 Bra-
%il e as colonias portugùezas (1880), Portugal contem-
poraneo (1883), Os filhos de D. Joaol (1891), A vida
de Nunalvares (1892), Portugal nos Mares (1892) ; il
en a aussi rédigé d'un caractère plus général 0 : Helle-
nismo e a civilisaçào christaa (1878) ; Historia da repu-
blica romana (1885, 2 vol.) ; Historica da civilisaçào
iberica {iS19 ; 3® éd., 1886). Ses ouvrages de vulgari-
sation scientifique et de sociologie sont : Elementos de
Anthropologia; As raças humanas e a civilisaçào pri-
mitiva; Systemadosmythos religiosos ; Quadro de ins-
tituiçoes primitivas; 0 régime das riquezas; Theoria
do socialismo ; A circulacào fiduciaria.
OLIVÉNITE (Miner.) (V. Euchroïte).
OLIVENZA. Ville forte d'Espagne, prov. de Badajoz,
sur la frontière portugaise; 8.200 hab. (en 1887). Elle
a gardé son vieux château et ses remparts. Siège de 1709
par les Espagnols et les Français ; Soult la prit le 22 janv.
1811.
OLIVESE. Com. du dép. delà Corse, arr. de Sartène,
cant. de Petreto-Bicchisano ; 837 hab.
OLIVET. Com. du dép. du Loiret, arr. et cant. d'Or-
léans, sur la rive gauche du Loiret; 3.705 hab. Villégia-
ture préférée des Orléanais. Importante fabrication de fro-
mages dits fromages d'Olivet. Four à chaux. Fabriques
de mèches pour lampes, de caramel, de balais. Blanchis-
series de cire. Moulins. Eghse desxii®, xv® et xvi^ siècles.
Châteaux modernes de la Fontaine et de Rondon.
OLIVET. Com. du dép. de la Mayenne, arr. de Laval,
cant. de Loiron ; 447 hab.
OLIVET (Pierre- Joseph Thoui.ier, abbé d'), écrivain
français, né à Salins le 1®^ avr. 1682, mort à Paris le
8 oct. 1768. Fils d'un conseiller au parlement de Besan-
çon. Elève brillant du collège de sa ville natale, il entra
ensuite chez les Jésuites et passa dans leurs différents
collèges de Reims, Dijon, Paris enfin, sous le nom de
P. Thoulier, qui était celui d'un oncle maternel ; de
1690 à 1713, recherchant la société des écrivains célèbres,
tels que Maucroix, le P. Oudin, le président Bouhier, Huet,
La Monnoye, J.-B. Rousseau, auquel il resta toujours
fidèle, Fraguier, Boivin, Boileau qui l'appréciait beaucoup
et qu'il défendit contre l'accusation de jansénisme : par-
tout passionné pour l'étude de Cicéron. Envoyé en 1713,
par ses supérieurs, à Rome pour y aider le P. Jouvency à
écrire l'histoire de l'ordre, il s'efiVaya si bien de ce tra-
vail qu'il quitta la Société de Jésus, malgré tout ce qu'on
pût lui dire. Quelques traductions publiées en 1710 dans
les Œuvres posthumes de Maucroix, et surtout celle des
Entretiens sur la nature des Dieux, de Cicéron, parue
en 1721 (3 vol. in-12), suffirent à lui ouvrir les portes
de l'Académie française, où il succéda à La Chapelle
(20 juil. 1723). Cela ne pouvait que l'encourager dans ses
travaux de traduction : aussi le voit-on publier celles des
Pkilippiques, des lusculanes, des Catilinaires (1727),
un choix des Pensées de Cicéron (1744). Cependant, à la
sollicitation de l'Académie, il entreprit un travail plus
original, en continuant V Histoire de l'Académie, par Pé-
lisson, qui parut en 1729 (2 vol. in-4) ; puis, toujours
sur les conseils de ses confrères, des Essais de gram-
maire (1732, in-12) ; un Tîmté de prosodie française
(4736, in-42) ; des Remarques de grammaire sur Ra-
cine (4738, in-8) ; tous trois réunis plus tard en un seul
ouvrage sous le titre de Remarques sur la langue fran-
çaise (1767, in-42).
Il avait de nombreux amis, Mabillon, Fraguier, Boivin,
Batteux, Gedoyn, RoUin, mais aussi des adversaires, Des-
fontaines, Duclos, Collé, Piron ; lui-même ne ménagea
pas Crébillon, Moncrif, Marivaux, Montesquieu. Vol-
taire l'appréciait beaucoup. En 4740, il publia de Cicéron,
son auteur favori, une édition (Paris, 9 vol. in-4) qui
n'a été dépassée que par les nouveaux philologues, et dont
la France se disputa l'honneur de faire les frais. Il était
très assidu aux séances de l'Académie , et il eut à la suite
d'un vif débat, à propos de l'abbé de Langeac, une attaque
d'apoplexie qui précéda de peu sa mort. Eug. Asse.
BiBL. ; D'Alembert, Hist. des membres de l'Académie
t'riinçaise, t. VL — F. Thurot, Disc, prélirainaire de sa
traduction de l'Hermès d'Harris ; Paris, an IV, in-8. —
Mairet, Eloge hist., Ib39. — Sainte-Beuve, Causeries du
Lundi, t. XIV, p. 195.
OLIVET (A. -F. d') (V. Fabre d'Olivet).
OLIVÉTAlNS. Congrégation bénédictine, dont le chef
d'ordre était le monastère du Monte Oliveto (diocèse
d'Arezzo). Elle fut fondée par Jean Tolomei ou Ptolomei,
né à Sienne en 4272, mort en 1348, canonisé sous le nom
de Bernard. Jean professait à Sienne, avec grand succès,
le droit canon et le droit civil. Il perdit la vue par excès
de travail, mais l'ayant recouvrée, par Fintercession de
la sainte Vierge, il se voua à son culte. Il se retira sur
une montagne sohtaire, dans un Heu appelé Acona, qui
lui appartenait. Deux sénateurs qu'il avait convertis, Pa-
tricio Patrici et Ambrosio Piccolomini, l'y suivirent
en 1313. Ils se livrèrent ensemble à de sévères mortifi-
cations. La renommée de leur sainteté amena auprès d'eux
f)lusieurs jeunes gens de haute condition, désireux de les
iiïiiter. Jean prit alors le nom de Bernard, par admira-
tion pour le célèbre abbé de Clairvaux. Il fit bâtir un cou-
vent qu'il appela Monte Oliveto. Sa compagnie était dé-
signée sous le nom de hrères Ermites du Monte Oliveto.
Le pape Jean XXll leur ordonna de se rattacher à une
des règles approuvées. En 1319, Ptolomée choisit celle
de Saint-Benoît, y adapta quelques statuts spéciaux, et
donna à son institut le titre de Congrégation de la très
Sainte Vierge du mont des Olives. Cette congrégation
se répandit rapidement en Toscane et ensuite dans toute
l'Itahe. Au siècle dernier, elle possédait quatre-vingts mo-
nastères, parmi lesquels ceux de Naples et de Bologne
étaient renommés pour leur magnificence. Mais elle s'était
fort relâchée de son austérité primitive. On n'y recevait
plus ([ue des nobles. D'abord, le vin avait été interdit aux
religieux, ensuite on leur permit d'en boire, mais du plus
faible qu'on pourrait trouver ; finalement, les constitu-
tions admirent le vin tel qu'on le recueille, c.-à-d. de
tous les crus. Depuis Paul III, tous les religieux prennent
le titre de Dom. Les supérieurs de chaque couvent sont
appelés abbés, et peuvent se servir d'ornements pontifi-
caux, quoiqu'ils ne re-^oivent point la bénédiction abba-
tiale. Le costume est de couleur blanche, comme celui des
cisterciens. En lo82, Grégoire XIII réunit aux olivétains
là congrégation du Saint-Sacrement instituée en 1328,
par André de Paul, prêtre d'Assise, d'après la règle de
Saint-Benoît et l'observance de Cîteaux. — Aujourd'hui,
la maison-mère est à Rome, et porte, par translation, le
nom de Monte Oliveto. — Pour ce qui concerne la France,
le recensement de 1861 indique une maison d' Olivétains
comprenant deux religieux. Mais une statistique dressée
en 1877, à l'occasion des décrets contre les communautés
d'hommes non autorisées, rattache (nous ne savons pour-
(juoi) tous les bénédictins à une maison-mère située au
Mont-Ohvet, près Sienne ; elle indique 14 maisons et 239
religieux. — La Gerarchia cattolica pubHée le 5 janv.
1887, relatant la division actuelle de l'ordre de Saint-Be-
noît, contient la mention suivante : 22° Ordre des Béné-
dictins Olivétains, dirigé par un abbé vicaire-général,
avec un abbé procureur-général. E.-H. Vollet»
OLIVÉTAN- (Pierre-Robert), traducteur de la Bible, né
à Noyon vers la fm du xv^ siècle, mort àFerrareenl538.
Son véritable nom de famille pourrait bien avoir été Robert,
et son surnom savant (Jlivetanus. Il était apparenté à Cal-
vin et avait étudié comme lui à Orléans. On le trouve ré-
fugié à Strasbourg en io'iS. En 1533, il était précepteur
à Genève et fut exilé pour ses idées religieuses. 11 se retira
à Neuchâtel, où, sur la demande desVaudois du Piémont,
il entreprit de traduire la Bible en français. Il s'aida des
versions de Lefèvre d'Etaples, mais travaillait sur l'origi-
nal hébreu. Les livres apocryphes et le Nouveau Testa-
ment sont traduits avec moins de soin. Cette version fut
imprimée en 1535, chez Pierre deWingle, sous le titre de
la Bible qui est toute la saincte escripture en laquelle
sont contenus le vieil Testament et le nouveau trans-
latez en françoys. Le vieil de Lebrieu, et le nouveau
du gy^ec. C'est un volume in-folio, en caractères gothiques,
fort recherché aujourd'hui. Améliorée dans la suite par
Calvin et, depuis 1588, par le corps des pasteurs et pro-
fesseurs de Genève, cette traduction devint la base de
toutes les versions françaises de la Bible. F. -H. K.
OLIVETTE (Viticult.). Cépage français du Midi de la
France. Maturité de quatrième époque. Il donne des raisins
de table excellents, à grains moyens, en forme d'olive, et
présente dans les diverses régions où il est cultivé trois
variétés : l'Olivette noire, l'Olivette rouge, l'Olivette jaune.
OLIVIER(OteT.).I. Botanique et Thérapeutique.
— Genre d'Oléacées-Oléinées, composé d'arbres ou d'ar-
bustespropres auxrégions tempérées et chaudes de l'hémis-
phère boréal. Les caractères principaux sont : calice gamo-
Fleur et branche florifère d'Olivier,
sépale à 4 divisions, corolle gamopétale à 4 pièces, 1 éta-
mines, fruit drupacé renfermant une semence pendante à
351 — OLIVÉTAN — OLIVIER
albumen charnu. L'espèce type, O.EuropœahA)iiOYm(^v
proprement dit, est connue de toute antiquité dans l'Orient ;
il en est question dans la Genèse et dans Homère. Origi-
naire de FAsie Mineure, il est aujourd'hui naturalisé dans
toute la région méditerranéenne, surtout en Provence. Ses
feuilles et son écorce passent pour astringentes et fébri-
fuges; la gomme-résine odorante {Gomme de Lecce,
G. d'Olivier), qui découle du tronc des vieux oliviers, était
utilisée autrefois comme vulnéraire. Le fruit de l'Olivier
d'Europe, Votive, est une drupe ovoide, lisse, d'un violet
foncé à la maturité, à péricarpe verdâtre, et à noyau très
dur, ovale-oblong, aigu à ses deux extrémités, et ne conte-
nant qu'une graine. D'une saveur acre, acide et désagréable
à l'état frais, les olives prennent un goût agréable dans une
saumure appropriée. Le péricarpe ainsi que l'amande ren-
ferment une huile jaune verdâtre, très tluide, onctueuse,
transparente, d'odeur faible, de saveur douce et agréable, et
qu'on appelle huile de Lecce o\l huile d'olive (\. Huile).
Elle possède des propriétés adoucissantes, émoUientes,
laxatives, qu'on peut utiliser dans les inflammations gas-
tro-intestinales eturo-génitales ; on la donne en lavements
dans les coliques consécutives aux accouchements labo-
rieux et dans les douleurs provoquées par les calculs vé-
sicaux. Enfin elle jouit de propriétés vermifuges. A l'ex-
térieur, on l'emploie en onctions sur la peau, après les
fièvres éruptives, dans les brûlures ( Uniment oléo-cal-
caire), etc. — Les drupes de l'O. americanaL., du N.de
l'Amérique, fournissent une huile semblable. En Chine et
au Japon, on se sert des fleurs de VO. fragrans Thunb.
pour aromatiser le thé. — D'autres plantes portent éga-
lement le nom d'olivier : Olivier de Bohême. UElœagnus
angustifolia L. — 0. nain. Le Cneorum tricoccum L.
— 0. DES nègres. La Myrobalan chébule. — 0. de sadle.
Le Dodonœa angustifolia L. D^' L. Hn.
II. Culture et Récolte. ~ La culture de l'olivier
aurait été importée, suivant la plupart des auteurs, en
Provence, vers l'an 600, par les Phocéens, puis elle se
serait étendue successivement aux colonies de la Gaule et
de ritaUe situées sur les côtes méditerranéennes. Elle fit
de grands progrès sous le moyen âge, et, encore au siècle
dernier, les oliviers occupaient toutes les provinces fran-
çaises situées sur la Méditerranée; depuis cette époque,
principalement sous l'influence de conditions climatériques
désastreuses (1709, 1789, 180^2, -1812, d829,etc.) etdc
la concurrence faite aux huiles d'olives par les huiles co-
mestibles de fruits et de graines indigènes ou exotiques
(V. Huile), notre production a diminué considérablement ;
elle est limitée aux dép. des Alpes-Maritimes, du Var, des
Bouches-du-Rhône, du Gard, de l'Hérault, delaDrôme, des
Basses-Alpes, des Pyrénées-Orientales, du Vaucluse, de
l'Ardèche et de la Corse. Hors de France, la culture de
l'olivier est pratiquée en Italie (Toscane, Sicile, Sardaigne),
en Espagne, en Grèce, en Turquie et en Asie Mineure ; elle
a pris un grand développement en Tunisie, dont la pro-
duction est devenue le triple de la production française,
en Algérie, en Australie, et, encore plus, en Californie, où
se trouvent les plus grandes oliveraies du monde. L'olivier
redoute les climats extrêmes, aussi bien froids que chauds;
dans son habitat naturel, il commence à bourgeonner à
iO ou 11° C. de température moyenne (avril), fleurit vers
18-19° C, noue ses fruits à 28-22° C, et arrive à matu-
rité, de septembre à janvier, après avoir reçu une somme
totale moyenne de température diurne de 5.330° C. Il croit à
une altitude variable suivant les régions, jusqu'à 800 m.
dans les Alpes-Maritimes, 1.370 m. en Espagne, et 1.000
à 1.200 m. dans le Djurjura. Il craint surtout Fhumi-
dité et se montre assez indifférent sous le rapport de la
nature du sol; les sols argilo-calcaires, même caillouteux,
très sains et bien éclairés, lui conviennent particulièrement ;
on les prépare par un défoncement très énergique et soi-
gné, exécuté par rigoles, par fosses ou mieux en plein. La
multiplication se fait par semis, par boutures, par dra-
geons, rejets ou marcottes, et enfin par greffage sur sau-
OliVIER
— 3o4 —
va<^'eons : mais la seconde inetiiode est la plus suivie; la
mise en place déiinitive a lieu au bout de quatre ou sept
ans; on plante en plein (carré ou quinconce) ou en lignes,
à des écarlements variables avec le climal, la toj)ograpliie
et la luUure du sol, et surtout avec les variétés, lesquelles
sont très nombreuses : 40 à oO en France (Cayone, Rou-
get, Olivicre, Pigale, Pandoulier, Blanquctier [fruits pour
huile], de Lucques, Picholine, Redoudale, Yerdale, Moiral.
xVmeblau, Saurine [fruits pour confire;, etc.), 50 en Es-
pagne, 30 à 40 en Italie, etc. 11 serait utile de donner,
chaque année, deux labours, l'un au printemps (supprimer
en même temps les rejets et les (b/ageons), et l'autre au mo-
ment de la tleur ; ces travaux sont très rémunérateurs : on
les néglige cependant généralement. Bien que très rus-
tique et très vigoureux, l'olivier se montre ti'ès sensible
à l'apport des engrais ; il prélève chaque année, dans le
sol, environ ^20 à '^o kilogr. d'azote et de potasse, et
40 kilogr. d'acide phosphorique ; les engrais organiques,
les déchets des huileries et les engrais minéraux peuvent
être utilisés pour sa fumure; les premiers sont enfouis, à
l'automne, dans des fosses creusées tautour des arbres ;
les engrais solubles sojit appliqués au premier printemps.
L'opération de la taille, souvent mal conduite, est de la
plus grande importance; elle doit assurer la formation
régulière (en gobelet'^ou à table; préférer le gobelet) de
l'arbre, le développement des branches mal équilibrées et
l'éciaircment de tout l'appareil aérien; elle se fait après la
récolte et doit porter, avant tout, sur les bois dressés, en se
rappelant cpui l'olivier ne (b)juie ses fruits que sur les ra-
meaux d'un an et en une seule fois. Une taille complé-
mentaire, un pincement et un ébourgeonnement s'im-
posent au ])rintemps; les gourmands trop nombreux sont
encore taillés en vert en été. Des binages et des sarclages
donnés dans le cours de la végétation sont d'un excellent
effet. L'olivier est sujet à diverses maladies d'origine cryp-
(ogamique (fumagine, carie, blanc des racines, etc.), et
aux attaques de quehpies msQv{Qs{Daciis oleœ ou mouche
(le l'olivier ; Phlœlribus oJeie ou rongeur de l'olivier ;
Ihjlesina oleiperda, etc.), contre lesquelsnous connaissons
peu de moyens réellement pratiques de lutte ; une bonne
culture et un choix convenable des variétés et des plants
peuvent seuls permettre de prévenir leurs ravages. La ré-
colte des fruits à contire se fait à l'état vert, sauf ])our
l(\s fruits à contire dans l'huile, qui sont cueillis à un état
très avancé, de janvier en mars, au lieu d'août et sep-
tembre ; on opère à la main et en plusieurs fois. Lesiruits
pour huile devraient être cueillis tin janvier ou févi'ier. Dans
le Sud-Est, dans le Languedoc et leRoussilloji, on récolte
en décembre ou janvier. Suivant la hauteur des arbres, on
cueille directement ou l'oji opère par gaulage. Les rende-
ments varient dans de très grandes limites; en Provence,
ils atteignent de -10 à ^20 litres par arbre. Les rendements
moyens en huile sont compris en France entre 450 et
:250 litres par hectare. J. T.
Biîîi.. : iNlARviN. 77ic O^ife : Cliica,u-o ot New York. —
IIi;u/E, les Plojiles industrielles ; l-'aris, 1893, t. III. —
Maiiuale teoi-lco-pralico per la coUlfazLOiie delVal'wo —
xVloi, Olh'o ed olio ; Milan, 187-").
OLIVIER, compagnon légendaire de Roland, qui, d'après
la Chanson de Roland, périt à Roncevaux avec lui. Le
poème de Girart de Vienne raconte un duel de Roland et
d'Olivier à Vienne, suivi de leur réconciliation et du ma-
riage de Roland avec la belle Aude, sœur d'Oliver.
OLIVIER (François), chanceliec de France, né à Paris en
1487, mort àAmboisele 30 mars43(i0. Il descendait d'une
famille originaire de l'Aunis. Son père, Jacques, seigneur de
Leuville en Normandie, était président au Parlement de
Paris. Son oncle, Jean, abbé de Saint-Médard de Soissons,
puis évèque d'Angers, penchait vers la Réforme. François
fut nommé conseiller au Parlement en 4523, maître des
requêtes en 4536. Protégé par Marguerite d'Angoulème,
qui l'avait fait chancelier de son duché d'Alençon, il de-
vint président à mortier en 4543. Charge de la garde des
sceaux en 4544, il succéda comme chancelier à Poyet en
154-5. il acquit une réputation d'intégrité et de sévérité.
Le parti de Diane de Poitiers le combattit vivement,
])arce qu'il résistait aux prodigalités de Henri II ; il re-
fusa de se laisser dépouiller de son titre de chancelier,
juais on profita de ce qu'il avait les yeux malades pour
lui enlever les sceaux, le "2 janv. 4554. Il se retira à
Leuville. Fn 4559 il reprit les sceaux, et publia Ledit de
tolérance du 2 mars 4560. Il passait pour favorable aux
huguejiots, mais il se laissa complètement dominer par
les Guises et réprima durement la conspiration d'Amboise.
On dit qu'il mourut de remords. Sa femme, Antoinette de
Cerisay, lui doima cinq enfants, dont deux filles qui épou-
sèrent des huguenots. Son frère Antoine, évèque de Lom-
bez, s'était déclaré ouvertement pour la Réforme ; il sui-
vit Renée de France à Ferrare, et ensuite à Montargis.
Les Olivier de Leuville portaient : Ecartelé aux i et 4
d'ai-ur, à 6 besanUd'or, au chef d'argent chargé d'un
lion naissant de sable, armé et lampassé de gueules,
et aux ^ et 3 d'or, à S bandes de gueules, celle du mi-
lieu chargée de S étoiles d'argent. H. Hauser.
l>iBL. : LaPlanchk, de Thou, France protestante.
OLIVIER (Aubin), graveur sur bois et graveur des mon-
naies françaises, né, suivant les uns, à Roissy, près Paris,
suivant d'autres, à Roye en Picardie, en 4520, mort à
Paris en 4600. Il a exécuté sur bois les soixante gravures
([ui ornent le Liv7'e de perspective de Jean Cousin ; mais
il mérita surtout de passer à la postérité par la part qu'il
prit au perfectionnement des instruments du monnayage
en France. L'Allemagne nous avait précédés dans l'appli-
cation de la mécaniciue à la fabrication des espèces mo-
nétaires. Charles de Marillac, ambassadeur du roi de
France à Augsbourg auprès de Charles-Quint, en 4550-
51, ayant signalé à Henri II les nouveaux procédés qui
remplaçaient avantageusement la frappe au marteau, le
roi de France envoya à Augsbourg, pour se rendre compte
de l'invention, Guillaume de Marillac, frère de l'ambas-
sadeur, accompagné du maitre de la monnaie de Lyon,
puis, au retour de ce dernier, il dépêcha, près de l'ambas-
sadeur, Aubin Olivier, « un excellent ouvrier en fer, pour
la pratique de l'engin ». Un traité fut conclu avec l'in-
venteur allemand, et grâce à l'habileté d'Aubin Olivier,
dès le 27 nov. 4550, Marillac pouvait annoncer à son
gouvernement l'achèvement des machines qu'on trans-
]>orta ensuite en France. Lu vertu de lettres patentes du
27 mars 4550, elles furent installées par Olivier à Paris,
SU)' la Seine, au « logis des Etuves », à l'extrémité occi-
dentale du jardin et de l'Ile du Palais, près do la place
Dauphine. Les rouages hydrauliques qui mettaient les ma-
chines en mouvement firent donner à l'établissement le
nom de Monnaie au moulin, qu'on emploie concurrem-
ment avec l'appellation de Monnaie des Etuves. Des
lettres patentes du 3 mars 4553 et un édit de 4554 don-
nèrent la surintendance de la nouvelle Monnaie à Guillaume
de Marillac, et créèrent au profit d'Aubin Olivier l'office
de « maître-ouvrier, garde et conducteur des engins »,
chargé de la conduite de tout le matériel, des réparations
et perfectionnements de l'outillage ; MarcBéchot fut nommé
gi'aveur général. Avec son esprit inventif, Olivier ne tarda
l)as à apporter d'heureuses modifications à l'invention du
mécanicien d'Augsbourg, et le principe de son outillage est
resté la base du monnayage jusqu'à nos jours. Olivier arriva
à frapper mécaniquement les pièces en leur donnant une ro-
tondité parfaite et en les marquant en même temps sur leur
tranche, par l'invention de la virole brisée, de cannelures ou
de lettres en creux. Olivier eutà lutter longtemps contre les
préventions de la cour des Monnaies, essayant de défendre
les droits des anciens monnayers qui se trouvaient ainsi
dépossédés de leurs privilèges. Mais grâce à la protection
royale, la réforme et le progrès triomphèrent de la rou-
tine, j^n 4585, les fonctions de graveur de la monnaie
des Etuves furent confondues avec celles de maître-ouvrier
garde et conducteur, et cet office important, créé pour
Aubin Olivier, fut transformé dn une entreprise privilégiée
353 —
OLIVIER
au profit de sa famille. Alexandre Olivier, fils d'Aubin,
succéda à son père dans ses fonctions, en 1581.
BiBL.: Albert Barre, danarAnnuaire de la Société fran-
çaise de numismatique^ 1867, t. II, pp. 157 et suiv. — Pierre
de Vaissière, ta Découverte à Aiigsbourg des instruments
mécaniques du monnayage moderne ; Montpellier, 1892,
in-8. — Du môme, Charles de Marillac, umhassadeur de
France auprès d'Henri VIII, de Charles-Quint et des princes
d'Allemagne, iii-8.
OLIVIER (Guillaume-Antoine), entomologiste fran-
çais, né aux Arcs, prèsdeFréjus(Var), le iOjanv. 1756,
mort à Lyon le 1^^' oct. 1814. Pendant la Révolution, il
fut chargé d'un travail important sur la statistique de la
généralité de Paris, puis en 1792 il fut envoyé en mission
auprès du chah de Perse ; il visita l'Egypte, F Arabie,
l'Asie Mineure et la Perse et revint en déc. 1798, après
avoir eu la douleur de voir mourir àAncOne son compagnon
de voyage, le naturaliste Bruguière{\. ce nom). Il devint
membre de l'Institut en 1 800 et quelque temps après profes-
seur de zoologie à l'Ecole vétérinaire d'Alfort. Ouvrages prin-
cipaux : Diciîonnaire d'histoire naturelle des insectes,
papillons, crustacés, etc. (Paris, 1789-1825, 7 vol. et
demi in- 4, et 2 vol. de planches ; le 1^'" vol. est de
Mauduit ; les t. Il à YI sont d'Olivier) ; Entomologie
ou Histoire naturelle des insectes coléoptères (Paris,
1789-1809, 6 vol. gr. in-4 avec 363 pi. col.) dans
V Encyclopédie méthodique ; Voyage dans l'empire
d'Orient, l'Ei/ypte et la Pené^ (Paris, 1801-7, 6 vol.
in-8, et atlas). D'' L. Hn.
BiBL. : Cuvier, Éloges historiques^ t. II. — Sylvestre,
Notice sur G.-A. Olivier; Paris, 1815.
OLIVIER (Louis-Henri-Ferdinand), pédagogue suisse,
né à La Sarra (Suisse française, cant. deVaud) en 1759,
mort à Vienne. Il fit ses études à Lausanne. En 1778, il
fut précepteur à Riga dans une famille noble, et, en 1780,
professeur de français au Philantropinum de Dessau. Il y
resta pendant quinze ans, jusqu'à la dissolution de cet éta-
blissement. Il fonda ensuite à Dessau un pensionnat, dont
il abandonna la direction en 1801 pour se consacrer à la
vulgarisation et au perfectionnement d'une méthode de lec-
ture dont il était l'inventeur. Il se retira à Vienne, au-
près de son fils, le peintre Ferdinand Olivier. D'un caractère
droit, bienveillant et enthousiaste, il était très aimé de
ses jeunes élèves. Ses distractions nombreuses sont res-
tées célèbres et ont donné lieu à une foule d'anecdotes.
Ce fut lui qui apprit à lire au roi de Prusse Frédéric-
tTuillaume IV. Sa méthode de lecture fut d'abord em-
ployée par lui à l'enseignement du français; mais il résolut
de l'appliquer ensuite à la lecture de l'allemand. Ce qui
caractérise cette méthode, c'est la prétention de ramener
à une analyse rigoureuse et scientifique les éléments de
la parole. Avant d'enseigner à ses élèves le nom des lettres
et la forme des caractères, Olivier leur apprenait à dis-
tinguer les nuances des sons et à les classer selon les or-
ganes qui servent à les prononcer. Il enseignait ensuite
l'alphabet usuel au moyen d'images représentant des ob-
jets dont le nom contenait la lettre à prononcer. C'est le
système de lecture par écho déjà employé par Bertrand
et Daubanton, ainsi appelé de ce (jue souvent, pour ap-
prendre à prononcer certains groupes de caractères, il
suflit de retenir le son final d'un mot, ou son écho: mou-
lin... in; éventail... ail. Olivier t'ait prononcer les con-
sonnes en y joignant la lettre e, placée alternativement
avant et après, el, le ; eni, me ; ce procédé est celui Jii
chanoine Cherrier. Les lettres, une fois connues, sont col-
lées sur de petits morceaux de carton que l'élève apprend
ensuite à assembler pour former les syllabes et les mots.
M. Rapet a noté des analogies entre cette méthode et
celle de François de Neufchàteau. Il faut aussi la rappro-
cher de la stratilégie de M. de Laffore. Après avoir at-
tiré à Olivier un grand nombre d'élèves, même étrangers,
cette méthode fut abandonnée comme compliquant l'en-
seignement de la lecture au lieu de le simplifier. Il pu-
blia : Die Kunst lesen und rechlschreiben \u lehren...
GRANDE ENCVCLOPÉfilK. — X\V.
(Leipzig, 1801, in-8; "2*^ éd. ixmèliovèe, ibid., in-8;
Suppl., ibid., 1802, in-8); Ueber den Charakter und
Werth guter natiirlicher Unterrichtsmethode (1802,
in-8) ; Versuch einer Charakleristik volkommen na-
turgemœssen Leselehrart (Dessau, 1804, in-8); Ortho-
epographisches Elementarwerk, manuel de l'art de
parler, de lire et d'écrire correctement appliqué à chaque
langue ; 1»'® partie théorique, ou exposition du système
orthoépographique, l^'^-3<' section avec 4 pi. (Dessau,
1804). Une 2*^ partie contient les procédés utiles à l'u-
sage du maître (1804, gr. in-8) ; holgende Lehrmittet
(3 grandes planches, 6 grands tableaux alphabétiques, livre
de lecture élémentaire avec grandes et petites lettres).
Georges Aillet.
BiBL. : Meusee, Gelehrtes Deutschland.
OLIVIER (Johann-Heinrich-Ferdinand von), peintre et
lithographe allemand, né à Dessau le 1^'' avr. 1785,
mort à Munich le 11 févr. 1841, fils du précédent. Il
suivit d'abord les leçons de K.-W. Kolbe et de Handen-
wang, puis, en 1804, il vint à Dresde étudier sous Jakob
Mechau. En 1807, il se rend avec son frère Ilelnrich à
Paris, chargé sans doute d'une mission politique, et il y
peint un portrait équestre de Napoléon 1^^\ qui est à
Dessau. En 1811, il quitte Paris pour Vienne, oùilpubfie
en 1823 une suite de lithographies sur le pays de Salz-
bourg. En 1833, il est nommé professeur de l'histoire de
l'art à Munich. Il a peint des tableaux d'histoire et des
paysages historiques signés F. 0. On en voit aux
musées de Leipzig et de Râle, au musée de Staedel à
Francfort et dans l'église de Worlitz.
Son frère aîné, Heinrich, né à Dessau en 1783, mort
à Rerlin le 3 mars 1848, a beaucoup travaillé avec lui.
Il y a des peintures de Heinrich dans les églises de sa
ville natale.
Son plus jeune frère, Woldemar-Friedrich, né à
Dessau en 1791, mort à Dessau en 1859, a suivi ses
leçons à partir de 1811 ; en 1815, il voyagea en Angle-
terre ; en 1818, il était à Rome auprès d'Ôverbeck; après
avoir séjourné à Vienne, il vint à Munich en 1829 et il y
exécuta des fresques dans le palais royal. Il a peint des
paysages avec personnages historiques. E. Br.
OLIVIER (Juste), poète suisse, né à Eysius le 18 oct.
1807, mort à Genève le 7 janv. 1876. Ilfit ses études à
l'Académie de Lausanne où il eut un prix pour un poème
intitulé Julia Alplnula. Un séjour à Paris en fit l'ami de
Sainte-Reuve. Il enseigna la littérature à Neuchàtel, puis
rhistoire pendant douze ans à l'Académie de Lausanne.
La révolution de 1845 le déposséda de sa chaire ; il alla
s'établir à Paris oii il vécut vingt-cinq ans. Au moment
de la guerre de 1870, il revint en Suisse. Eugène Ram-
bert a consacré une étude importante à sa vie et à son
œuvre (jui compte un livre historique : le Canton de
Vaud; des études d'histoire nationale; des romans, le
Pré aux noisettes, le Batelier de Clarens, et surtout
des remarquables volumes de vers, Chansons lointaines,
Chansons du soir, etc. F. K.
Bir.E. : Bertiioud. J. 0/if;tcr; Neucliàtel, 1880.
OLIVIER (Urbain), écrivain suisse, frère du précédent,
né à Eysins (Vaud) le 3 juin 1810. mort àGivrins (Vaud)
le 25 févr. 1888. D'abord destiné à l'agriculture. Urbain
Olivier ne commença à écrire qu'à trejile ans. Il dioisit
pour cadre de ses romans, au nombre d'une quarantaine,
le pied du Jura. On lui a reproché d'être un peu prêcheur,
il n'en a pas moins exercé une grande influence morale
dans la Suisse romande. Au nombre de ses meilleurs
livres, il faut citer : Récits dechasse, l'Orphelin, Adolphe
Mory, le Manoir du Vieux-Clos, la Maison du Ravin,
Rosette, l'Interné, la Paroisse des Avaux. E. K.
BiBL. : Duplan-Olivier, U. Olivier et son œuvre comme
moraliste; Lausanne, 1889.
OLIVIER DE PuYMANEL, général annamite, d'origine
française, né à Carpentras en 1767, mort près de Malacca
en 1800. Il était officier de génie lors de l'arrivée en
23
OLIVIER — OLLAINVILLE
354
France de révèqne d'tVdraii, Pigiicau de Béliaiiie, qui
venait demander au roi Louis XVI aide et secours en
faveur du roi de Cochinchine, Nguyen-Anh. Olivier de
Puymanel s'embarqua avec lui sur la frégate la Méduse,
pour aller tenter la fortune en Extrême-Orient. En com-
pagnie de plusieurs officiers : Gliaigneau, de Forçant, Van-
nier, Dayot, Guillon, Giiilloux, Girard de l'Isle-Sellé, offi-
ciers de marine; Lel)ran, ingénieur; Barisy, colonel;
Despiaux, médecin, il débarcpa à Saigon en 1790 et fut,
ainsi que ses compagnons, reçu à bras ouverts par Nguyen-
Anh. Ce furent ces hommes qui réorganisèrent l'armée de
Nguyen-Anh et fortifièrent le pays contre les incursions
des Tay-Son. Olivier de Puymanel s'occupait plus spécia-
lement des ouvrages du génie, fonte de canons, défense
des cotes et des forteresses. Actif et inteUigent, il fat si
utile à Nguyen-Anh que celui-ci le nomma, en ITOi,
général en chef de ses troupes. Ce fnt grâce à lui que
Nguyen-x4nh remporta des victoires sur ceux qui lui dis-
putaient le pays. En butte aux sourdes menées des Anglais,
qui voyaient avec peine un homme de cette valeur s'établir
en Indo-Chine, ayant à subir de violentes attaques de la
part de l'entourage de Nguyen-Anh, il donna sa démission.
En reconnaissance de ses services, le roi de Cochinchine lui
offrit un navire tout armé, chargé de marchandises, avec
lequel Olivier de Puymanel trafiqua dans les mers d'Extrême-
Orient. Il gagna ainsi de grandes richesses.
OLIVIER Le Dain (V. Le Dm).
OLIVIERS (Mont des). Nom donné dans l'Ancien et le
Nouveau Testament aux hauteurs qui font face, de l'autre
côté de la vallée du Cédron, à la colline du temple de Jé-
rusalem. Le sommet le plus septentrional et le plus élevé
(818 m.), le Karm es-Saiyad, fut appelé « YiriGalilsei »
(les hommes de Galilée) parce qu'on y plaça la scène des
Actes des Apôtres (i, 11). On a voulu y voir aussi la« Ga-
lilée » de Matthieu (xxvi, 32). Une petite chapelle mo-
derne y a été construite. Le sommet voisin, le Djebel et-
Tour, le mont des Oliviers proprement dit, passe pour le
lieu de l'ascension du Christ (d'après Actes, i, 12); mais
cette tradition est en contradiction avec le témoignage
de Luc (xxiv, 50), qui indique Béthanie. A cette époque
d'ailleurs, le Djebel et-Tour était complètement couvert
de constructions. Constantin y fit élever une basilique sans
toit, et l'on montrait comme aujourd'hui les traces sur le
sol du pied de Jésus. Au vn^ siècle, une église ronde y fut
construite par Modestus. Détruite par Hakem auxi^ siècle,
les Croisés la remplacèrent en 11 30 par une grande église.
Celle-ci fut encore détruite et, après Saladin, s'éleva à la
place une construction octogone avec coupole à l'usage des
musulmans, qui subsiste encore. Les chrétiens ont la per-
mission d'y dire la messe le jour de l'Ascension. A côté
est un couvent de derviches, l'ancienne abbaye des
augustins. Près du village musulman de Kefr et-Tour
sont bâties l'église russe et une tour dont la vue em-
brasse jusqu'aux monts de Moab. Aux Russes appartient
encore, outre un jardin de Gethsémané à leur usage, le
curieux tombeau dit des Prophètes, où sont gravés des
graffiti grecs d'époque chrétienne. Les Latins possèdent le
couvent des carmélites avec les emplacements du Credo
e( du f^a/t'/'nas/É^7'. Au-dessous, vers la valJée du Cédron.
on rencontre le jardin de Gelhsémané, Léglise du tomlieau
de la Vierge et une vieilh^ nécropole juive. Le versant \].
porte Bethphagé et plus loin Béthanie L(> moni des Ofi-
vif^rs s*^ prolông»^ au S par b> Djebel Bain oMIa'^a qu'on
identitie avec 1^ inoiii du Scandale ou Sa.lomon adora les
dieux étrangers (L Wois, xi, 4 et suiv.). Au pied du ver-
sant 0. de cette colline est construit le village do Siloé
(Silouan). René Dcssaud.
OLIVILE. Form. S Equiv C^WW.
L'olivile a été découverte par Pelletier dans la racine
d'olivier, sa composition a été fixée par Sobrero. On l'ob-
tient simplement en traitant la gomme d'olivier, d'abord
par l'éther, puis par l'alcool absolu bouillant. Ce dernier
dissout Folivile. Ce sont des aiguilles incolores, brillantes,
aplaties et rayonnées qui fondent à 119». Les solutions
sont amères et sucrées. Il fournit de l'eugénol par distil-
lation. Les agents d'oxydation le détruisent facilement :
l'acide azotique, par exemple, le transforme en acide oxa-
lique. Le permanganate de potasse donne de la vanilHne.
L'acide sulfurique versé dans une solution concentrée
d'olivile précipite des flocons rouges insolubles dans l'eau
d'une nouvelle substance, l'olivirutine. L'olivile est un
1 corps réducteur vis-cà-vis les solutions d'or et d'argent.
j BiBL. : I^i'LLr.Tiiai, Ann. de Clilm. et de PJiys., 1816,
(.III, p. 105. — Soi3ii]:r(3. Ami. der Cliem. u. Pharm..
i. LIV, p. 07.
OLIVINE (Miner.) (V. Péuidot).
OLIZY. Com. du dép. des Ardennes, arr. de Vouziers,
cant. de Grandpré; 537 bal).
OLIZY. Com. du dép. de la Marne, arr. de Reims,
cant. de Chàtilion-sur-Marne ; 2:29 hai).
OLIZY. Com. du dép. de la Meuse, aif. de Montmédv,
cant. de Slenay; 514 hab.
OLKÉNIKI. BourgdeRussie, gouv.età46kil. S.-O. de
Vilna, district de Novyié-Troki, sur la Méretchanka ;
319 hab.
OLKHON. La plus importante des îles du lac Baikal
(Sibérie), gouv. d'Irkoutsk, près de la rive N.-O. du lac
dont elle est séparée par un détroit appelé Olkhonskiia
Voroia et Peiile mer. Olkhon n'est que le prolongement
jiaturel de la chaîne des monts Kaikal rompue par la val-
lée du détroit. Longueur, 75 kil. ; largeur, 15 kil. Le pre-
mier explorateur russe de File fut Kourbat Ivanov, en
1643. AiixviiF^ siècle, un autre voyageur, Georghi, visita
la côte N.-O. de File. Ruines cFune forteresse mongole.
Les Bouriates prétendent que les troupeaux de Djenghis-
Khan paissaient sur l'Olkhon, et qu'on voit encore une
chaudière abandonnée par ses troupes sur une des mon-
tagnes de File. Une grande partie d'Olkhon est couverte
de forêts (pins, bouleaux, etc.). Nombreux oiseaux aqua-
tiques, beaucoup de phoques sur la rive E. de l'île, les
eaux environnantes sont très poissonneuses. Un millier
d'habitants cà peu près, tous Bouriates, s'occupent de l'éle-
vage des chevaux et de pêche. Le plus grand village de
file est Dolonargoun, plus de 100 hab. M. C.
OLKUSZ. Ville de la Pologne russe, gouv. de Kielce.
CheFlieu de district, sur la Baba; 4.000 hab. en majorité
Israélites. Jadis riche et populeuse, grâce aux mines d'ar-
gent et d'étain exportés alors dans le voisinage, la ville
est maintenant en pleine décadence. Carrières de marbre
noir dans les environs.
0LLAPodrida(0////, Olio). Ragoût de viande etlégumes,
I rès épicé, qui se mange en Espagne et dans le S. de la France.
]/()lla podrida ou pot pourri, mets national espagnol,
comprend des poissons, de la volaille, du jambon, du lard,
des oignons, des légumes variés, du poivre... ; le tout
additionné d'un peu d'eau est cuit dans un vase bien clos.
La formule classique est la suivante : 0 livres de poi-
trine de bœuf désossée et roulée, une queue de mouton
parée, une perdrix et un canard troussés comme pour
entrée, 300 gr. de jambon fumé, 300 gr. de poitrine de
porc fumé, deux petits saucissons, G laitues et un choux
Idanchis, I livre de pois chiclies secs li'empés pendant un
jour entier. Ou peut avec ces ingrédients opérer comme
jHjui' uji pol-au-feu ordinaire ei })j'éparer un potage au
riz. ou i)ien nire revenir les viandes avec du lard fondu,
ajoiit<:^r b^s légumes et fane «uii'<' en ^ase ferme pendant
':h: d se]»t heures, a feu doux, sans rien ajouter. Les
pauvres se contentent d"un peu de viande, avec du lard,
des choux, une poignée de poischiches, du piment rouge.
— Les cuisiniers préparent les olla podrida les plus variées
avec gibier, poissons, volailles, charcuterie, œufs durs.
Les différentes pièces cuites ensemble sont ensuite servies
côte à côte avec sauces appropriées.
OLLAINVILLE. Com. du dép. de vSeine-et-Oise, arr. de
Corbeil, cant. d'Arpajon ; 485 hab.
- 355 -
OLLAÏNVILLE — OLLIYIER
OLLÂINVILLE. Corn, du dép. des Vosges, arr. de
Neuf château, cant. de Châlenois ; 184 hab.
OLLANS. Corn, du dép. du Doubs, arr. de Besançon.
cant. de Marchaux ; 95 hab.
OLLÉ. Corn, du dép. d'Eure-et-Loir, arr. de Chartres,
cant. d'IUiers ; 493 hab.
OLLÉ-Laprune (Léon), philosophe français contem-
porain, né à Paris le 25 juiL 1839, mort à Paris le
13 févr. 1898. Élève de l'Ecole normale supérieure de
1858 à 1861, agrégé des lettres (1861) et de philosophie
(1864), professeur de philosophie aux lycées de Nice (1861-
64), de Douai (1864-68), de Versailles (4868-71), au lycée
Henri IV (18T1-75), nommé en 1875 à la chaire de philoso-
phie dogmatique de l'Ecole normale, reçu docteur le
4 juin 1880, élu membre de l'Académie des sciences
morales et politiques (section de philosophie), en rempla-
cement de M. Vacherot, le 18 décembre 1897, Ollé-Laprune
unissait au culte de la pensée la foi cathoHque la plus
orthodoxe, et jamais il n'évita l'occasion de professer en
public ce qu'il croyait la vérité. Présent en 1880 à
l'expulsion des carmes de Bagnères-de-Bigorre, il signa
la protestation rédigée contre cette mesure. X la suite
de cet acte, il fut frappé de suspension pour une année.
Les principaux écrits de M. Ollé-Laprune sont : la
Philosophie de Malebranche (1870); De la Certitude
■morale (thèse française, 1880); De Aristoteleœ Ethices
fondamento (thèse latine, 1880); Essai sur la morale
d'Aristote (4881); la Philosophie et le Temps présent
(1890); les Sources de la paix intellectuelle (1892);
le Prix de la vie (1 894) ; De la Responsabilité de chacun
devant le mal social (conférence faite le 15 mars 1895
sous les auspices du comité de défense et de progrès
social); Ce quon va chercher à Piome (1895); De la
Virilité intellectuelle (1896) ; Eloge du P. Gratry
(1896) J. Second.
OLLEHÂIN (D') (V. Bergues [Adrien de]).
OLLE Y. Corn, du dép. de Meurthe-et-Moselle, arr. de
Briey, cant. de Conflans; 351 hab.
0LLE2Y. €om. du dép. de l'Aisne, arr. de Saint-
Quentin, cant. de Saint-Simon ; 265 hab.
0LL1ER (V. NoiNTEL [Ch.-F. Ollier, marquis de],
t. XXIV, p. 1172).
OLLIER (Edmund), littérateur anglais, né en 1827,
mort à Chelsea le 19 avr. 1886. Fils de Charles Ollier
(1788-1859), littérateur et grand ami de Shelley, des-
cendant d'une famille de réfugiés français, il se consacra,
lui aussi, tout entier à la littérature et fut un collabora-
teur assidu du Daily News et des revues littéraires. Ci-
tons parmi ses écrits : Poems from the Greek Mytholoyij
andmiscellaneous Poems (1867) ; OurBritish Portrait-
painters (1874) ; lllustratedhistory of the war between
France and Germany (1871-72, 2 vol.) ; Illustrated
hislory oftherusso-turkish War(idll-19, 2 vol.), etc.
OLLIER (Léopold-Louis-Xavier-Edouard) , chirurgien
français contemporain, né aux Vans (Ardèche) le 2 déc.
1830. Interne des hôpitaux de Lyon, en 1851, il ter-
mina ses études médicales à Montpellier, où il fut reçu
docteur en 1856. Nommé au concours chirurgien en chef
de l'Hôtel-Di^u de Lyon, en 1860, déjà lauréat de l'Aca-
démie de médecine et de l'Académie des sciences, M. Ollier
avait publié, de 1860 à 1863, plusieurs mémoires origi-
naux : De la moelle des os et de son rôle dans l'ossi-
fication; De l'accroissement en longueur des os des
membres; De l' inég alité d' accroissement des deux extré-
mités des os longs ; Nouvelles Expériences mr la régé-
nération des os ; lorsque l'Institut mit au concours en 1 867 ,
pour son grand prix de chirurgie de 10.000 fr. (porté à
20.000 par le chef de l'Etat), la question suivante : De la
conservation des membres par la conservation du périoste
et le Traité expérimental et clinique de la régénéra-
tion des os (1867, 2 vol. in-8), M. Ollier obtint ce prix
partagé ex œquo avec Sédillot. Cet ouvrage considé-
rable acquit à l'auteur une juste et grande notoriété.
Elu en 1874 correspondant de l'Académie de médecùie
et correspondant de l'Institut, il prenait possession, cji
1877, lors de la création de la Faculté de médecine de
Lyon, de la chaire de cUnique chirurgicale. Excellent pro-
fesseur, habile et prudent opérateur, U est l'auteur de tra-
vaux originaux devenus classiques, parmi lesquels : Des
résections des grandes articulations (1870) ; Traité des
résections et des opérations conservatrices (1885-90).
D^ A. Dureau.
OLLIERES (Les). Com. du dép. de l' Ardèche, arr. et
cant. de Privas; 1.872 hab. Consistoire protestant. Fila-
tures et moulinagcs de soie.
OLLIERES. Com. du dép. de la Meuse, arr. de Mont-
médy, cant. de Spincourt; 53 hab.
OLLIERES (Les). Com. du dép. de la Haute-Savoie,
arr. d'Annecy, cant. de Thorens ; 486 hab.
OLLIERES. Com. du dép. du Var, arr. de Brignoles,
cant. de Saint-Maximin ; 219 hab.
. OLLIERGUES. Ch.-l. de cant. du dép. du Puy-de-
Dome, arr. d'Ambert; 1.766 hab. Stat. du chem. de fer
de Lyon. Filatures de chanvre et de lin. Tissage méca-
nique de toiles. Fabrique de chapelets. Restes d'un ancien
château; vieux pont.
OLLIOULES. Ch.-l. de cant. du dép. du Var, arr. de
Toulon ; 3.966 hab. La ville est desservie par la stat,
de Sanary-Ollioules, sur le chem. de fer de Marseille
à Toulon. Mines de lignite. Vins estimés ; huiles renom-
mées ; importantes cultures fruitières ; vergers d'orangers.
OlHoules possède encore des restes de son château fort et
de ses anciens remparts (xiu^ siècle). Dans l'église, chaire
sculptée et ange attribué à Puget. Près d'Ollioules se
trouvent les gorges célèbres que traverse la route de Mar-
seille à Toulon et qui s'étendent sur une longueur de 4 kil. ,
formant un défdé étroit et tortueux d'une complète aridité
et d'un aspect étrangement sauvage. Les roches brûlées par
le soleil, tourmentées et crevassées, affectent les formes les
plus bizarres et revêtent les tons les plus éclatants ou les
plus sombres suivant qu'elles sont plus ou moins éclairées
ou laissées dans l'ombre. Le fond du précipice où coule
un torrent intermittent, et que longe la route, est encombré
de pierres et d'éboulis et ajoute encore cà la sauvage gran-
deur du paysage. J. Marchand.
OLLIVIER (Démosthène), homme politique français,
né à Toulon le 25 févr. 1799, mort à La Motte (Var) le
22 avr. 1884. Grand commerçant à Marseille, conseiller
municipal de cette ville, il fut élu représentant des Bouches-
du-Rhône à la Constituante le 23 avr. 1848. Il siégea à
rextrènie-gauche et combattit assez vivement la politique
de Louis-Napoléon. Non réélu, il continua à s'occuper
activement de poHtique. H fut arrêté et expulsé de France
pour avoir protesté contre le 2 Décembre (1854). H sé-
journa en Italie et rentra en France en 1860.
OLLIVIER (Olivier-Emile), homme d'Etat français, né
à Marseille le 2 juil. 1825, fils du précédent. Inscrit au
barreau de Paris en 1848, il fut, malgré sa jeunesse,
nommé commissaire général de la République dans les
Bouches-du-Rhône, où il réprima un mouvement socia-
liste lors des événements de juin. Il fut ensuite préfet
d€S Bouches-du-Rhône et préfet de la Haute-Marne jus-
qu'en 1849. H reprit la toge et plaida avec éclat plusieurs
procès politiques. Le 5 juil. 1857, il était élu député do
la Seine au Corps législatif. Membre de l'opposition, il ne
tarda pas à prendre dans l'assemblée une autorité consi-
dérable ; orateur éloquent et clair, polémiste redoutable,
il brillait parmi les personnalités si remarquables qui
composaient le fameux groupe des Cinq. Réélu en 1863,
Emile Ollivier se dégagea de l'opposition et, inclinant de
plus en plus vers le pouvoir, appuya souvent le ministère
avec les vues d'un véritable homme d'Etat. Réélu encore
par le Var en 1869, il fut mis aussitôt à la tête du tiers-
parti et, le 2 janv. 1870, il devenait ministre de la justice
et des cultes et premier ministre, se chargeant de réaliser
le rêve d'empire libéral que Napoléon HI avait formé. Le
OLLIVIËR — OLLULANUS
~ 356
ministère Emile Ollivier, partie centre droit, partie centre
gauche, fut accueilli avec froideur, presque avec défiance
par le Corps législatif. Ollivier, avec une indomptable
énergie, défendait ses idées et poursuivait l'application de
son plan. Le projet de faire ratifier l'Empire libéral par
un plébiscite détacha du cabinet les ministres des affaires
étrangères (Daru), des travaux publics (de Talhouet) et de
l'instruction publique (Buffet). Cette dislocation eut un
effet inévitable, celui de ramener, par la force des choses,
le système du gouvernement personnel et d'interdire par
là à E. Ollivier la réalisation de son programme. 11 fut
bientôt débordé d'ailleurs par les événements formidables
de la guerre franco-allemande. Le lo juil. 1870, il avait
déclaré qu'il en acceptait d'un cœur léger les lourdes
responsabilités. On lui a souvent reproché ce mot, qui
parut criminel, mais qu'il avait pourtant commenté aussi-
tôt : « Je veux dire d'un cœur que le remords n'alourdit
pas, d'un cœur confiant, parce que la guerre que nous
faisons nous la subissons... » Les déclarations, puis les
Mémoires de Bismarck ont depuis éclairé et justifié ce
commentaire. Les échecs successifs de nos armées acca-
blèrent le ministère. Les partisans de l'empire autoritaire
reprenaient le dessus et le 9 août 1870 Emile Ollivier se
retirait à la suite du vote de l'ordre du jour déposé par
un ennemi personnel, Clément Duvernois : « La Chambre,
décidée à soutenir un cabinet capable d'organiser la défense
du pays, passe à l'ordre du jour. » Le ministre, dont
l'avènement avait été si brillant et avait donné l'essor à
tant d'espérances, disparut de la scène polili([ue pour n'y
plus reparaître. Emile Ollivier demeura en Italie jusqu'en
1873. Rentré en France, il y fut victime d'une persistante
impopularité. Il essaya sans succès de briguer un siège de
député à Brignoles et à Draguignan en 1876 et en 1877.
Elu membre de l'Académie française en 1870, en rempla-
cement de Lamartine, il ne put jamais lire son discours
de réception ; il eut des conflits répétés avec la Compagnie
et finit par renoncer à participer à ses travaux. Collabo-
rateur d'un grand nombre de revues et de journaux où,
à diverses reprises, il est intervenu d'une manière reten-
tissante dans les questions qui passionnaient l'opinion
publique (notamment les décrets sur les congrégations reli-
gieuses), Emile Ollivier a publié des ouvrages de juris-
prudence, de politique et d'histoire écrits avec la netteté
et la distinction qui caractérisent son éloquence. Citons :
Commentaire de la loi sur les saisies immobilières et
sur les ordres (Paris, 1859, in-8); Commentaire de la
loi sur les coalitions (1864, in-32) ; Démocratie et
Liberté {i861 , in-8) ; Le i9 janvier (1869, in-12) ; Uîie
Visite à la chapelle des Médicis (1872, in-18); Lamar-
tine (1874, in-12), texte de son discours de réception à
l'Académie française avec le récit des incidents qui en ont
empêché la lecture en séance publique ; le Ministère du
2 janvier (1873, in-12); Principes et Conduite (iSl^,
in-12); Thiers ci l'Académie et dans l'histoire (1879,
in-12); l'Eglise et l'Etat au concile du Vatican (1879,
2 vol. in-12); le Pape est-il libre à Rome? (1882,
in-12); le Concordat est-il respecté? (1883, in-12); le
Concordat et U Gallicanisme (1885, in-12) '.Nouveau
Manuel de droit ecclésiastique français (1885, in-121);
1789 et 1889 (1889, in-12) ; Michel-Ange (1892,
in-L2); l'Empire libéral, Eludes, liéciis et Souvenirs
(1894-98, 3 vol. in-12) ; Solutions politiques et so-
ciales (1894, iji'12) ; Marie-Magdeleine, Récits de jeu-
nesse (1896, in-12). ^ R. S.
BiBL. : E. FRENr-iv'Rft. Emit OlUûicr. dans Preusstsche
Jdhrbucher, 1870, t \XY.
.OLLIVIER (Auguste) , médecin français , ne a Saint-
Calais le 13 mai 1833, mort à Paris le 5 mars 1895.
Reçu docteur à Paris en 1863, il devint en 1865 le chef
de clinique de Grisolle. Médecin du bureau central en
1867, agrégé en 1869, il remplit pendant plusieurs an-
nées les fonctions de sous-bibliothécaire à la Faculté de
médecine jusqu'en 1 876 . Après avoir été attaché à Fhospice i
d'Iyry, à l'hôpital Necker et à l'hôpital Saint-Louis, il
dirigea un service important à l'hôpital des Enfants-Ma-
lades, n entra en 1887 à l'Académie de médecine dans la
section d'hygiène publique et de médecine légale ; ce fut
la consécration des remarquables rapports qu'il eut à faire
comme membre du conseil d'hygiène de la Seine. Il a pu-
blié sur l'hygiène et la clinique infantiles des travaux de
la plus haute importance. Il ne laissa d'ailleurs aucun
domaine de la médecine inexploré et publia, en particu-
lier sur les maladies gravidiques et nerveuses, une série
de monographies extrêmement intéressantes. La plupart
de ces travaux ont été réunis dans : Etudes de patholo-
gie et de clinique médicales (Paris, 1887, in-8) et Le-
çons cliniques sur les maladies des enfants (Paris,
1889, in-8). Ajoutons qu'Ollivier était un érudit dans
toute la force du terme et qu'il s'intéressait particulière-
ment à l'histoire de la médecine et à la bibliographie.
OLLIVIER d'Angers (Charles-Prosper), médecin fran-
çais, né à Angers le 11 oct. 1796, mort à Paris le
3 mars 1845. Il servit dans l'armée et, lors de la Res-
tauration, quitta le service pour étudier la médecine ; il
fut reçu docteur à Paris en 1823. Il ne tarda pas à ac-
quérir une grande notoriété par ses travaux sur la phy-
siologie et la pathologie du système nerveux et sur la
médecine légale à laquelle il se livra avec le plus grand
succès sous les auspices d'Orfila. Il siégeait au Conseil de
salubrité et à l'Académie de médecine, et dans maintes
circonstances délicates fut chargé de rapports par les tri-
bunaux. Ouvrages principaux : De la moelle épinière et
de ses maladies (Paris, 1823, in-8) ; Traité de la
moelle épinière et de ses maladies (Paris, 1824, in-8 ;
3« éd., 1837, 2 vol. in-8 ; trad. en allemand en 1824
et en italien en 1835-39) ; Histoire anatomique et pa-
thologique des bourses muqueuses de l'homme (Paris,
1830, in-8) ; Mémoire sur quelques points de la pa-
thologie du cœur (Paris, 1834, m-8) ; Considérations
sur les morts subites (Paris, 1838, in-8); Essai sur le
traitement de la descente de l'utérus (Paris, 1842,
in-8) ; nombreux articles dans les Archives de méde-
cine, le Dictionnaire en 21 volumes, etc. D^" L. Hn.
OLLOIX. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de Cler-
mont, cant. de Saint-Amand-Tallende ; 445 hab.
OLLON. Com. du dép. de la Drôme, arr. de Xyons,
cant. de Buis-les-Baronnies ; 58 hab.
OLLON. Localité du district d'Aigle (Vaud, Suisse) ;
3.250 hab. La commune comprend une vingtaine de
villages et hameaux, dont plusieurs situés dans la mon-
tagne ; Chésières et Villars, par exemple, sont très connus
comme séjours d'étrangers.
OLLULANUS (Zool.). Groupe deNématodes, de la fa-
mille des Strongylides, dénommé de la forme de sa cap-
sule buccale {plia, urne), établi par Leuckart en 1865
pour une espèce (0. tricuspis) parasite du chat. La bourse
caudale du mâle est formée de deux valves dont chacune
est soutenue par dix côtes ; il existe deux spicules épais
et courts. La femelle ne dépasse guère 1 millim. de lon-
gueur, son corps est épais et terminé par trois pointes ;
elle n'a qu'un seul ovaire et la vulve est en avant de
l'anus ; elle est vivipare et ses embryons sont de taille
<'onsidérable (320 (j. de long sur lo de large), aussi
n\m contieul-elle guère plus de trois. Pour ])oiivou' évo-
luer, «es «Mubryons doivent quitter Thôte maternel et
gagner un autre hôte, mais beaucoup d'entre eux n'é-
migrent pas et se rendent dans les tissus de ranimai
'hez lequel ils sont nés, pièvi'Cb, diaphragme et sur^
tout poumons ; ils s'enkystent dans ces organes, pour y
périr bientôt, mais^ quand ils sont abondants, ils peuvent
déterminer les symptômes d'une tuberculose miliaire qui
peut être mortelle. Les embryons qui sont rejetés avec
les excréments ou avec le mucus bronchique peuvent seuls
évoluer : ils arrivent passivement dans un nouvel hôte
qui est la souris ; ils se développent normalement chez
cet animal jusqu'à ce <(u'il soit dévoré par un chat, ce
qui met les larves en liberté dans restoniac. et elles ile-
viennent sexuées dans la muqueuse de cet organe.
OLMES (Les). Corn, du dép. du Rhône, arr. de Ville-
franche, cant. de Tarare ; 578 hab.
OLMET. Com. du dép. du Puy nie Dôme, arr, de Thiers.
tant, de Courpière ; 9il hab.
OLMET-ET-ViLLEciN. Corn, du dép. de rHérault, air.
et (-ant. de Lodève ; 109 hab.
OLMETA-T)T-Câpocorso. (lom. du dép. de la ('orse. arr.
deBastia, cant. de Nonza ; TSH hab.
OLMETA-di-Tloa. Com. du dép. de la (lorse, arr. de
Bastia, canl. d'Oletta ; 5^21 hab.
OLMETO. Ch.-l. de cant. du dép. de la (^orse, arr. de
Sartène, sur les hauteurs dominant au N. le golfe de Va-
linco ; 2.068 hab. Pâtes alimentaires, huileries.
OLMI. Rivière du dép. de la Co7\se (V. ce mot, t. Xlt,
p. 1085).
OLMI -Cappella. Ch.-l. de cant. du dép. de la Corse,
arr. de Calvi ; 936 hab.
OLMI CCI A. Com. du dép. de la Corse, arr. de Sartène,
cant. de Santa-Lucia-di-Tallano ; 403 hab.
OLMO. Com. du dép. de la Corse, arr. de Bastia,cant.
de Campile ; 527 hab.
OLMO (Paléoethn . ) . Localité célèbre pour le crâne humairi
qu'on y a trouvé à une grande profondeur en creusant une
tranchée pour le chemin de fer, avec des restes d'éléphant,
de cheval et un silex taillé (V. Italie, t. XX, p. 4043).
OLMUTZ (tchèque Olomouc). Ville d'Autriche, seconde
capitale de la Moravie, sur la r. dr. de la March (Mo-
rava) ; d 9.761 hab. (en 1890), aux deux tiers allemands.
Les murailles, démantelées en 1886, sont remplacées par
une belle promenade. Huit égHses, dont celles de Saint-
Venceslas du xiv« siècle, Saint-Maurice des xi^ et xii® siècles ;
château archiépiscopal, palais de justice (jadis hôtelde ville),
tour de 78 m. Brasserie ; produits chimiques ; objets de
métal. De l'Université, créée en 1581, abolie en Ï855, il
reste une faculté de théologie ; bibliothèque de 75.000 vol.
(1.000 incunables) et 2.500 manuscrits. AuN. de la ville
sont l'ancien couvent de prémontrés de Hradisch, le Hei-
ligeberg, lieu de pèlerinage. — Olmùtz, citée dès le
ix« siècle, fut, après le partage de 1055, la capitale d'une
des principautés moraves des Przmyslides ; un évêché y
fut créé en 1063 et bien doté. La colonie allemande reçut
du margrave Vladislav (1197-1222) la charte de Magde-
bourg. Olmutz repoussa les Mongols en 1241 et demeura
la capitale de la Moravie jusqu'en 1640, où elle dut céder
ce rang à Brùnn. C'était le centre de l'influence allemande
dans le pays, contre les Hussites (1421-38), contre le roi,
Georg Podiebrad ; Mathias Corvin y fut couronné. Torsten-
son la prit en 1642, les Prussiens en 1742. Ils l'assié-
gèrent en 1758, mais elle avait été fortifiée dans l'inter-
valle, et Daun la débloqua. Le 2 déc. 1848, l'empereur
f'erdinand y abdiqua. Les 28 et 29 nov. 1850 se tint la
conférence d'Olmûtz, entre ManteufiTel, au nom de la
Prusse, Schwarzenberg, au nom de l'Autriche, Meyen-
dorf, au nom de la Russie. Les affaires d'Allemagne y
furent réglées dans des conditions humihantes pour la
Prusse. — L'évêché, institué en 1063, fut érigé en arche-
vêché en 1777. Dès 1588, l'évêque eut rang de prince
d'empire. L'archevêque est le seul d'Autriche élu par le
chapitre, lequel a conservé ce privilège en raison de sa
fidélité à l'empereur, en 1619-20. Les biens archiépisco-
paux sont évalués à plus de 10 millions de fr. A.-M. B.
BiiJL. : Fischer. Gesch. der Stadt Olmutz, 1808-11, 2 vol.
— \V. MiJLLER, Gesch. der Kaiserlichen Hauptstadt 01-
rniUz ; Vienne, 1882. — D'Elvert. Zut Gesch. des Erzbis-
tnnts Olmutz; Brunn. 1805.
OLMUTZ (Wenceslas d'), graveur du xv^-xvi^ siècle
(V. Wenceslas).
OLNE. Ville de Belgique, prov. de Liège, arr. de
Verviers, sur la Vesdre, sous-affl. de la Meuse, à 16 kil.
de Liège ; 3.500 hab. Fabriques de tissus de laines et de
canons de fusil; carrières de pierre à chaux et à pavés.
'û — OLLLLANUS — OLONIEB
OLNE Y. Ville d'Angleterre, comté de Buckingham ;
2.400 hab. (en 1891). Fondée parles Flamands qui y im-
portèrent l'industrie de la deiitelle. Cowper y vécut de
1767 à 1780.
OLONA. Riviéro d'Itnlie. aftl. g. du Pa. Elle naît au
\.'E. de Varèse (prov. de Corne), descend vers le S.-E.
dans la plaine lombarde, passe à Legnano^ à Milan, et
s'y joint au canal de Pavie ; ses eaux arrivent au fleuve
par diverses branches; la plus occidentale, se détachant à
Binasco, garde le nom d'Olona et finit à San Zenone ; deux
autres, Bettabia et Lamhro méridionale, vont à Melegnano
(Marignan) et San-Angelo se jeter dans le Lambio.
OLONETZ. VfLLK. — Ville de Bussie, gouvernement
d'Olonetz, sur l'Olonka ; 1.610 hab. (en 1892). Citée dès
1137, comme centre principal des gens de Novgorod,
dans ces régions elle eut quelque importance au xvii*^ siècle
et fut fortifiée en 1649.
Gouvernement. — Gouvernement de la Russie septen-
trionale; 148.764 kil. q., dont 21.000 occupés par les
lacs ; 357 .191 hab. (en 1892), soit moins de 2 1/2 hab. par
kil. q. Il confine àl'O. à la Finlande, au N. au gouvernement
d'Arkhangel, au S.-E.àcelui deVologda, au S. à celui de
Novgorod, au S.-O. à celui de Saint-Pétersbourg, dont le
sépare le lac Ladoga. LeN. du gouvernement est une ré-
gion accidentée, lacustre, continuation de la Finlande oti
les cultures boisées d'Olonetz atteignent 300 m. Elles
s'abaissent à l'E. vers la vaste dépression comprise entre
les mers Baltique et Blanche où se sont amassées les eaux
des lacs Ladoga et Onega ; ce dernier occupe le centre de
la province. Au delà, vers le S., le sol se relève, les terrains
du N. sont formés de schistes cristallins, granité, diorite,
porphyre, schistes argileux. Entre les lacs Onega et La-
doga, s'étendent des dépôts alluviaux ; au S. du Svir, des
sédiments siluriens, à l'E. desquels paraît la formation
dévonienne qui borde la lisière septentrionale du grand
bassin carbonifère de Moscovie. Tout le gouvernement
d'Olonetz porte les traces de l'action glaciaire et est par-
semé de blocs erratiques. On y trouve quantité de gîtes
métalliques, surtout d'excellent fer, et sur le fleuve Onega
des perles. — Sur ce territoire sont répartis 2.000 lacs ;
le principal est de beaucoup l'Onega (9.572 kil. q.), puis
au N. le Ségoséro et le AVyg, reliés d'une part au gmnd
lac et par lui à la BaUique. de l'autre à la mer Blanche,
oh le \Vym conduit leurs eaux ; au N.-E., le lac Wodlo,
tributaire du lac Onega; à TE., le lac Latcha, d'où sortie
fleuve Onega, tributaire de la mer Blanche. Quant au hc.
Onega, qui reçoit encore du S. la Wytégra, il se déverse
par le Svir dans le lac Ladoga. — Le climat est froid et
humide : moyenne annuelle -|- 1^,5 ; estivale + 13*^,25,
hivernale — 10^,1. Les variations de température sont
très brusques.
Des 357.191 hab. la grande majorité sont Russes, en-
viron 50.000 Caréhens et 9.000 Tchondes. Les bois cou-
vrent 63 7o de la superficie, les sols incultes 31 7o, los
prés 3 7o et les champs 2 1/2 ^o seulement. Les maré-
cages, très vastes, sont couverts de saules et d'aunes ;
dans les forêts dominent les bouleaux et les pins. On ré-
colte en moyenne (de 1883 à 1892) 517.000 hectol. de
seigle, 760.000 d'avoine, 204.000 d'orge, 14.000 de pois,
du lin et des raves. H existait, en 1891, 65.000 chevaux.
133.000 bœufs, 96.500 moutons, 5.500 porcs. Les habi-
tants vivent surtout de la pêche, de la chasse, de l'exploi-
tation des bois. Ils expédient à Saint-Pétersbourg le gibier
à plumes, des fourrures (ours, écureuils, hermines, martres),
des champignons, des framboises.
Le gouvernement (constitué en 1802) se divise en sept
cercles : Kargopol, Lodeïnoié-Polé, Oné^a, Petrozavodsk,
Poviénez, Poudoch, Wytégra. Le chef-lieu est Petroza-
vodsk (12.200 hab.).
BiBL. : Helmersen, le District minier d'Olonetz. dans
Mém. Ac. ; Saint-Pétersbourg', 1860. — Du môme, Observ.
qéol. dans le district minier d'Olonetz., 1882. — Carte de
Stkin. au 1. 260.000*, 1879. ^
OLONIER (Bot.) (V. Arbousier).
OLONNAIS — OLORON
Bo8 —
OLONNAIS (Jean-David Nâu, surnommé F), chef de
flibustiers, né aux Sables-d'Olonne en 4630, mort aux îles
Barow, dans le golfe de Darien, en 4671. Il partit en 4650
de La Rochelle avec un propriétaire des Antilles au ser-
vice duquel il resta trois ans ; puis il passa à Saint-Do-
mingue et devint l'un des plus habiles boucaniers do l'île;
les Espagnols résolurent soudain de chasser les chasseurs
étrangers de l'île entière, et l'Olonnais n'échappa que diffi-
cilement au massacre de ses camarades ; il s'enfuit dans
l'île de la Tortue qui appartenait aux Français et jura
une haine mortelle aux Espagnols. Ayant armé un petit
bâtiment, il fit plusieurs prises; le gouverneur français de
l'île de la Tortue lui fournit un autre navire pour faire la
course contre les Espagnols, après le naufrage du pre-
mier ; le flibustier, après des exploits extraordinaires,
faillit être massacré sur la côte de Campèche, où il s'était
perdu ; il arma de nouveau deux canots et fit de nouvelles
prises. Il se décida alors à s'organiser plus fortement ;
associé avec Michel le Basque, il réunit 440 hommes et
forma une flottille de huit petits bâtiments. Avec ces forces
nouvelles, il fit des prises considérables et s'empara suc-
cessivement des villes de Maracaibo (4666) et San Antonio
de Gibraltar qu'il pilla, puis Puerto-Caballo et San Pedro,
torturant les prisonniers et menaçant les Espagnols. Il se
proposait de marcher sur Guatemala, mais les flibustiers
reculèrent et la moitié abandonna leur chef dont le vais-
seau fut brisé par la tempête, près de l'île de Las Perlas.
L'Olonnais gagna la presqu'île de Yucatan et s'y maintint
quelques mois, vivant de chasse et de pêche; mais, pressé
par la faim et manquant d'armes, il passa aux îles Barou,
011 il fut fait prisonnier par les Indiens qui le hachèrent
en morceaux, le rôtirent et le mangèrent. Ph. B.
OLONNE. Com. du dép. de la Vendée, arr. et cant.
des Sables-d'Olonne ; 2.929 hab. Stat. du chem. de fer
de l'Etat. Château de la Pierre-Levée, l'un des quartiers
généraux des Vendéens en 4793.
OLONOS (Mont) (V. Erymanthe).
OLONZAC. Ch.-l. de cant. du dép. de l'Hérault, arr.
de Saint-Pons ; 2.440 hab.
OLO-OT (V. Bornéo [Anthrop.]).
OLORON. Ch.-l. d'arr. du dép. des Basses-Pyrénées,
au confluent des gaves d'Aspe et d'Ossau, dont la réunion
forme le gave d'Oloron; 8.758 hab. Stat. du chem. de
fer du Midi. Trois paroisses, nombreux couvents, petit
séminaire. Bibliothèque publique. Vice-consulats d'Es-
pagne, de la République Argentine et de l'Uruguay.
Hospice civil ; hospice Bourt. Orphelinat. Filature de
laines; fabriques de couvertures de laine, de ceintures,
de bérets, de bonneterie de Béarn, de toile à espadrilles,
d'espadrilles, de peignes en buis, de coutellerie, de
cierges et de chandelles, de cribles, de chocolat. Scierie
mécanique, corroiries, tanneries, imprimeries. Com-
merce important avec l'Espagne par les cols d'Anso et
de Somport, consistant en laines, peaux de moutons, jam-
bons, chevaux, mulets, etc. Entrepôt des bois de mâture
des forêts des Pyrénées.
Histoire. — Les deux gaves qui se rejoignent dans la
ville la divisent en trois quartiers distincts: Sainte-Croix,
sur le promontoire élevé qui domine le confluent des deux
gaves ; Sainte-Marie, dans la plaine de la rive gauche du
gave d'Aspe et le quartier neuf, sur la rive droite du gave
d'Ossau. Sainte-Croix a remplacé l'ancienne ville celtibère,
puis gallo-romaine d'iluro, l'une des douze cités de la
Novempopulanie. Dès l'époque d'Auguste, elle s'étendit
dans la vallée et devint au iv^ siècle le siège d'un évê-
ché. Désolée et ruinée par les invasions successives des
Vascons au vi^ siècle, puis des Sarrasins au viii^ siècle,
elle fut à peu près abandonnée pendant plusieurs siècles.
Au XI® siècle, l'évêque Raimond P^ reprit possession de
l'éghse de Sainte-Marie. Un peu plus tard, le vicomte de
Béarn, Çentule IV, prit possession de l'ancienne ville cel-
tibérienne et y construisit un château et une église. La
ville féodale et la cité ecclésiastique conservèrent long-
temps une existence distincte. La ville épiscopale eut une
j histoire assez agitée : au xiv® siècle, par la rivalité de pré-
lats qui se disputèrent l'évêché ; au xvi® siècle, par les ten-
I tatives de l'évêque Gérard Roussel pour gagner les habi-
j tants à la Réforme. Renversé un dimanche de sa chaire
1 ]>ar ses auditeurs, il mourut des suites de cette chute et
I Oloron devint le centre de la résistance catholique en
Réarn. Montgommery y rétablit le culte protestant eu
4569, et la Réforme y fit de nombreux prosélytes. En 4589,
l'avènement au trône de Henri IV et la réunion du Béarn
à la couronne qui en fut la conséquence firent cesser la
séparation des deux villes, qui furent réunies sous la ju-
ridiction royale. En 4685, la révocation de l'édit de Nantes,
mais surtout les dragonnades qui suivirent firent à peu
près disparaître le protestantisme. Lors de la division de
la France en départements, Oloron fut d'abord le ch,-l.
du dép. des Basses-Pyrénées, mais Pau ne tarda pas à lui
être substitué.
EvÊQUES. ■— L'évêché d'Oloron, suffragant d'Auch, pa-
raît avoir été fondé à la fin du iv® siècle par saint Grat,
qui siégea au concile d'Agde en 506. Voici la Hste chro-
nologique de ses successeurs : Agustius (?), 554; Lezer,
573-585. Sans résidence fixe, les évêques suivants sont
douteux: Abientius, 653; Zozime, 659; Tructemonde,
664 ; Arcontius, 668. On connaît un seul évèque du
ix^ siècle, Gérard, en 850, et deux du x^, Gombaud, 977,
et Arsius Raca, 992. Le siège ayant été rétabli dans la
cathédrale de Sainte-Marie au xi® siècle, la hste redevient
plus certaine : Raimond P^ le Vieux, 4033-50 ; Etienne
de Mauléon, 4060-78 ; Amat, 4070-83 ; Odon de Bénac,
4083-4404 ; Roger P^^ de Sentes, 4402-44 ; Arnaud P^
d'Araux, 4444-35 ; Arnaud H d'Izeste, 4435-68; Ber-
nard P^ de Sadirac, 4469-95 ; Bernard II de Morlane,
4496-4246 ; Bernard IH, 4225 ; Guillaume P^ de Cas-
tanet, 4228-44 ; Pierre P^* de Gavarret, 4242-54 ; Guil-
laume H de Gaujac, 4255 ; Roger H, 4256-59 ; Compaing,
4260-83; Bernard IV de La Mothe, 4284-88; Guillard
de Leduix, 4289-4308 ; Pierre-Raymond de Monein,
4308 ; Guillaume, Arnaud P^ 4309-22 ; Arnaud IH de
Valensun, 4323-44; Bernard V d'En Julia, 1342-47;
Pierre H d'Estiron, 4348-1370; Guillaume IV d'Assat,
4374-95. A l'époque du grand schisme, l'évêché fut dis-
puté par divers prélats ; ceux de l'obédience d'Avignon
furent : Armand Guilhem de Bury, i 396 ; Pierre La-
forgue (?) ; Sance P^ Muller, 4404"; ceux de l'obédience
de Rome furent : Ogier Vilesongnes (?), 4378; Pierre
de Montbrun (administrateur), 4404; Pierre Salet, 4442,
avec lequel l'unité fut rétablie en 4447 et qui siégea jus-
qu'en 4424 ; Guicharnaud (Guillaume-Arnaud), 4422-26;
Guiraux d'Araux (Gérard H), 4426-34 ; Arnaud-Rai-
mond P^ d'Espagne, 4 435-50 ; Garsias I*^^ de Faudoas,
4450-65; Garsias H de La Mothe, 4466-75 ; Sance H de
Casenave, 4475-94 ; Jean P^' de Pardailhan, 4494-99 (le
siège lui fut disputé par Antoine de Corneillan) ; Arnaud-
Raimond II de Béon, 4507-49 (Amanieu, cardinal d'Al-
bret, administrateur) ; Jean II, cardinal Salviati, 4520 ;
Jacques de Foix, 4524-34; Pierre IV d'Albret, 4535;
Gérard III Roussel, 4539-55, converti à la Réforme ;
Claude Orégon, 4550-80; Arnaud IV de Maytie, 4599-
4623 ; Arnaud V de Maytie, 4623-46 ; Louis de Bassom-
pierre, nommé, mais non consacré, 4647 ; Pierre V de
Gassion, 4648-52 ; Jean III de Miossens-Sansons, 4653-
58; Arnaud VI, François de Maytie, 4664-58 ; François-
Charles de Salettes, 4682-4704 ; Antoine de Maigny,
4704, nommé, mais non consacré ; Joseph de Bévol,
4705-1735; Jean-François do Montihet, 4835-42; Fran-
çois de Révol, avr. 4742-83 ; J.-B. -Auguste de Villoutreix
de Fa3^e, 1783-90; Barthélemy-J.-B. Sanadon, évêque
constitutionnel, 26 avr. 4794-93. Supprimé en 4793,
l'évêché d'Oloron n'a pas été rétabH.
Monuments. — L'ancienne ville féodale de Sainte-Croix
conserve des ruines du château du vicomte de Béarn (mon.
hist.) du xiv^ siècle, de ses anciens remparts, de vieilles
')9
OLORON
OLTRAMARE
maisons des xv^, xvi^ et xvii^' siècles, et Féglise Sainte-
Croix, bâtie au moment de la reconstruction do la ville ;
c'est un édifice à coupole, avec bas côtés recouverts de
voûtes demi-cylindriques ; elle contient d'anciens chapi-
teaux historiés et un portail latéral intéressant ; la façade
principale, de style roman, est moderne. L'ancienne ville
ecclésiastique renferme la cathédrale Sainte-Marie (mon.
(lis t.), qui est aussi de construction romane, mais profon-
dément remaniée au xiv^ siècle; on construisit à cette
époque cinq chapelles absidates, on surliaussa la graude
nef, on doubla les bas cotés. Un peu plus tôt (xti<^ et
xnr s.), on avait construit devant la façade 0. une mas-
sive tour carrée percée à la base d'arcades gothiques for-
mant porche. Sous ce porche subsiste l'ancien et très
curieux portail joman de l'église primitive, historié de
nombreuses sculptures. Du palais épiscopal subsiste une
belle tour du xiii^ siècle. Le quartier neuf possède une
éghse moderne, Notre-Dame, de style roman. Y.
Gave d'Oloron (V. Landes, t. XXÏ, p. 868).
OLOT. Ville d'Espagne, prov. de Gerona, sur le Fluvia ;
8.158 hab. (en 1887). Filature de coton; draps.
OLOTS (V. Elelthes).
OLOZAGA (donSalustiano), homme politique espagnol,
né à Logroho en 1803, mort àEnghien le 26 sept. 1873.
Avocat à Logrono, il dut fuir en France à la suite d'un
complot contre Ferdinand VU (1831) ; à la mort du roi,
il rentra, fut élu député aux Cortès, où il fut remarqué
pour son éloquence. Après de nombreuses variations poli-
tiques, il devint le favori de la reine Christine, fut nommé
ambassadeur à Paris (1840) ; chargé en 1843 de former
un ministère progressiste, il dissout les Cortès, est mis en
accusation, s'enfuit en Portugal, rentre en 1846, est em-
prisonné et expulsé ; il revient de nouveau en 1847 et re-
devient un des chefs des progressistes ; il collabore à la
constitution de 18o5, reçoit de nouveau l'ambassade de
Paris. O'Donnell la lui ôte en 1863 ; Olozaga travaille
alors à la chute de la reine Isabelle et, quand elle est ac-
complie, le gouvernement provisoire lui rend en déc. 1868
son ambassade de Paris.
OLPÉ (V. Vase).
OLPERER (Mont). Montagne des Alpes du Zillerthal,
3.480 m. Très belle vue. Ascension difficile, par le val
de Zams.
OLS-ET-RiGNODES. Com. du dép. de l'Aveyron, arr. de
Villefranche, cant. de Villeneuve ; 260 hab.
OLSHAUSEN. Famille allemande, dont les principaux
membres furent ; Detleu-Johann-Wilhelm (f 1823), théo-
logien protestant; ses trois fils : Heî^mann (1796-1839),
théologien ; Justus, orientaliste réputé (V. ci-après) ;
Theodor (1802-69), un des chefs du mouvement allemand
au Slesvig-Holstein, auteur d'une Gesch. clerMormonen
(Gœttingue, 1856) et d'une Geographiscli-stalistische
Beschreibung der Verrinigten Slaaten (1853-55, 3 vol.,
inachevée) ; — Pwbert Michaelis (né à Kiel le 3 juil.
1835), médecin, fils de Justus, gynécologue renommé,
qui professe à Berlin et a pratiqué un des premiers l'ova-
riotomie et l'ablation totale de la matrice, collaborateur
de Billroth dans ses ouvrages sur les maladies des femmes ;
— Justus (né à Kiel le 10 avr. 1844), criminalistc, frère
du précédent, auteur d'un bon Kommentar zuin Siraf-
gesetzbuch fur das Deutsche lieich (Berlin, 1879-83,
2 vol., ¥ éd., 1892). A.-M. B.
OLSHAUSEN (Justus), orientaliste allemand, né à ÏIo-
henfelde (Holstein) le 9 mai 1800, mort à BerHn le 28 déc.
1882. Elève de Silvestre de Sacy à Paris, professeur à
l'Université de Kiel (1823), révoqué pour son opposition
au Danemark en 1852, il fut appelé à l'Université de Kœ-
nigsberg (1853), puis à celle de Berlin (1858-74). Il ht
en 1840 un voyage d'études en Asie. Ses principaux ou-
vrages sont : Fragments relatifs à la religion de Zo-
roastre (av. Mohl, Paris, 1829); Vendidad (éd. critique
inachevée, Hambourg, 1829) ; Die Pehlewilegenden auf
den Milnzen der letzien Sassaniden (Leipzig, 1843) ;
des catalogues des manuscrits arabes et persans de la
bibliothèque de Copenhague (1851 et 1857) ; des com-
mentaires de Job (1852); des Psaumes (1853) ; Lehrbuch
der hebrœischen Sprache (Brunswick, 1861, 2 vol.,
dont le premier seul a paru); Priifung des Charakters
der in den assijrischen Kellinsthriflea enlhaltenen
wmitischen Sprache (Berlin, 1864); d'excellents trav aux
dans les Mémoires de rAc.iflémie de Berlin. A.-M, B.
llii'.L. : ,ScifTiAni;iî. Odiochlni^rode inif J. Olshinisi^n :
HrvWn, ISS:,!.
OLTCHA ou MANGOUN. Peuple de Sibérie, sur le ])as
Amour, entre les Gliiliaks au N. et les (roldes au S. ; de
race toungouse, très métissés do Gliiliaks. Ils vivent de
pèche.
OLTEN. Ville de Suisse, cant. de Soleure, située dans
un joli site, sur les bords de FAar, à 401 m. d'alt. ;
4.936 hab. (en 1889). Importantes fabriques de chaussures
(en particuHer au faubourg de Schœnenwerd) ; filatures
de laine, tissus mélangés, teintureries. La gare est une
des plus actives de la Suisse comme point de raccordement
des lignes qui, de Bâle, se dirigent sur Soleure et le Jura,
Berne et Thun, Lucerne et le'Saint-Gothard, Zurich et
l'Arlberg. Premier centre du mouvement vieux-cathoHque
en Suisse.
OLTEN ITZA. Ville de Roumanie, cercle d'Ilfov (Vala-
chie), port fluvial du Danube à l'embouchure de l'Ardchich ;
5.344 hab. (en 1889). Nombreux combats des Turcs et
des chrétiens. Le 4 nov. 1853, Omer Pacha y battit les
Russes; le 29 juil. 1854, Saïd Pacha leur infligea un
nouvel échec.
OLTMANN (Jean-Frédéric), littérateur néerlandais, né
à La Haye le 1^^' sept. 1806, mort à Steenderen (Gueldre)
le 29 janv. 1854. H fut l'auteur de romans historiques très
goûtés qui parurent d'abord sous le pseudonyme de Jan van
den Eaage : Het slot Lœvenstein in i570 (1834, 2 vol.);
De schaapherder (1838, 4 vol.) ; une dizaine de nou-
velles réunies sous le titre Het huis van het zeeivijf be-
nevens verspreide verhalen (Amsterdam, 1854, 2 Vol.).
Ses œuvres complètes furent réunies en 7 vol. (8^ éd.,
Rotterdam, 1893).
BiDL. : Biog-raphie par Jan ten BiirxK.
OLTRAMARE (Marc-Jean-Hugues), théologien suisse,
né cà Genève le 27 déc. 1813, mort dans cette ville le
23 févr. 1891. Ses études, très sohdes, furent terminées à
Genève et complétées par un séjour à Tubingue et à Ber-
lin. Après quelques années de pastorat, il accepta la chaire
d'exégèse du Nouveau Testament à la Faculté de théologie
protestante de Genève (1854), qu'il occupa jusqu'à sa
mort. Outre de nombreux discours et brochures de polé-
mique ou de théologie, on lui doit, une traduction très
estimée du Nouveau Testament, un Commentaire sur
Vépître aux Romains (2^ éd., 2 gros vol., Paris,
1881-82) et un Commentaire de trois volumes sur les
épltres aux Colossiens, aux Ephésiens et à Philémon. E. K.
OLTRAMARE (Gabriel), mathématicien genevois, né le
19 juil. \MQ, d'une famille originaire d'Italie, réfugiée
à Genève, et dont le chef avait été reçu bourgeois de
cette ville en 1608 ; cette famille s'était distinguée par
un attachement passionné k la Réforme, pour laquelle,
non sans péril, elle avait quitté la terre natale. M. Oltra-
mare, après avoir fait ses études de mathématiques supé-
rieures à Paris, oti il fut en relations scientifiques avec
(]auchy, partit en 1843 pour l'Egypte, appelé à diriger
l'éducation d'Achmet Pacha, fils d'Ibrahim Pacha. Il n'y
séjourna guère qu'un an, des intrigues de palais l'ayant
engagé à quitter le pays. Il retrouva l'année suivante à
Paris son élève Achmet, resté sans amis et qui devait
plus tard périr d'un accident, en 1858, avant d'atteindre
à la dignité de vice-roi ; il est probable que, sans cette
mort prématurée, la carrière de M. Oltramare eût été
tout autre, étant données la confiance et l'estime que le
jeune prince témoignait à son professeur. Celui-ci, appelé
en 1848 à l'Académie, devenue ensuite Université de
OLTRAMARE — OLYMPIADE
?M
Genève, n'a cessé d'y enseigner depuis lors les mathéma-
tiques supérieures et est devenu doyen de la Faculté
des sciences. Les travaux de M. Oltramare se rapportent
:\ l'analyse et ù la théoiie des nombres. Ils ont été
publiés dans de nombreux recueils scientifiques, parmi
lesquels le Journal de Crclle, les mémoires de ïlns-
lilut national genevois, et les comptes rendus de l'A-s-w-
ciation française. Nous citerons de lui : liésohition de
Véquafion indétermio/'e ax -\- bky = z {x^ -h hf) ;
yoie sur les relations ([ui existent entre les formes
linéaires et tes formes quadratiques des nombres pre-
miers ; Considérations générales sur les racines des
nombres premiers ; Sur la détermination des racines
primitives des nombres premiers ; Résolution des
congrnences du troisième degré; Noie sur tes for-
mules algébriques qui déterminent une suite de
nombres premiers ; Mémoire sur tes nombres infé-
rieurs et premiers Cl un nombre donné ; Transforma-
tion des formes linéaires des nombres premiers en
formes quadratiques. Dans ce dernier Mémoire, la plus
f)elle contribution de l'auteur à la théorie des nombres,
M. Oltramare généralise des résultats obtenus par Jacobi
et Libri, en employant une méthode tort originale, qui
n'est pas absolument rigoureuse, mais qui mériterait d'être
étudiée en elle-même. Comme analyste, M. Oltramare n'a
pas été moins fécond ; on lui doit notamment une ^ote
sur les séries décroissantes dont les termes sont alter-
nativement positifs et négatifs; et divers mémoires sur
le calcul des résidus, sur les quantités infinies, sur les
fonctions discontinues, sur la théorie des séries pério-
diques et mixto-périodiques. Enfin, en 1885, paraît son
mémoire sur la généralisation des identités, dans le-
quel il pose les bases d'un nouveau calcul, te Calcul de
généralisation (V. Généralisation, § Mathématiques),
auxiliaire précieux dans beaucoup de problèmes difficiles.
Depuis cette époque, les publications de M. Oltramare, qui
se trouvent surtout dans les comptes rendus des Congrès
de l'Association française, se rapportent à peu près exclu-
sivement au développement et au perfectionnement de ce
nouvel instrument analytique. C.-A. Laisânt.
OLTU (Rio) (V. Aluta).
OLVERA. Ville d'Espagne, prov. de Cadix, sur le Sa-
lado; 8.613 hab. (en 1887). Vieille enceinte; château
ruiné.
OLVIOPOL. Ville de Russie, gouv. de Kherson, sur le
Roug, au confluent de la Sinoukha ; 5.686 hab. (en 1892).
Commerce de sel, de poissons secs, de blé La ville s'est
formée autour de la forteresse d'Orli, bâtie en 1743 sur
la frontière turque, et reçut sa charte municipale en 1773.
OLYBRIUS (Aniciu s), empereur romain, mort en 472.
Lorsque Genséric, roi des Vandales, établi à Carthage, vint
piller Rome en 455, il emmena prisonnière Eudoxie, femme
de Maxime et veuve de Valentinien III, et ses deux filles,
Eudoxie et Placidie. Il maria aussitôt l'aînée à son filsHu-
neric, puis réclama la dot de sa bru et la rançon des deux
autres femmes. Mais pendant sept ans ses réclamations
furent vaines. Or Placidie avait été fiancée à Olybrius,
descendant de l'illustre gens Anicia, et bien que, lors de
la prise de Rome, le jeune homme, au lieu de rester aux
côtés de sa fiancée, se fût enfui à Constantinople, celle-ci
^'aimait encore. Genséric entra en rapport avec Olybrius
et se servit de lui comme intermédiaire vis-à-vis de l'em-
pereur d'Orient, Léon. Il lui promettait la main de Pla-
cidie s'il parvenait à le faire entrer en possession de la
dot de sa sœur. Olybrius réussit dans ses intrigues et
épousa Placidie.
Alors Genséric écrivit au sénat de Rome et à Léon pour
leur persuader de choisir Olybrius pour empereur d'Occi-
dent. Mais cette ouverture fut accueillie avec dédain. Le
Rarbare s'en vengea en ravageant les côtes d'Italie, et par-
tout ses soldats criaient à ceux qu'ils pillaient : « Faites
Olybrius empereur d'Occident. » Mais les violences et les
intrigues d'Olybrius furent Vaines. A la mort de Maxime,
Anthémius devint empereur d'Occident (ii)6). Une expé-
dition commune fut préparée contre Genséric. Elle échoua.
Cependant le Goth Ricimer avait épousé la fille d' Anthé-
mius. Mais la brouille survenant entre le beau-père et le
gendre, celui-ci finit par se rapprocher de son mortel en-
nemi, Genséric, et songea à son tour à opposer Olybrius à
Anthémius. Olybrius, (fui, depuis plusieurs années, vivait
dans la retraite, occupé de bomies œuvres, se laissa tenter
par ce retour de fortune, et accompagna Ricimer devant
Rome. Anthémius s'enfuit, et Olybrius fut reconnu par le
sénat tremblant. Il ne régna que quatre mois à peine et
mourut de mort naturelle. André Raudrillart.
BiBL : Aiiiéclêe I'hii.rrv. UdcUs do l'hisloire romaine,
pp. 8i-i:w.
OLYMPE (auj. Etymbos). Montagne du N. de la Grèce,
sur la frontière de la Macédoine et de la Thessalie, en
territoire ottoman ; elle se développe du N. au S. , dominant
la plaine littorale de i^/Vr/^jusqu' ta l'embouchure du Pénée
qui coule dans l'étroite vallée de Tempe, creusée entre
l'Olympe et l'Ossa. Le point culminant atteint 2.973 m.
MvinOLOfiiK. — L'Olympe de Thessalie a été la mon-
tagne sainte du polythéisme grec. Poussés par l'instinct
nalurel (|ui porte les p(Hq)les primitifs à placer sur les
hautes montagnes le séjour de leurs divinilés, les vieux
Pélasges de Thessalie (consacrèrent l'Olympe à leur grand
dieu Zeus. Cette religion se conserva et se développa
chez les Hellènes, dont les diverses tribus furent long-
temps groupées autour de l'Olympe. Sur ces hautes cimes,
qui semblaient inaccessibles, et que, le plus souvent, on
voyait de loin briller, lumineuses, au-dessus des nuages,
on se représentait la ville forte et le palais de Zeus, bâtis
par Hephaistos {lliad., XI, 76; Odijss., VI, 42). Dans
une grande salle de ce palais se réunissaient non seule-
ment les dieux de l'Olympe, qui formaient le cortège de
Zeus, mais tous les autres dieux qui habitaient la terre
ou la mer (lliad., XX, 5). Les portes de la cité divine
étaient aussi celles du ciel {lliad., V, 749) ; si bien que
l'on confondit insensiblement l'Olympe et le ciel, et
qu'enfin les deux mots devinrent presque synonymes. C'est
(ians les légendes relatives à l'Olympe que les dieux grecs
se dégagèrent peu à peu des symboles ; ils se séparèrent
des forces naturelles, dont ils étaient à l'origine la per-
sonnification, pour revêtir de plus en plus la force hu-
maine. De là, cette conception se répandit dans tout le
monde grec. On donna le nom d'Olympe à beaucoup d'au-
tres montagnes, à des pics de Lesbos (938 m.), des envi-
rons de Smyrne, de l'Ida, du Taurus, de Rithynie (auj.
Ke(;hich-dagh, au S. de Rrousse, 1.930 m.), de Chypre
(auj. Troodos, 2.010 m.). On appela Olympe un des som-
mets du Lycée en Arcadie ; c'est par là sans doute que le
nom arriva dans la vallée de l'Alphée, où s'éleva le grand
sanctuaire de Zeus Olympien. Mais l'Olympe de Thessalie
resta, par excellence, le séjour des dieux. Depuis la chute
du paganisme, les prophètes, les apôtres et les moines ont
remplacé les dieux : un des sommets de la montagne
sainte est consacré au prophète Elie, un autre à saint
Denys, moine des Météores. P. Monceaux.
OLYMPE ou OLYMPIADE (Sainte) (368-410) (V. Olym-
piade [Sainte]).
OLYMPIA. Ville des Etats-Unis, cap. de Washington,
au lond du fjord de Pugetsound, sur un embranchement
du Northern-Pacific ; 4.698 hab. (en 1890). Commerce de
bois, fruits, laine.
OLYMPIADE (Sainte), née à Constantinople vers 368,
morte entre 408 et 420. Fête le 17 déc. Héritière d'une
immense fortune et orphehne, elle fut mariée, en 384,
par son tuteur Procope avec Nébridius, qui la laissa veuve
sans enfants, deux ans après. Son refus de se remarier
avec un parent de Théodose l'exposa à des mesures de
rigueur de la part de Tempereur, qui mit sous séquestre
les biens de la jeune veuve, mais les lui rendit quelque
temps plus tard, en la voyant inflexible. Elle se voua alors
avec toutes les ressources de sa fortune aux bonnes œuvres.
— 364
OLYMPIADE — OI.YMPIE
Sa maison fut le rendez-vous de tous les indigents et de
tout le clergé de la capitale. Le patriarche Nectaire la fit
diaconesse avant qu'elle eût trente ans. Quand Chrysos-
tome succéda à Nectaire, il dut ordonner à Olympiade d'em-
ployer avec plus de discrétion ses biens. Olympiade fat
parmi les femmes qui prirent publiquement congé de Chr)
sostome exilé (^0 juin 40i), Elle fut, après rela, accusée
d'avoir mis le feu à l'église où la scène des adieux avait
eu lieu. Elle se défendit avec hauteur, mais dut quitter
r.onstantinople, sans j)lus trouver de paix nulle part. On
perd ainsi sa trace. F. -H. K.
0 LY M P I A D E . Chaque cité grecq ue avait sa chronolo-
gie particulière, fondée ordinairement sur la succession de
ses magistrats. La seule ère commune à tous les Grecs fut
celle des olympiades. On appelait olympiade l'intervalle
de (fuatre ans qui s'écoulait entre deux célébrations des
jeux Olympiques. Mais l'usage de supputer les années par
olympiades ne remonte pas beaucoup plus haut qu'environ
l'an 800 av. J.-C. Les magistrats Eléens avaient l'habi-
tude, depuis l'an 776 av. J.-C, où l'Eléen Corœbos avait
remporté le prix de la course à pied, de consigner par
écrit le nom de tous les vainqueurs à cette course, et la
liste en était gardée dans le gymnase d'Olympie. Selon
Polybe, l'historien Timée de Sicile eut le premier l'idée de
se servir de ces catalogues connue d'un instrument de
contrôle chronologique. Il compara avec les olympiades, et
vérifia par ce moyen les listes des archontes d'Athènes,
des éphores de Sparte et des prêtresses d'Argos, bases de
la chronologie à Athènes, Sparte et Argos. Ln assez grand
nombre d'écrivains, parmi lesquels Polybe, Diodore de
Sicile, Denys d'Halicarnasse, et quelquefois Pausanias,
Diogène Laërte, Arrien, etc., comptent les années par
olympiades. Thucydide et Xénophon font cependant déjà
usage des olympiades, le premier une fois (lïl, 8) et
le second deux fois (Hell., I, 2, ^ 1 ; II, 3, § 4). En-
core Thucydide indique-t-il l'olympiade par le nom du
vainqueur au pancrace, "sans doute à cause de la célébrité
de cette victoire. La supputation par olympiades dura jus-
qu'en 394 ap. J.-C, dixième année du règne de Théo-
dose (293® olymp.). Le comput par olympiades ne fut
jamais adopté officiellement. Même sur les inscriptions, on
n'en trouve que deux exemples (Bockh, Corp, inscr,,
w^^ 2682, 2999). Il faut noter que des doutes ont été émis
sur la valeur de la chronologie d'Olympie. Mahaify (/<^>arH.
of. hell. stucl.,ll, 4, 46i) croit qu'aucune liste n'a existé
à Olympie avant le temps de Thucydide. Hippias d'Elide
aurait vers cette date tenté une reconstitution qui l'aurait
mené jusqu'à 776. date présumée de la fondation des jeux.
Il en résuherait que les dates fournies par Eusèbe pour
les cinquante premières olympiades n'auraient aucune va-
leur.
Les auteurs anciens datent tantôt simplement par olym-
piade, tantôt par -V'^, 2^\ 3^ et 4® année de chaque olym-
piade. Nous empruntons à M. S. Reinach (Manuel de
philologie classÎ! [lie, 1''® éd., p. 206, note 3) les for-
mules à employer pour réduire les olympiades en années
de l'ère vulgaire. 1*^ La date est antérieure à Jésus-Christ.
Soit n le nombre des olympiades, p le chiffre additionnel
(4'^, 2^, 3^, 4^ année de la n^ olymp.), on se servira de
la formule : date = 776 — [(/?'— 4) 4 + {p -— 4) |.
Ex. : Salamine tombe olymp. 75, 4 ; c.-à-d. en appH-
quant la formule = 776 — 1(75 — 4) 4 + (4 — 4)]
= 776 — 296 = 480. La date est postérieure à Jésus-
Christ. On résoudra la formule (n — 4) 4 -hj» — 776.
Nous croyons du reste utile d'ajouter ici le tableau com-
paré des olympiades et des années supputées d'après l'ère
chrétienne depuis l'origine des olympiades jusqu'à l'an 304
ap. J.-C Remarquons encore que les jeux Olympiques,
étant célébrés vers le milieu del'été, correspondaient chez le^;
Athéniens au commencement de l'année (24 juin). Si donc
une date appartient à la seconde moitié de l'année athé-
nienne, il faut diminuer d'une unité le chiffre de l'année
av. J.-C, puisque celle-ci commence au 4®^' janv. Ainsi la
bataille de Salamine livrée en automne est de 480, mais les
événements postérieurs au 4*^'" janv. suivant, quoique ap-
partenant à la même année de la même olympiade, sont de
479. Nous n'indiquons le détail des années que pour la
première olympiade.
\ J.-C
Oi yrnp.
Annéo
Av J-0
Olymp
Année
776
1
1
4 40
i60
775
2
100
470
774
i}
60
480
773
4
4
20
490
772
2
4
46
194
768
<)
4
42
492
764
4
4
8
493
740
40
4
4
494
700
20
4
A[). J.-C.
Olymp.
Année
660
30
4
4
495
620
40
4
5
496
580
50
4
9
497
540
60
4
43
498
500
70
4
47
499
460
80
4
24
200
420
90
4
64
200
380
400
4
404
220
340
440
4
441
230
300
420
4
484
240
260
430
4
224
250
220
440
4
264
260
480
450
1
304
270
Il y eut sous l'empire romain une nouvelle ère olym-
pique, qui commença en l'an 431 ap. J.-C. (olymp. 227, 3)
après la dédicace de l'olympieion d'Athènes par Hadrien.
On trouve cette ère sur des inscriptions ; elle servit môme
à dater des documents officiels. André Baudrillart.
BiBL. : BôcKH, Corp Inscr., n»^ .312. 4J(3, 1345.
OLYMPIAS, reine de Macédoine (390-315 av. J.-C),
femme de Philippe II et mère d'Alexandre le Grand, as-
sassinée en 345 av. J.-C. Eille deNeoptolème, roi d'Epire,
elle épousa Philippe en 357 et devint l'année suivante mère
d'Alexandre. On nous la dépeint comme fort belle et très
hautaine et ambitieuse. Son époux l'ayant répudiée pour
se marier à Cléopâtre, nièce d'Attale, elle le brouilla avec
son fils et eut probablement une part dans l'attentat au-
quel il succomba. Elle rendit hommage à la mémoire du
meurtrier et fit pendre ou bouillir dans une chaudière sa
rivale. Durant les campagnes d'Alexandre, Olympias fut
en rivalité avec le régent Antipater. Après la mort de son
fils, elle s'enfuit en Epire, mais après la mort d'Antipater,
son successeur, le régent Polysperchon, n'ayant pas été
reconnu par Eurydice (femme de Philippe Arrhidée),
Roxane, veuve du con({uérant, se réfugia on Epire avecson
fils Alexandre /Egus. Olympias les ramena en Macédoine,
avec l'appui d'i^acide, roi d'Epire, réclamant la régence au
nom de son petit-fils. Elle fit tuer Arrhidée et Eurydice,
Nicanor, fils d'Antipater, et une centaine de nobles macé-
doniens (347). Cassandre, fils d'Antipater, les vengea bien-
tôt et acheva l'extermination de la famille d'Alexandre.
Olympias, assiégée dans Pydna, dut se rendre (346) et fut
mise à mort l'année suivante. A. -M. B.
OLYMPIE. Au pied du montKronion qui la domine au
N., au-dessous de la colline de Pise, à 1 E., entre l'Al-
phée et l'embouchure de son afduent, le Kladéos, s'étend
une petite plaine dont la tradition voulait qu'une partie
eût été consacrée à Zens par Héraclès. C'est là que se dé-
veloppa le centre religieux le plus important de la Grèce,
le sanctuaire le plus riche en monuments de l'art, celui
que nous connaissons le mieux, grâce aux fouilles qui y
ont été pratiquées. La légende amène successivement sur
les bords de l'Alphée une foule de héros, personnification
des divers peuples de race grecque qui, par apports suc-
cessifs, avaient mêlé leur sang dans l'Elide. Chacun con-
tribua pour sa part à Tétabhssement des divers cultes en
honneur à Olympie. Les Pélasges y fondent l'autel d'Où-
OLYMPÏE
— 362
ranos et de Gaia, le Ciel et la Terre, puis un autel com-
mun s'élève enfaveur deKronos, fils d'Ouranos et de Gaia,
et d'Hélios, signe de luttes apaisées. Phéniciens, Cretois,
Ioniens remontent la vallée de FAlphée et donnent au
sanctuaire son premier développement. Zeus enfant est
amené de Crète par les cincf Curetés, dont le chef, Héra-
clès de Tlda, ouvre le premier concours, et Apollon, vain-
queur d'Ares et d'Hermès, reçoit In première couronne
d'olivier sauvage. Va\ l'honneur des Curetés, les jeux se
renouvelleront tous les cin(| ans. Ce grand autel de Zeus
est fondé. D'autres cultes orientaux, comme ceux de Zeus,
Ammon et de Dionysos, s'introduiront plus tard à Olympie,
grâce aux relations cpie, dès ces temps reculés, les prêtres
étabhssent avec l'Afrique et l'Asie. D'autres peuples, ve-
nus du Nord, apportèrent des légendes thessahennes ,
comme celle des Centaures et des Lapithes. L'histoire de
Pélops, dont on vénérait les rehques à Olympie, rappelle
une invasion d'Achéens qui restaurèrent les jeux et fon-
dèrent le culte d'Héra. Les Doriens, conduits par Héraclès,
fils d'Amphitryon, tracent l'enceinte du bois sacré, l'Altis,
et célèbrent les jeux. Enfin une invasion étolienne donnée
l'Elide sa forme définitive. Sous Oxylos, les populations
d'origines diverses se fondent. Iphitos continue l'œuvre
d'Oxylos, son aieul, restaure les jeux, établit le culte d'Hé-
raclès, met l'oracle d'Olympie en relations suivies ave(^
celui de Delphes, fait proclamer la trêve sacrée, traite avec
Pise, l'Jis et Sparte. Oci se passe au viii^ siècle. Olym-
pie, la ville sacrée, symbole de l'unité grecque, atteint en
même temps (|ue la Hellade son plein épanouissement, l^lis
et Pise luttent d'abord pour la suprématie à Olympie. En
Plan d'Olympie.
Ancien
572, Pise est entièrement [rasée, et un siècle et demi de
paix profonde suit la destruction de cette ville. Les jeux
sont célébrés sans interruption, et l'invasion même des
Perses n'empêche pas les Grecs de s'y rendre. L'influence
de Sparte, qui préside la ligne du Péloponèse, domine à
Olympie. Mais l'exemple d'Athènes au temps de Périclès
amène partout des révolutions démocratiques. Le trouble
règne en Elide. La pohtique et la rehgion se confondent.
En 368, Sparte lassée abandonne définitivement aux Eléens
la suzeraineté d'Olympie, et pendant huit siècles la paix
n'est plus interrompue. Cessant d'être un centre pohtique ^
l'Altis devient de plus en plus le centre rehgieux de tous
les Grecs. Dès le v® siècle, la gloire de Delphes est sur-
passée. C'est là que les grandes famihes viennent pendant
les jeux étaler leur faste, que les ambitieux se montrent
aux peuples, que poètes et artistes donnent à leurs œuvres
une pubhcité inaccoutumée. Zeus reçoit les hommages et
les dons du monde hellénique tout entier, toute guerre
lui apporte une part de butin, il est le gardien des traités ;
les Barbares tiennent à honneur de joindre leurs présents
à ceux des Grecs. Jusqu'au triomphe du christianisme,
Olympie attire la même affluence de fidèles, ses jeux sont
célébrés avec une splendeur égale, et le sanctuaire exerce
sur le monde grec son autorité, toute spirituelle et mo-
rale.
Un bois de platanes, aux arbres duquel on suspend des
ex-voto, sur la colhne l'autel de Kronos et d'HéHos, au
pied un amas de pierres consacré à Zeus, Ouranos et Gaia,
tel est le noyau primitif, dont le développement du viii® au
IV® siècle constituera Olympie. Bientôt le sanctuaire offrira
à l'admiration des visiteurs un incroyable ensemble d'édi-
fices, temples, palais, portiques, divers par le style et les
— 363 ~
OLYMPIE
dimensions, et, en outre, une multitude de monuments
plus petits, chapelles, autels, trépieds, groupes, statues,
ex-voto de toutes sortes, qui en feront le musée le plus
riche de toute la Grèce.
De bonne heure on ferma l'enceinte sacrée agrandie à
diverses reprises, surtout à l'époque macédonienne. Au
centre était le grand aute! de Zeus. Au viii^- siècle s'élève
le temple d'Héra, où s'abritèrent le coffre de Cypsélos et
plus tard l'Hermès de Praxitèle. Au vi^ siècle, hors do
l'enceinte et au S., on bâtit h Bouleutén'op, pour le sénat
d'Olympie. Le v^ siècle voit se produire un grand évé-
nement artistique, l'érection du temple de Zeus, sous la
direction de Libon, architecte du pays, qui travaille do
470 à 457. Un artiste inconnu sculpta sur les métopes
les Travaux d'Hercule, et sur les frontons Pœonios et
Alcamène, dit-on, représentent à l'E. la Lutte de Pélops
etd'OEnomaos, à l'O. le Combat des Centaures et des
Lapiihes. Phidias, malgré des traditions postérieures,
ne paraît avoir connu le temple que vingt ans après son
achèvement. Il exécute alors, avec l'aide de Colotès et de
Panainos, la fameuse statue chryséléphantine de Zeus
olympien, et 700 ans plus tard les Eléens montraient en-
core avec orgueil la salle qui lui avait servi d'atelier. Au
v^ siècle encore s'élèvent plusieurs palais pour les prêtres
d'Olympie : le JWocoleon, pour les chefs du culte {théo-
coles), le Prijtance ix\ec. la chapelle d'Hcstia et dos salles
de banquet, puis le temple d'Ilithye et de Sosipolis, et à
l'E. de l'Agora un long portique. Tout cela est construit
sur les ressources du trésor de Zeus, par les administra-
teurs du sanctuaire. En même temps les ex-voto, qua-
driges, portraits d'athlètes, figures de Jupiter ou Zanes,
signés des artistes les plus célèbres, partout répandus,
forment comme un répertoire complet de l'histoire de la
sculpture grecque. Du vi® au iv® siècle, les archives des
fêtes, gravées sur des tables de bronze, gardent les noms
de vainqueurs aux jeux. Les divers Etats de la Grèce
élèvent chacun leur cliapelle particulière, avec leur trésor,
le long d'une sorte de terrasse au N. l']nfm, le stade et
l'hippodrome ont reçu, à peu de chose près, la forme qu'ils
garderont jusqu'à la tin.
Dès le temps des guerres médicpies, les Macédoniens
avaient revendiqué le titre d'Hellènes et avaient été les
fidèles alhés des Eléens. H n'est donc pas surprenant,
quand s'élève la puissance macédonienne, de constater
d'étroites relations entre Philippe, Alexandre, les succes-
seurs de celui-ci et le sanctuaire. Philippe élève le Phi-
lippeion, consacré aux princes de sa famille, ce qui en-
traîne l'agrandissement de l'enceinte, puis un palais pour
les magistrats, la palestre, le grand gymnase en dehors
de l'enceinte, près du Kladéos ; dans l'Altis même, le Mé-
troon ou temple de la mère des dieux ; les Propylées du
Pélopeion, et beaucoup de statues. Tous les rois, Pyrrhus,
les tyrans de Sicile, placent leurs images à Olympie. De
leur côté, les Eléens érigent des statues à Philippe, à
Alexandre, à Antigone, à Séleucos, et un groupe de Dé-
métrius et ses fils, couronnés par Elis et la Grèce.
En 210, les Romains apparaissent à Olympie où ils
déposent une copie de leur traité avec les EtoHens. Paul-
Emile sacrifie au temple de Zeus. Mummius, le vainqueur
de Corinthe, plein d'égards pour Olympie, y consacre de
très riches ex-voto, et les Eléens lui érigent une statue.
Au siècle, suivant ils consacrent un temple à la déesse Rome.
Auguste protège Olympie, et bientôt un temple des empe-
reurs romains s'élève à Ehs. Néron se fait bâtir une mai-
son grecque à Olympie où il vient en 67 pour prendre part
aux jeux. Naturellement, il est proclamé vainqueur dans
tous les concours. Hadrien tente de faire revivre les am-
phictyonies, achève VOlympieion d'Athènes avec une or-
ganisation imitée de celles du célèbre sanctuaire et reçoit
le surnom d'olympique. Les Thermes au N., un petit
théâtre à l'O., les propylées monumentaux de la palestre
et du gymnase, de grands portiques, une porte triomphale,
l'aqueduc et l'exèdre d'Hérode Atticus avec ses belles sta-
tues, beaucoup de portraits impériaux, attestent l'intérêt
que Rome ne cessa de porter au grand sanctuaire hellé-
nique.
La fin d'Olympie est marquée par l'édit de Théodose en
393, qui interdisait les cérémonies païennes. Puis il est
dévasté par les Goths d'Alaric en 395, par les émissaires
de Théodose H en 426 qui détruisent les temples païens,
j)ar un tremblement de terre au vi^ siècle, par les Byzan-
tins qui y érigent une forteresse, par le Kladéos qui en-
sable la partie 0, de l'enceinte où s'élève l'égUse byzan-
line. La cité byzantine ne dure pas, les Erancs achèvent
l'œuvre de ruine, et l'ère de l'abandon s'ouvre pour
Olympie.
Au xvni^ siècle, Montfaucon, le premier, rêve une explo-
ration des ruines d'Olympie ; Winkelmann reprend ce pro-
jet. A la demande de l'Institut de Erance, lord Stanhope
étudie le terrain dont il fait dresser le plan par un archi-
tecte. L'ouvrage de Quatremère de Quincy en 1815 et son
essai de reconstitution du temple de Zeus éveillèrent l'at-
tention du pubUc, et lors de l'expédition de Morée, le ma-
réchal Maison, qui, comme jadis Bonaparte, s'entoure de
savants et d'artistes, permet aux archéologues Blouet et
Dubois d'entreprendre d'importants travaux, trop vite in-
terrompus par les chaleurs, le départ des Français et la
nécessité de publier les travaux de la commission. On avait
pu cependant mesurer une grande partie du monument, et
découvrir un certain nombre de sculptures, parmi lesquelles
la belle métope d'Héraclès domptant le taureau, que le
Louvre possède.
En 1874 seulement les fouilles furent reprises, à la suite
d'un accord survenu entre les gouvernements allemand et
grec. Les Allemands devaient en faire tous les frais, sans
([u'un seul morceau de sculpture pût enrichir leurs musées.
Conduites avec autorité et persévérance par E. Curtius,
secondé de MM. Hirtschfeld, Bœtticher et Adler, de 1875
à 1881, on peut dire qu'elles nous ont rendu Olympie. Des
chefs-d'œuvre tels que la Victoire de Pœonios et VHer-
mès de Praxitèle, des fragments considérables des fron-
tons et des métopes du temple de Zeus, 130 statues en
bronze ou en marbre, 1.300 objets de bronze, 6.000 mon-
naies, 400 inscriptions, 1.000 objets de terre cuite, 40 mo-
numents, ont été le fruit de ces heureuses campagnes. De-
puis 1887, grâce à la générosité d'un riche Hellène, tous
ces objets ont été classés au musée Zingros, qui porte le
nom de son fondateur.
Les fouilles et la relation de Pausanias permettent de
tenter à coup sûr une restauration idéale d'Olympie. L'en-
ceinte était un carré long, qui avait subi une déforma-
tion, surtout vers l'O., au temps des Macédoniens. Elle était
percée de sept portes dont la principale paraît avoir été
située à l'O., dans la direction d'Elée. Au milieu, à l'O.
également, s'ouvrait une autre petite porte, puis une troi-
sième au S., près du Bouleuterion, transformée à l'époque
romaine en arc de triomphe; quatre autres, dont Tune
mettait en communication l'hippodrome et l'agora, facili-
taient la circulation des pèlerins. L'intérieur de l'enceinte,
rempli de monuments de toutes sortes, et rafraîchi par des
bassins et des fontaines, était divisé en deux grandes ré-
gions : l'agora à l'E., et à l'O. le bois ou Altis. Le bois,
où s'abritaient des temples, des chapelles, des statues et
des autels, était entretenu dans sa fraîcheur par une sa-
vante canalisation qui emportait les eaux descendues de la
montagne en hiver et en amenait pendant l'été. La voie
sacrée, bordée de statues, traversait l'enceinte de la porte
du S.-O. à la porte du N.-E. Au centre du bois s'élevait
la terrasse de Zeus, où se dressait, monté sur un sou-
bassement, le grand temple. Il avait 6 4™, 10 de longueur,
2 7 "^,69 de largeur, était d'ordre dorique, hexastyle, pé-
riptère et hypètre. Les colonnes, au nombre de six sur
les façades et treize sur les côtés, étaient hautes d'environ
10^,50. L'entablement avait environ 4 m. Sur les côtés
principaux l'architrave était décorée de boucliers à orne-
ments peints; les triglyphes de la frise étaient d'un bleu
OLYMPIE
-- a«4
sombre; il n'y avait pas de métopes à l'extérieur. Les eaux
s'écoulaient par des gueules de lions ; le toit était couvert
en tuiles de marbre. Le fronton oriental était surmonté
d'une Victoire sans ailes, ex-voto des Spartiates après
la bataille de Tanagra ; deux trépieds de métal doré ser-
vaient d'acrotères. Il est probable que le fronton occiden-
tal avait une décoration analogue. L'entablement et les
h'ontons offrent de nombreuses traces de polycbromie, ainsi
que Téchine des cbapiteaux. Les sculptures portaient des
appliques de métal. La décoration était c(m)plétéepar vingt
et un boucliers en bronze doré, donnés par Mumuiius et
suspendus au-dessus des colonnes. Le fronton oriental, attri-
bué à Pœonios, représentait les préparatifs de la course
des chars où vont lutter Pélop> et Œnomaos. Au milieu
se dressait Z^U5, à droite étaient disposés OEnomaos, barbu
et casqué, sa femme Stérope, Myrtile, cocher d'CEno-
maos, accroupi devant quatre chevaux cabrés qu'il s'ef-
force de maintenir, puis derrière les chevaux un Jwmme
âgé accroupi, le genou droit i^elevé sur lequel s'appuie sa
lance, et ime jeuve fille, qui regarde le fleuve Alpliée,
dont les jambes s'allongent à l'angle du fronton. A gauche
de Zeus se siucédaient : Pélops debout, jeune et armé.
Hippodamie. Sphairos. cocher de Pélops, vu de profil,
le genou droit en terre et maintenant ses quatre chevaux:
un vieillard chauve assis à terre, un jeune fionune
accroupi tourné vers le Kladeos étendu, figiu^é sous les
Fronton (restauré; du temple de Zeus, à Olympie.
traits d'un jeune homme. La symétrie est poussée jusqu'à
la naïveté, avec une certaine recherche cependant pour
varier. Le côté d'yEnomaos est réservé à la vieillesse, le
côté de Pélops à la jeunesse, mais du premier se trouve
une figure de jeune fille, du second une figure de vieillard.
Le fronton 0. était attribué à Alcamène. On voyait au
centre Apollon, père des deux races ennemies, puis de
chaque côté un groupe de trois combattants; à la suite,
toujours symétriques, un Centaure et un Lapithe, luttant
agenouillés, un autre groupe, et enfin une NTjmphe. Il y
a dans ce groupement beaucoup plus de science et d'ha-
bileté que sur l'autre fronton. L'exécution de l'un et de
l'autre fronton est loin d'être parfaite, et, malgi^é la ru-
desse, si originale du fronton E., la composition habile du
fronton 0. , la beauté de plusieurs têtes et des parties nues, on
voit que les auteurs, sur l'identité desquels il est difficile de
se prononcer avec certitude, ne sont pas encore entière-
ment affranchis de la tradition archaïque et aussi qu'ils
ont traité leurs figures à un point de vue trop exclusive-
ment décoratif. La frise des portiques E. et 0. était ornée
de bas-reliefs, répartis en six métopes sur chaque façade,
qui représentaient les Douze Travaux dllercule. Ces
métopes, dont plusieurs sont d'une gi^ande beauté, pré-
sentent de grandes inégalités dans la composition et dans
l'exécution. Toutes ont quelque chose d'archaïque et doivent
être antérieures au miheu du v^ siècle. Elles portent de
nombreuses traces de couleur.
L'intérieur du temple était divisé en trois parties :
1*^ le Pronaos, qui s'ouvrait dans toute sa largeur sous le
portique oriental et que fermaient trois grilles de bronze ;
une mosaïque couvrait le sol ; il était orné de nombreuses
statues, parmi lesquelles : le groupa à' Iphitos couronné par
Ekekheiria, déesse de la trêve sacrée, et la Victoire
sans ailes de ('alamis ; î^ VOpisthodome, complètement
isolé de la cella, et où l'on donnait des séances littéraires
et musicales; 3« la cella, Isœge de 13 m. sur 28 de long,
divisée en trois nefs par deux rangs de sept colonnes
cannelées, comprises entre deux antes ; deux ordres dori-
ques étaient superposés ; au fond était assise la statue de
Zeus, si grande que, si elle se fût levée, elle eût dépassé
le plafond. Cette statue était isolée par une balustrade qui
fermait une partie de la cella, et que Panainos avait dé-
corée de peintures. Une partie de la cella était à ciel ouvert,
mais la statue était sous le plafond; un voile magnifique,
qui préservait du soleil l'intérieur de la cella pendant le
jour, retombait la nuit devant la statue pour la préserver
de l'humidité. Une multitude d'ex-voto faisaient de la cella
un musée.
Zeus avait été très anciennement représenté à Olympie,
où l'on trouve beaucoup de petites terres cuites archaïques
à son image. Mais c'est Phidias qui a créé le type du Père
des dieux et des hommes. La statue d'or et d'ivoire
représentait Zeus assis sur un trône. Il portait toute sa
barbe, et son épaisse chevelure était couronnée d'olivier.
L'expression était celle d'un calme souverain. L'épaule
droite et le buste étaient découverts en grande partie. La
main gauche levée s'appuyait sur un sceptre; sur la droite,
se tenait debout une Victoire chryséléphantine. Le trône
était d'or, d'ivoire et d'ébène, orné de pierres précieuses,
de bronze ciselé et de peintures. Derrière Zeus il se ter-
minait en fronton, et sur l'escabeau où s'appuyait le pied
du dieu étaient ciselés des lions d'or. Aux angles étaient
des Victoires. Cette statue, emportée plus tard à Constan-
tinople, périt dans un incendie.
Immédiatement au N. du temple de Zeus venait le Pé-
lopeion, enceinte consacrée au héros national et peut-être
le plus ancien monument de l'Altis après le grand autel
de Zeus. Consacré par Héraclès, fils d'Amphitryon, il
n'avait consisté d'abord qu'en un tertre, puis on avait
ajouté une bordure en pierre; enfin, à l'époque macédo-
nienne, on avait bâti de magnifiques Propylées et de larges
escaliers qui conduisaient à un vestibule ouvert, précédé
d'un portique et communiquant avec un vestibule intérieur,
qui, par des portes latérales, donnait accès au chemin de
ronde de l'enceinte. L'enceinte elle-même était plantée
d'arbres et pleine de statues. Un peu au N.-O. s'élevait
le PJiilippeion commencé par Philippe, achevé par
Alexandre. C'était un temple ionique, rond et périptère,
bâti sur un soubassement en pierre ; la partie la plus ori-
ginale de ce monument était une lanterne percée de fenêtres
qui s'élevait au-dessus de la cella. Les ex-voto qui le rem-
phssaient avaient tous une origine macédonienne. A l'angle
N.-O. de l'enceinte était le Prytaneion. Il se composait
d'une vaste cour à colonnes, précédée d'un portique et entou-
rée de diverses salles, dont celles des banquets pubfics, et de
chapelles, parmi lesquelles celle d'Hestia, où brûlait le foyer
sacré d'Olympie. Au N. du Pélopeion, séparé de lui par
la voie des processions et les statues qui la bordaient, se
dressait un très ancien temple dorique, bâti à l'origine en
bois sur un soubassement de pierre, long de 50 m., large
de 18, avec six colonnes aux façades et seize aux côtés,
VHéraion. Peu à peu des colonnes de pierre, très variées
de style, avaient remplacé les colonnes de bois. L'entable-
ment n'a point laissé de trace, il était donc probablement
de bois. Sous le portique s'abritaient de nombreuses sta-
tues. A l'intérieur, avec un soubassement, deux piédes-
taux semblables supportaient des statues de Zeus et de
Héra. On pouvait, entre une foule d'autres œuvres, y con-
— 365 —
OLYMPIE
templer toute une collection de vieilles idoles en or et
ivoire, de l'école des Argiens Dipomos et Scyllis, et sur-
tout l'Hermès portant Dionysos enfant, chcf-d'auvre de
Praxitèle. Tout voisin de THéraion fut construit l'exèdre
d'Hérode Atticus. au delà duquel, à quekfue distance vers
TE., venait le }létroon. Bâti au iv^ siècle, il fut mal réparé
au temps d'Auguste ou d'Hadrien. On ne sait si cette Mê-
ler qu'on y adorait était Athéna, Gaia ou Rhéa Cybèle.
Le IVlétroon s'élevait sur un soubassement long de 20"", 55
sur 10^,50 de large, et avait jusqu'à la pointe du fronton
17"^, 60 de haut; il avait six colonnes aux façades et onze
aux côtés. L'architrave était sans doute décorée en bronze.
L'intérieur présentait les trois divisions ordinaires . A l'époque
romaine, on y plaça des statues d'empereurs. Derrière le
Métroon, tout le long
de l'enceinte N., s'é-
tendait la terrasse
des trésors, l'une des
grandes ciu'iosités
d'Olympie. Bâtie en
pierre, elle dominait
l'Altis de 3 ou 4m. ;
des murs de soubas-
sement la proté-
geaient du côté de la
montagne. Ces tré-
sors, au nombre de
douze, étaient de pe-
tits édifices consacrés
à Zeus par des villes
ou des nations et qui
contenaient les of-
randes de chacune
d'elles. Tous offraient
d'incroyables ri-
chesses artistiques et
chacun présentait
quelque caractère,
original, tous étaient
pleins d'armes cu-
rieuses et antiques,
offertes en ex-voto.
Entre les trésors ,
trouvaient place sur
la terrasse une foule
de statues et d'au-
tels.
\.\{gora compre-
nait toute la partie
N. de l'enceinte. Elle
était limitée par la
terrasse des Irésors
au N., le Métroon,
le grand autel de
Zeus, le bois de pla-
tanes et la terrasse
de Zeus àl'O., au S.
par le Bouleuterion
et le mur d'enceinte,
à l'E. par le portique d'Echo, long de 97 m., d'ordre
ionique. Le nuu' de fond du portique d'I^xho était percé de
quatre portes qui le faisaient communiquer^ avec un se-
cond portique reliant les deux chemins qui conduisaient au
Stade et à rHippodrome. A l'angle S.-E. était une en-
ceinte sacrée avec un bosquet, VHippodameion, ou les
femmes célébraient une fête annuelle, et dans le pro-
longement du portique d'Echo un autre portique moins
long, dit à'Agnaptos. Au X., entre le Métroon et l'angle
N.-E. de l'Agora s'échelonnaient les Zanes ou statues
votives de Jupiter, en bronze, fondues avec le produit des
amendes encourues dans les jeux. Les bases nous ont livré
de curieuses inscriptions en vers dont quelques-unes indi-
quent le motif de l'amende. Beaucoup d'autres n'étaient
Plan du Temple de Zeus (état actuel).
dus qu'à la piété des villes ou des particuhers. Devant le
portique d'Echo était un grand soubassement long de
i20 m., où l'on montait par un escalier tournant situé au
milieu. Il servait de tribune aux magistrats et était tourné
vers le grand autel de Zeus.
Autour de l'enceinte, mais en dehors, se grou|)aient un
certain nombre d'édifices destinés au service du sanctuaire.
C'étaient au N.-O., vers le Kladeos, le grand Gymnase,
limité à TE. et au S. par de grands portiques de plus de
200 m. de long. A l'extrémité S. du côté E. s'ouvraient
des propylées monumentaux qui donnaient accès dans le
bâtiment. On conservait dans le Gymnase la hste des vain-
queurs, des portraits d'athlètes, etc. Le Gymnase commu-
niquait avec la palestre située au S. Dans ces deux mo-
numents, les candi-
dats aux concours
s'exerçaient pendant
le temps légal. Après
la palestre venait le
palais des prêtres,
la grande salle âj)-
i^elée Atelier de Phi-
dias, VHéroon, la
salle des Proces-
sions, etc. Sur le
côté S. de l'enceinte
et communiquant
avec l'Altis, s'ap-
puyait le Bouleute-
rion, palais du sénat
olympique, et dans la
cour duquel magis-
trats et athlètes prê-
taient serment devant
une statue de Zeus.
A l'extrémité S.-O.
était le Lconidaion,
immense palais des
Hellanodices, maison
des hôtes pendant les
fêtes et résidence
choisie par les gou-
verneurs romains,
l'^ntin, à l'E. s'éten-
daient r7//;;;?(;f//Y>?>/ÉJ
et le Stade. V Hip-
podrome , parallèle
au Stade, était quatre
fois plus long et
beaucoup plus large.
Une construction
triangulaire , ados-
sée au portique
d'Agnaptos, le pré-
servait des crues de
l'Alphée. A l'O.
étaient les barrières
et de nombreux au-
tels. On y affichait le
programme des courses. Un dauphin de bronze tombant
du haut d'une colonne, un aigle, de même métal, qu'un
mécanisme soulevait, donnaient le signal du dépari . Le
Slade. creusé sur la pente du Kronion, avait une entrée
réservée aux cortèges officiels, à l'angle E. de l'Agora.
On avait fait de ce passage un tunnel long de 32 m.
quand, a l'époque macédonienne, on avait exhaussé les
talus du Stade, pour permettre à un plus grand nombre
de spectateurs d'y prendre place. Ces tâus n'étaient
que des pentes ou des gradins gazonnés. La piste était
limitée par une bordure en calcaire blanc, où de dis-
tance en distance des trous permettaient de ficher des
poteaux. Entre les poteaux se plaçaient les coureurs. A
une des extrcmilés était ime tribune pour les Hellano-
OLYMPIE — OLYMPIQUES
— 366
dices, et près d'un autel s'asseyait la prêtresse de Déméter
Chamyné, seule femme qui assistât aux jeux. Une tente
était réservée aux préparatifs des concurrents. Enfin là,
comme partout à Olympie, les statues s'offraient en foule
aux regards.
De tout cela, les fouilles nous ont rendu une grande
partie : « Que manque-t-il à l'enceinte? écrit M. Mon-
ceaux, qui nous a servi de guide. Beaucoup de sculptures,
d*ex-voto et d'autels, mais à peine quelques chapelles
d'importance secondaire. L'ensemble est retrouvé et re-
constitué... Pour le plan général, l'élat actuel nous fait
connaître des portions considérables du mur de circon-
vallation, le soutènement du temple de Zeus avec les tam-
bom's inférieurs des colonnes du portique et le dessin exact
de la Cella ; au Pélopeion, la trace des Propylées et du
mur pentagonal ; au Philippeion, la colonnade circulaire ;
à FHéraion et au Métroon, les murs de la Cella et de la
galerie extérieure ; la forme de la plupart des trésors et
des indications suffisamment précises sur les portiques de
l'Agora et les monuments situés à la limite ou en dehors
de l'enceinte. »
Administration et culte. — Dépositaires du trésor de
Zeus, le peuple et le sénat d'Elis, chargés de l'adminis-
trer, ne devaient en disposer que pour l'entretien ou
l'embellissement du sanctuaire. En cas d'urgence, ils pou-
vaient cependant y faire des emprunts. Les magistrats
élcens étaient intimement liés à la vie d'Olympie. Au mo-
ment de la foire qui accompagnait les jeux, les agora-
nomes s'y rendaient ; pendant les dix mois qui précédaient
les concours, des nomophylarqiies instruisaient les Hel-
ianodices des devoirs de leur charge. A Olympie même
régnait un sénat dont la principale fonction était de gérer
les finances du temple. Outre les dons immenses qu'il ne
cessait de recevoir, le sanctuaire avait des revenus fixes,
tributs payés par certains peuples, produits de terres cul-
tivées ou louées, auxquels s'ajoutaient les amendes infligées
pendant les jeux et que les peuples les plus fiers ne pou-
vaient refuser de payer s'ils en avaient encouru. Enfin,
on recevait des dépôts d'or et d'argent, el l'on faisait des
avances aux Etats et aux particuliers. Le sénat d'Olympie
exerçait un contrôle général sur tous les fonctionnaires
du sanctuaire, autorisait ou refusait la création de monu-
ments ou l'érection de statues, réglait les différends rela-
tifs aux jeux et au culte, et pouvait re viser les sentences
des Hellanodices. Au temps de la ligue du Péloponèse, il
fut comme une sorte d'arbitre entre les peuples confé-
dérés. Le secrétaire du sénat était chargé d'exécuter les
décrets de ce corps. A l'époque romaine, un épimélète ou
inspecteur, sans doute élu par les Eléens, représentait
l'autorité romaine.
Le culte exigeait un grand nombre de prêtres. Chaque
temple en avait un ou plusieurs et tout un personnel. Au
sommet étaient les trois grands prêtres ou théocoles, et
leurs assistants, les trois spondophores, gardiens des
traités et du droit olympique, et qui allaient de ville en
ville convoquer les cités helléniques à assister aux jeux.
Eux-mêmes étaient souvent secondés par trois sous-spon-
dophores, ordinairement leurs parents ou leurs amis.
Ensuite venaient les devins. Mais au-dessous de ces grands
dignitaires existaient une foule d'autres fonctionnaires,
sacrificateurs, musiciens, danseurs, artisans, médecins,
cuisiniers, etc., dont la liste nous a été conservée, au moins
eii ce qui concerne les chefs de .service. Les devins, qui
dirigeaient foracle, jouirent en Grèce d'une immense
autorité pendant mille ans. Cités, rois, chefs d'armée en
appelaient auprès d'eux et les retenaient à prix d'or. Un
devin assistait à chaque sacrifice offert à Olympie, et il
s'en offrait une multitude. Un de ces devins, moins con-
sidéré que les autres, paraît-il, interprétait les songes.
Tous se recrutaient dans trois familles d' Eli de, les famides,
les Rlytiades, les Telliades. Le culte lui-même était très
compliqué et tous les détails en étaient prévus et réglés
avec un soin minutieux. Outre les sacrifices des pèlerins,
d'autres, en nombre considérable, étaient obligatoires ; il
y avait des cérémonies quinquennales, annuelles, men-
suelles, quotidiennes. Les deux plus grandes fêtes étaient
celles de Zeus et déliera, qui revenaient tous les cinq ans
et dont l'une était la fête des hommes, l'autre la fête des
femmes. ' André Baudrillârt.
BiBL. : PAUSArsiAs, 1. V et VI. — Quatremère de Quincy,
le Jupiter Olyynpien ; Paris, 1815. — Abel Blouet, l'Expé-
dition scientifique de j¥orée; Paris, 1831. — E. Curtius,
F. Adler, g. Treu, W. Dorpfeld, Ausgro.bungen zu
OUjmpia /Berlin, 1876-81, 3 vol. — Inschriften ans Olym-
pia, dans Arch. Zeituna, 1876-81. — 0. Rayet, Etudes
d'archéologie et d'art; Paris, 1888. — Laloux et Mon-
ceaux, Restauration d'Olympie ; Paris, 1889.
OLYMPIODORE, alchimiste. On connaît sous ce nom
un historien grec, natif de Thèbes en Egypte, qui prit part
à une ambassade envoyée en 412 par Honorius à Attila.
11 a voyagé chez les Blemmyes, en Nubie, visité les prêtres
d'Isis à Phila^, et il a écrit l'histoire de son temps, une
continuation d'iùinape en 22 livres, embrassant la période
de 407 à 425 et dont Photius a conservé un extrait
(Cf. Dindorf, Historicl grœci ininores, t. I). Photius le
désigne sous le nom caractéristique de poiétès, c.-à-d.
opérateur en alchimie. Dans la collection des alchimistes
grecs (publiée par Berthelot et Ruelle, texte et traduc-
tion, 1887-88, 3 vol. in-4), figure sous son nom un
ouvrage alchimique considérable et fort intéressant ; il y
cite les opinions des philosophes ioniens sur les principes
(les choses et les amalgame avec les idées des alchimistes
égyptiens, Hermès et Agathodémon, dans un langage
imprégné de gnosticisme : mélange singulier qui caracté-
rise cette époque de syncrétisme et de décadence, qui marqua
la fin de la civilisation antique. M. Berthelot.
OLYMPIQUES (Jeux) . Les fêtes Olympiques constituaient
la plus importante manifestation panhellénique de la Grèce
ancienne. Tous les peuples grecs y étaient convoqués. Une
(rêve sacrée régnait pendant leur célébration et elles don-
naient à tous ces petits peuples ordinairement si divisés
une occasion de fraterniser. L'origine des jeux Olympiques
est fort ancienne. Les traditions l'attribuaient tantôt à Au-
gias, tantôt à l'Hercule Thébain, fils d'Amphitryon, ou à
un autre Hercule plus ancien qui se rattachait à la légende
des Dactyles du mont Ida, tantôt encore à Pélops, à Pisos,
fondateurs de Pisa, enfin à d'autres héros. Quoi qu'il en soit,
on ne saurait douter que des jeux Olympiques n aient existé
antérieurement au retour des Héraclides. Ils n'avaient point
du reste, dans ces âges reculés, le caractère international que
sut leur donner plus tard leur second fondateur, Iphitos.
Interrompus pendant une période plus ou moins longue, ils
furent rétablis par Iphitos, qui régnait en Llide au temps
même où Lycurgue donnait des lois à Sparte. La pénin-
sule était alors aux prises à toutes sortes de fléaux, guerres,
divisions intestines, etc. Iphitos alla consulter l'oracle de
Delphes, qui, pour remédier à ces maux, lui conseilla de
restaurer les jeux d'Olympie. D'accord avec Lycurgue, il
fixa les termes d'une trêve sacrée obligeant tous ceux qui
prenaient part à la solennité. Toutes hostilités devaient
cesser entre eux pendant un mois entier, à l'occasion des
jeux. En même temps le territoire de l'Elide était déclaré
neutre et inviolable sous peine d'anathème. Si des troupes
devaient le traverser, elles déposaient leurs armes en y
pénétrant et ne les reprenaient qu'en en sortant. La se-
conde partie de la convention fut d'ailleurs beaucoup plus
sirujnileusement observée que la première, et les environs
mêmes du temple servirent plus d'une fois de champ de
bataille. Du temps de Pausanias, on montrait encore aux
curieux un disque très ancien, quoique postérieur au ré-
tablissement des jeux, appelé disque dlphitos, et sur
lequel étaient gravés, avec le nom d'Iphitos et de Lycurgue,
les articles de la trêve.
Les fêtes étaient consacrées à Zeus. Elles revenaient
après chaque période de quatre ans accomplie, dans le
courant de la cinquième année, au moment de la pleine
lune du solstice d'été, et duraient un, puis cinq, six et
36T ■-
OLYMPIQUES
jusqu'à sept jours. A partir de 777, quelques années après
leur restauration par Iphitos, elles servirent de base à la
chronologie grecque (V. Olympiade). Les Eléens, chargés
de veiller à la trêve sacrée et d'infliger une amende à ceux
qui la violaient, avaient aussi en main la police des jeux ;
ils pouvaient également frapper d'une amende ceux qui en
transgressaient les règlements. Quand revenait l'époque
de leur célébration, ils envoyaient des députés à toutes les
nations grecques pour les inviter à y prendre part. Celles-
ci déléguaient alors une ambassade, chargée de représen-
ter officiellement, et aux frais de l'Etat, la nation à
Olympie. C'était la Théorie. Le chef était VArchitheoros,
et comme de grandes dépenses lui incombaient s'il voulait
remplir cette charge avec éclat, il en recevait beaucoup
d'honneur. Arrivées à Olympie, les théories devenaient les
hôtes de la cité, ou si l'affluence ne permettait pas de les
loger et de les nourrir, on leur offrait du moins des ban-
quets. De leur côté, elles célébraient en grande pompe des
sacrifices, en particulier à Zeus Olympien. Outre les théo-
ries, on voyait affluer de toutes parts la foule des concur-
rents et des curieux. Alors tout ce monde s'établissait
comme il pouvait dans la plaine, qui se couvrait de tentes
et de baraques.
Les femmes mariées ne pouvaient assister aux fêtes,
sous peine de mort. Une seule exception était faite en fa-
veur de la prêtresse Éléenne de Déméter Chamyné, qui avait
droit à une place d'honneur. Quant aux jeunes fdles,
elles pouvaient aller et venir librement. îl était interdit
aux Barbares de prendre part aux sacrifices et aux jeux.
ÏOLitefois, exception fut faite en faveur des Romains. Tout
Grec était admis à concourir, pourvu qu'il jouit de ses
droits civils. Il devait seulement faire quelque temps à
l'avance une déclaration aux magistrats d'Elis et prêter
un serment par lequel il athrmait s'être sérieusement pré-
paré aux exercices pour lesquels il prétendait lutter et
s'engageait à en observer les règles. Ceux qui n'avaient
jamais concouru devaient s'exercer pendant au moins
trente jours dans les gymnases d'Elis. Des particidiers ou
même des cités pouvaient aussi être exclus pour des mo-
tifs d'ordre politique ou religieux. Ainsi Thémistocle fit
interdire àlliéron de Syracuse d'envoyer ses chevaux pour
concourir aux courses de chars, parce qu'il n'avait pas
joint ses forces à celles des Grecs contre les Perses. Sparte
subit une fois la même interdiction, parce qu'ayant violé
le territoire de l'Elide, elle n'avait pas payé l'amende.
Quand l'extension coloniale de la Grèce eut porté au loin
h race hellénique, on admit aux jeux les originaires des
colonies au même titre que ceux de la mère-patrie, et l'on
vit des concurrents accourir d'Asie, de Sicile, d'Italie et
d'Afrique.
Les juges et ordonnateurs des jeux, dont le nombre
varia de un à douze, étaient appelés Hellanothces. Ils
étaient Eléens et nommés par le peuple, dix mois avant
les fêtes. Leur mission était de préparer celles-ci et de veil-
ler à l'entraînement des concurrents. Ils habitaient dès
lors un monument appelé HeUanodikaion et étaient mis
au courant de leurs fonctions par les Nomophyl arques,
magistrats eléens. Les jeux venus, vêtus d'une longue robe
de pourpre et couronnés de laurier, ils prenaient place
dans une tribune voisine du point d'arrivée des courses,
ils veillaient à l'observation des l'èglemenls. jugeaient \vb
concurrents, couronnaient le vainqueur. Sous leur direc-
tion, des ai^ents subalternes, armés de bâtons, maintenaient
Tordre, Les jeux, suivant leur nature, avaient lieu au stade
ou à l'hippodrome- Le premier, réserve aux courses
d'hommes et aux exercices athlétiques, était un rectangle
de 211 m» de long sur 32 de large. L'hippodrome où
se donnaient les courses de chevaux et de chars était long
de 770 m.
Nous connaissons en grande partie par Pausanias la
liste des différents exercices et la date de leur introduction
successive dans la solennité. A l'origine, les jeux Olym-
piques consistaient exclusivement en deux courses dont la
première éliminait un certain nombre de concurrents. Le
premier arrivant de la course définitive était proclamé
vainqueur et son nom, à partir de 776, soigneusement
gravé sur une liste dressée à cet effet. Le premier fut Co-
rœbos dont le nom est en c|uelque sorte le point de départ
de la chronologie régulière de la Grèce. Mais bientôt un
Course irpied.
spectacle si simple parut monotone et Ton voulut y appoi'-
tcr de la variété et des perfectionnements. Ce fut sur le
même exercice qu'ils portèrent. La xiv® olympiade adjoi-
gnit à la course simple la course double qui comportait
deux fois la longueur de la piste (otauXo;) ; l'olympiade
suivante vit ajouter la course longue où l'on fournissait sept
fois la longueur du stade (86Xr/oç). C'est de la xviii® olym-
piade que date la plus importante modification, puisque la
course cesse alors d'être l'unique exercice. On introduit
le pentathlon, ou quintuple combat, qui comprend le saut,
Lutteurs.
kl course à pied, le jet du disque et du javelot, la lutte.
Les sauteurs, s'élançantd'un point élevé, devaient franchir
oO pieds ; ils ne prenaient aucun élan et ne recevaient
d'autre secours ([ue le balancement de leurs haltères. La
course était la course simple. Dans le jet du disque, il
s'agissait seulement d'envoyer le morceau de métal le plus
loin possible, mais avec le javelot il fallait atteindre un
but. Dans la lutte, on devait faire loucher trois fois la
terre aux épaules de l'adversaire.
Il y eut du reste à partir de la même olympiade des
concours spéciaux de lutte. Le pugilat, ou boxe avec lanières
de cuir munies de barrettes en métal, s'introduit avec la
xxin*^ olympiade ; le Pancraiion, mélange de lutte et de
j)ugilat, avec la xxxm°. Vax l'olympiade xxv^ commencent
!es courses de chars. Les attelages étaient de quatre che-
vaux et devaient faire onze fois le tour de l'hippodrome.
l/olymj)iade xxxiii*^ inaugure les courses de chevaux mon-
li'S. Fuis viennciil d'autre^ inno\atioiis : des concours spé-
(iaux sont institués pour les adolescents : courses à pied
et lutte (oL xxxvii^), le pentathlon (oL xxxvm^), mais
le dernier concours fut aboli aussitôt après, enfin le pu-
gilat (ol. xxxix®). Dans la cxlv^ olympiade seulement, des
luttes de paner ation furent autorisées pour les adoles-
cents. En vue de donner à la course un caractère pratique
d'entraînement militaire, on institue (ol. lxv^) une course
d'un nouveau genre, la course armée, où les hommes por-
tent le casque, le bouclier et des jambières. Plus tard, en
OLYMPIQUES
— 368
^4ï.<.~Mf '<>—
Course armée
raison de la difficulté de cette course et de ramollisseuieut
de la race, le bouclier seul fut conservé. Les courses de
chars se compliquent. A partir de la lxx® olympiade, on
voit des courses de chars attelés de mulets ; à partir de la
Lxxi*^, des courses de
chevaux où le cavalier
en approchant du but
doit sauter à terre et
accompagner son che-
val en courant, sans
cesser de tenir les
rênes, puis des courses
de chars attelés seu-
lement de deux che-
vaux dans la force de
l'âge (ol. xcui*^), de
quatre poulains (oL xcix*^), oudedeux poulains (ol. cxxviii*'),
des courses de poulains fol. cxxxi*^). 11 y eut aussi des
courses de chevaux montes par des enfants. Enfin il y eut
des concours de hérauts et de joueurs de trompette.
La grande multitude qu'attiraient de toutes parts les
jeux Olympiques fournissait aux artistes et aux écri-
vains une occasion unique de se faire connaître. Aussi
peintres et sculpteurs exposaient-ils volontiers leurs œuvres
à Olympie, et à partir de 450 les écrivains y donnent des
lectures publiques de leurs ouvrages. Il n'est pas certain
qu'Hérodote y ait lu une partie de ses Histoires, mais on
sait que le célèbre Gor-
gias et Hippias d'Elée
y remportèrent de
grands succès ; le Pa-
uégyrique d'Isocrate ,
le Discours olympique
de Dion Chrysostome
furent lus à Olympie,
et nous les possédons
encore. Le soin et les
longues années qu'Iso-
crate consacra mPa-
) légyriqiie d 'Athènes
montrent assez quelle Course de chars
importance on attri-
buait à ce jugement public et panhellénique. Mais il im-
porte de noter que ce n'étaient point là des concours et que
ces lectures étaient en dehors du programme des jeux.
Néron seul dérogea à Tusage en ouvrant à Olympie un
concours de musique.
Cette soi'te de tableau montre ce que fut le développe-
ment progressif des jeux Olympicpies et expli([ue l'intérêt
qu'il provoquait chez ce peuple épris de tous les exercices
physiques. Ce développement lui-même est à la fois une
cause et une conséquence du mouvement qui poussait les
peuples de race grecque à affirmer en de solennelles occa-
sions leur communauté d'orisfine et de sentiments. Les
tères alphabétiques mêlés dans une urne d'argent consacrée
à Zeus, on procédait au tirage au sort des adversaires. Si
les concurrents étaient en nombre impair, il en restait un
que l'on réservait pour coml)attre avec le vainqueur de
tous les autres. En
effet, les vaincus se
retiraient, mais les
vainqueurs devaient
poursuivre entre eux
la lutte jusqu'à ce qu'il
ne restât plus qu'un
seul concurrent. Si le
nombre des athlètes
était pair, celui-ci était
proclamé vainqueui' ;
dans le cas contraire,
il devait combattre encore contre celui à qui le tirage au
sort n'avait pas assigné d'adversaire, et c'était pour ce
dernier un grand avantage que de n'avoir encore éprouvé
la fatigue d'aucun combat. Si un athlète se trouvait sans
concurrent, soit par suite de l'absence ou du retard de
son adversaire, soit parce que sa réputation décourageait
toute rivalité, il était proclamé vainqueur sans combat.
Primitivement les coureurs avaient les reins couverts, mais
i partir de la xv« olympiade Thabitude prévalut de paraître
'*■'■" ^ * ^'" 'étendit également aux lutteurs.
^ivers concours ne duraient primitivement qu'une seule
journée. Us commençaient dès l'aurore pour ne fmir qu'à
la nuit. Avec les premiers jeux célébrés après l'expulsion de
l'invasion perse (ol. lxxvh*'), la fête prend un caractère
plus grandiose, comme il était naturel à un moment où
le sentiment panhellénique venait d'être violemment su-
rexcité, et leur durée est portée à cinq jours. L'ordre dans
lequel avaient lieu tous ces concours a soulevé de nom-
breuses discussions, et l'on n'est arrivé en somme qu'à des
hypotiièbes. La question n'a du reste qu'un intérêt fort
becondaire.
La /été s ouvrait au bon de la trompette et le héraut
procédait a l'appel des concurrents > Un des Hellanodices
leur rappelait leurs devoirs, les exhortait, et invitait à se
retirer ceux qui auraient conscience de s'être insuffisam-
ment exercés ou de ne pas remplir les conditions requises
pour concourir. Puis le héraut proclamait leurs noms et
avertissait ceux qui auraient quelque objection contre un
des concurrents, à la formuler^ Ensuite, à Laide de carac-
entiêrement nu, et elle :
Aussitôt le vainqueur déclaré pal' les Hellanodices, un
Iiéraut proclamait son
nom ; il recevait des
Hellanodices une palme
et était invité à se ti*ou-
ver présent à la distri-
bution des récom-
penses. Dans les courses
de chariots et de chars,
ce n'était pas le con-
ducteur ou le cavalier
qui remportait le prix,
mais les chevaux ou
plutôt leur proprié-
taire. C'est ainsi que
des femmes purent être
couronnées aux jeux Olyjupiques, bien qu'elles n'eusbcnl
même pas le droit d'y paraître comme spectatrices. Aussi
certains Grecs avaient-ils moins d'estime pour les courses
de chevaux que pour les autres exercices. Tel n'était pas,
cependant, le sentiment général; c'était un grand hon-
neur pour une famille que d'avoir remporté des succès
aux courses de chevaux et de chai s, et Ton sait qu'Alexandre
le Grand fit frapper des médailles commémoratives du
triomphe de ses chars.
Dans les temps les plus reculés des jeux Olympiques,
les récompenses étaient des objets de valeur, tels qu'en
dépeint Homère : trépieds, vêtements précieux, armes, et
même des sommes d'argent. C'est à l'Hercule Idéen qu'on
attribuait la désignation de ces prix. Plus tard, l'oracle de
Delphes en ordonna la suppression. Une simple couronne
d'olivier, ornée de bandelettes, fut, à partir de la vii° olym-
piade, l'unique récompense des vainqueurs. Ces couronnes
provenaient toutes d'un seul olivier sauvage que l'on pré-
tendait avoir été rapporté par l'Hercule Idéen du pays des
Hyperboréens et planté dans le bois de l'Allis, près des
autels d'Aphrodite et des Heures. Un jeune garçon, dont
le père et la mère devaient être Eléens et encore vivants,
en coupait les rameaux avec une faucille d'or. En même
temps que chaque vainqueur recevait sa couronne, le
héraut proclamait solennellement son nom, celui de son
père et de sa patrie. Puis les vainqueurs allaient ensemble
offrir divers sacrifices, accompagnés de chœurs qui chan-
taient un vieil hymne d'Archiloque ou quelquefois des
poésies composées pour la circonstance. Enfin un magni-
fique banquet offert par les l^^léens les réunissait tous au
Pryl allée.
369 —
OLYMPIQUES --- OLVNTHE
Mais là ne s'arrêtaient pas les honneurs qui leur étaient
rendus. Les plus grandes cités s'honoraient des succès obte-
nus par leurs citoyens aux jeux Olympiques, et les plus
humbles en étaient illustrées. Les concurrents apparte-
naient souvent d'ailleurs à des familles déjà riches, nobles
et célèbres. Certaines villes avaient établi des récompenses
spéciales que l'on décernait à ceux qui avaient soutenu le
renom de leur cité devant les Grecs assemblés. C'est ainsi
qu'à Athènes une loi de Solon assurait aux vainqueurs
une somme as^ez considérable, le droit d'occu])er au
théâtre une place réservée {pivâlrie), enfin la faculté d'être
nourri au Prytanée leur vie durant. A leur retour, on se
portait en foule au-devant d'eux. Processionnellement on
les conduisait d'abord au temple de Zeus où l'on consa-
crait la couronne, puis au temple de Hestia où l'on offrait
un sacrifice d'actions de grâce. Souvent le vainqueur en-
trait par une brèche pratiquée dans le mur de la ville,
comme si, dit un auteur ancien, une ville qui possédait
de pareils citoyens n'eût pas eu besoin de murailles, l^es
poètes célébraient leur gloire, et les plus illustres, comme
Bacchyiide, Simonide et Pindare. ne dédaignaient pas de
\q\\v offrir l'immortalité de leurs vers. Les poètes d'ail-
leurs y trouvaient un profit matéi'iel considérable, car, dans
l'exaltation du triomphe, les vainqueurs et leurs amis
étaient naturellement portés à la générosité. Une autre
gloire enfin leur était réservée : tout vainqueur pouvait
faire placer sa statue dans le bois de l'Altis, et s'il triom-
phait pour la troisième fois, cette statue était un portrait
véritable, et les traits du héros restaient ainsi exposés en
exemple et en admiration aux regards de la postérité. Les
Romains disaient que les lionneurs décei'nés aux vainqueurs
des jeux Olympiques valaient le trionqjhe accordé chez eux
aux généraux vainqueurs.
Les jeux Olympiques ne furent pas seulement chez les
Grecs une fête magnifique et une occasion de rapproche-
ment entre des peuples de même race séparés le plus sou-
vent par la configuration géographique de la contrée qu'ils
habitaient autant que par les conflits d'amour-propre et
d'intérêt : ils entretinrent chez eux le goût des exercices
physiques et, avec ce goût, la vigueur corporelle, l'habitude
et l'endurance de la fatigue, si nécessaires au métier des
armes ; ils contribuèrent à maintenir l'équilibre entre l'es-
prit et le corps dans une race, la plus merveilleusement
douée qui fût jamais, mais dont la subtilité naturelle et
l'imagination avaient besoin d'être contrebalancées par le
sens pratique, la mesure, la maitrise de soi, qu'exige la
pratique des sports athlétiques. Enfin la sculpture, grâce
à l'habitude de reproduire les traits des athlètes, dut pour
une bonne part aux jeux Olympiques le goût de l'obser-
vation exacte, dont l'heureux mélange avec l'idéalisme est
un des traits les plus caractéristiques de l'art grec. Les
jeux Olympiques, célébrés en grande pompe pendant toute
la durée du haut empire romain, qui leur accorda protec-
tion et privilèges, furent abolis en la ccxciii^ olympiade,
l'an 394, sous le règne de Théodose. Les jeux Olympiques
prêtèrent leur nom à des solennités analogues célébrées
dans un grand nombre de villes. Athènes en possédait au
temps de Pindare, et Hadrien en institua de nouveaux ;
Aegée en Macédoine. Alexandrie. Anazarbe en Sihcie,
Antioche en Syrie, Attalie en Pamphylie, Cyzique, Cyrène,
Dium e]i Macédoine, r^phèse. Elis. Magnésie enLydie.Naples,
Nicée enBythinie. Mco))olis en Epire. Olympe en Thessa-
lie, Pergame en Mysie, Side en Pamph\lie, Smyrne, Tbarse
(']! Silicie, Tégée en Ar.'adie, Thessalonique en Macédoine.
Thyatire et Tralles en Lydie. Tyr en Phénicie, eurent leurs
jeux Olympiques, ('eux d'Antioclu' surtout acquirent une
grande célH)rite. — A l'époque moderne, uuo teutativo
fut faite en 1896, a Athènes, pour reconstituer des épreu> es
^ithlétiques int^Tiationales, sous le nom à^Jeux 01 y >^^-
piques. On parle de donner une seconde réunion a
Paris en 1900. André Baudriuart.
BiBL. : ÏExri:s ancikns. — Il existait dans l'antiquité un
grand nombro d'ouvragen sur les joux Olympiquo-^. «n dc:^
GRAXDE ENCVLLOi'CDU:. — XXV.
documents officiels tels que les listes des vainqueurs con-
servées à Elis. De tout cela, il ne reste qu'un petit
nombre d'écrits : fragments importants de l'ouvrage de
Phlégon de Tralles, composé sous le règne d'Hadrien et
intitulé Ihpl Twv 'OXufXTUiwv OU 'OXujjltt^cdv xal Xpovixwv
>!]uvaYWY7Î ; l'ouvrage de Julius Africaxus ^'EXXtJvodv
'OXu[X7:ià8£ç OLTZQ x^ç 7:paST7]ç, etc., conservé par Eusébe;
Pausanlvs, surtout liv. V. ~ Corpus Inscriptionum grœ-
co.rayn. — A consulter : Meursius, Grœcia feriata, dans
Groxovius, Thésaurus grœc. antiq. ~ Krav se, Olympia
odcr Darsteltung der gr^ossen Olympischen Spiele ;
Yiomie, 1838. — Curtius. Ohjmpiu, 187)2 (Cf. Alterthum
uiid Gegenx'^art. 1882, t. I. — Botticher, Olympia. 188o.
— HoLWERDA, les Fêtes d'Olympie, dans Arch. Zeitung,
1880. — Reginald s. Poole, The Coins of Cam.drina, ISfo.
— Brit. mus. Inscrip.^ II, 13. — Schœmann, Antiq. gr..
trad. Galuski, t. II. — Laloux et Monceaux, Ôlympie. ^
OLYM PO S. Légendaire musicien de Phrygie, élève de
Marsyas, ancêtre mythique d'une famille de joueurs de
flûte. Un groupe antique le représente avec Pan qui lui en-
seigne le maniement de la syrinx.
OLYMPOS, sculpteur grec de l'école de Sicyone. 11
avait exécuté la statue d'un vainqueur d'Olympie, Xéno-
phon, fils de Menephylos, un athlète d'yEgion en Achaïe,
vainqueur au pancrace (Pausanias, VI, 3, 13). On ne sait
de lui rien de plus. On le place ordinairement après la
Lxxx^ olympiade (i60); mais le temps où il vécut reste
incertain. P. M.
BiDL. : Bruxn. (rescfiichle der grierhischeii Kùnstler :
Stuttgart, 1889, t. I, p. 298, 2« éd.
OLYNTHE (*OXuvôoç). Ville de la Grèce antique, sise
dans la péninsule de Chalcidique (V. ce mot), au
fond du golfe de Torone (auj. de Rassandra), à 1^2 kil.
de Potidée (Pinaka), à quelque distance de la mer sur
laquelle Mecyberna lui servait de port. Dans la fertile
plaine de Bottiée, elle fut, vers le temps des guerres mé-
diques, occupée pailles colons grecs de Chalcidique. Elle fut
prise par les Perses d'Artabaze, qui noya ses habitants dans
un étang voisin. Le roi de Macédoine, Perdiccas, persuada
aux Chalcidiens des petites villes, et en particulier de To-
rone, de s'y établir, et, grâce à la position centrale
d'Olynthe, elle devint cité dominante de la Chalcidique.
Les Bottiéens lui furent tout à fait assujettis. Elle fut
impliquée dans la guerre de Péloponèse, se rendit indé-
pendante de la confédération athénienne et, pour assurer
également cette autonomie vis-à-vis des rois de Macédoine,
se mit à la tète d'une confédération des cités de la Chal-
cidique, dans laquelle elle fit entrer, à partir de 392, les
cités côtières de Macédoine et même Pella, en profitant
de la faiblesse du roi Amyntas. La confédération était fon-
dée sur des principes libéraux d'égalité des droits civils.
Malheureusement, sa puissance fut brisée par Sparte, puis
par Athènes, l^n 383, Sparte ayant, conformément au
traité d'Antalcidas, qui stipulait l'autonomie de chaque
cité hellénique, réclamé la dissolution de la confédéra-
tion, à l'instigation d'Acanthe et d'Apollonie, jalouses
d'Olynthe, celle-ci refusa. Une guerre s'ensuivit; les
armées Spartiates d'Eudamidas et de Téleutias, frère d'Agé-
silas, furent tenues en échec par la cavalerie olynthienne
et la seconde essuya une défaite complète. Le roi Agési-
polis, envoyé à son tour, mourut de la fièvre; maisPoly-
biades obligea Olynthe à céder ; la confédération chalci-
dique fut dissoute et Olynthe obligée d'entrer dans la
confédération lacédémonienne en jurant fidélité à Sparte.
Un coup aussi grave fut porté par Athènes en suite de la
Guerre Sociale; de 368 à 363, ses généraux, en particu-
lier Timothée, vijuvnt s'emparer des rives du golfe Ther-
maïque (aujourd'hui de Salonique), de Pydna, de Méthone,
de Potidée. Affaiblie, Olynthe, qui était le principal bou-
levard do lu Grèce, contre les rois de Macédoine et qu'i'f-
frayait la chute d" Vmphipohs, demanda a Athènes h paiv
et une allinnce, ne l'ayant pus obtenue, elio s'alîia à Phi-
lippe «^t y gagna le territoire d'Anthemus et de Potide*
(enlevée aux Athéniens), qui fuirent détruites. Mais pou
après, elle s'aperçut du danger que lui créait la volonté
du roi de Macédoine de constituer une puissance maritime
en annexant toutes k\^ villes de la cote. Elle traita alors
24
OLYNTHE — OMALIUS
370 ~
avec Athènes (352). En 350, éclala la guerre contre la
Macédoine. Démosthone fit les plus grands efforts pour
décider ses compatriotes à secourir leur vieille ennemie et
prononça à cet effet ses Olynihiennes (V. Démosthène).
Les secours furent tardifs et insuffisants. Des traîtres ou-
vrirent les portes à Philippe ; la ville fut mise à sac,
tous les survivants vendus comme esclaves. Olynthe fui
complètement détruite. Quelques vestiges se voient au lieu
dit Ai-Mamas. 11 reste quelques monnaies d' Olynthe avec
Héraldès vêtu de la peau du lion, ou avec une tôle d'Apol-
lon et la lyre au revers. A. -M. B.
BiBL. : VcEMi-L, De Olijntlil sttii, cIcUhIc. potestiitc vt
everaione ; Fraiiclort, IS'iO. — Ci*. DhAio&TiiKxi':.
OWl OU AU M. Monosyllabe sacré exprinuint à la fois
l'affirmation, l'acquiescement et la héiiédictioo. Composé
des trois lettres a, u, m, il représente les trois Védas,
la trinité hindoue, etc., et résume en une seule émission
de voix toute chose ineffable. C'est pourquoi on l'emploie
au début des prières et ([u'on l'écrit en tè(c des livres e!
sur les murs.
OM MANi PADME HOUM. luvocatiou bouddhiquc, restée
extrêmement populaire au Tibet. Composée de deux mois
sanscrits entre deux interjections magiques, elle signifie :
« Om ! le joyau sur le lotus, iioum ! », et s'applique
sans doute au Bouddha, Fun des « Trois joyaux » du
bouddhisme et qu'on représente toujours assis ou debout
sur un lotus épanoui. Son énonciation en toutes circons-
tances et son inscription en tous lieux passent pour avoir
une grande vertu.
OM. Riviîre de Sibérie, affl. dr. do l'Irtych. Traverse
le gouv. de Tomsk et la prov. d'Akmolhisk. Naît dans les
marais d'Omsk. Longueur environ 700 kil. Coule dans une
direction générale E.-O. et se jette dans l'Irtych, près de
la ville d'Omsk. La haute vallée de l'Omest généralement
marécageuse, couverte do forets et presque inhabitée. A
mesure qu'on descend la rivière, le pays prend un carac-
tère de steppe, et la population devient plus nombreuse.
Au printemps, l'Omest navigable à partir de Kaïnsk, ville
située à 235 kil. de l'embouchure. Le cours de l'Om est
lent. Mar. G.
OM~Bedr. Oasis du Soudan oriental, entre le Kordofan
et le Darfour, à 300 kil. environ d'El-Obéid et d'El-
Fâcher.
OMA ou HAROUKOU. L'une dos îles Moluqucs ;
72 kil. q. ; 8.800 hab. Elle dépend d'Amboine.
OMACÉPHALE (V. Monstre, t. XXIV, p. 173).
OMAGH. Ville d'Irlande, ch.-l. du comté de Tyroiie,
sur le Strule ; 4.039 hab. (en 1891). Toile.
0 MAGNA (Umaiia). Ancien nom des populations in-
diennes civilisées qui vivaient à LE. des Andes, sur le
N.-E. du Pérou, le N.-O. du Brésil et le S. de la Colom-
bie, au temps de la conquête espagnole. On les appelait
aussi Campenas, Têtes-Plates, parce qu'ils aplatissaient
la tête des enfants. Ils se sont fondus avec les autres
tribus.
OMAHA-CiTY. Ville des Î'^tats-Unis (Xebraska), rive
droite du Missouri ; 160.000 hab. (en ] 895), dont près de
10 7o de Scandinaves. En 1870, elle ne comptait encore
que 16.083 hab. C'est le terminus oriental du chemin de
fer Union-Pacific et l'un des plus grands nœuds de voies
ferrées de l'Amérique par la soudure des réseaux oriental
et occidental. Belle ville aux larges rues se coupant à
angle droit. La ville basse, formant terrasse au bord du
Missouri, est consacrée aux affaires. La ville haute, sur les
escarpements qui dominent la vallée, renferme les habita-
lions do lux(^ les parcs, les églises. — Usines de fonte el
d'aftinage d'rn*, argent, plomb et sulfate de cuivre, d'uii(>
li'ès grande importance. Vastes ateliers de chemins de fer ;
abattoirs, où l'on tuait environ 1.300.000 porcs en 1893 ;
préparation de saindoux ; briqueteries : m.achines ; instru-
ments agricoles. Grand commerce de céréales. Fondée en
1854, Omaha grandit rapidement.
OMAHÂS (EthnoL). Les Omahas sont une des tribus
les plus réputées et les mieux connues du groupe de Peaux-
Rouges auquelles Sioiix, fuis les Dacotas, donnèrent leur
nom, le groupe du Missouri. Déjà auxvii^^ siècle, ils s'élaient
signalés à l'attention des Européens. Et encore, à ia (in du
siècle dernier, ils étaient redoutables par leur nombre et
leur ardeur guerrière, occupant le territoire qui, delà rive
droite du Missouri, s"étend de chacpie côté de la Nebraska.
Mais au commencement de celui-ci une épidémie de variole
les a décimés, et leur nombre cji 1804 était tombé à 60,
d'après Lewis et Clark. Un de leurs chefs les plus fameux,
Black-Bird. a succombé lui-même, après une visite à Was-
hington (1804). l'A ia façon dont il se lit enterrer est un
bon exemple de Lhéroique jactance de ces sauvages. Sur
son ordre, une grande fosse fut creusée au sommet d'un
pic dominant le Misi^ouri. 11 y fut placé en selle sur son
cheval, l'arc en main, le bouclier et le carquois, la pipe
et le sac à médecines (être habile sorciei', et il l'était, est
le meilleur moyen de devenir chef chez les Peaux-Rouges)
sur les épaules. 11 avait la tète ornée de la coiffure de
guerre faite de plumes d'aigles, et à sa ceinture son sac
à tabac garni ainsi que son sac à pemmican et sa pierre à
feu. Les scalps qu'il avait conquis pendaient à la bride
du cheval. Après que ses guerriers eurent imprimé leur
marque sur la robe de celui-ci avec leurs mains enduites
de vermillon, on le recouvrit do terre, et au-dessus de ce
haut tumulus une poutre de cèdre fut dressée.
Les épreuves ont toutefois, à ce qu'il semble, apporté
([uelque tempérament à leur intraitable orgueil. Toujours
est-il qu'ils sont de ceux qui ne se montrèrent pas rebelles,
à l'invitation plus ou moins iujpérative du gouvernement
des Etats-Unis, i\ cJiercJier leur subsislance, au moins en
partie, dans la culture do la toiTo. Dès le milieu du siècle,
en outre de l'élevage du cheval, qu'ils s'entendent admi-
rablement àcaplureret à dresser, ils pratiquaient diverses
cultures sur une surface appréciable de leur territoii-e
d'ailleurs très réduit. Cette circonstance parait les avoir
sauvés d'une disparition imminente. Ils ont été confinés
dans une agence de l'Arizona oii l'on en compte 1158
(en 1890). En 1883, une troupe de dix-neuf Omahas a
été amenée à Paris. La présence du sang mongolique était
très apparente chez ces individus, grands (h. adultes, de
1"^,66 à 1^^,78), conservant cependant le nez vigoureu-
sement saillant qui est distinctif des Peaux-Rouges. Leur
buste était long, épais el ils avaient de l'embonpoint. Leur
peau, d'autant plus foncée, brune et rouge, que les parties
étaient habituellement moins couvertes, 'était simplement
jaune chez les enfants. Cesenlants présentaient aux yeux
la bride précaroncuîaire (31anouvrier). Enfin presque tous
avaient la tête franchement arrondie. Telle n'est pas la
règle, d'ailleui'S, on le sait, chez les Peaux-Rouges et même
dans le groupe des Sioux ou Dacotas. Zabokowski.
OMALIUS d'Iïalloy ( Jean-Baptiste- JuHen, baron d'),
géologue et administrateur belge, né cà Liège le 16 févr.
1783, mort k BruxeUes le 15 ianv. 1875. R fut tour à
tour maire de Skeuvre(1807)et''de Braibant (1811), sous-
intendant de l'arr. de Dinant (1814), secrétaire général
de la province de Liège (1815), gouverneur de la province
de Namur (1815), conseiller d'Etat, sénateur (1848). Con-
sacrant aux sciences naturelles, et plus particulièrement à
la géologie, tout le temps que lui laissaient ses fonctions
publiques, il s'acquit, de bonne heure, comme savant, une
grande célébrité et il devint, en 1816, membre de l'Aca-
démie de Bruxelles, qu'il présida à partir de 1850. R était
aussi correspondant de l'Académie des sciences de Paris
(1842). Outre un nombre considérable de mémoires insé-
rés dans le j'ecueil de l'Académie de Bruxelles, dans les
Aïiiiales des mines, dans le Journal des mines, dans les
Meiitoireb de la Société (jéo logique de France, etc., il
a \mbliè : Descripiivn géologique des Pays-Bas (S amnr,
1828); Eléments de géologie (Xainur, 'l83î; 3'- éd ,
1839); introduction à la géologie (Ssumir, iS'd'S); Géo-
logie de Belgique (Bruxelles, 1842); Des liaces humaines
l\ —
OxMALlUS — OMAR
(Paris, 1840; 4^ éd., VSb'i)), elc. On lui doit aussi, dans
un autre ordre d'idées, un Code adniinistiatif {y.umnv,
'1827, 2 vol.) et des Nolions de statistique (Xamur,
-1840). _ ^ L. S.
O'MALLEY (riiadeus), publicisle anglais, né près de
Limerick en i79o, mort à Dublin le 2 janv. 1877. Entré
dans la prêtrise calholi({uc, il fut employé en Amérique
ou rindépcndan;'c de ses idées lui valut une suspension
ecclésiastique. Il revint à Dublin, où il fut attaché à la ca-
thédrale. Pamphlétaire spirituel et mordant, O'Malley se
jeUi dans la poliliijue et réclama avc^ insistance une loi
bur les pauvres ci la réforme du système d'édui-atioii en
Irlande. Lorsqu'il eut publié A Sketch of the State of
popidar educalioii la llottand, Puissia, Betgiiuii and
France (18^0, 2^- éd. in-S), le gouvernement le nomma
recteur de l'Université catholique de Malte ; mais sa rage
des réformes lui fit bientôt retirer cet emploi. 11 fonda alors
(1845) TJie Social Economiste puis Tlie Federatist, (pu
détachèrent d'O'Connell nombre de partisans. O'Malley iiî
de vains efforts pour fondre les deux partis de la jeune
et de la vieille îrlamle. Knl870. il appuya passionnément
le mouvement en faveur du ilome-llulc. Citous encore parmi
bcs ou\Tages : ikirniony in /({^//V/ion (18T0), qui lui valut
des réprbnandcs du cardinal Cullen, et //o??^<2 iha'É^ on tlie
basis of Federalism {lAïiidi-Qs, iSlS, in-16). R. S.
OIVIâN, iiégion S.-E. de l'Arabie, riverahie de l'océan
indien, du golfe ou mer d'Oman et du golfe Persique. Elle
forme un Etat dont le chef est le sultan de Mascate et qui
s'étend le long du rivage sur 700 kil., depuis le Ras el
liacld, angle S.-E. de la péninsule, jus([u'au Ras Mesan-
doum,sur le détroit d'Ormuz. Cette bande cotière, dominée
par les monts du djebel Akhdar cjui dépassent 3.000 m.,
se divise en pays de Ras el Djebel, Kalhat, Raouatin ou
Ratna, Djebel Akhdar, Dahira, 8our, D^adan. La suzerai-
]ieté théorique du sultan s'étend, en outre, à l'O. du Ras
Mesandoum, sur la presqu'de de Katar, jusqu'à la frontière
turque, en face des îles Rahrem, au S.-O. du Ras el Hadd,
sur le Dhafar (ch.-l. Mirbat), jusqu'au Mahra, un peu au
delà des lies Khourian Mourian. La population totale cbt
évaluée à un miUion d'habitants, dont un quart de nègres.
Elle comprend les Rédouhis nomades et les gens sédentaires
des villes et des oasis souvent rançonnés par les premiers.
Les deux villes importantes sont Mascate et Sour. Les deux
tribus dominantes sont les Rafri venus du Nedjed et les
Hinaoui venus de l'Yémen. La tolérance rehgieuse est abso-
lue, et la tendance est de favoriser le commerce extérieur
<}ui s'élève à une quinzaine de millions, dont moitié pour
l'exportation (surtout des dattes). L'autorité du sultan n'est
que nominale dès cju'on s'écarte de la côte ; son revenu
n'atteint pas un million de francs. Il a ujie monnaie de
cuivre représentant le i/20 (gasranz) et le 1/12 (peisa) du
mahmoudi d'argent (0t%4()6). La monnaie d'argent est la
piastre espagnole, estimée 11 1/2 mahmoudis, etle tlialer
de Marie-lhérèse. On prend au poids et selon un change
variable les pièces indiennes, persanes, tur(|ues.
L'Oman est historiquement connu depuis le début du
x« siècle, lorsquun chef de la tribu des Reni-Saméh-ben-
Lavi le conquit au nom du khahfe Motadhed. De 1749 à
1780 régna Ahmed-ben-Said, fondateur de la dynastie
actuelle, dont le principal sultan fut son petit-fds Seyid-
Said (180(i-o6), qui forma une grande Hotte, conquit Zan-
zibar et la côte de Zanguebaj', Fjle de Socotora, enleva à
la Perse les côtes du Mekran, les lies d'Ormuz, Kichm,
Laredj,Bahreni. En 1816, il conclut un traité de commerce
avec la France. 1 sa mort, son empire fut divisé entre ses
lils : Thowenii eut l'Oman et les lies du golfe Persique,
Màdjid les possessions africaines, Amdjed les dépendances
f)ccidentales de l'Oman entre Rai'kah et le Katar avec Sohar,
berceau de la dynastie, il s'ensuivit des guerres civiles, hi
scission de Zanzibar, une invasion des Ouahabites du Nedjed
imposant de nouveau le tribut dojit Se} id s'était allranchi.
L'Oman, bien qu'affailib et pri'sé des îles Rahrem et des
possessions persane^,, demeure la région la plus civiliser
de l'Arabie. 11 est compris dans rarrangement franco-anglais
de 1862 (abandonné pour Zanzibar), qui stipule le respect
réciproque de l'indépendance des territoires de l'Imâm de
Mascate. En fait, depuis la guerre de Crimée, l'Angleterre
s'est attribué une véritable hégémonie sur toutes les côtes
du golfe Persique (V. Perse, § Histoire). En 1861, l'arbi-
trage de lord Ganning, vice-roi des Indes, fixa définiti-
vement les clauses du partage entre les souverains de
Mascate et de Zanzibar. Le tribut de 40.000 couronnes,
stipulé au profit du premier et à la charge du second, fut
assumé en 1873 par l'Angleterre qui obtint ainsi une
influence prépondérante. Elle en fit usage en 1899 pour
gêner la concession d'une station de charbon à Bender-
Issar accordée à la France. Une démonstration navale
anglaise devant Mascate obligea le sultan à la révoquer,
sauf à en donner une autre de moindre valeur. x\.-M. R.
BiDL. : Y. ARA13IE, ouvraii-es de Nii::bui£R, Palgravk. —
Wellsted, Tnwels in Avcibia; Londres, 1810, 2 vol. —
Coi.E, Journey to Mashai, dans Mê7ii. Soc. géogr. Bomhoy ;
1819. — A. Geraiaix, dans Bull. Soc. géogr., oct. 1888,
pp. 339-3Gi. — Badger, History of tlio hnans and Seyyids
of Oman; Londres, 1871, in-8.
OMAN (Golfe ou Mer d'). Partie de l'océan Indien com-
prise entre l'Oman et le Mekran persan oubaloutche.Elle
a 300 kil. de large en face le Ras el Hadd, sur 600 kil.
de long ; le détroit d'Ormuz la relie au golfe Persique.
OMAR. Le deuxième des khalifes successeurs de Moham-
med, né vers S92, mort en 644. On trouvera, à l'art. Mo-
hammed, le récit de sa conversion à l'islamisme. Par son
énergie, la sincérité de sa foi, la pureté de ses mœurs, il
joua un rôle important pendant les années de la vie du pro-
phète, postérieures à l'hégire. Abou Rakr, pendant sa der-
nière maladie, s'était fait remplacer par Omar, dans la
direction de la prière. Désigné par là au choix des mu-
sulmans, Omar reçut le serment d'obéissance à Médine,
le jour même où mourut le premier khalife (634). Ce rude
croyant pratiqua sans relâche la guerre sainte contre les
peuples infidèles voisins de l'Arabie. Sous son règne furent
conquis les pays qui plus tard formèrent les plus beUes
provinces de l'empire des khalifes.
Damas venait d'être emportée d'assaut par les musul-
mans. Le premier acte d'Omar fut d'enlever à Khalid,
(jui s'était rendu coupable de cruautés et d'exactions, le
commandement en chef des troupes. Ce fut Abou Obaida
qui reçut mission de continuer la conquête de la Syrie.
Hamah, Laodicée, Emese furent prises. Une armée
grecque, renforcée par des contingents d'Arabes chrétiens
de Gliassan, fut mise en déroute à Yarmouk, après un san-
glant combat qui dura plusieurs jours. Abou Obaida as-
siégea Jérusalem; au bout de quatre mois, la ville dut
capituler. Le khalife lui-même vint de Médine en Syrie
pour recevoir des mains du patriarche Sophronius les clefs
de la vilie sainte. Pendant son séjour à Jérusalem, il jeta
les fondements de la mosquée, qui aujourd'hui encore
porte son nom. Aalep, Antioche, Kinnasserin, tout le N..
de la Syrie, tombèrent par la suite au pouvoir des musul-
mans; et Abou Obaida, opérant sa jonction avecSaadibn
Aby Ouakkas, général des troupes de l'Irak, put repousser
victorieusement une nouvelle armée grecque, commandée
par Constantin, fils d'Héraclius.
La pohtique de la guerre sainte, activement poussée par
Omar, n'épargna pas plus que les Ryzantins leurs vieux
ennemis les Sassanides. Déjà, sous lekhalifat d' Abou Rakr,
les musulmans s'étaient emparés de l'Irak Araby, et avaient
jeté à terre la dynastie des rois de Hira, vassaux des
Khosrocs. Peu de temps après son avènement, Omar en-
voya contre les Perses une nouvelle armée, forte de
30.000 hommes, et commandée par Saad Ibn Aby Ouak-
kas. Lapremièi'e bataille hvrée près de Kadesia dura trois
jours, et se termina par la complète déroute des Perses
(636). Lf^ roi hv.dedjerd, abondonnani sa capitale Madam
(Ctesiphon) aux mains des envahisseurs, se retira vers le
Nord, à Holwan. Une deuxième victoire des Arabes, à Dja-
loula, l'obligea à gagner l'intérieur de la Perse. Takrit,
OMAK
372
Maousil, Edesse se rendirent ù Suad. L'ai'mée musulmane
occupa la Mésopotamie, Firak Arahy oii Omar fit fonder
les villes de Koufa et de Bassora, el bientôt après la Su~
siane. lezdedjerd tenta en vain de prolonger la résistance.
Ses troupes, une dernière fois, furent vaincues à Nelia-
wond. Ispahan, Rei, Hamadan recurent des garnisons
arabes, tandis que le malheureux monarque s'enfuyait au
delà de TOxus chez les tribus (urcomanes, et, s'il faut en
croire les historiens musulmans, jusqu'en Chine.
Enfui, c'est sous le règne d'Omar cpie les musulmans
pénétrèrent pour la première fois en Afrique; ils y com-
mencèrent la série de leurs conquêtes en arrachant l'Egypte
à la domination byzantine. .Vprès de longues hésitations,
le khalife autorisa Amr ibn el As, en 640, à envahir ce
beau pays, à la tète d'une petite armée de 4.000 hommes.
L'année suivante la conquête était achevée (V. EG^'PTE).
Pendant cpe ses généraux reculaient les limites de l'em-
pire arabe, Omai\ resté àMédine, en organisait l'adminis-
tration. Il fut le premier à nommer des cadis, qui ju-
gèrent par délégation des pouvoirs du khalife. C'est lui qui
fixa pour point de départ à l'ère muisumane la date de
l'hégire. Il institua enfin les divcuis ou rôles de l'nrmée,
où furent relevés les noms de tous les musulman^. Chacun
d'eux toucha désormais une somme dans la fixation de
laquelle on tint compte des services personnels, de la date
de la conversion, de la parenté avec le prophète. Les re-
devances imposées aux peuples vaincus fournissaient à ces
pensions et à ces soldes. Tandis que les trésors de l'Egypte,
de la Syrie et de la Perse affluaient à Médine, le khalife lui-
même conservait dans ses habitudes de vie la plus grajide
simplicité. Suivant les historiens musulmans, on le voyait
parcourir les rues et les marchés de sa capitale, vêtu d'une
robe rapiécée, et armé d'un bâlon dont il corrigeait ceux
({u'iî trouvait en faute. Omar, si détaché pour lui-même
des biens terrestres, mojitrait néanmoins une avidité insa-
tiable lorsqu'il s'agissait de grossir le baït-el-mal (trésor
pubhc musulman). Il pi'essait sans cesse ses gouverneurs
de faire rendre davantage aux taxes dont étaient frappés
les non-musulmans des provinces soumises. Cette aviclité
fut la cause indirecte de sa mort. Le gouverneur de Koufa,
Moghaira, avait imposé à un artisan, d'origine persane,
une redevance excessive. Cet artisan, nommé Abou Loulou
Firouz, vint se plaindre au khalife, mais fut repoussé par lui
avec dureté. Il résolut de se venger de ce déni de justice,
vint attendre le khaUfe à la mosquée, et le frappa de trois
coups de poignard pendant qu'il faisait sa prière. Omar
ne voulut pomt avant de mourir, quoiqu'on l'en pressât,
désigner lui-môme son successeur ; mais il confia à dix des
plus anciens compagnons le soin d'élire le nouveau khalife.
Il fut enterré à Médine auprès du prophète et d'Abou
Bakr (G44). W. Marçais.
BiDL. : Wi:iL, OcHchichlc dcr Chulifen; Maiinhcim ci
Siiut^'art, 184G--69.
OMAR 11, huitième khalife de la d3iiastie Omeyyade
(7 17-720) qui succéda à son cousin Soleiman. Il était fils
d'Abd-el-AzizibuMerwan, qui avait administré l'fLgyptesous
le khaUfat d'Abd-el-Malik. Lui-même, avant son élévation au
Irône, avait montré dans le gouvernement de Médine le^
plus grandes ([ualités. Il étai( doux, chaiitable, el d'une
piété comparable à celle du premier Omar. Pendant son
khalifat, dit un historien musulman, les sujets habituels de
conversation furent les pj'iéres et les jeûnes, comme ils
avaient été les consiructions du temps de son prédéces-
seur, comme ils furent les banquets et les femmes sous
son successeur. Omar recommanda aux gouverneurs de
provinces de traiter les raipjas avec doucem*, el d'eiicou-
i'ager le plus possible les conversions à l'islamisme . En-
nemi des expéditions lointaines, il rappela en deçà de
rOxus les troupes musulmanes et s'empressa de rapatrier
les débris de l'expédition malheureuse dirigée peu* Maslama
contre Byzancc. Il mom'ut en févr. 7-20; on soupçonna
Yezid, qui avait été désigné coimue son successeur, de
l'avoir fait empoisonner. >\\ Marçais.
OMAR iBN EL Farid (V'. Ibn el-FAridh).
OMAR Kheyyâm, mathématicien, astronome, poète et
libre penseur persan, néàNichapour vers 408 de l'hégire
(1017 J.-C), mort à Nichapour en ol7 (1123 J.-C).
Son vrai nom était Ghiyat-ed-din Abôu l'Fath Omar
ibn Ibrahim, surnommé rt/-/(/i(?0a?/7i parce que son père
exerçait le métier de di'esseur de tentes (Kheyvàm). Une
grajide obscurité règne sur sa vie. D'après certains auteurs
arabes et pei'sans, Omar aurait étudié d'abord au collège
de Nichapour, sous la direction de l'imàm al-MouNvaffak,
en compagnie du jeune A])ouAli Hasan Thousî, plus tard
vizir sous le nom de Nizam-oul-moulk, et de Hasan Sab-
bàh, qui devait fonder la secte des Ismaéliens. Les trois
camarades, dit la légende, prirent un engagement mutuel
par lequel le premier d'entre eux qui arriverait au pouvoir
devrait accorder aide et protection à ses deux amis. Mzam-
oul-moulk, étant devenu vizir du sultanMelik-Chah, nomma
chambellan Hasaii Sabbàh et voulut donner une charge
identique à Omar Kheyyàm, qui refusa pour s'adonner à
l'étude des mathématiques. Une étude de M. Schukovski,
introduite oi Angleterre par M. Den. Ross, démontre que
cette légende, qui ne s'appuie d'ailleurs sur aucun docu-
ment sérieux, présente des anachronismes. Quoi qu'il en
soit, nous savons que les travaux mathématiques d'Omar,
et en particulier son traité d'algèbre en arabe, décidèrent
Melik-Chah à lui donner la direction de l'Observatoire de
Bagdad, où il prépara les fameuses tables astronomiques
qui portent le nom de son bienfaiteur. Omar Kheyyâm était
' onsidéré par ses contemporains comme un philosophe dis-
tingué ; ils le plaçaient sur le même rang qu'Avicenne. Il
mourut un soir en lisant le Livre de la guérison, traité de
iiiétaphysique d'Avicenne. Son tombeau, situé à Nichapour,
fut retrouvé, longtemps après sa mort, par son élève Nizami,
à qui il avait laissé cette seule indication : « Ma tombe
sera dans un lieu ou le vent du N. pourra l'ensevelir sous
les roses elfeuillées. »
Travaux algébriques et adrononiiques d'Omar Khoj-
j/dm. Les travaux algébriques d'Omar Kheyyàm furent in-
connus jusqu'au siècle dernier. En 1742, Gérard Meerman,
l)ublianl à Leyde son Spécimen calculi fluxionalis, crut
que le manuscrit d'Omar Kheyyâm, qui se trouvait à Levde
(fonds Warner), contenait la resolution algébrique des équa-
tions cubiques. Cette erreur se retrouva chez Montucla et
Gartz et ne fut signalée qu'au commencement de notre siècle
par L.-Am. Sédillot et Chastes. Woepcke mit fin à toute
discussion en publiant, en 1851, une traduction du traité
d'algèbre d'Omar. Ce traité se divise en cinq paities :
1*^ préface, définhion des notions fondamentales de l'algèbre
et tableau des équaiions que l'auteur se propose de discu-
ter ; 2*^ résolulion des équations des deux premiers degrés ;
3^* coiislruclion des équations cubiques ; 4« discussion des
équations à termes fractionnaires, ayant pour dénomina-
teurs des puissances de l'inconnue \ 5° remarques addi-
lionnelles. Dans tout le cours de son ouvrage, l'auteur joint
la résolution numérique ou arithmétique à la construction
géojuétrjque et uce versa, la j'ésolulion numérique étant
d'après lui une résolulion qui suppose que l'inconnue Cct
uj] nombre; le coetticient de l'inconnue reste indéterminé.
La construclion géométriqu" sert de complément à la réso-
lution numérique. «Pour trouver la source de celle sépa-
ration de la quantité rationnelle d'avec la quantité irra-
tionnelle, dit Woepcke, il faut remonter jusqu'à Aristote. »
Les équations du deuxième degré sont construites au moyen
des propositions d'Euclide, mais Omar Kheyyàm n'est pas
le premier, pense l'Italien Cossali, qui ait aperçu les rela-
tions de ces propositions avec la résolution des équations ;
Abou rWéfa avait déjà fait ce travail en commentant un
traité d'Hipparque sur ce sujet. La construction des équa-
tions du troisième degré est entièi^ment l'œuvre d'Omar.
Après avoir exposé l'histoire des tâtonnements des Arabes
pom' y arriver, il pose une théorie systématique et donne
! un grand nmnbre i\Q solutions pralîques. C'est le premier
: mathémalicieii (jui ail traité systémaliquemeiit des équa-
lions nibiquos, en em[)l()yaiit d'ailloiirs dos tra<'és do
coniques pour déterminei' le nonil)re des racines réelles et
les évaluer approximativement. 11 est probable que ce pro-
cédé avait déjà été pratiqué par Archimède et Apollonius,
mais il n'y a pas de preuves qu'Omar ait pu utiliser des
ouvrages grecs perdus pour nous. Malgré les erreurs que
renferme son Algèbre sur certains points, elle n'en mérite
pas moins la grande réputation dont elle a joui en Orient,
tant que les matliétnati([ues y furent cultivées. Outre son
traité d'algèbre, Omar Klieyyàm écrivit plusieuj'S 0})uscules
sur l'extraction des racines cubiques el sur certaines défini -
(ions d'Kuclide, et construisit des tables astronomiques inti-
tulées Zidji-Malikshalii. La réforme du calendrier fut éga-
lement son œuvre, l'entreprise sous la direction du sultaii
Mclik-SMti, en 1079 de J.-C, elle est connue sous le nom
de réforme djelaléenne (V. Djklâl ed dix) ; elle consiste
à introduire une année bissextile tous les quatre ans dans
l'ancien calendriei' perse. L'année djelaléenne est plus exacte
ijuc Tannée givgoi'ienne créée cinq siècles plus lard.
Omar Khciiijdni poète. Si grand qu'ait été et que soit
encore à Llieure actuelb^ le renom scientitique d'Omar, chez
ses compatriotes, il est éclipsé par soji renom poéti(pie, du
à ses liubal ou quatrains. Ce sont des épigrammes com-
prenant chacun quatre vers, dont le premier, le deuxième
et le quatrième riment ensemble ; le troisième est blanc.
« Le quatrain, dit J. Darmesteter, est tout un poème qui
a son unité de forme et d'idée ; manié par un vrai poète,
c'est le genre le plus puissant de la poésie persane. »
Dans ses quatrains, Klieyyàm fait l'éloge du vin et de l'amour,
raille l'austérité des ministres de la religion et fait preuve
même d'une singulière audace à l'égard de la divinité. Il
entre en srène par une invitation à boire :
Un matin j'entendis venir de notre taverne une voix qui di-
sait : A moi, joyeux buveurs, jeunes fous, levez-vous el
venez remplir encore une coupe de vin avant que le des-
tin vienne rem[)lir celle de votre oxislence !
Et à chaque page nous retrouvons la nième cbansoji
d'ivrogne :
O mes compagnons libres penseurs ! Quand je serai moi-r,
lavez mon corps avec un vin des plus rouges. A l'ombre
d'un vignoble, creusez-moi une tombe !
îl n'oppose aucune résistance à ses passions, et, dans
l'état d'abjection où il est tombé, il n'espère plus en la vie
future :
,1e suis hérétique conjme un derviche, laid comme une femme
perdue ; je n'ai ni religion, iii fortune, ni espérance de pa-
radis.
D'ailleurs sa tolérance est si large qu'il est impossible
de reconnaître en lui un vrai musulman :
Le temple des idoles et la Kaaba sont des lieux d'adoration,
le carillon des cloches n'est autre chose qu'un hymne
chanté à la louange du Tout-puissant. Le mihrab, l'ôglise,
le chapelet, la croix, sont en vérité autant de façons dif-
férentes de rendre Hommage à l'j Divinité.
Répandue, pubHée de bouche en bouche à travers toute
la Perse, cette œuvre de libertinage, oii court d'un bout à
l'autre un souffle de gaieté délirante, devait soulever ime
tempête d'imprécations et d'anathèmes contre son auteur.
On avait voulu refuser les honneurs de la sépulture à liàhz
de Chirùz. Omar Kheyyâm échappa miraculeusement à la
haine des prêtres fanatiques. Il était trop connu, trop aimé
de ses compatriotes ; par son esprit satirique, par sa con-
ception de la vie heureuse, il était trop en communauté
d'idées avec eux; on ne pouvait détruire son œuvre, on la
faussa en lui donnant une interprétation nouvelle. Omar
Kheyyâm devint un mystique, un soiifi, célébrant tour à
tour l'amour divin et l'ivresse extatique. Il fut vénéré comme
un saint, et M. Nicolas, qui traduisit pour la première fois
en français les quatrains de Kheyyâm, adopta cette inter-
prétation qu'il avait reçue d'un religieux de Téhéran. Les
traducteurs anglais ont réagi contre ces idées. Omar fut,
en effet, pendant sa vie, persécuté par les soùfis eux-mêmes.
Nous citerons à ce propos les opinions do deux grands orien-
:>7a — OAUU — OMBKI.LL
talisles j'rajtçais : « Ijs chansons à boire de rjùu'ope, dit
J. Darmesteter. ne sont que des chansons d'ivrogne; celles
de la Perse sont un chant de révolte contre le Coran, contre
les bigots, contre roppression de la nature et de la raison
par la loi religieuse. L'homnie qui boit est pour le poète
le symbole de l'homme émancipé; pour le mystique, le vin
est plus encore, c'est le symbole de l'ivresse divine. » El
M. Barbier de Meynard écrit au sujet dc-s quatrains : « Que
ce livre soit, comme on l'a prétendu, une protestation contre
le dogmatisme musulman, ou qu'il soit le produit d'une
imagination maladive, singulier mélange de scepticisme,
d'ironie et de jiégation amère. il n'en est pas moins curieux
de trouver en Perse, dès le xi^ siècle, des précurseurs de
(lœthe et de Hem-i Heine. »
Omar Kheymm en Orcide)it. Otte évocation des deux
grands poètes allemands n'est pas la seule qu'ait susi-itée
l'œuvre d'Omar. Dès son apparition en T^ccident. le poète
persan fut surnommé le Voltaire de LOi-ient. Il a, en effet,
la même ironie mordante, la même sympathie pour l'hu-
manité souffrante, mais là doit .s'arrêter la comparaison.
Voltaire ne parla jamais avec tant de violence le langage
de la passion ; jamais il n'attaqua avec une telle ardeiii'
l'inexorable destin qui s'acharne à détruire tout ce qui fut
grand, bon et beau. Les Anglais retrouvèrent chez Omar
des traces de ce pessimisme amej^ et désespérant qu'ils
aiment dans Byron et Swinburne ; mais plus intéressant
encore, et peut-être plus exact, est le parallèle établi pai'
l'Américain Phelps entre Omar Kheyyâm et Schopenhauer.
Les quatrains de Kheyyâm ont été traduits souvent, dans
le cours de ce siècle, et surtout en anglais. Mais leur plus
grande vogue ne date que de la traduction de Eitz-Gerald.
Ce nom évoque toute une époque de la littérattu'e anglaise.
La première édition de la traduction versifiée desquati'ains
parut en 1839 ; elle fut suivie de quatre autres éditions
et de quatre réimpressions. Fitz-Gerald, poète lui-même,
dut sa célébrité à cette œuvre originale qu'il avait ren-
due avec une rare cojiipréhension. i-^t cependant « la diffé-
rence entre hii et Kheyyâm, dit M. Keene, est la même
qu'entre un groupe d'épigrammes et une longue satire ».
Fitz-Gerald se substitua à Kheyyâm ; son anivre éclipsa
celle du poète persan. Parmi les autres traductions anglaises
des quatrains, nous citerons celle de Whinfteld ('I88'2) et
la toute récente édition avec traduction de M. Héron-Allen
(1808). En -1896, les admirateurs d'Omar et, bien plus,
de Fitz-Gerald. se réunirent en un clnl). qui fut fondé à
Londres, sous le nom de Club des Omariens. Nous ne men-
tionnons l'existence tle ce club que pour donner une idée
de la grande vogue qu'a encore Omar Kheyyâm en Angle-
tejTC. Georges Sai.mox.
BiiiL. : Il sei-ait diflicile de domiei' une bibliografthie
complète d'Omar Kheyyâm. La bibliographie de l'édition
de M tiÉROX- Allen ne comprend i)as moins de 95 numé-
ros, dont une soixantaine d éditions ou d'impressions du
texte : Woepcke, l'Algèbre dVmar Kheyyâm ,- Paris, 1851.
— Reinaud, G('',ograpïiie d'Aboiilfeda, j)réfaces, p. 101. —
Garcin de TassV, Notes S7(.r les Rubiiiyat d'Omar Kfiey-
ijâm ; Paris, 1857. — Schukovbki (en russe), traduit en an-
glais par Ed. Den. Ross, Fresli light on Omar Kheyyâm
iJoiirnal ofRoy. asiatic SocieUf, 1898). — Nicola«^, ?(',s
Quatrains de Kheyyâm: Paris, 18G7.
OMAROUROU. Localité de l'Afrique australe, située
dans le pays desDamaras (Sud-Ouest allemand), à 200 kil.
environ de l'embouchure de la rivièi^e Oumarourou et sur
la rive droite de cette rivière. Elle était à l'origine une
station de missioniuiires qui, en se développant, est de-
venue le principal marché de la tribu des Hereros.
OMBAY, OMBLAY ou ALLOR. L'ime des petites îles
de la Sonde (Malaisie). au N. de Timor, dont la sépare
le détroit d'Omblav ; elle a 2.570 kil. q., 140 kil. de long
sur aO de large; 200.000 hab. (Malais) ; produit du riz,
de la cire, des noix d'arec, etc.
OMBELLE. I. Botanique (V. Inflorescexce).
IL Art héraldique. — Espèce de parasol que l'on ren-
contre dans quelques armoiries itahennes. Les doges de
Venise portaient l'ombelle sur leurs armes. Elle est h^é-
OMBELLE — OMBILIC
a7î
M '
Ombelle simple (Dicliscus cœnileus).
quemment employée au-dessas des clefs de suiiil Pierre,
dans les armoiries de concession pontificale.
OiViBELLlFÈRES {Umbelliferœ Juss.). Famille de
plantes Dicotylédones, dont les représentants, répandus
siirlonl dans les zones tempérées do riiémisphère boréal,
sont des plantes herbacées, rarement des arbrisseaux, à
tiges souvent fistuleuses, marquées de nœuds de distance
en distance et
de nombreuses
stries ou canne-
lures dans les
entre -nœuds ;
les feuilles al-
[f-^ ternes, pétio-
lées, dépour-
vues de stipules,
à pétiole plus ou
moins dilaté à
la base (en-
9; ai n a n t ) , à
limbe profondé-
ment divisé en
général (feuilles
décomposées), quelquefois entier {Biipîeuruni , Gingi-
diiim, etc.). Les fleurs, hermaphrodites, sont le plus sou-
vent disposées en ombelles, raremQnt en capitules (Erjju-
giinn) ou en verticilles (Hydrocotyle). Les ombelles,
rarement simples, d'ordinaire
composées, sont pourvues ou
non d'un verticille de bractées
(involucre) ; les ombelles com-
posées sont formées d'un cer-
tain nombre (\\)nibeUules, qui
sont ordinairement accompa-
gnées chacune d'un verticille
de bractéoles {involucelle). Le
calice est formé de o sépales
soudés en un tube adhérent à
l'ovaire et à partie libre géné-
ralement réduite à 5 petites
dents ; la corolle, insérée au
sommet du tube calicinal, est
composée de d pétales libres, caducs; les étamines, au
nombre de 5, alternent avec les pétales. L'ovaire, infère,
comprend 2 loges uniovulées et est couronné par un dis-
que épigyne, du centre duquel émergent 2 styles simples,
d'ordinaire persistants, plus ou
moins élargis en stylopode à la baso.
I^e fruit sec [diakène ou cnmo-
carpe) est formé de 2 carpelles {mé-
ricarpes) monospermes, indéhis-
cents, se séparant en général h. la
maturité et suspendus au sommet
d'un prolongement filiforme {co~
lumelle ou carpophore) , simple,
bifide ou biparti. Chacun de ces mé-
ricarpes présente une face commis-
surale plane ou concave par laquelle il se réunit à son con-
génère, et une face dorsale convexe, marquée de 5 côtes
plus ou moins saillantes [côtes primaires), quelquefois
jnème prolongées en ailes et qui représentent les lignes
de suture des bords des sépales et leurs nervures médianes,
et séparées par des intervalles [vallécules), dans lesquels
se développent parfois autant de côtes secondaires et au
fond desquels on aperçoit des bandes ou des lignes longi-
tudinales, ordinairement colorées en brun {bandelettes ou
vittœ) , qui sont des canaux résinifères ou à oléo-résine déve-
loppés dans l'épaisseur du péricarpe. La graine unique do
chaque carpelle est le plus souvent adhérente au péricarpe et
renferme un albumen très épais, corné ou huileux, plane
ou concave du côté de la commissure et enveloppant un em-
bryon droit, très petit, placé à son sommet. —La présence
ou l'absence des involucres ou des involucelles. leur dispo-
Ombelle composée
(JEthusa, cynapium).
Coupe d'un fruit
de Carotte.
bilion, l'aspect des ciHcs. le nombre et la sitoalitm dcsi)an-
delettes, la forme des surfaces commissurales sont autant de
caractères servant à distinguer les diirérents genres de cette
famille, qui fournit de nombreux proihùts à la matière médi-
cale et à ralimentation. La i'amille des Ihnbellitères se divi'^e
en 6 tribus : '1^ Daccixkks (genre : Daiinis T.. ùimi-
mnn\j., Laso'piUinn T., Thapsia T., MelanoseUjiirnh
L^offm., etc.) ; 2*'Lcni:v.>viionÉ!:s(genre : EchinophoraL.);
0'^ Pi':i:cK^)AyÉï:3 (genres : Pcncedanmiil.Jleracleumlj.,
Jordyliinn T.. AngeUca T., Meiim T., OEnanlhe T.,
.Ethiisa L., Crilhnvnv T., Fœniculum Adans., Se-
seliL.. Aihainardha L., eff^») ; A'^ Catî:':ées (genres : Ca-
rum L., Bulborastaiiinn l^agasc, Ammi T., Cicuta L.,
Apium T., Sium T., Coriandruin T., Buplenrum T.,
Smyrniîun T., Conium L.. Chœrophjllum T., ]%?■-
j'hisT., Scaud'ix T.. e^c.) : 5^ IlYDiiOCOTYLÉ'^s (genres :
Hydrocotyle T., AcoreUa Lruuk, Eryngimn T., Astran-
tia T., Arctopus L., Eagocria L.,elc.). La sixième tribu
est celle des Aualikes, ancienne famille des Araliacées
(V. ce mot), qui ne diffèrent des autres Oml^ellifères que
par le fruit, qui est druparé. D'^ L. îix.
OMBILIC. L AxATOMiF. — L'ombilic ou cicatrice ombi-
licale n'est autre chose que la cicatrice déprimée de Torifice
par lequel, à la naissance, passait le cordon vasculaire réu-
nissant le fœtus au placenta. Le cordon ombilical est cens-
titué par trois vaisseaux sanguins : la voine ombihcale
i\\n se dirige vorb le foie, les deux arî'^rc'S ombilicales qui
vont se jeter dans les deux iiypoga^(i'i([uo^ ci le conduit
deroura(|ue, débris allantoidieu situé entée les deux artères
et réunissant Foinfjilic et le sommet de la ve^\sie. Après
la naissance, le cordon lié lombe, les vaisseaux et 1 ou-
raque s'oblitèi'onî et La peau se ferme par une cicatrice
médiane, tantôt surélevée, plus souvent déprimée en in-
fnndibulum. Chez l'adulte, l'onibilic situé au-dessus du
plan médian du corps présente l'aspect d'un infundibu^-
lum à bords plissés. La p-^au relativement immobile en ce
point, surtout de bas en haut, s'enfonce en doigt de gant,
tiraillée qu'elle est par les cordons oblitérés que forment
les éléments du cordon. Elle adhère par les bords de l'in-
fundibulum avec les couches profondes qui s'arrêtent à
elles, formant un anneau (aiuieau ombilical) à bords très
nets et qui, de la superficie à la profondeur, est constitué
par le tissu cellulaire sous-cutané souvent consîdérable-
iuent infdtré de graisse et Taponévrose entiecroiséc de la
ligne blanche. Au-dessous on trouve le tissu cellulaire
:.ous-péntonéal et enfui le péritoine viscéral qui vient pas-
ser en arrière de l'ombilic en prenant quelques adhé-
r^Mices au pouilour de Lanneau ombilical.
IL V\n\ou)(\\F..—Traumatismes. Lesblessures del'om-
bilic ne présentent à noter que la minceur extrême des parois
de l'abdomen au point où le péritoine est immédiatement
adossé à la faco profonde de la peau, et l'importance des
organes intra-abdorainaux sous-jacents.
Inflammations. Les infammations ne présentent pas
non plus un grand intérêt. En dehors du furoncle et de
l'eczéma qui est fréquent par suiie do l'incurio des gens
peu soigneux, nous ne trouvoj^s à mentionner que l'abcès
de l'ombdic. Dû souvent à rinfection de petites plaies
eczémateuses produites par la malpropreté et provoquant
\\\\ certain degré d'angioleuciîe, cet abcès tend à se faire
jour vers la partie inférieure de la cicatiico ombilicale Oîi
il s'ouvre et reste qu^dquefois fistuleux. E"'S soins de pro-
preté préviennent le mal et l 'ouvert un^ large d-^ l'abcès
prévient la fistule.
Lésions organif;ites (Fistules). Outre celte forme de
fistule, on jK'ut trouver encore des fistules consécutives à
la rupture do l'ombiUc distendu par l'ascite ou par l'ex-
sudat des péri! onites pui'ulentes ou tuberculeuses, laipture
de l'ombilic qui a inspiré aux chirurgiens l'idée d'une in-
tervention dans les cas analogîies (Bai-eau). En raison du
mode de formation de l'ombilic, on conçoit qu'une ansc^
intestinale puisse être pincée par le fil de la ligature du
cordon, de là une fistule stereoi-ale (U'e bi compression
OMBILIC — OMBRALE
suffit lo plus souvent à guérir. L'ouraque à sou tour peut
rester perméable dans toute son étendue et donner lieu à
une fistule urinaire congénitale dont, avec le professeur
Forgue, nous avons observé un très bol exemple, bu bien
ne s'être oblitéré qu'èi son oriiice ombilical, lui cas d'ar^
î-èt dans le cours de Fuiinc, ceîte faible bari'ière se dis-
tend d'abord, puis cède, et on a une bstulo (uinairo (îont
la palhogéjii*^ indique !e traitement.
Hernies. Que les bmies ventrales subissent un arrèl
dans leur évolution concentrique, et udie partie des organes
do l'abdomen pourra être maintenue an dehors, donnant
lieu plutôt à une éventration qu'à une Yéritai)]e hernie
congénitale. Après la naissance, les cris, les efforts de
l'enfant peuyent l'aire passer à travers l'annean ombili-
cal, encore peu fermé, un viscère, le plus souvent l'in-
testin ou l'épiploon, déjà inclus dans l'abdomen. C'est
alors la hernie de l'enfarit qu'une pelote compressive per-
met lo plus souvent, grâce à l'évolution normale de l'om-
bilic, de guérir sans complications. La hernie de l'adulte,
préparée par tou.tes les causes (|ui peuvent distendre ou
alTaiblir l'anneau ombilical (amaigrissement, ascite, gros-
sesse, etc.), se produit pareifort. Elle est d'habitude épi-
ploiquc et se re-^'onnaît à sa matité et à sa consistance
mollasse ; intestinale, on la reconnaît à sa sonorité, à
son élasticité et, comme la peau seule recouvre la hernie,
on peut avoir une vue nette dos anses intestinales. Cette
hernie est réductible, et il est alors facile d'introduire le
doigt à la suite de la hernie après sa réduction. Irréduc-
liblo, elle est do diagnostic plus délicat. Non étranglée et
réductible, elle sera aisément maintenue par un bandage
approprié ; non étranglée et irréductible, un bandage à
pelote concave empêchera son expansion ; étranglée, elle
exige une intervention aussi précoce que possible sans se
laisser arrêter par la possibilité d'une péiitonitc herniaire
plus fréquente dans cette espèce de hernie. Le taxis sera
peu essayé et on arrivera vite à l'opération rationnelle
qui est le débridement en haut et à gauche. Il y aura
lieu de tenter alors une cure radicale par résection du
sac, résection de l'ombilic ou omphalectomio et sutures
spéciales à cette région.
Tumeurs. Toutes les tumeurs peuvent se trouver à
l'ombilic, mais on y observe spécialement le granulome
qui est un bourgeonnement exagéré do la plaie laissée par
la chute du cordon qu'une cautérisation argon tique ré-
prime facilement ; la tumeur diverticulaire, bourgeonne-
juent d'un diverticule intestinal sectionné par la ligature
du cordon et qui doit être traité par l'ablation ; enfin quelque-
Ibis, après cicatrisation, l'épithélium glandulaire peut plus
ou moins taj'divement donner naissance par sa prolifération
à un épiîhéliome. Les tumeurs de l'ombilic sont mobiles,
et leur ablation est facile, ou ainiérentcs, et il y a lieu alors
d'emporter avec elles Uombiiic (omphale(.tomie) et do fer-
mer soigneusement ensuite par des sutures appj'cpriécs le
j>éritoino et les parois abdominales. D^^ S. ?Jorer.
III. ARCHriECTiRE. ■ — Par ce seul fait que le mot latin
îunbilieus, comme le mot grec oniphalos, dont il vient,
désigne lo nombril (V. ce mot), lequel est situé aumiheu
du corps de tout homme bien constitué, lo mot ombilic a
reçu des acceptions diverses, mais toutes découlant de
cette situation centrale occupée par les objets auxquels
on l'applique. C'est ainsi que le bouton saillant ou la pointe
marquant le centre d'un bouclier sont appelés ombilic et
que l'on donnait, en latin, co même nom aux extrémités,
en forme de boules, du rouleau de bois sur lequel s'enrou-
laient les feuilles de papyrus constituant les anciens livres.
On donnait encore ce nom au point central ou tout au
moins à la partie du sanctuaire d'un temple recevant le
piédestal sur lequel s'élevait la statue de la divinité, et
certains auteurs grecs faisaient du piédestal retrouvé par
M. Lebègue, dans lo temple primitif d'Apollon Gynibien,
à Délos, l'ombilic ou le centre de la terre.
IV. Mathématiûlt/s. ■— Le mot ombilic a plusieurs signi-
fications, il a servi à désigner les foyers des coniques.
mais il n'est plus aujourd'hui employé dans ce sens. On
appelle ombilics du plan deux points imaginaires qui sont
situés à l'intersection de la droite de Linilni et d'un cercle
quelconque du plan. — Les droites qui passent pkir les om-
bilics portent le nom de droites isotropes.
Dans l'espace, tous les plans possèdent deux ombilii s
H le lieu de ces ombilics est une conique appelée ombili-
cale; l'ombiliraleestrintersection d'une sphère quelconque
avec le plan de l'infini ; les cônes, qui ont pour directrice
l'ombilicale, sont des cônes isotropes ou des sphères de
rayon nul.
On appelle ombilic d'une surface un point où les deux
rayons de courbure principaux sont égaux ; en ces points
il existe une sphère osculatrice. Toutes les surfaces en
général ont des ombilics, une surface algébrique de degré
m en a : -
m {\Omr -—'20 m -h 16).
Toutefois, certaines surfaces peuvent présenter des lignes
ombilicales, c.-à-d. dont tous les points sont des ombi-
lics, il y a môme des surfaces dont tous les points sont
des ombilics; ce sont: le plan, la sphère et les dévelop-
pables isotropes. Si l'on désigne par x, y, z les coordon-
nées d'un point d'une surface, les ombilics sont donnés
par les formules suivantes et l'équation de la surface :
(h
(Ix
clH
dxdy
ch
(t^Z
dy^
ày
i +
[dxj
1
BiuL. : ANATO^rrEetPATProLOGiE. — Tillaux, Anatomie
lopog. — Forgue et Reclus, Traité de thérapeutiqiie chi-
rurg. — Forgue et Morer, Des Fistules urinaires dépen-
dant de V.ouraqiie^ dans Gaz. de Montpellier. — Poulet et
i^ou^QUET, Traité do path. chirurgicale. — Duplay et
Reclus, Traité de chirurgie.
OlvIBLA (croate Bieka). Fleuve côtier de Dalmatie,
formé par une source puissante où reparaissent les eaux
englouties des plateaux calcaires de l'Herzégovine, en par-
ticulier celles de la Trebinjcica. Il a 20 kil. de long seu-
lement, mais 440 m. de largo près de son embouchure
dans la baie de Gravosa. Vallée fertile.
Of^BLAY (Ile) (V. Ombav).
Or^BLÈZE. Com. du dép. de la Drôme, arr. de Die,
cant. de Crest, sur la Cervanne ; 281 hab. Gorges pitto-
resques ; cascade de la Druise.
OÏ^BOS ou OiVlBL Vdle antique d'Egypte, capitale d'un
nome de la Thébaide, rive droite du Nil, à 50 kil. N. de
Syène. On y voit de vastes ruines, en particulier deux
beaux temples de l'époque ptolémaique. Le premier cou-
ronne une colhne sablonneuse, et fut dédié à Aroeres
(Apollon) par les soldats de la garnison; le second, plus
petit, est consacré à Isis. Ils sont encore revêtus de leur
décoration picturale. L'entrée, de grès, appartient à un
temple plus ancien, élevé par Thoutmès III en l'honneur
du dieu Sevak à tète de crocodile, patron de la ville, et
qui figure sur ses monnaies. Le grand temple n'a pas de
propylon et son portique est porté par un nombre impair
de colonnes, 13, dont 13 encore debout. Il semble que
ce fut une sorte de panthéon, l'ne inscription grecque
rappelle qu'il fut éiigé ou restauré parPtolémée Philomé-
tor (180-143) et Ciéopàtre, sa sœur et femme. On a trouvé
dans les catacombes du voisinage des momies de croco-
diles, l'animal sacré d'Ombos.
OMBRALE (Notât.). On appelle ainsi une notation em-
ployée par M. Sylvcster pour représenter les déterminants.
Les éléments étant désignés par deux lettres, le détermi-
" zfc a^^ ci22'-- «nn ^'^ura son élément û^^j représenté
pj et le déterminant est lui-même représenté ainsi :
^i Pi
«0 |3o
nant S
j)ar a- i
OMBRE — H76 —
0 M B R E. I. Physique. —On désigne sous le nom (Vo. .ibre
géométrique d'un corps par rapport à un point lumineux
la portion de l'espace dont tous les points sont tels que,
SI on les joint au point lumineux par une ligne droite,
cette droite rencontre le corps considéré. Celte portion de
l'espace n'est donc pas éclairée par le poinl lumineux. La
surface qui limite la région de Fomhre esl un cône à sec-
lion irrégulière, donl le point lumineux cnî lé sommet el
dont les génératiices sont tangentes au corps opaque.
Lors([ue,au lieu d'un point lumineux, ou a lui corps lumi-
neux, l'espace au lieu d'être divisé eu deux régions, Tune
d'ombre et l'autre de pleine lumière, se trouve partagé
en trois ; aux deux premières vient s'ajouter la /?^'/?^w?/^?'^,
c.-tVd. une portion de Tespace dont les points ne reçoivent
qu'une partie de la lumière que le corps lumineux leur
enverrait si le corps opaque n'existait pas. La pénombre
est comprise entre deux surfaces, l'une qui limite l'ombre
et Tautre qui limite la région de pleine lumière. La pce-
mière surface peut être engendrée par un plan tangent
au corps lumineux et au corps opaque prenant toutes les
positions possibles, mais telles que ces deux corps soient
du même côté du plan ; c'est la surface séparant l'ombre
de la pénombre ; l'autre surface, celle qui sépare la pé-
nombre de la pleine lumière, peut être engendrée par un
plan, tangent encore aux deux corps qui se trouvent celte
fois de part et d'autre du plan. La quantité de lumière
reçue aux divers points de la pénombre varie suivant sa
distance à ces deux surfaces limites. A. Joannts.
II. Astronomie (V. Eclipse).
III. Géométrie descriptive. — Les ombres sont
employées en géométrie descriptive dans le but de com-
pléter la représentation des corps, pour laquelle les tra-
cés des épures ordinaires ne donnent pas toujours des
figures faisant suffisamment image. Les corps sont, en gé-
néral, supposés éclairés par des rayons lumineux émanant
d'un point situé à distance finie ou infinie ; dans ce der-
nier cas, on suppose souvent les rayons lumineux paral-
lèles à l'une des diagonales d'un cube dont deux faces
sont situées dans le plan de projection. On remplace quel-
quefois le point lumineux par un corps éclairant de dimen-
sions finies; nous ne nous occuperons pas des construc-
tions applicables dans ce cas ; elles sont notablement plus
compliquées que les autres, et ne conduisent pas à des
représentations plus avantageuses, quant à l'effet produit.
Dans tout ce que nous allons dire, le point lumineux
sera supposé à distance finie : les tracés s'étendront d'eux-
mêmes au cas où les rayons lumineux sont parallèles.
Nous ferons également remarquer qu'en géométrie des-
criptive on n'a pas égard aux dégradations d'ombre et de
lumière que présentent toujours les corps éclairés dans la
réalité, et dont la reproduction aussi exacte que possible
constitue l'objet du lavis (V. ce mot); on suppose en
conséquence que toutes les parties d'un corps qui reçoivent
la lumière, sous quelque incidence que ce soit, présentent
le même éclat, et de même que toutes les parties qui en
sont privées sont uniformément assombries. D'après ces
conventions, une épure ombrée présente aux yeux des
régions auxquelles on a laissé la couleur du papier, con-
tiguës à des régions couvertes d'une teinte ou de hachures
d'une intensité constante. La recherche des ombres en
géométrie descriptive consiste donc uniquement dans celle
des Hgnes qui séparent ces diverses régions : ce sont les
lignes de séparation d'ombre et de lumière, ou plus
simplement les lignes d'ombre.
Lignes d'ombre propre et lignes d'ombre portée. —
Considérons un corps A éclairé par un point lumineux a;
si l'on circonscrit à A un cône de sommet a (cône
d'ombre), la ligne de contact de ce cône sépare évidem-
ment les régions éclairées du corps de celles qui se trouvent
dans l'ombre; on donne à cette ligne le nom de ligne
d'ombre propre. Il y a cependant lieu de remarquer que
toutes les parties de cette ligne de contact peuvent ne
pas séparer des régions éclairées de régions obscures :
supposons eu effet qu'un rayon lumineux tangent au
corps A ait déjà été intercepté pai' ce corps (ou par un
autre); le point de contact appartiendra visiblement à une
région tout entière obscure, et ne servira pas à la déli-
miter. On voit donc (jue la courbe de contact du cône
d'ombre peut se composer d'arcs utiles pour la séparation
de l'ombre et de la lumière, et d'arcs qui ne présentent
pas d'inlérèt sous ce rapport : ou donne aux premiers le
nom d'^/?T,s' réels et aux autres le nom à'arcs virtuels.
Supposons maintenant qu'il existe un second corps B,
situé de telle manière que le premier corps intercepte une
partie des rayons lumineux qui viendraient frapper B ; toute
la partie de B située à l'intérieur du cône d'ombre de A
sera dans l'obscurité ; la ligne qui sépare sur le corps B
les régions éclairées et les régions obscures de ce fait,
c.-à-d. la ligne d'intersection de la surface qui limite B
et du cône d'ombre de A est dite ligne d'ombre portée
du corps A sur le corps B. On voit sans peine qu'il y a
encore à distinguer, sur la ligne d'ombre portée, les arcs
réels des arcs virtuels.
Nous allons maintenant exposer les principales méthodes
employées en géométrie descriptive pour la recherche des
lignes d'ombre propre et des lignes d'ombre portée.
1° Méthode des plans sécants. On mène par le point
lumineux des plans qui coupent, suivant certaines lignes,
la surface qui limite le corps éclairé; dans chacun de ces
plans on mène par le point lumineux des tangentes à ces
lignes. Les points de contact qu'on détermine ainsi appar-
tiennent à ces lignes, en tenant compte de la distinction
faite plus haut entre les arcs réels et les arcs virtuels.
S'il y a deux corps en présence, cette méthode donne en
même temps la ligne d'ombre portée.
2*^ Méthode des projections coniques. Soient deux lignes
A et B : nous voulons déterminer le point de A qui porte
ombre sur B, et l'ombre elle-même sur la ligne B.
A cet effet, nous ferons usage d'un plan auxiliaire (P), et
nous déterminerons les ombres portées sur ce plan par
les lignes A et B, c.-à-d. les projections coniques de
ces lignes sur ce plan ; il est clair que le point de ren-
contre de ces deux projections est la trace sur (P) du
rayon lumineux qui rencontre à la fois A et B ; on déter-
mine ainsi facilement les deux points demandés. Cette
méthode s'applique avec avantage dans la recherche de
l'ombre portée par un polyèdre sur un autre polyèdre ;
elle donne également un tracé rapide de l'ombre portée
par une surface de révolution dont l'axe est perpendicu-
laire à un plan de projection, sur ce plan de projection.
k cet effet, on détermine l'ombre portée par chaque pa-
rallèle de la surface ; on obtient ainsi une série de cercles
dont l'enveloppe limite l'ombre cherchée.
3^ Méthode des enveloppées circonscrites. Cette mé-
thode s'applique à la recherche de la ligne d'ombre propre
sur les surfaces considérées comme enveloppes d'autres
surfaces. Soit a le point lumineux, (S) la surface sur la-
quelle on recherche la ligne d'ombre propre, (S') une sui'-
face variable qui enveloppe (S). Appelons C la ligne de
contact des surfaces (S) et (S') (caractéristique), et cher-
chons le point de C qui appartient à la ligne d'ombre
propre : il suffit pour cela de construire la ligne d'ombre
propre C de la surface (S'). Le point de rencontre des
lignes C et C/ est le point demandé. On emploie cette mé-
thode quand les surfaces (S') sont d'une nature qui permette
de déterminer facilement leur ligne d'ombre, ce qui est
le cas par exemple quand ces surfaces sont des sphères. On
appHquera donc la méthode des enveloppées circonscrites
aux surfaces enveloppes de sphères, et en particulier aux
surfaces de révolution. Ces dernières peuvent encore être
considérées comme des enveloppes de cônes de révolution.
4" Méthode des plans tangents. Cette méthode est
spéciale aux surfaces réglées. Soit (S) une pareille surface,
L une de ses génératrices. Pour construire le point de la
ligne d'ombre propre de (S) qui appartient à L, il faut
déterminer sur cette génératrice le point de contact du
OMBRE
plan Luigeiii ;i (S) qui la contiojil et qui p-asse pai' le
point lumineux a. A cet effet , on emploiera un parabo-
loïde (quelquefois un hyperboloide) de raccordement avec
(S) le long de la génératrice considérée; le problème se
ramène alors à trouver, sur une génératrice L d'iine sui'-
lace du si^cond oi'dre, le point de contact du plan tangent
;i Ja surface (jui contient L et qui passe par le point a.
On sai( qu'on iM'sout ce problème en coupant la surface
dont il s'agit par le ])lan (//. L). L'intersection se compose
de L et d'une autre droite (jui rencontre L au point cherché.
o^ Méthodes particulières. Enfin la nature spéciale
d'une surface peut conduire à employer des méthodes
donnant une construction plus avantageuse que celles qui
résulteraient de l'application des procédés généraux. Tel est
le cas des hélicoides réglés, et en particulier des sur-
faces (le vis à filet triangulaire ou à filet ("<7?'r6% pour
lesquelles on arrive à des tracés d'une grande simplicité
et d'une grande élégance. Les dimensions de cet article ne
nous permettraient pas d'énoncer et encore moins de justifier
ces constructions pour lesquelles nous renverrons le lec-
teur désireux de les connaître au beau Cours de géomé-
trie descriptive de VEcole polytechnique de M. Mannheim
(leçons '1{ à 26).
Tangentes aux Lir,Ni-:s d'ombre. — Le tracé des lignes
d'ombre sur les surfaces doit être accompagné de celui de
leurs tangentes. La construction de ces dernières droites
s'obtient en appliquant les théorèmes suivants :
i'^ La tangente en un point de la ligne d'omhre
propre est la conjuguée du rayon lumineux par rap-
port à l'indicatrice de la surface au point consi-
déré; cela résulte immédiatement du théorème de Dupin
sur les tangentes conjuguées. Pratiquement on emploie,
soit l'indicatrice elle-même, soit les asymptotes de cette
courbe. Il faut signaler une conséquence de ce théorème,
très importante pour le tracé des épures : les lignes
d'ombre propre de deux surftices qui se raccordent sim-
plement ne sont pas tangentes en général. Cela n'a lieu
certainement que si les deux surfaces sont osculatrices.
2"^ La tangente en un point de la ligne d'ombre
portée par une surface siir une autre est la droite
d'intersection des plans tangents aux deux surfaces,
et dont les points de contact sont respectivemsnt le
point considéré et le point qui porte ombre sur celui-
1(1. La démonstration de ce théorème est immédiate.
Remarques particulières aux surfaces ci courbures
opposées. Nous avons déjà fait remarquer que la courbe
de contact d'une surface et du cône d'ombre peut se com-
poser \}iarcs réels et à' arcs virtuels; c'est le cas géné-
ral quand la surface est à courbures opposées, et l'on
donne le nom de points de passage ou points limites
aux points qui séparent les arcs virtuels des arcs réels.
On démontre qu'en un point limite la courbe d'ombre
propre est tangente au rayon lumineux, et que ce der-
nier est une asymptote de Tinddcatrice de ta surface
au point considéré. Il arrive généralement aussi que les
surfaces à courbures opposées portent ombre sur elles-
mêmes, et les lignes d'ombre portée ([ue l'on a à considérer
de refait présentent encore des arcs réels et dos arcs vir-
tuels, séparés par des points limites. Ces points limites
se confondent avec ceux des lignes d'ombre propre,
ci ces dernières s'y raccordent avec les lignes d'ombre
portée.
Nous n'avons pu dans cet article que donner une idée
très sommaire des procédés employés pour le tracé des
ombres en géométrie descriptive. Le lecteur trouvera les
développements les plus complets et les plus intéressants
dans le Cours àêyà cité de M. Mannheim, et dans le Traité
de géométrie descriptive de M. Javary. R. Bricard.
ÎV. Beaux-arts. — C'est un grand moyen d'expression
dans les beaux-arts, et particulièrement en peinture, qu'une
heureuse détermination des ombres : les effets qu'on en
peut attendre dépendent de la position qu'occupe le corps
lumineux par rapport au plan du tableau. Il est peu pro-
bable (jue hi pcintuie grecque se soit seivie de la lumière
et de rond)re pour ajouier. à l'intérêt de l'action repré-
sentée, la poésie du clair et de l'obscur ; modelées une à
une en plein air. les figures du tableau étaient sans doute
juxtaposées comme celles d'un bas-relief : l'expression de
l'ombre^ ne fut vraiment ressentie que par l'art moderne.
e1 c'est à Léonacd de Vinci (pie revient l'iumneur d'en aviTii-
le prender compris toute réloquence. C'csl peu de mode-
ler séparément chacpie ligure, il faut encore, si Ton peut
ainsi parler, modeler le tableau, c'est-à-dire le traiter à
son tour comme une seule figure, comme un seul tout,
ayant ses grands partis de clair, de brun et de demi-teintes.
Il suil de là que le choix du lundnaire et la recherche des
ombres sont pour le peintre une affaire importante et dé-
licate : Léonard aime les lueurs tem])érées du demi-jour.
Exem])le : la Joconde. C'est lui qui a écrit ces lignes ;
« Le visage accpùert une grâce et une beauté singulières
par la fusion des lumières et des ombres. On en voit des
exemples sur les personnes assises aux portes des maisons
obscures et éclairées à la chute du jour. » Tandis (pie
Rubens ouvre ses fenêtres toutes grandes au soleil et ne
craint pas d'en imiter les splendeurs. Rembrandt, àme de
penseur, fuit la banalilé du grand jour : il prodigue les
ombres et se complait dans la profondeur infinie des demi-
teintes, à la fois sourdes et transparentes. Poète tendre
et mélancohque, Prudhon trahit sa préférence pour les
ombres adoucies et les lumières pâles. — Le luminaire une
fois choisi, l'artiste le supposera-t-il étroit ou large, ani-
mé ou froid, diffus ou concentré? Tant(U il produira un
rehef énergique en augmentant par des ombres résolues
la saillie de certains ciUés de la forme (le Caravage, Ri-
bera, Valentin). tantôt, comme Véronèse et Rubens. il
obtiendra, par un luminaire élargi, abondant, des masses
légères et gaies : c'est la lumière diffuse et splendidc de^
Soces de Cana et du Couronnement de Marie de Mé-
dicis. Les tableaux de chevalet se prêtent mieux que les
grandes toiles à la magie du claii' et de TobscTU' : les
deux chefs-d'œuvre de Rembrandt, qu'on nomme les Phi-
losophes (au Louvre), sont les deux diamants de la pein-
ture sombre. — Reste à savoir enfin quel sera l'angle d'in-
cidence de la lumière choisie ; viendra-t-elle d'en haut, ou
d'en bas, (m de côté ? La supposera-t-on placée en face
du tableau ou derrière les figures? Autant de questions
qui réclament l'attention des artistes et que les maîtres
ont diversement résolues, chacun suivant son génie propre
et le penchant de sa nature.
On distingue dans les arts du dessin entre les otnbres
réelles et les ombres portées. Les premières sont celles
qui recouvrent toute partie privée de lumière, \e^ autres
sont projetées par les corps qui. arrêtant les rayons lu-
mineux, empêchent ceux-ci de frapper les surfaces placées
derrière eux. Gaston Cou(^.xv.
V. Chimie (Y. Brun, t. VIII. p. 234).
Vï, Théâtre. — Ombres chinol.es. — 11 est peu de
personnes qui, dans leur enfance, ne se soient essayées, le
soir, à figurer en silhouette, sur le nuu% ])ar l'ombre de
leurs dix doigts convenablement disposés, la tète de Henri IV,
un cygne à la nage ou (pielque quadrupède prenant gra-
vem(3nt sa nourriture ; un peu de pi'aticfue suffit pour y
réussir mervedleusement, et tous les petits traités de phy-
sique amusante viennent en aide aux jeunes imaginations
pour leur permettre de varier à l'infini ce divertissement
innocent. Les ombres chinoises exigent plus de prépara-
tifs et tout un matériel. Elles peuvent constituer soit un
simple jeu de famille, soit un véritable spectacle. Chez soi,
on se borne à tendre soigneusement, dans l'ouverture d'une
porte de communication, un drap mince ou mieux une gaze
blanche; dans l'une des pièces se trouvent les spectateurs,
plongés dans une obscurité complète ; dans l'autre pièce
est placée, à 4"\oO environ en arrière de la toile, une
lampe à réflecteur, assez puissante pour Eéclairer vive-
ment; la partie supérieure apparaît seule : c'est la scène;
ia partie inférieure est rendue opaque, à 'L",oO ou L'MO
OMBRE
378
uii-desbiis (lu plancher, par une épuissc couverUire, et c'est
derrière cet abri que se dissimnienî. assis ou à genou, les
opérateurs, en nombre au inoins égal à ceUii des pci'son-
nages en scène; ceux-ci sont des paniiiis articulés, de 30 à
AO centim. de hauteur, soigneuscni^iri découpés dans du car-
ton ou du bristo] ; chacun est monté sur une tige ; l'opérateur
le tient d'une main, au-dessous (hi bord inférieur de la
scène et le plus prts j'os^ible de la tidie, aTui que la sil-
houette sedéiachc nctîemeiit; do Tautre main, il fait mou-
voir les fds qui commandent à la tète, aux bras, aux
jambes; un dialogue, en vers ou en prose, des chœurs,
de la musique accompagnent le d'''(iié ou les gestes des
personnages, et de petites pièces pcu^ eut être ainsi repré-
sentées. ]ji outre, des décors peuvent être ^gurés, soit en
les peignant sur la gaze qui sert d'écran, soit en les y
projetant à l'aide d'un appareil oxliydrlipie, comme dans
la lanterne magique. Pour un spectacle pul-hc, la dispo-
sition est à peu près la même; l'ouverture de la porte est
seulement remplacée par une baie rectangulaire, de 4™, 30
de largeur sur 0"^,80 de liauteur environ, pratiquée dans
un châssis, et l'agencement descoulisj.'^s .^st naturellement
plus compliqué — L'invention des ombrer chinoisesremon-
terait, d'après quelques auteurs, à une haute aniiifuité.
(Vest là une pure hypothèse. La première trace qu'on en
trouve est, eii eftet. en Chine, où elles paraissent avoir été
depuis lontemps en grande faveur, ainsi, dure^te. que dans
la plupart des pays orientaux: à Java, notamment, et aussi
chez les Turcs et les Arabes, où le héros de toutes les
pièces, Gargarousse, se répandait, de compagnie avec sa
victime, le bel Iladiy-Ayouûtb, et pour la "plus grande
joie des assistants, en propos d'une obscénité qui n'était
dépassée que par celle de leurs gestes. Vji Europe, les
ombres chinoises n'ont apparu qu'a^^sez tard, et d'abord
dans l'Allemagne du Sud. où, sous le nom de Schatien-
^piele, elles ont longlemps constitué l'un des amuse-
ments les plus populaires. Vi\ France, elles ont été im-
])0]'tces en 4767, et l'une des premières pièces jouées a
Hé V Heureuse Pèche (4770). Quelques années plus tard,
le célèbre Séraphin (V. ce mot) établissait cà Vi'rsailles,
dans le jardin Lannion, sur l'emplacement aujourd'hui oc-
cupé par le n" 25 de la rue de Saiory, son premier théâtre,
très fréquenté par les seigneurs et les grandes dames, et,
en 4780, ses oniL'ves à srèrcs changeantes, comme on
les appelait alors, furent admises à la cour, où, pendant
le carnaval, il donnait aux enfants de France trois repré-
sentations par semaine. En 4784, il se transporta dans
les galeiies du Palais-iloyal, l'écemment adievées; c'est
là que furent successivem.ent donn^'^s, d'abord sous sa di-
rection, puis, après samort (4800), souscelle de son neveu,
le fameux Ponl casse, la Chasse aux canards, le Magi-
cien Ixothimiago, la Clé du caveau. E]i 4858, le gendre
de Séraphin neum. cpii était depuis 4811 à la tète de
l'entreisrise, émigra au l'oulevard Montmartre. La vogue
se maintint quelques ann(' es encore, et le théâtre nefei'ma
définitivement ses portes que le 45 août 4870. Los ombres
(diinoises avaient pour un instant vécu. Elles ont opéré
leur résurrection, il y a une douzaine d'années, au caba-
l'et du Chat-Noir, à Moiitmaitre (Y. Caf-atie,-, t. VÎÏL
p. 584). En même temps, elles ont subi une îransforma-
{ion profonde. Ce n'est plus seulement un amusement
d'enfants, c'est v.n spectacle pour les grands et les déli-
cats ; les vers de Mirliton, les images plus ou moins gros-
sières, les farces de Polichinelle ont fait place à de johs
poèmes, à des silhouettes admirablement dessinées, à de
spirituels dialogues, que soulignent de douces mélopées
écrites par de jeunes compositeurs de talent. La chanson
y vit illustrée par des ombres, et c'est désormais dans
des décors ensoleillés, purs chefs-d'œuvre de couleur et de
composition, que celles-ci s'agitent sur la toile. Le prin-
cipal auteur de cette révolution ai tistique a été le dessi-
nateur Henri Rivière. C'est lui d'abord qui eut L'idée de
remplacer les pantins en carton par des pantins en zinc,
plus solides et plus susceptibles d'une grande perfection.
11 substitua ensuite au plan unique où s'agitaient les ac-
teurs, sans horizon nd perspective, toute une série de plans
cîi gradins qui lui permirent de rendre, de façon saisis-
sante, le grouillement, le frisson des foules. Il imagina,
pour les décors, un ingénieux procédé de gravure en cou-'
leur. Ejifin, il dota Lintérieur du théâtre d'une machine-
lie plus savante et, certainement, beaucoup plus compli-
quée que celle de la plupart des grandes scènes. Les
coulisses du Chat-Noir n'avaient pas moins, en effet, de 40 m.
do hauteur. Les machhnstes étaient au nombre d'une
douzaine : les uns, juchés sur des échelles ou installés sur
des pasGoreiles, faisaient tomber du premier ou du second
cintre les décors qui y étaient rangés ; les autres, en bas,
faisaient glisser les sillmuettes dans les rainures et leur
imprimaient les m.ouvements voulus. Quant à l'éclairage,
il était fouriii par un appareil oxhydrique de modèle spé-
cial, coniié à une sorte de harpiste, d'une extrême vigi-
■ance, qui ne maniait pas moins de 70 fils parallèles lui
servant à déplacer ^'erticalement et horizontalement les
verres doubles sur lesquels étaient peints, à l'aide d'un
émail particulier, cuit au feu, des fragments de décors.
Deux pianos, unorgue, un célesta, des timbales et quelques
choristes assuraient la partie musicale. L'une des premières
pièces ainsi montées a été l'Epopée, de Caran d'AxChe, où
défdaient, avec une réalité saisissante, toutes les gloires
de la sanglante tragédie napoléonienne, depuis la vieille
garde victorieuse, avec ses aigles trouées et ses légion-
naires en haillons, jusipi'aux débris de la grande armée,
en retraite sur les routes glacées de Russie. Puis ont été
représentées la 1 entai ion de saint Antoine et la Marche
à t\ toile, poème et musique de George Fragerolle, des-
sins de IL Rivière, te Sphyiix, poème et musique du
même, dessins de Yignola, le Secret du manifestant,
paroles de Jacques Ferny, dessins de Fernand Fau, etc.
En 4807, le Chat-Xoir a, à son tour, fermé ses portes.
Mais les ombres chinoises, qui ont maintenant leur réper-
toire, ont trouvé l'hospitalité, de façon moins large et
moins luxueuse, il est vrai, dans plusieurs des cabarets
artistiques de la rive droite. Idles commencent en outre à
être très à la mode dans les salons, où elles permettent aux
amateurs des deux sexes de se faire entendre sans s'exhiber
et où elles remplacent quelquefois avantageusement l'insi-
!)ide comédie d'antan. L. S.
¥îï. Mythologie (V. ExFEa et Màxes).
VIÏL Art héraldique. — Image transparente sans
émaux qui laisse voir le champ ou les pièces de l'écu.
O.MiîUE DR soniuL. — Ccriatus hécaldistes désignent ainsi
le soled lorsqu'il est de couleur au lieu d'être d'or ou d'ar-
gent. D'autres veulent qu'il soit sans nez et sans bouche.
01\^BRE. L L.ïrrvoLOtUE. — Genre de Poissons Télé-
ostéens, de l'ordre {]oà Plujsostomes et de la famille des Sal-
iiionidce, c'àv^ctQvlsè ])ar une bouche très peu fendue . pourvue
de petites dents courtes et pointues, nombreuses aux maxil-
hd]'es et à la voûte palatine ; la dorsale est longue, et com-
mence en avant les ventrales. Parmiles cinqformes connues,
imus citerons EOmbre commune, Tlv.jniallus vexillifer,
à corjîs allongé légèrement comprimé ; le dos est blanc
i.intéde gris, les l'ancs a^^^oniés, avec des bandes longi-
lu(hnales gris:=ires ; le museau est griscàtre, les joues et les
opercules sont oriiés de points noirs, la dorsale est d'un
!)hmc rosé avec quelques taches brunes en bandes irrégu-
lières, l'anale est couleur chair, les pectorales et les ven~
ti'ales d'un rouge jaune lavé de gris et de brun. L'Ombre
se trouve en France, en itahe, en Suisse, en Angleterre,
en Hongrie, en Suède, en Laponie et en Russie ; elle habite
les rivières, les ruisseaux et les fleuves, la Meuse, la Mo-
selle, l'Ain, le Doubs, l'iîérault, etc. C'est un Poisson re-
gardé comme excellent pour la table. Rochbr.
IL Art culinatre. — L'ombre fournit une chair blanche
très délicate, analogue à celle du saumon et de la truite.
On la mange préparée comme ces deux derniers. Ce
poisson est très recherché.
IhMi, : Sauvagi:, dans Brkh:\i, éd ïi\. Poissons. — Gux-
:m':)
DMBR]]
OMBRONES
douce de France.
OIVIBRÉ (Blas.). Se o\' dos [.l^-ces doiU lo ^'Ji-f ost
accubC cl relevé par Cwà co.iljiiri d'aji éuui'i d-airiiL.
OMBRELLE. Sorte de peSit pai-nsol co:r:e:t f^w so'e ou
taffetas dont Jes danies se s-^i'Vî'nf pcurre ;.,;]re;Uir du so-
leiL L'usa;^'e de forn^n'e]!^ e'i tîès aneieii et répjr.da na-
iarcJleîiieiil diMis le; pays m'^idioiiaiix. elie/: ]o:i Cre'^s, i-"s
Romains et, d'.iec nianirro i;énéraie, e'ie.k-. pewidcs de
l'Orient. Les ferir;!,'^-; et les gi'and.-à S'^igneiirs lai -aleel por-
ter leur oralirede devant eux par des enclaves ; on trouve
cet usa<.^e jnentionné par Martial et divers aiiteî'j's : les
umbellœ des dames romaines ctaienî îeonfé'^s eu iianibou
des ïndos ou S!u^ une tir;e d'ivoire enrvhii^ de ])iei'rerirs ;
elicG avaient Ja forme dos dais em|)leyés dans 1 ^s eéréiuo-
nies cailiolitpies. Paciaudi, dans son i-e inubcll:;' gesli-
tione cowmen'driinn, donne des (.'cî.'ils piiis piccis que
les reproductions ffui l^^urenl sur le; vases anli;p'.es. \ iîo
vierge po;tait im i^-nrasol au-des-^uis de la tôle do ia d ''O^se
Aléa ou de la statue de !*a^chus dans ies pî'cccs'.i' us et k'S
f(Hes de ces dieux. Le imrcu'j l (V. ce moH es: eilé plus
particulièreujont en Cinne où il est ui s>uc d'^ distiuvUioa:
OU trouvera au mot Paîw^ou tout ev {\v'\ s'^ i-al'nc'u* às.-i
usage en Chine, dans l'inde et d'ur; r^-xter^'O -ei.'Uit.
Jyombrv^Uc était connue en France depuis lon.c-'emps.
Moniaigne en parle dans ses Essais. La rai)ricat on s'esl
perfectiounéo à la lui du siècle dernier et l'osage de l'oin-
brelb est dc/enu phis gôuoral : dans IVuuécituie du Sud
et en É.'spa.gne, eUe est aussi employée uu^ ré?reuîaii et s y
substitue parfois, lui Occident, Foiu'rrcrLo est seuvoeU à pciise
plus légère que le parapluie et peut prcsipae eu tenir liiu
au besoin. On trouvera au mot l-'vp.vpi vj^: -es (îétnils 1(\0]-
niques coiîceniant la Aibiicaiiou moderne des oeduYè'e^ e;
des parapluies, j'ou-' roud)rclle. eu cmjdo^-^ eu ycuérai mK^
étoffe do S' ie uuia ou u re.aUs cba r);o;n]ts, '''. la ami:- ' eu
eurec^c de d'U
■ iMsueao ouuou
. ';ui SO]]' v,:\ h
iu\(^ so^e très icyu'e '
vraies ou fa nuises . 'a
trument de luxe, c-.:
co'Hent de 40 à r:;? \\\ ^ Vh. IL
Oueum ui: v-: sriu — Oistiuciio!i afi'Oiaiés ou l'ir.uauie
par le souverain aox ]]U''ebr(^s (F sa !"asu';_ '\ rari'ois
aux éiraiygers qu'il veut ho.uoi^cr de facaji suécia!e. Le
diplôme (fui couaie l'iionfieur de ]'ru^^o'u//u de soie.
rédigé en langue sanscî'iio, est iuîprimé eu l'c -eissé soj'
une feuille d'or.
OMBRELLINO (VL Caruixal, t. IX, p. 37'?),
OiVlBRJE, 0?1RRirN3([u7/;n//, ViuiriJ: 'i p-ôix/;).
L'Ombrie est la rég"ou do Vil Vie eceti-aïe ''ui cmTespoutl
à la pro\iuce aciaell' do Pérouso (P^?iUgia), or^upant le
])a^;sin supérieur du 'li^uo, ao ^'.-'^ d'>s Ajoaué!]:; et ius-
(:u aux moais de la : <mieo. A i^■i)o^;i;e aUiq;? u le librs
la séparait de POliurie o; lo A,> • {'-'ovi^) d;^ il "'Aduo.
Les Om!)]-iens ïAai-u]l reyar bA coauU'^ l:-,A [[^''k\n)(:--
nienl établis en Iia'ie, IF auiidce- pcs-édé isid !:' pa^-'U
depuis lePojU^juAu mont (Acyruo. mais iA-'oel nroy^es-
sivcmeut reuudés par (es Ltrur.{|ur\ (?ù bue au.udeui en-
levé 3()i) vdFs; p'us la'd par Ir, ( aA ds Seneus, (yii
sVmparèi^eut (As pa;,s riverains do b AbAU:"ue, et ils so
trouvcrenl coubnés ^;[U' le vei'^ranl luéiAuoaal Cr Y
nin et la rive gau^-be du Ai^-e. bcui'^:
étaient : Ocrieuhr:i. près du liaul lAer
.pui-
ariiid et iii-
[eranviia, sur son afiluent lo Aar, AuAur. sur le Pouve
Aiucria et Aor^?îAu au N. de Xai'uivi, S:^(eeiie}}i. puis
Treha, Mexauia, Fuiijiuiiuii, J.',.i;iu:n, le buig do la
ricbo vallée transversale oe coulo le Aîitueuue; l^uviuiii
et CfuiienniiJii, dans la moufagne. rtc ™. Palauo;uodes
Ombriens nous est connue per les fameuses tailos ihiee-
biiies (\A ce mot) ; elle est iudo-eu"opéeayoy très voisina
du latin et su? tout do Fosquo ; b^s dédiuuicos et la pbo-
néiique sont alléeées. — lc(U" cAe lusi .:-h\\iQ lut médioCiT.
Ils en^j^ejit en couta^-t avec les i\o-r.[\}ï\s bées des guerre>
du Saujnium; divisés eu plu^ueurs tribus, ifs fout cause
couujinne avec les Lii'a^uue^, S'UU défobîs à ?devauia par
lo consul Fabius (308). fis prennent part à la coalition de
î"an :^Au'() qui succom')a à !a iiataibo de bentinum ; Ocricu-
iuiu e' Camcriuiuu (m*eut traité':-; avec une faveur spé-
' i"le. Depuis lors, les-'aoluA'^ns dioieurcnt (idèlcs à Rome,
saeu" un sou ièvement partiel lors de la guerre sociale de
bb). Rs sont absorb-és. et le nom seul d'Oaibrie subsiste
oiu'ue division gé'U,]'apl]iou>^. ,\uguste y comprend Vager
' ellii iis, lo pays des henous, avec Sena ea'iica, Pisau-
i-mii, A}'i-ni)un}i. D'-^puis lors, ce nom géographique s'est
< iV)servé, rcsti'eint au moyen âge au duché de Spolète,
puis étendu à la partie centrale des îAats du Saint-Siège,
terAtoire de Pérou^:e, Orvielo, llieti.
Beaucoup de pointi'es illustres sont nés dans ces mon-
:o,gî;es et ^-es vallées do Cita, di Castollo, Pérouso, Foli-
gao. etc. Ou en groupe souvent une partie, peintres reli-
rb'^ux 'iiio parait ju^pi^erle doux piéiism.o de saint François
;ibA^ i-o. sous lou.om d'/ArAu uuA^rAuu??^. Xicrolo Alunno,
Aieîro VauLu-ci dit !e Pérugiu et sos di'^'cijiles, le Pintu-
ricA io, (Aiîîvanui la Spagna et le piîis illustie, Haphaèl.
•'u. y ioiul lA'aiK'ia, fuù travaillait à ludogne (Y. Ita-
.r:, t.' XX, pp. ;AF!3'et sui-.). ' A. -M. B.^
OiVl-^nlEb O^ialecio). Lo di;decbodeF;mcieui:e Ombrie,
';''e Fou l'éonii (uAiro-re O'^u! avec les dialectes italiotes
ojîies (jue le loOr; en un groujvo aippelé ouibro-samnite,
o[q);u'tieut à la branche iîaliqm^ des langues indo-euro-
péonnes. Il est co]um surtout parles sept tables de bronze
■'bA^oiivertes eu 'Iii4 à CAiblûo, Tancien Iguvium, Eugu-
•ium au moyeu âge, qui coutiounont les actes d'une cor-
yora;iou de prêtres uouuués les frères Altidiens. Deux
d'oiitro elles ^ouî écrifes en caracîATS latins (Yt et YIÏ),
uiiui V uo le vci.-o de la (a]}le Y; los au ires en écriture
aobouo!'^ ouujri"ii!!e (V. Fuorcuu'S [Tables]). Celte écri-
l u'o ubi pas (]■' sigo'^s spéciaux pour o, g, d, qu'elle
î'^od j^or u, h\ ! ; elle a i ii '^'guo d (daiis l'écriture la-
li le 7A, qid i,y;:"A-jî[o n^i e,-),, sifuaui issu du k devant
■■'•; voy(db'^s (dobos. e{ vi\ siguro q (dans récriture latine
'-•y uid éod' ■; ■ oiser)];];d)lo;uont une sorle de r ana-
'■\?:u(^ au /■' îAïAu'o. b'O >'g:n(' de YJi s/rt à indiquer que
F: vnyîbjo p^èièileur* oU lougoe. L'omluFui présente, en
''^^:ovdd;i laîbi. .m r::\cu] ]j(]i>A)ro de t^'aits caractéris-
,; ^,,.,,. j ..^ .;,,,,^ ,.j. p'.^.yjj-- io'b(îuor ici ; eu voici seule-
!oait les peii:cipouv : ;u est 'oj uTur omis en linale : pif-
fhi -::-^ vej,ului.i ; ]q gî'oupo ns est r(q)résenté par f ;
j.iejd =^ K-icns'i: noîauim-uii aux accusatifs pluriels, dont
F' suffixe piTuihf était ]}S : apriif—.: apros, fref vit-
I f r=r Ires viUih's ; à la preuAèrc décliurison, le génitif
siiîgalior est eu eu,' {ai- sur les tables eu écriture latine),
a;]uù (pie le no:uinaiif pluïu.'d : luia (la cité), génitif tu-
o(îe décliiUiisou, le u.ominatif pluriel
ku' iiius :=: Iguvini ; le datiFablatif
au; es! eu us : frdfrh's := fratribiis.
i; : eni --- esse, aferuin = circimi-
A'uA la îeraunaisou /u>; s'est resserrée
•■'■,. Lb/mlu'bui fait un usage étendu
pli. ; f meb;;yée est u;; u, qui répond
',7 .-zz in li/ru)!'. 3L RoALuiouix.
:Um?''A',v.: i^'r■..lS75.-^5I:i>
Oi\1 ?RO:iE, l'K uvec uier d. laTos-aue (Y. lTAT,ia,t. XX,
. 'J03<i), (pu de;^'?'»d c:\i cni-^mw de Cbiauli (prov. de
ieuue) va':, b^^ ^A ■■'■., -l'C^oi* b;b'cia. traxorse la Maremme
so ie'i'^ d v^ la nvr ï^'o^'eé'iieuuc, mv^ de Grosseto,
uAA-;: v^vr; do IGO biL
/■9, lolnr; '\ m
•X eu wv [vj\ or) : //
s ibèmes à ^'ouu»ue;
bniîoitif 0'4 eu ?r'u /
-re: r- pardcip-jsi
Déïïarl.cmeTît àe VGDihrone.
Oépartemont de
bempii'^ fraudais bu'OTé. eu 180J, uAuie partie de la
'fo^rano avec Si^iUio poar chef-lieu. 11 avoit pour limites :
au Au, les dép. il^^, b --ruo el de la Méditoi-ranée, au S. le
lieu, (la .'ibro, à V'l h priîicipai'té de Jbombino et la
auuu à IbA j; s dép. d. If ii!o et du Trasiuiène. R cessa
d eyiste" ovo'- bemiu. e.
0fa3RJNE3„ Pe;ipA auliquc oei vivoi; (Ai temps do
r-tolémée dans les Ivaipiruxu vers les soorces de la Yis-
îubu On a soutenu qu'ils étaient dbuigiue gauloise.
OMDl RMAN - OMKSSA — ^M
OIVIDURMAN. Localité du Soudai) ('i^ypiion. sui' la
rive gaucho du Nil, en face de Kliarloiim (V. ce moi).
Elle avait été fortifiée par les l'^gyptiens. Le Mahdi y fixa
sa résidence et y mourut le 21 juin 1883. Dans la plaine
voisine fut livrée la bataille du 2 sept. 1898, gagnée
par le sirdar Kitcliener, qui anéantis la puissance mah-
. liste et fui signaléi^ par le massacre sysrémati([ue de^ mu-
sulmans \aincus,
O'MEARA (lîarry-LdNvard). médecin irlandais, né en
1780, mort aux environs de Lond-'es le 3 juin 1886. Le
médecdn est célèbre par le rôle qu'il a joué auprès de
Napoléon L'". en captivité à Sainte-Hélène, il était en 181")
chirurgien-major à bord du Belléropho)}. lorscpie Napo-
léon vint s'y rendre. Avec le consentement de l'amiral
Keith, il accompagna à Sainte-Hélène le grand empereur
déchu qui Lavait pris en affection. Sa tâche ne fut pas
toujours facile, surtout sous le gouvernement de sir Hudson
Lowe, qui le diffama si bien qu'il fut destitué le 14 mai 181 8
sur un ordre de lord Bathurst. O'Meara ]'e\int en .vngle-
terre et se justifia des accusations perfides ([ue Hudson
Lowe avait lancées contre lui. H a publié les ouvrages
suivants, tous traduits de l'anglais : Documents histo-
riques... sur la maladie et la mort de Xapol /on Bona-
parte (Paris. 1821. in-8) ; Boeumenls particuliers sur
yapoléon... (Paris, 1819, in-8) ; Lettre adressée à Védi-
teur du Morning Chronicle... (Paris. 1822, 2 vol. in-8) ;
Napoléon en exil, ov u ne voix de Sainte-Hélène. . . (Paris,
1823. 2^oL in-8), à la suite duquel il fui destitué; Rela-
tion des événements arrivas a Sainte-lléléne 'postérieu-
rement a la nomination de sir Hudson Lowe au gouver-
nemenldecetleite (Paris, 1819, in-8). D'" L. Hn.
OrVlÉCOURT. Corn, du dép. de LOise, arr. deBeauvais,
cant. de Formelle; 148 hab.
OMELETTE. OEufs battus et cuits dans la poêle avec
du beurre, de l'huile ou de la graisse. Pour faire une
omelette au naturel, on choisit des amfs aussi frais que
possible que Lon casse dans un bol ou un petit saladier en
y ajoutant sel, poivre, une légère quantité d'eau et quelques
petits morceaux de beurre. A l'aide d'une fourchette on
bat le tout jusqu'à ce que le mélange soit parfait et que
la masse soit bien imprégnée de bulles d'air, ce qui rend
Lomelette plus digestible. D'autre part, on fait fondre,
sans le roussir, dans une poète placée sur un feu vif. un
morceau de beurre et l'on y verse les œufs battus. Ou
agite l'omelette pour qu'elle ne brûle pas et que toutes
ses parties viennent à leur tour en contact avec le beurre.
Quand elle est presque cuite, on introduit dessous un
petit morceau de beurre, on la roule en forme de chaus-
son, et on la fait glisser sur le plat oii elle doit être ser-
vie. On obtient une omelette plus délicate en supprimant
une partie des l)lancs d'œufs, le quart environ. — Les
variétés d'omelelte sont considérables : on en fait aux fines
herbes, aux épinards, à l'oseille, aux oignons, aux cham-
pignons, aux truffes, au fromage, au jambon, au lard,
au sucre, aux confitures, au rhum, au kirsch, etc. Brillât-
Savarin, dans sa Phgsiotogie du goùL recommande spé-
cialement l'omelette au thon, et il s'étend assez longue-
ment sur sa préparation assez compliquée.
Sous le noiu fïonielelte soiiffl 'e. on désigne une ome-
lette préparée de la façon suivante : on bat six jaunes
d'oMifs, par exemple, avec 12o gr. de sucre en poudre,
du zeste de citron râpé, ou de la vanille, ou encore ^^w^
ou trvois cuillerées à café d'eau de fleurs d'oranger ; d'autre
part, on fouette les blancs en neige et on les mêle avec
les jaunes. Le mélange est ensuite versé dans un plat
beurré, puis saupoudré de sucre, et le tout est aussitôt
mis au four de campagne. Six à huit minutes suthsent pour
la cuisson.
OMELMONT. Com. du dép. de Meurihe-et-Moselle. arr.
de Nancy, cant. de Vézelise; 201 hab. Stat. du chem. de
fer de l'I^st.
OiVIEN (V. Divination).
OMER (Saint), en latin Audomarus. mort à Saint-
Omcr en ()(>7. Originaire de Lonslance.il se relira avec
son père, sous Linfhience des moines de Cotomban (V. ce
nom, t. XI, p. IOlU). à Luxeuil. Delà, il se rendit comme
missionnaire chez les Morini, entre Boulogne et l'Escaut,
et fut nommé evêque de Thérouane par Dagobert, vers
(>37. Alors, il ht venir des collaboraleurs de Luxeuil, en
pariiculier Mommolin, Lbertramn et Bertin. Au milieu
d'un marécage, sur un îlot du nom de Sithin, s'établit
ainsi un centre chrétien, qui devint plus tard Labbaye de
Saint-Bertin. autour de hupielle se construisit la ville qui
prit le nom de Saint-Omer. Léte le 9 sept. F. -H. K.
OIVIER Pacu^ (Michael Latas, dit), général turc, né à
Plasky (Confins militaires de Croatie) le 24 nov. 1806-,
mort le 18 avr. 1871. Fils d'un sous-administrateur du
district d'Ogulin, il entra dans ce régiment comme cadet,
déserta en 1828 parce qu'on avait cassé son père, se
rendit à Vidin ou il embrassa l'islam et entra au service
du vizir Hussein Pacha comme précepteur de ses enfants.
En 1834. il devint rédacteur au ministère de la guerre à
Constantinople et, sous le titre d'Omer Eftendi, précepteur
du prince Abd-ul-Medjid, futur sultan ; il eut rang de
capitaine dans l'armée ottomane, puis fut promu colonel
et mis à la tête d'un corps opposé aux troupes d'Ibrahim
en Syrie. Il battit des forces supérieures à Beksaya. En
1842, il devint gouverneur militaire du Liban, mais fut si
violent contre les chrétiens qu'il dut bientôt se retirei'.
En 1843, il opéra, sous les ordres de Redschid Pacha,
en Albanie contre le chef rebelle Djouléka, qu'il fit pri-
sonnier; en 'I84(), il soumit les Kurdes l'évoltés. Lors des
troubles dans les principautés danubiennes (1848), il fut
chargé de les occuper conjointement avec les Russes et
nommé gouverneur mih taire de Bucharest. En avr. 1850,
on l'envoya réprimer un soulèvement en Bosnie. Dans la
guerre d'Orient, \\ reçut le titre de pocha et fut mis à la
tète d'une armée ; il défit les Russes à Oltenitza (4 nov.
1833), débloqua Silistrie, occupa Bucharest (1854). Puis
il fut envoyé en Crimée à la tète de 30.000 Turcs pour
coopérer aux luttes devant Sébastopol. L'année suivante,
on l'envoya à Batoum pour secourir Kars, mais il arriva
après la prise de la place. Omer Pacha fut ensuite gou-
verneur de Bagdad, mais commit de tels abus de pouvoir
qu'il fut destitué et exilé à Kourspont (1859). On le rap-
pela en 1861 à Constantinople pour lui confier le gouver-
nement de l'Herzégovine, où il comprima l'insurrection et
vainquit les Monténégrins (1862). H fut promu mouchir
(maréchal) et préposé au 3^ corps d'armée (Monatir).
\\x\ 1867. on l'envoya en Crète, où il combattit féroce-
ment les insurgés sans ari-iver à les réduire. Il reçut le
titre de généralissime (sirdar-ekrein) et fut un moment
ministre de la guei're (1867-68). A. -M. B.
OMER-Vrionf^, général lurc, né en Albanie en 1789,
mort en 1836. En 1820, il était entré au service d'Ali,
pacha de Janina ; chargé de défendre les défdés de Larissa
contre les Turcs, il trahit et livra passage à l'ennemi.
Récompensé de sa trahison par le pachalik de Janina, il
prit part à la répression de l'insurrection des Grecs contre
la Turquie : battu à Zeitoun, puis sur les bords du Sperchio
en 1821, il marcha cependani sur Athènes et occupa LEto-
lie ; au siège de 3liss(d.onghi (1822). il fut repoussé par
les Grecs. En 1825. après avoir essuyé une nouvelle dé-
faite à Mavrylle, il fut nommé pacha de Salonique, puis
de Négrepont qu'il dut quitter en 1829, après la cession
de cetie ile à la Grèce. Malgré ses défaites, Omer-Yrione
lit preuve en diverses ciiTonstances de courage et d'ha-
bilelé. Il finit obscurément sa vie. Ph. B.
OIVIERGUES (Los). C(mi. du dép. des Basses-Alpes,
arr. de Sisteron. cant. de Noyers-sur-Jabron ; 396 hab.
OMERVILLE. Com. du déo. de Seine-et-Oise, arr. de
Mantes, cant. de Magny: 328 hab.
OiVIESSÂ. Ch.-l. de canl. du dép. de la Corse, arr. de
Corie ; 848 hab. Stat. du chem. de fer de Ponte-Alla-Lec-
cia à Corle. Ruines d'un ancien château. Sur un mamelon,
au N., chapelle de Sant'Angelo.
381 —
OMET — OMEVVADES
OMET. Corn, du dép. de la Gironde, arr. de Bordeaux,
caiit. de Cadillac ; Ml liab.
OMEX. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. d'Ar-
gelès, caiit. de Lourdes; 407 hab.
OMEY. Com. du dép. de la Marne, arr. de Chaîons,
cant, de Marson ; 100 hab.
OMEYYADES (en arabe Uanoa Onieyifa, du nom de
leur ancêtre Omeyya, père de ilarb, père d'Abou Sofyan,
père de Moawyia), califes arabes. Les premiers, parmi les
princes des croyants, ils formèrent une véritable dynastie
où le principe d"bérédiLé assura la Iransmission du pou-
voir dans une même famille. Avant eux, les quatre succes-
seurs immédiats de Mohammed, connus dans l'historiogra-
phie arabe sous le nom de califes (>/'/to/a>Y'^> (ràchidoun),
avaient tenu leur autorité d'une élection. Au début du
vii^ siècle, les Banou Omeyya occupaient à La Mecque le
premier rang. Le triomphe de l'islamisme le leur fit
perdre ; mais ils s'efforcèrent de le reconquérir, dans les
trente années qui suivirent la mort du prophète. Ils y tra-
vaillèrent sourdement sous les califats d'Abou Bakr, d'Omar
et d'Othman. Mais l'avènement d'Ali, gendre de Moham-
med, obligea le chef de cette ambilieuse famille, Moav.yia,
à tenir une nouvelle ligne de conduite. 11 était à (craindre
en effet que le califat no demeurât dans l'avenir Tapanage
exclusif des descendants du prophète. Moawyia démasqua
ses projets et engagea ouvertement la lutte. Lue longue
guerre s'ensuivit (V. AiJ, Moawyia, Hassax), et, après la
mort d'Alî, Moawyia fut reconnu seul calife. On peut con-
sidérer le triomphe des Omeyyades comme la triple re-
vanche du vieux paganisme arabe sur l'islamisme, des
Coraichites sur le prophète et sa famille, des populations
conquises de Syrie sur les populations conquérantes de
l'Arabie. Les califes de cette dynastie abandonnent sans
retour les villes saintes de La Mecque et de Médine, et
font de Damas leur résidence et la capitale de l'Empire.
La branche aînée des Banou Omeyya, arrivée au pou-
voir avec Moawvia. fournit trois califes qui se succédèrent
de père en fds : Moawyia 1^^ (661-680), Yezid l^' (680-83) ,
Moawyia II (683-84) . A Fintérieur, les règnes de ces princes
furent troublés par des révoltes des Alides. La plus grave,
survenue sous Yezid L'^\ eut pour épilogue le meurtre de
Hosain, fils d'Ali (V. Hosâin). A l'extérieur, cette pre-
mière période de la dynastie omeyyade fut marquée par
des expéditions contre Byzance, et des conquêtes en
Asie Mineure, dans le Maghreb, en Espagne. Moawyia II
mourut sans postérité ; son frère Khahd, seul héritier de
la branche aînée, était encore en bas âge. A ce moment,
Abd allah ibn Zobaïr venait de lever dans le Hidjaz
l'étendard de la révolte : il s'était fait reconnaître
comme calife par les habitants des deux villes sahites.
La situation des Omeyyades semblait plus critique encore
qu'au jour où Moawyia luttait contre Ali. Leurs partisans
appelèrent au pouvoir MerwaJi, fils d'Hakem, fils d'Aboul
As, fds d'Omeyya, qui, il est vrai, appartenait à la branche
cadette de la famille, mais était un homme d'âge mûr, et
père d'une nombreuse postérité. Merwan ne régna qu'une
année (684-85). Après lui, le pouvoir se transjnit à dix
de ses descendants, dans l'ordre suivant : Abd el Malik
(685-705) . Walid I'^^' (705-1 5) , Solannan (71 o- 1 7) . Omar II
(717-20), Yezid II (72D-24), Hicham P^' (724-43), Wa-
lid I[ (743-44), Yezid III (744), Ibrahim (744), Mer\Nan II
(744-50). C'est sous Abd el Malik que la dynastie omey-
yade atteint son apogée : le long règne de ce prince est
illustré par de nouvelles conquêtes en Afrique et en Traii-
soxiane. La défaite et la mort d'Abd allah ibn Zobair ra-
mènent définitivement le Hidjaz sous l'obéissance de la
cour de Damas.
L'empire arabe se transforme sous les Omeyyades. La
théocratie guerrière, rêvée par le prophète et ses deux
premiers successeurs, tend à devenir une monarchie tem-
porelle. L'Etat musulman s'organise, ses fonctions se mul-
tiplient. De cette époque datent plusieurs ius>titutiojis,
désormais rouages essentiels du gou\ernement des califes
les bureaux de la chancellerie, le vizirat, le service des
postes. Pour la première fois, des monnaies sont frappées
avec des légendes en caractères ara'Ts; uji cérémonial
de cour est adopté.
Cependant la dynastie des Omeyyades avait dans l'ori-
gine même de son élévation un principe de ruine. Un parti
nombreux n'avait pas cessé de les considérer comme des
usurpateurs. On n'oubliait pas ({ue, pour conserver un
pouvoir illégitimement acquis, ils avaient versé le sang
du petit-iils du prophète. Aussi longtemps (jue les des-
cendants d'Ali s'appuyèrent sur les populations perfides
de l'Irak et de la Mésopotamie et ne tentèrent que des
soulèvements isolés, les Omeyyades n'eurent pas de peine
à triompher de ces rivaux ; mais ils succombèrent lors-
({u une vaste révolte s'organisa contre eux à l'instigation
Vie la puissante famille d'Abbas. Ces Abbasides, qui de-
vaient s'emparer du califat après la chute des Omeyyades,
ne se montrèrent au début (pie les plus chauds partisans
des Alides, leurs cousins. C'est comme champions de la
légitimité qu'ils triomphèrent avec l'assistance de toute
une ])royince de l'empire, la Perse. Ce (pie les Syriens
avaient fait pour les descendants d'Omeyya, les Persans
le firent pour les descendants d'Abbas fils se vengèrent
de la conquête en iuiposant aux conquérants une nouvelle
dynastie.
Après la mort de Hicham, la décadence des Omeyyades
se précipite. Des discordes intestines ensanglantent les
règnes éphémères de Walid H, de Yezid III, cî'Ibrahim et
hâtent encore la chute du califat de Damas. Ibrahim ne
reste au pouvoir que cjuelques jours ; il en est chassé par
son cousin Merwan, petit-fils de Merwan P'\ Proclamé
calife, Merw^an II, malgré son énergie et ses talents, ne
peut réussir à relever la fortune de sa maison ; pendant
sept années, il prolonge inutilement la lutte. Les Abba-
sides lui arrachent une à une toutes les provinces de
l'empire; à la fin, les Syriens eux-mêmes rabandonnent.
Sa défaite et sa mort (750) consomment la ruine de la
dynastie omeyyade. Le premier des califes abbasides, Aboul
abbas as-Saffah, après son élévation au trône, ordonne un
massacre général des Banou Omeyya. Mais un membre
de cette infortunée famille, Abd-er-rahman, échappe à la
mort, se réfugie en Espagne, et fonde dans ce pays une
deuxième dynastie omeyyade.
OMEYYAiji^:s d'Espagxe. — Cette dynastie, issue d'Abd-
er-rahman, petit-fils du calife Hicham V'\ régna à Coi'doue
et compta seize princes qui furent les suivants: Abd-er-
rahman P^' (756-88), Hicham P^' (788-96), El Hakam l''
(796-822), Abd-er-rahman H (822-52). Mohammed V'
(852-86), Eld-Moundhir (886-88), Abd allah (888-912),
Abd-er-rahman HI (912-61), El Hakam H (961-76), Hi-
cham H (976-1009 ; 1010-13), Mohammed Mahdy (1009-
1010), Solaïman (1013-16), Ad-(3r-rahman lY Mourtada
(1018), Abd-er-rahman V (1023-24), Mohammed H Mous-
takfy (1024-25), Hicham IHMoutadd (1027). Lesdébutsdes
Omeyyades en Espagne furent extrêmement pénibles. Pour
asseoii' solidement leur pouvoir, les premiers princes de
ceUe dynastie durent déployer la plus grande énergie et
triompher de multiples difficultés : agressions des souve-
rains chrétiens du Aord de la péninsule, discordes des
tribus arabes, Yéménites et 31odarites, établies en Anda-
lousie, soulèvement des populations chrétiennes indigènes ;
un chef de rebelles, Omar ibn Hafsoun, retranché dans la
forteresse de Bobastro, réussit, pendant plus de vingt
ans. à tenir en échec les troupes d'El Moundhir, et d'Abd
allah. Le long règne d' Abd-er-rahman lïl marque l'apogée
de cette dynastie. Jusque-là, les Omeyyades d'Espagne
s'étaient contentés du titre d'émir. Abd-er-rahinan ÎII
prend ceux de cahfe et de prince des croyants. Il triomphe
également des Eatimides dans le Maghreb et des princes
chrétiens du X. de l'Espagne ; il intervient même dans
les querelles de ces derniers, et ramène bur le trêne de
Céon le roi SaiK ho. chaï,sé jiar ses sujets. Cordoue de-
vient la rivale de Bagdad ; la splendeur de bes palais
OMEYYADES — OMNIUM
^, Cil jUiiv. et1evi'.-ioU4, sarle chef dehaulij
■ tciéa) subsi.ioel icrivs.^iûc ihic cxirème géuiche dupaj'ij
t.,
di(>
1!n
est proverbiale dans rOrlciU ci da;;:. i'u,c.d.'iii= i.u cou- i pouroLiiirs i'iireiÛM^yei'ccob ainli'c i 'jmiadiija cv-iA le j'ule
des Oineyyades d'Lspajije, coiiiaie celle des AIsba^'Âks, a ' .rclfa', \
ses poètes alliués. Les écoles de juci^pi-adeiicc e( de theo- , lii; .;]n!adih.; iche-uo s'c^.i ioiiuéc en Liebeiuc, ??roii-
iogie de Cordoue, (ful LLii\'ejit]c rila iLal^kaC, ^a^.l célè;;i\\, i nanl iÎL„ ''Awj' , ils ci des oiivcicrs bur an ^^ro'n'aDiuio na-
dans tout Fisiam. Toutefois, A{)(l-er-j.'H,:iui: jcq'aro, ydu,, \ (ionaL:>;c cl i,.jica]. vai j8i'tl elle îat f'oor.ihyk Mididai-
y songer, la ruine do ses succes^^Cc^iS eji inlru.juiba,n en | icme;il à la caiie de troiicies daiis la rue; le' Uailce
Egpagne m\ nonnu'o considérable n'c. Ja;'cs édangers. j [lodoi^.hc ^Jna f-u [ué par deux a!:;liés. Le procès s'en-
destinés à sa garde. I.eiiip'ù de diiîaxie à ]"é.;ard de la ' " " ' ^ ... - ^-. - -
noblesse aralje, il s'enloin'c de Oeci-èi^b cl de Sldve;; (par
ce nom, les Idsiojiens acalics d':...-3pa^i^he (iéb'giicni lc>
esclaves originaires de IVovencc, dL".'len,cc,;!e ci de Loia-
bardie). 11 ne confie les polies iiiJi^oiiajiîs quW dos alfru.:-
cliis clonl la basbo exlraclion lid sein .le !},arajuij' la sou-
mission cl la ildélilé. Les oîicls de ccUe niijice éirangèie
deviendront toul-pnihsanls sons les derniers Oaicyyi'dc.-,
et enlcndronl disposer à leur gré du raliiaî.
Une décadence rapide survient après la juoil de li La-
kam If. iiicbam II esl (eiui à Fécarl des all'aircs cl règiK
sous la tulelledc soi] minis:ro ihu ih,y axx'i al léLaiisaor.
Ce minisire, vérilaîde ïionHiie d'iuaL co]ii,ct -e à la dynaslle
omcyyadc une partie du preslige dojil l'onl enlourée ALd-
er-rahman 111 et liakainll. Mais avec wôh Ids Abd-er-rab-
man Sanchol une ère do (roubles et de gueices civiles
s'ouvre pour le caillai de Cordoue. La!;c!!ol, {■lù a osé
jeler liicham 11 en prison, et se bdre i.i'ocboner calr'c,
est renversé par ua soulèvemenl jio^adao'e ; un |;eUl-u's
d'Abd-er-rahman lll, rnonaonned jiinnW, cJ ].•..: lé a.j
Irène. Mais le cher des ;^la-, .,s, Wadî.ih. ia-iaioUiT- è moi i
ce nouveau calife, el r;'ta')lu, kich'un il au .c.uViac. la;>u;s
];oia' i;ii cri. i.d ù , .r/^^i ...l'u
oe
u
na;:
eue ];c.o -^i.;
i'niie )a_i!iX!'
Avrjil «Ml ({■
OJi'
-c). \,{:i[iv de .UoiiUb.pies
Jii par A. d'OrbigiiV en i 835
o'\i';é. cybndriijue, allénué en
;.'. > grandb. laléraux el mo-
. icé';'aox, inunis d-deux l'ange
' cl;' co;n(' cl o iA de dénis à
c ) [[e la Icoioiènïc paire munis
ici;;-\ Les c:-;n\'c-, de ce genre
'."S dao-, |''ir,-/;!a~ (ouïes les
],. iw l. pèi'lie ôv ia niorac el
lire pi'oa;
uiapiiji.'. Cl (!C'5 ca-
s une li's ab:;;lco', el
(pae les ]>or!jeres proclaiO.xol ua aaire . .mCVj ac..- Sv/icr-
man. Une lutle terrible sÏMig.ige Ciiae :Aa\v'o .j; i]LA'icrc-x
Cordoue esl prise d'assarl el li>r('e aax borccius du pil-
lage. Puis ia dynastie ouieyyai!o su jl loie iiiici'rai/.ioii.
lorsque le Slave Khairan a^ipelle à Loiduxe Ic^ ;:a:a';:o;i
dites d'Afrique. ïLlla revienl avec A d~er-rabi..c.n l'é, e.;
de nouveau inlerroiapae par le îAonijiiie d-:'S i.ain^jjo'.'-
clites Kasim el Yahya, puis feain^l cncare trois juinccs.
dont chacun ne règne que erel pub moj; v.l jiéril asbab-
sine. lAnm, en 1047, le ]]réh'dcnl du coii&ed de Coj'doue,
Ii3n Djaubar, fait déclarer iiicbam il! daboi, el le caL'i'al
définitivement aboli en iApagne. De Lo-a yrcwbis dfnabîic:;
indépendaiitob, tud, depui- bj i^ègne d'Aicba.u II, ojifacraclA
au cabl'at de (Ardoiie les plus be'As ^'ili::. de 1 . Jida-
lousie, s'élèvent sio' les ruines de la dyncblie ameyuAe.
WriL, Gcscidcliie clcr iJndllfcii : mivl'ai i.a-'.i !, ,; a .. r '-
(J9. — iJozY, îlisLùire dcfj iiii;;;idin;in-- r i-'bpj '/le/i.CN,';
OÎVl! COURT. Lom. ci;* àùp. (As Ardcnnes, arr. de Aé-
zières, cant. de Alizé ; AJo bab.
Oi^lÉCOUni, Lom. du dep. delà Somme, air. de Té-
ronne, cant. de X\A^bie ; i-,lo Ikuk
OIVÎINO {V) (\A Lr_a>;- lu \Q.-b.l L XXii, p. hOi.),
OMISSY. Corn, du dép. de l'Aisne, arr. et cant. (îe
Saint-Quentin; 4^iO bab.
OlVlLADlï^A (c.-à-d. Jeuues^^). LuKie ,,v.-rHù serbe
poursuivant runidcationde tous les Ser:)cs en un roummc
indépendant. Allé fut fondée rar des eî.adianîs à ixjszony
(Presbourg), sous la forage (ïuim as-jciati'.n iitléiaire '.ui
lit imprimer des poésies sous bj litre cone.biiAib'''/.;L^«*(/y?A',
dès lors appîieué à l'ensembLO des éioui-i-nis bciijes, i.a
4866 fut constitué à ?NV;visad (Aeusai:-). au S. do la Aan-
grie, un comité central, auquel s'aihlièrenl des cojuiles
locaux organisés dans louies les localités serbes des deax
rives du Danube, el qui piiMia des iivies populaires, dc;:,
almanachs, des jo.o'naiix (tels que Zastaua, réduA eai'
Milétitch), tint des l'éuni'Uis, lit dej tournées de tojùe ■
renées. Dès l'année suivanie, i'Omladina fui iii^eidi'-- i-a
Hongrie, et le piânce Aiici; A OL'î'^'eovitAi rfdb-,ù de la lAb--
ser s'assembler à Belgrade. ■ di- oi ■ >.a cb.-o en ad"-, 3r-
saire de la constiuition mag>,.ne el de (.die do Serbie, .., ^^ ._ ^.„_^. _._..,
Après l'assassinat dii prince j}dHiel \ï^: juin Idi) 'd^ i\c^, ' p..\ bî>-'' Vî=' ^/o7i^îres le^diilS'eih^^^^
cbabjis: ;.;^'-
i 'à ;)éij'cA. [••!;. <;oOi..M!: (-jiCiiu].; !a c'rc ^=0.
0 f.l il» k [ 0 1 ' fi C 'G A ( \ . ! i u' ■ i:) .
Oid:^/\ïCPLEA (\-cj-s) {XrïmuiKuA^iLi},
GUùlEti, ù.u\. ('il ili'.^y. <ie Lrnaq air, d'Aj'ueoi
{il.irui:^'
peu
Oei
-j, d l'Ce; '< '*' I- •'''-.' C',;»: ai),ioau.v. bii ITod, il col-
'-•;^AA:A!. )d.eu,n t.^ Li So. iclé ('-'s Amis des arîs, d'où
'i •>' ':^ di'{:i[: iu\c ,; d en( xiii'ai v m; oi des acts, à An-
;i-^-^ Au i />A. [• ;;,: (;,;yen_do bi gir'e de Saiiit-Luc. An
JO.J, os.o (a!iA.!u dAxi':bitien fui cAicAoour le Luxem-
iObbo Cl ce \m:]. ixcj^ o
aidiiUMx cbl !u^:e.
ûaihiE:L Vdi- des ;V
î :i iuoiie.: à force de délica-
cice 'ùiviC''. A .b\:siii de se^
ub, ]M'ov. d x;\'cL'~Ys.:u'L ;-.ur
■A).
. r.iysAi;.., „cjv. d'Uver-
i'.U(r) baA (bdoide agricole
idle- A-; iccndiants. lAmdee
ml repribo .:
V , > ' V'I
Liai
^■jaliies (V. UuL\\.\ei,DJ.
^'i béAne, arr. d'A'genlan,
canL de Tu:'; : 4S! iib
0;';ii^IlGo 113; (.î:]0idoP;, mort eii ilH^. Il lut pro-
Ajîseur^ à i]()iogne, puis (lioT) évoque do Vérone. En
i'A).'.q il (<s-Astait à babsemblée de lioncaglia, où Fré-
deAc il [:[ exa.iuoer qi-eA étaient les droits régaliens
qui loi ajîpjiàe^u. icîiî en Aondjardio comme empereur, ci
ou il éiabbl une loi en bivcur de l'école de Bologne, la
imemière bji_, ibl-on, qui aj'coi'da des privilèges aox étu-
dicnls. Omiiiiionub iot vr^iseouileblemenl un ùes premiers
élèves de GralUj]. Des ci;roniques lui lilljiijucnt une
Abbrcvidi'o Verrcli. Ou suppose (pic cette Ibbreoiatio
de Fa^uvce de (A'atien, rédigée oji 1156, esl celle cpii est
copiée dans un manuscrit de la bif)Iiothèque do Francfort.
A. -11. Y.
JUise : d-'i >jL'ji.,, Lr^^àrliLchfc der Quclldii'UiidLittevidur
(!ci^ cii,ir:,i. ^iU't!ils C(j> (L'alun' bis tuif die GcgcmKTiVt ;
Suii i;:;if't. 'd.-^-b'à, 3 vol.
(i^ii^luUo (V. AîSAXSPO'iT UX (:03IMLX).
OiVlîAyi/A ■'.eriii" di\ bnigage buancier cuAais. Ouand
eu r-rocède a eue nouvelle éùiission,!! se trouve souvenl
des i:lrc3 de diiiVienie valeur nominale et de divers lau\
de vente se lélvî-ujl è Ja lucme aii'aii'e. Les obligations
ibei:*,5, euvÎNag* cv cai'jriO iractioub de l'enîendsle, s'appei ■
bon? st'ri;;b (;•■.; évia lion de subscript ion), bas s^imm-? le-
383
OMNIUM - O'MOliE
chaque participant forme Vomnium. On réunit et syn-
dique par ce procédé de vastes groupements d'intérêts pri-
mitivement distincts.
OIVIO (Umo). Fleuve de l'Afrique orientale, tribu iaire
du lac Rodolphe, qui naît dans le pays a!)yssin de Kali'a
sous le nom de Gibié, près de l'Abai (Nil Bleu). Il reçoii
le Godjeb, le Bilinio, Fémissairc des lacs Dembel, llogga
et Boutouriine.
OIVIO A. Ville maritime du Honduras, sur la mer des
Caraïbes; 2.000 hab. Port petit, mais sûr, que tend à
supplanter celui de Puerto Cortez.
OMODEO (G. -A.) (V. Amaueo).
OMOLON. Rivière de Sibérie. Ahî. considérable de la
Kolynna (tributaire de l'océan (Uacial), dans la prov. do
Iakoutsk. Prend sa source sur le versant septentrional des
montsStanovoi et couledans anedirectiongénéralcS.-S.~0.-
N.-N.-E. entre les monts Stanovoi à droite, et les monts
de la Kolyma à gauche. Longueur, 750 kil. La vallée d;,-
rOmolon est couverte de forêts de mélèzes, de peupliers
et de bouleaux. La rivière, très poissonneuse, est navigablr-
sur un parcours de plus de 300 kil, en amoni de i'ein-
bouchure. H;;]'. C.
O'MONROY (R.). rom. fr. {V. SAiM-4;;:xii>;).
OMOMT. Ch.-l. de canl. du dép. des .\rdeiines, air.
deMézières; BOi hab.
OiVlONT (Henri- Auguste), érudil français contempo-
rain, né à Evreux le '15 nov. 1857. Sorti de l'Ecole des
Chartes en 1881, M. Omont est entré à la Bibliothèque
nationale où il occupe aujourd'hui les fonctions de conser-
vateur adjoint du département des manuscrits. Ses tra-
vaux ont eu principalement pour objet la paléographie la-
tine et grecque, , Fhistoire des manuscrits, l'histoire de
l'imprimerie et la bibhographie. Il a publié un grand
nombre de reproductions de manuscrits, mais il a rendu
surtoutd'inappréciablesservices en publiant un grandnombrc
de catalogues de manuscrits, et particulièrement ceux des
différents fonds et collections de la BibhoLhèque nationale.
11 est l'un des collaborateurs de la Grande Encijdofjêdie.
OiVlON VILLE. Corn, du dép. de la Seine-ïnforieure,
arr. de Dieppe, cant. deBacf|ucvillo; 233 hab.
OWlONVlLLE-LA-PEirrE. Corn, du dép. de la Manche.
arr. de Cherbourg, cant. de Beaumont-Hague ; 304 hab.
OMONVILLE-LA-RoGUE. Com. du dép. de la Manche;
arr. de Cherbourg, cant. de Beaumont-ilague ; 430 hab.
OMOPHORION. Ornement impérial byzantin, formé
d'une écharpe semée de pierres précieuses que l'on jetait
sur les épaules et laissait tomber sur la poitrine et le dos.
Elle fut adoptée par le clergé grec
au lieu du pal'ium (V. ce mot)
des Occidentaux.
OWIOPHRON (Enlom.). Genre
d'Insectes Coléoptères, établi par
Latreille {lîist nul. Ins., Jll .
p. 87), qui a donné son nom à la
tribu des Omophronina^ Le corps
est plat, presque hémisp]iéri(|ue =
Ces Insectes habitent i'Luropc,
LEgypte, le Sénégal, l'Inde, l'Ame •
rique du Nord.' L'O. lùnbaliuii
E. se trouve aux environs de Paris dans le sa.ble, au bord
des eaux courantes.
OIVIOPLATE. I. AxATOMu:. -^ L'omoplate est on os plaL
triangulaire, situé do chaque côté de la partie postcro-su])é~
rieure du thorax, et constituant, avec la clavicule, la
cemture scapulaire. 11 s'articule avec Eextrémite extcnie
de la clavicule ])v-r une apophyse recourbée : Eacj'omio]}.
et avec l'humérus par une facette ovalaire concave peu
étendue située sur son bord externe : la cavité glénoide,
encroûtée de cartilage et entourée d'un !)ourrelet fibreux,
le bourrelet glénoidien. Elle est encore rattachée a la
elavicule par de forts ligaments allant d-} cet os a
l'apophyse coracoide qui s'élève en dedans de la cavité
glénoide sur le j)ord supérieur de l^omoplate. Pai' sa
Oiiiophroii lijiibatuh
réunion grà^e à uii ibrt ligament (acron-no-cofacoidien)
avec l'acromion terminant en dehors la saillie (épine)
(jui divise en deux la face postérieure de Eomoplaie.
l'apophyse coracode forme un toit qui surpiondje la ca-
vité giénoide. L'omoplate est rattachée par des muscles
à la colonne vertébrale, aux cotes, à 1 buînérus. La face
antérieure, qui répond au thoi'ax, est tout entièi-e rem-
phc par le muscle sous-scapulah'e. La raccpostéi^ieure Cbt
divisée par l'épine en una fosse sus-épineuï,e qui donne
insertioji au muscle sus-cpineux, et une fosse sous-
épineuse dans la(iuelle s'insèrent le muscle sous-épineux
et les muscles petit et grand ronds. Cet os se développe
de bonne heure. Le centre commence à s'ossitier dès le
Vô^ jour de la vie iiitra-uîériiie.
IL Pathoj.ogie.— L'omoplate e^t })cu impoiiante au point
de vue palhologiqsie. On obscj've ccpeudant des fractui'es
de cet os qui, en raison des insertions iiiusculaires sur les
deux facos, ne préseîilent pas de déplacement; pour le
même moiii', la vitalité des ehtj.jilles est assurée et ellcr,
ne doiveiit èire enlevées qu'en cas de su])[Hn'aiion pro-
longée. Les fracîures de l'acromion et de, l'apophyse eo-
raco.do, les luxations bcapulo-hinnérahs et acromio-cdavi-
culaires sont intére.-^sajUes. L'omoplate od un heu de pré-
dilection pour les tumeurs o>souses, en particulier le sar-
come. La résection de Los est a!ors indifjuce.
m. AxTuaopoLCcnE. — La forme de l'omoplate est en
rapportavec la position habituelle et la fonction du membre
supérieur. Son plus grand diamètre chezfhomme est pré-
cisément le plus petit chez les quadrup des ; autrement
dit, le rapport de sa la.rgcur à sa longueur (indice scapu-
laire), toujours inférieur à 100 chez l'homme, est tou-
jours supérieur à 100 chez les quadrupèdes, sauf des excep-
tions néghgeables. Maischez les anthropoules don tbattitude
est oblique, et même chez quebpies cébiens, il est aubbi
i;:iférieur à 100. Et, d'une manière générale, il est en
même temps un peu supérieur à ce (!u'il est chezrhonnne.
On a en conséiiuence recherché (Elower, Broca) s'il ne
constituait pas un caractère hiérarchique pour les races
humaines. En mo^enjic, il est en elfet plus élevé chez les
nègres (68,16) que chez les Européens (63,97). Mais ses
variations sojil très grande., au sein des groupes. Chezmi
nom de l'Inde, il était pleis élevé do beaucoup (76) (iue
chez les anthropo'ales, sauf les gibboiis. Si donc son élé-
vation est en elle-même une marque, d'ailleurs tout à fait
relative, d'infériorité, il est dïaie utilité médiocre pour le
classement des races hunuiincs.
OMOP_LATOSCOPiE (V. Divinatiox, t. XIV, p. 722).
O'IVÎORAN (Joseph), général fran-'^ais, néàDelphin. ^en
743, mort sur l'échafaud à Paris en 1794.
Irlande, en 174„, .. . ^......._...^ .. ^^..^ y^,, x.^-±'.
Il servit en France, devint colonel sous la Révolution, puis
maréchal de camp, lit a\ec Dumouriez les campagnes de
Qmmpa gne et de Belgique, devint en 1792 général de
division, prit Tournay et occupa Cassel. N'ayant pas prêté
son appui à la division du général Eerrières^ il lut arrêté,
conduit à Paris, condanmé à mort par le tribunal révolu-
tionnaire et exécuté. pii. B.
_ O'IVÎORE (PiOry), agitateur irlaridaib, mort en juin 137H.
Eils d'un (hef irlandais réputé par sa violence, il fut en
cojitiniielle rébellion contre le gouvememeiit anglais, ùi
157 ] , il combat à la fois le roiMc d'Ormonde et Icb iroupes
de la^ reine; en 1574, il b'afiiHeaax complots de Kildare;
en 1577, il négocie avec l'iLspague pour obtenir des sub-
bides, s'allie aux O'Connor et lève luio armée. 11 brûle,
pille, terrorise le pays, mais lomijc entre les mains des
Fitzpatrick, Sa tète fut exposée sur les mui's du château
de Dublin. p^. 5,
O'i^ORÊ (Kocy), a-iiaîiHir ictanda.h du Wif siècle.
Appartenant à la famille du préaédent et, comme lui et
presque tous ses parents, violent et impatient du joug
anglais,^ il est en élat de cojistante rebelKon. En iUil
les /inglais ayant ibrt a faire en E Obse, O'More cherche
à grou])er tous les chefs mécontents et s'assure l'assen-
timent du fameux Sbane O'.Xeiil et de Ricbard Plunkett,
O'MORE — ONATAS
— 384
entre autres. O'More préparc un soulèvement dans l'Ulster,
Richelieu promet des armes et de l'argent et on décide un
coup de main sur le château de Dublin pour le :23 o^t. 1 64 1 .
Ce coup de main avorte, mais la révolte de l'UIster éclate
et O'More se met en campagne à la tète d'une forte ar-
mée. 11 remporte une victoire à JulianstONvn (29 nov.).
Peu après, Ormonde écrase les Irlandais à Kilrush (loavr.
'\6i^). [.es autres chefs se découragent et O'More fait sa
paix avec le gouvernement. Il reprend les armes en 1630 ;
il est fait prisonnier et relégué dans Tile de Bafin en 1632.
On ne sait ce qu'il devint par la suite. R. S.
OMOSO. Ville de Mandchourie, prov. de Girin (empire
chinois), sur la Khoulkha, affl. delà Soungari. Omoso est
située à environ 70 kil. en amont du lac Birtin, à peu
près à égale dis lance de Girin et de Ningouta,
OWiOUN. Ville de l'Afrique occidentale, sur le cours in-
férieur du Vieiix-Cakibar. Marché important fréquenté par
les traitants des environs.
OMOURA. Ville maritime du Japon, île de Kiousiou,
Ken et à 20 kil. N. de Nagasaki ; 10.000 hab. Pêcheries
de perles. Camphrier de 17 m. de circonférence. — La
baie d'Omoura, qui s'ouvre par un étroit goulet de 40 kil.
de long, est très belle.
OIWPHALE. Reine légendaire de Lydie, tiJle de Jarda-
nos, épouse, puis veuve de TmOios, au service de laquelle
Uéniidès (V. ce nom) demeura trois ans, s' abaissant à
des travaux féminins.
OMPHALIA (Bol.). Genre de Champignons Agaricinés,
très voisins des Myeeiia. Slipc central, fistuleux, mince,
mais s'élargissant vers le haut, de consistance cartilagi-
neuse, portant peu ou pas de traces du voile, supportant
un chapeau ombiliqué, de consistance membraneuse et de
faible épaisseur ; les lamelles qu'il porte sont toujours dé-
currentes; elles domient naissance à des spores blanches,
imparfaitement ovales et terminées en pointe à l'une de
leurs extrémités. Ces champignons sont répandus dans toutes
les parties du monde ; ils croissent sur les teirains humides
ou sur le bois mort; quelques-uns vivent sur les racines.
On en compte jusqu'à 360 espèces. H. F.
DM P H AL 1ER (Omphalea L.). Genre d'Euphorbiacées-
Kxca^cariées, composé de sept ou huit espèces d'arbrisseaux
sarmenteux propres aux régions tropicales de l'Amérique
et à Madagascar. Les fleurs, disposées en petites cymes
sur un axe commun simple ou ramifié, à grandes bractées
axillantes, sont monoïques, régulières, apétales ; le calice
est formé de 4-6 folioles imbriquées et entoure un androcée
qui a la forme d'un champignon, portant sur le bord du
chapeau 2 à 4 anthères biloculairch. Les iïeurs femelles
possèdent un ovaire à 3 loges uni-ovulées. Le fruit est
charnu, à endocarpe indéhiscent ou partagé en 2, 3 coques
élastiques, bivalves. Les graines, épaisses' ont un embryon
à larges colylédoiis renfei'mé dans un all)umen charnu et
huileux. Aux Antilles, on emploie topiquement les feuilles
des 0. Iriandra L. et 0. diandra L. dans le traitement des
ulcères. Leurs fruits, comestil)les, sont connus sous les
noms de yoiseite de Saint-Domingue o\\ de .V. d'Ann'-
rique. On fait avec la masse intérieure des graines des
dragées et Ton tire de leur albumen une huile douce, cos-
jué tique, alimentaire, pectorale. Les Omphaliers de Madas-
gascar passent pour vénéneux. D^' L. Hx.
OMPHALOCÈLE (V. Herxie).
OMPHALOCÉPHALES (V. Moxsire, t. XXIV, p. 173).
OIVIPHALOIVIANCIE. Mode de divination très répandu
sur le globe, tirant des présages de la disposition du cor-
don ombilical lors de la naissance. Dans les pays celtiques,
comme la France ou la Bavière, on prophétise d'après les
nœuds du cordon combien la mère aura encore d'enfants.
Certains peuples, tels que les Igarrotes, tuent les enfanta
qui naissent entourés du cordon, pensant qu'ils dtnien-
dront funestes à leurs parents. D'autfes enterrent le cor-
don et plantent au-dessus un arbre, symbole de la dcsti-- l
née de l'enfant. " j
BiBL. : Ploss::, Diin Kuid ; Leipzig, 1881, 2 \ol.
OM PHALOSITE (Térat.) (V. Moxsiue, t. XXIV, p. 173).
OMPS. Corn, du dép. du Cantal, arr. d'Amillac, canl.
de Saint-Mamet-la-Salvetat; 309 hab.
OMRI, roid'Israèl (V. Amri).
OMS. Com, du dép. des Pyrénées-Orientales, arr. et
cant. de Céret; 438 hab.
OMSK. Ville de Si!)érie, centre administratif du gouv.
général des steppes et siège du gouverneur d'Akmolinsk
depuis 1895. Evèché des provinces d'Akmohnsk et deSé-
mipaiatinsk et des cercles de Tara et d'Ichim (du gouv.
de Tobolsk), formant le diocèse d'Omsk, pasteur protes-
tant. La ville est située à 83 m. d'alt. sur la rive droite
de l'Irtych à son confluent avec FOm. Le terrain est uni,
3aux entourent la ville presque
excessif, l'air sec et pur. On
de tous côtés. Le cUmot est
observe à Omsk de brusques sauts de température et des
vents violents. La température maximum est de -f- 36°, 4,
minimum — 41^1 ; 43.226 hab. (laboureurs, éleveurs
ou marchands), nombreuses usines et fabriques. Depuis la
construction du chemin de 1er, Omsk est devenu l'entre-
pôt des marchandises européennes pour la province de
Sémipalatinsk et le gouvernement de Tobolsk. La ville pos-
sède une banque, une école militaire, plusieurs établisse-
ments primaires, divers cercles et réunions savantes, un
muhée d'ethnographie. Omsk est le siège d'une foire an-
nuelle, dont le chiffre des transactions s'élève à i million
de roubles. Ruines d'une ancienne forteresse. Pont de
chemin de fer grandiose sur l'Irtych. Mar. C.
ON A. Tribu de la Terre de feu (V. ce mot).
ONAGRARIAGÉES {OiKrjrariaceœ Lindl., Onagra-
rieœ DC). Famille de plantes Dicotylédones dialvpétales,
dont les représentants sont des herbes terrestres bu aqua-
tiques et des arljrisseaux à feuilles altei'ues ou opposées,
parfois pourvues de petites stipules solitaires ou géminées
et à inflorescences très variables. Les fleurs sont herma-
pju'odites, en général régulières, à périanthe et à androcée
supères ; l'ovaire est infère, à loges pluriovulées et à ovule
ordinairement descendant. Le fruit est généralement cap-
sidaire, rarement charnu, septicide ou loculicide. Les
graines sont nombreuses, à testa crustacé ou membraneux,
quelquefois dilaté en aile (.Vo/?fciû^) ou frangé (Clarkia),
ou chevelu à la chalaze {Epilobium) ; l'embryon est droit,
ordinairement dépourvu d'albumen. Les genres principaux
<ont : OEnothera L., Ludwigia h., Epilobium h., Fuch-
sia Plum.. Gaura L., Circœa L., etc. On rattaclie
aujourd'hui à cette famille, comme simjdes tribus, les Tra-
cées, les Halorogées, les Gunnéracées et les Hippu-
r idées (Bâillon). D'' L. Hn.
ONAGRE. L Zoologie (V. Chenal, t. X, p. 1120).'
IL BoTAxiQUE. — Nom vulgaire des OEnothères (V. ce
mot).
III. Art militaire.—- Machine de jet, dont faisaient
usage les Romains et qui devait peu diff'érer de la caia-
pulte (V. ce mot).
ON AN. Second fils de Juda, appelé par la loi du léviraL
à assurer une postérité à son frère anié défunt en fécon-
dant sa veuve, se refusa à cette obligation, ce qui attira
sur lui le courroux divin {Genèse, xxxviii, 6-li).
ON AN S. Com. du dép. du Doubs, arr. de Baume-les-
Dames, cant. d'Isle-sur-le-Doubs ; 108 hab.
ONARD. Com. du dép. des Landes, arr. de Dax, cant.
de Montfort; i23 hab.
ONATAS i."Églne, sculpteur grec, l'un des plus bril-
htnts représentants de Fécole d'Fgine. llflorissait dans la
])remière moitié du v« siècle av. J.-C. On sait en effet qu'il
travailla pour Hiéron, qui mourut en 467, et qu'il a\ait
'^xécutô pour Thdsos. entre i-'^O. où dominent ]esPersc>,
'^t 4b3 ou les Athéniens s'emparent de cette île, imesl-i-
tue d'Hérakles On mentionne 'de lui des OzU'Tes assez
nombreuses. 11 avait copie pour les Phigaliens un très
mmn xoanon {sid.im de bois), probablement d'origine
étrangère, qui représentait une' ?femmc assise, avec mie
tète de cas aie et des serpents enlacés dans la chevelure.
385 —
ONATAS — ONCOBA
La copie était en bronze. Elle avait déjà disparu du
temps de Pausanias. A Pergame, il avait fait un Apollon
colossal. Il était Fauteur d'un Hernies criophore. Les
habitants de Tliasos avaient dédié à Olympie un Héraklès
haut de 10 coudées, tenant de la main droite une mas-
sue, de la gauche un arc. Le type était phénicien. Les
Thasiens, en eifet, d'après Pausanias, étaient d'origine
phénicienne. On a rapproché de cette description' un
bronze du Cabinet des médailles et des moniiaies de
Thasos (Rayet,3ion. de l'Art a}it.,\)\. XXV ; CoUignon,
Ilist de la sculpt. grecque, p. 284 ; Pausanias, V, 23,
1"2). Un ex-voto des Achéens à Olympie figurait les
héros grecs tirant au sort pour savoir qui répondra au
défi d'Hector. Le groupe représentait Nestor et les neuf
guerriers. Les fouilles d'Olympie ont rendu la hase de la
statue de Nestor. Néron avait soustrait à ce groupe la
statue d'Ulysse pour l'emporter à Rome. Il y avait à
Delphes un ex-voto des Tarentins, placé là en mémoire de
leurs succès contre les barbares peukéliens, leurs voi-
sins. C'était un groupe de fantassins et de cavaliers com-
battant. On y voyait le roi des lapyges, Opis, mort,
ainsi que les héros protecteurs des Tarentins, Taras et Pha-
lante, ce dernier accompagné du dauphin qui l'avait sauvé
du luiufrage.
11 est assez difficile de rendre un compte exact du style
d'Onatas. Il appartient à la dernière génération des sculp-
teurs archaïques, et il est fort vraisemblable que sa ma-
nière se rapprochait de celle qu'on remarque dans le
fronton d'Egine. Il fout noter la haute visée de j)lusieurs
des œuvres d'Onatas : ce sont des figures colossales, des
groupes. Mais ces groupes sont moins composés que juxta-
posés. La trouvaille de la base séparée de la statue de
Nestor le confirme, et l'on s'explique ainsi que Néron ait
pu enlever la figure d'Ulysse sans mutiler l'ensemble.
André Baudrillart.
BuîL. : Textes dans OvKRni'.ijK. Aiii'iU. Sclu'iftquellcn,
11°* 421-428. — Bruxn, Geschichte dcr griechisclien Kanst-
l(')\ t. I, pp. 8<S-Dô, l'« éd. — CoLLiGNON. H'ist. de la scnlj).
(ircc([ae. t. I, pp. 282 et suiv — Laloux et Monceaux.
Olipnpie, p. (jl.
ON ATE. Ville d'Espagne, prov. de Guipuzcoa; 6.132
hab. (en i887). Ancien comté; ancienne université. Cuivre,
fer, cuir. Centre d'opérations de don Carlos dans la
guerre civile.
ONAY. Corn, du dép. de la [Drôme, arr. de Valence,
cant. de Romans; 230 hab.
ONAY. Com. du dép. de la Haute-Saône, arr. et cant.
deGray; 98 hab.
ONCE. I. Métrologie. — Poids ancien, qui a été,
suivant les temps et les pays, le dixième, le douzième ou
le seizième de la livre (V. ce mot). A Paris, l'once valait,
en dernier lieu, avant l'adoption définitive du système mé-
trique, 30=^,39. On ne se sert plus aujourd'hui de cette
dénomination que dans quelques industries spéciales, pour
désigner un poids de 30 gr. — L'once a aussi été chez
les Romains une mesure de longueur égale au douzième
du pied et une mesure de superficie égale au douzième de
l'arpent.
IL Monnaie. — Nom de diverses valeurs monétaires.
A Rome, l'once a été longtemps une division de Vas (Y. ce
mot), mais elle s'est confondue avec lui le jour où l'as n'a
plus pesé qu'une once (V. Monnaie, t. XXIV, p. 123).
De nos jours et à l'étranger, plusieurs monnaies d'or ont
porté ce nom; l'once valait 83 fr. en Espagne, 13 fr. à
Naples, 86 fr. au Mexique, 92 fr. à la Havane, etc.
III. Zoologie (V. Chat, t. X, p. 873).
ONCEIUM. Ville antique d'Arcadie, sur le Ladon.près
de Thelpusa; temples de Déméter Erinys, d'Apollon On-
ceates.
ONCHESMUS. Ville antique d'Epire (Chaonie), sur la
côte, en face de la pointe N.-O. de Corcyre. A l'époque de
Cicéron, c'était un lieu de passage de Crèce en Italie. On
l'appelait aussi Port crAnchise.XVé^oqm byzantine, le
nom à' Anchiasmus prévalut.
GRANOF. KNCYCLOPÉDIF, — XXV.
ONCH ESTE. Ville antique de Réotie, au S. du lac Co-
pais, sur le territoire d'Haliarte. Célèbre temple de Poséi-
don où se célébraient les fêtes des Onchestia, avec courses
de chevaux. Ce fut probablement le centre d'une fédéra-
tion religieuse et politique des villes du golfe de Corinthe.
ONCHOCOTYLE (Zool.). Genre de trématodes poly-
stomes à bouche située du côté ventral, sans ventouse
latérale, dont le corps, d'une mobihté extrême et qui change
très facilement de forme, est bifurqué en arrière. Il porte,' à
une certaine distance de l'extrémité, six fortes ventouses
charnues, soutenues par une lame solide et numies d'un
crochet chitineux. L"envelop])e des œufs est prolongée à
chaque bout par un long filament. Ces animaux vivent
sur les branchies des raies et squales. Type : 0. appendi-
rulafa, long de 1 centim., large de i inillim. ; vit sur les
branchies de la roussette. ' R. Moniez.
ONCHOLAIMUS (ZooL). Genre de Nématodes libres,
type d'une famille qui renferme une quinzaine de genres,
dont les espèces, longues de quelques millimètres,' vivent
dans le sol, les eaux douces ou la mer. Presque tous les
Oncholaimus sont marins. Ils se distinguent par la cavité
Iniccale large, ])rofonde, présentant trois protubérances
fixes, dentiformes, dirigées en avant ; les spicuies ji'ont
qu'une seule pièce accessoire ; il n'existe qu'un testicule.
ON Cl AL E (V. Ecrituke).
ONCIDIUM. 1. Malacolocje. — Genre de Mollusques
Pulmonés établi par Ruchanan en 1800 pour un animal à
corps assez épais, allongé, cylindrique, obtus à ses deux
extrémités ; manteau tuberculeux recouvrant tout le corps
et le débordant ; tète petite, cachée sous le bord antérieur
de la cuirasse ; palpes labiaux très grands ; deux tentacules
courts, renflés et oculés au sommet. Les Oncidium vivent
sur les plantes aquaticfues croissant à l'embouchure des
grands fleuves de l'Inde.
IL RoTANiQUE. •— Genre d'Orchidacées Vandées, com-
posé de plus de 200 herbes propres à rAméri([ue, épi-
phytes, à pseudo-tubes, à inflorescences simples ou ra-
meuses. Les fleurs sont caractérisées par un labelle
resserré à la base, puis étalé en s'écartant de la colonne ;
le limbe est large et étalé ; les sépales sont généralement
libres ; la colonne est brève et, au niveau de l'antre stig-
matique, porte deux auricules. La couleur des fleurs est
blanche ou jaune, avec des mouchetures. D'" L. Un.
III. Horticulture. — Ces plantes épiphytes se cultivent
en terre de bruyère en morceaux mélangée de sphaignes.
{]q. mélange est mis en pots bien drainés ou dans des
paniers à mailles larges que l'on suspend en serre chaude.
On peut aussi installer les Oncidium sur des morceaux
de bois de chêne en grume. * G. R.
ONCIEU. Com. du dép. de l'Ain, arr. de Relley, cant.
(h^ Soaint-Rambert; 189 hab.
ONCKEN (Wilhelm), historien allemand, né à Heidel-
berg le 19 déc. d838, professeur à l'Université de Hei-
delberg (1866), puis à celle de Giessen (1870). H a publié
avec trente collaborateurs une histoire universelle : Allge-
meine Gesch. in Einzeldarstellungen (1878-94),
où lui-même a rédigé les parties relatives à l'époque de
Frédéric II, de la Révolution et de l'Empire, de l'empereur
Guillaume P^ Citons encore : OEslerreich iind Preus-
sen ini Befreiungskriege (1876-79, 2 vol.).
Son frère Auguste ne à Heidelberg le 10 avr. 18ii,
professe l'économie politique à l'Université deRerne (1878).
Il a édité les œuvres de Quesnay (Francfort, 1888) et
publié plusieurs ouvrages relatifs à Adam Smith und
/. Kant (1877) ; Der œltere Mirabeau (1886) ; Die
Maxime Laisse.x, faire, laissez, passer (1886), etc.
ONCLE (V. Famille et Parenté).
ONCOBA {Oncoba Forsk.). Genre de Rixacées-Onco-
])ées, composé d'arbres et d'arbustes de l'Afrique tropi-
cale, souvent épineux, à feuilles alternes et à inflores-
cences variables. Les fleurs, polygames, ont 3 à 12 parties
dans chaque verticille du périanthe, de nombreuses éta-
mines, un ovaire à 3-12 phn-entas pariétaux multiovuiés.
ONCOBA — ONCTION — 386
Le fruit est charnu, lisse ou rugueux, déhiscent. L'espèce
principale, 0. spinosa F orsk., a le fruit comestible ra-
fraîchissant, antigoutteux. L'O. monacantha Steud. jouit
des mêmes propriétés. D^' L. Hn.
ONCOCHILUS (V. NÉRriA, § Paléontologie, t. XXIV,
p. 958).
ONCOLOGIE (Térat.) (V. Monstre).
ONCOURT. Corn, du dép. des Vosges, arr. d'Epinal,
cant. de Châtel; 124 hab.
ONCTION. I. Thérapeutique. — L'onction n'est
autre chose c[u\me friction douce (V. Friction) faite à la
surface de la peau pour l'enduire d'un corps gras ou d'une
huile. Dans l'antiquité, c'était le complément ordinaire des
bains, et elle était pratiquée par des personnes attachées aux
établissements, iQsiinctores et unctrices, encore désignées
sous le nom commun à'aliptes, qui pratiquaient en même
temps le massage. Les athlètes se faisaient faire des
onctions d'huile, soit avant, soit pendant, soit après leurs
exercices ou les luttes, pour assouplir et détendre le sys-
tème musculaire et modérer la sueur. Ce dernier effet,
très réel, est recherché par les peuplades de l'Afrique
centrale, qui font des onctions avec l'huile de palme, en
particulier sur la tête et la face. L'onction huileuse est,
en outre, un préservatif contre le froid dont usent les
habitants des régions boréales ; ce fut une ressource pré-
cieuse pour les soldats de Xénophon lors de sa fameuse
retraite. On s'en sert dans la convalescence de la scarla-
tine pour faciliter la chute des squames et dans un grand
nombre de maladies de la peau. Enfui, grâce au ramollis-
sement de l'épiderme produit, les onctions médicamen-
teuses peuvent, comme les frictions, faciliter l'absorption
des substances actives. Pour protéger la main c[ui pra-
tique l'onction dans ce dernier cas, on se sert d'un gant
de peau, ou on remplace la main par des plumasseaux
d'ouate ou de charpie fine. i)^ L. Hn.
II. Théologie. — Extrême-onction.— Au mot CmiÊME,
nous avons indiqué les principales substances avec lesquelles
l'onction reHgieuse est faite, ainsi que les personnes et les
objets auxquels elle est ou elle était appliquée. — L'Eghse
catholique a fait un Sacrement, sacramentum exeun-
tium, de l'onction administrée par un prêtre aux malades,
unctio infirmorum. La matière éloignée de ce sacre-
ment est l'huile d'olive bénite pour cet usage par un
évèque (V. Chrême). Les effets que l'huile produit sur le
corps représentent parfaitement, dit le Catéchisme du
concile de Trente, ceux que le sacrement opère dans
Fàme : comme l'huile calme les douleurs, repose des fa-
tigues, augmente les forces, rétablit la santé, apporte la
joie et fournit à la lumière un élément fécond, de même
l'extrême-onction soutient l'âme du malade contre ses dé-
faillances, la soulage de sa tristesse et de ses souffrances
et fait descendre sur elle les illuminations du Saint-Esprit.
La matière prochaine est l'onction faite avec cette huile ;
car la matière prochaine d'un sacrement est l'application,
au sujet, de la matière éloignée. — La forme consiste dans
les paroles que le prêtre prononce en administrant l'onc-
tion : Per istam sanctam unctionem, et suam piissi-
mam misericordiam, indulgeat tibiDeus quidquidper
visum aut odoratum, gustum, tacium, auditum deli-
quisti. « Que par cette sainte onction et sa très pieuse
miséricorde, Dieu te fasse grâce de tous les péchés que tu
as commis par la vue ou l'odorat, le goût, le toucher.
Fouie ». L'usage de l'Eglise latine est de faire l'onction
sur les organes des cinq sens, en répétant ces paroles pour
chacun d'eux. Le Catéctiisme du concile de Trente
indiipie, en outre, d'autres organes, notamment les pieds
et les reins (ueluti uoluptatis et libidinis sedes). L'onc-
tion des reins est toujours omise chez les femmes. Dans
les cas de nécessité, une seule onction suffit pour la vali-
dité du sacrement. Dans ces cas, il est convenable de la
faire à la tête, comme siège principal de tous les sens.
En l'Eglise grecque, on ne la fait qu'au front, à la poi-
trine, aux mains et aux pieds, mais elle est accompagnée
de rites compliqués. Dans tous les autres sacrements, la
forme est positive, exprimant un effet immédiat; par
exemple, dans le baptême : Je te baptise; dans l'ordre :
Reçois la puissance de... Dans Fextrême-onction, au
contraire, elle est déprécatoire, parce que, outre les effets
spirituels que ce sacrement opère directement, il tend à
rétablir la santé du malade, résultat qui se produit rare-
ment et qui dépend d'une disposition future de Dieu. —
Le MINISTRE de l'extrême-onction est un prêtre. Tout
prêtre peut l'administrer validement ; mais il ne le peut
licitement que s'il est approuvé par Févêque et député
par lui. Un seul prêtre suffit pour conférer ce sacrement,
quoique anciennement il fût conféré par plusieurs. — Les
EFFETS de l'extrême-onction sont : i^ de rétablir la santé
du corps, lorsque cela est expédient pour le salut du ma-
lade ; 2° de produire pour l'âme la grâce sanctifiante ;
3° de donner au malade des armes pour repousser les
attaques du démon, qui redouble ses efforts contre les
hommes, au moment décisif de leur mort ; 4° d'effacer
les péchés véniels et même les mortels, lorsque le malade
en conçoit un véritable repentir, et qu'il n'a point le pou-
voir de s'en confesser ; 5^ de délivrer l'âme de tous les
restes de ses péchés, ce qui assure la tranquillité du ma-
lade agité par les souvenirs du passé. Par restes du
pécfié, on entend ordinairement la peine temporelle due
au péché, et aussi l'infirmité produite par le péché, soit
originel, soit actuel, et qui empêche Fhomme de se porter
au bien. En effet, le concile de Trente enseigne que
l'extrême-onction contient la consommation, non seulement
de la pénitence, mais de toute la vie chrétienne. — Les
PERSONNES auxquelles ce sacrement peut et doit être admi-
nistré sont les malades parvenus à l'âge de raison. La
maladie est une condition nécessaire, parce que Fextrême-
onction contient un vœu de guérison. Le péril de mort ne
suffit pas, si on n'est point malade. C'est pourquoi on ne
doit donner ce sacrement ni au soldat avant la bataille, ni
aux matelots, ni aux passagers menacés de naufrage, ni
aux condamnés à mort avant leur suppHce. Mais il peut
être réitéré. Les personnes guéries de la maladie pendant
laquelle elles ont reçu Fextrême-onction peuvent la rece-
voir de nouveau, lorsqu'elles sont atteintes par une ma-
ladie nouvelle. — Quoique ce sacrement ne soit point
nécessaire au salut d'une nécessité de moyen, il l'est
d'une nécessité de précepte divin. Les malades dange-
reusement atteints ne peuvent, sans péché, négliger de le
demander. 11 peut être administré avant ou après le via-
tique (V. ce mot). Les rituels varient sur ce point.
Aucune Eglise protestante n'admet Fextrême-onction
parmi les sacrements. En effet, un des caractères essen-
tiels de tout sacrement est d'avoir été institué par Jésus-
Christ. Or, on ne trouve nulle part dans le Nouveau Tes-
tament l'indice de pareille institution. On y voit bien que
les apôtres, envoyés deux à deux par Jésus-Christ, oignirent
plusieurs malades et qu'ils les guérirent (Ev. saint
Marc, VI, 13). Mais il ne peut s'agir ici de ce quel'EgHse
catholique appelle Fextrême-onction, puisqu'elle enseigne
que ce sacrement ne peut être administré que par un
prêtre, et qu'elle-même reconnaît que les apôtres ne
reçurent le caractère sacerdotal, nécessaire à cette admi-
nistration, que la veille de la mort de Jésus, dans le der-
nier souper où fut instituée la sainte Cène. D'ailleurs,
l'effet constaté par Y Evangile selon saint Marc est tou-
jours la guérison. D'autre part, l'apôtre à qui le concile
de Trente rapporte la promulgation de ce sacrement,
insinué, dit-il, dans l'évangile de saint Marc, Apud
Marcum quidem insinuatum, per Jacobuni autem,
apostolum ac Dommifratrem, fidelibus commendatum
at promulgatum {Sess. XIV, cap. I, De Institutione
sacramenti extremœ unctionis), saint Jacques ne dit
nullement que la pratique qu'il recommande a été ins-
tituée par Jésus-Christ^ comme le fait saint Paul, quand
il parle de l'institution de la sainte Cène. Voici littérale-
ment le texte de son épitre : « Si quelqu'un parmi vous
387 —
ONCTION — ONDE
est atteint d'infirmité, àaOsvsï, qu'il appelle les anciens
de r Eglise, touç 7cp£a6uirc'pouç i% IxxXrjaia;, et qu'ils
prient pour lui, l'oignant d'huile, au nom du Seigneur ;
et la prière de la foi, bùit] t^ç Tiiaisojç, sauvera le ma-
lade, et le Seigneur le relèvera ; et s'il a commis des
péchés, il lui sera pardonné (v, 14-13). Ici encore, l'effet
principal, c'est la guérison. Lsl rémission des péchés n'est
mentionnée que conditionnellement, accessoirement. Ces
efï'ets sont produits par la prière de la foi. L'onction
n'apparait que comme une circonstance, un remède conco-
mitant, recommandé pour toutes les maladies, en consé-
quence de la vertu attribuée généralement à l'huile contre
toutes les indispositions corporelles. Quant aux anciens
de l'Eglise, qui devaient opérer l'onction et faire la prière,
non seulement rien n'indique qu'il faille les distinguer des
anciens qui formaient le conseil des premières Eglises
chrétiennes, à l'instar des anciens des synagogues juives ;
mais le pluriel dont se sert Vépitre montre bien qu'il
s'agit d'eux ; car, s'il y avait eu alors des prêtres, investis
d'une fonction sacerdotale, distincte de celle des anciens,
il serait invraisemblable d'en supposer plusieurs dans les
communautés minuscules que les chrétiens . formaient du
temps de saint Jacques. — Si le rite recommandé par
saint Jacques avait été institué par Jésus-Christ, on le
trouverait indiqué et observé partout et dès le commence-
ment de l'Eglise, comme le baptême et la sainte Cène. Or
Tertullien et Cyprien, qui fournissent tant de renseigne-
ments sur les usages de l'Eglise d'Occident, n'en disent
absolument rien. Au v® siècle, une lettre d'Innocent P^,
évèque de Rome, mentionne l'onction des malades, et
l'appelle genus sa^ramenti. Cette onction était alors
faite avec de l'huile préparée par les évêques ; mais tous
les fidèles pouvaient s'en servir, aussi bien que les prêtres.
On s'en servait dans toutes les maladies pour obtenir la
guérison. Ce n'est guère qu'à partir du viii^ siècle que
l'extrême-onction est mentionnée quelque peu distincte-
ment par les conciles. Le deuxième concile d'Aix-la-Cha-
pelle en parle, non comme d'un sacrement, mais comme
d'un usage pieux, fondé sur une simple croyance : Unctio
sancti olei, in qua salvatio infirmorum creditur. La
formation de la doctrine catholique sur le sacrement ré-
sulta ensuite d'une élaboration oscillante, fort pénible,
confuse et parfois contradictoire. — Les conclusions que
la théologie protestante tire de ces constatations historiques
ont été formellement anathématisées par quatre canons
du concile de Trente {Sess. XIV). E.-H. Vollet.
ONCY. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. d'Etampes,
cant. de Milly; 204 hab.
ON DAINE (L'). Riv. du dép. de la Loire (V. ce mot,
t. XXII, p. 435).
ONDATRA (ZooL). Genre de Mammifères Rongeurs
créé par G. Cuvier (1800) sous le nom de Fiber pour
VOndatra des fourreurs que Linné avait placé, à tort,
dans le genre Castor, avec lequel il n'a d'autres rapports
que son genre de vie aquatique. Il se rapproche, au con-
traire, par tous ses caractères, des Campagnols (V. ce
mot) et doit rentrer avec eux dans la famille des Muridés
(V. Rat). Le genre Fiber présente les caractères suivants :
crâne et dents construits sur le modèle de ceux des Cam-
pagnols, mais la queue, presque aussi longue que le corps
sans la tête, comprimée, presque nue, écailleuse ou réti-
culée. Pieds incomplètement palmés, adaptés à la vie aqua-
tique. L'Ondatka ou Rat musqué des trappeurs du Canada,
le Fiber zibethicus des naturalistes, est le plus grand de
tous les Campagnols, car il atteint la taille d'un jeune
lapin (plus de 30 centim. sans la queue). Ses formes sont
ramassées, sa tête grosse, ses membres courts; les yeux
sont petits et les oreilles dépassent à peine le pelage. Il
y a quatre doigts et un pouce rudimentaire aux pieds de
devant, cinq doigts bien distincts et palmés à la base aux
pattes postérieures qui sont plus fortes que les antérieures.
Le pelage ressemble à celui du Castor, mais il est plus
court ; il est formé d'un épais feutrage de bourre, recou-
vert de longs poils brillants et soyeux (jarres) qui cachent
la bourre. La couleur de ces longs poils est d'un brun
marron foncé presque noir sur Je dos, gris dessous. La
queue et les pieds sont noirs. L'odeur musquée provient
de la sécrétion d'une glande inguinale qui se trouve dans
les deux sexes. L'espèce habite l'Amérique du Nord, depuis
la baie d'Hudson et l'Alaska jusqu'à la Californie et le
Texas. Son pelage varie suivant les localités (du roux
brun au brun foncé) et l'on en distingue deux variétés
plus distinctes (F. pallidus de Montana et F. rivalicius
del'Alabama et de la Louisiane). En outre, l'Ondatra de
l'Ile de Terre-Neuve est considéré comme une espèce à
part, à pelage foncé (F. obscurus Rangs).
L'Ondatra vit au bord des rivières et des lacs, nageant
et plongeant avec facilité, se nourrissant de racines, de
bourgeons et de feuilles de plantes aquatiques. C'est un
animal nocturne, passant tout le jour caché dans son ter-
rier, creusé dans la berge des cours d'eau et formé d'une
chambre munie de nombreux couloirs dont la plupart
débouchent sous l'eau. Pour passer l'hiver, il construit
une sorte de hutte à toit arrondi, à l'aide de joncs et de
tiges d'herbes maçonnées avec de la vase. On cïiasse les
Ondatras pour leur fourrure à l'aide de trappes ou en les
perçant d'une lance au moment où ils sortent de leur
trou. Cette fourrure est très belle et très chaude et n'a
contre elle que son odeur musquée qui passe difficilement.
— On a décrit récemment, sous le nom de Neo fiber Alleni
ou ^'Ondatra à queue ronde, une espèce beaucoup plus
voisine des véritables Campagnols, mais également de
grande taille, et qui se trouve en Floride. C'est un Ron-
geur à pieds non palmés et à habitudes moins franche-
ment aquatiques que celles du véritable Ondatra. R est
brun dessus, d'un blanc argenté mêlé de roux dessous,
les deux couleurs se fondant insensiblement sur les flancs.
On doit le considérer comme constituant un simple sous-
genre de Campagnol (Microtus) à placer entre notre Rat
d'eau (sous-genre Arvicola) et le véritable Ondatra.
E. Trouessaut.
ONDE. I. Physique. -— G ÉNÉiULiTÉs (V. Ondulation).
Longueurs d'ondes. — On appelle longueurs d'onde
d'un mouvement vibratoire la longueur de fluide élas-
tique mis en mouvement pendant la durée d'une oscilla-
tion complète du corps vibrant. On considère les lon-
gueurs d'onde en acoustique et en optique. En particulier,
en optique, la longueur d'onde joue un rôle important,
parce qu'elle sert à définir de la façon la plus précise les
radiations lumineuses ; aussi définit-on les couleurs par
les longueurs d'onde qui leur correspondent. On peut dé-
terminer les longueurs d'onde par divers procédés, par
exemple à l'aide des interférences (V. ce mot). Mais il
faut pour cela produire les interférences à l'aide d'une
lumière monochromatique, ce qui limite ou complique
beaucoup les applications de cette méthode ; il est plus
simple d'utiliser les réseaux (V. ce mot). Un réseau se
compose essentiellement d'un série de bandes alternati-
vement transparentes et opaques, très fines et très ré-
gulièrement espacées ; on obtient de bons réseaux en
traçant sur une lame de verre, avec un diamant et à
l'aide d'une machine à diviser, de 100 à 1.500 traits pa-
rallèles par centimètre. Si l'on reçoit normalement sur un
réseau un faisceau de lumière parallèle émis par une fente et
qu'on place l'œil derrière le réseau, on aperçoit à travers
celui-ci, dans une direction normale, une image blanche
mais pâle de la fente ; de part et d'autre, pour une cer- '
taine direction oblique faisant avec la normale un angle a,
on aperçoit un spectre d'une grande pureté dont le violet
correspond à la moindre déviation. Dans une direction
plus oblique faisant avec la normale un angle 2a, on aper-
çoit un nouveau spectre deux fois plus étalé que le pré-
cédent et ainsi de suite pour les directions 3a, 4a, etc.
Mais il arrive bientôt que ces spectres, de plus en plus
étalés, chevauchent les uns sur les autres et ne donnent
plus que des colorations plus ou moins grises. L'angle a
ONDE
— 388.
dii premier spectre dépend de la longueur d'onde X cou-
sidérée et de l'épaisseur a-\-l) d'une bande claire et
d'une bande sombre du réseau. S'il y a N traits sombres
par millimètres dans le réseau, il y a aussi X parties bril-
lantes, et l'ensemble d'une partie sombre et d'une partie
brillante a pour longueur — rr- . On démontre que l'on a
^^ . 1 .
pour le premier spectre la relation - sin 8 = X et pour le
-: sin $rr:X. Cette formule permet
jl.eme spCCtrC 0
facilement de déterminer la loivgueur d'onde, mais elle
suppose (]ue le réseau est normal à la direction de la lu-
mière incidente. Pour éviter cette cause d'erreur, M. Mas-
cart place le réseau obliquement ; si l'on appelle i l'angle
d'incidence de la lumière sur le réseau, la formule précé-
dente devient 2 sin ^ cos (^ — 0 ^^ ^^''
Cette formule montre que la déviation présente un mi-
nima : en etfet, le produit du sinus par le cosinus étant
constant, le sinus sera minimum, et par suite la déviation o
sera aussi minimum quand le cosinus sera maximum,
c.-à-d. quand l'angle correspondant sera nul ; la dévia-
tion minima correspond donc à 8 :==: *2/. Vm fois cette
position déterminée, on inclinera le réseau en sens inverse
sur les rayons incidents et l'on cliei'cbera de nouveau la
position correspondant au minima. La position ainsi dé-
terminée fera avec celle qui avait été trouvée tout d'abord
un angle '2o. C'ebt la valeur de la moitié de cet angle
que l'on introduira dans la formule *2sin -^ = NX . En
éclairant le réseau avec de la lumière solaire, on voit très
distinctement dans les spectres les diverses raies de Fraun-
hofer, et il est facile de déterminer très exactement leur
longueur d'onde. Ceci permet ensuite de graduer les spec-
troscopes en longueurs d'onde, c.-à-d. de déterminer
quelles sont les longueurs d'onde qui correspondent aux
divers degrés de l'échelle micrométrique. Voici les lon-
gueurs d'onde moyenne des diverses couleurs du spectre:
Millim '
Rouge 0,000620
Orangé 0,000583
Jaune 0,000551
Vert 0,000512
Bleu 0,000475
Indigo 0,000449
Violet 0,000423
A. JOÂNMS.
Slrfâce des oxdes. — Si l'on considère, au sein d'un
milieu élastique, une molécule animée d'un petit mouve-
ment vibratoire, ce mouvement se propage dans toutes
les directions. Le lieu des points qui, au même instant,
se trouvent dans la même phase de vibration, est par défi-
nition la surface des ondes. Cette surface peut être regardée
comme l'enveloppe des ondes planes, afiéctant toutes les
directions possibles, qui auraient passé simultanément au
centre d'ébranlement. Dans un milieu homogène et isotrope,
la surface des ondes est sphérique. Dans un milieu ani-
sotrope, comme celui que les cristaux biréfringents offrent
aux vibrations lumineuses, la surface des ondes est du
(piatrième degré. En coordonnées rectangulaires, si a, b,c
désignent trois constantes et si l'on pose x^ -f- 1/ -\- z^ = p^,
l'équation de la surface des ondes est :
1-2 ?/^ Z^
p^ — a^ ' p- — b^ ' p^ — c'^
On vérifie que cette surface est le lieu des points obte-
nus en portant sur chaque rayon de l'ellipsoïde dont les
axes sont a, b,c, à partir du centre, des longueurs égales
aux axes de la section diamétrale faite dans l'ellipsoïde
par un plan perpendiculaire au rayon considéré. On en
déduit immédiatement que la surface présente deux nappes
distinctes, qui se raccordent en quatre points situés sur
les rayons perpendiculaires aux sections circulaires de
l'ellipsoïde. Les trois plans de symétrie coupent chacun
la surface des ondes suivant un cercle et une ellipse. Il
y a quatre plans qui touchent chacun cette même surface
suivant un cercle. Les sphères x''^ -|- ?/--|-:î2 3r:Const.
et les ellipsoïdes ci^x"^ -\- b'^y'^ -\- c^z- z^ Const. dessinent
sur la surface des ondes un réseau de courbes orthogo-
nales, sphériques et ellipsoïdales. Si l'on considère le cùne
ayant son sommet au centre et coupant l'une des nappes
suivant l'une des courbes sphériques, il coupe l'autre
nappe suivant une courbe ellipsoïdale et réciproquement.
Lorsque deux des paramètres a, b, c sont égaux, la sur-
face des ondes se décompose en deux surfaces du second
degré, savoir : une sphère et un ellipsoïde de révolution;
la sphère touche l'ellipsoïde en ses deux pôles.
L. Lecornu.
II. Chimie. — Onde explosive. —L'étude des divers
modes de décomposition des matières explosives a conduit
MM. Berthelot et Vieille à admettre l'existence d'un mou-
vement ondulatoire particulier et caractéristique des phé-
nomènes explosifs : c'est l'onde explosive.
Considérons un long tube dans lequel nous aurons placé
un mélange détonant gazeux, par exemple de l'oxygène
et de l'hydrogène en proportions convenables. Provoquons
à Tune des extrémités du tube la combinaison des élé-
ments par une étincelle électrique, la combustion une fois
commencée se propagera dans tout le tube en produisant
l'onde explosive. A un instant quelconque, cette combus-
tion se produit dans un plan perpendiculaire à l'axe du
tube, et il existe en cet endroit une surface qui réalise en
tous ses points un même état de combinaisons, de tempé-
rature, de pression, etc. Cette surface se propage de couche
en couche dans la masse entière par suite de la transmis-
sion des chocs successifs des molécules gazeuses amenées
à un état vibratoire plus intense en raison de la chaleur
dégagée dans leur combinaison et transformées sur place
ou plutôt avec un faible déplacement relatif. Les sub-
stances explosives, solides, liquides éprouvent le même
mode de décomposition.
« De tels effets, dit M. Berthelot, sont comparables à
ceux d'une onde sonore, mais avec cette différence capi-
tale que l'onde sonore est transmise de proche en proche
avec une force vive peu considérable, un excès de pression
très petit et une vitesse déterminée par la seule constitu-
tion physique du milieu vibrant, vitesse qui est la même
pour toute espèce de vibrations. Au contraire, c'est le
changement de constitution chimique qui se propage dans
Tonde explosive et qui communique au système en mou-
vement une force vive énorme et un excès de pression
considérable. Aussi la vitesse de l'onde explosive est-elle
tout à fait différente de celle des ondes sonores trans-
mises dans le même milieu. Le mélange oxhydrique, par
exemple, donne une vitesse de 2.844 m., tandis que la
vitesse du son dans le même milieu est de 514 m. Le
phénomène explosif ne se reproduit pas périodiquement ;
il donne lieu à une onde unique et caractéristique, tan-
dis que le phénomène sonore est engendré par une suc-
cession périodique d'ondes, pareilles les unes aux autres. »
L'onde explosive se propage uniformément, quelle que
soit d'ailleurs la nature des parois du tube où elle se pro-
duit. La vitesse de propagation est indépendante de la
matière du tube renfermant l'explosif, elle n'est fonction
que de la nature du mélange détonant. Le diamètre du
tube n'a pas d'influence sur la vitesse, à moins qu'il ne de-
vienne trop petit, des tubes capillaires contenant le mé-
lange oxhydi'ique donnent 2.390 m. de vitesse au lieu de
2.840 m. L'étude de la vitesse des ondes sonores conduit
aux mêmes conclusions, avec cette différence que la vitesse
est influencée par des dimensions de tuyau beaucoup plus
grandes. La vitesse de l'onde explosive est indépendante
de la pression, celle-ci, variant dans des limites comprises
entre 1 et 3, n'a pas modifié la vitesse.
;-;89
OiNDE — ONDULATION
l.a vitesse de l'onde explosive eonstitiie pour chaque
mélange inflammable une véritable constante spécifique. Si
l'on remarque que l'excès de force vive communiquée aux
molécules par l'acte de la combinaison chimique n'esi
autre chose que la chaleur même dégagée dans la réac-
tion, la pression exercée par les molécules sur les parois
des vases en est la traduction immédiate. Or, d'après
Clausius, la vitesse de translation des molécules 9 est pro-
portionnelle à la racine carrée du rapport entre la tem-
pérature absolue T et la densité du gaz rapportée à l'air p.
0 HZ ^29 m. 354
f;
T sera donc la température théorique de la i^éaction,
c.-à-d. la température à laquelle seront portés les pro-
duits de la combinaison sous pression constante par la
chaleur dégagée dans l'acte même de cette combinaison
explosive. Voici, d'après M. Berthelot, un tableau donnant
pour différents mélanges explosifs les vitesses de propa-
gation de l'onde mesurées et calculées :
N AT u R i: V iT 1-: S =i 1-: \ II' j: ^ ^ I ■:
du mélange mesurée théoriiiue
Hydrogène H"^ + 0^ 2.810 m. 2.831 m.
Oxyde de carbone C^O'^ + 0^ . . 1 .089 — 1 .941 ™
Acétylène C'^H^ + O^^ 2.482 — 2.660 —
Ethylène C^H'* + 0^2 0^509 — 2.517 —
Ethane C'W -f- 0^^ 2.363 — 2.483 —
Formène C^H^ + 0^ 2.287 — 2.427 —
Cyanogène C^Az* + 0^^ 2.195 — 2.490 —
La formule théorique se trouve vérifiée d'une façou
approchée. On peut regarder la vitesse théorique de trans-
lation des molécules gazeuses, conservant la totalité de la
force vive qui répond à la chaleur dégagée par la réac-
tion, comme la limite représentant la vitesse maxiuuim de
propagation de l'onde explosive. Le contact des gaz et
autres corps étrangers diminue cette vitesse. La vitesse
se trouve encore diminuée lorsque la masse enflammée au
début est trop petite et trop rapidement refroidie par
rayonnement; il en résulte alors, au début de T inflamma-
tion, un régime variable qui précède le régime de détona-
tion correspondant à Tonde normale. Pour que le régime
régulier se produise immédiatement, il faut que les étin-
celles enflammant le mélange soient puissantes, sinon le
régime variable peut se prolonger sur des parcours attei-
gnant jusqu'à 10 m., et c'est seulement à partir de cette
distance que la vitesse devient constante. En employant le
fulminate de mercure comme détonateur, on donne de suite
à l'onde explosive son mouvement uniforme, la période
variable est réduite à sa plus simple expression. Cela se
comprend d'ailleurs très bien, le fulminate développant
des pressions élevées et subites. Quand on fait varier les
proportions relatives d'hydrogène et d'oxygène dans le
mélange détonant, il arrive un moment où l'onde ne se
propage plus. La composition limite pour l'onde explosive
est fort différente de la limite de combustibilité. l'Ile est
beaucoup plus élevée et varie d'ailleurs suivant le mode
d'inflammation et la nature de l'impulsion initiale.
La propagation de l'onde explosive est donc un phéno-
mène tout à fait distinct de la combustion ordinaire ;
entre ces deux régimes limites, il existe d'ailleurs des
régimes intermédiaires, mais ne constituant aucun régime
régulier. L'onde explosive, avec toutes ses propriétés, prend
naissance également dans les systèines explosifs, liquides
et solides. L'existence de l'onde explosive a permis à
M. Berthelot de fournir l'explication des explosions par
influence (V. Explosion). C. Matignon.
III. Spéliologie. — Ondes sismiqles (V. Trem-
blement DE TERRE).
l'y. Physiologie. — Onde musculaire (V. Contrac-
tion).
V. Beaux-arts — On donne ce nom à des lignes
parallèles, formant une série de courbes alternativement
concaves et convexes. O mot s'entend aussi des ornements
qui offrent quelque analogie avec le mouvement régulier
des vagues : c'est un genre de décoration fort ancien ; on
dit. par exemple : les « ondes du point de Hongrie », les
« ondes du point d'Angleterre », pour exprimer le dessin
continu que décrivent ces points de tapisserie.
BiBL. : Chimie. — BrrthI'.lo]'. Sur In force, des matières
explosives ; Paris. 188H.
ON DÉ (Blas.). Se dit des pièces en forme d'ondes.
ON DÉCAGONE (Oéom.). Ce terme, qui a servi jadis à
désigner un polygone de onze côtés, n'est plus en usage
aujourd'hui.
ONDEFONTAINE. Com. du dép. du Calvados, arr. de
Vire, cant. d'Aiinay; 480 hab.
ONDEREET (Charles), littérateur belge, né à Gand en
1804, mort à Gand en 1868. Il fut d'abord ouvrier re-
lieur, et devint plus tard professeur de déclamation au
conservatoire de sa ville natale. 11 est l'auteur d'un grand
nombre de comédies et de drames, tous en langue fla-
mande, qui révèlent une connaissance approfondie de
l'art scénique et qui obtinrent un vif succès en Belgique
et en Hollande. Les plus importants sont Baudouin à la
hache, drame lyrique en quatre actes, et la Lionne des
Flandres, comédie en trois actes. La liste complète de
ses oiuvres se trouve dans Frederiks.
BiBL. : Frederiks et Van den Branden, Biographie des
littérateurs néerlandais (en néei-l.); Aiiistei-dain, 1892,
2 vol. in-8.
ONDES. Com. du dép. de la Haute-Garonne, arr. de
Toulouse, cant. de Fronton; 442 hab.
ONDOIEMENT (V. Baptême, t. V, p. 311).
ONDOYANT (Blas.). Se dit d'un serpent ou de la queue
d'une comète.
ONDRES. Com. du dép. des Landes, arr. de Dax.cant.
de Sainl-Martin-de-Seignaux ; 1.335 hab.
ONDREVILLE. Com.'du dép. du Loiret, arr. de Pithi-
viers, cant. de Puiseaux; 314 hab.
ON DU LATiON. I. Physique. — La théorie des ondulations
permet d'expliquer et de prévoir tous les phénomènes de
r«)pti(jiie. Elle a été proposée dès 1690 par Huygens qui
a réuni le premier, en un corps de doctrine, les idées ti*ès
vagues que Ton avait eues avant lui sur la nature de Téther
lumineux et sur ses propriétés relatives à la propagation
des ondes. Newton, d'abord partisan de cette théorie, ne
put rappli([uer à l'explication des anneaux colorés qu'il
venait de découvrir ; il abandonna ce système et proposa
en 1704 la théorie de l'émission ; dans ce système, les
corps lumineux lancent continuellement, dans toutes les
directions, des particules spéciales non pesantes qui se
réfléchissent, comme les balles élastiques qui frappent des
corps solides, en faisant des angles de réflexion égaux
aux angles d'incidence, qui se réfractent parce qu'ils sont
attirés par les corps réfringents plus que par l'air ; ce sys-
tème, beaucoup plus simple que le précédent, n'exigeant
pas comme lui des calculs nombreux, fut longtemps adopté ;
cependant il ne permettait pas d'expliquer certains phé-
nomènes nouveaux, à moijis d'introduire de nouvelles
hypothèses qui venaient alors en altérer la simplicité. Le
principe des interférences découvert par Young (180*2),
qui est une conséquence de la théorie des ondulations et
qui permet d'expliquer un grand nombre de phénomènes,
entre autres la formation des anneaux de Xewton, ne suflit
pas à faire rejeter la théorie de rémission. C'est seulement
après les nombreux mémoires publiés i)ar Fresnel, de I8I0
à 1827, pour montrer comment les phénomènes de la dif-
fraction, de la double réfraction, de la polarisation s'ex-
pliquaient facilement avec la théorie nouvelle, que celle-ci
fut définivement adoptée. Un point tout particulier con-
tribua d'ailleurs ])eaucoup à persuader les derniers advei'-
saires des ondulations : d'après ce système, la vitesse de
propagation de la lumière dans les corps plus réfringents
devait être moindre que dans les corps moins réfrin-
gents, tandis (pie la théorie de l'émission conduisait à une
conclusion absolument opposée. C'était donc à l'expérience
ONDULATION
— 390 —
à décider entre ces deux théories. Elle fut faite par Fou-
cault et vérifia les prévisions de la théorie des ondula-
tions.
Dans la théorie des ondulations, on admet que toute la
nature est remplie d'une matière non pesante ou d'une
densité extrêmement fiiihle, qu'aucune expérience n'est ca-
pable de déceler et qu'on appelle l'éther ; l'éther existe
dans tous les corps, transparents ou opaques, dans le vide
le plus parfait que nous sachions produire, dans les espaces
interplanétaires. C'est par son intermédiaire que la lu-
mière du soleil nous est transmise, ainsi que sa chaleur;
cet éther est le siège de mouvements ondulatoires d'une
amplitude extrêmement faible, mais d'une rapidité consi-
dérable, qui se propagent dans l'espace avec une vitesse
énorme. Les formules de ces vibrations et de ces mouve-
ments ont été données au mot interférences. Elles per-
mettent de représenter l'état vibratoire d'un point lumi-
neux quelconque, de calculer l'intensité de la lumière en
ce point et en particulier de prévoir les accroissements et
les diminutions de mouvement que produit la superposi-
tion de mouvements ondulatoires parallèles, c.-à-d. d'ex-
pliquer dans tous leurs détails les phénomènes des interfé-
rences. Ces formules s'appliquent aussi, avec des constantes
différentes, aux mouvements de l'air qui produisent les
sons, en particulier à la théorie des tuyaux sonores.
Principe cVHuygens. La propagation de la lumière en
ligne droite est le point de départ de la théorie de l'émis-
sion, ; aussi s'explique-t-elle facilement dans ce système.
Voyons comment la théorie des ondulations rend compte
de ce fait d'expérience : imaginons une source lumineuse
Fig. 1.
en L. Elle fait naître des vibrations qui se propagent
sphériquement . Considérons (fig. 1 ) un point quelconque M qui
vibrera aussi ; on peut considérer alors la lumière comme
produite par les divers points de la sphère dont fait partie
le point M, c'est le principe d'Huygens, mais on doit ad-
mettre que la sphère n'est pas lumineuse pour un point
situé à son intérieur, parce que la lumière ne revient pas
sur elle-même. Le point M envoie donc de la lumière dans
toutes les directions, en dehors de la sphère et en parti-
culier en A. Joignons LA ; le point P où cette droite ren-
contre la sphère est appelée le pôle. Du point A comme
centre avec AP comme rayon, décrivons un premier cer-
cle, puis un second, un troisième, etc., avec des rayons
AP-f-x, AP-f-%, ....AP-hn^, en appelant X la lon-
gueur d'onde (V. Interférences). Soient LP = a, AP = b,
MP^ ==:: S. Ea appelant s l'arc PM, le triangle LAM donne :
(b-^^y=:a'^-^(a-i-b)^-^^a(a+b) cos -.
Si l'on suppose que les arcs tels que PMsont très petits,
s tS^
on peut remplacer cos - par 1 — ~ et l'on aura après
réduction :
2/>8-
a
5 étant petit, on peut négliger 8^ devant 'ibh et on tire
^e l'équation précédente :
2, a-hb ^
^ab
d'où
=^
'lab
■^b
B.
ni
Supposons 8 =: _- , on aura s -
v/j=r.v'-
■ Considérons un point M' voisin, correspondant à la dif-
férence 0 1= (71 + 4) -, nous aurons, s' désignant l'arc cor-
respondant, ss'— i / J^î — i / 7^ 4- 1 . La zone % comprise
M a-\-b y
entre les deux cercles de rayon AM et AM' est
Cette quantité décroît quand n augmente. Considérons les
deux rayons AM, AM' ; ils sont à peu près parallèles ; leur
différence de marche est -, donc ils se détruisent. La lu-
mière ne peut donc arriver en A que du voisinage du pôle;
donc elle se propage sensiblement en ligne droite, le rayon
lumineux est la normale à la surface de l'onde. Lorsque
la source lumineuse est placée très loin, l'onde est plane,
et les rayons lumineux sont perpendiculaires au plan de
l'onde.
Voyons maintenant comment on explique dans cette
théorie les phénomènes de la réflexion et de la réfraction.
I^ur la réflexion, considérons un miroir A4' et des rayons
lumineux parallèles PI, PI' (fig. 2). L'onde est alors un plan
et, d'après ce qu'on a vu, un point I du miroir ne reçoit sen-
siblement de lumière que du point P. A son tour, le point I
se met k vibrer et envoie des ondes dans tous les sens.
Un autre point V du miroir ne reçoit de lumière que de P'
et se met à vibrer ; [P et P' sont dans le même état de
vibration. Cherchons quels sont les points qui, après la
réflexion, sont dans le même état de vibration. Pour cela
menons IC parallèle à AB. I et C sont dans le même état
de vibration ; du point I comme centre avec un rayon quel-
conque IQ, décrivons une sphère ; de Y comme centre avec
un rayon IQ' égal à IQ — CU, décrivons une sphère. Toux)
les points de ces deux sphères sont dans le même état de
vibration comme I et C, puisque la lumière a, eu le même
chemin à parcourir pour aller de C en Q' par F que de I
en Q. De même, pour un point intermédiaire, imaginons
la sphère de rayon JE égal à JQ — DJ. 11 est facile de voir
(|ue toutes ces sphères sont tangentes à un plan .VB' symé-
trique de AB ; ce plan représente donc l'onde réfléchie ;
l'angle que fait cette onde avec la normale au miroir est
égal à celui que faisait Tonde incidente. On démontre d'une
façon analogue que dans le cas de miroirs de forme quel-
conque donnant des images de points lumineux, les rayons
arrivent aux foyers conjugués de ces points sans différence
de marche.
Etudions maintenant la réfraction. Considérons le cas
d'une onde plane et d'une surface réfringente également
plane. Soient AC cette surface (fig. 3), SA un rayon quel-
et BC un rayon parallèle au premier qui rencontre la sur-
conque face plane une seconde après le premier. BC est égal à
la vitesse de propagation de la lumière. De A comme centre,
décrivons une splière dont le rayon soit la vitesse de la
394 — ONDULATWN -- ONEGA
tivement V et \' , on a V — KX et V'~KX'. d'où Ton
Fig. 3.
lumière dans le second milieu. Par C menons un plan tan-
gent à cette sphère. Soit T le point de contact. Les points
C et T sont synchrones ; il est facile de voir qu'il en est
de même pour tous les points de CT. Soit en effet un
rayon quelconque PI réfracté suivant IQ. En appelant V
et ^^ les vitesses dans les deux milieux, on a ~zzz-~- et
V AC
IQ IG , , , .. . W TQ .
^i=z-— La somme de ces deux quotients -^^ et -~^ qui
représente le temps employé par la lumière pour aller de
P en Û est égale à — -7^ — r=r i seconde ; elle est donc
AC
constante et indépendante de la position du point L Si
l'on mène la normale en A, on a BC = V =: AC sin i, et
AIi= V' = AC sin ?•. Les vitesses étant constantes, leur
1, . 1, sin i . . . .
rapport n 1 est aussi et 1 on a -; — zn 71, ceain est la loi
sin 7' ^
de la réfraction. En particulier, si on considère un rayon
3"
4
-^"zi:-^; la vitesse de la lumière dans l'eau est donc plus
faible que dans l'air. Au contraire, dans la théorie de
l'émission, on explique que le rayon lumineux réfracté se
rapproche de la normale parce que le corps plus réfrin-
gent attire davantage les molécules lumineuses, attraction
qui a en même temps pour conséquence d'augmenter leur
vitesse.
Si on désigne par X et ).' les longueurs d'onde d'une
certaine couleur dans deux milieux différents, 011 les vitesses
de propagation des rayons de cette couleur sont respec-
lumineux passant de l'air dans l'eau, on a n =z -, ou
V. 4
X
Y
tire ^=:—j~ n. L'indice de réfraction d'une couleur est
donc aussi le rapport des longueurs d'onde de cette cou-
leur dans les deux milieux. Les mémos uolions permettent
encore la considération des chemins optiquement équiva-
lents ; on dit que deux chemins sont optiquement équiva-
ments quand ils comprennent le même nombre de lon-
gueurs d'onde ; ils sont parcourus par la lumière dans le
même temps ; ainsi le parcours BC dans l'air et le par-
cours AT dans le verre sont optiquement équivalents ; on
a entre un chemin x parcouru dans l'air et un chemin e
optiquement équivalent parcouru dans le verre la relation
x=zne dont on fait un usage constant en physique. La
construction d'Huygens (V. Construction) est une appli-
cation de la théorie des ondulations à la réfraction des
rayons lumineux.
Comme on le voit, cette théorie se prête aussi bien à
l'explication des phénomènes de la réflexion et de la ré-
fraction que la théorie de l'émission. Mais, de plus, elle
permet d'expliquer beaucoup plus simplement des phéno-
mènes plus déhcats, tels que ceux de la diffraction et de
la polarisation (V. ces mots). Pour les phénomènes de
polarisation, on admet que les vibrations de l'éther, dont
nous avons parlé plus haut, sont perpendiculaires à la
direction de la propagation de la lumière, mais dans des
azimuths quelconques quand cette dernière n'est pas pola-
risée. Au contraire, dans la lumière polarisée, la vibration
se fait dans un plan unique (polarisation rectiligne) ou
dans deux pians rectangulaires avec des différences de
phases (polarisation elliphque). A. Joannis.
IL Mathématiques. ~ On appelle points d'ondula-
tion d'une courbe les points d'inflexion non apparents,
c.-à-d. ceux où la tangente a un contact d'ordre impair
avec la courbe.
m. Céramique (V. Céramique, t. IX, p. 1188).
ONEGA. L Lac. — Lac de Russie (gouv. d'OIonets), à
L27 kil. N.-E. du Ladoga, entre 60^ m'-6'^'' 5^2' lat. N. et
:U" r)3'-34« 20^ long. E., 35 m. d'alt., second lac d'Europe
par ses dimensions (après le Ladoga), dix-huit fois plus grand
(jue le Léman. Longueur extrême, 235 kil.; largeur ex-
trême, 84 kil. Superficie totale, environ 10.000 kil. q.
Son bassin est évalué à 70.000 kil. q. Les rives de l'Onega
offrent deux caractères bien distincts que sépare nettement
une ligne tracée de l'embouchure de la Vodla à Petroza-
vodsk. Au S., elles sont uniformes et à peine découpées
par de légères indentations ; au N. , où l'action glaciaire
s'exerça jadis plus activement, elles sont sinueuses et pré-
sentent de nombreuses, profondes et étroites échancrures
ayant une direction générale N.-N.-O.-S.-S.-E. La rive
occidentale du lac, au N. de Petrozavodsk, est plus parti-
culièrement tourmentée. On remarque notamment la baie
de Petrozavodsk, celle de Kondopajsk, de Lijemsk, d'Ou-
nitsa, de Vehkaia et de Povenets. Les baies d'Ounitsa et
de Povenets forment la presqu'île de Zaonéjié.
Les îles sont nombreuses et toutes situées dans la par-
tie septentrionale du lac ; la plus importante est celle de
Klimenskii dont la population est assez forte. Les rives
méridionales de l'Onega sont basses et marécageuses, sur-
tout dans les environs de la Vytegra ; les rives orientales
sont sablonneuses, tandis qu'au N. et à l'O. elles sont cou-
vertes de forêts.
Le lac Onega reçoit plusieurs affluents importants : la
Vodla, l'Aiidoma, la Vytegra, et de nombreux tributaires
qui prennent leur source dans les lacs environnants. Un
seul affluent, la Svir, porte toute cette masse d'eau dans
le lac Ladoga. L'Onega est très profond; au N. de Petro-
zavodsk, la sonde atteint 124 m. Climat froid ; le lac est
gelé de la mi-décembre à la mi-mai.
Les premiers bateaux russes qui parurent sur le lac
sont probablement venus de Novgorod. Sous Pierre le
Grand, l'Onega acquit une grande importance au point de
ONEGA — ONESANDER
39^2
vue commercial et devint la grande voie de communication
entre Arkhangelsk et la Neva. De nombreux projets de
route passant par le lac Onega et reliant sans interrup-
tion la mer Blanche avec la mer Balticjue ont été étudiés,
mais aucun, jusqu'à présent, n'a éié réalisé. Le lac est
riche en poissons : saumons, lavarets, lottes, brochets.
Le commerce de l'Onega consiste principalement en bois
et en fonte qu'on exporte à Saint-Pétersbourg ; l'impor-
tation comprend surtout les céréales. La navigation de
transit se fait par le canal de l'Onega qui longe la rive
méridionale du lac et qui fait partie du système de navi-
gation vers Mariinskaia.
H. Fli^uvi:. — Fleuve de Russie traversant les gouv.
d'Olonets et d'Akhangelsk. Il prend naissance dans le lac
Latcha, suit d'abord une directionN.-N.-E. puis tourne vers le
N.-N.-O. et sejettedansle golfe d'Onega. Longueur, 398 kil.
(d'api'ès Tillo); largeur, i250 à 300 m. dans son cours
supérieiu' ; l kil. i/2 et plus vers l'embouchure. Des ra-
pides (au nombre de cinq) entravent la navigation qui n'existe
(|ue dans le cours inférieur, ou des navires étrangers
viennent chercher des planches provenant des scieries éta-
blies sur le fleuve. L'Onega se divise à son embouchure
en deux bras formant un delta (ile de Kio). Le bras occi-
dental est le plus profond. Principaux affluents : Voloksa,
Kéna, Mocha. Pèche du saumon.
Ul. OoLFE. — Golfe formé par la partie la plus
méridionale de la mer Blanche. Longueur, environ 160 kil.;
largeur extrême, 75 kil. Borné au N. par les lies Solovetz-
kii. Le golfe de l'Onega reçoit dans sa partie méridionale
le fleuve dont il porte le nom. Autres affluents : Souma,
Vyg, Chonia et Kem. Les îles qui parsèment le golfe sont
généralement disposées au large de la côte occidentale :
îles Onejskiiéà l'embouchure de l'Onega, île Kio. Le golfe
est peu profond ; au S. des îles Solovetzki, où la sonde
descend le plus bas : elle n'atteint généralement pas
plus de 80 m. ' Mar. C.
ONEGLIA. Ville d'Italie, prov. de Port -Maurice, sur le
golfe de Gènes, à l'embouchure de l'Impero, que franchis-
sent deux ponts de fer de d06 m. de long; 9.000 hab.
Bains de mer, petit port (mouvement 42.300 tonnes en
1894). Commerce de fruits et pâtés. Patrie d'Andréa
Doria.
ONEIDA. Lac des Etats-Unis (New York), 199 kil. q.
Il s'écoule à l'E. par VOneida, lequel, uni au Seneca, prend
le nom d'Oswego. Il est très poissonneux. Au point où le
canal Erié sort du lac est la ville d'Oneida (6.083 hab. en
1890) renommée pour son houblon. A o kil. les Perfection-
nistes ont fondé là communauté anarchiste d'Oneida. Ce
nom d'Oneida était celui d'une tribu indienne de la confé-
dération des Iroquois (V. ce mot), dont les débris vivent
<lans l'agence de Green Bay (Etat de Wisconsin) au nombre
de '1.716 personnes (en 1890).
O'NEILL. Famille irlandaise qui a fourni des rois à
l'Irlande pendant cinq cents ans (V. Irlande, t. XXI,
p. 956).
O'NEILL (Sir Turlough Luineach), lord de Tyrone, né
vers 1530, mort en sept. 1595. Très lié avec son cousin,
le fameux Shane O'Neill (V. Irlande, t. XXI, p. 960),
il essaya de le supplanter, comme chef de clan, pendant
sa détention en Angleterre (1562). Il ne réussit qu'à s'at-
tirer le mécontentement de Shane, et le gouvernement
anglais exploita à son profit la froideur des deux pa-
rents. Cependant Turlough fit sa paix avec son cousin,
il s'allia avec O'Donnell et fit des avances aux clans
des Mac Donnell et des Mac (Juilliii. Inquiets, les Anglais
essayèrent de l'arrêter, mais il déjoua leurs intrigues
(1568). En 1572, il s'oppose au plan du comte d'Essex
(pii feignait une expédition contre l'Ecosse ahn d'envahir
l'Antrim. Elisabeth ordonne de pénétrer dans le Tyrone.
Turlough souffrit beaucoup dans ses intérêts, mais il dé-
ploya de telles qualités diplomatiques que l'expédition
anglaise put être considérée comme un échec. Un traité
de paix fut signé le 27 juin 1575. En 1579, O'Neil reprit les
armes, car il était toujours mécontent et réclamait sans
cesse de nouvelles concessions, et les Anglais, fort occupés
ailleurs, furent bien aise de traiter avec lui à Benburb en
sept. 1580= En 1583, il envahissait le Tyrronnel parce
(pi'on ne lui avait pas donné les satisfactions promises.
Mais il fut battu par O'Donnell à Drumleen. Le gouver-
nement anglais ne pouvant le réduire par la force réussit
à le brouiller, pour des questions de titres et de propriétés,
avec le comte de Tyrone. Il s'ensuivit une série de ba-
tailles où les deux adversaires s'affaiblirent mutuellement.
Tyrone finit par l'emporter. Turlough fut alors protégé
par l'Angleterre ; mais en 1594, bien qu'il fût fort âg-è,
ses instincts batailleurs reprirent encore le dessus;
Tyrone finit par raser son château de Strabane, et il fut
forcé de se réfugier dans une ruine voisine, où il mourut.
R. S.
O'NEILL (SirPhelim), patriote irlandais, né vers 1604,
mort en 1653. Fils du précédent, il lit partie de la Chambre
des communes irlandaise en 1641. La même année il en-
tra, avec passion, dans le complot du comte d'Antrim,
consistant à créer une diversion en Irlande en faveur de
Charles P'\ Phelim s'empara du château de Charlemont
(22 oct.), lança une proclamation au peuple et fut nommé
commandant en chef des armées du Nord. Il lut le 4 nov.
à Newry une (communication qu'il disait tenir du roi, mais
([u'il avait fabriquée avecRory Maguire. Le roi y autori-
sait formellement les Irlandais à se soulever contre lePar-
ment pour la défense de leurs libertés. Cependant ce ma-
nifeste produisit une immense émotion Le 15 nov. O'Neill
s'emparait de Lurgan, mais le 28, il subissait une grave
défaite à Lisburn. Il marcha alors au N -0. et prit Stra-
bane où il s'établit fortement. En janv. ^1642, il vint
participer au siège de Drogheda. Il fut obligé après quelques
mois d'efforts inutiles, de se retirer à Armagh à cause de
l'approche d'Ormonde, et de battre ensuite en retraite sur
Charlemont. Le 16 juin 1641, il était battu à Glenmaquin
après une énergique résistance ; il défendit désespérément
le passage du Blackwater. Il se retira à Fort Montjoy et
après sa prise (26 juin) revint à Charlemont» Il n'avait
plus de ressources, plus de munitions et ses troupes se
rebellaient. Owen Roe O'Neill vint à son secours, mais lui
enleva le commandement général. Il en résulta entre les
deux parents une froideur très favorable aux intérêts an-
glais. Le 6 août 1650, après une défense courageuse, Phelim
fut obligé de capitulera Charlemont. Il put s'échapper et
se cacha dans une petite île du comté de Tyrone. Trahi
par un de ses parents, Philip Roe Mac Hugh O'Neill, il
fut capturé en févr. 1653, jugé par la haute cour de
justice de Dublin, condamné comme traître et exécuté le
10 mars.
Son tils, Gordon, mort en 1704, fut lord lieutenant du
Tyrone en 1689, leva un régiment pour la cause royale,
fut blessé au siège de Derry, combattit à La Boyne et à
Anghrim ; passa ensuite en France où il devint colonel du
régiment d'infanterie irlandaise de Charlemont. avec lequel
il combattit jusqu'à la paix de Ryswick. R. S.
O'NEILL, comte de Tyrone (V. ce nom).
ONEIZAH. Ville d'Arabie, prov. du Kacim, au N. du
Nedjd, sur l'Ouadi el Roumem. Huberlui donne (en 1880)
20.000 hab. Ce fut longtem})s la cité la plus commer-
çante de l'Arabie intérieure. Elle possède encore sa double
enceinte et se divise en sept quartiers. Elle exporte vers
le golfe Persique surtout des chevaux et des dattes.
ONtKOTAN (île) (V. Kouriles).
ON EONTA. Ville des Etats-Unis (New York), sur le Sus-
quehanna; 6.272 hab. (en 1890). Houblon. Ateliers de ch
de fer.
ONEOS (V. Coiffure, t. XI, p. 855).
ONESANDER ('Ovdaavôpoç, ou plutôt 'Ovriaavôpoç),
philosophe platonicien, contemporain de l'empereur Néron.
Il avait écrit, au témoignage de Suidas, des Com-
mentaires sur la république de Platon. Nous avons de
lui un STpaxTjyixô; Xdyo;, compilation sur l'art de la
— 898
ONESANDER — ONGLET
guerre, qui témoigne de peu de connaissances pratiques,
mais qui est précieuse à cause des sources grecques o'a
l'auteur a puisé. Ce livre a été traduit en français : par
Jehan Charrier, à la suite de Y Art de la guerre de Ma-
chiavel (Paris, 1546, in-fol.) ; par Biaise de Vigenère
(Paris, 1605, in- 4); par Charles Guischardl, avec des re-
marques intéressantes {Mémoires militaires sur les Grecs
et les Romains (La Haye, 1758, 2 vol. in-4) ; par leha-
ron de Zur-Lauben, dans l'édition de Schwebel ; par Co-
ray, avec le texte grec (Paris, 1822, in-8). A. -M. D.
BuîL. : Ed. princcps ])ai' Nicolas Eigauli', Paris, ITiOS,
in-H ; éd N. Schwkbkl. Nureniborp-, 1712, in-f'ol ; éd.
KoRAÏ.=:, Paris, 1822; éd. H. Kn:ciiLY, Leipzi.u', 1800.
ONESSE-et-Laharie. Com. du dép. des Landes, arr.
de Mont-de -Marsan, cant. de Morcenx ; 1.887 hab.
ONESTO DA BoLOGNA, poète lyrique italien des xrn^ et
XTV^ siècles. Tout ce qu'on sait de lui est qu'il éîait de
Bologne et qu'd vivait encore en J801 ; il est donc un peu
plus jeune que Guittone d'Arezzo et Cino da Pistoia, avec
qui il entretint une correspondance poétique. Il appartient
à l'école métaphysique dont (luido Guinicelli est le chef;
l'obscurité de ses vers tient donc, non seulement
à l'état défectueux où ils nous sont parvenus, mais
aussi au dessein arrêté de l'autt^ur de n'être pas entendu.
Il reste de lui deux chansons, une ballata et onze son-
nets.
BiiJL. : Nannucci. Mununle dcllu leit. Uni. del primo
.sccoio. I. 153. — Gasi'Arv, Stor'ia dellu lett. ital., I, 92.
ONET-le-ChAteau. Com. du dép. de l'Aveyron, arr. et
cant. de Rodez; 944 hab.
ON EUX. Com. du dép. de la Somme, arr. d'Al)bevilIe,
cant.- de Nouvion; 508 hab.
ONGANIA (Ferdinando), éditeur italien, né à Venise en
1842. L'un des membres les plus entreprenants et les plus
renommés de sa corporation, il s'est fait surtout une spé-
cialité des publications de luxe concernant l'histoire de
l'art dans la Vénétie, comme la Basitica di San Marco,
l camini di VeneyJa, Calli e Canali. etc.
0N6AR0 (Fr. Dali') (1808-78) (V. Datx'Onc.aro).
ONGIO Ola (Mont) (V. In-Chan).
ONGLE. L Anatomie etPhysiolocii-.. — L'ongle est une
lame cornée recouvrant les deux tiers inférieurs du dos de la
phalangette des doigts et des orteils. C'est une production
épidermique analogue aux plumes, aux poils, aux cornes des
animaux. lynchasse dans un repli du derme en arrière et
sur les côtés, libre en avant, l'ongle représente un seg-
ment de cylindre allongé, à courbure transversale nette-
ment accusée. Sa forme, sa longueur, sa coloration, sa con-
sistance, etc., varient avec les individus, les races, les pro-
fessions et aussi les états pathologiques. La surface de l'ongle
est lisse, polie, rosée par transparence, sauf au niveau de
la partie antérieure libre, qui est blanc grisâtre, et de la
partie postérieure opaline ou lunule. On distingue à l'ongle
une racine qui comprend la lunule, un corps qui présente
des sillons parallèles sur sa convexité, des crêtes diver-
gentes sur sa concavité et une partie libre qui dépasse la
pulpe du doigt si on n'arrête sa croissance. L'organe pro-
ducteur de l'ongle est le derme unguéal. Arrivé au niveau
de l'ongle, le derme se plisse et se retourne en haut, c'est
le manteau de l'ongle ou derme sus-unguéal ; dès que ce
repli profond atteint une certaine hauteur, il se replie de
nouveau en bas, formant la rainure de l'ongle et va s'éta-
ler sur la face dorsale de la phalangette : lit de l'ongle.
L'épiderme recouvre ces parties : au niveau du premier
angle, il est très abondant et donne un repli considérable :
le périonyx ; au niveau du second, il donne, par sa couche
profonde, la partie muqueuse de l'ongle, et par sa couche
superficielle, il forme la couche cornée, qui viennent se cou-
cher sur le lit de l'ongle.
L'ongle apparaît dès le troisième mois de la vie fœtale
et se forme par la prolifération des cellules muqueuses du
repli de la matrice, qui bientôt se chargent de kératine
repoussant les cellules préformées et étant repoussées par
celles qui viennent ensuite. La vascularisation du derme
unguéal est très riche ; on y trouve un réseau planiforme
d'où partent des houppes vasculaires pour le manteau, la
matrice et le lit. Les lymphatiques y sont ti'ès abondants
à la périphérie, les nerfs y sont aussi nombreux.
L'ongle constitue la griife des animaux, et, à mesure que
le nombre des doigts diminue, il tend à les envelopper com-
plètement (ongles de la chèvre, du bœuf; sabot du cheval).
Les ongles ont pour fonction, en soutenant la pulpe du
doigt, d'augmenter la délicatesse du tact ; chez les animaux,
ils sont surtout des moyens d'attaque et de défense.
IL Pathologie. — La pathologie des ongles est extrême-
ment étendue ; elle comprend les maladies produites par
des traumatismes de toute nature (décollement de l'ongle,
panaris unguéal et sous-unguéal, onyxis et périonyxis de
cause externe, ongle incarné) ; la présence de parasites
{faims, tricophyte) ; les maladies professionnelles (usure,
changement de coloration) ; les affections unguéales qui
résultent de diverses maladies aiguës (fièvre typhoïde,
fièvres èruptives) ou chroniques (diabète, tuberculose,
lèpre, syphilis, dermatoses, telles que le psoriasis,
l'eczéma, l'ichtyose. etc.) ; en dernier lieu, les affec-
tions propres aux ongles (hypertrophie, atrophie, lano-
malies de coloration, inflammation de la matrice unguéale
ou onyxis et périonyxis) qui peuvent être parfois purement
locales et exister en dehors de toute diathèse. H. F.
III. Malacologie. — Ongle odorant (V. Blatte [III]).
ONGLE (Blas.). S'applique aux animaux dont les ongles
sont d'un émail différent. Synonyme iVarmé. On dit, par
exemple, qu'un lion est ongle et langue de gueules ou
bien qu'il est armé et lampassé de gueules.
ONGLES. Com. du dép. des Basses-Alpes, arr. de
Forcalquier, cant. de Saint-Etienne; 616 hab.
ONGLET. I. Menuiserie. — On donne le nom d'onglet à
l'extrémité d'une pièce de bois, moulurée ou non, coupée
sous un angle de 45° par rapport à son axe longitudinal.
La coupe d'onglet s'emploie notamment dans les pièces
moulurées, telles que cadres de tableaux ou déglaces, en-
cadrement de portes, etc. A l'aide de deux coupes d'onglet
on enlève une partie triangulaire C, et en faisant pivoter
la partie A de 90°, on obtient une moulure qui se retourne
à angle droit et dont les lignes se raccordent rigoureuse-
ment. Pour éviter un traçage souvent inexact, on emploie
la Imte d'onglet, sorte de gouttière en bois dans laquelle
on place la pièce à découper et dont les parois verticales
portent des entailles à 45°, qui servent de guide à la lame
de scie. On obtient ainsi un travail toujours réguHer.
IL Géométrie. — L'onglet sphérique est la portion du
volume de la sphère comprise entre deux plans passant
par un même diamètre. Le volume d'un onglet est pro-
portionnel à l'angle dièdre formé par les deux plans, si
bien que si a représente l'angle rectiligne qui correspond
à ce dièdre, l'angle droit étant pris pour unité, le volume
(X
de l'onglet a pour expression tj :: B-^, en appellant B le
a
rayon de la sphère; on peut encore l écrire -- tt: D'\ en
fonction du diamètre. ^^
ONGLET — ONGUENT
- 394
m. Reliure (V. Reliure).
IV. Botanique (V. Corolle, t. XIÏ, p, 1018.
V. Art vétérinaire. — L'onglet est l'engorgement du
corps clignotant de l'œil du cheval. L'œil affecté d'onglet
est enflammé, larmoyant, presque constamment fermé. La
conjonctive est rouge, et si Tinflammation n'est pas en-
rayée dans sa marche, elle peut gagner la cornée trans-
parente et déterminer des trouhles profonds de la vision
et même la cécité. L. Garnier.
ON 6 Ll ÈRES. Com. du Jura, arr. de Poligny, cant. de
Nozeroy; 187 hah.
ONGLOUS (Isthme des) (V. Hérault, t. XIX, p. 1139).
ONGUENT (Pharm.). Médicament pour l'usage ex-
terne, formé de corps gras et de résines. Dans les pharma-
copées étrangères, on désigne sous le nom de unguentiim
des médicaments externes de consistance molle, pouvant
s'étaler facilement, quelle que soit leur base (graisse, lano-
line, glycérolé d'amidon, huile et cire, etc.). Le nom d'on-
guent s'applique encore, dans un sens conforme à l'étymo-
\og\Q{unguere, oindre) à de véritables pommades (onguents
citrin, napolitain, populeum, de laurier, etc.), à des em-
plâtres (ongueiît de la Mère, onguent Canet, etc.) et même
à un acétomellite (onguent ^gyptiac). Si on ajoute que
certains portent le nom de baume (baume d'Arcaeus), on
verra qu'il existe une certaine confusion de termes. Néan-
moins, en s'en tenant à la définition stricte du mot onguent,
la classe de médicaments ainsi établie peut se diviser en
deux groupes : 1*^ les onguents proprement dits, à con-
sistance de pommade ; 2° les onguents-emplâtres, à
consistance d'emplâtre, mais se distinguant de ceux-ci par
l'absence de sels de plomb.
Le mode de préparation est le même pour les deux
groupes. On commence par faire fondre les substances, en
commençant par les moins fusibles, on passe la masse
fondue à travers une toile, on agite jusqu'à refroidisse-
ment. S'il entre dans la composition de l'onguent des
substances volatiles, on les ajoute à la fin de l'opération.
Quand on doit y incorporer des poudres, elles doivent être
fines et ajoutées à l'aide d'un tamis clair, au moment du
refroidissement. Les gommes-résines seront liquéfiées dans
la térébenthine, s'il en entre dans la composition de l'on-
guent, ou bien elles seront délayées dans l'eau chaude par
digestion, ou de préférence dissoutes dans l'alcool à 60*^ ;
le produit sera évaporé en consistance d'extrait mou et
incorporé à l'onguent par trituration.
Onguents proprement dits. — Nous citerons comme
exemples, outre les digestifs (V. ce mot), les onguents
suivants :
Onguent basiliciim (onguent royal ou tétrapharmacum)
Poix noire 100 gr.
Colophane . . .
Cire jaune. . .
Huile d'olive.
100
100 —
400 -
Faire hquéfier à une douce chaleur les substances ci-
dessus, en commençant par les deux premières, passer à
travers une toile, agiter jusqu'à refroidissement. En Alle-
magne on emploie, au lieu de poix noire, le suif et la téré-
benthine. L'onguent possède dans ce cas une couleur
jaune.
Onguent d'Althœa
Huile de fenugrec 8.000 gr.
Cire jaune 2 . 000 ~
Résine jaune 1 . 000 —
Térébenthine du mélèze 1 . 000 —
Fondre ensemble les trois premières substances, ajouter
la térébenthine, passer et agiter jusqu'à refroidissement.
Le nom à'Althœa vient de ce qu'autrefois il entrait dans
la composition de ce médicament de V huile de mucilage
obtenue en évaporant au contact de l'huile une décoction
mucilagineuse de guimauve (Althœa ojjicinalis) , graine
de lin et fenugrec.
Onguent d'Arcœus
Suif de mouton 200 gr.
Résine élémi lf»0 —
Axonge '. 100 —
Térébenthine du mélèze d50 —
Préparer comme le précédent. L'emploi de térébenthine
du mélèze, non siccative, permet d'obtenir des onguents
ne durcissant pas.
Onguents-emplâtres. Citons Vemplâtre-vésicatoire
(V. Cantharide) et les deux suivants :
Emplâtre de poix de Bourgogne
Cire jaune 1 .000 gr.
Poix de Rourgogne 3 . 000 —
Fondre à une douce chaleur, passer, agiter, rouler en
gros cylindres {magdaléons), en malaxant l'emplâtre et
le roulant sur une table avec les mains mouillées.
Emplâtre de ciguë
Galipot (résine de pin)
Poix blanche purifiée
Cire jaune
Huile de ciguë
Gomme- ammoniaque purifiée .
940 gr.
440 -
640 -
130 -
. . 500 —
Feuilles fraîches de ciguë 2.000 —
On fait fondre à une douce chaleur les quatre premières
substances, on ajoute les feuilles de ciguë contusées ; on
chauffe jusqu'à dissipation de l'eau de végétation, on passe
à la presse. On sépare le dépôt après refroidissement. Dans
la matière fondue à nouveau, on ajoute la gomme ammo-
niaque purifiée (fondue et passée). On laisse refroidir, on
roule en magdaléons. Les pharmacopées étrangères em-
ploient, au heu de feuilles fraîches, la poudre de feuilles
sèches de ciguë.
Nous devrions nous occuper maintenant de médica-
ments auxquels on a conservé à tort le nom d'onguents.
Mais la liste en serait trop longue ; aussi bien quelques-
uns des plus importants pourront-ils figurer à l'article
Pommade. Nous parlerons cependant ici d'un emplâtre
bien connu, Vonguent de la Mère Thècle (du nom de
la rehgieuse de l'flôtel-Dieu qui en composa la formule)
Onguent de la i¥<^r<? J(emplâtre brûlé, emplâtre brun)
Huile d'olive 1 ,000 gr.
Axonge, beurre, cire jaune, suif, aa . . . . SOO —
Litharge 500 --
Poix noire 100 —
On fond ensemble les cinq premières substances dans une
grande bassine de cuivre et on chauffe jusqu'à production
de fumées. On ajoute par parties la litharge pulvérisée,
en agitant avec une spatule de bois. On laisse sur le feu
jusqu'à ce que la matière ait pris une couleur brun foncé.
On ajoute la poix noire qu'on fait fondre dans la masse.
Après refroidissement presque complet, on coule la masse
dans des moules de papier.
L'emploi d'une grande bassine est nécessité par le déga-
gement de gaz : acide carbonique provenant de la litharge,
qui contient toujours du carbonate de plomb, et gaz inflam-
mables résultant de la décomposition des graisses par la
chaleur ; il s'est formé des acides gras, de la vapeur
d'eau, des carbures d'hydrogène et de l'acroléine, produit
de déshydratation de la glycérine. L'action de la chaleur
sur les corps gras détermine en outre la formation d'acide
sébacique et d'acide acétique. Celui-ci, combiné avec la
litharge, donne de l'acétate de plomb qui paraît au bout
d'un certain temps sous forme d'efïïorescence blanche à la
surface de l'onguent. Cette production d'acide acétique
39?)
ONGUENT — ONKELOS
serait plus abondante si la poix noire était ajoutée dés le
début de l'opération. La litharge sature les acides gras
libres, et en fait des savons ou sels de plomb. La chaleur
agissant sur ceux-ci donne du carbonate de plomb et des
acétones (stéarone, oléone, margarone, etc.). Telles
sont les principales réactions de cette préparation com-
plexe.
ONGULES (Zool.). On désigne sous ce nom un ordre
ou un groupe supérieur de Mammifères qui comprend les
Pachydermes et les Ruminants de Cuvier, et qui est carac-
térisé par des ongles en forme à^ sabots, c.-à-d. épais et
enveloppant complètement les phalanges unguéales, et
des membres servant exclusivement à la marche, par suite
dépourvus de clavicules. Le régime est ordinairement ex-
clusivement végétal; quelques-uns sont omnivores (Por-
cins). Les Ongulés sont, pour la plupart, des animaux de
grande taille et renfermant les plus grands de tous les
Mammifères terrestres. C'est surtout la considération des
Ongulés fossiles qui a porté les naturalistes à abandonner
l'ancienne division des Ongulés en Pachydermes et Ru-
minants (V. ces mots), car on trouve, dans les couches
géologiques, de nombreux passages entre ces deux groupes.
Certains mammalogistes réunissent tous les Ongulés en un
seul ordre; d'autres les divisent en Périssodactyles (à
doigts en nombre impair) et Artiodactyles (à doigts m
nombre pair). D'autres encore, et particulièrement les pa-
léontologistes, les subdivisent, à l'exemple de Zittel, en
8 sous-ordres : Condylarthra, Perissodactyla, Artio-
dactyla, Amblypoda, Proboscidea, Joxodontia, Typo-
theria, Hyracoidea (V. ces mots). Au mot Mammifères
nous avons indiqué la classification de Milne Edwards qui
admet les 7 ordres suivants : Proboscidiens, Hyraciens
(Damans), Hippiens (Chevaux), Porcins, Caméliens,
Tî^aguliens {Cheyroîdims) et Pécoriens (Ruminants).
ONIAS. Nom porté par différents personnages du haut
clergé juif à l'époque qui sépare Alexandre des Macchabées,
— Onias P^, fils et successeur de Jaddus (Jaddoua),
grand pontife, après que la Palestine fut passée sous la
domination grecque. — Onias II, grand pontife vers
250 av. J.-C., fils de Siméon le Juste, entra en conflit
avec Ptolémée Evergète. — Onias lll, grand prêtre sous
Séleucus Philopator et Antiochus Epiphane, fils de
Siméon II, défendit, dit-on, les trésors du Temple contre
l'avidité du roi de Syrie ; c'est sous son pontificat que se
produit le romantique incident d'Héliodore fustigé par
les anges. Dépossédé de sa haute charge après des luttes
compliquées, Onias périt assassiné (171 av. J.-C). —
Un fils de ce dernier, Onias IV, dépossédé du pontificat
par ses oncles Jason et Ménélas, se réfugia en Egypte et y
érigea, à LéontopoHs, un temple, rival de celui de Jéru-
salem, dont il fut lui-même le grand prêtre. M. Vernes.
BiBL. : E. ScHURER, GescJdcfite des jùdischen Volkes
un Zeitalter Jesu Christi ; Leipzig, 1886-90, 2" éd. —
II. Gr/Etz, Histoire des Juifs ; Paris, 188 i, t. IL
ONILAHY. Fleuve de Madagascar (V. ce mot, t. XXÏÏ,
p. 904).
ON I IVI US (Ernest-Nicolas- Joseph), médecin français con-
temporain, né à Mulhouse (Alsace) le 6 déc. 1840. Il a
commencé ses études médicales à Strasbourg et les a ter-
minées à Paris, où il a été reçu docteur en médecine en
1866. Elève du physiologiste Charles Robin, il est l'auteur
d'un grand nombre de mémoires spéciaux, parmi lesquels
nous devons citer ceux sur V Emploi de la photographie
dans les mouvements du cœur (1865-66); de la Théo-
rie dynamique de la chaleur dans les sciences biolo-
giques (4867); de V Emploi de V électricité dans diverses
affections nerveuses {Gazette des Hôpitaux, 1868) ;
plusieurs travaux Sur l'influence des courants indirects
(1873-74); un Guide pratique d' électrothérapie, qui a
eu plusieurs éditions ; des études Sur l'occlusion des ori-
fices auriculi-ventriculaires et la contractilité arté-
rielle (1865-68). D^' A. Dureau.
ONIROCRITIQUE (V. Divination, t. XIV, p. 725).
ONIROMANCIE (V.DivfNATTON, t. XIV, pp. 718 et 724).
ONISCIA (Malac). Genre de Mollusques Prosobranches
édité par Sowerby en 1824 : coquille oblongue ou ovale,
épidermée, aspire peu élevée ; ouverture allongée, étroite,
échancrée en avant; columelle rectiligne. bord columel-
laire épaissi, strié ou granuleux, l'externe réfléchi et plissé
intérieurement. Ex. : 0. oniscus L., coquilles ornées de
couleurs brillantes répandues dans la mer des Antilles,
sur les côtes de Chine et de l'Amérique.
ONISCUS (Zool.). Genre type d'une famille de Crus-
tacés Isopodes, dont les espèces vulgaires portent le nom
de Cloporte (V. ce mot). Les Oniscides ont la première
paire d'antennes rudimentaire et la seconde bien déve-
loppée ; les mandibules sont dépourvues de palpes ; l'ab-
domen est fait de six segments dont le dernier peu dé-
veloppé ; les pattes sont conformées pour la marche ; la
lamelle interne des fausses pattes est membraneuse et
sert à la respiration, la lamelle externe, plus consistante,
protège la première contre la dessiccation ; elle est parfois
(•reusée de lacunes aérifères. Ces dispositions de l'appa-
reil respiratoire permettent à ces Crustacés de ne pas
vivre dans l'eau et même, à certains d'entre eux, de vivre
dans des lieux très secs. Les Oniscides se divisent en deux
tribus: l'^ les Ligiines, principaux genres: Ligia (V. ce
mot), litanethes, genre vivant dans les cavernes; Ligi-
dium, Tnchoniscus, dont quelques espèces vivent dans
les grottes ou dans les fourmilières ; 2*^ les Oniscides,
principaux genres : Oniscus, Porcellio, Armadillo, Pla-
tyarthrus. R. Moniez.
ON lie H A. Ville de l'Afrique occidentale, près delà rive
gauche du bas Niger et de son confluent l'Amambara.
Grâce à sa position à moitié chemin du confluent de la
Rénoué et de l'embouchure principale du Niger, Onitcha
est un marché important pour l'exportation de l'huile de
palme et des noix de kola, ainsi que par ses relations
avec l'extérieur.
ONITIS (Entom.). Genre d'Insectes Coléoptères de la
famille des Scarabœides, établi par Eabricius {Entom.
Syst., SuppL, 1798, p. 25). Ce genre diffère surtout des
Bubas par la présence d'un écusson. Ce sont des Insectes
d'assez grande taille, parés de couleurs peu brillantes, et
ayant les mêmes habitudes que lesCoprides. On en compte
une cinquantaine d'espèces appartenant surtout à la faune
du bassin de la Méditerranée. L'O. 0 livie ri IIW^. mesure
25 miilim. de long, il est d'un noir brillant et se trouve
dans toute l'Europe méridionale.
ONJON. Com. du dép. de l'Aube, arr. de Troyes, cant.
de Piney; 318 hab.
ONKELOS. Onkelos est le nom sous lequel le Talmud
deRabylone désigne Akylas ou Aquila (V. ce mot), l'au-
teur d'une traduction grecque de la Rible. Mais comme
dans un passage de ce Talmud (Meguilla, 3 a), on a rap-
porté par erreur à la version araméenne du Pentateuque
une notice du Talmud de Jérusalem {Meguilla, I, 9) rela-
tive à la traduction grecque d' Akylas, on a cru que cette
version araméenne était l'œuvre d'Onkelos. C'est ainsi que
les élèves du grammairien Menahem, dans leurs Pie^onsfô-,
parlent déjà du Targoum Onkelos. Le Talmud de Raby-
lone lui-même ne donne jamais ce nom au Targoum du
Pentateuque, qu'il cite fréquemment. Dans ces derniers
temps, M. Friedmann a essayé de démontrer que la ver-
sion araméenne était bien d'Onkelos, mais son opinion n'a
pas prévalu. Le Targoum attribué à Onkelos était la ver-
sion officielle dont on se servait en Rabylonie à l'époque
lalmudique, car le Talmud l'appelle notre Targoum, mais
il paraît être d'origine palestinienne. Le dialecte dans
lequel ce Targoum est écrit est le dialecte de la Pales-
tine, légèrement modifié par la prononciation babylonienne,
et la version montre des traces de l'exégèse des docteurs
de la Mischna. Après être restée longtemps à l'état de
tradition orale, la traduction araméenne du Pentateuque
a été probablement rédigée au m® siècle de l'ère vul-
gaire. Elle acquit une telle importance que les variantes furent
ONKELOS
ONON
396
mises en marge comme pour le texte original et qu'il se
forma ainsi une massora du Targomn qui a été éditée par
MM. Berliner et Landau er. LeTargoum 0^A:^/o5 est le plus
souvent littéral, il ne paraphrase que les morceaux poé-
tiques. Comme les anciennes versions, il évite les antro-
pomorphismes. Presque toujours il s'accorde avec le texte
masorétique, et il y a très peu de variantes à en tirer
pour le texte original.
Le Targoiun, depuis qu'il fut mis par écrit, a subi peu
de modifications en ce qui concerne le texte consonantique.
Lorsque les points-voyelles devinrent usuels (vers le
vii^ siècle), le Targoum fut, lui aussi, ponctué et naturelle-
ment d'après le système babylonien. Les Juifs du Yémen
ont conservé ce système pour le Targoum. Mais dans les
pays européens cette ponctuation fut remplacée par la
ponctuation palestinienne, et cette transposition ayant été
mal faite, la vocalisation des manuscrits européens du
Targoum Onkelos laisse beaucoup à désirer. On a pu de nos
jours rétablir la véritable vocalisation de l'araméen du
Targoum, grâce aux manuscrits du Yémen.
La première édition du Targoum Onkelos a paru à
Bologne en 1482. La meilleure est celle deSabionète (1557),
qui a été reproduite par M. Berliner dans son édition de
1884. Le dialecte à' Onkelos a été étudié spécialement par
Dalman dans sa Grammaire de Varaméen palestinien.
Des spécimens du Targoum, d'après les manuscrits yémé-
nites, ont été publiés par M. Merx, dans sa Chrestomathie
targoumique. L'histoire du Targoum Onkelos a été trai-
tée surtout par M. Berliner dans l'introduction à son édi-
tion. Parmi les recueils d'explications sur le Targoum
Onkelos, les plus importants sont ceux de Luzzatte et de
Schefftel. Mayer Lambert.
BiBL. : LuzzATTO. Ohéb Ger ; Vienne. 1830. — Bkrli-
NER, Massoî'a zu^n Targiun Onkelos ; Berlin, 1877. — L.\n-
DAUER, Massora. zum fargum Onkelos, dsinsle Letterbocle.,
années VIII et IX (1883-84); Amsterdam. — Berliner, TiW-
fUnn Onkelos ; Berlin, 1884, 2 vol. — Merx, Chrestomathia
Tarr/umica ; Berlin, 1888. —Schefftel, Scholien zum, Tar-
gum Onkelos, publié par Joseph Perlés ; Munich, 1888. —
Dalman, Grammatik des jûdisch palâstiniscfien Ara-
indisch ; Leipzig, 1894. — Friedmann, Onkelos und Aky-
las ; Vienne, 1895. — Barnstein, The Targum of Onkelos
io Genesis ; Londres, 1896.
ONLAY. Com. du dép. de la Nièvre, arr. de Château-
Chinon, cant. de Mouhns-Engilbert ; 899 hab.
ONNAING. Com. du dép. du Nord, arr. et cant. (E«)de
Valenciennes ; 4.412 hab. Stat. du chem. de fer du Nord.
Mines de charbon des concessions d'Anzin, de Crespin et
de Marly. Grands établissements métallurgiques, compre-
nant des fonderies, des fabriques d'appareils de mines,
de grosse chaudronnerie, de tonneaux en tôle galvanisée,
d'ustensiles de ménage, des ateliers de constructions mé-
talliques eî de matériel de chemins de fer. Brasseries ;
carrosserie; bricpieterie; sucrerie; meunerie. Fabriques
de chicorée, de faïence, de moutarde, de passementerie,
de pipes. Eglise avec clocher du xvi® siècle.
ONNION ou ONION. Com. du dép. de la Haute-Savoie,
arr. de Bonneville, cant. de Saint-Jeoire ; 865 hab.
ONOBRISATES. Peuplade secondaire de l'Aquitaine,
mentionnée par Pline, impossible à localiser.
ONOBRYCHIS (Bot.) (V. Esparcette).
ONOD. Localité de Hongrie, comitat de Borsod, sur le
Sajo ; 1.942 hab. magyars. Théâtre de la défaite des
Hongrois par les Mongols en d241. En 4717, Bakoczy y
tint une diète.
ONOFRIO DA Messina (V. Gabriello).
ONOLATRIE (Belig.). Adoration de l'âne que les païens
reprochèrent aux juifs, puis aux chrétiens ; une caricature
du Palatin fait allusion à cette légende.
ONOLSBACH (V. Ansbach).
ONOMACRITE ('Ovofj.àxptTo;) d'Athènes, poète grec
du vi^ siècle. Il est cité parmi les auteurs chargés, suivant
la légende, de la réunion des poèmes d'Homère, par l'ordre
de Pisistrate. Hérodote le cite comme auteur d'oracles ver-
sifiés, et raconte même qu'ayant été convaincu par Lasos
d'Hermione, le maître de Pindare, d'avoir inséré dans les
oracles de Musée des vers de son cru, il fut chassé d'Athènes
par Hipparque. Cela n'empêcha pas Onomacrite de rester
en relations d'amitié avec les Pisistratides, puisqu'il les
accompagna à Suse, après leur expulsion, et contribua à
déterminer Xerxès à la guerre contre la Grèce, en lui com-
muniquant des oracles favorables aux Perses. H semble
bien qu'Onomacrite ait reciieilH, arrangé et complété à
sa façon, sans doute, les vers qui couraient sous le nom
de Musée. Tous les savants de l'antiquité lui ont également
attribué la paternité de la pUipart des vers orphiques qui
avaient tant de crédit, et qu'il faut bien distinguer des hymnes
orphiques que nous possédons (V. Orphée). A. -M. D.
ON 0 M ARQUE, général grec (V. Phocide, § Histoire).
ONOMASTICON (Philol.). Nom donné par les Grecs à
des dictionnaires groupant les mots généralement par
ordre de matières et en donnant une explication avec
détails sur la synonymie. Seul VOnomasticon de Julius
Pollux nous est parvenu. Ce nom a été également donné
aux petits poèmes composés pour souhaiter la fête anni-
versaire de la naissance.
ONOMATOMANCIE (V. Divination).
ONOMATOPÉE (du grec ovo|jLa, nom, etTiot^w, faire),
il y a dans toutes les langues des mots dont le son repro-
duit un bruit propre à la chose dénommée, ["comme tic
tac, coucou ; on dit alors que ces mots sont des onoma-
topées ou doivent leur origine à l'onomatopée . Dans un
sens plus large, l'onomatopée est un principe constitutif
du langage qui a pour effet d'affecter à la désignation des
objets certains sons doux on rudes en rapport à l'idée de
douceur ou de rudesse exprimée par ces objets Ainsi en-
tendue, l'onomatopée joue un grand rôle dans les théories
qui attribuent au langage une origine naturelle. Un grand
nombre de philosophes "et de linguistes, dit M. Paul Re-
gnaud, « ont pensé que les efforts spontanés de l'homme
jDour parler se sont modelés de bonne heure, ou même
dès le début, sur les cris des animaux et les bruits de la
nature. L'imitation de ces sons aurait même été le point
de départ de la dénomination donnée aux êtres animés
ou aux objets dont ils émanaient ». La théorie la plus an-
cienne de l'onomatopée se trouve dans le Cratyle de Pla-
ton ; mais c'est surtout chez les modernes qu'elle s'est
développée : Leibniz, le président de Brosses, Renan,
Whitney en sont les plus illustres défenseurs. M. Rabier,
dans ses Leçons de philosophie, t. I, p. 609, a résumé
en quelques formules cette doctrine, qui d'ailleurs est in-
soutenable, tant au point de vue de la physiologie qu'à
celui de la psychologie et de la linguistique. Ch. Nodier
a donné un '^Dictionnaire raisonné des onomatopées
françaises (1808). M. Beaudouin.
Biiu.. : Rf,gxaud, Oriqine et philosophie du langage «
1888, pp. 6->-121.
ONOMITSI. Ville maritime du Japon, ken de Hirosima,
au S.-O. de Nippon; 20.000 hab. Beau temple de Zen-
kozi. Commerce actif avec Osaka.
ONON. Rivière de Transbaïkalie (Sibérie). Elle consti-
tue avec ringoda, la Chilka, une des branches initiales
de l'Amour. L'Onon naît en Chine, au mont Kenteï et, coule
dans la direction générale du N.-E. Longueur, plus de
750 kil. Sa largeur, qui est d'environ 200 m. dans sa
partie moyenne, diminue légèrement vers l'embouchure où
elle n'atteint que 170 m. L'Onon reçoit plusieurs affluents:
rilia et l'Aga à gauche et l'Onon-Borzia à droite. Son
cours, assez lent au début, devient très rapide à partir de
la ville d'Akcha où la vallée, très pittoresque, est enserrée
par des rochers abrupts composés de granits, de schistes
et de porphyres. La rive droite est couverte de magni-
fiques forêts. La pêche est très abondante, et plusieurs
espèces de poissons, qui manquent totalement dans les
autres rivières sibériennes, vivent dans les eaux de l'Onon.
Les riches pâturages de la vallée de l'Onon ont déter-
miné la plupart des riverains à se faire éleveurs. Djengis
397 —
ONON — ONTARIO
ONONETINE. Form.
ONONINE. Form.
Khan est iié sur la rive droite de la rivière, à l'endroit
nommé Délioun Boldok.
ONON-BoRziA. Rivière de Sibérie, aftl. dr. de l'Onon,
dans la Transbaikalie. Elle prend naissance dans les monts
de Nertchinsk et coule d'abord vers leS.-O. à travers une
contrée montagneuse, puis tourne vers le N. ; sa vallée
change alors d'aspect et prend un caractère de steppe par-
semé de lacs salés. Longueur 225 kil. La rivière déborde
au printemps et inonde la contrée. Mar. C.
ONONDAGA. Lac des Etats-Unis (New York), se déver-
sant dans le Seneca; au S.-E. est située la ville de Syra-
cuse. Sources salines.
ONONDAGAS (V. ïroquois).
' Equiv... C^«H«20i2.
AtOm... ^23H22^^
L'ononétine prend naissance dans la décomposition de
l'onospine par les acides étendus,
C58H34024 _ C^6H220i2 _p C'^^W^
Glucose
ou par l'ébullition de la foi*monétine avec l'eau de baryte.
C'est une substance cristallisée en prismes incolores, cas-
sants, groupés en rayons ou eu faisceaux ; elle est peu so-
luble dans Teau et soluble dans l'alcool et les alcalis. Le
perchlorure de fer donne à ses solutions une teinte rouge
cerise. C. M.
BiHL. : llLAbiNVETz, Jalircsberlclite, 1855. p. 715.
Equiv... C^oH^-^O^e.
Atom... ^^m^^Q^'K
L'ononine est un principe cristallin découvert par Reinsch
dans la racine de bugrane, Ononis spinosa L. Son étude
et celle de ses dérivés ont été faites par Hlasiwetz. — On
la prépare en faisant bouillir avec l'alcool la racine dessé-
chée, l'extrait desséché est repris plusieurs fois par l'eau,
enfin le résidu desséché après ébullition avec l'oxyde de
plomb est amené à cristallisation.
L'ononine forme des aiguilles ou des paillettes sans
odeur et sans saveur, insolubles dans l'eau froide, peu
solubles dans l'eau bouillante et dans l'éther, solubles
dans l'alcool bouillant. Elle fond vers 23d« en se décom-
posant. L'ononine en solution alcoolique donne avec le
sous-acétate de plomb un précipité floconneux blanc, mais
elle ne précipite pas les autres solutions métalliques. Les
acides étendus la décomposent en glucose et formonétine :
e60H3402G ^ c^8H2ooi2 ^ c^m^'^o'' -f. n^OK
BiBL. : Hlasiwetz, Journ. fur praht. Chem , t. LXV.
p. 419.
ONONIS {Ononis L.). Genre de Légumineuses-Papi-
lionacées, composé d'herbes ou de sous-arbrisseaux, à
feuilles trifoliolées ou réduites à une foliole et stipulées,
à fleurs axillaires. Celles-ci possèdent 10 étamines mona-
delphes et un pistil surmonté d'un style subulé, genouillé
au milieu. Le fruit est une gousse contenant un petit
nombre de graines. Parmi les nombreuses espèces ré-
pandues en Europe et surtout dans la région méditerra-
néenne (environ 70), les plus intéressantes sont : 0. spi-
nosah. , encore appelée Arrête-bœuf ovl Bugrane épineuse,
haute de 0'^",30 à 0'",90 avec rameaux épineux, fleurs
roses ou blanches, répandue dans l'Europe entière; 0. ar-
vensis Lamk ou Bugrane des champs, et 0. antiquo-
runi L. La racine de ces espèces, dont le goût est amer,
passe pour apéritive, diurétique et astringente. D'L. Hn.
ONOPORDON (OnopordiwiL.). Genre de Composées-
ïubuliflores, tribu des Carduacées, voisin des Cardiius
(V. Chardon), dont il se distingue surtout par le plateau
des capitules dépourvus de soies, les capitules toujours
solitaires, les feuilles sinuées-épineuses. L'espèce type,
0. acanthium L., connue sous le nom de Chardon aux
ânes, Chardomiette sauvage, Chardon velu. Fausse
Acanthe, PetdWne, est commune en Europe, dans le voi-
sinage des habitations et au bord des routes. La racine,
les capitules jeunes et les tiges décortiquées sont alimen-
taires. Les graines renferment une huile grasse bonne à
brûler. Les feuilles, écrasées, servaient jadis en applica-
tion sur le lupus et les ulcèi'es de la face. C'est le Carduus
fomentosus des formulaires. L'O. iltyricum L., de l'Eu-
rope méridionale, a également des graines oléagineuses et
des réceptacles comestibles. D'" L. Hn.
ONOSANDER (V. OxNESander).
0N0SPINE.Form.jJ£;;;g:H::2:,
L'onospine est un produit de dédoublement de l'ono-
nine sous l'influence de la baryte :
C60H3i026 _^ H^O- zr= C^8H34024 J^ C^H^O^.
Acide
formique
On l'obtient sous la forme d"unc masse ci'istaUine fon-
dant à 16'2«, insoluble dans l'éther, soluble dans l'eau
chaude, dans l'alcool. Les solutions donnent avec le per-
chlorure de fer une coloration rouge cerise foncé et avec
le bioxyde de manganèse et l'acide sulfurique une colo-
ration rouge carmin. C. M.
BiBL. : IlLAsrwHT/. JaliresbericJitc, 1855. p. 715.
ONOZ. Com. dudép. du Jura, arr. de Lons-le-Saunier,
cant. d'Orgelet; 281 hab. Sur le territoire d'Onoz, au
bord de l'Ain, restes de la chartreuse de Vaucluse fondée
vers 1139.
ONSEMBRAY. Com. du dép. de l'Oise, arr. de Beau-
vais, cant. d'Auneuil; 9o0 hab.
ON SLOW (Georges), compositeur français, né à Cler-
mont-Ferrand le 27 juil. 1784, mort le 3 oct. 1853. Fils
de parents anglais, il eut pour maître Reicha (V. ce nom),
et, après avoir consciencieusement étudié la grammaire de
la musique, il écrivit trois opéras-comiques qui ne reçurent
qu'un accueil réservé. Il se consacra dès lors à la musique
instrumentale et composa des symphonies, et surtout des
pièces de musique de chambre qui obtinrent quelques suc-
cès. En 1842, il fut élu à l'Académie des beaux-arts à
la place de Cherubini. L'œuvre correcte, mais dénuée
d'émotion, de cet estimable musicien, est de nos jours com-
plètement délaissée. Elle se compose de trois opéras-
comiques : r Alcade de la Vega, le Colporteur, le Duc
de Guise, de trois symphonies et d'un assez grand nombre
de quintettes et quatuors pour instruments à cordes, outre
des trios, des sonates et un sextuor. R. Br.
ONTANON (GiL de) (V. Gil).
ONTARIO. Lac. — Le dernier des cinq grands lacs de
l'Amérique du Nord (V. Amérique du Nord, Canada, Etats-
Unis et Niagara), situé entre les Etats-Unis (New York)
au S. et à l'E* et le Canada (prov. d'Ontario) au N. et à
rO., compris entre 43« 20' et 44^ lat. N., 78° et 81° long.
0. ; il a 318 kil. de long duS.-O. au. N-E., 85 kil. de lar-
geur maxima, 60 kil. de largeur moyenne, une surface de
19.823 kil. q. , un périmètre de 870 kil. Il est à 76««,2 d'alt.
au-dessus de l'Océan, soit à 98'", 5 en contre-bas du lac
Erié dont il reçoit le trop-plein par le Niagara. Sa pro-
fondeur moyenne est de 185 m., maxima de 225,minima
de 5 m. Le lac Ontario a dû être autrefois plus étendu,
car du côté méridional s'étend, de 5 à 12 kil. du rivage
actuel et le dominant de 50 à 60 m., un ancien rivage avec
ses sables et ses graviers. Ce Lake ridge fut abandonné par
le retrait des eaux après la période glaciaire, et c'est leur
abaissement qui a déterminé la cataracte du Niagara. 11 se
déverse par le Saint-Laurent qui en sort à Kingston, à tra-
vers l'achipel des Mifle Iles que la navigation évide par six
canaux creusés entre le lac et Montréal. Les rivages du
lac Ontario, formés d'assises silurieiuies, sont en pente douce,
parfois marécageux, largement boisés. Ils n'oiFrent d'as-
pérités, caps ou îles, qu'à l'extrémité N.-E. (baie de Quinte,
baie et presqu'île du Prince Edouard, îles Gallop, Stony, etc.).
Les bons ports sont nombreux, en particulier ceux de
l'anse de Burlington, de Hamilton, de Toronto et de Kings-
ton pour le Canada, Sacketts, Harbour et Oswego pour
FEtat de New York, qui possède aussi, à peu de distance
du lac, la grande ville de Rochester. Le lac ne gèle pour
ainsi dire jamais à cause de sa grande profondeui', et la
ONTARIO — ONTOLOGIE
— 398
navigation y est aisée ; aussi a-t-elle pris un grand dévelop-
pement. Le canal Weyland relie le lac Ontario au lac Erié ;
le canal d'Oswégo ài'Hudson, le canal Rideau à FOttawa.
Province. — Province du Canada, appelée autrefois
Haut-Canada, comprise entre 42° 9' et 52° lat. N. , 76° U^
et 97° 20' long. 0., s'étendant au N. du Saint-Laurent
et des grands lacs, entre la province de (Juébec au N.-E.,
la baie James (baie d'Hudson), le territoire du Nord et la
province de Keewatin au N., celle de Manitoba à l'O. ;
568.870 kil. q. ; 2.114.321 hab. (en 1891), soit 4 hab.
par kilomètre carré. Il n'y en avait que 101.123 signalés
comme parlant français, 358.300 catholiques, enfin
401.619 nés à l'étranger. — La partie riche et peuplée
de la province est la presqu'île comprise entre les lacs
Huron (et la baie Géorgienne), Erié et Ontario, région
ondulée, bien arrosée. La partie septentrionale et occiden-
tale, encore revêtue de forets vierges, est peu peuplée. On
appelle Alg orna la région située au N. des lacs Huron et Su-
périeur; auN. de celle-ci s'étendent les bassins de l'xAbitibbi
et du Moose-river, tributaire de la baie d'Hudson. Comme
autres grands cours d'eau il faut citer l'Albany (baie d'Hudson)
qui sépare l'Ontario du territoire du Nord, et l'Ottawa qui
forme la frontière entre les provinces de Québec et d'Onta-
rio. Les lacs abondent ; les plus vastes sont : le Simcoe,
entre la baie Géorgienne et l'Ontario ; le Nipissing, entre
la baie Géorgienne et l'Ottawa; l'Abitibbi, plus au N., le
Nipigon au N. du lac Supérieur; le lac des Bois, sur la
frontière occidentale; les lacs Saint-Joseph et Lonely, sur
la frontière N.-O. Tout le pays est peu accidenté et peu
élevé, les gneiss et les granités des Laurentides, au N. des
grands lacs, ayant été usés et nivelés au cours des âges;
le plus haut, le cap du Tonnerre, n'a que 60 m. d'alt. —
Le climat est sec en été où la température moyenne de
juillet est + 19° à Toronto; celle de février s'abaisse
à — 3°, 5, la moyenne annuelle étant de + 6^, 8 (lat. de
Nice et de Florence). Au N. les froids sont plus vifs et
l'humidité plus grande.
Le chef-lieu de la province est Toronto ; elle est admi-
nistrée par un lieutenant-gouverneur, nommé par le gou-
verneur du Canada et assisté d'un conseil de 8 ministres,
d'une assemblée provinciale de 91 membres. Le budget
était, en 1892, d'environ 24 miUions de fr. aux recettes
et 21 aux dépenses, la dette de 78 millions. On comptait,
en 1890,5.718 écoles publiques fréquentées par 251.307
enfants ; en outre 259 écoles catholiques et 7 protestantes.
Il y avait 120 écoles supérieures, 10 collèges d'hommes,
6 de femmes, 4 universités (Toronto, Cobourg, Ottawa,
Kingston). — L'agriculture est l'occupation principale;
l'Ontario produit plus de la moitié des céréales du Canada
(blé, avoine, orge), beaucoup de légumineuses et de ra-
cines, du tabac, du chanvre, beaucoup de pommes, de
pèches et autres fruits, un peu de vin. On y comptait, en
1891 : 761.700 chevaux, 1.895.800 bœufs, 994.700 mou-
tons, 1.112.000 porcs. On exporte beaucoup de beurre
et de fromage vers l'Angleterre. La pêche fluviale est assez
active. Les forêts fournissent beaucoup de bois de cons-
truction, du sucre d'érable, etc. La presqu'île a du fer,
du cuivre, du plomb, de l'argent, du nickel, du sel, du
pétrole. La valeur totale de la production industrielle dé-
passait 1.280 millions en 1891 : après les scieries, ce sont
les manufactures de lainages, de meubles, de voitures, de
machines et d'instruments agricoles, d'horlogerie qui do-
minent. Le commerce se fait surtout avec les Etats-Unis,
auxquels, en 1893, on vendait pour 260 millions de fr.
de denrées et on en achetait pour 180 millions. Le mou-
vement de la navigation dans les 45 ports fut de 9 millions
832.000 tonnes. A.-M. B.
ONTENIENTE. Ville d'Espagne, prov. de Valence, sur
TAlbaida ; 12.000 hab. Papeteries, toiles.
ONTEX. Com. du dép. de la Savoie, arr, de Chambéry,
cant. d'Yenne ; 156 hab.
ONTHOPHAGUS (Entom.). Genre d'Insectes Coléop-
tères, de la famille des Scarabœides, établi par Latreille I
Ontopliagus. — A. Profil de
la tête et du thorax de la
femelle. — B. Profil de la
tête et du thorax du mâle.
signifie proprement science
{Gen. Criist et Ins., 1807,111, p. 141). Ce genre est ca
ractérisé par : une tète cornue chez les mâles, simplement
carénée chez les femelles ;
des antennes de neuf ar-
ticles dont les trois der-
niers en massue ; l'absence
d'écusson. Ce sont des In-
sectes de taille moyenne ou
petite. Ils vivent réunis
dans les bouses et les ma-
tières animales. Le genre
comprend plus de 300 es-
pèces répandues dans les
régions chaudes et tem-
pérées. L'espèce la plus
commune est VO. Taiirus
Linn., complètement noir,
avec de nombreuses va-
riétés locales, que l'on
trouve dans toute l'Europe
méridionale, le Caucase et
même dans les environs
de Paris.
ONTOLOGIE. Ontologie
de l'être. Aristote ayant défini la métaphysique « la
science de l'être en tant qu'être », ce terme serait ainsi
synonyme de métaphysique ; et il est, en effet, employé
souvent dans ce sens-là. Mais plus souvent encore, il pa-
raît désigner, soit une des parties dans lesquelles on divise
la métaphysique, soit une façon particulière dont on en
comprend l'objet et la méthode. Dans le premier cas, la
méttiphysique étant divisée en métaphysique générale qui
traite de l'être en général, et métaphysique spéciale qui
traite des diverses espèces d'être, telles que l'être maté-
riel, l'être spirituel et l'être absolu, l'ontologie est le nom
de la métaphysique générale, tandis que la métaphysique
spéciale comprend la cosmologie, la psychologie et la théo-
logie rationnelles. Ainsi l'entendaient Wolf et toute la phi-
losophie allemande après lui. Dans le second cas, si on
entend par métaphysique l'étude des premiers principes,
la discussion des problèmes ultimes, il parait évident que
nul système philosophique ne peut contester la légitimité
et la nécessité de la métaphysique ainsi comprise ; mais
il reste à savoir si et comment elle résoudra ces problèmes,
jusqu'à quel point et sous quelle forme elle saisira ces
principes. Supposons avec tous les anciens métaphysiciens,
comme aussi avec Descartes, Spinoza, Leibniz, etc., parmi
les modernes, qu'elle puisse atteindre l'être même dans
son fond absolu, elle pourra s'appeler alors ontologie;
si, au contraire, on suppose avec Kant, Auguste Comte, etc.,
qu'elle ne puisse connaître que des lois formelles de l'en-
tendement humain ou les vérités les plus générales dans
lesquelles viennent se résumer toutes les sciences, elle
devra renoncer pour jamais à toute prétention ontolo-
gique et se contenter de n'être plus qu'une critique ou
une philosophie générale. On peut, croyons-nous, rap-
porter à ce dernier sens le nom d'argument ontologique
donné par Kant à la célèbre preuve de l'existence de
Dieu proposée d'abord par saint Anselme, puis renouvelée
plus tard par Descartes. Cette preuve consiste, on le sait,
à démontrer à priori que Dieu existe en déduisant son
existence comme une conséquence nécessaire de sa per-
fection. Sully Prudhomme, dans son poème du Bonheur,
l'a résumée, assez exactement mais peu poétiquement, en
ces quatre vers :
Anselme, ta foi tremble et ta raison l'assiste.
Toute perfection en ton Dieu se conçoit ;
L'existence en est une : il faut donc qu'il existe.
Le supposer parfait, c'est exiger qu'il soit.
Kiuit, qui appelle cet argument l'Achille de la méta-
physique, lui reproche de conclure illégitimement de l'idée
à l'être. C'est encore à ce sens du mot ontologie que se
rattache le nom à'ontologisme donné par quelques théo-
— 399
ONTOLOGIE — OOGONE
logiens contemporains au système philosophique de Ros-
mini. Ce système, qui a eu pour défenseur en France
Tabbé Hugonin (plus tard évoque de Bayeux), ramène
toutes les idées de la raison à une seule idée fondamen-
tale, l'idée de l'être ; ou plutôt, c'est moins là une idée
qu'une intuition, le résultat de la présence de l'être absolu
au plus profond de notre conscience. L'ontologisme est, en
somme, une sorte de rationalisme mystique. E. Boirac.
ONTONGIAVA. Groupe d'une trentaine d'îlots alle-
mands d'Océanie, à l'E. des îles Salomon. Ce sont des
atolls boisés, dont l'ensemble occupe 35 kil. q. Ils sont peu-
plés de Polynésiens.
ONUPHIS (Zool.). Genre d'Annélides polychètes er-
rantes, famille des Eunicides. Ces animaux ont les cai'ac-
tères suivants : pas de pieds aux deux premiers segments,
le premier portant des cirrhes tentaculaires ; cniq antennes,
deux palpes ; branchies simples ou pectinées ; soies simples
et soies à crochets. Type : 0. erernita, Atlantique.
ONU RI S. Dieu égyptien de la ville de This figuré avec
une corde à la main, un bou([uet de quatre hautes plumes
sur la tète.
ON VILLE. Corn, du dép. de Meurthe-et-Moselle, arr.
de Briey, cant. deChambley; 460 hah. Stat. du chem. de
fer de l'Est.
ONVILLERS. Com. dudép. de la Somme, arr. et cant.
de Montdidier; 436 hab.
ONYCHASTER (V. Ophiure).
ONYCHlUIVi (Entom.) (V. Insectes, t. XX, p. 8^21).
ONYCHODACTYLUS. Genre àe Batraciens Vrodèles,
établi par Tschudi, pour des animaux dont les doigts sont
pourvus d'un ongle, ce qui est une exception dans ce groupe
de Batraciens. La langue est grande, arrondie, entière,
libre seulement sur les bords, le palais est garni de dents
disposées suivant une série en forme d'M majuscule. La
seule forme connue est VOnijchodactylus Japonicus, la
couleur est d'un brun grisâtre en dessus, avec une large
raie d'un jaune rougeàtre s'étendant sur toute la longueur
du dos. Cette bande, à bords irrégulièrement festonnés de
taches brunes, se bifurque sur la tête, ornée de marbrures
noires, le ventre est brun clair tacheté de brun. Cet ani-
mal est spécial au Japon, dans les provinces du Centre et
du Nord; il passe pour être un excellent vermifuge pour
les enfants. Sa nourriture consiste en petits mollusipies et
en vers, il dort pendant la nuit en des retraites humides,
au bord des ruisseaux où il se tient pendant le jour.
BiBL. : Sauvage, dans Brehm., éd. fr.
ONYCHOIVIANCIE (V. Divination, t. XIV, p. 722).
ONYCHOTEUTHIS (Malac). Genre de Mollusques Cé-
phalopodes AcétabuUfères établi par Lichtenstein en 1818 :
animal allongé, subcylindrique, tronqué en avant, atténué
en arrière et pourvu en cette partie de deux nageoires
terminales, très larges, triangulaires, réunies sur le dos;
tête bien distincte du corps, munie d'yeux grands, laté-
raux et saillants; bras sessiles ornés d'une crête nata-
toire et armés de deux rangées de cupules à cercle corné ;
bras tentaculaires terminés en massues et munis de cu-
pules et de crochets. Ex. : 0. Bergii Licht. Ces animaux
vivent solitaires dans l'océan Pacifique et dans la Médi-
terranée.
ONYGENA (Bot.). Genre de Champignons constituant
la tribu des Onygénées, de la famille des Périsporiacées,
caractérisés par un péridium membraneux à déhiscence
irrégulière. Ce périthèce est porté par un pédicelle assez
volumineux et donne naissance à des spores ellipsoïdes et
transparentes. Ces Champignons sont très peu nombreiLx
et sont tous de très petite taille. On les rencontre sur les
matières cornées, sur les poils des mammifères, les plumes
des oiseaux, les sabots des ongulés, etc. H. F.
ONYX. I. Joaillerie. — L'onyx est une variété d'agate
d'une grande dureté et susceptible d'un beau poli. On le
rencontre principalement en Orient, en Allemagne et en
Ecosse. Il en existe également en France. Ce qui distingue
l'onyx de l'agate rubanée, c'est qu'au lieu d'être constitué
par des bandes droites et parallèles, il présente des bandes
curvilignes et concentriques (V. Agate).
L'onyx est employé principalement dans la bijouterie ;
on en fait des camées, des vases, etc. Celui dont on fait
usage pour les camées présente deux couches blanches :
l'une, extérieure, opaque; l'autre, intérieure, translucide.
Cette différence permet d'obtenir des effets très remar-
quables et qui font ressortir l'œuvre du graveur en lui
donnant une grande finesse de tons. E. Maglin.
IL Architecture. — L'onyx est employé en architecture
comme une matière assez précieuse, à l'état de colonnettes,
de gaines, de tables, d'incrustations, dans les ouvrages
d'une certaine richesse où on l'associe le plus souvent à
des motifs de marbre blanc. A Paris, l'escaher de l'ancien
hôtel de Paiva (aujourd'hui restaurant Cubât), aux Champs-
Elysées, est en onyx, et le grand escalier de l'Opéra a sa
main courante de même matière. Les carrières d'onyx du
N. de l'Afrique avaient été exploitées par les Romains qui
en avaient extrait des fûts de colonnes employés depuis
par les Arabes dans leurs mosquées. Charles Lucas.
ONYXIS (Méd.). Inflammation de l'ongle dépendant le
plus ordinairement d'affections constitutionnelles ou ac-
quises (V. Syphilis).
ONZA (Unza) (V. Chat, t. X, p. 873).
ONZAIN (Ozanum). Com. du dép. de Loir-et-Cher,
arr. de Blois, cant. d'Herbault ; sur la rive droite de la
Loire; 2.385 hab. Stat. du chem. de fer de Paris à Tours
par Orléans. — Depuis le règne de Louis-Philippe, il ne
reste plus rien d'un château fort du xiii^ siècle remanié
au xv^, qui, au moyen âge, avait appartenu au sire de
Bury, et où, pendant dix ans, Louis XI tint prisonnier le
cardinal Balue. Le prince de Coudé, fait prisonnier à la
bataille de Dreux (1562), y fut détenu. C'est aussi dans ce
château que Voltaire écrivit la Pucelle.
ONZE, C'est le nombre qui, dans la numération déci-
male, surpasse d'une unité la base 10. De là ses curieuses
propriétés arithmologi([ues. Toute puissance de 10 telle
(|ue 10** est un multiple de il plus ou moins J, suivant
que n est pair ou impair; la divisibilité par il résulte
directement de cette proposition, qui donne aussi les preuves
par 11 de la multiplication et de la division, qu'on trouve
dans tous les traités d'arithmétique. Une autre propriété
moins remarquée, bien qu'elle soit très simple, c'est que
les premières puissances de onze, 11, 121,1331,14641,
donnent précisément comme chiffres les coefficients qu'on
rencontre dans le développement de la puissance entière
{a-\- bY d'un binôme. Cela devient vrai pour une base h
quelconque de numération et pour les puissances du
nombre b-\-i immédiatement supérieur à h, tant que les
coefficients restent inférieurs à b. Cette proposition est
pour ainsi dire intuitive, quand on remarque qu'écrire un
nombre dans un système de numération de base b, c'est
le développer en un polynôme suivant les puissances de b,
avec la condition que les coefficients restent inférieurs à
cette base /^. C.-A. Laisant.
00. Com. du dép. de la Haute-Garonne, arr. de Saint-
Gaudens, cant. de Bagnères-de-Luchon, à 934 m. d'alt.,
sur la rive g. de l'One ou Neste d'Oô ; 257 hab. Mines
de cuivre, plomb, zinc, etc. Eglise romane. Oô est à l'en-
trée de la belle vallée du même nom, qui remonte au lac
de Séculéjo ou d'Oô, un des plus jolis lacs pyrénéens, qui
reçoit et renvoie un torrent, la Neste d'Oô, qui lui arrive
par une chute de 273 m., la cascade d'Oô; ce lac est à
1.500 m. d'alt., à 9 kil S.-O. de Bagnères-de-Luchon
et à moins de 5 kil. de la frontière espagnole; sa pro-
fondeur maximum est de 67 m. La vallée d'Oo est une
des plus curieuses dos environs de Luchon et le port d'Oô
un des principaux cols des Pyrénées centrales. H. C.
OOGONE (Bot.). Dans la reproduction sexuée de cer-
taines Algues (V. ce mot), l'oogone est la cellule où se
forme la masse protoplasmique femelle ; il est générale-
ment placé à l'extrémité d'un rameau et subit des modi-
OOGONE — OONOPS
400 —
ticatioiis déterminées par le mode d'accroissement de la
plante (V. Reproduction).
00 Kl E P. Localité de la colonie du Cap, district du
Namaqualand; 1.900 liab. (en i89l) Hottentots, Herre-
ras, Anglais et Allemands, exploitant des mines de cuivre
d'où l'on retire annuellement '20.000 tomies d'un minerai
d'une teneur de 33 à 70 <^ o- Le débouché est Port
Nollotli, sur l'Atlantique, relié à Ookiep par un chem. de
fer de 145 kil.
OOLITHE. 1. Péiroghafhie. — On désigne sous ce nom
de petits grains arrondis de calcaire, d'oxyde de fei', de
glauconie, et(*. , de très petite taille (leur diamètre est souvent
voisin de 1 millim. ou même iîiférieui', et ne dépasse cfue
rarement 3 millim.) ; suivant la nature du minéral, on a
des oolitlies calcaires, ferrugineuses, glauconieuses, etc.
D'autre part, on rencontre souvent, au milieu des forma-
tions géologiques, des bancs formés uniquement ou presque
exclusivement par les oolitlies, habituellement calcaires ;
on a pris l'habitude de reporter alors à la roche le nom
de ses éléments et de désigner un calcaire oolithique formé
à peu près complètement d'oolithes sous le nom iïoolUhe
calcaire ou même plus simplement d'oolithe; dans des
conditions analogues, mais plus rarement, on aura une
oolithe ferrugineuse.
Les oolithes calcaires les plus abondantes de toutes,
se montrent généralement, lorsqu'on examine leur section
au microscope, formées de couches concentriques emboî-
tées et souvent disposées autour d'un petit grain détri-
ticpie de nature difl'érentc (tel ([u'un grain de sable, par
exemple), ou encîore d'un débris d'organisme, ou même
souvent d'un foraminifère de petite taille. La disposition
des couches concentriques indi([ue (|ue ces oolithes se for-
ment par concrétion du calcaire teiiu en dissolution dans
l'eau de mer où elles se forment ; il semble, en outre,
qu'elles se forment d'ordinaire dans un milieu agité, à très
faible profondeur, dans des points où se font sentir l'ac-
tion des vagues et le jeu des marées. On peut générale-
ment constater que les formations oolithiques les plus éten-
dues se sont produites dans le voisinage de récifs calcaires,
où l'eau de mer tient en dissolution beaucoup de calcaire.
D'autres oolithes calcaires se forment aussi dans les eaux
douces, auprès de sources pétrifiantes (celles de Carlsbad.
par exemple). Certaines de ces oolithes ne montrent plus
la disposition en couches concentriques et résultent d'un
remplissage homogène, par de la calcite, de petites cavi-
tés arrondies existant dans le calcaire et ({ui proviennent
de bulles gazeuses encroûtées dans la formation du cal-
caire et remplies postérieurement.
Certains calcaires ooUthiques sont complètement for-
més d'oolithes à peine agglutinées par leurs bords et sé-
parées par des vides polyédri((ues à faces courbes;
comme exemple de ces calcaires, on peut citer Y oolithe
niiliaire, formée de petits grains de la dimension d'un
grain de mil (d'où son nom) ; d'autres calcaires ooli-
thi([ues sont compacts et formés d'oolithes plus ou
moins nombreuses, englobées dans une masse générale de
calcaire amorphe.
Les oolithes ferrugineuses, composées d'hydroxyde de
fer, se forment dans des conditions analogues aux oolithes
calcaires, dans le voisinage de rivages où débouchaient
des rivières amenant en dissolution de l'oxyde de fer en-
levé à des terrains plus ou moins riches en fer. Ces con-
ditions ont été en particulier réalisées durant l'époque
jurassique en Normandie, dans les Ardennes et sur la bor-
dure du Massif central de la France, et par suite beaucoup
de niveaux du jurassique y renferment des oolithes ferru-
gineuses plus ou moins abondantes, englobées dans du
calcaire (ex. le calcaire de Bayeux) ou de l'argile. Ces
ooUthes, lorsqu'elles sont suffisamment abondantes et sur-
tout lorsque le calcaire qui les englobe a été dissous sui-
vant les attleurements par l'eau de pluie chargée d'acide
carbonique, peuvent s'accumuler de façon à constituer un
excellent minerai de fer. Dans les régions calcaires, ces
oohthes sont parfois concentrées dans des poches creusées
dans le calcaire et englobées au milieu d'une argile rouge,
résidu de la décalcification du calcaire ; elles appartiennent
alors à ce qu'on désigne sous le nom de formations sidéro-
lithiques.
D'autres minéraux encore peuvent se trouver en petits
grains analogues : la glauconie, si répandue dans beau-
coup de niveaux du crétacé; certaines chlorites (bavalite,
berthiérine) associées à de l'oxyde de fer ; le phosphate
de chaux de la craie phosphatée, etc.
IL (lÉOLOGiE. — On désigne souvent en géologie sous le
nom d'oolithe le jurassi((ue moyen (bajocien et batho-
nien), à cause du grand développement des calcaires ooli-
thiques dans ces deux étages, surtout dans le bassin anglo-
parisien. On distingue principalement deux niveaux d'oo-
lithe : 1*^ Yoolithe inférieure, ayant comme type le calcaire
bajocien de Bayeux ; :2*^ la grande oolithe, correspondant
à une partie du bathonien (V. Bajocien) . L. Bertrand.
OOLITHIQUE (Calcaire) (V. Ooolithe).
00 M S (Cari), peintre belge, né à Desschel (prov.
d'Anvers) le Tl janv. 1845. Elève de Keyser, peintre
d'histoire et de portrait. On a de lui : au musée d'Anvers,
Philippe II rendant les derniers honneurs à don Juan
d'Autriche; au musée de Bruxelles, Lecture défendue.
Citons encore : le Duc d'Albe mourant, les Derniers
Jours de Rubens, ])esce7ite de justice dans V imprimerie
Plantin, etc.
OOMYCÈTES (Bot.). Ordre de Champignons, caracté-
risés uniquement par la propriété qu'ils ont déformer des
oeufs, offrant une variété de formes et de structure con-
sidérable. Leur thalle, généralement peu différencié, affecte
les aspects les plus divers ; il peut se reproduire par simple
division ou par spores (V. Mucorinées), mais l'organe de
conservation est l'œuf qui doit seul nous intéresser ici. il
se forme par fusion intime de deux corps protoplasmiques ;
à cet effet, deux fdaments mycéliens envoient l'un vers
l'auti-e des prolongements à l'extrémité desquels, par une
cloison, s'isole de chaque côté une masse de protoplasme
constituant une gamète. Une fois ces deux prolongements
en contact, la double membrane de séparation se gélifie ;
les deux protoplasmes se fusionnent en se contractant légè-
rement en une masse qui s'entoure immédiatement d'une
membrane cle cellulose : l'œuf est formé. Si les deux ga-
mètes sont identiques et si elles font le même chemin pour
se réunir, il y a isogamie parfaite, l'œuf se trouve alors
à égale distance des deux filaments générateurs {Mesocar-
pus) ; le plus souvent, les deux gamètes ne sont pas égales
ou l'une d'elles fait la plus graiide partie du chemin, il y
a alors hétérogamie ; toutes les formes de passage existent
entre l'isogamie parfaite et l'hétérogamie manifeste. La
formation de l'anif que nous venons' de résumer ne suit
pas d'ailleurs toujours des règles aussi fixes, et le champi-
gnon emploie pour former son u'uf les moyens les plus
divers. De même, il est impossible de décrire d'une façon
générale le passage de l'œuf à l'état d'embryon et la ger-
mination de ce dernier. Aussi, Van Tieghem, se basant
plus sur la formation des œufs et des spores que sur la
conformation du thalle, divise-t-il cet ordre hétérogène
des Oomycètes en huit familles, qui sont, en partant des
formes inférieures pour arriver aux organismes les plus
élevés, les Chytridinées, les Vampyrellées, les Mucorinées,
kb Entomophthorées, les Ancyhstées, les Péronosporées,
les Saprolégniées et les Monoblépharidées. H. Eournier.
OONOPS (ZooL). Genre d'Arachnides, de l'ordre des
Araneœ, (jui a donné son nom à une famille spéciale, voi-
sine de celle des Dijsderides, dont elle diffère surtout par
les pièces buccales coui'tes, les lames inclinées, les hanches
globuleuses et espacées, les griffes tarsale^ garnies d'une
doui)le rangée de dents, l^es Oonops sont de très petites
Araignées de coloration rougeàti*e ; quelques es|>èces, dont
on a fait des genres particuliers {Gamasomorpha, etc.),
ont l'abdomen recouvert de plaques indurées ou scuta. Ils
vivent dans les détritus végétaux secs; la seule espèce (fui
— 404 —
OONOPS — OOU OANG
éloiido son habitat à l'Europe tempérée, Oonops pulcher
Teinpl., se trouve cependant dans rintérieur des maisons;
sa présence a été signalée dans les herbiers et même dans
les boîtes des collections entomologiques, où elle vient sans
doute chasser les Acarus. E. Simon.
OOPHORITE (V. Ovaire).
OORYPHAS (Nicétas), amiral byzantin du w"" siècle. Il
reconstitua, sous Michel II, la flotte byzantine et chassa
les Arabes d'une partie des Cyclades. Très en faveur sous
Théophile et Michel III, il se montra d'abord fort hostile
à Basile, mais par sa loyauté même il mérita bientôt la
bienveillance du nouveau souverain. Drongaire de la flotte,
il délivra, vers 867, Kaguse, assiégée par les Arabes; plus
tard, il battit à plusieurs reprises, en Orient, les pirates
sarrasins de Crète. Il avait laissé la réputation d'un marin
distingué et on se souvenait au xv^ siècle encore de l'habile
exploit par lequel il transporta ses navires par-dessus l'isthme
de Corinthe, du port de Cenchrées dans le golfe de Fa-
tras. ^ Ch. DiKHL.
OOSPHÈRE (Bot.). C'est la masse protoplasmique
femelle qui nait dans V oogone (V. ce mot). Après la fécon-
dation, cette masse s'entoure d'une membrane propre et
forme Voospore. Chez les Fucacées, plusieurs oosphères
se forment dans chaque oogone, et les oospores peuvent
germer tout de suite, contrairement à ce qui arrive pour
les autres Algues. Le sac qui renferme l'oospore s'appelle
oosporange et quelquefois archégone. D'"!.. Hn.
OOSPÔRE (Crypt.) (V. Oosphère).
OOST-CAPPEL/Com. du dép. du Nord, arr. de Dun-
kerque, cant. de Hondschoote ; 392 hab.
OOST-RoosEBEKE. Com. de Belgique, prov. de Flandre
occidentale, arrondissement administratif de Thielt et ar-
rondissement judiciaire de Courtrai, sur la Mandél, attl.
de la Lys, et sur le canal de la Lys à Roulers, à 39 kil. de
Bruges; 4.500 hab. Brasseriesi^ distilleries, fabricpies de
toiles.
OOST (Jacques Van), le Vieux, peintre flamand, né à
Bruges en 1600, mort à Bruges en 1671. Issu de la haute
bourgeoisie, il fut élève de son frère, mort jeune, puis alla
en ItaMe, d'où il rapporta l'influence marquée d'Annibal
(^arrache, qu'il mêla, dans ses tableaux religieux, à celle
de Rubens et de Van Dyck. Ses portraits sont remarquables.
On trouve ses nombreux ouvrages au musée et dans les
églises de Bruges (Déposition \le Croix, à l'église des
Jésuites; Baptême du Christ, à l'église du Sauveur;
Naissance du Christ, à Notre-Dame ; Présentation de
Marie, au temple Saint-Jac(jues), dans les musées du
Louvre, de Vienne, de l'Ermitage, etc. Il eut de deux
mariages six enfants, dont deux peintres. Le meilleur fut
Jacques le Jeune, né à Bruges en 1636 ou 1637, mort
à Bruges en 1713. Elève de son père, il alla en Italie,
revint par Paris, se maria à Lille et y vécut quarante et
un ans. Ses meilleurs et ses plus nombreux ouvrages de
peinture religieuse se trouvent dans les églises [Martyre
de sainte Barbara, à Saint-Etienne ; Christ enfant, aux
Capucins, etc.), les couvents et le musée de Lille. E. D.-(i .
OOSTACKER. Com. de Belgique, prov. de Flamh'e
orientale, arr. de Gand, sur le canal de Gand à Ter-
neuzen ; 5.200 hab. Stat. du chem. de fer de Gand à
Saffelaere, à 7 kil. de Gand. Huileries, distilleries, fa-
))riques de colle forte, de chicorée, de savon. On a érigé
en 1874 à Oostacker une copie de la grotte de Lounh^s
qui amène dans cette localité un grand concours de pèle-
rins des deux Flandres.
OOSTCAMP. Com. de Belgique, prov. de Flandre oc-
cidentale, arr. de Bruges, sur le canal de Bruges à Gand,
à 5 kil. de Bruges ; 6.200 hab. Stat. du chem. de fer de
Bruxelles à Ostende. Huile. Exploitations agricoles consi-
dérables. L'église de Saint-Pierre, assez remarquable,
date du xi® siècle; elle aurait été construite sur les ordres
de Robert le Frison, comte de Flandre.
OOSTERHOUT. Ville des Pays-Ras, prov. du Rrabant
septentrional, sur un canal qui aboutit à la Donge et ù
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
Gertruidenberg ; 10.425 hab. (en 1889). Belle église
catholique. Sucreries, tanneries, cordonneries, poteries,
billards. Commerce de toile et de bois.
OOSTERZEE (Jean-Jacques Van), théologien hollandais,
né à Rotterdam en 1817. mort à Wiesbade en J882. Il
fut successivement pasteur à Alkmaar et à Rotterdam,
puis professeur de théologie à l'Université d'Utrecht. Il
est l'auteur d'un grand nombre de travaux estimables sui'
l'histoire religieuse ; ils ont été réunis sous le titre
(VŒuvres complètes (en néerlandais) (Amsterdam, 1877-
80,3 vol. in-8). Il a publié aussi des poésies néerlandaises
(Utrecht, 1882, in-8).
OOU. Région de la cote de (Hne, au S. de Tesluaire
du Yang tse kiang, où s'élèvent les villes de Oou si et de Sou
tclieou. A l'origine de l'histoire chinoise, elle formait un
Etat, dont les habitants parlaient une langue non chinoise
et étaient appelés des barbares; cependant les rois de Oou
voulurent se rattacher à la flimille des Tcheou, et Ton
raconta que Thai po, oncle de Oen oang, avait fondé la
dynastie de Oou. C'est en 645 av. J.-C. que ce royaume est
mentionné pour la première fois par les annales chinoises ;
en 585, ces annales constatent encore que les gens de Oou
ne sont Chinois ni d'habit ni de langage ; cependant Con-
fucius et son école célèbrent /i/7r/ir/, fils d'un roi de Oou,
([ui refusa le trône pour s'adonner à l'étude de la sagesse.
Le royaume de Oou était en guerres continuelles avec ce-
lui de Tchhou, Etat également barbare situé à l'O. ; on
peut remarquer le développement pris par les flottes flu-
viales de ces deux royaumes. En 513, Ho liu, roi de Oou,
fonda et prit pour capitale une ville qui est devenue Sou
tcheou ; il remporta d'importants succès contre le royaume
de Tchhou et contre celui de Yue situé au S. de Oou, sur
la côte; il fut tué dans une guerre contre Yue (494). Son
successeur Fou fchliai fut vainiiueur de Yue et de Tshi
(0. de la prov. duChan long) ; mais à la fin, Keou tshien.
roi de Yue, envahit Oou et prit la capitale ; le roi périt
et le royaume fut réuni à Yue (472 av. J.-C.).
Le nom de Oou a été conservé par la région: en 208
ap. J.-C, Soen Kliiuen. gouverneur du pays depuis 202,
fut nommé prince de Oou ; il prit plus tard le titre d'em|)e-
reur (V. Trois Royaumes) et résida à Nanking. On trouve
encore, au N. du Yang tsé, un royaume indépendant de
Oou (901-937), qui fut remplacé par l'Etat de Tliang
méridional (9^1 -91 d), et,auS.duYang tse, un royaume
de Oou yue qui dura de 894 à 978. Enfin, lors de la dé-
cadence de la dynastie mongole, Tchang Chi tchheng,
puis Tchou Yuen tchang (Thai tsou des Ming), donnèrent
à leur territoire le nom de royaume de Oou (1353-68).
M. Courant.
BiijL : I.c P. A. 'IVciii'Pn. Histoire du royoAime de On
[Vnr'iétés sinologlqaes), ii" 10 ; Gliaiig-haï. 189!), in-8.
OOU HEOU, célèbre impératrice chinoise de la dynas-
tie des Thang (V. Thano).
OOU HOU (Ifw-/iM). Ville chinoise (préf. de Thai phing,
prov. deNgan-hoei), située sur la rive droite du Yang tse,
ouverte par la convention de Tclie-fou(1876); la douane y
fut mstallée en 1877. Situé à 80 kil. de la ville impor-
tante de Ning-koe, à portée de districts producteurs de
thé et de soie, relié à tous les environs par des canaux,
ce port semble destiné à prenih'c de l'accroissement. Con-
cession anglaise peu peuplée ; la ville contient 77.000
âmes. Dans les environs, mines de charbon. Exportation
de bois, riz, froment. M. C-ourant.
BiijL. : Retïirns of Iriide and iroxle reports for China,
pu])liés à Chaiiir-haï par les Douanes chinoises.
OOU KHI, général chinois, originaire du royaume de
Oei II (iv*^ siècle av. J.-C). Entré au service du royaume de
Lou, il vainquit le royaume de Tchi ; puis, il passa dans
les armées de Oei III, et enfin de Tchhou ; détesté par les
fonctionnaires de ce pays, il fut tué après la mort du prince
Tao qui l'avait accueilli. Un ouvrage qu'il a laissé, le O021
tseu, est compté au nombre des sept classiques militaires.
OOU OANG, célèbre roi chinois, fondateur de la dynas-
tie des Tcheou (V. Tcheou).
26
OOU TAI cm -^ OPÉRA
40!> —
OOU TAI CH!. Hiïstoire lies ciiiq dyjiaslieh qui ont régné
on Chine entre celles des Tliang et des Song (Liang pos-
léi'ieurs, Thang postérieurs, 'Isiïi postérieurs, Han pos-
térieurs et Tcheou postérieurs, de 907 à 960). Il existe
deux ouvrages portant ce titre et compris tous deux parmi
les '24 histoires dynastiques : 1" Ancienne histoire des
5 dynasties, en ioO livres, par Sie Kiu tcheng ; "i^ histoire
(ou nouvelle histoire) des 5 dynasties, en 7i livres,
par Ngeou yang Sieou (V. ce mot). M. Courant.
OPACITÉ. Un corps est opa([ue lorsqu'il arrête les
rayons lumineux qui frappent sa surface ; un pareil cor])s
ari'ète aussi en général la chaleur rayonnante, mais il Jie
s'oppose pas à la transmission de la chaleur par conduc-
tibilité. L'opacité des corps est une propriété relative, en
ce sens que les corps les plus opaques peuvent cependant
laisser passer la lumière lorsqu'on les emploie à l'état de
lames suffisamment minces. L'or par exemple peut être
amené à l'état de feuilles si minces (1; 25000 de millim.)
((u'elles laissent passer une lumière verdàtre complémen-
taire de la lumière qu'elles réfléchissent. L'opacité dépend
aussi de la nature des rayons que reçoit le corps : ainsi
une solution d'alun qui est bien transparente parce qu'elle
laisse passer facilement la lumière est beaucoup plus
opaque pour la partie infra-rouge du spectre (ju'elle arrête
complètement sous une épaisseur suffisante ; elle est opacpie
pour ces rayons. Au contraire, les solutions concentrées
d'iode dans le sulfure de carbone semblent noires parce
(ju'elles arrêtent complètement tous les rayons lumineux;
mais elles ne sont pas opaques pour les rayons calori-
iiijues qu'elles laissent passer au contraire facilement. De
même, certains rayons (rayons polarisés), pour lesquels
des cristaux convenablement taillés sont absolument trans-
parents dans une direction déterminée, sout absolument
ai'i'êtés si Ton tourne ces cristaux d'ini certain angle,
l'jitin la découverte l'écente des rayons X a beaucoup mo-
ditié ridée qu'on se faisait, en général, de l'opacité, ('n
sait que pour ces rayons, ce sont les substances légères,
oj)aques ou non pour la lumière, ([ui sont transparentes,
landisque les substances lourdes sont opaques : une lame
de carton laisse passer les rayons X, une lame de cristal
les arrête. A. Joannis.
OPALE (Minéral.). Silice hydratée amorphe se pré-
sentant en masses transparentes quelquefois teireuses.
L'éclat est vitreux, résineux ou perlé. La couleur est très
variable. Blanche, rouge, jaune, verte, grise, bleue. Den-
sité, 1,9 à 2,3; dureté, 5,5. La quantité d'eau n'étant
pas toujours la même, les propriétés physiques sont très
variables aussi ; on distingue un très grand Jiombre de
variétés. Toutes sont solublcs dans l'acide tluorhydrique
et dans la potasse et la soude. Infusibles au chalumeau.
Vopnle noble, la plus précieuse de toutes, possède de
belles couleurs dues aux fuies fissures qui se trouvent
dans la substance, aussi par suite des modifications de
ces dernières produites par la chaleur, l'humidité, etc.,
les couleurs changent et même disparaissent. On (hl
alors que l'opale meurt. Ces opales employées en bijou-
terie viennent surtout de Hongrie et, depuis quelques an-
Jiées, d'Australie. Vopale de feu a une couleur rouge
hyacinthe passant au jaune. Elle se trouve au Mexicpie.
L'opale girosol est blanc bleuâtre avec des reflets rou-
geàtres. Vhydrophane, peu colorée, translucide, adhèie
à la langue et devient transparente lorsqu'elle est plon-
gée dans l'eau. Le cacholong est opaque et blanc comme
la porcelaine. Vhyalite constitue des concrétions globu-
laires ressemblant à du verre. La forcherite est une opale
jaune colorée par de l'orpiment (Saint-Nectaire). La }n:'-
linite de Ménilmontant (Paris) est en concrétions opaques
et grises, tubéreuses ou réniformes dans des dépôts argi-
leux. P. Gaubert.
OPALIES (Myth. rom.) (V. Ops).
OPALINE (ZooL). Genre d'Infusoires ciliés, ordre des
Holotriches, type d'une petite famille dont tous les repré-
sentants sont des parasites internes. Ils sont finement etré-
()|tatiuni sabiil )sn
méditerranéenne. Le
ion£f de 8 millim.,
gulièrement ciliés, dépourvus, par rétrogradation, de bouche
et de pharynx. UOpalina ranaruni, commune dans le tube
digestif des grenouilles, longue de 0'""\20 surO''^''^L2 de
large, n'a pas de vésicule contractile, bien que cet apj)a-
reil se retrouve dans des geiu'es voisins. Le genre Diseo-
phrya, qui habite le tube digestif de diverses Planaires et
Amphibiens, présente en avant une sorte de ventouse ; cet
organe est moins développé chez les Hoplitophrya, para-
sites des Planaires et Oligochètes, mais il est armé de deux
crochets fixateurs ; Opalinopsis, thei divers Céphalopod(^s.
OPATOW. Ville de Pologne, gouv. de Radom, ch.-l. l'e
district sur l'Opatowka, affl. g. de la Vistule. Ville ancienne ;
6.942 hab. Fabrique d'instruments agricoles. Gisements
de calcaires et de grès dans les environs.
OPATRUM ouHOPATRUM (Entom.). Genre dTnsocles
Coléoptères, de la famille des Ténébrionides, établi par
Fabricius (Syst. Ent.. 1775, p. 76).
Ce genre est caractérise par la tête
transversale, fortement éch ancrée,
des antennes de 11 articles, des
élytres parallèles, arrondis en ar-
rière et des tarses simples. Les
ailes sont, selon les espèces, rudi-
mentaires ou développées. La forme
et la sculpture des élytres varient.
On rencontre ces Insectes dans les
lieux arides, sous les pieires. Le
geiu'e comprend 160 espèces environ
appartenant surtout à l'ancien con-
tinent, particulièrement à la faune
type du genre, 0. sabulosa Linn.
d'un brun noir, est très connnun aux environs de Paris.
Les larves de ce Pinnelide causent parfois d'assez'grands dé-
gâts dans les pép-nières, attirées par l'aUmentaïion facile
et succulente que leur ofï'rent les jeunes pousses étiolées à
leur base. C'est surtout dans les terrains sablonneux ou
légers que cet insecte se développe de préférence.
OPAVA. Nom tchèque de la ville de Troppau (V. ce
mot).
OPENSHAW. Faubourg de Manchester, réuni à celte
ville en 1888 (V. Manchester).
OPÉRA. Action dramatique dans laquelle la poésie et la
musique sont étroitement associées, le texte chanté étant en
outre accompagné par un orchestre. En s'en tenant à cette
définition, on peut faire remonter jusqu'à l'antiquité les ori-
gines de l'opéra. Dans les tragédies d'Eschyle et de ses
successeurs, le dialogue était déclamé sur un rythme dé-
terminé et avec des intonations musicales, et les chœurs
se faisaient entendre, soutenus par les joueurs de flûtes et
de lyres. — Plus près de nous, à dater du v^ siècle de Fêre
chrétienne, apparaissent de véritables drames sacrés dont
la représentation précédait ou suivait, selon le cas, les cé-
rémonies du culte. Tels sont les Prophètes du Christ, ins-
pirés par un sermon de saint Augustin, les Vierges sages
et les Vierges folles, comportant des chœurs et des ,s'(;//.
A ces drames, strictement religieux et interprétés par
les seuls clercs, succédèrent des cérémonies d'un caractère
burlesque dans lesquelles le peuple se délassait à cœur-joie
de la gravité des primitifs mystères. Telle est; la célèbre
Fête de rdneqiû, duxi*^ au xiv° siècle, déroulait annuelle-
ment sa grotesque procession, en mêlant des braiments aux
chants de la messe. Du mélange de Pélément religieux et
de l'élément populaire devait naître un genre mixte. Déjà
au xii^ siècle, l'église n'est plus indispensable à la repré-
sentation de ce qu'on ajustement nommé des drames semi-
liturgiques. Daniel est un modèle de cette catégorie, et il
offre cette particularité remarquable que des instruments à
cordes s'y joignent à l'orgue pour accompagner les chan-
teurs. Le Fils de Gédron, le Massacre des Innocents,
r Adoration des Mages, nous offrent d'intéressants exemples
de transformation qu'un siècle avait sufti à produire. Dans
ces mystères, la déclamation lyrique, le mouvement des
chanirs, enfin la mise en scène s'unissaient pour donner
403 -
OPERA
plus d'intérêt et d'animation à l'action dramatique. Nous
savons que le Jeu d'Adcun était représenté devant la fa-
çade de réglise, probablement sur un échafaudage portant,
à gauche du spectacle, le paradis terrestre orné de fleurs
et d'arbres fruitiers — à droite, l'enfer d'où une machi-
nation ingénieuse faisait jaillir des flammes. Les costumes
n'étaient pas moins soignés que les décors. Quant à la
pièce, elle suivait assez fidèlement le récit biblique. Mais,
au point de vue spécial qui nous occupe, observons que deux
éléments de l'opéra y sont déjà contenus, outre ceux que
nous avons précédemment signalés : alternance de la décla-
mation dialoguée et du chant choral, et divertissements
mimés et dansés.
Le théâtre, déjà à demi sécularisé, devait auxiii^et dé-
finitivement au XTV® siècle se détacher de la liturgie. Une
(puvre maîtresse nous servira à mesurer le chemin par-
couru : le Jeu de Robin et de Marion, composé par Adam
de La Halle et représenté en 1283 à la cour de Naples, a
mérité à son auteur le titre de fondateur de l'opéra-co-
mique. C'est une aimable pastorale satirique et galante, et
(ju'aucun lien ne rattache à l'Eglise. Le théâtre laïque était
dès lors dûment constitué, mais la musique devait y perdre
une grande part de son importance : instrumentistes et
chanteurs coûtaient cher et produisaient d'ailleurs, à nombre
égal, moins d'eff'et dans la rue ({ue sous les voûtes des
temples, en sorte que leur rôle se restreignit notablement.
Nous nous bornerons donc à nommer l'association des Con-
frères de la Passion et de la Résurrection de Notre-
Seigneiir, celle des clercs de la Basoche et celle enfin des
Enfants-sans-Soucy qui offrirent au peuple, pendant les
XI v^ et XV® siècles, les spectacles les plus divers, sans nous
attarder à décrire ces derniers qui ne relèvent point de notre
étude.
(rest à l'Italie qu'il faut à présent en demander la suite :
comme la Erance, elle avait eu ses mystères, mais luxueu-
sement représentés aux frais et par les soins des princes
([ui en offraient le divertissement à leurs courtisans et à
leurs peuples, et dont la Rappresentaiione de' SS. Gio-
vanni e Paolo de Laurent deMédicis demeure le plus mé-
morable spécimen. Cependant c'est à l'antiquité, c'est à la
mythologie, c'est à la tragédie grecque que l'Italie va dé-
sormais emprunter les sujets de ses drames. Déjà en 4475
Angelo Politiano fait exécuter à Florence sa « tragédie
chantante » Orfeo. Les dieux et les déesses de l'Olympe
se succèdent rapidement dans la Céphale deVisconti et la
pastorale de Tirsis de César de Gonzague. Au siècle sui-
vant appartiennent les interniezzi de Pietro Strozzi, la
Tragedia de Claudio Merulo et les essais d'Alfonso della
Viola sur différents poèmes pastoraux ou tragiques.
En même temps la cour cle France se délecte aux mas-
carades et aux ballets, ces derniers comportant non seu-
lement des danses, mais aussi des chants accompagnes par
les instruments. L'influence itahenne, prépondérante sous
la domination de Catherine de Médicis, se retrouve dans
te goût des fables mythologiques largement mises à profit
par les poètes de la Pléiade. C'est à eux et notaminent à
Baïf que l'on doit le célèbre divertissement qui fut exécuté
en l'honneur de l'élection du duc d'Anjou au trône de Po-
logne, et dont la musi(|ue fut écrite en partie par le grand
Orlando de Lassus, et surtout parSalmon et Beaulieu, mu-
siciens de la cour. Ce « ballet (comique de la reine » com-
portait des ^oli, des ensembles, des chœurs et une variété
d'instruments à cordes et à vent qui en font un important
docuQient dans l'histoire de la musique dramatique.
Ce fut à peu près à la même époque qu'une réunion de
lettrés et d'artistes, dont Giovanni Bardi, comte de Vernio,
lui-même poète et musicien, était en quelque sorte l'àme,
s'avisèrent de ressusciter la déclamation musicale de la tra-
gédie grecque. Stroggio, Malvezzi, Vincenzo GaUlée, père du
célèbre astronome, Giulio Caccini, s'essayent à la réalisation
de ce dessein. EmiHo del Cavalière fait paraître en 1390
ses Scènes pastorales. — Sous le patronage de deux autres
mécènes, Giacomo Corsi et Pietro Strozzi,'jacopo Péri écrit
la musique d'une Dafne due au poète Rinuccini (1397).
Le succès de cet ouvrage fut éclatant et prolongé, il enga-
gea les auteurs à composer un nouvel ouvrage : ce fut Eu-
ridice qui, écrite en collaboration avec Caccini, fut repré-
sentée le 6oct.l600 en l'honneur du mariage de Marie de
Médicis avec Henri IV. N'oublions pas, toutefois, que nous
nous trouvons en présence d'œuvres encore bien impar-
faites. Des idées courtes, une mélodie ou plutôt une mé-
lopée monotone et, par instants, cependant, une justesse
remarquable dans la déclamation, tels en sont les caracté-
ristiques, et l'on pourrait affirmer qu'à sa naissance l'opéra
est beaucoup plus littéraire que musical. Il appartenait à
Monteverde d'établir à cet égard un système mieux équili-
bré. Son Orfeo, joué en 1607, est accompagné par un
orchestre extrêmement varié, bien ({u'employé avec plus de
zèle que de goût. Les chœurs sont importants et dévelop-
pés ; en revanche, le sentiment draniati(fue est souvent
étouffé sous le luxe des ornements vocaux.
Cependant, le peuple commençait à prendre sa part de
représentations ({ui ne devaient plus demeurer le privilège
des grands seigneurs. Pendant la seconde moitié du
xvii® siècle, des salles de spectacle s'ouvrent dans les villes
d'Italie. Cavalli, Cesti, compositeurs féconds et intelligents
novateurs, réagissent contre le préjugé qui, en l'honneur
de la déclamation antique, proscrivait la mélodie rythmée.
Nous nous contenterons de nommer Pasquini, Legrenzi,
Pietro della Valle, mais en arrivant au nom de Scarlatti,
nous n'oubhons pas de saluer en lui le musicien intelli-
gent qui sut comprendre l'importance du savoir technique,
si imprudemment dédaigné par ses prédécesseurs, et qui,
joignant à de précieux dons naturels, une connaissance
approfondie du contrepoint, sut traduire sans hésitation
les nobles inspirations de son génie. C'est à Scarlatti que
l'on doit VAi)' régulier et les différentes formes du réci-
tatif, qui donnèrent à l'opéra une diversité de moyens
d'expression inconnue jusqu'à lui. Notons parmi ses con-
temporains Stradella, Rossi, Buononcini, Lotti et Freschi.
La Bérénice de ce dernier nous fournit une idée, à coup
sûr extraordinaire, de l'imjwrtance de la mise en scène à
cette époque, puisqu'elle n'exigeait pas moins de 300 cho-
ristes, 46 cavahers, plus un certain nombre de chars et
une étonnante collection de chevaux, lions, éléphants et
autres animaux.
Pendant qu'en Italie l'opéra voyait s'agrandir ses des-
tinées, la cour de France assistait avec un plaisir toujours
infatigable à la représentation des ballets, qui devaient
atteindre, pendant la minorité de Louis XIV, leur plus
haut point de perfection. Certains d'entre eux ne man-
quaient point d'originalité, ainsi qu'on en peut juger par
la Festa teatrale della finta pazze, pièce italienne, qui
fut jouée devant Anne d'Autriche et dans laquelle dan-
saient des ours et des singes, puis des autruches, qui « se
baissaient pour boire à une fontaine ». En outre, ainsi
que nous l'apprend un chroniqueur de l'époque, le « spec-
tacle finissait par un pas de quatre Indiens offrant des
perroquets à Nicomêde qui a reconnu Pyrrhus pour son
petit-fils (sic) ». La légitime stupéfaction de Pyrrhus ne
devait assurément pas dépasser la nôtre. Le succès de ce
divertissement ne nuisit pas à celui (ju'obtint à peu de
distance la tragi-comédie (VOrfeo, mise en musique par
le célèl)rc Lticr Rossi (V. ce nom). \.\{ndromède de
Corneille lui succéda, mais la musique de d'Assoucy
ne paraît pas avoir été fort écoutée. Les ])allets se mul-
tiplient ainsi que les Pastorales. Le compositeur italien
Cavalli vient faire applaudir à Paris son opéra de Serse
pour lequel Lulli écrit des airs en vue d'un ballet fort
singulièrement amalgamé au drame : Xerxès s'y rencontre
avec Bacchus et Polichinelle; la fille du roi d'Abydos
y figure en compagnie de paysans et de singes. Mais quoi !
le jeune roi Louis XIV aime la pompe des divertissements,
et les poètes vont chercher parfois l'originaUté au delà
des limites du bon sens et du goût !
Lulli, à qui n'avaient pas été inutiles les exemples de
OPÉRA
404 —
('.avalli, voyait croître sa faveur, en même temps d'ailleurs
que celle de Molière dont il était F assidu collaborateur.
(Cependant un rival redoutable ne laissait pas de lui donner
de l'ombrage. L'organiste Cambert venait de faire repré-
senter sa pastorale de Pomone (i61i) qui, en dépit d'un
poème plus que médiocre, avait reçu un accueil enthou-
siaste. 11 se disposait à donner au public une nouvelle
œuvre, lorsque son librettiste, l'abbé Perrin, se vit dépos-
séder par les intrigues de Lulli de son poste de directeur
de l'Académie royale de musique. Cambert fut dès lors
irrémissiblement écarté et s'exila en Angleterre oii il
mourut de langueur en 4677.
Par l'originalité de son talent et la fécondité de ses
idées musicales, Lulli mérite d'être placé très haut dans
l'estime des musiciens. Tour à tour pathétique, aimable
ou gai, il est pour le poète un fidèle auxiliaire et respecte
toujours le texte aussi bien que le sens du poème. Par la
sobriété et la clarté de son style, il est bien le chef en
même temps que le fondateur de l'école française.
En Angleterre, le xvii® siècle vit également l'opéra
naître du masque, sorte de divertissement dans lequel un
sujet allégorique était traité par les talents combinés du
poète, du peintre et du musicien. Purcell, qui présida à
cette naissance ou plutôt à cette transformation, sut rester
vraiment original et national dans ses ouvrages drama-
tiques où se trouvent des beautés de premier ordre. —
En Allemagne, le premier opéra écrit dans l'idiome ger-
manique semble être VAdam itnd Eva de Theile (4678).
De nombreux compositeurs se succèdent depuis cette date,
mais aucun, sans contredit, n'est plus prohtique que
Reinhard Keiser avec ses 420 opéras. Le peu qui nous
en est parvenu nous a permis de voir en lui un artiste de
grande valeur, très soucieux de l'impression dramatique.
Ce fut sur la scène du théâtre de Hambourg, illustrée par
lui, que devait débuter le jeune Hicndel. Mais l'Italie
l'attirait comme devait plus tard l'attirer l'Angleterre. Des
diverses influences que subit son majestueux génie résulte
un style unique dans sa grandeur et sa sérénité. Nous
l'étudierons de plus près en traitant de Voratorio (V. ce
mot). Il convient pourtant d'ajouter que les opéras de
Ha?ndel firent naître plus d'enthousiasme en Angleterre
qu'en Allemagne, où ceux de Graun et surtout de Hasse.
infiniment moins remarquables, étaient très favorablement
reçus.
En France, les successeurs de Lulli, Colasse, (kimpra,
Destouches, Mouret étaient loin de l'avoir remplacé, et la
gloire de leur maître emplissait seule la scène française.
Aussi lorsque Rameau y vint présenter ses ouvrages, les
plus cruels et les plus injustes sarcasmes l'accablèrent-ils
tout d'abord. Pourtant la vigueur de son style, la richesse
de son harmonie et de son orchestration rachetaient am-
plement certains défauts parmi lesquels il faut compter
l'abus de la musique imitative. Après avoir longtemps
lutté contre les lullystes, et au moment où l'opinion se
déclarait en sa faveur, il eut, sur la fin de sa vie, à subir
les conséquences d'une nouvelle invasion de l'art italien
en France. La Serva padrona de Pergolèse, type char-
mant de ïmtermeZ'Zo (sorte de composition chantée entre
les actes des grands opéras et d'où devait sortir Vopera
buffa), importée à Paris par des troupes italiennes, y fut
chantée d'abord en 4746, puis en 4752. Dès lors^ les
musiciens et le public se partagèrent en deux camps : les
partisans de LuHi et de Rameau, réconciliés contre l'en-
nemi commun, se groupaient à l'Opéra sous la loge du roi,
et les admirateurs de la musique italienne sous la loge de
la reine. La Querelle des bouffons, comme on l'appela,
fit couler d'intarissables Ilots d'encre. Vingt-deux ans plus
tard, elle recommençait, plus violente encore, entre les
piccinnistes et les gluckistes, à l'occasion de la première
représentation à Paris de VIphigénie en Aiilide de Gluck
dont le succès fut immense (4774). Orphée, puis Alceste
et enfin Armide lui succèdent. Le Roland de Piccinni, que
ses admirateurs opposaient au grand maître autrichien,
fut joué en 4878 et fort bien reçu du public. Enfin les
deux adversaires traitèrent, sur des livrets différents, le
sujet àlphigénie en Tauride et la victoire demeura dé-
finitivement à Gluck.
Que l'on ne s'y trompe pas : en ces deux querelles
successives, c'est moins deux hommes que deux écoles qui
se trouvent en présence. L'Italie, en son amour idolâtre
pour le belcanto, en était arrivée à lui sacrifier l'élément
dramatique. Le musicien n'était plus que le collaborateur
ou même que l'humble domestique du clianteur. L'illustre
Marcello, dans les conseils ironiques qu'il donnait aux
jeunes compositeurs, a spirituellement défini cette étrange
situation : « Le compositeur moderne, écrit-il, détruira
tant qu'il le pourra le sens des paroles... ; il ne faut point
qu'il s'avise de lire le poème entier avant de le mettre en
musique, de crainte d'effaroucher son imagination ; il le
composera vers par vers et ne manquera pas d'appliquer
aux airs les motifs qu'il aura préparés dans l'année... ;
si un époux se trouve renfermé dans quelque prison avec
son épouse, et que l'un d'eux sorte pour aller à la mort,
l'autre devra rester pour chanter une ariette où tout
exprime la gaîté. . . ; enfin, quand l'entrepreneur se plaindra
de la musique, le compositeur protestera que c'est à tort,
ayant employé près de trois jours à composer son opéra,
et y ayant mis un tiers de plus de notes qu'on n'a cou-
tume de le faire. » Sans doute, il faut ici faire leur part
à la fantaisie et à l'exagération et ne pas oublier que
Pergolèse existait au moment où le satirique patricien
écrivait son Thmtre à la mode. Il faut aussi reconnaître
que les librettistes étaient encore plus coupables que les
(compositeurs à qui ils ne fournissaient que des poèmes
invariablement taillés sur le même patron et dépourvus
de tout intérêt dramatique. Gluck, qui, d'ailleurs, ne com-
mença son œuvre de réformation qu'après avoir pendant
longtemps composé des opéras dans le genre qu'il devait
si puissamment combattre, ne se borna pas à bannir de
ses œuvres le faux goût et les vains ornements, il s'attacha
à prêter à ses personnages un langage conforme à leurs
sentiments et à leurs passions, il agrandit le rôle de
l'orchestre et mit enfin la musique au service du drame.
Pendant que la grande œuvre rénovatrice s'accomplis-
sait, une autre, à coup sûr plus modeste et de moijidre
envergure, s'élaborait également à Paris. V opéra-comique
dont les débuts avaient eu lieu sur le Théâtre de la Foire
où, dès l'année 1742, s'étaient produites des pièces « en
vaudevilles », c.-à-d. formées d'une succession de couplets,
fut définitivement établi, après de nombreuses aventures,
en 1752, sous la direction de Monet. Les paroliers \i\{}é,
Piron, Favart, Marivaux, Sedaine ; les compositeurs Dau-
vergne, Gilliers, Philidor, Duni, Monsigny, Grétry, y pro-
duisirent leurs ouvrages. Le charme mélodique de la mu-
sique de Monsigny, la fidélité de l'expression qui caracté-
rise celle de Grétry, méritent d'être rappelés ici. Dezède,
Martini, Dalayrac continuèrent à soutenir les succès d'un
genre dont nous continuerons tout à l'heure de retracer
l'histoire. Revenons à l'opéra qui, avec Salieri, élève et
imitateur de Gluck, avec Sacchini dont les nobles qualités
ne furent malheureusement guère appréciées de son vivant,
avec Paisiello, charmant et fécond mélodiste, poursuivait
sa marche sans trop s'écarter de la voie tracée par l'au-
teur A'Or^hée. Il appartenait à Mozart d'unir la suavité
et la grâce italiennes à la profondeur germanique, l'ins-
piration à la science, la mélodie à l'harmonie, dans ces
chefs-d'œuvre qui ont pour noms le^ Noces de Figaro,
Don Juan, la Flûte enchantée. Sans se laisser conduire
par une théorie déterminée, il réalisa cependant l'union
souhaitée du poème et de la musique, avec cette merveil-
leuse souplesse et cette variété de moyens d'expression
qui lui sont propres. Dans un domaine plus léger, son con-
temporain Cimarosa met les mêmes principes en usage et
donne à V opéra bouffe ^on chef-d'œuvre dans // Matriino-
nio segreto. Le grand nom de Beethoven apparaît ici
pour nous montrer, en son unique opéra de Fidelio, l'in-
— 405 —
OPERA
comparable puissance du symphoniste s' attachant à la vérité
dramatique. Le début du xix® siècle nous présente en Mé-
hul et en Cherubini deux des plus grands musiciens qui
aient abordé la scène. La noblesse de la forme, la richesse
de l'orchestration, caractérisent le premier, et sa'partition
de Joseph suffirait à en rendre témoignage, tandis qu'une
habileté consommée dans le mouvement des parties, la lo-
gique dans le développement des thèses, souvent aux dépens
de la rapidité de l'action, sont les traits distinctifs du
génie de l'auteur des Abencérages et des Deux Journées.
Les opéras de Catel, de Lesueur, de Steibeltou de Kreutzer
son t maintenant oubliés, de même que les opéras-comiques
de Gaveaux ou de Devienne, mais il ne serait pas impos-
sible que Berton dût quelque jour à sa piquante imagina-
tion un retour à la faveur du puWic.
Un grand musicien italien devait à son tour rendre à
l'opéra français un service analogue à celui que Gluck lui
avait rendu au siècle précédent. La recherche de la couleur
locale, les effets ingénieux ou pittoresques, ressortissant
quelquefois de la musique imitative, n'avaient pas laissé de
détourner dans une certaine mesure les compositeurs fran-
çais des conditions normales de la tragédie lyrique : Spon-
tini, en joignant à la fidélité de l'expression la beauté de
la mélodie soutenue par une harmonie puissante sinon
toujours correcte, offrit dans la Vestale, que l'on peut re-
garder comme son œuvre maîtresse, un mémorable exemple
de l'union des génies itahen et français.
Passons rapidement sur Simon Mayer, Winter, AVeigl
et même Paër dont les compositions mériteraient pourtant
d'échapper à l'oubli, et rappelons que l'opéra-comique
n'avait aucunement déchu sous le premier Empire, et que
la gracieuse musique de Nicolo Isouard, mais surtout
l'œuvre charmante, d'inspiration libre et de facture aisée
d'Adrien Boïeldieu enchantèrent justement nos grand'-
mères. La dame Manche marque une date dans l'histoire
de la musique française, parce qu'elle caractérise précisé-
ment les goûts et les besoins de l'esprit national. Obser-
vons, à propos du représentant le plus populaire du genre
que l'on a dit être « le plus éminemment français », que
r « opéra-comique » a pour traits distinctifs de contenir
une certaine quantité de dialogue parlé, et de comporter
un dénouement heureux, encore cette dernière condition
n'est-elle pas absolument indispensable. Pour ne pas fati-
guer le lecteur en passant trop fréquemment d'un sujet à
l'autre, nous achèverons de dire ici ce qui a trait à l'opéra-
comique. Deux noms y brillent sans conteste d'un vif éclat,
ceux d'Hérold et d'Auber. Si les premières œuvres d'Hé-
rold, écrites sur des livrets extrêmement médiocres, ne
lui valurent que peu de succès, en revanche ses partitions
de 7Mmpa et du Pré aux Clercs le placèrent au premier
rang parmi les compositeurs français. Par l'intérêt dra-
matique, par le charme des mélodies et la variété de l'ins-
trumentation, ces ouvrages surpassent à coup sûr ceux
d'Auber. Cependant on ne saurait dénier à ce dernier la
verve discrète, l'esprit fin et délié et l'adresse dont il a
fait preuve en illustrant de sa légère musique les livrets
anHisants de Scribe, son inséparable collaborateur. Pendant
de longues années il sut éblouir par son talent aimable et
sa prodigieuse fécondité la bourgeoisie française dont il
représente à merveille les tendances artistiques, et plusieurs
générations de jeunes filles chantèrent à l'envi les airs et
les cavatines qu'elles avaient entendu retentir sur le théâtre
matrimonial de l'Opéra-Comique. La gaieté parfois un peu
vulgaire d'Adolphe Adam, la délicatesse de Victor Massé,
se montrent à découvert dans deux de leurs plus brèves
et meilleures productions : le Chalet et les Noces de Jean-
nette. Le Félicien David du Désert se retrouve dans sa
jolie Lalla-Roukh. Bien que s'étant surtout adonnés au
grand opéra, Gounod et Ambroise Thomas n'ont nullement
dédaigné le « genre national », et ce dernier compositeur
a pu, peu de temps avant de mourir, assister à la miUième
représentation de sa Mignon, Ernest Boulanger, Poise, Du-
prato, Semet, Maillart, bien d'autres encore, ont contribué
à illustrer ce genre dont on a dit parfois trop de bien et
souvent trop de mal. Incontestablement il a donné nais-
sance à un certain nombre d'œuvres de premier ordre, et
la Carmen de Bizet suffirait au besoin à nous le rappeler.
Si nous reprenons l'opéra là oii nous l'avons laissé, un
nom étincelant frappe tout d'abord notre regard. Dire de
Rossini qu'il fut le plus sensuel des musiciens, c'est le
dépeindre justement, mais incomplètement. Car si le soleil
de ritahe a semblé faire couler plus légèrement dans ses
mélodies un sang plus ardent, si l'esprit, la grâce et une
verve incomparable rythment et colorent ses compositions,
il peut suffire de le constater pour rendre hommage à
l'auteur du Barbier de Séville et de la Cenerentola,
mais le chantre de Guillaume Tell a droit à une plus
haute louange, et il y a dans ce dernier chef-d'œuvre des
beautés immatérielles qui nous découvrent en Rossini un
homme inconnu jusque-là. Le sentiment de la nature l'en-
veloppe d'un bout à l'autre, et la noblesse de l'inspira-
tion musicale a su faire, d'un assez pauvre livret, une ode
magnifique à la liberté. Guillaume Tell fut représenté à
Paris en 1829. Quelques années plus tôt, en 1821, l'Al-
lemagne assistait à l'éclosion d'un autre chef-d'œuvre
d'un ordre bien différent. Le Freischiltz de Weber ouvrait
une ère nouvelle en substituant au langage conventionnel
des héros d'opéras un langage simple, naturel, expres-
sion logique de passions et de sentiments humains. Si, dans
Guillaume, l'amour de la liberté et la grandeur de l'épi-
sode historique donnent à l'ensemble de l'œuvre un cachet
héroïque et grandiose, rien de tel ne s'offre à nous dans
le poème adopté par Weber. Les personnages sont d'humbles
paysans qui se meuvent dans une action aussi peu com-
pliquée que possible. Mais un élément nouveau s'est mêlé
à leur vie, le surnaturel des vieilles légendes y est venu
l'imprégner d'une indéfinissable terreur, et la nature même
en a subi l'influence. Ce ne sont plus les altières mon-
tagnes de la Suisse que ses enfants veulent arracher aux
envahisseurs et que font retentir les cantilènes agrestes ou
les chants de l'indépendance ; c'est l'antique forêt germa-
nique avec des taillis ténébreux, ses arbres aux troncs
noueux et grimaçants, tels que les montre Albert Diirer
en ses eaux-fortes ; au loin résonnent les appels étouffés
des cors ; le vent passe en gémissant, des murmures in-
quiétants bruissentde toutes parts, et l'homme se sent ))ien
faible et" bien seul au milieu de ces voix et de cette ombre.
Ce que la vieille Allemagne éprouvait, ce qu'elle avait
ressenti depuis des siècles, son fils Weber le lui révéla.
Nous n'avons pas besoin d'insister sur le contraste frap-
pant que présente l'opéra « romantique », ainsi l'a-t-on
appelé, de Weber, avec l'opéra rossinien. Le premier ap-
partient à ce que nous nommerons l'art «intérieur », qui
parle avant tout à l'âme ; le second, à l'art « extérieur », qui
s'adresse avant tout aux sens. C'est de ce dernier que re-
lèvent les œuvres dramatiques de Mercadante, de Donizetti,
de Bellini, dont on ne peut méconnaître les quaUtés de
vigueur ou de charme, mais qui visent à l'effet immédiat
et ne vont généralement pas au delà.
Un grand dramaturge musical, Meyerbeer, essaya de
synthétiser les traits distinctifs des écoles allemande, ita-
lienne et française auxquelles il avait successivement donné
des gages de son talent éclectique et puissant. On sait quels
succès récompensèrent ses efforts : les Huguenots, le Pro-
phète, r Africaine, sans parler de Robert le Diable, se
sont maintenus au répertoire de notre Académie nationale
de musique. Il est permis toutefois de considérer ces pro-
ductions remarquables comme des œuvres de transition,
d'un caractère hybride, et l'attrait qu'elles exercent sur le
public comme n'étant pas dû exclusivement à la valeur de
la partie musicale. Halévy peut être rattaché à la même
école. Quant à Berlioz, son influence a été beaucoup moins
considérable dans le domaine de la musique dramatique
que dans celui de la musique instrumentale ; ses principes
se rapprochaient d'ailleurs de ceux de Gluck dont nous
avons parlé plus haut.
OPÉRA
— -40(j
11 n'en est pas de même de ceux de Richard Wagner,
quoi qu'on en ait pu prétendre. Sans doute, ainsi que l'au-
teur à'Alceste, il répugnait profondément à cet agrégat
difforme auquel avaient abouti les tendances matérialistes
de l'école italienne, et l'opéra ainsi conçu lui paraissait, au
triple point de vue philosophique, poétique et musical, une
véritable monstruosité. Mais les deux doctrines n'en dif-
fèrent pas moins du tout en tout. Le principe de la tra-
gédie gluckiste est la subordination al)solue cle la musique
au poème qu'elle doit rehausser, embellir, mais en leur
demeurant éternellement soumise. Les deux arts, l'un sou-
tenant l'autre et s'en constituant l'inséparable auxihaire,
s'associent pour l'accomplissement d'une œuvre commune,
mais chacun d'eux n'en conserve pas moins son identité.
La doctrine wagnérienne est tout autre : la poésie et la
musique disparaissent pour faire place à un nouvel être :
le drame. Or, si le drame, en tant qu'action définie, ne
saurait se passer d'une forme précise que seul le langage
humain peut lui fournir; d'aulre part, la musique seule
peut exprimer jusqu'en ses plus intimes profondeurs l'es-
sence même des choses et des pensées. Parce que la mu-
sique est le dernier des arts qui soit arrivé à maturité, elle
a à nous dire ce que l'homme n'avait pas entendu aupa-
ravant. En conséquence, et si une classification hiérarchique
était possible dans une si parfaite union, la musique est
l'àme même du drame, et c'est pour cela qu'elle en est
aussi la plénitude, puisqu'elle l'accomplit et l'achève en
même temps qu'elle trouve en lui l'apogée de sa puissance
expressive.
Il est aisé dès lors de juger que le drame ainsi conçu
sera une vaste synthèse de tous les arts, et que la pein-
ture, l'architecture, la mimique y prendront une part im-
portante. Lorsque Gœtlie songeait à la possibilité d'une
« action commune de la poésie, de la peinture, du chant,
de la musique et de l'art théâtral », il traçait à l'avance
la théorie du drame de Wagner. On sait si celui-ci l'a fidè-
lement réalisée en ses immortels ouvrages. Sans nous
attarder ici à un examen qui trouvera sa place dans la
biographie du maître, nous rappellerons seulement qu'il
n'est pas arrivé d'emblée à la formule, ni par conséquent
à la mise en pratique de sa doctrine et que, peu percep-
tible dans ses premiers ouvrages, elle se développe et se
montre de plus en plus précise dans Tannhmser, Lohen-
grin, et surtout dans Tristan et Yseiitt, les Maîtres
ehanteiirs, V Anneau du Nibelinig et Parsifal. Cette
conception si particulière du drame lyrique exigeait que le
poète et le musicien fussent réunis dans le même homme,
et Wagner nous a en effet présenté l'union rare et com-
plète d'un grand poète et d'un grand musicien. Sous ce
dernier rapport, nous ne saurions passer sous silence l'em-
ploi merveilleux qu'il a su faire des leit-motiven ou thèmes
conducteurs qui, servant à caractériser certains person-
nages, situations ou même idées abstraites, offrent par
leurs retours, leurs modifications et leurs combinaisons de
précieux secours à l'illustration de l'action dramatique.
Parvenus à ce point de l'histoire de l'opéra, peut-être
0 ne sera-t-il pas inutile de nous arrêter un moment pour
résumer en quelques lignes l'esthétique des trois grandes
écoles. On a vu comment l'école italienne, la plus ancienne
en date, avait tenté un retour à la tragédie grecque, com-
ment, peu à peu déviée de ce dessein, elle s'était tournée
vers le culte de la virtuosité vocale et avait tout subor-
donné à celle-ci, notamment la déclamation lyrique qui ne
pouvait guère conserver sa valeur au milieu des rythmes
fortement marqués d'une mélodie brillante et superficielle,
surchargée en outre ^'ornements de tous genres. Plus
fidèle à un point de départ analogue, l'école française,
d'accord avec le goût public pour la littérature, s'attache
à interpréter la tragédie en en accentuant les beautés à
l'aide de la musique. Il est d'ailleurs évident que, sous
Louis XIV, la passion que professaient ce roi et sa cour
après lui pour les spectacles à grand apparat devait sin-
gulièrement détourner l'opéra de la simplicité de son mo-
dèle. La poésie aimable, ondoyante et molle de (Juinault
non plus que la charpente de ses pièces ni la musique même
de LuUy n'auraient pas suffi à ravir le public sans le se-
cours des artifices du machiniste et du maître de ballot.
Mais lorsque avec Gluck et Rameau l'opéra fut revenu à
des principes plus vrais, la tendance littéraire reparut tout
entière. Nous ne rappellerons pas lesthéories wagnériennes
qui viennent d'être exposées plus haut, et nous pensons en
avoir assez dit pour rendre discernables les traits carac-
téristiques des trois genres principaux qu'on pourrait, ce
nous semble, désigner sous les vocables généraux (V opéra,
tragédie lyrique et drame musieal.
Si maintenant nous examinons la situation actuelle de
la musique dramati({ue, nous ne manquerons pas d'être
frappés tout d'abord d'une certaine confusion résultant en
grande partie du choc produit par la doctrine de Wagner
— choc considérable et dont tous les compositeurs, cons-
ciemmentounon, ont subi l'influence. — Ln grand musicien
italien, dont la féconde et glorieuse carrière n'est heureuse-
ment pas encore achevée, Verdi , nous en offre un remarquable
exemple. Si ses premières partitions, quels que soient
d'ailleurs leurs incontestables mérites, se rattachent plei-
nement à la manière colorée, sensuelle et, pour tout dire,
un peu brutale de l'Italie moderne, en revanche, et, sans
rien perdre de ses qualités, il les a affmées dans ses œuvres
suivantes, et Xida, lalstaff, Otello nous ont montré à cuté
du musicien un penseur et un dramaturge. Chez Gounod, la
justesse de l'expression s'accommode parfaitement d'une
mélodie définie et de morceaux coupés suivant la méthode
traditionnelle. Enfin, pour citer une (ruvre que l'on peut
envisager, ajuste titre, comme l'une des plus belles dont
s'honore l'école française, le Samson etDalita de M. Saint-
Saèns nous paraît être un exemple excellent de ce que
peut produire la juste interprétation d'un poème dramati(|ue
par une musique à la fois claire, élevée et tracée au de-
meurant par une main savante, plus soucieuse d'obéir à
l'inspiration que de se soumettre docilement à une doctrine
préconçue.
Et ceci nous amène, par une transition logique, à dé-
plorer la naïveté farouche qui signale certains composi-
teurs, lesquels, en s'affublant de la livrée de Wagner et
en collant sur leurs partitions l'étiquette wagnérienne,
s'imaginent que le secret du génie réside dans l'adoption
d'un système. A ceux-là le maître avait répondu d'avance
lorsqu'il conseillait à de trop zélés disciples « d'éviter
toutes les écoles, et surtout l'école wagnérienne », ou en-
core, lorsque, dans son livre. Opéra et drame, il conchuiit
par ces paroles significatives : « Olui (pii a compris mon
livre de telle sorte qu'il a cru que je voulais y exposer un
système arbitrairement inventé, et devant désormais ser-
vir de modèle, celui-là, sans doute, n'a pas voulu me com-
prendre ». Nous pensons que tout commentaire ne pour-
rait ici qu'affaiblir ces lignes si claires et si justes.
Gardons-nous donc de rendre Wagner responsable des
anivres, nombreuses, hélas! empreintes de talent, quel-
quefois — ennuyeuses, trop souvent — que ses préten-
dus successeurs nous ont ingénument apportées comme
étant « de la famille ». N'en soyons pas surpris ; quand
un Alexandre meurt, ses lieutenants se partagent sa suc-
cession, et peut-être avons-nous eu dans l'espèce moins
de lieutenants que de caporaux !
Un musicien de grand talent et doué de vues très per-
sonnelles mérite d'être nommé ici, car, s'il a mis en pra-
tique les théories de Wagner, si même il les a poussées
jusqu'en leurs dernières conséquences, c'est à bon escient
et sans d'ailleurs rien abdiquer de son originaKté : M. Vin-
cent d'Indy a, dans son Fervaal, employé avec une grande
puissance les ressources de la polyphonie vocale et ins-
trumentale ; il a, plus qu'aucun autre, brisé, assoupli la
phrase en la modelant sur tous les contours de la parole,
et sans doute on n'ira pas plus loin que lui sous ce rap-
port. Nous voici à un des pôles de la musique dramatique
moderne. L'autre pôle ne sera-t-il pas le grand opéra
— i07 —
OPERA
tel, par exemple, que l'a conçu Meyerbeer, avec ses récita-
tifs, où tout ce qui concerne la marche de Faction est rap-
porté sur une déclamation notée, soutenue ou non par
un accompagnement, tandis que les airs, duos, trios, en-
sembles, choeurs, nettement séparés les uns des autres,
formant chacun un tout détachable du reste, pourraient,
la plupart du temps, être supprimés sans que la clarté du
drame en souffrît, et ne sont, pour ainsi parler, qu'un
prétexte à musique î
Ce système, presque universellement répudié aujour-
d'hui, l'a été au nom de la « vérité » qu'il trahissait. Ne
pourrions-nous demander ici, à l'imitation de Ponce Pi-
late : « Qu'est-ce que la vérité ? » Est-il conforme à la
« vérité » de parler en vers ? L'est-il beaucoup plus de
chanter à deux que de chanter seul? Chantons-nous « na-
turellement » avec accompagnement d'orchestre? Il semble
bien que l'on se soit souvent mépris sur la juste portée
d'un mot si redoutable, et qu'on ait plus fréquemment
considéré la vérité matérielle ou simple, que la vérité in-
térieure ou esthétique, beaucoup plus complexe et fuyant
sans cesse devant nos investigations. Celle-ci ne se trouve-
t-elle pas réalisée lorsque l'œuvre d'art nous apporte une
satisfaction évidente, une émotion nouvelle ? Les théori-
ciens se donneront alors le plaisir de cataloguer les formes
inédites — ou ressuscitées — qu'elle aura su employer,
et y trouveront les éléments d'ingénieuses doctrines, mais
ils n'auront rien inventé ni ne pourront rien inspirer. Et
bien des malentendus seraient peut-être évités si l'on était
plus attentif à ces truismes.
Observons que chacun des « moules », dans lesquels
s'est tour à tour modelée la musique dramatique, a été
adéquate aux besoins et aux désirs d'une génération qui
le comprenait et l'appréciait. Rossini, Bellini, Donizetti,
Auber et, faut-il le dire, Meyerbeer, si décrié aujourd'hui
par une école intransigeante, ont été passionnément ad-
mirés, et sans parler des lignes éloquentes que leur con-
sacrèrent des littérateurs et des critiques éminents, il
n'est sans doute pas superflu de rappeler que Wagner,
dont si souvent le nom a servi de signe de ralliement à des
ft^atiques dont il avait répudié les compromettantes
maximes, parla avec une vive admiration de Norma et de
la Muette de Portici.
Il convient de n'aborder qu'avec une extrême circons-
pection la période actuelle pour éviter de porter des juge-
ments téméraires. Rappelons seulement quelques faits :
Ambroise Thomas ne fut pas seulement l'auteur de Mi-
gnon. Le Caïd dans la musique bouffe, Haintet dans le
genre élevé du grand opéra, ont prouvé la souplesse en
même temps que l'élévation de son talent. Faust, Roméo
et Juliette, Mireille, Philémon et Baiicis n'ont pas
laissé oublier le nom de Gounod. Nous nous bornerons à
enregistrer les succès nombreux de M. Massenet, dont la
Manon, œuvre gracieuse et fine, demeurera vraisembla-
blement le petit chef-d'œuvre. M. Reyer, avec Sigurd,nous
a rappelé, au moins par le sujet dont il s'est inspiré, le
grand nom de Wagner. Le Henri VIII de M. Saint-
Saëns est digne de la plume qui a écrit Samson et Dalila.
Le Roi d'Ys a, bien tardivement, appris au public la haute
valeur de Lalo. Avec des fortunes diverses, MM. Pala-
dilhe, Théodore Dubois, Pessard, Benjamin Godard, Du-
prato, Salvayre, Victorin Joncières, Guiraud, Léo Délibes.
Chabrier, ont honorablement soutenu le renom de l'opéra
et de l'opéra-comique français. Parmi les plus jeunes,
citons M. Bruneau dont les œuvres n'ont pas laissé de
faire un certain bruit, MM. Coquard, X. Leroux, Erlan-
ger, Chapuis — j'en passe et des meilleurs — mais je me
garderai d'oubUer M^'^^ Augusta Holmes, qui, à l'instar de
Berhoz et de Wagner, a écrit elle-même le livret de son
opéra, la Montagne noire, dont le poème nous paraît
valoir la musique. En Allemagne, M. Humperdink ; en
Kussie, MM. César Cui, Tchaikowsky, Rubinstein; en
Italie, MM. Bo'ito,Ponchielli, Marchetti,'Puccini, Mascagni,
se sont aussi adonnés à la scène lyrique.
Quant à l'opéra-comique, du moins avec le dialogue
parlé qui en fait partie intégrante, il vit sur le fonds an-
cien, et laisse momentanément le champ libre à des co-
médies lyriques dans lesquelles la musique, ou peu s'en
faut, soutient le poème lorsqu'elle ne le détruit pas. — Des
noces morganatiques des genres opéra-comiqne et opéra
bouffe est née en France, il y a ({uelque trente ans, une
vilaine petite créature, sautillante, grimaçante et contre-
faite que l'on a nommée opérette. Elle a fait rage pendant
trop longtemps, mais bravement et au grand jour. Depuis
une dizaine d'années, une honte bien compréhensible et
un procédé peu honnête l'ont amenée à se dissimuler sous
le ]^se\idonymed' opéra-comique. On ne laisse pas de ren-
contrer dans ces sortes de production des morceaux bien
venus et d'inspiration aisée qui ne doivent cependant pas
nous rendre indulgents pour la trivialité, le manque de
noblesse et même de goût qui caractérisent le genre en
soi. C'est de la musique faite par des gens qui ont bien
diné à l'intention de gens qui ont bien dîné. Un composi-
teur (le talent, qui s'est fourvoyé dans l'opérette et l'a
maintenue au plus haut degré de dignité qu'elle pût at-
teindre, M. Charles Lecocq, mérite seul d'être cité après
Offenbach, le coupable créateur d'un genre où il a triste-
ment gaspillé d'incontestables dons. On nous permettra de
ne pas faire de réclame aux autres fabricants ; aussi bien
n'en ont-ils pas besoin pour obtenir la gloire pécuniaire
(}ui suffit à leur ambition.
S'il nous est permis en terminant de formuler un vœu,
c'est que les compositeurs français qui se vouent à la
musique dramatique puisent plus qu'ils ne l'ont fait jus-
qu'ici dans le fonds de la littérature nationale si digne de
les inspirer : il est permis de supposer que le Roland à
Roncevaux et la Jeanne d'Arc de Mermet n'ont pas dé-
couragé les musiciens d'aborder ces magnifiques sujets,
l'^t (|uant à la tragédie cornélienne, on a le droit de dou-
ter que le PoUjeucte de Gounod ou le Cid de M. Masse-
net aient découragé nos jeunes maîtres de faire mieux ou
autrement. Mais il suffit d'indiquer cette voie pour mon-
trer combien elle est vaste. Espérons qu'elle sera de plus
en plus fréquentée et que nous en verrons sortir des œu-
vres (fui fassent honneur tout ensemble à la poésie et à la
musi([ue. René Brancour.
l^iiiL. : (1. CiiorQirirr. Histoire de hi musique drumn-
liqiic en Ft'iince ; l^at-is. lcS7-i — Ludovic Cj';lli<:r, les Ori-
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leben der Geç/enwart. Die Modem Oper. — Bureau,
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^i08 —
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OPERA (Giov. dair) (V. Bondlm [Giovanni]).
OPÉRA-COMIQUE. Bien que le mot d'opéra-comique
soit entré définitivement dans l'usage, on peut regretter
l'emploi d'un pareil terme, qui ne répond point à son objet.
11 n'y a rien de comique, en eiîet, dans le plus grand nombre
des pièces de ce nom, et ces œuvres ne diffèrent guère de
l'opéra proprement dit que par l'usage du dialogue parlé,
alternant avec des morceaux de musique d'une assez grande
étendue. Cette définition ne suffirait pas, il est vrai, à en
marquer la différence avec les pièces appelées, au siècle
dernier, vaudevilles, si l'on n'avait soin d'ajouter que la par-
tie musicale du vaudeville consistait exclusivement, ou à peu
près, en airs connus, adaptés à des paroles nouvelles, tan-
dis que l'opéra-comique supposait toujours une musique
inédite, spécialement composée.
Ce genre mixte, caractérisé par l'alternance du parlé et
de la musique, est certainement d'origine française et an-
cienne, du moins sous sa forme primitive. M. Tiersot, en
son Histoire de la chcuison populaire en France, le si-
gnale déjà dans certains fabliaux, Aucassin et ISicolette,
par exemple. Il n'y a là qu'une indication, mais, dès la
tin du xvii^ siècle, l'opéra-comique apparaît presque com-
plètement constitué sous la forme de comédies avec chan-
sons, exécutées aux deux célèbres foires de Saint-Germain
et de Saint-Laui'ent. A partir de cette époque, avec des
fortunes diverses, l'opéra-comique a subsisté, tendant tou-
jours à se charger de plus en plus de musique et à se rap-
procher du grand opéra, avec lequel il n'a plus, dans les
temps modernes, que des différences extérieures et super-
ficielles.
C'est aux foires Saint-Germain et Saint-Laurent, avons-
nous dit, que l'opéra-comique prit naissance. A côté des
comédiens italiens, célèbres et fort à la mode, qui jouaient
des pièces plaisantes, entremêlées de couplets et de chan-
sons que ne dédaignaient pas d'écrire les musiciens les
plus connus du temps, il existait de petits théâtres fran-
çaisd'un genre analogue,' dont la vogue n'était pas moindre.
Dès 4698, les frères Alard en exploitaient un, avec grand
succès. L'expulsion des baladins italiens, chassés de France
en 1697, profita singulièrement à ces spectacles. Bientôt
même, cette prospérité excita l'envie des théâtres réguliers
privilégiés, et la première moitié du xviii<^ siècle sera rem-
plie des luttes de l'Opéra-Comique naissant avec l'Opéra et
la Comédie-Française. Malgré toutes ces difficultés, sans
cesse renaissantes, tantôt obligé de représenter ses pièces
sous forme de simple pantomimes avec écriteaux explica-
tifs tirés au bon moment par l'acteur, tantôt privé de
musique, de chanteurs ou d'orchestre, le petit théâtre sou-
tint courageusement la lutte. Nous avons conservé le titre
de quelques-unes des œuvres de son répertoire : une pa-
rodie à'xUceste en ITdO, une autre de Télémaque en 1714,
qui porte pour la première fois le titre d'opéra-comique.
La pièce était de Lesage et la musique de Gilliers, violon
de la Comédie-Française. A côté d'autres musiciens, four-
nisseurs de l'Académie de musique, qui ne dédaignaient
pas d'écrire à l'occasion pour la foire, Gilliers vaut d'être
mentionné pour sa grâce facile et légère. La Foire de
(kiibray, la Ceinture de Vénus deLesage, et bien d'autres
du même auteur, assurèrent pendant longtemps la vogue
de l'entreprise. Le théâtre de la Foire avait, d'ailleurs,
depuis 174 3, traité régulièrement avec l'Opéra, qui, moyen-
nant finances, lui reconnut le droit de chanter à sa cfuise.
La Comédie-Française, toutefois, et les Italiens, revenus
en 1716, continuaient seuls la lutte. L'Opéra-Comique se
défendait courageusement avec des fortunes diverses et
plusieurs fois le succès vint couronner ses efforts. Un homme
hardi et entreprenant, Jean Monnet(1703-85),eut le talent
d'assurer son succès définitif. Directeur en 1743, obligé
par ordre d'interrompre ses spectacles l'année suivante,
il tenta de nouveau la chance en 1752. L'excellente troupe
vocale et instrumentale qu'il sut rassembler, sous la con-
duite de Davesnes, l'heureux choix des pièces, la richesse
de la mise en scène et des décors, tout concourut à atti-
rer la foule dans la salle luxueuse qu'il avait fait édifier
à la foire Saint-Laurent. Dans la lutte entre les musiciens
français et italiens, qui passionnait alors Paris, il prit
hardiment parti pour la musique nationale, et les Tro-
queiirs de Vadé, musique de Dauvergne (1753), peuvent
être considérés comme le premier type de l'opéra-comique
français.
Pendant plusieurs années, l'entreprise prospéra. Après
cinq ans d'une direction brillante, Monnet se retira, et ses
successeurs se virent de nouveau en butte aux tracasseries
toujours renouvelées de la Comédie-Italienne. Enfin, en
1762, une transaction intervint : les deux théâtres fusion-
nèrent. L'Opéra-Comique se transporta à l'Hôtel de Bour-
gogne où jouaient les Italiens depuis 1719. Peu à peu, les
comédies d'outre-monts se firent plus rares et le théâtre
des Arlequins et des Scaramouches devint exclusivement
celui de la comédie à ariettes.
Biaise le Savetier (1762) de Sedaine et Philidor fut
la première pièce qui y fut représentée. Sedaine, Marmon-
tel, Florian, y donnèrent tour à tour leurs plus jolis ou-
vrages ; Philidor, Gossec, Monsigny, Grétry, y firent en-
tendre leurs mélodies les plus fines et les plus gracieuses.
C'est l'époque la plus brillante de l'Opéra-Comique : celle
où, définitivement constitué, il a eu la plus grande impor-
tance artistique, en réalisant en quelque sorte une fusion
de la musique française et de la musique italienne. Tous
ces musiciens donnèrent à la mélodie nationale quelque
chose de la grâce et de l'élégance des Italiens, sans renon-
cer pour cela à l'expression juste et, dans les limites un
peu étroites et conventionnelles du genre, à la force dra-
matique et la justesse d'expression dont ils trouvaient alors
dans l'opéra sérieux français d'admirables exemples.
Philidor et Gossec, Monsigny et surtout Grétry, furent,
nous l'avons dit, les plus célèbres de ces maîtres. La
postérité injuste n'a guère retenu que les deux derniers
noms. La sensibilité exquise et le dramatique touchant du
Déserteur (1769), de i\ose et Colas (1764), Aa Félix
(1777) ont séduit les contemporains jusqu'à leur faire ou-
blier, trop facilement peut-être, l'extrême négligence de
la forme et les maladresses fréquentes qui déparent mal-
heureusement ces partitions. Nous en dirons autant de
Grétry, musicien faible et incomplet, mais que ses ouvrages,
malgré leur peu de valeur musicale proprement dite,
montrent doué cependant de rares et précieuses qualités.
Moins sentimentales, moins émues, mais plus variées que
celles de Monsigny, ses œuvres sont d'une finesse d'expres-
sion qui étonne. C'était l'esprit qu'il mettait ou croyait
mettre dans sa musique qui ravissait ses admirateurs. Nous
goûtons plutôt la justesse expressive de ses accents et la
grâce précise de ses mélodies. Richard Cœur de Lion
(1784) est resté son chef-d'œuvre, où toutes ses qualités,
comme aussi tous ses défauts, se retrouvent. Mais nous
pourrions citer encore le Tableau parlant, les Deux
Avares, Zémire et Azor, la hausse Magie, VAmanf
jaloux, VEpreuve villageoise et tant d'autres œuvres
touchantes, gracieuses ou spirituelles où cet aimable talent
s'est affirmé.
Pendant toute cette période, la popularité de ces maîtres
fut telle, le goût du public se porta si exclusivement vers
ces œuvres fines et légères qu'il semble que toute la
musique fût bornée à ces limites étroites. Le nom de Co-
médie-Italienne dès 1780 avait fait place, au fronton du
— 409
OPÉRA-COMIQUE
théâtre, à celui désormais ofliciel d'Opéra-Comique. Bientôt
même, un seul théâtre ne suffit plus. En 1789, le théâtre
de Monsieur, concédé par privilège à Léonard Autier, coif-
feur de la reine, ouvrait ses portes. Sous le nom de théâtre
Feydeau, pendant la période révolutionnaire et impériale,
cette nouvelle scène allait donner asile à toute une pléiade
de jeunes musiciens, dont l'effort généreux devait entraîner
l'ancien Opéra-Comique dans des voies toutes différentes.
Les Cherubini, l'^sMéhul, lesLesueur, lesBerton, d'autres
encore, dont l'énumération nous entraînerait trop loin, se
préparaient déjà à singulièrement élargir le cadre étroit
où s'étaient volontairement confinés leurs illustres devan-
ciers. Mais avant d'aborder cette étude, nous devons cher-
cher à caractériser brièvement l'évolution du genre, depuis
les premiers essais jusqu'à l'opéra-comique des Grétry et
des Monsigny. Dégageons, s'il est possible, ce qu'il peut
y avoir de commun à des œuvres si foncièrement dissem-
blables.
Quand nous avons parlé des premiers essais des théâtres
de la Foire, nous n'avons pas insisté, nous réservant d'y
revenir, sur le caractère musical de ses tentatives et sur
leur valeur réelle. Cette valeur est réellement très faible,
et la musicalité de ces ouvrages, il le faut bien avouer, tout
à fait inférieure. Si l'on met en regard de ces ébauches
puériles les chefs-d'œuvre de l'opéra sérieux à la même
époque, on se convaincra du premier coup d'œil que nulle
comparaison n'est possible. Il n'y a dans ces pièces aucune
tentative, si faible soit-elle, de musique dramatique, aucun
effort pour réaliser musicalement quelque chose de vivant.
Telles ariettes, tels couplets pris isolément peuvent être
gracieusement tournés et se parer d'une mélodie élégante
et fine : cela se comprend d'autant mieux qu'en somme
les meilleurs compositeurs du temps n'ont pas dédaigné
d'écrire, nous l'avons dit, pour ces théâtres d'à-côté. Mais
cet ensemble de petits airs détachés, quelque agréables qu'ils
puissent être, ne constitue pas une œuvre. De tels ouvrages,
en somme, ne sont que de simples vaudevilles (dans le sens
propre de ce mot), et la plus mince opérette contemporaine
renferme infiniment plus de musique et procède d'une esthé-
tique bien plus juste que les plus vantés de ces prétendus
opéras-comiques, où certains veulent voir le genre vrai-
ment national, ia véritable musique française.
L'opéra-comique fut, à cette époque, le genre préféré de
tous ceux à qui la musique était indifférente ou à peu près,
et qui, dans ce spectacle, ne goûtaient vraiment que l'œuvre
du poète. Tandis qu'ailleurs, la musique dramatique depuis
Lulli cherchait à se créer une langue qui lui fût propre,
et qui, sans disparate choquante, pût rendre également bien
le dialogue ordinaire, les hautes effusio)is du lyrisme ou
les mouvements dramatiques les plus violents, ceux que
ces nobles efforts n'intéressaient point se contentèrent fa-
cilement de cet artificiel assemblage de deux éléments diffé-
rents, où l'art qu'ils goûtaient peu se résignait à jouer le
rôle le plus effacé. Sans doute, les efforts de ceux qui
niaient alors l'existence et même la possibilité d'une mu-
sique française contribuèrent à faciliter ce compromis.
Puisqu'il était impossible que l'opéra français existât —
ainsi l'avaient décrété tant de beaux esprits depuis long-
temps — puisque la musique dramatique italienne seule mé-
ritait qu'on l'admirât, il fallait bien chercher autre chose.
Aussi bien, verrons-nous, pendant toute la première moitié
du xvni® siècle, les partisans de la musique italienne exalter
l'opéra-comique, et les admirateurs du grand Rameau, en
général, n'en parler jamais ou n'en faire qu'une estime
médiocre.
Cependant, il devait suffire que de véritables musiciens,
ayant l'amour et le respect de leur art, fussent appelés à
écrire pour l'Opéra-Comique, pour que la musique y prît
peu à peu la place qui lui était due. Sans doute l'erreur ini-
tiale subsisterait toujours. L'œuvre, alternativement parlée
et chantée, manquerait toujours d'unité et de cohésion ;
mais cependant, de temps en temps du moins, le compo-
siteur serait le maître, et oserait écrire autre chose que
des couplets plaqués après coup, et qui auraient pu dispa-
raître sans grand dommage pour l'ensemble.
Philidor et Gossec, Monsigny et Grétry que nous venons
de signaler, marquent les progrès réalisés dans cet ordre
d'idées. Voyez le Déserteur de Monsigny, par exemple :
quelle transformation capitale et combien le cadre étroit
et mesquin de l'ancienne comédie à ariettes s'est ici élargi !
C'est un drame lyrique poignant et humain, qui, avec des
moyens très simples et une technique combien rudimen-
taire, se déroule aux yeux des spectateurs ! Mais si l'ar-
tiste ne possède pas la maîtrise de son art, si, pour tout
dire, il n'est qu'un très médiocre musicien, de quelle ex-
pression intense et vivante il sait animer la trame indi-
gente de son écriture î Comme il a su du premier coup , malgré
ses maladresses, remettre la musique à sa véritable place
et en faire le plus puissant moyen d'émotion, et celui qui
détermine tout l'intérêt du drame ! Avec les mêmes res-
trictions, nous en dirions tout autant de Grétry.
Aussi, quand les succès de Gluck à l'Opéra auront rap-
pelé au public les nobles sensations du drame lyrique,
quand ses accents pathétiques auront réveillé la muse tra-
gique, qui sommeillait un peu depuis la mort du grand
Rameau, la forte impulsion du maître orientera vers de
plus vastes horizons lesjeunes compositeurs qui vont illustrer
la scène française. Et nous voici ramenés à l'époque où
nous nous étions tout à l'heure arrêté.
Si les œuvres des Méhul et des Lesueur, deis Cherubini
et des Berton diffèrent si profondément, par la conception
et la facture, de celles qui les ont précédées, plusieurs
causes extérieures peuvent expliquer cette transformation.
Le public français, pendant tout le xvm^ siècle, n'avait
guère connu d'autre musique que la musique nationale et,
très imparfaitement, celle de l'opéra italien. Si ce dernier,
en décadence sensible depuis longtemps, ne pouvait mettre
en ligne que des œuvres de second ordre, que l'admira-
tion complaisante des philosophes et des hommes de lettres
tenait trop aisément pour des chefs-d'œuvre, la France,
depuis la mort de Rameau, n'était pas beaucoup plus riche.
Il était arrivé à notre art ce qui se produira toujours
quand un genre particulier prend un développement tel,
qu'il étouffe autour de lui toutes les autres manifestations.
Pour les Français, la musique dramatique était devenue
toute la musique, ou peu s'en fallait. La belle école sym-
phonique des clavecinistes et des organistes du xvii® siècle
était oubliée, et personne n'était venu remplacer ces vieux
maîtres, dont l'art sévère avait fourni aux compositeurs
de théâtre de nobles exemples et de précieuses leçons.
Aussi les musiciens français, ignorants des ressources et
des procédés de leur art, eussent-ils été voués à une irré-
médiable infériorité, si du dehors ne leur étaient venus
de puissantes impulsions et d'admirables modèles. De grands
génies s'étaient fait connaître à la France qui les avait
longtemps volontairement ignorés. C'était Gluck, et plus
tard Salieri et Sachini. C'était Mozart, dont on commençait
à apprécier les œuvres. C'était Haydn, dont les symphonies
habituaient les auditeurs au grand style instrumental.
Dans un autre ordre d'idées, la cojinaissance des poètes
étrangers, Shakespeare par exemple ou Ossian, le goût
plus répandu des antiquités nationales, si mal connues
qu'elles fussent, préparaient l'évolution qui devait aboutir,
trente ans plus tard, au mouvement romantique.
Tout contribuait donc à inspirer aux musiciens des idées
plus hautes et plus profondes que les galanteries gra-
cieuses et fades, où s'était trop complu le siècle précé-
dent.
Aussi bien, dans notre domaine particulier, quelle trans-
formation radicale, et par quelle aberration continue-t-on
à désigner les œuvres des maîtres de cette époque de ce
nom d'opéra-comique qui en donne une idée aussi fausse
que possible? Sans doute, une tradition regrettable laisse
subsister dans ces pièces une part, assez petite du reste, de
dialogue parlé .Mais il y en a eu aussi dans la l lûte enchantée
de Mozart, dans Fidelio de Beethoven ou dans le Fi^eys-
OPÉRA-COMIQUE
— 110 —
chûtz de Weber. Se croit-on pour cela autorisé à ratta-
cher ces cliefs-d' œuvre à la conception d'art qui a donné
naissance au Tableau parlant ou à l'Epreuve villa-
geoise ?
Cet exemple suffirait à montrer les multiples inconvé-
nients de ces classements artificiels, fondés sur des carac-
tères extérieurs dont la signification, à proprement parler,
est nulle.
Aussi, malgré ce préjugé populaire, ne nous croirions-
nous point en droit, dans un article consacré à l'opéra-
comique, de parler d'œuvres qui, comme le Joseph de
Méhul ou la Caverne de Lesueur, se rattachent au style
dramatique le plus noble et le plus élevé. Quand Beetho-
ven, après avoir entendu la Faniska de Cherubini, alors
éloigné de France par l'antipathie de Napoléon, le procla-
mait le premier compositeur dramatique de son temps.
quand plus tard il lui faisait hommage de sa Messe solen-
nelle, pense-t-on qu'il ne vit en lui qu'un musicien
aimable, auteur d'œuvres élégantes et faciles ? On a pu
relever dans l'œuvre du grand symphoniste, assez de pro-
cédés d'instrumentation dont Méhul fut l'ingénieux inven-
teur pour en conclure que les œuvres de cet artiste lui
étaient familières, et d'ailleurs toute l'école allemande de
ce temps (Weber ne s'en cachait point) a puisé dans les
opéras de ces maîtres les idées fond^imentales de la con-
ception de l'opéra romantique, dont i^?*^î/.sc/ii(f.v ou Obéron
sont restés les types les plus populaires. Xe nous y
trompons point : si des œuvres comme FAiphrosine et
Coradin, Stratonice, Uthal on Joseph àe M.è\m\, Médée,
Lodoïska et Faniska de Cherubini, la Caverne de Le-
sueur ou Montano et Stéphanie de Berton, Joconde de
Nicolo sont classées en France parmi les opéras-comiques,
cela tient à d'insignifiantes circonstances, qui les portèrent
vers tel théâtre plutôt que vers tel autre. La richesse des
idées et du style, les recherches d'instrumentation, le
pathétique violent et le lyrisme de ces drames en font
des œuvres de premier ordre, se rattachant directement
à la grande tradition d'art élevé et sincère de l'opéra
français.
Ce n'est pas, à vrai dire, que dans l'œuvre entière de
ces maîtres on ne puisse trouver des pièces d'allure plus
légère. Il en est qui ont conservé, avec plus de maîtrise et
de recherche, les grâces aimables et élégantes de l'ancien
opéra-comique. Si ces œuvres de demi-caractère, toujours
expressives et dramatiques, ne donnent pas une idée vraie
ni surtout complète de leur talent, on ne saurait pourtant
les passer sous silence. D'autant plus d'ailleurs que ce
genre léger, élégant et facile, suffit à plus d'un artiste
pour acquérir une réputation égale à celle des maîtres :
tel fut, par exemple, Nicolo, l'auteur de la Joconde,
longtemps populaire. La fécondité de cet artiste, son sens
réel du théâtre, sa verve souvent heureuse firent oublier
aux contemporains ce que son style a souvent de lâché et
de monotone, sa mélodie et son harmonie de fade et de
néghgé. Toutefois, pour se faire une idée nette des ten-
dances de l'opéra-comique à cette époque, il sera préfé-
rable de chercher ailleurs. Il est un musicien de premier
ordre, encore populaire de nos jours et connu de tous, qui
a admirablement réaHsé cet idéal: c'est Boieldieu.
Il est de mode aujourd'hui de railler cet artiste, et son
cjiefid'ceiivre, la Dame Blanche, qui depuis plus de
soixante-dix ans est au répertoire, est souvent un thème
à plaisanteries faciles. S'il est des musiciens qui croient
par là s'assurer une supériorité sur la foule, ceux d'entre
eux (jui ont une juste idée de l'histoire de Fart et qui
savent comprendre des formes différentes de celles qu'ils
pratiquent ne partageront point cette erreur. On pourrait
peut-être reprocher à Boieldieu, en quelques œuvres,
d'avoir subi l'influence rossinienne en ce qu'elle eut de fâ-
cheux et d'avoir préféré, en de très rares passages, le brio
factice et la virtuosité inutile à l'expression vraie. Mais
que cela est peu de chose à côté des pages de premier
ordre qui abondent! Quelle finesse et quelle précision dans
le dessin des caractères ! Quelle mesure et quelle réserve
dans le style ! Il n'y a dans cette musique ni passion, ni
grandes émotions, cela est vrai ; mais d^ns le domaine
tempéré où il s'est volontairement enclos, le musicien est
un maître, et son art dit merveilleusement ce qu'il veut
dire, sobrement sans doute, mais sans rien omettre d'es-
sentiel. Il suffira d'ailleurs de rappeler quels jugements
Weber et plus tard Schumann (à propos de Jean de Paris)
ont portés sur Boieldieu, pour faire comprendre le mérite
de premier ordre de cet artiste que beaucoup n'estiment pas
à sa valeur.
C'est avec la Dame Blanche que finit l'ancienne école
française d'opéra-comique. Désormais ce genre évoluera de
plus en plus vite et se transformera tous les jours. Mais
l'influence étrangère de l'école italienne de Rossini y de-
viendra prépondérante, chez ceux de ces artistes surtout
qui se borneront au drame de demi-caractère. Dans une
certaine mesure, cette influence aura son utifité. La pres-
tesse et la précision des rythmes, l'élégance (quelquefois
banale) des mélodies, la légèreté spirituelle du style sont
des qualités nouvelles, que l'ancienne école n'avait guère
recherchées. Auber, dans sa longue carrière, les portera
au plus haut point de perfection. Il est inutile de citer ici
les œuvres de ce maître. Si leur vogue semble avoir dimi-
nué de nos jours, elles sont encore présentes à la mé-
moire de tous. Par son élégance et sa finesse, par son
esprit surtout, Auber a su charmer le public : mais ne lui
demandons ni profond sentiment dramatique, ni poétiques
élans, ni sensibilité, ni tendresse, ni passion. C'est de tous
les musiciens, a-t-on dit de lui, celui qui sut le mieux
faire supporter la musique à ceux qui ne l'aimaient pas.
Prenons pour un éloge (car c'en est un) cette boutade
spirituelle: mais nous pouvons, tout en lui rendant jus-
tice, regretter l'influence néfaste de cette école sur ses
nombreux imitateurs, qui copièrent aisément ses défauts
sans avoir aucun de ses mérites.
Hérold, à la même époque, a mieux su conserver la tra-
dition nationale des Méhul et des Cherubini. Le Pré aux
Clercs et Zampa, que quelques formules rossiniennes (et
non des meilleures) déparent par endroits, n'en sont pas
moins des œuvres fortes et d'un intérêt dramatique puis-
sant. La sensibilité, l'expression juste, le sentiment des
situations, toutes ces qjalités d'un grand artiste, Hérold
les possède au plus hait point, et l'on peut déplorer que
ce maître, plutôt fait pour le drame lyrique que pour
l'opéra de demi-caractère, n'ait pu s'affirmer sur une
autre scène que celle de l'Opéra-Comique. D'autres mu-
siciens, sans s'être exclusivement consacrés à l'opéra-
comique, ont remporté des succès plus ou moins durables,
que l'opinion de la postérité n'a pas toujours consacrés,
mais qui valent cependant d'être mentionnés. Ad. Adam,
par exemple, dont les meilleurs œuvres : Si fêtais ni
(185^2), le Chalet (1834), le Postillon ^ de Longju-
meau (1836), nous paraissent aujourd'hui manquer de
distinction et d'élégance et que nous classerions volon-
ti rs dans les compositeurs d'opérette ; Halévy, avec le Yal
d'Andorre (1818), V Eclair (1835), les Mousquetaires
de la Pleine (1846), où les défauts ne doivent pas faire
oublier cependant de réelles quahtés dramatiques et aussi
les recherches souvent heureuses d'instrumentation et de
rythme; Meyerbeer, dont le Pardon de Ploër met (\S^9)
et surtout V Etoile du Nord (18o4) ne sont pas indignes
d'être mis à côté de ses plus beaux opéras. Citons encore
les Dragons de Villars (1856) de Maillard; Y Ombre et
Martha de Flotow ; dans un genre plus original et plus
intéressant, les opéras-comiques de Félicien David, laPerle
du Brésil (1851), J.alla-l\oukh (1862); ceux aussi de
\ictor Massé, Galatée (1852), les Saisons (1855), les
Noces de Jeannette {iSo<^), Paul et Virginie (1876), etc.
Remarquons toutefois que beaucoup de ces œuvres ne sont
des opéras-comiques que de nom. Destinés au théâtre
lyrique, elles n'ont rien du caractère de la comédie à
ariettes et se rattachent directement à la tradition plus
— 414 —
OPÉRA-COMÎQUÊ
sévère des Méliul et des Cherubini, quoique subissant assez
fortement en général l'influencé rossmienne.
Mais nous voici maintenant arrivés à l'époque contem-
poraine î il suffira de citer les noms d'Ambroise Thomas, de
Gounod, de Bizet, de Massenet, pour rappeler immédia-
tement au souvenir des artistes tant de pièces, que nos
théâtres représentent encore tous les jours. Tous ces mu-
siciens (ceci est à remarquer) ont écrit des opéras-co-
miques, mais aussi des drames lyriques et des opéras, et
telle de leurs œuvres, écrite d'abord avec dialogue parlé,
est devenue plus tard exclusivement musicale. Ceci seul
indique assez combien tous les artistes de nos jours sen-
tent vivement le vice fondamental de l'opéra-comique,
c.-à-d. la juxtaposition d'éléments différents et contra-
dictoires, le chant et la parole. Voici déjà longtemps que
Théophile Gautier qualifiait ce genre de « bâtard et mes-
quin, mélange de deux moyens d'expression incompatibles,
oti les acteurs jouent mal sous prétexte qu'ils sont chan-
teurs et chantent faux sous prétexte qu'ils sont comé-
diens ». Cette discordance inévitable est d'autant plus
sensible que le style musical est plus élevé et, suppor-
table dans l'opérette légère ou la comédie à ariettes, cho-
quera bien davantage. Si le musicien s'est donné la peine
d'écrire des morceaux développés et vraiment expressifs.
Aussi tout l'effort des compositeurs tend-il à chercher les
moyens de pallier ce défaut. On réduit autant que possible
la part du dialogue, on \^ soutient, dans quelques cas,
d'un accompagnement symphonique qui continue discrè-
tement le fil du discours musical. Mais tous ces moyens,
quelque ingénieusement employés qu'on les suppose, ne suf-
fisent point. Ils laissent pressentir la nécessité d'une ré-
forme radicale et complète, qui, à côté du draine musical,
instaurera une comédie en musique, oh nul élément étran-
ger à l'art des sons ne se viendra mêler. Les Maîtres
chanteurs de Wagner, Falstaff de Verdi, peuvent dès
maintenant en donner une idée. H. Quittard.
0 P ÉR A-CO Wl I QU E (Théâtre de V) . Le genre de l'opéra-
comique, nous venons de le voir, eut d'humbles ori-
gines. Né sur un champ de foire, il eut pour première
scène les tréteaux d'une baraque en plein vent. Jus-
qu'au jour où Jean Monet, tentant une dernière fois la
chance, fit élever en 1752 une salle luxueuse, dont la
riche décoration fit l'étonnement des contemporains, il
est à croire que les premiers essais de comédies à ariettes
eurent lieu dans de simples baraques en bois, ne différant
que très peu de celles que nous voyons s'élever encore de
nos jours sur lès places. D'ailleurs, les représentations se
donnaient tour à tour dans les deux principales foires de
Paris et dans deux quartiers foi*t éloignés l'un de l'autre i la
foire Saint-Laurent, entre le faubourg Saint-Denis et le fau-
bourg Saint-Laurent ; la foire Saint-Germain, sur l'autre
rive de la Seine, dans le quartier du même nom. L'Opéra-
Comique ne cesse de se transporter de l'un à l'autre de ces
emplacements, pendant les six mois de son existence an-
nuelle : février, mars, avril, sur la rive droite ; juillet, août,
septembre, sur la rive gauche.
Il était nécessaire de garder au théâtre de la Foire
son caractère mobile et nomade, tant qu'il ne serait pas
fixé définitivement quelque part. Aussi les plus belles de
ces salles, celle oii Monet lui-même attira tout Paris pen-
dant les quelques années de sa seconde direction, étaient-
elles de légères constructions, entièrement en bois ; le
luxe de leur décoration intérieure ne changeait rien à leur
caractère provisoire. Aussi quand, en 1762, l'Opéra-Co-
mique eut fusionné avec la Comédie Itahenne, il se trans-
porta naturellement au théâtre que les ItaHens, depuis
1716, tenaient de la munificence du régent. C'était à l'Hô-
tel dé Bourgogne, rue Française et rue Mauconseil, une
salle, d'ailleurs assez modeste, mais déjà fameuse dans les
fastes de l'art dramatique : elle avait en effet, au siècle
précédent, abrité les débuts de la Comédie-FrançaiSe.
L'Opéra-Comique y prospéra de 1762 à 1783. C'est là que
le genre prît sa forme définitive, si l'on peut dire. Mon-
signy, Duni, Grétry, Philidor furent les compositeurs dont
les œuvres firent le succès du spectacle.
Le théâtre était alors régi par les artistes, réunis en
société : qiunze acteurs et treize actrices, venant les uns
de la Comédie Italienne, comme M"^® Favart, Rochart ou
Carlin ; les autres du théâtre de la Foire : Clairval, Laruette,
M^^^ Deschamps. Plus tard, cette liste s'enrichira de noms
qui sont restés longtemps populaires i Trial, Chenard,
Narbonne ; M"^®^ Trial, Laruette, Dugazon, etc.
L'orchestre, au début, ^.omptait seulement 18 sympho-
nistes, mais leur nombre augmenta peu à peu, par la suite,
à mesure que les œuvres représentées prirent plus d'im-
portance.
Le succès fut rapide et durable : les affaires des socié-
taires prospérèrent SI bien que, l'ambition leur venant, ils
voulurent se faire construire un théâtre plus grand, et
mieux aménagé au goût du jour. Le 4 avr. 1783, l'Opéra-
Comique se transportait dans la première salle Favart,
élevée sur les terrains de l'hôtel de Choiseul, entré les
rues Favart et Marivaux, par l'architecte Heurtier. Malgré
quelques infidélités forcées, l'Opéra-Comique devait rester
fidèle à cet emplacement où il s'élève encore aujourd'hui.
La première salle Favart contenait environ 1 .800 places :
ceci seul indique quelle place ce théâtre occupait alors dans
la vie parisienne. Comme celle des salles que nous avons
connues sur le même emplacement, sa façade tournait le dos
au boulevard; il le fallait pour sauvegarder l'amour-propre
des sociétaires. Théâtre du boulevard, à cette époque, était
presque Synonyme de théâtre de province ; les acteurs de
rOpéra-Comique voulurent empêcher une confusion dont
leur orgueil eût pu souffrir.
L'exploitation fructueuse d'abord, grâce surtout à deux
chefs-d'œuvre de Grétry, l'Epreuve villageoise (24 juin
1784) et Richard Cœur de .Lion (21 oct. 1784) devint
ensuite moins facile, quand le théâtre de Monsieur, plus
tard le théâtre Feydeau, fit concurrence au théâtre Favart.
D'abord installé aux Tuileries, puis au théâtre des Variétés,
à la foire Samt-Germain, et enfin à partir du 16 janv. 1791
rue Feydeau, au n^ 19, dans une salle bâtie parles archi-
tectes Legrand et Molinos, ce nouveau théâtre représentait
aussi l'opéra-comique, jouant souvent les mêmes pièces
que son rival ou faisant traiter un sujet analogue par
d'autres compositeurs. Enfin, après une longue rivalité, en
1801 les deux théâtres fusionnent. Une troupe admirable
fut ainsi formée : Martin, Elleviou, Chenard, Gavaudan,
Philippe, Saint-Aubin, Gaveaux ; M'^®^ Dugazon, Gavau-
dan, Scio, Gaveaux, Auvray, Desbrosses, etc.
C'est â Feydeau que l'on débute, le 16 sept* 1801 ; en
juil. 1804, on retourne à Favart; puis, quelque temps, au
théâtre Olympique de la rue de la Victoire (pendant les répa-
rations de la salle). Enfin l'année suivante, on s'installe dé-
finitivement à Feydeau. L'administration du théâtre change.
L'Opéra-Comique est affranchi de toute redevance envers
l'Opéra ; à son tour, il a ses privilèges, mais, par un décret
du 6 frimaire an XI, il est soumis à la surveillance d'un
surintendant. Plus tard, en 1824, ce sont de simples di-
recteurs qui administrent à leurs risques et périls : Guil-
bert de Pixérécourt, et, après lui, le colonel Ducis.
Malgré le succès des œuvres représentées (c'est le beau
temps de Nicole et de Boïeldieu, l'époque aussi des débuts
d'Hérold et d'Auber), l'imprudente gestion des directeurs
fit péricliter l'entreprise. Le 12 avr. 1829, le théâtre
Feydeau fermait ses portes, qui ne devaient plus se rou-
vrir, car la salle menaçait ruine.
Ce fut salle Ventadour que huit jours après, l'Opéra-
Comique renaissait. Mais le choix de ce quartier lui fut
défavorable. Après plusieurs directions malheureuses, mal-
gré le succès de Fra Diavolo d'Auber (20 janv. 1830) et
de Zampa d'Hérold (3 mai 1831), les artistes, constitues
en sociétét, se ransportèrent place de la Bourse, au théâtre
des Nouveautés, plus tard le Vaudeville. Là furent don-
nés le Pré-auoû^Clercs (déc 1832), le Chalet (1834), le
Cheval de Bronze (1835), le Domino Koir (1837,
OPÉRA-COMIQUE — OPÉRATION
— 412 --
enfin les meilleures pièces d'Auber, d'Adam et d'Halévy.
Mais l'incendie de la salle Favart, alors occupée par
une troupe italienne, le 44 janv. 4838, devait permetijre
à rOpéra-Comique de retourner au théâtre de ses anciens
succès. La salle aussitôt reconstruite par l'architecte Car-
pentier, Crosnier, alors directeur de l'Opéra-Comique, s'em-
pressa de saisir l'occasion. Le 46 mai 4840, la seconde
salle Favart était inaugurée avec le Pré-aux-Clercs.
L'Opéra-Comique, avec des fortunes diverses, devait
rester là quarante-sept ans. Pendant ce long espace de
temps, plusieurs directeurs se succédèrent parmi lesquels
sont à citer M. Emile Perrin, dont la première direction
(4848-57) fut particulièrement brillante, et aussi Car-
valho (4876-87), ancien directeur du Théâtre-Lyrique.
C'est à ce dernier qu'on doit attribuer une grande part
dans le mouvement, précédemment signalé, qui porte l'opéra-
comique à se rapprocher de l'opéra, jusqu'à se confondre
avec lui. Nous ne rappellerons pas les œuvres que cette
période vit éch)re : elles sont présentes à l'esprit de tous,
puisqu'elles sont encore jouées tous les jours.
C'est pendant une représentation de Mignon, le 25 mai
4887, qu'eut lieu le terrible incendie qui détruisit la salle
de l'Opéra-Comique. Cette catastrophe, où périrent dans les
flammes un grand nombre de spectateurs et d'employés
du théâtre, exila longtemps l'Opéra-Comique de son em-
placement préféré.
Le 45 oct. de la même année, il se transportait provi-
soirement à l'ancien Théâtre-Lyrique de la place du Châ-
telet, en attendant que fût reconstruite la salle d'où l'in-
cendie l'avait chassé. Cette reconstruction, menée avec une
gàrande lenteur, devait durer, dix ans. Le 7 déc. 4898
le nouveau théâtre de l'Opéra-Comique ouvrait ses portes,
sur le même emplacement où plus d'un siècle avant il avait
inauguré ses représentations. H. Quittard.
BiBL. • M. Brenet, Grétry et ses œuvres^ 1884. — Henry
Cohen, Etude sur Berton [Art musical)^ 1878. — Grétry,
Mémoires ou essais sur la musique. — Grimm et Diderot,
Correspondance. — A. Heulhard, la Foire Saint-Laurent^
1878; Jean Monnet, ,1884. — J. Monet, Supplément au Ro-
man comique ou Mémoires. — Pougin, Boïeldieu, 1875 ;
Cherubini {Ménestrel, 1880-83); Méhul [id., 1883-84). —
SouBiES et Malherbe, Précis de l'histoire de VOpéra-Go-
mique, 1887 ; Histoire de l'Opéra-Comique, 1892-93, 2 vol.
— Lesage etD'ÛRNEVAL, Théâtre de la Foire ou de VOpéra-
Comique, '1721^37. — Bellaigue, G. Bizet, sa vie et ses
œuvres, 1890. — Jouvin, Herold, sa vie et ses œuvres, 1868.
— Saint-Saëns, Harmonie et Mélodie^ 1885. — J. Weber,
les Ulusions musicales., 1883 (V. également ci-dessus la
bibliographie de l'art. Opéra).
OPER/E (Dr. rom.). Expression technique désignant
dans son sens le plus précis les services industriels, agri-
coles ou domestiques fournis à prix d'argent par des es-
claves ou des artisans {operœ locari solitœ), quoique le
mot se rencontre, par extension, appliqué, soit à des ser-
vices d'ordre extra pécuniaire (operœ ojficiales), soit même
aux services d'animaux {operœ animalium). Le droit
s'occupe principalement des operœ : l**en matière de louage
ou le louage de services, la locatio operarum, ne peut
porter que sur des services de ce genre, sur des operœ
loçan solitœ (V. Louage) ; 2® ei) matière de servitudes
personnelles, ou l'on a, par interprétation des dispositions de
dernière volonté, fait des operœ servorum et même, dit un
seul texte, des operœ animalium, une servitude person-
nelle distincte de l'usufruit et de l'usage ; 3^ en ma-
tière d'aifranchissement, ou l'affranchi est tenu sans con-
vention envers son patron de certains services de dévouement
et de complaisance, qui n'ont pas de valeur pécuniaire, et
dont l'exécution ne peut être réclamée en justice {operœ
offlciales), mais où il s'oblige en outre, souvent par con-
trat exprès, à des services appréciables en argent et fondant
une action en exécution (operœ fabriles, inaustriales) : la
convention est alors rendue obligatoire par un contrat ver-
bal fait au moment de l'affranchissement, soit dans la forme
ordinaire de la stipulation, soit dans la forme exception-
nelle d'un serment {jus jurandum liberti), où l'on peut
voir une preuve de l'antiquité de la pratique, et, que l'on
ait employé une forme ou l'autre, le contrat fait naître
une action spéciale, le judicium operarum, dont la for-
mule, contient encore certains indices de l'antiquité de l'ins-
titution et dont les préteurs se sont préoccupés de limiter
l'étendue dès les premiers temps de la procédure formu-
laire. P.-F. Girard.
BiBL. : Girard, Manuel de droit romain, 1898, pp. 118,
361-62,482-83, 557-58, 2« éd.
OPÉRATEUR (Mécan.). Les machines-outils, qui ont
pour but de substituer le travail mécanique au travail ma-
nuel, comporte.nt trois éléments distincts : le moteur, sur
lequel agissent les forces produisant le mouvement ; la
transmission qui les distribue aux endroits voulus, et
Vopérateur, sur lequel agissent les résistances à vaincre
pour accomplir le travail utile. L'opérateur est aussi nommé
outil parce qu'il joue le même rôle que l'outil manuel dans
la main de l'ouvrier. Ses formes sont innombrables comme
ses emplois; citons, par exemple, les mèches, fraises, poin-
çons, etc. E. Maglin.
OPÉRATION. I. Mathématiques. — Théorie des
OPÉRATIONS. — Toute opération considérée en arith-
métique ou en algèbre peut être étudiée dans ses ap-
plications aux quantités qu'on lui soumet, ou bien en elle-
même, au point de vue des propriétés qui la caractérisent.
C'est ce dernier point de vue qui a donné naissance à la
théorie générale des opérations. L'addition, par exemple,
présente les propriétés suivantes : d^ pour a =: a, a .
^ b = a' -h b; 'it''a-{- (b -^ c) ~ (a -hb) -{-c;
^"^ a -^ b z=z b -\' a; Ai"" a -{- 0 — 0 -\- a =z a. Ces
propriétés subsistent dans l'addition des nombres, des
longueurs, des angles, des forces appliquées en un même
point et de même direction. Rien n'empêche de donner le
nom d'addition à toute opération qui présentera ces quatre
propriétés ; en le faisant, on sera conduit, par exemple, à
l'addition des quantités négatives, puis à celle des quan-
tités imaginaires, puis à celle des vecteurs. Quand on
cherche ainsi à généraliser une opération, il peut arriver
que la nature même des objets sur lesquels on opère ne
se prête pas à une conservation totale des propriétés ;
mais toute propriété de l'opération généralisée doit être
applicable aux objets plus simples qui ont servi à la défi-
nition primitive ; c'est là ce que Hankel a appelé le prin-
cipe de permanence des règles de calcul. S'il faut sacri-
fier quelques-unes des propriétés de l'opération, on doit
chercher à conserver les plus importantes et les plus gé-
nérales. — Si a et b sont deux objets, en les combinant
par une opération déterminée et représentée par n, on
obtiendra un nouvel objet p, et ceci s'exprimera par la
relation anb :=z p. Si, pour a = a' et b ■== b\ on a
ar\b ziz a' nb', l'opération est uniforme; si (anb)nc
= ari(bnc), elle est associative; si anbzubr^a, elle
est commutative. L'addition présente ces trois caractères.
Si '-^ et À représentent deux opérations, et si l'on a
(ai b) n czn (a n c) Â. (b n c), l'opération n est dite dis-
' tribùtive relativement à V opération À . Elle le sera en-
core si ar\(b k c)-=^ (a'^b) i.(an c) ; dans le premier
cas, r\ est distributive par rapport à son premier terme,
et dans ce dernier, par rapport à son second terme. Les
deux définitions de la distributivité coïncident si n est
commutative. Ainsi la multiplication ordinaire est distri-
butive relativement à l'addition, car (a-hb) XczziaX o
-{- b X c, et a X (b -\- c)= a X b -{- a X c. L'élé-
vation aux puissances est distributive relativement à la
multiplication, par rapport à son premier terme, mais non
à son second, car (a X bf = a^ X ^°, et a^^^ zzia^X oP^
Dans l'addition, nous avons remarqué que ^^ + 0 = a ;
dans la multiplication a X 1 =: ^ ; en général, ûanmzna,
on dit que m est le module de l'opération n. — Lorsque
ar\b -HZ c, et que l'on considère l'opération qui donne a
au moyen de c et ô ou /? au moyen de c et a, on dit que
ce sont les opérations inverses de n. Si cette dernière est
commutative, les deux opérations inverses se réduisent à
une seule ; en la désignant par u on aura b = cua,
il 3
OPERATION
a z=L c ^ b. Lorsque an b ^=z a ^ b' ne petit subsister que
sous la condition /?=/?', il s'ensuit que l'opération u dé-
détinie par b = c ^a est uniforme ; si une opération est
uniforme, ainsi que ses opérations inverses, elle est dite
complètement uniforme. — Soit n une opération uni-
forme et associative, et u son inverse définie par {ar\b)u a
zn b, et considérons l'expression x :=:^ (a u /;) n c ; opé-
rons par b n sur chacun des deux membres : b n x
= /; n (a u /;) n c =: {hrs(a^ b) ne puisque n est as-
sociative ; mais par définition a n ((a n /;) u a) = c, ou
an (c ^ a) :=^ c. Donc bnx =^ anc. De là, opérant
par Kj b, X ziz (anr) ^ b, ou {a u b) ncz=z (a ne) u b.
. ,. a a.e ,
Ce résultat montre en particulier que -. c =z — , lors
b b
même que la multiplication n'est pas commutative, le quo-
tient étant défini par la relation : dividende 2= divi-
seur X quotient. On démontrerait aussi que (a^b)^c
fiv
•= a^ {bnc}, et en particulier
—z ,— . Quand une
c b.c
opération n est complètement uniforme, son module m s'ol)-
tient en effectuant l'opération inverse u sur un objet quel-
conque :m=<Tu «.et l'on ar? n m=^mnaz=za^ m=:a.
L'objet m<ja = a est dit ro])jet réciproque de a. La
réciprocité est mutuelle ; on di a n à z=z â n a z=z m,
eu a ^= a n c, an h = b^uà, auc = cua, b u c
=z c nb =z b ne. Ces diverses propriétés permettent, par
l'introduction des objets réciproques, de ramener les opé-
rations inverses à des opérations directes. — Les opéra-
tions inverses peuvent ne pas donner des résultats faisant
partie de l'ensemble des objets sur lesquels on a opéré,
et devenir en ce sens impossibles; mais, si l'on considère
un nouvel ensemble d'objets, définis par l'opération inverse
elle-même, ou se prêtant à cette opération, la possibilité
existera; il faudra s'assurer si la propriété associative de
l'opération directe se conserve pour les objets de ce nou-
vel ensemble ; et s'il en est ainsi, toutes les consé(iuences
obtenues se conserveront aussi.
La commutabilité, la distributivité apportent encore aux
opérations des propriétés nouvelles, par voie de consé-
(|uence ; nous ne pouvons entrer ici dans tous ces détails.
Ce que nous avons dit doit suffire à faire comprendre la
portée considérable d'une théorie qui trouve ses applica-
tions directes dans le calcul des quantités complexes et
dans celui des quaternions, mais dont la généralité est
encore beaucoup plus vaste. Cette théorie générale des
opérations est appelée encore, croyons-nous, à bien des
développements et à bien des progrès; c'est elle, en réa-
lité, qui seule tend à donner à l'algèbre son véritable ca-
ractère, à préciser cette langue des calculs, à en perfec-
tionner sans cesse la grammaire et la syntaxe. Une fois
])ien établies, les propriétés essentielles d'une opération
ou de groupes d'opérations, applicables non seulement aux
(piantités ordinaires, mais à des objets quelconques aux-
quels ces opérations sont applicables, ne peut-on arriver à
constituer un symbolisme de nature à simplifier singuliè-
rement les raisonnements et les recherches, tout en aug-
mentant la rigueur des déductions ? Il y a lieu de ratta-
cher à cet ordre d'idées les tentatives faites pour exprimer
systématiquement les opérations logiques, celles qui ont
eu pour objet l'application d'un symbolisme spécial aux
faits de la chimie, etc. Si les Lois de la pensée, de Book,
si le Calcul des opérations chimiques, de Brodie, sont
encore de simples tentatives isolées, il n'est pas dérai-
sonnable de se demander si un jour ne viendra pas où
chacune des sciences qui le comporte sera pourvue de son
algèbre particulière, puisant ses . principes dans la théorie
générale des opérations. Il serait désirable, dans ce but,
que les éléments essentiels de cette théorie fussent fran-
chement introduits dans les programmes de l'enseigne-
ment supérieur. C.-A. Laisant.
11. Chirurgie. — L'opération chirurgicale est un acte
destiné à remplir une indication posée par l'examen du
malade. Bien qu'un certain nombre d'opérations se fassent
sans effusion de sang (catéthérisme, lithotritie), la plupart
comportent des diérèses et des exérèses plus ou moins éten-
dues. Nous n'avons pas à décrire la technique de chaque
opération, mais toutes comportent un certain nombre de
précautions générales, indispensables pour atteindre sans
encombre le but, qui est la guérison des malades. Ces pré-
cautions, qui doivent être mises en œuvre avant, pendant
et après l'opération, visent le milieu, le matériel (instru-
ments et objets de pansements), le malade, le chirurgien
et ses aides.
Milieu. — Lister avait donné une importance considérable
à la préparation du milieu, de là les belles salles d'opé-
rations que l'on trouve dans quelques hôpitaux, mais l'expé-
rience a montré qu'on peut se passer de ce luxe qui n'est
pourtant pas à dédaigner. Il suffit, en effet, que la salle
d'opérations soit inondée de lumière, dépourvue de toute
tenture, convenablement chauffée, d'une propreté méticu-
leuse et lavée au sublimé ou au chlorure de zinc. Pas de
balayage, pas d'époussetage à sec ; par surcroit, le chi-
rurgien fera avant Fintroduction du malade un spray phé-
ni(pié d'une heure, qui fera tomber et fixera les poussières.
Quelque utiles qu'elles soient, ces précautions ne sont même
pas absolument indispensables et cèdent le pas, en cas d'ur-
gence, aux mesures à prendre pour préparer le matériel,
le malade, le chirurgien.
Matériel. — Tout le matériel opératoire, instruments et
objets divers, tous les objets de pansement auront subi les
diverses préparations (bouillissage, étuvage sec ou humide),
qui doivent en assurer l'asepsie. Les objets de pansements
seront même chargés de substances antiseptiques (iodoforme,
salol, etc.), qui ajoutent à l'asepsie nécessaire l'appui si
prudent d'une bonne antisepsie. Tous les instruments né-
cessaires à chaque opération seront prévus en tenant compte
de toutes les éventualités possibles ; ils seront rangés mé-
thodiquement dans des récipients stérilisés en métal ou
en porcelaine, de façon à pouvoir être facilement trouvés
et pris par le chirurgien.
Malade. — La préparation du malade est générale et locale .
Générale : On lui inspirera confiance dans le chirurgien et
dans le résultat final de l'opération, et on lui donnera la
tranquillité d'esprit la plus complète. On se préoccupera,
en outre, de tous les états morbides diathésiques ou acci-
dentels qu'il peut présenter. Championnière a montré l'im-
portance de l'élimination normale de l'urée, de la quantité
des urines et, en général, de la dépuration normale de
l'économie. Les anciens et, après eux Verneuil et ses élèves,
ont insisté sur l'utilité de s'assurer avant toute opération
du fonctionnement régulier des reins, du foie. Le diabé-
tique, le goutteux, le pléthorique, l'obèse, tous victimes
d'une nutrition retardante si favorable aux infections mi-
crobiennes, deviennent la proie facile des infections sep-
tiques. On en revient aux pratiques préopératoires des an-
ciens : purgatifs, diète lactée, nourriture légère, bains,
frictions, etc. C'est là, en augmentant les résistances du
terrain, faire une antisepsie indirecte des plus importantes.
Il ne faut cependant pas s'attarder outre mesure à ces pré-
cautions et différer une opération qui peut être le seul moyen
de ramener l'état hygide; d'ailleurs, en cas d'urgence, on
opère, quitte à étudier bientôt son malade, le traitement
des tares organiques étant le meilleur moyen d'activer la
guérison. — Locale : indispensable, même en cas d'urgence,
la mise au net de la région opératoire sera faite d'après
les règles de l'asepsie et de l'antisepsie la plus sévère ; des
compresses assureront le maintien de l'état aseptique sur
tout le champ de l'opération.
Chirurgien et aides. — Les aides seront en aussi petit
nombre que possible et instruits de l'acte opératoire à exé-
cuter et de la méthode que suivra le chirurgien. Ils revê-
tiront des vêtements stérilisés et assureront autant que
possible l'asepsie de leurs mains et de leurs avant-bras.
OPÉRATION — OPÉRETTE
il 4
Nous ne peiisuiis pas (|ue les pratiques nouvelles d"oulj'e-
Rhin (gants d'opération, pièces stérilisées devant la bouche),
peut-être utiles en certains cas, soient près d'entrer dans
la pratique. Nous ne nous étendrons pas sur (es qualités
(|ue doivent avoir le chirurgien et ses aides; mais si les
derniers doivent être instruits, dociles, plenis d'initiative
et de confiance, l'opérateur devra allier à une instruction
complète une éducation d'amphithéâtre bientôt mûrie par
la pratique. C'est ainsi qu'il pourra avoir le sajig-froid qui
lui permettra d'entreprendre les plus difliciles opérations
de la prati([ue moderne et de les uiener avec célérité. Car
la fameuse formule des anciens, le hifo, cita, juciuide, n'a
pas perdu de sa valeur. La première condition est remplie
par l'asepsie fortifiée par Tantisepsie et aidée par la con-
naissance des tares organicpies du malade ; la troisième par
Vanesthésie (V. ce mot) et la seconde par la connaissance
des accidents produits par les trop longues anesthésies.
par les expositions à l'air et les manipulations trop pro-
longées des viscères profonds qui ont montré que la vitesse
opératoire n'est pas à dédaiguer.
Après l'opération, le malade sera porté dans une chambre
aérée, éclairée et débarrassée de toutes tentures, de tous
meubles qui pourraient l'ejicombrer. Bientôt le malade se
réveille de son sommeil anesthésique, peu à peu il reprend
ses sens et, après quelques vomissements cliloroformicpies.
tout rentre dans l'ordre. Mais après les graves opérations,
d'autres dangers sont imminents. Le collapsus, d'abord,
est à craindre, tantôt dû à des cliocs locaux ou à distance
du système nerveux, tantôt à des pertes sanguines exagé-
rées. La position en tète basse, la caféine, l'étber en in-
jeL'lions sous-cutanées, les lavements de Champagne, de
cognac, la respiration artificielle, les tcactions rythmées
de la langue, les inhakitions d'oxygène et surtout les in-
jections sous-cutanées ou inlra-veineuses de sérum arti-
ficiel (eau salée à 7 ^/oo) seront les moyens à employer.
On veillera avec soin au fonctionnement régulier des autres
appareils : poumon (bronchites post-anesthésiques, dyspnée
urémi(fue, congestions réflexes) ; cœur (asystolie nerveuse
ou par hypotension anémique) ; système nerveux (délire
toxique, alcoolique, urémique, infectieux, médicamenteux,
psychoses) ; appareil digestif et ses annexes, foie, reins,
dont il faut maintenir la voie libre pour l'élimination des
toxines. C'est ici (pie la diète des anciens reprend de hi
valeur. Championnière a montré combien il faut être sobre
d'aliments azotés chez ces opérés dont le rein doit déjà
suffire à une décharge organique si intense que la quantité
d'urée peut être cinq fois plus forte qu'avant l'acte opé-
ratoire. D'ailleurs, les opérés (|ui n'ont pour ainsi dire
pas perdu de sang, qui n'ont pas éprouvé, grâce à l'anes-
tliésie, de dépense nerveuse, supportent avec une extrême
facilité le régime léger qui leur comient. D'' S. Morer.
III. Finances. — Opérations de Banque (V. Banque,
t. V, pp. 2o2 et suiv.).
Opérations de Bourse (Y. Bourse, t. VIÏ, p. 8:2^, et
Agent de change, Bordereau, Coulisse, Cote, Cours.
Déport, Livraison, Marché, Report, Termk).
IV. Législation (V. Bourse).
BiBL. : Mathématique.^. — Gras8.\[Anx, Ausdcfumnas-
lehrc. — Hankel, Vorlcsiingcii nbcr dieConiplcxcn Ziililot
nnd ilire Functionen. — J Houel. Théorie élémentaire
des qiW7itités complexes ; P'dvis, 1874.
Chirurgie. — Forhue et Hi:cuus. Traité de thérnp.
cJùriirc/., dans Semaine médicale, [)a8siiii.
OPERCULINA (Paléont.) (V. Nummulite).
OPÉRETTE. Le mot d'opérette est tout moderne, et
l'objet qu'il désigne assez difficile à définir exacte-
ment. L'opérette n'est pas autre chose en effet que l'opéra-
comique, et si dans l'esprit de ceux qui emploient ce mot,
une différence existe entre ces deux genres, c'est dans le
style et la tenue musicale de l'œuvre, et non dans la
forme et les moyens employés qu'il faut la chercher.
Comme l'opéra-comique, l'opérette se compose de parties
musicales entremêlées de dialogue parlé, et la proportion
de ces deux éléments^, si elle n'est pas la même que dans
les opéras-comitpies les plus modernes (en ce sens que le
dialogue y tient une place plus considérable), se rapproche
sensiblement de celle usitée dans les opéras-comiques de
l'ancien répertoire. Le sujet des opérettes est généralement
plus gai et plus libre ; dans bien des pièces contempo-
raines cette gaieté et cette liberté dépassent souvent les
limites permises parle bon goût, et beaucoup de ces petits
ouvrages présentent des situations scabreuses à l'excès:
le dialogue y affecte des allures comiques souvent assez
grossières. (Juant à la partie musicale, il faut bien avouer,
qu'à ])art quelques rares exceptions, sa valeur artistique
est des plus médiocres. Les artistes qui interprètent ces
pièces étant presque toujours très faibles musiciens, il
serait impossible de leur confier des rôles d'une réelle
importance. Aussi, trop souvent, la musique de l'opérette
ne s'élève-t-elle guère au-dessus de celle des cafés-
concerts. La plupart des morceaux y prennent des allures
d'airs de danses et se déroulent dans des proportions fort
restreintes, sans aucun développement, sur des rytlimes
rebattus, au milieu des modulations les plus plates et les
plus vulgaires. Une certaine verve bouffonne, une diction
propre à mettre en relief les ])arties comiques du dialogue,
uu jeu animé et spirituel, vodà ce qui fait le mérite des
acteurs d'opérettes. Or ces qualités, quelque estimables
(ju'elles soient, n'ont rien précisément de musical.
Si la plupart des musiciens qui cultivent ce genre s'ac-
commodent parfaitement de l'infériorité de leurs inter-
prètes et mettent leurs inspirations exactement en rapport
avec les conditions qui leur sont failes, quehjues-uns ont
montré plus de souci de l'art; ils ont réussi, malgré tout,
à faire preuve d'un talenl nuisical fort réel. Les nom-
breuses opérettes deCb. Lecocq, par exemple, celles, plus
modernes, de A. Messager, pour ne citer que ces deux
noms, ne sont pas inférieures aux meilleurs opéras-comiques
du répertoire. Le style, l'instrumentation, y sont égale-
ment soignés : la vulgarité en est absente et, malgré les
ressources restreintes mises en (euvre, le résultat est vrai-
ment artistique et original. Dételles pièces ne diffèrent de
bien des opéras-comiques que parce qu'elles ne furent pas
destinées à ce tbéàtre : bien des ouvrages du répertoire de la
salle Favartleur seraient, sur plusieurs points, inférieures.
La plupart des opéras-comi(jues d'Adam, de Clapisson,
de Grisar, etc., ne sont que des opérettes; et de telles
œuvres, aujourd'hui, ne figureraient qu'à la scène des
théâtres de genre. Ceci se comprend fort bien. Nous avons
vu (V. Opéra-Comique) que le style des pièces destinées
au théâtre Favart ou à Leydeau s'était progressivement
élevé jusqu'à se confondre avec le style des véritables
opéras. Cette tendance ancienne s'est, de nos jours, affirmée
à ce point qu'il n'y a guère que de légères différences exté-
rieures entre le répertoire ordinaire des deux grandes
scènes, et que plus d'une pièce a passé de l'une à l'autre.
Aussi l'ancienne comédie à ariettes, le genre comique et
famiher où la musi([ue tenait peu de place et n'employait
que très petits moyens, peu à peu chassé du théâtre de
ses débuts où il faisait disparate avec d'autres œuvres pbis
musicales, dut chercher ailleurs un refuge. Sur des scènes
plus petites et sans prétention, telle pièce, (|ui se fut appelée
jadis opéra-comique, prit un autre nom. Le nom d'opérette
employé pour la première fois plût sans doute : il fit ra-
pidement fortune.
(>)mme toute chose, ce genre, une fois constitué, évo-
lua à son tour. Après avoir perpétué quel(|ue temps les
traditions de l'opéra-comique ])rimitif, il se jeta délibé-
rément dans le comicpie excessif, dans la fohe bouffonnerie
avec Jacques Offenbach (V. ce nom). Ce musicien, incor-
rect et vulgaire, mais à qui on ne peut refuser une verve
et un entrain réels, fit fureur pendant une dizaine d'années
(de 18(30 à 1870 environ); mais le public se lassa de ces
excentricités. Le mérite de ces pièces est d'ailleurs plus
littéraire (si l'on peut user de terme) que musical, et
comme les plaisanteries passent vite de mode, nous com-
prenons difficilement aujourd'hui ce comique que nousjii-
— 415 —
OPERETTE — OPHIOGLOSSE
geons pénible et lourd. Les reprises des anciens succès
d'Offenbach ont toujours excité plus de surprise que d'en-
thousiasme ; nous n'y retrouvons pas le plaisir qu'y
prirent les contemporains.
Ch. Lecocq donna un des premiers le signal de la réac-
tion ; ses opérettes d'un genre plus tempéré et plus sen-
timental aussi, et surtout infiniment mieux écrites et plus
musicales, eurent un succès qui dure encore. Jonas, Au-
dran, Varney, Planquette, Vasseur, Lacôme, Messager, etc. ,
ont, avec des talents divers, suivi la même route ou à peu
près. Cependant il y a quelques années, ce fut surtout
dans la licence des sujets et le ris.|ué des situations que
l'on chercha un élément de succès. On semble aujourd'hui
fatigué de ces plaisanteries d'un goût douteux et toujours
identiques. Les sujets modernes sont à la mode, et h
partie musicale se restreint de jour en jour dans beaucoup
de ces petites œuvres, qui, à quelques exceptions près,
tendent à se confondre avec de simples vaudevilles. D'une
façon générale, on peut dire que le pubUc semble un peu
se détourner de ces spectacles ; les opérettes clas-
siques, déjà connues, lui suffisent. Peut-être est-ce au
goût de la vraie musique, qui fait des progrès quotidiens,
({u'il faut attribuer la décadence de ces œuvres d'ordre in-
férieur. H. Ol'I'i'tahd.
BiiJL. : Lack, Der Opcretloifàlirer ; Berlin, 189t.
OPHAIN-Bois~Seign:<:l'r-Isâac. Ville de Belgique, prov.
de Brabant, arr. de Nivelles, à 22 kil. de Bruxelles ;
1.800 hab. Exploitations agricoles.
OPHEL (littéralement la colline). Quartier S. -E. de
Jérusalem à J 'époque ancienne.
OPHELTÈS (Mythe gr.). Fils du roi de Xémée Lv-
curgue. Lors de l'expédition des Sept contre Thèbes, sa
garde, Hypsipyle, voulant indiqu3r une source à Lycurgue,
déposa l'enfont dans l'herbe où il fut mordu par un ser-
pent. Il en mourut et ce fut, dit-on, en son honneur qu'on
institua les Jeux Néméens. Il y était vénéré sous le no:u
lYArchemoros.
OPHlCHTHYS.GenredePoissonsTéléostéens.derordie
des Physostonies et de la famille des Murœnidœ, que
Gunther différencie des autres types de la famille par les
jiarines labiales et l'extrémité de la queue libre, sans na-
geoire. Ce sont des animaux propres aux mers tropicales,
n'atteignant pas une grande taille, mais très voraces et ar-
més d'une formidable dentition. VOphichthys crocodili-
nus est le type du genre. Rochhr.
Biv.L. : GuNïHKR, Stiidy of Fishes.
OPHICLÉIDE ou SERPENT À clefs. Instrument de
musique dérivé du serpent (V. ce mot) et inventé par le
facteur français L.-A. Prichot en 1800. Nommé d'abord
basse-cor, puis basse-trompette, après un perfectiojuie-
ment apporté par l'inventeur, il reçut d'Halary en 1817
son nom défmitif. Le bois puis le cuivre ont été successi-
vement employés dans la construction de cet instrument.
On a fabriqué des ophicléides attos en fa et en mi y^
l)asses en ut et si b, et contretmsses en fa et yni [?
grave. Mais l'ophicléidc basse est demeuré à peu près
le seul qu'on ait utilisé.
Peu dinstruments ont été aussi calomniés que celui-ci.
Bien que possédant un son très personnel, à la fois pi'o-
fond et anq:)le, il a été victime d'un préjugé fort répandu
(pii Taccusait de manquer de justesse. Mendelssohn, Berlioz
ont employé rophicléide, mais il a été détrôné par le tuba
(V. ce mot) qui n'a pas ses qualités de timbre. Peut-être
un jour viendra où les compositeurs, mieux éclairés sur
les ressources de cet instrument, lui rendront à l'orchestre
la place qui n'aurait pas dû lui être enlevée. On doit à
Berr, à Caussinus et à V. Cornette des méthodes d'ophi-
cléide.
OPHIDÈRE (Entom.). Genre dlnsectes Lépidoptères
Hétérocères, de la famille des Noctuelides, établi par Bois-
duval {Failli, Madag., 1834). Ce genre est caractérisé
par une particularité de la trompe qui, au lieu d'être souple,
devient rigide, perforante, capable de tarauder les enve-
loppes les plus résistantes. Les individus sont de grande
taille et habitent les régions intertropicales. L'espèce type
0[)liidera fuUonica mâle.
est rO./i///oH/{,ïfL., d'une envergure de 120 millim., (jui
perce les oranges pour se nourrir de leur suc.
BiîîL. : huvoRT, BhU. Soc. d'Acclim., 18T(j. — Kuncll -,
Comptes rendus Acud. des se., août 1875.
OPHIDERPETON (Paléont.). Huxley a établi ce geiu'e
en 4867 pour un Amphibien (fenviron 0"\50 de long
trouvé dans le carbonifère supérieur LLIrlande. Le corps
serpentiforme, apode, est recouvert sur le dos de petites
écailles semblables à des grains de chagrin ; le ventre est
protégé par des écailles étroites et allongées, qui, dans la
région du cloaque prennent la forme d'é;'ailles pectinées ;
les vertèbres sont nombreuses, 100 environ, amphicoe-
lienncs, avec les apophyses transverses très développées.
Cinq espèces de plus petite taille que 0. Brownaggi, type
du genre, ont été découvertes dans le terrain permien
inférieur de Bohème et décrites par Eritsch. Le genre
Ophiderpeton fait partie de l'ordre des Stégocèpliales,
famille des Aistopoda. E. Sauva(,i:.
BiiiL. : I.YDj:îvKr:R, (\it. foss. ReptU'ui Ih'itish Mus.,
t. IV. —ZiTTEL, Tniité de pcdéontolo(jie, t. III.
OPHIDIENS (V. Serpent).
OPHIDMDES (V. Serpzni).
OPHIOGEPHALUS (ïcbtyoL). Genre de Poissons Té-
léostéens, del'ordre àcsAcanthoptéi'ygiens Channiformes
et de la famille des Opfiiocephatidœ. Ce sont des ani-
maux à corps allongé couverts d'écaillés assez grandes, la
tête est plus ou moins déprimée, aplatie en dessus, le mu-
seau très court, large, o])tus, les yeux sont situés très en
avant. Sur presque toute la longueur du dos règne une na-
geoire dont tous les rayons sont articulés. Les Opbiocepha-
lus sont propres à l'Inde, à la Chine, à l'archipel Malais et
à l'Ouest Africain. Une conformation pai'ticulière de l'ap-
pareil bi^anchial fait que ces animaux peuvent vivre assez
longtemps hors de l'eau. Leur vie est si dure, dit Valen-
ciennes, qu'on les coupe en morceaux sans les tuer d'abonl.
On ne connaît que très im])arfaitement l'appareil respira-
toire des Ophiocephalus. Rochrk.
BiBL. : Sauvagk, clans Bri^iim., éd. l'r., Poissons. — Gun-
TÎIER, StudlJ of Fishes.— VALKNCII-NMiS et CuviKR, llist.
des Poissons.
OPHIOGLOSSE. I. Botanique. —Genre de végétaux de
la famUle des Ophioglossées, ordre des Marattioidées; classe
des Fihcinés. — Tige verticale, invisible, hypogée etcoiu'te,
jamais ramifiée, produisant une feuille par an, soutenue
par des faisceaux libéro-ligneux collatéraux, anastomosés
en mailles lareres ; écorce et moelle sans sclérenchvme.
OPHIOGLOSSE — OPHISAURUS
— 416 —
La feuille complète, abritée par une production de la
tige jusqu'à son développement, emprunte à la tige un
seul faisceau libéro-ligneux, qui se ramifie dans son limbe,
sans fournir de nervures extérieures, en trois, cinq ou
sept brandies; sa croissance est remarquablement lenle ;
elle n'offre aucun sclérencbyme et présente uji grand
nombre de stomates. La racine est parfois protégée par
(pielques assises de liège ; son écorce est particulièrement
riche en amidon ; son cylindre central renferme tantôt
deux faisceaux ligneux réunis par leurs gros vaisseaux
{0. palmafiwiy macrorhiza) ou séparés {0. capeme).
tantôt trois faisceaux (0. pendulum). Il contient autant
de faisceaux libériens, sauf dans certaines espèces où à
deux faisceaux ligneux ne correspond qu'un seul faisceau
libérien (0. vulgatum, pedunculosumy etc.); il n'y a
jamais dans ce cas formation de radicelles et, au contraire,
production exagérée de bourgeons adventifs. — Les spo-
ranges sont localisés sur un lobe séparé de la feuille qui
affecte alors la forme d'un épi pédoncule, généralement
aigu et comprimé d'avant en arrière, né soit au milieu
du limbe (0. pendulum), soit à sa base (0. vulgatum),
soit enfin à la base du pétiole de la feuille mère (0. Ber-
gianum)y généralement simple, mais pouvant être double
ou triple. Les sporanges sont situés sur deux lignes paral-
lèles ; la déliiscencc est horizontale.
Les spores, de forme tétraédrique, donnent naissance
à un prothalle mal comui, massif, hypogé chez Ophio-
glossum pedinicuîosinu, dépourvu ùc chlorophylle et
pouvant atteindre tles dimensions relativement considé-
rables, toujours monoïque. Ce prothalle donne naissance,
tantôt à des anthéridies très profondément enfoncées dans
sa masse, tantôt à des archégones à col extrêmement court
faisant à peine saillie à l'extérieur. — Les Ophioglosses
se rencontrent également dans toutes les parties du
monde ; il en existe une espèce fossile : Ophioglossum
eocemim. — Outre le genre Ophioglossum, la famille
des Ophioglossées renferme les genres Botrychium et
Uelmintostachgs, ce dernier se rencontrant uniquement
dans l'Asie Mineure et ne différant guère des deux pre-
miers que par l'horizontalité de sa tige et quelques autres
caractères secondaii'es. Henri Fournier,
IL Paléontologie. — • Les Ophioglosses (Ophioglossées),
parleur organisation, répondent à un type végétal qui est
certainement antérieur aux différenciations successives qui
ont donné naissance d'abord aux Fihcinées (V. Fougères).
puis aux Lycopodinées et aux Rhizocarpées. Mais ces
plantes à structure délicate et à rhizome souterrain ont
dû périr, dans la majorité des cas, sans laisser de traces
de leur existence (Saporta et Marion). C'est ce qui fait
qu'on ne les retrouve pas dans les terrains anciens et
qu'il faut arriver au keuper, dans le trias, pour trouver
une véritable Ophioglossée, le Chiropteris Kurriana
Schimp. Un autre type a été découvert dans le wealdien
d'Osterwald (Allemagne du Nord), le Hausmannia Dun-
keri Schimp., suivi d'autres espèces jusqu'à ce jour.
OPHION (Entom.). Genre d'Insectes Hyménoptères, de
la famille des Ichneumonides, établi par Fabricius (Enf.
Syst., Supp., 1798) et qui
a donné son nom à la tribu
des Opioninœ. Cette tribu
est caractérisée par l'abdo-
men comprimé verticalement ,
pétiole, recourbé en faucille,
et des antennes filiformes.
Elle comprend les genres
Ban chu s, Anomalon,
Ophion, Paniscîis, etc. Dans
le genre Ophion, les deux
nervures récurrentes abou-
tissent dans la première cel-
lule sous-marginale. Ce sont
des Insectes très élégants, de couleur jaune, rouge jau-
nâtre ou brun grisâtre. On les trouve sur les buissons, les
Ophioii lutcus L.
haies en fleurs. Les larves vivent aux dépens des chenilles
de Bombycides et de Noctuélides. On compte une trentaine
d'espèces européennes. 0. luteus L., d'un jaune testacé,
à tète roussàtre, est commun en France.
Bip>L. : GRAXESuoiifiT. IcJmeumonolofj la Europa^i. t. III,
p. 431.
OPHIORHIZA {Ophiorhiza L.). Genre de Kubiacées-
Oldenlandiées, composé de plantes herbacées ou sous-fru-
tescentes, propres aux régions chaudes de l'xVsie, à feuilles
opposées, épaisses, stipulées, à fleurs disposées en cymes
dichotomes ou unipares, axillaires ou terminales. Les
fleurs, hermaphrodites ou polygames, possèdent un ré-
ceptacle subglobuleux qui porte un calice court à 5 divi-
sions et une corolle infundibuliforme à 5 lobes obtus.
L'ovaire, infère, est bih)culaire. Le fruit est une capsule
comprimée à 2 lobes et à déhiscence septicide ou loculi-
cide. Les graines sont nombreuses et renferment un al-
bumen charnu presque corné dont l'axe est occupé par
un embryon orthotrope. Ce genre renferme 45 espèces,
parmi lesquelles : 0. Mungos L., le Mungo de Ksempfer,
commun à Ceylan, à Java et à Sumatra, et dont la racine
présente une amertume telle que les Malais l'appellent
Hampaddu, c.-à-d. fiel de terre. C'est le Badix Mungos
s. Serpentinum des officines. Elle passe pour être un
remède infaillible contre la morsure des serpents venimeux
et contre le poison de VAntiaris toxicaria L. Les indi-
gènes l'emploient contre l'hydrophobie et le traitement des
fièvres infectieuses ; elle est aussi préconisée comme ver-
mifuge. L'O. Japonica Bl. jouit des mêmes propriétés.
OPHIOXYLON (Ophioxylinn L.). Genre d'Apocyna-
cées-Ophioxylées, dont l'unique espèce, 0. serpentinum
L. ou Serpentine Qst un petit arbrisseau des Indes orien-
tales, à feuilles verticillées, à fleurs disposées en cymes
axillaires. Le calice à 5 lobes est persistant ; la corolle
infundibuliforme, profondément quinquélobée, est hypo-
gyne ; 3 étamines. presque réduites aux anthères, sont
insérées sur le tube de la corolle. L'ovaire, didyme, est
à 2 loges uniovulées. Le fruit est formé de 2 drupes
noires ou rouges, renfermant chacune un noyau rugueux
monosperme ; l'embryon est placé dans l'axe d'un albu-
men charnu. — Son bois constitue un des Bois de cou-
leuvre du commerce. Sa racine passe à Ceylan, aux Mo-
luques et dans les îles de la Sonde, pour un spécifique
infaillible contre la morsure des serpents venimeux et
pour le meilleur antidote contre les flèches empoisonnées
des Indiens. A forte dose, elle constitue un purgatif vio-
lent. Elle sert contre les fièvres intermittentes et v^omme
vermifuge. Cette racine a longtemps passé pour être le
Chuen-lien, Chynlen, etc., des Chinois; celui-ci vient
d'une Renonculacée-Helleborée, le Coptis Teeta Wallich.
OPHIR. Pays oriental qui fut en relations commer-
ciales avec les Hébreux par l'intermédiaire des ports édo-
mites de la mer Rouge. On raconte que Salomon y fit
chercher (par des marins tyriens) de l'or, du bois de
santal, des pierres précieuses, de l'ivoire pour décorer le
temple de Jérusalem (on en ramena aussi des paons).
D'innombrables Mémoires ont été écrits pour en
fixer l'emplacement. On a proposé l'Yémen, diverses
régions des côtes de l'Inde, la presqu'île de Malacca
(Baer), le pays africain de Sofala (Mauch), le golfe Per-
sique (Glaser), et jusqu'à la Chine et même l'Amérique.
L'hypothèse la plus généralement admise est celle de
Lassen, qui place l'Ophir sur la côte N.-O. de l'Inde oii
se retrouvent des peuples pasteurs du nom à'Abhira.
La richesse d'Ophir, en or très pur, rappelle celle de la
satrapie perse de l'Inde qui payait seule son tribut en
or. — D'autres pensent que le nom d'Ophir n'avait
qu'un sens vague et désignait toutes les régions rive-
raines de l'océan Indien, au delà de la mer Rouge.
A.-M. B.
OPHISAURUS. Genre de Sauriens de la famille des
Chalcididœ, comprenant les animaux à corps cylindrique,
serpentiforme, à tronc presque toujours confondu avec la
417 —
OPHISAUHUS -~ OPHITE
tète et la queue, portant circulairement des traces d'anneaux.
La seule forme connue est YOphisaurusventrails. Sa colo-
ration assez variable consiste en général en bandes longi-
tudinales brunes alternant avec des lignes jaunâtres, le
ventre est blanc. Chez cet animal, la queue occupe les deux
tiers de la longueur totale du corps. Il habite les parties
S. des Etats-Unis et est assez commun dans les Carolines,
il se tient dans les endroits secs et se nourrit d'insectes et
de petits animaux. Il est extrêmement difficile de le cap-
turer à cause de son excessive fragilité, il se brise au
moindre attouchement, ce qui lui a valu le nom àe Serpent
de verre. Rochbr.
Biiji., : Sauvagi:, dins Bri^iim., éd. f'r,
OPHITE (Pétrog.). Le terme d'ophite a été créé par
Palassou poiu' désigner certaines roches éruptives très fré-
(juentes dans les Pyrénées, se présentant avec un faciès
et un mode de gisement spéciaux, à tel point qu'on a dis-
cuté longtemps avant que leur origine nettement éruptive
ait été admise d'une façon unanime ; des roches ana-
logues se retrouvent en Lspagne, en Algérie, etc. Toutes
ces roches, caractérisées par la structure à laquelle elles
ont donné leur nom (V. OpurriQUE), n'ont pas une compo-
sition minéralogique constante et ne forment pas une
famille pétrographique bien homogène, en sorte que le terme
d'ophites, si fré([uemment employé, a une valeur plutôt
géologique.
Les ophites sont des roches de composition basique et
de couleur très foncée, en général verdàtre, tantôt sans
cristaux visibles à l'œil nu, tantôt avec des cristaux blancs
de feldspath tranchant sur le fond de la roche. Au micros-
cope, on y reconnaît toujours l'existence de ces cristaux
ophitiques de feldspath plagioclase (qui est, suivant les
cas, de l'oligoclase ou du labrador), moulés par des plages
irrégulières d'éléments ferromagnésiens, qui sont généra-
lement un pyroxène voisin du diallage ou de l'augite, mais
d'ordinaire transformé plus ou moins complètement par
ouralitisation en amphibele secondaire, et même très fré-
quemment devenu presque méconnaissable par le dévelop-
pement ultérieur de chlorite et d'épidote. Ces roches sont
donc généralement des roches très altérées, qui se rappor-
tent le plus souvent à des diabases ophitiques ; mais on a
aussi compris sous le même nom d'autres roches basiques
très diverses.
La question de l'âge et du gisement des ophites n'est
pas encore généralement résolue, et c'est l'un des pro-
blèmes les plus difticiles de la géologie des pays où elles
se rencontrent. Ces roches sont souvent accompagnées de
gypse et de sel gemme, attribués par (certains géologues à
l'action des vapeurs accompagnant leur venue sur les roches
encaissantes, tandis que d'autres (et c'est l'opinion (pii
tend à se généraliser) considèrent les gypses et le sel
gemme comme des roches sédimentaires triasiques, tra-
versées par l'ophite. Les relations des ophites avec des
(îouches sédimentaires d'âge connu sont, en général, très
difficiles à observer ; autrefois, toutes les ophites des Py-
rénées étaient considérées comme des roches très récentes,
épanchées àl'épocpie tertiaire, et actuellement encore cer-
tains géologues algériens considèrent les ophites de leur
pays comme miocènes ou pliocènes. Par contre, la consta-
tation récente, en un certain nombre de points de l'Algérie,
de l'origine sédimentaire et de l'âge triasique des gypses
et sels gemmes qui pointent avec les ophites au milieu des
terrains plus récents, ainsi ([ue l'association très fréquente
de ces roches avec des affleurements triasiques dans les ré-
gions dislocpiées, permettent de les considérer comme devant
être très souvent d'âge secondaire et même peut-être en
certains points de la tin du Trias, comme les roches ba-
siques du Tyrol ; dans certaines localités des Pyrénées,
M. Lacroix, en étudiant les pliénomènes de contact très
intéressants des ophites avec les roches encaissantes, a pu,
par contre, constater que les calcaires ju»'assiques avaient
été métamorphisés. D'un autre côté, ce qui précède n'ex-
clut pas la possibilité d'autres venues phis récentes, à
GUAXDE EiNCVCLOPÉDlt:. — XXV.
l'époque tertiaire, et il est très vraisemblable que les
ophites, ainsi d'ailleurs que les divers types de roches
éruptives, ont pu traverser la croûte terrestre à diverses
époques. L'unité admise autrefois pour cette série déroches
au point de vue géologique n'existerait donc pas plus que
son homogénéité au point de vue pétrographique. L. B.
Structure ophitique. — On désigne sous ce nom
une structure spéciale à certaines roches éruptives,
complètemeni cristallisées et formées fondamentalement
d'un feldspath plagiocase et d'un silicate ferromagnésien
(pyroxène, plus rarement amphibole). Dans ces roches, la
1. Feldspath }3laiiioclase avec lamelles héniitropes de
la iiiâcle de l'albite ; 2. Pyroxène-augite.
cristallisation a connnencé par l'un de ces deux éléments, en
général le feldspath, qui se montre individualisé en cris-
taux bien définis et pourvus de la forme cristalline (|ui
leur est propre, tandis que l'autre élément fondamental a
dû mouler ces cristaux déjà formés et se présente en
plages irrégulières dépourvues de formes propres.
Les diabases ophiti(pies (V. Diâuase), ([ui sont les roches
les plus importantes présentant cette structure, sont for-
mées de cristaux de feldspath plagioclase, aplatis suivant
la face ^^ (010), ou allongés suivant l'arête p(/ (001)
(010), englobés dans des plages irrégulières d'augite.
Certains basaltes complètement (Tistallisés montrent au
secjnd temps de leur consolidation une structure ana-
logue, dite microphitique ; mais dans certains d'entre
eux il se produit une inversion dans le rôle respectif du
feldspath et de l'augite : c'est alors l'augite qui se montre
en cristaux définis, englobés dans des plages feldspathiques
irrégulières {ophiiisme feldspathique). L. B.
OPHITE. Nom général donné à une série de com-
munautés gnostiques (V. Gnosticisme). On range dans
cette catégorie les naasséniens ou ophites proprement
dits, les pérates, les caïnites, les séthiens (V. ces
mots), puis des groupes moins importants ou moins con-
nus, comme les stratiotiques, les phibionites, les borbo-
riens, les barbéliotes et d'autres. Leur caractère commun
est le rôle attribué dans leur symbolisme et dans leur
culte au serpent (091; en grec). Comme dans pres(]ue
toutes les sectes ophiolàtres de l'antiquité, le serpent sym-
bolisait ime puissance salutaire, guérissante ; dans les
écrits sacrés de l'église chrétienne, ces gnostiques met-
taient en évidence l'histoire de Moïse et du serpent d'ai-
rain (Nombres, xxi), rappelée par Jésus-Christ (Jean,
III, 14). Le serpent représentait d'ordinaire l'élément hu-
mide, fécond par excellence, qui pénètre tout et d'où
émanent les éons, les incarnations les plus variées. Le
serpent, pour eux, renferme tout en lui « comme la corne
de la licorne ». Des serpents apprivoisés figuraient dans
les cérémonies des cultes ; il en circulait sur les tables
dressées pour Feucliaristie. Par un jeu de mots, on rap-
prochait le mot grec }iaos (vad:, « temple »)du mot sémi-
27
OPHITE — OPHTALMOSCOPE
— 418 —
tique iiahas (serpent), et on déelarait inséparables l'idée
de culte et celle de serpent. F. -H. K.
OPHIUCHUS (Astr.). Grande constellation des hémis-
phères boréale et australe, appelée aussi Arisiée, Escu-
lape, le Serpentaire. Elle est située entre Hercule, la
Balance, le Scorpion, le Sagittaire, Antinous, F Aigle et
Cerbère. Comme déclinaison, elle touche au 16^ N., et au
^O'^ S. ; comme ascension droite, aux 240« et 280». Elle
comprend une centaine d'étoiles visibles à l'œil nu, parmi
lescpielles a Ophiuchus ou Ras-al-agh, do grandeur 2,2,
j3 0. ou Celbabrai, de grandeur 2,1), t] 0. ou Alsabyk,
de grandeur 2,5, et quatre étoiles doubles.
OPHIURE. 1. ZooLOGiK (V. Oi>muiui)i':s).
IF Paléomologh:. — On trouve déjà des Ophiures dans
le cambrien de Bala (pays de Galles) ; ils appartiennent au
genre Proiaster. Ce même genre et les genres Palœaster.
Urasiella, Palaslerina et Tœiiiaster sont plus abon-
dants dans le silurien supérieur d'Angleterre et de l'Amé-
rique du Nord, où se trouve pour la première fois une
forme d'Euryale (Eucladia). Dans le dévonien et le car-
bonifère, les deux sous-ordres actuellement vivants conti-
nuent à se développer, mais toutes ces formes paléozoïques
appartiennent à des genres éteints et se distinguent (à
l'exception de Xenaster du grauwacke rhénan), par la dis-
position alternante des plaques ambulacraires ; d'ailleurs à
cette époque les caractères distinctifs des Stellérides et des
Ophiurides sont encore indécis, et certaines formes (Pro-
lasler, Tœ.nias 1er) sont difficiles à classer. Dans le trias,
Aspiditra est très abondant, et dès le jurassique on trouve
des formes peu différentes des genres actuels. Le Geocouui
elegans se rencontre à la Voulte (Ardèche), par mihiers,
dans le grès ferrugineux callovien. L'étude des formes fos-
siles prouve que, chez les Euryalides, les bras ramifiés pro-
viennent de bras primitivement simples. E. ïrouessaut.
OPHIURIDES (ZooF). Groupe d'Echinodermes carac-
térisé par de longs bras flexibles, très nettement dis-
tincts du disque aplati qui enferme en entier l'estomac
et les glandes sexuelles. Fes gouttières am])ulacraires
sont recouvertes de plaques ou fermées par une membrane
qui forcent les ambulacres à saillir sur les côtés des bras.
Les ouvertures génitales et la plaque madréporique sont
situées au côté ventral; il n'existe pas d'anus. Un certain
nombre de formes ont les bras ramifiés, soit à l'extrémité,
soit dans toute leur étendue. Fa larve de la plupart des
espèces prend la forme dite Pluteus (V. Eghinodermes),
mais il existe des formes vivipares. On divise les Ophiu-
rides en deux sous-ordres : les Ophiures, dont les bras,
simples, ne sont pas volubiles, et les l'Auyales, aux bras
simples ou ramifiés, chez lesquelles les bras dépourvus de
plaques calcaires peuvent s'enrouler vers la bouche. Ces
deux divisions réunies comprennent plus de 80 genres ac-
tuels. R. MONIEZ.
OPHRA. Nom de deux localités de la Palestine an-
cienne, Fune dans la tribu de Benjamin, l'autre dans la
tribu de Manassé, à l'O. du Jourdain; celle-ci était le
siège d'un sanctuaire dont on faisait remonter l'origine
au juge Gédéon, qui v serait né et v aurait été enseveli.
ÔPHRYON (Anat.)'(V. CkAke, t. Xlll, p. 265).
OPHTALMIE. Jadis on désignait ainsi toutes les ma-
ladies de l'œil et des paupières. Grâce aux progrès do
l'oculistique, on désigne maintenant sous ce nom les in-
flammations de 'la conjonctive (V. CoNjoNcnvrrE). On ne
s'en sert plus guère que pour désigner Vophtalmie sy)ii-
pathique, affection grave survenant dans un œil sain par
propagation de l'infection de l'œil malade ou par phéno-
mènes sympathiques. Forsqu'il y airitis, irido-cyclite dans
un œil et que l'autre œil devient douloureux (douleurs
ciliaires), il faut craindre Fophtalmie sympathique, (pie
seule Fénucléation de To'il malade pouri'a enrayer et ainsi
sauver F(cil resté sain, mais menacé.
OPHTALMIQUES (Nerfs, vaisseaux) (V. OEil).
OPHTALMOLOGIE. On donne ce nom ou celui à'ocii-
listi'jne à la science qui s'occupe des maladies de ]\n\.
Elle était en honneur dès la plus haute antiquité, mais
alors était empiriiiue ; ce n'est guère qu'au xvni^- siècle
(ju'elle est devenue une science positive (opération de la
cataracte par Daviel) et dans ces dernières années, elle a
fait d'immenses progrès grâce à Fanatomie et à la méde-
cine opératrice. F'antisepsic a été pour la chirurgie ocu-
laire un immense bienfait ; car, dans ces opérations sur
Fœjl, si délicates, la moindre infection amène la suppu-
ration et l'insuccès complet. Enfin, grâce aux progrès de
l'optique, les maladies de la réfraction, myopie, astigma-
tisme et hypermétropie, ont pu être corrigées, etFemploi
de l'ophtalmoscopc a permis de diagnostiquer exactement
les maladies du fond de l'œil.
OPHTALMOMÈTRE. Nom donné à plusieurs instru-
ments imaginés pour mesurci' les diverses parties de l'œil.
Celui de F. Petit servait à déterminer la capacité de ses
chambres ; celui de Helmholtz, le plus connu, à obtenir les
rayons de courbure des surfaces réfringentes de Vœil . Fes op-
tomètres sont également des ophtalmomètres(V.OpTOMÉnuE).
OPHTALMOSCOPE. On donne ce nom à un instrument
destiné à éclairer le fond de Fo'il ; il a été découvert par
Helmlioltzenl851. II en existe - ^
de modèles les plus variés. Fe
plus simple consiste en un
miroir concave, percé d'un
trou central et monté sur une
petite tige d'ivoire qu'on tient
dans la main. On s'aide éga-
lement d'une loupe de qua-
torze dioptries environ, qui
permet d'examiner Fœil à
l'image renversée. F'examen
doit se faire dans une chambre
obscure, on éclaire avec une
bonne lampe à huile, au pé-
trole ou au gaz. Il y a des
ophtalmoscopes plus compli-
qués ; ils consistent en un
disque adapté derrière le mi-
roir et contenant une série de
verres concaves, convexes et
même cylindricpies, qui per-
mettent, non seulement d'exa-
miner le fond de Fœil des
amétropes, mais do corriger
leur myopie, hypermétropie ou
astigmatisme ; ce sont les ophtalmoscopes à réfraction,
instruments indispensables à l'oculiste et qui demandent
une grande habitude pour être bien maniés. C'est grâce
Oplitalmoscopc.
Examen de l'œil à r()i)litalmoscopc.
à l'ophtalmoscope et aux ombres portées qu'il projette sur
la cornée que Cuignet a fondé une méthode simple et pra-
tique de déterminer objectivement l'état de réfraction de
l'œil. C'est la kératoscopie qui rend journellement d'im-
— 419 —
OPHTALMOSCOPE — OPIMIA
menses services. Sans l'ophlalmoscope, l'oculistique ne
connaîtrait que les maladies externes des yeux. C'est grâce
à ce merveilleux instrument que l'oplitalmoiogie est
devenue une véritable science.
OPHTALMOSTÂT. On donne ce nom à des instruments,
pinces, etc., qui servent à fixer le globe oculaire en pin-
çant la conjonctive, ce qui permet de pratiquer plus faci-
lement les opérations sur l'œil : cataracte, iridectomie , pa-
racentèse, etc.
OPIANINE.l^orm. | ^1^^^ e-^^FFAzO^.
llinterberger a o])tenu un alcaloïde, auquel il donna h
nom d'opianine, en précipitant l'extrait aqueux de l'opium
d'Egyple par rammoiiia([ue. L'étude plus approfondie do
ce corps a montré qu'il élait identique à la narcotine
(V. ce mot). C. M.
OPIANIQUE (Ac). l<orm. | ^^^^^^ {:}iO}iio0-,,
L'acide opianique a été découvert par Liebig et Wohler
dans les produits d'oxydation de la narcotine sous l'iji-
iluence d'un mélange de peroxyde de manganèse et d'acide
sulfurique. La plupart des agents oxydants produisent la
même transformation.
C^^l^'^AzO^'* 4- 0^- _r C/OlF^oio _|_ C2iiii3^vz0^
Narcotine. Aciclo Cotarniuc.
n[)ianiquo.
L'acide cristallise en prismes minces souvent groupés
concentriquement et enchevêtrés. Il est incolore, d'une
saveur amèrc et d'une faible réaction acide. L'eau bouil-
lante, l'alcool, l'éther, le dissolvent facilement.
Les oxydants transforment l'acide opianique en un autre
acide, l'acide liémipinique, C'^^H^^O^^.
C20fiiooio_j_o2— C^ofl^Ws.
L'hydrogène naissant réduit l'acide en méconine :
(^^20Hiooio + H^ z=: (;20Hi008 4_ HK)2.
Les acides chlorhydriquc et iodhydriquo lui enlèvent un
groupe méthyle et le transforment en acide mctbylnoro-
pianique : L^^H^O^^
L'acide opianique est monobasique ; il décompose les car-
bonates et donne des sels cristallisés. Sa fonction acide est
encore bien caractérisée par l'existence de ses éthers et
de son amide. Le sel d'ammonium cristallise en grands cris-
taux tabulaires, le sel d'argent en prismes transparents et
raccourcis, légèrement jaunâtres, contenant de l'eau de
cristallisation. CM.
BiBL. : Liebig et Wohler, A)in. Ocr Ckcm. u. Pliarm. ~
Matthiessen et FostJ':r, Clwmic. Soc, t. XVI, |). 315_
OPIAT, synonyme d^éleciuaire (V. ce mot). Parmi les
électu aires jtlus connus sous le nom d'opiats, deux sont
inscrits au Codex de iHS^i :
Opiat de copahu composé
Baume de copahu iOO gr.
Poudre de cubèbe 130 —
Poudre de cachou 50 ~
Essence de menthe 3 —
Il se préparc par simple mélange ; on l'emploie comme
antiblennorragiqiie à la dose de 10 à 30 gr. dans du
pain azyme. Dans la pharmacopée suisse, cet opiat con-
tient en outre du sous-nitrate de bismuth et de l'opium.
Opiat dentifrice
Poudre dentifrice acide 100 gr.
Miel blanc 75 '—
Glycérine officinale 25 —
On le prépare par simple mélange (Y. aussi Dentifrice).
OPICO (Ile) (V. AçoREs).
OPICONSIVES (V. Ops).
OPIE (Amelia Alderson, Mrs), femme auteur anglaise,
née à Norwich le 12 iiov. 1769, morte à Norwich le
2 déc. 1853. Fille d'un médecin renommé, gracieuse et
spirituelle, elle eut à Norwich un salon très couru. Dès son
enfance elle avait composé des poésies et à dix-huit ans
elle produisait une tragédie, Adctalde, ou elle joua le
])rincipal rôî*^ pour l'amusement de ses amis. Elle avait déjà
une cerlaine réputation et de nombreux adorateurs quand
elle épousa en 1798 le peintre John Opie, mais elle n'était
guère connue en dehors de Norwich, et Opie la poussa à
écrire. Bientôt apparurent : hatlier andDaucjhter([SOi),
roman suivi d'un poème : TJie MaidofCorinth.cimohtmt
un grand succès; un volume de poésies (1802"), dont un
certain nombre furent populaires, par exemple TtieOrplian
Boy et The Félons Adress lo his Child; Adeline Moiu-
bvaij (1804-, 3 voL), roman pathétique; Simple Taies
(1806, 4 vol.). Après la mort de son mari (1807),
iilrs Opie revint à Norwich où elle exerçait dans la bonne
société une véritable royauté. Elle était liée maintenant
à Sheridan, à Sydney Smith, à M"'*^ de Staël, à Byron, à
llumbold, à Wordswortb, etc. Elle continua à publier
avec succès : \ aient ine's F.ve (1816, 3 vol.) ; Madeline
(1822, 2 vol.), mais l'amour d'un quaker, J.-J. Gurney,
rentraîna dans la Société des Amis dont les enseignements
exercèrent sur elle une grande influence. Elle renonça à
la littérature frivole. Klle donne aloi's : Poetical epislles
from Mary Queen of Scols lo lier uncle (1823) ; The
Last uoyaye (1828); !lhistratn)ns of Lying in ait ils
branches (1825); Detraction displayed (1828) et con-
sacre presque tous ses loisirs aux pauvres, aux prison-
niers, aux hôpitaux. Son dernier volume : Lays for the
Dead (1833), est funèbre; il se compose de poèmes con-
sacrés à la mémoire de ses amis défunts. Cependant
Mrs Opie ayant vendu sa maison se mit à voyager. En
1829, elle est à Paris où elle visite David d'Angers, Cu-
vier, Mignet, Ségur, M'^'^ de Genlis, Benjamin Constant,
Lafayette; en 1832, elle parcourt les Cornouailles, visite
les montagnes d'Ecosse (1834), parcourt en 1835 la Bel-
gique, l'Allemagne, la Suisse; en 1851, malgré ses quatre-
vingt-deux ans, elle vient à l'Exposition universelle. Ses
romans, consacrés presque tous à des épisodes de la vie
domesti(|ue, sont assez bien écrits, toujours moraux, mais
toujtmrs larmoyants. Ses poésies sont assez gracieuses.
(Vitons encore d'elle : Ihe Warriors return and other
Poems (1808) ; Temper or do)neslic Scènes (1812,
3 ^ol.); Talcs of real Life (1813, 3 vol.); New taies
(1818, 4 vol.) ; Taies of (lie îïearlh (1820, 4 vol.) etc.
(hi a donné une édition collective de ses romans qui com-
prend 12 volumes (1845-47). R. S.
BiiîE. : CeciliaLuev J^uioiirwiaj.. Mcmorlals of the lifc
of A. Opie; Loiidrew,' 185 t, iii-8.
OPIMAN. Nom d'un cépage, issu du Vitis vinifera,
cultivé dans le royaume de Cachemire (Inde).
OPINIES (Anti(f. rom.). On appelait Spolia Opima les
dépouilles enlevées au chef ennemi par le chef romain en
personne, et consacrées par celui-ci dans le temple de
Jupiter Férélrien. Ce fait devait nécessairement être très
rare. En effet, dans toute l'histoire romaine on ne cite
que trois généraux qui aient eu l'honneur de remporter
les dépouilles opimes. Ce sont : Uomulus, vainqueur
d'Acron, roi des Coeniniens ; A. Cornélius Cossus, qui tua
de sa main, en 437, Tolumnius, roi desYéiens ; C. Clau-
dius Marcellus, qui vainquit et tua, eji 222, Viridomar,
roi des Insubres.
L'officier et le soldat qui tuaient le chef ennemi avaient
droit à des honneurs analogues {secunda spolia, tertia
spolia).
HiîîE : G -J^ IIertzberg, lIq Spolils opimis Quœslio
iPhilolo(jiis, 18i(j, pp. I, aai, 339). — BoucnÉ-I.ECLERCQ,
MoMiiel des Institutions ro-]naines, \). 291.
OPIMIA (Gens). Famille plébéienne connue depuis
l'époque des guerres du Samnium oti périt Gains Opimius
Pansa, questeur (294). On cite ensuite Quintus (,). f. 0. N.,
consul en 154, qui soumit les Oxybiens et les Decistes,
tribus ligures qui avaient saccagé Nicœa (Alce) et Anti-
polis (Antibes). Il obtint le triomphe. C'était, comme son
(ils, un homme de jnauvaise réputation. Celui-ci, Luciiis
Q. f. Q. N, fut préteur en 125 et s'empara de Eregelles
insurgée. L'un des plus violents chefs du parti oligarchique
OPJMIA — OPISTHOCOME
m)
et très intl lient au sénat, il combattit avec actianiement
Caius Gracchus, qui le fit ccliouer aux élections consu-
laires pour 122, mais ne put empêcher son élection l'année
suivante. Il s'ensuivit une lutte acharnée qui aboutit à la
guerre civile lorsque Opimius eut obtenu du sénat le décret
qui lui conférait une autorité dictatoriale ; il lit tuer
Gracchus et ses partisans au nombre de plus de 3.0U0.
L'année suivante, le tribun Q. Deciusle mit en accusation
pour ces meurtres; les juges, intimidés, racquittèrent.
En il 2, envoyé en Niunidie (V. ce mot) pour régler la
succession de Micipsa, il se laissa corrompre par Jugurtha,
de sorte qu'en 409 le tribun C. Mamilius Limetanus ayant
fait voter une loi d'enquête contre les fonctionnaires cor-
rompus par Jugurtha, Opimius dut s'exiler à Dyrrachium
ou il mourut misérable et méprisé. Son nom demeura
attaché à une année consulaire fameuse pour la chaleur
de l'automne et la qualité du vin ; Cicéron, Pline FAncien
vantent ce célèbre vinum Opimianum réduit à l'époque
du second à l'état de pâte rouge ; il était très fort et se
buvait dilué dans beaucoup d'eau. — Qiiinius, fils du pré-
cédent, tribun en 75, combattit l'oligarchie, ensuite de
quoi il fut, l'année suivante, condamné par Verres, alors
préteur, et ruiné complètement. A. -M. B.
OPINION. I. Philosophie.— Dans la philosophie an-
cienne, à partir de Socrate, l'opinion s'opposait à la science.
Elles représenl aient les deux formes. Tune parfaite, Faiitre
imparfaite, de la connaissance humaine. Coiniaître par les
sens des faits accidentels et incohérents dont on ignore la
luiture et la cause, voilà l'opinion ; connaître par la i*aison
un système de lois dont on comprend les rapports et la
nécessité, voilà la science. Chez les modernes, l'opinion est
considérée comme l'un des « trois degrés de l'assentiment »,
ainsi que le dit Bossuet. les deux autres étant la certi-
tude et le doute. Elle s'intercale entre l'un et Tautre,
emplissant tout l'intervalle de ses innombrables degrés.
Kn ce sens, l'opinion c'est la croyance, ou tout au moins
la croyance probable qui peut devenir extrêmement voi-
sine, soit du doute, soit de la certitude. Elle oscille en
effet, selon que les raisons de croire l'emportent plus ou
moins en nombre et en valeur sur les raisons de ne pas
ci'oire, étant fondée sur la probabilité et non, comme la
certitude, sur l'évidence. Kant expose ainsi ses idées sur
l'opinion (Critique de la raison p7ire. Méthodologie
transcendantale, § 978, trad. Tissot, t. II, p. 406): « La
croyance présente les trois degrés suivants : l'opinion, la
foi et la science. Vopinion est une croyance estimée avec
conscience insuffisante, tant subjectivement qu'objective-
ment. Si la croyance n'est suffisante que subjectivement,
et (pi'elle soit en même temps l'egardée comme objective-
ment insuffisante, alors elle s'appelle foi. Enfin, si la
croyance vaut subjectivement et objectivement, elle s'appelle
science. » Kant fait remaiHfuer que l'opinion elle-même
suppose un certain degré de science ou de certitude : ce
qui réfute indirectement le probabilisme, d'après lequel
nous ne pouvons avoir que des probabilités et jamais de
certitude. Il déclare qu'il n'est pas permis d'opiner dans
les jugements par raison pure : il est absurde, dit-il,
d'opiner en mathématiques pures ; là il faut ou savoir ou
s'abstenir de tout jugement. Le plus sûr moyen, selon lui,
de distinguer l'opinion de la certitude ou même de la foi,
la « pierre de touche », c'est le pari. «Souvent il arrive
que quelqu'un affirme ce qu'il dit, d'un ton si confiant et
si imperturbable qu'il semble avoir déposé toute crainte
d'erreur. Un pari cependant l'embarrasse. Quelquefois, à
la vérité, il montre assez de persuasion pour qu'on puisse
l'estimer un ducat mais non pas dix. Car il en mettra
bien un en jeu. mais s'il s'agit d'en mettre dix, il re-
marquera à la fin ce (pi'il n'avait pas remarqué d'abord,
savoir (ju'il est cependant possible ([u'il ait tort.» (V. en
outre les articlcb (/:nnrLij!', (>îu\axh:. Jm.kmkxt. Photîa-
lULL^MK, PliOBAIilUIL.) E. Bol[iA(..
II. Politique. — Opinion puiiLiQUE(V. Etat, t. XVI,
p. 408).
III. Théologie. — A propos du moi opinion, les théolo-
giens et les canonistes distinguent les matières de foi et
les matières de mœurs. Ce qui regarde les mokuus est
indiqué au mot Probabilisme. — Pour ce qui concerne
les différences entre un dogme, une libre opinion, pour
la transformation des opinions théologiques en dogmes,
pour les exemples récents de cette transformation {Imma-
culée conception, Infaillibilité des papes) et ses consé-
quences, V. Cathouciié; Dogme XIV; Eglise, t. XVI,
p. OdO ; Eglise catholique romaine, t. XVI, p. 024 ;Eoi,
t. XVII; Marie, t. XXIIl, pp. 95 et suiv.
OPINIOUE (VcM^rm S ^'^"^^^- ^^^'^^^^0^
L'action de l'acide chlorhydrique sur l'acide hémipi-
nique engendre deux acides nouveaux, l'acide opinique,
C'''H^*^0^^3H~0'^, cristallisé en longs prismes brillants et
l'acide isopinique ou hypogallique, G^^H^^O^^BH^O, iso-
mérique avec le premier, mais qui s'en différencie par son
action sur le perchlorure de fer et ses propriétés réduc-
trices vis-à-vis le tartrate cupropotassique. CM.
BiBL. : LiE(;[iTi, Ballet, de la Soc. CItha , IbTO. t. XIII,
p. 5H6.
OPIO. Com. du dép. des Alpes-Maritimes, arr. de
Grasse, cant. du Bar; 340 hab.
OPISTHION (Anat.) (V. Crâne, t. XIII, p. ^204).
OPISTHOBRANCHES'. I. Zoologie. — Ordre de Mol-
lusques Gastropodes branchifères, hermaphrodites, nus
ou testacés, dont les branchies sont libres, placées sur le
dos ou sur les côtés, derrière le cœur. Tous sont marins.
Ce sont des animaux d'une organisation délicate qui re-
cherchent les endroits habités au voisinage des côtes, de
préférence sur les fonds sableux ou vaseux ; ils rampent
lentement, ne se mettent en mouvement qu'à la tombée
de la nuit, et leur nourriture est surtout animale ; quelques
espèces habitent les eaux saumàtres stagnantes. On les
divise en deux sous-ordres : les Tectibranches qui sont
nus ou testacés, à branchies placées sous le bord palléal
ou dans une cavité branchiale, et les Nudibr anches (ou
Gymnobr anches), qui sont toujours nus, dépourvus de
coquille, et dont les branchies, simples ou ramifiées, sont
situées sur le dos et non recouverts par le manteau. Leurs
larves seules possèdent une coquille embryonnaire très
délicate (V. Tectibranches et Nudibranches).
IL Paléontologie. — Les Opisthobranches datent de
l'époque paléozoïque, mais ne se trouvent qu'en petit
nombre dans le carbonifère. Les genres Aciieonina, Ac-
tœonella, Cylindrites sont très bien représentés dans
le jurassique et le crétacé ; mais c'est seulement dans
le «tertiaire que ce groupe prend son développement,
le nombre des formes fossiles étant inférieur à
celui des espèces vivantes. Cela tient surtout à ce que le
groupe entier des Gymnohranches (ou Nudibranches),
étant dépourvu de co(piille, ne s'est pas conservé à l'état
fossile. E. Trt.
OPISTHOCOME (Ornith.). Le genre Opisthocomus
(llliger, 18M) a été créé pour un oiseau de la taille du
Faisan, originaire de l'Amérique du Sud, et qui présente
dans sou organisation des particularités qui rendent sa
classification très difficile. (]'est ÏHoaiin ou Sasa de
Buffon, le Faisan huppé des colons de Gayenne, appelé
aussi Cigana au Para et Guacharaca de agua en Co-
lombie. Cuvier le classait parmi les Gallinacés, près des
Pénélopes ; Lesson et Gray, le considérant comme un Pas-
sereau de grande taille, l'ont placé, près des Musophages,
dans le groupe des Anisodactyles (V. ce mot). Lherminier
a montré cependant que par ses caractères anatomiques
il se rapprochait des Gallinacés, tout en constituant une
famille à part ou même un groupe supérieur, isolé dans
la nature actuelle, et (jue les modernes, se basant surtout
sur I ostéologie. rapprochent des Tinamous (V. re mot).
Le bec présente une fente natale très longue, et le palais
est hérissé de papilles coniques. Le jabot est énorme, re-
couvrant les pectoraux et presque tout le sternum, dont
1^21 -
OPISTHOCOME — OPITZ
la frète ost, par siiito, très en arrière; la longueur totale
de rintestin e-st de l'",'20 environ, le corps n'ayant qne
30 centim. On a compare ce jabot à la panse des Rumi-
nants; le jabot des Gallinacés est très diffèrent. Les carac-
tères zooIogi({iies sont : bec un peu moins long que la
tète, dentelé intérieurement près du bord; narines percées
dans une membrane. Ailes médiocres, concaves ; queue
longue et étagée ; tarses robustes réticulés, de la lon-
gueur du doigt médian. Joues et gorge nues. Une huppe
allongée, couchée en arrière, mais pouvant se relever. Le
plumage est d'un fauve brun avec la poitrine blanc jau-
nâtre, les ailes et la queue marquées de raies blanches
espacées de '2 à 3 centim. ; les pieds sont jaunes, la peau
nue de la gorge bleuâtre ; la huppe est noire, blanche en
dessous. L'Hoazin habite la Guyane, la Colombie, le Brésil
septentrional. Il vit par petites troupes au bord des rivières.
se noui'rit des feuilles de l'Arum arhorescens et se laisse
facilement approcher. Mais sa chair, musquée comme les
fruits de l'arbre dont il se nourrit, n'est pas mangeable et
ne sert que d'appât pour la pèche. Il perche comme le Faisan.
Son cri {cra-cra) est très fort, et le fait passer, au Para,
pour un Oiseau de mauvais augure. K. Trouessart.
OPISTHODOME (Archit.). 'Partie du temple antique
située à l'opposé de la façade, derrière l^naosoM \d.ee\la,
et correspondant au pronaos (V. ce mot). L'opisthodome
pouvait être plus ou moins important ; il constituait par-
fois une véritable chambre, fermée par une porte de bronze
ou par une grille et cette chambre renfermait le trésor du
temple ou mieux de la divinité ; car c'est dans l'opisthodome
qu'étaient conservés les dons, les offrandes et les revenus
provenant des biens sacrés et c'est à ce trésor, ayant sa
comptabilité spéciale et dont il était fait de fréquents in-
ventaires, qu'étaient contractés des emprunts publics en
cas de guerres prolongées.
0PIST06NATHISME (Y. Bolche, t. Vil, p. 530).
OPITERGIUM (V. Oi)i:uzo).
OPITZ (Martin), poète alleuiand, né à Bunzlau le
'23 i\i^i'. lo97, mort à Dantzig le 17 août 1639. Dans su
vie, Opitz nous apparaît plutôt comme un homme avisé
el prudent, babile à se tirer d'affaire dans les cii'cons-
tances les plus difficiles que conune un grand caractère.
Aussi bien n'était-il guère possible à un savant et à un
bomme de lettres allemand de traverser autrement la pé-
l'iode troublée de la guerre de Trente ans. Opitz fit ses
premièi'os études à Bunzlau, puis à Breslau (16'H-lo),
enfin à Beuthen (4616-18), où il se révèle déjà comme
un érudit et un latiniste de talent. De 1619 à 16!20, il
fréquente l'Université de Heidelberg. Chassé par l'arrivée
de l'armée espagnole de Spinola, il mène pendant quelques
années une existence errante, voyageant en Hollande, où
il fait la connaissance de Heinsius (16^20), puis en Jut-
land, revenant ensuite en Allemagne, acceptant une place
de professeur à Weiszenburg en Transylvanie (16"2'2-23)
pour rentrer de nouveau, peu après, en Silésie. En \Q%\
enfin, il trouve une position stable comme secrétaire du
hurgrave Charles-Hannibal de Dohna, qu'il avait accom-
pagné l'année précédente à Vienne dans une députation
au])rès de l'empereur. Pendant sept ans, Opitz, bien (pie
protestant, fut l'agent actif et dévoué de Dohna, qui était
fougueux catholique et travaillait avec énergie à ramener
la Silésie au catholicisme. Après la mort de son protec-
teur, en 1633, il passa de nouveau du côté des protes-
tants, entra même un instant au service des Suédois, pour
revêtir finalement la charge d'historiographe du roi \Vla-
dislas de Pologne (1637). Deux ans après, il mourait au
cours d'une épidémie de peste. Sa destinée, on le voit,
n'a rien d'héroïque. C'est un esprit délié et politique, peu
embarrassé de scrupules de conscience, expert dans l'art
de s'insinuer dans les bonnes grâces des grands et de tirer
de son talent poéticpie le parti le plus avantageux pos-
sible.
C'est comme réformateur de la poésie et en particulier
de la versification qu'Opitz a surtout mérité ce titre de
« Père de la poésie allemande ». (jui lui était décerné, un
siècle encore ai^rès sa mort, par Gottsched. — Dans ses
deux ouvrages ci'itiques les ])lus connus : Aristarchus
sive De eonteniptu Ungiue ïeutonicie (1617), et Mar-
tini Opiiii Bueli von (1er Deutsrhen Poeterei/ (i6''2{ ;
l'éédition moderne dans les ?\eiuh'ucke de Halle, n'^ 1),
Opitz a formulé les principes essentiels de la poésie alle-
mande moderne. Tandis qu'avant lui la plupart des poètes
composaient des vers plus ou moins informes, construits
d'après le principe de la numération des sj/llaf)es, abs-
traction faite de Vaecentuation et de la quantité, Opitz
s'efforce de rendre le vers allemand régulier et de le cons-
truire d'une manière conforme au génie de la langue. Au
lieu de se borner à compter les syllabes comme les poètes
du temps, il proclame en outre qu'elles doivent se succéder
selon un rythme régulier, iambique ou ti'ochaïquo ; ce
rythme est déterminé non pas comme dans la métrique
ancienne par la quantité ôi's syllabes, mais bien par leur
accentuation ; le vers se compose ainsi non pas d'une
succession de longues ou de brèves, mais d'une alternance
régulière de syllabes plus accentuées et de syllabes moins
accentuées, de temps forts et de temps faibles. Opitz
conciliait ainsi le principe de la numération des syllabes
avec le vieux principe de la métrique germanique ({ui re-
posait sur l'accent. — La réforme d'Opitz n'est pas, à
vrai dire, absolument originale. Des principes identiques
aux siens avaient été exposés avant lui par Claius et sui'-
tout par les savants hollandais, en particulier par Vander-
Milius ; en Allemagne même, il semble qu'Opitz ait eu un
précurseur immédiat en Ernst Schwabe von der Heyden,
dont l'œuvre est malheureusement perdue aujourd'hui.
C'est à lui, toutefois, que revient incontestablement l'hon-
neur d'avoir fait triompher ces principes de métrique non
seulement en les formulant avec justesse et précision,
mais encore et surtout en joignant l'exemple au précepte
et en composant des poésies d'un style soutenu et d'une
forme irréprochable, qui se sont imposées à l'admiration
et à l'imitation de ses contemporains et de la postérité.
Pendant près d'un siècle, il a passé en Allemagne pour le
poète par excellence ; la muse de la poésie allemande a
été baptisée Opit'^inne ; on a dit opitxieren pour « faire
des vers ». Et si, au xviii^ siècle, on a reconnu peu à
peu les inconvénients des ])rincipes posés par lui, si. par
l'imitation des mètres populaires ou des mètres antiques,
on a cherché à introduire un peu de variété dans le vers
d'Opitz si monotone avec son alternance régulière de temps
fort et de temps faible, il n'en faut pas moins reconnaître
qu'il a exercé une influence décisive sur les destinées de
la poésie allemande.
La poésie d'Opilz n'a plus aujourd'hui qu'un intérêt
purement historique. On n'y trouve ni émotion ni imagi-
nation ; aussi bien Opitz a-t-il une nature de courtisan
et d'érudit plutôt qu'un tempérament de poète. Au point
de vue de la forme comme au point de vue du fond, il
s'inspire de modèles étrangers. Souvent il n'est qu'un
simple traducteur. Nombre de ses Odes sont des imitations
directes de Ronsard ; d'autres fois, il s'inspire de modèles
latins comme Horace, Lucilius et Caton ou traduit des
poètes hollandais comme Grotius ou Heinsius. ('omme
auteur dramatique, il copie les librettistes italiens et tra-
duit du Sénè(jue et du Sophocle. Dans le genre de la pas-
torale, il traduit ou imite Barclay et Sidney. C'est un
industrieux arrangeur, médiocrement original et peu ins-
piré, qui maïKjue de spontanéité et d'élan, qui laisse trop
souvent l'érudition étouffer la sensibilité, mais qui a le
mérite incontestable d'avoir donné le premier aux Alle-
mands des modèles de poésie véritablement littéraire, assez
artiticielle, il est vrai, mais classique par la forme. A c(^
point de vue, les Deutsche Poëmata (premier recueil
édité en 1624 par Zinkgref et désavoué par Opitz, qui
publia, en 1625, une version remaniée de ses poèmes,
sous le titre de : Martini Opitii Acht Hiicher Deutsctier
Poëmatum durcli Itin sether herausqegetien) sont un«
OPITZ — OPIUM
— 422
date importaiile dans Tliistoire de la littérature alle-
mande. HeiU'i LlCIITEMiliRGEli.
BiBL. : Pour rabondaiitc bibliographie des œuvres
d'Opitz, V. ŒsTERLEY, CentralbUittfurBibliothekMcsen
Leipzig, 1885, pp. 383 et suiv. ; Gœdi^ke, Gnindriss zur
GesclC d. d. DicJitiim/, t. III, pp. 40 et suiv.; Palm, Jiei-
irdge zur Gcscliiclite ci. d. LU. im 16. und 11. Jalirhundcrt;
Breslau, 1877. —- On trouvera un choix de poèmes d'Opitz,
soit dans le recueil de Tittmaxn (Leipzig, 18G9), soit au
t. XXVII de la collection Kûrschner. — Pour la biographie
d'Opitz, on cour^idtera, outre les histoires générales de la
littérature allemande, Fr. Streheke. M. Opitz ; Leipzig,
1856, et surtout l'introduction d'Œsterley aux œuvres choi-
sies de la collection Kùrschn<!r ; Berlin et Stuttgart, s d.
OPITZ (ileimich). orientaliste allemand, né àAltenbin^g
le 14 févr. 4642, mort à Kiel le 24 févr. 1712. Il fut
professeur à léna, puis, à partir de 1675, à Kiel. Son
Atrium lingiiœ sanctie (Hambourg, 1671) fut édité jus-
qu'en 1769 (IP)^ éd.). ]jQ Novum Lexieoii Hehrœo-Clial-
dœo-biblicum {Lci])'/Âg, ili)9 ; 3^ éd. en 1714) et sai>?-
blia Hebraica (léna, 1692; 2'^ éd., 1712) étaient extrê-
mement remarquables en leur temps.
OPIUM. I. Production et commerce. — Uopium
est un produit demi-solide qu'on obtient en faisant éva-
porer le suc laiteux extrait par incision des capsules du
Papaver somniferum, var. album ou pavot blanc (V. Pa-
vot). Il était connu des anciens, de Théopbraste, de Dios-
coride et de Pline, notamment, qui distinguaient très bien
Yopium véritable du uu'conium ou suc extrait par
compression. Plus tard, les Arabes en ont vulgarisé l'em-
ploi sous le nom à^iuioun et, au commencement du
xvi^ siècle, il était un des principaux articles de commerce
des ports de l'Orient. Vers la même époque, sa cultm^e
faisait l'objet, dans l'Inde, d'un monopole d'Etat, au pro-
fit de la Compagnie anglaise des Indes orientales. De nos
jours, il est récolté surtout dans les Indes orientales, en
Perse, dans l'Asie Mineure et, depuis un deuii-siècle, dans
les provinces méridionales de la Chine. On en tire égale-
ment delà Haute-Egypte, de la Turquie, delà Bulgarie,
de l'Algérie, du N. de l'Amérique, de l'Australie. Chez
nous, on a fait, de même que dans la Silésie prussienne
et en Autriche, plusieurs tentatives pour l'exploitation de
l'opium indigène; mais les résultats, théoriquement très
favorables, ont été dans la pratique fort peu avantageux,
et on paraît 3^ avoir à peu près coînplètement renoncé,
surtout en France.
JlécoUe. Pour extraire Topium du pavot, on pratiipue, à
la surface des capsules, quelques jours après que la ileiii'
est tombée et alors que ces capsules sont proches de leur
maturité, une ou plusieurs incisions circulaires. On ouvre
ainsi les vaisseaux laticifères, et il s'en écoule un suc d'un
blanc laiteux, qui se concrète par évaporation et demeure
adhérent aux capsules sous forme de goutelcttes de cou-
leur brunâtre (Os'^',02 environ par capsule) : c'est l'opium.
Le lendemain, on le recueille à l'aide d'un racloir, dans
un vase suspendu à la ceinture de Fopérateur. Puis ou le
réunit en masses de différentes grosseurs, qu'on achève de
laisser sécher jusqu'à la consistance de la poix, et qui
prennent une teinte de plus en plus brune. Enfin, on les
entoure de feuilles de pavot ou on les place sur des fruits
de rumex qui y adhèrent.
Variétés commerciales. On distingue dajîs le commerce,
d'après la provenance, plusieurs variétés d'opium : ï opium
de Smyrne ou crAnatolie est le plus estimé; il consti-
tue Vopium ojficinal. Il est en pains de 200 à 500 gr.,
assez mou ; à l'air libre, il durcit et devient d'un noir
rougeàtre. Il a une odeur vireuse très prononcée, et une
saveur anière, acre, nauséeuse. Il donne 50 °/o d'extrait
et contient de 10 à 12 "/o de morphine, au minimum.
].\)pium de Constant ino pie ou de Turquie, plus muci-
lagineux et ordinairement moins riche en morphine, se
présente tantôt en pains assez volumineux et plutôt durs,
tantôt en petits pains de o à 6 centim., de forme lenti-
culaire ; les uns et les autres toujours enveloppés de larges
feuilles de pavot. \.\)pinni dlùjijpte ou d'Alexandrie,
appelé aussi opium thébaujue, a été considéré longtemps
comme étant de qualité inférieure; il passait même pour
être obtenu par expression. Mais les conditions de la cul-
ture et de la récolte ont été très améliorées, et on tire au-
jourd'hui de la Haute-Egypte des opiimis titrant 10 et
12 «/o de morphine. En général, l'opium d'Egypte sent un
peu le moisi et, très hygrométrique, se ramollit à l'air,
en même temps qu'il perd une grande quantité de sa mor-
phine. Vopium de Perse, peu importé en Europe, est,
comme le précédent, très hygrométrique. Sa consistance
est molle, sa couleur foncée, sa saveur plus nauséabonde
qu'amère. Il renferme plus ou moins de morphine et beau-
coup de narcotine. \l est en bâtons cylindriques ou en pains
sphériques. \:opium de Vînde (Bengale, Bénarès) est le
[)lus abondant; mais il n'en arrive pas en l^urope, car il
est exclusivement consommé en Chine, dans l'Inde et dans
la Malaisie. H s'expédie en boules de 1.200 à 1.500 gr.
Composilion el caraclcres, — L'opium est, de toutes
las substances organiques connues, celle qui a la compo-
sition la plus complexe. De nombreux chimistes l'ont étu-
dié, notamment Merck, Buchanan, Hesse et les frères
Smith. Ils y ont trouvé, plus ou moins saturés d'acide
lactique, d'acide méconique et d'acide sulfurique, une ving-
taine d'alcaloïdes : morphine, codéine, narcotine, nar-
céine, papavérine, thébame, pseudo-morphine, rhédine,
cryptopine, méconidine, laudanine, codamine, lantho-
])nie, protopine, laudanosine, liydrocotarnine, gnosco-
pine, tritopine, etc. En outre, l'opium renferme des
substances neutres, telles que : de la gomme, du caout-
ciiouc, de l'albumine, de la liassorine, de la cire, de la
résine, de la glucose, et une matière pai'ticulière non azo-
tée, la méconine. Quant à l'eau qui ii<'compagne tous ces
l)rodiùts, sa proportion est très variable, suivant la qualité
et rétat de dessiccation de l'opium. 11 en est de même pour
les alcaloïdes ([ui ont été énumérés et dont queh{ues-uns
ne sont peut-être, d'ailleurs, que le résultat des transfor-
mations subies par la &u!)stance au cours des opérations
de la récolte. La morphine, entre autres, peut y varier
de 0 à 22 ^/o. D'après les frères Smith, un bon opium
doit contenir, au minimum, pour 100 parties :
Morphine 10 »
Narcotine 6 »
Papavérine 1 »
Codéine 0,30
Thébame 0,15
Narcéine
Méconine
Acide méconi(jue .
Acide lactique . . .
0,02
0,01
.4 »
1,25
Mélangé avec de l'eau froide, il doit se diviser lomplè-
tement : le principe actif se dissout, en donnant une
liqueur, d'abord trouble, qui s'éclaicit par le repos et
])rend une couleur brune; la partie résinoide se sépare. Il
l)rùle facilement, en ne laissant qu'une très faible propor-
rioii de cendi'es. En versant de l'ammoniaque faible dans
une dissolution d'opium, on obtient un précipité d'autant
plus abondant et plus coloré (\VvQ la substance est de meil-
leure quabté.
Falsifications. A raison de sa valeur intrinsèque, qui
est assez considérable, l'opium est Eobjet de nombreuses
Jalsifieations. Déjà du temps de Pbne et de Dioscoride, on
le fraudait à l'aide de sucs de laitue et de glaucium. On y
introduit également depuis longtemps de l'huile de lin ou
de la graine de sésame, jusqu'au tiers et même jusqu'à
la moitié de son poids. On y fait encoi'e entrer des feidlles
de pavot hachées, du cachou, de la gomme arabique, de
la gomme adragante, du sable, desïécides, etc., et il a
même été vojidu de l'opium fabriqué de toutes pièces, qui ne
contenait pas la moindre trace de cette substance et qui,
cependant, grâce à certaines manipulations, présentait
tous les caractères extérieurs du bon opium. Ce sont sur-
tout les facteurs qui pratiquent ces fraudes avec une mer-
veilleuse adresse. Parfois, un examen un peu attentif les
fait découvrir. Mais on est le plus souvent obligé de
recourir à l'analyse chimique. La morphine constituant le
principe par excellence de roj)ium, on s'attache surtout à
m\
OPIUM
doser cet alcaloïde. f)e nombreux procédés sont employés.
L'un des plus elilcaces est celui de Uegnauld. On prend
oO gr. d'opium, aussi finement divisé que possible, on les
place dans un flacon en verre fermant à l'émeri, asec
ioO gr. d'alcool à 7 0*\ et on laisse ce flacon, pendant
ojize heures, dans une étuve cbauffée à ot)*' ou 40". On
agile fréquemment. Lorsque le liquide est refroidi, on
décante, on ajoute au résidu oO gr. d'alcool, et, après
(|uelques miiuites de contact, on jette le tout sur un filtre.
On fait bien égoutter, on lave le marc à deux reprises
avec 100 gr. d'alcool, on verso lentement dans la li([ueur,
avec une burette graduée, do l'ammoniaque, on laisse
reposer douze à quinze heures et on a, au fond du vase, un
dépôt mixte, cristallin et à peine coloré, de morphine et
de narcotine, qu'on recueille sur un filtre, puisqu'on broie
dans un mortier avec 25 gr. de chloroforme. On filtre à
nouveau et ù plusieurs reprises. La narcotine passe avec
le chloroforme, et la morphine reste sui* le filtre. On fait
sécher ce dernier à 400'^ et on fait évaporer le premiei'.
On a ainsi toute la morpliine et aussi toute la narcotine
contenues dans 50 gr. de l'opium essayé.
Statistique commerciale. Dans nos pays, on n'em-
])loie guère l'opium que dans certaines préparations phar-
maceuti([ues (V. ci-après, |^ Pluamacie) et pour en
extraire ses principaux alcaloïdes : la morphine, la codéine,
la narcotine, hmircéine (V. ces mots); aussi n'y donne-t-il
lieu qu'à des transactions relativement peu importantes.
En Orient, au contraire, et surtout en Chine (Y. ci-après
§ Sociologie), on le fume, et il fait l'objet d'un trafic con-
sidérable, qui constitue l'une des plus importantes sources
de revenu du budget de l'Inde anglaise. La production
varie, du reste, beaucoup avec les années. Dans ce der-
nier pays seulement, elle est en moyenne de 5 millions de
kilogr., qui représentent une valeur d'environ 180 millions
de fr. et dont plus des neul' dixièmes sont exportés en
Chine et dans rarchlpel malais. Llle a, du reste, beaucoup
baissé depuis uii (piart do siècle. VÀh a eu son maximum
en 187^, ou elle était comptée dans le budget de l'Inde
pour '^ol millions de fr. Lu Asie Mineure, elle s'élève à
,'iOO.OOO kilogr. (48 millions de fr.), eu Perse à 450.000
kilogr. (15 millions de fr.). En Chine, elle atteint au-
jourd'hui un chiffre considérable, mais elle n'est pas con-
ime, même approximativement. Le prix du kilogramme
d'opium se ûent, en gros, entre ^5 et 35 fr. L. S.
II. Physiologie. — L'opium est un anexosmotique
(Ern. Martin), c.-à-d. un modérateur puissant des sécré-
tions. A doses modérées, il stimule les forces physiques
et cérébrales en vertu do son action sur les centres ner-
veux, mais comme il n'apporte aucun élément répai'a-
teur, il peut, à la suite d'une excitation trop active et tnq)
souvent répétée, entraîner un aft'aiblissement de Torga-
nisme d'autant plus marqué ([ue l'alimentation sera elle-
même plus insu [lisante à restaurer les forces dégagées pai-
cette stimulation (D'" Martin). La principale action de
l'opium est celle qu'il exerce sur le système nerveux dont
il augmente, puis diminue l'excitabilité. Brown contestait
ractionhypnotiquedeLopium. prc'tendantque, loin d'émous-
ser l'activité cérébrale, cette substance la stimulait: mais
Brovvn absorbait de l'alcool, en mémo lemj)s que de
ro])ium, et l'alcool est un antagoniste des opiacés. 11 faut,
en outre, tenir compte des idiosyncrasies : cjiacun a un
système nerveux qui réagit à sa manière. Aiiisi M. Pécho-
lier, essayant l'opium sur lui-même et aux doses les plus
diverses, assure n'avoir jamais ressenti sous son influence
de propension au sommeil, mais au contraire une sui'ox-
citation intellectuelle. Mais ce sont là des exceptions (jui
ne font que confirmer la règle : l'opium est, sans contce-
dit. un somnifère. (^)uel est le principe ([ui produit le som-
meil ? C'est une autre affaire. Il est vraisemblable ([ue ce-
lui-ci doit être attribué à l'action combinée des alcaloïdes
qui entrent dans sa composition. Pourquoi l'opium fait-il
dormir ? Nous renvoyons au mot Sommeil pour connaître
toutes les théories qui ont été émises à ce sujet. Happe-
Ions seulement que, jusqu'en ces derniers temps,". deux
théories principales divisaient les savants : les uns, pré-
tendant que l'opium fait dormir parce qu'il dilate les vais-
seaux du cerveau et y détermine un afllux de sang, ce serait
donc un pbénomène de congestion; les autres, attribuant
au contraire le sommeil à une anémie passagère du cer-
veau.
L'opium détermine, à doses modérées, une sorte iïéré-
thisme mmculaire, bien connu de ceux qui l'ont em-
ployé ; mais cette excitation fait bientôt place à la dé-
pression, surtout si l'on augmente les doses.
L'opium produit de la stimulation cardiaque : il para-
lyse les vaso-moteurs et dilate par suite les capillaires. A
l'action circulatoire correspond toujours une action ther-
mique : l'opium produit une sorte de fièvre transitoire,
une élévation de température réelle. Le rythme respira-
toire est naturellement modifié par l'opiun'i : si o)i admi-
nistre le médicament à doses pIiysiologi(jues, le rythme est
accéléré ; à doses toxi([ues, il est très ralenti ou devient
très irrégulier.
L'opium a des propriétés sudori{i(|ues qu'on ne songe
})lus à contester : cette action sudoriflque s'accompagne
presque toujours de prucit et parfois de ces efflorescences
cutanées désignées sous le nom iï éruptions sudorales.
L'opium diminue toutes les sécrétions autres (|ue la sé-
crétion sudorale. Peut-être est-ce parce que l'opium res-
treint la sécrétion urinaire, qu'il diminue la soif; en tout
cas, le fait est certain, de même qu'il est sur que l'opium
diminue singulièrement l'appétit. L'opium est en outre un
aphrodisiaque et un exhilarant.
Parmi les conditions qui peuvent faire varier l'action
physiologique de l'opium, nous indiquerojis, sans y insis-
ter, l'âge, le sexe, l'idiosyncrasie médicamenteuse, c.-ù-d.,
comme nous l'avons dit plus haut, le mode de réaction
varié de chacun à une substance médicamenteuse. En
plus des conditions physiologicpies et morbides qui font
varier l'action de l'opium, il importe encore de signaler
les conditions pharmacologi(jues: l'opium a, en cfl'et, ses
antagonistes et ses synergiques, c.-à-d. ([ue son action
est exaltée ou diminuée, selon qu'on lui associe tel ou tel
niédicament. Ainsi la belladone bci'ait un antidote de
l'opium et réciproquement; l'alcool, les essences aug-
menteraient, par contre, son action. Si, en dernière ana-
l}se, l'on voulait préciser l'action de l'opium, on ])eut dire
que ce n'est pas plus un stimulant universel qu'un sr-
ilatif universel: c'est un stimulant de tel u])])areii, c'e^t
un sédatif de tel autre. 1)'" ,\. Cabanes.
III. Thérapeutique.— Les em{)lois thérapeutiques de
l'opiuui sont iimombrables ; nous nous contenterons de
mentionner les })rincipaux. Contre la douleur, on préFèi'e,
pour obtenir une action plus prompte, recourir aux alca-
loïdes de l'opium. Cependant il est des cas oii les pilules
opiacées, à l'intérieur, ïonplàtre d'opium, la Uniment
savonneux opiacé, à l'extérieur, se montrent très elii-
caces.
Dans le délire ataxi({ue, dans le délire nerveux des
blessés et des opérés, l'opium i-end de véritables services,
seul, ou associé aux sels de quinine. Le délire des bu-
veurs, le délire vésanique. ont été i'iéquennnent combat-
tus par les opiacés ; de même la toux spasmodique, les
dyspnées. Dans les coli(}ues hépatiques et néphrétiques,
on préfère la niorphine à roj)ium ; jnais dans les gastral-
gies, on doit plutôt recourir, au moins cojume traitement
de début, à l'opium qu'aux alcaloïdes qui en dérivent.
On a retiré de bons effets de la médication opiacée darîs
les perforations traumatiques ou spontanées du tube di-
gestif (estomac, intestins), dans les spasmes du col utérin,'
del'orifice anal (ténesme) ou vulvaire-vaginal {vaiiinis)ne)f
ainsi que dans la contraction spasmodique du col de la
vessie.
On est parvenu à sauver des malades atteints de téta
nos à l'aide de fortes doses d'opium: on l'a quelquefois
associé, en ce cas. au sulfate de (|uiiiine. au cliloral hy-
OPÏIM
— 1-24 —
draté, au musc, aux affusions froides nu aux bains chauds
prolongés. Quelques malades atteints de pneumonie, de
péritonite ou de méningite, ont dû leur salut à l'emploi
méthodique et persévérant de l'opium. Depuis l'introduc-
tion du quinquina dans la thérapeutique, on n'emploie
plus guère les opiacés dans le traitement des fièvres. Nous
avons vu que l'opium avait la propriété de diminuer toutes
les sécrétions, à part la sécrétion sudorale. De cette pro-
priété dérivent des applications intéressantes de ce médi-
cament contre : la sialorrhée, le flux de ventre, la polyurie
ou diabète insipide, le diabète sucré, certaines hémoptysies
et métrorragies. Xous ne faisons que signaler l'emploi
de l'opium dans les ulcérations de nature diathésique (pha-
gédénisme syphilitique), et contre la gangrène spontanée.
Les préparations médicamenteuses à base d'opium com-
porteraient une énumération aussi fastidieuse que longue.
Qu'il suffise de savoir qu'on emploie la /;oi<(/r^ et V extrait
(Vopium ; le sirop et la teinture d'extrait cVopiiuti ;
les laudanums de Sydenham et de Rousseau ; le sirop
diacode ; la teinture d'opium camphrée, qui se rap-
proche, par sa composition, de V élixir parégorique ; les
pilules de cynoglosse et deux électuaires jadis fameux :
la thériaque et le diascordium. D^' A. Cabanes.
IV, Pharmacie. — Les principales préparations
d'opium portées au Codex de 1884 sont les suivantes :
Poudre d'opium,. L'opium est coupé en tranches minces,
et séché à 40^ à l'étuve. On le pulvérise par trituration.
On passe au tamis de soie 100. La poudre d'opium con-
tient 10 °/o de morphine.
Extrait d'opium
Opium de Smyrne
Eau distillée froide
l gr.
12 —
On incise l'opium, on le fait macérer douze heures dans
les deux tiers de l'eau, on passe avec expression. On fait
de même une deuxième macération dans le reste de l'eau.
Les liquides sont réunis, évaporés au bain-marie en con-
sistance d'extrait mou. On reprend cet extrait par 10 par-
ties d'eau, on sépare le dépôt, on évapore en consistance
d'extrait ferme, i partie d'extrait équivaut à 2 parties
d'opium.
Sirop d'opium (sirop thébaique)
Extrait d'opium 2 gr.
Eau distillée 8 —
Faire dissoudre à froid, ajouter 990 gr. sirop de sucre.
Une cuillerée à soupe (20 gr.) représente 4 centigr.
d'extrait. Si on l'additionne de 50 "/o de teinture de suc-
ci n, on obtient le sirop de Karabé.
Le sirop diacode se prépare de même avec i centigr.
d'extrait pour 20 gr. de sirop.
Teinture d'extrait d'opium
Extrait d'opium 10 gr.
Alcool à 60" 120 —
On fait dissoudre par macération ; 0^^.60 de teinture
contiennent 0"'',05 d'extrait.
Laudanum de Rousseau
Opium de Smyrne 200 gr.
Miel blanc 600 '—
Eau distillée 3.000 —
Levure de bière fraîche.
Alcool à 60°
40 —
200 —
On divise l'opium, on le délaie dans l'eau chauffée à
30-40°. On ajoute le miel, puis la levure. On expose à
25-30° jusqu'à fermentation complète. On fdtre, on con-
centie au bain-marie jusqu'à réduction à 600 gr. Après
refroidissement, on ajoute l'alcool. On fdtre au bout de
vingt-quatre heures. 0^''',40 de laudanum de Rousseau
représentent 0^''\05 d'extrait d'opium.
Laudanum de SydenJuim
Opium officinal divisé 200 gr.
Safran incisé 100 —
Cannelle de Ceylan concassée. . . . 15 -
Girofles concassés 15 ^ —
Vin de grenache 1 . 600 —
Il se prépare par macération pendant quinze jours. On
passe avec expression, on filtre. 0^'*,80 de laudanum de
Sydenham représentent 0^'',05 d'extrait d'opium.
Gouttes noires anglaises (V. Goutte, § Pharmacie).
0"^',20 représentent 0-'',05 d'extrait.
Poudre de Dower (poudre d'ipéca opiacée)
Azotate de potasse desséché 40 gr.
Sulfate de potasse desséché 40 —
Ipéca desséché 10 —
Opium desséché 10 —
1 gr. de cette poudre correspond à 0^'',05 d'extrait
thébaique.
Elixir parégorique de Dublin (teint, d'opium camphrée)
Extrait d'opium 3 gr.
Acide benzoïque 3 —
Huile volatile d'anis 3 —
Camphre , 2 —
Alcool à 60° 650 — '
Faire macérer huit joui's. 10 gr. de cet élixir con-
tiennent 0"'',05 d'extrait.
Parmi les autres préparations opiacées, nous citerons
les pilules de cynoglosse (2 centigr. d'extrait par pilule
de 20 centigr.), le Diascordium oi la thériaque (0-'\05
d'extrait pour 8), le sirop de lactucarium (0,05 d'ex-
trait pour 200), les pûtes pectorale, de lichen, de ré-
glisse brune (0,05 pour 250). V. H.
V. Toxicologie. — Les empoisonnements accidentels
par l'opium sont très fréquents ; l'empoisonnement criminel
est plutôt rare (cas du médecin Castaing). L'intoxication
se produit par les voies dermique, hypodermique et rectale,
plus fréquemment que par les voies naturelles. On dis-
tingue trois formes d'empoisonnement par l'opium: la
forme foudroyante, la forme aiguë, la forme lente.
Les lésions anatomiques que l'on constate et qui sont cons-
tantes sont les suivantes, d'après Tardiea : congestion san-
guine très prononcée du cerveau, accompagnée parfois de
petits foyers d'apoplexie capillaire et d'infiltration séreuse
sous l'arachnoïde et dans l'intérieur des ventricules ; con-
gestion intense des poumons (rarement foyers apoplec-
tiques) ; sanq mrir, généralement fluide. L'empoison-
nement par l'opium ayant quelques caractères communs
avec rempoisonnement par l'alcool, d'une part, et la con-
gestion céi'ébrale, d'autre part, voici la manière de faire
la distinction : chez les sujets morts en état d'ivresse,
l'odeur d'alcool trahit cette substance. Dans l'apoplexie
cérébrale, on trouve, à l'autopsie, un foyer hémorragique
ou un foyer de ramollissement dans le cerveau, qui ex-
plique la nature du mal. Chez les asphyxiés, la peau est
cyanosée, marbrée de larges pla({ues rouges ; chez les
empoisonnés par l'opium, la peau est, au contraire, pâle,
décolorée et a l'aspect de chair de poule.
L'empoisonnement par 1 opium soulève un certain
nombre de questions d'ordre médico-légal : ainsi l'expert
doit rechercher si la préparation d'opium et la dose ad-
ministrées étaient oepables de produire la mort ; si la pu-
tréfaction n'a pas pu déterminer la formation d'alcaloïdes
cadavériques, ou ptomaïnes, dont les réactions sont ana-
logues à celle de l'opium. Ce que l'on sait, en tout état de
cause, c'est que la putréfaction ne détruit pas la mor-
phine, même après plusieurs mois, et qu'il est toujours
possible de la déceler dans les parties du corps oii elle a
coutume de se localiser. D^ A. Cabanes.
VI. Sociologie. — Mangeurs et fumeurs d'opium. —
L'ivresse, accompagnée d'insensibilité et d'hallucinations
agréables que procurent, à certaines doses, les vapeurs
^25 —
OPIUM — OPONK
d'opium, a propagé l'usage de cette substance chez !a plu-
part des ])euples de l'Asie et, plus particulièrement, en
Chine, où elle est mâchée, fumée, préparée en boissons,
et où elle a fini par devenir, comme le café et le tabac
chez nous, un objet de première nécessité. Malheureuse-
ment, ses effets sont, à la longue, des plus funestes, et
l'abus de l'opium exerce, dans le Céleste-Empire, parmi
les hautes classes surtout, des ravages encore plus ter-
ribles (pie ceux des boissons alcooliques dans les pays
d'Occident. Pendant des siècles, les Chinois n'employèrent
l'opium cjue comme agent thérapeutique. A une époque
assez difficile à préciser, mais relativement récente, l'usage
s'introduisit parmi eux de le mâcher, puis de le fumer ;
la Compagnie des Indes, qui y vit tout de suite une source
de profits considérables, contribua de tout son pouvoir à
en favoriser le développement et ce, malgré les prohibi-
tions et les protestations du gouvernement chinois. Elle
avait, à proximité des côtes, des entrepôts flottants
d'opium, où de petites barques, montées par des hommes
déterminés, venaient s'approvisionner du précieux poison
pour en faire ensuite la contrebande, et, en 1800, l'im-
portation annuelle était déjà évaluée à 2o0.0'10 kilogr.
En 1833, un édit impérial renouvela la prohibition et, en
1839, 20.000 caisses, représentant une valeur de près de
100 millions de fr., furent jetées à la mer, en vue de
Canton. Ce fut l'origine de la guerre de ropiiim (V. Chine,
t. XI, p. 106), qui se termina par la victoire des Anglais et
qui fut suivie d'une progression effrayante du chiffre de leurs
importations. Celles-ci ont aujourd'hui beaucoup diminué,
])ar suite de l'extension de la culture indigène et des im-
portations de la Perse et de la Turquie. Mais la consomma-
tion est loin d'avoir décru. Le fléau a plutôt des tendances
à s'étendre. La loi punit bien de mort les fumeurs d'opium.
En réalité, tout le monde la viole, à commencer par les
plus hauts personnages de la cour, et les marchands tiennent
boutique, au nombre de cinq ou six dans chaque rue à
Péking, au-dessous même des édits de prohibition. Dans
les grands centres, un dixième environ de la population,
dont très'peu de femmes, est victime de cette terrible passion .
Les mandarins, employés et lettrés, s'y livrent le plus.
Les gens riches ont chez eux, à cet effet, des boudoirs somp-
tueusement décorés. Le peuple va dans les fumoirs pubUcs ou
maisons d'opium. Nous ne dirons cpie peu de chose de
ces établissements, si souvent décrits, de même que des
phases de l'ivresse des fumeurs d'opium. La maison d'opium
est, d'ordinaire, un réduit d'un aspect repoussant, très
peu éclairé et hermétiquement clos. Les fumeurs s'y éten-
dent, pour dormir, sur des lits de camp recouverts d'une
natte. On leur a préalablement servi du thé, puis apporté
la pipe. Celle-ci est un godet percé d'un petit trou et
emmanché dans un tuyau de bois, de métal ou de jade
d'un demi-mètre de longueur. On y place quehpies grammes,
non d'opium brut, qui brûlerait mal, mais d'un extrait
d'opium qu'on obtient en faisant dissoudre l'opium dans
l'eau et en en composant un sirop épais qu'on filtre et
qu'on fait évaporer. La durée d'une pipe est d'une minute
environ et le nombre des aspirations de vingt à trente.
Dans les débuts (c'est, d'ordinaire, vers dix-huit ou vingt
ans qu'on commence), l'organisme se révolte et il n'y a
guère pour le fumeur que souffrance et dégoût. Mais bien-
tôt l'accoutumance se fait et le malaise disparait. Pour
un fumeur d'habitude, l'excitation nerveuse ne se mani-
feste qu'à la cinquième ou à la sixième pipe ; le pouls de-
vient vif (90 à JlOO pulsations), la transpiration abon-
dante ; le fumeur se couche pour rêver, et, au bout de
trois ou quatre heures, le sommeil vient, suivi, au réveil,
d'une profonde lassitude. Si quelques fumeurs ne déps-
sent jamais une dose quotidienne de 3 à 5 gr. d'opium,
le plus grand nombre vont jusqu'à 15 ou 20 gr., et plu-
sieurs au delà de cette moyenne. L'intoxication est alors
rapide. La face devient pâle, les yeux caves, l'air abêti, les
forces vont diminuant chaque jour, de même (pie la sensi-
bilité, le cerveau s'atrophie et le corps est secoué par un
tremblement sans cesse grandissant. Une paralysie générale,
la folie ou le suicide, terminent, à échéance plus ou moins
brève^ cette o'uvre de destruction physique et morale.
Il n'est guère permis d'espérer, malgré les ardentes cam-
[)agnes entreprises en ces derniers temps par quelques
esprits humanitaires, qu'on puisse porter de sitôt remède
à ce déplorable état de choses, qu'on arrive même à l'atté-
nuer dans une mesure ([uelconque. Il y a en cause des
intérêts commerciaux trop considérables. Les ravages de
l'opium ne sont pas, du reste, localisés à la seule Chine, ni
même aux autres pays orientaux, où sa consommation est
depuis longtemps implantée : Japon, Inde, Malaisie, Tur-
({uie, etc. Le fléau sévit également dans l'Amérique du
Nord, oii quelques grands centres, tels (jue San Francisco,
(ihicago, La Nouvelle-Orléans, ont vu s'étabHr, avec l'ap-
parition des premiers colons chinois, et malgré la guerre
(pie leur fait la police locale, des maisons d'opium, à l'instar
(le celles de Péking et de Canton, et d'où il s'est étendu à
(les villes, à des territoires dépourvus de Chinois et, dans
les villes où il en réside, parmi la partie non chinoise de
la population. Dans nos régions, il n'y a guère que l'An-
gleterre (pii fasse tache. Le mal est signalé dès 1816 à
Londres, à Manchester et dans plusieurs auti'es milieux
industriels. Il y a pris depuis une propension assez grande
pour qu'il se soit formé une ligue contre l'opium {Anti-
Opium Leagiie. En 1896, elle a demandé au Parlement
d'établir des mesures de répression, mais la commission
nommée a conclu, après une enquête poursuivie auprès de
161 médecins indiens, que l'usage de l'opium n'a pas, en
général, d'effets nuisibles et (pi'à des doses modérées, il
doit même être recommandé. L. S.
VIL Histoire. — Guerre d'opium (V. Chine, t. XI,
p. 106).
BiiîL. : WiNCKLER, De Opio tructntns : Leipzig, 1635.
— Trallk. Usiis opll snluhris et noxius iii morborwn mc-
deUi; Bresl au, 1757-60. — Th. de Quincey, Confessions d'un
innm/eur d'opium ; I^ondres, 1823.— Cook, The seven sis-
ters of'sleep; Londres, l.s60. — Lip.ermann, les Fiuneur^^
d'opium en Chine; Paris, 1863. — Fayk-Bley, Monogrn-
p}de des Opium; Berlin. 1867. — Bigxet, Etude sur
['opium; Paris. 1875. — Chriwtlieb, Der indobrilische
Opiumhandel; Gutcrsloli ; 1878, — Ka^k. Opiwn-smohind
in Ameriho and Chine; New York, 1881. — Wipeltus.
De Opium in Indie; La Haye, 1885.
0P0CÉPHALE(TéraL)(V.CYCLOPiEetMoNSTRE,LXXIV,
p.l73).^
OPOCNO. Ville de Bohême, district de Xeustadt-sur-
Mettau ; 2.26^ hab. tchèques. Eglise du xiv^ siècle. Châ-
teau des CoUoredo.
OPOCZNO. Ville de la Pologne russe, gouv. de Radom,
sur la Drzevica; 6.077 hab (en 189*2), en majorité juifs.
Elle fut fondée en 1365 et conserve les ruines du château
oii le roi Casimir le Grand abrita sa maîtresse, la belle
juive Esther. En 16oo, les Suédois y battirent les Polonais.
OPODYME (Térat.) (V. Monstre, t. XXIV, p. 174).
OPOIX (Christophe), chimiste et écrivain français, né à
Provins le 28 févr. H^^, mort à Provins le 1*2 août 1840.
Apothicaire à Provins, il fut envoyé par son département,
en 1792, à la Convention, où il siégea parmi les modérés.
Il occupa plus tard, sous la Restauration, divers emplois
dans l'administration des eaux et forêts. Il s'était acquis
une certaine réputation par d'intéressants travaux sur les
eaux minérales, sur les couleurs, sur la fabrication de la
poudre, et il était membre de rAcadémie de médecine. Il
s'était aussi occupé d'érudition locale et il avait notam-
ment publié, en 1823, une Histoire et description de
Provins (2^ éd., Paris, 1848).
BiBi.. : liAMON, Notice snr C. Opoix ; Paris, 1811.
0 PO LE. Ville de Pologne, gouvernement de Lublin, dis-
trict et à 29 kil. S. de Nowo-Alexandryja, dans une ré-
gion lacustre, à dr. de la Vistule ; 3.000 hab.
OPONÉ. Ville antique de la côte E. d'Afrique, au pied
du promontoire que nous appelons Ras Hafoun. C'était le
port méridional de la région des Aromates, exportant de
la cinname, de la gomme, de l'écaillé, des esclaves.
OPONTE — OPOTIJÉRAPIE
— 4^26
OPONTE ou OPUS. Ville de la Grèce antique, capitale
de la tribu des Locriens orientaux, dans un ilôt du golfe
Opuntien, derrière l'île d'Imbèe. On disait que Deucalion
et Pyrrlia avaient habité auprès, que Patrocle y était né ;
dans le catalogue du 2® chant de ï Iliade, elle est indiquée
comme relevant d'Ajax, fds d'Odée. Les Locriens Opun-
tiens combattirent aux Thermopyles et furent les ennemis
d'Athènes.
OPOPANAX. L MatIKUE :\1KD1CALE ET THKRAPEUTIQL'E. —
On désigne sous le nom d\>po])anax une gomme-résine qu'on
suppose produite par le Malabaila opopanax IL Bn (Opo-
panax ehironiu)ii\iovh,P(tslinae(t opopanax L.). Elle
vient de la Syrie et de llntle en Larmes anguleuses et
irî'égulières, orangé rougeatrc, à noyau opaque, friables,
de saNCur acre et amère et à odeur aromatique rappelant
celle de la myrrhe. Tl existe en outre dans le commerce un
opopanax en masse, brun noirâtre, compact, de jnauvaise
qualité. J^'eau pure forme par trituration, avec la moitié
de son poids d'opopanax, une émulsion laiteuse qui laisse
déposer une résine jaune à la longue. — L'opopanax pré-
sente les propriétés des autres gommes-résines fétides.
Il est antispasmodique, expectorant, désobstruant, et a
été préconisé contre l'hypocondrie, l'hystérie, l'asthme, le
catarrhe bronchique, les affections viscérales chroniques ;
il est peu actif en somme. En revanche, il est très em-
ployé en parfumerie comme succédané de la myrrhe.
D' L. Mn.
IL (jiiMiE. — L'analyse faite par Pelletier lui a donné
les résultats suivants :
Cire 0.80
Ligneux 9,80
Caoutchouc traces
Huile volatile et eau r>,9
Piésine 4:2,
Gomme è-);-),^)
Amidon 4, "20
Acide malique. . . . 4,40
La partie soluble dans l'alcool, c.-à-d. la résine, cor-
respondrait à la formule C'^'^H^'^O''^^ ; elle fournit, par la
fusion avec la potasse, de l'acide protocatéchique et un
peu de pyrocatéchine. L'huile essentielle n'agit pas sur la
lumière polarisée, elle passe à la distillation en grande
partie vers 250^. C. Maticxon.
B[p>L. : HiRSCKSOiix, JahrcsberlcJiU;, 1875, p.8()0.
OPORIN (Jean), imprimeur et philologue suisse, né à
Bàle le 25 janv. 1507, mort à Bàle le 25 janv. 150(8.
li s'appelait Herbst, nom qu'il traduisit par Oporinus, et
fut trois ans l'élève de Paracelse, puis devint professeur
de grec et enhn imprimeur, l'^n cette qualité, il a beau-
coup contribué à répandre les auteurs anciens par des
éditions demeurées célèbres. Tl a imprinié le traité d'aïui-
tomie de Vesale et plusieurs des écrits d'Erasme. Sa no-
toriété lui valut d'être enterré dans la grande église do
Bàle près d'I^rasme et d'OEcolampade.
OPORTO. Cépage américain, hyi)ride binaire de Vilis
Labrusca et de L. Hiparia, Plus vigoureux (pie ses con-
génères, le Vialla, le Clinton, l'Elvira, il n'est pourtant
pas employé à la reconstitution des vignobles. 11 a donné,
avec un cépage français, le (jjlombeau, un hybride, l'Oporto-
(lolombeau, sur leipiel on a appelé sans succès l'attention
des viticulteurs.
OPORTO (V. Porto).
OPOSSUM (ZooL). Nom indigène des petits Marsu-
piaux, notamment des Phalangers, en Australie, appli(pu3
par extension par les Anglo-Américains aux Sarigues
d'Amérique (V. Sauicur).
OPOTCHKA. Ville de Russie, gouv. de Pskov, sur la
Yelikaia; 4.942 hab. (en ^1893). Grand commerce de lin.
Eondée en 4412.
OPOTCHNO (V. OeoczNo).
OPOTHÉRAPIE (Méd.). On donne le nom d'opothé-
rapie à une nouvelle méthode thérapeutique qui a pour
but de suppléer à l'absence ou au défaut de fonctionne-
ment d'une glande ou d'un organe. La méthode a été
créée par Brown-Sequard, le mot par M. Landouzy. Le
terme glande doit être pris ici dans son sens le plus gé-
néral, et l'on doit admettre que tout groupe cellulaire for-
mant un organe est doué, outre sa fonction physiologique
spéciale, d'un pouvoir de sécrétion interne s'exerçant dans
le milieu intérieur, dans le sang, et qui est nécessaire au
bon équilibre vital. Nous prions le lecteur de se reporter
aux art. Pancréas, Rate, Thyroïde, Sécrétion pour
l'étude de tout ce qui concerne ces sécrétions véritable-
ment intérieures.
Les organes dont on veut utiHser l'action, et que l'on
emploie soit en nature, soit en extraits, sont empruntés
à des animaux vivants ou fraîchement tués, reconnus
sains, de développement et de taille suffisants. Les ani-
nuiux de boucherie sont particulièrement désignés pour
cet objet. Leur choix n'est pas indifférent, certaines glandes
étant plus riches en produits actifs (mouton pour la thy-
roïde) chez les uns que chez les autres. Le moment où
l'animal est sacrifié et sa préparation antérieure doivent
être également examinés de près. On sait, en effet, que
la sécrétion d'une glande s'effectue en deux temps par
l'élaboration d'un produit zynwgène qui donne secondai-
rement naissance au produit de sécrétion définitif .
La forme sous laquelle est employé l'organe ou la
glande peut varier beaucoup. Les produits organiques
étant facilement altérables à la suite de fermentations et
de germinations microbiennes, il convient de les stériliser
s'ils ne doivent être employés de suite. La stérilisation
par la chaleur ou par la iiltration sur bougie de porce-
laine est em])loyée lorsque l'on fait usage de l'extrait
aqueux. Le pouvoir actif de la préparation en est d'ailleurs
réduit dans une certaine mesure. MM. (^arnot et Gilbert
ont préconisé une stérilisation par addition d'acide
chl or hydrique, que l'on neutralise ensuite par la soude.
En pratique, les organes sont employés, soit à l'état frais
et consommés alors tels quels en hachis tin ou en extrait
aqueux, soit à l'état d'extraits. Le corps thyroïde, connu
en boucherie sous le nom de glande du cornet, est ainsi
employé utdement à l'état fixais. On peut aussi faire usage
de la poudre d'organe ou de glande réduit en cet état par
la dessiccation dans le vide. Quant aux extraits, qui sont
toujours des extraits partiels, on les obtient en épuisant
la pulpe ou la poudre d'organe par l'alcool, la glycé-
rine, etc., et en recueillant le précipité qui est traité sui-
vant les méthodes usuelles en ])liysiologie. La méthode
de tUiinnan, euiployée pour la préparation de la thyro'i-
dine, consiste essentiellement à traiter les glandes par
l'acide sulfuriqucau 1/10, à rébuUition, puis à Imiter le
précipité par l'alcool. MM. Carnot et Choay soumettent
la })oudre d'organe à une digestion artificielle. Ces poudres
ou ces extraits sont alors employés sous la forme phar-
maceuti([ue de tablettes ou de pilules. Tous les organes
et glandes ou à peu près tous ont été ainsi soumis à
l'expérimentation. Si les résultats obtenus n'ont pas été
toujours absolument probants, il n'en reste pas moins
acipiis que la métbode opothératique peut rendre dès
maintenantd'importants services, et il semble bien ([u'elle
est appelée à un grand avenir.
Les exlraiis testiculaires ont été les premiers em-
ployés. Les résultats o!)lenus, si l'on met à part ce qui
revient à la suggestion, ne paraissent pas à l'abri de toute
contestation. Les extraits ovariens ont donné de bons
résultats dans les acciilentsde la ménopause physiologique
ou chirurgicale. Le corps Uiyroïde, employé soit en na-
ture, soit en extraits, a donné d'excellents résultats dans
le myxa^dème. Il réussit surtout chez les adultes, mais
améliore grandement aussi l'idiotie myxirdémateuse des
enfants. Son action n'est d'ailleurs que transitoire, et l'usage
doit en être continué. Il joue donc un rôle de véritable
suppléance. A la suite de son emploi, on voit disparaître
la plupart des accidents, l'œdème de la peau, Pobésité,
les troubles intellectuels. 11 semble moins actif dans le
traitement de l'obésité, bien qu'il ait donné quelque succès.
Son emploi contre les accidents de l'arthritisme est trop
récent pour que nous puissions en parler. Les organes et
427
OPOTHERAPIE — OPPENORDT
glandes qui ont été employés après les précédents sont les
suivants : les extraits do substance cérébrale et médul-
laire, la moelle osseuse, la substance rénale, la capsule
surrénale, le pancréas et le foie. Les résultats publiés sur
l'action de ces divers extraits ne sont point encore suffi-
samment probants pour (jue nous puissions nous en occu-
per ici.
0 P P I D U IVl . Nom latin des réduits fortifiés qui servaient
de centres défensifs, plus ou moins permanents, aux Celtes
de Gaule et de Bretagne {V. Ci.]ltks, t. IX, p. 4079).
OPOT£RODONTES([':rpélol.).LesOpotérodontesrelicnt
les Sauriens 'M\:^ Ophidiens. Ce sonl des Serpents toujours
d une taille faible, à bouche étroite non dilatable, ils manquent
de sillon gulaircel n'ont de dents qu'à l'une oii l'autre des
mâchoires. Le palais est dépourvu do dénis, les os palatins
sont étendus en travers au lieu d'être placés longitudina-
lement, les ptérygo'idiens externes font défaut. Ce sont des
animaux propres aux parties les plus chaudes du glol)e,
et plus particuliers à l'Australie et aux [ndes oiientales;
ils vivent dansdes galeries qu'ils se creusent, sous les pierres.
se nourrissent d'insectes et ne sortent ([u'accidentollemenl
le jour. RocHuu.
BiHL : Sauvage, dans ]5ri-:iim , Ad. fr.
OPOUL. Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, cant.
de Rivesaltes, arr. de Perpignan; 885 liab. Localité très
ancienne, comme l'indique son nom d'oppidioii. Le châ-
teau fort (xiii^ siècle) dont il subsiste des ruines impor-
tantes figure dans l'histoire des guerres entre la France
et l'Aragon. Opoul offre un exemple très intéressant de
charte de poblaeio donnée le 45 mai 42i6 par Jacques
d'Aragon en vue de la défense du pa3's et accordant auv
habitants les coutumes de I^erpignan. Opoul faisait partie
de la viguerie de Roussillon et Vallespir. Outre le châ-
teau, il faut encore citer comme curiosité un lac souter-
rain (barranch). B. Palustiih.
l^iBL. : r-iiiUi'.L, E/. iirclii'ol sur le chnlcnu et le r/Ilih/c
(.rOponl; Porpip'iiau. 1n02. iii-8
OPPA. Rivière de Silésie autrichienne, afil. g. del'Oder.
4 48 kil. de long. EIÏq arrose Ja'gerndorf el 'froppau, et
ibrme quelque temps la h'ontière (ie la Prusse et de l'Au-
triche.
OPPÈDE. Com. du dép. deVaucluse, arr. d'Apt, cant.
de Bonnieux, sur le versant N. du Luberon ; 4.070 hab.
Carrières de pierres à bâtir. Filature de soie. Nombreuses
maisons anciennes des xii^, xiii^ et xiv^ siècles, dont
quelques-unes sont abandonnées et en ruines. Château
bâti au commencement du xm° siècle par le comte ie
Toulouse, Raimond VI, remanié et agi'andi à l'époque de
Renaissance.
OPPÈDE (Jean de Mayniku, baron d'), magistrat fran-
çais, né à Aix- en-Provence en 4195, mort à Aix-en-Pro-
venceen 4558. L'ils d'un ambassadeur à Venise, il devint
conseiller au Parlement d'Aix en 4 5r2:2, premier président
en 4543 et lieutenant général de Provence en 45 4i. Il
dirigea le procès contre les Vaudois de Cai)rièi'es et de Mé-
rindol et, do concert avec le baron de La Garde, se cbargea
de les exterminer, l^n récompense, le pape Paul lil le créa
chevaher de ]'!']])eron d'or et comte palatin. Fn 4554, sur
la plainte de la dame de Contai, un procès fut inleiilé an
Paidement de Paris contre d'Oppède. les commissaires (|ui
avaient jugé les Vaudois et La Garde. D'Oppède se défen-
dit lui-môme avec ])eaucoup d'habileté, en disant qu'il
n'avait fait (jifoxéculer les ordres dn roi. Il fut absous.
et réintégré dans ses charges. vSenl de tous les accusés.
le procureur général Gucrin (V. ce nom) fut condamné.
D'Oppède a traduit en vers six Triomphes de Pétrarque
(Paris, 4538, in-8). ÎL Hauser.
BiBL. : V. Cïin:RTx et Vaudoi?:.
OPPEDETTE. Com. du dép. des Basses-Alpes, arr.de
Forcalquier, canî. de Reilianne ; lOUiab.
OPPELIA (V. llAMeocEUAs et Ammonîtes).
OPPELN. Ville de Prusse, ch.-l.d'un district de Silé-
sie, sur l'Oder ;>23. 01 8 hab. (en 4895). Vieille église de
Saint-Adalbert, ancien cliàteauroyal dans une lie du fleuve ;
bel hôtel de ville. Commerce de céréales et de bétail.
Connue dès l'an 4000, elle fut, de 4288 à 4532, la capi-
tale d'un duché de la famille des Piast, et ensuite an-
nexée à la Bohême, puis à la Prusse (4742).
4^e district d'Oppeln comprend la Haute-Silésie :
4 3.249 kil. q. et 4.706.922 hab. (en 4895), dont près
d'un million de Polonais et plus de 00.000 tchèques. Il
se divise en vingt cercles : Beuthen-Ville, Beuthen-Cam-
])agne, Falkenberg, Gross-Strehlitz, Grottkau, Kattowitz,
Kosel,Kreuzburg, Leobscliiitz,Lublinitz, Neisse, Neustadt,
Oppeln, Pless, Ratibor, Rosenberg, Rybnik, Tarnowitz,
Tost-Gleiwitz, Zabrze. A.-M.B.
BiDL. : Idzikowski, (îcsch. der S tudt Oppeln ; Breslaii,
!S0:>. — LuTSCH, Dte KanstcUmkimjelpr des Reyierungsbe-
zlrks Oppeln; Broslau. 181)2-91
OPPENANS.Com. du dép. de la Haute-Saône, arr. de
Lure, cant. de Villersoxel ; 407 hab.
OPPENHEIM. Ville d'Allemagne , grand-duché de Hesse ,
prov. de Hesse-Rhénane, r. g. du Rhin ; 3.350 hab. Belle
église Sainte-Catherine, gothique, des xiii^ et xiv® siècles.
Au-dessus sont les ruines du burg de Landskron (xi® s.).
— Oppenhejm est la station romaine de Bauconica. En
77-4, Ghaiiemagne lit don de ce domaine au couvent de
Lorsch, qui le rendit à l'empereur en 4447. En 422(),
nous y trouvons une ville libre impériale, mais qui fut
engagée dès 4252 à l'électeur de Mayence, et en 4375 à
l'électeur palatin ; détruite par des Français en 4689.
BiHL. : Franck, Gescli. der ehemaligen Reichstadt Op-
penhe'uii; Daniistadt, 1859.
OPPENHEIIVl (Heinrich-Bernhard), économiste alle-
mand, né à Francfort-sur-le-Main le 20 juil. 4819, mort
à Berhn le 40 mai 4880. Issu d'une famille de banquiers
jnifs, il fit de fortes études et devint, en 4 8iO, privat-
(locent à l'L'niversité de Heidelberg, où il enseigna le droit
inlernational et les sciences politiques. Mais il quitta bientôt
l'enseignement pour la politi(|ue et prit part, à Berlin et en
Pnule, à la Révolution de 4848. La réaction l'obligea à fuir
hors dWllemagne, et il voyagea en France, en Hollande et en
.Vngleterre. De retour en 4850, il se lança dans la polé-
mi([ue de presse et attaqua vivement les adversaires du
parti démocrate. En 4862, il fonda, pour défendre ses
idées, les Deutsche Jahrbiicher fur Potitik und Littera-
lur. Les événements de 4866 produisirent en lui un chan-
gement profond ; il quitta l'opposition pour entrer dans
le parti progressiste prussien. H fut député au Reichstag
en 4873-77. Outre de très nombreux articles ou pamphlets
pohtiques, Oppenheim avait écrit : System des V()lker-
rechts (Francfort, 4845) ; Philos, des Hechts ii. der Ge-
seUschaft (Stuttgart, 4850), qui forme le t. V. de la
y eue EncycL der Wissenschaften u. Kilnste ; Ueheo'
polit. II. staatsbiirgerl. Pflichlerfiillumj (4864), où il
dénonce l'idéalisme comme la maladie politique de son
temps; Der Katheder-Soùalismiis (Berlin, 4872).
Th. RUYSSEN.
P>\nh. : DeutscJie RundHelrui, juillet 1880.
OPPENORDT OU OPPEN OOORDT (Gilles-Marie), ar-
chitecte français, né à Paris le 27 juil. 4672, mort à Paris
le 43 mars 4742. Inls do Cander (Alexandre)-Johan Op-
pen Ooordt, Hollandais d'origine mais devenu Français,
ébéniste du roi et à ce titre logé au Louvre, Gilles-Marie
Oppenordt fut élève de Jules-Hordouin Mansart et ensuite
pensionnaire de l'Académie de France à Rome: son séjour
en Italie fut même de six années (1692 à 4698), dont il
passa trois années à dessiner les monuments de la Lom-
bard le. Depuis son retour à Paris jusqu'à sa mort, Oppe-
nordt, qui fut architecte et surintendant des bâtiments du
duc d'Orléans, devint sous la régence de ce prince direc-
teur des manufactures et intendant des jardins des mai-
sons royales ; il conquit alors une grande vogue en même
temps qu'il exerça une réelle influence sur l'art de son
temps ; il fut même surnommé le père du genre rocaille
ei le Borromini français. On doit à Oppenordt de nom-
breuses œuvres parmi lesquelles : une partie du portail
Nord, le portail Sud, le maltre-autel aujourd'hui détruit
OPPEiSOHDI
OPHOO
4^28 —
et rachèveiîiejit des nefs de l'église Saiiit-Sulpice, moins
toutefois le grand portail occidental qui fut commencé par
Sermndoni (\. ce nom) :1e riche maître-autel de l'église
Saint-Germain-l'Aiixerrois, lui aussi détruit, mais dont
les colonnes de marbre cipolin sont conservées au musée
du Louvre ; le salon d'entrée de la galerie dite d'Enée au
Palais-Royal, salon qui fut englobé dans la reconstruction
du Théâtre-Français par Louis ; le petit château et l'oran-
gerie dépendant du château de Pierre Cro/at, à Montmo-
rency ; le dessin des écuries du prince de Condé au châ-
teau d'Enghien ; de nombreux tombeaux dont deux dalles
de bi'onze dans la chapelle de la Vierge du couvent des
carmes déchaussés, rue de Vaugirard, etc. Les œuvres
d'Oppenordt lurent publiées en plusieurs recueils et des-
sins qui contribuèrent à répandre son genre et son goût
(hkoratifs, tels que: Dessins, Couronnements et Amor-
tissements convenat)tes pour dessins de portes, vous-
soirs, croisées, niches, etc.. (Paris, 1740, in-fol.) ; Son
œuvre contenant différents fragments (C arcfiitectu re
(J^aris, 1750, fol., 130 pi.) ; Premier tivre de différents
morceaux il r usage de tous ceux qui s appliquent aux
t)eaux-arts (Paris, in-4, 6 pi.) ; Livre contenant 12 car- .
toucfies' propres aux édifices (in-M.) ; enfin i 09 des-
sins originaux de cet artiste sont conservés au musée
royal de Stockholm. Charles Lucas.
OPPER DE Bj^ownz (V. Blowitz).
0 P P E RT (Jules) , orientaliste franc^ais . né à Hambourg le
l)juil. l82o, de parents israélites, neveu du juriste Ed.Gans.
Util ses études classiques au Johanneum de Hambourg et
alla en 1844 étudier le droit à Heidelberg, puis à Bonn
et à Berlin oh il changea de vocation. 11 abandonna les
études mathématicpies auxquelles il s'était livré au gymnase
de sa ville natale et aborda celles des langues orientales.
Il acquit le grade de docteur en philosophie en 1846, à
Kiel, avec une dissertation intitulée de Jure Indorum
rriminali. A cette époque, la religion était encore en
Allemagne la cause de difficultés insurmontables: il
vint donc cherclier une carrière en France en 1847.
Il avait déjà publié en Allemagne un travail im-
portant sur les textes perses cunéiformes (Das Lautsi/s-
tem des Altpersisclien), et cette étude attira l'attention de
Burnouf, Letronne, Mohl et d'autres savants qui l'aidèrent
à entrer dans l'instruction publique. Nommé en avr. 1848
comme maître d'allemand et d'anglais au lycée national
de Laval, il échangea cette résidence contre celle de Reims
en 1850 et fut désigné, en 1851, comme membre de l'ex-
pédition scientifKjue de Mésopotamie, avec MM. Fulgence
Fi'esnel et Félix Thomas. H resta sur les ruines de Baby-
lone et de Ninive jusqu'en 1854, époque à laquelle il dut
revenir seul de cette mission. Après la rédaction de la
relation de son voyage, il fut, en 1857, chargé d'un cours
élémentaire de sansciit et de la philologie des langues
indo-européennes, près la Bibliothèque impériale. En 1868,
ce cours lut change et transporté au Collège de France ;
le cours de sanscrit, celui de philologie, d'arch éologie
assyriennes, obtinrent une chaire régulière enjanv. 1874.
L'activité de M. Oppert s'est étendue sur toutes les
branches des textes cunéiformes, sur tous les genres,
sur toutes les nationahtés et sur toutes les sciences.
Le premier, il publia un texte assyrien complet, transcrit,
traduit et commenté dans VInscription de Borsippa. En
1 858 , il publia dans le second volume de V Expédition scien-
tifique en Mésopotamie le système complet de V Ecriture
cunéiforme ; la Grammaire assgrienne (1860; 2^ éd.,
1868) suivit de près cette publication. Les texteshistoriques
furent traduits en entier dans h^ Annales de pfiiloiiopti.ie
chrétienne àeM. Bonnethy. Depuis ce temps, M Oppert s'est
occupé de la métrologie dans V Etalon des mesures assy-
riennes {Journal asiatique), suivi d'une grande quan-
tité de mémoires. Le côté le plus original des écrits
de M. Oppert est l'interprétation des textes juridiques et
la fixation du droit de l'Assyrie et de la Chaldée. Le premier
grand travail est Documents juridiques {\ SU), auquel il
associa son disciple, M. Menant. M. Oppert confirma et
modifia ses traductions par beaucoup d'écrits postérieurs
à 1877. En 1869, il fit paraître ses recherches sur la se-
conde espèce des inscriptions cunéiformes perses, dans son
livre le Peuple et la langue des Mèdes, dans lequel il
compléta, entre autres, les interprétations données en 1852
dans ses Inscriptions perses des AcJiéménides.
L'enseignement de la langue sanscrite produisit la
Grammaire sanscrite (1858 et 1864). M. Oppert s'est
encore occupé des textes astronomiques des Chaldéens, et
a produit des travaux de pure chronologie ; il a créé des
méthodes générales et s'est placé au premier rang parmi
les chronologistesde notre époque. Citons: la CJironologie
de la Genèse (1878 et 1896) ; Alexandre a Babylone
(1898), Quelques travaux de pures mathématiques sont à
signaler, tels les articles dans le Congrès de Cartilage.
Les travaux de M. J. Oppert sont répandus dans une
foule de journaux divers, aussi bien dans les journaux
français, allemands, anglais, itahens que dans les revues
littéraires les plus différentes. On les trouve dans des
recueils qui ont cessé de paraître et dans ceux qui existent
encore. Ce sont surtout : le Journal asiatique, la lievue
arctiéologique, les Annales de philosopliie chrétienne,
V Athenœum français, la Pievue orientale, la Revue
d'etlmograpliie, VAtliénée oriental, la Revue critique,
la Revue historique, la Revue philologique, la Revue
des études juives, les Mémoires et les Comntes rendus
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Une
liste bibUographique de 366 numéros, jusqu'en 1891, se
trouve dans les Beitrdye der Assyriologie (t. H).
Parmi les travaux non compris dans cette liste, nous si-
gnalons : Die Schaltmonate hei den Babylonien und
die dgyptiscli-ciuilddisclie /Erades yabo}iassar {iS91)
Das Assyrische Earnlveracht {1899) ; Noli me tangere
(en anglais, 1897) \ une Laïcisation au xii^ siècle avant
l'ère clirétienne, 1894) ; Adadnisar, roi d'Ellassar
[ibid., 1895); un Dieu cadastre chaldéen (1896);
un Dieu commerçant (1897) ; Alexandre à Bat)ylone
(1898) ; le Retrait lignager à Ninive ( J 898). M. J. Oppert
est un des collaborateurs de la Grande Encyclopédie.
OPPERT (Ernest- Jacob), né à Hambourg le 5 déc. 1832,
frère du précédent. Il alla comme commerçant à Chang-hai
en 1851 et visita — l'un des premiers Européens —
en 1866 et 1868, trois fois la Corée. Il publia sur ce pays
très peu connu un livre : A Forbidden land (Londres,
1867) et en allemand : Ein verschlossenes Land
(Leipzig, 1880).
OPPERT (Gustave-Salomon), néle^O juil. 1836, frère
des précédents. 11 étudia à Leipzig, Halle et Berlin (1858 à
1860) l'histoire et les langues orientales et fut employé à
Oxford comme assistant à la bibliothèque Bodléienne, puis
à la bibliothèque de la reine à Windsor. Nommé ensuite pro-
fesseur de sanscrit au collège présidentiel de Madras en
1872, il resta dans ces fonctions jusqu'en 1894, et en-
seigne depuis cette époque les langues dravidiennes du
midi de l'Inde à l'Université de Berlin. Il se fit connaître
d'abord par son livre : Der Presbyter Joimnnes
(Berlin, 1870, 2'* éd.). Il publia, d'après des principes
absolument originaux : The Classification of tanguages'
(Madras, 1879) ; Onthe weapons, army of the ancient
Hindu{ibid., 1880) ; ContrUmtions to the History of
Southern lndia{iSS^) ; Nitipra Karika(iSH^2) ;List of
sanscrit manuscriptsin Soulliern India('iS80 etsuiv.);
On the aborigènes of Jndia (1894). Ses travaux sur les
juifs noirs de l'Inde, ainsi que sur l'origine desBrahmans,
partent de points de vue tout à fait nouveaux.
OPPIA ou OBBIA ou HOPIA. Ville du Somaliland ita-
lien, située sur l'océan Indien. Siège d'un sultanat indi-
gène (jui a reconnu le protectorat italien en 1887.
OPPIANOS (V. OpeiEN).
OPPIDO-Mamertino. Ville d'Italie, prov. de Reggio di
Calabria ; 4.000 hab. Evèclié. Elle fut détruite parle
tremblement de terre de 1783.
m --
OPPIEN - OPPOSITION
OPPIEN ('OTCTciavdç), poète grec, né à Corycos en
Cilicie (aiij. Korghos). Son père s'appelait Agésilas,
sa mère Zénodote. Agésilas, homme riche et lettré, ayant
négligé, lors d'une visite de Lucius Veriis dans la contrée,
d'aller au-devant de lui pour lui rendre hommage, fut
exilé dans li'le de Malte. Il emmena avec lui son fils. Mais,
après la mort de Verus (en 169 ap. J.-C), le jeune poète
se rendit à Rome, pour avoir audience de Marc-Aurèle,
et obtint de hii, non seulement la grâce de son père, mais
un ri('he présent en récompense de son talent poéti(pie. 11
mourut à l'âge de trente ans, victime de la peste ; ses
concitoyens lui érigèrent un monument funèbre et une
statue. Le poème didactique d'Oppien qui nous reste, Sur
la Pêche ('AXisu-ri/à), en cinq livres, est dédié à Marc-
Aui-èle et à son fils Commode. Il témoigne d'une rare habi-
leté de versification ; les descriptions en sont agréaliles ;
on s'expli(|ue mal pourtant l'enthousiasme qu'il excita.
Oppien avait en outre composé un poème (en 5 livres sur
la Chasse a la glu ('IÇsuxixà), qui s'est perdu : une para-
phrase d'Entecnios, qu'on a souvent regardée comme étant
celle des Ijceutiques d'Oppien, est eu réalité celle d'un
autre poème de même titre, en trois livres, dont l'auteur
est un certain Denys. On attribue à Oppien un autre poème
Sur la Chasse (KuvrjYsxixà), en quati'e livres. Mais c'est
l'œuvre d'un homonyme, désigné souvent sous le nom d'Op-
pien le Jeune, qui se donne lui-même pour un Syrien
d'Apamée, et qui dédia son ouvrage à Caracalla. Il est d'ail-
leurs bien inférieur en mérite. Les llalientiques ont été
plusieurs fois traduites en français, entre autres en vers par
Florent Chrétien (Paris, 1575, in-8)et en prose parBelin
de Ballu (Strasbourg, 1787, in-8); J.-M. Limes (Paris,
1877, in-8); E.-J. Bourquin (Coulommiers, 1878 in-8).
A. -M. Desrousseaux.
i^iiJL. : Ed. princ, Florence, 1505, iii-8 (procurée par C.
MusuRUs, ne contient ({ue les Ilalieuti(iaes); éd. Aldini:.
Venise. 1517, in-8 (avec les Cynégétiques publiées pour la
première l'ois); éd., A. Turnèbk, Paris, 1555, in4 ; C. Rit-
TKRSUYS, Leyde, 1597. in-8 (avec un commentaire abon-
dant) ; J.-G. ScHNEiDiai, Strasbourg, 177G, gr. in-8 ("avec
des corrections de Brunck); F.-S. Lkhrs, dans les Poetœ
bucolici et didactici, de la collection Diclot (Paris, 1816).
Ces deux dernières contiennentla paraphrase des Ixeittica,
qui fut publiée pour la première l'ois i)ar E. Vinding.
d'après une copie d'Holstenius ; Copenhague, 1702, in-8. —
Miller, Oppiens des Junqern gedicht von der Jaqd ; Am-
berg, 1885.
OPPOLZER (Johann), médecin bohémien, néàGratzen
le 3 août 1808, mort à Vienne le 16 avr. 1871. Il fut
nommé en 1811 professeur ordinaire de médecine à Prague,
directeur de la clinicpie médicale et médecin en chef de
l'hôpital de cette Yilk. En iS^8, il passa au Jacohs Hos-
pital de Leipzig, et en 1850 à Vienne, où il fut nommé
professeur de clinique, et en 1861 devint recteur de l'Uni-
versité. Il obtint en 1869 des lettres de noblesse. Ou-
vrages principaux : Vorlesungen iiher specielle Patho-
logie imd Thérapie (Erlangen et Stuttgart, l866-7î2,
^2 vol. in-8) ; Varies, ûber die Krankheiten des lier xens...
(Lrlangen, 1867, in-8) ; Varies, iiber die Krankh. der
Mundhôhle, der Speicheldrùsen, des Uachens (Stutt-
gart, 187-2, in-8), etc. D^ L. Hn.
OPPOLZER (Theodor von), astronome autrichien, fils
du précédent, né à Prague le 26 oct. 1841, mort à Vienne
le 26 déc. 1886. Il étudia d'abord la médecine, puis
l'astronomie, se fit recevoir privat-docent à Vienne, en
1866, et fut nommé en 1870 professeur-adjoint, en 1875
professeur titulaire d'astronomie et de géodésie à l'uni-
versité de cette ville. Il était en outre depuis 1873 direc-
teur du Gradmessungsbiireau de Vienne. D'une activité
extraordinaire, il a publié, sur les questions d'astronomie
et de géodésie plus de 300 mémoires originaux dans les
recueils de l'Académie de Vienne, dont il était membre
depuis 1869, et dans les périodiques spéciaux. Il a, en
outre, donné à part : Lehrbuch xiir Bahnbestimmung
der Kometen und Planeten (Leipzig, 1870-80, 2 vol. ;
2® éd. du t. I, 1882), le meilleui' ouvrage sur la matière;
Sijzygientafeln fur den Mond (Leipzig, 1881); Tafeln
zur Berecknuny der Mondfinsternisse (Vienne, 1883);
Ueber die Auflôsung des heplerschen Prohlems (Vienne,
1885); Entwurf einer Moîidtheorie (Vienne, 1886),'
hanon der Unsternisse (Vienne, 1887). Ce dernier ou-
vrage fournit les éléments de toutes les éclipses de lune
et de soleil, depuis 1207 av. J.-C. jusqu'à 2163 de
notre ère.
OPPORTUNE (Sainte), abbesse de Montreuil en Nor-
mandie, morte vers 770. On vante sa douceur, puisqu'elle
reprenait ses nonnes au lieu de les battre. Elle est une
des patronnes de Paris. Sa fête est le 22 avr. ; mais elle
n'est pas inscrite au martyrologe romain.
OPPORTUNISME (Polit.). Désignation donnée par ses
adversaii'es à la politique du parti l'épublicain qui eut
pour chefs Gambetta, puis Jules Ferry et leurs amis, et
gouverna la France de 1879 à 1885. Il disputa ensuite
le pouvoir au parti radical, avec lequel il le partagea,
mais sans lui laisser appliquer son programme de 1885
(ministère Brisson) à 1889 (ministère Floquet). — Après
la victoire remportée en commun aux élections de 1889,
sur les boulangistes qui avaient repris, avec l'appui de la
droite cléricale, le programme de revision constitution-
nelle soutenu par les radicaux depuis 1876, les opportu-
nistes reprirent le pouvoir en s'entendant avec les élé-
ments plus modérés de l'ancien centre gauche. Une
rupture complète eut lieu entre eux et les radicaux en 1895
(ministère Bourgeois), et sous h\ direction de M. Méline,
ils se rapprochèrent de la droite ; mais les élections gé-
nérales de 1898 furent défavorables à cette politique et
on en revint à l'alliance entre les républicains radicaux
et opportunistes. Ceux-ci s'intitulent eux-mêmes républi-
cains de gouvernement et, plus récemment progressistes,
épithète qui englobe les ralhés d'origine réactionnaire. Au
Sénat, les groupes ont conservé les anciens noms d'Uni(m
républicaine (gambettistes) et de gauche républicaine (fer-
rystes).
OPPOSÉ. I. Géométrie. — Ce mot est d'un usage conli-
nuel en géométrie, pour représente!* des éléments de figures
qui ont entre eux une certaine corréhition symétrique. Ainsi,
dans une courbe à centre 0. si MOx>l' est un diamètre, on
dit que les deux points M, M' son! opposés; de même (kms
une surface à centre. Dans un triangle ABC, les sommets
ou les angles A, B, C, sont opposés aux côtés BC, CA. \B,
respectivement, et réciproquement BC est opposé à A, etc.
Dans un tétraèdre ABCI). ou dit que le sonunet A et la
face BCD sont opposés ; et que les arêtes AB, CD sont
opposées. Dans un polygone dont le nombre des côtés est
impair, on dit souvent qu'à un sommet A est opposé le
côté qui serait travei'sé en ^on mih"eu par le rayon AO
prolongé, si le polygone était régulier et convexe. Dans un
polygone dont le nombre des côtés est pair, les sommets
sont opposés deux à deux, ainsi que les côtés. Cette appel-
lation facilite et abrège beaucoup certains énoncés. Nous
n'en voulons pour exemple que celui de l'hexagone de
Pascal : « Les côtés opposés d'un hexagone inscrit dans
une conique se rencontrent en trois points en ligne droite ».
qui serait, sans cette ressource, beaucoup plus long et
beaucoup moins clair.
IL Art héraldique. Deux pointes sont dites opposées
quand l'une est dirigée vers le haut, l'autre vers le bas de
l'écu, placées ainsi en sens inverse.
OPPOSITION. ï. Logique.— On appelle ainsi, en lo-
gique formelle, Fensemble des relations qui peuvent exister
entre deux propositions qui tout en ayant même sujet
et même attribut diffèrent, soit en quantité, soit en qua-
lité, soit en quantité et qualité tout à la fois. Rappelons
d'abord qu'au point de vue de la quantité on distingue
les propositions en universelles [lout U est C ; nul B n'est
C) et particulières {«luelque B est C ; quehiue B n'est pas
C) et qu'au point dé vue de la (jualité on les disthigue en
affirmatives [Unit B esl C ; quelque B est C) et négatives
{nul B n'est C; quelque B n'est pas C) : d'où, en com-
binant les deux points de vue de la (luahté e«t de la quan-
OPPOSITION
130 —
tité, quatre espèces de propositions: iiiiiYersellc atfirmative,
universelle négative, particulière affirmative, particulière
négative, symbolisées respectivement par les quatre voyelles
A, E, I, 0. Dès lors, deux propositions opposées seule-
ment en quantité, telle que A et I d'une part, E et 0
d'autre part, sont dîtes siiballei'nes. Par exemple : la su-
balterne do la proposition A :'Tout B est C, est cette autre
proposition I : Quelque B est C ; et de même la subalterne
de E : ^ul B nest C est 0 : Quelque B n'est pas C. La
subalternation est donc la première forme de l'opposi-
tion (bien que certains logiciens contemporains aient fait
remarquer avec raison que les propositions subalternes
ne s'opposent pas véritablement entre elles, mais rentrent
bien plutôt l'une dans l'autre). En second lieu, deux pro-
positions opposées seulement en qualité sont dites con-
traires si elles sojit toutes les deux universelles, et sut)-
contraires si elles sont toutes les deux particulièj'es.
Par exemple : le contraire de la proposition A : Tout B
est C, est la proposition E : aucun B n'est C; et la sub-
contraire de 1: Quelque B est C, estjO : Quelque B nest
pas C, Enfin deux propositions opposées à la fois en quan-
tité et en qualité sont dites contradictoires. Par exemple
la contradictoire de la proposilion A : Tout Cest B, est la
proposition 0 : Quelque 6' n'est pas B ; et réciproque-
ment la contradictoire de 1*^ : iSul C nest />, est I : Quel-
([ue C est B. La contrariété et la contradiction sont donc
les deux autres formes tle ro}>posilion.
Ees scolastiques avaient imaginé le tableau suivant des
propositions opposées :
A
(* 0 n t r a 1 r e s
' V . *^^
.s>^
I subcontrii
0
Cette théorie de l'opposition se rattache elle-)nème à
celle des inférences immédiates (celles oti l'on conclut
d'une proposition à une autre sans faire intervenir, comme
dans le syllogisme, une troisième proposition). Haisomier
par opposition, c'est en effet conclure de la vérité ou de
la fousseté d'une proposition quelconque la vérité on la
fausseté de la proposition opposée.
Voici les règles qui président à ce raibonnement : 1° poui'
les sulmlteriies, si l'universelle est vraie, la particulière
Test aussi ; si la particulière est fausse, Euniverselle
Test aussi ; ^2*^ pour les contraires, si l'une est vraie,
l'autre est fausse, mais elles peuvent être toutes les deux
fausses en même temps; o« pour les subcontraires, si
l'une est fausse, l'autre est vraie ; mais elles ])euvent
être toutes les deux fausses en même temps; 4° enfin,
pour les contradictoires, si l'une est vraie, l'autre est
fausse, si l'une est fausse, l'autre est vraie. Elles ne peu-
vent pas être vraies ou fausses loules les deux en même
temps. i^^. BoinAc.
IL Politique (V. PABLKMHNTAiUSMI-:).
III. Procédure civile. — Procédure par laquelle la
partie qui a fait défaut demande la réformation de la sen-
tence rendue contre elle. L'opposition est une voie de rétrac-
tation, c.-à-d. que celui qui en use s'adresse au juge même
qui a rendu la sentence et non à unjuge d'un degré supé-
rieur ; elle est donc portée, tantôt devant un tribunal, tan-
tôt devant une cour d'appel, tantôt même devant un seul
juge, s'il s'agit de l'opposition à une ordonnance rendue
par défaut. Et, lorsque le tribunal ou la cour qui a rendu
cette décision par défaut comprend plusieurs chambres,
l'opposition doit être formée devant la chambre même de
qui émane la décision par défaut.
On distingue deux sortes de jugements par défaut : le
jugement par défaut contre partie, lorsque le défendeur
assigné n'a pas comparu, c.cà-d. n'a pas conslitué avoué,
et le jugement par défaut contre avoué, lorsque l'avoué
constitué par lui n'a pas conclu. Les règles de l'opposition
varient suivant qu'on se trouve dans l'une ou l'autre de
ces deux hypothèses. D'après l'art. i5<S du C. de procéd.
civ., si le jugement par défaut a été rendu contre une partie
(jiii n'a pas comparu, qui n'a pas d'avoué, l'opposition est
recevable jusqu'à l'exécution du jugement; en d'autres
termes, le défaillant peut faire opposition à ce juge-
ment, tant qu'il n'a pas été exécuté. L'art, loi) in-
dique d'ailleurs ce qu'il faut entendre par un jugement
exécuté. Le jugement est réputé exécuté, dit-il, lorsque
les meubles saisis ont été vendus, ou que le condamné a
été emprisonné ou recommandé, ou que la saisie d'un ou
de plusieurs de ses immeubles lui a été notifiée, ou que les
frais ont été payés, ou enfin, lorsf{u'il y a quelque acte
duquel il résulte nécessairement que l'exécution du juge-
ment a été connue de la partie défaillante. Tant qu'aucune
de ces. mesures n'a été prise, îe défaillant peut former op-
position : la loi suppose en effet qu'il n'a pas reçu l'assi-
gnation et qu'il ne connaît même pas le jugement.
Quand ï\ s'agit au coniraire d'un jugement par défaut
faute de conclure (ou conire avoué), la partie n'a pas
ignoré l'assignation, puisqu'elle a constitué avoué, aussi le
délai d'opposition est-il beaucoup plus court : il est dehui-
laiiu^. à compter du jour de la signification du jugement à
avoué. Si cette huitaine s'écoule sans que l'opposition ait
été formée, celle-ci est irrecevable. D'ailleurs le jugement
ne peut pas être exécuté avant l'expiration de ce délai
(art. doo, E. pr.). Les formes de l'opposition varient égale-
ment suiva^it ([u'il s'agit d'un jugement par défaut faute
de comparaître, ou d'un jugement par défaut faute de
conclure. Au premier cas, l'opposition peut être formée
soit par acte extrajudiciaire (par exemple, par un exploit
d'huissier signifié au demandeur, et dans lequel le défail-
lant déclare faire opposition), soit ptir une déclaration sur
les commandements, procès-verbaux de saisie ou d'em-
prisonnement, ou sur tout autre acte d'exécution. Mais,
dans ce second cas, l'opposition ainsi faite par simple dé-
claration doit être renouvelée dans lahuitainepar requête
contenant constitution d'avoué.
S'il s'agit d'une opposition à un jugement par défaut
faute de conclure, les formes changent; elle doit alors être
faite par re(|uête d'avoué à avoué, c.-à-d. par un acte que
l'avoué du défaillant signifie à l'avoué du demandeur, lui
déclai'ant qu'il forme opposilion. Cetle requèle doit con-
Ifunr les moyens d'opposition, à moins que cos moyens
n'ai(Mit déjà été signifiés dans les défenses écrites. Il est à
remarquer, en effet, que la signification par l'avoué du dé-
fendeur de ses moyens de défense n'empêche pas que le
jugement soit rendu par défaut : le jugement n'est con-
(l'adictoire que si ces moyens de défense ont été déposés
à l'audience dans des conclusions régulières.
L'opposition formée dans les délais et dans les formes
(jue nous venons d'exposer a pour effet de suspendre
l'exécution du jugement : celui qui a obtenu le jugement
par défaut ne peut plus en poursuivre l'exécution : il doit
s'arrêter. Les parties reviennent alors devant le tribunal,
et l'affan'e est examinée à nouveau, comme si rien n'avait
été fait.
Opendant, et par exception, mais dans les cas seulc-
]nent oii il y a péril en la demeure, le juge peut ordonner
que la décision qu'il a rendue par défaut sera exécutée
nonobstant opposition; dans cette hypothèse, l'opposition
du défaillant n'empêche pas le demandeur de poursuivre
l'exécution, mais, pour sauvegarder les droits du défail-
lant, le juge peut ordoinier que son adversaire devra, pour
continuer l'exécution, fournir une caution.
On désigne encore parfois sous le nom à' opposition
l'acte par lequel un créancier défend au débiteur de son
propre débiteur de verser entre les mains de celui-ci ce
qu'il lui ddit, avant que le, juge l'ait ordonné. Cette pro-
OPPOSITION — OPTIMISME
cédure s'appelle plus exactement saisie-arrc'/, et les règles
en seront exposées sous ce mot. V. Girodon.
IV. Beaux-Arts. — Opposition se dit en peinture, soil
d'un contraste d'ombres et de lumières (V. O.mbkk), soil
d'un contraste de formes, de gestes, de mouvemenis. ih\
l'emploie aussi en architecture pour désigner une différence
marquée et systématique élal)lic entre différenles parues
ou ornements d'un édifice.
V. Astronomie, (V. Conjonction et pL.Lxm:).
BlJJL. : PllOCKD. CIVIi.H. — BOITARD, CoLMl-n'-D A.VCiK vt
Gl\sfion, Leroiiti de procédure.
OPPY. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. d'Arras,
cant. de Vimv; ^'2^2 hah.
OPRAXINÈ (V. Apraxtne).
GPS (Mythol. rom.). Divinité de la vieille religion
latine, dont le nom signifie abondance, fevUlilc. On la
considérait comme la mère de Saturne, dieu des semailleï>.
et elle était comme lui un des esprits protecteurs de l'agri-
culture, une personnification de la terre nourricière. La
principale fête célébrée en son honneur concordait ave(' la
fm des moissons et tombait le 25 août : le sacrifice qu (»n
lui offrait àtitrede co«,v/ra, gardienne des semailles, por-
tait le nom ^\)pec()][mna.Oï\ lui recommandait aussi les
enfants nouveau-nés pour qu'elU». assurât leur nourri-
ture. A Rome, elle possédait un anticpie sanctuaire, non
loin du temple de Saturne, à la montée du Capitole : elle
y était vénérée avec son époux, à la fin des semailles
d'automne, vers le miHeu de décembre (V. Fête) ; l'usage
voulait qu'on lui adressât les prières en s'asseyant par
terre et en touchant le sol, son domaine. Le nom d'une
des plus anciennes nationaUtés de l'Italie, des Opiqiies ou
Osques, est à rattacher à celui de la déesse Ops.
OPSIKION. Un des thèmes on gouYarnemonts militaires
de l'empire byzantin. Il devait son nom à ce qu'originai-
rement une partie du corps de la garde, xo Ôso^iSXa/.Tov
PaaiXr/.ov o<l^{/iov, était cantonnée dans les provinces qui
le composèrent. Il comprenait la majeure partie de l'an-
cienne Bithynie ; sa capitale était Nicée. Constitué dès la
tin du vn^ siècle, c'était l'un des grands thèmes asiatiques
de l'empire; mais, par une anomalie qu'explique son ori-
gine, son gouverneur, au Ueu du titre de stratège, portait
celui de comte de FOpsikion. Dans ce gouvernement était
cantonnée une importante colonie militaire slave, sous un
catépan. Ch. D.
OPTAT, évèquede Milève (Numidie), vécut dans la se-
conde moitié du iv® siècle. On ne sait rien ni de sa vie,
ni de sa mort. Mais il est l'auteur du principal document
pour l'histoire du donatisîne (V. t. XIV, pp. 901 et suiv.),
le de Schismate Donatistarum adversus Parmenianum
(éd. princepsà Mayence, 1549 ; l'éd. d'E. du Pin, àParis,
1700, et corrigée à Anvers, 1702, reste précieuse à cause
des notes et des dissertations ; nouvelle éd. critique du
texte par C. Ziswa, à Vienne, 1893).
BiBL. : D. VcKLTKR, Der Ursprung des Douât ismus :
l<'ribourii--cn-Bi'iyirau, 1883. — 0. Sekck, dans le Zeitschrift
filr KlrcliengescJnchte ; Gotha, 1889. t. X, pp. 565 et suiv.
— L. DucHESNE, le Dossier du doncitisme ; Rome, 1890.
OPTATIF. L'optatif est un mode du verbe que l'on a
ainsi nommé d'après l'une de ses fonctions qui est de pré-
senter la chose énoncée comme ro])jet d'un souliail. Op~
lare veut dire souhaiter. L'optatif existe en grec, en
sanscrit et en zeiid. Il se distingue généralement des formes
correspondantes de l'indicatif ou du subjonctif par la pré-
sence d'une diphtongue en regard d'une voyelle longue
ou d'une brève. Ainsi les optatifs grecs Xuoip-sv etT:i6£î[j.cv
correspondent aux subjonctifs Xuw(jl£v et Tt6c5{jL£y et aux
indicatifs Xuo(jL£vetTiÔs(ji,£v. La diphtongue de l'optatif est
y a en sanscrit ; en grec, elle se termine par la semi-
voyelle i. L'optatif a dû exister dans toutes les langues
de la famille indo-européenne et l'on en retrouve des
formes conservées av^c une autre significalionen latin, en
gothique, en lithuanien, en ancien slave. C'est ainsi qu'en
latin les subjonctifs en im, velim, edim, perdnim, sim
sont d'anciennes formes d'optatifs. Sim, arch. siem i=zscr.
syd)n ~z gr. £(a)irjv. U en est do même des subjonctifs
de la l^"^' conjugaison en em, comme <:///Z6^/^^.= amaim
(cf. l'ombrien porlaial =zportet), et des formes de futur
en es, et, émus, etis, eut.
L'optatif s'emploie en grec dans les propositions prin-
cipales, soit pour exprimer que la chose énoncée est l'objet
d'un souhait, d'un désir, soit pour la présenter comme
simplement possible. Il s'emploie dans les propositions
dépendantes, soit encore pour exprimer la chose énoncée
comme possible, soit pour remplacer le subjonctif après un
verbe principal à un temps secondaire. Aussi un grammairien
comme Kuhner a-t-il pu dire que l'optatif n'est que le sub-
jonctif des temps historiques. Kock (grammaire grecque)
définit l'optatif le mode de l'action possible et Madvig
(syntaxe grecque) l'associe au subjonctif en disant que le
rôle commun de ces deux modes est d'exprimer une chose
comme n'existant que dans la pensée de celui qui parle, sans
([u'il veuille l'énoncer comme une réalité, mais avec cette
différence que le subjonctif a rapport au présent et au futur,
et l'optatif au passé. La signification primitive de l'optatif
serait, suivant les uns, le désir, Qi elle remonterait à une
période où l'on n'aurait parlé que par propositions coor-
dojHiées ; suivant d'autres, elle doit, au contraire, être cher-
chée dans les propositions dépendantes, et Thurot, consi-
dérant que notre conditionnel est un ancien temps du passé,
fait dériver la signitication de souhait (pi'a l'optatif de
celle de temps passé. Paul Giqueaux.
BiBL. : Delbrûck, ConjnncllD itnd Optativ, 1871. —
Bergaigne, deConjunciivo et Optatwo, 1877. — Thurot,
n, C.,XII, 27.
OPTEVOZ. Com. du dép. de l'Isère, arr. de la Totir-
du-Pin, cant. de Crémieu; 475 hab.
OPTI M ATE. Un des thèmes ou gouvernements mUitaires
de l'empire byzantin. Il devait son nom cà ce qu'originai-
rement un corps de soldats goths d'élite, les Optimales,
y avait été cantonné par les empereurs. Il comprenait une
partie de la Bithynie et de la Mysie. Sa capitale était Ni-
comédie. Créé à lahn duviii® siècle par un démembrement
de rOpsikion, il avait à sa tète, non point un stratège,
mais un gouverneur ayant le titre de domestique. On ren-
contre pourtant sur les sceaux tantôt des stratèges, tantôt
des catépans de l'Optimate. Ch. D.
OPTIMISME. Conception de la vie et de l'univers
d'après laquelle tout est bien, ou au moins tout est le
mieux possible; s'oppose à pessimisme. — On peut distin-
guer deux variétés d'optimisme, Tun tout instinctif et
sentimental, l'autre systématique et philosophique. L'état
d'esprit de l'homme satisfait de son sort, content de tout,
prenant tout par le bon côté, de même que l'état d'esprit
inverse, tiennent évidemment, ou bien à des causes parti-
culières et accidentelles, ou bien au tempérament même ;
en ce sens, on nait optimiste ou pessimiste, et il n'est
pas douteux que ce genre d'optimisme « béat » ne va
pas sans beaucoup d'égoisme et une grande indifférence
aux douleurs d'autrui. Il ne peut d'ailleurs se justifier
ni se fonder théoriquement : le fait seul que quelques in-
dividus souffrent, ou seulement croient souffrir, suffit à
poser le problème de la nature et de l'origine du mal sous
sa forme philosophique. On tend quelquefois, il est vrai,
à réduire l'optimisme ou le pessimisme systématique à
l'optimisme ou au pessimisme senlimental, en cherchant
l'origine des doctrines dans la vie de leurs auteurs, leur
bonheur ou leur infortune, leur bonne santé ou leurs
maladies ; mais, quel que soit l'intérêt psychologique de
ces explications, et en admettant même qu'elles suffisent
à rendre compte de l'adoption par tel ou tel penseur de
telle ou telle théorie, elles ne suppriment pas la théorie
même, ni la valeur rationnelle qu'elle peut avoir.
Sous sa forme philosophique, le problème de l'opti-
misme ne paraît que tardivement dans l'histoire des idées ;
il suppose, en effet, que l'homme se détache assez, par l'ob-
servation, de tout l'univers, et, par la réflexion, de sa propre
souffrance, pour essayer de le^ juger ; à l'origine, l'homme
OPTIMISME
— 432 —
jouit ou souffre sans se demander pourquoi, aime ou liait
les causes prochaines de ses joies et de ses douleurs sans
prétendi'e systématiser ses sentiments et chercher la raison
de la souffrance en général. D'autre part, il est vrai, la
question est intimement liée à celle de l'existence et de
la nature de Dieu ; et par suite, toutes les métaphysi([ues
ou les religions, sous forme expresse ou implicite, sym-
holique ou directe, en enveloppent plus ou moins une
solution. Les grandes métaphysiques antiiiiies sont en
général optimistes en ce sens. Mais le prohlème ne se
pose guèce avec précision que chez Platon, les stoïciens
et les néo-platoniciens. Platon, dans le X^ livre de la
liepublique, essaie nettement de justifier l'existence du
mal et de montrer que « Dieu en est innocent » ; le plus
souvent, il semble présenter la douleur comme une puni-
tion, et l'idée delà Providence, s(nis forme plus ou moins
mythique, joue un grand rôle dans sa doctrine, ainsi que
plus tard chez les néo-platoniciens. Les stoïciens, eux,
insistent sur l'idée qu'on ne pourrait juger du caractère
bon ou mauvais de l'univers qu'en le connaissant dans sa
totalité, et que le mal particulier peut servir à la perfec-
tion de l'ensemble. — Au moyen âge, la question prend une
forme toute théologique ; c'est l'existence du mal moral,
c.-à-d. du péché, qu'on veut concilier avec la prescience
divine d'une part, d'autre part avec le dogme du concours
divin, de la grâce et de la prédestination ; elle se trouve
ainsi intimement liée au problème de la liberté, humaine et
divine, et chez tous les grands penseurs de la scolasti(|ue,
de saint Augustin à Duns Scott et à saint Thomas, elle tient
une place émincnte, ainsi que dans la plupart des grandes
(juerelles religieuses : pélagianisme et manichéisme, so-
cinianisme et protestantisme, molinisme etjansénisme. — La
philosophie cartésienne rend au problème toute sa largeur ;
c'est à la fois du mal physique ou de la douleur, du mal
moral ou du péché, du mal métaphysi(iue ou de l'imper-
fection, qu'il faut rendre compte. Si Descartes ne l'aborde
guère de front, Malebranche le pose nettement, en mon-
trant que le mal n'a jamais une cause propre, qu'il résulte
de lois générales, et que la question revient dès lors à se
demander si Dieu devait agir par lois générales ou par
miracles continuels ; le dogme de l'incarnation lui semble
d'ailleurs confirmer définitivement l'optimisme, puisqu'il
donne à la nature humaine une dignité et une valeur
infinies. Enfin, chez Leibniz, l'optimisme, approfondi sous
tous ses aspects, dans ses relations avec l'idée de Dieu et
avec la prédestination, avec la liberté et avec le mécanisme,
devient une des pièces essentielles de sa philosophie, et
l'on peut dire que depuis la formule n'en a guère changé.
Des trois formes du mal, la plus essentielle pour Leibniz,
c'est le mal métaphysique, c'est l'imperfection ; or, si
chaque substance prise à part était parfaite, elles seraient
toutes semblables (Théod., *200) ; « Dieu ne pouvait pas
donner tout ta une créature sans en faire un Dieu » (34);
il fallait donc qu'il y eût des limitations de toutes sortes ;
un univers à la fois créé et parfait est une contradiction
dans les termes, et comme la cause du mal est toujours
négative, déficiente plutôt qu'efficiente, qu'elle tient à la
limitation des lois de la nature les unes par les autres, le
mal métaphysique entraîne déjà en un sens et explique le
mal physique ou moral. Reste à savoir si l'univers n'aurait
pas pu être moins imparfait et moins mauvais qu'il ne
l'est. « Absolument parlant, en effet, ni la douleur ni le
péché ne sont nécessaires, puisque cela seul est nécessaire
dont l'absence implique contradiction ; ils ne résultent pas
fatalement de la nature des choses, mais du décret créa-
teur de Dieu » (Théod., 120 etpassim\. Est-ce donc à dire
que Dieu veut proprement le mal? En aucune façon. Si
rien n'est nécessaire dans les actions humaines ou divines,
tout est déterminé, tout a une cause ou une raison suHi-
sante ; par suite, tout se tient dans l'univers ; le mal,
physique ou moral, ne se produit que conformément à des
lois générales ; il serait possible de supprimer telle infor-
tune particulière, mais à condition que les causes ne s'en
fussent pas produites et que les conséquences ne s'en pro-
duisent pas, c.-à-d. qu'il faudrait pour cela changer toute
la séi'ie des choses, créer un autre univers. Pour que
Sextus ne retourne pas à Rome et ne viole pas Lucrèce,
il faut ({ue toute l'histoire romaine et pai' là toute l'his-
toire du monde soit autre. Avant le décret créateur de
Dieu, les possibles existaient déjà de toute éternité dans
son entendement, et le mal entrait en plusieurs d'entre
eux et même dans le meilleur de tous (21), et ces pos-
sibles sont les seules choses que Dieu n'ait point faites,
« puisqu'il n'est pas auteur de son propre entendement »
(380). D'autre part, parmi tous ces univers possibles, il
doit y en avoir un meilleur que tous les autres : il est
vrai qu'une substance particulière peut toujours être sur-
passée par une autre, « cela ne doit pas être appli(|ué à
l'univers, lequel se devant étendre par toute l'étendue
future, est un infini » (195). Dès lors, en créant cet
univers. Dieu ne veut pas le mal, il le permet seulement,
parce que le mal se rencontre comme une condition sine
qua non dans le meilleur de tous les univers possibles,
({ue seul il pouvait choisir en vertu de sa sagesse et de
sa bonté : « ce serait un vice dans l'auteur des choses s'il
voulait exclure le vice qui s'y trouve » (125). Par là, le mal
des parties peut servir à l'excellence du tout ; « toute la
suite des choses à l'infini peut être la meilleure qui soit pos-
sible, quoique ce qui existe par tout l'univers dans chaque
partie du temps ne soit pas le meilleur » ; pour juger
de l'univei's, il faudrait tenir compte de sa totalité non
seulement spatiale, mais encore temporelle, et il se pour-
rait qu'il « aille toujours de mieux en mieux » (202).
Ainsi se concilient l'existence du mal et l'excellence du
inonde, la bonté divine et la souffrance humaine, la liberté
et la sagesse de Dieu.
On peut considérer, en un sens, l'effort de Leibniz
comme définitif; non pas sans doute qu'il ait éclairci toutes
les difficultés, et celles en particulier qui se rattachent à
la nature du libre arbitre. Mais il a montré que le pro-
blème se résout nécessairement en un autre plus général,
qu'il se confond avec le problème même de la création, et
par là sa doctrine reste tout à fait au-dessus de critiques
telles que celles du Candide. Aussi, peu importe «ju'après
lui l'optimisme se présente, au xviii*^ et au xix^ siècle,
chez Condorcet par exemple, surtout comme un optimisme
dans le temps, un optimisme d'espérance, l'optimisme du
« progrès indéfini » ; peu importe que les évolutionnistes
expliquent la douleur comme une condition du salut indiM-
duel, un avertissement des causes de destruction j)ossible :
on n'ajoute rien à sa doctrine qu'il n'eût prévu, rien (}ui
en change l'économie ; le problème se ramène toujours
à celui de l'existence de Dieu ; il s'agit désormais de savoir
si oui ou non l'univers a un but, s'il y a une fin à la création ;
mettre à la source des choses le vouloir-vivre aveugle de
Schopenhauer ou la fatalité du matérialisme, c'est expli-
citement ou virtuellement tendre au pessimisme ; admettre
une finalité dans les choses, c'est être optimiste.
Par suite, la question peut être considérée comme aban-
donnée en elle-même, voire comme supprimée ; Leibniz a
définitivement démontré que le mal est une conséquence
nécessaire de l'existence des choses, qu'il n'y a rien en
lui d'arbitraire et de fortuit. Au point de vue psycholo-
gique, en effet, plaisir et douleur, joie et souffrance, appa-
raissent de plus en plus comme inséparables, comme
conditions nécessaires l'un de l'autre, comme la forme
même de la sensibilité et de la vie ; si la joie n'est qu'une
tendance satisfaite, et la douleur cette tendance contrariée,
nos aptitudes à jouir et à souffrir croissent ensemble et
solidairement. Et comme d'ailleurs les causes externes par
les([uelles notre développement peut être favorisé ou en-
travé résultent elles-mêmes de lois générales ; que ces
lois sont tour à tour ou tout ensemble occasions de jouis-
sance et de peine, le mal et le bien sont essentiellement
unis et éléments nécessaires de l'existence des choses. —
Au point de vue moral encore, le mal parait logique-
-^ 4aa —
Ol^TIMlSME -^ OPTIQUE
ment lié à l'idée même d'une vie morale : si le devoir ou
l'obligation ne s'entend que par op/osition à rentraîne-
ment et à la propension instinctifs, le «lérite, la vertu, le
bien sont inséparables du sentiment de i effort, de la lutte
contre la nature, de la passion dominée et vaincue, insé-
parables par là même de la souffrance. — Au point de vue
métaphysicpie eniin, ])lus absolument encore que ne le
faisait Leibniz, on reconnaît que tout mal est négation et
privation, que la cause originelle en réside donc dans notre
imperfection d'êtres créés : c'est reconnaître que le monde
ne pouvait pas être sans être imparfait, ni être imparfait
sans être mêlé de mal; et puiscpie c'est une hypothèse
\isiblement arbitraire et oiseuse que d'admettre que ce
nml nécessaire aurait pu être moindre en quantité, une
seule question semble pouvoir encore logiquement se poser :
pourquoi l'univers a-t-il été créé, pour([uoi l'être est-il ?
Mais cette question à son tour, évidemment insoluble, est
peut-être encore contradictoire, s'il est impossible de
penser le néant. Tout revient donc à se demander, non
pas si l'univers aurait pu ne pas être, mais si cette exis-
tence, nécessaire sans doute, est orientée vers une fin, ou
n'est que la manifestation stérile et vaine d'une substance
aveugle ; si au fond des choses est la pensée ou le hasard,
si nous devons être par suite, en présence de la douleur
et de la vie, résignés et confiants, ou sceptiques et déses-
pérés. Le problème de l'optimisme se perd ainsi inévita-
blement dans le problème métaphysique et religieux.
D. Parodi.
BiijL. : Pj.ATON, pas«im. — Maleuranchj:, Entretiens
}uétnphysiqaes. — Leibniz, TJ}éo<licée cAj^nssini. — Scho-
i'KMIAUKR. pUSSim.
OPTION (Dr. internat.). Dans l'ancien droit, le chan-
gement de souveraineté territoriale entraînait de plein
droit le changement de nationalité des habitants. De nos
jours, les actes de cession d'un territoire reconnaissent, en
général, aux régnicoles, le droit de conserver leur natio-
nalité ancienne, moyennant une déclaration d'option faite
dans un certain délai devant l'autorité compétente. L'op-
tion doit, en principe, être accompagnée ou suivie d'émi-
gration, surtout lorsque la cession est le résultat d'une
guerre et que l'acquéreur du territoire a un intérêt majeur
à ne pas laisser le pays peuplé de sujets, plus ou moins
hostiles, de l'Ltat cédant. Les traités consacrent aussi un
droit d'émigration, en vertu duquel les régnicoles sont
autorisés à quitter le pays en emportant leurs biens il'émi-
gi'ation constitue souvent, par elle-même, l'option pour la
nationalité ancienne. Les conditions de l'option, le mode
d'y procéder, les délais sont réglés par l'acte de cession,
ainsi que par des décrets de l'Ltat acquéreur. ïl est su-
perflu d'ajouter que la bonne foi qui doit régner entre
nations exige que l'exercice du droit d'option stipulé et
consenti ne soit pas entouré, après coup, de difïicultés. On
peut consulter, sur le droit d'option, les traités suivants :
traité d'Hubertsbourg du 15 févr. 1763, art. 10 ; traité
austro-russe du 3 mai 1815, art. 6-^23 ; traité de Paris
du 20 nov. 1815, art. 7 ; traité de Loiulres du 19 avr.
1839, art. 17 ; traité de Paris du 30 mars 1856, art. 21 ;
traité de Zurich du 10 nov. 1859, art. 12 ; traité de Tu-
rin du 24 mars 1860, art. 6 ; pour la guerre franco-alle-
mande, préliminaires de paix du 26 févr. 1871, art. 5 ;
traité de Francfort du 12 mai 1871, art. 2 ; convention
additionnelle du 11 déc. suivant, art. 1 ; traité de San-
Stefano du 3 mars 1878, art. 21, etc. Ernest Leur.
OPTIQUE. I Physique. — L'optique est l'étude de la
lumière et des phénomènes qu'elle produit. La nature de la
lumière a été longtemps méconruie. Bien que la connaissance
que nous en avons maintenant l'ésulte de l'étude approfon-
die de tous les phénomènes de l'optique, nous suivrons la
mardi e inverse et nous exposei'ons tout d'abord la consti-
tution de la lumière pour classer les diverses branches de
cette science. Aux idées vagues des anciens sur la nature
de la lumière, idées qui leur permirent seulement d'étudier
la marche des rayons lumineux dans quelques cas simples,
GRAiXDE ENCYCLOPÉDII-:. XX Y. .
succédèrent au xvu" siècle les spéculations de Malebranche,
de Grimaldi et d'Huygens qui posèrent, le dernier surtout,
les fondements de la théorie actuelle des ondulations;
puis en 1704 la théorie de l'émission fut développée par
Newton qui réussit à la faire admettre par presque tous
les physiciens jusqu'à ce que les beaux travaux de Fresnel
(1815-27) l'aient définitivement ruinée (V. Lumière et
ONDULATIOr^).
Ijn certain nombre de phénomènes lumineux peuvent
être très bien étudiés sans que l'on ait recours aux théo-
ries de la lumière ; ils forment les chapitres de ce que l'on
a appelé ïoptùiiie (jéo})i'Jt)'lqiœ. En se basant sur quel-
ques lois expérimentales très simples, toute cette optique
peut être établie facilement. Ainsi quand un rayon se ré-
tléchit sur un miroir, le rayon réfléchi reste dans le plan
d'incidence, formé par le rayon incident et la normale à la
surface au point considéré, et l'angle de réflexion est égal
à l'angle d'incidence. De ce fait expérimental on peut dé-
duire une série de conséquences en s' appuyant uniquement
sur des considérations géométriques simples : la théorie
des miroirs plans, celle des miroirs sphéi'iques et parabo-
liques, les phénomènes de l'aberration des miroirs, etc.
De même quand un rayon lumineux se réfracte, c.-à-d.
quand il passe d'un milieu dans un autre, l'expérience
montre qu'il le fait suivant deux lois simples : le rayon ré-
fracté reste dans le plan d'incidence, et le rapport du sinus
de l'angle d'incidence au sinus de l'angle de réfraction est
un nombre constant qui ne dépend que de la nature des
deux milieux, c'est l'indice de réfraction du deuxième mi-
lieu par rapport au premier. De ces lois de la réfraction
se déduisent la théorie des prismes, celles des lentilles,
des lunettes et, d'une façon générale, celles de tous les ins-
truments d'optique. Là encore des notions de géométrie
et quelques formules d'algèbre permettent de traiter tous
les problèmes sans que la natui'o de la lumière ait à inter-
venir. Cependant cette partie de l'optique a permis de cons-
tater que ce que nous englobons d'une façon générale sous
le nom de lumière ou de rayons lumineux était de nature
beaucoup plus complexe ([ue les anciens ne le pensaient.
La dispersion qu'éprouve un rayon de lumière (pii arrive
du soleil et traverse un prisme nous montre ([ue, (pielle cpie
soit la lumière, elle n'est pas }inc\ mais bien formée d'une
infinité de lumières, si l'on peut s'exprimer ainsi, ou d'une
infinité de radiations ayant chacune une individuahté
propre et caractérisée par leur indice de réfraction, c.-à-d.
par la réfraction qu'elles éprouvent dans des conditions
déterminées, ou mieux par leurs longueurs d'onde (V. Onde) .
D'autres phénomènes d'optique au contraire ne peuvent
recevoir d'explications satisfaisantes si l'on ne fait pas
intervenir la constitution de la lumière ; ils forment les
chapitres de Voplique phijsv[uc\ Ainsi, par exemple, en
optique géométrique, des règles simples, fondées sur la pro-
pagation de la lumière en ligne droite, permettent facile-
ment, étant donnés un corps lumineux et un corps opaque,
de tracer l'ombre et la pénombre. Mais l'expérience apprend
qu'au bord de l'ombre géométri({ue, là où il ne devrait pas
y avoir de lumière, on aperçoit des franges brillantes
alternant avec des franges sombres ; ce sont des phéno-
mènes de diffraction (V. ce mot) (jue l'on est arrivé à
bien expliquer; de plus, on a pu calculer la position et les
dimensions exactes de ces franges en supposant la lumière
produite par un mouvement vibratoire se propageant avec
une vitesse V (vitesse de la lumière) jusqu'à une distance \
(longueur d'onde) pendant la durée d'une vibration com-
plète ; mais il n'a pas été nécessaire de faire d'hypothèse
sur la direction de ces vibrations. Les phénomènes des
interférences (V. ce mot) sont de même expliipiés par la
même théorie sans hy])othèses ou sans données nouvelles.
Mais tous les phénomènes de l'opticpie ne peuvent être
exphqués ainsi, et pour certains d'entre eux il nous faut
tout d'abord préciser la nature des vibrations qui consti-
tuent un rayon lumineux. Un rayon de lumière tel que
le soleil nous les envoie se compose d'une infinité de
28
OPTIOUE
434
radiations de couleurs dilierentes ; nous simplifierons donc
la question en ne considérant qu'un de ces rayons de cou-
leur unique, monochromatique. Dans la théorie des on-
dulations un rayon lumineux monochromatique se com-
pose de molécules d'éther vibrant dans un plan toujours
perpendiculaire au rayon lumineux, mais dans une direction
([uelconque do ce plan. Ce rayon monochromatique est ca-
ractérisé par sa longueur d'onde et, ce qui en est une
conséquence, par la rapidité avec laipielle il se propage
dans Tespace. En faisant éprouver à ce rayon certains phé-
nomènes lumineux, en le faisant par exemple réfléchir un
certain nombre de fois, et sous des incidences conve-
nal)les sur des surfaces vitreuses, on a pu les modi-
lier singulièrement et rendre parallèles toutes ces vibra-
tions, qui s'effectuaient dans tous les sens pei'pendiculai-
remcnt au rayon lumineux ; m\ pareil rayon ainsi modifié
s'appelle /^o/ar/s^'; on appelle plan de polarisation un plan
perpendiculaire à la direction des vibrations. T-es divers pro-
cédés employés pour oi)tenir de pareils rayons et les pro-
priétés qu'ils possèdent constituent le chapitre do la polari-
sation. On démontre que les phénomènes que présente la
lumière naturelle, non polarisée, sont les mômes ([uc ceux
(pie donneraient deux l'ayons suj)erposés d'égale intensilé
polarisés dans deux plans reciangulaircs. Oji peut même sé-
parer ces deux rayons en faisant tomber de la lumière natu-
relle sur un cristal de spath d'Islande, iùi pénétrant dans
cette su])stance le rayon lumineux se réfracte en deux au-
tres ; c'est le pliénomène de la double vcfvaclion ; l'un de ses
rayons en sei'éfractantsuit la loi ordinaire de la réfraction
(sin i zzz n siu r), c'est le rayon ordinaire; il est polarisé
dans la section principale du cristal, et le rayon qui ne suit
pas la loi du sinus, et que l'on nomme pour cela le rayon
extraordinaire, est polarisé dans un plan perpendiculaire
au premier. L'étude de la double réfraction a été très fé-
conde ; on l'a utilisée pour construire des analyseurs (V. ce
mot) et des polariseurs. Elle a pennisde se rendre compte
de la marche de la lumière dans les cristaux et de la forme
des ondes lurahieuses qui s'y propagent. On sait que dans
un corps amorphe ou cristallisé dans le système cubique la
lumière se réfracte en suivant la loi du sIjîus, et que Fou
peut ti'acer géométriquement la dir(îction du ra}on réfracté
à l'aide de la construction d'Huygens (V. r,oNSTRncrio.\),
(|ui utilise la surface de l'oiide à l'intérieur du corps trans-
parent, surface qui est une sphère dans le cas des corps
isotropes (corps amorphes ou cubiques). Pour les cristaux
appartenant aux systèmes autres que le système cubicjue.
la surface de l'onde est plus compliquée. On peut cepen-
dant faire rentrer ces différents cas dans une seule formule
trouvée par Fresnel, qui est l'équation de la surface de
l'onde dans un corps quelconque. Si l'on désigne par x, y
et z les ordonnées d'un point de cette surface par rapport
à trois axes rectangulaires (les trois axes d'élasticité de la
substance), par a, b, c, les vitesses avec lesquelles se pro-
pagent j£s\2j)£ation^^ les trois axes et par r la va-
leur /«- -f- //^ 4- c^, la foi'mule de la surface de l'onde
est :
„ j,. l I. . ()
r' — d^ r- — - h'^ ' 7'^' — r'
Dans le cas oii l'on a a ■=^ b :=:^ c, ce qui est le cas
d'une substance amorphe ou cristallisée dans le système cu-
bique, la formule se réduit a r^ =: a': la surface de l'onde
est une sphère et il est facile d'appli(|uer la construction
d'Huygens.
Lorsque les corps sont cristallisés dans le système rhom-
boédrique ou dans le système quadratique (cristaux à un
axe optique), on a a z=z b. Dans ce cas, la surface de l'onde
se compose d'une sphère de rayon a et d'un ellipsoïde de
révolution dont les axes sont: «, /; et e. L'axe optique
du cristal est dirigé suivant la droite ou l'élasticité est diffé-
rente de celles qui se rapportent aux deux autres axes (ici
l'axe des z, parce qu'on a supposé a:=zb et e différent de
a et de b). Quand cet axe optique est l'axe de plus petite
élasticilé, le cristal est dit positif; il esl ncg ai if qmnd
c'est au contraire l'axe de plus grande élasticité. On peut
encore dans ce cas tracer les rayons réfractés à l'aide de
la construction d'Huygens, en remarquant que dans ce cas
le plan de la figure coupe la surface de l'onde suivant deux
lignes : une circonférence qui donne la marche du rayon
ordinaire et une ellipse qui donne la position du rayon
extraordinaire.
Dans le cas le plus général (autres systèmes cristallisés
que les précédents) où a, b et c sont tous les trois diffé-
rents, on dit que les cristaux sont à deux axes optiques;
les rayons lumineux qui les traversent ne suivent plus ni
l'un ni l'autre la loi du sinus. La surface de l'onde est une
surface du (piatrième degré, dont nous avons donné la for-
mule plus haut ; elle est coupée par chacun des trois plans
de coordonnées suivant une circonférence et une ellipse; ces
sections, faciles à construire, permettent encore d'appli-
quer la construction d'Huygens.
On voit comt)ien sont précieux les renseignements que
l'étude de la double réfraction nous a fournis sur la marche
de la lumière dans les substances cristallisées. Les recher-
ches sur les propriétés des rayons polarisés n'ont pas été
moins fru(;tueuses; on a constaté (fue ces rayons pouvaient
interférer comme les rayons ordinaires, mais seulement
lorsqu'ils étaient ])olarisés dans des plans parallèles; ces
recherches ont montré en outre (pie les rayons ordinaires
et extraordinaires (pie fournit une lame biréfringente
j 'régentaient une différence de marche proportionnelle à
l'épaisseur de la lame; les deux ondes correspondantes se
déplacent doncf avec/les vitesses différentes. Mais, si les
rayons polarisés dans des plans perpendiculaires n'inter-
fèrent pas, ils produisent un autre phénomène dont l'étude
fait l'objet d'un nouveau chapitre de l'optique, celui de la
polarisation elliptbjue. Deux pareils rayons, d'ampli-
tudes respectives a et b, dont l'un a un retard de phase
8 sur l'autre, impriment aux molécules d'éther un mouve-
ment eUiptique ; l'équation de cette trajectoire est, en pre-
nant pour axes des x et des y les plans de polarisation
des deux rayons primitifs :
■zxii cos -T- ^^ sin '- ^ ^~.
20-)^,^
X étant la longueur d'onde de la lumière considérée. L'el-
li])se (jue représenle en général cette équation peut se ré-
(kiire dans certains cas à des droites
OU à un cercle
Az=:(^2/£-|-l)'^et(^z=: A.
Si l'on reçoit sur un analybeur de la lumière polarisée el-
liptiquement, on ne peut pas l'éteindre complètement,
mais seulement faire varier son intensité entre un maxi-
mum et un minimum correspondant aux deux axes de l'el-
li])se.
La lumi(^rc polarisée qui traverse des lames cristallines
présente aussi les phénomènes très intéressants qui consti-
tuent l'd polarisation chromatique : il suffit pour obser-
ver ces phénomènes de placer une lame cristallisée entre
un polariseur et un analyseur ; les aspects sont bien dif-
férents selon que l'on op(Te en lumière parallèle ou con-
vergente. Dans la lumière parallèle, avec un analyseur
biréfringent, on voit deux images de la lame cristalline, ces
deux images son( de couleurs exactement complémentaires ;
elles sont plus ou moins lavées de blanc, selon les positions
relatives du polariseur, de la lame et de l'analyseur ; leur
coloration est maxima quand le polariseur et l'analyseur
sont à l'extinction, et l'axe de la lame à iS'^ de la section
principale de l'analyseur. Quand on fait tourner la lame
435 —
OPTIQUE
cristallisée, elle conserve toujours la même couleur jus-
qu'au moment où elle passe sans transition à la couleur
complémentaire. Dans la lumière convergente, au lieu
d'apercevoir des teintes unies, on voit des franges colorées,
très brillantes, de formes diverses (anneaux traversés par
une croix noire ou blanche, courbes analogues à des
ellipses, lemniscates, etc.).
La lumière polarisée qui traverse certaines lames cris-
tallines, taillées convenablement, produit un phénomène
tout différent, découvert par Arago, sur une lame de quartz
taillée perpendiculairement à l'axe. Quand une pareille
lame est placée entre un polariseur et un analyseur, et
qu'on l'observe à la lumière blanche, on aperçoit deu\
images de couleurs exactement complémentaires, comme
dans le cas de la polarisation chromatique, mais qui passent
par toutes les couleurs quand on fait tourner l'analyseur,
v^i l'on fait tomber sur le polariseur une lumière monochro-
matique, qu'on mette l'analyseur à l'extinction et qu'entre
les deux on place alors la lame de quartz, on constate que
la lumière est rétablie, mais qu'on peut la faire disparaître
de nouveau, ce (|ui prouve qu'on n'est pas dans le cas de la
polarisation elliptique, en déplaçant l'analyseur d'un certain
angle ; le plan de polarisation a donc tourné en traversant le
quartz; c'est un ])hk\omh\iiÙQpolarisationrotcUoire. Ces
phénomènes ont reçu de nombreuses applications, un grand
nombre de corps étant doués du pouvoir rotatoire. On a
trouvé Centre cette propriété physique et la constitution
chimique de ces corps des relations intéressantes : tous les
corps qui possèdent un atome de carbone relié à quatre ra-
dicaux différents sont doués du pouvoir rotatoire.
Faraday a montré de plus, en 1845, que les corps qui
ne jouissaient pas du pouvoir rotatoire pouvaient acquérir
cette propriété quand on les plaçait dans un champ ma-
gnétique puissant : les phénomènes de la polarisation ro-
tatoire magnétique sont particulièrement intéressants par
la relation assez inattendue qu'ils ont établie entre les phé-
nomènes lumineux et magnétiques.
Comme on le voit par le rapide exposé (pii précède, les
phénomènes lumineux dont l'ensemble constitue ropiifjue
sont en apparence très divers, mais la théorie des ondu-
lations permet de les expliquer dans leurs moindres détails,
de vérifier par le calcul tous les résultats des expériences.
Le mouvement vibratoire de l'éther qui les produit corres-
pond à des mouvements extrêmement rapides dont les
données seront fournies par la mesure de deux quantités
accessibles k l'expérience, les longueurs d'onde et la vitesse
de la luoiière. Les interférences et les réseaux (V. ces
mots) ont permis de déterminer les premières ; des mé-
thodes spéciales, qui seront exposées au mot VrrEssE, per-
mettent de déterminer la seconde. La valeur de cette vitesse
(300.000 kil. environ par seconde) est très sensiblement
égale à la vitesse de propagation des ondes électromagné-
tiques étudiées par Maxwell, qui, comme les ondes lumi-
neuses, sont produites par des vibrations perpendiculaires,
elles aussi, à la direction de leur propagation. Il y a donc
au moins une analogie très grande entre ces deux espèces
d'onde, et Maxwell a été amené à admettre leur identifica-
tion complète : c'est la théorie électromagnétique de la
lumière.
Ln résumé, l'optique peut être divisée en un certain
nombre de livres et de chapitres : livre I®^\ Optique géo-
mé'riiiue : ch. i, Sources de lumière, réflexion de la
himière, miroirs; ch. ir, Réfraction de la lumière, prismes,
lentilles, instruments d'optique; dispersion, spectroscopie,
absorption de la lumière. — Livre II, Optique physique :
ch. m, Théories de l'émission et des ondulations;;
cil. IV, Diffraction, interférences, polarisation rectiligne
ch. v, Double j'éfraclion; ch. m, Polarisation elliptique;
ch. \ii, Polarisation chromatifpie; ch. mh, Polarisation
rotatoire,^ ch. jx,Tliéoi'ic électromagnétique de la lumière.
\. JoANNlS.
II. Aiiatomie^ physiologie. — Xli\fs ofîwvlz. —
Les nerfs optiques forment la deuxièmo paire crânienne
et sont situés sur les cotés de la protubérance annu-
laire; ils s'anastomosent ensemble pour former lachiasma
optique; la partie située en arrière s'appelle la bandelette
optique ; si on la suit plus profondément, on la voit croi-
ser le pédoncule cérébral correspondant, puis se diviser
en trois faisceaux dont l'antérieur se perd dans le pul-
vinar ; le moyen va au corps genouillé externe et, par
son intermédiaire, au tubercule (piadrijumeau antérieur,
le faisceau postérieur va au corps genouillé interne et,
par lui, au tubercule quadrijumeau postérieur. Au chiasma,
les deux nerfs optiques font échange de fibres, de telle
manière que les fibres les plus internes de chaque nerf
passent dans la bandelette du cùté opposé, les fibres
externes restent du même coté ; il n'y a donc qu'un en-
tre-croisement partiel, nécessité par la vision binoculaire,
lui avant du chiasma, chaque nerf optique va pénétrer
dans le trou opti([ue, accompagné de l'artère ophtalmique;
il pénètre dans l'orbite pour aller directement au globe
oculaire ; une gaine fibreuse résistante, dépendant de la
dure-mère, l'entoure. En dedans, cette gaine détache une
gaine conjonctive qui pénètre entre les faisceaux nerveux.
Un peu avant sa pénétration dans l'œil, le nerf optique
reçoit l'artère centrale qui se place en son milieu et pé-
nètre avec lui dans la rétine (V, ce mot), qui n'est autre
que l'épanouissement du nerf optique. Ce nerf est doué
d'une sensibilité spéciale ; si on le coupe, pince, on ne
provoque aucune douleur, mais seulement des sensations
lumineuses, et cependant la lumière n'est pas apte à exci-
ter directement le nerf optique (la pupille, tache aveugle).
m. Pathologie. — Dans la plupart des rétinites et
choroidites, etdans un certainnombre d'affections cérébrales,
la papille est intéressée, et à l'ophtalmoscope, au lieu de
son disque blanc rosé qui tranche sur le fond rouge de
l'œil, elle est gonflée, œdémateuse et rouge plus ou moins
hypcrémiéc : c'est la papillite.
La névrite optique est, le plus souvent, symptomatique
de certaines lésions encéphaliques (Piévrite par étrangle-
ment) ou d'une inflammation qui se propage de la base
du crâne (névrite descendante); elle est due à la syphilis
surtout, à des intoxications graves, aux méningites. Aux
signes objectifs de gonflement et rougeur de la papille
s'ajoute l'ambliopie, le champ visuel rétréci, attaque
bruscpie de cécité. Ordinairement, la névrite optique est
binoculaire et se termine presque toujours par l'atrophie du
nerf optique. Le pronostic en est donc très sombre, un
peu moins grave pour la névrite syphilitique qui peut
guérir par un traitement énergique.
Atrophu^j !)u nerf optique. — Il y a trois formes :
l'atrophie grise, de cause spinale, et l'atrophie blanche,
de cause cérébrale, enfin l'atrophie essentielle, dont la
cause échappe. Cette affectio]i si grave a des causes nom-
breuses : elle succède à une névrile optique, cà une atro-
phie glaucomateuse. On l'observe dans l'ataxie, dans les
tumeurs cérébrales, dans les intoxications alcooliques,
tabagiques.
Signes optitalmoscopiques. Quelle que soit la cause,
l'aspect de la pupille est caractéristique ; elle est blanc
nacré et il se forme une excavation péi'iphérique.
Signes fonctionnels. Les malades se plaignent d'un
léger brouillard qui voile les objets ; tout ce qui est éloi-
gné devient confus, puis la lecture disparait. Il y a tou-
jours un rétrécissement du champ visuel, au moiivs pour
les couleurs : la vision du vert disparaît la première, le
bleu persiste le dernier. Le pronostic est des plus graves,
car les guérisons sont très rares, malgré les innombrables
traitements.
TijMeuus du :\vâw optiqui:. ■— Elles sont assez rai'es,
('e sont des myxomes, des gliomes, des gommes syphili-
tiques ; elles donnent lieu à des névrites optiques, il en
est de même de l'apoplexie du nerf optique et des ses cou.-
tusions. D^' PiNEL MAISo?î:îEu^E.
BiHL.
Ph 1 iiQur. — Nevv I û->. Lectiones ovIlCcU ■ Londres
--- Newton. Opti(s: i .ondi^es^ ITO^^, — Hiiygens
OPTIQUE - OPIJS
*- 43»j —
Traxtéde la lumière ; Leyde. 1690, jn'4,— Gregorv, Optica
pi'omota; Londres, 1053, iii-8. — Desgartks, Dioptricvs :
Amsterdam, 1687. ~ Bartholin, ExperbnenVd crysialli
Ibhmdici clisdiaclcistlci; Amstevdam^l610.~ BovGVER^Traité
d'optique ; Paris, 17(i0, in-4. — Brewster, Treatiseon nci^
Yjliilosophicalinsh'uments; Edimbourg-, lbl3. — Herschell,
Tniité de la lumière, traduction française par Verhulst et
Quetelet ; Paris,l829,2 xolAn-'S.— Gav s^,Dioptrisc]ie Un ter-
sachungen; Gottingue, 1838.— Fri:snel, Œuvit^s complètes ;
Paris, 1866-70, 3 vol. in-1. — Becquerel, la Lumière; Pa-
ris, 1867-68, 2 vol. in-8. — Hel:\1]ioltz, Optique physlolo-
(ji([ue, traduction française de Klein et Javal; Paris, 1867,
m-8. — Mapcart, Traité d'optique ; Paris, 1889, 3 vol. in-8
et atlas. — Poincaré, Théorie imithéinatique de la lumière;
Paris, 18 «9-93, 2 vol. in-8. — Lam:)Oet, Bas opstlrhe Dre-
liangsoermogeu, 1898, in-8.
OPTONIÉTRIE. Partie de l'optique médicale qui s'oc-
cupe de la détermination de l'accommodation de l'œil, au-
trement dit de la recherche des limites de la vision distincte
tant éloignées que rapprochées : punctum remotum et
punciiun proximum {y Accommodation, Besicle, Myo-
pie, Presbyth-]). La méthode la plus simple et la plus cou-
rante consiste à faire lire de loin des caractères d'impri-
mei'ie de dimensions choisies, et à noter les distances
auxquelles l'œil commence à les voir et cesse de les voir
distinctement. On peut aussi faire usage d'une série de
verres positifs ou négatifs qu'on applique successivement
sur \\v\\ jusqu'à ce que celui-ci voie distinctement, avec
l'un d'eux, des caractères éloignés et d'une grandeur pro-
portionnée à la distance ; la longueur focale de ce verre
donne, en pouces de Paris, la distance positive ou néga-
tive du punctum remotum; on trouve ensuite le piinc-
liim proximum en présentant à Pœil un réseau de fds
métalliques très fins, qu'on rapproche jusqu'à ce que la vi-
sion devienne confuse. Les résultats obtenus par ces deux
moyens ne sont nécessairement qu'approximatiis. Pour en
avoir de plus précis, on doit recourir aux optomètres.
L'un des plus anciennement employés est celui de Porte-
tield et Th. Young, qui est basé sur les expériences de
Schciner et qui a été décrit à l'art. Besicle. Postérieu-
rement, on a imaginé des optomètres de mécanisme un
peu plus compliqué, mais aussi plus parfaits, et qui, par
surcroit, olfrent l'avantage de donner en même temps le
degré d'astigmatisme de l'organe examiné. Le plus connu
est ïastigmomètre ou optomètre binoculaire de Javal
(V. Astigmatisjie), qui a servi de type aux différents pro-
cédés usités de nos jours pour coinposer les séries opto-
métriques et dont le D'' Javal a présenté, en 1880, un
nouveau modèle au congrès ophtalmologique de Milan.
V optomètre de Perrin et Mascart est d'un maniement
à la fois plus commode et plus rapide. Use compose d'un
tube cylindrique et horizontal en cuivre, monté sur pied
à coulisse et pourvu, à l'une de ses extrémités, d'une len-
tille convergente servant d'oculaire, à l'autre extrémité
d'un porte-objet. Celui-ci est un tube plus petit (long.,
() centim. environ), qui entre à frottement doux dans"le
})remier, et qui se termine extérieurement par un cercle
gradué en degrés, intérieurement par un objet éclairé par
ti'ansparence. A l'aide du cercle, on oriente, dans le sens
voiihi, ritbjct, qui est composé, pour les corrections sphé-
riques, de caractères typoi;raphiqiies, ou de signes ilo
grandeurs diverses, ou de petits trous arrivajit à former
des images, pour les corrections cviindriques, d'un sys-
tème de lignes parallèles. Lue lentille mobile concave, pla-
cée dans rintérieur du grand ialut et ayant un foyer
plus courl quelalcjitilleconvei^ente de roaikiire,semeuT
le long d\nie gli;>sière, et a ses déplacements marquéspur
un index atlleurant une ]'èg{e graduée. Suivant la position
qu'elle occupe par rapport à fobjet, cette lentille imprim(>
aux rayons lumineux (jui en émanent des directions telles
qu'ils présentent, à leur sortie de Tnculaire et par gradua-
tions à peine sensibles, tous les dei^rés de divergence el
de convergence de la iii;,opie, de remmétropie et île l'hy-
permétropie. Il ne reste plus, la ])()sition convenable tniu-
vée, qu'à lire ce degré sur la règle, au regard de l'index.
Pour la détermination de l'astigmatisme, on introduit dans
le porte-objet un cadran de Javal. Citons encore, dans la
Tige llorifère d'Opuntia.
même catégorie d'instruments, Voptomètre de Hadal, qui
permet de mesurer simultanément la réfraction et l'acuité
de la vision, et Voptomètre de Loiseau, qui a principa-
lement en vue la constatation de l'aptitude au service mi-
htaire. Quant aux ophtalmoscopes optoïnétrùjues, ils
constituent une autre catégorie d'instruments, qui se rap-
prochent beaucoup des premiers, mais qui, à l'encontre
d'eux, permettent d'opérer sans les réponses du sujet. Le
premier qui ait été construit est celui d'Edw. Loring et
et H. Noyés, de New York (1869). Depuis Knapp, Pa-
rent, d'autres encore, ont proposé des modèles plus simples
et plus pratiques. L. S.
OPUNTIA {Opuntia T.). I. Botamoue. — Genre de
Cactacées, formé de plusieurs espèces de l'ancien genre
Cactus de Linné, et toutes pro{)res aux régions chaudes
du globe, et dont
les caractères essen-
tiels ont été donnés
à l'art. Cactacées.
L'espèce type , 0.
vulyaris Mill. (Cac-
tus opuntia L.), est
coniuie sous les noms
>ulgaires de Ho-
quette et de Car-
dasse. La plante ,
originaire d'Amé-
rique, est cultivée
dans les jardins; elle
est naturalisée en
Afri(]ue, en Espa-
gne, en Corse, en
Italie et jusque dajis
le Valais près de
Sion. Comme la plu-
part de ses congé-
nères, elle fournit une sorte de gomme, appelée gomme
de Nopal, et qui est analogue à la gomme de Bassora.
Les fruits, nommés figues de Barbarie et impropre-
ment figues dinde, sont comestibles, mais leur usage
prolongé amène une constipation opiniâtre ; on s'en sert
d'ailleurs pour combattre la diarrhée et la dysenterie. —
Lue espèce voisine, pour plusieurs simple variété de la
précédente, 0. Ficus indica Ikiw., est également d'ori-
gine américaine et cultivée dans les régioiis chaudes. Les
fruits atteignent de grandes dimensions et sont comes-
tibles, rafraîchissants; ce sont les vraies figue•'^ d'fïide,
mais le terme est tout aussi faux que pour l'espèce pré-
cédente. C'est sur ÏO. cochenittifera Mill. cpi'on élève,
au Mexique, le Coccus cacti L. ou Cochenille du Sopal
(Y. Cochenille). L'O. Tuna Mill., à longues épines, sert
aussi à la culture de la cochenille, et on mange ses fruits
dans l'ximérique tropicale. D^' L. IL\.
IL Horticulture. — L'Opuntia figue d'Inde croît sur
les talus en pleine terre ou sur les rocailles dans les lo-
calités clnuides du midi de la France. On l'y considère
comme une plante d'ornement. I']n Algérie, en Tunisie,
il l'end <les services variés, et on les appré(ie d'autant plub
qu'il vient dans le^, milieiLx; les plus arides. Ofi en fait des
haies défensives; ses fruits sont consommés par l'homme
et ses articles sei'veJit à l'alimentation du bétail. Les
autn^s e.-pèces d'Opuntia, saufrOpuidia con/ujun qui vient
sur les l'oclie.'s des ré-ions leinpf'-rées (h 14'ance. appiT ■
tiennent à la serre, au moins p(M)tlaid la saison froide.
On lem' donne, le plus (pi'on peut, l'air, la knnière. la
chaleur, pendaid la pleine \égétation. et des arrosages.
des bassifiages assez fré(juejits. Pendant le repos de la
végétation, en hiver, on suspend presque les arrosages.
Les Opuidia deniandent un sol bien drainé. G. Boveb.
OPUNTIENS (Y. LocHim.).
OPUvS (Archit.). Mot latin signifiant ouvragx? en géné-
ral, mais appliqué encore , de nos jours, à différents genres
d'appareils de construction en pierre ou à un dessin
— 437
OPLIS
OR
spécial lie iiiosaKj'j' (V. .\ppâreil : Opus i}u-crhnn. re-
ticulahun, revinchun, etr., t, III, et Mosaï\)le : Opus
Ale.xandrimnn, X, XXIV),
OPUS. Ville (le la Grèce antique (V. Opoxr.:).
OPWYCK. Coin, de Belgique, prov. de Biabaiit, an-,
de Bruxelles ; 5.000 liab. Stat. du chem. de fer de
Bruxelles à Teriiionde. Exploitations agricoles.
OPZOOM ER (Cornelis-Willem), philosophe néerlandais,
né à Rotterdam le 20 sept. 1821, mort à Osterbeck le
1?) août 1892. Il devint professeur de philosophie à
rirecht (1846), président de l'Académie des sciences à
partir de 1861. En philosophie, ce fut un empiriste spiri-
tualiste admettant comme source de la connaissance le
sentiment moral et religieux, de manière à distinguer le
domaine de la foi de celui de la science. Son principal
ouvrage est le Chemin de la science (néerl., Utrecht,
1851; remanié en 1861 sous le titre de la Nature de
la connaissance, Amsterdam, 1861); c'est un manuel
de logique où il tâche de définir la méthode des sciences
naturelles et de l'appliquer aux sciences morales. Citons
encore: la licligion {De godsdienst) en 1864. Ce fut un
juriste distingué, auteur d'un grand commentaire du code
civil néerlandais (La Haye, 1864-87, 11 vol.). On a
réuni ses articles en 3 vol. de Feuilles détachées (La
Haye, 1886-87).
Sa iWleAdèle-Sophie-Cornélie, née à Ltrecht le 21 juil.
1857, a épousé un Hongrois, M. d'Antal, qu'elle a suivi à
Papa (Hongrie), et publié sous le nom d'A.-S.-C. Wallis
des romans historiques. A. -M. B.
OR. I. Minéralogie. — L'or se rencontre le plus
souvent dans la nature à l'état natif. 11 est cu.bi({ue et se
])résente, (rcrdiiuure, en octaèdres simples ou plus ou
moins modifiés sur les arêtes et sur les angles. Les
formes observées sont p, lA, a^, />^, //', h'\ b^ '^, a^, a^,
a\ a\ [¥ b\'^ h':') (b^ lA '^ b\^) {b' b^,'\b\'^). Les
cristaux sont fréquemment déformés ; ])ar suite de leur
allongement suivant l'axe de l'octaèdre et des groupements
de plusieurs individus cristallins, les échantillons d'or
cristallisé sont ramuleux, filiformes, réticulés, en lames
minces et même spongiformes. Lorsqu'ils ont été roulés,
ils sont en masses plus ou moins volumineuses, qu'on
appelle pépites quand elles ont une certaine grosseur.
Dans le sable des rivières l'or se trouve en petites écailles.
L'or n'a pas de clivages. Il est très malléable et ductile.
La dureté est 2,5 à' 3 et la densité de 15,6 à 19.33.
Cette variation dans la densité est due à ce cjue l'or natif
renferme, comme on le verra plus loin, pres({ue toujours
des métaux étrangers. Sa couleur jaune varie également
avec la composition du mélange.
L'or se trouve généralement, lorsqu'il est en place,
sous forme d'o?" de montagne, dans des filons de quartz,
coupant des roches métamorphic[ues qui sont le plus
souvent des schistes argileux, talqueux, chloriteux, de
couleur verdàtre, grisâtre, quelquefois des diorites, des
roches porphyriques, des gneiss, des schistes à hornblende,
rarement des granités. La roche appelée itacolumite. et
qui est une quartzite, contient de for dans quelques
régions (Brésil, Caroline du Nord). Au Transvaal, c'est
un conglomérat cpiartzeux ([ui sert de gangue. Rarement
l'or est dans un filon de calcite (Nouvelle-Galles du
Sud). L'or en écaille a été aussi observé dans la ser-
])entine. Dans ces gisements, l'or est visible à l'œil ini,
formant parfois des masses considérables; d'autres fois
il est invisible. D'une manière générale les plus gros
échantillons sont à la surface, et le filon va en s'ap])au-
vrissant à mesure que l'on s'enfonce dans le sol. Dans
ce genre de gisements, l'or est cristallisé et il est associé
à la i)yrite, à la chalcopyrite, à la galène, généralement
aurifères, à l'arsenic, au bismuth, à la stibine, au cinabre,
à la magnétite, etc.
L'or se trouve également dans des alluvions anciennes
provenant de la destruction de filons ou de roches quart-
zeuses aurifères ; il s'y rencontre sous la forme de grains
tri'S petits ou de })aillettes. Les cours d'eau qui prennent
leurs sources dans les terrains aurifères charrient des
sables contenant de petites quantités du métal précieux ;
ces sables, qui s'arrumulent dans les atterrissements pro-
duits par ces rivières, se composent en grande partie d'ar-
gile et de sable cfuartzeux, entre lesquels on rencontre
des lamelles de mica, des débris de syénite, de la chlo-
rite argileuse, des grains de fer chromé et de fer magné-
ti{[ue, du spinelle, du grenat, etc. L'or y est associé au
diamant, à la topaze, au corindon, au platine, au zircon,
au grenat, etc. (placers de Californie, du Brésil, etc.).
L'or est distribué à la sui'face tie la terre dans des
roches ap}>artenant à tontes les épo(fues géologiques,
depuis l'archéen jusqu'au tertiaire. Il existe dans la
plupart des régions constituées par des ro;'hes cristallines
et plus particulièrement dans les schistes cristallins. Lu
l'rance, on le ti'ouve en place, en |)etile quantité, il est
vrai, dans des filons <juartzeux, à la Gardette, près de
Bourg-d'Oisans (Isère), dans les filons stannifères de la
chaîne de Bloud (Haute-Vienne), à Saint-Martin-la-
Plaine (Vienne), dans le ciment argilo-chisleux du conglo-
mèi'at houiller de Bordezac (N. du Gard), dans la gra-
nulite de la mine de Rodières, près de Nantes (routo de
Rennes), etc. Dans les alluvions de l'Ariège, de la Ga-
roime, de la Tel. du Tech, de la Gagnière, du Gardon,
du Tarn, de la Moselle, du Rhône, de l'Isère, etc., il est
entraîné par les eaux. Les mines de Hongrie (Kœnigs])erg,
Schemnitz, Kapnik. Felsfpbanya, Verespatak) reiiferment
de l'or bien cristallisé.
A l'état natif, l'or contient toujours plus ou moins d'ar-
gent ; quand l'alliage d'argent reniei'me plus de 10 ou 12 %
de ce dernier métal, on lui domie le nom ù'électrum. L'or
contient en outre presque toujours de petites quantités de
fer, de cuivre et d'autres métaux. On rencontre aussi l'amal-
game d'or, des combinaisons de bismuth et d'or, Au^Bi.Le
tellure est associé à l'or dans les espèces minérales suivantes,
que l'on ne trouve que dans (|uel(jues mines des environs
de Nagy-Ag, en Transylvanie : tellure auro-argentifère
{si/lvane, or graphique), tellure auro-plombifère (tel-
lure gris), tellure plombo-aurifère (nagyagite). La
porpézHe ou oro-pudre est un alhage contenant 4 «/o
d'argent et 10 "/ode palladium; la rhodite renferme 43
à 53 7o de rhodium allié à l'or. De petites quantités
d'or sont contenues dans l'argent rouge, dans les pyrites
de fer et de cuivre, l'antimoine sulfuré, la blende, la
pyrite arsenicale et la galène.
Les grains d'or disséminés dans les sables atteignr'nt
quelquefois un volume assez considérable. Les pépites
les plus remarquables ont été trouvées en Australie; la
plus considérable pesait 84 kilogr.; on en avait précé-
demment rencontré une de 36 kilogr. dans l'Oural, et une
autre de 42 kilogr. en Califorin'e. Voici la composition de
(fuelques ors natifs :
S
p?
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co '^
o
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g
S
1
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S
C4,77
8G,50
1)0.60
65.31
91,76
88,04
Argent
85,23
13.20
10.U(>
3t.01
7.47
11,96
Cuivre
»
»
«
0,14
0.25
»
Tellure ...
»
))
»
»
1,22
»
Fer
»
0,30
0,34
0.20
))
»
P. G. et G. M.
TT r«i,;«,;« S 1^4"^^' Au = 98,5.
IL Chimie. - I p^.^^ ^^^^^^ Au= 197.
L'or est un métal connu de toute anticfuité ; il est signalé
dans Homère et dans l'Ancien Testament. Sa couleur jaune
tout à fait caractéristique et son inoxydation ont lixé l'at-
OR
— 438
tention de l'homme et lui ont permis de le reconnaître par.
tant ou il existe à l'état libre sous forme de paillettes ou
de pépites. Tous les termes qui ont servi à le désigner, soil
dans les langues anciennes, soit dans les langues modernes,
dérivent, pour la plupart, de sa couleur ou de son éclat,
c.-à-d. de ses propriétés physiques, qui furent tout de suite
remarquées et le firent considérer comme le plus parfait,
comme le roi des métaux. Les alchimistes le comparaient
au soleil et le désignaient par le même signe 0; ils lui
attribuaient les plus grandes vertus, etilsiirent tous leurs
efforts pour transformer en or les métaux communs
(V. ci-après, § Alchimie). Les propriétés physiques de
l'or ont été décrites par PHne et par Vitruve. Pline a
indiqué également les méthodes de dorure du bois ou du
marbre à Laide des feuilles d'or et de la dorure du cuivre
par amalgamation.
L'or est jaune brillant, sa teinte s'accentue et devient
rouge quand on l'examine après plusieurs réflexions. Il est
le plus malléable et le plus ductile de tous les métaux; il
peut être réduit en feuilles de i/100.000® de millim.
d'épaisseur ; il laisse alors passer une lumière verte com-
plémentaire de sa couleur jaune. Précipité dans un grand
état de division, il est violacé ou rouge pourj)re par ré-
flexion et bleu par transmission.
C'est un métal mou, sans ténacité, trop mou pour
qu'on puisse l'utiliser tel quel dans la pratique courante.
11 est dense, 19,5, fusible à une température voisine de
d.OOO", qui sérail de 1.045^ d'après les recherches de
M. Yiolle, effectuées au thermomètre à air ou par des
méthodes calorimétriques. Chaufîé au chalumeau, il entre
en ébuUition et se condense sur les parties froides sous
forme de poussières violettes. L'or natif est presque tou-
jours cristallisé en cristaux cubiques qu'on peut reproduire
facilement, soit par des procédés éiectroly tiques, soit par
les méthodes ordinaires de cristallisation.
L'or est inaltérable à l'air et par l'eau dans toutes les
circonstances. Le chlore est sans action au rouge, parce que
le composé chloré qu'on sait obtenir indirectement est dé-
composable par la chaleur seule. De là une application
intéressante : étant donné de l'or impur, il suftit de le
chauffer dans un tube de porcelaine au rouge vif, au milieu
d'un courant de chlore, pour transformer en chlorures vo-
latils les métaux qui le souillent. Le platine se comporte-
rait comme l'or dans les mêmes conditions. Le chlore l'at-
taque par voie humide; une lame d'or se dissout dans une
dissolution de chlore.
Il peut s'unir au phosphore, à l'arsenic. Si dans un tube
de verre contenant de l'or, par exemple, oji fait passer
des vapeurs de phosphore, on obtient un phosphure fusible
qui, par refroidissement, abandonne les vapeurs de phos-
phore ; il se produit un véritable rochage avec formation
d'or en chou-fleur.
Le mercure s'unit à l'or par simple contact. C'est avec
un amalgame d'or qu'on dorait autrefois ; en portant au
rouge, le mercure se volatilisait et l'or restait adhérent à
l'objet ; la dorure ainsi obtenue était plus solide que la
dorure par voie électrochimique. C'est encore ce procédé
qu'on doit appliquer aujourd'hui quand on veut obtenir
une bonne dorure. C'est la même réaction qui est utilisée
pour extraire les paillettes d'or des roches qui les
contiennent, le mercure les retient en formant un amal-
game qu'il suftit ensuite de distiller.
Les acides simples sont sans action sur for. Seul l'acide
sélénique fait exception. On isolera l'or d'un alhage
or, cuivre et argent, en traitant, par exemple, par
l'acide sulfurique qui dissoudra le cuivre, l'argent, et
laissera l'or intact. Inattaqué par les acides azotique ou
chlorhydrique, l'or se dissout rapidement dans le mélange
des deux, l'eau régale.
Les alcalis en solution ou en fusion sont sans action
sur l'or, pas plus que leur mélange avec les nitrates. Mais
les composés sulfurés analogues, les sulfures et les sulfhy-
drates attaquent l'or en formant des sulfures doubles oii
le sulfure d'or joue le rôle de sulfure acide. Il suffit de
chauffer l'or avec des produits sulfurés et des alcahs pour
obtenir des produits très fusibles, solubles, en reprenant
par l'eau. C'est, dit-on, en s'appuyant sur cette réaction
((ue Moïse a fait fondre le veau d'or.
L'or est soluble dans le cyanure de potassium avec
absorption de l'oxygène de l'air. La marche de la réaction
parait devoir se traduire par l'équation :
Au2 .-H SC^^AzK H- 20^ + ^H^O^ - /lAu^CUz K C'^Az
il se forme un cyanure double aureux. C'est là le principe
de la méthode Mac Arthur et Forrest utilisée pour extraire
au Transvaal l'or des tailings, c.-à-d. des résidus de trai-
tement parle mercure. Cette méthode est appliquée con-
curremment avec la méthode de chloruration qui repose
sur la dissolution de l'or dans l'eau de chlore. La solu-
tion alcaline de brome, les solutions chaudes de bromure
de fer dissolvent également l'or.
Le pourpre de Cassius, qui est utilisé pour la fabrica-
tion des verres rubis, est une laque stannique colorée par
l'or qui se forme quand on réduit la solution de chlorure
d'or par le chlorure stanneux en présence du chlorure
stannique. C'est un précipité rouge pourpre et rouge brun
formant, après dessiccation, une poudre brune qui devient
rouge brique après calcination, sans perdre d'oxygène. Le
mercure ne lui enlève pas son oi' à froid.
Chlorures d'or. — Il en exisle deux, le sous-chlorure
Au^Cl et le trichlorure Au~Cl'^ Le sous-chlorure n'est pas
volatil, il est peu stable, il résulte de la décomposition
])artielle sous l'action de la chaleur du trichlorure. L'eau
liouillante le décompose en or métallique et trichlorure.
Le trichlorure AirCl^ est le principal composé de For.
Quand on dissout le métal très divisé dans le chlore humide
ou bien à l'aide de l'eau régaie, on obtient dans ce der-
nier cas une liqueur jaune assez foncée, qui, évaJ3orée et
reprise par l'eau, laisse dégager des vapeurs rutilantes.
C'est une combinaison qui renferme le groupe AzO^Cl :
Au^Cl'^ AzO^Cl.
En reprenant plusieurs fois le produit par l'acide chlor-
hydrique, on finit par obtenir une matière solide cristal-
lisée :
Au^Cr^ HCl,
qui perd l'acide chlorhydrique quand on la chaufîé con-
venablement. Il convient toutefois de conduire cette opé-
ration avec précaution ; si l'on ne chauffe pas o.ssez, il
reste encore de l'acide; si l'on chauflPe trop, on décompose
partiellement le trichlorure.
C'est une masse cristalline brune, hygroscopique, qui se
combine aux chlorures de sodium, de potassium, pour
donner dos chlorures doubles cristallisés :
Au^Cl^KCl, 5H0,
Au2CPNaCl,4ÎI0,
qui sont utilisés en photographie pour le fixage des épreuves.
Le chlorure d'or est à la fois un oxydant et unchlorurant,
car c'est avec la plus grande facilité qu'on peut en sépa-
rer le chlore du métal. La solution est romenée à l'état
métallique par un grand nombre de réducteurs : le phos-
phore solide, par exemple, déplace For du chlorure, il se
recouvre d'or métallique cristallisé. Cette réaction avait
été utilisée autrefois parBerzélius pour déterminer l'équi
valent de l'or ; les autres produits étant solubles, on obtient
de For pur.
L'acide phosphoreux réduit le chlorure d'or ; il en est
de même des acides arsénieux, antimonieux, de l'acide
sulfureux et des sulfites. La réaction exercée par le sul-
fate ferreux à froid donne un or très divisé qu'on utilise
après lavage pour la décoloration de la porcelaine. Si le
chlorure d'or est mélangé avec celui de platine, ce dernier
n'est pas réduit par le sulfate ferreux.
Comme autre réducteur, on peut citer encore l'acide
oxalique, qui précipite aussi For sous une forme extrême-
/i8{)
OR
ment divisée et qui n'agit pas sur le platine, l.a réaction
ici doit être faite à chaud, dans un ballon ; si les parois
du vase sont bien nettoyées, elles peuvent se ti^ouver dorées
dans ces conditions :
(■/0«H^ 4- ±VaHV=: '2Au^ + 6i\W -+- BHCL
On connaît également les deux bromures et les deux
iodures correspondants.
Cyanuiies i)'or. — Il sudî t d'ajouter une dissolution de cya-
nure de potassium à une solution de chlorure d'or pour
obtenir une solution de cyanure double :
Au^Cy^KCy, m^0\
auquel correspond la combinaison Au^Cy'^HCy, qui est un
véritable acide. On connaît aussi le cyanure aureu'x :
Au^Cy KCy.
C'est toujours à l'état de cyanure double que l'or est
employé dans les bains de dorure par voie électrochi-
mique ; l'objet est fixé au pôle négatif d'une pile et plongé
dans un bain renfermant, pour dOO gr. d'eau, 1 gr. de
chlorure d'or et 10 gr. de cyanure de potassium. On sus-
pend au pèle positif de la pile une électrode soluble for-
mée d'une lame d'or. La solution est neutre ou alcaline.
On n'a pas là de réaction secondaire comme avec le chlore,
qui pourrait redissoudre partiellement le métal déposé. Le
bain est légèrement chauffé.
Oxydes d'or. — Ces composés sont d'une grande impor-
tance ; on en connaît deux, le sous-oxyde, Au'O, et le sesqui-
oxydo, AuW. Celui-ci est facilement décomposable par la
chaleur. Quand à une dissolution de chlorure d'or on ajoute
de la potasse, on obtient un précipité brun; c'est l'oxyde
aurique, Au^O-'^ -f- H^O^, qui dérive de Au^O^^ BîI'^O^ par
perte de ^H'^O^. Ce précipité est soluble dans la potasse
en excès, et en n'employant pas un trop grand excès de
celle-ci, on peut obtenir une combinaison cristallisée,
Au^O^KOSH^O^, très soluble dans l'eau. — Le protoxydo
Au^O n'a point d'intérêt.
Sulfures d'or. — On obtient un sulfure en ajoutant
quelques gouttes d'acide suif hydrique dans le chlorure d'or ;
c'est un précipité brun très foncé. La précipitation de l'or
peut être complète ; elle a lieu à froid ; le précipité est en
suspension dans l'eau à l'état colloïdal très divisé. 11 se
dissout dans les sulfures alcalins. C'est, en effet, un sul-
fure acide qui donne des sulfosels. Avec le sodium, par
exemple, on a obtenu :
NaS AuS^ 8H0,
en attaquant l'or métallique par un mélange de monosul-
fure de sodium et de soude. Quand on lui ajoute de l'acide
chlorhydrique en quantité ménagée, on détruit la combi-
naison double ; il reste le sulfure d'or, qu'il suffit de gril-
ler pour avoir l'or métallique.
Parmi les autres combinaisons de l'or, je citerai Thy-
posulfite double d'or et de sodium employé en photogra-
phie. Il se forme quand on verse dans le chlorure d'or une
solution d'hyposulfite de soude ; le précipité qui se dépose
peut être cristallisé. On a :
3NaCl 4- ^2(S-W)^%+ (S20-^)Au
4- 3S-^0 'Na.
8S203Na4-AuTi3;
Cet hyposulfite aureux double se forme en môme temps
que du tétrathionate ; il ne présente ni les réactions des
sels d'or, ni celles des hyposulfites et possède une grande
stabilité.
Quand on fait digérer le chlorure d'or avec un excès
d'ammoniaque, on obtient un corps jaune fulminant qui
retient toujours du chlore ; traité par un mélange de po-
tasse caustique et d'ammoniaque, il laisse un résidu de
couleur grise qui détone par le choc, le frottement ou
une faible chaleur ; ce corps qui ne contient plus de chlore
peut être regardé comme une combinaison d'ammoniaque
et d'oxyde aurique. On l'appelle Vor [ulminant.
Les sels d'or sont caractérisés par les propriétés sui-
vantes : la potasse donne un précipité brun, soluble dans
un excès de réactif; l'ammoniaque, un précipité jaune d'or
((dminant. L'acide sult'hydriquc donne un précipité noir
qui n'apparaît que dan^ des liqueurs très acides ; ce pré-
cipité est soluble dans les sulfures alcalins. On peut déce-
k'i' la présence de petites traces d'or par la réaction du
pourpre de Cassius. La liqueur à étudier est additionnée
d'un petit morceau d'étain, puis de quelques gouttes d'acide
chlorhydrique et azotique. Il se développe aubout de quelque
temps une coloration pourpre, d'autant plus intense que
la liqueur est plus riche en or.
Or mussK' (V. ["]tain, t. XYÎ, p, 444).
Essai des ^iatières d'où (V. ]"]ssai et Coupellatiox).
C. Matignon.
lîl. Alchimie. — Les alchimistes avaient la prétention
de fabriquer l'or au moyen des autres métaux. Ils re-
gardaient tous les corps comme formés par l'association des
quatre éléments. « En observant les qualilés de l'ur, dit
Bacon, on trouve qu'il est jaune, fortpesajil, et d'une telle
pesanteur spécifique, muliéable et ductile à uji certain de-
gré. Celui qui connaîtra les procédés nécess,aires pour
produire à volonté la couleur jaune, la grande pesanteur
spécifique, la ductilité, etc. ; celui qui connaîtra ensuite
les moyens de produire ces qualités à différents degrés,
verra le moyen et pourra prendre les mesures nécessaires
pour réunir ces qualités dans tel ou tel corps : d'où ré-
sultera sa transmutation en or. » Telle était la théorie gé-
nérale. Elle avait pris un sens ferme et plus précis dans
la notion aristotélique des exhalaisons dont l'intérieur de
la terre est le siège et qui produisent, sous l'influence des
îemps et des effluves des astres, les liions métalliques.
Ainsi, disait Proclus, le Soleil engendre l'or, la hiine Lar-
geiit, Saturne le plomb, Mars le ter, Vénus le cuivre.
(^ette doctrine passa aux Arabes par rintermédiaire des
Syriens. Les corps transformés graduellement dansla terre,
d'après Rhazès, arrivent à la longue ù Létat d'or et d'ar-
gent; mais l'art peut produire ces effets en un seul jour.
Toutefois, la possibilité de la transmutution, admise ainsi
à priori, finit par être mise en doule, par suite des échecs
l'éitérés des opérateurs, et l'on s'aperçut que les qualités
de couleur, de résistance communiquées à certains alliages
métalliques, n'étaient que des apparences, ne résistant pas
à un examen approfondi. C'est ainsi que, d'après Albert le
Grand, « ceux qui blanchissent par des teintures blanches
et jaunissent par des teintures jaunes, sans que l'espèce
matérielle du métal soit changée, sont des trompeurs, et ne
font ni vrai or ni vrai argent. » J'ai fait, ajoute-t-il, es-
sayer l'oretFargent alchimiques en les soumettant à six ou
sept feux consécutifs :1e métal se consume et se perd, no
laissant qu'un résidu sans valeur.
■ Ces doutes se sont fortifiés de plus en plus, et les chi-
mistes d'aujourd'hui, sans repousser à priori la possibilité
de la transmutation, n'en admettent plus la réalisation
effective. Cependant, il subsiste toujours en Orient et môme
ru Europe quelques alchimistes, obstinés dans leurs chi-
mères, bien (ju'ils n'aient jamais réussi à en donner la dé-
niifustration expérimentale. M. Berthelot.
IV. Mines et métallurgie. — Phincipaux gisements.
— L'or se trouve dans un grand nombre de régions,
généralement très disséminé dans les matières étrangères.
.V cause de sa grande valeur, on peut cependant exploiter
des gisements dont la teneur en or descend à 20 et même
à id gr. par tonne de matières. A l'origine, l'or était à
peu près exclusivement retiré des alluvions; puis les
progrès de l'industrie minière ont permis de s'attaquer à
ror'filonien et, à mesure que les traitements métallurgiques
se perfectionnaient, la production des gîtes aurifères
augmentait ainsi que le nombre des gisements suscep-
tibles d'un rendement rémunérateur.
En Europe, les gisements les plus importants sont ceux
de Transylvanie : les centres miniers sont à Nagybanyii,
Schemnitz, Kremnitz, Kœnigsberg, Felsœlbanya, Kapnik,
OH
— 440 —
Zalathna et Nagyag ; on y exploite surtout des minerais
de cuivre auro-argentifères. On extrait également un
peu d'or sur quelques autres points de l'Autriclie (mines
de Rauris, Gastien, Zoll, dans la Cisleitlianie), en Alle-
magne, en Italie, en Suède, en Angleterre (mines de
Glogau, dans le pays de Galles), en Turquie. En France
l'orpaillage, qui était autrefois pratiqué sur le Rhône, la
Garonne, l'Arve, le Gier, l'Adour et surtout l'Ariège, est
depuis 48oi2 complètement abandonné.
En Asie, c'est la Russie qui possède les mines les plus
importantes : dans l'Oural (Bérésovsk, près d'Ekaterinen-
hourg), où l'or a été découvert en 1737 par un paysan
l'usse, Taras Antonov, et en Sibérie (mines de lAltai,
alluvions du haut Yénisséi et de l'Angora) Le rendement
des mines de Sibérie a, de nos jours, notablement diminué,
tandis que l'introduction de méthodes perfectionnées
dans les mines de l'Oural augmente constamment
leur production. Aux Indes, les provinces de Madras et
de Mysore donnent chaque année de 8.000 à 9.000 kilogr.
d'or. Les richesses aurifères de la Chine ne sont pas
très connues, quoique fort importantes. Celles du Tonkin
commencent à être exploitées (province de Son Tay).
La production aurifère de l'Océanie est très consi-
dérable ; c'est l'Australasie, formée par l'ensemble de
l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la Tasmanie qui est
le siège des principales exploitations. Les premiers gise-
ments ont été trouvés en 4854, mais on en découvre
constamment de nouveaux : on y exploite de l'or allu-
vionnaire et des filons de quartz et de pyrites. La province
la plus riche est celle de Victoria (Ballarat, Beechworth,
Maryborough, Aramt) ; elle a fourni 74.659.875 fr. en
4895; puis viennent les provinces de Queensland (Gym-
pie, Palmer), qui a fourni 54.237.249 fr., de l'Australie
occidentale et de l'Australie méridionale, qui ont produit
respectivement 22.487.245 fr. et 3.248.434 fr. d'or en
4895. La Tasmanie (Mont-x\rthur, rivières Timor, Pic-
man) a donné la même année 5.354.937 fr. et la Nou-
velle-Zélande (mines de Yvercargill, Waiotahi, Mouna-
taiari, Waihi), 29.309.776 fr. En Nouvelle-Calédonie,
on a d'abord exploité la concession de Fem Hill, actuelle-
ment abandonnée; à la mine Eurêka, il y a un filon de
cuivre auro-argentifère contenant 50 gr. d'or à la tonne
environ.
Pendant longtemps, c'est de l'Amérique que l'on a extrait
la plus grande partie de l'or; la production y est en-
core très élevée : les Etats-Unis à eux seuls ont fourni
en 4897 pour 29 milhons d'or, dépassés seulement par
le Transvaal (V. ci-après, § Statistique). Les gisements
les plus riches sont ceux du Colorado (régions du Boulder,
Creek, avec les mines de Mountain Lion etKeystone, et du
Cripple Creek avec les mines Indépendance, Isabelle, Re-
becca, Victor, etc.) ; le Montana et le Dakota donnent, de
leur côté, chacun environ 5.000 kilogr. d'or par an. La
(^.alifornie est aussi très productive : les vallées du Sacra-
mento et de la plupart de ses affluents contiennent d'im-
menses placers aurifères; outre ces alkmons, on exploite
de nombreuses mines de quartz aurifères, telles que la
Sheep Ranch, la Utica, dans le district d'Angels, qui produi-
sent par an respectivement 7.770. OOOfr. et 46. 783. 200 fr.;
la production totale de la Californie est d'environ 400 mil-
lions de fr. Le Canada, la Colombie anglaise, le Mexique,
le Brésil, le Pérou, la République Argentine, le Chili, la
Guyane renferment également des gisements aurifères en
pleine exploitation.
Depuis quelques années, la production aurifère des
Etats-Unis est légèrement dépassée par celle de la Répu-
blique sud-africaine du Transvaal ; le Witvatersrand est
le district minier par excellence ; il contient de nombreux
liions quartzeux qui se présentent sous la forme de bancs
disloqués et discontinus appelés reefs et dans lesquels l'or
se trouve en présence de fer oxydé dans les parties voi-
sines de la surface et sulfuré dans les parties profondes ;
le plus important est le main-reef, qui a été reconnu sur
une longueur de plus de 50 milles ; sa puissance varie de
2"^, 40 à 3 m. et son rendement de 30 gr. à 360 gr. à
la tonne. Outre l'or filonien, on exploite encore au Transvaal
de l'or alluvionnaire.
A l'extrémité occidentale du Canada, près de la fron-
tière de l'Alaska, on avait reconnu, il y a une quinzaine
d'années, la présence de l'or dans les alluvions de diverses
rivières tributaires du Yukon : mais la rigueur du climat,
la cherté des vivres rendaient l'exploitation peu fruc-
tueuse. De récentes recherches ont fait découvrir en 4896
des gisements extrêmement riches, dans la vallée de la
Klondike, affluent de droite du Yukon : des fortunes de
plusieurs centaines de mille francs y ont été amassées en
quelques mois, et de nombreux mineurs, en proie à la fièvi'c
de l'or, ont accouru dans cette région, où la température
s'abaisse parfois jusqu'à — 50*^ et — 55° C. et où il faut
souvent employer le feu pour rendre les alluvions plus
faciles à attaquer. On y a trouvé aussi des pépites encore
adhérentes à des morceaux de quartz, ce qui fait supposer
la présence de filons à faible distance. La ville deDawson
Citv, bâtie au confluent de la Klondike et du Yukon, compte
actuellement (4897) 4.000 hab., et on estime ci 5.000 le
nombre des mineurs occupés aux exploitations aurifères.
S. MOUTOU.
ExPLorrATioN des gisements. — Le mode d'exploitation
du minerai d'or diffère suivant que ce minerai est à l'état
d'alluvions, de filons ou de couches. Les amas d'alluvions,
communément désignés sous le nom de placers, ou encore
de carions quand le dépôt s'est formé dans une gorge
étroite et profonde, ont une épaisseur qui varie de 42 à
60 m. ; le minerai y est à fleur du sol et son enlèvement
s'opère par les mêmes procédés que ceux employés dans
toutes les carrières à ciel ouvert ; ce n'est, en définitive,
qu'un simple travail de terrassement. Pourtant, en Cali-
fornie, où les placers affectent, en général, l'aspect de
petites coUines, on les attaquait encore, il y a quelques
années, à l'aide de jets d'eau d'une puissance énorme (4 à
5 atmosphères de pression), qui les sapaient à la base,
désagrégeaient la masse et l'entraînaient directement dans
les sluices (V . ci-dessous); mais les *hydraulic mines,
comme on les appelait, inondaient tout le pays, où ils ré-
pandaient la désolation, et, à la suite des réclamations
des habitants, cette méthode a été interdite par une loi.
Les filons et les couches s'exploitent par puits et par ga-
leries, d'après les méthodes générales qui ont été décrites
à l'art. Mine. Si la région est montagneuse, on peut le
plus souvent se borner à percer des galeries horizontales,
sans foncer des puits. Au contraire, lorsque le terrain n'est
que légèrement accidenté et que le gîte a plus d'une ving-
taine de mètres de profondeur, les puits deviennent néces-
saires. Au Witwatersrand, dans le Transvaal, où l'on doit
descendre jusqu'à 460 et 475 m., on en creuse quelque-
fois deux par mine, mais d'ordinaire un seul. Ils sont re-
coupés par des galeries distantes, en général, d'une tren-
taine de mètres et ayant une hauteur de 4 '",50 à 4 "^,75.
Quant aux machines d'extraction, elles n'offrent rien de par-
ticuher. Les frais d'exploitation varient entre 40 et 45 fr.
la tonne de minerai, suivant la puissance du gîte et la
disposition des travaux d'aménagement. L. Sagnêt.
Traiiement du minerai. — Le mode d'extraction de
l'or du minerai varie avec la nature de ce minerai ; mais,
quel que soit le mode de traitement final, il est toujours
précédé d'une séparation mécanique qui repose sur la forte
densité de l'or natif, densité qui descend rarement au-
dessous de 44,8. Pour séparer la poussière d'or du sable
et des matières terreuses qui raccompagnent, les anciens
se servaient de courants d'air qui, entraînant le sable et
les autres substances plus légères, laissaient l'or en arrière.
Cette méthode se pratique encore dans l'Arabie et dans
rOrient. On reconnut plus tard que l'eau effectuait la sé-
paration plus rapidement et plus économiquement, et la
méthode est appliquée aujourd'hui dans le monde entier.
Le chercheur d'or (orpailleur) isolé, qui procède encore
u\
OH
ilo la façon la plus primitive ot la plus simple, met de la
boue aurifère dans une sébile ou battée, où le sable est
remué et trié à la main sous un iilet d'eau ou dans un
cours d'eau ; Teau entraîne les parties les plus légères,
tandis que l'or, grâce ù sa forte densité, se dépose au
fond de la sébile. Le berceau {rocker), appareil de plus
grandes dimensions, est constitué par une caisse rectan-
gulaire, inclinée vers un de ses petits côtés qui est ouvert ;
iJ est suspendu de manière à i)ouvoir osciller comme un
ber-^eau d'enfant ; la caisse est recouverte d'une grille
métallique et le fond est garni d'une toile grossière. Le
sable aurifère déposé sur la grille, sous la double influence
du mouvement de la grille et du courant d'eau, cède ses
parties les moins grossières qui traversent la grille et se
subdivisent en portions légères entraînées par le courant
d'eau et en portions lourdes contenant l'or, qui viennent
se déposer sur la toile du fond.
La séparation par l'eau ne permet pas commodément
d'effectuer une séparation complète de l'or et du minerai,
car il est difficile d'enlever tout le sable sans perdre une
partie de l'or finement divisé ; on y arrive plus facilement
en utilisant la propriété que possède l'or de s'unir au
mercure pour former un amalgame liquide très lourd, par
conséquent très facile à
débarrasser du sable
granulaire. On triture
les sables lavés et en-
l'ichis avec du mercure
dans divers appareils
d'amalgamation , bas-
sins ou tonneaux ani-
més d'un mouvement
de rotation. L'amal-
game recueilli et sou-
mis à la distillation
abandonne de l'or. Le
p r 0 c é d é d' amalgama-
tion est appliqué aussi
bien par l'orpailleur qui
travaille seul dans un
canon que par les gran-
des compagnies qui trai-
tent des milliers de
tonnes de minerais par
jour.
La disposition dite
au sluice permet de
travailler beaucoup plus
rapidement. Le sluice
est un canal incliné en
planches, de 0^",3 de largeur et d'une longueur de 4 00 à
1.000 m. ; le fond est garni de saillies en bois et de ca-
vités dans lesquelles on place du mercure. On jette à la
pelle le sable aurifère dans le haut du sluice oii il se
trouve entraîné par un fort courant d'eau, l'or plus lourd
est retenu par les saillies et parle mercure, un mineur peut
avec cet appareil opérer le lavage journalier de 18 tonties
de sable. L'appareil est surtout employé pour l'exploita-
tion des placers de montagnes.
Le lavage donne toujours lieu à des pertes considérables.
Une partie de l'or est enclavée dans des fragments de
quartz relativement trop gros pour que leur densité en
soit changée et il faudrait broyer ces fragments pour en
isoler le métal, mais les frais de broyage ne seraient en
général pas compensés par l'augmentation correspondante
du rendement.
Le traitement des roches et des fdons aurifères doit
être précédé du broyage qui transforme le minerai en un
sable fin auquel il sera possible d'appliquer le traitement
précédent. Nous allons exposer le traitement des minerais
d'or au Transvaal, là où ce traitement a subi les plus re-
marquables perfectionnements.
L'or ne se rencontre pas ici dans la roche quartzeuse,
J^royeur à excentrique Cornet.
mais dans un conglomérat de teinte marbrée que l'on dé-
signe dans le pays sous le nom hollandais de banket (wou-
gat). Le banket est formé de cailloux reliés les uns aux
autres par une sorte de ciment siliceux qui contient des
cristaux de pyrite ferrugineux. Au-dessus du niveau per-
manent des eaux, ces pyrites ont été partiellement oxydées
au contact de l'air et de l'humidité. Ainsi la roche est de
moins en moins oxydée ; à mesure que l'on descend au-
dessous de la surface libre et, dans les grandes profon-
deurs, la roche est presque uniquement pyriteuse. La partie
oxydée, désignée sous le nom de minerai free-milling . est
extrêmement friable.
A la sortie de la mine, le triage du minerai se fait gé-
néralement sur une plate-forme faisant suite aux grilles
sur lesquelles on décharge le minerai. Une prise d'eau
permet l'arrosage du minerai, dont les gros morceaux sont
simplement triés à la main sans être fragmentés. Le mi-
nerai est ensuite complètement désagrégé et réduit en fine
poussière, afin que les éléments d'or, si petits qu'ils soient,
puissent arriver au contact des réactifs qui seront chargés
de les dissoudre. Le concassage se fait par desconcasseurs
à mâchoires ou mieux par un concass(Hn' à mouvement de
rotation excentrique ; l'un des plus employés, le broyeur
Gatescounste, est un
cône plein, à axe verti-
cal, revêtu d'une enve-
loppe d' acier , qui tourne
dans un vide conique,
également revêtu de
plaques à rainures en
acier dur. Le minerai
introduit entre les deux
surfaces coniques se
trouve rapidement
broyé. Un tel broyeur
concasse 24 tonnes par
heure. Le minerai con-
cassé est amené par un
distributeur dans un
mortier où se meuvent
des pilons ou bocards.
Dans chaque mortier se
trouvent cincj bocards
qui sont alternative-
ment soulevés par une
came en fonte, dont
l'arbre est supporté pai'
un bâti en bois. Sous
l'influence de leur pro-
pre poids, ces pilons
retombent sur un dé en même temps qu'ils tournent sur
eux-mêmes, le minerai se trouve ainsi broyé. A la hauteur
du dé, les parois intérieures du mortier sont revêtues de
plaques de cuivre amalgamées, chargées de retenir les
paillettes d'or. Le minerai sort, après broyage, entraîné
par un courant d'eau, à l'état de boue ou de pulpe à tra-
vers une boîte métallique dont les dimensions règlent la
finesse du broyage, et s'écoule en passant au-dessus d'une
nouvelle plaque de cuivre amalgamé où l'or entraîné est
retenu par le mercure. Chaque pilon pèse de iOO à S'iO ki-
logr. ; il fait 92 chutes par minute et peut broyer 4 à
5 tonnes de minerai en vingt-quatre heures.
Les plaques d'amalgamation jouent un rôle important
dans les bocards du type californien; elles sont en cuivre
très poreux et sont préparées avec un grand soin. Elles
retiennent d'autant plus d'or que celui-ci est plus pur et
se présente en paillettes plus volumineuses ; quand le mé-
tal est très divisé, l'or est entraîné en grande partie par
l'eau. Aux Etats-Unis, au Venezuela, en Australie, où l'or
est très pur et en grains assez volumineux, les plaques
d'amalgamation absorbent 75 à 80 °/od'or; au Transvaal,
on ne dépasse guère oo °/o.
On recueille de temps en temps l'amalgame formé. On
OK
— Ui -»
gratte, au moyen de frottoirs en caoutchouc, la surface
des lames et l'on retire ainsi l'amalgame qui est remplacé
par du mercure. Le métier d' amalgameu?^ réclame beau-
coup d'atten-
tion et depra-
tiijue. La perte
en mercure
dépend de la
nature du mi-
nerai : ainsi,
elle est beau-
(' 0 u p plus
grande avec
les minerais
pyriteux qu'a-
vec le minerai
oxydé de la
surface. Au
Transvaal, la
perte en mer-
cure est d'en-
viron 28 gr.
par tonne de
minerai ; il en
résulte que
la consomma-
tion annuelle
dans le district
du Rand n'est pas inférieure à i.OOO ])outeilles (de 32 à
34 kilogr.) représentant une valeur d'environ 300.000 îx\
L'amalgame purifié par une addition de mercure, ce qui
permet de le séparer de produits non dissous, est placé
dans une presse dont la base est formée d'une plaque per-
forée recouverte d'une toile filtrante, comme dans les
filtres-presses ordinaires. Cette opération permet d'élimi-
ner l'excès de mercure, l'amalgame retiré de la presse
-^^.
on en extrait la plus grande partie de l'or restant par
deux procédés, la chloruration et la ctjanuration, qui
sont apppliqués : l'une, aux parties les plus lourdes de la
pulpe ; l'au-
tre, aux par-
ties les plus
légères. La
séparation de
la pulpe se fait
à l'aide de dif-
férents appa-
reils fondés
tous sur le
même prin-
cipe et dont
le plus ré-
pandu est le
frue vanner.
Ce frue con-
siste en une
courroie sans
tin en caout-
chouc, légè-
rement incli-
née et sup-
portée par des
rouleaux , sa
largeur est de
'l^'\20 et sa longueur de 3»^\60 Le minerai broyé et
mélangé d'eau est amené à environ i m. de la tète de
coujToie et coule, lentement entraîné par des filets d'eau.
Eusuuible d'une batterie.
Batterie de 10 bocards.
est sec et consistant ; son aspect est celui de l'argent mé-
tallique. On le distille dans une cornue en fonte munie
d'un tube de dégagement à circulation d'eau froide. L'or
resté dans la cornue est fondu dans un creuset de plom-
bagine avec une petite quantité de borax et de nitre, puis
coulé dans des lingotières en fonte ; les hngots obtenus sont
d'environ 28 kilogr., ils ont un titre de 800 à 835 mil-
lièmes, et contiennent de l'argent et d'autres métaux
communs.
Le broyage et l'amalgamation simultanés laissent 40 à
50 7o du métal précieux dans le minerai broyé, la pulpe;
Mortier d'une batterie de bocards.
sur ce plan incliné qui, en plus de son mouvement de dé-
placement longitudinal (en sens inverse de la pente), re-
çoit régulièrement des secousses transversales. Il se fait
ainsi une séparation entreles parties métalliques plus denses
et par conséquent plus adhérentes à la courroie, qui re-
montent contrairement au courant d'eau et les parties
quartzeuses légères entraînées par celui-ci, de sorte qu'on
finit par obtenir, à un bout, les concentrés (pyrite et or),
— 443
OR
tandis que de l'autre côté s'écoulent des résidus sableux
{tailings) et des boues fmes (slwies).
Les tailings et les slimes représentent la presque tota-
lité du minerai broyé; les concentrés ne correspondent
qu'à une faible fraction, environ H'^/o. Ces concentrés sont
très riches en or, ils contiennent i>'énéralemenl de \T){} à
Frue vanner.
230 gr. par tonne. Ce sont eux qui sont soumis à la chlo-
ruration, chloruration qui ne se fait pas, généralement,
sur place, mais dans un petit noml)re d'usines qui cen-
tralisent tous les concentres.
La chloruration repose sur la propriété que possède
l'eau de chlore de dissoudre l'or en formant une solution
aurifère oii l'or peut
être facilement pré-
cipité à la tempéra-
ture ordinaire par ad-
dition de sulfate fer-
reux. La chloruration
doit être précédée
d'un grillage pour
oxyder toutes les par-
ties pyriteuses qui ab-
sorberaient inutile -
ment du chlore au
moment de la chlo-
ruration. Le soufre,
l'arsenic, l'anti-
moine, sont éliminés,
et les métaux, à l'ex-
ception de l'or, sont
transformés en oxy-
des.
Le gnlhge s'effec-
tue dans de longs
fours à réverbère ,
puis le minerai oxydé
est chargé dans des
cuves en bois munies
d'un double fond
percé de trous. Le
chlore, engendré en dehors, est conduit entre les deux fonds
et pénètre graduellement dans la masse du minerai po-
reux et humecté d'eau. Cette eau se sature peu à peu de
chlore qui agit sur l'or et le dissout; en ajoutant une nou-
velle quantité d'eau, on entraîne le chlorure dans une cuve
où on l'additionne de sulfate ferreux ; l'or précipité se
dépose lentement et, après vingi-qualre heures, on dé-
cante la solution qui surnage. Le précipité d'or lavé est
fondu dans un creuset de graphite en présence d'un fon-
dant oxydant.
Le procédé de chloruration imaginé par Plattner a reçu
quelques modifications ; quelquefois on opère avec le chlore
sous pression ; d'autres fois, on laisse digérer le .minerai
dans l'eau de chlore comprimée. La chloruration transforme
l'argent en chlorure d'argent insoluble qui reste dans le
résidu et se trouve par conséquent perdu.
Les portions du minerai broyé, entraînées par le courant
d'eau du fjme vanner se rendent dans des cuves de repos,
la première de ces cuves retient les parties les plus
lourdes ou tailings, la cuve suivante les parties les plus
Coupe d'une usine de chloruration.
légères ou slimes. Les tailings représentent 60 "/« du poids
du minerai primitif et contiennent de 78^5 à 10ê''\5 d'or
cà la tonne ; les slimes correspondent à 40 ^o de minerai
])royé, elles sont moins riches et renferment seulement de
\ à 7 gi\ d'oi' par tunne.
Les slimes entraînent avec elles un dixième de Por total,
or qui jusqu'ici est complètement perdu, car on n'a pas
encore réussi à extraire cet or ; des essais se font en ce
moment au Transvaal qui pourraient bien aboutir à un
résultat, mais on n'est pas encore fixé sur la valeur des
procédés proposés.
Les tailings sont traités par la cyanuration, méthode
imaginée en 1891 par Mac Arthur et Forrest. Elle repose
sur la propriété que possède le cyanure de potassium de
dissoudre l'or en formant un cyanure double d'or et de
potassium dont la solution est précipitable par le zinc. En
réaUté, le zinc métallique précipite l'or très lentement si la
solution est dduée, mais que dès que l'or a commencé à
se déposer il se forme un couple or-zinc qui active la pré-
cipitation.
On mélange les tailings avec une solution de cyanure
contenant en moyenne 08^4 «/o de cyanogène dans de
grandes cuves pouvant contenir 70 à 100 tonnes de mi-
nerai. Ces cuves sont munies à la partie inférieure d'un
(iUre constitué par un châssis en bois recouvert d'une sorte
de canevas formé de
couches superposées
de fibres de noix de
coco ; la solution tra-
verse ce filtre quand
la dissolution est ter-
minée et se rend en-
suite aux caisses à
zinc. La plupart du
temps on fait circuler
méthodiquement une
même solution de cya-
nure dans plusieurs
cuves.
La quantité de cya-
nure consommée at-
teint jusqu'à 900 gr.
de cyanure par tonne
de minerai, et dé-
passe plus de 60 fois
la quantité théorique-
ment nécessaire à la
d^issolution; c'est
qu'en fait un grand
nombre de substances
du minerai agissent
sur le cyanure pour le
décomposer inutile-
ment, par exemple les pyrites à demi oxydées et transformées
en sulfates acides mettent de l'acide cyanhydrique en
liberté. La plupart des métaux tels que le cuivre présen-
tent aussi des inconvénients dans la cyanuration. Le zinc
qui doit précipiter l'or de la solution cyanurique est pré-
paré en rognures de manière à multiplier les surfaces de
contact ; 1 kilogr. de ce zinc représente une surface d'en-
viron 10 m. q. et occupe dans la caisse un volume de
"20 litres. Ces rognures peuvent être comprimées assez
fortement de manière à former une masse élastique spon-
gieuse que l'on place au fond des caisses à zinc. Le fond
de ces caisses est formé par un treillis mobile, de manière
à f^aciliter la circulation du liquide et la séparation de l'or
qui se dépose. L'opération nécessite l'emploi de plusieurs
de ces caisses à zinc. Des caisses à zinc, la solution de cya-
nure est envoyée dans une citerne, oii l'on corrige son titre
de façon à la faire servir de nouveau. Les caisses à zinc
sont vidées deux fois par mois : le résidu solide est lavé
à l'eau de façon à détacher le précipité d'or et à le faire
passer à travers les mailles du treillis sur lequel repose le
OH
zinc. Les rognures de zinc dissoutes restent sur ce treil-
lis. Le précipité est calciné, de manière à oxyder les
métaux et à décomposer les cyanures, puis le résidu so-
lide est fondu avec un mélange de carl)onate de soude,
de borax et de spath fluor. On coule l'or dans des lingo-
trères.
Siemens et Haske ont donné un autre procédé pour
isoler l'or de sa solution de cyanure. La méthode consiste
à précipiter l'or au moyen d'un courant électrique en se
servant d'une plaque de fer comme électrode positive et
d'une feuille de plomb comme électrode négative. L'or et
l'argent se déposent sur la feuille de plomb, tandis que le
cyanure se porte sur le fer pour donner du bleu de Prusse.
Ce précipité est recueilli, puis converti en cyanure par le
carbonate de potasse. On sépare l'or et l'argent du plomb
par coupellation. On a aussi proposé de précipiter l'or
par l'aluminium.
Le procédé du cyanure de potassium appliqué aux tailings
donne un rendement qui varie de 50 à 75 ^/o suivant la
marche plus ou moins soignée des réactions.
Les mines du Transvaal livrent leur or à l'état brut qui
passe alors par l'intermédiaire du raffineur avant d'arriver
à l'Hôtel des monnaies. Tout l'or du Transvaal arrive à
Londres, et est traité dans des maisons de raffinage,
comme les maisons Rothsclnld, Johnson et Masé, et celles-
ci, après avoir prélevé un gros bénéfice, écoulent leur or
tin aux divers consommateurs. L'or utilisé en France passe
ainsi en grande partie par l'intermédiaire de l'Angleterre
et supporte alors un droit d'entrée quatre fois plus fort
que s'il venait directement du pays d'origine.
Les pays aurifères, riches en combustible, remplacent
souvent l'amalgamation par la fusion des sables aurifères.
Ce procédé fournit une grande quantité du métal précieux.
On traite le sable d'or dans un haut fourneau avec des
Cuves de cyanuration.
fondants pour fonte aurifère, et de celle-ci on sépare l'or
avec l'acide sulfurique.
Au Mexique, on fond le minerai avec de la litharge; il
en résulte par réaction un plomb d'oeuvre, riche en or,
(fue l'on soumet ensuite à la coupellation.
Affinage. — Pour purifier l'or brut, on le soumet à l'opé-
ration appelée affinage ; l'or est traité à chaud par l'acide
sulfurique, de densité 1 ,848, pendant environ douze heures ;
l'argent, le cuivre se transforment en sulfates, et l'or
reste inattaqué. Le sulfate d'argent insoluble se solidifie
sous la forme d'une bouillie cristalline, on l'enlève et on
le met dans une chaudière pleine d'eau bouillante, en con-
tact avec des lames de cuivre qui précipitent l'argent. L'ar-
gent se dépose sous la forme d'une masse blanchâtre,
grenue, appelée chaux d'argent par les ouvriers. La solu-
tion de sulfate de cuivre évaporée fournit le vitriol. Quant
à l'or, il est traité à l'ébullition par du carbonate de soude,
puis fondu et coulé en lingots. On a appliqué cette mé-
thode à la récupération de la petite quantité d'or 1/1000
environ contenu dans les vieilles monnaies d'argent.
Les ateliers d'affinage à Paris remettent au propriétaire
de l'argent aurifère à affiner, aussi bien l'argent que l'or
séparés et ils reçoivent pour prix de leur travail 5 fr. à
5 fr. 50 par kilogramme de métal affiné, plus le cuivre
contenu dans l'alliage. Quand l'alliage ne dépasse pas 1/10®
d'or, ils retiennent d/"20000^ de l'or et tout le cuivre, et
comptent en outre une prime de 75 cent, par kilogramme
de métal affiné. Pour Faffinage de l'or argentifère on prend,
à Paris, 5 fr. par kilogramme. Paris et les environs
affinent annuellement pour plus de ^200 millions de fr. de
métaux précieux pour la Banque de France, la Monnaie
et la spéculation particulière.
Battage (V. Batteur d'or).
Alliages. — A cause de sa grande mollesse, l'or ne
peut être utilisé qu'allié au cuivre ou à l'argent. La pro-
portion de cet alliage constitue le titre. Le titre de la
monnaie d'or est rigoureusement déterminé pour chaque
pays (V. Monnaie, t. XXIV, p. 185 et suiv.).
Pour la confection des objets d'orfèvrerie, de bijouterie,
pour les médailles, etc., les alliages d'or sont également
soumis à un titre légal et garantis par un poinçonnage
(V. Garantie). Ils présentent les titres suivants :
( 1^^' titre. 9^20/1000^
Orfèvrei'ie ^2^ — 840 — / 3/1000^
f :>« — 750 — de tolérance
Joaillerie 750 — \ au-dessous
Médailles ..... 91G — /
Proportions relatives
Or. Arirent. Cuivre.
Or dit de Nuremberg 55 55 100
i pour objets de
Soudures] 750/1000^ . 400 100 100
( Or rouge 500 100
C. Matignon.
V. Technologie. — Dorure (V. ce mot).
VI. Beaux-arts. — A cause de ses multiples qua-
lités (ductilité, malléabilité, rareté), l'or, de tout temps
considéré comme le plus précieux des métaux, fut tra-
vaillé, dès la plus haute antiquité, par les joailliers et les
orfèvres : les peuples anciens l'apphquaient sur le bois,
le cuivre, l'argent et le laiton ; plus tai'd. on imagina de
l'associer au carton, au plâtre, au verre, à la céramique.
L'importance attachée à la possession de l'or explique
comment les rois, les princes, les seigneui's se montrèrenl
si jaloux de <létenir en abondance des joyaux d'or : la
vaisselle de table des rois français était en or, et les in-
ventaires des ducs d'Anjou, de Bourgogne, de Berry, at-
testent que, chez ces princes, les grandes pièces de vais-
selle d'or : hanaps, salières, chandeliers, burettes, flacons,
gobelets, aiguières, plats, etc.. étaient innombrables. Même
abondance de pièces d'orfèvrerie dans le trésor des églises
durant tout le moyen âge. Il est remarquable que vers le
début du xvi^ siècle, l'or cessant de constituera peu pj'ès
exclusivement la fortune mobilière de nos ancêtres, ce
(|ue l'on commença de rechercher dans les ouvrages d'or-
fèvrerie, ce fut moins la valeur intrinsèque que l'élégance
de la forme et la beauté de l'exécution. Enfin, au miheu
du xviii^ siècle, l'or fut banni du mobilier ; le vermeil et
le bronze doré prirent sa place, et, à dater de cette
époque, le « roi des métaux » fut réservé pour la parure
et pour ces menus objets qui sont comme les accessoires
du costume, tels que nécessaires, boîtes et drageoirs de
poche, tabatières, etc. G. Cougny.
VII. Statistique et commerce. — D'après une
statistique qui a été dressée par M. de Foville et dont les
données, naturellement très approximatives, ont été em-
pruntées aux travaux de Soetbeer et aux publications de
la direction de la Monnaie des Etats-Unis, la production
de l'or, dans le monde entier, se serait élevée, depuis
quatre siècles, à 13.86 i. 900 kilogr., représentant, au
cours actuel de 8.444 fr. 44 (or tin monnayé), une va-
leur de 47.755,300.000 fr., et se répartissant comme
suit :
44S -^
on
1493-1850...
1851-1870...
1876-1897...
KILOGRAMMES
d'oi' fin
4.752.000
4.775.600
4.337.300
YALEUn
eu fraucis
16.367.600.000
16.448.500.000
14.939.200.000
47.755.300.000
1493-1897.... 13.864.900
Pour les dix dernières années, la production annuelle
a été la suivante :
1888
1889
1890
1891
1892
1893
1894
1895
1896
1897
1888-1897
KILOGRAM.MKP
d'or fin
165.700
185.800
178.500
196.500
220.600
236.600
272.600
300.000
305.400
357.300
2.419.000
VALEUR
en iVaiu's
571
640
615
677
760
816
939
.033
.052
,230
Diillionh
8.333 millions
Ainsi, depuis la découverte du nouveau monde jusqu'au
milieu de ce siècle, pendant une période de 357 ans, il
n'avait été extrait que 4.752.000 kilogr. d'or. Les vingt-
cinq années qui ont suivi, de 1851 à 1875, ont donné une
production un peu supérieure, 4.775.600 kilogr., et, de-
puis, la moyenne annuelle est restée, en apparence, sen-
siblement la même : 4.337.300 kilogr. en vingt-deux ans.
En réalité, il y a eu de 1876 à 1885 une diminution cons-
tante dans la production, qui a fait baisser la moyenne;
dans ces dix dernières années, au contraire, la quantité d'or
extraite n'a cessé de croître, comme le montre le deuxième
lableau, dans des proportions considérables: 357.300 ki-
logr. en 1897 contre 165.700 kilogr. en 1888.
Les Etats-Unis et l'Australie ont tenu longtemps la
tète dans la production, suivis, à un moment, de près par
la Russie, et très loin par le Mexique et l'Amérique du
Sud :
IMOYENNl: AN.NUELLE
(eu milliers de kilogrammes)
1851 1861 1866 ~187Î" 1876 1881
PAYS à à à à à à
1860 1865 1870 1875 1880 1885
Etats-Unis
Australie
Russie
Mexique et Améri(|ue
(lu Sud
Autres pays
Moyenne annuelle totale
88
76
26
7
8
67
78
24
7
9
76
7t
80
7
8
60
63
33
61
45
40
7
16
48
43
35
7
16
200 185 195 171 172 119
Depuis, les mines du Transvaal ont pris un rapide déve-
loppement, en même temps ([ue les Etats-Unis et l'Aus-
tralasie sont revenus, grâce à l'amélioration des procédés
d'extraction, à leur ancien chiffre de production et l'ont
même finalement dépassé. La Russie est, au contraire,
demeurée stationnaire. Voici, du reste, ])oiu^ l'ensemble
des années 1886 à 1897, quelle a été. pour ces quatre
pays, la moyeimo annuolJe do la production :
KTLOORAMMK^
cl (ir lui
Etats-Unis 56.000
Australasie 52.000
Russie 34.000
Afrique du Sud 29.000
Autres pays 46.000
Total
VALEUR
(Ml francs
192.900,000
179.000.000
117.100.000
99.800.000
i:)8.400.000
217.000 747.200.000
Depuis trois ou (pialre ans, le Transvaal marclic de pair
avec les Ltats-Unis. Il les a même dépassés en 1897,
comme le monire le tableau ci-après, qui a été établi par
la direction de la Monnaie des VTats-Unis et reproduit
par M. Edmond Tliéry dans hoii omrago Europe et Etats-
Unis. Le kilogramme d'or tin y est évalué, couune dans
tout ce qui précède, au cours légal de 3.444 fr. 44.
Production de l'or dans le monde entier en 1891.
Afrique du Sud
Etats-Unis
Australasie
Russie
Mexique
Indes britanniques . .
Canada,
Colombie
Guyane britannique.
Autriche-Hongrie . .
Chine
Guyane française. . .
Allemagne
Rrésil
Venezuela
Chili.
Bolivie
(^orée
Japon
Pérou
Guyane hollandaise . .
Amérique centrale. . .
Italie
République Argentine.
Equateur
Suède
Bornéo
Uruguay
Angleterre
Turquie
aILOGRAMMLS
d'or lin
87.728,1
86.308,4
83.782,4
34.975,5
14.197,8
10.904,6
9.068,4
4.513,8
3.452,4
3.363,7
3.323,8
2.313,3
2.066,0
1.811,8
1.424,1
1.397,2
1.128,4
1.103,0
1.079,2
944,9
740,6
707,9
292,5
207,0
200,0
127,0
69,1
55,0
52,8
11,0
VALEUR
en francs
302.028.200
297.140.300
288.444.100
120.412.700
48.880.000
37.542.000
31.220.400
15.540.000
11.886.000
11.580.400
11.443.100
7.964.200
7.112.600
6.238.000
4.902.900
4.810.100
3.885.000
3.797.400
3.715.600
3.253.000
2.549.600
2.437.200
1.007.000
712.800
688.400
437.200
238.000
189.000
181.800
37.800
Total 357.349,7 1.230.274.800
La distribution de Tor par pays et son emploi sont
moins faciles à déterminer, car la statistique manque, à
cet égard, de données précises, et les éléments qu'elle peut
se procurer sont souvent contradictoires. L'or sert à de
nombreux usages : pour fabriquer les monnaies, les bi-
joux, les pièces d'orfèvrerie, pour dorer l'argent, le cuivre,
le zinc, le verre, la porcelaine. On en fait aussi divers
composés qui ont des usages industriels : le chlorure d'or,
employé principalement en pbotographie, la pourpre (h
Cassius, en peinture, etc. (V. ci-dessus, § Chimie). La
fabrication de la monnaie parait avoir absorbé à elle seule,
depuis un quart de siècle, près de la moitié de l'or extrait.
Si Ton prend, en effet, la période de 1873 à 1897, on
constate que sur 16 milhards et demi de fr. d'or qui ont
été produits, 7 milliards au moins ont été convertis en
monnaie, le stock monétaire universel do l'or étant passé
de 14 à 15 milliards environ en 1873 à 21.798 miUions
en 1897, se répartissant comme suit (évaluations de la
direction de la Monnaie aux Etats-Unis) :
Monnaies d'or en circulation à la fin de 1801.'\
VXY^ Valeur eu francs
3.860.000.000
3.272.500.000
2.920.000.000
. 2.934.000.000
892.500.000
484.500.000
250.000.000
225.000.000
193.000.000
175.000.000
Erance
Allemagne
Russie
Angleterre
Autriche-Hongrie .
Itahe
Turquie
Espagne
Roumanie .......
Belgique
A reporter 15 . 206 . 500 . 000
OR —
PAYS Valeur en francs
Report , 15.206. 500.000
Suisse 120.000.000
Hollande 109.500.000
Danemark 77.000.000
Suède 53.000.000
Norvège 37.500.000
Portugal 27.500.000
Serbie . . 14.500.000
Rulgarie 5.000.000
Grèce 2.500.000
Total pour l'Europe . . . ïsToÏÏJToOO . 000
Etats-Unis 3 . 48 L 500 . 000
Autres pays 2.604.000.000
Monde entier 21 798.500,000
Pour la seule année 1896, la frappe de la monnaie d'or
représente une valeur totale de 1.015 millions de fr.,
alors que la production de l'or n'est guère plus élevée :
1.052 millions.
De son côté, la consommation industrielle paraît se tenir
annuellement aux environs de 300 millions de fr. C'esi
du moins ce qui ressort des statistiques de MM. Soetbeer.
Haupt, Leroy-Beaulieu. D'après M. lîaupt, les principaux
pays ont employé pour cette consommation en 1886 :
Angleterre. , , 58 millions de fr.
France , 43 — —
Allemagne 41 -—
Suisse 34 •— -^
Amérique 66 —■
Autres pays 48 —
Total 29Ô~i^lÏÏons de fr.
Tout compte fait, on arrive, pour la période précé-
dente de 1873 à 1897, à une consommation industrielle
totale de 6 milliards 200 millions de fr. Si on y ajoute
les 7 milliards 'convertis en monnaie et 2 milliards et demi
environ restés en Asie et en Afrique et perdus pour la
circulation des autres pays du monde, on approche bien
près du montant delà production totale, soit 16 milliards
et demi. Il faudrait du reste, faire entrer aussi en ligne
le frai et les pertes d'autre nature. Une commission mo-
nétaire suédoise a estimé, en 1869, l'usure annuelle su-
bie par la circulation universelle de l'or à 60 millions de fr.
Les statisticiens anglais Newmarcli et Mac Culloch l'éva-
luent seulement, le premier à 0,25 ^/o de la circulation
totale, le second à 0,05 %.
Pour la France seule, la statistique douanière des mé-
taux précieux indique, de 1884 à 1897, une importation
de 1 .384 millions de fr. d'or et une exportation de 400 mil-
lions de fr., soit un excédent net d'importation de 984 mil-
lions de fr. Pendant le même temps, l'encaisse or de la
Banque de France s'est accru de 1.032 millions de fr.,
passant de 921 millions à 1.953 millions. L'augmentation
a été d'ailleurs plus considérable encore pour d'autres
banques d'Etat, notamment pour celle de Russie, dont l'en-
caisse or a passé de 700 millions de fr., à 3.095 millions.
Nous avons dit que le cours légal du kilogramme d'or
fm était de 3.444 fr. 44. En réalité, la Banque de France
l'achète 3.437 fr. ; la différence, 7 fr. 44, correspond aux
frais de monnayage. Pour les pièces d'or au titre de 9/ 10,
la valeur réelle du kilogramme est, à ce cours, de 3. 100 fr.
Elle est de 2.755 fr. 56 pour les alliages aux 8/10, de
2.411 fr. 11 pour les alhages aux 7/10, etc. La Banque
d'Angleterre achète l'or à l'once et dans l'hypothèse d'un
alliage aux 11/12 (slandardyold);h prix est de 77 shil-
lings 9 pence (77 shillings 10 1/2 pence avec les frais de
monnayage) ; en convertissant en kilogramme d'oi* iin et
en liv. st. on obtient, comme cours du kilogramme d'or
hn monnayé, 136 liv. st. 56, ce qui fait" ressortir la
livre sterling a 25 fr i^JI, et, réciproquement, le franc à
0,0396 hv. st,; c'est la parité théorique de chang<^. La
U6 —
Banque impériale d'Allemagne achète l'or à raisoii de
1.392 marks la livre de 500 gr. (1.395 marks avec les
frais de monnayage) : doncl mark=: 1 fr. 23 ^ (V. Chaxgk).
Londres est le grand marché de l'or.
Depuis la suppression du bimétallisme, en 1873, la mon-
naie d'or est l'unique base du crédit international. Dans
la plupart des pays, on a néanmoins conservé à la monnaie
d'argent son ancienne valeur de la parité bimétallique :
1 kilogr. d'or lin =i: - ' kilogr. d'argent fm r::^ 15,5
environ. Mais le prix réel de l'argent a en réahté consi-
dérablement baissé, et le rapport, après s'être maintenu
sur le marché de Londres, entre 15, 19 et 15,78 jusqu'en
1872, s'est élevé à 15,92 en 1873, pour passer à 18,64 en
1883, à 26,49 en 1893, à 34,23 en 1897 (V. Argent et
Monnâul). L. Sagnet.
VIÎI. Thérapeutique.— Les préparations auriques ont
une action réelle contre la syphilis, surtout contre les ac-
cidents secondaires et tertiaires. On emploie à l'intérieur
la poudre d'or à la dose de 1 à 20 centigr., le chlorure
d'or (5 à 15 milligr.) et l'oxyde d'or. Les mêmes prépa-
rations peuvent être utihsées à l'extérieur sous forme de
pommades. On a préconisé le chlorure double d'or et
d'ammonium contre l'aménorrhée et la dysménorrhée,
l'^nfm l'or est fréquemment utilisé en viéfalloihérapie
(V. ce mot). Au point de vue physiologique, les prépara-
tions auriques prises à doses faibles et prolongées exagè-
l'ent les sécrétions cutanée, salivaire et rénale, agissent
comme stimulantes et modifient avantageusement le mou-
vement nutritif amoindri, affaibli par la syphilis. L'or a
une action excitante sur l'économie en général ; il exalte
les fonctions intellectuelles et génésiques et jouit de pro-
priétés emménagogues énergiques. En résume, son emploi
pharmaceutique est parfaitement justifié, surtout pour les
malades chez lesquels le mercure détermine des accidents.
IX. Art héraldique, •— Le premier des métaux em-
ployés en armoiries. Il symbolise la gloire et la richesse.
Vor s'indique en blason par un pointiUé:
X. Monnaie (V, Monnaie et ci-dessus, § Slatislîque
et Commerce).
BiBL. : E. Levasseur, la Question de l'Or; Paris, Iboo.
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1877. — Vom Ratii, Ûeber dus Gold; Berlin, 1879, —
L. Simonin, l'Or et l'Argent; Paris, 18S0, — J. Percy,
Silver and Gold : Londres, 1880. — Balling, Manuel pra-
tique de VarJ; de l'essayeur (trad. fr. par L. Gautier) ; Paris,
1881. — Soetbeer, Materialien zur Èrlâuterung undBeur-
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— Th. Egleston, The Metallurgy of gold, silver and
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L'Or, ses propriétés, ses gisements et son extraction, dans
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Ch.-S. GoLDMAKN, SoutJi AfriCcHi mines, their position,
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L. Weil, l'Or; Paris, 1896. — IL de la Coux, VOr, gîtes
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Europe et Etats-Unis d.' Amérique. Statistiques d'ensemble;
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1896. -- Reports of ihe director of the ndnt upon produc-
tion oftheprecious mêlais in the United States ; Washing^
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la Société de l'jndustne mine) oie — Revue universelle
(le.: mines ci de la métallurgie. — LEconomiste européen.
■ 447 —
OR — ORAGE
on (lies cF) (Y. Hyères [Iles d']).
OR. Rivière de Russie, affl. g. de l'Oural. Xait dans la
chaîne des Môugodjar, au mont Karataou. Coule dans une
direction générale S.-N. Longueur 260 kil. Courant im-
pétueux, coupé de bancs de sable; eaux légèrement salées
et peu poissonneuses. Après avoir traversé une région
montagneuse, l'Or coule à travers des prairies fertiles et
atteint une largeur de 30 m. Ses principaux affluents sont
rOuissoul Kara et la Kamychakly.
ORAÂS. Com. du dép.des Basses-Pyrénées, arr. d'Or-
thez, cant. de Sauvclerre ; 460 hab.
ORACLE (Y. DivixATioN, t. XIY, p. 783).
ORADOUR. Com. du dép. du Cantal, arr. d'Aurillac,
cant. de Pierrefort; 890 hab. Filature de laines. Nom-
breuses ruines féodales : à Ribeyre, château de Malbec ;
à Rocheburne, château du xv^ siècle ; à Bennes, château
du xv^ siècle; à Serres, château du xiv^ siècle; à Pierre-
liche, ruines du xiii^ siècle du vihage de Combret. Gorges
de TEspic et de la Truyère; pittoresques roches volca-
niques à Bonnes tradc.
ORADOUR. Com. du dép. do lu Ciiarenle, arr.de Ruf-
fec, cant. d'Aigre; (j^2'i' hal).
ORADOUR-Vanais. Com. du dép. debi Charente, arr.
et cant. (S.) de Confolens ; 871 bah.
ORADOUR-Saint-Genest. Com. du dép. de la Haate-
Yienne, arr. de Bellac, cant. du Dorât; 1.353 hab.
ORADOUR-sur-Glâke. Com. du dép. de la Haute-
Yienne, arr. de Rochechouart, cant. do Saint-Junien ;
2.030 hab.
ORADOUR-slr-Vayhes. Ch.-l. de cant. du dép. delà
Haute-Yienne, arr. de Rochechouart ; 3.293 hab. Stat. du
chem. de fer d'Orléans. Filature de laine. Fabr. de droguets.
ORAGE. Agitation violente de l'air, accompagnée de
pluie ou de grêle, d'éclairs et de tonnerre. Le Yerrier,
dans son célèbre plan d'observation des orages, simplifia
cette définition, la réduisant au strict nécessaire. D'après
ce plan, qui a été suivi par les auteurs des Instructions
métcorologiques de tous les pays, l'orage commence avec
le premier coup de tonnerre entendu et finit avec le der-
nier; les points à noter dans les bulletins d'orage sont :
les heures du début et de la fin; la direction des points
de l'horizon où l'orage apparaît et disparaît; la vitesse
et la direction des nuages ; la force et la direction du
vent ; l'intensité des éclairs, du tonnerre, de la pluie,
de la grêle; la durée de la pluie ou de la grêle.
Les premières recherches vraiment scientifiques sur ce
sujet remontent au siècle dernier. Le rapport de Leroi,
Buache et Tessier sur le fameux orage du 13 juil. 1788,
publié deux ans plus tard dans les Mémoires de V Acadé-
mie des sciences, montra la voie à suivre. Mais, à cause
de la difficulté des communications postales (et télégra-
phiques, môme après Chappe), l'étude d'un seul orage
demandait un effort énorme. Ce n'est qu'à partir de 1863,
que Marié-Davy, Fron, Plumandon, etc., en France;
Mohn et Hildebrandsson, en Scandinavie ; Lancaster, en
Belgique ; Ciro Ferrari, en ItaHe ; Koppen, von Bezold,
Franz Horn, Cari Tillmann, etc., en Allemagne ; Prohaska,
en Autriche, etc., dans des travaux approfondis, ont dé-
couvert un nombre considérable de faits définitivement
acquis dont voici le court résumé.
En règle générale, les orages importants éclatojit au
même moment sur diftëj^ents points d\nie longue ligne
'isochrone cpii se transporto parallèlement ù elle-même
vers l'E.-N.-E. avec la vitesse ordinaire aux bourrasques
ou dépressions. En avant de l'isochrone, la pression ba-
rométrique et l'humidité relative baissent, la température
augmente; sur cette ligne, In'usquenienl, c'est le con-
traire qui se produit; en même temps, le vent tourne de
i3^ environ « avec le soleil » et souffle avec violence; le
tiel se couvre de lourds nuages, la pluie ou la grêle
tombe, accompagnée d'éclairs et de tonnerre, puis au bout
de 10 à 120 minutes, le vent de tempête se calme gra-
duellement et reprend sa dirortion première; la pression
barométrique, qui avait eu un ressaut très brusque au
début de l'orage, reprend son allure ordinaire ; les phé-
nomènes électriques s'éloignent vers l'E.-N.-E. ; le ciel
se découvre ; la pluie cesse ; l'humidité relative diminue ;
la température se relève un peu, mais reste parfois basse.
Telle est la règle générale, sujette à des exceptions, sur-
tout en ce qui concerne la direction du déplacement des
orages et celle du vent.
On était moins d'accord quand on cherchait la cause
des orages ou leurs relations avec la dépression princi-
pale qui les entraîne. L'isochrone d'orage est-elle le siège
d'un très grand nombre de petites dépressions secondaires
ou d'une seule? L'isochrone se trouve-t-elle entre deux
minima secondaires, ou entre un maximum et un minimum
secondaires très allongés, ou au fond des « anses » de
basse pression appelées aussi « sacs d'orage »? Le vent
de l'orage est-il produit par la chute de l'air froid qui est
en arrière du l)ord de l'isochrone, ou ])ar un tourbillon à
axe horizontal ? Y a-t-il des orages de chaleur et des
orages de dépression, ou bien ces deux variétés sont-elles
impossibles à distinguer l'une de l'autre? Le vent des
orages est-il en conformité ou en contradiction ^avec la loi
de Buys-Ballot ?
Telles étaient les divergences qu'il s'agissait de conci-
lier; tels étaient les points obscurs quif fallait éclairer.
Un progrès importanî avait été fait, pourtant, en ce qui
concerne la vraie nature de l'orage : on n'y considérait
plus l'électricité comme une cause, et le fait est qu'elle
n'y a guère plus d'importance que la fumée dans un coup
de fusil. Kaemtz avait noté cela dès 1840; Mohn et Hil-
debrandsson, quarante ans plus tard, ont formulé une
conclusion encore plus nette : « Nous arrivons, disent-
ils, à ce résultat surprenant que, pendant un orage, le
tonnerre même, ou les phénomènes électriques, sont des
phénomènes secondaires. » Et la preuve évidente qu'ils en
donnaieîit était que toute pluie qui arrive sous forme
d'averse, même le grésil à une température au-dessous
de 0*^, est accompagnée de variations identiques dans
la marclie des instruments, qu'elle soit sui^ie do tonnerre
ou non.
Presque sinudlanémont, en France, en Belgique et en
Italie (Manuel Johnson l'avait même déjà remarqué en
Ecosse, en 1837, à propos du ressaut barométrique), on
constatait que tel ou tel phénomène dépression, de vent, etc. ,
prétendument caractéristique de l'orage, peut se produire
soit entre deux stations très éloignées, frappées par l'orage,
soit à une certaine distance d'une zone orageuse, soit,
simplement, à propos d'une averse ou d'une giboulée.
En 1891, M. Durand-Gréville, s'étant aperçu que le
ressaut barométrique brusque ou « crochet d'orage » se
produit souvent non seulement sans orage, mais même
sans averse ni giboulée, pourvu ([u'il y ait en ce moment-
là une hausse brusque de vitesse et un changement brusque
de la direction du vent (ce que les moarins appellent grain
blanc), fut amené à rechercher en quoi les grains diffè-
rent des orages. H ne trouva aucune différence autre que
la présence ou Eabseiice de phénomènes électriques ; et c'est
ce qu'il essaya do rendre manifcste'par le taldcau suivant
dans lequel est résuuiée l'étude des grains, plus large,
mais un peu empirique, chez les marins, plus con-
finée mais plusscientifi(jue dans les ti'avaux d'Abercromby.
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ORAGE
Il n'y a donc pas plus de différence essentielle entre le
grain et l'orage qu'entre deux coups tirés avec le même
fusil, l'un avec
de la poudre
ordinaire, l'au-
tre avec de la
poudre sans fu-
mée.
^ Cepoint éta-
bli, que l'o/'ar/^
est un grain
om^e»x', il de-
venait très pro-
bable qu'entre
deux points
frappés par l'o-
rage les sta-
tions inter-
médiaires de-
vaient toutes
enregistrer le
m è m e res-
saut baromé-
trique , les
mêmes cban-
ge'ments du
vent, etc. ; en
d'autres ter-
mes (pie, sur les
di\ers points
de l'isochrone, ily a tantôt orage, tantôt simple grain, avec
ou sans pluie, selon les conditions locales ([ue rencontrait
risoclirone de ,7/-6^m (parfois orageux).
Pour vérifier cela, il fallait étudier l'isochrone de grain
non plus dans les limites d'un seul pays, mais tout entière
et la suivre sur toute
l'étendue de son dé-
placement à travers
l'Europe, en accor-
dant une importance
égale aux points frap-
pés ou non par l'o-
rage, pourvu qu'ils
fussent le siège de
tout ou partie des
(roubles communs à
l'orage et au grain.
De plus, pour voir
la vraie situation des
orages dans l'ensem-
ble \le la dépression
dont ils font partie,
il fallait dresser des
cartes d'isobares sur
toute V Europe,
par millimètres et
d'heure en heure.
La fig. i montre
les avantages d'une
étude d'ensemble.
Cette carte, qui
donne d'heure en heure la marche d'une ligne isochrone
de (jrain (orageux par endroits), prouve d'abord que les
isochrones peuvent s'étendre du centre d'une dépression
jusqu'à sa circonférence. Cette lig)ie ou raijon de grain
— bord antérieur du très étroit ruban de grain dans
l'intérieur duquel se passent les phénomènes du grain
orageux ou non — avait, le 27 août 1890, à sept heures
du matin, abordé l'Angleterre et l'I'^pagne et devait pas-
ser par Saint-Pétersbourg le lendemain à cinq heures du
soir. Elle n'était devenue isochrone tVorage que sur les
points de son parcours, dans les régioub ondu'ées sur la
carte, où une température élevée et une grande humidité
448
Fig. 2. — Carte dos isobares du 27 août 1890 à 9 h. du soir,
sur l'Europe centrale.
absolue avaient été les conditions locales de cette « prépa-
ration atmosphérique convenable», dont Marié-Davy, dès
1865, signalait
déjà la néces-
sité.
Sur d'autres
points de la li-
gne de grain,
il n'y avait eu
({ue des averses
sans orage,
mais toujours
ayant pour
cause l'intro -
duction brus-
que d'un vent
violent et froid.
Sur d'autres,
enfin, le vent
seul et la pres-
sion avaient
haussé brus-
quement, sans
averse.
On se trom-
perait donc si
on disait (jue
l'orage et l'a-
verse sont un
phénomène pu-
rement local; de même, si on disait qu'ils ont une cause
purement extérieure. La vérité est qu'il y faut à la fois
une préparation locale et un trouble venu du dehors. Et
cette remarque fait comprendre pourquoi, même dans l'in-
térieur des taches grises, tous les endroits n'ont pas eu de
tonnerre à leur zé-
nith, le passage de
la ligne de grain ue
pouvant éveiller d'o-
rage que là ou l'hu-
midité est assez abon-
dante. Mais on se
rend compte que c 'est
la ligne de grain
(jui est continue,
tandis que les points
frappés par l'orage
se distribuent irré-
gulièrement sur elle,
naissent et dispa-
raissent selon les ha-
sards de la prépara-
tion locale.
La fig. !2 repré-
sente, tracée par mil-
limètres, la carte des
isobares ou courbes
d'égale pression ba-
rométrique le "27 août
1890, à neuf heures
du soir, pour l'Eu-
rope centrale. Au premier coup d'oeil, on voit combien le
zig-zag des isobares d'une dépression à ligne de grain dif-
fère de la forme presque circulaire des dépressions normales.
La Hgne de grain, en pointillé, part du centre de la dépres-
sion (non visible sur la carte) qui était au N.-X.-O. du
Danemark, et passe par tous les points où l'isobare revient
brusquement vers le centre. A sa droite, pression faible,
vent relativement modéré; à sa gauche, hausse brusque
de la pression et vent de tempête. Il n'y a pas d'orage en
ce moment sur cette ligne, mais une demi-heure plus
tard à Berlin, elle en éveillera un, parce qu'elle trouvera
le^ conditions favorables.
4U
ORAGE — ORAISON
Cette carte, qui donne pour la première fois la rela-
tion véritable, comme situation, des grains et des orages
avec la distribution générale des pressions, fait voir la
part de vrai qu'il y avait dans les idées courantes sur les
anses, les couloirs, les langues de basse pression, les sacs
d'orage, les « dépressions orageuses » (qui existent
d'ailleurs dans des cas extrêmes, mais sans lourbillon-
nejnent), la position de l'isobare entre deux dépressions
ou entre une dépression et une forte pression, etc.
Abercromby, dans son étude si remarquable sur les
grains (non oreageux), avait vu une partie de la vérité.
11 attribuait aux isobares de grain la forme d'un V dont
la bissectrice (notre ligne de grain) sépare les vents de
N.-O., à gauche, des vents de S.-O., à droite. Une
cart^, d'isobares plus étendue et plus détaillée, très difïî-
cile à faire, il y a qiijnze ans, à cause du petit nombre
des observateurs et des instruments enregistreurs, lui
aurait montré un zig-zag au lieu d'un simple V et lui
aurait permis de raccorder son Y avec l'ensemble de la
dépression. Mais hâtons-nous d'ajouter que tout ce qu'il
avait découvert subsiste et est conhrmé par les recherches
récentes. Signalons, en passant, (jue certaines dépressions
ont deux ou plusieurs rayons de grain.
D'où vient le vent de grain ? Des couches supérieures,
puisque le vent est relativement fail)le à droite et à
gauche du ruban de grain (qui a de 20 à 80 kil. seu-
lement de largeur) ; mais non des couches extrêmement
élevées, puisque M. Hildebrandsson a vu que de violents
orages ne troublaient pas la marche des cirrus, qui
flottent à 10 kil. d'alt. E. Durand-Gréville.
ORAIN. Rivière du dép. du Jii7-a (V. ce mot, t. XXI,
p. 314).
QRAIN.Com. du dép. de la Cote-d'Or, arr. de Dijon,
cant. de Fontaine-Française; 284 hab.
ORAINVILLE. Gom. du dép. de l'Aisne, arr. de Laon,
cant. de Neufchàtel ; 273 hab.
ORAISON. I. Rhétorique. — Oraison funèrri:. — J.es
oraisons funèbres sont essenliellemeut, comme rindi(|ue
l'étymologie latine, oratiofiniebris, des disconrs prononcés
'Awx funérailles d'un ou de plusieurs persoimages. Mais il
faut distinguer; les paroles d'adieu que l'on fait entendre
aujourd'hui sur le bord d'une tombe ou devant un cercueil
ne sont point des oraisons fiinêln-es ; ce nom convient seu-
lement à des œuvres oratoires d'un genre déterminé, ({ui
n'étaient pas dans l'antiquité juive ou païenne ce qu'elles sont
devenues avec le christianisme, et qui ne sauraieut être au-
jourd'hui ce qu'elles furent au siècle de Louis XIV. Il est
donc indispensable, si l'on veut se bieji rendre compte des
choses, de voir successiveuieut ce (ju'a été l'oraison fu-
]iè])re : d*' dans l'anliquité; 2« chez les Pères de l'Eglise
grec(|ue et latine ; 3'' au xvii^' siècle ; {^ enfin dans les
temps tout à fait modernes. Telle est la division naturelle
de la présente étude.
L'oraison fuxèrre dans l'antiquité. — On sait que les
auciens ont toujours eu pour les morts un véritable cube;
(ju'ils cherchaient à les honorer par tous les moyens pos-
sibles, qu'ils visitaient leurs tombeaux et y offraient fré-
([uemment des sacrifices à leurs mânes. De très bonne
heure, ils s'attachèrent à faire revivre dans la mémoire
des hommes, grâce aux séductions de l'éloquence, ceux
(|ui n'étaient plus, et ainsi Voraison funèbre ht partie
intégrante de presque toutes les solennités funéraires.
David pleura, dans un beau cantique, Saul et Jonathas
(//'' JÂvre des rois, l) ; les Athéniens demandaient à leurs
plus illustres orateurs l'éloge des gueniers morts pour la
patrie, et la plus laconi(jue de toutes les oraisons funèbres
est celle (pi'oii pouvait lire sur la tombe des Spartiates
tués aux Thermopyles : <.< Passant, va dire à Lacédéinone
que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois ». Il
re^'e un inonun.ient impérissal)le de cette élo(]uence, c'est
le discours de Périclès ou. pour mieux dire, celui que lui
a prête l'historien Thucydide (11, 35-46). L'orateur com-
mence ])ar s'excuser d'avoir à parlei' uialgré son insuffi-
GRANUE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
sance, mais il ne })arle que pour obéir à la loi. Ensuite il
fait brièvement l'éloge des anciens Athéniens et, très lon-
guement, celui de ses compatriotes qui ont su faire de la
république athénienne « l'école de la Grèce». Il consacie
à cet éloge, lui-même le dit naïvement, la plus grande
{)artie de son discours. Vient alors la glorification des
soldats morts sur les champs de bataille : ils ont été les
dignes hls d'une telle patrie, et leurs noms ne périront
pas, car « les grands hommes ont le monde entier pour
tombeau... Même à l'étranger, la mémoire de leurs sen-
timents, plus encore ([ue celle de leurs exploits, demeure
inimortelle ». Le discours se termine par quelques mots
de consolation aux famiUes des guerriers morts, à leurs
pères, qui auront peut-être d'autres enfants, à leurs frères,
à leurs veuves enfin, et Périclès. cité plus ou moins fidè-
lement par Thucydide, adresse à ces dernières les étranges
paroles que voici : « Le mérite des veuves, je le résume
dans ce bref conseil : il consiste à demeui'er fidèles au
caractère de leur sexe, à faire (|ue parmi les hommes il
soit le moins possible parlé d'elles, soit en bien, soit en
mal ». Après quoi l'orateur déclare qu'il a satisfait à la
loi, et dit tout ce (ju'il y avait à dire iViitile. « Mainte-
nant, ajoute-t-il, après avoir payé un tribut de larmes
aux morts qui vous appartiennent, retirez- vous. »
Par ce discours on peut juger de tous les autres, et
les caractères de Voraison funèbre, telle que la compre-
naient les Grecs, apparaissent nettement. Il s'agit de louer,
de glorifier ceux (|ui ont versé leur sang pour la patrie,
et le véritable objet de ces harangues officielles, c'est en
fni de compte d'exciter les vivants à imiter le courage de
ceux qui ont péri : voilà ce que l'orateur trouve de plus
« utile à dire », suivant le mot de Périclès. Aussi ue
voyons-nous chez les Athéniens, peuple positif entre tous,
(|ue des oraisons funèbres coUectives et faites en vertu
de la loi ; on ne connaît pas de discours de ce genre con-
sacré à la gloire d'un personnage illusti'e. d'un Solon. d'un
Miltiade, d'un Périclès ou d'un Démosthène.
Tout autre fut la façon d'agir du peu[)le romain. 11 ne
lui parut jamais nécessaire de débiter de belles harangues
pour exciter les citoyens à se faire tuer sur les champs
de bataille, et il n'y eut pour honorer les guerriers morts
ni funérailles solennelles ni oraisojis funèbres. Mais il
était permis aux particuliers de louer publiquement ceux
qu'ils venaient de perdre, et, dès les premiers temps de la
République, les familles patriciennes avaient adopté cet
usage. Toutes les fois (ju'il mourait un noble romain,
homme, femme ou même enfant au berceau, on lui faisait,
cela va sans dire, des obsè([ues pompeuses, et l'on char-
geait un de ses proches de lui consacrer en plein forum
\m éloge emphati(|ue. ("est ainsi ((ue (îésar prononça
Voraison funèln-e de sa gi-aud'lante Julia. veuve de Marins,
et qu'il poussa l'hyperbole audacieuse jus(pi'à la faire <les-
cendre en droite ligne de Iule, fils d'Enée, et par consé-
(juent petit-fils de Vénus. L'orgueil de l'aristocratie ro-
maine ne connaissait pas de bornes, et si l'on montrait
dans l'atrium les bustes en cire de ses ancêtres illustres,
on y conservait également, roulé dans des coffrets })ré-
cieux, le témoignage écrit de leur antique noblesse et de
leurs hauts faits. Si même nous en croyons Gicéron, (pii
ne voulait pas considérer les oraisons funèbres coimiiQ des
pièces d'éloquence, ces discours n'auraient guère pu être
considtés par les historiens, car on y mentionnait « de
faux triomphes, des consulats trop nombreux, des généa-
logies falsifiées — faisi lriu)n))hi, plures co)(sulalus,
(jenera eliani falsa » (Rrutus). Il en fut ainsi juscpfau
dernier jour de la liberté romaine; ensuite Auguste « i>a-
cifia l'éloquence comme tout le reste ». et le droit de
prononcer des oraisons funèbres fut exclusivement réservé
aux membres de la famille impériale. Nous possédons foj't
peu de ces discours ; il n'y a pas lieu de le l'cgrettei',
(ar (''('tait nécessairement de la bien j'auvre éh»quence.
D'ailleurs, chez les Romains comme chez h s Gi'ccs et
même cIkv. les Hébreux, il manquait à Voraison funèbre
21)
ORAISON
— 450 —
un élément que le christianisme seul a pu lui donner ; on
n'y parlait jamais de l'immortalité de l'àme, de la croyance
à une autre vie, de l'espérance enfin, qui est pour ceux
qui restent la grande et même l'unique consolation.
L'oraison funèbre depuis l'étârlissement nu uHRihiu-
NisME jusqu'au xyii*^ SIÈCLE. — Nous 116 savoiis pas au
juste comment les premiers chrétiens célébraient dans les
catacombes les funérailles de leurs frères; il est infiniment
probable, puisqu'ils avaient pour autels les tombeaux des
martyrs, ([u'ils s'animaient mutuellement à imiter leurs
exemples, et au temps des persécutions ils durent impro-
viser par milliers i]e^ oraisons funèbres bien touchantes.
Au iv^ siècle, lorsque l'édit de Constantin eut accordé au
christianisme le libre exercice de son cidte, ïoraison
funèbre se trouva être une des formes de l'éloquence re-
ligieuse, un geni'e que le paganisme n'avait pas connu, et
les Pères de Tl^^glise, qui étaient des lettrés délicats con-
naissant bien l'antiquité profane, lui donnèrent à la fois
les caractères qu'elle avait eus séparément à Athènes et à
Uome. Comme chez les Athéniens, elle eut pour objet de
porter les vivants à imiter les vertus des morts ; comme
chez les Romains, elle entra dans le détail des titres de
gloire des particuliers. Mais surtout elle crut devoir insister
sur le néant des grandeurs humaines, sur la brièveté de
la vie présente et sur la vie futui'e. Uoraison funèbre.
({ui n'était souvent qu'une homélie, eut essentiellement
tous les caractères du seruion : elle fut instructive et par-
dessus tout éditlante. Comme les Pères de l'Eglise grec([ue
s'étaient formés dans les écoles des rhéteurs, et que
d'ailleurs ils avaient le don naturel de l'éloquence, les
oraisons funèbres qu'ils nous ont laissées ont une grande
valeur littéraire. On ne saurait trop admirer certains pas-
sages de celles qu'a prononcées saint Grégoire de Nazianze,
qui célébra successivement, en termes d'une véritable
magnificence, son frère Césarius, médecin des empereurs,
sa sœur Gorgonia, son père Grégoire, né païen, et mort
évèque, puis saint Rasile, son ami d'enfance, et enfin saint
Athanase. (^es différents discours ont été, même au plus
beau siècle de l'éloquence religieuse, étudiés avec fruit ;
ils ont été souvent imités de très près par Bossuet, Mas-
caron et Fléchier. La péroraison de l'oraison funèbre du
prince de Condé, pour ne citei' que cet exemple, doit
beaucoup aux oraisons funèbres de saint Basile et de
Césarius. « Alors, disait saint Grégoire de Xazianze, je te
reverrai, Césarius, non plus exilé sur cette terre, non plus
sous ce linceul de mort, au milieu des pleurs et des regrets
dont nous entourons ton cercueil ; tu m'apparaitras cou-
ronné et glorieux, tel que souvent tu te présentais à moi
dans mes songes, 6 le plus chéri des frères ! » Et Bossuet,
s'inspirant de ce passage, dit à son tour, en s'adressant
au vainqueur de Rocroy : « 0 prince, le digne objet de
nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement
dans ma mémoh'c... Vous aurez dans cette image des
traits immortels ; je vous y verrai tel que vous étiez à ce
dernier jour sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sem-
bla commencer à vous apparaître... » Si les défauts du
temps, c.-à-d. la subtilité, l'abus de l'érudition profane,
l'afféterie, la prolixité, et finalemeut les écarts de goût les
plus choquants ne déparaient pas les oraisons funèbres
de saint Grégoire deNazianze, elles pourraient soutenir la
comparaison avec les plus belles œuvres d'isocrate et de
i^ysias, puisque Démosthene est toujours hors de pair. \\
en est de même, à des degrés divers, des oraisons fu-
nèbres composées par les autres Pères de ri']glise grecque,
et notamment de celles de saint Grégoire de Nysse, frèi-o
de saint Basile.
Chtaul aux Luliu'^, lu décadence des lelti'es ayant été
chez eux plus rapide et plus com()lète, ils sont bien infé-
rieurs à leurs iiri'es d'Orient. 1/ oraison funèbre de
Satyrus par saint Ambroise, son frère ; les éloges funèbres
de Valentinien et de Théo dose par le même orateur ; les
discours écrits de saint Jérôme, etc., offrent assurément
des beautés de premiei' oi'dre ; on y voit avec plaisir i
l'emploi souvent heureux des plus admirables passages de
l'Ecriture, et les réflexions consolantes y abondent, celle-ci
par exemple : « Séchons nos larmes... nos amis ne nous
quittent pas, ils nous devancent ; ils ne sont pas la proie
de la mort, ils entrent dans l'éternité ! » Mais les discours
de saint Ambroise, de même que ses autres œ^uvres, sont
d'une lecture bien difficile pour les lettrés délicats ; les
jeux d'esprit puérils, les subtilités, l'abus des antithèses,
l'obscurité de l'expression et la barbarie du style nous
empêcheront toujoui's d'admirer ces compositions qui
semblent vouloir lutter avec les harangues de Cicéron ou
de Pline le Jeune.
Et s'il en était ainsi au iv^ siècle, on peut juger des
effets désastreux de l'invasion des barbares ; pendant toute
la durée du moyen âge, l'éloquence religieuse cessa d'exister.
L'Eglise continuait à pleurer ses morts illustres et à pro-
poser leurs exemples aux vivants : saint Bernard consa-
crait une oraison funèbre latine à son frère Humbert ; on
en fit en l'honneur de saint Louis, de Duguesclin et de
beaucoup d'autres, mais il est difficile d'imaginer quelque
chose de moins littéraire, l^e xvi^ siècle, tout imprégné
de paganisme, ne fit pas mieux, et la plupart des oraisons
funèbres qu'il nous a laissées peuvent être considérées
comme des chefs-d'œuvre de pédantisme et de mauvais
goût. Même dans l'oraison funèbre de Ronsard par le car-
dinal du Perron, où se trouve un très beau passage imité
de Tacite, on lit cette ridicule apostrophe au poète ven-
dômois, affligé, comme l'on sait, d'(me surdité complète :
« Bienheureux sourd, (|ui as donné des aureilles aux
Eran(;ais pour entendre les oracles et les mystères de la
poésie !... » Une réforme radicale était iiécessaire là
comme ailleurs, et c'est au xvu^ siècle qu'en était réservée
la gloire.
1^'ORAISON FUNÈRRE AU XVll'^ ET AU XVJII^' sIÈCLE ,* THÉO-
RIES ET APPEicATioxs. — L'éloqueucc religieuse de la fin
du xYi^ siècle était plus digne du théâtre de la Foire que
de la chaire chrétienne ; les réformateurs catholiques du
commencement du xvii^ siècle, saint François de Sales,
Bérulle, saint Cyran, les Lingendes, saint Vincent de Paul
et le P. Senault lui rendirent la gravité religieuse, la
majestueuse simplicité qui lui convenaient, et Voi'aison
funèbre fut transformée, en même temps que le sermon,
dès les premières années du règne de Henri IV, mais sur-
tout sous Louis XllL On commença par se demander ce
que c'est au juste qu'une oraison funèbre, et la défini-
tion à laquelle on s'arrêta suffirait pour montrer quelles
furent dès lors les règles du genre. V oraison funèbre,
teffe que l'a comprise le xvii^ siècle tout entier, c'est à
proprement parler l'éloge d'un mort de distinction,
piviwnré à la demande de sa famille ou de ses amis
par un prêtre, dans une église et pendant un service
funèbre. Pesons bien tous les termes : il s'agit avant tout
d'un éloge, laudatio funebris, et s'il était impossible de
louer quoi que ce soit dans la vie d'un homme, on ne le
louerait pas en chaire. Le cardinal de Retz, malgré sa
conversion et sa fin chrétienne, le cardinal Dubois, le car-
dinal de Tencin et quelques autres n'ont pas eu d'oraison
funèbre ; celle de Ilarlay de Chanvallon, archevêque de
Paris, prononcée par le jésuite Caillai'd, souleva l'indi-
gnation générale. Et cet éloge, demandé par la famille
du mo7't ou par ses amis, il est imprimé, relié avec
luxe aux armes du défunt, distribué à ceux qui Font
connu, conservé pieusement dans les archives de sa mai-
son. Jl résulte de là que l'orateur ne peut jamais prendre
pour règle de conduite cet aphorisme célèbre : « On ne
doit aux morts ([ue la vérité ». 11 n'est pas chargé de
faire ce que nous appcfierions un article nécrologique ou
une notice biographique ; il est instamment prié de louer
en ternu's magnifiques, d'élever lui aussi, après les archi-
tectes et les sculpteurs, un monument à la gloire du per-
sonnage que l'on pleure. Et enfin cet éloge, on ne l'a pas
demandé à un poète émule de Pindare ou de Simonide,
ni à des historiographes ou à des faiseurs de généalogies
— AU
ORAISON
comme d'Hozier ; c'est un prclre qu'on en chui'i>e, et il
doit être prononcé dmu luie église , au }nilieu ilune
messe de Heiiuiem. Or le prédicateur est eï^seiitiellement
le porte-parole du Dieu de vérité ; il a pour mission de
combattre partout et toujours le vice, Teri'eur et le men-
songe; comment fera-t-il donc pour louer des hommes,
c.-à-d. des pécheurs et quelquefois des criminels ? Il se
souviendra que l'éloquence religieuse comporte bien des
genres divers, entre autres le sermon et le panégyrique
des saints. Il se dira que les oraisons funèbres doivent
être des panégyriijues d'une espèce particuHère, et ([n'en
outre elles tiennent beaucoup du sermon. Dans un sermon
conforme au type réputé classique, il y a toujours un texte
tiré de ri^criture ou des Pères, un exorde qui suit immé-
diatement la division, puis deux ou trois développements
qu'on nomme les points du sermon, et finalement nne
péroraison. Le sermon a toujours pour objet d'instruire
et d'édifier les fidèles, il tend à leur inspirer la piété, à
les porter au bien, à leur proposer comme fin le bonheur
du ciel. L'oraison funèbre aura, en style ])]us sublime,
toutes les allures du sermon, et de plus elle procédera
comme le panégyrique des saints. Le prêtre qui la compose
ne se croira nullement obligé de tout dire. Bossuet, pané-
gyriste de saint Pierre et de saint Paul, ne parle ni du
reniement du premier ni de racharnement avec lequel le
second persécutait les chrétiens ; de même, l'auteur d'une
oraison funèbre dira seulement ce qui est à l'honneur de
son héi'os ; il louera des actions qu'on puisse louer sans
crainte dans la chaire de vérité, et résolument, en vertu
d'un accord tacite entre lui et ceux qui Fécoutent, il pas-
sera les autres sous silence. En révélant des fautes ou des
crimes, il manquerait aux plus vulgaires convenances. Il
n'a pas à faire la biographie du personnage dont il parle ;
on la connaît mieux que lui ; il a seulement à mettre en
rehef ses vertus, qu'il propose à l'imitation d'un auditoire
chrétien. Aussi voyons-nous Godeau, évoque de Yence.
réglementer dans son diocèse ce genre de discours : « Xous
prohibons, dit-il dans sex Ordoiinances synodales, d.'>
faire des orai^oiis funèbres iïii^s' noire licence. Et quand
nous la donnerons, le principal objet du discours sei'a de
la faiblesse humaine et de la vanité de toutes choses, pour
porter les auditeurs au mé|)ris de la terre plutôt que pour
exciter en eux une vaine admiration de celui ([u'on loue. »
VA, vers la même époque, Tévèque Eromentières, auteur de
plusieui's oraisons funèJjres, disait nettement : « Une
oraison funèbre n'est pas un discours curieux ; ce doit
être une leçon utile ».
Telle fut, à dater de 1()40, la théorie de V oraison
funèbre acce[)téc sans contestation par tous les orateurs
qui se sont adonnés à ce genre d'éloquence. Mais il est
aisé de voir au milieu de quelles difficultés se mouvait,
pour ainsi dire, l'auteur d'une oraison funèbre. Il était
contraint de louer, en ne disant néanmoins que la vérité,
et comment louer des personnages médiocres ou môme
absolument insignifiants, tels que le roi Jacques II, mort
à Saint-Germain quatorze ans après avoir été détrôné, ou
Marie-Thérèse, femme de Louis XIV, ou le dauphin son
fils ? L'écueil du genre, c'était la banalité, l'enflure, la
louange hyperbolique et fade, l'abus des lieux communs
et la phraséologie. « L'oraison funèbre, comme le disait
en 1757 un critique judicieux (l'abbé Albert, Nouvelles
observalions sur les différenles nuHhodes de prêcher),
est un discours d'un caractère singulier et la pièce la
plus difficile do l'éloquence chrétienne. Il faut que le pré-
dicateur soit lui-même un héros dans son art et que l'au-
diteur ait quelque peine à décider lequel est le plus grand,
ou de celui qu'd entend louer, ou de celui qui le loue. »0n
n'a donc pas lieu de s'étonner si, del.500 ou 1.800 orai-
sons funèbres qui ont été imprimées de J6'20 à 1789, il
s'en trouve dix ou douze tout au plus qui supportent la
lecture. De cent cinquante orateurs qui prononcèrent au
xvii^ siècle des discours de ce genre, on ne cite guère que Se-
nault, Eromentières, Bossuet, Mascaron, Eléchier, Bourda-
loue et Massillon ; et parmi ces dei'nierb, il en e^^t trois qui
m3 soutiennent pas la comparaison avec les autres, ce
sont les oratoriens Ej'omentières et Senault et le jésuite
Bourdaloue. Allons plus loin : ceux même qui se piquent
aujourd'hui d'érudition pourraient citer de Massillon une
ligne : « Dieu seul e^^t grand, mes frères », et de Mas-
caron ou de Eléchier bien peu de fragments; Bossuet seul,
grâce à l'écrasante supériorité de son génie, est considéj'c
comme le représentant de Voraison funèbre dans les
temps modernes. Lui seul, en effet, a bien compris ce (fue
peut donner ce geni'e d'éloquence ; lui seul a eu la notion
claire et précise des di'oits et des devoirs de l'orateiu' qui
prononce un « panégyri({ue funèbre des princes et tles
grands du monde ». Respectueux des convenances so-
ciales, il n'a pas mampié de louei' ses héros, mais il Ta
fait avec beaucoup de circonspection. N'est-ce pas lui qui,
en 166"i, jugeait l'oraibon funèbj'o en termes si sévères :
« Pour orner une telle vie (celle du P. Bourgoing), je n'ai
pas besoin d'emprunter les fausses couleurs de la rhéto-
rique, et encore moins les détours de la flatterie. Le n'oht
])as ici de ces discours oii l'on ne parle qu'en tremblant,
ou il faut pi ut (H passer avec adi'csse que s'ai'rêler avec
assui'ance, où la i»rudence et la discrétion tiennent tou-
jours en contrainte l'amour de la vérité. Je n'ai rien à
taire ni à déguiser ». Pai'fois nuMue, il a cru pouvoir
parler des fautes ou des crimes d'une princesse pala-
tine tombée dans l'athéisme ou d'iui (^ondé passant aux
Espagnols. C'est qu'il avait conscience de ses droits de
prêtre et qu'il voulait à tout prix instruire son auditoire :
Et mine reyes, intelliyite, erudimini yui judicalis
lerrani. A la base de chacun de ses discours, il y a tou-
jours une « leçon », tantôt grande et terrible, tantôt
douce et consolante. L'oraison funèbre de la reine d'An-
gleterre a pour objet d'instruire les rois ; celle de la du-
chesse d'Orléans montre à tous les hommes, mieux encore
([ue la fable de La Eontaine, que « la mort ravit tout sans
pudeur » ; cehe du vainqueur de Uocroy tend à prouvei'
que « la piété est le tout de l'homme », et qu'un vej're
d'eau donné aux pauvres vaut mieux ([ue les plus brillants
faits d'armes ; l'oraison funèbre de la princesse palatine,
enfin, est un sernu)n contre les libres penseurs. \'oilà ce
(pii mettrait Bossuet hors de pair, alors même qu'il n'au-
rait pas eu plus ([ue tous les autres les grands dons qui
font l'oi'ateur de génie, la puissance et, au besoin, l'ex-
([uise déhcatesse, l'imagination forte et hardie, l'art de
trouver toujours le mot juste. Eaut-il donc s'étonner si
Bossuet nous apparaît comme iidiniment supérieur à ses
émules, même les plus brillants, à Mascaron et à Elé-
chier? L'oratorien Mascaron, dont l'éloquence ravissait
Louis XIV, a prononcé cinq oi'aisons funèbres de iijiji)
à 1675, entre autres celles d'Anne d'Autriche, d'Hen-
l'iette d'Angleterre et de Turenne ; la dernière seule peut
être, je ne dis pas égalée, mais comparée à celles de Bos-
suet. Mascaron eut ce jour-là, suivant le mot de M"^^ de
Sévigné, « les bouffées d'éloquence que donne l'émotion
de la douleur ». Mais, d'une façon générale, l'évèque d Agen
n'est pas autre chose qu'un rhéteur habile ; son moie^i
singulièrement envahissant, et il a des écarts de goût
incroyables. Il parle du « cœur sacré » d'Henriette et le
montre successivement, ce sont les trois parties de soîi
discours, comme un ccrur docile, cor docile, comme un
cœur noble et élevé, cor splendiduni, comme un cœur
intrépide, cor eon/lrnialum. C'est lui, enfin, qui parle
du dôme du Val-de-Grace dont le sommet est « si loin
des hommes et si près des anges ! »
Malgré ces défauts, Mascaron est supérieur à Eléchier,
que ses contemporains appelaient « le roi de l'oraison
funèbre ». Eléchier, en effet, a sans doute les quahtés les
plus brillantes, et l'on trouve beaucoup à admirer dans
les huit oraisons funèbres qu'il a composées de 167-:^
à 1690 ; mais c'est de semblables discours ([ue l'on peut
dire : « L'art est merveilleux, mais il s'entrevoit », et
même il se voit à plein. Aussi devi-ait-on faire étudier ses
ORAISON — 45^2
(inivros à la jeunesse avant de lui proposer comme sujet
d'étude les oraisons funèbres de Bossuet; elle appren-
drait ainsi, romme dans Jsoerate ou dans Cicéron, tous
les secrets de la rhétorique, et elle pourrait ensuite voir
la prodigieuse différence (pii sépare un déclamateur fleuri
d'un orateur véritablement élo(]uent.
Tous les orateurs qui suivirent, sans en excepter I il-
lustre Boui'daloue. (pii eut le tort de s'aventurer deux lois
sur le terrain de ïoraisoii funèbre, n'ont fait (pi'imiter
avec plus ou moins de bonheur Bossuet, Mascaron. et
surtout Fléchier. Il s'est produit pour ce genre d'éloquence
ce qui se produisait poui' la poésie dramaticfue après ('.or-
' neille, Racine, Molière et Regnaid ; on eut, pour ainsi dire,
les Canipislrons, les (Irébillons. les VoUaires, les Lesages
et les Marivaux de rora/,s'Ou funèbre. Le xviii^ siècle, qui
nous en a laissé en nond)re presque infini, ne nous offre
([ue de pâles imitations, ((uehjuefois même des pastiches
grossiers des chefs-d'ieuvre réputés classiques. C'est comme
par acquit de conscience (fue l'histoire littéraire a recueilli
le nom du P. La Rue, (pii osa faire à Meaux l'oraison
funèbre de Bossuet, et ceux de l'abbé Anselme, du P. de
Xeu ville, du P. Séguy, du P. Elisée, de Poncet de la Ri-
vière, de l'abbé de Boismont, etc. Ecoliers sans génie, ils
ont suivi servilement la Irace des maîtres, et leur élo-
(juence est insipide. 11 en est même parmi eux qui ont
imité sottement les passages les plus célèbres, et (pii sont
{)aj' buite d'un ridicule achevé. 11 suffit de citer, pour le
prouver, ce fraguient d'une oraison funèbre de Stanislas
prononcée par le carnu^ Elisée, auteur de sermons pas-
sables : « y) jour, 0 moment affreux, où nous entendîmes
autour de nous de longs sanglots entrecoupés de cette
parole : Le roi est brûlé ! Le roi est dangereusement ma-
lade ! Au premier bruit d'un mal si étrange, <]ui de nous
ne se sentit pas frappé comme si la moi't eût menacé le
plus tendre des pères?... »
Un seul oj-ateur, le dernier en date, l'abbé de Beau-
vais, évéquede Senez, a su trouver ((uel([ues accents dignes
de la chaire chrétienne, dignes de Bossuet parfois. II faut
étudier son oraison funèbre de Louis XV, dans lacpielle il
parle des fautes du prince, et dans laquelle se ht cette
])hrase repi'ise par Mirabeau : « Le peuple n'a pas le
droit de murmurer, mais il a le di'oit de se taire, et son
silence est la leçon des rois ». Il faut voir aussi, dans
une édition classique faite par Villemain en 18:24, les
oraisons funèbres de l'évècjue de Xoyon, de Broglie et du
curé de Saint-André des Arts, Claude Légei'. Elles sont
belles à tous égards ; mais ce sont des excej)tions. Les
oraisons funèbres de l'abbé de Beauvais sont les dernières
lueurs d'un flambeau qui s'éteint.
L'oKAisox FLXÈiîiu: AU xix^ SIÈCLE ; j/aveniii de l'ohaison
FLNÈ15UE. — La Révolution française a, comme on le sait
de reste, donné naissance à l'éloquence politique, mais elle
a frappé à mort l'éloquence religieuse, et, en particulier,
V oraison /H/î^/^r(? qui était, pour ainsi dire, l'apanage des
privilégiés et des ci-devant nobles. Plus de funérailles
pompeuses, plus d'inhumations dans les églises, plus de
discours ayaut un caractère religieux ; c'est à peine si, à
dater de 1795, il y eut quelques éloges funèbres prononcés
])resque à huis clos et imprimés pour un petit nombre
d'amis. D'autre part, on ne saurait donner le nom <à'orai- \
sons funèbres, même au sens paieiidece mot, ou\(euvres
déclamatoires qui ont été consacrées dans les clubs, suj'
la place publicfue ou au Panthéon, à la mémoire de Vol-
taire, de Mirabeau, de Le Pelletier, de Marat. des jeunes
Barra et Yiala. et finalement de J.-J. Rousseau. Quand
le Concordat eut rétabli l'ancien état de choses et renilu
au cube toute sa pompe, (piaud l'al^bé Maury. devenu car-
dinal, eut publié son K>>sai sur r<'(oquei}ce<Je la rkaire,
\'orav>o}i jU}>L'bre essavade renaître, mais ce fut en \^\\\,
On peut citer, il est vrai, un orateur: Lacordaire. et une
O'uvre : l'oraison funèbre de Drouot. pi'oaonci'c en îSiT ;
mais c'est tout, et il y a loin de cette éloquence à celle de
Bossuet. Cehe de l'abbé de Boulogne, (fui fit en 18 lo, après
vingt-deux ans I le panégyrique de Louis XVI, est [)ure-
ment académi(jue, à la façon de Fléchier. Suivant toute
apparence, il en est de Voraison funèbre comme de la
tragédie racinienne, de l'épître, de la satire, de l'épopée,
et d'une infuiité de genres littéraires qui ont brillé jadis
du plus vif éclat ; on ne peut plus songer à faii'e des
œuvres de cette nature, le moule en est à jamais brisé.
En ce qui concerne l'oraison funèbre classique, les condi-
tions de la vie actuelle la rendent impossible. Les morts
vont vite, dit un proverbe, et pour les faire ailer plus vite
encore, notre civilisation raffinée a organisé ce (pi'on
appelle l'administration des i)ompes funèbres. En quatre
ou cinq jours, on fait ce que le xvii^ siècle faisait en qua-
rante jours au minimum : on tend Notre-Dame du haut
en bas ; les catafalques, les baldaquins suspendus à la
voûte, les lampadaires, tout est prêt. Les oraisons funè-
bres des xvii'^ et xv!!!*^ siècles étaient prononcées, non pas
le jour des funérailles proprement dites, mais au cours
d'un service de quarantaine. Bossuet eut cent ((uarante
jours pour écrire l'oraison funèbre du piince de (>)ndé, et
une année entière pour élaborer celle de la princesse pa-
latine. Si l'on procédait aujourd'hui de la sorte, on serait
exposé, tout comme au tem})s de Balzac, à pleurer urie
vetne dont le mari serait remai'ié. Aussi Y oraison funèbre
a-t-elle fait ])lace à YaUocution funèbre, qui est néces-
sairement improvisée, qui ne cherche pas à donner de
grandes leçons, et qui ne peut avoir de ])rétentions litté-
raires. S'il y faut ajouter ((uel(]ue cbose, on a recom*s
aux articles nécrologi([ues dans les journaux et dans les
revues, ou aux discours académi([ues. Lst-ce à dii'e pour-
tant que le genre ait évolué, connue on dit aujourd'hui,
d'une manière définitive, et qu'il ne soit pas possible aux
siècles à venir d'imaginer des oeuvres oratoires qui mé-
ritent le nom d'oraisons funèbres ? Il n'est pas permis
de [)rophétiser d'une manière aussi absolue, surtout si l'on
songe à ce qui s'est produit à des époques très divei'ses
et singuhèrement éloignées les unes des autres. Tout don-
nait à ])enser (pie Voraison funèbre grecque ou romaine
tlispai'aitrait avec le monde païen, et l'on sait poui'tant
va qu'elle est devenue avec saint Grégoire de Nazianze et
avec saint Ambroise. On pouvait croire de même, étant
donné ce qui s'est passé du v^' siècle au xvii^, que l'ho-
uiélie funèbre des Pères gi'ccs et latins n'était i)lus qu'un
souvenir ; et chacun sait ce qu'elle est redevenue au temps
de Louis XIV. Vienne donc un nouveau Bossuet, et l'élo-
(pience religieuse refleurira, et sans doute on prononcera
encore dans les églises des oraisons funèbres, d'un type
])lus ou moins conforme à celles que nous connaissons, la
question n'est pas là, mais capables du moins de faire
pleurer les auditeurs et d'arracher aux lecteurs des cris
d'admiration. A. Oazieh.
II. Théologie. — Oraison dominicale ou Prière dl
Seigneur. — Cette prière a été ainsi nommée, parce qu'elle a
été composée par Jésus-Christ lui-même. Les Evangiles
selon saint Matthieu et selon saint Luc en donnent le texte
avec quelques différences. Celui de saint Luc est plus court.
La diversité des deux relations est plus importante en ce
qui concerne les circonstances dans lesqueiles Jésus a en-
seigné cette prière à ses disciples. SuIysliU saint Matthieu
(vi, 7-13), il a joint à cet enseignement des recomman-
dations que les théologiens protestants considèrent comme
condamnant formellement les récitations verbeuses du
rosaire, du chapelet, des litanies et autres du même
genre, usitées dans l'Eglise catholique. Il dit à ses dis-
ciples : « Quand vous priez, n'usez point de vaines redites
comme les païens ; car ils croient (pi'ils seront exaucés
en parlant beaucoup. Xe leur ressemblez point, car votre
Père céleste sait de (juoi vous avez besoin, avant cpie vous
b' lui demandiez. Vous dmic |)riez ainsi : iY(/^/"t^ père, qui
es auj cieu?\.. » Le récit de saint Luc {yj, i-i) semble
bien indiquer que, ordinairement, Jésus et ses disciples ne
priaient point ensemble : « Lu jour que Jésus était en
prière, après (pi'il eut prié, un de ses disciples hu dit :
Grande Kncyclopédie „ Tome XXT.
ORAN (DEPARTEMENT D')
ffraxid et iznp.pcu^ Erhai^d F'^f^, 35^) JhieDeiLtèrt -flooJierpaa , Pa/
i5o Kilonn .
o
Société aaonp;ie delà ^^^ EncyclopédK
ORAISOX — (JHAN
Maître, enseigne-nous ù prier eomme Jean l'a enseigné à
ses disciples. Il répondit : Quand vous priez, dites :
^otre père. . . » Pour concilier ces deux relations, on a sup-
posé qile Jésus a enseigné deiix fois la même prière à ses
disciples, — Dans son traité De Orntione, écrit avant
:200, TertuUien présente TOraison dominicale comme
rOrahO legiiima et ordinaria. (.yprien {De Oratione
(lominica) Va^i^elle piiblicanobis et communis oratio.
l.es Constitutions apostoliques (VII, 24) recommandent
de la réciter au moins trois fois par jour. La même pres-
cription fut publiée vers le même temps, par plusieurs
conciles provinciaux. L'Oraison dominicale lit partie très
anciennement de la liturgie du baptême et de la Sainte-
Cène. Mais à une certaine époque elle n'était permise
([u'aux chrétiens baptisés. On pensait que les catéchu-
mènes, n'ayant point encore reçu dans le baptême la
grâce d'adoption, ne devaient point invoquer Dieu comme
leur père. — TertuUien trouve dans cette prière le ré-
sumé de tout l'Evangile, Breviariinn tolius Evamjelii.
En effet, on peut en déduire les points essentiels de l'en-
seignement de Jésus-Christ. Outre une invocation desti-
née à rassurer celui qui prie sur la bienveillance et la
jmissance de Celui qu'il implore, elle contient six de-
)n,andes, dont l'accomplissement donnerait une complète
satisfaction à tous les besoins de l'humanité en général
et de l'homme individuellement. Les trois premières
sont exprimées sous une forme impersonnelle. Ce sont
des voeux relatifs à la sanctifieation du nom de Dieu,
à Vavènement de son règne et à Vaccomplisseinent de
sa volante. La réalisation universelle de ces vœux déli-
vrerait l'humanité de tous les maux résultant du fait
de l'homme. Les trois dernières concernent tous les
besoins légitimes de l'existence individuelle pour le corps
et pour l'àme : pour le présent, le pain; pour le passé,
le pardon des péchés et Vindulyence mutuelle; pour
l'avenir, le secours contre la tentation et U délivrance
du mal. — De toutes les paroles prononcées sur la terre
aucunes n'ont été traduites en autant de langues que
l'Oraison dominicale. E.-H. Vollet.
ORAISON. Com. du dép. des Basses-Alpes, arr. de
Digne, cant. des Mées; 4.899 hab. Stat. du chem. de
fer de Lyon. Patrie de Gaspard Itard (V. ce nom).
CRAN. Ville maritime d'Algérie, ch.-l. du dép. d'Oran,
sur le golfe d'Oran; 80. 081 hab. Elle est située par 35^^
43' lat'. N. et 2^ 59' long. 0., à l'extrémité S. du golfe,
ouvert de 21 kil. entre la pointe Canastel à l'E. et le cap
Falcon à l'O., au point où l'abaissement des montagnes
ouvre une coupure (arabe Ouahrân) vers l'intérieur. Ce
massif montagneux dont les crêtes atteignent 589 m. dans
le djebel Murdjadjo à E. de la ville, et que la plaine et
un grand lac salé isolent des hauteurs de l'intérieur,
constitue une sorte de rempart naturel dont il a été fa-
cile de fortifier l'extrémité pour protéger Oran. Les an-
ciens châteaux des Espagnols transformés en forts le domi-
nent à l'E. La ville proprement dite occupe le ravin de
rOued-er-Rahhi (aujourd'hui souterrain) et s'étage en
amphithéâtre sur les premiers versants de la montagne
(huis un espace de 72 hect. enclos de murs. La vieille
Nille espagnole, avec ses maisons blanchies à la chaux, est
pittoresque et malsaine ; elle n'occupait qu'une quinzaine
d'hectares. Les agrandissements réalisés depuis la con-
quête française à l'O. du ravin ne suffisent pas à la po-
pulation qui déborde dans les faubourgs, le long des
routes: Eckmuhl au N.-E., Saint-Michel à l'O., Gani-
hetta au N.-O. le long de la mer. Les anciens châteaux,
forts actuels, sont, à partir du rivage : Lamoune bâti en
1509; Santa-Cruz ou Sainte-Croix, à 372 m. d'alt., plon-
geant sur la mer; la Kasbah ou Château-Vieux de 1509,
auquel correspond un Château-Neuf (1563) plus à l'O.,
entre la ville et la mer ; le fort Saint-Philippe (1563).
Plus loin, au N., le fort Saint- André (1693) domine la
rade de Mers-el-Kébir, bien abritée par les falaises du
djebel Santou (318 m.), contre les vents du \. et du
N.-().. et (|ui forme le porl de refuge des naxii'es en cas
de mauvais temps. Le port d'Oran. couvert par une jeié(^
de 1 kil., qui part du fort Lamoune, occupe 24 h^v-t. avec
des fonds allant juscpi'à 20 m. En temps ordinaiie. il est
bon. Le climat est doux et sec ; la température moyenne
annuelle est de -f- lO*" variant de -h 12" en janvier, à
-I- 24" en août. La chute d'eau annuelle est de 525 mil-
lini. en moyenne.
Oran n'a pas de monuments d'une réelle valeur esthé-
tique ; à peine peut-on citer l'ancien palais des deys. Mais
c'est une jolie ville, très pittoresque non seulement par sa
situation, par l'éclat de ses blanches maisons accrochées
aux pentes, par le contraste de la vieille cite espagnole
avec la ville neuve aux larges rues et aux belles places,
mais aussi par l'animation générale de cette ])opulation
bariolée. Les Espagnols habitent surtout la vieille ville ;
les indigènes, le faubourg méridional des Djahli, c.-à-d.
des étrangers, appelé aussi village noir, et o;i les noirs
soudanais, descendants d'esclaves, se mélangent avec les
Arabes et les Berbers algériens on marocains. D'après le
recensement de 1896, la population était de 85.081 hab.
dont 4.140 personnes comptées à part qui représentent
surtout les troupes, et 80.941 <le population municipale
dont 80.350 agglomérés. Elle se divisait en 24.088 Fran-
çais d'origine ou naturalisés ; 8.308 nés de parents israé-
listes naturalisés par le décret du 24 oct. 1870 ; 2.3^3
naturalisés par ce décret ; 11 .163 sujets français (Arabes,
Kabyles, Mzabites, etc.); 1.176 Marocains et Tunisiens ;
33.863 de nationalités diverses. Les musulmans ne for-
ment que le huitième, les juifs indigènes étant en nombre
égal, le total de la population indigène est seulement le
quart des Oranais. Les Européens en forment donc les
trois quarts ; parmi ceux-ci, l'élément espagnol domine.
Si l'on tient compte des naturalisés d'origine espagnole,
souvent encore assez peu assimilés, on constatera que les
Espagnols forment bien la moitié de la population de la
ville. — Celle-ci a rapidement augmenté sous la domhia-
tion française. Le 31 déc. 1836, Oran n'avait que 3.047
hab., dont 959 Français; en 1856, on en recense 15.50(1
dont 6.500 israélites indigènes ; en 1866, environ 32.000
dont 8.789 Français, 14.342 étrangers, 5.637 israélites.
3.102 musulmans. En 1876, sur les 45.640 hab. on
comptait 11.047 Français, 4.968 israéHtes naturalisés,
24.863 étrangers, et 4.782 musulmans. Ln 1886,13.853
Français, 61.201 israélites naturalisés, 27.269 étrangers,
11.200 musulmans. L'activité commerciale est considé-
rable : exportation d'alfa, de faîne, de céréales, de fa-
rines, de légumes secs, de chevaux, de bœufs, démontons,
de peaux, de vin, d'eau-de-vie.
Oran fut peut-être le siège d'une colonie romaine du
nom de Quiza, mais, dans l'antiquité, la ville importante
était Porfz(S t^H'mi/,s, notre Mers-el-Kébir. Oran fut fondé
en 902 par des musulmans andalous, sur un territoire des
tribus des Beni-Morghen et des Nefzaoua ; plusieurs fois
pillée, la ville prospéra, à cause du voisinage des ports es-
pagnols vers lesquels elle est le débouché naturel de LAI-
gérie orientale. Les Catalans et les Génois y venaient éga-
lement. Après la prise de Grenade et l'expulsifui {\c<^
Maures d'Andalousie, la piraterie se développa sur les
côtes barbaresques. Les Espagnols passèrent la mer, et en
1505 prenaient Mers-el-Kébir, en 1509 Oran. Ils le gar-
dèrent jusqu'en 1708 où le dey d'Alger s'en empara; en
1732, ils le reprirent; le tremblement déterre du 8-9 oct.
1790 ruina la ville qui fut assiégée par le bey de Mas-
cara et (Inalement évacuée en mars 1792. La domination
espagnole avait été une époque de misère; isolé de l'in-
térieur, Oran n'avait plus aucun commerce ; la population
était tombée à 3.000 âmes ; c'était un lieu d'exil pour les
nobles disgraciés. Le 4 janv. 1831 , les Français en prirent
possession. La commune fut constituée le 31 janv. 1848.
A. -M. B.
ORAN (Dép. d). Situation, limites, superficie.—
Département français d'Algérie, qui a reçu, comme l'an-
ORAN
cieiine province qu'il remplace le nom de son chef-lieu. Il
occupe le tiers occidental deF^Vlgêrie. de la mer Méditer-
ranée au désert du Sahara. Son ch.-l. Oran est à 355 kil.
0. d'Alger à vol d'oiseau, à 421 kil. par chem. de fer, à
1.0 10 kil. S.-O. de Marseille et à 4.450 kil. de Paris. Le
dép. d'Oran est compris entre la mer au N., le Maroc à
ro., le dép. d'Alger à l'î^]. Au S., sa frontière est indé-
terminée du cùlé du désert. Le restreignant aux régions
qui sont organisées administrativement en communes, le
muiistère de l'intérieur lui attrihue 11.556.646 hect.,
dont 3.558.817 ])our le territoire civil (100 com.) et
8.002.829) pour le territoire de commandement (5 com.).
Du côté du Maroc comme du côté du dép. d'Alger la
frontière est conventionnelle. Elle a été décrite aux art.
Algérie, Maroc et Alger [Dép. d'|).
Côtes. — Lelittoral du dép.d'Oransur lamerMéditer-
l'anée a un développement de 430 kil. environ. Sa direc-
tion générale est vers l'E.-X.-K. ; il est assez accidenté,
d'autant que beaucoup des escarpements sont d'origine
volcanique. Jusqu'à la baie d'(h^an, la mer est presque
constamment bordée de falaises. I^es principaux points à
noter sont h partir du Maroc : le cap Milonia, l'embou-
chure de l'oued Kouardaou Couerda (anticpie Popleto), la
mauvaise rade de Nemours, à LO. de laquelle sont les ro-
chers des Deux-Frères et des Deux-Sœurs, le cap Torsaou
Lalla Setti, le cap Noé ou Honein, l'îlot d'el-Mokreum.
l'embouchure de la Tafna eu face de laquelle l'îlot deRach-
goun peut servir à créer un gi'and port; l'îlot du Pain-de-
Sucre, le petit port de Beni-Saf, le cap Oulassa et les fa-
laises de Camerata, l'anse de Djelloul, l'embouchure de
l'oued Melah, le cap Figalo. l'anse de Bou-Zedjar, les îlots
lïabibas (ait. 105 m.) en pleine mer, le cap Sigale, le cap
Lindless. l'îlot Plane, la baie des Andalouses, la pointe
Coi'ales. le cap Falcon suivi du promontoire du Santou,
({ui ahrite le port de Mers-el-Kébir ; entre celui-ci et la
])oiute Canastel s'évase le golfe d'Oran; puis vient lapres-
(lu'île d'Arzew avec le signal de l'Aiguille (ait. 246 m.),
les caps Ferrât et Carbon, le port d'Arzew, le golfe d'iVr-
zew au fond duquel débouche laMacta, à FF. du port aux
J^oules, la ville de Mostaganem, l'embouchure du Chélif,
puis les rivages inhospitaliers du Dahra avec le cap Jvi, la
baie Teddert, la pointe d'el-Aoua, le cap Kramis.
Relief du soL — Le dép. d'Oran se divise, comme le
reste de V Algérie (V. ce mot), en trois zones parallèles à
la mer, le Tell, les Hauts Plateaux, le Sahara. Tci cette
division est très nette. Le Tell, qui s'étend de la mer
à la chaîne septentrionale de l'Atlas , comprend les
plaines, les vallées et les massifs secondaires qui les en-
cadrent. Au S. du premier groupe de montagnes s'étend
la région des Hauts Plateaux, sorte de cuvette dont les
chotts occupent le fond. Llle e>t bornée au S. par l'Atlas
méi^idional ou Grand-Atlas, dont le versant méridional
s'abaisse sur le Sahara ; les eaux qui descendent de ce
côté forment, à la lisière de la montagne et du désert, la
région desKsour, oasis échelonnées au débouché des val-
lées. Comparé aux autres départements algériens, celui
d'(h^an est caractérisé par la moindre étendue du Tell, une
plus grande extension des steppes du Plateau, et le grou-
pement des oasis au pied de l'Atlas. Le désert se rap-
proche plus de la mer.
La division orographi(|ue coi'rrespond à la structure
géologique. La région du Tell est formée de sédiments
tertiaires et cjuaternaires au milieu desquels émergent de
petits massifs triasiques. jurassiques, crétacés et volca-
niques. L'Atlas tellien forme une zone jurassique de 70 kil.
de large ; l'Atlas saharien, une zone crétacée d'égale lar-
geur; entre les deux s'étendent les dépôts quaternaires
clés Hauts Plateaux sur une largeur de 70 à 150 kil.,
anciens sur les bords, récents au fond de la cuvette au-
tour des chotts. Au S. de l'Atlas saharien, les dépôts
cjuaternaires du Sahara et, au bout de 150 kil., les sables
et la dune. Comme le rivage lui-même, ces zones succes-
sives sont orientées de l'E.-S.-F. à l'O.-N.-O.
La région la plus iiitéressante à tous égards et la plus
variée est la première, celh^ du Tell. Llle est très monta-
gneuse et accidentée. Les eaux ont raviné et découpé les
terrains soulevés en quantité de massifs isolés, d'origine
et de date diverses. Leur direction générale demeure celle
([ue nous avons indiquée, et c'est aussi celle d'une sorte de
fossé longitudinal constitué par les principales vallées,
cours moyen de la Tafna et cours de ses affluents, la Mouila
à gauche, Tisser à 'droite, vallées de la Mekerra (Sig),
de l'Hillil, du Chélif. Ce fossé divise les hauteurs telliennes
en deux groupes : celui de la région maritime et ceux plus
élevés de l'Atlas proprement dit, rebord septentrional du
Plateau. Nous les décrirons successivement. Nous dirigeant
de ro. à FF., nous rencontrons, en premier lieu, le mas-
sif des monts de Nenioiu's oii émergent les diverses as-
sises jurassiques, flanquées de soulèvements volcaniques;
près de la frontière marocaine le djebel Sidi-bou-Krirat
atteint 624 m., le Zendal, 613 m. ; puis au S. de Ne-
droma s'élève le Filhaoucen ou Fillaoussene (1.136 m.),
dont le rattachement géodésique au pic de Mulhacen en
Espagne a jouit les réseaux trigonométri({ues d'Europe et
d'Afrique. Au N.-O. se prolongent vers la Tafna les col-
lines schisteuses desTraras, avec les sommets de Taouerta
(778 m.),deTadjera (86 J m.), du cap Noé (465 m.). —
A FF. de cette dépression, les hauteurs sont médiocres :
Fait, du djehel Skouna, au S. de Beni-Saf, est de
\()\) m., le soulèvement volcanique de FO. d'Ain-Témou-
chent ne dépasse pas 4'<8 m. ; à partir de là. les collines
bifurquent, enveloppant la vaste plaine saline que traverse
le rio Salado et au fond de laquelle dort le lac salé ou
sebkha d'Oran (ait. 97 m.), fjitre cette plaine et la mer
sont deux îlots triasiques constituant les petits massifs
côtiers d'Oran et d'Arzew ; le premier, qui porte le nom
de djebel Murdjadjo culmine à 589 m. ; le second arrive
à 631 m. au djebel Orous. Au S. de ces massifs, la plaine
de la Mleta. qui borde la sebkha, se continue vers FF. jus-
qu'à la saline d'Arzew (el-Mellaha, ait. 69 m.), qu'un pli
de terrain (ail. 169 m. et 330 m.), couvert par la forêt
de Moulev Ismail, sépare de la plahie marécageuse de la
Macta. — Au S. de la sebkha d'Oran. la séparant de la
vallée de FIsser, s'élève le massif éocène (suessonien) et
crétaco (craie intérieure) des monts de Tessata. Sur le faîte
où se partagent les eaux enti'e les bassins de la Tafna
(Isser), de la Macta (Mekerra) et du Metah ou rio Salado,
on atteint 824 m. au djebel Touil, 791 m. au signal
d'Anchez, 700 m. dans la dépression médiane où passe
la voie ferrée ; mais plus à FF., au N. de Sidi-bel-Abbès,
le mont boisé de Tessala, VAslacilis romain, s'élève à
1.061 m. Au N.-F., le chaînon crétacé a 923 m. au djebel
Bou-Hanech, 949 m. au Kerma, 726 m. au Tafaraoui qui
domine le val de Foued Tlélat remonté par le chemin de
fer qui joint la plaine d'Oran à celle de Sidi-bel-Abbès.
La zone montagneuse du littoral est interrompue par la
kxYge plaine du Siq et de la Macfaque des colHnes plio-
cènes de 200 à 400 m. (pays de Mostaganem) séparent
de la vallée inférieure et de l'embouchure du Chélif; leurs
plus hauts sommets atteignent 382 m. au bord de la mer,
516 m. au Keboubtsour sur la rive g. de la Mina. Quant
à la plaine, elle s'abaisse doucement vers les marais de
la Macta (ait. 8 à 9 m.). A FF. du Chélif et au N. de sa
vallée (ait. 50 m. envii'on), le massif côtier reparaît dans
la région montueuse du Dr/Zrra (miocène autour d'un noyau
du crétacé supérieur) qui se prolonge sur le dép. d'Alger;
dans celui d'Oran, Fait, moyenne est de 500 m. ; un som-
met monte à 760 m. au S. de Foued Kramis. La carte au
800.000^ indi(pm même 777 m. au marabout de Sidi-Said.
La région intérieure de l'Atlas tellien, formant bordure
septentrionale des Hauts Plateaux, a une altitude plus
grande. Essentiellement composée de terrains jurassiques
des divers étages, depuis le bathonien jusqu'à Fastarto-
ptérocérien, elle est bordée sm^ bien des points de crétacé.
Cette formation plus récente domine au N. de la vallée de
la Mina, dans FOuaransenis. A FO. se trouve le massif des
monts calcaires et dolomitiques de Tlemcoi ; le lias Asfour,
à la limite du Maroc, a 1.558 m. ; le Nador, au S. de Tiem-
cen (812 m.), s'élève à 4.579 m. ; le Kouabet à 1.621 m.;
les plus hauts sommets sont au bord du Plateau : djebel
Tnouchii (1.843 m.), djebel Ouergla (1.717 m.). Un peu
à FE., l'Atlas, formé là de roches crétacées, prend Ib nom
de monts de Daya (1.397 m. à la vigie de Daya); au S.,
la crête de partage des eaux entre les rivières du Tell et
celles des Chotts atteint 1.409 au djebel Beguira. Suivant
cette ligne de faîte vers le N.-E. nous trouvons les inonts
de Saïda qui ont à peine 1 .200 m. , la ville étant à 862 m. ;
puis les monts de Frenda, où le djebel Lakdar, à FE. de
la ville, atteint 1.212 m. Le massif jurassique se prolonge
vers FE. jusqu'au dép. d'Alger, comme un sorte de pro-
montoire avançant dans le bassin du Chélif; le djebel
Chemakr s'y élève encore à 1.419 m. — Au N. du massif
jurassique, nous trouvons en avant de Mascara, le long de
l'Habra, les înonts èvoàès et nus àes Beni-CJumgran , bap-
tisés jadis pays de Crèvecœur; ces hauteurs crétacées et
miocènes (helvétien) ne dépassent pas 808 m. (djebel Na-
dor). Entre ce massif et le principal s'étend lu. plaine
d'Eghris, au S. de Mascara. Au delà de la Mina, entre la
vallée au S. qui la sépare du massif jurassique et celle du
Chélif au N. se développe le puissant massif crétacé de
FOuaransenis ; son point culminant est dans le dép. d'Al-
ger; celui d'Oran n'a que de moindres sommets, SelFalou
(1.187 m.) et Saadia (1.192 m.) sur la limite. — La vallée
du ChéUf s'élargit en véritable plaine au confluent de la
Mina.
La région des plateaux, des chotts ou des steppes re-
présente entre les deux Atlas une sorte d'immense cuvette
s'abaissant doucement vers son milieu; l'ait, varie de
1.250 à 850 m. ; le premier chiffre se retrouve à peu
près le même à l'origine des vallées ; elles descendent
vers les fonds oîi s'accumulent les eaux et les dépôts sa-
lins qu'elles ont entraînés ; le choit el-Gharbi, demi-ma-
rocain, est à 940 m. ; le grand chott ech-Chergui, au
centre du département, est à 980 m. au S. du Kreider,
à 875 m. à l'extrémité orientale; enfin l'oued Touil, ori-
gine du Chélif, quitte le dép. d'Oran à 850 m. d'alt.
Nous n'avons pas à refaire la description du steppe ora-
nais, dont l'aspect monotone est varié par des sortes
d'îlots jurassiques et crétacés qui ont survécu à l'érosion.
Exception faite de ces massifs insulaires, la physionomie
est partout semblable : plateau uniforme couvert d'alfa,
de genêts, d'armoises et autres plantes du steppe, ra-
rement agrémenté d'arbustes, tamaris ou pistachiers. Les
ravins sont nombreux, creusés par des ruisseaux tempo-
raires qui descendent des deux bords vers le centre ;
beaucoup s'arrêtent à des creux (oglats, redirs, daïas ou
daïets) où se conserve un peu d'humidité entretenant
quelque verdure. Les principaux vont jusqu'aux grandes
dépressions des chotts, vestiges peut-être d'un ancien et
vaste lac ; aujourd'hui, ils n'ont d'eau qu'en hiver ; en
été, on n'aperçoit que les efflorescences de sel et de sul-
fate de soude que l'eau a déposées en s'évaporant. Dans
cette région nous signalerons : au N.-O. le petit bassin
fermé du Daïet-el-Ferd, entouré de hauteurs de plus de
L300 m., au S. comme au N. ; an S., elles semblent
continuer le promontoire crétacé de Sidi-el-Aabed (1.360
dans le Maroc) ; le chott el-Gharbi est aussi divisé entre
la France et le Maroc ; les bassins du chott ech-Chergui
s'étendent de l'O.-S.-O. à FE.-N.-E. sur 150 kil. de
long; à l'angle S.-O. s'allonge, du N. au S., un éperon
jurassique d'une cinquantaine de kilomètres (djebel Amzig
et djebel Antar, 1.450 m. à FO. de Méchéria) ; à l'E.du
grand chott, plusieurs îlots crétacés s'élèvent au-dessus
du plateau ; le plus marquant est le djebel el-Aleg
(1.406 m.) qui s'élève à 500 m. au-dessus de l'oued
Touil.
L'Atlas saharien, épais massif crétacé, forme comme
l'Atlas tellien un talus, parfois une falaise, au bord
intérieur du plateau. Il est traversé par les vallées qui
'5 ~ ORAN
descendent vers les cbotts ou vers l'extérieur, c.-à-d.
ici vers le S. dans le désert. Dans ce massif pi'ofondé-
ment entaillé, elles ont percé des défilés (foumj, portes,
passages (kheneg), cols (teniet) par où les eaux s'écou-
lent. Les sommets les plus hauts sont, près du Maroc,
le djebel Mezi (2.200 m.) sur la lisière; le Mir-el-
Djebel (2.100 m.), le djebel Mekta (1.980 m.), entre
Am-Sefra (1.075 m.) et Moghar-Foukani (860 m.) ; le
djebel Tassout (2.030 m.), à FO. de Bou-Semghoun
(990 m.), puis à FE. de Géryville (1.307 m,), le Touila
(1.937 m.). Cette partie de l'Atlas est désignée sous le
nom de Ctiaîne des Ksoiir, appellation qui s'applique en
particulier aux bourgs fortifiés qui gardent les débouchés
des vallées de la montagne sur le Sahara et les oasis
échelonnées à l'entrée du désert ; c'est la zone d'influence
des Ouled-Sidi-Cheikh. — A FE. du dép. d'Oran, séparé
des monts des Ksour par les ravins de l'oued Melah, ri-
vière saharienne, s'élève le massif du djebel Amour, ca-
ractérisé par ses plateaux tabulaires appelés gada ; le
centre de dispersion des eaux est Aflou (sources du Chélif
et du Mzi) ; le mont de Sidi-Okba a 1.G42 m.; le Gourou,
au N. d'Aflou, 1.706 m.; le Meckeb, au bord du Sahara,
1.580 m.
Au pied des falaises crétacées de l'Atlas, l'ait, du
Sahara est de moins do 1.000 m. au-dessus du niveau de
la mer : 980 m. à Figuig, 800 m. à El-Abiod-Sidi-Cheikh,
830 m. à Brezina ; 915 m. à El-Maïa. Elle s'abaisse à
mesure qu'on avance dans le désert et ne dépasse guère
550 m. quand on arrive à la région des dunes.
Régime des eaux. — Les eaux du dép. d'Oran se
répartissent entre trois bassins correspondant aux trois
régions ; la Méditerranée reçoit les eaux du Tell ; celles
du Plateau aboutissent à des bassins fermés ; celles du S.
de l'Atlas se perdent dans le Sahara. Toutefois, il n'y a
pas coïncidence parfaite entre les zones orographiques et
les bassins hydrographiques ; le versant méditerranéen et
le versant saharien empiètent sur celui des chotts du Pla-
teau.
Bassin méditerranéen. Il n'y a de cours d'eau perma-
nents que dans la région tellienne. Ce sont de FO. à FE :
le petit oued Kiss qui n'a d'autre importance que de mar-
(juer la frontière du Maroc; le Kouarda, l'oued el-Mersa
qui finit à Nemours. — La Tafna est le premier fleuve vé-
ritable; elle mesure 150 kil. environ et débite 600 m. c.
par seconde en crue, 600 litres seulement à Fétiage,
1.200 en moyenne. Son bassin mesure 8.200 kil. q., dont
5.500 au Maroc. Elle se forme, près de Sebdou,de l'union
de ruiseaux nés au pied de la crête méridionale de l'Atlas
tellien (monts de Tlemcen), dont elle traverse tout le mas-
sif, arrosant la belle vallée boisée de FAzail, décrit une
courbe vers FO. , reçoit à gauche la Mouila, rivière de Lalla-
Maghrnia , dont le cours supérieur au Maroc porte le
nom d'Isly, à dr. l'Isser occidental grossi lui-même à g.
du Sikkah ou Sat-Saf, d'abord appelé Mekroug, qui forme
prés de Tlemcen les belles cascades d'El-Ourit. — Vient
ensuite le Hallouf (30 kil.), puis le Salado ou oued oLMé-
lah, long de 70 kil. environ, dont un affl. g., Foued Senan
ou el-Taieb, passe à Aïn-Témouchent. — A FE. de la
sebkha d'Oran qui constitue un bassin clos, de même que
les petits lacs sahns situés un peu au N.-l]., nous trou-
vons deux fleuves plus considérables, la Macta et le Chélif.
La Macta est formée par la jonction, au pied de dunes
dont le barrage crée un vaste marais, graduellement
assaini et drainé, de deux rivières, le Sig et l'Habra. En-
semble leur bassin comprend 10.700 kil. q., la grandeur
de deux départements français moyens; c'est la région la
plus fertile du territoire oranais. Le Sig ouMekerra(220kil.)
naît dans les monts de Daya,o:ile chemin de fer remonte
jusqu'à sa source, à Ras-el-Ma; à 990 m. d'alt. jaillit une
fontaine qui donne à Fétiage 250 htres par seconde; il
descend vers le N.. à travers des terrains calcaires où ses
eaux se perdent, disparaissant souvent tout à fait pour
reparaître plus loin; le long de cette vallée sont Bedeau,
OKAN
— {:)()
Magenta oii Je débit d'étiago iiVst plus (|ne de 100 litres;
la rivière cfiii a pris le nom de Sekaouzi, puis d'oued El-
Hacad)a. reijoit après le confluent de l'oued Slissène (g,)
celui de T'^t'oUis cju Tifliièh. nom donné aussi à im village ; elle
disparait encore une fois en amont de Chanzy, arrose en-
suite la Tabia. Jîou-Kanéfis, débouchant dans la belle plaine
de Sidi-l)el-Al)bès. où il s'inflécbit vers le N.-E. ; il y
baigne sous le nom de Mekerra les centres de Sidi-Lhas-
sène. Sidi-bel-Abbès, Sidi-Brahim (Prudlum), Les Trembles,
sVngage dans nue région plus accidentée où il franchit les
gorges des (^heurta, et en sort à Saiid.-l)enis-du-Sig; dans
cette partie plus ressei'rée, les barrages des (irand Eheurfa
(17.000.000 m. c.) et de Saint-Denis (3.275.000 m. c.)
emmagasinent ses eaux; mal construits, ils furent empor-
tés, mais ont été reconstruits. Entre (^dianzy et Zelifa la
pente est considérable et développe une force motrice dès
à présent mise à profit.
Le Sig, après avoir irrigué la plaine, s'engage dans la
l'égion marécageuse où ses eaux se confondent avec celles
de l'Habra. Celui-ci, long de 240 kil.. recueille les eaux
des monts de Daya et de Saida; celles de Daya par un
oued tour à tour dénommé Messoulane. Taourira, Mouça-
bou-Sahran, IJouenet; celles de Saida par l'oued de ce
nom ([ui, après le confluent de l'oued Traria (dr.)qui forme
bi belle cascade de Tifrit. prend le nom d'oued Sidi-
Brahim; ce dernier recueille ])ar Toued Eek;n les eaux
d'une source puissante débitant 000 litres par seconde, et
alimentée par la i)laiue d'Egris. La rivière, (pii s'appelle
uiaintenant oued el-Hammam (au voisinage des sources ther-
males (rilammam-bou-Hanefia), traverse le massif crétacé
de Mascara et emmagasine 14.000.000 de m. c. d'eau der-
j'ière le grand barrage de Perrégaux, long de 478 m., haut
de 40 m., large de 39 à la base ; il forme un triple lac dans
trois vallons et débite régulièrement 2.500 litres par se-
conde. La rivière débouche dans la plaine sous le nom
(Tllabra avec un volume d'eau étpiivalent à celui du Sig.
La Macta qui les réunit débite en moyenne 10 m. c. par
seconde, en forte crue 800, à l'étiage 2 ; elle longe quelque
temps le bourrelet de dunes avant de le rompre pour se
jeter dans la Méditerranée.
Le Chélif, qui est le grand fleuve algérien, a dans le dép.
d'Oran son cours supérieur et son cours inférieur. Il naît
dans le djebel Amour, près d'Aflou, sous le nom d'ouedTouil.
descend au N. à travers le steppe du Plateau, passe dans
le dép. d'Alger, près de Taguin, reçoit du dép. d'Oran à
g. l'oued Sousselemvenudu djebelNador (à TE. deFrenda)
et le Nahr-Ouassel venu de Tiaret et ({uel((uefois désigné
comme la branche mère; il adopte la direction de l'O. qui
h^ ramène au dép. d'Oran dans la vallée médiane de la
l'égion du Tell. Il y passe près d'Inkermann, de Saint-
\imé,de Bellevue, d'Aui-Tedelès et finit au X. de la plaine
ondulée de Mostaganem. Son cours est de 050 kil. dont
200 dans le dép. d'Oran, sa largeur flnale de 160 m., son
débit uioyeîi de 10 m. c. par seconde. 3 à l'étiage. i.500 en
bu'te crue. Les principaux h-ibutaires oi-anais sont : le
liiou. l(^ Djidiouia, la Mina, (|ui vieiuienl du S. (rive g.).
Le Kiou (100 kil.) naît dans l'OuarsiMiis, passe à Annni-
Moussa. [ukeianaini, débite en moyeune 1.100 litres par se-
conde. 500 m. c. en crue, 140 litres seulement à l'étiage;
il irrigue 7.000 hect. du val du Ehélif. Le Djidiouia (58 kil. )
\arie de 30 litres à 'î.SOO et remplit un l'éservoir près de
Sainl-Aimé. La Mina, qui draine un bassin Vie 10.000 kil. q.,
a 220 kil. de long; son débit varie de 600 litres à 1 mil-
lion de litres ])ar seconde ; elle naît aux conflns du
ste|)pe, recueille les eaux des monts de Frenda, se préci-
pite de 42 m. à la belle cascade d'el-Hourara, passe au
pied des monts qui portent Tiaret et le fort ruiné de Tag-
dempt, parcourt la dépression miocène creusée entre les
massifs jurassiques de l'Atlas et crétacés de i'Ouarsenis,
reçoit à gauche l'oued el-Tba( venu de Frenda, l'oued
Abl (MO kil.) cpii passe à Tagremaret, et flnit dans la
plaijie saline de Belizane. De vastes barrages doivent ré-
gulai'iser son débit et celui de l'Abt.
liassi}! (les (Jiofis. Le versant des (Tiotts, compris entre
les deux Atlas, comprend la cuvette quaternaire des Hauts
Plateaux avec la partie relativement faible des montagnes
qui inclinent de ce côté. Nous avons remarqué que dans
sa partie orientale le steppe oranais appartenait au bassin
du Chélif; à l'O., quelques oueds vont à la Moulouia
(Maroc). Les autres, cpii sont tous temporaires et privés
d'eau courante en été, se terminent par des mares salines;
les principaux vont en hiver jusqu'au chott ech-Chergui
ou au chott el-(iharbi; on peut mentionner l'oued el-
Aoued, issu des hauteurs de Géryvilie et finissant près de
l'extrémité E. du < hott ech-Chergui ; l'oued Adjedai* ou
Khotti-el-Djidat qui aboutit à l'extrémité 0., au terme
d'une vallée de plus de 120 kil., qui commence au djebel
Galloul sur la frontière marocaine.
Bassin salunien. Le versant saharien n'a, lui aussi, que
des « fleuves sans eau », du moins la moitié de l'année.
Us en roulent un peu deans les gorges (kheneg) de l'Atlas,
mais tarissent peu après leur entrée dans le désert, il y
faut discerner deux groupes. Les uns, descendant aii
S.-S.-E., finissent isolément dans des dépressions salines
qu'ils n'emplissent qu'après les orages; les autres, à LE..
se rattachent au grand bassin des chotts sahariens (chott
Melrir). Les premiers sont : l'oued en-Namous, qui com-
mence près d'Am-Sefra, arrose Moghar Toukani (c.-à-d.
du bas) et se perd le long de la fj'ontière marocaine ;
l'oued el-Oharbi, ([ui recueille les torrents du djebel
Tassout, d'Asla etBou-Semghoun, d'Ll-Abiod-Sidi-Chèikk,
arrose l'oasis de Benoud (726 m.) ; l'oued Segueur, (jui
commence près de Géryvilie, quitte la montagne vers
Brezina et se perd dans la direction d'El-Goléa; l'oued
Zergoun, qui passe à Tadjerouna et crée dans le Sahara
de beaux pâturages. Dans une direction toute différente
coule l'oued Mzi qui, des cimes du djebel Amour, descend
par Tadjemout vers Laghouat (dép. d'Alger) et de là se
dirige vers l'E. sous le nom d'oued Djeddi, recueillant les
torrents du versant saharien de l'Atlas, vers le chott
Melrir (dép. de Constantine), où convergent les oued Mia
et Igharghar, venus du S.
Climat. — Le climat est analogue à celui du reste de
l'Algérie. Le vent du Nord souffle davantage dans l'inté-
rieur à cause de la moindre hauteur des montagnes cô-
tières. Il pleut moins; à Oran, la moyenne annuelle n'est
que de 446 millim. ; le massif de Tlemcenest plus favorisé.
Faune et Flore naturelles (V. Algérie et Afrique),
Histoire depuis 1830. — A peine le bey d'Orai^ eut-il
appris la prise d'Alger par les Français qu'il demanda leur
protection, offrant de résigner ses fonctions et de leur
remettre ses pouvoirs. Le 10 déc. 1830, Oran fut occupé,
mais les indigènes demeurèrent insoumis, mécontents
d'ailleurs de la dureté du général Boyer. Le général Des-
michels (1833) occupa Arzew, Mostaganem, combattit les
Gharabas. mais traita avec Abd-el-Kader dont il affermit
rinfluence. Le général Trézel fut battu par lui sur la
Macta (1835); le gou\erneur Glauzel prit bien Mascara,
capitale de l'émir, mais l'évacua ; il débloqua Tlemcen
défendu par nos alliés Kouhuiglis et y laissa garnison,
ainsi qu'à Bachgoun. Le traité de la Tafna (30 mai 1837)
céda Tlemcen à Abd-el-Kader. Nous étions confinés sur le
rivage dans la banlieue d'Oran, Arzew et Mostaganem,
quand Abd-el-Kader reprit la lutte (1839). l'allé aboutit
à la conquête complète de la prov. d'Oran; malheureuse-
ment, après la défaite des Marocains, le traité de délimi-
tation de 1845 fut rédigé avec une telle négligence qu'on
abandonna la frontière historique de la Moulouia; on définit
la limite par des noms de tribus nomades et au S. du
32^ parallèle rien ne fut stipulé. Depuis cette époque, il
n'y a eu de difficultés et de combats que dans la région
saharienne et sur le Plateau : avec les Ouled-sidi-Cheikh
de 1864 à 1870, puis en 188 1-82 avec une branche de cette
puissante famille et avec les tribus soulevées par le marabout
Bou-Amama. La construction d'une voie ferrée poussée jus-
qu'à Aui-Sefra assura la tranquillité dans le Sud oranais.
— 457 —
OKAN
Los principaux personnages du xix^ siècle nés dans le
dép. d'Oran sont : l'émir iVbd-el-Kader (4807-83), né à
La Guetna, près Mascara; Etienne, homme politique, né à
Oran le 45 déc. 4844 ; Thomson, homme politique, né à
Oran le 29 janv. 4848; Viviani, orateur et homme poli-
tique, né à Sidi-hel-Abhès le 8 nov. 4863.
Divisions AD.MiMSTRÂTivES ACTUELLES. —Le dép. d'Oran
se divise comme les autres d'Algérie en deux parties :
territoire civil et territoire de commandement. Le terri-
toire civil se répartit entre cinq arrondissements compre-
nant 400 comn unes, dont 82 de plein exercice et 48 mixtes.
L'arr. d'Oran comprend 39 com. de plein exercice et
2 mixtes. L'ai r. de Mascara, 5 com. de plein exercice et
4 mixtes; l'arr. de Mostaganem, 20 com. de plein exer-
cice et 6 mixtes; l'arr. de Sidi-bel-Abbès, 12 com. de
plein exercice et 2 mixtes ; l'arr. de Tlemcen, 6 com. de
plein exercice et 1 mixtes. — Le territoire de comman-
dement beau( oup plus vaste, mais moins peuplé, embrasse
le S. du dépi rtement, c.-à-d. une grande partie des Hauts
Plateaux, le pays des Ksours et le Sahara. Il comprend
trois subdivisions militaires : Mascara dont dépendent le
cercle de Tiaret et l'annexe d'Aflou ; Tlemcen dont dé-
pendent le cercle de Maghrnia et l'annexe d'El-Aricha ; Ain-
Sefra, dont dépendent les cercles de Géry ville. Aïn-Sefra
(com. indigène de Yacoubia), Méchéria et l'annexe de Saida.
Les 29 cantons sont : Oran, Am-el-Arba, Ain-Témou-
<hent, Arzew, Lourmel, Perrégaux, Sainte-Barbe-du-
Tlélat, Saint-Cloud. Saint-Denis-du-Sig; — Mascara,
Frenda, Palikao, Saida; — Mostaganem, Ammi-Moussa,
Cassaigne. Inkermann, Relizane, Tiaret, Zemmora; —
Sidi-bel-Abbès, Boukanétis, Mercier-Lacombe, Le Telagh ;
— Tlemcen, Remchi, Lamoricière, Nemours, Sebdou.
Justice. — Le dép. d'Oran ressortit à la cour d'appel
d'Alger. La cour d'assises siège à Oran, Il a 4 tribunaux de
première instance à Oran, Mascara, Mostaganem, Sidi-bel-
Abbès ; 30 justices de paix ; 4 tribunal de commerce à Oran.
Finances. — Il y a à Oran un trésorier-payeur géné-
ral, 4 directeur et 2 inspecteurs des contributions di-
rectes, 4 directeur et 4 inspecteur de l'enregistrement,
4 inspecteur divisionnaire, 1 sous-inspecteur et 4 rece-
veur principal des douanes ; pour les contributions diverses,
on trouve 4 directeur et 4 inspecteur à Oran, 3 sous-di-
rections (Oran, Mostaganem, Tlemcen).
Instruction publique. — Le département relève de
l'Académie d'Alger. L'inspecteur d'académie réside à Oran.
Il y a 3 inspecteurs primaires, à Oran, Mascara, Mosta-
ganem, et 4 inspectrice d'écoles maternelles. L'enseigne-
ment secondaire se donne aux garçons dans le lycée d'Oran
et les collèges communaux de Mostaganem et de Tlemcen;
aux filles, dans le collège communal d'Oran. Ily a une école
primaire supérieure de garçons à Sidi-bel-Abbès ; une mé-
dersa à Tlemcen, une école normale d'institutrices à Oran.
Cultes. — Le département forme pour le culte catho-
lique le diocèse d'Oran; il compte, en 4898, 2 vicaires
généraux, 3 chanoines, 6 curés de villes, 78 paroisses.
Le culte protestant compte 5 pasteurs . L'organisation des
cultes Israélite et musulman, qui est particulière à l'Al-
gérie, est décrite à cet article.
Armée. — Oran appartient à la 49^ région militaire
et en forme une subdivision. C'est le siège d'une division
d'infanterie. Le 2" zouaves est stationné à Oran, le 2^ ti-
railleurs algériens à Mostaganem, le 1^^' bataillon d'in-
fanterie légère au Kreider, le 2^ régiment de chasseurs
d'Afrique à Tlemcen, le 6® à Mascara. En outre, le dé-
partement possède les deux régiments de la légion étran-
gère, le 4^^^ régiment à Sidi-bel-Abbès, le 2^ à Saida.
Divers. — Oran forme une conservation des forêts,
avec 4 inspections : Mascara, Mostaganem. Sidi-bel-Abbès,
Tlemcen. Il y a une chambre de commerce à Oran, des
conseils de prud'hommes à Oran et Sidi-bel-Abbès,
Démographie. — Le dénombrement de 4896 a cons-
taté les chiffres suivants pour la population résidante :
ARRONDISSEMENTS
POPULATION
totale
POPULATION
comi)tée
à part
Français
et
naturalisés
POPULATION
MUNICIPALE
Marocains
et
Tunisiens
Nés de
naturalisés
Natural ses
par le décret
du
24 oct. 1870
Nationalités
diverses
Sujets
Cranc'ais
(Arabes,
Kabyles .
Mzabites)
Oran
218.760
154.910
270.674
bO.997
132.88(3
6.226
4.460
2.488
4.462
2.764
48 832
11.680
15.667
12.437
6.938
10.309
636
612
390
3.477
2.907
236
525
156
2.107
70.626
9.027
7.619
17.207
7.303
106.144
127.125
213.138
43.832
107.136
627.375
129.430
3.716
1.746
625
2.513
3.111
Mascara . . . . ,
Mostag'auern
Sidi-Bel-Abbès
Tlemcen
Total du territoire civil
Territoire de commandement..
Total gkxéral du département.
888.177
140.071
20.400
5.938
95.554
1.706
15.424
491
5.981
176
111.782
1.517
11.612
818
1.028.248
26.388
97.260
15.915
6.107
113.299
756.805
12.430
La population a beaucoup augmenté depuis la conquête
française qui a rétabli l'ordre. Le recensement de 487G
accuse un total de 653.481 hab., celui de 4884 en donne
767.3'2i2 ; à celid de 4886, on trouve 870.346 ; à celui
de 4894, on recense 942.066 hab. En 4896, le total
monte à 4.028.248. Pour la population européenne, la
progression est naturellement plus rapide. En 4833, on
ne comptait que 3 40 Français, 266 Espagnols et 436 étran-
gers divers, en partie juiis marocains.
En 4836
980 ]
'rançais et
4.448 l
^]spagnols.
4844
4.592
—
2.346
4816
9.747
40.848
4854
24.535
20.442
4856
26.824
, 49.844
4864
33.^55
25.835
4866
35.697
28.065
4872
54.729
37.658
4876
45.320
—
53.047
—
65.662 Espagnols,
86.500 Esp. (env.)
99.000 —
4 or;. 000 —
J884 59.000 Français (env.)
4886 65.447 —
4894 78.930 —
4896 97.260 —
Plusieurs des chiffres donnés ci-dessus ne sont ([u'ap-
proximatifs. En effet, les derniers i^ecensements officiels,
([ui distinguent pour les Français la population munici-
pale (seule indiquée ici), la confondent pour les étrangers
avec la population en bloc ; c'est donc approximativement
que nous avons défalqué la part de celle-ci dans le chiffre
des Espagnols, afin de ne donner, pour eux aussi, que la
population municipale.
D'autre part, depuis 1872. le chiffre global des Fran-
çais comprendrait les Israélites algériens naturalisés en
bloc par le décret du 24 oct. 4870. Comme ils ne sont
pas de race française et constituent un élément indigène,
nullement assimilé, nous les avons retranchés (approxi-
mativement pour 1872) du cbiffre des Fi'ançais.
ORAN
Ces réserves faites, les conclusions à tirer des chiffres
se dégagent nettement. On voit les progrès rapides de la
colonisation après la soumission des pays, le ralentissement
sous l'Empire qui y était peu fa^oral)le, enfin le progrès
régulier durant la période actuelle. Quant aux Espagnols,
la révolution et les guerres civiles de 1873-74 ont déter-
miné une forte émigration vers l'Algérie; elle s'est
ralentie depuis.
En 1876, la population municipale comptait 4o, 31 6 Fran-
çais d'origine, 12.412 Israélites et 71.341 étrangers (Euro-
péens presque tous). Enl896, nous trouvons 97.260 Fran
çais, 22.022 Israélites, et 1 13.299 étrangers. C'est donc la
fraction française qui augmente le plus vite, par l'excédent de
naissances, par l'immigration et aussi parles naturalisations.
La population agglomérée, représentant l'élément urbain,
est, en 1896, dans les vingt villes citées ci-dessous, de
203.663 âmes. Sur ce total, la population comptée à part
est de 24.205. Sur la population municipale de 179.458,
on trouve 49.678 Français, 56.250 Européens étrangers,
18.488 israélites, 55.042 musulmans algériens ou étran-
gers. L'élément européen domine donc. A Oran, les Espa-
gnols ont la majorité relative. A Tlemcen et à Mascara,
il y a encore plus de moitié d'indigènes. Les Français ne
sont en majorité absolue qu'à Saida et à Mers-el-Kébir.
Voici par arrondissement la liste des communes dont la po-
pulation agglomérée, en 1896, dépassait 2.000 hab. Nous y
joignons les nom. surface et population des communes
mixtes.
Arrondissement d'Oran (41 com.. dont 2 mixtes,
608.337 hect., 248.760 hab.) : Aïn-Témouchent, 5.879
hab. (4.65faggl.);«Arze^v,5,669hab.(4.097aggl.);Mers-
el-Kébir,•3.393hab. (2.487 aggl.); Misserghin, 4.387 hab.
(2.186 aggl.) ; Oran, 85.08f hab. (84.490 aggl.) ; Perré-
gaux, 8.634 hab. (2.925 aggl.) ; Saint-Cloud, 4.768 hab.
(3.288 aggl.); Saint-Denis-du-Sig, 10.353 hab. (6.820 ag-
gl.) ; Tiaret, 5.728 hab. (4.586 aggl.). La com. mixte
d'Aïn-Témouchent a 107.322 hect. et 21.645 hab.; celle
de Saint-Lucien, 93.548 hect. et 24.829 hab.
Arrondissement de Mascara (9 com., dont 4 mixtes,
978.704 hect., 154.910 hab.) : Mascara, 22.303 hab.
(19.706 aggl.); Saida, 7.803 hab. (6.219 aggl.). La
com. mixte de Cacherou a 178.130 hect. et31.954hab.;
celle de Frenda, 307.300 hect. et 21.632 hab. (2.061
aggl.); celle de Mascara, 206.554 hect. et 44.868 hab. ;
celle de Saida, 264.543 hect. et 23.196 hab.
Arrondissement de Mostaganem (26 com. , dont 6 mixtes,
959.640 hect., 270.674 hab.) : Mostaganem, 17.353 hab.
(16.906 aggl.);Relizane, 7.930 hab. (3. 933 aggl.);Ain-el-
Moussa (mixte), 180.517 hect. et 52.185 hab.; Cassaignc
(mixte), 86.731 hect., 24.648 hab. ; l'Hillil (mixte),
157.133hect.,46.414hab.;Renault(mixte),72.814hect.,
25. 898-hab.;ïiaret (mixte), 159.840 hect., 22.624 hab. ;
Zemmora (mixte), 173.240 hect., 36.163 hab.
Arrondissement de Sidi-bel-Abbès (14 com. dont
2 mixtes, 585.909 hect., 80.997 hab.): Sidi-bel-Abbès,
26.887 hab. (8.948 aggl.); La Mekerra (mixte), 126.822
hect., 17.126 hab. ; J^e Telagh (mixte), 352.317 hect.,
16.870 hab.
Arrondissement de Tlemcen (10 com. dont 4 mixtes,
421.167 hect., 132.836 hab.) : Beni-Saf, 5.263 hab.
(2.181 aggl.) ; Nemours, 3.308 hab. (2.092 aggl.) ;
Tlemcen, 34.886 hab. (23.510 aggl.) ; Ain-Fezza(inixte)
91.236 hect., 12.823 hab. ; Nedroma (mixte), 63.588
hect., 29.159 hab.; Remchi (mixte), 128.295' hect.,
25.340 hab. ; Sebdou (mixte), 83.247 hect., 14.673hab.
Territoire de commandement (5 com., 8.002.829 hect.,
140. 071 hab. ):Géryville (mixte), 2. 888.900 hect., 3().420
hab. (aggl. 2.746); Maghrnia ou Lalla-Maghrnia (mixte),
259.834 hect., 33.062 hab. (3.009 aggl.) ; Méchéria
(mixte), 2,619.700 hect., 19.808 hab. (aggl. 3.926) ;
Tiaret-Aflou (indigène), 1.580.350 hect., 37.078 hab. ;
Vacoubia (indigène), 654.045 hect., 19.703 hab.
Les principales agglomérations urbaines sont : en pre-
458 —
mier lieu, Oran, principal débouché commercial du pays
sur la mer ; puis l'ancienne capitale Tlemcen ; Mascara, autre
capitale indigène ; la ville moderne de Sidi-bel-Abbès, au
centre de la belle vallée de la Mekerra, Saint-Denis-du-
Sig, un peu plus bas à l'entrée de la plaine maritime ; Re-
lizane, dans la vallée du Chélif; puis le long de la côte,
les ports secondaires de Mostaganem et Arzew. Il faut
encore citer, à l'entrée des Hauts Plateaux et des chantiers
d'alfa, la ville de Saida.
Habitations. — Le nombre des centres de population,
hameaux, sections de communes ou de douars ou tribus
est (en 1896) de 906 en territoire civil et 180 en terri-
toire de commandement. Ils comportent 92. 584. maisons
dont 1.932 vacantes et 90.652 occupées en tout ou en
partie; 47.854 n'avaient qu'un rez-de-chaussée, 16.377
un étage, 12.719 deux étages, 10.713 trois étages,4.921
quatre ou davantage. Le nombre des locaux, logements
ou appartements distincts était de 255.740 dont 7.66()
vacants ; en outre, on comptait 16.301 locaux servant
d'ateliers, de magasins ou boutiques.
Etat des personnes. — D'après la résidence. —
On a recensé, en 1896, 18.254 individus isolés et 190.439
familles, plus 533 établissements comptés à part, soit un
total de 209.226 ménages. Les ménages de sept personnes
et au-dessus sont au nombre de 23.743, proportion con-
sidérable qui s'explique par la vie collective des popula-
tions indigènes.
La population résidante comprenait 1.028.248 per-
sonnes dont 994.269 résidants présents, 7.646 résidants
absents, 26.333 personnes comptées à part. La popula-
tion présente comprenait 1.029.093 personnes dont
1.020.602 résidants et 8.491 personnes de passage.
D'après le lieu de naissance et la nationalité. —
Classée d'après le lieu de naissance, la population com-
prend 60.688 Français nés dans le département, 6.126
do^ns le reste de l'Algérie, 39.342 nés en France, 1.030
dans une colonie française, 3.658 à l'étranger, soit un
total général de 110.844 Franço^is (y compris 13.584 comp-
tés à part, représentant surtout l'élément militaire qui
est, d'ailleurs en partie, formé de colons). Les israélites na-
turalisés sont au nombre de 22.035 dont 5.139 nés à
l'étranger, proportion considérable due à l'immigration
des juifs marocains. Les sujets français se divisent en :
763.365 Arabes, 3 Kabyles, 970 Mzabites et 148 juifs
du Mzab. On englobe sous la dénomination d'Arabes l'en-
semble des indigènes qui n'appartiennent ni au groupe
mzabite ni à cefui de la Kabylie proprement dite. Les
étrangers musulmans sont au nombre de 229 Tunisiens
et 12.921 Marocains. Enfin on compte 11-8.578 personnes
de nationaUté diverse ; à l'exception de 924 Africains, ce
sont presque uniquement des Européens, et en immense
majorité des Espagnols ; on en compte 108.438, c.-à-d.
autant que de Français; viennent ensuite les Italiens
(3.894), les Allemands qui sont en partie les soldats de
la légion étrangère, les Belges, les Suisses, etc.
Si l'on fait abstraction des troupes, l'élément espagnol
est un peu plus nombreux que l'élément français, lequel
d'aiiïeurs englobe un certain nombre de naturaUsés d'ori-
gine espagnole. A s'en tenir au nombre des femmes, on
constate 56.885 Espagnoles et seulement 49.752 Fran-
çaises. Le dép. d'Oranest le seul où il y ait plus d'étran-
gers que de nationaux, avec cette circonstance en outre
([lie ces étrangers forment un groupe homogène. Toute-
fois, il convient de remarquer qu'ils sont plutôt con-
centrés dans les villes, et que dans la population ru-
rale et surtout dans la propriété rurale les Français do-
minent.
Les colons nés sur la terre algérienne représentent dès
à présent la grande majorité. Parmi ceux qui sont nés en
France, tous les départements ont fourni leur contingent;
les plus nombreux viennent de la Seine (2.118), du Tarn
(1. 878), desPvrénées-Orientales (1.800), du Gard (1.559),
de la Corse (1.168), de l'Hérault (1.126).
— 4o9
OKAN
La répartition do la population entre le terri toii'o civil
et le territoire de commandement est la suivante :
Tl-JlRirOIRE
TniîRITOIllI^
civil
de commandem
Français
105.842
5.002
Israélites algériens. .
21.391
644
Sujets indigènes . . .
632.193
132.293
Etranger s africains..
12.652
1.422
Espagnols
107.061
1.377
Autres étrangers. . .
7.448
1.768
Totaux 886.587 4 42.506
L'élément européen représente dans le territoire civil
212.907 personnes, soit environ le quart du total; snr
l'ensemble du territoire, il ne forme guère que le cinquième
(après déduction des militaires, non algériens), car en
territoire de commandement la population municipale
européenne est à peine de 3.000 tètes.
D'après l'état ctvil. — Le classement des habitants
d'après l'état civil accuse les résultats suivants :
Français
Israélites algériens. . .
Sujets indigènes. . . .
Etrangers africains . .
Espagnols
Autres étrangers
Totaux .
SEXE
masculin
61.092
12.0^i7
426.506
9.643
51.553
6.151
566.995
SEXE
(cminiii
49.752
9.988
337.980
4.431
56.885
3.062
462 7098
Ces chiffres indi(|uent une prépondérance très forte de
l'élément masculin (815 femmes pour 1.000 hommes),
seuls les Espagnols faisant exception; elle s'explique pour
les Français, les étrangers divers par la présence des
troupes françaises et indigènes et de la légion étrangère.
Pour les indigènes (792 femmes pour 1.000 hommes),
l'écart est de nature à faire douter de la complète exac-
titude des déclarations en ce qui regarde les femmes, d'au-
tant plus c|ue cet écai'l est bien moindre dans le reste de
l'Algérie.
La natalité des enfants nés vivants a été en 1894.
4 895 et 1896 :
1894
Français 2.716
Espagnols 3 . 980
Autres Européens. . 469
Israélites 1 .195
Musulmans 18.473
1895
1896
2.734
3.042
4.229
^076
451
457
1.166
1.253
21.006
23.648
(abstraction faite
1895
1896
2.163
2.576
3.014
2.166
292
203
603
544
15.699
15.652
mort-nés) :
1894
Français 2 . 241
Espagnols 3.116
Autres Européens. . 268
Israéhtes 661
Musulmans 15.108
Sauf une réserve pour les chiffres des décès de 1896
([iii sont certainement inexacts par attribution de la na-
tionalité française à des décédés étrangers, on constate
que l'ensemble de la situation est satisfaisant. L'excédent
des naissances est considérable dans tous les groupes de
la population ; pour les Français il est d'un cinquième en-
viron, pour les Espagnols d'un quart, pour les israélites
de près de moitié, pour les musulmans d'un quart des
naissances. Si l'on voulait pousser plus loin cette étude,
il faudrait tenir compte de la proportion des militaires et
de celle des naturalisés cjui forment des groupes de Fran-
çais adultes sans contre-partie dans les mineurs. — Les
naturalisations dans les années 1894-96 furent au total
de 2.347, dont 883 d'Alsaciens-Lorrains, 417 d'Espa-
gnols, 237 d'Itahens. Elles sont donc relativement rares.
La convention de Madrid do 1862 autorise les Espagnols
à faire pour le compte de leur pays un service militaire
d'un an dans les corps français d'Algérie. Les mariages
mixtes sont nombreux entre Français et Espagnoles et, Fac-
tion de l'école aidant, on peut espérer une assimilation
progressive de l'élément ibérien.
La population indigène comprend les israélites auxquels
le décret Crémieux a accordé la nationalité française, mais
qui ne s'assimilent pas, et les musulmans. Ceux-ci domi-
nent surtout dans les campagnes, oti beaucoup conservent
les mœurs nomades ou semi-nomades de la vie pastorale.
Les grandes tribus n'ont à peu près conservé leur homo-
généité c{ue dans la zone du Plateau et des Ksours, où
plusieurs vaguent entre le territoire français et le ter-
ritoire marocain ; là, les principales sont les Beni-Matar,
les Ilamian, les Harar, les Rezaïna, les Trafi, les Yacoub,
les Ouled-Sidi-Cheikh. Dans le Tell, les tribus ont été mor-
celées en douars, et nos cadres administratifs ont remplacé
les vieux groupements historiques des lïachem, Flittas,
Smelas, Ouled-Riah, Ouled-Sidi-Brahim, Beni-Smiel, etc.
Ceux-ci ne subsistent guère que dans le Dahra et sur la
frontière du Maroc (Beni-Snous, Oulhaça, etc.).
IvrAT ÉCONOMIQUE. AGRICULTURE. — Lc régime de la
propriété a été étudié dans l'art. Algérie. On trouvera
donc dans les chiffres suivants des indications sur l'im-
portance relative des propriétés agricoles européennes et
indigènes en 1896 :
Superficie (en h ect.). .
Population agilcole. .
Chevaux
Mulets
Anes
Chameaux. ........
l>ieufs
Moutons
Chèvres
Porcs
Instruments agricoles
(valeur)
Maisons , .
Moulins
Tentes et gourbis. . .
Puits et norias
Valeur des construc-
tions
Nombre d'hectares dé-
frichés dans l'amiée
Arbres fruitiers à
feuilles caduques. .
Bananiers, orangers,
citronniers, etc. . .
Oliviers greffés
Mûriers
Arbres résineux, fo-
restiers, etc
Ruches d'abeilles ex-
ploitées
Nombre d'hect. cul-
tivés en plantes
potagères
Pommes de terre. . . .
Prairies artificielles. .
Racines et plantes
pour l'alimentation
du bétail
Plantes tinctoriales . .
Blé l Superficie.
tendre ( Récolte. . .
Superficie.
Récolte. . .
Blé dur
Seiole.
Superficie
Récolte.. .
l^ROPRTETE
enropéenncî
504.524
80.472
18.681
14.042
4.680
36
41.254
145.771
36.924
40.889
1 0.255. 085 f^-
17.886
210
2.520
6.011
l48.6J6.255f''
8.273^'^
678.894
172.855
364.642
50.001
1.243.608
2.751
6.0i5^'t
4.919^'^
2 . 305''^'
2.450^'*
453ht
83. 596 h^'
604. 069^^^^
34. 506 1^*
214.423^°^
■4 28 M
PROPRIETE
indigène
2.128.535
663.629
49.423
8.459
88.401
79.177
222.429
2.082.010
681.702
50
889. 643 f'"
■19.808
6ij
115.252
4.703
1 3. 760. 631 i'^'
1.1 62^^^
754.761
34.872
64.529
8.229
15.615.684
48.958
5.501
3.244
517
142
98
32.867i^t
128.099<i>^
158. 439 ^'^
680. 441 'ï«^
ORAN
Am ~
i^ROPRiiVn':
J'ROPRIKTE
européenne
indigène
Orfc. .
( Superficie.
46. 259 ht
3-10.237 ht
j Récolte...
412.-185<i"^
1.829.988^^^
Avoine.
Superficie,
\ Récolte...
47.019^^t
2.788 ht
/i99.324'i"i
20.291^1^^
Mais...
i Superficie.
( Récolte.. .
3.385^'t
52 . 456^"^
1.711ht
8.698'i»^
Fèves .
i Superficie.
Récolte.. .
2.393i^t
4.082 ht
22.381^1"^
21.719vT^
Reclina
( Superficie.
259 i^t
568 ht
î Récolte...
-i . 406^"^
2.637*'»"^
l Nombre de
Vignes.
) planteurs
6.146
1.209
j Superficie.
49. 892 ^'t
1.030 ht
f Vin récolté
1.590. 77 r>i
238 hi
( Olives ré-
Oliviers
) coltées . .
j Huile fa-
-1. 603. 0831^^-
1.729.498'^ê-
f briquée .
3.236^^^
3,444hi
( Paille. . . .
5.000'<s
Lin...
J Filasse. . .
3.000^^^
f Graines . .
80.800'^^-
Tabac récolté (feuilles)
2.792'^-
32.532i^ê'
La propriété européenne agricole s'est accrue de
20.000 hect. entre 1894 et 1896, la propriété indigène
de 65.000. Le caractère pastoral prédominant des indi-
gènes se marque par la quantité des moutons et des
chèvres; ils ont presque seuls des chameaux, tandis que
le porc, honni des musulmans, est à peu près exclusive-
ment élevé parles Européens. La majorité des musulmans
'^-ent sous la tente ; les colons possèdent dès à présent
la majorité des points d'eau permettant une culture véri-
table- la différence de valeur des constructions et de l'ou-
tillage est saisissante ; les indigènes n'en possèdent qu'un
douziém Les rendements culturaux sont médiocres pour
les Européens, mauvais pour les Arabes ; il est vrai que
l'année 1896 fut mauvaise (sauf pour le vin) et que les
récoltes de 1894 ou de 1898 furent plus fortes d'un bon
quart pour le blé et l'orge. Les rôles du zekkat (impôt
sur le bétail constatent, on 1898, chez les indigènes :
82.387 chameaux, 239.545 bœufs, 2.306.813 moutons,
860.780 chèvres, chiffres bien supérieurs à ceux de
^1896. La propriété indigène et ses rendements sont
slationnaires ; la propriété européenne a doublé de
valeur entre 1884 et 1896. La vigne est la richesse
la plus considérable, malheureusement menacée par
le phylloxéra. La superficie a passé de 4.016 hect. en
1872 à 15.307 en 1882, 50.922 en 1896. La sécheresse
plus grande du Tell oranais y est défavorable aux cultures
qui ont besoin d'eau ; cependant, c'est le département al-
gérien qui produit le plus de blé tendre (près des 3/4 de
la récolte totale). En revanche, pour les oliviers et en
général les cultures fruitières, il est fort en arrière. Les
dattes sont rares et médiocres dans le Sahara oranais, à
cause de la trop grande altitude des oasis ; on y compte
à peine 100.000 palmiers dans les ksour et les fruits
mûrissent mal. En revanche, le Plateau fournit les trois
quarts de l'alfa algérien. On exploitait, en 1897. sur
162 chantiers, 545.900 hect. dont 408.190 de propriétés
communales, 99.060 de propriétés domaniales et 38.650
de propriétés privées. Le nombre des quintaux d'alfa
récoltés fut de 305.552, d'un prix moyen de 4 fr. 50 au
port d'embarquement.
Les forêts, qui sont presque toutes propriété doma-
niale, ne représentent que 7 "/o du Tell oranais, mais sont
assez étendues sur l'Atlas tellien. Celles qui sont soumises
au régime forestier représentent plus de 500.000 hect.
Néanmoins, le dép. d'Oran est le moins boisé d'Algérie.
Il ne possède presque pas de chône-liège. On reboise aux
environs d'Oran les monts de Santa Cruz. Le service fores-
tier occupait, en 1897, 16 agents, 14 préposés séden-
taires. 172 brigadiers et gardes français, ^19 gardes indi-
gènes. Les produits constatés furent do 112.751 fr. dont
50.544 pour le liège, 35.550 pour le bois.
Industrie- — L'industrie est assez développée pour un
pays de colonisation aussi récente. Ce sont naturellement
les industries alimentaires et extractives (jui dominent,
puis les textiles.
Mines et carrières. Le dép. d'Oran ne produit pas de
houille ; ilenconsomme lO.OOOtonnesvalantl . 162.400 fr.,
soit 29 fr. 06 la tonne sur le lieu de consommation, et
qui sont importées d'Angleterre (38.200) et du bassin de
Valenciennes (1.800). — On exploite à Beni-Saf une mi-
nière de fer qui occupe 600 ouvriers et a produit, en
1896, 260.800 tonnes d'hématite rouge manganésifère
valant 7 fr. la tonne, soit un total de 1.825.600 fr. Il y
a aussi du fer à Camerata, du zinc et du plomb auFilhaou-
cen, à Mazis, à Zemmora, du plomb argentifère à (iar-
Rouban. Des lacs salés d'Oran, d'Arzew, Ben-Zian. etc.,
142 ouvriers ont extrait, en 1896, 16.613 tonnes de sel
valant 297.244 fr., soit 17 fr. 89 la tonne (brut). On a
étudié les gisements bitumineux et pétrolifères de Cas-
saigne, de Renault, de EHillil (marnes saheliennes). — Des
carrières on retirait 13.125 tonnes d'argile tégufine valant
157.500 fr. ; 738 tonnes de phosphate de chaux valant
29.500 fr.; 900 tonnes de marbre valant 130.500 fr. ;
ce sont les marbres bréchiformes du djebel Orous, entre
Oran et Arzew, 370 tonnes de beaux onyx translucides
de Tekbalet, valant 127.650 fr. La \aleiir totale des pro-
duits des mines, schistes et carrières est donc à peine de
3 millions de fr. — On a reconnu une vingtaine de sources
minérales : Bains de la Reine, près d'Oran; Hammam-
bou-Hadjar, près d'Am-Témouchent ; llammam-bou-Ha-
nefia, près de Mascara; Hammam-bou-Rhara, près de
Maghrnia, etc.
Industries }}ui nu facturier es. Il existait, en 1896, dans
le dép. d'Oran, 469 établissements faisant usage de ma-
chines à vapeur. Ces appareils, au nombre de 471 , d'une
puissance égale à 4.150 chevaux, non compris les ma-
chines des chemins de fer et des bateaux, se décompo-
saient en :
29 machines fixes d'une force de
84 — mi-fixes —
350 — locomobiles —
8 — locomotives —
420 chev. -vapeur.
590 —
2.900 —
240 —
Cette force se répartissait de la manière suivante entre
les principaux groupes industriels :
Mines et carrières 362 chev. -vapeur.
Usines métallurgiques 77 —
Agriculture 1 . 875 —
Industries alimentaires 698 —
— chimiques 4 —
Tissus et vêtements 425 —
Papeterie, objets mobiliei's et d'ha-
bitation 30 —
Bâtiments et travaux (il 9 —
Services publics de l'Etat 60 —
L'usage des machines se répand dans ragriculture. Des
industries, les seules qui aient quelque extension sont celles
des produits alimentaires et des tissus : minoteries, fa-
briques de pâtes ahmentaires, brasseries, distilleries, hui-
leries. On peut citer encore les fabriques de crin végétal,
de poteries. Les femmes indigènes font des tentes, des
burnous, des couvertures, de beaux tapis ; ces produits
aliîP.entent surtout la consommation locale.
Commerce. — Le commerce est assez actif. A l'intérieur
les marchés sont très fréquentés ; les nomades y viennent
s'approvisionner et échanger leurs produits ; les princi-
paux sont ceux d'Oran, Mascara, Tiaret, Saida, Saint-
Denis-du-Sig, Sebdou, Maghrnia, Nedroma, etc. Le commerce
extérieur se fait par les ports maritimes de Nemours.
Beni-Saf, Mers-el-Kébir, Oran, Ai'zew, Mostaganem.
— 461 —
OKAN
En 1897, le mouvement du port d'Oran fut pour le
commerce a^ec l'extérieur (France ou étranger) : entrées,
l.OS^ navires d'un tonnage de 589.763 tonnes; sorties,
1.040 navires d'un tonnage de 581.610 tonnes; il y faut
ajouter environ 250.000 tonnes aux entrées et 140.000
aux sorties pour le cabotage. Le j)avillon français fait à
peu près tout le commerce avec la France (380.000 toinies
environ aux entrées et autant aux sorties), Mostaganem
a un mouvement de 20.000 tonnes environ (sorties) au
commerce général et 70.000 (sorties) au cabotage; Arzew
de 25.000 tonnes (sorties) au commerce général (avec
l'étranger) et 70.000 (sorties) au cabotage ; Beni-Saf, qui
expédie ses minerais de fer à l'étranger, a de ce chef un
mouvement de 134.600 tonnes aux sorties et 73.600 aux
entrées, ce qui en fait le second port du département. Le
commerce par terre avec le Maroc se fait aux postes fron-
tières de Maglirnia et d'El-Aricba. Pour le mouvement
des voyageurs, le port d'Oran est le premier d'Algérie,
en 1896, avec 38.134 arrivées et 37.154 départs de
passagers.
Le dép. d'Oran vend ses vins, ses céréales, ses mou-
tons, ses laines, des bœufs, des chevaux, des peaux, son
alfa, ses fruits, son huile, son fer, son marbre, etc. Il
achète en France des tissus de coton, tissus de laine, vête-
ments et lingerie, des meubles, des outils, métaux ou
cuirs ouvragés, de la bimbeloterie, de la parfumerie et
autres denrées de luxe, des eaux-de-vie et liqueurs, des
légumes secs, etc. ; à l'étranger, des bestiaux, de la houille,
du café, des bois, des cotonnades, des grains, etc. — Les
recettes douanières (octroi de mer) furent, en 1897, de
1.199.290 fr. pour le dép. d'Oran.
Voies de communication. Des routes de terre, les
principales sont les routes nationales d'Alger à Oran par
Mostaganem, d'Oran à Géry ville (entièrement construite
jusqu'à Am-el-Hadjar) ; de Rehzane au Maroc, qui ne com-
mence en fait qu'àEl-Bordj (à 37 kil.de Relizane). Parmi
Icb chemins, on peut citer, connue ayant une importance
stratégique, ceux qui rayonnent autour de Tiaret vers
Mascara, Relizane, Atlou ; la route côtière inachevée de
Mostaganem à Tenès, celles de Géry ville à Méchéria, à
Bou-Guetoub; de Nemours à Rachgoun, à Maghrnia ; de
Tlemcen à Maghrnia, à Sebdou, etc.
Les chemins de fer sont assez développés. Le dép.
d'Oran est desservi par six lignes d'un développement
total de 1.118 kil. 1*^ Ligne d'Alger à Oran par la vallée
du Chélif, qui parcourt 165 kil. dans le département,
y entrant près de Merdja et desservant ensuite Inkermann,
iSaint-Aimé, Les Salines, Relizane, l'Hillil, Perrégaux,
Saint-Denis-du-Sig, Saint e-Barbe-du-Tlélat, Arbal, La
Senia ; elle appartient à la compagnie du Paris-Lyon-
Méditerranée. Les deux suivantes forment le réseau de la
compagnie Franco-algérienne (668 kil.). — 2<^ La hgne de
Mostaganem et de Relizane à Tiaret par Relizane et la
vallée de la Mina (202 kil.) — 3° La grande ligne de
pénétration vers le Sahara, qui part d' Arzew, coupe à
Perrégaux celle d'Alger-Or an, dessert Tizi) d'où un em-
branchement de 12 kil. mène à Mascara), puis Traria,
Saida, Kralfalla à l'entrée du Plateau, franchit le chottech-
Chergui entre le Kreideret Bou-Guetoub, passe à Méchéria
et atteint Aïn-Sefra ; elle a 454 kil. L'fJtat la prolonge
d'environ 80 kil. jusqu'à Djenien-bou-Rezg, au voisinage
de la grande oasis marocaine de Figuig.
Le réseau de TOuest algérien (285 kil.) comprend les
lignes : 4« de Sainte-Barbe-du-ïlélat àRas-el-Ma (151 kil.)
par la vallée du Sig, desservant Saint-Lucien, Sidi-bel-
..Abbès, La Tabia, Magenta ; — 5*^ d'Oran ou plutôt de la
Sénia à Am-Témouc lient (70 kil.) ; — 6° de La Tabia à Tlem-
cen par Lamoricière (64 kil.). La ligne d'Alger à Oran,
a par an 101.000 voyageurs à distance entière, le réseau
(loEOuest algérien 50.000, la Franco-algérienne 16.000.
La première transporte eu moyenne 74.000 tonnes de
marchandises, la seconde 66.000, la dernière 22.000 (à
distance entière en 1896). Les trains sont très lents. La
recette totale d'exploitation était, en 1896, de J 4.582 fr.
par kilomètre pour la ligne d'Alger à Oran, le produit net
de 5.120 fr. par kilomètre. Pour l'Ouest algérien, le pro-
duit brut est de 9.804 fr., le produit net de 3.070. La
Franco-algérienne a un produit brut de 3.843 fr. par ki-
lomètre, lequel laisse un déficit d'exploitation de 527 fr.
par kilomètre.
Outre les lignes télégraphiques qui suivent les \oies
ferrées, nous trouvons dans la zone méridionale celle qui
relie Laghouat à Aflou (et de là par El-Ousseukhr à Tiaret),
Géry ville (et de là à Bou-Guetoub), El-Abiod-Sidi-Cheikh,
Am-Sefra. Le service postal et télégraphique est assuré
par 8 bureaux composés, 65 bureaux simples, 3 bureaux
mixtes, 67 établissements de facteurs-receveurs des postes,
25 distributions auxiliaires et 20 bureaux télégraphiques
municipaux. Oran communique par téléphone avec Sidi-
bel-Abbès. Des services maritimes postaux hebdoma-
daires joignent Oran à Marseille (trois fois, dont une par
Carthagène), Cette et Port-Vendres, Tanger.
Finances. — Le dép. d'Oran a fourni en 1897 un to-
tal de 10.551.353 fr. 26 au budget de l'Etat.
Ce chiffre se décompose comme suit :
Francs
Contributions directes (propriétés bâties) 496 . 475 77
Patentes. . .^ 566.128 60
Taxes assimilées 75.214 23
Impôts arabes Achour 480.709 24
— Zekkat 723.240 14
— Lezma 12 30
Dixième attribué aux chefs collecteurs . 248.718 98
Centimes additionnels généraux 161 .836 68
Enregistrement 1 . 163 . 912 24
Timbre 1 .204.113 35
Impôt sur les valeurs mobilières 16.944 37
Droit sur les alcools 1 . 472 . 64'-*
Licence des boissons (fabrication et vente) 554 . 025
— tabacs — — 68 '^'•'5
Autres contributions diverses 45.356 15
Vente des tabacs de l'Etat 7ul 575 65
Vente des poudres 176.288 99
Postes 900.806 30
Télégraphes 412. 439 43
Téléphones 34.221 34
Forêts domaniales 113.363 62
Domaine de l'Etat (non compris les forêts) 443 . 380 08
Produits divers du budget J 28. 355 84
Recettes d'ordre 987.856 52
Les revenus départementaux ont été en 1897 de 3 mil-
lions 164.751 fr. 69 se décomposant comme suit :
Franc !^
Impôts arabes 1 .473.713 03
Centimes additionnels 247.222 73
Produits éventuels 1 . 140 . 561 84
Recettes extraordinaires 303.254 09
Les dépenses départementales se sont élevées à 2 mil-
lions 894.653 fr. 18. Le nombre des centimes départe-
mentaux tant ordinaires qu'extraordinaires est de 29. La
dette départementale était au 31 mars 1897 de 3 millions
700.531 fr. 95.
Les 105 communes du déparlement avaient en 1898
un revenu global ordinaire de 7.386.761 fr. dont 1 million
712.415 pour la ville d'Oran. Elles dépensaient à ce titre
6.210.365 fr. La moyenne des centimes était de 28 par
commune : 26 étant imposées de moins de 15 cent.. 10 de
15 à 30 cent., 62 de 31 à 50 cent, et Oran de 78 cent.
La dette totale des communes s'élevait au 31 mars 1897
en capital à 21.580.109 fr. dont 11.907.718 fr. pour
la ville d'Oran.
Etat intellectueL — iu point de vue de l'instruc-
tion. le dép. d'Oran a encore beaucoup à gagner. Sur
1.829 conscrits de la classe 1895, et sur 1.695 dont a pu
vérifier Einstruction, 172 ne savaient pas lire. C'est une
ORAN — ORANG
462
proportion de iO illettrés pour 100, considérable pour
une population française. Elle est bien pire pour les étran-
gers et pour les indigènes.
Durant Tannée scolaire 1897-98, voici quelle était la
situation scolaire. Il existait : 333 écoles primaires, dont
298 publiques (293 laïques) et 33 privées (5 laïques) ;
48 écoles maternelles, dont 30 publiques (26 laïques) et
18 privées (toutes congréganistes. (Le nombre des élèves étaii
dans l'ensemble de ces écoles :
Garrons Fill(is
Français 8.308 8.230
; >W: Etrangers 9.835 9.339
Israélites 3.404 3.212
Musulmans 3 . 697 722
La proportion d'absences est en moyenne d'un peu
moins de 30 %, les indigènes inscrits étant plus assidus
que les Européens. Mais ceux-ci sont à peu près tous ins-
crits, tandis que l'immense majorité des enfants indigènes
échappent à notre enseignement, en particulier les filles,
desquelles il n'atteint guère plus de 4 °/o. On a créé pour
eux 14 classes spéciales annexées aux écoles européennes et
23 écoles publiques spéciales ; ces dernières, moins dévelop-
pées dans le dép. d'Oran que dans les deux autres d'Algérie,
reçoifvent à peine 1 .900 élèves. L'enseignement primaire supé-
rieur public était donné en 1893 à 176 garçons et 99 filles.
privé à 77 garçons et [6 filles. Le certificat d'études pri-
maires fut décerné à 414 garçons et 342 filles, le certi-
ficat d'études primaires supérieures à 3 garçons. Une bonne
école d'apprentissage fonctionne à Oran. Les cours d'adultes
recevaient, en 1893-96, 1.328 auditeurs, dont 303 fran-
çais, 210 Israélites, 413 musulmans et 400 étrangers. Il
y avait 6 bibliothèques pédagogiques, nanties seulement
de 2.383 volumes. Les 39 caisses d'épargne scolaires
avaient délivré, en 1893-96, 369 livrets, d'un montant de
12.307 fr. Les 6 caisses des écoles avaient encaissé 1 .268 fr.
et dépensé 1.013 fr. dans l'exercice. Ces institutions,
annexes des écoles, sont donc peu développées ; beaucoup
moins que dans le reste de l'Algérie. — L'Ecole normale
d'institntricee d'Oran a une quarantaine d'élèves, il n'y a
pas d'école normale d'instituteurs. Le brevet de capacité
fut obtenu en 1893 par 12 aspirants et 62 aspirantes ; le
brevet supérieur par 12 aspirantes. Le total des dépenses
de l'enseignement primaire public est de 1.600.000 fr.
environ.
L'enseignement secondaire se donne au hcée de gar-
çons d'Oran, aux collèges communaux de garçons de Mos-
taganem et de Tlemcen, comptant ensemble, en 1898, un
total de 878 élèves, dont 691 français, 138 Israélites,
18 musulmans et 31 étrangers. Le collège des jeunes filles
d'Oran a 200 élèves.
Etat moral. — La criminalité est assez élevée et la
sécurité souvent menacée. Du 1^^ juil. 1897 au 30 juin
1898, on a constaté 2.942 attentats contre les personnes,
3.241 contre les propriétés, 2.861 crimes et délits contre
la chose pubhque. Il a été arrêté de ce chef 3.947 per-
sonnes. Les attentats commis par les indigènes contre les
Européens représentent environ le tiers de ces chiffres :
1.089 contre les personnes, 1.740 contre les propriétés ;
le premier surtout est très considérable, cinq fois plus
que dans le reste de l'Algérie. La gendarmerie dispose de
39 brigades à cheval et 11 à pied. On a expulsé 233 étran-
gers dont 133 Marocains et 89 i^^spagnols. Les adminis-
trateurs des communes mixtes ont prononcé en vertu de
leurs pouvoirs disciplinaires 3.624 condamnations dans
l'année 1897, soit 12 pour 1.000 indigènes, généralement
pour motifs fiscaux.
L'assistance publique s'organise progressivement. Il
existe (en 1896) 11 bureaux de bienfaisance comprenant
dans leur ressort 232.738 liab. ; ils ont secouru 838
Français, 3.099 Espagnols, 101 autres étrangers euro-
péens, 377 indigènes Israélites et 1.239 musulmans. Leurs
recettes de l'année étaient de 73.778 fr. ; leurs dépenses
de 34.129, consistant surtout en distributions d'aliments.
' Le département n'a pas de dé})(')t de mendicité. Il a un mont-
de-piété à()ran([ui, en 1896, a prêté 1.109.830 fr. sur
77.030 objets; les cinq sixièmes ont été dégagés. — Le
département renferme (en 1896) 2 hôpitaux, 2 hôpitaux-
hospices et 1 hospice, desservis par 18 médecins, 34 re-
ligieux, 69 employés el servants. Ils renferment 719 lits
de malades, 228 de vieillards et infirmes, plus 94 pour
le personnel. On y a traité 12.027 malades, dont 8.833
militaires ; 473 y sont décédés, dont 187 militaires. Le
budget hospitalier était de 369.307 fr. aux recettes et
323.821 aux dépenses. Un hôpital indigène a été cons-
truit à El-Abiod-Sidi-Chciidi et fonctionnera en 1899. —
Le département entretenait, au 31 déc. 1896, 163 aliénés.
— Il avait à sa chai'ge 122 enfants assistés pour lesquels
il dépensait 34.280 fr.
Les œuvres de prévoyance soiU assez développées,
parmi la population française seulement. 11 existait, en
1896, 14 sociétés de secours mutuels, compi'enaut 2.021
membres participants, dont 1.860 majeurs parmi les-
quels 1.361 Français; leur avoir disponible était au
1^^ janv. de 77.711 fr., leurs recettes annuelles de
44.347 fr., leurs dépenses de 42.426 fr. — L'adminis-
tration a constitué dans 18 communes mixtes des sociétés
indigènes de prévoyance, de secours et de crédit mutuels
qui possèdent 1.069.840 fr. dont 328.838 prêtés; elles
ont en silos des grains pour une valeur de 366.112 fr.
et en ont prêté pour 201.442 fr. Avec les cotisations
dues, leur actiftotalau30 sept. 1897 est de 1.630.802 fr.
— Les caisses d'épargne d'Oran. Mostaganem et Tlemcen
avaient, au 31 déc. 1H97, 3.083 livrets d'un montant
total de 1.193.168 iV. Les déposants sont presque uni-
quement des Fran^'ais. Pour Fannée précédente, la caisse
nationale d'épargne avait reçu de 26.083 déposants
2.603.383 fr. et avait remboursé 2.438.419 fr. à 13.248
déposants. A. -M. Berthelot.
t^iBL. : V. Algérie, — Les principaux documents offi-'
('iels sont la Staiisluiuc (jénêrdle do l'Algérie (triennale),
VExjiosê annu(;l de la situation annexé aux procès-ver-
baux du Conseil supérieur de l'Algérie, la Situation fiimn-
cièro des connnunes et les documents budgétaires, en par-
ticulier les Comptes définitifs des receltes, les Statistiques
annuelles des chemins d(^ i'er (t. II), de l'industrie miné-
rale, etc. — Le Congrès de l'Association française pour
l'avancement des s(nences tenu à Oran en 1888 donna lieu
à un bon résumé : Oriui et V Algérie en 1881. — Le Bulle-
tin trimestriel de lu Soc. de géogr. et arcliéol. de laprov.
d'Oran est fort intéressant. — On peut encore citer : Gé-
néral DESMiCHELS.Ora/i; Paris, 1835. — L¥.CLERC,les Od sis de
la proo. d'Oran; Alger, liS52. —Léon Fey, Ihst. d'Oran;
Oran, 1858. — L. de Colomb, Exploration des Ksours et
du Saliarade la p}'Oc. d'Oran ; Alger, 1858. — Capitaine
V. Uerrécagaix, le Sud. de la prov. d'Oran. dans Bull,
Soc. géogr.. janv. et mars 1873.
La carte àù 1/50.000° ne s'étend encore qu'à une partie
du Tell ; celle au 1/200.000 fort ])ratique ne dépasse guère
non plus le Tell et est complétée par une carte du Sud
oranais au 400.000 en quatre feuilles dressée en 1855 et
révisée depuis. — Pomel et Pouyan^-e ont dressé une
carte géologique d'Algérie au 1/800.000'' dont les deux
feuilles occidentales embrassent le dép. d'Oran.
ORANG (Zool.). Un des quatre genres de Singes An-
thropoïdes (Y. ce mot), désigné dans les catalogues sys-
tématiques sous le nom latin de Simia. Le nom à'Ovang
ou Orang-Ouian est emprunté à la langue malaise et si-
gnifie « homme des bois '\ Comparé aux autres grands
Anthropoïdes (Gorille et Chimpanzé), l'Orang se distingue
par son crâne plus arrondi, à région frontale élevée, le mu-
seau formant une saillie très prononcée au-dessous des
orbites; les membres antérieurs sont beaucoup plus déve-
loppés que les postérieurs, les doigts touchant les che-
villes dans la position verticale; le pouce est très court,
n'atteignant pas la base de l'index. Comme chez les autres
anthropoïdes, la formule dentaire est celle de l'homme,
mais les canines sont beaucoup plus développées et forment
une saiUie considérable aux deux mâchoires. La couronne
des molaires porte des tubercules compliqués. L'Orang se
trouve dans leN.-O.etle S. -E.de Bornéo et dans l'E.de
Sumatra. Son pelage est d'un roux tirant plus ou moins
vers le brun, avec la face et les autres parties nues d'un
463
ORANG
gris ardoisé. On n'est pas encore fixé sur la question de
savoir s'il en existe une ou plusieurs espèces.
A Bornéo, ces grands Singes habitent les contrées basses,
marécageuses et couvertes de forêts vierges de l'intérieur
de l'île, où l'homme ne peut séjourner sans contracter les
lièvres paludéennes si dangereuses sous les tropiques. Le>>
Dayaks, qui habitent les côtes de Bornéo et pénètrent peu
dans l'intérieur, construisent leurs habitations sur pilotis,
mais quelques familles se sont étabHes sur les montagnes
isolées qui dominent les vallées, et y ont planté des arbres
fruitiers qui attirent lesOrangs. Ceux-ci dévorent les fruits
avant qu'ils soient mûrs, mais se retirent toujours le soir
dans leurs forêts. Ils sont assez communs dans les parties
basses de la vallée du Sadong ; mais dès qu'on s'élève au-
dessus des limites oti l'influence des marées se fait encore
sentir, empêchant le sol de sécher d'une façon durable, on
ne trouve plus d'Orangs. Ceux que l'on capture ont sou-
vent de la boue jusqu'aux genoux, ce qui prouve qu'ils ont
marché dans des endraits dégarnis d'arbres, ce qu'ils ne
font que lorsqu'ils y sont absolument forcés. Ces animaux
ne vivent bien que dans ce milieu à la fois chaud et
humide, où le sol reste constamment mou et spongieux
comme dans nos serres chaudes à terre de bruyère ; même
à Bornéo, ils dépérissent rapidement lorsqu'on les amène
sur la côte où sont installées les factoreries européennes.
Les mœurs des Orangs à l'état de liberté sont très mal
connues. On trouve rarement plus de deux ou trois individus
ensemble ; ce sont généralement des jeunes qui suivent
leur mère, mais, dès l'âge de trois ans, ils sont en état de
se suffire à eux-mêmes et font bande à part. Les vieux
mâles vivent solitaires en dehors du temps de la reproduc-
tion. D'ailleurs le régime de ces animaux ne leur permet
pah de vivre en bande. Il faut chaque jour à un Orang
adulte une grande quantité de fruits à sa convenance, ({u'il
ne se procure pas sans faire beaucoup de chemin dans les
branches des arbres. Le fruit du Durion (Dwio rJbethl-
nus), qui atteint la taille d'un melon, est celui dont il fait
la plus grande consommation : la pulpe de ce fruit est sa-
voureuse bien qu'elle ait une odeur musquée ou alliacée,
à laquelle l'homme lui-même s'habitue assez facilement.
J^es Orangs détruisent beaucoup plus de fruits qu'ils n'en
mangent, et la place où ils ont fait un repas se recon-
naît facilement aux nombreux débris qui jonchent le sol
au pied des arbres. Ils ne descendent à terre que pour
boire, et seulement lorsque l'eau provenant des pluies et
qui s'amasse à l'aisselle des grandes feuilles engainantes
vient à ûiire défaut.
Pour passer la nuit, les Orangs se construisent une
espèce de nid, ou plutôt d'abri, formé de branches d'ai'bres
entrelacées ; lorsque le vent est froid ou qu'il pleut, ils se
couvrent à l'aide des grandes feuilles du Pandaniis. Atta-
qués par l'homme, à coups de fusil, ils cherchent à se dé-
rober dans le feuillage, et lorsque celui-ci n'est pas assez
touffu, on les voit briser les branches à leur portée avec
une aisance et une rapidité surprenantes et s'en former un
rempart qui les dissimule aux yeux dos assaillants, bleuie
blessés, ils arrivent ainsi à se soustraire à la vue des chas-
seurs, et il faut isoler et jeter bas l'arbre qui les porte
pour s'en emparer. Les Dayaks les prennent vivants en
les cernant de proche en proche, a])attant les arbres qui
pourraient leur servir à s'échapper, et lorsqu'ils sont accu-
lés sur un seul arbre les forçant par la famine de tomber
dans un piège construit à l'avance. C'est une fosse pj'o-
fonde que l'on recomre de branchages cédant facilemeui
sous le poids de l'animal : au milieu, on place, en évi-
dence, des fruits ({ui servent d'appâts. Les Orangs tombent
dans la fosse, et dès lors leur capture est assurée. C'est
ainsi ([n'ont été pris, dit-on, les deux individus adultes (jue
l'on a \u, à Paris, au commencement de 189^. Cette cap-
ture n'est pas toujours sans danger, car pendant que l'on
jetait suj* eux le solide filet destiné à paralyser leurs mou-
vements, Jun d'eux réussit à dégager un de ses énormes
bras et étranola deux des chasseurs.
Les deux Orangs de grande taille (désignés sous les noms
de Maurice et Max) exhibés au Jardin d'Acclimatation en
janv. 4894, ont permis de se faire une idée de la force de
cet animal lorsqu'il a atteint tout son développement. Le
tronc est massif et la capacité de la poitrine égale celle
d'un homme de la plus grande taille ; cependant Maurice,
le plus grand des deux, n'avait que i"^,40 du talon au
sommet de la tête, ce qui tient à la brièveté des jambes,
qui dépassent rarement 0^",90,et du cou qui n'existe poin*
ainsi dire pas, comme chez tous les Singes Anthropoides.
Par contre, les bras ont i^\0o, et l'envergure (les bras
étendus) est de 2^^\6:^, d'a})rès les mesures prises sur
Maurice immédiatement après la mort. Cet Orang pesait
78 kilogr. et demi, tandis que le poids moyen d'un Fran-
çais n'est que de 63 kilogr. La brièveté des jambes donne,
à première vue, l'impression d'un cul-de-jatte : elle est
beaucoup plus marquée ici que chez le Gorille (V. ce
mot), (}ui, dans la station debout, atteint i'^,67. Il est
évident (pie l'Orang se sert beaucoup plus rarement de ses
membres postérieurs, et que l'habitude de vivre accroupi
sur les branches a amené l'atrophie l'elative de cette paire
de membres, qui, malgré sa brièveté, est cependant robuste
et bien musclée et se termine par un pied énorme, en
forme de main. Mais c'est le membre antérieur qui sert
Tète d'Oraiii^, vue de l'ace.
surtout à la locomotion et la main qui le termine est re-
marquablement allongée, ce qui fait paraître le pouce très
court. Cette atrophie relative du pouce est en rapport a^ec
la forme générale de la main, dont les doigts restent ton-
jours plus ou moins recourbes en forme de crochet, et per-
mettent à l'animal de se cramponner soHdement aux arbres,
même sans le secours d'un pouce opposable. La paume a
10 centim. de long et le doigt médian 13 centim. Le bras
est très puissamment musclé : chez Maurice, ?,^dvto]\ïii-
rence au niveau du biceps dépassait 40 centim.
Ce qui donne à l'Orang adulte une physionomie bien
différente de celle des autres Anthropoïdes, c'est la pj'é-
sence de ces protubérances, que nous avons nommées /7?v;-
tubérances ourliennes. et qui se voyaient chez Maurice
de chaque côté de la face, entre les jouco et l'oreille. Max.
bien que parfaitement adulte, en était dépourvu, ou du
moins ne les présentait (|u'à l'état rudimenlaire. Il e.-^l
probable que (*e singuUer ornemejit ne se développe que
chez le inàle âgé, et la plupart des Orangs que l'on avait
amimés jus(pi'ici vivants en fÀu'ope n'en présentaient pas
trace. La face de Maurice ainsi élargie par ces appen-
dices, dont notre ligure monli'e exactement la forme,
avait 35 centim. de large; on a wi des Orangs qui avaient
38 centim. d'un lobe à l'autre. Sur Maurice, le bord de
ces lobes était aplati comme le bord d'uiic assiette ; mais
il est probable qu'à l'époque de la reproduction, ces pro-
tubérances se gonflent en forme de bourrelets. L'examen
histologique montre que ces appendices sont constitués
d'un tissu cellulo-graisseux, soutenu par une trame fibreuse
OKANG — 464
recouverte par la peau ; les cellules adipeuses sont très
abondantes ; on y trouve en outre (pielques minces fibres
musculaires striées et des laines élastiques. En somme,
ces excroissances adipeuses paraissent correspondre à la
boule graisseuse de Bichat, qui existe, à l'état rudimen-
taire, chez l'homme, plus développée chez les individus qui
engraissent avec Tàge. Des excroissances adipeuses moins
développées se voient chez TOrang, au fronl et à l'occi-
put .
L'élévation du front, la petitesse des yeux très rappro-
chés l'un de l'autre et presque ronds, la dépression que
présente la racine du nez et (jui accentue encore le pro-
gnathisme des màchoh'cs. lepeudc saiUie et d'écartement
des narines, la longueur de la lèvre supérieure très mince et
très mobile, sont autant de caractères propres à l'Orang
et qui le distinguent du Gorille et du Chimpanzé ; les oreilles
sont petites cojnme dans le premier de ces deux genres.
C'est surtout l'élévation de la région frontale qui donne à
la tète de l'Orang un aspect plus humain que celui des
grands Singes africains. Le crâne est brachycéphale, ce
qui augmente cette ressemblance.
Un autre caractère qui sépare l'Orang à la fois de
riiomme et des grands Singes africains est la présence de
sacs laryngiens très développés et qui forment une sail-
lie \isible extérieurement sous les téguments du haut delà
poitrine. Il existe deux sacs, mais ordinairement le gauche
se développe plus (pie le droit, ce qui a fait croire (pi'il
était unique; il forme une large poche médiane séparée
Tctc d'Orang (Maurice), vue de profil
(d'après une photographie).
du sac droit par une mince cloison ; tous deux ont une
enveloppe commune de lissu conjonctif. Ces sacs revêtent
le cou, le haut de la poitrine, et s'étendent jusque sur l'ar-
ticulation scapulo-humérale. Sur Maurice la capacité du
sac gauche était telle que l'on pût y injecter 8 kilogr. de
suif. Ce sac communique par un pédicule avec la portion
supérieure du ventricule de Morgagni ou ventricule laryn-
gien. Il diffère sous ce rapport des sacs desAtèlcs qui sont
situés au-dessous des cordes vocales : ici l'ouverture est
au-dessus des cordes vocales. Cependant, il est certain
<pie ce vaste réservoir aérien, qui se gonfle quand l'ani-
mal crie, modifie le son de la voix. Les Orangs, lorsqu'ils
sont irrilés. font entendre une sorte d'aboiement court et
guttui'dl qui résonne profondément dans leur poiti'iiie.
L'avortement du sac (h'oit. néanmoins?, semble indiquer
qu'il s'agit d'organes en voie de disparition. Ces sacs ont
probablement encore un autre usage: nous avons dit com-
bien le cou était court chez l'Orang; il en résulte ((ue la
tète est jjrojetée en avant de manière que la mâchoire in-
férieure touche la poitrine : les sacs laryngiens consti-
tuent un coussinet aérien protecteur qui supporte le poids
de cette tète, très lourde chez l'adulte, et la séparent des
organes pulmonaires. Parmi les autres particularités ana-
tomi(pies, il convient de signaler la présence d'un os pénial
(qui existe aussi chez le Gorille et le Chimpanzé), et qui
a iT inillim. de long. Cet os est enchâssé comme un ongle
dans le corps caverneux.
Le cerveau est loin d'être aussi développé que pourrait
le faire croire le volume extérieur de la boite crânienne.
Le cerNcau de Maurice ne pesait que 400 gr., tandis (pie
le cerveau de l'homme pèse de 1.350 à i.400gr. En effet,
le volume de la tète chez l'Orang adulte dépend surtout
Oraiig adulte
des ci'ètes cj'aniennes très élevées, et des muscles puis-
sants (pii s'y attachent, de la sailhe de la j'égion faciale
deux fois plus développée que la région cérébrale ; cette
tète est encore alourdie par le poids des protubérances
ourliennes et des dents énormes qui garnissent les mâ-
choires. On sait que chez le jeune Orang, le crâne est
moins épais et plus arrondi, les mâchoires moins saillantes
et moins lourdes que chez l'adulte, de telle sorte que le
cerveau est, relativement au volume de la tète, beaucoup
plus développé. L'intelligence semble en rapport avec ces
proportions du cerveau : le jeune Orang est beaucoup plus
doux et plus éducable que l'adulte ; chez ce dernier, les
facultés bestiales paraissent avoir pris le dessus, autant
du moins qu'on en peut juger d'après les individus captu-
rés à l'âge adulte. Reste à savoir s'il en serait de même
chez les individus pris jeunes, et que l'on pourrait élever
en captivité jusqu'à l'âge de quinze ou vingt ans.
On remarque, néanmoins, que chez ces grands Singes,
les mouvements sont plus lents, plus mesurés et plus
réfléchis que chez les autres Singes. A l'état de repos,
leur attitude est calme, indifférente et débonnaire. Mais
qu'on les irrite, immédiatement l'aspect change : les yeux
deviennent vifs et menaçants, la tête se porte en avant,
les sacs laryngiens se gonflent brusquement, les lèvres se
465 —
ORANG — ORANGÉ
projettent dans une moue de menace ou se relèvent, dé-
couvrant les dents qui grincent ; le corps, penché en
avant, est soutenu par les bras tendus, raidis, les mains
fermées appuyant sur le sol par leur face dorsale ; l'ani-
mal présente alors un air de férocité à faire reculer
riiomme le plus brave. Des deux Orangs dont nous avons
parlé, }Iajc\ le plus jeune, était le moins sociable.
Malgré tout cela, TOrang n'est pas dépourvu de sen-
sibilité, et si l'on s'en rapporte à quelques faits observés
en captivité, le sentiment de la famille serait très déve-
loppé chez lui. Le Jardin zoologique de Calcutta possédait,
il y a quelques années, une intéressante famille composée
d'un mâle et d'une femelle qui allaitait son petit. De peur
que le mâle ne nuisît à ce dernier, on l'avait séparé de la
femelle, mais tous deux pouvaient se voir à travers les
barreaux de leur cage. Malgré la température élevée du
climat du Bengale, au bout de dix-huit mois de captivité,
la femelle mourut la première. Le mâle en fut très affecté,
et dès lors il ne cessa de dépérir. Chaque jour, il montait
sur le toit de la grande cabane où on les avait logés et
s'y tenait assis, les yeux fixés dans la direction oti il avait
vu emporter le corps de sa compagne. Il restait ainsi
exposé aux rayons d'un soleil brûlant, sans qu'on pût le
décider à se mettre à l'abri tant qu'il faisait jour. Il finit
par être frappé d'insolation, et, devenu aveugle et para-
lysé, il fut incapable de se mouvoir. Il mourut sept mois
après. Quant à la jeune femelle que la mère avait nourrie
de son lait avec la plus grande tendresse, lorsqu'elle vit
emporter le cadavre, elle montra tous les signes de la
plus profonde affliction, s'efforçant de suivre le corps, et
lorsqu'on s'y fut opposé se mit à pousser des cris plain-
tifs et se roula par terre dans un paroxysme de douleur.
Les larmes seules manquaient à l'animal pour que sa
douleur eût tout à fait une apparence humaine.
On sait que les anciens naturalistes avaient classé le
jeune et l'adulte en deux genres différents {Pithecus ou
Simia et Pongo), ne pouvant admettre que les diffé-
rences qui les caractérisent puissent tenir simplement à
l'âge. On peut dire que chaque individu décrit par les
naturalistes européens a été considéré comme une espèce
distincte, de sorte que la synonymie est très compliquée.
Aujourd'hui encore, on n'est pas complètement fixé sur
l'unité ou la pluralité des formes spécifiques que renferme
le genre Orang. Les naturahstes du musée de Calcutta,
qui ont examiné un grand nombre de spécimens de ce
genre, sont portés à admettre que F Orang de Sumatra
constitue une espèce ou tout au moins une sous-espèce
distincte de celui de Bornéo ; celui-ci gardant le nom de
Simia satynis, l'autre serait le Simia Abelii de Fis-
cher, d'après la description de Clarke Abel (i8"i5), Singe
dont on ne possède plus que le crâne et dont le jeune serait
le Simia bicolor d'Is. Geoffroy (1841) ; cette variété est
en effet plus rare que celle de Bornéo. Mais aucun des
caractères extérieurs indiqués comme propres à cette
forme (pelage d'un roux plus clair, présence d'une longue
barbe au menton, moindre développement des protubé-
rances ourhennes, etc.) ne semble constant, et Milne-
Edwards est d'avis qu'il n'existe qu'une espèce. Plus ré-
cemment, Selenka (d'Erlangen) a publié un travail dans
lequel il admet jusqu'à neuf sous-espèces distinctes, pro-
venant soit de Bornéo, soit de Sumatra, aux dépens du
Simia satynis des auteurs. — La paléontologie de ce
genre est peu connue ; cependant on a des raisons de
croire que l'Orang a existé sur le continent asiatique à
l'époque tertiaire ; 'ine canine du pliocène des Siwaliks a
été décrite par Lydekker sous le nom de Simia satynis
fossiiis (V. Anthropoïdes et Primates). E. Trouessart.
BiBL. : A. MlL^•E-En^vARl)?î, Deniker, Boulart, De
PoussARGUES Gt Delisle, Obsercatioiis sur deux Oninqs-
Outangs adultesmorts à Paris (Arch. Mus. Paris, 1895, Vil,
p. 31, avec 5 pi.). — E. Selenka, Die Ro.sscn und der
Zahnwecfisel der Orong-Utan {Mt Ah., Berlin, 1896, III,
p. 131).
ORANG-KouBoc (V. Koubou).
GRANDE ENCYCLOPÉDIi:. — XXV.
ORANG-Ot (V. Bornéo | Ajitbrop. ]).
ORANG-Sakaï (Antbrop.). Le nom d' orang, qui a le
sens dliomme, est commun, en pays malais, à des peuples
différents, généralement pas malais ou menant la vie sau-
vage. Et c'est le terme dont on l'accompagne, son attri-
but, qui sert à distinguer ces divers peuples (V. Sakajs).
ORANGÉ. I. Industrie. — Il existe un grand nombre
de couleurs et de matières colorantes orangées; nous ne
citerons ici que les plus caractéristiques.
On rencontre dans le commerce sous le nom d\)ramjé
de chrome ou de pâte orange des mélanges en proportions
variables de cbromate neutre et de chromate basique de
plomb ; leur nuance varie avec la proportion de ces deux
substances et les conditions de la préparation. On obtient
ces couleurs en précipitant l'acétate basique de plomb
(extrait de Saturne) avec du chromate de potassium. On
fait bouillir le jaune de chrome avec un lait de chaux, ou
bien on traite le jaune de chrome, chromate neutre deplomb,
par une quantité de soude insutiisante pour le transformer
en rouge de chrome, c.-à-d. en chromate basique.
L'industrie des matières colorantes organiques produit
des orangés de nuance et de solidité variables; il convient
de citer en premier lieu l'orangé d'alizarine qui possède,
comme toutes les couleurs dérivées de l'anthracène, la so-
lidité de la garance, les orangés Poirier qui ont joué un
rôle considérable dans l'histoire des matières colorantes,
mais dont l'emploi a beaucoup diminué, les orangés Mi-
kado, Victoria, d'aniline, de crocéine, etc.
Orangé d'alizarine. Strobel remarqua en 1875 qu'un
tissu teint en alizarine prenait une belle teinte orange très
vive quand on le soumettait à l'action des vapeurs nitreuses,
il communiqua son observation à Rosensthiel qui parvint à
démontrer que le corps orangé était une alizarine mononi-
trée.Il en fit en outre la synthèse par l'action de l'acide
nitreux sur l'alizarine. L'année suivante, Caro réussit à
fabriquer industriellement la nouvelle matière colorante
pour les usines de la Badische Aniline.
L'orangé d'alizarine est la iB-mononitro-alizarine. Elle
cristallise facilement en belles aiguilles orangées ou en
lamelles qui fondent vers 240^ en se décomposant par-
tiellement. L'alcool, le chloroforme, la benzine dissolvent
facilement ce produit qui possède une fonction acide, la
présence du groupement nitré renforçant la fonction fai-
blement acide des groupes phénols ; aussi l'ammoniaque,
les carbonates alcalins donnent avec elle des sels alca-
lins solubles dans l'eau en pourpre. L'acide sulfurique
donne une solution d'un beau jaune d'or.
La baryte, la chaux donnent avec l'orangé d'alizarine
des sels insolubles; aussi faut-il éviter la'présence des
sels de chaux dans la teinture en orangé d'alizarine, ces
sels précipiteraient une quantité notable de matière co-
lorante qui serait perdue.
L'orangé teint les étoffes mordancées aux sels d'alu-
mine en rouge orangé, en violet noir les étoffes moi'dan-
cées au fer, et en brun les fibres passées au chrome. La
laine et la soie fixent solidement cette matière sans inter-
médiaire de mordants; la teinte obtenue est rouge noire.
Divers procédés sont employés pour sa préparation. Au
début, on se contentait de faire passer des vapeurs ni-
treuses sur de l'alizarine étendue en couches minces dans
une chambre close ; le procédé a été très amélioré de-
puis, et l'on obtient aujourd'hui des rendements pres([ue
théori(pies. On fait passer le courant de vapeurs nitreuses
jusqu'à saturation dans une solution d'alizarine, dansl'éther
ou dans l'acide acétique. On peut même simplifier en évi-
tant la préparation de vapeurs nitreuses; en solution
acétique et en présence d'acide borique, l'acide azoti(jue
nitre directement l'alizarine sans l'oxyder.
Orangé d'aniline. L'orangé Victoria ou orangé d'ani-
line est un mélange des sels potassiques ou ammoniques
du dinitroorthocrésylol et du dinitroparacrésylol. On le
prépare en traitant par l'acide azotique les acides ortho-
crésolsiilfonique et paracrésolsulfonique ou bien le diazo-
30
OlUNGÉ — OKANGE
— /M -
toluène. On l'a employé pendant quelque temps à la place
du safran pour colorer les aliments jusqu'au jour où l'on
a reconnu qu'il était vénéneux.
Orangés Poirier, Z. Koussin découvrit en i87G un
grand nombre de ponceaux et d'orangés résultant de la
diazotation avec des naphtols ou des naphtols sulfonés.
La même année, la maison Poirier en France les prépa-
rait industriellement. Cette découverte marque une époque
importante dans l'industrie des matières colorantes, car
c'est la première fois que les dérivés de la naphtaline
prennent place dans cette industrie et en même temps les
dérivés sulfonés qui élevaient prendre par la suite une si
grande importance. L'honneur de celte découverte revient
incontestablement à Z. Koussin, quoiqu'on ait voulu en
attribuer le mérite à Griess qui ne fit paraître sur la question
qu'un simple mémoire théorique, mémoire qui d'ailleurs est
postérieur à celui de Z. Roussin. Les premiers orangés résul-
taient de l'action de diazoïques de l'acide sulfanilique sur
les a et les p-naphtols ; Caro remplaça plus tard 1 anihne
par la naphtylamine, et Baum introduisit les dérivés sul-
fonés des naphtols.
Parmi les orangés obtenus, citons : Vorangé I ou tro-
péoUne 000 résultant de la diazotation de l'acide sulfani-
lique et de l'a-naphtol, Vorangé II on chrgsauriné ou
orangé d'or obtenu dans des conditions semblables, mais
en remplaçant Ta-naphtol parle p-naphtol. L'orangé 11 I
m\ hi'liantliine est préparé avec l'acide sulfanilique et la
diméthylaniline. L'hélianthine est peu employée comme
matière colorante, elle est surtout usitée par les chimistes
comme indicateur en remplacement du tournesol ; elle e^t
rouge avec les acides, jaune avec les alcalis et n'accuse
(jue des acides forts. L'acide phosphorique, par exemple, en
présence d'héUanthine, vire du rouge au jaune quand on
ajoute une molécule d'alcali pour une molécule d'acide
phosphorique; l'hélianthine accuse l'acide phosphorique
comme acide monobasique. L'acide borique, qui est un
acide faible, n'agit pas sur l'hélianthine, de sorte que des
solutions de borax se comportent comme des solutions
alcalines. On peut en alcalimétrie remplacer les alcalis par
le borax si l'on prend comme indicateur l'hélianthine.
Orangé Mikado. C'est une substance azotique qu'on
obtient en traitant le paranitrotoluéne sulfoné par les alca-
lis en présence des oxydants. Cet orangé est assez solide
à la lumière, mais ses applications sont néanmoins assez
limitées.
Orangé de salicijle. L'orangé de salicyle est le sel so-
dique de l'acide monobromodinitrosalicylique ; il se forme
quand on fait agir l'acide nitrique sur l'acide bromosali-
cylique. Le premier terme de la réaction est le dérivé mo-
nonitro ou jaune de salicyle. On n'emploie plus aujoui*-
d'hui ce composé en teinture. C. Matignon.
IL Art héraldique. — Cette Jiuance s'emploie quel-
(piefois; il n'existe pas de hachures uniformément adoptées
pour la désigner.
i^ii'.L. : Ko8j:xstiiiei.. Comptes rendus, Iblik t. LXXXJI.
]). (SG. — Du môme, t. LXXXIII. }). 73. — ^lonlteiw scioitA-
(i<iae, 1879, p. 501. — LiiFF-uviir:'. Truiié des matières colo-
riintes, Paris; Revue des miHièrcs colovHrdes^ Paris.
ORANGE (V. Oranger).
ORANGE. Fleuve de l'Afrique australe. Garih des indi-
gènes, nom qui, dans leur langue, signifie « rivière » et
que les cartes hollandaises ont traduit par Gariep ; les
Boers dirent aussi « Grande Rivière », Groote liivier. Le
nom (ï Orange lui fut donné pour la première fois
en iTTti par le capitaine Gordon, au service de la Hol-
lande, puis ])ar lui et le lieutenant anglais Patterson,
en 1779, en l'honneur du prince d'Orange. C'est un des
l!eiives de l'Afrique les plus considérables par sa longueur,
sinon par sa masse liquide. Il traverse presque toute cette
portion australe du continent. Si l'on tire une ligne droite
de son embouchure, à l'O., par SS'^ 40' lat. S., 44'^ 10'
long. E,, à ses sources au Cathkin-Peak, et qu'on la pro-
longe, elle aboutit, sur la cote orientale, à l'embouchure
de la Tugela, dans l'océan Indien, parlai. S. 29^ 10', long.
E. ''2^'^ 10'. La distance à la souice depuis l'embouchure
est 'de plus des huit dixièmes de la traversée totale. Le
cours développé est de :2. 140 kil. (2.470 kil. pour le bas
Orange et le Vaal, son grand affluent, dont les sources
sont plus éloignées). Son bassin comprend un espace de
1.275.000 kil. q.
Le fleuve Orange nait au S. du Cathkin (3.160 m.) par
une branche que l'on considère comme la rivière maîtresse,
sous le nom de Senkou, et qui descend la haute vallée du
Basutoland, comprise entre les Malouti au N.-O. et les
Drakensberg au S.-E., en parcourant le district dans la
direction duS.-O. Il reçoit, dans cette partie de son cours,
à droite, le Senkounyané ou Petit Senkoii, affluent im-
portant, pids le Matitsoumjané , remarquable par sa cas-
cade de 181 m. Plus bas, à gauche, c'est le Tees, qui
nait du Witteberge ; puis, au sortir de la région monta-
gneuse, à la frontière de l'Etat Ubre d'Orange et de la
colonie du Cap, un affluent droit venant du mont Macha-
cha, le Kornetspruit ou Makhaleng, vient s'y jeter. Le
fleuve Orange suit toute cette frontière méridionale en for-
mant une courbe à concavité N. jusqu'au GiîqualandWest.
Il reçoit dans ce parcours, sur sa rive gauche : le Kraaï,
qui descend des Storm et, grossi du Ho lie, conflue près
d'AIiwal-North ; le Stonnberg, grossi du Wanderbooni
et qui passe par Burghersdorp ; à droite se présente en-
suite un grand affluent, le Catédon ou Mogokar, né pai*
deux branches, dites le Grand et le Petit Calédon. sur
le versant oriental du mont aux Sources, séparant d'abord
le Basutoland de l'Etat libre, puis arrosant, en le traver-
sant par ses deux rives, le coin S.-E. de celui-ci avant de
déboucher dans le grand fleuve, à 10 kil. au S. de Bé-
thulie. Des affluents méridionaux viennent ensuite, la
plupeVt sans importance. On peut citer le Zuurberg, ve-
nant de la chaîne de même nom, et surtout, parmi ces
torrents souvent à sec, le Zeekoe, de 200 kil., qui nait
dans les Sneewberg et traverse le comté de Colesberg
du S. au N.
On entre sur la frontière du Griqualand à Rama
Spring, ou plutôt dans le territoire de la colonie du Cap,
sur la hmite de ce nouveau district, qu'il sépai^e des diNi-
sions Hopetown et Victoria West. C'est là que se trouve
le confluent, en ce moyen Orange, du plus grand tribu-
taire, le Vaal (rive dr.) ou Kai Garib, « Rivière jaune »
des indigènes. Une branche maîtresse naît comme le Ca-
lédon dans le massif du mont aux Sources, tandis que la
source la plus éloignée est au S.-O. de Lourenço-Marquès,
dans les Drakensberg, à l'O. du Swaziland. Le Vaal marque
la frontière méridionale du Transvaal, qu'il sépare de
l'Etat libre. Il a reçu divers affluents peu considérables,
savoir: à gauche, le Klip,Và Wilge, le Valsche,lQ Vet ;
à droite, le Ziiikersbosrh, etc. Il pénètre dans le Griqua-
land-West en circonscrivant à l'O. le district de Kim-
berley et reçoit deux sous-affluents importants : le Hart
(rive dr.)ou Kolong, qui vient duMarico (Transvaal), au
N.. et la Modder ou Kaib (rive g.), qui vient de Bloem-
fontein et coule de l'E. à l'O. en limitant au S. la divi-
sion deKimberley. Peu après, le Vaal tombe dans l'Orange,
à 20° 10' lat. S. et 22-^ long. E. — A 100 kil. environ
plus bas, le fleuve reçoit du S. VOngar ou Grand Brak
qui arrose, supérieurement, Victoria West, chef-lieu, et se
réunit au Brak venu de Tafelberg près Richmond.
Le fleuve coule au N.-O. ; àKheiss, il quitte le Griqualand
pour servir de limite avec la colonie du Cap au Béchuana-
îand britannique, dans le Kalahari. Il reçoit à gauche ou au
S. hlîarlebcHlio'oOKxX.), formé àeV Obère rZak, nédansles
Nieuweveld, et de VUnterer Zak, venant des Roggeveld.
Le premier reçoit à droite le Grand et le Petit Brak; h
second, à l'O., est formé des deux ii/é?/^ et reçoit à gauche
le Great Fisch. Le Hartebest reçoit ensuite, à droite, le
Hartog, à gauche, le Klaver Vleij, qui recueille un ouàdi
du Great Zoiit Pan ou « grand marais salé » ; h droite
VOlifant Vleij, qui traverse deux petits lacs.
A ce point, l'Orange a parcouru les trois quarts de son
— 467
ORANGE
trajet et se trouve encore néanmoins serpenter sar de
hauts plateaux granitiques, à l'altitude de 800 m. Mais
des chutes rapides vont abaisser son niveau de plus de
iW m., en formant un ojichevètrement de roches et
d'ilôts parmi lesquels se précipitent mille cascades. Cet
endroit est appelé les Anghrabies ou Chutes de Georges 1 V.
et s'étend sur :26 kil. A la saison des pluies, les torrents,
les filets, les cascatelles se réunissent en une puissante
nappe qui tombe dans une gorge profonde. M. Farini a
décrit ces lieux avec détails, et en a fait la topographie,
distinguant en amont les Cent-lles, puis notant les hau-
teurs de chute diverses des cascades principales: Grandes
chu les d'Hercule, 65 m. ; chute d Heiki, 90 m. ; chute
du Tunnel, 100 m., etc. l'ne dernière a été appelée par
lui DianiomVs f'all, à cause de quelques diamants qu'il
trouva au pied de la chute dans les sables. — Le fleuve
n'offre plus, jusqu'à sa terminaison, d'affluents sur sa rive
gauche et ses deux tributaires de la rive droite ; le Hygap
et VAoub, malgré leur étendne, ne lui apportent guère
d'eau des contrées sèches oii il n'y a pas à drainer sen-
siblement. A une faible distance en aval des « Cent-Chutes »,
le premier a son coniluent ; il est formé de la réunion de
VOub et du Nosob, ({u'on nomme les «Jumeaux », parce
([ue leurs lits parallèles se rejoignent souvent ; et son
bassin, de plus de 458.000 kil. q., l'emporte sur celui du
Vaal môme, mais c'est plutôt une ramure de ouàdis que
de cours d'eau véritables. Les sources des plus hauts af-
fluents du Nosob se trouvent jusqu'au delà du !22" lat. S.
Un peu avant sa jonction avec l'Oub (ou YOup), il reçoit
à gauche le Malopo, venu du Transvaal et coulant de
i'E. à rO., soit affluent, soit rivière maîtresse; après la
réunion des Jumeaux en un seul tronc, l' Hygap, celui-ci
reçoit à gauche le Knruman, venu aussi de I'E., et
remar((ua[)le par sa source près de îa localité de même
nom ou Nouveau Litiakou.
C'est à partir du 20*^,6 que le fleuve entre par sa rive
droite sur le territoire allemand, le Cross Namaqualand,
tandis que sa rive gauche appartient au Little Xamaqua-
land anglais. Le dernier affluent, distant, à vol d'oiseau,
de 100 kil. de rembouchuro, est à droite, on le nomme
Aoub et BorradaiUe et Rivière du Grand Poisson. Il
vient duN., au delà du tropique du Capricorne. Son prin-
cipal tributaire, le Koan-Quip ou Goagib, a son con-
fluent, à droite, non loin de celui de l'Aoub, à 27^ 25'
lat. S. et 15^ 25' long. E. Plusieurs affluents et sous-
affluents arrosent les principales localités du Cross Nama-
qualand, telles que Rehoboth,Béthany, Bessébat, Nirbeth
Bath, etc. Plus qu'ailleurs encore, ces rivi -res ne sont,
dans ces régions arides, le plus souvent que des chemins
de sable ravinés. — L'Orange fait ensuite un coude au
S.-O. en redescendant à la merauN. delabaie Alexander.
Ce grand fleuve, torrentiel à son début, coule paisiblement
dans les plaines du S. de l'Etat libre, pour antrer, après
sa jonction avec le Vaal, dans les steppes de Kalahari.
Il s'épuise, et davantage encore, après sa brusque des-
cente du plateau central et se trouve amoindri au terme
de son cours. Lorsque les ravins en regard de ses deux
rives forment une sorte de chemin, il peut le plus sou-
vent être passé à gué. Mais, en plusieurs points, il est bordé
de falaises granitiques élevées à pic et infranchissables.
Son embouchure est unique, sans delta, étroite et défen-
due ptir un banc de sable et des plateaux sous-marins.
Les marins s'ils veulent prendre terre sont obligés de dé-
barquer en dehors, dans la petite baie de Voltas, au S.
Non seulement il n'est pas navigable, mais encore il ne per-
met pas sur ses bords, dans le moyen et bas Orange, l'éta-
blissement de colons, dont les maisons seraient emportées et
les champs ravagés par ses eaux devenues impétueuses et
gonflées brusquement au temps des pluies. Ch . Delavaud.
l^iBL, : AVatchenaer, Ihst. des voij., 1829. t. XAII. —
Farini, Huit mois aa KaloJmri, dans Tour du monde. Is8(3,
t. LU, '^^sem., p. 353. — Ed. Jacottkt, Bull. SoCs (lêoq. —
Reclus, Géogr. univ., 1888, t. XIII.
ORANGE (République ou Etat ijhre u') (en hollandais
()ra)ige rrijslaal). Afrique australe. CetEtat, qui tire son
nom du fleuve, au delà duquel il se trouve auN. et qui lui
forme comme une barrière du c^ité de la colonie anglaise du
Cap, offre la forme d'une ellipse inchnéepar son grand axe,
du N.-E. au S.-O., et de 522 kil. environ, le petit axe avant
approximativement 257 kd. Il est compris entre les lat. S.
26*^ 48" et 30« 40' (le Vaal au N. de Niekerk et d'Heil-
bron, et le confluent avec FOrange, à g. du Zuurherg) ;
entre les long. E. 22° 15' et 27^^20' (Kama Spring sur
la rive droite de l'Orange, et sources du Klip river," petit
aflluent gauche du Vaal). Il est confiné dans les terres, de
même que le Transvaal, et éloigné de la côte de 701 kil.
en moyenne, presque enclavé dans des possessions britan-
niques ; ce n'est qu'au N. et au N.-O. qu'il touche à la
république sœur dans son sommet arrondi quedé hmitent le
Vaal et son affluent le KHp; à l'orient, la chaîne des Dra-
kensberg le sépare du Natal, le Calédon, puis des contre-
forts, du Basutoland ; sa courbe inférieure est dessinée
par l'Orange, le séparant des comtés de Ilerschel, Aliwal-
North, Albei't, Colesberg, llopetown ; quant à la fron-
tière 0., primitivement naturelle et constituée, comme
dans le reste de son cours, par le Vaal jusqu'à son con-
fluent, elle a été reculée artificiellement à I'E., de manière
à comprendre un espace triangulaire dont cette nouvelle
limite forme un des côtés, le bas Vaal l'autre côté et le
fleuve Orange la base. C'est qu'en cet espace, oli estKim-
berley, on avait trouvé des diamants, et, malgré le fait
accompli d'une république indépendante appelée « Ada-
manta », fondée par les mineurs sur ce territoire, malgré
les droits de possession des Boers, les Anglais s'en étaient
emparés. De plus, ceux-ci y ajoutèrent le pays des Griquas,
« bastaards » nés de Boers et de femmes hottenlotes.
— La superficie de l'Etat libre d'Orange est évaluée à
128.i00 kil. q. Sa population est faible encore, malgré
la fécondité des mariages (dix enfants environ) ; elle était,
en 189-1 , de 206.600 hab. (on donne aujourd'hui le chiftre
approximatif de 207.500), blancs et noirs, clairsemés sur
un vaste territoire, soit moins de 2 hab. par kil. q.
(V. Afrique, Boeks, Colonisation).
Géographie physique. — Oji a dit aux mots Afru^ue
et Colonie nu Cap ce qui concerne le relief et la géologie
de ces régions du Sud africain : les chaînes de montagnes
au pourtour, les plateaux en gradins augmentant d'alti-
tude vers le centre, des Karrou au désert du Kalahari ;
le plateau distinct du N.-E., participant des hautes alti-
tudes de la chaîne orientale, et ({ui, par suite, a une élé-
vation plus grande, de 1.200 à 1.400 m., comprenant
avec les comtés de la colonie du Cap, Richmond, llope-
town, Aliwal-North, etc., celui du Griqualand 0. au delà
de l'Orange, l'Etat libre et jusqu'à la région de Middel-
burg du Transvaal. L'Etat d'Orange, dans son ensemble,
est un plateau de pâturages peu accidenté, avec quelques
collines coniques ; il a de i.500 à i.400m. d'alt., s'in-
cHnant en pentes insensibles du N.-E. vers le S.-O. et
n'offrant de terres fertiles ((ue dans les régions orientales
voisines de la montagne.
Quant à la géologie, on a dit, aux articles précités,
l'ossature de granit, à nu ou cachée, mais perçant çà et
là sous la peau, suivant l'expression de Livingstone. Une
couche triasique, de formation lacustre, le recouvre dans
l'Etat d'Orange, de même que dans les pays voisins. On
y distingue trois étages, de bas en haut Thrèche méla-
phyrique ; schistes, argiles et grès fossilifères ; grès
quartzeux, dans les Dralvensberg,"à TE., où se trouve de
la houille. Des éruptions de dio'rite se sont fait jour dans
le trias, surtout à l'O. dans le désert. Le mica, élément
du granit, se montre dans le sable reluisant des hauts
aftluents du fleuve, à l'orient de l'Etat libre. Dans son
ensemble, l'Etat d'Orange à rO., y compris Kimberlev,
appartient au trias moyen et inférieur; à I'E. il appar-
tient au trias supérieur à charbon. La coupe des mines
de diamant des environs de Kimberley (Griqualand
West) montre, autour de la cheminée diamantifère, la
ORANGE
— 468 —
superpositioodes terrinins. Iriférieiiremcnt, granit et gneiss
primitifs, recouverts d'une formation triasique : schistes
métamorphiques, argiles, schistes noirs, grès argilo-cal-
caires; vient une nappe de mélaphyre, surmontée de nou-
veaux schistes triasiques noirs ; enfin une coulée de dio-
rite. Quant au puits ou cratère souterrain, il montre à sa
partie supérieure, sous un tuf calcaire, une terre jaune,
décomposée, et restée bleue et compacte dans les profon-
deurs. La république d'Orange en possède de semblables,
au S.-O., dans le district de Fauresmith.
Les cours d'eau appartiennent exclusivement au bassin
de l'Orange, mais les principaux, Orange, Vaal, Calédon,
ne font que circonscrire le territoire et le baigner par une
de leurs rives sans y pénétrer, sauf ce dernier au coin S.-l'].
La portion septentrionale est arrosée par des affluents
gauches du Vaal : Klip, Wilge, Rhenoster, Valsclie, Vet.
A rO., un affluent notable, le Modder ou Kaiba, venant
de Bloemfontein, le traverse depuis cette région jusqu'à
sa frontière, où il reçoit le sous-affluent Riet, qui coule
dans la direction S.-E. à N.-O. Aucune de ces rivières
n'est navigable ; on les utilise parfois pour des irrigations.
Comme dans toute l'Afrique australe, elles sont presque à
sec dans la saison sèche, et on les passe aisément à gué,
tandis qu'à l'époque des pluies elles roulent des eaux
impétueuses.
Climat. — Il est tempéré et sec, fort salubre. Les vents
humides de l'E. sont arrêtés par les monts orientaux, les
vents d'O. et de N.-O. arrivent sans obstacle et se sont
desséchés en traversant le Kalahari. A Bloemfontein,
lat. S. 28^ o6^ ait. 1.370 m., la température moyenne
de l'année est 46^,2, un peu inférieure à celle de Cape-
town; les extrêmes moyens sont 34^,5 et — 0^,2, écart
39^,7, tandis qu'au Cap il n'est que de 28», 6 ; ce chmat
est toutefois moins excessif que ceux de Kimberley (Du
Toit's Pan) U\9 et de Graaf-Reinet, écart 40^4. La
quantité de pluie, à Bloemfontein, est annuellement de
0^'^,58, plus grande que dans ces deux derniers points,
mais moindre que dans les autres de l'Afrique australe,
et faible d'une manière absolue.
Flore et faune. — La lîore n'a pas l'originalité de
formes qui caractérise l'aire du Cap et elle est moins riche
que celle du Natal sans avoir les caractères de stérilité
des déserts nord-occidentaux. La végétation arborescente
est assez rare, sinon le long des fleuves et sur les pentes
des montagnes. Elle consiste principalement en pâturages
recouvrant de vastes plaines ondulées. On rencontre des
troupeaux sauvages d'antilopes, de chevaux du Cap ou
couaggas, de buffles, mais plus rarement qu'autrefois le
rhinocéros, l'éléphant et le lion.
Ethnographie, démographie. — L'élément indigène,
plus nombreux que l'élément blanc (77.000 Européens
contre 129.600 indigènes, en 1891 , se compose de diverses
tribus refoulées au Nord, comme les Boers eux-mêmes, par
l'irruption des Anglais. Tels sont les Koranas, que des
auteurs disent ici aborigènes; mais, de race hottentote,
ils vivaient primitivement sur les bords de Table-bay ; on
les retrouve mélangés avec des Béchouanas, près la source
du Kuruman, non loin de l'Etat d'Orange, et dans ce der-
nier pays, au S. du Witteberge. Cependant, les indigènes
ne se groupent plus dans cet Etat en tribus, on ne les y
tolère qu'en quaHté de manœuvres et de domestiques. Une
tribu de Béchouana, les Barolong, y occupaient un terri-
toire enclavé, au nombre de 15.000, et plus de 6.000 se
groupaient dans l'enceinte d'une seule ville, Thaba-Ncho,
lorsque, en 1884, le Volksraad mit fin à cette autonomie
par une décision à la suite de laquelle ils se dispersèrent
ou s'enfuirent. Car les Boers, qui ont fui les Anglais, font
à leur tour, à l'égard des naturels, le vide devant eux. Ce
sont les Boers, qui, parmi les blancs, ont ici la majorité,
de même qu'ils jouissent de la domination politique. Par
leur multiplication, ils conservent cet avantage du nombre
sur les Anglais qui s'introduisent pacifiquement chez eux.
Mais ces derniers, plus instruits, peu à peu substituent
leur langue au hollandais, par les écoles, dans leur propre
domaine. Les Boers sont calvinistes. Les différents cultes
étaient ainsi répartis dans la population blanche, en 1880 :
réformés hollandais, 51.716; anglicans, 1.321; wes-
leyens, 514 ; catholiques romains, [340 ; divers, de religion
non déterminée, 7.131. La population s'accroît sans cesse
par l'excédent des naissances sur les décès.
Géographie politique. — Histoire politique. —
Cette histoire est dominée par le sentiment d'indépendance
des Boers vis-à-vis des Anglais envahisseurs, et par l'avi-
dité de tous, chassant les indigènes de leurs territoires.
iLt elle s'est traduite par des guerres contre ceux-ci, en
même temps qu'entre les Européens rivaux. On voit au-
jourd'hui, en ce qui concerne ces derniers, Anglais et Hol-
landais, succéder aux luttes armées celles des rivalités
commerciales et de la prépondérance politique : questions
de chemins de fer, d'union douanière, d'autonomie sud-
africaine. Les Africanders luttent avec avantage, les Boers
ont le nombre, leurs deux républiques s'unissent par
des traités. Ce fut en 1837 que les Boers allèrent fon-
der leur colonie hollandaise de l'Orange, au delà de ce
fleuve et en deçà du Vaal. Ils n'étaient point en sûreté,
les x4nglais les y poursuivirent et, malgré leur résistance,
finirent par l'emporter, grâce au nombre et à l'alliance
des Griquas. En 1848, l'Etat d'Orange était placé sous
la souveraineté britannique. Cependant, l'héritage d'une
guerre avec les Baassoutos, fort dispendieuse, fit renoncer
plus tard le gouvernement de la Grande-Bretagne à
cette annexion. L'Etat boer fut rétrocédé, en 1854. U a
prospéré depuis lors, et sa population a progressé d'une
façon rapide et continue. Seulement, les Anglais avaient
exigé l'abolition de l'esclavage, philanthropiquement, et
en 1871, préparèrent l'achat dérisoire qu'ils firent aux
Boers du Vrij-Staat, en 1877, des mines de diamant au
Griqualand. Tout autour, des annexions anglaises se fai-
saient, jusqu'à celle du Transvaal même par le fameux
Shepstone. Les deux répubfiques boers sont entrées dans
le mouvement des voies ferrées et des lignes télégraphiques
depuis une dizaine d'années (1899), mais elles ont senti
que leur rapprochement était nécessaire, parfois contre
des attaques faites au mépris du droit des gens (Jameson,
1896). Le traité d'alliance de l'Orange et du Transvaal
de 1897 resserre les liens de l'acte de 1889, au point de
vue commercial et défensif. Les deux pays se doivent,
d'après ce traité, assistance ; les difficultés survenues entre
eux seront soumises à un comité d'arbitrage ; un conseil
de députés des deux Etats (cinq pour chacun), nommés
par le président pour deux ans et siégeant alternative-
ment à Pretoria et à Bloemfontein, a pour mission d'étu-
dier leurs intérêts communs. La question de l'union fédé-
rale n'a pas été encore tranchée.
Gouvernement. — La république d'Orange a reçu sa
constitution le 10 avr. 1854, revisée le 9 févr. 1866.
Elle est gouvernée par une chambre unique, le Volks-
raad ou « conseil du peuple», composée de membres (actuel-
lement 56) représentant chacun un chef-lieu de district
ou un cercle, et nommée pour quatre ans, renouvelable
par moitié tous les deux ans. Les représentants, qui, pour
être éligibles, doivent être âgés de vingt-cinq ans au
moins et posséder des propriétés de 500 liv. st. ou plus,
sont élus directement par le suffrage du peuple. Sont
électeurs les blancs seuls, non les indigènes, à qui il est
aussi défendu de porter des armes. Les électeurs doivent
être nés dans les limites de l'Etat ou y avoir résidé trois
années et remplir certaines autres conditions, enfin être
âgés de vingt et un ans. L'assemblée élit son président.
Le président de la république est élu pour quatre ans par
le vote populaire et n'a dans l'assemblée que voix consul-
tative, non délibérative. Il est assisté dans l'exercice du
pouvoir exécutif par cinq membres, dont deux fonction-
naires. — Un magistrat ou land-drosl siège dans chacun
des districts. Tous les blancs sont soldats. — Une grande
partie du budget est appliquée à l'instruction publique ;
469
ORANGE
les églises calvinistes sont subventionnées. Les revenus de
l'année fiscale 4885-86 ont été de 5.044.450 fr. ; les
dépenses, de 4.922.475 fr.; la dette (qui était nulle pré-
cédemment), de 4 millions. Le pavillon porte sept bandes
horizontales alternativement blanc et orange, avec, près
de la hampe, les couleurs nationales des Pays-Bas : rouge,
blanc, bleu. Il n'y a pas de monnaie nationale. Les mon-
naies, poids et mesures sont les mêmes qu'en Angleterre
Le président actuel est S. E. M. Martinus Tennis Steijn.
Divisions administratives et localités. — Les agglo-
mérations sont fort peu peuplées, car les Boers sont vrai-
ment des « paysans » vivant aux champs, dans des fermes
immenses et disséminées, qui les obligent presque à une
vie nomade. Les districts sont nombreux, près de vingt.
Le plus important est celui dont le ch.-l. est Bloemfon'
lein, la capitale, presque la seule ville de la république.
Elle est située à peu près à égale distance des frontières
E. et 0. et au tiers méridional, dans une plaine nue, sur
le bord d'un ruisseau souvent à sec, qui coule vers le
iVIodder; 3.400 hab. Communications télégraphiques avec
l'Europe; chemins de fer vers le Cap et Pretoria; service
de poste aux lettres hebdomadaire pour l'Angleterre via
le Cap (22 jours). Les rues sont régulières; il y a une
])ibliothèque publique, des clubs, un hôpital, une chambre
(le commerce, un musée, une société d'agriculture, quatre
journaux, consulats. Lieu salubre, sanatoire. Au N. de la
capitale, on voit les divers ch.-l. de district suivants :
Heilbron, Kîvnstadt, stat. du chemin de fer du Cap au
Transvaal, mine de houille ; Frank fort (district de Vrede);
Hoopstad, sur le Vet; Bethléem, 4.800 hab., biblio-
thèque, club ; Harrismith, sur le Wilge, à la frontière
orientale, chemin de fer Durban via Ladysmith, biblio-
thèque, chambre de commerce, élevage; Winburg, 2.500
hab., dans une région accidentée et fertile; Brandfort,
4.800 hab. ; Vrede fort; Boshof 2.000 hab. ; Ficksburg;
LadybraïuL sur la frontière de Basutoland, dans une
région fertile. Près de là, à l'E. de Bloemfontein est la
ville des Barolongs dont nous avons parlé, Thaba-Ncho.
Dans la partie méridionale, les chefs-lieux de district et
lieuxjmportants sont : Jacobsdal; Wepener; Fauresmith,
2.000 hab., bibliothèque, clubs, société d'agriculture;
plateaux peu fertiles, mais district de mines de diamant
(production annuelle 4.250.000 fr.) ixKlipfontein, Koffy-
fontein, Jagersfontein, où l'on a trouvé le plus gros
diamant de l'Afrique, du poids de 500 carats. Dans cette
localité, il y a une chambre des mines, une compagnie
d'exploitation des mines de diamant; hôpital, biblio-
thèque. Smithfield, sur le bas Calédon, 2.000 hab., té-
légraphe, entrepôt agricole; Rouxville, sur l'Orange, vis-
à-vis Aliwal-North , chemin de fer pour East-London ;
Béthidie, rive droite de l'Orange, oti est jeté un pont,
et sur le chemin de fer d'East-London à Bloemfontein,
mission française, 2.000 hab. ; Pliilippolis, vis-à-vis
Colesberg, de l'autre côté du fleuve, où aboutit le che-
min de fer de Port-Elisabeth.
Géographie économique. — L agriculture, primi-
tivement secondaire, en raison de la grande prééminence
de l'élevage facile, s'est considérablement développée.
Dans les districts orientaux, les terres sont fertiles et
arrosées, grâce aux eaux apportées par le Calédon et par
ses affluents; dans l'intérieur et à rO.,des barrages per-
mettant des irrigations pourvoient à la sécheresse des ri-
vières. On cultive dans la colonie le blé, le maïs, diverses
céréales ; les fruits et les légumes d'Europe. La produc-
tion, lors de l'irruption des chercheurs de diamant par
milliers, suffit à les alimenter. Ce sont surtout les pâtu-
rages qui sont abondants (la superficie du sol cultivé n'est
que de 50.000 hect.) et qui nourrissent des troupeaux
de gros bétail, de chevaux et de bêtes à laine. Il existe aussi
quelques autrucheries. Le cheptel a été, recensement de
4880 : chevaux, 434.946; bœufs, 464.575; brebis,
5.056.500; chèvres, 675.924; autruches, 2.253.
\j industrie est extractive et s'adresse presque exclu-
sivement aux diamants ; For a été constaté, mais non en
quantités rémunératrices ; il y a quelques mines de houille.
Le commerce exporte de la laine, des peaux de bœufs,
de brebis, des cornes, des diamants (pour 3 millions et
demi defr. dans moins d'une année en 4886-87). Le com-
merce se fait principalement par Durban et Port-Elisa-
beth. Les importations, en 4884, furent de 49 millions de
fr., les exportations de 54 miUions.
Voies de communication. Les lignes ferrées de la
colonie du Cap ont été prolongées d'abord de Colesberg à
Bloemfontein (4894), puis au Vaal, à Johannesbourg, en-
fin à Pretoria (4®^ janv. 4893). La ligne du Natal s'ar-
rête à Harrismith. En 4895, le Volks-raad d'Orange a
décidé la construction de chemins de fer de Bloemfontein
à Harrismith, et d'autre part à Kimberley. Un autre pro-
jet met en communication directe Harrismith et Cron-
stadt. Ch. Delavaud.
BiBL. : Delegorgue, Voyage dans l'Afrique australe,
1847. — J. Sanderson, Memoranda of a trading trip into
the Orangeriver Soverelgnty, 1851-52. — Trollope, Soi/i/t
Africa; Londres, 1869. — J. Mackenzie, Ten ijears north
for Orange river, 1859-69; Edimbourg, 1871. — Weber
(traduct. franc.), Quatre ans au pays des Boers ;PariH,
1882. — WoLDERS, Aus dem Orange-Freistaat,i 1885. —
Reclus, Gêog. univ., 1888, t. XIII. — L. Delavaud, Che-
mins de fer de l'Afrique australe, dans Revue universelle
du 20 mars 1893. — Du môme, le Télégraphe transconti-
nental africain^ môme recueil, 20 juin 1894. — Transvaal;
Afjnque australe^ dans l'Afrique 'française, oct. 1898. —
Revue française de Marbaud, passim.
ORANGE (Cap). Cap delà Terre de Eeu. Il forme l'extré-
mité septentrionale de la Terre de Feu, par 52^ 27' W^
lat. S. et 74^ 46' long. 0., à l'entrée du premier goulet
du détroit de Magellan. Il est séparé par la baie Lomas
de la pointe Sainte-Catherine à l'E.
ORANGE (Baie). Baie delà Terre de Feu. Située à l'E.
de la presqu'île Hardy, dans l'île Hoste (V. ce mot), par
55° 34' lat. S. et 70« 25' long. 0., cette baie est le
meilleur mouillage de cette côte. Aussi avait-elle été choisie
pour l'établissement de la mission du cap Horn par les
officiers de la Romanche en 4882-83. Elle fut visitée
auparavant par Rob. Fitz-Roy en 4830 et par l'Américain
Wilkesen 4839. C. D.
ORANGE (Arausio), Ch.-l. d'arr. du dép. deVaucluse,
sur la Meyne ; 9.859 hab. Stat. du chem. de fer P.-L.-M.
Nombreuses maisons religieuses. Deux paroisses. Collège
communal. Bibliothèque publique. Société d'agriculture,
sciences et arts. Filatures de soies, fabriques d'étoffes de
laine et de limousines, teintureries, importantes fabriques
de carrelages céramiques et de mosaïques, sucreries, distil-
lerie de betteraves, fabriques nombreuses de chaussures,
fabriques de bijouterie, d'ébénisterie, de chaises, de balais.
Fonderie de fer, ateliers de constructions mécaniques, fa-
briques d'instruments aratoires, scieries, tanneries, minote-
ries, carrosseries, chapelleries, confiseries, corderies, im-
primeries, fabriques de pâtes alimentaires, fabriques de
liqueurs. Commerce important de fruits, de truffes, de miel,
d'eaux-de-vie, de grains et farines, de balais de millet.
Histoire. — La ville doit son nom d'Arausio àl'Araïs,
fontaine située au N.-O., dont les eaux se perdent dans
la Meyne. Elle existait avant l'arrivée des Romains en
Gaule et était alors une des quatre villes des Cavares ;
devenue comptoir des Massaliotes, elle entra de bonne
heure en relation avec Rome et, sous son influence, tenta
vainement de s'opposer au passage d'Annibal. Lorsque les
Romains envahirent la Narbonnaise, les Cavares tentèrent
de résister, mais furent vaincus avec les Allobroges et
les Arvernes. En 405 av. J.-C, l'armée romaine, com-
mandée par les consuls Manilius et Cépion, s'avança jusque
sous les murs d'Orange contre les Cimbres et les Teutons
qui la taillèrent en pièces. Sous Auguste, la ville d'Orange
devint l'une des plus importantes colonies de la province
romaine, et acquit une prospérité dont témoignent les
nombreuses ruines antiques qui subsistent encore. Les
invasions des barbares y mirent fin du iii« au v^ siècle.
En 263 les Alamans, en 440 les Yisigoths, plus tard les
ORANGE
— 470
Biirgondcs, puis les Francs, et plus tard encore les Sar-
rasins la saccao^èrent et roccupèrent successivement. Après
avoir fait partie du royaume de Burgondie, elle fut com-
prise dans celui d'Austrasie, fut con.piise sur les Francs
par les Sarrasins auxquels Charlemagne l'enleva. Après
ta mort de l'empereur Lothaire P'", elle fut comprise dans
le lot de son fds Charles, qui forma le royaume de Pro-
vence, fit partie plus tard des Ftats de "Boson, de ceux
des Rodolpliiens et passa avec eux dans l'empire au
xi^ siècle. Mais, dès le jx« siècle, Orange avait ses comtes
particuliers (V. l'art, sui^ant). En ùlil, les habitants
d'Orange se soulevèrent contre le comte Raimond V'\
mais ne tardèrent pas à être soumis; cependant, en 1^282.
Bertrand de Baux et son neveu Bertrand 11 leur concé-
daient des franchises municipales. Au xv^ siècle, une uni-
versité fut établie dans la ville. Les calvinistes s'empa-
rèrent d'Orange en 1561 ; les catholiques la reprirent le
16 mai 1562, y commirent de terribles - massacres et
Tmcendièront. Quelques années plus tard, en 4573, un
avenluricr nommé Olandage s'empara de la place et
en fut chassé l'aimée suivante. Au commencement du
xvn^siècle, Maurice de Nassau fit de la ville d'Orange une
des places les plus fortes de FlLurope. Pour transformer
eu citadelle Fancie]! châleau féodal qui dominait la ville,
il démolit une partie des anciens monuments romains ; le
Ihéàtre ne dut sa conservation (ju'à ce fait qu'il devifit
Intérieur du théâtre romain, à Oranc'c
une sorte de bastion avancé de sa forteresse. Louis XÏV
s'en empara au mois de mars 1660 et ordonna de démolir
les fortifications, et en 4678 de raser complètement le
château ; la ville ne fut cependant déclarée réunie à la
France que par les traités d'Ctrecht en '1713.
FvÊQLEs. — L'évéché d'Orange remonte au commence-
ment du iv^ siècle. Voici la liste chronologique do ses titu-
laires : Saint Luce, v. 300 ; Eradius, v. 356 ; Constance,
381 ; Marin, 433 ; Just, v. 4i0-v. 455 ; saint Eutrope,
V. 455-475; Verus ; saint Florent, 517-524 ; Vinde-
mialis, 527-549 ; Matthieu, 555; Trapecius, 584; Salicus
788-798; Boniface, v. 820-839; Laudon, v. 840:
Ponsi^^ V. 852; Gémard I«^ 855-y. 862; Gémard II
879 ; Fbroin, 910 ; Pons II, 914 ; Pons IH, 982 ; Odalric'
v. 1000 ou 1020; Martin, 1058; Géraud, v. 1070;
Guillaume ï^^ v. 1080-déc. 1098; Bérenger. 1107-27 •
Gérard, 1128-29 ; Guillaume II, 1130-38 ; Guillaume III'
1139-40; Bernard, 1141-y. 1170; Pierre I"', 1173;
Hugues Florent, v. 1180 ; Arnoul, 1182-y. 1198; Guil-
laume IV Elle, 1200-21 ; Amiens, 1222-y. 1240 ; Pierre II
V. 1240-71 ; Josselin, 1^^ mai 1272-v. 1278 ; Guillaume V,'
V. 1280-84; Guillaume VI d'Espinouse, 1285-1321;
Rostaing F', 1322-24 ; Hugues, 1324-28; Pierre n[
1329-42; Guillaume VH, 1343-48 ; Jean P^' de Revol'
22 mars 1349-50 ; (uiillaume VIH, 1550-51 ; François
de Caritat, 1373-87; Pierre IV Didaci, 1389-29 juin
1413 ; Georges de Grano, 1 413-14 ; Bertrand II de Taras-
con, 1414; Raimond de Gras, 11 juil. 1416-17; Pierre V
d'Ailly, 1417-22 ; Guillaume IX, 1422-27; Guillaume X,
1429-v. 1447; Bertrand 111, 1438-v. 1442; Antoine
Ferrier, v. 1444-50; Jean lll Payer, 13 sept. 1154-
9 janv. 1466 ; Guyot Adhémar, 13 janv. 1466-68 ; Jean IV
Gobert, 1468-76; Pierre YI de Surville, 8 mars 1476-
80; Laurent Alleman, 1481-83 ; Pierre Vit Carré, 1483-
5 janv. 1510; Guilhnime XI Pélissier, 1510-27 ; Louis
Pélissier, 31 mars 1527-13 nov. 1542 ; Rostaing II delà
Baume de Suze, 18 juin 1543-60 ; Philippe de la Chambre
de Maurienne, 1560-72 ; Jean V de Tulles, i(j juin 1572-
1608 ; Jean VI de Tulles, 1608-3 oct. 1640 ; Jean-
Vincent de Tulles, 1640-46; Hyacinthe Serroni, 1646-
mars 1661 ; Alexandre Fabri, mars 1661 -août 1674;
Jean-Jacques d'Obheil, nov. 1677-août 1720 ; Louis
Chomel, 1720-aoiit 1731 ; François-André de Tilly. août
1731-74; Guillaume-Louis du Tillet, 17 juil. 1774-90.
Supprimé en 1790, l'évéché d'Orange n'a pas été rétabli.
Description et monuments. — La ville d'Orange est
située dans une plaine de la rive gauche du Rhùne, au
pied d'une colline sur laquelle s'élevait l'ancien château
— 471 ->
ORANGE
féodal des princes d'Orange, rasé par Louis XIV en 1673,
au milieu des vestiges duquel a été érigée une statue co-
lossale de la Vierge. Les monuments les plus importants
et les plus intéressants sont ceux qui datent de l'époque
romaine. Le théâtre (mon. hist.), dont l'amphithéâtre est
adossé à la colline, présente du côté de la ville une im-
mense façade, formée par un mur énorme, haut de 86"\82,
long de 103'", 15 et épais de 4 m. Il est percé de trois
grandes portes quadrangulaires qui donnaient accès sur la
scène; au-dessus règne une arcature aveugle, surmontée
d'une corniche, dominée par deux rangées de corbeaux
percés de trous, destinés à recevoir les poutres qui sou-
tenaient le velarium. La scène et le proscenium sont
aujourd'hui dégagés ; rhémicycle de gradins en amphi-
théâtre a 55'^, 60 de rayon et 77"\60"de profondeur ; on
estime qu'il pouvait contenir 42.000 spectateurs. Depuis
la destruction du château jusqu'au début du xix^ siècle,
ce superbe édifice servit de prison ; dégagé depuis, il est
en restauration sous la direction de M. Formigé. On sait
que le Félibrige y a organisé de superbes représentations
théâtrales v|ui, depuis 4896, sont devenues périodiques.
Dans le posisceniiim a été installé un petit musée des
fragments de sculptures et d'inscriptions trouvés dans les
débris. Dans une rue voisine du théâtre se trouve une série
d'arcades (mon. hist.), d'ordre dorique, qu'on présume
avoir appartenu à l'hippodrome romain.
Va7r de triomphe (mon. hist.), situé au N.de la ville,
est un des monuments les plus ornés de ce genre. C'est
Arc de triomphe dit de Marius (cuté S.), à Orange.
un arc à trois portes, soutenu par quatre colonnes corin-
thiennes, de 22 m. de haut sur 21 m. de large et pro-
fond de 8 m. La façade ouest n'a conservé aucune de ses
sculptures, mais les trois autres faces sont ornées de
fleurs, de fruits, de cornes d'abondance, de sirènes, de
vaisseaux, de trophées d'armes, de gladiateurs et de captifs.
Le mot Mario, gravé sur l'un des bouchers, avait donné
à croire que c'était le nom au datif du vainqueur des
Cimbres et des Teutons; on est d'accord aujourd'hui pour
le considérer comme celui d'un chef barbare. Par contre,
le nom de Sacrouir, qui figure sur un autre bouclier, doit
être celui du chef gaulois de ce nom et on en tire cette
conclusion que l'arc de triomphe a dû être érigé à Tibère
après sa victoire sur Sacrovir en l'an 2L Le style de
l'édifice convient parfaitement à cette date. L'architrave
portait une inscription en lettres de bronze, malheureu-
sement arrachées, mais oti M. de Saulcy a pu, d'après les
vestiges qu'elle a laissés, restituer avec vraisemblance la
dédicace suivante : TICAFSARIDIVI'AVGVSTIFIL-DIVL
I VLINEPCOSIiniMP-Vm- TRPOT- XXIII- PONT-MAX-
IIIIIIIIIII. Comme le théâtre, l'arc d'Orange a dû à la fois
sa conservation et ses mutilations à ce fait que les sei-
gneurs d'Orange l'avaient utilisé comme forteresse. C'était
au moyen âge le château de l'arc. Les constructions
parasites qu'avait nécessitées cette adaptation ont été dé-
molies peu à peu et l'éditice a été discrètement restauré.
— Sur la route de Caderousse, ai kil. environ de la ville,
sont quelques ruines de rrt?7z/7/uY/i6Y/7r(? romain (mon. hist. ) .
Il n'y a pas à Orange d'autre édifice moderne à signaler
([ue l'ancienne cathédrale. C'est une construction de la fin
du xi^ siècle et du commencement du xn^% sans caractère
à l'extérieur, dont le portail principal, complètement mu-
tilé, n'a conservé que des débris informes d'une riche
ornementation sculptée du xii^ siècle, mais dont l'inté-
rieur, composé de quatre travées voûtées en berceau brisé,
ne manque pas de caractère.
Orange a élevé des statues à Raimbaud II, comte
d'Orange, l'un des héros de la première croisade (18i6);
à l'agronome Pierre de Gasparin (1864); un buste à l'ar-
chitecte Caristie qui, le premier, a étudié les monumentvS
antiques et commencé leur restauration, et enfin un mo-
nument aux Orangeois victimes de la guerre de 1870.
ORANGE (Maison d'). 1« Maison d'Adhémar. — Les
origines de la première maison d'Orange sont des plus
obscures. A en croire la légende, elle remonterait à Guil-
laume au Court-Nez, ou au Cornet, héros tlu cycle carolin-
gien, que plusieurs chansons de geste placent sous Louis
le Pieux et d'autres sous Charlemagne. Parent de Charle-
magne et duc d'Aquitaine, il aurait repris Orange sur les
Sarrasins, qui avaient tué le comte Theofred; Charle-
magne, d'après une version acceptée par l'historiographe
des princes d'Orange-Nassau, lui aurait donné en 793 la
seigneurie d'Orange. Il aurait eu deux femmes, dont une
Sarrasine, trois fils, et une fille Ilerimbrue à laquelle il
aurait laissé le comté d'Orange. Il passe pour s'être retiré
vers la fin do sa vie au monastère de Gellone (Saint-Guil-
hem-le-Désert, au diocèse de Lodève), qu'il avait fondé et
où il mourut en 812. Il fut canonisé sous le nom de saint
Guillaume de Gellone, ce qui n'a pas empêché certains
hagiographes de le confondre avec saint Guillaume Magno,
mort en 1157. Comment rattache-t-on à sa descendance
la maison d'Adhémar? G. de La Pise, l'historiographe
officiel des Orange, dit que Herimbrue, mariée en 806 à
un seigneur de Provence, eut deux fils, Ugon et Rorgon,
qui en 839 gouvernèrent le comté en pariage. Il ignore
s'ils eurent des enfants, et signale la présence à la tête
du comté, vers 880, d'Alatais, auquel succède en 910
son fils Raimbaud P^\ Puis on rencontre vers 914 un
Roson (?), dont les successeurs sont inconnus justju'à
Gérald-Adhémar, qui règne en 1086. La Pise, qui a eu
à sa disposition les archives de la principauté, est une
source assez sérieuse. Cependant d'autres historiens pla-
cent Gérald ou Giraud-Adhémar sous Charlemagne, et
signalent parmi ses successeurs Raimbaud P^ et Rer-
trand P^", qui aurait vécu vers 1062. On sort un peu de
ces obscurités avec Raimbaud II, qui se croisa et mourut
en Terre sainte vers 1121. Sa fille unique, Tiburge, épousa
Guillaume d'Omelas, qui passe pour descendre d'Ugon. De
ses deux fils, Guillaume II ou III (car Guillaume d'Ome-
las est parfois appelé Guillaume II) mourut en 1160, et
Raimbaud III en 1173 ou 1174; ce dernier est connu
comme poète provençal : on lui attribue la Maestria
d'Amor, Guillaume II (pour adopter, de préférence à celle
de La Pise, la numération courante) eut un fds, Guil-
laume III, et une fille, Tiburge ou Tibour II, qui succédèrent
chacun à un quart du comté. Raimbaud IIl, de son côté,
laissa la moitié du comté qui lui appartenait à Tiburge ill,
qui était probablement sa sonir (comme il est dit à l'art.
Rertrand), et non pas sa fille (art. Raux). Cette Tiburge
épousa Rertrand de Raux, fondateur de la deuxième mai-
son d'Orange. Raimbaud IV, fils de Guillaume III, suc-
céda en 1177 à un quart de l'ancien comté, mais sa tante
Tiburge II et lui (tous deux moururent sans enfants) ct^
dèrent l'un et l'autre leur part aux hospitaliers de Saint-
Jean de Jérusalem; elles ne feront retour à la principauté
ORANGE
— 472
qu'en 1308. Autant du moins qu'il est possible de s'y
reconnaître au milieu de ces obscurités, on peut tenter de
dresser comme suit la généalogie de la maison d'Adhé-
iiiar, du moins à partir de Raimbaud TI :
Raimbaud II, mort vers 1121.
I
l'iburti'o I, épouse Guillaume I d'Omelas, mort en 1130.
Guillaume II,
mort vers IKiO.
i't)
Tiburo-e III,
épouse Bertrand
de Baux.
Raimbaud III,
mort vers 1173.
Guillaume III,
mort en IITT.
lialjiibaud lY.
Tiburi^-e II.
Leurs armes étaient : lïor an cor de sable ou D'or au
cornet d'azur engidché de gueules. — Guillaume au
(^ourt-Nez n'est pas seulement le héros de nombreuses
chansons de geste françaises, provençales, allemandes, néer-
landaises, Scandinaves ; il reparaît dans le Calendau de
Mistral. Raimbaud II, le croisé, figure dans la Jérusalem
délivrée.
2^ Maison des Baux. — Bertrand V^\ héritier de la
maison d'Adhémar par son mariage avec Tiburge III, reçut
au couronnement de l'empereur Frédéric P^' le titre de
prince d'Orange. Vassal des comtes de Toulouse, son suze-
rain Raymond Y le fit assassiner en 1181 (ou 1183). 11
eut, de son mariage avec Tibour d'Orange, trois lils,
dont l'un (l'aîné suivant LaPise, mais plus vraisemblable-
ment le troisième, Y. Baux) lui succéda dans la principauté
sous le nom de Guillaume lY (ou Y), surnommé del Cor-
nas : est-ce en souvenir du premier Guillaume du Cornet ?
est-ce à cause du cornet, signe de souveraineté, qu'il
portait dans ses armes ? Il reçut de Frédéric II, en 1214, le
titre de roi d'Arles ; prit part à la croisade contre les
Albigeois, et fut écorché vif et écartelé par les Avignon-
nais,' en 1218. Ses deux fils, Guillaume V, mort en 1239,
et Raimond P^' d'Orange, mort en 1282, lui succédèrent.
Guillaume YI, fdsile Guillaume Y, régna jusqu'en 1248
avec son oncle Raimond P^' et eut pour successeur son frère
Raimond II, mort en 1272. Le fils de ce dernier, Ber-
trand II, régna d'abord avec son grand-oncle Raimond P'',
puis avec le fils de ce dernier, Bertrand III. Bertrand III
acquit en 1289 la part de son neveu Bertrand II : Charles II
de Naples lui substitua en 1308 les terres que ses prédé-
cesseurs avaient aliénées à l'ordre de Saint-Jean. Il put
donc reconstituer la principauté, qu'il légua en 1333 à
son lils Raimond III (dont La Pise fait à tort un frère ca-
det de Bertrand II). Raimond lY (1340), comte d'Avel-
lino, fortifia la ville d'Orange et y établit une université
(1363). Mort en 1393, il ne laissa qu'une fille, héritière
de toute la principauté, qui avait épousé en 1389 JeanlY
(le Chalon-Arlay, seigneur bourguignon.
3" Maison de Ciialon. — Jean 1^^* d'Orange, époux de
Marie des Baux, resta fidèle au parti de son suzertiin le
duc de Bourgogne, dont il fut le lieutenant général. Il fut
nommé en 1415 grand chambrier de France, en 1417
lieutenant général du roi en Languedoc. Son fils Louis P^'
le Bon (1418-63) fut aussi un bourguignon, mais refusa
de prêter serment au l'oi d'Angleterre comme roi de France
à la mort de Charles YI. Allié au duc de Savoie, il fut
l)attu par les troupes françaises en 1429 et ses terres
furent saisies. Elles lui furent ensuite restituées par
(Charles YII, et il contribua à réconcilier ce roi avec Phi-
lippe de Bourgogne. Guillaume VII (1463-75) fit le voyage
de Terre sainte. Après avoir suivi Charles le Téméraire
contre les Liégeois, il l'abandonna, et vit saisir ses terres
de Bourgogne. D'autre part, Louis XI le fit emprisonner
en 1473, le tint deux ans captif à Lyon, et ne le relâcha
qu'aux conditions suivantes : il prêterait hommage au
roi comme dauphin de Yiennois, reconnaîtrait les appels
du parlement d'Orange à celui de Grenohle, et paierait
une rançon de 40.000 écus ; cependant on lui laissait le
vain titre de prince souverain d'Orange et le droit de
battre monnaie. Jean II (1473-1502), ayant pris le parti
de Marie de Bourgogne, fut déclaré en 1477 criminel de
lèse-majesté et condamné au bannissement perpétuel. Il
lutta, non sans succès, jusqu'à la conclusion de la paix
d'Arras. Il s'associa au soulèvement des seigneurs et fut
pris à Saint-Aubin-du-Cormier. Il accompagna en Italie
Charles Ylllet Louis XII, et ce dernier lui rendit ses terres
en toute souveraineté. PhiUbert de Chalon (1502-30),
placé d'abord sous la tutelle de sa mère Phihberte de
ÏAixembourg, eut une vie très agitée. Sa principauté ayant
été de nouveau réunie à la France en 1515, il passa au
service de Charles-Quint, qui lui donna le comté de Saint-
Pol. Pris par les Français, il ne fut mis en liberté qu'après
le traité de Madrid. Lieutenant de Bourbon devant Rome
en 1527, il lui succéda comme chef de l'armée et fut tué
devant Florence. Il désigna pour son héritier son neveu
René de Nassau-Dillenburg, à charge pour celui-ci de
porter son nom et ses armes : De gueules il la bande
d'or.
4"^ Maison d'Orange-Nassau. — René d'Orange (1530-44)
eut pour successeur son cousin Guillaume de Nassau-Dil-
lenburg (1544-84), le célèbre Guillaume le Taciturne
(Y. ce nom). A dater de ce prince, les destinées de la
maison d'Orange sont indissolublement liées à celles de la
république des Provinces-Unies et du protestantisme euro-
péen. C'est le chant de Guillaume d'fJrange qui devient le
chant national des Néerlandais ; c'est la maison d'Orange
qui est le symbole et l'instrument de la lutte contre l'Es-
pagnol; stathouders de Hollande, et le plus souvent sta-
thouders d'une ou de plusieurs autres provinces, parfois
même revêtus du titre de stathouder général, les princes
d'Orange centralisent entre leurs mains toutes les forces
militaires de la république. Chefs du parti militaire et de
la noblesse, ils sont les adversaires nés des marchands, des
l'iches armateurs de Hollande et de Zélande ; ils tendent à
transformer à leur profit l'organisation fédéraliste des
Provinces-Unies en un Etat unitaire; ils s'appuient sur le
bas peuple, opprimé par l'oligarchie bourgeoise, sur les
petites provinces, jalouses des grandes; ils cherchent à
entraîner la nouvelle nation dans une politique de guerres
perpétuelles, parce que la guerre (du moins la guerre con-
tinentale) rend nécessaire leur présence à la tête de l'armée
et de l'Etat. Les très réelles qualités de la plupart d'entre
eux comme généraux et comme politiques ont achevé de
faire des Provinces-Unies, sous le nom de république, une
véritable principauté aux mains de la maison d'Orange
(Y. Nassau, Pays-Bas et les articles biographiques con-
sacrés aux principaux personnages : Guillaume, Frédério
Henri, Maurice).
Guillaume le Taciturne laissait trois fils. L'aîné, PJii-
lippe-Guitlaume, héritier de la principauté d'Orange,
était prisonnier de Philippe II ; le second, Maurice, et le
troisième, Frédéric-Henri, ont leurs biographies à ces
noms. Pour mettre en échec Maurice, le roi d'Espagne
relâcha en 1596 Phihppe d'Orange ; mais les Etats des
Provinces-Unies, le supposant gagné à l'Espagne, lui inter-
dirent l'entrée de leur territoire. La querelle entre les
frères fut apaisée par l'envoyé français Jeannin, et, à la
mort de Philippe-Guillaume, Maurice hérita de la princi-
pauté d'Orange (1618). Il la transmit à leur frère cadet
Frédéric-Henri, à la mort duquel elle passa au fils de ce
dernier, Guillaume II, né en 1626, mort le 6 nov. 1650,
marié à Marie, fille de Charles P^ d'Angleterre. Il succéda
le 14 mars 1647 au stathoudérat général. Mais ses rela-
tions étroites avec les Stuarts inquiétèrent les Etats, qui
licencièrent une partie des troupes hollandaises. Cependant,
le 5 juin 1650, il obtint des Etats un décret lui donnant
le droit, en cas d'urgence, d'exercer une véritable dicta-
ture. Il en profita pour faire emprisonner les députés qui
lui étaient hostiles ; si la tentative qu'il fit faire contre
Amsterdam par son cousin Guillaume-Frison, stathouder
473
ORANGE — ORANGER
de Frise, ne réussit pas, elle n'en eut pas moins pour
effet d'intimider les Etats de Hollande. Il négocia avec la
France, sans consulter les Etats généraux, un projet d'in-
vasion des Pays-Bas espagnols. Lorsqu'il mourut préma-
turément de la petite vérole, en 1650, il avait déjà beau-
coup fait pour préparer, dans les Provinces-Unies, le
rétablissement d'une véritable monarchie. Son fils pos-
thume, le célèbre Guillaume 111, roi d'Angleterre (Y. ce
nom), qui fut le dernier des Orange-Nassau de la première
lignée, légua le titre de prince d'Orange à Jean-Guillaume
le Frison, fils de Henri-Casimir de Nassau-Dietz, tige de
la maison qui règne actuellement sur les Pays-Bas (1702).
Celui-ci, qui était stathouder héréditaire de Frise, était
petit-fils d'Albertine-Agnès, seconde fille du prince Fré-
déric-Henri. Aussi vit-il, malgi^é le testament, ses titres
contestés par le roi de Prusse, Frédéric I^^, qui était fils
de Louise-Henriette, fille aînée de Frédéric-Henri, au nom
du testament de celui-ci. Mais Louis XIV, qui avait con-
fisqué en d673 la principauté d'Orange, la fit réclamer par
le prince de Conti, qui, par les Longiieville (V. ce mot),
était héritier légitime des Arlay-Châlon, spolié auxvi^ siècle
par les Nassau. Le procès de succession d'Orange fut
tranché par le Parlement de Paris qui attribua au prince
de Conti le domaine utile, au roi de France le domaine
éminent. A la paix d'Utrecht (1713), ces décisions furent
confirmées, mais, en compensation, les droits de Longue-
ville sur Neuchâtel (V. ce mot) furent cédés au roi de
Prusse; de plus, celui-ci eut le droit de prendre le titre
et les armes d'Orange. De son côté, Jean-Guillaume le
Frison les conserva et les transmit à ses descendants sta-
thouders des Provinces-Unies de 1747 à 1795. Lorsque
cette branche des Nassau vit constituer à son profit le
royaume des Pays-Bas (1815), elle garda ce litre de prince
d'Orange, qui est depuis lors attribué au prince héritier.
Les Orange-Nassau portaient, écart elé : au '/, armes
(le Nassau; au 2, de Katzenelbogen; au S, de Vianden;
au 4, de Dietz. Sur le tout, écartelé : au i et 4, de
Chalon; au 2 et 3, d'Orange. Sur le tout du tout,
5 points d'or équipollés à 4 d'auir. Supports : 2 lions
d'or, armés et lampassés de gueules. Devise : Je main-
tiendrai. H. Hauser.
BiDL. : Gaston Paris, Hist. poétique de Chavlemagne.
— Léon Gautier, les Epopées françaises. — Vie de saint
Guilhem, duc d'Aquitaine, premier prince d'Orange par
un solitaire montagnard; Lodève, 18G2, in-^. — Jean de La
PiSE, Tableau historique des princes et principauté
d'Orange; La Haye, 1639, in-foL — P. Bonaventure, Hisi.
d'Orange, 1741, iiî-d. — Perret de la Menue, Mém. de
l'Acad. de Lyon, 1879-80. — A. de Pontbriant, Hist. de la
2:>rincipauté d'Orange; Avignon, 1891, in-8. — Catalogue
(on holL) de l'exposition des objets relatifs à la maison
d'Orange-Nassau ; La Haye, 1880. in-8. — Vorsterman van
OvEN, la Maison princière d'Orange-Nassau (eniiolL);
Loyde et Utrecht, 1882, in-fol. ~ Groen van Prinsterer,
Archives de la maison d'Orange; Leyde, 1835, et Utrecht,
1N57-62, in-8. — V. la bibliogr. des art.^GuiLLAUME le Taci-
ttjrne, Guillaume IU. — V. aussi Waddington, la
République des Provinces-Unies ; Paris, 1895-97, 2 vol.
in-8.
ORANGER. I. Botanique {CilrusL.).— Genre de Ru-
tacées, de la tribu des Aurantiées ou Titrées, dont on
connaît sept ou huit espèces, originaires des régions
tropicales de l'Inde, de la Chine et des archipels océaniens,
et qui sont aujourd'hui cultivées dans toutes les régions
chaudes du globe pour leurs feuilles, leurs fleurs et leurs
fruits. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux, souvent
épineux, à feuilles composées, parfois trifoHolées, plus
souvent unifoKolées, entières ou crénelées, coriaces et
portées par un pétiole ailé, à fleurs blanches, douées
d'une odeur suave, axillaires, solitaires ou réunies en
cymes. Le calice est cupuliforme ou urcéolé, à 3-5 divi-
sions ; la corolle est composée de 4-8 pétales linéaires,
ohlongs, imbriqués, généralement sessiles, charnus, et
l'androcée d'étamines en nombre indéfini, à filets
unis entre eux dans une étendue variable, en faisceaux
inégaux (polyadelphie inégale), et portant des anthères
oblongues, biloculaires, déhiscentes par des fentes longi-
tudinales. Le gynécée est formé d'un ovaire libre, en-
touré ta sa base d'un disque annulaire ou cupuliforme et
surmonté d'un style cylindrique, terminé par une tète
Tige florifère d'oranger {Citrus aurantlum Risso).
stigmatitère lobée. L'ovaire est niultiloculaire, et dans
l'angle interne de chaque loge s'insèrent 4-8 ovules des-
cendants, anatropes, disposés sur deux séries. Le fruit est
une baie mulliloculaire (hespéridie), globuleuse, parfois
déprimée , dont
le.péricarpe, peu ^ ,
épais, est corn- ^
posé de trois
couches. L'exté-
rieure (épicar-
pe), de couleur
jaune plus ou
moins foncée,
est odorante: ce
qu'elle doit aux
nombreux ré-
servoirs d'es-
sence dont elle
est criblée. La
moyenne (méso-
carpe) est blan-
che, molle et
spongieuse , e n
général inodore
et sans saveur.
L'intérieure (en-
docarpe), habi-
tuellement ré-
duite à une
mince membrane translucide, tapisse la paroi convexe du
fruit et s'enfonce jusqu'au centre en formant des lames
verticales rayonnantes, qui séparent les unes des autres
les loges ou quartiers. La pulpe succulente, sapide, qui
rempht ces quartiers, ne fait pas partie du péricarpe pri-
mitif; c'est une formation cellulaire, qui prend naissance
à la surface interne de l'endocarpe ; les cellules, d'après
Bâillon, s'allongent en dirigeant leur sommet vers le centre
jusqu'à la rencontre des placentas chargés d'ovules ou de
ieunes graines, en formant autant de tubes, qui se défor-
ment par compression réciproque et dans rintérieur des-
, fleur d'oranger, coupe longitudinale ;
6, graine ; c, d, embryons.
ORANGER
~- 474 -^
Vv\ù\ d'orangor, coupe transversale^
quels se produit le liquide acidulé ou sucré. Les graines
testent toujours en dehors des cellules en question et ne
leur adhèrent pas. Ordinairement peu nombreuses, elles
sont pourvues de téguments glabres, dont Tintérieur est
parcheminé et résistant, et renferment un ou plusieurs
e]id)rvons charnus, sans albumen, l.'écorce odorante des
oranges s'appelle encore peau ou zeste. Les espèces inté-
ressantes sont : C. lîmoniumWis^o o\iCilro)}nier ; C. me-
dicd Risso ou Cédratier (V.ce mot); C. limetta Risso.
ou LimettieriW ce mot), arbre dont les diverses variétés
foui'nissent les lunettes et les bergamotes; C trifoUat<i
L., le Ssi de Knmpfer, espèce rustique, même dans nos
climats, dont on fait quelquefois un genre distinct sous le
nom de Pseudœgle Miq. ; C. decumanaL. {C. Pampel-
m')s Risso), ou Pamplemousse (V.ce mot), le Schaddok
des Anglais ; C. nobilis Lour. ou Mandarinier ;
C. higaradia Duhamou C. vulgaris Risso, le Bigaradier
ou arbre aux oranges amères ; enfui C. aurantiuni
Risso, V Oranger proprement dit, Fespèce la plus impor-
tante, qui fournit les oranges douces. Le Bigaradier [i\'^t
C'Ttainement (pi^une variété du C. aurantium, et pro-
bablement aussi
le Mandarinier.
Entre l'oranger pro-
prement dit et le bi-
garadier, ni Risso,
ni les auteurs mo-
dernes n'ont pu
même découvrir
d'autre caractère
distinctif ([ue la sa-
veur douce ou amère
du fruit. La manda-
rine a, elle, une sa-
veur propre, qui se
rapproche de celle de l'orange douce, mais elle est plus
])etite, bosselée à la surface et déprimée en dessus ; de
plus sa peau, peu épaisse, est d'odeur forte, plutôt désa-
gréable, sa chair a presque toujours un aspect sanguinolent,
l'jitre ces trois variétés d'orangers et les autres espèces
d'Aurantiées, les difFérences sont plus profondes. Les
orangers se distinguent notamment des citronniers, cédra-
tiers, limettiers, etc., par leurs fleurs entièrement
blanches, leur fruit jamais allongé, sans mamelon au
sommet, à peau peu ou point l)osselée, médiocrement
adhérente avec la partie juteuse, et des pamplemousses
par l'absence complète de poils sur les jeunes ])ousses et
sur les feuilles, par un fruit moins gros, de forme
sphérique et de peau moins épaisse.
n. Arboriculture. — L'oranger n'a été acclimaté dans
le bassin delà Méditerranée et même dans l'Asie occiden-
tale qu'à une époque relativement récente. R était complè-
tement inconnu aux Grecs et aux Romains. La fable du
jardin des Hespérides peut concerner, en effet, le fruit d'une
Aurantiée quelconque, le citron par exemple, qui (St men-
tionné pour la première fois par Théophraste, au iii^ siècle
av. J.-C, sous le nom de pomme de Médée; il est loisil)Ie,
en outre, étant donnée l'imagination fertile des anciens,
de la placer où l'on veut, en Mésopotamie aussi bien que
sur la côte d'Afrique. Gallesio, qui est l'auteur, ainsi que
Risso, de remarquables travaux sur les Aurantiées, pré-
sume même ({ue l'orajiger n'était pas cultivé dans la par-
tie occidentale de l'Inde au temps de Diodore do Sicile, de
Xéaiupie et d'Arrien, car il a étudié à ce point de vue
leurs ouvrages et leurs relations, et il n'y est lait nulle part
mention de cet arl)re. Cependant le sanscrit avait un nom
pour l'orange, nagrunga, dont les Hindous ont fait na-
roudji,les Arabes narounj, et ({ui serait devenu, au moyen
jige, le latin arancium, puis aurantium. Mais ce nom
s"appli([ue à pou près sûrement au Bigaradier, à l'oranger
à fruits amers, et c'est lui (ju'ont connu le premiej' les
Arabes, importateurs des orangers vers l'Occident. Origi-
Jiaire de la l'égion orientale de l'Inde, peut-êtj'e aussi de
Cochinchine et de la Chine méridionale, il se serait ré-
pandu, depuis les Romains, du côté du golfe Persique et,
à la tin du n^ siècle, en Arabie, par l'Oman, Rassura, Rak
et la Syrie. Les croisés le virent en Palestine et, dès 4002
on le cultivait en Sicile, probablement à la suite des incur-
sions des Arabes. Ceux-ci l'introduisirent en Espagne et
vraisemblablement aussi dans l'Afiique orientale, oii les
Portugais le trouvèrent établi lorsqu'on 1 i98 ils doublèrent
le Cap. V Oranger proprement dit, l'orang^er à fruit doux,
est d'importation encore plus récente. Originaire de la Co-
chinchine et de la Chine méridionale, où, à une époque
lointaine, serait survenue, d'après une hypothèse assez plau-
sible, une dérivation, soigneusement propagée, du bigara-
dier en oranger doux, il s'est répanclu d'abord, par l'effet
des semis, dans la région de l'Inde, peut-être vers le com-
mencement de l'ère chrétienne; il a gagné ensuite l'Occi-
dent, par des migrations vraisemblablement analogues à
celles du bigaradier, mais postérieures de 400 ou "UiO ans,
car jusqu'au commencement du xv^ siècle les ouvrages
arabes et les chroniques ne parlent que d'oranges amères
ou aigres. La date aj)proximative de son introduction en
Europe se place donc aux environs de 1400 et, dès les
])remières années du xvi^ siècle, une foule d'écrivains parlent
de Torange douce comme d'un fruit couramment cultivé en
Espagne et en Italie. Rientôt toutes les contrées que baigne
la Méditerranée en produisirent. En ioOB, les plantations
d'orangers d'Hyères présentaient l'aspect d'une véritable
forêt ; Eréjus, Aix, Marseille, puis la Corso et la Sardaigne
en eurent à leur tour, et vers 16,30 on voyait à Perpi-
gnan deux longues lignes d'orangers séculaires, qui ombra-
geaient une large rue. Dans le nord de la Erance, il n'a
existé, pendant longtemps, qu'un seul oranger, et encore
était-ce un bigaradier non greffé : semé à Pampelune, en
1421, U avait été transporté, déjà grand, à Chantdly, puis
à Eontainebleau, et, de là, en 1684, à Versailles, baptisé
successivement des noms de Grand Connétable, Grand
Bourbon et François l^''. Louis XIV en fit venir et plan-
ter d'autres, et, comme il s'en montrait admirateur pas-
sionné, l'oranger devint en vogue pour l'ornementation des
grands jardins à la Le xXotre ; on les y alignait, ainsi qu'on
le fait encore aujourd'hui, de chaque coté des allées prin-
cipales, dans des caisses, et, pour les préserver des rigueurs
de l'hiver, on leur construisit des serres monumentales,
i\\)\)âèesora))geries (V. ce mot). En Amérique, on signale
l'oranger un siècle à peine après la conquête et, maintenant,
il en existe des bois jusque dans le midi des Etats-Unis, (juant
au Mandarinier, qui parait avoir pour patrie la Cochiji-
chine et cpielques provinces do la Chine, Rumph Fa ren-
contré, au milieu du xvii^ siècle, dans toutes les îles de la
Sonde; mais sa culture ne s'était pas encore répandue
dans l'Inde, où elle a pris, depuis, une grande extension dans
le district de Kbassia.et, au commencement du xix'^ siècle,
elle était toute nouvelle dans les jardins d'Europe.
On cultive l'oranger en pleine terre ou en caisse, lin
pleine terre, il n'est pas exigeant sur la nature du sol,
pourvu que celui-ci soit frais, bien drainé, ou, s'il est
perméable, sutiisamment irrigué. Il lui faut, par contre,
un climat chaud et de préférence maritime, sans longues
sécheresses et sans hivers rigoureux : le Httoral de la Mé-
diterranée, en Europe et en Algérie, lui convient, à cet
égard, tout particulièrement. Pourtant, on a vu, en Pro-
vefice, les orangers geler, mais jamais assez complètement
pour qu'ils ne puissent êti*e rabattus sur les branches
principales et rétablis en peu d'années parla vigueur na-
turelle de leur végétation. Abandonné àlui-mème, l'oranger
peut atteindre dans nos contrées une dizaine de mètres de
hauteur et il ne domie son maximum de production que vei's
Tàge de quinze ans ; il porte alors un nombre considé-
rable détruits. Par la greffe, on le fait produire beaucoup
plus tôt et, si on le taille de telle sorte qu'il ne dépasse
pas 3 m., on a moins de fruits, mais ils sont plus beaux
et bien plus savoureux. La multiplication des orangers se
lait quehpiefois encore par marcottes ou par boutures ; mais
47o
ORANGER
le procédé qui est aujourd'hui te pi us généralement employé
est la greffe en écusson ou en fente sur des sujets obtenus
de semis: graines d'or anges douces, d'oranges amères ou de
citrons. Longtempsla préférence a été donnée à ces dernières;
mais il semble qu'il faille l'accorder aux secondes. On
s'est souvent demandé, à ce propos, si les oranges douces
donnent, quand on les sème, des oranges douces, les biga-
rades des oranges améres: Gallesio, qui a fait, dans nos
contrées, de nombreuses expériences, est absolument af-
fîrmatif; Mac-Fadyen a, au contraire, vu fréquemment,
à la Jamaïque, des graines d'oranges douces produire des
arbres à fruits amers, mais jamais l'inverse ; cette diffé-
rence de résultats tiendrait à la nature du sol. Quoi qu'il
en soit, les semis'de bigaradier et de citronnier sont ceux
qui réussissent le mieux ; il n'y a, du reste, que trois ou
(juatre variétés d'oranges douces qui se reproduisent
iranches de pied par le semis de leurs pépins. On donne
aux jeunes plants les soins et on fait les repiquages
ordinaires. On greffe à deux ou trois ans. Il n'est besoin
ensuite d'autres soins que ceux donnés aux arbres frui-
tiers en plein vent : on supprime le bois mort et on
élague les branches chiffonnes de l'intérieur. D'après
la destination des fruits, on en fait en général trois
récoltes. La première a lieu en fin d'octobre, alors
qu'ils ne sont pas encore bien mûrs : on peut à ce
moment leur faire supporter, sans inconvénients, de
longs voyages ; la seconde se fait en décembre, quand,
presque mûrs, ils sont encore en état de voyager; la
troisième au printemps, quand ils sont tout à fait mûrs :
mais ils ne peuvent plus alors se conserver au delà de
quelques jours et doivent être consommés sur place. Les
fleurs sont récoltées surtout sur le bigaradier. La florai-
son commence vers la cinquième année ; elle est à son
maximum d'intensité vers la quarantième année. La
récolte a lieu tous les jours, même deux fois par jour ;
on ne laisse d'ailleurs pas porter fruit aux arbres cultivés
pour leurs fleurs. Un bigaradier donne en moyenne
40 kilogr. de fleurs par an, un oranger véritable à peine
la moitié. De même un bigaradier produit en moyenne
1.000 fruits, un oranger 3.000.
En caisse ou en pot, on installe l'oranger dans un sol
meuble et enrichi de terreau sur un bon drainage ; chaque
année on renouvelle la couche superficielle dans les
récipients. La recette de ce terreau a été longtemps très
compliquée et le chef de chaque orangerie en faisait un
secret. On a reconnu l'inutilité de ces préparations et,
depuis plus d'un demi-siècle, on n'emploie plus qu'un
mélange à parties égales de bonne terre légère de jardin
et de terreau découches rompues. Xi\ printemps et en été,
on arrose fréquemment et on bassine le feuillage avec une
pompe, de bas en haut. Dès le mois de septembre on di-
minue l'arrosage. Du milieu d'octobre au milieu de mai
(à Paris), on rentre l'arlu'e dans une serre qu'on chauffe
tout juste pour qu'il ne gèle pas et on ne lui donne plus
que ia quantité d'eau strictement nécessaire pour l'empê-
cher de mourir de soif. Quand le jeune oranger a son
feuillage qui jaunit et tombe, il faut le dépoter à nu, le
débarrasser de toute l'ancienne terre adhérente aux ra-
cines, le planter dans du terreau pur, sur une couche
tiède ou sourde, et lorsqu'il est rétabli, le replacer dans
une caisse pleine de nouvelle terre. On doit renouveler
aussi de temps en temps la terre des grands orangers,
(|u'on cultive, à cet effet, dans des caisses dont les côtés
s'ouvrent à charnière, comme les portes d'une armoire.
On fait venir en général les jeunes orangers du Midi,
sous forme de plant prêt à recevoir la greffe ou greffé
depuis un an. Lorsqu'on sème, on le ftiit dans un mélange
à parties égales de terreau de feuilles et de terre de bruyère,
on conserve les pots enterrés dans le terreau d'une comdie
tiède, le premier et le second hiver, et on ne commence à
les exposer tout à fait à l'air, l'été, qu'à 3 ou 4 ans. On
ne doit pas tailler les petits orangers ; on taille les grands
en mi-septembre, avant de les rentrer ; on leur ^donne i
d'ordinaire une forme ari'ondie et régulière, soit en demi-
sphère ou champignon, soit en cylindre à face supérieure
bombée. Sous le climat de Paris, l'oranger n'est guère
qu'un arbre d'ornement ; il produit pourtant des fleurs,
vendues cha(pie année. Les orangers de nos jardins
publics et des grands parcs sont, du reste, en réalité,
des bigaradiers. Quant aux orangers nains, à feuilles de
myrte, ou orangers de la Chine, ce sont surtout des
plantes d'appartement, qu'on tient en jardinière ou en
pot, dans une chambre pas trop chauffée, et qui produisent
de jolies petites oranges minuscules ; celles-ci sont toutes
disposées à pulluler, mais elles épuisent la plante et il
faut n'en conserver que quelques-unes, si l'on veut qu'elle
fleurisse convenablement cha(|ue année.
Les sous-variétés d'oranger sont nombreuses. Le jar-
dinier du roi de Naples en avait dressé une monographie
qui n'en comprenait pas moins de 250, toutes parfai-
tement distinctes. Parmi celles qu'on cultive pour leurs
fruits {orangers proprement dits), citons : l'Oranger de
Nice (6\ a, nicensis), très productif, dont les fruits "sont fort
gros et à pulpe d'un jaune foncé ; l'O. de Gênes {€. a. ge-
nuensis), à fruits de moyenne grosseur et ronds, à la chair
rougeûtre ; l'O. de Malte (C. a. inelitensis) ,k fruits gros, de
peau et de chair rougeâtres ; l'O. de Majorque ou de Portugal
{C. a, baleariea), à fruits moyens, de peau mince, jaune
et lisse; l'O. de Jéricho {C. a, hierochuntica), à fruits
ronds, de peau jaune et de chair très rouge ; le C. a. asper-
ma, aux fruits petits, ronds, sans pépins, de chair rouge,
comestibles longtemps avant que la peau ait jauni ; le
C. a. limonoformis ; le C. a. duplex, etc. Les bigara-
diers se cultivent plutôt pour leurs feuilles et pour leurs
fleurs, dont on fait l'essence de néroli, l'eau de fleurs
d'oranger, etc.; mais leurs fruits servent aussi à préparer,
dans les espèces naines ou lorsqu'ils sont très jeunes {petits
grains ou orangettes),\es chinois confits, et, un peu avant
leur maturité, l'écorce d'oranges amères ; on en distingue un
nombre également fort grand de sous-variétés : C. b. asper-
ma, C. b. bizarria, C. b. cornieulata, C. b. crispifolia,
C. b. hispanica, C. b. myrtifolia, C. b. sinensis, etc.
III. Thérapeutique. — Les propriétés de l'oranger et
de sa variété, le bigaradier, sont identiques, mais plus
actives dans ce dernier. Les feuilles, surtout en infusion
chaude, sont sédatives et portent au sommeil, mais, en
raison de leur âcreté, on leur préfère les fleurs, qui
renferment d'ailleurs une plus grande quantité du prin-
cipe aromatique et calmant. La décoction concentrée des
feuilles ou les feuilles sèches pulvérisées ont été préconi-
sées jadis contre l'épilepsie ; il ne s'agit là probablement
([ue d'accès d'hystéro-épilepsie ; ce remède peut d'ailleurs
être utile contre les accidents nerveux, tels que hoquet,
toux convulsive, palpitations, etc. — Les préparations
d'écorces d'orange sont toniques, stimulantes, carminatives ;
la principale est le Sirop d'écorces d'oranges amères (V.
ci-dessous). Le vin d'écorces est un excellent stomachique au
même titre que le sirop. La décoction concentrée d'écorce,
ainsi que l'essence de bigarade à forte dose, est anthel-
minthique. Les meilleures écorces viennent des possessions
hollandaises, de Curaçao. — L'orangeade, moins acide
({ue la citronnade, a les mêmes emplois que celle-ci (V. Ci-
tron). — Les oranges douces, consommées dans les pays
chauds, calment la soif, éveillent l'appétit et facihtent la
digestion.
IV. Pharmacie. — Ecorces d'oranges amères. On
emploie sous ce nom le zeste du fruit du bigaradier {Citrus
vulgaris Risso), récolté avant maturité et desséché. Il se
présente sous forme de ([uartiers, obtenus en fendant
Técorce du fruit d'un pôle à l'autre, suivant plusieurs
méritliens, ou sous forme de rubajis obtenus en pelant
directement le fruit. Le péricarpe {flavedo) est brun jau-
nâtre ou verdâtre avec nombreuses glandes à essence. Le
péricarpe {albedo) est spongieux, blanc sale. Les écorces
doivent être aussi peu riches que possible en albedo et
<'ontenir tout le flavetlo. Aussi donue-t-on la préférence
ORANGER
476
aux écorces on ruban, pelées au couteau. On considère
comme principes actifs de l'écorce d'oranges amères :
l'essence qu'elle contient et des principes immédiats dé-
couverts par M. Tanret. Ce sont : l'acide aurantiama-
rique, corps résineux, amorphe, peu soluble dans l'eau
froide, plus soluble à chaud, soluble dans l'alcool, l'éther,
le chloroforme, très amer ; Vhespéridine, glucoside cris-
tallisé dédoublable en glucose et hespérétine, insoluble
dans l'eau froide, soluble dans l'eau bouillante ; Visohes-
péridine, glucoside cristallisé, très soluble dans l'eau
chaude ; Vanrantiamarine, glucoside soluble en toutes
proportions dans l'eau et l'alcool. Ces principes amers
font employer l'écorce d'oranges amères comme tonique
et stomachique.
Le Codex (1884) en fait une teinture (i partie d'écorces
pour 5 p. d'alcool à 80^) et un sirop [100 p. de zestes
sont mis à macérer dans 400 p. d'alcool à 60^ pendant
douze heures; on ajoute alors de l'eau distillée (d.OOO p.)
à 80*^, on laisse en contact six heures, on passe, on filtre,
et on fait par addition de sucre (180 p. pour 100 de
colature) un sirop au bain-marie en vase clos]. Ce sirop
est employé comme tonique, mélangé au vin de quinquina,
ou pour dissimuler la saveur désagréable de certains médi-
caments.
Essence de néroU (V. Néroli).
V. Commerce. — Les orangers sont l'objet d'un com-
merce très important. On les cultive en grand dans toute
l'Europe méridionale, dans les îles de la Méditerranée, sur
la côte septentrionale de l'Afrique, aux Açores, en Orient,
en Australie, au Cap, dans l'Amérique du Sud. Malte,
Majorque et l'Espagne produisent les oranges les plus re-
cherchées [valences) ; celles qui viennent de la Provence
et du comté niçois sont moins juteuses et moins douces.
La Sicile, le sud de l'Italie et le sud de l'Amérique sont
réputés pour leurs mandarines. La Barbade et Curaçao
fournissent les écorces d'oranges les plus estimées, puis
l'Italie, Malte et la Provence. Les principaux marchés
sont : dans le golfe de Gènes, Nice, Menton et Gênes ;
en Sicile, Messine; en Espagne, Cadix et Malaga; au
Portugal, Lisbonne et Santarès. Il faut citer en outre les
ports de Trieste, de Bordeaux et de Hambourg. Les
Açores, Malte et le Venezuela expédient surtout vers
l'Angleterre; Alger et Majorque, vers la France. II est
difficile de connaître, même approximativement, la quantité
d'oranges récoltée en France ; les statistiques du ministère
de l'agriculture indiquent en 1897, pour les dép. des Alpes-
Maritimes, de la Corse et du Var, oranges et citrons réunis :
4.000.000 kilogr., 240.000 kilogr. et 144.200 kilogr.,
représentant une valeur totale de 875.000 fr. ; mais ces
chiffres sont fort au-dessous de la réahté. Les statistiques
de la direction des douanes nous donnent au contraire une
idée suffisamment précise du trafic dont ces fruits sont l'ob-
jet. Pour l'année 1897 les importations se sont élevées,
en France, pour les oranges et les citrons (commerce spé-
cial), à 61.782.072 kilogr., représentant une valeur de
9.267.311 fr. (provenances: Espagne, 55. 970. 129 kilogr. ;
Angleterre [par transbordement], 1.467.377 kilogr. ;
Italie, 1.242.570 kilogr.; Roumanie, 69.855 kilogr.;
Algérie, 2.956.855 kilogr. ; Tunisie, 26.034 kilogr. ;
divers, 49.252 kilogr.) ; les exportations ont atteint (comm.
spécial) 2.218.539 kilogr. représentant une valeur de
443.708 fr. (destinations : Angleterre, 286.850 kilogr. ;
Allemagne, 102.659 kilogr. ; Belgique, 14.535 kilogr. ;
Suisse, 32.503 kilogr. ; Italie, 1.442.774 kilogr. ; Etats-
Unis, 285.600 kilogr. ; divers, 53.618 kilogr.) ; 4.820.294
kilogr. sont passés en outre en transit. Les mandarines
et les chinois ont donné lieu de leur côté à 1.075.290 fr.
d'importations (4.301.159 kilogr., dont 2.252.885 kilogr.
d'Espagne et 1.903.898 kilogr. d'Algérie) et à 32. 108 fr.
d'exportations (128.433 kilogr.), les écorces '^de citrons et
d'oranges à 197.147 fr. d'importations et à 51.565 fr.
d'exportations. La même année l'Espagne a exporté, au
total, pour 52 millions de francs d'oranges et de citrons.
l'Italie pour 25 millions, la Turquie pour 3 millions ;
l'Angleterre en a importé, à elle seule, des différents pays,
pour 67 millions et demi de francs. Le prix des oranges
est très variable selon la saison et l'année. En 1896, il a
oscillé, aux halles de Paris, entre 21 fr. 95 et 25 fr. 30
la caisse de 250 kilogr. ; celui des mandarines, entre 0 fr. 95
et 3 fr. 80 la caisse de 25 kilogr.
VI. Usages et économie domestique. — Toutes les par-
ties de l'oranger sont utilisées. Le bois, assez dur, com-
pact, souple, blanc jaunâtre à l'intérieur, légèrement odo-
rant et susceptible d'un beau poli, est employé pour les
ouvrages de tour et de tabletterie. Avec les feuilles, qu'on
cueille sur l'arbre quand elles végètent encore (d'ordinaire
en septembre) et qu'on fait sécher ensuite avec précau-
tion, on prépare des infusions et des décoctions (V. ci-dessus,
S Thérapeutique). Avec les pétales des fleurs, on fait
Veau de fleurs d'oranger (V. Hydrolat, t. XX, p. 452) ;
on les emploie aussi séchées, comme les feuilles, en infu-
sions; on en extrait une huile essentielle, Y essence de
néroli (V. Essence, t. XVI, pp. 387 et 391, et NÉRm.i);
enfin, elles sont considérées, à cause de leur éclatante
blancheur, comme l'emblème de la virginité et il en est
fait une grande consommation dans les mariages, tant pour
la décoration de l'autel, des voitures, de la table, que
pour la parure de la jeune mariée. Les fruits, les oranges,
sont mangés soit à l'état naturel — et il faut alors les choi-
sir très lourds (mais non très gros), avec une peau mince
et fine, — soit sous forme de diverses préparations (V. ci-
dessous). L'écorce sert à confectionner le sirop d'écorces
d'oranges amères (V. ci-dessus, § Pharmacie), V essence
ou eau de Portugal, huile volatile, qui en est extraite
par distillation ou par expression (V. Essence), le cura-
çao, le hitter (V. ces mots et Alcoolé) ; elle entre aussi
dans la fabrication de l'eau de mélisse, de l'eau de Co-
logne, etc.
VIL Art culinaire. — Salade d'oranges. On prend
des oranges bien mûres et de bonne qualité, on enlève
l'écorce ainsi que la peau blanche qui recouvre la pulpe,
on coupe en rondelles minces, on fait sauter les pépins, on
dispose dans un compotier, on saupoudre de sucre fin et
on arrose de bonne eau-de-vie, de rhum ou de kirsch,
ainsi que de quelques gouttes de fleurs d'oranger. Il faut
préparer deux ou trois heures au moins avant de servir.
Beignets d'orange. On épluche l'orange, on la couf e
en sept ou huit tranches, on les fait mijoter quelques
minutes dans du sucre clarifié et on les jette dans la pâte
à beignets. Lorsqu'ils sont frits, on les glace au sucre et
on râpe dessus du zeste d'orange.
Orangeade. On la prépare de la même façon que la
limonade (V. ce mot), à froid ou à chaud. On conserve
aussi, en bouteilles bien remplies et bien bouchées, àxijus
d'orange, avec lequel on peut préparer, en toute saison,
de l'orangeade.
Confitures d'orange. On confectionne avec les oranges
des compotes et des gelées. Le mode de préparation est
à peu près le même que pour les autres fruits (V. Confi-
ture, Compote).
Quartiers d'orange glacés. Oranges confites (V. Con-
fiserie).
Ratafia de fleurs d'oranger. — On laisse en contact
pendant vingt-quatre heures 30 gr. de pétales de fleurs
d'oranger et 1 litre de bon alcool à 36«. On passe, on
mélange avec 1 litre d'eau de fleurs d'oranger et 1 Utre
de sirop simple, on agite soigneusement le mélange et on
filtre. On a ainsi une liqueur un peu amère, mais très
agréable et très tonique, qu'on conserve dans des bou-
teilles rincées à l'avance et bien séchées.
BiBL. : Ferrari, Hesperides sive de malorum aiireorum
ciiltura et usu ; Rome, IU6 . -- Gallesio, Traité du Ci-
trus; Paris, 1811. — Rrsso, Essai sur l'histoire naturelle
des orangers ; Paris, 1813. — Risso et Poiteau, Histoire
naturelle et culture des orangers ; Paris, 1818-19 (nouv. éd.
par Du Breuil, 1872). — Goeze, Beitrag zur Kenntniss der
Orangengewachse ; Hambourg, 1874. — Alph. de Can-
dolle, Orifjlne des plantes cultivées ; Paris, 1896, 4* éd.
477 —
ORANGERIE — ORATOIRE
ORANGERIE (Ardiit.). Grande salle, consiriiile en
pierre ou en brique, avec de larges baies garnies d'un
double vitrage et ouvertes du côté du midi. On y renferme,
pendant Thiver, les orangers et autres arbustes des pays
chauds qui ne peuvent supporter les froids du climat sep-
tentrional. Parmi les constructions les plus remarquables
de ce genre, il faut citer Forangerie du château de Ver-
sailles, adossée à la grande terrasse et que les escaliers
conduisant à cette terrasse garantissent de droite et de
gauche en laissant la façade principale seule exposée au
soleil. Les trois galeries, une au fond et deux en retour,
dont se compose l'Orangerie de Versailles, et l'ordre toscan
qui la décore donnent à l'ensemble de cet édifice un ca-
ractère vraiment monumental. — On appelle aussi oran-
gerie la partie d'un jardin à la française, située devant un
l)àtiment et dans les allées de laquelle sont disposés les
orangers et autres arbustes de même essence, soit en pleine
terre, soit dans des caisses. Charles Ll'cas.
ORANGETTE (Rot.) (V. Oranger).
ORANGISTES (V. Irlande [Histoire], t. XX, p. 962,
et Pays-Ras [Histoire]).
CRAN GO. Ile faisant partie de l'archipel de Rissagos,
en face la côte occidentale d'Afrique. L'ile d'Orango, qui
mesure 45 kil. de long sur '20 kil. de large, est la plus
grande du groupe.
ORANIENBAUM. Ville de Russie, gouv. et à 26 kil. de
Saint-Pétersbourg, distr. de Peterhov, situation pitto-
resque à l'embouchure de la Karosta, golfe de Finlande,
en face de Cronstadt ; 5.383 hab. Lieu de villégiature
fréquenté l'été par les habitants de Saint-Pétersbourg.
Ruines de la forteresse de Peterstadt. Oranienbaum était
primitivement un village finlandais que Pierre le Grand
donna à son favori Mentchikov. Celui-ci fit construire
en 1714 un palais entouré d'un grand jardin avec des
orangeries et donna à l'endroit son nom actuel. En 1728,
après la disgrâce du favori, Oranienbaum devint propriété
de la couronne. Pierre III y fit construire la forteresse de
Peterstadt. " Mar. C.
ORANIENBURG. Ville de Prusse, district de Potsdam,
au N.-O. de Rerlin, sur la Haxel et le canal cVOranien-
baum (10 kil. de long., l'^,75 de tirant d'eau) qui la
supplée; 6.912 hab. (en 1895). Château royal, orpheli-
nat, école normale, écoles d'agriculture et de musique.
Produits chimiques, machines, etc. — Son nom d'Oranien-
burg lui fut donné en l'honneur de l'électrice Louise-Hen-
riette, fille de Frédéric-Henri, prince d'Oran^^e, stathouder
de Hollande, qui y fonda en \Q^o l'orphefinat. Aupara-
vant elle s'appelait Bœtzov. Pourvue d'une charte urbaine
dès le xiii^ siècle, elle eut un château fort que l'électeur
Joachim II rasa et remplaça par un pavillon de chasse au
lieu duquel furent édifiés par Memhard un château (1651),
reconstruit, après incendie en 1842, pour loger l'école nor-
male, puis, par E. de Gœthe, le château roval actuel
(1698-1704).
ORASIUS ExiMius (Paléont.) (V. GmAFE).
ORATOIRE. I. Architecture. — Petite chapelle isolée
de toutes parts, accotée aune éghse, ou comprise dans l'en-
ceinte d'un château ou d'une abbaye, et devant sa construc-
tion à des motifs bien divers, tels que le désir de rappeler
un événement religieux ou celui d'abriter et d'honorer les
reliques d'un saint. Les plus anciens monastères durent
leur origine à de petits oratoires élevés par la piété d'un
rehgieux qui s'isolait dans un endroit éloigné de la vie
active et autour duquel venaient se grouper d'autres re-
hgieux attirés par la sainteté de son existence. H existait
aussi des oratoires, véritables petites chapelles et parfois
au nombre de trois, dans toutes les forteresses du moyen
âge, et Viollet-Le-Duc reproduit dans son Dictionnaire
d'architecture (VI, p. 448) un oratoire du xii^ siècle,
qui se voit encore dans la cité de Villeneuve-lez-Avignon.
De même, au sommet du donjon du château de Gisors,
existent encore les substructions d'une petite chapelle,
véritable oratoire, où officia Thomas Rccket pendant son
séjour dans ce château. Mais on appelait aussi oratoires
de petites pièces retirées, quoique appartenant à des cha-
pelles ou à des églises, comme Louis XI en fit aménager
une entre deux contreforts de la Sainte-Chapelle du Pa-
lais, à Paris, afin de s'y tenir pendant les offices, et
comme il en existe une autre dans la chapelle du château
de Vincennes. On peut encore voir dans l'église Saint-
Gervais, à Paris, parmi les chapelles du côté droit des
basses-nefs, une petite pièce dissimulée aux regards et où
M'^^ de Maintenon, alors qu'elle était gouvernante des
enfants de M"^^ de Montespan, venait entendre la messe et
apercevait le prêtre à l'autel par une sorte de meurtrière
pratiquée dans un massif de la construction. Ch. L.
II. Droit canonique. — Oratoire particulier
(V. Chapelle, t. VI, p. 557).
III. Rhétorique. — Art oratoire. --Vart oratoire
est à certains égards l'ensemble des procédés qui
font les orateurs, c.-à-d. les hommes parlant en
public, et en ce sens art oratoire est absolument
synonyme de rhétorique. C'est donc au mot Rhé-
torique que l'on devra chercher les préceptes de l'art
de persuader et de convaincre. Mais, d'autre part, on
appelle indifféremment art oratoire ou éloquence l'en-
semble des ouvrages qui ont été ou qui pourront être un
jour composés par des orateurs ; c'est ainsi que les mots
peinture, sculpture, architecture et musique sont employés
couramment. Dès lors nous devons nous placer à un tout
autre point de vue ; il nous faut étudier en eux-mêmes
les différents genres de discours ; il nous faut ensuite
exposer brièvement l'histoire de Vart oratoire, c.-à-d.
de V éloquence à travers les âges.
I. Divisions de l'art oratoire, son caractère nis-
tinctif. — L'éloquence est aussi naturelle à l'homme que
le chant et que la parole même ; la preuve en est que le
mot grec prJTwp et son correspondant latin orator signi-
fient étymologiquement parleur. Aussi trouve-t-on des
discours, et en grand nombre, dans les plus anciens textes
connus. Il y en a dans la Rible, dans les livres sacrés de
l'Inde, de la Perse, de l'Egypte et de la Chine, et ces
discours ne sont pas un ensemble de réflexions, d'argu-
ments ou d'objurgations qui se suivent au hasard ; ils sont
composés avec art, et l'on pourrait proposer comme des
modèles certains discours des livres de Tobie, d'Esther ou
de Job. Mais c'est l'homme en société qui a surtout fait
usage de la parole savante pour agir sur ses semblables
dans les assemblées pohti({ues, dans les tribunaux, sur les
champs de bataille, dans les sanctuaires et enfin dans les
heux de réunion où l'on échange des vues sur les choses
de l'art, de la littérature, de la philosophie et de la mo-
rale. C'est pour cette raison que les anciens auteurs de
rhétoriques, suivant Aristote à la trace, ont réparti en
trois groupes toutes les variétés de discours. H y a, disent-
ils d'un commun accord, trois genres distincts suivant que
les orateurs s'occupent du présent, de l'avenir ou du passé ;
ce sont les genres démonstratif, délibératif et judi-
ciaire. Aux choses du présent se rattachent les discours
dont l'ensemble constitue le genre démonstratif, et dans
ce cas les orateurs se proposent toujours de louer ou de
blâmer ce qui se passe sous leurs yeux : ils font des pa-
négyri(|ues ou des satires, ils remercient, ils féUcitent, ils
se réjouissent d'un événement heureux ou enfin ils dé-
plorent une calamité publique ou privée. — C'est toujours
en vue d'un avenir plus ou moins éloigné que parlent ceux
qui cultivent le genre délibératif, puisqu'ils se proposent
de conseiller ou de dissuader, d'exhorter à la paix ou de
pousser à la guerre, de préconiser telle mesure adminis-
trative ou politique, de faire adopter tel projet de loi,
d'entraîner à leur suite une foule indécise ou de vaincre
l'opposition d'une assemblée hostile. — Enfin les accusa-
teurs et les avocats exercent nécessairement leur éloquence
sur des faits passés qu'ils cherchent à incriminer ou à
justifier, et ainsi le genre judiciaire a sa raison d'être
aussi bien que les deux autres.
ORATOIRE
m
Telle est la ilivisioii qu'ont adoptée durant de longs
siècles les théoriciens de l'art oratoire ; elle est fort ingé-
nieuse, et jadis elle donnait satisfaction à toutes les exi-
gences ; mais les conditions de la vie civile, politique et
religieuse ont complètement changé depuis l'établissement
du christianisme, et la division adoptée par les anciens
rhéteurs aurait dû être profondément moditiée si l'on
n'avait eu pour Aristote le respect aveugle que tout le
monde connaît. D'ailleurs, la distinction en trois genres
n'est pas d'une rigueur absolue, parce que les subdivisions
de la littérature ne peuvent pas èire assimilées à celles de
la science ; un orateur ne saurait se cantonner dans l'un
de ces trois genres de manière à ne jamais empiéter sur
le domaine des deux autres. L'auteur d'un éloge, d'un
panégyri(|ue, d'une oraison fun'bre n'éprouvera-t-il pas
le besoin de proposer son héros à l'imitation de ses audi-
teurs ? Ne chercher a-t-il pas à les porter à la vertu, à leîU'
faire prendre de bonnes résolutions ? Le voilà donc (pu',
dans un discours du genre démonstratif, introduit des
développements appartenant au genre délibératif. vSi le
personnage dont il fait l'élige s'est trouvé, comme Socrate
ou comme Phocion, en butte aux traits de l'envie, l'ora-
teur invectivera les calonnn'ateurs ; il prendra la défense
du héros persécuté, et dès lors le panégyrique tournei a
au plaidoyer ; ce sera, en partie du moins, un discours
du genre judiciaire. La possibilité d'une telle confusion
apparaît mieux encore si l'on songe à l'extrême variété
des harangues prononcées devant les tribunaux. Accusa-
teurs et défenseurs s'adressent en effet à des juges ou à
des citoyens qui vont délibérer, et souvent ils se croient
dans roI)hgation de blâmer ou de louer des personnes
vivantes. Démosthène, auteur du Discours pour la cou-
ronne, fait son propre éloge en termes magnifiques, et
l'on sait de (juelle façon il drape le malheureux Lschiue.
Il est donc de toute évidence (pie la classification aristo-
télicienne n'a plus aujourd'hui sa raison d'être ; dès le
milieu du xviii^ siècle, le judicieux auteur des Principes
de la littérature, l'abbé Batteux, pouvait terminer son
chaphre sur les différents geni-es d'oraison par cette re-
marque : « Ce n'est pas sans raison que quelques rhé-
teurs modernes ont pris la liberté de l'egarder connue peu
fondée cette division si célèbre dans la rhétorique des
anciens. »
Mais si l'on rejette ainsi une division de Vart oratoire
qui a pour elle une durée de vingt siècles, il faut lui en
substituer une autre, et c'est à quoi les théoriciens mo-
dernes ont songé. Plusieurs classifications ont été pro-
posées ; la meilleure paraît être celle (pii tient compte des
circonstances dans les([uelles peuvent être prononcés les
discours et aussi de la ((ualitc des orateurs qui les (com-
posent. Tantôt ce sont des hommes politiques ou des
militaires s'adressant à un auditoire très spécial de légis-
lateurs ou de soldats ; tantijt ce sont des ministres du
culte instruisant les tidèles du haut de la chaire chré-
tienne ; tant(jt ce sont des gens de robe parlant dans le
prétoire ; tant(jt enfin ce sont des littérateurs, des savants,
des philosophes ou des artistes faisant dans les académies
ou ailleurs des discours d'apparat ou des conférences. On
peut alors classer de la manière suivante les différentes
parties de l'éloquence ou de Xart oratoire : éloquence
politique, éloquence militaire, éloquence de la chaire,
éloquence du barreau, éloquence académiipie. De cette
façon, les inconvénients signalés plus haut disparaissent
complètement; les confusions ne sont plus à craindre, et
s'il y a parfois des analogies frappantes entre tel discours
et tel autre, c'est parce ([u'en définitive Y art oratoire est
un sous des formes variées ; partout et toujours il s'agit
de persuader ou de convaincre, de plaire et au besoin
d'émouvoir, en suivant les préceptes qu'enseigne la rhéto-
rique (V. Rhétorique).
Chacun de ces genres d'éloquence a néanmoins ses
règles particulières, parce qu'il a, si l'on peut s'exprimer
ainsi, sa physionomie propre, et cela en raison des sujets
qu'il traite. L\idemmcnt, on ne pai'le }»as de la patrie en
danger sur le ton d'un académicien (pii loue son prédé-
cesseur; à des sujets différents correspomlra une éh)quence
différente. Pour bien se rendre compte de cet état de
choses, il est bon de passer en revue les genres (jui
viennent d'être énuim'^'és ; on verra ainsi quels sont leurs
caractères distinctifs, et il sera p(3ssible de les compaiei'
les uns avec les autres.
L'éloquence politi(jue, appelée aussi éh^quence de la
tribune, était dans l'antiquité la plus grave de toutes et
la plus importante, car chez les anciens, comme l'a si l»ieii
dit lumeion, « tout dépendait du peuple, et le peuple
dépendait de la parole;... la parole était le grand ressort
en paix et en guerre ». C'est vrai des Crées et des Ro-
mains, c.-à-d. des peuples libres; les autres n'ont jamais
comiu l'éloquence politi({ue. On conçoit dès lors ({uelles
qualités devait l'éunir un orateur digne d'agir siu' ses conci-
toyens, de les exciter tour à tour à faire la paix ou à
déclarer la guerre. Il était obligé de connaître à fond les
choses de la diplomatie, de la politique extérieure ou inté-
rieure, des finances, de l'armée, de la marine, de l'admi-
nistration dans tous ses détails. Pour entraîner à sa suite
des foules souvent houleuses, l'orateur politi^pie devait
avoir la logique serrée, l'argumentation pressante, la parole
enflammée ; il nous est même impossible d'imaginer ce
que pouvaient être sur la place publicfue d'Athènes ou à
la tribune du sénat romain des honnnes tels que Démos-
thène ou Cicéron. Quand nous lisons aujourd'hui les Phi-
Uppiques ou les Catilinaires, nous sommes frappés
d'étonnemeni et transpoités d'adnn'ration, et toujours il
nous faut dire avec Kschine, connnentant Démosthène
devant de jeunes rhétoriciens : « Que serait-ce donc si
vous aviez entendu le monstre lui-même ? »
Dans les temps modernes, l'éloquence de la tribune Jie
saurait avoir la même ampleur. Sauf de bien raies excep-
tions, on ne parle plus sur la place pubii(pie devant im
auditoire composé (l'inconnus. L'orateur politi(fue j)reml
la parole dans une salle fermée, en présence d'auditeuis
qui sont ses collègues ou ses confrères, et qui (mt la pré-
tention de connaître aussi bien que lui les choses dont il
va pai'ler. Enfin les sténographes sont là qui. le lende-
main, livreront les discours à des milHons de lecteurs
alors que la parole improvisée ne supporte pas la lecture.
Les conditions de rélo([uence politicfue sont donc bien
changées, et il est à peu près impossible que les orateuj-s
modernes s'('4êvent à la hauteur des anciens. Ce qu'on est
en droit de Iciu^ demander, c'est une véritable connais-
sance des questions qu'ils traitent, beaucoup de clarté,
une grande pi'ésence d'esprit et une certaine chaleiu'.
C'est grâce à ces ([ualités ([ue Mirabeau, le général Loy,
Thiers et Cand^etta se sont fait un nom et qu'ils ont agi
sur des assendjlées politiques autant qu'il est possible de
le faire au moyen de la seule parole.
Jj'éloiiuence niili taire ne ressemble guère à l'éloquence
de la tribune, car sui' un champ de bataille on n'a pas le
loisir d'arrondir des ])ériodes, et le général a beau avoij'
une voix de stentor, il ne peut pas se faire entendi'c de
40.000 ou 50.000 honunes. C'est le plus ordinairement par
ime pi'oclamation écrite, par un ordre du jour ou par un
bulletin que le chef d'une armée s'adresse à ses soldats;
et son discours doit être avant tout concis, nerveux et
d'une véhémenc^e qui n'exclut pas l'emphase. Il s'agit en
définitive d'électriser les soldats et de les exciter à se faire
tuer ; pour obtenir un semblable résultat, le g(}néral doit
entretenir ou éveiller dans le cœui' de ses hommes les
gi'ands sentiments d'honneur, de patriotisme, de dévoue-
ment et d'abnégation; il doit leur communiquer ses espé-
rances, sa confiance, parfois même sa rage. « Soldats, di-
sait Bonaparte dans sa fameuse proclamation de 1796,
vous êtes mal nourris et presque nus, le gouvei'uement
vous doit beaucoup, mais ne peut rien pour vous. Votre
patience, votre courage vous honorent, mais ne vous pro-
curent ni avantage ni gloire. Je vais vous conduire dans
-- m
ORATOIUE
les plus fertiles plaines du monde; vous y trouverez de
grandes villes, de riches provinces; vous y trouvere/>
honneur, gloire et richesse. Soldats de l'armée d'Italie,
manqueriez-vous de courage? » A Austerlitz, Xapoléou
s'écriait : « Soldats, il faut finir cette campagne par \m
coup de tonnerre! » Voilà l'éloquence militaire dans toute
sa beauté, et l'on ne saurait rien citer qui fasse mieux
ressortir les règles du genre, à moins pourtant qu'on ne
cite cet admirable discours de La Rochejacciuelein : « Si
j'avance, suivez-moi; si je recule, tuez-moi; si je meurs,
vengez-moi. » A la différence de lélocpience politique,
l'éloquence militaire ne doit rien, ou pr*es([ue rien à l'étude
des modèles anciens, et rien n'empêche de croire que son
avenir pourra être aussi brillant que son passé.
]j'éloque}ice de la chaire, inconnue de l'antiquité
païenne, aurait pu, à ce qu'il semble, ne lui emprunter
aucun de ses procédés. Et de fait, pendant les trois ou
quatre premiers siècles du christianisme, on ne voit pas
de compositions oratoires qui aient des allures savantes.
Les Epttres des apôtres, les Apologétiques de saint Jus-
tin et de TertuUien ne sont en aucune façon tri])utaires
de la rhétorique aristotélicienne, et il en est de même
des homélies de saint Jean Chrysostome, des sermons de
saint Aml)roise et de saint Augustin. Mais les oraisons
funèbres des Pères grecs et celles de saint Ambroise
même sont des œuvres très littéraires (V. Ouaison funèbre)
et plus tard, quand la scolastique aura cessé de tyranniser
les intelligences, le sermon lui-même deviendra une œuvre
d'art souvent admirable (V. Sermon). Les orateurs sacrés,
compatissant à la faiblesse humaine, auront recours à tous
les artifices de la rhétorique pour amener les auditeurs à
se convertir; suivant une expression de Bossuet, ils lan-
ceront la foudre pour percer les ci'urs de pierre. Tantôt
ils insisteront sur le dogme, et n'accorderont à la morale
qu'une place restreinte, tantôt au contraire ils cherche-
ront à moraliser leur auditoire pour que les mœurs le con-
duisent à la foi. Les deux systèmes auront d'illustres re-
présentants, puisque Bossuet tiendra de préférence pour
le premier et Bourdaloue pour l'autre. En tout état de
cause, V éloquence de la chaire se distinguera des autres
par sa gravité, par son habitude de citer ou de paraphra-
ser les textes sacrés, par ses analyses psychologiipies et
morales, et elle brillera du plus vif éclat alors ([uc les
autres genres, et en particulier l'éloquence de la tribune,
subiront des éclipses plus ou moins complètes et plus ou
moins longues.
L'éloquence du barreau est la plus variée de toutes,
sans comparaison, puisque les avocats peuvent être ame-
nés à traiter les questions les plus diverses, depuis les
discussions relatives à un mur mitoyen jusqu'aux débats
qui ont pour enjeu des têtes couronnées. Ce (pii devrait
donc distinguer l'avocat de tous les autres orateurs, c'est
avant tout son extrême souplesse. Cicéron l'avait bien
compris, lui qui fut sans doute le plus parfait des avocats;
il exigeait de l'orateur du barreau la probité sans doute
et le talent de parole, vir bonus dicendi peritus, mais
aussi l'habileté merveilleuse que peut donner une longm.^
et sérieuse préparation. A la science du droit, l'avocat
vraiment digne de ce nom doitjoindre une singulière apti-
tude à comprendre tout ce qui peut faire l'objet d'un litige
soumis aux tribunaux ; et il doit être successivement tout
ce que sont les clients dont il soutient la cause. Les con-
ditions de la vie moderne ont même changé d'une manière
absolue le rôle des avocats lorsqu'ils plaident au criminel.
On sait (|u' alors ils n'ont plus affaire à des juges blasés,
mais à des jtu'és, c.-à-d. à de simples citoyens qui sont
censés ignorer les dispositions du code, qui ont pour mis-
sion de se prononcer en leur âme et conscience sur l'in-
nocence et sur la culpabilité d'un accusé. Il ne suffit donc
plus à l'avocat moderne d'avoir raison et d'établir à grand
renfort de textes la justice de sa cause ; il faut qu'il émeuve
son auditoire, qu'il détruise les impressions fâcheuses qu'a
pu laisser 1« réquisitoire du ministère public ; il faut enfin
(ju'il arrache à foi'ce d'éloquence un verdict favorable.
Aussi l'on peut dire ({ue l'éloquence du barreau, admirable
dans l'antiquité, moins brillante ({ue les autres sous l'an-
cien régime, a pour ainsi dire pris sa revanche depuis la
Révolution française, au temps des Berryer, des Jules Favi'c
et de tant d'autres.
Que dire enfin de Véloquence académique, la moins
éloquente de toutes? Elle ne s'adresse jamais aux foules,
mais il lui faut des auditoires délite; elle n'arrache pas
de larmes, elle n'excite ni la pitié ni la colère, et les grands
mouvements lui sont interdits, l^lle se plait en général à
développer des lieux communs et à ciseler de belles phrases ;
enfin elle met en œuvre tous les artifices de la rhétorique.
Le Panégyrique d'Athènes par Isocrate, le Panégyrique
de Trajan par Pline le Jeune et les fameux Eloges
de Fontenelle ou de Thomas semblent être les modèles du
genre, et les auteurs de ces compositions trop savantes
ont mérité le titre de déclamateurs fleuris que Fénelon in-
fligeait à Isocrate. C'est à cette catégorie d'orateurs que
songeait La Fontaine quand il a écrit ces deux vers :
Je liais los pièces (rélo(|uence
Hors de saison et (|ui noiit point de fin.
Toutefois il ne faudrait pas se montrer injuste; puisque
les hommes aiment à s'assembler pour écouter à loisir des
discours de cette espèce, on est bien obligé d'en composer
de tels; et beaucoup de harangues académiques, ih
leçons d'ouverture, de conférences ou d'allocutions sout
des morceaux littéraires de haute valeur. Ce sont les éiu-
dits, les auteiii^s de classifications à outrance qui ont eu
le tort de donner un nom trop ambitieux à des œuvres
estimables qui sont à l'éloquence proprement dite ce ((ue
sont à la poésie les bouquets à Chloris ou lesépithalames.
Telles sont les principales divisions de Vart oratoire.;
mais l'éloquence vraiment digne de ce nom échappe aux
réglementations trop étroites : elle ne connaît pas de fron-
tières, elle n'obéit pas à des lois immuables. On a même
observé avec raison que la rhétorique n'est point la mère
de l'éloquence, et que l'éloquence des premiers orateurs
a au contraire donné naissance à la rhétorique. Bien plus,
la grande ékxpience a ce privilège qu'elle sort du cœur à
la façon d'un torrent, peclus est quod diserfos facit. et
l'on sait, depuis Pascal, ([ue le cœ'ur a ses raisons ({ue lu
raison ne comprend pas toujours. D'ailleurs, il est inad-
missible que l'orateur véritable soit comme un écolier (jui
récite sa leçon ou comme un acteur qui débite son rôle ;
plein de son sujet, préparé par de longues études à com-
prendre vite les choses, il doit s'abandonner souvent à
l'inspiration du moment et improviser des passages entiers.
Le cri célèbre de Mirabeau « Silence aux trente voix ! »
et beaucoup d'autres du même genre sont des improvisa-
tions ; l'orateur est comme un athlète qui doit savoir pa-
rer les coups de ses adversaires et leur en porter lui-
même de terribles dès qu'ils prêtent le fianc. Il y a plus : les
œuvres oratoires sont destinées à être entendues, et non
pas à être lues ; le discours parlé ne doit donc en aucune
façon ressembler au discours écrit ; il comporte notam-
ment des redites voulues (fui seraient insu[)portables ù la
lecture. Après avoir exprimé sa pensée d une manière^
abstraite, l'orateur la reprend volontiers sous une forme
concrète, et il la reprend encore une troisième fois pour
mieux la faire comprendre à l'aide d'une image. L'écri-
vain au contraire croirait mancjuer de respect à son lec-
teur s'il insistait de la sorte ; il sait fort bien que cehd
qui lit peut toujours s'arrêter et au besoin revenir en
arrière. C'est pour cette raison que rien n'est ennuyeux,
sauf quand il s'agit de l'éloquence académique, comme m\
discours écrit en entier et lu ou récité; c'est pour lu
même raison que la lecture des plus beaux discours de
Lacordaire, de Berryer ou de Thiers est généralement pé-
nible et cause à ceux qui la font une véritable déception.
C'est encore pour cette raison que nous admirons si fort
les sermons de Bossuet, publiés sur de simples brouillons,
et conservant ainsi bien des traces de l'inspiration du
ORATOIRE
480 —
moment et de la fougue du grand orateur. Aussi Télo-
((uence oceupe-t-elle dans la littérature une place à part,
tout à côté de la poésie, et son histoire va nous montrer
que les grands orateurs sont mis avec raison au rang des
plus grands génies : « L'éloquence, dit un écrivain du
xviii*^ siècle, est le despotisme du génie ; elle commande,
et l'on obéit sans examen. »
II. Histoire sommaire de l'art oratoire. — Qu'il
s'agisse de rhétorique ou d'éloquence proprement dite,
Vart oratoire a fourni, depuis les temps les plus reculés
jusqu'à nos jours, une carrière brillante, et son histoire parti-
culière est un des plus beaux chapitres de l'histoire littéraire
des nations civilisées. On trouvera au mot Rhétoriuue l'his-
toire abrégée de l'art de bien dire; c'est ici même qu'il
faut conter brièvement l'histoire du bel art de persuader.
On a vu plus haut que l'éloquence est naturelle à l'homme ;
aussi a-t-elle été en grand honneur chez les peuples an-
ciens. Les poètes épiques, et à plus forte raison les poètes
dramatiques, ont placé une infinité de discours dans la
bouclie de leurs personnages, et les historiens ont inventé
de toutes pièces les discours qu'auraient pu ou dû pro-
noncer en telle ou telle circonstance les hommes d'Etat ou
les généraux dont ils racontaient les faits et gestes. VIliade
et Y Odyssée d'une part, les Histoires d'Hérodote de l'autre,
ont donné l'exemple, et cet exemple a été suivi durant de
longs siècles. Mais c'est surtout en Grèce, et à dater du
v^ siècle, que rélo{|uence joue un rôle prépondérant dans
les affaires publiques et qu'elle brille d'un é(*lat incompa-
rable. Thémistocle et Aristide étaient de grands orateurs
avant même d'être de grands politiques; et Périclès, ([ui
(loima son nom au plus beau siècle de l'histoire grecque,
dut surtout à son éloquence entraînante, les anciens di-
raient foudroyante, l'autorité qu'il a conservée durant
trente ans. A leur école se formèrent les orateurs de l'âge
(pii suivit, et tant que la Grèce ne fut pas asservie, l'agoia
fut occupée successivement par une multitude d'orateurs
de talent ou même de génie. Au premier rang se sont
placés les maîtres de l'éloquence, Antiphon, Lysias, Iso-
cratc, Eschinc et enfin l'incomparable Démosthène, leplus
grand de tous et le dernier en date. A force de travail et
d'intelhgence, Antiphon avait fait disparaître de ses com-
positions oratoires toute trace de pesanteur, de subtilité
et de mauvais goût ; Lysias sut être à la fois élégant,
simple et d'un naturel exquis ; Isocrate, qui n'osa jamais
aborder les luttes de la tribune, soigna plus particulière-
ment la forme, et nul n'a contribué plus que lui à façon-
ner, pour ainsi dire, cet admirable instrument dont Dé-
mosthène allait se servir avec toute la supériorité de son
bon sens, de son patriotisme et de son génie.
Avec Démosthène, qui dut s'empoisonner afin de mourir
libre, neuf ans après la mort d'Alexandre, périt la liberté
d'Athènes, et avec la liberté disparut l'éloquence politique.
Les orateurs qui vinrent ensuite ne furent plus que des
rhéteurs, c.-à-d. des déclamateurs et des bavards dont
l'art consistait à bien arrondir des périodes et à soutenir
indifféremment le pour ou le contre. Mais du moins ces
rhéteurs comprenaient et admiraient les chefs-d'œuvre de
leurs illustres devanciers ; ils surent les transmetti'c à la
postérité, et ils ouvrirent dans toutes les viUes de l'Orient
groc des écoles d'éloquence, comme l'avait déjà fait Eschine.
vaincu par Démosthène et contraint de s'exiler. Dans ces
écoles vinrent se former de jeunes étrangers, et c'est ainsi
([ue la Grèce se trouva appelée à transmettre aux Romains
les secrets de son incomparable éloquence.
Les Romains n'étaient pas aussi bien doués que les Grecs
pour les choses de l'art et de la littérature, mais les conditions
de leur existence politique les obligèrent, tout comme les
Grecs, à cultiver l'art oratoire. Dès les premiers temps de
la Républi({ue, si nous en croyons les historiens, Ménénius
Agrippa, introduisant dans un discours aux plébéiens ré-
voltés la fable des Membres et de l'Estomac, dut à son
éloquence un beau triomphe. Tout jeune Romain quiaspi-
lait aux honneurs devait être également habile à parler,
à administrer et à combattre; sur le forum, au sénat, dans
les provinces et même sur les champs de bataille, il fallait
pouvoir discourir. Assurément, l'éloquence romaine fut
d'abord grossière, sauvage, brutale même, et il en fut
ainsi tant que les Romains ne connurent pas la Grèce ;
mais en revanche cette éloquence eut les qualités de ses
défauts ; elle fut naïve, forte et passionnée. Ce n'est pas
à l'école des orateurs ou des rhéteurs grecs que s'étaient
formés les Gracques ; il est pourtant bien éloquent, et
même bien littéraire, le fameux discours de Tibérius Grac-
chus où l'on peut lire ce beau passage : « Les bêtes sau-
vages de l'Italie ont un gîte, une tanière, une caverne.
Les hommes (pii combattent pour l'Italie ont en partage
l'air et la lumière, rien de plus. Ils n'ont ni toit, ni de-
meure ; ils errent de tous côtés avec leurs femmes et leurs
enfants... On les appelle les maîtres du monde, et ils ne
possèdent pas une motte de terre ! » L'éloquence du vieux
Caton apportant au sénat des figues de Carthage encore
toutes fraîches et concluant de là qu'il fallait détruire cette
ennemie de Rome, delenda est Carthago, n'est pas moins
digne d'admiration. La forme pouvait être rude, le fond
était excellent, et le jour où les rhéteurs grecs vinrent
ouvrir à Rome des écoles d'éloquence, les orateurs romains
acquirent les qualités qui leur avaient manqué jusqu'alors.
Les Scipions n'hésitèrent pas à étudier dans leur âge iniïr
les chefs-d'œuvre de l'éloquence grecque; des hommes po-
litiques plus jeunes les imitèrent, et, trente ans avant la
naissance de (^icéron, Antoine et Crassus étaient célèbres
comme orateurs. Ils avaient su emprunter aux Grecs leur
disposition savante, l'abondance et la richesse de leurs dé-
veloppements, et enfin, dans une certaine mesure, la ])er-
fection de leur style et la divine harmonie de leur diction.
Cicéron, formé par les meilleurs maîtres de son temps et
déjà connu par quelques plaidoyers, n'hésita pas à voya-
ger durant trois années consécutives en Grèce et en Asie
Mineure, et l'on sait à quelle hauteur s'éleva son éloquence
dans les Catiliiiaires, dans les Verrines, dans les Phi-
HppiqiieSy dans les plaidoyers pour le poète Archias, pour
Muréna, pour Ligarius, pour Marcellus, pour Milon et pour
bien d'autres. On admire en lui le grand orateur politique;
l'avocat est plus admirable encore parce que, dans ses
plaidoyers, Gicéron pouvait donner libre carrière à sa
verve railleuse, à son esprit, à sa franche gaîté. Si Dé-
mosthène est le prince des orateurs politiques, Gicéron est
le prince des avocats, et même comme orateur politique
il est souvent bien près de Démosthène. Tous les autres
orateurs grecs ou romains lui sont inférieurs, et c'est à
peine si l'on ose citer à côté de lui César, Hortensius,
Brutus, Cœlius et ceux dont il est parlé dans le Brut us
de Cicéron ou dans le Diatogue des orateurs attribué à
Tacite, ou enfin dans Quintilien.
L'asservissement de Rome par Auguste produisit sur
l'éloquence des effets analogues à l'asservissement d'Athènes
par Philippe et Alexandre ; elle fut « pacifiée », suivant
le mot célèbre de Tacite, c.-à-d. qu'il ne fut plus possible
à des orateurs dignes de ce nom, à des hommes indé-
pendants, de discuter les affaires publiques au forum ou
dans la curie. On continua sans doute à plaider devant les
tribunaux, mais on le fit d'après les préceptes des so-
phistes et des rhéteurs ; l'éloquence telle que pouvait la
comprendre le monde païen était véritablement morte.
Le christianisme ne tarda pas à la ressusciter en la
transformant d'une manière complète. Eiintes docete
omnes génies, avait dit le maître ; Allex,, enseignez
toutes tes nations ; les apôtres obéirent, et ils lurent
tous des orateurs. L'amour du prochain engendra l'esprit
de prosélytisme, inconnu aux religions polythéistes, et
ainsi l'éloquence fut mise au service de la foi et de la cha-
rité. Eort peu soucieuse de la perfection littéraire tant que
les chrétiens durent se réunir dans les catacombes ou dans
les déserts, cette éloquence crut pouvoir ensuite se modeler
sur les chefs-d'œuvre de la Grèce et de Rome et montrer
aux grands de la terre qu'elle était capable de s'adresser
481
OHATOIRE
à eux. Les Pères de l'i^^glise grecque ou lutine, saint Ba-
sile, saint (irégoire de Xazianze, saint Jean Chrysoslonie,
saint Ambroise, saint Jérôme et saint Augustin étaient
des humanistes fort distingués. Ils avaient étudié les ora-
teurs, les poètes, les historiens et même les philosophes
de la Grèce et de Rome, et il ne leur déplaisait pas de
prouver aux princes et aux grands du monde que le chris-
tianisme savait à l'occasion parler la langue des Démos-
thène et des Cicéron. Les Pères grecs du iv*^ siècle peuvent
être mis en parallèle avec les meilleurs écrivains de leur
époque et même de celle (jui a précédé; et si les Pères
latins leur sont inférieurs, c'est parce que l'invasion des
Barbares exerça ses ravages en Italie, en Gaule et dans
toutes les provinces de l'Occident, alors que Constantinople
protégeait eliicacement la Grèce et l'empire d'Orient.
Bientôt même, à la tin du v*^ siècle, le monde latin fut
entièrement submergé par le flot qui montait toujours ;
l'éloquence disparut avec tous les autres genres de litté-
rature et avec tous les arts. A Constantinople et chez les
Néo-Grecs, ce furent les sophistes chrétiens qui la rui-
nèrent eux-mêmes à force de subtihser, et parce qu'ils se
livrèrent dès lors à ce qu'on a pu appeler des querelles
byzantines. On ne pourrait citer un seul orateur grec ou
latin durant les siècles qui suivirent, et lorsqu'entin le goût
des études reparut, les clercs ((ui savaient la langue de
rLglise n'étaient guère à même de se faire comprendre
des foules. Il faut ajouter à cela que le triomphe de la
méthode scolastique n'était pas de nature à redonner la
vie à l'éloquence proprement dite : quand on passe tout
son temps à échafauder des raisonnements en barbara ou
en baroco, on se condamne par avance à ignorer toujours
les secrets de l'art de persuader. Et pourtant le clergé du
xi^ siècle agissait sur les masses ; il faut bien admettre
(jue Pierre l'Ermite et les autres prédicateurs de la croi-
sade étaient éloquents à leur manière puisque leur parole
enflammée excitait des centaines de mille hommes à tout
(|uitter pour entreprendre la con(|uête du Saint-Sépulcre.
Mais une telle éloquence n'avait rien de littéraire, rien qui
pût faire songer aux behes et savantes harangues de l'an-
tiquité. A rélo([uence proprement dite, plus encore qu'à la
poésie, il faut une langue forte; et la prose du moyen âge,
même celle de Joinville avec ses ([uahtés charmantes, n'avait
pas assez de vigueur pour convenir à l'art oratoire.
Chose curieuse, le xvi^ siècle ne fit guère mieux sous
ce rapport que les dix siècles de barbarie pour lesquels il
s'est montré si sévère. Le sermon continua à être la seule
forme de l'éloquence, et un sermon c'était un entassement
de 'preuves disposées dans un certain ordre, toujoiu's le
même. Il y fallait un thème, le texte tiré de l'I^criture,
un prothème, séparé du thème par un Pater qui devint
un Ave Maria lors de l'apparition du protestantisme ; une
teneur, un exemple, une péroraison et une prière finale.
La grande raison qui arrêta ainsi l'essor de l'éloquence
religieuse, alors que la poésie prenait son vol avec Marot
et Ronsard, c'est que, la Renaissance et la Réforme étant
])our ainsi dire sœurs, le clergé commença par les enve-
lopper toutes deux dans une même réprobation. Il pré-
tendit rester fidèle aux traditions du passé, il ne voulut
pas renoncer à la scolastique pour revenir à l'étude des
Pères grecs ou latins; la seule concession qu'il fit enfin,
ce fut d'ouvrir la porte à l'érudition, et les résultats furent
désastreux. C'est à pehie si, tout à la fin du siècle, alors
que la véritable éloquence avait pourtant fait son appari-
tion dans les écrits de Calvin, de Rabelais même et sur-
tout de Montaigne, on put entendre quelques discours,
notamment l'oraison funèbre de Ronsard par Davy du
Perron, dans lesquels apparaissait le désir de faire œuvre
d'artiste. Quant aux prédicateurs en vogue, les Raulin. les
Menot, les Maillard et autres dont on nous a conservé les
élucubrations, ils étaient parfaitement ridicules, et l'on
voudi'âit croire qu'ils n'ont pas débité dans la chaire chré-
tienne des discours macaronicjues d'une bouffonnerie si
grossière.
GRA.NUE EiNCVCLOPÉlUr,. — XXV.
L'éloquence du barreau et l'éloquence politique n'étaient
d'ailleurs pas en meilleure situation au xvi*^ siècle ; les
plaidoyers, alors fameux, d'un Pasquier, d'un Arnauld,
d'un Montholon, d'un Servin et de beaucoup d'autres en-
core, sont absolument iUisiblesen raison de l'insupportable
pédantisme de leurs auteurs. Le chef-d'œuvre de l'élo-
([uence laïque en ce temps-là, c'est la célèbre harangue
prêtée à M. d'Aubray par les auteurs de la Satire Mè-
nippée; mais c'est un discours de cabhiet, et les ora-
teurs proprement dits se seraient bien gardés de parler
ainsi.
Tout change quand on arrive au xvii^ siècle, parce que,
sous Henri IV et Sully, continués par Richelieu, le bon
sens et l'amour de la règle sont enfin à l'ordre du jour.
La réforme qui fut introduite dans la poésie par Malherbe,
dans la prose par Balzac et l'Hôtel de Rambouillet, dans
la philosophie par Descartes, on rappli({ua sans tarder à
l'éloquence de la chaire et à l'élocpience du barreau, les
seules connues alors, et l'Académie française ne tarda pas
à constituer un troisième genre d'éloquence, l'éloipience
académique.
L'éloquence religieuse est de beaucoup la plus favorisée
à cette époque de notre histoire littéraire, et l'on sait de
({uel incomparable éclat ont brillé les grands orateurs de
la chaire, les deux Lhigendes, le P. Lejeune, le P. Se-
nault, Fromentières, le P. Desmares, Bossuet, Bourda-
loue, Fléchier, Mascaron, Massillon, le P. Cheminais,
Soanen, le P. Séraphin, le P. Larue et tant d'autres. Ce
n'est pas le hasard qui a groupé tous ces prédicateurs au-
tour de Louis XIV ; la chaire chrétienne a pu être illus-
trée de la sorte parce que tous ces hommes, fort bien
doués sans doute, se sont attachés à mettre en pratique
des règles précises qu'avaient établies, au début du siècle,
queb[ues réformateurs véritablement apostoliques, saint
François de Sales, le P. de BériiUe et les premiers orato-
riens ses disciples, le P. de Lingendes et ((uelques autres
jésuites, l'abbé de Saint-Cyran, Singlin et les hommes de
Port-Royal. Sur ce point particulier, il n'y avait point de
désacccord entre eux ; le prédicateur devait être à leurs
yeux tel que se le représentait saint François de Sales.
Prêcher, c'était avant tout se proposer d'instruire et
d'émouvoir un audhoire chrétien, de lui plaire pai' la sain-
teté de la doctrine et par les pieuses affections. L'orateur
devait avoir toujours présente à l'esprit cette maxime du
saint évèque de Genève : « Le cœur parle au cœur, et la
langue ne parle qu'aux oreilles. » Compris de cette façon,
le discours chrétien ne pouvait manquer de rejeter et les
subtilités de la scolasti({ue, et les faux brillants du bel
esprit, et les interminables citations d'une érudition pé-
dantes({ue. Ce qu'il supprimait ainsi, il le remplaçait aisé-
ment par un exposé lumineux des vérités dogmatiques,
par une heureuse application des plus beaux passages de
l'Ecriture et des Pères, cités ou paraphrasés avec goût,
par une peinture exacte du cœur humain et finalement
par un appel aux nobles sentiments. La rhétorique n'était
pas bannie de ce genre de discours, loin de là ; mais ce
devait être une rhétorique toute chrétienne. L'éloquence
ne devait apparaître, le mot est de Bossuet lui-même, que
comme la suivante de la théologie et de la morale évan-
géliques. Aussi les orateurs les plus puissants de cette
belle époque, et Bossuet en particulier, n'ont-ils pas eu à
innover en quoi que ce soit ; ils n'ont fait que suivre, en
hommes de génie, il est vrai, le chemin qui leur avait été
tracé par des réformateurs catholiques. Ils se sont même
astreints à conserver le cadre de l'ancienne prédication
scolastique ; ils ont respecté l'usage des divisions et des
subdivisions. Ym définitive, ils ont fait simple, ce qui ne
les a pas empêchés de faire grand.
L'éloquence judiciaire, objet de j'éformes timides dans
la première moitié du xvii^ siècle, s'est élevée moins haut
([ue l'éloquence religieuse ; mais aussi faut-il convenir que
la situation des avocats était moins favorable aux progrès
de Fart oratoire que celle des prédicateurs. Ils parlaient
31
ORATOIRE — ORATORIENS
— 482
devant des magistrats qui appartenaient tous à une caste
fermée, qui conservaient avec un soin jaloux les traditions
du passé, qui ne voulaient rien changer à la langue ar-
chaïque des tribunaux, et qui auraient vu de très mauvais
œil un avocat novateur. C'est pour cette raison que des
hommes naturellement très éloquents, tels que Patru et
Antoine Le Maître, n'ont pas donné toute leur mesure et
ne sauraient être mis en parallèle avec leurs devanciers
d'Athènes ou de Rome. Toujours embarrassés et comme
empêtrés au milieu des difficultés de la procédure, obligés
de discuter et souvent d'épiloguer sur des textes de lois
romaines, contraints, pour soutenir l'attention d'un audi-
toire quelque peu pédant, de prodiguer les citations d'au-
teurs sacrés et profanes, ils ne pouvaient pas arriver à la
grande éloquence. Ils ont fait néanmoins tout ce qu'il leur
était permis de faire, et les plaidoyers de Patru, ceux de
Le Maître plus encore, se distinguent de ceux de leurs
confrères par une sobriété plus grande, par des écarts de
goût moins fréquents, enfin par la pureté de la langue et
quelquefois par la vigueur et par la concision du style ;
ils ont surtout des qualités d'écrivains. Les magistrats qui
portaient la parole au nom du roi dans sa cour de Parle-
ment ou ailleurs, les avocats généraux, les procureurs
généraux, les Omer Talon, les Denis Talon, les Lamoi-
gnon, les Daguesseau et autres, n'étaient pas beaucoup
plus à leur aise, puisque les grandes considérations poli-
tiques leur étaient interdites ; heureux encore quand il
leur était permis de s'exprimer en français au lieu de dé-
biter et d'écouter des harangues latines! Pour amener
une heureuse transformation de F éloquence judiciaire, il
fallait commencer par réformer le code lui-même, et c'est
seulement sous le règne personnel de Louis XIV, au temps
de Colbert H de Pussort , (jue cette importante réforme
fut entreprise ; le xvii^ siècle était donc irrémédiablement
condamné à ne pas compter de grands orateurs parmi ses
avocats et parmi ses innombrables magistrats.
Que dire enfin de l'éloquence académique au siècle de
Louis XIV? L'institution des llejnercieinenls à MM. de
r Académie française semblait promettre à la France une
infinité de harangues éloquentes ; mais l'inéluctable néces-
sité de louer successivement Louis XIV, Richeheu, Sé-
guier, l'Académie tout entière et en particuher le littéra-
teur plus ou moins obscur dont on prenait la place,
paralysa les efforts des plus grands génies eux-mêmes. Les
discours de réception de Corneille, de Rossuet, de La
Fontaine, de Roileau et des auti'es, sont à coup sûr leurs
œuvres les plus médiocres. De toutes les harangues du
xvii<^ siècle, une seule mérite d'êti'e mise à part ; ce n'est
pas le discours de réception de Racine, car celui-là n'a
pas même été imprimé, c'est l'admirable réponse que le
grand poète fit au discours de Thomas Corneille en 1685 ;
un discours sur plus de mille, on conviendra que c'est
bien peu de chose !
L'histoire de l'art oratoire au xviii® siècle n'est mal-
heureusement pas longue à raconter. Les innombrables
prédicateurs de cette époque sont en général d'une déso-
lante médiocrité parce qu'ils se sont attachés à copier ser-
vilement les modèles du siècle précèdent, Rossuet et Flé-
chier pour l'oraison funèbre, RourdaloucetMassillon pour
le sermon. Ils auraient sans doute été plus dignes d'es-
time si, en s'inspirant des mêmes principes, ils avaient su
être indépendants. C'est donc par acquit de conscience que
les historiens de la littérature enregistrent les noms de
Surian, de Terrasson, de Poulie, de Rridaine, de Le Cha-
pelain, de l'abbé de Reauvais, le dernier en date et le
meilleur de tous, et enfin de Saurin, ce Rourdaloùe du pro-
testantisme. Sans être aussi peu chrétiens qu'on s'est plu
à le répéter, ces orateurs out eu le (oi't de vouloii' être
avant tout des hommes de lettres ; c'est pour cette raison
que, sauf l'abbé de Reauvais et Saurin, ils sont à nos
yeux des rhéteurs qui ne méritaient pas d'atteindre la vé-
ritable éloquence.
Le même défaut de méthode produisit les mêmes résul-
tats au xviii*^ siècle en ce qui touche l'éloquence du bar-
reau. Les contemporains ont eu beau vanter les mérites
extraordinaires des avocats de Sacy, Normant, Cochin et
Gerbier, le Cicéron français; la postérité se refuse à ra-
tifier de si pompeux éloges. C'est tout au plus si nous met-
tons à part le chancefier Daguesseau, et encore est-il con-
sidéré comme un écrivain distingué phitôt que comme un
grand orateur. Le siècle de la philosophie ne pouvait évi-
demment pas être celui de la poésie, et à plus forte rai-
son celui de l'éloquence.
Au xviii^ siècle a succédé la Révolution, sa fille, et l'on
sait combien la Révolution française, funeste à la littéra-
ture proprement dite, à l'éloquence de la chaire et à celle
du barreau, a favorisé au contraire l'éclosion d'une élo-
quence nouvelle, impossible sous l'ancien régime, de l'élo-
quence pohtique. Il suffit de nommer les principaux ora-
teurs de la Constituante et de la Législative, Maury. les
Lameth, Vergniaud, Rarnave, Gensonné,Rarbaroux, Mira-
beau surtout, pour compi'endre que les petits-fils des an-
ciens Gaulois avaient hérité de l'éloquence si vantée de
leurs ancêtres. Grâce à la Révolution, l'art oraloire a pu
refleurir en France, et si les orateurs de la chaire, les
Frayssinous, les Lacordaire, les Ravignan et leurs su('-
cesseurs sont inférieurs aux grands maîtres du xvii^ siècle,
il faut convenir que les militaires comme Napoléon, les
hommes pohtiques comme Royer-CoUard, Renjamin Cons-
tant, le général Foy, Casimir Périer, Thiers, Guizot, de
Rroglie, Lamartine, de Tocqueville, de Montalembert et
Gambetta, et enfin les avocats proprement dits comme
Rerryer, Dufaure et Jules Favre, tiennent une belle place
dans l'histoire de Fart oratoire en France.
Ft si, pour compléter ce rapide aperçu, on jetait un
coup d'œil sur les littératures étrangères, on pourrait
ajouter quelques noms à ceux qui précèdent; il serait in-
juste de ne pas mentionner des orateurs religieux comme
Luther et Mélanchton en Allemagne, comme Tillotson et
Rlair en Angleterre. L'éloquence politiquerevendiqueraitSa-
vonarole pour l'Italie, lord Chalham, WiUiamPitt, O'Con-
nell et bien d'autres pour l'Angleterre ; chaque pays enfin
apporterait des noms plus ou moins célèbres, parce que
l'éloquence peut être de tous les temps et de tous les pays.
Ce que l'avenir lui réserve, nul ne le sait, mais, bien que
les conditions de la vie politique, civile et rehgieuse soient
très changées depuis la prodigieuse difi'usion des journaux,
il est permis de croire qu'un orateur politique semblable à
Mirabeau obtiendra toujours des triomphes dans les as-
semblées délibérantes ; qu'un prédicateur ayant le génie
de Rossuet transportera toujours d'admiration un audi-
toire chrétien, et enfin qu'un avocat aussi merveilleusement
doué que l'était Cicéron ravira toujours des juges ou des
jurés. Ce ne sont pas les occasions qui manquent aux ora-
teurs ; ce sont actuellement les orateurs qui manquent aux
occasions, et rien ne prouve qu"il en sera toujours ainsi.
A. Gazier.
BiiJL. : RiiÉTORiQUi:. — A coii-sulter, outre les traités do
rhétorique, les histoires des littératures et les dictionnaires
de littérature. — Platon, Goryais. — Aristote. Rhétorique.
~ Cicéron , Orator, de Orato're, Briiius.— Quim'ilien. Ius-
liiutlon oratoire.— TacitJ':, D i h loijue des orateurs.-— Vkîsh-
LON, Dialogues sur l'éloquence. — Lettre sur les occupa-
tioiis de VAcadéu'defra^içaise.— Kojj.iis. Traité des études.
— t^ATTKUx, Pruieipes de Idtévature. 1777. — Marmontj'j.,
Eléments de littérature. — La I1arim<:', le Lijcée ou cours de
littérature. — Maury, Essai sur l'éloquence de la chaire.
— VijLLKiMAiN, Tableau de l'éloquence clivétienne au
iv'' 6'ièc^e, 1819. — GÉRUZEZ, Histoire de Vélocjuence poli-
tique et religieuse aux xin*^, xv« et xvi'^ siècles, lb37-38. —
Bautain, Etude sur l'art de pa.rler en public, 2° éd., 18G3.
— Lecoy de La Marche, la Chaire française au moyen
age.^ 18G8. — Jacquixet, les Prédicateurs au xyii*^ siècle
avant Bossuet, 2° éd., 1885. — Hurel, les Orateurs sacrés
à la cour de Toiiis XLV, 2" éd , 1871.
ORATORIENS. Ce (|ui concerne la congrégation des
prêtres de l'ORAToiiiE de }{ome est relaté à l'art. Néki
(saint Philippe de), t. XXIV. — Oratoire de France. La
congrégation des prêtres de Voratoire de Jésus a été
fondée à Paris j)ar Pierre de BériiKe (V. ce nom) sur les
483 —
ORATORIENS — ORATORIO
instances et avec les conseils de César de Bus et de saint
François de Sales. On dit que François de Sales avait pro-
mis d'en faire partie, mais que sa nomination à révèché
de Genève l'en empêcha. Cette perte fut compensée par
la puissante protection du cardinal de Gondi, évoque
de Paris. Le M nov. 1611, Bérulle, qui s'était associé
cinq prêtres : Jean Bence, François Bourgoin, Paul Ma-
tezeau, Antoine Bérard et Guillaume Gibieu, presque tous
docteurs en théologie de la Faculté de Paris, inaugura
son institut. Deux ans après (1613), cette congrégation
fut approuvée par Paul V, malgré l'opposition des jé-
suites. Elle se répandit rapidement en France et dans les
Pays-Bas. Louis XIII et sa mère lui avaient accordé leur
faveur dès son origine ; ils la soutinrent toujours de leurs
libéralités. En outre, quelques riches personnages y en-
trèrent et lui apportèrent leurs biens, notamment Phili-
])ert- Emmanuel de Gondi, après la mort de sa femme. —
Pendant la vie de Bérulle, on ne songea guère à faire des
règlements ; considéré comme un père plutôt que comme
un supérieur, il était le seul maître et l'oracle de la com-
munauté, et il s'inspirait de l'exemple de l'Oratoire de
Rome. Le 1°^ août 1631, le P. de Gondren, son succes-
seur, assembla à Paris les députés de toutes les maisons.
Ils déclarèrent unanimement que, leur état étant pure-
ment ecclésiastique, ils ne pouvaient être astreints à au-
cuns vœux, ni simples, ni solennels. Pour sanctionner
cette déclaration, ils statuèrent « que ceux ({ui voudraient
obliger à des vœux les membres de la congrégation, encore
qu'ils fussent en plus grand nombre, seraient censés se
séparer du corps, et obligés de laisser les maisons et tous
les biens temporels d'icelles, à ceux qui voudraient de-
meurer dans l'institut purement ecclésiastique et sacerdo-
tal, bien qu'ils fussent la moindre partie ». Ce statut est
tiré presque littéralement du décret de l'Oratoire de Rome
que nous avons rapporté à l'art. Néri. Quelques commu-
nautés de moines et de religieux en prirent ombrage, ju-
geant que ces congrégations de prêtres séculiers tendaient
à détruire leurs ordres. Dans la même assemblée, il fut
arrêté que la plénitude de l'autorité appartenait à la con-
grégation dûment réunie ; que le général demeurait sou-
mis à cette autorité, et qu'en toutes choses il devait suivre
la pluralité des suffrages. Avec ces restrictions, la con-
grégation était gouvernée par un supériem^ général
à vie et aidé de trois assistants. Les chapitres généraux
se tenaient tous les trois ans. \}n. bref d'Alexandre Vil
(l^^juin 1656) permit d'y faire des règlements obliga-
toires pour toute la congrégation. 11 fut aussi permis aux
oratoriens de France d'enseigner dans des séminaires et
des collèges ; ce que ne faisaient point ceux de Rome.
L'institution des Pères de l'Oratoire avait pour but prin-
cipal àlionorer les myslères de l'enfance, de la vie, de
la mort de Jésus et de sa sainte mère. Il semble que
primitivement Bérulle n'avait en vue qu'une œuvre ana-
logue à celle des oratoriens de Rome ; mais, ayant reçu
plusieurs jeunes gens qui demeuraient sans emploi, il
fonda des collèges pour les utiliser. En 1767, la congré-
gation possédait environ 80 maisons, soit séminaires, soit
collèges, dont les plus renommés étaient ceux de Juilly et
du Mans, soit communautés ; elle avait aussi des cures,
dont quelques-unes étaient unies à ses maisons. Le pre-
mier établissement était situé dans la rue Saint -Jacques ;
ensuite la maison centrale fut transférée dans la rue de
l'Oratoire-du-Louvre. Verslafin du xvn^ siècle, les orato-
riens inclinèrent vers le jansénisme. Quand les jésuites
furent supprimés, on leur donna plusieurs des collèges
enlevés à cet ordre. A.-L. de Sainte-Marthe, Malebranche,
Mascaron, Massillon, Richard Simon, Lelong, La Blette-
rie, Foncemagne, Dotteville, Daunou appartenaient à cette
congrégation. — En 1832, l'abbé Petitot, curé de Saint-
Roch, secondé par l'abbé Gratry (V. ce nom), rétablit
l'oratoire de France sous le titre d'OiiAToiRE de Notre-
Seigneur Jésus-Christ et de l'Immaculée Vierge Marie.
Cette restaui^ation a été approuvée par décret de la Sacrée
Congrégation des Evêques et Réguliers (24 mars 1864).
Les recensements officiels lui attribuent, en 1861, 2 mai-
sons et 29 pères; en 1877, 3 maisons et 21 pères.
E.-H. VOLLET.
BiBL. : A. Perraud, VOnitoiro de France nu xvip et au
xix« siècle ; Paris, 186(i.
ORATORIO. Drame musical dont le sujet est emprunté
à l'Ecriture ou aux légendes des saints. Nous avons, en
retraçant l'histoire &QV opéra (V. ce mot), parlé des re-
présentations semi-liturgiques ainsi que des mystères, qui
peuvent être considérés comme les ancêtres de Voratorio.
La Fête de Vdne en est un des plus anciens et des
plus mémorables exemples. Pendant le cours des xii^ et
xiii*^ siècles, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie connurent
aussi des fêtes analogues. Les deux siècles qui suivirent
sont fertiles, du moins pour cette dernière contrée, en
ouvrages dramatiques dont les héros étaient saint Paul,
les patriarches, Samson, etc., sans parler des paraboles
évangéliques et des allégories religieuses, qui fournissaient
aussi leur contingent. Quant à la musique, elle partici-
pait à la fois du plain-chant et du chant populaire. On
croira aisément ([ue les prêtres ne \ oyaient pas toujours
d'un œil favorable ces mélanges hétérogènes ; néanmoins,
on ne pouvait méconnaître la bonne intluence qu'ils pou-
vaient exercer sur le peuple, à la condition d'être sur-
veillés de près. Saint Philippe dcNéri, fondateur de l'ordre
des oratoriens, se plut à favoriser la réforme et le déve-
loppement de la musique appliquée aux scènes de la Bible
et des Laudi spirituali ou chants religieux et populaires
appropriés aux diverses solennités de l'Eglise, h' oratorio
dériva son nom de Voraloire, qui avait présidé à sa
naissance.
Cinq ans après la mort de saint Philippe, en 1600,
apparaît la liappresentazione deW Anima edel Corpo,
d'Emilio del CavaHere, dont l'effet fut considérable; des
chœurs, des soli, écrits dans un style qui tient plus du
récitatif que de la mélodie rythmée, le tout soutenu par
un accompagnement instrumental, unissaient leurs res-
sources à celles d'un ballet (fui pouvait d'ailleurs être
supprimé à volonté, sans que cette suppression pût nuire
à la clarté de l'allégorie. Parmi les successeurs d'Emilio
del CavaHere, Domenico Mazzocchi mérite d'être nommé
pour le caractère pathétique de ses compositions. Mais
c'est à Giovanni Caiissimi que revient la gloire d'avoir
élevé Voratorio à une hauteur inconnue jusqu'à lui. Par
la ])eauté et la justesse de l'expression comme par l'excel-
lence de la facture, son Jeptité, son Exéchias, son Jiige-
nient de Salomon, d'autres encore, braveront à coup sûr
les injures du temps et continueront d'exciter une admi-
ration justifiée.
Scarialti, digne élève d'un tel maître, se lit remarquer
par la forme bien rythmée de ses mélodies et l'emploi
judicieux (|u'il sut faire des différents genres du récitatif
(V. ce mot). Parmi ses meilleurs oratorios, nous citerons
ilsagrifizio d'Abramo et / Dolori de Maria senipre Vir-
gine. Parmi les contemporains de ce maître, Colomia,
Léo, Stradella, ce dernier surtout, méritent d'être nommés.
Si maintenant nous remontons du xviii^ siècle au xvii'^
et passons d'Italie en Allemagne, nous saluerons Heinrich
Schiitz, le père de l'oratorio germani(|ue. La Passion du
Christ est pour lui, comme elle le sera pour ses succes-
seurs, le sujet par excellence du drame religieux. Ce sont
d'abord les récits des Evangiles qui sont mis simplement
en musique, sans la moindre trace d'action scénique.Peu
à peu la narration se divise en airs, en récitatifs, en
cha^urs. Et l'Allemagne pose son sceau personnel sur
l'oratorio en y introduisant le ctioral, le chant populaire
qui parle à l'âme du peuple parce qu'il en est sorti, et
qui mêle au parfum mystique du récit évangéliquela fraîche
senteur de la terre natale. La fugue austère se développe
en paix à coté du choral, telle une vaste et altière église
avec la multiplicité de ses lignes architecturales, autour
de laquelle fleurissent de riants jardins. L'ombre recueillie
ORATOHIO
484
de la cathédrale n'empèclie pas le soleil de luire parmi
les branches ni les oiseaux d'y chanter. Dès le début du
XVIII® siècle, Reinhard Keiser, Huendel,Mattheson, Graun,
ont traité le thème auguste de la mort du Sauveur. Jean-
Sébastien Bach apparaît et donne en 17*29 sa Passion
selon saint Matthieu, œuvre colossale et sévèrement
puissante, plus dogmatique pourtant que dramati([ue et
que traverse le souffle « raisonnable » de la Réforme. Elle
effraye par sa masse, par sa complexité, par les éton-
nantes combinaisons du contrepoint qui s'y jouent sans
cesse. On se sent devant cette musique comme en face de
ces palais souterrains de l'ancienne Egypte oii, à travers
des chambres qui se succèdent indétiniment, à travers
d'obscurs et inextricables labyrinthes, on ne pénètre qu'à
grand'peine jusqu'à la salle où repose le souverain ense-
veli. Mais chez Bach, ce n'est pas un mort que nous dé-
couvrons au centre de son œuvre, apr-ès l'avoir pieusement
scrutée, c'est un homme, un chrétien vivant, dont le cœur
bat toujours et chez qui le temps n'a pas glacé un sang
toujours chaud et généreux.
Avec Ilsendel, le contemporain de Bach, il n'est plus
besoin de longs efforts pour pénétrer jusqu'à l'âme du
chef-d'œuvre. Le palais qu'il a construit s'élève en plein
air, dans la lumière du grand jour, qui entre largement
dans les hautes salles par les baies largement ouvertes.
Eomme Bach, il croit, mais plus joyeusement ; il expose
moins sa foi qu'il ne la proclame. Il a la vigueur d'accents,
la voix énergique et rude des prophètes de l'Ancien Tes-
tament. Il n'interroge pas, il atïirme, et quel doute pourrait
résister à la carrure de son rythme d'acier? Entendez
Saiil, Esther, Sanison, Judas Macchabée, écoutez sur-
tout le Messie, avec son incomparable Alléluia, et vous
comprendrez que la musique peut être l'auxiliaire de
l'apostolat.
Si nous cfuittons l'Angleterre qui fut, comme on sait,
le champ de la lutte et du triomphe pour Ha^ndel, nous
trouverons en Allemagne Masse, dont les oratorios con-
tiennent de réelles beautés; en Italie, Sacchini et JomelH,
qui écrivirent, à proprement parler, des opéras sur des
paroles religieuses, et en Autriche enfin, le « père de
la symphonie », Haydn, qui, ramenant le drame reli-
gieux à des proportions moins vastes et, si nous pou-
vons ainsi parler, plus humaines, l'écrit aussi en un
style plus libre. En outre, il lui donne la nature pour
vivant décor : dans la Création, les plantes, les animaux,
l'eau des fleuves et des ruisseaux ont trouvé place. Le
bon maître, arrivé au terme de sa carrière — il avait
soixante-trois ans lorsqu'il composa cet oratorio — jouit
et rend grâce en enfant des biens dont le ciel lui a fait
présent. N'est-ce pas aussi ce qu'il fait dans les Saisons,
oii un chant de reconnaissance sépare les divers « tableaux
de la nature » et où la mort même est envisagée avec la
plus sereine confiance?
Ce n'est pas dédaigner les oratorios de Piccinni, de
Salieri, de Cimarosa — ces derniers si expressément pa-
thétiques — ni ceux de Winter, deWeigl et de Naumann,
((ue de voir en eux des œuvres plus théâtrales que véri-
tablement religieuses. Moins religieux encore, en dépit
d'évidentes beautés, est le Christ au mont des Oliviers,
le seul oratorio qu'ait composé Beethoven sur un poème
assurément bizarre. Avec Spohr, et notamment dans son
Jugement dernier, la musique religieuse, sans jamais
perdre le caractère solennel qui lui est propre, revêt les
aspects les plus divers réclamés par le texte et ne cesse
pas d'y être continuellement appropriée.
Mendelssohn, par ses deux oratorios Paulus et Elie,
se place à côté des plus grands musiciens. Nourri de la
forte doctrine de Sébastien Bach, rompu à toutes les diffi-
cultés de la technique, il choisit et aborda résolument les
grands sujets qui le tentaient. A la fois lyrique et drama-
tique, sa musique dessine tidèlement les caractères et
s'unit étroitement au développement de l'action. Lumi-
neuse, mélodique, aérée, elle vil. pour ainsi dire, le
drame auijuel elle s'est incorporée, et ta profondeur de
l'exécution s'allie sans défaillance à la pureté de la forme.
Après Mendelssohn, le genre qu'il a si noblement illus-
tré va subir une importante métamorphose. A ses débuts,
nous l'avons vu presque exclusivement liturgique, puis
peu à peu se dramatiser, mais sans cesser pour cela d'être
actuel, ou, plus exactement, d'être l'expression d'un besoin
à la fois artistique et religieux chez les contemporains des
maîtres qui s'y adonnaient. Dans la nouvelle période ([ui
va s'ouvrir, l'oratorio sera bien plutôt une « illustration »
de scènes religieuses, où le détail pittoresque, la recherche
archéologique seront particulièrement goûtés. Nous ne
voulons pas dire que la foi en soit toujours absente, mais
qu'elle n'est plus l'âme même et la raison d'être de l'œuvre.
VEufance du Christ de Berlioz est, dans l'espèce, un
délicieux modèle. Tout y est combiné pour donner l'illu-
sion d'une œuvre ancienne soudain ramenée à la lumière.
Un récitant, VBisloricvs des oratorios du xvii^ siècle, qui
se chargeait de la partie narrative, remplit ici les mêmes
fonctions. Une naïveté parfois trop voulue, mais souvent
réussie, préside à la facture des mélodies et à leur har-
monisation. Mais quel charme, quelle reposante simplicité
dans la plupart des scènes î Le liepos de la Sainte Famille
suffirait seul à immortaliser cette charmante composition.
Il est doublement intéressant d'étudier chez Gounod, à
la fois catholique convaincu et musicien de race, le résultat
artistique de cette double qualité. Il lui appartenait,
semble-t-il, de nous donner de l'oratorio une formule
neuve et originale. Peut-être serons-nous ici un peu déçus,
au moins dans Rédemption. Point d'unité, un mélange
curieux de styles et d'époques différents, sorte d'hommage
éclectique rendu à Palestrina, à Bach, à Mendelssohn, à
Berlioz même, en un mot des beautés de détails, mais une
impression d'ensemble par trop mêlée. Mors et vita est,
en revanche, d'une tenue plus sobre, et, disons-le, plus
vraiment religieuse; un souffle pur et grave ne cesse de
l'animer d'un bout à l'autre.
Le Déluge eût suffi, croyons -no us, à placer M. Saint-
Saëns au premier rang parmi les maîtres de la musique
religieuse. (Euvre particulièrement heureuse où des dons
si précieux ont pu être mis en usage ! La fugue y apporte
son austérité et la solidité de son armature. La mélodie
libre s'y déploie, dès la seconde partie du prélude, en un
des plus beaux chants que l'oreille de l'homme ait en-
tendus. Dans la scène effroyable de l'envahissement de la
terre par les eaux vengeresses, la musique pittoresque
atteint les sommets que — si nous exceptons certaines
pages de Berlioz — elle avait désertés depuis Beethoven.
Faut-il classer £;'^ ai Marie- Madeleine de M, Massenet
parmi les oratorios ? Oui, si l'on enlève au mot l'accep-
tion sous laquelle il av^ait toujours été compris, et s'il
suffit de revêtir de musique des sujets religieux, sans que
la pensée religieuse préside à cet habillement ou plutôt
à ce travestissement. Que la musique soit souvent exquise
et tendre, toujours intéressante, c'est ce que nous n'avons
garde de contester. Il serait même injuste de lui dénier
l'émotion, la grâce, encore que maniérée par instants, et
je ne sais quelle câlinerie suspecte dont est faite en grande
partie l'originalité de l'éminent musicien.
Est-ce à dire que le drame érotico-religieux de M. Mas-
senet doive avoir beaucoup d'imitateurs? Nous ne le pen-
sons pas, et parmi ses contemporains il nous suffira de
nommer MM. Théodore Dubois, Maréchal, etc., pour être
rassuré à cet égard. Mais il est un nom par lequel nous
voudrions terminer cette étude, parce qu'il est tout en-
semble synonyme de foi religieuse, d'inspiration et de
science : César Franck se survivra plus peut-être par ses
oratorios que par ses autres compositions. Dans sa jeu-
nesse, il écrivit Ihith, dont le sujet touchant le servit si
bien. Plus tard, avec Rédemption et surtout avec les
Béatitudes, ce que l'âme du compositeur renfermait de
piété, de tendresse, se montre et s'épanouit complètement
aveo l'aide d'un talent consommé et d'une science pro-
~ mt\
ORATORIO — ORBICl LAIRES
fonde, ('/est bien Jà, en effet, Voratorio dont le musico-
graphe allemand Bitter donnait une juste définition lors-
qu'il lui donnait pour but « d'élever nos âmes, de purifier
nos vies, et, autant qu'il est donné à l'art d'y contribuer,
de fortifier notre foi ». Le genre de l'oratorio ne périra
donc point, parce que, envisagé au double point» de vue
de l'art et de la religion, il répond à un des plus nobles
besoins de l'âme humaine. René Brancour.
BiHL. : C.-H. BiTTKR, Beitrii(je zur (reschichtr des Oni-
Lorinms. 1(S72. — Otto ^VA^(;E'MA^^•. (ieschicJUo fies Ora-
loritims. \i<SZ, ?/ éd. — C. I^kllakjue, Psycholofjie musi-
c<\lo : In RcUfiion dans ht musique: Paris.' 1893
ORAVICZÂ. District minier de Hongrie, comitat de
Krasso-Szœreny, dans le Banat, au S.-E. du Karas, afïl.
gauche du Danube. Mines de houille, de fer et de cuivre,
au voisinage desquelles se sont créées de grandes usines
occupant lo.OOO ouvriers.
ORB (L'). Rivière du dép. de VHérmilt (V. ce mot,
t. XIX, p. 1141).
ORB. Vallée du dép. de ÏHéranlt (V. ce mot, t. XIX.
p. 1138).
ORB. Ville de Prusse, district de Cassel, sur l'Orb,
afïl. de la Kinzig ; 3.450 hab. (en 1895). Sources s^ilines,
avec brome et iode. Etablissement thermal. On exporte
aussi le sel (VOrb.
ORBAGNA. Com. du dép. du Jura. arr. de Lons-le-
Saunier, caut. de Beaufort; 812 hab.
OR BAI S. Com. du dép. de la Marne, arr. d'E])ernay,
cant. de Montmorl,sur le Surmelin, affl. de la Marne (r.
g.); 940 hab. En pays de Brie. Aricienne abbaye d'hom-
nv^s de l'ordre de Saint-Benoit fondée vers 680 par saint
Réol ou Rieul, évèquede Reims. Monasterium orbacense
en 849 {Annales Bertiniani). Eglise du xiu'' siècle. Dé-
bris d'un château fort (tour dite de Saint-Réol). Le nom
d'Orbais. Orbacensis en latin, fut d'abord celui du Ruis-
seau (allem. Bach), sur les bords duquel furent élevées les
habitations qui donnèrent ludssance au bourg actuel.
HiiîL. : Doni Du Boitt, Histoire de Vnbljciye d'Orbais,
])ubliô(' par H. de Yilhd'ossc. 188(). iu-8.
ORBAN. Com. du dép. du Tarn, arr. d'Albi, cant. de
Réalmont; 348 hab.
ORBÂN (Balazs- Biaise), historien hongrois, né à Len-
gyelfalva en 1830, mort en 1890. 11 fit ses études au col-
lège réformé d'Udvarhely. Pendant qu'il voyageait en
Turquie, en Arabie, en Syrie, en Egypte, éclata la révo-
lution hongroise à laquelle il ne put prendre part. 11 émi-
gra néanmoins et se fixa d'abord à Constantinople, puis à
Londres et à Jersey. Il rentra en Hongrie en 1861 et de-
vint notaire en chef de Kolozsvâr, puis fui éhi (lé])uté en
1871. Ses (euvres principales sont : Voyage en Orient,
en six vol., et DesrripU'on (lu pays des Sicales, égale-
ment en 6 vol. J. Kont.'
Htiu.. ; Elouo dans Alindrinini KrtesHô (Ikdhîtiii de
l'Acadéinio), 1891.
ORBE (Astr.). Teime d'ancienne astronomie, dit le
Dictionnaire de Saverien ; c'est une sphère creuse au moyen
de laquelle on démontrait autrefois le mouvement des
planètes.
ORBE. Rivièie du Jura, qui naît en Erance, au lac des
Rousses (V. Jura fJ^^^^P-J' L ^^I^ P- ^^i^), ^oi^l^ vers le
N.-N.-E. à travers la vallée de Joux, entre en Suisse
(cant. de Vaud), forme les lacs de Joux (ait. 1.009 m.)
et Brenet, où elle disparaît. Ses eaux s'enfoncent dans
des entonnoirs qu'elles ont creusés dans les roches cal-
caires. Elles continuent leur cours sous terre et rejaillis-
sent à 787 m. d'alt., près de Vallorbe, au pied d'une falaise
en hémicycle de 60 m. de haut, dans laquelle est creusée
la grolte des Fées, ancien lit abandonné par l'Orbe. La
rivière tourne bientôt à l'E., passe à Orbe et s'unit à la
Thièle, un peu au S. du lac de Neuchâtel.
ORBE (lat. Vrba, Urbigenimi). Petite ville de Suisse,
cant. de Vaud, située sur une colline entourée par l'Orbe
de trois côtés ; 2.000 hab. Foires fréquentées. Un tramway
électi'i(jue relie Orbe à Chavornay. stat. de la ligne Lau-
sanne-Xeuchàtel. Orbe est le centre d'un vignoble estimé.
UVrl}a des Romains, dont on a trouvé des vestiges nom-
breux (mosaïques, marbres, médailles, etc.), était un peu
plus au noj'd, à Bostéaz. La ville actuelle fat fondée vers
la fin du vi'^ siècle par le loi mér(»vingien (iontran. Bni-
nehaut s'y réfugia et y fut arrêtée en 613 poiu' être livi'ée
à Clotaire. En 855, les trois fils de l'empereur Lothaire :
Louis, Lothaire et Charles, s'y réunirent pour partager la
succession. En 888, Rodolphe de Strœttlingen s'y fit pro-
clamer roi de Haute-Bourgogne. Orbe demeura la capitale
de la Bourgogne transjurane sous la dynastie rodolphienne,
mais il ne lui reste de ce temps-là qu'un pont du xii^ siècle
et les deux tours du château où fut réglée la succession
de Lothaire et où séjournèrent Charles le Chauve et Charles
le (Jros. Au x^' siV'le, la ville se reforma au pied du châ-
teau l'oyal; en l'275, elle se munit d'une enceinte. Elle
passa aux mains de la maison de Savoie avec le reste du
pays de Vaud. En 1475. elle fut pi'ise par les Suisses, qui
égorgèrent la garnison, t^lle demeura jus([u'en 1798 pro-
priété des caïît. de Berne et de l^'ibonrg. puis fut incor-
porée au cant. de Vaud. Patrie du réformateur Viret et
du cardinal Du Perron. l]. K.
OR BEC. Ch.-l. de cant. du dép. du Calvados, arr. de
Lisieux, sur rOrbec; 3.151 hab. Stat. du chem. de fer
do l'Ouest. Musée cantonal. Hôpital. Manufactures de ru-
bans de fil et de coton; blanchisseries, teintureries, scie-
ries mécaniques ; moulins. Commerce de laines, de mou-
tons, de bestiaux et de chevaux. Eglise des xv*^ et
xvi^ siècles ; portail sculpté, vitraux anciens. L'hôpital, à
façade gothique en brique, est surmonté d'un beffroi
(xvii^ s.) ; la chapelle du xv^ siècle a conservé d'anciens
vitraux. Maisons du xvi^ et du xvii^ siècle. Ancienne vi-
comte de Normandie, la seigneurie d'Orbec fut donnée par
Louis XI en août 1470 à Antoine, bjtard de Bourbon ;
elle passa un peu plus tard (sept. 1475) à l'abbaye de
la Victoire-Iez-Senlis ; puis fit, en nov. 1569, partie de
l'apanage de Erançois, duc d'Alençon. Sur le coteau qui
domine la ville s(^ voient ([uehpies ruines de l'ancien châ-
teau féodal.
ORB El L. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. et cant.
d'ïssoire; 567 hab.
ORBESSAN. Com. du dép. du Gers, arr. et cant. (S.)
d'Auch: 197 bal).
ORBETELLO. Ville d'Italie (V. Orritello).
ORBEY {Orbeii^, 1050; en allem. Vrbeis). Com. de la
Haute-Alsace, composée d'une trentaine de hameaux vos-
giens, cant. de La Poutroie.arr. deRibeauvillé, surla Weiss ;
4.454 hab.; filatures et tissage do coton; fromages. Pa-
trie de Pierre de Blarru, poète latin (1437-1505) et de
Matthias Ringmnnn, humaniste (1{8"2-1511). Autrefois
chef-lieu de bailliage du comté de Ribeaupierre. Orbey
])or\o d'argent il un monde d'azur cintré et croisé d'or.
A 3 kil. au S., ruines de la célèbre abbaye de cister-
ciens de Paris (conventusParisiensis monasterii, iiSl) ,
fondée en 1138 par le comte Llric d'Eguisheim, dévastée
en 1525 pendant la guerre des paysans, reconstruite au
xviii*^ siècle, depuis convertie en hospice (V. Guntmer).
ORBIjORB^ (Dr. rom.). Personnes fraj)pées depuis Au-
guste par les lois caducaires d'une incapacité ])artielle de
recueillir \os dispositiojis à cause de mort : elles ne sont
pas frappées d'inie incapacité totale, parce qu'elles soni
mariées et qu'elles ont donc satisfait en partie aux exi-
gences légales ; mais elles sont incapables pour moitié,
parce qu'elles n'y ont satisfait qu'en partie, lès hommes
en n'ayant ])as un enfani au moins, les femmes aussi en
n'ayant pas un seul enfant, suivant unedoctrine, en n'ayant
pas le nombre d'enfants requis, à savoir trois enfants, si
•elles sont ingénues, (pmtre si elles sont affranchies, sui-
vant une doctrine plus répandue et meilleure.
BiHL : Hartmann. Zeitsrlirift fur Reehlsiiesriiiclde.
18(j0, V, pj). 221-235. — Arcx\KiAs, Précis du dr'oil romuiit.
188B. L p. 1000. t»^ éd . — GiiiARr). Manuel de droit routai u,
1898. p. 853, 2*" éd
OHB\C[}lMRESimm'\(^s).()rbictilairedes paupières.
H est disposé en sphinrter autour de l'orifice des pan-
ORBICULAIRES — ORBITE
— 486
pières, composé de doux portions, iinepalpphralo. une orhi-
taire. La première, située sous la forme d'une lame mus-
culaire mince qI pâle, dnns l'épaisseur des paupières,
s"insère en dedans à rapo])hyse montante du maxillaire
(tendon direct), à la crête de Funguis (tendon rétiéchi) et
sur la paroi externe du sac lacrymal, et en dehors va se
fixer sur le ligament palpébral externe et à la face pro-
i'onde de la peau, au delà de la commissure externe. La
portion orbitaire. composée de fibres plus rouges, s'at-
tache en dedans à l'apophyse orbitaire interne et à la par-
tie voisine du rebord de ror])ite et en dehors à la face
profonde de la peau de la région orbitaire, en dehors delà
commissure externe des paupières. C'est un muscle de Tex-
})ression, (pii ferme les paupières et dilate le sac lacrymal.
Orbiculaire des lèvres. CqsI le sphincter de la bouche.
Il est composé de deux demi-anneaux, l'un contenu dans
la lèvre supérieure (labial supérieur), l'autre dans la lèvre
inférieure (labial iiderieur). Les fibres du bord li!)re des
lèvres forment une couche épaisse et se fixent à la face
profonde de la muqueuse labiale ; au niveau des commis-
sures elles s'entre-croisent avec les fibres du buccinateur.
Les fibres excentriques paraissent se continuer avec celles
des buccinateurs, des releveurs et autres muscles ([ui se
rendent aux commissures. Quelques-unes se fixent aux os.
Lh. Dhiuerhe.
ORBICULINA (Paléont.) (Y. Fora^iiniières).
ORBIEU.Ri\ière du dép. (h\\\ude(\. ce mot. t. IV,
p. r>9T).
ORBIGNY. Corn, du dép. d'Indre-et-Loire, arr. de
Loches, cant. de iVJontrésor ; (397 bab.
ORBlGNY-Au-MoNT. Com. du dép. de la Haute-Marne,
arr. de Langres, cant. de Neuillv-r!-]vèque; 276 hab.
ORBiGNY-Au-YAL. Com. du *dép. de la Haute-Marne,
arr.de Langres, cant. de Xeudly-rEvèque ; 190 hab.
ORBIGNY (Charles-Marie Dessaunks u'), chirurgien et
naturaliste français, né en mer sur un navire faisant la
traversée d'Amérique en France le 2 janv. 1770. mort à
La Rochelle le 21 oct. 1856. 11 prit part en 1798 à l'ex-
pédition d'Irlande et l'année suivante inspecta, avec le
titre de médecin pi^'ncipal, les hôpitaux des prisonniers de
guerre français en Angleterre, lui 1799, il se retira à
Nantes. Parmi ses publications, citons : Mémoire sur la
géologie de la Charente-Inférieure (La Rochelle. 1836,
in-8) ; Histoire des pares ou bouchots à moules des
cales de Varromlissemenl de La /«or/^^^/tV (La Rochelle.
1846. in-8). D^' L. Hn.
ORBIGNY (Alcide Dessalixes u'), naturaliste fraiH'ais,
né à Coueron (Loire-Inférieure) le 6 sept. 1802, mort à
Pierrefitte le ?>{) juin 1857, fils aîné du précédent. Tout
jeune, il s'occupa d'bistoire naturelle et dès 1825 présenta
à F Académie des sciences une monographie très impor-
tante sur les Foraminifères. Fnl826, l'administration du
Muséum le chargea d'une mission scientifique dans l'Amé-
rique du Sud qu'il parcourut en tous sens. Riche de docu-
ments et de collections, il revint en Fi'ance en 1834 et
obtint le grand prix aniuiel de la Société de géographie ;
il publia la relation de ses découvertes dans : Voyage
da)is l^imériqiie mcridiomile (Paris, 1834-47, 9 vol.
in-4, 500 pi. col.). Dès 1840, d'Orbigny commença
la publication de la Paléontologie française (Paris.
1840-54. 14 vol. in-8 avec 1. 430 pL, inachevé), ouvrage
de premier ordre, pour lequel la Société géologique de
Londres lui décerna deux fois le fonds de AVoUaston. fji
1 853, il fut nommé à la chaire de paléontologie, créée pour
lui au Muséum. Citons encore de lui : Galerie ornilholo-
gique des Oiseaux d'Europe (Paris, 1836-38, in-4, pi.
col.); Monographie des Céphalopodes crjjplodibranches
(Paris, 1839-48, in-4, pi. col.) ; Hisloire.\. des Crinoides
vivants et fossiles (Paris, 18i0, gr. in-8, pi.) ; Mollusipies
vivants et fossiles (Paris, 1845, t. L in-8, pi. col.) ;
Cours élémentaire de paléontologie (Paris, 1849-52,
3 vol. in-18, tig.) ; Prodro)ne de paléontologie stratigra-
phiqueiuiiverselle desaiiiniau r, nwllusques el rayonnes
(Paris, 1850, 3 vol. in-18. pi.); Voyage dans les deux
Aînériques, pu])l. sous la direction d'Alcide d'Orbigny
(Paris. 1867.gr. in^8. fig., cartes), etc. DM.. Hx'.
ORBIGNY (Cbarlos Dessalines u'), naturaliste français,
né à Couèron le 2 déc. 1806, mort le 15 févr. 1876, frère
du précédent. 11 élmha la médecine à Paris et obtint, en
1832. une médaille décernée par la ville de Paris pour
dévouement pendant Fépidémie cholérique, puis en 1835
devint aide-naturaliste de géologie au Muséum. On lui
doit : Description géologique des environs de Paris (Pa-
ris, 1838, in-8); Dictionnaire universel d'histoire na-
turelle {Vavk, 1839-^9, 24 vol. in-8, pL, avec une col-
laboration de trente membres de l'Institut) ; Tableau
général des terrains et des principales couches qui
constituent le sol parisien (Paris, 1849); avec Gente :
Géologie appliiiu'Je aux arts et h l'agriculture (Paris,
1851 ,^ in-8, pi.) ; Manuel de géologie (Paris, 1852, in-18) ;
Description des roches composant réctnre terreslre (Pa-
ris, 1868, in-8), etc. ir L. Hn.
ORBILIUS (Pupillus). grammairien latin du i^^" siècle
av. J.-C, né à Rénévent. Il tenait une école à Rome,
après avoir jus([u'à cinquante ans professé dans sa ville
natale. Horace, (jui fut son élève, avait conservé de lui
un assez mauvais souvenir. Il lui domie Fépithète de
plagosus (le frappeur) et criti(|ue son goût pour les
vieux auteurs, goût (pi'il partageait d'ailleucs avec la plu-
part des grammairiens de son tcm])s (Horac(% Epilres. H).
Orbilius était Fauteur d'un ouvrage dont on ne sait même
plus le titre.
ORBISE (L'). Rivière du dép. (]a Lol-el-Gaivnne (Y.
ce mot, t. XXTI, p. 588).
ORBITE. L Anatomie(Y. Châne).
H. Antiiropoeogie. — La forme de l'orbite, la mesure
de ses dimensions proportionnelles en hauteur et en lar-
geur, fournit un caractère de })remier ordre pour la dis-
tinction des races humaines. De quadrilatérale à diamètre
vertical très court absolument et par rapport au diamètre
transverse, cette forme se modihe, en efiet, suivant les races,
jusqu'à devenir ronde et même ovale, à diamètre vertical
absolument grand et jdus grand que le diamètre transverse.
Les orbites basses et très basses sont un apanage essentiel
de races prébistoriques de l'Europe, celle dite de Oo-Ma-
gnon en tète. Les orbites arrondies et hautes sont une des
caractéristiques les plus nettes et les plus constantes des
mongoliques. Vindice orbilaire, rapport centésimal de
la hauteur à la largeur de l'orbite, est donc l'un des frois
[)lus importants indices à mesurer sur le crâne. Il peut
descendre à 61 et dépasser 100. Ses moyennes extrêmes
(77-95) présentent un écart d'au moins chx-huit unités.
Les crânes à indice orbitaire élevé (au-dessus de 89) sont
dits mégasèmes ; ceux à indice en dessous de 82,99 sont
appelés niicrosèmes. Les crânes à indice intermédiaire
sont jnésosêmes. ZAïtoRowsKi.
HL AsTRONOMii:. — C'est la courbe décrite par le centre
d'une planète ou d'une cmiièle (Y. ces mots et les noms
des diverses planètes). Avant Kepler (V. ce nom), on croyait
encore que les orbites des ])lanètes étaient circulaires. Elles
sont en réalité ehipliques, de môme que celles de leurs
satellites, qui obéissent, comme elles, aux lois de Kepler.
(Juant aux orbites des comètes, certaines sont aussi ellip-
tiques : ce sont celles des comètes périodiques ; capturés par
notre soleil ou par quelque grosse planète, ces astres se
comportent en effet comme des planètes ou des satellites.
Mais le plus grand nombre sont paraboli(jues. On a même
émis l'hypothèse que ([uelques-unes pouri'aient être hyper-
boliques. La position et la forme de l'orbite d'une planète
ou d'une comète sont déterminées par ses éléments (Y. ce
mot). CiiK] sont nécessaires, si la courbe décrite est ellip-
ti(jue : longitude du nœud ascendant, inchnaison du plan
de Forbite. distance moyenne au soleil, excentricité, lon-
gitude du périhélie; quaire si elle est parabohque : longi-
tude du no'ud ascendant, inchiuûson du plan de Forbite,
distance périhéhe, longitude du périhélie.
/.87 —
ORBITE — ORCADES
On appelle orbite apparente du soteit la coui^be que
le soleil paraît décrire en vertu de son mouvement propre.
La projection de cette courbe sur la sphère terrestre est
un grand cercle de cette sphère, ïécliptitfue (V. ce mot) ;
elle se détermine par l'observation du diamètre apparent
du soleil et d'elle se déduit à son tour l'orbite terrestre
(Y. Soleil et Terre).
ORBITELLO. Ville d'Italie, prov. do Grosseto (Tos-
cane), sur un promontoire qui s'avance au milieu de la
lagune d'Orbitello, derrière le mont Argentario, auquel
une digue la joint; 4.000 hab. Evêché ; église collégiale
de io76. Bagne. Pêcheries d'anguilles. Pâtes aHmentaires.
Au S.-E. sont les ruines de la cité étrusque de Cosa. Or-
bitello, quosa situation rendait presque imprenable, fut l'une
des forteresses désignées sous le nom de Présides de Tos-
cane et que leur insalubrité fit choisir pour lieu de dépor-
tation.
ORBITOLITESetORBITULITES (Paléont.) (V. Eora-
MINIFÈRES) .
OR BOIS. Corn, du dép. du Calvados, arr. de Bayeux,
cant. de Caumont ; 175 hab.
OR BON A (Myth.). Divinité romaine, qui avait près du
temple des Lares, sur la Voie Sacrée, un autel oii les parents
privés de leurs enfants ou qui avaient des enfants malades
venaient l'invoquer pour en obtenir d'autres ou sauver
ceux qu'ils possédaient.
ORBRIE (L') ou LoRBRiE (V. Lorbrie).
ORCADES (Iles) (angl. Orkney). Géographie. —Ar-
chipel situé au N. de la Grande-Bretagne, dont le sépare
le détroit de Pentland, entre l'océan Atlantique et la mer
du Nord. On compte 67 îles dont:29 habitées (30.453 hab.
en 1891), d'une superficie totale de i.004 kil. q. (dont
31 kil. q. de lacs). — Les îlots inhabités, appelés holm,
sont exploités pour le pâturage, lâchasse et la pêche. Les
principales îles sont: du S. au N., South Ronaldshay
(2.31o hab.) ; Hoy (1.320 hab.), dont le plus haut som-
met atteint ^2.474 m. ; Pomona ou Mainland (16.498
hab.), la plus vaste, avec la capitale Kirkwall ; Shapinshaij
(903 hab.) ; Stronsay (1.275 hab.) ; Rowsaij {11 A' hab.)';
IMa; Westraij (2.108 hab.); Sandaij (1.929 hab.) et
North Uonaldshay avec les rocs des autels de Linnay et
le promontoire septentrional de Dennis-Head. Les détroits
qui séparent ces îles très découpées sont encombrés
d'écueils (skerries), qui découvrent à marée basse et sur
lesquels on récolte les plantes marines pour en extraire
la soude. Des courants d'une extrême violence rendent la
navigation périlleuse ; on redoute en particulier les deux
tourbillons qui se forment près de l'îlot de Swona, dans
le détroit de Pentland. Au point de vue géologique, les
Orcades sont constituées par le vieux grès rouge, avec
quelques injections volcaniques dans l'île de Hoy et des
gneiss et micaschistes, en face de Hoy, à Stromness, côte
S.-O. de Pomona. Les îles portent la trace de puissantes
actions glaciaires exercées d'E. en 0. — Le climat est très
doux, grâce au Gulf-Stream (V. Grande-Bretagne), qui
rejette parfois sur les côtes des bois tropicaux. La tem-
pérature moyenne est de -{- 12*^,9 en juillet et de -4- 3°, 4
en février. Il tombe 930minim. d'eau par an. Les tourbières
couvrent une grande partie du sol, dont 37 1/2 °/o sont
occupés par les champs et 8 1/2 ^o par les prés. Le ter-
rain est fertile, formé de limon sablonneux ou d'argile
friable qu'on bonifie par les amendements marins. On
comptait en 1890 environ 5.900 chevaux, 24.000 bœufs,
32 . 400 moutons , 4 . 600 porcs , beaucoup de volaille (poules) .
Depuis que des routes ont été construites, l'agriculture
s'étend, beaucoup de fermiers écossais ont immigré. Les
oiseaux abondent le long des rochers, on mange leurs œufs
et on exporte leurs plumes et leur duvet. En 1894, la
pêche (hareng surtout) occupait 391 barques et 1.259 pê-
cheurs. — La population est de race Scandinave sur fonds
celtique, mais depuis le xviii*^ siècle, tout le monde parle
anglais. Les îles Orcades forment avec l'archipel plus sep-
tentrional des Shetland un comté dont le ch.-l. est Kirk-
wall. Elles comprennent 18 paroisses. La population, qui
était de 24.445 hab. en 1801, de 28.847 en 1831, de
32.395 en 1861, a un peu diminué depuis.
Histoire. — Les îles Orcades, ainsi nommées dès l'an-
tiquité (Ptolémée, IL 3, 31), étaient peuplées de Pietés,
lorsqu'au vi° siècle des missionnaires irlandais, disciples
de saint Colomba, les convertirent au christianisme (vers
565). Il reste de l'époque antéhistorique deux cromlechs
à Brogar et Stenness, beaucoup d'habitations souterraines
et 70 tours (borgs ou brochs). Vers la fin du viii® siècle
commencèrent les agressions des Normands, et au ix%
poursuivant les jarls qui avaient fui de Norvège pour s'ins-
taller aux îles Orcades (1872), le roi Harald Harfager les
conquit comme les Hébrides (îles du Sud des Scandinaves),
et les donna au jarl Rognvald deMœri. Elles jouèrent un
rôle important dans les expéditians et luttes des héros
normands, dont les diverses sagas ont conservé le souve-
nir. Les comtes d'Orkney furent, après Rognwald, son frère
Sigurd, puis deux fils de Rognvald, dont le second, Torf
Eindr, défit lesvikings. Le fils de celui-ci, Thorfinn Hau-
sakliuf (950), épousa la fille du comte de Duncansby
et y gagna le comté de Caithness. Puis régna Sigurd (980-
1014), qui figure dans la saga de Niai; il combattit les
Ecossais, traita avec leur roi Malcolm, dont il épousa la
fille, et périt dans la grande bataille de Clontarf, vaincu
par Brian, roi de Munster (Irlande). Ses quatre fils se
partagèrent son héritage ; mais le dernier, Thorfinn, né
de la fille de Malcolm, finit par le réunir tout entier, se
fit reconnaître par le roi de Norvège, alla en pèlerinage à
Rome et érigea un évêché à Birsay. Il mourut en 1064,
et ses deux fils, Paul et Erlend, furent bientôt supplantés
par Sigurd, fils du roi de Norvège Magnus. Mais Sigurd
étant devenu roi de Norvège, Hakon, fils de Paul, recou-
vra les Orcades. Son fils Paul succomba contre les vikings,
et ilarold, fils du comte d'Athole Maddad, finit par rester
maître des îles, au milieu du xn® siècle. Elles étaient alors
très peuplées, pouvant fournir un contingent de 7.000 com-
battants pour les guerres extérieures. La lignée des jarls
normands s'éteignit en 1231. Le comté de Caithness, com-
prenant l'archipel, fut attribué ta Magnus, second fils de
Gilbride, comte d'Angus. lui 1321, il passa à la ligne de
Strathearn ; en 1379,' à Henry Saint-Clair ou Sinclair, qui
bâtit le château de KirkwalL En 1468, le roi de Dane-
mark, Christian I^'', donna en gage les îles Orcades et Shet-
land pour garantir le paiement du douaire de sa fille
Marguerite, mariée à Jac([ues III d'Ecosse. Le paiement ne
vint jamais et les îles restèrent ta l'Ecosse. En 1471,
Jacques HI donna au comte -William Saint-Clair le do-
maine de Ravenscraig (comté de Fife) en échtange de sa
renonciation à son comté des Orcades, lequel fut, par un
acte du Ptirlement en dtate du 20 févr. 1471, annexé à
la couronne d'Ecosse.
En 1564, Robert Stuart (Stewart), fils naturel de
Jacques V, fut fait shérif, et en 1581 comte des Orcades ;
mais dès 1615 elles furent réunies de nouveau à la cou-
ronne. En 1626, Chtarles P^ donna ce titre aune branche
latérale des Htimilton, desquels il ptissa aux O'Brien, puis
aux Fitzmaurice (1820). C'est aux îles Orcades que Mont-
rose forma son expédition de 1650. La langue norse con-
sacrée par plusieurs inscriptions, notamment au grand
cairn sépulcral de Mœshow, était encore parlée généra-
lement au xvi® siècle, et les noms topographiques en gar-
dent le souvenir. Au xvii« siècle, elle disparut peu à peu.
La juridiction ecclésiastique fut disputée entre les arche-
vêchés de Hambourg, York et Bergen. A partir de 1102,
les évoques norvégiens prévalurent. De 1508 à 1606, puis
de 1638 à 1660, le siège épiscopal demeura vacant ; il fut
supprimé en 1697. Les principaux vestiges archéologiques
sont l'ancien palais des jarls à Birsay (auN.-E. de Pomona) ,
ceux de l'église bâtie auprès par Thorfinn au xi^ siècle, d'une
église circulaire à Ophir, de la Ctathédrtale deKirkwaU, de
l'église fortifiée d'Egilshay (xii® s.). A. -M. B.
BiBL. : Orhneyiiign Siigii, publiée et annotée par Ander-
ORCADES — ORCHESTRE
— 488 —
SON, 1873 —.T. Ben, /)esc7'ipfio insulnrum Orclmdiarum^
1529. — Wallace, Account of theislands of Orkney^ 1693,
rééd. en 1884. — Low, Tour through theislands of Orhncy
iind Shetland in 111 'i, 1879. — Du meme,Fai<.?7a Orcadiensis,
1813. — Baikik etllRiJDLE, Historiu naturalis Orcadiensis,
1848. — Dennison, Orcadian shetchbook ; Kirkwall, 1880.
— TuDOR, Orhneys and Shetland, geology flora , 1883* —
Fea, Présent state of the Orhneyislands^ 1885.
ORCADES DU Sud {South Or A'n^//). Archipel de l'océan
Pacifique, formé des îles montagneuses Coronation (ait.
1.321 m.), par 60*^ 46' lat. S.%t 48<> 13' long. 0., et
Laurie (ait. 941 m.), par 60*^54' lat. S. et 46« 45'
long. 0., et des ilôts Powell et Saddle situés entre
elles, Inaccessible et Despair-rock à l'O. de Coronation.
Découvertes par Smitli (1819), explorées par Dumont
d'Urville (1838).
ORCAGNA(A.), architecte, sculpteur et peintre italien
(V. CiONE [Andréa di]).
ORCANETTE (Bot.). Nom vulgaire à^VAlkanna tinc-
toria Tausch {Anchusa tinctoria Desf., Lithospermum
tinciorium L.) (V. Alkanna). L'Orcanette croît dans les
lieux sablonneux de la région méditerranéenne ; elle a une
grosse racine à écorce feuilletée d'un rouge violet, qui re-
couvre des faisceaux ligneux rouges extérieurement, blan-
châtres intérieurement. Cette racine, Radix alcannœ ?>.,
Alcannœ spiiiiœ off., renferme une matière colorante
employée dans la teinture, Vanchusine ou orcanettina,
substance rouge amorphe, à cassure résinoide, dont la so-
lution alcoolique se transforme à la longue en une subs-
tance verte, le vert d'alkanna. Les couleurs formées par
Torcanettine résistent peu à la lumière, au savon et aux
acides. En pharmacie, l'orcanettine sert pour colorer les
pommades ; elle est d'ailleurs douée de propriétés astrin-
gentes, antidiarrhéiques et détergentes. D'^L. Hn.
ORÇAY. Com. du dép. du Loir-et-Cher, arr. de Romo-
rantin, cant. de Salbris; 337 hab.
ORCÉI N E. Sous l'influence simultanée de l'ammoniaque
et de l'oxygène de l'air, Vorcine (V. ce mot) se colore
peu à peu en rouge en donnant des principes nouveaux
parmi lesquels se trouve un corps azoté, l'orcéine, dont la
formule serait C^^*H^AzO^. C'est une matière colorante
rouge incristallisable, peu soluble dans l'eau, précipitable
de sa solution par l'addition d'un sel neutre, fort soluble
dans l'alcool, peu soluble dans l'éther. L'hydrogène nais-
sant agit sur l'orcéine comme sur toutes les matières co-
lorantes ; elle se décolore, puis reprend la teinte rouge sous
l'influence de l'air. D'après des recherches plus récentes,
l'action de l'ammoniaque sur l'orcéine donnerait une orcéine
cristallisée de formule C^^H'^^Az^O^'*, un autre corps,
C^^'^H^^AzO^" et d'autres principes de la nature du tour-
nesol. L'orcéine est l'un des principes constituants de la ma-
tière colorante naturelle Vorseille (Y. ce mot). Le tour-
nesol (V. ce mot) renferme des substances qui doivent se
rapprocher de l'orcéine. CM.
BiiJL. : R(3inQUET, Annal, de chim. et de pliys.. 2« série,
t. XLIl. 1). 235. — ZuLKowsKi et Petkrs, Monatsliefte,
t. XI, p. 231.
ORCEL (H.-F.-E.) (V. Dumolard).
ORCELLA (Zool.) (V. Dauphin).
ORCEMONT. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. et
cant. de Rambouillet; 3!2o hab.
ORCENAIS. Com. du dép. du Cher, arr. et cant. de
Saint-Amand-Montrond ; 523 hab.
ORCET. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de Cler-
mont, cant. de Veyre-Monton ; 908 hab. Patrie de Cou-
thon (V. ce nom).
ORCEVAUX. Com. du dép. de la Haute-Marne, arr.
de Langres, cant. de Longeau; 160 hab.
ORCEUL (Blas.). Poteau rond dont le socle et le cou-
rojinement sont carrés.
ORCHA. Ville de Russie, gouv. et à 80 kil. de Mohilev,
ch.-l. de district, sur les deux rives du Dniepr (à
l'endroit où il devient navigable) et au confluent de la
rivière Orchitsa. Centre commercial assez important ;
13.161 hab. (barrières de pierres calcaires dans les envi-
rons. Fondée au xi^ siècle, elle- fut occupée par les Lithua-
niens au xni^ siècle et plusieurs fois assiégée par les
Russes. En 1772, elle passa à la Russie; la' ville a été
bnilée par les Fiançais en 1812.
Le district a 5.000 kil. q. et 189.000 hab. (avec la
ville).
ORCHAISE. Com. du dép. de Loir-et-Cher, arr. de
Blois, cant. d'Herbault ; 629 hab. ; sur les rives de la
Cisse. L'église renferme quelques anciennes sculptures. Au
bas de la colline sur laquelle est construit le village,
s'ouvre une grotte dont on n'a pu explorer encore toute
l'étendue, et sur laquelle des légendes fabuleuses se sont
créées pour expliquer l'origine du nom d'Orchaise. On a
prétendu qu'au fond de cette grotte se trouvait une chaise
d'or, ou, d'autre part, que les troupes de César y avaient
établi leurs greniers (horrea Cœsaris). Une grange de
l'époque de saint Louis se voit encore dans le village.
ORCHAMPS. Com. du dép. du Jura, arr. de Dôle,
cant. de Dampierre, sur le Doubs ; 701 hab. Stat. du
chem. de fer de Dole à Besançon. Ancienne station ro-
maine de Crusinia. Eglise gothique du xv^ et du xvi^ siècle.
ORGHAMPS-Vennes. Com. du dép. du Doubs, arr. de
Baume-les-Dames, cant. de Pierrefontaine ; 890 hab.
ORCHARDSON (William-Guiller), peintre anglais, né à
Edimbourg en 1835, vint à Londres où il obtint de grands
succès dans la peinture de genre. Citons parmi ses tableaux :
Vieille C hansonang taise {iS63) ; Fleurs de foret (1864) ;
Hamlet et Ophélièet le Défi (1865) ; Christophe Sly ;
Talbot et la comtesse d'Auvergne (1867) ; Henri IV et
lalstaff (iSQH)', les Rêves du jour (1870) ; le Grand
Canal de Venise (1871) ; Casus helli (1872) ; la
Heine des épées (1877) ; le Décavé (1879) ; Portrait
de M"''' Winchester Clowes (1879) ; Napoléon l^' ii
bord du Bellérophon (1880, au musée de South-Ken-
sington) ; Voltaire chez le duc de Sully (1883) ; Ma-
riage de convenance (1884) ; le Salon de M"^^^ Réca-
mier {i88^) ; le Jeune Duc (1889), etc.
ORCHES. Com. du dép. de la Vienne, arr. de Chàtel-
lerault, cant. de Lencloître; 726 hab.
ORCHESTES (Entom.). Genre d'Insectes Coléoptères,
de la famille des Curculionides, établi par lUiger (Mag., III,
1804, p. 105). Ce sont des insectes de petite taille, pos-
sédant la faculté de sauter ; les cuisses postérieures sont
renflées. Les larves vivent entre les épidermes des feuilles
des aulnes, des ormes, des hêtres. Le genre comprend
une cinquantaine d'espèces, appartenant surtout à l'Eu-
rope, à l'Algérie, au Cap. L'O. AV/r/? L., long de 3 millim.,
noir, couvert d'une villosité fine. atta(iue le hêtre ; il est
répandu dans toute l'Europe,
BiiJL. : Brisout de 11\iini:vii.li:, Ann. So( . ad. de
France, 1805. |). 253.
ORCHESTRATION (V. Orchestre et Instrumentation).
ORCHESTRE (6p)(^rjaTpa). I. Architecture. — Aire
centrale circulaire des théâtres grecs, destinée aux évolu-
tions du chœur autour de la ^/i?/wé^7<^' ou autel de Dionysos.
Elle était comprise entre la scène et les gradins inférieurs,
qui entouraient les trois quarts du cercle . Plusieui'S orchestres
de théâtres grecs sont assez bien conservés, surtout ceux
du théâtre de Dionysos à Athènes et du Hiéron d'Epi-
daure. Mais le premier a été remanié à l'époque romaine.
Aussi doit-on prendre plutôt comme tyj)e celui d'Epidaure,
qui se présente à nous presque intact, tel qu'il fut amé-
nagé par Polyclète le Jeune au début du iv*^ siècle. Autour
de la base de la thymélé sont disposés deux cercles con-
centriques. Le cercle intérieur (10 m. de rayon), entoui'é
d'une large bordure de pierre, est l'aire de sol battu où
se déroulaient les évolutions du chœur (/.ovi'arpa). Entre
la xov/arpa et le premier rang de gradins s'étend une
bande circulaire, en contre-bas ; sur la moitié de la cir-
conférence, du côté des gradins, elle est pavée de grandes
dalles et formait une sorte de bassin. C'est par là que
s'écoulaient les eaux de pluie, entraînées hors du théâtre
par deux aqueducs souterrains. On entrait dans l'orchestre
489 —
ORCHESTRE — ORCHIDEES
pai' deux voies latérales (îïàpodoi), disposées entre la
scène et les murs qui soutenaient le côté des gradins. Au
bout de l'orchestre, en face des spectateurs, se dressait
un mur percé de trois portes et orné de colonnettes
ioniques (6;uoay.riviov), qui soutenait le plancher de la scène
(r(3oa/.7[viov ou XoyêTov). Ces dispositions se retrouvent
dans tous les théâtres grecs qui ont été récemment fouillés.
Suivant une hypothèse récente, que défend avec obstina-
tion M. Dorpfeld, mais que repoussent la plupart des sa-
vants, les acteurs grecs se seraient tenus dans Forchestre,
presque mêlés aux choreuteset ne seraient montés sur le
/r)^<^/on qu'accidentellement. Vhyposcenion axQc sa colon-
nade représentant la façade du palais, et le logeion l'étage
supérieur ou la terrasse. — Dans les théâtres romains,
Forchestre était plus petit et avait la forme d'un demi-
cercle, il ne servait jamais aux évolutions d'un chœur ; il
contenait simplement les places d'honneur pour les mem-
bres du Sénat. P. Monceaux.
II. Musique. — Le mot orchestre comporte diverses accep-
tions, selon qu'on Femploie pour désigner : 1" Fendroit qu'oc-
cupent les musiciens instrumentistes dans nos salles de
théâtres ou de concerts; 2° ces musiciens eux-mêmes
réunis en corps ; 3^ la réunion des instruments dont ils
jouent. Sur le premier point nous dirons seulement qu'ac-
tuellement Forchestre est placé devant la scène, et de
niveau (ou à peu de chose près) avec le parterre. Cepen-
dant Richard Wagner, dans le théâtre qu'il a fait cons-
truire à Rayreuth, pour la représentation de ses propres
drames lyriques, a placé l'orchestre en contre-bas de la
scène et l'a en outre rendu invisible aux spectateurs, au
moyen d'un double écran qui le recouvre partiellement.
Le résultat est extrêmement satisfaisant, mais il convient
d'observer que les partitions du maître ont été instru-
mentées en vue de cette disposition qui ne saurait être,
sans inconvénient, adoptée pour l'exécution des œuvres
d'autres compositeurs. Dans les salles de concerts, For-
chestre est généralement placé sur une estrade disposée
en gradins. Les instruments à cordes y sont habituelle-
ment groupés, sur le front de l'estrade (4^^*^ violons à gauche
du chef, 2^*^ violons à droite, altos et violoncelles derrière,
les contrebasses occupent souvent un des côtés de l'es-
trade). Ensuite viennent les instruments à vent en bois,
puis ceux en cuivre, et enfin au dernier rang les instru-
ments à percussion. Quant aux orchestres de théâtres,
rien de plus variable que leurs divers groupements qui
diffèrent suivant les opinions personnelles des chefs d'or-
chestre. Relativement aux instruments eux-mêmes, consi-
dérés sous le rapport de leur emploi dans la composition
musicale, nous prions le lecteur de se reporter à l'article
Instrumentation.
Envisagé dans sa masse et comme unité, Forchestre
peut être assimilé à un vaste instrument aux ressources
complexes et variée qui se meut par l'impulsion et par
les soins d'un instrumentiste qui est le chef et, suivant une
heureuse expression, joue de l'orchestre. Les fonctions,
ramenées à leurs éléments principaux, consistent à battre
la mesure, à indiquer les changements de mouvements,
les nuances, et, généralement parlant, tous les moyens
d'expression susceptibles de contribuer à une bonne exé-
cution. Il doit se conformer rigoureusement pour cela aux
intentions exprimées par le compositeur et s'effacer devant
lui, sans pour cela abdiquer sa personnalité, mais en la
maintenant au second plan.
Pour effectuer les indications dont nous venons déparier,
le chef d'orchestre se sert de signes dont les principaux
se rattachent aux divers battements de la mesure (V. ce
mot). Mais une extension plus ou moins grande du bras,
armé de la baguette dont il se sert à cet effet, ainsi que
certains gestes conventionnels de la main gauche, lui
servent à indiquer aux exécutants les modifications mul-
tiples qu'entraînent les variations dans l'intensité du son
et même dans l'expression du jeu.
Primitivement, lorsque le nombre des instrumentistes
eut démontré la nécessité d'un mouvement régulièrement
indéfini pour que l'ensemble fût satisfaisant, le batteur de
mesure était armé d'un lourd bâton dont il frappait le sol
pour marquer les temps en cadence. Peu à peu ce moyen
barbare fit place à un procédé moins brutal. Mais long-
temps encore le coup de baguette, frappé de temps à autre
sur le pupitre, servait à ramener l'orchestre à une mesure
plus rigoureuse. Le développement et l'accroissement de
la polyphonie instrumentale ont naturellement rendu plus
délicates et plus difiîciles les fonctions du chef d'orchestre.
La complexité des partitions de Wagner, par exemj3le, né-
cessite pour une bonne direction un coup d'œil singuliè-
rement précis et une habileté consommée dans la lecture.
Instruction musicale aussi complète que possible, connais-
san^'e des ressources de chaque instrument, goût et déci-
sion : telles sont les principales qualités requises pour que
le directeur de la phalange symphonique soit digne de
son rôle important. Pendant longtemps, un des violonistes
appartenant au premier pupitre en a été chargé, et on
admettait comme une indiscutable vérité la supériorité du
violoniste comme chef d'orchestre. Cependant d'autres
instrumentistes ou des compositeurs ne possédant la pra-
tique d'aucun instrument ont victorieusement prouvé que
cette supériorité n'était nullement incontestable.
.Vu nombre des principaux chefs d'orchestre dont les
noni: méritent d'être cités, nous nommerons, parmi les
violonistes : Habeneck, Girard, Pasdeloup, Altès, Lamou-
reux, Colonne, Garcin, Danbé; parmi les non-violonistes :
Rietz, Hillei, Lachner, Hainl, Pasdeloup, Hans de Rûlow,
Taffanel, Mottl, Hermann Lévy, Hans Richter, Sucher,
Chevillard, Weingarner, Leidl, Vianesi, Viotta, Joseph Du-
pont, Paul Vidal, etc. Un certain nombre de compositeurs
célèbres ont été aussi renommés comme chefs d'orchestre ;
de ce nombre sont : Mendelssohn, Weber, Rerlioz, Liszt,
Wagner, Rymsky-Korsakov, Messager, Richard Strauss.
René Rrancour.
BiBL. : Ar(;hitkcturk — Defra^^k et Lhchat, Ej^i-
dmive; Paris, 1895. ])\) 193-228. — DorpfJ'LD et Hia^cii,
Das (jriechiscJie TJieater. Bcitraci/e zur Gcschicfite des
Dionysos-Tlieaters in "Athen und anderer (jriccJiischcr
Theatcr: Athènes, 1896.
Musique. — I^krlioz, VArt da chef d'orcliestre. —
Deudevfz, VArt du chef d'orchestre: Paris, 1878. --
Maurice Kuffekath, VArt de diriger VorcJiestre^ Paris;
1891. — Richard Wagner, Ueber (las Dirhjiren; Lo\p/.iLi.
inséré ensuite dans les (iesaiiunelte Scliriften idid
Dichtungen, t. VIII.
ORCHESTRION. Nom donné successivement à divers
instruments de musique : 1*^ une sorte de piano-orgue,
inventé par Antoine Kunz, de Prague, vers la fin du
XVIII® siècle ; 2*^ un harmonica, construit également à
Prague, par un facteur nommé Sauer. en 1804: 8^ un
instrument à clavier, pourvu de cordes de boyau, perfec-
tionnement du plectroeuphon dû à Gama, avec addition
par les luthiers viennois Heinrich et Rauer de trois re-
gistres distincts propres à imiter certains effets d'orchestre;
4^ un genre d'orgue expressif, établi par Fourneau en 1844.
ORCHEVAL/ Rivière du dép. de la Haute-Loire
(V. Loire [Haute-], t. XXIÏ, p. 441j).
ORCHIDEES (Rot.). Famille de plantes monocotylé-
dones, comprenant des herbes vivaces, terrestres ou épi-
phytes, à feuilles indivises, sessiles, à nervures paral-
lèles, disposées soit en rosette (formes terrestres), soit
par d, 2 ou 3 à l'extrémité d'un pseudobulbe (formes
épiphytes), soit alternes-distiques, uniformément espa-
cées (formes caulescentes). La famille des Orchidées, dans
les classifications les plus modernes, est une division de
l'ordre des Iridinées (Van ïieghem) ; elle se caractérise
essentiellement par la régularité des fleurs et l'absence
d'albumen. Les fleurs ont leur périanthe supère, irrégu-
lier, bisérié; leurs étamines, gynandres, sont au nombre
de 4 à 2. L'ovaire est infère, à une loge, à 3 placentas
pariétaux. L'embryon minime. L'inflorescence est ordinai-
rement en épi ou en grappe.
Cette importante famille, la plus nombreuse de toutes
ORCHIDÉES — 'i90 —
les Monocotylédones,com}3ren(1834 genres i\vec 5.000 es-
pèces réparties sur tout le globe, mais abondant surtout
dans les régions chaudes des deux mondes et faisant dé-
faut dans les régions arctiques. Les espèces terrestres
sont celles des pays froids et tempérés ; celle qui remonte
le plus au nord est la Calypso boreaUs qu'on rencontre
jusqu^ui 68« de lat. N. Les espèces épiphytes vivent
dans les grandes forêts tropicales, attachées aux arbres
par leurs racines adventives aériennes. Certaines n'ont
Vanilla claviculata.
pas de racines {Epipogium Gmelini et Coralloraphis
innata). D'autres n'ont pas de feuilles, mais à leur place
des écailles décolorées {Corail or hiza, Limodorum,Neot-
tianidus avis). Le nombre d'étamines peut être différent
dans les variétés d'une môme espèce. Du reste, la fleur
des Orchidées présente fréquemment des cas de mons-
truosités, par dissociation de certains éléments ordinai-
rement soudés (fleurs péloriées), etc. Et tout semble con-
courir pour augmenter la confusion dans la systématique
de cette famille, car l'hybridation y est très fréquente,
les espèces les plus différentes pouvant se croiser ensemble
et donner des produits féconds. En outre, la reproduc-
tion de ces plantes présente des phénomènes singuliers,
surtout dans la fécondation qui ne peut guère avoir lieu,
soit de pied à pied, soit sur un même pied, que par le
concours des insectes. Les travaux de Darwin ont appelé
l'attention sur les rapports des insectes et des plantes, à
ce point de vue. Ce sont surtout les hyménoptères qui
servent d'agents dans cette reproduction ; en butinant sur
les fleurs, ils chargent leur tête de masses polliniques qu'ils
transportent sur les organes femelles. Des phénomènes
d'irritabilité viennent concourir à cet état de choses. Ainsi,
chez la Masdevallia muscosa, l'insecte qui butine se
trouve emprisonné par une contraction de la crête du la-
belle, et il est obMgé, pour s'enfuir, de passer par une
ouverture située près de l'anthère, et de se charger d'une
masse pollinique, etc.
D'une façon générale, les fleurs des Orchidées sont re-
marquables par leurs couleurs brillantes et tranchées,
leurs formes élégantes ou bizaiTCS, qui varient souvent
absolument de structure daiis une même espèce. On peut
citer bien des exemples de dimorphisme, sans pour cela
en connaître les causes. Dansune Vandée, le Wenanthera
Loivii, l'inflorescence présente, à sa base, deux ou trois
fleurs qui diffèrent en tout des autres. Chez les Catasetum,
on avait été ainsi amené à faire des .genres, tels que
Mijanthm et Monachanthns pour les individus dimor-
plîiques, etc. En outre, dans la plupart des Orchidées, la
fleur, se tordant sur son ovaire infère et son pédicule, oc-
cupe, une fois épanouie, une situation renversée.
La structure de la fleur peut se ramener, en plan, à un
périanthe double, dont chaque rang comporte trois pièces
qui peuvent se souder entre elles. On entend par labelle
ou tablier la pièce de la corolle qui diffère toujours des
autres par sa forme et ses couleurs ; c'est un pétale mo-
difié dont la base porte fréquemment une saillie plus ou
moins protubérante qui est Vcperon. On entend par gy-
nosfème ou colonne la masse que forment les organes
reproducteurs confondus, étamines et style ; des premières
le nombre normal est de trois ; mais souvent une seule
est bien développée et munie d'une anthère, les autres étant
réduites à desimpies mamelons. Cette étamine fertile est
diamétralement opposée au labelle. Il y a cependant des
exceptions, c'est ainsi que, dans les Neuwiedia, les trois
étamines antérieures sont toutes fertiles, etc. La déhis-
cence de l'anthère introrse est toujours longitudinale. Les
grains de pollen sont sohtaires ou groupés en masses pol-
liniques ou pollinies, dont le nombre varie suivant les
formes. Trois carpelles
composent le pistil, et
l'ovaire infère, ordinaire-
ment à une seule loge,
peut en avoir parfois trois.
Son style a un stigmate
trilobé dont le lobe anté-
rieur, correspondant à
r étamine fertile, est le
plus développé et se
nomme rostellum. On en-
tend par caudicules les
deux filets gommeux qui,
dans certains types , relient
ce rostellum aux poUi-
nies en prenant attache,
dans celui-ci, aux masses de tissu gélifié constituant le
]'étinacleS'« C'est alors l'ensemble formé par les pollinies,
les caudicules et le rétinacle qui est emporté par les in-
sectes » (Van Tieghem). Les placentas, pariétaux dans la
règle, axiles parfois, portent de nombreux ovules ana-
tropes. Le fruit des Orchidées est une capsule ovoïde ou
cylindrique, quelquefois très longue, comme dans la va-
nille, la déhiscence s'en fait de diverses façons. Mais tou-
jours les graines sont très petites, nombreuses, membra-
neuses, avec un minuscule embryon sans albumen.
Les Orchidées terrestres possèdent un rhizome rameux
qui peut être dépourvu de racines, comme on l'a dit plus
haut, mais qui, le plus souvent, en possède d'adventives
dont la structure peut être charnue. Outre ces racines
ordinaires, la plante a deux tubercules ovoïdes ou palmés
par lesquels elle se reproduit. Les Orchidées épiphytes
ont un rhizome avec des racines aériennes et souvent des
renflements situés au bas des tiges, aériens, appelés /jsei^c^o-
biilbes, etc. Il est de ces plantes qui, comme Ja vanille,
arrivent à s'allonger jusqu'à ressembler à des Hanes. Les
racines adventives des Orchidées épiphytes sont glabres,
grises ou blanchâtres, souvent luisantes, avec l'extrémité
verte. Le tissu spongieux superficiel, formé de cellules spi-
ralées, constitue \e\^oile. Les cellules sont pleines d'air,
et c'est pourquoi les racines ont cet aspect lustré et bril-
lant, tandis qu'à l'extrémité de la racine ces cellules,
contenant encore de la chlorophylle, suflisent à donner une
coloration verdàtre. Le voile parait destiné à absorber la
vapeur d'eau qui représente la seule nourriture des Orchi-
dées épiphytes, car ces plantes, nullement parasites, ne
vivent pas\iux dépens du végétal qui leur sert de sup-
Fleur do Dendrobium.
494
ORCHIDEES
port. Les racines adventives profitent surtout de l'eau des
pluies et des rosées toujours abondantes dans les forêts
des tropiques. Au reste, les Orchidées se plaisent dans les
endroits très fouirés et ombragés, où rimmidité ne fai(
jamais défaut, comme aussi les débris végétaux qui finis-
sent, en s'accumulant dans le lacis de ces racines aériennes,
Cattl(3ya ritrina.
par constituer une sorte de sol suspendu oîi les radicelles
peuvent puiser la nourriture, et qui détient toujours de
l'eau en quantité su(ïisante.
Les feuilles des Orchidées terrestres sont de consistance
molle et herbacée, tandis qu elles sont dures et coriaces
dans la majorité des épiphytes ; leur coloration est très
variable, verte uniforme ou marl)rée de brun, de rouge,
avec des lignes argentées, dorées, etc. Elles sont distiques
ou spiralées, engainantes, avec le limbe entier, ovale ou
linéaire, nervé en long, parfois réticulé.
On a divisé les Orchidées en cinq sous-famdles, ainsi
distribuées d'après le nombre des anthères, la disposition
du pollen, par Van Tieghem :
1° Epidenurkes, caractérisées par une anthère, lespol-
linies libres et cireuses. Avec les principaux genres : Pleu-
rothallis, Stelis, Masdevallia, Malaxis, Liparis, Coral-
lorhiza, Dendrobhun, Bulbophjjllum, Eria, Phajtis,
Bletia, Cadogyne, Pholidota, Calanthe, Epidendrum,
Cattleya, etc.
"1^ Vanuées. — Une anthère. Pollinies cireuses atta-
chées au rostellum. Genres : Eulophia, Cymbidiiwi,
ùp-topodhim, Zygopetalum, Stanhopea, Catasefiuii.
MaxiUaria, Odontoglossiun, Oncidium, Phalœnopsis,
Vanda, xingiwcum, Notylia.
?)'' Néottiées. — Une anthère. Pollinies granuleuses,
pulvérulentes ou sectiles, libres. Genres : Vanilla, So-
bralia, '^eoUia, Listera, Spiranthes, Goodijera, Pogo-
nia, Epipogmm, Limnodorum, Cephalanlhea, Epipac-
lis, etc.'
4*^ Ophrydées. — Une anthère. Pollinies granuleuses,
attachées au rostellum. Genres : Orchis, Ophnjs, Ace-
ras, Serapias, Henni niuni, Habenaria, Satyriuin,
Dis a, etc.
5° Cypru^édiées. — Deux ou trois anthères. Genres :
Cypripedium, Selenipedium, Apostasia, Neuwiedia.
La plupart de ces genres sont propres aux forets tro-
picales, surtout les Epidendrées si répandues en Malaisie
et dans l'Amérique du Sud, comme les Yandées très abon-
dantes à Madagascar, mais rares en Afrique. Les Néot-
tiées sont surtout représentées dans l'Asie et l'Australie
extratropicales; enfin, les Cypripédiées et les Ophrydées
hnbitent principalement les l'égions fraîches et tempérées
de rhémisphère nord. (Test à ces familles qu'appartien-
nent les Orchidées de nos pays, notamment les Orchis
et les Ophrys. Dans le premier de ces deux genres
rentrent les espèces indigènes dont on tire le salep. Et
c'est là un des quelques produits utiles que nous fournis-
sent les Orchidées. J^e salep provient surtout d'Asie Mi-
neure et de Perse, on le tire des tubercules des Orchis
mmcula, morio, militaris, macukUa, etc., riches en
fécule nutritive avec un principe gommeux, il sert à faire
des gelées reconstituantes ; ses qualités analeptiques lui
sont aujourd'hui contestées. Parmi les Orchidées utiles à
l'homme, il faut compter la Vanille, fournie par les Va-
nilla claviciilaia . planifolia, et autres espèces de
l'Amérique centrale et méridionale; le Ealiani oui lié
Bourbon, feuilles de V Angr(ecu)n fragrans des Masca-
reignes, est employé en pharmacie comme amer et pecto-
ral ; YElldborine (Epipactis latifoUa) , racine spécifique
contre les douleurs ailhritiques ; le rhizome du Lypripe-
diiim pubescens est. dans la pharmacopée anglaise, un
succédané de la Valériane ; les racines des Spiranthes
aiitumnalis, Platanthera bifolia, Himanloglossiun
hircinum ont passé pour aphrodisiaques ; les fleurs du
Gyninadenia conopsea sont encore considérées comme
Cypripcdiuni caudatuiii.
antidysentériques dans l'Amérique du Sud. comme les tu-
bercules du Gyninadenia but basa émollients. La racine
du Spiranthes diureticaasi employée comme diurétique
au Chili, etc.
Mais le principal intérêt des Orchidées est dans l'im-
portance extraordinaire qu'elles ont prise comme plantes
d'ornement, à cause de la beauté et de la singularité de
leurs fleurs qui émettent souvent des parfums très déhcats
et d'une nature rare. Les amateurs ou adonistes ont créé
un grand mouvement d'importation ; toute une industrie
de culture s'est développée, encouragée par les prix exor-
bitants atteints par certaines espèces et qu'entretiennent
et la mode et les goûts artistiques, voire la littérature.
Tont en étant difficile, ia culture des Orchidées demeure
dans les limites d'un élégant jardinage, sans nécessiter j^
ORCHIDÉES
- 492
très grandes installations ni d'opérations rudes ou péni-
bles. Ces plantes délicates ne demandent pas qu'on remue
la terre pour elles, elles se contentent d'un léger com-
post fait de débris végétaux. Elles n'exigent pas davan-
tage de soins pendant les longs voyages qu'on leur fait
subir, car elles peuvent rester jusqu'à cinq mois sans eau,
sans lumière ni air. Au point de vue commercial, les col-
lections d'Orchidées ne sont pas extrêmement coûteuses,
et la vente des fleurs rémunère largement les horticulteurs
de leur travail et de leurs achats, outre que ces fleurs
peuvent, une fois épanouies, se conserver pendant plusieurs
mois et qu'un même pied peut en produire beaucoup, et
cela pendant plusieurs années de suite.
Si répandue aujourd'hui dans tous les grands centres
des deux mondes, la culture des Orchidées date à peine
d'un siècle. On connaissait bien quelques fleurs conser-
vées dans les herbiers ou peintes par des voyageurs, comme
celles des quelques espèces décrites par Linné, mais per-
sonne ne s'y intéressait en dehors des botanistes. Et
cependant, dès le xvi^ siècle, l'Académie des Lincei de
Rome prenait pour emblème la fleur d'un Angiiloa, Or-
chidée mexicaine ; et cela, tout à la fois parce qu'elle
était tachetée comme un lynx et parce qu'elle était figurée
dans l'ouvrage du chanoine Hernandez (1532) qui avait
dédié son histoire naturelle à l'Académie. C'est à la fin
du xviii^' siècle que l'on commença à élever les belles
espèces épiphytes. En 1787, VEpidendnim cochleatum
fleurissait à Kiew, puis en 1788 ce fut l'E. fragraus.
Mais, seulement en 1820, on se mit à cultiver en grand
les Orchidées dans les serres chaudes d'Angleterre. Il y
eut bien des tâtonnements et des déboires ; l'ignorance où
l'on était des conditions d'hygiène, aujourd'hui bien con-
nues, faisait trop élever la température, négliger l'aération.
Mais en 1838 on arriva à la chaleur convenable et à la
bonne atmosphère « aussi douce et aussi agréable (jue le
climat de Madère ». Et en 1841 on s'apercevait qu'il faut
donner aux plantes une saison de repos, si on veut les
voir fleurir. C'est de cette époque que les amateurs d'Or-
chidées datent l'ère moderne de leur science à laquelle
venaient de tant profiter les grands voyages de J. Linden
dans l'Amérique du Sud, d'où ce botaniste rapporta non
seulement de grandes quantités de plantes, mais encore des
observations importantes sur leur mode de vie et de re-
production.
Cette dernière fonction ne s'exerce pas de la même ma-
nière chez les Orchidées libres ou domestiques, si l'on
peut dire. Car elles ne se reproduisent pas par graines
dans nos serres. Il faut qu'une fécondation artificielle
vienne là suppléer au rôle que remplissent les insectes
dans la nature, et encore plus d'une année est néces-
saire aux graines pour arriver à parfaite maturité. Si,
par un hasard, elles lèvent, c'est au bout de plusieurs
années seulement que parait le rejeton. Les horticulteurs
font cependant des semis, car c'est là pour eux la seule
manière d'obtenir ces hybrides dont la valeur marchande
atteint parfois des proportions fantastiques : on a payé cer-
tains plants jusqu'à 25.000 fr. Mais l'importation reste
toujours la grande source d'alimentation du marché. Au-
jourd'hui, nombre d'établissements ou de riches particu-
liers soudoient des voyageurs qui parcourent les régions
tropicales, intéressent les indigènes à leurs travaux et
rapportent les plantes par quantités énormes. Mais toutes
époques ne sont pas bonnes pour ces récoltes et pour leur
expédition, il faut connaître et la nature des espèces et le
climat du pays qui varie suivant les saisons. On recom-
mande de récolter toujours les Orchidées avant leur plein
développement, sans quoi elles pourrissent ou s'étiolent. Mais
de non moindres accidents se produisent si on les enlève
au début de leur saison d'activité, car elles émettent leurs
pousses dans les caisses d'envoi, s'épuisent et ne produisent
jamais de fleurs en Europe. Le moment le plus propice
pour coUiger est celui oii les pousses mûries entrent dans
la saison du repos, et ce repos se passe alors pendant le
temps du transport. Ce repos a lieu, en règle, de janvier
à avril. C'est sur ces données qu'il faut baser les expédi-
tions, car on ne doit pas oublier qu'un plant qui a formé
ses pousses pendant le voyage ne donnera, en générai,
plus jamais de fleurs. Il y a cependant des exceptions pour
les Orchidées qui poussent toute l'année, comme les Mas-
devallia et les genres des régions froides. Il est aussi des
hasards, des cas spéciaux, où, contre toutes prévisions,
des plants réussissent, tant ces végétaux, encore mal con-
nus dans leur mode de nutrition, sont capricieux et bizarres.
D'une manière générale, l'achat des Orchidées d'importa-
tion est une afl'aire de confiance. Il convient donc de ne
s'adresser qu'aux maisons sérieuses et de n'acheter dans
les ventes publiques que quand on possède la science et
Texpérience nécessaires. I.es Orchidées doivent voyager
dans des caisses solides, bien closes, et les trous sont inu-
tiles. Car l'ail* circule bien par les joints des planches, et
les souris et autres petits animaux nuisibles ne peuvent
s'introduire. Les plantes doivent être fixées pour ne pas
ballotter, ce qui les froisserait, briserait leurs parties
tendres, feuilles ou bulbes, et les metti-ait en danger de
pourrir. Aussi convient-il de les serrer entre des lattes
clouées transversalement, ou mieux, de les emballer avec
des copeaux, de la paille, des d^^bris d'écorce, matières
qui doivent toujours être bien sèches, et qui laissent pas-
ser l'air entre elles. On évitera d'employer la sciure de
bois, toujours hygi'oniétri(|ue. et ipii amène trop souvent
la moisissure.
Trois modes de culture ou, pour mieux dire, trois es-
pèces de serres s'imposent dans nos pays poiu^ les es-
pèces exotiques, il y a même cinq soi'tes de serres qui
sont : la haute serre cliaude, la serre chaude, la serre
tempérée, la scîtc mexicaine ou tempérée froide et la serre
froide. Leur température doit demeurer constante pen-
dant le joui' et s'abaisser un peu pendant la nuit ; on
l'élève légèrement pendant la saison de croissance. La
serre froide est chauffée entre d'^et 10" C, destinée aux
espèces des montagnes ou des pays froids ; elle convient
aux : Aida mirantiaca, Acrides japonicum, Barkeria
elegans, lindleijmm et Skinneri, Bonatea speciosa,
Caïanthe diseolor et pleurochroma, Cochhodea de
toutes espèces, CœJogyne harbata et cornigatn, Cymbi-
dium ensifolmm. Dendrobhim japonimm et kimjia-
mim, à toutes les 7)/^^, Uertwigia purpurea, Lœlia
pava et majahs, toutes les Masdevallia, presque tous
les Odontoglossum et neaucoup iVOncidium, tels qvîaci-
naceum, concolor, incurvum, papes, lameUigenmi,
xebrimim, etc. ; à la plupart des Pleurothalis et des
liestrepia, Sophronith cernua et grandiflora, Vanda
amesiana et kimbaJUana. La serre mexicaine, ainsi
appelée parce qu'elle convient à la plupart des Orchidées
de l'Amérique centrale, est chauflëe entre 8" à 12^ ; on y
doit mettre : beaucoup à'Oncidium, Lœlia albida,
cinnabarina, aulumnalis et anceps, Miltoma vexil-
laria, maxillaria, acineta Barkeri, chrysanthadensa,
Acropera armeniaca, aurantiaca, Angrœcum falca-
liim, Anguloa Clowisi, ebiirnea et iiniflora, Barkeria
cyclotella, Brassavola aiciillata, toutes les Bifrenarta
et Houllelia, Oncidium batemannianum, Odontoglos-
sum citrosmum, Sobralia leucoxantha, Stenia fiin-
briata, Zygopetalum Clayi, crinitum, etc. La serre
tempérée se chauffe de 10*^ à 14°, il faut y mettre les
Catfleya, la plupart des Acineta et Batemannia^ Ble-
tia, BoUea, Cirrhœa, Compare ttia, Nanodes, Epiden-
drum, Eriopsis, Isochilvs, lonopsis, Gongora, Iricho-
cenfriim, Stenorhynchiis, Zygopetalum, Irichopilia,
Barkeria barkeriola et melanocaulon, Brassavola cu-
cullata. Lépiotes bicolor, Disa grandiflora, etc. La
température de la serre chaude varie de 15" à 18"; elle
convient aux Aganisia ou Acacallis cyanea, Epiden-
dnimcinnabarinum, Oncidium anthocrene, et en gé-
néral aux Acampe,Acanthephippùim, Acropsis, /Erides,
Aga)iisea, Angra'cum, Ansellia, iiulbophylhim, Ce-
m ^
ORCHIDÉES
vhalanthera, Corijanthes, Cypnpedium, Lissochus,
Geodorum, Galeandra, Pachijstema, Megaclinhim,
Pholidota, liodrigueùa, Selenipediiim. Vanda, etc.
C'est dans la haute serre chaude, dont la température va-
rie de 49« a 22*^, qu'il faut mettre les Vanilla, Phalœ-
nopsis, Anoectochilus, Govenia et Hœmarin.
La terre végétale, si légère qu'elle soit, ne convient
guère aux Orchidées, même terrestres. Il faut remplir les
pots, pour ces dernières, avec un compost fait de terre
de bruyère, de terre franche et même de terre argileuse
à laquelle on peut mêler un peu de sable fin, car ces
plantes ne demandent pas ce drainage continuel, indis-
pensable aux épiphytes. Celles-ci peuvent prospérer dans
un compost oii entrent, en proportions variables, les ra-
cines d'une fougère {Polypodium. imlgare et des tiges
de sphaignes (Spliagnum) ; les premières constituent la
terre fibreuse des horticulteurs, les secondes knr mousse
blanche. Le sphagnum devra, tout comme la terre fibreuse,
être nettoyé, lavé ; il faut qu'il reste vivant, ne pourrisse
ni ne s'écïiauffe, et il doit être haché en bouts longs de
3 à 6 centim. Les Orchidées se rempotent dans ce com-
post dont la nature varie suivant les espèces à cultiver.
Ainsi le sphagnum doit prévaloir pour les Vaiida.JErides,
Saccolabrum, Phalœuopsis, el même alors être employé
seul et très pur. Au contraire, la terre fibreuse doit pré-
valoir pour les Cypripediuni, Lijcasfe, etc. Toujours on
devra attacher à la nature du compost, à son entretien,
une importanc/^ première. Aéré, séché, avant tout débar-
rassé de toutes les impuretés, il doit être sévèrement
gardé de la moisissure, réduit à la consistance et à la
finesse du tabac à fumer, coupé soigneusement et non
grossièrement haché et meurtri, autrement on verrait
bientôt s'y développer des productions cryptogamiques.
Les Anglais emploient, sous le nom de Peut, une terre
fibreuse formée des l'acines et rhizomes de diverses fou-
gères, (pii n'a pas les qualités du comj)OSt précité. Les
récipients, pots ou paniers, sont drainés au moyen de tes-
sons poreux amassés en leur fond, et dans les grands pots
on met, pour cet usage, un petit pot en terre, retourné.
Le drainage parfait est une condition ebsentielle de réus-
site. Jadis, on croyait l'assurer au mo\en de charbon de
bois en morceaux, mais cette hubslance est nuisible au
compost. Toutefois, on en emploie encore la poussière
comme antiseptique pour saupoudrer les plaies, les cas-
sures des Orchidées, et amener une cicatrisation rapide.
Les pots et paniers doivent être choisis avec soin. Les
premiers seront aussi poreux que possible, minces, pour
permettre l'aération des racines. Les paniei'sde bois sont
surtout bons pour les oi'ch idées dont les grappes pen-
dantes s'enfoncent entre les racines {Stanhopea, Coryan-
Ihes, Gongora, Acineta, etc.). On les suspend aux pla-
fonds des serres autant pour le plaisir de l'œil que pour
faire profiter les plants de la lumière, li ne faut ni les
accrocher trop haut, ni trop les serrer, pour pouvoir sur-
veiller aisément, arroser isolément, etc. La culture en
paniers est très minutieuse, elle réclame des arrosages
plus fréquents, mais présente sur celle en pots l'avantage
de redouter moins l'excès d'humidité et la pourriture. Les
Orchidées à rhizome traçant réussissent bien sur un bloc
de bois, de même celles à racines ti'ès dèUcates. On les
attache sur leur support au moyen de fils de cuivre en
attendant qu'elles se fixent elles-mêmes, ce qui ne tarde
guère. Ces supports sont des planchettes ou des bûches
qui souvent sont expédiées avec les plantes y fixées. Ainsi
on reçoit fréquemment les Zygopetalum Gauiieri et
grammifolium sur des stipes de fougères, et le mieux est
de les conserver tels quels.
Les étiquettes sur lesquelles on écrit au crayon le nom
des plantes sont ordinairement de petites attelles de bois
injecté, pointues d'un bout, peintes en jaune ou en blanc.
On les fiche dans le compost des pots ou des paniers.
Ceux-ci sont faits de légères charpentes de bois dur dis-
posées par étages, croisées ou rayonnantes, formant seilles
ajourées, etc. Ils conviennent surtout aux Catasetum,
Cynochis. Acineta, Gongora, Stenorhynchus^eti^,, tan-
dis qu'on mettra en pots les Acampe, AnguJoa, Bifre-
nia, Hoiilletia, Lycaste, Mycrostylis, etc., et sur des
blocs de bois les Bulbophyllum, Cirrhopetalum, etc.
Il n'est pas utile de procéder au rempotage tous les ans,
mais seulement quand le compost noirci n'est plus frais,
et un bon compost peut durer jusqu'à trois ans. On rem-
potera lorsque la plante, trop gr-ande pour son récipient,
laisse ses pseudobulbes dépasser les bords du pot et que
ses rai'ines n'ont plus de place. Le rempotage doit se faire
à la fin du repos, alors ({ue la plante entre en végétation.
On plonge le pot pendant une heure ou deux dans Feau
de pluie, pour détacher les racines des parois, puis on le
renverse prudemment en soutenant la plante. Il faut en-
suite procéder au lavage des parties qui en ont besoin, et
c'est toujours une opération délicate. Après quoi, on ins-
talle l'Orchidée dans son nouveau pot, en ayant soin de
ne pas trop l'y enfoncer. La question de l'arrosage est une
des plus importantes et qui demande des précautions mé-
ticuleuses. S'il ne faut pas ménager l'eau, il ne faut pas
non plus la prodiguer à l'excès pour amener la pourriture
des racines. Les Orchidées aiment l'humidité, surtout pen-
dant leur époque de végétation. C'est alors qu'il faut ar-
roser abondamment le compost, puis le laisser sécher pen-
dant trois ou quatre jours. Les arrosoirs à long bec fin
sont les plus pratiques, parce que ce bec peut passer entre
les rangées de pots, distribue l'eau à la place utile, sur le
compost et non sur les feuilles. On peut aussi plonger le
pot dans un baquet plein d'eau sans mouiller la plante
elle-même, mais en humectant le compost. Pour arroser
les paniers suspendus, on se sert d'un arrosoir cylindrique
à tuyau fin, semblable à l'appareil des allumeurs de ré-
verbères. On recommande avec raison d'arroser toujours les
tablettes, les rayons, les sentiers des serres pour main-
tenir la température humide. On y arrive en garnissant le
sol de scories spongieuses qui retiennent feau. Il est
utile de projeter de l'eau sur les tuyaux de chauffage, et
d'en faire une pluie très fine sur les plantes, au moyen de
seringues à pomme percée de mille trous, l-jicore cette
pluie doit-elle être réglée prudemment, car il ne faut pas
que l'eau séjourne au cœur des jeunes pousses, ce qui les
ferait périr ; mais on peut la diriger franchement sur
les plants fixés sur blocs. Au reste, rien n'est plus
minutieux, plus absorbant que la culture des Orchidées,
elles demandent des soins continuels ; leurs feuilles doi-
vent être lavées de temps en temps pour les débarrasser
de la poussière, des petits insectes, des cryptogames. Ces
lotiojis se font avec une solution très diluée de jus de tabac,
au moyen d'une éponge, et les rephs sont visités avec un
pinceau fin ou une petite éponge attachée au bout d'un
petit morceau de bois, d'une plume, etc. Enfin il faut de
temps en temps déplanter les éti({uettes, pour chasser les
insectes qui pourraient se loger à leur pied, soulever les
pots pour dénicher les cloportes et les fourmis, et surveiller
toujours la température et sa teneur d'eau en consultant
les thermomètres et les hygromètres.
On est récompensé de ces soins par les fleurs des Or-
chidées, les plus belles et les plus singulières qui soient
au monde, et dans les cultures bien menées on peut les
voir apparaître aussi splendides que dans les forêts vierges
de leurs patries. Ainsi on a obtenu, dans les seiTes de
M. A. de Rothschild, en 1887, un Henanthera Lôwi
(Vandées) qui avait vingt-six tiges florales ayant chacune
2 m. de long et portait en tout 650 fleurs. Mais un pareil
résuhat est dii à une culture parfaite. Rien n'est plus beau
qu'une serre d'Orchidées en fleurs, d'autant que certaines
de ces fleurs durent jusqu'à quatre mois, comme celles du
Catasetum garnettianum. Les prix qu'atteignent les
Orchidées sont bien pour encourager leur culture. Citons
au hasard quelques-uns des plus élevés : Saccolabrum gi-
ganteum 4.070 fr., vente Lee, 1887; Cypripedium
Sfonei, variété platytmuiuin, o.675 fr., vente Day,
ORCHIDÉES - ORCHITE
— 494
4881; Cattleya 'h'ianœ^Ydinélé, i8J-»7o fr., vente Lee,
4887 ; Vanda Sanderiana, 9.500 fr., Vente Morgan,
488o ; Rybrideà' OdontoglossiimPescatoreietd'O. triuni-
phans, 4.575 fr., etc., etc. Linden a établi qu'une cul-
ture d'Orchidées ordinaires, demandant pour s'établir un
capital de 45.000 fr . , fournirait un rendement de 13.000 fr.
Fan. Voici sur quelles données cet auteur, dont l'autorité
en la matière est certaine, a appuyé son assertion :
Construction des serres 8 . 000 fr.
Achat de 2.500 plants à'Oclontoglossum
crispum, d'importation, à 5 fr. l'un. . . 12.500 »
Achat de 2.500 Cattleya Warocqueana et
Trianœ d'importation, à 10 fr. l'un.. . . 25.000 »
Total..., 45.000 fr.
Ces plants produisent annuellement : Odontofjlossitin,
35.000 fleurs à 0 fr. 20 pièce, soit 7.000 fr. ; Cattleya,
10.000 fleurs à 0 fr. 60 pièce. Ensemble : 13.000 fr. Et
iJ s'agit là delà vente en gros, aux fleuristes, qui, au dé-
tail, tiennent ces fleurs à des prix beaucoup plus élevés.
Maurice Maixdron.
BtJjL. : Van ïiegiiem, Traité de botanique ; Paris, 18^4'
in-8. — DucHARTRE, Eléments de botanique : Paris, 1883'
in-8. — Darwin, De la fécondation des Orcliidées (trad:
ReroUe) ; Paris, 1870, iii-i2. — Bluaie, Orchidées, ains^
que Lindenia^ Reichenbacliia et autres grandes publica-
tions à planches en couleurs. La bibliographie complète
de la question se trouve dans Pinden, les Orchidées exo-
tiques et leur culture en Europe ; Bruxelles, 1891, in-8.
ORCHIES. Ch.-l. de cant. du dèp. du Nord, arr. de
Douai ; 3.918 hab. Stat. du chem. de fer du Nord. wSu-
creries, tuilerie et briqueterie, fours à chaux, distille-
rie de grains, fonderie de fer, fabrique de grosse chau-
dronnerie, fal3rique de ouate et de filasse, de chicorée et
de café de gland, brasseries, corroirie, imprimeries. Fa-
brique de faïences artistifjues. Mouhns à blé et k tan.
Savonneries, scieries, taillanderie, tannerie. Pépinières.
Commerce de graines de betteraves et de plantes oléagi-
neuses. Orchies était au moyen âge le siège d'une chàtel-
lenie importante du comté de Flandre; elle reçut en 1188
une charte de commune. Avant la Révolution française
elle était la ville principale du pays de Pevéle.
ORCHILLA. Cap occidental de l'île de Fer, dans l'ar-
chipel des Canaries, qui doit sa célébrité, dans le monde
géographique, à ce que par là passait le méridien dit de
l'île de Fer, qui était autrefois celui de toutes les cartes
avant que les nations eussent adopté un méridien national :
la France, celui de Paris ; l'Angleterre, celui de Greenwich ;
l'Espagne, celui de Madrid, etc.
ORCHIS {Orchù L.). Genre d'Orchidacées, compre-
nant des plantes herbacées, à 2 tubercules ovoïdes ou pâl-
it, Souche à bulbotubercules (Ophrydobulbes), forme pal-
mée (divisés chacun en plusieurs racines), de VOrchis-
maculata; b, Souche à bulbotubercules (Ophrydo)
bulbes) de forme ovoïde, de VAnacamptes COrchis
pyramldalis,
mes, à fleurs en épi ; le périgone a ses divisions extérieures
presque égales, le labelle prolongé en éperon et trilobé.
Le gynostème porte une seule anthère dressée ; le fruit
est une capsule à 3 placentas pariétaux. Les espèces prin-
cipales sont : 0. maculata L., 0, nulitaris L., 0. pur-
pur ea Huds {0. fusca
Jacq.) et 0. mascula L.,
toutes répandues dans nos
régions. Les tubercules ser-
vent à préparer le salep
(V. ce mot). DM.. IL\.
ORCHITE. Terme gé-
nérique signifiant : inflaui-
inalion du testicule et,
le plus souvent, des par-
ties avoisinantes (épidi-
dyme, tunique vaginale).
L'orchite peut être aiguë
ou chroniiiue. Les causes
de Vorchite aiguë sont
multiples. Ou bien c'est
un traumatisme (efforts vio-
lents, plaies, contusions)
qui détermine l'état inflam-
matoire, on, plus généra-
lement, une affection de
l'urètre, une iirétrite, que
celle-ci soit due à la bleji-
norragie, à un passage
d'instruments, ou à une
inflammation chronique de
l'urètre, de la prostate, du
col de la vessie. Mais il y a,
en outre, des orchites de
cause générale : telles sont
les orchites des oreillons
(orchite our tienne), de la
fièvre typhoïde, de la va-
riole, etc. On a signalé en-
core une orchite de la
puberté, une orchite des
coloniaux , relativement
fréquente chez des sujets ayant séjourné quelque temps
aux colonies ; une orchite due à l'onanisme, etc. L'or-
chite ou orcho-épididymite — puisque l'épididyme et,
presque toujours d'origine urétrale — est parfois précédée
d'une sensation de tiraillement et de douleur dans l'aine ;
puis elle débute par une douleur plus ou moins vive dans
l'épididyme, douleur qui s'irradie aux lombes, cà Faine,
à la cuisse et que le moindre contact, le moindre mouve-
ment exagère. Les bourses sont rouges, œdématiées ; l'épi-
didyme et le canal déférent sont augmentés de volume ;
la tunique vaginale renferme ou non du liquide. Tous ces
phénomènes locaux s'accompagnent presque toujours d'un
état général fébrile. Les deux testicules peuvent être suc-
cessivement pris, ce qui est particulièrement grave, car
l'infécondité en est le résultat. Non moins sérieuse est l'or-
chite ourlienne, qui se termine le plus généralement par
l'atrophie du ou des testicules. Si, après la chute des phé-
nomènes inflammatoires, l'épididyme reste volumineuse,
indurée, c'est que Vorchi-épididymite est devenue chi'o-
nique. Si la tuméfaction de l'épididyme n'est pa-s franche,
qu'on sente des bosselures ayant de la tendance au ra-
mollissement, et qu'avec cela il y ait des symptômes de
tuberculose bien avérés, on doit porter le diagnostic à'or-
chite tuberculeuse. On a décrit encore une orchite sy-
philitique : celle-ci est caractérisée par une lésion de la
tunique albuginée (une des tuniques qui recouvre le tes-
ticule). La syphilis peut atteindre le testicule (1 fois sur
32 cas d'infection environ).
Le traitement de l'orchite diffère selon la cause qui
lui a donné naissance. Pour Vorchite urétrale, rien ne
vaut le repos au lit, des grands bains, les applications de
cataplasmes et un peu plus tard de substances antiphlo-
gistiques (pommade mercurielle belladonée notamment)
sur les bourses préalablement relevées. Des purgatifs sa-
Orchis mascula
495
ORCHITE — ORCHOMÈNE
lins produiront une dérivation utile sur l'intestin . On a
conseillé avec succès les applications de vessies de glace
et de chlorure de méthyle gazeux, La période aiguë ter-
minée, on peut marcher avec un bon suspensoir fortement
ouaté à sous-cuisses. Si Finflammation passe à l'état chro-
nique, on doit continuer le port du suspensoir.
Le traitement de ïorchite syphilitique se confond avec
celui de la syphilis elle-même (mercuriaux et iodiques).
Quant à la tuberculose testiculaire, si le traitement
général de la tuberculose n'a pas empêché l'ulcération et
la suppuration, on devra recourir au traitement chirur-
gical, seul efficace en ce cas, c.-à-d. à la castration.
Celle-ci serait contre-indiquée, si la tuberculose avait déjà
envahi les poumons. D^ Cabanes.
ORCHOE. Ville antique de la Babylonie méridionale,
parmi les marais voisins du désert d'Arabie. On l'identitie
à Our et à la localité actuelle de Ouarka, sur la r. g. de
FEuphrate. C'était probablement la cité des Orcheni, peuple
qui s'étendait sur le bas Euphrate qu'il avait endigué pour
le faire unir au Tigre.
ORCHOMÈNE ('Opxo[X£voç, 'Epxo(jL£voç).Nom de deux
cités de la Grèce antique : Orchomène d'Arcadie et Orcho-
mène des Minyens en Béotie.
Ouchomèned'Aucâdie. — Elle était située au i\. de la plaine
fermée de l'Arcadie orientale (V. Grèce), les petites collines
d'Anchisia isolant au S. son bassin de celui de Mantinée,
tandis que le mont Oligyrtus au N. le séparait des terri-
toires de Phénée et de Stymphale, les montagnes attei-
gnaient près de 4.800 m. à FE., 1.300 à FO. Au milieu
de la plaine ainsi encadrée s'avancent deux contreforts
issus des montagnes de FE. et de FO., qui ne laissent entre
eux qu'un étroit ravin par lequel les eaux s'écoulent du
S. au N. ; sur le promontoire occidental très escarpé,
nommé Tpo^io, était l'acropole d'Orchomène, aune ait. de
plus de 900 m., commandant les deux moitiés septentrio-
nale et méridionale du bassin. Au S. de la ville était un
temple d'Artémis Hymnia très anciennement vénéré. Or-
chomène parait avoir eu une grande importance aux pre-
miers temps de l'histoire grecque. l^]lle attribuait sa fon-
dation à un éponyme, iils de Lycaon, soit à Elatos, fils
d'x^rcas. Ses rois avaient commandé à presque toute l'Ar-
cadie, et c'est à ce titre que Pausanias en donne la liste.
Les derniers furent iEchmis, son fils Aristocrate lapidé
pour avoir violé une prêtresse d'Artémis Hymnia ; son fils
Hicétas et Je Iils de celui-ci. Aristocrate il, (jui décida la
ruine des Messéniens en les abandonnant à la bataille du
Grand Fossé et fut lapidé pour cette trahison (V. Messékie).
Ce fut la fin de la prépondérance d'Orchomène; mais, sans
régner sur l'Arcadie, ses rois s'y perpétuèrent plus long-
temps que dans les autres cités helléniques, jusqu'à lu
guerre du Péloponèse où Pisistrate fut mis à mort par
l'aristocratie. La vieille cité avait envoyé 120 soldats aux
Thermopyles, 600 à Platées. Elle fut prise en 418 par
les Athéniens. La fondation de Mégalopolis dépeupla les
bourgades de Theisoa, Methydrium et Teuthis qui lui obéis-
saient. Elle continua pourtant de guerroyer a\ec sa voi-
sine Mantinée. Sa citadelle fut plusieurs fois occupée par
les Macédoniens dans les guerres des iii*^ et u^ siècles, par
Cassandre (313), par Antigène Doson. Pausanias trouva
la vieille ville du haut abandonnée, ses murailles et l'agora
en ruines ; une petite ville végétait au pied. L'abandon
de la ville haute doit remonter auvi^ ou v° siècle av. J.-C.
La ville basse possédait des temples d'Aphrodite et de
Poséidon, une statue en bois d'Artémis dans un cèdre. On
en voit les ruines au village moderne de Kalpaki.
Orchomène des Minyens. — Une des plus célèbres villes
de la Grèce, centre du peuple légendaire des Minyens. Elle
se trouvait au bord N.-O. du lac ('opais, sur une colKne
triangulaire, contournée au S. et à VE. par le Cé])hi.se. cUi-
dessus du village actuel de Skriou ; sur le versant N.
jaillissait la source AkiduUa formant le Mêlas, qui arro-
sait une plaine très fertile, entre la colline et le lac. A
Fextrémité 0. de la colline, celle-ci se termine à angle
aigu par un roc escarpé, séparé du mont Acontion par un
ravin; sur ce rocher de 36 m. de diamètre, on voit encore
les ruines du château qui formait la citadelle d'Orchomène,
à laquelle on accédait par un escaher de 92 marches taillé
dans le roc. A partir de ce point, la colline s'élargit gra-
duellement vers FE., et les murailles de la ville qui en
longent les crêtes, après n'être d'abord distantes que de
20 à 30 m., s'écartent. La muraille S., dominant le
Céphise, est encore visible sur 1.200 m. de développe-
ment; du côté N., la muraille est incomplète, l'escarpe-
ment naturel suffisant à empêcher l'accès. Ces remparts
sont pour la plupart de date relativement récente, de
l'époque où Alexandre le Grand fit relever la ville détruite
par les Thébains. La ville ancienne s'étendait sur le ver-
sant oriental de la colline jusqu'au Céphise, aux heux où
sont le monastère et le village actuels de Skripon ; c'est
entre eux et la colline qu'est le fameux trésor de Minyas,
tombe à coupole du môme genre que celles de Mycènes
(V. ce mot) ; la partie supéneure est détruite, mais dans
la chambre carrée latérale on admire l'élégant dessin du
plafond dont les dalles de schiste vert ont été ciselées en
relief. Schliemanna fouillé en 1880-81 et 1886 les ruines
d'Orchomène et y a découvert de t)-ès anciennes poteries
monochromes. Pausanias mentionne des temples de Dio-
nysos, des Charités (Grâces), une statue de bronze en-
chaînée au roc qu'on disait figurer Actéon, et près de la
source du Mêlas un temple d'Hérakiès. On a trouvé sous
le monastère le piédestal d'un trépied consacré aux Cha-
rités et dans son église de vieilles inscriptions en dialecte
éolique avec emploi du digamma.
Orchomène des Minyens est l'une des plus antiques
cités de la Grèce, fameuse par ses richesses à l'époque
homérique (//., IX, 380). Ce fut un des centres du peuple
légendaire des Minyens (V. Giièce), qui y seraient venus
de Thessalie ; le premier roi d'Orchomène aurait été
Andreus, qui aurait partagé le territoire avec FEtolien
Athamas ; ce dernier adopta les deux petits-fils de son
frère Sisyphe, appelés llaliarte et Coronée (c.-à-d. héros
éponymes de ces deux cités béotiennes). Andreus eut pour
successeur son fils Etéocle, le premier propagateur du
culte des Charités. A sa mort, le royaume passa aux des-
cendants d'Halmus, fils de Sisyphe, lequel avait eu deux
filles, Chrysé et Cliiysogeneia. Chrysé avait engendré, des
œuvres du dieu Ares, le héros Phlegyas, qui régna sur
Orchomène, donna son nom à la contrée ; la bande sacri-
lège des Phlégyens, qui se réclamait de lui, entra en conflit
, avec Delphes et fut exterminée par le dieu Apollon. Phle-
gyas, mort sans enfants, eut pour successeur son cousin
Chryses, fils de Chrysogeneia et du dieu Poséidon. Le fils
de celui-ci fut l'opulent Minyas, père lui-même d'Orcho-
menos. C'est à cette époque antémycénienne qu'on peut
faire remonter les grands travaux de canalisation et de
drainage qui avaient asséché la plaine marécageuse empHe
par le lac Copaïs. On cite encore un roi Erginus, lequel
imposa aux Thébains un tribut dont ils furent affranchis
par Héraklès, vainqueur des Orchoméniens. A la guerre
de Troie, ceux-ci envoyèrent trente navires. On disait que
soixante ans plus tard les Minyens furent renversés et
supplantés par les immigrants Béotiens venus de Thessalie.
Orchomène fit partie de la confédération béotienne et ne
joua plus qu'un rôle secondaire. Il est surtout question
de ses grandes fêtes des Charités (Grâces) avec concours
de musiciens et de poètes. Gouvernée par le parti aristo-
cratique, elle se soumit aux Perses dans la guerre médique.
Lorsque, après la guerre du Péloponèse, la démocratie
prévalut àThèbes, Orchomène devint son ennemie. En 39.^,
elle aida Lysandre au siège d'Haliarte ; en 394, les Orcho-
méniens combattaient dans l'armée lacédémonienne contre
les Thébains et les Athéniens à la bataille de Coronée. La
paix d'Antalcidas assura son autonomie (387). Mais après
la bataille de Leuctres, et malgré l'opposition d'Epami-
nondas qui retarda cette violence, les Thébains détrui-
sirent Orchomène ; la ville fut brûlée, les hommes égorgés,
ORCHOMÈNË « UHDELAFFf ^
les femmes et les enfants vendus comme esclaves (368)*.
Keconstruite durant la guerre sacrée par les Phocéens,
qui avaient conquis la Béotie septentrionale, elle fut occupée
par Onomarchos, de même que Coronée et Corsiae. Mais,
lorsque Philippe de Macédoine eut terminé la guerre sacrée,
Orchomène fut de nouveau détruite sous ses yeux (346).
Toutefois, après la bataille de Chéronée, ou plutôt après
la prise de Thèbes par Alexandre, elle fut restaurée. Elle
disparut à l'époque romaine, désertée comme presque
toutes les villes de Grèce. A. -M. B.
BiBL. : K.-O. MiJLLER. Oiclioïiienos und die Minyer ;
HrGslau,18U,"2°^''cl — Li':AivE,aut.II de Norihera Greccc —
KambajSIS (eu grec), le Dessèchement du lo.c Copuïs par
les fDiciens (avec carte), 1892. CC. Bail, corresp. hell. —
Perrot et Chipiez, lilst. de Vart. — ScIILIEMA^^, Orcho-
ynenos; Leipzig, 1881.
ORCIER. Com. du dép. de la Haute-Savoie, arr. et
cant. de Thonon ; 790 hab.
ORCIÈRES. Ch.-l. de cant. du dép. des Hautes-Alpes,
arr. d'Embrun; d.lOi hab.
ORCINAS. Com. du dép. de la Drôme, arr. de Monté-
limar, cant. de Dieulefit; 83 hab.
( Atom €'H^(OH)^.
L'orcine est un homologue de la résorcine, une méthyl-
résorcine, qui possède par conséquent une double fonc-
tion phénoli(]ue. Elle a été découverte par Bobiquet et
étudiée surtout par Stenhouse et de Leignes. Sa synthèse
a été réalisée par Vogt et Henninger en faisant agir la po-
tasse fondante sur les chlorotoluénosulfates. L'aloès traité
par le même réactif donne également de Forcine. Sous
rintluence de l'eau et des alcalis, Facide orsellique (\ . ce
mot) se décompose en orcine et anhydride carbonique.
Certains lichens tinctoriaux, notamment le Roceella mon-
laynei, le Lichen orcina renferment quehpies principes,
tels que Facide orselliqiie, l'acide lécanorique (V. ces
mots), etc., qui possèdent la propriété de se décomposer
sous certaines influences en donnant, entre autres produits,
de l'orcine. C'est à ces Hchens qu'on s'adresse pour sa
préparation, on les traite par un lait de chaux dans des
marmites closes chauffées à 150^; la décomposition des
principes immédiats se produit et donne de l'orcine et de
Férythrite. Après précipitation de la chaux par un courant
d'anhydride carbonique, on évapore et l'on obtient suc-
cessivement une cristalHsation d'orcine et une cristallisa-
tion d'érythrite. On purifie l'orcine par une cristallisation
dans la benzine oti Férythrite est insoluble. La synthèse
de Vogt et Henninger pourrait être appliquée à la' prépa-
ration de l'orcine.
L'orcine cristallise avec une molécule d'eau en gros
prismes rhomboidaux solubles dans l'eau, l'alcool, l'éther.
Elle fond à ^Q^, perd son eau de cristallisation, se soli-
difie et ne fond plus qu'à 107°; elle bout à 290^. En sa
qualité de diphénol, l'orcine se comlnne aux bases alca-
lines et dégage en solutions étendues 8 calories avec la
première molécule et 7 calories avec la seconde. Sa solu-
tion est précipitée par l'acétate de plomb, le perchlorure
de fer colore sa solution en bleu violet. L'orcine rougit à
l'air en présence de la lumière ; elle s'oxyde rapidement
en liqueur alcaline et absorbe l'oxygène de l'air. Le brome
donne avec elle un produit cristailisal)le, l'orcine tribro-
mée, C^^H^BrW, sur la formation duquel on s'appuie pour
doser l'orcine contenue dans une solution. L'anhydride
phtalique ne donne pas de fluorescéine avec cet homologue
de la résorcine. L'action de l'ammoniaque sur l'orcine en
présence de l'air est remarquable; il se forme un composé
azoté désigné sous le nom d'orcéine (V. ce mot). Si l'on
opère à l'abri de l'air et en solution éthérée, on obtient un
produit d'addition, C^ WO^SAzH^, très instable, que l'air
oxvde aussitôt en formant de l'orcéine :
496
Cm^O\ AzH^ + 302 _, ci^H'AzO^
Orcéine
^iH^O^
On reconnaît qu'un lichen est susceptible de fournir
l'orcine, en le faisant bouillir pendant quelques minutes
avec une solution de potasse à 5 ^^ o ; on décante la solu-
tion claire, on y ajoute du chloroforme, puis on chauffe
pendant dix minutes. La production d'une lluorescence
jaune verte quand on ajoute de l'eau au produit obtenu
est caractéristique de la présence de l'orcine. C. M.
BiBE. : RoDiQUET, Ajin. de ehiin. et de phys., 2^ série,
t. XLIl, p. 345; t. LVIII, p. 320. - Vogt et Henninger.
ihid.. le série, t XXVIL p. 129. — Stenhouse. Bulletui de
lu Soc. cfnin.. 1869, t. XII, p. 322.
ORCINES. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. et
cant. (N.) de Clermont; i.615 hab.
ORCIVAL. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de
Clermont, cant. de Rochefort ; 638 hab. Eglise romane
(mon. hist.) du commencement du xii^ siècle, avec tour
octogonale sur le carré du transept; chapiteaux historiés,
anciennes portes recouvertes de peaux avec peintures ;
grilles romanes; ancienne statue de la vierge. Dolmen dit
tombeau de la Vierge. Château de Cordés des xv«, xvi^^et
XVII® siècles, avec jardins dessinés par Le Nôtre. Vestiges
d'une villa romaine dans le bois de Chaumont.
ORCO. Rivière d'Italie, affl. g. du Pô, prov. de Turin,
qui descend des Alpes Grées, 'au S. du Grand-Paradis,
par le val de Locana, reçoit la Soana, se divise en plu-
sieurs bras et finit près de Chivasso.
OR CONTE. Com. du dép. de la Marne, arr. de Vilry-
le-François, cant. de Thiéblemont; 304 hab.
ORCONTÉ. Rivière du dép. de la Marne (V. ce mot,
t. xxni, p. 218).
ORCUS (Mylh.). Nom donné par les Romains à l'Ha-
dès grec ; il désigne tantôt le monde souterrain des morts,
tantôt le dieu qui y règne (V. Enfers, t. XV, p. i051).
BiBL. : Speiier, La /ixsatHra; Amsterdam, 188(J.
ORCZY (Lôrincz-Laurent, baron de), général et poète
hongrois, né en 1718, mort en 1789. H se distingua pen-
dant la guerre de Sept x\ns et recruta à ses frais un ré-
giment de hussards dont il devint le chef. En 1764, il
quitta le service militaire avec le rang de général, devint
préfet du comitat d'Abauj et se retira en 1784. Orczy,
poète, est une des figures les plus marquantes de l'école
dite française, qui, sous la conduite de Bessenyei, a pré-
paré le renouveau de la littérature nationale. Orczy, plus
âgé que les autres membres de ce groupe littéraire, leur
prodigua des conseils, mais lui-même ne permit de publier
ses vers que deux ans avant sa moit. Le recueil, où le
philologue Rêvai a réuni les poésies d'Orczy avec celles de
son ami Barcsay {Kct nagysdgos ebncnck Kolteményes
sx^uleniémjei), nous montre en Orczy un poète aimable, siins
beaucoup d'envergure, mais qui a appris de ses modèles
français le bon sens, la raillerie légère et la haine du fa-
natisme et de l'intolérance. Le patriotisme inspire à Orczy
de nombreux traits satiriques contre les mœurs et l'imi-
tation de la société viennoise. Rousseau lui a appris le
culte de la nature dont il est le poète le plus éloquent de
tout son groupe. Orczy a beaucoup de sympathie pour le
paysan, le seul qui, à cette époque, représentait l'élément
national, pur de tout mélange. La poésie : Aux pauvres
paysans, imitée de Delille, est un de ses meilleurs mor-
ceaux lyriques. J. Kont.
BiBL. : Aranv. dans Prôzal dolçjozatoJi (Q^^uvres en
l)rose, pp. 280-290) — Baleagi, A nnigij. Kir. testôrség
tôrtë)icte; Buda])est, 1872.
ORDA. Chef de la horde blanche (V. Horde d'or).
ORDALIE (V. Epreuve, t. XVI, p. 127).
ORDAN-Larroque. Com. du dép. duGers, arr. d'Auch,
cant. de Jegun; 845 hab.
ORDELAFFI. Nom d'une fïimille italienne qui donna des
souverains à la Romagne et de grands capitaines à l'Italie.
Les plus illustres membres de cette famille sont les trois
frères Scarpetta, Pino et Bartolomeo, partisans desGi-
])elins, et qui combattirent contre Gênes, Florence, Lucques
et le pape, de 1272 à 1296. Après avoir secoué le joug
romain, ils gouvernèrent Forli jusqu'en 1310, époque de
la cession de la Romagne à Robert de Naples par Clé-
ment V.
Vrancesco Ordelafii eut de violents démêlés avec Clé-
— m
ORDEÎ.AFFI — ORDINAIPxE
meiil VI, qui l'excommunia et publia une croisade contre
lui. Après avoir longtemps lutté avec le concours de sa
femme Marzia de'Ubaldini, à qui il avait coniié la défense
de son château, il dut se rendre sans conditions le 4 juil.
1359.
Enfin Pino et Ceceo, neveux du précédent, furent d'abord
chefs de condottieri. Cecco se mit plus tard au service de
la république de Venise. Pino, reconnu seigneur de Forli
par Paul II (1466), embellit cette ville, y attira les poètes
et les artistes et s'associa son fds illégitime, Sinibaldo.
Après la mort de Pino, Sinibaldo fut attaqué par deux de
ses cousins. Geronimo Riario, neveu de Sixte IV, profita
de cette guerre pour chasser tous les Ordelaffi et s'em-
parer du pouvoir. Ils se retirèrent à Venise dont ils de-
vinrent citoyens. A. Jeanroy.
BiBL. : PoGGio Bracoiolino, Hist..^ lib. V. — Sismondi,
Histoire des républiques italiennes.
ORDENER (Michel), général français, né à Saint-Avold
(Alsace-Lorraine) le 2 sept. 4755, mort à Compiègne le
30 aotitlSll. D'une famille peu fortunée, il reçut une
éducation très incomplète, s'enrôla à dix-huit ans dans la
légion de Condé, passa peu après aux dragons de Boufflers
et conquit lentement ses ^ premiers galons : brigadier en
1776, maréchal des logis en 1783, adjudant en 1787.
Rallié à la Révolution, il en fit toutes les campagnes et
eut dès lors un avancement des plus rapides : sous-lieute-
nant en 1792, il était l'année suivante capitaine et, en
1796, Bonaparte lui conférait, sur le champ do bataille,
le grade de chef de brigade (colonel). Devenu, après le
18 brumaire, commandant de la cavalerie de la garde
consulaire, puis général de brigade (1803), il reçut mis-
sion, le 11 mars 1804, d'aller arrêter à Ettenheim le duc
à'Enghien (V. ce nom) et l'amena à Strasbourg ; mais il
n'eut aucune part à son exécution. En 1805, il passa à la
Grande Armée, se signala à Austerlitz et, trois semaines
après, le 25 déc, fut promu général de division. Mais il
était couvert de blessures et tr^s affaibli. Appelé le 19 mai
1806 au Sénat, il prit sa retraite quelques mois après et
reçut en 1808, avec le titre de comte, les charges de pre-
mier écuyer de Timpératrice et de gouverneur du palais
de Compiègne. Il mourut dans cette résidence et fut inhumé
au Panthéon.
ORDENER (Michel) , général français, fils du précédent,
né à Huningue (Alsace-Lorraine) le 3 avr. 1787, mort à
Paris le 22 nov. 1862. Il s'engagea à quinze ans au
11® chasseurs à cheval, fut admis presque aussitôt à l'Ecole
d'application de Metz et, à la fin de l'année suivante (1803),
entra comme sous-lieutenant au 24® dragons. Aide de
camp de son père, puis du général Duroc, il fit avec eux
les campagnes de Pologne, d'Espagne, du Portugal, et,
comme chef d'escadron (1809), celles de Russie et de Saxe.
En 1812, il fut promu colonel, reçut le commandement du
30® dragons, et eut, à sa tète, une part active à la bataille
de Waterloo. Mis en demi-solde par la Restauration, il
ne reprit du service qu'après la révolution de Juillet, fut
nommé en 1831 maréchal de camp, en 1846 lieutenant-
général, et commanda successivement la 19® division à
Bourges, la 16'' à Caen. Appelé le 26 janv. 1862 au Sé-
nat, il passa peu après dans le cadre de réserve.
OR DE RI C Vital, historien anglo-normand, né le 16 fév.
1075, mort vers 1141. Son père, Odelerius d'Orléans, avait
pris part à la conquête de l'Angleterre par les Normands,
et obtenu un domaine près de Shrewsbury ; Orderic com-
mença ses études à l'école de Shrewsbury ; puis son père,
qui le destinait à la vie ecclésiastique, l'envoya dès 1085
en Normandie, au fameux monastère de Saint-Evroul, où
il fut reçu moine la même année, le 21 oct., jour de la fête
de saint Vital. Il porta dès lors le nom de Vital; mais
lorsque dans ses écrits il parle de lui-même, il ajoute fré-
quemment à ce nom le titre à'Angligena, comme pour ma-
nifester d'un mot la douleur qu'il avait éprouvée en quit-
tant l'Angleterre, où il ne fit plus désormais que de courts
voyages. Son Histoire ecclésiastique, qu'il commença à
GRANDE ENCYLOPÉDIE. ■— XXV.
rédiger vers 1123 et qu'il termina en 1141, se ressent de
l'affection qu'il garda toujours pour son pays natal. Cette
compilation, qui prétend contenir les annales du monde de-
puis la prédication de l'Evangile, est intéressante surtout
pour l'histoire anglo-normande. D'ailleurs, Orderic Vital
eut sur les guerres de Guillaume le Conquérant et de ses fils
de bonnes sources d'informations : l'abbaye de Saint-Evroul
comptait parmi ses moines d'anciens chevahers qui avaient
pris part à ces campagnes, et elle était, pour ses intérêts
matériels, en rapports constants avec l'Angleterre. L'œuvre-
d'Orderic est remarquable aussi par les renseignements
qu'elle nous donne sur les mœurs du temps. C'est malheureu-
sement un fatras de faits présentés sans aucun art et qui
ne sont pas toujours authentiques. Ch. Petit-Dutaillis.
BiBL. : Léopold Df.li^i.e, Notice sur Orderic Vital, au
t. V de : OrdericiVitalis Historiée ecclesiasticse libri trede-
cim; Paris, 1838-55, 5 vol. in-8, éd. Aug. Le Prévost [Soc.
Hist. France).
ORDIARP. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr. et
cant. de Mauléon, sur le gave du même nom, affi. du
Saison; 831 hab. Source minérale au quartier de Gar-
raïbie. Ordiarp, qui faisait partie du vie de Peyriède, était
au moyen âge le siège d'une commanderie et d'un hôpital
dépendant du monastère espagnol de Roncevaux jusqu'en
1592, époque où ils passèrent aux mains d'Arnaud de
Maytie, évèque d'Oloron; de Henri IV à Louis XV, la
commanderie devint un perpétuel sujet de représailles
durant les guerres de France et d'Espagne, et depuis
1712 les évêques de Rayonne en revendiquèrent la pro-
priété pendant plus de cinquante ans. H. C.
BiBL. : Abbé Dtjbarat, la Commanderie et l'Hôjiital
d'Ordiarp ; Pau, 1887. iii-8
ORDINAIRE. ï. Droit canon. — Ce mot, fréquemment
employé par les canonistes, désigne les supérieurs en pos-
session d'une juridiction conforme à l'organisation normale
de l'Eglise. En règle générale, il s'applique, dans cha(jue
diocèse, à l'évêque et à ceux qui exercent la juridiction
en son nom ou par délégation de ses droits. Cependant on
admet que d'autres peuvent avoir, par privilège ou par
coutume, une juridiction ordinaire, le mot comportant
dans ces cas la signification spéciale que présente la ma-
tière à laquelle m l'applique. Les ultramontains appellent
le pape Y Ordinaire des Ordinaires. Cette qualification
recevait en France beaucoup de limitations. — Pour no-
tions complémentaires, V. Exemption, t. XVI. E.-H. V.
II. Administration militaire. — Ordinaire de la
TROUPE. — On appelle orcïmazV^ la réunion des caporaux
et soldats d'une même compagnie, vivant en commun au
moyen de prestations qui leur sont allouées individuelle-
ment. L'institution remonte au milieu du xviii® siècle (ord.
des20marsl764,l«'^janv.etle^nov.l766,25marsl776);
mais elle a subi, jusqu'à la Révolution, plusieurs modifi-
cations. Depuis elle a très peu varié. C'est le capitaine qui
dirige l'ordinaire et le plus ancien lieutenant qui en sur-
veille les détails. Ses principales ressources sont: un pré-
lèvement sur la solde (0 fr. 23 par jour dans l'infanterie),
qui réduit celle-ci, pour le simple soldat, au sou de poche
(V. Solde); l'indemnité représentative de la ration quoti-
dienne de 300 gr. de viande fraîche (26 à 35centim. par
jour suivant la garnison et le cours moyen) ; un versement
de 0 fr. 02 par jour imposé aux sous-officiers et aux
hommes ne vivant pas à l'ordinaire pour le café du matin
et la participation à certaines dépenses générales ; l'indem-
nité représentative de la ration hygiénique d'eau-de-yie ;
les indemnités accordées dans des circonstances particu-
lières. Elles s'augmentent par l'exploitation de jardins po-
tagers dans les fossés des forts, par le produit de la vente
des eaux grasses, par les économies réalisées sur la nour-
riture des permissionnaires de la journée, par les centimes
de poche des caporaux et soldats punis de prison, etc. Elles
doivent pourvoir : 1^ à l'achat de toutes les denrées autres
que le pain de munition et la moitié du café et du sucre,
lesquels sont fournis en nature et à titre gratuit (pain
de soupe, viande, légumes, graisse, sel, épices, complé-
32
ORDÏNAIHE — OHDONNANCi:
^i98
inent de café et de sucre, etc.) ; 'i'^ à rachat des divers in-
grédients de propreté et d'éclairage (cirage, encaustique,
balais, lampes, huile, etc.) ; 3*^ aux dépenses du blanchis-
sage. Dans les compagnies isolées, les achats de vivres sont
faits par le capitaine. Quand plusieurs compagnies sont
réunies, c'est la commission des oi'dinaires qui y pro-
cède; instituée en 1861, elle se compose, dans un régi-
ment, d'un chef de bataillon, de quatre capitaines et d'un
lieutenant secrétaire, secondé par un sous-officier; elle
délivre les différentes denrées aux capitaines au prix coû-
tant et contre des bons signés par eux. La préparation
des aliments est faite, dans chaque compagnie, par les
cuisiniers (Y. Cuisine), sous la surveillance du caporal
d'ordinaire, qui assiste en outre aux distributions (V. Ca-
poral). Les dépenses et recettes journalières sont inscrites
sur le livret d'ordinaire, chaque jour de prêt, par le
sergent-major, puis vérifié tant par le lieutenant que par
la commission des ordinaires ; l'excédent des recettes sur
les dépenses constitue le fonds d'économie ou boni de la
compagnie. En principe, tous les caporaux ou soldats doi-
vent vivre à l'ordinaire ; en peuvent être dispensés les con-
valescents, les ordonnances d'otficiers, les hommes ma-
riés, les garçons de cantine, etc. ; ils reçoivent alors
leur solde sans retenue {prêt franc) et l'indemnité repré-
sentative de viande. En campagne, les ordinaires fonc-
tionnent d'après les mêmes règles, et les écritures sont à
peu près les mêmes (carnet d'ordinaire), mais les hommes
touchent en nature et à titre gratuit, non seulement la
viande, mais des rations de légumes, vin, etc., plus ou
moins fortes (V. Vivres) ; les ordinaires achètent le reste
(condiments, complément de légumes, pain de soupe, etc.)
par l'entremise de l'officier d'approvisionnement ou di-
rectement; la cuisson des aliments se fait en général, par
escouade.
ORDINAIRE (Dionys), homme politique français, né à
Jougne (Doubs) le 10 juin 1826, mort àParis le 15 oct. 1896.
Elève de l'Ecole normale supérieure (1848), agrégé des
lettres (1856), il professa aux lycées d'Amiens et de Ver-
sailles, fut secrétaire particulier de ChallemelLacour, pré-
fet du RhOne (1870), collaborateur de la République fran-
çaise et rédacteur en chef de la Petite République; il fut
éludéputé de Pontarlier à l'élection partielle du 28 déc. 1880
et constamment réélu. C'était un des hommes les plus'aimés
du parti gambettiste.
Son fils, Maurice, né à Saint-(^)uentin le 7 févr, 1862,
docteur en droit, a été élu député de Pontarlier le 22 mai
1898 et appartient au parti progressiste. Il est secrétaire
de la Chambre.
ORDINAIRE (Marcel), paysagiste français contempo-
rain, né dans le Doubs, à Maizières, près d'Ornans. Il a
été l'élève de Courbet et de Français et a débuté au Salon
de 1868 avec le Ruisseau de Selegthal (Doubs). Il a
peint de nombreux paysages en Franche-Comté où il vit.
ORDINATION. Acte par lequel on confère les ordres
ecclésiastiques. Les formes et les effets de l'ordination
sont indiqués pour les ordres mineurs aux noms de ces
ordres, poui^ les ordres majeurs ou sacrés au mot
Sacerdoce.
ORDINAUX (V. Nombre).
ORDIZAN. Corn, du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. et
cant. de Bagnères-de-Bigorre ; 427 hab. Stat. du chem.
de fer du Midi.
ORDONEZ i>E Cevallos (V. Cevallos).
ORDONEZ de Montalvo (Garcia) (V. Montalvo).
ORDONNAC. Com. dudép.dela Gironde, arr. et cant.
de Lesparre ; 508 hab.
ORDONNANCE. I. Ancien droit. — Ordonnances
royales. — Observons d'abord, au sujet de cette
locution, que l'on disait « ordonnances royaux » dans
l'ancienne langue, où les adjectifs dérivés des adjec-
tifs latins en 7S, tel regalis, avaient les deux genres sem-
blables tout comme en latin. Au xviii® siècle, toutefois,
cette façon de parler était jugée archaïque, et l'on disait
plus v<)lontiers « ordounaïuesdu roi ». Ou entend aujour-
d'hui par ordonnances royales les actes législatifs des
Capétiens. Ce sont les actes publics émanés des rois de
France de la troisième race avec un caractère de portée
générale : à la différence de ceux qui ont simplement un
caractère individuel, comme les concessions de privilèges.
Le terme d'ordonnance {ordhiatio, ordinacion, orde-
nance, ordrenance, oraonance) a succédé, du xiii® au
XIV® siècle, aux vocables de staiutum, constitutio, sla-
bilimentum, establissement, et a toujours conservé,
depuis, le sens général que nous venons d'indiquer. Mai s,
à côté de cette signification, on lui en attribue une plus
spéciale, à la fin de notre ancien droit. On distingue alors
des ordonnances proprement dites les édits et les décla-
rations. La déclaration est une ordonnance par laquelle
le roi explique, réforme ou révoque une ordonnance pré-
cédente. L'édit est une ordonnance que le roi publie de
de son propre mouvement. L'ordonnance proprement dite
est rendue sur vœux des particuliers ou remontrances des
magistrats ; aussi sa teneur est-elle généralement plus
complexe que celle d'unédit. Cette terminologie, au reste,
n'a rien d'absolu : de Ferrière note, par exemple, que
« le règlement pour les baillis et sénéchaux, donné à
Crémieu le 19 juin 1539, est rédigé en forme de déclara-
tion et porte le nom d'édit de Crémieu. » Ajoutons que,
parmi les ordonnances à proprement parler, certaines,
plus importantes, plus immuables que les autres, ont reçu
le nom de loi ou celui de pragmatique sanction. En
revanche, le mot Code, appliqué à d'autres grandes ordon-
nances duxvii*^ siècle, n'entra jamais dans la terminolo-
gie officielle des actes royaux.
A partir d'une certaine époque, les ordonnances royales
se présentent sous la forme de let+res patentes de la grande
chancellerie. Elles sont expédiées en parchemin, ouvertes
au nom de l'autorité du roi, signées de celui-ci, contre-
signées du chancelier ou d'un secrétaire d'Etat, et par-
fois d'autres; personnages. Elles sont enfin scellées du
grand sceau, de cire jaune et sur double queue de parche-
min pour les déclarations, de cire verte et sur lacs de soie
rouge et verte pour les ordonnances proprement dites et
les édits. La cire verte indiquait un acte perpétuel et irré-
vocable de sa nature. Dans le corps de l'acte on distingue
d'abord le préambule, qui comprend une formule de dé-
but, des considérants, les titres royaux, l'attribution ou
le salut et les formules de notification. Les édits et ordon-
nances étaient notifiés « à tous présents et à venir », et
les déclarations, « à tous ceux qui ces présentes lettres
verront ». Vient ensuite l'objet de l'acte. A la fin se pla-
cent les formules de ratification ou de validation, la men-
tion des souscriptions, celle du lieu, celle de la date. Les
déclarations sont datées des jour, mois et année ; les édits
et ordonnances, des mois et année seulement. Les ordon-
nances royales portent souvent, dans la langue, le nom du
lieu où elles ont été rendues : mais cette habitude est
loin d'être constante (V. infrà). — Mentionnons enfin, à
propos des formalités, l'enregistrement et la publication
des ordonnances parles Cours souveraines, et, concurrem-
ment, dans certains pays, par les Etats provinciaux. Cette
formalité, constante à la fin du xiv^ siècle, est devenue
la base du droit de vérification au fond et de remon-
trances que les parlements se sont ensuite arrogés.
L'étude de l'objet et de la confection des ordonnances
et la mention des plus importants d'entre ces actes se rat-
tachent à l'historique de notre sujet; et cet historique est
lié lui-même à l'histoire du développement de l'autorité
royale. Jusqu'à la fin du xii® siècle, les actes émanés des
Capétiens avec un certain caractère de généralité sont
exceptionnels. Les derniers Carolingiens n'ont légué à leurs
successeurs qu'un pouvoir nominatif, dont l'exercice se
heurte à la conception féodale de la société. Dans cette
conception, le pouvoir législatif est démembré comme les
autres attributs de la souveraineté. Chaque seigneur ne
peut «mettre ban» qu'en sa terre. Il n'y a point de rela-
— 499
ORDOiNNANCE
()iou directe entre suzerain et arrière- vassal, entre leroiet
l'ensemble de ses sujets. Au surplus, Tautorité royale
cesse de se manifester, même dans le territoire d'obédience
qui lui est directement soumis, par des lois véritables,
statuant à l'égard de tous et à toujours. Il faut arriver à
Louis VII pour voir reparaître la tradition des capitu-
laires. Le grand recueil des ordonnances royales contient
à la vérité un document d'intérêt général daté de 1080,
et intitulé « fragment d'une ordonnance de Philippe I
touchant les ecclésiastiques » ; mais ce n'est qu'un extrait
du concile de Lillebonne. L'Eglise seule, à cette époque,
continue à légiférer pour son compte ; par ailleurs, droit pu-
blic et droit privé ne sont régis que parla coutume ou le pri-
vilège. Entin l'on mentionne, en 4 144, une ordonnance royale
relative aux juifs. Nous ne pouvons vérifier cette indica-
tion faute de texte, les archives royales ayant été perdues
au combat de Bellefoge. La première ordonnance dont la
teneur nous reste est la constitution de Soissons de
4155, relative à la paix publique. Elle a été rendue dans
un concilium célèbre, à la demande du clergé, et, pour
lui donner une portée générale, il a fallu, conformément
aux principes féodaux, le consentement des hauts barons
présents, lesquels ont juré de l'observer. V établissement
des fiefs, ou règlement sur les successions féodales, de
1209, offre le même caractère. Cependant avec Philippe-
Auguste l'autorité royale se réveille, en matière législa-
tive comme ailleurs. Son développement au xiii^ siècle
est constant et rapide. Deux ordonnances, de nov. 4223
et déc. 4230, s'imposent même aux vassaux qui n'y ont
point adhéré. Le roi se voit attribuer, comme suzerain
général par les feudistes, comme prince par les légistes,
comme représentant de l'intérêt commun par les cano-
éistes, la suprême capacité en matière de règlements. Il
en profite largement dès Louis IX. Parmi les ordonnances
de celui-ci, notons celles qui figurent en tête du recueil
dit Etablissemeîits de saint Louis, et qui ont trait à la
procédure de la prévôté de Paris et à la preuve par té-
moins. Quant à la pragmatique sanction attribuée au
même roi, elle est probablement apocryphe. Sous Phi-
lippe III, nous relevons, en date de 4279, la première
des ordonnances somptuaires. — Dans la seconde moitié
du xiii® siècle, l'intervention des vassaux, jadis capitale,
passe au rang de simple consultation. Cette consultation
même se restreint de plus en plus, en thèse générale, au
conseil du roi. On ne put toutefois dépouiller les titulaires
de grands fiefs de leurs attributions législatives. Ils les
conservèrent jusqu'au bout dans l'étendue de leur do-
maine.
Avec Philippe IV, la législation royale prend une véri-
table importance. On rappelle, à côté de ses fameuses
ordonnances monétaires, celles de 4302 sur l'administra-
tion de la justice et de 4344 contre l'usure. Plus tard,
viennent l'ordonnance de 4315 sur l'abolition de la ser-
vitude, celle de nov. 4348 sur l'organisation du Parle-
ment. Puis une ordonnance de févr. 4348 ouvre l'impor-
tante série des ordonnances générales, inspirées par les
Etats, et touchant chacune, dans un esprit réformateur,
aux matières les plus variées. La série se continue par
les ordonnances de 4355, 4356, 1358 sur l'administra-
tion du royaume ; par ^ordonnance cabochienne de
mai 4443, par celle de févr. 4435 sur les finances, par
celle de mars 4498 sur les réformes judiciaires et par les
grandes ordonnances du xvi^ siècle, que nous étudierons
tout à l'heure. — Entre temps, la royauté prenait aussi
d'elle-même d'importantes mesures : tels Védit ou loi de
nov. 4439 sur l'établissement d'une force militaire per-
manente et la levée des aides, V ordonnance de Montil-
lez-Tours (avr. 4 i53) sur la rédaction officielle des cou-
tumes et la réforme de la justice, l'ordonnance de juil.
4493 sur la justice. Dès la fin du xiv'^ siècle, Bouteillier
reconnaissait au roi la capacité législative sans conditions
ni limites.
Il n'en était toutefois ainsi qu'en théorie. Le pouvoir
législatif du roi, que nous verrons se développer jusqu'à
la fin du xviii^ siècle, ne fut jamais complètement exempt
de restrictions quant à son exercice. Outre l'indépendance
de fait des hauts barons, que nous avons signalée, nous
aurons lieu d'examiner successivement l'obstacle qui
pouvait résulter de l'intervention des Etats ou de celle du
Parlement^ voire de l'opinion publique ou de la simple
routine. Pour le moment, signalons l'importante réserve
qu'en matière de droit privé, la coutume imposait au
souverain, institué pour assurer son maintien plutôt que
pour la modifier. Nous voyons bien, à la vérité, aux xv*^'
et xvi^ siècles, la royauté intervenir dans la rédaction des
coutumes et dans leur re vision. Mais la nécessité d'un
assentiment collectif s'y manifeste auprès d'elle, et l'on
peut dire qu'avant le xviii^ siècle elle ne tenta pas de
faire œuvre générale, à elle seule, en ces matières. Les
quelques exceptions que l'on rencontre au principe {édit
des secondes noces de juil. 4560, édit des mères de
mai -1567...) doivent être citées comme le confirmant.
L'administration, la police, la justice, voilà la véritable
sphère de l'activité du roi, gardien suprême de la paix
dans son royaume. Ici, l'œuvre législative du xvi^ siècle
fut considérable. C'est d'abord la célèbre ordonnance
de Villers-Cotterets (août 1539), œuvre du chan-
celier Poyet, sur le fait de la justice et l'abréviation des
procès ; entre autres choses, elle réglementait l'enregis-
trement des actes judiciaires, des baptêmes et sépultures,
des donations. Ce sont : Védit des petites dates (juin 4 550),
à l'adresse des résignations de bénéfices in favorem ;
Védit des présidiaux (janv. 4554) ; l'édit de févr. 4556
contre les mariages clandestins ; la série des édits de pa-
cification, dont le premier date de janv. 4564, et dont
le plus célèbre est Védit de Nantes, d'avr. 4598 ; l'or-
donnance de févr. 4566, relative à l'inaliénabilité du do-
maine de la couronne. Ce sont aussi les trois grandes
ordonnances rédigées par le chancelier de l'Hospital, sur
les cahiers de doléances des Etats : V ordonnance d'Or-
léans (janv. 4560); l'ordonnance de janv. 4564, dite édit
du Roussillon du fait d'une déclaration qui y fut annexée :
cette ordonnance fixa le début de l'année au 4®^ janvier ;
Vordonnance de Moulins (févr. 4566), qui supprima les
justices municipales, reconnut l'hypothèque judiciaire et
exigea la preuve littérale en tout contrat excédant la va-
leur de 400 livres. Vient enfin Vordonnance de Blois
(mai 4579), rendue à Paris, mais sur les vœux des Etats
de Blois : elle est surtout relative à la justice, comme
toutes les grandes ordonnances précédentes ; on y retrouve
l'organisation de notre ministère public.
Ces Etats de Blois allèrent jusqu'à réclamer le partage
du pouvoir législatif. Avant Charles VII, le vote des
Etats avait été nécessaire à la levée des aides pour le roi,
Les Etats du xvi® siècle soutinrent que leur adhésion était
du moins nécessaire pour augmenter l'impôt. Puissants
sous Henri III, ils demandèrent même que toute disposi-
tion unanimement adoptée par les trois ordres eût force
de loi. Ils n'obtinrent seulement pas que les ordonnances
tirées de leurs cahiers fussent soustraites à l'enregistrement
des parlements, et avec eux prend fin le rôle effectif joué
par les Etats dans la confection des ordonnances royales.
Un nouveau but s'offrait d'ailleurs à l'activité du pou-
voir central. Les matériaux juridiques abondaient, mais
l'édifice restait à construire. Les Etats de 4579 et ceux
de 4644 s'étaient plaints delà confusion qui existait dans
le droit des ordonnances et avaient réclamé une codifica-
tion officielle. Une tentative incomplète eut lieu sur l'ini-
tiative du chancelier Michel de Marillac : ce fut la grande
ordonnance de janv. 4629, dite Code Marillac ou Code
Michau, Les parlements lui firent échec. A Louis XIV et
à Colbert était réservé de poursuivre cette œuvre. La pre-
mière de leurs grandes ordonnances est celle d'avr. 4667,
dite Code Louis, sur la procédure civile et l'administra-
tion de la preuve. Le travail avait été commencé à la fin
de 4665, sous la direction du chancelier Séguier. par des
ORDONNANCE
— :m
conseillers d'Etat, assistés de praticiens et inuiiis d'obser-
vations fournies par les parlements de province. Celui de
Paris avait été tenu à l'écart, et pour cause, l'ordonnance
en question devant porter atteinte au droit de remon-
trances. Ce droit, que les parlements s'attribuaient depuis
le XY® siècle environ, consistait à discuter au fond l'or-
donnance royale avant de l'enregistrer, et à remplacer an
besoin tout ou partie de l'enregistrement par des remon-
trances au roi ou un projet d'amendement. L'autorité
royale hésitant à employer la contrainte des lettres de
jussion ou des lits de justice, il n'était pas rare que des
parlements fissent échec aux réformes proposées : l'édit
de 1606, sur l'abrogation du sénatus-consulte Velléien
dans les pays de droit écrit, et l'ordonnance de 1629 en
étaient des exemples. Colbert voulut faire cesser cet état
de choses. Mais le premier président Lamoignon, qui, de
son côté, travaillait à l'unification du droit, put entrer
avec d'autres magistrats dans la commission qui rédigeait
l'ordonnance, et atténuer la rigueur du projet. L'ordon-
nance de 1667 fut complétée par celles d'aotlt 1669 sur
les évocations et de mars 1673 sur les frais de justice.
Enfin, en févr. 1673, un édit supprima le droit de remon-
trances par l'exigence de l'enregistrement préalable. Ce
fut l'origine d'une lutte qui se prolongea, avec des alter-
natives diverses, durant tout le xviii® siècle, entre la
royauté et les parlements. — Les autres grandes ordon-
nances de Louis XIV sont : celle d'août 1669 sur les
eaux et forêts ; celle d'août 1670, dite Code cmninel,
ilans la discussion et l'amendement de laquelle Lamoignon
et Talon jouèrent un grand rôle ; V ordonnance du com-
merce (terrestre) de mars 1673, dite Code Marchand,
œuvre favorite de Colbert, et qui porta aussi le surnom
de Code Savary, du nom du commerçant qui la rédigea;
V ordonnance de la marine (marchande) d'août 1681 ;
l'édit de mars 1 685 sur la poUce de nos colonies améri-
caines {Code noir) ; l'ordonnance d'avr. 1689 sur la
marine de guerre.
Parmi les ordonnances de moindre importance rendues
au xvn® siècle, citons un édit de déc. 1607 sur la voirie
et le dessèchement des marais ; un autre de décembre 1604,
établissant la Paulette ; celui de déc. 1656 sur les ton-
tines; celui d'avr. 1667 sur l'administration des biens
communaux; la déclaration de févr. 1673 quant au droit
de régale; la révocation de l'édit de Nantes (oct. 1685);
l'édit de mars 1697 sur le consentement des parents au
mariage. Ce dernier renouvelait des dispositions édictées
par l'ordonnance de Blois : telle était la force de la cou-
tume, qu'elle arrivait en fait à abroger les lois positives.
La routine ou le mauvais vouloir étaient donc de sérieux
obstacles à l'exercice du pouvoir législatif. A chaque ins-
tant, des ordonnances rappellent les tribunaux au respect
des règlements. Un édit de mars 1673, établissant la pu-
blicité des hypothèques, dut être révoqué dès 1674, sur
l'opposition de la noblesse ; et, cent ans plus tard, l'édit
de juin 1771 dut se borner à organiser la purge, par
l'établissement de conservateurs des hypothèques.
Malgré tout, à cette époque, la législation royale est
passée au premier plan. Aussi voyons-nous le chancelier
Daguesseau, s'inspirant de l'exemple de Colbert, s'atta-
cher à la codification des matières comprises aujourd'hui
dans notre code civil et restées jusqu'alors, en général,
du domaine de la coutume. Son œuvre, volontaire-
ment fragmentaire, et à laquelle tous les parlements de
France furent appelés à concourir, comprend les trois
grandes ordonnances de févr. 1731 sur les donations,
d'août 1735 sur les testaments, d'août 1747 sur les subs-
titutions. Nommons encore l'édit d'août 1729, relatif à la
succession des mères; la déclaration du 17 févr. 1731 sur
l'insinuation, et celle du 9 avr. 1736 sur le tenue des
registres d'état civil ; la remarquable ordonnance de juil.
1737, concernant le faux principal et le faux incident et [
la reconnaissance des écritures et signatures en matière !
criminelle ; le règlement du conseil de juin 1738, qui
organisait le recoui's en ca-vsalioji ; l'édit d'août 1749,
relatif aux biens de mainmorte.
Le XVIII® siècle se clôt par la série des ordonnances po-
litiques : édits de févr. 1776, supprimant, l'un les cor-
vées, l'autre les jurandes et maîtrises; édit d'août 1779
sur le servage; déclaration du i24 août 1780 et édit de
mai 1788 abolissant la question préparatoire et la ques-
tion préalable ; édit de nov. 1787 sur les protestants ;
édit de juin 1787 sur les assemblées municipales et pro-
vinciales ; édit de mai 1788 abolissant les tribunaux
d'exception ; règlement de janv. 1789 sur les élections
aux Etats généraux, etc.
Les recueils d'ordonnances des rois Capétiens, — tables,
abrégés, compilations, collections complètes, — sont nom-
breux aux xvii^ et xviii^ siècles. Citons, après le Code
Henri 111 de Brisson (1587), le Code Henri IV de Cormier,
le Code Louis XIII de Corbin, les compilations de Fonta-
non (1611), de Guesnois (1660), de Blanchard (éd. de
1715), de Néron et Girard (1720) ; enfin, le grand recueil
des Ordonnances des roijs de France de ta troisième
race, recueillies par ordre chronologique. Cette vaste
publication fut commencée en 1722, sous le patronage
des chanceliers de France, par de Laurière, qui avait
pubHé en 1706 une table chronologique des ordonnances
jusqu'à l'an 1400. Elle a été continuée dans notre siècle
sous le patronage de l'Académie des inscriptions, et com-
prend actuellement 21 vol. in-fol., plus 2 vol. de tables
et \ vol. de supplément (très rare). Elle s'arrête au règne
de François P"^ (1514). La plupart des volumes portent
en tète des essais d'histoire du droit, sur les matières qui
font principalement l'objet des ordonnances publiées. Ces
notices sont encore à consulter sur nombre de points.
Aucune ne traite des actes dits ordonnances en eux-mêmes.
Cette lacune a nui à ro3u\re: faute de définition rigou-
reuse, les rédacteurs ont inséré dans leur travail de simples
chartes d'intérêt particulier. Par aifieurs, le recueil est
insuffisant et ne fait pas oublier les collections qui l'ont
précédé, notamment celles de Fontanon et de Néron. La
collection Isambert, Recueil général des anciennes lois
françaises de l'an 420 à 1789, éditée de 1827 à 1833,
est commode, mais ne dispense pas de recourir aux anciens
recueils. En dernier lieu, l'Académie des sciences morales
et pohtiques s'est chargée de continuer le grand recueil
des ordonnances. Elle a publié, comme préface, le cata-
logue des actes de François l*^''. A. Lefas.
II. Procédure. — Décision d'un seul juge sur une
demande qu'une partie lui soumet par requête, soit pour
être autorisée à faire certains actes, soit pour être dis-
pensée de certaines formalités. En principe, ces sortes de
requêtes sont présentées au président du tribunal civil ou
au magistrat qui le remplace, et, dans certains cas, au
juge commis par le tribunal pour suivre une procédure
déterminée. Il n'est pas possible de donner une énuméra-
tion complète de tous les cas où la loi permet ainsi au
juge de rendre des ordonnances : nous citerons seulement
à titre d'exemples : le remplacement du juge rapporteur,
en matière de délibéré ; l'injonction à un avoué de réta-
blir des pièces communiquées; l'autorisation de procéder à
une saisie-revendication ; la permission de délivrer copie
d'un acte non enregistré ; ou une seconde grosse ; l'au-
torisation d'assigner en séparation de corps ; la commu-
nication au ministère public de certaines procédures ; l'in-
dication des jour et heure où une levée de scellés sera
faite; l'exécution d'un jugement arbitral; l'autorisation
d'assigner à bref délai, etc., etc. D'ailleurs, on admet, d'une
manière générale, que le président du tribunal peut rendre
des ordonnances sur requête non seulement dans les cas
formellement indiqués par la loi, mais encore chaque fois
qu'il y a urgence, sauf, s'd s'agit d'une mesure conten-
tieuse, à réserver à la partie absente le droit de lui en
référer, en cas de difficulté : ainsi, et quoique la loi ne
prévoie pas cette hypothèse, il est certain que le président
peut rendre une ordonnance autorisant un mari à faire
— 501
ORDONNANCE
réintégrer par sa femme le domicile conjugal ou prescri-
vant au mari d'y recevoir sa femme ; de même encore il
peut nommer par ordonnance un séquestre, un adminis-
nistratour provisoire, un expert ou un traducteur, etc.
La procédure à suivre pour obtenir une ordonnance est
des plus simples : elle se réduit à faire présenter par un
avoué une requête sur papier timbré, exposant la demande
et la justifiant. Le président examine la requête, entend
s'il est besoin la partie ou son avoué, et rend, à la suite
de la requête, une ordonnance qui peut, ou bien repousser
purement et simplement la demande, ou bien y faire droit,
en tout ou en partie. En principe, les ordonnances sont
motivées, elles sont rendues à l'audience ou dans le cabi-
net du juge, ou même, en cas d'extrême urgence, en son
hôtel particulier : dans cette dernière hypothèse, on admet
généralement que, ni la présence ni la signature du gref-
fier ne sont indispensables. Dans tout autre cas, notam-
ment quand la mesure prescrite ou autorisée par le juge
n'est pas exécutoire de suite, mais seulement sur l'ordon-
nance du juge préalablement déposée au greffe, la signa-
ture du greffier devient indispensable.
Les ordonnances du président sont exécutoires par les
mêmes moyens que les jugements proprement dits, notam-
ment par tous les modes de saisie, saisie-immobilière,
mobilière, saisie-arrêt, saisie des fruits, etc.
Certains textes accordent à la partie contre laquelle une
ordonnance a été rendue le droit de former une opposi-
tion ou d'interjeter appel devant la cour ; en dehors de ces
cas exceptionnels où la loi tranche elle-même la difficulté,
la question de savoir si les ordonnances rendues sur re-
quêtes sont ou non susceptibles de recours est très con-
troversée; quoiqu'il en soit, il demeure certain que, no-
nobstant ces ordonnances, les parties conservent toujours
le droit de saisir les juridictions ordinaires, tribunal civil,
et plus tard cour d'appel, pour faire rapporter par elles
les décisions du président.
On appelle plus spécialement ordonnances d'exeqiia-
tur celles qui ont pour but de donner la force exécutoire
à une sentence : ainsi, la décision des arbitres ne peut
être mise à exécution qu'autant qu'elle a été homologuée
par une ordonnance d'exequatur (V. aussi Référé).
P. GiRODON.
III. Droit criminel. — Ordonnance de police. —
Les règlements émanés du préfet de police ont conservé
la dénomination à' ordonnances de police; mais ce sont
en réalité de simples arrêtés, qui ne diffèrent en rien,
comme autorité et comme sanction, de ceux pris par les
autres préfets et par les maires en vertu de leurs pou-
voirs de police (V. Arrêté , Contravention , Pouce ,
Préfet) .
IV. Histoire. — ('ompagnies d'ordonnance (V. Compa-
^.NiE, t. XIÎ, p. 455).
V. Architecture. — Ce mot, quoique quelque peu
synonyme des mots disposition et distribution, ne doit
pas, suivant la distinction que Vitruve (I, ch. ii) s'est
efforcé d'établir entre eux, être confondu avec eux : il
exprime d'une façon plus générale la composition d'en-
semble d'un édifice, ses grandes masses, les rapports qui
y existent entre les pleins et les vides et le parti général
de la décoration architectonique. Le mot ordonnance sert
aussi à désigner la nature de V ordre (V. ce mot) choisi
pour décorer les façades ou les grands motifs d'architec-
ture d'un édifice : c'est ainsi que l'on dit une ordonnance
dorique, une ordonnance corinthienne, quand un édifice
est décoré de colonnes doriques ou corinthiennes ; on dit
même qu'un édifice est de telle ou telle ordonnance, sui-
vant que ses proportions ou sa décoration rappellent les
proportions ou Tornementation qui caractérisent tel ou
tel ordre d'architecture. Enfin, on emploie encore ce mot
ordonnance en l'appliquant, surtout quand il s'agit de
temples antiques, au nombre et à la disposition des co-
lonnes, suivant la façade de ces édifices : ainsi, on dit
une ordonnance féfrastyle, he,rast}/J/>. ocfastijle. deçà-
style, suivant qu'une façade présente quatre, six, huit
ou dix colonnes. En peinture, une composition est dite
d'une belle ordonnance, lorsque la pondération des
masses et le mouvement des lignes produisent un heu-
reux effet. '' Charles Lucas.
VI. Peinture. — L'ordonnance, en peinture, c'est l'art
de mettre en ordre les diverses parties d'un tableau, c'est
quelque chose d'analogue à la mise en scène d'un drame. Ce
terme a une acception moins étendue que celui décomposi-
tion, qui ne s'entend pas seulement de l'arrangement d'une
OHivre, mais de l'invention même de son auteur. L'ordonnance
n'en est pas moins une opération des plus délicates pour le
peintre, qui doit y observer, d'une part, la convenance pit-
toresque, laquelle domine dans une composition purement
décorative, et, de l'autre, la beauté morale, celle qui touche
au sentiment. Au moyen âge, la peinture gothique ne con-
nut guère qu'une seule disposition : l'ordonnance symé-
trique, avec son caractère en quelque sorte sacramentel,
avec son aspect tranquille, grave et recueilli ; les person-
nages étaient rangés en égal nombre, à droite et à gauche
d'un milieu. Mais l'art traditionnel et compassé n'eut qu'un
temps, et la peinture moderne, émancipée par le grand
mouvement de la Renaissance, substitua à la symétrie la
pondération, le balancement des masses correspondantes,
l'opposition des groupes équivalents ; c'est ainsi que Ra-
phaël, dans ï Ecole cV Athènes, a su déguiser, sous une
variété charmante, l'admirable unité de sa composition
géniale. L'unité, voilà, en somme, le véritable secret d'une
ordonnance bien comprise. En effet, il doit y avoir dans
la disposition des éléments d'un tableau une dominante.
Les lignes horizontales expriment en peintm^e des idées de
repos et de majesté, d'apaisement et de durée : voyez le
Testament cVEudamidas, par Poussin. S'agit-il de rendre
les aspirations d'une âme naïve vers le ciel, Lesueur (la
Vie^ de saint Bruno) exprimera ce sentiment par la ré-
pétition dominante et le parallélisme des verticales. La
disposition pyramidale conviendra aux assomptions de la
Vierge, aux ascensions de Jésus-Christ, aux ravissements
des saints, aux apothéoses, mais pour que l'unité n'en
souffre pas, il faudra que l'ensemble de la composition, se
destinant comme un ovale allongé, s'achève dans la par-
lie inierieure en pyramide renversée. Multiples sont, d'ail-
leurs, les manières d'arranger un tableau : l'ordonnance
convexe met en relief les principales figures ; l'ordonnance
concave est une autre manière de concentrer les regards ;
enfin la composition en diagonale, témoin la descente de
Croix, de Rubens, force l'attention par une obliquité inat-
tendue. ^ Gaston Cougny.
VII. Armée. — Le mot ordonnance a, dans le lan-
gage militaire, plusieurs acceptions. II sert d'abord à dé-
signer des î?knfons (V. ce mot) placés, pendant la durée
d'une garde (24 heures), auprès des officiers généraux
pour porter leurs dépêches. — On appelle, d'autre part,
ordonnances des officiers les soldats attachés à leur
personne comme domestiques. Chaque officier, monté ou
non, a droit à un soldat ordonnance (à deux, s'il a plus
de deux chevaux) choisi parmi les soldats de 2® classe
ayant terminé l'école de bataillon. Le soldat ordonnance
est dispensé de service et de corvées, mais il se trouve
aux inspections, marches et manœuvres; de même, en
campagne, il rentre dans le rang pendant les marches et
le combat. Il est payé par l'officier 5 fr. par mois pour
son service personnel et, en plus, si celui-ci est monté, 4 fr.
pour son cheval. En garnison, les ordonnances des offi-
ciers supérieurs mariés portent d'ordinaire le costume civif
et n'ont plus d'autre signe distinctif qu'une casquette en
toile cirée, à liséré rouge. — Enfin, on donne le nom
à' officiers d'ordonnance à des officiers brevetés hors
cadre et .à des officiers non brevetés détachés des corps de
troupe, qui remplissent auprès des officiers généraux les
fonctions des anciens aides de camp (V. ce mot). Tous
les officiers généraux pourvus d'un commandement ont
des officiers d'ordonnance : les commandants de corps
OKDONNANCK — OR DOS
— 502
d'armée en ont chacun deux, du grade de capitaine ou
de lieutenant ; les généraux de division et de brigade n'en
ont qu'un. Le président de la République a aussi des offi-
ciers d'ordonnance {maison militaire) ; de même, les
ministres de la guerre et de la marine, même s'ils sont
civils {état-major particulier). Les officiers d'ordon-
nance portent en grande tenue les aiguillettes, le bras-
sard, et, si leur coiffure est le képi, un plumet en plumes
de coq; en campagne le brassard seulement (V. Aiguil-
lette et Brassard). Ceux du président de la République
et des ministres ont en outre à leur pantalon une double
bande d'or ou d'argent, suivant l'arme.
BiBL. : Ancien droit.— TiAi.i.oz.Réperloira (t. I : Essai
sur l'histoire générale du droit français).— Esmkin, Cours
élémentaire cV histoire du droit français. — De Ferriere,
Dictionnaire de droit et de pratique. — Geasson, His-
toire du droit et des institutions de la France, t. IV et VL —
GuYOT, Répertoire de jurisprudence. — Luchaire, Ma-
nuel des institutions françaises. — Vioelet, Histoire du
droit civil français. — Du môme. Histoire des institutions
politiques et administratives de la France, t. IL
Peinture. — Ch. Blanc, Gram^naire des arls du des-
sin : la Peinture.
ORDONNANCEMENT (V. Comptabilité, t. XII, pp. 244
et suiv.).
ORDONNAZ. Corn, du dép. de l'Ain, arr. de Belley,
can. de Lhuis; 514 hab.
OR DON N EAU (Maurice), auteur dramatique français,
né à Saintes (Cbarenle-Inférieure) en 1854. Fils d'un né-
gociant en eaux-de-vie de Cognac, et d'abord employé à
la préfecture de la Seine, il a donné au théâtre quantité
de vaudevilles ; nous citerons : les Bonnes Filles de Bé-
ranger (1872); les Rosières de carton (avec Baquet,
1874); Minuit moins cinq (av. V. Bernard, 1879); i¥a-
dame Grégoij'eiay.Burmï, 1881); Mimi Pinson (3 actes,
1882); les Parisiens en province (av. Raymond, 3 actes,
1883); les Petites Godin{i^ actes, 1884); Cherchons papa
(av. Bernard, 3 actes, 1885); Mo7i Oncle (av. Burani,
3 actes 1885); Serment d'amour qX la Hancée des Verts-
poteaux, opéras-comiques en 3 actes, av. musique d'Au-
di'an {'i^SQ et 1887); etc. La complication et l'invraisem-
blance des imbroglios sont les caractéristiques de ces
laborieuses bouffonneries.
ORDONNtE (Matb.). En géométrie analytique, on rap-
porte un point à deux axes rectiligncs Ox, 0?/, dont le
premier est généralement tracé horizontalement. Les coor-
données OP, OQ du point M considéré sont donc portées
en grandeur et en si-
gne, la première sur
O.i!. la seconde sur 0// ;
c'est cette dernière
qu'on appelle l'ordon-
née de M, tandis que
l'autre est appelée
l'abscisse. Comme con-
séquence, les axes Oj?,
Oy sont appelés res-
pectivement axe des x
ou des al)scisses, et
axe des ij ou des or-
données. Ces expres-
sions, sur l'origine
exacte desquelles on n'est pas absolument fixé, peuvent
être parfois commodes et pourtant ne semblent guère re-
commandables dans l'état présent de la science. lin y a en
effet nul motif pour distinguer un axe de l'autre par un
nom particulier. On peut encore dire que l'abscisse et l'or-
donnée d'un point M sont les projections du rayon vec-
teur OM sur les deux axes Ox et Ôî/, ces projections étant
faites parallèlement aux axes (fig. 1).
De même, en géométrie à trois dimensions, on appelle
roordonnés d'un point M par rapport à trois axes Ox', 0//.
i)%, les projections du rayon vecteur OM du point M sur
les axes, ces projections étant effectuées parallèlement aux
plans tO;/, j;Or-, }fix respectivement, f^a projection OA
Fi^'. 1.
de OM sur i)x est l'abscisse du point M, ]
sur Oy est son ordonnée, la projection
sa cote (fig. 2).
Polynômes
ORDONNÉS.-— Un
polynôme con-
tenant une let-
tre ^ est ordon-
né par rapport
aux puissances
décroissantes de
cette lettre
quand on l'é-
crit Ao^
A„, ; sous
forme h
a projection OB
OC sur Qz est
+
la
4-
3e
-f-Ai^"^-i-4-
Ao^'^, il est
ordonné par rapport aux puissances croissantes. Toutes
les opérations sur les polynômes, mais surtout la multi-
plication, la division, les extractions de racines et les opé-
rations qui s'ensuivent ne peuvent être effectuées que sur
des polynômes ordonnés. Dans le cas où des polynômes con-
tiennent deux ou plusieurs lettres, les coefficients Ao,A|....
qui contiennent par conséquent ces lettres, doivent être or-
donnés eux aussi . La lettre par rapport à laquelle on ordonne
est dite lettre ordonnatrice. C.-A. Laisant.
OR DOS (IIon-Tao). Région de l'empire chinois, for-
mant une partie méridionale de la Mongolie (V. ce mot),
comprise entre la Crande Muraille au S. et le Hoang-ho
(fleuve Jaune) au N. Elle est située dans le grand coude
que ce fleuve décrit vers le N. et entourée par lui de trois
côtés ; il la sépare du pays d'Alachan àl'O., de celui des
Ourots au N. (l'Ordos s étendant toutefois, à 75 kil. au
N.-O, du fleuve, jusqu'à Tancien ht de celui-ci), de la prov.
de Chan-si à TE., tandis qne la Grande Muraille la sépare
du Chen-si et du Kan-sou au S. L'Ordos, dont l'étendue
dépasse 100.000 kil. q., est un plateau d'un millier de m.
d'alt., formé de puissants dépôts de lœss; ceux-ci sont,
sur une largeur de 30 kil. au S. du fleuve, couverts paj'
les sables et dunes du Kouzouptchi. Au delà, le sol s'élève
dans les collines arides d'Arbouz-Oula, prolongement de
l'Ala-chan ; plus loin, s'étend la plaine saline du Boro-
Tohaï (terre grise), parsemée de lacs salés : Dabassoun-
nor, Alam-nor, Tsagan-nor, Khara-mangaï-nor, plus près
du fleuve, etc. Enfin, au S.-E.,lesol argileux retient les
eaux pluviales en des étangs qu'entourent de belles prai-
ries. — Le seul affluent notable du Hoang-ho est l'Oulan-
mouren, grossi du Tjamkhak, au bord duquel la légende
place la tombe de Djengis khan, qui y repose sous la tente,
près de sa lance (icliée en terre qui ne porte point d'ombre.
La population est formée de Mongols divisés en sept
bannières (V. Mongolik) et vivant de leur bétaiL Chacun
de ces sept clans a son chef, celui de la bannière de Djoun-
gar au N.-E. ayant la prééminence. Les habitants ont été
en grande partie exterminés par les musulmans insurgés.
L'Ordos appartenait à l'ancien pays de Hia, l'empire
Tangout (V. ce mot) détruit par Djengis khan. Il s'appe-
lait Ké-tao ou ïié~nan. C'est sur son territoire que le
conquérant mourut, et les Mongols Darkates y gardent, dans
le district de Van, la tente de ieutre sous laquelle repose,
disent-ils, le conquérant; le vingt-cinquième jour du sixième
mois de l'année, des milliers de pèlerins y viennent célébrer
sa fête. Effroyablement dévasté par l'empereur mongol,
le pays de Hia jie s'en est jamais relevé. La contrée des
Ordos renferme encore des ruines nombreuses, en parti-
culier celles de Tokhto-khoto (Tou-tchen) au N.-E.,Boro-
Balgassoun et Tsagan-Balgassoun au S.-E. Après la vic-
toire des Ming sur les Mongols, ce pays fut dominé par
le khnn des Tchakars. Il se soumit en 1635 aux conque-
— 503
ORDOS -^ ORDRE
rants mandchous de la Chine. L'Ordos a été traversé et
décrit par Gerbillon (V. t. IV de Duhalde, Description
de la Chine, 4733), le père Hue (V. t. Ides Souvenirs),
Prjevalsky (Mongolie et pays des Tangoutes, 1880), Pota-
nin (V. Bull. Soc. russe géogr., 1885, pp. S6 et 303,
et 1887, n*^ 3). ' A.-M. B.
ORDOU. Nom turc du corps d'armée; habituellement
il a à sa tête un mouchir.
ORDOU BAT. Ville de Russie, gouvernement d'Erivan
(Transcaucasie), sur l'Ordoubat-tchaï, affluent deTAras,
près du confluent; 4.200 hab. (en 1891). Mines de cuivre
et fabrication d'objets en cuivre; soie et soieries; fruits.
ORDOVICIEN (Géol.) (V. Silurien).
ORDRE. I. Philosophie. -— D'une manière générale,
ce terme désigne, en philosophie, la disposition régulière et
uniforme des parties d'un tout, des éléments d'un ensemble.
Mais il apparaît, si on l'examine de près, susceptible de
nuances très diverses. Dans la nature physique, ou il est le
plus apparent, l'ordre n'est que la succession constante des
phénomènes liés par la loi de causalité qui s'énonce : les mêmes
causes produisent les mêmes effets. Cet ordre est d'autant
plus frappant que les phénomènes étudiés sont plus simples
et plus généraux ; tels les grands mouvements astrono-
miques et les lois fondamentales de l'optique, de l'acous-
lique, de la thermodynamique, etc., que le physicien par-
vient à réduire à la rigueur de formules mathématicpies.
Aussi, sous la variété des apparences, y a-t-il, en réalité,
passage du même au même, persistance de l'énergie actuelle,
potentielle ou moléculaire. De là la théorie mécaniste de
la nature, énoncée par Descartes, transformée par Leibniz
et complétée par la physique moderne. Cet ordre, que la
matière observe imperturbablement, à tel point que le hasard
et le miracle sont à priori éliminés par toute enquête scien-
tifique, est-elle capable de se le donner à elle-même ? Su-
bit-elle passivement une loi imposée du dehors ou évolue-
t-elle en vertu d'une nécessité interne ? C'est là un problème
(jue la métaphysique pose sans le résoudre d'une façon
décisive.
Au-dessus de l'ordre physique, la vie, soumise d'ail-
leurs dans la plupart de ses manifestations, aux lois de la
matière, ne peut cependant se réduire au pur mécanisme.
Elle ne semble pas une pure résultante géométrique, mais
le développement d'une énergie interne, spontanée, à la
fois régulière et capricieuse, harmonieuse et variée. Ce-
pendant la persistance des types et des espèces, admise
jusqu'à preuve du contraire, tout au moins pour les vivants
supérieurs, est, malgré l'individualité irréductible de chaque
vivant, l'expression la plus saisissante de ce nouveau de-
gré de l'ordre naturel.
Enfin, dans l'homme même, la loi de nature domine la
plus grande part de l'activité intérieure. Par sa sensibilité,
par ses habitudes, par ses attaches physiologiques, enfin
par sa raison même, l'être humain est soumis au double
déterminisme physique et logique. Aussi comprend-on que
Ja plupart des théologiens chrétiens et beaucoup de philo-
sophes, frappés de la résistance ou de l'indifférence de la
nature ou même de la raison pure au bien et à la beauté,
aient conçu, au-dessus de l'ordre de la nature, l'ordre ou
le règne de la grâce, l'ordre de la liberté, l'ordre
moral. Dès lors, Tordre naturel, corrompu par le
péché, sera, pour les premiers, un véritable désordre que
la grâce seule peut réparer. Pour les philosophes, les pas-
sions, les habitudes, tout ce qui, en l'homme, limite la
liberté, seront la matière confuse que la moralité devra
ordonner. Les anciens, Platon notamment, ont tous vu dans
la loi morale, un principe d'harmonie intérieure faisant de
l'àme un véritable xoajxo;. C'est à la raison, dégagée de la
sensibilité, qu'ils remettent le soin de réaliser cette har-
monie, et la plupart des modernes donneront à la raison
le même rôle organisateur. Le christianisme, au contraire,
attend du seul amour inspiré par le modèle divin la récon-
ciliation de l'homme avec le bien, c.-à-d. avec Dieu. Enfin
Kant ne reconnaît de valeur morale qu'à la bonne volonté.
Cette idée de Tordre moral intérieur rejoint tout natu-
rellement celle de Tordre moral de l'univers. La beauté et
l'harmonie de ce monde, où le mal ne serait que l'excep-
tion, prouveraient, selon les uns, que l'univers, loin d'être
le produit du hasard, serait organisé en vue d'une fin supé-
rieure, par une intelligence souveraine. Suivant d'autres,
au contraire, l'imperfection même du monde réel, Tim-
puissance où se trouve l'homme de réaliser dès cette vie
la loi morale, seraient un gage d'une vie à venir meilleure,
de l'avènement d'une cité où se rejoindraient, heureuses
et parfaites, les volontés bornées (V. Cause, § Causes
finales. Immortalité, Loi, Optimisme, Providence).
L'art et la science enfin, comme la morale, sont la réa-
lisation d'un ordre supérieur à la nature. La science est
un système de vérités générales coordonnées, d'où l'ex-
ception, le désordre est exclu. Toute œuvre d'art suppose
également une subordination des parties aune idée direc-
trice. Choix libre et intelligent, il exclut le banal, le laid,
et l'énorme. Th. Ruyssen.
II. Jurisprudence. — Procédure qui a pour but de
distribuer le prix d'un immeuble aux créanciers inscrits,
suivant le rang de leurs privilèges et hypothèques : on
a vu que la Contribution (V. ce mot) est la procédure
qui a pour but de distribuer une somme à des créanciers
simplement chirographaires, au marc le franc. Le règlement
des ordres étant souvent très difficile et demandant une grande
expérience, puisqu'il faut combiner et classer les diverses
catégories de privilèges et d'hypothèques, la loi en a confié
le soin à un juge du tribunal civil. Dans les tribunaux où
les besoins du service l'exigent, dit l'art. 749 du C. de
procéd. civ., il est désigné par décret un ou plusieurs
juges spécialement chargés du règlement des ordres; ils
peuvent être choisis parmi les juges suppléants, et sont
désignés pour une année au moins et trois années au plus.
En cas d'absence ou d'empêchement, le président par or-
donnance désigne d'autres juges pour les remplacer. Les
juges chargés des règlements d'ordres doivent, toutes les
fois qu'ils en sont requis, rendre compte à leurs tribunaux
respectifs, au premier président et au procureur général,
de l'état des procédures dont ils ont le soin. Dans la pra-
ti(jiie. ces magistrats sont appelés les juges aux ordres.
La procédure d'ordre peut s'ouvrir, soit à la suite d'une
adjudication sur saisie-immobilière, soit à la suite d'une
vente amiable consentie par le débiteur, ou d'une adjudi-
cation en justice sans saisie. Mais il n'y a lieu à procédure
d'ordre que s'il existe au moins quatre créanciers inscrits ;
s'il n'en existe que trois ou un nombre inférieur, le règle-
ment est fait directement par le tribunal. Nous indique-
rons sommairement la marche générale de la procédure
d'ordre. L'acquéreur doit tout d'abord faire transcrire son
titre dans les 45 jours de sa date ; puis, le saisissant
a un délai de huit jours pour déposer au greffe l'état
des inscriptions qu'il se fait délivrer par le conser-
vateur des hypothèques, et pour requérir l'ouverture de
Tordre. Ces huit jours écoulés, toute partie intéressée peut
demander l'ouverture de Tordre devant le tribunal de la
situation de l'immeuble dont le prix est en distribution.
Le juge-commissaire, dans les huit jours de sa nomina-
tion,^ou le juge désigné par décret, dans les trois jours de
la réquisition, convoque les créanciers inscrits afin de s'en-
tendre à l'amiable sur la distribution du prix : la partie
saisie et l'adjudicataire sont également convoqués. Le délai
pour comparaître est de dix jours au moins entre la date
de la convocation et le jour de la réunion. Si la tentative
d'ordre amiable réussit, tout est fini, le juge dresse pro-
cès-verbal, il ordonne La délivrance des bordereaux aux
créanciers utilement colloques et la radiation des inscrip-
tions des créanciers non admis en ordre utile. Mais les
créanciers ne sont pas obligés de consentir au règlement
amiable, et, dans ce cas, la procédure continue. Le juge-
commissaire somme les créanciers de produire leurs titres
dans les quarante jours, à peine d'être déchus, puis il
dresse d'office un rèoiem«^nt provisoire qui est dénoncé aux
OKDRE
oOi -^
créanciers saisissants et à Ja partie saisie. Si aucune con-
testation ne s'élève, le règlement provisoire devient défi-
nitif; si, au contraire, le règlement provisoire est critiqué,
les parties sont renvoyées à l'audience, et c'est le tribunal
qui statue, sur le rapport du juge-commissaire et les con-
clusions du ministère public, La décision peut d'ailleurs
être frappée d'appel dans les dix jours, et, contre l'arrêt,
le pourvoi en cassation reste ouvert. Quand le tribunal ou
la cour ont statué, le juge arrête définitivement l'ordre
des créances contestées et rend une ordonnance de clôture.
Si celle-ci est à son tour contestée, les parties reviennent à
l'audience et le tribunal statue. Si, au contraire, personne
ne fait opposition à l'ordonnance de clôture, le greffier en
délivre un extrait, sur le vu duquel le conservateur des
hypothèques opère la radiation des inscriptions des créan-
ciers non colloques ; chaque créancier reçoit un bordereau
de collocation pour se faire payer, selon les cas, par Tad-
judicataire ou par la Caisse des dépôts et consignations,
à laquelle le prix de l'immeuble a pu être versé. En rece-
vant le montant de sa collocation et en en donnant quit-
tance, chaque créancier consent la radiation de son inscrip-
tion. Telle est la marche générale de la procédure d'ordre
dégagée de tous incidents ; on comprend facilement com-
bien elle peut se compliquer par suite du nombre plus ou
moins grand de créanciers et de la difficulté de classer leurs
privilèges et hypothèques. Nous ne dirons qu'un mot d'un
incident qui se présente assez souvent, et qu'on appelle la
collocation en sous-ordre. Les créanciers d'un des créan-
ciers hypothécaires du saisi peuvent prendre inscription
pour ce créancier hypothécaire qui néglige de la prendre
lui-même, et demander que la somme qui lui sei'a attri-
buée dans l'ordre soit distribuée entre eux au marc le
franc : c'est cette distribution qu'on appelle sous-ordre.
Les créanciers, qui réclament ainsi leur collocation sur les
sommes altribuées à leur débiteur, pourront suivre toutes
les phases du règlement de l'ordre ouvert, comparaître à
l'ordre amiable, contredire le règlement provisoire et l'or-
donnance de clôture. Mais la distribution de la collocation
de leur débiteur se fait entre eux par contribution, c.-à-d.
sans tenir compte de leurs privilèges ou hypothèques.
P. GmoLox.
III. Grammaire. — Ordre des mots. — L'ordre des
mots dans la phrase sert essentiellement à exprimer l'ordre
des idées. Il peut servir en outre à exprimer les rapports
grammaticaux. Dans les langues anciennes, comme le grec et
le latin, où la forme des mots exprimait leur fonction gramma-
ticale, l'ordre dans lequel ils se suivaient ne pouvait exprimer
que l'ordre des idées. En français, au contraire, où la fonc-
tion des mots n'est pas marquée par leur forme, l'ordre
qu'ils suivent dans la phrase exprime bien toujours celui
des idées, mais il sert en même temps à exprimer leurs
rapports grammaticaux. De là cette différence que dans
les langues anciennes l'ordre des différentes parties de la
proposition était hbre, tandis qu'en français il est soumis
à des lois. On pouvait également dire en latin Romiilus
condidit Romam, ou Romam condidii Pxomtdus, ou
Condidit Romam Romuhis. Le sens était le même, seul
l'ordre des idées différait, le point de départ de la phrase
étant successivement Romulus, Rome ou l'idée de fonder.
On ne pourrait en français modifier l'ordre des mots dans
la phrase Romulus a fondé Rome, car c'est la place des
mots Romulus et Rome qui détermine leur fonction. Mais
comme toute langue doit pouvoir reproduire l'ordre des
idées, il suffit de changer la construction grammaticale
pour donner successivement à la phrase française les mêmes
points de départ qu'en latin. On traduira donc Romulus
condidit Romam -par Romulus a fondé Rome ; Romam
condidii Romulus par Rome a été fondée par Romu-
lus et Condidit Romam Romulus par La fondation de
Rome est due à Romulus. Il n'est donc pas vrai de dire,
comme le croyaient les grammairiens du xviir^ siècle, que
les langues anciennes suivaient un autre ordre que les
langues modernes. Il y alongtemps que M. Weil l'a mon-
tré, c'est simplement le rapport de la syntaxe à Tordre
des mots qui a changé. On voit d'après cela ce qu'il faut
entendre par langues à construction libre et langues à
construction fixe. Les langues anciennes, le sanscrit, le
grec et le latin sont des langues à construction libre ; le
français, le turc, l'allemand, l'anglais, le chinois sont des
langues à construction fixe. On distingue la construction
ascendante, qui est celle où le complément précède le terme
complété : c'est celle du turc et de l'allemand dans les
propositions dépendantes ; et la construction descendante
qui place le complément après le terme complété : c'est
celle qui domine en français et en allemand dans les
propositions principales. Paul Giqueaux.
ÎV. Mathématiques. — Ordre est synonyme de degré
(V. ce mot).
V. Politique. — Ordre du jour (V. Parlementarisme).
VI. Art militaire. — Ordres de service. — On appelle
ordres, d'une façon générale, toutes les décisions éma-
nant du commandement. Ils sont en principe enregistrés.
Leur transmission a lieu en suivant la voie rigoureuse-
ment hiérarchique, sans omettre aucun intermédiaire ;
exception n'est faite qu'en cas d'urgence : l'officier qui
ordonne est alors tenu d'informer sans retard l'autorité
intermédiaire, et celui qui reçoit l'ordre en rend compte
le plus tôt qu'il le peut à son chef immédiat. 11 est délivré
un accusé de réception de tout ordre écrit. Dans nne place,
le commandant d'armes donne chaque matin au major de
la garnison les ordres concernant le service de cette place;
celui-ci les communique aux fourriers des différents corps
venus au rapport. Dans un régiment ou dans un bataillon
formant corps ou détachement, le colonel ou le chef de
bataillon dicte chaque jour, au rapport, les ordres rela-
tifs au service pour les vingt-quatre heures; en route à
l'intérieur, l'ordre est donné à la dernière halte, avant
l'arrivée au gîte d'étape.
En campagne, la transmission des ordres se fait d'après
les mêmes principes. Toutes les fois que les circonstances
le permettent, il est tenu chaque jour, aux différents quar-
tiers généraux, une réunion appelée rapport journalier,
où un officier de chaque commandement ou service rele-
vant de ce quartier général vient recevoir les ordres du
chef d'état-major. Ceux qui ne peuvent être communiqués
ainsi en temps utile sont portés aux destinataires soit par
des officiers désignés ta cet effet, soit par un personnel
spécial de sous-officiers, estafettes, plantons et vélocipé-
distes. Les ordres écrits importants sont confiés à des offi-
ciers initiés à leur contenu; les ordres verbaux sont tou-
jours, quelle que soit leur importance, transmis par des
officiers. Il y a trois séries d'ordres, dont il est tenu au-
tant de registres et qui ont leur numérotage distinct : les
ordres généraux, qui s'adressent à la totalité des troupes
placés sous le commandement de l'autorité dont ils éma-
nent ; les ordres particuliers, ne concernant qu'une partie
de ces troupes ; les ordres déopérations, généraux ou
particuhers (ordres de mouvement, de stationnement, de
combat, d'avant-poste, etc.). Lorsque l'autorité qui
ordonne se borne à indiquer le but à atteindre sans
préciser les moyens d'exécution, l'ordre prend le nom
à' instructions.
Ordres du jour. —C'est par la voie de V ordre, c.-à-d.
au moyen d'ordre transmis hiérarchiquement (V. ci-des-
sus), et, en général, dans l'ordre dicté au rapport jour-
nalier, que le commandement (généraux, colonels, etc.)
communique avec les troupes et leur notifie tout ce qui
peut les intéresser : de là, les citations à l'ordre du
jour (du corps d'armée, de la division, de la brigade, etc.)
pour f^iits de guerre, actes de courage, etc., et le nom
d'ordre du jour donné aux proclamations faites dans
des circonstances solennelles, à la suite d'une victoire,
par exemple, par les commandants en chef (V. Oratoire
[Art]), La circulaire ministérielle du 12 févr. 4819 in-
terdit expressément à tous gouverneurs, otficiers géné-
raux, chefs de corps, etc., de faire aucune publication
oOo —
ORDRE
sous le titre de proclamation, ordre du jour, ou tout autre
forme, autrement que sur des objets du service courant
et pour l'exécution pure et simple des règlements ou des
ordres de leurs supérieurs.
Mot d'ordre (V. Mot).
Ordre démobilisation (V. Mobilisation).
Ordre d'appel. Ordre de convocation (V. Mobilisation,
Réserviste).
Ordre ou feuille de route (Y. Feuille, t. XVIÏ,
p. 379).
Ordre de marche. Ordre de mouvement (V. Marche et
Colonne) .
Ordre de bataille (V. Organisation de l'armée et Tac-
tique).
Ordre dispersé (V. Dispersé).
VII. Histoire romaine. — Ordre éouestre. Ordre
sénatorial (V. Classe, t. XI, pp. 5o7 et suiv.).
VIÏI. Théologie (V. Sacerdoce).
IX. Histoire religieuse. — Ordres monastiques et
religieux — On trouvera dans la série alphabétique de
la Grande Encyclopédie des notices sur tous ces ordres
et sur Id plupart des congrégations qui ont quelque
importance. Ce qui concerne Ihistoire des origines, des
développements et des effets du système dont ces diverses
institutions font partie, est indiqué aux mots Régime
monastique, Règle, Religieux, Religieuse.
X. Art héraldique. — Ordres de chevalerie. — Les
premiers croisés arrivant en Palestine y trouvèrent les hos-
pices fondés pour les chrétiens par saint Grégoire le Grand et
restaurés par Charlemagne. A la constitution toute monas-
tique de ces étabhssements, le besoin de défendre les terres
conquises et d'assurer aux chrétiens d'Orient une protection
efficace substitua rapidement une organisation militaire . Ainsi
naquirent les ordres du Saint-Séjmlcre, de Saint-Jean de
Jérusalem, de Saint-Lazare, du Temple (V. ces mots).
Affranchis par les papes de toute dépendance, ne recon-
naissant d'autre autorité que celle de TEglise, ces ordres,
oii ne sont admis que les premiers de la noblesse, s'élèvent
rapidement aux suprêmes degrés de la richesse et de la
puissance : leurs grands maîtres sont presque les égaux
des souverains. De nationalités différentes, les chevaliers
qui, par leurs vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéis-
sance, renoncent à tout bien terrestre, à toute attache de
famille, abdiquent toute individuahté, ne visent pour buts
que l'élévation de leur ordre et la plus grande gloire de
l'Eglise. En osant faire juger et condamner Jacques de
Molay, grand maître des templiers, Philippe le Rel porta
un coup terrible à ces institutions. La plupart de ces
ordres subsistent encore aujourd'hui, mais dépouillés à la
fois de leurs caractères et de leurs formes, qui ne seraient
plus en harmonie avec les mœurs contemporaines ; ils ne
peuvent être considérés que comme des sociétés à base
aristocratique d'un accès plus ou moins difficile.
Dans le but de grouper autour d'eux, en une mihce
d'élite, les plus puissants et les plus braves d'entre leurs
sujets, ainsi que pour récompenser les services rendus à
la persoujie royale ou à la patrie, les chefs des différents
Etats créèrent des ordres de chevalerie. Les ordres d'Al-
cantara, d'Avis, de Notre-Dame de Montesa, etc., conti-
nuaient en lispagne la croisade contre les musulmans, et
ce genre d'institutions, dérivé de son premier motif,
s'étendait aux autres pays. A une époque ou le roi n'était
guère que le premier gentilhomme du royaume, il était
habile de s'attacher ses vassaux et arrière-vassaux par
un serment de fidéhté qui les liait plus directement au
souverain. En Erance, Jean TI fonda en i3oi Tordre de
ri^]toile qui, tombé en désuétude sous Louis XI, fut rem-
placé par l'ordie de Saint-Michel. Plus tard, Henri 111
réunit Tordre de Saint-Michel à celui du Saint-Esprit
qu'il venait de fonder, d'oii la qualification de chevalier
des ordres du roi. L'ordre de Saint-Louis ûit le premier
ordre conféré à des roturiers; bien qu'il fut destiné à ré-
compenser les services militaires, il était nécessaire, pour
y être admis, d'appartenir à la religion catholique. En
1759, Louis XV institua Tordre du Mérite militaire spé-
cialement pour les officiers de la religion protestante.
Depuis la Révolution, les distinctions honorifiques sont
accessibles à tous.
Voici une nomenclature générale des ordres tant éteints
qu'existants. Nous marquons les premiers des lettres éf.
Ceux qui sont autorisés en Erance seront accompagné^ de
la mention aiit.
Agneau de Dieu (Suède), et.; Aigle blanc (Russie),
aut. ; Aigle blanc (Serbie), aut.; Aigle rouge (Prusse),
aut, ; Aigle noir (Prusse), aut. ; Aigle d'Esté, et. ; Aigle
d'Or ou Saint-Hubert, et. ; Aigle mexicain, et. ; Aigle de
Saint-Michel (Portugal), et. ; Albert le Valeureux (Saxe),
aut. ; Albert TOurs (Anhalt), aut.; Albrac (Erance), 6'^.;
Alcantara (Espagne) ; Alexandre ou Dévouement ou Cor-
don jaune (Erance), et.; Alexandre (Bulgarie), et.; Ali
(Perse), et. ; Alliance (Suède), et. ; Amarante (Suède), et.;
Ancienne Noblesse ou Quatre Empereurs (Limbourg-
Luxembourg), et.; Angéliques chevaliers dorés, et.; An-
nonciade (Italie), aut. ; Argata ou Dévidoir (Naples), et.;
Argonautes de Saint-Nicolas ou de la Nef (Naples), et.;
Asiatique de morale universelle, et. ; Aviz ou Saint-Benoît
d'Aviz (Portugal), é^^.; Bain (Grande-Bretagne), aut.;
Bande ou Echarpe (Castille et Léon), et.; Bethléem, et.;
Bienfaisance (Espagne), et. ; Bourdon ou Notre-Dame du
Chardon (France), et. ; Buste du Libérateur (Pérou), et.;
Calatrava (Espagne); Calza délia (Venise), g'^.; Camail ou
Porc-Epic d'Orléans (France), et. ; Cambodge (Cambodge),
aut.; Chapelet de Notre-Dame (Valenciennes), et.; Char-
don ou Saint-André (Ecosse), et.; Charité chrétienne
(France), et. ; Charles-Frédéric ou Mérite militaire (Bade),
aut. ; Charles Xïï (Suède), et. ; Charles III (Espagne),
aut.; Schefakat (Turquie), aut.; Chêne (Navarre), et.;
Chien et Coq (France), et.; Christ (Portugal et Saint-
Siège), aut. ; Chrysanthème (Japon), aut. ; Chypre
(Chypre), et.; Cincinnatus (Etats-Enis d'Amérique), et.;
Civil de Savoie (Italie), aut.; Clef d'Or (Hongrie), et.;
Collier (Savoie), ^Y. ; Colombe (Ségovie), et.; (Colombo
(Brésil), et. ; Conception de la Bienheureuse Vierge Marie
(Mantoue), et.; Concorde (Brandebourg), et.; Concorde
(Castille et Léon), et. ; Constance (France), et. ; Cons-
tantinien de Saint-Georges (Naples), et.; Coq (France),
et.; Cordelière (Bretagne), et. ; Cosse de Genêt (France),
él.\ Couronne (France),^?.; Couronne (Prusse), aut.;
Couronne d'Amour (Ecosse), et. ; Couronne de Bavière
(Bavière), aut.; C/)uronne de Chêne (Pays-Bas), aut.;
Couronne de Fer (Autriche), aut. ; Couronne de Hawaï
(Hawaj) ; Couronne de Roumanie (Roumanie), aut. ; Cou-
ronne de Rue ou Couronne de Saxe (Saxe) ; Couronne de
Siam (Siam), aut. ; Couronne des Indes (Grande-Bre-
tagne), aut. ; Couronne des Wendes (Mecklembourg),
aut. ; Couronne de Wurttemberg (Wurttemberg), aut. ;
Couronne d'Italie (Italie), aut.; Couronne royale (France),
apocryphe ; Couronne royale (Mantoue), apocryphe ;
Croissant (Turquie), et. ; Croissant (Naples), et.; Crois-
sant (Anjou), ^^ ; Croix blanche (Toscane), et.; Croix
de Bourgogne (Saint-Empire), ëi.; Croix de Caracas (Ve-
nezuela) ; Croix deDuppel (Prusse) ; Croix de Fer (Prusse),
aut. ; Croix de Jésus-Christ (ordre religieux) ; Croix de
Juillet (Erance) ; Croix de Montana (Etats de l'Eglise),
aut.; Croix de Mérite (Bavière), aut.; Croix d'honneur
(Keuss) ; Croix d'honneur civil (Reuss) ; Croix d'honneur
(Guatemala), et. ; Croix d'honneur (Lippe) ; Croix d'hon-
neur (Schwarzbourg) ; Croix du Mérite civil (Autriche),
aut.; Ooix du Sud ou Cruzeiro (Rrésil), aut. ; Croix mili-
taire de la Sanité (Hesse) ; Croix rouge (Grande-Bre-
tague); (Agne (Prusse) ; Dames de TEcharpe (Castille).
et.; Dames de la Hache (Aragon), et. ; Dames esclaves
de la Vertu (Clèves), ^^f. ; Danebrog (Danemark), aut. ;
Danilo (Monténégro), aut.; Décoration civique (Belgique),
aut. ; Décoration commémorative (Belgique) ; Décoration
du Brassard (France"), et. ; Deux-Siciles (Deux-Siciles).
ORDRE
-^ o06
et.; Dévidoir (Naples), cit. ; Dévouement ou Alexandre ou
Cordon jaune (Mantoue), et.; Dobrin ou de Jésus-Christ
(Pologne), et.; Doge, apocryphe; Dragon de l'Annam
(Annam), aut. ; Dragon renversé (Allemagne-Aragon),
et.; Ecaille (Castille), et.; Echarpe (Castille), ^'^. ; Ecu
d'Or (Erance), et. ; Electeur Guillaume (Hesse), et. ; Elé-
phant (Danemark), aut. ; Eléphant blanc (Siam), aut. ;
Elisabeth-Thérèse (^Autriche) ; Epée de Suède (Suède),
aut. ; Eperon de Naples (Naples), et. ; Eperon d'Or (Etats
de rÉglise), et. ; Epi (Bretagne),^/. ; Espagne (Espagne),
et. ; Etoile ou de Notre-Dame de la Noble-Maison (France),
et, ; Etoile (Aragon), et. ; Etoile (Sicile), et. ; Etoile
africaine (Belgique) ; Etoile brillante (Zanzibar) ; Etoile
d'Anjouan (Comores) ; Etoile de l'înde (Grande-Bretagne);
Etoile de Roumanie (Roumanie), aut.; Etoile de Service
(Belgique) ; Etoile d'Océanie (Hawai) ; Etoile du Mérite
(Calcutta) ; Etoile noire (Guinée); Etoile polaire (Suède),
aut. ; Etoile précieuse de la Chine (Chine) ; Etoile rouge
(Bohême), et.; Etoile d'Or (Venise), et.; Faucon blanc
ou Vigilance (Saxe) ; Fer d'Or ou Fer d'Argent (France) ;
Fidélité (Bade), aut. ; Fidélité ou Union parfaite (Dane-
mark), et. ; Fidélité ou de Saint-Hubert de Lorraine (Lor-
raine), et. ; Florida ou du Griffon (Naples), et. ; Foi de
Jésus-Christ (Avignon), et.; Fortune (Palestine), et.;
Fous (France), et. ; François P^ (Naples), et. ; François-
Joseph (Autriche), ai(^.; Frédéric (Wurttemberg), aut. ;
Frédéric le Grand (Prusse) ; Frères Hospitaliers de Burgos
(Castille) ; Générosité (Allemagne), et.; Genette (France),
et.; Griffon (Mecklembourg-Schwerin); Gueffes (Hanovre),
et.; GuiUaume ¥^ (Pays-Bas), aut. ; Henri le Lion (Alle-
magne) ; Hermine (Bretagne), et. ; Hermine (Naples), et.;
ïmtiaz (Turquie) ; Intégrité Allemande (Saxe) ; Isabelle II
(Espagne), aut. ; Isabelle la Catholique (Espagne), aut. ;
La Jara ou du Vase de la Vierge ou de Notre-Dame du
Lys (Espagne), et.; Jardin des Oliviers (Jérusalem), et.;
Jarretière (Angleterre), aut. ; Militaire de Jésus-Christ
(Avignon), et.; Jésus-Marie ou de Jésus et Marie (reli-
gieux) ; Kalakaua (Hawai), aut. ; Kamehameha (Hawai),
aut. ; Kapiolani le Grand (Hawai), aut. ; Légion d'hon-
neur (France) ; Légion d'honneur {Rmù) ; Léopold (Bel-
gique) ; Léopold (Autriche), aut. ; Licorne d'Or (Brabant);
Lion (France), et.; Lion de Limbourg-Luxembourg de
Holstein,é?'^. ; Lion de Zœhringen (grand-duché de Bade),
aut.; Lion d'Or (Hesse), aut. ; Lion du Palatinat, et.;
Lion et du Soleil de Perse (Perse), aut.; Lion Néerlan-
dais (Pays-Bas), aut. ; Lionne (Naples), 6^^. ; Lis (Navarre),
et.; Lis (Etats de FEglise), et.; Lis (France); Livonie
ou Porte-Glaives (Allemagne), et.; Louis (Hesse), a,ut.;
Louis de Bavière ; Louise (Prusse), aut. ; Lutte (Grèce),
et. ; Machine dite de Harfleur (Normandie) ; Maison de
Hohenzollern ; Maison de Saint-Pierre (Monténégro) ; Mai-
son ducale d'Ernestine de Saxe, aut. ; Maison Husseinite
(Tunis) ; Hospitalier de Malte ou de Saint-Jean de Jérusa-
lem (Jérusalem) ; Mîirie-Eléonore (Suède), et.; Marie-
Louise (Espagne), aut. ; Marie-Thérèse (Autriche), aut.;
Marie-Victoire (Espagne) ; Maximilien-Joseph (Bavière) ;
Maximilien pour la science et l'art (AHemagne) ; Medjidié
(Turquie), aut.; Mère de Dieu (Italie), et. ; Mérite (Ve-
nezuela), aw^. ; Mérite (Waldeck), aut.; Mérite (Wur-
temberg), aut. ; Mérite agricole (France) ; Mérite civil
(Chine) ; Mérite Civil (Prusse), aut. ; Mérite Civil (Saxe),
aut. ; Mérite civil (Vi^urttemberg), aut.; Mérite civil de
la Couronne de Bavière, aut. ; Mérite des domestiques
(Saxe); Mérite de Pierre-Frédéric-Louis (Oldenbourg) ;
Mérite de Saint-Michel ou Ordre équestre de Saint-Michel
(Munich), aut.; Mérite militaire (Bavière), aut. ; Mérite mi-
litaire (Bade), aut. ;Mérite'militaire et Mérite civil (Prusse),
aut. ; Méi'ito militaire ou pour la Vertu militaire (Hesse) ;
Méj'ite militaire (Pologne) ; Mérite militaire (Waldeck) ;
Mérite militaire (l'Espagne), aut. ; Mérite militaire (France),
et. ; Mérite militaire (Toscane) ; Mérite militaire (Autriche) ;
Mérite militaire de Charles-Frédéric (Bade) ; Militaire
(Italie), aut. ; Militaire (Bulgarie) ; Miroir (Castille) ;
Montjoie ou Montfrac ou Truxillo (France), et.; Navire
ou Nef (Naples), et. ; Navire ou Coquille de Mer (France),
et. ; Nichan el-Aaman (Tunis) ; Nichân el-Ahed (Tunis),
aut. ; Nichân el-Anouar (Tadjourah), aut. ; Nichân el-
Madjouah (Russie), aut. ; Nichan Iftikharde Tunis, aut.;
Nichân Iftikhar de Turquie ; Noble-Passion ou Querfurt
(Saxe) ; Nœud ou Saint-Esprit au Droit-Désir (Naples),
et. ; Nom de Jésus (Suède) ; Notre-Dame de Bethléem,
et.; Notre-Dame Guadalupe (Mexique), et. ; Notre-Dame
de la Conception de Villa- Viciosa (Brésil), et, ; Notre-
Dame de la Merci (Espagne), et. ; Notre-Dame de Lorette
(religieux, Romagne), et.; Notre-Dame des Grâces (Es-
pagne), et. ; Notre-Dame du Lis (Navarre), et.; Notre-
Dame du Mont-Carmel (France), éi. ; Notre-Dame du
Rosaire (Espagne), ^f. ; Obilii (décoration), Monténégro),
Olga (Wurttemberg), aut.; Ombrelle de Soie (Birmanie);
Osmanié (Turquie), aut. ; Ours (Anhalt), aut.; Ourson
de Saint-Gall (Allemagne), et.; Paix (France), et.; Palme
et de FAlligator (Soudan) ; Palmes universitaires et aca-
démiques (France) ; Passion de Jésus-Christ (religieux) ;
Pavillon (France), et.; Pedro (Brésil), aut.; Phénix (Alle-
magne) ; Philippe le Magnanime (Hesse), aut. ; Equestre
de Pie IX (religieux); Pigeon (Castille), et.; Porte-Croix
(religieux) ; Portrait impérial (Perse) ; Pour les Dames
(Perse) ; Pour les Familles (Siam) ; Prijicipautés de Hohen-
zollern ; Probité allemande ou de la Maison Ernestine, aut.;
Quatre Empereurs ou de l'Ancienne Noblesse (Allemagne),
et. ; Rédemption (Mantoue), et. ; Rédemption africaine
(Libéria), aut. ; Réunion (France), et. ; Rose (Brésil), éf.;
Saint-Alexandre de Newski (Russie), aut. ; Saint-André
(Russie), aut.; Saint-Antoine; Saint-Charles (Mexique),
et. ; Saint-Esprit (France), et. ; Saint-Esprit de Mont-
pellier (France), et.; Saint-Esprit de Saxia (religieux);
Saint et apostolique roi Etienne (Hongrie), aut. ; Saint-
Etienne (Toscane), et.; Saint- Faustin (Haïti), et.; Saint-
Ferdinand (Espagne), aut.; Saint-Ferdinand et du Mérite
(Naples), éf^ ; Saint-Georges (Hanovre),<?'^. ; Saint-Georges
(Russie), «i/L; Saint-Georges (religieux français), é/^.;
Saint-Georges (Allemagne), par Maximilien ; Saint-
Georges (Allemagne), par Frédéric III, et. ; Saint-Georges
(R avenues, religieux), et. ; Saint-Georges d'AIfama (Ara<*
gon), uni à l'ordre de Montessa; Saint-Georges, défenseur
de r immaculée-Conception de la Vierge (Ravière) ; Saint-
Georges de la Réunion (Sicile), et. ; Saint-Géréon (Alle-
magne), (it. ; Saint-Grégoire le Grand (religieux) ; Saint-
Henri (Saxe) ; Saint-Herménégilde (Espagne), aut. ;
Saint-Hubert (Allemagne), aut.; Saint-Jacques de l'Epée
(Espagne), ^^ ; Saint-Jacques du Mérite scientifique, litté-
raire et artistique (branche de FO. de Saint-Jacques de
l'Kpée) ; Saint-Janvier (Deux-Siciles), et. ; Saint-Jean
(Prusse) ; Saint-Jean-Baptiste et Saint-Thomas ou de Saint-
Thomas (religieux), et. ; Saint-Jean de Latran (Etats de
l'Eglise), et. ; Saint-Joachim (Allemagne), ^^. ; Saint- Joseph
(Autriche), et.; Saint-Lazare de Jérusalem et Hospitaliers
de Notre-Dame du Mont-Carmel (Jérusalem), él.; Saint-
Louis (France), et.; Saint-Louis (Italie), et.; Saint-Louis
du Mérite civil (duché de Lucques), et. ; Saint-Marc
(Saint-Marc), et.; Saint-Marin (Saint-Marin), aut.;
Saint-Michel (France), et. ; Saint-Michel et de Saint-
Georges (Angleterre), (71^ ^ ; Saint-Olaus ou Saint-Olaff
(Suède), aut.; Saint-Ordre (Siam); Saint-Patrice (An-
gleterre), aat. ; Saint-Paul (Etats de l'Eglise); Saint-Pierre
(Etats de l'Eglise) ; Saint-Pierre et Saint-Paul (fusion des
deux ordres précédents), et. ; Saint-Remy ou Sainte-
Ampoule (France), et. ; Saint-Rupert (Autriche), et. :
Saint-Samson de Constantinople et de Corinthe (réuni à
l'ordre de Saint- Jean de Jérusalem) ; Saint-Sauveur
(Suède), él. ; Saint-Sauveur de Montréal (Montréal,
Fspagne), et,; Saint-Sara (Serbie), aut.; Saint-Sépulcre
(religieux); Saint-Sépulcre (Angleterre), et.; vSaint-Sta-
nislas (Pologne) ; Saint-Sylvestre ou de l'Eperon d'Or
réformé (rehgieux) ; Saint-Thomas-Becket (Angleterre),
et. : Saint- Wladimir (Russie), aut. ; Sainte- Anne (Aile-
o07
ORDRE
magne), aut.; Sainte-Aniie (Haïti), et. ; Sainte-Anne du
couvent des Dames de Munich ; Sainte-Anne du couvent
des Dames de Wurtzbourg; Sainte-Brigitte (Suède), et,;
Sainte-Caroline de Jérusalem (Angleterre),*:'^.; Sainte-
(^atherine (Russie), aut. ; Sainte-Catherine du Mont-
Sinaï (religieux), et.; Sainte-Elisabeth (Bavière), aut.;
Sainte-Elisabeth ou de Santa-Isabel (Portugal), aut. ;
Sainte-Madeleine (Erance), et. ; Sainte-Marie de Mérude
(Aragon), et. ; Sainte-Marie-Madeleine (Haïti), et.; Saints-
Maurice et Lazare (Savoie), aut.; Santa-Rosa ou de la
Civilisation (Honduras) ; Sauveur (Grèce), aut. ; Séra-
phins (Suède), aut. ; Service distingué (Angleterre) ;
Sidonie (Saxe), aut. ; Soleil d'Or (Birmanie) ; Soleil le-
vant (Japon), aut. ; Table ronde (\ngleterre), et. ;
Takoro (Serbie), aut.; Temple (France), et. en France
et reconnu dans divers Etats d'Europe ; Tète de Mort
(Wurttemberg), et. ; Teutonique (Autriche) ; Thérèse (Ba-
vière), aut. ; Toison d'Or (Fondé en Flandre, passé à la
maison d'Autriche) ; Tour et de l'Epée (Portugal), aut. ;
Trésor sacré (Japon); Tusin (Allemagne), et.; Union de
Hollande (Hollande) ; Valeur (Angleterre) ; Victoria P'^
(Angleterre) ; Victoria et Albert (Angleterre) ; Vierge
(Italie), et. ; Wasa (Suède), aut. ; Westphalie (Wesl-
phalie), et.
I^s Français ne peuvent recevoir et porter les insignes
ou le ruban d'un ordre étranger qu'après en avoir o'otenu
l'autorisation du gouvernement. La première ordonnance
royale relative à cette disposition est du il févr. 4845.
Elle fut rendue en ces termes par Louis XVHI : « H ne
pourra être porté, cumulativement avec l'ordre de la Lé-
gion d'honneur, aucun des autres ordres royaux, à moins
d'une autorisation spéciale de notre part ». Le 2 mars
1846, avis donné aux Français décorés d'ordres étran-
gers, par le grand chancelier de la Légion d'honneur, de
solliciter Eautorisaiion du roi. 46 avr. 4824. Ordonnance
du roi déclarant illégal et abusivement obtenu tout ordre
non conféré par lui ou par un souverain étranger. L'art. 2
de cette ordonnance enjoint à tout Français décoré d'un
ordre émanant d'un souverain étranger de solliciter l'au-
torisation de le porter ou de le déposer à l'instant. — Dé-
cret du 10 mars 4852: « Tous les ordres étrangers sont
dans les attributions du grand chancelier de la Légion
d'honneur ». — Décret impérial du 40 juin 4853, con-
tenant les mêmes dispositions que l'ordonnance royale de
4824 et donnant les instructions nécessaires pour solliciter
Eautorisation exigée. — Décret du 25 mars 4875 fixant
le chiffre des droits de chancellerie à acquitter selon le
grade du décoré d'un ordre étranger. — Ordonnance de
4882, du grand chanceher, rappelant que depuis long-
temps le conseil de l'ordre, dans le butd'éviter toute con-
fusion, a décidé que les ordres du Christ du Portugal, de
François- Jo sep fi et du Mérite d'Autriche, dont leruban
est rouge, ne seraient jamais portés sans la décoration, et
taisant connaître que pour compléter cette mesure, une
décision approuvée par le président delà République étend
cette prescription « aux décorations ci-après qui, toutes,
comportent du rouge en quantité plus ou moins notable »,
savoir: Autriche : ordre de L(^()/jo/(^; Belgique : Lcopotd,
Croix civique ; Brésil : Chi ist ; Cambodge : Croir du
Cambodge; Hawai : KamteJmmetia ; Italie : Couronne;
Russie : Sainte- Anne, Saint-Stanislas, Alexandre
Newski ; Saint-Siège : Saint -Grégoire le Grand ; Ser-
bie : Takowo; Siam : Eléphant blanc; Suède : SainJ-
Olaff; Tunisie : Nichan; Turquie : Medjidié ; Zan/.ibar :
Etoile brillante. En conséquence , les titulaires de ces
ordres doivent suspendre à leur ruban ou rosette une croix
de la largeur du ruban ou de la rosette et ne pouvant être
moins de 4 centim., sous peine du retrait de l'autorisation
et, en cas de récidive, de l'application de l'art. 259 du
('. pén. 40 mars 4894, décret du président de la Répu-
blique, réglant le port des décorations dans cet ordre, de
droite à gauche sur la poitrine : Légion d'honneur, mé-
daiHe militaire, médailles commémoratives, décorations uni-
versitaires, décoration du Mérite agricole, médailles d'hon-
neur, décorations étrangères.
Couleurs des rubans des différents ordres conférés.
— Ruban blanc : Marie- Victoire pour la théologie, Es-
pagne; Victoria et Albert, Grande-Bi^etagne. — Bleu:
Aigle blanc, Russie; Couronne, Prwss^; Croix de Victoria
(marine) , Grande-Bretagne; Eléphant, Danemark; Etoile
de service, Belgique-Congo ; Isabelle II, Espagne; Jar-
retière, Angleterre ; Marie- Victoire (industrie et com-
merce), Espagne; Mérite militaire, Wurttemberg ; S^ânt-
André, i?w55/e; Saint-Patrice, Angleterre; Tour et l'Epée,
Portugal ; Valeur (marine) Angleterre. — Bleu de ciel :
Croix de mérite, Bavière ;¥vèàèvk, Wurttemberg ; Marie-
Victoire (philosophie, httérature), Espagne; Militaire, Bul-
garie; Séraphins, Suède. — Jaune : Dragon, Chine;
Marie- Victoire (médecine), Espagne. — Noib : Elisabeth-
Thérèse, Autriche; Etoile polaire, Suède ; Malte, Etats
divers; Noble-Croix, Autriche; Saint-Jean, Prusse; Saint-
Sépulcre, Saint-Siège ; Teutonique, Autriche. — Orange :
Aigle noir, Prusse. — Rose: Marie- Victoire (beaux-arts),
Espagne. — Rose incarnat : Pour les familles, Siam.
— Rouge : Bain, Angleterre ; Calatrava, Espagne ;
Charles XIII, Suède ; Christ, Portugal, Saint-Siège ;
Croix d'honneur, Reuss ; Croix de Victoria, Angleterre;
Croix du Mérite civil, Autriche ; Faucon blanc, Saxe-
Weimar ; François-Joseph , Autriche ; Légion d'honneur,
France ; Lion d'Or, Hesse; Marie- Victoire (jurisprudence),
Espagne ; Mérite militaire, Autriche ; Montesa, Espagne ;
Samt-Alexandre-Newski, Russie ; Saint et apostohque roi
Etienne, Autriche; Saint-Jacques de l'Epée, Espagne;
Toison d'Or, Autriche^ Espagne; Valeur (mihtaire), An-
gleterre. — Rouge amarante : Alexandre, Bulgarie. —
Rouge lie de vin : Léopold, Belgique. — Rouge pourpre :
î'jnpire inàiei] y' Angleterre — Vert : Alcantara, Es-
pagne; yVviz, Portugal; Chardon, Anglefen^e; Couronne
de rue, Saxe ; Lion et Soleil, Perse; Saints Maurice et
La/.are, Italie; Wara, Suède. — Violet: Marie- Victoire
(pharmacie), Espagne; Palmes académiques et de l'Ins-
truction publique, France; Saint-Jacques de l'Epée, Por-
tugal ; Saint-Jacques du Monte, Portugal. — Bouton
d'Or : Etoile précieuse, Chine.
Rubans DE PLUSIEURS couleurs. — Blanc liséré de bleu :
Saint-Sava, Serbie; Couronne, Hawaï; Mérite militaire,
Thérèse, Bavière. — Blanc liséré de jaune orange :
Aigle rouge, Prusse; Dragon (militaire), Annam. — Blanc
liséré de rouge : Danebrog, Danemark ; Danilo, Mon-
ténégro; Marie-Thérèse, Autriche; Soleil levant, Japon.
— Blanc, au centre, deux bandes bleues et les bords
rouges : Santa-Rosa, Honduras, — Blanc liséré de
ROUGE, une raieponceau AU CENTRE : Médaille pour le tra-
vail, Portugal. — Blanc, deux j>arges bandes rouges :
Saint-Charles, Monaco. — Blanc liséré de vert : Croix
de Caracas, Venexuela; Mérite, Saxe. — Blanc liséré
DE noir : Bienfaisance, Espagije ; Croix de Fer, Croix de
Mérite, Louise, Prusse. — Blanc et vert : Marie-Vic-
toire (instruction), Espagne. — Blanc liséré de vert et
DE rouge : vSchefakat, Turquie. — Blanc, dkux bandes
JAUNES : Isabelle la Catholique. — Blanc, trois bandes
NOIRES : Hohemollern. — Blanc liséré du ruban nichân
Iftikhar : Nichàn el-Aaman, Tunis. — Bleu bordé ou
liséré de blanc : Couronne, Roumanie ; Maximilien pour
les arts. Mérite civil de la Couronne, Bavière; Sauveur,
Grèce. — Bleu liséré de jaune : Saint-Henri, Saxe. —
Bleu liséré orange : Lion néerlandais, Pays-Bas. —
Bleu, LARGE RAIE ROUGE AU centre : Militaire, Italie ; Saint-
Michel et Saint-Georges, Angleterre. — Bleu bordé de
ROUGE : Croix civile, Reuss; Croix du Mérite mihtaire,
Hesse ; Croix rouge, Angleterre; Etoile noire, Guinée ;
Mérite de Pierre-Frédéric-Louis, Oldenbourg; Mérite de
Saint-Michel, Sainte-Ehsabeth, Bavière. — Bleu, deux
lisérés rouges : Pie IX, Saint-Siège. — Bleu, un liséré
ROUGE, UN LISÉRÉ JAUNE DE CHAQUE CÔTÉ : CoUrODUe dcS
Wendes, Mecklembourg. — Bleu de ciel liséré de blanc :
ORDRE
^ o08 -^
Couronne des Indes, Etoile de l'Inde, Angleterre ;l^otve-
Dame de la Conception, Portugal. — Bleu de ciel li-
séré ORANGE : Trésor sacré, Japon. — Bleu de ciel, raie
BLANCHE et raie NOIRE SUR CHAQUE BORD, Saint-Gcorges,
Bavière. — Bleu de ciel, raie blanche et raie jaune sur
CHAQUE BORD : Saint-Anne, Bavière. — Bleu bordé de
\ERT, UNE raie JAUNE AU CENTRE : Couronne, Siam. — Bleu
TURQL'iN ET NOIR : Marle-Victoire (industrie, commerce),
Espagne. — Bleu turquin et orange : Marie-Victoire
(mines), Espagne. — Bleu turquin et rose : Marie- Vic-
toire (travaux publics), Espagne. — Bleu turquin et
\i0LET : Marie-Victoire (minéralogie), Espagne. — Jaune
liséré de blanc : Fidélité, Bade. — Jaune liséré de bleu :
Epée, Suède. — Jaune clair liséré de rouge : Griffon,
Mecklembourg. — Jaune liséré de vert : Médaille mili-
taire, France. — Jaune liséré de blanc, au centre raie
rouge : Mérite militaire de Charles-Frédéric, Bade. —
Jaune bordé de blanc, rouge et bleu : Kapiolani, ïïawaï.
— Jaune liséré de rouge et de noir sur chaque bord :
Mérite Waldeck. — Jaune, quatre bandes vertes : Mé-
daille du Tonkin, France. — Orange, trois larges bandes
noires : Saint-Georges, Russie. — Orange liséré de bleu :
Couronne de Fer, /ïw^n^/i^; Guillaume, Lion d'Or, Pays-
Bas. — Rose, deux raies vertes sur chaque bord : Pour
les dames. Perse. — Rouge et vert : Imtiaz, Turquie.
— Rouge, raie blanche au centre : Couronne, Italie. —
Rouge liséré de blanc : Etoile d'Anjouan, îles Comores ;
Etoile brillante, Zanzibar ; Kamcliamcha, Hawaï; Léo-
pold, Autriche. — Rouge liséré d'argent : Sainte-Cathe-
rine, Russie. — Rouge liséhé d'or : Croix d'honneur,
Lip'^e. — Rouge liséré de bleu : Chrysanthème, Japon;
Louis, Bavière ; Monte, Venemiela ; Philippe le Magna-
nime. — Rouge, deux lisérés bleus sur chaque bord :
Etoile, Roumanie. — Rouge liséré de blang et de bleu
sur chaque bord : Takovo, Serbie. — Rouge, deux larges
lisérés bleu de ciel : Serbie. — Rouge, trois petiies
raies blanches sur les bords : Rédemption, Libéria. —
Rouge liséré de bleu entre deux filets blancs : Saint-
Olaiis, Suède. — Rouge ponceau liséré orange : Saint-
Ferdinand, Espagne; Saint- Grégoire le Grand, Saint-
Siège. — Rouge bordé de jaune : Sainte-Anne, Russie.
Rouge FONCÉ BORDÉ de jaune d'or : Henri le Lion, Brunswick.
— Rouge liséré de vert: Cambodge, Cambodge; Mai-
son ducale d'Ernestine, Saxe ; Medjidié Nichân, Turquie;
Saint-Etienne, Autriche. — Rouge bordé de vert : Saint-
Hubert, Bavière. — Rouge liséré noir au centre, bleu
ET BLANC SUR CHAQUE BORD : Nichâu cl-Anouar, Tadjou-
rah. — Rouge a trois bandes vertes : Décoration com-
mémorative, Belgique. — Rouge, deux lisérés blancs
sur CHAQUE BORD : Saint-Stauislas, Russie. — Rouge bordé
de vert, au centre une raie rleue et une jaune : Elé-
phant, Siam. — Rouge, deux minces lisérés jaunes :
Croix militaire, Hesse. — Rouge liséré noir : Couronne,
Wurttemberg ; Moreto, Saint-Siège. — Rouge lie de
vin, deux bandesnoires : Décoration chique, Belgique. —
Vert LISÉRÉ de blanc : Décoration générale, Albert le Va-
leureux, Saxe ; Etoile d'Océanie, Hawaï. — Vert liséré
jaune orange : Dragon (civil), Anïiaw/Berthold, Lion de
Zahringen, Bade. — Vert liséré de rouge: Albert l'Ours,
Anhalt ; Osmanié, Turquie. — Vert liséré d'amarante :
Mérite agricole, Frayice. — Vert, deux lisérés rouges
sur chaque bord : Nichân el-Ahed, Maison husseinite, Ni-
chân Iftikhar, Tunis. — Violet, deux raies blanches sur
chaque bord : Sainte-Anne du Couvent, ^«i'iV^r^. — Violet
deux larges lisérés blancs sur lesquels un liséré vert :
Sidonie, Saxe. — Violet, large raie blanche au centre :
Marie-Louise, Espagne. — Noir liséré de blanc: Croix
de Fer (guerre). Mérite civil. Mérite miHtaire, Prusse. —
Noir liséré de blanc et de bleu: Maximilien- Joseph, Ba-
vière. — Noir liséré de rouge : Louis, Hesse ; Olga,
Wurilemberg , — Noir liséré de rouge et de jaune : Mé-
rite militaire, Waldeck. — Noir, [,arge bande rouge au
centre: Saint- Wladimir, Russie , — Nom, deux lvbges
lisérés orange : Frédéric le Grand, Prusse. — Noir,
TROIS RAIES rouges : Saiut-Sjlvestre, Saint-Siège. —
Noir et vert : Marie-Victoire (art nautique), Espagne.
— Rubans divisés en parties égales : Blanc, bleu, blanc :
Civil de Savoie, Italie. — Blanc, rouge, blanc : Mérite
militaire (services civils), Saint-Hermenegilde, Espagne.
— Bleu, blanc, rouge, vertical et horizontal : Médailles
sauvetage, honneur, France; Maison de Saint-Pierre,
Monténégro. — Bleu, blanc, bleu : ChdiVkslll, Espagne.
— Rouge, jaune, rougk : Mérite militaire, Espagne. —
Rouge, blanc, vkrt : Mérite des domestiques, Saxe. —
Jaune, ROUGE, jaune : Croix de distinction,E.9j9a^n^. — Jaune.
BLEU, rouge: Buste du libérateur, Venemela. — Bleu,
JAUNE, bleu : Etoile africaine, Belgique-Congo. — Ru-
bans couleurs alternées : Trois raies bleues alternées
DE DEUX oranges : Croix d'honneur, Schwarzbourg. —
— Quatre bandes bleues alternées de quatre blanches :
Kalakaua, Hawaï. — Quatre bandes rouges alternées
de quatre jaunes : Kapiolani, Hawaï.— Rose blanc, rose
BLANC, Sainte-Elisabeth, Portugal. — Vert, orange,
vert, orange, vert : Couronne de Chêne, Luxembourg.
— Blanc, bleu, blanc, bleu, blanc : Croix de Mentana:
Saint-Siège. — Quatre raies rouges alternées de trois
BLANCHES (Com . ct Chcv.) : Kamchamcha, Hawaï. —
Raies blanches et bleues: Médaille coloniale. — Bleu,
quatre bandes vertes horizontales : Médaille de Mada-
gascar, France. — Jaune, quatre bandes vertes : Médaille
du Tonkin, France. Gourdon de Gî:nouïllac.
Ordre de la Foi (V. Nichân el-Aaman [Ordre]).
Ordre de la Gloire (V. NichAn Iftikhar [Ordre]).
Ordre de j.a Grandeur d"âme ou de la Pijté (V. Ni-
chAn I Schefakat [Ordre]).
Ordrr de la noblesse (V. îmtiaz).
Ordre de l'Unique (V. Nichân el-Ahed [Ordre]).
Ordre des Lumières (V. Nichân el-Anouar [Ordre]).
Ordre du Courage (V. Nichân el-Madjouah [Ordre]).
Ordres du Roi (V. Saint-Michel [Ordre de] et Saint-
Esprit [Ordre du]).
XI. Architecture. — De toutes les études spéciales
à l'architecture, considérée à la fois comme la science et
comme l'art de bâtir et envisagée au point de vue de la
construction en même temps qu'au point de vue de la dé-
coration, il n'en est pas qui, plus que celle des Ordres,
soit intimement liée à la création et au progrès de cette
science et de cet art dont la réunion constitue V Archi-
tecture (V. ce mot. § -1, GcnéralitéSy t.HI, p. 689). C'est
ainsi que, à certaines époques de la civilisation, dans
l'antiquité gréco-romaine et pendant la Renaissance, on
ne saurait séparer l'étude des ordres de celle de l'archi-
tecture, tant ces deux études arrivent à se fondre en une
seule, et, à ces époques, les différentes proportions des
ordres, ainsi que l'ornementation particulière à chacun,
sont régies par des traditions devenues de véritables
règles, parfois assez étroites, mais néanmoins toujours
respectées. C'est pourquoi, à cause même de cette si
grande place que tiennent souvent les ordres dans les
œuvres d'architecture, il est difiicile de donner une déli-
nition simple et brève de ces ordres dont les innom-
brables exemples, malgré des différences plus ou moins
accentuées dans les proportions ainsi que dans les détails,
forment une sorte de chaîne ininterrompue depuis les plus
anciens types connus jusqu'aux applications les plus mo-
dernes de ces types. De fait, si le mot ordre signifie en
général la mise en place des éléments constitutifs d'un
tout, suivant la place qui convient le mieux à ces éléments,
en architecture, on désigne par ce mot ordre et aussi par
le mot Ordonnance (V. ce mot) la combinaison des
divers éléments entrant dans la construction d'un édifice,
de façon à ce que ces éléments forment, par leurs propor-
tions et par leur ornementation, un tout symétrique et
harmonieux qui assure la stabilité de l'édifice en même
temps qu'il lui donne un caractère de sévérité, de no-
blesse, de grâce ou de simplicité répondant à sa destina-
— 509 —
ORDRE
lion. Et ou appelle plus parliculièreineiit ordres d'archi-
tecture des types primitifs dans lesquels rentrent les
différentes applications, si variées dans leur composition et
dans leurs détails, de ces mêmes types, applications dont
la variété même donne aux œuvres d'architecture le ca-
ractère spécial qui les différencie entre elles. Mais, en
l'envoyant au mot Architecture (V. ce mot, § 5, Archi-
tecture grecque; %\, Généralités, t. III, pp. 698 et 699)
et à de nombreux ouvrages spéciaux : encyclopédies, dic-
tionnaires ou traités d'architecture, pour ce qui est des
détails des hypothèses et des phases successives se rap-
portant à la formation et au développement des ordres
d'architecture, lesquels sont au nombre de trois princi-
paux, Vordre dorique, l'ordre ionique et Vordre co-
rinthien, il doit suffire de représenter ici par des figures
(V. %. 1 à 43) quelques exemples de ces ordres, exemples
choisis parmi ceux que nous ont légués la Grèce, Rome
et la Renaissance itaUenne ; les alinéas accompagnant ces
figures devant, mieux que toutes les considérations gé-
nérales, montrer, en même temps que la diversité des
ordres d'architecture, les données communes qui font de
ces ordres, au travers de leurs diverses modifications au
cours des âges, les reproductions variées d'un même type
originel. Ce type, est-il besoin de le dire, est la colonne
(V. ce mot, § 1, Architecture, t. XI, pp. Ii23etsuiv.),
ce point d'appui dont le fût, isolé dans sa hauteur, porte
à son sommet des pièces de construction plus ou moins
importantes reliant cette colonne à d'autres points d'ap-
pui. Il faut encore ajouter que, au point de vue de la
distinction à faire parmi les ordres d'architecture, le cha-
piteau (V. ce mot, § 1, Architecture, X, pp. 566 et
suiv.), cette tête de la colonne, sert, par sa forme et par
ses ornements, plus que tout autre élément d'architec-
ture, à distinguer les ordres entre eux ; c'est donc au mot
chapiteau et aux alinéas de ce mot traitant de la Grèce,
de Rome et de la Renaissance, ainsi qu'aux autres mots
qui y sont cités et qui traitent des différentes parties du
chapiteau, qu'il y a Heu de demander certains complé-
ments aux indications qui suivent.
I. Ordres grecs. — Les véritables ordres grecs sont
au nombre de deux : Vordre dorique et l'ordre ionique.
A l'art. Architecture
GRECQUE ( Généralités )
est reproduit (t. III,
p. 699, fig. 1) le plus
bel exemple d'ordre do-
rique grec, Vordre ex-
térieur du Parthénon,
à Athènes, d'après une
restitution de M . Paulin.
Les cannelures et la di-
minution modérée du dia-
mètre du fût ; le tailloir,
l'échiné et les annelets
du chapiteau; les tri-
glyphes et les métopes
de la frise ; les mutules
ornées de gouttes sous le
larmier de l'entable-
ment, gouttes qui se ré-
pètent sous une bande
au-dessous des trigly-
phes sur l'architrave,
enfin l'aspect, à la fois
sévère et élégant, em-
preint de calme dans sa
simplicité, qui se dégage
de l'ensemble du Parthé-
non, font do cet ordre le type achevé de l'architecture à la
plus belle époque de l'art grec, vers l'an 444 avant notre
ère. Vordre dorique du temple de Ségeste, en Sicile
(fig. 1) réduit, ainsi que les autres figures de cet ar-
ticle, d'après l'étude de M. P. Planât sur les Ordres,
_ 1. — Ordre dorique grec du
temple de Ségeste (Sicile).
T, triglyphe ; M, métope.
dans ['Encyclopédie de l'architecture et de la cons-
truction, date d'une époque quelque peu antérieure à
celle du Parthénon ; de plus, le temple de Ségeste, élevé
dans une colonie grecque, ne pouvait offrir, dans ses pro-"
portions et dans ses détails, le même degré de perfection
que le plus beau temple d'Athènes, cette capitale du génie
hellénique; mais il est intéressant, en rapprochant ces
deux exemples l'un de l'autre — comme le fait notre
figure qui donne à gauche le demi-chapiteau du Parthénon
et à droite le demi-chapiteau du temple de Ségeste, lequel
est resté inachevé et a conservé ses colonnes dépourvues
de cannelures — de prouver la fixité des règles que s'im-
posaient les architectes de l'antiquité grecque dans l'appli-
cation des ordres d'architec-
ture et surtout de l'ordre do-
rique. La fig. 2 donne Vordre
ionique du temple de la
Victoire Aptère, à Athènes,
élégant petit édifice situé à
l'entrée de l'Acropole, en
avant et à droite des Propy-
lées, et dont la construction
primitive devait être anté-
rieure à celle du Parthénon ;
ruiné par les Turcs en 4687,
ce temple fut restauré sur
l'ordi^e du gouvernement ac-
tuel, sous la direction de
M. Daumet. Cet exemple mon-
tre ce qu'était l'ordre ionique
encore à ses débuts, mais
ayant déjà presque atteint
la perfection, ordre dont
M. Aug. Choisy (Histoire de
V architecture, 1. 1, p. 335)
dépeint ainsi les caractères
généraux : « Sur une base
annulaire s'élève un fut grêle
à peine rétréci vers le som-
met qui supporte, par l'in-
termédiaire d'un chapiteau
à volutes, un entablement
mince dont les éléments sont :
une architrave à bandes,
une frise sans triglyphes,
une corniche peu saillante,
sans mutules, généralement ornée d'une rangée de den-
ticules ». L'entablement du temple de la Victoire Aptère,
moins orné que ceux des temples construits à une époque
postérieure, n'a pas de denticules ; mais le plan et l'élé-
vation de son chapiteau présentent un exemple d'une parti-
cularité qu'offrent souvent les colonnes d'angle des temples
ioniques : deux volutes contiguës sont réunies sous un
angle de 45°, et deux faces voisines du chapiteau sont
semblables sans alternance entre elles de coussinet. Tel
est, déjà arrêté dans ses grandes lignes, l'ordre ionique
grec qui deviendra plus richement orné par la suite et
se distinguera par une profusion d'oves, de rais de cœur,
de perles, d'olives et de palmettes, comme au temple de
Minerve Poliade et à l'Erechtheion , dans l'Acropole
d'Athènes.
II. Ordres romains. — Les véritables ordres romains
sont au nombre de trois : r^rc^?'^ ^^6>n^t/^, Vordre ionique
et Vordre corinthien; l'ordre dit toscan, décrit par Vi-
truye sous le nom d'ordre étrusque, n'est de fait qu'une
variété archaïque de l'ordre dorique, une sorte de proto-
dorique romain, et Vordre composite n'est autre qu'un
ordre corinthien excessivement orné, et dont le chapiteau
rappelle le chapiteau ionique par ses volutes, en même
temps qu'il trahit son origine corinthienne par la double
rangée de feuillage qui décore son gorgerin. Mais une in-
novation des Romains dans l'emploi des ordres d'archi-
tecture, ou tout au moins un mode d'emploi différent et
Fi
2. — Ordre ionique
grec du temple de la Vic-
toire Aptère, à Athènes.
OïlDRI
— 540 —
plus accentué, fait par eux de ces mêmes ordres, consiste dans
la superposition de deux ou plusieurs ordres, soit que,
^'omme au théâtre de Marcellus à Rome, l'ordi^e supérieur
repose sur la coniiclie même de l'ordre inférieur — le-
quel est généralement un ordre dorique — soit que, comme
aux arènes d'Arles ou au Colisée ou amphithéâtre Fla-
. •" vien, à Rome, l'ordre
^
.j
Fig. 3. — Ordre dorique romain
du théâtre de Marcellus, à Rome.
ou les ordres supé-
rieurs reposent sur un
stylobate ou piédes-
tal, ressautant ainsi
que l'entablement de
l'ordre inférieur ^t
formant dans le sens
de la hauteur un en-
semble de saiUies qui
peut avoir le même
principe, au point de
vue constructif, que
le contrefort si usité
dans l'architecture du
moyen âge. Au Coli-
sée, à Rome, trois
ordres de colonnes en-
gagées, l'un dorique,
l'autre ionique et le
troisième corinthien,
sont superposés, mais
sans ressaut dans les
lignes d'entablement,
et un quatrième ordre,
celui-là de pilastres
corinthiens, décore, au-dessus des trois premiers, un at-
tique de grande hauteur. — La fig. 3 présente Vordre
dorique clic théâtre de Maixelliis, à Rome, édifice com-
mencé par César et terminé par Auguste. Les proportions,
mâles et élégantes de cet ordre, relevé dans les premières
années de ce siècle par A.-L. Vaudoyer père, l'ont fait
servir de modèle dans nombre
d'appHcations faites de l'ordre
dorique au temps de la Re-
naissance et encore de nos
jours. On remarquera, en com-
parant cet ordre dorique ro-
main de la belle époque aux
ordres doriques grecs, la forme
différente et plus compliquée
du chapiteau, et aussi la subs-
titution de modillons aux
gouttes sous le larmier de
l'entablement, — L'ordre
ionique semble avoir été rela-
tivement assez peu employé
par les Romains qui parais-
sent lui avoir préféré de beau-
coup l'ordre corinthien, le-
quel répondait mieux à leurs
idées de grandeur et de ma-
gnificence : aussi Vordre io-
nique du Temple de la For-
tune virile, à Rome, que re-
présente la fig. 4, est-il un
de ces rares exemples d'ordre
ionique romain et il est, de
plus, décoré avec toute la ri-
chesse que les architectes ro-
mains appliquaient à l'ordre corinthien. Remontant pour
sa construction primitive au règne de Servius Tullius, le
temple de la Fortune virile fut rebâti vers la fin de la
République et est aujourd'hui transformé en église sous le
vocable de Sainte-Marie-l'Egyptienne. Le fût de la co-
lonne est cannelé et s'élève sur une base attique com-
posée, au-dessus d'une plinthe, d'une scotie, S. entre deux
Fi^. 4. — Ordre ionique
romain du temple de la
Fortune virile, à Rome.
TT, tores; S, scotie.
Fig. 5. — Ordre corinthien romain du
temple dit do Jupiter Stator, h Rome.
toreii^J, T. ; le chapiteau de la colonne d'angle, a, comme
dans nombre de temples grecs, une vohite angulaire.
Mais siVitruvenousa rapporté, d'après les traditions hel-
léniques, que la
colonne ionique
avec son chapiteau
rappelait les élé-
gantes propor-
tions du corps
d'une jeune fille,
il est difiicile de
croire que les
Grecs eurent ja-
mais pu penser à
faire porter sur la
tête, même d'ime
de leurs puis-
santes caryatides,
un entablement
aussi massif et
aussi lourdement
orné dans sa ri-
chesse que Tenta-
blement du temple
de la Fortune vi-
rile.— hd. Grande
Encyclopédie a
(t.IIÏ, pp. 703 et
suiv.et îig. Ià3).
dans l'art. Auchi-
TECTURK ROMAINE,
reproduit le ^/a7i,
la façade et un
détail du Temple
de Vesta, à Ti-
voli, temple qui
oflre une des pre-
mières et des plus remarquables applications de l'ordre
corinthien romain ; car, si on ne saurait nier que l'origine
du chapiteau corin-
thien ne puisse se trou- ^^=:^;^:;;;;;^:;:^=^;;::^^
ver en Grèce,, et à
Athènes notamment ,
dans le Monument
choragique de Lysi-
crate, dit Lanterne
de Démosthènes et
dont tant de repro-
ductions existent dans
les musées d'antiqui-
tés et de beaux-arts,
c'est à la Rome des
derniers temps de la
République et des deux
premiers siècles de
l'Empire qu'il faut de-
mander les beaux
exemples de l'ordi^e co-
rinthien, en tant qu'or-
dre d'architecture
ayant atteint son en-
tier développement. La
fig. 5 donne un exem-
ple moins archaïque
et moins austère, mais
beaucoup plus riche,
que l'ordre du temple
de Vesta, c'est Vordre
du Temple dit de
Jupiter Stator, à
Rome, ordre que nous
ont conservé les trois colonnes restées debout sur le Fo-
rum romain ; mais les études récentes des îirchéolo<;^ues.
Fig. 0. — Ordre composite romain
du baptistère de Constantin, à
Rome.
laitca; d'après les iraginents du plan antique de Konie,
l'inscription d'Ancyre et nombres d'autres documents, font
attribuer ce temple aux Dioscures, Castor et Pollux, Comme
— OHDKE
i'ordi'e'dorique du théâtre de Marceilus, cet ordre corin-
thien des colonnes du Forum est considéré comme l'un
des plus beaux types qu'ait produits l'architecture romaine.
Fig. 7. — Ordre dorique, d'après
Palladio. T, triglyphe; B, bucrâne.
Fig, 8, -— Ordre ionique,
d'après Palladio.
l'ig. U. — Ordre corinthien,
d'après Palladio.
iMikyiiy
La base attique, dans laquelle la scotie unique est rem-
placée par deux scoties plus petites séparées par un petit
tore entre deux fdets ; le chapiteau, d'une belle propor-
tion et riche dans toutes
ses parties ; l'heureuse
division, d'une régularité
parfaite, des modillons,
des denticules et des au-
tres ornements de l'enta-
blement ; enfin l'harmonie
malgré la richesse de tout
l'ensemble, ont fait de cet
ordre un des sujets d'é-
tudes toujours choisis par
les pensionnaires archi-
tectes à Rome, et tou-
jours copiés dans les écoles
et les ateliers d' archi-
tecture du monde entier.
— Empreint d'une ri-
chesse plus grande encore
que celle dont est paré
l'ordre corinthien, Vordi'e
composite offre toutes les
proportions de ce dernier
ordre ; mais il en diffère
surtout par la composi-
tion du chapiteau, comme
le fait voir Fexemple re-
produit (fig. 6), d'après
les colonnes antiques du
Baptistère de Constantin, aujourd'hui San Giovanni
in Fonte del Laterano, sur la place de l'Obélisque et en
face du palais de Latran. Dans cet ordre, le chapiteau,
qui semble être une combinaison de chapitea iounique pour
la partie supérieure et de chapiteau corinthien pour la
partie inférieure, comprend, au-dessus de deux rangées
de feuillage, une échine décorée d'oves, des volutes an-
gulaires beaucoup plus accentuées que dans le chapiteau
corinthien et reliées par des rinceaux au fleuron, souvent
très varié, qui se détache sur le milieu du tailloir. La
base de la colonne est, elle aussi, plus richement ornée,
Fig. 10. — Ordre composite,
d'après Palladio (piédestal).
P, plinthe; B, base; D, dé;
C, corniche; A, amortisse-
ment.
et, au-dessus du tore supérieur, une sorte d'atterrissement
ou de pente, sur laquelle courent des feuillages, rachète
la saillie de ce tore avec le filet marquant le départ de la
colonne. Quant à l'entablement, toutes ou presque toutes
ses parties sont richement décorées, et la frise, qui est
restée nue, est bombée et semble attendre le ciseau du
sculpteur pour faire sortir de son relief accentué des scènes
ou des ornements complétant lensemble. Il y a, de plus,
lieu de remarquer, avant de terminer cet aperçu des ordres
romains, que les chapiteaux corinthiens et surtout les cha-
piteaux composites, trouvés dans les ruines des édifices
élevés par les Romains dans les différentes provinces et
jusqu'aux confins de l'empire, ne manquèrent pas d'exer-
cer une influence réelle et prolongée sur les édifices cons-
truits pendant la première partie du moyen âge et dans
lesquels furent utiUsées ces épaves de l'art antique.
IlL Les Ordrks d'architecture à l'époque le la Re-
naissance. — Les architectes de l'époque de la Renais-
sance, d'abord italienne, puis française et ensuite euro-
péenne, se préoccupèrent vivement des ordres d'architecture
qu'ils reconnurent dans les ruines des édifices de l'anti-
quité romaine, et ils s'efforcèrent d'en comprendre les règles
en s'aidant des écrits de Vitruve. Mais, autant dans les
premières périodes de lalienaissance, des effets charmants
découlèrent d'une appréciation libre des ordres antiques,
surtout des ordres romains — les ordres grecs ne furent
étudiés et compris que plus tard — autant, sous les pé-
riodes suivantes, furent créées, pour l'emploi des ordres,
des règles imposées avec trop d'autorité par les maîtres
et suivis avec trop de zèle par de nombreux disciples.
Enfin au xvi® siècle, Palladio, Scamozzi, Serlio et Vignole,
en Italie ; Philibert de l'Orme, en France, pour ne citei'
que des maîtres, et presque tous les traducteurs de Vi-
truve, enfermèrent peu à peu l'essor d'imagination des
architectes dans une sorte de canon régentant les propor-
tions des ordres, le choix des moulures de leurs diverses
parties et même les ornements devant décorer ces moulures.
On ne saurait, au reste, mieux donner une idée de cette
tendance académique appliquée aux ordres d'architecture,
à l'époque où elle fleurit avec le plus de force, qu'en re-
produisant les ordres dorique, ionique, corinthien et
composite, d'après le Traité d'architecture d'André
OHDIVE
— 512
Fi
Palladio (V. tig. 7, 8, 9, 10 ell 1), et, cette époque étant
aussi celle oti on superposa les différents ordres les uns
sur les autres pour composer 'des ordonnances dans les-
quelles chaque or-
dre comprenait
piédestal, colonne
et entablement; il
est bon de faire
remarquer (fig. 10)
le piédestal de
r ordre composite
d'après Palladio ,
piédestal qui, for-
mant un tout com-
plet, comprend à
son tour : plin-
the, P ; hase, B ;
dé, D ; corniche,
C ; et amortis-
sement, k;eti^e\it
servir de type,
d'une grande ri-
chesse, il est vrai,
de cet élément des
ordres d'architec-
ture. Cette étude de
vulgarisation des
principales don-
nées des ordres
doit être trop résu-
mée pour com-
prendre tout ce qui
a rapport aux pro-
portions des divers
ordres et au rap-
port de ces pro-
portions entre el-
les, à la diminution
du fût des colonnes,
au mode un peu empirique employé par les différents
maîtres pour calculer à l'aide du module (V. ce mot) les
dimensions en hauteur et en saillie des diverses parties
des ordres ; ce-
pendant il est
facile d'indiquer
les diflérentes
hauteurs que
peuvent attein-
dre les or-
dres d'architec-
g^^ « .r"^ : ' i|jj i jiiiji ; j ji ture ayant leur
Y^^ \ '^^ •• l'il 1 ! : I entier dévelop-
T="=°" ■ '''' ■ Hl : lil ; 111 pement et un
même diamètre
de base pour
leur colonne, en
se reportant au
Parallèle des
cinq Ordres,
d'après Vignole
(fig. 12); on
voit ainsi les
proportions tra-
pues du toscan,
ce dorique élé-
mentaire fort en
honneur sous la
Renaissance ita-
lienne, les proportions plus élancées du dorique et de
V ionique, et enfin celles d'une sveltesse, que l'on ne saurait
dépasser, des ordres corinthien et composite. Il est cepen-
dant encore une sorte d'ordre d'architecture employé àtoutes
les époques de l'art, depuis l'antiquité égyptienne jusqu'à nos
g. 11. — Ordre composite, d'après
Palladio. C, cimaise; L, larmier;
M, modillons.
^
Fig. 12. — Parallèle des cinq ordres,
d'après Yignole.
jours, et que Ton ne saurait passer sous silence dans un
aperçu des' ordres d'architecture : c'est V ordre caryatide
dans lequel une statue, le plus souvent de femme, se subs-
tue au fût de la colonne pour porter l'entablement. La
Grande Encyclopédie a donné (t. IX, pp. 402-403, fig.
1 et 2) deux exemples de ces statues architecturales em-
pruntées, l'une au portique méridional ou tribune de
l'Erechthéion, à Athènes ; l'autre, à la chapelle funéraire
de Henri II, de Condé, dans l'église de Vallery (Yonne) ;
la fig. 13 donne, d'après Ch. Normand {Parallèle des
Fi.U'. 13. — Ordre caryatide, de Jean Goujon
(Salle des Antiques, au musée du Louvre).
Ordres d'architecture, pi. LVI) une des quatre caryatides
dues à Jean Goujon et décorant la salle des antiques du
musée des antiques, au Louvre. Un entablement compo-
site très orné est supporté par un chapiteau dorique d'une
rare élégance, lequel repose lui-même sur la tète de la
statue et les pieds de cette dernière portent sur une plinthe
au-dessus d'un piédouche, de sorte que tout Tensemble
forme un ordre complet dans lequel la fermeté s'allie à
l'élégance .
Il est facile de rapprocher et d'assimiler tous les ordres
d'architecture avec les types cités et reproduits au cours
de cette étude ; mais il ne saurait être possible d'appro-
fondir la connaissance des ordres d'architecture sans étudier
et comparer entre eux les innombrables traités qui ont été
513 —
OKDKE — OHÉGON
écrits sur ces ordres dans toutes les langues civilisées pour eu
régler les proportions et l'ornementation. Charles Lucas.
BnîL. : Philosophie. — Jouffroy, Cours de droit lui-
tiirel, lerons 28-30 — Laciielier, du Fondement de Vin-
diiction; Paris, 1871. — Boutroux, de la Contingence des
lois de la Nature ; Paris, 1874.— Renouvier, les Principes
de la Nature ; Paris, 1892, 2 vol.
Jurispruuencj:. — BoiTARi), Colmet-Daag]d et Gla^-
soN, Leçons de procêdnrc, t. II.
Grammaire. — Wj:il, de VOrdre des mots dans les
langues anciennes comparées aux langues modernes, 1871),
'À" éd. — TnuROT, Bévue criticiue, août 1869, n° 21. —
Bergaigne. Mé)n. Soc. Ling., t. III ; la Construction
grammulicale considérée d;j)is son déceloppenient las-
torique.
OR DU N A. Ville d'Espagne, prov. de Biscaye, mais en-
clavée dans TAlana, sur le cours supérieur du Nervion ;
4.000 hab. Slat. du chem. de fer de Bilbao à Castejon.
Vieille enceinte. Lainages, vins.
ORE. Com. du dép. de la Haute-Garonne, arr. de
Saint-Gaudens, cant. de Barbazan; 355 hab.
ÔRE. Monnaie Scandinave de cuivre valant le cen-
tième de la krone (couronne), c.-à-d. 0 fr. 014. Sa
valeur lut de 4856 à 1871' d'un centième de riksdale.
Au mo\en âge, c'était une monnaie ou un poids de t/8
de mark (— l once d'ai'genl), que l'on divisait en trois
œrtugar.
ORÉADE (Mylhol.) (V. Nymi>hi:).
OREAS (Zool.) {V. Antilope).
ÔREBRO. Ville de Suède, ch.-l. de la province
(ken) de ce nom, sur les deux rives de la Svartâ, à son
embouchure tlans le Hjelmar; 15.886 hab. (1894). On
y compte 39 fobriques. Belle église du xiii^ siècle, hôtel
de ville gothique construit en 1859-63 ; nombreuses
écoles. Il a été tenu à Orebro de nombreuses diètes,
notamment celle de 1540, qui pj-oclama l'hérédité de la
monarchie suédoise, et celle de 1810, qui désigna Berna-
dotle comme prince héritier. Le 12 juil. 1812 y fut
conclu le traité de paix entre l'Angleterre et la Suède. —
Le laen d'Ôrebro comprend les provinces de Nerike, la par-
lie 0. du Vestmanhuul et la partie E. du Vicrmland. Sa
superficie est de 9.063 kil. q. (dont 803 de lacs); sa popu-
lation était en 1893 de 184.708 hab. Au centre est la plaine
fertile de Nerike enveloppée de bois; ceux-ci occupent
iy\ 0 'o de la superficie, les prés 4 1 /2 ^/o, les champs 1 8 "/o-
Les villes sont Orebro, Askersund, Nora et Lindesberg.
Les ressources de la contrée consistent en céréales (récofte
de 1894 : 1.263.000 hectol. d'avoine, 248.000 de seigle,
65.000 de froment, 48.000 d'orge), en bestiaux (105.000
bètes à cornes, 13.000 chevaux, 32.000 moutons,
23,000 porcs) et plus de cent mines de fer (185.000
tonnes par an), de plomb, d'argent, de cuivre, de zinc
et de soufre.
ORÉDEJ. Rivière de la Russie nord-occidentale, affl.
de la Louga, tributaire du golfe de Finlande. Elle a
140 kil. de long, dont 100 kil. flottables au printemps.
OREFICE, peintre florentin (V. Piero m Cosimo).
ORÉGON. Fleuve des Etats-Unis (V. Columbiâ).
ORÉGON. L'un des Etats-Unis de l'Amérique du Nord,
à l'angle N.-O. de la République, sur l'océan Pacifique ;
248.710 kil. q., 313.767 hab. (en 1890), soit 1,3 par
kil. q. Compris entre 42^ et 46^20' lat. N.. 119« et
126^55' long. 0., il est borné à l'O. par l'Océan, au N.
par l'Etat de Washington, à l'E. par celui d'Idaho, au S.
par ceux de Nevada et de Californie. C'est par la super-
ticie le 5^ des 43 Etats de l'Union, par la population
le 38*^, par la date de son admission le 33^. Il comprend
deux régions bien tranchées : la région côtière sur un tiers
de sa largeur, la région du grand bassin sur le reste ;
elles sont séparées par la puissante chaîne des Cascades,
formée de terrains volcaniques récents ; les cratères éteints
y abondent; le plus haut est le mont Hood (3.421 m.) ;
le principal col, celui de Summit (1.705 m.), au S. du
Diamond-peak. La région cotière est abritée de la mer par
la barrière montagneuse des Coast-range (ait., 750 à
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — KXV.
1.500 m.), qui s'élève le long du rivage; entre celle-ci
et les monts des Cascades se creuse une belle vallée pa-
rallèle an rivage et large de 30 à 75 kil. Toute cette
région côtière est revêtue de magnifiques forêts. La région
intérieure, à l'E. des monts volcaniques des Cascades, forme
un plateau de 1.200 à 1.300 m. d'alt., steppe à peu près
sans arbres, du moins au S. Au N. le sol est plus acci-
d enté le long des vallées Tolcaniques du Snake et de la
CoIumbia ; là s'élèvent, k 100 kil. 0. du Snake, les mon-
tagnes Bleues {Bliie moiintains), prolongées au S. par
les Steen mounts qui les relient aux monts des Pueblos de
la Nevada.
Le Snake river forme sur plus de 300 kd. la frontière
de rOrégon et de l'Idaho, décrit un coude dans le terri-
toire de Washington et s'y joint à la CoIumbia ou Orégon,
qui sépare sur plus de 500 kil. les Etats de Washington
et d'Orégon. Tout le N. et l'E. de ce dernier Etat appar-
tiennent donc au bassin de la CoIumbia. Au Snake, il
envoie l'Owyhee, né dans la Nevada, le Powder, la Grande
Ronde; à la CoIumbia, les rivières de John Day (320 kd.)
et des Chutes (350 kil.), à l'E. des monts des Cascades, et
la Willamette (350 kil.), qui arrose la belle vallée inté-
rieure de la zone côtière. Les autres fleuves côtiers sont
rUmpqua (275 kil.), dont la vallée prolonge au S. celle de
la Willamette, et la Rogue-river (200 kil.), descendue du
mont Pitt. Aucun de ces cours d'eau n'est navigable sur
un parcours étendu ; ils se précipitent à travers des dé-
dales de rochers où se multiplient les cascades, les rapides,
les gorges presque infranchissables. Entre les monts des
Cascades et le bassin du Snake, la région des steppes
privés d'eau n'a pas de rivières : plaines arides, par-
semées de chaînons isolés, de lacs ou marais salins, lacs
Malheur, Harney, Warner ou Christmas, Goose (partagé
avec la Californie), Klamath, au pied des monts des Cas-
cades.
Le climat est pluvieux dans la zojie côtière, de novembre
à avril (1 .300 millim. en moyenne, 1 .800 près du littoral);
il tombe peu de neige, les orages sont très rares. Dans
les vallées boisées de cette région, la température est
douce (moyenne annuelle -h 11°, 7, estivale 4- 20«, hiber-
nale -f- 4^). La fraîcheur de l'été, la tiédeur de l'hiver
conviennent à merveiUe aux fruits d'Europe ; la végétation
forestière est admirable par ses cèdres blancs et Ihiuja
gigantea, ses sapins noirs, jaunes, Douglas, du Canada,
ses pins jaunes, ses séquoias, ses ifs arborescents. Beau-
coup de ces conifères atteignent 100 m. de haut, 4 à
5 m. de diamètre; les taillis d'araliacées épineuses, d'Arc-
tostaphylus et de Vaecinium sont aussi très luxuriants,
ce qui contraste avec la Californie. Le gibier abonde, ours,
loups, renards, martres, cerfs, antilopes. Le steppe inté-
rieur, au ciel toujours serein, est très favorable à l'éle-
vage, exception faite des déserts salins.
La population était (en 1890) de 313.767 âmes dont
181.840 hommes et 131.927 femmes, c'est donc une ré-
gion en voie de peuplement. On compte 1.186 nègres ou
mulâtres, 9.450 Chinois, 1.256 Indiens civilisés et 3.930
Indiens répartis entre cinq agences. Des 90.5 iO enfants
d'âge scolaire, 72.322 allaient aux écoles desservies par
2.641 instituteurs. Les écoles secondaires et supérieures
avaient 472 professeurs et 1.127 élèves. Une université
existe à Wooster, La population est protestante, sauf
20.231 cathohques et les Chinois. Le gouverneur, les hauts
fonctionnaires et les 30 sénateurs sont élus par le peuple
pour quatre ans, les 60 députés pour deux ans. La capi-
tale est Salem.
L'agriculture fait vivre 40 % delà population. On cul-
tivait en 1890 environ 1.406.000 hect., dont 100.000
irrigués artiliciellement, en blé et avoine principalement,
puis en orge, mais, seigle, houblon, pommes de terre,
légumes ; on exporte quantité de pommes, poires, prunes,
cerises, pêches, framboises. {\ existait 5^25.000 chevaux
5.000 mulets et ânes, 520.000 bœufs, 1.780.000 mou-^
tons (originaires de la bergerie française de Rambouillet),
33
OREGON - OREILLE
— 511
210.000 porcs. La poche représente un produit annuel de
do millions de fr., dont deux tiers pour le saumon. Les
mines ont fourni jusqu'en 4892 pour 410 millions de fr.
d'or, extrait surtout des placers et mines du Rogue-river ;
on trouve aussi dans cette vallée des mines de fer. La
production industrielle atteignait 245 millions de fr. en
4890 ; après les scieries et minoteries, elle est représentée
par des manufactures de lainages et de machines. Ses
centres principaux sont Portland, au débouché de la vallée
de la AYillamette, Oregon-city et Salem, sur la même ri-
vière, Astoria, à l'embouchure de la Columbia. Ce sont aussi
les principaux centres de commerce, avec les petits ports
cotiers de Yaquina et Coos-bay (mines de houille). Le dé-
veloppement des voies ferrées était en 4892 de 2.300 kil. ;
la principale est celle qui joint Portland et la Columbia
inférieure à la Californie par la grande vallée de la Willa-
mette, de rUmpqua et les mines du Rogue-river. Le com-
merce maritime se fait surtout par l'intermédiaire de San
Francisco.
Le nom d'Orégon fut d'abord appHqué d'une manière
vague à toute la région littorale de l'océan Pacifique jus-
qu'aux montagnes Rocheuses. Visitée par Cook en 4778,
elle fut occupée théoriquement par les Anglais en 4792.
Mais quand les Français leur eurent cédé la Louisiane, les
Américains réclamèrent l'Orégon, exploré par Lewis et
Clark (4806). En 4844, la compagnie américaine des
fourrures, dirigée par xVstor, fonda la ville d' Astoria, au S,
de la Columljia ; mais bientôt elle la vendit à la compagnie
anglaise du Nord-Ouest. Le pays reçut à la fois des immi-
grants canadiens français et yankees qui eurent à com-
battre les Peaux-Rouges Waîla-Walla (à l'O. des mon-
tagnes Bleues), lUamalh, Umpquas, Modocs, sur la côte, etc.
Quand le traité de 4846 eut partagé la région du Paci-
fique entre l'Angleterre et les Etats-Unis (V. l'art. Etats-
Unis, t. XVI, p. 644 etsuiv.), l'Orégon fut organisé en Ter-
ritoire (44 août 4848) et, pour y retenir les colons attirés
en Californie par la recherche de l'or, le gouvernement
leur accorda de larges concessions. En 4853 fut détachée
de l'Orégon la moitié septentrionale qui forma le Terri-
toire de AVashington. En 4857, le peuple se donna une
constitution, et, le 44 févr. 4859, le congrès admit l'Oré-
gon au nombre des Etats de l'Union nord-américaine. La
population, qui n'était encore que de 43.294 âmes en 4850,
atteignait 474.748 en 4880, 343.767 en 4890 et con-
tinue d'augmenter rapidement. A. -M. B.
BiBL. : V. surtout les ouvrages d'eiiseaiblc cité à la bi-
bliographie de l'art. Etats-Unis. — Moseley, Oregoii^ Us
resources ; Londres, 1878. — Nash, Two ycars in Oregon;
New York, 1882. — I)unn, History of the Oregon Terri-
tory ; Londres, 1844. — Gray, History of the Oregon, 1192-
i8k9 ; Portland, 1870. — Barrow, Oregon, the struggle for
possession; Boston, 1883. — Parkman, Oregon tniii, sou-
vent réédité; Londres
OREGON-CiTY. Ville des Etats-Unis, Oregon, sur la
Willamette qui y tomlje de 43 m. de haut, fournissant
une puissante force motrice; 5.000 hab. Minoteries,
scieries, fabriques.
ORÈGUE. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr. de
Mauléon, cant. de Saint-Palais ; 884 hab.
OREILLA. Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, arr.
de Prades, cant. d'Olette; 490 hab.
OREILLARD (Zool.). Cenrede Chiroptères de la famille
des Vespertilionidœ, dans laquelle il est le type d'un
groupe à part caractérisé par le grand développement des
oreilles qui, dans cerl aines espèces, sont presque aussi
longues que le corps ; les narines présentent des replis
qui doivent être considérés cojnmc un rudiment de feuille;
les incisives supérieures sonl accolées aux canines, et la
dentition est, en général, semblable à celle des \'esperli-
lions typiques. Les genres Anbvx^ous, NycioplLiliis,
Synotus, Plecoius, Euderina et Oionycterù font partie
de ce groupe. L'Oreillard d'Europe (Plecotus auriius),
que l'on a figuré au mot CuAuvE-SouRib, est une espèce
de taille moyenne, à oreilles très grandes, soudées en-
semble à leur base au-dessus du front ; l'oreillon, très
grand, est en forme de couteau; les narines sont percées
au fond d'une rainure profonde ; il y a deux prémolaires
supérieures et trois inférieures de chaque côté. L'Oreillard
vit par couples ou isolé, habitant pendant l'été les arbres
creux, les trous des toits, des hangars, des écuries et des
étables où il passe tout le jour suspendu par les pieds, la
tète en bas, ses longues oreilles rabattues le long du corps
entre les flancs et F avant-bras. Le soir il chasse les in-
sectes dans les allées des jardins et des promenades et
même dans les rues des villes. Son vol est irréguHer et
peu élevé. Il ne sort pas quand le temps est au vent ou
à la pluie. En hiver, il se retire dans les caves et les
cavernes et s'y endort en attendant le retour du prin-
lemps. Assez commun en France, l'Oreillard habite toute
l'Europe et l'Asie tempérée, au N. des monts Himalaya et
se retrouve dans le N. de l'Afrique. Dans l'Amérique du
Nord, il est représenté par le Plecoius macrotts, type du
sous-genre Corinorhinus, qui ne diffère de FOreHlard de
l'ancien continent que par le plus grand développement
des protubérances glandulaires qui forment la rainure du
museau et qui se touchent au-dessus des narines. Le genre
Barbastelle (V. ce mot) ou Synotus est propre à l'Eu-
rope et càl'Asie. Le genre Nyctophihis représente l'Oreil-
lard dans la région auslraUenne, de Timor à la Tasmanie
et aux îles Eidii, cà travers toute la Nouvelle-Hollande
{N. Umoriensis) ; il présente une petite feuille nasale
bordant l'ouverture des narines et n'a qu'une seule paire
d'incisives à la mâchoire supérieure, au lieu de deux que
Ton trouve chez l'Oreillard. H en est de même dans le
genre An trozoïi s, qui habile le versant occidenlal de l'Amé-
rique du Nord (Oregon, Californie juseju'au Texas, N. du
Mexique), et qui porte aussi une véritable feuille nasale
rudimentaire à l'extrémité du museau ; bien que les oreilles
soient séparées et moyennes, l'A. pallidus rappelle les
Mégadermes (V. ce mot). C'est la seule espèce de Ves-
pertilionidés qui n'ait que quatre incisives inférieures (au
lieu de six). Le genre Euderma (ou Histiotus), récem-
ment décrit par J.-A. Allen, a deux prémolaires à chaque
mâchoire (au heu de trois) et se rapproche par ses autres
caractères de Plecotus, VE. maculata, dont le pelage
est varié de noir et de blanc, habite la Californie. Un der-
nier genre, Otonycteris, où les oreilles sont encore plus
grandes que chez l'Oreillard, mais séparées, n'a qu'une
seule paire d'incisives et une paire de prémolaires supé-
rieures. La rainure du museau est moins marquée que
dans le genre Plecotus. La taille est plus grande qu^ celle
de l'Oreillard. VO. Ilempricliii, découvert par Hcmprich
et Ehrenberg dans le N.-E. de l'Afrique, a été retrouvé,
à une grande distance, d'une part à Gilgit, dans la chaîne
de l'Himalaya (à 4.700m. d'alt.), de l'autre à Ouargla,
en Algérie. — On voit que le groupe des Oreillards est
sub-cosmopolite, à part l'Aménque méridionale (V. Vj:s-
PERTILIOX). E. TrOUESSART.
OREILLE. I. Anatomie. — L'oreille est l'organe
destiné à recueillir et à sentir les impressions spéciales
produites parles vibrations sonores des objets extérieurs.
Elle se compose : 4*^ de l'oreille externe, pavillon et
conduit auditif externe ; 2° de l'oreille moyenne, caisse
du tympan, à laquelle sont annexés la trompe d'Eustache
et l'antre mastoïdien ; 3*^ l'oreille interne, en relation
avec le nerf acoustique, et par lui avec le cerveau, par
le conduit auditif interne. L'oreille externe et l'oreille
moyenne sont des appareils de transmission des ondes
sonores; l'oreille inlerne est l'appareil de irceplion, le
véritable organe de i'ouîo.
Oreilliv exierm:. — EUe comprend le pa\ilion el le ( ou-
duit auditif extenie. Le pavillon est une sorte de coriic!
qui fait saillie au dehors du méat auditif. Constitué j)ar
une (homme) ou plusieurs pièces (quadrupèdes) cartila-
gineuses recouvertes par la peau, le pavillon est pourvu
de ligaments qui le rattachent au crâne (ligaments extrin-
sèquch) ou qui maintienneni ses diverses courbures (liga
ments intrinsèques), de muscles rudinientaires (homme)
ou bien développés (cheval, chien, chat, singes, etc.).
Chez l'homme, il présente des saillies et des creux. Au
pourtour (bourrelet de Foreille) il y a une saillie appelée
hélix; en dedans de celle-ci, il y a une deuxième saillie,
anthélix, qui entoure une excavation (conque) au fond de
laquelle on aperçoit le méat auditif. En avant de la conque
s'élève une nouvelle saillie (tragus), et en arrière une
autre analogue (antitragus). Au-dessous de la conque pend
un appendice adipo-cutané (lobule^de l'oreille) spéciale à
Coupe de l'oreille, a, hélix ; 6, tragus ; c, antiiélix ;
d, conduit auditif interne ; e, antitragus ; f, lobules ;
g, tympan ; h, oreille moyenne ; i, apophyse styloïde ;
j, trompe d'Eustache ; k, k\ carotide interné ; ^, limaçon;
w, vestibule ; 72, o, p, canaux semi-circulaires.
l'homme et oii il pend les « l)oucles d'oreille ». l.e pa-
villon se montre en vestige pour la première fois chez les
crocodiles. 11 fait défaut chez certains mammifères (taupes,
cétacés). Le conduit auditif externe est un canal ostéo-
cartilagineux (osseux dans sa moitié profonde, fibro-carti-
lagineux dans sa moitié superficielle), étendu du méat
auditif à une membrane (membrane du tympan) qui sé-
pare l'oreille externe de l'oreille moyenne. Sa longueur
varie de 22 à 25 miKim. chez l'homme, et son diamètre,
selon les points, de 7 à 9 millim. Il est tapissé par la
peau qui devient de plus en plus fuie à mesure qu'elle
s'enfonce dans le conduit, enduite d'une matière grasse
et jaunâtre (cérumen) sécrétée par des glandes en grappe
analogues aux glandes sél)acées (glandes cérumineuses).
Bien développé seulement chez les mammifères, on en
voit les premières traces chez les sauropsidés.
Oreille moyexne. — Y1\q est constituée par une espèce
de caisse (caisse du tympan) creusée dans le rocher, au-
dessus de la cavité glénoide. Sa paroi externe est consti-
tuée par une mend)ranc vibrante (membrane du tympan),
mince et translucide, tendue dans le cadre du tympan (os
tympanal) et plus ou moins inclinée sur l'horizon (45*^ chez
l'homme). Sa paroi interne est osseuse et répond à l'oreille
interne. Au centre, on \oïi une saillie (promontoire) ; au-
dessus une ouverture ovale (fenêtre ovale) fermée par la
sole do l'étrier et communiquant avec le vestibule de l'oreille
interne ; 'au-dessous un nouvel oriiice arrondi (fenêtre
ronde), ferme par une membrane fibreuse (tympan secon-
daire) et communiquant avec le limaçon. Chez l'homme,
la caisse du tympan communique en avant avec la trompe
d'Eustache, en arrière avec les cellules mastoïdiennes. Jin
arrière et en bas, elle présente une saillie creuse (pyra-
mide) qui renferme le muscle de l'étrier; en avant du pro-
montoire s'ouvre le canal du muscle interne du marteau
par un orifice elliptique (bec de cuiller). Elle est traver-
sée par la corde du tympan, le nerf de Jacobson et
la chaîne des osselets de l'ouïe. Celle-ci s'étend de
la membrane du tympan à la membrane de la fenêtre
'^i^ — OREILLE
ovale. Elle comprend: le marteau, dont le manche est
enchâssé dans l'épaisseui' de la mem])rane du tympan ;
l'enclume avec l'os lenticulaire, et l'étrier dont la sole
vient s'appliquer sur la fenêtre ovale. Ces osselets s'arti-
culent ensemble pour constituer une chaîne mobile mue
par deux muscles, le muscle du marteau et le muscle de
l'étrier. Ils sont enveloppés par la muqueuse de la caisse,
amincie et quasi réduite à sa portion épithéhale. La caisse
du tympan apparaît à partir des amphibiens (anoures).
Chez les sauropsidés et chez les monotrèmes, elle est tra-
versée par une tige (columelle de l'oreille) qui se frag-
mente et devient la chaîne des osselets de l'ouïe chez les
mammifères. L'oreille externe et l'oreille moyenne dé-
rivent de la formation de la première fente branchiale.
Oreille interne. — L'oreille interne ou labyrinthe, logée
dans le rocher, se compose de deux capsules emboîtées
l'une dans l'autre : une externe osseuse (labyrinthe os-
seux), une interne, membraneuse (labyrinthe membra-
neux). Un liquide lymphatique (endolymphe) remplit le
labyrinthe membraneux qui, à son tour, est séparé du la-
byrinthe osseux par un liquide de même nature (péry-
lymphe). Ces deux liquides ne communiquent pas l'un avec
l'autre.
^ Le labyi'inthe osseux se compose d'une chambre cons-
tituée par trois parties communiquant ensemble : une cen-
trale (vestibule), une postérieure (canaux demi-circulaires),
une antérieure (limaçon). Le vestibule présente deux fos-
settes, la fossette ovoïde et la fossette circulaire, et des
trous à son pourtour qui sont les orifices des canaux
demi-circulaires. Les fossettes sont creusées de petits per-
tuis par où passentlesnerfsvestibulaires (taches criblées).
Les canaux semi-circulaires sont au nombre de trois, l'un
horizontal (canal horizontal ou externe), les deux autres
verticaux (canal supérieur et canal postérieur). Chacun
d'eux présente une dilatation (ampoule) et débouche dans
le vestibule par ses deux extrémités. Le limaçon peut
être considéré comme un tube conique enroulé sur lui-
même en coquille de limaçon, contenant lui-même un tube
spiroïde membraneux (canal cochléaire) . Son axe (columelle)
est percé de petits trous suivant un trajet spiroïde par
lesquels passent les filets du nerf limacéen ; son écorce est
appelée lame des contours, et dans son intérieur circule
en spirale une lame osseuse ([ui se (ixeen dedans, à la co-
lumelle, et n'atteint pas en dehors la lame des contours
(lame spirale) sur laquelle se fixe le canal cochléaire qui,
attaché d'autre part à la lame des contours, divise la cavité
du limaçon en deux rampes, une qui aboutit à la fenêtre
ovale (rampe vestibulaire), l'autre k la fenêtre ronde
(rampe tympanique). Ces deux rampes, comme le canal
cochléaire ne s'étend pas jusqu'à la coupole du limaçon,
communiquent ensemble à ce niveau (hélicotrème); elles
sont remplies de périlymphe et comprennent entre elles
le canal cochléaire rempli d'endolymphe. Sur le plancher
du limaçon, on voit l'orifice de l'aqueduc du limaçon (con^
duit périlymphatique) qui commence à paraître chez les
reptiles et fait communiquer l'espace périlymphatique avec
le système lymphatique de la tète.
Le labyrinthe membraneux est logé dans le labyrinthe
osseux. Il comprend: Pie vestibule composé de deux vé-
sicules, le saccule et l'utricule, communiquant ensemble
par un canal en y, l'aqueduc du vestibule, conduit endo-
lymphatique qui existe déjà chez les myxinoides. Ces deux
vésicules présentent des épaississements en forme de taches
(taches auditives) au niveau desquels l'épithélium se mo-
difie, devient neuro-sensoriel et porte des cellules ciliées
(cellules à poils). Les fibres des nerfs utriculaire etsaccu-
laire viennent se terminer dans ces taches. Dans l'inté-
rieur des vésicules flottent de petits cristaux calcaires (oto-
lithes) ;2" les canaux demi-circulaires logés dans les canaux
osseux de même nom, de même forme qu'eux et s'ouvrant
dans l'utricule. Les ampoules (extrémité ampullaire) de
ces canaux présentent des épaississements en forme de
crêtes (crêtes auditives), analogues comme structure aux
OREILLE
516
taches auditives décrites ci-dessus et auxquelles aboutissent
les filets ampullaires du nerf auditif; 3'^ le limaçon est
constitué par un canal en doigt de gant contourné en spi-
rale et circulant dans l'intérieur du limaçon osseux (canal
cocliléaire). Il décrit un trajet spiroide comme la lame spi-
rale osseuse et la lame des contours auxcpielles il est rat-
taché. Terminé en cul-de-sac, au niveau de l'extrémité re-
courbée de la lame spirale osseuse (ha)nidus), il commence
])ar un autre cul-de-sac logé dans la fossette cochléaire
du vestibule, et, là, communicpie avec le saccule par un
étroit canal (canaUs reuniens, canal de Keichert). Une
coupe du canal cochléaire démontre qu'il constitue un ca-
nal prismati([ue et triangulaire, fixé en dedans au bord
libi'e de la lame spirale (protubérance de Huschke), fixé
en dehors, par sa base, à la lame des contours dont le
périoste épaissi constitue à ce niveau le ligament spiral.
Sa paroi supérieure est constituée par une membrane très
mince (membrane de Reissner),qui sépare le canal coch-
léaire (rampe auditive) de la rampe veslibulaire. Sa paroi
inférieure est formée par une autre membrane (membrane
basilaire) qui supporte l'organe de Corti et sépare le ca-
nal d(> la rampe tympanique. La membrane basilaire est
constituée par des libres parallèles, analogues aux cordes
tendues d'une harpe, dont la longueur croit de la base au
sommet du limaçon. Sur cette membrane est disposé un
organe (organe de ('.orti) formé par une longue série
d'arcs (arcs de Corti) composés chacun de deux piliers
(piliei's de Corti), fini interne, l'autre externe, qui ne sont
(jue d(^s cellules épithéliales transformées. Au-dessous des
arcs de Corti règne un véritable tunnel (tuiuiel de Corti).
Adossées aux piliei'S externes régnent trois rangées de
cellules ciliées, adossée aux piliers internes une rangée de
cellules ciliées (cellules auditives, cellules de Corti). Ces
cellules, véritables cellules neuro-épithéliales (cellules sen-
sorielles) reçoivent une fibre du nerf acoustique. Ce der-
nier, au niveau de la base delà lame spirale, constitue un
ganglion (ganglion spiral, ganglion deKosenthal) qui émet
une fibre cellulipète qui se porte à l'organe de Corti et une
fibre cellulifuge qui se rend à l'encéphale.
L'oreille interne est d'origine ectodermique. Elle com-
mence par n'être qu'une fossette garnie de cellules ciliées
(poils acoustiques) dans la paroi cle laquelle vient se ter-
miner un nei'f (crustacés, insectes, début de l'organe chez
les vertébrés). A un stade plus élevé, c'est une vésicule
renfermant un liquide (endolyinphe) et des otolithes (cœ-
lentérés, vers, tuniciers). Chez les céphalopodes, la vé-
sicule auditive commence à se dédoubler en utricule et
saccule ; chez les myxinoides, on voit survenir Fébauche
des canaux demi-circulaires, et chez les poissons osseux
apparaît pour la première fois un rudiment de limaçon.
La papille acoustique basilaire (origine de l'organe de
Corti) ne commence qu'avec les batraciens. Le limaçon
commence à se recourber chez les crocodiliens et les oi-
seaux et n'atteint ses trois à quatre tours de spires que
chez les mammifères. L'oreille humaine, étudiée chez l'em-
bryon, répète ces différents stades dans son développe-
ment. Ch. Debierre.
II. Physiologie. — L'oreihe constitue l'organe de
réception des ondes sonores ; elle présente chez l'homme
et les mammifères une complexité qui a po'-ir objet d'assu-
rer le perfectionnement de ce sens. Mais l'oreille ne donne
pas seulement la notion du son, elle contribue encore,
comme tous les sens d'ailleurs, à la notion de l'espace, de
la direction, de la distance. Enfin il existe dans l'oreille un
appareil annexe qui joue un rôle important dans notre équi-
libration : les canaux semi-circulaires. L'oreille n'est donc
pas un organe essentiellement spécifique, et le nerf auditif
ne saurait lui non plus être considéré comme constitué
par un nerf spécial, destiné uniquement à la transmission
des sons ; il présente une dualité remarquable, telle qu'on
doit considérer en lui physiologiquement deux nerfs dis-
tincts, l'un essentiellement auditif, l'autre sensitivo-moteur.
L'étude an atomique a montré qu'il existait dans l'oreille
de l'homme trois parties : l'oreille externe, l'oreille moyenne
et l'oreille interne, cette dernière seule essentielle à l'audi-
tion, les deux premières parties n'étant que des organes
de perfectionnement. Nous étudierons successivement le
rôle physiologique de ces différentes régions.
Oreille externe. — Les saillies et les dépressions que
l'on remarque sur le pavillon sont disposées de telle sorte
qu'elles font converger vers le fond de la conque, vers le
conduit auditif, les ondes sonores. Le pavillon est donc un
collecteur des sons. On diminue l'audition en effaçant les
anfractuosités avec de la cire molle (Steiner). On désigne
sous le nom de champ auditif la zone de l'espace oii les
ondes sonores peuvent être recueillies par le pavillon.
Cette portion de l'espace est limitée par une surface tron-
conique. Le pavillon sert en outre à nous donner la notion
de la direction du son. Si l'on place les deux extrémités
d'un tube de caoutchouc dans les conduits auditifs externes
et que l'on dispose une montre sur ce tube, le sujet ayant
les yeux fermés, on peut déplacer le tube et la montre
d'arrière en avant, et inversement sans que le sujet puisse
indiquer l'emplacement de l'objet sonore par rapport à lui
(Gellé). La membrane du tympan reçoit les ondes sonores
qui pénètrent par le conduit auditif, et, sous leur influence,
entre en vibration. On démontre en optique qu'une membrane
vibrante n'entre en vibration que pour un son déterminé, qui
est le son fondamental, ou pour un multiple de ce son, c'est-
à-dire l'octave. vSi la membrane du tympan était immuable,
il en serait ainsi et elle ne répondrait qu'à un son déter-
miné, mais on sait que cette membrane est susceptible de
vibrer pour une grande variété de sons. Cette propriété
de la membrane du tympan, cette faculté d'accommodation
est due à ce que sa tension peut être modifiée, grâce à un
dispositif spécial. Si la membrane du tympan est fixée au
cercle tympanique de telle sorte que sa circonférence ne
puisse être changée, elle peut, par une modification dans
-sa courbure, diminuer sa tension. Cette modification est
obtenue par l'action d'un muscle, le muscle du marteau
qui agit par l'intermédiaire de ce petit os. Par sa contrac-
tion, il tire en dedans le manche du marteau. Quand la
contraction cesse ou diminue, la membrane par son élas-
ticité propre et par suite de l'entrée en jeu du muscle de
l'étrier, antagoniste du précédent, reprend sa position
d'équilibre. Elle se tend dans les sons aigus, se détend
dans les sons graves.
Cette accommodation est si prompte que nous percevons
distinctement deux sons qui se succèdent rapidement et
qui ont une hauteur très différente, mais, dans quel((ues
cas pathologiques, on observe un retard très marqué dans
la perception nette du second son, il y a un retard dans
l'accommodation. La fenêtre ovale transmet au liquide de
l'oreille interne les vibrations de la chaîne des osselets.
Quant à la fenêtre ronde, son rôle principal est d'assurer
la régulation de la pression labyrinthique. Chaque fois
c[ue l'étrier vient comprimer la fenêtre ovale, la fenêtre
ronde bombe dans le sens contraire, c.-à-d. vers la caisse ;
il en résulte dans le liquide du labyrinthe une série d'os-
cillations, qui ne pourraient avoir lieu s'il n'existait pas
dans l'oreille interne, en un point, une paroi extensible.
Oreille interne. — Perception des vibrations. Les
vibrations transmises par la chaîne des osselets à la fenêtre
ovale se propagent dans la périlyinphe, en suivant la rampe
tympanique, la rampe vestibulaire, pour aboutir à la fenêtre
ronde et par contiguïté à l'endolymphe. Quel est le rôle,
dans la sensation auditive, des différentes parties de la
vésicule auditive ? Les animaux qui ne possèdent que cette
forme primitive de la vésicule percevant les bruits qui se
passent autour d'eux, il est hors de doute qu'ils consti-
tuent des organes de perception. C'est ce que la descrip-
tion anatomique fait prévoir, en outre, cellules sensorielles
et otoscolithes. Gellé a montré que la destruction du lima-
çon n'entraîne pas la perte immédiate de l'audition. Mais
il est probable que l'audition réduite à la saccule et à
l'utricule est confuse, que l'on peut avoir la perception
17 —
OREILLE
des bruits, de leur intensité, mais non de leur hauteur, de
leur timbre. Cette fonction perfectionnée est dévolue au
limaçon, à l'organe de Corti. Helmholtz avait admis que
les arcades de Corti vibraient synchroniquement avec les
oscillations de l'endolymphe et venaient frapper des fdets
nerveux, comme les touches d'un piano frappent les cordes
vibrantes. Mais le rôle si important des piliers dut être
abandonné quand Masse démontra que les oiseaux, dont
Touie est si fine, le sens musical si développé, ne pos-
sèdent pas de piliers. C'est alors que l'on a fait intervenir
les fibres radiées de la membrane basilaire; ces fibres, que
Hensen compare à des cordes, ont, comme nous l'avons
vu, des longueurs variables; elles seraient accordées cha-
cune peur un son déterminé (il y en aurait 60.000 d'après
Nuel). Par suite, un son de hauteur donnée ne ferait vibrer
qu'une seule de ces cordes, celle accordée pour ce nombre
de vibrations. Leurs oscillations se transmettraient aux
cellules sensorielles et de là au centre nerveux. Chaque
fibre nerveuse, ébranlée par les vibrations des fibres ra-
diales, possède une sensibilité spéciale, et les différences
dans les qualités des sons, la hauteur et le timbre, se
trouvent rapportées à la diversité des fibres touchées ; pour
chacune d'elles isolément, il n'existe de différences que
dans l'intensité de l'excitation. Mais ce rôle principal
accordé aux fibres radiales, dans la transmission de la
vibration reçue aux cellules sensorielles, est fort hypothé-
tique. On ne peut admettre qu'un rôle de transmission,
car les fibres radiales ne reçoivent pas de filets nerveux ;
or, elles ne sont en rapport direct qu'avec le pied des
piliers externes de l'arcade de Corti et elles n'ont que des
rapports assez indirects avec les cellules fusifoi'ines, les
cellules sensorielles.
Aussi Waldeyer et Gellé ont-ils émis l'opinion que les
ondes développées dans le liquide du labyrinthe viennent
agir directement sur les prolongements ciliés des cellules
auditives. Ces cils ayant des longueurs variées, on peut
supposer qu'ils sont adaptés pour recueillir des sons diffé-
rents. Mais tous ces auteurs admettent, avec lïelmholtz, que
l'oreille est avant tout un appareil de résonance purement
physique, constitué par une série de segments ayant la
propriété d'entrer en vibration sous l'influence d'ébrtinle-
mentsde périodicité donnée. Depuis 1894, deux physiolo-
gistes, l'un Anglais, Hurst, l'autre Français, P. Bonnier.
ont vivement critiqué cette hypothèse. Pour P. Bonnier, le
limaçon est un appareil enregistreur, tout le dispositif
compliqué que nous connaissons ayant pour effet « d'étaler
l'ébranlement dans tous les détails de sa forme sur une
longue surface de perception (appareil de Corti) dont les
éléments contigus procurent une analyse continue ». Le
nerf auditif n'analyserait pas le son, mais le transmettrait
tel quel aux centres cérébraux. Chaque élément sensoriel
ne serait donc plus adapté à tel son, à telle harmonique,
mais transmettrait, après l'avoir enregistré, le bloc, pour
ainsi dire, des vibrations arrivées au limaçon, comme un
appareil enregistreur donne une courbe unique résultant
de la fusion d'un ensemble de vibrations communiquées.
Les recherches expérimentales de Corradi plaident pour
cette conception : les destructions partielles du limaçon
n'ont jamais altéré plutôt la perception des sons aigus que
celle des sons graves, quel que fut le siège de la lésion.
Acuité auditive. L'intensité dépend de l'amplitude
des vibrations ; elle est proportionnelle au carré de l'am-
plitude des vibrations et inversement proportionnelle au
carré de la distance du point sonore à l'oreille ; il est dif-
ficile d'établir le minimum d'intensité du son perceptible
pour l'oreille ; il existe d'ailleurs de nombreuses diffé-
rences individuelles. On a donné cependant comme mini-
mum le son produit par une balle de hège de i milligr. tom-
bant de l millim. sur une plaque de verre à 5 centim.
de l'oreille. En clinique, pour mesurer l'acuité, on utilise
le plus communément le tic tac de la montre. Une bonne
oreille entend ce bruit à P",80 environ.
Limite des perceptions auditives . Un son n'est perçu
par l'oreille que s'il est compris dans les limites détermi-
nées. Dans les sons graves l'oreille distingue encore
33 vibrations (do de la contre-octave) par seconde, et
dans les sons aigus 41.000, soit 11 octaves et demi. En
deçà et en delà, les vibrations des corps ne seraient plus
perçues par l'oreille. Ce chiffre de 41.000 vibrations est
un maximum rarement atteint, et la limite normale est
environ de 35.000. La disposition de l'oreille moyenne a
pour effet d'offrir une réelle résistance à la propagation
des notes très aiguës ; aussi est-ce dans le cas de destruc-
tion de cette partie, que l'on a noté la perception de son
correspondant au chiffre extraordinaire de 80.000 vibra-
tions (Blake). Certains animaux ont une acuité auditive
remarquable, le chat entre autres. L'acuité auditive s'af-
faiblit avec l'âge ; les femmes auraient une acuité supé-
rieure, mais qui présenterait un certain affaiblissement
pendant la menstruation. Quel([ues cas pathologiques, no-
tamment la néphrite interstitielle, s'accompagneraient dès
le début d'une diminution dans l'acuité auditive (Dieu-
lafoy).
Sensibilité auditive. Il y a lieu de distinguer l'acuité
et la sensibilité auditive ; pour la première, l'intensité du
son intervient seule ; pour la sensibilité, il faut ajouter la
la hauteur et le timbre. La sensibilité de l'ouie nous per-
met de distinguer deux sons l'un de l'autre. Une oreille
musicale distingue nettement des différences de 4/500 ;
on arriverait même à 1/1000 dans quelques cas, mais
cette sensibilité n'est pas la même dans la hmite des sons
perceptibles. Elle diminue aux deux extrémités, sons graves
et sons aigus, pour atteindre son maximum vers la région
du fa^ au si^, c.-à-d. pour un nombre de vibrations oscil-
lant entre 2.800 et 3.000. Ce maximum est peut-être dû
à ce que le son propre du conduit auditif externe corres-
pond à cette hauteur de 3.000 vibrations. Plus encore que
pour l'acuité, on constate pour la sensibilité des différences
individuelles considérables. Certaines personnes « n'ont pas
d'oreille », c.-à-d. qu'elles ne peuvent distinguer des sons
différents entre eux d'un nombre considérable de varia-
tions. — Certains sujets ne perçoivent pas des sons d'une
hauteur déterminée ; ce sont des daltoniens auditifs.
A côté de son rôle d'organe de l'audition, l'oreille
exerce d'autres fonctions. Telle la fonction tmresthésiijue,
qui nous permet de connaître plus ou moins distinctement
les variations de pression extérieures auxquelles nous
pouvons être soumis : jeu de la caisse du tympan ; com-
pression de l'oreille interne par transmission des pressions
de dehors en dedans. Inversement, les pressions internes
vasculaires sont également perçues par l'oreille : fonction
manoesthésique. Mais la fonction la plus intéressante de
l'oreille non auditive est certainement de nous assurer de
l'orientation subjective directe, de nous donner la notion
de l'équihbre. Une région déterminée de l'oreille est char-
gée de ce rôle, ('e sont les canaux semi-circulaires. —
Flourens, en d824, a montré que la lésion des canaux
semi-circulaires provoquait des désordres moteurs, des
phénomènes de déséquihbration. Il vit que ces troubles
étaient en rapport avec la direction des canaux touchés.
Quand on pique ou sectionne le canal horizontal, il y a
tournoiement de la tête sur le plan horizontal. S'il s'agit
du canal postérieur, on observe des phénomènes de cul-
bute en arrière ; en avant, si c'est le canal antérieur qui
est lésé. Après la section des trois canaux, la perte de
l'équilibre est totale : il y a incoordination complète. Tous
les expérimentateurs n'ont fait que confirmer les recherches
de Flourens. Lussana a précisé davantage, en démontrant
que c'était bien à l'irritation des crêtes ampullaires, et
non du canal même que les accidents doivent être rap-
portés.
Flourens avait admis que les canaux semi-circulaires
constituaient l'organe périphérique dans lequel résideraient
les forces modératrices des mouvements. Goltz fait de ces
canaux l'organe de Féquilibrc, mais surtout de l'équilibre de
la tête. Pour de Cyon, ce sont les organes périphériques du
OREILLE
— r)-i8
sens de l'espace, c.-à-d. que les sensations provoquées par
Fexcitalion des terminaisons nerveuses dans les ampoules
de ces canaux servent à former nos notions sur les trois
dimensions de l'espace. Aussi de Cyon appelle~t-il la
branche ampullaire du nerf acoustique le nerf de l'espace.
Pour P. Bonnier, les canaux sont le siège de l'orienta-
tion subjective directe, ou, si on veut, la source sensorielle
de l'exercice de l'équilibration réflexe ou voulue. Au mi-
lieu de toutes ces théories, il est difficile de faire un choix,
mais on peut néanmoins reconnaître que tous les auteurs
sont d'accord, avec Flourens pour admettre qu'après la
lésion expérimentale ou pathologique des canaux semi-
circulaires, il existe des troubles graves d'équilibration.
J.-P. La^glois.
III. Anthropologie. — Le pavillon de l'oreille, chez
l'homme, est normalement ourlé, bordé en avant, supé-
rieurem.ent et en arrière par le repli de l'hélix, repli cur-
viligne, et terminé inférieurement par une surface plane
et souple, sans cartilage, qu'on appelle le lobule. Chez le
chimpanzé et le gorille, le pavillon de l'oreille est à peu
près aussi bien ourlé et aussi arrondi que chez l'homme ;
mais le lobule manque généralement. L'oreille simienne se
distingue surtout par l'absence du repli de l'hélix, à
l'extrémité postéro-supérieure du pavillon, qui a une ten-
tance à s'ériger en forme de pointe. Darwin a signalé des
traces de cette pointe simienne dans l'humanité. Et il est
évident que, suivant les races et les individus, l'oreille
extérieure présente plus d'une différence dans sa morpho-
logie. Ainsi chez le nègre, elle est communément ronde,
tendant au carré, tandis ([u' elle est plus souvent ovale chez
l'Européen. Il est admis que ces différences et certaines
autres touchant le lobule se transmettent avec constance.
Elles ne sont donc pas absolument uidifférentes, bien qu'elles
échappent aux descriptions rigoureuses. Et les défectuo-
sités physiques des natures frustes ou ingrates ont une
curieuse répercussion sur les dimensions, la forme, le mode
d'attache, l'appareil circulatoire des oreilles. Zaborowski.
IV. Pathologie. — Considérations générales. —
L'oreille moyenne (caisse du tympan, trompe d'Eustache,
cellules mastoïdiennes) étant en communication directe avec
la partie postérieure des fosses nasales et Farrière-gorge
par l'orifice de la trompe, on comprend combien facile-
ment se propagent à l'oreille les inflammations si fréquentes
du rhino-pharynx. On sait que souvent on est atteint de
surdité passagère catarrhale, par obstruction de la trompe,
lorsqu'on a un violent rhume de cerveau.
Les complications auriculaires ne sont malheLireu.semeiit
pas rares au cours ou à la fin de la fièvre typhoïde, des
maladies éruptives, des oreillons, de la grippe, des angines,
de la syphiUs acquise ou héréditaire, de la tuberculose,
des dermatoses telles que l'eczéma. Signalons également
les tumeurs adénoïdes du pharynx qui, par propagation
de voisinage, donnent lieu à des obstructions de la trompe
et à des otites graves. Onn'yfait pas assez attention, on les
néglige par ignorance. Aussi, bien des enfants deviennent-
ils plus ou moins sourds à la suite d'une rougeole, d'une
scarlatine, etc., par suite d'otorrhée, de perforation du
tympan. Certains deviendront sourds-muets si la suppura-
tion a détruit l'appareil transmetteur du son. Sur 400 cas
de surdi-mutité il y en a 2o qui surviennent à la suite
d'écoulement d'oreille négligé et qu'on aurait pu guérir ;
25 ^/o des enfants de sept à quinze ans n'entendent pas
normalement, et sur 100 conscrits réformés 27 le sont
pour des affections de l'oreille. Enfin on n'ignore pas que
toute otite purulente négligée peut amener la mort par
compUcations cérébrales ou méningi tiques.
Les connexions intimes des fosses nasales et de l'oreille
moyenne ont fait que les progrès de Fotologie ont marché
de pair avec ceux de la rhinologie. C'est grâce à des mé-
thodes d'exploration perfectionnées que l'on connaît mieux
maintenant, et partant que l'on soigne d'une façon plus
rationnelle les affections auriculaires.
Moyens d'exploration. — Pour le pavillon et le méat
CaUiétérisme de la trompe d'Eustache,
auditif, il suffit de regarder avec soin sans aucun instru-
ment ; pour le conduit auditif externe, on se sert d'un
spéculum argenté dont on éclaire l'intérieur au moyen
d'un miroir frontal' qui réfléchit la lumière d'une lampe.
L'introduction du spéculum se fait en tirant légèrement
en haut et en arrière le pavillon ; il faut agir doucement,
ne pas enfoncer l'instrument à plus d'un centimètre et
demi, et on ne doit jamais provoquer de douleur. Si l'on
s'est bien éclairé, si l'oreille est propre, on aperçoit la
membrane du tympan et l'apophyse du marteau qui doit
servir de point de repère. A l'état normal, le tympan a un
aspect gris perle nacré, on y voit le triangle lumineux;
mais rien de plus variable que l'image donnée par cette
membrane selon l'âge et les affections de l'oreille. On se
sert également d'un stylet mousse qui doit être manié
avec la plus grande prudence.
Examen de l'oreille moyenne. Il se fait au moyen
du cathétérisme de la trompe d'Eustache qui renseigne
si ce conduit est perméable ou non ;il a été découvert par
hasard au xvm« siècle par Giiyot, maître de poste à Ver-
sailles. Voi-
ci un des
procédés les
plus usités :
on intro-
duit une
sonde d'ar-
gent spé-
ciale bie]i
aseptique, le
])ec en bas,
le long du
plancher
des fosses
nasales ;
lorsqu'elle est arrivée dans le rhino-pha.ynx, on lui /ait
décrire un mouvement do rotation de 180« en butant sur
le bord de la cloison comme repère, et le bec de la sonde
s'engage dans l'orifice de la trompe situé sur ce même
plan. Si la
muqueuse des
fosses nasales
est trop sen-
sible, on a
avantage à
Finsensibi-
liser avec de
la cocaïne.
Seule l'habi-
tude rend •
le cathété-
risme facile,
mais cette ex-
ploration de-
mande beaucoup de douceur et d'expérience; certains ma-
lades sont tellement hal)itués à ce qu'on leur passe la sonde
qu'ils arrivent à le faire eux-mêmes. Le cathéter intro-
duit, on adopte un insufflateur à son pavillon et en insuf-
flant de l'air on se rend compte si la caisse est aérable.
Le bruit de l'air chassé de la trompe dans la caisse fait
vibrer la membrane du tympan ; ce bruit particulier est
perçu par le patient et par le médecin au moyen d'un tube
(otoscope de Toynbee) dont un des embouts est placé
dans l'oreille du malade, l'autre dans celle du médecin.
Cette sensation toute particulière que donne l'air refoulé
dans les trompes, rien de plus facile de l'expérimenter
sur soi-même en se mouchant fortement, la bouche close.
C'est le procédé de Valsalva.
Examen de V oreille interne. Celle-ci, constituée par
le labyrinthe, les expansions du nerf auditif, est située
trop profondément pour se prêter à un examen direct.
C'est en examinant le degré de Vacuité auditive qu'on
pourra se rendre compte de l'état de fonction de l'oreille
Auscultation de l'oreille.
— 519
OREILLE
interne. L'examen de l'ouïe par la voix, la parole est à la
portée do tout le monde, la voix est entendue par une
oreille saine jusqu'à 20 m. De même pour la montre dont
le tic tac normalement est [)ei'cu jusiju'à '1^^\80 environ.
Mais avec le diapason spécial des auristes, on obtient des
renseignements plus précis. Dans toutes les altérations de
l'appareil de transmission, les vibrations du diapason sont
mieux et plus longtemps perçues du côté malade. On place
le diapason sur le sommet du crâne pour avoir la percep-
tion osseuse ; dans une oreille normale, le son du diapason
placé sur l'apophyse mastoïde ne s'entendra plus, mais
sera encore perçu si l'on place le diapason immédiatement
devant l'oreille où on a alors la perception aérienne. Enfin,
lorsque les perceptions osseuse et aérienne sont nulles, la
surdité est incurable.
BRuns ET BOURDONNEMENTS. — Co sout des symptômcs
habituels aux maladies des oreilles ; ils sont parfois
si gênants, si incurables qu'ils poussent les malades
au suicide. Les bruits de cloches, de sifflet, etc., se
rencontrent dans les cas de lésions profondes, surtout s'il
s'y ajoute des vertiges ; l'obstruction do la trompe donne
naissance à un bourdonnement toujours le même : les ma-
lades le comparent au bruit de la mer; les bruits d'échap-
pement de vapeur accompagnent en général les altérations
de la chaîne des osselets ; enfin les bruits vasculaires iso-
chrones au pouls ne prouvent pas que l'oreille soit ma-
lade : on les observe dans l'anémie. Certains malades
n'entendent pas un son auquel ils sont soumis, ils enten-
dront un la pour un do : c'est la paracoiisie ; d'autres
entendent mieux une conversation au milieu du bruit que
dans le calme: c'est la surdité paradoxale de Wilis ;
enfin certains entendent une note différente pour chaque
oreille: c'est la diplacousie.
Maladies du pavillon. — On a vu des enfants naître sans
pavillon ; chez les aliénés, les idiots, les déformations con-
génitales sont fréquentes ; on sait combien la forme de
l'oreille se transmet par hérédité.
Traumatisme. — Le pavillon peut être complètement dé-
taché par un coup de sabre ; personne n'ignore que couper
les oreilles était une peine fréquente dans l'antiquité et se
voit encore en Orient ; une suture immédiate peut donner
une réunion parfaite. Les contusions chez les boxeurs,
les déments paralytiques, amènent une bosse sanguine,
c'est V othémathome qu'on peut voir sur certaines statues
antiques de lutteurs. L'eczéma du pavillon peut avoir pour
point de départ chez les femmes lymphatiques la petite
plaie du lobule où l'on passe la boucle d'oreille ; il en-
vahit le conduit auditif, la joue et le cuir chevelu. L'éry-
sipèle n'y est pas rare : on y observe aussi les engelures,
qui peuvent déformer l'oreille, et les tophus chez les gout-
teux. La syphilis s'y voit rarement sous forme de chancre
(morsure clu lobule), plus souvent sous l'aspect de syplii-
lides pouvant donner au pavillon un aspect éléphantia-
sique et simuler ['épithélioma.
Maladies du conduit auditif externe. — Corps étran-
gers. Il faut toujours y penser surtout chez les enfants ;
ce sont en général des perles, des pois, des graines, etc.,
parfois des insectes qui déposent leurs larves ; les symp-
tômes sont des plus variables pendant longtemps, il peut
ne rien se produire ou bien il y a une légère surdité et
un pou de bourdonnement; le malade souvent, surtout
si c'est un enfant, perd le souvenir de l'introduction
du corps étranger qui à un moment quelconque, [parfois
après des années, occasionnera des accidents les plus variés
exposant à des erreurs graves de diagnostic ; il peut sur-
venir de l'otite aiguë, ulcération de la membrane du tym-
pan, suppuration avec méningite; parfois on observe des
vertiges, des vomissements, des convulsions chez les en-
fants, une toux violente : tous phénomènes nerveux ré-
flexes faisant croire à une affection cérébrale. Enfin cer-
tains malades se figurent avoir un corps étranger qui
n'existe plus. Il faut être très prudent, ne jamais employer
de pinces pour l'extraction, car elles pourraient produire
, des délabrements de l'oreille ; on se servira d'injections
d'eau bouillie.
Bouchon de cérumen. L'accumulation de cette sécré-
tion physiologi(pic se voit surtout chez les gens malpropres
et peut donner lieu à des symptômes variés comme un
corps étranger ; pendant longtemps il n'y aura aucun
signe ; puis à la suite d'un mouvement brusque ayant
déplacé le bouchon, une chute, un plongeon en se bai-
gnant, il survient une surdité plus ou moins complète ; ou
i)ien ce sont des signes de compression sur l'oreille interne
par l'intermédiaire du tympan, il survient des vertiges et
vomissements pouvant donner lieu à de graves méprises.
Pour les éviter, il faut toujours examiner l'oreille, et l'on
apercevra sous forme d'une masse brun jaunâtre le bou-
chon cérumineux. Il faut pour l'extraire le ramollir pen-
dant vingt-quatre heures au moyen d'instillations de gly-
cérine tiède, puis l'expulser par des injections d'eau bouillie
chaude et les phénomènes cessent comme par enchantement.
Eczéma de l'oreille. ~ Il est des plus fréquents, les dé-
mangeaisons étant des plus vives et intolérables, les ma-
lades se grattent et s'inoculent l'affection qui se propage
à tout le conduit auditif qui peut être rouge et très di-
minué do calibre par le gonflement inflammatoire. Le trai-
tement de choix, c'est d'introduire dans l'oreille une mèche
de ouate imbibée d'une solution de nitrate d'argent à i pour
10 d'eau distillée. On laisse vingt-quatre heures et la dou-
leur, la démangeaison disparaissent. Une des 'complica-
tions les plus fréquentes de l'eczéma du conduit, c'est la
furonculose ; les petits furoncles siègent dans la portion
cartilagineuse ; la douleur très vive dans le fond de l'oreille
devient atroce quand les malades mastiquent; il se fait
des auto -infections, d'où séries de furoncles. Le meilleur
moyen de les faire avorter est encore la solution de ni-
trate d'argent et l'on calmera la douleur avec une solu-
tion chaude de cocaïne (1 gr. pour 40 gr.).
Syphilis de l'oreille. — Les syphilides du conduit lors-
qu'elles sont papulo-hypertrophiques ressemblent à s'y
méprendre aune excroissance polypiforme non pédiculée.
A toutes ses périodes, acquise ou héréditaire, la syphilis
peut amener des désordres nombreux et complexes. La
syphilis secondaire, lorsqu'elle siège dans le pharynx, peut
déterminer non seulement de la surdité par obstruction
de la trompe, mais aussi une otite moyenne purulente
(V. Otite) par propagation jusqu'à la caisse. La syphilis
peut être inoculée dans la trompe par une sonde conta-
minée. A toutes ses périodes elle peut provoquer des sur-
dités incurables ; la surdité syphiHtique peut être un symp-
tôme de la période préataxique du tabès ; elle a ceci de
particulier, c'est qu'on ne trouve aucune lésion de l'appa-
reil transmetteur et que les malades deviennent sourds
avec une rapidité foudroyante.
Maladies du tympan. — L'inflammation du tympan
s'appelle la myringite. A l'examen on voit la meiiibrane
rouge, ses vaisseaux injectés; elle survient à la suite de
froid, de plongeons dans l'eau froide, après l'ablation d'un
bouchon de cérumen, d'un corps étranger, d'injections trop
violentes ou trop chaudes ou froides ; elle guérit assez faci-
lement par des bains d'oreille à la cocaïne. Les déchirures
du tympan ne sont pas rares ; elles sont dues à une injec-
tion violente, à une intervention maladroite (pinces), à
une aiguille à tricoter (femmes, enfants) ; on en a observé
à la suite de la coqueluche, chez les scaphandriers ; il n'y
a rien à faire : la déchirure se refermant seule. Les pertes
de substances sont toujours dues aux otites mo3^ennes sup-
purées ; leurs formes et dimensions sont des plus variables,
depuis un simple petit orifice difficile à voir jusqu'à une
perte presque totale delà membrane laissant voir la caisse.
Si la perforation siège dans le segment inférieur de la
membrane, il peut y avoir encore une assez bonne acuité
auditive ; mais, dans le segment supérieur, le moindre per-
tuis peut déterminer une notable surdité, car c'est là que
se trouvent les organes nécessaires au bon fonctionnement
de Fouie. On y remédie par un tympan artificiel ou mieux
OREILLh] — OREILLONS
320
par la mijringoplastie qui consiste à plaffuer sur La per-
foration la pellicule cpii se trouve dans l'anif : petite opé-
ration qui ne réussit pas toujours, étant très délicate.
Pi>ly/)cs (les (veilles. Ils sont une des complications à
Ionique échéance des otites purulentes anciennes, car tou-
jours le polype est précédé d'un écoulemeid, purulent de
l'oreille ; leur implantation se t'ail presque toujours dans
la caisse ; leur volume varie d'un grain de blé — et alors ils
Si)]]t souvent plusieurs — à une noisette, et exceptionnelle-
ment ils peuveiil remplir tout le conduit ; muqueux, ils
saignent très facilement ; leur nuirche est lente ou rapide,
les récidives raines, car ki guérison est la règle. Leurs symp-
tiuues sont ceux de l'otite huppurée avec petites hémor-
ragies, les signes de compression sont rares; on les voit
au spéculum; après avoir bien nettoyé l'oreille, on les ex-
tirpe avec le polyj)otome spécial ou avec les causticpies.
En résumé, la pathologie de Foreille dépend de sa situa-
tion topographiquo : communiquant largement avec le
rhino-pharynx par la trompe d'Eustache, toutes les in-
dammations de ces parties pourront se propager càelle;
c'est donc toujours grâce à une antisepsie sérieuse du nez
et du pharynx qu'on évitera bien des affections auricu-
laii'es. D^" L. P[nel Maisonneuve.
V. Botanique. — Ce nom enlre dans la désignation
vulgaire de plusieurs plantes : 0. d'aiîp.é. ].'lJ)}i{)il]cus
pendaliiius DC. (V. Cotvlet). —0. l)'À^'E. Le Sf/ïiipht/-
lu})i olficinnle L. ou grande Consolide (V. ce mot). —
0. d'homme. \jAsann}i europœiDnij. ou Cabaret (\. Asa-
]{Eï). — 0. DE EiÈvKE. Lc Bupleiinim falcatum L.(V. Bu-
erEUHLM). — 0. DEUAT. \.' lUeraciii ni pHoselUi].. (Y. Uie-
1!Acujm). — 0. de souris. Le Mijosotis scorpioides L.
(V. Myosotis) et aussi VlUerachini pilosella L.
VI. Technologie. — Oreille ou Yersoir de la char-
lUE (V. Charrue, t. X, p. 799).
HiuL. : PjiYf^ioLOGii':. — Gellé, art Aiidilion^ dans le
I>'ict. de phijsiologle de Kichet, 1897. — P. Bonnikr,
rOreille, dans VEjicyclopéclie des aide-mémoires ; Paris.
1807. — De Cyon. Recherclies sur les fonctions des canaux
semi-circulaires (Thèse, doct. médecine) ; Paris, 1878. —
KaîxiG, Etude sjw les caniaix semi-circulaires (Thèse,
doct. médecine) ; Paris, 1897.
Pathologie. — IIi':rmet. Leçons sur les maladies des
oreilles, 1892. — CastJ':x. Maladies du larijnx, du ne: et
d.es oreilles, 1898.
OREILLE (Blas.). S'applique aux animaux dont lQ<i
oreilles sont d'un émail autre (jue celui de leur corps. —
Se dit aussi des deux petits angles d'une coquille.
OREILLER (Archit.) (V. Coussinet et Chapiteau).
OREILLETTE (Y. Coeur).
OREILLONS. I. Pathologie. — On donne ce nom à
une maladie infectieuse, spécifique, ayant assez d'analogie
avec les hèvres éruptives ; on l'appelle encore les ourles.
Très contagieux, les oreillons sont connus depuis long-
temps |juis(|ue Hippocrate avait déjà, il y a plus de deux
mille ans, fort bien décrit une épidémie survenue dans
Lde de Thasos. Le microbe qui l'engendre, et qui doit
pénétrer dans l'économie par la bouche ou le nez, occa-
sionne un engorgement lluxionnaire des glandes parotides
et des autres glandes salivaires : sous-maxillaires et sub-
linguales: l'incubation dure de quinze à vingt-cinq jours.
Description. C'est surtout un enfant qui, ayant été en
contact une ou deux semaines auparavant avec quelqu'un
atteint d'oreillons, se plaint d'un léger malaise, d'inap-
])étence ; il peut y avoir un mouvement fébrile avec fris-
sons, courbatures et vomissements : c'est ce qu'on a appelé
la /ièvre (m r tienne. On ignore encore (juelle maladie va
se dé(darer lorsque survient un gonflement au-devant des
oreilles qui éclaire le diagnostic. Cette tuméfaction d'abord
unilatérale s'étend bientôt à l'autre côté : c'est la fluxion
parotidienne à laquelle se joint souvent un gonflement du
cou et de la face si caractéristi(iue qu'on peut alors recon-
naître la maladie rien qu'à la vue du patient. Sa face
élargie, ses joues boursouflées lui donnent un aspect quehpie
peu comique. L'inflammation peut s'étendre aux amyg-
dales et jusqu'au pharynx (angine ourlienne) et même elle
peut précéder le gonflement parotidien ; mais la peau reste
normale. La douleur à la mastication est parfois très vive,
mais vers le quatrième jour elle s'apaise, en même temps
que rinflammation décroit, tous les symptômes s'atténuent
et la guérison survi(Mil du sixième au huitième jour.
Telle est habituellement la marche de cette aflection en
général très bénigne. Néanmoins, dans presque la moitié
des cas, il survient, de préférence chez les adolescents et
les adultes, un gonflement testiculaire : t'e^iVorctiite our-
lienne, dont on peut observerions les degrés depuis une
légère fluxion qu'on méconnaît et qui ne laisse aucune trace
jusqu'à ces orchites où les testicules sont très volumineux
et très douloureux au moindre contact; cette fluxion peut
s'accompagner d'une violente flèvre avec des symptômes
graves et inquiétants, surtout si les oreillons ont été frustes
et ont passé inaperçus; mais en quatre ou citui jours tout
rentre dans l'ordre. Parfois l'orchite cU'oreillon S(Mnblent
éclater ensemble, plus rarement le gonflement testiculaire
précède l'apparition de rinflammation ])arotidienne. Chez
les jeunes fllles, on observe assez souvent un gonflement
douloureux des mamelles. Si l'orchite a été très intense,
il peut survenir lentement une atrophie testiculaire (|ui.
api'ès guérison apparente, aboutira au féminisme.
Comme dans toute maladie, on peut observer les formes
les plus variables; mais, dans une forme atténuée et abor-
tive, les oreillons n'en sont pas moins très contagieux ; il
n'est pas rare (pie les glandes parotides soient respectées
et (pie la fluxion ourlienne se localise aux glandes sous-
maxillaires et sublinguales.
Complications. Sauf l'orchite, elles sont rares; h)rs-
(pi'il y a de l'albuminurie, c'est l'indice d'une néphrite
légère^ qu'on a vue très rarement aboutir au mal de Bright
et à rurémie. On a observé des troubles de l'ouie amenant
une surdité irrémédiable.
Etiologie. Les oreillons sont rares avant troib ans et
après quarante ans ; ce sont les garçons dans les pensions
et collèges, les jeunes filles dans les couvents, les jeunes
soldats à la caserne qui, grâce à une promiscuité constante,
se contagionnent les uns les autres, et c'est là (|u'on ob-
serve de petites épidémies, Les récidives sont bien rares,
une première atteinte conférant Fimmuni lé.
Bactériologie. Affection éminemment contagieuse et ne
se développant jamais spontanément, les oreillons sont dus
à un germe ou microbe qui doit être extrêmement diifusible.
Charrin et Capitan en 1881, Laveran et Catrin en '189^->
ont isolé du sang et des li(piidt\s de ponction un strepto-
diploco(iue qui parait bien être l'agent spécifupie de la
maladie, mais la preuve irréfutable n'en a pas encore été
faite comme pour toutes les maladies microbiennes : l'ino-
culation du microbe isolé et la reproduction de l'afi'ection
dont il est la cause.
Pronostic. Il est très bénin puisque sur 33.445 cas
dans l'armée française, Catrin n'a signalé (pie 3 cas de
mort ; même dans les cas qui débutent à grand fracas avec
des formes malignes, un état typhoïde, la guérison est la
règle, cependant l'orchite ourlicmne peut al30utir au fémi-
nisme et à la ïîtérilité.
Diagnostic. On ne confondra pas les oreillons avec les
parotidites qui parfois sur\iennent dans le cours ou le
déclin des fièvres et aboutissent souvent à la suppuration.
Dans l'orchite blennorragique, il y a toujours un écoule-
ment urétral; dans certains cas, si la fluxion parotidienne
a passé inaperçue, le diagnostic sera plus délicat; mais en
interrogeant avec soin les malades on trouvera la contagion.
Traitement. 11 faut isoler les malades depuis le début
de la maladie jus({u'à vingt jours après sa disparition
totale. L'antisepsie naso-buccale sera très précieuse pour
éviter la contagion. Le traitement consiste dans la diète
lactée et les purgatifs légers ; il faut surveiller l'atrophie
testiculaire qu'on combat efficacement par des courants
continus. D'" L. Pinel Maisonneuve.
II. Arghjtectuhe (V. Crossette).
Pthl : Pathologie. — Trousseau, Cliaique nu'dicale.
521
OREILLONS — ORELIE
— Laveran, Société méd. des Hôpitauv, IblH. — Catrix,
Gazette des Hôpitaux, 1895 — Comby, les Oreillons.
O'REILLY (John Boyle), patriote et littérateur irlan-
dais, né à Do\\tIi-Castle, près Droghedaje 28 juin 1844,
mort à Boston le 10 août 1890. Apprenti typogi^aplie
(18o4-58), compositeur au Guardian de Preston(Î859),
il devint bientôt reporter de ee journal. En 1863, il s'cn-
gat>ea dans les hussards. Très populaire dans son régi-
menl parce (pi'il composait et chantait de jolies chansons
et ballades irlandaises, il profita de cette popularité pour
faire une propagande active en faveur du mouvement
fenian. Le gouvernement ayant découvert ses agissements,
O'Reilly fut arrêté (1866), jugé par une cour martiale et
condamné à mort. Cette peine fut commuée en celle de
vingt ans de travaux publics. Envoyé en Australie, il réus-
sit à s'échapper en 1869 et passa aux Etats-Unis. A Bos-
ton, il devint rédacteur en chef du Pz7o^, prit part à l'ex-
pédition du général O'Neill au Canada (1870) et à la
délivrance des prisonniers politiques irlandais internés en
Australie (1876). Très répandu dans la Société littéraire
de Boston, il a laissé, entre autres ouvrages : Songs from
Ihe Southern Seas (Boston, 1873); Songs, le j ends and
hallads (1878) ; The Statues in the Block (1881) ; In
Bohemia (1886) ; Tlie Poetry and songs of Ireland
(1889); des romans intéressants, surtout j¥ooH%n^ (Bos-
ton, 1880), qui obtint un très grand succès; un volume
relatil' au sport : Ethies of Boxing and manly Sports
(1888), etc. ^ R. S.
Biiu.. : .Tanies-Jelïi'CY liocriE, Life^poems and speechs of
John Boijle O'Reilly ; Boston. 1891.
O'REILLY (Miles), pseudonyme de Ch.-Graham Hal-
pin (V. ce nom).
OREL. Ville de Russie, ch.-l. de gouvernement, à
970 kil. S. de Saint-Pétersbourg, 370 kil. de Moscou,
dans un vallon assez étendu, au confluent de l'Oka et de
la petite rivière Orlik; ait., 250 m. ; 70.000 hab. Edifié
primitivement (1564 ou 1566) sur TOrlik même, en vue
d'opposer une digue à l'invasion tatare, le bourg d'Orel
(signification : aigle) fut complètement détruit par un
incendie en 1673; reconstruit, quelques années après, sur
son emplacement actuel et entouré de plusieurs tourelles
dont il ne reste plus trace. Dans l'histoire politique de la
Russie, Orel s'est distingué par l'appui donné aux parti-
sans du faux Dimitri (dernières années du xvi'^ siècle). La
ville fut encore saccagée par les Polonais en 1611 pour
avoir publiquement adhéré au nouveau gouvernement de
Michel Romanov. Orel essuya aussi plusieurs sinistres,
dont les plus désastreux furent, durant le xix^ siècle, les
incendies de 1848 et de 1858.
La ville compte actuellement près de 6.500 construc-
tions, dont 1.700 environ en pierre, parmi lesquelles une
quarantaine d'églises et de chapelles, 42 écoles, palais du
gouverneur, cercle de la noblesse, un vaste jardin, etc.
Le commerce de la ville est assez actif, grâce à sa situa-
tion sur rOka, à l'endroit même où cette rivière devient
navigable. La ville est rehée en outre par le chemin de fer
à Moscou, à Koursk et à Vitebsk. Principaux articles de
trafic : lin, chanvre, céréales. La ville possède environ
150 usines où sont employés près de 2.200 ouvriers. Bud-
getmunicipal, 1.200.000 ir. environ; dette, 1.800.000 fr.
Erigé en ch.-l. du gouvernement en 1796.
Le gouvernement d'Orel (Orlovskaya goubernia) oc-
cupe une surface de 42 kil. q. et appartient à la zone agri-
cole de la Russie d'Europe. Le territoire, légèrement on-
dulé, n'est ])as d'égale valeur : YE. de la province, le plus
fertile, est aussi très densement peuplé ; le centre, région
industrieuse; l'O., enfin, pauvre et peu peuplé, ne pro-
duit même pas suffisamment pour sa consommation. Les
terres sans cultures forment 46 "^ o de la surface totale. Plus
de 8.000 hect. sont occupés par des forêts. La moyenne an-
nuelle des productions agricoles est de 57 millions de pouds
(912 millions de kilogr.), dont 14 millions de semences,
soit net, 43 millions. Consommation intérieure, 27 d/2 mil-
Hons ; exportation, 1 5 1/2 miUions. Pommes de terre, 1 7 mil-
lions de kilogr. — te principaux cours d'eau qui tra-
versent la région appactiennent aux bassins du Don, de
rOka et du Dniepr. On y compte aussi une centaine di*
lacs et de lagunes de peu d'importance et de nombreux
marais. CHmat en général modéré. A Orel, moyenne
annuelle 5^,8; barom., 745,8; pluie, 535,5. On y cons-
tate toutefois de brusques variations de température.
Le gouvernement compte 7.378 lieux habités dont
12 villes ou ch.-l. de district; 2.055.000 hab., soit en-
viron 48 par kil. q. Impôts directs, 3 millions de roubles;
indir., 7 milhons environ, les 6/7 représentés par les droits
sur les spiritueux. Ecoles primaires, 1.225 ; 73.600 élèves
(11.600 filles). Sur 6.000 recrues, près de 2.600 illet-
trés, soit près de 42 ^'/o (en 1890, cette proportion dé-
passait encore 70 ^/o).
Le district (ouiezd) a 2.800 kil. q. et 140.000 hab.
(sans la ville). P. Lemosof.
ORÉLIE-Anïoine P^' (Antoine de Tounens, dit), aven-
turier français, né à Chourgnac (Dordogne) en 1820, mort
à Tourtoirac (Dordogne) le 19 sept. 1878. Après avoir
exercé à Périgueux la profession d'avoué, il se rendit au
Chili et de là en Araucanie, où il trouva des peuplades
pauvres, barbares, divisées , auxquelles il persuada de
s'unir sous son autorité, pour acquérir quelque force et
faire respecter leur indépendance. Bientôt, il se proclama
roi d'Araucanie et de Patagonie, sous le nom d'Orélie-
Antoine I*^^ (1861), et annonça l'intention d'introduire de
toutes pièces dans ses Etats les institutions et la civiU-
sation européennes. Il lui fallait pour cela tout d'abord
des capitaux. Mais la souscription nationale à laquelle
il fit appel échoua misérablement en France. Sa préten-
due souveraineté ne fut prise au sérieux que par le gou-
vernement chilien, qui, revendiquant les territoires dont il
se disait le roi, annonça bientôt l'intention de le combattre.
Encouragé par un chef de tribu nommé Guenterol, qui
promettait de lui fournir 40.000 hommes, Orélie-Antoine
s'apprêta à se défendre. Mais fait prisonnier dans la plaine
de los Perales, par la trahison de quelques-uns de ses gens
(4 janv. 1862), il dut se réclamer du gouvernement fran-
çais, qui voulut bien intercéder en sa faveur. Peu après,
il s'évada, fut repris, mais, déclaré fou par la cour d'ap-
pel de Santiago (2 sept. 1862), put retourner en France,
où il ne devait effectivement pas faire preuve de beaucoup
de bon sens.
Il n'eut plus dès lors qu'une idée fixe : reconquérir son
royaume. Aussi fit-il bientôt au public de bruyants appels
par des pubfications qui n'eurent pour résultat que d'aug-
menter le ridicule attaché à son nom (Orélie-Antoine F"^,
roi d'Araucanie et de Patagonie, son avènement au
trône et sa captivité au Chili, relation écrite par lui-
même; 1863, in-8. — Historique, Appel à la nation
française; 1863, in-8. — Mani (este (V Orélie-Antoine P'\
roi d'Araucanie et de Patagonie; 1864, in-8). Les ca-
pitaux qu'il s'efforça de se procurer, soit par négociation
privée, soit par souscription publique, lui furent partout
refusés. Il se vit même poursuivi comme escroc pour une
dette d'hôtel (oct. 1864). Il fut, il est vrai, acquitté. Mais
sa royauté ne s'en porta pas mieux. Rien ne put pour-
tant le décourager. Il parvint enfin, en 1869, à retourner
dans ce qu'il appelait ses Etats. Mais il y fut si froidement
accueilli qu'il lui fallut se rembarquer. Cette nouvelle leçon
ne le guérit pas. En 1871, il se fit journaliste, fonda une
gazette non politique, intitulée les Pendus. Il créa peu
après (1872) la Couronne d'acier, journal officiel d'Arau-
canie, institua gravement un ordre de chevalerie et pré-
para péniblement une nouvelle expédition, qu'il tenta en
avr. 1874, avec quatre compagnons et fort peu d'argent.
Cette fois encore la fortune se déclara contre lui. Après
avoir touché à Buenos Aires, il venait de reprendre la
mer, quand, à la demande du Chili, le gouvernement ar-
gentin le fit capturer par un navire de guerre (juillet). Re-
lâché de nouveau, il put rentrer une fois de plus en France,
où son incurable mégalomanie rendit la fin de sa vie aussi
ORÉLÏE -. ORENOQUE — l
misérable que ridicule. Poursuivi par ses créanciers, ré-
duit à un dénûmcnt absolu, il fut recueilli dans un hos-
pice de Bordeaux, et mourut enfin, pauvre et délaissé, dans
un village de la Dordogne, sans avoir renoncé à ses idées
de grandeur. A. D.
ORELLANA (Francisco de), explorateur espagnol, né
à Trugillo, mort en 1349. Compagnon de Francisco Pi-
zarro, il coopéra à la conquête du Pérou et partit en 1540
avec Gonzalo Pizaro vers l'intérieur. Ils franchirent les
Andes et atteignirent le rio Napo ; mais, tandis que le
frère de Pizorro retournait à Quito, Orellana continua ; il
descendit en barque le rio Napo, puis le fleuve des Ama-
zones jusqu'à la mer qu'il atteignit au bout de sept mois
(janv.-aoùt lo4i), découvrant ainsi le plus grand fleuve
de la terre. Revenu en Espagne, il se ht charger de con-
quérir et de coloniser les pays qu'il venait de révéler,
mais il mourut en route (V. Amazoxe).
BiBL. : Markhaini, Expéditions into the vallcy of the
Amazons, au t. XXIV des publications de Ilakluit Society.
OR ELLE. Com. du dép. de la Savoie, arr. de Saint-
Jean-de-Maurienne, cant. de Saint-Michel; 1.064 hab.
ORELLI (Jean-Gaspard d'), philologue suisse, né à
Zurich le 13 févr. 1787, mort à Zurich le 6 janv. 1849.
Il fut élève de Pestalozzi, puis pasteur à Bergame (1807)
et à Coire, et professeur à l'école secondaire de Coire
(1814), puis professeur d'éloquence au gymnase de Zurich
(1819). 11 prit une grande part à la fondation de l'Univer-
sité de Zurich où il professa la philologie classique (1833). Il
fut aussi bibhothécaire de la ville. On lui doit plusieurs
volumes relatifs à la littérature itahenne et surtout de re-
marquables travaux de philologie latine. Nons citerons son
Inscriptionum latinarum amplissima coUectio (Zurich,
1828, 2 vol. suppl. par Henzen, 1830); sa grande édi-
tion critique de Cicéron (1826-31, 4 vol. ; 2^ éd., 1845-
61), remaniée avec le concours de Baiter et Halm, qui
revisèrent seuls les t. II et IV ; les Ciceronis scholiastœ
(1833) et VOnomasticon liillianum (1836-38), rédigés
avec Baiter, forment les t. V et YI à YIII de l'édition
d'ensemble. Orelli donna ensuite une grande édition cri-
tique d'Horace (1837-38, 2 vol. ; 4^ éd. par Hirschfelder
et Mewes, Berlin, 1886-92), dont il tira une petite édition
en 2 vol. (1838; 6^ éd. par Hirschfelder; Berlin, 1882-
84) ; une édition critique de Tacite (1846-48 ; 2^ éd., t. I
par Baiter, 1859; t. II par Schweizer-Sidler, Andresenet
Meiser; Berlin, 1877-95) ; il a aussi publié le texte seul
de Tacite (1846-48, 2 vol.), et, avec Baiter, les Fabellœ
iamhicœ de Babrius (1845). Entin il donna, avec Baiter
et >Yinckelmann, une édition de Platon (1839-42, 2 vol.).
BiBL. : Adert, Essdi sur la, vie et les travaux de J -G.
Orelli, dans Biblioth. unlv. de Genève, 1819,
ORENBOURG. Yille do Russie, ch.-l. du gouv. du
même nom, à 1.216 kiL E.-S.-E. de Moscou (1.520 kil.
par le chem. de fer), sur la r. dr. de l'Oural ; 72.740 hab.
(en 1897). Fondée en 1735 an confluent de l'Or et de l'Ou-
ral (emplacement de la ville actuelle d'Orsk) pour servir
de rempart contre les tribus nomades, elle fut rebâtie deux
fois en 1740, là où se trouve Krasnogorsk, et en 1743 à son
emplacement actuel. Au fur et à mesure de la pacification
des Kirghis habitant les steppes de la rive gauche de
rOural, Orenbourg a perdu toute importance comme place
forte. Les fortifications mômes ont été rasées en 1862.
Orenbourg se compose de la ville proprement dite et d'un
espèce de marché fortifié nommé Gostiny Dvor. Siège épis-
copal. Nombreuses églises orthodoxes, deux mosquées, une
église catholique et un temple protestant; arsenal, ca-
sernes, nombreux établissements d'instruction, théâtre.
Centre commercial très important. Orenbourg est l'entre-
pôt du trafic entre l'Europe et l'Asie. Industrie peu consi-
dérable : tanneries, fabrique de savon, distillerie.
Gouvernement. — Un des plus grands de la Paissie
d'Europe. Il a une superficie de 191.176 kil. q. (plus du
tiers de la France) et le nombre de ses habitants était en
1897 de 1.609.388. Le gouvernement d'Orenbourg es^f
traversé par l'extrémité méridionale des monts Oural qui
se divisent en trois chames; celle de l'O. porte le nom
d'Ourenga, les monts Ilmen sont à FE., et la chaîne mé-
diane garde le nom de la grande arête : l'Oural. Le gou-
vernement d'Orenbourg est arrosé par le Tobol, qui appar-
tient au bassin do l'océan Arctique, par l'Oural, la Samara,
la Biélaïa et leurs affluents tributaires de la Caspienne. Les
eaux sont surtout abondantes dans la partie occidentale du
pays qui est très montagneuse, très boisée et dont l'aspect
forme un contraste frappant avec la région orientale cou-
verte de steppes et parsemée de lacs et de salines. Le
chmat du gouvernement d'Orenbourg est continental et
présente assez de variations ; la température maximum est
de + 40,8 et minimum de — 40,5. Les steppes de FEst
où le chmat est particuHèrement rigoureux l'hiver, se cou-
vrent en été d'une végétation splendide et des melons d'eau
renommés y mûrissent. Le sol, d'une grande fertilité, sur-
tout dans les districts d'Orenbourg et de Tchéliabinsk, pro-
duit partout, sauf dans la région montagneuse, du blé en
abondance, du froment, du seigle, de l'avoine, du sarra-
sin. Le bétail est nombreux: on remarque surtout les che-
vaux hachkirs et des moutons à grosse queue. Dans les
montagnes de l'Oural, on trouve de l'or (mines du Mias),
du cuivre, du plomb argentifère, des gisements de fer
oxydé magnétique ; des pierres précieuses (aiguës marines
et topazes) dans les monts Ilmen, et, dans les environs
d'Orenbourg, une riche mine de sel gemme à'Iletskaïa
Zachtchita. L'industrie du gouvernement est peu déve-
loppée (exploitation des mines, quelques fonderies de graisse ,
tanneries). Par contre, le commerce est très actif, et il se
fait de grands échanges entre les produits manufacturés
d'Europe et les cuirs, laines, suifs bruts d'Asie.
La région entre l'Oural et le Yolga était peuplée autre-
fois par les tribus nomades des Bachkirs, des Nogaïs et des
Kirghis; elle fut tout d'abord conquise par les Mongols,
puis tomba au pouvoir des princes moscovites. Les pre-
miers Russes étaient des émigrés, des mécontents, fuyant
Ivan le Terrible. Pierre le Grand avait prévu l'importance
de ce pays qu'il regardait comme la porte ouverte entre
l'Europe et l'Asie.
Le gouvernement d'Orenbourg compte cinq districts :
Orenbourg, Orsk, Yerkhné-Ouralsk, Tchélialùnsk et Troitsk.
Le district d'Orenbourg a 37.203 kil. q. et 409.844 hab.
OR EN DEL. Poème allemand connu par un manuscrit
du xv*^ siècle et une édition de 1512, dont on fait remon-
ter la composition au début du xiii'' siècle et qui dérive-
rait d'un original de 1190. Il amalgame une légende
nordique contée par VEdda et Saxo Grammaticus avec
des imaginations chrétiennes et une médiocre imita-
tion des légendes celtiques du saint Graal. Orendel, fils
du roi Eigel de Trêves, part avec 22 navires pour con-
quérir la main de la Ijelle Bride, princesse du Saint-Sé-
pulcre. Après un naufrage, il est recueiUi par le pêcheur
Eise et pêche une baleine qui avait avalé la sainte tuni-
que. Il revêt celle-ci et, devenu invulnérable, gagne la
main de Bride et revient à Trêves, après mainte aven-
ture; il y dépose la sainte tunique et renonce au monde
ainsi que Bride. Ce poème a été édité par Ilagen (Berlin,
18M') et plus récemment par Berger (Bonn, 1888), tra-
duit par Simroek (Stuttgart, 18i5).
BiBL. : Harkenske, Untersuchungen ûber das Spiel-
manns Gedicht von Orendel; Berlin, 1879. — Mûjllenhoff,
au t. I de JDeuisc/ie Altertumskunde ; Berlin, 1890, 2^ éd.
— Heinzel, Ueber das Gedicht vom Kœnig Orendel;
Vienne, 1892. — Meyer, Zum Orendel, au t. XXXVII de
Zeitscftrlft fur deutsckcs Altertum, 1893.
ORENOQUE (espagnol Orinocco, Paraguaow Orinucu
des Indiens). Grand fleuve de l'Amérique du Sud, qui ap-
partient en entier à la république du Venezuela ; mais
son bassin, d'environ un milhon de kil. q., est partagé
entre le Yenezuela et la Colombie qui possède le cours su-
périeur de plusieurs affluents de gauche. On en trouvera
la description dans les art. Yenezuela et Colombie, l'étude
de l'Orénoque et de son bassin se confondant avec la
— 5^i3 —
OKÉNOQUE — OKENSE
géographie physique du Venezuela et dos territoires orien-
Uuix de hi Colombie.
OREODAPHNE (Pal. vég.) (V. Ocotea).
OREODON (Paléoul.). \;enre de Mammifères fos-
siles, du groupe des Ongulés Artiodactyles, décrit par
Leidy (1851), et devenu le type d'une importante famille,
qui, dans le tertiaire de l'Amérique du Nord, paraît avoir
tenu la place des Porcins et notamment des Anaplolhe-
ridœ et des Hippopotamidœ qui manquent au nouveau
continent, et des Anthracotheridœ qui y sont rares. La
famille des Oreodontklœ présente les caractères suivants :
denture complète comprenants paires d'incisives, 1 paire
de canines, 4 paires des prémolaires et o de molaires aux
deux mâchoires, en série continue ou avec diastèmc ; mo-
laires sélénodontes, les supérieures à quatre ou rarement
cinq croissants ; les prémolaires à un seul tubercule, com-
primées latéralement, la première de la mâchoire inférieure
Crâne du Merycochœrus macrostegus.
fonctionnant comme une canine. Os du carpe, du tarse
et dos métapodcs séparés. Pattes à quatre doigts : les
formes primitives seules ont cinq doigts au membre an-
térieur. Ces Ongulés ont vécu dans Téocène, le miocène et
le pliocène inférieur de l'Amérique du Nord, et se sont
éteints sans laisser de descendants. Chez les formes ty-
piques le crâne rappelle celui des Anoplolhères (V. ce
mot) , mais les molaires sélénodontes indiquent un régime
plus franchement végétal. Les canines inférieures se dis-
tinguent peu des incisives, mais la première prémolaire in-
férieure prend la forme d'une canine. Les membres pré-
sentent la structure la plus primitive que l'on connaisse
chez les Artiodactyles, toutes les pattes ayant au moins
quatre doigts en fonction, les latéraux seulement un peu
plus courts, le pouce seul atrophié (sauf à la patte anté-
rieure de Protoreodon). Il n'y a pas de soudures au cai^pe,
et les os de l'avant-bras restent séparés. Les phalanges
ressemblent à celle des carnivores. En résumé, les Oréo-
dontes représentent un type très primitif d'Artiodactyles,
et les rapports que l'on a cru trouver entre eux et les
Chameaux ou les Ghevrotains ne sont probablement pas phy-
logénétiques : cette famille reste actuellement complètemeiit
isolée et s'est éteinte au début du pHocène, dans son pays
d'origine. C'étaient des animaux de taille grande ou moyenne,
habitant les marais, et les formes les plus récentes et les
plus spécialisées (Merycochœrus, Cyclopidius) avaient des
mœurs plus franchement aquatiques, comme l'Hippopotame
et la Loutre. Le régime était exclusivement herbivore,
consistant en racines, bulbes et feuilles de plantes aqua-
tiques.
Le genre le plus ancien {Protoreodon) est do l'éocène
(couches d'Uinta) aux Etats-Unis. Les pattes antérieures
possédaient encore cinq doigts ; les orbites sont ouverts
en arrière. La taille ne dépassait pas celle d'un lapin
(P. parviis, du Wyoming). Dans le miocène de Whito
Hiver se montre Agriochœnis, dont les orbites sont encore
ouverts en arrière et qui présente un diastème entre la
forte canine et la prémolaire supérieure ainsi qu'entre
la première prémolaire inférieure, fonctionnant comme ca-
nine et la seconde prémolaire plus petite. Les espèces de
la taille du mouton ou un peu plus grandes sont nom-
breuses dans le miocène inférieur du Dakota et de l'Orégon
et dans le miocène moyen du même pays {A. antlquus,
A. latifrons, A. major, A. ferox, A. Gandryi, etc.).
Les genres Arlionyx, Coloreodon et Agriomeryx n'en
dilièrent pas. Le genre Oreodon a les orbites fermés en
arrière et présentant une fossette lacrymale ; la série den-
tiiire est ininterrompue (comme chez V xinoplotherium) ;
la taille est celle des Pécaris ou des ^^angiiers, mais la
tète était plus courte et plus ronde, le cou et les membres
plus longs. Ce genre est très commun dans le miocène in-
férieur (0. Culberstoni, 0. gracilis, etc.) ; il est repré-
senté dans le miocène moyen (étage de John Day) par
Eucrotaphiis (E. Jacksoni) qui en diffère surtout par
des bulles tympaniques très développées : Eporeodon n'en
diffère pas. Mesoreodon (M.cJielonyx) et Merychyiis (ou
Jichoîepius) sont du miocène supérieur et du pliocène in-
férieur du Nebraska et du Nouveau-Mexique : Merychyiis
major, par sa grande taille, forme la transition au genre
suivant.
Le genre Merycochœrus représente la forme la plus
grande et la plus spécialisée de la famille. Son crâne très
grand, à orbites placés très haut, avec la région faciale
allongée, les mâchoires pourvues d'un large diastème, les
canines très développées et s'usant obliquement, les inci-
sives inférieures proclives, les formes massives et lourdes
rappellent l'Hippopotame, et il est évident que les Mery-
cochœrus super bus et M. macrostegus ont remplacé ce
genre (de l'ancien continent) dans les lacs et les fleuves du
miocène moyen de l'Amérique du Nord. On sait, en effet,
que l'Hippopotame est le seul des grands types d'Ongulés
(Eléphant, Rhinocéros, Tapir, Cheval) qui n'ait pas de
représentants en A.mérique. Le Merycocliœrus cœnoms,
qui a vécu dans le pliocène inférieur (Loup Fork) du Wyo-
ming, a été le dernier représentant du genre et de la fa-
mille tout entière qui s'est éteinte avec lui. Trois autres
genres aberrants sont : Leptauchenia, remarquable par
son crâne raccourci, sa mâchoire inférieure massive (L. ma-
jor, L. décora, du miocène super.) ; Cyclopidius à crâne
large et déprimé, à incisives supérieures petites et caduques
chez l'adulte (C. eniydinus), et enfin Pitliecistes (P. bre-
vifacies) qui n'avait qu'une seule paire d'incisives. Les
orbites placées au sommet du crâne, dans ces trois genres
du miocène supérieur de Montana, indiquent des habitudes
aquatiques. E. Trouessart.
OREOPiTHECUS (V. ANniROPOïREs, t. HI, p. 1G7).
0RE0TRA6US (V. Antilope, t. Uï, p. 210).
ORENSE. Ville. — Ville d'Espagne, ch.-l. de la prov.
de ce nom, en Galice, sur la r. g. et au-dessus du Mino,
à iU m. d'alt.; 44.168 hab.'(en 4887). Evêché. Un
beau pont de sept arches, long de 370 m., franchit le
lîeuve. Eaux thermales (-\- 68^), carbonatées et chlorurées
sodiques, de las Burgas. Cathédrale gothique de 1220.
Chocolaterie, lainages, fonderie de zinc, tanneries. Gare
du chem. de fer de Monforte à Vigo.
Province. — La seule des quatre provinces de Galice
qui ne touche pas à la mer, comprise entre la frontière
portugaise au S., la prov. de Pontevedra à FO., celles de
Lugo au N., Léon au N.-E., Zamora à l'E. Elle mesure
6.979 kil. q. et avait, en 4887, 405.427 hab., soit
58 hab. par kil. q. Elle doit en compter en 4899 environ
420.000. C'est une région montagneuse ; à l'angle N.-O.,
le Montonto, ramification méridionale des I^yrénées can-
tabriques, atteint 1.524 m.; au centre de la province, la
Cabeza de Manzaneda s'élève à 4.776 m., et la sierra de
San Mamede à 4.646 m. ; à FO. de ces sommets, le Pe-
nama n'a plus que 936 m. ; mais à FE., la Pena Trevinca,
borne irontière des prov. d'Orense, Léon et Zamora,
atteint 2.024 m. Ces montagnes sont creusées de pro-
fondes vallées; le Minho, à son entrée dans la province,
n'est qu'à 77 m. d'alt. ; c'est le point où il reçoit le Sil,
qui sépare les prov. d'Orense et de Lugo après les avoir
traversées alternativement; le Miilho traverse le N.-O. de
la prov. d'Orense, puis va former la frontière portugaise.
Le N. et l'E. de notre province alimentent son bassin par
le Ribey, affl. g. du Sil, et FArnoya, atïî. g. du fleuve;
ORENSE — ORFELLA
— 5^24 -
les eaux du S.-E. vont au Duero par le Tamega, colles
duS.-O. alimentent le Liniia, petit fleuve côtier portugais.
Le sol est très fertile dans les vallées, parmi lesquelles
celle du Limia est la plus riche. Les pâturages des mon-
tagnes sont excellents. La population est robuste, labo-
l'ieuse et lionnête, mais avare, superstitieuse, vindicative,
adonnée à l'ivrognerie. La contrebande s'y fait active-
ment. Les principaux produits du sol sont les céréales, les
légumineuses, les châtaignes, les amandes et autres fruits,
les plantes textiles. On exploite les ardoises et les gra-
nités, plusieurs sources thermales (Burgas à Oj'onse, Banos
de Molgas, etc.). L'industrie est peu développée ; les
paysans tissent eux-mêmes leurs vêtements. On tire un
peu d'or des sables du Sil ; il y a de l'étain dans le vjd
du Tamega et à Viana del Dollo, un peu de cuivre et de
zinc, etc. — La province se divise en 11 pariidos, dis-
tricts judiciaires, et 96 communes. A. -M. B.
ORESMAUX. Com. dudép. de la Somme, arr. d'Amiens,
cant. de Conty ; 1.069 hab.
OR ESTE. Fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, frère
d'Electre et d'Iphigénie, sans compter une troisième sœur,
Chrysothémis, qui ne joue dans la légende qu'un rôle très
effacé, un des héros les plus célèbres de la tragédie
grecque, à kujuelle il est surtout redevable de son illus-
tration. Il était enfant encore lorsipie son père revint du
siège de Troie ; selon Sophocle, il fut, après le meurtre
d'Agamemnon, expédié par Eleclre à Phanoté auprès du
roi Stropliios ; là il se lia d'une amitié mémorable entre
toutes avec Pylade, fils de ce roi. C'est avec lui qu'il re-
vint à Mycènes quand ils eurent tous deux atteint l'âge vi-
ril ; avec lui, sur l'ordre d'Apollon, il égorgea Clytemnestre
et son complice Egisthe, après s'être fait reconnaître
d'Electre : la scène de reconnaissance est particulièrement
touchante dans la tragédie de Sophocle qui porte le nom
de cette héroïne. Mais les Erinyes vengeresses troublent
son esprit et s'attachent à ses pas, le poursuivant à
Delphes d'al)ord, puis devant l'aréopage d'Athènes (V. Ores-
tik). Chez le poète Eschyle, l'expiation cesse devant ce
tribunal ; les tragiques subséquents imposent à Oreste
une autre épreuve, ils l'envoient en Tauride ravir Limage
d'Artémis, honorée dans un temple (hmtlphigenie (V. cq
nom) est devenue la prêtresse. Suivant la loi du pays,
Oreste, toujours accompagné de Pylade, va être immolé
sur l'autel de la déesse par sa propre sœur, lorsque la
reconnaissance s'opère. Iphigénie retourne avec les deux
jeunes gens dans la patrie, et y transporte le culte d'Ar-
témis Tauropolos; divers monuments placés sur leur route
sont l'objet de légendes dont le but est d'expliquer la ré-
conciliation du héros parricide avec Tordre divin.
Euripide cependant, dans sa tragédie romanesque
iVEIectre, réserve à Oreste de nouvelles aventures, aux-
quelles sont mêlés, avec Electre et Pylade, Ménélas, Hé-
lène son épouse et Hermione sa fille. Pardonné enfin et
rentré en possession de la royauté de Mycènes, Oreste va
ravir Hermione, qui lui a été promise depuis longtemps,
à Pyrrhus, roi d'Epire, cpi'iltue à Delphes. Après son ma-
riage avec la fille d'Hélène, dont il eut un fils, Oreste
régna aussi sur Sparte et réunit sous le même sceptre
Argos et Mycènes. Les premiers logographes le considèrent
comme l'auteur de la colonisation de l'Asie Mineure par
les Eoliens ; d'autres le mêlèrent à l'histoire de l'immi-
gration des Doriens dans le Péloponnèse. Il mourut en
Arcadie, et l'on montrait son mausolée près de la route
de Tégéa à Thyréa : la possession de ses ossements, trans-
portés à Sparte, assure la victoire des Lacédémoniens sur
les Tégéates avec lesquels ils étaient en guerre. Par là, la
conclusion des aventures d'Oreste ressemble à la fin
d'OEdipe qui, purifié sur le sol d'Athènes par les Eumé-
nides, devint après sa mort le gage de la prospérité de
l'Attique. Les hellénisants de Rome transférèrent ses
cendres, les uns à Aricia, avec le culte de Diane rattaché
à celui d'Artémis; d'autres jusqu'à Rome même, ou on les
disait ensevelies auprès du temple de Saturne. Les tra-
gédies, tant grecques que romaines, dans lesquelles Oreste
jouait un rôle important sont innombrables ; celles qui
sont en entier parvenues jusqu'à nous sont les Choéphores
et les Euménides d'Eschyle, {'Electre de Sophocle,
VOre^te, ['Electre, i'Iphigéhie en Tauride et ÏAndro-
inaque d'Euripide. Tous les tragiques latins l'ont mis
à tour de rôle sur la scène (scœnis agitatus Orestes, dit
Virgile, En., IV, 471) et les modernes lui ont fait une
place, peu s'en faut aussi importante, dans notre théâtre
classique ; l'Oreste de Racine dans Andromaqiie est le
plus célèbre en France, et celui de Gœthedans r/7;/izV/6^H/(?
en Allemagne. J.-A. H.
ORESTIE. On donne ce nom dans la littérature grecque
à la célèbre trilogie (V. ce mot), la seule qui soit arri-
vée complète jusqu'à nous, où le poète Eschyle met en
scène les principales aventures d'Oreste, depuis l'assassi-
nat de son père Agamemnon jusqu'à l'acquittement du
héros devant l'Aréopage d'Athènes. Les tragédies cfui la
composent sont: 1« V Agamemnon, qui nous montre le
roi des rois revenu de Troie à Mycènes pour y tomber,
frappé de la hache par sa femme Clytemnestre et par
Egisthe ; 2« les Choéphores ou Porteuses de libations,
où Oreste revenu d'exil frappe lui-même sa mère et le
complice de celle-ci, sur l'ordre d'Apollon ; 3^ les Eumé-
nides, ou nous assistons à la poursuite d'Oreste par les
Erinyes vengeresses, au sanctuaire de Delphes d'abord,
puis à Athènes devant le tribunal suprême des HéHastes ;
l'intervention d'Athéna décidant de l'acciuittement du hé-
ros et amenant la réconciliation des Erinyes avec la jus-
tice clémente personnifiée dans les dieux nouveaux, ce
qui leur vaut le titre i}i Euménides, c.-à-d. les Bienveil-
lantes. L'œuvre dans son ensemble est une des plus har-
dies et des plus subUmes ({ui soient sorties d'un cerveau
humain ; elle fait époque non seulement dans l'histoire
de la poésie dramatique, mais dans celle de la moraUté
humaine ; elle est au point précis du temps où tombe
l'antique loi du tafion, où se lève sur l'Occident, du sein
d'Athènes, foyer de lumière et de civilisation, la plus pure
morale qu'ait connue l'antiquité. La purification qui, suivant
Aristote, est le but de la tragédie, s'y opère par la réconci-
liation du coupable avec l'ordre universel. Le sujet a souvent
inspiré les poètes modernes ; l'œuvre la plus récente et la
plus remarquable est à chercher dans les Erinyes de Le-
conte de Lisle avec musique de Massenet. J.-A . H.
ORESTIDE. Province de ranti(iue Macédoine (V. Mâck-
doinp:).
ORETANL Peuple de l'Fspagne aiitique, qui occupait,
dans VHispania tarraconensis, le plateau où naît l'Anas
(Guadiana alto) et la vallée supérieure du Battis (Guadal-
quivir), ayant pour principales villes Oretum (ruines à
Nuestra Senora de Oreto), Castulo (Cazlona) sur le B^is,
Tugia (Toya) et Vivatia (Baeza). Leur pays, intermédiaire
entre Carthagène et l'intérieur, fut le théâtre d'opérations
militaires décisives de la seconde guerre punique.
OREZZA. Stat. thermale du dép. de la Corse, com. de
Rapaggio, arr. de Corte, cant. de Piedicroce, dans la
pittoresque région de la Castaniccia. Les eaux d'Orezza
sont bicarbonatées ferrugineuses, avec un peu de manga-
nèse, de lithine et de cobalt, et avec de l'acide carbo-
nique fibre ; elles sont froides et ne s'administrent qu'en
boisson, vu l'absence d'établissement balnéaire. Elles sont
utiles dans la chlorose, la dyspepsie et les engorgements
viscéraux consécutifs à la fièvre intermittente ; mais elles
sont formellement contre-indiquées dans la phtisie et dans
les maladies du cœur. D'" L. Hx.
OR FA (V. Edesse).
OR FAN L Ville de Turquie, vilayet de Salonique ;
o.OOO hab. C'est le port de Sérès, sur le golfe de Ren-
dina, près de l'embouchure du Strymon (Strouma) et des
ruines d'AmphipoHs.
ORFELLA. Tribu de l'Afrique septentrionale, vivant au
S. du cap Misrata (Tripolitaine). Elle se dit arabe et parle
arabe et serait venue de l'Egypte il y a dix siècles.
D'i^
OKFÈVHE — ORFÈVRERIE
ORFÈVRE (Tecliii.). L'étymologie même tic ce mot
{aiiri fabei') montre que les premiers artistes qui ont mis
en œuvre les métaux précieux les travaillaient générale-
ment au marteau, pour amincir les placjues de métal et
leur donner des ornements en creux ou en relief. Ce mode
de travail remonte à la plus haute antiquité, comme le
prouvent les objets trouvés dans les fouilles; il est en-
core mis en pratique par les peuples nomades : Arabes,
Tchèques, Tziganes.
L'outillage, tout primitif, s'est perfectionné peu à peu,
de façon à permettre d'obtenir un travail plus délicat. —
En France, l'orfèvrerie fut érigée en corps d'état, en l'an
1330, par Philippe VI de Valois, qui donna ensuite aux
orfèvres leurs premiers statuts en 1345. Les armoiries de
la corporation consistaient en une croix d'or dentelée
sur champ de gueules accompagnée de deux couronnes
et de deux coupes d'or, à la bannière de France en
chef.
Pour être reçu matlre, il fallait avoir accompli huit
ans d'apprentissage, servi les maîtres comme compagnon
pendant deux ans, fait chef-d'œuvre et donner une caution
de mille livres. A la tète de la corporation étaient placés
deux gardes et un gj^and garde, nommés tous les ans à
Félection, en présence du procureur du roi au Chàteletet
du lieutenant général de police. Il fallait au minimum dix
ans de maîtrise pour être élu garde et dix ans de garde
pour pouvoir être grand garde. Sous le règne de JeanP^',
les orfèvres firent construire pour leur corporation une
chapelle sous le vocable de saint Eloi, leur patron. Les
huit ans d'apprentissage et les deux ans de compagnon-
nage ne suffisaient pas pour donner droit à la maîtrise ,
il fallait, en outre, subir un examen devant la cour des
monnaies sur l'emploi des matières d'or et d'argent et les
différents calculs d'alliages. Ce n'est qu'après avoir subi
victorieusement cette épreuve que le candidat était admis
à prêter serment et reçu maître sur avis favorable du
procureur général.
En 1776 eut lieu la réunion au corps des orfèvres-
bijoutiers de celui des batteurs d'or, puis en 1781 celle
de la communauté des lapidaires, ce qui porta à 500 le
nombre des marchands orfèvres de Paris, qui n'était au-
paravant que de 300. Dans ce chifïre ne sont pas compris
les orfèvres ayant acquis la maîtrise, soit en vertu du pri-
vilège spécial accordé à Fhôtel des Gobelins, soit en vertu
de celui accordé à l'hôtel de la Trinité. Le nombre des
premiers n'était pas limité ; celui des seconds était de
deux. Enfin, il existait encore six autres maîtres; quatre
qui recevaient leur privilège de la prévôté et deux qui le
recevaient du duc d'Orléans, premier prince du sang.
Chaque maître avait son poinçon particulier, reproduit
sur deux planches de cuivre, déposées, l'une au greffe de
la cour des Monnaies, l'autre au bureau des orfèvres.
Chaque pièce d'orfèvrerie devait, une fois ébauchée,
être portée au bureau des orfèvres pour en faire la décla-
ration sur le registre des droits royaux et être marquée
du poinçon de charge. Elle devait être ensuite déposée
au bureau des gardes-orfèvres, qui en vérifiaient le litre
et y apposaient leur poinçon. En dernier lieu, une fois les
ouvrages terminés et les droits acquittés, le régisseur y.
appli([uait le poinçon de décharge sanslet^uel on ne pou-
vait les mettre en vente.
Maintenant, ces formalités sont bien simplifiées ; l'or-
fèvre qui veut commencer un travail forge une plaque de
dimension convenable, y appose son poinçon et la porte
au contrôle, qui en vérifie le titre et la poinçonne à son
tour. Cela fait, l'artiste exécute son travail qui, une fois
terminé, est reporté au contrôle pour recevoir un nouveau
poinçon qui en permet la vente.
L'orfèvrerie est plus un art qu'un métier et exige de
ceux qui l'exercent non seulement une remarquable habi-
leté professionnelle, mais encore un goût et une éducation
artistique très développés. xVussi bien des noms d'orfèvres
célèbres sont venus jusqu'à nous ; le nom de Benvenuto
Cellini est dans toutes les mémoires, et on sait que la
colossale Minerve d'Athènes, dans laquelle les seules ma-
tières employées étaient l'or, l'ivoire et les pierreries, était
l'tvuvre^de Phidias. E. Maglin.
ORFÈVRERIE. I. Archéologie. — L'orfèvrerie est
Fai't de mettre en valeur artistique les métaux précieux ;
mais ce dernier mot est absolument relatif, car, suivant le
cours des siècles, certains métaux très rares sont devenus
abondants, et, de précieux, communs, tandis que la science
découvrait de nos jours de nouveaux métaux inconnus des
anciens. II faudra donc classer dans l'orfèvrerie des pièces de
bronze, de fer, d'étain, de plomb même, comme à Mycènes,
tout aussi bien que celles d'argent, d'or ou de platine. Ce qui
caractérise particulièrement le travail de l'orfèvre, c'est
que, dans la plupart des cas, la valeur artistique l'emporte
sur la valeur vénale du métal. Plus peut-être qu'aucune
autre branche de Fart industriel, l'orfèvrerie représente
le développement artistique d'une race; elle doit, en efïet,
se plier non seulement aux goûts, mais aux besoins journa-
liers de la civilisation ; elle en reproduit les scènes reli-
gieuses, les cérémonies puWiques, les fêtes populaires
comme aussi les actes les plus simples de la vie, livrant
ainsi à la postérité ses traditions, ses habitudes, ses cos-
tumes dans leurs phases les plus diverses. Elle nous montre
le goût des barbares aussi bien que celui des races les plus
délicates, et conserve les souvenirs les plus précis des
peuples pour qui elle a été exécutée.
De tous les arts, l'orfèvrerie est celui qui a subi les
moindres éclipses. Guerres, pillages, fontes générales ou
particulières, loin d'arrêter l'essor des artistes, donnent,
au contraire, un nouvel aliment à leur génie. Ce n'est
pas une disparition complète, en effet, comme celle des
statues de marbre utilisées comme pierres à chaux, mais
une transformation imposée tantôt par la force, tantôt
parle caprice ; la forme n'existe plus, la matière demeure :
l'objet d'art devient lingot, monnaie, rentre dans les tré-
sors : et pendant de longs siècles, comme le métal repré-
sente la seule valeur mobilière, des artistes, attachés
beaucoup plus aux trésors qu'aux princes mêmes, mettent
en œuvre la matière précieuse, l'approprient aux exigences
du moment jusqu'au jour où, dans un instant de besoin, on
la jettera de nouveau au creuset. Les inventaires qui nous
décrivent tant de richesses disparues ne sont point seuls à
nous apprendre que cette valeur artistique à laquelle nous
attachons tant de prix ne comptait pour ainsi dire pas ni
dans l'antiquité ni au moyen âge ; les merveilleuses pièces
du trésor d'Hildesheim portent au revers, poinçonnée,
la mention de leur poids, permettant ainsi à leur pro-
priétaire de contrôler, quand il le voulait, la valeur
de son épargne. Nous pouvons donc même nous étonner
du nombre des pièces importantes qui sont parvenues
jusqu'à nous ; elles n'ont été sauvées de la destruction
que par de savantes dissimulations. Mais ce que la terre
nous a rendu des argenteries de l'antiquité, ce qui a
été épargné du moyen âge, nous permet de connaître et
d'admirer les grandes écoles d'orfèvrerie qui se divisent
en deux branches bien distinctes : l'une comprend les
ornements personnels : c'est la bijouterie ; l'autre, les
objets mobiliers de toute nature comme aussi les décora-
tions architecturales métalliques : c'est l'orfèvrerie propre-
ment dite.
La bijouterie se subdivise elle-même en joaillerie et en
émaillerie (V. Joaillerie et Email). La première emploie,
sertit, monte les pierres précieuses : tantôt la gemme est
l'objet principal, la monture n'est alors que l'accessoire
destiné à la faire valoir : le talent de l'orfèvre consiste à
réduire son travail à la discrétion la plus artistique;
tantôt, au contraire, des pierres précieuses moins impor-
tantes viennent rehausser de leur éclat les ciselures du
métal. C'est à cette économie qu'il faut rattacher l'orfè-
vrerie émaillée, qui emprunte aux couleurs brillantes
d'une matière qui épouse les plus délicats contours, une
richesse que les gemmes, dans la raideur de leurs fa-
ORFÈVRERIE
— o26
cettes, ne sauraient lui prêter. Il faut toujours utiliser
la pierre telle qu'elle se présente ; l'émail, au contraire,
obéit à la pensée de l'artiste, qui l'assouplit à sa volonté.
L'émail, aux pre-
miers siècles, dans
la bijouterie gau-
loise, remplace, au
moment où l'Inde
et la Chine attirent
à elles les produits
des pêcheries de la
Méditerranée, le co-
rail, puis le jaspe
et,chezlesCarlovin-
giens, les grenats
sertisses, qui or-
naient naguère les
beaux spécimens de
l'orfèvrerie méro-
vingienne ; puis, au
xiv« siècle, l'appli-
cation des émaux
translucides sur
paillon donne un
éclat nouveau à la
bijouterie. La ?îzg//(?
(V. ce mot) est en-
core œuvre d'or-
fèvres, qui combi-
nent en plus les alliages les plus complexes pour varier
la couleur des métaux qu'ils emploient et augmenter ainsi
la gamme des tons à leur disposition.
La bijouterie et l'orfèvrerie se tiennent si étroitement
qu'il est impossible de les séparer lorsqu'on s'arrête aux
écoles particulières, exécutées qu'elles sont par les mêmes
maîtres ; on ne saurait nier également l'emploi des bijoux
pour augmenter la valeur artistique de nombreuses pièces
d'orfèvrerie, depuis la statue de Minerve du Parthénon
jusqu'aux reliquaires les plus modernes; elles resteront
donc unies dans la rapide excursion que nous allons faire
dans l'histoire de l'orfèvrerie.
Egypte. A voir les monuments merveilleux de délica-
tesse que nous ont livrés les tombeaux égyptiens, on ne
saurait vraiment croire que plus de cinquante siècles nous
séparent des richesses qu'ils renfermaient. La coupe de
bronze de Khiti P^', fondateur de la IX^ dynastie des Pha-
raons, le pectoral d'Ousatersen Kl, de la XllP dynastie,
montrent la sûreté de main des anciens orfèvres égyptiens
et l'habileté qu'ils déployaient dans Fincrustation de la-
melles vitreuses, de pierres fines serties dans un mince
cloisonnage d'or : les lourds gorgcrins, les gras scarabées
d'onyx et d'améthyste, les fragiles bracelets découverts à
Minieh Dashour, en 1894, par M. de Morgan, sont une
révélation véritable. La barijuo d'or votive du pharaon
Kamosou, de la XYII^ dynastie, dn musée de Gizeh, le
collier, les bijoux et les armes de la reine Ahhoptou P°,
de la XVIII® dynastie, marqueraient plutôt une époque de
décadence, si l'incrustation précieuse et les damasquinages
finement gravés, qui se retrouvent dans les œuvres mycé-
niennes n'apportaient une note nouvelle dans l'art de tra-
vailler les métaux. Une peinture, du tombeau de lioui, de
la XVIÏI® dynastie thébaine, qui nous a conservé le modèle
d'un bien curieux surtout de table, où des hommes et des
singes cueillent des fruits dans les palmiers à travers les-
quels deux conducteurs mènent des girafes apprivoisées,
rappelle le luxe d'une civilisation que nous sommes loin
encore d'avoir pénétré.
Asie Mineure. Les monuments de l'orfèvrerie chal-
déennesont rares ; quelques brojizes, (juelques bijoux en
or, mais surtout un vase en argent oifert à Ninghersou
par le patesi Entemena, montrent que les plus vieux
orfèvres de la Chaldée ne le cédaient en rien aux meilleurs
ouvriers de l'Egypte : les aigles qui décorent ce vase monté
Pectoral crOusatersen III.
sur un petit socle de bronze, les sept génisses couchées
(jui allongent leurs tètes s'agencent ingénicusemeut, et leur
structure générale nous répète que les descriptions d'orfè-
vrerie de l'Ancien
Testament n'exagè-
rent en rien la ri-
chesse mobilière de
la puissance sacer-
dotale des religions
de l'Asie Mineure.
Les Hébreux, eux,
employaient l'or le
plus pur pour dé-
corer l'arche sainte
soutenue par des
chérubins, pour
fondre le chandelier
à sept branches,
pour revêtir de la-
mes métaUiques les
parois du temple,
et les chap. xxxvi
et XXXVII du Livre
de rEdvde, qui dé-
crivent les orfèvre-
ries du peuple de
Dieu, livrent à la
postérité les noms
deBcseleelet d'Oo-
arlistiquo avait fait choisir par
liai), que leur célébrité
Vase d'Eiitemena (Monuments Piot).
Moi^e pour les exécuter. Les Phéniciens, en rapports
constants avec les l:]gyptiens, les Grecs, les Chaldéens
527 —
ORFÈVRERIE
et les Hébreux, s'inspirèrent des principes qui prési-
daient à l'ornementation des objets d'or et d'argent que
leurs navigateurs rapportaient du Delta ; ils y intro-
duisirent, par exemple, les éléments étrangers des voisins
que nous venons de citer. Deux coupes, qui ont échappé à
la destruction, nous précisent les transformations que les
orfèvres phéniciens firent subir à des motifs égyptiens en
leur alliant des réminiscences chaldéennes. A l'autre extré-
mité de l'Asie Mineure enfin, les fouilles de Schliemann à
Troie ont mis à découvert des monuments d'orfèvrerie, qui
sont fortement imprégnés du sentiment artistique que nous
allons retrouver dans les découvertes de My cènes.
Grèce. Mycènes, « la ville oii l'or abonde », dit Homère,
a fourni des monuments précieux en plus grand nombre
que nulle autre. La capitale d'Agamemnon l'emporte sur
Orchomène, et les tombes ouvertes par Schliemann ne
sont pas pour infirmer les dires d'Homère. Mais à quelle
époque fleurit cette civiHsation, très personnelle, s'éten-
dant d'ailleurs sur une très longue période d'années, qui
va du petit temple d'or « du ¥ tombeau », de F anneau
carré, des plaquettes d'or à simples enroulements, du pec-
toral d'or rudimentaire, jusqu'au vase d'or de Yaphio, en
passant par ces masques d'or si étranges, par ces poignards
Vases d'or de Vapliio,
aux fines damasquinures, si rapprochés des armes égyp-
tiennes de la XV HI^ dynastie, par ces amulettes de pierres
gravées, aux montures si artistiques ; combien de siècles
ont pu passer sur ces échantillons de l'habileté d'une race
très particuhère et qu'aucune influence étrangère ne semble
avoir modifiée ? On se doute simplement que vers la XVIIP
ou la XIX^ dynastie pharaonique, vers 4430, date de
l'avènement d'Aménophis III, l'Egypte aurait pu être en
contact avec la civilisation mycénienne et que c'est là
qu'elle aurait connu ces alliages si importants de métaux,
dans lesquels Vélectriim, si discuté, n'est pas sans avoir
pris une place prépondérante.
Ce n'est que plus tard que Samos occupe dans l'orfè-
vrerie grecque un des premiers rangs ; elle voit naître
Rhœcus, Thèlecles, Tliéodore, dynastie d'artistes dont parle
Hérodote {CUo, t, § Ll), à l'occasion des présents extraor-
dinaires d'argenterie faits par Crésus à l'oracle de Delphes.
La sculpture chryséléphantine, qui associe l'or, l'argent,
l'ivoire, orfèvrerie pure par conséquent, n'a point d'œuvre
plus célèbre que la Minerve du Parthénon de Phidias ;
seul le Jupiter otympien pouvait rivaliser avec elle. La
tiare d'Olbia enfin nous apprend que la réputation des
orfèvres grecs, au moment où ils se rapprochent de l'ère
chrétienne, n'était pas surfaite. A partir de cette époque,
nous connaissons beaucoup d'orfèvres : Canachus,Théocles,
Smihs d'Egine, Doryclas ; leurs noms nous ont été con-
servés par Athénée et par Pline. Il ne faut plus en men-
tionner qu'un, Acragas, parce qu'il doit être supprimé ;
M. Th. Reinach a montré, en effet, que les pièces signées
de ce nom sortaient simplement des manufactures d'Agri-
gente.
Italie. Il faut certainement chercher chez les Etrusques
les orfèvres qui, s'inspirant de l'art grec, répandirent les
premiers en Italie le goût de l'argenterie. Cassiodore,
Tite-Live, Pline l'afTirment du moins. Au milieu de la des-
Miroir avec la tôle d'Ariane (trésor de Bosco-Realc).
cription des richesses qui figuraient au triomphe de Lucius
Scipion en l'an de Rome 563, des trésors de Paul-Emile,
des orfèvreries de LucuUus, des services de Pompée, il
n'est jamais question d'orfèvres romains. Toujours ce sont
des Grecs établis à Rome qu'on voit cités, et leur manière
est bien évidente dans les œuvres qui ont échappé aux
fontes successives, comme la patère d'ÏIildesheim. Mais
plus tard, l'art romain personnel prendra corps ; il aura
son apogée dans la patère de Rennes, un des rares monu-
ments romains d'or qu'on connaisse, dans le trésor de
Rernay et dans le trésor plus récemment découvert do
Rosco-Reale : là, par exemple, se fait sentir une inlluencc
alexandrine qui donne à l'orfèvrerie romaine une saveur très
particulière. Mais alors que la décadence de tous les arts va
survenir, l'orfèvrerie se survit à elle-même. Les papes ont
déjà pris possession de Rome, abandonnée par les empe-
reurs ; la cassette envoyée par le pape Damase I^^' à saint
Ambroise, archevêque de Milan, de délicates burettes
chrétiennes reproduites par Rianchini, sont encore impré-
gnées, au IV® siècle, du souvenir de grandes traditions qui
vont bientôt disparaître.
Gaule. Pendant que l'or et l'argent sont à peu près
exclusivement employés par les artistes voisins de la Médi-
terranée, les Gaulois des bords de l'Atlantique connaissent
seulement le bronze. Ils en font des bijoux qu'ils ornent
d'émail, lorsque le corail leur fait défaut. Quand les Ro-
mains arrivent en Gaule, ils trouvent les ateliers d'orfèvres
barbares, il est vrai, mais ayant un cachet très person-
nel : ils se rattachent à une^ série artistique, faite d'un
mélange des goûts de tous ces peuples du Nord, qui, se
ORFÈVREFJE
o28 —
refoulant les uns les autres clans leurs immigrations suc-
cessives, nous ont laissé, dans une suite d'objets
d'or massif, les spécimens les plus curieux d'une industrie
qu'on commence à peine à connaître. De l'extrême nord
au midi, on la suit : de la Baltique au Bosphore cimmé-
rien, du Caucase à la Gaule, à l'Espagne, à l'Italie même,
partout, elle a laissé des trésors cachés que la terre rend
au jour peu à peu. Le diadème de ?\ovo Tcherkask, des
bords du Don, les fibules du lac Ladoga, le trésor de Pé-
trossa, en Valacliie, avec ses bijoux à inscriptions runiques,
la coupe de Gunderstrup en Jutland, la couronne de Guar-
razar, l'armure de Ravenne forment une chaîne dont les
branches différentes ne sauraient encore être bien défini-
tivement cataloguées, mais qui jouit d'une existence propre
et qui se développe par elle-même. La Gaule, conquise
par Rome, en subit l'influence artistique jusqu'au départ
des empereurs pour Byzance. l']lle se reprend alors.
Viemient des artistes comme saint Eloi, élève d'Albon,
orfèvre de Limoges, qui renouvelle les traditions d'une
race, disparues pendant quelques siècles, elle verra renaître
une véritable école, l'orfèvrerie mérovingienne, dont Thillo,
de l'abbaye de Solignac, est un des principaux représen-
tants, et dont l'épée de Pouhan, les armes de Childéric,
la cbàsse de Saint-Maurice d'Agaune sont les expressions
les plus célèbres, nettes de toute influence grecque ou
romaine, jusqu'à la Renaissance carolingienne.
Byzaiice. Lorsque Constantin transféra à Byzance le
siège de l'iùnpirc, l'art de l'orfèvrerie romaine n'eut guère
à se transformer dans son émigration. En revenant dans
son pays d'origine, l'ambiance grecque le ressaisit, seule
la mode a changé. 11 prend immédiatement un essor pro-
digieux sous Constantin, sous Théodose. De ces époques,
où l'orfèvrerie s'introduit jus<|ue dans les moindres détails
du costume, il demeure non seulement des monuments
précieux, comme le disque de Théodose, rares il est vrai,
parce (pie la plupart, destinés au culte, furent détruits
par les iconoclastes, mais les manuscrits prestigieux de
l'art byzantin nous ont conservé le souvenir et la descrip-
tion de magnificences que saint Jean Chrysostome, pa-
triarche de Constantinople, se plaignait de voir exclusive-
ment attirer les regards. Si My cènes, si l'Egypte eurent
des décorations architecturales d'orfèvrerie, si les Hébreux
ornèrent leur temple de revêtements richement ciselés,
Byzance n'épargna rien pour augmenter la somptuosité de
ses sanctuaires. Sainte-Sophie, Léglise des Saints-Apôtres,
la Chapelle impériale furent meublées d'iconostases éblouis-
sants, de parements d'or, d'argent, de bronze, damas-
quinés, oii la niellure jouait un rôle important ; l'émail
enhn, dont les artistes sont tout à fait maîtres, ne rem-
place plus seulement les pierres précieuses en les imitant,
mais s'unit à elles, au contraire, et dans son cloisonnage
d'or laisse bien loin en arrière l'orfèvrerie mérovingienne.
Il semble que le x^ siècle voie l'apogée de l'orfèvrerie
byzantine, dont le trésor de Saint-Marc de Venise conserve
de si précieux monuments, provenant en grande partie du
pillage de Constantinople en 1^204. La réputation de
Byzance, l'éclat dont elle brille, ses cérémonies religieuses
incomparables, sa puissance militaire, son goût pour les
arts, sa richesse, tout contribue à répandre dans le monde
son influence. On la trouve tout d'abord en Italie avec
laquelle elle a conservé tous ses rapports politiques ;
l'évangéhaire de Monza avec ses inscriptions latines a été
fabriqué loin de Byzance ; mais bien d'autres encore, à
inscrij)tions grecques pourtant, virent certainement le jour
dans des ateliers éloignés des rives du Bosphore. Ne sait-on
pas qu'avec les ambassades, avec les princesses qui vont
s'asseoir sur des trônes éloignés, partent des artistes qui,
tout imprégnés de l'art grec, obéissant au canon que nous
a conservé le Guide de la 'peinture, livrent aux princîcs,
aux 'abl)ayes les chefs-d'o'uvre de leur industrie. Théo-
phanie, fille de Romain 11, allant retrouver son époux
Otton II, empereur d'Allemagne (973), emmène avec elle
des artistes grecs, accueillis avec faveur par Egbert. arche-
vêque de Trêves, par Willegis, archevêque de Mayence,
par saint Bernward, évêque d'Hildesheim, qui nous a légué
des œuvres d'orfèvrerie sorties de ses mains mêmes. Celait
Calice d'onyx byzantin.
à cette épo([ue dans les monastères d'ailleurs que se con-
servaient les traditions artisti([ues ; la règle même de Saint-
Benoît prévoyait les écoles d'art sous ses cloîtres, et les
Chroniques, comme h Liber pontifical is, nous signalent
les merveilles qui sortirent des mains des ouvriers ainsi
formés par un éclectisme, dontCharlemagne, avec son écrin
donné à Saint-Denis par Charles le Chauve, dont le pa-
triarche de Grado (ix^ siècle) avec son calice, dont Angil-
bert II, archevêque de Milan (8*24), avec le paliotto de
saint Ambroise, exécuté par Volviniusen 835, dont Didier,
abbé du Mont-Cassin (1057), avec les portes de bronze de
l'abbaye, dont Suger,
abbé de Saint-Denis,
avec son retable dû au
talent des ouvriers
barbares auxquels il
l'avait commandé,
donnèrent les preuves
(jui nous ont été con-
servées.
Occident. Aux ter-
reurs de l'an mille et
à la période d'obscu-
rité qui le suit, suc-
cède une ère d'énergie
débordante. Voici que
l'Occident se lève con-
tre l'Orient ; au retour
de leurs expéditions,
les croisés déposent
dans les trésors de
leurs églises les dé-
pouilles des vaincus.
C'est dans les plus cu-
rieux monuments de
l'art oriental qu'ils
rapportent les reliques
({u'ils sont allés con-
quérir. Le Livre du
moine Théophile, du xu^ siècle, nous montre, dans sa
technique, l'état avancé de l'orfèvrerie au moment où il
l'écrivait. Si l'influence des petits monuments est évidente
dans une branche de l'art, c'est certainement dans l'orfèvre-
rie liturgique ; il faut habiller les reliques, monter les vases
Reliquaire (xiie s.) donné par Suger
au trésor de l'abbaye de Saint-
Denis (Musée du Louvre).
— 5^9 —
ORFEVRERIE
précieux rapportés de Palestine, et les souvenirs d'Orient
hantent les orfèvres. Mais encore chaque race développe-
t-elle ce thème d'après son sentiment personnel, sur lequel
l'arrivée subite de tant de pièces mer veilleuses provenant
de la prise de Constantinople en 1204 vient encore réagir.
Puis, pendant que le développement de l'art gothique suit
son évolution, alors que saint Louis fait élever, pour rece-
voir la couronne d'épines, la dentelle de pierre de la Sainte-
Chapelle, l'orfèvre prend modèle sur ce précieux reliquaire
vers lequel tous les yeux se tournent avec envie, et, jusqu'à
la Renaissance, ne variera guère ses modèles que pour
les alourdir ; plus lourdes encore seront les œuvres alle-
mandes, plus chargées les argenteries espagnoles, pendant
que l'Italie, avec ses primitifs, sentant déjà ce souffle
nouveau qui va devenir la Renaissance, dirige surtout ses
orfèvres vers les représentations humaines. Ce sont de
grandes pages que le retable d'argent de l'église du Sau-
veur à Venise, donné par l'abbé Benedetto vers l'^OO,
ainsi que la porte de bronze de Saint-Marc, ciselée en 1300
par l'orfèvre Bertuccius. Pistoia, Orvieto, Sienne, Plai-
sance sont célèbres par les monuments que leurs orfèvres du
xn^' siècle ont exécutés pour leurs basiliques. An xv^' siècle,
ce sont alors des noms illustres dans la peinture, dans la
sculpture, qui brilleront également dans l'orfèvrerie,
comme Ghiberti, qui exécute les fonts baptismaux de
Sienne et les portes du baptistère de Florence en 4424,
comme les frères Turini de Sienne, comme Andréa del
Verrocchio, comme Antonio del Pollaiuolo, comme Fini-
guerra, ({ui excellait dans les nielles, comme Luca délia Rob-
bia, enfm comme celui en qui se résume l'art du xv^ siècle,
Donatello, de son vrai nom Donato di Niccolô di Betto
Bardi.
Mais voici qu'avec le xvi^ siècle un souffle tout nou-
veau passe sur le monde occidental; jusqu'alors la femme,
pour les rudes guerriers qui ne vivent que de combats,
n'a point compté ; le sentiment chevaleresque naît en
même temps que disparait cette grossièreté qui jusqu'alors
s'imagine être la force. La beauté, la grâce deviennent
l'idéal que poursuivent les artistes ; sculpteurs et peintres
rivalisent pour la célébrer ; les orfèvres ne demeurent pas
en arrière. Tout est destiné à la femme et tout la repré-
sente ; tout est motif pour la chanter, et les massives
argenteries gothiques font place aux chefs-d'œuvre que
François I^»' commande à son orfèvre attitré, Benvenuto
CeUini. Bien peu sont parvenus jusqu'à nous ; les pillages
de ISoâ, les fontes ordonnées par Louis XIV, celles enfm
de 1793 ont à peu près tout détruit : la plus importante
des œuvres qui en restent, la fameuse salière d'or exécu-
tée pour le roi, est aujourd'hui au musée de Vienne. (On
en trouvera la représentation à l'art. Celijm. t. IX,
p. 1048.)
Désormais, les écoles vont se mêler, se confondre ; les
artistes voyagent, portent à l'étranger leur manière, et
reviennent tout imprégnés du milieu dans lequel ils ont
séjourné ; leur personnalité de race disparait ; il ne demeure
plus que des ouvriers très habiles. Cependant, Etienne
Delaulne, né à Orléans en 1520, a laissé des modèles
gravés d'orfèvrerie, qui révèlent dans leur pureté un
talent incontesté.
Mais n'est-il vraiment pas curieux de voir, à un moment
où le luxe atteint son apogée, des artistes célèbres exé-
cuter en étain les orfèvreries les plus précieuses. Et ce
n'est pas de simples surmoulages qu'il s'agit, Les œuvres
de François Briot (V. ce nom) doivent être placées parmi
les plus excellentes orfèvreries du xvi^ siècle ; le peu de
valeur de la matière qui les composait nous en a conservé
plusieurs qui font aujourd'hui notre admiration.
Louis XIV fit exécuter de nombreuses pièces d'argen-
terie, mais ce ne sont plus que des artisans habiles, qui
travaillent sous la direction de Lebrun ; il n'y a plus là
une école, mais simplement un style ; aux conceptions
curieuses du moyen âge, à l'idéal de la Renaissance, suc-
cèdent de simples contournements de feuillages, plus ou
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
moins tinement traités, «uivant l'habileté de l'ouvrier,
qu'il s'appelle Roettiers ou Germain, entremêlés de co-
quillages, suivant qu'on est sous Louis XIV ou sous Louis XV,
se redressant peu à peu lorsqu'on arrive à l'Empire, pour
n'avoir plus aucun caractère sous la Restauration. Aujour-
d'hui, nous avons les artistes les plus délicats, mais ils ne
semblent peut-être pas assez se souvenir (|ue c'est encore
dans l'étude des chefs-d'œuvre dupasse (|ue se trouvent les
plus utiles enseignements pour l'avenir. F. de Mklv.
IL Technologie. — Mise en œ^uvre des métaux
précieux exécutée par l'orfèvre. Le travail au marteau est
le plus anciennement employé dans l'orfèvrerie, et son usage
est encore très répandu actuellement et nécessite un cer-
tain nombre d'outils spéciaux, qui peuvent être classés en
cinq groupes principaux : Outils à marteler, à tracer, à
couper, à percer, à dresser et polir.
1° Outils à marteler. Dans cette catégoi'ie figurent
de nombreux marteaux différents de forme et de dimen-
sions. Les principaux sont le marteau à emboutir (Hg. 1),
en forme de ([uart de cercle, à
gouges rondes et faces en tête
de diamant ; le marteau à ré-
parer moins cintré que le pre-
mier ; le martelet de dimen-
sions plus réduites ; le marteau
à emboutir en boudin , qui a
une surface très unie, un pan
carré et l'autre terminé en
pointe ; le marteau à acfiever,
à tranche arrondie ; le marteau
à bouge pour former la partie
concave d'un plat ou d'une assiette ; il en existe de nom-
breux modèles dont la tranche, toujours arrondie, est
plus ou moins épaisse suivant les
besoins. Le marteau à devant,
à tranche et à panne, est employé
pour le travail sur l'enclume, le
marteau à marlie sert à former
la moulure de ce nom, le marteau
à planer, à panne plate, sert à
faire disparaître les traces de coups
trop visibles. Le marteau à re-
treindre est muni à chaque bout
d'un tranchant arrondi et sert à
étendre le métal sans le couper.
Les maillets en bois, de formes
variées, servent également au mar-
telage. La fig. 2 représente un maillet destiné principa-
lement à dresser les plaques avant l'emboutissage.
La diversité n'est pas moindre en ce (jui concerne les
outils destinés à re- ^
cevoir le contre-coup
du choc donné par le
marteau. En premier
lieu viennent les bi-
gornes, sorte de tra-
verse en fer montée
sur un pivot et dont
les deux bras sont,
l'un rond, l'autre plat (tig. 3). La oigorne à clianle-
pleure (fig. i) se disthiguc par l'inégalité de ses ])ras.
Dans la tig. 3, on re-
marque dans l'axe de
la bigorne un trou
carré a servant à ri-
ver. Dans la fig. 5, les
deux cannelures trans-
versales b permettent
de rabattre les bords du
métal. La bigorne li goulot et la grosse bigorne sont
également très employées. Il en existe encore beaucoup
d'autres types tels que la bigorne ronde de gobeletterie,
la bigorne demi-ronde , la bigorne en boule, la bigorne
Fii>. 2
ORFÈVRERIE
— 530 —
Via
à œuf, etc. Vencltune, posée sur un billot en bois et
aciérée à la 'surface, est généralement munie d'une bigorne
pointue et d'une corne carrée. Les tas sont aussi de formes
très variées ; le tas à
L planera une surface su-
périeure plate et unie ;
le tas à soyer, employé
pour faire les rebords ou
ourlets, ressemble beau-
coup à une bigorne ; le
las à canneler (fig. 6)
porte à sa partie supé-
rieure des empreintes de
cannelures de profds et
de dimensions divers. La boule est également employée
dans le travail au marteau ; c'est une tige de fer, de
20 à 25 centim., plantée dans un
billot par son extrémité pointue
et dont l'autre extrémité affecte
la forme d'une boule ronde, demi-
ronde ou aplatie. Elle sert pour
commencer à rétreindre, avec un
maillet de bois, les pièces qui doi-
vent ensuite être continuées sur
la bigorne.
Dans l'emboutissage, on lait usage de mandrins ap-
propriés aux formes à obtenir ; ils sont donc très nom-
breux dans un atelier
d'orfèvre ; nous cite-
rons les mandrins mé-
plats (fig. 7), ronds
(rig.8)etcarrés(fig.9).
Suivant l'usage aux-
quels ils sont destinés,
ces mandrins se fabri-
quent en bois, fer ou
cuivre jaune. Nous terminerons ce qui a trait aux outils
à marteler en parlant de la resingue (fig. 40), qui rem-
place avantageusement la bigorne dans certains cas pour
rétreindre le métal.
<^/^^ _— --t::::?^^^^ Elle se compose d'une
tige horizontale por-
tant à une extrémité
un tasseau a et à
l'autre une pointe /?,
Vjc. ](). permettant de la
ficher dans le billot.
2*^ Outils à tracer. Le traçage joue un grand rôle dans
l'orfèvrerie, car lorsqu'il est soigneusement fait il diminue
la proportion des déchets, ce qu'on doit
toujours chercher à faire, étant donné la
valeur élevée de la matière première. Les
outils sont très simples ; ce sont le ntè-
Ire, Véqiieire, le compas et la pointe
à tracer. Cette dernière s'emploie fré-
quemment pour tracer sur le métal le
contour d'un gabarit en fer-blanc ou en
carton découpé à la forme voulue.
3° Outils a couper. La plupart de ces
outils n'offrent pas de particularité spé-
ciale : tels sont : la cisaille à main,
la cisaille à banc et la cisaille a lames
circulaires ; la fig. \\ représente un
outil nommé cisaille h levier brisé, qui
permet avec un faible effort de couper des
épaisseurs relativement fortes.
¥ Outils a percer. Le perçage se fait
habituellement à l'aide à' emporte-pièces,
dont la partie supérieure, aplatie, reçoit
le choc du marteau et dont la partie in-
férieure, tranchante, est découpée suivant la forme de la
partie de métal à enlever. La gouge, destinée à feston-
ner l'argent, a un tranchant demi-circulaire. Pour rece-
voir le contre-coup du poinçon, on applique le métal à
découper sur un plateau en plomb durci par l'adjonction
d'une faible quantité de régule d'antimoine pour qu'il ne
s'écrase pas trop sous le choc.
5^ Outils à dresser et a polir. Le tas cl dresser est
un tronc de pyramide, fiché dans un billot par sa pointe
et présentant horizontalement sa base sur laquelle on
place la plaque adresser. Cet outil est en acier trempé et
poli avec soin. On frappe le métal à l'aide d'un marteau
de fer (fig. 12) ou d'un
maillet en bois (fig. 2) ; non
seulement le choc du mar-
teau sur le métal placé sur
le tas le redresse, mais en
outre il en resserre le grain,
il l'écrouit, en lui donnant
une surface parfaitement
lisse et susceptible de rece-
voir un beau poli. Enfin
l'outillage général de l'or-
fèvre comprend également
un assortiment de tenailles,
pinces plates ou rondes, limes de diverses formes : rec-
tangulaires. Irais-quarts, queues de rat, de grattoirs,
de burins ou éclioppes (ronde, plate, à chainplever, à
épailler), etc.
Le montage des pièces martelées, qui a pour but de
réunir les bords de la pièce, se fait soit par agrafage, ce
qui est rare, soit par rivetage à rivets h'aisés, soit, le
plus communément, au moyen d'une soudure.
Moulage des pièces u'orfèvreiue. — Le repoussage
au marteau ne peut se faire que sur des pièces d'une épais-
seur relativement faible et peu susceptibles, par consé-
([uent, de supporter un important travail de ciselure comme
les pièces fondues. Les pieds et anses de vases et les
figures en ronde bosse par exemple se font en métal mas-
sif, fondu et ciselé ensuite. Il est à regretter que le mou-
lage de ces pièces ne se fasse pas toujours dans l'atelier
même de l'orfèvre. A Paris, notamment, les orfèvres font
souvent mouler leurs pièces au dehors et n'ont plus qu'à
couler le métal en fusion dans les châssis ; quelquefois
même font-ils faire également ce travail par un fondeur.
Deux procédés sont employés pour le moulage : le moulage
au sable et le moulage dans les os de seiche.
Le moulage au sable (V. Moulage) ne diffère pas sen-
siblement de celui des pièces de bronze; toutefois les châs-
sis employés sont généralement en bois, quelquefois en
cuivre. Les modèles à mouler sont disposés dans le châs-
sis suivant des rayons ayant pour centre commun le
maître jet. Pour chasser l'humidité, on ne procède pas,
comme pour le bronze, à un étuvage prolongé auquel les
châssis de bois ne pourraient résister, on se contente
de chauffer modérément. Comme pour le bronze, le sable
de moulage doit être un peu gras et légèrement argileux.
Les plus estimés sont en France, ceux de Fontenay-aux-
lloses, et ceux de Pignan (près Montpellier), et en Suisse
celui de Saint-Maurice-en-Valais.
Le moulage dans les os de seiche est beaucoup plus
simple, mais ne s'applique qr'aux objets peu volumineux,
particulièrement aux bas-reliefs. On sait que la seiche ast
un mollusque céphalopode dont la tête est garnie de ten-
tacules et qui porte dans une sorte de poche située sur le
dos un corps calcaire, de forme ovale, de 45 à 20 centim.
de longueur sur 8 à 40 de large, et qui est connu com-
munément sous le nom de biscuit de mer. Il est recou-
vert d'une coquille lisse très résistoante, dans l'intérieur
de laquelle est une substance poreuse et très légère, sus-
ceptible dd bien prendre une empreinte par simple pres-
sion. L'osde seiche, tel qu'on le trouve en abondance sur les
plages do sable, n'est pas bon pour le moulage, car son
exposition au soleil l'a rendu cassant ; il est bien préfé-
rable de faire usage d'os pris sur le mollusque même
qu'on pêche dans la Méditerranée o\x il est très abondant.
~ o31 —
ORFÈVRERIE
x4vaiit de procéder au moulage, on commence par dres-
ser soigneusement la partie tendre de l'os en la frottant
contre une pierre bien plane ; cela fait, on y enfonce par
pression l'objet à mouler en s'aidant d'un poussoir, corps
dur appliqué contre le revers du modèle. Quand celui-ci
a été enfoncé au niveau voulu, on le retire, simplement
en retournant l'os sens dessus dessous, de façon qu'il se
détache par son propre poids. Puis, à l'aide d'une lame,
on évideun/e^ à ouverture très évasée; on expose l'os à
la fumée tant pour le sécher que pour boucher les pores,
et on l'appUque contre une brique réfractaire bien plane
nommée contre-os. On saisit le tout dans des pinces et on
coule le métal en prenant soin de se placer au-dessus d'une
terrine contenant de l'eau dans laquelle vient se solidifier
la matière fusible qui aurait pu tomber à côté du moule.
Les petits sujets en ronde bosse peuvent aussi se mouler
par ce procédé en remplaçant le contre-os par un deuxième
os qui s'applique contre le premier. Par l'effet de la pres-
sion, le modèle s'incruste également dans les deux os.
Pour bien pouvoir remettre les deux os dans leur position
respective lors de la coulée, on prejid soin, avant de re-
tirer le modèle, de percer avec une tige d'acier un cer-
tain nombre de trous qui traversent les os de part en
part, de façon à constituer des repères et d'y enfoncer
des chevilles lors de la coulée.
Soudure des pièces d'orfèvrerie. — Elle a pour but
de réunir entre eux les différents fragments d'une même
pièce, après les avoir travaillés séparément. C'est donc
une des parties les plus délicates et les plus importantes
de la fabrication, puisque la moindre erreur peut mettre
à néant tout le travail antérieurement fait.
Il y a deux manières de souder les grosses pièces d'or-
fèvrerie, soit qu'on fasse cette opération au feu de forge,
à vent forcé, soit qu'on la fasse à feu couvert, sur une
bassine en fer disposée de telle sorte que l'ouvrier puisse
ûicilement tourner autour pour régulariser l'action du feu
et surveiller le travail. La forme de la pièce et sa compli-
cation plus ou moins grande déterminent le mode ([u'il con-
vient le mieux d'adopter. Les parties à souder doivent
être tout d'abort parfaitement grattées, puis mises en
place et liées ensemble par des iils de fer. Aux points de
jonction, on dispose les paillons de soudure en ayant soin
d'y ajouter du borax, comme fondant. Ce borax est ré-
pandu au moyen d'un instrument nommé rochoir.
S'il existe déjà des soudures antérieurement faites sur
la pièce à travailler, il faut prendre soin (|ue la nouvelle
soudure soit faite d'un alliage plus fusible que la première,
c'est ce qui explique pourquoi les orfèvres ont des sou-
dures différentes, comme nous le verrons plus loin. —
Lorsque, la pièce étant arrivée au rouge blanc, on voit la
soudure briller et couler en même temps dans les parties
opposées, l'opération a réussi. On laisse la pièce refroidir,
on enlève les liens en fil de fer, on décape pour enlever
le borax, puis, à l'aide de la lime ou de l'échoppe, on fait
disparaître la soudure en excès. Enfin, on adoucit les
traits encore visibles à l'aide de la pierre ponce, puis de
la pierre à polir, puis enfin du tripoh.
Soudures ordinaires des orfèvres. — Elles sont au
nombre de quatre et se nomment à huit, à six, au
quart, au tiers, ce qui revient à dire qu'elles contiennent
un huitième, un sixième, un quart, un tiers de cuivre
jaune, le reste étant de l'argent 1^^' titre. Plus la teneur
en cuivre jaune est élevée, plus la température de fusion
diminue ; c'est ce qui permet d'effectuer sur une même
pièce des soudures successives, en faisant par exemple
les premières à huit, les secondes à six et ainsi de suite,
étant bien entendu que la soudure la plus élevée doit être
néanmoins plus fusible \[m le métal à souder. Les sou-
dures ci-dessus sont des soudures d'argent. Il existe éga-
lement des soudures d'or au quart, au tiers, au deux,
dans lesquelles l'or rentre pour les trois quarts, les deux
tiers, la moitié ; le reste est un alliage d'argent et cuivre
rouge à raison de 2/3 d'argent l*^^" titre contre 1/3 de
cuivre rouge. Outre ces soudures types, il en existe un
grand nombre d'autres qu'il serait trop long d'énumérer
ici. L'outillage employé pour la soudure est simple et ne
présente pas de particularités spéciales : la forge est en
briques ou en fonte, à foyer creux et portant une tuyère
pour l'arrivée du vent. — Le chalumeau, qui rend d'aussi
grands services que la forge, rentre aussi dans les types
connus, depuis le chalumeau de laboratoire jusqu'au cha-
lumeau à gaz très en usage à Paris.
Finissage des pièces d'orfèvrerie. — Les différentes
manipulations qu'a subies la pièce depuis le moment où
on Fa mise en œuvre jusqu'à celui où on l'a parachevée
ont terni l'éclat qui en fait une des principales quafités ;
il faut donc raviver cet éclat et faire disparaître toutes
les rayures qui ternissent la surface du métal. Il suffit
pour cela, comme nous l'avons dit plus haut, d'un net-
toyage à la pierre ponce pulvérisée et broyée dans l'huile
d'olive, suivi d'un second nettoyage au tripoH délayé dans
du vinaigre ou de l'eau-de-Nie. Enfin on donne le vif k
l'ouvrage en frottant avec du rouge d'Angleterre réduit
en pâte fine dans de l'alcool.
Bien des procédés ont été préconisés pour le nettoyage de
Fargent; parmi les plus simples et les moins dispendieux
nous citerons celui qui consiste à frotter l'argenterie avec
une pâte composée de suie tamisée et délayée dans de l'eau.
On a également obtenu un très bon résultat en recueillant
la mousse épaisse et légère qui remonte, au printemps, à la
surface des eaux tranquilles; on la sèche et on la conserve
dans des sacs. Il suffit alors d'en frotter les pièces d'ar-
genterie pour les rendre brillantes sans aucune rayure.
Brunissage. — Cette opération, qui est la dernière, donne
au métal le maximum d'éclat auquel on puisse atteindre.
L'outil employése nomme brunissoir (V. Brunissage) ; ses
formes et ses dimensions varient à l'infini, mais il doit tou-
jours être fait d'acier trempé de tout son dur et amené auplus
haut degré de poli auquel il soit susceptible de parvenir.
Lorsque son emploi ne suffit pas, on fait usage, pour la
finition d'un brunisssoir, à'fiématite ou pierre san-
guine; le frottement du brunissoir, qu'il soit d'acier ou
d'hématite, est facilité en le trempant de temps en temps
dans de Feau de savon. A Paris le brunissage est fait le
plus souvent par des ouvrières (brunisseuses) qui s'en
acquittent avec succès; il offre de réelles difficultés, sur-
tout lorsque sur une même pièce on doit avoir à la fois
des parties mates et des parties brunies.
Enfin lorsqu'au contraste du métal mat et bruni on veut
substituer ou ajouter celui de V argent oxydé ou argent
noir, deux procédés peuvent être employés ; on sait en efiet
que le soufre donne à Fargent un ton noir bleu et que
le chlore fournit un ton brun. On peut donc faire usage
de foie de soufre ou de sel ammoniac suivant la tonalité
qu'on se propose d'obtenir.
Une des branches les plus importantes actuellement de
l'orfèvrerie est celle qui a rapport à la table, et principa-
lement la fabrication des couverts. Mais cette dernière
branche, précisément en raison de son extension considé-
rable, a vu les procédés mécaniques se substituer aux an-
ciens procédés. Les avantages sont évidemment considé-
rables, tant au point de vue de la rapidité d'exécution que
de Fabsolue identité des pièces obtenues, mais en revanche
le caractère artistique s'efface devant le caractère indus-
triel. Nous ne parlerons donc pas de la fabrication des cou-
verts, qui se fait mécani([uement, à l'aide de machines
puissantes et compliquées, (^ela rentre dans le domaine
de l'estampage, du découpage et de la galvanoplastie, beau-
coup plus que dans celui de l'orfèvrerie proprement dite.
Dans la vaisselle plate et la vaisselle montée, les procédés
mécaniques ont pris également une extension considérable ;
les moulures se font à la filière et sont soudées ensuite ; le
repoussage se fait autour, etc. Beaucoup d'ornements, ja-
dis ciselés, se font maintenant en comprimant très forte-
ment le métal dans des matrices d'acier portant Fempreinte
des dessins à reproduire sur la pièce.
OUFÈVREKIE
Fabrication du plaqué. — Cette fabrication a pour but
de recouvrir une feuille d'un métal tel que le fer ou le
laiton d'une feuille d'or ou d'argent, qui fait corps avec
elle, de façon à donner à l'objet fabriqué l'aspect d'une
pièce entièrement faite en métal fin. Le placage diffère de
la dorure et de l'argenture en ce que la feuille de métal
fin y est beaucoup plus épaisse et que les procédés de fa-
brication sont absolument difTérents. Des statuettes assy-
riennes, des médailles romaines et diverses pièces attri-
buées aux Grecs montrent que l'antiquité employait déjà
ce procédé. Les A'ormands l'importèrent en Angleterre ; il
y resta stationnairc juscpi'en 174;2, époque à laquelle le
coutelier Thomas Boîsover créa la véritable industrie du
plaqué.
Ce n'est que vers 1769 ([ue Deranton et Vincent Huguet
firent en France la première application de cette industrie ;
les travaux de M. Jalaberten 1809, de MM. Levrat et Pa-
pinaud en 1811, de M. Thourot en 1828 et enfin de
M. Gandois en 1832 portèrent chez nous cette industrie à
son apogée. De nos jours, le placage est à peu près aban-
donné, et la galvanoplastie s'est substituée à lui dans la plu-
part des cas. Elle présente le grand avantage de déposer
une couche de métal fin, or ou argent, sur le métal vul-
gaire préalablement travaillé, assemblé et soudé, tandis que
dans le placage on travaillait des feuilles composées de
deux métaux accolés l'un à l'autre, des bi-métaux, sui-
vant l'expression qui a cours présentement.
OuFÈvHERit: d'imitation. — Dans les divers procédés
(jui la constituent, le métal hn, quand il existe, ne joue
([ue le rôle de couverture d'un autre métal moins cher.
Le cuivre ayant des propriétés toxiques dangereuses lors-
qu'il s'agit d'orfèvrerie de table, on a songea y substituer
des alliages imitant l'argent et presque inaltérables à l'air.
Ces alliages sont généralement à base de nickel ; le cuivre,
le zinc, l'étain, le plomb, le fer, l'aluminium y figurent
également. Les Chinois en ont fabriqué depuis l'antiquité
la plus reculée (cuivre blanc, packfung, toutenague) ;
les métaux blancs que nous employons maintenant en
Europe peuvent être désignés sous le terme générique de
maillechort ou argentan.
Voici quelques-uns des principaux alliages actuellement
employés :
Maillechort (d'après M. Darcet)
Cuivre 50,00
Zinc 31,25
Nickel 18,75
100,00
Alliages blancs (d'après M. Girardin)
Nickel
Cui\re
Zinc
Alliage pour couverts. . . 25
50
25
— pour garnitures
de couteaux 22
55
23
Alliage pour laminer ... 20
60
20
— pour objets à
souder 20
57
20
Plomb
Nous citerons encore les deux métaux blancs suivants :
Cuivre .
Nickel .
Zinc. . .
Fer . . .
Etain. .
et:
Cuivre ....
Nickel ....
Aluminium .
;30
23
17
100
70
23
7
TÔÔ"
Le packfung des Chinois a donné d'après les analyses
la composition suivante :
Cuivre
Nickel ;;;;;;
Zinc
•43,8
15,6
40,6
et le toutenague
Cuivre'
Nickel
Zinc
100,0
40,4
31,6
2,6
TtKÏÏÏÏ
NiKLLE. — La nielle, niellure ou niellage, a pour objet
de décorer un métal fin, généralement l'argent, au moven
d'une gravure en creux dans laquelle on introduit des sul-
fures métalliques constituant une sorte d'émail très foncé.
C'est donc la transition tout indiquée qui nous mènera à
remaillage des métaux.
La nielle (V. ce mot) semble avoir été inventée au com-
mencement de l'ère chrétienne par les Egyptiens; elle passa
de là en Perse, à Byzance et en Russie, elle pénétra même
jusqu'en France, car au vii« siècle les nielleurs marseillais
jouissaient d'une grande réputation. Au xv^ siècle, les ar-
tistes florentins la mirent en faveur au plus haut point.
Jusqu'à la mort de Benvenuto Cellini cette faveur se maintint
pour disparaître ensuite. La méthode en usage à l'épociue
de la Renaissance est décrite tout au long dans le Iraitéde
Vorfèvrerie, de Benvenuto Cellini (traduit parM. Eug. Piot).
La composition actuellement employée par nos nielleurs
est la suivante :
ym^^ 38 pai-lies
Cuivre 72
Plomb 50
Borax 35
Soufre .'..'*' 384 —
On met le soufre en fusion dans une cornue pendant
que l'argent et le cuivre fondent dans un creuset ; le plomb
est mis dans le même creuset vers la fin de l'opération.
Quand les métaux sont complètement fondus, on les verse
dans la cornue contenant le soufre et, dès que le mélange
est opéré, on ajoute le borax.
Il se dégage à ce moment des vapeurs abondantes qui
finissent par disparaître. On verse alors la composition
dans un mortier en fer oii on la réduit en poudre. Cela
fait, on lave à l'eau acidulée de chlorhydrate d'ammoniaque,
puis à l'eau contenant de la gomme en dissolution.
Pour appliquer la nielle sur la pièce gravée, on la prend
à l'aide d'une spatule et on la fait pénétrer dans les traits
du dessin. On enlève l'excédent et on transporte la pièce
dans un moufle porté à la température nécessaire pour
faire fondre la composition. Quand la fusion est complète
il ne reste plus qu'à laisser refroidir et à gratter et polir
la pièce comme on le fait pour les objets d'argent. En
1830, MM. Wagner et Mention ont trouvé un procédé de
niellage très économique, qui est le suivant : au lieu que
ce soit l'artiste qui trace en creux son dessin sur les pièces
à nieller, on se sert d'empreintes en acier qui servent à
reproduire le dessin sur les pièces d'argent. Ce procédé,
quoique donnant de bons résultats, n'atteint pas la finesse
de la gravure à la main.
En Perse et en Russie, la composition employée pour la
nielle est la suivante :
Argent 13^^,30
Cuivre 75
Plomb .' 406
Fleur de soufre 367
(ihlorhydrate d'ammoniaque' 76
Emaillage des métaux précieux. — D'après les plus
anciens documents, Fémaillage des métaux précieux semble
avoir pris naissance dans la Gaule occidentale 400 ans
environ avant J.-C. Mais c'est surtout au moyen âge que
583 —
OHFKVKEHIE — ORFRAIE
cHie branche de Torfèvrerie acquit son plus grand déve-
loppement, en France et dans l'empire grec.
Jusqu'au xtii^ siècle, le seul procédé en usage consis-
tait à couler la surface vitreuse dans des creux pratiqués
sur une lame de métal, en produisant l'adhérence, soit par
de légères saillies réservées dans le métal, soit par de pe-
tites cloisons soudées. L'estam|>age et le champlevé (tra-
vail au burin) étaient employés l'un et l'autre, quelquefois
simultanément. L'invention des émaux translucides sur
relief, qui semble due à Nicolas de Pise, date de la fin du
xiii^ siècle. Un siècle plus tard, on voyait apparaître la
peinture sur émail, dont l'école de Limoges nous a trans-
mis de si remarquables spécimens.
L'application de V émail (V. ce mot) sur les métaux pré-
sente de grandes difficultés, parce que la haute température
nécessaire pour le porter en fusion peut déterminer soit une
oxydation du métal (lorsqu'il s'agit d'argent ou de cuivre),
soit une réduction de l'oxyde de plomb contenu dans l'émail,
avec formation de plomb métallique. Il en résulte, dans
l'un et l'autre cas, une altération de la couleur primitive.
L'émaillage se fait de plusieurs façons, soit par l'appli-
cation de simples couches d'émaux colorés, soit par l'exé-
cution de la peinture sur émail. Dans ce dernier procédé,
l'émail formant fond est opaque ; ceux employés pour
peindre sont le plus souvent transparents. Les émaux
transpaients sont constitués par un mélange en diverses
proportions de silice, minium, nitre et borax; on les rend
opaques en substituant au minium une calcine composée
de plomb et d'étain. Enlin, la coloration des émaux s'obtient
par l'adjonction d'oxydes colorants, en quantité convenable.
Pour appliquer l'émail sur une pièce, on le réduit en
poudre très fine, on l'humecte d'eau et on l'étend avec
une spatule en fer. On éponge ensuite au linge sec pour
enlever la plus grande partie de l'eau, et on finit en séchant
à une douce chaleur. La fusion s'opère ensuite. Pour cela
l'émailleur fait usage d'un fourneau à réverbère, à moufle;
la pièce à émailler est placée sur une plaque de tôle qu'on
introduit lentement dans le moufle préalablement porté au
rouge vif. On reconnaît que l'opération est terminée lors-
qu'on voit l'émail devenir brillant. On retire alors lente-
ment et on laisse refroidir en évitant les courants d'air
froid qui feraient craqueler l'émail. Le poli final se donne
à l'aide de potée d'étain passée d'abord au moyen d'une
lame d'étain, puis, pour achever, au moyen d'un mor-
ceau de bois tendre.
Le contrémaillage a pour but d'émailler l'envers d'une
pièce pour éviter qu'elle ne se gondole, ce qui arriverait
par suite de la différence de dilatation de l'émail et du
métal. Cette opération n'est nécessaire que lorsque l'émail
est appliqué sur une grande surface. E. Maglin.
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Théophile. Essai sur divers arts, publié ])ar le comte
Cliarles de I'Epcalopier; Paris, 181:S, in-l. — Benvenuto
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delV oreficera. L'altro in materiadelV arte délia Scultura ;
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industriels au moyen âge et à l'époque'de la Renaissance :
Paris, 1881, 3 vol. in-l. ~ La Collection Spitzer (émaux et
bijoux); Paris. 1889. in-fol. — E. Vinet, Bibliographie
méthodiciue et raisonnée des beaux-arts; Paris. 18^7. in-8.:
n"^ 1972 et suiv.
OR FI LA (Mattbieu-Josepb-Bonaventnre), chimiste et
mMecin français, né à Mabon (île Minonjue) le 24 avr.
1787, mort à Paris le 13 mars 1853. Il servit comme
mousse d'abord, ensuite comme second pilote sur un
navire de commerce. Mais ses dispositions naturelles le
portaient vers l'étude et, en 1805, son père l'envoya à
Valence, pour y faire sa médecine. 11 passa de là à Bar-
celone (1806),'^puis à Madrid. Partout ses succès furent
grands, surtout dans le domaine de la chimie, qui le pas-
sionnait, et, en 1807, il partit pour Paris avec une pension
de 1.500 fr. que lui allouait la junte de Barcelone. La
guerre franco-espagnole la lui fit supprimer ; il donna des
leçons pour vivre, se fit recevoir en 1811 docteur en mé-
decine et ouvrit peu après un cours de chimie, qui le mit
rapidement en relief. Ses succès mondains y contribuèrent
aussi pour une certaine part et, s'étant fait naturaliser
Français (1818), il fut nommé en 1819 professeur de
médecine légale et de toxicologie à la faculté de médecine
de Paris, chaire qu'il échangea en 1823, lors de la réor-
ganisation de l'école, contre celle de chimie, conservée
jusqu'à sa mort. Il fut en outre, de 1830 à 1848, doyen
de la faculté, et disposa, dans cette situation, d'une in-
fluence considérable. Il est l'auteur d'admirables travaux
de toxicologie, qui ont rempH à peu près toute son exis-
tence et qui ont fourni à la thérapeutique de précieuses
indications, en même temps qu'ils ont complètement ré-
volutionné la médecine légale. Il fut même quelque temps,
en cette dernière matière, considéré comme une sorte
d'oracle et ce fut lui, on le sait, qui, dans le célèbre procès
Lafarge (V. ce nom), décida de la condamnation par une
expertise de la dernière heure. Comme doyen de la faculté
de médecine, il provo(pia, dans cet enseignement, de nom-
breuses réformes : création d'écoles secondaires de mé-
decine en province, nécessité du baccalauréat es sciences
pour les études de doctorat, etc. Jl fut le fondateur de
l'Association de prévoyance des médecins de Paris. Outre
de nombreux mémoires et articles parus dans le recueil
de l'Académie de médecine, dans le Journal de chimie
médicale, dans les Annales dliijgiène publique, dans
le IHclionnaire de médecine usuelle, etc., il a publié :
Traité des poisons (Paris, 1813, 2 vol. ; 5»^ éd., 1852) ;
Eléments de chimie médicale (Paris, 1817, 2 vol. ;
8^ éd., 1851, 3 vol.) ; Leçons de médecine légale
(Paris, 1823, 3 vol.), refondues dans une 4*^ éd. sous le
titre: Traité de médecine légale (Paris, 1847, 4 vol.);
Traité des exhumations juridiques avecLesueur (Paris,
1830, 2 vol.) son meilleur ouvrage ; Dictionnaire des
termes de médecine, chirurgie, etc., avec Béclard, Cho-
mel, IL et J. Cloquet (Paris, 1833, 2 vol.) ; Recherches
sur l'empoisonnement par Facide arsénieux (Paris,
1841), etc. L. S.
OR FORD. Village d'Angleterre, comté de Suffolk, sur
rOre. Vieux château. Banc d'huitres.
Comtes d'Orford (V. Bussel [Edward], Walpole [Bo-
bert et Horace]).
ORFRAIE (Ornith.). Nom vulgaire des Aigles de mer
(V. AiCLE et Balbuzard). Il est parfois attribué par erreur
à l'effraie ou chouette des cimetières.
ORFROI — ORGANIQUE _
ORFROI. Ce mot sonihlc dérivé (Wniriphnjgialinii
(brodé d'or). C'est une large bande d'étoffe servant à
border les vêtements. Les orfrois furent, suivant les
é{30(|ues, de j3liisieurs sortes : brodés de soie, de perles
et de pierres précieuses, enfin décorés d'ornements d'orfè-
vrerie appli([ués. L'orfroi, qui remplaçait le galon de la
passementerie des vêtements antiques, le chivus, garnis-
sait déjà les robes à la cour de Charlemagne. Mais c'est
surtout à la fui du xi^ siècle, (pi'à l'imitation des somp-
tuosités de la cour de lîyzance, alors d'une ricbesse inouïe,
les seigneuj's occidentaux firent border leurs vêtements
des orfrois les plus précieux. (^ba(pie siècle imprime aux
orfrois un caractère particulier, et les tombeaux, les gisants,
les statues des cathédrales fournissent les spéciniens des
nombreux dessins exécutés par les brodeurs. J^e plus fré-
quepimenl, ce sont des broderies courantes, quadrillées,
échiquetées, entremêlées de figures géométriques rehaus-
sées de gemmes. Viollet-le-Duc a retrouvé un orfroi très
ancien de l'époque carlovingienne, composé d'enroulements
très délicats sur un fond de soie pourpre tout brodé de
perles fines. Avec les croisades, les ornementations orien-
tales, les arabesques font leur apparition; il y aura même
des oï'frois sur lesquels le brodeur occidental^ empruntant
aux caractères coufiques un motif décoratif qui le frappe
par son élégance, mais qu'il ne comprend pas, a présenté
aux archéologues des problèmes incompréhensibles. Au
xiii^^ siècle, les feuillages, qui prennent dans l'architec-
ture gothique une place si importante (Y. Floue, lArchi-
iectuve), se substituent aux compartiments géométri([ues.
Si, au xiv^ siècle, les formes reclilignes reprennent faveur,
la broderie est souvent remplacée par de petiles pièces
d'orfèvrerie estampées, cousues sur l'orfroi, composé dès
lors d'une simple bande de drap d'or uni. Avec les xv^
et xvi^ siècles, les orfrois qui, suivant le Cérémonial de
Lyon, devaient avoir dans les chapes, de chaque côté de la
retombée, W pouces de large, deviennent de véritables
tableaux où le brodeur déploie son habileté avec les nom-
breux points à sa disposition. Ils ne sont plus guère dès lors
utilisés que pour les ornements liturgiques, et, ce qui na-
guère étaitl'accessoire. devient, aveclecapuce. la décoration
principale des vêtements ecclésiastiques. F. de Mély.
0R6AN. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. de
Bagnères-de-Bigorre, cant. de Castelnau-Magnoac; 93 hab.
ORGANDI (tissage). Tissu léger de coton, employé pour
lingerie, soit en blanc, soit avec dessins imprimés oii tissés.
[l fut d'abord fabriqué dans l'Inde, puis imité en Europe
comme les autres mousselines. Il sert de doublure pour
les robes de femme.
ORGANE. I. Anatomie. — L'organe est mie partie
du corps constituée par la réunion intime de parties (par-
ties similaires, organes premiers) provenant de systèmes
différents et constituant un tout de conformation spéciale
et d'usage particulier. Les organes de diverses espèces.
en se réunissant pour une même fonction, forment les
appareils.
Organe de Corii {\. Oreille).
Organes homologues (V. Moxstre, t. XXfV, p. 173).
Organe de Jaeobson. Tube cartilagineux dans lequel
s'enfonce la muqueuse des fosses nasales. Il est placé sur
le plancher des fosses nasales et communique avec le con-
duit de Sténon. Très développé chez les carnassiers, les
ongulés, etc., il est avorté dans les primates. Chez
l'homme il n'existe que durant la vie embryonnaire. La
simihtude de texture entre la muqueuse de cet organe
et celle de la région olfactive, la terminaison identique des
nerfs dans les deux cas, font de l'organe de Jaeobson un
annexe de l'appareil olfactif.
Organes plastifjues. Ce sont ceux qui préparent les
matériaux assimilables et servent à la nutrition (tube
digestif).
Organe de Fiôse)imuller (V. Utérus, Wolff [Corps
de], RôsENMiJLLER [Organe de]).
Organes rudimentaires. Ce sont des organes atrophiés
sans fonction actuelle, mais ayant joué un rôle dans les
QS])k'Qs S(Mu±(is. Vadaplation, k\ sélection, le balan-
cement des organes en donnent l'explication. Les organes
rudimentaires dérivant du coi'ps de Wolff en sont un des
plus beaux exemples. Ch. Derierre.
IL Mécanique. •— Organes des machines. — On
appelle ainsi des appareils qui servent à communiquer le
mouvement fourni par le moteur aux outils. Lantz et
Bethancourt ont donné une classification des organes des
machines, ([iii se trouve reproduite dans presque tous les
traités de mécaiii(iue prati(pie. (^etle classification peut se
résumer ainsi : organes transformant un mouvement, qui
peut être rectiligne ou circulaire, continu ou alternatif,
en un autre qui peut être également rectiligne ou circu-
laire, continu ou alternatif.
Mais cette classification est mauvaise en ce sens qu'elle
place dans des catégories différentes des organes, tels que,
par exemple, les crémaillères et les engrenages, dont les
théories sont fondées sur un même principe. Aussi, dans
une bonne étude dos organes des machines, doit-on n'avoir
aucun égard à la classification de Lantz, d'autant plus
qu'il existe des appareils (tels que les appareils à tiges)
qui transforment des mou\ements en d'autres qui ne sont
ni circulaires ni rectilignes.
Quoi qu'il en soit, à défaut d'une bonne classification
encore à trouver, nous suivrons celle do Lantz pour l'énu-
mérationdes organes, en renvoyant pour leur description
aux divers articles (|ui leur sont consacrés dans le corps
de cet ouvrage ;
{'' Traiisformation d'un mouvement circulaire continu
en circulaire continu. Rouleaux ou cylindres de
friction ; courroies ; chaînes à la Vaucanson ; engre-
nages ; bielles ; vis sans fin ; engrenages coniques ;
joint de Cardan.
^2« Transformation d'un mouvement circulaire con-
tinu en circulaire alternatif. Bielle et manivelle :
excentriques ; cames ; encliquetages.
ao Transformation dun mouvement circulaire con-
tinu en rectiligne continu. Treuil; crémaillère:
VIS.
A^' Transformation d'un mouvement circulaire con-
tinu en rectiligne alternai if. Bielle; excentriques
(en cœur); engrenage de Lahire; rainures et galets:
cames; encliquetages.
:>" Iransfoi motion d'un mouvement circulaire ait er-
milifen circulaire allernatif. Ikdanciers ; pédales ;
leviers.
i}"" Transformation d'un mouvement circulaire alter-
natif en rectiligne continu. Encliquetages.
T« Transformation d'un mouvement circulaire alter-
natif en rectiligne alternatif. Archet. Zigzag.
<S« Transformation d'un mouvement rectiligne con-
tinu en rectiligne continu. Poulies; moufles; plan
incliné.
9« Transformation d'un mouvement rectiligne alter-
natif en rectiligne alternatif. Rainures.
A ces organes il faut joindre les parallélogrammes de
Watt et de Pcaucellier et une foule d'autres appareils à
tiges, aujourd'hui de plus en plus nombreux.
Organes de mise en mouvement. — Ce sont la poulie
folio, les embrayages, les cônes do friction, les appareils
à détente.
Organes de régularisation, — Ce sont les volants,
les freins, les régulateurs. H. Laurent.
ORGANICISME (V. Animisme et Vie).
ORGANIQUE. I. Géométrie. — Description organique
des coniques. — On appelle ainsi un mode de description
des coniques donné par Newton et qui consiste à faire
pivoter deux angles de grandeur constante autour de leurs
sommets supposés fixes. Si l'on assujettit deux côtés à se
rencontrer sur une droite, les points de concours des
deux autres côtés décriront une conique.
— nan —
OHCtANKVUE
II. Chimie (V. Chimie).
III. Géologie. — Roches ohcaniques. —Sous ce nom
on comprend souvent les roches sédiraentaires qui doivent
leur formation à l'activité d'organismes, animaux ou végé-
taux, ou du moins dans la formation desquelles cette activité
joue le rôle prépondérant. Pour citer quelques exemples, on
peut indiquer : 1° dans la série animale, les calcaires coral-
liens formés par l'accumulation de polypiers et des autres
êtres à test calcaire qui habitent les récifs coralliens ; certains
calcaires formés presque exclusivement de foraminifères
(cale, il Miliolites, cale, ii ISummulites) , etc. ; 2^ dans
la série végétale, certains calcaires formés d'algues cal-
caires (LiÙiothaniniiun, Gyroporelles, etc.), hlripoli.
formé de diatomées, algues sihceuses microscopiques, el
surtout les combustibles minéraux, résultant do l'accu-
mulation et de la carbonisation lente de végétaux ligneux
[tourbe, lignite, Jioiiille, antJiracite) (V. Roche sédi-
mentaire).
IV. Histoire religieuse. — Articles organiques. —
CULTE CATHOLIQUE, — Au mot France ecclésias-
TiQm^ (t. XVÏI, pp. 1053-63), nous avons indiqué, avec
toute la précision qui nous a été possible, quelle était la
condition de l'Eglise catholique sous l'ancien régime; et
d'après des documents relevés en 1788, c.-à-d. à la veille
de la Révolution, nous avons montré quelles étaient la
part du clergé dans le gouvernement de l'Etat, et la part
de la cour et de la noblesse dans l'administration de
l'Eglise et la jouissance de ses biens. Nous avons, en outre,
annoncé que nous résumerions ici l'histoire de ce qui a
succédé à ce régime. — Avant la convocation des Etats
Généraux, Louis XVI, obéissant au vœu de la conscience
publique, avait permis aux non-catholiques de vivre et de
mourir en France, et d'y travailler sans être inquiétés pour
cause de reUgion ; de se marier, de faire constater léga-
lement la naissance de leurs enfants, d'enterrer décemment
leurs morts et de certifier leur décès (nov. 1787, enre-
gistré le 29janv. 1788). Mais tout exercice quelque peu
public de leur culte restait interdit. Le 27 août il 89,
l'Assemblée nationale vota l'art. VI delà Déclaration des
droits de l'homme : « Tous les citoyens, étant égaux aux
yeux de la loi, sont également admissibles à toutes les
dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et
sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leur
talent ». Puis (29 nov. 1789) elle précisa les consé-
quences de cette déclaration, en décrétant l'admission des
non-catholiques à tous les emplois civils et militaires. La
liberté de leur culte ne fut formellement instituée que par
la Constitution du 14 sept. 1191 , garantissant « à tout
homme la faculté d'exercer le culte l'eligieux auquel il
est attaché, et à tout citoyen le droit de choisir ou d'élire
les ministres de son culte \tit. I). — Vers le môme temps,
l'organisation de l'Eglise catholique subissait de profondes
atteintes : 10 août 1789, suppression du déport, du
vacat et desannates; 11 du même mois, suppression des
dîmes et du casuel des curés; 3-34 nov. tous les biens
ecclésiastiques sont mis à la disposition de la nation, à
charge de pourvoir, d'une manière convenable, aux frais
du culte, à l'entretien de ses ministres et au soulagement
des pauvres, sous la surveillance et d'après les instruc-
tions des provinces; 9-27 nov., sursis à la nomination
de tous les bénéfices autres que les cures et ceux à charge
d'âmes; 13-19 févr. 1790, l'Assemblée déclare que la
loi constitutionnelle du royaume ne reconnaît plus de vœux
monastiques solennels, et supprime, sans qu'on puisse en
rétablir de semblables à l'avenir, les ordres et congréga-
tions réguhères, dans lesquelles on fait de pareils vœux ;
19-26 févr., décret assurant une pension aux religieux
qui sortiront de leurs maisons.
De ces mesures résultaient trois conséquences d'une im-
portance capitale : 1° suppression du domaine terrien, de
la fiscalité religieuse et des privilèges qui contribuaient
pour une si grande part à la puissance de l'Eghse ; 2^ su-
bordination aux finances de l'Etat des ressources néces-
saires à l'entretien du culte et à la subsistance du clergé
maintenu en fonction ; 3^ abolition radicale du clergé ré-
gulier, que ses intérêts et ses traditions attachaient à la
cour de Rome. Pour achever son œuvre, l'Assemblée cons-
tituante continua à traiter comme chose négligeable le
concordat conclu entre la royauté et la papauté, et elle
entreprit, en vertu de son droit souverain, de doter l'Eglise
de France d'une organisation adaptée à la nouvelle divi-
sion du territoire français, destinée aussi à assurer l'indé-
pendance de cette Eglise à l'égard de l'autorité des étran-
gers, à protéger le clergé inférieur contre l'oppression des
prélats, et à remettre au peuple l'élection de ses pasteurs,
i.e 12 juil. 1790, elle décréta la Constitution civile du
CLERGÉ.
Chaque département devait former un seul diocèse (t. I,
1). Les sièges des évêchés des 83 départements étaient
ainsi fixés (2-3) : Seine-Inférieure, Rouen; Calvados,
Bayeux; Manche, Coutances; Orne, Séez; Eure, Evreux;
Oise, Beauvais ; Somme, Amiens; Pas-de-Calais, Saint-
Omer; — Marne, Reims ; Meuse, Verdun ; Meurthe,
Nancy; Moselle, 3Iefz; Ardennes, Sedan; Aisne, Sois-
sons; Nord, Cambrai; — Doubs, Resançon; Haut-Rhin,
Colmar; Ras-Rhin, Strasbourg; Vosges, Saint-Dié;
Haute-Saône, Vesoul ; Haute-Marne, Langres; Côte-
d'Or, Dijon; Jura, Saint-Claude ; — Ille-et- Vilaine,
Rennes; Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc ; Finistère, Quim-
per; Morbihan, fannes; Loire-Inférieure, Nantes; Maine-
et-Loire, Angers; Sarthe, Le Mans; Mayenne, Laval;
— Paris, Paris; Seine-et-Oise, Versailles; Eure-et-
Loir, Chartres; Loiret, Orléans; Yonne, Sens; Aube,
Troyes; Seine-et-Marne, Meaux; — Cher, Rourc.es;
Loir-et-Cher, Blois; Indre-et-Loire, Tours; Vienne, Poi-
tiers; Indre, Châteauroux ; Creuse, Guéret; Xl\m\ Mou-
lins; Nièvre, Nevers; — Gironde, Rorueaux; Vendée,
Luçon; Charente-Inférieure, 5<2inif^s; Landes, Dax; Lot-
et-Garonne, Agen; Dordogne, Périgueux; Corrèze, lulle;
Haute-Vienne, Limoges; Charente, Angoulême; Deux-
Sèvres, Saint-Maixent ; — Haute-Garonne, Toulouse;
Cfers,Auch; Rasses-Pyrénées, Oléron; Hautes-Pyrénées,
Tarbes ; Ariège, Pamiers; Pyrénées-Orientales, Perpi-
gnan; Aude, Narbonne; Aveyron, litiodez; Lot, Ca-
hors; Tarn, Alby ; — Rouches-du-RhOne, Aix; Corse,
Bastia; Var, Fréjus ; Rasses-Alpes, Digne; Hautes-
Alpes, Embrun; Drôme, Valence; Lozère, Mende; Gard,
Nîmes; }\êvKw\i,Bézders; — Rhône-et-Loire,LYON; Puy-
de-Dôme, Clermont; Cantal, Saint-Flour; lïaute-Loire,
Le Puy; Ardèche, Viviers; Isère, Grenoble; Ain, Bel-
ley; Saône-et-Loire, Autun. Cette réorganisation sup-
primait 52 évêchés. Les diocèses ainsi reconstitués furent
répartis en dix arrondissements métropolitains, dont
les sièges étaient [Tit. I, 1-2) : Rouen (Métropole des
côtes de la Manche); Reims (Métr. du Nord-Est); Re-
sançon [Métr. de l'Est); Rennes (Métr. du Nord-Ouest);
Paris (Métr. de Paris); Rourges (Métr. du Centre); Ror-
deaux (Métr. du Sud-Ouest); Toulouse (Métr. du Sud);
Aix (Métr. de la Méditerranée); Lyon (Métr. du Sud-
Est). Dans la liste des évêchés, nous avons séparé par
des tirets les groupes qui formaient les arrondissements
métropolitains; ils remplaçaient les dix-huit provinces
ecclésiastiques de l'ancien régime, et comprenaient, en
outre, les suffragances de Trêves, Mayence et Pise, ainsi
que les enclaves des évêchés d'Avignon, de Carpentras, de
Cavaillon et de Vaison. Il était défendu à toute église ou
paroisse de France et à tout citoyen français de reconnaître,
en aucun cas et sous quelque prétexte que ce fût, l'auto-
rité d'un évoque ordinaire ou métropofitain, dont le siège
serait établi sous la domination d'une puissance étrangère,
ni celle de ses délégués résidant en France ou ailleurs,
sans préjudice de l'unité de foi et de la communion
qui serait entretenue avec le chef visible de V Eglise
universelle (4). Un seul séminaire serait conservé ou
étabU dans chaque diocèse, pour la préparation aux ordres.
Il serait administré par un vicaire supérieur ot trois vi-
ORGANIQUIl — 536 —
caires directeurs, subordonnés à Févèqno (11, 13). —
Immédiatement après la promulgation de la Constitution
civile, il devait être procédé, sur l'avis de l'évoque dio-
césain et de l'administration des districts, à une nouvelle
formation et conscription de toutes les paroisses du
royaume. Le nombre et l'étendue en seraient déterminés
selon des règles établies par cette constitution (6), et dont
la principale était, c[ue dans toutes les villes ou bourgs
([ui ne comprenaient pas plus de 6.000 âmes, il n'}^ au-
rait cp'une seule paroisse. Les autres seraient supprimées
et réunies à la paroisse principale (15). Les assemblées
administratives, de concert avec Tévêque diocésain, de-
vaient désigner à la prochaine législature les paroisses,
annexes ou succursales des villes ou des campagnes qu'il
conviendrait de réserver ou d'étendre, d'établir ou de
supprimer (17). Tous titres et offices, autres que ceux
mentionnés en la Constitution civile, les dignités, cano-
nicats, prébendes, chapelles, chapellenies, tant des églises
cathédrales que des églises collégiales, et tous chapitres
réguliers et séculiers de l'un et l'autre sexe, les abbayes
et prieurés en règle ou en commende de l'un ou l'autre
sexe, et tous les autres bénéfices et prestimonies, de quelque
nature et sous quelque dénomination que ce fut, seraient
éteints et supprimés du jour de la publication de la cons-
titution, sans qu'il pût en être établi de semblables (20).
Lu somme, la Constitution civile ne conservait de
l'ancienne organisation ecclésiastique que les métropoles,
les évêchés, les cures et les vicariats. Elle ne reconnais-
sait qu'une seule manière de pourvoir aux évêchés et aux
cures, savoir la forme des électioxs (t. H, 1). On en
trouvera la procédure, ainsi que celle de l'institution ca-
nonique, résumée au mot Election, t. XV, p. 753). Il
suffit de rappeler ici c{ue toutes les élections religieuses
devaient se faire par la voie du scrutin, dans la forme et
par les corps électoraux indiqués pour les élections civiles.
1.0 refus d'institution canonique, de la part du métropoli-
tain, pouvait être attaqué en appel comme d'abus, par
Fèvêque élu ; celui de l'évêque pouvait l'être par recours
du curé élu à la puissance civile (II, -17, 38). Les
évêques et les curés avaient le droit de choisir leurs
vicaires, mais ils ne pouvaient les destituer qu'avec appro-
bation du conseil diocésain (IL 22, 44). — Les attribu-
tions spéciales du métropolitain étaient l'examen et la
consécration des évêques élus pour son arrondissement,
et la juridiction en appel sur les décisions de l'évêque
(1, 5). — Pour la ramener à son état primitif, l'église
cathédrale de chaque diocèse devait être en même temps
éghse épiscopale et église paroissiale, et n'avoir d'autre
pasteur immédiat que Févèque. Tous les prêtres qui y
seraient établis (seize pour les villes de plus de lO.OOÏ)
âmes, douze pour les autres) seraient les vicaires de
l'évêque et en feraient les fonctions (I, 7-8). Les vicaires
des églises cathédrales, les vicaires supérieurs et directeurs
du séminaire formeraient ensemble le conseil harituel et
PERMANENT de l'évêque, qui ne pourrait faire aucun acte
de juridiction concernant le gouvernement du diocèse ou
du séminaire, qu'après en avoir délibéré avec eux(1, 14).
— En toute matière, la part du pape était réduite à la
très simple expression de l'unité de foi et de communion
qui devait être entretenue avec le chef visible de l'Eglise
universelle (I, 4). C'était par hommage à ce titre que le
nouvel évêque devait lui annoncer son élection, mais il
ne pouvait demander aucune confirmation (II, 19). — Les
évêques, curés et vicaires pouvaient, comme citoyens
actifs, assister aux assemblées primaires et électorales ; y
être nommés électeurs, députés aux législatures, élus
membres du conseil général de la commune et du conseil
des administrations des districts et des départements ;
mais leurs fonctions étaient déclarées incompatibles avec
celles de maire et autres officiersmunicipaux et de membres
des directoires de district et de département (IV, 6). —
Le titre III avait pour objet de supprimer les inégalités
énormes que l'ancien régime avait introduites et qu'il per-
pétuait dans le traitement des ministres de la religion
(V. DiME, t. XIV, p. 576). Tout en maintenant dans
l'abondance les hauts dignitaires de l'Eglise, la Constitu-
tion civile promettait de délivrer de la misère les curés
et les vicaires, et elle leur attribuait des émoluments fort
supérieurs à ceux que l'Etat leur alloue aujourd'hui. Ces
dispositions furent complétées par un décret du 24 juil.
1790, qui accordait en outre des pensions à tous ceux
dont les offices ou les bénéfices avaient été supprimés. —
{^es lois furent approuvées par le roi, malgré un bref du
pape, mais après de longues hésitations ; elles furent pro-
mulguées le 24 août 1790.
Cette législation tendait à constituer en France une
Eglise catholique, vraiment nationale, entretenant l'unité
de foi et de communion avec le pape, comme chef visible
de l'Eglise universelle, mais absolument indépendante de
la cour de Rome; répudiant complètement lemonachisme
avec tous ses dérivés et toutes ses conséquences ; investie
de la confiance du peuple qui élisait ses ministres ; vouée
à la prédication et au service des idées de justice, de
hberté, de rédemption sociale, qui étaient alors dans les
vœux de la majorité des PVançais. Pour quiconque connaît
l'action que la religion d'un peuple exerce sur sa menta-
lité, sur ses mœurs et sur ses aptitudes au régime de la
liberté, il n'est pas douteux que si cette entreprise avait
pu être accomplie, elle aurait fourni à l'œuvre des temps
nouveaux des éléments précieux d'activité, en même temps
que de modération, de continuité et de solidité. Mais la
résistance qu'elle rencontra, les répressions et les tumultes
que cette résistance provoqua, en firent, au contraire, une
cause de faiblesse, de trouble, d'excès antireligieux et
finalement de réaction cléricale. Les motifs de cette résis-
tance étaient divers : d'abord l'hostihlé systématique des
partisans intransigeants de l'ancien régime ; puis le mé-
contentement des villes auxquelles la nouvelle répartition
enlevait des sièges épiscopaux,des collégiales, des paroisses
ou d'autres établissements ecclésiastiques, qu'elles consi-
déraient comme appartenant à leur patrimoine ; celui des
prêtres privés de leur poste ou menacés de l'être ; celui
des dignitaires, des chanoines, des moines, des chapelains,
des religieux et des religieuses, dont les titres, offices,
bénéfices, communautés et prestimonies étaient abolis :
abolition qui les avait rejetés dans le siècle avec une ché-
tive pension, livrés aux turbulences de l'oisiveté, sans
autre occupation cfue de cultiver soit un libertinage que
le froc ne gênait plus, soit les rancunes d'une vocation
déçue ; chez plusieurs théologiens, des scrupules sincères
qui leur montraient la Constitution civile comme un ins-
trument de schisme; chez beaucoup d'autres aussi, la
crainte de l'avenir, la pensée que ces nouveautés ne du-
reraient pas, et qu'il serait dangereux de paraître les
approuver; enfin, les alarmes des fidèles troublés dans les
habitudes de leur dévotion et dans leur foi aux choses
consacrées par le temps.
Les partisans de l'ancien régime comprirent que l'éta-
blissement et l'affermissement de la Constitution civile
ruineraient leur cause pour toujours. Ils virent, en même
temps, que les oppositions qu'elle rencontrait leur offraient
l'occasion et les moyens de combattre la Révolution au
nom de la religion, et de détacher des rangs de leurs ad-
versaires beaucoup de ceux qui les avaient suivis jusqu'alors.
Le 30 oct. fut publié un écrit signé par trente-deux évêques
députés à l'Assemblée nationale, et rédigé par J. R. de
RoiscELiN (V. t. MI, p. i 40), archevêque d'xVix et membre
de l'Académie française, qui mêlait au genre sacré des
poésies d'un genre très profane : auteur du Temple de
Cnide et traducteur des Héroïdes d'Ovide. Cet écrit, in-
titulé Exposition des principes sur la Constitution ci-
vile, réprouvait énergiquement cette constitution, et con-
seillait le refus des démissions qui auraient permis de
l'appliquer paisiblement. Cent-dix évêques français ou ayant
en France clés extensions de leurs diocèses adhérèrent à ce
manifeste. Le 27 nov. un décret de l'Assemblée statua
— 5:î7
ORGANIQUE
que les évoques, les ci-devant archevêques, les curés, les
supérieurs et les directeurs de séminaires, les vicaires des
évêques et des curés, les professeurs des séminaires et des
collèges et tous autres ecclésiastiques, fonctionnaires pu-
blics, prêteraient dans la huitaine le serment prescrit par
la Constitution civile. Ceux qui ne l'auraient point prêté se-
raient réputés avoir renoncé à leur office et il serait pourvu
à leur remplacement, comme en cas de vacance par dé-
mission. Ceux qui, ayant prêté ce serment, refuseraient
ensuite d'obéir aux décrets de l'Assemblée acceptés par le
roi, ou auraient excité des oppositions à leur exécution,
seraient poursuivis comme rebelles à la loi, privés des
droits de citoyens actifs et incapables d'exercer aucune
fonction publique, et punis en outre de peines plus graves
selon les cas. Des poursuites et des pénalités analogues
étaient décrétées contre tous les membres des corps ecclé-
siastiques séculiers supprimés, qui exerceraient leurs fonc-
tions publiques, et aussi contre tous ceux qui se coalise-
raient, soit pour combiner un refus d'obéir aux décrets
de l'Assemblée, soit pour former ou exciter des opposi-
tions à leur exécution.
Ce décret ne fut promulgué que le 26 déc. Il prescri-
vait à tous les fonctionnaires ecclésiastiques qui étaient
membres de l'Assemblée de prêter serment devant elle.
Le jour fixé pour cette prestation était le 4 janv. 4791 ;
mais dès le 27 déc, Grégoire (V. t. XIX, p. 369) l'avait
accomplie avec 60 de ses collègues, et il avait prononcé
un discours légitimant le serment civique exigé des
fonctionnaires ecclésiastiques; 25 autres se joignirent
ensuite à eux. Le 4 janv., tous les autres ecclésiastiques
refusèrent. Le serment du clergé de Paris devait être reçu
le 9 janv. Sur 800 prêtres, 200 seulement le prêtèrent.
La proportion de ceux qui satisfirent au décret fut sen-
siblement plus grande dans les provinces ; mais parmi les
135 évêques du royaume, il n'y en eut que 4 qui accep-
tèrent la Constitution civile : le cardinal Loménie de
Brienne, archevêque de Sens ; de Jarente de Senas d*Or-
geval, évêque d'Orléans ; Lafont de Savine, évêque de
Viviers ; Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, auxquels
on peut joindre deux évêques in partibus, celui de Lydda
et celui de Babylone. — Les nominations qui résultèrent
des élections destinées à pourvoir aux sièges établis par
l'organisation nouvelle ou devenus vacants pour refus de
serments eurent, en beaucoup de lieux, une valeur fort
supérieure à celle qu'il est généralement convenu de leur
attribuer. Parmi les élus, on trouve des oratoriens, des
bénédictins, des génovéfains, des prêtres de la Mission,
des prêtres de la Doctrine chrétienne, des carmes, des
docteurs en théologie, en droit canon, des professeurs
de ces deux sciences, des supérieurs de séminaire, des
recteurs de collège, d'université, un jésuite professeur
d'éloquence, un autre de théologie. Plus d'un tiers furent
députés à l'Assemblée constituante, à l'Assemblée légis-
lative ou à la Convention : ce qui parait un indice assez
probant de l'estime de ceux qui les avaient ainsi élus deux
fois. D'ailleurs, les fonctions qu'ils exerçaient avant leur
élection exigeaient des études et un travail auxquels s'étaient
soumis très peu de nobles prélats de l'ancien régime,
destinés pour la plupart à l'épiscopat et aux plus hautes
dignités de l'Eglise, dès leur naissance.
Le sacre des premiers évêques constitutionnels eut
lieu le 25 févr. 1791, dans l'église de l'Oratoire à Paris.
Le 10 mars et le 13 avr., le pape Pie VI adressa aux
évêques députés à l'Assemblée et à tous les évêques de
France deux brefs réprouvant presque tout ce que l'As-
semblée nationale avait décrété en matière ecclésiastique,
depuis sa réunion. « Conformément à l'avis des cardi-
naux et au vœu du corps épiscopal de France », il or-
donnait à tous les ecclésiastiques, qui avaient prêté le ser-
ment, de le rétracter dans les quarante jours, sous peine
de suspense ; il déclarait sacrilège l'élection des nouveaux
évêques, et criminelle leur consécration. Le 3 mai, ces
brefs furent brûlés tumultueusement au Palais-Royal,
avec une effigie du pape ridiculement accoutrée. Des dé-
crets de l'Assemblée ordonnèrent de poursuivre comme
perturbateurs du repos public tous ceux qui donneraient
publicité ou exécution aux brefs, bulles, rescrits, consti-
tutions, décrets ou autres expéditions de la cour de Rome
non autorisés par le Corps législatif (6-17 mai) ; de
même tous les anciens fonctionnaires publics ecclésias-
tiques qui, depuis leur remplacement légalement ordonné,
auraient continué ou continueraient les fonctions publi-
ques du culte (20-28 juin). C'est à ceux-là seuls que la
qualification d'ÉvÈQUES ou de prêtres réfractaires peut
être historiquement appliquée ; car un décret du 13 mai
statuait que le défaut du serment ne pouvait être opposé
aux anciens prêtres, qui se présentaient dans une église
paroissiale ou succursale ou dans un oratoire national,
seulement pour y dire la messe. Le 14 septembre, Avi-
gnon et le Comtat Venaissin furent déclarés réunis à la
France. — Cependant les évêques et les prêtres réfrac-
taires s'efforçaient de soulever le peuple contre leurs suc-
cesseurs qu'ils appelaient des intrus ; ils excommuniaient
ceux qui avaient reçu d'eux les sacrements, et ils décla-
raient nuls les mariages bénis par eux. Dans l'Ouest et
dans le Midi, ils suscitèrent des troubles fort graves. A
Tréguier, un mandement de l'ancien évêque provoqua une
émeute; à Montauban, les protestants furent massacrés
par les catholiques ; Montpellier, Nîmes, Toulouse, Cas-
tres furent ensanglantés par des meurtres et des combats.
Dans le Gévaudan, le Poitou et la Bretagne, les paysans
chassèrent des égUses les prêtres constitutionnels. Dès le
26 novembre, l'Assemblée législative, qui venait de suc-
céder à la Constituante, avait décrété des mesures ten-
dant à prévenir ces révoltes ; mais le roi y avait opposé
son veto. Elles furent reprises et complétées le 26 aoùl
1792, après que Louis XVI eût été suspendu de ses
fonctions : il fut statué alors que tous les ecclésiastiques
qui n'avaient point prêté le serment exigé par la Consti-
tution civile, ou qui l'avaient rétracté, seraient tenus de
sortir du royaume dans la quinzaine (1). Ceux qui, passé
ce délai, n'auraient point obéi, seraient déportés à la
Guyane (3). Tout ecclésiastique qui, après avoir obtenu
un passeport, resterait dans le royaume, serait condamné
à dix années de réclusion (5). Les ecclésiastiques non as-
sujettis au serment seraient soumis aux mêmes disposi-
tions, s'ils occasionnaient du trouble ou si leur éloigne-
ment était demandé par six citoyens du département (6).
On attaquait toute l'œuvre de la Révolution au nom de
la religion, et sous ce nom on liguait toutes les résistances
que le regret du passé provoquait chez les anciens privi-
légiés, et toutes les rébeUions que les instances du clergé
réfractaire pouvaient susciter dans les âmes accessibles à
ses exhortations. D'un autre côté, une grande partie de
la nation fondait sur le succès de la Révolution ses meil-
leures espérances de Hberté et de prospérité ; parmi les
motifs de sa haine contre l'ancien régime, elle retrouvait
au premier rang le souvenir de la dîme, et le ressenti-
ment des exactions et des oppressions que le clergé lui
avait infligées ; dans le présent, elle voyait tous les enne-
mis de la Révolution se présenter comme les amis de la
religion : dans le même camp, le prêtre à côté du noble.
Elle se rua donc furieusement contre la rehgion, contre
toute Eglise chrétienne sans distinction ; car ce ([u'on appe-
lait devant elle religion chrétienne lui apparaissait comme
une source de superstition et de fanatisme et comme un
instrument de tyrannie, ainsi qu'on disait alors. L'Egh'se
constitutionnelle devait être submergée dans cette tour-
mente, parce qu'elle avait gardé tous les dogmes et la
plupart des prati({ues de l'ancienne Eglise. Afin de réduire
au plus strict nécessaire les répétitions inévitables dans
des matières qui ont entre elles des rapports si étroits,
nous renvoyons à l'art. Liberté de culte, t. XXII, p. 180.
pour l'indication de ce qui advint alors ; mais nous prions
le lecteur de corriger un mot : Nous avions écrit qu' « à
aucune époque de la Révolution, la liberté du culte
ORGANIQUE
588
n'avait été fovmeWement proscrite » ; on a imprimé pres-
crite. Ce changement d'une seule lettre produit une énorme
différence.
Grégoire s'empressa de profiter de la législation li])é-
rale, dont il avait été le principal promoteur, pour en-
treprendre de rassembler les membres dispersés de
l'Eglise constitutionnelle et de la réorganiser. Dès la fin
de 1794, il s'était formé un comité dit des évêqiies réu-
nis, composé des évèques constitutionnels qui se trou-
vaient alors à Paris : Desbois (Somme), Grégoire (Loir-
et-Cher), Saurine (Landes), Rover (Ain), Primat, Clément.
Les premières réunions se tinrent chez Desbois, au pres-
bytère de Saint-André ; les autres, dans la maison du
prêtre Saillant. Tout en travaillant fort énergiquement
à obtenir la législation qui vient d'être mentionnée et la
libération des prêtres encore incarcérés, môme des inser-
mentés, on s'y occupait de rechercher ce qu'étaient de-
venus les prêtres constitutionnels, et d'exciter ceux qui
en étaient restés dignes à continuer ou à reprendre l'exer-
cice de leur ministère. La persécution et les périls avaient
opéré parmi eux une épuration profonde. Sur le nombre
des évèques élus en vertu de la Constitution civile, Gré-
goire en compte quatre qui abjurèrent, sept ou huit qui
se marièrent. Plusieurs autres étaient morts. Cinquante
étaient restés fidèles. Parmi les prêtres, deux mille en-
viron s'étaient mariés. Des adversaires contemporains,
Lally-Tolendal et l'abbé Emery nous ont laissé sur la va-
leur morale et sur les sentiments religieux de ceux qui se
rallièrent à 1" entreprise du relèvement de leur l-^glise. des
témoignages qui ne sont point suspects de complaisance.
— Le 15 mars 1795, les évèques réunis adressèrent à
leurs frères, les autres évèques, et aux Eglises veuves,
une lettre encyclique contenant déclaration de leur foi,
traçant des règles sur la célébration du culte et sur la
discipline, et recommandant la formation de presbytères,
c.-à-d. de conseils destinés à assister l'évêque dans l'ad-
ministration de son diocèse ou cà gouverner pendant la va-
cance du siège. Trente-deux évèques adhérèrent à cette
première encyclique. Une seconde, datée du 43 déc. reçut
l'adhésion de trente-cinq évoques et de dix presbytères
récemment organisés. On y trouve des maximes d'une in-
contestable piété, la manifestation d'efforts sincères pour
rétablir la discipline ecclésiastique dans sa primitive pu-
reté, et l'indication pour le 1^^" mai 1796 d'un concile,
qui ne s'assembla pas. Un journal, les Annales de la re-
ligion, fut fondé pour soutenir la cause. — Le 15 août
1797, i^'' concile national. Il se réunit à Paris dans
l'éghse Notre-Dame, et fut clos le 12 nov. suivant. Il était
composé de trente-deux évèques et soixante-dix-huit prêtres.
Les délibérations de cette assemblée furent l'objet de plu-
sieurs rapports, dont le plus intéressant est le Compte
rendu des travaux des évoques réunis, rédigé par Gré-
goire. Douze nouveaux évèques furent établis en 1798,
et seize les années suivantes. Le second concile national
s'ouvrit le 29 juin 1801 et fut fermé le 16 août suivant,
par la conclusion du Concordat. Les actes de ces conciles
ont été publiés.
Si Ronaparte avait maintenu le régime de la Hberté et
de l'égahté des ctdtes, alîranchi de toute intervention de
l'Etat, et tel que les décrets du 21 févr., du 20 mai et
du 29 sept. 1795 Pavaient étabU (V. t. XXII, pp. 180
et suiv.), il semble vraisemblable qu'après une longue et
violente oppression, les catholiques sincères, qui ne cher-
chaient point dans la religion les arguments d'une oppo-
sition irréductible contre l'œuvre politique de la Révolu-
tion, auraient trouvé dans le libre exercice de leur culte
une satisfaction suffisante. De l'autre côté, les constitu-
tionnels auraient conservé et groupé, sinon la majorité de
la nation, au moins une minorité vigoureuse, vouée aux
idées d'antiquité chrétienne, de spiritualité en matière de
dévotion, de sobriété en matière de culte et d'indépen-
dance gallicane, que les dernières évolutions du jansénisme
avaient développées. Ronaparte aurait ainsi évité les dé-
ceptions que Napoléon éprouva, lorsqu'il vit, à l'heure du
péril, le clergé (ju'il avait restauré, tourner contre lui la
puissance dont il Pavait investi; il aurait aussi épargné
aux générations futures des conflits et des problèmes re-
doutables. Il ne serait peut-être pas exagéré de dire que
la veille du Concordat marque dans l'histoire de notre
peuple un moment décisif. Mais Ronaparte voulait faire de
la religion l'instrument de son ambition; il était d'ailleui-s
])énétré de la maxime exprimée par Portahs: « Un Etat
ji'a qu'une autorité précaire, quand il a dans son territoire
des hommes qui exercent une grande influence sur les es-
])ritsel sur les consciences, sans que ces hommes lui appar-
liennent, au moins sous (juelques rapports ». Il eut la naï-
veté d'espérer que le clergé catholique, inféodé à Rome,
lui appartiendrait, par effet de reconnaissance. Avec ces
sentiments, il lui était impossible d'admettre les élec-
tions, qui étaient un élément essentiel de l'organisation de
l'Eghse constitutionnelle. Pendant ses négociations avec
Pie VII, il menaça parfois de se rallier à cette I^gfise, et
il se servit de la réunion de son dernier concile national,
comme d'un épouvantai! pour réduire le pape à se sou-
mettre à ses conditions, (^uand il y eut réussi, il s'em-
pressa de conclure le Concordat, dont il espérait la réali-
sation de ses espoirs (15 juil. 1801) ; et il dut se sentir
tout fier de se voir reconnaître « les mêmes droits et
prérogatives dont l'ancienue royauté jouissait près de la
cour de Rome » (art. 16).
Les dispositions de ce pacte et les négociations qui en
amenèrent la conclusion sont relatées au mot Concordat
(t. XII, pp. 312 et suiv.). Nous ne nous occuperons ici que
de ce qui se rapporte à la circonscription des diocèses
et à la nomination des évèques. Sur ces points, le Con-
cordat faisait table rase à l'égard de tout ce qui existait
auparavant. Une nouvelle circonscription des diocèses fran-
çais devait être faite par le Saint-Siège, de concert avec
le gouvernement (2). Sa Sainteté s'engageait à demander
aux titulaires des évêchés, pour le bien de la paix et de
l'unité, toute espèce de sacrifices, même celui de leurs
sièges. S'ils refusaient, il serait pourvu par de nouveaux
• titulaires au gouvernement des évêchés de la circonscrip-
tion nouvelle (3). La nomination à ces évêchés, de même
({u'à ceux qui vaquei'aient dans la suite, serait faite parle
premier consul; l'institution canonique serait conférée par
Sa Sainteté, suivant les formes établies par rapport à la
France, avant le changement de gouvernement (4 et 5) —
Pour développements. V. Noaiixation, t. XXIV, p 1192)
— La nouvelle {•ircons(;ription comprit pour les vastes
territoires alors soumis à la République dix métropoles
et cinquante évêchés. Elle fut sanctionnée par la bulle
Christi Domini (3 des calendes de déc. 1801). Dans cette
bulle, le pape constatait, avec la plus vive anierhnne,
que plusieurs évoques n'avaient point répondu à l'invita-
tion de donner leui' démission, et que d'autres n'avaient ré-
pondu que pour exposer les motifs qui les portaient à la
l'etarder. En conséquence, il leur interdisait Vexercice
de toute juridiction ecclésiastique, quelle qu'elle fût.
Les évèques constitutioimels. à qui le gouvernement avait
demandé leur démissioji, la donnèrent sans résistance.
Grégoire le fit en déclarant, pour toute protestation, qu'il
regardait et qu'if regarderait toujours son élection comme
légitime. Douze constitutionnels hirent compris dans les
nominations faites par le gouvernement. Le 12 mai 1802,
Pie VII fit écrire à Portails « qu'il avait vu avec douleur
ces nominations... Ce qui le consternait davantage, c'était
{[ue les constitutionnels nommés n'avaient point fait, pour
leur réconciliation avec le chef de l'I^glise, ce que ce der-
nier avait exigé d'eux, dans des termes de modération
convenables, et du consentement môme du gouverne-
ment ». Cependant il ne s'obstina pas à refuser l'institu-
tion canonique, ayant fini par trouver que c^ qu'ils avaient
fait était équivalent a ceijui leiir était demande . Voici
cecpi'ils avaient fait : la veille de la publication du Concor-
dat (avr. 1802) :les évoques constitutionnels qui entraient
— m)
ORGANIQUE
dans le nouveau clergé, s'étant rendus chez le cardinal
Capraru pour le procès infornuitit', il exigea d'eux une
rétractation de leur conduite passée. \.q premier consul,
averti à temps, leur enjoignit de lie pas céder, promet-
tant de les appuyer. Portalis fui chargé d'annoncer au
cardinal que la '^cérénwnie n'aurait pas lieu, que le
Concordat ne serait pas publié et resterait sans effet.
Le cardinal céda enfin, mais très avant dans la nuit. Il
fut convenu que les évèques pris dans le clergé constitu-
tionnel subiraient chez lui leur procès informatif, qu'ils
professeraient de vive voix leur réunion sincère à l'EgUse,
et qu'ensuite on déclarerait qu'ils s'étaient réconciliés, sans
dire comment ni dans quels termes. En déiinitif, la
rétractation demandée ne fut point faite.
Par bref daté du 15 août, jour de la ratification du Con-
cordat, Pie VII avait demandé aux évoques insermentés
de renoncer spontanément à leurs sièges, dans les dix
jours : il les avertissait que toute réponse dilatoire serait
considérée comme négative. IHus-ieurs répondirent que de
toutes les calamités qui frappaient l'Eglise, la plus grande
serait peut-être leur abdication. L'interdiction prononcée
contre eux, sans aucune autre cause que leur refus ou
leur silence, sans aucune procédure régulière établissant
leur indignité, fut une violation, inouïe jusqu'alors, des
droits de l'épiscopat, un attentat condamné par les canons
des conciles et par la jurisprudence constante de l'Eghse.
Elle présentait, en outre, un autre vice, tout aussi grave
aux yeux de ceux qu'elle atteignait : elle était une consé-
quence du Concordat, c.-à-d. d'un pacte conclu entre le
chef de l'Eglise et un pouvoir révolutionnaire, une com-
plicité avec ce pouvoir, une légitimation de la Révolution
par l'Eglise, en un mot, une trahison du pape, une dé-
fection, non seulement à l'égard de l'Eglise de France,
mais à l'égard des principes que les royalistes considéraient
comme les fondements de toute société. Les plus indul-
gents, tout en condamnant l'acte et le déclarant illicite et
nul, excusaient l'auteur, en supposant qu'il avait subi la
contrainte de la peur et de la violence. Le nombre de ces
évèques varie, suivant les auteurs, de 34 à 40. i>eau-
coup se trouvaient en Angleterre au temps oîi le Concor-
dat fut conclu. Ils publièrent des mém^oires et des livres
pour exposer leurs griefs, et ils correspondaient en France
avec les troupeaux qui leur étaient fidèles et qui s'asso-
ciaient à leur résistance, en se séparant des évoques intrus,
amenés par le Concordat, comme ils s'étaient séparés pré-
cédemment des intrus, amenés par la Constitution civile.
Ces fidèles se tenaient écartés des églises où officiaient les
prêtres nommés par les évèques nouveaux. — Cette dis-
sidence avait des adhérents dans le Nord et à Paris, mais
beaucoup plus dans l'Ouest et le Sud-Ouest, principale-
ment dans les dép. de Loir-et-Cher, Indre-et-Loire,
Sarthe, Deux-Sèvres, Yendée, Vienne, Charente-Inférieure,
Dordogne, Ariège, Haute-Garonne. Dans son ensemble,
elle prit ou on lui donna le nom de Petite-Eglise. La
mort et les défections lui enlevèrent successivement ses
évoques. En 1820, elle ne possédait plus que Thémines,
évèque de Blois, qui mourut à Bruxelles, persistant à se
dire évèque de toute la France, parce que de tous les
évèques dépossédés par le Concordat il était le seul sur-
vivant ; mais il lui restait des prêtres. Ceux-ci sont morts
à leur tour. Cependant, quoiqu'elle soit privée depuis
longtemps d'épiscopat, élément essentiel à tout ce qui veut
être catholique et qu'elle se trouve ainsi laïcisée, la Petite-
Eglise conserve aujourd'hui encore des membres, fidèles
à l'aversion contre le Concordat, contre la papauté et
contre l'épiscopat, parce qu'ils en furent et en sont restés
l'auteur et les compHces : dans le Bocage, à Courlay, un
centre important; à Lyon, aux environs de Grenoble et
aux environs de Gap, des groupements moins nombreux ;
ailleurs des familles plus ou moins isolées.
Le Concordat, qui était un traité entre le Saint-Siège et
le gouvernement français, fut ])résenté au pouvoir légis-
latif et accepté par lui, a-ccompagné d'une loi proprement
dite, qualifiée Autïclks ouca^iques. Ces deux instru-
ments furent publiés ensemble comme faisant également
partie d'une môme loi de l'Etat (10 germinal an X :
(S avr. 4802). — Les articles orgainiques se composent
surtout, en ce qui concerne les i^pports de l'EgUse et de
rt^tat, de règles plus ou moins formellement adoptées en
France sous l'ancien régime, et de règles nouvelles moti-
vées par la situation que le Concordat avait créée. Ils for-
ment quatre titres, dont le premier traite du régime de
l'Eglise catholique dans ses rapports généraux avec les
lois et la police de F Etat ; le second, des ministres, c.-à-d.
des archevêques, des évèques, vicaires généraux, sémi-
naires, des curés et des chapitres cathédraux ; le troi-
sième, du culte ; le quatrième de la circonscription des
archevêchés, des évèchés et des paroisses, des édifices
destinés au culte et du traitement des ministres. Tous ces
articles sont mentionnés, quelques-uns même amplement
commentés dans les notices affectées aux objets qu'ils
concernent. Nous ne nous occuperons ici que des généra-
lités relatives au caractère et à Fhistoire de cette législa-
tion. — Les articles organiques furent présentés en
France et à Home, sous des aspects différents. Pour
Rome, vis-à-vis du pape, ils étaient des règlements ou des
lois de police, dans les(piels il n'avait pas' à s'immiscer.
En France, vis-à-vis des pouvoirs législatifs, c'était une
annexe de la convention conclue avec le pape ; elle en
était inséparable et devait être acceptée avec elle.
Il était facile de prévoir les reproches qui seraient
adressés aux Articles organiques. Portalis essaya d'y
répondre d'avance, en prétendant « prouver que ces ar-
ticles n'introduisaient point un droit nouveau, et qu'ils
n'étaient qu'une nouvelle sanction des antiques maximes
de l'Eghse gallicane ». Si cette preuve avait été possible,
elle aurait été péremptoirement concluante; car il pa-
rait certain que le Concordat avait -pour objet d'adapter
au régime des temps nouveaux les traditions de l'ancienne
Eglise gallicane. Mais il est plus incontestable encore que,
sur plusieurs pohits de haute importance, tels que Fina-
movibilité des curés (V. Nomination, t. XXIV, p. 4192,
2^ col.), ces articles ont introduit dans l'organisation et
b\ discipline de l'Eglise des changemeuls énormes. Or, tous
les canonistes enseignent que les princes n'ont pas le droit
de faire des lois ecclésiastiques sans le consentement de
FEghse, exprimé par ses représentants légitimes. L'Eglise
ayant le droit absolu de définir le dogme et de régler la
dïsciphne, toute ordonnance du pouvoir temporel qui
touche à ces matières, sans le concours du pouvoir spiri-
tuel, est radicalement nulle et n'emporte aucune obliga-
tion Si le pouvoir temporel ne peut, à lui seul, établir dans
l'Eglise aucun règlement de ce genre, à plus forte rai-
son pareille entreprise est-elle' ilicite, lorsqu'elle ren-
contre une opposition formelle de F autre pouvoir. Non
seulement le pape ni les évoques de France dament assem-
blés n\avaient point été consultés sur les Articles orga-
niques, mais les papes ont constamment protesté contre
eux. Aussitôt après la publication de ces articles, une note
diplomatique du cardinal Consalvi, remise à Cacault, mi-
nistre plénipotentiaire de la France, déclara, par ordre
de Pie VII, que plusieurs de ces articles étaient en
opposition avec les règles de l'Eglise. Cette protestation
fut renouvelée et très amplement exposée et motivée dans
une lettre adressée le 48 août 480o par le cardinal Ca-
prara à Talleyrand, ministre des affaires étrangères. Cette
lettre exprimait V extrême douleur ressenik par le pape,
en apprenant qu'on avait établi en France, sans le con-
cours du Saint-Siège et contrairement aux droits impres-
criptibles de FEglise,un code ecclésiastique concernant la
doctrine, les mœurs, la discipline du clergé, les droits et
les devoirs des évèques, ceux des ministres inférieurs,
leurs relations avec le Saint-Siège et le mode d'exercice
de leur juridiction. Mais en fait, comme cette lettre ne
concluait qu'à la modification ou à la suppression de cer-
tains articles (4, 2, 3, 5, 9, 40, 44, \{, 4o, 22, 24,
ORGANIQUE
— 540
26, 33, o4, 61, 74), on peut, ù la rigueur, supposer
qu'elle admettait le reste; mais le reste n'a qu'une im-
portance fort secondaire. Les réclamations de la cour de
Rome n'obtinrent ni réponse ni satisfaction. Il est vrai
qu'un décret du 28 févr. 1810 permit d'exécuter, sans
aucune autorisation, les brefs de la Pénitencerie pour le
for intérieur, et qu'il modifia et supprima en partie les
art. 26 et 36. Mais Napoléon prit soin de déclarer dans
le décret, qu'il adoptait ces mesures pour donner une
preuve de sa satisfaction aux évoques et aux Eglises île
son empire et ne laisser dans les lois organiques rien qui
put être contraire au bien du clergé. La loi d'organi-
sation judiciaire du 20 avr. de la même année attribua
aux cours impériales la connaissance des délits imputés
aux évéques. Ces dispositions furent prises sur la demande
d'une commission d'évèques formée en 1809 pour les
affaires de l'Eglise.
Dans le Concordat conclu en 1817 entre Pie VII et
Louis XYIII, et qui resta sans valeur légale en France
(V. Concordat), l'art. 3 était ainsi conçu : « Les articles
organiques, qui furent faits à l'insu de Sa Sainteté et
publiés le 8 avr. 1802, en même temps que le Concordat
du 15 juil. 1801, sont abrogés en ce qu'ils ont de contraire
à la doctrine et aux lois de l'Eglise. Le projet contenait
une abrogation absolue. Le Syllabiis édicté par Pie IX
(1864) place parmi les erreurs conda. binées la plupart des
propositions légalisées par les articles organiques. — De
son côté, le clergé français a manifesié et manifeste de
plus en plus une réprobation analogue. Une lettre adressée
à Pie YII le 30 mai 1819, et signée par ^rois cardinaux
et soixante-quatorze archevêques ou évé pies, exprime
vivement le regret de l'échec du concordat d,^ 1817, « qui
avait abrogé les articles contraires à la doc.rine et aux
lois ecclésiasticpies, faits à l'insu de Sa Sainteté et publiés
sans son aveu ». Un concile tenu à Paris, au mois d'oct.
1849, protesta contre l'application des articles orga-
niques, qu'il regardait comme virtuellement abrogés par
les institutions nouvelles résultant de la Révolution de
1848. Sous la poussée du flot, toujours montant, de l'ul-
tramontanisme, il est devenu du meilleur ton dans le clergé
et les cercles cléricaux de ne point parler de cette loi
sans la vilipender ou la ridiculiser. — En fait, un bon
nombre de ses articles sont déjà tombés en désuétude :
12, appellation des archevêques et des évêques; 17, exa-
men sur la doctrine ; 20, interdiction de sortir du dio-
cèse sans la permission du gouvernement ; 24, souscription
de la Déclaration faite par le clergé de France en 1682,
et enseignement de la doctrine qu'elle contient; 26, obli-
gation pour les évêques de soumettre au gouvernement
et de faire agréer par lui le nombre des personnes à
ordonner; 27, serment des curés; 39, Hturgie et caté-
chisme ; 43, costume des ecclésiastiques ; 45, cérémo-
nies religieuses dans les villes où il y a des temples
destinés à différents cultes; 49, prières publiques ordon-
nées par le gouvernement. En son Nouveau Manuel de
droit eccl'siastique français (Paris, 1885, in-12).
M. Emile Ollivier enseigne « que presque tous les articles
sont à abroger ». On exprimerait complètement la pensée
intime du parti dont il est l'organe, en disant : «Tous, ex-
cepté ceux qui concernent le traitement des ministres ».
— Au mot Provinck ECCLÉSIASTIQUE, OU trouvcra avec l'in-
dication des circonscriptions, des statistiques relatives à
l'état actuel de l'Eghse catholique en France ; aux mots
Rkc.ime monastique. Religieux, Religieuse, des renseigne-
ments sur la renaissance, le développement contemporain
et les activités fort diverses des ordres et des congréga-
tions. E.-H. VOLLET.
CULTE PROTESTANT. — Les églises protestantes
unies à l'Etat se subdivisent en deux groupes distincts :
l'un, celui de la communion réformée, adopte la doc-
trine de Calvin ; l'autre, celui de la confession d'Angs-
bourg, se rattache à la doctrine enseignée par Luther.
L Eglises réformées, — Les persécutions les plus cruelles
ne parvinrent pas à briser l'organisation des Eglises ré-
formées, qui dès leur origine furent constituées sous le
RÉGIME PRESBYTÉRIEN SYNODAL.
D'après ce régime, l'élément laïque et l'élément ecclé-
siastique concourent ensemble augouvernementde l'Eghse.
à son administration temporelle et spirituelle. Le Synode
général devient le centre autour duquel se rattachent les
membres de l'Eglise et d'où part la direction générale. —
Malgré les peines portées par les édits, les calvinistes
avaient réussi à réunir huit synodes nationaux depuis la
révocation de l'Edit de Nantes, le dernier se tint dans le
Ras-Languedoc du i^'' au 10 juin 1763. Quant aux sy-
nodes provinciaux, ils fonctionnèrent avec assez de régu-
larité, dans certaines provinces, jusqu'en 1796. Sous la
pression de l'opinion publique, Louis XYI se rendit aux
vœux formulés par les philosophes et les jurisconsultes,
et accorda (nov. 1787) aux protestants le droit de faire
constater leurs naissances, leurs mariages et la mort de
leurs parents. — En 1789, les protestants ne pouvaient
point célébrer publiquement leur culte ; les édits qui les
frappaient n'étaient point abrogés, aussi accueillèrent-ils
avec enthousiasme la nouvelle de la convocation des Etats
généraux, espérant voir succéder l'ère de la liberté à celle
de l'intolérance. Le parti catholique, au contraire, mul-
tiplia ses efforts pour conserver son autorité et enlever
aux protestants les avantages qu'ils tenaient de l'édit de
tolérance. Dans certains bailliages, les cahiers du clergé
demandent la révocation pure et simple de l'édit de 1787
« comme contraire aux lois ecclésiastiques » ; dans d'autres,
plus nombreux encore, ils réclament qu'il soit constitii-
tionnellement établi qu'on ne professera en France qu'une
seule religion, la catholique, qui restera en possession de
tous ses privilèges. Quand les assemblées préparatoires
des élections sont réunies, les partisans de l'ancieji régime
cherchent à s'appuyer sur l'édit de tolérance, pour faire
déclarer les protestants inéligibles aux Etats généraux. Le
règlement du 24 janv. 1789 ne frappa les non-catho-
liques d'aucune incapacité, le roi appela tous ses sujets à
concourir à l'élection des députés, et plusieurs protes-
tants firent partie de l'Assemblée nationale.
Une des premières mesures de cette grande assemblée
consista à f^iire disparaître l'inégahté qui existait entre
les rehgionnaires et les catholiques. La Déclaration des
droits de Vhomme, dans son art. 10, proclame que « nul
ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses,
pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public
étabh par la loi » (Décr. 26 août, 3 nov. 1789; — A
deux reprises différentes, le 13 févr. 1790, par l'organe
de Mgr de la Fare, évêqiie de Nancy, le 12 avr. 1790,
sur la proposition du chartreux dom Gerle, le côté droit
de l'Assemblée tenta de faire décider : « que la rehgion
catholique, apostolique et romaine est et demeurera pour
toujours la rehgion de la nation française, et que son
culte sera le seul public et autorisé ». Ce fut le derni(4'
assaut <le l'ancienne intolérance conlre l'esprit nouveau ;
et la séance du 13 avr., pendant hupielle l'Assemblée
nationale proclama « qu'elle ne peut avoir aucun pouvoir
à exercer sur les consciences et sur les opinions rehgieuses »
fut une de celles qui eurent sur le sort des dissidents
l'influence la plus féconde et la ])lus heureuse. — Déjà,
la loi du 24 déc. 1789 avait rendu les non-catholiqûes
capables de tous les emplois civils et militaires comme
tous les autres citoyens ; mais il restait encore à réparer
les injustices du passé ; les ordonnances de Louis XIY
avaient frappé les protestants dans leurs personnes et
dans leurs biens. Leurs immeubles avaient été confisqués,
et l'administration en était confiée à une régie spéciale.
Le décret des 10-18 juil. 1790 ordonna la restitution
des biens des non-catholiques qui se trouvaient encore
entre les mains de cette régie. Les biens confisqués de-
vaient être restitués aux héritiers des rehgionnaires, à
charge par eux de justifier de leurs droits selon les formes
que l'Assemblée se réservait de fixer.
511 —
ORGAiNlQUE
Ces formes furent déterminées par le décret des 9-15
déc. i790, préparé par Barère.
L'art. 22 de ce décret permet aux descendants des re-
ligionnaires fugitifs de recouvrer la qualité de Français,
en venant se tixer en France et en prêtant le serment
civique. Cette disposition a été maintenue avec certaines
modifications par l'art. 4 de la loi du 26 juin 4889. —
S'occupant de l'état civil, l'Assemblée nationale posa en
principe (27 août 1791) que la loi ne reconnaissait le
mariage que comme contrat civil. La tenue des actes fut
confiée aux municipalités par la loi du 20 sept. 1792.
Cette œuvre de l'Assemblée nationale subit un temps
d'arrêt pendant le règne de la Terreur. Les persécutions
recommencèrent, et cette fois, catholiques et protestants
furent frappés. Le culte de la Raison, celui de l'Etre
suprême furent substitués aux cultes chrétiens, et dans
la France presque tout entière les services religieux pro-
testants furent suspendus dès le moi^ de juin 1794. Les
cérémonies religieuses étaient assimilées à des attroupe-
ments, à des réunions fanatiques ; et ceux qui y assistaient
pouvaient être traduits devant le tribunal révolutionnaire.
Les conventionnels envoyés en mission dans les départe-
ments exagérèrent les mesures votées par la Convention, pre-
nant des arrêtés contre les pasteurs qui continueraient leurs
fonctions et ne s'éloigneraient pas des communes où ils
exerçaient leur ministère.
Malgré ces terribles menaces, les protestants renouve-
laient les scènes du Désert, tenaient des assemblées, se
réunissaient pendant la nuit dans des granges ou dans des
caves, pour méditer ensemble les Ecritures et chanter
leurs vieux psaumes.
Cette situation se prolongea jusqu'au moment où la
Convention décréta (3 ventôse an III, 21 fév. 1795)
la liberté des cultes et confirma la séparation complète
de l'Eglise et de l'Etat, qui existait déjà depuis le décret
du deuxième jour des Sans-Culottides an 11(18 sept. 1794).
Aussi à partir du mois de mars 1795, les temples com-
mencèrent à s'ouvrir, et les pasteurs reprirent leurs
fonctions, touchant un traitement qui leur était directe-
ment payé par les fidèles ; mais les églises ne jouissaient
pas encore d'une tranquillité absolue : la loi du 11 avr.
1796 défendait de sonner les cloches ; les pasteurs ne
pouvaient paraître en public avec un costume religieux.
Le premier consul voulut compléter son œuvre de réor-
ganisation gouvernementale en concluant un concordat avec
le pape et en fixant par une loi le régime sous lequel se-
raient à l'avenir placées les églises protestantes.
Au mois de nov. 1800, après l'ouverture des confé-
rences qui se tenaient à Paris entre Mgr Spina, délégué
du pape, et Bernier, représentant du gouvernement fran-
çais, le premier consul chargea Blanc d'Hauterive, chef
de division au ministère des relations extérieures, de
préparer un plan de réorganisation des églises protes-
tantes.
D'après un premier projet, approuvé par Talleyrand,
les communions protestantes auraient pu exercer libre-
ment leur culte, à la condition d'adresser une demande à
la commission de surveillance des cultes. L'autorisation
d'ouverture des édifices rehgieux appartenait aux consuls,
et le gouvernement aurait eu le droit de subventionner
un certain nombre de pasteurs.
Après discussion, on supprima toute allocation pécu-
niaire, et l'on soumit la nomination des principaux mi-
nistres du culte à l'approbation gouvernementale. Dès
que les EgHses protestantes eurent connaissance du sort
qu'on leur préparait, elles adressèrent à Portails, chargé
de toutes les affaires concernant les cultes, des mémoires
dans lesquels elles réclamaient des consistoires locaux,
des synodes d'arrondissement, un synode national et
quatre séminaires pour l'instruction des ministres.
Portails modifia profondément ce projet, il en fit dis-
paraître les synodes remettant toute l'administration ec-
clésiastique entre les mains des consistoires locaux et des
pasteurs. Cependant, après de nouvelles réclamations des
notables protestants, le projet définitif fit disparaître
l'église locale pour lui substituer l'église consistoriale
formée par l'agglomération factice de 6.000 âmes de la
même communion, il rétablit les synodes d'arrondisse-
ment et promit l'érection de trois séminaires.
Les articles organiques furent soumis au conseil d'Etat
le 12 germinal an X (2 avr. 1802). Portails, dans un
remarquable rapport, en résuma les dispositions essentielles.
Ils étaient ensuite votés par le Corps législatif et par le
Tribunal (7-8 avr. 1802) : ils devenaient ainsi loi de
l'Etat.
Loi du 18 germinal an X. — Par des dispositions pré-
liminaires, l'Etat sauvegarde l'exercice de ses droits et son
pouvoir de contrôle sur le fonctionnement des Eglises.
Les décisions docti'inales ou dogmatiques, les confessions
de foi ne peuvent être publiées ou devenir matière d'en-
seignement qu'après l'approbation du gouvernement
(art. 4). Tous les chanoements à la discipline sont sou-
mis à la même autorisation (art. 5).
Les pasteurs seront, comme les ministres du culte ca-
tholique, soumis à la procédure de l'appel comme d'abus
et pourront être déférés au conseil d'Etat (art. 6).
Il est en outre interdit aux Eglises protestantes et à
leurs ministres, d'entretenir des relations avec une puis-
sance ou une autorité étrangère (art. 2).
D'après l'ancienne discipKne, chaque localité où avait
lieu l'exercice du culte et qui possédait un pasteur, cons-
tituait une EgHse administrée par un consistoire. La pa-
roisse était la base même de toute l'organisation. La loi
•de l'an X supprime la paroisse et la remplace par un
groupe factice de 6.000 âmes de la même communion
compris dans les limites du même département (art. 16).
A la tête de chaque circonscription consistoriale se
trouvent un consistoire et des pasteurs. Le pasteur, qui
doit avoir la qualité de Français (art. 1), est nommé par
le consistoire, à la pluratité des voix ; mais sa nomina-
tion ne devient définitive qu'après confirmation du gou-
vernement, par décret (art. 26). Le pasteur reçoit un
traitement de l'Etat (art. 7) ; il est inamovible, en ce
sens qu'il ne peut être destitué que par le consistoire,
après approbation du gouvernement (art. 25).
Le consistoire se compose des pasteurs de l'Eglise
consistoriale et d'anciens choisis parmi les plus imposés
et nommés pour la première fois dans les Eglises où il
n'existait pas encore de consistoire, par la réunion de
25 chefs de famille les plus imposés. Une fois constitué,
le consistoire se renouvelle par moitié tous les deux ans
et procède lui-même au remplacement des membres
sortants, en adjoignant aux membres encore en exercice
un nombre égal de citoyens protestants choisis parmi les
plus imposés au rôle des contributions directes de la
commune où est située l'Eglise consistoriale (art. 23-24).
Le nombre des anciens est' au moins de dix, au plus de
douze (art. 18). Le consistoire est présidé par le plus
ancien des pasteurs, c.-à-d. par celui qui est attaché
depuis le plus longtemps à l'Eglise consistoriale : la fonc-
tion de secrétaire est remphe par un laïque (art. 21).
Le consistoire a pour mission de veiller au maintien de
la discipline, d'administrer les biens appartenant aux
EgHses, les deniers provenant des aumônes (art. 20), de
nommer les pasteurs (art. 26). Il forme un établissement
public capable de recevoir des dons et legs, et il a pour
cet objet les mêmes droits que les fabriques du culte ca-
tholique (art. 8).
Au-dessus des consistoires, la loi de l'an X a placé
les synodes particuliers. La circonscription de chaque
synode comprend cinq églises consistoriales (art. 17).
Le synode se compose d'un pasteur et d'un laïque délé-
gué par chacun des consistoires de la circonscription, de
sorte que le nombre de ses membres ne peut être supé-
rieur à dix (art. 29). Pour se réunir, le synode doit être
autorisé par le gouvernement, qui examine et approuve
ORGANIQUE — S42 —
l'ordre du jour. Cette approbation est donnée par le mi-
nistre des cultes, et la convocation est autorisée par décret.
La durée des sessions ne peut excéder six jours (art. 32).
Le préfet ou le sous-préfet assiste aux séances, et une
expédition du procès-verbal des délibérations est adressée
par le préfet au ministre des cultes (art. 31). Le synode
particulier est appelé à veiller à la célébration du culte,
à l'enseignement de la doctrine et à la conduite des affaires
ecclésiasti(iues; mais toutes ses décisions sont soumises à
Lapprobation du gouvernement (art. 30).
Cette loi de l'an X ne satistîl pas complètement les
représentants des Eglises réformées; ils demandèrent, peu
après sa promulgation, la création d'une r()?»j>iZ5i7*ou cen-
trale, pour remplacer le synode national, et réclamèrent la
substitution de l'Eglise locale à l'Eglise consistoriale. Dans
le but d'obvier aux fâcheuses conséquences de la création
des circonscriptions consistoriales, le décret du iO brumaire
an XIV ('1^'" nov. 1805) établit des oratoires rattachés
au consistoire le plus voisin. — En 4814, les Eglises pro-
testantes adressèrent au gouvernement de nouvelles récla-
mations, demandant la création d'un conseil permanent
placé auprès du ministère des cultes et composé de membres
des deux confessions, réformées et luthériennes, pour
l'éclairer sur les intérêts protestants. Ce n'est qu'en
sept. 1819 que M. Decazes consentit à instituer une
commission centrale composée de membres choisis par le
mmistre des cultes. ~ En mars 1825, les notables pro-
testants renouvelèrent leurs demandes ; le gouverne-
ment refusa de reconstituer le conseil permanent créé
en 1819 ; mais pour donner une légère satisfaction aux
pétitionnaires, il chargea (11 janv. 1828) le baron Cu-
vier de toutes les affaires des cultes non cathoHques. —
Sous la monarchie de juillet, les réformés demandèrent
avec insistance le rétabUssement delà paroisse. En 1839,
Eadministration des cultes fit préparer, par une commission
spéciale, un projet en 107 articles constituant une régle-
mentation complète des Eglises réformées. Les consistoires
consultés furent en complet désaccord, les uns applaudis-
sant à la réforme proposée, les autres concluant au main-
tien du statu quo. D'un autre côté, le conseil d'Etat fit
remarquer que les conseils presbytéraux ne pouvaient être
rétablis que par une loi. — En 1848, usant de la liberté
de réunion, les Eglises réformées députèrent à Paris des
représentants qui préparèrent un projet de réorganisation
confiant au sulirage universel la nomination des membres
des conseils presbytéraux.
Le gouvernement mit à l'étude les changements pro-
posés et, dès le 5 mai 1830, les consistoires étaient
appelés à adresser au ministre des cultes leurs délibéra-
tions sur ce sujel. Presque tous se prononcèrent pour la
création des paroisses. — La refonte du projet défini tit
fut confiée à une commission de vingt membres, et c'est
le travail de cette commission qui servit de base au décret
du 26 mars 1832.
Les dispositions de ce décret du 26 mars 1852, com-
binées avec les articles encore en vigueur de la loi du
18 germhml an X, fixent encore aujourd'hui l'orga-
nisation des Eglises réformées.
La paroisse est rétablie, et elle existe dans toute loca-
lité où l'Etat rétribue un ou plusieurs pasteurs ; elle est
administrée par un ou plusieurs pasteurs et par un conseil
presbytéral, éluparle suffrage universel paroissial (art. 1^^').
Les pasteio'S sont nommés par le consistoire, sur la pré-
sentation d'une liste de trois noms dressée par le conseil
presbytéral (art. 4). La nomination ne devient définitive
qu'après approbation du gouvernement par décret. — Le
conseil presbytéral se compose des pasteurs de la pa-
roisse et de laïques élus, dont le nombre varie de quatre
à sept (art. 1^^^). Les délégués laïques sont renouvelés tous
les trois ans ])ar moitié; les consoillers sortants sont réé-
ligibles.
La présidence appartient de droit au pasteur i[ni exerce
depuis le plus longtemps ses fonctions dans la paroisse. Le
secrétaire et le trésorier doivent être choisis parmi les
membres laïques. Le décret du 27 mars 1893 a soumis
les finances des conseils presbytéraux aux règles de la
comptabilité publique. Le conseil presbytéral administre
la paroisse sous l'autorité du consistoire, il maintient
Tordre et la discipline sans le ressort paroissial, il veille
à l'entretien des édifices religieux et administre, sous la
surveillance du consistoire, les biens appartenant à la
paroisse, ainsi que les biens provenant des aumônes. 11
accepte, avec approbation de Faiitorité supérieure, les dons
et legs (|ui lui sont faits, et nomme sous la réserve de
l'approbation du consistoire les pasteurs auxiliaires.
11 faut remar(fucr que les conseils presbytéraux ne re-
présentent les paroisses et ne sont leurs organes qu'au-
près des consistoires ; ils n'ont pas qualité pour corres-
pondre directement avec l'autorité supérieure.
Au-dessus des conseils presbytéraux, le décret de 1852
place les consistoires, dont il modifie la composition. Les
consistoires comprennent : 1° tous les pasteurs titulaires de
la circonscription ; 2^ tous les membres du conseil presbyté-
ral de la paroisse chef-lieu; 3° des représentants des di-
verses paroisses élus par le corps électoral, appelés membres
doublants, parce que leur nombre est égal à celui des
membres laïques du conseil presbytéral de la paroisse chef-
lieu ; 4° de délégués laïques élus pour trois ans par le
conseil presbytéral des paroisses scctionnaires (Décr.
26jnars -1852, art. 2. ■— Arrêté ministériel, 10 sept.
1852, art. 2 et 3). Les représentants laïques sont re-
nouvelables par moitié tous les trois ans. Le président est
élu par le consistoire ; il doit être choisi parmi les ])as-
tcurs ; le secrétaire et le trésorier sont désignés parmi les
membres laïques. Le consistoire veille au maintien de
la discipline et de la liturgie, ainsi qu'à la célébration ré-
gulière du culte. Il donne son avis sur les délibérations
prises par les conseils presbytéraux, il approuve les bud-
gets et les comptes, il nomme des pasteurs; il est appelé
à voter pour le choix des professeurs et des chargés de
cours des facultés de théologie.
La composition et la compétence des synodes particu-
liers n'ont point été modifiées par le décret du 26 mars
1852. Les cent trois consistoires de Erance et d'Algérie
ont été répartis en vingt et une circonscriptions synodales
par le décret du 29 nov. 1871 ; mais cette répartition
n'était que provisoire. — 11 résuKc, croyons-nous, de
l'examen des travaux préparatoires de la loi de l'an X,
que le gouvernement n'a pas rétabli le synode national,
]>uisqu'il a repoussé l'art. 11 du projet instituant « les
synodes d'arrondissement et le synode national ». Cepen-
dant, dans un avis de principe des 13-15 nov. 1873, le
conseil d'Etat estime que le synode national n'a été sup-
primé ni par la loi de l'an X, ni par le décret de 1852. —
Un synode général a été convoqué en 1872, conformé-
ment aux règles fixées par le décret du 29 nov. 1871. Il
élabora un projet complet de réorganisation de l'EgUse
réformée ; mais en présence de la division qui se produi-
sit entre les deux fractions du protestantisme, ce projet ne
fut pas soumis au Parlement.
Pour établir des rapports entre le gouvernemejit et les
Eglises réformées, le décret de 1852 a institué un conseil
central (art. 6).
Ce conseil, qui a son siège à Paris, se compose de quinze
membres. Leur nomination appartenait pour la première
fois seulement au gouvernement. Vn décret devait régle-
menter le mode de nomination et conférer à l'Eglise le
choix de ses repi'ésentants. Mais jusqu'à ce jour les membres
démissionnaires ou décédés ont' été remplacés par décret,
sans consultation préalable de l'Eglise.
De nombreux consistoires ont exprimé le vu-u que le
décret de 1852 reçoive enfin son exécution, et que le gou-
vernement confère, soit aux conseils presbytéraux, soit aux
consistoires, le droit d'élire les membres du conseil central.
Le conseil central n'a pas de juridiction propre, il
forme un corps consultatif, un intermédiaire entre les con-
543 —
ORGANIQUE
sistoires et le gouvernement. 11 émet son avis sur les ques-
tions d'intérêt général qui lui sont soumises, soit par le
ministre des cultes, soit par les Eglises ; il est spéciale-
ment chargé de veiller à l'exécution des règles prescrites
par le décret de 4832; il recueille les votes des consis-
toires pour la nomination des professeurs des facultés de
théologie (art. 7). ~ L'Eglise réformée ne possède pas
encore aujourd'hui une organisation conforme à ses ori-
gines historiques. La conférence fraternelle, qui se tint
à Lyon au mois do nov. 1896, a chargé une commission
de « préparer le rétablissement du régime presbytérien
synodal, tel qu'il résulte des traditions des Eglises réfor-
mées de France ».
II. Eglise de la confession d'Augsbourg. — Tandis
que les protestants réformés étaient persécutés, les luthé-
riens d'Alsace jouissaient d'un calme relatif. Le traité de
Westphalie, qui réunissait l'Alsace à la lu\^nce, garantis-
sait aux protestants des contrées nouvellement annexées
la jouissance de tous les droits, franchises et avantages
dont ils étaient en possession le 1^^' janv. i&li. Dans les
villes libres, à Strasbourg par exemple, les droits épisco-
paux étaient exercés par le magistrat ; dans les autres
parties du pays, ils apparlenaient aux princes. — Les ré-
formes profondes apportées à l'organisation politique et
administrative de la France en 1789, par l'Assemblée na:;
tionale, eurent pour résultat de bouleverser la constitution
ecclésiastique des Eglises luthériennes. Elles envoyèrent
des délégués auprès du gouvernement de Louis XVI et
obtinrent de l'Assemblée nationale le vote du décret du
17 août 1790, qui leur assurait la jouissance des droits,
libertés et avantages concédés par les traités, et déclarait
non avenues les atteintes portées à ces droits. Quelques
mois plus tard, le décret du 1^'' déc. 1790 exemptait de
la vente des biens nationaux les propriétés possédées par
les établissements protestants de l'ancienne province d'Al-
sace. Les mêmes faveurs étaient concédées aux protestants
des {[uatre terres de Blamont, Ciémont, Héricourt et Cha-
telot, anciennes possessions des princes de la maison de
Wurttemberg-Montbéliard (décrets des 9-1 8 sept. , 1 -1 0 déc .
1790). — Pendant la Terreur, les Eglises luthériennes
eurent un sort analogue à celui des V^glises réformées ; elles
durent subir la confiscation et la vente d'une partie de leurs
biens, en violation des décrets de l'Assemblée nationale.
Les pasteurs éprouvaient de grandes difficultés à recouvrer
leur traitement fourni par les cotisations volontaires des
fidèles. 11 n'existait plus de règles fixes ni pour la nomi-
nation des pasteurs, ni pour l'administration des biens des
Eglises.
Aussi, dès que Bonaparte songea à réorganiser les cultes,
les consistoires de Strasbourg et de Colmar se mirent en
rapport avec les pasteurs de l'ancienne principauté de
Montbéliard et rédigèrent enseml)le une pétition dans la-
quelle ils réclamèrent du gouvernement une réorganisation
complète des Eglises luthériennes.
La loi du 18 germinal an X tint grand compte des
vœux formulés par les protestants d'Alsace et du pays de
Montbéhard. A côté des consistoires et des pasteurs.
dont les attributions étaient les mêmes dans les deux
Eglises unies à l'Etat, elle plaça des assemblées d'ins-
pection comprenant tous les pasteurs titulaires attachés
à l'Eglise consistoriale, et un nombre égal de laïques
(art. 3o). L'inspecteur ecclésiastique et deux inspec-
teurs laïques étaient choisis par cette assemblée. Leur
nomination était soumise à la confirmation du premier
consul. Au-dessus des inspections se trouvait le consis-
toire général, composé d'un président laïque, nommé par
le chef de l'Etat, de deux inspecteurs ecclésiastiques choi-
sis par le gouvernement et d'un député élu par chaque
assemblée d inspection. Il était établi trois consistoires gé-
néraux, à Strasbourg, Mayerwe et Cologne. Dans l'in-
tervalle des sessions, les attributions du consistoire supé-
rieur étaient dévolues à un directoire composé du président
du consistoire général, de l'inspecteur ecclésiastique le
plus âgé, et de trois membres laïques, nommés, deux par
le consistoire général et le troisième par le premier con-
sul (art. 43).
Le décret-loi de 18o!2 apporta de profondes modi-
fications à ce régime, en rétablissant le conseil presbg-
téral, en faisant élire les membres laïques des consis-
toires par le suffrage universel paroissial ; en augmentant
le nombre des membres du consistoire supérieur de
Strasbourg qui furent portés de 9 à !27 ; en conférant la
nomination des pasteurs et des inspecteurs ecclésiastiques
au directoire, sous la réserve de l'approbation du gouver-
nement. Le directoire restait composé de cinq membres,
l'inspecteur ecclésiastique qui en faisait partie était dési-
gné par le gouvernement. — Ce régime resta en vigueur
jusqu'à la guerre de 1870. Mais par suite de l'annexion
de l'Alsace à l'empire d'Allemagne, l'Eglise de la confes-
sion d'Augsbourg se trouva privée des organes les plus
nécessaires à son fonctionnement. Strasbourg, en effet,
était le siège du consistoire supérieur et du directoire.
Strasbourg était également avec son gymnase, son sémi-
naire et sa faculté de théologie, la métropole de l'ensei-
gnement théologi(iue.
Quand le traité de Francfort (10 mai 1871) eut, dans
son art. 6, décidé que les communautés de la confession
d'Augsbourg, restées françaises, cesseraient de relever du
consistoire et du directoire de Strasbourg, l'Eglise luthé-
rienne ne posséda plus en France que deux groupes cor-
respondant aux deux inspections de Paris et de Montbé-
liard. Il n'existait plus, entre ces deux groupes, de lien
administratif ; chacun était réduit à sa vie propre et ne
pouvait plus procéder légalement à la nomination de
nouveaux pasteurs. Une réorganisation devenait urgente.
Dès la fin de mars 1871, les deux inspections se mirent
en rapport et rédigèrent un projet de réorganisation. Il
fut soumis à une assemblée synodale composée de 18 re-
présentants (6 pasteurs, 12 laïques) élus par l'inspection
de Montbéliard, et de 13 représentants (3 pasteurs,
10 laïques) désignés par l'inspection de Paris. Cette assem-
blée synodale se réunit à Paris le 23 juil. 1872 ; elle
consacra six séances au vote du projet de loi organique à
soumettre au gouvernement. Ce projet était précédé d'une
déclaration de foi « proclamant l'autorité souveraine des
saintes Ecritures en matière de foi, et maintenant à la base
de la constitution légale de l'I'^glise, la confession d'Augs-
bourg ». — Ce projet fut soumis à l'approbation du gou-
vernement ; la chute successive de plusieurs ministères,
les crises politiques, le faible intérêt porté aux choses
rehgieuses par Ja majorité des membres du Parlement
eurent pour conséquence de retarder pendant de longues
aimées le vote des Chambres. — Le 19 mars 1878,
M. Bardoux, ministre des cultes, déposa enfin sur le bureau
du Sénat un projet de loi qui tendait à approuver pure-
ment et simplement les vingt-sept articles votés par le
synode. La commission du Sénat substitua à l'article unique
présenté par le gouvernement le texte même du projet de
réorganisation, auquel elle apporta de nombreux change-
ments ; elle n'admettait pas que l'Etat pût traiter avec
l'Eglise luthérienne, de puissance à puissance, et partager
avec elle sa souveraineté.
Après de laborieuses négociations échangées entre la
commission du Sénat, le gouvernement et la commission
représentant le synode de 1872, le projet fut voté par
les deux Chambres et devint la loi du 1^'' août 1879.
A la tête de chaque paroisse, cette loi place un ou plu-
sieurs pasteurs et un conseil presbytéral. Le pasteur est
nomme par le consistoire, sur la présentation du conseil
presbytéral, et après approbation du gouvernement. —
A côté du pasteur siège le conseil presbytéral, composé
des pasteurs de la paroisse et de députés laïques, dont le
nombre, déterminé par le synode particulier, ne peut être
inférieur à huit. Les membres laïques sont élus par le
suffrage universel paroissial ; ils sont renouvelés par moi-
tié tous les trois ans (art. 8). Il est présidé par le plus
ORGANIQUE
SU
ancien pasteur de la paroisse. H veille au maintien de la
discipline dans la paroisse ; il est chargé de surveiller tout
ce qui a trait à l'entretien et à la conservation des édi-
fices religieux et des biens curiaux. Il administre les au-
mônes et les biens affectés au service du culte. Il délibère
sur l'acceptation des dons et legs qui lui sont faits.
Le consistoire est appelé à contrôler les actes des con-
seils presl)ytéraux ; il est composé de tous les pasteurs de
la circonscription consistoriale et de délégués laïques de
chacjue paroisse, choisis par le conseil presbytéral, à rai-
son de deux délégués par chaque pasteur. Il a ainsi une
composition beaucoup moins compliquée que les consis-
toires réformés. Il est renouvelable par moitié tous les
trois ans. La président est désigné par le vote de l'assem-
blée, qui doit exercer son choix parmi les pasteurs et
nommer un secrétaire laïque. Ses attributions principales
consistent à contrôler l'administration des conseils pres-
])ytéraux, tant au point de vue de la discipline que du
règlement des budgets et des comptes, d'administrer les
biens indivis appartenant aux églises du ressort consis-
torial.
I^es diverses circonscriptions consistoriales sont divisées
en deux groupes, celui de Monthélia7'ch[m comprend les
départements du Doubs, du Jura, de la Haute-Saône et
le territoire de Belfort. et celui de Paris, qui s'étend sur
les autres départements et sur l'Algérie. — A la tête de
chacun de ces groupes est placé un synode particulier,
composé de tous les membres des consistoires. Le synode
particulier remplace les anciennes assemblées d'inspection.
Mais lout en lui donnant le droit de nommer encoi'e l'ins-
pection ecclésiastique, la loi de 1879 transforme cette
assend)lée électorale en un véritable corps délibérant. Le
synode particulier nomme son bureau, il se réunit en ses-
sion ordinaire une fois par an ; il examine toutes les ques-
tions intéressant l'administration, le bon ordre de la vie
religieuse ; veille au maintien delà constitution de l'Eglise,
de la discipline et prononce sur les contestations surve-
nues dans l'étendue de sa juridiction, sauf appel au synode
général.
La loi de 1879 conserve dans chaque circonscription
synodale un inspecteur ecclésiastique, élu pour neuf
années par le synode particulier. Les inspecteurs ecclé-
siastiques sont chargés de consacrer les candidats au
saint ministère, d'installer les pasteurs, de consacrer les
églises, de veiller à l'exercice du culte, au mainrien du
bon ordre dans les paroisses. Ils sont tenus de visiter pé-
riodiquement les paroisses, et de faire chaque année au
synode particulier un rapport sur l'état de leur circons-
cription. La législation nouvelle supprime les inspecteurs
laïques, qui sont remplacés par les trois membres laïques
de la commission synodale.
La commission synodale représente chaque synode
particulier pendant l'intervalle des sessions. Elle se com-
pose de l'inspecteur ecclésiastique, membre de droit, de
quatre délégués (un pasteur et trois laïques) désignés pour
six ans par le synode particulier. Cette commission est
chargée de donner suite à toutes les mesures adoptées
par le sj^node, et de transmettre au gouvernement le pro-
cès-verbal de nomination des pasteurs.
L'autorité supérieure de l'Eglise appartient au synode
général, composé des inspecteurs ecclésiastiques, membres
de droit, de pasteurs élus par les synodes particuliei's
(Paris, cinq ; Montbéliard, six), d'un nombre de laïques
double de celui des pasteurs et d'un délégué de laEaculté
de théologie de Paris, appartenant à l'Eglise de la con-
fession d'Augsbourg. Les députés au synode sont renou-
velés par moitié tous les trois ans, ils sont rééligibles. —
Le synode se réunit en session ordinaire tous les trois
ans, alternativement à Paris et à Montbéliard. Il peut, si
des circonstances graves l'exigent, être convoqué extraor-
dinairement, soit d'office par le ministre des cultes, soit
par la commission executive du synode sur la demande
d'un des synodes particuliers. — Le synode veille au
maintien de la constitution de l'Eglise, il approuve les
livres ou formulaires liturgiques ; juge en dernier ressort
les difficultés qui ont pu naître au sujet de l'application
des règlements sur le régime intérieur de l'Eglise ; il est
enfin compétent pour statuer sur toutes les matières qui
rentraient dans les attributions du consistoire supérieur,
et qui n'ont pas été dévolues par la loi du i^^'' août 1879
à une autre juridiction ecclésiastique. En un mot, il suc-
cède au consistoire supérieur de la loi de l'an X et du
décret de iSoii.
Une commission executive représente le synode
général pendant l'intervalle des sessions. Cette commis-
sion se compose de neuf membres titulaires et de trois
suppléants élus par ce synode, et renouvelés par moitié
tous les trois ans. Les deux tiers au moins des mem-
bres doivent être laïques. — La commission a son siège
à Paris ; elle présente au gouvernement , de concert
avec les professeurs de la faculté de théologie de Paris,
les candidats aux chaires vacantes et aux places de maîtres
des conférences ; elle hérite des attributions du directoire
pour la surveillance de l'enseignement et de la discipline
ecclésiastique du séminaire. Elle convoque le synode cons-
tituant ; elle est enfin chargée de pourvoir à l'exécution
des délibérations du synode général, d'instruire les af-
faires dont il doit être ultérieurement saisi et de statuer
sur les ({uestions pour lesquelles elle a reçu une déléga-
tion spéciale du synode.
Si les intérêts de l'Eglise exigeaient des modifications
profondes dans son organisation, le synode général, par
un vote réunissant les deux tiers au moins de ses membres,
pourrait demander la réunion d'un synode constituant .
Ce synode constituant se réunit à Paris ; il comprend
les inspecteurs ecclésiastiques, deux délégués de la Fa-
culté de théologie de Paris, des délégués ecclésiastiques
et laïques nommés par les synodes particuliers en nombre
double de celui qui a été fixé pour le synode général. La
convocation est faite par la commission executive.
L'Eglise de la Confession d'Augsbourg est, d'après la
loi du 1^'' août 4879, une démocratie religieuse reposant
sur le principe électif. Ce principe se rencontre à la base
avec le conseil presbytéral ; il existe également au som-
met, puisque les membres du synode général tiennent leur
mandat des synodes particuhers, qui, eux-mêmes, se com-
posent des membres des consistoires. Cette législation
constitue un grand progrès sur la loi de l'an X et sur le
décret de 185^2, qui tous deux attribuaient au gouverne-
ment une influence prépondérante dans la composition des
conseils de l'Eglise.
III. Statistique. — Population. D'api'ès les dernières
statistiques, la population protestante de France et d'Al-
gérie s'élève à 639.825 hab. se décomposant ainsi :
Eglise réformée 540 .483
Eglise de la Confession d'Augsbourg. . . . 77.553
Algérie \.... 10.789
Eglises indépendantes de l'Etat 11 .000
Total 639.825
Circonscriptions ecclésiastiques. L'Eglise réformée
unie à l'Etat comprend en France : iOi églises consisto-
riales, dont les chef-lieux sont répartis dans 42 dépar-
tements. Ces consistoires sQ^VLhdÂy'i^mlawDSS paroisses.
Les 18 dép. des Basses- Alpes, Alpes-Maritimes, Cantal,
Corrèze, Corse, Côtes-du-Nord, Creuse, Eure, Indre, Landes,
Lot, Haute-Marne, Mayenne, Morbihan, Nièvre, Haute-
Saône, Yonne, territoire de Belfort n'ont pas de paroisses
officielles réformées. — Ces paroisses sont desservies par
688 pasteurs tilulaires. Le culte se célèbre périodique-
ment dans ^9^ annexes. Le nombre des temples et ora-
toires est de 729, celui des autres locaux non consacrés
s'élève à %6. Le nombre des presbytères est de 160. —
VEglise de la Confession d'Augsbourg se divise en six
consistoires dont les chef-lieux se trouvent dans les dép.
de la Seine, du Doubs et de la Haute-Saône ; les cousis-
toii'es sont divisés an 49 paroisses, desservies par 6!2 pas-
teurs titulaires. Le nombre des temples est de 94 et
celui des ^r^s%/m^s de -45. — Les églises protestantes
d'Algérie se divisent en trois consistoires : Alger, Cons-
tantine, Oran. Il existe 17 paroisses desservies par
i2l pasteurs, 11 appartiennent à l'Eglise réformée et 10
à l'Eglise de la Confession d'Augsbourg.
Budget des cultes protestants. La loi du 30 avr. 1898.
portant fixation du budget de l'Etat pour 1898, alloue
aux cultes protestants les crédits suivants : personnel des
cultes protestants, 1.280.600 fr. ; indemnité et secours
aux deux Eglises, 188.000 fr. ; dépenses des séminaires
protestants, '26.500 fr. ; secours pour les édifices des
cultes protestants, 43.000 fr. Algérie : personnel des
cultes protestants, 97.000 fr. ; secours pour les édifices
des cultes protestants et Israélite, 1.200 fr.
Le budget de 1899, voté par la Chambre des députés,
maintient les mêmes crédits. Armand Lods.
l^iijL. : Gf.omktrik. — Paiinvin. (rêoinétrie uiiuhjiuiiœ.
— Salmon. (^tC.
lIisTOïKE RELIGIEUSE. — " CidUi catliollqini. V. CON-
coRiJAT, et les ouvrai^es indiqués dans la notice sur
Grégoire, t. XIX, p. 370. — En outre, Emile Oelivier,
le Concordat est-il respecté ? Paris, 1883, in-12. — Le
Concordat et le Gallicanisme, 1885, in-12.
Culte protestant Rauaul' ee jeune, Annuaire ou ré-
pertoire ecclésiastique à l'usaç/e des Eglises réformées
de l'empire français ; Paris, 1807, in-8. — Samuel Vincent,
Vues sur le protestantisme en France; Nimes, 1820, 2 vol.
in-8. -- CuMTZ, Considérations historiques sur le dévelop-
j)e)nent du Droit ecclésiastique protestant en France ;
Strasbourg, 1810. m-8. — Buob, Manuel d'un code ecclésias-
tique à Vusaije des deux Eglises protestantes en France ;
Strasb()urijr,'lî>.')5, in-8. — Leur, Dictionnaire d'administra-
tion ecclésiastique à Vusane des deux Eglises protestantes
de France ; Paris, 1809. in-8. — Bj':aujour, l'Eglise réfor-
mée de France unie à l'Etat, son organisation codifiée;
Paris, 1883, in-8. — IIepp, les Cultes non catholiques en
France et en Algérie: Paris, 1889, in-18. — Armand Lods.
la Législation des cultes protestants; Paris, 1887, in-8. —
Du même, Traité de l'administration des cultes protes-
tants ; Paris, 1876. in-8. — Circulaires, instructions et autres
actes relatifs aux affaires ecclésiasticpies ; Paris, 1811, 1858.
1888, 3 vol. in-8. — Jlecueil officiel des actes du directoire et
du consistoire supérieur de la confession d'Aïujsboiirg ;
Strasbourg. 1810-71, 26 vol. in-1. — Eecueil officiel des
actes du synode général et des sgnodes particuliers de
l'Eglise éuangéli<iue de la confession d'Augsbourg ; Pa-
ris.' 1882-98, oVol. iii-8. — Jackson, Recueil de documents
relatifs à la réorganisation de l'Eglise de la confession
d'Augsbourg ; Paris, 1881, in-8. — D'a vaine, Annuaire du
protestantisme français; Paris, 1892, 1891. 2 \ol.in-8. —
Revue de droit et de jurisprudence des Eglises proles-
tantes divisée par Armand LoDg, 1884-99, 15 Vol. in-8.
ORGANISATION. I. Jurisprudence. --- OiKrA.MsA-
iroN JUDICIAIRE. — Elle a sa base dans la loi du ^21 août
1789. Comme d'ailleurs la matière se trouve traitée dans
ses détails au nom des diverses autorités chargées de
rendre la justice, nous n'en présenterons ici que le ta-
bleau général, avec l'indication des articles spéciaux à
consulter.
Les juridictions peuvent être envisagées, soit au point
de vue répressif, soit au point de vue civil. A la première
catégorie se rattache Tétude des tribunaux de simple
police, des tribumiux correctionnels, des cours d'as-
sises, des conseils de guerre (V. ces mots).
Au point de vue purement civil, on distingue les juri-
dictions ordinaires ou de droit commun et les juridic-
tions extraordinaires ou tribunaux d'exception. Les pre-
mières sont celles qui ont une compétence générale leur
permetlanl, en principe, de connaître de toutes les affdres
qu'une loi spéciale ne leur a pas retirées ; les secondes,
au contraire, n'ont qu'une compétence exceptionnelle, res-
treinte seulement aux matières qu'un texte particulier leur
a formellement attribuées. Les juridictions ordinaires ou
de droit commun compreiHienl : les tribunaux de pre-
mière imdance et les cours d'appel (V. ces mots). Les
juridictions extraordinaires ou d'exception sont les jus-
tices de paix, les tribunaux de commerce, les conseils
de prud'hommes, la cour de cassation (V. ces mots),
cette dernière constituant en réalité une juridiction tout à
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
to OKGAiMUlJE — ORGANISATION
fait spéciale et échappant par suite à la classification ([ue
nous venons de résumer.
Près des tribunaux et pour en surveiller l'action se
trouve placée une magistrature spéciale, le ministère
public (V. ce mot). Enfin, l'administration de la justice
a comme auxiliaires des agents institués par les lois pour
prêter aux magistrats et aux particuliers un ministère
expressément défini, qu'ils ne peuvent refuser • lorsqu'ils
en sont légalement requis; nous voulons parler des offi-
ciers ministériels : greffiers, avoués, avocats à la cour
de cassation, huissiers, notaires, commissaires-pri-
seurs (V. ces mots et Officier ministériel). Quant aux
avocats et aux agrées (V. ces mots), leur ministère, bien
que rigoureusement réglementé, n'est pas obligatoire.
A côté de cette organisation, qui constitue l'organisa-
tion judiciaire proprement dite, il en existe une auti'c,
complètement en dehors de l'ordre judiciaire, \i\ juridic-
tion administrative. Quelle est, en matière administra-
tive, le juge de droit commun? Les uns prétendent que
c'est le conseil de préfecture, les autres que c'est le mi-
nistre; à vrai dire, on n'eji sait rien (V. Administraiion,
t. L p. o83). Les tribunaux ordinaires de l'ordre admi-
nistratif sont les conseils de préfecture et le conseil
d'Etat (V. ces mots). 11 y a aussi des tribunaux admi-
nistratifs d'exception : cour des comptes, conseil supé-
rieur de Vinstruction publique, conseils académiques,
conseils départementaux, conseils de revision, conseil
des prises, jury d'expropriation (V. ces mots). Le
tribunal des conflits (V. ce mot) tranche les difficultés
de compétence entre les Iribujiaux judiciaires et la juri-
diction administrative.
II. Histoire religieuse. — Or(;a.msaijon ecclésias-
TiuiE (V. Clergé, Eglise, Pape, Patriarche, Prêtre,
Primat, et, pour l'ensemble, Sacerdoce).
III. Armée. — Organisation de l'armée. — Les
principes généraux qui président, en France, à l'orga-
nisation de l'armée sont contenus, aujourd'hui encore,
dans la loi du 2i juil. 1873 (modif., 1. 19 mars 1875
et "21 juin 1890), qui règle tout ce qui a trait à la divi-
sion du territoire en corps d'armée, à leur composition,
à leur commandement, à leur administration, à l'incor-
poration et à la mobilisation des effectifs, à l'organisa-
tion de l'armée territoriale ; dans la loi du 13 mars 1875
(modif.. l. 21 juin 1890,19juil. 1892 et 8 avr. 1897),
relative à la constitution des cadres et des effectifs de
l'armée active et de l'armée territoriale ; dans la loi du
3 juil. 1877 (modif., 1. o mars 1890) sur les réquisitions
militaires, complétée par les décrets des 2 août 1877,
i23 nov. 1886 et 3 juin 1890 ; dans les lois des 20 mars
1880 et 24 juin 1890 sur l'organisation du service d'état-
major, dans les lois des 23 Juil. 1881 et 6 janv. 1892
sur le rengagement des sous-officiers ; dans ies lois des
16 mars 1882 et l^^^" juil. 1889 sur l'administration de
l'armée; dans la loi du 15 juil. 1889 (modif., I. 6 nov.
1890, 2 févr. 1891, 19 juil., 11 nov. et 26 déc. 1892,
14 août 1893, 20 juil. Ï895, 13 mars 1896, 24 mars et
1^'- mai 1897, 26 mars et 20 avr. 1898) sur le recru-
tement de l'armée, complétée par les décrets des 28 sept,
et 23 nov. 1889, enfin dans la loi du 30 juil. 1893 sur
l'armée coloniale.
La base du recrutement de farmée est le service mili-
taire obligatoire. Tout Français ayant l'aptitude physique
nécessaire doit ce service pendant 25 ans : 3 ans dans
l'armée active, 10 ans dans la réserve de l'armée active.
6 ans dans l'armée territoriale, 6 ans dans la réserve de
l'armée territoriale (V. Armée et Recrutement). Les
13 classes les plus jeunes constituent, avec les cadres
d'officiers (V. ce mot), qui ont un recrutement spécial,
les effectifs de ïarmée artive et de sa résene. Cette ar-
mée se compose: i*^ du personnel de Tétat-major général
et des services généraux (état-major général cte l'ar-
mée, service d'état-major, corps du contrôle de V ad-
ministration de l'armée [Y. Etat-major et Administra-
ORGANISATION
— o46
TioN DE l'armée]); 2° des corps de troupes des différentes
armes {infanterie, cavalerie, arlillerie, génie, irain
des équipages [Y. ces raotsj) ; o" du personnel des
états-majors et des .services particuliers [étais-majors
pariiciiliers de Vartillerie et du génie, corps de Vin-
iendance militaire, corps de santé militaire, officiers
d'administration, sections de secrétaires d'état-major
et du recrutement, serlioiis de commis et ouvriers
militaires d'adminislralion, sections d'infirmiers mi-
litaires, vétérinaires 'militaires, interprèles militaires,
service du recrutement et de la ■)]w})ilisalion, service
de la Irésorevie et des postes, service de la télégraphie ,
service des chemins de fer, écoles militaires, justice
militaire, dépôts de remonte, affaires indigènes en
Algérie, servicedesrenseignemenlsen 1 unisie |"V. Etat-
major, bTENDANT, ADMINISTRATION DE l'arMÉK, S.VNTÉ,
Secrétaire, Infirmier, Vétérinaire, etc.]) ; 4^^ de Ja
gendarmerie (V. ce mot) ; 5*^ du régiment de sapeurs-
pompiers de la ville de Paris. Elle n'a sous les drapeaux,
en temps de paix, qu'une partie de ses cadres et de ses
effectifs, complétés en temps de guerre par les officiers el
les hommes de la réserve (V. 'Mobilisation, Officie]\,
Réserve). Les bl classes les plus anciennes forment r<2r-
mée territoriale, qui a ses cadres spéciaux, exclusive-
ment constitués par des officiers de cette catégorie, el
(jui n'est appelée sous les drapeaux, hormis ia durée
des périodes d'instruction, qu'en temps de guerre, pour
des formations de seconde ligne et certains services d;*
rintérieur (V. Mouilisatiox). tjihn les hommes apparte-
nant à des ser\ices régulièrement organisés en temps de
paix [douaniers, gardes joresiiers) forment, en temps
de guerre, de^ corps spéciaux destinés à servir soiî a^ec
Tarmée active, soit avec l'armée territoriale, ftuanî aux
cor/j.s de vétérans, que le minisire de la guerre est éga-
lement autorisé à créer en temps de guerre, ils se recru-
tent, par voie d'engagements volontaires, parmi les
hommes ayant accompli la totalité de leur service mih'-
taire.
Le groupement des différents corps de troupe et le
sectionnement des sei'vices qui n'exercent pas, comme
rélat-major général ou le corps du contrôle, une, action
d'ensemhle, ont lieu par corps d'armée. Le teri'itoire de
la France est divisé, à cet égard, en dix-neuf régions (L'^ à
XVIIP et XX®), englobant chacune un certain nombre de
départements, chaque région en huit subdivisions de ré-
gion (les VPet XX® régions n'en ont chacune que quatre);
l'Algérie forme, de son côté, une vingtième région, la XiX®,
fractionnée seulement en trois divisions. \é\\ corps d'armée
occupe chacjue région et en porte le numéro. Il comprend,
en général, comme troupes de l'armée active, deux divi-
sions d'infanterie à deux brigades de deux régiments, soit,
au total, Juiit régiments, une brigade de cavalerie di\i-
sionnaire à deux régiments. \\\\(i brigade d'artillerie de
campagne à deux régiments, un bataillon du génie, un
escadron du train des d'équipages, et, comme services
administratifs et audliaires, un service de l'artillerie, un
service du génie, nu ^^ervice d'iiiteiidance. un service de
santé, un service vélérinaii-e (en cominun avec un ou deux
autres corps), une section de secrétaires d'état-major et
du recrutement, une section de commis et ouvriers mili-
taires d'administration, une section d'infirmiers mihtaires.
une légion de gendarmerie. Dans le VI® corps, chaque
brigade d'infanterie a, outre les deux régiments habituels,
un bataillon de chasseurs à pied. Le XX® corps a une troi^
sième division d'infanterie à trois brigades, composées
chacune d'un régiment d'infanterie et. respectivement, de
deux, trois et quatre bataillons de chasseurs à pied. Les
I®, VI®, Vil®, XIV®. XV® corps ont deux services d'inten-
dance, l'un spécial à la région, l'autre au corps. Le
XIK® corps, celui d'Algérie, est à trois divisions,
de composition particulière (troupes d'Afrique). La Tunisie
a un'^ division spéciale d'""'n]i»-3tion, ayajit é;:; d.o/nept une
composition à part. VMm, sur le territoire de chaque ré-
gion sont stationnées, en nombre plus ou moins considé-
rable, des troupes ne faisant pas partie du corps d'arm-V :
régiments d'infanterie et bataillons de chasseurs à pied
en excédent des formations régulières ((juelques-uns sont
réunis en brigades), régiments decavalerie des divisions indé-
pendantes, régiments du génie ne fournissant pas de batail-
lons aux corps d'armée, bataillons d'artillerie à pied, com-
pagnies d'ouvriers d'artillerie, compagnies de cavaliers de
remonte, (^uant à Farinée territoriale, elle compte, dans
chacun des dix-neut coi'ps d'armée du territoire français,
sauf dans les VI® et XX®, qui, formés des sectionnemenls
d'un seul, n'ont que la moitié des éléments territoriaux
des aulres corps: huit régiments d'infanterie (un par sub-
division de région), un groupe de quatre escadrons de
dragons, un groupe de (piatre escadrons de cavalerie lé-
gère, m\ groupe de batteries d'artillerie de campagne, un
bataillon (hi génie, un escadron du train des éijuipages,
une_ section de commis et ouvriers d'adminihiration, \\m'
section d'infirmiers. Tous les corps d'armée, ainsi que les
diverses troupes qui n'entrent pas dans leur composition,
sont pourvus, dès le temps de paix, du commandement,
des états-majors, des services et, aussi, du matériel c[ui
leur sont nécessaires ])our entrer en campagne. A ce der-
nier sont affectés, dans chaque région, des magasins géné-
raux d'a})provisionjiement, où se trouvent les ai-mes et
munitions, les effets d'habillement, d'armemenl. de harna-
chement, (réquipement, de campement, etc.; chaque sub-
division a. en outre, un ou plusieurs magasins ])arlicuiiers,
qui renferment des collections des mêmes ol)jets et qui
sont alimentés par les magasins généraux. Le matéiiel
roulant est emmagasiné sur roues.
Au groupemenl par régions et coiq)s d^uanée vient se
superposer, à Paris et à Lyon, en raison de l'importance
de ces deux places de gueri'c, un autre organisme, \(i gou-
vernement militaire (V. ce mot), qui embrasse, pour
Paris, les dép. de ia Seine et de Seine-et-Oise; pour Lyon,
le dép. duUbône et quebpies communes des dép. de l'Ain
et de l'Isère. Les troupes (|ui s'y trouvent stalimniées et
qui app;u'tiennent j)resque toutes, pour le premier, aux
11®, m®, IV*^ et V® corps, pour le deuxième, aux XllI® et
XIV® corps, continiient à l'elever, au point de vue de la
mobilisation, de l'ijistruction, du personnel et de l'admi-
nisti'ation, deleui's corps respectifs; mais elles dépendent,
pour tout ce qui a trait à la discipline générale, au sei'-
vice, aux mesures d'ordre j)ublic, du gou\ernem(Uit jnili-
taire. Les autres places fortes [\\ ce mot) forment des
groupes de défejise, à raison d'un groupe pai' place forte
principale et peliles })laces ibi'ies situées dans leur rayon
d'actioji.
Le minisfrede laguerr(îest le chef de l'armée. Secondé
par les différents services (état-major général et direc-
tions) qui constituent l'admiiiistration centrale du minis-
tère de la guerre et ])ar les nombreux comités et com-
missions (conseil supérieur de la guerre, comités techni(jues
des différentes armes, etc.) qui y sont rattachés (V. Guerre
[Ministère de la], t. XIX, p. o30), il règle, en se con-
formant aux dispositions des lois et décrets en vigueui',
tout ce ((ui touche à son organisation, à sa mobilisation,
aux opérations militaires, aux formations de troupes, et il
a tout à la fois la directioii et ia gestion de son adminis-
tration, dont k^s divers rouages fonctionneni sous sa res-
ponsabilité et qui est contrôlée par un corps spécial
dépendant immédiatement de lui (V. Admimstiîation de
l'armée, t. [, p. HOl, et CoMeiAiuLiiÉ militaire, t. Xll,
p. ^o'i). Immédiatement au-dessous du ministre, le com-
mandement est exercé, sous ses ordres, par les gouver-
neurs militaires de Paris et de Lyon et par les généraux
commandants de corps d'armée. Nous avons vu déjà que
le goiuernement mihtaire était un organisme spécial à
deux portions très limitées du territoire et ne correspon-
dant en somme qu'à uiie mission d'ordre public : les gou-
■^'erneue? inilitaire^. bien que placée;, dan:, la hiérarchie
du commandement, sous les oi'dres dire< h du miiustre, ue
— 547 —
ORGANISATION
jouent donc, en réalité, dans l'organisation de ce comman-
dement, qu'un rôle accessoire. Le rôle prépondérant appar-
tient, dans chacune des vingt régions, au général commandanl
le corps d'armée. Nommé, en principe, pour trois ans, mais
toujours maintenu, en fait, dans ses fonctions, il a sous son
commandement le territoire, les forces de l'armée acti^G
et de sa réserve qui font partie du corps d'armée ou qui
sont stationnées dans la région, celles de l'armée territo-
riale et de sa réserve, el tous les services et établissements
militaires qui sont exclusivement affectéb à ces forces. 11
est, sous l'autorité supérieure du ministre, le chef res-
ponsable de Fadministralion dans son corps d'armée ; les
directeurs des diffi^rents services sont, à cet effet, tout
aussi bien que les généraux commandant les divisiojis et
brigades de la région, sous ses ordres immédiats. Ses de-
voirs sont multiples. Au point de vue militaire, il doil
surveiller tous les détails de l'organisation, de l'instruc-
tion et de la mobilisation de son corps d'armée, officiers
et hommes de troupe, armée active et armée territoriale,
en vue d'assurer, dans les meilleures conditions, son entrée
inopinée en campagne ; il prescrit, à cet égard, dans la
limite des règlements, toutes les mesures nécessaires ; il
concourt, en outre, à l'œuvi'o de la défense générale, en
tenant le ministre constamment au courant des résultats
obtenus, en appelant son attenlion sur les inconvénients
observés el en lui proposant les modifications de toute
nature (méthodes d'instruction, armement, discipline, etc.)
que peuvent lui suggérer ses investigations et son expé-
rience personnelles. Au point de vue administratif, il
prévoit et expose au ministre, en temps opportun, les
besoins du corps d'armée, donne, quand il y a lieu, l'ordre
d'y pourvoir et de faire les distributions, veille à ce que
les troupes reçoivent tout ce qui leur est alloué par les
règlements, s'assure que les approvisionnements des ma-
gasins sont au complet déterminé, en bon état d'entretien
et disponibles, enfin tient la main à ce que les lois et
règlements soient exactement appli(jués dans tous les ser-
vices ; il ne doit, au surplus, hormis les cas urgents ou de force
majeure, rien prescrire qui entraîne pour l'Etat des dé-
penses non prévues par les règlements ; lorsqu'il s'y trouve
contraint par les circonstances, il donne l'oi'dre par
écrit, sous sa responsabilité, mémo pécuniaire, et rend
compte immédiatement au ministre ; les directeurs des
services sont tenus d'obtempérer, après observation, à ces
ordres, dont ils adressent, de leur côté, une copie au
ministre. Il est assisté d'un état-major, composé d'officiers
d'armes différentes et divisé en deux sections, l'une active,
l'autre territoriale (V. Etat-major, t. XVI, p. 502). Bien
qu'il n'ait que le grade de général de division et qu'en
principe l'exercice de son commandement ne lui crée, dans
ce grade, aucun privilège ultérieur de fonctions, il prend
j-ang, tant qu'il en est investi, avant les c^énérauxde divi-
sion, même plus anciens, qui ne sont pas pourvus d'un
commandement do môme nature, et rins])ecteur d'armée
(V. ci-après) n'a, à ancienneté égale, le pas sur lui que
s'il opère dans la région. Au-dessous du commandant de
coi'ps d'armée, le commandement appartient, sous son
autorité, aux généraux de division en fonctions dans le
corps d'armée, puis, au-dessous de ceux-ci, aux géné-
i'aux de brigade ; les uns et les autres exercent à l'égard
des troupes sous leurs ordres la même action de direction
(ït remplissent les mêmes devoirs de surveillance, mili-
(aire et administrative, qui incombent, pour l'ensemble,
aux commandants de corps d'armée, et, s'ils sont en mémo
temps, comme c'est le cas le plus ordinaire, commandants
de subdivisions de région, cette autorité et ce devoir de
surveillance s'étendent à tous les établissements et services
compris dans ces subdivisions : les chefs de service dans
les divisions sont sous les ordres des généraux commandant
ces divisions, les commandants des bureaux de recrute-
ment, sous l'autorité hiérarchique des généraux de bri-
gade. Les généraux couimandant les divisions et les bri-
gades non endivisionnées sont éoalement sous l'autorité
hiérarchique du commandant de corps d'armée de la ré-
gion où tiennent garnison ces divisions et brigades ; ils
lui en exposent en temps opportun les besoins ; en cas
d'urgence ou de force majeure, ils y pourvoient, par ordre
écrit et sous leur responsabilité pécuniaire, et lui rendent
compte immédiatement. De même que le commandant de
corps d'armée, les généraux de division et de brigade ont
auprès d'eux un état-major, qui les assiste dans l'élaboca-
tion et la transmission des ordres, mais qui ne comporte,
pour les derniers, qu'un oilicier d'ordonnance, plus un
archiviste, s'ils ont en même temps le commandement ter-
ritorial d'une subdivision. Les ditférenls services que <'om-
])rend chaque corps d'armée sont coin mandés : le service
de l'artillerie, par le général commandant la brigade d'ar-
tillerie du corps ; le service du génie, par un général de
bj'igade, s'il y a dans la région plusieurs dir'eclions du
génie, par le colonel ou le lieulenant-colonel plac-é à la
tète de la direction, s'il ji'y en a qu'une ; le service de
l'intendance, ])ar un intendani général ou un intendant
militaire ; le service de santé, par un médccia insp<'cteur
ou un médecin principal de 1'"^ classe; le service véléi'i-
naire, par un vétérinaire j)rincipal de L® classe. Les
groupes de places fortes ont à leur tète des commandants
supérieurs de la défense, du grade de général, ou, excep-
tionnellement, de colonel; lorsque le groupe comprend une
place principale, ils sont en même temps gouverneurs de
cette place. Le commandant supérieur de la défense est
investi en même temps du commandement territorial d'une
ou plusieurs subdivisions de région ; il relève directement
du commandant du corps d'armée ou du général de divi-
sion, suivant que lui-même est ou non général de division ;
il s'occupe de tout ce qui peut contribuer à assurer et à
améliorer la défense des places de son groupe ; il est pourvu
d'un état-major et secondé, si l'importance du service
l'exige, par un adjoint du grade de général ou de colonel;
les chefs des divers services du groupe (artillerie, génie,
intendance, santé) l'assistent dans l'accomplissement de sa
mission, et il peut prescrire toutes les études et faire toutes
les propositions qu'il juge utiles. Enfui, il existe, pour
l'ensemble du territoire, six inspecteurs permanents de ca-
valerie, c[ui opèrent chacun dans trois régions (dans quatre
régions pour la 3^ inspection, dont font partie les VP et
XX*^ corps). Du grade de général de division, ils ojil la
direction de l'instruction, de la discipline intérieure, de
l'administration et de la mobilisation des brigades de cava-
lerie des corps d'armée et servent d'intermédiaire, pour
toutes ces matières, entre le commandant de corps d'armée
et la brigade; ils n'ont pas à intervenir, au contraire,
dans les questions de discipline générale, de service, et
dans les mesures d'ordre public, et ils n'exercent aucune
action à l'égard des divisions de cavalerie indépendante.
Quant aux établissements spéciaux destinés à assurer la
défense générale du pays ou à pourvoir aux services géné-
raux des armées (atehers de construction indépendants,
fonderie de Bourges, manufactures d'armes, dépôt central
de l'artillerie, directions et écoles du génie, dépôt des
fortifications, direction de télégraphie militaire, service
de l'aéroslation militaire, colombiers militaires, magasins
et docks de concentration, établissements des poudres et
salpêtres, écoles miUtaires, pénitenciers militaires, éta-
blissements de la remonte, hôtel des Invalides, etc.), ils
sont en dehors du groupement régional ; les commandants
de corps d'armée n'onl, en ce qui les concerne, qu'un
devoir de surveillance, et les officiers et fonctionnaires
placés ù leur tète demeurent sous Tautorité immédiate du
ministre, avec lequel ils correspondent directement et qid
dispose seul du matériel et des approvisionnements.
Indépendamment des inspections générales (V. ce mot)
qui incombent, dans la sphère de leurs commandements
respectifs, aux gouverneurs militaires et aux commandants
de corps d'armée, une haute surveillance est exercée sur
tous les détails de l'organisation dont nous venons d'es-
c|uisser les grandes hgues et sous l'autorité immédiate
ORGANISATION
548
ilu ministre : au point de vue militaire, par les inspec-
teurs d'armée, au point de vue administratif, par le ser-
vice du contrôle. Nous n'ajouterons rien à ce qui a déjà
été dit de ce dérider à l'art. Administration, t.l, p. 601.
Le rôle et la mission des inspecteurs d'armée appellent
au contraire (juelques explications. Membres du conseil
siipérieiu' de la guerre et éventuellement désignés pour
commander, en temps de guerre, les armées, ils ont eu
leur mission rendue de temporaire, permanente par le dé-
cret du "1 mars 1899 ; cette inibsion s'étend aux divers corps
d'armée devant composer leur armée, ainsi qu'à toutes
autres troupes, établissements militaires, forts, places,
situés dans la région de ces corps et ne relevant pas di-
l'ectemcnt du ministre ; elle a pour objet essentiel de cons-
tater leur état au point de vue de la préparation à la
guerre et de la mobilisation, l'agencement et le fonction-
nement des diverses armes ou services entrant dans la cons-
titution des ujjités de guerre, la situation des places fortes,
des voies de communication, des approvisionnements, du
matériel, l'état de préparation et d'organisation des troupes
de réserve et de l'armée teri'itoriale. Pour l'accomplir,
les inspecteurs d'armée, qui sont les délégués du mi-
nistre, jouissent des pouvoirs les plus étendus et, bien
que simples généraux de division, ils ont le pas sur
toutes les autorités militaires de leur région ; ils peuvent
se i)résenter inopinément sur un point quelconque et
procéder aussitôt à l'inspection ; ils peuvent aussi pres-
(j'ire des revues, des manœuvres de garnison, la mobilisa-
lion immédiate d'un corps de troupes ou d'un service, la
inih^e en état de défense d'un fort ou d'un ouvrage ; ils
adressent, chaque fois, au ministre un rapport et lui don-
nent, avec leurs observations, leur appréciation sur les
généraux et chefs de corps ou de services au point de vue
de l'aptitude à la guerre ; ils signalent aux comman-
dants de corps d'armée, qui donnent des ordres en consé-
<]uence, les infractions et abus à réprimer, mais ils n'inter-
viennent ni dans le commandement, ni dans l'administration
desdits corps, dont les chefs immédiats demeurent seuls
responsables. Les lettres de service qui règlent l'inspec-
tion des inspecteurs d'armée sont renouvelées tous les ans
])ar le ministre ; mais, de même que pour le commande-
ment des "commandants de corps d'armée (V. ci-dessus),
ce renouvellement est, en fait, de pure foj'uie. Le chef
d'état-major généi'al de l'armée, ((ui est, éventuellement,
le major général du commandant en chef du groupe princi-
pal d'armées, peut être chargé, de son côté, dans les divers
corps d'armée, d'inspections et de missions se rapportant à
son service. Entin, le vice-président du coijseil supérieur de
la guerre, qui est, toujours éventuellement, ce commandant
en dviï. procède, suivant les instructions ministérielles, à
des tournées générales lui permettant d'embrasser l'en-
^emlde du théâtre probable des opérations et des moyens
principaux de défense ; il peut s'adjoindre le chef d'état-
major général de l'armée et des inspecteurs d'armée.
Ln temps de guerre, toute cette organisation subit d'as-
sez profondis moditiiations, (jui ont été indiquées en partie
à l'art. Moi iLKan(»N. Quelques renseignements sur la for-
mation des armées, leur commandement, le ruledes i^rands
étati-uuijoiN et le fonctionnement des services auxilidiies
■^utiiiont à ie.> couipléler. Le C(jips d^irmee demeure lor-
g.ini^me piiiicipal, la bjse de toutes lo^^foraijiionG. Luiiite
de ciHubai, mais plusieurs corps d'armée bont réunis en
Oi'iiiee, sous un seul ( lief, et lors(|ue plusieurs armées
opèrent sur un mèmiC théâtre de guerre, elles forment à leur
tour un tjroupedUninécs, sousun commandement unique,
La composition des coi'ps d'armée est, du reste, susceptible
de subii', au jour de la mobihsation. (pielquesmoditications.
Ym principe, un corps d'armée doit comprendre deux ou
trois divisions d'infanterie, une brigade de cavalerie, une
artillerie de corps, une compagnie du génie avec un équi-
page de ponts, des ambulances, des sections de munitions
et de parc et des convois; une di\ision d'infanterie doit
compi'endre, à son tour, deux ou trois brigades d'infanterie,
une cavalerie divisionnaire, une artillerie divisionnaire, une
compagnie du génie, une ambulance, des sections de muni-
tions et des convois. Les régiments de cavalerie qui ne font
pas partie des corps d'armée sont réunis en brigades ou
divisions de cavalerie, celles-ci, à l'occasion, en corps de
cavalerie. Une direction des étapes est attachée à chaque
armée, une direction générale des chemins de fer et des
étapes à chacjue groupe d'armées. La formation des troupes
en corps d'armée, armées, groupes d'armée, l'affectation
des brigades, divisions ou corps de cavalerie à ces diverses
unités, constituent Vordre de bataille : il est arrêté par
le ministre dès le tenq)s de paix et tenu secret. Le com-
mandant d'un groupe d'armées est, de même que celui
d'une armée, un maréchal de France ou un général de
division, pourvu, par décret, d'une commission temporaire ;
il prend, pour un groupe d'armées ou pour une armée opé-
rant isolément, le titre de commandant en chef, et celui
de commandant d'armée pour une armée- faisant partie
d'un groupe d'armées ; en fait, les inspecteurs d'armée
sont désignés, dès le temps de paix, nous l'avons vu,
comme commandants d'armée, et le vice-président du con-
seil supérieur de la guerre comme commandant en chef
du principal groupe d'armées ; quant au titre de généra-
lissime qu'on donne assez communément à ce dernier, il
n'a rien d'otîiciel, ni même d'exact, car, dans l'hypothèse
d'attaques simultanées sur plusieurs frontières, il y aurait
autant de groupes d'armée, conséquemment de comman-
dants en chef, (pie de théâtres d'opérations, et, de ce
(pi'il doit commander le principal de ces groupes, il ne
s'ensuit pas ([u'il doive avoir nécessairement autorité sur
les autres commaiidants en chef. Le commandant de l'ar-
tillerie d'une armée est un général de division, celui du gé-
nie un général de division ou de brigade. Tout commandant
en chef, peut, au cours de la campagne, modifier l'ordre
de bataille ou effectuer, parmi les généraux sous ses ordres,
les mutations qu'il juge nécessaires.
L'administration est centi'alisée, en campagne, par
armée. Chaque commandant d'armée reçoit à cet effet
la délégation d'une partie des pouvoirs administratifs
du ministre de la guerre et dirige dans son ensemble
l'administration de son armée, secondé par des chefs su-
périeurs de service placés sous ses ordres. Le commandant
de corps d'armée est responsable vis-à-vis de lui de l'ad-
ministration de ce corps, le commandant d'une division
l'est, de même, vis-à-vis de son chef immédiat, et ainsi
de suite. Les chefs de service du corps d'armée sont pla-
cés à la fois sous l'autorité du commandant du corps d'ar-
mée ou du directeur des étapes et sous la surveillance
technicpie et administrative des chefs de service de l'armée.
Des états-majors, dont la composition varie suivant l'im-
portance du commandement, sont placés auprès du com-
mandant en chef, des commandants d'armée, de corps
d'armée, etc. L'état-major d'un groupe d'armées porte
le nom de grand état-major général et a pour chef
d'état-major un officier général du titre de major général,
cpii n'est autre que le chef d'état-major génerarde l'ar-
mée, rapporteur du coubeil bupérieur de la guerre, et qui
a sous bcs ordrcb d'autres otiiciers généraux, les aides-
niajors (léiiéraitx; l'état- major d'une armée porte le nom
iVétat-nidjonféi' i al et bon chef est appelé cliefd'état-
)najoi' gr'nrraL (,umme funciions courantes, le chef d'état-
ruajor transmet et fait exécuter les ordres du général,
donne aux chefs des services les instructions f|ue néces-
site cette exécution, entretient avec ces chefs et les corps
des relations suivies, afin de connaître à chaque instant
dans tous leurs détails, leur situation, et tient le journal
des marches et opérations, ainsi que des tableaux de la
foi'ce et de l'emplacement des corps de troupes.
Les services sont, le plus ordinairement, répartis, par
armée, en deux échelons : l'un, service de l'avant, à la dis-
position immédiate des corps d'armée, l'autre, service de
l'arrière, subordonné à la direction des étapes. A l'avant
sont : les services de l'artillerie et du génie, chargés, le pre-
ry\i) —
(m(rAN[SATI()N — ()H(;AX()\lF;fALLlQriLS
mier, du service général des bouches à feu, de rapprovision-
nement de l'armée en armes et en munitions, le second des
travaux de fortification permanente et passagère, de l'éta-
blissement des ponts, des traNaux relatifs aux voies de
communication, des travaux de réparation et de destruc-
tion des chemins de fer, de l'aérostation militaire, des
colombiers militaires ; [a service de l'intendance, qui a
jiour mission d'assurer les subsistances, rhabillement, le
campement, la solde, etc. ; le service de santé (service ré-
gimentaire, ambulances, hôpitaux de campagne), qui a en
outre un service de l'arrière ; le service de la trésorerie
et des postes, qui opère les recettes, acquitte les dépenses
régulièrement ordonnancées et assure le transport des
fonds et de la correspondance ; le service de la télégra-
phie militaire, qui établit et dessert les communications
électriques, opticpies, téléphoniques. A l'arrière fonc-
tionnent, en même temps que la seconde fraction du ser-
vice do santé, le service des chemins de fer et le service des
étapes, qui ont pour objet d'assurer la continuité des rela-
tions et des échanges entre les armées en campagne et le terri-
toire national ; ils sont reliés et coordonnés, dans un groupe
d'armées, par la direction générale des chemins de fer et
des étapes, dont le chef relève directement du major général.
L'organisation de ce qu'on appelle le luiut coïiiman-
demoit. c.-à-d. le commandement des armées et groupes
d'armées, a donné lieu, dans ces dernières années, à de
nombreuses polémiques. Quelques décrets en fixent seuls
les bases, particulièrement ceux des 12 mai 1888 et
28 sept. '189B sur le conseil supérieur de la guerre, du
28 mai 1895 sur le service des armées en campagne, du
2 mars 4899 sur les inspections permanentes d'armée. En-
cordes termes en sont-ils, sur quelques points, assez vagues
et n'assignent-ils aux désignations (pii peuvent être faites
dès le temps de paix qu'un caractère essentiellement révo-
cable. Plusieurs propositions émanées de l'initiative parle-
mentaire et, en dernier lieu (4897), un projet du gouverne-
ment ont été présentés, sans succès, aux Chambi'es. en ^ue
de doinier une constitution définitive et « b'^gale » au conseil
supérieur de la guerre, dont les membres seraient les chefs
expressément désignés des futures armées et groupes d'ar-
mées, et de créer, en faveur de ceux-ci, un grade supé-
rieur à celui de général de division, le grade de (jénéral.
On a invoqué, en faveur de cette double réforme, d'une
part, l'intérêt capital qu'il y aurait, pour les bien pénétrer de
leur mission en temps de guerre et leur donner une connais-
sance approfondie des éléments qu'ils devront mettre en
œuvre, à ce que les chefs d'armée, leurs chefs d'états-majors
et leurs différents services fussent en contact, dèsleteuips
de paix et de longue date, avec ceux qu'ils doivent mener à
la bataille, d'autre part, les dangers que pourraient pré-
senter des désignations de la dernière heure, sous la pous-
sée de l'opinion publique, enfin le surcroît d'autorité qui
résulterait, pour les chefs de nos grandes unités de c(un-
mand.'inenl, de la collocation d'un grade exceptionnel.
Parmi les critiques, les unes sont d'ordre purement
militaire : il y aurait danger, dit-on, à répartir ainsi,
d'avance, toutes nos forces, d'une façon visible, et à com-
poser, avec un caractère définitif, quatre ou cinq grandes
armées, dont il serait difficile, si des circonstances im-
prévues l'exigeaient, de modifier les éléments; puis, des
désignations de personnes, à si longue échéance, exposent
toujours, pour d'aussi hautes fonctions, à de graves dé-
ceptions, car, outre qu'on compte trop sur leurs titu-
laires, on ne peut plus, une fois sortis du rang, les y faire
rentrer. Des considérations d'ordre politique ont aussi été
mises en avant : on appréhende surtout l'ingérence, dans
la direction des affaires militaires, d'un conseil dont la
composition même rendrait l'autorité ministérielle à peu
près illusoire. Quant à l'exemple de nos voisins, il a été
assez mal à propos invoqué. La situation, en effet, n'est
pas la même. Dans la plupart des pays -étrangers, le chef
de l'Ltat est, et en temps de paix, et en temps de guerre,
le véritable chef de l'armée : les mesures qu'il prend.
les désignations qu'il fait, alors même qu'elles sont tenues
cachées et (ju'elles affectent, par suite, un caractère ré-
vocable, ont, en réalité, un caractère définitif, parce que
lui-même conserve, d'une façon permaïu^nte, l'autorilé
suprême et qu'il maintiendi'a, aujour de la déclaration de
guerre, les unes et les autres, (-'est ainsi, notamment, que
les choses doivent se passer en Allemagne, ou il e\iste, en
fait, des groupes d'armées, avec des inspecteurs d'armées,
du grade de (ieneral-feldmarschall, d'ores et déjà assures
de les commander ; (juant aux simples commandants de
corps d'armée, ils n'ont que le grade de (ieneral, supé-
rieur toutefois à celui de général de division (General-
leutnant | V. Officier]). En Italie, il n'y a, comme chez
nous, en temps de paix, que des généraux de division, le
grade de général d'armée ne pouvant être conféré, de
même que noire maréchalat, que pour faits de guerre ; le
commandement des armées sera exercé, en cas de mobi-
lisation, par des généraux de division, commandants decorps
d'armée, pourvus par le roi de lettres de commandement.
En Autriche, il y a deux inspecteurs généraux de troupes,
un commandant général de la landwehr cisleithane. un
commandant général de la landwehr transleithane et un
chef d'état-major général, du grade, comme les on/.e com-
mandants de corps d'armée, de Eeldzeugmeister ou de Oe-
neral der kavallerie, supérieur à celui de général de divi-
sion. En Russie, il y a aussi, au-dessus des généi'aux de
division, des gènévs.ws.roniplefs (gênerai polni) ; tous les
commandants de circonscription de la Paissie d'Europe et
du Caucase et deux des commandants des cin<{ circons-
criptions militaires de la Kussie d'Asie ont ce grade; ce
sont c» réalité de véritables commandants d'armée ; quant
aux commandants des vingt-deux corps d'armée, sept
seulement sont généraux polni. En Angleterre, il y a un
commandant en chef des troupes anglaises et un comman-
dant des forces de l'Irlande, du grade de field-marshali,
un commandant du district et du camp d'Aldershot. un
commandant en chef des forces de l'Inde, un (juartier-
maiti'e général du ministre de la guerre, etc., du grade
de général, supérieur à celui de général de division. On
sait d'ailleurs que, dans tous ces pays, sauf en Itahe, le
gcade est distinct de l'emploi, souvent confié à un officier
d'un grade hiérarchiquement inférieur (V. Officifr)-
IV. Marine. — Orc.anisatfox uk \.\ ^^AHlx^> dk cckrrk
(V. Marixk).
ORGANISME (V. Animisme et Vif).
ORGANISTE (Mus.) (V. Orc.ui:).
ORGANO-ViOLixic (V. Har^^ionifm).
0R6AN06RAPHIE (V. Botamoi f, Zoofooif).
ORGANOMÉTALLIQUES (Composés). On donnece nom»
ou celui de radicaux métalliques composés a un certain,
nombre de composés artificiels renfermant des métaux
associés au carbone et à riiydrogène. Un certain nombre
d'entre eux sont susceptibles de jouer le rôle du métal
simple entrant dans la combinaison. Par exemple, le
stannéthyle, C/H^Sn, donne comme l'étain un oxyde
sahfiable, un sulfure, un chlorure, etc., dont les propriétés
rappellent celles des composés analogues de l'étain :
Sn^ (CHpSjO-
Sn20'2 (C/'lPSn)-0^
Sn^S2 (C/'lPSn)'~S-^
Sn^Cl^ (C^PSnr^Cl'
C'est surtout à Erankland que nous devons Ehistoire
de ces composés; il en donna en I8i9 une méthode géné-
rale de préparation et décrivit ])lusieurs d'entre eux.
Cahours, en 1851, dans un travail remarquable sur les
composés organométalliques de l'étain, généralisa les faits
observés précédemment et montra que les propriétés des
radicaux métalli(|ues composés résultent de la satui'ation
successive des radicaux sinqdesgéru'rateurs. M. Berthelot a
découvert en 186fi un groupe spécial de radicaux qui
résultent delà substitution direct(Mles métaux dans l'acé-
tylène, j'adicaux susceptibles de fournir aussi des oxydes,
des chloi'ures. des iodures. etc.
OPiGANOMÉTAlJiQUES — ORGE
— orio
Examinons la genèse de ces }3roduits. On peut admettre
en général qn'à tout chlorure métallique correspond un
liydrure, réel ou supposé, qui en diffère par la substitu-
tion de l'hydrogène au chlore. De cet hychiiro dérivent
tous les radicaux organométalliques. L'hydrure peut se
combiner théoriquement aux alcools, avec élimination
d'eau,'en engendrant les radicaux ; autantd'alomes d'hydro-
gène et de chlore seront liés au métal, an tant de restes
d'alcool pourront s'unir à lui. Prenons le composé Zn'-CP,
le chlorure de zinc, théoriquement on peut concevoir les
deux écjuations génératrices suivantes :
znnr- + GW(ïP02) =^ um^mr^) + h^o^
On connaît, en effet, Zn^(r>H^)-,le zinc éthyle, et des
dérivés chlorés, oxydés du premier Zn'^H(r/*ll'^), tels que
Zn2Cl(C4H^), Zn-20'^H(C^H5), etc.
Un même métal peut souvent fournir plusieurs chlo-
rures ; l'étain, en particulier, donne les deux chlorures,
Sn'^Cr*, Sn'^Cr^, le premier est seul saturé. A ces chlo-
rures se rattachent les radicaux suivants :
Sn'(i:H[^y et Sn-2(C4!^)^
Le second sera, comme le chlorure dont il dérive, un
composé incomplet ; il pourra s'unh" à "2 équivalents de
chlore, de brome, d'iode, et en principe à 2 équivalents
d'un élément quelconque ou d'un groupement jouant le
rôle d'un élément.
On prépare ces radicaux par deux procédés diffé-
rents ; le métal seul ou allié au sodium réagit sur les
éthers iodhydriques et quelquefois sur les éthers chlorhy-
driques :
2Sn^ + 2CM1^Î --= Sn^(C^*lP)^ -f- Sn^^
('ortains métaux réagissent sur les dérivés organiques
d'autres métaux en s'y substituant :
{Cni^)mg'' + Zn^^ ~ Zn^(C/IP)2 + llg^.
Les radicaux traités par l'iode ou par le' chlore repro-
duisent, soit immédiatement, soit après quelques transfor-
juations intermédiaires, les éthers générateurs :
Zn2(r/^H5)2 -f 2P =z ^CM\H + 2ZnL
L'eau les décompose la plupart du temps en régénérant
des carbures d'hydrogène :
Zn"-(C^H^)2 4- 2H202 c=: 2ZnOHO + ^2Cni«.
Examinons les principaux termes de ce groupe.
Zinc éthijle. On le prépare par la réaction du zinc sur
l'éther iodhydrique ; on remplace avantageusement le zinc
par le couple zinc-cuivre. On prépare un couple zinc-
cuivre très actif de la façon suivante : on réduit à la plus
basse température possible de l'oxyde cuivreux, puis le
cuivre obtenu est chauffé à l'abri de l'air avec neuf fois
son poids de zinc en tournure mince ; il se produit une
réaction avec dégagement de chaleur, et la masse devient
gris terne. L'éther iodhydrique réagit rapidement sur le
couple et se transforme alors en zinc éthyle qu'on isole
par distillation.
Le produit, qui s'enflamme spontanément à l'air, doit
être conservé dans des vases scellés ; on doit h' manier
seulement dans une atmosphère de gaz inertes, comme riiy-
drogène, l'anhydride carbonique, l'azote.
Le zinc éthyle est un liquide incolore, mobile, très
réfringent, doué d'une odeur pénétrante, de d ensitél, 4 8''2;
il bout à 118^
L'oxygène l'enflamme, mais l'action lente de ce ga'.
sur le zinc éthyle dissous dans Tétlier engendre l'oxyde
de zinc éthyle, C/^H'^jiO*. composé blanc, amorphe, que
l'eau transforme en alcool et hydrate de zinc :
C^H^ZnO^ + 1120-^ z=. ÇMV^O'i + ZnOHO.
Les métaux alcalins remplacent le zinc en formant des
radicaux correspondants.
L'eau le décompose en donnant de l'éthane et de l'hvdrate
de zinc : d'autres substances produisent une réaction sem-
blable en donnant naissance à des produits secondaires
intéressants : ainsi l'alcool donne le corps, C/^H'^ZnO- ;
l'ammoniaque, un amidurc do zinc, AzîJ^Zn ; l'anJUnc. la
substance C'-îL*ZnAz, etc.
Le zinc methyle présente avec le précédent les plus
grandes analogies.
Stannelhi/les. Ils ont été rtudiés surtout par Cahours.
On en connaît un certain nombre : le stannéthyle
((y^lP)"2Sn', le stannotriéthyle {(V>\\^)^^n^ et le staniio-
tétréthyle (G^lls)'^Sn'.
L'iodure de stannéthyle prend naissance dans Faction
de Létain sur l'iodure d'éthyle chauffé pendant 20 heures
à 170°; c'est un corps solide jaune paille que les alcalis
transforment en oxyde de stannéthyle (C^}PSn)20'', poudre
amorphe blanche, soluble dans les acides en formant des
sels d'oxyde de stannéthyle. Le zinc décompose ces der-
niers en formant le stannéthyle (C^li^)2Sn2, liquide oléa-
gineux, décomposablo par là (;haleur en étain et stanno-
tétréthyle (C^Jl^jKSn^, li(piide ])ouillant à 181°.
Le chlorure de stannotriéthyle prend naissance dans
l'action de l'acide chlorhydrique sur le précédent.
Les métaux alcalins forment aussi des dérivés organo-
métalliques quand on ajoute du sodium, du potassium au
zinc éthyle; toutefois, ces corps n'ont pu être mis en
liberté; leur existence est caractérisée par leur propi-iété
d'absorber l'anhydride cai'bonique en donnant des >e!s,
Na(C2'lL) + 2(:02 == (:'qL(0'OXa.
Acciatc do sodium
Le glucinium, le magné.sium, le cadmium, le mercure,
Faluminium, le thallium, le plomb, forment des com-
posés organométalliques ; la possibilité de donner naissance
aux radicaux métalliques serait, d'après Mendeléef. en
relation avec la loi périodique.
G. Matignon.
BiBL. : Fraxklaàd, Proccd oftheRoy. Soc, 1859, t. IX,
— Cahours, Ami. de chim. oAphys., 3'' série, t. LVIII.p.5.
ORGANON (V. Aristote).
ORGANSIN (Tissage). Nom donné aux fils de soie dont
on fait usage pour former les chaînes des tissus. Les or-
gansins sont formés par deux ou plusieurs fils grèges,
d'abord tordus sur eux-mêmes, puis retordus ensemble'par
un second apprêt. La grosseur et le degré de torsion de
«•es fils varie suivant les usages aux(piels ils sont destinés.
ORGANUM (Mus.) (Y. MrsiouE, t. XXIV, p. 612).
ORGAOS (Seri'a dos). Ghaine de montagne qui se dé-
(ache, au N. de Lio de Janeiro, de la serra (^o Mar et se
prolonge dans la direction du N.-E. .V sa naissance,
sur le vei'sant 0., se trouve la ville de Petropohs, capi-
lale de l'I'^tat de Rio. Les pics, en forme de tuyaux
d'orgues (oiyaos), ont une hauteur variant de ÏMOO à
L500 m. Le plus éhné es( connu sous le nom de Doigt
(le Dieu {Dedo de Deus).
ORGE (Hordeiuii L.). L Dotanique. — Genre de Gra-
minées, caractérisé par le chaume noueux et pourvu de feuilles
engainantes et liguiées. les fleurs disposées en épillets réunis
a ensemble sur les dents du rachis, appliqués et constituant
un épi composé. Les éjiillets sessiles ne renferment qu'une
seule Heur développée et hermaphrodite, à 3 étamines
munies d'anthères linéaires et à ovaire surmonté de 2 styles
plumeux étalés. Le fruit est un caryopse, convexe sur le
(!os. L'espèce la plus importante est 1'//. vnhjare L., que
l'on croit originaire des pariies occidentales de l'Asie tem-
pérée, mais dont la culture s'étend depuis le cercle po-
laire, en Suède, jusqu'en Egypte et en Arabie. D'autres
espèces cultivées sont 1'//. dïstidiuni D.et 1'// hexasty-
rhon L. Les espèces spontanées dans nos régions sont :
//._ mûri mon L.. //. secaUnum Schreb., //. maritiminn
With. etc. — En raison de la grande quantité d'amidon
(pi'elle renferme. Vorge commune constitue une matière
alimentaire précieuse ; mais, malgré la décortication, le
pain d'orge est lourd et indigeste. L'orge décortiquée cons-
titue ['orge perlé et Vorge momlé ; ce der?)ier est
5,ni
ORGE
débarrassé de (a partie superficielle seulement de son
enveloppe, l'orge perlé de ses deux enveloppes extérieures,
et par suite ne renferme i)lus le principe acre du péri-
carpe. !']n médecine, on n'emploie que l'orge décortiquée,
sous forme de tisane, de décoction (20 7oo), dont
les propriétés sont adoucissantes et légèrement alimen-
taires. Vvec l'orge germée lui mn1t, on prépare une tisan.*
plus nutritive, La décoc-
tion est encore employée
dans des gargarismes avec
le miel rosat, le chlorate
de potasse, l'alun, etc.
La farine d'orge, mêlée
ou non de fai'ine de graine
de lin, sert à faire des
cataplasmes. Enfin, l'orge
sert à la fabrication de
la bière (V. ce mot).
IL Agriculture. — Le
gr;iiu d'orge est utilisé
dans l'alimentation de
l'homme, principalement
à Tétat de gruau ou après
mondage ou perlage, et.
plus souvent, dans l'ali-
mentation du bétail. Son
emploi le plus intéres-
sant se trouve en bras-
serie, industrie à laquelle
cette céréale fournit une
matière première essen-
tielle; son grain malté
sert aussi en distillerie.
Les orges alimentaires et
fourragères doivent être
surtout riches en matières
proiéiques, un grain long
et vitreux répond le mieux
à ce desideratum ; l(^s
oî'ges industrielles, au
contraire, doivent présen-
ter une forte teneur en amidon : un grain rond et renflé, à
cassure très farineuse et pesant, bien uniforme, est, dans ce
cas, le seul à rechercher; cette distinclion est importante,
tant au point de vue industriel qu'au point de vue agri-
cole. L'orge peut s'adapter aux conditions climalériques
les plus diverses, aiissi son aire géographique est- elle très
étendue"; mais elle ne peu! livrer un bon grain industriel
i\m sous les climats tempérés, tels que ceux de ri'^urope
centrale et de LEurope occidentale (Hongrie, Moravie, bo-
hème. Saxe, Champagne, Bourgogne, etc.). Elle est
beaucoup plus difficile, sous le rapport du sol. que
le blé et le seigle : les terrains perméables profonds, riches
en calcaire et fertiles, sont à préférei' pour sa culture ;
les fumures directes au fumier de ferme et aux autres en-
grais organiques à décomposition lente sont à rejeter pour la
production de l'orge industrielle; elles doiveiit ètreappli-
(luées à l'automne; on les complète, au printeuips. par
renqdoi d'engi'ais minéraux concentrés (sulfate d'ammo-
nia([ue à préférer au ijitrale, phosphates, etc.). Le meil-
leur' précédent se trouve dans les cultures sarclées, ce-
pendant on peut obtenir de bons résultats après une autre
céréale ; l'oî'ge fourragère peut venir après défrichement
des prairies artificielles. L'escourgeon d'hiver se con-
tente d'un déchaumage et d'un labour moyen donné peu
avant la semaille; la préparation doit être plus complète
pour les orges de printemps ; elle commence par un dé-
chaumage et par un la])our profoiid, avant l'hiver; un
labour superficiel et des hersages sont encore exécutés au
printemps. Les orges peuvent être classées, au point de
vue agricole, en deux groupes :
L Orges a 6 rangs auxquelles il faut rattacber les orges
tioi'deum vulgare. a, port; 6, fleur; e, iiiilorcscence
septembiT
dites à j r(nujs ou oiyes ^v//7yV,s\ comprenant quatre es-
pèces : 1*^ orge commune ou orge cairée (escourgeons);
4° orge à 6 rangs propi'ement dite ou orge hexagonale;
?)^ orge céleste ou orge nue à 6 rangs ou petite orge nue :
i^ orge trifurquée.
IL Orges à 2 rangs ou orges plates, ce sont les plu:
rnltivées et les plus intéressantes au point de vue indus^
iriei; elles comprennent
, , quatre espèces : 1^ orge
à i2 rangs commune, elle
est la plus répandue et
fournit dans ses deux sous-
espèces, orge penchée
(variétés et sous-variétés :
orges Chevalier, d'Annat,
de Hongrie, Goldenme-
lon, de 11 aima. Prima
donna, etc.), orge droite
(variétés et sous-variétés :
orge de Saint-Rémy, d'Ita-
jie, Impériale, etc.), les
meilleures sortes indus-
trielles; 2*^ orge céleste;
o'^orge nue à !2 rangs ou
grosse orge nue ; 4° orge
à 2 rangs noire. Le choix
des variétés ne peut être
arrêté, dans chaque situa-
tion, qu'après expérience ;
le choix et la préparation
(triage et criblage, sul-
fatage) des semences de-
mandent beaucoup de
soins ; le poids doit être
élevé (60 kilogr. au mi-
nimum pour l'escourgeon.
65 kilogr. pour les orges
CJievalier), et le volume
aussi fort que possible.
Les orges d'hiver se sè-
nu'Ut. sous le chmat de
Paris, dans le courant de
et dans les régions du Nord, vers la fm de ce
mois ; les semailles du printemps doivent être hâtives
(lin de février et première quinzaine de mars) surtout
dans les sols légers, et, particulièrement, avec les orges
Chevalier qui mûrissent assez tai'd. Les semailles en lignes
(écartement de 20 centim. environ, profondeur de 6 à
8 centim.) sont les plus recommandables, la dose ordi-
naire est de 200 à 250 htres par hectare; le sol doit
être ensuite entretenu en parfait état de fraîcheur (rou-
lages et binages) et de propreté (sarclages, échardon-
nage). Un choix convenable des variétés et une bonne
culture peuvent seuls permettre de prévenir les acci-
dents de la verse et de l'échaudage auxquels l'orge est
sujette; la rouille et le charbon (traitementde la semence
par l'acide sulfurique dilué à i -185) et quelques insectes
(taupins, vers blancs, mouche des épis, ///i^s'ra fril, etc.)
attaquent souvent aussi cette céréale, nous sommes désar-
més contre les uns et les autres dans la pratique. La ré-
colte se fait avant le blanchissement des épis, en année
normale, sous le climat de Paris, en juillet pour l'escour-
geon et en août pour les orges de printemps; l'engran-
gement a lieu après complète dessiccation du grain. Le
battage demande quelques précautions afin d'éviter d'ava-
rier le grain ; celui-ci est pelleté fréquemment dans les
greniers, et disposé en couche peu épaisse. Les rende-
ments des escourgeons atteignent parfois 60 et môme
TOhectol. par hectare, dans les Flandres et l'Artois; dans
les conditions ordinaires, ils s'élèvent facilement à 35 ou
45 hectol. Les orges de printemps, toujours moins produc-
tives, ne donnent guère, en moyenne, que 25 à 30 hectoL par
hectare, mais ce» cbiffres peuvent être presque doublés en
ORfrE — OHGNAC
— :>rri —
])on sol et avec une bonne culture. La moyenne générale
des rendements, pour la France, a varié, depuis une dizaine
d'années, de 13^^93 à :^0''^.T0. avec une moyenne totale
voisine de iS^'VSO, Les poids moyens des orges françaises
varient de ,^8 à 6^ kilogr. pour l'escourgeon, de 65 à
1^1 kilogr. pour les orges à ^2 rangs, et de 70 à 75 ki-
logr. pour les oi'ges nues. Nos principaux départements
])roducteurs d'orges industrielles peuvent être classés en
cinq groii])es : 1'^ groupe de Champagne; "1'^ groupe de
Bourgogne, t'oui-nissanl l'unet l'autred'excellentes sortes;
3'^ groupe du Plateau central (orges du Puy et d'Au-
vergne): 4'^ gi'oupe du N(U'd (escoui'geons du Xoi-d et du
Pas-de-Calais); S'' groupe de la Touraine et de l'Anjou,
dont les produits sont très rechej'cliés par la malterie an-
glaise. Les ex])ortations sont peu importantes (:200 ù
.'iOO.OOO cpiinfaux), tandis (pie nous importons, chaque an-
née, de I à }] inillions de quintaux. De gi'ands progrès se-
raienl à réaliser chez nous dans cette culture et ils peuvenl
l'être facilement. La préparation du grain destiné à la
malterie est delà plus grande importance, car les livrai-
sons doivent être absolument homogènes et de parfaite
(pialité; on évitera soigneusement, lors de l'engrangement
et des battages, de mélanger les lots de variétés diifé-
l'i^ntes ou ayant été récoltés ù des épocfues différentes; de
])lus. le grain doit être bien nettoyé et classé par gros-
seur; enfin on achève de le rendre marchand par l'opé-
ration dite ébarbiuje exécutée avec des appareils s])éciaux
(V. aussi Ckréat-es, t. X, p. 30).
Les principaux pays producteurs d'orge sont : la Russie
(6.500.000 hectares produisant de 60 à plus de 100 mil-
lions d'hectol.. Pologne non comprise), la Hongrie et
l'Allemagne dont la production moyenne dépasse 20 mil-
lions d'hectol.. la France (15 à 2iO millions d'hectol.),
l'Autriche (10 à 12 millions d'hectol.), la Grande-
Bretagne (10 à 15 millions d'hectol.), les Ftats-Fnis
(20 à 25 millions d'hectol.), le Danemark (6 à 8 mil-
lions d'hectol,). la Suède (5 njillions d'hectol.), etc.
L'importation en (irande-Rretagne atteint une moyenne
annuelle de J25 millions de francs. J. ïnorm:.
IIL CoNFisKHiK. — Sucre (Corifc (V. Roxc.on, t. VTI,
p. â70).
-BiHL. : A<iRicuL'j'URi' . — Gaih>la, /es Crrônles : l^aris,
1S91. — IIi-rizÉ, les Phintes céréales; Paris. 1897. — II.
IIeini:. DieBrmuferste : H(»rîin. IS'89. — V. SAriiRii. Culhive
(i(> l'orne: I.c Puy, 1880.
ORGE. Rivière du dép. de Seine-et-Oise (V. ce mot).
0R6EANS.Com. du dép. du Doubs, arr. de Montbé-
liard, cant. de Maîche ; 73 hab.
ORGEAT. Nom donné à un sirop préparé en prenant :
Amandes douces 500 gr.
— amères 150 -—
Sucre 3.000 —
Eau 1 .625 —
Hydrolat de Heurs d'oranger. . . . 250 —
Les amandes mondées de leur pellicule sont réduites en
une pâte fine dans un mortier ou sur une pierre à choco-
lat en y ajoutant 125 gr. de l'eau et 750 du sucre pres-
crits, tîette pâte délayée avec le reste de l'eau est passée
ensuite avec forte expression ; à l'émulsion ainsi obtenue,
on ajoute le re.ste du sucre ({ue l'on fait fondre au bain-
marie à une température ne dépassant pas 40^. L'eau de
ileurs d'oranger est mélangée au dernier moment.
Le sirop d'orgeat est opalin et d'un blanc jaunâtre ; la
matière émulsionnée se séparant souvent du liquide par
le repos, on est forcé de l'agiter lorsqu'on veut s'en servir.
Il est quelquefois falsifié par l'addition de sirop de glu-
cose.
ORGEAU (Mar.) (V. Arceal).
ORGEDEUIL. Com. du dép. de la Charente, arr. d'An-
goulême, cant. de Montbron ; i33 hab.
0R6EIX. {^.om. du dép. de FAriêge. arr. de Foix, cant.
d'Ax; 152 hab.
ORGELET. XUWijClef ou orgeolet est v.n petit bou-
ton dur, rouge, gros'comme une tête (Tépingle, siU'venant
sur le bord libre des paupières. Le bouton blanchit en peu
de jours, s'acumine, s'ouvre, et il en sort un petit bour-
billon. Il produit de vives douleurs et quelquefois un gonfle-
ment notable des paupières. A la suite de fréquentes ré-
cidives, les cils tombent. On localise la maladie, soit dans
les glandes de Meibomius, soit dans les follicules pileux,
soit dans les glandes sébacées. Rien de certain à cet égard.
Traitemenl. Api)lication de cataplasmes de fécule.
Eviter la vive lumière et la p(uissière. en portant des
verres fumés.
ORGELET. Ch.-l. de cant. du dép. du Jura. arr. de
Lons-le-Saunier ; 1.490 hab. Orgelet élail avant 1789 le
siège d'un baiUiage et d'une subdélégation.
ORGEMONT. Ancienne famille française ipii thmna aux
xiv*^ et XY^ siècles des persomiages importants, entre
autres, Pierre U, chancelier de France sous Charles V,
(pu mit en ordre et continua les chronicpies de Saint-
Denis, et Meolds d'Orgemont, dit le Roiteux (1360-
1116), qui embrassa l'état ecclésiastique, prit parti ])our
le duc de Bourgogne et fut Fàme du complot qui. le
19 avr. 1416, faillit aboutir au massacre général des Ar-
magnacs. Tanguy Du Châtel ayant découvert le complol.
d'Orgemont fut condamné par le Parlement, dépouillé de
ses bénéfices et mis au pilori; il mourut dans un cachot,
à iVleung-sur-Loire. Il avait un frèi'e seigneur de Chan-
tilly, dont la fille. Marguerite fit en 1454 passer par son
mariage ce domaine dans la maison de Montmorencv.
ORGEOLET (V. Orgelet).
ORGÈRES. Ch.-l. de cant. du dép. d'Fure-et-Loir,
arr. de Chàteaudun, dans la plaine de Beaiice; 702 hab.
Stat. du ch. de fer de l'Ftat. Carrières de pierres. Fa-
brique de bonneterie.
ORGÈRES. Com. du dép. d'IUe-et-Vilaine. arr. et cant.
(S.-O.)^de Rennes; 1.175 hab.
ORGÈRES. Com. du dép. de la Mayenne, arr. de
Mayenne, cant. de (^ouptrain ; 362 hab.
ORGÈRES. Com. du dép. de l'Orne, arr. d'Argentan,
cant. de Gacé ; 301 hab.
ORGERUS. (^om. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de
Rambouillet, cant. de Montfort-l'Amaury ; 780 hab.
ORGES. Com. du dép. de la Haute-Marne, arr. de
Chaumont, cant. de Châteauvillain; 747 hab.
ORGEUX. Con). du dép. de la Côle-d'(h'. arr. et cant.
(F.) de Dijon; 219 hab.
ORGEVAL. Com. (\u déj). d(^ l'Aisne, arr. et cant. de
Laon; 95 hab.
ORGEVAL. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de Ver-
sailles, cant. de Poissy ; 1.373 hab., dans une situation
des plus agréables, sur les pentes de collines qui bordent
le ru d'Orgeval ; à 3 kil. de la stat. de Villennes (chem. de
fer de Paris à Mantes). Orgeval est en outre desservi par des
omnibus partant de Poissy et des voitures automobiles,
allant de Saint-Germain à Ectjuevilly. On y ]*emarque une
fort curieuse église romane (mon. hist.) de la fin du
xf^ siècle et du commencement du xii^, renfermant un
banc d'œuvre remarquable. La commune se compose d'une
série de petites agglomérations: Orgeval proprement dit,
Montamet, le ('olombet, le Haut-Orgeval, les Reurreries.
la Chapelle, la Maison-Blanche, etc.'
ORGHIEÏEV. Ville de Bessarabie (Russie sud-occiden-
tale). Ch.-l. de district à 41 kil. de Kichinev, sur la r.g.
du Réout, affl. du Dniestr; 11.585 hab. La ville a été
fondée sur l'emplacement de l'ancienne forteresse des
Daces, appelée Pétrodava, dont les restes subsistent en-
core. Jusqu'en 1812, Orghieiev était le chef-lieu de la
Bessarabie septentrionale et appartenait aux Turcs.
ORGIBET. Com. du dép. de FAriège, arr. de Saint-
Girons, cant. de Castillon ; 722 hab.
ORGIES RA<:HiauEs (V. DfONvsos, t. XÏV, p. 613).
ORGLANDES. Com. du dép. de la Manche, arr. de
Valognes, cant. de Saint-Sauveur-le-Vicomte ; 545 hab.
ORGNAC. (^iOm. du dép. de l'Ardèche. arr. «h» Lar-
gentière, cant. de Vallon ; 535 hab.
558
OliGNAC — OHGUK
0R6NAC. Corn, tlu dép. de la (.oitozo. arr. do Brive,
cant. de Vigeois ; i.095 hab.
ORGON. Ch,-1, do cant. du dép, dos Bouclios-dii-
Rhône, an\ d'Arles, sur la rive gauche de la Di^ance ;
2.616 hab. Stat. diicheni. de fer de Cavaiilon à Miramas
et point terminus de la ligne jlo Tarascon à Orgon. Ville très
ancienne, d'origine gallo-romaine, elle fut prise pai' Kiiric,
roi des Visigoths. Le duc de Lesdiguières y battit le duc
d'Epernon le 27 avr. 1594. Sur la colline, au pied de
laquelle la ville est bâtie, se dressent les ruines d'un châ-
teau qui fut reconstruit sous Louis XIll et qu'on appelle
le fort du duc de Guise. Sur la colline do ^^olro-Dame (\o
Beauregard, restes de la forteresse primitive. Orgon possède
encore des vestiges ôe ses anciens remparts, une église
du xiv^ siècle et quelques maisons curieusement sculptées,
ainsi que des ruines d'un aqueduc romain. J. M.
ORGUE. I. Musique. — L'orgue est assurément le
plus complet de tous les instruments de musique, ou, si
l'on] préfère cette définition, il est comme une vaste réu-
nion d'instruments divers ramenés à l'unité par la parenté
de leurs espèces, et placés sous la direction d'un seul
exécutant. Nous nous proposons de l'étudier: 1° dans son
histoire ; 2° dans sa structure ; ?>^ au point de vue de la
place qu'il occupe dans l'art musical.
1^ L'ancêtre le plus éloigné de l'orgue est incontesta-
blement la syringe ou flûte composée de tuyaux de dif-
férentes grandeurs formés de roseaux creux et assemblés
à Laide de la cire. La mythologie fait honneur de cette
invention au dieu Pan :
Pan primiis (^alanios ccra eoiijungere ])lur(îs
Instituit.
(Virgile, Eclor/ , II, v. 32.,
L'introduction directe de l'air fut ensuite remplacée par
l'introduction indirecte au moyen d'ilne outre de peau,
d'où l'air, après y avoir été préalablement insufflé, s'échap-
pait dans les tuyaux. Pour obvier à l'inconvénient résul-
tant de la résonance simultanée de tous les tuyaux, ceux-
ci furent remplacés à leur tour par un tuyau unique percé
de trous que l'on bouchait et débouchait alternativement,
ce qui permettait d'en varier artificiellement la longueur,
et par suite l'intonation des sons. Cet instrument fut
le principe de la cornemuse (V. ce mot). La voie était
ouverte aux perfectionnements qui consistèrent, entre
autres, dans l'invention de soufflets distincts du réservoir
d'air et d'un mécanisme permettant d'introduire le souffle
dans chacun des tuyaux selon la volonté de l'exécutant.
Trois siècles avant notre ère, l'Egyptien Ctésibius imagina
de faire mouvoir les soufflets au moyen de l'eau, et l'ap-
pellation d'orgue hydraulique fut donnée à son invention,
bien que cet adjectif convint seulement au mécanisme et
n(m à l'instrument lui-même.
Les premiers siècles de l'ère chrétienne ne sont signalés
par aucun progrès déterminant dans le perfectionnement
de l'orgue. Un passage du poète Claudien, une épigramme
célèbre de l'empereur Julien, une description due à Cas-
siodore, une indication de Théodoret, nous montrent ce-
pendant que les tentatives d'améliorations ne manquaient
pas. Quelques auteurs font mention de tuyaux métalliques.
D'autre part, un monument égyptien du iv^ siècle nous fait
connaître que les soufflets étaient dès lors mis en mouve-
ment par le poids du corps humain. Au reste et généra-
lement parlant, il faut considérer le mot « organum » si
fréquemment employé par les anciens auteurs, et qui se
trouve entre autres dans la Vulgate {Genèse, IV, 21),
comme le synonyme d'instrument de musique, sans appli-
cation particulière à tel ou tel instrument spécial.
On attribue l'introduction de l'orgue dans l'égHse au
pape Vitalien P^' (665), cependant quelques auteurs esti-
ment qu'il fut mis en usage en 350 dansl'éghse d'Espagne.
Au début du siif siècle, il fit son apparition en Angle-
terre, et peu après (en 757) la France en était dotée par
l'envoi que fit à Pépin le Bref l'empereur de Byzance, Cons-
tantin Copronymo, d'un orgue à tuyaux de plomb qui fut
placé dans réglisede Saint-(^oriieilleàCompiègne. fji 822,
Charlemagne reçut du calife Haroun-al-Raschid un orgue
construit par un facteur arabe, A partir de cette époque,
on voit en Allemagne et même en Italie surgir des cons-
tructeurs d'orgues. Au x^ siècle, F Angleterre est dotée
d'instruments considérables. Celui que fit construire l'évêquo
Elphège pour l'église de Winchester, en 951, comprenait,
si nous en croyons la description du moine Wolstan,
400 tuyaux et 26 soufflets mis en action par 70 hommes, ce
qui ne l'empêchait pas d'être extrêmement imparfait puis-
(|u'il ne pouvait fournir qu'un nombre de sons très limité.
L'orgue de la cathédrale de Magdebourg (fin du
\f siècle), pourvu d'un clavier de 16 notes, marque un
progrès notable. Toutefois, et bien que diverses améliorations
aient continué d'y être apportées, l'orgue, dont tous les
jeux parlaient à la fois sans {\\\q l'on eût encore trouvé le
moyen de les faire résonner isolément, ne pouvait pré-
tendre qu'à accompagner modestement le plain-chant.
L'orgue de la cathédrale d'Halborstadt nous offre le pre-
mier exemple d'un usage indépendant des jeux, grâce à
leur répartition en trois claviers distincts. Mais c'est au
xv^ siècle qu'appartiennent les inventions les plus mar-
quantes dans la facture de cet instrument, notamment
celle des pédales qu'on attribue à un organiste allemand
du nom de Bernard. Le nombre des jeux s'accroît peu à
peu. L'itahe et l'Allemagne voient apparaître des facteiu'S
de plus en plus habiles. Dès les premières années du
xvi^ siècle, un orgue magnifique, comportant trois claviers
dont un de pédales, fut construit pour une église de Lu-
beck, et près de deux siècles plus tard, Sébastien Bach et
Hàndel devaient se rendre dans cette ville pour essayer
ce remarquable instrument. D'habiles facteurs n'ont cessé
depuis lors de travailler à l'amélioration de l'orgue : on
Italie, Azzolino, Tamai, Callido ; en Allemagne, Silbcrmann,
Wagner, Schrœter, Gabier; en Hollande, Christian Muller;
en Suisse, Aloys Mooser ; en France, Dallery, Clicquot,
Ducroquet; en Angleterre, Abbey, Barker, William Hill,
ont éminemment contribué à amener le « roi des instru-
ments » au degré de perfection oii nous le voyons aujour-
d'hui. En France, le nom do Cavaillé-Coll semble résumer
la plupart des améliorations dont l'orgue a été pourvu.
Nous ne saurions davantage oublier celle dont il est re-
devable à Jos. Merklin, notamment dans l'application \\^
l'électricité aux grandes orgues.
2° L'orgue, considéré au ])oint de vue de sa structure, se
compose de deux parties principales (fig. 4 ) : les tuyaux (A)
qui produisent le son, et le mécanisme dont l'objet est
de faire parler les tuyaux ; cette partie comprenant la
soufflerie (B), les sommiers (C), les registres (D), les cla-
viers (E). L'enveloppe générale de l'orgue prend le nom
de buffet, et sa façade, généralement ornée de sculptures
encadrant d'inégales rangées de tuyaux, se prête, comme
on sait, à d'heureuses combinaisons architecturales.
Les tuyaux se divisent en deux espèces : les tuyaux
à l)ouche dans lesquels le son est produit par la vibration
de la colonne d'air ; les tuyaux à anche dans lesquels
le son est produit par les vibrations d'une anche battante
ou libre, suivant le cas (V. Anche). Les tuyaux sont cons-
truits, tantôt en métal (étain pur ou allié au plomb ou au
cuivre), tantôt en bois; ils affectent en outre dos formes
diverses, cylindrique, rectangulaire, conique, etc. Les })lus
longs ont 32 pieds de hauteur et correspondent à 1'?/^ 2 do
32,3 vibrations, les plus courtes ne dépassent pas une dizaine
de milKmètres. Chaque série de tuyaux forme \mjcu distinct
des autres par sondiapason, son i}itensité onsontimhre.
Il convient de dire quelques mots de ces différences.
Tous les jeux dits de 8 pieds en langage d'organiste,
c.-à-d. dont le tuyau le plus grave correspondant au der-
nier ut du clavier a huit pieds de longueur, donnent la
note écrite, et le son qu'ils font entendre est précisément
celui qui est indiqué par la touche du clavier qui les fait
parler. Mais à côté de ces séries régulières, d'autres, en tous
points semblables pour le timbre ou riiitonsité. n'en diffèrent
ORGUE
que parce qu'elles soiuieiit une ou deux octaves plus bas
(jeux de 16 ou de S2 pieds), ou bien encore une ou deux
octaves plus lijuit {jeux de 4- ou de 2 pieds). Ces divers
jeux peuvent se distinguer les uns des autres par ces
seules appellations : par exemple flàte de 16 pieds, flûte
deS pieds,o\ii[)OYteY des noms différents. C'est ainsi que
la montre, le prestant. la douhlettene sont qu'un même
jeu, de 8, 4 ou 21 pieds. De môme pour la bombarde
(16 ])k([s), h trompette (8 pieds) et le clairon (Â^j^icàs).
D'autres jeux de môme hauteur et de môme timbre
diffèrent entre eux par X intensité, procédé que rend né-
cessaire le
mécanisme de
l'orgue (qui
n'admet pas
de modifica-
tion dans la
force du, son
de chaque
tuyau) pour
arriver à pro-
duire diver-
ses nuances
de /or/e ou de
piano.
Mais i-'est
surtout pai' Ir
timbre que
les diff^érents
jeux se dis-
tinguent les
uns des au-
tres, surtout
dans les or-
gues moder-
nes, où cette
variété est
poussée de
plus en plus
loin. Divers
procédés de
facture per-
mettent d'ar-
river à ce ré-
sultat. Pour
les tuyaux à
anche, outre
la différence
essentielle de
l'anche bat-
tante et de ~
l'anche libre,
c'est en mo-
difiant la forme des tuyaux, qui peuvent être coniques,
plus ou moins évasés, cylindriques, prismatiques ou en
cône renversé, que l'on parvient à imiter assez exactement
le son de divers instruments (trompelle, clairon, trom-
bone, hautbois, basson, clarinette, musette, cromorne,
cor anglais, voix Jiumaine, etc.), bien que souvent il
y ait peu de rapport entre le jeu et l'instrument dont il
porte le nom. Pour les jeux à bouche, la forme du tuyau
importe assez peu. On en fait varier pourtant le timbre
d'une façon prodigieuse en modifiant le rapport entre la
longueur du tuyau (({ui reste toujours la même pour une
note donnée) et le diamètre de ce même tuyau. Un tuyau
large par rapport à sa hauteur donne un son plein, nourri
et majestueux. Si son diamètre augmente encore, le timbre
devient mou et sourd. Inversement, les tuyaux étroits,
favorisant la formation des sons harmoniques, donnent un
timbre pénétrant et mordant, dont le caractère s'accentue
encore si le son est émis avec une certaine intensité. Tels
sont lesjeux de gambe, salicioual, violon, violoncelle, etc.
Au contraire, le principal, la montre, le prestant, la
doublet le, les jlùtes appartiennent à la ralégoriedes jeux
à largo diamètre.
Tons ces jeux sont composés de tuyaux ouverts à leur
extrémité. En bouchant cet orifice, on obtient une autre
classe [boui'don, guinfaton) d'un timbre spécial, mat et
sans éclat, mais se fondant très bien dans l'ensemble et d'un
usage constant.
La réunion de tous ces jeux ouverts ou bouchés de o^,
16, 8, 4 ou 2 pieds, ne différant les uns des autres que
par des intervalles d'octaves, constitue ce que l'on appelle
les jeux de fonds. A coté, d'autres, dits />[^^ de muta-
tion, prodw-
sent, au lieu
du son cor-
respondant à
la note frap-
pée, un de ses
harmoniques
(nasard ou
(piinte, tier-
ce, larigot),
([ u e 1 q u e -
f 0 i s m ê m e
plusieurs si-
multanément
(cornet,
fourniture ,
cijm bal^e ,
plein- jeu) .
M e n t i 0 n -
nous aussi
certains jeux
formés par
deux tuyaux
discordés, Q,.'
à-d. offrant
une très lé-
gère diffé-
rence d'ac-
cord, tels que
Vundama--
ris, la voix
céleste, etc.
Il est bien
entendu que
cette liste
t r -^ s s 0 m -
m aire ne
peut donner
qu'une iàée
approximati-
ve de la va-
riété des jeux
des grandes orgues. Cette idée sera moins incomplète si
nous ajoutons, par exemple, que l'orgue de Saint-Kustache
contient 72 jeux et 4.3o6 tuyaux, et celui de Saint-Sulpice
118 jeux et 7.000 tuyaux. ""
La soufflerie a pour but de porter l'air dans les tuyaux
en le comprimant préalablement dans les layes et les som-
miers, sortes de caisses dans la partie supérieure des-
quelles vi(^nnent se placer les extrémités des tuyaux.
Ceux-ci sont, à la volonté de l'exécutant, ouverts ou fermés
au moyen de registres qui laissent libre ou interceptent
le passage du vent, selon que le tirant qui les commande
est lire ou non.
Les claviers sont en nombre variable (de un à cinq). Il
existe en outre un clavier de pédales, ou simplement pé-
dalier (F), dont le rôle consiste à faire entendre les basses
de l'harmonie. La fig. 2 représente les claviers du grand
orgue de Saint-l^ustachc tels (fu'ils ont été établis dans la
restauration de cet instrument par M. Merklin.
Des registres de combinaison, mus généralement au
moyen de pédales d'accouplement (ou copula), permet-
orgue (coupe schématique).
555 —
ORGUE
tent, soit d'acconpler les jeux d'an clavier à ceux d'un
autre, soit un ou plusieurs claviers avec le pédalier, soit
enfin de faire garder le silence aux jeux à anches lorsque
l'exécutant veut les séparer momentanément des autres.
Nous ne parlons cpje pour mémoire du mécanisme de
transmission qui a deux fonctions distinctes à remplir :
r de transmettre l'action de la touche au tuyau ; T de
transmettre l'action du tirant de registre au jeu corres])on-
dant. L'application de l'électricité à ce mécanisme a eu pour
effet d'en supprimer la plupart des pièces, la communication
entre la tou-
che et le
t u y au se
trouvant éta-
blie instan-
tanément, de
même celle
qui a lieu en-
tre le tirant
et le jeu.
Nous avons
cru devoir,
pour rester
cl air sans de-
venir pro-
lixe, nous
borner, Jen ce
qui regarde
la structure
d e l'orgue ,
aux lignes
principa-
les et aux
vues d'en-
semble. Mais
on croira ai-
sément que
l'extrême
complication
de ce magni-
fnpie instru-
ment exige,
pour être
connue dans
tous ses dé-
tails, un exa-
men long et
détaillé qui
eût dépassé
les limites
(i u e non s
nous som-
mes tracées.
:-r La pla-
ce qu'occupe
l'orgue dans
l'art musical est considérable et caractéristique. Il est l'ins-
trument religieux par excellence. Par la multiplicité et la
variété de ses voix, réduites cependant à l'unité sous une
main directrice, il symbolise la diversité des âmes humaines
réunies en une même croyance. Depuis les frôles voix d'en-
fants jusqu'aux voix graves des vieillards, tous les âges sem-
blent chanter en lui. De même que l'Eglise qui anathématise
et qui console, l'orgue sait faire entendre les plus doux
comme les plus formidables accents. Aussi remplit-il dans
les cérémonies du culte un rôle important, (jui maintes fois a
été défini et limité par les canons. En 1549, le synode pro-
vincial de Trêves interdit aux orgues de jouer pendant
l'élévation. En looS, un concile parisien condamne la cou-
tume de leur faire exécuter des airs contraires à la ma-
jesté de l'ofiîce. En 4564, le concile de Reims leur défend
de se faire entendre pendant le Gloria in excelsis, le
Credo et le Sanrtiis, Au reste, rien n'est plus variable
— Cla\ier.-^__du
raïuJ
que les règles touchant l'emploi des orgues à l'église. Gé-
néralement on en joue à la rentrée des processions dans
le chœur, pendant le Kyrie, le Gloria in excelsis, la
prose, en alternant avec les chantres pendant l'offertoire
que ces derniers ne font qu'entonner, Los orgues jouent
aussi le Sanctus alternativement avec le chœur, VAgnns
Dei, et pendant la sortie de l'église. A vêpres, on les en^
tend dans les antiennes, l'hymne, le Magnificat, le Bene-
dicamus domine ; à compiles, dans l'hymne, le Nnnc di-
mittis, et au salut dans les hymnes, répons et antiennes,
toujours en
alternan-
ce avec le
chœur. Ja-
mais on ne
les entend
seules pen-
dant le Cr^-
do. Malheu-
re u s ement ,
lorsque le
cnré ou l'or-
ganiste , 0 u
tous deux à la
fois, sont dé-
pourvus d u
goût et du
tact néces-
saires, les
airs profanes
se mêlent
fâcheuse-
ment aux
chants s a -
crés , et il
n'est pas rare
que les voû-
tes des tem-
ples réper-
cutent des
refrains dont
le moins
qu'on puisse
dire est qu'ils
sont étrange-
ment dépla-
cés en pareil
lien (V. Mu-
sique RELI-
<;[EUSe).
Il est vrai
d 'ailleurs
que la tâche
de l'orga-
niste à l'é-
glise est une
des plus complexes et des plus difficiles qui puissent
s'imaginer. Le maniement des divers claviers, le choix
et le mélange des différents jeux, la nécessité où il se
trouve, pour satisfaire aux exigences de la liturgie, d'im-
proviser dans la plupart des cas, tout cela forme un
ensemble de conditions auxquels il n'est pas facile de ré-
pondre. On peut donc considérer à bon droit les organistes
qui possèdent les qualités requises comme des musiciens
d'élite, chez qui une connaissance complète de l'harmonie
et du contrepoint, ainsi que des œuvres des maîtres, vient
en aide à l'imagination dans la tâche périlleuse dévolue à
rimprovisateur. Si nous parcourons la liste des organistes
célèbres, nous rencontrerons parmi eux plusieurs des
grands compositeurs qui aient illustré leur art.
Au xiv^ siècle appartiennent Francisco Landino et Squar-
cialupi ; au xv^, Virdung, Hofhaimer et Rernhardt Murede ;
au xvi^, Corteccia, auteur de nombreuses compositions
d(^ Saiul"I'Aistarli(
ORGUE
r;5()
vocales; rriiidotti, John Bull, Milloville, Schmidt, Scnfel,
Perego. Au xvii^ siècle brillent Buxlehude, dont les com-
positions sont reniarqnuhles par leur simplicité, et son
élève Nicolas Brulins qui. dil-on, surpassa encore le
maître; Frohberger, Reincke. La France revendique les
noms cTe Chambonnières. de l.ebègue, de Nivers. de Rai-
son et de Roquette qui fut organiste de Noti'e-Dame de
Grand orauo de SaiiU-Eustaclio, à T*aris.
Paris. Plus fécoiule encore au siècle suivant, elle nous
offre les noms de Balbastre, de Daquin, de Beauvarlet-
Charpentier, des Couperin, de Marchand qui essaya, sans
succès comme on peut le penser, d'entrer en compétition
avec Bach. Rameau, Méhul dont on connaît les belles
compositions étaient de remarquables organistes. Il en est
de même de Sébastien Bach et de Handel, ces deux géants
de la musique religieuse. Les sonates, les préludes, les
fugues pour orgue du prenner constituent un vaste et ma-
gnifique répertoire oii les beautés abondent, où la science
la plus profonde est unie à la plus féconde inspiration.
Les concertos .pour orgue et orchestre du second sont de
grandioses monuments qu'on ne se lasse pas d'admirer.
Mozart a écrit un certain nombre de sonates où l'orgue
est réuni aux violons, parfois aux violoncelles, à la con-
trebasse et aux instruments à vent. Albrechtsberger,
Kirnberger, Kittel, Seegr, ïelemann, Hesse, Eberlin, Van
den Ghein, Tabbé Vogler ne doivent point être oubliés.
Notre siècle n'a pas été moins fertile en organistes. Men-
delssolm ne s'est pas contenté d'en être un des plus remar-
quables, il a en outre laissé des préludes, des fugues et des
sonates pour orgue. Benoist, Danjou. Boèly, Fessy, Lefé-
bure-Wély, Lemmens, Chauvet. Rink, César Franck,
Boèllmann, mériteraient plus qu'une simple mention. Parmi
les vivants: MU. Saint-Saens, Théodore Dubois, Widor,
Gigout, Loret, Pugno, Fissot, Sergent, Guilmant. Dat-
er, Gabriel Fauré, Pierné ont porté haut la gloire de
école française. On n'ignore pas que la plupart d'entre
eux ont écrit des oeuvres de haute valeur, non seulement
pour l'orgue, mais aussi dans les autres domaines de lacom-
[)osition musicale. Parmi les facteurs actuels nous mention-
nerons surtout MM, Cavaillé-CoU. Schutze.Merklin, Barker,
inventeur du levier pneumatique ; Dallery, Hill. Berington,
Abbey, Green, Marris, Ducroquet, Daublaine.
Jusqu'ici nous avons envisagé l'orgue principalement en
hii-inème. Mais il est bon de faire observer qu'il a été
maintes fois employé concurremment avec les instruments
de l'orchestre, non seulement dans les concertos oii il
occupe naturellement la place prépondérante, mais aussi
dans des œuvres lyriques. Autrefois, dans les oratorios,
cantates, etc., l'organiste, se guidant sur les indications de
la basse, improvisait sa partie au fur et à mesure. Plus
tard, le compositeur écrivit complètement la partie d'orgue,
et c'est ainsi qu'a fait par exemple Mendelssohn pour ses
oratorios. Au point de vue de l'union de l'orgue à l'or-
chestre, nous croyons devoir reproduire l'opinion exprimée
par Berlioz dans son Trait' fVimtrumen talion. « Sans
doute, écrit-il, il est possible de mêler l'orgue aux: divers
éléments constitutifs de l'orchestre, on l'a fait même plu-
sieurs fois ; mais c'est étrangement rabaisser ce majes-
tueux instrument que de le réduire à ce rôle secondaire ;
il faut en outre <reconnaitre que sa sonorité plane, égale-
ment uniforme, ne se fond jamais complètement dans les
sons diversement caractérisés de l'orchestre, et qu'il semble
exister entre ces deux puissances rivales une secrète anti-
pathie. L'orgue et l'orchestre sont rois tous les deux ; ou
plutôt l'un est empereur et l'autre pape ; leur mission n'est
pas la même, leurs intérêts sont tro]) vastes et trop divers
pour être confondus. »Ces observalions ne mancpient évi-
demment point de justesse à la condition de ne pas être
prises trop au pied de la lettre, car, d'une part, il est cer-
tain que dans la musique religieuse, messes, cantates
d'église, oratorios, etc., l'orgue et, l'orchestre réunis pro-
duisent un excellent eifet, et d'autre part, certaines scènes
d'opéras exigent forcément la présence de l'orgue. Le qua-
trième acte de Robert le Diable, le quatrième acte du
Prophète, le deuxième acte de 7Mmpa, le troisième acte
de Faust, en offrent des exemples connus. Le compositeur,
lorsqu'il allie ainsi les deux « puissances », doit, cela va
sans dire, user discrètement des instruments à vent de l'or-
chestre à cause delà concurrence qu'ils feraieni aux jeux
de l'orgue, et employer de préférence les cordes donl le
contraste avec ce dernier offre de très heureux effets. Dans
son admirable symphonie en wi 7/?i/î6^?//', M. Saint-Sacns a
fait intervenir l'orgue avec autant d'habileté que de bonheur,
et cependant, loin de lui donner le premier rôle, il l'a au con-
traire dissimulé en quelque sorte derrière l'orchestre . Tout se
réduit donc ici à une cpiestion de goût et de savoir technique.
L'étude consciencieuse des oHivres des maîtres sera poui*
les jeunes compositeurs le meilleur et le plus sûr des guides.
Bien que les concerts d'orgue n'aient pas, à beaucoup
près, acquis en France l'importance qu'ils possèdent en
Angleterre, néanmoins ceux d'éminents organistes, (mi
tête desquels il convient de placer M. Guilmant, ont com-
mencé à faire apprécier au public les sévères beautés de
cet instrument. Il est à souhaiter que son exemple soit suivi
et que nos grandes salles de concerts soient bientôt pour-
vuesd'orgues, sansle concours desquelles quantité d'oeuvres
de premier ordre ne peuvent être exécutées.
Parmi les plus belles orgues, on cite celles de la Made-
leine, de Saint-Sulpice, de Saint-Lustache, de Notre-Dame
de Paris, de Fribourg, de Haarlem, de Weingarten, etc.
L'Angleterre, qui professe pour l'orgue un véritable culte,
possède' une institution dont nous devons dire quelques
mots : le Collège des organistes, fondé en 1864 par R.-D.
Limpus, a pour but d'étudier tout ce qui concerne la pro-
fession de ses membres et d'en émanciper le développement.
Cette association fait subir des examens et délivre des
diplômes qui sont fort recherchés. ]']lle possède un organe.
The Musical wovld, (pii publie d'intéressants articles re-
latifs à l'orgue et à la musique religieuse. R. Br.
557 —
ORGUE
Ecoles d'okgue. — Les musiciens (]ui ont écrit pour
Toi'gue méritent, dans l'histoire générale de l'art, mieux
(ju'une simple mention, et il convient de leur réserver une
place à part. C'est, en effet, dans les pièces composées
pour cet instrument (pi'on étudiera le plus facilement les
modifications effectuées au cours des âges dans la théorie
et la prati(|ue : le progrès de ce genre spécial annonce
et prépare pi'esque toujours le progrès général de la mu-
sicjue. Si Ton considère que les plus gi'ands maîtres furent
le plus souvent d'excellents organistes, on comprendra
sans peine (ju'ils cherchèrent à réaliser, d'abord sur le
clavier, les idées nouvelles qu'ils rêvaient. La commodité
de rinstruinent et ses grandes ressources leur facilitaient
ce travail. Malheureusement pour nous, aucune pièce d'orgue
antérieure à la deuxième moitié du xvi^^ siècle ne nous est
parvenue : nous ne connaissons que de nom les artistes
antérieurs, français, allemands ou italiens. Jusqu'au milieu
du xvu^ siècle même, les œuvres sont encore foi't rares.
(Test à V^Miise (|ue nous trouverons les premiers monu-
meiits de cet art. A partir de 1550, une école d'orgue bril-
lanteyest déjàconstituée. (Claude Mer ulo, organiste de Saint-
Marc, un peu plus tard Jean et André Gabrieh. organistes
de la Seigneurie, ont laissé des pièces en assez grand nombre.
1/ étude en est des ])lus intéressantes encore ({ue, par la
forme et le style, ces œuvres ne différent pas sensiblement
des compositions chorales polyphones d'alors, surtout des
pièces de l'école vénitienne. La tonalité, très voisine de la
tonalité grégorienne, y est assez indécise : tous les artifices
du contrepoint y li'ouvent leur ejnploi, mais il n'y faudrait
chercher rien qui annonçât le style expressif et réci-
tatif qui, cependant, allait bientôt triompher. A coté des
conceptions du grand Bach, de telles œuvres pàhraient,
sans doute. Telles qu'elles sont, cependant, elles témoignent
d'un art avancé déjà et d'une habileté consommée d'écri-
ture. Pour la distribution et le mouvement des diverses
parties, pour l'emploi des dissonances, pour le rythme,
entin, elles devancent certainement les œuvres vocales du
même temps, ((ui s'en sont, d'ailleurs, certainement plus
d'une fois inspirées.
C'est un successeur immédiat de ces artistes, l'illustre
l'rcscobaldi (Ferrare, 1553-i64i). qui devait porter ce
style à son plus haut point de perfection, tout en l'orien-
tant vers des voies nouvelles et fécondes. Elève de Luzzascho
Luzzaschi, organiste de Ferrare et d'un maitre français
d'origine, Francesco Milleville, Frescobaldi n'hésita pas à
aller en Flandre chercher, près des musiciens de ce pays, les
sévères traditions des premiers contrapuntistes néerlandais,
l'ji pleine possession de son talent, il se fixa entin à Rome
comme organiste de Saint-Pierre. Son talent d'exécution,
ses œuvres admirées de tous, les élèves ([u'il forma, ré-
pandirent partout sa réputation. Dans un ouvrage récent
de M. A. Pirro (l'Orgue de Sébastien Bach; Paris, 1895),
on trouvera une excellente étude de r(Puvre de ce maître.
Disons seulement (pi'il semble avoir, le premier, clairement
eu conscience de la tonalité moderne, et de ses ressources
infinies pour l'emploi des dissonances, pour la modulation
et le chromatisme. Par là, il s'élève fort au-dessus de ses
c(»ntemporains. et ses tentatives presque toujours heu-
leuses, quoiqu'à peine osées ju^qîi'alots, témoignent assez
de la hardiesse de son génie. Ce Fut siinout le virtuose
ou l'improvisateur (|u'apprécièrent en lui les uuisiciens de
son temps, mais les modernes ont mieux jugé son rôle.
« Ses o'uvres, dit Ambros (Geschichte der Musik, IV),
portent la mar(juc du génie et se manifestent par leur tenue
classique... Elles se relient, d'une part, à une ère (jui va
finir ; de l'autre, elles amioncent l'avenir plein d'es[)érances
d'un art tout nouveau. »
A la même époque, dans les Flandres, llorissaient des
maîtres de premier ordre : Philippe, Pieter Coi'net. et sur-
tout l'illustre Jan Pieterszon Sweelinck, qui mériterait
presque d'être égalé à Frescobaldi lui-même. La France
et l'Allemagne participaient à ce mouvement. Les orga-
nistes allemands, élèves, pour la plupart, des maîtres vé-
nitiens, sont assez peu connus encore, si ce n'est de nom;
mais nous pouvons citer en France, avec Roquette, orga-
niste de Notre-Dame, etTIumias et Jacques Champion, dont
les œuvres ont péri, Jean Titelouze (1563-1633), chanoine
et organiste de la cathédi*ale de Rouen. Les pièces d'orgue
de ce dernier (ce sont les premières imprimées en France)
nous montrent un musicien digne de prendre place à côté
des plus grands. Maître de plusieurs organistes du siècle
Louis XIV, Titelouze doit être considéré comme un des
principaux inspirateurs de cette belle école d'orgue du
xvii^ siècle, féconde en talents de |)remier ordre.
Toutes les œuvres de cette première période tirent leur
valeur des combinaisons ingénieuses ou puissantes du con-
trepoint, et leur mérite se mesure surtout à l'habileté tech-
nique du musicien. Elles mettent en oMivre les mélodies du
plain-chant, rarement des mélodies popidaires ou des
thèmes originaux. Tandis qu'en Allemagne ce style va se
perfectionner, pour aboutir aux chefs-d'œuvre du grand
Bach, une tendance nouvelle se dessine en France. On in-
troduira dans la musi(]ue d'orgue le style mélodi(|ue et
récitatif ; enthi. l'art de mélanger judicieusement les dif-
férents jeux va créer des ressources nouvelles. Les orgues,
par les travaux d'habiles facteurs, s'étaient fort améliorées,
en effet, tant pour la commodité de l'exécution que pour
l'ampleur et la variété des sons. La musique s'en ressentit
Jus(ju'alors les pièces écrites pour l'orgue eussent pu tout
aussi bien être jouées sur le clavecin ou tout autre instru-
ment à clavier. 11 en était ainsi, d'ailleurs; l'art de l'orgue
et celui du clavecin se confondaient complètement. Quand
les instruments furent enrichis de jeux variés et de cla-
viers séparés, on songea à utiliser ces nouveaux moyens
d'expression. On mit en évidence une mélodie confiée à un
jeu tranchant avec l'ensemble ; on réalisa des oppositions
de clavier à clavier ; on rechercha les sonorités variées et
les contrastes de timbre. On fit entin pour l'orgue ce que
nous réalisons aujourd'hui dans l'orchestre par l'emploi de
divers instruments, et ces inventions des organistes con-
tribuèrent sans doute adonner aux musiciens l'idée de ten-
ter quebpu^ chose d'analogue dans les symphonies des opé-
ras et des ballets. Du moins pourrait-on, dans les œuvres
profanes des compositeurs de la fin du xvii^' siècle et du
('ommencemeiit du suivant (chez Bach lui-même), retrou-
ver bien des procédés d'instrumentation que l'orgue a très
probablement inspirée. Le redoublement à l'octave grave,
régulier et pres({ue constant des basses d'orchestre, par
exemple, est certainement imité de l'effet des jeux de 8 et
de W pieds des pédales de l'orgue.
Les musiciens français surtout entrèrent résolument
dans cette voie pittoresque et expressive. Le Bègue, Gi-
gault, Roberday, A. Raison, Nicolas de Grigny et bien
d'autres encore surent faire dans leurs œuvres un judi-
cieux emploi de toutes ces ressources. Peut-être même
pourrait-on leur reprocher d'en avoir abusé quelquefois.
Ce qui est certain, c'est qu'ils s'engageaient de la sorte hors
des limites propres à la inusiijue d'orgue et à l'art reli-
gieux en général. La nature même de l'instrument, la fa-
culté qu'il possède de prolonger les sons sans pouvoir tou-
tefois, sous les doigts de l'artiste, en faire varier l'inten-
sité, l'absence d' express io)i (|ui en résulte, tout cela donne
à l'orgue un caractère i)articulier (pi'il n'est pas possible
de méconnaître. Le style mélodi(|ue ne saurait lui conve-
nir s'il ne s'entoure d'une riche floraison de savants
contrepoints qui entourent et soutiennent la mélodie : tout
au contraire, le style lié, tous les artifices de l'art poly-
phoni(pie, imitations, fugues, lui conviennent à merveille...
Si jamais les grands effets d'haimonie se perdaient, a dit
quehfu'un, on les retrouverdil dans l'orgue.
Les grands organistes du siècle de Louis XIV comju'irent,
pour la plupart, celte vérité. Même ceux d'entre eux qui
s'écartèrent quelquefois des saines traditions avaient reçu
de leiu's savants prédécesseurs une culture harmonicfue
assez forte pour ((u'il leur en l'estût toujours (fuehpic
chose. Aussi leur musi([ue garde-t-elle une tenue sévère
ORGUE
558
et classique ; eu maints endroits, ils se montrent dignes
des phis grands maîtres. S'ils n'ont pas fait avancer
beaucoup la technique et l'art d'écrire, qui à la même
époque en Allemagne faisait au contraire des progrès sur-
prenants, du moins les ont-ils gardés dans leur pureté
première. Mais, une fois cette génération disparue, la dé-
cadence fut rapide. Si le xyiti^ siècle compte ([uelques
grands noms (et (juelques-uns nous paraissent encore bien
surfaits), les Marchand, les Dacjuin, les Balbastre, c'est
dans sa pi'cmièi^e moitié seulement. Peut-être si les œuvres
d'orgue de Rameau nous fussent parvenues, nous pourrions
être moins sévères. Quoi qu'il en soit, à partir de 1750, on
ne trouve rien qui vaille d'être cité. Jl y eut encore des
virtuoses habiles et brillants, des improvisateurs remar-
quables : mais, si nous les jugeons d'après ce (ju'ils nous
ont laissé, nous aurons une triste opinion de leur talent
et de leur conscience. Aucun souci, chez ces artistes, du
vrai style d'orgue ni de Fart religieux ; du brillant, du
faux éclat, une habileté de main réelle mais sans goût, un
papillotement contiiuiel d'effets de timbres, des mélodies
faciles et banales, une techni([ue enfantine : voilà ce que
nous rencontrerons chez les meilleurs.
Pendant ce même temps, l'école allemande s'élevait,
avec Handel et surtout le grand Bach, à une incom-
mensurable hauteur. Diverses circonstances avaient favo-
risé cette marche en avant. Les oiganistes protestants,
contraints par les nécessités du culte à commenter sans
(•esse les thèmes consacrés des chorals chantés par les
fidèles, durent cherchei' les moyens d'éviter une monoto-
nie fâcheuse. Us s'efforcèrent en consé(juencc d'approfondir
l'art, de traiter un thème et de le développer sous mille
formes diverses, riches d'harnionie et d'un intérêt poly-
phonique soutenu. Ces recherches constantes tirent mer-
veilleusement progresser la technique, tant sous le rappor!
de l'art d'écrire qu'au point de ^ue de l'exécution. Dans
l'emploi du clavier de pédales notamment, la supériorité
des Allemands était évidente, /ajoutons encore (fue les ins-
truments, destinés surtout à soutenir un chœur do voix, ne
comptaient point les jeux de détail, brillants et bruyants
des orgues françaises, (pii se faisaient presque toujours en-
tendre seules pendant les offices, en des moi'ceaux, le plus
souvent, de pure virtuosité.
Aussi, tandis que l'école française s'en va déclinant, nous
pouvons citer en Allemagne, au xvii^ siècle comme au xviii^,
d'illustres artistes : Froberger, Johanncs Kerl, S. Scheidt,
tout d'abord; un peu plus tard, Pachclbel, Reinken et
surtout Buxtehude (1637-1707), le plus grand des précur-
seurs de Séb. Bach. Les œuvres de Buxtehude, longtemps
inédites, viennent d'être publiées ]*écenunent. On poiu-ra
aisément voir à la simple lecture, de combien il l'emporte
sur la plupart des organistes d'alors. La richesse et la va-
riété de la forme, l'ampleur des développements, la ma-
jesté des proportions, la nouveauté et la hardiesse des har-
monies, sont d'un grand maître. Toutes ces qualités, encore
agrandies, se retrouveront dans les oeuvres deJ.-S. Bach,
le prince des virtuoses de Vunivers sur le clavicorde
et sur l'orgue, comme l'appelait un de ses contempoiains.
On a tout dit -sur ce grand homme, et à l'article f[ui lui est
consacré il est suffisamment parlé de son génie, qui le met
au-dessus peut-être de tous les autres musiciens. Sa mu-
sique d'orgue n'est pas indigne de ses autj'es œuvres et
toutes ses qualités s y retrouvent. L'inspiration la plus
j'iche et la plus abondante s'y allie avec la science la plus
profonde et les artifices les plus complexes du style figuré
y sont employés avec une aisance qui tient du prodige. Sa
j'éputation fut immense de son temps, surtout comme vir-
tuose et improvisateui'.
L'influence de ce maître lut féconde, en Allemagne du
moins. Les élèves qu il avait formés répandirent m loin
ses œuvres et ses traditions, et l'école d'orgue allemande
s'est maintenue sans déchoir jusifu'à l'épocfue contempo-
raine. Mais en Fj-ance. il iren alla pas ainsi. Les événe-
ments politiques qui marquèi'ent la tin du derniei' siècle et
le commencement de celui-ci n'étaient point faits pour
favoriser l'étude d'un instrument encore exclusivement con-
sacré auculle catholique. On n'eût certainement pas trouvé
en France, il y a soixante ans, deux artistes qui eussent
connaissance des œuvres de Bach ou d'aucun autre clas-
sique de l'orgue. Ce sont surtout les travaux des facteurs,
comme A. Cavaillé-Coll et quelques autres, qui ont rap-
pelé l'attention des artistes sur ce magnifique instrument
et remis son étude en honneur. On trouvera cités plus
haut les noms des principaux organistes de notre temps;
mais il ne faudrait plus chercher en eux (juehjue chose de
parlicuUer au pays (jui les vit naître. Il n'y a plus aujour-
d'hui, à vrai dire, d'écoles nationales; tous les organistes
pratupient les mêmes classicpies et pi'ocèdent des mêmes
traditions, (jui sont précisément celles de l'école de Bach.
C'est au vieux maître d'Lisenach cpi'appartient la gloire
d'avoh' donné, en cet art spécial, des modèles définitifs,
([ue les maîtres les plus illusti'es de tous pays ne peuvent
se dispenser désormais de connaître. IL Ouittaju).
Orgue expressif ou Harmoxium (V. Hak.moxium).
Orgue de Barcârie. Orgue à cylindre. — - Cet instru-
ment populaire consiste essentiellement en un ou plusieurs
jeux d'orgue mis en action par un procédé mécanique et
capables de faire entendre un certain nombre de morceaux.
Une roue que l'exécutant (si on peut lui donner ce nom)
fait tourner à Laide d'une manivelle, fait fonctionner à la
fois la soufflerie et le mécanisme qui commande aux sou-
papes des tuyaux, (^e mécanisme est constitué par un cy-
lindre sur lequel sont hxées un grand nombre de pointes
do cuivre de différentes dimensions. Lorsque le cylindre
tourne, ces pointes rencontrent les touches d'un clavier
de forme appropriée et h,^s soulèvent à leur passage : les
soupapes des tuyaux correspondants sont alors ouvertes
et ceux-ci parlent aussitôt. L'art de piquer les cylindres
avec précision et régularité est le point le plus important
du métier ; car il faut que ce cylindre puisse porter, sans
avoir des dimensions exagéi'ées, plusieurs morceaux. Sui-
vant l'air que l'on veut jouer, on le fait avancer ou reculer
d'une certaine (|uantiié fixée d'avance: ce changement de
position met en rapport avec le clavier une nouvelle
combinaison de pointes correspondant à un air différent
du premier.
Tel est rinsti'umenl connu sous le nom d'orgue à cy-
hndre ou plus communément d'orgue de Barbarie, sans
c[u'on ait jamais pu s'expbquei' l'origine de ce nom d'une
façon satisfaisante : soit qu'on y voit, comme certains, une
allusion à la rusticité de cet engin, soit qu'on prétende y
retrouver le nom corrompu, d'un certain Barberi, facteur
italien, (|ui aurait inventé ou propagé cet instrument.
Les orgues de Barbarie, qui ne sont guère connus en
France que depuis le siècle dernier, se sont beaucoup per-
fectionnés de nos jours au point de vue de l'importance
et de la sonorité. Beaucoup de ces instruments ont cessé
d'être portatifs, et le cylindre devenu très volumineux doit
être mis en mouvement par un moteur mécanique. Les
facteurs se sont efforcés d'y multiplier les jeux, en arri-
vant à l'imitation précise des divers instruments, surtout
des orchestres militaires, et beaucoup y sont parvenus fort
bien. Pour ces grands instruments, on a souvent substitué
au cylindre, qui ne peut donner qu'un nombre limité de
morceaux, un système de cartons perforés qu'on peut
changer à volonté, analogue à ceux dont on use pour le
picuio mélographe ou le pianista (V. ces mots). Ces
orgues mécaniques peuvent jouer de la sorte des pièces de
grandes dimensions et renouveler facilement leur répertoire.
Un Russie, aux Etats-Unis, en Angleterre, ils sont fort ré-
pandus ; on les trouve dans tous les établissements publics.
avec des dimensions moniuuen taies. En France, on ne les
aguère ntili.-^és (jue dans les spectacles forains.
On a quehpiefois, avec plus ou moins de succès, appliqué
au service relii^^ieux des instruments analogues, dans les
paroisses ou on ne pouvait avoii' d organiste : mais cet
usage est toujours resté exceptionnel. H. Q.
5.^9
ORGUE — ORGUEIL
IL Art militaire. — Orgue de moet ou sarrasi?sE
(V. Herse).
Orgue à feu. — - Macliinc de guerre encore employée
aux xYii® et xviii^ siècles, pour, la défense des brèches
d'une place assiégée et qui se composait d'un assemblage
de plusieurs gros canons de mousquet joints ensemble ; les
lumières se communiquaient et on y mettait le feu simul-
tanément au moyen d'une traînée de poudre.
BiBL. : AIusiQUK.— Dom Bedos de Celles, VAi't cluftic-
teur d'orgues ; Paris, r7G6-78 — Didro:^, Annales archéolo-
giques, t. III et lY.— Spo^'SEl, Histoire de l'orgue ; Nurem-
berg, 1771.— MuLLEii, Mémoires historiques et archéologi-
([ues sur les orgues^ leur origine et leur usage dans Véglise ;
Dresde, 1718. — Blvtscuini, De tribus g eneribus inslnimen-
loi'iLiii musicœ vetcrum organise dissertatio ; Rome, 1712.
— Gerbert, de Cantu et Musica sacra, 1774. — Fischer,
Description du grand orgue do la cathédride de Breslau ;
J^iM^slau, 1821. — '^IIarthnocii, Histoire de l'Eglise. — Bauai-
GARTEN, Antiquités chrétiennes. — Walciiius, Antiqui-
lates christianoi compartiUv,. — Busch, Dictionnoire des
Inventions. — Ad. de Poistj:coulais't, Orgunogriiphic, es-
sai sur la facture instrutnentole ; Paris, 1861. — J.-G. Mit-
•jvvG, Historische Abhandlung von... Orgeln ; hùnchour y:.
1755. — Joseph A?<tony, Die Ôrgel, 1832.— E.-.J. Hopkiiss^
T/ie Organ., its history and construction.— Rimbault, His-
lory of the Organ, 18*55-70. — X. Yan Elewyck, Geschichic
der Orgel. ~ C.-L. Limjbi:ug, liandboh om Orgverhel,
1861. — Otto WatvG1';>lv:nn, (reschichte der Orgel und Or-
(lolbaukunst, 1879-80. — DiuUoy Buck, Lecture on the in-
'fiuence of the Organ in JDj^to'i-g, 1882. — Reiter, Die Or-
gel unserer Zeit, Ib^i). — K. PociU'.R, An explanation of
the organ sLopjs. — Constant Pierre, les Fadeurs d'ins-
truments de musique, les luthiers et la facture instrumen-
tdle; Paris, 1893. — Louis Bony, une Excursion dans l'orgue;
Paris, 1892. — Charles Locuer, ^e^ Jeux d'orgue, leur ca-
ractéristique et leurs combinoisons les plus judicieuses :
Paris, 1889. — G. Rietschel, Die Aufgabe der Orgel im
Gottesdienste bisin das 18. Jahrhundert geschichtlich clar-
gelegt. — Hamel. Manuel du facteur di'orgues. ~ Pirro,
l'Orgue de Sébastien Bach ; Paris, lUdb. — J.-C. Bertrand,
Histoire de l'orgue, 1858. — L. Girod, Connuissances pra-
ticiues de la facture des grandes orgues ; Namur, 1875.^ —
L'abbé La]\lvzou, Elude sur l'orgue monumental de Sainl-
Sulpice et la facture de l'orgue moderne. — Y/ilhelm
Mûller, Die Orgel, ihre EinncJdung und Beschaffenheit.
so wohl als dns z\\'cckmàssige Spiel derselben ; Meissen.
1882. —Joseph d'ORTiouE, lu Musique à l'église ; Paris, 1861
— L'abbé Ply, la Fucture moderne étudiée à l'orgue de
Sa'int-Eustache ; Lyon, 1880. — Sir George Grove,
A dictionanj of nnislc iinxl mns'icians ; Londres. 1895, t. II
— Cavah.li'-Coll. de l'Orgue cl de son ;i rch'dai'ui'e -— Al-
phonse "MusM i:l. l'Hiirnioniwiii : Pans. 189ù.
ORGUEIL. <,< L'orgueilleux, dit Spinoza, se glorifie à
Fexcès; il ne parle que de ses mérites et des défauts d'au-
trui ; il veut que tous lui cèdent le pas, s'avance enfin
avec la gravité et la pompe qui d'ordinaire ne sont le fait
que d'hommes placés bien au-dessus de lui ». Telle est
l'attitude que le plus souvent prennent les orgueilleux;
quelquefois au contraire, et plus habilement, ils cachant
leurs prétentions sous des dehors modestes ; ou encore ils
se renferment dans un farouche isolement. Mais quelque
apparence extérieure qu'il prenne, l'orgueil consiste tou-
jours au fond à s'estimer soi-même plus que tout au monde.
Ce sont évidemment les succès (jui rendent l'homme
orgueilleux : parce qu'il est raisonnable, il en cherche la
cause, mais parce qu'aussi il est ignorant, il ne la trouve
que dans ses propres mérites; comme le moi appai'ait
permanent et identique à travers le temps, il semble que
ces mérites doivent durei' autant que la personne même ;
jusqu'ici nous a^ons réussi; par une généralisation qui se
fait à hi fois grâce à la raison et contre elle, nous con-
cluons que nous réussirons toujours et (jue rien au monde
ne peut nous résister. Les succès que l'on peut remporter
sont de deux sortes : ( outre la nature ei contre les
hommes. Ce sont, les seconds surtout qui inspirent del'or-
i^iieil ; commander et être obéi sans discussion, c'est ne
l^as être éloigné de se croire infaillible: mais rien ne con-
tribue autant a nous faire croire à iiotre supériorité sur
nos semblables, que lorsque ceux-ci, en paroles du moins.
se mettent au-dessous de nous et nous offrent dans leurs
louanges comme la formule de notre passion.
Deux cas alors peuvent se présenter : ou bien, et c'est
le cash} plu> frcqueiiL un eu reste ,'■ la vanilé, on l'on
sélève jUS((u";i roi'p;ueil. Le \;uii!eu\. cc^i im (»i'r;ucilleuN
impuissant. Il est bien comme son modèle, tout rempUde
lui-même ; mais le vtoi auquel il s'attache est celui qui se
reflète chez les autres hommes, et dont ceux-ci lui ren-
voient l'image dans leurs éloges ou dans leurs dédains.
Aussi le vaniteux, entêté de ses qualités apparentes, est-
il en même temps plein de, morgue pour ses inférieurs,
humble à l'excès devant ses supérieurs ; tantôt il est aux
nues, tantôt il se croit tombé au dernier degré de l'abjec-
tion. Le véritable orgueil est plus stable et ne connaît pas
ces doutes et ces dépressions : le succès et la faveur ont
beau faire place à la mauvaise fortune et au mépris ; l'or-
gueil ne périt pas pour si peu; comme toutes les fortes
passions, il s'exaspère au contraire devant les obstacles,
et se raidit d'autant plus qu'il sent son objet sur le point
de lui échapper.
L'orgueil n'est pas seulement Cidéal de la vanité :
toutes les passions le contiennent, et l'on doit dire qu'il
est la passion par excellence.
Etre passiomié, c'est attacher à un objet fini une va-
leur telle qu'à nos yeux tout dans le monde, choses et
hommes, doive y être sacrifié. Que nous possédions cet
()i)jet ou que nous le cojivoitions seulement, c'est à nous
seuls (fue nous en réservons la jouissance, et sa splen-
deur fait pâlir tous les êtres de l'univers sauf un seul,
nous-mêmes, en qui elle se ]'eflète : si la passion nous
soumet à son objet, elle nous dédommage en nous met-
tant au-dessus dé la nature entière ; toutes les passions
nourrissent l'orgueil. Du reste, les passions diverses ne
rendent à l'orgueil que ce qu'il leur a prêté : elles sor-
tent de lui comme les copies du modèle. Pourquoi pré-
tendre (|ue tel objet vaut plus que tout au monde ? La raison
principale, en définitive, c'est que nous l'aimons : c'est
son moi que de toutes manières, dans toutes ses passions,
l'homme prend en adoration.
Nulle part le sentiment de hi force n'est aussi exalté
que dans rorgueil. L'orgueil, c'est la passion même, dé-
daignant les procédés et les mensonges, et s'étalant dans
sa vraie nature. L'orgueilleux, c'est comme un amant qui
ferait la gageure d'aimer sans maîtresse, c'est Narcisse
amoureux de son image. Dans l'amour, l'avarice, l'ambi-
tion, bien que le sujet soit lui-même l'artisan de toutes
les perfections de l'objet auquel il s'attache, cet objet,
du moins, est donné : c'est une femme, un trésor, les in-
signes du pouvoir; tout cela peut être perçu, senti; des
plaisirs vraiment éprouvés sont le point de départ de h
passion, le noyau réel autour duc|uel, comme un orga-
nisme, elle va, en rayonnant, se former et grandir. Dans
l'orgueil, au contraire, ce soutien fait défaut; que sommes-
nous, en effet? nous sommes dans un mouvement perpétuel ;
notre être est suspendu aux fins que nous poursuivons, à ce
qui sera peut-être dans l'avenir, mais maintenant n'est pas,
à ce ([ui. dans son fond. n(> sera jamais. Eh bien, de ces ten-
dances, de ces imaghiations, de ces idées, de ces riens, voici
(pie l'orgueilleux fait un objet, bi(*n plus, une idole.
Seulement il arrive qu'en lui-même l'orgueilieux ne
Ij'ouve qu'un maigre aliment, de sorte que cette passion,
qui tout à l'heure nous paraissait comme la plus héroïque
est aussi de toutes la plus misérable. Toutes h^s passions
nous trompent : être agité n'est pas agir, et nous pouvons
nous croire ])lus forts, au mojnent même oii Jios forc(^s
diminuent ; cej)endaiil les passions sont naturelles et bonnes
dans la mesure où leur objet est réel vi mérite en effet
l'attachement ((ue nous y portons. Dans toutes les pas-
sions autres (pie Torgueil l'objet, du moins, est séparé du
sujet : un courant aloi'S peut s'établir comme dans un
circuit (|ui n^lie deuv uiétaux de nuture différente ; m;iis
dans Lorgneil robjct et le sujet de la passionne font qu'un :
or la lofla plus profonde de la ne est peut-être que Lin-
dividu ne se développe qu'en se rattachant à l'ensemble ,
aussi l'orgueil est-il sec et stérile ; ceux qui atteignent ce
faîte de la passion ne peuvent plus redescendre ; l'amour,
l'ambition même les loi^^sent insensibles ; leur g'rnnd(nir
de plus eu phis desienl inniguiaii'e.
OHGUEIL — OKIANI
060
Après avoir expliqué la nature de l'orgueil, il reste à
le juger.
De tout temps, les moralistes ont été sévères pour ce
sentiment. Il a fallu d'abord briser la rudesse de riioiïime
barbare ; c'est par la crainte et l'humilité qu'on a mené
les hommes à la sagesse. Mais aujourd'hui l'orgueil semble
rare; et nos contemporains pèchent plutôt par vanité et
lâche soumission cà l'opinion d'autrui. S'il faut détruire
l'orgueil, ce n'est plus en abaissant l'homme par tous les
moyens, en tirant parti de ses échecs et de ses misères,
c'est en montrant à l'orgueilleux qu'il ne prend pas en-
core une assez haute idée de sa personne, et qu'au fond
de son « moi » il y a (pielque chose de plus grand (|ue lui.
(Vesl un mouvement naturel aux âmes médiocres, quand
un homme hardi échoue, de rire et de l'accabler. La foule
alors prend sa revanche : étonnée d" abord devant celui
([ui aftéctait les allures du génie, maintenant qu'il est
tombé, elle se sent soulagée du poids de son admiration et
méprise l'homme qu'elle a failli adorer. l*^t pourtant l'au-
dace est belle et la cause de l'insuccès est souvent dans
un hasard aveugle et imprévisible. Mais la foule, dans
son acharnement contre l'homme, se range du côté du
hasard; elle le divinise et prête généreusement à son
dieu l'envie même qui lui inspire ses sarcasmes. C'est la
divinité, disent ses prêtres, (jui s'est vengée de l'orgueil
humain; c'est la Némésis (pii a puni Tuopu. La nature
est pleine de dieux, plaisaient les Grecs, et l'homme (jui
voudrait lutter contre elle pour se la soumettre est sacri-
l<'ge. La natui'(> est vouée au mal, disent les chrétiens, et
l'homme qui cherche à la conmiilre et qui en attend (juelque
bien est un orgueilleux et un impie : Dieu est un Dieu
jaloux.
Sans doute l'insuccès révèle toujours un manque en
celui qui échoue ; sans doute les prétentions de l'homme
dépasseront toujours sa force vraie : car son savoir et son
pouvoir ne seront cà jamais que fniis, et la nature est infi-
nie. Mais il faut se garder de rompre cet élan qui emporte
l'humanité dans la voie du progrès ; il faut être sympa-
thi({ue aux audacieux ; quand un homme tombe il y a mieux
à faire que de rire ou de déclamer contre la nature
humaine; au lieu de se pei'dre eji sarcasmes qui décou-
ragent les efforts, il faut rechercher les causes de l'échec,
afin de voir si elles peuvent être supprimées ou évitées.
Les Grecs se sont moqués d'Icare : Icare aujourd'hui
monte dans les airs, et la science tous les jours fait des
mii'acles. Au contraire, dit-on, c'est la science qui doit
être détruite : n'est-ce pas pour avoir goûté à l'arbre de
la science que l'homme est devenu orgueilleux d'aborcL
sujet par suite à toutes les passions ? Il est vrai que les
])lus grands philosophes ont été d'avis (pie la passion
n'existait en l'homme (jue parce qu'il est doué de
raison. Mais rejeter un grand bien pour queh[ues maux
(pi'il entraîne à sa suite n'est pas le fait d'un sage ;
d'autant plus qu'il est trop tard et que nous ne pouvons
dépouiller la raison; nous sommes embarqués; tendons
énergiquement au port. Au fait, si un peu de science
donne à l'homme beaucoup de sutïisance, plus de science
encore le ramène à la modestie. Mais nos adversaires pro-
testent : la philosophie, disent-ils, qui est la science des
sciences, n'est-elle pas aussi, dans sa fragilité, le plus
beau monument de l orgueil humain? Les plus farouches
partisans de l'humilité veulent bien admettre aujourd'hui
la vérité des sciences positives; mais ils s'indignent encore
et crient à l'orgueil lorsque le philosophe, dépassant les
faits particuhers, prétend assigner les lois de toute expé-
rience, aliirine, par exemple, que tous les phénomènes
sont rigoureuseuient déterminés et que dans hi nature il
n'y a pas de place piun- le mij'acle ; comme si ce principe
a\ait la prétention d'égaler d'un bcul coup la connaissance
humaine à Lintini de la nature, comme si son rôle n'était
pas seulement de régler les investigations de l'homme, et
de lui imposer une méthode sévère et une prudente dé-
fiance de soi ! En vérité, si l'oi'gueil est ([uelque part, il
est dans la prétention de ceux qui, en dépit des pnncipes
de la raisoii, s'imaginent recevoir une révélation particu-
lière d'on ne sait quelle réalité supra-sensible.
S'il risque d'avoir quelques prétentions injustifiées, ce-
lui-là du moins ne tombera pas dans l'orgueil, qui ne
cessera d'avoir présente à l'esprit l'absurdité fondamentale
et comme la monstruosité de cette passion. Etre orgueil-
leux, c'est ignorer; c'est ignorer d'abord combien nos
actions dépeiulent de notre tempérament, de notre corps,
lequel, par des lois nécessaires, dépend étroitement de
l'ordre total de la nature ; ce n'est pas seulement inécon-
iiaitre ce (pie nous devons à la nature, c'est ignorer de
plus ce que nous devons aux autres hommes ; iffaut avoir
le sentiment du peu (pi'ajoute un individu, fiit-il un gé-
nie, à la masse collective de la pensée qui se transmet à
travers les générations, et à laquelle contribuent les plus
humbles consciences, au moins pour une parcelle ; s'il est
vrai, enfin, (pie les hommes de bien, les artistes, les sa-
vants, font avancer la pensée humaine dans la voie du
bien, du beau et du vrai, (pi'est-ce donc (pii leur donne
cette puissance? Ce n'est certes pas ce qui en eux est re-
latif à leur individu, c'est l'eliicace et comme la grâce de
la pensée parfaite qui les soutient et les attire : l'orgueil-
leux, injuste envers la nature, envers la société, l'est en-
core envers Dieu. En vérité, il est injuste pour lui-même :
car il prétend adorer son moi, et il passe sa vie, qui est
si courte, sans se douter des merveilles infinies qui, de la
nature, de la société et de Dieu, affluent en lui-même î
Marcel KiiiWiLT.
Hiiii, : hnildtioii (le Jcsiis-Chrtsl. \)i).i^b,u\\ — 1)i;-(Ar i j:-,
Des ]}Ussion8 ^/e /Vn/fc, ;> partie, art ll'.J-l(i2 — Scinm/a,
DéfiintLon XXVIII, EUiuine, ^i" pai-tio
ORGUEIL. C-om. du dép. du Tarn-et-Garonne, air.
de Castelsarrasin. cant. de Grisolles; o"21 hab. Stat. du
cliem. de fer du Midi.
ORGYA (Entom.). Genre d'Insectes Lépidoptères-Hété-
rocères, de la famille des Liparides, établi par Ochsenhei-
mer {Schmett, Eut., 111, p. i208). Ce
genre est surtout caractérisé par l'atro-
phie des ailes chez les femelles. La trompe
est nulle. Les mâles, pourvus d'antennes
plumeuses ou largement pectinées, sont
très vifs et volent pendant le jour à la
recherche des femelles (pii ne peuvent se
déplacer. L'espèce type, très commune en
France, est l'O. (Notolophus) an ti-
qua L., FEtoilée. Le mâle a les ailes
antérieures d'un fauve brunâtre clair,
• traversées par des bandes sinueuses et
ornées d'une lunule blanche. La chenille est noire avec les
brosses jaunes ; elle vit en mai et août sur presque tous
les arbres forestiers et fruitiers. P. Tertrin.
ORGYIE. Mesure de longueur des Grecs, qui était la
centième partie du stade (V. ce mot).
ORIA. Ville d'Italie, ju'ov. de Lecce, sur une colline,
entre Brindisi elTarente; 8.000 hab. Aspect pittoresque.
Evêché. Château du moyen âge. C'est l'antique Hyria ou
Uria fondée par les Cretois.
ORIANDA. Propriété de la famille impériale de Russie,
située sur la côte méridionale de la Crimée, à 6 kil. de
lalta, près de Livadia. Nicolas [^^' l'acheta au comte
Koucheleff-Bezborodko pour en faire don à l'impératrice.
En 4894, Orianda a été restauré pour une somme de
*2 millions et demi en l'honneur de Nicolas IL
ORIANI (Le P. Barnaba), astronome italien, né à Ga-
regnano, près de Milan, le 17 juil. 17o2, mort à Milan
le hi nov. IHo'i. Il servit d'abord les ma(;(jns. Mais sa
vive intelligence frappa les chartreux d'un couvent voisin;
ils renvoyèrent au collège Saint-Alexandre, à Milan, et,
en 1776, peu après a^'oir pris les ordres, il entra comme
élève à l'Obsenatoire du collège Brera. Nommé deux ans
après astronome et tout de suite mis en vue par de re-
marcpiables travaux sur les mouvements de la lune publiés
Oi'^-tya aiiti({ua
l'emelle.
— 561 —
ORIANI — ORIBATES
dans les Effeîneridt di Milano, il entra en correspon-
dance régulière, à la suite d'un voyage en Angleterre et
en France (1786), avec les plus illustres astronomes de
l'époque, prit part à la mesure d'un arc du méridien et
à des opérations de triangulation pour une nouvelle carte
de la Lombardie, et, au début de l'occupation française,
fut chargé de réorganiser les universités de Pavie et de
Bologne (1801). Appelé ensuite à présider la commission
d'établissement du système métrique, puis nommé tour à
tour, par Bonaparte, membre du nouvel Institut italien,
directeur de l'Observatoire de Milan, comte, sénateur, il
procéda encore à plusieurs mesures d'arc de méridien, fut
confirmé en 1814 par le gouvernement autrichien dans la
direction de l'Observatoire de Milan et, jusqu'à sa mort,
continua à publier, dans les Effemeridi di Milano, d'im-
portants mémoires sur la lune, sur les comètes, sur le
mouvement des montres, sur la diminution d'obliquité de
l'écliptique, sur les réfractions astronomiques, etc. C'est
lui qui trouva, en calculant l'orbite de Gérés, que l'astre
découvert par Piazzi (V. Astéroïde) était une planète si-
tuée entre Mars et Jupiter. Il détermina, le premier aussi,
l'orbite d'Uranus. Il a publié à pirt quelques ouvrages,
notamment de remarquables Elementi di Trigonomeiria
sferoïdica (Bologne, 1806, in-8), traité tout de suite clas-
sique. Il était membre de la Société royale de Londres et
correspondant de l'Académie des sciences de Paris. Deux
statues lui ont été élevées, à Milan et à Brescia. L. S.
jBiBL. : A. Gabi3A, Elogio di Biivnahn Oriani; Milan, 1834.
OR I BASE, médecin grec du iv^ siècle de l'ère chrétienne,
né à Pergame, selon Eunape, ou à Sardes. Il fut le méde-
cin de l'empereur Julien, qui le chargea de composer un
Corpus de médecine comprenant tout ce que les anciens
médecins avaient écrit. Une partie de cet ouvrage fut compo-
sée en Gaule, probablement à Paris. Oribase accompagna Ju-
lien dans son expédition contre les Perses, où il trouva la
mort le 26 juin 363. La réaction chrétienne fut fatale à
Oribase, qui fut banni chez les ])arbares (probablement
vers le Danube). Plus tard, il put revenir et rentra dans
ses biens. La grande collection d'Oribasc (Suvaycoyal
laxpr/.oLi) ne nous est parvenue (|ue mutilée ; de ses
70 livres nous n'en possédons que le tiers, emiron
:2'2 livres, partie en grec, partie en traduction latine. Une
édition des œuvres dOribase a été publiée par Bussemaker
et Daremberg (1851-76, 6 vol. in-8). Oribase avait
écrit un abrégé de la grande collection, le Sj/}iopsis, en
9 livres, dédié à son fils Eustathius, et, de plus, les
Eiiporisfes, sorte de manuel de médecine populaire, en
{ hvres, dédié à Eunape. Nous avons des versions latines
du vi^ siècle de ces deux abi:égés. On lui a attribué à
tort un mauvais commentaire d'Hippocrate (Gf. Littré,
llippocraie). D^' L. ïL\.
ORIBATES. Zoologie. — Genre d'Acariens créé par La-
treille (1804) et devenu le type d'une nombreuse famille
iOribatidés) qui présente les caractères suivants : palpes
libres, tactiles, fusiformes, de cinq articles ; mandibules
en pinces (chélicères). Stigmates situés ((fuand les trachées
existent) à la base des quatre paires de pattes. Pattes de
cinq articles, munies de un à trois ongles et de ventouses,
propres à la marche et i)lus rarement au saut. Téguments
très durs seulement chez les adultes. Pas d'yeux ; le cé-
phalothorax porte une paire -lïorganes pseiidosfigma-
tiques, ainsi nommés parce qu'on les a pris longtemps
pour des stigmates : il est probable que ce sont des or-
ganes d'un tact spécial transmettant aux centres nerveux
les vibrations de l'air et peut-être les sons. Les larves
hexapodes ont des téguments mous, et ne présentent gé-
néralement qu'un seul ongle à chaque patte. Il y a trois
formes successives de nymphes, suivant le développement
des organes génitaux. Geux-ci sont situés à la face ven-
trale : le pénis du mâle est petit, tandis que Xovipositor
de la femelle très grand, invaginé au repos en doigt de
gant, saillant au moment de la ponte et termiué par trois
lobes hérissés de soies, a souvent été pris pour l'organe
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
mâle. Il existe des ventouses génitales dans les deux sexes.
Tous sont ovipares. Ges Acariens se nourrissent exclusi-
vement de sucs végétaux et vivent librement, ou en faux
parasites, sous l'écorce des arbres, au milieu des lichens
qui tapissent le tronc, ou à terre dans la mousse humide.
Leur taille varie de 1/2 à 1 millim. Les adultes sont or-
dinairement revêtus d'une carapace hémisphérique noire,
dure et brillante, qui les fait ressembler aux petits Goléop-
tères du groupe des Gryptophagides : tels sont les genres
Oribata alata (très grossi).
Oribata et Carabodes. D'autres, au contraire, ont des
formes anguleuses, des téguments ternes, à surface gre-
nue (Nothnis). Les pattes sont courtes et les mouvements
lents, sauf dans le genre Damœus oii les pattes sont très
longues. Les Hoplophora ont la faculté de rabattre leur
céphalothorax sur l'abdomen, en rentrant leurs pattes
comme les Tatous, de manière à présenter l'apparence
d'une boule inerte. Les larves et les nymphes ont des té-
guments mous, plissés, pâles ou rosés ; mais, pour se
protéger, elles gardent sur leur dos les plaques provenant
des mues précédentes : on les voit ainsi grandir en por-
tant une véritable pyramide de plaques, toutes de la même
forme et régulièrement im])riquées, la plus petite étant
en dessus comme la plus ancienne, et la plus grande en
dessous (Nothrus). Dans certaines formes qui sont pour-
vues sur les flancs de poils en feuilles {Leiosoma palmi-
cinctum, Tegeocranus latus, Cepheiis oceUaius), ces
couronnes de feuilles forment des verticilles superposés,
d'un aspect très élégant, cachant le rostre et les pattes,
de telle sorte que l'animal a tout à fait l'apparence d'un
végéta] : ce mimétisme et l'immobilité que garde la nymphe
au cours de ses mues lui permettent d'échapper à ses
ennemis. Dans le genre Damœus, les nymphes portent
sur leur dos une petite masse de boue, adhérente aux poils
dont cette région est pourvue et (pii constitue un moyen
de protection analogue. Ges Acariens ne s'attaquant qu'à
l'écorce des arbres, aux lichens et aux mousses, on peut
dire que leurs dégâts sont insignifiants. On ne les trouve
jamais sur les feuilles ou les fleurs.
La famille se subdivise en trois sous-familles : Ori-
l)aUnœ, yoihrinœ, Uoplophorinœ. La première est ca-
ractérisée par un céphalothorax ankylosé avec l'abdomen,
celui-ci étant pourvu de deux expansions en forme d'ailes
plus ou moins développées. Le plastron ventral est soudé
au plastron dorsal. Deux genres : Pelops et Oribata. Ge
sont les Oribatides les plus communs sous l'écorce des
arbres, bien reconnaissables à leur carapace noire, bril-
lante, hémisphérique. Les .Yof/irÏJUf^ sont dépourvus d'ex-
pansions aliformcs : leurs formes sont souvent anguleuses,
rappelant celles d'un parallélipipède {yotlirns), avec des
téguments ordinairement ternes, chagrinée. Les genres,
36
ORIBATES ■- ORIENTEUR
om
Liosoma, Cepheus, Scutovertex, Carabodes, Notaspis,
Bamœus, Hermannia, Eremœiis, Nothrus, Hypoch-
thonius prennent place ici. Quelques-uns sont a(iuatiques.
Le geiu^e Serrarius a les mandibules styliformes, et Ze-
torchestes saute à l'aide do ses pattes postérieures longues
et formant ressort comme chez les Altises. Les Hoplo-
phorinœ ont le céphalothorax mobile et susceptible de se
rabattre dans une cavité de l'abdomen ; le plastron ventral
n'est pas soudé au plastron dorsal. Les deux genres IIo-
plophora et Iritia composent cette sous-famille. — Les
Oribatides sont répandus dans toutes les contrées du globe.
E. Trouessârt.
BiBL. : Zoologie. — A.-D. Miciiaël, Bntish OfibisUdx
{Ray Societij)-^ Londres, 1887, 2 vol. avec pi.
ORIBATIDES (Y. Oribates).
ORICHALQUE. AlKage métallique cité par les anciens.
Hésiode et Platon le regardent comme un métal précieux.
Il était préféré au cuivre de Chypre (cuivre rouge). C'était
une variété de bronze, analogue à l'airain de Corinthe,
mais dont la composition exacte n'est pas connue. Au
moyen âge, ce nom a fini par s'appliquer à des variétés de
laiton. M. Berthelot.
ORI COURT. Corn, du dép. de la Haute-Stione, arr. de
Lure, cant. de Villersexel ; 447 hab.
ORIDRYUS (V. Bergeyck [Arnold van]).
ORIEKHOV. Ville de Russie, gouv. de Tauride, sur Ui
r. g. de la Konka ; 4.640 hab. La ville existe depuis 480 1 .
C'était primitivement le refuge des fu\ards, des serfs, des
insoumis et des Cosaques. Près d'Oriekhov se trouvait au-
trefois le centre important des Zaporogues, le Vélikii
Long. Oriekhov a plutôt l'aspect d'un grand village que
d'une ville.
ORI EL (Archit.). Petit oratoire domestique, assez fré-
quemment ménagé dans les riches habitations à l'époque
clu moyen âge, et qui consistait le plus souvent en une
petite tourelle, circulaire ou polygonale, construite en en-
corbellement, et dans laquelle le chef de famille ou un hôte
de distinction se tenait pour prier ou pour assister aux
offices. Il y avait quelquefois un autel dans l'oriel, et ce
n'est que plus tard, et par extension, que ce mot a été
appliqué à de petites tours de guet établies au-dessus des
portes d'entrée des châteaux ou aux emplacements projetés
de nos jours en saiHie sur le nu de la façade des maisons,
où ils continuent le vide des baies et croisées, et que l'on
appelle bay-window. Ch. Lucas.
ÈiBL. : J.-H. Parker, Glossaru of iircliitecture ; Oxfoi-cl,
1869, io-8, fig.
ORIENT (Astron.) (V Levant).
Compagnie d'Orient (V. Compagnk:, t. XII, p. 46"J).
Question d'Orient (V. Question d'Oriknt).
ORIENT (Joseph), pehiire hongrois, né en 4677, moj't
à Vienne en 4747. 11 s'adonna presque exclusivement au
paysage, où il s'est ])eaucoup inspiré de la nature pitto-
resc|ue du Tirol. Les musées de Vionie et de Stuttgart
possèdent quelques-unes de ses peintures.
ORIENTALE (Républi([ue) ou Banda orientale
(V. Uruguay).
ORIENTALE (Région). Régioji zooJogique tropicale qui
s'étend sur l'Inde, l'Indo-Chine, la Chine au S. du Yang-
tsé-Kiang, la Malaisie presque entière, Formose, Ceylan.
Elle est séparée de la région paléarctique par l'Indus,
l'Himalaya, la vallée du Yang-tsé-Kiang, de la région
australienne par la ligne de Wallace qui passe entre les
îles de Bali et Lombok, Bornéo et (^élèbes, contournant
au S. les Philippines. ]a*s subdivisions et les caractéris-
tiques de cette faune sont exposées dans l'art. Malaisie.
0 R I E NTATI 0 N . I. Astronomie. — Les méthodes d'orien-
tation varient avec le but qu'on chei'che et les moyens
dont on dispose. Lorsqu'on a besoin d'une indication pré-
cise, pour le placement d'instruments d'astronomie, par
exemple, ou dans des opérations de triangulation, ou re-
court à la détermination de la iiicvidienne par l'un des
procédés expliqués sous ce mot, t. XXIII, p. 74^2. On ^e
borne, au contraire, pour des levés topographiques à vue,
à faire usage d'une simple boussole : le N. est, à Paris, en
4898, à 4o° à droite delà pointe l)leue de l'aiguille (V. Dé-
clinaison), fji route, dans un pays mal connu, c'est encore
la boussole qui fournit les indications les plus précises ;
e]le a on outre l'avaiitage de pouvoir être employée à toute
heure et en tout temps. A défaut, on s'oriente avec une
approximation plus ou moins grande : jjar la carie, si
l'on y a deux points de repère, en se portant, si l'on n'y
est, à l'un de ces points ou sur la ligne imaginaire qui
les joint, et en les réunissant par une droite; par le so-
leil, en observant cjue la direction de l'ombre indi(pac
rO. à () h. mat., le N.-O. à 9 h. mat., le N. à midi, le
N.-E. à 3 h. s., ri^]. à 6 h. s., ou encore, si l'on i-este
en place aux environs de midi, avant et après que la bis-
sectrice de l'angle des deux ombres égales d'un même objet
est exactement dirigée vers le N. ; par la ïiiontre, en la
tenant horizontalemejit dans la main, Ja petite aiguille
dans la directioji de l'ombre de l'observateur et en me-
nant mentalement la bissectrice de cette aiguille et du
rayon allant du ot^ntre à Xll, laquelle donne sensiblement
la direction N. ; pa)' l'étoile polaire, qui est la dernière
de la Petite Ourse, sur le prolongement et à cinq fois la
distance des deux étoiles arrière de la Crande Ourse et
qui indique leN. (V. Constellation, t. Xll, p. G30) ;;;<'//■
la lune, qui, allant de l'L. à l'O. en passant par le S.,
est pendant son premier quartier (forme d'un D) au S. à
(i h. s., à l'O. à minuit, lorsqu'elle est plehie, à l'E. à
() h. s., au S. à minuit, à l'O. à 6 h. mat., pendant son
dd'iiier quartier (forme d'un \), à l'E. à minuit, au S. à
() h. mat. — La mousse des arbres est aussi un indice ;
elle est du côté de la plus grande humidité : le N.-O., en
général, dans nos régions. L. S.
IL Maihlmatioues. — Lue droite est orientée ou a
une orientation quand elle est censée parcourue par un
mobile marchant toujours dans le mémo sens, qui alors
est le sens de l'orieiitation. Ln segment de droite orien-
tée porte souvent le nom de vecteur. Ce segment a deux
extrémités, le point de départ du mobile qui la parcourt
est son origine, l'autre extrémité porte alors proprement
le nom d'extrémité du segment ou du vecteur.
IIL Archéologii': égyptienne. — Les Egyptiens s'orien-
taient en regardant le sud (pi'ils appelaient KJient, « le
pays en avant », tandis que i'iiiéroglyphe qui désigne le
nord signifie en même temps derrière, ce (jui est par
derrière. Par suite, le mot (jui exprime la droite expri-
mait en même temps Toccideiit, et c'est le mémo mot (jui
exprime la gauche et l'orient. Cette orientation peut être
constatée dans les actes d'adoi-ation des pyramides votives.
IV. xVuciuTLCTURE. — Dispositiou donnée aux édifices en
vue d'exposer ou non certaines de leurs pièces aux rayons
du soleil et d'éviter d'ouvrir des haies du côté où souf-
flent les vents chargés de pluie : ainsi, les chambres à
coucher et certaines pièces de réunion doivent être expo-
sées au midi, tandis que pour la cuisine, l'exposition au
N. est préférable. Pline le Jeune, dans la description de
sa villa le Laurenlin, montre la grande importance que
les anciens mettaient aux avantages que })rocurent cer-
taines expositions, ainsi que le charme d'agréables points
de vue. L'orientation a été de tous temps une règle suivie
dans la construction des édifices consacrés au cuite ; c'e^t
ainsi c|ue, le plus souvent dans l'antiquité, la porte d'eii-
Irée des temples était disposée de façon à ce que le soleil
levant frappât de ses rayojis l'intérieui' du temple et la
statue de la chvhiité, et, ^^i les premiers chrétiens n'obser-
vèrent pas cette règle de crainte d'iinitec une coutume
païenne, leurs architeclcs y revinrent à l'époque du
moyen âge. De leur côté, les musulmans orientent le
oiirhab (V. ce mot) de leurs mosquées vers la Meccpie,
afin que le croyant, qui se prosterne devant ce mirhab,
toucne sa face vers Dieu, qui se tient, croit-il, dans la
kasbali. (Charles Lucas.
ORIENTEUR (31at!i.). hn géomé(i-ie vectorielle et dans
le calcul des qualernioiis, le nom d'orienteur est souvent
56a
ORIENTEUR — ORIGÈNE
donné à un vecteur dont la grandeur est l'unité ; ce vec-
teur fixe alors une direction ou une orientation ; de là le
nom qu'il a reçu. Jùi choisissant une origine (juelconque
et en prenant trois unités rectangulaires Ïi,l2'^3' ^^^^ orien-
teur a pour expression a^Ij^ -f- «2^2 + ^3^3' ^^^ trois quan-
tités réelles aj^,a2,a3, coordonnées de l'extrémité, étant
assujetties à la condition a^^ + a^^ + cl^^ = 1.
ORIEUX. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. de
Tarbes, cant. de Tournay ; 254 hab.
ORIFICE (ïlydraul.) (V. Ecoulement des liquides,
t. XV, p. 516, et Jet, t. XXÏ, p. 143).
ORIFLAIVilVIE. Bannière de Fabbayc do Saint-Denis,
qui la conservait pendue sur le tombeau de son patron,
et prétendait la tenir du roi Dagobert. Si l'origine exacte
de l'oriflamme est inconnue, on ne connaît pas mieux sa
nature matérielle. Ce semble avoir été une pièce de forte
toile de soie ou cendal rouge feu, dont le champ fut, sui-
vant les époques, couvert de flammes et d'étoiles d'or, et
qui se portait soit fixée à une longue hampe dorée, soit
attachée au cou du porte-étendard. Celui-ci fut, de droit,
jusqu'au xii^ siècle, le comte du Vexin, avoué de l'abbaye
de Saint-Denis et chargé comme tel d'en défendre les biens
temporels. Mais, lorsqu'au commencement du xii® siècle,
le roi Louis le Gros acquit le comté du Vexin, il se trouva,
de fait, porte-étendard de Saint-Denis dont il fit porter
l'oi'iflamme à la bataille, avec la bannière de France. Cet
usage demeura en vigueur sous ses successeurs, et c'est ce
qui expHque en partie le cri d'armes des gens du roi :
Montjoye Saint-Denis ! sans que l'on soit porté à con-
sidérer comme exactes les figurations des manuscrits mé-
diévaux où l'on voit ce cri écrit en grands caractères sur
l'oriflamme. L'oriflamme est sigUcalée dans la Chanson de
lioland (CCXXIII) comme une bannière royale d'abord
appelée Jiomaine, puis Munjoie. Sans doute cette oriflamme
carolingienne, qui aurait été donnée à Charlemagne par le
pape de Rome, était fabuleuse. Quoi qu'il en soit, on
est porté à croire que, plus les oriflammes étaient d'un
type ancien, plus elles avaient de queues; leur coupe était
quadrangulaire et le ])ord libre, opposé à la hampe, dé-
chiqueté en double lambel, tandis que les oriflammes des
XI v^ et xv^ siècles sont à deux queues. 11 a dû exister des
confusions chez les auteurs anciens entre l'oriflamme, le
gonfanon du roi et la bannière royale bleue fleurdeUsée
d'or ; cette dernière, qui semble avoir été l'image de la
cape rehquc de Saint-Martin de Tours, était à l'origine
montée sur une grande hampe dorée, dressée sur un cha-
riot bardé de fer que tramaient des bœufs, tandis que le
gonfanon du roi était son drapeau personnel, dont les cou-
leurs variaient jusqu'au noir complet sous Charles VII;
il devint plus tard le drapeau royal (V. Drapeau).
Dans le rituel féodal et chevaleresque, le roy, premier
vassal de l'abbé de Saint-Denis, en tant que comte du
Vexin, fait hommage au saint avant que de prendre l'ori-
flamme qui, en temps de paix, ne quitte pas le tombeau
du saint. La cérémonie a un caractère avant tout sym-
bolique. Tote nue, la robe non ceinte, le roi a dû, à jeun,
faire ses dévotions à Notre-Dame de Paris , puis à Saint-
Denis même. La sainte bannière est alors remise au porte-
oriflamme qui doit communier avant que de la recevoir et
jurer de la défendre fidèleiuent. Mais celui-ci doit garder
le précieux dépôt roulé dans une custode pour ne l'en
sortir qu'au moment de la charge. La pièce de cejidai
vermeil, ornée, bordée de houppes de soie verte, est alors
fixée au bout d'une lance, ou bien le roi l'attache à son
cou et elle lui forme comme une robe d'armes. Cet usage
s'accorde avec celui de ne mettre les cottes armoriées et
de ne déployer les bannièi'cs qu'au moment de l'action,
coutume qui fut observée toujours pendant le xiv^ siècle.
Si on connaît mal ki luiture exacte de l'oriflamme, on con-
naît mieux son histoire, à partir du xiii^ siècle. On la
voit, en 43!28, portée à la batadle de Cassel par le sire
Miles de Noyers qui « estoit monté sur un grand destrier
couvert de hauber^erie, et tenait en sa main une lance
a quoi l'oriflamme estoit attachiée, d'un vermeil samit, en
guise de gonfanon, à trois queues, et avoitentour houppes
de verte soye » (Chroiique de Flandres, LXVII). On
remarquera que l'oriflamme du xiv^ siècle est bien différente
de celle du xin^ que Guillaume le Breton dépeint comme
une simple pièce de soie rouge, pareille à celles dont on
se sert pour les processions de l'église. Au reste, la forme
de l'oriflamme a beaucoup changé, elle posséda deux, trois
et même quatre queues suivant les temps, car bien qu'elle
eût le privilège de marcher, à la bataille, avant toutes les
autres bannières, elle n'avait pas ses bords libres entiers
comme ceux de la bannière royale. Sans doute, l'oriflamme
primitive fut souvent remplacée par des pièces plus neuves,
elle subit d'ailleurs des fortunes diverses et fut prise maintes
fois à la guerre. On a prétendu qu'elle disparut en 138^ à
la bataiUe de Rosebecque ; elle tomba aux mains des Anglais
à la journée de Poitiers, en 1356, où le porte-oriflamme
Geoffroy de Charny périt aux cotés du roi Jean. Elle semble
avoir eu une pareille fortune en 1415, à Azincourt, où elle
était tenue par le sire Martel de Bacque ville. On en trouve
encore des mentions plus tard ; ainsi les lleijistra Delplii-
nalia (1456) citent « l'auriflambe en guise d'un gonfanon
à deux queues, et tout autour houppes de soie verte », etc.
Une des dernières traces est fournie par l'inventaire du
trésor de Saint-Denis fait en 1536 par la chambre des
comptes ; on y lit : « un étendard de cendal fort épeais,
fendu par le miHeu, en façon d'un gonfanon, fort caduque,
enveloppé autour d'un bâton couvert d'un cuivre doré, et
un fer longuet aigu au bout. » L'oriflamme était déjà une
relique. Tout porte à croire qu'elle disparut des champs de
bataille après la guerre de Cent ans. Maurice Maindron.
ORIGAN {Onganuni]j.). Genre de Labiées, composé
d'herbes annuelles et vivaces, à fleurs environnées de brac-
tées imbri(|uécs, formant des épis tétragones. La calice,
quinquédenté, est ové, campanule, quelquefois bilabié;la
corolle est tubuleuse à ^ lèvres ; les 4 étamines dicly-
names sont ascendantes et écartées; l'ovaire quadrilobé est
surmonté d'un style terminé par ^ lobes stigmatiques.
Les espèces principales sont: 0. vidgare L., vivace, très
commun en Europe, dans les lieux incultes et sur la lisière
des bois ; on l'appelle iiiissi Marjolaine bdlarde, M. sau-
vage; ses propriétés sont aromati(pics, toniques et sti-
mulantes, grâce à une essence spéciale qu'elle renferme ;
on l'emploie en infusions (10 °/oo) à l'intérieur et en fo-
mentations à l'extérieur; — 0. DictaniusL., kDicla)nede
Crète, originaire de Crète et cultivé dans la région médi-
terranéenne ; on emploie ses sommités fleuries comme to-
niques, antispasmodiques et emménagogues en infusions
(8 à 30 ^/oo), en poudre (2 à 4 gr.) et en teinture au
quart (4 à 8 gr.) ; elles entrent aussi dans la composition
du diascordium, de la thériaque et de l'alcoolat de Fiora-
vanti ; — 0. MajoranaL. ou il/rtr/o/anit?, plante aromatique
de l'Asie moyenne, de l'Arabie et de l'Afrique septentrio-
nale, fréquemment cultivée dans nos jardins; sa poudre
est sternutatoire. On préparait jadis un onguent de mar-
jolaine avec du beurre. D^' L. Un.
0RI6ÈNE, philosophe chrétien de l'école d'Alexandrie,
né à Alexandrie en 185, mort à Tyr en !251'. Né de pa-
rents chrétiens, d'un tempérament ardent, il embrassa de
bonne heure le christianisme. Ouand son père, Léonidas,
fut emprisonné et, dans la suite, décapité durant la per-
sécution de "20:2, le fils l'exhorta à ne pas fléchir. La mère
dut cacher les vêtements du jeune homme pour l'empêcher
de se livrer lui-même aux exécuteurs. La fortune de Léo-
nidas ayant été confisquée, Origène donna des leçons pour
se nourrir lui-même et sa mère. Il suivait, en même
temps, les leçons d'Ammonius Saccas et étudiait Platon et
ses commentateurs. Vers la même époque, il reprit l'ensei-
gnement catéchétique sur la demande de jeunes gens qui
désiraient se faire instruire dans les doctrhies du christia-
nisme. L'évèque Démétrius confirma Origène dans cette
charge ; celui-ci fut ainsi, dès 203, le successeur des
grands maîtres de l'école catéchétique d'Alexandrie. (^Vst
ORIGÈiNE
564 —
à re moment que, dans mi accès d'exaltation, Origène se
mutila, ce qu'il ne tarda pas à regretter. En 21 1, il fit
un court séjour à Home; en 215, on le trouve en Arabie;
puis, vers i\6, pendant nne persécution dirigée surtout
contre les savants alexandrins par Caracalla, il se retira en
Palestine. Son ancien condisciple, l'évèque de Jérusalem,
Alexandre, ainsi que Théoctiste, évèque de Césarée, lui
tirent doimer des conférences dans leurs églises. Démétrius
d'Alexandrie s'en montra jaloux et rappela Origène à l'école
catéchétique. Ce premier mouvement d'humeur contre Ori-
gène mar([ue le conunencement de troubles qui empoison-
nèrent la vie du philosophe chrétien. — Les plus considé-
rables des ouvrages d'Origène furent composés pendant le
séjour à Alexandrie qui sépare le premier voyage en Pales-
tine du second. Un des amis d'Origène, Ambroise, lui payait
des tachygraphes, des secrétaires, des copistes, travaillant
sous ses ordres. Cela n'empêchait pas le savant de voyager.
Vers 226 probablement, la princesse Maniée le fit venir avec
une escorte d'honneur à iVntioche pour s'entretenir avec lui.
Sa réputation débordait au delà des cercles chrétiens. Aux
environs de 230, pas avant, Origène alla en Achaie, avec
l'assentiment de Démétrius, sans doute pour des confé-
rences contre des héréti(fues ; il passa par la Palestine où
ses amis Alexandre et Théoctiste l'ordonnèrent prêtre à
Césarée, peut-être pour parer à de nouvelles réclamations
de la part de Démétrius. Mais celui-ci s'en irrita, protesta
contre l'ordination et exclut Origène de l'Eglise d'Alexan-
drie, après l'avoir accusé d'insubordination et d'hérésie.
Origène se retira à Césarée en 231 . — « Ayant retrouvé
quelque sérénité », comme il le dit lui-même, après cette
crise douloureuse, Origène reiirit ses travaux littéraires
et fonda une école de tliéologie. Le plan d'étude, rensei-
gnement rare et précieux, a été conservé par Grégoire
Thaumaturge. Les élèves faisaient d'abord des études gé-
nérales et surtout de dialecti(|ue pour arriver à l'étude de
la morale. Puis, ils hsaient les philosophes et les poètes
grecs, pour passer de là à l'Lcriture sainte, dont l'étude
couronnait le tout. Dès le début, cela va sans dire, tout
l'enseignement était donné au point de vue chrétien.
Entre 235 et 238, au cours d'un voyage, Origène fut
arrêté pendant une persécution en Cappadoce. Vers 240,
il est à Athènes, et deux fois, après cela, il fut appelé en
Arabie. Il échangeait des correspondances avec l'empereur
Philippe. Quand, après le règne d(^. ce souverain, la per-
sécution de Dèce éclata (250), Origène fut emprisonné et
mis à la torture ; il ne fut pas exécuté et mourut à Tyr
dans sa soixante-dixième année.
Epiphane parle de 6. 000 œuvres httéraires rédigées par
Origène. Jérôme proteste et réduit ce chiffre à 2.000. Il
faut y voir l'expression de l'étonnement que l'activité lit-
téraire d'Origène produisait sur les générations posté-
l'ieures. De son vivant, d'ailleurs, on l'appelait Adaman-
tinos, « dur comme le diamant ». c.-à-d. inaccessible à
la fatigue. Parmi les travaux exégéti([ues d'Origène, il
faut distinguer les scholies, courtes remarques sur les
textes sacrés ; quehfues fragments seulement ont été con-
servés ; puis, les homélies ou explications prati(jues de la
Bible ; il en subsiste près de 200, dont les trois quarts
dans des versions latines seulement ; enfin, les commen-
taires proprement dits (rojjtot), « dans lesquels, au dire
de Jérôme, Origène déployait toutes les voiles de son génie
aux vents qui le poussaient, et, (|uittant la terre, s'avan-
çait en plein océan ». Sur l'Ancien Testament, il ne reste
que des fragments latois ; mais on possède encore le texte
de M livres, parmi plus de 30, sur Jean; le commen-
taire sur l'épltre aux Romains n'est complet que dans la
version latine, mitigée malheureusement, de Rufin. Comme
exégète, Origène n'ignore pas les règles d'une saine inter-
prétation grammaticale et historique ; mais il se laisse
souvent emporter par l'explication allégorique qui tire du
texte tout ce que l'imagination veut bien lui prêter. On y
trouve l'opinion d'Origène; il ne faut pas y chercher celle
de l'écrivain commenté. Origène a montré son sens cri-
tique par ses laborieuses recherches sur le texte biblique,
consigné dans les \o\mmnei\ses Hexaples (50 vol.) dont la
perte, sauf quehfues fragments, réunis d'abord par le P. Mo-
rin(Rome, 1587), puis par Montfaucon (Paris, 1713), en
dernier Heu par Er. Eield (Oxford, 1867-74, 2 vol. in-fol.), ne
peut être assez déplorée. La disposition de l'oiiyrage montrait,
en six colonnes synopti((ues, le texte hébreu, le même trans-
crit en lettres grecques, les traductions grecques d'Aquila,
de Syminaque, des Septante et de Théodotion, le tout avec
des signes critiques et des remarques. Parmi les oeuvres
philosophicpies et dogmatiques, la principale est le UboX
'Acywv, Des Principes, traitant, en 4 livres, de Dieu,
des créatures, de la liberté et de l'Lcriture sainte. La ver-
sion latine de Rufm donne seule le texte complet. 11 ne
reste que des fragments de 2 livres sur la résurrection et
de 10 livres de Stivniates (tapis tressés). Les 3 livres contre
Celsc sontquel({ue peu diffus, mais ont un très grand intérêt
historique. Il n'existe plus que 2 des traités pratiques
d'Origène, une exhortation à la constance dans le martyr
et un traité sur la prière. Des 4 livres Me lettres, 2 épitres
seulement et quehfues fragments ont été conservés.
Pour donner une idée du système philosophique d'Ori-
gène, il suffira ici de résumer sa pensée sur Dieu, sur la
chute et sur le rétablissement. La spéculation d'Origène
est dominée par le néoplatonisme II veut faire la phifoso-
pliie du christianisme ; en réalité, il ne se dégage guère
des spéculations cosmologi(|ues qui absorbaient alors l'atten-
tion des penseurs. On l'a fort bien dit. « toutes les théo-
ries d'Origène, même les plus imaginaires, représentent
l'état intellectuel et moral du siècle où il a paru ». Il pré-
tend tirer tous les éléments de sa pensée de TLcrilm-e
sainte ; mais il méconnaît entièrement le caractère histo-
rique de la Rible ; il projette en dehors du temps et de
l'espace tous les objets de sa connaissance religieuse. La
spéculation métaphysique est. pour lui la vraie religion ;
c'est le domaine de la gnose, de la connaissance ; le vul-
gaire peut se contenter des données historiques et de la
foi. Cela posé, Origène estime que l'existence du monde
des esprits créés postule l'existence d'une « source » de
tout être qui est Dieu, esprit éternel, pur, un et immuable;
mais, plus que les philosophes grecs, Origène parle de
Dieu comme d'un être personnel. En discutant les attri-
buts de Dieu, il ergote sur les bornes de la toute-science
et de la toute-puissance ; celle-ci est limitée par la volonté
de Dieu et ])ar une logi(|ue interne qui l'empêche de se
contredire; la toute-science est bornée par la liberté que
Dieu a accordée aux esprits. Puis(|u'il est bon. Dieu se
manifeste, se révèle; il le fait, par consé([uent, de toute
éternité. Etant donnée l'unité imnuiable de Dieu, il ne peut se
révéler à la pluralité ([ue par un organe dans lequel il se
reproduit en se dépouillant dans cet organe de sa propre « apa-
thie ». Cet organe révélateur est le logos (raison et verbe),
image parfaite de Dieu, une sorte de second Dieu (terme
néo-platonicien) en face du Dieu auToGsoç, coéternel avec
lui et de même essence. Le mode de création du logos est
« indescriptible » ; Origène n'emploie pas le terme d'éma-
nation ; il parle de génération, mais c'est une figure;
« comme la lumière est engendrée par le foyer lumineux. . . ,
comme la volonté procède de l'esprit », ainsi le Eils
est engendré par le Père. Le Père est la cause ; le
Eils, l'effet. Le Eils n'est plus absolument simple; il
représente l'inlermédiaire entre l'unité et la pluralité.
Tout le christianisme est déterminé par cette doctrine.
Logiquement, il sufïit que l'humanité soit informée, éclai-
rée : d'où l'importance de la connaissance (yvc5atç) ; la
rédemption n'est, en somme, qu'un élément rapporté, sotidé
à son système. De même, quand il parle du Saint-Esprit,
« créé par Dieu par l'intermédiaire du logos », c'est parce
(fue cette troisième hypostase de la Trinité existait dans
la tradition (hrétienne. La construction systématique d'Ori-
gène s'en serait passée. Ici surtout on constate combien
la spéculation d'Origène, un peu comme celle de Leibniz,
n'a pas été authenticpie, indépendante ; elle est asservie à
— 565
ORIGÈNE — ORÏOL
la nécessité d'englober une tradition existante. On voit
ainsi d'admirables audaces se briser soudain contre un
conservatisme étrange. C'est à la fois le défaut capital de
la philosophie d'Origène et l'imperfection de son christia-
nisme. Comme chrétien, il n*a pas osé s'affranchir des
données de la traditiori chrétienne, et, comme philosophe,
il n'a pas été capable d'assimiler quel([ues-uns des plus
importants éléments du christianisme historique. Enfin,
pour revenir à la théorie d'Origène, le logos a produit un
grand nombre d'esprits ou « créatures raisonnables »,
dont le caractère essentiel est le devenir. Elles sont libres.
Plusieurs se sont développées, contrairement à l'intention
divine. — On arrive ainsi au deuxième point capital du
système d'Origène, sa doctrine de la chute et de ses con-
séquences. Pour ramener les esprits dévoyés, tombés, le
monde sensible a été créé. Les esprits y ont été incarnés
et doivent s'y purifier, une affinité accidentelle de l'origé-
nisme avec le bouddhisme. Pour Origène, le mal n'a pas
de réalité ; il ne saurait être éternel ; maliim est bono
carere; le mal est un oùx ov ; il n'a pas d'existence en
soi. Les hommes sont des esprits déchus et incarnés;
Tàme est une sorte d'esprit « refroidi, figé », un élément
spirituel, emprisonné dans la matière. Tous les hommes
sont donc, à 'priori, des pécheurs ; le monde est comme
une grande maison de correction. — Voilà les prémisses
du plan de la rédemption. On voit ([u'Origène, au heu de
parler de rédemption, aurait pu se contenter de décrire le
rétablissement de l'ordre troublé par la désobéissance des
esprits. Le mal n'étant pas irrémédiable, il suffit d'ins-
truire les hommes pour les ramener à Dieu. C'est ce qui
s'est fait par les diverses incarnations d'esprits purs (les
prophètes), envoyés par le logos à l'humanité, incarna-
tions couronnées par celle du logos lui-même. Origène
reconnaît — c'est la conséquence correcte de ses pré-
misses — que la prédication du logos aurait sufïi pour les
honnnes supérieurs ; mais pour les esprits trop matéria-
lisés, il a faUu une dononstratio ad oculos : le logos
s'est sacrifié pour éveiller l'attention des hommes gros-
siers. Mais Origène revêt tout cela de formules bil)li([ues
dont son système répudie le sens historique. Du reste, le
vrai rétablissement n'est pas opéré par le logos ; c'est la
mort de cha({ue homme qui le dématériahse et dégage son
esprit. L'eschatologie chrétienne est défait supprimée. Par
contre, la correction et les progrès continuent, après la
mort, pour ceux qu'une première incarnation ici-bas n'a
pas suffisamment éclairés. Origène est le premier docteur
qui parle d'un feu purifiant, ce qui est devenu, dans l'évolu-
tion du dogme catholi(|ue, le purgatoire. Finalement, tous
les esprits seront affranchis du mal qui ne sera plus.
L'œuvre d'Origène est le premier et le plus remar-
quable des essais tentés avant le moyen âge de fusionner
en un système les données du christianisme et les résul-
tats de la spéculation philosophique de l'hellénisme. Le
gnosticisme avait poursuivi le même but(V. l'art. Gnosti-
cisme) ; tous ces essais informes furent supplantés par la
philosophie d'Origène. Origène marque donc la fin du gnos-
ticisme. Pendant plus d'un siècle, la pensée d'Origène, sa
conception du christianisme, domina l'Eghse, en partie
même en Occident. Après cela, elle défraya pendant des
siècles les disputes théologiques ; et ceux qui condamnèrent
au concile de Constantinople, en 533, l'origénisme, ne
comprenaient plus combien ils étaient eux-mêmes des dis-
ciples d'Origène. F. -H. Krùger.
BiBL. : La seule édition complète des œuvres d'Ori.uène
est encore toujours celle du Père de La Kuk, Paris,
1733-59, 4. vol. in-fol., réimprimée par Lommatzsch, à
Berlin, 1831-48, 25 vol. in-8, et par Migne, Patrologie, série
grecque, t. XI-XVII. — Huet, Origeniana, au 4'' vol. de
l'éd. de La Rue, t. XXII-XXIV de celle de Lommatzsch. —
Thomasius, Origenes ; Nuremberg-, 1837. — E.-R. Rede-
PENNiNG, Origenes, eine Darstellung seines Lehens und
seiner Lehre ; Bonn, 1841-46, 2 vol. — J. Denis, la Philoso-
phie d'Origène ; Paris, 1885.
ORIGINE (Math.) (V. Coordonnées). — Origine des
temvs. C'est le moment à partir duquel on compte le
temps soit dans le passé, soit dans le futur. — Origine
d'une droite. C'est celle de ses extrémités à partir de
laquelle on la suppose parcourue lorsqu'elle est orientée.
ORIGNAC. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. et
cant. de Bagnères-de-Bigorre ; 49"2 hab.
ORIGNE. Com. du dép. de la Gironde, arr. de Bazas,
cant. de Saint-Symphorien ; 233 hab.
ORIGNÉ. Com. du dép. de la Mayenne, arr. et cant. de
Château-Gontier ; 361 hab.
ORIGNOLLES.Com.du dép. de la Charente-Inférieure,
arr. de Jonzac, cant. de Montlieu ; 727 hab.
ORIGNY. Com. du dép. de la Côte-d'Or, arr. de Chà-
tillon, cant. d'Aignay-le-Duc ; 402 hab.
ORIGNY-en-Thiér.\che. Com.- du dép. de l'Aisne, arr.
de Vervins, cant. de Hirson ; 2.573 hab. Stat. du chem.
de fer du Nord. Vannerie fine. Eglise fortifiée des xiv® et
xvi*^ siècles.
0RI6NY-LE-BuTiN. Com. du dép. de l'Orne, arr. de
Mortagne, cant. deBellème; 248 hab.
ORIGNY-LE-Roux. Com. du dép. de l'Orne, arr. de
Mortagne, cant. de Bellème ; 504 hab.
ORIGNY-le-Sec. Com. du dép. de l'Aube, arr. de No-
gent-sur-Seine, cant. de Romilly; 826 hab.
ORIGNY-Sainte-Benoite. Com. du dép. de l'Aisne, arr.
de Saint-Quentin, cant. de Ribemont, sur la rive g. de
l'Oise et le canal de la Sambre à l'Oise ; 2.549 hab. Stat.
du ch. de fer du Nord. A Mont-d'Origny, port sur le ca-
nal ; transport de matériaux de construction, de charbons,
d'engrais et de produits agricoles. Carrières de pierre de
taille. Fabriques de châles et d'étoffes légères, barèges,
linons, gazes, batistes. Distillerie agricole, sucrerie, scierie
mécanique, brasserie, fabrique de chicorée, moulins, van-
neries. Le village s'est formé autour d'une ancienne abbaye
de femmes établie à l'époque mérovingienne auprès du
tombeau de sainte Benoite, martyre du iv^ siècle.
ORIHUELA. Ville d'Espagne, prov. d'Alicante, sur la
Segura ; 25.000 hab. Evèché, cathédrale gothique. Si-
tuée au miheu d'une riche huer ta et de beaux bois de
palmiers, elle est un marché de fruits, de soie, de chanvre.
Filatures et tissages de soie et de toile. On y fabrique des
chapeaux, du savon, du salpêtre.
GRILLON (Fortification). On donnait ce nom à un pro-
longement de la face du bastion faisant saillie sur le
flanc adjacent : en D, en C, en M, dans la fig., t. V,
p. 678. Il affectait tantôt la forme d'un bourrelet, tantôt
celle d'un pan coupé. Employé dès 4550 par les ingé-
nieurs italiens, il se retrouve dans les premières places
fortes construites par Vauban. On y a depuis renoncé
parce qu'il gêne les feux des flancs.
ORIN. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr. et cant.
(0.) d'Oloron; 264 hab.
ORINCLES. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr.
de Tarbes, cant. d'Ossun ; 544 hab.
ORIOL-en-Royans. Com. du dép. de la Drôme, arr.
de Valence, cant. de Saint-Jean-en-Royans ; 528 hab.
ORIOLouAURIOL (Pierre) (Petrus Aureotus), sur-
nommé Doctor abundans et Doctor facundiis, moine
franciscain qu'il ne faut pas confondre avec Pierre de
Verberie (Hauréau, pp. 345 et suiv.), et qui mourut en
4324, au moment oti, en raison de la célébrité que lui
avaient acquise ses leçons publiques, il était appelé à
l'archevêché d'Aix. C'est un précurseur de Guillaume
d'Occam, un adversaire des entités universelles, genres,
espèces, matière première, défendues par son confrère,
Duns Scot, un adversaire de F. Thomas, pour qui la re-
cherche du principe d'individuation est une question vaine,
pour qui il n'y a pas d'entité subjective ou de forme
réelle sur laquelle s'exercerait la pensée, mais seulement
des individus et des concepts qui sont les objets eux-
mêmes en l'état d'être intentionnels. F. Picavet.
BiiîL. : Pétri Aureoli, Comment, inquatuor libros sen-
tentiarum et Quodlibeta ; Rome, 1576-1605, 4 vol., in-i*ol. —
Hauréau, Histoire de la philosophie scolastique, II, 2,
ORfOL — ORLAMUNDE
->- r>66 —
PI). 315-320. — Praktl, Gesch. der Logilt im Abenlande,
p. 319-327.
ORIOLLES. Corn, du dép. de la Cliaroiile, aiT. de
Barbezieiix, canl. de Rrossac ; 375 hab.
ORIOLUS (Ornith.) (V. Loriot).
ORION. Com. du dép. dos Basses-Pvi'éuées, arr d'Or-
thez. cant. de Sauveteri'C ; 351 hab.
ORION. 1. Mythologie (Op^wv) . Héros mythique
de Béotie, fils dliyrieus, roi d'IIyria, géant et chasseur
renommé. D'antres versions en font un hls de la Terre ou
de Poséidon et d'Euryale. On montrait sa tombe à Tana-
gra. Venu à Chios (Ophiusa), il s'éprit d'^Ero ou Mérope,
tille d'OEnopion, purgea File des bêtes féroces dont il lui
offrit les dépouilles. Le père différant sans cesse le ma-
riage, Orion pénétra de force dans la chambre de Mé-
rope ; mais OEnopion invocpia l'aide de Dionysos cpii en-
dormit le héros ; il fut, durant son sommeil, aveuglé par
OEnopion. Pour recouvre)' la vue, un oracle lui ordonna
d'aller vers l'E. et d'exposer ses yeux au soleil levant. R
vint à Lemnos, oii Héphaistos lui donna pour guide Cé-
dalion. Ayant recouvré la vue, Orion cherche son ennemi
sans le trouver et passe en Oréte, où il vit en chasseur avec
Artémis. La légende Cretoise le fait mourir de la piqûre
d'un scorpion envoyé par la Teri'e, effrayée de voir le
chasseur méditer l'extermination de tous les animaux.
Yne autre version faisait d'Oi'ion l'amant d'Eôs (Aurore),
victime de la coh^'i'e des dieux (pu le font percer d'une
ilècho ])ar Artémis ; ou bien il est aimé de cette déesse
elle-même, (pii le tue involontaii'ement par une rus(^
d'Apollon, ou encore pour se débarrasser dosa poursuile.
Pindare rapporte un mythe différent, d'après hnpiel Orion
aurait poursuivi cinq ans h^s fdles de Pléione, les Pléiades,
qui, pour lui échapper, finirent par obtenir de Zcus d'être
placées parmi les étoiles. -— Quoi (ju'il en soit de ces
mythes, la conclusion est toujours qu'après sa mort Orion
est transporté dans le ciel pour former la constellation qui
garde son nom ; son chien Sirius l'y accompagne. Ses
filles Menippe et Metioehe se sacrifient pour préserver la
Béotie d'une peste et sont changées en comètes. A.-M. B.
IL AsTiîONOMiE (V. Constellation et Nébuleuse).
ORION ('Dpt'wv), grammairien grec, de Thèbes en
r'gypte, vivait vers le milieu du v^ siècle. R enseigna sur-
tout à Césarée et à Constantinople, oii l'impératrice Eu-
doxie, femme de Théodose R, suivit ses leçons. R lui dédia
un recueil de sentences ( 'AvÔoXdytov yvajjjiwv) dont nous
n'avons que très peu. Il est aussi l'auteur d'une compi-
lation (IlEpl £Tu(j(.oXoyiwv) en forme de lexique, qui a servi
de liase aux trois étymologiques (hi moyen âge, VElynio-
logicum Magnum, VEtij}n. Gadinmnn et le Suvaycoy/j
XeÇswv de Zonaras. L'intérêt de ces ouvrages n'est pas
dans la recherche des étymologies, mais dans les rensei-
gnements qu'on en tire sur l'histoire de la grammaire en
Grèce, ainsi que dans les exemples d'auteurs qui y sont
conservés. A.-M. Desrousseaux.
OR I PEAU. On donne ce nom aux feuilles de laiton
battu, polies et brillantes, qui de loin imitent l'or (V. Lvi-
TON et Clinquant). Il s'emploie aussi, par extension, pour
désigner toute étoffe ou broderie de faux or ou de faux
argent.
ORIS-en-Rattier. Com. du dép. de l'Isère, arr. de
Grenoble, cant. de Valbonnais; 265 hab.
ORISSA (Côte d'). La côte d'Orissa (sanscrit Ordra)
est une division de la présidence du Rengale, compre-
nant 23.446 kil. q. et 4.047.352 hab.', auxquels il
faut ajouter 17 principautés tributaires avec 39.333 kil. q. ,
et 4.696.710 hab. La province est une région alluviale
où se réunissent les deltas des fleuves Mahanadi, Brah-
mani et Baïtarani ; en arrière, les Etats tributaires
occupent une région de c(dlines granitiques qui s'éten-
dent jusqu'à 960 kil. de la côte, vers la vallée du Gange
(ait., 900 m.), revêtues de vastes bois. La chute d'eau
annuelle varie de 1.400 à 1.850 millim., provoquant
des crues formidables qui entretiennent les fièvres, le
choléra, etc. La population est presque entièrement hin-
doue, sauf 1 33.000 sauvages des Etats tributaires (V. Lxue).
Le dialecte hindou dominant est l'oriya. Le ch.-l. est
Kattak ; le principal porl , Balassor ; le centre religieux le
plus fameux, Pouri. — La dynastie ])ouddhiste d'Orissa fut
évincée, dès le v'^ siècle av. J.-C, par une dynastie brah-
mane; les musulmans conquirent le pays au xvi^ siècle,
les Marathes en 1751. les Anglais en 1803 (V. Inde
t. XX, p. 673).
IkBL. : lIuNTER, Orisso, ; Londres, 1872, 2 vol. — Rajkx-
dralala Mitra, TJie Anti([uUies of Orlssa ; Calcutta, 1875-
80, 2 vol. — SuTTON, Gnimmnr of Oviyti himjuage ; Cal-
ci itta, 183L
ORiST. Com. du dép. des Landes, arr. de Dax, cant.
de Peyrehorade; 750 hab.
ORISTANO. Ville d'Italie, prov. de Cagliari (Sar-
daigne), à 6 kil. du golfe d'Oristano, sur la côte 0. de
file; 7.000 hab. Archevêché. Cathédrale du xvii^ siècle.
Son port est Girui Torre. Oristano fut depuis 1109 ca-
pitale d'un mai'cpiisat qui passa aux rois d'Lspagne.
GRITHYIE ('Op£''0'jia), princesse mythicpie'de Grèce,
iiKe d'Erechthée et de Praxitliea, enlevée par Borée sur
les rives de Lllissus ; elle eut de hii C[éopà!re, Chioné,
Zetes et Calais.
ORIVAL. Com. du dép. de la Charente, arr. de Barbe-
zieux, cant. de Chalais; 258 liab.
ORIVAL. Com. du dép. de la Seine-fiiférieure, arr. de
Rouen, cant. d'FJbeul'; 1.290 hab. Stat. du chem. do
fer de l'Ouest ; port sur la Seine. Ruines d'un château
attribué à Richard Cipur de Lion.
ORIVAL, Com. du dép. de hi Somme, arr. d'Amiens,
cant. d'Rornoy; 270 hab.
ORIZABA (aztèque Citlalfc'pcll). Célèbre volcan du
Mexique (V. ce mot, t. XXRI, p. 869), qui dresse à LL.
de l'Anahuac sa magnifique pyramide de 5.150 m. Il
sommeiHe depuis 1566. R a été gravi en 1816. La limite
des neiges est à 4.300 m.
ORIZABA. Ville du Mexique, ch.-l. de l'iLtat de Vera-
Cruz, à 28 kil. S.-E. du pic d'Orizaba. etl.227 m. d'alt.,
sur le chem. de fer de Vera-Cruz à Mexico ; 25.000 hab.
La force hydraulique y actionne de nombreuses usines :
cotonnades, papeteries, sucreries, minoteries, ateliers de
chemin de fer.
Racine u'Orizaba (V. IeoM.E\).
ORIZZONTE. Surnom du peintre Jean-François Van
Blanuen (V. ce nom).
ORJIVA. Ville d'Espagne, prov. de Grenade, au S. de
la sierra Nevada, dans les Alpujarras ; 5.000 hab. Belle
église.
0 R K H 0 N . Rivière de Mongolie (Asie orientale) . Elle prend
sa source dans les monls Soubour-Khair-Khan, qui bordent
au X. le désert de Gobi; ses principaux afll. de dr. sont
la Tola, grossie de la Korotchka, et' la Khara-Gol. L'Or-
khon, a])rès un coui's d'environ 160 kil., se je! te dans la
Sélenga. qui alimente le lac Baïkal.
ORKNEY (V. OucADEs).
OR LAC (Austore d'), troubadour français de la fin du
XIII® siècle. On ne connaît de lui qu'un Sirvenle où il
déplore les malheurs de saint Louis et de ses compagnons
en Terre Sainte.
OR LA M. Tribu hottentote de l'Afrique australe. Elle a
émigré du S. au N. du fleuve d'Orange et, sous la con-
duite du chef Afrikander et de son fils Jonker, opprimé
les Damaras. Les Orlam sont répartis sur divers points
du Grand-Xamaqualand, dans la colonie allemande du
Sud-Ouest africain .
ORLAM UN DE. Ville d'Allemagne, duché de Saxe-Alten-
burg, au confluent de la Saale et de l'Orla (affl. dr.) ;
1.429 hab. Ruines de l'enceinte, de l'abbaye et du châ-
teau. — Les comtes d'6>r/«??2zmr/<? remontent à Wilhelml''^^
de Weimar (f 963). A la mort d'Otton (1039-67), le
comté passe aux Rallenstedt, annexe Weimar (1112), est
acquis par Albert l'Ours (1140). La ville fut annexée à
567 —
ORLAMONDE — ORLÉANS
la Tliiiringe en 1346 et la seconde famille d'Orlamiinde
(branche de Lauenstein) s'éteignit en 1486.
BirîL. : Jovius, Chronih cier Grafen von Oïlamimde ;
Leipzig, 1886. — REITZE^'STl•.IN, llcyesten cler Gro.fen von
Orlamilnde ; Baireuth, 1871.
ORLANDINI (Niccolo), historien jésuite italien, né à
Florence en 'ioo4, mort à Rome le 27 mai 1606. 11 fut l'un
des secrétaires généraux de son ordre, publia les Annuœ
litterœ Soc. Jes., de 1583 à 1587, et rédigea VHisto-
Ha Soc. Jes. , pars 1^ sive Ignatiiis (Rome,lêl5,in-fol.)
publiée par le P. Sacchini.
OR LE et ORLET. I. Architecture. — Petite moulure
plate, listel ou filet, qui se trouve placée à différents en-
droits d'une ordonnance classique : ainsi, au bas du fût de
la colonne et à sa jonction avec la base. L'orle s'appelle
aussi ceinture; tandis que, servant de support à Féchine
ou aux oves d'un chapiteau, l'orle porte encore le nom de
colarin et qu'enfin ce nom d'orle est plus spécial an listel
qui borde le contour de la volute ionique. On appelle orlel
le listel de couronnement d'une cimaise. Ch. Lucas.
IL Art iiérajjjtque. — Pièce honorable de second
oi'ih'e, ([ui sert souvent do ])risure. Kilo suit les contours
do l'écu dont elle ne s' écarte ({ne d'une distance égale à sa
])ropre largeur. On dit aussi des pièces rangées dans le
sens de l'orie qu'elles sont mises en orle. Lorsque l'orle
est arrondi, il prend le nom iWwle rond au cycUunor.
ORLÉANAIS. La dénomination d'Orléanais, qui est à la
fois celle d'un ancien pays do la France et d'une région
naturelle, est devenue, aux derniers siècles, celle d'une
province française beaucoup plus étendue que l'Orléanais
proprement dit. L'ancien Orléanais (pagiis Aurelianensis)
occupaitlesdeuxrives de laLoire entre laBeauce (paysChar-
train et Ltampois) au N., le Gàtinais à LE., le Borry au S.,
leBlésois et le Vendômois à ri^].Il était plus étendu que la
région naturelle de l'Orléanais, puisqu'il comprenait la So-
logne. Au point dé vue ecclésiasticpie, il constituait le diocèse
d'Orléans. Compris à la tin de répo([ue carolingienne dans
les domaines de la famille capétiemie, il resta dans le do-
maine royal lors de l'avènement au trône de Hugues Ca-
pot, et son histoire est celle du domaine royal. \i\\ 13^4,
Philippe do Valois en forma un apanage avec titre de du-
ché pour Philippe, son cinc|uième tils, qui mourut on 1375
sans postérité légitime. Quelques années plus tard (1392),
il fut concédé avec le même titre à Louis d'Orléans, frère
de Charles VL auquel succéda Charles d'Orléans (1407-
65). Son fils, Louis, qui lui succéda, arriva au trône de
France en 1 498 et réunit de nouveau le duché d'Orléans
à la couronne. Une troisième fois, en 1626, \\ fut donné
au frère do Louis Xlïï, Gaston. Aussitôt après la mort de
ce dernier (1660), Louis XIV rétablit le duché en faveur
do son frère Philippe, aufjuel succéda, en 1701, son fils
Philippe, qui devint régent de France sous Louis XV. 11
laissa le duché d'Orléans à son fils, Louis (1723-52), au-
(piol succédèrent Louis-Philippe (1752-85), puis son fils
du même nom, Louis-Philippe-Joseph dit KgaHté (1785-
93). A la Restauration, le titre de duc d'Orléans fut ré-
tabli pour le fils de Philippe Egafité, devenu roi en 1830
sous le nom de Louis-Philippe. Lui-même attribua le
titre de duc d'Orléans à son fils aîné, Ferdinand, mort en
1842. De nos jours, le fils du comte de Paris a pris le
titre de duc d'Orléans. Il est à peine besoin de dire que
dès le XVII® siècle le duché d'Orléans n'avait plus aucune
autonomie. Il était compris dans le gouvernement mili-
taire de l'Orléanais qui se composait, outre l'Orléanais
proprement dit, de la Sologne, de la Beauce, du Dunois,
du Vendômois, du Blésois, do partie du Gàtinais et du Perche.
La généralité d'Orléans ne se confondait pas absolument avec
le gouvernement d'Orléanais ; eWe comprenait les douze
élections d'Orléans, de Pithiviors, de Beaugoncy, de Mon-
targis, de Gien, d& Clamecy, doBlois, de Romorantin, de
Dourdan, de Chartres, de Châteaudun et de- Vendôme.
ORLclANISTES. Parti politique français attaché à la
lortune de la famille d'Orléans. Il apparaît à la Révolu-
tion française et poursuit la substitution de la branche
cadette à la branche aînée des Bourbons, réalisée en 1830.
Après 1848, les orléanistes persistent à côté des partis
républicain, bonapartiste et légitimiste. Recrutés surtout
dans la bourgeoisie, ils ont eu une certaine importance
parlementaire. A V Assemblée nationale (V. ce mot) de
1871, ils étaient nombreux, mais leurs sympathies cléri-
cales, leurs exigences pécuniaires leur afiénèrent l'opinion.
Le comte de Chambord n'ayant pas d'héritiers, les princes
d'Orléans négocièrent une fusion pour s'assurer sa suc-
cession et l'appui ultérieur des légitimistes. Beaucoup de
libéraux les abandonnèrent pour s'unir au parti républi-
cain modéré. Le parti orléaniste s'est, depuis la mort du
comte de Chambord (24 août 1883), confondu avec le parti
royaliste. ***
ORLÉANS. Ch.-l. du dép. du Loiret, sur la rive droite
de la Loire; 63.705 hab. Stat. des chem. de fer d'Or-
léans et de ri^^tat. Evêché suffragant de Paris, grand et
petit séminaires ; neuf paroisses catholiques ; nombreux
couvents; église réformée consistoriale ; cour d'appel;
lycée de garçons; nombreux établissements libres d'ins-
truction ; école municipale professionnelle ; institutions de
sourds-muets; cours de dessin, d'architecture, de mode-
lage, de coupe de pierres; laboratoire de chimie agricole ;
bibliothèque publique, musées de peinture, de sculpture,
d'antiquités, historique, d'histoire naturelle, de Jeanne
d'Arc. Jardin botanique. Théâtre. Chef-lieu du 5® corps
d'armée. Manufacture de tabacs. Sociétés archéologique
et historique ; des sciences, belles-lettres et arts ; des amis
des arts et arts appKqués à l'industrie ; académique de
Sainte-Croix ; d'agriculture et d'horticulture. Chambre
de commerce. Bourse. Prison départementale; prison
militaire. Hôpital général; hospice d'aliénés; orphelinats
catholique et protestant.
Fabriques de couvertures de laine, de couvre-pieds, de
bonneterie do coton et de laine ; fonderies de fonte, de
cuivre, do fer ; ateliers do constructions mécaniques ; Iré-
fileriedefer; fahri(pies de grosse chaudronnerie, de clous
et de rivets ; serrurerie artistique, fonderie de cloches;
fabrique d'acido sulfuriquo, d'alcool à brûler, d'eau de
Javel, de vinaigre, de vernis. Confitures dites Cotignacs ;
fabriques de balais, de billards, de biscuits, débouchons;
construction de bateaux ; briqueteries^ et tuileries ; fa-
bricpies de chandelles, de savons, de parfumerie ; chamoi-
serios ; chapelleries ; fabriques de cascpiettes ; corderics;
fabriques de cercles, de chocolat, de cire, de courroies,
de conserves alimentaires, de cotons cardés, d'épingles à
cheveux, do faionces et de porcelaines ; confiseries ; ma-
nufactures de confections ; huileries ; fabri(pies d'engrais ;
de formes pour chaussures ; de machines à coudre, de
râpes, do limes, d'outils de menuiserie, de meubles de
jardin; mégisseries ; tanneries ; imprimeries ; fabricfues
do parapluies ; do papier, de carton, de pâtes alimen-
taires, de sacs en papier ; scieries mécaniques ; taillande-
ries. — Le commerce consiste surtout en laines de la
Beauce et de la Sologne, vins de l'Orléanais, céréales,
vinaigres, eaux-cle-vie, sucre, safran, bestiaux, fromages
d'Ohvet, volailles, sel, bois de construction. Importante
culture maraîchère. Pépinières d'arbres fruitiers et fores-
tiers et surtout de rosiers.
Histoire. — Les savants sont aujourd'hui à peu près
unanimes à penser qu'Orléans occupe remplacement de
l'ancien Genabuni, centre commercial des Carnutes que
l'on a longtemps prétendu identifier avec Gien. A l'époque
de la conquête do la Gaule par Jules César, l'importance
commerciale de Genabum y avait déjà attiré un grand
nombre des négociants de la Narbonnaise. Impatients du
joug que venaient leur imposer les Romains, les Carnutes
profitèrent d'un jour de marché pour massacrer tous
les Romains qui s'y trouvaient. Ce fut le signal du
grand soulèvement de l'an 52 av. J.-C. César marcha
contre la ville, s'en empara, la saccagea et n'y laissa que
des ruines. Elle était reconstruite un siècle plus tard et
ORLÉANS
568
conservait son ancien nom de Genalnim. Plus tard, un
empereur, Marc-Aurèle ou Aurélien. lui attribua son nom :
ce fut probablement alors qu'elle devint le chef-lieu d'une
partie démembrée de la cité des Carnutes. qui prit avant la
fin du ni® siècle le rang de cité distincte, et par suite, lorsque
l'Eglise catholique s'organisa en Gaule, fut le siège d'un
évèché. Au v^ siècle, Orléans subit les chocs successifs des
invasions barbares; en 43 1, les Huns d'Attila, arrêtés
d'après la légende par l'évêque saint Aignan, devenu pa-
tron de la ville, furent repoussés par le patrice Aétius;
en 471, les Saxons d'Odoacrc auraienl également subi un
échec ; en 498 enfin, les Francs de Clovis s'emparèrent
d'Orléans. A la mort de Clovis (Sll). la ville d'Orléans
devint la capitale du royaume qui fut attribué à son se-
cond fils Clodomir. Celui-ci ayant été tué par ses frères
en 524, ceux-ci se partagèrent ses Etats. Après la mort
de Clotaire P^', le royaume d'Orléans fut reconstitué, et,
annexé au royaume de Bourgogne, échut à Contran (567-
573), après lequel il cessa d'avoir une existence propre
et fut compris dans la Neustrie. Sous les Carohngiens,
Orléans fut en butte à diverses reprises aux attaques des
Normands; repoussés une première fois, grâce à la résis-
tance organisée par l'évêque Agius, ils revinrent en 855
et en 895, et chaque fois saccagèrent la ville et en dé-
truisirent les monuments. Vers ce temps l'Orléanais entra
dans les possessions de la famille Robertienne, et Orléans
devint, depuis Tavènement de Hugues Capet, et demeura
jusque sous le règne de Philippe- Auguste comme une se-
conde capitale du royaume de France. Incendiée en 999,
la ville fut en grande partie reconstruite par le roi Ro-
bert qui y présida, en 1022, au premier autodafé d'héré-
tiques qui eut heu en France. Phdippe-Auguste fit d'Or-
léans, en 1223, le domaine de sa fennne Ingilburge.Plus
tard, le duché d'Orléans fut apanage à des princes de la
maison de France (V. Orléanais). On sait le rôle consi-
dérable joué par la ville d'Orléans dans la guerre de Cent
ans. Trois fois au xiv^ siècle, en 1356, en 1359 et en
1370, les Anglais se présentèrent devant la place sans
oser en entreprendre le siège. Mais au mois d'oct. 1428,
alors que le duc Charles était prisonnier en Angleterre,
ils l'investirent et l'entourèrent d'une contrevallation flan-
quée de tours et renforcée de bastilles en bois. La prise
d'Orléans eût entranié pour Charles VU la perte des quel-
ques provinces du S. de la Loire oii son autorité était
encore reconnue. Les capitaines les plus renommés Du-
nois, Xaintrailles, La Hire se jetèrent dans la place et,
de concert avec les habitants, opposèrent une héroïque
résistance aux efforts de l'ennemi. Orléans aurait suc-
combé cependant sans l'arrivée de Jeanne d'Arc. Sans
attendre la formation du corps de 6.000 hommes cju'on
rassemblait à Blois, ehe se dirigea avec une faible escorte
sur la ville en longeant la rive gauche de la Loire, con-
tourna les travaux anglais, traversa le fleuve en bateau
et pénétra dans la ville le 29 avr. 1429 par la porte de
Bourgogne. Dès le h^ndemain elle sommait les défenseurs
des bastilles anglaises de se rendre, et commençait à les
reconnaître. Le 4 mai, elle emportait do vive force la bas-
tille Saint-Loup et recevait l'armée de secours conduite
par Dunois; deux jours après elle chassait les Anglais de
la bastille des Augustins.Le 7 mai, elle traversait la Loire
en bateau et conduisait la garnison àl'attaciue du fort des
Tourelles dont les Anglais s'étaient emparé avant sa ve-
nue et qui formait la tète du pont sur la rive gauche.
Blessée à la première attaque, elle revenait bientôt à la
charge, dirigeait elle-même Fassaut, chassait les Anglais
et, le lendemain 8 mai, elle rentrait triomphalement' i)ar
le pont, réparé à la hâte, dans la ville désormais délivrée.
Le jour suivant, les assiégeants évacuaient les travaux
d'approche de la rive droite. Les édifices en ruines furent
reconstruits sauf la collégiale de Saint-Avit, et une nou-
velle enceinte, élevée sous les rois Louis XI, Louis XIÏ et
François P*, engloba dans la ville les faubourgs populeux
qui s'étaient formés à ses aboi'ds.
L'anniversaire de la délivrance d'Orléans est célébré
chaque année le 8 mai par une grande fête à la fois re-
ligieuse et patriotique. En 1894, notamment, ces fêtes
ont eu un éclat extraordinaire ; presque tous les évêcpies
de France s'y étaient réunis.
Dès 1107, les habitants d'Orléans avaient été affran-
chis par le roi Louis VI et, vers 1137, ils s'organisèrent
en commune, mais celle-ci fut abohe presque aussitôt par
le roi Louis VU et, depuis lors, la ville resta soumise à la
juridiction royale tout en obtenant des privilèges, des
franchises et même une administration municipale. Au
xiii° siècle, elle était gouvernée par douze procureurs de
ville qui prirent plus tard le nom d'échevins. En 1309 y
fut instituée une université qui devint bientôt célèbre et jeta
surtout un vif éclat aux xv^ et xvi^ siècles ; l'enseignement
du droit et en particuHer du droit romain, interdit à Paris,
y fut surtout prospère. Calvin compta parmi ses étudiants.
Dès le règne de François I^^\ les idées nouvelles s'y propagè-
rent, et sous Henri II les habitants, à l'occasion de l'étabhs-
sement de nouveaux impôts, donnèrent des signes de mé-
contentement. Le roi se rendit dans la ville pour apaiser
les esprits ; mais un accident arrivé alors à Diane de Poi-
tiers fut l'occasion de manifestations hostiles, et, loin de se
calmer, l'effervescence populaire ne fit que s'accroître.
Lorsque, quehjues années plus tard (1560), après la con-
juration d'Amboise, le jeune roi François II, conduit par
les Guises et Catherine de Médicis, vint y tenir des Etats,
on fit désarmer la population et loger des garnisaires chez
les habitants suspects. Le prince de Coudé et Antoine de
Bourbon mandés à Orléans y furent arrêtés et allaient
payer de leur vie leur imprudence lorsque François II mou-
rut dans le logis Groslot (l'hôtel de ville actuel) où il était
descendu (5 déc. 1560). On sait que, par crainte des
Guises, Catherine de Médicis pactisa avec les princes
Bourbons, et (pi'Antoine de Bourbon fut nommé lieutenant
général du royaume. Les Etats s'ouvrirent et, à la suite de
leurs doléances, le chancelier Michel de l'Hôpital fit pro-
clamer une grande ordonnance pour la réforme de la jus-
tice et la disciphne de l'Eglise, restée célèbre sous le nom
d'ordonnance d'Orléans. Deux ans plus tard, la guerre ci-
vile avait éclaté, et le prince de Condé entrait sans coup
férir à Orléans : ses troupes pillèrent et saccagèrent la
ville, démolirent les édifices religieux, notamment Saint-
Aignan et la cathédrale. En 1563, François de Guise,
après avoir fait Condé prisonnier à la bataille de Dreux,
vint atta({uer Orléans ; il avait investi la ville, s'était em-
paré de la tête du pont, lorsqu'il fut assassiné par Poltrot
de Méré (18 févr.). Orléans fut alors rendu au roi qui en
fit raser les fortifications. En 1567, le 27 sept., le capi-
taine Lanoue put prendre la ville sans coup férir ; il y
commit de nouvelles dévastations et la garda jusqu'à l'édit
de pacification de 1568 qui le contraignit à l'abandonner.
Toutefois, les protestants demeuraient nombreux dans la
ville et, lors de la Saint-Barthélémy, les massacres orga-
nisés par le prédicateur et confesseur de Charles IX, Ar-
naud Sorbin, durèrent une semaine et furent effroyables.
Sous Henri III, le duc Henri de Guise obtint comme place
de sûreté Orléans qui demeura fidèle à la Ligue jusqu'en
1594 et se rendit alors à Henri IV. Pendant la Fronde,
M'^^ de Montpensier, fille de Gaston, duc d'Orléans, qui
résidait à Blois, voulut s'emparer d'Orléans, et après un
simulacre d'attaque fut reçue dans la place. Après la ré-
vocation de l'édit de Nantes, les protestants demeurés dans
la ville furent préservés des dragonnades par l'évêque
Coishn. Sous la Révolution, Orléans fut le siège de la
haute cour de justice chargée de juger les attentats contre
la nation. Lors de la campagne de France, en 1814, les
Cosaques arrivèrent à plusieurs reprises jusque dans les
faubourgs, mais la ville ne fut pas occupée. L'année sui-
vante, lorsque Larmée française se fut retirée sur la rive
gauche de la Loire, une garnison prussienne occupa la
ville ; le maréchal Davoust se disposait à l'attaquer, lors-
qu'elle se retira sur Blois. Pendant la guerre de 1870,
— 569 —
ORLEANS
Orléans dut à sa situation stratégique d'être choisie par
le gouvernement de la Défense nationale comme base des
opérations destinées à tenter la délivrance de Paris. Prise
une première fois le il oct. par les iVllemands qui sacca-
gèrent les faubourgs Bannier et Saint-Jean et incendièrent
celui des Aydes, elle fut reprise par l'armée française un
mois après (10 nov.) au lendemain de la victoire deCoul-
miers. Mais les Allemands dirigèrent sur la Loire les forces
que la capitulation de Metz rendait disponibles, et, après
de sanglantes batailles, réussirent à reprendre Orléans
dans la nuit du 4 au 5 déc. La ville dut payer
d'énormes contributions et resta occupée jusqu'au 1 6 mars
1871 (V. Franco-Aixemande [Guerre]).
Orléans est la patrie d'un très grand nombre d'hommes
célèbres parmi lesquels nous citerons : le roi Robert le
Pieux, l'historien Abbon de Fleury,révêque Etienne de Tour-
nai, l'imprimeur Etienne Dolet, le poète Florent Chrestien,
le diplomate et érudit Jacques Bongars, le savant Denis
Petau, l'historien Etienne de Foncemagne, l'orientaliste
Stanislas Julien, l'érudit Jules Loiseleur, G. Vapereau,
le publiciste Amelot de La Houssaye, le jurisconsulte Po-
thier, le littérateur E. Fournier, les mathématiciens
Aleaume et D. Alexandre, le physicien J. de Hautefeuille,
l'agronome de Morogues, le chirurgien Jacques Guille-
meau, le philanthrope Antoine Petit. Parmi les artistes, il
faut citer : Gabriel Pérelle, peintre et graveur ; Guillaume
Chasteau, Charles et Louis Simonneau, Jean Moyreau,
graveur. Desfriches, dessinateur, Michel Corneille le Vieux
et Antigna, peintres; Viart, Ducerceau l'Ancien, archi-
tectes; Romagnesi et Désiré Lanson, sculpteurs. Ajoutons
encore : Marie Touchet, la maîtresse de Charles IX et sa
fille Henriette d'Entraigues, maîtresse de Henri IV. Les
habitants d'Orléans sont assez fréquemment désignés par
le sobriquet bizarre et auquel s'attache une certaine in-
tention malveillante de Guêpins dont on a proposé plu-
sieurs explications toutes douteuses.
EvÉQUEs. — On ne sait exactement à quelle époque le
christianisme fut établi à Orléans ; dans tous les cas, un
siège épiscopal y existait dans la première moitié du
iv^ siècle, et le premier évêque, Declopetus, était encore
en fonction en 344. Voici la liste chronologique de ses
successeurs : Desinianus ; saint Euverte, v. 374-v. 391 ;
saint Aignan, v. 400-17 nov. 453; saint Prosper, v.
460; Magnus; Febatus; Gratien; saint Moniteur; saint
Flore; Dagon; Eusèbe, v. 500-v. 525; Léonce, 533;
Antonin, o38; Marc, 541-49; Treclatus ; Baudatus; Ri-
comer, 573 ; Namatius, 583-87 ; Austrinus, 604 ; Leu-
degisil, V. 635 ; Léger I^^', 641 ; Audon, Q^Q-Q'6 ; Sigo-
bert, V. 670; Savary P^, v. 695; Baldagus ; Adamar;
Léger II; Leodebert; Savary II; saint liucher, 717 ou
718-20 févr. 738 ; Berlin ; Adalin; Nadatime: Deotime;
Theodulf, v. 787-821 ; Jonas, v. 822-43 ; Agius, 843-
m; Gautier, 869-v. 892; Throan, v. 893; Bernon,
900; Anselme, v. 9J0-v. 940; Thierry P^ v. 940-v.
944; Ermenthée, v. 945-72; Arnoul P^ 972-v. 979 ;
ManasséP^ 980 ; Arnoul H, v. 985-déc. 1003 ; FoulqueP»',
1004-v. 1012; saint Thierry H, v. 1016-21 ; Odry de
Broyés, 1021-v. 1035 ; Isembart de Broyés, 1033-63 ;
Hadery de Broyés, 1063-v. 1067; Renier de Flandre,
V. 1070-v. 1082; Arnoul IH, 1083 ; Jean I«^ v. 1088-
96; Sanction, 1096; Jean H, 28 déc. 1096-v. 1135;
Elle, 15 avr. 1127-46 ; Manassé II de Garlande, 1146-
86 ; Henri de Dreux, 1186-25 avr. 1198 ; Hugues P^ de
Garlande, 1198-1206 ; Manassé IH de Seignelay, 1207-
21; Philippe I^^' de Jouy, janv. 1222-33; Philippe H
Berruyer, 1234-36; Guillaume P^ de Bussy, 1237-
23 août 1258; Robert de Courtenav, 1258-6 août 1279;
Gilles Pastai, 1282-1^^ sept. 1288; Pierre P^ ^e Mor-
nay, déc. 1288-4 févr. 1296; Frédéric de Lorraine,
1296-4 juin 1299 ; Berthaudde Saint-Denis, 6 ou 13 mars
1300-7; Raoul Grasparmi, janv. 1308-18 sept. 1311 ;
Milon de Chailly, 22 janv. 1312-15 ou 19 mars 1321 ;
Roger le Fort, 13 juin 1321-28; Jean III de Conflans,
1329-13 ou 5 avril 1349; Philippe IH de Conflans,
3-7 août 1349; Jean IV de Montmorency, 20 nov.
1349-4 nov. 1363 ; Hugues H Faidit, 30 janv. 1364-
16juin 1371 ; Jean VNicot, 13juil. 1371-83; Foulque II
de Chanac, 1383-1^'' mars 1394; Guy de Prunelé, juin
1394-1426; Jean VI de Saint-Michel, 8 avr. 1426-38;
Guillaume II Charrier, août 1438-9 janv. 1439 ; Renaud
de Chartres, mars 1439-20 avr. 1444 ; Jean VII du Gué,
20 avr. 1444-7 oct. 1447; Pierre II Bureau, 20 nov.
1447-10 déc. 1451 ; Jean VIH, 10 déc. 1451-52; Thi-
baud d'xAssigny, 3 mai 1452-24 sept. 1473 ; Fran-
çois P^ de Brillac, 3 nov. 1473-19 janv. 1504; Chris-
tophe de Brillac, 19 janv. 1504-3 juil. 1514; Germain P''
de Gannay, 10 août 1514-8 mars 1521 ; Jean IX d'Or-
léans, cardinal de Longueville, 13 juin 1521-24 sept.
1533; Antoine Seguin, cardinal de Meudon, 1533-20 oct.
1550 ; François II de Faucon, 20 oct. 1550-51 ; Pierre III
du Chastel, 1551-2 févr. 1552; Jean X de Morvillier,
27 avr. 1552-6 sept. 1564; Mathurin de la Saussaie,
4 mars 1565-9 févr. 1584; Denis Hurault de Cheverny,
9 févr. 1584-86 ; Germain H Vaillant de Guehs, 21 déc.
1585-15 sept. 1587; Jean XI de l'Aubépine, 30 mai
1588-23 févr. 1596; Gabriel de l'Aubépine, 28 mars
1604-15 août 1630; Nicolas de Netz, 27 avr. 1631-
20 janv. 1646; Alfonse d'Elbène, 27 mai 1647-20 mai
1665 ; Pierre IV du Cambout, cardinal de Coislin, 2 mai
1665-5 févr. 1706; Michel Le Pelletier, avr.-9 août
1706; Louis-Gaston Fleuriau d'Armenonville, 10 août
1706-juin 1733; Nicolas-Joseph de Paris, 9 juinj[733-
53 ; Louis-Joseph de Montmorency-Laval, nov. 1753-oct,
1757; Louis Sentives de Jarente de La Bruyère, janv.
1758-88; Louis-François-Alexandre de Jarente de Senus
d'Orgeva, 1788-93. Supprimé en 1793, l'évêché d'Or-
léans a été rétabli par le Concordat ; d'abord sufFragant
de Sens, il était devenu en 1622 suffragant de Paris de-
puis l'érection en métropole.
Description et monuments. — La ville d'Orléans est
tout entière située sur la rive droite de la Loire, et en-
tourée d'une ceinture de boulevards, marquant le péri-
mètre de l'ancienne enceinte, au delà desquels sont les
populeux faubourgs de la Madeleine et de Saint-Jean à
rO., Bannier, des Aydes et Saint- Vincent au N., Saint-
Marc et de Bourgogne à l'E. Un pont de pierre relie la
ville au faubourg Saint-Marceau sur la rive gauche. Un
autre pont sert de viaduc au chemin du fer de Paris à Tou-
louse. La cathédrale Sainte-Croix est un édifice, encore
gothique de construction, élevé depuis la fin du xvi^ siècle
jusqu'en 1790 pour remplacer l'église détruite par les
Huguenots en 1562. Le contraste du plan et de la cons-
truction gothique avec l'ornementation classique est fort
choquant, surtout à la façade principale qui fut élevée sur
les plans de Gabriel, en un style qui prétend imiter celui
du xii*^ siècle. Au moment de la Révolution, les deux tours
étaient achevées, mais les voûtes du porche et les portails
n'étaient pas terminés ; ils ne le furent que sous la Res-
tauration, et l'ouverture des portes fut célébrée le 8 mai
1829, lors de la fête annuelle commémorative de la le-
vée du siège. En 1857, à la flèche centrale en bois, œuvre
de Mansart, qui menaçait ruine, on substitua une flèche
de plomb doré qu'éleva M. Bœswilwald. A l'intérieur la
cathédrale, longue de 144 m., large au transept de 67 m.
et haute sous voûte de 34 m., comprend cinq nefs, des
croisillons avec bas côtés, un chœur avec double déam-
bulatoire et onze chapelles rayonnantes qui sont les unes
et les autres des restes de l'ancienne cathédrale du
XIII® siècle. Les deux croisillons sont occupés par des
chapelles en l'honneur du Sacré-Cœur et de la Vierge éta-
blies par l'évêque Dûpanloup ; celle du Sacré-Cœur ren-
ferme depuis 1888 son tombeau, œuvre de Chapu. Il se
compose, avec la statue du prélat, d'une statue d'ange, de
deux allégories, le Courage et la Science, et d'un bas-re-
lief représentant un épisode de la vie du défunt. Parmi
les œuvres d'art qui décorent la cathédrale, il faut citer
ORLEANS — 570 —
le buffet d'orgues du xviii® siècle provenant de Saint-Bc-
noît-sur-Loire, un Christ de Tuby, une Mater Dolorosa
de Michel Bourdin, un tableau de Jouvenet et un autre
attribué à Murillo.
De l'ancienne église de Saint-Avit, détruite en 1428,
ne sul)siste que la crypte retrouvée en 1832 sous les bâ-
timents du grand séminaire. Elle se compose d'une con-
fession formée de deux voûtes d'arête retombant sur les
murs et sur deux colonnes isolées, ouvrant par deux arca-
tures sur une abside, divisée en neuf compartiments voû
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-liiM-'Vi-ll rlIl-^^-Vlf iV5lVv-*'^\
^^^^^^¥^^
Cathédrale d'Orléans.
tés d'arêtes, dont les retombées s'appuient sur six pilastres
engagés dans le pourtonr et sur quatre piliers isolés. Long-
temps considérée comme mérovingienne, on a tendance a
la reculer jusqu'au ix« siècle, et 'même à penser qu'elle a
dû subir des remaniements après l'incendie de 999. — De
Véglise Saint-Aicjnan subsistent un transept et un chœur
gothiques de la seconde moitié du xv^ siècle. Deux fois dé-
molie [en 1370 et en 1428, à l'approche des Anglais, la
basilique de Saint-Aignan, fondée au vi^ siècle hors des
murs de la ville sur le tombeau de l'évèqne de ce nom,
reconstruite de 1010 à 1029 par le roi Robert à l'instar,
dit le chroniqueur Helgaud,de la cathédrale de Clermont,
avait été reconstruite par Louis XI; en 15()2, les pro-
testants en démolirent la nef et la tour. Ce qui en reste
est fortdéhibré; mais sous l'église se trouve une crypte
ancienne fort intéressante, où l'on a cru reconnaître trois
époques successives : construite par Charlemagne vers
810, elle aurait été restaurée après les ravages des Nor-
)7d
ORLEANS
•*?^\
^1
maiids on 81)5, et agrandie par le roi Robort. auquel se-
raient dues les cinq chapelles ahsidales rayonnai! les. —
Saint-Eiiverle (mon. liist,), église fondée au vi*^ siècle,
date dans son état actuel du \\\]^ Mècle, mais remaniée
au XV® siècle à la suite dn siège de 14:^8. — Sdiiil-Pierrc-
le-Puellier (mon. hist.), jadis abbatiale d'un monastère
de femmes, contient des parties qui peuvent remonter au
IX® ou au X® siècle, ou peut-être seulement à la recons-
truction qui suivit l'incendie do 999. — S aint- Pierre- dii-
Martroi, succursale de la paroisse de Sainte-Croix, est un
édifice gothique du xni® siècle. ~ Saint-Donalien QSt une
église du xiii®
siècle, rema- ...
niée au \ix®. — ;\ , ^ i
Saint-Paul a. ^";N ] ,
une façade et - '1^" '^^
une tour isolée ^1,>^.|
do la Renais-
sance.—iYr^^r^-
J)ame de Pie-
c 0 II V rance,
construit ode
-1517 à 1519 en
style de la Re-
naissance, res-
taurée en 1857,
conserve une
belle verrière ^ ^^| ;
(bi XVI® siècle. . c""--''-^! -
— Saint-Pa- '" -:'\^t
terne, édifice - "-- 1
reconstruit de .^ -t^i;! -^
n os j 0 u r s e n ''^ -^ ^^
style gothique j^.^ -'* -
]) r i m i t i f . — ^ j
Saint - Marc , \ .<
construit do n ;
1884 à 1880, ^ ^
également en .. ,
stylo gothi([ue ,^^^ .-^
primitif. —
Saint-Mar- -, ' -
ceau, construit '^>
de 1888 à 1892 ^ ^
en style roman. ^ ^"'^
— Saint-Lau- -„„:. -^
rent, église des
xviii^ et XIX® . ^'^^\ -^
siècles. Eglise
commémora-
tive élevée en
r honneur de
Jeanne d'Arc de
1887 à 1895,
dans le fau- - .
bourg Saint-
Marceau. Deux
portes jumelles
du XV® siècle,
seul reste de la
chapelte Saint- Jacques, ont été transportées en 1888 dans
le square de l'hôtel de vdle.
Orléans possède un grand nombre de maisons ou hôtels
anciens, la plupart de la Renaissance, d'un type tout à
fait original qui caractérise une véritable écolo d'archi-
tectes Orléanais. L'/ir)^(?/ de ville actuel (mon. hist.) est:
une construction en pierres et en briques élevée sous Fran-
çois I®^" et Henri II par le bailli Jacques Groslot pour lui servir
d'habitation, ce manoir fut, de la fin du xvi® siècle jusqu'à
la Révolution, la résidence des gouverneurs d'Orléans. Le
balcon surmontant le perron est supporté par des caria-
tides attribuées à Jean Goujon; l'intérieur a été luxueuse-
ment restauré et orné de peintures et de sculptures déco-
i^^^'
Galf^ries de la Maison d'Agnès Sorel, à Orléans.
ratives. L'ancien hôtel do ville (mon. hist.), aujour-
d'hui le miisce, est un bel édifice de la fin du xv® siècle,
le plus ancien peut-être ou le style de la Renaissance soit
franchement accusé ; sa façade principale, due à l'archi-
tecte Viart, est de 1498 ; le beffroi et sa tourelle sont de
l^iSO. La maison dite do Jeanne d'Arc (mon. hist.) est
ainsi nommée à cause du séjour qu'y fit la pucelle ou
1429 ; c'était alors le logis de Jacques Bouchier, trésorier
du duc d'Orléans ; il devint au xvi® siècle un couvent
d'Annonciades ; toute la disposition intérieure en fut alors
remaniée et le prétendu pavillon de la Renaissance n'est
qu'une cons-
truction duxvj®
siècle. La mai-
son dite à'A-
gnès Sorel
(mon. hist.)
était sous Char-
les VII le logis
d'un bourgeois
du nom de Com-
paing; là en-
core la façade
seule est du
XV® siècle ; la
cour et l'amé-
nagement inté-
rieur sont de
la Renaissance.
La maison dite
de Diane de
Poitiers (mon.
hist.) est un
charmant logis
de la Renais-
sance, construit
on 1540 par
un bourgeois
nommé Cabu ;
il a été restauré
et a m é n a g é
en 1862 pour
recevoir le
musée histori-
que. \i hôtel
de V inten -
dance , cons-
truction dos XV®
et XVI® siècles,
a servi plus tard
de résidence
aux intendants.
On ne saurait
énumérer tout
ce qu ' Orléans
possède encore
de ces curieu-
ses construc-
tions de la Re-
naissance fran-
çaise. Sur la place du Martroi, deux pavillons, d'aspect
assez monumental, ont été construits sous le règne de
Louis XV ; l'un d'eux, appelé la Chancellerie, renferma
jusqu'à la Révolution les archives et les bureaux de la
chancellerie du duché d'Orléans. Près de l'abbaye de
Saint- Aignan, la tour Blanche est le seul vestige en-
core debout dos fortifications du xv® siècle. Sous un grand
nombre de maisons et même de rues de l'ancienne ville,
sont de vastes caves, reliées par des galeries; les plus an-
ciens de ces souterrains paraissent remonter au xii® siècle,
d'autres sont des xiii®, xiv® et xv® siècles, ils semblent
avoir été creusés pour servir do refuge en temps de siège.
L'ancienne salle des thèses de l'Université d'Orléans est
•^
"-^
ORLÉANS
— 572
un édifice de 1411 à deux nefs voûtées d'ogive ; elle
était devenue en 1565 une bibliothèque à l'usage des étu-
diants, fondée par un procureur de l'Université; elle sert
aujourd'hui de salle des séances de la Société archéolo-
gique. L'ancienne halle au blé, aujourd'hui salle des fêtes,
occupe l'emplacement de l'ancien cimetière abandonné
depuis le xviii^ siècle ; elle s'élève au milieu d'un vaste
cloître du xv® siècle dont subsistent trois galeries. La
préfecture occupe les bâtiments de l'ancienne abbaye bé-
nédictine de Bonne-Nouvelle ; le grand séminaire est un
bel édifice
construit a u
xviii^ siècle
sur l'emplace-
ment de l'an-
cienne église
de Saint- Avit.
Le palais
épiscopal,
construc -
tion du xviii^
siècle, renfer-
me quelques
tableaux inté-
ressants , et
un buste en
bronze de l'é-
vèque Jean de
Morvillers at-
tribué à Ger-
main Pilon. Le
palais de jus-
tice a été
construit en
1824. Vhô-
pital géné-
ral est un
vaste établis-
sement m 0 -
derne, dont la
chapelle est
l'œuvre de
l'architecte
Gabriel.
Au milieu
de la place du
Martroi s'élè-
ve la statue
équestre en
bronze de
Jeanne d'Arc
de Foyatier,
avec des bas-
reliefs de Vi-
tal-Dubray ;
elle a été éle-
vée en 1855
et a remplacé
la statue de Gois fils, qui avait été érigée en 1804, et
qui a été transportée dans le faubourg Saint-Marceau,
à l'entrée du pont. Dans le même faubourg, la Croix
des Tourelles, érigée en 1817, marque l'emplacement
du fort des Tourelles, qui défendait l'accès de l'ancien
pont au xv^ siècle. Une statue de Pottier par Vital-
Dubray a été érigée en 1859, et une statue de la
République, par Roguet, en 1882. Orléans possède plu-
sieurs musées importants. Le musée de peinture et de
sculpture, dans l'ancien hôtel de ville, contient un cer-
tain nombre de bons tableaux de l'école flamande et des
toiles intéressantes des écoles françaises depuis le xvii^ siècle.
Le musée de sculpture conserve des œuvres de Clodion,
David d'Angers, Pigalle, Pradier, etc. Le musée d'his-
toire naturelle se trouve dans le même bâtiment. Lemw-
UUULU
4 d'Orléai
/?y — La cou
Maison de Diane de Poitiers, à Orléans.
sée historique, dans la maison de Diane de Poitiers, contient
des antiquités gallo-romaines de l'Orléanais, notamment
des bronzes trouvés à Neuvy-en-Sullias, et des œuvres du
moyen âge et de la Renaissance. Dans la cour on a re-
monté la façade d'une ancienne maison debois. Le musée
Orléanais et de Jeanne d'Arc, dans la maison de Jeanne
d'Arc, contient des souvenirs du siège de 1428-29, et
toutes sortes d'objets consacrés au souvenir de la Pucelle,
depuis le xv^ siècle jusqu'à nos jours, où, à côté d'œuvres
intéressantes, se trouvent un trop grand nombre de piè-
ces dépour-
vues de va-
leur.
Coutume
ans.
coutu-
me d'Orléans
est, avec la
coutume de
Paris et la cou-
tume du Ni-
vernais, une
des plus im-
portantes et
des plus con-
nues parmi
toutes celles,
en nombre
considérable
du reste, qui
régissaient la
France avant
1789. Bien
que la rédac-
tion des cou-
tumes eût été
prescrite dès
1453 par l'or-
donnance de
Montil-lez-
Tours rendue
sous le règne
de Charles VII,
la coutume
d'Orléans ne
fut rédigée
pour la pre-
mière fois
qu'en 1509, en
vertu de lettres
patentes du
roi Louis XII.
Une seconde
rédaction en
fut faite en
1583, en vertu
de lettres pa-
tentes du roi
Henri III. Au fond comme en la forme, elle se rapproche
sensiblement de la coutume de Paris dont elle ne diffère
guère que sur des points de détail, et l'on peut dire
qu'elle forme avec cette dernière le fonds commun de
notre vieux droit coutumier auquel les rédacteurs du code
civil ont fait de si fréquents emprunts. La coutume d'Or-
léans se divise en vingt-deux titres. Les plus importants
et les plus curieux à étudier sont : 1° le titre P^, qui
traite des fiefs, de leur nature, des devoirs du vassal eu-
vers le suzerain, en un mot de l'organisation féodale et
de la hiérarchisation des terres ; 2° le titre X, qui traite
de la communauté entre homme et femme ; 3° le titre XII,
qui traite du douaire, institution fort importante dans
notre droit coutumier et aujourd'hui disparue ; 4*^ les
titres XV et XVI, qui traitent des donations, et le titre XVIII
— o73 —
ORLEANS
qui traite du retrait lignager. De même que la coutume
de Nivernais avait été commentée par un jurisconsulte de
valeui', Guy Coquille, de même aussi la coutume d'Or-
léans a été commentée par Potliier. Pothier, un des juris-
consultes les plus distingués du xyiii^ siècle qui fut con-
seiller au présidial d'Orléans et professeur à l'Ecole de
droit d'Orléans, nous a laissé entre autres ouvrages un
commentaire magistral de la coutume d'Orléans dont il
avait chaque jour l'occasion d'appliquer le texte dans les
procès qui lui étaient soumis. Il commente et analyse suc-
cessivement avec une science juridique profonde et une
clarté admirable chacun des titres de la coutume, et la
lecture de ce commentaire est indispensable pour bien
connaître et bien comprendre la coutume d'Orléans.
EHe TOURNERIE.
Conciles d'Orléans (Aiirelianensia concilia) . — Les
premiers conciles tenus en cette ville sont considérés
comme ayant une grande importance, à raison des cir-
constances dans lesquelles ils furent assemblés, et de la part
qu'ils eurent dans la formation du droit ecclésiastique en
France. — 511 (10 juil. ?). Concile convoqué parClovis et
présidé par Cyprien, métropoUtain de Bordeaux. Parmi les
33 évêques qui s'y assemblèrent, plusieurs avaient leurs
sièges dans les pays récemment conquis sur les Visigoths.
On y fit 31 canons, dont quelques-uns entreprennent sur
l'autorité civile. Ils furent tous adressés au roi, en le
priant de les appuyer de son autorité. I et IL Confirma-
tion et sanction du droit d'asile. IV. Défense d'ordonner
des laïques sans la permission du roi ou le consentement
du juge. VIII. Si unévèque ordonne un esclave, il payera
au maître le double du prix de cet esclave. Le VP canon
reconnaît implicitement que toutes les Eglises tiennent du
roi les fonds dont elles sont dotées. Certains canonistes
ont trouvé dans cette disposition l'origine de la régale.
XIV. L'évèque disposera du revenu des terres de l'Eglise ;
la moitié des offrandes faites à l'autel lui appartiendra ; le
reste sera distribué entre les clercs. XXIX. Les moines
obéiront à l'abbé, et l'abbé à l'évèque. XIX. Confir-
mation des anciens canons défendant aux ecclésiastiques
d'avoir chez eux des femmes étrangères. — 23 juin 532.
Concile assemblé par ordre des rois Thierri, Childebert et
Clotaire. 26 évoques, principalement des provinces de Lyon
et d'Aquitaine, plus 5 prêtres députés par d'autres évêques.
21 canons, dont la plupart renouvellent des règlements
antérieurs, vraisemblablement mal observés. XVI. Défense
d'ordonner un prêtre ne sachant point hre ou ne^ sachant
pas au moins administrer convenablement le baptême.
XVIIL La bénédiction diaconale ne sera plus donnée aux
femmes. XIX. Interdiction du mariage entre chrétiens et
juifs. — 7 mai 538. Par ordre des mêmes rois que le
concile précédent, 19 évêques et 7 prêtres représentant
d'autres évêques. 33 canons. I. Sous peine d'être sus-
pendu de ses fonctions, le métropolitain assemblera chaciue
année un concile dans sa province. XXI. Ce concile exami-
nera les cabales des ecclésiastiques. IV. L'évèque emploiera
à l'usage qu'il jugera convenable les biens donnés aux
Eglises de la ville. Les biens de la campagne seront em-
ployés selon la coutume. XII. Défense d'aliéner les biens
de l'Eglise. XXII. Les usurpateurs de ces biens seront ex-
communiés. XIII. Excommunication pour un an des chré-
tiens qui mangent avec des juifs. XXX. Défense aux juifs
de se mêler avec les chrétiens, depuis le jeudi saint jus-
qu'au jour de Pâques, en aucun lieu, ni en aucune occa-
sion, car, dit le concile, avec la grâce de Dieu, nous
avons des rois catholiques. Pour la même raison, il or-
donne, sous peine d'excommunication, de saisir et défaire
punir par le roi tout hérétique qui aura rebaptisé un ca-
tholique (XXXI). Il s'agissait d'extirper l'arianisme des
pays antérieurement soumis aux Goths. — 541. Sous la
présidence du métropolitain de Bordeaux, 38 évêques.
12 prêtres députés par des évêques absents, et un abbé.
38 canons relatifs pour la plupart à la discipline purement
ecclésiastique. VIL Défense aux scigncui'^ lc :::c:':': c-^r.s
les chapelles de leurs terres des ecclésiastiques non agréés
par l'évèque. XXXIIl. Ceux qui veulent avoir une paroisse
dans leur domaine doivent lui donner des terres et la
pourvoir d'ecclésiastiques en nombre suffisant. On regarde
ces canons comme Vovigm^Avi patronage. Le XVI^ canon
indique la persistance du paganisme: Excommunication de
ceux qui jurent par la tête des bêtes et qui invoquent le
nom des dieux. — 28 oct. 549. Ce concile, convoqué par
Childebert, réunit 48 évêques et 21 prêtres représentant
des évêques. Il est le premier dont les actes soient datés
du règne de nos rois : llegni domini nostri Childeberti
régis Imlict. XIIl. 24 canons. Le 1^^ condamne les sec-
tateurs des doctrines de Nestorius et d'Eutychès et, sui-
vant Baluze, des ariens dont l'hérésie se répandait dans
les environs d'Orléans. Le IIP interdit chez les clercs non
seulement l'habitation des femmes étrangères, mais la fa-
miharité des parentes, principalement aux heures indues.
X. Le métropolitain et les évêques de la province consa-
creront l'évèque élu par te clergé et par te peuple du
CONSENTEMENT DU ROI. XL Ou u'imposcra pas au peuple un
évêque dont il ne veut pas. XVI. Approbation d'un hôpi-
tal fondé à Lyon par Childebert et la reine. — Outre ces
conciles, les ouvrages spéciaux en mentionnent d'autres
tenus à Orléans en 638 ou 645, en 766, en 1022, en
1029, en 1411 et en 1479. Le dernier seul serait inté-
ressant pour l'histoire générale, si on en possédait les
actes. On dit que la pragmatique sanction y fut renou-
velée. E.-H. VOLLET.
BiBL. : F. Le Maire, Histoire et antiquités de lu ville et
duché d'Orléuns ; Paris, 1615-48, 2 vol. iii-fol. — Polluche,
Desc7nption d'Orléans ; Orléans, 1778, in-8. — De Buzon-
NiÈRE. Histoire architecturale d'Orléans ; Orléans, 1849,
2 vol. in-8. —F. Bonnardot, Essai historique sur le régime
municipale, Orléans; Orléans, 1881, in-8. —V. aussi de
nombreux travaux sur l'histoire d'Orléans, publiés dans les
Mémoires de la Société archéologypie de l'Orléanais.
ORLEANS (Canal d'). Concédé par unéditdemars 1679
au duc d'Orléans, frère de Louis XIV, et achevé en 1692,
il fut confisqué en 1791 au profit de la nation, vendu en
1809 à une société et racheté par l'Etat en 1860. II part
de Buges, près de Montargis, à la jonction des canaux du
Loing et de Briare, remonte d'abord la vallée de la
Bézonde, affl. g. du Loing, a son bief départage dans la
forêt d'Orléans, par 130 m. d'alt., descend la vallée du
Cens, affl. dr. delà Loire, et atteint ce fleuve àCombleux,
à 6 kil. en amont d'Orléans. Sa longueur est de 73'^^^, 5, son
mouillage réglementaire de l'^,6Ô; il compte 27 écluses.
Son trafic, qui consiste à peu près exclusivement en ma-
tériaux de construction (plus des deux tiers), en bois à
brûler et en combustibles minéraux, est relativement très
faible : 887 bateaux chargés et 60.863 tonnes de ton-
nage effectif dans les deux sens, en 1897, ce qui le classe,
comme intensité de circulation, le 95^ parmi les voies na-
vigables^ de la Erance. L. S.
ORLÉANS (Maison d') (V. Orléanais et les biographies
ci-après).
ORLÉANS (Blanche de France, duchesse d') (1328-
1393) (V. Blanchk de France).
ORLÉANS (Louis de France, duc d') (1372-1407) est
surtout connu par ses relations avec Isabeau de Bavière,
par sa rivalité avec Philippe le Hardi et Jean sans Peur,
par son goût pour les lettres et les arts, par sa mort tra-
gique. Second fils du roi Charles V, il était né le 13 mars
1372. Beau, intelligent, instruit, il eût été un prince des
plus remarquables sans sa légèreté de caractère, son amour
effréné du luxe et des plaisirs. Il n'eut d'abord qu'une
rente de 12.000 livres, mais il se fit donner, malgré la sage
ordonnance de Charles V, les comtés de Valois et de Beau-
mont-sur-Oise, le duché de Touraine (1386), échangé
contre le duché d'Orléans (1392) et, plus tard, beaucoup
d'autres grands domaines. Il épousa, en 1389, sa cousine,
Valentine Visconti, fille du seigneur de Milan, Jean-Galéas
Visconti. Elle lui apporta en dot une très grosse somme
d'argent, avec le comté de Vertus, en Champagne, et celui
d' -L-i, enLombardie. Ce mariage stimula l'ambition nais-
ORLÉANS
574
saille du jeune prince. Il se posa ])ienlù[ cii rivai de sou
oncJo, le puissant duc de Bourgogne, Plii]ip[)e le liardi,
qui, depuis la folie do Charles Yi, avait repris le pouvoir
(4392). Quand le roi faillit être brûlé, pendant une fêle,
par l'imprudence de Louis d'Orléans (janv. 4393), celui-ci
fut soupçonné de desseins criminels. Valcnline, qui exer-
çait sur Charles VI une iniluencc prépondérante, fut accu-
sée défavoriser, par des malétices, l'ambition de son mari.
La rivalité de Philippe le Hardi et de son neveu se mani-
feste partout, au dehors comme au dedans: en Italie, ou
le duc d'Orléans voulait se créer un cliiméi'i([ue royaume
d'Adria; en Bretagne, en Angleterre, en Allemagne, dans
Taftaire du grand schisme. Quand il eut acheté le duclié
de J^uxembourg(4404), « se logeant, comme une éj)ine au
cœur du Bourguignon », la guerre faiUit éclater enire
l'oncle et le neveu. BéconciUés un moment (4402), ils
recommencèrent à se disputer le {)ouvoir. Après la moi't
de Philippe (avr. 4404), son fils, Jean sans Peur, dont
la femme avait dit-on, cédé aux séductions de Louis d'Or-
léans, devint pour lui un adversaire plus redoutalile. La
liaison suspecte, sinon coupable, de Louis avec la reine
Isabeau, leur avidité, leurs dépenses ruineuses furent ha-
bilement exploitées par Jean sans Peur, qui excita le peuple
contre eux et leur enleva le dauphin. Ils allaient en venir
aux mains, quand les ducs de Berry et de Bourbon par-
vinrent à opérer un rapprochement (ocl. 4iOo). On reprit
même la guerre nationale contrôles Anglais (4 10(3), mais
le duc d'Orléans échoua en Guyenne et fut accusé d'avoir
détourné tout l'argent destiné aux opérations miliiaires..
Quand il revint à Paris (janv. 4i07), lalu(te devint ])ius
violente. Sur les instances du vieux duc de Berry, Jean
sans Peur feignit de se réconcilier encore avec son cou-
sin, qui semblait sincère (20iiov. 4407). Trois jours après,
il l'attirait dans un guet-apens et le faisait assassiner
(mercredi, 23 nov.). Sa veuve mourut l'année suivante
(4 déc. 4408), sans avoir pu obtenir justice. Comme son
mari, elle aimait les arts, les lettres et protégeait les écri-
vains, notamment Eustache Des Champs et Christine de
Pisan. Parmi les huit enfants de Louis d'Orléans (cinq fils
et trois filles), il faut remarquer son lils aine, Charles,
le célèbre poète, qui fut le père du roi Louis y^l, et le
fameux bâtard qui fut le comte de Dunois. E. C.
BiBL. : Les chroni(|iieurs 1^'roissart, \c Rjjligilux dv:
Saint-Dexis, Juvénal des Ursin.=ï, Mo.x.stheij-.t, p. ]*'j-,-
NiN. — Le Journal do Nie. de llvvr, (Soc. tic l'Ilist. do
Franco). — Bouét d'ArcQ; Cliolx de pièces Incdilcs du
règne deCluirles VI (coll. des documents inédits).— D. FÉ-
i.iliiEN, Hist. de Paris, IV. — De Laborde, les Ducs de
Bourgogne, III. — Le P. AisSelaie, I, 205-207. — Ul. Che-
valier, Répertoire des soiirees liist. dit moyen âge, col.
1414 et Supp., col. 2717. — Lamsse et ILiaibaud, îlist. gc-
nérale, III, 124 et 15'J. — De Baraxte, llist. des ducs de
Bourgogne. — De La Saussaye, Hist. du chat, de Blois.
~ DÙrrieu, le Royaume d'Adria, dans la Revue hist. de
juil. 1880.--De AIauldi', di-^LaClaviére, Jeanne de France
duchesse d'Oiiéans. llist. de J.ouis XII. — .Iarry, la Vie
poldique de L. dJOrlé.uis ; Paris, 188'J. — Surtout AltciicEETy
Ilist. de France.
ORLÉANS (Charles cl') (4394-4 iOo) (V. Chaules
d'Orléans) .
ORLÉANS (Jean, bâtard d'), m\Ue da Danois {iii)?>-
4468) (V. ce nom).
ORLtANS (Charles d') (14o9-l)G) (V. Chaulks d'Oii-
LLANS) .
ORLÉANS (Louis II, ducd')(ri(iiM54:))(V. Louis Ml,
roi de France).
ORLÉANS (Antoinette d') (4o72-4{i48) (V. Axxoi-
A'ETTE d'OhLÉAInS).
ORLÉANS (Gaston-Jean-Baptiste, duc d'), troisième hls
de Henri lY et de Marie de Médicis, né à Fontaincl)leau
le 25 avr. 4608, mort à Blois le 2 fevr. 4660.' De six
ans et demi plus jeune ipie Louis XilL il fut tenu sur les
fonts le 5 juin KM 4 pai* le cariHual de JoyiMise et hi
reine Marguerite, ])remière fenuue de son j)ére, o,t porta
successivement le titre de duc d'Anjou, de tjuc d"Orléans
en 4626, et fut appelé Monsieur depuis la mort de son
frère le duc d'Orléans (4614 ) jusqu'à la mort de Louis XIIL
De iuiture faible et ver^^alile, ambilieux et poussé par son
gouverneur, h' maréchal d'Ornano, espril nuuuant. qui le
premier paya de hi prison (i mai 4626) ses marnais conseils,
sa vie ne fut ([u'une conspiration et une révolte continuelles,
d'abord contre son frère et Richelieu, contre la régente et
Mazarin ensuite. Vai 4626, pour échapper aumariagepoliti-
([ue qu'on lui avait ménagé dès 4608, il entre dans'la cons-
piration de Chalais, l'aliandoniie, et treize jours avant que
celui-ci soit décapité à Nantes, épouse dans cette ville, le
6aoiit4626, cette même princesse (}u'il repoussait,' lapins
riche héritière de in^ance, Marie de Bourbon, duchesse de
Monlpensier, lille ujii(fuc de Beiici de Bourbon, duc de
Montpensier, mort le dernier Je sa branche en 4608, et
de Ileiu'iette-Catherine, duchesse de Joyeuse, union bien
éphémère, la nouvelle thichesse devait mourir l'année
sm\ aille (l' juin) en donnant naissance à la célèbre duchesse
de .Monlpensier, Fliéroine de la ^ ronde. Quelques mois
auparavant, il avait eu entrée au Conseil, et ce fut
en faveur de ce mariage que lui fut constitué un apanage
comprenant les duchés d'Orléans et de Chartres. A peiiie
veuf, sa passion amoureuse ou son ambition le jette dans
de nouvelles intrigues, avec Puylaurens," le président Lc-
coigneux, le cardinal de Bérulle, le comte de Morct, les
ducs d'I'^lbeuf, de Beliegarde, de Boanncz.' H demande une
augmentation d'apanage et un grand gouvernement, celui
de Champagne ou de Boui'gogne. En 4621); îLaspire à la
main de Marie de Conzague, âgée alors de dix-sept ans,
mariagv au([uel sa mère, qui lui destinait une princesse
lîorenline, s'oppose, et il se pi'éparait à l'enlever, lorsque
M^^'J^ de Longueville, (ante de la jeune iille, la conduisit
à Yincennes sous la protection du roi. \ùi août, il se
retire en Champagne, et de là diez le duc de Lorraine.
La crainte de le voir se marier à l'étranger lui fait accorder
un traité (2 janv. 4630) par lequel il obtenait le gouver-
nement de l'Orléanais, de l'argent et quelques places de
sûreté. Dès l'année suivante, encouragé parla brouille du
roi et de sa mère, il rouvre les hostilités en insultant Ri-
chelieu dans son hôtel (34 janv. 4634), se retire à Orléans,
puis en Bourgogne, en Lorraine, où il s'éprend de la sœur
du duc, la princesse Marguerite, qu'il épouse secrètement!
(3 janv. 1632), et, lorsque ce prnice eut fait sa paix avec
Louis XIII (6 janv.), va rejoindn^ sa mère à Bruxelles,
d'où il inonde la France de libelles.
Le 48 mai, il joignit à Trêves l'armée de Gonzalès de
Cordoue, avec quehpies troupes entra en Bourgogne pen-
dant que les Français occupaient la Lorraine ,' "gagna le
l^anguedoc, sui\i par le juaréchal de La Force, raUia a son
parti le maréchal de Montmorency et l'abandonna lâche-
ment à la bataille de Castclnaudary (4^^' sept.). Après
avoir fait sa paix a\ec la cour (29 sept.), terrifié par le
supplice de Montmorency (30 oct.), il fuit de nouveau en
Flandre (40 nov.), voit son mariage avec Marguerite de
Lorraine cassé par arrêt (3 sept. 4634), mais, brouillé
avec sa mère, unissait par faire sa soumission, rentrait
en l4-ance le 8 oct., et était reçu le 24 à Saint-Germain
par son frère. La mort de Puylaurens (l^'^'juil.' 1633) le livra
à un nouveau favori, l'ahbé de La Rivière. Retiré à Blois
d'abord, mais placé à la tète de l'armée contre Corbie avec le
comte de Soissons, il entra dans le complot de celui-ci pour
faire assassiner Richelieu à Amiens par Montrésor et vSaint-
Ihal, le lit échouer par sa pusillanimité, puis, après s'être
prudemment mis en sûreté par la fuite (20 nov.), ht sa
])aix le 8 févr. 4637 aux dépens de ses complices. Tel fut
encore son rôle, en 4642, dans le complot du malheureux
(^inq-Mars ; après avoir signé un traité avec l'Espagne par
rentremise de F>ntrailles'(i3 mars), terrifié par l'arres-
tation do Cinq-Mars (13 juin), il le chargea dans sa dépo-
sition, il obtint Uii pardon ignominieux, fut exilé à Blois
et destitué de tout droit à la régence le 4^' '' déc. La mort
de Kichelieu, trois jours après, changea sa situation. Le
4 4 mai 4643, il se;réconcilie avec le roi, voit son mariage
avec Marguerite de Lorraine reconnu, mais sous la coiuli-
lion d'une nouvelle célébivation, (|ui a lieu à Meudon le
— 575
ORLEANS
""16 mai. Nommé lieutenant général du royaume, à ]a mort
de Louis XIII, il se comporte honorablement pendant les
trois campagnes des années suivantes : prises de Grave-
lines (28 juil. 1644), de Mardick, Bétliune, Cassel, Saint-
Venant (juil. 1645) ; Courtrai, Bergues, Saint-Yinoc
(août 1646). Mais avec la Fronde, il retombe dans ses
anciennes fluctuations et intrigues. On le voit successi-
vement du parti de la cour, qu'il aide à bloquer Paris
(janv. 1649), à faire la paix de Rueil (11 mars 1649), à
arrêter le prince de Conclé (18 janv. 1650) ; puis s'unir
à ce même Condé qu'il ramène à Paris (16 févr. 1651) ;
s'en séparer pour devenir le chef d'un troisième parti,
celui des Frondeurs ; onfm se réunir de nouveau à Condé,
qu'il sauve au combat du faubourg Sahit-Antoine (2 juil.
1652), et reprendre un instant le titre de lieutenant gé-
néral du royaume. La rentrée de Mazarin à Paris (21 ocfc.)
mit fin pour jamais à son rôle politique. Exilé à Blois,
c'est là que, dans l'obscurité, il passa les huit années qui
lui restaient encore à vivre. Outre ses aventures galantes
avec Marie de Gonzague, Marguerite de Lorraine, il en
eut d'autres avec Louise de la Marbelière, dojit il eut un
fils, le comte de Gharny ; Marie Porcher, M^^'^ de Saujon
et W^^ de Saint-Mégrin. Il existe de lui des portraits par
Mallery, Lasne, Moncornet, d'après Chauveau, Yan Dyck.
De son second mariage avec Marguerite de Lorraine-Vau-
demont, morte à Paris le 3 avr. 1672, à cinquante-neuf
ans, il avait eu cinq enfants: 1^ Jean-Gaston, duc de
Valois, né le 17 août 1650, mort le 10 aoiit 1652;
2° Marguerite-Louise^ née le 28 juil. 1645, femme de
Corne III, grand-duc de Toscane (1661), morte le 17 sept.
1721 à Paris; 3° Elisabeth, née le 26 déc. 1646, femme
de L.-J. duc de Guise (1667), morte à Paris le 17 mars
1696; ¥ Françoise-Madeleine, née le 13 oct. 1648,
femme de Ch. -Emmanuel II, duc de Savoie (1663), morte
le 4 janv. 1664; 5^ Marie-Anne, née le 9 nov, 1652,
morte à Blois le 17 août 1656. Eug. Asse.
l^iBL. : Mémoires de Richelieu, de Bois-d'Anneaietz
[Méni. d'un favori, 1607, in-12), d'AEGAY de Martignag.
de FoNTRAiLLES. de GouLAS {Soc de l'Iiist. de fr.), de
MoNTGLAS, de M'i« de Montp]':nsier, de K.ohan, de Bas-
SOMPIERRE, de la duchesse de Neaiours, de BRiEM]XE,de
Motteville, de Retz, de Talon, de Conrart.
ORLÉANS (A.-M.-Louise d') (1627-1693) (V. Mont-
PENSIER [A-.M.-L.]).
ORLÉANS (Philippe de France , duc d^) . Tige de la seconde
maison de Bourbon-Orléaiis, fils de Louis XIII et d'Anne d'Au-
triche, né à Saint-Germain le 21 sept. 1640, mort à Saint-
Cloud le 9 juinl 701. Il fut appelé d'abord duc d'Anjou, jusqu'à
la mort de Gaston (1660), et il/on^^z^ur depuis l'avènement de
son frère. A neuf ans (1649), il reçut pour précepteur La
Mothe Le Vayer, que son hvre de VInstruction de Mon-
sieur le Dauphin (1640) avait en (juehpie sorte désigné
pour une illustre éducation, et ses progrès furent assez ra-
pides pour que Mazarin, qui ne semble pas avoir tenu à
ce qu'on développât autant son esprit, s'en alarmât. De très
jolie figure, sa mère eut le tort de s'amuser de ses traves-
tissements féminins, et ainsi de les encourager, ce qui dé-
veloppa peut-être en lui les goûts suspects dont on l'a
accusé. Son mariage, le 31 mars 1661, avec Henriette-
Anne d'Angleterre, sœur de Charles II, bien (|ue très bril-
lant, et la princesse charmante, ne fut pas heureux, et il
se montra plus jaloux de la beauté de sa femme, que
de ses légèretés de conduite, soit avec lecomtedeGuiche,
soit avec le roi lui-même. Cependant, sur les conseils de
Cosnac, évéque de Valence, son favori alors, il rechercha
en 1667 la gloire des armes et se distingua aux sièges de
Tournay, de Douai, de Courtrai qui capitula le 16 juil.,
d'Oudenarde, Ath, Alost et Lille. Les rapports entre lui
et le roi étaient souvent assez aigres; l'arrestation du che-
valier de Lorraine, son favori (1669), le mit dans une vé-
ritable colère. A son retour d'Angleterre (12 juin 1670),
Madame fut très mal accueilHe de lui, et le 24 il la con-
fina en quelque sorte à Saint-Cloud, ou le 29 elle commença
à éprouver ces horribles douleurs d'estomac, dans les-
quelles elle expirait le 31. Des bruits d'empoisonnement
coururent, et Charles II refusa même de recevoir la lettre
{[ue Monsieur lui écrivit. Un an après, il épousait, en
seconde noces, Charlotte-Ehsabeth, tille de Charles-Louis,
électeur Palatin (16 nov. 1671). L'année suivante, placé
à la tète de l'armée de Flandres sous Louis XIV et Tu-
renne, il assiège et prend Orsoy (12 juin), Wesel, Rhein-
berg, Arnheim, Zutphen; en 1676, Bouchain (16 mai);
en 1677, il est plus heureux encore : chargé du siège de
Saint-Omer, il bat, le 11 avr., Guillaume d'Orange à Cas-
sel, et Saint-Omer capitule le 19 : dans cette campagne
il avait montré de vrais talents militaires ; et la présence
du maréchal de Luxembourg à cette victoire ne doit pas
lui en enlever la gloire ; mais désormais il ne devait plus
commander en chef. Il avait eu un cheval tué sous lui, et
reçu un coup de mousquet dans ses armes. Treize ans
s'écoulèrent sans qu'on le vît aux armées, et Ton parla
beaucoup alors de sa liaison avec mademoiselle — on l'ap-
pelait Madame — de Grancey, fille du maréchal. H accompa-
gna cependant ejicore Louis XIV, avec son fils, le duc de
Chartres, en 1690, au siège de Mous, qui capitula le 7 avr.;
en 1692, à celui de Namur(17 mai-20 juin); et en 1693,
en prévision d'une descente des Anglais, il reçut le com-
mandement de toutes les côtes de l'Océan, ayant sous lui
les maréchaux d'Humières, d'Estrées, de Bellefonds, le
duc de Ch aulnes, et son quartier général à Pontorson.
Toujours assez mal avec le roi, il ne put obtenir ni le gou-
vernement du Languedoc à la mort du duc de Verman-
dois, son neveu illégitime, en 1683, ni celui de Bretagne,
qui fut donné au duc du Maine (1695). En 1701, il pro-
testa contre le testament de Charles II, qui instituait le duc
d'Anjou héritier de la couronne d'Espagne , à laquelle il préten-
dait avoir des droits par sa mère. Le mercredi 8 juin 1701,
il avait dîné à Marly avec le roi, qui, le trouvant fort
rouge, lui dit qu'il était tenté de le faire saigner de force
— car il ne le voulait pas ; retourné le soir à Saint-
Cloud, il fut frappé d'apoplexie, à souper, en versant à
boire à M™^ la duchesse de Bouillon, et mourut le lende-
main, après avoir reçu dans la nuit la visite de Louis XIV,
qui se montra vivement affecté de cette perte. « Je ne sau-
rais m'accoutumer, disait-il, à penser que je ne verrai plus
mon frère. » Saint-Simon en a fait un portrait peu flatté (Ed.
Boislisle, VIII, 333).
De son premier mariage, il avait eu quatre enfants, dont
deux seulement avaient vécu : Marie-Lovise , née le
27 mars 1662, morte à Madrid le 12 févr. 1689, mariée
le 19 nov. 1679 à Charles II d'Espagne; Anne-Marie,
née le 27 août 1669, morte le 26 août 1728 à Turin,
mariée le 11 mai 1684 à Victor-Amédée II, duc de Savoie;
de son second mariage, trois enfants, le duc de Valois
(1673-76), Philippe II, le régent, et Elisabeth-Charlotte,
née le 13 sept. 1676, morte à Commercy le 23 déc. 1741-,
mariée le 25 oct. 1698 à Léopold, duc de Lorraine.
Eug. Asse.
BiBL. : Saint-Simon, iJxisGEAv.j^cissim. — Mémoires de
SouRCHES, de Cosnac, de Ciioisv, de Montpensier, de
Motteville. de Ba Fayette, etc. — Spanheim, Relation. —
Correspondance de la duchesse d'Orléans (Palatine). —
Lettresdo, M'"° de Sévignj']. — P. Clément, Reo. des qnest.
hist , l*^'' oct. 1807. — Miss iMaric Br.LLuc, Life of the du-
chesse d'Orléans.
ORLÉANS (Philippe 11, duc d'), régent, né à Saint-
Cloud le 2 août 167 i, mort à Versailles le 2 déc. 1723,
hls du précédent et d'Wisabeth-Charlotte, princesse de Ba-
vière. Il porta le titre de duc de Chartres jusqu'à la mort de
son père. Très bien doué par la nature, il eut pour gou-
verneurs des hommes du plus haut mérite, les maréchaux
de Navailles, d'Estrades, le duc de La Vieuville (1683-89),
surtout le marquis d'Arcy (1689-94), enfm Saint-Laurent,
qui eut le tort de s'adjoindre l'abbé Dubois. A dix-sept
ans, il ht ses premières armes au siège de Mons(15 mars-
9 avr. 1691), et son mariage (18 févr. 1692) avec M^inle
Blois, fdle de Louis XIV et de M™® de Montespan, auquel
il consentit par faiblesse, et à la grande colère de sa mère
ORLÉANS
— o76 —
— elle le souffleta, dit-on — sembla d'abord lui rendre
le roi très favorable. Pendant quatre ans, il fait brillam-
ment campagne : il commande sous Luxembourg la
cavalerie française à Steinkerque (3 août 1692), à
Neervvinde (29 juil. 4693); en 1695, sous Villeroy qui
ne put empêcher Namur de capituler. Les nouvelles dé-
fuuices de Louis XIV à son égard le jetèrent dans des éga-
rements de conduite qui arrêtèrent encore sa fortune.
Cependant à la mort de son père (9 juin 1701), le roi pa-
rut lui rendre toutes ses faveurs. En 1706, il est mis à la
tête de l'armée d'Italie, mais on lui adjoint les maréchaux
de La Feuillade et de Marsin, dont les mauvaises dispositions
lui font perdre la bataille de Turin (7 sept.), où il reçut
deux graves blessures qui le forcèrent à quitter l'armée . En
1707, envoyé en Espagne, s'il arrive trop tard pour com-
battre avecBerwick à Almanza(2o avr.), il sait tirer parti
de cette victoire, envahit les royaumes de Valence et d'iVra-
gon, où il s'empare de Xativa (26 mai) et d'Alcaraz, pé-
nètre en Catalogne et emporte Lérida (13 oct.).
Dans la campagne suivante, avec d'Asfeld sous lui, il
prend Dinia, Alicante (12 nov. 1708), Tortose. C'est
au milieu de ces succès qu'il est rappelé en France,
sous le soupçon, qui parait justifié, d'avoir ourdi des intri-
gues avec le général anglais pour se substituer à Philippe V
comme roi d'Espagne. Cette politique fit tradition chez ses
descendants, car en 1810 Louis-Philippe la suivit aussi
en Espagne. Le bruit courut qu'on allait lui faire son pro-
cès, mais le roi prit soin de le démentir, et s'il n'employa
plus le duc d'Orléans à la guerre, il consentit en 1710 au
mariage de la tille de celui-ci avec son petit-fils, le duc de
Berry (6 juil. 1710) : il est vrai qu'auparavant il avait
exigé que le duc renvoyât sa maîtresse, M™^ d'Argenton, et
se rapprochât de la duchesse. Mais les morts soudaines du
duc et de la duchesse de Bourgogne (févr. 1712), du duc
de Berry (4 mai 1714), sa passion pour la chimie qu'il
étudiait avec Hombert, firent courir sur lui des bruits
sinistres, que plus tard sa conduite à l'égard de Louis XV
devait hautement démentir. En nov. 1712, pour faci-
liter la paix, il avait renoncé à ses droits éventuels à
la couronne d'Espagne, comme Philippe V avait renoncé
aux siens sur la couronne de France. La mort du roi
(1^^ sept. 1715) ouvrait une régence ; le duc d'Orléans y
était appelé, mais un testament de Louis XIV lui enlevait
la garde du roi et Hmifait sa puissance. Le 2 sept., il se
rendit au Parlement qui, gagné, sauf le premier président,
de Mesmes, par ses promesses, cassa le testament et lui
conféra la plénitude du pouvoir. Le 12, un lit de justice
confirma cet arrêt. Ce n'était pas l'intelligence qui man-
quait au régent, c'était la moralité et la justesse des idées.
En gouvernement, en finances, il ne tarda pas à s'éprendre
d'idées chimériques, et presque toutes ses réformes avor-
tèrent.
Le 15, il rendit le droit de remontrances au Parlement,
qui en usa bientôt contre lui et qu'il fit exiler (21 juil.
1720). Le même jour, à la place des ministères, il créa six
conseils : de conscience, des affaires étrangères, de la
guerre, delà marine, des finances, du dedans, et bientôt un
septième, du commerce (14 déc); mais dès 1718 (18 oct.),
il fut obligé d'en revenir au régime des sous-secrétaires
d'Etat. Une chambre de justice fut établie contre les finan-
ciers (1®'' mai^s 1716), mais on la supprima brusquement
le 20 mars de l'année suivante, et l'on réhabilita ses vic-
times. Les princes légitimés, conti^e lesquels les ducs et
pairs étaient exaspérés, se virent enlever le droit de suc-
cession à la couronne ainsi que leur qualité de princes du
sang (8 juil. 1717), mais cela ne fit que jeter le duc du
Maine et sa femme dans des intrigues avec le roi Phi-
lippe V, dont le régent s'était fait un ennemi en concluant,
en vue de la sécurité de son pouvoir plus encore qu'en
considération de la France intéressée à entretenir de bons rap-
ports avec l'Espagne, une triple alliance avec l'Angleterre
et la Hollande (14 janv. 1717). Ce changement de front
dans la politique extérieure était l'œuvre surtout de l'abbé
Dubois, et a été beaucoup louée ; elle pourrait être tout au-
tant critiquée, car elle aboutit à un commencement de
guerre avec l'Espagne, retarda de cinquante ans le pacte
de famille, arrêtant le développement de toute la politique
de Louis XIV. Le maréchal de Noailles, président du con-
seil des finances, aurait voulu combler le déficit par de
sages économies et le développement graduel du commerce
et de l'industrie, le régent préféra les idées aventureuses
de Lavv appelé dès le 25 oct. 1715. Le 2 mai 1716, il lui
accorde le privilège d'une banque générale, au capital de
6 millions, et le chanceher d'Aguesseau, qui lui est hostile,
est exilé (28 janv. 1718); le 4 déc. 1718, elle est déclarée
banque royale, et le 24 févr. 1720 réunie à la Compagnie
des Indes nouvellement créée par la fusion, en mai 1719, de
la Compagnie des Indes occidentales et de la Compagnie
d'Occident. Dans les questions rehgieuses, il se montra
d'abord favorable aux adversaires de la bulle Unigenitus
qui, le 5 mars 1717, avaient renouvelé leur appel au fu-
tur concile, mais il dut bientôt imposer la loi du silence
sur ces matières (7 oct.), même enfin il laissa enregistrer
la bulle par le grand Conseil et par le Parlement ensuite
(23 sept., 4 déc. 1720).
Peu après la visite du tsar à Paris (avr. -juin 1717), il
avait signé un traité d'alliance avec la Russie et la Prusse
(4 août 1717), et, l'année suivante, une quadruple alliance
avec l'Angleterre, la Hollande, et l'Empire venait d'être
signée (2 août 1718), lorstpie fut découverte la conspiration
de Cellamare (9 déc), ce qui amena l'emprisonnement
du duc et de la duchesse du Maine (29 déc.) et la
déclaration de guerre à l'Espagne au commencement de
1719. L'énergie de Berwick qui franchit les Pyrénées,
prit Saint-Sébastien et Urgel; la répression vigoureuse
d'une révolte en Bretagne, décidèrent bientôt Philippe V
à accepter une suspension d'armes (septembre) et à accé-
der même à la quadruple alhance (17 févr. 1720). Ce fut
le côté glorieux de la régence du duc d'Orléans, ternie mal-
heureusement par les excès d'abord de l'agiotage, la ré-
duction des rentes de 5 à 2 ^'o (17 avr.), le sacre'de Dubois
comme archevêque de Cambrai et les débauches publi(jues
de ce prince. Le rappel de d'Aguesseau (17 juil.), l'exil
du Parlement (21 juil.), ne purent prévenir la chute du
système. Menacé par l'émeute, Law prit la fuite; le ré-
gent rappela alors le Parlement (14-16 déc). Un traité
d'alliance et de mariage entre le jeune roi et une princesse
espagnole (27 mai 1721), un autre avec l'Angleterre, l'ar-
rivée de la jeune infante (2 mars 1722), rendirent le ré-
gent un instant populaire. Le 22 août, la nomination de
Dubois comme premier ministre fut uq singulier prologue
au sacre du roi qui eut lieu le 25. Le régent semblait
vouloir se retirer de la vie politique, lorsque la mort du
cardinal Dubois (10 août 1723) l'y rappela; mais ce ne
fut que pour quel(|ucs mois ; il avait accepté le titre et
les fonctions de premier ministre lorsqu'il fut frappé d'apo-
plexie dans un entretien avec M'^^^ de Parabère. Il avait
quarante-neuf ans. — Il eut de son mariage un fils, qui
vécut, et sept filles, dites W^^ de Chartres (1695-1719),
mariée au duc de Berry; M^^« d'Orléans (1698-1743),
abbesse de (^belles; W^^Ule Valois (1700-61), femme du
duc de Modène; M^^^' de Montpensier (1709-42), mariée
au prince des Asturies, plus tard Ferdinand VI, roi
d'Espagne; W^^ de Beaujolais (1714-34); W^^ de
Chartres (1716-36), femme du prince de Conti. Il eut
aussi plusieurs enfants naturels : Charles de Saint-Albin
(1698-1764), abbé d'Orléans, archevêque de Cambrai,
fils de la danseuse Florence ; Jean-Philippe, chevalier
d'Orléans (1702-1748), fils de la comtesse d'Argenton ;
Angélique de Froissy (1702-85), fille de la tragédienne
Desmares, et femme du comte de Ségur. Eug. Asse.
BiiîL : Pi(ispr,N<.3/er/i (le In régence. Vii9. 5 \6\. in-l2.—
La Motte, Vie du duc d'Orléiuis, 2 vol. 111-12. — M&m do
Sai.nt-Simon, Dangeau, ]Marai.«, Barp.ier, d'Argen^^on.
Du Blt?^sox, Buvat; Coprosp. de la ducliesse d'OR-
L1.AN?:. — xVnquetie, Loaiii XIV. sa cour et le véueni —
Marmuntee, llisl. de lu réyence. — Lacretelle, illst. de
577
OKLEANS
hi rr(jci!C(' — (^APEi'ioLK, Hist (Iv I'IuLlj^I'C. (rOrh'.nis. r('-
(iciit — AU'. Hauurillart. Philippe V et In cour de Frmicc:
■paris. 1890, t. IL — L. WiK^ivxnR. le Ih'(jpnt ; l^iris. 18U1-
1)1, 2 vol. iii-8. — Weiîkii. Die Qundnipdl-Alllaii: voiii
Jalire i 748; Vienne, 1887. — Li'.^icuRK, les j/cûfre.s.scs du, ré-
cent, 18G0, in-12. — S. de Barthei.kmv. Ips FUIps du vp-
]lPid. 18r)7.'l8.58, 1859 et 18G8. — D. Laijorderie. Co/KS])/r dp
Poiilcallec (PccHC de Dretinjuc).
ORLÉANS (Elisabeth-Charlotte d'), duchesse de Lor-
raine (1676-1744) (V. Elisaketh-Charlotte d'Orlkans).
ORLEANS (Louis, duc d'), fils unique du régont et
cle Françoise-Marie de Bourbon, M'^^ de Blois, légilimée,
ne à Versailles le 4 août 1703, mort à Paris en l'abbaye
Sainte-Geneviève le 4 févr. 17o2. Tenu sur les fonts par
le duc de Bourgogne et Madame, duchesse d'Orléans douai-
rière, il reçut en 1716 le comte de Cheverny pour gou-
verneur et pour précepteurs les abbés de Court et Mongault,
plus tard de l'Académie française, cjui lui inspirèrent, avec
beaucoup de piété, un grand amour pour les sciences. 11
apprit même l'hébreu, le syriaque, le chaldéen, et forma
un riche cabinet d'histoire naturelle, dont il choisit
Cuettard pour gardien. En 1718, son père l'intro-
duisit au conseil de régence, pour s'instruire dans les
affaires, en 1719 au conseil d'Etat, et en 17^21 le nomma
colonel général de l'infanterie française, ce qui ne l'em-
pêcha pas de s'unir à l'opposition faite par le prince de
Conti, les comtes de Cliarolais, de Toulouse, d'Evreux, les
maréchaux de Villars et d'Alègre, et de refuser d'aller
travailler chez le cardinal Dubois (17*23). Après une liai-
son passagère avec M^^^^ Quinault, l'actrice, des attentions
remarquées pour M'^^ de La Roche-sur-Yon, sœur du prince
de Conti, et quelques bruits de mariage avec une infante de
Portugal et une petite-tille du roi d'Angleterre, il é])ousa,
le i juin 1724, Augusla-Marie-Jeanne, princesse de Bade,
fille du margrave Louis-Cuillaume, le célèbre général, et
de Françoise de Saxe-Lowembourg, née le lOnov. 1704.
il la perdit le 8 août 1726, trois jours après la naissance
d'un second enfant. Barbier a dit d'elle : « On ne peul
pas dire qu'elle soit jolie ; elle a même l'air un peu gros-
sier. Mais elle est bonne, généreuse, et tout le monde se
loue fort d'elle. » Elle fut très regrettée. Dépourvu d'am-
bition, le cardinal île Fleury en profita pour obtenir sa
démission de la charge de colonel général de l'infantei'ie
(déc. 1730). A partir de cette époque, il fit des retraites
de plus en plus fréquentes à l'abbaye de Sainte-Geneviève,
et s'y fixa même définitivement en 17i^, s'occupanl : d'une
Traduction, littérale des Psaumes, d'après Thébreu ;
des Epitres de saint Paul, C'est là qu'il mourut; il fut
enterré au Val-de-Gràce, « 11 était mal depuis quehjue
temps, dit Barbier, et sa maladie venait d'un sang appauvri
par des austérités et par le travail. C'était un bon prince,
d'un génie médiocre, qui faisait bien des aumônes et
beaucoup de pensions. » De son mariage, il avait eu deux
enfants, Louis-Philippe qui suit, et Louise-Marie, née
à Paris le o août 1726, morte à Saint-CJoud le 1 4 mai 1728.
On a des portraits de lui par Daullé et Drevet, d'eaprès
Coypel. Eug. Asse.
l^riîE. : Saint-Simon, 3iei;j de I)ang):ai:. cVArgen^on —
Lhy^sEf^.Jonri/nL pa^shn. — JL\rj!ij;k, Joiinud, 1. I-V. VIIÎ.
— llist. de Louis, duc d'Oriénas ; l*ai"is. 1753. \n-\2. —
.] -.1 Rous^f^ac. Oruisoii fuiudjre.
ORLÉANS (Louis-Philippe, duc d'), né à Versailles
le 12 mai 1725, mort à Sainte-Assise, château en Brie,
le 18 nov. 1785, fils du précédent. Titré duc de Chartres
ù sa naissance, il ne prit le titre de duc d'Orléans
(\u'i\ la mor( de son père en 1752. h épousa, le 17 i\(r.
1713. Louise-Henriette de Bourbon-Conti, dont il eut
deux enfants: Louis-Pkilippe-Joseph (\. l'aj'l. suiv.).
et Louise-Marie-Thérèse-Balhilde (1750-1822). femme
du dernier duc de Bourbon. Avant ce mariage, il avait
eu deux enfantb nalurels. les abbés de Saint-Far et
de Saint- Albin ; ^ouf, il épousa bccretemenl. le 23 avr.
I77;>, M"^'- de Montesson (V. ce nom), dont il n"eut
pao d"'^nfant&. (jolonel du régiment de Chartres par (om-
misision du 28 mars 1737, il commanda la cavalerie dans
la campagne de Flandre de 1742 ; le 27 juin 17i3. il
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — \XV.
eut un cheval tué sous lui à Oeltingen. Maréchal de camp
au mois de juillet suivant, lieutenant général le 26 juin
J744. il prit part aux sièges de Menin, d'Ypres, de Fn-
bourg-en-Bi'isgau, puis, en 1745, à celui de Tournay et
à la bataille de Fontenoy. Il fut (en survivance de son
père) gouvei'iieur du Dauphiné (8 nov. 1717), puis che-
valier de la Toison d'Or (9 déc. 1752). En 1757, il se
distingua à la balaille de Hastembeck: il ne reparut pas
depuis à l'armée. Retiré à Bagnolet, il ne vécut ])lus
guère que « pour le plaisir et pour l'amitié ». 11 ht cons-
truire un théâtre et joua la comédie « de société », entre
autres le rôle de Michau dans la Partie de chasse de
Henri IV (V. Collé); outre Collé, auteur de cette pièce,
Saurin et Carmontelle étaient ses principaux « familiers
de lettres ». 11 eut la lentation de prendre parti pour le
Parlement exilé contre le chancelier Maupeou (V. ce nom),
mais il eut peur de la guerre civile et se l'approcha bien
vite de la cour. Très aimé de Louis XVI, il consentit,
malgré son propre fils, à lui vendre le château de Sainl-
Cloud |)oiir la reine, d'après le vo'u de la faculté de
médecine (pii considérait ce lieu comme le plus favorable
à la santé et à Féducation physique du dauphin (1784).
Il était charitable, de manières affables avec ses gens, et
populaire à Paris. Au .lit de mori, il se réconciHa avec
son gendre, le duc de Bourbon, dont sa fille l'avait éloigné ;
il reçut les sacrements du curé de Saint-Eustache, et c'est
dans cette église ((ue l'abbé Fauche t (V. ce nom), vicaire gé-
néral de Bourges, ])rononça son oraison funèbre. H. Monix.
BiHL : V [Gabriel l'ia(;Noj| Précis... de Ui )aiiison
d'Orléiius : Peins, IH'.IO. p 8fj. uv iii-S {Xollce bibliogra-
pldque).
ORLÉANS (Louis-Philippe-Joseph, duc d'). dit Phi.-
tippe-Fjjalité, né à Saint-Cloud le 13 avr. 1717, exécuté
à Paris le 16 bruuiaire an 11 (6 nov. 1793), fils du ])ré-
cèdeiil. 11 |)orta le titre de duc de Monfpensier ju^cpià la
mort de son grand-père (4 ïi'W. 1752), puis celui de duc
de Chartres jusqu'à la mort de son père (18 nov. 1785).
Il eut pour gouverneur le comie de Pons-Saint-Maurice
et fut beaucoup mieux élevé que la plupart des prinees
de cette épo(pie ; c'était un esprit vif, curieux, doué d'une
grande facilité d'assimilation. Il mar(jua de bonne heure
du goût pour les aris, pour les exercices physi([ues. Mais
la ])assion du plaisir l'emportait encore, et la femun; qu'il
épousa le 5 avr. 1769. Louise-Marie-Adéhude de Bour-
bon, bile du duc de Penthièvre. ne parait pas avoir exercé
grande influence ^ur son caractère. Fanfaron de vice^ et
d'incrédulité counne le régent, il se plaisait à heurter h's
préjugés, Ich con\enances. les habitudes de la cour où sa
naissance l'appelait à vivre. Le jour même de son ma-
riage, comme il ne s'était ])as })lacé du bon c()té de l'autel,
il sauta d'un bond par-dessus la hingue traîne de la mariée,
au grand M'andale de l'assistance. « Ce n'est pas, dit \\\\
fainiher du duc de Penthièvre. G. Peignot, qu'il ait man-
qué précisément d'égards envers sa digne éj)ouse, mais il
j)référa souvent la société de femmes qui ne jouissaient
pas de l'estime générale, et elle ne Fignorait pas, comme
le prouve sa correspondance. » Le jeune |)rince avait une
taille élevée et bien j)rise, une physionomie ouverte, des
traits agréables et réguliers. Il montait parfaitement à
cheval, faisait des armes, dansait « à ravir » et condui-
sait adroitement un char, à toute vitesse, à travers les
embarras des rues de Paris, amusement qui ne man(|ua
pas d*(\\citer la ci'ilique. cai' les jeunes seigneurs (pii se
plaisaient à Timiter hrent (piehjues victimes parmi les
piétons. Quoique très riche, il s'endetta. H eut alors l'idée
d'une spéculation inouïe de la part d'un |)rince du sang.
Il convertit en boutiques à louer tous les alentours i\\\
jardin du Palais-Royal. (|ue son père lui avait donne en
apanage, de sorte que ce vaste jardin, (pii était une pro-
menade publi(jue ou Ton venait respirer le grand air et
ou. Ton était aduiis pourvu (|ue Fun fût vêtu d'^remipciif ,
devint, par suite de^ portique^^ couverts en avant des nou-
velles boutiques, une espèce de foire per])étue1le. « lécep-
ORLEANS
— 578
tacle (le ce que lu capitale reiiferinail de plus commun
et (le plus pervers ». Le palais marchand, comme on
le surnommait à la cour, fut terminé en 1786. Ni les
bourgeois dérangés dans leurs habitudes, ni les cour-
tisans, ne ménagèrent leurs sarcasmes au premier prince
du sang.
Le prince était depuis longtemps méprisé et détesté de
Marie-Antoinette, devenue toute-puissante sur l'esprit du
roi Louis XVL 11 est difficile de connaître les véritables
causes de cette hostilité. L'on est réduit à des hypo-
thèses qu'il serait oiseux ici de discuter. Mais divers
incidents sont bien connus. Par exemple, Farcliiduc Maxi-
milien, frère de la reine, étant venu la voir à Versailles,
se dispensa, sur son conseil, de rendre visite au prince
(encore duc de Chartres), injure qui lui parut préméditée.
Ensuite il voulut avoir la survivance de la charge de
grand amfral, qui appartenait à son beau-père, et le roi
ht attendre son consentement. C'est alors, pour prouver
sans doute au souverain et au pubHc qu'il était digne de
cette charge, que le prince prit du service sur la lïotte du
comte d'OrviUiers. Il montait le vaisseau le Saint-Esprit
au combat d'Ouessant le2T juil. 4778. Sa conduite paraît
avoir été irréprochable : « M. le duc de Chartres, écri-
vait le secrétaire d'Etat de la marine Sartine au duc
de Pcnthièvre, a donné les preuves d'un courage froid et
tranquille et d'une présence d'esprit étonnante. Sept gros
vaisseaux, dont un à trois ponts, ont successivement com-
l)attu celui de M. le duc de Chartres, qui a répondu avec
la plus grande vigueur, quoique privé de sa batterie basse.
Un vaisseau de notre armée a dégagé le Sai)it-Esprit
dans le moment le plus vif et a essuyé un feu si terrible
(|u'il a été absolument désemparé... » Toutefois, le comte
d'OrviUiers avait commis des fautes qui laissèrent la bataille
indécise, et que l'on put attribuer à la présence du prince
et à la responsabilité spéciale qu'elle entrahiait. 11 démis-
sionna, et ce fut le prince qui désigua les officiers et ma-
rins de l'escadre aux récompenses du souverain. L'accueil
triomphal que Paris lui ht ("i août) aigrit et indisposa les
courtisans et le parti de la reine ; on Ht courir le bruit
((u'il s'était caché à fond de cale, qu'il ayait airèté la
poursuite, empêché la victoire. On ailécta de croire à ces
récits calomnieux ; le prince n'obtint ni la charge de
grand amiral que son beau-père offrait de lui céder, ni
même la survivance. Louis XVI le nomma colonel général
des hussards, ce qui fut pris plutôt comme une ironie
injurieuse que comme une récojnpense. Il parait que la
reine s'opposa aussi à un projet de mariage que le duc
avait mis en avant entre sa lille et un tils du comte d'Artois.
Bref, il ne parut presque plus à la cour. Il lit un voyage
à Londres, oii il se lia avec le prince de 0 ailes, le futur
Georges IV (V. ce nom). Il avait dit au roi qu'il allait
en Angleterre apprendre à penser : « A panser les che-
vaux », aurait réparti brutalement Louis XVI, qui n'avait
aucun goût ponr les idées constitutionnelles et parlemen-
taires. Le prince revint engoué des opinions, des mu'urs,
et aussi des préjugés, des costumes, des équipages anglais.
L'anglomanie de cette époque est d'ailleurs loin d'être
ridicule en tout : « Plus de somptuosité, plus de bro-
deries sur les habits des grands seigneurs, simplicité dans
les nuunères et familiarité avec tout le monde, de sorte
que la hgne des rangs et des dignités, tracée ])ar l'éti-
([uette, s'effaça insensiblement » ; ces dehors d'égahté
annonçaient la Kévolulion. En même temps, La Fayette
rapportait avec lui d'Amérique le mot de liberté ; nul ne
sembla l'accueillir avec plus d'amitié el d'enthousiasme
que le prince. D'autre part, à la mort du comte de Cler-
mont, il se ht recevoir grand maître de toutes les loges
des francs-maçons de France, ce qui servit dans une cer-
taine mesure son influence pohtique. Dans la querelle de
la royauté et du Parlement de Paris, il se prononça hau-
tement pour le Parlement qui se refusait à enregistrer
sans la formalité d'un lit de justice les édits bursaux pré-
parés par Loménie de ]h'ienn<' (19 nov. 1787): il tint
tète à Louis XVI et rédigea, de concert avec les conseillers
Freteau et Sabatier, une protestation qui les ht exiler
tous trois. Le rappel de JSecker (V. ce nom) fut le signal
de son retour, qui fut triomphal. La convocation des l'étais
généraux fut résolue. Le duc d'Orléans ht alors répandre
dans les domaines de son apanage iimlnslruction dominée.. *
a ses représen[a]is aux bailliages, rédigée d'après ses
ordres par le marquis de Limon, et suivie de délibéra-
tions à prendi'e par ses assemblées, que le public attri-
bua, sans être démenti, à l'abbé Sieijès (V. ce nom).
Ces instructions étaient beaucoup })lus hardies et énergiques
que le plan du ministère et surtout que la politique du
roi. Le prince s'était d'ailleurs formellement prononcé pour
le doublemeiit du tiers, qu'admit le gouvernement, et pour
le \olQ par tète, sur le(|uel il jie se ])i'onojiça point. Pen-
dant le rigoureux hiver de 1788-89, le ])rince fut porté
aux nues par le peuple à cause de ses actes de bienfai-
sance, qui n'allaient pas sans (juebjue étalage, et aussi à
cause de ses opinions. Aussi la cour ne manqua~t~elle
pas de lui attribuer l'émeute des ouvrierh de la maimfac-
ture Jléveillon (V. ce nom), dont les causes, parfailement
établies aujourd'hui, l'innocentent de la façon la plus
absolue. Le seul grief précis fut que l'on avait vu, le
"21 avr., sa voiture traverser le faubourg. Il n'y eut
d'ailleurs sur sa prétendue participation aucune iidorma-
tion judiciaire, bien qu'il se fût aliéné le Parleaient depuis
son vote, aux Notables de 1788, en faveur du doublement
(kl tiers. Il fut élu député de la noblesse par le bailliiige
de Crépy sans s'être perbonnehemeiit présenté; le mai'.juis
de Limon avait, parait- il, déclaré (ju'it ne réclamait qu'un
acte de déférence et ([u'il ne siégeraii pas. Aussi fut-il
nommé par acclamation. Il accej)ta bel et bien, vint re-
mercier ses électeurs et prêter le serment requis. Dans
la Chambre de la nolilesse, il se rangea toujours dans la
minorité, soit contre la déhbération qui portait qu'on vo-
terait par ordre, soit lorsque cette minorité, après le
'23 juin, se réujht le 'Jo au tiers état. Le 3 juil., il fut
élu président de l'/vssemblee nationale, mais il recula de-
vant un honneur alors trop signiiicalif, et fut remplacé
par l'archevêque de Vieime, Le Franc de Ponq)ignan.
Après le renvoi de Necker, c'est dans le jardin du Palais-
Uoyal, lieu à la fois privilégié et ouvert à tous, que be
])répara la prise de la Bastille (V. ce nom). On promena
dans le jardin et h^s rues adjacejites le buste du duc d'Or-
léans et celui de Necker : le dernier fut mis en pièces par
la police ; le premier fut re.-.pecté. Il y avait certaii^eou'nt
alors, sinon dans le peuple, au moins ])armi les meneurs,
un parti d'Orléans, qui le désignait d'avance comme lieu-
tenant généj'al du royaume, si Louis XVI, de gré ou de
force, abdicpiait devant la Révolution. Les trois couleurs
(bleu, rouge et blanc) étaient celles de sa maison, et l'in-
terprétation donjiée aj)rè le ii juil. au choix de ces cou-
leurs {ville (le Paris et royauté) ne fut évidemment m-
ventée qu'après coup. Le parti d'Orléans fut d'ailleurs
immédiatement dépassé par celui de l'Assemblée elle-
même et de la ville de Paris, qui comptait faire du roi on
instrument aussi docile que précieux, et surtout éviter la
guerre civile par le respect du moijis extérieur des tradi-
tions. Le duc rempUt avec assiduité soîi rôle de dé])uté.
il siégeai! à l'extrême gauche, surnommée d'aboj'd ])ar
les courtisans « le Palais-Uoyal ».
L'émeute des 5 et- G oct. fut attribuée, du moins eji
partie, aux excitations, aux agissements, à l'or même du
duc d'Orléajis : il avait en tout cas lié partie avec Mira-
beau. La Fayette, qui, en dépit d'insinuations ultérieures,
avait réellement fait tout son possible pour atténuer le
choc de Paris et de la royauté, obtint du roi, malgré Mi-
rabeau, que le duc d'Orléans fût éloigné. Le prétexte fut
celui d'une mission en Angleterre. Mirabeau fut stupéfait
de la docilité du prince, et n'eut plus dès lors la moindre
conhance (hnis sa destinée poHliciue. Muni des passeports
de rAssemblée nationale, le prince partit le 14 ov[. : à
Boulogne, le peuple s'opposa à bon embar(jucmenl ; Tin-
— r>7fl
ORLEANS
terveiîtioii de l'Assemblée fut encore nécessaire. De Londres,
il envoya par écrit son adliésion au serment civique « à
la nation, à la loi et au roi » (séance du i fév. 1790).
C'est à l'Assemblée, non au roi, qu'il deuianda l'autorisa-
tion de prendre part à la fédération du 14 juil. 1790 :
La Fayette essaya vainement de le retenir. Il revint à
Paris le 7 juil. et renouvela le 11, à la tribune, le ser-
ment qu'il avait écrit. Les amis trop zélés du roi avaient
mis à profit son absence. Une enquête était commencée
au Chàtelet contre les auteurs des journées des o et 6 oct. :
il était principalement visé, avec Mirabeau. Mais à cette
enquête, l'Assemblée en opposa une autre et, sur le rap-
port de Chabroud (2 oct.), décida qu'il n'y avait pas lieu
à accusation contre l'un ni contre l'autre. Le duc s'était
lui-même énergiquement défendu dans un faclum public :
et des royalistes d'une fidélité incontestée, comme le duc
de Lauzun et le marquis de Ferrières, avaient hautement
plaidé pour lui dans l'Assemblée nationale. Après la fuite
et l'arrestation du roi à V avenues (V. ce mot), le duc
d'Orléans fut encore accusé d'avoir fait rédiger par son secré-
taire Chauderlos de Laclos et pari>/ issoi (V. ces noms) la
pétition de déchéance qui entraîna la sanglante journée du
17 juil. 1791 (V. Bailly). Le roi une fois rétabli dans ses
fonctions, le duc fut publiquement attaqué, dans le club
des Feuillants, comme traitre à la royauté. Sillery déclara
que c'était sans l'avis du duc d'Orléans que son secrétaire
avait pris part au mouvement du Champ de Mars et qu'il
l'avait désavoué. Mais le duc lui-même vint affirmer le
lendemain que Sillery avait été mal instruit, et, sans dire
un mot de la pétition, il déclara que Laclos avait toujours
son estime et sa confiance. Dès lors, il ne parut plus aux
Feuillants, et fut, au contraire, un assidu des Jacobins.
Il devenait visiblement dangereux. Le roi crut faire acte
de bonne politique en le nommant amiral (lieutenant
général des armées navales) ; le duc se montra sensible à
cette faveur trop longtemps attendue. Il vint un jour aux
Tuileries, mais ilesbuya de la part des fanatiques du trône
et des amis de la reine de telles avanies et de si grossières
injures, que son parti fut pris de se venger et de se jeter
à corps perdu dans la ilévolution. Il admit à sa table
Danton et les membres du club des Cordeliecs. 11 est pour-
tant impossible de saisir la trace de son action personnelle
dans les journées du 20 juin et du 10 août. Si sa con-
duite fut tout à la fois ambitieuse et pusillanime, s'il ne
sut jamais ni tenir énergiquement la tête d'un parti, ni se
dégager de celui que les circonstances avaient formé au-
tour de son nom , il faut néanmoins lui reconnaître une certaine
suite et une certaine logique dans les actes, quel qu'en
ait été le mobde. Il convient surtout de se rendre bien
compte de la place que lui avait assignée dans l'Etat la
Constitution de 1791. Le 24 août 1791, au nom des co-
mités de rédaction et de revision de l'acte constitutionnel,
Thouret avait proposé l'article suivant : « Les meml)res
de la famille du roi, étant seuls appelés à une dignité hé-
réditaire, forment une classe distinguée des citoyens, ne
peuvent exercer aucun des droits de citoyen actif, et n'ont
d'autre droit politique que celui de la succession éventuelle
au trône : ils porteront le titre de » M. d'Orléans
(c'est ainsi que le duc s'appelait depuis la suppression des
titres nobiliaires) protesta contre cet article, comme con-
traire aux principes de la Déclaration des droits et à l'es-
prit de la Constitution, qui ne comportait ni privilège, ni
titre féodal, ni exception au droit commun, et qui, d'autre
part, accordait la qualité de citoyen français à tout homme
né en France d'un père Français. Il demanda si c'était un
crime pour lui d'être né parent du monarque. Il taxa de
misérable subterfuge la distinction de citoyen français et
de citoyen actif. Au reste, ne croyant pas pouvoir être
privé de l'option entre la qualité de citoyen (éligible et
électeur) et l'expectative du trône, il aiouta que si l'ar-
ticle des comités était adopté, il renoncerait expressé-
ment aux droits de membre de la dynastie régnante, pour
conserver ceux de citoyen français. Cette déclaration fut
accueillie par les applaudissements des tribunes et huivie
d'une vive agitation. Dupont de Nemours objecta (jue l'As-
semblée avait décidé de ne rien préjuger sur l'eifet des
renonciations dans la race régnante. Mais, comme le lit
justement observer Rewbell, cette décision ne s'appliquait
qu'à la branche d'Espagne. Sillery lut un long discours
clans le sens du duc d'Orléans, dont il était le confident
le plus intime. 11 dit que le titre de prince avait été pros-
crit. Il rappela les frères du roi ligués avec l'étranger
contre la nation, et opposa à leur conduite celle de la
famille d'Orléans : « Si l'on rétablit aujourd'hui le titre
du prince, concluait-il, on accorde aux ennemis de la li-
berté tout ce qu'ils ambitionnent, on prive de bons pa-
triotes de tout ce qu'ils estiment. On les dégrade ; on les
rejette dans la classe des malfaiteurs ». Cette discussion
ne dura pas moins de trois jours (24, 25, 26 août);
Chapelier, Voidel, Baniave, Lanjuinais, Buzot, Camus,
Demeunier, d'André, Goupil, Robespierre y prirent part.
A côté des arguments de logique onde politi(]ue générale
dont la forme seule changea, les sarcasmes et les insinua-
tions malveillantes se hrent jour. D'André fit observer que
d'Orléans n'avait le droit de renoncer au trône ni pour
lui, ni pour ses enfants, ni... pour ses créanciers. Goupil,
ironiquement, montra la place des parents du roi auprès
de son trône comme conseillers, ou à la tête des Hottes,
des grandes ambassades. La renonciation à un droit i[m
n'est pas ouvert n'est d'ailleurs pas valable. Si le décla-
rant eût voulu autre chose que capter quelques minutes
de popularité, il eût du même coup renoncé à ses rentes
apanagères et aux quatre millions que la nation lui avait
accordés pour payer ses dettes. Robespierre, au nom des
« trente », s'étonna de l'embarras du comité, et des points
de suspension qui terminaient son projet d'article. Pour
lui, les parents du roi étaient faciles à désigner : c'étaient
les parents du roi, tout simplement. En somme, il fut
voté que les membres de la famille royale pourraient
exercer les droits de citoyen actif; que ceux d'entre eux
(jui pourraient être éventuellement appelés à la succession
au trône, porteraient le titre de prince français, sans dé-
signation féodale : ils étaient donc réihiits à leurs noms
de baptême. L'important en tout ceci, j)our Louis-Phi-
lippe-Joseph, était d'avoir conservé le droit de se faire
élire, lui et les siens, aux futures Assemblées. Comme
constituant, il fui, ainsi ([uc tous ses collègues, exclu de
la candidature à la première Législative. Mais, dès qu'il
paraît évident que celle-ci n'ira pas jusqu'au bout de sou
mandat, son plan de campagne électorale se dessine. Le
26 juil. 1792, il écrit à ses deux fils : « Je ne serais
pas étonné du tout de voir d'ici à fort peu de temps une
Assemblée constituante. Je crois que dans ce cas vous de-
vez désirer d'en être : fj.utes-y vos rélîexions, car ni vos
âges, ni vos principautés françaises ne s'y opposent ». Le
■4 août, dans une lettre datée du Raincy et adressée à son
fils aîné, il lui annonce comme prochaine « la Convention
dont on parle », et se réjouit de cet événement. Il désire
que son fils aîné se présente à Sarreguemines, dont Voidel
se dit sûr, et que le second cherche de son côté quelque
siège électoral. La fixation de l'âge d'éligibilité à vingt-
cinq ans le déconcerte un instant (lettre du 15 août) ;
mais trois jours après, il conseille au ci-devant duc de
Chartres, son aîné, de se faire nommer quand même. On
verra bien après ! L'ambition paternelle ne peut longtemps
servir de masipie à l'ambition personnelle : d'ailleurs, il
faut bien prévoir, même en temps de révolution, le souci
de la légalité, et il est possible qu'à la vérification des
pouvoirs, les élus mineurs de vingt-cinq ans soient inva-
lidés. Le ci-devant duc d'Orléans ne peut donc plus passer
la main à ses fils, suivant sa première intention. S'il veut
garder ses chances, s'il veut même éviter une proscription
toujours possible — car la déchéance du roi n'est plus
douteuse — il faut qu'il se fasse élire député, non de
([uelque collège obscur, mais député de Paris. A la popu-
lation encore frémissante des journées de Septembre
ORLEANS
— 580
(V. ce mot), il faut donc qu'il fusse oublier cette maudite
qualité de prince du sang, de parent du traître que la
nation est prête à punir. C'est pourquoi, j)eut-ètre sur le
conseil de Manuel (Y. ce nom), mais certainement sans
y avoir été obligé par personne, il écrivit au conseil pro-
visoire de la Commune de Paris (vulgairement : Commune
insurrectionnelle du dix-août) une lettre datée de Paris,
ii sept. 1792, l'an ÏV« de la Liberté, h'' de l'Egalité,
dans laquelle il exposait : qu'il n'avait jamais signé du
nom d'Orléans depuis l'abolition des titres féodaux ; que
pourtant il était inscrit sous ce nom sur la liste des élec-
teurs de la section de la Butte des Moulins ; (pie le corps
électoral en avait été étonné et désirait ((u"il prît son nom
de famille : « 11 y a déjà longtemps, continuait-il, que
mon amour pour l'Egalité, ([ui m'a toujours enq)èché de
])rendre celui de prince fi'ançais, m'aurait fait adopter
cette mesure, si j'en avais eu un. Mais je ne m'en connais
])as. Je suis, par cette raison, fort embarrassé de satis-
faire le désir de mes concitoyens, à trouver une manière
de me faire reconnaître, ainsi que mes enfants. Je ne crois
pas pouvoir m'adresser, pour me tirer d'embarras, à
d'autres qu'à la Comnmne de la ville dont je suis ci-
toyen ;... je serai très reconnaissant qu elle ne dédaigne
pas de me dicter ce que je dois faire en cette occasion »
La Commune ne fit (pie répondre à cette missive par l'ar-
rêté du 15 sept. : « Louis-Phdippe-Josepb et sa postérité
porteront désormais pour nom de famille : Im'.ai.hé...
Louis-Philippe-Josepb Egalité est autorisé à faire faire,
soit sur les registres publics, soit sur les actes notariés,
mention du présent arrêté. » (Sûjiic ; Boubo, président;
Coulombeau ; Tallien, secrétaire.) L'arrêté ne fut rendu
public ({u'après (jue la Connnune eJi eut avisé l'intéressé,
par une lettre signée du secrétaire Tallien, (jiii se terminait
ainsi : « La nation fran(;aise, ({ui a proscrit à juste titre
la famille des Bourbons, se rap])ellera avec plaisir qu'un
des membres de cette famille fut citoyen et éleva ses en-
fants pour devenir un jour de zé]('^s défenseurs de la liberté
et de l'égalité. » Egalité répondit à la Commune : « Ci-
toyens, j'accepte avec une reconnaissance extrême le nom
(jiie la Commune de Paris Aiejit de me doinier. Elle ne
})ouvait en choisir uji plus conforme à mes sentiments et
à mes opinions. Je vous jure, citoyens, que je me rappel-^
lerai sans cesse les devoirs que ce nom m'impose, et que
je ne m'en écarterai jamais. » Tels sont les textes au-
thentiques qui r(kluisent à leur juste valeur les explica-
tions données après coup ])ar Sergent-Marceau (Revue l'C-
frospective, 1835, t. VHL p. 330), et la légende très
répandue d'après hupielle la (k)mmune de Paris aurait
imposé au duc d'Orléans le nom d' égalité. L'initiative vint
de rint('H'essé. C'était une simple nuuKeuvre électorale et
(jui ne lui réussit (pie tout juste. Trois jours après l'alh-
chage de l'arrêté, il fut élu député de Paris à la Conven-
li(m, le vij]gt-quatrième et dernier de la liste, sous le
nom de famille Egalité : en tète venait Robespierre. Les
candidats du club des Jacobins et de celui des Ojrdeliers
l'avaient emporté en masse ; Egalité s'est donc par là
même classé dans le parti de la Montagne, dont il ne se
sépara jamais.
Sa femme l'avait (pntté dès avr. 1791, ])0ur se retirer
aupris de son père. L'année suivante, pendant que ses
deux fils faisaient campagne à l'armée du iS'(3rd, sa tille
lui fut soi-disant enlevée par M^"^ de Sillery; il obtint
de la Convention qu'elle ne fût pas considérée comme
émigrée. sous prétexte (|u'elle « voyageait à l'étranger ».
Peu de temps après (6 nov.). il rendait conq)te à la tri-
])une de la victoire de Jemmapes, à lacpielle ses fils avaient
pris une part brillante dans l'état-major de Diiimmriez.
On l'attendait au proc("^s du roi. Soil crainte j)ei'somielle,
soit fureur de vengeance, soit conviction révolutionnaire
— ces trois mobiles peuNent d'ailleurs s'être combinés
daub le troulde de ses idées '1 de sa (uiibdeiKe — •!
prit dans toutes les (pie^tion^ le paiti le plu^ ligouieux :
peine de mort, sans a])pel au peuple, sans sursis à l'exé-
cution. I>e "20 janv. 1793. c'est probablement lui (pie
cherchait le garde du corps Paris qui, faute de mieux,
assassina au Palais-Royal le « régicide » Lepelletier-
Sai}it-Fargeau (Y. ce nom). La mort de Louis XYl dé-
couvrit soudain à tous les yeux le parti d'Orléans dont
la Montagne, au dire des Girondins, s'était faite l'instru-
ment. Egalité ne fut plus pour les républicains, ([uels
qu'ils fussent, (|u'un prétendant à la royauté. Il fut ac-
cusé, sans preuve, d'avoir provoqué la défection de Du-
mouriez. Le 6 avr.. la Convention décréta que tous les
membres de la famille de Bourbon seraient mis en état
d'arrestation, « pour servir d'otage à la République ».
Quand Merlin de Douai vint au Palais-Royal lui annoncer
cette nouvelle, le ])rince dinait en tête à tête avec son
familier de xMonville : « Est-ce possible? s'écria-t-il.
Après tant de sacrifices ! Ouelle ingratitude î » Monville
était en train d'assaisonner une sole : « Ils font de Yotre
Altesse, répondit-il, ce que je tais de ce citron après en
avoir exprimé le jus » ; et il jeta le zeste dans la chemi-
née. Les Dantonistes. se jugeant plus ou moins suspects,
renchérirent sur les Girondins, et tirent ajouter aux Bour-
bons « les personnes à leur service ». Les biens d'Or-
léans furent déclarés nationaux. Le duc fut transféré à
Marseille (nuit du 9 au iO avr.). 11 subit le 7 mai un
interrogatoire devant le tribunal criminel des Bouches-
du-Rh()ne. On produisit contre lui des lettres qu'on pré-
tendait lui avok' été adressées ])ar Mirabeau. Yoidel, son
défenseur, démontra que ces lettres étaient fabriquées.
Le duc se défendit avec sang-froid. Le tribunal, après
les journées du 3i mai et du 2 juin, crut se conformer
au secret désir des vaiinjucurs en déclarant innocent la
victime des Girondins. Mais la Montagne ne voulait pas
se compromettre pour lui : et le nouveau comité de Salut
public ordonna de ne pas le r(4àcher : il fut alors interné
au fort Saint-Jean. J^a mémoire de Yoidel, le rapport de
Ruhl en sa faveur, furent inutiles. Le 3 sept., avec les
Girondins ses premiers proscripteurs, il fut décrété d'ac-
cusation par-devant le tribunal révolutionnaire, et trans-
féré de Marseille à la Conciergerie. Aucun des griefs
énoncés contre lui dans l'acte d'accusation (6 nov.) ne
tient debout; et, depuis, les historiens n'ont pu citer de
lui un acte ou une parole authenti({ue dont on puisse
conclure (pi'il ait trahi la Révolution. S'il aspirait à la
couronne, c'était dans le secret de son cœui'. On lui re-
procha d'avoir dit un jour à Poultier : « Que me deman-
deras-tu quand je serai roi? » A quoi Poultier aurait
répondu : « En pistolet jiour te tuer ». Mais de celle
anecdote aucune preuve n'existe. Il est vrai (pie dans
son entourage on continuait par habitude à l'appeler
prince et même altesse. Mais c'était contre ses ordres. 11
avait même fait aflicher à la porte de sa chambre que
ceux qui les oublieraient payeraient une amende destinée
aux pauvres. Ce sont donc les excès mêmes de son pa-
triotisme révolutionnaire et égalitaire qui ])assêrent pour
le témoignage d'une ambition profonde et d'une hypocri-
sie consommée. Il fut condamné à mort (6 nov.) comme
complice de la conspiration contre l'unité et l'indivisibilité
de la République. 11 entendit son arrêt sans émotion aj)-
parente. D'après Montgaillard, il déjeuna gaiement, et
déclara qu'il n'avait pas de ressentiment à l'égard des
vrais ré])iiblicains : « Ma condamnation, ajouta-t-il, vient
de plus haut et de plus loin ». Il alla au supplice en
compagnie du général (^oustard et de trois royalistes
obscurs. Il était habillé, coiifé et poudré avec recherche.
Au dire de témoins oculaires, son visage témoignait une
fierté méprisante. Il ne se départit qu'un instant de cette
attitude lorsque la charrette passa devant son palais, sur
la fa(;ade de hupielle il put lire en gros caractères : (U'o-
priété nationale. Sa maîtresse. M'"« de Buffon, était, il
es! vrai, penchée a une des croisées du palais, au (oin
do la rue de^ Bouv^Enfants. Il mourut sans peur, sinon
bc'ie- repj'oche. 11 laissait quatre enfants légitimes : Loui^-
Pliilipiie, roi des l^'raïKjais sous le nom de Luuh-Phi~
— 581
ORLEANS
lippe /^^'' (V. ce nom) ; X^iloine-i^hilippe. liiic doMoiir-
peiisier, né le o jiiil. -1773. mort a Londres en 'JS()7;
Alphonse-Lcodegnr. comte de Beaujolais, lié le T o<t.
-JTY9, mort à Malte en mai 1808; Louise-Marie- Xd^-
Idïde-Kuqénie, surnommée Mademoiselle (V. Adki \ii)i- ).
IL MONTN.
Biijj,. : Anno\mk, Viepricéo oiiAyjùlodic (le M(ii-lo(liir de
Chai'tres, contre un libelle diffm nu taire écrit en 1181...
par une société d'umi.'î du ]irince ; à cent lieues de la Bas-
rjl](», 1784, in-8. — K)irprant de six millwns oucert par
S. -\. 8. Mçir le duc d'OrU'uins... ; s. 1. n. d , pièce in-t. —
FAut de sitiuitioii de M. Louis-PJdlippe-Josepli, prince
français, et projet de libération et d'union cpCil propose à
ses créanciers ; Paris, 1791, pièce in-t. — Union des
créanciers de M. d'Orléans ; assemblée générale du 31 mai
1192 : l^aris. 1791 (sic), pièce in-t. —La Vie et les Crimes de
Philippe, dnc d'Orléans ; Cologne. 1798, in-8 — Bivarol.
Portrait du dm'. d'Orléans et de 3i'"'= de Genlis; s 1. n. d ,
j)ièc(î m-H.— Exposé de la conduite de Mc/r le duc d'Orléans
dans la Révolution de France; Pari.s, 1790, pièce in-8. —
Mémoire justificatif pour Loids-Philifjpe d'Orléans, écrit et
publié par lui-même, en réponseà laprocéduredu Chatelet;
t*aris. 1790. ])iece in-8. — P. C. R [Rou'^selkt]. ('orres-
pondancede L.-P.-J. d'Orléansarec Louis XVI. la Peine...,
avec des détails sur son jwil à Villers-Cotterets et la con-
duite (pCil a tenue aux i) et 6 oct. ; l^iris. 1800. in-8 — Bul-
tetin du t}'ibu)ial rérohdutnnaire, 2'' partie, n^» 73 et 7 1 —
(rAMACiii',, Récit de la translidion de L.-P.-J. d'Orléans
des priso^is de Mar.<edle à la. ConcÀenjerie de Paris en
llUli: Paris, 18-37, pièce in-8 — [Gabriel PlaG^OT], Précis
historupie... de la maison d'Orléans ; l^ads, 1830, gr. in-8
— Lauri-'ntij^. Histoire des ducs d'Orléans ; Paris. 1832-
31, in-8. — A. Nktti.micxt. Philippe-Ec/alité ; Paris, 1812,
in-8 (V. Palais-Royal).
ORLÉANS (Louis-Philippe d') (1773-1850), roi des
Français (V. Louis-Philippe l^^).
ORLÉANS (A. -Philippe d') (1775-1807) (V. Mont-
PENSiER [A.-Ph. d'ORLÉANS, duc de]).
ORLÉANS (Louis-Charles d^) (1779-1808) (V. Beau-
.lOLAfs [Comte de]).
ORLÉANS (Ferdinand-Philippe- Louis-Charles-Henri,
duc d"). prince français, fîls aîné du roi Louis-Philippe,
né à Palerme le 3 sept. 1810, mort à Neuilly-sur-Seine
le 18 juil. 18i>i. Amené en France en 181 i, il porta sous
la Restauration le titre de duc de (Chartres. Après avoir
eu pour pi'emier précepteur M. de Boismilon. qui fut plus
tard son secrétaire des commandements, il fut, à Fàiçe de
neuf ans, mis par son père, (}ui voulait le rendre popu-
laire ainsi que lui-même, au collège Henri IV, oii il
reçut Féducation de la bourgeoisie libérale du temps et
obtint quehjues succès scolaires. Nommé colonel de hus-
sards dès 1824, il termina ses études classiques, fit en
1829 un voyage en Fcosse, puis alla prendre à Joigny le
commandement de son régiment, auquel, à la nouvelle des
journées de Juillet, il fit arborer la cocarde tricolore. Après
l'avènemenl de son père au trône, il porta le titre de
duc d'Orléans et celui de prince royal. Lnvoyé à Lyon,
au mois de nov. 18?)1, a\ec le maréchal Soult. il con-
tribua à la pacification de celte ville, dont rémeute avait
élé plusieurs jours maiti'esse. F'annéesuivante, Louis-Phi-
lippe, très désireux de lui faire acquérir une certaine ré-
putation militaire, le chargea du commandement de la
brigade d'avant-garde dans l'armée qui, sous le maréchal
Cérard, alla faire le siège d'Anvers. Le duc d'Orléans prit
une part honorable à cette opération (nov.-déc. 1832).
Nommé un peu plus tard lieutenant général (1^^" j^mv.
1834). il alla en 183') servir en Algérie sous le maré-
chal Clausel, assista à la prise de Mascara, mais rentra
bientôt en France poui' cause de maladie.
Louis-Philippe, préoccupé de consolider sa dynastie, rê-
vait depuis longtemps de lui faire épouser une archidu-
chesse d'Autriche. C'est pour cela qu'il l'envoya en 1836
à Vienne, d'oîi le jeune prince ne rapporta qu'nne mor-
tification, Metternich et son maître, l'empereur Ferdi-
nand I^'\ s'étant pohment dérobés à toute alliance de
famille avec le ftls du roi des barricades. Le duc dut se
rabattre sur une princesse de Mecklembourg, qui devint
sa femme le 30 mai 1837. et qui lui donna'deux iils (le
comte de Paris, né le 24 août 1838. et le duc de Chartres,
né le 9 nov. 1840). W reparut ensuite en Algérie, oii. pen-
dant la campagne de 1839, il prit part à la reconnais-
sance militaire des Portes de iVret, pendant la campagne
suivante, contribua, à la îèîe d'une colonne d*attaq(u\ à
la prise de Médéah et à celle du teniah de Mouzaia (18i0).
De retour en France, il s'occupa très activement de l'or-
ganisation des bataillons de chasseurs à pied qui, avant de
prendre le nom de chasseurs de Vincennes, portèrent
(Fabord celui de chasseurs d'Oiléans. Le 13 juil. 1842.
sur le point de partir pour le camp de Saint-Omer. il se
rendait en voiture à Neuilly, oii il allait faire ses adieux
au roi et à la reine, lorsque ses chevaux s'emportèrent.
.\yant voulu imprudemment sauter à terre, il se brisa en
tombant la colonne vertébrale et expira quelques heui'es
après sans avoir repris connaissance. 11 fut enseveh dans
la chapelle royale de Dreux. Le duc d'Orléans s'était rendu
populaire non seulement par ses services militaires, mais
par ses amitiés littéraii-es et artistiques, ainsi que par un
certain libéralisme politiiiue dtmt on trouve le témoignage
dans ces lignes de son tehtanumt: «Que le comte de'Paris
soit un de ces insti'uments bri.sés avant qu'ils aient sei'vi.
ou qu'il devienne l'un des ouvriers de cette régénération
sociale qu'on n'entrevoit encoi'e (pi'à lra^ers tant d'obs-
tacles; qu'il soit roi ou (pi'il demeure défenseur inconnu
d'une cause à laquelle nous appartenons tous, il faut qn'il
soit avant tout un homme de son temps et de la nation,
serviteur passionné, exclusif, de la France et de la Hévo-
l^^ti^>n »; A. Debidour.
0 R L E A N S (Marie-Thérèse-Caroline-Isabelle-Lo//zsÉ' d') ,
reine des Belges, née à Palerme en 1812, morte
à Ostende en 1850. Fille de Louis - Philippe , duc
d'Orléans, puis roi des Français, et de Marie- Amélie,
princesse des Deux-Siciles, elle reçut, par les soins de
son père, une instruction très étendue, épousa, le 9 août
1832, Léopold P'\ roi des Belges, pour qui elle fut, à
l'occasion, une conseillère j)leine de tact et de bon sens,
et se rendit populaire en Belgique par sa bienfaisance.
Elle a laissé trois enfants : Léopold, né en 1835, roi
des Belges depuis 1865 ; Pfiilippe-Kiujène-Ferdinand,
comte de Flandi'e, né en 1837. et Marie-CharloUe, née
en 1840, qui, après avoir épousé l'archiduc Maximilien
d'Autriche (1857), empereur du Mexique en 1864, est
devenue folle par suite de la chute et de la fin tragique
de son mari.
ORLÉANS (Marie d'), duchesse de Wurttemberg, née à
Palerme en 1813, morte à Pise en janv. 1839. Seconde
fille de Louis-Phihppe, duc d'Orléans, plus tard roi des
Français (1830). et de Marie-Auiéhe, princesse des Deux-
Siciles, elle manifesta de bonne heure un goût ti'ès vif
pour les beaux-arts, particulièrement pour' la sculptiu'e.
et exécuta des (euvres d'un certain méi-ite, parmi lesquelles
il faut ciler sa statue de Jeanne d'Arc, (ju'on peut voir au
musée du Louvre. Mariée en 1837 à un prince de
W(n1temberg, elle donna le jour à m\ fils l'année sui-
vante et succomba peu de mois après à une maladie de
poitrine. A. Dewdour.
ORLÉANS (L.-Ch.-Ph.-K. d') (1814-1896) (V. Ne-
mours [L.-Ch.-Ph.-R., duc de]).
ORLÉANS (Franc. -Ferdinand-Philippe-Louis-xMarie d'),
prince de Joinville, marin français, né à Neuilly le
14 août 1818. Troisième fils de Louis-Phihppe et de Marie
d'Orléans, d fut destinée la marine et fut reçu à FEcole navale
de Brest; en 1836, il fut nommé lieutenant de vaisseau ;
en 1838, il se distingua devant les portes de la Vera-Cruz,
lors de la déclaration de guerre au gouvernement mexicain.
En 1843, il se rendit à Rio de Janeiro où il épousa le
1^^" mai la princesse FYancesca de Bragance, s;i'ur de dom
Pedro n. En 1845, il fut nommé vice-amiral; entre temps,
il siégeait à la Chambre des pairs. En 1848, il se retira en
Angleterre et retrouva à Charlemont la famille royale exilée.
11 vécut dans la retraite jusqu'en 1861. époque à laquelle
il se rendit aux Etats-Unis oii son fils, le ducdePenthièvre,
et ses neveux, le comte de Paris et le duc de ('hartres,
ORLÉANS »- ORLEY
582
prirent clii service, lin '1870, le prince de Joinville tenta
de rentrer dans l'armée active et, écarté d'abord, as-
sista, sous le pseudonyme de Colonel Lutherod, aux
combats du 13^- corps en avant d'Orléans. Le ol janv.,
Gambetta le fit arrêter, conduire à la préfecture du Mans,
oii il resta cinq jours, et embarquer à Saint-Malo pour
l'Angleterre.
Aux élections du 8 févr. 1871, le prince fut nommé re-
présentant dans la Manche et dans la Haute-Marne : il
choisit ce dernier siège ; son élection fut validée (8 juin),
après l'abrogation des lois d'exil. Aux élections générales
du 20 févr. 1876, le prince de Joinville ne se représenta
pas. Il était passé dans le cadre de réserve de la marine,
quand il fut atteint par la loi du 23 juin 1886, expulsant les
prétendants et leurs fils aînés, et excluant les autres membres
de leur famille de toutes les fonctions publiques.
Sa fille aînée, la princesse Françoise-Marie-Amélie d'Or-
léans, née à NeuiUy en 1844, a épousé son cousin, le se-
cond fils du duc d'Orléans, le duc Robert de Chartres. Son
fils Pierre-Philippe-Jean-Marie, duc de Penthièvre, né à
Saint-Cloud en 1845, a servi dans la flotte américaine,
puis dans la flotte portugaise, aX^h 10 oct. 1871, dans la
Hotte française, comme lieutenant de vaisseau : la loi d'ex-
pulsion de 1886 le frappa à ce titre.
Le prince de Joinville a publié plusieurs articles de ma-
rine et d'histoire dans la lievue des Deux Mondes, sous
la signature du directeur ou du gérant de celte revue ;
l'un de ces articles, intitulé lYo/e -sh?- l'elal des forces na-
vales de la France, fit sensation; il a publié également :
Eludes sur la marine ('[Sd9) ; VAnglelerre, la Guerre
d' Amérique (1862); Encore un mot sur .S(7r?o /cri (1868).
Ph. R.
ORLÉANS (llenri-Eugène-Philippe-Louis d') (1822-
1897) (Y. AuMALE [Duc d;]).
0 RLÉANS (Hélcne-Louise-Elisabeth de Mecklembourg-
ScHWERiN, duchesse d'), femme du duc d'Orléans, fils
aîné du roi Louis -Philippe, née à Ludwiglust le
24 janv. 1824, morte à Richmond le 18 mai 1858.
Ayant perdu de bonne heure sa mère (1816), puis son
père (1819), qui s'était remarié, elle fut élevée par
la grande-duchesse Augusta, veuve de ce dernier, et reçut
une éducation sérieuse, qui développa très heureusement
ses solides qualités de cœur et d'esprit. Le roi de Prusse,
l'rédéric-Guillaume III, qui la vit à Teplitz en 1880, lui
voua une estime et une affection dont il lui donna la preuve
en lui faisant épouser, malgré une certaine résistance de
la cour de Mecklembourg-Schwerin, le duc d'Orléans, fils
aîné et héritier présomptif de Louis-Philippe (30 mai
J837). Amenée en France, cette princesse, qui était pro-
testante, l'ut tout d'abord un peu suspecte au parti catho-
lique. Mais elle désarma peu à peu toute hostihté par sa
bonne grâce, son tact politi(|uc et l'attachement qu'elle
témoignait à sa nouvelle patrie. Devenue veuve par suite
de la catastrophe de Neuilly (13 juil. 1842), elle se con-
sacra dès lors presque cxclusi^ement à l'éducation de ses
deux enfants, le comte de Paris et le duc do Chartres. Le
24 févr. 1848, la révolution ayant éclaté et Louis-Phi-
hppe ayant abdiqué, elle se rendit en toute bâte, avec ses
deux lils et le duc de Nemours, au Palais-Rourbon, oîi
Dupin aîné et quelques autres partisans dévoués de la mo-
narchie de Juillet s'efforcèrent vainement de faire recon-
naître le comte de Paris comme roi avec la duchesse
comme régente. La Cbambre des députés fut bientôt dis-
soute de fait par l'irruption de la foule dans la salle des
séances et, pendant que s'organisait le gouyernement pro-
visoire, la duchesse d'Orléans, protégée par Jules deLas-
teyrie, se retira aux Invalides, d'oîi elle prit peu après le
chemin de l'exil. Retirée en Relgique, puis à Cologne, enfin
à Eisenach (mai 1848), elle alla s'établir, après la mort
de Louis-Philippe (26 août 1850) à Richemoud, en An-
gleterre, et se consacra tout entière à ravenir politique
de ses enfants. Très jalouse de ce ([u'ellc considérait comme
leurs droits, ou peu confiante dans les cbances {\(^ succès
d'une restauration légitimiste, eUe s'opposa constamment
aux projets de fusion qui furent agités, de 1850 à 1857,
entre les deux branches de la famille de Rourbon et dont
la condition sine qua non posée par le comte de Cbam-
bord était la soumission de la branche cadette (ou d'Or-
léans) à la branche aînée. A. Dep.idour.
ORLÉANS (L.-P.-R.. duc d') (1838-1894) (Y. Parts
[Comte de]).
ORLÉANS (Robert-Philippe-Louis-Eugène-Ferdinand d')
(18iO) (Y.Chartres [Duc de]).
ORLÉANS (tIenri-Philippe-Marie, prince d'), explora-
teur français, né à lïam-Cammons, près de Richmond
(Angleterre), le 15 oct. 1867. Fil*^ du duc de Chavires
(V. ce nom), il a fait en 1889-90, avec Ronvalot, un
voyage d'exploration dans l'Asie centrale et le N. de l'Inde,
est allé en 1892 du Tonkin à l>angkolv par les fatals Chans,
[)uis, en 1895, du môme pays, à la découverte du cours
supérieur du Mékong et des sources de l'Iraouaddy. A la
suite de ce dernier voyage, il a reçu de la Société de géo-
graphie de Paris sa grande médaille d'or (11 mars 1896)
et du gouvernement français la croix de la Légion d'hon-
neur. L'année suivante, il a été, en Abyssinics l'hôte de
Ménélik, a eu, à cette occasion, de vifs démêlés avec son
ancien compagnon de voyages, Ronvalot et, à son retour
en France (août 1897), s'est battu en duel avec le comte
de Turin, qui avait jugé offensantes poui' les othciers ita-
liens d(^s lettres envoyées par le prince au Fiqaro. Il a
publié: Six mois aux Indes {Viw'i-^. 1889) ; Une Excur-
sion en Indo-Chine (Paris, 1892) ; De Paris au Tonkin
(Paris, 1892) ; Aulour du Tonkin (Paris, 1891) ; A
Madaqascar {l\n?>, 1895) ; Du Tonkin aux Indes (Paris,
1897).
ORLÉANS-LoxGLEviLLE (Maried') (1625-1707) (V. Ne-
mours [Duchesse de]).
ORLÉANSVILLE. Yille d'Algérie, prov. d'Alger, située
dans la plaine du Chéhff, à 136 m. d'alt. , sur la rive gauche
du Chéliff, au confluent du Tsighaout ; 2.910 hab.
(12.210 hab. avec la commune). Depuis 1875, Orléans-
ville est chef-lieu d'arrondissement ; la ville est entourée
d'un mur bastionné. Il n'y a pas de monuments publiques
dignes d'attention. Orléansville a été bâtie sur les débris
de Caslellum Tigilii, établissement romain, en 1843.
Rien située, à mi-chemin entre Alger et Oran, elle a un
avenir industriel et commercial certain, par suite de la fer-
tilité de la plaine. —Le dimanche a lieu un marché arabe,
fréquenté par plus de 10.000 i/idigèi]es. On l'oboise pro-
gressivement les environs. Pu. R.
ORLÉAT. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de
Tliiers, cant. de Lezoux: 1.322 hab.
ORLEIX. Com. du dép. des Rautes-Pyi'énèes. arr. et
cant. N. de Tarbes ; 537 hab.
ORLENSINS (Nic(das) (Y. OinAmnm [Niccolo]).
ORLEY (Barendt ou Bernard Yan), dit Barendl Van
Urussel, peintre flamaml, né à Rruxelles vers 1490, mort
à Rruxelles en 15^2. Il était fils de Yalontin van Orley,
né en \'SÇ>, mort avant 1532. le plus ancien d'une famille
d'artistes qui exista à Rruxelles pendant plus de trois siècles.
Rernard alla en Italie suivre les leçons de Raphaël. Après
1515. il l'etourna dans son pays, avec la mission, doimée par
LéonX, d'y sui'veiller l'exécution des tapisseries qui furent
faites pour le Vatican d'après les dessins des Acles des
apolres, de Raphaël. Présenté par l'empereur Charles-
Quint à sa tante Marguerite, régente des Pays-Ras, il fut.
à partir de 1518. le peintre ordinaire de Marguerite, puis.
après sa mort, en 1530, celui de la sœur de l'empereur,
Marie d'Autriche. On voit, par les comptes des dépenses,
qu'il recevait un sou par jour, en outre du prix de ses
tableaux. Malgré uiie iufluence italienne assez manpiée,
ses ouvrages religieux, très inégaux, mais généralement
très bien composés, gardaient une couleur bien flamande.
Il peignit à plusieurs reprises, dans de grandes propor-
tions, les Chasses de CJiarles-QuinL II tii exécuter des
:\s:]
ORLEV
ORME
tapisseries d'après ^es dessins, notamnieiiL ceux da^Cluisses
(le Maxùiiilien, conservés au Louvre. Il fit aussi les des-
sins de lr<\s beaux vitraux pour l'église Sainte-Gudulc. de
Bruxelles, qui sont d'une étonnante richesse. A une époque
où les derniers imitateurs des ])riiniuts flamands semblaient
suivre l'ornière, il eut, par un mélange singulier d'ori-
ginalité et d'iun'Iation de Fart italien, une grande part
dans l'orientation nouvelle de la peinture de son pays. Son
triptyque des Epreuves de la patience de /o/;, du musée
de Bruxelles, est une imitation outrée de Michel-Ange:
mais son Jugement dernier, de l'église Saint-Jacques,
(F.Vnvers, dénote un vrai tempérament de peintre, et ses
port rai ts son t très remarquables . Autres ouvrages au Louvre ,
à la National Gallery, à l'Ermitage (une belle Descente
de Croix), à Lid)eck, Vienne, Munich, etc. E. D.-G.
HîiiL, : Aî[)!i WAUiTR.-, Bernni'fJ Vnn Orloii, .<<n fnmillr
ci son cpvvrr : Rruxollos. 1^S2.
ORLIAC. Com. du dép. de la Dordogne, arr. de Sarlat,
cant. de Villefranche-de-Belvès ; 120 hab.
ORLIAC-ue-Bar. Com. du dép. de la Corrèze, arr. de
Tulle, cant. de ('orrèze; 71'] îiab.
ORLIAGUET. Eom, du dép. de la Dordogne, arr. de
Sarlat, cant. de Earlux ; 301 hab.
ORLIÉNAS. Com. du dép. du Rhône, arr. de Lyon,
cant. de Mornant ; 929 liab. Stat. du chem. de fer de
Lyon. î']aux minérales. Fonderie do cuivre.
ORLOV (Chevaux). Race de trotteurs rapides, créée à
la fin du xviii*^ siècle par le comte Orlov-Tchemenski par
croisement d'étalons pur sang anglais et de poulinières
danoises et hollandaises,
ORLOV. Famille noble russe, qui a eu de nombreux
représentants dans l'armée et la diplomatie russe. Son
origine n'est pas nettement établie, et l'on prétend parfois
qu'elle vient d'Allemagne. On la rattache en général à un
certain îvan Orlov, (pii aurait été un vieux Slrelitz{\. ce
mot); conduit devant Pierre le Grand, à Moscou, en 4689,
pour y être exécuté avec un groupe de mutins, il montra
un tel courage, répondant à des reproches : « ïu fais
bien de nous punir, autrement tu n'aurais jamais de
repos », que Pierre le Grand le gracia et le nomma offi-
cier dans la garde. Les principaux membres de cette
famille sont :
Grigorii-Grigorievitch, petit-fds d'Ivan, né le 17 oc t.
I73i, mort à Moscou le 24^ avr. 1783. Il prit part à la
guerre de Sept ans et fut un des auteurs du détrônement
de Pierre III, qui amena le 9 juin 1762 Catherine II sur
le trône. Il devint le favori de l'impératrice, fut nommé
général en chef, comte russe (1762) et prince romain par
l'empereur Joseph II (1772). Envoyé au congrès de Foks-
chani, il s'empressa de revenir en apprenant que Potem-
kin l'avait supplanté dans les faveurs de Catherine IL II
vécut ensuite dans la retraite à Moscou. De son allitance
(et peut-être mariage morganatique) avec Catherine est
issue la famille des comtes Bobrinskii, qui s'est perpétuée
jusqu'à nos jours.
Alexis-Grigorievitch, frère du précédent, né en 1737,
mort à Moscou le 5 janv. 1808. Sa fortune date du ren-
versement de Pierre ÏII en 1762 ; il paraît établi qu'il
frappa de sa propre main l'empereur, dans le château du
comte Rasoumovskii, à Ropscha, oii il avait été enfermé.
Général en chef, il commanda la flotte russe lors de la
célèbre batadle navale de Tchemenski, dans l'archipel
(3juil. 1770); il reçut le titre de comte de Tchemenski.
Banni sous l'empereur Paul, il mourut à Moscou. Il s'était
occupé beaucoup do l'élevage des chevaux et avait obtenu
(V. Orlov [Chevaux], ci-dessus) une race de chevaux de
course connue sous le nom d'Orlov.
Fedor-Grigorievitch, frère du précédent, né en 1741,
mort à Moscou en 1796. R prit part au coup d'Etat de
1762, ainsi qu'à la guerre contre les Turcs (1770), où il
se signala à Navarin, et fut nommé général. L'impératrice
anoblit ses cinq fils nalui'cls, à (piiVlle permit de porter
le nom de leur père.
Wlatli}nir-Grigorievitck. le, plus jeune des frères, né
en Î7i3, mort en 1832, fut directeui' de l'Académie des
Suénos et contribua à l'organisation de l'expédition de
Pallace.
Griqorii-Wladimirovitch, son bis, né en 1777, mort
à Saint-Pétersbourg le \ juin 1826, passa la plus grande
partie de sa vie à Paris et en Itahe. Il a laissé plusieurs
ouvrages : Mémoires historiques, politiques et litté-
raires sur le royaume de iS aptes (1825), Voyage dans
une partie de la France (1824).
La maison des comtes Orlov s'éteignit dans la ligne
masculine légitime avec Grigorii-Vladimirovitch, mais le
nom fut conservé par les fils naturels du comte Fedor-
Grigorievitch. Le principal de ceux-ci fut :
Alexis, ne en 1787, mort à Saint-Pétersbourg le
21 mai 1861. Il prit part aux guerres contre la Franco
pendant l'Empire, contribua beaucoup, en 1825. à la ré-
pression du soulèvement de la garde, fut nommé comte,
prit part à la guerre de Turquie (1828-29), assista comme
ministre plénipotentiaire à la conclusion du traité d'An-
drinople (14 sept. 1829) et fut envoyé ensuite comme
ambassadeui' à Constantinople. En 1832, il fut envoyé à
Londres. En 1833, il commanda les troupes russes et fit
signer ensuite au sultan le traité d'Hunkiar-Skelessi. En
1814', il devint commandant en chef de la gendarmerie et
chef de la police secrète. Raccompagna l'einpereur Nicolas
dans tous ses voyages, en particulier à Olmiitz et Berlin
en 1853. En 1856, il fut l'un des représentants de la
Russie qui signèrent le traité de Paris ; il fut à la môme
époque nommé prince.
Nicolas-Alexievitch (prince), fds unique du précédent,
né en 1827, mort à Fontainebleau le 29 mars 1885. R a
assisté au siège de Silistrie oii il perdit un bras et un œil.
Diplomate et écrivain, il fut ministre à Bruxelles de 1860
à 1870, puis ambassadeur à Paris (1870-82) et à Berlin
(1882-85). R a laissé : Au sujet de la guerre de 1806
(1856) et pubhé un Mémoire sur Vabolition des puni-
tions corporelles, qui a beaucoup contribué à leur abo-
lition (ukase du 17 avr. 1863). Pli. B.
ORLOWSKI (Boris-Ivanovitch), sculpteur russe, né
en 1793, mort à Saint-Pétersbourg le 28 déc. 1837.
Elève de Martos, Pisnenos et Thorwaldsen, professeur à
l'Académie des beaux-arts, il fut auteur d'un buste
colossal à' Alexandre P^, de Faune et Bacchante
(marbre), Paris, Faune jouant de ht syrinx, des sta-
tues colossales de Koutousov et Barclay de Tolly (à Saint-
Pétersbourg).
ORLOWSKY (Alexandre), dessinateiu% peintre et gra-
veur polonais, né à Varsovie en 1777, mort à Saint-Pé-
tersbourg en 1832. lilève do Norblin et de l'Académie de
Saint-Pétersbourg, il a beaucoup voyagé à l'étranger où
il a achevé son éducation artistique! Il a peint des ba-
tailles et des scènes de la vie populaire de Russie et de
Pologne avec une véritable virtuosité de dessin et de
coloris. Ses dessins et ses lithographies 'sont très recherchés
des amateurs.
Bii3L. : Comte Mycielski, Histoire <U> In jicinturc en Po-
logne (on poloii.) ; Cracovio, 189(i.
ORLU. Com. du dép. de FAriège, arr. de Foix. cant.
d'Ax;315hab.
ORLU. Com. du dép. d'Eure-et-Loir. arr. de Chartres,
cant. d'Auneau ; 103 hab.
ORLY» Com. du dép. de la Seine, arr. de Sceaux, cant.
d'Ivry; 882 hab.
ORLY-suR-MoRix. Com. du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Coulommiers, cant. de Rebais; 376 hab.
ORIVIANCEY. Com. du dép. de la Raute-Marne. arr. et
cant. de Langrcs ; d95 hab.
ORMAZD (Myth. perse) (V. Ahurâ Mrzda).
ORME (Ulmus T.). I. Botanique. — Genre d'Ulma-
cées, composé d'arbres et d'arbustes propres aux régions
tempérées de l'hémisphère boréal, à feuilles alternes, dis-
OHIVIK
— 5S4
tiques, simples, souvent dentées eu scie, asymetiiques, avec
stipules latérales, et à fleurs nombreuses, liermaphrodites
Ou polygames, qui se développent, avant les feuilles, de
Ijourgeons axillaires écailleux et dis])0Nées en cymes ou en
glomérules plus ou moins composés, (ku^acl ères principaux :
récepta(de déprimé, calice gamosépale à t\ divisions ; 5 éta-
mines superposées ; ovaire sessile au centre du réceptacle,
formé de 'i carpelles uniloculaires ; généralement une seule
loge fertile, avec un ovule descendant, anatrope ; fruit for-
mant une samare aplatie renfermant une graine exalhumi-
née. 11 V a des fleurs d'orme à 6. 7 ou 8 divisions. On en con-
a, l)ranchft f'euillée; /;, branche ilorifère ; c, (Vuît
entier; d, fruit, coupe lon,i2itudJnale.
naît une quinzaine d'espèces, parmi lesfpielles : l*^ U. cam-
pesfrish., appelé vulgairement Orme, Ormeau, Ormille,
Orme hlam;, Arbre mi paurre homme, et qui est ré-
pandu dans presque toute l'Europe (sauf la zone glaciale),
dans le N. de l'Afrique, en Asie Mineure et en Sibérie jus-
(prà l'Amour ; "i^ U. piirvifolui Jacq., ou Orme de Chine,
Ole de rahhe Gallois, petit arbre originaire de la Cbine
et du Japon, cultivé dans l'Inde; ^'^ U. alata Michx ou
IVahoo, U. (unericaiia Wild ou While Elm, et [/. fidva
Michx ou SUppery Elm, Orme jaune, propres aux Etats-
Unis d'Amérique, ^tc. — On emploie en médecine la partie
interne de l'écorce des jeunes branches de l'Orme d'Europe
pour le tannin (2 ^o) qu'elle renferme, comme tonique,
astringent, diurétique et contre les affections cutanées, sur-
tout sous forme de décoction. L'écorce de TOrme jaune sert
dans la dysenterie, les maladies des voies urinaires et celles
de la peau. On en fait des infusions et des mucilages avec
30 gr. pour 500 d'eau bouillante. On s'en sert comme
d'une boisson émolliente et nutritive dans les catarrhes,
les afTections rénales, les entérites. Le mucilage sert comme
1oni(pic dans rôrysipèle et les iuflammations cutanées.
D'- L. Hn.
IL SvLvicui/ruRK. — L'Orme croit à l'état dis.vMuiné
dans les forêts où il serait souvent utile de lui accorder une
plus lai'ge place. Cet ai'l)re atteint de grandes proportions
et vit très vieux. U est ])ropre à la futaie, et fréquem-
ment dans les taillis on le réserve. 11 rejette de souclie
et drageonne. et il convient à la culture en taillis. Il est
d'ailleurs peu exigeant sur la nature niinecalogique du sol.
Les terrains frais, perméables, sont ceux qui lui c(mvien-
nent le mieux, L'Orme juoduit ses semences de bonne
heure au printemps. On les sème aussitôt pour la multi-
plication de cet arbre. Les feuilles d'Orme et son jeune
branchage sont utilisés pour Falimentation du bétail. Le
bois est dm', difficile à fendre, surtout dans la variété dite
Orme tortillard. On en fait des jantes, des moyeux de
roues et diftëi'ents objets demandant beaucoup de ténacité
et de résistance à la fente. Le bois (TOi-me est marqué,
suj* la section transversale, de Hgnes sinueuses de vais-
seaux qui permettent de le reconnaître aisément. L'Orme
champêtre est l'espèce forestière. On l'emploie beaucoup
toutefois comme arbre d'alignement. L'Orme de montagne
a le feuillage sombre et touffu, les feuilles grandes.
Son bois est blanc et médiocre. C'est une espèce orne-
mentale.
ORIVIE (Phdibert de L'), architecte, ingénieur et écri-
vain d'ai'chitecture français, né à Lyon vers 1515, mort
à Paris le 8 janv. 4570. Petit-fils d'un tisserand aisé de
Lyon et fils de Jehan de L'Orme, maître-d'ecuvre dans
cette ville, Philibert de L'Orme dut, fort jeune, diriger de
grands chantiers de construction, dont peut-être celui de
l'archevêché de Lyon et ceux des fortifications de cette ville ;
car il écrit, dans ses Nouvelles Invenlions pour bien
bastir, p. 35: « Voire dès l'âge de quinze ans, auquel
tenqis je commençai à avoir charge et commander tous les
jours à plus de trois cents hommes ». Etant allé à Rome
pour y étudier les éléments de l'art anticpie, il y gagna la
bienveillance de plusieurs prélats dont l'évêque Marcel Cer-
vino (plus tard le pape Marcel H), qui le recommanda au
pape Paul III, duquel Philibert de L'Orme obtint en 1535,
« une belle charge à Saint-Martin délia Bosco, à la f^al-
labre ». Ce fut le cardinal Jean du Bellay qui détacha
Philibert de L'Orme du service pontifical et le ramena en
Erance où il semble d'abord s'être fixé à Lyon, y avoir
construit deux trompes, rue de la Juiverie, 8, pour le
trésorier général de Bretagne, Antoine Baillaud, et y avoir
commencé les travaux du portail de l'éghse Saint-Nizier en
1542. Venu à Paris avec le cardinal du Bellay, qui devait
lui faire construire un peu plus tard son château de Saint-
Maur-les-Fossés, Philibert de L'Orme, d'abord contrôleur
des bâtiments du château de Fontainebleau, fut chargé
ensuite par François P^ de visiter et fortifier les côtes du
littoral de la Manche et de Bretagne et y remplit, avec le
titre de capitaine, les fonctions d'ingénieur militaire et de
commissaire de la marine; puis il fut nommé architecte
du roi et, en 1548, inspecteur des bâtiments royaux de
Fontainebleau, Saint-Germain ; en d'autres termes, écrit
Ad. Berty (les Grands architectes français de la He-
naissance, Paris, 1860, in-l^) : « Surintendant des bâ-
timents de la couronne », dernière charge dont, à la mort
de Henri II, il devait être dépouillé au bénéfice du P7'i-
matice (V. ce nom). Philibert de L'Orme fut encore con-
seiller et aumônier ordinaire du roi, abbé de Geveton, de
Saint-Barthélemy-lez-Noyon , de Saint-l^]loi-lez-Xoyon,
d'Ivry (plus tard Ivry-la-Bataille) au diocèse d'Evreux,
enfin abbé de Saint-Serge-lez-Angers et chanoine de Notre-
Dame de Paris, en compagnie de son confrère Pierre Les-
cot (V. ce nom). Quoique beaucoup des œuvres édifiées
par Philibert de L'Orme aient été détruites ou considéra-
blement remaniées, on peut, d'après ses ouvrages, en réta-
blir à peu près la liste qui comprend, avec des trompes à
Lyon et à Paris, avec le portail de l'église Saint-Nizier,
à Lyon et le château de Saint-Maur-les-Fossés : la cha-
jielle Saint-Eloy, rue des Orfèvres, à Paris; la chapelle
du parc de Villers-Coterets où il s'efforça, pour la pre-
mière fois, de réaliser l'idée qu'il avait eue d'un ordre
français avec tambours moulurés formant le fût de la co-
lonne ; une grande galerie avec services annexes au châ-
teau de Saint-Germain-en-Laye ; la grotte du château de
Meudon, un grand escalier, une salle de bal et des cabi-
nets au château de Fontainebleau, lesquels furent recons-
G^raiideETicyclopédie— Tome XXV
ORNE
jL.Buh.lm.anTv del
4oKiloiTi.
Grancl ^. Jhip.pcu^ Erhard., F^^ 1899.
Société ôoionjme de la G^.^ Encyclopédie
riSo
OIIMI^] — OKMESSON
truits par Lemercier (V. ce nom) sous Louis Xlll ; un es-
calier au château de la Muette près Passy, château clans
lequel il fit pour la première fois l'essai du système de
comble en charpente qui porte son nom ; le château de
Madrid, au bois de Boulogne, où il construisit des souches
de cheminée et des escaliers ; le château de Monceaux ;
le tombeau de François I'^'^ dans Tabbaye de Saint-Denis
(avec les sculpteurs Pierre Bontemps et Germain Pilon) ;
la voûte de la chapelle du château de Yincennes, plu-
sieurs parties du château d'Anet, pour Diane de Poitiers ;
le pavillon central avec les ailes adjacentes du château
des Tuileries et divers autres édifices publics ou privés
à Paris, dont une maison lui appartenant rue de la
Cerisaie. Philibert de L'Orme est l'auteur de deux ou-
vrages qui exercèrent une grande influence pendant plus
d'un siècle sur l'architecture et sur la construction en
France; ce sont: 1<^ Nouvelles Inventions pour bien
hastir et à petits fmiz, etc. (Paris, 1561, pet. fol. ; réé-
dité en 1568 et 1578); "2° le Premier tome de r Archi-
tecture de Philibert de L'Orme, etc. (Paris, 1567, in-
fol.). Ce volume, le seul paru de deux, que projetait de
publier l'auteur, fut réédité en 1626 avec les JSouvelles
Inventions, ouvrages auxquels il faut joindre un i)/<?mo?V^,
trouvé par M. L. Delisle, et édité par Ad. Berty sous le
titre de Instruction de monsieur d'Ivry dict de Lorme,
mémoire écrit probablement vers 1560 et donnant d'inté-
ressants détails sur certains de ses travaux et sur sa fa-
mille. — Jean de L'Orme, frère de Philibert, et comme
lui ingénieur et architecte, semble avoir été, en plus d'une
circonstance, l'inspecteur et le collaborateur de son frère ;
il porta successivement les titres de maître général des
œuvres de maçonnerie du roi, écuyer, sieui^ de Saint-Ger-
main, « commissaire député par le roi sur le fait de ses
édifices et bastiments », etc. Charles Lucas.
ORM EA (Charles-François-Vincent Fehrero, marquisd'),
homme d'Etat piémontais, né à Mondovi, mort à Turin en
1745. Victor- Amédée II le distingua et lui confia d'abord
les finances, puis l'administration de l'intérieur où il réa-
lisa d'importantes réformes; le 20 févr. 1728, d'Ormea
conclut un concordat qui mit fin aux difficultés entre la
cour de Turin et le Saint-Siège ; ce concordat fut encore
amélioré le 5 juin 1741. Après l'abdication de Victor-
Amédée, le marquis d'Ormea resta ministre sous Charles -
Emmanuel IIl et lui conseilla d'arrêter son père qui
voulait reprendre le pouvoir (27 sept. 1730). Charles-
lùnmanuel, qui avait toute confiance dans son conseiller, le
nomma ministre des affaires étrangères en même temps
que de l'intérieur. Le marquis d'Ormea signa, en 1741,
un traité avec Marie-Thérèse pour la défense du Milanais
contre les Espagnols ; en 1744, il défendit Coni contre les
Fi'ançais et parvint à faire lever le siège. Il mourut l'an-
née suivante. Pli. B.
ORMEAU (Bot.) (V. Orme).
ORMEAUX. Com. du dép. de Seine-et-Marne, arr. de
(^oulommiers, cant. de Rozoy ; 248 hab.
ORM EN ANS. Com. du dép. de la Haute-Saône, arr. de
Vesoul, cant. de Montbozon ; 140 hab.
ORM EROD (George), historien anglais, né à Manchester
le 20 oct. 1785, mort à Sedbury (comté de Gloucester)
le 9 oct. 1873. Il consacra entièrement sa longue vie à
l'érudition, à l'archéologie, à la linguistique. Il avait réuni
une riche bibliothèque qui fut vendue en 1875. Ormerod
a laissé de nombreux ouvrages, dont le plus important est
The History ofthecounty Palatinateand cityofChes-
ter (Londres, 1819, 3 vol. in-foL), qui est un admirable
monument d'érudition. Citons encore : Miscellanea Pcila-
fina (Londres, 1851, in-8); A memoir on british and
roman Remains (1852, in-4). R. S.
ORMES. Com. du dép. de l'Aube, arr. etcant. d'Arcis ;
291 hab.
ORMES. Com. du dép. de l'Eure, arr. d'Evi'eux, cant.
de ('onches ; 3i7 hab.
ORMES. Com. du dép, du Loiret, ari'. d'Orléans, cant.
dePatay; 682 hab.
ORMES. Com. du drp. de la Marne, mw e( L^' runt,
de Reims ; 250 hab.
ORMES. Com. dn dép. de Sai>ne-et-Loire. arr. <le
Louhans ; cant. de Cuisery ; 734 hab.
ORMES (Les). Com. du dép. de la Vienne, arr. de
Cbàtellerault, cant. de Dangé. sur la r. dr. de la Vieime;
1.298 hab. Stat. du cliem. de fer d'ihléans. Fours à
chaux. Otmmerce de grains el farines. Tumuli à la
Motte-de-Grouin. Château du xviii^^ siècle de la famille
d'Argenson.
ORMES (Les). Com. du dép. de l'Yonne, arr. de Joi-
gny, cant. d'Aillant; 476 hab. Mejdiirditla Pieri*e-Frite.
Château de Bontin, aux Oi-nies.
Château de Bontin, en briques, construit au xvi^ siècle.
Il fut habité par Sully. I^glise du xvi^ siècle.
ORM ES-ET- Ville. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle,
arr. de Nancy, cant. d'Haroué ; 350 hab. Mentionné en
1179 (Allodïum de IJlmis). Jadis siège d'une châtellenie,
et d'une baronnie unie au marquisat d'Haroué.
ORMES-suR-VouLziE (Les). Com. du dép. de Seine-
et-Marne, arr. de Provins, cant. de Bray-sur-Seine :
728 hab. Stat. du chem. de fer de Lyon.
ORMESBY. Ville d'Angleterre, comté (FVork. district
de Cleveland; 8.633 hab' (en 1891). Gest un véritable
faubourg de Middleslwrough.
ORMESSON. Com. du dép. de Seine-et-Marne, arr. de
Fontainebleau, cant. de Nemours; 117 bab.
ORMESSON. Hameau du dép. de Seine-et-Oise, arr.
de Pontoise, cant. de Montmorency, com. d'Enghien-les-
Bains, dans la vallée de Montmorency; 190 hab. Dans
l'antiquité, Ormesson n'était guère connu que par ses mou-
lins ; dès le ix^ siècle, il est appelé en latin iUmicio, pays
d'ormes. Le dép. de la Seine a fondé dans cette localité
un orphelinat de filles.
ORMESSON (Le Fèvre W). Famille (|ui a produit des
magistrats et des administrateurs el qu'il ne faut pas
confondre avec celles des Le Fèvre de (^aumartin. Origi-
naire de l'Ile de France, elle a formé quatre branches :
1" des seigneurs d'Eaubonne ; 2^^ des seigneurs d'Ormes-
son, marquis d'Amboile, et des seigneurs d'Ormesson,
barons du Chéray, éteints en 1764; 3« des seigneurs
d'Estrelle, éteints en 1677 ; 4« des seigneurs de Lezeau,
éteints en 1686. Armes : D'azur, à trois lis de jardin
d'argent, fleuris d'or, tiges et feuilles de sinople 'J
et I.
ORMESSON (Louis-François de Paule Le Fèvre d'),
magistrat français, né le 27 juil. 1718, mort à Paris le
26 janv. 1789. D'une vieille famille de robe (V. ci-des-
sus), dont l'ancêtre, Olivier P'" Le Fèvre d'Ormesson d'Evu-
BONNE (1525-1600), avait été appelé, en 1577, de la tré-
sorerie générale de Picardie à la charge de prési^dent à la
chambre des comptes et qui avait épousé en 1559 Anne
d'Alesso. petite-nièce de saint François de Paule, Louis
d'Ormesson, fils lui-même d'un intendant des finances, et
ORMESSON ^ ORMONDE
a86
neveu maternel du chevalier d'Aguesseaii, fut d'abord a\o-
cat du roi au Chàlelet (1739), puis avocat général au
parlement (1741), et, nommé en 17^)5 président à mortier,
devint en 4788 premier président, en remplacement de
M. d'Aligre. Très éclairé et d'une rare intégrité, il servit
plusieurs fois de médiateur entre la cour et !o parlement,
qu'à deux reprises il fit rappeler d'exil; il déconseilla à
l.ouis XVf de convoquer les Etats généraux. Il était membre
honoraire de l'Académie des inscriptions, L. S.
BiBL. : QtAvuvir'v^ Eloge hislor. de L. -F. dVrmesson ; Pdi-
ris, 1789. — Maiierault, Eloge funèbre du prêsid. d'Ov-
messon; Paris. 1789 — Satj.ii;ii. Awioles fr<niÇ(ii>^e,'^ : Va-
vis, 18i;i
ORMESSON (lïenri-François de Paule Le Fkvre u"),
marquis d'Amboile, contrôleur général des finances, né le
8 mai 4751, mort à Paris en 1807, fds du précédent et
de Anne-Louise du Tillet de la Bussiére. Maître des re-
([uètes en 1770. puis intendant des finances en survi-
vances, il succéda à son père dans l'administration de la
maison de Saint-Cyr, ce qui l'amena à travailler avec
l^ouisXVLquil'apprécia tellement qu'il le nomma (30 mars
1783) contrôleur général des finances à la place de Joly
de Fleurv. « Pour le coup, dit le roi, on ne dira pas que
ce soit la cabale qui a fait nommer celui-ci. » H montra
peu de capacité dans celte charge, qu'il remit d'ailleurs à
i'.alonne le 3 nov. de la même année. S'il n'avait pas les
talents de Fliomme d'Etat, il avait toutes les vertus de
l'homme privé. 11 n'émigra pas ; élu au commencement
de la Révolution président d'un des tribunaux de Paris,
il déclina celle de maire, mais non celle d'administrateur
du département qu'il remplit sous le Directoire et le Con-
sulat. 11 avait épousé le 13 avr. 1773 M^^^ Le Pelletier
de Morfontaine, dont il eut plusieurs enfants. Eug. Asse.
JUbl. ; MoNTVoN, Ministres des finunces. — A. Rknj':k.
Uist. du règne de Louis XVL — Gom1':l. les Causes finnn-
cières de La Réaolution ; ï^aris. lb91, in-N. — Jobez, li\
France sous Louis XVI; Paris, 1881, t. II, p. 558.— Au-
GEARD, Mém. secrets. — Mirabi<;au, de la Caisse d'es-
compte., — Bactiaumont. Mém. secrets, t. XXIII. — Droz,
Uist du règne de Louis XVL
ORMESSON (Olivier -Gabriel -François de Paule Le
Fèvre, comte d'), diplomate français, né le3 janv. 1849,
descendant d'une famille de magistrats. Attaché d'ambas-
sade à Bruxelles de 1807 à 1871, il entra en 1876 dans
l'administration et fut nommé sous-préfet de Tomierre le
M mai de cette année; en septembre il passa à Dinan,
avec la même qualité, et, en févr. 1877, à Montluçon. Le
16 mai 1877, il donna sa démission et suivit la politique
de résistance de Gambetta. Il fréquentait alors le comité
de la rue de Suresnes. lui déc. 1877, il fut nommé préfet
de l'Allier et en avr. 1879 préfet des Basses-Pyrénées.
Le 5 juil. 1886, il fut nommé conseiller d'ambassade à
Saint-Pétersbourg, poste qu'il occupa depuis le rappel du
général Appert, l'ambassadeur. jus(|u'à l'arrivée de M. de
Laboulaye. Il succéda à M. Mollard comme introducteur
des ambassadeurs et directeur du protocole au ministère
des affaires étrangères (1888). Le 10 avr. 1895, il
fut nommé ministre plénipotentiaire à Lisbonne et, le
M' déc. 1898, ministre plénipotentiaire à Athènes.
ORMESSON DE NoYZEAu (Anne- Louis-François de Paule
Le Fèvre d'), magistrat français, frère de Henri-François,
né le 26 févr. 1733, mort sur l'échaRuidle 1^'^ floréal an II
(20 avr. 1794). Conseiller au parlement (1770), prési-
dent à mortier (1779), bibliothécaire de Louis XVI (1790).
il fut député par la noblesse de Paris aux Etats généraux,
signa la protestation du 15 sept. 1791, et, arrêté le
18 déc. 1793 avec Bocharl de Saron(Y. ce nom) et plu-
sieurs autres, fut, comme eux, condamné et exécuté. C'était
un helléniste distingué; en 1792, il avait été nommé
membre de l'Académie des inscriptions et, dans sa prison,
il s'occupait encore d'études grecques.
ORMOICHE. Corn, du dép. de la Haute-Saône, arr. de
Eure, cant. de Luxeud; 125 hab.
ORMONDE (Comtes, marquis et ducs d'). James Bm-
LER, comte d'Ormonde, né à Kilkenny le4oct. 1331, mort
le 18 oct. 1382. lils du 1^- comie d'Ormonde et d'Kléanor
de Bohun, petite-tille d't/louard P^, fut vice-roi d'Irlande
en 1359 et 13()0. — James, 4*^ comte, petit-fils du pré-
cédent, mort à Atherdee le 23 août 1452, très lié avec
Thomas de Lancastre et favori de Henri Y, fut lord lieute-
nant d'Irlande en 1420 et en 1 140. Il eut les plus âpres
démêlés avec la famille Talbot. — Jaines, 5^- comte d'Or-
monde et comte de Wiltshire, né le 24 nov. 1420, mort
en 1461, fut un des partisans les plus zélés de la maison
de Lancastre. Vice-roi d'Irlande en 1453, lord haut tré-
sorier d'Angleterre en 1455, il figura à la bataille de
Saint-Albans, poursuivit le comte de Warwick aux Pays-
Bas, combattit à Wakefield (1460) et fut battu à Morti-
mer's Cross par le comte deMarch (2 févr. 1461). Il fut,
dit-on, décapité à Newcastle le 1^-^ mai suivant. — John.
6^ comte, frère du précédent, mourut au cours d'un pè-
lerinage à Jérusalem en 1478. — Sir Pierce, 8^ comte
d'Ormonde, 1^^ comte d'Ossory, mort en août 1539, se
distingua parla répression de plusieurs rébelhonsenlrlande,
notamment celles de Thomas Fitzgerald et du comte de
Desmond. Un de ses lils devint la souche des vicomtes
Mountgarret. — James, 9^" comte, suspect d'hostilité au
gou^ernement anglais, fut empoisonné à Londres et mou-
rut le 28 oct. 1546. — Thomas, 10*" comte, fils du pré-
cédent, né en 1532, mort le 22 nov. 1614, surnommé le
« comte noir », eut de continuels démêlés avec la famille
de Desmond. 11 fut grand favori à la cour d'Elisabeth, com-
battit la Grande Armada et devint, en 1597, lieutenant gé-
néral de l'armée d'Irlande. — James, 12^ comte et 1^^' duc
d'fh^monde, né à Clerkcn\vell le 19 oct. 1610, mort le
21 jud. 1688. Connu d'abord sous le nom de lord Thurles,
il épousa en 1629 sa cousine Ehzabeth Preston, fille du
comte de Desmond, et, en 1632, devint comte d'Ormonde
et d'Ossory. Lieutenant général de la cavalerie en Irlande
(1638), Heutenant général de l'armée au début de la ré-
belhon de 1641, il remporta des victoires signalées à
Killsalghen, puis à Kilrush, ce qui lui valut le titre de
marquis. Le 18 mars 1642 il battit Preston qui avait des
forces supérieures, mais bientôt l'Ecosse ayant adopté la
cause du Parlement contre le roi, Ormonde reçut l'ordre
de traiter avec les rebelles afin de rendre disponible son
armée. Il n'y réussit pas avant le 28 mars 1646, et en-
core rencontra-t-il de telles difhcultés qu'il demanda à
être relevé de son gouvernement, ce à quoi le roi ne vou-
lut jamais consentir. Cependant les rebelles, appuyé par
le nonce du pape, ne voulurent bientôt plus entendre par-
ler de cette paix et vinrejit mettre le siège devant Dublin.
Acculé, Ormonde dut se rapprocher du Parlement qui lui
envoya des renforts. Dublin fut dégagé. Ormonde signa
un traité accordant certaines garanties aux protestants et
revint en Angleterre où le roi approuva sa conduite. En
févr. 1648, il passait en France d'où il regagnait l'Irlande
à la fui d'août. 11 s'y occupa de négociations et de démons-
trations militaires qui aboutirent à la paix générale du
17 janv. 1649, entre les royalistes et les rebelles irlan-
dais. Dès la mort du roi, il proclama Charles H et le pressa
de venir en Irlande. Il s'empara de Drogheda et bloqua
Dublin, mais bientôt les rapides et foudroyants succès de
Cromwell, qui vint le combattre en personne, l'obligèrent
à abandonner la partie. Il rejoignit Charles en France,
l'accompagna à Cologne (1655), à Bruxelles (1656), com-
manda les six régiments anglo-irlandais au service de
l'Espagne, et eut un cheval tué sous lui à Mardyke. Ilfut
employé à de nombreuses négociations, et même, étant re-
venu à Paris, à ce sujet, il fût gardé à vue par ordre de
Mazarin. Il réussit, non sans peine, à retourner auprès de
Charles et prit une grande part aux négociations avec
Monck qui amenèrent la Bestauration. En récompense de
ses loyaux services, il reçut quantités d'honneurs et de fonc-
tions, fut créé duc d'Ormonde (1661), nommé lord haut
intendant d'Angleterre, etc. Sa faveur, l'austérité de ses
moeurs excitèrent l'envie et la haine. Heni-y Bennet, lady
Castlemaine, Buckingham. la reine-mère se liguèrent contre
387 ~
ORMONDE — OHMIZ
lui. Ormondetint tôte, et la noblesse de son caractère l'em-
porta longtemps sur les entreprises de ses ennemis. Vice-
roi d'Irlande, il gouverna le pays avec bienveillance et avec
fermeté. En 1669, Buckingbam réussit enfin à arracher sa
révocation au roi. Bien mieux, le 6 déc. 1670 il essaya
de le faire assassiner par un coupe-jarrets nommé Blood.
Pendant sept ans, Ormonde, traité par la cour avec une
froideur marquée, eut une correction d'attitude qui finit
par frapper le roi. Charles reconnut son injustice et rendit
au duc le gouvernement d'Irlande (1677). Ormonde sut
maintenir la tranquillité la plus parfaite aune des époques
les plus troublées de l'histoire d'Angleterre (complot pa-
piste). Pourtant il fut brusquement rappelé en 1685 pour
des raisons mal connues, mais en tout cas pour faire place
au comte de Kochester. Jacques il lui conserva toutes ses
charges et dignités, bien qu'il eût refusé formellement de
se faire cathohque. Mais dans les dernières années de sa
longue carrière, Ormonde fatigué, malade, accablé par la
perte de ses enfants et petits-enfants, ne joua plus qu'un
rôle politique très effacé. — James, second duc d'Ormonde,
petit-fils du précédent, né à Dublin le 29 avr. 166o,mort
le 16 nov. 1715. Mécontent de la manière dont Jacques II
avait traité son grand-père et son père le comte d'Ossory,
il ne fit aucun effort pour se rallier à Guillaume d'Orange.
Il combattit k la Boyne aux cotés du roi et aussitôt après
il alla s'assurer de Dublin où il reçut Guillaume le 19 juil.
1689. Il suivit encore le roi à La Haye, figura à la ba-
taille de Steinkerque (1692), et à celle de Landen (1693)
où il fut fait prisonnier. Il gagna par la suite une popu-
larité considérable en combattant les favoris hollandais du
roi, notamment le duc d'Albemarle. En 1702, Ormonde
fut chargé de diriger l'expédition de Cadix; le manque
d'entente entre les généraux et amiraux placés sous ses
ordres fit avorter l'entreprise, mais la brillante victoire
qu'il remporta à Vigo (12 oct.) sauva sa popularité. En
1703, il était nommé vice-roi d'Irlande. Son gouverne-
ment, marqué par des persécutions contre les catholiques
et des troubles suscités par la rapacité de son entourage,
fut peu heureux. Remplacé par Pembroke en 1706, il re-
prit son poste en 1710 et le quitta en 1711 pour prendre
la direction de la campagne de Flandre. Le gouverne-
ment lui avait donné l'ordre secret de ne participer avec
les alliés à aucun siège et de n'engager aucune action
sans instructions ultérieures ; tandis qu'ouvertement il dé-
clarait que l'Angleterre était décidée à pousser vigoureu-
sement la guerre. Le résultat de cette duplicité fut désas-
treux pour Ormonde qui fut reçu plus que froidement
par lleinsius, qui mécontenta le prince i*Aigène et qui excita
par son incompréhensible conduite l'indignation de ses offi-
ciers. Par contre, l'exactitude avec laquelle il accomplit
ses instructions lui valut la garde et l'amirauté des
cinq ports et une pension de 5.000 liv. st. Il conserva la
vice-royauté d'Irlande et les fonctions de capitaine géné-
ral où il avait succédé au duc de Marlborough. A l'avè-
nement de George, il fut privé de tous ses emplois. Déjà
affilié par Bolingbroke aux intrigues jacobites, il fit, presque
ouvertement, de sa maison le rendez-vous des partisans
du prétendant. Stanhope provoqua sa mise en jugement.
Ormonde s'enfuit en France. Ses biens furent confisqués
Il tenta en 1715 un débarquement dans les environs de
Plymouth. On l'avait assuré que les jacobites se soulève-
raient en masse à son arrivée. Il n'en fut rien. En 1719,
il consent à prendre le commandement de la flotte espa-
gnole qui devait faire une démonstration en faveur du
prétendant. Cette flotte est dispersée par une tempête, et
deux vaisseaux seulement peuvent gagner les côtes de
l'Ecosse. Ormonde revint à Madrid où il vécut d'une pen-
sion de la cour. Il passa les dernières années de sa vie à
Avignon. — Le représentant actuel de la famille est
James- Edivard-William-Theohald Butler, 3^ marquis
d'Ormonde, né en 1844, qui a été capitaine aux Life
Guards. R. S.
RiiiL.: LoDG'-, Pe('7\Tr/p of IreJoncLll^^. — Gartk. L.ifc
of James Daka of Ormonde; Londres, 1851, l vol. —
Du même. Collection oforiginnl Ictters nnd papers con-
cerning the affairs of Engliind IG'ii-bO^ f'oimd awong thc
diike of Ormond's papers; Londres, 1739, 2 vol. in-8 —
Life of J. Butler, laie duke of Ormond; Londres, 1732,
in-8.; trad. en fr., La Haye, 1737, 2 voL in-12.
ORMONDE (Archibald Douglas, comte d'), homme po-
litique anglais, né en 1609, mort le 15 janv. 1655. Fils
du comte d'Angus, il entra au conseil privé d'Ecosse en
1636 ; il ne sut prendre parti ni pour ni contre les cove-
nantaires, signa le covenant en 1631, mais passa sur le
continent dès que les signataires firent leurs préparatifs
de campagne. De 1646 à 1653, il commanda le régiment
français de Douglas. Dès l'arrivée de Charles II en Ecosse
(1650), il fut créé comte d'Ormonde et occupa quelques
hauts emplois à la cour. Mais il rentra dans la vie privé«^
dès 1651. K. S.
OR MONTS (Yidlée des). Vallée des Alpes vaudoise.
(Suisse) aboutissant au pied des Diablerets J2.700 hab.)s
])arcourue par la Grande Eau. Sites très pittoresques vi-
sités par de nombreux étrangers.
OR M OS (Sigismond), écrivain hongrois, né en 1813,
mort en 1894.' Il fit des études de droit et embrassa la
carrière administrative. Foispàn (préfet) du comitat Temes
de 1871-89, il fut nommé membre de la Chambre des
magnats. Il débuta, en 1858, par un roman : A banya
Szikldja (Le Rocher de la Sorcièi'e), et s'adonna ensuite
à la critique d'art. Il publia : Souven&s de voyage ([^60-
63), en 6 vol.; h ôth au point de vue artistique (1%^):
Description de la g(derie Eszterhdzy (1864) ; le Mo-
nument Széchenyi et le réalisme dans la sculpture
(1864), et (en allemand) Peler Cornélius nnd seine
Stellung zurmodernen dentschen Kunst (Berlin, 1866),
avec une préface de Schasler. Son ouvrage principal est
[Histoire de la civilisation ci r époque des Arpad.
ORMOY. Corn, du dép. d'Eure-et-Loir, arr. de Dreux,
cant. de AVigent -le~Roi ; 187 hab.
ORIVIOY. Corn, du dép. de la Haute-Saône, arr. de
Vesoul, cant. de Jussey; 781 hab.
ORMOY. Corn, du dép. de Seine-et-Oise. arr. et cant.
de Corbeil; 316 hab.
ORMOY. Corn, du dép. de F Yonne, arr. d'Auxerre.
cant. de Seignelay ; 571 hab.
ORMOY-LÂ-RiviÈRE. Com. dn dép. de Seine-el-Oise.
arr. et cant. d'Etampes; 381 hab.
ORMOY-le-Dâvien. Com. du dép. de l'Oise, arr. de
Sentis, cant. de Betz ; 133 hab.
ORMOY-les-Sexfoxtaines. Com. du dép. delà Haute-
Marne, arr. de Chaumont, cant. de Vignory ; 106 hab.
ORMOY-suR-AmjE. Com. du dép. de la Haute-Marne,
arr. de Chaumont, cant. de Châteauvillain ; 201 hab.
ORMOY-ViLLERS. Com. du dép. de l'Oise, arr. de Sentis,
cant. de Crépy-en-Valois ; 453 hab. Stat. du chem. de
fer du Nord.
ORMOY (Marquis d') (V. Colbert).
ORMOY (Sieur de F) (V. Dupleix [César]).
OR M S Kl RK. Ville d'Angleterre, comté de Lancastre, à
19 kil. N. de Liverpool; 6.298 hab. (en 1891). Belle
éghse gothique qui renferme les tombeaux des comtes de
Derby. Auprès est le magnifique château de Lathorn-
house, bâti à la place de celui que la comtesse Charlotte
de Derby défendit en i6ii' contre les parlementaires.
ORMSTUNGA (V. Gunniaug Illugason).
ORMUZ. Ile rocheuse de la côte du Kirman (Perse mé-
ridionale), située au S.-E. de Bender Abbas, àlapointeE.
de ïile Tavila, au fond du golfe qui forme la partie N. du
détroit d'Ormuz qui fait communiquer le golfe Persique
avec le golfe d'Oman et Focéan Indien. L'île d'Ormuz est
un rocher de 20 kil. de tour ; sa plus haute ait. ne dé-
passe pas 200 m. : la partie N. est formée par une
plaine basse de sable, oii s'élevait autrefois la ville d'Or-
muz, peuplée de 40.000 hab. et on l'on ne trouve aujour-
OHMUZ — OKNK
— 588
d'hui qu'an misérable village et des ruines. Auxm*^ siècle,
Ormuz fut la capitale d'un loyaume et l'entrepôt du com-
merce de tout le golfe Persique- B'n 1506, Albuquerque
obligea le roi d'Ormuz à laisser les Portugais construire
dans l'ile une forteresse qui devint une des stations por-
tugaises les plus importantes, en même temps qu'une des
places de commerce les plus puissantes des mers d'Asie.
Mais en 1622, Abbas le Grand, shah de Perse, aidé par
les Anglais, s'empara d'Ormuz, en chassa les Portugais et
rasa la ville. Ph. B.
BiHL. : Lioutenaiit Stiffe. The Islnnd of llormuz^ dans
(ieographiciil Magazine^ 1871.
ORNACIEUX. Com. du dép. de l'Isère, arr. de Vienne,
cant. de La Côte-Saint-André ; 338 hab.
ORNAI N. Rivière du bassin de la Seine (Y. Marne
! Haute- 1, Meuse et Marne [Dép.J).
ORNAISONS. Com. du dép. de l'Aude, arr. de Nar-
bonne, cant. de Lézignan ; 4.355 hab.
ORNANO (Famille d'). Quelques généalogistes la font
descendre du légendaire Hugues Colonna, qui, ayant ex-
pulsé les Sarrasins de la Corse et de la Sardaigne, fut, au
dire d'^Vlcuin, investi par Charlema^ne delà souveraineté
de ces îles avec le titre de comte (846). Des documents
moins contestables nous montrent les Ornano parmi les
seigneurs du pays constamment occupés à se battre contre
les Pisans, les Génois ou les Aragonais, et le plus sou-
vent entre eux. — Au \\\^ siècle, Sampiero à' Ornano est
le principal agent de la France contre les Génois. Après
sa mort (4567), l'Ile accepte la domination des doges
(Y. Corse). — Son fils, Alphonse, colonel général de l'in-
fanterie corse au service de France , bientôt maréchal
de France, fut lieutenant général de Henri lYen Guyenne
et maire de Bordeaux de 4599 à 4640; une statue tumu-
laire lui fut élevée à Bordeaux, et en 4864 son nom a été
donné à une rue de cette ville, en souvenir des services
(ju'il lui avait rendus pendant la peste de 4604. — Jean-
Baptiste d 'Ornano, fds d'Alphonse, également maréchal
de France, fut lieutenant général pour le roi en Norman-
die et gouverneur de Gaston d'Orléans. Il excita, dans
ces fonctions, les défiances de Richelieu et fut emprisonné
deux fois, d'abord à la Bastille (4624), ensuite au don-
jon de Yincennes où il mourut (4626); son corps fut
transporté à l'église d'Aubenas, où l'on voit encore les
débris d'un magnifique mausolée que lui fit élever sa veuve,
Marie de Montlaiir. Au xviii'^ siècle, après la fuite de
l'aventurier Théodore, qui fut un moment roi de Corse
(4736), un Uw d'Ornano forme, avec un Paoli et Giaf-
feri, le conseil de régence qui défendit la Corse contre
les Génois, puis contre la France. On trouve enfin un troi-
sième maréchal de France de cette famille dans la per-
sonne de Philippe d'Ornano (jui, engagea l'âge de quinze
ans, fit toutes les guerres du premier Empire de 4800 à
4845. Les d'Ornano ont possédé des seigneuries en Corse,
en Italie, en Provence, en Dauphiné, en Yivarais et en
Touraine. Lne des anciennes provinces de la Corse portait
leur nom. A. Mazon.
ORNANO (Luc d') (Y. Corse, t. XH, p. 4099).
ORNANO (Cunéod') (Y. Cunéo).
ORNANS. Ch.-l. de cant. du dép. du Doubs. arr. de
Besançon, sur la Loue; 3.204 hab. Ornans, sur la ligne
de chem. de fer de L'Hôpital-dii-Grosbois à Lods, est la
ville industrielle la plus importante de la région du Doubs
appelée Moyenne-Montagne (clouterie et tréfilerie, distil-
leries importantes d'absinthe, d^ kirsch, etc.). Eglise du
xvi*^ siècle (tombeau du père et de la mère de Xicolas
Perrenot de Granvelle, conseiller de Charles-iJuint) ; église
des Minimes du xvii*^ siècle ; hôtel du xvi^ siècle, dit
maison Granvelle. Ornans est la patrie de Perrenot de
Granvelle, du mathématicien Pierre Yernier (4580-4637),
de l'historien Millot (4726-85). Le peintre Courbet est
né dans les environs, à Flagey.
ORNE (Dép. de V). Situation, limites, superficie.
— Le dép. de l'Orne doit son nom au petit fleuve ^qui y
a son cours supérieur. Il est situé dans la région N.-O.
de la France, séparé de la Manche par le dép. du Calva-
dos et par celui de la Manche^ Son ch--l. Alençon est
distant 4le 470 kil, de Paris à vol d'oiseau, de 208 kil,
par le chemin de fer. Il est compris entre ^8" 10' et
48^ 59' lat. N., 4^^ 24' et 3« 4^2' long. 0., confine au X.
au dép. du (Calvados, à 1*0. à celui de la Manche, au S.
à ceux de la Mayenne et de la Sarthe, à TE. à ceux d'Eure-
et-Loir et de l'Eure. Ses limites sont généralement con-
VfMitionnelles, quel(|uefois tracées par des cours d'eau :
vis-à-vis du Calvados, par la Baise (affl. dr. de l'Orne), puis
par l'Orne, puis par le Noireau (affl. g. de l'Orne), du-
rant une trentaine de kik)mètres, par la Jouvine (afïl. g.
du Xoireau) sur 7 à 8 kil. ; vis-à-vis de la Manche, par
TEgrenne (sous-affl. de la Mayenne) durant 45 kil. Enti-e
les dép. de l'Orne et de la Mayenne, la limite suit durant
6 kil. le lit du Colmont. durant 5 kil. celui de la Yarenne.
durant 25 kil. celui de la Mayenne, durant 40 kil. celui du
Sarthon. LaSarlhe sépare le dép. de TOrne de celui ampiel
elle donne son nom. sur un premier parcours de 21 à
25 kil. en amont d'Alençon, puis sur 6 à 7 kil. avant de
(piitterle département.
La superficie du dép. de l'Oi'ne est de 644.300 hect.
d'après le service géographi(|ue de rarmée, de 609.700
d'après le cadastre, ce (}ui le classe au 44^ rang des dé-
partements français avec une étendue voisine de la moyenne
(630.000 hect.). Sa forme est assez iri'éguhère : la plus
grande longueui', entre le Mans à TE. et Saint-(^hristophe-
de-(ihauheu à FO., alteint 4^0 kil. ; la largeur du N. au
S. au centre du département, entre Saint-Céneri-le-Gérei
au S. et les Autels-Saint-Bazille au N., est de 65 kil.
Relief du soL — Le dép. de l'Oi'ne est. comme il est
expli({ué au § Géologie, situé à la limite du bassin pari-
sien et du massif armoricain et partagé par moitié entre
ces régions si différentes. Toutefois, à n'envisager que le
relief du sol. il y a lieu de distinguer dans LOrne trois
régions orographiques, parce que la moitié occidentale se
subdivise en deux parties : le Perelie, correspondant à la
zone crétacée et occupant le S.-E. du département (arr.
de Mortagne); la Campagne, correspondant à la zone ju-
rassique et occupant le centre du département ; enfin, la
troisième région, formée par les terrains précambriens,
cambriens et siluriens du massif armoricain. a[)[)artient au
Bocage normand. Le Perche et le Bocage sont relative-
ment élevés, leur relief est beaucoup plus accentué que
celui de la Campagne, qui les sépare. 11 faut toutefois re-
marcjuer, comme il est indiqué ci-après au paragraplie
relatif à la tectonique, que les grands plissements qui ont
déterminé le plus vigoureusement le relief et la structure
géologique de ces pays, s'étendent à tout le dép. de l'Orne,
aussi bien à la moitié jurassique crétacée et tertiaire de
ri'], qu'à la moitié cambrienne et silurienne de l'O. Tel est
le cas du grand anticlinal d'Alençon, qui dessine une ligne
de faîte depuis les environs de La Ferté-Macé jusqu'à La
Ferté-Bernard (Sarthe), et de celui de Falaise (Calvados),
qui en dessine une seconde au N. d'Argentan par Le Mer-
lerault, Tourouvre, jusqu'auprès de Bémalard. La struc-
ture ridée de la Bretagne et de la région armoricaine se
fait sentir ainsi jusqu'aux plaines tertiaires de l'Eure et
de la Beauce.
Le Perche est une contrée de prairies et de forêts,
celle-ci couvrant surtout les sommets revêtus d'argile à
sUex ou de limon. Entre ces hauteurs s'enfoncent des vallées
relativement profondes. Au S. de l'arr. de Mortagne, nous
trouvons d'abord les collines crétacées et tertiaires de la
forêt de Bellème (227 m. à FO., 248 m. à l'E.), situées
sur le prolongement oriental du petit massif de la foi'êt
de Perseigne'(dép. delà Sarthe). Ce petit massif est séparé
du principal des collines du Perche par une dépression ou
coule l'Huisne, née près de Pervenchères, à 466 m. d'alt..
sa vallée s'enfonce à une centaine de mètres au-dessous des
coteaux voisins, et quitte le département à 92 m. près du
Theil. Les vallons qui y aboutissent sont aussi d'une cen-
-" o89 —
URNE
taille de mètres en coiitre-l)a!s des hauteurs riveraines. —
Au N. de l'Huisne se développent les collines du Perche;
elles décrivent autour de Mortagneun arc de cercle, coïn-
cidant avec la ligne de faite et de partage des eaux entre
les bassins de l'Océan et de la Manche et aussi avec la
limite des affleurements tertiaires et crétacés, ceux-ci mis
à découvert par l'érosion des cours d'eau tributaires de
la Sartlie. Partant du S.-E., après une hauteur de "278 m.
en l^ure-et-Loir à la limite départementale, nous rencon-
trons, entre le val d'Huisne et les sources de l'Eure, des
crêtes et plateaux boisés dépassant '^20 m., qui portent
les forets du Saussay et de Longny (242 et 246 m.) ; au
N. de l'Eure, le talus des forêts de Senoches et de La Eerté-
Vidaine est un peu plus élevé, mais il appartient au dép.
de l'Eure, quoique le point culminant (287 m.) soit sur
la limite. Au N.-O. des forêts de Longny et de La Eerté-
Vidaine, les collines du Perche s'élèvent à 268 m. dans le
bois de Chérencey, près de Marchainville, puis, au N. de
Tourouvre, atteignent 285 et 303 m. (côte Saint-Gilles)
dans la grande forêt du Perche, où naissent l'Avre etl'Iton.
On y peut rattacher au S. les hauteurs de Mortagne (287 m.)
et de la forêt du Réno (241 m.). Les crêtes boisées de la
forêt du Perche se prolongent au N.-O. par les forêts de
la Trappe (273 m.), de Bonsmoulins (293 m.), de Mou-
lins (300 m.) et par les monts d'Amain qui, en plusieurs
points, atteignent 309 m. Nous voici à l'axe du Merlerault,
d'où découlent vers le N.-E. la Risle, vers le N. la Tou-
ques, vers le N.-O. les affl. de l'Orne (Don, Ure), vers
le S. la Sarthe ; le point culmiaant est à 321 m. aux
sources de la Touques, com. du Champ-Haut. L'altitude
est d'ailleurs presque la même au N.-E. entre Risle et
Touques dans la forêt de Saint- Evroult (312 m.) d'où
sort la (^harentonne et dans celle de Chaumont (308 m.).
Vers le N.-O. l'alignement des coUinesdu Perche ou plu-
tôt de l'axe du Merlerault se conthiue dans la bande ju-
rassique par les coUines de la forêt de Gouffern (240 m.
au N.-E. d'Argentan, 252 à Montabard), qui dominent
de 100 m. la vallée de l'Orne au S., celle de la Dives
au N. Jusqu'à la limite du dép. du Calvados, dans cette
zone jurassique, entre la Dives, la Vie et la Touques, les
plateaux couronnés d'argile à silex mesurent 225 à 260 m.,
s'abaissant doucement vers le N., tandis que le fond des
vallées s'abaisse au-dessous de 100 m.
Entre Fhémicycle cénomanien des collines du Perche
et le Bocage normand, nous trouvons plusieurs « Cam-
pagnes » jurassiques. En premier lieu, au S. des collines
de Bellème, le Saosnois qui s'élargit vers Mamers ; le
soulèvement de la forêt de Perseigne (Sarthe) le sépai'e
de la Campagne d'Alençon, vallée supérieure de la
Sarthe à pentes jurassiques et fond alluvial. Des hauteurs
peu accusées (200 à 225 m.) la séparent à peine de la
vallée supérieure de l'Orne, plaine de Sêes (175 m.) et
d'Argentan (pays d'Houlme), qui s'allonge entre les hau-
teurs parallèles de l'anticlinal de Ealaise au N. et de
celui d'Alençon au S., c.-à-d. entre les collines du Mer-
lerault et de Gouffern au N., de la forêt d'Ecouves au S.
De l'autre côté de la forêt de Gouifern, la haute vallée de
la Dives forme VHiémois (ch.-l. Exmes), prolongement
méridional de la Campagne de Caen ; les hauteurs cré-
tacées et siliceuses de Vimoutiers en séparent l'origine du
j)ays d'A?i^g (vallée de la Vie). Enfin, sur le flanc N.-E.
des collines du Perche, le dép. de l'Orne possède le com-
mencement des plaines tertiaires du bassin parisien, qui
se continuent sous les noms de pays à'Ouche (bassin de
la Risle), de Terres françaises (bassin de l'Iton) dans
le dép. de l'Eure, de Thinieniis en Eure-et-Loir.
Le Bocage normand, séparé du Perche ])ar les Cam-
pagnes de rOrne et de la Sarthe, occupe EO. du dépar-
lement, l'arr, de Domfront, la moitié 0. del'arr. d'Alen-
çon et le quart 0. de celui d'Argentan. Ces terrains sont
mouvementés, fortement plisses, lépartis en larges bandes
de granités, de schistes, de grès, alignées de TE. à l'O.
C'est à l'extrémité orientale que sont les massifs les plu
élevés à cause du bombement granuliti(pie d'Alençon (jui
a soulevé les anciens sédiments. On y trouve les points
culminants de la Erance occidentale : 417 m, dans la
foret d'Ecouves comme, à 17 kil. S.-O., dans la forêt de
Multonne, qui appartient au dép. de la Mayenne, mais con-
hne à celui de l'Orne. La crête S.-O. de' la grande forêt
d'Ecouves atteint encore 408 m. ; la crête N.-O., 400 m.
près de Chahains; la Butte Chaumont, entre cette forêt
et celle de Multonne dont la sépare le val du Sarthon,
mesure 378 m. ; au pied des rampes de la forêt d'Ecouves,
l'ait, tombe à 180 m. ; Alençon est à 136 m. Le relief
de ces collines est donc considérable et leur donne un as-
pect quasi montagneux; pour en retrouver d'aussi hautes,
il faut aller ^ers l'E. jusqu'au Morvan, au Sancerrois ou
\ers le N.-E. jusqu'à l'Ardenne. Au N. de la forêt
d'Ecouves, le bois de rEvê(|ue atteint 328 m. A TO. du
Sarthon, on trouve encore des côtes de 334 m. au N. de
Lalacelle, 363 m. au N. de Saint-Elier. La ligne de par-
tage des eaux se trouve à 372 m. au bois de Monthard,
auprès de Carrouges (ait. 329 m.), vers les sources de
rUdon, à 326 m. au S. du Champ-de-la-Pierre, de 275 m.
au N.-E. de La Eerté-Macé ; elle remonte à 310 m. au
mont d'Hère et 346 m. à la Butte de Charlemagne, près
de la Coulonche. Le Rocher des Brûlés en a 304 ; au N.
de la forêt d'Halouse on trouve 311 m. de même qu'à
Yvrandes ; enfin, sur la limite de la Manche, la colline de
Chaulieu s'élève à 367 m. entre les sources de l'Egrenne,
du Noireau, de la Vire et de la Sée. Cette ligne de faite
man({ue de relief parce que le sol s'abaisse doucement
vers le N. ou, jusqu'à l'Orne et au Noireau, on trouve des
sommets de 260 m. au-dessus d'un val (\m s'enfonce
à 80 m. Au point de vue orographique, la chaîne la
mieux accusée du dép. de l'Orne est celle des Andaines
(jui dresse sa muraille depuis la forêt de Monaye (Mayenne)
jusqu'à Avranches (Manche) sur une longueur de près de
100 kil. Partout boisée, cette longue crête est d'autant
plus pittoresque que, ne formant pas ligne de partage des
eaux, elle a été découpée par les rivières qui y ont creusé
de belles gorges et sculpté de hardis promontoires. Après
la forêt de Monaye (321 m.) on franchit le ravhi du Til-
leul pour trouver la forêt de la Motte (259 m.) coupée
])ar la Courbe de celle de La Eerté (234 m.), que la Vée
et le défilé de Bagnoles séparent de la grande forêt {\\\\\-
daine ; ici se détache vers le N.-O. une crête secondaire
qui atteint 306 m. au Mont-en-Géraume, 325 à l'E. de
Dompierre, et rejoint au Rocher des Brûlés la ligne dépar-
tage des eaux. La crête principale des monts d'Andaine
continue vers l'O., atteignant 281 m. au N. de Juvigny,
266 à l'E. de Domfront juchée sur un ])romontoire longé
par la Varenne ; entre la Varenne et l'Egrenne nous trou-
vons un peu au N. une colline de 251 m., puis à l'Epine
d'Orbière 329 m. De l'autre côté de l'I^grenne s'étend la
forêt de Lande-Pourrie (277 m.) qui se continue dans le
dép. de la Manche. Le pays, parcouru par la ride d'An-
daine, est appelé le Désert, depuis les sources de la
Mayenne jusqu'à la forêt d'Andaine. Au S. de cette crête,
le sol s'abaisse assez rapidement vers la Mayenne ; cette
partie était appelée Pays bas par opposition au Bocage,
elle dépendait du diocèse du Mans, le Bocage de celui' de
Bayeux ; signalons au S. de Domfront, près d'Avrilly, la
butte isolée du mont Margantin (270 m.) qui offre un ma-
gnifique panorama sur l'ensemble de la région. A. -M. B.
Géologie. — Génék alités. — Le dép. de l'Orne com-
prend, au point de vue géologique, deux régions bien
distinctes : à l'O., un massif ancien se rattachant à la
Bretagne; à l'E,, une série de collines et de plateaux,
constitués par des auréoles plus ou moins régulières et
de plus en plus récentes de terrains secondaires et ter-
tiaires. La ligne de sépai'ation de ces deux régions est
jalonnée par Neuvy-bur-Houlme, Argentan (3 kiî. à l'O.),
Eleury, Sées et Alençon.
Le granité, le précambrien, le silurien et quelques lam-
beaux de dévonien, qui constituent le massif ancien, sont
ORNE
--• 590 --
disposés sous forme de bandes aligjjées sensiblement
J^^.-O. (structure rayée). Les diverses auréoles des ter-
rains secondaires et tertiaires ont été dérangées de leur
position primitive par les plissements qu'elles ont subis
à plusieurs reprises et par les failles de direction E.-O.
qui résultent de la rupture de ces plis. Ces failles font
affleurer le jurassique à FE., jusqu'au delà de Mortagne,
tandis que des lambeaux de lias moyen et de cénomanien
s'observent jusque sur le massif primaire. Le crétacé est
principalement développé au S. et à TE. de Mortagne ; il
apparaît également dans les vallées du N. du département.
— Le tertiaire ne se montre guère que tout à fait à TE.
où il forme des plateaux assez uniformes, en partie cou-
verts de forets. Les mouvements (|ui iidlucncèrent, à
diverses reprises, la Bretagne et la bordure 0. du bassin
de Paris, curent j)our résultat d'exonder la région qui
forme le dép. de l'Orne. Chaque émersion fut mar(]uée
par une absence de dépôts sédimentaires (absence du dévo-
iiien moyen et supérieur, du permo-carbonifère, du trias,
des étages inférieurs du lias, des étages compris entre
l'astartien et le cénomanien, du sénonien, du danien et
d'une partie du tertiaire).
Tectonique. — Les dislocations du sol dans le dép. de
l'Orne sont assez nombreuses. Ce sont les assises pré-
cambriennes et siluriennes qui montrent les plissements
les plus accentués. Elles constituent de larges bandes dont
la terminaison orientale est assez complexe. Le plus curieux
des accidents, dont on n'a pas tenu suffisamment compte
jusqu'à présent, est la cuvette synclinale qui s'étend entre
Macé, Sées et les forêts d'Ecouves, de l'Evéque et de
Goult. Cette large cuvette, d'une netteté remarquable, est
bordée par le cambrien et le silurien moyen, et son fond est
constitué par le silurien supérieur ; elle a influé beaucoup
sur la direction des plis qui sont assez resserrés sur son
flanc nord. Un premier anticlinal cambrien a son axe
jalonné par des attleurements importants de microgranu-
lite (Le Bouillon, Fontenay-les-Louvets). A quelques kilo-
mètres au S., on trouve le synclinal de Saint-Nicolas dont
l'axe est tracé par des lambeaux de dévonien. Son flanc
méridional bute par faille contre les pliyllades précam-
briens qui font partie de l'anticlinal d'Alençon (granulite
d'AIençon), qui se poursuit par celui de La Ferté-Macé
à rO. et se dirige à TE. vers Mamers et La Ferté-Ber-
nard. Au S. d'Alençon s'étend le synclinal d'IIesloup,
prolongeant celui de Pré-en-Pail. Le pli le plus net est
connu sous le nom de synclinal de Domfront-Bagnoles.
Son axe est constitué par le silurien supérieur, et ses flancs
par le silurien et le cambrien. Il s'étend dans la direction
N.-O.-S.-E., depuis la forêt de Monaye jusqu'au delà de
Domfront, mais sa lèvre N. vient buter contre les pliyl-
lades et le granité. Il se bifurcpe à Saint-Micbel-des-
Andaines, et sa branche N. se continue vers la forêt d'Ha-
louse avec des caractères semblables (enfoncement par
faille de la moitié N. du pli). Ces sycbnaux siluriens com-
prennent entre eux l'anticlinal de Dompierre, dont l'axe
est constitué par le granité. Ils sont également limités en
grande partie par le granité, au N. et au S., sur plus de
30 kil. (La Ferté-Macé, La Ferrière au N. ; La Boche
Mobile et Juvigny au S.). Plus au N. apparaît la bosse
granitique d'Athis, entourée de tous côtés par les phyl-
lades précambriens, mais au N. la ligne de contact des
deux formtations a lieu par faille, et des lambeaux de silu-
rien moyen viennent s'apphquer en plusieurs points sur
le granité. La zone plissée la plus septentrionale s'étend
dans la direction de Falaise, Montabard et la forêt de
Goufl'ern. Cette zone présente deux synclinaux de direc-
tion N.-O.-S.-E., séparés par un anticlinal très accentué.
Ces divers plissements s'étaient esquissés dès l'époque pré-
cambrienne, ils s'accentuèrent au silurien supérieur, puis
au dévonien, au carbonifère et se re-ouèrent de nouveau
au jurassique, au crétacé et pendant le tertiaire, de sorte
qu'ils sont la résultante d'une série de mouvements super-
posés, parfois difficiles à isoler les uns des autres. Ce sont
ces plis anciens ({ui ont servi de charnière aux plis juras-
siques, crétacés et tertiaires ; aussi y a-t-il eu continuité
du phénomène de plissement dans la même direction.
C'est ainsi ([ue Eanticlinal de Falaise se poursuit par celui
du Merlerault où l'on voit le callovien buter contre les
assise:^ redressées du bathonien. Ce pli s'étend plus au S.,
un peu au N. de Mortagne, à Bonneval, et de Rémalard.
L'anticlinal d'xVlençon se continuepar celui de La Ferté-
Macé, à FE., et se dirige vers Mamers entre le Theil et
La Ferté-Bernard. De petits anticlinaux et synclinaux
secondaires se montrent entre ceux du Merlerault et d'Alen-
çon.
Il faut également signaler au N. du département l'an-
ticlinal de Senonches (jui passe au S. de Vimoutiers et de
Ticheville et se dirige vers l^a Ferté-Yidame. Outre ces
plis, il existe une série de grandes failles, de direction
sensiblement \L-0., celles du Merlerault, du Moulins-la-
Marche, de Mortagne (plus de 30 kil.). Elles font buter
les divers étages du jurassique entre eux ou avec le cré-
tacé. La faille de Colouard, au S., met en contact le céno-
manien et les calcaires à astartes. Dans les premières
failles, c'est la lèvre N. qui est relevée par rapport à la
lèvre S., c'est l'inverse pour la dernière.
Stratigraphie. — LeprécambrieuQsil'à formation laplus
ancienne du dép. de l'Orne. Il forme de larges bandes ali-
gnées sensiblement N.-O.-S.-E. La bande la plus méridio-
nale s'étend au S. de Domfront, dans la direction de Pré-
en-Pail (x>Ia}cnne) et réapparaît vers llesloup. La baiide
centrale ])art de FO. d'Argenlan et se dirige vers lù:ou-
chère, la Bellière, Sentilly ; elle contourne le massif gra-
nitique d'Athis-Sainte-IIonorine et s'étale largement vers
Tinchebrai. Le précambrien comprend des schistes, qùel-
(juefois ardoisiers (Javron), bleu foncé ou vert sale, et des
grès grossiers de couleur sombre. Des bancs de jpoudinguo
gris et de calcaire noir y sont intercalés ainsi que des
schistes à blaviérite (forêt d'Ecouves, forêt de Multonne).
Ces phyllades sont métamorphisés au pourtour du granité
jusqu'à une distance de 3 à 4 kil. ; ils sont mouchetés de
points noirs produits par la concentration de la matière
charbonneuse des schistes. Ils deviennent gneissiques au
voisinage de la graFiulite (Alençon). Des mouvements très
importants eurent lieu après le précambrien ; ils redressè-
rent les assises de cet étage sur lesquelles le silurien repose
en stratification discordante. La ccunbrien àéhuia par une
formation, assez généralement développée en Bretagne sous
le nom de congloniérals, de poudinfjues et de sdmleti
pouj^prés, à ScoliUies elTigillites, que l'on observe dans
les forêts d'Ecouves et de Bois-FEvêque. Des grès feldspa-
thiqucs et des brèches pétrosiliceuses y sont intercalés.
Ces sédiments, de couleur rutilante, sont recouverts par un
grès blanc très uniforme, dit grès armoricain (silurien
}}iO'jen) jouant un grand rôle dans l'orographie de la ré-
gion, car il dessine la ligne de crête des forêts. A Dom-
front, la masse de grès est coupée à pic par des gorges qui
permettent d'en mesurer l'épaisseur, supérieure à 60 m.
Ces grès, qui vmÎQYmmi Asaphus armoricœnus , Lingula
Lesiieuri, offrent une remarquable extension dans les fo-
rêts d'Ecouves, de FEvêtjue et de Monaye. Viennent ensuite
des schistes dits à CaUjmenes, qui accompagnent et forment
des bandes parallèles aux grès à bilohites; ils sont caracté-
risés par C<2////ueH^ Trisiani et Dabnanites socialis. Une
couche de minerai de fer (hématite), épaisse de ^2 m., et
autrefois exploitée dans les forêts d'Andaine et de la Motte,
sépare les schistes des grès à bilobites. Au voisinage des
porphyres, les schistes à Cal y menés sont métamorphisés.
A Saint-Barthélémy, sous Faction de la granulite d'Alen-
çon, les schistes se sont chargés de belles màcles d'anda-
lousite. Ils sont surmontés par les gi'ès dits de May, com-
prenant des assises de grès blancs, gris ou roses, micacés,
alternant avec des schistes et des psammites. Ils constituent
une assez large tache dans les forêts d'Andaine, de La Ferté
et entre les forêts d'Ecouves et de Bois-FEvê(jue. Aux
Veaux, ils sont schisteux à la partie supérieure et ren-
ferment une lentille de calcaire noir à encrineb» On y
trouve llomalonoius Boimissenti, Orlhis rediix, Co-
nularia pijramidata et, à la partie supérieure, Trinn-
cleiis ornalus.
Le silurien supérieur est constitue par des laml)eaux
limités en partie par dos failles, auN. deDomfront, Saint-
Michel, Saint-Nicolas, La Ferrière, Saint-Bartliélemy. 11
est formé par des grès bruns et blancs (r/r^^s culminants),
couronnés par des schistes argileux non cristallins, viola-
cés, se dcl)itant en menus morceaux, souvent chargés de
matière charbonneuse et passant à des ampéliles. On y
observe des graptolites et des moules à'Orthoceras et de
Ceralocaris. Le silurien supérieur occupe l'axe des syn-
clinaux siluriens. Le dévonienest assez réduit dans le dé-
partemejit, car il ne comprend que des grès à Orlhis Mon-
nieri (dévonien inférieur), qui se montrent sur le revers
méridional de la foret d'Lcouves, près de Nicolas-des-
Bois. Cesgrès noirâtres, micacés, alternant avec des schistes
grossiers, noirs et bleuâtres, renferment (J/'^/u'^' Monnieri,
Pleurodiclyuni problenialicum et de nombreux articles
d'encrines. 11 n'existe aucune formation depuis le dévo-
nien inférieur jusqu'au lias. Les mouvements les plus im-
portants qui eurent lieu entre ces doux époques se iirent
sentir à la lin du carbonifère.
Les mers du lias moyen s'étendirent en transgression
jusque sur le massif breton, aussi trouve-t-on des lam-
beaux épars jusque sur la granuHte (Sainte-Opportune,
les Tournelles), à une ait. supérieure à ^70 m. Les affleu-
rements les plus importants se montrent àl'O. d'Ecouché,
jusqu'à Faverolle, ou ils reposent indifféremment sur le pré-
cambrien et le granité; ils ont une épaisseur de 45 à 18 m.
et comprennent des poudingues à galets de ([uartz, des
sables blancs et ferrugineux et surtout des grès blancs en
grandes dalles (Sainte-Opportune). On a exploité jadis des
lits de minerai de fer à ce niveau, ou l'on rencontre abon-
damment : Pecleib œquiualuis et llliipich. tetraeiira. Il
est probable que le lias supérieur s'étendait encore plus
loin que le lias moyen, mais à cause de sa faible consis-
tance (argiles), l'érosion l'a rapidement fait disparaître,
on ne l'observe qu à Bazoches ou il a été protégé par le
])ajocien. Le bajocien ne se montre ([u'en quel([ues points
aux environs d'Alençon et d'Ecouché. L'horizon inférieur
est représenté par des calcaires plus ou moins sableux
(Condé-sur-Sarthe) avec lits de sables renfermant des ro-
gnons de grès lustrés, siliciliés, rappelant les meulières
(Buttes de Montrayé). ils reposent sur la granulite ouïes
phylladesetrenfermentï'er. infraoolithica, Rhynch. Wîi-
ghli. Des lambeaux de meulières bajociennes existent au
S. de La Motte-Fouquet, très loin des limites des affleu-
rements actuels du jurassique. Le bathonien constitue
une bordure discontinue et irrégulière à l'E. du massif
ancien, depuis Neuvy-au-Houlme, Chambois jusqu'à Ar-
gentan, Mortrée, AJençon et Sées. Il débute par des cal-
caires en petits bancs, renfermant des silex noirs surmontés
de calcaires compacts, en gros bancs, qui sont les équiva-
lents de la pierre de Caen, et soiit exploités ici comme
pierre à chaux. Aux sources de l'Orne, ces assises passent
à dessables. La partie moyenne de l'étage (ooUthe iniliaire)
comprend des calcaires blancs, crayeux, ou sublitlio-
graphijues, généralement oolithiijues, renfermant Ter.
majcillala, Purpuroùlea niinax, Anabacia orbuliies.
La grande oolithe se compose de calcaires blancs subli-
thographiques (Sées) et de calcaires oolithiques jaunâtres
(Le Merlerault) exploités comme moellons et caractériséh
par Ter. digona, Eudesia cardiuniet Ostrea costala. En
certains points, ces calcaires renferment des polypiers. Des
lits charbonneux sont intercalés dans le bathonien supérieur
des environs d'Alençon ; ils passent à de vrais lignites ré-
sultant de la destruction de cycadées et de fougères. Près
de Sées ce sont des sables siliceux à Equiselum qui se
montrent au milieu de l'étage. Partout le i*alhonieii alfecte
la forme de dépôts de rivages (retrait de la mer à cette
époque). La bande callovienne suit la bande bathoniennc
S91 — ORNE
depuis l'E. d'Alençon, Lignières au S., jusqu'à Montabard
au N., en passant par Sées et Thellière. L'étage aftleure
également près de IVJortagne. Ln fait très intéressant à si-
gnaler est la discordance du callovien sur le bathonien (Le
Merlerault) indiquant l'existence de mouvements assez
considérables à la lin de l'époque bathonienne. Le callo-
vien est constitué à la base par des calcaires marneux gris
bleuâtres et des argiles alternant avec des calcaires à Ani.
maci'ocepJialus, A. lîerveyi. Au-dessus viennent des cal-
caires marneux et des argiles jaunâtres à Ani. nwdiolaris ,
Am. Jason. La partie supérieure est représentée par des
calcaires marneux ferrugineux à At)i. coivnatus, A)n.
Jason, surmontés par des calcaires et des sables à A}n.
athlela. L'cj^'/orc^/t^^u'ouvre d'assez vastes surfaces à l'E.
de la bande callovienne, depuis les environs deMortagne,
vers Buyres, Le Menil, Courtomer, Brullemail, au N. du
Merlerault et à i'O. de Bellème. Il forme aussi les lianes
des hautes vallées de la Touques et de la Vieille. La base
de l'étage comprend des argiles bleues alternant avec
des bancs de calcaires marneux gris bleu à A. Mariœ
et A. Lainberli, A)n. cjolialhus et Oslrea dilalala. Ces
argiles, assez épaisses, sont recouvertes par des grès
quart/.eux ferrugineux passant parfois à des sables à Ani.
cordatus.
C'est également aux environs de Bellème, Mortagne,
Moulins-en-Marche et sous forme de liséré dans les vallées
de la Touques et de la Vieille qu'aflleurent le rauracien
et le séquanien, qui débutent par des bancs de calcaire
oolithique grisâtre ixEchinobrissus sculalus, Uonicidaris
crenularis et polypiers ; puis viennent des calcaires mar-
neux agresses oolithes, des calcaires compacts ou sableux
pétris de Diceras minus et de nérinées. — On trouve,
au-dessus, des argiles grises, bleues ou noires alterueint
avec des calcaires lithographi(|ues et des lumachelles d'Os-
Irea Brunlrulana, 0. deltoidea, etc. Aux environs
d'Echauffour, les calcaires sont recouverts par des sables
à Oslrea solilaria et Trigonia Bronni. C'est avec ces
dernières couches que se termine le jurassique.
Le crétacé est principalement développé dans la partie
S.-E. du département, au N. de Mortagne. Il affleure
également dans les vallées de la Tou(pies et de la Vire, dont
il constitue les escarpements, les lianes étant formés par
le jurassique. Les lambeaux de cénomanien qui s'étendent
jusque sur les phyllades précambriens et sur le granité, à
l'E. d'Alençon, montrent l'importance de la transgression
des mers à cette époque.
Le cénomanien est bien développé au S. de Mortagne.
Il comprend, à la base, des couches argilo-sableuses, vertes,
chargées deglauconie, de plusieurs mètres d'épaisseur, où l'on
recueille Os^rmf^^/cw/osrt, surmontées d'une craie sableuse,
jaunâtre, micacée, moins glauconieuse, renfermant des silex
spongiaires et un grand nombre de fossiles : Am. ManteUi,
Pecten asper. Au-dessus viennent des couches marneuses,
plus ou moins glauconieuses, à Am. Rothomayensis. A la
partie supérieure s'entremêlent des marnes glauconieuses où
l'on trouve, outre les fossiles précédents: 6' c;<2/'M(?s<^(yita/z5,
Bolaster subglobosus. Les marnes supportent des sables
dits sables du Perche, grenus, ferrugineux, dont l'épais-
seur est assez considérable (40 à 50 m.). Ils sont caracté-
risés par A. navicularis et 0. Colomba et s'observent à
Longnyetdans la foret éiQBiiWi'ma.La turonien est beau-
coup moins développé ; on ne le trouve que sous forme de
lambeaux, aux environs de Longny et de Laigle. C'est l'étage
de la craie marneuse à Inoceramus labiatiis, exploitée
comme chaux hydrauUque ou comme marne pour l'agricul-
ture. Cette craie est masquée le plus souvent par des assises
tertiaires. Le crétacé supérieur (sénonien et danien) n'existe
pas.
Le tertiaire s'étend à l'E. et au N. du département.
Les assises inférieures (éocèno) constituées par une argile
à silex affleurent dans la plupart des vallées duN.-E. du
département. tJles comprennent une argile généi'alement
rouge avec silex de la craie (produit de décalcification). Au-
ORNE
— 5!)>>
dessus, ou tj'uuve parfois des sables el des grès, visibles
autour de Laigle et près de la l'orèt de Perseigue; ils sout
recouverts par une argile rouge ou grise empâtant des silex
brisés de la craie. Cette dernière formation, d'âge proba-
blement miocène, recouvre indistinctement le crétacé et
l'éocène ; elle couronne la plupart des plateaux et elle sup-
porte de grandes forêts. Le Union des plateaux (exploité
pour briques) constitue les points élevés de l'E. du dépar-
tement (Laigle. Moulins-la-Marcbe, Longny). 11 est formé
d'argiles plus ou moins siliceuses, de couleur jaune, avec
parties calcaii'es comprenant aussi des sables fins. Les allu-
mions anciennes n'oftrent qu'une faible extension. On ren-
contre de la tourbe dans certaines vallées.
Gb:oLOGiE AGRICOLE. — Hydkoi/)(;ie. — Le granité elles
phyllades précambriens forment une région de prairies na-
turelles et de terres où l'on cultive le sarrasin. Ia's gj*ès
du massif ancien dessinent des lignes de relief couvertes
de forêts (forêts d'Andaine, de Monoye, de La Ferté,
d'Kcouves, de FEvêque, etc.). Ils présentent au carre-
four de la Verrerie, dans la forêt d'Ecouves et au signal
des Avaloirs, dans la forêt de Multonne, les deux points cul-
minants de ro. de la France (117 m.). La ligne de faite,
connue sous le nom d'axe du Merlerault, sépare le bassin
de la Seine de celui de la Loire. On a vu plus haut (§ Tec-
lonùiue) (pfelle était duc à un ])lissemeut important,
A l'E. de cette ligue, le pays a la forme d'un vaste pla-
teau incliné vecs le X. et principalement formé d'argiles à
silex avec quelques kuubeaux de limon, tandis que dans
les vallées assez encaissées (jui le sillonnent atlleurenl le
crétacé et le tertiaire; à FO., les terrains sout, comme on
l'a indiqué, beaucoup plus accidentés et fortement ravinés.
Les calcaires bathoniens, les argiles à silex et la craie de
Kouen sont cultivés eu céj'éales; ils forment connue nne
annexe de la Campagne de Caen ; la région des argiles cal-
b)viejme el oxfordienne se rattache au pays d'Auge, par
ses prairies naturelles et ses forêts établies sur les som-
mets crayeux. Les prairies sont également développées sur
le crétacé et le tertiaire qui constituent un teri'ain très
humide ; les pommiers à cidre sont cultivés en grand ; les
bois et les forêts sont également installés snr les sables du
Perche, Fargile à silex et les graviers anciens des vallées.
Les nappes d'eau souterraines se rencontrent dans les
graviers anciens des vallées, les sables et les gi'ès des
différentes couches de la craie et dans les sables bajociens
(source de l'Orne) et rauraciens ; elles sont rares et donnent
des eaux de mauvaise qualité dans les argiles oxfordienne
et callovienne; sur ces terrains, ainsi que sur Fargile à
silex, on y supplée au moyen des eaux superficielles qne
l'on recueille dans des citernes. Ph. Glâxckald.
Régime des eaux. — Les eaux du dép. de l'Orne se
partagent également entre les bassins de l'Océan par la
Loire et de la Manche par la Seine, laTompies, la Dives
et l'Orne. Le département n'a de ces rivières que les
sources et le cours supérieur ; leur régime varie selon la
nature des terrains; le débit moyen est toujours assez
fort, mais les ciaies sont graves et l'étiage très faible dans
FO. du département aux sols impei'méables; le débit est
plus constant pour les rivières de FE., et ce n'est qu'au
dehors du département qu'elles s'enfoncent momentané-
ment sous terre. Toute la partie cjui relève du bassin de
la Loire en est tributaire par l'intermédiaire des deux
rivières qui forment la Maine, Sarthe et Mayenne.
LaSartlie('i76 kil.,dont8'i dans FOrïie,"^d'oU elle em-
porte 4.300 litres par seconde en eaux moyennes, "200 seu-
lement en très basses eaux, 50 m. c. en crue) naît près
de Moulins-la-Marche, descend au S., absorbe l'iïoene
(g., 15 Idl., bassin de 7.800 hect.), (pii passe à Bazoches-
sous-iloéne; elle baigne ensuite Le Méle-sur-Sai'tbe, forme
la limite du dép. de la Sarthe. reçoit a droite la Tajjche
(18 kiL) et la Vande (^21 kil.. bassin de 1 1 .000 1ml.).
grossie de la N'esonne, trct^ev-e Alencon. ou elF.' re-
cueille la Briante (18 kd.) issue de la loi et d"E( ouves. passe
à Condé-sur-Sartbe. forme de nouveau ki limite el, a])rès
avoir reçu le Sai'thon au pied du coteau de Saint-Céneri-
le-Cérei, quille le département. Le Sarthon (29 kil., bas-
sin de 'l'i.OOO hect., eaux moyennes 956 litres, étiage
J4 1.) commence près de Carrouges, et descend droit au
S. entre les forêts d'Ecouves et de Multonne. Cette région
de la haute Sarthe formée de terrains imperméables a des
sources nombreuses mais peu copieuses, dont les eaux, dé-
mesurément grossies ai)rès les pluies, tarissent presque
durant la sécheresse. Il en est autrement du grand affluent
de la Sarthe, FHuisne (i50 kil. dont 80 dans l'Orne).
Xée près de Pervenchères, elle se dirige vers FE., pai'mi
maints détours, arrose Saint-Denis-sur-Huisne oîi elle re-
çoit la Chiijpe (g., 'F2 kil.) xcnm de Mortagne, contourne
Mauves, reçoit la Villette (g., -18 k.), puis àBoissy-Maugis
la Commanche (g. , 35 kil . , 17 . 900 hect . , débit normal 900 1 .
p. sec, étiage 560 1.) qui naît au N. de Mortagne, passe
près de Tourouvre et reçoit la Jand)ée (g., 17 kil.) ipn
passe à L(»ngny. L'Huisne passe ensuite à Rémalard, Dor-
ceau, Condé-sur-Huisne où elle absorbe laCorbionne (g.,
"27 kil., 15.500 hect., débit 6()4 1. p. sec); elle tourne
alors vers le S.-O., entre en Eure-et-Loir où elle passe
à Nogent-le-Kotrou, revient dans le département ou
elle reçoit FEvre (dr.. 19 kil., 10.100 hect., ()00 1. p.
sec) qui baigne Noce; FHuisne passe ensuite au Theil et
(fuit te le dép. de l'Orne pour celui de la Sarthe à 90 m.
d'alt., roulant 4.500 htres par seconde en temps normal,
1.700 à l'étiage; Foolithe et la craie lui assurent un dé-
bit autrement régulier ((ue celui des rivières granitiques
et schisteuses de FO. En dehors du déparlement, elle en
reçoit encore la Même (dr., 56 kil., 16.500 hect.), rivière
de Bellèine el d'igé, grossie de la Coudre ([ui passe à la
Chapelle-Souef. — Avant de recueillir FBuisne, la Sarthe
a encore reçu du dép. de l'Orne une jolie rivière qui n'y
a que sa source et ses 16premiei's kil., l'Orne Saosnoise
(50 kil., 42.000 hect., 1 m. c p. sec).
La Mayenne (204 kil., dont 27 dansFOrne) nait au X.
dusignaldes Avaloirs et au S. de Lalacelle, passe au bout
de 2 kil. et demi dans le département auquel il donne
son nom, puis le sépare de celui de l'Orne pendant 25 kil.
avant de tourner vers le S. et de s'engager définitivement
dans le dép. de la Mayenne. Elle a alors 28 m. de large,
débite 5.422 litres par seconde en moyenne, 112 litres à
l'étiage, 45 m. c en crue. Son cours supérieur, assez
sinueux, va de l'E. à FO. Ses affluents dans le dép. de
yOvne sont : la Courbe (19 kil., 15.000 hect., 815 1. p.
sec), ([ui emplit plusieurs étangs et reçoit de La Eerté-
Macé la Maure; la Vée (19 kiL, 8.800 hect., 615 1. p.
sec), qui descend du mont d'Hère et passe à Bagnoles-
les-Bains, parcourant des sites charmants et d'un sauvage
pittoresque; le ru de Ceneslay, qui passe à Juvigny-sous-
Andaine. En dehors du dép. de FOrne. la Mayenne reçoit
encore la Yarenne (dr., 6i^ kil., 60.000 hect., débit
moyen 5.200 1. p. sec), (|ui naît auN. du signal deChar-
lemagne, passe près de Messei-Saint-Gervais, reçoit à
droite FHalouse, à gauche FAndainette, passe au pied des
schistes noirs et du donjon de Domfront en des gorges
creusées à travers des grès vêtus de pins et de bruyères,
reçoit à Torchamp FEgrenne (dr., 28 kil., 17.400 hect.,
débit 1.260 l. p. s.) qui passe à Lonlay-FAbbaye. La Va-
renne finit à Ambières, peu après avoir quitté le dép. de
FOrne; Ikd. plus bas, la Mayenne reçoit le Colmont (dr..
50 kil., 24.5()0 hect.) ((ui. durant 7 kil., asé])aré les dép.
de l'Orne et de la Manche.
Le bassin de la Seine recueille les eaux de FE. du dé-
partement par FEure et par la Risle. Sur les 225 kil. de
son cours, FEure n'a que les 10 premiers dans FOrne :
elle y nait dans la forêt de Longny, d'abord simple déver-
soir de l'étang de Kumien (ait. 254 m.), auquel se joifit
la ]M>nta, déversoir de l'étang des Personnes et de Saint-
Laurent ; elle pass<3 à Ncuilly-sur^Eure et entre en Em o-
et-Loir. rouFint j peine 270 litres p.'r seconde : elle y re-
çoit bientôt le Livier venu comme elle de la forêt de
Longnv. Deux de ses autres affluents naissent aussi dans
— 598
ORNE
les collines du Perche, l'Avre et l'Iton. L'Avre (72 kil.
dont 17 dans l'Orne) sort d'étangs de la forêt du Perche,
arrose Randonnai, Irai, mais n'est encore qu'un mince
ruisseau quand elle passe dans le dép. de l'Eure, débitant
"266 litres par seconde (36 àl'ctiage). — L'Iton (118 kil.
dont 33 dans l'Orne, qui possède 14.000 des 112.300 hect.
de son bassin, sort dans la forêt de la Trappe où il forme
un grand étang, passe devant le monastère, descend
au N.-E. à travers la plaine tertiaire, et débite seulement
627 litres par seconde quand il entre dans le dép. de
l'Eure.
La Risle, Rille ou Rile (140 kil. dont 37 dans l'Orne,
bassin de 231.000 liect. dont 50.000 dans l'Orne, débit
final 10 m. c. par seconde, 8 à l'étiage, débit à la sortie
de l'Orne 1.700 1. par sec.) commence au N. des monts
d'Amain, à l'O. du Merlerault, arrose Sainte-Gauburge-
Sainte-Colombe, Rai, Laigle, Saint-Sulpice-sur-Risle et
passe au dép. de l'Eure. Du dép. de l'Orne, elle reçoit la
Somaire (g.), la Charentonne (g., 58 kil. dont 19 dans
rOrne, bassin de i7.700 hect., débit moyen final 2.860 1.
par sec), qui sort de la forêt de Saint-Evroult, passe
près de La Ferté-Frènel ; son affluent de gauche, le Cruel,
nait dans le dép. de l'Orne, s'y engouffre sous terre et re-
paraît à la limite du dép. de l'Eure.
La Touques, sur 110 kil., aies 28 premiers dans le dép.
de l'Orne oîi elle draine 18.400 hect. ; née à Champ-Haut,
à 4 kil. du Merlerault, elle descend au N. par Gacé,Neu-
ville-sur-Touques, Ticheville, entre dans le Calvados avec
un débit moyen de 1.900 litres par seconde (étiage 2601.).
La Dives (100 kil. dont 40 dans l'Orne, où elle draine
42.000 hect.) naît entre Gacé et Exmes, descend vers le
N.-O., arrose Trun, et passe dans le Calvados, à 70 m.
d'alt. environ, roulant 1 m. c. par seconde en temps noi*-
mal, 81 litres à l'étiage. Son affluent de droite, la Vie
(59 kil. dont 29 dans l'Orne), née près de Gacé et à peu
près aussi forte, arrose la petite ville de Vimoutiers et
pénètre en Calvados où elle reçoit la Monne (g.) née dans
le dép. de l'Orne.
L'Orne mesure 170 kil. dont 93 dans le département
qui porte son nom et dont elleégoutte 165.000 hect. Elle
naît à Aunou, àl'E. deSées, dans la dépression qui sépare
le Perche du Bocage, descend à l'O. par la petite ville de
Sées, incline au N.-O., se grossit de la Senevière (g.,
15 kil.), venue du signal culminant de la forêt d'Ecouves,
de laThouanne (g., 19 kil.), également issue de la forêt
d'Ecouves et qui passe près de Mortrée et au château d'O.
L'Orne passe ensuite à Médavy, reçoit le Don (dr., 29 kil.,
bassin de 13.2u0 hect.. débit 660 l. p. sec.) qui draine
les pâturages du Merlerault; l'Ure (dr., 33 kil., bassin
de 11.600 hect., débit 5801.), qui nait au Ménil-Froger,
arrose les prairies du fameux liaras du Pin où elle se
grossit de la Gueugc (g., 15 kil., rivière de Nonant-le-
Pin. En aval du confluent de l'Ure, l'Orne baigne Argen-
tan, reçoit la Baise (g-, 17 kil.) alimentée par l'émissaire
de l'étang de Vrigny, puis Ecouché où elle reçoit la Cance
(dr., 26 kil., bassin de^ 11.300 hect., débit 570 1. p.
sec.) venue de la forêt d'Ecouves, et l'Udon (g., 26 kil.,
bassin de 12.800 hect., débit 640 1. p. sec), ([ui passe
près de Carrouges. L'Orne décrit ensuite de capricieux
méandres entre Serans et Putanges quand elle pénètre
dans les roches cambrieinies après le confluent de la
Maire (g., 14 kil.). Elle reçoit à la limite du dép. du
Calvados la Baise, rivière du pays d'Houlme, longue de
26 kil. dans un bassin de 12.400 hect. qui lui' fournit
620 htres par seconde. Pres(|ue en face débouche la
Rouvre (g., 38 kil., bassin de 28.750 hect., débit 2.520 l.
par sec) ; née au N.-E. de La Ferté-Macé, elle recueille
laBriouze(g., 15 kil.). qui ègoutte les marais du Grand-
Hazé et baigne la ville d(> Briouze ; la Rouvre s'encaisse
ensuite entre d'étroits, profonds et sombres défilés. Le
dernier affluent de TOrne dans ce département est le
Noireau (g., 42 kil., bassin de 46.560 hect. dont 26.200
en Orne), rivière de schistes et de graniles. issue du
r.RANDE KNCYCLOPLUIE. — XXV.
massif de Chaulieu, centre du Bocage; elle passe à Tin-
cliebray, Montsecret, Cerisi-Belle-Eloilc, Caligny, Saint-
Pierre-du-R égard, Condé-sur -Noireau (Calvados), Cahan,
reçoit à dr. la Vère (20 kil.) qui vient de la forêt d'Ha-
louse et arrose Fiers.
Climat. — L'Orne possède le climat séquanien, doux
et humide à raison du voisinage de la mer d'où lui vien-
nent les vents pluvieux d'O. et de N.-O. ; ceux du S.-O.
et du N. sont également fré([uents ; ceux d'E., appe-
lés ventaines, soufflent en mai où leur froidure nuit à la
floraison. Les collines du Bocage normand sont une des
régions les plus pluvieuses de la France occidentale, les
nuages venant s'y condenser sur la chaîne des Andaines,
notamment à Domfront ; la chute d'eau moyenne y est de
1.400 millim. ; elle décroît à mesure qu'on avance vers
l'E., n'est plus que de 700 millim. dans le Perche,
moindre encore sur la lisière tertiaire. On évalue la
moyenne départementale à 900 milhm. par an. La tem-
pérature est naturellement plus basse sur les sommets et
dans les hautes vallées souvent brumeuses.
Flore et faune naturelles. — V. France, ^ Flore;
France et Europe, § Faune.
Histoire depuis 1799. — Le dép. de l'Orne a été
constitué en 1790 de territoires empruntés aux anciennes
provinces de Normandie et du Maine ; on a prélevé 316.867
hect. sur la Normandie propre, 94.848 sur le duché
d'Alençon, 149.338 sur le Perche. L'histoire antérieure
à 1789 se trouve aux mots Normandie, Alençon, Perche,
Maine, Domfront, etc. La Révolution française fut ac-
cueillie avec joie, et les habitants incHnaient vers le parti
girondin. L'armée vendéenne traversa le S. du départe-
ment en 1793, et Chabot mit Alençon en état de défense.
Les brigandages des Chouans, manifestés surtout par des
pillages et des chantages, troublèrent les campagnes à
répo(pie du Directoire. Mais lorsqu'on 1799 Frotté voulut
amplifier ce mouvement, fortifiant les châteaux de Fiers,
Glapion, Touvois, la Haye, le premier consul le fit saisir
à Alençon et fusiller. — "^En nov. 1870, le dép. de l'Orne
fut envahi par les Allemands; ils l'occupèrent d'une
façon continue à partir de janvier après de petits succès
au Theil et ta Alençon.
Les personnages célèbres du xix^ siècle nés dans le dép.
de l'Orne (pour l'époque antérieure, V. Normandie) sont :
le général Ernouf (1753-1827), né à Alençon; le chef
royahste Puisaye (1754-1827), né près de Mortagne; les
médecins la Billardière (1755-1834) et Desgenettes(1762-
1837), nés à Alençon; l'archéologue Pouqueville (1770-
1838), né au Merlerault; la devineresse M"« Lenormand
(1772-1843), née à Alenc^-on ; le musicien Catel (1773-
1830), ne à Laigle ; le philoso])he Thomas-Henri Martin
(1813-84), né à Bellême ; Thistorien Feillet (1824-72),
né à La Ferté-Macé ; le peintre verrier Oudinot (1827-89),'
né à Alençon, etc.
Divisions administratives actuelles. — Arron-
dissements. — Le dép. de l'Orne comprend 4 arrondisse-
ments : Alençon, Argentan, Domfront, Mortagne ; ils sont
subdivisés en 36 cantons et 512 communes.' On en trou-
vera plus IqIu le détail.
^ Justice. Police. — Le département ressortit à la cour
d'appel de Caen. Alençon est h siège des assises. Il v a
4 tribunaux de première instance, 1 par ch.-l. d'arron-
dissement; 5 tribunaux de commerce, à Alençon, Argen-
tan, Fiers, Laigle, Vimoutiers; 1 justice de paix' par
canton. Le nombre d'agents chargés de ('onstater les crimes
et délits était, en 1891, de 267 gendarmes (52 brigades),
11 commissaires de police, 16 agents de pohce, 82 gardes
champêtres, 694 gardes particuliers assermentés, 70 gardes
forestiers. Il y eut 3.927 plaintes, dénonciations et pro-
cès-verbaux.
Financer. — Le département possède 1 directeur et
1 inspecteur des contributions directes à Alençon, 1 tré-
sorier-payeur général à Alençon, 3 percepteurs de ville, à
Alençon, Domfront. Mortague; 3 receveurs particuliers, à
38
ORNE
— 304 —
Argentan, Doiiifroiii, Morlagnc ; 1 dii'ecleiir, 3 sous-ins-
pecteurs de l'enregistrement, 4 conservateurs des Ityi)o-
thèques (1 par arr.). J.e recouvrement des conlrihutions
indirectes est assuré par 1 directeur et ^ i[ispectears à
Aiençon, 4 soiis-direcleiir à [)oniiront, ^1 re('eveurs prin-
cipaux entreposeurs à Aiençon et Domfront, "1 receveurs
entreposeurs à Argentan et Morlagne.
Instruction l'umjQUK. — Le dép. de l'Orne l'elcve de
l'Académie de Caen. 1^'inspecteur d'Académie réside à
Aiençon. Il y a 4 inspecteurs primaires (1 par arron-
dissement). L'enseignement secondaire se donne aux gar-
çons dans le lycée d'Alençon, les collèges commujuuix
d'Argenlan, Domfront, Llers, Sées et 3 inslitutions libres.
Il existe une école primaire supérieure à La Ferté-Macé.
Aiençon a des écoles normales d'instituteurs et d'insti-
tutrices.
Cuj/fEs. — Le départ cnjent forme pour le culte ca-
tholi({no le diocèse de Sées, snffragant de rarclicvè-
clic de Rouen, Il compte (au J^^' nov. 1804) 2 vicaires
généraux, 8 chanoines, 43 curés, 4(i7 desservants, 133 vi-
caires. — Le culte réformé a ^ pasteurs pour environ
1.300 fidèles.
Armée. — L'Orne appartient à la 4^' régicm militaire
(f.e Mans) et en forme les 7^' (Aiençon) et 8^- (Ai'gentan)
subdivisions; la 4^ brigade de cavalerie a son siège à
Aiençon ({ui renferme uii dép<")t de remonte.
Divers. — Le département ressortit à la 4'^ légion de
gendarmej'ie (Le Mans), à la division miiiécalogique du
Nord -Ouest, arr. du Mans, à la 13^ inspection des ponts
et chaussées, à la 1''^ j'égion agricole du Nord-Ouest, à la
13^ conservation des forêts, qui y a '2 inspecteurs,
à Aiençon et Mortagne ; il possède '2 chambres de com-
merce, à Aiençon et Mers, 4 cbambres consuhatives des
arts et manufactures, àLaigle, La Ferté-Macé, Tinchebray,
Vinioutiers.
Démographie. — Mouvement de la popueation. —
Le recensement de 1806 a coiistaté dans l'Orne une po-
pulation totale de 340.102 hah. Voici, depuis le commen-
cement du siècle, les chiffres donnés par les recensements
précédents :
1801
.. 303.738
1836
,. 430.127
1806
.. 424.660
1861
.. 423.330
1821
.. 422.884
1866
414.618
i^^m
.. 434.370
1872
. . 308.230
1831
.. 441.881
J876
. . 302.326
1836
.. -443.688
1881
376.126
1841
442.072
1886
367.2^^8
7846
.. 442.107
1801.....
334.387
1831 ....
,. 430.884
1806...,.
330.162
Il résulte de ces cbiifres (pie la population a diminué
de 36.376 depuis le commencement du siècle. De plus,
comme le chiffre de 1801 est certahiement trop faible, à
cause d'omissions, si nous pai'tonsdu chiffre de 1806, nous
constatons en 00 années (uie diminution de 83.307 liab.,
soit 21 1/2 "^/o. Ce mouvement ne remonte pas à Torigine
du siècle. Jusipi'en J836 la population a un peu augmenté;
elle est ensuite demeurée statiomuure. et c'est seulement
en 1846 que le déclin a commencé, pour devenu' très ra-
pide à partir de 1831. Dans les cin(iuantc aimées écou-
lées de 1846 à 1806, le déchet est de 102.043 âmes.
Le dép. de l'OruV se dépeuple avec une inquiétante rapi-
dité, en pleine paix, sans qu'aucune catastrophe ou crise
anormale puisse ex])liquer ce phénomène. Il est dû pom'
environ un tiers ou deux cinquièmes à Lémigration. pour
les deux tiers ou les trois cin((uièmes à l'excédent des
décès sur les naissances. Nous y l'cviendrons tout à
l'heure.
O mouvement n'est pas tout à fait uniforme dans les
diverses ])arties du déparltMuiMd. On s'en r(mdra compte
en comparant les l'ecensemcnts de 1801, 1831 et 1<S0(),
arrondissement pai' arrondissemeid.
arrondissements
l\)[)ulation
en ISUi
i'opulatioH
on 1851
Inoculation
on 180G
AIOHCOll
G7.U5I')
10t. GIG
110.528
113.538
72.208
tOG.851
138. G57
122.075
50.127
77.730
112. 87 t
80.131
Ari:'('iilan
JJoinrroiit
Murtayne
Totaux
395.738
130.881
330. 1G2
Demilë de la populalioii par kilonièlre carré.
AURONIJISSEMENTS
■ Superficie
d'après
le
cadastre
1801
1831
-1806
1
Variation
de 1801
à 180G
AloU(;on .. . •
Ai'i^entan
Domfront
Morlagne
Dép. entier..
hoet.
103.325
18G.08I
123.3G1
10G.05G
G5
5G
80. 5
57,8
70
57.1
112; l
G2. 3
57,2
11, G
01,5
I5,G
— 7 s
-Ihl
G00.720
05
72,1
55, G
- 0, 1
Voici les cbiffres absolus pour la dernière j)ériode :
ARRON-
DISSEMENTS
Aiençon. . . ,
Argentan. . .
Domfront .
Mortagîie . .
Totaux du
département.
1872
G7.23!
00.838
131.120
108.710
398.250
1876
GG.715
80.158
130. G70
105.083
392. 52G
1881
G3.00I
86.781
125. 3 IG
100.032
37G.12G
1886
G2.705
83.900
121.188
95,075
3G7.218
1801
G 1.500
80.020
117.921
93.953
351.387
1806
59.1
77.730
112.871
80. 131
339. 1G2
Lu somme, les arrondissements qui diminuent le plus
sont ceux où la densité est le plus faible : Argentan d'abord,
puis Mortagne, puis Aiençon, tandis que Domfront, après
avoir pas mal progressé, a heaucoup reperdu, mais de-
meure encoi'c un peu plus peuplé qu'en 1801. Dans la
région de la plaine normande et des collines du Perche,
la dépo])uhdion remonte loin; dès le xviu« siècle, Voltaire
la signalait ; le phénomèiKî est le même dans les départe-
ments voisins, Eure et Calvados, qui, sauf dans les arron-
dissements urhains d'Evreux et Caen, ont une population
bien infériiHire à celle du commencement de ce siècle,
lùirayée un instant par l'amélioration que la Révolution
apporta an régime de la propriété, la décroissance a re-
pris. L'arrondissement bocager de Domfront, d'ailleurs
j)lus industrieux, a mn^ population spécifique double de
celle des aiT'ojidisscjnents orientaux.
Au ])oint de vue de la })opulation totale, le i[('\). de
rOrne était, en 1806, le 48^ Au point de vue de la
j)opulation spécitique, il est le 32^, avec une densité
de 33,6 hien ijderieure à la moyenne française (73 hab.
par kil. q.), alors (pi"en 1801 et en 1831 encore, il était
iort ait-dessus de cette nnmume. Cette densité varie de
28 hal). j)ar kil. (|. dans le Vaut, de La Lcrté-Frènel et
dans celui d'Lxmes, à 203 dans celui de Fiers.
La p(»pulatioii iia^ cbefs-lieuv d'arrondissement et de la
ville de Fiers se répai'lissait, ejil806, de la manière suivante :
X'ICLlvS
Population
municipale
aggiom.
Epai-se
Comptée
a
part
Totale
Al(-n. Ml,
Aru(Milan
Doinliont .,
Mcjrtaiin*;
Mers ; ,...u
11.52G
5.070
2.3!)7
3.872
11.103
8(il
523
2 . 035
1.3M
2.193
2.151
71G
531
61
108
17.811
G. 309
l.9()G
1.277
13.101
— 595
ORNE
La population cparse est (on 1891) de 611 hab. pour
i .000, proportion double de la moyenne française (366 *^ 'oo)
et qui affirme la prépondérance de l'élément rural; elle
est analogue à celle de la Manche et de l'Ille-et-Vilaine
et à la moyenne générale de la Bretagne.
La population se répartit comme suit entre les groupes
urbains et ruraux :
POPULATION
au 30 mai 188G
Urbaine 75.961
Rurale 278.426
Total 354.387
POPULATION
au 29 mars 18DG
Urbaine 74.709
Rurale 264.453
Total 339.162
Le nombre des communes urbaines (plus de 2.000 hab.
agglomérés) était en 1896 de li, occupant une surface
totale de 22.787 hect., contre 586.972 hect. occupés
par les 501 communes rurales. Voici quelle était l'impor-
tance respective des populations urbaine et rurale aux re-
censements de 1856, 1872,1886 et 1896 pour 100 hab. :
1856 1872
1886
1896
Population urbaine. . .
— rurale. . , .
. 15,72 16,35
. 84,28 83,65
20,98
79,12
22,03
77,97
La population rurale domine et forme encore près des
trois quarts de la population, alors qu'en France elle n'en
forme plus que 60 7o-
Le mouvement de la population en 1896 se traduit par
les chiffres suivants : naissances légitimes, 5.420 dont
2.723 masculines et 2.697 féminines; naissances natu-
relles, 342 dont i6i masculines et 181 féminines : soit
un total de 5.762 naissances. Il y eut 284 mort-nés. Le
nombre des décès fut de 7.744 dont 3.988 masculins et
3.756 féminins. Il s'ensuit que l'excédent des décès sur
les naissances fut de 1.982, chilTre plus fort que celui
d'aucun autre département français et représentant 6 °/oo
de la population totale. Le noml)re des mariages a été de
2.398, celui des divorces de 103. En somme, la propor-
tion des mariages est do 7 par 1.000 hab., celle des
naissances de 16 ^/oo, celle des décès de 22 «/oo. Sur
l'ensemble de la France on constatait par 1.000 hab.
8 mariages, près de 23 naissances et un peu plus de
20 décès; chiffres déjà bien faibles pour la natahté
(V. France, Natalué, MoiiiALrrÉ, Nuptlvlité). Dans
l'Orne la mortalité dépasse la moyenne, et la natalité est
inférieure ; la situation démographique est donc déplo-
rable. Le nombre moyen d'enfants par famille, toutes fa-
milles réunies, est de 194 7o (moyenne française 210) ; en
ne tenant compte que des familles qui ont des enfants, il
est de 237 (moyenne française, 259). La natalité est res-
treinte par le malthusianisme, d'autant plus que dans ces
pays d'élevage on n'a pas besoin de beaucoup de bras ;
mais on trouve une moindre natalité dans d'autres dépar-
tements ruraux ; ce qui aggrave la situation de FOrne,
c'est le taux élevé de sa mortalité ; il est dû pour beau-
coup à l'alcoohsme, à la consommation de l'eau-de-vie
de cidre, très toxique, et partout répandue à cause des
fraudes que généralise la tolérance des bouilleurs de cru.
Ces phénomènes sont les mêmes dans les quatre arron-
dissements, un peu plus accentués dans ceux d'Argentan
et de Mortagne. L'âge moyen de la population est (cji
1891) de 35 ans.
La répartition des communes d'après Timportance de
la population a donné en 1891 pour les 512 communes
du département : 3 corn, de moins de 100 hab. ; 56com.
de 101 à 200 hab. ; 106 com. de 201 à 300 hab. ;
69 com. de 3Ul à 400 hab. ; 62 com. de 401 à 500 hab. ;
134 com. de 501 à 1.000 hab. ; 44 com. de 1.001 à
1.500 hab. ; 16 com. de 1.501 à 2.000 hab.; 6 com. de
2.001 à 2.500 hab. ; 4 com. de 2.501 à 3.000 hab. ;
3 com. de 3.001 à 4.000 hab. ; 4 com. de 4.001 à
5.000 hab.; 3 com. de 5.001 à 10.000 hab. et
2 com. de plus de 10.000 hab. (Alencon et Fiers).
Voici par arrondissement et canton la liste des com-
munes dont la population agglomérée en 1896 dépassait
1.000 hab. Les chiffres de superficie ne sont pas rigoureu-
sement exacts, parce que nous attribuons toute la super-
ficie des villes divisées entre plusieurs cantons au premier
de ces cantons dans la hste. Les surfaces cantonales sont
indiquées d'après la Situation financière des communes
(année 1898) :
Arrondlssement d'Alencon. (6 cant., 92 com
103.325 hect., 59.127 hab.). — Cant. d'Alençon (E.)
(8 com., 8.513 hect., 16.829 hab.) : Alençon, 17.841
hab. (16.980 a^ggl). — Cant. d'Alençon (0.) (16 com.,
16.645 hect., 12.441 hab. dont 3.564 pour sa part de
la ville). — Cant. de Carrouges (24 com., 28.287
hect., 10.449 hab.). — Cant. de Courtomer (16 com.,
14.643 hect., 5.023 hab.).— Cant. de Mêle-sur-Sarthe
(15 com., 15.191 hect., 6.140 hab.). — Cant. de Sées
(13 com., 19.970 hect., 8.245 hab.) : Sées, 4.275 hab.
(3.278 aggl.).
Arrondissement d'Argentan (Il cant., 174 com.,
186.984 hect., 77.730 hab.). — Cant. d'Argentan
(11 com., 9.626 hect., 8.867 hab.): Argentan, 6.309 hab.
(5.786 aggl.). — Cant. de Briouze (U com., 15.361
hect., 7.117 hab.). ~ Cant. d' Ecoiické (iS com., 18.929
hect., 8.271 hab.) : Ecouché, 1.448 hab. (1.339 aggl.).
— Cant. cr7wmé?5 (13 com., 15.876 hect., 4.568 hab.).
— Cant. de La Ferté-Frénel (15 com., 20.483 hect.,
5.753 hab.). — Caîit. de Gacé (14 com., 16.221 hect.
5.818 hab.) : Gacé, 1.726 hab. (1.529 aggl.).— Cant.
du Merlerault (12 com., 15.463 hect., 6. 093 hab.). —
Cant. de Mortree {iS com., 15.789 hect., 5.225 hab.).
— Cant. de Putanges (23 com., 20.746 hect., 8.479
hab.). — Cant. de Trun (22 com., 18.374 hect., 7.242
hab.): Trun, 1.570 hab. (1.443 aggl.). — Cant. de Vi-
moutiers (19 com., 19.945 hect., 10.297 hab.) : Le
Sap., 1.282 hab. (1.030 aggl.); Vimoutiers, 3.539 hab.
(2.451 aggl.).
Arrondissement de Domfront (8 cant. , 96 com. , 1 23.364
hect., 112.874 hab.). — ^m^ (r/l//m (16 com., 14.930
hect., 12.688 hab ). — Cant. de Domfront (11 com.,
26.228 hect., 17.410 hab.) : Domfront, 4.966 hab.
(2.931 ixgg\.).—Cant.deLa Fertc-Macc(d com., r^^.m'l
hect., 14.441 hab.) : La Ferté-Macé, 7.775 hab. (5.307
aggl.). — Cant. de Fiers (1 4 com., 12.501 hect., 25. 407
hab.) : Fiers, 13.404 hab. (11.211 aggl.). — Cant. de
Jiwigny-sous-Andaine (13 com., 12.083 hect., 9.070
hab.) : La Chapelle-Moche, 1.937 hab. (1.100 aggl.). —
Cant. de Messei (10 com., 13.535 hect., 8.248 hab.). —
Cant. de Pa^^sais (8 com., 15.170 hect., 10.459 hab.
— Cant. de Tincfiebrai/ (i^ com. ,'15.628 hect., 15.181
hab.) : Tinchebray, 4.o99 hab. (3.'l04 aggl.).
Arrondissement de Mortagne (ii cant., 150 com.,
196.056 hect., 89.431 hab.). — Cant. de Bazoches-
sur-Hoëne (12 com., 12.472 hect., 5.138 hab.). —
Cant. de Bellâme (15 com., 17.258 hect., 9.899 hab.):
Belléme, 2.599 hab. (2.599 aggl.). — Cant. de Laiqle
(15 com., 20.405 hect., 11.619 hab.) : Laigle, 5.125
hab. (4.355 aggl.). -^ Ca}iL de Longwi\\?) com.,
22.304 hect.. 6.582 hab.) : Longny, 1.8i30'hab. (1.263
aggl.). — Cant. de Mortagne (14 com., 16.305 hect.,
11.072 hab.) : Mortagne, 4.277 hab. (3.933 aggl.). —
Cant. de Mou lins- la- Marc fie (17 com., 15.798 hect.,
5.544 hab.). - - Cant. de ^océ (13 com., 16.013 hect.,
7.376 hab.). — Cant. dePervcnctières (14 com. ,18.865
hect., 7.220 hab.). — Cant. de Bémalard (12 com.,
22.828 hect., 10.332 hab.) : Rémalard, 1.616 hab.
(1.197 aggl.). — Cant. du Theil (10 com., 17.365 hect.,
9.171 hab.). — Cant. de Tourouvre (10 com., 16.442
hect., 5.478 hab.).
Il n'y a aucune grande agglomération urbaine ; les seules
qui aient quelque importance sont : la vieille capitale du
pays, Alençon, qui en demeure le principal marché et petit
centre industriel ; puis, au second rang, les deux centres
OBNE
— 596 —
du tissage, Fiers et La Fei*té-Macé ; au troisième, les trois
sous-préfectures, la cité épiscopale de Sées, et les petites
villes industrielles de Laigle, Tinchebray.
liABiiATioNs. — Le nombre des centres de population
(hameaux, villages ou sections de communes) était en 1891
de 16.741 dans le dép. de l'Orne. Le nombre des maisons
d'habitation de 10^2. 0!).'), dont 93.698 occupées en tout
ou en partie et 6.397 vacantes. Sur ce nombre, on en
comptait 70.864 n'ayant qu'un rez-de-chaussée, 25.403
un seul étage, 3.17 4 deux étages, ^""Kj trois étages, '28
quatre étages ou davantage. Elles comportaient 117.057
logements ou appartements distincts, dont 109.776 oc-
cupés et 7.281 vacants; en outre, 12.637 locaux servant
d'ateliers, de magasins ou de boutiques. La proportion des
locaux industriels ou commerciaux est de 105 ^/oo, ^ peu
près la même que sur l'ensemble de la France (105 7oo).
Etat des personnes. — D'après la résidence. — On
a recensé, en 1891, 18.322 individus isolés et 91.360 fa-
milles, plus 94 établissements comptés à part, soit un
total de 109.776 ménages, lly a : 18.322 ménages com-
posés d'une seule personne; 27.135, de deux personnes;
23.561, de trois personnes ; 18.128, de quatre personnes;
10.877, de cinq personnes; 6.317, desix personnes; 5.342,
de sept personnes et davantage. La proportion d'isolés est
un peu plus forte que dans Fensemble de la France (167
sur 1.000 ménages au lieu de 152).
La population résidante comptait 354.387 personnes,
dont 344.178 résidants présents, 4.171 résidants absents
et 6.038 personnes comptées à part. La population pré-
sente comportait 350.216 résidants présents et 3.658
personnes de passage, soit un total de 353.874. La popu-
lation présente est donc presque exactement aussi nom-
breuse que la population résidante ; en général, en France,
elle est un peu moins nombreuse.
D'après le meu de naissance. — Classée d'après le lieu de
naissance, la population de l'Orne se divisait, en 1891 , en :
Français nés dans la commune où ils habitent. 177.666
— dans une autre com. du dép. . . . 120.381
— dans un autre département 55.082
— en Algérie ou dans une colonie
française 49
Français nés à l'étranger 70
Soit un total de 353.248 Français de naissance.
Il y faut ajouter en premier lieu 110 naturalisés dont
62 nés à l'étranger; en second lieu, 516 étrangers ilont
386 nés ta l'étranger.
Classée par nationalité, la population de l'Orne com-
prend 353.358 Français, 141 Belges, Si) Anglais, Ecos-
sais ou Irlandais, 80 Allemands, 66 Italiens, 54 Suisses,
44 Espagnols et 45 étrangers divers. La proportion d'étran-
gers est insignifiante, moins de 1 12 '^/oo; e'est le cas des
départements ruraux «t pays d'élevage fie l'intérieur delà
France.
Si nous nous en tenons à l'élément français, nous cons-
tatons qu'en 1891 le dép. de FOrne possédait 298.047
nationaux nés sur son territoire et que l'on a recensé dans
la France entière 384.666 originaires de l'Orne. Ce dé-
partement a donc conservé les quatre cinquièmes de ses
enfants ; des autres, 26.679 ont passé dans la Seine,
15.509 dans le Calvados 7.387 dans l'Eure, 6.670 en
Eure-et-Loir, 7.343 dans la Sarthe et 4.332 dans la
Mayenne, 2.418 dans la Manche, départements contigus,
entin 3.661 en Seine-Inférieure et 4.717 en Seine-et-Oise ;
rémigration se fait vers Paris et par échauge avec les ré-
gi(ms limitrophes. En effet, on tnuive dans l'Orne 7.069
natifs du Calvados, 3.071 de l'iùu'e, 3.380 d'Fure-et-
Loir. 10.335 do la Mayenne. 8.9S5 de la Sarthe. 3.830
de la Manche et ().T63 de la Seine (en partie cnfanls as-
sistés). D'une manière générale. Temigration a enlevé à
l'Orne environ 30.000 habitants de plus que l'iuimigra-
tion ne lui en a amené ; l'âge moyen de la population étant
de trente-cinq ans, et le déchet entre 1850 et 1891 de
75.000 âmes envii'on, on voit que l'émigration intervient
dans la population pour les 2 5 et l'excéSent de mortalité
pour 3,5. Mais dans ces dernières années l'émigration s'est
ralentie.
D'après l'état civil. — Classée par sexe, lapo])ulation
se répartit en 171.826 hommes et 182.048 femmes, ce
qui fait 1.060 femmes pour t. 000 hommes (moyenne
française, 1.014), proportion semblable à celle des autres
départements armoricains (Basse-Xormandie et Bretagne),
sauf le Finistère (cà cause du port de Brest) et qui s'ex-
plique en partie par l'émigration plus prononcée des
hommes vers les villes extérieures. Le sexe masculin compte
85.724 célibataires, le sexe féminin 81.491, proportions
voisines des moyennes françaises. La proportion des per-
sonnes mariées est de 430 pour 1.000, donc supérieure
à la moyenne générale de h France (400). On a recensé
34.706 veufs ou veuves. soit98o/oo (moyenne française, 81 ).
Par contre, le nombre des mineurs n'est que de H 7. 7 23,
soit 333 7^0 (moyenne française, 365). L'âge moyen (h^s
hommes est de 34 ans 4 mois, celui des femmes de 35 ans
7 mois 20 jours.
D'après la profession. — La population de l'Orne se dé
compose par professions de la manière suivante (en 1891)-
On classe sous chaque rubrique, non seulement ceux qu.
exercent la profession, mais aussi la totalité des personnel
qui en tirent leurs subsistance :
Agriculture 185 . 603 soit 525 ^^/oo
Industries manufacturières. .. . 75.816 — 214^
Transports 6.367 ~ 18 —
C.ommerce :)9.788 — 84 —
Force publicpie 3.713 ~ 10 —
Administration publique 4.331 — 12 —
Professions libérales. . 7 . 445 — 21 —
Personnes vivant exclusivement
de leurs revenus 25.117 — 71 —
En outre, 2.580 gens sans profession et 9.114 indivi-
dus non classés (enfants en nourrice, étudiants ou élèves
de pensionnats vivant loin de leurs parents, personnel in-
terne des asiles, hospices, etc.), onde profession inconnue.
Au point de vue social, la population comprend : 77.673
patrons, 5.226 employés, 68.800 ouvriers. Les personnes
inactives de leurs familles sont au nombre de 190.476.
plus 17.558 domestiques.
Etat économique. — Propriété. — Le nombre des
cotes foncières était, en 1895, de 236.018 dont 151.613
non bâties et 84.405 bâties; le nombre des cotes non
bâties a augmenté de 8.811, soit 6 7o depuis 1826.
La propriété ne se morcelle pas comme dans d'autres
régions de la France, à cause de la rapide diminution de
la population. ■— L'enquête faite en 1884 par d'adminis-
tration des contributions directes a relevé dans' le dép. de
l'Orne 166.579 propriétés non bâties imposables, sa^oir :
146.746 appartenant à la petite propriété, 18.612 à la
moyenne propriété et 1.221 à la grande propriété.
On voit, par le tableau que nous donnons ci-après, que
la petite propriété détient 170.519 hect., la moyenne
259.094 hect. et la grande 140.595 hect. L'Orne est
donc un pays de moyenne propriété. La contenance moyenne
d'une cote foncière est de3'^^*'^4, analogue à la moyenne
française 3^'®''\53.
La valeur de la propriété bâtie était évaluée (d'après
l'enquête de 1887-89) de la manière suivante :
Maisons Usines
Nombre (en 1897) 126.113 957
Francs Francs
Valeur locative réelle ... 15 . 475 . 1 51 1 . 000 .636
Valeur véuale (en 1887), 316.050.011 19.424.097
11 faut y ajouter 1.292 bâtiments publics (asiles, pres-
byt*'res, préfectures, etc.), d'une valeur locative réelle de
265.390 fr. La part du département dans la valeur de la
propriété bâtie sur le sol français représente 1/147^' de la
valeur totale.
— 597
ORNE
DÉSIGNATION
NOMBRE
SUPERFICIE
des cotes
(en hectares)
Petite fjropriété :
Biens de moins de 10 ares . .
30.803
1 . 206
— de 10 à 20 ares
12.310
1.831
- de 20 à 50 -
24.505
8.331
— de 50 ares à 1 liect . . ,
23.953
17.414
- de 1 à 2 hect
21.480
35.153
.- de2à3—
13.043
31.875
— de 3 à 4 —
8.006
27.765
- de 4 à 5 -
5.631
25.103
— de 5 à (3 —
3.979
21.838
Moyenne propriété :
Biens de 6 à 7 hect
2.936
19.016
- de 7 à 8 -
3.239
17.351
— de 8 à 9 -
1.857
15.746
- de 9 à 10 -
1.458
13.849
- de 10 à 20 —
6.664
92.494
- de 20 à 30 —
1.995
48.728
- de 30 à 40 —
870
29.718
- de 40 à 50 -
503
22.212
Grande propriété :
Biens de 50 à 75 hect
593
35.908
— de 75 à 100 —
216
18.756
- de 100 à 200 -
274
37.944
Au-dessus de 200 —
Totaux
138
47.987
166.579
570.208
Agriculture. — L'agricultui^e fait vivre 525 liab. sur
1.000, alors que dans l'ensemble de la France cette pro-
portion atteint seulement 460. L'Orne est donc un dépar-
tement agricole ; d'après l'assiette de la contribution fon-
cière, la valeur du sol non bâti de l'Orne représente environ
le 1/68'^ de la valeur totale du sol français.
On trouvera au § Géologie agricole des indications sur
les qualités des terrains des diverses parties du départe-
ment. On y distingue, d'après le cadastre, 844.404 hect.
de teiTes labourables, 85.802 de prés, 45.000 d'herbages,
67.281 de bois, 18.910 de landes, 1.071 de rochers et
terrains incultes, 50.361 de superficies diverses. Ces
chiffres ne correspondent pas à l'état actuel. Les bois
occupaieut. d'après l'enquête de 1882,85.507 hect. dont
28.105 à l'Etat, 122 aux communes, 62.280 à des par-
ticuliers ; les prés, 74.088 hect. dont 26.978 irrigués
naturellement, 11.647 artificiellement ; les herbages
77.194 hect. dont 50.410 en plaine et 16.784 en col-
line; en y ajoutant 11.865 hect. de prés temporaires, on
arrive à un total de 163.147 hect. pour les j)rairies de
toute nature ; de plus, 4.153 hect. sont cultivés en four-
rages verts et 57.330 en prairies artificielles, soit un total
d'environ 225.000 hect. consacrés à l'aHmentation du
bétail. Cette étendue s'est encore accrue depuis lors et
représente à peu près les 2/5 de l'étendue totale dii dépar-
tement. Les champs labourés ont perdu du terrain, en
])ai'ticulier les cultures de céréales, mais comme Tamélio-
ration des méthodes a restreint l'étendue des jachères,
qui occupaient près de 80.000 hect. en 1852. la surface
réellement utilisée chaque année poiu' les labours n'a guère
diminué. On fait souvent alterner dans l'assolement les
céréales avec les fourrages et les ])lantes sarclées.
Le tableau suivant indique la superficie et le rendement
des terrains consacrés aux principales cultures en 1896.
Ces chiffres répondent assez à la production moyenne,
excepté pour le cidre dont la production movenne décen-
nale (1887-96) est de 1.100.000 hectoL, dépassée seu-
lement en Ille-et-Vilaine, Calvados, Côtes-du-Nord et
Manche. Les rendements sont moyens pour les fourrages
et les grains, et diffèrent peu de ceux de l'ensemble de la
France. La culture maraîchère est insignifiante ; la vigne
absente, en raison du climat, les cultures industrielles
disparaissent ; les oléagineuses, qui occupaient 569 hect.
en 1852, 102 en d882, ont été abandonnées ; le chanvre
qui occupait 1.787 hect. en 1852 et le lin qui en occupait
128 l'auraient été sans les primes résultant de la loi de
1893. L'effort de l'agriculteur du Perche, de la (Campagne
ou du Bocage est tourné vers l'élevage, qui s'accompagne
de la production des pommes et poires à cidre récoltées
non seulement des arbres, plantés dans les prés et le long
des routes, mais aussi dans 6.000 bect. de vergers. Les
meilleurs cidres sont ceux de l'arr. d'Argentan et du cant.
d'Alençon ; celui de Domfront fait beaucoup de poiré. Une
partie de la récolte est distillée pour produire (en particu-
lier dans le cant. de Vimoutiers) l'eau-de-vie de cidre,
connue sous le nom de calvados, très appréciée des consom-
mateurs, malgré ou peut-être à cause de ses dangers pour la
santé. On comptait, en 1896, 53.413 propriétaires récoltant
leurs cidres et poirés et 32.760 bouilleurs de cru, 5 distilla-
teurs de profession . — Les forets sont considérables , en partie
formées de belles futaies. Elles couvrent surtout les ar-
giles à silex de TE. du département et les grès de l'O.
Les essences dominantes sont le chêne, le hêtre, le bou-
leau, le châtaignier (vers Domfront), le tremble, le pin
sylvestre. On admire les forêts du Perche et leurs majes-
tueuses avenues, en particulier celle de Bellême, jadis rat-
tachée à la grande forêt du Perche ; de même, à l'O., la
forêt d'Andaine est un reste de la vaste forêt Silvedine ;
celle d'Oiiche (Uticensis), qui couvrait l'Hiémois au temps
mérovingien, a presque disparu. Les principales forêts
actuelles sont celles d'Ecouves (7.543 hect.), d'Andaine
(3.950 hect.), du Perche et de la Trappe (3.222 hect.),
de Bellême (2.436 hect.), de Réno-Valdieu (1.587 hect.j,
de Moulins et Bonsmouhns (1.514 hect.), de La Ferté-
Macé (1.375 hect.), d'Aunai-les-Bois renfermant des
chênes géants, le Corbeau, le Gamord, etc.
CULTURES
Froment .
Méteil ...
Seigle....
Orge
Avoine.. .
Sarrasin.
Pommes de terre
Betteraves fourraa-cnîs. .
Trèfle
Luzerne
Sainfoin
Prés naturels et iKn-hages.
Chanvre
Lin
Pommes à eidro.
Cidre
SUPERFICIK
Hectares
61.000
9.200
8.050
25.400
58.900
17.400
1.670
2.6T0
3.320
3.950
9.600
151.400
324
15
L'élevage est très prospère. Le nombre des animaux de
ferme existant au 31 déc. 1896 était :
Espèce chevaline 61 . 740
— mulassière 43
— asine 1 . 650
— bovine 211.269
— ovine 70.420
— porcine 39 . 905
— caprine 1.280
L'élevage du cheval est particulièrement développé, plus
même que ne le ferait croire la simple considération du
nombre total des animaux. Le pays y est très favorable,
en particulier dans les fameux herbages du Merlerault,
de Nonant-le-Pin, du Mêle, au milieu desquels est installé
le grand haras national du Pin, le plus important de France.
On élève des pur sang et des demi-sang anglo-normands,
pour les courses au galop et au trot, c.-à-d. pour la re-
production, et aussi pour la remonte. Au centre et au N.
du département, on a constitué une sorte de famille dite
ORNE
— :m —
du Merieraiilt qui ])asso pour la meilleure du type anglo-
normand. Dans l'arr. de Mortagne et relui dWlençon, on
élevé le robuste [XM'cheron, lype dn clieNal de trail ; dans
l'arr. de Domfront, le breton, plus petit etrusli<pie. mais
résistant. Il y a des écoles de dressage au Mêle et à Sées.
Les grands marchés de chevaux se tiennent à Alençon
(foire delà Chandeleur du"25 Janv. au 4 févr.) et au Mêle
(concours de poulinières du 8 oct. et foire de Saint-André
pour les poulains de lait). — Les hètes bovines sont gé-
néralement de race normande ; on engraisse dans les her-
hages des animaux achetés en Anjou et dans le Maine, et
qu'on revend à Paris ou en Angleterre. La production du
lait fut, en 1896, de 4.327.000 hectol. de lait valant
13.268.000 fr. ; on fait beaucoup de l)eurre très appré-
cié, notamment au Mêle, à Gacé, à Yimoutiers, au Mer-
lerault, et aussi beaucoup de fromage, spécialement dans
le cant. de Vinmutiers, l'excellent fromage de Camembert,
dont il expédie annuellement plus d'un million. — Le
nombre de moutons diminue ; ils sont généralement de
race mérinos ; la production de la laine atteignit en 4896
4.7.^)0 quintaux valant 240.000 fr. Les porcs, de race
normande, sont élevés surtout afin d'utiliser les déchets
des laiteries. Les basses-cours ont une réelle extension;
on compte environ 700.000 poules et plus de 50.000 oies
qu'on engraisse, pour l'Angleterre et Paris, autour d'Alen-
çon, du Mêle, etc. Il y avait, en 4896, 46.500 ruches
d'abeilles en activité ayant produit 66.000 kilogr. de miel
et 24.730 kilogr. de cire d"une valeur globale de
453.300 fr.
Les exploitations agricoles sont de moyenne étendue,
généralement 40 à 45 hect. ; les petites s'appellent close-
ries ou bordages ; sauf dans les plaines et le Perche, elles
sont entourées généralement de fossés et de haies vives. On
compte environ 40.000 propriétaires cultivant eux-mêmes
leurs terres, moins de 200 métayers, et 43.000 fermiers.
Les associations agricoles sont médiocrement développées.
Il y a une ferme-école près de Domfront, au Saut-Gau-
thier.
Industrie. — L'industrie fait vivre 75.846 personnes,
soit 244 sur 4.000 (moyenne française, 250). Elle est
assez répandue et le dép. de l'Orne compte plusieurs pe-
tits centres manufacturiers, bien que la grande industrie
ne s'y soit pas développée, le sol ne fournissant aucune
ressource spéciale, et les communications étant plutôt gê-
nées par la nature accidentée du pays.
Mùies et carrières. Le dép. de LHhMie n'a pas de mines.
Les minerais de fer, assez abondants vers Neuilly, La Lande,
lleugon. Sap-André dans les bois de Valdieu, à La Fer-
rière-aux-Etangs, sont trop pauvres ponr être exploités
utilement. Le combustible minéral vient exclusivement du
dehors. On consommait, en 4896, 103.400 tonnes de
houille valant 23 fr. la tonne sur les lieux de consomma-
tion, soit un total de 2.371.300 fr.; 30.800 loimes pro-
venaient du bassin de Yalenciennes, 72.300 de Belgique.
Les carrières ont fourni les résultats suivants en 4896:
POTDS
on tonnes
Pierre de taille tendre 2.300
— — dure 24.000
Moellon 64.600
Sable et gravier pour mortier et
béton.; 37.200
Chaux grasse 9 , 400
— hydraulique 40.000
Argile à faïence et poteries. . . . 3 .500
— pour briques et tuiles. . . 30.000
— réfractaire 4.000
Marne 10.800
Pavés 1.700
Matériaux p(mr ballast et empier-
rement 2-45.000
Total
VALEUR
en francs
24.000
520.000
405.600
46.500
94.000
230.000
45.500
420.000
13.000
46.200
39.100
735.000
4.958.900
On ex])]oitait 48 carrières souterraines et 650 à ciel
ouvert, ou travaillaient 1.97 4 ouvriers. On extraji surtout
le granité à C(»ndé-siu'-Sai'lhecl Sainte-Donoi'ine-la-Char-
donne. du schiste à La Eerriêre-lîéchet, de Tampélite (pierre
noire des charpiMitiers) dans la forêt d'Ecouves. Condé-
sur-SartJu^ fournit aussi le (piartz enfumé ({u'ou nomme
« diamant d'Alençon ».
Les soui'ces minérales sont assez nombreuses; les plus
connues sont celles de Bagnoles, thermales (-f- 27^,5).
chlorurées sodiques, sulfatées arsenicales ou ferrugineuses ;
(elles de la Herse (forêt de Bellême), bicarbonatées fer-
rugineuses, furent utilisées par les Piomains. Il en existe
d'autres ferrugineuses ou sulfureuses àLarré, La Ferrière-
liéchet, Panes, Yillers-en-Ouclie, l^a Ferté-Frênel,
Irai, etc.
Induslries })iam(faclurières. Il existait, en LS96, dans
l'Orne. 345 établissements industriels faisant usage de
machines à vapeur. Os appareils, au nombre de ^t03. d'une
])uissance égale à 6.165 chevaux-vapeui'(non compris les
machines des chemins de fer et des bateaux) trouveront
bientôt un com])lément important dans la force hydrau-
lique des cours d'eau. Ces a]q)ar(Mls se décomposaient en :
107 ma(4iiiies fixes d'une force de 3.944 chev.-Napeur
400 •— mi-fixes — 849 —
491 — locoQiobiles — 1.272 —
5 — locomotives — 400 — -
Cette force se répartissail de la manière suivante entre
les principaux groupes indusiriels :
Mines et carrières
L'sines métallurgiques ,
Agriculture 4 ,
Industries alimentaires
— chimiques et tanneries.
Tissus et vêtements 3 .465
Papeterie, objets mobiliers et d'ha-
bitation
Bâtiments et travaux
Services pubhcs de l'Etat
Ce tableau fait ressortir l'importance relative de l'ap-
plication des machines à l'agriculture et la prépondérance
des industries textiles, seules impoi'tantes dans le dépar-
tement. Les industries métallurgi(fues occupaient, en 4894,
750 patrons et ouvriers; 43 petiles usines, sises à Ran-
donnai, Pontchardon, Logeard, Moulins-Renaud, Laigle,
faisaient, en 1896, de la fonte moulée en deuxième fusion,
4.690 tonnes valant 4 million de IV., pièces mécaniques,
luyaux et poteries de fonte. Longny possède un haut four-
neau. Des trélileries exislen! à Chandai, Glos, Rai. Laigle
fait de la quincaillerie estimée, des clous, des épingles,
aiguilles, agrafes ; Tinchelji-ay, Glos, Chanu, Landisac(},
font aussi de la quincaillerie ; Saint-Cornier-des-Landes
a une grande clouterie. Moulin d'Aube fait de la (4iau-
dronnerie; Boisthorel fond les cuivres. La fa])rication d'ob-
jets en métal occupe plus de 2.000 patrons et ouvriers.
— Il existe à Tanville une veri-erie importante. Les tan-
neries sont bien achalandées, notamment celles des rives
de l'Orne, dont l'eau est propice à cette industrie, elle est
pratiquée à Argentan, Alençon, Laigle, Longny, Moulins-
la-Marche, Trun. L'arr. de Mortagnc'a plusieurs papeteries,
les principales au Theil.
Les industries textiles dont nous avons dit la préémi-
nence étaient exercées en 4894 par 4.664 patrons et
45.357 ouvi'icrs. L'Orne possède une douzaine de fila-
tures de colon disposant de 62.000 broches, 3 fdatures de
laine (700 broches). 440 tissages de coton, chanvre, lin
possédant 3.800 métiers mécaniques et 4.600 métiers à
la main, ces derniers tendent à disparaître devant les
autres, et le caractère de l'industrie se transforme. La hla-
ture, le tissage et le blanchiment du coton sont con-
centrés à Fiers et dans les alenloui'S, beaucoup de paysans
combinant le travail industriel avec le travail agricole. La
pi'oduction des cotonnades est de 70 millions par an dont
432 chev. -vapeur
503 —
244 —
332 —
57 —
244
554
— 599 —
ORNE
40 pour Fiers qui produit surtout des coutils rayés pour
literie, du linge de corps, de table (damassé), des fils de
coton, du satin d'ameublement ; ces produits s'écoulent
surtout dans le midi (]e. la France. La Ferlé-Macé tisse le
coton à la mécam'que et à la main et fabiicpie aussi des
rubans, galons, sangles, etc. La i)assementerie se prati(|ue
aussi à Alençou ; on l'ait des châles, des blets pour coif-
fure, des gants à Bellème, des toiles de lin et de chanvre
à Yimoutiers dont les l)lanchisseries sont réputées, à Laigle,
Mortagne et Alençon. Mais l'industrie propre au chef-lieu
et qui est encore digne de sa vieille célébrité est celle des
dentelles, du fameux point de France ou d'Alençon qu'y
implanta Colbert, par l'intermédiaire d'une dame Gilbert,
rappelée de Venise.
Il existait en 4 895 dans l'Orne A syndicats patronaux
(168 membres), 5 syndicats ouvriers (505 membres),
4 mixte (200 mem])res), 7 syndicats agricoles (5.5è->5
membres). — La consommation moyenne avouée d'alcool
était en 4894 de 0^18 par tète, celle du vin de 7 litres,
celle de la bière de 4 litre, celle du cidre de 77 litres par
tète. — Il a été vendu, en 4896, 458.425 kilogr. de ta-
bac à fumer ou à mâcher et 73.255 kilogr. de tabac à
priser.
(j)i\niEiu:K i:t circulmiox. — Le commerce fait vivre
29.788 personnes, soit Si ^/oo (moyenne française, 403),
il y faut ajouter 6.367, soit 48 7oo fini vivent de l'industrie
des transports (moyenne française, 30). Ces chiffres mon-
trent que les échanges ne sont pas très actifs. Le montant
des opérations de la succursale de la Banque de France à
Fiers était en 4897 de 25.253.500 fr. sur un total de
45.308.425.000 fr. pour la France entière, soit 4/600«
de ce total pour l'Orne. Le nombre des patentes était en
4897 de 45.887 dont 43.757 commerçants ordinaires,
443 bauts commerçants et banquiers, 4.533 industriels
et 484 exerçant des professions libérales.
Le dép. de l'Orne exporte ses chevaux, ses bœufs, son
beurre, ses fromages, ses volailles et leurs œufs, des
grains, du cidre, de l'eau-de-vie, ses étoffes, tissus et filés
divers, de la quincaillerie, des épingles, aiguilles, de la
poterie, des cuirs, etc. Il importe de la houille, des ma-
tières textiles et des métaux pour ses industries locales,
des machines, toute sorte d'articles de luxe, vêtements,
meubles, etc., des denrées coloniales, du vin, etc.
Voies de communication. Le dép. de l'Orne avait en
4896 une longueur de 439 kii. de routes nationales, dont
6 kil. pavés, 2.025 kil. de chemins de grande commu-
nication, 4.494 kil. d'intérêt commun et 2.966 kil. de
chemins vicinaux ordinaires, plus 260 kil. en construction
ou en lacune.
Le dép. de l'Orne est traversé en 1899 par 4 6 lignes
de chem. de fer, d'une longueur totale de 589 kil. dont
573 exploités par la compagnie de l'Ouest et 46 par une
compagnie locale. I^^n voici la liste :
4<^ La ligne de Paris à Brest parcourt 25 kil. 4,2 dans
l'Orne oii elle pénètre après La Loupe (Eure-et-Loir), des-
sert Bretoncelles, Condé-sur-Huisne, puis après Nogent-
le-Rotrou (Fure-et-Loir), le Thcil, avant de passer dans
le dép. de la Sarthe. — 2° La ligne de Paris à G r an ville
parcourt 422 kil. dans l'Orne oii elle entre après Bourth
(Fure) et dessert Laigle, Rai- Aube, Saint-llilaire-Beaufai,
Sainte-Gauburge, Planches, Le Merlerault, Nonant-le-Pin,
Surdon, Almenèches, Argentan, Fcouché, les Yveteaux-
Fromentol, Briou/c, Messei, llers, Caligny, Montsecret,
puis passe dans la Manche. — 3^ La ligne deMézidonau
Mans parcourt 45 kil. dans l'Orne, déduction faite des
45 kil. communs avec la précédente (entre Argentan et
Surdon); elle y entre après Fresné-la-Mère, dessert Mon-
tabard. Argentan, puis au delà de Surdon, Sces, Vingt-
Ilanaps, Alençon et passe dans la Sarthe. —4'^ La ligne
de Cacn à Laval appartient à l'Orne pendant 53 kiL, y
pénétrant après Condé-sur-Noireau, y desservant Cali-
gny, Fiers, Messei, Le Chàtellier, Saint-Bômer-Champse-
cret, Doïnfronty Torchamp,Ceaucéet passant ensuite dans
la Mayenne. — 5" La ligne de Paris à Alençon se détache
de celle de Paris à Brest à la gare de Condé-sur-Huisne ;
elle mesure i\ij kil et dessert Bémalard, Boissy-Maugis,
Mauves-Corbon, i¥o?'^/^/r/^?^% Les Carreaux, LaMesnière. Le
Mèle-sur-Sarthe, Neuilly-le-Bissou, Hauterive, Semalle.
— 6^ La ligne d'Alençon à DomCront, qui prolonge la
précédente, mesure 51 kil. dans le dép. de l'Orne oji elle
dessert Damigni, Lonrai, Saint-Denis, Lalcelle, puis après
un passage dans le dép. de la Mayenne, Couterne, La
Chapelle-Moche, Juvigny. —■ 7^ L'embranchement de
Laigle à Couches appartient à l'Orne pour ses 2 premiers
kilomètres, puis entre dans l'Fure. — 8° L'embranche-
ment de Laigle à Mortagne, long de 37 kil., dessert
Saint-Ouen, Crùlai, Randonnai-Irai, Tourouvre, Feings,
Yilliers. — 9*' L'embranchement de Mortagne à Mamers
a ses 34 premiers kilomètres dans l'Orne, où il dessert
Saint-Denis-sur-Ifuisne, Le Pin-la-Garenne, La lïerse,
Bellême-Saint-Martin, Igé, Yaunoise, Origny-le-lloux,
Saint-Bemy. — 10" L'embranchement de Mortagne à
Sainte-Gauburge (3i kil.) dessert Le Chàtel, Lignei'olles,
Soligny-la-Trappe, Bonsmoulins, Moulins-la-Marche, le
Rendez-Yous. — 44*^ La ligne de Sainte-Gauburge au Mes-
nil-Mauger ((kdvados) parcourt 38 kil. dans l'Orne, des-
servant Echauffour, Cisai-Saint-Aubin, Gacé, Mardilly,
Neuville-sur-Touques, Ticheville-le-Sap, Yimoutiers. —
42*^ La ligne d'Echauffour àBernay (Eure), qui se détache de
la précédente, parcourt 49 kil. dans l'Orne, et y dessert
Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois, La Gonfrière, La Ferté-
Frônel. — 43^ La ligne de Couterne à Briouze, longue
de 29 kil., dessert Bagnoles -Tessé-L^-Madeleine, La Ferté-
Macé, Lonlay-le-Tesson. . — 44^ La ligne de Falaise à
Berjou-Pont-d'Ouilly, parcourt ses 9 derniers kilomètres
dans le dép. de l'Orne, où elle dessert Mesnil-Yin, Le
Mesnil-Yillement, Mesnil-IIubert, Caban. — 45^ La ligne
de Domfront à Avr anches a 6 kil. dans l'Orne avant de
passer dans le dép. de la Manche. — 46*^ La ligne d'in-
térêt local de Montsecret à Chérencé-le-Roussel (46 kil.
dans rOrne) a une longueur construite de 49 kil. jus-
(ju'aux Maures, mais elle n'est exploitée que sur les 8 pre-
miers jusqu'à Tinchebray.
Sur les voies ferrées de FOrne le trafic, malgré le tran-
sit sur les principales, est médiocre. Sur celle de Paris à
Granville, le tonnage moyen des marchandises est de
444.000 tonnes après Argentan, 243.000 avant Surdon;
le nombre des voyageurs (ramené à la distance entière)
étant respectivement de 309.000 et 494.000. On atteint
725.000 tonnes et 762.000 voyageurs sur la ligne de
Paris-Brest (section Yersailles-Rennes) ; 537.000 tonnes
et 267.000 voyageurs sur celle de Mézidon au Mans ;
133.000 tonnes et 426.000 voyageurs sur La ligne de
(iaen à Laval; mais seulement 2l).000 tonnes et 50.000
voyageurs en moyenne sur les lignes de Mortagne à
Laigle et Mamers; 39.000 tonnes et 95.000 voyageurs
de Coudé à Alençon; 32.000 tonnes et 73.000 voyageurs
d'Alençon à Domfront, etc.
Le département n"a ni canal, ni rivière navigable.
Le service postal et lélégraphi({ue est assuré (en 4894)
])ar 9 bureaux de poste, 62 bureaux de télégraphe et
82 bureaux mixtes avant produit une recette postale de
1.060.864 fr. et télégraphique de 449.883 fr. pour
454.584 dépêches intérieures et 1.429 dépèches interna-
tionales.
Finances. — Le dép. de FOrne a fourni, en 4896,
48.404.673 fr. 80 au budget général tie la France. Ils
se décom])osent comme suit :
Francs
Impôts directs 4.425.535 04
Lnregistrement 4.200.552 36
Timbre ^ 775.486 84
Impôt de 4 "/o sur le l'cveuu des va-
leurs mobilières 32.974 43
Contributions iudirectes 3.235.594 44
Sucres 476 04
ORNE —
Monopoles ei ex])loitatioîis industrielles Kraucs
de l'Etat ^2. SU. 161 54
Domaine de FEtat (v compris les forêts) 1 . 003 . 129 02
Postes 1.187.781 51
Télégraphes d 20 . 354 03
Produits divers du budget, ressources
exceptionnelles 46 . 684 85
Recettes d'ordre 234.941 03
(^es chiffres indi(|uent une situation aisée, en particulier
ceux relatifs aux contributions indirectes et impôts de
mutation, qui sont assez élevés pour nne population de
339.000 âmes, principalement rurale. Ees rôles de 1897
comprennent 766 billards, 11 cercles, 2.470 vélocipèdes
et 32.876 chiens imposés.
Les revenus départementaux ont été, en 1896, de
2.705.102 fr. 36, se décomposant comme suit :
Francs
Produits des centimes départementaux. 1.938.076 90
Revenu du patrimoine départemental. . 722 »
Subventions de l'Etat, des communes,
des particuliers et produits éventuels 766 . 303 46
Revenus extraordinaires, produits d'em-
prunts, aliénation de propriétés. . . 000.000 00
Les dépenses départementales se sont élevées à
2.825.310 fr. 69, dont 25.780 fr. pour le personnel
pi'éfectoral ; 90.267 fr. 86 pour les propriétés, loyers et
mobiliers départementaux ; 1.735.175 fr. 87 pour la
voirie ; 29.292 fr. 88 pour rinstruction publique ;
392.685 fr. 38 pour l'assistance publique, 72.442 fr. 54
d'encouragements divers, 435.899 fr. 27 consacrés au
service des emprunts et 43.796 fr. 96 à des dépenses
diverses. A la clôture de l'exercice 1896, la dette du
département était, en capital, de 6.077.685 fr. 30.
Le nombre des centimes départementaux étaitde 55^,70
dont 30^,70 portant sur les quatre contributions; le pro-
duit de ce dernier centime était de 38.376 fr. 29, celui
du centime portant seulement sur les contributions fon-
cière et personnelle mobilière atteignait 30.396 fr. 99.
Les 512 communes du département avaient en 1898 un
revenu global de 2.765.000 fr. correspondant à 2 millions
636.092 fr. de dépenses. Le nombre total des centimes
pour dépenses tant ordinaires qu'extraordinaires était de
14.049 dont 5.058 extraordinaires, soit une moyenne de
27 cent, par commune. Il y avait 74 communes imposées de
moins de 15 cent., 253 imposées de 15 à 30 cent., 164 de
31 à 50 cent., 21 com. de 51 à 100 cent.
La dette communale, au 31 mars 1897, se montait ta
7.919.418 fr.
Le nombre des communes à octroi était de 12, le pro-
duit net des octrois se montait à 697.768 fr.
Etat intellectuel. — Au point de vue de l'instruc-
tion, le dép. de l'Orne est un peu au-dessus de la moyenne.
En 1894, sur 2.769 conscrits examinés, 85 ne savaient
pas lire. Cette proportion de 31 illettrés sur 1.000
(moyenne française, 58*^/oo) place le dép. de l'Orne au
30® rang (sur 90 dép.) parmi les départements français.
Pour l'instruction des femmes, il est au 16^ rang (sur 87
dép.), avec 974 femmes pour 1.000 ayant signé leur acte
de mariage. La proportion pour les hommes est de 967.
Durant l'année scolaire 1896-97, voici quelle était la
situation scolaire :
1^ Ecoles primaires élémentaires et supérieures
Ecoles laïques Ecoles congréganistes
publiques privées publiques privées
Nombre des écoles (U3 ô 145 <S4 817
Instituteurs 'loF ""IT 529
Institutrices 318 413 731
Elèves garçons... 18.298'^'^lGl 415^^^^ 900 19.774
- filles 10.159 179 6.307 5.228 21.873
600
2^ Ecoles maternelles
Ecoles laïques
publiques privées
Ecoles congre
publiques
ganistes
privées
Total
Nombre d'écf
Institutrices.
Garçons
Filles
)les..
8 »
19 »
532 »
487 »
5
9
333
317
18
25
631
639
31
1.499
1.113
Ces chiffres montrent que la laïcisation de l'enseigne-
ment est peu avancée, la majorité des tilles sont éle-
vées par les congréganistes qui occupent encore beau-
coup d'écoles publiques. Il y a peu d'écoles maternelles,
la plupart des communes étant très petites. La même rai-
son a fait généraliser le système des écoles mixtes ; on en
compte 244 dont 239 publiques.
L'enseignement primaire supérieur pubhc n'est repré-
senté pour les garçons que par l'école de La Eerté-Macé
qui avait, en 1895, 78 élèves; pour les filles, par 5 cours
(127 élèves). Il existe à Elers une école industrielle
(37 élèves).
Les écoles normales primaires sises à Alençon comptaient
(en 1895-96) 36 élèves-maîtres et 35 élèves-maîtresses.
Le certificat d'études primaires élémentaires fut brigué
en 1895 par 830 garçons dont 670 l'obtinrent, et 791
filles dont 645 l'obtinrent. — A l'examen du brevet de ca-
pacité se présentèrent 47 aspirants dont 25 furent admis ;
110 aspirantes dont 77 furent admises. Au brevet supé-
rieur, 16 aspirants dont 12 admis ; 25 aspirantes dont
17 admises.
Ces chiffres attestent un développement convenable de
l'enseignement sans rien de particuli r.
Le total des ressources de l'enseignement primaire pu-
blic était en 1894 de 1.265.880 fr.^06. — Il existaitl58
caisses des écoles avec 34.254 fr. de recettes et 29.760 fr.
de dépenses.
L'enseignement secondaire se donnait aux garçons dans
I lycée et 4 collèges communaux à 676 élèves dont 266 in-
ternes.
Etat moral. — La criminalité n'a rien de particulier.
La statistique judiciaire de 1891 accuse 28 condamnations
en cour d'assisses, dont 11 pour crimes contre les per-
sonnes ou l'ordre public. Les 4 tribunaux correctionnels
examinèrent 1.348 affaires et 1.584 prévenus dont 79 fu-
rent acquittés, 19 mineurs remis à leurs parents, 25 mi-
neurs envoyés en correction, 508 condamnés à l'amende
seulement, 931 à un emprisonnement de moins d'un an,
22 à un empi'isonnement de plus d'un an. On a compté
II récidivistes devant la cour d'assises et 792 eji correc-
tionnelle ; 5 furent condamnés à la relégation. — Il y eut
1.898 contraventions de simple police. — Le nombre des
suicides s'éleva à 77; celui des morts violentes à 111.
Les 4 prisons départementales renfermaient, au 31 déc.
1892, 161 détenus, dont 142 hommes et 19 femmes.
L'assistance pubbque est assez bien organisée. Les bu-
reaux de bienfaisance étaient en 1892 au nombre de 192
desservant une population de 219.396 hab.;ils assistèrent
10.998 personnes. En 1896, le nombre des secourus
s'élevait à 11.304 personnes, le total des recettes à
324.574 fr., celui des dépenses à 324.834 fr. — Le
nombre des hôpitaux et hospices est (en 1896) de 15, des-
servis par 23 médecins et disposant de 1.279 bts dont
100 pour militaires, 485 pour malades civils, 414 pour
vieillards et infirmes, 110 pour enfants assistés, 170 pour
le personnel des établissements. Le budget se montait à
565.258 fr. pour les recettes et 590.693 pour les dé-
penses de l'année. Il fut soigné 2.729 malades dont 186
décédèrent ; 496 infirmes et vieillards dont 97 décédè-
rent; 959 enfants assistés. En outre, 215 enfants étaient
secourus à domicile. — Un asile départemental d'aliénés
existe à Alençon; le 31 déc. 1896, le département y en-
tretenait 449 aliénés dont 231 femmes. La dépense to-
tale était de 181.479 fr. dont 117.815 fournis par le
département. — L'assistance privée était représentée (en
1892) par 23 établissements et 32 sociétés diverses.
604
ORNE — ORNEMENT
l.es œuvres de prévoyance sont normalement dévelop-
pées. La Caisse nationale d'épargne a reçu, en 1896,
15.76o dépôts (dont "2,660 premiers versements) se mon-
tant à -i.'îêO.^iriT fr. 39. Elle a remboursé 7.^i9 dépôts,
pour un total de "i.8"2t).30i fr. 70. — Les 9 caisses
d'épargne ordinaires et leurs !2 succursales avaient délivré
au 31 déc, 1896 un total de 55.920 livrets; au cours
de l'année, il en avait été ouvert 3.909 et soldé 3.13i2.Le
solde dû aux déposants était au 31 déc. de 25 .458.797 fr. 74 .
11 avait déposé ou transféré 6.293.509 fr. 58 et rem-
boursé 5.786.746 fr. 87. — La Caisse nationale de re-
traites pour la vieillesse a reçu en 4897 par 442 verse-
ments individuels 29.206 fr. et par 4.773 versements
collectifs 26.647 fr. En 1893 les pensions en cours étaient
au nombre de 4.773 pour un total de 264.428 fr. — Les
sociétés de secours mutuels étaient, en 4893, au nombre
de 33 dont 25 approuvées (4.904 membres participants)
et 8 autorisées (574 membres participants). Les premiers
avaientun avoir disponibleau4^''janv.4894de449. 830 fr.,
encaissé dans l'année 69.945 fr. de recettes et dépensé
73.4 47 fr.; les secondes avaient un avoir disponible de
16.482 ir., encaissé 40.573 fr. et déboursé 8.066 fr.
Les premières avaient secouru 1.344 membres dans l'an-
née; les secondes, 454. — En 1896 les dons et legs aux
établissements publics et reconnus d'utilité publique ont
été au nombre de 38 pour un total de 204.831 fr. dont
422.640 aux hospices, 62.066 aux communes, 47.425
aux établissements religieux. A. -M. Berthelot.
BiUL. : V. Normandie, Alençon, Perche, etc. — An-
nuaire de l'Orme^ in-12. — Annuaires statistiques de la
Fra?îce, en particulier celui de 1894 (mieux établi que les
suivants). — Dénombrements, particulièrement ceux de
1886 et 1891 avec les résultats développés. — Statistique
agricole, de l'industrie minérale, Etats de situation de
renseignement priinaire, Situation financière des com-
munes, des départements, Comptes définitifs de chaciue
exercice^ etc. — Ad. Joanne, (réographie de l'Orne, in-16.
Description abrégée du dép. de l'Orne, par la Société
littéraire d'AIeucon, 1801, in-8.
du dép. de l'Orne, 1802, in-8. -
Statist. de VOrne. 1812, in-4. -
La Magdeleine, Statist.
Peuchet et Chaxlaire,
De Cau.mont, Matériaux
pour servira une stattsti([ue de VOrne, 1836, in-8. — Léon
de La Sigotikiik, l'Orne archéol. et pittoresque, 1851, in-
fol., et Notes statisluiues du dép de l'Orne, 1861, in-8.
GÉOLOGIE — BLA\n:R, Etudes géolor/iques sur le dép.
de /0>vîe, l^aO, 1 vol in-8, av«M- 'une carte. — Cf. tra-
vaux de MM Bi/K'i-. Li-:rELLii:R,GuvARi)i;r. LEra:uR. Re-
nault. MoRiÈRE. Qmili:rt, P,I(,()t, Lkveilli:, dans Bitli.
Soc. géol. France, Bull. Soc. géol. Normandie, Bull. Société
linnéenne NormatulicAssoc. franc. po?ir l'avancement des
sciences. —UoLhvufi, Recherches sur les ondulations des
couches tertiaires dans le bassin de Paris {Btdl. Service
carte géol. France. LS91). — M Bertrand, Sur la conti-
nuité du phénomène de pUssoncnt dans le bassin de Paris
[Bull. Soc. Qéol. Fra)ice. 1892). — (Khlert et Bigot. Not.
sur le massif silurien dlleslo-up {Bull. Soc. géol. France,
1898). — Feuilles ,uéolo«.n(pu's au 1/80.000» d'Alencon, Mor-
taii-ne. Falaise. Bemay. Avranches, Coutances et xMayenne.
ORNE (Blas.). On emploie ce terme en parlant de Técu
quand il est entouré de ses laml)re([uins.
ORNE DE VoËvRE. Rivière du dép. de Meurthe-et-
Moselle (V. ce mot, t. XXIIl, p. 834).
ORNE Saosnoise. llivière des dép. de l'Orne et de la
Sarthe (V. Orne [Dép. | et S.\kthe [Dép.]).
ORNE>€. Ville de la Grèce antique, au N.-O. de l'Ar-
golide, à 24 kil. d'Argos. Citée dans VIliade, elle garda
sa population acbéenne (cynurienne) jus(ju'en 446, épocpie
de sa destruction par les Argiens.
ORNEL. Com. du dép. delà Meuse, arr. de Verdun,
cant. d'Etain ; 52 hab.
ORNEMANISTE (V. Sculptelh).
ORNEMENT. I. Beaux-Arts (V. Art décoratif, t. Ill,
p. 4453).
II. Musique. — Notes fugitives ajoutées à une mélodie.
Autrefois en grand nombre et fré(juemment employés, les
ornements étaient ou indiqués par le compositeur ou intro-
duits par Texécutant, qui souvent en faisait abus. La
musique moderne en est i)lus sobre, et les chanteurs ou
les instrumentistes se bornent en général à l'exécution des
agréments indiqués ])ar l'autenr.' Ceux actuellement en
usage sont le trille, legntppetto, le mordant, Vappogia-
tuve. En voici des exemples qui, mieux que toutes les
explications, en feront comprendre la nature :
iudicatioo
TIULLF
exécution.
-f r r r r r rT^
^
(Le trille est généralement suivi dune terminaison indiquée ou sous-entendue.)
tr^
indication.
(iRUPPETTO
exe'cution.
»
m
^
MORDANT
indication. exe'cution.
indication.
m
È
APPOGGIATURE
execu(ion.
W=^
¥
p
ORNEMENT — ORNEVAl.
— 602 —
Telles sont les prinripales figures (rorneinents ; elles
comprennent nne foule de variantes qni demandent nne
étnde attentive et une i^rande déliralesse d'exéculion.
III. Histoire religieuse. — Ohm-xu-ms sâœu do-
taux. — Cette désignation est ordinairement réservée
aux six ornements eommnns aux évè([ues ol aux prêtres,
et qu'ils sont obligés de porter pour la célébration
de la messe : auiict, aube, ceinture, manipule, etole,
chasuble. Excepté ponr la ceinture, on trouvera sous
leurs noms, dans la série alpliabétifpie de notre Ency-
clopédie, des notices indic{uant l'origine, parfois fort
profane, de ces ornements, leur forme et les idées sym-
bolicpies fort édifiantes, mais aussi fort différentes. c|ue
['imagination des liturgisles y attache. I.e nom de la
Ceinture en indiijue suffisamment la forme et l'usage. 11
suffit de noter ici (pie, suivant certains liturgistes, elle
avertit le prêtre cpi'il doit être ceint de continence et de
chasteté ; suivant d'autres, elle doit lui rappeler les liens
dont Jésus fut étreint ; snivant d'autres enfin, elle repré-
sente les fouets dont il fut ensanglanté à la colonne. —
Aujourd'hui, ces ornements sont déclarés tellement néces-
saires à la célébration de la messe, qu'on pécherait mor-
tellement si on la célébrait sans les porter, quand môme
on ne Je ferait que dans les cas de grande nécessité. Ce-
pendant, il n'est contesté par personne, même parmi ceux
qui s'efforcent d'attribuer la plus haute anticpiité à toutes
les choses du cathohcisme, que Jésus institua et célébra
la sainte cène revêtu de ses ha])its ordinaires, et que ses
disciples et, après eux. tous les chrétiens pendant plusieurs
siècles la célébrècent de même. Les ornements, ainsi que
le costume professionnel des clercs, furent introduits dans
les usages de l'Eglise, plus tard, les uns après les autres,
à des époques fort différentes (V. Vêtement ecclésias-
tique). — Ces ornements sacerdotaux ne peuvent être
employés cpi'après avoir été bénits par l'évêcpie ou par un
prêtre qu'il délègue. Ils perdent leur bénédiction lorsqu'ils
perdent la forme dans laquelle ils Font re^ue, ou qu'on
ne peut plus s'en servir décemment pour les fonctions du
ministère. — La matière est la soie ou la laine. Mais la
laine, dénotant la pauvreté ou la trop grande économie,
n'est admissible cjue dans les ordres qui vivent d'aumônes.
Le coton et le lin ne sont tolérés que pour la doublure.
On peut convertir en ornement sacré ce qui a servi à des
usages profanes, comme on peut consacrer à Dieu les
temples des démons. Néanmoins, la question relative à la
matière provenant des vêtements de femme reste contro-
versée. — Les FORMES peuvent être ainsi classées : ro-
maine, gotlihiue ou }nozarabi([tie, nationale; mais le
progrès de l'unification de la liturgie tend à les rameiKM^
t(»utes l\ la nvnaine. — Pour la couleur, V. t. XIII,
p. -il, ['^'^ col. — L'art. 37 du décret du 30 déc. 1800
S2U' les fabriques met à leur charge les dépenses relatives
aux ornements. — Outre les ornements précédemment
mentionnés, les évèoues portent, dans l'exercice de leurs
fonctions. Vanneau (V. t. III, p. oG), la crosse (V. t. XIII),
la mitre (V. t. XXIII). les catùjes, qui ressemblent peu
à la caliga romaine (V. t. VI II, p. 9-4) et les sandales.
Ces deux derniers objets, que le vulgaire a])])elle tout
simplement des bas et des souliers, exhortent l'évêque à
marcher dans les voies du Seigneur. Lors([u'il relire sa
chaussure ordinaire pour se revêtir des caliges et des san-
dales liturgiques, il doit, en outre, se rappeler que le
Seigneur a dit à Moïse : « Déchausse les souliers de tes
pieds » et c|ue Esaïe s'écrie : « Qu'ils sont beaux les
pieds de ceux (jui annoncent la paix ! » Tandis que sur
sa tête les deux cornes de la mitre symbolisent l'une
l'Ancien Testament, l'autre le Nouveau. E.-H. Vollet.
BiBL : Ba]nikr et Lk Mapcrier, Ilistoli-c (jéaévule des
cérémonies ; Paris, 1711, in-Col , fi,u-. — Vilkxjky, rnstitiUioii
(ht droit canonique: l^ariy. 17G7, 2 vol. iii-12. — !)]•: Vi<rt.
ExpUccition des cérémonies de VEçjUse; Paris, 17U()-13,
4 vol. in-8. — !.]•: Brun, ExpUaiiion des prières et des
cérémonies de lu messe ; l\'iris, 172G, 4 vol. iii-8. — Gui-
ranger, Institutions litunjiques ;V avis, 1S7S-S5,4 vol.in-8.
— P. Duciii::sNK, Origine dû ad te chrétien .-Paris, 188U,in-S
ORNEMENTATION (Archit.). On désigne par ce mot
l'ensemble des motifs décoratifs qui, appli(piés sur un édi-
fice ou sur une partie d'édifice, leur servent comme de
vêtement ou de })ajTn'e pour en irliausser la beauté (m en
accentuer la destination, motifs rcconvranl parfois une
surface importante ou méfiant seidement en valeur un
point donné : c'est ainsi (|ue toute la façade d'un temple
grec du v*' siècle avant notre ère était revêtue d'une dé-
coration polychrome; que des porches d'églises gothiques
sont entièrement recouvei'ts de statues et de bas-reliefs
retraçant les mystères et les légendes du culte chrétien ;
que des oves. des rais-de-c;eur, desdenticules et ciesmo-
dillons ornent les différentes parties de la corniche d'un
entablement corinthien, ou (pie des cabochons de verre
coloré se détachent sur des ])anneaux de terre cuite dans
les appuis des croisées d'une villa suburbaine. Il semble
inutile de rappeler que rornementalion, si rndimentaire
fùt-elle à l'épocpie préhistori(pie, a existé dès cette époque
et que les pierres debont, dressées en commémoration des
événements les plus anciens, offrent parfois des figures en
creux constituant une cei'taine ornementation, de même
que, sur les premiers vases de terre séchée au soleil, se
voient figurés en creux des lignes concentri(pies on des
zigzags, sorte de grecques élémentaires, mais véritables
tentatives d'une ornementation toute primitive. Dans l'ar-
chitecture, plus au reste que dans tout autre art, l'orne-
mentation doit subir l'influence des matériaux (pfelle re-
couvre, et aussi l'inffuence des procédés de mise eno'uvre
de ces matériaux; et il est à noter que, dans tout style
d'architecture parvenu à son entier é])anouissement, l'or-
nementation ada])tée à ce style n'a jamais été inférieure,
comme développement et comme perfection, aux autres
données de ce style : dispositions du plan, proportions des
membres d'architecture, moyens de construction ;en effet,
tel motif de céramicpie arraché aux ruines du palais des
anciens rois Perses, tel fragment de volute de chapiteau
ionique d'un temple de l'acropole d'Athènes, tel sujet de
vitrail d'une fenêtre de cathédrale gothique, ou telle boi-
serie sculptée d'un boudoir Louis XV ne le cèdent en rien,
au point de vue de l'art le plus raffiné, aux autres élé-
ments des styles d'architecture de ces diverses civilisations.
L'histoire de l'ornementation ne peut au reste se disjoindre
de l'histoire de l'architecture, et les transformations suc-
cessives de l'ornementation s'associent et se confondent
avec les transformations de l'architecture, ces diverses
transformations portant l'empreinti* des civilisations dont
elles sont les monuments figurés les plus expressifs. C/est
donc, au point de vue de l'architecture, aux divers articles
sur les styles d'architectiu'e el sur les pays ou sont éclos
et se sont développés ces styles (pie se trouvent indiquées
et résumées, ainsi qu'aux nc^mbreux articles concernant les
divers motifs d'ornements, toutes les données générales
et spéciales de l'ornementation. (Charles Lucas.
ORNÉODES (Lntom.). Genre d'Insectes Microlépidop-
tères établi par Latreille et
qui forme la famille des \tu-
cilida\ Cette famille est ca-
ractérisée par des ailes divi-
sées chacune en six plumes.
L'espèce typi(fue est VO. po-
hjdaclylus llubn ou hexa-
daclijtus Dev. d'une enver-
gure de 13 millim. La chenille dévore les parties intérieures
du calice des ffeurs de chèvref(mille. Le petit papillon se
trouve au mois d'avril dans toute l'Europe centrale.
ORNES. Corn, dn déj). de la Meuse, arr. de Vei'dun.
cant. de Charnv ; 913 hab.
ORNEVAL (D') ou DORNEVAL, auteur dramatique
français, né à Paris, mort à Paris en 1766. On ne
sait à ])cu près rien de sa vie, sinon qu'il vécut et
mourut pauvre. Il avait composé une soixantaine de pièces,
quehpies-unes seul, la plupart en collaboration avec Fuse-
lier, Autreau, Le Sage,Piron. etc. ; écrites dans un slyle
Orneodes hcxadartvlus L.
608 ~
ORNEVAL — ORNITHODELPHES
facile et spirituel, elles furent jouées principalement sur
les théâtres des foires Saint-Germain et Saint- Laurent, où
plusieurs obtinrent un grand succès : Arlequin gen-
tilhomme malgré lui (a actes); Arlefiuin Huila ou la
Femme répudiée (1 acte. ITiO); le Monde renversé
(i acte, 1718) ; les Pèlerins de La Mecque (3 actes,
1726); Achmetet Almanùne (3 actes, 1728); la Péné-
lope moderne (2 actes, 1728) ; la Princesse de la Chine
(3 actes, 1720) ; Roger de Sicile (3 actes, 1731) ; les
Trois Commères (3 actes, 1733), etc. La plupart sont
imprimées dans le Théâtre de la foire, qu'il édita avec
Le Sage (Paris. 1721-37, 10 vol.). Dans les dernières
années de sa vie, il s'acharna à la recherche de la pierre
philosophalc et épuisa en vaines expériences le peu de
ressources qu'il avait amassées.
ORNEX. Com. du dép. de l'Ain, arr. de Gex, cant. de
l^'erney- Voltaire ; 316 hah.
OR'NÉZAN. Com. du dép. du Gers, arr. et cant. (S.)
d'Auch ; 235 hab.
ORNIAC. Com. du dép. du Lot, arr. de Cahors, cant.
de Lauzès ; 408 hab.
ORNITHOBIE (Lntom.). Genre d'Insectes Diptères, de
la famille des Ornitiiomyies, établi par Meigen. Ce genre
est surtout caractérisé par les ailes qui n'ont que trois
nervures longitudinales et peuvent se briser à la racine.
VO. pallida Meig. vit sur les oiseaux et constitue la forme
ailée du Lipoptena cervi Lin. (V. Lipoptène).
ORNITHODELPHES. I. Zoologie. — Sous ce nom,
synonyme de Monotrêmes, on désigne un ordre de Mam-
mifères qui occupe le rang le plus inférieur dans cette
classe, formant la transition aux Oiseaux et aux Reptiles.
Les caractères de cet ordre sont assez tranchés pour qu'on
le considère comme constituant à lui seul une sous-classe
que l'on a proposé de désigner sous le nom de Proto-
ïnEHiA (Huxley), comme dérivant des Mammifères primi-
tifs, et qui n'est plus représentée, à l'époque actuelle, cpe
par les deux genres Ornilhorhgnque et Echidjié (Y. ces
mots). Le nom d'ORNrruoDELPUE fait allusion au carac-
tère principal commun à ces deux genres: la conforma-
tion des organes génitaux qui rappellent ceux des Oi-
seaux.
Les caractères de ce groupe sont les suivants : le cer-
veau présente une commissure antérieure très grande et
un corps calleux très petit, comme on l'observe déjà chez
les Didelphes. Les hémisphères cérébraux sont bien déve-
loppés et pourvus de circonvolutions (au moins chez
TEchidné). Les osselets de l'oreille sont d'un type très
primitif, le marteau étant très grand, l'enclume petite et
rétrier columelliforme. L'oscoracoïde est distinct, comme
(liez les Oiseaux, articulé avec le sternum, et il existe en
outre un précoracoRlc (épicoracoide) et un épisternum (ou
interclaviculaire) qui relie le sternum aux clavicules. Le
bassin porte des os épipubiens ou marsupiaux, comme
chez les Didelphes. Chez la femelle, les deux oviductes
restent séparés dans toute leur longueur, comme chez les
Vertébrés ovipares, sans former d'utérus ni de vagin dis-
tincts et viennent s'ouxrir par des orifices pairs dans un
cloaque servant de vestibule commun aux organes géni-
taux-urinaires et à l'intestin. Les testicules du mâle res-
tent toujours renfermés dans l'abdomen, et leur canal
déférent s'ouvre dans le cloaque et non dans l'urèthre.
Le pénis, fixé à la paroi ventrale du cloaque, est presque
entièrement perforé, et non simplement creusé en gout-
tière comme chez les Reptiles et les Oiseaux qui possèdent
un organe de ce genre. Par son contact temporaire avec
le canal déférent, ce conduit forme un urèthre séminal,
mais il ne sert jamais au passage de l'urine. Les uretères
ne s'ouvrent pas dans la vessie, mais en arrière de celle-
ci, dans la paroi dorsale du conduit génito-urinaire. Les
glandes mammaires sont dépourvues de mamelon et dé-
versent la sécrétion lactée par des ouvertures nombreuses,
dans une dépression jde la cavité abdominale qui forme
une poche bien développée seulement à l'époque de la re-
production. D'après Gegenbaur, ces glandes seraient d'une
structure très simple, en rapport avec les follicules pi-
leux, et non groupées en forme d(^ mamelle ; elles appar-
tiendraient au type des glandes sudoripares et non à celui
des glandes sébacées, comme cliez les autres Mammifères.
I^a région de l'abdomen, où ces gland<^ sont situées, est
pourvue de muscles puissants dont les contractions favo-
risent la sortie du liquide sécrété ; celui-ci, coulant le
long des poils, est léché par le jeune, de telle sorte que
l'on peut dire qu'il existe un téton pilifère.
La femelle pond un ou deux œufs à enveloppe parche-
minée. Cet œuf est mérohlastique comme celui des Oi-
seaux, c.-à-d. qu'une partie seulement du vitellus se
segmente pour former l'embryon, le reste servant à la
nourriture de celui-ci. Au bout d'un certain temps, le
petit déchire l'enveloppe de l'œuf et achève son dévelop-
pement en se nourrissant du lait sécrété par les glandes
mammaires. La bouche du jeune diffère de celle de l'adulte :
chez l'Echidné naissant, le museau est beaucoup plus gros
et court et ressemble à celui du jeune Ornithorhynque ;
chez celui-ci, il n'est pas encore revêtu du bec corné, qui
se développe seulement lorsque le jeune animal est sevré
et cherche lui-môme sa nourriture.
La structure de l'œuf des Monotrèmes a été étudiée ré-
cemment par Semon. Comme chez les Sauropsides et les
Didelphes, la vésicule allantoïde est une poche remplie de
liquide dont les parois lisses et unies sont richement vas-
cularisées, ce qui lui permet de fonctionner comme un or-
gane de respiration embryonnaire. La face externe de la
poche allantoidienne s'accole à l'examnios pour former
une seule membrane {chorion embryonnaire) qui la sé-
pare de la coque de l'œuf. L'air passe au travers de cette
dernière par des pores et arrive à la membrane vascu-
laire où le sang s'oxygénise en se dé])arrassant des pro-
duits oxycarbonés. En outre l'allantoide sert de vessie uri-
naire extérieure, son pédoncule s'ouvrant dans le cloaque
de l'embryon. La coque de l'œuf a la même structure
dans les deux genres Echidné et Ornithorhynque. Lorsque
l'u-uf est dans l'oviducte, elle présente une couche interne
homogène et une externe percée de caïuuix poreux. Hus
tard, rinterne s'amincit, en même temps que l'externe de-
vient plus épaisse, montrant des canaux tubuleux anas-
tomosés qui la traversent dans toute son épaisseur : cet
accroissement s'opère par l'apport de nouvelles couches de
kératine que la co([uille reçoit sans interruption pendant
son séjour dans la portion de l'oviducte qui correspond à
l'utérus.
Sur l'œuf pondu, on trouve une troisième membrane
très épaisse, mais qui s'accole sans démarcation bien tran-
chée à la couche poreuse, et une quatrième (membrane
tégumentaire), anhyste mais renfermant du pigment brun
ou noir. L'œuf remplit presque entièrement la coquille :
dans les stades les plus jeunes, il y a entre les deux en-
veloppes internes une mince couche d'albumine qui est
bientôt résorbée. Le sac vitellin est un véritable organe
nutritif qui augmente de volume au cours du développe-
ment. Les Monotrèmes n'ont qu'une seule portée pai' an.
Chez l'Echidné, un seul o'uf est fécomlé et se recouvre
d'une enveloppe de kératine pendant son passage dans l'ovi-
ducte gauche où s'opère son ])remier développement.
L'ovaire droit ])roduit bien aussi un œ^uf, mais cet œuf
reste dans son follicule, et bien (pic l'oviducte droit soit
richement vascularisé, on n'y trouve jamais d'œuf en voie
de segmentation. L'œuf engagé dans l'oviducte gauche
s'accroît, augmente de volume et de poids, en même temps
que le diamètre de sa coque augmente. Chez le jeune, au
moment de la naissance, la poche mammaire est bien dé-
veloppée dans les deux sexes. Plus tard elle s'atrophie
})our ne plus reparaître que chez la femelle à l'époque de
la reproduction. Les Monotrèmes sont remarquables par
la faible température de leur milieu intérieur qui ne dé-
passe pas 27^ (dix degrés de moins que chez la majorité
des Mammifères) .
ORNITHODELPHES — OHNITHOPUS
— 604 —
Les deux genres actuels sont propres à la région aus-
tralienne (Australie et Nouvelle-Guinée). Tous lieux sont
dépourvus de dents à l'âge adulte, mais chez le jeune Or-
nithorhynque, il existe de véritables dents correspondant
aux dents de lait des autres Mamuiifcres (0. Thomas).
Cette découverte ^jorte à supposer (|ue les ancêtres des
Monotrèmes étaient pourvus de dénis à Tàge adulte, et
l'on s'est demandé si les Mammifères jurassiques, dont on
ne connaît ([ue la mâchoire inférieure, n'étaient pas des
Monotrèmes ovipares. Cope et Seeley ont insisté sur les
rapports que les Monotrèmes présentent avec les Reptiles
Anomodontes et Théromorplies : c'est surtout par la forme
de la ceinture scapulaire, présentant trois os distincts
(omoplate, coracoide, épicoracoïde) , et celle de l'humé-
rus, que cette ressemblance est manifeste.
II. Paléontologie. — Dans les couches quaternaires
d'Australie on trouve des débris indiquant, dès cette époque,
la présence des deux genres actuels dans ce pays. Une
espèce d'Echidné {Echidna oweni on gigantea) atteignait
une taille double de celle des espèces actuelles. — Des
débris de Mammifères provenant de l'éocène de la Pata-
gonie australe ont été rapportés par Amegbino au groupe
des Monotrèmes. Ce sont des mâchoires inférieures pour-
vues de dents et des humérus qui se rapprochent par leur
forme de ceux des Monotrèmes actuels (Dideilotfieriuni.
Scotœops, Adiastaltus, Plagiocœliis, Anatfiitus).
E. Trouessart.
RiiiL : I. Zoologie. — Skmox, Klaatsch et Rugk.
Bcobuchlunqcn lœbcr die Forljiflaiiziiiu) dci' Monotro-
itinn [Dctisk. (tcs; lona, 1S94, V, pp. 1-74 'Axer pL).
11. l*ALi:oNTOLOGii',. ~ Seelky, RcsQcircJtes on the striir-
luvp, etc., oftJieFossU Rcptilui ; X., Relation of the Ano-
modontia to the Monotranwta {Prod. Uoïj . Soc. Rond..
1H96, pp. 167-169).
ORNITHOGALE (OmWiogaliim L.). Genre de Lilia-
cées, composé d'herbes, à fleurs en grappes spiciformes
ou en corymbe et caractérisé par le périgone marcescent
à 6 divisions libres, les étamines hypogynes ou insérées
à la base des divisions du périgone, l'ovaire triloculai^e
surmonté d'un style simple. Le fruit est une capsule ovoido
trigone, à 3 loges renfermant plusieurs graines. L'espèce
type, 0. iimbellatwn L., appelée vulgairement Dame
d'onze heures, est répandue dans les champs, les vignes,
les pâturages, la lisière des bois, en Europe. Ses bulbes
ovoides passent pour sialagogues et diurétiques ; ils sont
alimentaires. Près de Genève, on mange les jeunes pousses
de VO. pyrenaïcmn L., qu'on rencontre assez communé-
ment dans nos forêts. D'' L. Hn.
ORNITHOLOGIE. Science({ui s'occupe de l'histoire na-
turelle des Oiseaux (V. ce mot).
ORNITHOMANCIE (V. Divination, t. XIV, p. 719).
ORNITHOMYIA (Entom.). Genre d'Insectes Diptères,
établi par Latreille (Hist. nat. des Ins., t. XIV, p. 402)
et qui a donné son nom à la famille des Ornithomyides.
Chaque espèce de cette famille vit spécialement sur une
espèce animale déterminée : les unes attaquent les che-
vaux, les bœufs, les chameaux, les chiens (Hippohosques) ;
d'autres, les moutons (Melopliages) ; d'autres, les hiron-
delles |(.S7^/io/?f^r/yx'); d'autres, enfin, les 'rapaces, oies,
grives, etc. (Ornithomijia). L'O. avicularia L. est d'un
vert obscur.
ORNITHOPODA (Paléont.). Ce sous-ordre, établi par
Marsh, comprend des Dinosauriens dont les principaux
caractères sont : vertèbres sans cavité interne ; cervicales
plus courtes que les dorsales ; des post-zygoapophyses aux
caudales antérieures et moyennes ; os des membres creux;
membres antérieurs beaucoup plus courts c{ue les posté-
rieurs ; cimj doigts à la main; pieds digitigrades avec des
griffes pointues ; postpubis longs, parallèles à l'ischion ;
pas de squelette dermi(fue. Le sous-ordre des Ornithopodes
comprend les familles des Camptosauridées : intermaxil-
laire latéralement denté, vertèbres dorsales platyca^îes.
postpubis allongé, quatre doigts à la patte postérieure ;
Ignanodontidées : intermaxillaire denté, vertèbres dorsales
platyco'les, post-pubis incomplètement ossifié, trois doigts
à la patte postérieure ; Hadrosauridées : intermaxillalre
édenté. éhii-oi en forme de cuillère, deiit^ des maxillaires
sur plusieurs rangées, vertèbres dorsales opisthoco^les.
postpid)is allongé; Nanosauridées : dents disposées sui-
vant une rangée fortement comprimées et dentelées ; t)r-
Ihomimidées : membi-es antérieurs courts, les postérieurs
très longs. Les Ornithopodes. principalement les Ortho-
mimidés, sont de tous les reptdes ceux (pii, par la struc-
ture du bassin et du membre postérieur, présentent la plus
grande analogie avec les oiseaux. Les Orthomimidés et les
Radrosauridés. l(^s plus récents des Ornithopodes, sont du
crétacique supérieur des t]lats-Unis; les auti'es familles
sont du jurassique su])érieur et de la base du crétacique
d'Europe et de l'Américjue du Nord. E. Sauvaoe.
ORNITHOPOLIS. Ville ancienne de la côte de Syrie.
Elle doit probablement s'identifier avec le village actuel
d'Adloun, qui possède quelques anti({uités et d'anciens
tombeaux creusés dans le roc.
ORNITHOPSIS (Paléont.). Ce genre a été établi en
1870 par Seeley pour les Dinosauriens du terrain weal-
dien de l'île de Wiglit, les caractères sont : vertèbres cer-
vicales opisthocèles, longues, profondément creusées sur
les faces latérales ; vertèi)res dorsales avec deux grandes
cavités latérales séparées par une cloison, les apophyses
épineuses étalées distalement, les diapophyses longues.
Ce geni'e, qui appai'tient au sons-ordre des Sauropodes,
famille des Atlantosau ridées, parait devoir être réuni au
genre Pelorosaurus de Mantell. E. S.
ORNITHOPTÈRE (Entom.). Genre d'Insectes Lépidop-
tères Rhopalocères, détaché du genre Papilio par Rois-
duval (Sp. Gen., 1836, p. 173J. Ce sont de magnifiques
Papillons dépourvus de <|ueues à la partie inférieure des
ailes postérieures. Ils sont cantonnés dans les (les de la
Sonde, les Moluques, les Philippines, la Nouvelle-Guinée
et l'Australie. VO. Prianius mâle a les ailes antérieures
d'un velours noir avec les bords velours vert émeraude ;
les ailes postérieures sont de cette même couleur, avec
les bords de velours et des points jaunes. La femelle a
les ailes d'un brun terne, tachetées de blanc. Il habite
l'Australie et la Nouvelle-Guinée.
ORNITHOPUS (OrnitJiopiis L.) (Rot.). Genre de Légu-
mineuses, de la famille des Papilionacées-Hédysarées, à
tige herbacée, duveteuse, à feuilles imparipennées et mu-
nies de stipules ; les fleurs, petites, sont portées par un
pédoncule axillaii-e et groupées en forme d'ombelle con-
tractée ; les fruits sont des gousses, disposées de même et
simulant assez bien un pied d'oiseau, d'où le nom de la
plante. On en connaît huit espèces, répandues dans toutes
les régions méditerranéennes, les Canaries, l'Asie occi-
dentale, l'Afrique tropicale et le Rrésil. — L'espèce type.
0. perpusillus L., ou Pied d'oiseau, recherche de pré-
férence les terrains sablonneux ; on la rencontre notam-
ment dans les environs de Paris, sur les coteaux et le
long des chemins. Sa tige a 10 à l'2 centim. de hauteur
au plus; ses fleurs sont rosées, leur calice est des deux
tiers plus court que le tube ; la gousse a la forme courbe.
Elle est trop petite et trop grêle pour fournir un fourrage
pour le bétail ; mais on lui attribuait jadis des propriétés
médicinales, et on l'employait soit en décoction dans du
vin contre la graveUe, soit en cataplasmes contre les her-
nies. VO. sativus Rrot. ou Serradelle croît, à l'état sau-
vage, en Espagne et en Portugal ; elle est aussi cultivée,
depuis fort longtemps, dans ce dernier pays et auxAçores
comme plante fourragère. Elle a été décrite, pour la pre-
mière fois, par Rrotero. Elle est beaucoup plus grande
que la précédente (80 à 60 centim.) ; le calice de la fleur
est plus long que le tube; la gousse est droite, étranglée
de place en place et terminée par un bec fortement arqué.
Importée en Relgique et en France, il y a une trentaine
d'années, eUe réussit très bien sur les sols sablonneux de
la Campine et de la Rretagne et d'une façon générale dans
les terrains silico-argileux, frais, mais non humides. Elle
— 605 —
ORNITHOPUS — ORNITHORHYNUUE
n'exige pas un sol riche ; néanmoins, nne terre complète-
ment pauvre donnerait un produit faible, et elle périrait
dans cies champs mal assainis. En Bretagne et en Por-
tugal, on sème en septembre, sur terrain parfaitement
ameubh à la surface, à 2 ou 3 centim. de profondeur, en
mélangeant de seigle ou d'avoine, afm de soutenir les
tiges, qui sont grimpantes ; tout au commencement du
printemps, en Portugal, à la fui de mai ou au commen-
cement de septembre, sous nos climats, le fourrage, qui
équivaut à celui de la vesce, est bon à couper. Dans les
circonstances favorables, on peut obtenir jusqu'à 4.000 ki-
logr. de fourrage vert par hectare ; la moyenne est de
2.000 Idlogr. Si l'été est pluvieux, on peut avoir une
seconde coupe, beaucoup moins abondante; mais en gé-
néral la Serradelle ne repousse que comme plante à pâtu-
rer. En principe, toutes les espèces d'Ornithopes sont
annuelles. Mais la Serradelle portugaise peut parfaitement
vivre deux ou trois ans sous un climat à hiver tempéré.
Par contre, une gelée de — 10" C. la fait périr. Aussi sa
culture convient-elle mieux à l'O. qu'au N. de la Erance
et, dans les pays, comme en Belgique, où le thermomètre
descend l'hiver à — 10" E. , on la sème au printemps, mêlée
d'avoine, pour la fauchera la fin de l'été. — Deux autres
espèces d'Ornithopes, TO. rot^eus Dufour qXYO. conipres-
rsus De Candolle, se rencontrent souvent dans les champs,
mêlées à la Serradelle, dont elles diffèrent peu ; la pre-
mière a des gousses droites et non étranglées, la seconde
les a courbées et aussi non étranglées ; cette dernière a en
outre des fleurs jaunes.
ORNITHORHYNQUE (ZooE). Genre de ^lamim-
fèves Monoti'Qxnes ou Oiiiithodelphes (V. ce mot), ayant
pour type V Ornithorhijnchus paradoxus de Blumen-
hach, le PlatypiLS anatiniis de Shavv, que les colons
d'iUistralie appellent vulgairement « Water-mole » ou
Taupe aquatique. Ce genre présente les caractères sui-
vants : os prémaxillaires et mandibule inférieure très dé-
veloppés en avant et recouverts d'un bec corné dont la
forme rappelle celui d'un Canard. Les dents sont rempla-
cées chez l'adulte par des lamelles cornées, étroites, allon-
gées, qui bordent les deux côtés de la bouche ; ces lamelles
présentent en avant une arête coupante et s'élargissent en
arrière pour former une surface plate, molariforme. Des
molaires, fonctionnant réellement comme telles, sont pré-
sentes chez le jeune et s'atrophient chez l'adulte. Les
pattes sont courtes, conformées pour nager ; les doigts
sont palmés, à cinq doigts bien développés, armés d'ongles
grands et robustes que la membrane interdigitale dépasse
aux pattes antérieures seulement. Corps allongé, queue
assez courte, épaisse, aplatie. Pelage court et soyeux.
Yeux petits. Langue non extensible. La surface des hémis-
phères cérébraux est dépourvue de circonvolutions. L'es-
tomac est court et simple, l'intestin dépourvu de valvule
iléo-cœcale, mais il existe un petit cœcum vermiforme, à
parois glandulaires ; la muqueuse de l'intestin grêle pré-
sente des plis ou sillons transversaux très fins. Le mâle
présente au tarse un ergot corné, pointu et perforé, porté
par un petit os additionnel aplati et recourbé, qui s'arti-
cule avec l'extrémité postérieure et inférieure du tibia et
dont le canal est en rapport avec le conduit d'une glande
située sous la peau de la jambe. Cet ergot parait être un
organe sexuel fixateur et excitateur, car, pendant l'accou-
plement, il est reçu dans une cavité que la femelle porte
à la place correspondante du membre postérieur.
L'Ohnithorhynque paradoxal, unique espèce du genre,
habite toute l'Australie, à l'exception de l'extrême Nord
(Uueensland septentrional) et se trouve aussi dans l'de de
Van Diemen (Tasinanie). E/est un animal de la grosseui'
d'un chat, le mâle étant notablement plus grand que la
femelle. Le pelage est de deux sortes, les longs poils bril-
lants et un peu frisés de la surface recouvrant un duvet
court, mou et laineux. La couleur est d'un brun foncé
rappelant le pelage de la Loutre ; le dessous est d'un gris
blanchâtre, le tour des yeux jaunâtre. Les mceurs sont
aquatiques. L'Ornithorhyncjue creuse son terrier dans la
berge des cours d'eau et des lacs, affectionnant les endroits
oii l'eau est calme et couverte de plantes aquatiques au
milieu desquelles il cherche sa nourriture consistant en
vers, insectes et larves, petits crustacés et mollusques,
qu'il se procure en plongeant et fouillant le fond de l'eau
avec son bec. Malgré son apparence cornée, ce bec est re-
couvert d'une membrane très fine et très riche en papilles
Oriiithoi4iyn(|ue.
tactiles qui permet k l'animal de sentir les moindres mou-
vements des petites proies dont il fait sa nourriture. 11
saisit ces proies avec son bec et les retient à l'aide des
deux paires de lamelles cornées qui remplacent les dents
et -qui sont, comme nous Favons dit, étroites en avant et
séparées des lamelles postérieures. Celles-ci, qui rempla-
cent les molaires, sont larges, tuberculeuses et divisées par
des sillons transverses en trois cavités de différentes tailles.
Ces lamelles cornées se développent aux dépens de la mu-
queuse buccale, au-dessous et autour des dents qui res-
tent visibles tant ([ue l'animal est encore jeune ; elles re-
couvrent les alvéoles de (;es dents. Olles-ci s'usent peu
à peu par le frottement contre le sable que l'animal in-
troduit dans sa bouche avec sa nourriture, et finissent par
disparaître complètement. L'Ornithorhynque est en grande
partie nocturne : on ne peut guère l'observer nageant et
plongeant que le matin ou à l'approche du crépuscule du
soir. Pendant le jour, il dort dans son terrier, roulé en
boule.
Le terrier a son ouverture principale à 30 centim. en-
viron au-dessus du niveau de l'eau, plus ou moins cachée
par les plantes aquati(pies ; une seconde ouverture, placée
sous l'eau, permet à l'animal de s'échapper en plongeant,
l/ouverture principale se continue par une galerie sinueuse
s'étendant jusqu'à o ou 6 m. de la rive et aboutit à une
chambre ovale, plus large que le reste du terrier. A
l'époque de la reproduction ce réduit est tapissé d'herbes
sèches sur lesquefies la femefie dépose ses œufs, ordinai-
rement au nombre de deux, et qu'eUe couve à la manière
d'un oiseau. L'œiif n'est jamais logé dans la poche mam-
maire comme nous avons vu que cela a lieu chez ÏEchid-
né (V. ce mot). Le nombre des a^ifs, les faibles dimen-
sions de la poche et surtout les habitudes aquatiques s'y
opposent. Les jeunes sortant de l'œuf sont nus et dans
un état de développement peu avancé : ils sont allaités
pendant longtemps par la mère, et lorsqu'ils ont atteint
la moitié de la taille des parents, ceux-ci leur apportent
des insectes et des coquillages brisés ; ce n'est que très
tard qu'ils quittent le nid ])our aller à l'eau et chercher
eux-mêmes leur nourriture.
L'(h'nithorhynque est un animal sauvage et craintif,
ti'ès difficile à observer en liberté. En captivité, les in-
dividus pris jeunes deviennent rapidement familiers et
montrent une intelligence plus développée que ne semble
l'indiquer l'infériorité de leur cerveau. Au bout de quel-
ORNITHORHYNQUE — ORONTE
606
ques jours ils rccoiiiiaissent un appel et nagent rapide-
ment vers la main que l'on agile dans l'eau : il est curieux
de voir les elFoi'ts ({u'ils font pour se procurer le ver que
l'on tient renfermé dans celte main. Leur odorat est assez
tin pour reconnaître si la main contient réellement la proie
convoitée. Lors(|u'ils sont irrités, ils font entendre un
sourd grondement ressemblant à celui d'un jeune chien. —
Une espèce de plus petite taille (OrniUi. aijiUs) a laissé ses
débris dans le quaternaire d'Australie. E. Tuoui^ssart.
ORNITHOSCOPIE (V. DivixAiiox, t. XlV,p. 7^20).
ORNITOPARCHUS (Andréas) , musicien allemand, connu
sous le nom de Vogehang, né à Meiningen (Saxe). On a
peu de détails sur savie;on sait qu'il voyagea et que son
traité de musique est la reproduction de leçons publicpies
données à Heidelberg, Mayence et Tubingue. Son livre,
un des meilleurs de cette époque, est intitulé Musicœ ac-
tivœ micrologus, libris quatuor di g estus omnibus iiiu-
sicœ sludiosus non minus utilis qiuun necessarius
(1517); cette édition, fort rare, se trouve à la Riblio-
thèque nationale ; la Bibliothèque royale de Beriin en pos-
sède une autre de 15^1. Le Micrologue d'Ornitoparchus
se divise en quatre livres : 1^ traité du plain-chant ;
2° traité de la musique mesurée ; 3° accents et points
musicaux; i"^ traité de contre-point. Ph. B.
ORNOLAC-Uss\t-i.es-Bains. Com. du dép. de l'Ariège,
arr. de Foix, cant.de Tarascon ; 421 liab. Stat. du chem.
de fer du Midi. Eaux minérales (V. Ussat).
ORNON. Com. du dép. de Tlsère, arr. de Grenoble,
cant. de Bourg-d'Oisans ; i8(S hab.
ORO (Monte d') (V. Eorsk, t. XIL p. 1088).
OROBANCHACÉES ou OROBANCHÉES (Orobancha-
ceœLmdl., OrobancheicWidi.) . Famille déplantes Dicoty-
lédones, dont les représentants sont des herbes vivaces,
jamais vertes, parasites sur les racines de diverses plantes.
Les tiges sont épaisses, succulentes, généralement simples,
à feuilles squameuses colorées, éparses ou imbriquées. Les
fleurs, hermaphrodites, irrégulières, sont en épis termi-
naux ; le calice tubuleux ou campanule est persistant, la
corolle gamopétale, hypogyne, à limbe bilabié ; 4 é la-
mines didynames sont insérées sur le tube de la corolle.
L'ovaire, libre, est muni à sa base d'un disque charnu et
unilatéral. Le fruit est une capsule uniloculaire, renfermant
un grand nombre de graines, petites et à testa épais ou
tuberculeux. L'embryon est situé à la base d'un albumen
charnu. Genres principaux, tous propres à l'hémisphère
boréal : Orobanche L., Phelipea Meg., Lathrœa L.,
Clandestina T., etc. 1>"L. 1L\.
OROBANCHE {Orobancheh.). L Botaxique. — Genre
d'Orobanchacées, composé d'herbes parasites de couleur
fauve. Le calice est libre, à 4 sépales soudés par paires
et quek{uefois avec un cinquième sépale Hnéaire. La co-
rolle est tubuleuse, hypogyne. L'ovaire, Hbre, est unilo-
culaire et multiovulé ; le fruit est une capsule déhiscente
par deux fentes longitudinales. L'O. rapiun ThuilL, qui
est parasite, en lun'ope, sur les racines du genêt, et le
S.piwgans DC., étaient jachs employés contre lescohques
venteuses. VO. nuijor L., parasite du Cenkiurea sca-
biosa, servait dans la diarrhée et pour déterger les plaies.
Enfin, VO. epithijmum DC, parasite du thym et du ser-
polet, passait pour tonique et vulnéraire, et ses ileurs étaient
réputées antispasmodiques. D^" L. Un.
IL Agriculture. — Les Orobanchées, parasites de
racines, causent frécpiemment de grands dégâts dans les
cultures; les plus dangereuses appartiennent au genre
Orobanche, ce sont : i° 0. uiinor Sutt. (petite Orobanche du
trèfte), très répandue dans certaines plaines, surtout à
fond calcaire, et attaquant un grand nombre de plantes
(légumineuses fourragères, carottes, pélargonium, etc.);
on ne peut la détruire (pie par Fécimage effectué avant
la formation des graines, par des sarclages répétés, et, si
elle est trop abondante, par un changement de rotation;
2° 0. (Phelipœa) rmnosa L. (Orobanche rameuse), se
développe sur des plantes 1res diverses (mais, vigne,
tomate, etc.), mais surtout sur le cluunre et le tabac :
les sarclages et Falternance des cultures peuvent seuls
empêcher la propagation de ce i)arasite qui a causé par-
fois des ravages considérables, particulièrement dans la
région du Nord; ^"^ 0. crinita^'w. (Orobanche chevelue),
parasite du Lolus cgtisoides; -4^ 0. rubens Wallr.
(Orobanche rouge), commune en Normandie, dans le Dau-
phiné, en Alsace, etc., et parasite de la luzerne cultivée.
Les Lalhrœa sqiianiaria (Latbrée écailleuse) ci Clandes-
tina rediflora Lam. (L. clandestina L. ou Latbrée
souterraine), appartenant à des genres voisins du précé-
dent, la première vivant sur les racines de la vigne et la
seconde sur les racines de divers arbres croissant le long
des cours d'eau, doivent encore être considérées comme
des espèces très dangereuses. J. Troude.
OROBE [Orobus L.). Genre de Légumineiises-Papiliona-
cées, très voisin des Lalhijrus ou Gesses (V. ce mot), est
composé d'herbes à souche noueuse, à tiges grêles, munies
de feuilles pennées, stipulées, à Heurs jaunes ou pourpres
disposées en grappes, à gousse hnéaire. L'O. tuberosus L.
est commun dans les bois de l'Europe; ses tubérosités sont
mangées en Ecosse. L'O. vernus L., également répandu
dans les bois, ne doit pas être confondu avec VOrot)e bâ-
tard ou Orobe des boutiques, nom donné à VErvwii
ervilia L. et qui est seul officinal. \)^^ L. Hx.
ORO DES \^'\ roi des Par thés (V. Perse).
OROER. Com. du dé]). deFOise, arr. de Beauvais, caiiL
de Nivillers ; 276 hab.
0R06ENIE (Géol.) (V. ÏEcroxiQLE).
OROGRAPHIE (V. Géogkaphje, t. XVlil, p. 768, et
Tectoxique) .
OROHIPPUS (V. Cheval, t. X, p. H2o).
ORO IX. Com. du dép. des Ifautes-Pyrénées, arr. et
cant. (N.) de Tarbes; 195 hab.
OROK ou OLTA. Peuplade de Sibérie, qui habite sur
la côte orientale de File de Sakhalin. Les Oroks, qui font
partie de la grande tribu des Toungouses, sont demi-nomades;
Fhiver, avec leurs ti'oupeaux cle rennes, ils traversent
File et gagnent le continent à l'embouchure de l'Amour.
Ils demeurent quelque temps dans la vallée du fleuve,
puis, par le même chemin, ils regagnent leur lie. Les
Oroks vivent dans des espèces de tentes de forme conique;
ils chassent les rennes sauvages pour les apprivoiser et
les élever. Les Oroks sont doux et hospitaliers. Ils sont
au nombre de 300 environ.
ORON. District du cant. de Vaud (Suisse), dans la val-
lée de la Broie ; 6.600 hab. Le chef-heu est Oron-la-
Yille, Fancieime Auromua. Dans le voisinage, le château
d'Ofon, ancienne résidence des seigneurs d'Oron, puis des
baillis bernois.
Le plus ancien connu des seigneurs d'Oron est Wul-
lieruie /^'^, qui vivait en 1137, et les plus célèbres
Pierre, qui fut chanoine de Lausanne, puis évé(|ue de
Sion dès 1271 et mourut le 13 févr. 4287; Pierre, qui
fut élu évê(pie de Lausanne en déc. 1313 et mourut le
27marsi323; liodolptie IV, seigneur d'Attalens, (pii
fut de 1333 à 1340 bailh de Vaud pour les comtes de
Savoie; Agniond IL neveu du précédent, seigneur de
Bossonens, baiUi de Vaud en 1338 et 1339.
ORONGE (Bot.) (V. Amanite).
ORONTE. Le plus important des fleuves de Syrie, actuel-
lement JSahr el-Asi. Formé de plusieurs sources, dont
l'une est voisine de Baalbek, FOronte coule entre le Liban
et FAnti-Liban, arrose l'antique Riblah et les ruines de
la célèbre Qadech (Laodicée ad Libanum, actuellement
Tell Nebi-Mindoh), puis se perd dans le lac de Homs, lac
artificiel fermé par une digue qui régularise le cours du
fleuve. L'Oronte passe ensuite à quelque distance de Homs
(Emèse), arrose Er-Restan (Aréthuse), Hamah, Chaizar
(Larissa) et Apamée (Qalaat eFMoudiq). Près des ruines
de cette dernière ville, il forme une série de lacs maréca-
geux. Dans l'antiquité, une digue déterminait en ce point
— 607
ORONTE — ORPHEE
un grand lac — comme celui de Homs — et les vastes
prairies qu'il servait à arroser étaient utilisées par les Sé-
leucides pour Télcvage. Après avoir dépassé les villages
de Djisï- ech-Chogr et de Deir Kouch, l'Oronte, qui
jusque-là coulait vers le N., s'infléchit à FO., reçoit le
trop-plein des eaux du lac d'Antioclie, arrose cette der-
nière ville et se jette dans la Méditerranée un peu au-
dessous des ruines do Séleucie de Piérie, après un parcours
d'environ 350 kil. Sa largeur finale est d'environ 60 m.
L'Oronte est très sinueux. La légende veut que, frappé
par la foudre, le serpent Typhon, dans sa fuite, en ait
tracé le lit, et que la source qui lui donne naissance ait
jailli du point où le monstre disparut dans le sol. Le
fleuve se serait, en conséquence, appelé Typhon, nom
changé en celui du satrape Orontès, qui le premier y
aurait jeté un pont. H est plus certain que les Macédoniens,
qui aimaient à attrihuer aux villes et contrées où ils séjour-
naient des noms rappelant ceux de la mère patrie, ont
donné à ce fleuve le nomd'Axios. Le nom arabe el-Asl(\Q
Révolté) (pii en dérive, a été le point de départ d'un cer-
tain nombre de légendes exphcatives. R. Dussaud.
OROPA. Eglise d'Italie renfermant une statue miracu-
leuse de la Vierge et lieu de pèlerinage très fréquenté ;
elle est bâtie à 1.160 m. d'alt., sur le mont Mucrone
(1.250 m.), à 7 kil. N. de la ville de Biella (prov. deNo-
vare). On y célèbre tous les cent ans (1725, 1825, etc.)
une fête jubilaire de huit jours. On attribue la fondation
du sanctuaire à saint Eusèbe, évêque de Verceil ; l'église
actuelle fut commencée en 1559.
OROPOS. Ville de la Grèce antique, aux confins de la
Béotie et de l'Attique, sur l'Euripe. Elle possédait la fer-
tile plaine de l'Asopus inférieur. La population semble
avoir été de race ionienne. Les Athéniens la conquirent
après les guerres médiques, mais la reperdirent en 412.
Elle continua d'être disputée jusqu'en 312 où elle fut
donnée aux Thébains pai' Antigène. A Fépoque romaine,
elle fut réunie à l'Attique. Son territoire renfermait le
tombeau d'Amphiaraus (découvert en 1884).
OR OSE (Paulus-Orosius), historien espagnol, né vers
390 ap. J.-C, prêtre chrétien. En 415, il présenta
à Augustin son Commonitoriiuri de errore Priscillia-
oiistarum et Origenistarum. Saint Augustin recom-
manda Orose à Jérôme qui vivait alors en Palestine. Là,
l'Espagnol assista à un synode convoqué au sujet des affaires
pélagiennes, et rédigea, encore en 415, son Liber apolo-
geticus de arbitrii libertate. De retour en Afrique, il
écrivit les Historiarum libri VU adversus paganos
(éd. princeps à Augsbourg, 1471), son ouvrage le plus
considéra])le. H y démontre par des arguments histori([ues,
la thèse que saint Augustin développera philosophique-
ment dans sa Cite de Dieu, à savoir que le christianisme
n'est pas responsable des malheurs du temps. Ce fut un
des manuels histori(|ues les plus répandus durant le moyen
âge. R a mis en œuvre les historiens latins et une traduc-
tion latine d'Eusèbe, et conduit son récit jusqu'en 117.
Malgré son ignorance et ses déclamations contre les
païens, cet ouvrage est utile à consulter. Les princij)ales
éditions sont celles de llavercamp (Leyde, 1738) et de
Zangemeister (Vienne, 1882, grande éd . renfermant aussi
le Liber apologeticus). Schepss a édité le Commonito-
riiim (Vienne, 1889).
BiDL. : Mœrxer, de Orosil vlta ejasque historiarum
UbriVII; Berlin, 1814.
OROTAVA (Aurolopala). Ville de l'archipel des Cana-
ries, sur la côte N.-O. de Ténériffe; 10.000 liab. Séjour
d'été des riches Canariens, Orotava a été célébré comme le
lieu le plus délicieux du monde. Le pays est d'ailleurs
charmant avec sa végétation moitié européenne, moitié
africaine. La villa de l^a Paz renfermait le fameux grena-
dier de 15 m. de tour décrit par Humboldt, renversé par
un (U'age le 2 janv. 1868.
OROTGHES {mm.). Les Orolches »ui Orolcliys sont
des Toungouses qui, de même que les Goldes (V. ce mot),
à rO. de ceux-ci et au S. des Giliaks, sont établis sur le
bas Amour, entre ce fleuve et la côte en face Sakhahn. Ils
se donnent eux-mêmes le nom de lù'kar. Lapérouse, qui
les a visités, a signalé chez eux des tailles extrêmement
petites, de 1"\38(?). Ils sont en effet de petite stature
(1^^\47), chétifs, la tête grosse par rapport au corps,
peu hardis, peu nombreux, et fortement mélangés de
Chinois Manguns ou Man-tze. Rs ont les pommettes
saillantes, les yeux obli([ues, à ouverture étroite, les sour-
cils peu marqués, le nez pas toujours plat, une grande
bouche, de grosses lèvres rouges, des cheveux noirs, des
yeux gris. Zaborowski.
BiDL. : Ravknstein, TheRussUinson i/(eAnmr;LoiidrGs,
18(31. — V. auasi Sciirenck, Reiseii luid Forsclianrjen lia
Amur-Lancle; Saint-Pétersbourg. 1881, t. III.
OROTCHONES (Etlm.). Les Orotchones, que de bons
auteurs identifient aux Orotches, sont, comme ceux-ci, des
Toungouses, mais moins altérés peut-être. Leur patrie
s'étendait naguère au N. de la chaîne de Stanovoi, en plein
pays toungouse. Ils occupent aujourd'hui la haute Chilka,
jus(|u'à l'Amour, dans la Transbajkalie. Un voyageur po-
lonais, A. Ciller (Opimnii Zabajkalsky Kraimj ; LGi[)-
zig, 1867), qui a décrit leurs mœurs, dit d'eux qu'ils sont
kuds, d'une taille petite ou, plus rarement, moyenne,
glabres, avec une tête ronde, un front bas, un teint brun,
des yeux brun foncé ou noirs, petits, obliques, un visage
osseux avec des pommettes saillantes, un nez plat, les che-
veux noirs pendants, embroussaillés de poussière et de
crasse. Leur langue est à peu de chose près celle des Toun-
gouses. ' Zaborowski.
OROUBA (V. Oruba).
OROUST. Ile appartenant à la Suède, dans le Skager-
Rack ; la plus grande des îles suédoises sur la côte 0. Elle se
rattache aux gouvernements de Goteborg et de Bohus.
Superficie : 330 kil. q. Population : 20.807 hab. (1891).
Le sol est rocheux, mais les vallées sont très fertiles ; la
pêche y est importante,
OROUX. Corn, du dép. des Deux-Sè\res, arr. de Par-
theiuay, cant. de Tliénezay ; 298 hab.
OROUX (iLtieime), né à Saint-Léonard (Haute-Vienne)
le 14 sept. 1720, mort à Saint-Léonard le 7 sept. 1786.
Chapelain de Louis XVI, il a publié une bojuie Histoire
ecclésiastique de la cour de France {ill S, ""lyol. in-4).
BiBL. : Arhi^llot, VAbbê Oroux, daii« Dali Soc. urcli. thi
Limousin, 1890.
OROYA (La). Village du Pérou, dép. de Junin, sur le
Jauja, à 3.775 m. d'alt., réunie à Lima par un chemin
de fer qui s'élève à 4.769 m.
OROZCO, sculpteur espagnol, établi à Léon dans la
première moitié du xvi« siècle ; il y exécutait en 1549,
dans un sentiment d'^art remarquable, les deux bas-reliefs
en pierre qui décorent la façade du couvent de Saint-
Marc, appartenant à l'ordre des Chevaliers de Saint- Jacques.
Ces bas-rehefs représentent le Crucifiement et la descente
de la croix. P. L.
ORPAILLEUR (Métier) (V. Or).
ORPHtE. 1. Mythologie. — Ce héros est, à côté de
Thamyris, de Muséeetde Linus, la personnification mythique
la plus importante de l'inspiration poétique dans ses rapports
avec le culte des Muses et d'Apollon, et aussi avec lareHgion
enthousiaste de Bacchus. La légende plaçait ses origines en
Thrace, au voisinage du mont Olympe et lui donnait pour
mère la Muse Calliope, pour père le roi OEagros, héros
éponyme de la contrée oti Fllèbre prenait sa source et où
la vie pastorale, intimement liée aux commencements de
la poésie, était en honneur. Quoique Homère ne le con-
naisse pas encore, et que le meilleur des embeUissements
dont sa personnalité fut l'objet de la part des poètes
nous vienne des Romains, il n'e^t pas douteux que sa re-
nomnu^e ait été gi-ande eu Gi'èce dès le vin^ siècle av.
J.-C. H représenkiit avant tout le pouvoir divin de la
poésie, qui réjouit les âmes, apaise les forces ])rutales de
riiumanité et exerce son emj)ire, même sur les êtres ina-
ORPHEE — ORPHELINAT
608 —
iiinu's ; c'est ainsi que Piiulare déjà, Simoiiide et Eschyle
représentent Orphée connne ayant exercé une fascina-
tion magique sui* les oiseaux dans les airs et les poissons
dans les Ilots, sur les arbres, les rochers et les animaux
sauvages dans les solitudes, thème que la poésie des âges
postérieurs exploitera jusqu'à l'abus. Epris de la belle
Eurydice (V. ce nom) qui lui est ravie par la mort, Or-
phée va la réclamer jus([ue dans les royaumes de la mort,
dont son chant tîéchit les puissances redoutables. ]^a fable
est connue ([ui veut ([iie son amante lui soit ravie à nou-
veau, dès qu'elle touche aux régions de la lumière ; Vir-
gile Ta illustrée dans un des éj)isodes les plus beaux de
ses Gconjiques, et elle a merveilleusement encore inspiré
la muse de Gluck (hins un opérn célèbre. A cet épisode
se rattachent la tradition du dédain d'Orphée j)our les Mé-
luuk^s. prétresses de Bacchus, et celle de sa mort qu'il su-
bit sous leurs coups. L'Ilèbre roule dans les tlots ses
membres déchirés et bien loin, jusqu'aux rivages de Les-
bos, la bouche décolorée nun'mure encore le nom d'Eury-
(hce. G'est dans cette île, une (k's patries fameuses de la
poésie lyi'ique, qu'Orphée trouve un tombeau ; aussi an
voisinage de ses cendres les l'ossignols chantent-ils avec
plus de suavité (fu'en aucun lieu du monde (Virgile, Géorg,
IV, 43-2-0^26; Ovide, Métcnn.. XI, 50 et suiv.).
Orphée étant le chanteur mythique par excellence,
devient du même coup le prêtre des saints mystères
et l'initiateur aux plus hautes leçons de la civilisation
et de la jdiilosophie. C'est à ce titre (jue l'on met sous
son nom. depuis l'époipie des Pisistratides, un grand
nombre d'ouvrages connus sous le nom de poèmes or-
phiques (V. ce mot). Mais la réalité hist(u*i(jue d'un poète
du nom d'Orpbée a été contestée déjà ])ar ranti(|uité ; et
l'action religieuse exercée par les mystères dionysiaques
et éleusiniens est à mettre au couîpte des philosophes
comme Pythagore, des prêtres comme Mélampus et Epi-
ménide, des lettrés comme Ononuu'rite, qui aimaient à abri-
ter leurs doctrines sous le prestige du nom légendaire
d'Orphée. J.-A. Hild.
l^iBL. : V. Orphique? (Poèmos).
ORPHELIN. Est orphelin, au vrai sens du mot, qui-
conque a perdu ses père et mère ou l'un d'eux seulement.
Bien que l'expression ne se rencontre pas dans notre code
civil, il y est beaucoup (piestion, comme dans toutes les
législations, des orphelins mineurs, n propos, notamment,
de k\ puissance paternelle, de la tutelle, de Vémanci-
pation, des successions et donations, du consentement
au mariage (V. tous ces mots). Le législateur s'est encoi-e
occupé d'eux à deux autres points de vue: il a institué,
sous le nom de secours annuel, ime sorte de pension tem-
poraire en faveur des orphelins de fonctionnaires (V. Pen-
sion), et il a posé, pour tous les orphelins pauvres sans
exception, le principe du droit à l'assistance. Mais il a
alors donné au mot un sens j)lus restreint. « Les orphe-
lins pauvres, dit l'art. 6 du décret du 49 janv. 4811, sont
ceux qui, n'ayant ni père ni mère, n'ont aucun moyen
d'existence. » L'art. 1^^'les assimile, du reste, aux enfants
trouvés et aux enfants abandonnés ; l'éducation des uns
et des autres est confiée à la charité publique, et, dans
le département de la Seine, en particulier, il n'est fait
aucune distinction : tous y jouissent, depuis longtemps,
du même ti*aitement, sous la dénomination générale ô^ni-
fants assistés (V. Assistance publique, t. IV, pp. 268 et
276, et Enfant, t. XV, p. 4040). Il n'en va ])as de même
partout. Le décret du 49 janv. 4841 a seulement pourvu,
sur les fonds de Fl^^tat et des départements, aux dépenses
d'entretien et d'éducation des enfants trouvés et des en-
fants abandonnés, pai'aissont laisser à la charge des com-
inunes et des hospice:^ les dépenses de tnême nature j-ela-
tives aux orphelins. L'est du moins rinterprétation qui a
été, à plusieurs reprises, othciellement duiuiée, principale-
ment par les circulaires ministérielles des 15 juin 1811,
8 févr. 4823, 24 nov. 4837 et 31 janv. 1840, invitant
les préfets à distinguer soigneusement entre les dépenses
extérieures des enfants trouvés et abandonnés, seules à la
charge du budget départemental, et les dépenses exté-
rieures des orphelins pauvres, exclusivement imputables
aux hospices. Lue nouvelle circulaire, du 42 juil. 1843, a,
il est vrai, en conformité d'un avis du conseil d'Etat du
20 juil. 4842, prescrit l'assimilation complète; mais les
tiraillements n'en ont pas moins continué entre les déj)ar-
tements et les communes, surtout depuis la loi du 48 juil.
4866, qui a remis aux conseils généraux le soin de statuer
détinitivement sur le service des enfants assistés, et ils
ont abouti, dans plus d'un cas, à une pratique assez fà-
clieuse : des administrations locales, n'ayant pas les res-
sources sutlisantes pour élever leurs orphelins, les ont fait
délaisser, puis j'ecueillir au titre d'enfants abandonnés. Le
projet de loi soumis, en 4882, aux délibérations des
Chambres, unifiait formelletnent toutes ces catégories d'en-
fants, mais la partie relative à l'organisation générale de
l'assistance en a été détajîhée et, dans le texte défini-
tivement voté (L. 24 juil. 4889), il n'a été conservé, outre
le titre spécial à la déchéance de la puissance paternelle,
(jue quelques dispositions réglant les droits et les devoirs
de surveillance de l'autorité judiciaire et de l'autorité ad-
ministrative à l'égard des mineurs de seize ans confiés
par les parents ou tuteurs à des administrations d'assis-
tance publique, à des associations de bienfaisance, à des
particuhers, ou recueillis, sans leur intervention, par les-
dits établissements ou particuliers. L'assistance départe-
mentale ou communale s'exerce principalement, à l'égard
des orphelins comme des autres enfants assistés, sous forme
de placement dans des familles, de préférence chez des
agriculteurs. C'est surtout, au conti'aire, sous forme
d'admission dans des asiles, portant le nom généri(|ue
d'oj'phelinats, ()ue les œuvres de bienfaisance leur viennent
en aide et, détail à noter, tandis (pie la charité ofiicielle
a paru, pendant un temps, plutôt disposée à délaisser l'or-
phehn, la charité privée va à lui de préférence : cette
prédilection s'explique par ce fait que, les revendications
des parents n'étant pas à redouter, les bienfaits de l'édu-
cation et, par suite, le fruit des efforts sont mieux assu-
rés avec les orphelins véritables qu'avec les enfants trou-
vés ou abandonnés (V. Orphelinat).
ORPHELINAT. De tout temps, les pouvoirs publics se
sont préoccupés de l'entretien et de l'éducation des jeunes
orphelins : xMoise prescrivit de leur laisser une partie des
fruits de la terre et de les admettre aux repas des fêtes ;
à Athènes, à Sparte, les enfants dont le père était mort
pour la patrie étaient élevés aux frais de l'Etat; dans la
répubhque romaine, le magistrat prenait spécialement soin
de la tutelle de l'orphelin et confiait à un tiers son édu-
cation. Mais il laut arriver aux premiers empereurs pour
trouver trace d'établissements spéciaux donnant asile aux
enfants pauvres sans parents. Avec le développement du
christianisme, leur nombre et leur importance s'accrurent ;
en 335, un orphanotrophium fut créé à Constantinople,
puis on en vit s'élever à Rome au vi^ siècle, en Gaule au
vfi^' siècle. Il semble, du reste, qu'à l'origine, on n'y dis-
tinguàtpas, pour l'admission, entre les orphelins proprement
dits, c.-à-d. les enfants dont les parents étaient connus,
mais morts, et les enfants trouvés (V. Ii^nfant, t. XV,
p. 4039). Avec la féodalité toutes les institutions de ce
genre dispai-aissent : les orphelins abandonnés devien-
nent serfs de la glèbe, et le seigneur, qui a besoin de bras
pour cultiver ses terres, fait pourvoir à leur entretien jus-
qu'à ce qu'ils puissent rendre des services. On signale ce-
pendant à Montpellier, au xi^ siècle, un hospice d'enfants
orphehns ou abandoiniés créé par l'ordre du Saint-Esprit,
l'ji 1362, il en fut également construit un à Paris, place
de Gré\e. par le même ordre; mais deslel'res patentes de
Charles VII (1415) le réservent aux seuls enfants légi-
times; il ne reçoit, du reste, que les enfants nés et bap-
tisés à Paris, et on le désigne communément, à cause de
la couleur des vêtements, sous le nom d'hospice des En-
fants bleus ; les enfants de la banheue et de la province
609 —
ORPHELINAT
vont à l'hùpilal des Enfants-Dieu ou hospice des Enfants
rouges, fondé un peu plus tard ; quant aux orphelins illé-
gitimes et aux enfants trouvés, ils sont la propriété du
premier venu, qui les vend, pour quelques livres, aux truands
ou aux hatteleurs. Au xvi*^ siècle, des arrêts du parlement
remédient en partie à ce déplorable état de choses, en
autorisant les enfants abandonnés à agir contre les sei-
gneurs hauts justiciers pour faire valoir leurs droits à
l'assistance. En même temps commencent à s'élever les
hospices spéciaux aux seuls orphelins : ceux de Saint-
Michel et des Orfanelli, à Rome, puis un grand nombre
d'autres, dans les divers Etats de lEurope, notamment la
maison hospitalière de la Miséricorde, fondée à Paris, en
16^2 !■, par le président Séguier et destinée à recevoir cent
orphelines pauvres de père et de mère, natives de la ville
et des faubourgs de Paris. D'autre part, certaines classes
d'orphehns sont l'olijetde fojidations spéciales. C'est ainsi
que Louis XIV ouvre aux orphelines nobles la maison de
Saint-Cyr, que la Révolution établit pour les tils de mili-
taires le Prytanée de la Flèche et que Napoléon 1^'' crée,
pour les orphelins de ses légionnaires, des bourses d'inter-
nat : dans les lycées pour les garçons, dans les maisons
de la Légion d'honneur pour les t'dles.
De nos jours, le nombre des orphelinats s'est, de tous
cotés, multiplié. En même temps, le caractère de ces éta-
blissements a quelque peu dévié et il est même devenu
assez difficile d'en donner une définition précise ; car, lé-
galement, les orphelins sont à la charge des départements
ou des communes et rentrent, dès lors, dans le cadre des
enfants assistés, si bien que les orphelinats contiennent,
en général, non de véritables orphelins, au sens admi-
jiistratif du mot (V. Orphelin), mais des enfants ayant
perdu un parent (semi-orphehns), ou délaissés, ou mora-
lement abandonnés, ou appartenant à des familles indi-
gentes, etc. ; en outre la gratuité, qui send)le devoir être la
base même de l'institution, n'est, le plus souvent, que rela-
tive ou exceptionnelle ; enfin l'œuvre n'est plus, en bien des
cas, du pur domaine de la charité, mais s'est transformée
plus ou moins complètement en entreprise industrielle.
En laissant en dehors les services des enfants assistés,
qui incombent en principe aux départements (Y. Assis-
tance pumjQUE et Enfants trouvés), il existe, en Erance,
deux catégories d'établissements se consacrant à la garde
et à l'éducation des enfants délaissés et indistinctement
compris sous la dénomination générique d'orphelinats: les
uns bont des établissements publics, annexés aux hôpitaux,
hospices et bureaux de bienfaisance, les autres sont des
œuvres ou établissements de charité proprement dite,
appartenant à des associations ou à des particuliers. La
grande enquête faite en 4884 par le ministère de l'intérieur
a révélé, au total, 1 .110 établissements des deux catégories.
Aux termes d'anciens édits royaux de lOBfjet 1749, d'un
avis du conseil d'Etat du 17 janv. 1806 et de circulaires mi-
nistérielles des 3nov. 1806et5mai 1854, les établissements
de bienfaisance dirigés par des sociétés libres et qui rassem-
blent dans un bâtiment des malades, des orphelins, etc., ne
doivent pas être tolérés sans autorisation. Cependant sur
91 4 orphelinats, dont la situation légale a pu être contrôlée,
103 seulement avaient été reconnus d'utilité publique et
494 autorisés; les 519 autres n'avaient aucune existence
ofiicielle, simplement tolérés, ou même restés jusque-là à peu
près ignorés. Les résultats de l'enquête s'en sont ressentis ;
nombre de directeurs et de directrices d'orphelinats se sont
refusés, en effet, sous des prétextes divers, à rendre aucun
compte, ou à fournir aucune indication. Pour le dép. delà
Seine 184 noms d'orphelinats ou d'établissements analogues
ontpuêti'e relevés ; sui' 16o faisant l'objet dei'euseignements
précis, iï étaient laïques. 1 16 (ongreganisles : 30 étaient
reconnus d'utilité publique, 141 autorises et 14 seule-
ment tolérés ; le nombre des entants mineui'ï» y était de
14.740, dont 5.687 au-dessous de douze ans, et 7.053
au-dessus. Dans les départements, le nombre des établis-
sements était de 746, assez irrégulièrement répartis, mais
GRANDE encyclopédie. — XXV.
groupés surtout dans les centres industriels et les milieux
pauvres: 413 rentraient dans la catégorie des établisse-
ments publics, 713 dans celle des établissements privés,
dontiOO laïques (33 établissements de garçons et 67 éta-
blissements de filles) et 613 congréganistes (97 établis-
sements de garçons et 516 établissements de filles). La
population totale, pour 840 établissements, était de
40.035 enfants, dont 31.668 filles (14.444 de moins de
douze ans, 40.445 de plus de douze ans) et 8.367 gar-
çons (4.747 de moins de douze ans, 3.640 de plus de
douze ans); 494 en avaient de un à vingt, 347 de vingt
à cinquante, 440 de cinquante à cent, 404 plus de cent.
C'est principalement sur les établissements de la seconde
catégorie, les orphelinats privés, qu'a porté l'enquête de
4884. Le plus grand nombre, ])rês des cinq sixièmes, ont
été fondés dei)uis le commencement du siècle : la moitié
entre 4850 et 4880. La grandemajorilé, nous l'avons dit,
échappe à tout contrôle de l'I^^tal. (Juelques-uns sont
placés, de par la volonté de leurs fondateurs, sous le con-
trôle de l'autorité préfectorale, d'autres, subventionnés par
les communes, produisent à l'administration municipale
des comptes rendus annuels. Les ressources comprennent
les fondations (rentes sur l'Etat ou revenus de propriétés
foncières), les dons et legs, les subventions de l'Etat, des
départements, des communes, les cotisations des fonda-
teurs, les rétributions scolaires, le produit du travail des
enfants. Dans les établissements exclusivement charitables,
ces deux dernières sources de revenus n'existent pas. Mal-
heureusement c'est le petit nombre et, parmi les établis-
sements congréganistes. l'exception. Dans la plupart, il y
a une pension à payer, 400 à 300 fr.paran en moyenne,
rarement 450 fr., quelquefois 400 fr., de sorte que l'or-
phelinat n'est plus qu'un pensionnat à bas prix, et, tandis
qu'à l'étranger les annuaires d'a'uvres de ce genre ren-
seignent surtout sur leur origine, les noms des personnes
qui les administrent . le nombre des orphelins assistés,
l'importance des ressources, la somme à consacrer à chaque
enfant, en Erance, le Manuel des OEuvres ne parle guère
que du prix de la pension. Dans d'autres, également en très
grand nombre, l'une des principales ressources, souvent
même la ressource vitale, est le travail des enfants recueil-
lis. On ne les admet phis alors à partir de six ou sept ans,
comme c'est, dans les orphehnats véritables, la règle
ordinaire (plus rarement à partir de cinq ou quatre ans,
même de trois et deux ans), mais seulement lorsqu'ils
sojit en âge de produire un travail rémunérateur, à treize,
quatorze ou quinze ans, et cette admission est à peu près
exclusivement hinitée aux filles, qu'on oblige le plus sou-
vent à contracter l'engagement de rester d'ans l'étabHsse-
ment jusqu'à vingt et un ans. De presque tous, au surplus,
qu'ils soient gratuits ou payants, simplement charitables
ou industriels, on exclut les enfants estropiés, infirmes,
épilepti(jues ou idiots, ainsi que les sujets vicieux ou insou-
mis. Enfin, il est une dernière source de revenus qui, pour
être peu commune, n'en prend pas moins, dans certains
orphelinats du Midi, une grande importance : la rétribution
payée à l'établissement pour faire figurer les enfants aux
enterrements, services de bout de l'an, etc.
L'absence de contrôle engendre nécessairement des abus.
Beaucoup d'établissements ne donnent lieu, il importe de
le constater, à aucune critique, ni sous le rapport du bien-
êtie, ni sous celui de l'éducation. Mais il en -est. en trop
grand nombre, où l'alimentation, l'habillement et la literie
sont insuffisants, la propreté et l'instruction très négligées.
Il en est aussi où l'on exige des enfants un travail excessif :
onze et douze heures parfois, dès l'âge de douze ou treize
ans et chaque jour, en dehors des soins du ménage (V. Oîj-
\rohU. (iomme. d'ailleurs, le profit est le but principal,
on s'attache moins a leur apprendre un métier complet qu'a
leur faire beaucoup produire en fractionnant le travail à
l'infini, et, à leur majorité, il arrive souvent qu'ils se trou-
vent mis sur le pavé sans une instruction professionneUe
suffisante. Aussi, dans les établissements, peu nombreux.
39
ORPHELINAT — ORPHIQUES
— 640
où l'on s'occupe de les placer, est-ce surtout comme do-
mestiques. La vie religieuse en prend aussi un grand
nombre: petites so3urs des pauvres, frères de la doctrine
chrétienne, etc.
vSur les orphelinats qui dépendent, comme annexes,
d'hôpitaux, d'hospices ou de bureaux de bienfaisance et
qui constituent, par suite, des étabhssements publics, les
renseignements sont plus précis et plus récents, grâce à
l'enquête effectuée, en 1895, sous la direction du û^ Na-
pias, en vue de l'élaboration d'un projet dérèglement uni-
forme. 200 seulement ont pu être soumis à cette enquête.
Il en existe certainement davantage, mais beaucoup dissi-
mulent leur existence parce qu'elle n'est pas très régulière:
ainsi des hôpitaux gardent 1, 2, 3, 4 orphelins, sous des
prétextes quelconques, pour ne pas les jeter sur le pavé
le jour oti ils n'ont plus besoin de soins réellement médi-
caux. Sur les 200 orphelinats enquêtes, 97 donnent eux-
mêmes l'instruction à tous les enfants, 44 aux fdles seu-
lement, 79 les envoient dans les écoles communales, 7 dans
des écoles hbres, 2 dans les unes et les autres, i à aucune.
107 ne donnent aux enfants à leur sortie aucun pécule,
93 leur remettent une partie du produit de leur travail,
la plupart, un tiers, quelques-uns un quart ou moins encore,
un très petit nombre, la moitié ; 170 leur font cadeau d'un
trousseau. Du reste, la comptabilité de tous ces orpheli-
nats est en général plutôt occulte ou, du moins, se con-
fond dans celle de l'établissement principal. Le nombre
des orphelins qui y avaient asile s'élevait, en 1894, à 7.632 :
2.344 garçons, dont 1.785 ayant moins de treize ans.
553 plus de treize ans, et 5.288 filles, dont 2.8o0 de
moins de treize ans, 2.438 de plus de treize ans, 2.132
étaient orphelins de père et mère, 2.408 de mère seule-
ment, 2.010 de père seulement, 1.082 des indigents non
orphelins.
Nous ne pouvons donner, naturellement, une liste de
tous les orphehnats et établissements analogues. On trou-
vera à l'art. Bienfaisance, t. Vï, pp. 762 et suiv., les
noms des plus importants d'entre eux, pour Paris, Lyon,
Marseille et Bordeaux. Dans les autres localités, nous
mentionnerons seulement : V Orphelinat de Saint- Nicolas,
à Igny (Seine-et-Oise), fondé en 1854 (420 garçons) ; le
Bon Pasteur, à Angers (585 filles) et VOuvroir Sainte-
Marie, à Nantes (595 filles), qui viennent en tête, dans
toute la France, pour le nombre d'enfants ; V Orphelinat
de M""® Groult, à Vitry-sur- Seine, fondéen 1869 (87 filles) ;
Vlnternat manufacturier de M. Huault, à Ivry-sur-
Seine (65 filles); l'œuvre des Maisons de familles agri-
coles, qui a des établissements dans plusieurs départe-
ments, etc. Enfin, l'administration de la ville de Paris
possède, en dehors de l'Hospice des enfants assistés
(V. Assistance publique) et de ses annexes de Thiais et
de Châtillon-sous-Bagneux, plusieurs orphehnats muni-
cipaux: Orphelinat Riboutte-]ilallis, à Forges (Seine-
et-Oise), pour 41 garçons; Orphelinat Sainte- Jeanne,
à Ormesson (Seine-et-Oise), pour jeunes filles de neuf à
treize ans ; Orphelinat Prévost, à Cempuis (Oise) . Ce
dernier, fondé en 1883, avec le produit d'un legs de
M. Prévost et destiné à des pupilles des deux sexes, a fait
le sujet de vives polémiques à l'occasion d'un système
nouveau d'éducation, qui amena, par deux fois, le gouver-
nement à révoquer son directeur, M. Robin (1888 et
1894).
Au point de vue administratif, les orphelinats sont placés
dans les attributions du ministre de l'intérieur (Direc-
tion de l'Assistance et de l'hygiène publiques, 2® bureau).
ORPHÉON. Nom donné en France aux sociétés insti-
tuées pour l'exécution du chant en parties. Ce n'est qu'en
1835 que la ville de Paris décida que le chant serait dé-
sormais enseigné dans les écoles communales. Wilhelm
et Hubert prirent une grande part à cet enseignement qui
ne tarda pas à porter ses fruits. Des sociétés orphéoni([ues
ne tardèrent pas à se foncier en grand nombre, et leur
zèle fut largement stimulé par les concours qui eurent h'eu
sur divers points du territoire. L'orphéon de Paris dut
beaucoup à la direction de Oounod qui demeura à sa tête
pendant huit ans (1852-60). A cette dernière date, il fut
remplacé par Bazin et Pasdeloup. Depuis cette épo(|ue et
sous des directions diverses, le chant n'a pas cessé d'êtr('
cultivé dans les écoles de la ^ille de Paris. D'autn^
part, les sociétés de province, moins nombreuses qu'avant
la guerre de 1870-71, ne laissaient cependant pas de
comprendre, il y a quelques années, 60.000 exécutants.
Leur répertoire est nombreux, et des compositeurs, tels
que Halévy, Gounod, Ambroise Thomas, Théodore Dubois,
Laurent de Rillé, n'ont pas dédaigné d'écrire des chœurs
spécialement en vue des sociétés orphéoniques. R. Br.
ORPHIE (IclityoL). Genre de Poissons Téléostéens de
l'ordre des Physoslomes et de la famille des Sconibreso-
cidce, à corps très allongé, à tête aplatie en dessus ; les
mâchoires se prolongent en un long bec garni de nom-
breuses dents coniques. Tous les rayons de la dorsale et de
l'anale sont réunis par une membrane. Un caractère par-
ticuher à ce i>'enre de Poissons consiste dans la coloration
Orphio vulgaire.
d'un beau vert de tous les os. L'Orphie vulgaire (Belone
vulgaris) a le corps anguilliforme, le dos est verdàtre, le
ventre d'un blanc nacré, les nageoires sont d'un gris i)Uis
ou moins foncé. Ce Poisson est commun sur nos côtes, il
porte dans la Cliai'ente-lnférieure le nom d'Aiguille. X
File d'Oléron, les pêcheurs ont un singulier moyen de le
capturer. Dans les pêcheries échelonnées sur certains points
de la côte, consistant en espaces dêUmités par des murs
en pierres sèches percés de goulets pour l'entrée et la sor-
tie de l'eau, les pêcheurs, à mer l)^i^^,e, pénèdeiil dans vq^
espaces où sont retenus différents poissons et surtout des
Aiguilles, ayant à peine de l'eau jusipi'aux genoux, et armés
d'une sorte de sabre recourbé en bois, ils frappent d'un
coup sec les animaux en travers, et en prennent de cette
manière d'assez grandes quantités. Assez estimées des ha-
bitants dans ces parages, les Aiguilles servent également
d'amorces pour des pêches plus importantes. Rochbr.
BiiiL. : Sauvagr. (lansBiiKiiM . 6d fr , Poissons — Gln-
'riii-:R, Stndy of F'ishes.
ORPHIN. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de
Rambouillet, cant. (S.) de Dourdan ; 630 hab.
ORPHIQUES (Poèmes). On ai^pelle de ce nom toute
une littérature poéti(|ue et philosophique dont le point d*'
départ se perd dans la nuit des temps, se rattachant à la
personnahté fabuleuse d'Orphée, dont les œuvres les plus
récentes sont contemporaines des origines du christianisme
et sorties des écoles nèo-platoniciennes. On peut ranger
en deux catégorie-^ les monuments de celle littérature. La
première, de beaucoup la moins étendue et la plus diffi-
cile à déterminer avec certitude, comprend les poèmes
théogoniques greffés dès le viii^ siècle sur Fœuvre d'Hé-
siode, poèmes que la critique de Schœmann, de Welcker,
de Gerhard et de Flach a isolés pour la plupart de la
Théogonie hésiodique, des OFAivres et des Jours, etc.,
sans compter certains passages d'Homère signalés par
Wolff et s<'s disciph's. Ils ont ])oui' auteurs ou d es secta
641
ORPHIQUES ^ ORS
leurs iiK'oiiJiiis de la religion des Mijstn-es (V. ce mol)
ou les poètes altitrés de cette religion, Phérecycle de Scy-
ros, Cercops, Onomacrite snrtoiil, qui dans ses fonctions
de reviseur de Tcpopée homériciuc eL sans doute des
(euvres d'Hésiode, se substitua plus d'une fois aux au-
teurs originaux. C'est ce c[ut^ Loheck appelle les produits
de cette époque indécise où les philosopiies poétisaient.
où les poètes eux-mêmes s'essayaient à la philosophie, lin
dehors des interpolations (|ui se sont glissées dans les
œuvres célèbres de la i)ériode épique, il y a encore un
certain nombre de vers, cités et commentés par les écri-
vains du siècle de Périclès comme remontant à une véné-
rable anti(fuité.
J.a deuxième catégorie d(^s poèmes orphiques se com-
pose de vers absolument apocryphes, inconnus aux temps
de Platon et d'Aristotc, fabriqués les uns pai' les néo-
platoniciens qui, cherchant à raffermir le polythéisnn'.
prétendaient consacrer par des textes anciens leurs spécu-
lations et leurs fantaisies ; les autres j)ar les Pères de
l'Eglise grecque, en vue de leur polémique avec les dé-
fenseurs du polythéisme, pour les besoins surtout de cette
thèse, en elle-même insoulejiable. que la sagesse mosaïque
a laissé son empreinte dans les idées de rhellénisme pri-
mitif sur la notion divin(- et les rapports de Dieu avec \c
monde. L'écho de cette litlérature a pénétré dans l'esprit
latin par le canal des livres sibyllins (Y. Sibylle) et
c'est à elle qu'il faut faire hommage des idées messia-
niques qui étonnent si fort dans i'h]giogue à Poliion de
Virgile. Les poèmes orphiques qui nous sont parvenus
sont : Argonautica, po'me épique du iv® siècle ap. J.-C.
(éd. Schneider, léna, d803); 88 hymnes chantés dans les
mystères (éd. Dietsch. Erlangen, iS^^I) ; les Lifhica,
chants sur la vertu magi(jue des pierres, ((ui paraissent dater
du iv« siècle ap. J.-C. (éd. .Vbel, Rerlin, 1880). J.-A. H.
BiiJL. : Sur la j)rL'inièro catcLjxn'ii} do poèmes orphiques^
V. SciiŒMANx. Opusc. AcadenilcH, II, et la nionoiA-raphic^ :
Die hesLodischc Theogoiùc viisfjclegt und heurlheïlt; Ber-
lin, 1868. — WrLCKKR, Dlc, licsiodlsche Théogonie ; Élber-
l'eld, 18(i5. — Sur la seconde, Loiieck. Aghiopluimiis (Ku'-
nio-sberg, 1829, 2 vol.). ([ui suClît d'ailleVirs à la solution
générale des problèmes soulevés parla littérature orphique.
— Gerhard, Orpheus und die Orphlkei\ dans Mém. Ar.
Berlin, 1859, — Kf.rn, de Orphei. Epinienidls theogonlis ;
Berlin, 1888. — Supemiiil, de Tlieogonloj Orphei formu
iintiqiiissimn ; Groif'swald, 1890. — Koiide, Psyché; Vvi-
bourg, 1890. — Maass, Orpheus; Munich, 1895.
ORPHISME (V. Orphée, Orpïiioles [Poèmes] et Mys-
tère).
ORPIERRE. Ch.-l. de cant. du dép. des Hautes-Alpes,
arr. de Gap, sur le Céans; 667 hab.Stat.du chem. de fer
P.-L.~M. Vignobles. Prunes. Carrière de marbre gris:
calamine; mine de zinc, de plomb, de cuivre, de la co-i-
cession du Suillet. Fabriques de drap, de toile, de chapeaux.
Commerce de mulets, de laines, de cuirs. Ruines d'an-
ciennes fortifications et de constructions antiques attri-
buées aux Sarrasins. Défilé de Saint-Uoch entre d'énormes
rochers; grotte de la Vache d'Or; cascade de Bellerie;
dus de Bagnots.
ORPIMENT, i. MixÉRALociE. — Arsenic sulfuré jaune
(As^ S^) existant dans la nature et se présentant en masses
jaunes ordinairement foliacées. Orttiorhombique. L'angle
des faces m m est de 62*^ iV . Clivage parfait suivant (j^
donnant des lames sectiles, flexibles et dépourvues d'éhib-
ticité. Couleur d'un beau jaunes Translucide. Densiîe.
3,4 à 3,D, dureté à peu près égale à celle du gy})se.
Optiquement positif. Plan des axes parallèle à la base /^
L'orpiment fond dans le tube fermé, se dissout dons V'\y\\
régale. Accompagne Farsenic et le réalgar (fins les Wl^w^
métallifères à Kapnick et ù Felsobanya. A r.ommentry ii
est un ])roduit de combustion des houilles enflammées.
TL Alchimie. — L'orpiment, sulfure d'arsenic, couleur
d'or, a été souvent employé dans les essais de transmu-
tation. Le plus ancien connu est celui de Caligula, rap-
porté par Pline. Il en ht coh'iner une grande ]uasse, et
réussit, dil cet auteiu' : luaib le reudemiMil fut si minime
qu'il ne paya pas les frais de l'opération. Cet or préexis-
tait dans les matières employées. M. Berthelot.
IIL Chimie industiuelee (V. Aiisexic et Jâuxe).
ORPIN (Bot.) (V. Sedlim).
ORQUE (Zool.) (V. Dauphin).
ORQUEVAUX. Com. du dép. de la Haute-Marne, air.
de Chauinont, cant. de Saint-Blin ; 2oi hab.
ORRENTE (Pedro), peintre espagnol, né à Montealegre
(Murcie) vers 1370, mort à Tolède en 16 i4. Il apprit
son art, ou se perfectionna, dans l'atelier de Domenico
Theotocopuli, et Greco, et ses premiers ouvrages furent
exécutés à Tolède, notamment un tableau de Saint llde-
phonse, qu'il peignait, en 1611. pour la nouvelle sacristie.
A Murcie, oii Orrente se l'cndit en quittant Tolède, il
peignit pour le vicomte de Huertas huit tableaux dont les
sujets étaient empruntés à la Genèse. Fn ïiHi), il était à
Valejice oîi il exécutait ])our la cathédi'ale un très beau
Marlj/re de saint Scliastien ; il avait ouvert un atelier
à Valence, qui fut fré({uenté par ({uehpies bons élèves,
notamment par Pablo Pontons ; Orrente avait également
résidé ([uelqne temps à Cuenca, où il existe (|uel([ues ou-
vrages de sa main et où il avait formé un élève, Cristobal-
Carcia Salmeron. ([ui suivit son maître à Madrid. Dans
la capitale, l'artiste fut tout de suite très goûté ; il lit
quelques portraits et obtint même des commandes royales,
destinées au palais du Buen Retiro. Le musée du Prado
conserve huit tableaux d'Orrente qui montrent combien
l'artiste, à l'école du Greco et sans doute par l'étude des
ouvrages des Bassans, avait subi l'influence des peintres
vénitiens, surtout dans ses paysages avec animaux H
troupeaux en marche. Des (cuvres de ce maître se voient
encore dans diverses églises, à Murcie, à Séville, à Va-
lence, à Tolède, à Cordoue et dans des collections parti-
culières. Paul Lefort.
ORRcRY (Comtes d") (V. Boïle).
ORRES (Les). Com. du dép. des Hautes-Alpes, arr. et
cant. cFFmbrun ; 878 hab.
ORRET. Com. du dep. de la Cùte-d'Or, arr. de Chà-
tillon, cant. de Baigneux-les-Juifs ; 8:1 hab.
ORRHOËNUS (V. Jacqles dT^:desse).
ORRIULE. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr.
d'Orthez, cant. de Sauveterre ; 319 hab.
ORRONVILLE (.îean Cararei' li) (V. Orville),
ORROUER. Com. du dép. d'Fure-et-Loir, arr. de
Chartres, cant. de Courville ; 312 hab.
ORROUY. Com. du dép. de FOisc. arr. do Sentis, cajît.
de Crépy-en-Valois ; 323 hab. Stal. (Orrouy-Glaignes)
du chem. de fer ciu Nord. Féculerie. Eglise des xiF' et
xv^' siècles avec un beau clocher romaii et un chonir qui
renferme de magnihcjues vitraux de la Benaissance. Buines
romaines de Champlieu, à 3 kil. N.
OR R Y-LA- Ville. Com. du dép. de FOise, arr. et cant.
de Sentis ; 8^4 hab. Stat. du chem. de fer du Nord. (ii*es-
sonnières. Curieuse pyramide (mon. hist.) du xn^ siècle,
haute de 11 à 12 m., ayant, croit-on, servi de lanlerjie
des morts.
ORRY (Jean), seigneur de Vi(j)u)rjj, tinaiicier français,
né à Paris le 4 sept. 1632, mort le 29 sept. 1719. Conseil-
ler secrétaire du roi (1701), il alla étudier les finances es-
pagnoles ; le roi d'Espagne lui confia l'administration de ses
finances ; il ne revint en France qu'en 1713. Ph. B.
ORRY de Fllv y (Jean-Henri-Louis), magistrat français,
né à Paris en 1703, mort à Paris en 1731. Conseiller au
Parlement (1723), puis intendant des finances (1737), ii
fonda à se^; fraib a ViuceniiHS ujie manufacture de porte-
laiiie très importante, qui fut achetée en 1730 par les
fermiers généraux et transportée à Sèvres. Louis XV
acheta cette dernière en 1739 et la confla à la surveil-
lance du ministre d'Etat, Berlin. L'inconduite d'Orry
l'avait fait peu estimer. Ph. B,
ORS. Com. du dép. du Xord, arr. de Cambrai, cant.
du Gâteau; 797 hab. Stat. du chem. de fer tlu Xord.
ORSAN — OKSEILLE
— 612
ORSAN. Com. du dép. du Gard. air. d'Izi'S. rant. do
Bagnols; 170 Iiab. Stat. du rhom. de for P.-f..-M.
Laulcnie funôraire du xii^ sioclo, ;\ Orry-la-Ville
ORSAN CO. Com. du dép. des Bassos-Pyrônôes. urr. de
Mauléon, caot. de Saint-Palais ; 1.949 lud).
ORSAN S. Com. du dép. de TAude. arr. do (^astoliiau-
dary, oaut. de Fanjeaux ; 2o9 ha)).
ÔRSANS. Com. du dép. du Doubs. arr. de Baume-
les-Dames, caiit. de Vercel ; Vtd liab.
ORSARA-Danno-Tkpina. Ville d'Italie, prov. d'Avelliuo,
sur le chem. de fer de Naples àFoggia ; »^).oOO liab. l^glise
byzantine. Pâtes, huile.
"^ ORSAY {Orceaais, Orceiacm). Com. du dép. de Seine-
ot-Oise, arr. de Versailles, cant. de Palaiseau ; sur la rive
dr. de l'Yvette ; i.832 hab. (il y en avait ooO en 172G).
Stat. du chem. de fer de Paris à Limours. Ce village exis-
tait dès le xi^ siècle. C'est dans la plaine qui s'étend au-
dessus d'Orsay que, vers l'an 1000, Bouchard, comte de
Corbeil, délit l'armée de Robert-Eudes, comte de Chartres.
Au xu^ siècle, il y avait une forteresse à Orsay. Sous
Charles VI, le possesseur de la terre d'Orsay, Raymond
Raguier, y fit bâtir un château. Mais celui-ci ne tarda
pas à devenir un repaire de bi-igands qui profitèrent des
guerres civiles de cette maliieureuse époque pour com-
mettre tous les excès. En juin 4123, les Anglais assié-
gèrent le château, et en tirent prisonnière la garnison,
qu'ils amenèrent à Paris : les soldats hés deux à deux
avec une corde qui leur serrait fortement le cou; les
gentilshommes et les chevaliers tenant appuyée siu* leur
poitrine la pointe d'une épée, «en signe de gens rendus
à la volonté du prince », dit le Journal de Paris sous
les règnes de Charles VI et Charles VU qui rapporte
ces faits. Au xviii^ siècle, le fermier général Grimod du
Fort agrandit le château et l'embellit ; il fit aplanir la col-
line, et obtint que k' cimetiéro fût tj-anspurté à Textré-
mite du viliage. Ce château devioL après la Bévohition.
la propriété de divers personnages, parmi lesquels M*'" Hu-
lot et Arrighi. duc de Padoue. M-''' Hulot. Ijelle-mere du
général Moreau, fit ele^'cr en I honneur du "ainqueur de
Kohenlinden un petit édifice, le Temple de la Gloire, qui
est aujourdlrai tout ce qui l'esté de l'ancien château.
L'église d'Orsay, construite aux xn^' et xiii^ siècles, mais
presque complètement refaite au xvni", n'offre pas grand
intérêt. Aux environs d'Orsay se trouve le château du
Grand-Launay, au miheu d'un parc arrosé par l'Yvette
et (pCavait dessiné Morel, auteur de la Théorie des Jar-
dins. F. BOUHNOX.
t^li'.r,. : I/ahbo [.I'BKUF. Ilist d(i (riocrsc de P;ins, t III
{>]). 31)J-101 df' l'rd. do 1883.
ORSCHWILLER {Ollesivilre 818, en allem. Orseh-
weiler). Com. de la Basse-Alsace, cant. et arr. de
SchlosladI. ; 7:27 hab. ; vins. A proximité, au sommet
d'une montagne, on voit les ruines imposantes du châ-
teau de HonKOF:Ni(;suLUG {caslrum Kunegesborc . 1207).
L'origine de ce château, le plus grandiose de rAlsac(\
est inconnue. Fief des ducs de Lorraine, il fut successi-
vement inféodé en LiSO aux landgraves de Werde ;
en 1267, aux seigneurs de Rathsaiiiliausen ; en V^VùO,
aux comtes d'Oettingon qui, eu -1380, le vendirent arbi-
tJ'airement au siège éj)isc(q)al de Sti'aslxuu'g. Après nm^
longue lutte entre la maison de Lorraine et les évèques
de Strasbourg, le vi(Hix manoir (q son domaine resteront
propriété de ces derniers. Tombé en \ loi- eiilr<^ les mains
d'une bande de brigands, pris et détruit par les ti'oupes
de l'évèque, le seigneur de Ribeaupierre et l'archiduc Si-
gismond, il échut à la maison d'Autriche. Reconstruit en
1480. il fut d'abord inféodé aux comtes de Thierstein et,
à partir de 1517. directement administré par la Régence
d'Autriche. En 1-533, il fut donné en gages aux seigneurs
iV} Sickingen, aux(|uels succédèrent comme feudataiVes en
1606 Rodolphe de Bollwiller et en 1617 tj'nest, comte
de Fugger. En 1633, les Suédois assiégèrent le château,
s'en emparèrent malgré la défense héroïque de Philip})e
de Lichtenau et le détruisirent. Désormais il n'est plus
(ju'une ruine qui appai'tient aujourd'hui à la ville de
Schlestadt. ' L. W.
BiiJL. : Grandii)ji:ii, Œuvres liist. iinuL, V, })p. l87-tiJ8.
— L. Spach, le Clu'ileau de IIoldiœnifjsboiD'y ; Strasbourg,
\^'^(). ~ Bull, de lu Soc. pour lu cous, des nton. lùst. en
Als., I8r)7, pp. 15 et .suiv. ; 1858, ])j). 282 et suiv. — Revue
d'Als., 18.5U, pp. 227 et suiv. — Bull, monumental 18G5,
])p. 187 et suiv. — Kirciihoff, Die Ilohkônujsbarij ; Stras-
bourg', 1878. — G. Diirr^cH, CliMeiin de Ilo'hJiœnicisboarij ;
Saintc-Marie-anx-Miues, 1882. — JohrbucJi des ' Vixjes'en.
Clubs, 1880, pp. l!)2etsu!v. — K. WiMvLr.R, Die JîohkùnUis
bnrg rom lechnisch-arcUâolof/lschen Stand pu)i]d; Coliniir,
188(i.
ORSEILLE (Indust.). L'orseille est une matière tinc-
toriale d'origine végétale dont la teinte varie du rouge
grenat au rouge violacé et au violet, t^lle s'obtient en
faisant subir à certains lichens une préparation spéciale.
La découverte de cette propriété des lichens aurait été
faite vers l'an 1300 par un Florentin. Frederico, et l'ItaHe
aurait conservé pendant plus d'un siècle le monopole de
cette fabrication en utiHsant les lichens des îles de la
Méditerranée. Cette industrie est passée depuis en France
et en Angleterre où l'on exploitait les lichens récoltés aux
îles Canaries et dans les Pyrénées, mais depuis le déve-
loppement de l'industrie des matières colorantes synthé-
tiques, les couleurs rouge et violette des lichens ont beau-
coup perdu de leur importance.
Les lichens, principalement ceux des genres Roeeella
et Lecanora, tels que le Roeeella tinctoria, le 11. fii-
siformis, le /L Montagnei, possèdent certains principes
immédiats, tels ({ue l'érythrine, l'acide lécanorique, l'acide
roccellique, la roccellinine, etc., qui, en présence de bases
comme l'ammoniaque et de l'oxygène de l'air, produisent
la matière colorante connue dans le commerce sous le
nom d'orseille, de persio, de cudbear. E'érytlirine, l'acide
lécanori((ue se dédoublent en présence des alcahs en don-
nant de Voreiue (V. ce mot), (|ue l'ammoniaque et l'air
Iransformon! eu p1usieui'sc(Huposés colorés, parmi lesqu'ds
se trouve Voreeiue l-'«»rcéine est donc l'un d^^^s principes
cU'tifs de Forseilie, mai^ il n'est pas douteux qu'à cote
de ce dernier corp^. il existe, en proportions uiriables,
dterses autres matières colorantes, rouges et \iolettes.
formées par l'action simultanée de l'air et de l'ammoniaque
caustique sur les principes incolores des lichens.
Pendant longtemps, on a produit l'orseille en réduisant
les lichens en poudre et laissant se putréfier la poudre
(il H —
OHSiai.LE — OKSEOLO
tléhiyéo ijvec rurino. Lo cai'honato (rammoniuquo rôsul-
taiit'de la putréfaction de l'urine agit sur les principes
définis contenus dans les lichens avec absorption d"eaii.
élimination d'acide carbonique et formation de matières
colorantes parmi lesquelles se trouve i'orceme. Pendant
la fermentation, on ajoute un peu de chaux qui sert à
meitre i'ammoin'a(pie en libei'té. f.es fabricants substi-
tuér(Mit à l'urine l'anunonia(pie, (pii permet de l'égier et
de graduer commodément son intei'vention en môme temps
«prelle supprime l'emploi de la chaux. Mais le perfection-
nement le ])lus important, dans cette industi'ie tout à fait
empirique, a été la séparation préalable des matières co-
lorables des lichens et leur transformation ultérieure en
matière colorée, [.es matières colorables n'imprègnent pas,
en effet, toute la plante; ils sont concentrés à la surface
sous hi forme d'une poudre grise facile à séparer par des
opérations mécaniques ou par des lavages répétés à l'eau
froide. La préparation de l'orseille se partage donc au-
jourd'hui en trois phases : la séparation des parties utiles
d'avec le ligneux par friction mécanique ou lavage, la
concentration des parties colorables et enfin la coloration.
Dans cette dernière phase, on ajoute une cjuantité déter-
minée d'alcali volatil et on abandonne au contact de l'air
dans des cuves, en remuant d'une manière continue et en
favorisant la réaction par une température convenable.
L'orseille se présente sous la forme d'une pâte rougeâtre
d'une odeur particulière, d'un goiU alcalin.
Le persio, cudbear ou indigo rouge est une espèce
commerciale d'orseille qui se fabriquait autrefois en
lù'osse, il se présente sous la forme d'une poudre violet
rougeâtre.
On trouve aussi deux préparations d'oj'seille qui con-
tiennent, dans un grand état de pureté, les principes colo-
rants de celle-ci et cpii portent les noms de carmin
(Vorseille et de pourpir frorsciUe {pourpre française).
La pourpre d'orseille est un pi'oduit remarquable par la
vivacité et la stabilité des teintes (ju elle fournit. L'orseille
servait dans l'impression et la teinture de la laine et de
la soie. Elle se fixe sur ces fd)res sans mordant en don-
nant des nuances rouge, grenat, rouge violacé, violet,
suivant la (pialité du produit, qualité qui dépend des con-
ditions de temps, de température et des proportions des
ingrédients employés dans sa fabrication. L'emploi de
Lorseille a beaucoup diminué ; l'industrie des matières
colorantes synthétiques a fourni des substituts d'orseilfe
qui l'ont en grande partie remplacée. C. Matignon.
ORS EL ( Vndré-Jacques-Victor), peintre français, né à
Oullins, pi'ès de Lyon, le 25 mai 1793, mort le Bl oct,
4850. D'abord élève de Révoil à Lyon, il suivit ensuite à
Pai'isles coui's de Guérin. qu'il accompagna à Rome quand
celui-ci y partit en '182*2 comme directeur de l'Académie
de France. Orsel y étudia les préraphaélites ; il étudia
aussi passionnément Lanticpiité et subit l'influence de
Cornélius et d'Overbeck. 11 peignit, en 1822, la Charité.
qui est à Lbôpital de Lyon ; en 1823, Moïse sauvé des
eaux; en 4821. Adam et Eve après te ineurtre iTAInd
(musée de Lyon); en 1827, un Moïse présenté à Pha-
raon, qui est également au musée de Lyon, et une Sainte
Madeleine ; et vers le même temps un Tableau votif
du choléra pour l'éghse Notre-Dame de Fourvière. Orsel
était un peintre fervent en sa foi catholi(pie. d'une grande
élévation d'âme et de pensée, mais qu'avait envahi la
froideur d'art d'Overbeck. Après le Bien et le Mal, qui
est de 1833 et qui a été gravé par Victor Yibert, il tra-
vailla de 1833 à 1838 ^à V Histoire de David el de
Hethsabée, tableau en quatre parties ; et en 1836 il com-
mença son (ruvre capitale, la décoration de la chapelle
de la Sainte-Vierge à Notre-Dame de Lorette, suite de
soixante tableaux : il ne devait pas achever ce travail
considérable qui fut terminé après sa mort par Périn. On
citera encore de lui un portrait de François /^''' peint sur
émail (1833). Etienne Brtcon.
BiRL. : (Envres diverses de Victor Orsel ( 1195-1 830) mises
en linnu;re cl itrrseith'cs i,;i r ^f. AJph. Prriu aOO plnii(Mi(^s
accompauncM^s (Vun i('\t(> cxplicniil" : Pai'is, 18r)->-7,, 'l vol.
i 11- fol.
ORSELLIQUE (Acide).
î^ \ Equiv
horm. ^ ^
(;16H4(U202)204.
Atom l7'FP(OH)2e<^2^.
Leitaùis lichens tinctoriaux du genre Lecanora ou
lioccella renferment plusieurs principes, l'érythrine. ia
picroéi'vtbrine. l'acide lécanorique. (pu sont dédoublables
en jnettant en liberté de l'acide orselliipie. C'est ainsi que
Sten bouse le découvrit en 18i8.
L'acide orsellique est un acide dioxytoluique. Il prend
naissance : 1^ quand on saponifie l'érythrine et la picro-
érythrine, qui sont l'éther diorsellique et l'éther monoor-
sellique de l'érytbrite :
C^lL'(H202)?(Ci^llW)2 4- 2H20-2 = (^«(H^O^)^'
-f 2CiW0^
Af'idc ni'^(Mli(jue
(m-^{RWf(CAHn)^) -h llH)^ == C"^H2(H202)4
l^icroôrvtliriiK} Ervllii'iic
-h cmw.
A('i(l(^ oi\selli(iue
2^ Par saponification de son propre déi'ivé éthéré, la
lécanorine ou acide diorsellique ou encore acide lécano-
rique :
C»^'lL^0«(C^*^1l«0^) ou V?n\^H)^''
On prépare le mieux cet acide en faisant bouillir de
l'érythrine avec de l'eau de baryte aussi longtemps (jue
l'acide chlorhydricpie donne un précipité dans la solution.
L'acide orsellique cristallise en prismes incolores ren-
fermant une molécule d'eau de cristallisation, solubles
dans l'eau, l'alcool, l'éther et fusibles à 176". L'eau et
les ah'alis le dédoublent en orcineet anhydride carbonique :
(]l(q|S08 ^ (]ims()i _^ CrO''.
Le perchlorure de fer colore sa solution en violet. Les
orsellates alcalins et alcalino-terreux sont solubles dans
l'eau ; ils se décomposent facilement à chaud. C. M.
BiiïL ■ Srrsiii)V^\:.A,}ii.der(l)ern.n Phnrio.A [AVIII.
H (il.
ORSENIGO (Les). Maîtres d'oeuvres milanais des xiv°
et xY'^sièdes. Simone Orsenigo, insegnerius (ingîmmw),
fut inscrit dès 1387 sur la liste des maîtres d'<ruvres de
la cathédrale de Milan, immédiatement après Marco da
Campione, qui ouvre cette liste, et alternativement, à plu-
sieurs reprises, avec N. Bon aventure de Paris. Un autre
maître de ce nom d'Ch^senigo, Paolino, fut employé en
1400, avec le titre de magisfer à lignamine (charpen-
tier), aux travaux de la même cathédrale. Ch. L.
ORSENNES. Com. du dép. de l'Indre, arr. de La
Châtre, cant. d'Aigurande; 2.302 hab.
ORSEOLO P^" (Pietro), doge de Venise, né vers 928, mort
en 997. Elu à S.Pietro di Castello le 12 août 976. après le
meurtre de Pietro (^landiano IVetlefameuxincendiede Saint-
Marc, du palais ducal et d'une grande partie de la ville,
allumé dit-on, d'après le conseil de Pietro Orseolo lui-même,
il s'en défendit publiquement, et la critique moderne est dis-
posée à le croire ; mais il n'en fut pas moins toujours en
butte à l'opposition et aux conjurations du parti des Can-
diano. Homme d'une très grande piété, d'un grand désir
de faire le bien de sa patrie, il s'appliqua à rétablir la
paix en traitant avec Gualdrade. veuve de son prédéces-
seur, et sœur du maripiis Hugues de Toscane. Cet accord
força la Républi(pie à prélever de nouveaux impôts qui,
avec les anciens, permirent au doge de jeter les fondements
de la nouvelle basilique de Saint-Marc (terminée en 1071).
C'est Orseolo encore qui négocia à Constantinople l'achat
de la fameuse Pala d'Oro. Orseolo s'attacha aussi à sou-
lager les misères humaines. 11 fonda des hôpitaux, des
refuges pour les pèlerins ; il visitait les pauvres et les
malades. Et, fatigué du pouvoir, à cinquante ans, le
1^^' sept. 978, il abandonna Venise et se renferma dans
OHSEOLO — ORSM
014 —
un monastère, où il vécut encore dix-neuf ans. Après su
mort il fut canonisé. £. Casanova.
ORSEOLO 11 (Pietro), doge de Venise, mort en 1008,
fils du précédent. Elu en 991, après la mort de TriJjuno
Alemo. 11 sut dès les premiers jours gagner Fempereur
de (^onstantinople et celui d'Occident, et jusqu'aux Sar-
rasins, que Venise avait toujours combattus. 11 traita avec
les puissants évèiiues de la Vénétie, et put en obtenir de
sérieux avantages pour le commerce de ses concitoyens.
Opendant les Narenlins. peuplade slave de la Oalmatie.
appelèrent sur eux sojî attention par leurs continuelles
pu'ateries; et il envoya contre eux une Hotte commandée
[>ar Badoario, ditBragadino. qui détruihit le nid des [lirates
de Lissa. Les Narentins survivants s'unirent aux Croates
pour assouvir leur rage sur la Dalmatie. Appelé par celle-
ci à son secouî's, Orseolo s'embarqua le jour de l'Ascen-
sion de Fan 998. 11 aborda aux îles de (^herso et d'Os-
saro, d'où il se dirigea vers la vieille Zara. qu'il occupa, ainsi
(jue S})alato, Curzola et Lagosta. Ces conquêtes abattirent
complètement les Narentins ; et Orseolo, api'ès avoir visité
de nouveau les ports dont il avait accepté Lanjiexion, s'en
revint en triomphe à Kialto. Cette expédition eut les ])lus
heureuses conséquences pour le développement de la Ré-
publique; et les Vénitiens le comprirent si bien dès les pre-
miers jours qu'ils voulurent que le doge à son titre ba])i-
iuel ajoutât celui de «Duc de Dalmatie ». et que, chaque
année, le jour de l'Ascension, il rendit visite à la mer au
Lido. cérémonie qui devint dans la suite de ])]us (mi plus
solennelle et prit, aux temps d'Alexandre Ilï et du doge
Ziani, le iiom de S/)Osaliuo (mariage de la mer). L'em-
pereur Othonliï vint incognito à l'ile de San Servolopour
faire la connaissance personnelle du doge ; de là Use rendit
à Venise même pour y traiter secrètement ses intérêts avec
cette république qui devenait si puissante. Après son départ
Orseolo conserva de très bonnes relations avec l'Empire,
(pii lui permirent en 1002, le jour de la Saint-Laurent, d'ac-
courir au secours de Bari et des auti'es villes grecques des
Fouilles, assiégées et ravagées par les Sarrasins. Il força
ceux-ci à lever le siège de Bari. De retour à Venise, les
empereurs de Constantinopîe lui envoyèrent leurs remer-
ciements et la prière de leur envoy(^r son fils Jean, auquel
ils donnèrent pour femme une princesse de leur maison.
l^es fréquentes relations de Venise avec l'Orient introdui-
sirent alors pour la première fois à Venise la peste, qui
décima la population et la famille même du doge. Orseolo,
admiré et aimé de tous, mourut a peine âgé de (puu'ante-
huit ans. E. Cxsaxova.
ORSEOLO (Ottone), nuu't en 1 032. hls du précédent. Il
devint doge de Venise en -]008, après la mort de son père
dont il suivit les traces. Par d'heureuses expéditions contre
l'évèque d'Adria et contre les Croates qui avaient de nouveau
assailli la Dalmatie. il acciait la puissan.ce de Venise. Mais si
les étrangers n'osèrent ])oint attaquer la Bépublique pen-
dant la période agitée de la guerre entre ïlenri ïï et Ardouin
d'ivrée, à l'intérieur la trop grande autoriîé de la famille
Orseolo et surtout du doge, (fui avait épousé la iiUe de
Geisa, roi de Hongrie, et avait placé sur le siège i)atriar-
cal de Grado son frère Orso, causa des trou])les. A l'ins-
tigation de rallemand Poppon, patriarche d'Aquilée. les
adversaires d'Orseolo le forcèrent à fuir eii Istrie avec soji
frère ; et Poppon, profitant de ces troubles, entra dans
Grado qu'il mit au pillage. Ce fait frappa de terreur les
Vénitiens qui rappelèrent le doge, et sous sa conduite re-
poussèrent l'ennemi et lui reprirent ce qu'il avait occupé.
Ces prouesses n^ suffirent pas à désanner les adversaires
d'Orseolo, (pii. à cause de son refus de confirmer la nomi-
nation d'un jeune homme de dix-huit ans, de la famille
Gradenigo. à révèché d'Olivolo, se soulevèrent, s'em])a-
rèrentd'Ottone, le rasèrent et l'exilèrent à Constantinopîe.
Jl eut pour successeur Dominiijue Centranico (I02()).
ORSI (Lelio). peintre italien, né à Beggi(» en llrii.
iuort à Novellara en ir>87. Admirateur du Corrègi\ donl
il étudia les œuvres avec passion, et de Michel-Angv, Orsi
exécuta dans su \ille inilule, puis à Xovellara. de nom-
breuses fresques, dont la })lu])art ont péri. Ce qui jious
est resté de cet artiste, ce sont des tableaux : une Sainte
fauiille et une Crèche, à Floi'ence ; mie Madone, à Bo-
logne ; le Christ sur la croix, à Bei'lin ; une }Jadeleii)e
repentante, à Munich. Il s"est elibrcé d'y unir les grâces
aiiuablesdn Coi'i'ège ;iii dessin énecgi({ue et puissant du
graiul Florentin. (i. C.
ORS! (Paolo). archéoh)giie italien, né à Boveredo en
1859. Il fit à Vicjnie. à ]\idoue e! à Borne <ies études ap-
proh)ndies et reçut le grade de docteur en philologie, (hi
a de loi : ta Topoijraptiie du Troitinii l'époque romaine
(Hnvereto, '1880) ; Voyage arcJiéologiijue dans les val-
l''es occidentales du Trentin ('!881) ; Découvertes ar~
chéologiques et épigraphi'ques du Treutiii (-1882). et
divers mémoires insérés dans les A'anali degli atpim'sti
T)idenlini, dans les ArcheoC Epigr, Mittheilungen de
Vienne, etc. G. C
ORSI (Pietro), érudit italien, né à Mondovi en ISOr).
Docteur es lettres et professeur d'histoire et de géographie
à Potenza, et (après des séjours à Paris et à Londres) à
Catane et à Ven.iso, il a coïlaboi'c principalement à la Hi~
vista storica itatiana et à la lievue historique. Le mé-
moire qui Fa surtout fait connaître esi intitulé L'Anna
nville (Turin, 1887).
ORSINL Célèbre famille italieime qui a eu trois papes,
plusieurs cardinaux et auirespi'élals. des hommes de guerre
et de cour iljus(res, des hommes remartpn^.bles en tout
genre, et à laqnelle. avec plus ou .noins (h' raison, préten-
dent se rattacher, à cause de sa célébrilé. de grandes fa-
milles non seulement italiennes, mais encore de l'étran-
ger, comme la maison l'égnante d'Aiihalt et les comtes de
Piosenberg. On ne peut sans témérité remonter dans l'his-
toire de cette famille plus haut «pic le x^ siècle ; nous la
trouvons alors en Piémont ou elle s'est continuée jusqu'à
la moitié du siècle présent. Cette branche, que souvent
nous voyons l'appelée par la branche de Rome dans ses
lidéicommis, fut illustre dans les anciens temps par sa no-
blesse guerrière. Ce sont ces seigneurs de Rivalta, dXlrbas-
sano et deTrana, qui, d-s l'an i08-j, se font remarquer par
leur guelfisme et liennent tète à Frédéric Barberousse lui-
même. Ce sont encore ces familles des Falconieri et des Bei'-
satori(iuenous voyonsileurir (ui Piémont et s"yé!eindre aux
derniei's sièides. Mais beaucoup plus renonnnée esta Rome,
dès Fan iOOi). la piincipale brancbe de celle famille. Elle
s"étendit dans lacam])agneromai]ie. oii l'ivale des Colonna,
par sa puissance, par ses adhérents, elle devint prépondé-
rante. Delà ses bran.ches atteignirent le royaume de Naples,
la Toscane. Ces! ainsi qsi'en nous bornant aux principaux
do ses titres, nous voyons les membres de cette famille,
seigneurs de 31onterotondo, comtes do Xola, de PitigHano.
de Manu])ello, de Lecce.ducs deBracciano, de Gravina, de
Venosa, princes de Tarente, etc. Les papes de cette famille
ont été Gélestin 111, Nicolas îïï, Benoit XllI. Jusqu'aux
plus lointaines cours, on retrouve leurs traces; et la fa-
meuse princesse des Frsins, et les Orsini de Paris en sont
la preuve. Malgré cette grande expansion, cette réputa-
tion Tuiiverselle, cette famille ne doit pas être confondue
avec les centaines d'autres familles italiennes (jui portent
le même nom, pourlasimpleraison que celui-ci, comme tous
les dérivés de Orso, était très répandu aux temps anciens
dans la péninsule, soit dans les noms de personnes, soit dans
ceux des localités.
La fortune de la branche romahie remonte à un neveu
du pape Célestin Kl, dont le petit-fils Matteo liosso.
noniiné sénateur de Rome par Grégoire IX (iMA), gou-
verna durant la vacance du Saint-Siège t|ui suivit la mort
du pape et combattit avec acharnement Frédéric IL —
Son fils, Giovanni Gaetani, devint pape sous le nom de
Nicolas ÎH (V. ce nom). C'est de ses fils que descendent
les irois lignées des Orsini romains. La plus jeune, issue
de \a])oleone, existe encore à Rome; elle ac([uit le titre
de comte avec Fraacesco en 1F17; celui de duc de Gra-
— 615
OK^im — 0RSêNNF]TTE
vina avec son lils Jacopo (1463), de prince d'empire avec
Beroald (4721), enfin de prince romain.
Les plus célèijres membres de la famille des Orsini sont,
en dehors de la princesse des Vrsins (V. ce nom) :
Virginio, seigneur de Bracciano. mort le 18 janv.
l'iOT, fameux condottiere qui servit Sixte ÏY contre Fer-
rare, battit les Napolitains à Campo Morto (1482), servit
le roi de Xa])les contre Charles VIIL puis ce dernier
({{%). et fut pris à Atella.
Niccolo, comte de Pctigliano, né en J4i2, mort à Lo-
nigo en lolO, général du parti angevin qui combattit
contre Naples, Sienne, Sixte ÏV, Florence, Venise,
('apitaine général de l'armée vénitienne contre la Ligue
de Cam])rai, il reprit et défendit victorieusement Padoue.
Paolo-Giordano, né en 1541, mort à Salo en 1585.
Créé duc de Bracciano par Pie IV (1560), il commanda
les troupes rassemblées par Paul IV contre les Turcs
(15Ô6). Comme il avait tué le neveu de Sixte-(]uint, pre-
mier mari de Vittoria Accoramboni, il dut quitter Rome
à l'avènement de ce pape.
Vincenzo-Maria, devenu pape sous le nom de Be-
noit XIII (V. ce nom),
ORSINI (Felice), révolutionnaire italien, né à Meldola,
dans les Romagnes, en déc. 1819. mort sur l'écliafaud à
Paris le 13 mearsl858. Fils d'un ancien officier du royaume
d'Italie, Orsini fut élevé à Imola par un oncle paternel et
termina ses études à l'Université de Bologne. Là, il ne
tarda pas à prendre part aux conspirations contre le gou-
vernement pontifical. Arrêté en même temps que son père,
le 1^'^' mai 1844, il fut condamné aux galères à vie. Am-
nistié à l'avènement de Pie IX, il passa en Toscane. En
i8i8, capitaine dans la légion des volontaires romains
qui allèrent combattre en Vénétie,il se distingua par son
intrépidité à la journée de Mestre (27 oct.). Député de
Forli à la Constituante romaine (févr. 1849), il fut en-
voyé à Ancône pour y rétablir la sécurité publique : il
s'en acquitta avec une énergie (jui lui fit grand honneur.
La chute de la République rendit Orsini à la vie do cons-
piration. Mazzini le chargea de plusieurs tentatives insur-
rectionnelles, qui échouèrent toutes misérablement: affaires
de Sarzane (2 sept. 1853), de la Magra (10 mai 1854),
de la Valteline (juin-août 1854). Une mission périlleuse
à Milan (oct. 1854) n'eut pas plus de succès. Las de la
direction de Mazzini, Orsini résolut de s'en affranchir. De
vagues projets le conduisirent en Autriche et jusqu'en
Transylvanie. Arrêté à Hermanstadt (17 déc. 1854), il
fut ramené à Vienne (17 janv. 1855) et, après un com-
mencement d'instruction, transféré au château de San
Giorgio àMantoue (27 mars). Au bout d'un an, avant que
la sentence fût prononcée, il réussit à accomplir la plus
audacieuse évasion (30 mars 1856). Il se rendit à Londres
(26 mai). Mazzini lui fit aussitôt de nouvelles ouvertures,
mais Orsini n'avait plus confiance en lui. Le prophète de
Dieu et Peuple lui apparaissait alors comme un illuminé,
dont le despotisme était funeste à la cause italienne. Il se
mit à faire, dans différentes villes d'Angleterre, des lec-
tures sur la papauté et la nécessité de faire cesser l'inter-
vention étrangère dans les Etats romains. Il refusa dépar-
tager le produit de ses lectures avec le comité mazzinien.
L'entourage du chef ne lui épargna pas les calomnies. La
rupture devint complète entre Orsini et Mazzini (nov. 1 856) .
Le 31 mars 1857, Orsini écrivit à Cavour pour se mettre
à la disposition du gouvernement sarde dans le cas où
celui-ci serait décidé à commencer la lutte de l'indépen-
dance. Cavour, tout en admirant sa lettre, ne lui répon-
dit pas. Orsini fit traduire en anglais ses Mémoires et les
publia en deux parties, sous les titres de Austrian Dun-
geons in Italg et de Memoirs and Adventures (mai 1 857) .
Ij'îtalia del Popolo, de Gènes, organe officiel de Mazzini,
attaqua violemment ces publications en traitant leur auteur
d'ingrat et d'apostat. Au même moment, Ausonio Franchi
(V. ce nom), dans la Ragione de Turin, soutenait contre
Mazzini une polémique très vive. Orsini. sans le connaître.
rendant hommage à ses principes de liberté vraie, lui écri-
vit pour lui proposer de faire de la llagione le centre et
l'organe du parti républicain pur. Ausonio, après s'être
assuré qu'il ne s'agirait pour Inique de propagande paci-
fique, accueillit sa proposition. Une jorrespondance suivie
s'établit entre eux. Orsini envoya à Ausonio le manuscrit
itaUen de ses Mémoires en lui confiant le soin de les pu-
blier. Il lui faisait espérer des fonds pour la transforma-
tion de la Ragione, qui était hebdomadaire. Mais, à par-
tir du 16 nov. , les lettres d'Ausonio restèrent sans réponses .
Celui-ci se décida pourtant à faire paraître quotidienne-
ment la Ragione (15 déc). Il ne savait plus que penser
du silence d'Orsini, lorsqu'une dépêche apporta la nouvelle
de l'attentat du 1 4 janv. 1858. — Tout en s'occupant d'or-
ganiser la propagande pacifique, Orsini n'avait pas renoncé
pour sa part à l'action violente. Reprochant à Mazzini de
s'agiter vainement et de compromettre les patriotes les
plus ardents sans payer de sa personne, il s'était proposé,
lui, de frapper personnellement un coup qu'il croyait déci-
sif. Persuadé que la mort do Napoléon III amènerait une
révolution en France, et par contre-coup en Italie, il
avait mûri le projet de faire disparaître celui qui, en res-
taurant le pape à Rome, lui semblait avoir arrêté le cours
de la révolution itaHenne. Il voulait d'abord agir seul,
mais il fut obligé de s'adjoindre trois aides : Pieri, Rudio
et Gomez. Arrivé à Paris le 12 déc, avec un passeport
anglais au nom de Thomas Allsop, il se logea rue Mon-
thabor, n° 10. Ses complices le rejoignirent successive-
ment. Il avait fait fabriquer en Angleterre, comme pré-
tendus appareils pour des expériences de gaz, des bombes
qu'il chargea avec du fulminate de mercure. Le 14 janv.,
l'empereur et l'impératrice devant aller à l'Opéra, il se
posta avec ses compagnons dans la rue Lepelletier, en face
dutliéâtre. Pieri, reconnu par des agents, fut arrêté avant
d'avoir jeté la bombe dont il était porteur. Gomez lança
la première, Rudio la seconde, Orsini la troisième. On
connaît les horribles conséc|uences de la triple explosion,
qui fit tant de victimes sans atteindre celui que visait Fat-
tentat. Orsini lui-même fut blessé. Gomez fut arrêté presque
aussitôt, Rudio et Orsini le furent dans la nuit. Ils pas-
sèrent tous les quatre en cour d'assises les 25 et 26 févr.
Ils avaient fait des aveux. Orsini revendiqua pour lui la res-
ponsabilité de l'initiative. Jules Favre, qui le défendait,
donna lecture, avec l'autorisation du destinataire, d'une
lettre qu'Orsini avait adressée de Mazas, le 11 févr., à
l'empereur des Français, pour lui recommander la cause
de l'indépendance de l'Italie. Cette lettre, émouvante et
très digne, ne fut peut-être pas sans influence sur les évé-
nements de 1859. Orsini, Pieri et Rudio furent condam-
nés à mort, Gomez aux travaux forcés à perpétuité. Rudio
eut sa peine commuée. Le 11 mars, Orsini adressa à la
jeunesse italienne une lettre dans laquelle il condamnait
ouvertement le meurtre politique et donnait la pratique
des vertus civicjues comme le seul moyen d'affranchir l'Ita-
lie. Orsini et Pieri furent exécutés le 13 mars sur la place
do la Roquette. En marchant à l'échafaud, Pieri, très su-
rexcité, entonna léchant des Girondins. Orsini, très calme,
ne rompit le silence qu'au dernier moment pour crier :
Vive l'Italie ! Vive la France ! — Orsini laissait deux filles
en bas âge, qui habitaient Nice avec leur mère.
Félix Henneguy.
BuvL. : Me)iioriepolitlc!ie dl Fi:ligk ORf^iNi scritte do.
lui medesirao e dcdlado idla (lioventù lUdiana, 2'' ediz.
cUunentiUii dlun' Appendice per Ausonio Franchi; Turin,
mars 185«. iii-12
ORSINVAL. Com. du dép. du Nord, arr. d'Avesnes,
cant. (0.) du Quesnoy; 420 hab.
ORSK. Ville de Russie, gouv. et à 244 kil. d'Oren-
bourg, sur la r. dr. de l'Oural, en face l'embouchure de
l'Or; 20.990 hab. (en 1891). 2 églises et 2 mosquées.
Ancienne place forte. Reaucoup d'usines (fondoirs de suif
et tanneries).
ORSON NETTE. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr.
d'issoire, cant. de Saint-Germain-Lembron ; 301 hab.
OHSOXMLLE ~ OKTEIL
H46 —
ORSONVILLE.Coni. Ju dép. <lo Scino-pr-Oisp. niT. tl^
Rambouillet, canl. (S.) rlo Dourdaii; (Vl\ liai).
ORSOVA. Ville de Hongrie, comitat de Krasso-
Sziereiiy. sui' la rive i>auclie du Danube, près de Tembou-
chiire de la ('serna; '1.600 hab. C'est un point im-
portant de la navigation fluviale du Danube et U) lieu de
ponction des voies terrées magyares (vers Temesvai') et
l'oumaines (vers V'erciorova). — A4 kil. en aval se trouve
la \(nweUe-0}'S()V(i, forteresse bâtie dans Tilot (VAihi-
Kalch. Enlevée aux Turcs par les Autrichiens en H 18,
re{)rise par eux après un siège d'un mois le 15 août 1738,
elle leur demeura jusqu'en 1878. Lors de l'évacuation
des places serbes en 1867. ils la gardèrent. Le traité
deSanStefano en ayant stipulé Tévaciiation, ils la remirent
aux Hongrois le 25 mai 1878.
ORSZA. Ville de gouv. de Mobilev, sur le Dniepr ;
6.200 hab. (en 1891); 9 églises. Forteresse citée dés
1116.
ORSTED (V. Œrstko).
ORT. Ancienne monnaie d'Allemagne et de Scandinavie,
valant le quart de l'unité, soit pour les liquides le quart
de la canne (Hanovre, 0^2434; Frise, 0^ 446); en poids,
elle valait en Suède (Jusqu'en 1861) le quart du kvintin,
soit 977 gr. (monnaie, 919). Comme monnaie, c'était gé-
néralement le quart du thaler, gulden ou florin.
ORTA (Lacd'). Lac d'Italie, prov. de Xovare, ancien
Idcm Cmim, à 290 m. d'alt. ; 1.760 hect., 12 kil. de
long sur 2 de large, s'épanchant au N. par la Stroma
dans le lac iVlajeur. Il renferme l'ilot SanGiulio avec cha-
pelle fondée, dit-on, par saint Julius en 376 (?). et ruines
du château ou se réfugia Bérenger T^'" que l'empereur
Otton y assiégea (962). Le long du riveage oriental est le
pittoresque village d'Orta dominé par le Sacra Mante
(pèlerinage, église et 18 chapelles).
ORTA^Bento Sanches d') (V. Douta).
ORTA ou HUERTA (Garcia de), de son nom latinisé <'z/?
Harta, médecin et botaniste portugais du xvi° siècle. Il
fut pendant plus de trente ans médecin du vice-roi des
Indes à Goa, où il créa un jardin botanique. H a publié
un ouvrage sur les plantes médicinales des Indes, presque
introuvable aujourd'hui ; il est rédigé sous forme de dia-
logue ; l'édition portugaise est de Goa (1563, in- 4); la
traduction latine : Aramaiiun et slmplicium aliquat me-
dicaminum apud In(la,i nascentium liistaria . . . , a eu un
grand nombre d'éditions à Anvers, de 1567 à 1605. H
existe une traduction française : lU^taire des draijnes...
(Lyon, 1619, in-8). D'' L.' Hx.
ORTA (Bernardo de), miniaturiste espagnol, établi à
Séville au cours du xvi*^ siôcle. Il y exécuta les enlu-
miiuu'es des livres de chœur de la cathédrale, notamment
le Sanctaral et le Damimcal, Os ouvrages, d'une exécu-
tion particulièrement remanjuable. datenl de l'année 1510
environ. L'artiste avait formé à Séville tout un groupe
d'élèves enlumineurs, parmi lesquels figure son fils Diega
de Orla. qui. vers 1555. travailla également à décorer,
pour la catbédrale, des livres de chœur, tels (]ue ceux
qui sont en usage aux fêtes de saint Pierre et de la
Trinité, ainsi que le nouvel office divin, terminé en 1575.
Il eut pour aides dans ces derniers travaux deux de ses
frèi'es.
BriJL. : Ceau Hkumudv.a. Dcscripcion iirtlstiCfi de la
rnlhedralde Sevilla ; Madrid. 1801
ORTAFEA.Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, arr.
de Perpignan, cant. de Thuir; 592 hab, Stat. du chem.
de fer du Midi.
ORTALE. Com. du dép. de la ('orse, arr. de Corte. cant.
de Valle-d'Alesani; 277 hub.
ORTE (lat. Hartanutn). Ville dTtalie, pi'ov. de Rome,
r. dr. du Tibre, au confluent de la Nera; 3.000 hab.
Bifurcation des lignes de Rome à Florence et Ancône.
ORTEGA (Juan de), mathématicien espagnol du com-
mencement du xvT^' siècle. H appartenait à Tordre des
Dominicains et publia en 1512 à Barcelone uik^ ùnupa^
sician de ta arte de la arisinetica ij juataaievtede (/eo-
nietria, qui fut plusieurs fois rééditée et traduite, notam-
ment en français, sous le nom de Jea)i de Lartie (Lvon,
1515). On a paiticrdièrement signale dan^ cet ouvr-i-^e
de r(^mcii'!piables approximations (le ra( ines carrées.
ORTEGA (Erancisco de), sculpteur espagnol, élabli à
Séville au connnencement du xvf*^ siècle. Fils du sculpleur
sur b(Ms Uernarda de Ortega. dont il avait été l'élève.
iM'ancisco fut à son tour le maître de }]ernardina et de
Xafria de Ortega. ses (ils. Toute cette famille d'artistes
fut pi'incipalement employée, à la cathédrale, aux décora-
lions sculpturales, de style gothique, du grand retable.
Erancisco dès 1509. et ses fils jus(pi'en 1555. Francisco
fut égalenu'nt chargé par le chapitre de l'éparer. en 1522
et en 1525, les stalles du clupur, dues aux sculpteurs
Xufro Sanchez et Dancart ou Dansaei't. P. L.
BiuL : Ccaii Bv.iiMUDi:/.. Dcsci'ipclon de In calhedral de
SevAUa: Madrid. 1801.
ORTEGO Y Vereda (Francisco), peintre espagnol con-
temporain, né à Madrid et élève des cours de l'académie
de San Fernando A l'exposition de 1864, il présenta :
ta Mart de Ctiristoplie Colamt), son plus important ou-
vrage, (|ui fut ac(piis par l'I'^tat et fait aujourdTiui partie
du musée d'art moderne. Oji cite encoi'e de l'artiste divers
tableaux de genre : Cii Vradiijieax Maijicien ; des )lu-
eli'ielias jouant à ta f)risiiue ; mais ce cpii a donne le
plus de j'éputation à l'artiste, ce sont les dessins el illus-
tj'ations en ti'ès grand lunubre ipi'il a exécutés poui' diverses
publications littéraires et périodi(pies. Ses cai'icatui'<s.
])arues dans le Musée universel, le Gil Blas, le Moinus.
le Grelot, etc., ofit largement contribué, en Lspagne. à
rendre le nom d'Ortego populaire. P. L.
l^iiîL. : Os'^ORio \ i^iaixAR. (kileria hioijntjien de a r-
[isUis espaiioles: M'AiWii\, 18(i<S
ORTEIL (Anat. et Path.). Les orteils sont au pied les
représentants des doigts (V. ce mot) de la main. Ils sont
plus courts que les doigts et légèrement recourbés en bas,
sauf le gros orteil qui est plus volumineux que le pou te
et présente une direction rectiligne. Ils ont la même cons-
titution que les doigts et comprennent trois articles : la
phalange, la phalangine, la phalangette : la première ar-
ticulée par énarthrose avec le métatarsien correspondant,
les autres s'articulant entre elles par des articulations
trochléennes. Le gros orteil n'a que deux articles, mais
son articulation métatarso-phalangienne présente deux
gros os sésamoides fort importants. Ce s([uelette est re-
couvert par la peau; à la face plantaire, elle est doublée
de graisse, surtout au niveau de la phalangette. A la face
dorsale, sous la peau, on trouve une aponévrose lamel-
leuse au-dessous de laquelle s'étalent les tendons de Fex-
tenseur commun. A la face plantaire, l'aponévrose plan-
taire, après sa division en languettes, forme avec le
squelette des gaines dans lesquelles glissent les tendons
du long fléchisseur et ceux du court fléchisseur. A la base
de la première phalange du gros oi'teil s'attachent le
court abducteur, le court fléchisseur, l'adducteur oblique
et le transverse; à la base de la première phalange du
petit orteil, le court abducteur, le court fléchisseur et le
troisième interosseux palmaire ; les interosseux palmaires
et dorsaux, les lombricaux se fixent à la base des pre-
mières phalanges des autres orteils. Deux systèmes vas-
culaires venant l'un, le dorsal, de la pédieuse, l'autre, le
plantaire, de l'arcade plantaire donnent des branches in-
termétatarsiennes qui, arrivées à l'espace interdigital, se
divisent en deux branches pour les orteils entre lesquels
elles se trouvent, constituant le système artériel des or-
teils; les veines sont surtout abondantes au dos du pied.
Les lymphati({ues qui suivent le trajet d^s veines vont
indirectement aux ganglions cruraux. Des nerfs venus du
tibial antérieur, des saphènes sur le dos du pied, du tibial
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()HTI:ïL — OIITIIEZ
postérieur à la pliuilp. forment aux orteils les nerfs roi-
latéraux.
j.es orteils peuvent être le siège do (raiimatismes plus
ou moins profonds : piqûres, coupures, contusions, écra-
sements. On y observe aussi des fractures et des luxa-
tions parnii lescjuelles la luxation de la première phalange
du gros orteil est à remarquer. La peau est le siège fré-
(fuent d'excroissances épidermiques a])pelées cors, d"épais-
sissements du dei-me (oignons), sous ]es(juels on tnaive
souvent une bourse séreuse. Les orleils sont facilement
atteints de congélation et de gangrène atliéromateuse ou
diabétique ; ils présentent souvent une sueur fétide abon-
dante qui macère l'épidcrme et peut donner lieu à des
ulcérations. Les lymphangites, les phlegmons circonscrits
(panaris) y sont moins fréquents (pi'à la maiji. Consécu-
tivement à la cicatrisation de phlegmons profoîids ou pai'
des irritations dues à de mauvaises chaussures, on ])eut
observer des déviations en haut ou en bas souvent fort
gênantes pour la marche. Des déviations caractéristiques
s'observent aussi dans certaines formes de rhumatisme et
dans quelques affections nerveuses. Le gros orteil peut
présenter une déviation en debors qui le coucbe plus ou
moins sur la face dorsale des autres orteils et qui est due
à une saillie anormale acctuise par irritation de la tète du
[premier métatarsien : c'est LbaHux valgus que Ton gué-
rit parla résection de cette tète. Congénitalement les or-
teils peuvent être réunis par des palmures plus ou moins
étendues; d'autres fois, on observe des orteils surnumé-
raires et plus fréquemment encore l'absence d'un ou de
plusieurs orteils. D. S. Morer.
ORTELIUS (A.),géog.beIge(Y. Olvma [1027-1508]).
ORTELL (Abraham) '(V. OErtel).
ORTH (Auguste), architecte allemand, né à Mindbau-
sen (Brunswick) le 25juil. dS'^S. Elève de St(nrk(\. ce
nom), et lauréat de l'Académie d'architecture de Berlin,
Auguste Ortb se révéla par la construction à Berlin, vers
1860, pour le roi Frédéric-Guillaume IV, de Léglise go-
tliique du Sion, ensuite il fut attaché comme architecte aux
travaux des chemins de fer du Nord de TAllemagne, en
même temps qu'il devenait conseiller, puis professeur
à l'Académie d'architecture de Berlin et membre de
l'Académie des beaux-arts de cette ville. On doit à cet
architecte, entre autres oeuvres, les abattoirs de Ber-
lin, les plans d'agrandissement de la ville de Strasbourg,
l'église de Pyrmont (\Yaldeck), et le château d'ibiro'w
(Bohême).
ORTH AGORAS, historien grec du n'' siècle. Il est cité
par les écrivains anciens comuic auteur d'un ouvrage où
il donnait des renseignements sur Flnde et sur la mer
Bouge. Connue son nom est joint à celui d'Onésicrite, il
est probable qu'il était son contemporain, et ([u'il fit.
comme lui, partie de l'expédition commandée parNéarque.
Il ne reste rien de lui.
0RTHA60RAS de Sicvone. qui vivait au \ii<" siècle
av. L-C, devint, de cuisiniei' ({u'il était, tvran de sa ville
natale (66^). Aristote {Polit., V, 9. 21) vante; la modé-
ration et le respect de la légabté dont fit preuve cette
dynastie. Il était de race ionienne et renversa rarislocratie
dorienne avec l'aide de la population indigène (V. Sycjoxe).
Ses descendants, les OrthagoHdes .se maintinrent un
siècle : son fds Myron, puis Aristonyme, enfin Clisthène
(t 560), fameux pour ses richesses et ennemi mortel des
Doriens et d'Argos. qui fut le dernier des Oi'thagorides.
Sa fille Agariste épousa l'Athénien Mégaclès,' de la
famille des Alcméonides (V. Ceisthène)
ORTHAGORIDES (V. Ohtiugorâs).
ORTHE. Petit pays de Gascogne, compris aujourd'hui
dans le dép. des Landes (cant. de Peyrehorade et de
Pouillon) et borné par le gave de Pau. l'Adour, le Luy,
le Bassec et le pays deChalosse ; les localités d'Hasthigues
et OEyregrave. situées au delà du gave de Pau, en fai-
saient en outre partie. Ce fut, dux*^'siècle àlaBévolution,
une vicomte relevant de la vicomte de Béarn et apparte-
nant à la familh^ d" Vspremonl. La capitale fut d'aboi-d
Orthevielle, puis Peyrehorade que dominent encore au-
jourd'hui les runies du château seigneurial; à Cagnotte
était uue abbaye ou les vicomtes avaient leur sépulture.
BinL : OiïiKN\VRT. XotKui ittnusqur Vu'iconur ; Ppa-?-.
1 •-'<'..'). 1 IL iii-'^
ORTHE (L'). lîivièj-e du dép. de la Minjeiiiie (W ce
mot, t. XXBI, p. 15;}).
ORTHE (Adrien u' Vs^isemont. vicouile d'). né au châ-
teau d'Aspi-emont, près Peyrehorade (Landes), mort à
Peyrehorade en Io78. Gouverneur de Bayoïnie sous
Charles IX. il est célèbre pour avoir refusé d'obéir aux
lettres du roi, (|ui lui ordonnait d'imiter à Bayonne le
massacre de la Saint-Bar! hélemy. Agrippa d'Aubigné lui
a prêté à ce sujet une très belle letti'e. dans lacpielle il
déclaj'e n'avoir li'ouvé autour de lui « que des soldats,
et pas un bourreau ». Malheureusement, cette lettre est
presque entièrement de l'invention de d'Aubigné.
BiiiL. : Bull. Jiisf. (luprolvst. fronc.. t. 1, pp. 20X et H<^.
— 'I'amizry d1', I.ARROcoui:, Lcttrcs ii)('(i. (ht ricomlc
(]'Orth('.l^^-i — iy\vv.u.s\:.Hi-^t. vulr. U\[. do. Rohlpi.î.III.
1). :r.i.
ORTHEVIELLE. Com. du dép. des Landes, arr. de
Dax, cant. de Peyrehorade; 730 liab. Slat. du chem. de
fer du x\lidi.
ORTHEZ. Ch.-l. d'arr. du dép. des Basses-Pyiénées,
sur la rive droite du gave de Pau; 6.210 hab. Stat. du
chem. de fer du Midi. Nombreux couvents. Eglise réformée
consistoriale ; église lihre protestante ; bibliothèque pu-
blique; observatoire météorologique; hospice; orphelinat
protestant ; asile protestant de vieillards. Carrières de
marbre et de pierre ; tanneries et mégisseries ; papeteries ;
fonderie de fonte ; teintureries ; cloutei'ies ; fabrique de
chocolat ; préparation de jambons dits de Bayonne, de confits
d'oie, de conserves abmentaires ; fabrique d'espadrilles,
de tissus de nouveautés, de toiles écrues. Connnerce de
jambons, de cuirs, de chaux, de blé.
Orthez faisait partie au début du moyen âge de la vi-
comte de Dax ; Gaston VI le Bon, vicomte de Béarn.
l'acquit à la fin du xii*^ siècle, Gaston VII y fit bâtir, en
l^i'^, le château qui devint la principale résidence des vi-
comtes de Béarn. La Béforme fit de rapides progrès à
Orthez dès le début du xvi^ siècle, et Jeanne d'Albret y
fonda une université calviniste ou enseigna pendant quel-
que temps Théodore de Bèze. En 1569, Terride y fut
envoyé par Charles IX pour rétablir le culte catholique,
mais il fut bientôt obligé de s'enfermer dans la place
pour s'y défendre. Montgommery l'attaqua et emporta
la ville d'assaut dès son arrivée." Orthez demeura depuis
lors un centre protestant, et ses habitants s'opposèrent
longtemps à la réunion du Béarn à la Erance. En 1684,
l'intendant Eoucault fut envoyé par Louis XIV pour con-
vertir la ville, mais il n"(»blinl que des succès apparents.
Le 27 févr. 1814, le maréchal Soult fut battu près de la
ville par l'armée anglo-hispano-porlugaise de Wellington
et se retira sur Saint-Sever.
Le monument le plus curieux d'Orthez est le donjon
(mon. hist.) du xiii« siècle, la tour de Moncade, qui sub-
siste seul de l'ancien château des vicomtes de Béarn ; c'est
une construction pentagonale, dont trois faces sont rec-
tangulaires, tandis que les deux autres forment en avant
une sorte d'éperon aigu. On distingue encore çà et là aux
environs de la tour des vestiges des trois enceintes qui
défendaient le château. Quelques restes des anciens rem-
parts de la ville sont encore debout. Le gave est franchi
par un très curieux pont (mon. hist.) du xiv^ siècle, à
trois arches en tiers point de largeurs inégales. Au centre
s'élève une tour percée à sa base d'un passage voiité, et
éclairée d'une fenêtre donnant sur le gave et nommée fe-
nêtre des prêtres parce que, d'après une légende, du reste
controuvée, Montgommery aurait contraint les prêtres et
les moines de la ville à se jeter de là dans la rivière.
ORTHi:Z — OKTHOGfJAPHE
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î'^glise de la fin du xii^ siècle, avec addilions des xiv^' et
xv^ siècles, siirmoiUée d'une llèche moderne.
ORTHIS (Paléont.). Genre de Brachiopodes fossiles,
type de la famille des O/'thisidœ, qui présente les carac-
tères suivants: coquille plus ou moins déprimée, arrondie
ou allongée transversalement, à bord cai-dinal long. Une
area sui' chaque valve, Ouverture da crocliet présente ou
absente; généralement sous le crochet on trouve une fente
triangulaire souvent recouverte d'un pseudo-deltidiuin.
Valve ventrale à deux dents cardinales bien développées,
se logeant dans deux dépressions correspondantes de la
\alve dorsale, entre lesquelles est un prolongement car-
dinal dentiforme avec deux appendices (dits cruraux) qui
portent les bras. Impressions musculaires très marquées.
Coquille à structure ponctuée. Le genre Orthis est du
dévonien. Les genres Bilobiles, Platyslrophia, Mystro-
phora, Orthisinn, Streplorhynchv.s, Strophonieva,
Lepiœna, Drwidsonia, etc., font partie de cette famille
et s'étendent du silurien au calcaire carbonifère : quel-
ques Leptœna ont survécu jusqu'au lias inférieur (V. Bra-
chiopodes, § Paléontologie). C. Trt.
ORTHITE (Miner.) (V. Eiidote).
ORTHOBORATE (V. Borioie lAcideT).
ORTHOCENTRE (Géom.). On appelle ainsi, dans la
géométrie récente, le point de concours des trois luiuteurs
d'un triangle. Lors(jU(* k^s quritre har-teui'sirun lélj'a<\1re
se rencontrent en unmèuie point, on appelle aussi ce [)oint
l'orlhocenlre du tétraèdre, et Ton dit que ce dernier est
oi'tiiocentrique. On a aussi a})pelô gi-oupe oi'thocentrique
de quatre points dans un plan, A.B.C.I). un système
tel que la droite qui joint deux d'entre eux est perpendi-
culaire à celle qui jouit les deux autres. 11 e^t formé par
les trois sommets d'un triangle \V)(] et par son oilho-
c(4itre D. De mèuic les (puitre sommets A.B.O.l). d'un
!élraè(h'e orthocentriijue et son orlhocentre 11 foj'ment un
groupe orthocentrique de cinq points A.B,O.D,II, tels que
la droite qui joint deux quelconques d'entre eux est per-
pendiculaire au plan des trois auti'es.
ORTHOCERAS (Paléont.). Genre de Céphalopodes fos-
siles, du groupe des Naulilides (V. ce mot), type d'une
importante famille qui a pour caractère essentiel une co-
(juiile droite ou faiblement arquée et que l'on peut consi-
dérer comme le type primitif des Nautilides. Dans cette
famille, les genres à ouverture simple, non rétrécie, sont
les plus nombreux ; tels sont: PlJoreras. Orthoccras,Go-
nioceras, Bactriies, etc. Un seul genre (Goinplioceras)
a l'ouverture rétrécie ou composée. Cette famille est très
ancienne, car elle s'étend du cambrien (Piloceras, OrtJio-
reras) au trias oti elle s'éteint, ayant son ])lus grand dé-
veloppement dans le silurien {Endoceras, Orthoceras).
Le genre OrUioreras est le plus répandu, surtout dans
le siluri(Mi du nord des deux continents. Il présente les ca-
ractères suivants : coquille droite, en cône allo])gé, à coupe
circulaire, rarement elliptique ou triangulaire. Cloisons
concaves, simples. Siphon central, sub-central. excentiique
ou submarginal, en forme de tube cylindrique ou de collier
de perles. Dernière loge grande. Ouvertui'e simple à bords
minces, déforme variable. Ce genre, qui compreml près de
i.'^OO espèces, a été subdivisé en un grand nombre de
sous-genres. Comme représentant des Ortbocères propre-
jnent dits, nous citerons Orthoco'as coclilealum du silu-
rien supérieur du Gothland, remarquable pai' son siphon
épais, en colUer de perles, que laisse souvent à nu la co-
(juille brisée. Actinoceras, dont on a figuré le siphon, est
un autre sous-genre (V. Actixoceuas). E. Trouessart.
ORTHOCHROMATISiVlE (Phot.) (Y. Photographie) .
ORTHOCLASE (Miner.). Syn.d'Or//iavc(V.EELDSPATH).
ORTHODOXIE. On appelle orthodoxe celui qui n'en-
seigne rien qui ne soit conforme à la doctrine de l'Eghse.
En conséquence, l'orthodoxie est la conformité d'une opi-
nion avec cette règle de foi (V. Dogme). Le contraire est
désigné sous le nom dliélerodoxie ou plus communément
{^ hérésie (V. ce mot). En fait, il y a autant d'orthodoxies
que d'Eghses différentes. Se plaçant au point de vue de
l'antiquité et de l'aniversaiité, l'Eglise grecque revendique
le privilège exclusif de l'orthodoxie et se donne le titre
d'EoLiSE ORTHODOXE. Daus une certaine mesure, elle jus-
tifie cette prétention, en excluant des règles de sa foi
tout ce que l'Eglise latine a ajouté aux définitions et aux
décisions des sept ])rem.iers conciles œcuméniques, les seuls
(|ui aient représenté toute l'Eglise catholique. L.-H.V.
ORTHODROiVIÎE (Navig.). Vieux uiot, qui servait à
dé>5igner la ligne lapins courte suivie par un navire pour
se l'endre d'un poin! à un autre. Cette ligne se confond
avec l'arc de grand cercle ou, plus rigoureusement, avec
l'arc d(^ Id ligne géodésique unissant les deux points
(V. Arc. !. ]\l p, 003. et Navica'iiox. t. XXTV, p. 87^2).
ORTHOGNATHISME (V. PRooxAinfSME).
ORTHOGONAL (Math.). En géomctrie, cette expi'ession
équivaui eu généi'al à perpcjidiculain^ ou rectangulaire.
Ainsi on dit qu'un système de coordonnées est ortho-
gonal lorsque cha(pie axe est perpendiculaire sur l'autre,
ou sur les deux autres ; qu'une projection est orthogonale
quand elle se fait en abaissant de clnupie point une per-
pendiculaire sur le plan de projeiqion.Lorsipie trois familles
de surfaces variables sont telles (ju'en chaque point com-
mun les plans iangcnîs sont perpendiculaires deux à deux.
de manièri^ à foi'mer un ti'ièdre trireclangle. on dit que
ces surfaces Ibi-menl un système triplement orthogonal.
Les formules linéaires (jui peimetteiil de passer d'un sys-
tème oî'ihogonai ôe coordomiées ù un autre système or-
thogonal de mèiue origine constituent une substitution (|ui.
eu raison de son origine, a reçu le nom d'orthogonale:
e' pai^ extensio)). on a tînalifié de la mèiUe mauière lIgs
sui)Stitulious linéaires (jui présentent des propriétés algé-
hriipu^s analogues et (jui représenleut, si Ton veut, des
transformations de coordonnées permettant de passer d'un
systèiue orthogonal à un autre, dans des espaces à plus
de trois dimensions. C'est une manière commode d'expri-
mer, avec un laîjgage géométri(jue, des propriétés pure-
ment analytiques, mais qu'il serait plus long et plus com-
pliqué d'énoncer autrement. C.-A. Laisaxt.
Trajectoires orthogonales. On appelle trajectoires
orthogonales d'une Famille de courbes, une autre famille
de courbes (pai coupent celles-ci partout à angle droit.
L'é(|uation d'une famille de courbes étant /'(-r, ?/, v) = 0
toutes ces courbes satisfont à une mèii'e équation
rentielle (pu» l'on (»blient eu éliminant a entr
sa dérivée
(Iv
f--
diffe-
:0 et
.•/,)
Nmt
:0,
mz + \Sdy
le résultat de l'élimination
Mdy — Mx =z 0
sera l'équation des ti'ajectoires orthogonales. Ex. : les
ellipses et les hyperholes ((ui ont deux loyers comuiuns ;
les cercles passant par deux points iixes et les cercles
lieux des poiuts, tels que les rapports de leurs distances
à deux points hxes soient constants, etc., sont des tra-
jectoires orthogonales. H. LAniEXT.
ORTHOGRAPHE. L'orthographe, en ancien français
orlhogiripJue, du grec 6p6oypacpia, est l'art d'écrire cor-
rectement les mots d'une langue. On distingue deux espèces
d'(unhographes, l'orthographe d'usage, 'qui est celle des
mots considérés en eux-mêmes indépendamment du r<)le
(ju'ils jouent dans le discours, et l'orthographe de règles
([ui apprend à les écrire dans leurs rapports avec les autres
mots de la plirase. conformément aux règles de la gram-
maire.
L'oi'thographe d'usage en français n'est soumise à au-
cune loi généi'ale. Elle n'est pas phoiiétique, car on n'écrit
pas comme on parle, et si parfois elle est conforme à la
prononciation, comme dans vola, le plus souvent elle est
6^9
OKTHOCtHAPHE
en désaccoi'd avec elle. Le mot enu ne contient le son
d'aucune des trois lettres e, a^iiu; doit et doujt se pro-
]ioncent de même, et ni dansFnn, ni dans l'autre, on n'en-
tend le son d'un o, d'un i, d'un t ou d'un g. Elle n'est
pas étymologique, car il n'existe aucune règle établissant
(juelle doit être l'ortliograplie d'un mot finançais d'api'ès
celle du mot dont il est formé ; le latin rompulare a
donné à la fois conipler et couler ; olographe et holo-
C(/i(sle ont pour premier élément le même mot grec oXoc.
Llle n'est ni analogique ni logique, car pourquoi écrii*e
coureur avec un seul r et courrier avec deux, aggraver
avec deux g et agrandir avec un seul, trafiquant avec
([u et fabricant avec c ? KUe est donc essentiellement
irrégulière et capricieuse ; et ses défauts (iennent à plu-
sieui's causes : d'aljord, aux vices de notce alphabet (fui
n'est autre que l'alphabet latin, imparfait déjà pour la
langue latine, et dont les caractères, même depuis le dé-
doublement de u en u et i' et celui de / en i et ;', sont
encore bien moins nombreux que les sons voyelles ou con-
sonnes de la langue française ; puis à rba!)itude de con-
sei'vor, une fois fixée à un certain moment. Forthograplie
d'un mot. toi par exemple, malgré les chan^emenîs pos-
térieurs de sa prononciation ; eniln, aux modifications que
les clercs et les premiers traducteurs de l'antiquité au
xjv^ siècle, les savants de la Renaissance et les grands
imprimeurs comme llobert et Henri l-^stienne à partir
du xv^, ont voulu apporter à l'orthographe du moyen
âge en ajoutant aux mots français , sous prétexte de
mieux rappeler leur étymologie, des lettres parasites que
l'usage et l'Académie française ont tantôt maintenues
(poir/s, doî^^t, nid. piet/), tantôt fait disparalti'e (s^^avoir.
fairt). C'est ainsi que dans l'écriture française : i^ cer-
taines lettres se combinent en perdant leur valeur propre
pour figurer : soit des sons composés, comme oi; soit des
sons simples, inconnus ou non au latni. comme cti, gn,
pli, ai, au, eau, eu, ou, an, in, etc. ; "2« que la même
lettre ou la même combbiaison de lettres peut l'eprésentei'
des sons différents, .s dans danser et dans Imiser, c dans
calcul et dans cifiuë, l dans les éditions et iwus édi-
tions, en dans enfanl et dans rien, etc.; 3*^ que le même
son est souvent figuré de plusieurs manières, le son k par
/(', e, cil ou//, le son an par an, en, aen,ean,aon, etc.;
i'^ ([ue beaucoup de lettres s'écrivent et ne se prononcent
pas, soit dans le commencement ou dans le corps des mots
(c/oùt, .schisme, liomma, ba;;tême, toast), soit surtout
à la lin (res])ec/, den/, granr/, neis, pa.s, rocher, aime?i/).
Avec de telbs complications et en l'absence de tout
principe, Forthograplie d'usage ne peut s'apprendre que
par Id lecture et la pratique du dictionnaire. ïl n'en esî
pas de même de l'orthographe de règles que fait connaître
l'étude de la grammaire. Mais là encore les difficultés
sont nomln'euses et les règles, surchargées d'exceptions,
sont encore pleines d'incohérences et de contradictions.
Pourquoi par exemple écrire au pluriel choux avec un x
et clous avec un s ? Les grammairiens ne s'accordent
même pas toujouî's. soit entre eux. soit avec l'Acadé-
mie française, comme par exemple pour la formation du
pluriel dans les noms composés. Et puis il arrive souvent
que les règles sont en désaccord avec la langue parlée.
Ainsi il est bien certain que si l'on met à part les plu-
riels en aux des noms en at et en ail, les sul)stantifs et
les adjectifs français n'ont une prononciation spéciale au
])luriel que dans le cas de liaison, où alors ils se terminent
ufiiformément par hi sifflante douce z : combien sont dif-
férentes les régies énoncées par les grammaires et qui déter-
minent l'orthographe ! De même pour les verbes, des formes
comme j'aime, tu aimes, il aime, ils aiment ne se dis-
tinguent à l'oreille que par les pronoms sujets, tandis que
Foi'ihographe les distingue au moyen de lettres muettes.
Que dire de cette règle d'accord du participe passé accom-
pagné de l'auxiliaire avoir, qui n'est appliquée dans la
langue parlée qu'avec les participes terminés par une con-
sonne comme fait ou dit, et que d'ailleurs la fonction
actuelle du participe, autre que <-elle (Fun attribut, ne jus-
tifie plus du tout,:'
L'orthographe de la langue française, sous quelque rap-
port qu'on la considère, est donc hérissée de difficultés.
Aussi n'est-ce pas d'aujourd'hui que le besoin d'une ré-
forme s'est fait sentir. Nos plus grands écrivains, Corneille.
l>ossuet, Voltaire ont réclamé successivement certaines
améliorations de détail ; l'Académie française elle-même,
dans les différentes éditions de son dictionnaire, depuis celle
(h' 1710 jusqu'à celle de 1878. en a admis quelques-unes.
Mais dès le xvj*^ siècle, il s'est trouvé des esprits plus
hardis qui aspiraient à renouveler complètement l'ortho-
graphe et même l'alphabet, (jtons au xvi*^ siècle, Louis
Meigret (1542) et son école (Ronsard, Raif). Jacques Pel-
letier du Mans (4539), Ramus (1562), qui est partisan
d'une écriture phonétique, etRambaud de Marseille (4578)
qui invente un alphabet nouveau. Au xvii*^ siècle, sans
insister sur bi grammaire de Port-Koyal qui essaye d'éta-
])lir les principes d'une écriture phonétique, on peut citer
Robert Poisson (4609), le président Lxpilly (4648),
Louis de FEsclache (4668), Lartigaut (4669), Fabbé de
Dangeau (1694). et aussi Somaize dans le Dictionnaire
des Précieuses (4664) et Ménage (^673) qui réclament
la suppression des lettres doubles. Au xviii^ siècle, les
critiques continuent. Le Père Gille Vandelis (4743), l'abbé
(Girard (4746), le Père Buffier (4723), l'abbé de Saint-
Pierre (4730), de Wailly (4773) ont essayé de mettre en
évidence les vices de notre orthographe et d'y proposer
des remèdes. ^Au xix^ siècle, Urbain Domergue (4806), par-
tisan de l'orthographe phonétique, invente un alphabet
composé de 40 signes, 49 pour les voyelles et 24 pour les
consonnes; Marie (4827) veut supprimer toutes les lettres
inutiles et, sans (diajiger les caractères de l'alphabet, en
moditler la valeur. Adrien Féline (4818), !'>dan (4854)
sont aussi des réformateurs, et pendant (jiie Raoux, pro-
fesseur à l'Académie de Lausanne, publie son traité d'Or-
thographe rationnelle ou Ecriture p tioné tique {{^'o^)^
Ambroise-Firmin Didot, dans ses Observations sur
Vorthograplie (4867). reste partisan d'une orthographe
étymologique. Depuis lors, tout le monde s'accorde à recon-
naître la nécessité (Finie reforme ou au moins d'une sim-
plification de l'orthographe française ; et les récentes
instructions ministérielles aux maîtres de FLniversité leur
recommandent de ne pas engager leurs ébnes dans Fétu(k'
des règles trop subtiles ou d'une application exception-
nelle. Il est triste, en effet, de penser que nos enfants con-
sacrent un temps précieux, et souvent plusieurs années, à
une étude ingrate et stérile. Sous ce rapport seulement,
la simplification de l'orthogra])he serait un bienfait na-
tional. Mais il y a plus : ses difficultés rendent la langue
française pénible à apprendre pour les étrangers et par
suite nuisent à son extension dans le monde. Elles sont
sans doute au nombre des causes qui am'Uient sa dispa-
rition graduelle dans une ancienne colonie française comme
la Nouvelle-Orléans, où la plupart de ceux qui parlent
encore le français ne savent pas l'écrii'c et ne l'écrivent
plus. Réformer l'orthographe serait donc m\Q œuvre pa-
triotique. Paul (ilQUEAUX.
Des difficultés analogues se sont présentées dans tous
les pays où la langue littéraire fixait l'orthographe des
mots dont la prononciation continuait de varier ; l'ortho-
graphe phonétique, qui serait l'idéal, n'ayant jamais pu
s'établir, ne fut-ce qu'en raison des très sensibles diver-
gences de prononciation d'une province à l'autre, d'une
ville à l'autre et même d'une personne à l'autre. Les deux
moyens habituellement proposés pour rétabhr la concor-
dance entre l'orthographe et la prononciation sont la créa-
tion dans l'alphabet de nouvelles lettres et l'élimination
dans l'écriture de chacun des mots des lettres qui ne sont
pas prononcées. A Rome, l'empereur Claude; chez les
Francs mérovingiens, le roi Chilpéric tentèrent vainement
d'enrichir l'alphabet de signes nouveaux. En Angleterre,
où la divergence est plus grande qu'ailleurs entre la pro-
oHTHoGHVPHr: — outhopédif:
G'âO —
nonciarion et Tortliograplio, des toiitalives somhlablos ont
été faites récemment. l'Ji Allemagne, la difficulté, aggravée
par la formation d'une littérature classique au xviii^ siècle,
le fut aussi par les efforts de J, Grimm, partisan de la
théorie étymologique ou historique. Elle fut combattue par
Técole phonétique, dont Raumer formula les principes. Le
personnel enseignant prit en mains la réforme orthogra-
phique el. à h» suite d'une conférence tenue à Berlin
(1876), on fit adopter en Bavière et en Prusse (1880).
puis dans le reste de rAllemagne, un certain nombre de
simplifications ; citons la suppression de Vh dans le tJi
final et dans la finale thiun, Ihïnn; ou écrit désormais
Arniui, yot, Altertum, etc. ; la suppression du second -s
dans la syllabe finale nin ; l'unification en ieren des
formes verbales jusque-là écrites tantôt //y^?/. tantôt ieren.
Malgré la vive opposition de Bisaiarck ([ui, par circulaire
du 28 févr. 1880, prescrivit à ses employés de s'en tenir
à l'ancienne orthographe, la nouvelle fut adoptée par
l'école et par les typographes et prévalut.
HiBL. : Max Mullkr, On Spclllng ; Loiulros, 187G. —
Gi.Ai)STO>fE, Spelling reform, 1878 — - Wil?s[ann=^, Die
Orthor/rnphie in de'n^ScJ}i(lcn DciLtschlnîicls.
ORTHOGRAPHIQUE (Projection) (Astroii.) (V. Cane-
vas, t. IX. p. 30).
ORTHOLITHE (Pétrogr.). Synonyme de Minette (V.ce
mot).
ORTHOLOGIE (Géom.). Si les ])er])endiculaires abais-
sées des points A'.B'.C' respectivement, sur les droites
B{^. ÇA. AB. se rencontrent en un même point, on dit
(pie le Iciangle A'B'G' est octhologicfue à ABG. Réci-
proquement, d'après la même définition. ABC est ortlio-
logique à A'B'C, si bien que Tortbologie est réciproque.
Les propriétés des triangles oi'thologicpies sont assez nom-
breuses et fort intéi'essantes, et cependant c'est un sujet
sur lequel il reste beaucoup à faire ; on pourrait dire
qu'il est à peine ébaucbé. Dans l'espace, on peut considérer
aussi des tétraèdres orthologiques en appelant ainsi deux
tétraèdres ABCD, A'B'C'l)',"tels ({ue les perpendiculaires
abaissées des sommets A,... de l'un sur les faces B'C'D',...
de l'autre soient concourantes. C.-A. Laisant.
ORTHONECTIDfS (Zool.). Les Ortbonectides et les
1iho)nl)i/eres (V. ce mot) forment les deux classes (|ue com-
^
T
v^-.
il!'.
Gi
1
a
■d
}^liOj)alii.-a
1 (nialc;.
A . iôte à anneau pa-
pillifère ; C. C, an-
n(^aux du corps ;
et. corps tosticu-
lairc fd'après Cli
.lu
in
Viix. 2. — ]u)riiu> cyliudi'i-
(]ue adulte d'un' ortlio-
nectidc. le Rho])alura
Giardi (femelle). Ec,
cellul(>s ciliées de l'ec-
lodermo; F m, fibrilles
nuisculaires; En. cel-
lules de l'endoderme
(d'après Ch. Julin).
prennent les Mésozoaires. Ce sont des animaux parasites,
de la cavité du corps des Oi)hiurides et qu'on retrouve
aussi chez des Tiirbellai'iés. Némertes et Polvchètes ; ils
avaient déjà été observés par divers auteurs, quand Giard
attira l'attention sur les particularités extrêmement remar-
quables (|ulls présentent et Timportance qu'ds ont dans
fr^
\<j. l\. — l'\)rme ai)laîu'
adult(> de l^luipalura
Giardi (remeUe)
Ec, cellules (îiliéesde
i'eciodiii'me : En, (Mi-
el o d e r m <■ ; Fm. ti-
hi'illes uiusrulair(">.
la série laxfuimniipic ; depuis. Mctscbnikuv et Jidin ont
fait heaucoup progresser lliisloire de c(s cires curieux, au
sujet desqueU la science est loin d'avoir dit lederniec mol.
Les cellules à cils vibratiles, qui
iimilent le (orpsdes Orthonec-
tide>. (exoderme). sont (hsposees
de manière à former de.s sortes
d'anneaux ; la cavité qu'elles cir-
conscrivenl renferme uni(|ue-
ment. siiiv.inl le sexe, un lesti-
cule ou un (»vaij'e : les organes
sexuels son! enveloppés d'une
coucbe fibi'illaire, formée sans
doute aux dépens de l'endoderme.
Dans la classe des Uhombifères.
cette coucbe (ibrillaire n'exisie
pas, el l'animai est uni(pieiii(Mii
formé des cellules exodei'mi(|ues
enveloppant l'unique cellule qui
représente l'endoderme et four-
nit les germes. Il existe, chez l'es-
pèce la mieux connue du moins
{lUiopdtura Giardi). deux sortes
de femelles, l'une cylindricpie,
formée de huil anneaux et ne
donn;int naissance qu'à des mâles;
on l'avait d"al)(»rd appelée ïn-
tosJiia (ji(j(is]()rs(\nim la croyait une es])èce indépendante :
l'autre est aplatie, ellipticpic. ses anneaux sont peu mar-
qués et elle produit Lune ou l'autre sorte de femelles. Clie/
Hliopatura Giardi, les femelles mesurent environ un quarl
de millimètre, le mâle ifalteint pas la moitié de celle
longueur. H. Monikz.
ORTHOPÉDIE. L'orthopédie est le «traitement des
difformités ». A l'origine, cet art consistait à traiter em-
piriquement la gibbosité rachidienne et le pied bot. Plus
tard, on s'occupa des déviations du cou. Andry étendit
les tentatives de redressement à toutes les difformités des
enfants ; le traitement préventif fut annexé au traitemeni
curatif, les attitudes et mouvements gymnastiques ajoutés
aux machines; les appareils furent perfectionnés, et les
premiers lits à extension parurent. Vers 1830, la gymnas-
tique, les Hts mécani(pies, l'hygiène générale furent l'objet
de plus d'attention encore ; l'orthopédie devint une science.
A ce moment la ténotomie et la myotomie sous-cutanées
sont mises en pratique. Lnfin, à l'époque contemporaine,
les causes des difformités étant mieux étudiées et mieux
connues, on détruit les obstacles et on redresse les dévia-
tions par la section ou la rupture de ces obstacles. Les
moyens préventifs et l'égénérateurs généraux sont appli-
qués sur une large échelle (hygiène, gymnastique, hydro-
thérapie, traitement interne), et les moyens h>caux
(messages, douches, électrisation localisée) (hument les
résultats les plus satisfaisants.
Jndicationi'i gnierates. Les indications générales de
l'orthopédie consistent à prévenir les déformations, eoi'-
r///pr celles qui sont congénilales ou acquises, nuiinteitir
la correction. Pour prévenir, il faut combattre les alti-
tudes vicieuses prises par les enfants dans les écoles, atti-
tudes qui influent sur la taille, le bassin, les yeux. Lors-
qu'il y a lésion articulaiie, mais sans déviation encore, on
applique des appareils pour maintenir les parties en bonne
attitude. S'il s'agit de lésions musculaires, provoquant
des déviations commençanles. on a recours au massage,
à la gvmiiasti(pie. à ]'hydrothérapi<\ à i'électrisation lo-
calisée.
La eorreetion des difformités peut se faire lentement :
gymnastique, mouvements spontanés, mains du chirur-
gien, appareils (mouvements forcés, gradués) ; elle peut
aussi se faire t)rus(jnenient : mouvements forcés, brusques
opérations (ténotfunie, myotomie, ostéotomie, ostéoclasie).
Le traitement nouveau des gibbosités par le redresse-
ment brusque est un réel progrès dans cette voie Lnfin,
— (i2J —
ORTHOPÉDIE - ORTHOPTÈRES
le inaintien en bonne position se fera au moyen d'appa-
reils amovibles, inamovibles, amovo-inamovibles. Dans
tous les cas, on se rappellera que, la plupart du temps,
les déviations ou déformations, apanage des sujets scrofu-
leux ou rhumatisants , exigent (pi'un traitement général
prolongé soit entrepris parallèlement au traitement local.
L'arsenal orthopédique comprend : tous les bandages
pour toutes les natures de hernies d'organes : les cein-
tures de différents genres (obésité, dilatation stomacale,
entéroptose, varices abdominales ; grossesse, antéversion,
rétroversion, inversion, antétlexions utérines ; hystéro-
phores; reins mobiles, etc.); les suspensoirs ou pelotes
variés (varicocèle, hydrocèle ; chute du rectum, etc.).
Tieinient également une place importante : les colliers,
corsets pour déviation des muscles de la tète, de la taille;
pour rachitisme et déviation des vertèbres; pour carie
vertébrale (mal de Pott) ; les appareils de cuir moiiié,
plâtrés, etc., les claies en osier; les liUeurs pour lordose,
cyphose, redressement des déviations scolaires : les ajj-
pareils pour luxation congénitale des hanciies : lits à
extension, treuils, çjoultières {^Qm\(ii),\^>i voitures pour
coxalgiques ou pottiques ; kn-appareils pour pieds bols
divers, déviations du genou, de la cheville, des orteils
(paralysie infantile). Enfui, la prothèse des membres
comprend les nionbres artificiels de toute sorte, bé-
quilles, etc.
Ajoutons encore à cette nomenclature les appareils divers
à fractures : à suspension, plans inclinés, gouttières, etc. ;
les appareils pour résection , pour luxation , etc. Les
prothèses buccale, nasale, oculaire ont été également
perfectionnées en ces dernières années, au point que de
cruelles infirmités passent inaperçues ou sont corrigées
avec succès. D'" A. Coustan.
l^iBi. : Andr'», rOrUiopédie: Pariy. 17tl,2 vol. — Busuif.
Allgemeine Orthopa-dic; Leipzig . 1882.
ORTHOPHYRE (Pétrogr.). Les orthophyres sont des
roches éruptives d'âge primaire, autrefois considérées
comme formant un groupe spécial, mais aujourd'liui réu-
nies aux Irachijtes d'âge tertiaire, dont elles sont ré([ui-
valent ancien (Y. Thacuyte).
ORTHOPTÈRE (V. Aviation, t. 1 V, p. 90i).
ORTHOPTÈRES. L Entomologie, — Groupe d'animaux
arthropodes qui constitue dans la classe des insectes un
ordre dont certains types sont désignés vulgairement sous
les noms de Perce-Oreille, Cancrelat, Sauterelle, Cri-
quet, etc. Cet ordre, tel qu'il est généralement adopté,
peut être caractérisé ainsi : insectes présentant des méta-
morphoses incomplètes, des pièces buccales disposées pour
la mastication, des ailes antérieures plus petites et plus
résistantes (pie les postérieures, ces dernières au repos se
phssant en éventail et des apjiendices articulés au dernier
anneau de l'abdomen. Linné les plaçait parmi les Kémip-
tères sous la désignation d'IlÉMierÈREs À mAchoikes. Geof-
froy les considérait comme une division des Coléoptères.
Ce fut de Géer qui, en 4773. créa pour eux l'ordre spécial
des Deraiai'Tèhes. changé par Obvier en Orthopières,
nom qui a prévalu. Kirby en distraya les Vorficules aux-
quels il conserva le nom de Dermaptèkes. Burmeister
constitua sous (e terme de Gymnocnatha un ordre com-
posé, non seulement des ORTHoeiÈREhet des Dermaptères,
mais encore des Xévroptères. des lhysa)ioures, des
l^hysopoda et des Mallophaga. D'autres naturalistes ont
encore a])porlé des inoditications à la classitication de ces
insectes, h^s divisant, les uns suivant la position des élytres,
les ;iutr*\s d'après la forme des paltcN. M. de Sèlyv-
Longf'htmips etid>li( troi^ bous-ordres : les Dermaptèkes
{Fo} prvlide''}. le-. Upihopilres proprenient dits {Acri-
ilide. , Loiu^tider., G)ijlbdes) et les DiinuriERLs {Blat-
i'ides). nom déjà donne par Clairvilie aux Xei rouerez.
3L Brunner de 'Wattenvyl place les Acridideh après les
Blattides et termine par les Locustides cl les Gryllides.
M. Finot considère trois sous-ordres : les Thysanoures.
ks ORTHOPrÈRES Ct les OjiruOPTÈliES PbKLI.M)-NÉVROPTÈRES
(Névroptères pseuuo-Orthoptères) . En écartant les
Thysanoures (V. ce mot) et les Névroptères pseuuo-
Orthoptères (Y. Névroptères), les Orthoptères peuvent
se classer ainsi : les Forficulides, les Blattides, les
Phasmides, les Mantides, les Acridides, les Locustides
et les Gryllides.
Les Orthoptères sont en général des insectes de grande
taille ; (pielques Phasmiens atteignent jusqu'à 40 centim.
de longueur. Ils sont ovipares, à l'exception de quelques
Blattes chez lesquelles la viviparité a été observée. Les
œufs sont pondus, tantôt réunis en masses régulières nom-
mées oothèques (Blattides et Ma)ilides), tantôt dans la
terre isolément ou dans des coques ovigères (Acridides).
Les métamorphoses sont incomplètes. Les rudiments d'ailes
n'apjiaraissent que dans l'inlervalle des deux dernièies
mues. Certaines espèces jraccpiièrent (pie rarement des or-
ganes alaires ou n'en possèdent que de très rudimentaires.
Dans ce cas. un petit nombi'e d'individus offre le déve-
loppement com])let. sans que pour cela les auti'es individus
¥\ii 1. — 1. l'rofii (le l'extrémité de I abdotiieii de Lociista
vlrkUssimn L. Q ; Ce, cerques ; Psn, plaque susanale ;
Psg, plaque sous-irénitale ; Ov, oviseapte ; 2, profil de
l'extrémité de l'abdoiiieu de LocitstaL-i/7dis«i?ria L. ^ ;
6Y\ cerques; Ps;i. j)la«pie sus-aiiale; Pày/. pla((ue sous-
gemtale ; 8, style; 3, profil de rexlrémite'de l'abdomen
de Grllides Ncmoblas sylvestris L. Q ; Co, cenjucs
Ou, oviseapte; 4, extrémité de rabd(mi(Mi de Forficiflu
auricidarUi L. § ; PL i)iiiee.
restés aptères soient impropres à la reproduction. On est
d'accord pour admettre comme adultes les individus qui
ont les élytres, grands ou petits, articulés. L'imperfection
des appendices génitaux permet de recoinialtre la larve
Fi,!j-. 2. — Pattes d'Ortlu)i)teres. 1, patte po.stéri(;ui'e sauieuse
{Locustn CLvldisslinu L.) ; 2. patte autérieure ravisseuse
{Mantls reli<iio8a L.) ; Il patte intermédiaire coureuse
{Locusta. viridisslmn L.) ; t. patte antérieure coureus(;
[Bacilhis gidiicus Ch.); 5. patte antérieure fouisseuse
{firijllcUdp;i Kidgaris Lat.); f>, tarse de PhifijcJois (/riscu.
V;\\). : En. éiiine apieale e\(e['ne; E<iiii, éjùneapicaie mé-
diane , pi, ph.nlule IiImt ; C. ci-dcbeb^.
de I adulte. La tête, médiocre et d'?priniee ou grande et
globuleuse, est inunie de pièces buccales très développées,
d'antennes très longues [Blattidet.., Locustides) ou courtes
(Acridides) ou aplaties (Truxales). Le thorax est très
long (Mantides et Phas)nides), parfois muni d'épines
(lAiDieyalodon). Les deux paires d'ailes sont différentes
ORTHOPTERES — ORTIE
— 622 —
comme texture. l>es aiitérieiircs sont suhcoriaces, égalant
ou môme dépassant la longueur de l'abdomen, à Fex-
ception des Forficulides où elles sont très courtes. Elles
se croisent généralement l'une sur l'autre. Les posté-
rieures, plus amples, se replient en éventail et présentent
parfois des colorations jaunes, roses, rouges ou bleues,
avec des taches brunes ou noires. Les deux paires sont
parcourues par des nervures dont l'étude a permis de tirer
des caractères pour la classification. Les pattes sont sem-
blables chez les Blattides, les Forficulides. La première
paire est modifiée chez les Manlides, pattes ravisseuses,
chez les GrijUoialpa, pattes fouisseuses. La dernière paire
des GrijUides, des Locustides, des Acridides, a la cuisse
longue et épaisse, servant au saut. Les pattes des Phas-
mides sont longues, grêles, parfois foliacées. L'a])domen
Fig. 3. — Scliéma do l'aile postérJL'Ui'c de Lohlstocercn }3c-
regrlmi. A, nervure costale ; B, nervure sous-costai(> ;
C, nervure radiale; E, nervure médiane ; G, nervure cu-
bitale; J, nervure anale ; H, nervure basse.
est variable de forme, tantôt plat et déprimé, tantôt con-
vexe, cylindrique. Son extrémité est munie de divers
appendices (cerques, etc.). Les femelles ont un oviscapte,
court {Acridides), long, droit ou courbé en forme de
sabre {Gryllides, Locustides),
Les Locustides Qila^ Acridides émettent des sons pro-
duits chez les premiers par le frottement des deux élytres
et chez les seconds parle frottement des cuisses contre les
l"ig, i. — Schéma de l'aile antérieure du Schistocerca pe-
regrinsL. A, nervure costale; B, nervure sous-costale;
C, nervure radiale ; E, nervure médiane ; G, nervure cu-
bitale ; 7, nervure anale ; H, nrn^vure basse,
élytres. Les GrylJides stridalent également et sont de plus
pourvus d'organes musicaux virtuels, dont la fonctio])
n'est pas nettement déterminée (Landois, Journal de
Zool. se, 1872, p. 318).
Les Orthoptères sont des animaux terrestres, à l'ex-
ception des espèces du gmrc Scehjmena Aud.-Serv. et
des Prisopus. Uucl{[ucs-uns sont cariuissiers (il/rt^i/zV/c^s),
Fig. 5. — Scliéma montrajit la disposition des T)riiwi|,;dos
parties du corps. A, antennes; E, élvtre; Er, imni;
H, thorax; Ms. mésosternum ; O, ocelles ;P, pronolum;
Psg, plaque sous-génitale; St, sillon transversal tv-
pique; Lr, lobes rélléchis du pronotum; Sti, stimnates;
r, tibia; Ta, tarse; V, vortex; Vo, valvules de' l'ovis-
capte ; Y, yeux.
d'autres omnivores {Blatlides), mais ht plupart se nour-
rissent de végétaux (Acridides, etc.). On compte environ
o.OOO espèces, répandues ihuis loules les régions de la
terre. Les Mantides et les Pliasuiides appartiennent
principalement à la faune des pays chauds. Paul ïijiinix.
IL Paléontologie. — Les véritables Orthoptères appa-
raissent seulement dans le trias. A l'époque ])aléozoique
ils étaient remplacés par les Palawdictyojjlera. Les RIattes
sont les plus anciens représentants du groupe actuel
{Neoj'thoblaitina, du trias du Colorado, Blatlidium de
Purbeck, Mesoblattina du lias et du jurassicpie d'Al-
lemagne) : elles sont très abondantes dans l'oolithe. Les
Forficules se montrent dans le lias d'Angleterre : Labidu-
ronuna est uii genre remarquable de l'oligocène de Flo-
rissant. Les Mantes sont représentées à OEningen, les
Phasmes à Florissant. Les Sauterelles ou Criquets com-
mencent à se montrer dans le lias [Gomphocerites, Acri-
dites). Dans le tertiaire, les restes sont mieux conservés
(Tetiigidea gracilis du miocène d'OEningen). Gryllacris
prouve que les Locustidœ existaient déjà dans le lias d'Eu-
rope. Locîista speciosa est une grande et belle espèce,
assez rare dans les schistes jurassiques d'Eichstâtt et de
Solenhofen. LUhyinnetes guUatus est une espèce de grande
taille, à ailes tachetées, de l'oligocène de Florissant. Les
principaux groupes actuels sont tous déjà connus dans le
tertiaire. É. Trouessart.
BiBL. : E>ro.\ioLOGn^. — Stei>iiEx\s. Illusl. Drit. EnL.
1835. — (^URTis, Br'it. EnL, liSG2 03. — PuRiviias i'i:r. Iland-
back der Entomologie, 1839. — Brunner bf. Wattilnwyi,,
Proclo}aus der Orïhopt. — Fi.xgt, les Orthoptères de
Frinice, 1889. — Audinfa-Skrvilek, H'ist. nvt.des Ortlh.
1839. — De SJ',lv.s-Longchami>,s. (";)tiil. mis. des Orth. et
Név. de la Belçjuiue, 1888.
ORTHOPTIQUE (Courbe). On appelle courbe orthop-
tique d'une courbe plane donnée le lieu des sommets des
angles droits dont les côtés sont deux tangentes à la courbe
donnée. Lorsque cette dernière est une conique, le lieu est
un cercle, réel ou imaginaire, qu'on appelle aussi, et plus
généralement peut-être, cercle de Monge. Dans le cas où
l'angle donné est constant, mais non plus droit, le lieu
dont il s'agit est appelé courbe isoptique de la courbe pri-
mitive. Les isoptiques des coniques sont des courbes du
quatrième ordre en général. On pourrait étendre à l'es-
pace la notion des figures orthoptiques en remplaçant les
courbes par des surfaces, et l'angle droit par un trièdre
trirectangle dont les faces seraient tangentes à la surface
donnée. Pour les quadri(}ues tout tau moins, on trouve
ainsi comme lieu une sphère, réelle ou imaginaire, qu'on
appelle sphère de Monge, ou sphère orthopti([ue; elle se
réduit à un plan pour les paraboloJdes, et disparaît poiu'
les cyhndres; elle peut d'ailleurs être réelle ou imaiïinaire.
ORTHOSE (Miner.) (V. Feldspath).
ORTHOTROPE (Bot.) (V. Ovule).
ORTHOU.X-et-Qlilïïan. Com. du dép. du Gard, arr.
du Yigan, cant. de Quissac ; 323 hab. Stat. du chem. de
fer de Lyon.
ORTIE (Urticaï.). 1. Botaxique.— Genre d'Lrticacées,
composé d'herbes annuelles ouvivaces, quelquefois frutes-
centes, dont on connaît une trentaine d'espèces, répandues
principalement dans les régions tempérées des deux mondes.
Les Orties ont les feuilles opposées, souvent dentées, pétio-
lées, avec 5 stipules latérales, les fleurs réunies en glo-
mérules disposés sur un axe axillaire commun ou en capi-
tules, grappes ou épis, dioïques ou monoïques, les inflo-
rescences étant, dans ce cas, tantôt unisexuées et tantôl
androgynes. Les fleurs sont dépourvues de corolle, tétra-
mères, avec 4 étamines oppositisépales et, en général,
régulières. L'ovaire est libie, uniloculaire, avec un seul
ovule dressé, presque orthotrope. Le fruit est un akène
comprimé, indéhiscent, entouré du périanthe persistant '
la graine renferme un albumen charnu et un embryon
droit. La plupart des Orties ont toutes leurs parties héris-
sées de poils raides piquants (stimuli), qui se brisent par
le contact et laissent échapper un liquide acre et caustique
renfermant de l'acide formique libre. Quelques espèces sont
tellement irritantes que leurs piqûres produisent des dou-
bmrs intenses pouvant durer plusieurs jours; de ce nombre
6'r^
ORTIE — OKTLIEB
sont ru. ferox \¥orsi. ou Ogua-iva dos liatui'cis de lu
Nouvelle-Zélande, 17/. stimulans Miq., de Java, et VU.
urentissima Roxb. , de Timor, ou Herbe du diable (daoun
,s^^rt?i des indigènes), qui rentrent maintenant dans le genre
Laporiea (V. ce mot). Ees espèces indigènes telles, (jue :
U. dioica h. ou Grande Ortie, U. urens L. ou Pelile
Ortie, Ortie grièche, et U. pilulifera E. ou Ortie romaine
sont très communes le long des murs dans les villages.
Urtica piluliCera L. a, rameau ilorirèrc; 6, fleur iiiàlc ;
c, fleur femelle.
dans les décombres, sur les bords des chemins, etc. Elles
sont textiles et peuvent même servir à l'alimentation ; on
les emploie à l'extérieur pour produire l'urtication. La ra-
cine de VU, pilulifera a été vantée comme diurétique et
astringente. VU. urens di été préconisée comme fébrifuge,
purgatif et antihémorragique. VU. membranacea Poir.,
de la région méditerranéenne, était employée en Egypte
dans les maladies de la poitrine et comme aphrodisiaque.
Au Kamtchatka, on se sert du liber de VU. cannabina E.
pour la fabrication des tilets de pèche. L'f/. nivea E. ap-
partient maintenant au genre Boelwieria Jacq. (V. Boeh-
mérie). On donne le nom à' Ortie bâtarde à des Mercu-
riales (V. ce mot), le non] à\K blanche, d'O. fausse, au
Lamium album L. (V. Eamier), le nom d'O. morte à
cette même espèce et au Stackys palustris L., celni à' 0.
jaune au Galeobdolen luteiim Huds., celui d'O. puante
au Stachys sylvatica E., enfm le nom d'(9. rouge aux
Lamium purpureum E. et L. maculatum E., etc.,
toutes ces espèces présentant une certaine ressemblance
avec les orties par leurs feuilles. D^' E. Hn.
IL Agriculture. • — Certaines espèces d'orties sont très
répandues dans nos cultures; elles sont vivaces et pos-
sèdent des racines nombreuses, longues et puissantes,
aussi leur destruction présente de grandes difficultés;
l'écimage effectué avant la maturation des graines, le
ramassage des racines après les herbages, et des sarclages
répétés peuvent seuls entraver leur propagation. Plusieurs
espèces, notamment V ortie dioîque {U. dioica), sont
bien acceptées par le bétail, surtout lorsque la plante est
jeune ; la composition de ce fourrage est voisine de celle
des bonnes herbes des prairies ; le fourrage vert convient
particulièrement aux vaches laitières et aux bœufs ; on le
laisse se mortifier pendant quelques heures avant de le
mettre en distribution. Ea culture de l'ortie dioique
comme fourrage est faite en grand dans quelques régions,
particulièrement en Suède et en Norvège ; elle peut don-
ner quatre ou cin([ coupes par année, et en raison de sa
réussite certaine dans les terrains arides, secs et rocail-
leux, elle est très recommandablc pour l'utilisation des
mauvais sols ; surtout en année de disette de fourrages, ses
produits fourniraient une ressource précieuse. J. T.
ORTIGUE (Pierre d', sieur de Vaumorière), poète fran-
çais, né à Apt en 1610, mort à Paris en sept. 1693. 11
vint de bonne heure à Paris et s'y fit une réputation ra-
pide dans la littérature précieuse de son temps. Admira-
teur de vScudéry, il rêva de mettre l'histoire de France en
dialogues. Son amour du jeu le rendit pauvre. Sa femme,
une précieuse, est nommée sous le nom de Marsamine
dans le dictionnaire de Somaize. tl a laissé quelques ro-
mans : le Grand Scipion (1658); Agiatis, reine de
Sparte (4685), une Histoire de la galanterie chez les
anciens (1671) ; et l\{rt de plaire dans ta conversa-
tion (1688), auquel il était expert. R a écrit les cinq der-
niers volumes du Ptiaramond de Ea Calprenède. Ph. B.
ORTI G U E (Joseph d'), musicographe français, né à Ca-
vaillon le 2"i mai 1802, mort à Paris le 20 nov. 1866.
Destiné d'abord à l'étude du droit, il ne tarda pas à céder
au penchant qui l'entraînait vers la musicpie et s'y con-
sacra désormais. Outre une collaboration assidue à divers
journaux, principalement au Journal des Délmts, on lui
doit un Dictionnaire litîwgique, liisioritiue et théo-
rique du plain-chant et de musique religieuse, ouvrage
considérable et justement estimé (V. Niedermeyer).
ORTIZ (Pablo), sculpteur espagnol, qni llorissait à
Tolède pendant la seconde moitié du xv*^ siècle. R est
l'auteur des deux magnifiques tombeaux du connétable
Alvaro de Luna et de Juana Pimentel, sa seconde
femme, qui sont placés dans la chapelle de Santiago, à la
cathédrale de Tolède. Maria de Euna, leur fille, avait, à
la suite d'un concours ouvert entre divers maitres, choisi
le projet présenté par Ortiz. L'n contrat, daté du 7 janv.
1489, fut passé entre elle et l'artiste dans la ville de
Manzanarès, et celui-ci dut commencer aussitôt ce beau
travail, gothique encore de style dans ses diverses parties,
ornementales et sculpturales. P. E.
ORTIZ (Euis), sculpteur espagnol, originaire de Malaga.
R fit son apprentisssage dans l'atelier de Diaz de Palacios.
Vers 1628, Ortiz et son collaborateur JosefMicael obtinrent
au concours l'exécution des deux rangs de stalles du chœur
de la cathédrale de Malaga, travail qu'ils terminèrent en
1631. Ortiz, pour sa ])art, avait sculpté le rang inférieur
ainsi que les cartoucJies et les couroîuiements du rang
supérieur. Ees quarante figures qui décorent cette sille-
ria ne sont pas l'oeuvre des deux artistes associés; elles
sont du sculpteur Pedro de Mena, élève d'Alonso Gano,
qui y travailla de 1660 à WH. .Vppelé par le chanoine
Yazquez de Eeca. Ortiz alla s'étabhr à Séville, oii, en
1647, il exécutait le retable de la chapelle royale de
Xotre-Oame des Rois, dont trois statues de sainte Anne,
de Saint Joseph et de Saint Joachim, forment la déco-
ration sculpturale. P. E.
ORTIZ (Fernando), sculpteur espagnol, né dans les
premières années du xyiii*^ siècle à Malaga, moi't à Madrid
en 1770. R apprit et exerça son art à Malaga. On y
conserve un Christ au tombeau, dans l'église des Augus-
tins, qui est son œuvre. En 1756, l'Académie de San Fer-
nando le recevait au nombre de ses membres, sur la pré-
sentation d'un bas-relief en marbre, destiné au palais de
Madrid. P. L.
ORTLER. Massif des Alpes Rhétiques entre l'Adige et
l'Adda (Valteline), sur la frontière de l'Autriche et de
ritahe. Il est compris entre le Stilfser-Joch au N.. le col
de Tonale au S. (reliant les vallées de l'Oglio et de Sulz-
berg). C'est un puissant massif formé de schistes cris-
tallins au S., de calcaire au N. Ee centre est le mont
Cevedale (3.774 m.) d'où rayonnent vers l'E. le chaînon
des pics de Venezia (3.384 m.) etd'Eggen (3.437 m.) vers
le N,-0. celui de la Kœnigspitze (3.857 m.), du Zebru
(3.735 m.) et de l'Ortler (3.902 m.), pyramide dolomi-
tique qui est le point culminant des Alpes autrichiennes
pour la première fois gravi le 2T sept, (804. Au S. du
Cevedale sont le mont Confmale (3.370 m.) et le Coriio
dei Tre Signori (3.329 m.). Ee massif de l'Ortler com-
prend 70 glaciers. Ee Club alpin austro-allemand en a
dressé la carte au 50.000®.
ORTLIEB, de Strcisbourg, chef d'une secte panthéiste,
au premier tiers du xiii^ siècle. On ne sait rien de sa per-
sonne. Un document du temps nomme ses adhérents Oi'i-
libenses et Ortlibarii. On les trouve dans toute la vallée
OKTLIEB — OKTYGIE
— 6U
du Rhin moyen. Il faut vraisemblablement les considérer
comme une ramification des Amalnciens (Y. Amaury,
t. H, p. 603). Ils faisaient remonter leur tradition à
Adam. Jésus, simple pécheur, a été converti par la pré-
dication de Marie, sa mère, qui l'a ainsi enfanté à la vie
supérieure. Sa pénitence est la seule passion qu'il ait en-
durée. Il faut le suivre dans cette voie; les sacremejits et
autres prescriptions de l'Eglise sont sans valeur. Suivant
un sommaire contemporain, cela se réduit, en pratique, à
« s'abstenir de tout ce qui est extérieiu', pour suivre l'Es-
prit qui est en tout homme ». Les vrais ortliebiens sui-
vaient une vie très austère. Cela n'exclut pas chez quel-
ques-uns des écarts qui devinrent la règle plus tard parmi
les frères du Libre Esprit (V. ce mot). E.-H. K.
ORTLOFF (Ericdricli), juriste allemand, né à Erlangen
le iOoct. 1797, mort à léna le 10 ocl. 1868. Professeur
à léna( 1819). puis président de la cour d'appel (1844). il
fut l'auteur d'une excellente Gesch. der Grumbachischen
Hamdel (léna, 1868-70, 4 livr.) ; ik Sanunlinig deiits-
( fier liichtsqiiellen (-1836-60, "i vol.); furisUsche
Abhandliingen (si\ec Heimbach, I847-o7, i2 vol.).
Son fils, Herniann- Friedrich, m le i7 sept. i829, a
professé le droit criminel à léna de i^Q^l à -1866, est en-
(l'é dans la magistrature et a publié plusieurs manuels et
traités spéciaux sur des points de droit.
ORTNITT, héros légendaire allemand du moyen âge,
roi des Lamparts. Il conquiert avec l'aide de son père, le
nain Albéric, la main de la belle fille du roi païen de
Montabaur et la fait ])aptiser sous le nom de Sydrat. Il
périt en combattant deux dragons en\oyés par son beau-
père. Le poème qui fut composé vers ^Md a été remanié.
La meilleure édition est celle d'Amelung (Deufsclies Hel-
denbuch, 1871, t. lll).
ORTO. Com. du dép. de la Corse, arr. d'Ajaccio, cant.
de Soccia ; 48:2 hab.
ORTOLA. Rivière du dép. de la Cor^e (V. ce mot,
t. XII, 1085).
ORTOLAN. I. ORxrruoj.oGiE. ~ Nom vulgaire d'une es-
pèce du genre Bruant (V. ce mot).
IL Art cuLiNAmE. — tJn mange les ortolans, comme
les autres ])etits oiseaux, cuits à la broche. Leur cluiir est
l'enonnnée pour sa déhcatesse (V. Bec-Eu;ue). 11 faut en-
viron un ({uart d'heure pour leur parfaite cuisson.
0 RTO LA N (Joseph-Louis-Elzéar) , j urisconsulle français,
né à Toulon le 21 août 1802, mort à Paris le 27 mars
1873. Fils d'un juge de paix de sa ville natale, il fit aux
collèges de Nice et d'Avignon de brillantes études, com-
mença son droit à Aix, alla le terminer à Paris et fut reçu
docteur en 1829. Il avait déjà publié à cette époque son
Explication historique des Institutes de Jiistinien
(Paris, 1827, 3 vol. ; 5^ éd., 1851) et son Histoire de
la législation romaf^è^ (Paris, 1828; 3*^ éd., 1845),
deux remarquables ouvrages, dont le premier est devenu
classique. Nommé bibliothécaire adjoint à la cour de cas-
sation, puis, l'année suivante, après la révolution de juillet,
secrétaire général du parquet de la même cour, il fut en
môme temps désigné, à raison de ses idées largement li-
bérales, pour faire à la Sorbonne un cours de droit cons-
titutionnel ; en 1831, la ville de Paris le chargea, à
l'Athénée industriel, d'un cours de droit commercial et,
en 1836, il fut appelé à la chaire de législation pénale
comparée de la E'aculté de droit de Paris ; il l'occupa jus-
({u'à sa mort, malgré les vives attaques que lui suscitèrent,
sous l'Empire, ses opinions républicaines. Il avait fait à
ri'colede droit, en 1848, à la demande du ministre Car-
nol. une série de leçons sur la soureraiitelc du peuj/le
et Icb principes du gouvernement républicain uwder)ie
l^Paris, 184-8) et il avait ete de 1848 a 1851 membre du
conseil supérieur de l'instruction publique. Ce fut lui qui
rédigea les programmes de TEcole d'administration. Outre
les ouvrages déjà cités et un nombre considérable d'opus-
cules sur des questions de droit constitutionnel, de droit
pénal, de législation comparée, etc., il a publié: Hisloire
du droit constitutionnel en Emu {je pendant le moyen
aV/É^ (Paris, 1831) ; Introduction pfiilosophiiiue au cours
de législation pénale comparée (Paris, 1839) ; Intro-
duction historique au cours de législation pénale cojn-
parée (Paris, 1841) ; Eléments du droit pénal (Paris,
1856; 3^ éd.. 1863). On lui doit aussi un recueil de
poésies : les Enfantines (Paris, 1845 ; 2^ éd., 1860).
Son frère, Jean-Félicité-Théodore (1808-74), entré
en 1822 dans la marine et devenu en 1862 capitaine de
vaisseau, est Fauteur d'un excellent traité, plusieurs fois
réédité : liègles internationales et diplomatie de la
mer (Paris, 1844-45, 2 vol.). L. S.
ORTOLAN (Eugène), compositeur français, né à Paris
le 1^^" avr. 1824, fils du précédent. Il s.'est fait connaître
au théâtre paj' teé^/Zt^ (Théâtre-Lyrique, 1855), la Mo-
mie de li(^scoco (Bouffes-Parisiens, 1857). On lui doit
aussi lui oratorio, Tobie, exécuté à Versailles en 1867.
ORTOLANO (C.iovanni-Raltibta Renveni n . dit T),
peintre italien (V. Rennexltf [Giovanni-Battista J).
ORTONA. Ville dTtalie, prov. de Chieti, sur une pres-
qu'île de la mer Adriaticjue; 7.000 hab. Evèché. Pelit
port. Les Turcs la détruisirent en 1566. Fréquents trem-
blements de terre.
ORTONCOURT. Com. du dép. des Vosges, arr. d'Epi-
nal, cant. de Rambervillers ; 229 hab. Stat. duchem. de
fer de l'Est.
ORTOSPANA. Ancienne ville de Bactriane que Ton
identifie souvent avec Caboul, Ptolémée lui donnant le nom
de Cabura.
ORTILLON. Com. du dép. de l'Aube, air. d'Arcis.
cant. de Ramerupt; 53 hab.
ORTIPORIO. Com. du dép. de la Corse, arr. de Rastia,
cant. de Campile ; 406 hab.
ORTS (Auguste), homme d'Etat belge, né à Rruxelles
en 181 i', mort à Rruxelles en 1880. Il fit ses débuts poH-
tiques dans ['Observateur belge, journal de Lopposition
libérale, et devint échevin de Bruxelles et membre de la
Chambre des représentants. Il ne tarda pas à jouer un
rôle prépondérant dans les débats parlementaires et se
distingua par de rares qualités de tacticien et d'ora-
teur. Rient ùt reconnu comme un des chefs de la gauche
modérée, il prit une part importante à la discussion des lois
relatives aux questions judiciaires, à l'organisation mili-
taire, à l'instruction publique, aux affaires extérieures et
trouva de nobles accents pour défendre la neutralité belge
mise en péril pai' la politique de Napoléon lll. \\ fut élu pré-
sident de la Chambre en 1859. Orts était aussi un juris-
consulte éminent, il fut bâtonnier de l'ordre des avocats
à la Cour de cassation et professeur d'économxie politi([ue
à l'université libre de Rruxelles. Ses publications juri-
di([ues les plus importantes sont : de l Incapacité civile
des corporations religieuses non autorisées (Rruxelles,
1867, in-8) ; la Pratique crimiiielle de Wie tant (Garni,
1872, in-8). Il est aussi l'auteur d'un ouvrage historique
de premier ordre : Histoire de la guerre des paysans.
(Rruxelles, 1863, in-8). ' E. IL
ORTVAY (Theodor). historien hongrois, né en 1843.
Professeur à l'Ecole de droit de Pozsony (Presbourg).
Ortvay a publié de nombreux ouvrages relatifs à l'histoire
et à l'archéologie locales. On lui doil notamment \\m His-
loire de la ville de Presbourg (eji liong. et en lûl.) (1891-
93) ; une Histoire du comilal de Ternes (1896). el la
Géographie ecclésiastique de la Hongrie au coninwn-
cemenl du xiv^' siècle. J. K.
ORTWIN. Nom de plusieurs héros des légendes ger-
mani(pies. Orlwin de Metz est dans les Mbelungen le
neveu et Féchanaon de Gunther, l'un de ses princip.uix
guerriers. — Ln autre Ort^^in est fils du roi Hettel a He-
gelingen et frère de Gudrun qu'il délivre de la captivité
du roi d'Ormanie (Normandie).
0RTY6IE. Nom donné par les Grecs à l'île légendaire
où Léto aurait donné le jour à Artémis et Apollon. La
version la plus accréditée l'identifiait avec Delos. Ce nom
6'2o -.
ORTYGIE — OKVILLIEHS
fut aussi appliqué à un bois sacré près d'Ephèse el à une
ile où se forma la ville de Syracuse.
ORUBA ou ARUBA. L'une des Antilles, faisant partie
du groupe des Iles Sous le Vent, en face de la côte du
Venezuela ; c'est la plus occidentale des Antilles néerlan-
daises, en face du golfe de Maracaibo, à 80 kil. 0. de
Curaçao. Elle a 165 kil. q. et 8.056 liab. Formée de
roches éruptives anciennes, flanquées de roches coralliaires
récentes, elle manque d'eau et d'arbres, mais possède de
grands gisements de phosphates et de sel. La ville d'Oranje
concentre la majeure partie des habitants.
BiiîL. : Martin, ReÂse nach Nicclerlœndisch Wast'ui-
dieiL ; Leicle, 1887, 2 vol.
ORURO {San Felipe de Asturia de Oruro). Ville.
— Ville de Bolivie, ch.-l. du dép. de ce nom, à 3.743 m.
d'alt., près d'une lagune salée distante de 42 kil. E. du
Desaguadero ; 13.400 hab. (en 4893). I^ndée en 4590,
elle eut, dit-on, 70.000 âmes au xvii^ siècle.
Département. — Le dép. d'Oruro, à l'O. de la Boli\ie,
comprend 55.950 kil. q. et 489.840 hab. (en 4893).
(Vest un haut plateau entre la Cordillère côtière et celle
de l'intérieur, parsemé de lagunes, parmi lesquelles celle
très vaste de Pampa Aullagas. Mines de cuivre, d'argent
e( aussi de plomb, de zinc, d'antimoine, de fer et d'or.
ORUS. Com. du dép. de l'Ariège, arr. deFoix, cant. de
Vicdessos ; 324 hab.
OR VAL. Com. du dép. du Cher, arr. et cant. de Saint-
Amand-Montrond; 427 hab. Filât, de laine, scierie mé-
cani(pie, fabr. de placages pour meuble.
ORUST (Ile) (V. Oroust).
OR VAL. Com. du dép. de la Manche, arr. de Coutances,
cant. de Montmartre-sur-Mer, sur la rive droite de la
Sienne; 4.008 hab. Stat. du ch. de fer de l'Ouest. Car-
rière de marbre; fours à chaux. Eglise construite du
xu^ au xv^ siècle avec un beau clocher roman et une
crypte romane. Ancienne grange dîmière.
ORVAL. Dépendance de la commune belge de Villers-
devant-Orval, prov. de Luxembourg, arr. adm. de Vir-
ton, arr. judic. d'Arlon. Saint Bernard de Clairvaux y
établit au xii« siècle une abbaye qui devint florissante ;
partiellement détruite par les troupes françaises du maré-
chal de Chàtillon en 4637, elle fut relevée auxvni^ siècle
avec une grande magnificence. Une armée républicaine la
détruisit de fond en comble en 4793 ; il n'en subsiste ([ue
des ruines imposantes.
ORVAL (Gilles d') (V. Gilles d'Okval).
ORVAL (Duc d') (V. Béthunk [François dej).
ORVAL (A.-E. deBÉTHUNE n'), abbesse et femme auteur
française (4657-4733) (V. Béthune [François de]).
ORVAULT. Com. du dép. de la Loire-Inférieure, arr.
de Nantes, cant. de la Chapelle-sur-Erdre ; 4.960 hab.
Carrière de granit. Châtaignes. Chapelle Notre-Dame des
Anges, de style gothique, construite en 4824. Calvaire
élevé en 4877. Château de la Tour dont la chapelle ren-
ferme d'anciens vitraux. Manoirs anciens de Bel-Ebat et
du Doussay.
ORVAUX. Com. du dép. de l'Eure, arr. d'Evreux, cant.
de Conches; 455 hab.
ORVE. Com. du dép. du Doubs, arr. de Baume-les-
Dames, cant. de Clerval ; 151 hab.
ORVEAU.Com.dudép.deSeine-et-Oise, arr. d'Etampes,
cant. de La Ferté-Alais ; 422 hab.
ORVEAU-GoLLAiNviLLE. Coui. du dép. du Loiret, arr.
de Pithiviers, cant. de Malesherbes; 385 hab.
ORVET. Genre àa Sauriens de la famille des Scincoi-
dœ, ayant pour caractères une tète courte se terminant par
un museau arrondi, la bouche étroite, les yeux très petits,
saillants, la queue terminée brusquement en pointe conique
de consistance cornée, le corps recouvert de petites écailles
lisses et brillantes. VAnguis fragilis (Orvet, Anvin, Bor-
gne, Nielle) présente une couleur généralement plom])ée,
passant parfois au cuivré sur les régions supérieures; le
dessus du corps est souvent picpieté de noir. C'est un ani-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
mal des plus inoftensifs, et ([ui cependant a été accusé de
bien des méftuts et passe encore, dans certains de nos dé-
partements, pour être des ])lus dangereux. Commun en
France, on le rencontre également dans l'Asie occidentale,
en Sibérie et sur la c()te méditerranéenne de rAfi'ifjue
L'Orvet se nourrit de limaces et de vers de terre, il a la
faculté de se ])riser, lorsqu'on veut le saisir, par une vio-
lente contraction de ses muscles. Hoghhr.
J^iiji. : Sauvagj^, dans I^ri;hm. éd. fi- — IJumkril et i^i-
]iROx, llerpét. (jénèv.
ORVIETO [Urbs velus). Ville d'Italie, ch.-l. de cercle
de la prov. de Pérouse, sur un rocher de tuf qui domine
la r. dr. de la Pagha, à 355 m. d'alt. ; 8.000 hab. Evè-
ché. Ancien palais des papes, palais épiscopal ; musée
étrusque et médiéval installé dans l'Opéra del Duomo.
Célèbre puits de 64 m. creusé en 4527 et où l'on descend
par deux escaliers en spirale comptant 248 marches. Un
jardin occupe la place de l'ancienne citadelle. Des six
églises, il faut signaler San Domenico (xiii*^ siècle, tom-
beau du cardinal di Braye exécuté par Amolfo daCambio
en 4282) et surtout la cathédrale. Elle a été commencée
en 4290 par le Siennois Lorenzo Martane, achevée seule-
ment en 4580. La façade de marbre blanc, en style go-
thique, est admirable ; le portail central est roman, les
deux autres ogivaux, chacun correspondant à une des
nefs; une élégante galerie allège cet ensemble surmonté
d'un triple pignon et de quatre tours et décoré de bah-
rehefs et de mosaïques. L'intérieur, porté par des colonnes,
renferme, dans la chapelle San Brizio, les fameuses fresques
de Luca Signorelli et du moine de Fiesole, un tabernacle
d'argent de 4337, des fonts baptismaux de 4402.
Orvieto a pris la place de l'antique cité étrus(iue de
Volsinie, située à 3 kil. à l'E. On a aussi découvert une
nécropole étrusque près de la ville actuelle. Celle-ci ne
paraît qu'au vii^ siècle ap. J.-C. Elle forma une répu-
blique, régie au xiv^ siècle par les Monaldeschi qui four-
nirent le pape Martin IV.
BiijL. : (Irunkr, Die Ens-Pieliefs nm Do)n zuOrcielo ;
Loip/Jg-, 1858, 83 pi. — B^uMi, Codice diplomatico delUi
clttà d'i Orcicto, sccoli A7-.YV' ; Florence, 1881. — Du
même, Orriefo, note s tond te ; Cïtin di Cast(>llo, 1891, et/^
duomo d'Orvleto ; Rome. 18!)1. — (Jf. le (;uid;i storico-in'
UsticH de Picgolomim; Sienne, 1885.
ORVILLE (Jean Cabaret d'). chroniqueur français (U\
la première moitié du xv*^ siècle, qui n'est connu que ])ar
sa Chronique du bon duc Loys de Bourbon. Originaire
d'Orville (Pas-de-Calais), il écrivit en 4429, sur l'ordre
de Charles l^'\ comte de Clermont, dont on a dit sans
preuves certaines qu'il fut le secrétaire, une vie du duc
de Bourbon Louis II (4337-4440) ; il y fut aidé par Jean
de Chàteaumorand, compagnon d'armes du prince, et il
n'a fait en réahté que recueillir et mettre au net les sou-
venirs du vieux chevalier. C'est ce qui explique les im-
perfections de toute nature, en particulier les erreurs
de date, que l'on remarque dans sa chronique ; elle ne
laisse pas cependant d'être une source histori(jue impor-
tante pour rhistoire du xiv^ siècle et n'est pas dépourvue
d'une certaine valeur littéraire. Il en a été donné plu-
sieurs éditions : la dernière — la plus correcte — a été
publiée par M. Chazaud dans la Collection de la Sociele
de r Histoire de France (Paris, 4876. in-8).
BiiJL : Introduetion à l édition citée
ORVILLIERS (Louis GuiLi.ouET, comte d'), amiral fran-
çais, né à Moulins en 4708, mort vers 4794. Fils d'un
gouverneur de la Guyane française, il entra de bonne
heure dans la marine : en 475^, on le trouve capitaine
de vaisseau, et en 4764 chef d'escadre. Le 22 juil. 4778,
il fut appelé au commandement de la belle flotte sortie
de Brest, et qui comprenait trente-deux vaisseaux de ligne
et quinze frégates. Dès le 27 juil., il livra une bataille
terrible et indécise à la Hotte anglaise, commandée par
l'amiral Keppel, dans les eaux d'Ouessant. L'année sui-
vante, d'Orvilhers reprit la mer, mais fit preuve de beau-
coup d'incapacité ; il doinia alors sa démission et se retira
40
ORVILLIERS — OS
~ 0^26 —
en 1783 au séminaire de Saint-Magloire à Paris ; en 1790,
il émigra et disparut. Ph. B.
ORYCTÉROPE (Zool.)- Genre de Mammifères de l'ordre
des Edentés (V. ce mot), présentant les caractères sui-
vants : corps couvert de poils grossiers, épineux. Dents
nombreuses, de structure complexe, étant traversées dans
toute leur hauteur par des canaux parallèles oîi pénètre
la pulpe dentaire. Pattes digitigrades à cinq doigts bien
développés, sauf le pouce des membres antérieurs, munies
d'ongles forts, médiocrement allongés, propres à fouir.
Bouche allongée, tubulaire, avec la langue subvermiforme ;
oreilles très grandes; queue forte et bien développée. Ces
Edentés, qui habitent exclusivement l'Afrique, se nourris-
sent d'Insectes et surtout de Fourmis. Les dents perma-
nentes sont au nombre de 8 à 10 paires en haut, 8 en
bas; mais elles ne sont jamais simultanément en place
dans la mâchoire, les antérieures qui sont plus petites tom-
bant avant que les postérieures soient développées : géné-
ralement, chez l'adulte, on n'en trouve que 5 paires en haut
et en bas ; les deux premières sont petites et comprimées;
les deux suivantes sont grandes, sillonnées dans leur hau-
teur sur les côtés, la dernière simple, cylindrique ; ces
trois dernières dents doivent être considérées comme des
molaires, tandis que les autres sont précédées par une den-
tition de lait, découverte par 0. Thomas. Ces premières
dents sont au nombre de sept en haut, la dernière, plus
grande, ayant deux racines, et une couronne rudimentaire ;
les autres sont styliformes et les quatre premières, très pe-
tites, sont séparées les unes des autres par des intervalles
égaux. En bas on trouve seulement cjuatre dents de lait,
la dernière correspondant à la dent à deux racines de la
mâchoire supérieure. Ces dents de lait paraissent sans usage,
car elles ne percent jamais la gencive. Néanmoins elles per-
mettent de considérer l'Oryctérope comme un type pri-
mitivement hétérodonte et diphyodonte, ces dents atro-
phiées représentant les incisives , canines et prémolaires,
tandis que les trois dernières dents permanentes, qui n'ont
pas de remplaçantes, sont de véritables arrière-molaires.
Parmi les autres caractères anatomiques de l'Oryctérope,
il convient de signaler son placenta franchement zonaire
et son utérus bicorne, qui, joints aux particularités que pré-
sente sa dentition, prouvent que l'ordre des Edentés n'est
qu'un assemblage hétérogène de formes ayant une origine
bien distincte.
L'Oryctérope, appelé vulgairement Cochon de terre, est
un animal nocturne qui se creuse un terrier dans les ter-
rains sablonneux, au voisinage des nids de Termites : il
sort après le coucher du soleil, et, creusant les monticules
formés par t^s nids à l'aide do ses ongles puissants, il
met à nu l'intérieur et dévore les Insectes et leurs larves.
C'est sa principale nourriture. On en distingue trois espèces :
VOrijcleropuH œlliiopiciis du N.-E. de l'Afrique (Kordo-
fan); l'O. senegalensis, de l'Afrique occidentale et VO.
capensis qui habite toute l'Afrique orientale et méridion-
nale jusqu'à l'Angola, et qui a été figuré à l'art. Edextés.
Des débris fossiles du tertiaire de l'île deSamos {0. Gau-
dryi), du S. de la France (Palœorycteropus quercyi) et
du quaternaire de Madagascar (Plesiorycteropus) ont
été rapprochés de l'Oryctérope. E. Tkouessart.
ORYCTES (Entom.). Genre d'Insectes Coléoptères, de
la famille des Scarabfeides, établi par lUiger [Kdfer
'^É^%
Oryctes nasicornis. A, mâle ; B, tôte et thorax de la femelle.
Preuss., 1798, p. 11). Ce genre est caractérisé par la
présence sur la tète d'une corne simple et anjuée chez
les mâles; les femelles n'ont ([u'iin siuiple tuhei'cule. Le
corselet des mâles est excavé. Des organes de stridulation
occupent toute la partie médiane du propygidium. 11 com-
prend une cpiarantaine d'espèces d'Europe et d'Afrique.
L'espèce type est VO. nasicornis L. ou vulgaii'ement
Pdiinocéros. C'est un gros Coléoptère d'un brun marron
dont le mâle porte sur la tète une grande corne. La larve,
dont le développement demande plusieurs années, vit sur-^
tout dans le tan épuisé des couches de jardin ou des
serres. On le trouve communément à Paris.
ORYX (Zool.) (Y. Antilope, t. IIl, p. 209).
ORYZOMYS (Zool.) (V. Hamster, t. XIX, p. 810).
ORYZORICTES (V. Tanrec).
ORZESZKO (Elise), écrivain polonais, née dans un vil-
lage des environs de Grodno en 1842. Elevée dans le cou-
vent des Dames du Saint-Sacrement à Varsovie, elle s'est
adonnée de très bonne heure à la littératnre. Dès 1867,
elle a marqué, dans une série d'articles publiés par la Ga-
zeta polska, ses vues sur le roman contemporain et ses
préoccupations sociales. Son premier grand roman. Der-
nier Aviour, un peu diifus et d'un style trop pompeux,
dépeint la triste situation de la femme d'aujourd'hui ([ui
ne trouve de remède à ses souffrances que dans l'enfièvre-
ment romantique ; dans les œuvres suivantes : En cage,
En province, les Vertueux, Monsieur Graha et les Mé-
moires de Waclawa, elle critique vigoureusement la fausse
éducation donnée aux jeunes gens comme aux jeunes fdles.
Au fond de la conscience est un roman de fine analyse
et de profonde psychologie, ou l'auteur traite la question
de la renaissance morale; Marthe est l'histoire navrante
d'une femme à laquelle on n'a pas appris à travailler.
Eli Makower retrace d'une manière saisissante les rela-
tions entre les juifs et les propriétaires terriens en Po-
logne. Meir Ezofowicz représente la lutte entre l'ancienne
et la nouvelle génération juive. Mentionnons encore : Dans
toutes les sphères, recueil de charmantes nouvelles, pleines
de sentiment et de poésie touchante ; Sylwek, les Spectres,
Cham [le Paysan) et Sur le Niémen, qui est peut-être
son chef-d'œuvre. 11 n'est pour ainsi dire pas de problème
social que M"^^ Orzeszko n'ait aborde dans ses romans. Elle
l'a fait souvent avec bonheur, toujours avec sincérité. Dans
ses écrits de pure dialectique ou de critique littéraire, elle
fait preuve d'une profondeur de pensée peu commune. No-
tons, dans cet ordre d'idées, son étude sur le Patriotisme
et le Cosmopolitisme, ainsi que celle consacrée à Ernest
Renan d-àmVAteneum de 1886. F. Trawinski.
BiBL : Pierre CiniiJ.xow.sKi, Esfiuissc de l'histoire de lu
littérature contemporaine ; Ci-acovic, 1895. — S\Kiot {le
Monde), recueil iiliisli'e, 1^' ocl. 1891.
OS. I. Anatomie. ~ Les os sont des parties dures,
résistantes qui. articulées les unes avec les autres, constituent
le squelette (V. ce mot). Celui-ci est, ou bien un dermo-
squelette (os de la voûte du crâne, caraj)ace delà tortue, (ki
tatou) ou bien un endosquelette, composé de leviers et carac-
téristi(pie des vertébrés. La colonne vertébrale est composée,
chez l'homme, de 26 pièces, le crâne de 8, la face de 11,
le thorax de 25, les memi)res thoraciques de 61 et les
membres pelviens de 62. Leur forme les a fait diviser en
os longs, os courts et os larges. Quelle que soit leur forme,
ils présentent des buillies et des creux. Les saillies sont ou
articulaires (tètes, condyles, dentelures) ou non articu-
laires et destinées à des insertions musculaires (tubéro-
sités, apophyses, épines, crêtes). Les creux articulaires
sont appelés ca\ités; les noji articulaires sont désignés
sous le lioiîi de IbsbCh. gouttières, fentes, trous, canaux.
Le tissu osseux se présente sous deux aspects, sous celui
de substance compacte et de substance spongieuse. La
première forme la diaphyse des os longs ; elle est dure et
serrée. La substance spongieuse, moins dure, est constituée
par des aréoles intei'connnunicantes et entre dans la compo-
sition des os courts, des os larges et des extrémités des
os longs. La surface des os est toujours limitée par une
couche de tissu compact. Les os larges et courts sont
— 627 —
OS
spongieux intérieurement. Les os longs sont spongieux
seulement aux extrémités (épiphyses); leur partie moyenne
(corps ou diaphyse) est creusée d'une cavité cylindrique
(canal médullaire) qui manque rarement (paresseux, cé-
tacés, cliéloniens) et contient de la moelle, excej)tionnel-
lement de l'air comme chez les oiseaux (V. Mok[xk). —
Les os sont constitués par une substance fondamentale
(matière organique, osséinc) qui se réduit en gélatine par
la coction, incrustée de sels calcaires (terre osseuse), et
creusés d'un système de canaux (canaux de llavers) conte-
nant des vaisseaux et de la moelle, et d'un système de
cavités microscopiques (ostéoplastes), communicjuant entre
elles au moyen d'un grand nombre de canalicules ramifiés
(canalicules osseux). Si l'on coupe un os long en travers,
on voit au centre un trou (canal médullaire) entouré d'un
anneau de lamelles concentriques (système des lamelles
périmédullaircs), à la périphérie un autre anneau de la-
melles concentriques (système des lamelles périphéri([ues)
et, entre les deux, une infinité de petits trous (canaux de
Havers) limités eux aussi par des systèmes de lamelles
concentriques (système de Mavers) et séparés, au m\ eau
des angles de rencontre, par des systèmes incomplets (sys-
tèmes intercalaires) . Entre les systèmes de Ilavcrs on ren-
contre encore des fibres pâles (fibres de Sharpey), restes
calcifiés de fibres provenant du périoste. Enfm, k la péri-
phérie de l'os, il y a une membrane fibreuse et vasculaire,
le périoste (V. ce mot).
Les canaux de llavers sont un système de canaux ra-
mifiés et anastomosés. Les vaisseaux qu'ils contiennent
ont la même disposition : à la surface de l'os, ils s'ouvrent
sous le périoste, en dedans ils s'ouvrent dans le canal
médullaire. Les lamelles qui les entourent (lamelles
osseuses), comme celles de l'anneau sous-périosté et de
l'anneau périmédullaire, sont constituées par la substance
fondamentale des os. Ces lamelles sont creusées de cavités
microscopiques (ostéoplastes) présentant des prolonge-
ments ramifiés (canalicules osseux) ijui s'anastomosent
entre eux. L'ostéoplaste contient la cellule osseuse pré-
sentant un noyau, une sorte de cuticule ou capsule, et des
prolongements ramifiés qui s'enfoncent dans les canalicules
osseux oti ils s'anastomosent avec les prolongements des
cellules voisines. Les ostéoplastes ou corpuscules osseux
manquent dans les os de beaucoup de poissons. Les lames
du tissu spongieux dans les os courts, les os larges et les
épiphyses des os longs, ont la même structure.
La composition chimique du tissu osseux est la sui-
vante (pour 100) : matière organique (osséine et graisse),
33; matière inorganique, 61 (phosphate de chaux, 51;
phosphate de magnésie, i; carbonate do chaux, Ll ;
fluorure de calcium, 2; soude et chlorure de sodium, 4).
— Les os ont des vaisseaux sanguins et des nerfs. Ceux-ci
pénètrent dans l'os par les trous nourriciers.
Comment se développent les os? Le développement du
tissu osseux (ossification) se fait soit directement, au sein
d'un tissu fibreux (os de membrane, os dermiipie), soit au
sein d'un cartilage temporaire (os enchondral).
Dans l'ossification, dans les pièces cartilagineuses du
squelette primitif (os de la base du crâne, os du rachis et
du thorax, os des membres), il y a prolifération des cel-
lules dans les capsules cartilagineuses, ouverture de celles-
ci et mise en liberté de cellules jeunes dérivées des cel-
lules du cartilage, formation de couloirs dans le cartilage
dont les parois se calcifient (calcification du cartilage, fiir-
mation des travées directrices); les vaisseaux sanguins
abordent le cartilage, s'engagent dans les couloirs limilés
par les travées directrices, apportant avec eux du tissu
conjonctif jeune dont les éléments cellulaires soiit les Néri-
tables agents de l'ossification (ostéoblastes). Ces osléo-
blastes se déposent le long des parois des tra\ées direc-
trices, sécrètent de la matière osseuse autour d'elles. Celle-ci
prend peu à peu la place du cartilage calcifié qui se ré-
sorbe et disparaît. Ainsi se forment succebsivement les
lamelles osseuses. Les ostéoblastes emprisonnés au sein
même de leur sécrétion sont devenus les cellules osseuses
et sont désormais renfermées dans les cavités de la sub-
stairce osseuse ou ostéoplastes. Les prolongements rameux
des ostéoplastes donnent de la même façon naissance aux
canalicules osseux. On comprend maintenant pourquoi la
structure de l'os est essentiellement stratifiée et comment
naissent autour des couloirs les systèmes de Havers.
Quand un os de cartilage se produit, le début de ce tra-
vail au sein du cartilage préexistant constitue les points
(F ossification, primitifs et secondaires, qui s'accroissent
sans cesse en longueur et en épaisseur. L'os s'allonge jus-
({U'à l'achèvement du S(|uelette par ossification au sein
des cartilages de conjugaison ([ui se reforment in-
cessamment pendant que leur surface est le siège de l'os-
sification. L'ossification est donc une substitution d'os au
cartilage, une véritable ossification endochondrale. En
même teinps qu'il s'allonge, l'os grossit. A cet effet, le tissu
conjonclif périchondra] ou périostique j)ro]ifère; il forme
à la surface de la pièce osseuse une coucbedite ostéogène,
renfermant des ostéoblastes et des vaisseaux. Les ostéo-
blastes édifient de l'os comme précédennnent, et ainsi se
forme à la surface de l'os endochondral une couche
d'os périchondral ou périostal (virole osseuse), dans lequel
le rôle de travées directrices- est joué par les fibres du pé-
rioste qui s'incrustent de sels calcaires (ces fibres empri-
sonnées dans l'os deviennent les fibres de Sharpey). Le
canal médullaire se produit par résorption modelante, et
le tissu spongieux du début (l'os du début est partout
spongieux) se transforme à la surface des épiphyses et
dans la diaphyse en tissu compact par condensation du
tissu et disparition des espaces aréolaires. Dans V ossifi-
cation membraneuse (voûte du crâne, face, etc.), on
constate d'abord la calcification des faisceaux connectifs,
puis la pénétration des vaisseaux qui apportent avec eux
les ostéoblastes qui, là comme dans l'ossification dans le
cartilage, sécrètent les lamelles osseuses et deviennent des
cellules osseuses. Le diploc (V. Crâxe) des os du crâne
se produit à la f^^içon du canal médullaire dans les os
longs. La seule différence qu"il y ait entre l'ossification
endochondrale et Tossification membraneuse (ou périos-
tale), c'est que la première est néoplastique tandis que la
seconde est métaplasti([ue. Ch. DEBiErau:.
Os DES IxcAs (V. Epactae [Os]).
Os occierrAL (V. OccnnxAL).
II. Pathologie. — La pathologie des os comprend
des lésions trcmmatiques, des lésions inflammatoires,
des tumeurs ou néoplasmes.
L Lésions traumatiques. — Les lésions traumatiqucs
sont des contusions, des plaies, des fractures (V. ces
mots).
11. Léswns ixFLAM.MATOiuES. — Lcs lésious inflamma-
toires sont constituées par Vostéite. Vostéite est l'in-
flammation des os. On distingue, suivant leur étiologie, les
ostéites traiimatiques et les ostéites spontanées
(Gosselin, OUier).
OsrÉriE TuAL.MA'iiuLE. — T J)a)is le corps des os
longs. La maladie consiste en lésions du périoste, de la
substance compacte, de la moelle. Dans une])remière pé-
riode, l'ostéite est hypoémiiiue et plaslitjue; dans une
seconde, elle est productive; dans ujio ti'oisième période,
elle est suppurante. Chacune de ces périodes se distingue
par des symptômes iiarlicufiers. Les symptômes de l'os-
téite dans le corps des os longs varient suivant ([ue l'os-
téite survient sans avoir été précédée d'une solution de
continuité des téguments, ou après une plaie qui a mis
l'os en contact avec l'extérieur (ostéite alnitée. ostéite
exposée). L'ostéite traumali{[ue abritée n'est pas grave;
repos, antiseptiques, compression, tel est le IraitOnent
à appliquer.
Quant à l'ostéite exposée, elle se présenfe sous la forme
modérée ou tente, ou sous la forme aiyué et suraigué.
Elle est sans gravité quand elle ne suppure pas. La gra-
vité dépend de la suppuration de cette ostéite profonde,
os
— iJiS —
ou ostéo-myélite. Le traiteiuent est celui des fractures
avec plaie.
'^"^ Ostéite trauniatlque dans les extrémités des os
longs {épipliyses), les os courts et les os plats. Ici encore
Fostéite peut être abritée ou exposée. Dans les os courts,
la gravité dépend de la limite du traumatisme : couche
compacte extérieure, ou plaie pénétrante allant jusqu'au
parenchyme spongieux. Dans les os plats, l'ostéite non
exposée diffère peu de celle des os longs ; exposée, sa
gravité dépend de la suppuration. Le traite)nent repose
sur les mêmes principes que celui des mêmes lésions sur
les os longs.
Ostéite spoNTAiNÉE. — 1« L'ostéite spontanée des os
longs s'observe surtout pendant la seconde enfance et
l'adolescence; elle a une forme aiguë et une forme sur-
aiguë; Gosselin en décrit cinq variétés clinicpies ; 2^ on
connaît encore Fostéite épiphysaire aiguë chez les nou-
veau-nés ; 3° Fostéite spontanée chronique de l'enfance
et de l'adolescence dans les extrémités des os longs et dans
le tissu spongieux des os courts, carie ; hP Fostéite cario-
nécrosigue, ou spina-ventosa des petits os longs, chez
les enfants ; 5^ Fostéite spontanée chez les adultes. Celle-
ci peut être de cause rhumatismale, syphilitique, à forme
névralgique (ostéo-névralgie), suppurante circonscrite.
IIL Tumeurs ou xNéoplas.mes des os. — Les os sont le
siège d'un grand nombre de tumeurs dont l'histoire ana-
tomo-pathologique et clinique est relativement récente.
Quelques-unes présentent cependant encore bien des la-
cunes dans leur histoire. L'os est formé de périoste, de
tissu osseux proprement dit, de moelle ; les tumeurs des
os prennent naissance aux dépens de ces trois parties ; on
trouve donc des tumeurs périosseuses,parenchymateuses,
intra-osseuses ; on décrit encore des tumeurs centrales
des os, ou issues de la moelle même. Dès lors, les exos-
toses semblent une déviation simple de l'accroissement de
l'os malade ; elles sont formées d'os parfait ; les fibromes,
myoxomes dérivent des éléments conjonctifs du périoste,
de l'os ou de la moelle. Le cartilage existe à l'état nor-
mal dans Fos, jusqu'à vingt-cinq ans, et, d'après Ch. Ro-
bin, constamment sous forme de couche ostéogène sous-
périostique, d'où la présence de chondromes. Les kystes
s'expliquent par la présence des cavités du tissu osseux,
et la vascularisation extrême de ce tissu donne l'explica-
tion de la production de tumeurs vasculaires. Quant au
tissu des sarcomes, des carcinomes, des épitliéliomas,
il n'a pas son analogue dans Fos parfait. Cependant, toute
une classe des sarcomes est composée des éléments mé-
dullaires (myéloplaxes, mêdullocelles) (Schwartz).
Au point de vue du pronostic, ou de leur gravité, les
néoplasmes peuvent se diviser aussi en deux catégories,
suivant qu'on a affaire à des tumeurs bénignes ou ma-
lignes. Parmi les tumeurs bénignes, nous rangerons les
exostoses, fd)romes, myxomes, lipomes, cbondromes, kystes
(non parasitaires, hydatiqiies), les anévrysmes des os.
Parmi les tumeurs malignes, les sarcomes, tumeurs os-
léoides, carcinomes, épithéhomas, lymphadénomes. Une
classe de tumeurs, les myélo'tdes, forment comme une
transition à ces deux classes, car, anatomiquement, ce
sont des sarcomes, et cliniquement, elles sont relative-
ment bénignes. Enhn Vostéomalacie, affection qui ne
survient que chez les adultes, et surtout chez les femmes,
est caractérisée par un ramollissement progressif de tout
le système osseux, et des déformations résultant fata-
lement du manque de résistance des différentes portions
du squelette. D^' A. Coustân.
III. Art vétérinaire. — Os naviculaire (V. Navi-
culaire).
IV. Chimie. — La matière des os est principalement
constituée par deux parties, l'une organique , Vosséine
(V. ce mot), Fautre minérale. Les matières minérales in-
terviennent dans la proportion de 60 à 70 °/u, le reste
étant constitué par Fosséine. L'osséine et la matière mi-
nérale sont associées à tel point ({ue le microscope ne laisse
point apercevoir de dépôt calcaire dans une lamelle
osseuse. On sépare Fosséine de la plus grande partie des ma-
tières minérales en traitant l'os par l'acide chlorhydrique
étendu dans lequel l'osséine est insoluble ; la plus grande
partie des substances terreuses passent en solution.
Les matières minérales se composent : i*^ d'eau en
quantité variable ; 2*^ de phosphate de chaux tribasique
mêlé ou combiné au fluorure de calcium, mais en propor-
tion plus grande que dans l'apatite; 3« d un peu de phos-
phate de magnésie tribasique ; ¥ de carbonate de chaux ;
5° de chlore sous forme de chlorure de sodium, de potas-
sium, de calcium, de traces de silice, de fer. Ces subs-
tances seraient groupées dans les os d'après les propor-
tions moyennes suivantes : 38 <^ o de phosphate de chaux,
'i de phosphate de magnésie, 8 de carbonate de chaux,
2 de divers sels, tels que le fluorure de calcium, les chlo-
cures de sodium, de potassium, sulfates, matières sa-
bleuses, etc., environ 10 d'eau.
En faisant entrer un peu d'arséniate de calcium dans
FaHmentation, il est possible de remplacer par ce sel une
certaine quantité de phosphate tricalcicpie ; on peut même
substituer à la chaux la magnésie, la strontiane et même
l'alumine. La (composition chimique des os est variable
avec la ruUure de l'animal, avec son âge, avec le régime
auquel il est soumis. Voici, d'après M. Fremy, un tableau
donnant la composition des os de divers animaux :
PIIOVENANCI^J
Cendres
Phosphate
Phosphate
de
magnésie
1
Carbonate
DES OS
d'os «/o
de chaux
de chaux
Gaivon de 18 mois. .
GFG
61.5
»
»
Garçon de 5 ans
07,80
))
n
»
Fille de 19 ans
67.85
»
y>
»
Fenitue de 22 ans
oi;6
»
})
»
Honnne de 40 ans. . .
64,2
56,9
1.3
10.2
Femme de 80 ans . . .
64.6
60.9
1:2
7,5
Femme de 97 ans
61,9
57'
1,2
9.3
/ lenmr . . .
68.6
»
»
»
V humérus .
69.25
»
»
»
Fennne 1 crâne ....
69
»
))
))
de 22 ans j omoplate.
65.18
»
»
»
/ vertèbre..
51.25
»
»
»
\ sternum..
51.43
»
»
))
Fa pin (fémur)
m:,".
58.7
1.1
6.3
Eléphant indien
66.8
62:2
1.2
5.6
BœuT (hunjérus)
70.1
68.7
1.7
8,6
Mouton
70'
62.9
70.5
62.9
5i:4
60.'9
1:3
0:5
i;7
i . i
10.6
8.4
Caehalot
x\i-hï
Dindon
67.7
63.9
1.5
5. '6
Héron
70.6
6F8
62,6
58
1.2
0:2
Carapace de tortue .
Crocodile
61
61,3
54
61,4
57
30
58.3
55;i
58:3
58,1
56.1
27.7
0:5
13
0,5
1,1
traces
traces
7.7
7'
»
4.7
2:2
4^3
Morue
Sole
Car{)e
Anguille
Raie
Lamproie (tète)
2,2
'i
't
2
V. Industrie. — L"abatagedes animaux fournit annuel-
lement une quantité d'os qu'on peut évaluer à environ
oOO.OOO tonnes. En France, c'est le dép. de la Seine qui
produit la plus grande quantité d'os. La ville de Paris a
consommé, en 1896, d 53. 170 tonnes de viande de bou-
cherie et 26.425 tonnes de viande de porc, ce qui fait uii
total de 179.595 tonnes de viande de boucherie et char-
cuterie, sans y comprendre la viande de cheval. Le poids
des os forme les 2; 10 de cette quantité, c.-à-d. en gros
36.000 tonnes. Une partie de ces os est brûlée ou em-
portée par les boues, mais les déperditions sont largement
compensées par les os emportés à Paris des villes et des
campagnes environnantes, dans un rayon de 50 kil.
On admet que l'industrie ne reçoit en moyenne que le
tiers des os produits et l'on évalue à i 00. 000 tonnes le
poids des os utilisés. En France, les os du dép. de la Seine
étaient en grande partie convertis en noir animal, mais
— 629
OS
la diminution de la consommation de ce dernier produit,
en sucrerie notamment, a modifié l'industrie des os.
Les os ayant une dimension, une densité et une épais-
seur suffisantes sont destinés à des ouvrages de tablette-
rie, on les désigne sous le nom d'os de travail; l'industrie
parait en utiliser de 2.000 à 3.000 tonnes qu'elle transforme
en boutons, manches de couteau, etc. La fabrication de
la gélatine (V. ce mot) absorbe la plus grande quantité des
os, 90.000 tonnes environ; les os dégélatinisés fournis-
sent du phosphate précipité ou des poudres d'os verts uti-
lisés en agriculture. On emploie dans l'industrie de la gé-
latine quatre catégories d'os : 4^ les os canards ou
caboches qui donnent la plus belle gélatine et sont cons-
titués par les tètes de bœufs, de vache, de cheval; 2*^ les
cornillons, os intérieurs des cornes des ruminants, perfo-
rés comme des éponges, poreux, ils donnent un bon ren-
dement et une bonne qualité ; 3^ les os caboches prove-
nant de tètes de moutons ; 4*^ les omoplates, os des
jambes de moutons, ces deux catégories sont moins re-
cherchées. Enfin les déchets des fabricants de boutons
passent également à la fabrique de gélatine sous le nom
de dentelles de boutonniers ou escafillottes.
Les os gras, humides, détachés de la viande cuite et
non desséchés, sont dégraissés, puis transformés en noir
animal; les os desséchés ou os secs subissent la même
transformation sans dégraissage préalable. On ne con-
somme guère aujourd'hui que 5.000 à 6.000 tonnes d'os
dans les fabriques de noir. Enfin on évalue à 2.000 tonnes
la quantité d'os servant à la production du phosphore.
Pour la fal)rication de la gélatine, du noir animal, du
phosphore, V. ces mots.
Dégraissage des os. On extrait les 9 100 de graisse
que contiennent les os non desséchés en les faisant bouil-
lir pendant quelques instants dans une grande chaudière
en fonte remplie d'eau; on agite les os dans l'eau, la
graisse fond et se détache de l'os pour remonter à la sur-
face de l'eau où elle est enlevée à l'aide d'une grande
cuiller peu profonde.
Les os qui se sont desséchés en perdant leur humidité
ne cèdent plus leur graisse dans les conditions précé-
dentes, mais on peut quand même l'en extraire à l'aide
du sulfure de carbone, de la benzine ou du toluène.
Poudre d'os verts. On utilise comme engrais, sous le
nom de poudre d'os verts, les os dégraissés et réduits en
poudre. Cette poudre renferme environ 4 ^/o d'azote et de
AO à 55 *^ 0 ^^ phosphate de chaux. Une poudre d'os
verts provenant d'os dégraissés à la benzine a donné les
résultats suivants à l'analyse :
Eau 5,85 ^'o
Phosphate de chaux -44,83
Carbonate de chaux 9,9i
Osséine 29,31
Matière grasse 3,34
La pulvérisation des os dégraissés se fait au moyen de
broyeurs spéciaux.
Poudre d'os dégélatinés. Les os, débarrassés de leur
osséine par un traitement à l'eau sous pression, sont très
poreux après la dessiccation et, par suite, faiblement
broyables et assimilables ; ils constituent après le broyage
un excellent engrais, riche en phosphate, connu sous le
nom de poudre d'os dégélatinés. Le départ de Tosséine
(30 ^/o) fait monter la richesse en phosphate de chaux de
38 à 60-70 ° 0- Une semblable poudre a donné à l'ana-
lyse la composition suivante :
Eau 7,90 «0
Phosphate de chaux 63,31
Carbonate de chaux 12.93
Osséine 9,37
Matière grasse 1,22
La matière grasse disparaît en grande partie par sapo-
nification au moment de la transformation de l'osséine en
gélatine. La disparition de l'osséine abaisse la teneur en
azote de cet engrais à 1 ^ o.
Phosphate précipité. La préparation de la gélatine
alimentaire dans laquelle on isole V osséine (Y. ce mot) par
un traitement à l'acide chlorhydrique étendu laisse comme
résidu une solution renfermant tout l'acide phosphorique.
On la traite par la chaux pour précipiter cet acide sous
forme de phosphate bicalcique soluble dans le citrate d'am-
moniaque. Les phosphates précipités dosent de 35 à40 « o
d'acide phosphorique.
Superphosphate d'os. On peut transformer les poudres
d'os verts et d'os dégélatinisés en produits plus assimi-
lables par l'action de l'acide sulfurique qui réagit sur le
phosphate tricalcique contenu dans ces poudres. Ces super-
phosphates ne rétrogradent pas, car ils ne contiennent ni
fer, ni alumine en quantité apréciable; en outre, ils ren-
ferment un peu d'azote. On les prépare simplement en
disposant la poudre d'os en couronne circulaire sur un
sol uni, on verse l'acide au milieu, puis à l'aide de rin-
gards on mélange peu à peu l'acide et la poudre. Le mode
opératoire est semblable à celui qui est suivi par les ma-
çons dans la préparation du mortier. Après solidification
du produit, on pulvérise le superphosphate obtenu.
C. Matic.non.
VI. Économie domestique. — Les os plats ne
sont guère utilisables; seuls, les os contenant de la
moelle, qui peut être mangée à part, entrent dans la
préparation du pot-au-feu et augmentent ia qualité du
bouillon (V. Aumenï).
VII. Anthropologie. —1" Généralités (V. Ostéo-
métrie).
2° Os woRMiENS. — Petits os surnuméraires du
crâne signalés par Olaus Wormius, qui ont pour origine
des centres supplémentaires d'ossification. Ils complètent
la voûte crânienne, surtout là où celle-ci a quelque ten-
dance à rester ouverte, à présenter des fontanelles. On en
observe très fréquemment à la rencontre des deux sutures
sagittale et lambdoide (ou lambda). On en a vu jusqu'à
50 dans les deux branches de cette dernière. Lorsqu'au
lambda un seules, triangulaire ou losangique, remplaçant
la pointe de Técaille occipitale, dépasse les dimensions
d'une pièce de 5 fr., il prend le nom d'os épacfal (V. ce
mot). Z.
VIII. Archéologie. — Le sol des cavernes habitées par
les hommes préhistoriques a livré nombre d'objets qui furent
les parures de nos
ancêtres. Parmi
les petits monu-
ments de silex ,
d'ivoire, de corne,
se sont rencontrés
des os d'animaux
habilement tra-
vaillés, qui servi-
rent non seule-
ment aux usages
les plus courants,
comme hameçons,
aiguilles, pointes
de flèches, mais étaient certainement de véritables bijoux.
Au moyen âge, la rareté, par conséquent le prix élevé
de l'ivoire, comme aussi la difficulté de le travailler, le fit
remplacer dans nombre de cas par l'os, non pas seule nent
dans les travaux de marqueterie ou de petites pièces ver-
nies ou encausticpiées pouvaient presque atteindre le po li de
l'ivoire, mais également dans les petites sculptures, bas-
reliefs, statuettes, ou tableaux cloants. En même tei nps,
dans les inventaires comme dans les statuts des métiers,
ivoire et os se confondent : patenostres, dés, boulons,
couteaux, images; mais cependant, pour que les acheteurs
ne puissent être trompés, certaines restrictions sont
apportées à la vente d'objets d'os par les marchands qui
tenaient en même temps boutique d'ivoire. Les couteliers
Objet en os de l'époque eeUi(jue
(Quicherat).
os
OSBORNE
630 —
par exemple ne pouvaient monter en argent les couteaux
à manche d'os. Quelques crosses cFévèque furent d'os,
l'inventaire de Sienne de 1467 en mentionne une.
Dans certains cas, la forme même de Tos fui utilisée
par les artistes pour la
décoration extérieure des
petits coffrets qui sor-
taient de leurs mains :
Fos scié en deux dans sa
longueur, appliqué, offre
à l'œil l'aspect d'une
lourde colonnade iine-
ment sculptée. Tels le cof-
fret du musée civi(pie de
Pavic et celui de Borgo
S. Donino que nous re-
présentons.
11 est entin, au moyen
âge, en architecture, un
emploi des os qu'on n'au-
rait pu soupçonner, si
on n'avait découvert, en
1835, lors des répara-
tions de la calhédraie
d'Angers, que les pan-
neaux des galeries étaient
reliés entre eux par de
longs os, admirablement
conservés, dont les tètes
formaient un lien très so-
lide entre les différentes
parties de la maçonnerie dans laquelle ils étaient noyés,
remplaçant les chaînages de fer ([ueles architectes de l'art
ogival avaient été forcés d'introduire dans la légèreté des
murailles succédant aux massives épaisseurs de l'époipie
romane. F. m-: Mély.
OS (Jean Van), peintre hollandais, né à Middelharnès
en 4744, mort à La Haye en 1808. Elève de Schouman
à La Haye, il fut très apprécié comme peintre de marines,
de paysages avec animaux et surtout de Heurs et fruits.
Son tableau Fleurs et fruits, du Louvre, date de 1771. On
trouve ses ouvrages à la National Gallery, dans des galeries
privées anglaises, à Amsterdam, à Genève, à Gotha, à
Augsbourg, à F>ancfort {marine), à l'Ermitage, etc.
Son fils Pieter Gérard Van Os, né à La Haye en 1776,
mort à La Haye en 1839, fut son élève, mais imita Paul
Potter etK. Du Jardin. Capitaine des volontaires en 1 81 3-1 4,
il peignit des scènes de guerre. 11 a peint beaucoup de
Scènes de chasse, qu'on voit dans de nombreuses galeries.
OS (Georges- Jacob- Jean Van), peintre, né à La Haye
le 20 nov. 1782, mort à Paris le 11 juil. 1861. Auto-
didacte, il illustra la Flora halava de J. Kops, se rendit
en 1809 à Amsterdam et se fixa en 1812 à Paris, s'adon-
nant à la peinture des fleurs et fruits à l'huile d'abord,
puis sur les porcelaines de la manufacture de Sèvres,
qu'il décora aussi d'oiseaux. 11 fut attaché à cette ma-
nufacture à partir de 1817.
OSAGE (Rivière) (V. Missouri [Etat]).
OSAGE-LiTv. Ville des Etats-Fnis (Kausas), sur le Sait
Creek, au centre d'un bassin houiller ; 3.300 hab. Mines
d'ocre jaune. Grandes carrières.
OS AGES. Tribu d'Indiens des Etats-Unis, de la famille
des Dakotah. Ils vivaient jadis le long de la rivière Osage.
De haute taille, de teint rouge brique, c'était un peuple
de chasseurs et de guerriers, redoutés de leurs voisins.
Les débris vivent aujourd'hui dans FOklahoma et s'adon-
nent à Fagriculture.
BiBL. : L)ORSF,Y, 6*^ ra])port du Burcnii of Ellinolofiy.
OSAKA. Ville du Japon, l'une des trois capitales de
Fempire, ch.-l. de la prov. de Setsou, sur la côte S.~0.
de Nippon, à Femboucbure du Yodogava dans la baie
d'Idzumma; 482.961 hab. (en 1894). C'est la Venise
japonaise, coupée de nombreux canaux. On admire son
ColTrot nuptial on os do Rora-o S. Donino.
vaste cbàteau ruiné et ses temples, parmi lesquels ceux de
Shitennoji, Summiyoshi et Temmangu. Monnaie. Osaka
est le plus grand marché du Japon pour le riz, le coton,
les soieries. Le commerce extérieur se fait par port de Kobé.
OSANN (Emil), mé-
decin allemand , né à Wei-
mar le 23 mai 1787,
mort le 11 juin 1842.
Professeur à l'Université
de Berlin (1818), il fut
Fauteur de Physikalisch-
Medizinische Darstel-
hni(j der lîeilqueUen
Europas (BerHn, 1829-
32 ; 2^ éd., en 3 vol.,
1839-42).
OSBORNE (Château
(F), [iésidence d'été de
la reine d'Angleten-e, si-
tuée dans F de de Wighl,
])rès de Cowes. Cette ma-
gnifique propriété, dont
le parc et les jardins sont
renommés, a appartenu
à Eustache Mann. Mais
le manoir primitif a été
complètement trans-
formé, dans le goût mo-
derne, par le prince-
consort.
OSBORNE (Francis),
littérateur anglais, né le 26 sept. 1393, mort près de
l)edding(on (comté d'Oxford) le 11 févr. 1659. Ecuyerdu
comte de Pembroke, il ne se plut guère à la cour et se
retira en 1650 à Oxford pour se consacrer à l'éducation
de son tlls et publier divers traités d'histoire, de poli-
tique et de morale, dont les principaux sont: Aduice to
a 6\m (Oxford, 1650-52, 2 vol.), qui obtint un grand suc-
cès, provoqua une assez vive polémicpie et le pamphlet
de John Heydon, Advice to a Daughter (1659) ; Tra-
ditional Menwirs of the Reigns of Q. Elizabeth and
King James f (1658, in-4) ; A seasonable exposlulation
ivith Ihe Netherlands (Hjï^'l, in-4) ; Poliliral refleclions
upon Ihe government of the Turks (1656), etc. Les
(iVAivres d'Osborne ont eu plusieurs éditions collectives ; la
IP^ éd. parut en 1722 (2 vol.). H. S.
OSBORNE (Sir Thomas), comte de Danby, marquis- de
CAR:\iuvriiEN, duc de Lekds, homme d'Etat anglais, né en
1631, mortàEasion (Xorthamptonshire) le 26 juil. 1712.
Poussé à la cour, après la Restauration, par son ami
George Villiers, second duc de Buckingham, il pritunvii
intérêt à la politique, se fit élire membre du Parlement
])ar Vork (1665) et entra dans le parti des hauts cava-
liers. H attaqua vivement le chancelier Clarendon ; en
\{)ij'S, il obtenait le poste de trésorier de la flotte ; en 1673,
il entrait au conseil privé, et la même année il était
nommé loi'd haut trésorier d'Angleterre et premier mi-
nistre, el recevait enfin le titre de comte de Danby (1674).
H sut se maintenir à la hauteur de celte rapide fortune.
Reprenant la politique de Clarendon qu'il avait jadis si
;q)reuicii( dépréciée, il ])roclama l'union de FEglise et de
la Couronne. Fgalement éloigné des dissidents et des
papistes, il signa avec les évèques la convention de Lam-
i)e(h qui éloigna do l'entourage du roi tous les seigneurs
catholiques. 11 pro])osa ensuite que le serment du Test
fût étendu à tous les fonctionnaires de F Etat et il eût
l'éussi à faire })asser le bill aux Communes, si Shaftesbury
n'avait excité habilement une querelle de prérogatives entre
les deux Chambres. Lnfin il usa largement de la corrup-
tion pour se créer une majorité au Parlement. Mais
Charles 11 compromit gravement la politique de son mi-
nistre en signant avec Louis XIV, malgré ses énergiques
représentations, le traité de 1676 qui le mettait dans la
631 —
OSBOKNE — OSCAH
dépendance de la France, et comme l'opposition reprenait
de la force, Danby, recourant pour sa défense à des me-
sures exceptionnelles, fit enfermer à la Tour Buckingham,
Shaftesbury, Wliarlon el Salishury (1677) et gagna tout
à fait les prélats en présentant un hill, dit de séciirifr,
({iii décidait qu'en cas d'avènement d'un roi non angli-
can, la nomination des évèques serait faite par les pré-
lats existants. Mais ce bill écboua devant les Communes;
les succès de Louis XIV en Fhuidre alTokTent la nation.
Pour éviter une guerre qui eût tari les subsides que le
roi do France servait au roi d'Angleterre, Danby prorogea
le Parlement. Les cboses allèrent de mal en pis. Pour
amener une détente, Cbarles II permit le mariage du prince
d'Orange avec Marie, fdle aînée du duc d'York, événement
qui excita un immense enthousiasme. Par contre, Louis XIV
se montra très offensé : les rapports entre les deux cours
se tendirent, et Danby rappela l'ambassadeur de Paris et
convoqua le Parlement (1678). Mais cette attitude éner-
gique n'existait qu'en façade. Charles II profita de la
situation pour réclamer de Louis XIV une nouvelle pension
pendant trois ans, et, a])rès le débarquement d'une bri-
gade de 8.000 hommes à Ostende, il s'offrit à la rappeler
et la rappela, moyennaid, une nouvelle pension. Rien
n'empêcha donc Louis XIV de signer le traité de Nimègue
(1678) qui fit de la France l'arbitre del'Lurope. Charles IL
de son côté, se montrait fort content; il avait touché près
d'un million. L'opposition aux abois inventa ou du moins
exploita la fameuse affaire de Titus Oates, ce complot
papiste qui devait porter un coup funeste à la religion
protestante. Shaftesbury, remis depuis peu en liberté, prit
la direction d'une enquête sur les accusations de Titus
Oates et s'arrangea de manière à accroître la terreur popu-
laire. Il y eut une véritable persécution des catholiques.
Là-dessiis, Fdmond Montagu, ambassadeur en France,
ayant été rappelé par Danby, fit connaître à la Chambre,
])our se venger, la lettre envoyée par le roi à Louis XïV
pour réclamer le payement des services qu'il lui avait
rendus pendant les négociations de 1678. Danby, qui avait
contresigné la lettre, tomba du coup et de plus fut accusé
de haute trahison et enfermé à la Tour (1679) où il de-
meura près de cinq ans, sans qu'on se décidât à faire son
procès. Enfin il fut mis en liberté sous caution en 4684
et on finit par oabandonner la poursuite. Danby reparut
sur la scène politique comme le chef du grand parti tory.
Il se déclara nettement en faveur de Guillaume d'Orange
et se montra l'adversaire forcené de la politique française.
Il signa la lettre d'invitation portée à La Haye le 30 juin
1688 et envoya son fds au prince d'Orange. En même
temps, il prépara avec lord Lumbyet le comte de Devon-
shire le soulèvement des comtés du Nord. Dès que Guil-
laume eut débarqué à Torbay (5 nov.), Danby se précipita
sur York à la tête d'une centaine de cavaliers et donna le
signal de la révolte. Une véritable armée se rallia autour
de lui, Anne elle-même, la fille de Jacques II, le rejoignit
à Nottingham. Jacques II avait perdu sa couronne. Danby
obtint de Guillaume le titre de marcjuis de Carmarthen
(1689), fut nommé lord-lieutenant des trois Ridings
(1690-9i2), et président du conseil. Mais il désirait re-
prendre le poste do lord haut trésorier et, ne l'ayant pas
obtenu, il ne cacha pas son mécontentement. En 1690,
Guillaume le mit décidément à la tête des affaires, à la
grande fureur des whigs, qui se vengèrent par des pam-
phlets et par les sobriquets piquants qu'ils lui lancèrent
à la tèle : « Le roi Thomas — Tom le tyran — Blanc mar-
quis — le Guillaumite — l'Anti-Anglais, etc. ». Le roi
le soutint énergiquement. Alors on changea de tactique.
Des bruils coururent qu'il était resté en communication avec
Jacques II ; ils ne trouvèrent point de créance et Danby
fut même créé duc de Leeds (1694) en dédommagement
de ses ennuis. Ses ennemis ne se lassèrent point et l'ac-
cusèrent d'avoir reçu de forts pots de vin de la Compa-
gnie des Indes. Cette fois il se justifia mal de cette accu-
sation. Il resta bien à la tèle du cabinet, mais il perdit
toute intluence et fut enfin forcé de se retirer en mai 1699.
Malgré son âge et ses infirmités, il continua jusqu'à son
dernier jour à lutter à la Chambre des lords pour essayer
de reconquéi'ir le lorrain perdu. Il a écril ])our sa défense :
Copies and extracts of sonie Letters icrittea to and
from the earl of Dantnj ni '/67^-?5 (Londres, 1710) et
Mcmoirs relatinq to ttie enipeachment of Tliomaseart
ofBanlnj in tlie ijeav 7^7^ (Londres, 1710). R. S.
Brp.L. : Green, lUstovy of tlia cDdUsli Ppopl(\ — Cour-"
TK^AY, L'iv es of eminenl Brilis]} i^latcsmcn, t. V. —■ Ma-
GACLAY, Histoire d'Angleterre.
OSBORNE (Francis), cinquième duc de Leeds, homme
d'Etat, né le i29 janv. 1731, mort à Londres le 31 jaiiv.
1799. Député de Eye à la Chambre des communes (1774),
réélu par Helston en 1774, il passa à la Chambre des lords
en 1776. En 1777, il fut nommé chambellan de la reine. Il
prenait souvent la parole au Parlement, combattant la poli-
tique de lordNorlh. l'^n 1783, il fut nommé ambassadeur à
Paris, et à la fin de la même année secrétaire d'Etat aux
affaires étrangères dans le cabinet Pitt. Son plan fut la
fomnation d'une alliance avec la Russie et l'Autriche, di-
rigée contre la France ; ses collègues ne l'approuvèrent
pas et il démissionna le 21 avr. 1791. Jusqu'à sa mort il
continua à prendre part à tous les débals politiques im-
portants. On a de lui : An address to tlie independent
Menit)ers of both Houses of Partianient (Londres, i78'2,
in-8) ; Political Memoranda (Londres, 1884), publ.
par Oscar Browning pour la Camden Society. Ses manus-
crits très importants {Osborne Papers) hgurent au Bri-
tish Muséum.
Le représentant actuel do la Pairie est George Godol-
phin Osborne, dixième duc de Leeds. né en 1864, membre
de la Chambre des communes pour Brixlon (1887-96),
trésorier de la maison royale (1893-9()). IL S.
OSCA. Ville d'Lspagne (V. Huesca).
OSCAR ou OSKAR^ i«^" (Josel-Frans), roi de Suède
et Norvège, né à Paris le 4 juil. 1799, mort à Stock-
holm le 8 juil. 'l8o9. Fds du général Bernadotte (plus
tard roi de Suède et Norvège sous le nom de Charles XIV
Jean) et d'Eugéine-Bernardine-Désirée Clary, il fut dési-
gné comme héritier du trône de Suède dès 1810 et reçut
la même année de Charles XIII le titre de duc de Sôder-
manland. A l'âge de vingt-(iuatre ans (19 juin 1823), il
épousa la fille du prince Eugène de Beauharnais, José-
phine de Leuchtenberg, qui devait lui donner quatre fils :
Charles (1826-72, roi de 1839 à sa mort); Gustave
(1827-32), Oscar (1829, actuellement roi de Suède); Au-
guste (1831-73) et une fille, Eugénie (1830-89). Très
aimé de son père, auquel, grâce à sa connaissance par-
faite du suédois. Oscar servait souvent d'interprète au-
près de ses sujets, il fut rapidement élevé aux plus hautes
dignités du royaume et remplit d'abord plusieurs fonctions
assez importantes : vice-roi de Norvège pendant une par-
tie de 1824, chancelier de diverses académies et de l'Uni-
versité de Lund, etc. A partir de 1830 cependant, ses re-
lations avec son père deviennent déplus en plus tendues,
et celui-ci le tient autant que possible à l'écart des affaires ;
de fait, il est, pendant cette fin du règne de Charles XIV,
l'espoir, sinon le chef, de l'opposition libérale. Il s'occupe
activement de questions sociales et économiques, écrit en
français un mémoire sur V Education à donner au peupte
(1839) et publie en suédois, sans nom d'auteur, un très
important Essai sur les lois pénales et les établisse-
ments de répression {Om Straff' och Straff-anstalter,
1840), essai traduit presque immédiatement en plusieurs
langues européennes et qui valut à son auteur les éloges
très mérités des criminalistes les plus compétents. S'ins-
pirant de Beaumont, de Tocqueville et d'autres, il de-
mande avant tout aux punitions d'améliorer le coupable.
Au début de 1844, pendant une maladie de son père, il
est chargé de la régence ; le roi étant mort peu après,
Oscar monte sur le trône le 8 mars, acclamé des libéraux
et de l'ensemble de ses sujets. Il écarte lacamarilla toute-
OSCAH
— 632
pdissante sous le précédent règne et compose un minis-
tère libéral. Bieiitôt, il réunit le Hikstlag(i844) et accorde
son approbation à plusieurs réformes importantes, telles
que la réunion du Riksdag tous les trois ans (au lieu de
tous les cinq ans), une législation plus libérale en matière
de presse et surtout T égalité des droits de succession
pour les frères et les sœurs dans la noblesse, comme
c'était déjà le cas dans la bourgeoisie; de plus, il fait
nommer une commission pour étudier une réforme de la
constitution et pi'incipalement de la représentation natio-
nale. Le projet que celle-ci élabora, mollement soutenu
par le gouvernement, refroidi peut-être dans son libéra-
lisme par les troubles de l'année i848, fut rejeté par le
Riksdag dans la session de i8o0. En revanche , on modifia
dïine façon plus équitable la répartition des impôts, on
développa le commerce en supprimant les droits d'entrée
prohibitifs et surtout on réglementa très rigoureusement
la fabrication de l'alcool, interdite aux particuliers et
frappée de lourds impôts (1854). C'est du règne d'Os-
car I^^' que datent aussi en Suède les chemins de fer et le
télégraphe électrique. Tout le règne d'Oscar fut pacifique.
11 y eut bien, en 1848, une levée de troupes (20.000 h.)
concentrées à la frontière pour soutenir éventuellement
le Danemark contre l'Allemagne, mais il n'y eut aucun
engagement. En 1853, lors de la guerre de la France et
de l'Angleterre contre la Russie, la Suède resta neutre,
contre la garantie qu'aucune portion de son territoire ne
serait cédée à la Russie. Yis-à-vis de la Norvège, où ja-
mais il ne fut populaire, Oscar, sans être mtransigeant
tout à fait, fut cependant très ferme : il lui accorda une
sorte de « ministère de l'intérieur » spécial, mais lui re-
fusa énergiquement, pour sa marine marchande, le pavil-
lon aux couleurs norvégiennes qu'elle réclamait. A la
fin de l'année 1857, fatigué de corps et surtout d'esprit,
Oscar abandonna le pouvoir à son tils Charles (XV), dont
la régence dura près de deux ans. Th. C.
OSCAR ou OSKAR II (Fredrik), né à Stockholm le
21 janv. 1829, roi de Suède et Norvège, fils du précédent
et de Joséphine de Leuchtenberg. Il reçut, ainsi que ses
frères, une instiniction très soignée. Ce qui, dès son jeune
âge, l'attire surtout, c'est la marine : il entre dans la
flotte dès l'âge de dix ans et subit avec succès, en 1845, l'exa-
men d'oflicierde marine. L'année suivante, il visite, sur la
frégate Eugénie, Saint-Pétersbourg, l'Angleterre, les côtes
de la Méditerranée et s'arrête à Athènes et à Rome. A son re-
tour, il fréquente pendant (juehfues semestres les cours de
l'Université d'Upsal, tout en restant attaché à la flotte, dont
il est nommé contre-amiral en 1856. En mai de cette
môme année, il fait un nouveau voyage en Europe; fort
bien reçu par l'empereur Napoléon III et par la reine
Victoria, il revient par la Hollande et les pays du Rhin et
rencontre à Neuwied la princesse Sophie de Nassau, née
le 9 juil. 1836, qu'il devait épouser le 6 juin de l'année
suivante (1857) à Biberich. En 1859, son frère aîné,
Charles XV, qui avait perdu déjà son fils unique, monta sur
le trône ; comme son autre frère, le prince Gustave était mort
en 1852, le prince Oscar se trouvait être le plus proche
héritier du trône. Cependant, durant tout le règne de
Charles XV, sans d'ailleurs se désintéresser des affaires pu-
bliques, il ne prend pas une part active au gouverne-
ment. Il consacre tous ses soins à la réorganisation des
écoles militaires, à l'amélioration de la flotte, à la
publication des archives d'histoire militaire et au dé-
veloppement de diverses sociétés artistiques, dont il pré-
side une des plus importantes, l'Académie de musique,
j)endant une période de neuf ans. Son frère mort, il lui
succède le 18 sept. 1872. Il est couronné en Suède le
12 mai 1873 et en Norvège le 18 juil. de la même année.
Si la situation était alors exenq:>te de grosses difficultés au
point de vue de la politique extérieure, il n'en était pas de
même au point de vue de la politi(|ue intérieure. Là se po-
saient plusieurs graves problèmes, dont le plu s important, les
relations entre la Suède et la Norvège, semble, malgré l'es-
prit à la fois conciliant et ferme du roi, plus éloigné que
jamais d'une solution conforme à ses désirs. Cependant
c'est actuellement l'affection dont le roi jouit des deux
côtés du Kolen qui est le plus solide Hen entre les deux
peuples frères, et si les efforts d'Oscar n'ont pu garantir
l'avenir de l'Union, ils ont tout au moins reculé la défini-
tive rupture. D'autres questions telles que la réforme des
impôts et une complète réorganisation de l'armée ont été
heureusement résolues. D'autres enfin, et principalement
l'organisation du suffrage plus ou moins universel, restent
pendantes. L'agriculture, l'industrie, le commerce ont pris
sous le règne d'Oscar If un développement extraordinaire :
le rendement des récoltes a augmenté de 20 à 30 ^, o ; le
nombre des animaux domestiques s'est accru dans des
proportions analogues ; les fabriques sont deux fois plus
nombreuses et occupent un nombre triple d'ouvriers (pour
la Suède : 52.000 ouvriers en 1871 et plus de 140.000
en 1895) ; le réseau des chemins de fer suédois, qui
n'était pas de 2.000 kil. en 1872, dépasse aujourd'hui
10.000 kil. et s'étend jusqu'à Gellivara ; les lignes télé-
graphiques et téléphoniques couvrent le royaume.
Le roi ne borne pas sa sollicitude à la prospérité maté-
rielle du pays, il encourage non seulement les expéditions
arctiques auxquelles, resté grand voyageur, il porte un in-
térêt tout spécial, mais aussi, d'une façon générale, les
beaux-arts et les lettres. Il a publié en 1857 un recueil
de vers : Souvenirs de la flotte suédoise {Ur svei}ska
flottans minnen), dédié aux officiers de la marine. C'est
un cycle de récits héroupies et de ballades qu'il avait en-
voyé, sans se faire connaître, à un concours ouvert par
l'Académie suédoise et auquel celle-ci avait accordé le
prix. A défaut d'une grande originalité, la poésie d'Os-
car II a du souffle et de la vigueur; c'est l'œuvre d'un
marin, non rêveur mais hardi et homme d'action, qui se
réjouit à chanter les hauts faits des marins, ses devanciers.
A ces premières poésies était jointe une esquisse dra-
matique : Quelques heures au château de Kronoborg,
le 39 oct. 1658 {Nâgra timmar pu Kronoborgs slott. . . ) ,
esquisse qui fut traduite en très médiocres vers français
dès l'année suivante. Plus tard. Oscar y ajouta encore des
poésies diverses {Nytt och gammalt af. 0...), dont plu-
sieurs sont gracieuses, et des traductions habiles du Tasse,
de Gœthe, dédié à sa femme, du Cid, de Herder ou de
poésies latines, anglaises et françaises. Sa ballade. Sire
Hjalmar et la belle Ingrid (1865) et l'idylle, la Sur-
prise des Fleurs (Blominornas undran, 1860), ont été
mises en musique par le compositeur Hallstrôm. Outre
quelques récits et notes de voyage d'un tour aisé, Oscar
a publié en prose des Etudes sur l'histoire de la Suède
en /7y /, ni3 et 1113, et un volume de Discours pro-
noncés ci r Académie royale de musique (1864-71). Le
roi est un des premiers orateurs de la Suède ; il est aussi
mathématicien et compositeur. L'Université de Lund lui a
accordé, lors du jubilé bi-centenaire de sa fondation, le
titre de docteur en philosophie.
Oscar a eu de sa compagne dévouée, la très pieuse reine
Sophie, quatre fils : Gustave (né en 1858), prince royal, qui
a épousé en 1881 Victoria de Rade, dont il a trois fils :
Gustave- Adolphe, V\^illielm et Erik; Oscar (1859), dont il
est parlé ci-dessous; Charles {i^H) , qui a épousé en 1897
Ingeborg de Danemark, et Eugène (1865), qui est un
peintre de talent. Th. C.
BiBL. : Samlade skrtfter af Oscar Fredrik; Stockholm,
1875, 2 vol. — Ur svenska flottans minnen; Stockholm,
1858, nouv. éd., 1801, 1885; traduction allemande, 1861 et
1877. — Hôgtidstal hàllna i Kongl. Musihalisha Ahade-
mien; Stockholm, 1861-71. — Nàgra bidrag till Svi'riges
historia, dans les vol. XXII, XXIV et XXV des Vitt. Iiust.
0. ant. Akad. handl. — Nordisk Familjeboh, t. XII. —
Jubllaeums album vid Hans Maj^K Konung Oscar IV
25-àriga Regering ; Stockholm, 1897. — Rydfors, Konung
Oshar II och Sveriges folk; Stockholm, 1897. — Link.
Konung Oshar II; Stockolm, 1897.
OSCAR ou OSKAR (Carl-August, prince Ber mulot le),
ci-devant prince héritier de Suède et Norvège, né à Stock-
633
OSCAH — OSCILLATION
holm le 4o nov. i859. Deuxième fils du roi Oscar II, il
renonça en 4888, à la suite de son mariage avec une jeune
fille de la noblesse, Ebba-Iïenrietta Munck, à tous ses
droits à la couronne, pour lui et pour ses enfants, ainsi
qu'aux titres et aux prérogatives d'altesse royale. Il a fait
de fortes études, a beaucoup voyagé sur mer, et est
contre-amiral de la Hotte suédoise. Très religieux, ainsi
que sa femme, il vit assez retiré et s'occupe principalement
d'œuvres de piété et de bienfaisance. Th. C.
OSCHATZ. Ville de Saxe, cercle de Leipzig, sur la
Dœllnitz ; 10.012 hab. (en 4895). Grande bergerie, sucre,
lainages, cordonnerie, sellerie, etc. — Elle doit son ori-
gine à un château du roi d'Allemagne Henri [^''.
OSCHERSLEBEN. Ville de Prusse, prov. de Magde-
bourg, sur la Bode; 42.465 hab. (en 4895). Grandes su-
creries, distilleries et brasseries.
OSCHOPHORIES (Mythol.) (V. Dionysos, t. XIV,
p. 642, et Thésée).
OSCILLA (Antiq. rom.). Ce nom désigne des petites
figures ou masques représentant des hommes, que dans
des fêtes rustiques les anciens l^atins avaient coutume de
suspendre par un lien léger aux branches des arbres,
comme une offrande symbolique à F adresse de certaines
divinités. Varron qui affirme que ces oscilla faisaient pri-
mitivement partie de la religion de Dis Pater, dieu des
morts, en laisse transparaître la signification originelle :
ce sont des substitutions à d'antiques sacrifices humains ;
h's Grecs en connaissaient d'analogues sous le nom
iWùôra. On les offrait également à Jupiter durant la fête
des Ferles latines et à Liher Pater ou Bacchus pour ob-
tenir de fertiles vendanges. Virgile dans les Géorgiques
(II, 380 et suiv.) nous montre les Italiens des premiers
âges qui, se couvrant le visage avec des masques grossiers
d'écorce, chantent les louanges de Bacchus et font balan-
cer aux pins élevés des oscilla délicatement travaillés :
les cantons vers lesquels le dieu en oriente la face auront
les meilleures vendanges. J.-A. H.
OSCILLARIÉES (Bot.). Tribu d'Algues de la famille
des Nostocacées, ordre des Cyanophycées, composée des
genres Oscillaria, Lyngbya, Glœothece, Aphanothece,
Synechococcus, Beygiatoaet Leuconostoc. — Thalle uni-
formément teinté de vert bleuâtre, quelquefois incolore
{Beggiatoa), filamenteux, animé de mouvements curieux
d'oscillation sous l'influence de la lumière ; les filaments
sont réunis par l'intermédiaire d'une substance mucilagi-
nense spéciale, amincis à leurs extrémités, constitués de
celhiles toutes semblables entre elles, ne présentant pas
de noyaux et revêtues d'une membrane rigide de cellu-
lose. — Les Oscillariées ne forment jamais d'œufs, ni de
spores et se multiplient seulement par homogonies ; elles
vivent dans les endroits humides, principalement au pied
des vieux murs ou à la sui'face des terrains bourbeux.
(^Kielques espèces sont aquatiques. H. F.
OSCILLATION. I. Mathématiques. — On dit qu'un
point matériel est animé d'un mouvement oscillatoire lors-
qu'il décrit indéfiniment un même segment de droite ou un
même arc de courbe, en allant d'une extrémité à l'autre, et
en reproduisant périodiquement les mêmes circonstances de
mouvement. Cela revient à dire que la position du point sur sa
trajectoire doit être définie par une fonction périodique du
temps. Le cas le plus simple est celui où le chemin parcouru
est proportionnel au sinus d'une fonction linéaire du temps :
on dit alors que les oscillations sont pendulaires. Soit
s le chemin peircouru à partir d'une origine fixe. Dans le
cas des oscillations pendulaires, on peut écrire s = A sin
Cette formule renferme trois constantes :
(;2r.L+,).
A, T et 9. La première désigne V amplitude de l'oscillation.
T désigne sa durée. La troisième constante o s'appelle la
phase : elle est nulle quand, à l'origine du temps, le mobile
se trouve au milieu de l'arc parcouru. Dans le cas général,
la fonction périodique qui représente le déplacement peut,
en vertu d'un théorème dû à Fourier. être représentée
par une série de termes dont chacun est de la forme
Aj, sin f 2 n 7î 7p -h o^^ I , n étant un nombre entier quel-
conque, et Aj^, 9^ désignant des constantes. Le mouve-
ment, quelle que soit sa complexité, est ainsi décomposé
en une infinité de mouvements pendulaires ayant pour
durées T et des sous-multiples de T.
Si l'on projette sur une direction quelconque un mou-
vement oscillatoire, la projection décrit une oscillation de
même période. En projetant sur trois axes rectangulaires
concourants, on obtient trois mouvements oscillatoires
dont la composition l'eproduit le mouvement primitif.
Mais il faut remarquer que la composition de plusieurs
mouvements oscillatoires rectilignes ne conduit pas néces-
sairement à un mouvement oscillatoire proprement dit.
Si, par exemple, on compose dans un plan les deux mou-
vements X = sin t, y 7^ cos 1^, effectués sin'vant deux
axes rectangulaires, le mouvement résultant est une rota-
tion continue et uniforme, effectuée sur un cercle de rayon
égal à l'unité.
Les mouvements oscillatoir-es sont très fréquents dans
la nature ; on peut citer : les vibrations de l'éther, aux-
quelles on attribue la chaleur et la lumière ; les vibra-
tions de l'air, qui produisent le son ; les mouvements
pendulaires, ceux des ressorts de toute nature, eU\ Dans
tous ces cas, les oscillations sont dues à ce fait qu'un
système légèrement dérangé d'une position d'équilibre
stable tend à y revenir, mais la dépasse en vertu de sa
vitesse acquise, ce qui l'oblige à effectuer un mouvement
inverse, etc. S'il n'y avait aucune cause d'amortissement,
les oscillations dureraient perpétuellement ; mais, en réa-
lité, les résistances de toute nature réduisent progressive-
ment l'amplitude, et le système finit par s'arrêter dans la
position d'équilibre. L. Lecornu.
Oscillation d'une fonction. — On appelle oscillation
d'une fonction, dans un intervalle donné a, /?, la différence
entre la plus grande et la plus petite valeur que prend la
fonction dans cet intervalle. H. Laurent.
Centre d'oscillation (V. Centre).
II. Physique. — Oscillations électriques. — La théo-
rie électro-magnétique de la lumière, imaginée par Maxwell
en 4868, a montré que l'on pouvait déduire les lois de la
lumière et de l'électricité des propriétés d'un seul et unique
milieu, l'éther. On sait d'autre part combien sont grandes
les analogies de la chaleur et de la lumière. La théorie de
Maxwell présentait un très grand intérêt puisqu'elle per-
mettait de réunir en un seul corps de doctrine des théories
plus ou moins éparses; par contre, les difficultés que pré-
sente cette théorie la rendirent inaccessible à bien des
lecteurs, sans présenter en elle-même d'avantages bien
nets sur les théories qui l'avaient précédée, abstraction
faite de son intérêt philosophique. Il en a été de même
longtemps de la théorie des ondulations, en optique, qui,
plus compliquée que la théorie de l'émission, n'a été uni-
versellement admise que lorsque les expériences de Fres-
nel sur la vitesse de la lumière dans l'air et dans l'eau
ont montré que seule elle s'accordait avec l'expérience.
Or, il semble tout d'abord que l'assimilation des phé-
nomènes électriques aux phénomènes optiques est beaucoup
plus difficile que celle des phénomènes calorifiques. La dé-
couverte de la chaleur rayonnante et des propriétés des
radiations calorifiques tout à fait semblables aux radiations
lumineuses montre l'analogie étroite de ces phénomènes.
Le travail mémorable de Hertz sur les oscillations élec-
triques est venue justement montrer par la découverte de
véritables rayons électriques combien étaient justes les
idées de Maxwell sur la nature de l'électricité.
On sait que la lumière est produite par un mouvement
vibratoire de l'éther, mouvement très rapide, puisque chaque
vibration complète ne dure qu'un demi-quadrillionième de
seconde. En outre, ce mouvement ondulatoire se propage
OSCILLATION
— 684
avec une vitesse d'environ 800.000 kil. par seconde. On sait
aussi, depuis longtemps, que lorscju^on lance un courant
électrique dans un circuit, il se développe dans un corps
conducteur voisin un courant (VinducUon. Mais jusipi'à ces
derniers temps on ignorait siTeffet du corps inducteur sur
le corps induit était instantané ou demandait un temps
variable avec ladistancedecesdeux cor|>s. Si l'effet n'était
pas instantané, tout, du moins, annonçait que le retard exis-
tant devait être très faible; on ne pouvait donc espérer le
constater que sur des dislances notables; or les phéno-
mènes d'induction deviennent très faibles dès que la dis-
tance est un peu grande. La vérification expérimentale de
ce fait semblait donc à peu près impraticable. Voici cepen-
dant comment Hertz a réussi à mettre nettement en évi-
dence cette propagation de l'onde électrique. On ])rcnd une
l'iu. 1.
bobine do Rubmkorff B, susceptible de donner dans l'air
des étincelles de 10 centim., et l'on met ses pôles en com-
munication avec deux sphères SS, bien polies, situées à
ime distance de 1 centim. (fig. 1) ; des étincelles jaillis-
sent continuellement entre ces sphères. On met l'une d'elles
en communication avec
un fil métallique C, re- ^^ ^
plié suivant une circon-
férence, mais présentant
en i une interruption ;
en i se trouvent deux pe-
tites boules métalliques
qu'on peut rapprocher
plus ou moins l'une de
l'autre à l'aide d'une vis
non représentée sur la
ligure. Tout d'abord le
lit / communi(jue avec la
circonférenu'^ C par le
point ]n égaleiK'Mit dis-
tant des deux pjûtes
boules /i'. Dans ces coi.
ditions, en faisant mar-
cher la bobine, les étincelles éclatent entre S et S' mais
non en i, comme on pouvait s'y attendre. Si alors on
fait communiquer le fil /avec C, non plus par le milieu w,
mais par un point un peu différent m', on voit cette fois
des étincelles jaillir non seulement entre S et S' mais aussi
en / et i\ Cela tient à ce que l'état électrique de m\ (|ui varie
entre deux limites déterminées un très grand nombre de
fois par seconde, ne se propage pas dans le même temps
suivant mH' et mH, de sorte que l'état électri(|ue des deux
boules i et i n'est pas le même et qu'une étincelle peut jail-
lir entre elles si cet état est suffisamment différent ou si
ces deux boules sont suffisamment rapprochées. Comme,
d'autre part, la vitesse de l'électricité dans lestils métal-
liques est d'environ 200.000 à 300.000 kil. par seconde,
il en résultait que pour (ju'une différence de ([uelques cen-
timètres dans les chemins diH et mH^ fût appréciable, il
fallait que la durée d'une ])ériode de variation de l'état
électrique en })i' î\\\ inférieure à un milliardième de seconde.
Comme cette variation est due aux étincelles jaillissant
entre S et S', iffalhiil ihmc queces étincelles fussent d'une
durée extraordinairement courte. Il fallait de plus qu'elle
fussent régulières, ce que Hertz a obtenu à l'aide de la dis-
position représentée fig. ^1. Ce savant prend deux sphères
métaUiques de 80 centim. de diamètre. Set S', qu'il relie
à l'aide de fils rectilignes à deux boules 6' et s^ en métal
bien polis de \ centim. de diamètre ; une vis micrométrique
permet de les rapprocher plus ou moins; il relie ces deux
l)Oules aux bornes d'une bobine d'induction. Chaque fois
qu'une étincelle jaillit entre -s et ,s' les deux électricités se
combinent, mais le courant ainsi développé se prolonge au
delà de cette combinaison même et crée sur les deux sphères
des charges inverses de celles qu'elles présentaient d'abord,
de sorte qu'il se produit une nouvelle décharge et ainsi de
suite; il se forme donc une série d'oscillations entre l'élec-
tricité des deux sphères. (> système se comporte donc
comme un diapason qui, écarté de sa position d'équilibre,
revient d'abord à cette position, mais la dépasse aussitôt
en produisant une série d'oscillations ; c'est ce que Hertz ap-
pelle un diapason électrique. Comment maintenant rendre
sensibles les effets de ces oscillations électriques dans l'es-
pace environnant? Pour cela Hertz a recours aux phé-
nomènes d'induction. Comme circuit induit, ce savant prend
une circonférence de 75 centim. de diamètre, présentant
une interruption que l'on peut réduire, autant qu'il est
nécessaire, à l'aide d'une vis micrométrique. Nous repré-
sentons en pers])ective en II ce circuit. Pour donner une
idée de la sensibilité que présentent ces phénomènes d'in-
duction, avec cette disposition, disons tout de suite que la
circonlérence H se trouvant à une distance de 45 m. du
diapason électrique SS', on percevait encore de petites
étincelles dans l'interruption de R ; les phénomènes d'in-
duction des décharges entre s et .s' peuvent donc être
manifestés à une distance de plusieurs mèlres. i\lais cette
action est-elle instantanée? Si elle n'est pas instantanée,
si elle se propage avec une certaine vitesse, on doitpouvoir
obtenir des interférences,
comme dans le cas de la
lumière ; c'est ce que
Hertz a constaté à l'aide
du dispositif que voici :
devants et S', ce savant
dispose deux plaques mé-
talliques P.P', lesquelles
])ortent n o r m a 1 e m eut
deux lils (pii se prolon-
gent parallèlement sur
une longueur de 10 à
20 m. Dans l'intervalle
on place le circuit R per-
pendiculairement à la di-
rection des fils. Si l'on
Fig- 2. part alors de l'extrémité
A et qu'on se rapproche
de B, on voit tout d'abord les étincelles de R diminuer,
puis cesser à une distance de 1^^,50 de l'extrémité. Si on
continue d'avancer vers B, on voit les étincelles reparaître
et être très vives quand on est à 8 m. de A; puis elles
disparaissent à 4^^\50 ef ainsi de suite, à intervalles égaux.
Il y a donc interférence dans les ondes qui se propagent
dans les fds entre l'onde directe et l'onde réfléchie à l'ex-
trémité du fil. La circonférence R se comporte donc comme
une sorte de résonnateur et met en évidence la position
de ce que l'on peut appeler des no'uds et des ventres par
comparaison avec les phénomènes des tuyaux sonores. La
propagation des phénomènes d'induction n'est donc pas
instantanée.
Voici maintenant toute une série d'expériences ou Hertz
reproduit avec ces ondes électriques des phénomènes com-
parables à ceux que donnent les rayons lumineux. Dans
ces nouvelles expériences, l'excitateur, ce ([ue nous avons
appelé le diapason électrique, est un tube de laiton de
20 centim. de long et de 8 cent, de diamètre, partagé en
635
OSCILLATION — OSCULATION
deux pour le passage de l'étincelle excitatrice. Le réson-
uateur employé est un fil droit de 4 m. de long présentant
en son milieu un excitateur de très petites dimensions.
Un pareil système, seul, ne permet pas de constater les
ondulafions à plus de 2 m. ; mais si l'on adjoint à l'exci-
tateur et au résonnateur deux miroirs concaves cylindriques
de section parabolique et que l'on place l'excitateur et le
résonnateur suivant la droite focale de ces cylindres, on
peut percevoir les ondes jusqu'à '20 m. Si l'on fait jaillir
des étincelles dans l'excitateur, on constate que le miroir
cylindrique renvoie dans l'espace un système d'ondulations
analogues à celles d'un rayon lumineux ; on peut les réflé-
chir, les réfracter, etc.
i*^ Propaijation. Si Ton dirige l'axe du faisceau de
l'excitateur, c.-à-d. ce que l'on peut appeler le rayon élec-
trique vers un corps non conducteur, on constate que ce
corps ne l'arrête pas; il est transparent pour lui, car le
résonnateur placé de l'autre coté montre par ses étincelles
({ue le rayon électrique continue sa route. Si l'on interpose
au contraire un corps métallique, il arrête cette trans-
mission et forme une sorte iVonibre dont on ])eut suivre
en quelque sorte les contours, le résoiuiateur à la main.
Les rayons électriques se propagent en ligne droite.
2° ilé flexion. Si comme corps métallique on prend une
lame plane, elle se comporte comme un miroir plan. Il faut
placer l'axe du résonnateur faisant avec la lame métal-
lupie un angle égal à celui (pie fait l'axe de l'excitateur
pour pouvoir constater la présence d'étincelles.
3^ Réfraction. Pour ces expériences. Hertz employa un
grand prisme formé d'une matière non conductrice, trans-
parente par conséquent pour cette sorte de rayons élec-
triques; c'était un prisme en asphalte de i"\50 déliant
sur l"\2de large, l'angle réfringent étant de 30°. Le rayon
électrique envoyé sur l'une des faces ne pouvait plus être
révélé de l'autre côté dans la direction primitive par les
étincelles du résonnateur, mais dans une direction un peu
différente, déviée vers la base du prisme, on put obtenir
de nouveau des étincelles; on put constater un minimum
de déviation, comme en optique, et s'en servir pour calculer
un indice de réfraction qui fut trouvé de 1,7.
4° Polarisation. On sait qu'un rayon de lumière natu-
relle est produit par la vibration de molécules d'éther
s'efTec tuant dans un plan perpendiculaire au rayon lumi-
neux, mais dans toutes les directions possibles. Au contraire
dans un rayon de lumière polarisée, toutes ces vibrations,
toujours perpendiculaires au rayon lumineux, sont, déplus,
orientées dans un plan unique. Dans les expériences de
Hertz, les oscillations électriques produites, par suite de
la disposition même de l'appareil, s'efiPectuent dans une di-
rection constante et doivent produire des effets comparables
à ceux de la lumière polarisée ; c'est en effet ce que l'on
observe.
Expérience analogue à celle des niçois croisés. On
sait qu'un rayon lumineux qui traverse un premier nicol
en se polarisant est arrêté par un second nicol lorsque
l'axe de ce dernier est perpendiculaire à celui du premier ;
il le laisse au contraire passer si ces axes sont parallèles,
[ci l'excitateur et le résonnateur laissent passer des étin-
celles lorsque les deux miroirs C3^1indriques dont nous
avons parlé sont tous les deux verticaux ou tous deux
horizontaux; les étincelles cessent si l'un est vertical et
l'autre horizontal.
Expérience analogue à celle (Vune lame cristal-
lisée entre deux niçois. Si entre deux niçois croisés, à
travers lesquels la lumière ne passe pas, par conséquent,
on place une lame cristallisée, on voit que la lumière est
rétablie. De même si entre l'excitateur et le résonnateur
placés, l'un horizontalement, l'autre verticalement, on inter-
pose une série de fds métalliques tendus parallèlement sur
un cadre de bois de façon que la direction de ces fds soit
inclinée à 45° sur la verticale, on voit de nouveau se pro-
duire des étincelles dans le résonnateur.
On voit par ces expériences fondamentales combien est
grande l'analogie des rayons lumineux et de ce que Hertz
appelle à juste titre les rayons électriques. A. Joannis.
Mi-:thoui': t)i:s oscirr.ATioNs pour la mksi!r|': oi:s attrac-
tions ÉLFXÏRIQUES (V. ATTRACTION, t. IV, p. 533).
III. Géologie. — Oscillations nu sol (V. Séismiologie).
OSCILLATOIRE (Math.) (V. Oscillation).
OSCINIS (Entom.). Genre d'Insectes Diptères, du groupe
des Muscides acalyptérés, établi par Latreille (Hist. des
Ins., t. XIV, p. 383). (>3 genre a été détaché de l'an-
cien genre Ctilorops de Latreille. Les larves ravagent
sur pied les céréales, rongeant les grains de blé, d'orge
et d'avoine. On compte 80 espèces environ. La plus com-
mune est rO. Erit L., longue de L^^^^\o, d'un noir lui-
sant, qui attaque, dans le N. de la France, les feuilles cen-
trales de l'orge et ronge l'intérieur des tiges.
ose LE. L'oscle ou osclage ne doit être confondu ni
avec le douaire ni avec l'augment de dot. Il était parti-
culier à certaines coutumes dans lesquelles, (pioi qu'il fut
probablement d'origine romaine, il s'était greffé au régime
de communauté. Dans la coutume de La Kochelle, l'oscle
ou osclage était une certaine somme que la femme survi-
vante prenait dans la succession de son mari et qui avait
été fixée par l'usage à la moitié de ce que la femme
avait apporté en mariage. Cette libéralité supposait en outre
que la femme était renonçante, mais d'ailleurs elle se cu-
mulait avec le douaire. L'osclage se retrouve aussi dans
le Berry et le Limousin,
BiBL. : LaThau.massière, Commentaire de la coutume de
Berry, p. 801. — IIuet, Commentaire de la coutume de La
Rochelle, p. 441. — Coututne de La Rochelle, art. 46. —
Laurière, Glossaire du droit français, v Ousclage.
OSCULATION. A l'art. Contact, nous avons donné
la définition de l'osculation, nous allons dans cet article
examiner quelques cas remarquables d'osculation.
Cercle osculateur des courres planes. — Le cercle
contenant trois paramètres dans son équation, ou, ce qui
revient au même, pouvant être assujetti à passer par trois
points arbitraires, toute courbe plane possède en chacun
de ses points un cercle osculateur ; ce cercle est par défi-
nition un cercle qui passe par trois points infiniment voi-
sins et qui, par suite, touche la courbe et a avec elle un
contact de second ordre. Le cercle osculateur se confond
avec le cercle de courbure, c.-à-d. avec le cercle dont le
rayon serait l'inverse de la courbure. Le lieu des centres
des cercles osculateurs est la développée de la courbe. Le
cercle osculateur, quoique tangent, traverse ordinairement
la courbe, à moins qu'il ne soit surosculateur ; dans ce cas,
le contact est du troisième ordre, et le point où il touche la
courbe est ce que l'on appelle un sommet.
Si / (x,y,z) est l'équation d'une courbe en coordonnées
homogènes et si l'on désigne par H le hessien de /, les coor-
données du centre du cercle osculateur sont :
H dx' '^ H dx
son équation est :
H ÔA
A»:
\dx) "^W
Plan osculateur. — Le plan osculateur d'une courbe
en un point donné de cette courbe est un plan qui a avec
cette courbe en ce point un contact de second ordre ; il peut
encore se définir un plan qui rencontre la courbe en trois
points confondus ; un plan qui passe par une tangente
parallèlement à la tangente infiniment voisine. Si l'on
appelle X,Y,Z les coordonnées courantes, x, y, z les coor-
données d'un point d'une courbe, l'équation du plan oscu-
lateur en ce point sera :
X — X, Y — y, 1 — z
dx, dy, dz = 0.
d^x, d'^y, d^z
L'enveloppe des plans osculateurs d'une courbe est un^'
OSCULATION — OSFXLO
— 6m
développable qui a pour arête de rebroussement la courbe
elle-même (V. Stationnaire).
Cercle osculateur d'une courre gauche. — C'est un
cercle tangent à la courbe et qui a avec elle un contact du
second ordre ; il passe par trois points infiniment voisins
de la courbe. Il a pour plan le plan osculateur, son centre
est ce que l'on appelle le centre de courbure de la courbe,
son rayon est le rayon de courbure ou l'inverse de la cour-
bure. Avec les notations de l'article précédent, le rayon de
courbure R est donné par la formule :
R2— {dx'^ + dif + di^f
Si l'on prend l'arc s pour variable indépendante, on a :
et les coordonnées du centre de courbure sont :
,dH
' ds^'
s'appliquent aux
'-«■£.'+«'3-
-R2
Il va sans dire que ces formules
courbes planes en faisant v = 0.
Sphère osculatrice d'une courre. — C'est la sphère qui
a un contact du deuxième ordre avec la courbe ; elle passe
par le cercle osculateur. Si l'on appelle T le rayon de torsion
de la courbe, pie rayon de la sphère osculatrice, on a avev.
les notations précédentes :
:R2.
-T'(f>
Les axes des cercles osculateurs d'une courl)e sont, sur
la surface enveloppe, des plans normaux que l'on appelle
la surface polaire de la courbe, l'arête de rebroussement
de la surface polaire est le lieu des centres des sphères
osculatrices. Enfin toute courbe gauche a une infinité de
développées, c.-à-d. qu'il existe une infinité de courbes dont
les normales sont tangentes à la courbe ; le lieu des déve-
loppées est la surface polaire. Le lieu des centres de cour-
bure n'est jamais une développée, sauf dans les courbes
planes.
Sphère osculatrice d'une surface. — En général, en
un point d'une surface, il n'y a pas de sphère osculatrice,
les points où il existe une telle sphère sont les ombiHcs.
H. Laurent.
BiHL. : Tous les traités d'analyse.
OSÉE (V. JosuÉ).
OSÉE, le dernier roi d'Israël (Dix-Tribus). Il régna de
7*28 à 749. selon la chronologie traditionnelle, et tenta de
secouer le joug de Salmanasar, roi d'Assyrie, en s'alliant
avec l'Egypte. Jeté en prison, il ne put défendre sa capi-
tale, Samarie, qui succomba après trois ans de siège
Cil Rois. xvii).
OSÉE (Le prophète). Sous le nom d'un certain Osée,
contemporain de Jéroboam II, roi d'Israël et d'Ozias,
Jotham, Achaz et Ezéchias, rois de Juda (vin^ siècle av.
J.-C.), les livres sacrés du judaïsme nous offrent un
intéressant recueil d'allocutions prophétiques. En voici le
résumé. — La divinité donne au prophète l'ordre d'épou-
ser une femme de mauvaise vie, qui symbolisera l'im-
piété des gens des Dix-Tribus, autrement dit de la nation,
épouse de Yahvéh (Jéhovah). Après une série de calamités,
Israël, réduit à^ un faible reste, prendra soudain un
développement extraordinaire. Les habitants d'Israël et de
Juda, jetés les uns comme les autres sur la terre étran-
gère, mettront fin à leurs vieilles rivalités, se réuniront
sous la conduite d'un chef unique, descendant de David,
et rentreront triomphalement à Jérusalem. Un second dis-
cours met en lumière l'idolâtrie, qui contraint la divinité
à frapper et à déporter Israël, jusqu'à ce que celui-ci,
sincèrement repentant, voie s'ouvrir devant lui les glo-
rieuses perspectives du retour et les joies de l'ère messia-
nique. Dans une série de morceaux, dont il est assez ma-
laisé de marquer la liaison, le prophète censure les crimes,
les vices et l'idolâtrie du peuple, qui cherche son appui
tantôt en Egypte, tantôt en Assyrie, au lieu de se confier
en la divinité. Aussi seront-ils dispersés au sein des
peuples même, dont ils ont imprudemment sollicité le
concours ; mais la divinité se laissera fléchir et rouvrira
les portes de la Palestine à ses enfants repentants. — En
dépit d'un certain nombre d'obscurités, le bvre d'Osée est
d'une intelHgence générale très satisfaisante. Il roule sur
la catastrophe finale du royaume des Dix-Tribus, qui sera
la punition de trois sortes de méfaits, fautes morales,
idolâtrie, alliances conclues avec les nations étrangères ;
Juda, coupable aussi, succombera à son tour, jusqu'à ce
que le peuple, cruellement décimé et jeté sur la terre
d'exil, revienne sincèrement à Yahvéh et retnmve sa
faveur. A la période d'épreuves, à la ruine, à la dépor-
tation, succéderont les joies d'une paisible et glorieuse
restauration, d'une union intime et inaltérable entre la
J:^n'nité et son peuple. — D'après ces indications, on ne
peut pt.? considérer que ces discours soient, en réalité, la
rei)roduction des réprimandes adressées par un propbète
du viii^ siècle avant notre ère, à ses contemporains.
L'auteur a visiblement derrière lui la destruction de Sama-
rie et même celle de Jérusalem, la dépoi'tation, la captivité
étrangère et le retour en Palestine. Ou bien c'est une
œuvre ancienne, qui a été remaniée et refondue après
plusieurs siècles ; ou bien, ce (pie nous ])réferons croire,
(î'est une composition libre datant des temps du second
Temple. Maurice Vernes.
BiBL : Rexan, Histoire du pciiplc d'Israël ; Paris, t. IL
1889. — Verxe-î, Précis d'histoire juive; Paris, 1889. —
CoRNiLL, Einleiiung in das Alte Testament ; Fribourii-
en-Brisgau, 2' édit., 1892. — Rkuss, les Prophètes: Paris.
1876. — Vf.rni'.s, Examen de V authenticité des écrits pro-
phétiques, dans Du prétendu Polythéisme des Hébreux;
Paris, 1891.
OSEILLE. I. RoTANiQUE.— Nom vulgaire d'un groupe
de plantes de la famille des Polygonacées, le groupe des
Oseilles, qui forme avec le groupe des Paliences le genre
l\umex{N . ce mot). L'O. commune est le Rumex ace-
tosa L., la Petite Oseille est le R. acetosella L. — La
plante appelée 0, de bûcheron, 0. des bois ou 0. à
trois feuilles, n'est autre que VOxalis acetosella L.
(Y. Surelle). — V Oseille de Gumée est V Hibiscus Sab-
dariffa L. D^' L. Hn.
IL Horticulture. — Cette plante, peu exigeante sur la
nature du tei-rain, se cultive communément dans les jar-
dins en bordure ou en planche. On l'obtient de semis prin-
taniers ou d'été faits à la volée ou en lignes, ou bien
d'éclats des touffes. Les soins de culture consistent en
binages et arrosages. Ci. R.
IIÎ. Art culinaire. — L'oseille entre dans la prépa-
ration de soupes, dites soupes vertes ; mélangée aux épi-
nards, elle en relève la fadeur. On la mange le plus
généralement en purée que l'on prépare de la façon sui-
vante : après avoir fait blanchir l'oseille à l'eau bouillante,
on la met, égoutée et hachée, dans une casserole et du
beurre et on la tourne jusqu'à ce qu'elle soit bien fondue.
On lie ensuite soit avec un peu de crème ou des jaunes
d'œufs, du jus de viande, de la graisse de volaille. Cette
purée peut aussi se servir avec des œufs durs ou des
croûtons frits dans du beurre.
Conserve d'oseille (Y. Conserve, t. XII, p. 545).
OSELLO (Gasparo), connu aussi sous le nom de Avi-
Rus (Gaspard ab), graveur itaUen. R vivait dans la seconde
moitié du xvi^ siècle à Padoue. Il se donna pour modèle
George Ghisi, dit Mantovano, et s'inspira de sa manière,
sans réussir à l'égaler. Parmi ses ouvrages les plus re-
marquables, il faut citer principalement les 61 portraits
de la maison d'Autriche, qu'il publia en un volume in-
folio, d'après les peintures de Francesco Terzi de Bergame.
OSEN. Nom de plusieurs princes bulgares (V. Asen).
OSER (Friedrich- Heinrich), poète suisse, né à Bàle le
39 tëvr. 1820, mort en déc. 1392. Il est connu surtout
par ses poésies religieuses : Sechzig Kreuz und Trost-
lieder (1856 ; ^'^ éd., 1866) qui ont été souvent mises en
musique et ont acquis ainsi une certaine popularité bien
(}u'elles n'aient pas grande originalité. Autres ouvrages :
Liederlmchl 842-74 (iSl^) ; LebenundStreben{iSlS);
Geistliche Triolette i 852-81 (1882) ; Neue Lieder
i 87 4-84 (1885) ; Jugendgeschichten (1888).
OSERAI E (Agric.) (V. Osier).
OSEROV (Vladislav-Alexandrovitch), auteur drama-
tique russe, né dans le gouv. de Tver en 1770, mort en
1816. Elevé au corps des cadets, il passa dans l'adminis-
tration civile. Parmi ses tragédies, du type classique
français, on cite OEdipe à Athènes, Dmitri-Donskoï,
Polyxène et aussi Fingal. Files ont été réunies en 1816,
rééditées ensemble en 1856 et séparément dans la collec-
tion de Suvorin (1887-91).
OSERY (Comte d') (V. Hulot IBaronJ).
OSES (Mythol.). Divinités Scandinaves (V. Ases).
O'SHAUGHNESSY ( Arthur- Williarn-Edgar), poète an-
glais, né à Londres le 14 mars 1814, mort à Londres le
30 janv. 1881. Bibliothécaire au British Muséum, il dé-
buta dans les lettres par un livre de poésies, Epie of wo-
men and other Poerns (Londres, 1870), qui produisit
grand effet. Ses autres œuvres ne remplirent pas les pro-
messes de ces brillants débuts. Citons : Lays of Franee
(Londres, 1872), adaptation des poèmes de Marie de France ;
Musie and Moonlight (1874). Très versé dans la litté-
rature française, écrivant élégamment notre langue, il était
le correspondant anglais du Litre, R. S.
Biui.. : L.-C. MouLTOx, A/'//«itr O'Shciagfmessy^ Jiis life
iuid his worli ; Londres, 1891.
OSHKOSH. Ville des Etats-Unis, Wisconsin, sur le
lac Winnebago ; 22.836 hab. (en 1890). Scieries, car-
rosserie, meubles, commerce de bois. La production indus-
trielle atteignait 45 milhons de francs en 1890.
0 S I A N D E R (Andréas Hosemann , dit) , théologien protes-
tant allemand, né à Gunzenhausen, près Nuremberg, le
19 déc. 1498, mort à Kœnigsberg le 17 oct. 1552. Après
avoir étudié la théologie à l' Université d'Ingolstadt, il en-
seigna l'hébreu dans le couvent des augustins de Nurem-
berg, et publia en 1522 une édition de la Vulgate, revisée
d'après le texte original. Il fut le premier prédicateur de
la Réforme à Nuremberg, prit part au colloque de Mar-
bourg (1529) et à la diète d'Augsbourg (1530) et fut un
des signataires des articles de Smalcalde. En 1537, il
publia à Bàle une Harmonia evangelica, en grec et en
allemand. Mais à la suite de l'intérim (V. ce mot), il
dut quitter Nuremberg (1548) ; il fut appelé, par Albert
de Brandebourg, comme prédicateur et professeur de théo-
logie à la nouvelle université de Kœnigsberg (1549). Il
avait depuis longtemps émis des idées divergentes sur la
doctrine fondamentale de la Réforme, la justification par
la foi ; au lieu de l'imputation des mérites du Christ, il
mettait en avant la communication du Christ par la parole
{inhabitat io 67i?'/,s'^z). Aussi longtemps que Luther vécut,
la paix fut maintenue ; mais après sa mort, la querelle
éclata. A Kœnigsberg, Osiander commença une polémique
violente, qui partagea en deux camps les prédicateurs de
la ville. Cependant l'osiandrisme ne survécut que peu d'an-
nées à son auteur. En 1566, tous les osiandristes furent
destitués ; Funk, gendre d'Osiander, fut décapité, et le
Corpus doctrinœ pruthenicœ mit fin à cette doctrine
en Prusse. Ch. Pfendek.
I^i]5L. : W. Mœlli:r, Auc/reaa OsUnidcfs Leben u. iamije-
\\iiehllc Sehriften ; Elherl'.. 1870 — IIaî^k, Hcrzog Albrecht
von Preu8He}L a. sein Uofprcdhicr, 1879. — lliTf;cHEi>, Die
RcchlJ'erlKjiuujHlehve des AjiOreus Osuiiider, daiiis Jn/nim-
clier f. d. Tlieoloylc, 1857, II.
637 — OSELLO — OSIER
OSIANDER (Luca«>), théologien protestant, né à Nu-
remberg le 16 déc. 1534, mort à Stuttgart le 17 sept.
1604. Il était le fils amé du précédent, duquel sortit toute
une lignée de théologiens, dont plusieurs sont encore au-
jourd'hui en activité. Lucas Osiander fut prédicateur de
cour à Stuttgart. Il exerça une influence très grande,
quoique bienfaisante, sur le duc Louis, mais tomba en
disgrâce sous le duc Frédéric, vis-à-vis duquel il avait
gardé une courageuse indépendance. Il fut banni, et ne
put rentrer à Stuttgart que sur la fin de ses jours. Il prit
part à de nombreux colloques et conférences, et contribua
beaucoup au perfectionnement du chant d'éghse. Princi-
paux ouvrages : Biblia latina, ad fontes hebr. textiis
eniendata, cum brevi et perspicua expositione illus-
trata (1573-86, 7 vol.in-4, 1609, in-fol.). — Ilrésuma
et continua les centuries de Magdebourg, cet important
ouvrage historique interrompu depuis [d1^: Epit ornes
historiœ eccl. centuriœ XVI, in quibus breviter et
perspicue commemoratiir quis fuit status ecclesiœ
Christia nat. Salvatoris usque ad anmun 1600 (Tu-
bingue, 1592-1604, in-4).
OSIANDER (Johann-Adam), théologien protestant, né à
Vaihingen (Wurttemberg) le 3 déc. 1622, mort à Tubingue
le 26 oct. 1697, petit-fils du précédent. Il fit ses études
à Tubingue, pendant le temps calamiteux de la guerre de
Trente ans, et devint professeur de théologie (1660) et
chancelier de cette université (1680). Il fut considéré
comme un des plus grands théologiens de son temps, sur-
tout comme exégète de l'Ancien Testament. Il fut un ad-
versaire du cartésianisme. Il se fit aussi remarquer comme
dogmaticien, comme polémiste et comme moraliste.
OSIER. I. Botanique. — Nom vulgaire de plusieurs
espèces de Saules, aux branches souples et pliantes, telles
que Salix viminalis L. ou Osier blanc, 0. vert ou
0. des vanniers, S. triandra L. ou 0. brun, S. pur-
purea L. et S. rubra Huds, qui sont l'O. rouge
(V. Saule). — On donne le nom d'o fleuri ou d'O. de
Saint- Antoine à VEpilobium spicatuml . (V. Epilobe).
IL Sylviculture. — L'osier occupe une nlace très
importante parmi les cultures arbustivcs ; on lui x.'^nsacre
annuellement, en France, un peu plus de 7.000 hect.,
notamment dans les vallées de l'Aisne, de l'Oise, de la
Marne, de la Somme et de la Garonne ; les principaux
départements producteurs sont : les Ardennes (983 hect.),
l'Aisne (900 hect.), la Gironde (585 hect.), la Haute-
Marne (493 hect.), la Meurthe-et-Moselle (415 hect.),
le Pas-de-Calais (377 hect.), les Bouches-du-Rhône
(300 hect.), la Marne (299 hect.), etc.; la production
livrée par 41 départements ayant cultivé plus de 10 hect.
d'osier a atteint, en 1892, environ 10,000.000 de kilogr.
représentant une valeur totale de 2.636.958 fr. Nos
exportations ont varié, dans les dix dernières années, de
873.195 kilogr. à 1.974.969 kilogr., avec une moyenne
de près de 1.100.000 kilogr., elles ont lieu surtout vers
l'Angleterre, l'Espagne, la Suisse, FAllemagne et la Bel-
gique. La France recourt beaucoup aux importations d'osiers
exotiques, elle achète annuellement 600.000 kilogr. en-
viron de produits d'origine belge, allemande, etc., la Ré-
publique Argentine a pris aussi très rapidement une j)lace
considérable sur notre marché. — Les variétés sont très
nombreuses ; les plus appréciées appartiennent aux espèces
suivantes : 1^ Salix fragilis L. (saule fragile, cro-
quant, etc.) : donne d'excellents liens, mais il est souvent
ramifié et son décorticage est difficile ; ^1^ S. alba L. ; com-
prend la variété dite S. vitellina (osier jaune, saule des
vignes, vitellin) très répandue dans les Ardennes fran-
çaises et très bonne pour la vannerie, la tonnellerie et les
liens, l'écorce est lisse et luisante et d'un beau jaune
quelquefois orangé, les sols frais et meubles lui convien-
nent particulièrement ; 3'' S. purpurea L. (osier pourpre,
rouge, aune étaminc, etc.), à brins d'une finesse remar-
quable et d'une fente facile, convenant pour la vannerie
fine et pour les liens ; il est très cultivé en France et en
OSIER — osmis
— 638 —
Belgique; il prospère surtout dans les sols sablonneux,
riches et frais et clans les régions à climat chaud ; la pleine
récolte n'est atteinte qu'après trois ou quatre ans ; la
sous-variété dite saule pourpre hélice ou saule nain {S. p.
hélix) est l'une des meilleures ; 4« S . triandra (amygdalina)
Dub. (saule amandier, osier brun, noir des Flandres, franc,
triandre, à trois étamines, etc.) : vigoureux, à brins souples
et d'une fente facile, à bois très blanc et très durable, excel-
lent pour les paniers à linge, pour la vannerie commune
ou fme ; les sols les plus variés lui conviennent, el il tend
à se répandre de plus en plus; o° S.viininalish. (saule
des vanniers, viminal, osier blanc, vert, à longues feuilles,
romarin, queue de renard, etc.), surtout commun en
Belgique, en Hollande et en Allemagne : rustique, à jets
très vigoureux, gros et à moelle cassante, non ramitiés,
convenant surtout pour la vannerie commune ; il supporte
très bien la taille annuelle et redoute seulement les ter-
rains très humides, les terrains tourbeux ou à sous-sol
imperméable; ses sous-variétés sont nombreuses, il faut
préférer celles à écorce jaune orangé. Les sols meubles et
frais des vallées et des cours d'eau, fertiles et riches en
calcaires, chauds et bien éclairés, doivent être surtout re-
cherchés; le terrain destiné à ro6'(?? me est assaini, s'il y a
lieu par des drainages, puis on le défonce à une profon-
deur de 50 à 60 centim. avant l'hiver ou au début du
printemps; on l'épierre en même temps, et, dans cer-
taines régions, on le divise encore en planches de 3 à
6 m. de largeur, suivant sa nature ; des façons superfi-
cielles complètent la préparation. Les plantations du prin-
temps sont les plus générales, on les termine au plus tard
avant le 15 avr., lorsque la sève se met en mouvement.
La reproduction par boutures (plançons ou plantards)
est seule usitée dans la culture ; les plançons ont de un
à quatre ans d'âge, on les coupe, le plus souvent, au-
dessus d'un œil, à la longueur de 25 à 30 centim., et on
les conserve avec le plus grand soin, de préférence sous
une légère couche de terre, ce qui permet de les préparer
quelque temps à l'avance en évitant toutefois, pour cette
opération, le moment où le bois est gelé. La densité des
peuplements varie avec de nombreux facteurs, mais elle
doit être assez élevée; les écartements de 30 à 45 centim.
entre les lignes et de 15 à 20 cent, sur les lignes sont
les plus communs ; les lignes sont tracées au préalable et
la mise en terre de la bouture se fait au plantoir, ou à
la bêche, ou même à la charrue ; deux bourgeons émer-
gent seulement du sol; il est bon de ménager des sentiers
de service. L'entretien de l'oseraie doit être soigné, sur-
tout au début (binages, sarclages, nettoyage des sou-
ches, etc.) ; les vides sont regarnis au fur et à mesure de
leur apparition par repiquage ou par marcottage en ser-
penteau; le rechaussement des plants est souvent une
opération heureuse, et l'irrigation modérée (par infdtra-
tion ou par submersion) est recommandable dans certains
sols, surtout dans les aimées sèches. La fumure est indis-
pensable, particulièrement clans les terrains secs et frais
et peu riches naturellement (fumier de ferme et engi'ais
concentrés complémentaires); les fossés sont curés chaque
année après la récolte, opération qui réclame les plus
grands soins et que l'on effectue après la chute des ieuilles,
de la fin d'octobre au 15 mars au plus tard; on coupe sur
le jeune bois, à 4 ou 2 centim. de la souche, avec une
serpette bien tranchante. L'osier est vendu brut (vannerie
commune), écorcé ou blanchi (y aimene ordinaire et van-
nerie de luxe), non écorcé et fendu (hens); les procédés
de récolte et de préparation varient suivant les cas; les
produits sont toujours sécliés et bottelés, puis conservés
dans des locaux bien secs et aérés. Le revenu net par hec-
tare varie de 300 à 500 fr. en France, de 300 à 450 fr.
en Prusse, de 187 à 215 fr. en Saxe, de 142 à 170 fr.
en Hanovre (Damseaux). La durée moyenne des oseraies
est de huit ans, elle varie d'ailleurs dans de très grandes
limites. J. Troudi:.
lÏÏ. Technologie, — Les branches d'osier, à la fois
flexibles et résistantes, peuvent se tresser et sont employées
pour la fabrication de paniers légers et solides, propres
au transport des objets lourds et peu fragiles, tels que bou-
lons, petites pièces de fonte ou de cuivre, etc. On en fait
également des claies très résistantes, capables de retenir
les terres. L'osier possède, en outre, l'avantage d'être im-
putrescilde à l'eau, ce qui permet de l'employer pour la
fabrication de certains engins de pêche, tels que nasses,
casiers à homards, etc. L. Maglin.
BiBL. : Syi-viculture.— Uamseaux. Culture de l'osier;
Bruxelles, IHii'^.— Uevzè, Plantes industrielles ; Paria, 189o,
1. 1.— MoiTRiKR. Traité pratique de la eultnre de l'osier;
Paris, 1855. — Kraiik, Die Korbweldeneultur ; Aix-la-
Chapelle, 1870. — T A1.BO riER, Agricidture nouvelle (1895
à 1898).
OSIMA. Ile du Japon, la plus grande du groupe des
lies Lou-tchou ou Riu-Kiu (Y. Riu-Kiu) ; 7D0 kil. q. en-
viron et 48.000 hal). Le détroit Porpoise, étroit et si-
nueux, la sépare de Katona. Les côtes sont extrêmement
découpées : la baie Nasé forme le port principal. Dans les
eaux japonaises on trouve un grand nombre d'îles appe-
lées Osima (Grande île).
OSIIVIA.Prov. du Japon, située dans la partie méridio-
nale de l'île de Yéso (V. ce mot).
OSIMA-no-Idzou (appelée aussi île de Vries). Ile du
Japon, sur la côte S.-E. de Nippon, dans des parages très
fré(|uentés, à 25 kil. au S.-E. delà province d'Idzou. Elle
a 17 kil. de diamètre et contient un volcan en activité
(790 m.) ; 4.000 hab. Motoinoura, le plus grand des vil-
lages, est situé au centre de l'île, au pied ciu cratère de
Miliarayama, ({ui a encore des éruptions. La légende veut
c[ue le grand archer Minamoto Tamétomo ait été banni à
Osima d'oix il avait passé aux îles Lou-tchou.
OSIMO (Antique Auximum). Ville d'ilahe, prov
d'Ancône, r. g. du Musone, à 275m.d'alt. ; 5.000 hab.
Evêché. Vieille enceinte, musée d'anticiuités romaines ;
4 égUses, palais épiscopal.
OSINSKI (Louis), écrivain polonais, né à Kock en
1775, mort à Varsovie le 27 nov, 1838. Secrétaire gé-
néral du ministère de la justice du grand-duché de Var-
sovie, puis greffier de la cour de cassation, il se fit une
grande réputation d'élo(juence, dirigea ensuite le théâtre
national, professa à l'Université (1818-34), fut attaché,
au conseil d'Etat. H a traduit plusieurs pièces de Corneille
et de Voltaire, composé des poésies, vigoureusement com-
battu le romantisme de Mickiewicz. Onapubliésesiruvres
complètes en 4 vol. (Varsovie, 1861).
OSIRIS.I. Mythologie égyptienne.— En raison de
l'importance énorme que les Egyptiens attachaient aux
pompes de la mort, le dieu qui y présidait, Osiris, roi delà
région infernale et juge des morts, tenait par la nature de ses
fonctions et leur caractère mystérieux le premier rang parmi
les divinités. Hérodote et Plutarcpie nous disent que les
initiés se faisaient scrupule de prononcer son nom ; cette
assertion est confirmée par les textes, car on lit dans le
Livre des Morts (ch. xliv, 4) « le résident de rAmenti
déteste qu'on prononce son nom ». D'après la légende
rapportée par les anciens, Osiris a régné sur la terre où
il a laissé un tel souvenir de ses bienfaits qu'il y est devenu
le type même du bien sous le nom d'Ounnofré et (pic
Typhon, c.-à-d. Set, son meurtrier, est devenu le type
du mal. Set, après avoir tué Osiris, dispersa son cadavre;
les membres épars du dieu furent recueillis par ses soeurs,
Isis et Nephthys, et embaumés par Anubis qui devint le
dieu de l'ensevelissement. Horus, né d'Osiriset d'isis (cette
tradition mythologique autorisa en Egypte le mariage entre
frère et sœur), succéda àsonpèreetle vengeadansuncombat
contre Set : au^^si est-il appelé le « vengeur de son père ».
Cette légende est étroitement liée au symbolisme solaire.
Quand fastre a disparu aux regards de l'Egyptien, ([uandil
est pour lui le soleil mort, il s'appelle Osiris et il renaît à
l'orient sous le nom d'Horus, Har-em-hhou (Armakhis),
« rilorus de Thorizon ». Ace moment, il a triomphé des
ténèbres, ses ennemies, que personnifie tantôt Set, tantôt
— 639
OsmiS — OSMAN
le grand serpent |Apap (Apophis). Cette nouvelle forme
de soleil ressuscité, triomphant des ténèbres, que repré-
sente Horus, est véritablement la vengeresse de la forme
précédente de soleil disparu que représente Osiris. Les
deux déesses, Isis et Neplithys, protectrices d'Osiris,
forment un i)arallélisme
parfait avec les deux dées-
ses protectrices de Ra, le
soleil diurne, qui person-
nifient la lumière de ses
yeux et sont symbolisées
tour à tour par les deux
\ipcres de son diadème,
les deux plumes de sa
coifl'ure, la couronne blan-
che et la couronne rouge
et les deux ailes du disque.
La vie de l'homme était
assimilée à la vie du so-
leil : il disparait dans la
tombe, située à l'ouest,
en Egypte, comme le so-
leil disparait à l'occident;
il s'appelle Osiris comme
le soleil disparu et, comme
lui, il renaîtra pour de
nouvelles existences. Telle
est la doctrine consolante
que l'Egyptien emportait
e]i quittant la vie.
Osiris est le dieu des
morts, c'est son domaine
qui est affecté au châti-
ment des coupables et à
la récompense des justes,
récompense ou châtiment
résultant d'un jugement
prononcé par lui et enre-
gistré par Thot. Le rôle
d'Osiris est parfaitement
expliqué par son cos-
tume : il porte le maillot de la momie et il est coiffé de
la mitre solaire. Dans quelques anciens manuscrits, il est
représenté avec un visage noir.
De même que la mort de l'homme est assimilée à la
mort du soleil, la mort du soleil est assimilée à la mort de
l'homme, et le soleil disparu, le soleil nocturne, est figuré
dans la personne d'Osiris par un dieu en forme de momie.
La nuit ayant précédé le jour, elle semble lui donner nais-
sance, et Osiris est appelé « la demeure du soleil », c.-à-d.
son lieu d'origine ; c'est là le sens du nom hiéroglyphique
de ce dieu As-fia écrit par le siège et le disijue, nom
dont un monument de Leyde nous offre la curieuse variante
As-llar-KIwuti, « demeure d'Armakhis », c.-à-d. du
soleil levant. En conséquence, Osiris prend le rang de dieu
primordial comme Noun, Ptah-Tancn, Khnoum, etc., e(
il est qualifié de dieu de la première fois. Il a été fait
grand bruit, en 4898, de la découverte par M. Améhneau,
à Abydos, du tombeau et du sarcophage d'Osiris considéré
par lui comme un roi divinisé. Il a vu également des rois
préhistoriques divinisés dans ceux dont les légendes lui
ont été hvrées par ses fouilles précédentes. Cette théorie
n'a pas été ratihée, quoique lesdits rois aient été reconnus
pour appartenir à la L'« et à la ÏP dynastie. L'a\is des
meilleurs juges esl (pu' le prétendu sarcophag(^ d'Osiris
doit être attribué à un pharaon du 31oyen Empire, non
encore déterminé. Paul Ph:rret.
II. Alchimie.— Le nom d'Osiris figure chez les alchi-
mistes comme une réminiscence des origines égyptiennes
de leur art. 11 est donné dans les lexiques conjme syno-
nyme du plomb et du soufre. Olympiodore compare la
chimie au tombeau d'Osiris, doutées membres sont ca-
chés et Je visage seul apparent. Le tombeau d'Osiris ligure
Osiris, d'après une vignette
de la traduction anglaise de
Bunsen, Piace de l'Egypte
dans l'histoire.
d'ailleurs dans la plupart des compositions magiques don-
nées par les documents démotiques. M. B.
BiBi. : Mythologie.— Leff.burk. le Mythe osirlen: Pa-
ris, 1874-75, 2 vol. — Cf. l'art. Egypte.
OSISIVI L Peuple gaidois de la Celtique proprement dite,
mentionné par César au nombre des civitates maritimai
arnwricœ. Leur territoire, (pii confinait à l'E. aux Ve-
neles et aux Ouriosotites, fut compris sous Augnste dans
la province Lyonnaise et s'avaiK^ait à cette époque juqu'à
l'extrémité méridionale du dép. du Einistère ; ils auraient
donc occupé tout le littoral occidental de la Bretagne.
Suivant M. Longnon, la civitas Odsnwnim aurait com-
pris le territoire occupé depuis par les diocèses de Tré-
guier et de Saint-Pol-de-Léon. Les Odsmi furent soumis
à la domination romaine par P. Crassus. Leurs villes
étaient ; Vorijcuiiiun, qui, au iv^ siècle, prit le nom de
ciuilas Osismoriun et qu'on a identifié avec Coz-Castell-
Acli ; VorgiiDii (Carhaix) et le port de Gesocrihale
(Brest). L'ile de Se}ia, située vis-à-vis de la côte osmienne,
était renommée à cause de son oracle. Pomponius Mêla
raconte que les prêtresses de ce sanctuaire, au nombre
de neuf, avaient le pouvoir de déchaîner les vents et les
tempêtes par leurs incantalions. L. Will.
BiBL. ; li.-F. Lj'] Mi;x. Etudes hlst. sur le Finistère. —
Du nuMue, la Cité des Osismli. dans Reo. nrchéol., nouv.
sér., XXIII.
OSIUS, évêque de Cordoue (V. llosius).
OSKALOOSA.VilledesEtats-Unis,lo\Na,surlarivièreDes
Moines ; 6.o58 hab. (en 1890). Mines de houille et de fer.
OSKAR. Rois de Suède (V. Oscar).
OSKARSHALL. Château royal, conslruil en I8i'7-,>2,
sur une île près de Ciiristiania. (Collection d'œuvres d'ar-
tistes norvégiens.
^ OSKARSHAMN. Ville et port enSuède, hen de Kalmar ;
0.831 hab. (1891). Commerce maritime assez imporlanl
(bois, céréales). Ateliers de construction de bateaux, fa-
briques d'allumettes, de tabac, etc. Bonnes écoles.
OSKOL. Grande ri\jère de Russie, affl. du Donetz septen-
trional. Elle naît dans des coteaux de 250 m. d'alL, près
de la ville de Tim, traverse une partie du gouv. de Koursk,
les gouv. de Voi'onèje et de Kharkhov. Longueur, 370 kil.
Les rives de l'Oskol, formées do rochers crayeux et argi-
leux, offrent un aspect très pittoresque, surtout dans'la
partie moyenne de son cours.
OSKOLD (V. Askold).
OSLON. Com. du dép. de Sa<')ne-et-Loire, arr. et lant.
(S.) de Chalon; Ui hab.
OSLY-CouuTiL. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Sois-
sons, cant. de Vie-sur- Aisne ; 20 J hab.
OS M A. Ville d'Espagne, prov. de Soria, r. dr. de
rUccro ; 1.300 hab., en face d'E/ Biiirjo de Osma qui
en compte 3.300. C'est une vieille cité, dont l'évêché date
du vi^ siècle. En 938 le roi de Léon Ramiro y vainquit
Abd-er-Rhaman de Cordoue.
OSMAN ou OTHMAN \^' Al G iiazi, sultan turc, le pre-
mier des Ottomans ou Osmanlis auxquels il a laissé son nom ,
né à Soukout (Bithynie) en L239, mort en 1326. D succéda
en 1^288 à son père Ertoglirul à la tète de la horde de pas-
teurs turcs campée en Phrygie qui devait fonder l'empire
ottoman. En 1299, il se proclama indé])endant et prit le
titre de sullan, justihé par les victoires cpti lui assujet-
tirent tout rO. (le l'Asie Mhieure. 11 s'empara de i\icée
en 1304, de la prov. de Marmara en 1307 ; son fils Orkhan
prit Brousse en 1326. Il résidait à Karahissar et frappa
monnaie à son effigie. C'est de lui que ses successeurs et
son peuple pi'ireut le nom d'Osmanlis et d'Ottomans.
OSMAN II, sultan turc ottoman (1618-22), né le
1' nov. 1605, tué à Conslantinople le 20 mai 1622. Fils
aîné d'Ahmed, il était fort brave, succéda à son oncle dé-
posé Mustafa P^, fit la guerre à Sigismond III, roi des
Polonais, échoua au siège de Choczim (1621) ; exaspéré
contre les janissaires, il annonça l'intention de les suppri-
mer ; ils se révoltèrent et il fut étranglé par le grand-
vizir Daoud-pacha.
OSMAN ^ OSMIUM
040 -^
OSMAN III, sultan turc ottoman; il succéda à son
père, Mahmoud P'", le 30 oct. 1754 et régna jusqu'au
!2!2 déc. 4757, changeant constamment ses vizirs et sans
rien faire de notable.
OSMAN-DIGNA (Georges Nisbet, dit), c.-à-d. le Barbu
{dikn, barbe). Chef soudanais, né à Rouen en 1836 de
parents français qu'il suivit à Alexandrie en 1849. Sa mère,
devenue veuve, se remaria à un commerçant musulman
du nom d'Osman et fit élever son fils dans la religion mu-
sulmane. Il passa par l'école militaire du Caire, fut em-
mené par son beau-père (y 1865) à Souakim, où il s'adonna
au commerce de denrées et d'esclaves. Il devint l'un des
hommes les plus influents de Souakim et, en 1882, s'as-
socia à l'Jnsurrection d'Arabi Pacha, son ancien camarade.
Les cheikhs du Soudan oriental le prirent pour chef, et il
reconnut le Mahdi (V. ce nom). Il combattit intrépide-
ment les Anglo-Egyptiens, perdit le bras gauche à la suite
d'une blessure. Ses exploits les plus frappants furent ac-
complis en 1887-88 auprès de Souakim où il s'était for-
tifié près de Tokar ; il ne fut délogé par les Anglais de
Grenfell ({u'au prix de pertes cruelles. A. -M. B.
OSMAN-Nouki-Pacha, surnommé G/ia;:./ (le Victorieux),
général turc, né à Amasie en 1837. Il se distingua dans les
guerres de Crimée et de Crète, fut promu général de bri-
gade (1874), de division (1876); placé à fa tète du corps
de Vidin dans la guerre de Serbie, il fut vainqueur à
Yeliki-Izvor (18 juil. 1876) et Zaïtchar (4 août). Lorsque
éclata la guerre russo-turque de 1877, il commandait
35.000 hommes à Vidin. Au mois de juillet, quand les
Russes entreprenaient le passage des Balkans, il les atta-
qua sur leur flanc gauche, occupa Plevnad'où il repoussa
Schilder-Schuldner {ÎO juil.), s'empara de Lovatz (27 juil.)
et défit Krudener et Schakhovskoi (30-31 juil.). Il im-
provisa alors autour de Plevnade formidables ouvrages en
terre derrière lesquels il réunit successivement jusqu'à
60.000 hommes, arrêtant complètement la marche des
Russes qui furent contraints de masser des renforts et de
tourner leurs efforts contre lui. Ils reprirent Lovatz le 3 sept,
et, avec l'appui de l'armée roumaine, attaquèrent les lignes
de Plevna. iVprès un bombardement général, ils donnèrnt
Tassant le 11 sept., n'enlevèrent que les premières re-
doutes qu'Osman leur reprit le lendemain. Un nouvel as-
saut donné le 19 oct. fut également repoussé, et les Russe?
entreprirent alors l'investissement complet de Plevna et
de l'armée turque. Celle-ci n'ayant été en aucune manière
secourue, le manque de vivres obligea Osman Pacha à
tenter une sortie vers Vidin le 10 déc. Il ne put percer, et
les Russes, prévenus par des traîtres, ayant occupé les
lignes évacuées, Osman ne put y rentrer ; blessé lui-même,
il dut mettre bas les armes. Depuis il fut mis à la tète de
l'armée de Constantinople (30 mars 1878), nommé mi-
nistre de la guerre (4 déc. 1878), poste qu'il garda jus-
qu'en 1888, malgré des faits de concussion, et enfin maré-
chal du palais. Il jouit de la faveur personnelle du sultan
qu'il accompagne dans ses sorties ofTicielles. A. -M. B.
BiBL. : Levaux, Ghiizi Osman Paxho, souvenirs histo-
riques; Paris, 1891, 2" éd.
OSMAN lÉ (Ordre de 1'). Cet ordre fut fondé en Tur-
(fuie en 1862 par le sultan Abd-ul-Azis. Les statuts en ont
été modifiés en 1867. Ruban vert à deux lisérés rouges.
OSMAN Ll (Ethn.) (V. Tcac).
OSMANVILLE. Com. du dép. du Calvados, arr. de
Bayeiix, cant. d'Isigny; 456 hab.
OSMAZOME. On donne ce nom à un extrait de viande
à odeur particuHère qu'on obtient par l'ébullition de la
viande avec l'eau et précipitation de l'extrait par l'alcool
et évaporation. C'est un mélange de créatine, de créati-
nine, d'acide lactique, etc.
OSMERUS (Iclit}ol.). Genre de Poissons Téléostéens,
de l'ordre des Physostomes et de la famille des Salmo-
nidœ, à corps allongé plus ou moins fusiforme, couvert de
très petites écailles caduques ; les dents assez fortes sont
réparties sur les mâchoires, le vomer, les palatins, les pté-
rygoïdienset la langue. UOstnerus eperlamis ou Eperkui
commun, est ordinairement d'un vert grisâtre plus ou
moins pointillé de noir sur les régions supérieures, une
bande d'un beau vert, sépare la teinte du dos de celle (ki
ventre, celui-ci d'un blanc argenté. La dorsale estgrisàtre,
l'anale et les ventrales blanches. C'est surtout dans la mer
du Nord et dans la Balti([ue que l'on pèche l'Epeilan ; il
est également commun dans la Manche, il est assez rare
dans l'Océan. Ce Poisson remonte les fleuves à l'époque de la
ponte, il est d'un goût délicat et assez estimé. Rochuk.
BiBL. : Sauvage, dans l^RiaiM, éd fi* . Poissons. — Gt.n-
thj:r, Siudij of FisJies.
OSMERY. Com. du dép. du Cher, arr. de Saint-
Amand-Mont-Rond, cant. de Dun-sur-Auron ; 5*26 hab.
OS METZ. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. de
Tarbes, cant. de Trie; 191 hab.
OSMIDROSE (Méd.) (V. Bromiurose).
OSMIE (Entom.). Genre d'Insectes Hyménoptères, de la
famille des Apides, établi par Panzer (Krit. Rev., 1806,
II, p. 230). Ce sont des Abeilles maçonnes construi-
sant leurs nids dans les trous des murailles, les creux
d'arbres, les branches sèches, sous les écorces, dans les
nids abandonnés par d'autres Apides ou même dans des
coquilles d'Hélix. Elles bâtissent, avec du sable et de la
terre humectés de salive, plusieurs cellules en forme de
dés à coudre. Leurs nids sont parfois envahis par des
commensaux, les ^76^//^", ou par des parasites, les Ckrysis.
On compte plus de 300 espèces de tous les pays. VO.
riifa L. ou hicornis présente chez les femelles deux
cornes sur les côtés de la tête et se trouve communément
aux environs de Paris. P. T.
OSMIUM (Chim.). S ^■■\ ^'=,^|;-
^ ' \ Poids atom Os = 190.
L'osmium existe toujours dans les minerais de platine
(V. ce mot), particuhèrement sous forme d'osmiure d'iri-
dium. Tennant Fy a découvert en 1803. Il tire son nom
de l'odeur particulière qu'il 'répand (ôa[JLyî, odeur) quand
on le grille k l'air. Vauquelin, Berzelius, Fremy, parti-
cuhèrement Sainte-Claire-Deville et Debray, Joly se sont
occupés de son étude.
Le griflage des osmiures riches en osmium dans Toxy-
gène à haute température fournit de l'acide osmique vo-
latil, qui sert de point de départ pour la pré{)aration de
l'osmium. On sature l'acide osmique par l'ammoniaque et
l'on fait bouillir avec du sulfure d'ammoniaque, pour obte-
nir du sulfure d'osmium. On décompose ensuite le sulfure
en le chauffant à haute température dans un creuset de
chai'bon de cornue. On obtient ainsi une poudre ou une
masse spongieuse d'un bleu plus ou moins foncé suivant
son état de division ; il est alors oxydable à l'air et exhale
une forte odeur d'acdde osmique.
Sainte-Claire-Deville et Debray, en faisant passer des va-
peurs d'acide osmique dans un tube de charbon très for-
tement chauffé, ont préparé l'osmium en petits cristaux d'un
beau bleu teinté de gris, de densité 22,48. Chauffé dans
le dard du chalumeau à gaz oxhydrique, le métal disparaît
rapidement soit qu'il se volatilise, soit qu'il se change en
peroxyde volatil, mais l'œil exercé, qui suit attentivement
le phénomène, ne peut saisir dans les morceaux d'osmium
({ui disparaissent rapidement la moindre trace de fusion.
Joly et Vèzes ont pu fondre l'osmium dans l'arc électri((ue
et l'obtenir sous une forme métallique comparable au ru-
thénium. On opère dans un appareil clos, traversé par un
courant lent de gaz carbonique et dans des coupelles en
charbon. Si le métal est porté rapidement à la plus haute
température de l'arc, il fond sans se volatihser sensible-
ment.
L'osmium fondu est très brillant à la surface, sa cou-
leur est gris bleuâtre, sa cassure est cristalline ; plus dur
que Firidium et le ruthénium, il entame profondément le
verre, raye le quartz, mais il est rayé par la topaze, les
limes les mieux trempées ne réussissent pas à l'entamer.
Ainsi fondu, l'osmium n'est plus oxydable à l'air, à la
lompéraliire ordinaire. Il est le plus lourd des corps con-
nus. L'osmium estcomparal)le, comme métal, au rutiiénium ;
ces deux métaux forment un groupe fort net comme le
l'hodium et l'iridium d'une part, le palladiiun et le pla-
tine d'autre part. L'acide azotique, l'eau régale, oxydent
l'osmium à l'état d'acide osmique. Parmi les alliages
d'osmium, le plus intéressant est l'osmiure d'iridium, qui
se rencontre dans les sables platinifères et aussi de temps
en temps dans les sables aurifères sous la fonne de pail-
lettes brillantes, dont le poids spéciticpie varie de 18,8
à '^O.o ; cetosmiure contient, outre l'osmium et l'iridium,
des (juantités variables de ruthénium et de rhodium.
L'osmium forme avec l'oxygène un grand nombre de
composés : le prot oxyde OsO, le ses{[uioxyde OsO'^. le
bioxyde OsO^, Faidiydride osmi({ne OsO^ constituent les
principaux termes cle ce groupe.
]j' anhydride osmique OsO'* est un corps éminemment
volatil qui se condense dans les ampoules froides en belles
aiguilles flexibles ou en un licpiide dense très réfringent,
(pii se solidifie à 40" en une masse cristalline incolore. Ce
composé bout vers JOO", mais émet déjà des vapeurs à la
température ordinaire en même temps (pi^une odeur très
forte de raifort. Les vapeurs osmiques sont très dange-
reuses à respirer, elles aft'ectent vivement les yeux et les
voies l'espiratoires. Deville s'étant trouvé soumis acciden-
tellement à l'influence des vapeurs osmiques éprouva un
grand trouble dans la vision ; après une cécité presque
complète de vingt-quatre heures, le sens de la vue resta
altéré pendant longtemps, par suite de la formation d'une
conclie d'osmium à la surface de la cornée, couche qui ne
disparut ensuite que lentement. L'intoxication par l'acide
osmique est aussi accompagnée d'affections plus ou moins
graves de la peau (dartres), etc. L'acide sulfhydrique est
un antidote de l'acide osmi(pie. L'acide osmicpae est assez
soluble dans l'eau, mais il s'y dissout lentement; l'alcool,
l'éther le dissolvent rapidement, mais ne tardent pas à le
réduire à l'état d'osmium métallique. Cette réduction est
produite par un grand nombre de matières organiques et
en particulier par celles qui sont contenues clans le sys-
tème nerveux, aussi utilise-t-on une solution d'acide os-
mifpie au 1 dOO pour étudier le système nerveux des ani-
maux inférieurs. La substance des nerfs noircit en réduisant
l'acide étendu que les autres tissus altèrent plus lente-
ment. Beaucoup de métaux, le fer, le zinc, le cuivre, le
mercure réduisent l'acide osmique. L'ammoniaque en excès
déconq)ose l'anhydride osmique en donnant des combinai-
sons azotées complexes ; la potasse ne donne pas d'osmiates,
mais en présence de réducteurs elle fournit un osmite
OsOKO, 2H0 ; ce sel est en cristaux octaédriques, soluble
dans l'eau en violet.
Le caractère le plus saillant des composés d'osmium est leur
})roprié(éde dégager de racideosmique,reconnaissal)leà son
odeur, quand on les cbaufïe avec de l'acide azoticpie ; la
même réaction a lieu quand on les chaufliè à l'air. On peut
facilement reconnaître l'osmium, lors même qu'il est uni à
l'iridium, en chauffant la matière à essayer sur le bord de
la flanune d'une lampe à esprit-de-vin ; l'osmium qui se
volatilise à l'état d'acide osmitpie domie à la flamme un
grand éclat et une coloration i)lanclie [)articulière ; si on
cidonce ahu's le métal complètement dans la flamme, l'oxy-
dation cesse en même tejups (jue le pbénomène, (pu se
repioduit de nouveau fjiiand on ]'amène la cuiller sur les
bords. Pour f/(M*e/*rosmium, on commence par l'isolera l'état
d'anhydride osmique (jui est recueilli dans la potasse, puis
transformé en osmite de potasse et finalement, sous l'in-
fluence du chlorhydrate d'ammonia(pie, dans la combinai-
son complexe, Os''^0'^(Az'^'îi'^)(vl', on réduit par l'hydrogène
et Ton pèse le métal. C. Matuînon.
IL'!,!.. Fri::j\-, Aniuilcs Oe dam. et de plujs., \Y scrio,
t XI. IV, }) 389. — DiAii.Li: ot Dk^ray, ibùj , .3'' séné,
t Ly\"l. p. V)6b
OSMOND ou OS MER (Saint), évéque de Salisbury,
moit le 3 déc. 1009. H était fils du comte Henri de Séez
GRANTtF. ENCYCLOPÉDIE, — XXV.
— (i41 ~ OSMIUM — OSMLNDA
et d'Isabelle. la sœur de Guillaume le Comfuérant ; il accom-
pagna ce dernier en Angleterre en qualilé de cbapelain.
Lu mars lOT'i, il fut élevé à l'oflice de chancelier. |)uis
fut fait évéque de Salisbury, alors Sarum. en 1078. Il col-
labora au Domesdatj Uook. W construisit la cathédrale de
Sarum, réorganisa son clergé sin^ le modèle normand,
rédigea un nouveau rituel, dont l'original a dispai'u; il en
existe une copie, de 0/ficiis erclesiastici, datée de i^H.
Ces innovations ne rencontrèrent qu'une faible opposition ;
elles furent assez rapidement acceptées dans toute la
Crande-Bretagne et y furent conservées jusqu'au xvi^ siècle.
Osmond assista au concile de Sarum (1086) et à celui de
Rockingham (1095), où il prit le parti du roi; mais il ne
tarda pas à se réconciher avec Anselme. F. -H. K.
BiiJL. : W.-H.-R. Joxr- . Eer/ister of St Osmu ad ; Londres
1S83 et 1881.2 vol.
OSMONDACÉES ou OSMONDÉES (Bot.) (V. Os-
mundâ).
os M ONT (Auguste-Adolphe), général français, né à
Montpellier le oljanv. 1818. Sorti de l'école de Saint-Cyr,
il fit campagne en Afrique (1848), prit part k rexpédition\le
Rome et se distingua en Crimée (1854), puis en Italie,
en Syrie, au Mexique, où il fit preuve d'un grand cou-
rage. Général de brigade en 1865, il resta jusqu'en 1867
au Mexique. En 1870, on le trouve chef d'état-major du
4« corps (Ladmirault) de l'armée du Rhin. Blessé à Ser-
vigny, prisonnier de guerre à la capitulation de Metz, il
rentra le ^24 mars 1871 en France et commanda une
brigade du 2® corps de l'armée de Versailles à la tète de
laquelle il enleva les barricades établies devant Bagneux
et Cachan. Général de division en 1871, il commandâtes
divisions d'Oran et d'Alger (1878), puis le 13« corps
d'armée (Clermont-Ferrand) en 1881. Kn 1883, il fut *
admis à la retraite. Ph. []
OSMOSE (Phys.) (V. Exdosmosi:).
OS MO Y. Com. du dép. du Cher, arr. de Bourges, cant.
deLevet; ^208 hab.
OS MO Y. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de
Mantes, cant. de Houdan ; 160 hab.
OSMOY (Charles-François-Romain Le Boeuf, comte d'),
homme pofitique français, né à Osmoy le '27 nov. 18^27.
Il débuta par la littérature et fit jouer sans grand succès
quelques pièces au Palais-Royal, àl'Odéon, au Gymnase;
il renonça à la littérature et se retira dans ses propriétés
d'Osmoy. Il fut battu, en 1869, aux élections législati\es
par le candidat ofiîciel. R s'engagea pendant la' guerre;
en 1871 il fut élu membre de l'Assemblée nationale dans
l'Eure, et siégea dans le centre gauche avancé. Battu au
Sénat en 187f>, mais réélu à la Chambre en 1877, puis
en 1881 à Pont-Audemer. En 1885, il fut élu sénateur
dans l'Eure. M. d'Osmoy a écrit, en collaboration avec
Flaubert et Bouillet, une féerie, le Château des Cœurs
(1879), et un volume de poésies. Mélodies (1880). Ph. B.
OSMUNDA (Osmunda L.). I. Botanique. — Genre de
Fougères herbacées, constituant avec le genre Todea la
famille des Osmondées, qui renferme ainsi une dizaine de
plantes environ. Ce genre présente un certain nombre de
caractères remarquables ; la tige oftre un détail de structure
))articulier; elle possède des faisceaux libéro-ligneux colla-
téraux ; les tubes criblés ne présentent de substance calleuse
à aucun moment de la ^ie de la plante ; les parois des cellules
corticales sont généralement très minces; l'épiderme offre
des solutions de continuité, quelquefois assez considérables,
situées à la base des feuilles : ces lacunes sont parfois com-
blées par une substance transparente, ayant la consistance
de la gélatine, mais sont le plus souvent remplies d'air; le
rhizome porte çà et là des écailles dont les dernières protègent
le bourgeon terminal. — Les feuilles ont l'allure géné-
rale des feuilles de Fougères : certaines d'entre' elles
abritent des bourgeons ; par différenciation de l'une de
leurs parties, toujours dépourvues de parenchyme, les
feuilles fertiles ju^ennent l'aspect d'un épi de sporanges ;
la soie n'est recouverte par aucune indusie ; les sporanges
41
OSMUNDA — OSSÉINE
— 642
sont portés par un court pédicelle, ont une forme sphé-
rique, sont pourvus d'un anneau horizontal court et incom-
plet et portent chacun un petit groupe de cellules parti-
culières ; la déhiscence est longitudinale ; la spore donne
naissance à un prothalle qui prend une forme rappelant
celle d'une large feuille dont la nervure médiane serait
représentée par le coussinet développé ici d'un ])out à
l'autre du végétal. Ce prothalîe doit se reproduire par
une sorte de marcottage naturel. VO. regalis L. se ren-
contre dans les bois humides de l'Europe. — Les Osmunda
existent à l'état fossile dans l'éocène inférieur, en compa-
gnie de palmiers, de bambous et des premières mousses.
Henri FouiirsiEH.
IL HoRTicuLTCiiE. — - L'Osmoudc royale, grande Fou-
gère très belle et très décorative de 0™,30 à 'l"\oO, se
cultive au bord des pièces d'eau, des ruisseaux, dans les
sols siliceux mouillés ou tourbeux.
OSMYLE (Entom.). Genre d'Insectes Névroptères, delà
famille des Raphidides, établi par Loatreille {Gen, Crust.
et Ins., m, p. d96). Ce genre est caractérisé par la pré-
sence de trois ocelles disposés en triangle. On compte
une douzaine d'espèces d'Europe, des Indes, d'Austrahe,
de Tasmanie et de la Nouvelle-Zélande. L'espèce type est
VO. Chrysops Lin. dont la larve vit dans la terre humide.
L'adulte se trouve au mois d'août, dans les environs de
Paris, sur les arbustes qui bordent les ruisseaux et les
mares. P. T.
BiRi.. : Girard, MêUimorplioscs des Lisecies, p. 133 -
TraAté clëm. d'cntom., \). iVS. ~ De Selys-Longciia?*[1'S.
CittoÂ. Vins, des Orth. et des Névropt., p. 59.
OSNABRUCK. Ville de Prusse, ch.-l. d'un district de
la prov. de Hanovre, dans la vallée de la Hase; io.l31
hab. (en 4895) dont un tiers catholiques. Hôtel de ville
du xv^ siècle avec portraits des 44 négociateurs des trai-
tés de 1648 ; maisons en bois des xvi® et xvn^ siècles.
Cathédrale de la première moitié du xni^ siècle en style
de transition. Grandes carrières, établissements métallur-
giques, ateliers de ch. de fer, fabrication de machines
agricoles, de produits chimiques, de toiles et lingerie.
Commerce actif des produits locaux, de jambons de
Westphalie, de pompernickel, etc. — Des missionnaires
francs s'y établirent en 772 ; en 888, la ville reçut les
droits de marché, de domaine, de monnayage ; elle fut
fortifiée en 1082, s'affilia à la Hanse ; s'enrichit par la
fabrication des toiles et sauvegarda son indépendance
contre l'évêque. Ruinée par la guerre de Trente ans, elle
vit la conclusion de la paix entre le Saint-Empire et la
Suède le 24 oct. 1648 (V. Westphalie [Traités de]).
VévôchécrOsnabrûck, fondé par Charlemagne vers 810
et sufFragant de Cologne, adopta la Réforme sous Franz
de AYaldeck (1532-53). Le traité de Westphalie stipula
que les évèques seraient alternativement catholiques et
protestants de la maison de Brunswick-Lunebourg. Sécu-
larisé en 1802, l'évèché fut annexé au Hanovre. Il s'éten-
dait entre l'Ems et la Hune. H a été rétabli en 1857.
BiBL. : Mœser, Os7iabrùckisclie Gesc/K — Friderici et
Stûve, Gesch. der Stndt Osmibrach^ 181()-26, 3 vol. —
Guide cIcMeinder, 1894. — Stûve, (lesch. des Ilochsiifts
Osnabrûck (jusqu'en 1618) ; léna, 1853-82).
OSN E (L'). Rivière du dép. de la Haute-Marne (V. Mahxe
[Haute-], t. XXHI, p. 233).
OSNE-le-Val. Com. du dép. de la Haute-Marne, arr.
de Wassy, cant. de Chevillon ; 860 hab. Au val d'Osne,
hauts fourneaux et fonderie de fonte moulée en objets
d'art.
OSN ES. Com. du dép. des Ardennes, arr. de Sedan,
cant. de Carignan ; 333 hab. Stat. duchem. de fer de l'Est.
OSNY. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. et cant. de
Pontoise; 488 hab. Stat. du chem. de fer de l'Ouest.
OSOR-Apis(MythoL) (V. Hâpi).
OSORNO. Ville du Chih, prov. de Llanquiliu, sur le
Rahné, affl. navigable du Rueno ; 1.000 hab. Fondée en
1558, elle fut saccagée par les Araucans (1603); rebâtie
on n88. — A92kil. S.-E., volcan cVOsorno (2.257m.).
OSORNO (Marquis de) (V. O'Higgins).
OSQUES (V. Italie, § Anthropologie ç^i^ Histoire).
OSSA (Mont). Montagne de Grèce (V. ce mot, t. XIX,
p. 274).
0SSA6ES. Com. du dép. de Landes, arr. de Uax, catit.
dePouillon; 807 hab.
OSSAS-SlciîarI'. Com. du dép. des Rasses-Pyrénécs,
arr. de Mauléon, caiit. de Tardets ; 270 hab.
OSSAT (Arnaud d'), cardinal et diplomate français,
né à Laroque en Magnoac le 23 août 1536, mort à Rome
le 13 mars 1604. Son père étant mort do misère, il fut
élevé dans la maison d'un genlilhomme voisin, dont il
accompagna, vers 1557, les fils à Paris en qualité de pré-
cepteur. Il était entré dans la carrière ecclésiastique en
se faisant tonsurer le 26 déc. 1556. Il ne fut ordonné prêtre
qu'à Rome, après 1574. Quand ses élèves eurent quitté
Paris, en mai 1562, il suivit les leçons de Ramus et dé-
fendit sa philosophie, sans le suivre vers le protestantisme ;
puis il se famiharisa avec le droit sous (kijas, àRourges,
et finit par obtenir une charge de conseiller au présidial
de Melun. H avait alors le titre d'abbé de Varennes. Il
avait rencontré Paul de Foix, plus tard évèque de Tou-
louse, qui se l'attacha et l'emmena en qualité de secré-
taire, quand il alla comme ambassadeur à Rome, en 1574.
C'est là que, surtout après la mort de son protecteur (mai
1584), il travailla, de son propre mouvement, à la récon-
ciliation de Henri IV avec le Saint-Siège. 11 fut nommé
membre de la commission qui, sous la direction du duc
de Nevers, Louis de Gonzague, fut chargée officiellement
de ces négociations. De Gonzague y allait trop militaire-
ment et échoua ; d'Ossat persévéra et réussit. En 1595, oji
lui adjoignit Du Perron, pour recevoir l'absolution au nom
d'Henri IV. Clément VIII demanda que la couronne de
France fût déposée aux pieds du trône pontifical. D'Ossat
résista avec fermeté et obtint enfin Fabsolution le 16 sept.
1595. En récompense, le roi le lit nommer à Févéché de
Rennes, en janv. 1596, et, l'année suivante, lui donna le
titre de conseiller d'Etat, mais d'Ossat continua de résider à
Rome comme agent diplomatique. Comme tel, il négocia
le divorce du roi avec Marguerite de France (déc. 1599),
ainsi que son union avec Marie de Médicis. Par ses dé-
marches, les pays de Rresse, de Rugey et de Valromey
furent assurés à la France. Il réussit de même à faire ac-
cepter au pape l'édit de Nantes et les mesures contre les
jésuites. Il avait plusieurs bénéfices, dont il ne tirait ])as
grand'chose ; il fut créé cardinal le 3 mai 1599, et, en
juin 1600, il fut nommé à révéché de Rayeux, dont il se
démit dès 1603, puisqu'il ne pouvait y résider. Sully, dont
il n'approuvait pas la politique intérieure, le détestait, et
réussit à lui faire supprimer la pension du roi. Ses Lel-
ters (Paris, 1624, in-fol. ; plusieurs fois réimprimées),
adressées au ministre Villeroi, sont bientôt devenues un
modèle de correspondance diplomati([ue.
BiiJE : M'"« d'AR(x^N VILLE, Vie du carduml d'Os.:, il ;
I^aris, 1771. 2 vol. iii-8.
OSSAU. Vallée du dép. des Basses-Pyrénées (V. F\h!>
NÉES [Rasses-].
OSSE. Com. du dép. du Doubs, arr. de Raume~les-
Dames, cant. deRoulans; 205 hab.
OSSE (L'). Rivière du dép. Xhi Gers (V. ce mot, t. XVlli,
p. 866),
OSSÉ. Com. du dép. d'lile~et- Vilaine, arr. de Vitré.
cant. de Chàteaubourg ; 659 hab.
OSSE. Com. du dép. des Rasses-Pyrénées, arr. d'Olo-
ron, cant. d'Accous, sur l'Arricq, aftî. du gave d'Aspe ;
600 bab. La population d'Osse est restée en partie pro-
testante, celte communauté ayant été un des centres ré-
formés les plus florissants de la vallée d'Aspe. H. C.
BiBL.: A. Cadier, Ossc. Histoire de l'Eglise ré fonnée de lu
vallée d'Aspe ; Paris, 18D2, in-8 — Abbé Dubarat. la Dé-
forme en Béorn et ou pays basque (réfutation de foiu ra'j<>
précédent) ; Paris, 1895, in-8
^ OSSÉINE. L'osséine est une matière albuminoide d'ori-
gine animale qui existe dans les os. Son étude est due
643
OSSEINE - OSSERAIN
surtout à Fremy, Schutzenberger. M. Bertlielot a montre
qu'elle constituait un amide complexe. On la prépare en
plongeant les os dans l'acide chlorhydriquc étendu de neuf
fois son poids d'eau; on renouvelle l'acide de temps en
temps en diminuant l'acidité de la solution jusqu'à ce
que les os deviennent mous, élastiques et transparents. On
lave finalement à l'eau, à l'alcool et à l'étlier. L'osséine
constitue une matière solide jaunâtre, insoluble dans l'eau.
Sa propriété fondamentale est de se transformer m gélatine
(V. ce mot) quand on la maintient dans l'eau à l'ébulli-
lion ; la transformation est plus rapide quand l'eau est
légèrement acidulée. Les analyses suivantes sont relatives
aux osséines de différentes provenances :
Carbone Ilydropène Azote
Os de bœuf 49,2 ' 7,8 17,9
~ de veau 49,9 7,3 17,2
— de hibou 49,1 6,8 »
~- de carpe 49,8 7,4 »
L'osséine contient en outre, comme toutes les matières
albuminoides, quelques millièmes de soufre.
L'albumine, l'oxyde de fer. J'oxyde de mercure et le
tanin forment avec elle des composés inaltérables à l'air.
L'hydrate de l)aryte, à une température [de 200^, dé-
double l'osséine en mettant en liberté 3,5^ ^/o de cette
substance sous forme d'azote ammoniacal, 3,62 % d'acide
oxalique, 3 ^/o d'anhydride carbonique et 1 ^/o d'acide acé-
tique. Les osséines de différentes provenances se transforment
en gélatine dans des temps différents. En outre, celle qui
provient d'un jeune animal se convertit plus rapidement
en gélatine que celle que l'on retire d'un os d'un animal
adulte. Un os s'altère beaucoup plus lentement que l'os-
séine ; l'attaque est empêchée par le phosphate et le car-
bonate de chaux, qui s'accujnulent à la surface libre de
l'os et forment une couche de plus en plus épaisse. Les
os contiennent environ 30 'Vo d'osséine. G. Matignon.
OSSÉJA. Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, arr.
de Prades, cant. de Saillagouse; 885 hab.
OSSELET. L Anâ'iomie. — On donne le nom d'osse-
lets à la petite chaîne osseuse de l'oreille moyenne, for-
mée par le marteau, l'enclume, l'os lenticulaire et l'étrier
(V. Oreille).
IL Jeu. — On appelle osselets de petits os en forme
d'S, tirés de l'articulation du gigot de mouton et qui
servent de jeu aux enfants. On en fait également en ivoire
et en bois façonné de diverses façons. L'origine du jeu
d'osselets est très ancienne. Iji effet, il était déjà connu
des Grecs qui appelaient les osselets àaToàyaXoi et des
Romains qui les nommaient tali. Chez les anciens il se
jouait ordinairement avec qualre osselets marqués de
points sur les quatre faces, comme nos dés actuels. On
produisait des coups différents auxquels les Grecs avaient
donné le nom des dieux, des héros, des hommes illustres
et même des courtisanes célèbres. Il y avait deux manières
de jouer : la première et la plus commune avait beau-
coup d'analogie avec celle qui se pratique encore aujour-
d'hui; elle consistait à jeter en l'air les osselets et à en
recevoir le plus possible sur le dos de la main, ou bien encore
à en jeter un ou deux en l'air et, avant que ceux-ci fussent
retombés, à en ramasser un ou plusieurs autres posés à
terre ou sur une table. La seconde manière de jouer con-
sistait à jeter les osselets, comme on a coutume de jeter
les dés, avec la main ou avec un cornet; chaque côté de
l'osselet portant un nombre différent, on faisait le total
des points donnés par chaque face. Le coup le plus favo-
rable s'appelait coup de Vénus : il consistait à amener
quatre points différents ; le plus mauvais {coup de chien)
était celui qui réunissait quatre as. La grande quantité
d'osselets trouvés dans les ruines d'Herculanum nous
prouve que ce jeu était commun chez les Romains. Une
peinture découverte à Résine représente deux femmes
occupées à ce jeu, l'une d'elles ayant Lancé les osselets
en l'air en reçoit trois sur le dos de la main droite.
Aujourd'hui, les enfants jouent avec quatre, cinq, six
ou huit osselets, qu'ils jettent en l'air de la main droite,
un à un ou simultanément, et qu'ils reçoivent ensuite dans
l'intérieur ou sur le dos de la main, après avoir relevé
les osselets tombés ou laissés précédemment. Les exercices
auxciuels on peut ainsi se livrer sont fort variés et plus
ou moins compKqués : le joueur jette en l'air les osselets
et les reçoit sur le dos de ia main ; il fait alors passer dans
la main gauche les osselets ainsi retenus, à l'exception
d'un seul qu'il jette en l'air et qu'il reçoit de la main
droite pendant que, de la gauche, il ramasse un à un les
osselets qui, au premier coup, sont restés éparpillés. Quand
ceux-ci sont tous passés dans la main gauche, ils sont dé-
posés sur le tapis ou la table qui sert à jouer et doivent
alors être ramassés d'un seul coup de la main gauche et
cela, pendant que la droite jette en l'air un osselet et le
reçoit. D'autres exercices encore offrent des difficultés plus
grandes, tel celui qui consiste à faire passer entre les doigts
écartés de la main gauche chacun des osselets pendant
qu'un autre est jeté en l'air.
OSSELl (Marquise d') (V. Fuller [Sarah-Marg.J).
OSSELIN (Charles-Nicolas), homme politique français,
né à Parisle 22 nov. 1752, décapité à Paris Ie26juinl794.
Avocat, il embrassa les idées nouvelles et fut un des
électeurs du 14 juillet 1789 et membre de la municipa-
lité parisienne. Il fut, en cette dernière qualité, affecté
au département de la garde nationale. I^lecteur de la
section de la Fontaine de Grenelle en 1790, il rédigea
ÏAlmanach du juré français et ouvrit dans la grande
salle des ci-devant Jacobins Saint-Dominique, rue du Bac,
le 1^^ janv. 1792, un cours pubUc et gratuit d'nistruc-
tion pour le jury. 11 devint membre de la Commune du
10 août 1792 et président du tribunal criminel, et il fut
élu, le 16 sept. 1792, député de Paris à la Convention,
le 18^ sur 24. H se prononça, le 22 sept., pour l'élection
des juges et réclama, le 10 oct., le renvoi au comité
d'instruction pul)lique des projets de vente des collections
de livres, tableaux et objets scientifiques. Le 19 oct., il
présenta, au nom du comité de législation, le pi'ojet de
loi contre les émigrés et il prit une part active à la dis-
cussion. Le 13 déc. J792, il devint secrétaire de la Con-
vcjilion. Il vota la mort de Louis XVI et entra au comité
de sûreté générale. Le 24 mai 1793, il dénonça la com-
mission des Douze et, le 31, il se prononça contre les
Girondins. Le 13 sept., il fut accusé aux Jacobins d'avoir
fait mettre en liberté Bonne-Carrère et d'autres citoyens
de la section de la Fontaine de Grenelle. Le 20 sept., il
fit un rapport sur la loi contre les accaparements, qu'il
fit adopter le 2 oct. Le 23 sept., il fit décréter d'accu-
sation son collègue Perrin de l'Aube. Le 1<^^' nov., il
demanda et obtint cpie toutes personnes sorties de France
aveant la Révolution et non rentrées seraient considérées
comme émigrées et traitées comme telles. Le 9 nov.,
Osselin fut dénoncé pour avoir cautionné une émigrée,
Charlotte de Luppé, comtesse de Charry, et, le 17 nov.,
il fut décrété d'accusation. Le 5 déc. il fut condamné à
la déportation. Transféré à Bicètre, il fut impliqué dans
la fameuse conspii'ation des })j'isons. Traduit devant le
tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort le
26 juin 1791' et exécuté, après avoir vainement tenté de
se suicider. i'^tienne Chah a v av.
OSSELLE. Coui. du dép. du Doubs, arr. de Besançon,
cant. de Boussières; 290 bal). Grottes, ouvertes sur la
r. g. du Doubs, avec des stalactites d'un fort bel effet.
OS S EN. Com. du dép. des lïautes-Pyrénées, arr. d'Ar-
gelès, cant. de Lourdes ; 414 hab.
OSSENX. Com. du dép. des Btisses-Pyrénées, arr.
d'Orthez, cant. de Sauveterre ; 143 hab.
OSSERAIN-RivAUKVTK. Com. du dép. des Basses-
Pyrénées, arr. de Mauléon, cant. de Saint-Palais, au
conO. de la Iléourquc et du gave de Mauléon; 422 hab.
liglise eu partie gothique; ancien château restauré. C'est
à Osserain, à la hmiteduBéarn et du pays basque, qu'eut
OSSERAIN — OSSIAN
644
lieu le 3 mai Lili'i, entre Louis XI et le roi Jean U d'Ara-
gon, une entrevue où fut signé un premier traité, par
lequel le roi de France s'engageait à aider Jean 11 à re-
conquérir la Catalogne et reçut en gage le Roussillon et
la Cerdagne. H. C.
OSSÉS. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr. de
Mauléon, cant. de Saint-Etienne-de-Baigorry ; i.846 hab.
Stat. du chem. de fer du Midi. Nombreuses fabriques de
sandales.
OSSÈTES(Etlinog.) (Y. Caucase, t. IX, p. 883).
OSSEUX (Tissu) (V. Os).
OSSEY-les-Trois-Mâisons. Com. du dép, de l'Aube,
arr. de Nogent-sur-Seine, cant. de Romilly ; 378 hab.
OSSIAN. Personnage légendaire de la littérature irlan-
daise. Il figure dans une série d'épopées dont les événe-
ments sont placés par la tradition vers la fin du iii^siècle
de notre ère. (^.ormac Mac Art régnait alors en Irlande.
Il avait auprès de lui une espèce de milice permanejite
appelée Fiamiad'Erin (Feena), commandée par son gendre
Fiini (Fingal). Parmi les principaux héros qui figurent
autour de Finn, nous pouvons citer son fils Oisin(Ossian),
Oscar, fils d'Oisin, JJermot, Gaul Mac Morna, chef de la
Feena de Connaught, Kylta Mac Ronan, Conan Mail.
Lorsque Corma(; fut mort et (pfen '^l^B lui succéda son
fils Carbery, celui-ci fut obligé de supprimer la Feena
dont l'esprit d'indépendance menaçait sa sécurité. La
milice de Finn et les partisans de Carbery en vinrent aux
mains dans la sanglante bataille deGabhra (Gavra), près
de la colline de Skreen (comté de Meath). Carbery tua
Oscar en combat singulier, mais il fut tué lui-même par
un vassal félon, au moment où il se retirait, blessé, du
champ de bataille. Ce fut la fin de la Feena (283).
D'après la légende, Ossian et Caillteéchapp<'^i'ent au mas-
sacre de la milice. On les retrouve cent cinquante ans
après, conversant avec saint Patrick, et lui racontant, au
cours d'un voyage à travers l'Irlande, les exploits de
leurs compagnons, soit à la guerre, soit à la chasse. Ils
moururent baptisés.
Les légendes relatives à la milice des Finns nous sont
cojîservées par des récits épiques, en prose, interrompus
parfois par de longs passages en vers. Ces fragments
versifiés paraissent être le plus souvent des citations d'une
version plus ancienne du même récit. Ils sont, en général,
plus archaïques et plus difficiles à comprendre que la
prose. L'ensemble de ces récits, d'un intérêt historique
incontestable, mais d'une valeur littéraire assez mince,
forme ce qu'on a appelé le cycle ossianique. Les manuscrits
les plus anciens de ces épopées ne semblent pas remonter
au delà du xii^ siècle. Le plus grand nombre d'entre eux
ont été rédigés au xv^ siècle et dans les siècles suivants.
La légende de Finn fut, en effet, pendant longtemps des
plus populaires, et le souvenir en fut conservé non seule-
ment par des récits manuscrits, mais par la tradition
orale, aussi bien en Irlande qu'en Ecosse. Malgré les
grands progrès des études celtiques dans la deuxième
partie de ce siècle, on n'estguère arrivé cpi'à des résultats
hypothétiques, relativement à l'origine de ces manuscrits,
à leurs auteurs, à la formation des légendes qu'ils nous
ont transmises, à leur contenu historique, à l'existence,
au véritable caractère des personnages qu'ils mettent en
scène, à la date des événements auxquels ils font allusion.
Quelques manuscrits attribuent à Oisin lui-même quel-
ques-uns de ces récits ossianic{ues. H estinfiniment probable
qu'Oisin fut étranger à leur composition. Mais, comme
assez souvent les héros ossianiques étaient en même temps
des bardes et chantaient leurs propres exploits, on en vint
à faire de ce guerrier un poète épi(]ue.
Les poèmes ossianiques de Mâci^hehson. — On put
croire, vers le mdijeu du siècle dernier, qu'une nouvelle
source d'informations sur Ossian et la poésie ossianique
venait d'être [découverte. Un instituteur écossais, Mac-
pherson (V. ce nom), avait publié, en 4760, des frag-
ments d'anciennes poésies, recueillies chez les Highlan-
ders. Le lY Blair, que cette pubfication avait intéressé,
prit l'initiative d'une souscription, qui devait pei'metti'e
à Macpherson de continuer ses recherches. Un groupe
de savants répondit à l'appel du D'' Blair, et, en
sept. 1760, Macpherson fit un premier voyage de décou-
verte au X.-O. de l'Invernessshire , aux lies de Skye
d'Uist, de Benbecula. On lui communiqua, paraît-il, des
manuscrits, on lui récita des poèmes que des érudits
comme Gallie, Morrison, lui traduisirent et lui commentè-
rent. Puis il fit un second voyage à Mull, sur la cùte de
l'Argyllshire, où il recueillit encore quelques manuscrits.
Le 17 janv. i76d, il annonçait à un de ses correspon-
dants la découverte d'un poème épique, Fingal. L'année
suivante, il en publiait à Londres une traduction. Le
poème avait six chants et racontait l'invasion de l'Irlande
par Swaran, roi de Lochlin (Danemark) et sa délivrance
par Fingal, roi d'l>osse. C-elte épopée, traduite du gaé-
lique, avait été composée, selon Macpherson. par Ossian,
barde du ni^ siècle, (ils du roi Fingal. En 1763 parut
une traduction de Temora. poème en huit chants, attribue
au même Ossian. Malheureusement, des doutes ne tardè-
rent pas à s'élever sur l'authenticité de ces œuvres. Mac-
pherson avait bien fait j)récéder ses soi-disant traductions
d'une étude ciitiquc de Blair, mais cette étude, intéres-
sante d'ailleurs au point de vue littéraire, était à peu
près dénuée de sens criti(jue. Blair n'y traitait qu'inci-
demment la question d'authenticité et avec une telle mala-
dresse que ses arguments se retournent presque tous
contre lui. Sa dissertation n'était donc guère de nature à
dissiper les soupçons (jui planaient sur la publication de
Macpherson. Blair avait communiqué son étude à Hume,
en le priant do lui faire connaître l'impression qu'elle
avait produite à Londres. Hume lui répondit, le 17 sept.
1763, par une lettre qui fut le point de départ
des discussions ultérieures sur les poèmes d'Ossian. « Les
personnes qui font l'éloge de votre dissertation, lui disait
Hume, contestent néammoins l'authenticité des poèmes
ossianiques et accusent Macphei'son de faux littéraire.
C'est l'opinion générale des hommesde lettres de Londres.
L'orgueil de Macpherson, qui refuse obstinément de satis-
faire ceux qui mettent en doute sa véracité, tend à con-
firmer ce scepticisme. On se demande d'abord comment
de tels poèmes auraient pu se conserver, par la tradition,
pendant quatorze siècles. On se demande ensuite si cespoèmes
gaéliques existent bien et s'ils ne sont pas tout simple-
ment une invention de Macpherson. l*:t, pour lever ce
premier doute, ce ne sont pas des arguments qu'il faut
fournir, mais des témoignages, des preuves matérielles.
Si Macpherson a réellement traduit ces œuvres du gaélique,
qu'il nous montre ses manuscrits, on les fera examiner
par des érudits qui se prononceront sur leur authenticité.
Si Macpherson ne les a pas lui-même en sa possession,
on pourra du moins faire une enquête sérieuse, destinée
à vérifier les sources auxquelles a puisé Macpherson. On
s'assurera qu'on lui a bien fourni des documents, on
analysera le contenu de ces documents, leur prove-
nance, etc. »
Blair communiqua cette lettre à Macpherson (jui se mit
fort en colère, s'irrita nt qu'on mit en cloute sa bonne foi.
Il refusa absolument de produire ses originaux gaéliques.
Il parait cependant qu'il en fit le dépôt chez son libraire
de Londres. Celui-ci les tint quelque temps à la disposi-
tion des amateuis qui voudraient les consulter. Comme
personne ne se présentait, il les retourna à Macpherson.
Le fait est-il parfaitement exact "i^ Quels était le nombre et
la nature de ces manuscrits 'i Nous l'ignorons. Macpherson
partit alors pour la Floride. H emporta, dit-on, ses ma-
nuscrits avec lui. Quelques-uns d'entre eux se perdirent
en route, ce qui vint encore compliquer cette question,
passablement embrouillée déjà.
Ine dizaine d'années plus tard, les attaques contre ]\Iac-
pherson redoublèrent de violence. Johnson fit un voyage
aux Hébrides, pour contrôler les dires de Macpherson. A
— ()4") —
OSSIAN
son retour, il fit savoir, dans la relation de son voyaiio,
(lue son enquête l'amenait à nier l'ormellement, non seule-
ment Fexistenee des originaux ossianiques, mais même
celle de toute tradition poétique de ce genre dans ces îles.
11 traita Macplierson d'imposteur et de gueux. Celui-ci lui
envoya un cartel. Johnson se munit d'un solide gourdin
de diêne et délia Macplierson à son tour. En 1781, la
même comédie recommence avec des personnagesde moindre
importance. Un Ecossais. William Shaw, refait le voyage
de Johnson et publie, à Londres, une enquête sur l'au-
thenticité d'Ossian, dans laquelle il fortifiait de témoignages
nouveaux les assertions du maître de la critique. Un deuxième
l']cossais, Clarke, d'Edimbourg, prit le parti de Macplier-
son, et se mit à insulter grossièrement William Shaw. (Test
ainsi que la polémique ossianique se termina cette fois,
comme une querelle de portefaix.
Après la moi't de Macphei^son (V. ce nom), on voulut
liquider une bonne fois cette affaire. On s'imaginait qu'on
allait pouvoir résoudre enfin cette question des origi-
naux de Macpherson. Celui-ci, en effet, après avoir si
longtemps refusé de les communiquer, avait, parait-il,
l'intention de les publier quelque temps avant sa mort.
Par son testament, il les léguait à un de ses amis, Henri
Mackenzie. On pourrait donc enfin les étudier. Malheureu-
sement ces manuscrits, d'ailleurs en petit nombre, n'étaient
que des copies rédigées de la main de Macpherson, et par-
fois même, c'étaient des traductions en langue gaélique
faites évidemment d'après les soi-disant traductions an-
glaises pubhées par Macpherson. On fit une enquête dans
les llighlands, conformément au programme tracé anté-
rieurement par Hume. Cette enquête, souvent mal con-
duite, rendue plus difficile d'ailleurs par la disparition des
personnes qui avaient pu fournir des renseignements à
Macpherson, par le patriotisme mal compris des Ecossais,
n'apprit pas grand'chose sur les fameux manuscrits de
Macpherson. Elle établit seulement que des légendes rela-
tives aux héros ossianiques existaient réellement chez les
Highlanders. Ces traditions s'étaient conservées dans des
poèmes que beaucoup de personnes se souvenaient d'avoir
entendus dans leur jeunesse. Mais depuis l'insurrection de
1745 les poètes nationaux n'étaient plus écoutés avec au-
tant de charme. L'impression que produisait cette poésie
était beaucoup plus forte et plus énergique que celle des
poèmes de Macpherson. Le comité avait pu se procurer
quelques manuscrits de ces poèmes ossianiques écossais.
Mais aucun des fragments recueillis ne coïncidait, ni par
le titre, ni par le texte, aux traductions qu'avait publiées
Macpherson.
Les assertions du comité furent reprises et précisées
par Malcolm Laing (V. ce nom) qui, après avoir précé-
demment étudié sommairement la question ossianique dans
un appendice à son Histoire (T Ecosse, publia en 4803
les poèmes d'Ossian, avec des notes destinées à détruire
l'autorité du texte. Le livre de Laing a été fort bien ana-
lysé dans un article de la Revue (V Edimbourg (juil.
1805) par W^ Scott qui adopte à peu près toutes les con-
clusions de Laing. D'après eu\', des témoignages anciens
et nombreux établissent Texistence ancienne de traditions
irlandaises relatives à la milice des Einns, dont nous avons
parlé au début de cette étude. Ces traditions se mêlèrent
à d'autres traditions relatives à une autre milice, anté-
rieure d'un siècle environ, et commandée par Cuthullin.
Les exploits de ces deux classes de héros furent conservés
dans une série de poèmes variés dont il existe une collec-
tion à Dublin. Grâce aux relations des deux peuples ir-
landais et écossais, les légendes de Finn et de Cuthullin
étaient devenues également célèbres en Ecosse. Des au-
teurs du xiv^ et du xvi^ siècle témoignaient de l'ancien-
neté de cette légende en Ecosse. Des noms de rivières, de
montagnes, de lacs avaient été tirés de légendes ossia-
niques. Les arguments de Johnson et de Shaw se trouvaient
donc par là même réfutés en partie. Mais si les poèmes
de Macpherson se rattachent, en une certaine mesure, à
une vieille tradition écossaise et irlandaise, il était incon-
testable qu'ils n'étaient pas l'œuvre d'Ossian, personnage
du m^' siècle. Les erreurs chronologiques gi'ossières qu'ils
contenaient démontraient amplement qu'ils n'avaient pas
été rédigés par un contemporain des événements qu'ils
rapportaient. Laing comparait les faits sur lesquels reposent
les principaux poèmes de Macpherson à ceux (pie rapportaient
les ballades p(q)ulaires irlandaises et écossaises publiées
antérieurement, ou recueillies par la Higliland Society et
par Laing lui-même. Il rapprochait ainsi Fingal de Mag-
nus aux pieds nus, la bataille de Lora d'Erragon, Dar-
Thula de Deirdre, ïemora de Cath-Gabra, Lathmon de
Lathmon le Grand. Il montrait que la plupart du temps
on avait, dans Macpherson, transformé le caractère des
événements primitifs, bouleversé la topographie, la chro-
nologie traditionnelles. Le caractère des héros, leurs !ia-
bitudes, leurs croyances, différaient complètement dans
Macplierson et dans les ballades populaires. Dans celles-
ci, la férocité, la sau\agerie dominaient; dans Macpherson,
tout était rafiinement, courtoisie, sensibilité. Nulle trace
de fantômes ossianiques dans les ballades. Le style en
était plat, trivial ou ampoulé; les traductions de Macpher-
son donnaient l'idée d'un style éloquent, imagé. Dans la
deuxième partie de son travail, Laing établissait des rap-
prochements fort curieux entre certains passages de l'Os-
sian de Macpherson et certains v(^rs de Shakespeare, de
Milton, de Thomson, d'Homère, de la Bible ; en certains
endroits, la ressemblance était telle (pi'on pouvait sans hé-
sitation accuser Ossian de plagiat. Rappelant d'ailleurs
les discussions sur les manuscrits de Macpherson que nous
avons résumées au début, Laing en arrivait à cette con-
clusion : les poèmes ossianiques sont de Macpherson. Il
n'a pris dans ranti(juité irlandaise et écossaise (|ue quel-
ques noms, quel(|ues faits qu'il a transformés à sa fantai-
sie sans aucun souci de la chronologie on de la vraisem-
blance historique. Il a brodé à loisir sur ces événements,
pillant Homère, Shakespeare, Milton, (piand l'inspiration
ne venait pas.
La plupart des conclusions de ],aing subsistent encore
aujourd'hui. Néanmoins, on peut dire d'une manière géné-
rale qu'il s'est montré beaucoup trop subtil dans son étude
des plagiats de Macpherson. iVucune œuvre poétique ne
résisterait à l'action corrosive d'une analyse telle que la
sienne. D'autre part, des découvertes nouvelles ont permis
de modifier et de préciser sur quelques points les solu-
tions de Laing relativement aux sources de Macphci'son.
En 1841, en effet, Mac Gregor pubUait à Londres ses Os-
sian s entire remains. En ISO'^, T. Mac Lauchlan pu-
bliait le Livre du Doyen de Lismore (avec introduction
de W.-F. Skene) contenant de nombreux fragments de
poésie gaélique, écrits à différentes épo jues, réunis entre
'1512 et 1526 par James Mac Gregor, doyen de Lisinore.
Enfin, en 1870, Archibald Clark donna une nouvelle édi-
tion critique des Poèmes ossianiques de Macpberson.
Aujourd'hui nous pouvons distinguer avec plus de netteté
que Laing en quoi les poèmes de Maepherson s'écartent
de la tradition du cycle ossianique. (}u<dle (pic soit leur
('pocpie, les récits épiques de ce cycle ne confondent jamais
les deux traditions parallèles relatives, l'une à Cuthullin,
l'autre aux compagnons de Finn et d'Ossian. Dans Fingal,
Tewora, les deux légendes sont confondues. Cuthullin, qui,
selon la légende, vivait au i®'' siècle de notre ère, devient
un contemporain de Finn, héros du iii^ siècle. D'autre part,
dans Macpherson, ces men^^naires irlandais deviennent
des héros écossais. Ils vont porter secours au roi d'Ir-
lande menacé par les Norses. Or ceux-ci n'apparaissent
sur les c(Hes d'Irlande qu'aux vm^ et ix*' siècles. Les vé-
ritables poèmes ossianiques abondent en descriptions dé-
taillées d'armes et de meubles. Ces descriptions manquent
totalement dans Macpherson. Par contre, on y trouve de
nombreuses descriptions de paysages, qu'on ne rencontre
jamais chez les vieux bardes. Chez eux, les actions des hé-
ros sont aupremierplan ; leurs récits ne sont souvent qu'une
OSSIAN
(m
sèche nomenclature de leurs exploits. C'est une littérature
narrative. Dans Macpherson,les héros n'ont qu'une place
secondaire, un rôle effacé.
Ces remarques faites, nous pouvons reprendre les con-
clusions de Laing : les j)oèmes d'Ossian ont été rédigés au
xvni^ siècle par Macpherson. Il s'est inspiré de légendes
qui ne remontent pas au delà du xii'- siècle. 11 lésa com-
plètement transformées, modifiant la chronologie, les noms
des héros, la nature des événements. S'cst-il inspiré, pour
ses développements lyriques ou pittoresques, des ballades
irlandaises et écossaises desxvii^' etxvin^ siècles? La su-
périorité des poèmes ossianiques sur les premiers essais
poétiques de Macpherson permettrait de le supposer, quoi-
qu'on n'en ait pas de preuve formelle.
Influence des î^poèmes de Macpherson. — On peut et
l'on pourra discuter longtemps sur le degré d'authenticité
de ces poèmes ossianiques. Mais ce qui, du moins, est in-
contestable, c'est le retentissement prodigieux qu'ils eurent
non seulement en Angleterre, mais en France, en Alle-
magne, en Itahe. Ossian fut en effet traduit, imité en
France, traduit en vers italiens par l'abbé Cesarotti. On
en donna plusieurs traductions en allemand, en suédois,
en danois, en hollandais.
Différentes causes contribuent à expliquer ce succès. Et
tout d'abord, lorsque les poèmes ossianiques parurent, on
avait, en Angleterre notamment, une tendance à s'occuper
de l'histoire du moyen âge, un goût prononcé pour l'ar-
chéologie, la philologie médiévales. Ce mouvement fut si-
gnalé par des travaux d'histoii'e, d'érudition. La littéra-
ture celtique, presque incoinuie, soupçonnée seulement,
attirait plus particulièrement les esprits. Vji 17 oo parut
['Introchœtion liVhistoirede Danemark, de P.-ILMal-
let, qui fut suivie des MoniDiients de la mythologie et
de la poésie des Celtes, et particulièrement des anciens
Scandinaves. Cette œuvre avait eu beaucoup de succès.
Les érudits anglais et allemands avaient frémi de joie en
voyant s'ouvrir à leurs explorations cette sombre et mys-
térieuse foret de la littérature celtique. On comprend dès
lors quel enthousiasme allait soulever la publication des
poèmes d'Ossian. Quel riche sujet de controverses, de dis-
cussions à perte de vue sui' l'origine, l'antiquité, l'au-
thenticité de cette civilisation et de cette poésie ossia-
niques! Nous avons déjà indiqué, en résumant le débat
relatif aux sources de Macpherson, l'importance que prit
cette discussion.
Ce fut cependant à des qualités indépendantes de leur
caractère d'antiquité et d'authenticité que les poèmes os-
sianiques durent leur succès européen, qualités qui subsis-
tent dans ces poèmes, qu'on les attribue à Macpherson, à
Ossian ou à tout autre barde anonyme ou inconnu. L'au-
teur de ces poèmes avait su rendre, en effet, avec beau-
coup de bonheur, certains aspects de la nature écossaise :
les collines au-dessus desquelles flotte la brume; au pied,
la vallée étroite et rocheuse, où le torrent gronde sur les
cailloux; les landes nues et désertes, oii le vent siffle sur
la bruyère. On trouvait çà et là de fort jolies esquisses,
scènes matinales, pleines de fraîcheur et de grâce, cou-
chers de soleil majestueux et colorés. Puis de ces poèmes
se dégageait une mélancolie douce, plaintive, un peu va-
gue, mais d'un vague qui n'était pas sans charmes, mé-
lancohe dans laquelle entraient des sentiments vieux comme
le monde, mais que le poète avait su rajeunir en les com-
binant d'une manière ingénieuse, ou peut-être, tout sim-
plement, en les éprouvant lui-môme : sentiment de la
fuite rapide des années, regret de la jeunesse si vite dis-
parue, vanité du présent, amertmne de la vieillesse, sen-
timent de notre isolement, vagues aspirations vers un
monde nouveau, vers un idéal indécis et lointain. Le poète
avait assez habilement associé sa vision pittoresque de la
nature à ses émotions intimes, soit en illustrant ses sen-
timents au moyen d'images gracieuses ou grandioses, sou-
riantes ou tristes, empruntées au paysage qui l'entourait,
soit en attribuant directement à la nature elle-même, à
la Heur vacillant au souftle du vent d'automne, du vieil
arbre solitaire, abandonné dans h\ plaine, des émotions
analogues aux siennes propres. Notons enfin dans ces
poèmes l'absence totale de toute idée religieuse propre-
ment dite. Aucune adoration de la divinité chez ces héros
ossiani({ues. Le D^ Clair l'avait remarqué dans sa disser-
tation. Il avait ex[)rimé le regret qu'on ne trouvât pas
dans ces poèmes la notion d'un Être suprême. Macpherson
s'était oxphqué là-dessus dans une note. 11 attribuait, in-
génument, ou peut-être malicieusement, cette absence à
ia décadence du druidisme à l'époque d'Ossian. En tous
cas, cette conception d'un état d'esprit dans lequel l'idée
religieuse était remplacée par de vagues aspirations, par
le sentiment confus de la mélancolie universelle, était une
idée assez originale, qui devait avoir une singulière for-
tune.
La plupart des idées et des sentiments que nous avons
cru retrouver dans la poésie ossianique étaient déjà fami-
liers aux Anglais. Ils avaient eu, avant Macpherson, de
grands peintres de la nature, et, tout récemment encore,
Thomson, l'auteur des Saisons. La mélancolie d'Ossian
n'apportait rien de nouveau non plus aux lecteurs de
Voung, Gray, Collins. C'est peut-être une des raisons pour
lesquelles Ossian fut, en somme, moins goûté en Angleterre
qu'en Allemagne et surtout en France. Il ne fut qu'une
voix dans le chœur des poètes mélancoliques du xvm^ siècle
anglais. De plus, les polémiques érudites, auxquelles Mac-
[jherson avait du sa célébrité première, contribuèrent
également à le i'aire oublier dès qu'on crut s'apercevoir
(jue ses poésies n'étaient qu'une habile supercherie. Enfin,
il eut le tort irrémédiable d'être suivi par Wordsworth,
Uyron, Shelley, assez riches de leur fonds pour ne rien
lui devoir, ou presque rien, et tellement supérieurs à lui
(pi'ils réclipsèrent complètement.
En Allemagne, on admira bruyamment les poésies ossia-
niques, pour des raisons à la fois philologiques, littéraires
et patriotiques. On était heureux en effet de pouvoir enfin
opposer au Grec Homère, ancêtre des littératures méri-
dionales, l'Ecossais Ossian, ancêtre des littératures du
Nord. Ossian fit fureur pendant quelques années. Klopstock,
Voss, Lerse, Herder, lleyne s'en firent les panégyristes
dans leurs lettres et leurs discours. Burger l'imita. Gœthe
s'en inspira, notamment dans Werther, il devait analyser
plus tard avec beaucoup de finesse, dans ses Mémoires,
l'action des poésies ossianiciues sur la jeunesse allemande.
Grâce à Ossian, la mélancolie devint à la mode. « Pour
que toute cette mélancolie eût un théâtre fait pour elle,
dit Gœthe, Ossian nous avait attirés dans la lointaine
Thulé, où, parcourant l'immense bruyère grisâtre, parmi
les pierres moussues des tombeaux, nous voyions autour
de nous les herbes agitées par un vent horrible, et sur
nos têtes un ciel chargé de nuages. La lune enfin chan-
geait en jour cette nuit calédonienne ; des héros trépassés,
des beautés pâlies, planaient autour de nous ; enfin, nous
ci'oyions voir dans sa forme effroyable l'esprit môme de
Loda. »
C'est en France qu'Ossian obtint le succès le plus vif.
Les mômes raisons, quiexpliquent le succès de J.-J. Rous-
seau, expliquent également celui des poèmes ossianiques.
On les lut avec avidité, on en admira tout, récits épiques,
descriptions de paysages, effusions lyriques, on trouva
des mérites jusque dans la monotonie du style. Pendant
plus d'un demi-siècie, la vogue d'Ossian fut prodigieuse
en France. Le premier consul, poète à ses heures, fit
d'Ossian son auteur favori. Les critiques littéraires disser-
tèrent à l'envi sur les qualités des épopées ossianiques, et
la comparaison d'Homère et d'Ossian, inaugurée par Bl air,
devint un thème de développements faciles, à la Plutar<|ue,
et parfois ingénieux. Des poètes studieux, des académi-
ciens comme .Baour-Lormian, des généraux, firent de
consciencieuses imitations du vieux barde. Lesueur en tira
un sujet d'opéra, et Girbdet un sujet de tableau (Salon
de 4802. Les Bardes de Lesueur sont de 4804). Les
647
OSSIAN — OSTABAT
esprits subtils, comme M'^^'' de Sta(4, analysèrent les
poèmes ossianiques, en firent la base de systèmes litté-
raires, dont la solidité fut fort compromise quand l'au-
thenticité d'Ossian fut mise en cloute. Il n'en reste plus
aujoLird'Imi que les ruines imposantes. Enfin et surtout, des
hommes de génie comme Chateauljriand, puis Lamartine,
Alfred de Vigny, Alfred de Musset reprirent les thèmes
pittoresques et lyriques de Macplierson en les modifiant,
en les nuançant, en les enrichissant de sentiments et
d'idées nouvelles, en les élargissant d'une manière magni-
fique. Ainsi la mélancolie ossianique entra pour une part
dans le désespoir romantique de Chateaubriand et de ses
disciples, dans les vagues rêveries lamartiniennes. Vigny
et Musset ont plutôt été séduits par les beautés pittoresques
de Macplierson. Leur mélancolie n'a, en effet, presque rien
de commun avec celle du poète anglais. Les origines en
sont toutes différentes. Ce qu'ils doivent à Ossian, ce sont
lies images, des détails de paysage. C'est à ce point de
vue qiiEloa, le Cor, peut-être la Maison du Berger
rappellent parfois Macpherson et ses imitateurs. Quant à
Musset, ses poésies renferment maintes réminiscences
écossaises. La couleur locale tirolienne de la Coupe el
les Lèvres ne vient pas moins d'Ossian que du Manfred
de Byron. Dans les ^suils, plus d'une image vaporeuse et
fugitive rappelle les comparaisons de Macpherson. Enfin,
on sait que les jolies stances du Saule : « Pâle étoile du
soir... », ne sont ([u'une reprise mélodieuse du thème
initial des Chants de Selma.
Aujourd'hui l'Ossian de Macpherson est presque com-
plètement oubhé, aussi bien en Angleterre qu'en Erance
ou ailleurs. La littérature du xix^ siècle nous a rendus
plus difficiles sur la question d'art. Les défauts de ces ré-
cits épiques nous choquent. Quelques détails heureux ne
peuvent nous faire oublier la monotonie de l'ensemble.
Puis, malgré tout, on flaire toujours autour de ces poèmes
on ne sait quelle odeur de mystification. De peur d'être
dupe, l'on préfère les laisser de coté. Les poèmes ossia-
niques ont vécu. Ils sont sortis du domaine de la littéra-
ture pour tomber dans celui de l'érudition. J. Douâdy.
Bir.L. : 1" Cycle ossianique.— T?^a?isaciions oftheOsslu-
nie Society ; Dublin, 1857-61. — Mac LAuciiLAN,ï7ie Booli
of the Dean of Lismore ; Londres, 18G2. — EIennessey's,
Letters, Academy, 1873. — Die Altirische Sage und die
Osslanfrago : Leipzip-, 1S78. — Windlsche Irishe Texte,
1880. — D'Arbois de Jubainville, la Littérature ancienne
de l'Irlande et l'Ossian de Macpherson [Bihlioth. de l'Ecole
des Chartes, 1880, p. 475 et suiv.;. — Du même, Cours de
littérature celtique. — O'Grady, Silva Gaelica, 1895, etc.,
et en général Revue celtique.
2" Poèmes ossianiques de Macpherson. — Macpher-
son, Fragments of ancient -poetry, collectcd. in the HigJi-
lancls and translated from the gaelic or else language ;
Edimbourir, 17(jO. — Fingal, An ancient epic poem in six
boohs, tog^tlier with several other poems, composed by
Ossian, the son of Fingal. translated from the gaelic
language; Londres, 1762.— Temora,/\?i ancient epic poem
in eight boohs together with several other poems, composed
by Ossian, the son of Fingal, translated from the gaelic
language; Londres, 1763. — W. Shaw, Dissertation on the
aufhenlicity of the poems of Ossian, 1781. — J. Clark, An
answer to Shaw, 1781. — W. Shaw, A vejoinder. — Laing,
History of Scotland, 1805. — Report of the Committee of
the Highland Society of Scotland, Edimbourg, 1805. —
Laing, ' The Poems of Ossian, containing the poetical
Works of James Macpherson, in prose and verse \<;it]i
notes et illustrations, 1805. — Mac Donald Archibald,
Some of Ossian's lesser poems rendered into english verse
with a preliminary discourse in answer to Mr Laing' s-
critical and historical dissertation on the antiquity of
Ossian's poems. — D'' John Smith, Ossian in the original,
1805. — \^i.h.iR, Dissertation (en tête de l'édition de Fingal),
1762, réimprimée avec les poèmes d'Ossian, 1806. — Cesa-
ROTTi, Dissertation sur Ossian, 1806. — Patrick Graham,
On the authenticity of Ossian, 1807. — Robert Mac Far-
lane, The Poems of Ossian in Gaelic with a literal trans-
lation into latin; with a dissertation on their authenticity,
by sir John Sinclair and a translation from the italian of
the dhbe Cesarette's Dissertation on the controvei^sy
respecting Ossian, with notes by J. Mac Arthur, 1807. —
James Grant, ThougJits on the gaelic, 1811. — F, Skene,
The Ilighlanders of Scotland, their origin. history and
antiqidties, 1837, etc. — Allibone, Dictionary of english
literature, art. Macpherson.
S** Influence des poèmes de Macpherson. — Bailey
Saunders,T/((^ Life and letters of James Macpherson;Lon'
dres, 18<)l — Erich Schmidt, Richardson, Rousseau und
Goethe ; léna, 1875. — Arvède Bartne, Journal des Débats
(13 et 27 noy.1891). — Texte, J.-J. Rousseau et les origines
du cosmopolitisme littéraire, 1895.
OSSIFICATION (Pathol.) (V. Oh).
0SSIN6T0N (Vicomte) (V. Denison [John-Evelyn]).
OSSOLINSKI (Georges), homme d'Etat polonais, né
en 1595, mort en 1650. Il étudia à Gratz, voyagea dans
l'Europe occidentale, combattit les Russes, fut envoyé en
Angleterre par le roi Sigismond (iG"21), devint grand tré-
sorier de la couronne (1680) et fit élire roi le prince Wla-
dislav sous le nom duquel il gouverna. Le pape Urbain VllI
le fit prince d'Ossolin, l'empereur prince d'empire (163 i).
Gouverneur militaire de Prusse, il signa avec la Suède la
trêve de Stumsdorf (sept. 1635), représenta la Pologne à
la diète de Ratisbonne do 1636, où il appuya la candida-
ture de Ferdinand lïï, et conclut le mariage de son roi
avec l'archiduchesse Cécile-lienée. Il fut encore voivode
deCracovie (1639), vice-chancelier (16i3), grand chan-
celier (1645), présida le colloque de Thorn entre catho-
li(pies et protestants, lit élire roi Jean-Casimir (1648),
traita avec les Cosaques (17 août 1649). G. Fœrster pu-
blia ses discours (Dantzig, 1640).
Son arrière-petit-fds, Joseph-Maxbnilien, comte de
Tenczyn, né à Vola Mielecka (près Sandomir) en 1748,
mort le 17 mars 1826, fut élevé au collège des jésuites
de Varsovie, s'étabht à Vienne où d réunit les lettrés
slaves, fut préposé par l'empereur François P'" à la biblio-
thèque impériale (1809), fonda un institut national pour
la Galicie à Léoptl (Lemberg). A la fm de sa vie, il devint
aveugle. Il a publié Etudes de criti'iue historique sur
la littérature polonaise (Cracovie, 1819, 3 vol.; suppl.
(le Bielowski; Léopol, 1852); Soirées de Bade (1852) ;
des imitations du Décaméron, etc. A. -M. B.
OSSONE (P. Tellez y GmoN [duc d'J) (V. Osuna).
OSSUAIRE (Archit.). Nom donné k des constructions
peu importantes, semblables à de petites chapelles élevées
autrefois dans les cimetières, ou à des réduits et parfois
à desimpies petits renfoncements ménagés dans la maçon-
nerie des cloîtres ou des églises, lesquels servaient à re-
cevoir et à consei-ver, dans un lieu consacré, les ossements
trouvés à la suite de fouilles faites dans les cimetières ou
à l'intérieur des églises. L'ancienne province française de
Bretagne possède encore un certain nombre de ces os-
suaires en forme de petites chapelles, par exemple celui
qui se trouve accolé à l'église du Faouet (Finistère). A
Paris, l'ancien cimetière des Innocents était entouré d'un
cloitre qui était un véritable ossuaire, où, pendant plusieurs
siècles, on a accumulé une prodigieuse quantité d'osse-
ments, lesquels ont, après la destruction du cimetière,
été portés dans les catacombes de la rive gauche de la
Seine. Ch. L.
OSSUN. Ch.-l. de cant. du dép. des Hautes-Pyrénées,
arr. de Tarbes; 2.315 hab. Stat. du chem. de fer du
Midi, de Toulouse à Bayonne. Commerce de jambons,
gisement de lignite. Au N.-O., sur une hauteur, vestiges
d'un camp romain, où Crassus, lieutenant de César, s'ar-
rêta, d'après la tradition, et qui pouvait contenir 5.000
hommes. Entre Adé et Ossun est une vaste plaine, jadis
inculte, aujourd'hui couverte de champs déniais, appelée
Lanne Moiirine, champ de bataille où, d'après la légende,
les débris des Sarrasins, vaincus par Charles-Martel, au-
raient été écrasés par les Bigourdans. H. C.
OSSUN-èz-Anoles. Com. du dép. des Hautes-Pyré-
nées, arr. d'Argelès, cant. de Lourdes; 111 hab.
OSSUN A (V. Osuna).
OSSYEBA (Ethnog.) (V. Fan).
OST (Féod.) (V. llosx).
OSTABARÈS. Ancien pays de la France qui était com-
pris dans la Basse-Navarre et avait pour capitale Ostabat
(Basses-Pyrénées) .
OSTABAT-AsME. Com. du dép. des Basses-Pyrénées,
arr. de Mauléon, cant. d'Iholdy; 398 hab.
OSTACHKOV — OSTILNDE
()4S
OSTACHKOV. Ville de Uiissie. <li.-l. de district, gouv.
cl ù 2r>0 kil. X.-O. de Tver, sur le bord méridional du
lac Seiiger. c1j.-L de district, environ 'i'dO m. d'alt. ;
19.. 104 liai), (en 189:2). Ancienne forteresse érigée dans
les jn^emières années du xvi^' siècle, mais c|ui ne possède
plus aucun vestige de ses murs. Ville manufacturière.
Principales industries : fabrication de chaussures et d'objets
de quincaillerie. — S.e di'^trict, dans la partie occidentale
(kl gouvernement de Tver, a 8.000 kil. q. (v compris le
laeSeliger) et 10 000 hab.
OSTADE (Adriaen Van), peintre et graveuc hollandais,
né à liaarlem !e 10 déc. Hrli). mort à Haarlem le "il avr.
168"). il fut dès sa jeunesse élève de Franz liais et reçut
des leçons de Rembrandt. Son ami Brouwer le conseilla
et lui fit adopter la manière qui lui est personnelle. Van
Ostade peignit des éi)isodes de la vie des paysans, peu
remarquables par les idées (|ui s'en dégagent et très peu
agréables par les sujets ; mais la vérité des personnages,
le sentiment de la nature et de la vie, la disposition gé-
nérale du tableau, l'harmonie de la couleur et l'habileté
technique du peintre, les rendent très intéressants. Ses
premièi'es toiles ont subi visiblement Tinfluence de Franz
Mais, tandis que les dernières se rapprochent beaucoup
l)lus de la manière puissante et harmonieuse de Rem-
brandt. La meilleure épofpie de Van Ostade et ses toiles
les plus réputées sont de 1640 à 167().
Les tableaux de Yan Ostade représentent surtout des
danses de villages, des fêtes paysannes, des écuries, des
rixes de cabarets, de même (jue tles intérieurs d'auberge;
ses personnages sont en grande majorité de rudes paysans,
des fumeurs ivres ou des paysannes occupées aux tra-
vaux de la campagne, il n'égale pas Brouwer par l'ori-
ginalité et l'énergie ; mais, bien que ses tableaux ne soient
pas purs de grossièreté ou d'obscénité, il possède tant de
réalisme et d'action, tant de hnesse dans le coloris et de
comique dans le détail, que le charme de sa peinture est
très grand : le dessin laisse souvent à désirer, et les com-
positions sont parfois un peu lourdes.
Les tableaux du peintre, en majorité de petit format,
sont disséminés dans les galeries de Hollande, de France,
d'Allemagne et d'Angleterre. On considère comme ses
chefs-d'œuvre : Un Joueur de violon (Amsterdam), Trio
(musée de Bruxelles), Peintre dans im atelier (Dresde,
1663) ; Joyeuse société dans une ferme (Munich, vieille
Pinacothèque), Intérieur de hutte et i}Iarchands de pois-
sons (Paris), Danse devant une aulierge (Saint-Péters-
bourg). On trouve encore de nombreux tableaux de Van
Ostade à Francfort, Madrid. Rotterdam; en Angleterre,
(lie/ M. lïope, lord Ashburton, lord Overstone, M. Field,
M. Waller, M. Holford ; à Paris, chez MM. Delessert,
Papin, Rothan, etc. On possède un grand nombre de des-
sins de Van Ostade, à Vienne et à Rotterdam. H gravait
fort bien à Teau-lorte. et l'on a publié de lui un recueil
de cinquante-deux pièces sous le titre de : Het Werk von
Adriaen van Ostade. Ses tableaux ont été gravés par
Xische et Suyderholf. Ph. B.
J->ii!i.. : iÎAEDF.RyiA, Adrwen V;ui OsUide, hclu Lobiui iduI
st'nia Kiinsl ; Tub , ISiiO. — Bodi;. Adriaen Vnn Ostiidc als
Zeicimer undMnltr; Vienne, LsSO. — L'auciuujx, CoLnlogue
•■(éisonnfi de toutes les estanvpes qui forment l'œuvre gravé
d'Adrien Vnn (Jstctde ; Viuis, 1862. — M. VA^M)K Wiele.
les Frères Van Ostade ; l^ai'is, ]8;)1.
OSTADE (Isaak Van), peintre hollandais, né à Haarlem
en 1621, mort à Haarlem le 16 oct. i649, frère du pré-
('édent. On sait très peu de détails de sa vie. Elève de
son frère, il commença d'abord par faire des scènes d'au-
berge, des querelles de buveurs et des paysans au coin
fki feu. Le ton dur et rembruni de sa peinture; un cer-
tain maïKjue de réalité dans l'expression des figures gros-
sières, pittoresques, que son frère peignait avec un si
puissant naturel et tant d'humour, le tirent d'abord peu
apprécier. Mais, lorsque Isaak Van Ostade abandonna les
scènes d'intérieur pour peindre des paysages, canaux gelés.
rivjèrf^s couvertes de trahieaux et de patineurs, il se ré-
véla grand peintre ; ses paysages ont un coloris si puis-
sant, une telle largeur de facture, un clair-obscur si dé-
licat, que c'est de tous les peintres celui qui se rapproche
le plus par là de Rembrandt. La plupart de ses toiles se
trouvent en Angleterre, surtout à Londres (National Gal-
lery) ; ce sont : Scènes de village^ Hivière (jetée et
Patineurs; Voycufeurs devant une aubenje (chez lord
Ashburton) ; Paysage dliiver (M. Baring) ; Joj/eiise So-
ciété (M. Perkins) ; quelques tableaux d'IsaakVan Ostade
sont à Manchester. A Amsterdam, Voyageurs devant
une auberge ; à Bruxelles, Halte de voyageurs ; à Dresde,
Patineurs; à Copenbague, Après-midi dliiver; à Ma-
drid, tableaux de genre dans la manière de son frère ; à
Munich, Paysages ; à Paris, au Louvre, Patineurs sur
un canal; à Saint-Pétersbourg, Paysage d'hiver, Voya-
geurs devcint une aul)erge, etc. Ph. B.
OSTANÈS, alchimiste. O'est le nom d'un personnage
persan, beau-père de Xerxès, aucpiei se rattachent les tra-
ditions des magiciens et des alchimistes au commencement
de Tère cbrétienne. 11 est cité par Pline, Origène, Tertul-
lien, etc. D'a])rès Synesius, il aurait initié Démocrite dans
le temple de Memphis. et il serait l'auteur des axiomes
célèbres : la nature se jdait dans la nature; la natui-e
triomphe de lanaturr. < ; . U c-s"'^ sous ce nom des trai-
tés apocr}q)hes en grec et en arane, (pii se rattachent aux
traditions et aux îraités, aujourd'hui perdus, de l'alchimie
sassanide. M. Bkrthklot.
BiiiL. : i^i'iRTHi'.i.r)']', (\)lli\é)n des anciens alchinéisles
(jrecs (l(;xte, ir;ul. et eoninienlaire;. — Histoire de la élu-
mie au moijen âge, Alchinéie arabe
OSTE. Rivière du Hanovre, aftl. g. de l'Elbe; son coui'S
est de 135 kil. dont 78 sont navigables.
OSTÉITE (Path.) (V. Os).
OSTEL. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Soissons.
eant. de Vailly; 212 hab. Ruines d'un château féodal des
xii^ et XIII® siècles. Restes d'un prieuré du commencement
du XIII® siècle. Une haute roche isolée a été souvent con-
sidérée comme un menhir.
OSTENDE.Villede Belgique, ch.-l.d'arr. administratif
delaprov. de Flandre occidentale, arr. judiciaire de Bruges,
sur la mer du Nord; 27.000 hab. (en 1894). Tète de
ligne du chem. de fer vers Bruxelles et d'un service de
paquebots vers Douvres, à 125 kil. de Bruxelles. Tri-
bunal de commerce, athénée royal, collège épiscopal,
école industrielle, école de navigation, académie de mu-
si(|ue. La principale industrie d'Ostende est la pèche
maritime qui occupe plus de 300 bâtiments ; il y existe
aussi des huîtrières, des parcs à homards, des fabriques
de cordages, des chantiers de construction, des brasse-
ries, des fabriques de tabac. Ostende est une des premières
villes balnéaires de l'Europe.
MoNUMKNTS. — L'église des Saints-Pierre et Paul, dans
le style de la Renaissance, date du xvm® siècle ; on y
l'emarque un beau monument consacré à la mémoire de
la ])remière reine des Belges, décédée à Ostende en 1850.
Le Kursaal contient des salles de fèt(^s magnitiques. Le
port est important et peut contenir jusque 1.000 navires ;
il date du xv*^' siècle, mais les grands établissements
maritimes ont été entrepris par Joseph II (1780-90) et
considérablement développés dans le courant du siècle
actuel. Le phare a 53 m. de hauteur et porte à près de
30 kil.
Histoire. — Ostende n'était avant le xiii« siècle qu'un
petit village de pêcheurs ; Robert le Frison, comte de
Flandre, y lit construire une église vers 1072; la pêche
s'y étant développée, Marguerite de Constantinople, com-
tesse de Flandre, éleva Ostende au rang de ville en 1267.
La première enceinte date de Philippe le Bon ; elle fut
remplacée en 1583 par des fortifications remarquables,
construites par les ordres du prince d'Orange. Ostende,
occupé par une garnison hollandaise, subit un siège mémo-
rable de trente-neuf mois : la place, investie par l'archiduc
Albert le 5 juil. 1601, ne se rendit que le 22 sept. 1604
— ()49
OSTENDE — OSTENSOIR
au général Spinola. Ce n'était plus (|irun monceau tle
ruines. Rebâtie par les archiducs, la ville ne reconquit sa
splendeur commerciale qu'au xviii*^ siècle, par la création
de la Compagnie d'Ostende pour le commerce des Indes.
Mais la jalousie mercantile de la Hollande et de l'Angle-
terre força le faible (^barles VI à dissoudre la société déjà
florissante. Plus tard, sous le règne de Joseph II, la situa-
tion redevint brillante, grâce aux circonstances politiques :
guerre tle l'indépendance américaine, guerre de l'Angle-
terre contre la république des Provinces-Unies, grâce aussi
aux travaux que le jeune empereur décréta après avoir
étudié par lui-même les besoins du commei'ce. Conquis
parles armées républicaines, Ostende fit partie de la France
jusqu'au traité de Paris de 18 J4.
Les armoiries d'Ostende sont : D'o)', au chevron de
sable, à trois clefs de sable posées 3 et i. Devise :
Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam. E. H.
Compagnie d'Ostendk (V. Compagnie, t. XII, p. 162).
Biin-. : Papquim, Hist. de la ville d'Ostende ; Bni-
xollcs. 1812. — IIemiard. Illst. da siège d'Ostende IGOl-
1(101 ; Bruxolles 1890
OSTENDE (Canal d'). Ce canal commence à Bruges
près de la porte de Damme et se termine à la mer ; à
Bruges, il se rattache au canal vers Gand et, à Plass-
chendaele, au canal de Nieuport. Sa longueur totale est
de 28.600 m. ; sa largeur, de iO m. à la flottaison
et de 12 m. au plafond; sa profondeur, de 4"\65.
Il est de niveau depuis Bruges jusqu'aux grandes écluses
de Sly Kens, à 1.350 m. de la mer. Il a été creusé au
xviii^ siècle.
OSTEN-SACKEN. Famille poméranienne étabhe en
Russie, dans les provinces Baltiques, où elle est représentée
par trois lignes : Bathen, Dondangen et Rothof. Ses prin-
cipaux personnages sont : Fabian-Gottlieb, né en 1752,
mortà Kiev le 19 avr. 1837, engagé comme sergent (1769),
se distingua sous Souvorov contre les Turcs, les Polonais,
sous Korssakov en Suisse oii il était major général, com-
manda, en 1807, le 2^ corps sous Bennigsen et fut remarqué
à Pultusk et Eylau. En 1812, il commandait l'armée de
Volhynie qui fut battue le 16 nov. par les Autrichiens à
Volkovysk, En 1813-14, il coopéra avec Blucher à la
Katzbach, à Leipzig, Brienne, Montmirail, Craonne, Laon,
à l'attaque de Montmartre, fut gouverneur militaire de
Paris. En 1815, le tsar le nomma feld-maréchal et lui
confia l'armée de l'Ouest (Kiev), avec laquelle il comprima
l'insurrection polonaise en Volhynie et Podolie (1831). 11
fut fait prince en 1832.
Demetrins, né en 1790, mort sur son domaine, dans le
gouv. de Kherson,le 27 mars 1881, fit la campagne de
France, devint général d'une brigade de uhlans (1825),
chef d'état-major de Paskevitch (1827), enleva aux Turcs
Akhalkaki et Gertvissy (1828), commanda l'aile gauche
à la bataille de Kainly (1^^' juil. 1829), prit part à la ré-
pression des insurgés de Pologne (1831), devint général
de cavalerie (1843), fut préposé en 1853 au 3^ corps qui
occupa les principautés danubiennes, reçut sous Gortcha-
kov le commandement de Sébastopol en 1855 et fut créé
comte et membre du conseil d'empire.
Son fils, Nicolas Dniitrieuich, né le 26 mars 1831,
entra au ministère des affaires étrangères (1853), fut atta-
ché au gouverneur de Varsovie, puis au commandement en
chef de Sébastopol durant la guerre, secrétaire d'ambas-
sade à La Haye (1856), chargé d'affaires à Madrid (1857),
Berne, Turiii (1864-69^ ministre à Darmstadt (1869),
Munich (1880-82 et 1884-95), ambassadeur à Berlin
(1895). A.-M. B.
BiBL. : A. d'OsTEN, Naclïricht ïiber Herlmnft. Verzwei-
(/un(j...dep OstenSachen ; t3erliii, 1893.
OSTENSOIR. 1. Archéoeogie. — L'ostensoir est le vase
liturgique destiné à exposer visiblement, à l'adoration des
fidèles, l'hostie consacrée. Ce nom, appliqué à cet objet spé-
cial, est relativement moderne. On ne le trouve pas encore
dans Furetière (xvii^ siècle); il apparaît pour la première
foisdansle Dictionnaire de Jrévoux (xvhi^ siècle), écrito.s-
tensoire et désignant alors tout spécialement la monstrance,
transformée en soleil pour l'exposition et la procession du
Saint-Sacrement. Dans l'antiquité et dans le haut moyen
âge,a9/<^?î,9or/i/»iestundes noms de Vanibon (V.ce mot);
])lus tard, dans le Cérémonial des évêques, il est syno-
nyme de tabernaculum ; il s'entendait alors du vase litur-
gique ou de la pyxide, contenant les hosties, suspendu
en l'air au-dessus de l'autel, à l'extrémité d'une crosse.
comme aussi du plateau avec couverture, sur lequel posait
le vase que l'on abritait sous une ample tente d'étoffe. Il
est devenu le tabernacle actuel, dans lequel on renferme
le saint ciboire. L'ustensile sacré, appelé aujourd'hui osten-
soir, n'estpas une réminiscence, comme tant d'autres ob-
jets du culte, de l'image du soleil radieux, placée sous
verre, qui s'avançait, suivant (Juinte-Curce, la première
dans les pompes des rois de Perse ; il ne prend naissance
en effet, et on ne le voit se transformer peu à peu, qu'à
pai-tir de l'institution de la fête du Saint-Sacremejit. Le
développement de cette fête, célébrée pour la première
fois à Liège en 1 247 , recommandée en 1 255 par Hugues
de Saint-Cher, légat en Allemagne, autorisée par Lrbain IV
en 1264, généralisée en 1311 par le concile de Vienne,
organisée définitivement enfin par le concile de Cologne
en 1452, amène les différentes modifications de l'ostensoir,
qu'on trouve dans les inventaires sous les noms de :
arche, coupe-couverte, custode, expositorium, gloire,
joyau, majesté, Melchisédec, porte-Uieu, porte-sacre, sa-
craire, Saint-Sacrement, soleil.
Parmi les premiers ostensoirs on peut citer des statuettes
de Christ en croix, de Christ ressuscité, dans lesquelles
l'hostie était placée dans le cœur protégé par une pierre
transparente, ou par un cabochon, comme aussi des
images de la Vierge, de saint Jean, à Saint-Ménéchou
par' exemple, où Fenfant et l'agneau étaient remplacés
par un croissant pour soutenir l'hostie; il est certain,
qu'alors que la fête n'était pas encore bien établie,
d'anciennes monsfrances (V. ce mot) furent au premier
moment utilisées, dans lesquelles on remplaça les reliques
enlevées, par un croissant d'or ou d'argent qui sup-
portait l'hostie : ce n'étaient donc pas à proprement
parler des ostensoirs, exécutés pour cette spéciale desti-
nation. Avec les transformations successives et l'appro-
priaticm en soleil rayonnant de l'ostensoir, le croissant
fut remplacé par une lunette en cristal, dans laquelle est
insérée l'hostie, qu'on peut dès lors hxer et enlever
ensuite sans y toucher, dans l'emplacement ménagé à cet
effet au centre du soleil : l'ostensoir proprement dit doit
donc être étudié en réalité seulement à partir de la tin
du xFii'^ siècle. Aussi, quand Douet d'Arcq croit voir
dans l'inventaire de Clermont-Feri'and du x'^ siècle un
ostensoir, n'esl-il pas difficile de lui opposer qu'il ne
pouvait en exister à cette date, puisque la fête n'était
pas encore établie et que l'hostie ne pouvait être, osten-
siblement, adorée. Tout au plus, pourrait-on admettre
comme ostensoir véritable celui de 1286, donné par
Heildewige de Dist au prieuré d'Herkenrode, actuel-
lement à l'église de Saint-Quentin, à llasselt, car nous
sommes en Belgique, et la fête du Saint-Sacrement prit
naissance dans ce pays ; ce serait alors le plus ancien
connu. Celui de Conques, du xiv^ siècle, est un des premiers
qui présente la forme d'un soleil. L'Italie conserve tou-
jours la forme de tour : tel celui exécuté par Pietro Vanini
d'Ascoli, en 1425, tandis ([u'en Allemagne, l'ostensoir
lourd, chargé, garde, comme à Halle, l'aspect d'une mons-
trance très peu modifiée. Du xv^ siècle aussi, sont ceux à
clochettes que Linas a vus en Allemagne : nous les retrou-
vons dans le trésor du roi de Hanovre.
Deux ostensoirs du xvi« siècle présentent un intérêt
tout particulier. Celui de Belem (Portugal) qui est, comme
le monastère des hiérony mites pour lequel il fut exécuté,
le reflet de toutes les préoccupations artistiques de cette
époque.
OSTEiVSOm — ÔSTERGÔTLAND
— 650 —
L'inscription qu'il porte, gravée autour du pied, a fait
beaucoup chercher les archéologues :
0 MYITO ALTO PIUNCIPE E PODEIIOSO SENIIOR P. El
DON 31ANAEL 1 A .MA.XDO FAZEIl DO OYP.O
I DAS PARIAS DE QYIIA AQVAlîOVE CCCCEVI.
Ce nom d'Âqual)ove, celui de l'orfèvre, n'a pu être tiré
au clair. Quelle est son origine ? Kst-il Portugais, Italien,
Mamand? D'autant que l'ostensoir présente des caractères
de style italien et tlamand. L'intluence de Pietro Vanini
est évidente : et quand on compare cet ostensoir avec le
portail de Belem, exécuté un peu plus tard, quand on
sait que l'architecte de don Manoel s'appelle Boytaca, on
a tout lieu de croire que cet Aquabove est précisément le
nom véritable d'un artiste italien, orfèvre et sculpteur,
qu'un anagramme syllabique a transformé dans son pays
d'adoption en Boytaca. Le deuxième est celui d'Aix-la-
Chapelle, donné, dit-on, en 1520 par Charles-Quint. Dans
son extrême légèreté, on reconnaît cependant l'ancêtre de
celui d'Eichstadt exécuté en 4611. Mais pendant que
l'Allemagne et l'Italie, continuant les véritables traditions
liturgiques, n'admettent que de très légers ostensoirs, que
le prêtre seul peut porter, sans aucun aide, suivant les
prescriptions de la Congrégation des rites, la France et
l'Espagne ne songent qu'à faire grand, énorme. L'ostensoir
de Notre-Dame de Paris a 1^^\65, celuideGéronel"^,85,
celui de Valladolid 3 m., celui de Séville S^^j'âO, celui de
Tolède 4"\50. Quant au poids, celui de Perpignan pesait
400 marcs, celui de Barcelone exigeait huit prêtres pour
le porter, et vingt-quatre hommes soutenaient difficilement
dans les processions celui de Séville, véritable monument
pesant 500 kilogr. — Au bout du collier des chevaliers du
Sang de Jésus-Christ pendait un petit ostensoir, soutenu
par deux anges à genoux, dans lequel étaient trois gouttes
de sang.
L'ostensoir est l'attribut de sainte Claire, de saint Nor-
bert et de saint Bernard. F. de Mély.
IL LrruRGiE. — Au mot Eucharistie, t. XYI, p. 740, on
trouvera l'histoire des développements du dogme et des
dévotions qui correspondent à l'usage, relativement ré-
cent, de l'ostensoir. — Cet instrument d'exposition doit
être bénit comme le ciboire. La matière n'est point dé-
terminée; mais la lunule doit être en or, au moins en
argent doré; car, disent les liturgistes, on ne saurait trop
faire pour VHôte sacré. L'ostensoir de la cathédrale d'Er-
lach, en Bavière, pèse 40 marcs d'or, il est enrichi de
350 diamants, de 1.400 perles, de 250 rubis et de plu-
sieurs autres pierres précieuses. Les prescriptions romaines
interdisent les couronnes princièrcs et les fleurs sur la
croix. E.-H. V.
OSTÉOÏDE (Pathol.) (V. Os).
OSTÉOMALACIE (Pathol.) (V. Os).
OSTÉOM E. Production osseuse survenue hors du lieu où
siègent normalement les os. On en trouve surtout dans
les muscles, mais on en a vu dans les ganglions
lymphatiques, la moelle, la peau. On les rencontre assez
fréquemment dans l'armée, où la maladie prend alors le
nom à'ostéome du cavalier, osléoine du fantassin.
Chez le premier, il occupe surtout les adducteurs de la
cuisse; chez les seconds, le deltoïde, le brachial antérieur,
et on les range parmi les alFections musculaires. C'est une
lésion professionnelle ; Billroth nomme Reiterknochen
(os des cavaliers), Virchow ossa prœpubica la forme
d'ostéome qui va presque toujours du bord antérieur
du pubis et de l'ischion aux insertions musculaires et
aponévrotiques de la région supéro-interne de la cuisse.
La maladie a sa cause dans l'usage exagéré des
muscles de la cuisse chez le cavalier novice; du del-
toïde, du brachial antérieur dans l'exercice du fusil chez
le fantassin; d'où le nom allemand à'Exerciz-Knochen.
— En résumé, pressions réitérées, chocs fréquents, efforts,
telles sont les causes de cette tumeur, qui est dure, résis-
tante, inégale, allongée suivant les directions du muscle
malade. Celui-ci devient souvent de plus en plus dur,
malgré le repos, le massage, les iodures, les douches.
Parfois, ce traitement seul réussit. La transformation
osseuse se produit toujours non loin de l'insertion des
muscles. On a vu des ostéomes ayant jusqu'à 9 et 19 cen-
tim. de longueur. On pense que ces productions osseuses
ont pour point de départ rarrachement d'une portion du
périoste, accompagné ou non d'un fragment osseux. Cette
rupture aboutirait primitivement à un épanchement san-
guin, transformé progressivement par un travail simul-
tané de régression et d'ostéogénèse. La théorie de Seydler
(transformation cartilagineuse, puis osseuse du caillot
sanguin) a prévalu.
Traitement. Au moment de l'accident, repos, immo-
bilisation, massage, compression élastique du membre.
Plus tard, si la tumeur ])ersiste, douloureuse , diminuant
la capacité de travail de l'intéressé, on pratique Vextir-
pation.^ ^ A. Coustan.
OSTÉOM ÉTRIE (Anthrop.). On entend plus spéciale-
ment par ostéométrie la mesure, l'étude des os, surtout
des os du tronc et des membres, des os longs, indépen-
damment de ceux du crâne. Son objet est la connaissance
des proportions du squelette, dans l'humanité comparée
au groupe voisin des anthropoïdes et dans les races humaines
comparées entre elles. Les proportions du squelette va-
rient chez les différents genres d'anthropoïdes, mais ceux-ci,
pris en général, se caractérisent, comparés à rhomme,par
un tronc plus long eu égard à la taille, par des membres
S(q)érieurs beaucoup plus longs, et des membres inférieurs
plus courts. Sauf le chimpanzé, semble-t-il, tous les anthro-
poïdes ont le membre supérieur plus long que le tronc,
que la colonne vertébrale, et tous, le chimpanzé compris,
ont le membre inférieur plus court. C'est exactement l'in-
verse dans toutes les races humaines. Mais le rapport des
membres au tronc ou à la taille n'est pas le même dans
toutes les races humaines. Ainsi les nègres ont quelque
tendance irrégulière à avoir le membre supérieur plus long,
plus simien, et ont toujours le membre inférieur plus long,
moins simien que les Européens, par excès de longueur du
fémur. Les deux segments du membre supérieur ne varient
pas parallèlement. L'humérus est de même longueur chez
le nègre que chez l'Iiuropéen, mais le radius est plus long
et par là se rétablit la hiérarchie des deux types. Dans les
races jaunes, à l'opposé de ce qui a lieu chez les noirs, le
membre inférieur est constamment plus court, compara-
tivement à la taille, que chez les races blanches pures.
Le membre supérieur a aussi généralement une tendance
à être plus court, le buste étant, toutes choses égales,
])lus long dans le groupe des jaunes. La longueur relative
delà main, des doigts, offre aussi, suivant les races, des
différences très appréciables. Nonobstant les variations des
rapports existant entre les membres et la taille, comme
ceux-ci sont relativement constants chezles races d'un même
groupe, la longueur d'un os long quelconque de l'un des
membres, étant connue, nous permet de fixer avec une
approximation suffisante la taille du sujet auquel il a
appartenu (Manouvrier, la Détermination de la taille
d'après les grands os des membres, dans Mémoires de la
Soc. d'Anthr. c/e Par/s, 1892, t. IV, 2« série). Ce résultat
assigne à l'ostéométrie une place importante dans la
palethnologie en particuher. Zaborowski.
OSTÉO-PÉRIOSTITE (V. Dent, t. XIV, p. 136).
OSTÉOSARCOIViE (Path.)(V. Os).
OSTER. Bivière de Bussie, dans les gouv. de Smolensk
et de Mohilef, affluent du Soj. Elle prend naissance à
la limite du district de lelnia et se jette dans le Soj
près du village de Biel. Longue de 192 kil., large de
plus de 20 kil., elle a une profondeur de 1 à 8 m. Flot-
table aux crues de printemps. Ses affluents sont : Malyi et
Stomiat'.
OSTERBOTTEN. Ancien nom des gouv. finnois, de
Vasa et Uleaborg, sous la domination suédoise.
OSTERGOTLAND (V. OEstergoetlaxd).
- 651 —
0ST^:HLANI) — OSTIAKS
OSTERLAND {Marckia ovientalis) . Nom primitif de
la Marche septentrionale de Tliuringe, que le margrave
Gero (940-965) agrandit de la Saale au delà de la Muldo
et de l'Elbe. Elle comprenait le pays de Landsberg(àrE.
de Halle) et d'Eilenburg. Ti-ansmise en 1017 à Dietrich
de Wettin, elle fut réunie à la Misnie (1 l"i3) et à la Lu-
sace (1 lo6) (V. Wettin, Saxe et Thu rince). Ee nom d'Os-
terland se conserve jusqu'à la fin du xiv^" siècle; mais par
suite des partages successifs, son acception s'étend sur le
pays de Weissenfels, sur la Misnie entière, d'où Eands-
berg est détaché de 1298 à 1347, enfin sur les pays de
la Pleisse et Géra.
OSTERMANN (André-Ivanovitch, comte), homme d'Etat
russe, né à Boclmm (Westphalie) le 30 mai 1686, mort
à Berezov le !25 mai 1747. Etudiant à léna, il tua en duel
un adversaire, s'enfuit en Hollande, fut recommandé par
le vice-amiral Cruys à Pierre le Grand qui le prit à son
service (1701) et lui donna bientôt sa confiance. Il eut
une grande part aux traités du Prutli ("33 juil. 1711) et
de Nystad (10 sept. 18"21), fut nommé baron et, en 172o,
vice-chancelier de l'Iùnpire. Catherine P'^ le désigna comme
surintendant de la cour et membre du conseil de régence
de Pierre lî. L'impératrice Anne le ht comte et ministre
des aiîaires étrangères (1730). La princesse Anne de
Brunswick, en prenant l'administration de l'empire, con-
serva sa confiance à Ostermann,mais celui-ci s'était attiré
la haine d'Elisabeth qui, lors de son accession au trône,
l'accusa d'avrir falsifié le testament de Catherine P® et
décidé l'impératrice Anne à exclure Elisabeth de la suc-
cession. Elle fit condamner Ostermann au supplice de la
roue. Gracié sur l'échafaud le 27 janv. 1742, il fut exilé
en Sibérie. — Ses deux fils moururent sans enfants, et le
nom fut continué par les descendants de sa fille mariée au
général Tolstoï.
OSTERM AN N-ToLSToï (Alexandre-lvanowitch, comte),
général russe, né en 1772, mort à Petit-Saconnex (sur le
lac de Genève) le 12 fév. 18o7. Il se distingua dans les
guerres contre les Turcs et les Polonais, commanda en 1805,
en qualité de lieutenant général, le corps russe chargé de
faire une diversion dans l'Allemagne du Nord, fut gouver-
neur de Saint-Pétersbourg (1806), commanda en 1807 une
division de l'armée de Bennigsen, en 1812 le 4^ corps,
fut blessé à Bautzen et perdit le bras gauche à Kulm où
il commandait la garde (30 août 1813). Il assiégea et prit
Dresde avec Klenau, fut ambassadeur à Paris, mais peu de
temps (1815), séjourna dès lors en France et en Italie, et,
après un voyage en Orient (1833), se fixa à Petit-Sacon-
nex (1837).
0STERNBUR6. Ville d'Allemagne, grand-duché d'Ol-
denbourg, sur la Hunte; 5.610 hab. (en 1895). Filature
de coton.
OSTERODE. Ville de Prusse, district d'Hildesheim
(Hanovre), sur la Sœse; 6.923 hab. (en 1895). Eglise
yEgidi qui remonte à 724 et fut réédifiée en 1578 après in-
cendie (beaux tombeaux des comtes de Grubenhagen). Ma-
gasin de blé destiné aux montagnards du Harz. Toiles,
lainages et cotonnades, blanc de céruse, carrières de
plâtre, etc. Ce fut de 1361 à 1452 la résidence des ducs
de Brunswick-Lunebourg-Grubenhagen.
OSTERODE. Ville de Prusse, district de Kœnigsberg,
sur le lac Drewenz; 11.278 hab. (en 1895). Château de
1270. Ateliers de chemin de fer; scieries ; distilleries ; ma-
chines.
ÔSTERSUND. Ville de Suède, ch.-l. du hen de
Jamtlaud, sur la rive E. du Storsjô, et ville unique de la
province; 5.880 hab. (1893). Grandes brasseries.
OSTERVALD (Jean-Frédéric), théologien neuchâtelois, né
à Neuchâtel le 25 nov. 1663, mort à Neuchàtel le 14 avr.
1747. Il étudia à Zurich, à Saamur, à Orléans et à Paris. Son
ministère débuta en 1686 par l'instruction chrétienne des
enfants à Neuchâtel ; mais bientôt il se lit remarquer comme
prédicateur, disert plutôt qu'éloquent, rappelant à ses audi-
teurs qu'à côté du dogme il y a la vie chrétienne. Son
Triiil' lies sources de la corruption qui règne au jour"
d'Iiui parmi lescJirétiens (Amsterdam et Neuchâtel, 1700),
réimprimé jusqu'en 1774, traduit en anglais, en néerlan-
dais, en allemand, fut le point de départ d'une réorganisa-
tion de l'Eglise ncuchàteloise et d'un réveil delà vie religieuse
dont les effets s'étendiient jusqu'à Genève et à Bâle, grâce
à l'amitié et au comuierce épistoiaire qui unissait Oster-
vald à J.-A. Turrelin de Genève et à S. Werenfels de
Bàle. Ce fut C()!nme un faible écho du mouvement piétiste
allemand. Mais Ostervald est surtout connu par deux tra-
vaux littéraires. D'abord, par son Catécliisme (NeueMtel,
1702), divisé en deux parties : la foi chrétienne ou les
vérités à croire et la vie chrétienne ou les devoirs à rem-
plir. Les théologiens de Berne ne le trouvaient pas assez
orthodoxe; mais il fut traduit en anglais, en allemand,
en hollandais, en partie même en arabe, eîY Abrégé de ce
catéchisme est encore en usage dans plusieurs l^ghses. En-
suite, Ostervald revisa la traduction française de la Bible
et rédigea des arguments et des réflexions sur chaque cha-
pitre. Ces explications, communiquées à l'archevêque Wake
de Cauterbury, un ami de l'auteur, furent d'abord pubhées
en anglais (Londres, 1716 et 1718). l'.lles furent éditées
avec le texte biblique à Amsterdam en 1724, in-folio. La
meilleure édition est celle de 1714 de Neuchàtel. Le Traité
contre l'impureté (Amsterdam, 1707, 418 p. in-8), un
(les premiers sur la matière, fit autant de bruit que de
bien. Une hémiplégie frappa Ostervald en chaire le 14 août.
Il mourut huit mois après. F. -H. K.
OSTERWALD (Wilhelm), poiHe allemand, né à Pretsch
le 23 févr. 1820, mort à Midilhausen le 25 mars 1887.
Philologue et grand connaisseur de la vieille poésie alle-
mande, Osterwald s'inspira en général dans ses œuvres
poéti([ues de la littérature du moyen âge ou de la poésie
populaire. Ses meilleures productions sont ses poésies
!yri(pies : GedicJite (1848); 7/^^ Grilnen, ^aturbilder,
Màrchen und Arabesken (1853) ; Zur hâuslichcn
Erbauung (1854). Dans son ])oème épiijue, Kônig
Alfred (1855) et dans son drame sur la légende des
Nibelungen, Riidiger von Ucchelaren (1849), férudition
fait tort à la poésie.
OSTERWIECK. Ville de Prusse, district de Magde-
bourg; 6.378 hab. (en 1895). Sucrerie, gants, cuirs,
hlanc de céruse, etc.
OSTHEIM. Ville d'Allemagne, grand-duché de Saxe-
Weimar, enclavée en Bavière; 2.325 hab. (en 1895).
Bois ouvragés. Variété de cerises acides rapportées de la
sierra Morena par Klinghammer en 1714. Ruines du châ-
teau de Lichtenburg où l'on admire un lierre millénaire.
Ville depuis 1586.
OSTHOFF (Hermann), philologue allemand, né à Bill-
merich (Westphalie) le 18 avr. 1847, professeur à l'Uni-
versité d'Iïeidelberg (1877), auteur de Forschungen im
Gebiet der indogermanischen nominalen Stammbil-
dung (léna, 1875-76, 2 vol.); Das physiologische und
psychologische Elément in der sprachlichen Formen-
bildung (Berlin, 1879) ; Sciiriftspracheiind Volksmund-
art (Berlin, 1884); Zur Gesck. des Perfeks im In-
dogermanischen (Strasbourg, 1884); Morphologiscke
Untersucfmngen (avec Brugmann, Leipzig, 1878-90,
5 vol.).
OSTIAKS. I. GÉor.uAPiiu] . — Peuple finnois de Sibérie,
établi dans les gouv. de Tobolsk et de Tomsk, sur l'Ob et
le lénisséi inférieur, depuis Tobolsk et Tomsk au S. jus-
([u'au delà du 65^ lat. N. (67*^ le long de l'Ob). On les
évaluait en 1880 à 22.560 dont 22.350 dans le gouverne-
ment de Tobolsk. Ils se divisent en quantités de tribus con-
duites par un ancien (starchina). Leur organisation poli-
ti({ue parait avoir été plus avancée au xv^ siècle, car ils
purent opposer des armées aux envahisseurs cosaques, et
ils possédaient des villes. Les Russes en détruisirent 41
dans la campagne de 1501. Des ruines se voient encore
autour d'Obdorsk. Actuellement, ils décroissent rapide-
ment, surtout à cause de la mortafité infantile et des
osTiAKs — (m
famines. Leur langue est du groupe tinuo-ougrien et se
divise en dialecte septentrional (obdonien, kondien ou '^
Bérézov) et méridional (Sourgout ou de rinyiHj. Les
Ostiaks de l'Jénisséi et les Ostiaks-Scn^\,iiedes diffèrent
des véritables Ostiaks et sont compris dans les populations
hyperboréennes.
IL Ethnoc.râphie. — L'importance du peuple ostiak pour
la connaissance même des origines finnoises m'a déterminé
à exposer à part ce (pie nous en savons aujourd'hui
(V. Finnois). Ce peuple, classé de tout temps par sa langue
dans le groupe fmno-ougrien, occupe en effet à l'E. la
position la plus reculée, et son isolement, sous un climat
difficile, l'a mis jusqu'à notre époque à l'abri des inva-
sions méthodiques ou violentes qui ont réduit les autres
peuples finnois à l'état d'Ilots éparpillés dans la grande
masse de populations différentes. Si tous ces peuples ont
constitué une race spéciale, c'est chez les Ostiaks qu'on
doit retrouver plus distinctement qu'ailleurs les véritables
caractères de cette race, du moins ceux que ne peuvent
pas altérer des conditions d'existence particulièrement
misérables. Leur nom d'Ostiak n'apparaît qu'au xvi^ siècle.
Antérieurement, ils étaient confondus avec d'autres, no-
tamment les Vogouls, sous le nom plus géographique
qu'ethnique iS'Ougres. Ce dernier tire lui-même son ori-
gine de l'établissement des Huns, entre l'Oural et la Cas-
pienne. Il ne nous apprend rien sur les Ostiaks, et l'his-
toire, jusqu'à la conquête russe, a toujours ignoré ceux-ci.
D'après des faits dont j'ai cité déjà ici quelques-uns
(V. Finnois) et que j'ai relatés dans le mémoire consacré
spécialement à l'étude des crânes de Kourganes sibériens
rapportés par M. de Baye, il est permis d'avancer qu'ils
sont les premiers occupants de la Sibérie occidentale. Ils
y sont venus d'Europe; n'ayant encore qu'un outillage de
bois et de pierre. Us ont conservé d'ailleurs cet outillage,
malgré la connaissance du métal [assez ancienne, d'après
des pièces travaillées recueillies dans la vase tourbeuse
du lac Chighir (Oural) J juscfu'à l'époque contemporaine.
Lors de la con(|uête de l'ataman des Cosaques du Don,
lermak (1581), la plupart de leurs pointes de flèche
étaient en os. Et encore aujourd'hui, outre que les flèches
sont restées leurs armes de chasse, le bois et l'os sont les
deux matières principales de leur outillage. Nous n'avons
donc pas la preuve formelle que les Ostiaks, autochtones
de la Sibérie occidentale et adaptés admirablement à son
climat, y sont établis depuis des époques reculées. J'ai
tout lieu de croire qu'ils étaient naguère répandus au S.
et à l'E., au delà de leurs limiles actuelles et qu'ils ont
été sur l'Irtych longtemps en contact avec les Huns avant
d'être refoulés par la conquête ta tare un peu au delà de
Tomsk et à peu près à l'horizon de Tobolsk. J'ai d'ailleurs
prouvé qu'ils comptent parmi les auteurs des Kourganes
de la zone cultivable de la Sibérie occidentale, zone où ils
n'ont plus de représentants. Le territoire qu'ils occupent
seuls est encore immense. Les Vogouls (V. ce mot) ne
faisant qu'un peuple avec eux, il s'étend de l'Oural à
flénisséi, touchant sur l'Obi au cercle polaire et descen-
dant au S. jus(pi'au-dessous du 57^ de lat. Leur nombre
n'est cependant pas estimé à plus de 25.000. La coloni-
sation russe ne les a encore pénétrés que le long des
fleuves. Ils se mêlent toutefois au Ne depuis bien long-
temps avec les Samoyèdes, au N.-E. avec les Zyrianes,
autres Finnois imprégnés de sang Scandinave, et au S.
avec les Tatares et Mongols. Ils sont petits. Sur 95 hommes
mesurés par Sommier, 4 seulement avaient de 1"\65 î'
i"\69. La moyenne était de 1"\56. La taille moyenne
des femmes (1"\44) est légèrement au-dessous de celle
observée parmi les Lapons (1"\45). Leurs membres sont
grêles et ils sont d'apparence débile, quoique doués d'une
extraordinaire résistance aux privations et à la fatigue.
Leur peau est d'un blanc opaque, mais on en distingue
rarement la couleur naturelle masquée par la crasse. Leurs
cheveux sont abondants, longs et souples; mais ils ont
peu de poils sur le corps, et leur barbe est rarement
fournie. Leurs yeux sont un peu obliques, et comme ils
sont souvent malades par suite de l'action irritante de la
fumée épaisse de leurs cabanes, leur ouverture se présente
comme une tissure linéaire s'évasant à l'angle interne.
Mais ils ne sont pas bridés. Deux traits de leur face les
singularisent : c'est d'abord leur nez, aplati à sa racine,
et brusquement relevé à son extrémilé qui présente parfois
une apparence trilobée ; c'est ensuite leur défaut de sexua-
lité. Les figures des hommes comparées à celles des femmes
ne se reconnaissent pas toujours aisément ; car les carac-
tères masculins ordinaires sont très peu accentués ou même
absents. Cela ne tient pas seulement à leur constitution
commune d'aspect chétif, mais encore à la morphologie
de leur tête, car, par exemple, la saillie de la glabelle et
des arcs sourciliers est faible ou absente. Sous le rapport
même de la voix, les hommes se distinguent peu ou pas
des femmes. L'enquête si consciencieuse de M. Sommier a
établi que les cheveux et les yeux ont rarement les tons
foncés des Mongoiiques. La proportion des cheveux fran-
chement blonds et des yeux purement bleus est de près
de i5 Vo- I^es nuances intermédiaires l'emportent. Mais
ce sont, du moins parmi les hommes, les yeux clairs (du
châtain au gris et au bleu), qui sont en majorité (60 cas
sur un total de 108). Cela suffirait à établir une nette
distinction entre eux et les Mongoiiques, si nous ne savions
déjà que par leur peau, rarement jaune, par leurs cheveux
souples, ils se classent à ])art de leurs voisins, Samoyèdes
et Tatares. L'élément blond étant pour moi européen, sa
présence chez les Ostiaks est un témoin sutïisant de l'ori-
gine principalement européenne de ceux-ci, indépendam-
ment de toute considération tii'ée de la langue et de l'ar-
chéologie. Ces deux dernières fournissent d'ailleurs des
arguments péremptoires dans le même sens. Mais c'est
l'étude des crânes qui passe avant tout, et elle nous fixe
d'une façon définitive. M. Sommier a établi que les crânes
des Ostiaks purs appartiennent indubitablement à un type
dolichocéphalique. Sur 87 crânes de provenance bien cer-
taine qu'il a mesurés, il n'y en a en effet qu'un seul qui
ne soit pas dolichocéphale, et encore s'éloigne-t-il peu des
autres. M. Mantegazza les décrivait ainsi : « De moyenne
grandeur, dolichocéphales, d'un bel ovale, bas, quelque-
fois un peu en toit, avec attacbes musculaires faibles et
sutures compliquées (?). Apophyses mastoides peu pro-
noncées, front étroit et un peu fuyant. Caractères sexuels
très incertains. Orbites grandes (?) Os du nez très petits,
chez la plupart écrasés, avec espace interorbitaire assez
grand. Face pas très large, avec zygomas peu saillants...
Aspect de la face légèrement mongolique. Forme générale
différente de celle de tout type européen ». De mon côté,
j'ai fait voir qu'ils présentent une association de trois
caractères essentiels en contraste absolu avec les caractères
des races environnantes, en particulier des races mongo-
iiques. Ce sont : un diamètre antéro-postérieur long,
d'une longueur relative d'autant plus significative qu'elle
n'est pas accrue par la saillie de la glabelle comme chez
la plupart des autres crânes dolichocéphales ; un nez court
et élargi à la base ; des orbites basses. Cette association
s'exprime par ces trois termes : dolichocéphalie, pla-
tyrhinie, inicrosémie orbitaire. Cette association de carac-
tères, je l'ai d'ailleurs observée aussi sur les crânes de
Kourganes peu anciens de Saint-Pétersbourg. Et c'est
ainsi qu'a été démontrée ma thèse que les auteurs des
Kourganes de la Russie du Nord-Ouest et du Centre sont
bien les ancêtres immédiats de tous les Finnois. Prouvée
aussi se trouve cette évidente présomption que les Ostiaks
ont conservé, mieux que les autres Finnois, les caractères
distinctifs essentiels de la race, bien que l'ancienne influence
hunnique et l'action du milieu climatérique et du genre
de vie, multipliée par le nombre des générations qui l'ont
subie, ont très sensiblementaffectéleur aspect extérieur et
diminué leiu^ taille.
Les Ostiaks ont trois sortes d'habitations. La plus
simple est la tente conique faite de perches assemblées à
— 653 —
OSTIAKS — OSTIE
leur sommet et garnies d'éeorce de bouleau. (Vest absolu-
ment r ancienne kota finlandaise. Les Ostiaks eux-mêmes
l'appellent kot, ayant conservé le nom comme la chose.
Les Russes la désignent du mot (peut-être d'origine ton-
gouse) de ciiDn, comme toute demeure mobile de ces gens,
et appliquent le terme tatare de iourte à leurs ha])itations
fixes. Pour se préserver des grands froids, les Ostiaks
construisent aussi la kota enterrée, tal-kot, de 1 m. au-
dessous du niveau du sol et couverte de mottes de terre.
Ils vivent là dans un air irrespirable, chargé d'une fumée
épaisse et au milieu de détritus. Ils ont appris enlin des
Russes, comme leurs congénères finlandais, à construire
avec des rondins de véritables cabanes assez spacieuses
avec lucarnes et toit à deux pentes.
Les femmes portent une longue chemise flottante ouverte
sur la poitrine, qu'elles fabriquent avec la fi])re d'ortie et
ornent, surtout aux manches, de bandes colorées. Au-
dessous, sur la peau, est une ceinture de cuir à laquelle
se fixe une large lanière passant entre les cuisses. Par-
dessus elles revêtent une seconde chemise de cotonnade
européenne beaucoup plus ornée et avec ceinture. Elles
ont souvent des sandales tatares. Elles disposent leurs
cheveux sur le cou en une ou deux touffes semblables à
des nattes ([ui sont entortillées avec un ruban rouge de
laine et auxquelles elles suspendent divers objets d'orne-
ments. C'est là une vieille mode des Finnois de la Russie.
M. de Baye a eu l'occasion de signaler dans les sépultures
anciennes de Mouranka, sur le Volga, de soi-disant tresses
de cheveux dans des gaines d'éeorce ou entortillées de
lanières. Et les femmes tchérémisses, les Mordvines ar-
rangent encore leurs cheveux ainsi, parfois autour d'un
bâton tout comme les femmes ostiaks. Celles-ci enfin se
couvrent souvent la tète d'un cliàle, à l'imitation des Ta-
tares. Le costume des hommes est moins original. Ils
portent en effet une chemise de toile et un pantalon court;
(piand il fait froid, une tunique de drap serrée à la taille
par une ceinture à laquelle pend un couteau dans sa gaine
en bois et une pierre à aiguiser, et sur la tète un chapeau
de feutre ou une cas{[uette avec visière à la russe. Dans
la région du renne, la peau de ce précieux animal rem-
place généralement, surtout pour les pauvres qui ne peuvent
pas acheter de drap, tous les vêtements. Les Ostiaks en
fabri([uent deux amples sacs avec manches, ouverts en bas
et terminés en haut par une ouverture et un capuchon.
Le premier {malitza) aie poil en dedans, le second (fins),
pour les grands froids, a le poil en dehors. Il est très dif-
cile de s'en revêtir pour des étrangers. Les femmes les
portent ouverts par devant, du haut en bas, etplus amples.
Des bottes en fourrure complètent cet accoutrement.
L'usage des patins de bois des Lapons leur est connu. Ils
se nourrissent exclusivement de chasse et de pêche et
fabriquent des flèches variées pour les divers animaux.
Même dans la région du renne, le poisson, si abondant,
est la base de leur alimentation. Ils le mangent cru, sans
sel et sans pain, en mordant à même de longues tranches
qu'ils coupent au ras des lèvres. Quand ils ont tué un
renne, ils enlèvent les intestins et coupent les artères
pour que le sang se ramasse dans le ventre. Les convives
trempent dans ce sang chacun des morceaux de la viande
crue qu'ils mangent. Ils boivent du thé et des infusions de
feuilles de Hulmsarcticus de sayeurùcre. Le mariage conti-
nue à se faire par achat, mais une union peut être consacrée
à la suite d'un rapt. La polygamie est pratiquée même
par ceux qui se sont convertis au christianisme pour avoir
du tabac et de l'eau-de-vie. On les dit chamanistes, et
ils ont en effet des prêtres qui ont emprunté quelque
chose aux chamans. Mais leur religion consiste dans le
culte d'idoles grossières, les unes, véi'itables dieux lares
(sciaitan) auxquels ils sont très attaches (Sommier,
p. 342), les autres, divinités c/^ /w /.S" .sïzav.s\ auxcpielles on
fait des sacrifices. Et ce n'est pas en .\sie ({u'il faut cher-
cher les affinités de leurs plus vieilles superstitions. Leurs
morts, enfermés dans une sorte de cercueil avec leurs
armes, outils, objets précieux, etc., sont déposés dans une
solide caisse de madriers à toiture à deux pentes, faite de
rondins, apparente réduction d'une cabane, qui rappelle
les anciennes tombes sous Kourgane (tumulus) de la région
cultivable. Ils viennent faire un repas funéraire autour de
ces monuments, à l'anniversaire du décès de ceux qu'ils
recouvrent. Ils représentent aussi l'esprit de ceux-ci par
de grossières figurines, scionyot, qu'ils gardent auprès
d'eux et auxquelles ils rendent des devoirs. M. Sommier
dit d'eux avec raison : « Quand on entre sans être invité
dans une ciiim, on est toujours bien accueilli, et les habi-
tants ne montrent ni étonnement ni mauvaise humeur
pour une telle violation de domicile. — Eu égard à l'état
de culture de ces peuples, on peut être émerveillé de
trouver en eux tant de bonnes qualités. L'honnêteté de
tous mérite spécialement d'être relevée. Durant tout mou
voyage, ils ne m'ont pas causé le plus petit dommage ».
Dans les collections rapportées à Paris par MM. Rabot et
de Baye figurent un bon nombre de produits de l'indus-
trie ostiak. Zahorowskf.
BiDi>. : On trouvera tous les reu^(Mgiicnieuts biblioura-
phi(i[ues et autres conceruaut les Ostiaks dans les deux
ouvrages de M. Summif.r, Un estate In SibcrUi ; Vlovcnvc,
1885, gr. in-8, et Slrieni, Ostiucchi e Sumoiedl dcV Oh :
Florence, 1887, gr. in-8. — V. aussi mon mémoire sur h's
Populations anciennes et actuelles de la Sibérie occiden-
tale, les crânes de la collection de Baye et les Osliahs et
autres Finnois, dans Bull. Soc. d'anthrop., 1898. — Pour
la langue, les ouvrages fondamentaux sont: Sciiikfnkr,
Castrens Versuch einer ostiahischcn Sprachlehre ; Saint-
Pétersbourg, 1858. — Ahlqvist, Ueber die Sprache der
Nord-ostiaken. Sprachtexte uud Vôrtersanimlung : Ilel-
singfors, 1880. — lAimiNZER. Peuples étraugers de Sibérie
(russe); Saint-Pétersbourg. 1891.
OSTIE. Ville d'Italie, ancien port de Rome, à l'embou-
chure du Tibre, au S. du fleuve. On attribuait sa fondation
à Ancus Marcius. Ses salines alimentaient Rome et la
région voisine. Son port acquit une très grande impor-
tance aux derniers siècles de la République, comme sta-
tion permanente de la flotte romaine et comme lieu
d'importation des marchandises étrangères et en parti-
culier des blés indispensables à la capitale (V. Annoxe).
Aussi l'un des ([uatre questeurs d'Italie y résidait. Mais
Ports de Claude et de Trajan. à Ostie.
les alluvions du Tibre comblant le port, celui-ci devint
absolument insuflisant. (^ésar projeta de creuser un
bassin artiliciel. Claude le fit exécuter à 2 milles
au N. d'Ostie, relié au Tibre par un canal ; il était
protégé par deux môles et un brise-lames, sorte d'île
artificielle jetée dans la mer. Ce grand ouvrage s'appela
Poj'lus Augnsti. Trajan y ajouta en arrière un bassin
intérieur de forme hexagonale {Portas Trajani) et élar-
git le canalde communication avec le Tibre {Fossa Tra-
jaaa). Ce nouveau port prit dans l'usage, au lieu d'Ostie,
le nom de Portus, et son trafic essentiel était celui du
blé, importé ])our nourrir les deux millions de Romains.
Outre l'ancieinie via Obtemis, roule de la rive gauche
OSTIE — 654 —
du Tibre qui reliait Rome à Ostie, on traça sur la rive
droite une via Portiiensis. Ostie ne déclinait d'ailleurs
pas et demeurait une ville opulente et station bal-
néaire très fréquentée. Adrien, Septime Sévère l'embel-
lirent; Aurélien y construisit un forum décoré (]o Vent
colonnes de
marbre de Nu-
midie. Mais son
bras du Tibre
continua de
s'ensabler, de
sorte qu'il de-
vint impratica-
ble. D'autre
part, Port us
était fortifié et
Ostie ne l'était
pas, si bien
qu'au temps des
guerres civiles
et des invasions
(rv^ et v^ siè-
cles), Ostie dé-
clina. Elle finit
par se dépeu-
pler; en 827,
elle était en rui-
nes. Le port ar-
tificiel s'ensabla
à son tour et
les alluvions du
Tibre l'isolèrent
de la mer, si bien
qu'au X® siècle,
époque où les
incursions sarrasines achevèrent de dépeupler les rivages, il
était réduit à une lagune sans communication avec la mer.
On recommença alors à passer par le bras ancien du Tibre,
Plan d'Ostie et embouchure du Tibre (échelle de 1/100. 000«). 1, château ; 2, via de
Sepolcri ; 3, forum ; 4, théâtre ; 5, temple ; 6, emporium ; 7, tour Boacciana.
celui du midi ; un château fut bâti par le pape Grégoire IV à
la place de l'antique Ostie. Tji 1642, Paul V fit draguer
et recreuser le bras du N. qui fut prolongé jus((u'au ri-
vage moderne, ou on établit le petit port de Fiumicino par
lequel passa désormais le minime tratic du Tibre.
Voici quel est
l'aspect actuel :
le village mo-
derne est à l'E.
et en amont de
la viUe antique,
à l'ancien coude
du fleuve. L'Os-
tie romaine,
dont les ruines
sont encore ap-
parentes, s'é-
tendait de-
puis ce ha-
meau jusqu'à la
tour Boaccia-
na, vieille tour
de guet, bor-
dant le Tibre sur
une longueur de
4 à 5 kil.L'Os-
tie moderne n'a
qu'un chàtean,
bâti par San-
gallo pour le
pape Jules II,
alors cardinal
(Ï483), et une
église de la
même époque.
On arrive de là aux ruines par une route bordée de tom-
beaux, puis, descendant vers la mer, on rencontre à droite :
les nouveaux thermes découverts en i 891 ; la caserne des
Bas-relief d'Os-tie, découv( rt près du port en 1863
vigiles bien conservée; le forum déblayé en 4880-84,
place carrée de 80 m. décote, bordée de porliques ; à celui
du S. s'adossait un grand théâtre en partie subsistant.
On trouve ensuite trois petits temples et un sanctuaire de
Mithra, puis une rue antique de 6 à 7 m. de large, bordée
de galeries, mène à un temple visible de loin; à gauche, le
long de la voie Eaurentine, un sanctuaire de la Grande
Mère, puis des tombeaux et cokmibaria; à droite, le long
— 6S5 --
OSTIE — OSTRACODES
du Tibre, des vestiges de vastes magasins antiques en
partie submergés, une belle maison, et enfin les traces
du grand emporium ou marché maritime au pied de la
tour Boacciana.
De l'autre côté du Tibre, le village de Porto, distant
maintenant de 3 kil. de la mer, possède un petit lac qui
est l'ancien bassin du port de Trajan ; au N., dans les prés
mouillés, se voient les restes du port extérieur ou port de
Claude. A.-M. B.
OSTIGLIA (antique Hostilia). Ville d'Italie, prov. de
Mantoue, r. g. du Pô, au confluent du canal Molhiella;
D.OOO liab. Vannerie.
0 SI I NATO. Ce terme désigne, en musique, une ligure
rythmique ou un trait d'accompagnement, de peu d'éten-
due en général, se répétant obstinément sous la même
forme. Cet artifice de composition produit d'autant meil-
leur effet qu'il tranche le plus par son caractère avec
le reste de l'harmonie. Un bel exemple d'osiinato sera
le trait rapide des violons en doubles croches qui, dans
l'ouverture de Tannhàuser de Wagner, accompagne le
large choral des instruments de cuivre.
Si le trait os^ma^o est placé à la basse, on a ce que les
Français nommaient autrefois basse contrainte (V. Basse).
Certaines danses, la chaconne par exemple, tiraient une
partie de leur effet de cet emploi obligé de la basse con-
trainte ou ostinato, dont la monotonie v^oulue s'opposait
heureusement à la marche indépendante des parties su-
périeures. H. Q.
OSTRACION. Genre de Poissons Téléostéens, de l'ordre
des Plectognathes et de la famille des Gymnodontes. Les
Ostracions ou Coffres ont le corps renfermé dans nne ca-
rapace osseuse et immobile. Les pièces de cette carapace
sont unies les unes aux autres comme une sorte de mo-
saïque. Sur divers points du corps se montrent des épines
souvent assez longues; le museau, la base des nageoires
et la partie en avant de la nageoire caudale sont revêtus
d'une peau molle permettant le mouvement de ces organes.
Les Ostracions sont des Poissons abondants dans les mers
tropicales. On en connaît environ trente-cinq formes, parmi
lesquelles nous citerons VOstracion quadricornis, d'un
bleu rougeàtre, orné de taches sombres irrégulières ;la (jueue
est d'un brun verdàtre avec des macules arrondies plus
foncées; les autres nageoires sont jaunâtres. Ce Poisson ap-
partient à l'océan Indien. Rociirui.
BiBL. : Sauvage, dans Breioi, éd. IV., Poissons.
OSTRACISME. Institution judiciaire des anciens Grecs
d'Athènes, d'Argos, de Mégare, de Milet, de Syracuse.
Dans cette dernière ville, elle s'appelait;;<?^a/z>m^,le vote
ayant lieu avec des feuilles et non avec des coquilles. Tout
citoyen dont l'influence paraissait dangereuse pour la
liberté, ou dont l'opposition gênait la marche des affaires,
pouvait être exilé sans c[u'il en résultat aucune atteinte
à son honneur ou à ses biens. L'ostracisme fut introduit
à Athènes par Clisthène. Chaque année on demandait au
peuple s'il y avait lieu d'appliquer ou non l'ostracisme.
Si la réponse était positive, le vote avait lieu dans l'as-
semblée suivante, présidée par les Archontes et les Cinq
Cents. Le vote avait lieu au moyen de coquilles, de ta-
blettes de poterie sur lesquelles chaque citoyen inscrivait
le nom de celui qu'il voulait bannir ; G. 000 suffrages en-
traînaient le bannissement prononcé pour une période de
dix années, ultérieurement réduite à cinq. 11 fut appliqué
par les Athéniens à Hipparque fils de Charmes, à Clis-
thène (507), accusé d'intelligence avec les Perses, à Ar-
ristide (483), Thémistocle (474), Cimon (464), Thucy-
dide fils de Mélésias (444) , et enfin au démagogue Hyperbole
(447), contre lequel s'entendirentNicias et Alcibiade, chefs
des deux grands partis, qui redoutaient l'issue d'une lutte
directe. Cette intrigue disqualifia l'ostracisme qui ne fut
plus appliqué à Athènes. A.-M.B.
OSTRACODES. ï. Zoologie. —Ordre riche en genres et
en espèces de Crustacés entomostracés caractérisés par leur
corps, comprimé latéralement dans une carapace bivalve^ui
l'enveloppe complètement .portant 7 paires d 'appendices plus
ou moins modifiés pour la locomotion : 2 paires d'antennes,
4 paire de mandibules, 2 paires de màchou'es et 2 paires
de pattes. Les deux valves, qui donnent à ces animaux une
grande ressemblance avec de très jeunes Lamellibranches,
sont libres dans la plus grande partie de leur étendue et
souvent dissymétriques ; elles sont mues par un ligament
dorsal et par des muscles adducteurs, dont la trace d'in-
sertion sur les côtés des valves fournit un important ca-
ractère spécifique. Le corps n'est guère nettement seg-
menté qu'en deux portions, céphalothorax et abdomen;
ce dernier, à la base duquel aboutit l'anus, est grêle, re-
courbé vers le bas et en avant, formé de deux moitiés laté-
rales allongées en forme de pied, ou lamelleuses et alors
d'ordinaire soudées ; il porte à l'extrémité une armature
de caractères variables suivant les espèces ; rarement cet
organe reste rudimentaire. Les 4^, o^ et 6° paires de
membres portent des lamelles, dites branchiales, plus ou
moins développées, elles ne favorisent la respiration que
parleurs oscillations, qui entraînent un courant d'eau'cons-
tant ; cette fonction s'exerce généralement par toute la sur-
face du corps et quelquefois par des tubes branchiaux
placés très haut sur les côtés. Beaucoup de ces animaux
sont dépourvus de tout appareil circulatoire ou possèdent
un cœur, simple sac allongé, avec deux fentes latérales
pour l'arrivée du sang et une ouverture antérieure par la-
Mx' S M Mx^^Md bb
l-'euiolie de Cypris luui cucoix; mitu oo à luaiudié aoxuoilc,
et dont la valve droite a été enlevée. A', Antennules ;
A" y Antennes ; 06, lèvre supérieure ; Md, mandibule
avec son palpe pédiforme ; G. a-anglion cérébroïde avec
l'œil impair ; 'ëiM^ muscle du test ; Mx' Mx" ., mâchoires
de la première et de la seconde paire ; F' et F", !'•" et
2"» paires de pattes ; Fii, queue (furca) ; M, estomac. —
D, intestin ; L. appendice hépatique ; Gc, rudiment des
organes génitaux.
quelle ce liquide est projeté dans la cavité générale. Le
système nerveux est formé d'un ganglion cérébral bilobé
et d'une chaîne ventrale avec des paires de ganglions très
rapprochées, qui peuvent se fusionner en une masse com-
mune ; il existe un œil médian, formé de deux moitiés quel-
quefois séparées, ou un petit œil impair et deux gros yeux
latéraux composés et mobiles. Les organes des sens ont la
forme de poils ou de bâtonnets. Les sexes sont séparés.
Les glandes génitales, tubuleuses, pénètrent dans l'épais-
seur de la carapace. La forme et les dimensions des sper-
matozoïdes sont très remar(|ual)les ; ils dépassent quelque-
fois de beaucoup la longueur du corps de l'animal. La
reproduction se fait ])ar desanifs. Les espèces d'eau douce
ne présentent pas moins de neuf phases successives au cours
de Imr évolution ; ces stades sont séparés par des mues (jui,
à chaque fois, changent la forme de la carapace et le nombi'e
ou la forme des membres. Le nauplius des Osiracodes est
déjà fortement comprimé et enveloppé d'une mince coquille
bivalve. Ces phases du développement s'accomphssent dans
Fœuf chez les espèces marines. Les mâles de certains Os-
tracodes n'ont pas encore été rencontrés, ce qui a fait con-
clure cà une reproduction parthénogénétique ; cette conclu-
sion s'apphquait autrefois à beaucoup plus d'espèces, mais
nous avons pu trouver ce sexe chez plusieurs genres et
chez un certain nombre d'espèces d'autres genres oîi ils
n'étaient pas connus, ce qui nous porte à croire que, là
oii il n'est pas connu encore, le mâle ne paraît que
OSTRACODES — OSTRÉICULTURE
pour un temps très court et (|uo c'est plutôt le niamiue
d'observations qui a permis cette conclusion. Les Ostra-
codes sont des animaux de petite taille, mesurant au plus
({iielques millimètres et très abondants partout; ils vivent
(lans la mer et dans les eaux saumàtres. On en trouve dans
toutes nos eaux douces stagnantes ; ils recherclient, en effet,
les eaux tranquilles dans lesquelles ils rampent ou nagent ;
ils ont une nourriture animale. Leurs œui's peuvent sup-
porter une dessiccation prolongée, qui explique le repeuple-
ment rapide îles mares et la facilité avec laquelle on a pu
étudier en Europe les espèces de contrées lointaines, en
mettant dans l'eau la vase dessécbèe rapportée de ces pays.
Trois familles principales se partagent les Ostracodes :
1" les Cypridinides (V. (A■plul)l^A) ; ^'^ les (A/thérides
(V. cemotetCvTHERE, Elcythfuka, ErriDUJM,) ; 3^ les Cy-
l)rides(V. Cyphis). La famille des Concbœcides comprend
deux petits genres {Concharia, Halocijpris) ; deux autres
familles sont représentées par un genre uni(iue (Qjtherella,
Polijcope). Enfin, la petite famille des Ascothoracides est
particulièrement intéressante en ce qu'elle renferme quel-
(jues formes bermapbrodites et qui sont parasites des Coral-
liaires {Laura, Pelrarca et Sfjjia/joya). R.Moxiez.
IL Paléon'iologij:. — Les Ostracodes fossiles ne sont
guère connus que par leur coquille, ce qui rend leur dé-
termination exacte très difficile. Cependant on peut dire
((ue toutes les familles actuelles (sauf une) sont connues à
rétat fossile. Les Lepenlitidœ sont les formes les plus
anciennes, datant du cambrien : Enhnnidella (des (aj~
jjridinidœ) est seule dans le même cas. Les Leperditidœ,
tous éteints, sont remarquables par leur coquille de grande
taille, épaisse, lisse ou ornée; mais leur organisation in-
terne n'est pas connue {Leperdilia hisingerl du silurien
du Gothland, de la taille d'une grosse noisette). Cette fa-
mille n'a guère dépassé l'aire paléozoufue (Hippa, Beij-
i'ichia, Elpe, Kirkbija, etc.). Les Cyprinidœ, de plus
petite taille, abondent dans le calcaire carbonifère (Qy/yn-
dina primœva, ùjpridella, ùjprella) et le dévonien su-
périeur (schistes à Cyprinides ou Enlomis du Nassau).
Polycope et Cytherella existaient déjà dans le calcaire
carbonifère; Cythere, dans le crétacé et le tertiaire marin.
Les Cypridœ,qm sont surtout d'e^au douce, forment quel-
(juefois des couches abondantes dans le tertiaire {Cypris
faba du miocène d'OEningen). Palœocypris Edivardsi,
beaucoup plus ancienne, s'est conservée avec ses antennes,
ses pattes et ses yeux intacts, à l'intérieur des fruits d'un
Cardiocarpiis, dans le terrain houiller de Saint- l'tientie.
OSTREA (Malac.) (Y. Huître).
OSTRÉICULTURE. L'ostréiculture, dont l'origine re-
monte à des temps très anciens et doit être recherchée en
Italie, comprend deux parties bien distinctes : la produc-
tion et rélevage.
Production. — L'embryon ou naissain est recueilli
sur des collecteurs établis dans un lieu abrité, au voisi-
nage d'un courant et d'un banc naturel; les collecteurs
les plus employés sont des tuiles de terre que l'on chaule
et que l'on dispose, si le fond est sohde et l'eau limpide,
en ruches, la concavité tournée vers le sol (Arcachon), ou,
dans le cas contraire, en bouquets ou champignons (Bie-
tagne). Les collecteurs en bois, moins employés, sojil pas-
sés d'abord au coaltar, puis chaulés; le chaulage facilite
le delroquage ou détachage et parait attirer le naissain.
L'époque de la pobO des collecteurs est réglée par celle de
la ponte, soit, dans le S.~0., vers la mi-juin, et, en Bie-
tagne, du ^^o juin au lo juil. Le plus souvent, faute de
place, on laisse les collecteurs à la mer pendajit l'hiver.
Le détro(juage commence ordinairement au mois de mars?,
et le naissaiji est placé dans des caisses en bois à ferme-
ture supérieure en toile métallique {caisses oshrophiles)
(jue l'on fixe solidement dans l'eau ; pour éviter l'emploi tou-
jours coûteux de ces caisses, certains producteuis laissent
le naissain pendant dix-huit mois sur Icb tuiles, d'autres
découpent la tuile en autant de tessons (ju'elle poi'te d'em-
bryons [Imitres à tesson), la méthode de conservation
606 —
en caisses est bien préférable; le système de bassins
(claires) de 8 à iO m. de longueur, 2 m. de largeur et
iO centim. de profondeur, recommandé par le D^' Cressy,
est encore recommandable. Le naissain doit être surveillé
avec le plus grand soin jusqu'au moment de la vente.
Elevage. — Le sol doit être formé de sable vaseux ou
être macadamisé ; si l'on se propose simplement de faire
pousser l'huître {demi-élevage), le parc de dépôt doit être
traversé par un courant, assez énei-gique ; le dépôt dans
une eau légèrement saumàtre est indispensable en vue de
l'engraissement (élevage); les prati([ues sont d'ailleurs
variables dans chaque centre d'élevage.
Principaux centres ostréicoles. — Erance. Dans la
mer de la Manche, se trouvent : Dieppe (parcs de dépôt),
Dives-Cabourg (banc naturel, aujourd'hui presque ruiné par
les bateaux dragueurs), Courseulles (bons parcs d'engrais-
sement), Grandcamp (quelques piu'cs assez bons), Saint-
Waast-la-Hougue (banc naturel et parcs de passage),
Cranville (banc naturel ravagé par les dragueurs), Cancale
(banc naturel et quehpies parcs d'élevage ; la production
diminue considérablement), etc. Sur les'côtes de l'Atlan-
tique : Concarneau et la baie de la Eorèt, rivière de Belon
(parcs d'engraissement, justement renommés), Lorient,
Carnac, golfe du Morbihan, Le Croisic, Les Sables d'Olonne
(bons parcs d'élevage), Marennes et La Tremblade (éle-
vage d huîtres vertes et d'huîtres blanches; l'eau des
claires n'est renouvelée, dans le premier cas, (pi'aux fiou-
vellcs et pleines lunes ; les huîtres blanches sont placées
dans des parcs situés près de la mer, en face de l'ile
d'Oleron ; le naissain est acheté en Bretagrje ou à Arca-
chon ; la vente annuelle atteint une valeur de i- à 5 Jiiil-
li«)ns de francs); de d'Oleron (l'huître portugaise tend à
faire disparaître l'espèce indigène; la vente dépasse 3 mil-
lions de fr.); Gironde (huîtres portugaises, production et
élevage), Arcachon (bassin d'élevage très florissant; le
prix des huîtres a diminué de près de moitié depuis 1" in-
troduction, vers 1875, des huîtres portugaises à Arca-
chon ; cependant la vente annuelle dépasse o millions de
fr. ; elle était évaluée, en 1868, à 319.000 fr.). La Mé-
diterranée ne possède, tout au moins sur nos côtes, aucuji
banc naturel ; quehfues parcs d'élevage existent dans la
rade de Toulon. Nos exportations de 'naissain, ancienne-
ment très importantes (333.135 kilogr. en 1894), ont
beaucoup diminué, elles ont été de ï'I.ViH kilogr. en
1894; elles tendent à remonter depuis cette époque
(77.200 kilogr. en 4896); les exportations d'huîtres se
stmt accrues de io. 756. 000 en 4889, à 94.i07.000 en
4896, avec une tendance assez faible à progresser. Les
importations de naissain sont presque nulles; celles
d'huîtres sont tombées, dans les dix dernières années, de
plus de 4 million, elles varient entre 800.000 0^2.900.000
pour la période 4894-97.
Angleterre. Les parcs ou pêcheries de ce pays sont
très nombreux et donnent lieu à un commerce considé-
rable ; ils ne sont destinés ([u'à l'élevage et ils s'approvi-
sionnent de naissain en Erance, pour une très grande part,
nos ostréiculteurs négligent malheureubcment trop ce dé-
bouché. Les ])écheries de la Col ne. de la Lvne, ])rès de
l'embouchure de la Tamise, de Whitstable,'^ de l'ile de
Whigt, etc., sont les plus renommées ; c'est dans la Tamise
(jue sont élevées et engraissées la plupart des huîtres ver-
dies vendues sous le nom d'huîtres d'Ostende. Un certain
nombre de parcs d'élevage existent également en Irlande.
Hollande. L'ostréiculture est surtout praticiuée sur l(\s
anciens ])olders de Berg-(qi-Zoom et de Kruiningen ; elle a
pris naissance, dans ce pays, en 4875, et fournit aujour-
dhui au commerce de 'ïi) à 30 n)illions d'huîtres par
année; la reproduction se fait en bassins clos; Limporta-
tion des huîtres étrangère est interdite.
Suéde, Jorvège et Allemagne. Les tentatives faites en
vue de l'introduction de Tostreiculture dans ces l^^tats n'ont
encore donné que des résultats joédiocres. J. Troude.
I^IBL. : D'-lhiocciij, Trinlra'o.sln'fcunKrc: Pjiris. ISS'î.
657 —
OSTREICULTURE — OSTROGOTHS
— A. LAiNDRIxX, les Pluyes de la Fnniee; Paris. 180G. —
II. de La Blanciièrk, Culture des plages 7)m}'Uhnes ; Pa-
ris, 1866. — IIuBRKCiiT {JouDiid de lu Société néerlunduise
de zooloijie, 1883-84).
OSTREVANT. Ancien pays de la France dont on trou^c
déjà le nom sous la forme d'origine germanique Aystre-
BANTO, c.-à-d. district de l'Est, sur des triens de l'époque
mérovingienne. Il formait alors l'un des deux pagi de la
cité d'Arras. Cette circonscription a persisté au moyen
âge dans l'arcliidiaconé d'Ostrevant qui eut quel([ue temps
des comtes particuliers, mais qui se réduisit plus tard à la
seule chàtellenie de Boucliain (Nord). De nos jours, deux
villages du Pas-de-Calais, Marcq-en-Ostrevant et Sailly-
en-Ostrevant, en ont seuls perpétué le nom.
OSTREVILLE. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr.
et cant. de Saint-Pol ; ol7 hab. ^Stat. du cliem. de fer
du Nord.
OSTRICONI. Rivière du dép. delà CorseiV. ce mot,
t. XII, p. 4085).
OSTRICOURT. Com. du dép. du Nord, arr. de Eille,
cant. de Pont-à-Marcq ; 791 liab.
0STR06. Ville de Russie, cli.-l. de district du gouv.
de Volhynie, à *220 kil. E. de Jitomir, au continent de la
Vilia avec le Goryn ; 20.000 liab. (en majorité juifs).
Noud)reuses ruines d'ancienne domination polonaise,
d'établissements religieux de catholiques, couvent de jé-
suites, etc. Ostrog, qui remonte au ix^ siècle, fut le centre
d'une principauté polonaise de religion grecque, illustrée
par Constantin qui défit plus de trente fois les Tatars et
les Moscovites au début du xvi*^ siècle ; sa petite-fille, la
belle Elisabeth (Helszka), fut enlevée d'un couvent où elle
était religieuse par le prince Sangusko qui l'épousa
(1554) ; veuve et remariée au comte Gorka, la mort de
son second époux la rendit folle. — Le prince Constan-
tin-Vasili, mort en 4533, fut pris par les Russes en
4500 ; libéré, il devint grand hetman de Lithuanie, défit
les Russes à Orsza (8 sept. 4514), fut nommé voïvode de
Troki. — Son petit-fils, le duc Constantin, mort Qni60S,
fut un ardent partisan de la religion grecque et adver-
saire des jésuites ; il tenta de s'entendre avec les protes-
tants au colloque de Thorn ; fonda dans sa ville d'Ostrog
une x4cadémie ou école supérieure, la première des Petits-
Russiens, une imprimerie qui publia une traduction slave
de la Bible (4584). — La princesse Aloïxa introduisit
les jésuites, qui fondèrent à Ostrog un grand collège (4629) .
La ville fut saccagée par les Cosaques de Bogdan Chm^el-
nicky (4648), puis par les Russes (4655) et ne s'en re-
leva pas. En 4673, la lignée des princes d'Ostrog s'étei-
gnit avec Alexandre, et leurs biens passèrent aux San-
gusko. La ville fut annexée à la Russie en 4795. A. -M. B,
OSTROGOTHIE.Prov. de Suède (V. Œster(.oj.:tl.\nd).
OSTROGOT H S. Peuple de race germanique, de k
branche gothique, qui joua un grand rôle aux v® et vi^ siècles
de l'ère chrétienne. Les Goths se partagèrent, comme il
a été dit à l'article qui leur est consacré, en Goths occi-
dentaux ou Visigoths (V. ce mot) et Goths orientaux ou
Ostrogoths. Ces noms sont ignorés d'Ammien Marcellin et
de Zosime, historiens du grand empire gothique; toutefois,
ils parlent de Greutungi et Thervingi qu'on assimile gé-
néralement aux Ostrogoths et Visigolhs. Les premiers au-
raient occupé les plaines à l'E. du Dniepr ; la famille royale
des Amales les gouvernait. Le grand roi Hermanrich. (pii
vit la ruine de l'empire gothique, était un Amale. Loj'S-
qu'il eut succombé à l'invasion des Huns (375) et se fut
suicidé, son successeur Withimer ayant été vaincu et tué,
les Ostrogoths se soumirent aux Huns, tandis que les
Visigoths se réfugiaient dans l'empire romain. Les pre-
miers demeurèrent au N. du Danube et prirent part
aux grandes expéditions d'Attila, notamment à celle de
Gaule, ou ils furent battus avec lui dans les champs ca-
talauniques (451). Après la mort d'Attila, ils s'insurgè-
rent sous la conduite de trois frères de la famille des
Amales, Valamir, Théodemir, Widemir, et eurent un ntlo
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
décisif dans la grande bataille de la Netad qui anéantit
Tempire hunnique. Les Ostrogoths s'établirent alors en
Pannonie, le long du Danube, de Vienne à Sirmium. De
là, Théodoric (475-526), fils de Théodemir, les conduisit
en Illyrie, puis en Italie (490). On trouvera dans la bio-
graphie de Théodoric l'histoire de la fondation et de l'or-
ganisation de son royaume, qui s'étendit de la Sicile aux
sources du Danube et du Rhône aux Alpes de Dalmatie.
Il ne survécut guère à son fondateur, l'entente n'ayant pu
se faire entre les Goths et les Romains, d'autant que les
premiers étaient ariens, les seconds orthodoxes, et que
l'empereur évita toujours de conférer au roi barbare une
véritable légitimité. Tout ceci sera exposé à l'art. Théodoric.
Sa fille Amalasonthe, régente au nom de son fils mineur
Athalaric, était imbue de culture romaine ; les Goths lui
enlevèrent son fils pour Télever selon leurs mœurs natio-
nales ; épuisé par de précoces débauches, il mourut en
534. Amalasonthe épousa son cousin Théodat (535)
qui, pour régner seul, la fit bientôt tuer au bain. Mais
Justinien, empereur à Constantinople, se posa en vengeur
de la reine assassinée et fit envahir l'Italie par la Dalma-
tie et par la Sicile, où débarqua Rélisa ire. Le lâche Théo-
dat s'humiha et prondt (['abdi((uer en échange d'une rente
viagère. Il fut assassiné par les Goths, tandis que Béli-
saire, maître de la Sicile, soumettait sans coup férir le S.
de la péninsule, accueilli en hbérateur par les populations
romaines et catholiques; en déc. 536, il entrait à Rome.
Le roi élu par les Ostrogoths, Vitigès, vint l'y assiéger
(mars 537-mars 538), mais y usa son armée ; repoussé
sur Ravenne, il dut s'y rendre prisonnier àBétisaire(déc.
539). Le rappel de celui-ci et l'énergie du nouveau roi
Totila (qui remplaça en 544 son oncle Ildebald assassiné)
permirent aux Ostrogoths de reconquérir l'Italie. Ils re-
prirent Rome, qu'assiégea vainement Bélisaire (mai 546-
îèvr. 547), replacé à la tète de l'armée romaine. Après
son second rappel, Totila reconquit même les îles, Sicile,
Sardaigne, Corse (549). Mais ce fut la fin. Justinien con-
fia une grande armée à l'eunuque Narsès ; les Romains
n'occupaient plus que le port d'Amone. La flotte gothique
fut détruite au hu'ge de Sinigaglia, tandis que Narsès con-
tournait l'Adriatique par le N., convoyé par la flotte; il
prit Ravenne, et par la voie flamijiieinie descendit droit sur
Rome. Totila lui livra bataille dans la plaine deLentaglio,
entre Tagina et les tombeaux gaulois ; il fut tué avec
6.000 des siens (juil. 552).Teia, gouverneur de Vérone,
fut élu roi des Goths, tandis que Narsès occupait Rome
et assiégeait dans Cumes AUgern, frère du nouveau roi.
Celui-ci accourut pour le débloquer; par d'habiles ma-
nœuvres, Narsès l'arrêta sur les bords du Sarno et, aj)rès
l'avoir affamé, écrasa l'armée gothique dans une bataille
de deux jours (mars 553). Teia périt et Aligern capitula.
La destruction de l'armée de Francs et d'Alamans amenée
par Leuthairs et Buccelin (554) et enfin la capitulation
de la forteresse deCampsa, dans le Samnium (555), mar-
quent la fin du royaume de Théodoric. Des Ostrogoths
survivants, les uns se soumirent et furent dispersés dans
l'empire où ils s'absorbèrent ; les autres se retirèrent au
N. des Alpes où ils se confondirent avec les autres Ger-
mains du Danube. La nation des Ostrogoths disparut
ainsi. Son histoire a été écrite par Cassiodore, dont l'œuvre
perdue est résumée par Jordanie ; celle de la gueire
finale a été reti'acée par Procope.
Les Ostrogotbs avaieni laissé au N. de la mer Noire le
petit peuple des Goths Telraxiles, (jui survécut à tous
ceux de la famille gothique. Cantojinés en (Crimée et vas-
saux de l'empire romain d'Orient, puis des khans mon-
gols, ils conservaient encore leur langue au xvi® siècle ;
le Flamand Augerius Gisler de Busbeck (45*22-92) nous
en a transmis d'importants témoignages. Plus tard, ils
étaient complètement tatarisés, lors(iue Souvorov trans-
planta leurs descendants sur les boi'ds de la mer d'xVzov.
A.-M.B.
r^iisi.. ; l'Miii.-u d'Ulfila-^ 1)1 <;\Tij:Lrxr/ Qi T.irnr. dvc '
OSTKOCxOTHS — OSTWALD
658
lirammaire gothi(jLic — Léo iMfver, Die gotiscJie S'pracltc:
Berlin, 1869. — ] Wieteushelm, Gesch. cler Vœlkerwcinde-
rung, t. II de la 2« éd. par Dahii ; Leipzi.u-, 1881. — Dahn,
Die Kœnige der Gerrnanen, t II et V; Wur/.boiirg, 18()1 et
1871. — Du même, Urgeschiclde der germanischen lutd.
romanlschen Vœlker ; Berlin, 1881, t. I. — ^\lA^.so, Gesch.
des Ostgothischen Reichs in Itnlien: Brcslau, 1^21.— Cl'. l'i
bibl. de l'art Théodoric. — Tomaî^ciiek, Die Goien tu
Tiuirien; Menne, 1881. — F. Braun, Die letzten Sciiirii
sale der Krimcjoien ; Saint-Bétersbounr, 1889.
OSTROJSk. Ville de Russie, di.-l. de district, i^ouv.
et à i-lo kil. S. dcVoronèje; 9.000 liab., 10 éi^h^es.
Trois foires annuelles ; commerce de l)lé, suif, savons,
tabac. La ville a été fondée en 105'i. — Le dislricl a
7.000 kil. q. environ et 230.000 liab.
OSTROLENKA. Ville de la Pologne russe, gouv. de
Lomja; 8.000 liab. (en majorité juifs). Fondée en 'H'27,
elle vit les batailles du 46 févr. 4807, où les Russes
d'Essen furent battus par les Français de Savary, et du
26 mai 4834 où les Polonais commandés par Skrzynecki
succombèrent devant les Russes de Diebitscli.
BiJJL. : Adam, duc ô.e.\s^v\vrYKM^\v.\\c.. Die Schluchl hei
Ostrolenhv. ; Leipzig-, 18(2.
OSTROV. Ville de Russie, gouv. et à o7 kil. S. de
Pskov, sur la Velikeiia et le cliem. de fer Saint-Pétersbourg-
Cracovie ; 5.000 liab. Ville autrefois fortifiée, détruile
par les Lithuaniens en 4504. Dans une lie se trouveni
l'église Saint-Nicolas (4582) et les ruines delà forteresse.
OSTROVNO. Bourg de Russie, gouv. de Mobilef, dis-
trict de Sienno, sur le lac Ostrovno ; 200 bab. Combats
entre Russes et Français (4812, 43 et 4 4 juiL).
OSTROVSKY (Mont) (V. Karpates, t. XXl, p. i3l).
OSTROVSKY (Alexandcr-Mkolaiovilcli), le plus célèl)rc
auteur dramatique russe contemporain, né à Moscou le
42 avr. 4823, mort dans ses terres de Sclitsclielykovo
(gouv. de Kostrowa) le 44 juin 4886. Il commença ses
études à l'Université de Moscou, mais obtint avant de les
avoir achevées (4843) une place au tribunal de commerce
de la viUe. C'est là qu'il apprit à connaître les mœurs
commerciales, les habitudes et la vie des marchands et
commerçants moscovites et russes, qui forment une classe
particulière. La plupart de ses piè<'es sont relatives h ce
monde très spécial et jusque-là peu étudié du commerce
russe. En 4847, il débuta par des « scènes de la vie des
marchands moscovites » : Sccmj 'ix^zamoskvoreckoiziz^ui
et Ocerki Zamoskvorecja. Il publia ensuite sa meilleure
comédie : ISous allons nous arranger (Svoi Ijudi-soc-
tenisja). Poète vigoureux et original, d'une fantaisie abon-
dante, observateur très aigu de la réalité, il créa un grand
nombre de types nouveaux dans le théâtre russe. Ses meil-
leures pièces sont : la Fiancée pauvre (4852); Chacioi
à sa place (4853) ; Pauvreté n'est pas vice (4854);
On ne peut pas toujoius ce que Fou vent (4855); Un.e
place lucrative (1857) ; la Fille adoptive (4859) ;
l'Orage (4860) ; On ne compte pas avec Ic^: siens
(1861), pièce longtemps interdite par lacensu!('; Un
cœur chaud (4869); l'\r(fent qui file {\ SI 0); la Forêt
(4874); les Artistes et le Put)lic (1882). Ostrovsky a
tenté aussi, mais avec moins de succès, la ti'agédie his-
toricfue en vers. Ses pièces sont des épisodes historiques
dramatisés plutôt que de vérital)les pièces. Tels sont :
Kozïnâ nii}ii7ie (iSèo) ', Wassitissa toretentieva (1868).
En 4885 et 4886, Ostrovsky a dirigé avec beaucouj) de
succès le théâtre de Moscou. Son œuvre a exercé une
grande influence sur sa génération : ses comédies, où il
ridiculise les vices des petits bureaucrates et des mar-
chands, ont fait une ])rofonde impression. Ostrovsky a tra-
duit Taming ofa screw. de Shakespeare, et de nombreuses
pièces de Cervantes. Goldoni. etc. (Saint-Pétersbourg,
4886,2 vol.). Ses œuvres ont paru en 40 volumes (Saint-
Pétersbourg, 4885 et Moscou, 1890). Ph. B.
OSTROWO. Ville de la Pologne prussienne, ch.-L de
cercle de la prov. de Poznan ; 4 0.328 lial^ (en 4<SÎ,C)).
Brique t eries , sci eri es .
OSTROWSKL Famille polonaise connue depuis le
xiv^ siècle, illustrée par CÂristinus, chàteiaiii de Craco- |
vie, sous Jagellon, qui comuiandait son ai'mée à la fameuse
bataille du Tannenberg (4 i40). Cette famille a joué un
grand rôle au xix" siècle.
Le comte Thonuis, né le 21 déc. 4739, mort le 5 mai
4847, fut député national sous Auguste III; nommé sé-
nateur sous Stanislas-Auguste, il refusa d'accéder à la
confédération de Targovie du 3 mai 1794, fut destitué et
exilé dans ses terres d'Lkraine. Vm 4809, il fut maréchal
de la diète, président; du Sénat du grand-duché de Var-
sovie ; cette dignité lui fut renouvelée dans le royaume de
Pologne, et ce fut lui qui en promulga la constitution.
Son hls Antoine-Jean, né à A^u^sovie le 27 mai 4782,
mort à Paris en 1817, entra dans la garde française en
4806, fut député à la dicte de 1809, suivit Napoléon à
Dresde, fut, pris à Leipzig (1813). Rentré à Varsovie, i!
devint sénateur-castellan à la mort de son père, et ht
une énergique opposition à la politi({ue arbitraire du
grand-duc Constantin. Lors de la révolution de J830, il
fut nommé commandant en chef (îe la garde nationale,
puis voivode, mais il démissioinia lorsque Krukowiecki eut
pris des pouvoirs dictatoriaux, combattit en simple volon-
taire à Varsovie (6 el 7 sej)l.), vota à la diète pour la
résistance à outrance. Président du Sénat, il déposa Kru-
kowiecki, suivit l'armée à Modlin, présida la diète de Za-
kroczin où il soutint la contiiuiaiion de la lutte. Refoulé
sur le territoire ])russien, il rédigea au quartier généra!
de Swiedziebno un appel à toutes les nations et à tous
les rois d'Europe (4 oct. 'L'v-U), et se réfugia en Fraitce.
Ses biens furent confisqués.
De ses frères : Clirisfian-Josepli, mort à Paris en4873.
a écrit .\uits d'exil (1835); Semaine d'exil (J837):
Jjct très slaves (4858); — l'autre, \'tadislav-Tlionias,w
à Varsovie le 7 mars 1790, mort à Cracovie le 23 nov.
4869, se distingua en 4808 au combat de Itoscyn, en
4842 sous Macdonald, et occupa le poste de l'extrême
arrière-garde. Lors de la révolution du 29 nov. 4830, il
fut meml3redu conseil des ministres, conclut, avec le grand-
duc Constantin, la convention d'évacuation de la Pologne
par les Russes, fut maréchal de la Chambre des députés
et, sous le dictateur (^hlopicki, ministre de l'instruction
jîublique. Il pi'ésida jusqu'au bout les travaux de la diète,
îi'anchit le 6 sept, 1831 la froftti^M'e prussienne, rentr,i
en Pologne en 4862. A. -M. B.
OSTUNL Ville d'Italie, pi'ov. de Lecce, sur le chem.
de i'ev d'Ancône à Rciiidisi; 2''.000hab. Eglise de 1435;
vieille enceinte dont subsisl'ot 43 tours. Huile, cbaux.
OSTWALD (Wilhelm), chimiste allemand, né à Riga
lo21 août 4853.11 ht ses études à rCniversite de Dorpaî,
fut nommé en 1882 professeur au Polytechnicum de Riga,
en 1888 professeur de cliimie physique à l'Lniversité de
Leipzig, et en 4898 directeur de l'histitut éleclrochimique
fondé dans cette ville. M. OsJwald n'a publié que peu de
recherches oi'iginales. Son pi'incipal travail dans cette
voie est une longue séi'ie de mesures sur les conductibi-
lités électriques des acides organiques dissous dans l'eau,
qui parut d'abord dans le Journal fur prakliscMc Che-
nue. Il s'est consacré surtout à la vulgarisation des idées
du physicien suédois Arrhenius, d'après lequel, les corps
dissous daiis l'eau seraient dissociés électrolytique-
ment, c.-ù-d. décomposés, inèuie en l'absence de tout
courant électrique, en ions, éléments hypothétiques aux-
quels on a- attribué successivement toutes les propriétés
jadis prêtées aux atomes en y joignant celles qui résuUe-
raientde leurs charges électrique^. M. Ostwald s'est dis-
tingué par la vivacité des poléiin'cfues qu'il a soutenues
pour défendre cette théorie, tant tlans son journal que
dans les discours qu'il a prononces à ce sujet dans de
nombreux congrès scientiiit{ues, en Allemagne, en Angle-
terre et en Amérique. Il a également dirigé dans cette
voie les travaux des nombi-eux élèves de son la]»oratoire
de Lcjj)zig. \in 1889, il a foudé, avec la collaboration du
chiiuiste lioilaiKtais Van t'Hofî'. le Journal fur physi-
katische CJionie qui s'occupe surtout des mesures de
— 659 —
OSTWALD — OSWALD
physico-chimie, c.-à-d. des études sur les cquihbres dii-
miques, sur ]es conductibilités électriques, sur les cons-
tantes diélectriques, les indices de réfraction, les chaleurs
de formation des composés minéraux et organiques, ainsi
que de la détermination des poids moléculaires par les
méthodes cryoscopique et diellioscopique de M. Uaoult.
Depuis 1889, il a commencé la publication de la collec-
tion des Classiiiues des sciences exactes ; c'est la réédi-
tion des mémoires les plus importants de Berthollet, Davy,
Faraday, Helmholtz, etc. Son principal ouvrage est le
Lehrlmch der allgemeinen Choiiie {V^ éd., I^So-ST,
"i vol. ; 2^ éd., 4891-99, 3 vol.), vaste compilation ou
se trouvent résumées les nombreuses recherches faites
principalement depuis une trentaine d'années pour mettre
en lumière les relations qui unissent les propriétés phy-
siques des corps à leur constitution chimique. D. B.
OS UN A (antique Urso). Ville d'Espagne, prov. de Sé-
ville, sur le chem. de fer d'Utrera à Roda; 20.000 hab.
Eglise gothique. Grand château des ducs d'Osuna. L'Uni-
versité fondée en 4530 fut supprimée en 4820. Sparte-
rie, toile.
OSUNAouOSSONE (Don Pedro Ti:llkz y Giron, duc d),
homme d'Etat espagnol, né àValladolid en 4579, mort en
4624. Petit-fds de Don Pedro d'Osuna qui avait négocié
l'union duPortugal enl 579-80, il le suivit àNaplesoùilétait
nommé vice-roi (4584), revint en 4588 en Espagne, étu-
dia cà Salamanque, fut disgracié par Philippe 14 à cause
de son attitude d'opposition railleuse, fut exilé à Sara-
gosse, passa en Erancc, puis en Portugal jusqu'à la mort
du roi, rentra alors en Espagne, épousa la fille du duc
d'Alcala, et prit le titre du duc d'Osuna. Philippe III l'exila
à son tour. Il passa en Flandre, leva un régiment à ses
frais et fit six campagnes. Le ducdcLermc, (juile proté-
geait, obtint son rappel à la cour (4607), où il devint
chambellan, chevalier delà Toison d'or, conseiller secret.
En 4644, il fut nommé vice-roi de Sicile (4614). Il y agii
énergiqucmcnt, paciha l'ile, mit à la raison les grands feu-
dataires qui s'appuyaient sur des bandits soldés, releva
l'agriculture et le commerce, défit les corsaires turcs. En
4646, on le nomma vice-roi de Naples. 11 organisa un
complot contre Venise avec l'ambassadeur espagnol dans
cette ville, le marquis de Bedmar et l'administrateur de
Milan, Pietro de Toledo. Il voulait s'emparer de la ville
avec l'aide d'officiers français à la solde des Vénitiens. Le
conseil des Dix fut avisé, et fit périr les conspirateurs (mai
4618); la flotte vénitienne défit à Santa Croce celle du
vice-roi. Sur la plainte des envoyés vénitiens, le gouver-
nement de Madrid rappela Bedmar et le gouverneur de
Milan. Se sentant menacé, Osuna résolut de se rendre in-
dépendant. Il chercha à gagner le peuple napolitain, ras-
sembla des mercenaires français et wallons, négocia avec
la France et la Savoie. Mais il ne fut pas défendu parles
Napolitains, et quand son successeur débarqua, il dut re-
partir pour l'Espagne. Il y fut emprisonné jusqu'cà sa
mort.
Son fils, Don Juan Tellezy Giron, succéda à tous ses
majorats, fut vice-roi de Sicile et mourut à Païenne en
1656. A.-M. B.
BiiiL. : Fernandez Duiio, El (jnin duqnc de Osiimi ij su
warhia ; Madrid, 1885. — Cr. le\. XLII des a'iivres cum-
plètcs de L. Ranke.
OSURGETI. Ville de la Caucasie russe, gou\^ de Rou-
tais, près de la mer Noire ; 1.500 hab. Ancienne capi-
tale des princes de Gourie.
OSWALD (Saint), roi de Northianbrie. né vers 605, mml
à Maserfleth le 5 août 61-2. .Vprès la défaite et la mort de
son père Ethelfrdh (647). il s'était réfugié avec <!ue](fues
jeunes nobles sur file dlona. Il s'y convertit au christia-
nisme et y fut baptisé. Pendant les trou])les qui saisirent
la mort d'Eanfrid (60;)), Oswald s'aventura vers le S.,
soi-disant pour s'entendre avec Caodwalla. La veille de la
rencontre, il eut une vision, lui enjoignant do livrer ba-
taille. Il planta de ses propres mains unQ croix, qui hil
longtemps, un lieu de pèlerinage; la bataille fut victorieuse
et décisive. Oswald fut non seulement roi des deux Nor-
thumbries, mais Bède l'appelle « empereur de toute la Bre-
tagne ». On lui donne, en outre, le titre de rex chrisUa-
nissimus. Os^vald ouvrit, en effet, l'Angleterre à l'activité
des missionnaires celtes; il servit lui-môme, plus d'une
fois, d'interprète à son chapelain Aidan. La charité et la
bonté du roi le rendaient d'ailleurs fort populaire. Il périt
dans la lutte contre Penda, roi de Mercie, à la bataille de
Maserfleth (probablement Oswestry, dans le Shropshire), le
5 août 642. Son corps fut mutilé ; ce ne fut qu'après beau-
coup de pérégrinations que ses membres finirent par être
recueillis. F. -H. K.
l^>iiîr.. : W. IIi;>r, dans le Dlctloiuirij o/' Xatloiuil Bio-
çiniphy; Londres, 1895, t. XI. II, \^\). 321-323, donne un'« bi-
bliographie abondante.'
OSWALD (Saint), archevêque d'York, mort le 29 févr.
992. Les libéralités de son oncle, rarchevè([ue Odon de
Canterbury, lui permirent d'acquérir le monastère de Win-
chester qu'il gouverna. Trouvant cette vie trop facile, il
fut envoyé par Odon à Eleury-sur-la- Loire pour s'y sou-
mettre à la règle de Saint-Benoît renouvelée par les clu-
nistes. Il y fut ordonné diacre et prêtre. L^n 959, son oncle
malade le rappela, mais mourut avant son retour. Oswald
se rendit auprès d'un autre de ses parents, l'archevêque
Oskytel de York, qui lui conseifla d'aller à Bome. En re-
venant, il s'arrêta à Fleury, mais Oskytel le manda au-
près de lui pour l'aider à réformer FEghse. [)unstan{\.
ce nom) trouva en lui un précieux auxiliaire et le fit élever
à l'évêché de Worcester, en 961. Oswald travailla à rem-
placer partout les prêtres mariés et surtout les chanoines
par des moines; mais d évitait les violences que ne redou-
tait pas le roi l'^adgar, duquel il avait obtenu, en vue de
ces réformes, la loi dite d'Oswald. Il fit pénétrer ses ré-
formes jusqu'en l'^stanglie, où il fonda un monastère sur
l'de de Ramsey (Ilunlingdonshire). Même quand il eut été
nommé archevêipie de \ork, en 972, il continua de rési-
der habituellement àAVorcester, qui resta comme le foyer de
son influeuce. Dans les monastères qu'il fondait, il dévelop-
pait le goût des études; il augmenta la ponq)e du culte et
prônait les relitfues. Avec Dunstan, il réalisa le triomphe
du monachismo au moment de l'apogée de la royauté
saxonne. Aucun de ses écrits n'a été conservé. F. -H. K.
Biiîi.. : W. lluNT, dans le Dlciionurij ol' Niitloiiid Bio-
(jriipluj ; Londres, 1805, vol. XLII, pp. 323-325.
OSWALD (James), philosophe écossais, de la deuxième
moitié du xvni^ siècle. 11 se rattache immédiatement à
l'école de Beid dont il développa la doctrine dans un
ouvrage intitulé Appeal to co}n}non sensé in behaff of
religion (Edimbourg, 4766-72). Le titre de cet ouvrage
indique l'objet de la' philosophie d'Oswald, dans ses deux
points essentiels, solidaires l'un de l'autre. Oswald se pro-
pose, en effet, de faire l'apologie du christianisme, et il
pense atteindre ce but en montrant combien est vaine la
prétention de vouloir tout démontrer. La source du scep-
ticisme est dans l'ambition de l'intelligence métaphysique
qui s'épuise à rechercher la solution de problèmes chimé-
riques et indifférents à la félicité de l'homme. La raison
ne réussit ainsi qu'à s'embarrasser de formules deri-ière
lesquelles se dérobe la vérité. Elle va chercher loin d'elle
ce qu'elle découvre en elle-même par la simple lumière
luiturelle. Aussi suflit-il, pour échapper au danger méta-
pliybique, de s'en l'emcttre au sens commun, qui possède,
selon Oswald, la valeur d'un principe et l'autorité indis-
cutable de l'évidence. Si l'on s'eii remet à cette autorité,
il est impossible (|uc !os grandes vérités de la religion
n'apparaissent pas (Liiis toute leur lumière : le spectacle
du monde prouve l'existence de Dieu, comme la voix
de la conscience prouve la moralité du genre humain.
D'après cette doctrine, la science est évidemment pros-
crite comme inutile et dangereuse : inutUe, puisque le
sens commun possède l'intuition immédiate de la vérité ;
danger<'uso. j)iirce (fiie ses conclusions vont le ])lus sou-
vent Li TiMiconij^' de celles du sens counnun, c.-à-d. à
OSAVALD -^ OTARIE
(juO
r<M)c«)!itr»' de la Noj'ito, 0)i 1(* a oit. la (hose (rOhV>al(l lie
se recoinmando jii parla iiouveaulp. ni par la prolniideii)'.
]ii pai' roi'igiiialité. j^llc a. d(^ plus, riiiconvénient d'être
présentée dans nn stvle emphatique et déclamatoire qui
dissimule mal la pauvreté de la peiisée, Da C.osta.
BiHL : PRii^hriJ'JY. An cxninniotioii, of D' Uald's iiKiuinj
nito tlii' linnuui mlnd : D'' Bt'Ulhic's essiuj on tlw nnlin'c
inul uiuindubtlUji oflrath. imd 7j' ()8\',-i)ldo iippad. to tlic
(yiiiDiiOii sensc : I-oiidccs, t^i.
OSWALD DE WuLKi-xsTEiN, poète allemand, né à Grœ-
ikn en 1367, mort le ^ août 4i45. D'une famille noble
du ïirol, à l'âge de dix ans, il accompagna en Prusse
Albert lll d'Autriche, guerroya en compagnie variée jus-
(juYm /vrménie et eu Perse, rcNint daus le Tirol à vingt-
cin(| ans, s'y éprit de Sabina Jauger qui l'envoya faire un
pèlerinage en Terre Sainte. Rentré en i 401, il sui^it l'em-
pereur Robert (Ruprecht) en Ralie, vagabonda en Angle-
terre, en Portugal, en Espagne, en Afrique, soutint Er-
nest d'Autriche contre son frère Erédéric, batailla contre
les hussites (li'19), puis se retira dans son château de
Ifauenstein. C'est un des deriiiers miniiesinger qui vou-
lut réaliser dans sa vie leur idéal romanesque et mêla le
récit de ses aventures dans ses poésies maniérées. Klles
ont été éditées par ]•. Weber (Innsbruck, 1847), traduites
par P. Passarge dans la collection Reclam. \.~M. R.
Hrhi.. : H. Wlv.fai. Ijswidd cou ^]'olhcn8teil> )ind Frivd-
nch nul de,' lervcn l\ische : ]\\n>^hruck, ISÔO. — Zi>(.i,Rr,i;,
()s\^;d(i von Wolhanblcni : \'!o,nu'\ 1.S7().
OSWALDTWISTLE. Mlle d'Angleterre, comte de Lan-
(iistre, à () kU. S.-K. de Rlackburn ; lo.^iOt) hab. ((mi
1891). Eilatures et impressions de colon.
0SWE6ATCHIE. ilivière desEtats-PnisJNeNN \ork).
atil. du Saint-Laurent à Ogdensburgh ; ^2'2o kil. de long.
OSWEGO. Rivière des Etats-Unis (New York), affl.
du lac Ontario, formé par le Seueca et l'Oneida, long de
36 kil. Il fournit une grande force motrice à cause de ses
chutes voisines du lac. — Le canal Osiuego (61 kil.)
uail le lac Ontario au canal livïè, près de Syracuse.
OSWEGO. Ville des Etats-Lnis, l'une des deux capi-
tales de l'Etat de New York, à l'embouchure de l'Osvvego
dans le lac Ontario; 21.8^2 hab. (en 1890). Port défendu
par le fort Ontario; grand centre commercial et indus-
triel; minoteries, brasseries, tissages, tratic de grains ei
bois du Canada.
TiiÉ i)"Oswi:<io (V. MoxAUDE).
OSWENOGANÉY. Rivière ^Irlande (V. ce mol. t. X\.
p. 9i^9).
0SWE8TRY. Villed'Angleierre (Shropsliire); 8. 496 hab.
(en1S91). Vieille église Saint-Oswald. Ateliers de che-
mins de fer.
OSWIECliVi. Ville de Galicie (V. Aiscnwrrz).
OSYRIANDIAS, i*oi légendaire d'Egypte, dont parle
Diodore, etque l'on identifie avec RamsèslL Son tombeau
décrit pai' l'historien est le l\am(sseum de Médinet Ha-
bou.
OSYRIS [Ostjris L.). Cem-e de Loraulhacées-Sanlali-
nées, dont les représentants sont des arbustes des régions
tempérées de l'aucien monde. Les tleurssonl polygames-
dioiques. 3-4-mères, isostémonées, avec des étamiiU3s op-
positipétales et un ovaire infère à placenta ceniral, libre,
portant 2-4 ovules. Le fruit est une drupe. L'espèce type,
0. alba L.. connue sous le nom vulgaire de liouvel ou
ilencl rou(fL\ est un ])etit arbrisseau à bniilles persistantes,
abondant dnns toute la région uiédilei'ranéejnie. Ses ra-
meaux flexibles serNcni à faire des balais; ses fruits
rouges, gros comme des cerises, possèdent ujie saveur
désagréable et ont été euqdoyés coiinue astringents.
O'SZŒNY. Mlle de Hongrie, comitat de Comorn, sur le
Danube; 2.700 hab. (-"est l'anfi(jue Brcgelium.
OTA. Corn, du dép, de la Corse, arr. d'Ajaccio, canl,
de Piana ; L v^'i \n\h.
OTAGE (Or. internat.). C'otc'iae eA une sorot<^ ((u"oii
donne à des emiemib ou à des allic-s pour Lexeiution d'un
ngagement. en l'euietlant e]i!)'(> leui's uiaijis une ou j)lu- |
sieurs pei'Munies. On appelle aussi otages les personnes
ainsi livrées. Ces personnes sont des prisonniers d'une es-
pèce [)arliculière. libres sur parole dans le lieu qui leiu'
est assigné comme résidence, mais pouvant y être retemis
jusqu'à ce que l'engagement ait été exécuté. Une fois cette
condition accomplie, les otages doivent être remis en
liberté, alors même ({ue d'autres contestations seraient
encore pendantes entre les deux Etats. Si l'engagement
n'est pas exécuté, les otages peuvent être traités comme
prisonniers de guerre. Lorsqu'un Etat se saisit lui-même
de certaines personnes pour en faire des otages, il est tenu
de pourvoir à leurs besoins et de les traiter selon leur
rang. Dans la guerre de 1870, les Allemands ont fréquem-
mejit l'ecouru à ces prises d'otages et oblige des citoyens
JU)tablesà monter sur les locomotives de trains contre les-
(piels ils redoutaient des attaques à l'aide de substances
explosibles. Cet acte, manifestement contraire au principe
général en vertu du({uel des pcrsoiuies inoffensives doivent
être laissées en deboj's des faits de guerre, a été présenté
par certains publicistes de valeur comme étant, au con-
ti'aire. une mesure ])rêservatrice. en ce qu'il était de na-
ture à prévenir, et avait prévenu, en fait, descatastrojdies
qui se seraient traduites pouj' t(uit le pays environnant en
cruelles repj'êsailles. Dans la guei're, qui est le triomphe
de la foj'ce sur le droit, il est souvent difficile de démêler
ce (|ui est, en défuiitive, le plus conforme aux h)is de l'iiu-
maniléet de la justice. — Dans les pays orientaux, c'est un
usage tr'ès général pour les souverains de se faire remettre,
par leurs vassaux ou par les adversaires vaincus, des
princes de bnu' famille ou grajuls personnages, otages
garants de leur fidélité. Les Romains appliquèrent souvent
ce système et en profitèrent pour faire élever dans leurs
idées les jeunes princes (pi'ils détenaient. Cet exemple a
été fréquemment imité. lù^nest Lkiir.
OTARIE. Zooroon:. — Genre de Mammifères de Tordre
des Pinnipèdes (V. ce mot), type de la famille des Ota-
riidœ (\\(i présente les caractères suivants : pattes posté-
rieures dirigées en avant, lorsque l'animal est à terre, et
lui permettant de soulever le corps au-dessus du sol pen-
dant la marche. Oreille externe bien développée, mais pe-
tite. Le crâne présente des apophyses j)ost-orbitaires et
w\\ canal alisphénoide; l'angle de la mandibule inférieure
est saillant et infléchi en dedans. Les faces plantaires et
palmaii'es des membres sont luies. Les testicules sont sus-
pendus dans un scrotum externe distinct. La plupart de
ces caractères, notamment la position des membres pos-
térieurs et la présence d'une conque auditive, sont en
opposition avec ceux que présentent les Phoques (V. ce
nu)t). La denlition présente la formule suivante :
L ^, C. T, Pm. 7, M. i~-- X 2 z= 34 ou 36 dents.
2'
Les molaires uniradiculées ont, d'une façon générale, la
forme d'un cône porté sur une base plus large avec un lé-
ger étranglement qui figure un tubercule antérieur et un
tubercule postérieur très peu distincts ; les deux premières
incisives sont petites, à deux tubercules seulement ; la troi-
sième est grande, caniniforme; les canines sont grandes,
coniques, sans étranglement basilaire. Les dents de lait
(pii précèdent les seconde, troisième et quatrième prémo-
laires, tombent peu de jours après la naissance; la der-
nière molaire supérieure n'est quelquefois présente que
d'un seul coté. Le cou est très long et gros, les membres
aniérieurs étant placés vers le milieu de la longueur to-
tale; ce caractèi'e est surtout accusé chez les mâles qui
atteignent une taille j»)'es(jue double de celle des femelles,
La peau des pieds déj)asse de beaucoup les ongles, et forme
aux pattes postérieures des nageoires lobées; les ongles
sont petits, prescpie rudimentaires, surtout le premier et
le cinquième : le plus développé est le troisième ou mé-
dian du. pied postérieur, qui est allongé, comprime et re-
courbé, et dont Tanimal se sert pour se gratter.
Les Otaries, vulgairement appelées Lions de nier ou
m\ —
OTARIE
Ours marhis, ont une physionomie ])ien ditiérontode colle
lies Phoques. Lorsqu'ils sonl à terre, ils sont beaucoup plus
agiles que ceux-ci, pouvant soulever leur corps à l'aide
des quatre membres repliés sous le ventre : leur démarche
est un court galop qui leur permet de progresser par bonds
sur les rochers, mais ne peut se prolonger longtemps sans
fatigue. Dans la mer, ils nagent et plongent avec la plus
grande facilité. Le pelage, qui seul est visible extérieure-
ment, consiste en longs poils lisses et couchés (iarres) {\ui
recouvrent tout le corps et lui donnent, de loin, l'appa-
rence d'une peau nue, suriout lorsque l'animal est dans
l'eau ou vient d'en sortir ; mais ce poil grossier recouvre
un duvet tin, dense et soyeux (bourre), rappelant le pe-
lage de la Loutre, et qui donne seul du prix à cette four-
rure lorsqu'elle a subi une préparation convenable. Celte
peau est doublée d'une couche de graisse plus ou moins
épaisse, suivant l'époque de l'année où l'on observe l'am"-
mal, et qui donne au long cou des mâles l'énorme déve-
loppement qui leur a valu des marins le nom de taureaux.
Lette graisse est plus abondante en hiver, et c'est pour se
la procurer, avec la fourrure qui la recouvre, que, de ton!
temps, l'homme sauvage ou civilisé a été poussé à se livrer
avec ardeur à la chasse ou à la pèche des Otaries.
Le grand genre Otarie a été subdivisé en plusieurs
gemmes fondés sur des caractères assez peu importants
pour qu'on puisse les considérer comme de simples sous-
genres {Otaria, Eumetopias et Arcfocephalus), qui com-
prennent en tout 10 ou 12 espèces, dont deux ou trois sont
mal connues ou douteuses. Leur distribution géographique,
qui contraste avec celle des Phoques, sera exposée, plus
en détail, au mot Pinnipèdes. Il suffira de dire ici que ce
type est manifestement originaire du pôle Sud, mais qu'un
petit nombre d'espèces ont pénétré dans le N. du Paci-
fique et s'y sont installées, changeant le sens de leurs mi-
grations annuelles. On n'en trouve pas dans l'Atlantique
auN. du Rio de Janeiro. Toutes habitent les régions froides
ou tempérées de leur hémisphère, se rapprochant en hiver
de l'équateur mais sans jamais l'atteindre, passant l'été,
qui est la saison de la reproduction, sur les îles et les
terres désertes voisines des cercles polaires arctique et an-
tarctique. Dans l'hémisphère Nord, les Otaries ne dépassent
pas la mer de Rehring : on n'en trouve pas dans l'océan
Glacial arctique. La distribution de chaque espèce est ren-
fermée dans des limites étroites, et les migrations se font
toujours suivant une route déterminée par la direction des
courants marins favorables ou contraires. Sept à huit
espèces habitent l'hémisphère austral; trois seulement le
Nord-Pacifique. Les espèces bien connues sont les sui-
vantes : Otaria julfata (Forster) se reproduit sur les
terres antarctiques et les îles voisines (Terre des Etats, etc.)
et même plus au nord sur les cotes de la Terre de Feu,
de la Patagonie et aux îles Falkland, mais toujours sur hs
récifs en avant de la côte, jamais sur le continent lui-
même. En hiver, elle remonte sur la côte orientale de
l'Amérique jusqu'à l'embouchure du Rio de la Plata, sur
la côte occidentale jusqu'au Pérou et aux îles Gallapagos.
La couleur rousse du pelage du mâle lui a valu le nom de
Lion marin; les femelles et lesjeunes sont d'un gris foncé.
C'est une des espèces dont la chasse a été le plus pro-
ductive, surtout au siècle dernier et au commencement
de celui-ci. V Eumetopias 5if^//^ri (Lesson), dont le mâle
est aussi de très grande taille, représente le Lion raarin
dans le N. du Pacifique : il se reproduit aux îles Aléou-
tiennes et aux îles Prybilov, dans la mer de Rehring, et
va passer l'hiver sur les côtes du Japon d'une part, de
l'autre sur celles de la Californie , notamment aux îles
Farallones ; c'est le « Lion marin » de Choris. Le YmIo-
phiis californianus (Lesson) est une espèce plus petite
qui habite également les îles des côtes de Californie, de
San Diego et de l'île de Saint-Nicolas au golfe de San
Francisco ; on la trouve aussi aux îles Santa-Rarbara, Très
Marias et Cedros. Dans l'hémisphère austral, elle est re-
présentée par le Zaloplius lohains (Gray), des rotes de
la Nouvelle-Zélande et de l'/vustralie. l.o l^horarrtos floo-
keri est une espèce voisine (jui habite les îles /vuckland,
plus au S. Dans le genre Arctorephatiis, l'espèce la
mieux connue est l'A. ursinus (Lmnè), du Nord-Pacifique,
Otnrios (Je Calironiie (Eiimi'lopmsSU'llcrl), mâle et femelle.
rOuRS MARIN des voyageurs, très commun, autrefois du
moins, aux îles Prybilov, qui étaient son principal centre
de reproduction. La couleur est d'un gris noirâtre, et le
cou du mâle est aussi très gros, mais moins allongé que
celui de ï Eumetopias Stetleri. On le trouve aussi à File
Rehring et aux îles Aléoutiennes, et sa migration d'hiver
le fait se disperser sur les côtes du Japon, de la Califor-
nie, des îles San Renito et Cedros. VArctocepliatus aus~
traits (Zimmermann) le représente dans l'hémisphère aus-
tral, s'étendant des Terres Antarctiques, de la Terre de
Feu et des îles Falkland où il se reproduit, au Rio de Ja-
neiro, au Chili, aux iles Juan l^'ernandez et Masafuera et
à l'archipel des Gallapagos oii il se montre en hiver. Des
espèces moins bien connues sont : V.brf. gazetla (Pe-
ters), de l'île Kerguelen; l'A. gracilis (Nehring) du Sud-
Pacifique; VA. Eorsteri (Lesson) delà Nouvelle-Zélande,
des îles Auckland et des côtes d'Australie, dont une va-
riété (.1. eleijans Peters) se trouve aux îles Saint-Paul et
d'Amsterdam. Une dernière espèce (A. antarcticns Thun-
herg) se montre sur les côtes de l'Afrique australe, près
de la colonie du Cap, et se reproduit aux îles Cro/et ou
peut-être plus au S. encore. Plusieurs de ces espèces sont en
voie d'extinction en raison de la chasse acharnée qu'on leui' a
laite pour se procurer leurs peaux, leur huile et leur graisse.
L'espèce dont les mœurs ont été le mieux étudiées
est V Artoceptiatus nrsimis des îles Prybilov, où il re-
vient chaque année par milliers pour se reproduire au
printemps. Les rochers qui servent de lieux de rendez-
^ous à l'espèce depuis des siècles sont désignés sous le
nom anglais de « rookeries » ou repaires. Les vieux
mâles, « bulls » ou taureaux arrivent les premiers, presque
à date fixe, à la fin de mai ou dans les premiers jours de
juin, suivant que la saison est plus ou moins pré(oce.
Chacun d'eux choisit sa place sur le rivage : c'est un es-
pace d'en^iron 30 m. q. qu'il défend avec ardeur contre
l'envahissement de ses voisins, les plus courageux et les
plus forts s'emparant des points les plus rapprochés du
bord. Les femelles arrivent quelques jours après : les
mâles vont au-de^ant d'elles jusqu'à la mer et les con-
duisent à la place qu'ils ont choisie, se formant ainsi un
véritable harem (\\û comprend de huit à douze et jusqu'à
quinze femelles sur lesquelles ils veillent avec un soin ja-
loux, engageant de sanglants combats, dont leur peau
garde longtemps les traces, pour la possession de ces fe-
melles ; celles-ci restent passives pendant la lutte, mal-
gré les bousculades qu'elles l'ecoivent des comliattants. se
OTAR[E — OTFRID
062 —
soumettent docilement à la loi du vainqueur. Peu après,
les femelles qui sont arrivées déjà pleines, mettent bas un
seul petit, qui naît couvert d'un duvet laineux et ne va à
la mer qu'au bout d'une quinzaine, lorstjue ce pî'emier
pelage est tombé : la mère est l'orcée do l'y li-aîner de
torce, mais en quelques jours le jeune devient aussi bu-
bile qu'elle à nager et à plonger. Immédiatement après,
les mâles se livrent à la reproduction et ils le font avec
tant d'ardeur qu'ils maigrissent rapidement, d'autant plus
que pendant les trois mois que dure la saison ils ne quit-
tent pas leur rocher pour aller à la mer, et ne prennent
aucune nourriture ; de telle sorte qu'arrivés gros et gras
au printemps, ils sont réduits à l'état de véritables sque-
lettes lorsqu'à l'automne ils quittent le repaire pour se
diriger vers le Sud. L'aspect de ces repaires peuplés
d'Otaries a été rendu d'une façon très exacte par Choris,
sur l'une des planches de son Voijdge pilloresqiie au-
lour du inonde. Dès le milieu de septembre le repaire
est abandonné.
Pendant que les mâles âgés de cinq ans et plus occu-
pent ainsi les rookeries, entourés de leurs femelles ayant
chacune un nourrisson, les jeunes mâles âgés de deux à
quatre ans mènent une vie errante, allant de la mer au
rivage et cherchant à se rapprocher des femelles, conti-
nuellement pourchassés par les vieux taureaux qui font
bonne garde. Ce n'est 'que dans la mer qu'ils arrivent à
s'accoupler avec elles. Ces jeunes mâles sont désignés par
les Anglo-Américains sous le nom de ba^'liehns (céliba-
taires), et ce sont eux qui fournissent presque exclusive-
ment les peaux que Ton trouve dans le commerce. ïai
effet, depuis que les îles Prybilov ont été ac(iuises de la
Kussie par les Etats-Unis, avec le territoire d'Alaska, la
chasse des Otaries a été réglementée par le gouvernement
do Washington, dans le but d'éviter la destruction com-
plète de cette station, auti-elois si productive. xVprès en-
(piête, il a été décidé que les vieux mâles {buUs ou tau-
reaux) installés sur les rookeries, les femelles et les petits
seraient scrupuleusement respectés : les jeunes mâles de
trois et quatre ans sont les seuls qu'il soit permis d'abattre,
et cette opération peut se faire sans incjuiéter les ani-
maux installés sur les rookeries, les bachelors se tenant
en dehors et à distance du lieu de la reproduction. Mal-
gré ces restrictions, les derniers rapports annuels pubhés
par les agents chargés de la surveillance aux îles Prybi-
lov, constatent que le nombre des Otaries présentes sur
les rookeries diminue chaque année dans une proportion
inquiétante, et il a fallu prendre des mesures eiicore plus
sévères pour parer à leur extermination.
Cette chasse est des plus simples et des plus faciles,
ranimai étant absolument sans défense en face de l'homme
et ne cherchant même pas à fuir. Les barheJors sont as-
sommés à coups de bâton. Immédiatement après on les dé-
pouille, et pour un ouvrier exercé, cette opération n'exige
pas plus de quatre à cinq minutes, malgré la taille de
l'animal.
La chasse de VKumelopias Sielleri, qui se trouve aux
îles Aléoutiennes, se fait d'une façon différente et qui ne
manque pas de pittoresque. Pour s'épargner les trans-
ports, les Aléoutes cherchent à conduire les Otaries vi-
vantes jusque dans leurs villages, "et voici comment ils
procèdent : la bande des chasseurs se glisse sans faire
de bruit entre la mer et les Otaries. A un signal donné
tous se jettent sur les animaux effrayés et les rabattent
dans la direction voulue. L'arme dont ils se servent est
des plus singulières : c'est un vulgaire parapluie {|u'ils
ouvrent avec fracas. Avant que ce produit de la civilisa-
tion eût été importé dans ces îles, on se servait de dra-
peaux agités au bout d'un long bâton. On forme ainsi de
longues colonnes d'Otaries qui, pressées par la frayeur et
se poussant mutuellemen(, galopent pendant quelque* mi-
nutes sur leurs courtes pattes, puis tondront épuisées. On
les laisse reposer, puis la mano'uvre du parapluie alter-
nativement ouvert et fermé recommence, et la coloime,
mugissant et bêlant, reprend sa marche. Il faut souvent
plusieuis jours pour atteindre le village. Lorsque les
malheureux animaux sont tous réunis sur la place prin-
cipale, on les assomme et on les dépouille. Toutes les
parties de l'animal sont utilisées : j)eau, graisse et chair.
La fouiTure d'Otarie, comme nous Pavons dit, subit,
avant d'être mise dans le commerce, une pj'épacation c|ui
j modifie son apparence. Au moyen d'un instrument tran-
chant faisant office de rasoir, on enlève 1(mte la partie
des j(u res, ou longs poils, qui dépasse la bourre ou du-
vet. On obtient ainsi une fourrure très moelleuse, très
fournie et très chaude, (pie l'on désigne en anglais sous
le nom de « sealskin », en français sous le nom' impropre
de « loutre de mer » et qui sert principalement à doubler
les pardessus d'hiver (V. Pixxipèdes). L. Trouessart.
J^riiL : J -A. Allk^. H /ydori/ <jfNorUt AmorlccinPlnni-
'pcds, ]SSO (av(Mi i!i! apiM'cu do toiilos Icv; espèces eoiiiuies).
OTAVALO. Ville de la République de l'Equateur, pro-
AÏnce et au pied du volcan d'imbahura (1.060 m.) à
"-l.lyil m. d'alt. ; 8.000 bal). Tissus, (apis, pojudios. Le
tremblement de (erre de 1<S()8 y lit périr 6.000 per-
sonnes.
^ OTCHAKOV. Viile de Russie, gouv. deKherson, district
d'Odessa, port sur la mer Noire et sur le limandu Dniepr
(à PE.) ; 40.78i hab. (1897). Au temps dTïérodote Pem-
j)lacement de la ville était occupé par la fortei'esse des
îirecs r.\lek{or et te (euq)!(; de i)em(^(ei'. Otchakov, qui
était autrefois un centre important appailenant aux Turcs
(forteresse de Kara-Kermen, construite en li(>2), fut
annexée à la Russie en 1791, au traité de Lissi. Com-
merce de blé (pi'on exporte à Odessa. Pèche,
OT-DANOM (V. R!)iLN!:o[Anthrop.]).
OTELLE (i^las.). \.os olelles n'apparaissent que dans
les armes de la maison de Comminges. Des héraldistes y
ojit vu des amandes pelées, d'autres des fers de lance.
L'explication est plus simple : les olelles, (pii sont diri-
gées vers les (piatre angles de l'écu, sont en l'éahté le
champ d'un blason d'argent sur le(|uel est posée une croix
[)at(ée de gueules. Cette croix, mal dessinée ])ar d'hdia-
biles artistes au moyeii âge. a été trop élargie aux bords
de l'écu en sorte ([ue ses pâlies se sont rejointes, donnant
ainsi iiaissance aux oîelles. V. n'A.
OTFRID ]iE WissK^î.'îonui. poète et théologien alsacien
du ix^' siècle. 11 est coniui suj'tout pour son poème sur les
i'Aangiles. l'ini des })lus anciens monuuients de la langue
franque ou tliéofisque. Xous n'av(ms prescjue pas de don-
nées sur sa\ie; elles se i-éduisent à (juehiues allusions
([u'il faul l'ccueillir dans son (puvre, et qui ])ermettent de
deviner quelques faits de son existence. 11 paraît probable
qu'il est né^ dans la Basse-Alsace. Il fit ses études à l'ab-
haye de Sainl-{]ali. où il se lia d'amitié avec Salomon,qui
devint évèque de Constance; puis à l'ulda. où il eut pour
maître Rahan Maur. 11 M, ensuite prêtre et moine dans
la riche abbaye de \\'issemi)Ourg, oi:i il remplit les fonc-
tions de notaire. On lit au bas d'une donation faite au
uionastère : Ego Olfrid scripsi et suscripsi; aWa est sans
date, naais une autre, portant la même mention, est datée
de l'an 8ol (V. Traditiones Wisseinburg, éd. Zeuss;
Spire. 18 {4). On peut inférer de rares indications histo-
l'iques (pi'Otfrid est né au commencement du ix® siècle, et
mort vers la (in du règne de Charles le Gros, environ 880.
Voici ce qui l'a amené à composer cette reuvre si i-e-
uiarquable. Le peuple franco-germanique ne comprenait
pas les hymnes latines chantées dans les églises, et conti-
nuait à cultiver les chants païens, grossiers et obscènes,
du temps d'autrefois. Otfrid veut les remplacer par des
chants chrétiens en dialecte franc. « Je romprai, écrit-il.
les nudéhces du démon ; je ferai tomber ces légendes im-
])ures. ces chansons profanes qui ne font qu'éveillei' des
idées jnondaines, qui i)lessent l'oreille (k^ gens de bien et
aitristeut le cœur. » Il veut célébrer le Chia'st dans la
langue de son peuple {TJiaz wir Kriste sungun, In
unsera Zungun). Son Liber Evangelioruin Do}}iini gra-
663
OTFKID — OTHMAN
lia theotisce co)isfnptus est ])vécëàê de dédicaces à Louis
le Germanique et à Févêque Salomon de Constance, en
vers théotisqnes, et ùLuitJjcrt, archevêque de Mayence, en
prose latine. Le poème compte 15.000 vers divisés en
strophes à l'instar des hymnes latines, (l'est une para-
phrase des évangih^s. en cinq livres ou chants, « parce
([ne nous avons cini] sens, dont (diacun nous fait com-
mettre des fanles que nous apprenons à éviter par la lec-
ture de la parole de Dieu ». Os cinq livres traitent des
sujets suivants : 1^ la Nativité et Jean-Baptiste; 2^ la
réunion des preuiiers disciples, premiers miracles ; la Doc-
trine se répand ; o^ récit des miracles éclatants qui é])ran-
lent la vieille foi des juifs ; 4^ la Passion ; o'^ la fiésurrec-
tion, l'Ascension et le Jugement. Le poème fut terminé en
868. Chaque récit est suivi d'applications : Mijslice, mo-
raliter, spiriliuiliier. Tl est doutenx que le poème ait
atteint son bnt et fut jamais devenn popnlaire. Bien que
les divers chapitres dussent former antant de chansons
distinctes, et que les vers fussent courts et faciles à rete-
nir, il est monotone ; on sent qu'il est écrit par nn moine
(pii a vécu loin du monde, par un théologien (pii prêche,
par nn savant occupé sortent de métrique et d'interpré-
tation mystique. Cependant c'est une OMivre remar([ual)le,
eu égard à son époqne. et digne de l'admiration de la
postérité. Il a réussi à discipliner cette langue barharc, et
la langue théotisque esl belle et sonore, plus pent-êtreque
l'allemand d'aujourd'hui. Otfriddoit avoir laissé aussi des
lettres, un recueil de poésies et deux volumes de sermons.
Mais il ne reste de tout cela que quelques fragments de
sermons, conservés à la bibliothèque de Vienne, qui pos-
sède aussi le manuscrit le plus complet du livre ilesEvan-
giles ; deux autres manuscrils se trouvent à lîeidelberg et
à Munich. (^h. Pfknoeh.
Biui.rA^dn\Viv\AiA)tfridsEv3n(jelienl)iich,h''\yAvi.-.\\\[rL)-
duction liiBturi(|iiO(>t texte; Paderborn, 1878. 2" partie : glos-
saire et grammaire \ Fribcun\a-~eu-Brifegau et Tui)iiiiiue,188l
La !•■« partie contient en 2o pages une bibliographie très
complète. — Loui-s Spaoii. archiviste clu de}), du Bas-Khin,
le Moine Otfrïd et Vabh-dije de ^¥issembou^g an ix« siècle
(Mémoire lu en séance geiiérale de la Société pour la con-
servation des monuments hist. de l'Alsace, le !•''' déc. 1861).
dans Nouveaux méhinçies d'histoire et de critique litté-
rnire: Strasbourg, p}). 125-119.
OTHAIN. Rivière du dép. de la Meuse (V. ce mot,
t. XXIII, p. SM).
OTHE (Pays d'). Région naturelle de la France for-
mant un massif crétacé compris entre la vallée de la Seine,
à LE. et au N., depuis Bar-sur-Seine jusque vers Monte-
reau, celle de l'Yonne au S.-O. depuis Auxerre jusqu'à
son embouchure, et celles de l'Armançon et de l'Armance
au S. Llle s'étend par conséquent sur les dép. de l'Aube
et de l'Yonne (Y. les notices départementales). Le pays
d'Othe, dont le principal centre d'habitation est Aix-en-
Othe (Aube), n'a jamais formé une circonscription ecclé-
siastique, féodale ou administrative.
BiisL. : E. CnANTRioT, Monofjraphie dit pays d'Othe,
dans les Annales de géographie' du 15 juil. 1895.
OTHE. Gom. du dép. de Meurthe-et-Moselle, arr. de
Briey, cant. do Longuyon ; 64 hab.
OTHÉE. Localité de Belgique, prov. et arr. de Liège,
à 42 kil. de Liège ; 4.600 hab. Stat. du chem. de fer de
Tongres à Fexhe. Exploitations agricoles.
Histoire. — Les Liégeois, révoltée" contre Jean de Ba-
vière, dit Jean sans Pitié, subirent une sanglante défaite
à Othée le 22 sept, 1408. Ils furent écrasés par les troupes
que Jean sans Peur, duc de Bourgogne, avait amenées
au secours du prince-évéque ; tous les privilèges de la
cité rebelle furent anéantis.
OTHELLO. ï. Légende. — Maure au service de
Yenise qui, marié à la patricienne Desdemona, la tua par
jalousie. Ce récit, mis en œuvre par Shakespeare, a été
emprunté par lui à la nouvelle des Ecntommiti de
Giraldi Cintio (4504-1573).
[L YiTicuLTURE. Hybride ternaire obtenu en Amérique
parles croisements des V. vinifera, V. Labriisca et llipa-
ria. Du fait de sa très grande sensibilité aux maladies
cryptogamiques, il n'a été que peu cultivé dans son pays
d'origine. En France, au début de la reconstitution du
vignoble, il s'est propagé avec ime étonnante rapidité, sé-
duisant les viticulteurs par l'abondance de ses récoltes et
sa maturité précoce. Mais après quelques années d'études,
on s'aperçut vite de sa faible résistance au phylloxéra, de
sa destruction facile et rapide dans les terrains secs, lé-
gers et pauvres des régions chaudes. Aussi on l'aban-
donna avec autant d'empressement qu'on en avait mis à
l'employer. D'ailleurs, la qualité inférieure de ses pro-
duits, feur arrière-goût foxé, leur vinification difficile,
justifient pleinement' cet abandon. On doit, toutefois, re-
connaître à ce cépage une certaine résistance à la chlorose
qu'il tient de son ancêtre, le Vitis vinifera. Malgré cela,
à l'heure actuelle, il doit être abandonné.
OTHIS. Com. du dép. de Seine-et-Marne, arr. do
Meaux, cant. de Dammartin-en-Gocle ; 264 hab. Eglise
(mon. hist.) de la Renaissance.
OTHMAN, le troisième des khalifes successeurs de
Mohammed, né à ]>a Mecque vers 565, mort à Médine
en 656. On trouvera à l'art. Mohammed le récit du rôle
joué par Othman pendant la vie du prophète. Omar en
mourant (644) avait confié à six musulmans de marque
le soin de choisir son successeur. Pendant trois jours, ils
discutèrent, sans parvenir à se mettre d'accord. Chacun
d'eux, en effet, entendait faire valoir ses droits personnels
au khalifat, à l'exception cependant d'Abd errahman ibn
Aouf, qui, dès le début, avait décliné toute prétention.
Cette réserve lui assura une influence prépondérante dans
l'élection ; et ce fut enfin le candidat qu'il préférait,
Othman ibn Affan, qui fut proclamé khalife. Le choix était
très malheureux. Doué de fort peu d'énergie et en outre
affaibli par l'âge (il était presque octogénaire), Othman
se trouva en butte à la fois à Lopposition de ses concur-
rents é\incéset aux exigences pleines de convoitise de sa
propre famille, les Banou Omeyya. C'est à ces derniers
qu'il témoigna toute sa faveur, au détriment des vieux
compagnons du prophète. Il dilapida à leur profit le tré-
sor musulman, enrichi parla sage administration d'Omar,
les combla d'honneurs et choisit um'quement parmi eux
les gouverneurs des provinces. On peut considérer cette
politique d'Othman comme l'un des principaux facteurs de
la fortune future des Omeyyades et les douze années de
son khalifat comme le prélude de l'avènement au trône de
cette ambitieuse famille. En Syrie, Othman donna pleins
pouvoirs à Moawya, fils d'Abou Sofyan, le futur fonda-
teur de la dynastie omeyyade. Il nomma gouverneur de
Koufa un deuxième omeyyade, Said ben As, qui appelait
impudemment sa province « le jardin de Coraich ».
A Bassora, un autre cousin du khalife, iVbd allah ibn Amir,
remplaça dans le gouvernement le pieux Abou Mousa al
Achary. L'élévation soudaine de ces Coraïchites, croyants
médiocres, convertis tardifs et longtemps ennemis achar-
nés du prophète, fit murmurer tous les musulmans sin-
cères. Mais le mécontentement fut au comble lorsque
Othman enleva le gouvernement de l'Egypte à Amr ibn
el As qui venait de conquérir une seconde fois cette pro-
vince en repoussant une armée grecque envoyée de Cons-
tantinople et remplaça ce vaillant guerrier par Abd allah
ibn Aby Sarh, jadis proscrit par Mohammed. Enfin la ré-
daction définitive du Coran et l'imposition à toutes les
provinces d'un texte uniforme (Y. Corâx) soulevèrent
contre le khalife de nouvelles haines. Tous ceux dont les
croyances religieuses se trouvaient froissées par l'adop-
tion d'une version du livre saint, différente de celle à la-
quelle ils accordaient leur confiance, crièrent à l'abus et
à l'impiété. Les anciens compétiteurs d'Othman ne se
firent point faute d'exploiter à leur profit son impopularité :
Talha, Zoban% Ali surtout, qui, fort de son double titre
de fils adoptif du prophète et de premier converti à l'is-
lam, réclamait le khalifat comme son légitime héritage. Un
vaste complot s'organisa. Dans toutes les provinces, sauf
OTHMAN — OTIS
- 664
CJi Syrie, io peuple deinuiida Jii déposition de^ i^oiiveriienis
omeyvades. Otliman, par faiblesse de caractère, ne sut se
résoudre ni à donner complète satisfaction aux rebelles,
ni à étouffer la révolte par des mesures de rigueur.
A Koufa, oii avaient éclaté les premier's troubles, il con-
sentit à remplacer Said ben el As par Abou Mousa el
Acliary, mais il maintint partout ailleurs les gouverneurs
de son cboix. f'n 6oG, les conjurés se résolurent à mar-
clier sur Médine, et au mois de juin, le kbalife se vit assiégé
dans sa demeure i)ar des bandes menaçantes, veiuies de
Koul'a. de Bassora el <lu (liùro. Devant l'immiiiencedu dan-
ger, Otbman se laissa arraclier la destitution dlbn Aby
Sarh du gouvernement de l'Egypte. Mais à pein(* les insur-
gés avaient-ils quitté Médine, qu'il dépècba vers Fostat
un courrier, porteur d'un ordre qui contirmait Ibn Aby
Sarli dans ses pouvoirs. Or cet émissaire fut arrêté en
route par la troupe des rebelles égyptiens. Indignés de
cette ti'ahison du khalife, ils revinrent sur leurs pas, en-
trèrent dans Mé<line, prirent d'assaut la demeure d'Oth-
man et mirent à mort le vieillard sans défense. Son corps
resta trois jours privé de sépulture.
Malgré ces troubles intérieurs, le khalifat d'Othman fut
marqué au dehors par des guerres heureuses et de nou-
velles conc{uêtes. Moawya s'empara de l'île de Chypre et
imposa tribut au\ princes de l'Arménie, après les avoir
battus dans plusieurs rencontres. Une vaste expédition
fut organisée contre les possessions grecques de l'Afrique
du Nord ; Ibn Aby Sarh et Abd Allah ibn Zobair vain-
quirent à Yacouba une armée byzantine ; les tribus ber-
i)ères de la ïripolitaine furent soumises. Enfin Abd Allah
ibn Amir poursuivit dans le Khorassan le malheureux Yez-
degerd qui cherchait vainement à prolonger la lutte avec
l'aide des tribus turcomanes, et, après la mort tragique de
ce prince, les troupes musulmanes s'avancèrent victo-
rieuses jusqu'à rOxus. W. Mârçais.
]^)iBL. : Wkii.. Geschichte der CJiaUfen; Manheim et
Stuttgart, 181G-G9. — Siïdillot, Histoire des Aruhes ;
l'aris^ 18ot. — Alfred vox Krf.mer. Geschichte der herr-
schenden Ideen des Islnms ; Leipzig-. tSO'l
OTHMAN, sultans turcs (V. Osman).
OTHO (Valentinus), mathématicien allemand, né pro-
bablement à Magdebourg vers 1350, mort à Heidelberg
vers 1600. Il vint en ia7o à Wittemberg s'offrir à Rheticus
pour l'aider dans ses travaux, hérita l'année suivante de
ses papiers, notaunnent du manuscrit inachevé de sa tri-
gonométrie avec tables, qu'il termina et chercha à publier.
Après avoii' é.;houé auprès de l'empereur Rodolphe II,
dont le prédécesseur lui avait promis son appui, il revint
à Wittemberg, oii il obtint une chaire de mathématiques ;
mais, comprouds avec Peucer comme calviniste, il dut se
réfugier auprès de l'électeur palatin Frédéric IV, grâce
auquel il put enthi éditer, en 1596. l'important Oy;?/^/;^//^/-
liiuun de Inangnlis, (iGeonj. Joach. Wietiro cœptiun,
a 1.. Valentino Olhone conmmmaluui. A sa mort, on
retrouva dans ses papiers le manuscrit original des ?ie,vo-
lufiones de Copernic, et la grande Table dans laquelle
Rheticus avait calculé avec 15 décimales les sinus des arcs
de iiy^ en iO''. Cette Table (pie Otho, par une singulière
erreur de mémoire, croyait avoir laissée à Wittemberg,
fut complétée et publiée en 1613 par Pitiscus, sous le
titre de TJiesannis Diathematicus. T.
OTHOMI, OTOMl ou HAÏTHIOU. Peuple mexicain qui,
après de longs déplacements, se fixa, vers le début du
XV*- siècle, dans la région de Tezcuco, occupant les hautes
terres au N. de Mexico, juscju'au pays des Huaxtecs
et des Totonaques au N.-E. Des colonies mexicaines plus
civilisées émadlaient ce territoire. Les Othomi se sont
perpétués et on en compte environ 700.000 répartis en
diverses tribus : Serrano, Majahna, Pamo, lona et Mec.
Leur langue est très particulière ; leur numération va de
5 en 5 et de 20 en 20.
P.ii:l. : Naxkra. (/^^ Liiujjiu 0/,/(om//o)'H*n ; Philadelphie,
l^,^>. — l*icc()LO.\nM. Gminnndini ; liome, ISJl. — Vw
Mi'i.i.KR, S/:);7(r/(\s-/.ssP/(,';r//,'(/7 : N'ieiiiie. 18,s>
OTHON (Marcus-Salvius Otho). empereur romain (69),
né en 32, mort à Brixellum le 15 avr. 69. D'une vieille
famille étrusque de Eerentinum, son grand-père M, Salvius,
protégé par Livie, devint sénateur; son père Lucius Salvius,
favori de Tibère, fut consul suppléant en 33 et proconsul
d'Afrique; son frère aîné, Lucius Salvius Otho Titianus,
fut consul en 52, proconsul en Asie (63), consul encore
avec son cadet quand il devint empereur, et épargné par
Vitellius. — Othon était un homme de taille moyenne,
d'allure efféminée, portant perruque, compagnon de plaisirs
de Néron qui, devenu amoureux de sa femme Poppée, l'en-
voya gouvernei' en Lusitanie oii il demeura dix ans. Il
fut des premiers à proclamer Galba empereur, et revint
avec lui à Rome, mais le voyant désigner pour son suc-
cesseur Pison, alors qu'il espérait cette succession, il
conspira contre Galba. Salué empereur par les prétoriens,
il fit arracher l'effigie de Galba qui fut tué par un soldat.
Le soir même, le sénat jura fidélité à Othon. Celui-ci fut
indulgent pour ses ennemis et satisfit le peuple par la
mort de Tigellinus, favori de Néron. Il fut reconnu en
Afrique et Mauritanie, en Espagne et par les légions de
Pannonie, Dalmatie et Mésie, d'Egypte, de Palestine, de
Syrie ; mais k l'instigation de Valens, celles de Germanie
avaient proclamé empereur leur général Vitellius avant la
mort de Galba. Le reste de la Gaule se prononça pour
celui-ci. Othon lui proposa une transaction, mais on ne
put s'entendre. Othon quitta Rome le 14 mars pour aller
à la rencontre de l'ennemi ; lui-même marchait à pied en
tête des troupes ; ses habiles lieutenants défirent à plu-
sieurs reprises Csecina, l'un des généraux de Vitellius ;
quand il eut opéré sa jonction avec l'autre, Valens, ils
conseillaient d'attendre l'arrivée des légions du Danube ;
Othon insista pour en finir de suite. Son armée, commandée
par son frère, fut complètement défaite à Bédriac, au bord
du Po ; bien qu'il eut encore des forces considérables, il
ne voulut pas prolonger la lutte et se suicida. Il fut en-
seveli à Brixellum. A. -M. B.
OTHON. Empereurs, princes et personnages allemands
(V. Otton).
OTHON I EL (V. Juge, t. XXI, p. 245).
OTHRYS. Montagne de la Grèce (Y. ce mot, t. XIX,
p. 274).
OTIDIDÉS (Zool.) (Y. OuiARmO.
OTIORHYNCHUS. I. Entomologie. — Genre d'Insectes
Coléoptères, de la famille des Curculionides, établi pai*
Germar (///.v. Spec, 1821, p. 313). Ce sont desinsectesde
petite taille, de couleurs peu brillantes et dépourvus d'ailes.
On les rencontre sur les plantes, les chemins ou sous les
pierres. Certaines espèces sont nuisibles à l'agriculture.
Le genre comprend plus de 400 espèces appartenant sur-
tout à ri]in'ope, à l'Asie et à la région méditerranéenne.
L'espèce la plus commune est VO. Ligustici L. ou Bé-
care, long de 12 à 15 millim., noir, recouvert d'écaillés
d'un gris terreux ; cet insecte est nuisible aux plantations
de pêchers, dans les environs de Paris.
IL YrncuLTuaE. — Plusieurs espèces de ce genre de Cur
culionides, et, en particulier, les OHorhynchm ligustici,
sulcaliis, picipes, commettent, à l'état d'insectes parfaits,
des ravages assez considérables dans nos vignobles. Dès
les premiers jours de printemps, lorsque les bourgeons
commencent à grandir, et même lorsque les premières
feuilles se sont épanouies, ils grimpent pendant la nuit
sur les souches et là se mettent en devoir de ronger bour-
geons et jeunes feuilles. A l'aube, ils descendent et vont
se dissimuler sous les mottes, sous les pierres qui existent
à la surface du sol. C'est là que, pendant la journée, le
vigneron qui veut les détruire doit les chercher. On peut
aussi leur faire la chasse de grand matin, en se servant
de l'entonnoir échancré employé pour la destruction de
l'Eumolpede la vigne. Le crapaud comnmn(Bufo vulga-
ris) s'en montre très friand et,'peut devenir un auxiliaire utile.
OTIS (George-Alexander), chirurgien américain, né à
Boston le 1 2 nov. 1 830. mort à Washington le 23 févr . 1 88 1 .
-~ 665 —
OTiS --- OTITE
Kecii docteur à Philadelphie en 1851, il vint à Paris
suivre les leçons de Nélaton, de Malgaigne, etc., et ac-
quit les premières notions de chirurgie militaire en voyant
soigner les blessés du coup d'Ktat. Lors de la guerre de
la sécession, il prit du service dans l'armée et à la fin de
la guerre, en 1865, fut chargé d'écrire l'histoire chirur-
gicale de la campagne. Après plusieurs rapports publiés
dans les Circiilars du Surgeon f/eneml, il mit au jour en
1870 et 1876 les deux volumes de son remarquable :Snr-
(jical History of the war of rébellion, véritable monu-
ment élevé à la science chirurgicale. A l'époque de sa
mort, il était chirurgien de l'armée, avec le grade de
major. ' D'' L. Hn.
OTITE. On donne le nom d'otite à l'inflammation de
l'oreille. On divise les otites, suivant la partie anatomique
atteinte, en otites externe, moyenne et interne.
OriTE EXTERNE. — C'est l'inflammation du conduit au-
ditif externe, la peau y étant riche en glandes sudoripares
et sébacées; on y observe la furonculose (V. Orkille,
SS Pathologie) due aux staphylocoques. L'otite externe
survient à la suite de la dentition, de lièvres éruptives,
de grattages dans l'eczéma de l'oreille ; on a oîjservé une
otite parasitaire due à un genre d'Aspergillus.
prrrE moyenne aiguë. — Causes. Elle est due au
froid, à des manœuvres chirurgicales maladroites pour
extraire un corps étranger, à une douche nasale mal faite,
à un tamponnement septique des fosses nasales; mais
c'est surtout une complication fréquente des fièvres érup-
tives : rougeole et scarlatine, de la grippe, de la fièvre
typhoïde; le catarrhe aigu des premières voies respira-
toires, la pharyngite, l'amygdalite, les tumeurs adénoïdes
propagent leur inflammation à la trompe, et l'infection
microbienne gagne l'oreille moyenne : tel est le méca-
nisme de la maladie.
Symptômes. La caractéristique, c'est la formation ra-
pide dans la caisse d'un exsudât qui devient promptement
purulent ; la douleur est déchirante, atroce, c'est le signe
dominant ; c'est souvent la nuit qu'elle débute : un enfant
atteint de rougeole, par exemple, se réveille en poussant
des cris ; il pleure, porte la main à l'oreille ; il y a des
exacerbations et des moments de répit, la face est conges-
tionnée, la peau chaude ; il peut y avoir des convulsions,
des phénomènes de méningisme avec délire ; la situation
paraît inquiétante ; si, à ce moment, on examine l'oreille,
ce qui est indispensable, on peut voir la membrane rou-
geâtre et Texsudat faisant voussure ; le plus souvent, on
ne regarde pas, on donne des calmants et au bout de deux
ou trois jours, subitement la détente s'opère ; un grand
bien-être succède à la douleur, le malade sent son oreille
humide : c'est le tympan qui s'est crevé sous la pression
de l'épanchement.
Si l'on examine l'oreille après la perforation, on voit
au milieu d'un magma muco-purulent un point brillant
isochrome au pouls : c'est le pertuis par oii s'écoule l'ex-
sudat. En même temps, il y a une surdité passagère plus
ou moins marquée.
Complications. C'est une aifection relativement bénigne
qui guérit dans l'immense majorité des cas sans laisser de
traces, surtout si on a appliqué rapidement une thérapeu-
tique éclairée ; cependant, chez l'enfant, en raison de la
tissure de la voiîte de la caisse à travers laquelle passe la
dure-mère, il peut survenir des complications cérébrales.
Variétés. L'otite de la grippe donne lieu à une otor-
rhée abondante et à de fréquentes complications mastoï-
diennes. Sept fois sur dix, dans la rougeole, il y a de
l'otite, qui n'a que trop souvent des conséquences graves,
souvent méconnue, car elle est insidieuse ; l'écoulement
est très abondant et détruit, parfois rapidement, l'appareil
transmetteur ; les deux oreilles pouvant être prises simul-
tanément ou consécutivement, il s'ensuit, outre le danger
immédiat et toujours possible de méningite, d'abcès céré-
braux, une surdité tardive pouvant compromettre plus
tard la vie sociale des petits malades et même amener la
surdi-mutité (V. Sludité), car loul enfant atteint de
surdité totale avant huit ans devient muet.
Diagnostic. Il est facile, si l'on se donne la peine de
regarder les oreilles ; on ne confondra pas avec une mé-
ningite commençante.
Traitement. Pour être très ettlcace, il doit être rapide
et opportun. D'abord et avant tout, étant prévenu des
maladies qui se compliquent d'otites, on les évitera sou-
vent avec [un peu de soin ; il faut soigner les coryzas,
faire l'antisepsie des fosses nasales, du rhino-pharynx par
des lavages et badigeonnages antiseptiques ; on arrêtera
ainsi la propagation de l'inflammation microbienne jusqu'à
la trompe, et, par conséquent, on évitera l'otite. L'otite
déclarée avant la suppuration, il faut calmer les douleurs
par des bains chauds d'oreilles avec de la cocaïne et de
la glycérine phéniquée tiède ; si les douleurs persistent,
appliquer une vessie de glace sur la région mastoïdienne :
chaleur intus, froid extra, telle est la clef du traitement
abortif des otites aiguës (Lermoyez).
Si, au bout de quarante-huit heures, il n'y a pas d'amé-
lioration, il faut, sans hésiter, faire la ponction du tympan
pour donner issue au pus; car il y m\ parfois de la vie du
malade; elle se fait au moyen d'un bistouri étroit spécial,
c'est la paracentèse du tympan. 7\près, le malade est
très soulagé, la cicatrisation s'opv^re avec une rapidité
inconcevable; s'il survenait des signes de rétention, il
faudrait ne pas hésiter à recommencer cette petite opé-
ration : c'est une question vitale ; car chez l'enfant, mé-
ningisme devient bien vite méningite.
Otite syphilitique. Les accidents primitifs (chancre de
l'amygdale, chancre de la trompe dû à une sonde infec-
tée), les accidents secondaires (plaques muqueuses pha-
ryngiennes), les accidents tertiaires (gommes du pharynx)
peuvent amener des otites.
Otite catarrhale aiguë. C'est une afl'ection saison-
nière, propagation d'angine et de pharyngite dans les prin-
temps humides et chez les prédisposés (enfants atteints de
végétations adénoules).
Symptômes. Sensation de plénitude de l'oreille avec
douleurs lancinantes augmentant par la déglutition, la
mastication, obstruction de la trompe, d'oîi surdité.
Le pronostic en est bénin, sauf chez les scrofuleux où
elle peut récidiver et s'installer chroniquement.
Traitement. Il consiste à faire l'antisepsie rigoureuse
du pharynx, et cathétérisme de la trompe d'Eustacbe avec
douches d'air.
Otite moyenne chronique. — Toute otite aiguë pourra
devenir chronique si elle a été mal soignée ou si elle
se développe sur un terrain favorable (scrofule, tuber-
culose, syphilis, adénoïdiens) ; en général, les deux oreilles
sont prises.
Symptômes. Presque toujours indolores. Les malades
consultent parce qu'ils ont une diminution de l'ouïe, des
bourdonnements ; les altérations de l'oreille peuvent porter
sur toutes ses parties : appareil transmetteur, caisse, osse-
lets, tympan. En examinant, on voit une membrane terne,
sans triangle lumineux ; il peut y avoir une perforation ,
le tympan peut paraître normal et le malade être très
sourd : c'est qu'alors il y a lésions graves des osselets et
de la caisse. Toute compression intra-labyrinthique donne
lieu à des vertiges.
Pronostic. Est très variable ; c'est la douche d'air, le
diapason qui renseignera sur le degré de l'acuité audi-
tive.
Otite moyenne chronique sèche. Sclérose tympanique.
— Elle débute d'emblée et marche fatalement à la sur-
dité. Elle s'observe surtout chez l'adulte, chez les arthri-
ti([ues, les goutteux. Aucune affection n'est plus hérédi-
taire, on voit des enfants devenir sourds au même âge
que leurs parents. L'otite scléreuse est caractérisée par
des fausses membranes dans la caisse, de l'ankylose des
osselets. Le tympan est épaissi, scléreux.
Symptômes. I.es malades se plaignent d'une surdité
OT[TE — OTTAWA
— 666 —
progressive qu'aucun traitement n'améliore ; mais ce ([ui
les gène le plus, ce sont les bruits qu'ils entendent et qui,
parfois, leur donnent des idées do suicide. La marche de
la sclérose de ToreiRe est mallieureusement progressive,
mais la surdité complète peut mettre jusqu'à vingt ans
pour s'installer. On s'efforcera de sup}>rimer les f)ruits
(opérations sur les osselets, massage du tympan).
Othr pciujLENTF, ( nuo^iQUE. Otorrïiér. — (Vcst dc
tous les processus morbides qui envahissent l'oreille celui
qui, localement, fait le plus de ravages. L'otorrhéc a tou-
jours pour point dc départ une otite moyenne aiguë ; on
l'observe à tout âge ; mais, mèm.e chez Fadulte, dans
l'immense majorité des cas, elle date de l'enfance. La
cause en est dans le traitement nul ou défectueux ([ui a
été fait au moment de l'otite aiguë. Llle ne devrait pour
ainsi dire pas exister ; malhem'eusement, c'est un préjugé
funeste qui fait croire à bien des gens qu'un écoulement
d'oreilles peut être négligé et même qu'on doit le respec-
ter I Tandis qu'au contraire on devrait se pénétrer de
cette idée que tout écoulemeiit d'oreille bien traité dès le
début doit guérir rapidement. Tout écoulement d'oreille
négligé, indépendamment des difficultés (ju'il crée à la vie
sociale, peut entraîner la mort par a])cès cérébraux ou
méningites. L"otorrhée s'observe surtout chez les prédis-
posés scrofuleux, tuberculeux ; l'examen local doit tou-
jours être précédé d'un lavage abondant de l'oreille, on
voit alors le tympan avec sa ou ses perforations. Selon
l'ancienneté de la maladie, les lésions destructives sont
variables; il peut y avoir carie, perte des osselets, fongo-
sités dans la caisse, excroissances polypiformes, corps
étrangers.
Les malades consultent parce que leur oreille coule par-
fois avec une abondance extrême ou d'une façon insigni-
tiante et il y a des arrêts pendant des jours, des mois ;
puis l'écoulement reprend ; le pus jaunâtre est inodore ou
très fétide ; il peut s'écouler également par la trompe
dans le pharynx et donner lieu à des troubles digestifs.
En général, la surdité n'est pas complète, et les malades
ne se plaignent pas de bruits et bourdonnements. La
marche de la maladie est très variable ; elle dépend du
terrain du traitement ; chez les tuberculeux, elle s'éter-
nise. Toute personne dont l'oreille suppure est toujours
sous la menace de complications graves du coté du cer-
veau et des méninges; il faut se méfier lorsqu'un écoule-
ment s'arrête brus(piement et qu'il survient de la fièvre,
maux de tête, délire et coma, l'intervention chirurgicale
doit: être immédiate.
Traitement. C'est par une antisepsie rigoureuse du
conduit, des soins minutieux qu'on peut arriver à tarir
l'écoulement et même à guérir l'otorrhée.
Complications mastoïdiennes. L'apophyse mastoïde,
constituée par une quantité de petits pertuis osseux com-
muniquant avec l'oreille, est envahie par la suppuration
assez souvent ; il n'est pas rare chez l'enfant qu'un abcès
du conduit vienne s'ouvrir spontanément dans la couche
sous-cutanée mastoidienne. Dans les abcès intra-mastoi-
diens, le conduit auditif est indemne, la caisse seule est
atteinte ; ils s'annoncent par une exacerbation, de la
fièvre, un empâtement de la région mastoïdienne avec dis-
parition du sillon rétro-auriculaire'et une douleur vive qu'on
provoque en pressant l'apoi^hyse. Il y a insomnie, agita-
tion, parfois délire et coma ; la marche est lente, le pus
se fait jour au dehors, c'est l'issue heureuse, ou dans le
crâne, c'est la mort. Il faut donc intervenir ni trop tôt,
ni trop tard. On fait la trépanation de l'apophyse mas-
toïde : c'est une des opérations les plus délicates et les
plus graves de la chirurgie auriculaire. En résumé, les
otites sont des complications de beaucoup de maladies
infectieuses, surtout les éruptives ; elles ne doivent leur
gravité qu'à ce qu'elles sont souvent méconnues ou dédai-
gnées, comme de peu de conséquence ; cependant, le voi-
sinage du cerveau fait que malheureusement les com-
plications intra-craniennes mortelles ne sont que trop
fréquentes alors que des soins opportuns au début auraient
guéri la maladie. D^' L. Pixel Maisonneuve.
P)iHL. : IIi:rmi;t, Leçons sur les iHcihidies des oreilles,
1^92. — CAsri;x. Muladies du lurijnx, du nez, des oreilles,
1^1>8.— fj^RMOYi-z. T m itement d'urgence de l'otite moyenne
dKjiu"', d'dusi Presse laédicide^ févr 1897.
OTLEY. Ville d'Angleterre, comté d'York (West Ri-
dhig), sur le Wbarfe ; 7.838 hab. (en 1891). Pape-
teries, fabriques de matériel d'imprimerie et de reliure,
imprimeries.
OTMAR (vSaiut), premier abbé de Saint-GaU, mort dans
Tiu. de Werd. près de Stein,le IG nov. 7^)9. C'est en 7"20
(fu'il fut nommé abbé de l'abbaye de Saint-Gall. Tl pré-
para la future grandeur de cette maison. En 747
ou 748, il remplaça la règle de (^olomban par celle de
Saint-Benoît; avec lui commence la prépondérance des
Alamans, des moines nationaux, sur les Celtes immigrés.
Il ajouta à l'abbaye des hospices, et y fonda probablement
une école. Pépin, qu'il avait invité, le protégeait. Les dons,
les legs affluaient. Les seigneurs en devinrent jaloux. Les
comtes Warin et Ruodhart ayant mis les mains sur quel-
([ues livres de l'abbaye, Otmar allait se plaindi^e auprès
de Pépin, quand les comtes l'enlevèrent. Dès la fin du
ix^ siècle, Otmar est considéré comme le patron de l'abbaye
qu'il avait renouvelée.
OTOCÉPHALE (Térat.) (V. Cyclopir et Monstre).
OTOCÉPHALIENS (Térat.) (V. Monstre).
OTOCYON (V. Chien, t. XI, p. ^2).
OTO MACOS. Indiens du Venezuela, sur le moyen Oré-
uoque, entre la Meta et l'Apuré, parents des Guaranis,
eux-mêmes mangeurs de terre.
OTOMI (Mexique) (V. Otiio.mi).
OTO IV! Y S (Zool.) (V. GERmixE).
OTOPLASTIE. L'otoplastie est une opération dont le
but est la restauration de l'oreille soit sectionnée (coup
de sabre, supplices) ou détruite par une maladie. Cette
opération était fréquente dans l'antiquité oii le supplice
de l'amputation des oreilles était très usité. Elle réussit
si l'oreille sectionnée est immédiatement réappliquéo;
quant à la restauration symplastique (à la suite d'ulcé-
rations destructives), elle se fait par glissement ou par la
méthode itahenne et par greffes; elle est rare et donne
peu de résultats. \Y L. Pixel Maisonneuve.
OTOZAIVIITES (Paléont. végét.) (V. Cycâdacées [Pa-
léont.], t. Xm, p. 632).
OTRANTE. (grec, 'ToooO"; ; latin, Hydruntum).
Ville dTtalie, prov. de Lecce, à 5 kil. N. du cap
d'Otraute. pointe extrême de l'ItaHe, vers l'E., au bord
du canal d'Otranfe, large de 72 kil., entre l'Albanie et
l'Italie, qui unit les mers Ionienne et Adriatique. La pro-
vince dc Lecce, (pii forme la presqu'île représentant le talon
de la botte italienne, s'appelait jadis Terre d'OIranle. —
La ville a 2.000 hab. ; elle est le siège d'un archevêché.
Sa cathédrale, détruite par les Turcs et restaurée, ren-
ferme une crypte. Château, restes de fortifications. Pê-
cheries. — Ancienne colonie grecque, elle fut l'un des
lieux de passage d'ItaUe en Grèce, supplantant Brin-
disi à partir du iv^ siècle ap.. J.-C. Les Byzantins la con-
servèrent jusqu'au xi^. Elle fut détruite par les Turcs,
en 1480; ceux-ci furent repoussé en 1537. Napoléon
nomma, en 1810, Fouché duc d'Otrante.
OTRICOLL Ville d'Italie, prov. de Pérouse, près du
Tibre; 1.000 hab. C'est l'antique Ocriculum. Les ruines
romaines (temples, tombeaux, aqueducs) ont fourni au
musée du Vatican {Sala rotonda), un célèbre buste de
Zeus et une belle mosaïque. Ya\ 1799, les Français y défi-
rent les Napohtains.
0TTAKRIN6. Faubourg de Vienne (V. ce mot).
OTTANGE (OEttingen)'. Corn, de la Lorraine allemande,
cercle de Thionville,' cant. de Cattenom ; 1.800 hab,
Forges et hauts fourneaux.
OTTAWA. Grande rivière du Canada, un des affluents
les plus importants du Saint-Laurent. Elle naît à 48° 30'
— ()(i7 —
OTTAWA — OTTO
de lat. N., coule à Ï\L, traversant une série de petits
lacs (tels que le lac Mijczonaja et le lac des Quî]r/.e), passe
dans le grand lac Temiscamingue, situé à 186 m. au-des-
sus de la mer, tourne ensuite vers le S.--0., forme la
frontière entre la province d'Ontario et celle de Qu-'-becet
se jette dans le Saint- Laurent par deux bras, l'un au-
dessus de Montréal, l'autre à l)o kil. plus loin. L'Ottawa
a tantôt la dimension d'un lac, tantôt celle d'un (leuve
étranglé par des rocliers et rendu non navigable par des
chutes puissantes (telles que celles de Carillon et de Chau-
dière, près de la ville d'Ottawa). Il est navigable jusqu'à
la ville qui porte son nom. Son débit est de 8.700 m. c.
par seconde; son bassin comprend 207.000 kil. q. ; cou-
vert de forets d'une abondante végétation, il fournit de
colossales quantités de bois de construction.
OTTAWA. Nom de plusieurs villes d'Amérique.
i^ Capitale de la confédération canadienne connue sous
le nom de Dominion, ville de la province d'Ontario, située
à l'embouchure du Rideau, dans l'Ottawa. Le Rideau la
divise en haute et basse ville ; son pont suspendu, ses cas-
cades, une vue panoramique sur la vallée ont contribué à
sa réputation. Le parlement fédéral, énorme édifice de
style gothique qui date de 1860, construit sur le plateau
de Rarrack Hill, domine l'Ottawa de 45 m. de haut ;
parmi les monuments, on peut signaler l'Université (400
étudiants), une cathédrale catholique de Notre-Dame, un
musée, l'imprimerie royale, etc. Le gouverneur général
du Canada habite Ottaw^a, qui compte 44.454 hab. Evcchés
catholique et anglican. La puissance des chutes d'eau du
Rideau a fait d'Ottawa le siège du commerce de bois du
(Canada ; l'importation dépasse 2 millions de dollars et
l'exportation 3.800.000 dollars. Ottawa a été fondée en
1823 par le colonel Ry, constructeur du canal Ry, qui en
a fait une grande ville industrielle et commerciale ; jus-
qu'en 4854, elle s'est appelée Rytown et n'est devenue
qu'en 1858 capitale du Dominion.
2*^ Ville de l'Etat d'illinois, ch.-l. du comté de La Salle,
en aval du continent du Fox et de l'îllinois : 10.000 haï),
environ. Ville riche, située dans une contrée fertile. Rouille
abondante. Les industries importantes sont celles des voi-
lures, verreries, amidonneries, instruments aratoires.
Commerce total annuel évalué à 75 millions. Dans un
beau parc, sur l'autre rive de l'îllinois, on trouve des
sources minérales.
3"^ Ville de l'Etat de Kansas, ch.-l. du comté de Franklin,
sur rOsage, affluent du bas Missouri ; 6.250 hab. Pays
agricole et fertile. Université de 300 étudiants. Ph. R.
OTTAWA. Tribu indienne de l'Amérique du Nord, de
la famille des Algonquins, parents des Odchibwa ; établis
autrefois dans le bassin de rOtta\va, ils sont maintenant
parqués dans le Michigan (au nombre de 1.000 environ)
et sur le territoire indien (137 âmes).
OTTEj archéologue allemand, né à Rerlin le 24 mars
1808, mort cà Merseburg le 12 août 1890. R fut pasteur
àFrœhden (1858-78). Comme archéologue, on lui doit :
Handbiich der kirchlichen Kiinstarcliœologie des deiit-
schen Mittelalters (5« éd. Leipzig, 1883-85, 2 vol.) ;
Archœologisches Wœrterbuch (mm. éd., 1883);
Glockenkunde (nouv. éd., 1884) ; GescJi. der roma-
nischen Baiikunst in Dentschiaiid (1861-74) ; nouv.
éd., 1885).
BiBL. : J. SciLMiDT, Zur Erhmerum,' an IL Otte ; ITalle.
1891.
OTTERAN. Cours d'eau en Norvège, sur la frontière du
Thelemark. R traverse le Soterdal, où il forme plusieurs
lacs. Son cours inférieur porte le nom de Torrisdalself
et se jette dans le Skager-Rak, près de Christianssand. Lon-
gueur: 226 kil. 11 est canalisé sur une partie de son cours
et parcouru par des bateaux à vapeur.
0TTERBER6. Ville de Ravière, prov. du Palatinat
rhénan, au N. de Kaiserslautern ; 2.684 hab. (en 1895).
Ruines d'un château. Eghse paroissiale de 1144 et belle
église romane de l'ancienne abbave cistercienne.
OTTERY-Sâint-Mâkv. Ville d'Angleterre, à l'E. du
comté de Devon ; 3.855 hab. (en 1891). Relie église go-
thique. Dentelles.
OTTIN (Auguste-Louis-lMai'ie), sculpteur fran^^ais, né
à Paris le 1 1 nov. LSli, mort à Paris le S déc. 1800.
Elève de David d'Angers, prix de Rome (1836). Son chef-
d'ieuvre est le groupe Pohjphènne surprenant Acis et
Galatce (E. U., 1855), qui décore ta fontaine Médicis
au jardin du Luxembourg (Paris) ; on y voit aussi son
Fdune et sa Cliasseresse.li a fait pour "le palais de Flo-
rence une cheminée monumentale, de nombreux bustes,
une statue de Napoléon Ilf (marbre, 1863), F Amour et
Psyché ('1863), la Lutte moderne (bronze, 1868), etc.
bTTMARSHEIIYl {Otlimaresliaim, 881). Corn, de la
Haute-Alsace, cant. de Rabsheim, arr. de Mulhouse, sur la
ligne de chem. de fer de Mulhouse à Mullheim; 790 hab.
Au commencement du xi^ siècle, le comte Rodolphe d'Al-
tenbourg fonda à Ottmarsheim un couvent de bénédictins
et une église (}ui furent consacrés par le ])ape Léon ÏX.
Cette église, que Schoeptlin et d'autres savants considé-
raient comme un temple païen de l'époque gallo-romaine,
est une reproduction en petit de la chapelle carolingienne
(pii occupe le centre de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle.
C'est un monument de forme octogonale à deux étages,
surmonté d'une coupole. Au xv^ siècle on a ajouté au côté
septentrional de l'octogone un cho'ur en style gothique.
BiBL. : ScHNAASE, Dio KiTche zu Ottmarslieim, dans
Kiinstblatt, 1813. pp. 101 et 8uiv. — J. Burckiiardt, Die
Kirche zu Otlmarsheim; Bàle, 1814. —A. Schulte. Klo-
ster Ottmarsheim; Imisbruck, 18S(),
OTTO, empereurs (V. Otton).
OTTO (Adolph-Wilhelm), anatomiste allemand, né à
Oreifswald le 3 août 1786, mort à Breslau le 14 janv.
1845. 11 devint en 1811 professeur d'anatomie àRreslau,
puis directeur de l'Institut d'anatomie et du Muséum d'his-
toire natureUe de cette ville. Il a exécuté de nombreuses
})ièces relatives à Fanatomie normale et pathologique et à
la tératologie. Son grand Allas d'anatomie et de phy-
siologie, publié de 18 16 à 1821 àRreslau, in-4. se trouve
dans toutes les bibliothèques. Citons encore de lui : IVr-
i-eiclutiss der anal. Pràparalensaminlung des Kgl.
Anato})ue-lnstiliiles zu Breslau (\]ves]'à\i, 1826 ; autres
éd., 1827; 1830-33; 1838-11); LeJirb. der pallwlo-
(jischen Analomie des Menschen und der Tliiere, t. I
(Berhn, 1830; éd. anglaise, 1831). I)^' L. Rx.
OTTO (Johann-Karl-Theodor, chevaHer), (héologien pro-
testant allemand, né à léna le 4 oct. 1 816. Professeur d'his-
toire ecclésiastique à léna (1848), puis à Vienne (1851-
77). Son principal ouvrage est le Corpus Apologetarum
Christianorum saumli serundi {\h\^, 1842-72, 9 vol..
dont les 5 premiers consacrés à Justin Martyr).
OTTO CoLONNA (V. Martin V, pape).
OTTO DE Freisinc, historien allemand, mort le 21 sept
1158. Troisième fds du margrave Léopold IV d'Autriche
et d'Agnès, fille de l'empereur Henri IV, il fit ses études
à Paris, se fixa à l'abbaye de Morimond (Rourgogne)
(1130) dont il devint abbé (1132), fut nommé évêque de
Freising (1137), où il réforma les mœurs ecclésiastiques,
accompagna Conrad II dans sa croisade (1147-19), mou-
rut au cours d'un voyage à Morimond. Il a rédigé, de
1143 à 1146, un traité de philosophie en huit livres :
de duabus civitatibus (cité divine et cité humaine), bien
rédigé et bien écrit, ({ui forme une intéressante chronique.
Elle fut continuée jusqu'en 1209 par Otto de Saint-Ê la-
sien {'[ 1223), abbé du monastère de Saint-Rlasien, dans
la Forèt-Noire. Otto de Freising est aussi Fauteur des
Gesta Friderici i))iperatoris (jusqu'en 1156), continués
par son disciple Ragewin. Ses œuvres ont été éditées par
Cuspinian (Strasbourg, 1515) et récemment par Wilmami,
au t. XX des Monumenta de Pertz (1867). A. -M. R.
BiiJL. : Etudes de Huber (Munich. 1817) et Grotefend
(Hanovre, 1870).
OTTO DE GuERicKE (V. Guericke) .
OTTO Glaubrecht (V. OEser [R.-L.).
OTTO — OTTOKAH
(J68
OTTO-Petehs (LouihC), IcmuK^ de Jeltres uilemande,
née à Meisseii le 26 mars 1819, morte à Leipzig le i 3 mars
1895. Elle s'est occupée surtout de la question fémi-
nine, eL 1849-52, publia un journal intitulé Frauen-
%eitung fiir hœhere weibliche Interessen. En 1838,
elle épousa Técrivain August Peters (dont le pseudonyme
était Elfried von Taura) et publia avec lui jusqu'à sa
mort (1861) : la Mitfeldeuisrhe Voïks.zeifungAln 1865.
elle fonda FAssociation générale des femmes allemandes
dont elle rédigea, avec Auguste Schmidt, à Leipzig, jus-
([u'à sa mort, le journal iV^^ut? Bahnen (depuis 1866).'
En 1890, elle fit paraître Das ente Vierteljahrhunderf
des allgemeinen deiitschen Frauenvereins (Leipzig). De
ses nombreux romans, nouvelles, etc., ou peut citer un
recueil qu'elle forma elle-même, intitulé Me in Lebens-
qanq ; Gedichte ans fiinfer Jahrxehnten (Leipzig,
1893). Ph. B.
OTTOBEUREN. Ville de Bavière, prov. de Souabe,
sur la Gunz occidentale, à 645 m.d'alt.; 1.904 hab. (en
1895). Ancienne abbaye bénédictine impériale sécularisée
en 1802 et attribuée à la Bavière avec ses 206 kil. q.
L'église attire de nombreux pèlerins.
OTTOBONI (Pietro) (V. Alexandre VlIT).
OTTOKAR !«'• Przemysl, roi de Bohème (1198-1230).
Fils de Vladislav II, il reçut de l'empereur Henri VI le
duché de Bohême (1192). S'étant associé à la révolte des
princes de l'Allemagne du Nord, il fut déposé et remplacé
par son cousin, Henri Bretislav, évèque de Prague
(1193), et, après la mort de celui-ci, par son propre frère.
Vladislav Henri (1197). Mais il s'entendit avec celui-ci
pour lui laisser le margraviat de Moravie à titre de tief
de la Bohême et, ayant soutenu l'empereur Philippe de
Souabe, en obtint le titre de roi (1198) et une autono-
mie presque totale. Il se brouilla avec lui et fut alors re-
connu par le pape Innocent IV (1203) et l'anticésarOtton
de Brunswick. En 1212, il prit parti pour Frédéric IL
OTTOKAR II Przemysl, roi de Bohême (1253-78), né
vers 1230, tué à Din^nkrut le 26 août 1278. Fils du roi
Vacslav P^ (Wenceslas), il lui disputa la couronne à l'ins-
tigation de l'empereur Frédéric II et le contraignit même
à abdiquer (mars 1249), mais le pape annula le traité et
Ottokar, assiégé dans Prague, se soumit (août 1249). Le
duché d'Autriche étant vacant par l'extinction de la maison
de Babenberg (1246), Ottokar fut élu duc par les Etats
(21 nov. 12ol) qui sentaient le besoin d'un prince capable
de mettre fin à l'anarchie. Il se consoHda avec l'appui du
pape et épousa la vieille Marguerite de Babenberg, fille
du duc Luitpold Vï et veuve du roi Henri VII, fils de Fré-
déric II, laquelle avait plus du double de son âge (11 fésr.
1252). La mort de son père le laissa maître de la Bohème
et de la Moravie. Le duc de Bavière Otton, qui voulait
s'emparer de la Haute- Autriche, avait été battu par les
Bohémiens et contraint à la paix par Ottokar (21 mai 1251).
Son fils, élu duc par les Etats de Styrie, invoqua l'aide du
roi Bêla IV de Hongrie. Celui-ci, qui se réclamait des droits
de Gertrude, nièce et plus proche héritière du dernier duc
d'Autriche, Frédéric le Belliqueux, mariée à son petit-fils,
Boman de Beussen, occupa la Styrie pour son compte et
envahit l'Autriche. Ottokar, à qui la mort de son père
venait de laisser la couronne de Bohême (22 sept. 1253)
résista victorieusement. Le pape, qui souhaitait le partage
de l'Autriche entre les nouveaux royaumes de Bohême et
de Hongrie qu'il voulait agrandir aux dépens de l'Alle-
magne, s'entremit. Innocent IV, qui conduisit habilement
tous ces événements, fit conclure la paix à Ofen (Pâques,
1254). La frontière fut placée au Semmering et à la ligne
de partage des eaux. Bêla acquiérant la vallée de la Mur.
c.-à-d. la Styrie presque entière.
Ottokar avait dû ses succès à l'alliance du pape. Il
s'agissait maintenant d'organiser son grand Etat slave. Il
y déploya une remarquable intelligence. Son idée fut de
créer des villes et une bourgeoisie ; il y procéda méthodi-
quement, avec le concours de colons. Les zupans ou cbà-
lelains, chefs politiques et militaires des districts, formaient
un pouvoir sans contrepoids et tendaient à émietter le
royaume en se rendant héréditaires. Ottokar divisa ces
circonscriptions, confiant les nouveaux postes à de petites
gens, hmitant la juridiction des tribunaux locaux en les
subordonnant à celui de Prague. Ce fut l'origine du droit
bohémien. Dans chaque cercle, le roi cbargea trois nobles
et trois clievaliers de la police. Les villes nouvelles, peu-
plées de colons, principalement de l'Allemagne saxonne et
des Pays-Bas, dépendirent immédiatement du roi ; la plu-
part reçurent des chartes combinant les droits romain,
slave et allemand ; ce nouveau droit municipal bohémien
resta en vigueur jusqu'au xviii^ siècle. L'industrie, l'exploi-
tation minière prirent un grand essor.
Fidèle à l'alliance pontificale, Ottokar prit une part
prépondérante à la grande croisade de 1254-55 contre
les païens de Prusse, en faveur des Chevaliers teutoniques.
Sous sa direction, 60.000 hommes s'assemblèrent, à Noël,
à Breslau ; le Samland fut conquis, le bois sacré de Pomone
occupé, les idoles abattues, le peuple baptisé. La ville,
fondée au lieu qu'il marqua sur la Pregeî, reçut en son
honneur le nom de Kœnigsberg. Après la grande insur-
rection de 1260, qui mit en grand péril l'extension alle-
mande sur la Baltique, Ottokar entreprit une seconde croi-
sade à l'appel du pape Clément IV (1267-68). — Dans
l'intervalle, il profitait de l'anarchie du saint-empire pour
s'agrandir. Lors de la diète de 1257 où furent élus empe-
reurs Bichard de Cornouailles et Alphonse de Castille, il
négocia avec les deux prétendants. Une attaque sur la
Bavière, sous prétexte de soutenir l'évèque de Passau.
aboutit à la défaite deMuhldorf(25 août 1257). Beaucoup
plus grave fut l'intervention d 'Ottokar dans les affaires de
Salzbourg ; l'archevêque Philippe de Carinthie avait été
déposé par le pape Alexandre IV et remplacé par Llrièh
de Seckau, allié au roi de Hongrie. Ottokar aida le pre-
mier et fit le second prisonnier (1259). Ayant fortifié son
entente avec la puissante maison de Carinthie, il entreprit
de chasser les Hongrois de la Styrie où ils étaient exécrés.
La guerre éclata au printemps de 1260; les Hongrois
mirent en ligne 140.000 hommes avec leurs alliés, rois
ruthènes, ducs de Cracovie et de Lusicin, Croates, Serbes,
Bulgares, Valaques, Cumans, Turcs du Kharezm ; Ottokar
fut renforcé par le duc de Carinthie, l'archevêque de Salz-
bourg, les princes silésiens, son beau- frère le margrave
Otton de Brandebourg, Henri de Misnie. La bataille eut
lieu à Kroissenbrunn clans la plaine historique du March-
fehl (12 juil. 1260) ; les chevaliers bardés de fer de la
Bohême enfoncèrent la cavalerie légère des Hongrois, dont
le roi Etienne ûiillit périr. Le traité de Vienne (31 mai's
1261) céda la Styrie à Ottokar; le pape n'y fit pas d'objec-
tion. Le l'oi des Romains (empereur) Richard de C^or-
nouailles inféoda au roi de Bohème l'Autriche et la Styrie
(9 août 1262), lui donnant un titre régulier.
Il n'avait pas d'héritier légitime de sa femme trop âgée
et souhaitait légitimer les trois enfants de sa maîtresse,
Agnès de Kimringe. Le pape acceptait, mais sans vouloir
leur conférer de droit de succession au trône. Le divorce
eut lieu du consentement de Marguerite qui se retira à
Krems, où elle mourut en 1267 ; le pape Urbain IV le con-
firma. La nièce du roi Bêla IV de Hongrie, Cunégonde,
épousa le puissant roi de Bohême (25 oct. 1261); peu
après, Cunégonde de Brandebourg, nièce d'Ottokar, épou-
sait Bêla, fils de Bêla IV. En 1265, le roi de Bohême pla-
çait deux de ses protégés à l'évêché de Passau et à l'ar-
chevêché de Salzbourg. Une nouvelle guerre avec la Bavière
ne produisit aucun résultat (1266-67) et fut interrompue
par la croisade. L'année suivante, le vieil ami d'Ottokar,
le duc Ulrich de Carinthie, faisait en sa faveur, à Podiebrad,
un testament l'instituant son héritier (4 déc. 1268), au
mépris des droits de son frère Philippe de Carinthie. A la
mort d'Ulrich (27 oct. 1269), Ottokar prit possession de
la Carinthie et de la Carniole après une faible résistance
de Phihppe. dédommagé par le patriarcat d'Aquilée qiu-
m)
OTTOKAR
le pape lui retira hieiitùt. Le comte Llricli de Heimbiirg,
tidèle du roi de Bohème, épousa la veuve du duc deCarin-
thie, fille de Gertrude de Babenberg et héritière de ses
prétentions auxquelles elle renonça formellement.
Ottokar était à l'apogée de sa puissance : roi de Bohème
par la grâce de Dieu, duc d'Autriche, Styrie et Carinthie,
margrave de Moravie, seigneur de Carniole, de la Marche
wende et d'Eger. Ses adversaires de Bavière étaient divisés
pour le partage de la succession des Hohenstaufen, et le
duc Louis s'alliait à lui. Lorsque le pacifique Bêla IV
mourut, son fils Etienne V attaqua l'Autriche. Ottokar
s'empara de Presbourg, de Nyitra et, malgré un échec sur
la Leitha, le traité lui reconnut toutes ses possessions
(juil. 1271). Le duc Henri de Bavière conclut également
alliance avec lui, tandis que la mort d'Etienne ouvrait une
guerre civile en Hongrie et que le roi de Bohême s'empa-
rait de Presbourg et du pays jusqu'au Vag (1272).
La mort de Richard de Cornouailles laissant vacant le
trône impérial, les électeurs assemblés à Francfort élurent
le candidat du comte palatin, Rodolphe de Habsbourg. Ils
refusèrent le droit de vote aux envoyés du roi de Bohème
dont la voix électorale était litigieuse avec la Bavière.
Ottokar prolesta et en appela au pape. Mais Grégoire X
abandonna son protégé ; ayant obtenu l'assurance que le
nouvel empereur lui donnait toute garantie pour le patri-
moine de vSaint-Pierre, il le reconnut et invita Ottokar à
se soumettre. H n'eut pas la prudence de déférer à ce
conseil , noua des intrigues avec le roi de Sicile et les
Guelfes italiens et voulut exiger de Rodolphe la confirma-
tion préalable de toutes ses possessions. Dans les anciens
duchés autrichiens, il avait à redouter l'irritation de la
noblesse qu'il avait voulu plier à l'obéissance, il avait dé-
truit beaucoup des burgs des nobles bandits dont plusieurs
avaient été exécutés. L'adresse de son conseiller, l'évèque
Bruno d'Olmutz, avait apaisé les difficultés, mais sans sup-
primer l'antagonisme. L'évèque de Passau et l'archevêque
de Salzbourg, dévoués à Ottokar, étaient morts et avaient
été remplacés par des adversaires. Ceux-ci, auxquels se
joignit l'évèque de Ratisbonne, eurent à Haguenau une
conférence avec Rodolphe et y conclurent un pacte dirigé
contre le roi de Bohême (printemps 1274). Celui-ci res-
serra son alliance avec Henri de Bavière à l'entrevue de
Pisek (oct. 1274). La diète de Nuremberg (11 nov. 1274)
prononça que les biens impériaux occupés depuis la mort
de Frédéric H devraient être restitués à l'empereur, et le
comte palatin fut chargé d'en juger. Il assigna le roi de
Bohême à Wurzbourg, dans les neuf semaines. Ottokar
ne se présenta pas. Rodolphe donna la Carinthie, la Car-
niole et la Marche à Philippe de Carinthie, l'ancien arche-
vêque de Salzbourg, et invita les princes ecclésiastiques à
combattre la tyrannie bohémienne. A la diète d'Augsbourg,
la thèse d'Ottokar fut plaidée par l'évèque de Seckau, mais
rejetée, et l'on déclara que son refus de reconnaître le roi
élu entraînait la déchéance des fiefs autrichiens. Le bur-
grave de Nuremberg, Frédéric de Hohenzollern, vint le
sommer de les restituer. L'évèque de Ratisbonne réussit
à réconcilier les deux frères bavarois, privant Ottokar de
son plus fort appui (mai 1276) ; le duc Henri de Bavière
maria son fils Otton à Catherine, fille de Rodolphe de
Habsbourg. Les comtes de Gorica (Gœrz) et de Tirol né-
gociaient avec les nobles mécontents de Carinthie et de
Styrie; jusqu'en Bohême les nobles se révoltaient. Après
de longs préparatifs, le coup fut porté: le 24 juin 1276,
Ottokar fut mis au ban de l'i^jnpire ; l'archevêque de Salz-
bourg l'excommunia et lança des moines qui prêchaient la
révolte contre lui. Au bout de quelques mois, son adminis-
trateur M'iota fit évacuer la Styrie; le comte de Tirol
avait occupé la Carinthie, le comte de Gorica la Carniole,
Rodolphe et Henri de Bavière et les princes ecclésiastiques
de l'Allemagne du Sud marchèrent sur Vienne, le comte pa-
latin enleva Klosterneuburg, et malgré l'arrivée de Tarmee
bohémienne, Vienne capitula. Les Hongrois allaient entrer
en ligne ; les alliés de Silésie et de Brandebourg aban-
donnaient le roi de Bolième. Suivantles conseils de l'évèque
d'Olmutz, il demanda la paix et se soumit. Il renonçait
aux duchés autrichiens, ne gardant que la Bohême et la
Moravie ; les Hongrois recouvraient leurs anciennes fron-
tières. Cunégonde, sa fille, épousait Hartmann, fils de Ro-
dolphe, tandis que son fils Vacslav épousait Guta, fille de
Rodolphe, laquelle recevait en dot la partie de l'Autriche
au N. du Danube ; en cas de mort de Vacslav, cette région
serait annexée à la Bohême. Le refus de l'empereur de
la laisser occuper par Ottokar tant que le mariage n'était
pas consommé fit reprendre les hostilités. Bruno d'Olmutz
négocia encore une réconcihation. Le roi de Bohême s'em-
pressa de briser les résistances des seigneurs de son
royaume et de négocier une entente avec les princes rhé-
nans et Henri de Bavière contre Rodolphe. Le 27 juin 1278,
il entra en campagne. L'empereur fut secouru par l'arche-
vêque de Salzbourg, le comte Meinhart de Tirol et surtout
par le roi Ladislas de Hongrie. Hs concentrèrent leurs
forces dans le Marchfeld à Marchegg, tandis que l'armée
bohémienne campait au N. de la plaine historique, à Durn-
krut. La bataille eut lieu le 26 août ; Bohémiens et Hon-
grois, opposés les uns aux autres, formaient le centre des
deux armées ; Ottokar avait formé ses troupes en demi-
cercle, Rodolphe avait adopté l'ordre oblique ; l'aile gauche
impériale prit l'avantage, tandis qu'à l'aile droite l'empe-
reur était repoussé et faillit périr ; ce fut la grosse cava-
lerie allemande placée en réserve qui décida la victoire,
la cavalerie légère hongroise qui changea la retraite des
Bohémiens en déroute. Ottokar refusa de quitter le champ
de bataille et périt en brave. La chute du puissant souve-
rain produisit une immense impression. La bataille du
Marchfeld fut l'événement décisif dans la constitution de
la monarchie autrichienne des Habsbourg. On ne saurait
oublier que l'alliance des Magyars y eut un rôle prépon-
déiHjnt dans l'abaissement de la première grande monar-
chie slave de l'Europe centrale. Le souvenir du grand
Przemyslide est demeuré légendaire. Sa fameuse croisade
de Prusse, ses victoires contre les Hongrois, l'étendue de
sa domination qui allait de la Basse-Allemagne à l'Adria-
tique, sa fin héroïque frappèrent l'imagination populaire.
Les causes de son échec sont multiples. Grandi par la fa-
veur du Saint-Siège, il vit celui-ci se désintéresser com-
plètement de lui dès qu'il eut l'assurance que l'empereur
ne le contrarierait pas en Italie. Préoccupé de fonder un
véritable Etat, protecteur résolu de la bourgeoisie, fon-
dateur de villes et destructeur de châteaux, Ottokar eut
contre lui la féodahté anarchique et pillarde. Ses ambi-
tions territoriales, ^qui lui firent acquérir après l'Autriche
les duchés alpestres de Styrie et Carinthie, l'affaiblirent et
accrurent avec ses difficultés intérieures le nombre de ses
ennemis extérieurs. Du moment que le souverain légitime
fournissait à tous un prétexte de se coaliser pour une attaque
simultanée, il n'y pouvait résister. On a quelquefois pré-
senté Ottokar comme champion de la nation tchèque contre
l'Allemagne, les faits ne confirment pas cette théorie ;
c'est à des Allemands qu'il faisait appel pour développer
la civihsation, l'industrie ; ce sont des colons allemands
qui peuplaient ses villes. En revanche, il paraît bien avoir
voulu constituer un Etat territorial autonome et l'organiser
conformément aux règles qui caractérisèrent les Etats mo-
dernes de l'Europe occidentale. A. -M. B.
BiBL. : La Chronique riinéc d'Ottokar de Styrie et la Chro-
nique de Pierre de Zittau sont fort intéressantes pour l'his-
toire du roi Ottokar. --I.grrn/, Gesch. Kœnicjs Oitohurll ;
Vienne, 1866. — A. IIur.ER. Gesch. Œsterreichs ; Gotha,
1885, t. 1. — V. la bibl. do l'art. Boiiemk.
OTTOKAR iJK Styrie, dit aussi de Horneck, poète aUe-
mand de la fin du xiii^ et du commencement du xin"^ siècle. Il
fut l'auteur d'une chronique de Styrie en 88.000 vers, éditée
parPez {Scriplores rernm austriacarum, 1745, t. UI),
et SeemiiUer (Mo?<w.>^?. Gertn., au t. V des Script, qui
vernacula lingua usi siinf, 1890 et suiv.)'. Elle s'étend
de la mort de Manfred à la mort d'Henri YII, et est pré-
cieuse pour l'histoire de l\odol[)he de HaJ)sbourg, Ottokar,
OTTOKAR — OTTON — 670 —
Adolphe de Nassau, Albert l^'^ Elle fait une large place
aux récits de combats, fêtes et tournois.
BiBL. : Mêm. de Burson, pai-us de 1885 à 18U2, dans Mém.
Ac. des se. de Vienne.
OTTOMAN (Empire) (V. Turquie).
OTTON (OUo, Odo, Otho, Udo, Amlo). Nom germa-
nique signifiant propriétaire ou seigneur, qui fut porté par
un grand nombre de personnages allemands. On trouvera
ci-dessous la biographie des empereurs, des rois et de
quelques particuliers. Pour les comtes, margraves, ducs,
V. au nom de la principauté ; Bavièue, Brandubouhg,
BRU^s\vK:K, Misnie, Palatlxat, etc.
OTTON 1^^' LE Grand, roi d'Allemagne (Francs orien-
taux) (936) et d'Italie (951), puis empereur (962-73), né
le 23 nov. 912, mort k Memleben (Thuringe) le 7 mai
973. Fils du roi d'Allemagne Henri P^'et de Mathilde, sa
seconde femme, il avait été désigné par son père pour lui
succéder, mais il eut h triompher de la concurrence de
ses deux frères : Thankmar, son aine, iils de la première
femme de Henri P^\ avait été écarté parce que sa mère Ha-
theburg étant veuve et sortie du cloître pour épouser le
duc de Saxe, l'Eglise n'avait pas admis cette union et en
avait déterminé la rupture; d'autre part, ïîenri, frère ca-
det d'Otton et préféré de leur mère, alléguait que lors de
sa naissance son père était déjà roi, et cette (jualité de
« porphyrogénète » légitimait ses prétentions. Néanmoins,
Otton fut accepté peir les Francs et les Saxons, élu par
nne assemblée tenue à Aix-la-Chapelle, sacré et couroimé
roi des FYancs par l'archevêque de Mayence le 8 août 936 ;
Gislebert de Lorraine, Eberhard de Franconie, llermenin
de Souabe et Arnulf de Bavière remplirent dans la céré-
monie officielle les offices de camérier, écuyer tranchant,
échanson et connétable. Ces cérémonies et le caractère re-
ligieux de l'investiture firent précédent et renouèrent la
tradition carolingienne. Otton était un homme de stature
imposante, chevalier accompli, de sentiments pieux, très
lier et de caractère décidé, sérieux, persistant dans ses
volontés, bienveillant au peuple. Nous le verrons pardon-
ner fréquemment aux rebelles, mais il ne faut pas oublier
que c'était une nécessité de la situation et que les mœurs
du temps ne comportaient pas une sévérité inflexible.
Dès le début, Otton eut affaire à un soulèvement des
Slaves ; les Wendes furent soumis par son heutenant en
Saxe, l'énergique Hermann Billung; mais le duc Boleslav
de Bohême se rendit indépendant. Bientôt éclata une re-
doutable querelle entre les Saxons et les Francs; les pre-
miers, hers d'avoir fourni le roi, ne voulaient plus obéir
aux ducs des autres nations (Francs, Bavarois, Souabes),
même lorsqu'ils tenaient des fiefs relevant d'eux ; lesF'i'ancs,
fondateurs du royaume, s'en regardaient toujours comme
les vrais représentants. Otton poursuivit la destruction des
duchés ethniques, afin de réaliser l'unité effective de sa
monarchie. La première révolte fut celle de Thankmar et
du duc Eberhard de Franconie ; ils eurent d'abord l'avan-
tage, mais les Francs se divisèrent, Thankmar fut tué à
Eresburg au pied de l'autel (juil. 938) ; Eberhard se sou-
mit. Il reprit bientôt les armes avec le jeune Henri, frère
du roi, Gislebert de Lorraine et l'archevêque de Mayence;
malgré sa victoire de Birthen, sur le Rhin, Otton sem-
blait perdu, lorsque les ducs de F'ranconie et de Lorraine
s'étant imprudemment séparés de leur armée furent surpris
et tués à Andernach par leurs ennemis personnels (939).
Le résultat fut la dispaiition du duché de Franconie, dont
le roi garda le titre ; celui de Lorraine resta vacant en
944 par la mort du jeune iils de Gislebert. D'autre part,
Henri, après un nouveau complot contre la vie de son frère,
implora son pardon et lui demeura désormais fidèle (941).
Otton, qui s'était attaché les plus gronds seigneurs francs
en leur partageant les dépouilles du duché, et qui par la
soumission de son frère n'était plus contesté en Saxe, se
trouvait assez fort pour poursuivre son ojuvre d'unihca-
tion. En premier lieu il mit la main sur tous les duchés.
Nous avons vu disparaître le pins redoutable, celui des
F'rancs; en Bavière, le fds du duc Arnulf ayant prétendu
lui succéder de plein droit, sans l'agrément royal (janv.
938), fut battu et remplacé par son frère Berthold, tan-
dis que leur cadet Arnulf recevait avec le titre de comte
palatin une partie du pouvoir (autorité judiciaire, surveil-
lance des fiefs, domaines et revenus royaux). A la mort
de Berthold (23 déc. 9io), Otton nomma duc de Bavière
son propre frère Henri ([ui avait épousé Judith, sœur du
défunt. Le duché de Lorraine avait été l'année précédente
attribué à Conrad le Bouge (iui épousa Luitgard, fille
d'Otton. Le duc de Souabe Hermann, fidèle partisan du
roi, n'ayant pas de fds, sa iille, la belle Ida, fut mariée à
Luidolf, fils d'Otton, qui hérita du duché à la mort d'Her-
mann (10 déc. 9i8). Ainsi en quelques années les cinq
grands duchés ethni(|ues se trouvèrent réunis aux mains du
roi ou de ses proches; ajoutons que son plus jeune frère
Bruno fut nommé chancelier du royaume et archevêque
de Cologne.
L'unité de rAllomagne assurée par ces efforts, Otton et
ses lieutenants agrandirent le royaume et lui assurèrent
la prééminence en Europe. Le roi des Francs occidentaux,
Louis ly, qui lui avait disputé la Lorraine, la lui abandonne
en 942 et implore sa protection contre son redoutable vas-
sal Hugues de l'rance. Il vint prendre Beims et assiéger,
sans succès du reste. Laon et Paris, s'avançant jusqu'à
Rouen (946). Le synode d'Ingelheim eut la prétention de
régler les affaires de France (948), sans y réussir pour-
tant. — AuN., les Danois, conduits par Harald à la dejit
bleue, avaient chassé de la Marche de Slesvig les colons
allemands ; Otton la reconquit momentanément et créa
trois nouveaux évêchés au N. derEll)e, Slesvig, Ribc, Aar-
huus. L'administrateur de Saxe, Hermann Billung, dompta
les Wendes depuis l'Eider jusqu'à l'embouchure de
l'Oder. Au S., le fameux margrave Gero, qu'Otton avait
nommé en 937, par ruse et trahison autant que par la
force des armes, subjugue les Slaves de la Saale à l'Oder;
même le duc de Pologne, Mieczislav, entre dans la vassa-
lité du roi des Francs orientaux. Le christianisme est ar-
demment propagé ; aux évêchés de Mersebourg, Zeitz, Meis-
sen, Ilavelberg (946), Bi'andebourg (949) sera superposé
en 967 l'archevêché nouveau de Magdebourg. — Le duc
Boleslav de Bohème reconnaît à son tour la suzeraineté
d'Otton (juil. 930); le christianisme fut de nouveau prêché
a[ix Tchèques, un évêché suffragant de Mayence créé à
Prague; il deviendra archevêché en 973; le système féo-
dal allemand est aussi introduit sous Boleslav II (967-999).
Otton se regardait comme restaurateur du royaume
franc et s'efforçait d'imiter Charlemagne; la fête du cou-
ronnement, qui eut une si grande influence sur la tradi-
tion allemande, mar({ue dès le début ses intentions. Mais
l'a^uvre de désagrégation était si avancée qu'il ne pouvait
restaurer un pouvoir comparable à celui des grands Caro-
lingiens ; la législation générale et unitaire des capitu-
laires était tombée en désuétude; par l'immunité, une
grande partie des domaiiies ecclésiastiques ou seigneu-
riaux échappaient à la juridiction royale ; entre les comtes
et le roi s'interposaient les ducs de chacune des cinq na-
tions dont l'union formait le royaume ; ces comtes même
devenaient héréditaires; les hommes libres disparaisseaient,
et l'armée était constituée, non plus par le ban royal con-
vo(|uant directement les sujets, mais par le concours des
vassaux amenant chacun leur contingent. La fonction ju-
diciaire attira en premier lieu la préoccupation d'Otton;
il s'efforça de faire juger suivant la coutume, présidant
lui-même aux procès que, dans les cas douteux, on fai-
sait décider par le duel judiciaire. La justice est encore
publique du liant en bas de l'échelle et, conformément au
vieil usage germanique, le juge est assisté d'hommes con-
naissant la coutume et pairs des parties. — Le roi groupe
autour de lui une cour à laquelle il s'efforce de donner
beaucoup d'éclat; il voyage de l'une à l'autre de ses villas,
dont les préférées étaient celles du Harz, se montrant tour
à tour à chacun de ses peuples, célébrant en grande pompe
— 674 --
OTTON
les fêtes religieuses. Un concours de circonstances avait
mis entre ses mains tous les duchés : il s'etForce de briser
ce pouvoir territorial qui eût démembré la monarchie ;
par le choix de ducs de sa famille, il rompt le lien eth-
nique avec les peuples ; il leur adjoint des comtes pala-
tins qui seront des surveillants et des rivaux ; il se réserve
la nomination des évèques qu'avaient assumée certains
ducs, en Bavière par exemple. Yis-à-vis des comtes, il
veille soigneusement à ce que l'investiture lui soit de-
mandée, mais, en pratique, l'accorde aux héritiers natu-
rels des vassaux décédés ; l'hérédité des bénéfices et des
tiefs existe sinon en droit, du moins en fait. Le roi forcé
de ménager les privilèges des chefs de l'aristocratie laïque,
à une coalition desquels il n'eût pu résister, est conduit à
s'appu}er le plus possible sur le clergé; les largesses de
sa famille envers l'Eglise, sa piété, son zèle pour l'évan-
gélisation des païens, lui confèroit une grande autorité,
d'autant plus que la papauté est complètement abaissée,
confinée dans les querelles locales de Rome, et que le clergé
allemand, très nationaliste, accepte volontiers pour chef
son puissant protecteur; Otton nomme les évèques et les
abbés, ou, tout au moins, quand il y a élection, donne
son avis sur le choix. 11 s'efforce d'en faire des fonction-
naires pour faire contrepoids aux ducs et comtes, déta-
chant leurs domaines des districts (gau), administrés par
les comtes et n'y réservant que la juridiction du duc et
du comte palatin. Néanmoins, Otton ne parvient pas à ré-
tablir l'administration carolingienne; nous ne retrouvons
pas à sa cour cette foule de fonctionnaires et de conseil-
lers qui entouraient Gharlemagne, mais seulement quel-
ques fidèles et amis personnels auxquels se joignent les
grands voisins du lieu où il séjourne. Il n'y a plus d'as-
semblées régulières du peuple et des grands. Celles que
l'on tient encore occasionnellement sont quahfiées de con-
ciles, ])ien que l'on y traite aussi des affaires séculières
et que les seigneurs laïques y assistent à côté des évè([ues
et abbés. La principale force du roi résidant dans sa for-
tune personnelle et ses revenus régaliens, Otton s'occupe
de les grossir. Les impôts d'Etat sont représentés par les
présents exigés des grands, les tributs des peuples vas-
saux, les prestations imposées pour le service de la cour,
des envoyés royaux et de l'armée; ajoutez les droits ré-
gahens de mines, péages, marchés, monnaies, amendes et
le revenu des domaines royaux. — Otton voudrait aussi
restaurer cette culture intellectuelle qui contribue à la
gloire de Charlemagne. 11 accueille avec faveur les prêtres
anglo-saxons et irlandais fuyant devant les Normands;
lui-même a épousé une princesse anglo-saxonne, fille du
roi Edouard et sœur d'Athelstan, la pieuse Edith (930), et
lorsqu'elle meurt en 946, il apprend à lire, afin de pou-
voir lire lui-même la Bible. Son frère Bruno (9^25-966),
élevé dans les écoles de Lorraine par les soins de Baldé-
ric, évêque d'Utrecht, et devenu un dès hommes les plus
instruits de l'époque, sachant le grec, connaissant les clas-
siques, aussi bien que la littérature ecclésiastique, s'occupe
de réorganiser la discipline ecclésiastique et l'enseignement.
Otton l'a nommé archichapelain et chancelier du royaume.
Avec le concours de moines irlandais, il propage la règle de
Saint-Benoit et les mérites de la vie ascétique; il rétabht
l'école du palais, et au triAàum (grammaire, rhétorique, dia-
lectique) a soin d'ajouter le quadrivium des sciences supé-
rieures (mathématiques, géométrie, musique, astronomie) ;
de Lorraine et d'Italie il appelle des maîtres, le turbulent Ra-
therius de Vérone, l'évêque Liutprand de Crémone ; il achète
en Italie des manuscrits de classiques ; à l'école du palais,
on étudie Cicéron, Salluste, Virgile, Ilorace. Ovide.
Imitateur de Charlemagne, Otton fut conduit à suivre
jusqu'au bout son exemple, à placer sur son iront la cou-
ronne d'Itahe et à chercher à Rome la couronne impé-
riale. Il devint ainsi le fondateur du saint-empire roiuain
germanique (V. Saint-Emi'ike) dont rinfluence fut si
grande sur l'histoire du moyen âge et sur les destinées
de l'Allemagne. L'occasion, longtemps recherchée par
Otton, d'intervenir en Itahe, lui fut fournie par un appel
de la reine veuve Adélaïde. Fille du roi de Bourgogne, Ro-
dolphe II, elle avait épousé, le 27 juin 947, Lothaire,
hls d'Hugues de Provence, qui disputait la comonne dlta-
lie au champion national Bérenger d'ivrée; l'un et l'autre
en appelaient à l'empereur byzantin. La mort subite de
Lothaire (2'2 iiov. 950) permit à Bérenger de se faire
couronner à Pavie roi des Lombards avec son fils Adal-
bert (lo déc. 950). Afin d'écarter un prétendant éven-
tuel qui épouserait la veuve de Lothaire et rallierait le
parti bourguignon, Bérenger voulut la contraindre à
épouser son fils. Adélaïde, refusant, fut maltraitée, quatre
mois emprisonnée à Garda; elle s'échappa, se réfugia à
Canossa et invoqua l'assistance du roi de Germanie'. Ce-
lui-ci s'empressa de préparer une expédition, d'accord
avec son frère Henri de Bavière, dont les possessions
alpestres conlinaient à l'itahe. Son fils Luidolf, duc de
Souabe, rival de son oncle, tenta l'affaire pour son compte ;
mais son invasion hâtive, contrariée par les menées du duc
de Bavière, fut repoussée et le brouilla avec Otton. Ce-
lui-ci descendit l'Adige en sept. 951, entra sans coup
férir à Pavie oii il célébra son mariage avec Adélaïde et
prit le titre de roi des Lombards ou r-oi d'Italie. Renvoya
l'archevêque deMayence et l'évêque de Coire solliciter du
pape la couronne impériale. Mais Albéric qui depuis vingt
ans était, sous le titre de prince et sénateur, le mailre de
Rome, et y avait constitué une véritaljle principauté tem-
porelle où son dessein était de réunir aux mains de son (ils
Octavien le pouvoir temporel et spirituel, était résolu à ne
])as laisser faire d'empcreui', qui reuiettrait en question
l'autonomie romaine. 11 avait favorisé Otton contre Bé-
renger, parce (prit craignait les prétentions de ce dernier
sur Home, mais ce n'était pas pour y laisser venir le
puissant souverain de Germanie. Sa visite fut donc dé-
clinée._ Otton repassa les Alpes (févr. 952), laissant pour
administrer l'Italie son gendre Conrad de Lorraine.
A ce moment éclata une crise très grave ; son tils et
son gendre, les ducs de Souabe et de Lorraine, étaient irrités
de voir prédominer Finiluence de Henri de Bavi^Te, favo-
risée par la nouvelle reine. Conrad traita avec Bérenger,
le reconnaissant roi d'Italie s'il voulait s'avouer vassal du
roi germain ; il l'amena avec lui à Magdebourg pour ra-
tifier le pacte. Malgré l'hostihté d'Adélaïde et de Henri,
Otton dut céder ; à la diète-concile d'Augsbourg (août 952) ,
il reçut l'hommage de Bérenger et d'Adalbert et leur ren-
ditla couronne des Lombards ; toutefois, le duché de Erioul,
démembré en marches de Trente, Vérone, Aquiléc, Istrie,
fut annexé au duché de Bavière. Peu après, Luidolf de
Souabe et Conrad de Lorraine, s'entendant avec l'arche-
vêque Frédéric de Mayence, mirent le roi en demeure de
leur donner des gages et lui imposèrent cà Mayence une
convention qu'il s'empressa de déchirer quand il fut
rentré en Saxe, à Dortmund. La guerre éclata ; on vit
alors un spectacle curieux : dans chacun des duchés, le
(hic eut contre lui le parti national et se trouva le plus
faiLde sur son propre terril oire. Ce fut une confusion gé-
nérale et une guerre civile partout déchaînée. Le duc' de
Lorraine fut mis en échec par le duc Reinier de Hainaut,
frère de Gislebert, et par ses cousins rarchevêque de
Trêves, Robert, et l'évêque d'Utrecht, Balderic : Luidolf
de Souabe fut combattu par Burchard, descendant des an-
ciens ducs; mais Henri, duc de Bavière, partisan du roi,
vit se lever contre lui le comte palatin Arnulf, de l'an-
cienne famille ducale. Otton et Henri assiégèrent vaine-
ment Mayence, les nobles bavarois abandonnèrent leur
duc pour se joindre à Arnulf; le siège de Ratisbonne dut
également être levé par le roi. Il n'ait de succès qu'en
Lorraine, ou il nomma son frère Bruno archevêque de
Cologne, duc de Lorraine, archiduc de l'Occident ; celui-
ci s'entendit avec la famille de Gislebert et refoula Conrad
à droite du Rhin. L'anarchie fut mise à profit par les
Hongrois; depuis la défaite de Riade (Mersebourg) en 933,
ils n'avaient plus tenté de grande invasion ; les ducs de
OTTON
(51^2
Bavière hb tenaient en respect, Berthold notamment les
avait battus à Wells (944). En 954, ils reparurent, rava-
gèrent la Bavière et le pays jusqu'au Rhin, avec la com-
plicité des rebelles, l'archevêque Herold de Salzbourg et
Luidolf de Souabe. Cette attitude leur aliéna l'opinion;
au cours d'une nouvelle entrevue (car ces guerres étaient
coupées de pourparlers entre le roi et ses adversaires) à Lan-
genzenn, près de Nuremberg, Conrad et l'archevêque de
Mayence se soumirent ; vainqueur des autres à Horsedal,
Otton assiégea Ratisbonne, et le palatin Arnulf fut tué sous
ses murs ; Luidolf se soumit à son tour ; Conrad et lui gar-
dèrent leurs biens, mais perdirent leurs duchés ; celui de
Lorraine fut détenu par Bruno et le comte Godefroy, celui
de Souabe par Burchard II, héritier des anciens ducs, qui
épousa Hedwige, tille de Henri de Bavière. A Mayence,
l'archevêque étant mort fut remplacé par Guillaume, fils
bâtard d'Otton et d'une Wende. Le duc de Bavière s'em-
para enfin de Ratisbonne et, après une victoire décisive
sur les rebelles à Midildorf, il sévit férocement, fit crever les
yeux à l'archevêque de Salzbourg et tuer celui d'Aquilée.
Il était temps d'en finir avec TinsuiTection. car les
Hongrois reprenaient l'ofiensive; au nombre deiOO.OOO,
prétend-on. ils pénétrèrent, sous la conduite de leur chef
Pulszy, jusqu'en Souabe. et campèrent dans la plaine du
Lech, pi'ès d'Augsbourg, l)ien défendu par son évèque
Llric. Otton marcha à leur rencontre avec sa cavalerie
lourdement armée, répartie en huit corps de 1.000 che-
valiers entourés de leurs écuyers et gens de pied : trois
corps bavarois, deux souabes, un franc, un saxon, un
bohème. La bataille eut lieu le 10 août 9oo ; une attaque
des Hongrois sur les derrières fut repoussée par Conrad
et les Francs : ce fut aussi lui qui décida du succès sur le
front de bataille. La victoire fut complète ; après uncar-
luige des Hongrois, dont beaucoup périrent dans les flots
du Lech ou durant la poursuite, les prisonniers les plus
distingués furent pendus en compagnie de leur chef Pulszy.
La bataille du Lech mit un terme aux invasions magyares ;
désormais l'Allemand reprend sa marche vers TE., il
réoccupe les rives de l'Enns, de la Mur; l'évêché de
Passau évangélise les vaincus qui se fixent au sol. Peu de
mois après ce grand événement, Henri de Bavière mourut
(1«'" nov. 9o5); sous la tutelle de sa veuve Judith, son
fils Henri, âgé de quatre ans, lui succéda. Otton châtia
ensuite les Wendes qui avaient pris pai't à la grande in-
surrection de 953 et furent vainr^us dans les marais de
la Rekenitz (oct. 955) ; la tête de leur chef, Stoinef, fut
plantée sur une pique, entourée de celles de 70 de ses
guerriers ; ses conseilbn-s eurent la langue coupée et les
yeux crevés. Ainsi progressait la civilisation allemande
et chrétienne. En Lorraine, Bruno aff'aiblissait les adver-
saires par la scission de la Haute-Lorraine gouvernée par
le duc Frédéric, frère de l'évêque de Metz Adalbéron, et de
la Basse-Lorraine gouvernée par le duc Godefroy.
La domination d'Otton étant aifermie en Germanie et
dans le pays de la Meuse, il tourna de nouveau ses efforts
vers l'Italie. Bérenger n'avait pas tenu ses engagements.
A la fin de 956, sur les conseils de Bruno qui les avait
réconciliés, Otton envoya en Itahe son fils Luidolf; lui-
même était encore retenu par une campagne contre les
Slaves Redariens. Luidolf, accueilli avec joie par le parti
bourguignon, défit deux fois Bérenger, sVmpara de Pavie,
mais mourut de la fièvre près de Novare (6 sept. 957);
on ramena son corps à l'église Saint-Alban de Mayence ;
son fils Otton fut élevé par son grand-père. Bérenger
rétablit son pouvoir, mais eut l'imprudence de s'attaquer
au pape auquel il voulait enlever l'exarchat. Celui-ci
était le fils du sénateur Albéric, mort en 951; il avait
été élu en 955 et avait pris le nom de Jean XH ; sa préoc-
cupation dominante était d'établir sa domination sur
Fexarchat et la Pentapole. Rencontrant rhoï>tilité de Bé-
renger, il fit appel à Otton ; une nombreuse amJjassade,
comprenant l'archevêque de Milan, vint à Ratisbonne lui
demander de meltre un leriuo à la tyrannie de Béi'eni>er
et d'aller prendre à Rome la couronne impériale (Noël
960). Otton, qui s'était fait saluer sur le champ de ba-
taille du Lechfeld du titre d'imperator par ses soldats,
accepta avec joie. Il convoqua à Worms une diète où les
grands élurent roi des Francs orientaux son fils Otton,
âgé de sept ans (mai 961), que les trois archevêques rlié-
nans couronnèrent à Aix-la-Chapelle, et à l'automne il
franchit les Alpes avec une grande armée, laissant la ré-
gence à Bruno et à l'archevêque de Mayence. Il passa par
la vallée de l'Adige ; Bérenger, abandonné par ses troupes,
ne put résister, toutes les villes ouvrirent leurs portes,
la fête de Noël fut célébrée à Pavie, et au commencement
de 962, il entra à Rome, après s'être engagé par serment
à respecter les privilèges de l'Eglise et la personne de
son chef et à lui faire recouvrer ses possessions. H fut
solennellement accueilh sur les prés de Néron, au pied du
monte IVIario, par le peuple et la noblesse, et conduit en
grande pompe à Saint-Pierre où, après avoir prié au tom-
beau de l'apotre, il fut oint et reçut du pape la couronne
et le glaive impérial ; sa femme Adélaïde fut également
ointe et couronnée ('2 févr. 962). Otte cérémonie, (jui
comblait les vohix d'Otton, recommençant l'histoire de
Cbarleuiagne, eut sur l'histoire ultérieure de l'Allemagne
et de l'Italie, de l'Eglise catholique et de l'Europe entière
uno immense influence. Elle marque la naissance du saint-
empire romain germanique. Sa première conséquence fut
de reporter en Italie le but de raud)ition des Ottons et
d'amener la prompte extinction de leur dynastie.
L'entente entre le pape et l'empereur ne dura pas. Otton
confirma la donation de Pépin en des termes qui certai-
nement rétendaient, et son diplôme sera pour l'avenir le
titre des papes à la revendication des Etats du saint-
^iè(je^{\\ Etats DE i;Eglise, t. XVI, p. 528). Mais le Germain
se fit reconnaître le droit de disposer des dîmes levées sur
les païens, de choisir les métropolitains. Il convoqua à
Pavie un concile où il régla les affaires ecclésiastiques
d'Italie; à Rome même, les ennemis du pape mettaient en
lui leur espoir, et celui-ci comprit qu'il s'était donné un
maître. Jean XII s'entendit alors avec Bérenger, qui s'était
fortifié à San Leone, et son fils Adalbert, qui avait de-
mandé secours aux Sarrasins de Corse et de Fraxinet. Il
somma l'empereur de s'occuper de la restitution du pa-
trimoine de Saint-Pierre ; Otton se répandit en invectives
contre lui et, apprenant qu'il avait accueilli Adalbert, dé-
barqué à Civita-Vecchia, marcha sur Rome. Il y entra
sans coup férir le 2 nov. 965, et fit jurer au peuple et
aux grands de ne plus éhre désormais de pape sans le
consentement et la confirmation de l'empereur et de son
fils. H réunit le 6 nov. un synode ou figurèrent les mé-
tropolitains de Milan, Ravenne, Hambourg, 56 évêques
italiens, 2 évêques allemands, tout le clergé romain, les
chefs du peuple et de la noblesse, de la milice urbaine et
les employés du palais de Latran. Jean XII, qui s'était
enfui dans les montagnes, fut accusé de mœurs infâmes,
de meurtre, de sacrilège ; il fut deux fois sommé de com-
paraître, et enfin le ^5 déc. Otton le déclara traître et par-
jure, invitant le concile à le déposer et à lui élire un suc-
cesseur ; on obéit sans débat et l'on élut le protoscrinarius
Léon, employé laïque, qui, le lendemain, reçut tous les de-
grés de l'ordination ecclésiastique, et le surlendemain fut
sacré à Saint-Pierre et prit le nom de Léon VIII. L'em-
pereur ayant renvoyé une partie de son armée, les Ro-
mains se soulevèrent; beaucoup furent massacrés (5 janv.
964), mais dès le départ d'Otton, son protégé dut fuir,
tandis que Jean XII rentrait à Rome (26 févr. 964), où
un nouveau synode de 16 évêques, dont plusieurs avaient
pris part au précédent, annulait ses actes et l'élection
de Léon Vlll, dont les partisans furent suppliciés. Mais le
fils d'Albéric mourut d'une attaque d'apoplexie le il mui.
Les Romains élurent un nouveau pape, Benoit V. Otton ve-
nait de s'emparer de San Leone, eu finissant avec Béren-
ger qui avait du se rendre avec sa femme Willa, et avait
été exilé à Bamberg. H UKUTba de nouveau sur Piome i|ui
-^ ()7
résista d'abord, mais dut céder à la famine. Le ^3 juin,
les portes furent ouvertes; un nouveau synode fut con-
voqué ; le pape légitime Benoît V dut y comparaître re-
vêtu des ornements pontificaux et s'humilier aux pieds de
l'empereur; ramené à la condition de diacre, il fut exilé
à Hambourg où il meiui la vie la plus édifiante et mourut
l'année suivante. Otton quitta Rome le l'^^' juil. 964, et
avec le reste de son armée, décimée par une épidémie qui
tit périr le duc Godefroy de Basse-Lorraine et larchevèque
de Trêves, il acheva la soumission de la Lombardie, for-
';ant Adalbert à fuir en (lorse.
Rentré en Allemagne, il célébra la Pentecôte à Cologne
iivec son frère Bruno, leur mère Mathilde et toute sa fa-
mille. Le margrave Gero étant mort sans héi'itier, il par-
tagea son territoire entre les Irois marches du Nord (Ait-
mark) sur la Havel (pays des Lintizes et Hevelliens), de
l'Est (sur la Saale et la Mulde), de Thuringe. Peu après,
Bruno, l'archevêque de Cologne, mourut à Reims (dl oct.
965), le duché de Basse-Lorraine demeura vacant, Aix-
lu-(<hapelle fut proclamée première résidence impériale
;m N. des Alpes. Bientôt Otton dut redescendre en Italie.
Vdalbert y avait reparu en Lombardie, l'archichancelier
( hoisi par Otton, Guido d<' Modène, s'était associé à lui;
îe pape Léon VUl était mort et deux évêques venaient en
Saxe demander à l'empereur sa désignation ; il leur ad-
joignit les évoques Otger de Spire et Liutprand de Cré-
mone qui choisirent l'évêque tle Narni, lequel devint le
pape Jean XIll ; le préfet de Rome, d'accord avec une
pai'tie des barons de la campagne, et le peuple se révol-
tèrent et le maltroaitèrent. Mais apprenant que le duc Bur-
cluu'd de Souabe avait vaincu Adalbert et que l'empereur
approchait, ils s'empressèrent de rappeler Jean XIII, ré-
fugié à Capoue (nov. 966). Otton n'en sévit pas moins,
faisant pendre, décapiter, aveugler, torturer les chefs du
mouvement, déterrer même et profaner les cadavres ; les
plus heureux furent seulement exilés en Allemagne. L'em-
pereur poursuit alors la conquête de Lltalie méridionale ;
le duc lombard de Capoue et Bènévent, Pandulf Tête de
Fer, lui fait hommage et y gagne les marches de Spolèlc
et Camerino. Au concile de Ravenne (avr. 967), Otton
rend au Saint-Siège toutes les possessions qu'il a pu
avoir en Italie ; il fait confirmer la création de l'arche-
vêL'hé de Magdebourg. Il amène son fils et le fait cou-
ronner empereur à Saint-Pierre, sous le nom d'Otton II ;
il envoie en ambassade à Constantinople l'habile IJutprand
de Crémone, afin de négocier une entente contre les mu-
sulmans et de demander la main d'une princesse grecque
pour son fils ; on y consent, mais Nicéphore refuse de
céder ses provinces de ITtalie méridionale et de recon-
Jiaître le transfert do la vassalité des princes lombards
Pandulf et Landulf à l'empereur d'Occident. Les gouver-
neurs grecs d'Apulie Ijattent Pandulf qui est envoyé à
Constantinople, chargé de chaînes. Zimiscès, meurtrier et
successeur de Nicéphore, négocie j)ar l'intermédiaire de
Pandulf ; Otton évacue l'Apulie et la Calal)re et on lui
envoie la princesse impériale Theophano, fille de Romain il ;
elle est conduite en grande solennité ta Saint-Pierre où le
pape la couronne et célèbre son mariage avec Otton II
(14 avr. 972). L'empereur rentre alors en Allemagne, d'où
il était absent depuis six ans et où sont morts, en mars 968,
sa mère et son fils l'archevêque de Mayence ; il convoque
une brillante assemblée à Ingelbeim, visite ses villas du
Kliin et de sa terre juitale de Saxe, célèbre de grandes
fêtes à Ouedlinburg, ou viennent lui rendre hommage Miec-
zislav (le Pologne, Boleslav l\ de Bohême, les envoyés
d'Harald, roi de Danemark, des ambassadeurs de l'empe-
reur grec, du pape, des Russes, des! Bulgares, des Hon-
grois (mars 97o). A Mersebourg, il reçoit les ejivoyês d'un
prince arabe, puis il se l'cnd à 3lemleben ou était mort son
père et y meurt le jour sui^.ant (^ mai ')T8). Il fut enseveli
près de sa femme Edith dans régiise Saint-Maurice de Mag-
debourg. Il eut pour successeur son hls Otton IL A .-M. B.
BiHL. : Vj'niSK, Kiiiser Otlv dcr Grosse und scia Zelt iIIj r:
GIIANDE ENCYCLOPÉDIK. — XXV.
— OTTON
.eipzig, 18GT, o« éd. ~ K(Epkj<: ci Du-:.nm(,j.>, Jahrburhcr
' des Deutschen Reichs unter Otto I ; Berlin, 1838-39 2 vol
— Kœpke etDuMMLER, Kaiser Otto der Grosse : Leimi'r
187b. — Cf. la iDibl. de l'art. Allemagne. ' ~
OTTON II, dit le Roux, empereur romain allemand
(973-983), né en 9oo, mort à Rome le 7 déc. 983. Fils
d'Otton P'' et d'Adédaïde, c'était un ardent jeune homme,
petit, mais élégant, cultivé, d'humeur gaie et chevale-
resque, entreprenant, très épris de sa femme Theophano
qui le dominait par sa beauté, par sa supériorité intellec-
tuelle et son caractère. Son père l'avait fait couronner roi
des Francs en 96i, empereur en 967, de sorte que la
succession des pouvoirs se fit sans difiiculté. Cependant il
fut d'abord occupé plusieurs années à consolider son auto-
rité en Allemagne. La situation exceptionnelle faite au
duc de Bavière avait été sous Otton P^' une cause de guerres
civiles. Il en fut de même sous Otton II, mais cette fois
l'empereur fut du coté opposé. La belle Judith, fille du
prince national Anuilf et veuve du duc Henri, avait gou-
verné au nom de son fils ; par sa fille Hedwige, mariée au
duc de Souabe, Burchard II, elle menait celui-ci, de sorte
(jue toute l'Allemagne méridionale était sous l'influence
des princes bavarois; un ne\eu de Judith était évêque
d'Augsbourg, des fidèles de la maison évoques de Fres-
sing et de Passau ; le mariage du jeune duc Henri (dit le
Querelleur) avec une nièce d'Adèlaide, fille du roi de
Bourgogne Conrad, semblait fortifier encore cette situation.
Otton II entreprit de la diminuer. A la mort de Burchard
(nov. 973), il refusa de laisser le duché de Souabe à sa
veuve, la Bavaroise Hedwige, et l'attribua à son neveu
Otton, fds de Luidolf ; il nomma margrave de la Bavière
orientale, sous la suzeraineté bavaroise, un descendant de
la famille franconienne des Babenberg, qui s'y comporta
en prince indépendant. Henri le Querelleur ayant, avec
l'évêque de Fressing, les ducs de Bohème et de Pologne,
comploté le renversement de son cousin Otton II, fut
interné à Ingelbeim ; sa mère dut prendre le voile à' Ra-
tisbonne (974). Mais, tandis que l'empereur était retenu
sur la frontière danoise pour combattre Harald à la dent
bleue, puis faisait campagne en Bohême, Henri s'échap-
pait d'Ingelheim et prenait les armes. Otton H eut facile-
ment l'avantage, et à la diète de Ratisbonne il le déclara
déchu de son duché. Celui-ci fut amoindri; la Carinthie
et Vérone formèrent un margraviat indépendant donné à
Henri le Jeune, hls de l'ancien duc Berthold de Bavière ;
l'aîné des frères Babenberg, Berthold, reçut au titre le
Nordgau, marche du Nord, pays entre le Bœhmerwald et
la rive gauche du Danube; le cadet, Luitpold, la marche
de l'Est, future Autriche, qu'il agrandit jusqu'au AVie-
iierwald; les territoires de l'archevêché de Salzbourg et de
révèché de Passau furent agrandis. Ce qui restait de la
Bavière ainsi démembrée fut annexé au duché de Souabe,
mais le duc y partagea l'autorité avec le comte palatin.
Henri H le Querelleur était réfugié en Bohême ; Otton H
l'y poursuivit, et quoique son neveu le duc Otton fût battu
à Pilsen par Boleslav, ce dernier traita (977). Mais Henri H
s'entendit avec son parent Henii de Carinthie et l'évêque
d'Augsbourg et il fallut pour les vaincre une dernière
campagne ; la prise de Passau par les Impériaux en décida
l'issue. Henri le Querelleur fut interné à Utrecht ; Henri
le Jeune perdit son duché de Carinthie qui fut attribué à
un autre iieveu de l'empereur du nom d'Otton, fils de
Conrad le Bouge et de Luitgarcl. Llmpératrice douairière
Adélaïde, désolée de rélévalion des Luidolfings et de
l'abaissement delà maison de Bavière, se retira en Bour-
gogne. Le roi des Francs occidentaux Lothaire. marié à
l'Emma, fille du premier lit d'Adélaïde, tenta de prohter
(le ces dissensions pour récupérer la Lorraine. U pénétra
jusqu'à Aix-la-Chapelle, ou il faillit eidever Tempereur
(|ui!i'JT8) ; à Tautomne, Otton H conduisit 60.000 hommes
pjr Fteims et Laon jusqu'à .Montmartre, ne put prendre
Paris et dut se contenter de faire chanter un alléluia par la
foule de ses clercs. Lothaire le poursuivit dans sa retraite
et lui enleva ses bagaf^es ;m passage de l'Aisne (079)
43
OTTON
— 674 —
L'année suivante, brouillé de nouveau avec Hugues de
France, le roi des Francs occidentaux fit sa paix avec
l'empereur (entrevue du Chiers, 980) qui conféra à son
frère Charles le duché de Basse-Lorraine.
Otton II put alors se rendre en Italie. Le pape Benoît VI,
élu en janv. 973 avec confirmation d'Otton I®^, avait été
culbuté et étranglé au château Saint-Ange par la faction
nationale que dirigeait l'opulente famille des Crescentius,
seigneurs en Sabine. Son successeur, Boniface VU, se hâta
de s'enfuir à Constantinople avec les trésors pontificaux,
et Févèque de Sutir, élu probablement par les impéria-
listes, devint pape sous le nom de Benoit VII (oct. 974).
Il se maintint péniblement contre ses adversaires. L'Italie
méridionale était dévastée par les bandes d'Aboulkasem,
émir de Sicile au nom des khalifes Fatimiles, favorisé par
la division des Byzantins et du prince de Capoue.OttonlI
franchit les Alpes avec son neveu Otton de Souabe, l'im-
pératrice Théophano et son jeune fils Otton, accompagné
de la fleur de la chevalerie allemande (nov. 980). Il se
réconcilia à Pavie avec sa mère Adélaïde, reçut à Ba-
venne le pape Benoît VII expulsé de Borne et marcha sur
la ville éternelle oti gouvernait Crescentius, fils de Théo-
dora; celui-ci se réfugia au couvent de Saint-Alexis sur
l'Aventin et y prit l'habit monastique. Otton campa dans
la cité Léonine et y tint sa cour où vinrent le duc de France
Hugues Capet et le roi Conrad de Bourgogne. L'été il réu-
nit dans une villa delà montagne une grande assemblée pour
concerter l'expulsion des Sarrasins et la conquête de FApu-
lie sur les Grecs. En oct. 981 , il prit Naples, célébra la Noël
à Salerne, s'empara de Bari et de Tarente, défit les
Arabes à Cotrone où fut tué l'émir iVboulkasem ; mais les
musulmans prirent une terrible revanche sur l'isthme de
Squillace en Calabre ; l'armée allemande, tombée dans une
embuscade, fut détruite (1 3 juil.98'2); Fempereur échappa
jiresque seul sur un navire grec qui le recueillit incognito
et le ramena à Bossano.
Il se retira en Lombardie et y tint à Vérone (983) une
grande diète où il fit désigner pour lui succéder son fils
âgé de trois ans. Il projetait la fusion de l'Allemagne et
de l'Italie en un royaume unique et préparait une nou-
velle expédition. Pour assurer ses derrières, comme Otton
de Souabe était mort à Lucques le i^^ nov. 982, il donna
le duché de Souabe à un Conrad de la grande famille fran-
conienne des Co7irad (V. ce nom), parent aussi des an-
ciens ducs de Souabe ; la Bavière, réunie de nouveau à la
Carinthie, fut donnée à Henri le Jeune (duc révoqué de
Carinthiej.Il négocia aussi l'accession à son empire de Ve-
nise qui obéissait à l'empire grec ; le parti allemand, di-
rigé par les Coloprini,ne put prévaloir sur le parti byzan-
tin dirigé par les Mauroceni, et le siège échoua. Otton II
se rendit ensuite à Borne où Benoit VII mourut en oct. 983
et lui fit donner pour successeur Jean XïV, évèquc de Pa-
vie et archichancelier de l'empire. A ce moment, il apprit
que la Saxe était très menacée ; les Danois avaient ravagé
le pays jusqu'à l'Elbe, les Wendes de la Marche orientale
avaient brûlé villes et églises, massacré les prêtres et re-
levé leurs idoles ; les Obotrites (Abodrites) avaient saccagé
Hambourg. Pris de fièvre, le jeune empereur absorba une
quantité excessive de médicaments et mourut à vingt-huit
ans après avoir partagé ses trésors entre l'Eglise romaine,
sa mère et sa sa3ur et ses compagnons d'armes. Il fut
placé dans un sarcophage antique, sous une dalle de por-
phyre prise au mausolée d'Adrien et enseveli sous le por-
tique de la vieille église Saint-Pierre. Lorsque Paul V fit
rebâtir l'église, le tombeau fut ouvert, la dalle de por-
phyre devint une cuve baptismale, le sarcophage un ré-
servoir de la cuisine du Quirinal et les restes de l'empe-
reur, transférés dans un autre sarcophage, furejit déposés
dans la crypte du Vatican, au milieu des papes. Otton II
eut pour successeur son fils unique Otton 111. A. -M. B.
BiBL. : GiESEBRECHT, Jalirbûclier des DeuLsclicii Retchs
tinter der Herrschaft KoAser Ottos II ; Berlin, 1840. — Det-
MER, Otto II bis zwa Tode seines Vaters; Leipzig, 1878. —
Mattha'I;, Die llumdel Ottos II mit Lothur von Frank
veich; Halle, 1882. — Dans les Moniimentu Gennaniœ, au
t. II des Diplomata, sont les actes d'OtlonlI.
OTTON m, surnommé Mirabi lia Mundi, emi^evmv ro-
main allemand (983-1002), né en juil. 980, mort à Pa-
terno le 23 janv. 4002, fils unique d'Otton II et de Théo-
phano, fut, conformément à la décision dictée par son père à
la diète de Vérone quelques mois avant, couronné à Aix-
la-Chapelle par les archevêques Willigis de Mayence et
Jean de Bavenne ; la nouvelle de la mort d'Otton II sur-
vint au cours des fêtes qui suivirent. Aussitôt se posa la
question de la régence : sa mère Théophano, sœur des
empereurs byzantins, était suspecte et peu populaire ; avant
qu'elle fût rentrée d Italie, Henri le Querelleur, duc ré-
voqué de Bavière, se fit relaxer par l'évêque d'Utrecht et
réclama la régence; l'archevêque de Cologne lui remit
l'enfant impérial, les archevêques de Trêves et de Mag-
debourg, l'évêque de Metz se déclarèrent pour lui, et il
apparut bientôt qu'il visait l'empire. En faveur du petit
Otton intervinrent alors Godefroy, comte de Verdun et de
Hainaut, et son frère l'archevêque de Beims Adalbéron,
avec euxle savant Gerbert, abbé deBobbio,qui gagnèrent
le duc de France Hugues Capet. Lothaire, roi des Francs
occidentaux, revendiqua la tutelle pour lui-môme, mais
Henri lui promit la Lorraine, et alors Lothaire s'empara
de Verdun et captura le comte Godefroy. En Saxe, Henri
fut reconnu roi par le clergé, par les ducs de Bohême et
de Pologne, ses alliés, et par le prince des Obotrites ; mais
les seigneurs laïques réunis à Hesseburg se prononcèrent
pour Otton; de même en Bavière, le duc Henri le Jeune,
en Souabe le duc Conrad qui, avec l'archevêque tle Mayence,
entraîna la Franconie ; tous deux décidèrent la noldesse
franque assemblée à Worms à combattre pour Otton contre
Henri. Ils dépêchèrent à Pavie où étaient réunies Théo-
phano, avec Adélaïde, veuve d'Otton P^ et la fille de celle-
ci, Mathikle, abbesse de Quedlinburg. Elles passèrent par
la Bourgogne et vinrent à la diète convoquée à Bara, près
de W'orms (29 juin 984). Henri n'osa refuser son verdict;
il rendit l'enfant à sa mère qui fut reconnue tutrice et
régente. Lui-mêine recouvra son duché de Bavière, Henri
le Jeune se contentant de la Carinthie (98o).
En Italie, la régence fut exercée par Adélaïde sans
grande difficulté, grâce à l'appui des évoques; les princes
lombards du Centre et du Sud, en particulier Hugues de
Toscane, demeurèrent fidèles. ABome,lepapeBoiufaceVîl
revint de Constantinople et fit périr son concurrentjJean XIV,
lui-même mourut peu après et eut pour succ'csseur un
prêtre romain, Jean XV, sous le nom duquel le pouvoir fut
exercé par le patrice Crescentius. —- En Allemagne, Tiiéo-
phano gouverna avec sagesse et fermeté. Elle partagea dé-
finitivement la garde de la frontière slave entre trois mar-
graves indépendants du Nord, de Thuringe et de Lusace,
confiant la Thuringe à Eckard qui, dès l'année sui-
vante (986), vainquit le duc de Bohême et l'obligea à
se soumettre et à rendre Meissen (987). En 989, Théo-
phano se rendit à Home, faisant rendre la justice en son
nom et présidant les assemblées ; Crescentius lui demanda
de confirmer son titre do patrice. En France, elle resta
neutre dans le changement dynastique qui éleva au trône
Hugues Capet et eut pour conséquence de substituer, sur le
siège métropolitain (le Beims, au CaroHngien Arnulf, son
conseiller Gerbert. La mort de Théophano à Nimèguc (991)
laissa la régence à sa belle-mère Adélaïde qui accourut
de Pavie et se vit forcée d'accepter le contrôle d'un con-
seil formé de grands laïques et ecclésiastiques, dont les
plus influents furent l'archichanceher Willigis de Mayence,
les ducs Bernard de Saxe, Conrad de Souabe, Henri de
Bavière, h margrave Eckard de Misnie et l'archevêque
Gisiler de Magdebourg, auxquels il faut ajouter la tante de
l'empereur, l'abbesse Mathilde de Quedlinburg. Le N. de
la Saxe fut peniljlement défendu contre les Wendes aftran-
chis jusqu'à l'Elbe, contre les Scandinaves qui pillaient
les cotes.
Le jeune Otton III reçut une brillante éducation par les
61b
OTTON
soins du vaillant comte saxon Hoiko, du savant Jean de
Calabre, évèque de Plaisance, et de Beniward, évèquc
d'Hildesheim. Elle fut consommée par l'illustre Gerbert ;
les talents et le savoir du jeune prince excitèrent une
telle admiration qu'on le qualifia de « merveille du monde »
{mirabilia mundi) ; ces adulations développèrent en lui
un orgueil excessif, il fut à la fois incliné à suivre son
caprice du moment et rempli du sentiment d'une desti-
née supérieure réservée à l'héritier des deux empires d'Oc-
cident et d'Orient. Lorsqu'il eut quinze ans, sa grand'-
mère, qu'il n'aimait guère, se retira au couvent de Selz
en Alsace, et presque aussitôt le jeune Otton descendit
en Italie sans même attendre que le col du Brenner fût
libre de neiges. Jean XV venait de mourir, et les délégués
des Romains vinrent à Ravenne lui demander un pape ; il
désigna le jeune Bruno, fils de l'ancien duc Otton de Ca-
rinthie. Sacré le 3 mai 996, il prit le nom de Grégoire V.
Ce pape de vingt-trois ans est le premier Allemand qui
ait porté la tiare : la papauté sortait ainsi du [petit mi-
lieu romain où on avait voulu l'enfermer. Le 21 mai,
Grégoire V conféra la couronne impériale à son cousin,
(îes deux jeunes gens étaient nourris de hautes abstrac-
tions et hantés de vastes projets. Profitant de leur absence,
Cresccntius rentre à Rome, reprend les titres de patrice
et de consul ; excommunié par le synode de Pavie, il
s'entend avec l'évèque de Plaisance Jean, ancien précep-
teur d' Otton, que celui-ci avait envoyé demander à Cons-
tantinople la main d'une princesse byzantine ; il le fait
élire pape sous le nom de Jean XVI, et tous deux com-
plotent de replacer Rome sous la domination de l'empe-
reur d'Orient (997). Otton lïl part de Magdebourg et,
sans trouver de résistance, rentre dans Rome ; à l'anti-
pape on crève les yeux, on coupe le nez, la langue, les
oreilles ; Crescentius se défend désespérément au château
Saint-iVnge, mais le 26 avr. 998, Lckard de Misnie
l'emporte d'assaut, fait décapiter le patrice ; son corps
est accroché au gibet autour duquel on crucifie douze de
ses partisans.
Après la mort subite de Grégoire V, Otton nomma pape
son illustre maitre Gerbert, dont il avait fait un arche-
vêque de Ravenne (18 févr. 999). Celui-ci caresse ses
rêves d'empire universel, de restauration de l'empire ro-
main, avec sa capitale à Rome où il voulait s'entourer de
toute la pompe de la cour byzantine. Tantôt il projetait
de reconstituer le Sénat romain, ce conseil de sages, se
réservant la gloire militaire d'un Trajan alHée au somp-
tueux décor des monarchies orientales, tantôt il s'adon-
nait aux pratiques ascétiques et aux pèlerinages, passant
des sentiments d'un orgueil surhumain à ceux de renon-
cement et d'humilité. Dans son palais du mont Aventin, il
s'entoure d'un cérémonial extraordinaire, se décore des
surnoms d'Italiens, Saxonicus, Romanus, propose d'appli-
quer le droit romain de Justinien à tout son empire, puis
court s'enfermer dans une grotte, à Saint-Clément, y passe
(piinze jours en jeûnes et en prières, ou bien se retire dans
l'ermitage de Subiaco, ou encore va pieds nus visiter les
tombeaux des martyrs. L'approche de l'an 4000 exagère
ce mysticisme.
En déc. 999, Otton III retourne en Allemagne où sa
tante Mathilde et sa grand'mère Adélaïde venaient de mou-
rir. Il se rendit à Gnesen en Pologne où reposait le mar-
tyr Adalbert de Prague (f 997), victime des Prussiens
païens et, en son honneur, lit ériger Gnesen en siège mé-
tropolitain, assurant ainsi l'autonomie religieuse de la Po-
logne ; il lui subordonna les évèchés nouveaux de Cracovie,
Breslau et Colbcrg. Il alla ensuite jeter à Aix-la-Chapelle
les fondations d'une égUse dédiée à saint Adalbert et ht
rouvrir le tombeau de Charlemagne pour contempler les
restes du grand empereur. Il revint ensuite à sa chère
Itahe où Gerbert le rappelait, passa par Coire en Lom-
bardie et rentra en oct. lOOi dans son palais de l' Aven-
tin. Des querelles entre Tivoli et Rome le brouillèrent
avec le peuple romain dont les émeutes le découragèrent.
Il quitta la ville et se rendit à Ravenne avec Gerbert; de
là il visita Venise; puis quand ses renforts furent arrivés
d'Allemagne, marcha sur Rome où le comte de Tusculum
se défendit vigoureusement. Otton étabht son séjour au
château de Paterno, près du mont Soracte, et, après un
séjour à Ravenne, il y revint et mourut de la fièvre dans
sa vingt-deuxième année. On ramena son corps à Aix-la-
Chapelle où il fut déposé près de celui de Charlemagne,
Son père et lui, en poursuivant la chimère de l'empire, ont
laissé se créer les royaumes nationaux de Hongrie et de
Pologne, reperdu les conquêtes faites sur les Slaves au
delà de l'Elbe par Otton F^ Il ne laissait d'autres parents
immédiats que ses sœurs Adélaïde, abbesse de Quedlin-
burg, et Sophie, abbesse de Gandersheim. Il eut pour suc-
cesseur son cousin Henri de Bavière, petit-fils du frère
d'Otton L^\ qui régna sous le nom de Henri IL A. -M. B.
OTTON IV, empereur romain germanique (1198-1218),
né en 1173, mort à Harzburg le 10 mai 1218. Troi-
sième fils de Henri le Lion, il passa sa jeunesse auprès
de son oncle, Richard Cœur de Lion, en Aquitaine et
en Angleterre, sauf un court moment où il fut remis
en otage à Henri VI. C'était un homme de haute taille,
d'une force et d'une bravoure exceptionnelles, très pas-
sionné, adorant a guerre et les tolurnois. Il y brillait
à côté de son oncle, qui, n'ayant pas d'enfants, l'aimait
comme un fils ; il le fit comte de Poitou, duc d'Aquitaine,
s'efforça de lui assurer par un mariage la couronne
d'Ecosse et dépensa beaucoup pour lui procurer celle
d'Allemagne, vacante par la mort de Henri VI. Quoique
presque étranger en Allemagne, Otton fut élu (à défaut
de son frère aîné, le comte palatin Henri, retenu à la
croisade) par une assemblée tenue à (iOlogne (avr. 1198),
un mois après celle (|ui avait, à Armstadt, élu Philippe de
Hohcnstaufen. Otton se fit couronner à Aix-la-Chapelle le
12 juil., Philippe à Mayence en septembre. Le roi guelfe
avait pour lui la Saxe, le Rhin inférieur, le Brabant,
l'appui de la Flandre et de l'Angleterre; le roi gibelin,
rAIlemagne du Sud, la Bohême, le margrave de Misnie, de
Lusace, la maison d'Aiihalt, le comte de Holstein. La mort
de Richard semblait assurer l'avantage au Ilohenstaufen
(1199), mais le pape Innocent III inclinait pour Otton, et,
après avoir longtemps temporisé, le déclara formellement
en mars 1201 ; le roi guelfe ayant, à Neuss, promis de
céder au Saint-Siège toute l'Italie au S. du Pô, le légat
pontifical excommunia Philippe et ses adhérents ; le roi
de Danemark, alhé d'Otton IV, subjugua le Holstein ;
Ottokar de Bohême passa du côté où était le pape, et en
1203 Otton parut prendre l'avantage. Mais Philippe sut
détacher ses principaux partisans : roi de Bohême, land-
grave de Thuringe, duc de Brabant, archevêque de Cologne
et jusqu'à son frère, le comte palatin Henri. Otton se dé-
fendit victorieusement à Cologne (1205), et son avoué sac-
cagea Goslar (juin 1206), mais Cologne finit par se rendre,
et Otton dut se retirer dans son château de Brunswick
(fin 1206). Au moment où le pape allait reconnaître Phi-
lippe, celui-ci fut assassiné à Bamberg par Otton de
Wittelsbach (21 juin 1208).
Otton IV fut alors généralement reconnu. Il accepta de
se soumettre à une nouvelle élection qui eut lieu à Franc-
fort (1208), mit au ban de l'empire l'assassin Otton de
Wittelsbach qui fut tué à Eberach, renouvela à Spire les
engagements pris vis-à-vis du pape (22 mars 1209) ; il
prit sous sa tutelle la fille de son rival, s'engageant à
répouser quand elle serait majeure, d'autant qu'elle ap-
portait une dot de 3o0 châteaux. Il s'efforça de rétaWir
l'ordre et la paix, mais indisposa par sa sévérité la no-
blesse de l'Allemagne du Sud. Il passa alors en Italie, où
il s'efforça de concilier les partis, spécialement Ezzelino
et Azzo d'Esté. 11 se rencontra à Viterbe avec Innocent III
qui lui conféra la couronne impériale à Saint-Pierre le
4 oct. 1209. Les rixes entre Allemands et Romains furent
suivies d'une brouille entre le pape et l'empereur, ce
dernier revendiquant rhéritage de la comtesse Mathilde ;
OTTON
— (37() —
tout le monde s'empressa de lui rendre hommage, même
Azzo d'Esté pour Ancooe, même le préfet de Rome. Il
entreprit la conquête du royaume de Sicile où régnait le
jeune Frédéric de Hohenstaufen. Innocent indigné, après
avoir vainement offert de renoncer à l'Italie centrale, pourvu
qu'on n'envahît pas la Fouille, excommunia Otton IV
(10 nov. 4210). En Italie, l'effet fut minime, mais en
Germanie, le parti souabe, excité par les archevè(pies de
Mayence et de Magdebourg, rompit avec l'empereur guelfe.
Une assemblée tenue à Nuremberg élut roi le tils de
Henri VI; Frédéric II (automne i^ii), et la guerre civile
recommença. En Italie, Az/.o d'Esté, Pavie, Vérone se pro-
noncèrent contre Otton. Il repassa les Alpes et s'empressa
de consommer le mariage avec Béatrice de Hohenstaufen,
mais elle mourut quelques jours après, ^'.année suivante,
Frédéric II arrivait en Allemagne, fortiiié par l'alliance
et les subsides du roi de France Philippe-xVuguste. Otton IV
fut réduit à l'Allemagne du Nord et aux Pays-Bas, où la
guerre se continua. Son allié le duc de Brabant ayant
pillé Liège, les hostilités se développèrent dans les Pays-
Bas. Un grand effort fut tenté })ar les guelf<îs contre le
roi de France, allié des gibelins ; l'empereur, les comtes
de Flandre et de Boulogne, le duc de Brabant, les con-
tingents augkds de vSalisbury formèrent une armée de plus
de 100.000 hommes qui fut miae en déroute à Bouvines
par les Français. Otton IV, qui commandait en chef, s'en-
fuit, abandonnant l'aigle impériale, son char, etc. ; il resta
un an à Cologne, mendiant des subsides, incapable de se
relever du désastre. Quand son rival eut été couronné à
Vix-la-Chapelle et reconnu par le pape, il se retira dans
son château de Brunswick, d'où il dirigea quelques incur-
sions sur les terres de ses ennemis, mais sans plus exercer
Fautorité impériale. H y mourut au bout de trois ans,
dans sa quarante-troisième année. A. -M. B.
OTTON. Ducs de Bavière. Les plus importants sont:
[^ Otton de NordkeÎDi, duc de Bavière, originaire d'une
ancienne famille saxonne qui possédaitdes biens près de G œt-
tingue, mort le ii janv. 1083. Excellent général et homme
de guerre, il était, d'autre part, faux et rusé ; sa déloyauté
el soji ingratitude, son indifférence à l'emploi des pires
moyens pour en venir à ses fins, ne se démentirent jamais.
lui 1061, il obtint de Fimpératrice Agnès le duché de
Bavière; en 100!^, il concourut à l'enlèvement du jeune
Ifenri IV ; en 1000, il contribua à renverser Adalbert de
Brème et fut un des plus dangereux adversaires de Henri ÎV.
S'étant soumis, en 1070, au jugement de Dieu pour se
laver d'une accusation d'assassinat, il fut dépouillé do son
duché. En 1071, il entreprit de la reprendre et recouvra
ses domaines allodiaux. En 1073, il se mit à la tête du
soulèvement de la Saxe el, à la paix de Gerstiengen {2 févr.
1074), rentra en possession de la Bavière ; mais le 9 juin
I07o, il fut défait à Langensalza par Henri IV et dut se
soumettre le ^26 oct. Rentré en grâce, il sut gagner la
confiance de Henri IV qui lui confia l'administration de
la Saxe ; mais il trahit encore et, en 1076, fut de nouveau
renversé. Il contribua à la déposition de Henri IV et au
(hoix de Rodolphe de Souabe comme antiroi (1077). Il
prit part aux guerres entre les deux rois jusqu'à sa mort.
4*^ Ott07i l'^^\ comte de Wittelsbach, duc de Bavière,
né en 1120, mort àPfullendorflell juil. 1183.Enllol,
il accompagna en qualité de porte-bannière Frédéric I^'',
dans sa première expédition à Rome. Sa vaillance et son
habileté firent obtenir à l'armée impériale la convention
de Vérone ; il en fut récompensé par le titre de comte
palatin de Bavière. Dans la suite, il rendit de si grands
services à l'empereur en Allemagne et en Italie (|ue celui-ci
lui donna, le 21 juin 1180, le duché de Bavière.
3*^ Otton Vil, comte de Wittelsbach, comte palatin de
Bavière, homme violent et emporté, qui tua poui' se venger,
le 21 juin 1208, à Bamberg, le roi Philippe de Soualic.
Proscrit par Ottoji IV à la suite de ce meurtre, il fut
vaincu en 1209 par Pappenheim près de Ratisbonne.
i" Otton II, VAiifjiLslc. duc de Bavière, né en 1206.
mort au château de Trausuitz le 29 nov. 1253. H épousa
Agnès, sœur du comte palatin Henri H, et reçut de Fré-
déric H, en 1214, le Palatinat ; en 1228, il en prit le gouver-
nement; en 1231, il succéda à son père comme duc de
Bavière, après son assassinat. Son dévouement pour Fré-
déric II fut un moment chancehuit ; mais en 1246, il
maria sa fille Elisabeth au roi (Conrad IV, qu'il servit fidè-
lement, ce qui fit mettre son duché en interdit. Quand, en
1251, Conrad IV descendit en Italie, il nomma Otton I^^'
vicah'e de l'empire.
5" Otton 7*^^ roi de Bavière, second fils du roi Maxi-
milien H, né à Munich le 27 avr. 1848. Il fit son éduca-
tion mihtaire dans Farmée et servit en 1866 dans l'état-
major du prince Charles de Bavière ; en 1870-71, il fit
partie de l'état-major du roi Guillaume à Versailles. Mais
il devint fou peu après et fut enfermé successivement
dans les châteaux de Nymphen])ourg. puis de Schleissheim
en 1878 et enfin de Furstenried. A la mort du roi Louis II
de Bavière (13 juin 1886), son frère, il fut nommé roi.
Mais connue il était incapable de gouverner, son oncle le
prince Luitpold, prit la régence le'l i- juin 1886. A.-M. B.
Hii;i..: Meiimkl, 0//(> von Nordlicun ; ^LvAimiiuv, 1870
- A'oGJiLr.ii, Otto cou NorJIwUn; Miodeii, 1(S80. -- IIkio' î,
oi ltn;zLi;R, Dus llerzoylani Ihmern zur ZeitUeinrichs o'r-.
Lo'wcn und Ottos von 'Wittclsbucli ; Munich, 1807.
OTTON (Saint), apôtre dePoméranie, né en Souabe en
1062, mort à Bamberg le30 juin 1139. Chapelain du duc
polonais Wladislas Heî*mann, il passa k la chancellerie de
l'empereur Henri IV et devint en 1102 évèque de Bam-
berg. Très érudit, il fonda plusieurs cloîtres où il déve-
loppa Fétude des sciences. Son histoire a été contée par
trois moines (Herbord, Ebo et un troisième dont le nom
ne nous est pas parvenu. Y. Jaffé, BWtiotheca reniin
g er manie arum) . Saint Otton rendit des services à l'em-
pereur Henri V lors de ses démêlés avec le pape. En 1124
et 1127, il entreprit, sur la demande du ducBoleslas III
de Pologne, des voyages de mission en Poméranie. 11 a
été canonisé en 1189. Sa fête est le 2 juil. Ph. B.
t^iijL. : ZiM.\ii:ii.MANis-; Otto, Bischof von BoAnberg ; Fri-
bourcr, 1875. — Loosiiorn, Dcr heiliga Bischof Otto; Mii-
uicli, 1888. — Maskus, Bischof Otto I vom Bai)ibern, aïs
Bischof, RcicJfsfurst und Missiomir ; Breslau, 1889, —
ZuRiTsoii, Gcschiclitc des Biscliofs Otto I vom Bamberg
des J^oimncrnapostels ; Gotîia, 1889.
OTTON (Ernst-Julius), compositeur allemand, né à
Kœnigstein (Saxe) le 1«'' sept. 180i, mort à Dresde le
5 mars 1877. Elève de Weinlig à Dresde, de Fr. Uber
et de Schicht à Leip/ig (1822-25), il fut nommé profes-
seur de chant à l'Institut de Dresde et chantre de l'église
de la Croix, de 1830 à 1876. Son nom est connu surtout
par ses compositions ])our voix d'hommes : Der Sànger-
saal, Barschenfahrîen, Gesetlenfahrten, Soldaten-
leben. Il a composé la musique de Kinder f es ten et Lieder-
lafely opérette de Hofman. On cite aussi ses oratorios :
Des Reilands tente Norte, Die Feier der Ertœsten am
Grab Jesu, etc.
OTTON (Friedrich-Julius), cliimiste allemand, né à
Grossenheim (Saxe) le 8 janv. 1808, mort le 13 janv.
1870. Professeur de chimie au (ku'ofinum et directeur de
l'Institut en 1866, il a laissé : Lehrbucli der rationel-
lem Praxis der landwirtchaftlictien Gewerbe (Bruns-
wiciv, 1838 ; rééd. en 1865 et 1875) ; Lehrbucfi der
Cliemie {[S\i)) et Anleitiuig utr Ausmittelunq der
Gifte (1856).
OTTON F'', roi de Grèce, second fils du roi Louis F ^'
de Bavière, né à Salzbourg le 1*^'" juin 1815, mort à Bam-
berg le 26 juil. 1867. EleVé à Munich où il eut von Oetlel
pour précepteur, Schelling et Thiersch pour professeurs,
il compléta son instruction par des voyages en Allemagne et
en Italie. La conférencede Londres (7 mai 1832) le nomma
roi de Grèce, les Grecs le reconnurent le 8 août 1832, et
il monta le 6 fevr. 1833 sur le trône. A cause de son
jeune âge (dix-Jmit ans), on lui donna un conseil de ré-
gence de trois membres, jusqu'au l'-'' juin 1833. D'un ca-
raclêre peu énergique, il ne bUt riwn dérober àCinlïuence
()T7 —
OÏTON
OUADAÎ
russe ni gagner la confiance de son peuple ; il rendit cepen-
dant des services au point de vue de l'organisation de
l'instruction en Grèce. On lui a beaucoup reproché de
n'avoir pas su agrandir son royaume aux dépens des
Turcs, en profitant des occasions (jui se présentèrent pen-
dant la guerre d'Orient. Il n'eut pas d'enfants de son union
(1836) avec la pi'incesse Amélie d'Oldenbourg, ce qui l'em-
pêcha de fonder une dynastie. La révolution d'oct. 1862
le renversa de son trène. fl retourna alors à Bamberg ou
il vécut jusqu'à sa mort. Ph. B.
BifiL. : la Grèce du roi Otton (corvospimdanvo de
M. 'rhouvenel); l\aris, 1800.
OTTON (Johann-Karl-Theodor, chevalier), théologien
protestant allemand, né à ïéna le 4 oct. 1816. Profes-
seur d'histoire ecclésiastique à Vienne en 1854, il fut
élevé à la dignité autrichienne de chevalier en 1871. Il
se retira en 1887 et vit à Dresde dans la retraite. Son
principal ouvrage est le Corpus Apologefanun Christia-
norum sœculi secimdi (léna, '184'2-7'2, 19 vol.). 11 a
écrit encore : De J nsiini Martyrh scripiis et Dortrincf
(1841); De Epistola ad Diognetum (1845); Gesrhichie
(1er lie formation im Er-'Jierzogtinn OEsterreich vuter
Kaiser Maximilian II (1889).
OTTON (Martin-Paul), sculpteur allemand, né à Ber-
lin le 3 août 1846, mort à Berlin le 6 avr. 1893. II fit
ses études sous l'influence réahste de B.Begas. lui 187'2,
il exposa : Faune et lymphe, puis il vécut à Borne jus-
qu'en 1885; il fit à cette époque de nombreux bustes et
groupes : Centaure et Nymphe (1874); Léda et Jupi-
ter (1876); Monument de Guillaunie de Huml)oldt. à
Berlin ; Pivjet de monument de Victor-Emmanuel, à
Borne ; une Vestale polychrome. Il obtint le premier prix,
dans un concours, pour l'érection d'un monument à Lu-
ther, à Berlin, oii il revint en 1886, à cette occasion ;
mais il ne Ta pas achevé; c'est Toberentz qui le termina.
L'image en pied de l'empereur Guillaume V^^. à Kms, est
d'Otton. Ph. B.
OTTON DE Freisingen (V. Otto de Fheislxg).
OTTROTT {Ottenrode, 1059). Corn, de la Basse-Alsace,
formée des deux villages, Ottrott-le-Bas et Ottrott-le-Haut,
cant. de Bosheim, arr. de Molsheim; 1.605 hab.; vins
rouges estimés; antiquités gallo-romaines. La chapelle
Snint-Nicolas passe pour être un des monuments les plus
.inciens de l'Alsace ; les parties inférieui'es datent du
\\^ siècle. Sur la colline qui domine Ottcott. ruines des
châteaux de Lutzel bourg (tour ronde du xtv^ et tour carrée
'lu xv^ siècle) et de Rathsamhansen (donjon en style
(Oman). Annexe dOttrott, le couvent de ïlohenbourg
(V. Sâinte-Odile I Mont |).
OTTWEILER. Ville de Prusse, district de Trêves, sur
laBlies; 5.554 hab. (en 1895). Ecole normale. Poteries,
métallurgie. De 1640 à 1728, ce fut le centre d'une branche
lies Nassau-Saarbrùck. — On appelle couches d'Ottweiler
les couches supérieures du terrain carbonifère de cette
région .
OTUMBA. Ville du Mexique, Etat et ù 50 kil. N.-E. de
Mexico, sur le chem. de fer de Vera Cruz; 10.000 hab.
Ancienne capitale desOtomi, supplantés par les Aztèques.
Fernand Certes y remporta le 8 juil. 1520 une victoire
décisive.
OTWAY (Thomas), littérateur anglais, né à Trotton
(Sussex) le 3 mars 1652, mort à Londres le 1 4 avr. 1685.
Fils d'un pauvre recteur, il reçut une assez bonne ins-
truction d'abord au collège de Winchester, puis à
l'Université d'Oxford. Il abandonna l'Université avant la
fin de ses études afin de se consacrer au théâtre pour
lequel il s'était senti de bonne heure des dispositions.
Ses débuts sur les planches (1672) furent malheu-
reux : aussi renonçant à la carrière d'acteur, il se con-
tenta désormais d'écrire des pièces. En 1675, il donnait
une tragédie en cinq actes et en vers, Alcihiades, qui obtint
un certain succès que confirmèrent, en 1676, un autre
drame en vers, don Carlos, tiré du roman de l'abbé de
Saint-Béal, et en 1677 une tiagédi*'. 7'//?/-s' and Bérénice.
imitée de Racine, et une farce, The (\lieats of Scapin,
adaptée de Midière. Gonnu désormais, il composa une co-
uiédie originale, Eriendship ta Fashion (1678), qui de-
meura longtemps au répertoire. G-ependant Otway était
tombé éperdument amoureux de sa principale interprète.
Mrs Bary, qui, maîtresse de lord Rochester, méprisait fort
son humble adoi'ateur. Désespéré, il s'engagea et servit en
Flandre. Revenu en 1679, à peu près guéri de sa passion,
il se mit résolument au travail, et produisit coup sur couj) :
The Orphan (1680), tragédie ; Historij and Fallof Cains
Marins (1680), id.; The Soldier 's Fortune (i6Si), co-
médie; Venise Preserved (iGH^l), tragédie, eithexitheisl
(1684), comédie. Malgré le succès de ces pièces, Otway
était presque misérable : il écrivait pour accroître ses
ressources des prologues et des épilogues pour les pièces
de ses rivaux ; comme la plupart des honnnes de lettres
du temps, il mena une vie errante et désordonnée qui finit
prématurément. Ses OEvrres, réunies d'abord en 1713
(2 vol.) et dont la meilleure édition a été donjiée ])ar
Thornton (Londres, 1813, 3 vol.), renferment des beaulés
dramatiques de premier ordre, mais perdues dans le pa-
thos le plus insupportable. Sa Veuise sauvée, qui a été
traduite dans toutes les langues de l'Europe (en français,
Paris, 1746), et jouée siu' pj'escfue tous les théâtres (Go-
médie-Française, 5 déc. 1746), mérite d'être rapprochée
des chefs-d'œuvi'e de Shakespeare. R. S.
I^iDL. : .loiiN^ON. L'n'c.s of llm Pocf:^. — TiioiiNiM/N. Lifc
of T. Olwau ; l.niidr<\s. 1<nK1 in-<S. — J^i'J.jami:. le Public cl
les Jwmmes de lettresi en Aiifjlclerre nii \\ iri'' siècle; Paris.
1<SS1. iii-8 — 'I'aim:, tJtfcvuinrc ungluiae
OTZEN (Johannes). architecte allemand, né à Siesebye
(Slesvig) le 8 oct. 1839. Elève de Hase à Hanovre, il
s'établit à Berlin (1879), où il dirige un atelier à l'Aca-
démie des beaux-arts (1885). 11 s'inspire des style roman
et gothique combinés avec l'art décoratif moderne et les
exigences de notre vie pratique. Il a bâti beaucoup de
villas et maisons de Berlin, les églises Saint-Jean (1873)
et Saint-Pierre (1884) d'Altona.' Sainte-Gertrude (1885)
et du Ghrist(1886) de Hambourg, celle d'Eimsbuttel près
de Hambourg, celle de Plagwitz (1887) près de Leipzig,
celles de la Sainte-Groix (1888) et de Luther (1893). à
Berlin, et un grand nombre d'autres. 11 a publié : Bau-
kunst des Mit t était ers (Vtf'vXm, 1879-83.3 vol.); Ans(fe-
fiihi'te Bauten (1890. et suiv.), etc.
OUABONL Tribu de l'Afrique orientale, vivant dans le
l)ays qu'arrose le Tana, qui se déverse dans l'océan Indien.
I.e pays qu'elle habite fait aujourd'hui partie de rAfri(|ue
orientale anglaise. Avant cette annexion, les Ouabonis
(talent vassaux des G allas avec lesquels ils combattaient
les Arabes, qui voulaient faire des uns et des autres des
esclaves. Leur langue est plutôt lesouhahéli que le galla.
OUABOUMA (Peuple) (V, Goxoo. t. XH, p. 413)'.
OUACHO {Washo). Tribu de Peaux-Rouges des Etats-
Unis (Galifornie), dans la sierra Nevada ; leurs derniers des-
cendants vivent misérablement de chasse et de mendicité.
OUADAI. Etat du Soudan central, s'étendant de la rive
du lac Tchad à l'O. au Darfour à l'E., du Borkou au N.
au pays des Niam-Niam au S. G'est un Etat d'ailleurs qui
est limité, comme la plupart des Etats africains, de la ma-
nière la moins précise. Ses frontières varient avec le degré
de puissance du souverain et avec le déplacement de cer-
taines tribus nomades, qui, de migration en migration et
de pâturage en pâturage, donnent au Ouadai des limites
mouvantes. La superficie du Ouadai ne saurait donc être
précisée : on lui attribue de 300.000 à 500.000 kil. q.
et 2 à 3 millions d'hab. G'est une région de steppes où
s'élèvent des montagnes dénudées, telles que : le Tirgé
(600 m.) à l'E.; les Géré (990 m.), boisés et coupés de
gorges sauvages, au S. Les rivières n'ont d'eau qu'en la
saison des pluies. Les principales sont le Batha et le
Batheka, tributaires du lac Fittri, et, au S., le Bahr es-
Salamat qui aboutit au lac Iro. Au delà, vers le Midi,
on rencontre l'Ankadehbe, grand affluent du.Ghari, dont
OUADAÏ — OUAHHABITES
— 678 —
le bassin est bien arrosé. Les principaux végétaux sont :
les tamaris, les sycomores, les palmiers, le Balanites
œgyptiaca. On cultive surtout les dattiers dans le N., le
riz, les céréales, le mais, le Penm'setum tijphoideiini,
les cucurbitacées, les melons d'eau, les oignons, le poivre
rouge, le coriandre, le coton, etc. 1^'autruche abonde
auN., l'éléphant le long du Balu^ es-Salamat, le rhino-
céros bicorne près du Batha, le chameau, le bo^if, le
cheval se trouvent partout. (Comparé aux autres Etats
organisés du Soudan central, le Bornou, le Sokoto, le
Ouadaï ne peut être considéré que comme fort médio-
crement fertile ; les habitants en sont pauvres et vivent
dans des huttes; ils possèdent des troupeaux de ])œufs,
de moutons, de chèvres et des chameaux. La population
se compose d'Arabes beaucoup plus nombreux dans le
Ouadaï que dans le Bornou et le Sokoto, de Foulbé éga-
lement envahisseurs, et dans le N. de Tibbou, dans le
centre et le S.-O., de nègres indigènes formant divers
groupes : les Maba, les Abou-Oiarib, les Nassalits, les
Koukas, etc. Sous le nom de Maba on groupe la popula-
tion dominante; cette noblesse se transmet en ligne ma-
ternelle; la langue maba est rapprochée par Lepsius de
celleduDarfouret,deloin,des langues bantou (V. Afrique,
!^ Langues). Les Arabes vivent de leurs troupeaux de
chameaux et de bœufs. L'industrie est exercée par des
Baghirmiens et des Bornouans.
Le sultan du Ouadaï est d'origine indigène. Son auto-
rité immédiate ne s'étend que sur la partie N. de ses Etals,
certaines tribus, comme les Koukas, ayant conservé une
sorte d'autonomie. La partie N. du royaume est divisée
en provinces à la tête desquelles sont des gouverneurs.
L'armée est forte d'environ 7. 000 hommes. LesOuadaiens
sont des musulmans qui ont em])rassé la secte du senous-
sisme. Ce sont d'ardents propagateurs de l'Islam dans
l'Afrique centrale et, par eux, les tribus situées au S. du
Ouadaï se sont rattachées à cette rehgion. Les villes prin-
cipales sont iibéché, la capitale, fondée en 1850, centre
militaire du pays et actif foyer de propagande musulmane ;
population de 20.000 à 25.00') âmes ; Nimro, centre de
la tribu des Djellabas; Amm-Demm, renommé pour ses
sources d'eau chaude ; Yaoua, etc.; l'ancienne capitale,
Ouara, fut abandonnée en 4850 et tomba en ruines. Ces
villes, d'ailleurs, à l'exception d'Abéché, ne comptent que
quelques centaines de maisons. — Le sultan monopohse
le commerce qui se fait vers Tripoli par le Borkou et le
Tibesti, \ers Benghazi, vers les oasis de Koufra, vers
l'Egypte par le Darfour. On exporte de Tivoire et des
plumes d'autruche en assez grande quantité, les produits
du tamaris, du miel, des esclaves, etc.
Le Ouadaï paraît dans l'histoire au milieu du xvii*^ siècle.
Abd-el-Kerim, qui prétendait descendre des Abbasides,
le convertit à l'islamisme et fonda le royaume associant
les Maba et les Arabes. I)e[)iiis, de sanglantes luttes s'y
sont succédé. A Mohammed Cherif, meurtrier de Vogel,
succéda le sultan AH, protecteur de Nachtigal. Les arran-
gements anglo-français placent le Ouadaï dans la sphère
d'influence française. Le Ouadaï nous est surtout connu
par le voyas^e de Nachtigal (1873), plus heureux que
Vogel (1855), Cuny (1858) et Beurmann (1863), qui y
furent massacrés. Matteucci a raconté y être allé en 1879.
mais son récit a été mis en doute.
RiBL. : Publications de Nachtigal, dans les Mltt. de
Petermann et les Mém. de lu Soc. do (léoqr. de Berlin, de
1871 à 1875.
OU AD AN. Oasis du Sahara occidental, à l'E. de l'Adrar,
située dans la vallée fertile de l'Ouadi Irenouan, qu'on a
fort vantée et qui produit des dattes renommées ; on lui
attribue de 4.000 à 5.000 bal). Les Portugais y eurent
des comptoirs au xv® siècle.
OUADELAI. Ville du Soudan égyptien, sur la r. g. du
haut Nil, à 252 kil. au S. de Lado. Elle devint le séjour
du gouverneur égyptien du Soudan, Emin Pacha, lorsque
ce dernier dut évacuer Lado devant l'invasion mabdiste, et
a été réoccupée par les Belges de l'I-^tat du Congo, puis
par les Anglais, venus de l'Ouganda.
OUADL Ce mot arabe signifie, dans la langue à laquelle
il a été empiiinté, une vallée, c.-à-d. une dépression entre
deux montagnes, (ju'il y ait ou non un cours d'eau visible
au fond de la dépression ; de là vient que les Arabes l'ont
donné indifféremment aux vallées des petits cours d'eau
des côtes de Syrie et de Barbarie, à celles des grands
tleuves de l'Espagne, et aux vallées sèches du désert, ou
l'eau ne coule (fue dans le sable, quelquefois à plusieurs
mètres de profondeur, et n'affleure qu'à l'époque des
grandes pluies, (^est cette dernière signification que la
terminologie géographique a réservée au mot ouacli.
En Espagne, prononcé Giiad, il a été l'origine des noms
de rivières et de villes commençant par ce mot, tels que
Guadalaxara , Guadalèle, Giiadaîqiiivir , Guadalupe
(V. ces mots) ; en Algérie, prononcé Oued, il entre dans
la formation de noms de rivières et de localités comme
Oued-Djcr, Oued-Todda, Oued-el-Hammam, Oued Malah
(V. les mots commençant par Oued). Huart.
OUADIGO. Tribu de l'Afrique orientale, vivant dans
te pays de Digo sur le littoral de l'océan Indien, entre
Mombaz et la baie deTanga. Leur pays fait partie aujour-
d'hui de l'Afrique orientale allemande. Ils ont immigré
dans cette région il y a trois siècles, venant du N. Ils 'sont
élancés, bien bâtis, de peau brune, vivent de culture et
d'élevage. Leur langue s'appelle kidigo.
BiRL : Baumann, TJsnmbnrn : l^erlm, 1891.
OUADI-HALFA. Localité de la Haute-Egypte, sur la
r. dr. du Ml, à 2 kil. en aval de la deuxième cataracte ;
3.000 liab. Elle tire son nom de la quantité d'alfa qui croit
dans le pays. La deuxième cataracte, qu'on nomme aussi
cataracte de Ouadi-Halfa. forme la partie inférieure d'une
série de rapides appelés Batn-el-Hadjar ou « les Entrailles
de pierres », qui s'étend sur une longueur de 130 kil. La
cataracte elle-même se développe sur un espace de 25 kil.
A ce point, le lit du fleuve est semé de rochers et de blocs
autour desquels tournent les eaux. Plusieurs de ces rochers
sont cultivés. Pour contourner cet obstacle, un chemin de
fer a été commencé en 1873, qui doit se prolonger jus-
qu'à Khartoum. Il a été construit jusqu'à Berber pour
facihter l'expédition contre le Mahdi' (1887-98).
OUADI-KOUR. Oasis du Sabara oriental, au S.-O. de
Koufra, à cinq jours de marche.
OUADI-MOUÇA (V. Pimu).
OUADJIT (Myth. égypt.). La déesse du nord, opposée
à Nekheb, la déesse du midi. Représentée par un uranis.
coiffé delà couronne rouge, elle était vénérée dans la ville
de Tep, à l'extrémité delà branche de Rosette.
0UADYAN6A. Oasis du Sahara central, située à l'E.
du Tibesti. La population serait de 4.000 hab. La loca-
Kté principale est Yoa.
G UAGADOU GO U. Ville capitaleduMossi, dans le Soudan
occidental, comprise dans la grande boucle du Niger. Pla-
cée, comme le Mossi, sous le protectorat français, par la
convention franco-anglaise du mois de juin 1898.
0LIA6NE. Com. du dép. de la Nièvre, arr. et cant. de
Clamecy; 329 hab.
OUAGOUNYA. Peuple de l'xVfriipie orientale allemande,
mélange de Souahélis, d'Arabes et de Somahs refoulés par
les Gallas.^
OUAGUÉNIA. Peuple de l'Afrique équatoriale, vivant
sur la r. g. du haut Congo, dans la région de Stanley-
Ealls. sous l'équateur. Ils vivent de pêche. Ils s'étendaient
jadis jusqu'à Nyangoué, mais ont été refoulés par les
traitants arabes.
OUAGUENOUN. Tribu berbère d'Algérie, à 10 kil.
S.-E. de Deflys. entre le Sebaou et la mer; 15.000
âmes environ.
OUAHÉHÉ. Tribu cafre (V. OuHEm:).
OUAHHABITES. Secte musulmane fondée vers 1745
par le négociant arabe Mohammed-Abd-el-Ouahhàb de la
ville d'iyané dans l'Arabie centrale. Son intention était de
()79 —
OUAHHABITES -«= OUAOU
ramener l'[slani à sa piimitive pureté; aussi déclara-t-il
rejeter toute tradition, aussi bien écrite qu'orale, pour s'en
tenir au Coran. Tous les usages qui n'y étaient pas pres-
crits furent par lui combattus, spécialement le culte des
sainte ; tous les pèlerinages vers d'autres buts que la
Kaafa de La Mecque interdits. Il abolit également les cé-
rémonies funéraires, prêcha contre le luxe des mosquées,
des tombeaux, de l'habillement, l'usage du tabac, la to-
lérance des spiritueux, des jeux de hasard, toutes les
formes de la corruption, imposant la stricte observance
des jeûnes, des prières quotidiennes et mémo la commu-
nauté des biens.
Passant à l'acte, il entreprit de convertir par la force
les réfractaires, de profaner et de démolir les chapelles
des saints musulmans. Expulsé de La Mecque, il lut ac-
cueilli par le chef de Derayé, Saoud, qu'il avait converti
et auquel il délégua Tautorité temporelle. Elle fut efficace
entre les mains d'Abd-el-Azis (f 1803), fils de Saoud,
puis du fils de celui-ci, Abdallah Saoud II (f 4814). Ils
soumirent toute l'Arabie centrale, le Nedjd. Le chérif de
La Mecque fut complètement battu (1790), le pacha Soii-
man de Bagdad repoussé. Les ouahhabites, forts de
120.000 hommes, mais presque sans armes h feu, sacca-
gèrent Kerbela (180 i ) , occupèrent plusieurs fois LaMecque.
La Porte, inquiète de savoir le chérif de La Mecque con-
traint d'adhérer à la doctrine ouahhabite, fit appel àMé-
hémet-Ali, vice-roi d'Egypte, dont le fils Tousoun reprit
Médine et La Mecque (1811). Puis Méhémet-Ali vint lui-
môme attaquer le sultan ouahhabite Abdallah II, qu'il vain-
quit complètement à Taïf (1815). Son fils Ibrahim péné-
tra dans le Nedjd, tua 20.000 hommes aux ouahhabites
devant Derayé dont il s'empara (3 sept. 1818). La ville
fut rasée ; Abdallah II fut conduit ta Constantinople et dé-
capité (déc. '1818).
Les ouahhabites survivants s'enfuirent dans le désert où
ils vécurent de brigandage, établirent une nouvelle capi-
tale à Riadh, et reprirent ascendant sur les tribus irri-
tées par la tyrannie des fonctionnaires égyptiens. Une
nouvelle armée de Méhémet-Ali fut égarée par ses guides
et périt dans le désert. En 1863, les ouahhabites s'éten-
daient de nouveau jusqu'au golfe Persique. Mais la dis-
corde des deux fils de Feissal, Abdallah et Saoud, les
affaiblit, et les émirs jde Mail leur succédèrent dans la
prépondérance sur le Nedjd.
Les idées ouahhabites furent propagées dans l'Inde par
un pèlerin, Seijid Ahmed, converti à La Mecque vers 1820.
l']llesont rayonné de Patna sur le N. et le centre de l'Inde.
Des troubles éclatèrent en 1831. Ahmed y fut tué. Les
Anglais obtinrent des muftis de La Mecque une déclara-
tion d'après laquelle l'Inde était « pays de foi », où le
croyant ne doit pas troubler la paix. On ignore le nombre
des ouahhabites parmi les musulmans de l'Inde, car les
statistiques officielles donnent des chiffres trop faibles. —
Des idées analogues à celles des ouahhabites ont présidé
aux mouvements des Senoussi en Afrique, à la révolte
des musulmans de Chine (1855-74), à celle des Ghilzaïen
Afghanistan, et coopéré à l'agitation bàbiste en Perse.
A.-M. B.
BiBL. : CoRAxcEz, Hist. de Wahabijn: Paris. 1810. —-
BuRKHARDT, Notcs 011 tho Beduiiis and Wnhabys; Londres,
1834. — Palgravj:. Voy. en Arabie, — Hunter, Ouv In-
dian Musidrucins, 3" éd. 1876. — Rrhatsek, History ofthe
Wahabys^ dans Journal of the Bombay Branch of Vie
Royal Asiatic Society, n°38, 1881.
OUAHOUMA. Tribus de l'Afrique orientale, vivant au
S.-O. du Victoria Nyanza, dans les pays d'Ougan-
da, d'Ounyoro et de Karagoué. On leur attribue
une origine galla ou massai. Ils forment encore la classe
dominante de l'Ounyoro et du Karagoué, mais dans
l'Ouganda une classe servile. Ce sont des pasteurs qui
évitent les mélanges de sang ; ils sont de haute taille, à
visage ovale et aux traits réguliers.
OU AI (Inde) (V. Waï).
OUAINA-Ganga. Rivière de l'Inde (V. Wainganga).
OUAINVILLE. Com. du dép. de la Seine-Inférieure*
arr. d'Yvetot, cant. deCany; 444 hab.
OUAKCH. Grande rivière du Turkestan russe, affl. dr.
de TAmou-daria. Elle nait au N. du Pamir, sur le plateau
de l'Alaï, à 2 kil. des sources du Tarim, sous le nom de
Kizilsou,co\ûe entre l'Alaï au N. et le Trans-Alaïau S.,
dans une haute vallée de 40 kil. de large; elle en sort à
2.500 m. d'alt., par des gorges de 70 kil. de long qui
l'amènent au pays do Karatéghin ; au confluent du Mouk-
sou (g.), elle n'est plus qu'à 1.928 m. Elle prend le nom
de Sourghab et descend au S.-O., arrosant la vallée du
fïarm ; elle s'engage dans des défilés grandioses entre les
monts de Mourtagb et de Khodja-Ikour; en un point, les
parois sont distantes de moins de 7 m. Ces défilés sont
franchis sur le pont historique du Poul-i-Senghi par la
route de Feizabad à Kouliab, route entaillée dans le roc
qui mène du Ilissar vei's le Badakchan. La rivière prend
à p[irtir de Naran le nom de Ouakch, arrose la ville Kourga-
tjubé (ait. 176 m.), se divise en phisieurs bras envelop-
pant des fourrés marécageux et joint l'Amou-daria à l'E.
de Kabadian. Long de 660 kil., l'Ouakch fut longtemps
considéré comme le véritable Oxus (Amou-daria) supérieur.
Il roule autant d'eau que la branche méridionale à laquelle
ce nom a été attribué. A.-M. B.
OUAKHAN {Wakhan).?ixys de l'Asie centrale (V. Pa-
mir).
OUAKIKOUYOU. Peuple de l'Afrique équatoriale, du
groupe des Massai", au S. du mont Kenia.
OUAKIMBOU. Tribu de l'Afrique équatoriale, qui vit
dans la contrée de l'Ougogo et dans celle de l'Ouyanzi.
OUALA (Inde) (V. Vala).
OUALAN (Ile) (V. Kousai).
OU AL ATA. Localité du Sahara occidental, à 350 kil.
S.-O. d'Araouan. 'C'est un lieu d'échanges fort actif entre
les tribus du Sénégal et les habitants de Tendouf. Jadis
capitale d'un grand royaume, celui de Ghanata (xv^ siècle) ,
et assez peuplée, elle est fort déchue aujourd'hui, l^lle
occupe un espace d'environ 1 kil.q. et n'a pas de jardins.
Le sol qui l'entoure est impropre à toute culture.
OUALO. Contrée du Sénégal (Afrique occidentale), qui
a été annexée en 1856. Comprenant jadis toute la r. g.
du Sénégal, entre le Dimar à l'E., le Cayor au S. et l'océan
Atlantique à l'O., elle forme aujourd'hui le cercle de Da-
ghana. Les Ouolofs forment le fond de la population.
OUAIVIL Fleuve de l'Afrique équatoriale, qui prend sa
source dans l'Ousagara central, se dirige à l'E. et se jette
dans l'océan Indien, au S. de Saadani, sur la cote faisant
face à Zanzibar.
OUANDALA (Monts). Chaîne de montagnes du Soudan
central, à l'O. du Chàri, qui forme la limite du par-
tage des eaux entre le bassin du lac Tchad et celui de la
Bénoué (V. ce mot).
OUANDALA ou MANDAR A. Contrée du Soudan central,
située au S. du lac Tchad, limitée à l'O. par le Marghi,
au S. et à l'O. par l'Adamaoua, au N. par le Bornou. Le
Ouandala a une surface de 5.000 kil. q. environ; sa po-
pulation est de 150.000 hab., en partie musulmans, en
partie païens, La capitale estDoloo, qui ne compterait pas
moins, d'après Rohlfs, de 30.000 hab.
OUANGUINDO. Peuple de l'Afrique orientale, habitant
la contrée comprise entre le Roufidji et la Rovouma, tous
deux tributaires de l'océan Indien.
OUANIKA. Peuple de la côte E. d'Afrique, habitant la
contrée de l'Afrique orientale allemande comprise entre
l'embouchure du Pangani et celle du Sabaki.
OUANNE (Odona, Ouaine). Com. du dép. de l'Yonne,
arr. d'Auxerre, cant. de Courson; 1.032 hab. Ancienne
station romaine sur la voie d'Auxerre à Entrains. Châ-
tellenie relevant de Donzy. EgHse Notre-Dame du xvi^ siècle.
OUANNE (L'). Rivière des dép. du Loiret et de VYonne
(V. ces mots).
OUAOU. Ancien poste du Bahr-el-Ghazal, fondé en
1877 par Gessi, sur la r. g. du Ouaou, affl. g. du Djour.
ouAOïi — orBi':AUX
— 680
OUAOU-el-Kkbir. Oasis du Fezzaii (Afrique septen-
trionale), située à <>iO kil. ïl. de Mour/ouk. [.es Arabes
l'ont enlevée aux Tibbous en iHW.
OUAOUBÉ. Rivière du Soudan central, artl. de gauche
du lac Tchad. Le Ouaoubé prenil sa source dans le Sokoto.
au S. de Kano, court au N.-E., entre dans le Bornou.
passe près de Birni, l'ancienne capitale du Bornou, eta1)ou-
(it au lac Tchad, près de Bosso.
OUAPHRES (V. Apriès).
OUAPO-HOMO. Peuple de TAfriffue orientale, habitant
le cours inférieur du Tana. Leur territoire est contigu à
cekii des Somalis et des Gallas.
OUAR-Cheik. Ville maritime située sur la côte afri-
caine de l'océan Indien, à 68 kil. de Magadichou. Elle
fait partie aujourd'hui du Somahland italien.
OUARANSÉNIS ou OUARSENIS. Massif d'Algérie
(V. ALdÉRiE et Alger [Dép.J).
0UAR6LA. Oasis du Sahara algérien, dép. età577kil.
S. d'Alger, à i20 m.d'alt., dans la dépression de Heicha
où convergent les vallées de l'oued Mia et du Mzab ;
10.000 hab. environ. La ville compte moins de 2.000 âmes
et est très fiévreuse en été. Longtemps florissante, elle
est bien déchue, et ses édifices, kasba, mosquées, tombent
en ruines. Elle est entourée d'une enceinte percée de six
portes et se divise en trois quartiers : Beni-Sissin, Beni-
Ouagghin, Beni-Brahim. Les habitants sont noirs, du type
baratin, métis de Berbers et de nègres, lis sont fermiers
khammès des Chaamba du groupe Bou-h<mra. Ils cultivent
(300.000 dattiers à l'aide d'un millier de puits, dont
400 artésiens. Ils obéissent à un agha nommé par la
France. La ville a été fondée par la tribu berbère des
Béni Ouargla venue des environs deBiskra. lui 1857, elle
fut occupée par les Français à la suite d'une querelle du
sultan de Ouargla avec son vassal, le cheikh de Ngouca
(ksar situé un peu au N.). C'est la tête de ligne de la pé-
nétration vers le Soudan qu'on projette de poursuivre par
le chemin de fer transsaharien prolongé de Biskra sur
Ouargla et de là à Temassinin, Agadès. A. -M. B.
OUARTAN. Tribu de Tunisie, de race berbère, au N.-E.
de Thala; 38.000 âmes. Agriculteurs aisés dont le prin-
cipal centre est le Ksour.
OUARVILLE. Com. du dép. d'Eure-et-Loir. arr. de
Chartres, cant. de Vo\es; 709 bah.
OUASOUK. Tribu de LAfriiiue équatoriale hnbitani à
environ 50 kd. N. du lac M'baringo.
OUASSAOU. Province de la Côte d'Or anghdse (Afrique
occidentale), située auN. du capdesTrois-Pointes. Le pays
est traversé du N. au S. par la rivière Ancobra qui prend
naissance dans le pays Achanti et sejettedansla mer près
d'Axim. Le Ouassaou est une région aurifère très riche ;
on y rencontre en outre du cuivre, de l'étain. du fer, du
manganèse.
OUASSOULOU. Région de l'Afrique occidentale (Sou-
dan français), située dans le bassin du haut Niger. Elle
fut autrefois le premier centre de la puissance de Samory,
qui, à un moment donné, lors du traité de protectorat de
1887, s'étendait sur une superficie de 360.000 kil. q..
avec une population de l.oOO.OOO âmes. Le Ouassoulou
est arrosé parle haut Niger avec ses nombreux tributaires,
le Tankisso, le Mahel-Balével, le Baoulé, etc. Ses habi-
tants appartiennent à diverses races que les guerres et la
captivité ont mélangées. En général ce sont des Mandingues,
desFoulahsou Pheuls etdesSoninkés. Ils sont musulmans.
Après le refoulement de Samory à l'E., le Ouassoulou,
conquis par nos armes, a été réuni au Soudan français
dont il constitue une des provinces. La capitale actuelle
est Bissandougou, à 350 kil. de Bammakou ; les villes
principales sont Kankan et Sansando.
OUATE. 1. Technologie.— Feuilles de coton cardé, quel-
quefois recouvertes d'une sorte d'enduit destiné à assurer la
réunion des fibres qui les composent. Ces feuilles se forment
en enroulant autour d'un tambour la nappe très mince du
coton que livrent les cardes. On fait ordinairement usage
lie déchets de (pialilés plus ou moins belle^^ poiu' les ouates
employées pour la confection des \ètementb.ou de cotons
neufs et de belle (pialité pour les ouates médicinales.
IL Théhapeltiqce (\. Pansemeni).
OUATIER. Bi\ière du dép. du Cher (V. ce mot. 1. \.
p. 1088).
OU AJOUTA. Tribu vivanl dans l'Afrique é(juatoriah'
(région orientale). Leurterritoii'e est situé au S.-S.-O. du
lac Victoria Nyanza, entre l'Ouha central etl'Ouniamouézi
et s'appelle l'Ouzamba. fl fail aujourd'hui partie de
l'Afrique orientale allemande.
OUAYAO. Tribu de rAfri((ue orientale allemande à LE.
du lac Nyassa, au N. de la Bovouma. Ils prati(|uent la
circoncision.
OUAZAN (V. Ouezzan).
OUBA. Rivière de Sibérie, dans le gouv. de Tomsk, afll.
dr. de l'Irtyche, formé par la réunion de plusieurs petits
cours d'eau, dont les plus importants, la Tchernaia Ouba
et la Biélaïa Ouba, prennent naissance dans les monts
Altaï dans le district de Biisk. La rivière se dirige d'aijord
au N.-O. jusqu'à l'embouchure de la Slanovaïa Ouba.
puis à ro. et au S.-O. ; elle reçoit alors VOubinka et
prend la direction du S. jusqu'au confluent avec l'Irtyche
au village Oubinska'fa-Stam'fza. Sa longueur est de
300 kil., sa largeur de iO à 110 m., et sa profondeur va
jusqu'à 6 m. Elle a un courant impétueux et un lit pier-
reux. La vallée de FOuba est inhabitée dans sa partie su-
périeure, qui est montagneuse et d'un as])ect sau^age. Les
parties moyenne et inférieure, au contraire, sont couvertes
de belles prairies et de forêts. Beaucoup de poissons.
OUBANGUI ou iVIOBANGOL Grand affluent de droite
du Congo qui porte ce nom dans son cours inférieur, ce-
lui à' Quelle et de Makoua ilixns son cours supérieur. Il a
2.500 kil. de long; naissant à 1.300 m. d'alt. sous le
nom deKibah, à 2^30' lat. N., très près du lac Albert,
il se dirige vers l'O., recueille le Bomokandi (g.), l'Ouevré
(dr.), le Mbomou (dr.), leKotto (dr.), le Kouango (dr.),
leKemo (dr.), tourne au S.-O., 'puis au S. et se jette dans
le Congo à Laringa, par 360 m. d'alt. Ses eaux sont au
plus haut en septembre et octobre, la crue débutant en
mai. Il est navigable pour les petits vapeurs durant
d.lOO kil., de Laringa à Songo, de Makoanghai à Ban-
zyville, de SetemeàYakoma, confluent du Mbomou ; dans
l'intervalle, des rapides arrêtent les bat(niux qui ne peu-
vent dépasser pratiquement les chutes de Mokouangou.
L'Oubangui fut découvert sous le nom d'Ouellé pai*
Schweinfurth, en mars 1870, dans le pays des Monboul-
tous, mais ce géographe le prit pour l'origine du (^hari.
Stanley l'identifia à tort avec l'Aroufrimi, ce fut Grenfell
ijui, le remontant jusqu'à Songo, conjectura que l'Ou-
bangui était l'Ouellé de Schweinfurth (1885) et Van Gèle
qui le démontra en 1890.
L'Oubangui forme la limite de l'Etat du Congo et des
possessions françaisesjuscpi'au confluent du Mbomou, que
suit la frontière, le cours supérieur de l'Oubangui étant
complètement congolais depuis la convention conclue
avec la France le i-i août I89i. L'Oubangui forme une
des principales voies d'accès vers le centre de l'Afriijue et
du Congo vers les bassins du Nil et du Bahr-el-Gazal d'une
part, du Chari d'autre part. Lorsque la France entrepril de
pénétrer dans ces régions, elle constitua un commissariat
général du haut Oubangui à la tète duquel on plaça comme
administrateur M. Liotard, et, sous sa direction, il fut pro-
cédé à l'occupation du Chari et du Bahr-el-Gazal. Celle
dernière opération conduite par Zemio et Mechra-er-Rek,
jusqu'à Fachoda, sur le Nil, grâce à l'héroïque commandant
"Marchand, aboutit à un conflit avec l'Angleterre victorieuse
du Mahdi. La convention franco-anglaise du 21 mars 1899
fixa la frontière française à la ligne de partage des eaux
du Nil et du (^ongo. Le territoire du haut Oubangui esl
donc limité aux bassins de cette rivière et du Tchad (Chari) .
OU BEAUX (Les), ùmi. du dép. du Calvados, arr. de
Baveux, cant, d'Isignv ; f!8 bab.
().Si
01 BEÏIIA — OUDKiPOUR
OUBEIRA. Lagune irAlgérie, dép. de Coiislaiiliiie. ù
o kil. S.-()= de La Calle ; ^l.m) hect. ; à 9.8 m. d'ait.
On l'appelait jadis lac UeniinuircJuind,
OUBÉNA. Pays de l'Afrique orientale (région équato-
riale), au N.-E. du lac Nyassa. Le peuple qui l'habite est
appelé aussi Ouhéna. Ils sont agriculteurs. Leur roi chassé
])ar une invasion des Oualiélié a fondé nn nouveau
royaume, au détriment des Ouamachondés. au S. de la ri-
vière Ouranga.
OUBINSKOÏE. Lac de Sibérie, gouv. de Tomsk. Il se
trouve au milieu d'un steppe, parsemé de nombreux lacs,
(pu forme une dépression entre les rivières Obi etirtyclie.
Il a une superfiee de 364 kil. q., une longueur de 45 kil. ;
hi })]us grande largeur est de 12 kil. Il reçoit la Colcha
et la lagla et s'écoule dans l'Om par TOubinka. Pèche
abondante.
OUBIZA. Pays de l'Afrique orientale (région équato-
riale), à l'E. du lac Bangouélo. Jadis puissants, les Ou-
bizas vivent aujourd'hui dispersés et sans cohésion, sur les
rives marécageuses de ce lac.
OUBLIE (Ane. oblata, oblcuje, oblie, oublie). Pâtis-
serie légère, très mince, plate ou roulée en forme de cor-
net et faite avec de la farine, des œufs, du lait, du sel
et du sucre que l'on mélange de façon à avoir une bouil-
lie peu épaisse, cuite ensuite entre deux fers, à la ma-
nière des gaufres (V. ce mot). Le plaisir, vendu dans les
rues elles jardins publics de Paris, n'est autre chose que
des oublies.
CeAte pâtisserie est connue depuis fort longtemps, les
Romains l'appelaient nebiila ou obelia. Les oublies ont
été quelquefois une redevance de fiefs connue sous le nom
de droit (Voiibliage ou droit d'oubliés, exigée par les
seigneurs et même par les rois de France. Cette redevance
se convertit ensuite en gâteaux connus sous le nom d'oi<-
bliaux. Elles jouirent pendant longtemps d'une vogue
aujourd'hui bien réduite et étaient fabriquées et vendues
par les oublieux ououblieurs, marchands ambulants (pii,
au x\ii^ siècle, commençaient leur vente après le coucher
du soleil, en chantant
Chaudes oublies renforcies !
(laletos chaudes ! eschaudez !
Koiiisoles cà ! denrées au dez !
Ils s'introduisaient dans les maisons pour offrir leur
marchandise comme dessert ei égayer la lin des soupers ;
il s'ensuivit de graves abus, auxquels dut mettre fin une
ordonnance de police du 9 sept. 1722. Les oublieurs
disparurent alors insensiblement et sont actuellement rem-
placés par les pacifiques industriels connus sous le noni de
marchands ou marchandes de plaisirs.
OUBLIETTES (Archit.). Sorte de puits profond, ma-
çonné avec soin au-dessous du sol d'un cachot et dans le-
quel on précipitait les prisonniers dont on voulait se
défaire. Malgré l'abus qu'ont fait de descriptions de ces
sortes de cachots les auteurs de romans historiques
traitant du moyen âge, Viollet-Le-Duc établit {Die t. de
Carchit., VI, 454-454, fig.) que les oubhettes étaient
fort rares, au moins dans les châteaux français au temps
de la féodahté, et, après avoir émis ipielques doutes sur
les oubliettes que l'on croit avoir existé au château de
Lhinon et à la forteresse de la Bastille, à Paris, il décrit
les oubliettes d'une tour du château de Pierrefonds à
l'existence desquelles il lui a paru difficile de ne pas croire.
OUBOUDJOUÉ. Paysde l'Afrique équatoriale (région
orientale), à LO. du lac Tanganyika. Il appartient
géographiquement au bassin du Congo et poKtiquement à
l'Etat indépendant du Congo. C'est une région d'arbres
fruitiers.
OUBSA-XoH. Lac de la Mongolie septentrioiiale (empire
chinois), situé dans la province de Kobdo, entre les monts
Tannou-Ola et Khankhoukjjei; 4.000 kil. q. Eaux salées
et sulfatées magnésiennes. L'Oid)ï^a-Xor est, comme le
lac Baïkaj. une petite nier intérieure, alimentée par un
sNstème particulier de cours d'eau, dont le princi|)al est
la Tes, longue d'environ 500 kil.
OUCHAKOV. Famille russe dont les prhicipaux person-
nages furent André-Ivanovitch, né près de Novgorod en
1670, mort en 1747, soldat de la garde distingué par
Pierre le Grand qui en fit son aide de camp, un major
général (1721), lui donna plusieurs missions de confiance:
il devint général en chef sous Anne et comte sous l*'lisa-
beth (1744). — Fedor-Feodorovitch, né en 1743, mort
en 1817, fut mis par Catherine à la tète de la flotte russe
de la mer Noire, défit les Turcs à Iénikaleh(lî)juiL 1790),
Odessa (9 sept. 1790). Kaleri-Boumou (11 août 1791).
Amiral des flotte russe et turque sous Paul P'', il s'em-
para des îles Ioniennes. — Paul Nicolaievitoh, né en
1779, mort en 1853, prit Toultcha (1828), commanda
le 4^ corps et présida le comité des Invalides ; impliqué
dans le procès du caissier prévaricateur des Invalides, il
fut emprisonné. — Alexandre- Stepanovitch servit bril-
lamment dans la marine, commanda l'escadre du Danube
et fut nommé vice-amiral en j 852. — Mcolas-Ivanouitclij
aide de camp de Paskievitch, a écrit une Histoù^e de la
fjuerre dans la Russie d'Asie (2^ éd., Varsovie, 1843,
'2 vol.).
OUCHAMPS. Com. du dép. du Loir-et-Cher, arr. de
Blois, cant. de Contres; 837 hab.
OUCHE. Rivière du dép. delà Côfe-d'Or (V. ce mot,
t. XII, p. 1187).
OUCHES. Com. du dép. de la Loire, arr. et cant. de
Roanne ; 540 hab.
OUCHTETTA. Tribu de Tunisie, caidat de Béja ;
000 âmes. — Une autre du même nom, comptant 750 âmes,
vit dans la Retha, près de la frontière, au N. de la
Medjerda, où elle pratiquait jadis le brigandage.
OUCHY. Ville de Suisse, cant. de Vaud, port de
Lausanne, sur le lac de Genève, réuni à la ville par un
chemin de fer funiculaire mû par l'eau. Grands hôtels.
Chantier de construction de la Compagnie de navigation
du Léman. Byron a composé en 1816 k Ouchy le P/7'-
sonnier de Chillon.
OUCHY (E. de Confiais, vicomte d ) (V. Conflâns).
OUCQUES. Com. du dép. de Loir-et-Cher, arr. de
Blois, cant. de Marchenoir ; 1.457 hab. Stat. duchem.
de fer (tramways de Loir-et-Cher) de Blois à Orléans.
Oucrpies doit à sa situation danslaBeauce d'être le centre
d'un des plus importants marchés de la région pour les
céréales et les bestiaux.
OU DALLE. Com. du dép. de la Seine-Inférieure, arr.
du Havre, cant. de Saint-Romain; 216 hab.
OU DAN. Com. du dép. de la Nièvre, arr. de Clamecy,
cant. de Varzy; 531 hab.
OUDART-Feudrix de Bréquigny (V. Bréquigny).
OU DAYA6HIRL Rocher de grès de rinde, prov. d'Orissa,
à 52 kil. N. de Pouri, dominant la jungle de 35 m. Il est
creusé de treize grottes sacrées, qui furent un des pre-
miers centres des ascètes bouddhistes et porte le célèbre
monastère de Rani Nour.
OUDDOUouBOUDDOU. Province de l'Ouganda (Afrique
équatoriale), située sur la rive gauche du Victoria Nyanza.
Elle est bornée au N. par l'Ouganda proprement dit, à
rO. par le Kohi, au S. par le Karagoué. Son étendue est
de 110 kil. de long sur 50 de large. Cette province est
devenue, après le triomphe des indigènes protestants, le
refuge des catliohques de l'Ouganda, et est peuplée à peu
près exclusivement par eux. Elle fait partie aujourd'hui
de l'Afrique orientale anglaise.
0UDE..(V. Aoudh).
OUDEÏPOUR (angl. Odeypoor ou Oodeypoor). Ville
de l'Inde anglaise, capitale de la principauté de Mévar on
Oudeïpour, dans le val de Ghirna, à 226 kil. S. d'Adj-
mir ; 46.693 hab. (en 1891). Magnifique palais du prince
en granité et marbre, au-dessus du lac Petchola bordé de
vastes terrasses et semé d'îles renfermant d'autres palais,
A 5 kil, E., la nécropole d'/^/î<7r,
OUDEÏPOUR — OUDINOT
682
La principauté d'Oiideipoiir oiiMcvar (aiigl. Meijwar),
l'une des plus importantes du Radjpoutan a ; 33.181 Idl. q.,
1,844.360 hab. (en 1891) en majorité hindous; les Radj-
poutes forment environ le 1 2*^ de la population ; les mu-
sulmans moins de 3 °/o. Dans les montagnes du Sud vivent
cà l'état sauvage environ TiO. 000 Bhils. Le prince dont le
titre est Maliarana est le plus considéré du Hadjpoutana.
Il descend du rimai radjpoute Bappa du clan de Sesodia,
qui aurait occupé ïchittor en 728 et repoussé les Arabes.
Lemakaranaestà la fois cbef temporel et spirituel, prêtre
d'Eklinga et vicaire de Siva. A. -M. B.
BiBL. : Cf. la bibl. de l'art. Imu^ ot en partirulier : T(»i),
Annnls and nntlquitics of lUijasthan; 2 "^ éd., Madras, 1871).
— Louis RoussEj.ET, rinck- des linjaJts; Paris, 1675.
OUDEÏPOUR. Ville du Bengale, principauté de Tipi-
pera, r. g. de la Goumti. Marché de bois, bambou et
coton. Ruines du temple du dieu solaire Tripouradana
— A quelque distance en amont, ruines de Bara Oucleï-
pour, capitale du radja Oudei Manikya à la fin du xvi^ siècle.
Vaste palais, temple sivaite, etc.
OUDENAARDE (V. Audenarde).
OUDENAERDE (Rob. Van) (V. AudenAerd).
OUDENDORP (François Van), philologue hollandais,
né à Leyde en 1696, mort à Leyde en 1761. Il fut rec-
teur à Nimègue, puis à Haarlem, et devint professeur à
rUniversilé de sa ville natale en \1\^. On lui doit de
savantes éditions d'auteurs classiques : Lucain (Leyde,
1728, in4); César [ihnL, 1737, in-4); Sucfoiie(ibid.,
17r>l, in-8).
OUDENODON (Paléont.). Ce genre aété établi enl860
parOwen pour d'étranges Reptiles de grande taille pro-
venant du Kai'oii de l'Afrique du Sud ; il ne se dif-
fère du genre Dicynodon que par l'absence de dents aux
mâchoires ; de môme que ce dernier, le genre Ondenodon
appartient à l'ordre des Anomodontes. E. S.
OUDERNA. Peuplade de la Tunisie méridionale, dont
le centre est Tatahouine, au pied des monts des Ksours.
Ils sont environ 16.000 divisés en trois tribus : Ouled
Sehm, Ouled-abd-el-Hamid, Djelidat, semi-nomades, pas-
sant l'été dans là montagne du Djebel-el-Abiod.
OU DEUIL. Com. du dép. de l'Oise, arr. de Béarnais,
cant. de Marseille-le-Petit ; 179 hab. Stat. du chem. de
fer du Nord. Eglise du xi"^ siècle. Ruines d'un château
construit par Philippe- Auguste.
OUDEZEELE. Com. du dép. du Nord, arr. d'Haze-
brouck, cant. de Steenvoordc; 817 hab.
OUDIN (Remi-Casimir) , érudit français, né à Mézières
le 14 févr. 1638, mort à Leyde en sept. 1717. R entra en
1656 dans l'ordre des Prémontrés; à cette occasion, il
prit le nom de Casimir. Va\ 1681. il reçut la mission de
rechercher dans les diverses archives de l'ordre les
pièces ayant trait à son histoire. A son retour, il fut
fait sous-prieur de l'abbaye de Cuissy (Aisne) et obtint
l'année suivante, en 1683, l'autorisation de résider à Pa-
ris. Il y entra en relation avec les bénédictins de Saint-
Maur, mais aussi avec Jurieu; cela le rendit suspect à ses
supérieurs; ils le reléguèrent à l'abbaye de Ressens (Oise)
et l'y firent traiter si sévèrement qu'il s'évada, se rendit
en Hollande en 1690 et se fit protestant. 11 fut sous-bi-
bliothécaire de l'Université de Leyde jusqu'à sa mort. Sa
réputation lui vient de son grand Commentarius de scrip-
loribus ecdesiœ antiqiiis illorumque scripiis... adhuc
eÀ'stantibus in celehriorihus Europœ bibliothecis...
cum multis dissert ationibus... (Leipzig, 1722, 3 vol.
in-fol.), publié après sa mort. l\ n'est pas encore inutile.
Bibl. : Eug. et E. IIaag, dans la France protestante,
Paris, 1858, t. VIII, pp. 58 et suiv., donnent une liste com-
plète et une analyse sommaire des ouvrages littéraires
d'Oudin.
OUDIN (François), jésuite, né en Champagne, enl673,
mort en 1752. — OEuvres principales : les cjuatre pre-
mières lettres de la Bibliothèque latine des écrivains
de la Société de Jésus et les 100 articles qui devaient
suivre ; Poemafa didascalia parus sous le nom de d'Oli-
vet; édition de P. Syrus (Dijon, 1734).
OUDIN COURT. Com. du dép. de la Haute-Marne, arr.
de Chaumqnt, cant. de Yignory; 317 hab.
OU DINE (Eugène-André), sculpteur et graveur en mé-
dailles français, né à Paris le l'^^janv, 1810, mort à Paris le
12 avr. 1887. R fut élève de Petitot. d'Ingres et de Galle
de qui il épousa la fille. Il remporta en 1831 le prix de
Rome de gravure en médailles avec le sujet d'OEdipe
expliquant l'énigme du Sphinx. Sa production a été
considérable, et cet artiste, épris de l'antique et toujours
froid, devait atteindre sa perfection dans les monnaies de
la République de 1848. Dans son œuvre de statuaire, on
citera: la lierge et l'Enfant Jésus elles Quatre Evan-
gélisles (1845), à l'église Sanit-Gervais; la Reine Berllie,
mère de Charlemagne (1848), au jardin du Luxem-
bourg ; Psyché endormie (1855), au musée du Havre ;
Bethsabée, pour la cour du Louvre; Buste d'Hippo-
lyte Flandrin (1866), à Saint-Germain des Prés ; la
Vierge et l'Enfant Jésus (1868), à Saint- Ambroise ; la
Vierge et P Enfant Jésus (1873), à Saint-Eustache ; la
statue du général comte Espagne, au musée de Ver-
sailles; des bas-reliefs pour les tympans des portes de
Sainte-Clotilde. Le nombre de ses médaillons et de ses
médailles et jetons de présence est considérable ; on no-
tera : la Médaille commémorative de V établissement
de la Wépublique ; la Médaille de la Société des Ar-
chitectes (1818); la Médaille commémorative du
2 déc, -185/, celle de la Hestauralion de Notre-Dame
de Pans; la Médaille de l'Exposition universelle de
i855; la Médaille de l'Exposition universelle de iSlS;
à la RibHothèque nationale, douze médaiUons représentant
les Poètes illustres de l'antiquité. Etienne Rricon.
OUDINOT (Charles-Nicolas), duc de Reggio, maréchal
de France, né à Rar-le-Duc le 25 avr. 1767, mort à Pa-
ris le 13 sept. 1847. Après s'être engagé dès l'âge de dix-
huit ans dans le régiment de Médoc, il était rentré dans
sa ville natale pour complaire à ses parents, qui le des-
tinaient au commerce (1788), quand éclata la Révolution,
qui ne tarda pas à réveiller ses instincts militaires. Elu
lieutenant-colonel d'un bataillon de volontaires de la Meuse,
il défendit vaillamment le fort de Ritche, fut nommé chef
de brigade (6 nov. 1793), sauva par sa tenace énergie,
à Morlautern, près Kayserslautern, la division Ambert, à
laquelle il était attaché (23 mai 1794) et dut à ce beau
fait d'armes le grade de général de brigade (2 juin). L'an-
née suivante, il s'illustra par la prise de Trêves (6 août
1795), reçut cinq blessures devant Mannheim et fut fait
prisonnier parles Autrichiens (18 oct.). Rendu à la liberté
(janv. 1796), nous le retrouvons sous Marceau à l'armée
du Rhin, où il prit une part brillante à plusieurs com-
bats et notamment à celui de Neubourg(14 sept.). Pourvu
d'un commandement à l'armée dite d'Angleterre en 1797,
il fut plus tard incorporé dans l'armée d'IIelvétie, devint
général de division (12 avr. 1799) et, comme chef d'état-
major de Masséna, contribua glorieusement à la victoire
de Zurich. Il suivit au même titre ce général à Gênes et,
le 'J6 mai 1800, força le blocus de cette place pour aller
porter à Suchet les instructions de son général en chef.
Il reprit un peu plus tard auprès de Rrune les fonctions
qu'il avait remplies auprès de Masséna et, par son heiu^euse
audace, l'empêcha d'être battu à Monzembano (26 déc.
1800).
Le premier consul, qui faisait grand cas de lui, le combla
d'honneurs. Oudinot fut nommé inspecteur général d'infan-
terie (1801), commandant de la première division du camp
de Rruges (1803). Entre temps, il était [entré comme dé-
puté de la Meuse (nov. 1803) au Corps législatif, où il
ne siégea que fort rarement. Au commencement de 1805,
il reçut le commandement de dix bataillons de grenadiers
auxquels on donna par la suite le nom de grenadiers
d'Oudinot. C'est à la tête de ce corps d'élite qu'il fit la
campagne de 1805, s'empara des ponts de Vienne, fut
H88 —
OUDINOT
blessé à Hollabriinn et, ù peine guéri, assura le gain de
la bataille d'Austerlitz par la vigueur avec laquelle il se
comporta sur le plateau de Pratzen (2 déc). Chargé, après
la paix de Presbourg, d'occuper les principautés de Neuf-
châtel et de Valengin, il reparut bientôt à la grande armée,
entra à Berlin (25 cet. 1806), se couvrit Je gloire à Os-
trolenka (10 févr. 4807), alla prendre part au siège de
Dantzig et, après la reddition de cette ville (24 mai), com-
manda l'avant-garde à la bataille de Friedland (44 juin).
Gouverneur d'Erfurt et comte de l'Empire en 4808, il prit
l'année suivante une part considérable à la campagne du
Danube et se distingua de telle sorte, à Essling et à Wa-
gram, qu'après celte dernière bataille l'empereur le nomma
maréchal d'Empire (42 juil.). Oudinot fut en outre pourvu
du titre héréditaire de duc de lleggio et d'une énorme
dotation (44 avr. 4840). Homme de confiance de Napo-
léon, c'est lui qui, après l'abdication du roi Louis, fut
chargé de la prise de possession et de l'administration de
la Hollande, tâche dont il s'acquitta avec autant de mo-
dération que sa situation le lui permettait.
En 4842, le duc de Reggio suivît l'empereur en Russie
et commanda d'abord le 2''^ corps de la Grande Armée,
qui, placé sur la gauche, avait à contenir le long de la
Dwina l'armée de Wittgenstein. Veainqueur à Drissa
(29 juil.), il fut grièvement blessé à Polotsk le 47 août
suivant et dut céder à Gouvion Saint-Gyr le commande-
ment, qu'il vint reprendre au commencement de novembre.
A ce moment. Napoléon battait en retraite. Oudinot placé
sous les ordres du duc de Bellune, avec qui il ne s'enten-
dit guère, dut se rapprocher de lui et manœuvrer de fa-
çon à assurer aux débris de l'armée le passage de la Bé-
rézina. H se comporta, du 23 au 30 nov., à Lachnitza,
Studianka, Borizov, Plechnitsoui, avec une énergie vrai-
ment héroïque et reçut encore plusieurs blessures, qui no
l'empêchèrent pas de jouer un rôle im])ortant en Alle-
magne pendant la campagne de 4843. Les victoires de
Lutzen et de Bautzen furent dues en partie à son habi-
tuelle vigueur. Mais, pourvu peu après du commandement
d'une véritable armée, qui comptait plus de 60.000 hommes,
il se montra quelque peu inférieur à sa tâche. Chargé de
marcher sur Berlin, il fat défait à Gross-Beeren par Ber-
nadette (30 août) et, subordonné ensuite au maréchal Ney,
ne put l'empêcher d'éprouver un grave échec à Juterbock
(sept.). Rappelé à Dresde par Napoléon, il se replia avec
lui sur Leipzig, combattit vaillamment à Wachau (46 oct.)
et, après le désastre, protégeait de son mieux la retraite,
quand une atteinte grave de typhus le contraignit de ren-
trer en France (nov.)
A peine guéri, Oudinot reparut à côté de Napoléon et
le servit avec vigueur à Brienne, Nangis, Bar-sur- Aube
(févr. -mars 4844). Mais, après la capitulation de Paris, il
fut au nombre des maréchaux qui le contraignirent cà
abdiquer. Rallié sans réserve au gouvernement des Bour-
bons, il fut appelé au conseil du comte d'Artois (46 avr.
4844), puis, nommé coup sur coup ministre d'Etat, com-
mandant du corps royal des grenadiers et chasseurs à
pied (20 mai), pair de France (2 juin), gouverneur delà
3*^ division militaire, etc. A la nouvelle du retour de l'île
d'Elbe (mars 4843), le duc de Reggio, qui commandait à
Metz, voulut conduire ses troupes au secours du roi. Mais
il ne put les mener au delà de Troyes, où elles commen-
cèrent à ne plus lui obéir. Le maréchal ne servit pas Na-
poléon pendant les Cent- Jours. Aussi Louis XVIII, restauré
de nouveau, récompensa-t-il sa fidélité en le nommant
major général de la garde royale (8 sept. 4843), membre
du conseil privé (19 sept.), commandant en chef de la
garde nationale de Paris (9 oct.), gouverneur de la 3^ di-
vision militaire (40 janv. 4846). Oudinot prit encore part,
comme commandant du 4*^^" corps, à l'expédition d'Espagne de
4823 et fut quelque temps gouverneur de Madrid. Après la
révolution de Juillet, sans combattre le gouvernement nou-
veau, il resta longtemps vis-à-vis de lui dans une attitude
très réservée. Il finit pourtant par accepter de Louis-Philippe
la dignité de grand chancelier de la Légion d'honneur
(47 mai 4839), puis celle de gouverneur des Invalides
(21 oct, 1842). Il mourut dans ce dernier poste.
A. Debidour.
OUDINOT (Nicolas-Cbarles-Victor), duc de Reggio,
général et homme politique français, né à Bar-le-Duc le
3 nov. 4794, mort à Paris le 7 juil. 1863, fils aîné du
précédent. Attaché comme page à Napoléon en 4808,
il fit près de lui la campagne de 4809, fut nommé cette
même année (47 août) lieutenant de hussards, suivit
comme aide de camp le maréchal Masséna en Portugal
(4840-44), entra ensuite dans les chasseurs à cheval de
la garde, gagna vaillamment en Russie (4842), où il
servit près de son père, le grade de capitaine. La bra-
voure dont il fit preuve à Montmirail et à Craonne lui
valut le titre de chef d'escadrons (4^'' avr. 4844), qu'il
échangea fort peu après (27 avr.), grâce à la faveur dont
son père jouissait auprès du gouvernement de la Restau-
ration, contre celui de colonel de chasseurs à cheval. Resté
fidèle aux Bourbons pendant les Cent- Jours, il devint écuyer
cavalcadeur, enfin maréchal de camp (42 juin 4822) et fut
chargé, en 4824, du commandement de l'école de cava-
lerie de Saumur, qu'il résigna après la révolution de Juil-
let (4830).
Le général Oudinot ne rentra en activité qu'en 4833.
Après une campagne en Algérie, il obtint le grade de
lieutenant général (34 déc. 4835), et, quelque temps
après, devint inspecteur général de cavalerie. Elu député
en 4842 par le collège de Saumur, réélu en 4846, il siéga
au Palais-Bourbon dans les rangs de l'opposition modérée.
A la suite de la révolution de février, il fut nommé par
le gouvernement provisoire membre de la commission de
défense nationale (7 mars 4848). Un peu plus tard, il
reçut le commandement de l'armée des Alpes, qu'il remit
en janv. 4849 au maréchal Bugeaud. Entre temps, il avait
été envoyé à l'Assemblée nationale par le dép. de Maine-
et-Loire ' (avr. 4848). Il venait d'y reprendre sa place
quand Louis-Napoléon, président de la République, le mit
à la tète du corps expéditionnaire qu'il destinait, sans
oser le dire, à renverser la république romaine et à res-
taurer la souveraineté temporelle du pape (20 avr. 4849).
Oudinot, débarqué à Civita-Vecchia, marcha sur Rome,
et, après un échec suivi de négociations peu sincères de
la part du gouvernement français, entreprit, par ordre du
prince, le siège de la ville, qui se rendit le 4^^ juil. et où
fut aussitôt rétablie l'autorité pontificale. Rentré en France,
Oudinot siégea comme représentant de Maine-et-Loire à
l'Assemblée législative, où il s'associa par ses discours et
par ses votes à la politique antirépublicaine de la majo-
rité, sans se rallier à la politique de l'Elysée. Aussi, le
jour du coup d'Etat (2 déc. 4854), fut-il chargé d'orga-
niser militairement la résistance par les 220 représentants
réunis à la mairie du X^ arrondissement. Mais arrêté
presque aussitôt, ainsi qu'eux tous, et enfermé à la caserne
(lu quai d'Orsay, puis au fort de Vincennes, il ne put
exercer le commandement qui lui avait été conféré. Rendu
à la liberté quelques jours après, il passa le reste de sa
vie dans la retraite. — Le général Oudinot a pubUé les
ouvrages suivants : Aper{M historvjiie sur la dignité de
maréchal de France (4833, in-8) ; Considérations sur
les ordres 7nilitaires de Saint-Louis et du Mérite mi-
litaire (4833, in-8); Considérations sur l'emploi des
troupes aux grands travaux d'utilité publique (4839,
in-8) ; de ta Cavalerie et du casernement des troupes
à cheval (4840, in-8) ; des Remontes de V armée (4840,
iji-8) ; Précis historique et militaire de l'expédition
française en Italie en 1849 (4849, in-8). A. D.
OUDINOT DE Reggio (Auguste), officier français, né
à Paris le 3 mars 4799, mort à Muley-Ismail (Algérie)
le 26 juin 4835, frère du précédent. Entré au service de
très bonne heure sous la Restauration comme officier de
chevau-légers dans la maison du roi, il fut successive-
ment aide de camp des maréchaux Clarke, Gouvion Saint-
OUDfNOT ~ OUDOT
<)8i —
Cyr et Lauriston. Son avancement, grâce à la laveur dont
jouissait son père, fut très rapide. Après la révolution de
Juillet, il devint colonel de chasseurs dAfrique et fut tué
en combattant Abd~el-Kader à la tête de i'avant-^arde
de la division Trézel. — Un autre fils du maréchal,
Char les- Joseph- G abriel , iié à Paris le 10 mars 1819,
devint lieutenant-colonel d'infanterie et mourut à (\m-
iogne, près de Calais, le 10 déc. 18o8.
OUDINOT (Eugène-Stanislas), peintre verrier français,
né à Alençon (Orne) le 6 avr. 18!27, mort à Paris le
:22 nov. 1889, élève du manufacturier Bontemps et d'Eug.
Delacroix. Use révéla au concours ouvert pour les vitraux
de Notre-Dame et a exécuté à Paris ceux de Sainte-Clo-
tilde, Saint-Leu, Saint-Germain-PAuxerrois, Saint-Augus-
tin, la Trinité, restauré ceux de la cathédrale de Limoges et
fourni en Belgique ceux de Sainte-Croix de Liège, etc.
OUDINSK (V. Verkhné-Oudinsk).
OU DIRE Ville maritime de Plnde, à oo kil. N. de
Mangalore; 5.000 hah. Citée sacrée du Canara, elle ren-
ferme une antique pagode, huit monastères brahma-
niques, etc.
OUDJ ([//). Rivière de Sibérie, affl. g. du Tobol. Elle
nait dans l'Oural, a 4-28 kil. de long et servit de ligne de
défense contre les Kirghis, et les huit forts constituant
la ligne d^Oinska furent édifiés sur ses bonis.
OUDJA (Archéol. égvpt.). Ce mot signifiant salut, sau-
vegarde, est le nom de l'œil sacré, de Pœil solaire et, par
suite, d'une amulette essentiellement protectrice qui en
reproduit la forme et (jue Ton a retrouvée façonnée en
diverses matières.
De VOudja, ou œil solaire, était censé découler tout
ce qui est précieux, bon et bien-
faisant, les meilleurs produits de la
nature, tout ce qui fiatte l'odorat
ou le goût, tout ce qui a une vertu
médicinale, le miel, l'encens, la
mvrrhe, les huiles, etc. P. Pierret.
OUDJAYINE Ville de l'fndedans
la principauté tributaire de Gwa-
lior, sur le Sipra, affl. du Tchambal,
d'Adjmir à Bombay ; 34.691 hab.
9.476 musulmans. Vaste enceinte flanquée de tours, pa
lais des princes, nombreux temples hindous, parmi les-
(juels on admire celui de Mahadèna, renfermant le mau-
solée d'une femme de Mahadji Sindhia et le célèbre groupe
de marbre du Taureau deSiva.Oudjayini renferme d'autres
nombreux mausolées, quatre mosquées et, à l'extrémité S.,
le fameux observatoire, oii passait le méridien initial des
géographes hindous, reliant Ceylan au mont Mérou. Les
ruines de la cité antique sont à 2 kil. N. de la cité mo-
derne.
Oudjayini, encore regardée comme l'une des sept villes
saintes de l'Inde, ancienne capitale du Malva, dont elle cen-
tralise le commerce d'opium et la vente des cotonnades
anglaises, fut la capitale d'Asoka quand il était vice-roi
de son père Varicara au iii^ siècle av. J.-C. Elle avait été
aussi celle du légendaire Vikramaditya (V. L\de). Oud-
jayini suivit la destinée du Malva conquis par les musul-
mans au début du xiv® siècle, indépendant de 1387 à 1520,
conquis alors par le roi du Mévar, puis par Akbar (1570),
plus tard par Holkar (1792). auquel Sindhia l'enleva pour
en faire sa capitale jusqu'en 1810 oti Daolat-Rao transféra
sa résidence à Gwalior. A. -M. B.
OUDJDA. Ville du Maroc oriental, entre llsly et le
Mahiguène, dans la plaine d'Angad, au pied du Koudiat-
el-Khadra, à 10 kil. de la frontière d'Algérie ; 10.000 hab.
Elle est située au milieu de vergers d'oliviers et de jardins
irrigués par des canaux. Les remparts et la kasbah au
S.-O. sont délabrés; les rues, très étroites; les maisons,
misérables.
BiBL. : J. Canal, dans BiiU. Soc. cji'0(jr d'Ornn. 1Ss;>,
sept. -déc.
OUDJEIN (V. OïDJM'ixi).
Oiidja.
et le chem. de fer
(en 1891), dont
OUDJIDJI {ijiji). Pays de l'Afrique orientale alle-
mande, sur le littoral E. du lac Tanganvika, entre 4*^30'
et 4'^55 lat. S. ; 1.200 kiL q. ; 30-000 hab. Les habi-
tants, nommés Ouadjidji, sont de race cafre (bantou),
bons cultivateurs et navigateurs. Le pays produit du sucre,
de l'huile de palme et d'arachides, des patates, etc. —
Le centre principal, également dénoiiuné Oudjidji, est
formé de la ville indigène de Kaouèlé (8.000 îiab.). de
la ville arabe d'Ougoi et du port situé à 6 kil. sur la baie
de Kigoma (excellent mouillage). Staidey y rencontra
Livingstone en 1871.
OUDON. Ilivière des déj). de la Mai/enne et de Maine-
et-Loire (V. cesmots, t. X\m, p. 453! et t. XXII, p. 99^-)-
OUDON. ('om. (lu dép. de la Loire-Inférieure, arr. et
cant. d'Ancenis ; 1.687 hab. Stat. du chem. de fer d'Or-
léans. Belle tour (mon. hist.) d'un château du x\^ siècle.
OU DON G. Ville du royaume de Cambodge, située au
X. de Phnom-Penh, dans les marais du Veal-Phokou plaine
de boue, dans lesquels se déversent les eaux du Grand-Lac
et du Petit-Lac (Tonlé-Sap et (^lamnanlieu). Elle est
entourée d'une triple enceinte. C'est une ancieime ca-
pitale du Cambodge, abandonnée par le roi Norodom
pour la capitale actuelle, Phnôm-Penh. A 8 kil. N. sont
les ruines d'une capitale plus ancienne, Cambodia ou
Louek.
OUDOT (Charles-François), jurisconsulte et homme
politi([ue français, né à Nuits (Cô'te-d'Or) le { avr. 1755,
mort à Paris le 12 avr. 18il. Avocat, substitut du pro-
cureur général au parlement de Dijon le 8 févr. 1777,
commissaireduroiprèsletribunaldeBeaune le7 janv. 1791 .
il fut élu, le 1^^' sept. 1791. député de la Côte-d'Or à
l'Assemblée législative et réélu, le 5 sept. 1792, à la
Convention. Le 5 déc. 1792, il réclama, en des termes
curieux, le jugement de Louis XVI, et dans le procès il
vota pour Uunort du roi. Le 3 sept. 1793, il fut envoyé en
mission avec Robert Lindet dans les dép. de l'Eure et du
Calvados. Le 19 févr. 1794, il devint secrétaire de la
Convention. Le 29 mars, il fit, au nom du Comité de légis-
lation, un rapport sur la loi contre les accaparements. Le
23 avr.. il en présenta un sur le divorce, et, le 1*^^" nov.,
un autre sur les biens des détenus. Le 14 nov. 1795, Oudot
fut élu par le dép. du Puy-de-Dôme membre du conseil
des Cinq-Cents. Il se signala surtout par le projet d'orga-
lu'sation judiciaire civile, qu'il fit adopter le 18 oct.l79().
Le 8 sept. 1797. il donna asile à son compati'iote Carnot,
proscrit après le couj) d'I-^tat du 18 fructidor, et lui faci-
lita son départ pour la Suisse. Le 9, il fit interdire aux
ci-devant nobles l'exercice des foiu^tions publiques. Le
20 janv. 1798, il devint secrétaire du conseil des Cinq-
Cents, et, le 13 avr., il fut envoyé au conseil des Anciens
par le dép. de la Côte-d'Or. Il fut nommé juge au tribu-
nal de cassation le 20 juin 1799 et confirmé dans ces
fonctions le 9 avr. 1800. La Restauration l'en exclut et
les Cent-Jours l'y rétablirent. Proscrit par la loi du
12 janv. 1816 contre les régicides, Oudot se réfugia à
Bruxelles et ne rentra à Paris qu'après la révolution de
juil. 1830. n mourut dans cette ville le 12 avr. 1841, à
l'âge de quatre-vingt-six ans, et fut enterré dans le cime-
tière du Mont-Parnasse. On a publié de lui, en 1842, une
Théorie du jury. Etienne Châravay.
BivA.. : Moniteur. —Le Tribihud et ht cour de Cdi^su lion
OUDOT (François- Julien), jurisconsulte français, né à
Ornans (Doubs) le 20 avr. 1804, mort le 14 sept. 1864.
Fils d'un général mort en 1814 sous les murs de Paris,
il fit ses études au lycée Charlemagne, puis suivit les cours
de l'Ecole de droit et, reçu docteur en 1826, fut nommé
en 1829 professeur suppléant à la faculté de Paris. Devenu
en 1837 titulaire d'une chaire de droit civil, il tenta de
faire prévaloir dans l'enseignement de la science juridique
la méthode historique et philosophique, mais rencontra
dans l'administration une vive opposition et fut finalement
rappelé à la stricte observation des programmes (décr.
min,, 22 sept. 1843). Il conserva sa chaire jusqu'à sa
— G8o
OUDOT — OUEN
mort. 11 a laissé un petit nombre d'om rages remarquables
par rélégance du style et la profondeur des aperçus phi-
losophiques : Essais de philosophie du droit (Paris,
4847) ; Conscience et science du devoir (Paris, i8o(i,
2 vol.) ; du Droit de famille (Paris, 1867, posth.).
OU DRY. Com. du dép. de Saône-et-Loire , arr. de
Charolles, cant. de Palinges ; 55^2 hab.
OU DRY (Jean-Baptiste), peintre animalier français, né
à Paris le 17 mars 1086, mort à Beauvais le 3 avr. 1755.
Il était (ils de Jacques Oudry, maître peintre et marchand
de tableaux établi sur le pont Notre-Dame, de qui il reçut
ses premières leçons, et de Nicole Papillon, parente du
graveur. Il fut ensuite élève de Serre, peintre des
galères du roi, et de Largillière qui le prit en affec-
tion et avec lequel il travailla pendant cinq années. Il
faisait de la peinture d'histoire et des portraits et avait
])Qmi une Nativité ])onv l'église Saint-Leu et une Ado-
ration des Mages pour l'église Saint-Martin des Champs :
sur les conseils de Largillière, il se mit à l'étude des
animaux. Entré en 1708 à la maîtrise de Saint-Luc,
il y devint professeur en 1717. Reçu à l'Académie
1<* "io févr. 1711) connue |>einh'e d'histoire avec une
{lH)ndance pour moi'ceau de concours, il y fut professeur
e.n'i743. U^iand Pierre le Grand vint à Paris en 1717,
Oudry fit son portrait et le tsar voulut emmener le peintre
en Russie ; mais le duc d'Antin l'empêcha de partir. Pré-
senté à Louis XV par le marquis de Beringlien, Oudry
devient le peintre des chiens du roi; il est à la mode et
favori: il suit les chasses de la cour, a son atelier aux
Tuileries et son appartement au Louvre. Il travaille pour
Fagon, le surintendant des finances, et décoj'e sa villa de
Fontenay-aux-Roses. En 4734, Fagon le met à la tète de
la maiRifacture de Beauvais qui était tombée depuis Col-
hert. Très vite Oudry la releva: il fit d'abord lui-même
les jolis modèles de ces tapisseries fines, vives et claires,
^i recherchées aujourd'hui ; puis il s'adjoignit pour cette
<euvi'e Natoire et Boucher. Le roi reconnaissant lui donna
la surinspection de la manufacture des Gobelins. Oudry a
exposé aux Salons, de 4737 à 4733, des cerfs, des chiens,
des lions, des léopards, des loups ; des œuvres postliumes
ont été présentées au Salon de 4761 . Le musée du Louvre
possède d'Oudry : Mitte et Turin, levrettes de la meute
(Le Louis XV; Mignonne et Sylvie, levrettes de la
)neute de Louis XV; Blanche, chienne de la meute
de Louis XV; la Chasse au loup (Salon de 4746), des-
tinée au château de Choisy ; iin Chien gardant des pièces
de gibier (Salon de 4748) ; Combat de deux coqs (Salon
do 4730); la Ferme; un Chien avec une jatte près de
lui (Salon de 4734) ; dans la salle La Gaze: Instrument
de musUiue appuyé sur un tabouret violet; et treize
dessins. On voit des tableaux de lui au Grand Trianon,
au château de Chantilly, aux musées d'Amiens, d'Arras.
de Besançon, de Caen, de Cherbourg, de Lille, de Mont-
pellier, de Nantes, de Narbonne, d'Orléans, de Pau, de
Rouen, de Toulouse et de Tours. Le musée de Stockholm en
possède sept. Il a été gravé par Le Bas, Sylvestre, Basan.
Tardieu, Daullé et Aveline. Oudry a gravé à l'eau-forle
des planches pour l'illustration du lioman comique;
une Suite de chasses en quatre pièces (4723) ; et les
aimaux dans l'édition des Fa/^/e^' de La Fontaine de 4733.
niais il faut noter que ces animaux, parfois faiblement
dessinés, n'ont été qu'esquissés par lui et qu'ils ont été
terminés par Cochin qui n'avait pas d'eux la même familia-
rité. Travailleur infatigable, Oudry, le dimanche, allait faire
des éludes de passage aux environs de Paris; le soir, il
dessinait. Pour ces tableaux d'une vérité superficielle et
cijarmanle, il recherchait consciencieusement la nature :
\m jour il se rendit à Dieppe pour y étudier des poissons
frais. Oudry était riche; il avait une belle collection de
tableaux et de curiosités qui fut vendue api'ès sa moi't
40.000 livres. On a publié de lui une conférence lue à
l'Académie sur la manière d'étudier la couleur en compa-
raiil les objets les y\\\^ aux autres. — Sa fenirnc. ru'c
F/-oi<s\sitf', qu'il épousa après lui avoir donné des leçons, a
gravé à Peau-forte un portrait de lui.
Soji fils, Jacques-Charles, né à Paris en 4720, fut
reçu à l'Académie le 31 déc. 114748; mourut à Lausanne
en sept. .4778. Il a beaucoup voyagé et longtemps vécu
à Bruxelles, où il fut le peintre du prince Charles de
Lorraine. Etienne Bricon.
OUDRY (Alphonse) (V. B»i-:st, § Monuments),
OUED. Nom arabe des vallées et des cours d'eau qui
entre dans la composition de nombreux noms de lieux
(V. OUADI).
OUED (El). Ville d'Algérie, dép. et à 340 kil. S. de
Constantine, capitale de l'oasis saharienne du Souf(V. ce
mot), d'oii les caravanes se rendent à Ghadamès.
OUED-ATWIÉNIA. Com. du dép. et à 33 kil. 0. de
Constantine, sur l'Atménia. affl. g. duRummel ; 6.343 hab. ,
dont 803 Français. Fondée en 4834 près des sources
d'Hammam Grous (Balneum Poïiipeianiim des Romains).
OUEDJ (El). Ville maritime d'Arabie, pays deMadian,
par 26M3' lat. N. Port d'accès facile. Au s!! la vallée de
l'Ouadi-el-Moiah renferme des ruiiu^s et inscriptions ru-
pestres.
OUED-SEGUIN. Com. du dép., arr. età29 kd. S.-O.
de Constantine, sur le chem. de fer d'Alger à Tunis;
2.224 hab., dont 424 Français.
OUED-ZENATL Com. mixte du dép., arr. et à 30 kil.
E. de Constantine; 42.373 hab., dont 398 Français.
Stat. du chem. de fer d'Alger à Tunis.
OUED-ZERGA. Village de Tunisie, sur un affl. g. de
la Medjerda, à 70 kil. de Tunis. Stat. du chem. de fer
d'Alger à Tunis.
OUEI-Haï-Oueï (V. Wei-Hai-Wei).
OUEI-Ho. Rivière de Cliine (V. Oei).
OUEI-HsiEN. Vdle de Chnie (prov. de Ho-nan), située
sur la r. dr. du Ouei-ho, rivière qui amorce à Lin-sing
le Grand-Canal ou Yun-ho, qui va de Tien-tsin à Nan-
king.
OUEILLOUX. (îom. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr.
de Tarbes, cant. de Tournav ; 236 hab.
QUELLE (Riv.) (V. Coxa) |Fleiive|, t. XH, p. 409).
OUEN SAN. Ville de Corée (en cliinoib, Yuen chan :
en japonais, Gen san), district de Tek ouen, prov. de
Ham kyeng), située sur la mer du Japon, au fond de la
baie deBroughton, ouverte au commerce japonais en 4880,
à celui des autres nations en 1883. Les affaires faites uni-
quement par les Chinois et les Japonais portent princi-
palement sur les peaux, le poisson sec, la poudre d'or,
les haricots à l'exportation, sur les étoffes de coton, de
soie et les teintures à l'importation. Sol fertile, mines de
cuivre; climat sain, très froid en hiver. La ville indigène
compte environ 20.000 âmes; les Cbinois et les Japonai^^
(ceux-ci au nombre de 4.300) ont leurs concessions sépa-
rées ; il y a environ 20 résidents européens ou améri-
cains. Ligne télégraphi({ue de Ouen san à Séoul ouverte
^n 4891. M. ComiANT.
Bim.. : licltiinis of i rade and trada reports for ('liuia.
publiés à Chang-hai' par les Oouaucs cliiuois(>s.
OUEN-TuiÉoL-fou. Ville de Chine, prov. de Tché-kiang.
Sa situation au fond de la baie qui porte son noui en fait
un port important, ouvert au commerce européen. Ouen-
Tcbéou est bâtie dans un lieu marécageux ; elle est célèbre
par la beauté de ses édihces. Son port, sûr et commode,
est très fré([uenté ; la marée porte les navires jusque sous
ses nuu's. Il y a aux environs des parcs d'huîtres re-
nonnnés.
DU EN T.)\oL. Ville de Corée, di.-l. de la province de
Kang ouen, située àenvicon 100 kil. au S.-E de Séoul, dans
la région montagneuse qui domine, sur la rive droite, la
haute vallée du Han kang. Cette ville date de l'époque du
Ko kou rye (\, Troh Royaumes); elle fut capitale secon-
daire du royaume de Sin ra (V. Six ha).
OUEN (Saint), en ldtm\iudoe}ius\ évêque de 4{ouen. né
vers 600, mort à Clichv le 24 août 683. De son vivant.
OUEN — OUFA
686
il parait avoir été plus connu boiis le nom de Da-
don. Il vécut à la cour de Clotaire il et de Dagobert. Ce
dernier fit de lui son référendaire. Apres avoir fait un
voyage en Espagne, il fut sacré évêque avec saint Eloi. le
dimanche avant les Rogations de Fan 640. Il assista au
troisième concile de Chàlons (644). Sa Vie de saint Eloi
(d'abord éd. par Surius, Vitœ sanclonun, aui®^ déc,
pp. 629-635 ; mieux dans d'Achery, Splcileginm ; Paris,
'1724, 2^ éd., t. II, pp. 76-123; trad. française par
Ch. de Barthélémy, Paris, 1847, et par Parenty, Arras,
1831), quoique sans doute remaniée, est un fort intéres-
sant document. F. -H. K.
0UER6HA. Rivière du Maroc (V. ce mol, t. XXIII,
p. 250).
OUERGHAIVIIVIA. Confédération de la Tunisie méridio-
nale, au S. de Djerba, répandue sur 20.000 kil, q. Elle
descend des Ouled-Demmed, de race zenète, qui furent
chassés des plaines par Finvasion arabe hillalienne, mais
les réoccupèrent au xv^ siècle. Cette population guer-
rière [a été constituée en Makhzen pour la garde de la
frontière tripolitaine. Elle est divisée en six tribus auto-
nomes.
GUERRE. Com. du dép. d'Eui'e-et-Loir, arr. et cant.
de Dreux; 403 hab.
OUESSANT (lied'). On applique aussi ccnomàFarchi-
pel tout entier qui prolonge la péninsule armoricaine et
plus particulièrement le pays léonais (V. Finistère). Cet
archipel comprend, en allant de l'E. àl'O., les îles de Bé-
niguet, Quéménès, ïrielen, Molène (V. ce mot). Balance,
Bannec, enfin Ouessant, la plus grande, et la terre la plus
occidentale de France. Il est, en outre, divers îlots et des
ècueils tels que la chaussée des Pierres-Noires. Entre ces
îles et roches, il y a des canaux qui font communicjuer la
Manche avec l'Iroise, savoir : chenal du Four, chenal de
la Helle, et surtout, entre Ouessant et Bannec, le passage
du Fromveur. Les courants sont violents, les écueils nom-
breux, les brumes fréquentes, en sorte que ce sont des pa-
rages fort dangereux et fertiles en naufrages. Les phares
y sont multipliés, ainsi que les signaux sonores, et l'on y
a installé plusieurs stations de sauvetage.
L'île d'Ouessant est située à 10 milles du continent;
elle mesure 8 kil. du S.-O. au N.-E. et a 3.500 m. de
largeur moyenne. Sa superficie est de 1.558 hect., îlots
littoraux compris. On y remai'que les baies de Lampaul,
au S.-O., et du Stifi", au N.-E. Cette dernière partie de
l'île est la plus élevée, et la ])ointe a 63 m., c'est le point
culminant; il est surmonté d'un pbare qui date de 4695.
Un autre phare est établi sur la pointe correspondante de
la baie opposée, celui du Créach (1863). Dans le fond de
cette dernière est le bourg, qui porte le même nom, de
Lampaul. Les ports et mouillages sont constitués par les
baies et les anses de cette île, fort déchiquetée; on en
compte six, dont les principaux sont ceux de la loaie du
Stiff et de celle de Lampaul ou Portzpaul. Tous ces ports
sont imparfaits, chacun a ses inconvénients; ce qui a dé-
cidé la création de toutes pièces d'un nouveau port, dans
la baie d'iVrland, le long du Fromveur. L'île est en rela-
tions télégraphiques avec le continent au moyen d'un câble
de la baie du Stiff à celle de Laber-Ildut. Il y a deux postes
électro-sémaphoriques, à côté des phares précités. Près
de celui de Créach une trompette à air comprimé a été
installée. La Société centrale de sauvetage a deux stations,
Lampaul (1866) et Stiff (1879). Service à vapeur pour
les communications avec le continent, le Conque t, desser-
vant en même temps Molène.
Ouessant est un chef-lieu de canton de Farr. de Brest,
comprenant une commune (l'autre île habitée de l'archi-
pel, Molène, est une commune du cant. de Sanit-Renan).
Population, 2.287 hab., 320 agglomérés au chef-lieu. Il
y a 1 syndic des gens de mer, 1 maître de port, 1 .^;ar~
dien de batterie, mais ni troupes ni gendarmes ou ^ une
garnison temporaire. Défenses militaires : 2 petites redoutes,
1 fort (1879) ; de nom eaux travaux sont en cours d'exécu-
tion (1899). 2 écoles congréganistes. De nombreuses cha-
pelles, la plupart en ruines aujourd'hui, existaient dans
l'île. L'église récente du bourg est assez spacieuse. Les
phares constituent des monuments remarquables. Comme
antiquités, on cite les vestiges d'une muraille antique,
connue sous le nom de temple paien, et le cromlech de la
Corne-des-Gaules.
L'eau douce est abondante dans Fîle d'Ouessant et de
bonne qualité. Il n'y a point de végétation arborescente ;
la moitié du territoire est cultivée en céréales et en pommes
de terre. La portion sans culture produit un gazon très
dur que broutent des bêtes à cornes et surtout des mou-
tons de petite taille fort nombreux (plus de 6.000). Les
poneys y ont presque disparu. Les hommes sont presque
tous marins, ce sont les femmes qui cultivent les terres.
La pèche, dans cette mer difficile, est peu active et n'oc-
cupe guère que le huitième de la population masculine
adulte. Le trafic maritime consiste en objets de consomma-
tion importés et, pour l'exportation, en pommes de terre,
orge, moutons.
Ouessant était connue des Romains, c'était VOExantis de
Pline, Uxaniis (Itinéraire d'Antonin). Les Celtes l'ont
nommée Heussa, puis Ushant. Cette île a- été évangélisée
par saint Pol Aurélien, qui y vint d'Angleterre, vers 517.
Pendant plusieurs siècles, elle a appartenu aux évêques
de Léon. En 1388, elle fut ravagée par les Anglais. En
1589, elle fut cédée à de Rieux de Sourdéac, gouverneur
de Brest, puis érigée en marquisat pour ce seigneur par
Henri IV en 1597. Elle passa à la couronne en 1735. Un
gouverneur y avait été institué parles seigneurs de Rieux,
usage qui dura jusqu'à la Révolution. La bataille cV Oues-
sant eut Heu dans ses eaux en 1778 (27 juil.). Pendant
l'empire, Ouessant reçut un poste militaire. Ch. Del.
BiBL. : FÉTvoux et Mengin, Notice sur l'archipel d'Ouea-
simt. clans Ports iiuirltimes de France, 1879, t. IV (avec^
une liste bibliographique). — Anaales du sauvetofje ma-
rithne.
OUEST (V. Caruinaux [Points] et Couchant).
OUEST Africain (V. Congo français).
GUETTE (L'). Rivière du dép. de la Mayenne (V. ce
mot, t. XXIII, p. 453).
OUEZY. Com. du dép. du Calvados, arr. de Caen, cant.
de Bourguébus ; 215 hab.
OUEZZAN. Ville du Maroc septentrional, à 120 kil. S.
de Tanger; 10.000 hab. Trois mosquées. C'est le prin-
cipal centre religieux du Maroc, résidence de la confrérie
des Moulei-ïaieb et du chérif qui la dirige. Les habitants
sont censés desccndj'e du Prophète, la ville entière est
lieu d'asile. La confrérie comprend le tiers, peut-être la
moitié des Marocains et compte des adhérents jusqu'en
l^^gypte. Le sultan y est affilié et n'est reconnu qu'après
avoir reçu l'hommage du chérif. Cet ordre fut fondé à la
im du xvii^ siècle par Moulei-Abd-Allah-ben-Brahim, or-
ganisé au xviii^ par Moulei-Taieb ; l'origine de cette fa-
mille des chérifs serait au Soudan. Sidi-Hadj-abd-es-Selam,
né en 1832, épousa une Anglaise et se plaça sous le pro-
tectorat français. Son fds qui lui a succédé continue cette
pohtique (V. Maroc).
OUFA. Ville de Russie, à 2.000 kil. E. de Saint-Pé-
tersbourg, à 1.400 kil. de Moscou, ch.-l. de gouverne-
ment, sur la rivière Bielaia (Blanche), non loin du con-
fluent de FOufa ; 54° 43^ 34/' lat. N., 53*^ 39' 14/' long.
E. ; 49.961 hab. Fondée en 1573 pai' Yvan III, pour
contenir les Kirghis, Oufa voit de nos jours accroître
son importance depuis la construction du chemin de fer
transsibérien. La ligne y franchit la Bielaia sur un pont
gigantesque qui est un ouvrage de premier ordre. Oufa est
le siège d'un gouverneur, d'un archevêque et d'un mufti
musulman ; pour l'instruction publique, elle dépend du
curateur d'Orenbourg. Ses principaux monuments sont
d'ordre religieux : églises, mosquées, chapelle protestante.
Au total, 4.000 constructions environ. La ville est reliée
à Kazan et à Perm par un service de bateaux, et à Sekli-
tamak et Orenbourg par une grande route postale.
687 —
OUFA — OUGHTRED
Le gouvernement (Oufimskaya goubernia) a été formé en
1865. Sa superticie est de 110.000 kil. q. et sa popula-
tion de 2.220.497 hab.. répartis en six districts appelés
du nom de leur chef-lieu : Oufa,Belebei,Birsk, Zlataoust,
Menzélinsk et Sterlitamak. LesBachkirs, répandus surtout
dans les campagnes, en sont l'élément dominant, puis
viennent les Russes, en plus petit nombre desTchouvaclies,
des Mordvas, des Tchérémisses, des Ostiaks, des Tatars.
Les principales ressources du pays sont l'élevage du
bétail, l'exploitation des mines et des forêts de la
montagne, l'élevage des abeilles, les peaux. A Zla-
taoust (20.973 hab.) se trouve la plus grande fabrique
d'armes de la Russie. — La région d'Oufa est traversée
par un tributaire de la Kama, de Bielaia, grossie elle-
même de rOufa, de la Deina, de l'Achkabar et de la Sterla.
Nombreux lacs. CHmat fort inégal : moyenne annuelle, à
Oufa, 3«,2 ; cà Zlataoust, 0°,!. — Lec^Z5/ri'c^il7.000kil.q.
et 187.000 hab. Paul L abbé.
OUFA. Rivière de Russie d'Europe, principal affluent
de la Bielaia. Son cours est de 500 kil. Elle prend sa
source dans les monts Oural et conflue à 2 kil. environ au
S. d'Oufa. Elle sert principalement à transporter les bois
coupés de Ja montagne.
OUFFIÈRES. Corn, du dép. du Calvados, arr. deCaen,
cant. d'Evrecy; 218 hab.
OUFRAN. Oasis du Sahara, dans la région du Touat,
peuplé de sectateurs de Moulei-ïaieb (chérif d'Ouezzan^.
OU GAI A. Pays de l'iVfrique orientale anglaise, sur la
cote E. du Victoria Nyanza. On le désigne aussi sous le
nom de Kavirondo. H comprend la grande île d'Ougingo.
OUGANDA. Pays de l'Afrique centrale, compris dans la
colonie de l'Afrique orientale anglaise, situé au N.-O. du
lac Victoria Nyanza (Oukéréoué). Ce nom fut aussi appli-
qué à l'ensemble du protectorat concédé à l'Impérial British
East African Association sur la région des grands lacs
(l million de kil. q.), mais elle s'est retirée, et le nom
d'Ouganda a été restreint à ses anciennes limites ; on lui
attribue 40.000 kil. q. et de 300.000 à 500.000 hab.
(^est un pays ondulé, partagé entre les prairies et les
forêts, coupé de vallées marécageuses où croit le papyrus.
Le climat est humide (1.270 millim. par an), la tempé-
rature tropicale (moyenne + 21 «,4 variant de +34^,5
à -f- 12^). La population dominante des Ouaganda est
nègre, de la famille bantou (V. Afrique), mélangée aux
Ouahouma, pasteurs de race hamitique. Les missionnaires
catholiques français et protestants anglais en ont converti
une grande partie ; d'autres sont musulmans. Ce sont de
bons agriculteurs, cultivant la banane, la doura, le mais,
la patate, la sésame, le ricin, le tabac, la canne à sucre,
le café ; ils préparent une boisson fermentée avec les
bananes. Ils élèvent des bœufs, des moutons à grosse
queue, des chèvres, des poules, des chats, des chiens, tra-
vaillent habilement le bois et le fer, s'arment de la lance,
du javelot et du bouclier que remplacent les armes à feu
importées de Zanzibar. Ils naviguent sur leur lac dont
les îles sont très peuplées. Ils se vêtent d'écorce, savent
travailler le cuir, font de la vannerie et de la pote-
rie. L'Ouganda exporte de l'ivoire, du caoutchouc, de la
résine, du café, de la myrrhe, des peaux de fauve et de
bétail.
Le royaume d'Ouganda comprend neuf provinces : Bou-
siro avec la capitale Mengo, qui a remplacé Roubaga,
situé à 2 kil. au N.-O., Tchagoué, Boutera, Singo, Boud-
dou, etc. Le résident anglais, qui commande à 1.200 Sou-
danais, est à Kampalla. Il gouverne par l'entremise du
voï (kabaka), de son premier ministre (katikiro) et de son
conseil (loukiko). Les provinces ont des gouverneurs héré-
ditaires (bakoungou). La terre appartient surtout aux
nobles (bataka), qui imposent corvées et redevances assez
arbitraires aux paysans (bakopi). L'esclavage domestique
est peu oppressif. Un chemin de fer de 1.072 kil. doit
relier l'Ouganda à la côte (Mombaza). En nov. 1898,
377 kil. de rails étaient posés.
Vers le xv^ siècle, l'Ouganda fut conquis par des en-
vahisseurs venus du Nord. Les Arabes n'y pénétrèrent
qu'au xix*^ siècle par le S. (marché de Tabora), au temps
du roi Sinna (1836-60). Sous son successeur Mtésé {Y. ce
nom), qui régna de 1800 à 1884, parurent les Euro-
péens. Il tenta vainement d'extirper le christianisme. Son
fils Mouanga fit tuer l'évêque Hannington (1885) et mas-
sacrer les chrétiens, mais fut chassé en 1888 et se fit
baptiser dans l'Oukoumbi. Les musulmans, appuyant son
frère Kaléma, prirent le dessus, et les chrétiens rappe-
lèrent alors Mouanga, qui fut vainqueur à Roubaga le
0 oct. 1889. Il invoqua le secours des Anglais, et, en
déc. 1890, signa un traité de protectorat avec le capitaine
Lugard, représentant de EL B. E. A. Celui-ci provoqua
un massacre des catholiques et fit passer le roi au pro-
testantisme (1892); les musulmans, de concert avec les
Soudanais du cap Macdonald, se rebellèrent en 1893, et la
Compagnie transmit ses possessions au gouvernement
anglais (1894). A. -M. B.
13II5L. : Outre les ouvrages de Spekc, Stanley (3° éd ,
1891), V. WiLSON et Felkin, Ugandci ; Stuttgart, 188o,
2 \ol. — AsKE, Two hings of Uganda; Londres, 1889, et
Chvonicles of Uganda, 1891. — ' Stuhlmann, Mit Einln-
pascha lus Uerz'von Afrilia; Berlin, 1894.
OUGE. Com. du dép. de la Haute-Saône, arr. de Ve-
soul, cant. de Vitrey ; 527 hab.
OUGES. Com. du dép. de la Cùte-d'Or, arr. et cant. (0.)
de Dijon ; 415 hab.
OUGHEI-NoR. Nom d'un petit lac très poissonneux de
Mongolie, situé au miheu des monts Soubour-Khau^-Khan.
Sur les bords de FOughei-Xor est bâtie la ville de Baissa-
khlin. Ce lac, peu éloigné de l'Orkhon, affl. de la Sé-
lenga, qui se jette dans le Baikal, se déverse presque
immédiatement dans celle rivière.
OUGHELMIN (V. Noun).
OUGHTRED (WilHam), mathématicien et théologien
anglais, né à Eaton (Buckinghamshire) le 5 mars 1574,
mort à Albury, près de Gulford (comté de Surrey), le
30 juin 1660. Il mena de front, dans sa jeunesse, l'étude
de la théologie et celle des sciences exactes, fut nommé
en 1610 ministre d' Albury, et, grâce à ce bénétice assez
lucratif, put satisfaire en toute liberté sa passion pour les
mathématiques. Il les enseigna même et compta parmi ses
élevés WiUiam Eorster. Ses travaux ont principalement
porté sur les applications de Falgèbre à la géométrie, sur
la construction des équations, sur la formation des puis-
sances. On lui a attribué l'invention des échelles logarith-
miques, dont l'honneur semble revenir tout entier à Gunter.
Il est, au contraire, très certainement l'auteur du procédé
de multiphcation abrégée bien connu sous le nom de
règle d'Oughtred (V. ci-dessous) ; l'exposition s'en trouve
dans VAritkmeticœ in numeris et speciebus institutio
(Londres, 1631), son meilleur ouvrage, qu'il a lui-même
traduit en anglais sous le titre Jhe Veij of mathematics
(Londres, 1647) et dont il a été donné ensuite de nom-
breuses rééditions en latin sous celui de Clauis mathe-
matica (Londres, 1648; Oxford, 1652, etc.). On trouve
également dans ce traité, longtemps classique dans les
universités anglaises, plusieurs théorèmes entièrement
nouveaux de géométrie et d'algèbre. Ses autres écrits sont
moins importants, quoique ayant eu aussi un grand succès :
Circle of proportion (Londres, 1632; 3® éd., Oxford,
1660) ; Solution of ail spherical triangles (Oxford,
1657); Irigonometry (Londres, 1657); Canones si-
nuiini, tanyentium, etc. (Londres, 1657, etc.). Un re-
cueil de ses principaux manuscrits a été imprimé après sa
mort : Opuscida mathemaiica hactenus inedita (Ox-
ford, 1667). On cite enfin de lui quelques publications litté-
raires. Royaliste ardent, il fut quelque peu inquiété au début
de la révolution, en 1646, et mourut, dit-on, de joie en
apprenant le rétablissement de Charles IL L. S.
Règle d'Oughtred. — On appelle ainsi un procédé
de multiplication abrégée (jni permet d'obtenir, à une unité
près d'un certain ordre, le j)roduit de deux nombres
OLGHTJIEIJ
OLl
im
entiers ou décimaux, et ([ui e^t de^enu classifiue. Ou le
trouve dans toutes les aritliuiéti([ues. Nous le re])rodui-
sous ici, d'après vSerret, sous une forme qui répond à
presque tous les cas se ])résentant dans la pratique, et
(jui du reste peut être aisément modifiée. On écrit le chiffre
(les ujiités du multiplicateur au-dessous du chiffre du mul-
tiplicande qui représente des unités cent fois plus petites
que celle i[iù exprime le degré d'approximation demandé ;
on écrit ensuite les autres chiffres du multiplicateur dans
l'ordre inverse de l'ordre ordinaire, c.-à-d. les dizaines,
centaines, etc., à droite du chiffre des unités ; les dizièmes.
centièmes, etc., à gauche du chiffre des unités. On mul-
tiplie ensuite le multiplicande par chacpie chiffre sigrùti-
catif du multiplicateur, en commençant chaijuc multipli-
cation par le chiffre du multiplicande qui est au-dessus
(hi chiffre du multiplicateur. On écrit tous les produits
partiels les uns au-dessous des autres, de manière que
les derniers chiffres à droite se (correspondent, et on les
iijoute. On supprime les deux derniers chiffres à droite de
la somme, et l'on augmente d'une unité le chiffre précé-
dent. Enfin, on fait exprimei* ;iu résultatdes unités de l'ordre
de celle (fui exprinK* te degré d'approximation d(Mnandé.
— Par exemple, soit à multiplier ol,il59'26oooS97 pjtr
!)86, 96070733, le produit devant être ohttmu à 0,001
près. L'opération se disposera connne il suit :
314159^26333897
337070G9689
^827433385 '
231327108
18849332
2827431
188490
2198
21
3100628483
Le produit cherché est 31006.283 à 0,001 près.
G. -A. L\isAXT.
OUGLITCH. Ville de Russie, gouv. d'iaroslav, sur les
deux rives du Volga; 11.834 hah. (en '1893). Situation
pittoresque ; 23 églises, cathédrale Préohrajenski du xiu"^
siècle, rehàtie en 1393; château où fut égorgé Dmitri.
fils d'Ivan le Terrihie (1391). Cuirs, savons, ohjets de
cuivre et de zinc, papier. Fondée au x^ siècle, Ouglitcli
fut au xiu^ la capitale d'une principauté.
IhiîL : Ki-SKL. Illst. de ht riKc cl'Ouqlitcli ; laroslav.
181t.
OUGNEY. Com. du dép. du Jura. air. de Dole. canl.
de Gendrey; 383 hah. Stat. du chem. de fer de Lyon,
Gisements de minerai de fer. Huilerie et hriqueterie.
lUiines d'un château fort détruit par Louis XI en 1477,
reconstruit au xvi^ siècle et démantelé de nouveau en
1636.
OUGNEY-DouvoT. Gom. du dép. du Doubs, arr. de
Baume-les-Dames, cant. de Houlans ; 239 hah.
OUGNY. Gom. du dép. de la Nièvre, arr. de (^hàteau-
(^hinon, cant. de Chàtillon-en-Bazois ; 206 hah.
OUGO. Province maritime du Japon, au N. de Nippon,
divisée entre les ken d'Akita et de Yamagata.
OUGOGO.Pays de l'Afrique orientale allemande, entre
3'^ 30' et 7^ lat. S.. fOusagara à LE., l'Ouyansi à l'O.
Plateau (de 840 àl.l30m.d'alt.) de gneiss et de granité,
à surface sablonneuse, formant une savane boisée de
maigres acacias, aloès, euphor])iacées, de plantes balsa-
miques. Dans les vallées croissent le baobab et le sycomore.
Au N. sont des lacs de sel et de natron. Le seul cours
d'eau est le Kisigo, mais, en la saison des pluies, ce pays
sans pente accusée est en grande partie inondé. Les habi-
tantb noîiimes Ouago'io sont de race bantou croibe.^ de
Massai ; ils \i\eni de culture et d'élevage et rançon-
naient les caravanes. Les Allemands ont un fort à Kili-
matindé.
OUGOMBA. Pays de rAfri(jue orientale allemande, au
N.-O. de l'Ounyamoaési, aux soiu'ces du x>Ialagarasi. Les
indigènes Ouagomba ont été expulsés par les Ouatonta.
OUGOUENO. Pays de l'Afrique orientale allemande, au
S._ du Kilima-ndjaro ; région montagneuse de schistes
cristallins revêtus de latérite. Herbages plantureux.
0U6RA. Rivière de Russie, gouv^ de Smolensk et de
Kalouga. affl. g. de l'Oka ; 288 kil. de him, bassin de
14.300 kil.q.
OUGREE. Ville de Relgi(|ue, prov. el arr. de Li(^ge.
sur la Meuse; 11.000 hah. Stat. du chem. de fer de Go-
logne à Paris, à 7 kil. de Liège. Gentre d'exploitations
industrielles considérables : hauts fourneaux, laminoirs à
fer, à cuivre et à zinc, construction de machines, etc.
0U6RIENS. Désignation proposée par Gastren pour
groupej' une fraction de ses peuples ouralo-aKaiens, ou
il réunissait les Ostiaks de l'Ob, les Vogouls de l'Oural et
les ^Magyars (V. Fixxois, Osiiaks).
OUGROUIVIOV, peintre russe, né en 1761, mort en 1823.
H fut professeuj' et recteur de l'Académie de Saint-Péters-
bourg. S(?s tableaux d'bisloire Jic maïKpienf paxh* méi'ite;
ils sont généralement fort bien compohés. Le musée de
I Erniilage possède quebfues-unes de ses Jiicillcures pcin-
lur(^s.
OUGUEROUTou AOUGUEROUT. Oasis du Sahara, au
S. du Gourara. Elle comprend une douzaine de ksour et
environ 3.000 hah.
hiBL. : A. Lh CiiArKLiKii, Xoles sur VAouqeroaL tlaïus
('(jinptcs rendus de lu Société de géogrupliie, i88li.
OU MANS. Gom. du dép. du Doubs, arr. de Pontarliei'.
canl. de Montbenoît ; 413 bab. Souire de la L(jue (V. Jui \.
t. XXI, p. 314).
OUHEHÉ ou OUHÉRÉ. Pays de l'Afrique orientale
allemande, au N.-E. du lac Nyassa, habité par les Ouha-
héhé, au S. de l'Ousagara. (l'est un plateau ondulé de
1.800 à 1.900 m. d'alt., entre les monts Roubého
(1.840 m.) au X.-E., Louméma (2.313 m. aux cols) au
S.-i:., Kondé ou Réja (3.600 m.) au S. U comprend : au
X., un steppe sans arhres, arrosé par la Rouaha ; au S.,
une zone nuirécageuse. — Les Ouahéhé qui l'habitent
sont une population belliqueuse, parente des Maviti, qui
opj)osa une vive résistance aux Allemands, détruisit la
colonne Zelewski (17 août 1891). tua Rrinnng au combat
de Kilosa (6 oct. 1892) et ne fut soumise qu'après la
prise de sa capitale Kouirenga (30 ocl. 189 i) et l'expé-
dition de Prince (1896).
OU H HA. Pays de TAfricpie orientale allemande, au
X.-E. du lac Tanganyika. entre rOiu'oundou et l'Ounya-
mouési. Plateau de 1.100 à 1.200 m. formé de latérite,
arrosé par le Malagarasi, boisé au X.. occupé au S. par
de>aste_s savanes. Sol très fertile en sorgho, mais, etc.
Ses habitants, les Ouahhas, sont les restes d'un peuph^
de race hautou. autrefois considérable, déchu aujourd'hin'.
Us sont croisés avec les Oualiuma, d'oi'igijie hamitique.
OU-HOU-Hsn;x. Ville de Ghhie, prov. de X'gan-hoei.
Situ('e non loin de la r. dr. du Grand-Eleuve ou Yang-
tse-kiang, à environ 130 kil. de s(jn emhouchure, 0\i-
Hou est un centre comnnH'cial iuiporlant, ouvert aux V.w-
ropéens.
OUI. Rivière de Sibérie, attl. g. du Tobol ; 120 kil.
Issue de TOui-Tach (Oural), elle traverse le steppe, bor-
nant la prov. de Tourgai.
OUI. Province du Tibet UKU'idional (Euqjire chijKus).
Limitée au X. par le ma>sif montagneux des Tan-la. à
IT''. par les montagnes (fui bordent la vallée dn Rrahma-
poutre, au S. par les contreforts de l'Himalaya, à TO.
par la province tibélaine de Dzang. Le X. de la ])rovince
d'Oui est un pays de ])lateaux sablonneux, le S. plus
IVrtdo e^ît silloinie par d^.^ montagnes entre lesquelles
(oub^it de nombreux cours d'eau qui se jettent dans le
Brahmapoutic qui traverse ce pa}-s dans toute sa largeur.
Au centre de cette contrée se trouvent deux lacs importants,
le Tengi'i-Xor, situé l\ 4.630 m. d'ail, et le Yanutok-
689 —
OUI — OUISTITI
Cho ou lac Palté. La capitale est Lhassa, la ville sainte
du Tibet, située sur un affluent du Brahmapoutre, à 3.6i0m.
au-dessus de la mer.
OU IDA {Ajuda des Portugais. Whydah des Anglais).
Ville de la côte de Guinée, ch.-l. de la colonie française
du Dahomey. Ce fut autrefois un des grands centres delà
Iraite des nègres. Le fort françaisfut bâti en 1671, évacué
en 1791, cédé en 18^2 à la maison Régis. Leforl anglais
fut abandonné et disparut. Le fort portugais fut évacué
en 1887 lorscpie, par suite de l'hostilité du Dahomey, le
Portugal renonça au protectorat qu'il prétendait sur la
ville, (idle-ci fut annexée par la France lors de la con-
quête du Dahomey (Y. ce mot).
GUIDA (V. Ramée [Louise de La]).
GUIDES. Com. du dép. delà Haute-Loire, arr. du Puy,
cant. de Cayres; 328 hab.
GUÏE. I. Physiologie (V. Oreille).
IL Législation forestière. — Ouïe de la coc.née. —
(Vest, en matière de législation forestière, la distance à la-
(juelle peut être entendu le bruit de la cognée ; Part. 31
du C. for. la fixe à 250 m. à partir des limites de la
coupe. Les facteurs ou gardes-ventes sont autorisés à ver-
baliser tant dans la vente qu'à Fouie delà cognée (V. Fac-
teur) ._
OUIGOURS (Ethn.). Le nom de Ouïgours appartient
spécialement à un peuple nombreux qui a réuni pendant
plusieurs siècles sous sa domination intermittente et effec-
tive de vastes régions du N.-O. de la Chine, entre le Thian-
chan et les affluents méridionaux du Raikal. Dès avant
notre ère, les Ouïgours occupaient les deux versants du
Thian-chan, du lac Issik-Koul, à Tourfan et Hami. Ils
formaient l'aile gauche des Hioung-nou, des Ihrns (V. ce
mot). Une partie d'entre eux suivit les Huns vers les
confins de Plùirope. Ils envoyèrent même des essaims re-
joindre ces premières bandes migratrices au N. de la Cas-
pienne. Et ce sont leurs tribus qui laissèrent son nom de
loiigric à ce territoire, nom qui s'est étendu ensuite à
la Sibérie occidentale (V. Ostiaks). En Mongolie, ils per-
pétuèrent avec les Tou-Kiou la race des Huns. Les Chi-
nois, dont ils subirent l'influence et même la donijnation,
les appelaient, sous la dynastie de Wei (^2"27-:264), Kao-
tche « Hauts-Chariots », d'après certaines particularités
de leurs nueurs de nomades. Ils se divisaient en quinze
tribus, et le nom de phisieursde celles-ci suffit à établir
certaine!5 de leurs affinités ethniques. La première, la tribu
dominante, était celle des thigir. On l'appelait aussi Ogu
et Ogiiz-. La dixième était celle des Huns; la treizième,
celle des Uekif, Ekis, E<jh, etc. Sous la dynastie de Sui
(y81-618), ils étaient connus sous le nom de leur [)re-
uiière tribu dans la vieille forme, Cigil ou Vigir. Ils
furent un instant soumis aux Turcs, Tdh-Kïou (V. ce
mot), dont les premières familles sN'taicnt installées dans
l'Altaï entre 1^21 et i31. Mais de (i03 à ()16. ils se ré-
voltèrent et se choisirent un chef particulier. Le gros de
la nation est dès lors établi sur la Selenga, affluent de
rOrkhon. Mais on a des monnaies de cuivre de type cbi-
nois provenant du lac Issik-Koul qui ont été émises après
G'2'1 et portent des légendes de l'écriture des Ouïgours.
Ceux-ci n'avaient donc sans doute pas abandonné entiè-
rement leur première patrie. Leur écriture est d'ailleurs
développée de l'écriture syrienne, introduite en Chine par
les nestoricns. (knix-ci ont pénétré en Chine par l'Asie
centrale, dans le courant du v^ siècle, et ont pu prendre
contact d'abord avec les Ouïgours. M. Sch]eg(d admet tou-
tefois que les Ouïgours firent venir chez eux des prêtres
nestoriens en 702. De cette époque daterait l'écriture des
Ouigours. Ils étaient devenus les alliés de la Chhie à par-
tir de 745, et il y avait alors en Chine un millier de
temples et de couvents nestoriens. Ils ont eu une existence
nationale, indépendante encore un siècle ou deux(V. Huns
et Turcs). Le monument de leur histoire le plus im-
portant (pi'aient laissé les Ouigours est l'inscription sur
rocher de Kara-Balgassoun (Orkhon). C(4te inscription en
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
triple texte, en caractères dits vieux-turcs, ouïgours et
chinois, mentionne les khans ouigours qui se sont succédé
jusqu'en 805. Elle daterait de 825 à 832. M. Schlegel
qui en a traduit le texte chinois, après l'ambassadeur
chinois à Saint-Pétersbourg Shu-king-Cheng, donne le
portrait d'un Ouigour d "après un ouvrage chinois {Die
chinesische Inschrift auf dem uigurischen Denkmal
in Kara-Balgassun vonD'^ Schlegel, Profes. der chines.
Sprache an der Universil. zu Leiden; Helsingfors, so-
ciété finno-ougrienne, 4896, in-8). Je l'ai reproduit comme
pouvant représenter d'une façon approchante la physio-
nomie des Huns {Hiins, Oiigres, Ouïgours. Inscriptions
de rienisséietdel'Orkhon. Origine de l'alphabet vieux-
turc, dans Bullet. Soc. d'anihrop., i898), en résu-
mant le travail de Donner sur VOrigine de l'alphabet
vieux-turc (Journal de la Soc. finno-ougrienne, XIV,
1896). Au pied du Nan-chan, entre Kan-tchéou et Sou-
tchéou (N.-O. de la Chine) existent encore des Yégours
qui descendent sans doute des Ouigours. Les Soïotes (V. ce
mot, OuRiANKus et OuzBEfis) en sont probablement des pa-
rents encore plus proches. Zâbokowskt.
BiBL. : Vambéry, Uigurische SpruckinonuDienta; Imi^-
bruck, 1870. -- Du naenie, Bas Turkenwolk ; Leipzig, 1883.
— ScHOTT, Zu7^ Ukjuven Frage; Berlin, 1874-76, 2 vol. --
Radlov, le Koiidiithou Bilik; Saint-Pétersbourg, 1891.
OUILLON. Corn, du dép. des Basses-Pyrénées, arr. de
Pau, cant. de Morlaàs; 418 hab.
OUILLY-Du-HouLEY. Com. du dép. du Calvados, arr.
et cant. (1^« section) de Lisieux; 26i hab.
OUILLY-le-Basset. Com. du dép. du Calvados, arr.
et cant. (N.) de Falaise; 734 hab. Stat. du ch. de fer.
de l'O. Filature de coton. Eglise du xvu^ siècle et châ-
teau de la même époque, (ransformé en ferme. Pont du
xv^ siècle sur l'Orne.
OUILLY-le-Tessox. Com. du dép. du Calvados, arr.
de Falaise, cant. de Bretteville ; 365 hab. Ancien château
des xiv<^ et xvi« siècles, Iransformé en ferme. Château
d'Assy du xviii*^ siècle, avec chapelle du xvi^.
OUILLY-LE-VicoMTE. Com. du dèp. du Calvados, arr.
et cant. (4^'^ section) de Lisieux; 314 hab. Fabrique de
laines artiticielles. Eglise du ix^ ou du x" siècle. Tune des
plus anciennes de la Normandie.
OUIOUN-iVlouçA. Oasis du Sinaï (V. ce mot).
OUISTITI (ZooL). Cenre de Singes américains désigné
par les naturalistes sous le nom LVHapaleiiWigev. 4 811),
et constituant une famille à part (Hapalidœ), qui pré-
sente les caractères suivants : '>2 dents réparties suivant
la formule suivante :
i|cl.PmJi, jirx^ = -^;
])ouce non opposable; t(ms les doigts, sauf le gros orteil
((pii est très petit), terminés par des ongles en" forme d<^
griffes. Membres antérieurs et postérieurs subégaux; queue
non préhensile, plus ou moins poilue; pas de callosités
aux fesses. Cette famille renferme les plus inférieurs el
les plus petits de tous les Singes, leur taille dépassant
rarement celle d'un Ecureuil. Leur cerveau est complète-
ment dépourvu de circonvolutions ; en outre, leurs ongles,
en forme de griffes, les séparent de tous les autres Singes
et leur dentition les distingue à la fois des grands Singes
américains (qui ont 3 arrière-molaires) et des Singes de
l'ancien continent (qui n'ont que 2 prémolaires avec o
vraies molaires) . Leur intelligence est en rapport avec le
développement de leur cerveau, c.-à-d. très peu dévelop-
pée. Ces petits Singes vivent par bandes dans les forêts
de l'Amérique centrale et méridionale, depuis Fisthme de
Panama, jusqu'au S. du Brésil et à la Bolivie; ils sont
surtout nombreux dans le bassin de l'Amazone et dans le
Haut-Pérou. Ils se nourrissent de fruits, d'insectes, d'œufs
de petits oiseaux et même de jeunes oiseaux qu'ils sur-
prennent au nid et dont ils dévorent la cervelle. Leurs
mouvements rappellent plutôt ceux des Ecureuils que ceux
des autres Singes. Leur cri est faible, mais assez varié,
OUISTITI — OUKAMBA
ressemblant tantôt à un sifflement, tantôt à un gazouille-
ment. Leur caractère est très irritable. La femelle a or-
dinairement trois petits par portée, tandis que les autres
Singes n'en ont jamais (pi'un ou deux. La reproduction a
pu être observée en captivité, sur Fcspèce ordinaire
(Hapale jacchus), par F. Guvier. Les petits avaient les
yeux ouverts en venant au monde. Ils s'attacbèrent aus-
si(6t à leur mère en l'embrassant et en se cachant dans
son pelage; mais prest^ue aussitôt, elle mangea la tète à
Tun d'eux. Les deux autres prirent la mamelle, et dès lors la
mère leur donna ses soins que le màlo partagea. Lors-
qu'elle était fatiguée de porter les petits, elle s'appro-
chait du mâle, jelait un petit cri plaintif, et aussitôt ce-
lui-ci prenait les petits avec ses mains, les plaçait sous
son ventre ou sur son dos, et les transportait ainsi jus-
qu'à ce que le besoin de téter les rendit inquiets ; alors
il les reportait à la mère. En général, c'était le père qui
paraissait en avoir le plus de soin. Le pelage des Ouistitis
est d'ordinaire assez varié et paré de couleurs vives ; les
pinceaux que plusieurs portent aux oreilles, la crinière
qui pare la tête de quelques autres, contribuent à leur don-
ner plus d'élégance. Au siècle dernier et au commence-
ment de celui-ci, ces petits Singes ont été très à la mode,
et les dames en tenaient souvent sur leurs genoux. Mais,
en dehors de leur petite taille et de leur gentillesse, rieji
ne les recommande à l'affection de leur maître. Ce sont
des animaux délicats, très fiiieux, nocturnes, et qui doi'-
ment pres(}uc loute la journée dans les appartements
(diauffés. d'où on ne peut guère les sortir qu^cn les por-
tant cacliés entre la peau et les vêtements, aussi les voit-
on beaucoup plus rarement qu'autrefois, au moins en
Europe. Au Brésil et au Pérou, on en élève encore assez
souvent dans les habitations. Ils distinguent peu les pej'-
sonnes qui les approchent et mordent indifféremment ceux
([ui les nourrissent et ceux qu'ils voient pour la première
fois.
Le genre Hapale a été subdivisé en deux genres qui
ne sont en réahté que des sous-genres. Bms Hapale ])ro-
prement dit, les canines inférieures ne dépassent pas les
incisives. Le type du genre est r0uiSTrriAPL\CEAux(//(2p.
jacchus) dont le pelage est agréablement grivelé de gris
clair et de gris foncé avec un pinceau gris clair à chaque
oreille ; la queue est aimeiée ; il habite le Brésil septen-
trional et oriental. L'O. a camail (//. humeralifer), brun
châtain avec les épaules et les bras blancs, est de la
province de Para. L'O. oiieiliaru (//. auritus), du Bré-
sil méridional, a de grands pinceaux blancs aux oreilles.
L'//. leucopiis est de la Colombie ; //. chrijsoleiicus du
N. duBrésd; H.pygniœus, ou Olistui m)(.M)X, très petit,
gi'i^. avec de petites moustaclies blanche, est du Haut-
Amazone; H. inelamu'd, dont H. argentata, décrit par
Jinné, n'était qu'un albinos, de la même région et du N.
de la Bolivie.
Le sous-genre T.uîakin {Midas} est plus riche en espèces
et se distingue par des canines inférieures dépassant les
incisives. Tel est le Marikina ouLi-:oxciro (Hap.rosalia),
ainsi nommé parce que son pelage d'un fauve doré, avec
une crinière de même couleur, lui donne l'apparence (Lun
Lion en miniature. H est du Brésil méridional dans la
province de Rio de Janeiro. La beauté de son pelage le
fait rechercher en captivité : il est plus gai e( plus édu-
cable que l'Ouistiti ordinaire. L'/f. chhjsoinelas, noir
avec une crinière d'un roux marron, est du Pérou.
//. Geoffroy i est une espèce de Panama, de Costa-Rica et
de Colombie ; le Pixche (H. œdipiis), qui en est voisïji,
est également de Colombie; ces deux espèces et les sui-
vantes sont dé})Ourvues de crinièce, ayant seulement les
poils du sommet de hi lète plus ou moins idlongés en
arrière ; //. labialus, dont le ventre est d'un rouge oi'angé,
est de l'Amazone supérieur, près de la frontière du Pé-
rou; H, )}i(jsiax aat du Pérou oj'iental et des régions voi^
sines du Brésil; H . pilcbalu vsl dahi mèiùe. région; H. (a-
(jonot'us, du Haut-Amazone; H. Weddelli de Bolivie;
690 —
//. Devillei du Pérou oriental ; H. nigrifrons, H. fiisci-
collis, H. chrijsopygus, H. nigricollis, H. llligerU
//. graelhi, tous du Haut-Amazone ; H. tripartitus de
Odistili j)iarikiiia [Mtdus rosaluij.
l'Equateur; i/. midas, type du geiu-e muis le nom de
Tamarin aux maixs kousses. est de la Guyane, et H. bico-
lor de PAmazonie et du Pérou; enhji //. ursulus habite
la province de Para. Toutes ces espèces sont remarquables
par leur pelage varié de grandes taches blanches, noires,
grises ou marron. — Une espèce fossile, des cavernes
quaternaires du Brésil méridional, décrite par Lund sous
le nom iï Hapale grandis, ne semble pas différer spécifi-
quement d'//. jacchus. E. Trouessarï.
OUISTREHAM. Com. du dép. du Calvados, arr. de
Caen, cant. de Douvres, sur la rive gauche de l'embou-
chure de l'Orne et sur le canal maritime de Caen à la
mer; 1.494 hab. Stat. du chem. de fer de Caen à Luc.
Port de mer important à l'embouchure de l'Orne. Séma-
phore; station de sauvetage; poste de torpilleurs; bassin
de refuge pour les bâtiments de gueri'e. Parcs à huitres.
Forge ; chantiers de construction de bateaux. Pêche c6-
tière. Eglise romane (mon. hist.) avec voiUe gothique.
OU ITOU YiTou ou WiToc. Pays de l'Afrique orientale
anglaise sï'tendant sur le littoral depuis l'embouchure du
Mkonoumbé an X. jusqu'à colle de l'Ozi ; 1.400 kil. q. ;
10.000 hab. C'est une plaine ondulée, formée de calcaire
coralliaire et de latérite, riche en humus, frangée de dunes
qui atteignent 80 m. La population se compose d'un tiers
de Souahélis et d'Arabes sédentaires, de Gallas, de Oua-
bonis, d^Ouadoés et d'esclaves affranchis. Ces habitants
d'origine diverse sont musulmans et avaient pour chef un
sultan, Mohammed Foumoulat, dit Siniba, qui céda en 1860
son ile de Patla au sultan de Zanzibar, s'établit sur le
continent à l'embouchure de l'Ozi, mais en fut chassé par
les Arabes et fonda la ville nouvelle de Ouitou dans l'in-
térieur. H se plaça en 188o sous le protectorat de l'Aile-
magne. Lorsqu'elle le céda en 1890 à l'Angleterre, le
sultan protesta et fut expulsé. La compagnie de l'Afrique
orientale céda le Ouitou au gouvernement britannique en
juill. 1893.
OUJBA. Montagne de Russie. Un des plus hauts som-
mets du Caucase, 5.03^2 m. de hauteur d'après Fresh-
iield et lliiii.
OUJIJI (V. Ocumn).
OUKALA (Koua Soundi). Ville de FAfrique orientale
anglaise, située à 40 kil. i\.-E. du lac Victoria .Nyanza
et 1.320 m. d'alt.
OUKAMBA. Pays de FAfrique orientale anglaise, sur lo
haut Tana, entre 0"oO' et 3' lat. S. ; 70.000 hab. Orga-
iiisatioil patriarcale. L'Oiikamba s'étend entre le pays des
Gallas dont le séparent les monts Moudoumoni et celui des
iVIassaï dont le séparent les monts Oulou.
OU KAMI. Pays de l'Afrique orientale allemande, entre
rOusegua et l'Ousagara ; parcouru par les monts Kam~
hesi (3.700 m.) et Ourougourou (2.000 m.). Climat frais
et sain ; café, bananes, patates, sucre, citrons, sésame,
arachides, etc. Les Oiiakami sont divisés en tribus auto-
nomes. Les centres principaux sont Simbamoueni, Kinola
et la mission française de Mrogoro.
OUKARI ou WOOKARI. Ville du Soudan central, capi-
tale du Korôrofa, à 3o kil. S. de la rive gauche de la
Bénoué, affl. gaucho du Niger inférieur.
OUKASE (V. Russie, § Législation).
OUKÉRÉOUÉ. Grande île située dans le lac Victoria
Nyanza (Afrique équatoriale). Elle mesure 55 kil. de long
sur une largeur moyenne do 15 kil. La locaHté principale
est Boukindo. L'Ile se rattache au littoral du côté de l'E.
par un isthme très bas, couvert d'arbustes et d'une largeur
d'à peine 2 kil., de sorte qu'elle formerait en réahté une
presqu'île si cet isthme n'était coupé par un canal large
de 2 m.
OU~KIANG. Rivière de Chine. Elle prend sa source au
centre de la province de Koei-tcheou, passe à quelques
lieues de Ngan-choun et de Koei-yang, arrose San-nan
et va se jeter dans le Yang-tse-kiang, àFou-tcheou (pro\'.
de Sse-tcliouen).
OU-KING. Nom des cinq livres classiques de la Chine,
qui sont : le Yi~King ou Tcheoii-Yi, le Chou-King, le
Che-King, le Tchoun-Tsieou, le Li-Ki. Ces livres ont
trait : 1^ à la divination ; 2^ à l'histoire ; 3° à la poésie ;
à la chrojîique ;
iix rites.
OU LAD (V. Ouled).
OULANGÂ (Riv.) (V. Roufidji).
OU LAS (FI.) (V. Lnde, t. XX, p. 672).
OULCHES. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Laon,
cant. de Craonne; 157 hab.
OULCHES. Com. du dép. de l'Indre, arr. du Blanc,
cant. de Saint-Gaultier; 1.289 hab.
OULCHY-LA-ViLLE. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de
Soissons, cant. d'Oulchy-le-Château ; 174 hab.
OU LCHY-le-Château. Ch.-l. de cant. du dép. de l'Aisne,
arr. de Soissons ; 700 hab. Stat. du chem. de fer de l'E.
Grande et belle éghse romane, qui a conservé de nom-
])reuses pierres tombales. Ruines d'un château du xii^ siècle
attribué aux Templiers.
OU LE. Rivière du dép. de \di Drame iy. ce mot, t. XIV,
p. 1122).
OULED (Enfants). Ce mot entre comme premier terme
dans des noms de tribus arabes.
OULED-Abbad. Tribu arabe du dép. d'Oran, sur le
Taria, au S. de Mascara, douars de Guerdjoum et Melris.
Beaucoup ont émigré en Syrie.
OULED-Abd-Allah. Tribu berbère du dép. d'Alger,
com. mixte d'Ain-Mérane au N. du Dahra. — Le même
nom est porté par une tribu établie au N.-E. de Djelfa et
une autre (arabe) entre Aumale et Bou-Saada.
OULED-Abi)-el-Djebai{. Tribu arabe d\Vlgérie, dép.
de Constantine, à 10 kil. S.-O. de Bougie, com. mixte de
Soummam; 20.000 âmes.
OULED-Abdi. Tribu berbère du dép. de Constantine,
com. mixte de l'Aurès, sur l'oued Abdi; ils se sont sépa-
rés des Beni-Daoud; 10.000 âmes. Leur centre est Menah.
OULED-Ahmed. Tiibu du dép. d'Oran, com, mixte de
l'Hillil; 4.000 âmes.
OULED-AissA. Tribu du dép. d'Alger, com. et à 50 kil.
S.-O. de Bou-Saada.
OULED-Alï. Tribu du dép. et à 50 kil. N.-O. de Cons-
tantine, r. g. de loued El-Kébir. D'autres vivent à l'O, de
Guelma. — Une autre tribu arabe de ce nom se trouve
dans le dép. d'Oran, sur le Sig, com. mixte de Saint-Lu-
cien.
— 591 — OUKAMBA — OULED
OULED-Ali. Tribu arabe établie aux contins de la Tu-
nisie et de l'Algérie, à l'O. de Thala ; sauvage et belli-
queuse, vivant d'élevage. Elle paraît issue des Hanencha.
OULED-Allane. Tribu arabe de la prov. d'Alger, com.
de Boghar.
OULED-Anteur. Tribu du dép. d'Alger, formant un
douar de la com. de Boghari. Elle prétend descendre
d'Antar.
OULED-AouN. Tribude la Tunisie centrale, qui essaime
dans les banlieues des principales villes ; le noyau est éta-
l)li sur l'oued Ziliane, affl. de la Medierda et compte
6.000 âmes.
OULED-Attja. Tribu composite du dép. de Constantine,
com. mixte de Jemmapes. — Une tribu berbère de ce nom
habite le Sahel de Collo et a essaimé au xviii^ siècle au
N. d'Ani-Mokra.
OULED-Ayar. Tribu berbère de la Tunisie centrale,
près de Mactar; 20.000 âmes. Elle fut refoulée de son
ancien habitat entre Bougie et Constantine par l'invasion
hillaliennc, résista obstinément à la domination arabe et
se révolta en 1818, 1821, 1851, 1864 contre le bey. Iji
1881, elle avait mis en ligne 4.000 hommes.
OULED-Balagh. Tribu du dép. d'Oran, com. mixte du
Telagh, sur les monts de Daya. Vastes pâturages.
OULED-bou-Aoux. Tribu du dép. de Constantine, au
N.-O. deBatna; 6.000 âmes.
OULED-bou-Ghanem. Tribu pastorale de Tunisie, entre
Kef et Thala, de la confédération de l'Ounifa, maître du
pic fortifié de Kalart-es-Senani (1.252 m.); 5.000 âmes.
Leur marché est El-Meridj (Algérie).
0 U L E D-bol-Sba (Fils cîu lion) . Tribu nomade du Sahara
occidental, au S. de la Saghiet-el-Hamra, au mididuMaroc.
Elle est d'origine arabe etnomadise entre 25^ 20' et 23^ 10
lat. N., 12^ 20' et iij^' 30' long. 0. Oasis riches en gom-
miers et en autruches. Tribu pillarde divisée par des
guerres intestines.
OULED-Daoud. Tribu berbère du dép. de Constantine,
dans l'Aurès, au S. du ChéUa. Villages répartis sur les
pitons montagneux, le long d"un canal d'irrigation de
l'époque romaine. Au-dessus étaient la forteresse et le
magasin central de la tribu. La révolte de 1879 a décimé
cette tribu.
OULED-Dellm. Confédération de tribus nomades an
Sahara occidental dont les territoires de parcours s'éten-
dent depuis l'embouchure du Drâa jusqu'à l'Adrar. Les
Ouled-Dehm sont de race zénaga, très mêlés d'Arabes et
beaucoup moins de nègres.
BiDL. : DouLR, dans Tour du Monde, de 1888, t. LV, p. 177
à 224. ' ^
OULED-Devradj. Tribu arabe du dép. de Constantine,
à 30 kil. S. de Bordj-bou-Aréridj ; 4.000 hab.
OULED-Djellal. Tribu arabe du dép. de Constantine,
sur l'oued Djédi, à 75 kil. 0. de Biskra. Belle oasis.
OULED-DjERDi. Tribu saharienne d'origine arabe, éta-
blie au S.-O. de Fignig (V. ce mot), sur l'oued Akda,
affl. dr. de l'oued Zousfana qui aboutit au Touat. Hs sont
parents des Hamian (dép. d'Oran).
OULED-Embarek. Tribu nomade du Sahara occidental
dont le territoire de parcours est compris entre celui des
Ouled-en-Nacer et les Ouled-Mahmoud. Jadis puissants et
alliés du Maroc, ils pâtirent de leurs guerres contre l'^l-
Hadj-Omar; en 1887, ils ont signé \in traité d'amitié
avec la France.
OULED-Hamed. Tribu ara.be du Soudan, dont on trouve
des fractions à l'E. du lac Tchad, dans le lit desséché du
Bahr-el-Ghazal, au S.-O. de ce lac et sur le Logôné.
OULED-lDum. Tribu pastorale et agricole de Tunisie,
autour de Kairouan ; 9.000 âmes.
OULED-Khaled. Tribu du dép. d'Oran, com. mixte et
au N. de Saida. Une autre tribu de ce nom habite près
de Bou-Saada.
OULED-Khaeifa. Tribu agricole de Tunisie, au N. et
au S. de Kairouan; 8.000 âmes.
OULED — OULIlOI
m'i —
OULED-Mendil. Tribu berbère arabisante du dép. et
à 20 kil. S.-O. d'Alger, au N. de Boufarik. Elle n'a plus
qu'un millier d'âmes, mais fut importante au temps d'Ibn
Khaldoun. Elle était de la famille berbère des Maghraoua.
OULED-MoKHTAR. Tribu da dép. d'Alger, com. de
Boghar, à l'E. et au S. de cette ville, sur le (^héliff des
steppes.
OULED-Naïl. Grande confédération de vingt tribus du
dép. d'Alger, occupant le territoire de Djelfa et les envi-
rons depuis le Djebel-Amour jusqu'à l'oued Djédi et aux
lagunes des Zalirez. Ces populations, assez pauvres, culti-
vent des céréales dans les fonds, servent d'intermédiaires
pour le commerce entre le Sahara et le Tell; les feonnes
tissent la laine. La réputation des Ouled-Nad vient de la
coutume qu'ont les jeunes fdles d'exercei' au dehors la
prostitution pour amasser une dot qu'elles portent sur elles,
en colliers et ornements faits de pièces d'or et d'argent.
BiBi- : Arnaud, dans Revue vfricnine de juil. et sept.
1S73.
OULED-Kaffa. Oasis dn Sahara septentrional, au N.-O.
(lu Touat; 2.000 liab. de la tribu des dhenamas.
OULED-RiAH (V. RiAii).
OULED-Sadira. Tribu tunisienne de la frontière algé-
l'ienne, dont le territoire fut attribué, à torl. au bey de
Tunis lors de la conquête française de Constantine. De la
confédération des Rekba. elle habite au N. de la Medjerda.
Ses incursions et pillages sur notre territoire ont, comme
celles des Khroumirs, servi de motif à l'occupation fran-
çaise de la Tunisie.
OULED-Said. Tribu arabe de la Tuni^e centrale, de la
confédération desRiah, établie sur les terres de TEnfida ;
3.100 âmes. Longtemps insoumise, elle ne fut domptée
([u'en 1675 par AU Bey. Les Maltais descendraient en
grande partie de cette tribu.
OULED-Saldi. Tribu du Soudan central, prov. de Ka-
nem ; ils sont de sang mêlé, parlent le dàza. Ils noma-
(Hsent avec leurs chameaux, faisant cultiver la terre par
des serfs.
OULED-Selle.m. Tribu berbérisante de la prov. de
Constantine, entre le Hodna et les Sbakh (lacs salés), entre
Sétif et Batna. Ce nom se retrouve sur d'autres points :
sur la Seybouse, en aval de Guelma; dans la com. mixte
d'Aumale; près de Palestro, sur Tisser oriental ; au S. de
Tripoli; sur l'oued Draa, au Maroc, etc.
OULED-Sexdassex. Tribu agricole de Tunisie, au S.-O.
de Kairouan ; 13.000 âmes.
OULED-SiDi-Amu. Importante tribu pastorale de Tu-
nisie et d'Algérie, pacifique et dévote. Ses indigènes font
kvs transports du S. au N. avec leurs chameaux, passant
Lhiver au Djerid et paissant entre Tebessa et Soukahras.
OULED-SiDi-AissA. Tribu arabe du dép. d'Alger, com.
(rAumale. au S. du Dii*a. outour de la kouba vénérée de
Sidi-Aibsa.
OULED-SiDi-BiUHi.M. Trd)u du dcp. (["Alger, com. uiixte
de Bou-Saada, à l'O. du Hodna. D'autres vivent au S.-]].
de Tiaret(dép. d'Oran) et au S. du Dahra. com. de FHillil.
OU LE D-Sidi-Cheiku. Célèbre tribu du Sahara oranais,
dans le pays des Ksour, bourgs fortifiés dans les vallées
de TAtlas méridioiuil débouchant sur \q Sahara. Les
centres principaux sont El-Abiod-Sidi-Cheikh, Bérézina.
les deux Arba, les deux Chellala, Bou-Semghoun et Asla.
On évalue leur nombre à 20.000 tètes environ. Ils se
divisent en 17 ferkas, réparties entre deux groupements:
les Ouled-Sidi-Cheikh de l'Ouest, ou Gharaha, et de l'Est ou
CJieragd. ce qui est le cas de beaucoup de tribus arabes.
Hh déclarent descendre d'Abou-Bckr, beau-père de Mo-
hammed, ce qui leur constitue une noblesse exception-
nelle ; tous se titrent chérifs. Quantité de tribus des Pla-
teaux et du Sahara se rangent parmi leurs clients, gens
de Ouargla, du Djebel-Amour, du Touat, etc. Leurs tentes
noires sont surmoutées d'un panache en plumes d'au-
truche.- Ils sont venus de Tunisie au vjii^ siècle dans \v
pa}s des Beni-Amer où sont les deux Arba. et ont con-
servé un prestige reUgieux très accru par le marabout
Sidi-Cheikh (f 1615), dont ils ont gardé le nom. Sa
tombe était à El-Abiod, mais la kouba fut démolie par le
colonel Négrier lors de l'insurrection de 1881.
OULED-Sidi-Yahia. Tribu arabe du dép. de Constan-
tine, sur la frontière de Tunisie, entre Tebessa et Soukah-
ras; 10.000 âmes.
OULED-Sllman. Tribu d'origine arabe du Soudan cen-
tral, vivant dans le Kanem, au N. du Tchad. Elle fut re-
foulée du Fezzan ])ar les Turcs, émigra au Borkou, puis
au Kan(Mn. Les razzias mirent les Ouled-Sliman en conflit
avec les Touaregs qui les vainquirent.
BiHL. : Naoiitjgal, Sulwrn et Soiidun ; Paris, 1881
OULED-SoLTAx. Tribu du dép. de Constantine, à EO.
de Batna, autour de Ngaous ; 7.000 âmes. D'autj'es vi-
vent en Tunisie, près de Beja, et d'autres dans le dép.
d'Alger, com. d'Aumale.
OULED-SouAssi. Tribu arabe de la Tunisie centrale,
delà confédération des Riah, entre Kau'ouan et El-Djem ;
16.000 âmes. /Agriculteurs.
OULED-Yacoub. Tribu arabe de la Tunisie méridionale,
qui vivait de brigandage sur la frontière tripolitaine et
imposait tribut aux populations sédentaires voisines. De-
puis l'occupoition française, elle s'est fixée. Elle est ré-
duite à 1.200 âmes.
OULED-Yajua. Petite tribu de la Tunisie centrale, au
N.-E. des Ouled-Aoun, ses alliés traditionnels.
OULED-YoLxÈs. Tribu berbère du dép. d'Alger, coui-
mune mixte d'Ain-Merane. D'autres font partie de la con-
fédération des Ouled-Xail.
OULED-Zekui. Tribu berbère du dép. de Constantine
dans les Zibans ; 7.000 âmes.
OULED-ZiAx. Tribu arabe de l'Aurès, dép. de Cons-
tantine, commune mixte d'Ain-Touta ; 8.000 âmes. Son
principal bourg est Beni-Eérah (cf. Masqueray, Revue
africaine, n^ 122). — Une autre tribu de ce nom habit(î
le dép. d'Oran, com. de d'Aflou, sur la Mina, et le djebel
Lakhdar. — D'autres dans le dép. d'Alger, com. et à
60 kil. S.-E. de Bou-Saada.
OULENTY. Rivière de la Russie d'Asie, dans les prov.
d'Akmolinsk et de Semipalatinsk. Formée par plusieurs
ruisseaux, prenant leurs sources dans les collines à'Erë-
uien-Taou, de Djaksjj-Niiar, de Bala-Aiouhj et de
Sassyk-Kaly, elle coule du S. au N. et l'eçoit la Taldy,
le kara-Boulak, le Sarij-Boulak et le Sary-Ouzen.
Réunie à la rivière Tchideiiy, elle va se jeter dans EAk-
Koul. Sa vallée présente en été de riches pâturages où des
nomades viennent faiie paître leurs troupeaux.
OULESS (Walter- William), peintre anglais, né à Sainf-
Héher (lie de Jer,sey) le 21 sept. 1848. Il peignit d'aboi'd
des tableaux de geiu'e (une Scène de la ï{évoluiio)i fran-
çaise obtint un vif succès) ; puis il se consacra à partir
de 1872 au portrait: la vérité de l'expression, la largeur
et la puissance de sa manière le rendirent bientôt célèbre.
On connaît surtout ses portraits de Darwin, Gladslnne,
John Brig lit, Général Roberts, Cardinal NewmanQi Car-
dinal Manning.
OULL Pays de l'Afrique occidentale faisant partie de
la colonie du Sénégal, sur la rive N. de la Gambie. La
population d'origine mandingue y est d'environ 5.000 hab.
OU LIA. Fleuve de Sibérie, prov. du littoral, tributaire
de la mer d'Okhotsk ; 480 kil. dont 215 navigables.
OULIÂSSOUTAi. Ville de la Mongolie extérieure (Em-
pire chinois), située à 1.650 m. d'alt. dans les monts
Khangai. Ouliassoutai est le point initial delà grande ligue
de communication (jui va jusqu'à Peking en traversanl
toute la Mongolie et la partie septentrionale de la Chine
proprement dite (V. Moxgolie, t. XXIV, p. 65).
OU LINS. Com. du dép. d'Eure-et-Loir, arr. de Dreux,
cant. d"Anet; 310 hab.
OULKOI-L\K. Rivière de la Russie d'Asie. d;uih la prov.
de Tourgai. tJle coule au S. et se jette dan^ le Tourgai (à
— 1)93 r-
(Iroil*^), nax sablos de Kalekik-koiun. Son cours <'sl long
de près de 300 kil. Ses affluents sont le Kobyr et le Ka-
rakaï.
OULKOUN-Daria. Branche principale du delta de
l'Amou-Daria, qui porte à la mer d'Aral les 7/9 des eaux
fluviales.
OULLA. Riv. de Russie, affl. g. de la Dvina, gouv. de
Vitebsk ; 105 kil. de long, à partir du lac Lepel. Elle est
utilisée pour le réseau canalisé de la Bérézina.
OULLES. C.om. du dép. de l'Isère, arr. de Grenoble,
rant. du Bourg-d'Oisans; 159 hab.
OULLINS. Com. du dép. du Rhùne, arr. de Lyon,
cant. de Saint-Genis-Laval, sur la rive droite du Rhône;
8.327 hab. Stat. du chem. de fer P. -L. -M. Collège ecclé-
siasti(fue de Saint-Thomas d'A(|uiii. Maison privée de cor-
rection. Hospice de vieillards. Ateliers de construclion du
chem. de fer P.-L.-M. Fabri(|ue de moufles; cristallerie;
fabrique de liqueurs; J)rasserie; imprimerie; fabricfue de
treillages ; huilerie ; tannerie ; fabrique de vaseline phar-
MUU'eutique. Eglise moderne. Ancien château des arche-
sèques de Lyon du xviu^ siècle occupé aujOuriLbui par le
collège de Saint-Thomas d'Aquin, avec chap(41e moderne.
Lhàteau du Grand-Perron de la Renaissance où est ins-
tallé l'hospice des vieillards ; châteaux du Petit-Perrond
(L5i5), de la Bussière (fm xvi^' siècle), de Vaugrand
(xvi^* et xvii^ siècles). Dans le cimetière, sépulture de Jac-
<|uard.
OULMES. Gom. du dép. de la Vendée, arr. de Fon-
tenay, cant. de Saint-llilaire-des-Loges ; 704 hab. Stat.
du chem. de fer de l'Etat.
OULON. Gom. du dép, de la Nièvre, arr. de Gosne,
cant. de Prémery ; 294 hab.
OULOUNGOUR. Lac de la Dzoungarie (Empire chinois),
au S. des monts Altaï. L'Ouloungour, un des nombreux
lacs fermés de l'Asie centrale, a pour principal affluent
rOuroungou. qui descend du massif de l'Altaï, passe à
Kochotor-Khan et dont le cours est de près de 600 kil.
Le lac Ouloungour, situé achevai sur la frontière des pro-
vinces dzoungariennes de Tarbagaitai et de Koldo. baigne
la ville de Bouloun-Tokhoi, à l'embouchure de l'Ouroun-
gou. A peu de distance passe l'irtyche noire qui descend
des monts Altaï.
OUL REUNG. Ile coréenne, appelée aussi Dagelet
(V. ce mot).
OULT. Riv. des dép. des Côtes-du- }s or dç^iàe VI Ile-et-
Vilaine (V. ces mots, t. XIÏI, p. 4, et t. XX, p. 561).
OULTIZOURES (V. Runs, t. XX, p. 410).
OULTREMONT (Anne-Françoise d') (V. Four.- -,t
[Dame dej).
OUMACH. Oasis d'Algérie, dép. de Constantine, à 15 kil.
S. de Biskra.
OUMAN. Ville de Russie, gouv. et à 490 kil. de Kiief,
ch.-l. de district, sur FOumanka ; 28.628 hab. (1897).
Ouman fut tout d'abord une forteresse, élevée au com-
mencement du XVII® siècle contre les hivasions des Tar-
lares. La ville, qui appartenait autrefois aux comtes Po-
locki, était un (îentre commercial important, l^a révolte
(les habitants contre les seigneurs polonais et les juifs,
(pii eut lieu en 1768, fut le signal du fameux massacre
d'Ouman, célèbre dans l'histoire de la Russie. Ouman fut
confisqué aux Potocki en 1897. Gommerce de céréales;
beaucoup de fabriques, distilleries, manufactures de ta-
bac. Ecole d'agriculture. — Le district a 4.308 kil. ([.
et 322.638 hab. (1897).
OUM-GÉNL Fleuve du Satal{\. ce mot).
OUMNI-EL-AOUAMID. Localité de Syrie, à 16 kil. S.
de Sour (Tyr), renfermant des ruines considérables. On y
a trouvé deux inscriptions phéniciennes dont les originaux
sont au Louvre.
OUMM-EL-BOUAGHLGom. mixte du dép. età70kil.
S. de Gonstantine; 28.690 hab., dont 218 Français.
OlLKOf — OFNYVMOUÉsr
mo(.
OUMM-ERREBIA. Fleuve du Maroc (V.
t. XXRL p. 250).
OUMM-KEÏS. Village de Palestine, au S. dulacdeTibé-
riade, occupant la place de Gadara, dont les ruines do-
minent le Jourdain.
OUMRER. Ville de l'Inde, prov. et à 40 kil. S. de
Nagpour ; 15.000 hab. Fort marathe ruiné. Elle a été
fondée, au xvu® siècle, par lepandit Manadjidont les des-
cendants la gouvernent encore.
OUIVIZILA, chef cafre, mort en 1885. qui avait conquis
le pays de Gaza, au S. du Zambèze et à TE. au Trans-
vaal. Ge pays fut quelque temps désigné par son nom.
OUNALÀCHKA. L'une des îles Âléoules (V. ce mot) ;
3.000 kil. q.; 600 hab.
OUNANS. Gom. du dép. du Jura, arr. de Poligny,
cant. de Villers-Farlay ; 530 hab.
OUNAO. Ville de l'Inde, prov. et à 52 kil. S.-O. de
Lakno (Lucbiow); 10.000 hab. Fondée au viii'' siècle,
sous le nom de Serai Godo, elle devint la capitale d'une
principauté comfuisepar les musulmans enl 150. En 1857.
les Anglais V détirent lesGipaves.
OUNFOUIVIA (Gôle d'Or) (V. Dixcom:).
^ 0UN6AVA (Vngava). Vaste baie du X. du Eabrad(u',
s'ouvrant dans le détroit ou la mer d'Hudson est barrée
par l'île d'Akpatok.
OU NI FA. Gonfédération tunisienne de sept tribus, qui
s'unirent, à la fin du xiii° siècle, pour résister au Frai-
chich: ce sont les Ouargha, Gharen, Ouled-bou-Ghaneni
(V. ce mot),Khemensa, Doufan, Zeghalma, Ouled-Yacoub.
Elles vivent d'élevage et de culture dans la région monta-
gneuse du Ke.f.
OUNJA. Rivière de Russie, affl. g. du Volga, traverse
les gouvernements de Vologda et de Kostroma ; est for-
mée de deux rivières, la Kéma et la Loundanga, coule
au S.-O., se grosse de la Viya (à dr.), tourne auS.-E.,
puis api'ès avoir r* la Méja (à g.), reprend sa direction
print'live e! se jcmc dans le Volga. Son cours, long de
400 kil., est extrêmement tortueux. Sa largeur atteint
par endroits 600 m. et plus, et aux crues de printemps
près de 1 kil. Vers son embouchure, l'Ounja est large de
2 à 4 kil. Navigable depuis la ville de Makârief; au prin-
temps à partir de Kologrif. Transport de bois, de blé et
de sel.
OUNJA. Rivière de Russie, affl. g. de FOka, traverse
les gouvernements de Vladimir et deTambov. Prend nais-
sance dans les lacs et les marais du district de Melenki
(gouv. de Vladimir), cotde auN., puis àl'E., tourne brus-
(juement au S. et finit gardant toujours la même direction
à 8 kil. en amont de la vi!b de 1 datma. Longueur, près
de 130 kil. La rive droite est plus élevée que la rive
gauche. Des minerais de fer et de pierres calcaires, dont
l'exploitation est la principale occupation des habitants
de la vallée, se rencontrent près de ses rives. La navi-
gation est empêchée par de nombreuses digues.
OUNNA. Rivière de liosnie (V. Lnxa).
OUNYAIVIOUESI {IJnjamwesi, c.-à-d. Pays de la
lune). Pays de l'Afrique équatoriale. au S. du lac Victoria
Nyanza. 11 fait partie actuellement de l'Afrique orientale
allemande. Ge pays a la forme d'une ellipse allongée dont
le grand axe mesure 450 kil. et le petit axe 225 kil. Sa
superficie est de 80.000 kil. environ. Plateau de 1.000 à
1.200 m. surmonté de pitons granitiques. Il s'abaisse au
xN. vers des plaines marécageuses, est drainé au S. par
l'Igombé ouMalagarasi. Le climat est malsain à cause des
prompts et extrêmes changements de température. Il est
partagé entre les savanes et les bois, assez fertile. Autre-
fois uni sous un roi, FOnnyamouési ^st divisé en une
infinité de cantons plus ou moins indépendants. Les habi-
tants sont très mélangés de race ; les nègres de race ban-
tou y prédominent et les Arabes y sont nombreux. L'agri-
culture est prospère, ainsi que le tissage et la métallurgie
du fer. Les Ouanyamouési s'engagent volontiers comme
porteurs dans les caravanes.
OUNYANYEMBÉ — OURAL
-- 694
OUNYANYEIVIBÉ. Pays de l'Afrique équatoriale (région
orientale), à 200 kil. du lacTanganyika. Il a fait longtemps
partie de l'Ounyamouézi au S. duquel il se trouve, et
aujourd'hui est placé sous la domination allemande
(Afrique orientale allemande). La ville principale est
Tabora, devenue une des principales stations allemandes.
Les Ouanyanyembé sont agriculteurs et éleveurs ; la
région la plus fertile est la vallée de la Ouala. Les Arabes
font cultiver par des esclaves.
OUNYORO. Pays de l'Afrique équatoriale dépendant du
protectorat britannique de l'Ouganda. Il est situé auN.-O.
du lac Victoria Nyanza et s'étend au N. et à l'O. de l'Ou-
ganda; 80.000 kil. q. Il forme un plateau de 1.400 m.
à 1.600 m. environ d'alt. Il s'abaisse brusquement sur le
lac Albert Nyanza, auquel aboutit le Hoima ; les autres
grandes rivières sont le Kafou et le Kassongo qui vont au
Nil. Le climat est assez doux et très pluvieux, la végétation
moins luxuriante que dans l'Ouganda, les bois sont beaux
mais assez rares, les fauves ont à peu près disparu. — Les
Ouanyoro sont de race bantou, s'habillent complètement.
Ils sont dominés parles Ouahouma, pasteurs de race galla.
Le roi Kabarega, qui s'affranchit du tribut dû à l'Ou-
ganda, est assez hostde aux Européens. Sa capitale est
Nyamoga, sur le Hoima; la ville principale, Kibiro, sur le
lac Albert. Les Anglais ont bâti des forts sur la route
entre les lacs.
OUOLLO. Plateau volcanique du N. du Choa (Abyssi-
nie), habité par les sept tribus des Ouollos, descendants
des Gallas.
OUOLOFS ou YOLOFS. Peuple africain établi dans la
colonie française du Sénégal, entre le Sénégal, la Gambie
et la Falémé (V. Afrique [Anthrop.] et Sénégal).
OUÔRZEK (Ras). Cap du Maroc (V. ce mot, t. XXllt,
p. 247).
DUPA. Rivière de Russie, affl. dr. de l'Oka, traverse
les gouvernements de Toula et de Kalouga. Prend nais-
sance dans le district de Bogoroditzk (gouv. de Toula),
coule dans une direction générale E.-O., en décrivant une
vaste courbe vers le N. et se déverse dans l'Oka en face
du village de Jérémino. Son cours est long de 373 kil. ; de
nombreuses digues rendent la navigation impossible. Sa
vallée est très peuplée ; plus de 112 villages et les villes
de Touba et d'Odoïef sont baignés par ses eaux. Ses affluents
les plus importants sont : le Chat, VOupert, la Toulitza
(à dr.),^et la Plava (à g.).
OUPÂLL Nom d'un des premiers et des plus intimes
disciples du Bouddha. Il aurait été converti à la suite de
la première venue du Maître h sa vilb^ natale de Kapi-
lavastou. Barbier des jeunes princes Çâkyas, cousins du
Bouddha, Oupâli les accompagna quand ils partirent à la
suite du Bienheureux pour se faire moines ; sur leur de-
mande et en vue de mortifierleur amour-propre, il aurait
même re(,'u l'ordination le premier. Cet épisode est l'un
des plus caractéristiques qu'on puisse citer comme preuve
que le Bouddha, tout en reconnaissant l'organisation sociale
des castes, en supprimait les distinctions au sein de sa
communauté. D'après les textes sacrés, Oupâli aurait joué
plus tard un rôle particulièrement important dans la ré-
daction et la transmission des règles de la discipline.
OUPIA. Com. du dép. de l'Hérault, arr.de Saint-Pons.
cant. d'Olonzac; 513 hab.
OUPOLOU. L'une des îles Samoa (V. ce mot).
OUR. Com. du dép. du Jura, arr. de Dole, cant. de
Dampierre ; 155 hab.
OURADOU (Gabriel- Augustin-Maurice), architecte fran-
çais, né à Paris le 24 juil. 1822, mort à Paris le 27 juin
1884. Elève de l'atelier Lebas et de l'Ecole des beaux-
arts, puis de Viollet-Le-Duc, dont il devint le gendre, Oura-
dou fit de remarquables envois aux Salons de 1865 et de
1873 ainsi qu'à l'exposition universelle de 1878, fut ins-
pecteur des travaux de restauration de la cathédrale de
Paris et du château de Pierrefonds que dirigeait son beau-
frère et termina la restauration de ce dernier édifice. Ar-
chitecte du diocèse de Ghàlons, et membre de la commis-
sion des monuments historiques, il restaura, pour ce der-
nier service, l'église de Culiîes (Aisne) et la grande salle
de l'hospice de Beaune. Charles Lucas.
OURAGAN. Au siècle dernier, les mots tempête et ou-
ragan n'indiquaient qu'une vitesse très grande ou extra-
ordinairement grande du vent. Ils signifient aujourd'hui
un violent tourbillonnement centripète et ascendant des
masses d'air, en même temps que tous les phénomènes qui
l'accompagnent. Cet état troublé de l'atmosphère a pris
des noms divers. Les marins ont appelé cyclones les tem-
pêtes tournantes de la mer des Indes ; typhons, celles des
mers de la Chine ; ouragans, celles de l'xVtlantique équa-
torial; mais la chose, au fond, reste la même (V. Cyclone).
OURAKAIVII. Village du Japon, île de Kiou-Siou, près de
Nagasaki. Il s'y était maintenu une communauté catho-
lique qui fut dispersée le 1^^' janv. 1870. Les puissances
européennes protestèrent sans succès.
OU RAL ou I AÏK. Fleuve de la Russie d'Europe et d'Asie,
qu'il sépare dans son cours moyen, tributaire de la mer
Caspienne; il a 2.300 kil. de long, en tenant compte de
ses nombreuses sinuosités, et draine un bassin d'environ
250.000 kil. q. 11 naît dans le gouv. d'Orenbourg, au S.
de Karatach, à 635 m. d'alt., coule vers le S. entre deux
chaînes des monts Oural, tourne ensuite vers l'O., reçoit
rOrr (g.), l'Ilek (g.), la Chobda (g.), la Sakmara (dr.)
passe à Orsk, Orenbourg, Oui*alsk où il reprend la direc-
tion S., à Kalmykov et finit par un vaste delta maréca-
geux et couvert de roseaux, à l'E. duquel est Gouriev.
Il a 60 à 170 m. de large, n'est que flottable. Le poisson
y abonde. Son nom actuel d'Oural lui fut imposé par
Catherine II, après la révolte dePougatchev (1775), pour
effacer les souvenirs liés au nom d'Iaik. A-M. B.
OURAL. Géographie physique. — Ch[iîne monta-
gneuse qui, sur la bordure E. de la plate-forme russe, aligne
du N. au S., sur près de 26*^ en lat., ses rides parallèles.
Prenant pour base méridionale le plateau aralo-caspien
d'Oust-Ourt, elle a pour terme final, dans le N., les pe-
tites collines rocheuses qui s'abaissent au pied du piton
de la « Pierre de Constantin » {Konstantinov-Kamen) ,
i'55 m.) vers la mer de Kara. Sa largeur, sans être ja-
mais forte, est soumise à de grandes variations; elle oscille
entre un maximum de 150 kil., atteint dans le S., en
faveur d'une divergence marquée des chaînons, et un mini-
mum d'une dizaine de kil., réalisé maintes fois dans le
N. ou sa section reste toujours sensiblement réduite.
C'est qu'alors de grands changements s'y produisent aussi
bien dans sa forme que dans sa direction. La chaîne qui,
pendant si longtemps, avait aligné sa longue succession
de crêtes et de vallées longitudinales, suivant une orienta-
tion sensiblement méridienne, c.-à-d. N.-S., subit,
dès qu'elle atteint cette zone septentrionale, une inflexion
qui l'amène finalement à déployer en arc ses divers élé-
ments, ici plus même disloqués et fréquemment inter-
rompus par de fréquentes trouées, si bien que l'Oural
devient des plus faciles à franchir précisément dans le
point oii sa barrière, dressée au-dessus de plaines glacées
que personne ne se dispute, sépare des régions à peines
peuplées.
Quoi qu'il en soit, en recoupant ainsi obliquement les
diverses zones de la plaine russe, celles des Steppes, de la
Terre noire, des Eorêts, puis des Toundras, cette chaîne
constitue une région naturelle distincte, offrant, de plus,
cette particularité de tracer nettement la limite de l'Eu-
rope dans cette direction. En face de l'Asie sa brusque
saillie au-dessus des vastes plaines de la Sibérie, qui
forme avec la faible inclinaison du versant opposé, douce-
ment raccordé avec celles de la Russie sans solution de
continuité, un contraste si saisissant, atteste en effet clai-
rement que cette chaîne, d'ailleurs d'un type spécial, n'est
en somme que l'escarpement terminal de la plate-forme
russe vigoureusement redressée dans l'E. D'où la dissy-
métrie si complète de son profil transversal ; dissymétrie
— ()9r)
OURAL
d'autant mieux accentuée que l'abrupt en question, sou-
vent représenté par une muraille à pic, difticile à franchir
avec, comme arrière-plan, une ligne de crêtes donteiées,
vient se placer tout près de l'axe central et domine une
région des plus plates (pii résulte de l'arasement des ter-
rains de ce versant sibérien.
Inversement, quand, partant de la Russie centrale, on
vient atteindre l'Asie en suivant, au travers d(^ rOural.
la voie la plus fréquentée, le chemin de fer de Porm à
Ekaterinenbourg, la pente de ce versant occidental est si
faible qu'il semble dans cette traversée qu'on n'a pas (juitté
la région des plaines ; on met ensuite le pied sur le sol
asiatique sans se douter qu'on vient de franchir une ligne
de faîte. Or le caractère local d'effacement du relief oii-
ralien se représente en plusieurs points, sous la forme
notamment du col de Katchkanar, ou du seuil de Lazva,
si bien que chaque fois on ne peut se rendre compte (fu'on
passe sur l'autre versant qu'en voyant sur nue ])orne fron-
tière la face E. porter le nom d'Asie ; ainsi s'explique cette
erreur si longtemps propagée que l'Oural n'existe comme
chaîne de montagnes que sur les cartes et cju'on peut le
franchir à plat.
En réalité, l'impression est tout autre, quand, ne suivant
pas l'exemple des Russes trop pressés, on l'aborde dans
l'intervalle de ces parties déprimées. Sans doute, on y passe
insensiblement de la région des plaines à la ligne de faîte
par une série d'ondulations successives d'altitude régu-
lièrement croissante, toujours molles de formes, couvertes
de forêts, et ne donnant guère l'impression de la vraie
montagne, mais même sur ce versant doucement ondulé,
il n'est pas rare de rencontrer brusquement en saillie des
chaînons isolés, garnis de sommets culminants, capables
d'atteindre et même dépasser 4.500 m. Tels sont, dans le
Nord, le Pai-jar (4.452 m.), qui porte fièrement en sa-
moyède le nom de « Roi des montagnes » ; puis le géant
de cette classe sous la forme du piton si complètement
dénudé du Sablia (4.647 m.). Dans le centre, de ptireils
accidents, loin de manquer, sont surtout représentés par le
fameux Yomina; fameux dans ce sens que beaucoup de
géographes, à la suite de Humboldt, considèrent cette mon-
tagne dressée à 4.202 m. comme ujie sorte de nœud d'où
rayonneraient, en divergeant vers le S., les trois branches
de l'Oural. Encore une légende qu'il faut abandonner ;
cette radiation des chaînes méridionales autour d'un point
central est de pure fantaisie, et le Yourma, situé d'ailleurs
bien en dehors d'elles, n'est autre qu'un chaînon semblable
à ceux qui s'isolent si volontiers sur ce versant, sans ja-
mais jouer le rôle spécial dans l'orographie de la région.
En somme, l'Oural constitue dans l'E. de la Russie un
trait orogi^aphique des mieux marqués, aussi des plus an-
ciens ; car ses origines lointaines remontent à cette date,
fort éloignée, où vers la fin des temps primaires une chaîne
de même direction, dressée contre le bord de la plate-forme
russe, en traçait déjà l'emplacement; avec une vigueur de
forme, du reste, bien plus grande qu'actuellement, cette
« Ceinture de pierre » (Kammenyi Poïas) privée mainte-
nant, aussi bien sur ses sommets émoussés de neiges per-
sistantes que de torrents et de cascades dans le fond de
ses paisibles vallées, n'est plus qu'un écho affaibli de cet
état ancien.
Divisions de l'Oural. Leurs caractères généraux. —
Dans ses descriptions cette chaîne méridienne est habituel-
lement débitée, dans le sens de son allongement, en trois
bandes d'importance presque égale et portant respective-
ment les noms de : 0. méridional, 0. central, 0, sep-
tentrional, suivant leur position. Mais quand on examine
avec soin sa structure, on voit qu'elle se prête à une di-
vision plus rationnelle en deux parties, prenant comme
limite commune, vers 63*^ de lat., une partie très étran-
glée de la chaîne, oti de part et d'autre d'un seuil élevé
(740 m.) descendent, en sens inverse, deux rivières :
la Lunfa, vers la Petchora, dans l'O. , la Loswa, vers l'Obi,
dans TE. Ce col, en effet, marque précisément, dans l'Ou-
ral, le point oîi se fait le brusque changement de direc-
tion précédemment indi(]ué et, par suite, celui à partir
duquel on peut y reconnaître deux sections bien différen-
ciées : l'une, méridionale, l'omarquahle par sa direction
rectiiigne ; l'autre, septentrionale, développée en croissant,
à convexité tournée vers la plaine russe.
Oural septentrional. — Cette partie incurvée, c'est
l'Oural des Vogouls, des Ostiaks et des Samoyèdes ; c'est la
plus étroite, la plus ramassée, celle aussi qui, rachetant
sa faible largeur par une grande élévation, supporte les
plus hauts sommets qui, d'ailleurs, émoussés, comme dans
toutes les chaînes anciennes, n'ont rien de majestueux, et
loin de se dresser sur l'axe archéen central (Ôural-Taou)
sont toujours rejetés à l'O. sur la première zone de chaînes
extérieures calcaires où dominent les assises du dévonien.
Successivement du N. au S., le .\et-Jou (4.332 m.) dès
la première amorce du croissant ouralien, la grande py-
ramide du Pai-jar (4.452 m.), ([ui porte ensuite en sa-
moyède ce fier nom de « Maître des montagnes », la SnMja
(4.647 m.), qui devient au point maximum de la courbure
le géant de cette classe, la crête dentelée du Clios-odca
(1.257 m.), le piton si complètement isolé du Telpos-is
(1.583 m.), le Ninischur-tschachl {i.ii){ m.) et le ^<2/;
Aï; koip (4.074 m.) près des sources de la Petchora, mar-
quent les principaux sommets de cette longue rangée de
cimes culminantes. Dressant leurs roches décharnées au-
dessus de croupes dénudées dans l'Oural polaire, ou ré-
gulièrement boisées dès que la végétation forestière com-
mence à s'installer sur ce versant oriental, toutes ont pour
trait commun d'être coupées à pic vers l'L., tandis qu'à
rO.leur pente, comme dans toutes les saillies de l'Oural,
reste toujours adoucie.
Autre fait intéressant : c'est que, malgré la hauteur re-
lativement forte de ces sommets qui fait que le relief
moyen de cet Oural du Nord atteint 945 m., cette chaîne,
même en poussant de pareilles crêtes au delà du cercle po-
laire, ne conserve de neiges persistantes que dans le fond
de grottes profondes faisant office de vraies glacières na-
turelles, si bien que, tandis que sous la même latitude les
montagnes de la Scandinavie ont leur belle parure de gla-
ciers, cet Oural polaire en est complètement dépourvu.
C'est qu'ici, non seulement les formes topographiques des
lignes de faites ouraliennes, très différentes de celles très
plates du diane Scandinave, ne se prêtent guère à l'éta-
bhssement de vastes champs de névés, mais le climat par-
ticulièrement rude et surtout très sec intervient comme
cause principale de cet arrêt si complet dans la glaciation
du pays. En hiver, aussi bien en deçà qu'au delà du cercle
polaire, des froids de — 37^^, capables d'amener la con-
gélation du mercure dans les thermomètres, sont souvent
enregistrés dans cette zone ouralienne, à ce point que
dans certaines usines, comme celles de Bohoslov, on ne
peut faire d'observations qu'à l'aide d'appareils à alcool.
Or, comme ces conditions hivernales subsistent dans ces
hautes latitudes pendant la moitié de l'année (de novembre
à fin d'avril) et que la saison qui suit, loin d'être plu-
vieuse, est le plus souvent obstinément sèche, on voit par
suite que les glaces, dans l'Oural, sont privées de conditions
d'existence.
Comme conséquence de cet état de choses ligure aussi
la disparition complète des forêts sur le versant occiden-
tal, à partir du 65^ de lat. N. Dès lors, les chaînes dépourvues,
de plus, pendant une bonne partie de l'année d'une cou-
verture protectrice de neiges et livrées, par suite, sans dé-
fense, à l'action des intempéries, sont condamnées à une
rapide démolition ; d'où leur nature essentiellement ro-
cheuse, l'importance des éboulis qui en garnissent le pied
ou le fond de vallées sèches, et le caractère ruiniforme
des escarpements. Dans de pareilles conditions peuvent
s'y présenter, quand de grandes dalles calcaires peuvent
se maintenir sous la forme de hauts plateaux, de grands
lapiez, où mieux encore leur débitage en aiguilles capri-
cieusement sculptées, comme dans la région typique du
OllKÂL
696 —
« mont des Idoles^ » [(Uolvano-lss) situé lout près de
J 'extrémité méridionale de cette zone, dans une région où
la multiplicité de tous ces accidents engendre une topo-
graphie des plus confuses. En même temps, c'est là aussi
que, mieux qu'ailleurs, on peut voir que dans les vallées
cette empreinte des iniures du temps n'est pas moins bien
marquée. Elle s'y traduit par la fréquence sur leur fond
plat d'espaces marécageux prenant le caractère de véri-
tables fondrières, quand d'épaisses couches de neige dur-
(ie ne viennent pas consolider ce sol instable, seule con-
dition qui peut le rendre accessible, ('e qu'on appelle une
route dans ce pays, ne peut, en effet, vraiment mériter
ce nom qu'en hiver, alors que la neige s'est appliquée à
remplir cet office. Autrement, le pied, dans le fond de
ces vallées, n'y pose plus que sur un mélange de terre,
de boue et de mousses tourbeuses, formant un manteau
si épais que pas une pierre n'apparaît. On peut alors y
faire des traversées de 20 à 30 kil. sans voir une roche,
à moins qu'un arbre renversé par les vents ne ramène à
la surface un caillou enlevé par ses racines.
Tout autre est le versant oriental. Abaissé d'un seul
coup vers la Sibérie et surtout tranché à vif, cai- cette
chute brusque ne résulte pas d'une rapide plongée dc^
couches, mais de
leur rupture par
une série de gran-
des cassures, l'a-
l)rupt qu'il dessine
contraste singuliè-
rement avec la pla-
titude des plaines
glacées (toundras)
({ui s'étalent à son
pied. C'est la plus
sauvage et aussi la
plus accidentée des
régions de l'Oural.
A noter aussi, avec
la fréquence des
eaux ruisselantes,
son caractère plus
verdoyant; car,
bien baigné par le
soleil et mieux par-
tagé au point de
vue du climat, ce
versant peut con-
server ses grandes
forêts de mélèzes et de sapins, voire même de cèdres dans
le S. jusqu'au 67^' de lat. Quoi qu'il en soit, en raison
de sa vigueur de formes, ce tlanc râide faisant face à la
Sibérie, par une ligne d'escarpements qu'on ne peut fran-
chir ([ue par quelques passes étroites, n'aboutit ({u'à
des cols élevés, maintenus à plus de 800 m. d'alt., et
n'établissant en somme de communications qu'entre des
plaines glacées ou les populations sont des plus clairse-
mées; ainsi s'explique qu'il subsiste encore dans cet Oural
du Nord beaucoup de points peu connus.
Oural méridional. — Ces conditions changent dès qu'on
atteint ensuite la chaîne principale N.-S. A peine a-t-on
franchi le seuil précédemment indiqué, qu'on se trouve de
suite en présence d'une belle rangée de montagnes plus
verdoyantes, riches en eaux vives, habitées par les Bach-
kirs et formant un contraste saisissant avec les vastes soli-
tudes qu'on vient de quitter. C'est l'Oural classique qui
développe alors, avec ses grandes forêts, ses molles mais
très régulières ondulations depuis la plaine russe jusqu'à
une ligne culminante, qui, toujoursrejetée à TE., devient
la véritable arête du système et au pied de laquelle la chute
de la montagne vers l'E. reste toujours brusque. Les
grands sommets dressés comme précédemment sur les
chaînons latéraux ne manquent pas, mais plus isolés, très
espacés, sans apparence de lien entre eux et surtout rejetés,
l''iLi. 1. — PriiK'ipales lignob dii'(;cîi*ice« du i-clier ouralien. I, Oural
Hîéridional ; I', Oucal soptontrional; 1", monts Tlniaii; I'", Pac-Khoj.
Waigatch, Nouvelle-Zemble; II. ax(^ noi-vépien de^ monts Scandinaves;
m, taille transouralienne.
sur le versant oriental, ils résultent cette fois, le plus souvent,
delà mise en saillie d'une roche dure éruptive. Tel est le
sauvage piton dioritique du mont Iremel qui, parvenant
à se maintenir au-dessus d'une croupe granitique à près de
1.600 m. (1 .598 m,), devient, dans l'Oural du Sud, la plus
importante de ces saillies. Xéainnoins, la plus grande valeur
du l'clief reste toujoursdans l'O. sous la forme d'une suite
de chaînons allongés dessinant une ligne extérieure de
plus de 1.000 m. ; si bien que la ligne de partage entre
les d(Hix versants reste encore excentrique et localisée sur
le pli le plus ancien de la chaîne qui, d'un bout à l'autre,
se traduit par la l'ide maîtn^sse de l'Oural-Taou. Avec
cette différence qu'ici cette ride, au lieu d'être exclusive-
ment granitique et gneissique comme dans leN., se trouve
chargée de roches éruptives \ariées. Des diabases en pai'-
ticulier, ainsi que de grandes masses de gabbros et de
serpentines en relation étroite avec cette richesse en gîtes
métallifères qui ont rendu l'Oural célèbre, s'y dévelop-
pent au point de jouer dans sa topograi)hie un rôle des
plus importants. — La preuve, c'est qu'il suffit (]ue ces
formations éruptives disparaissent dans la région centrale
de cet Oural du Sud ou tout au moins se localisent sous une
forme réduite sur son versant \']. t. fs disloqué en laissant
l'Oural -Taon rc-
pi'endre son carac-
tère cristallin, po ur
((u' immédiatement
s'y pi'ésenle une
large zone où le
relief général de
rOural s'efface à ce
point que les ca-
Naliers peuvent le
franchir d'une
traite, sans ralentir
le trot de leurs che-
vaux. Telle la passe
célèbre que suit la
voie ferrée qui re-
lie Perm à Ekaté-
rinenbourg, en pro-
fitant du point où
l'Oural est le plus
déprimé.
En plus des mo-
di fi cations déjà
grandes qu'intro-
duit dans la com-
position de cette bande cette importante série de roches
éruptives basiques et de gîtes métallifères associés, des
changements non moins considérables dans sa structure
s'y présentent. Dès le début, en effet, les chaînons successifs
de son vc)\sanl russe, avec leur caractère de plateaux boisés,
Ne
¥iix.2.— Cniipe Iransxersale des monts Taganaï (Oural
du Sud). 1, BolchoïTaganaï; 2, Sreday Taganaï; 3,Maly
Taganaï; Q, quartzites ; G, grés friables arkosiques;
m. micaschites grenatiferes avec calcaires subordonnés.
allongés du N. au S., et souvent dominés par des dômes
gazonnés porphyriques de i.OOO à i.oOO m., ne peuvent
plus être attribués à une succession de plis réguliers.
Tous résultent de cassures qui ont divisé ce terrain an-
ciennement plissé en compartiments doucement inclinés
vers l'E., tandis que leur tranche dessine dans l'Ouest un
abrupt (('autant mieux accusé que leur couronnement
est le plus souvent fait par des grès durs susceptibles de
— 697 —
OURAL
s'y maintenir très escarpés. D'oii résulte une structure
en gradins, dont les eaux courantes ont profité pour creu-
ser, au pied de ces escarpements jonchés d'éboulis et riches
en sources, ces grandes vallées longitudinales que suivent
pendant longtemps les rivières du pays avant de s'échap-
per au dehors au travers de cluses qui, comme consé-
quence immédiate de nouvel état de choses, apparaissent
aussi nombreuses et 1res importantes sur ce versant.
Quant au flanc inverse, nulk' part il ne perd aussi com-
plètement son caractère montagneux. C'est une région
plate, versée à l'I^. sous une pente très faible et qui ne se
différencie de la plaine voisine, au point de vue de la
physionomie extérieure, que pai* son état de morcelle-
ment. Des fentes ici E.-O. ont exercé sur les rivières
une influence à ce point directrice qu'elles se sont appli-
quées, suivant cette direction, à rompre l'uniformité d'un
pays où l'eau est encore, le plus souvent, obligée de sta-
tionner sous la forme lacustre.
Ce qui distingue ensuite l'Oural du Sud proprement dit,
c'est sa division en trois branches ; si Inen qu'en dehors
d'une rangée centrale constituée par l'Oural-Taou, on
peut distinguer à gauche la chaîne tronçonnée de VOu-
renga, à droite celle, métallifère par excellence, des
numt>i Umei). C'est quand on a franchi la région plus
tourmentée où se dresse le Yoiinna ({ue se fait cette di-
vision, non pas sous forme rayonnante, mais simplement
quelque peu divergente, avec inflexion vers le S.-S.-O.,
car ce nouvel ensemble avec sa succession, toujours la
même, d'arêtes alignées, de vallées longitudinales et de
cluses, n'est qu'une sorte d'exagération de la structure
ouralienne typique. A leur pied, dans le S., ces chaînes
apparaissent ensuite brusquement, tranchées normalement
à leur direction par la profonde et régulière coupure
dont profite l'Oural — après avoir longtemps circulé
dans la vallée longitudinale qui sépare l'arête centrale
des monts ïlmen — pour filer droit vers l'O., jusqu'au
point où, non moins brusquement, il reprend sa direction
première pour venir se jeter dans la Caspienne.
Ce joli fleuve ouralien, poissonneux par excellence, cir-
conscrit alors, dans son cours inférieur coudé à angle droit,
un plateau à surface peu tourmentée et dont le bord
oriental se relève dans le prolongement immédiat des
Ilmen par la très curieuse et double chaîne des Mougod-
iars; double dans ce sens qu'elle comprend, relevée à
un millier de mètres, les gneiss et granités du soubas-
sement, puis un flanquement parallèle de roches porphy-
l'iques, c.-à-d. la juxtaposition de « bonnes » (lakhtchi-
T(igh) et de «mauvaises » (laman-Tagh) montagnes, les
premières, avec leurs arènes granitiques, se trouvant aptes
à supporter de belles prairies, tandis que les secondes res-
tent essentiellement rocheuses et dénudées. C'est sous
cette forme simple que se termine l'Oural en venant
butter contre le plateau d'Oust-Ourt, et là encore
en voyant ce dernier terme, si franchement relevé vers
l'E., venir plonger doucement vers les steppes de la Cas-
pienne, on ne peut manquer d'y reconnaître qu'il existe
entre la montagne et la plate-forme russe une continuité
absolue.
Parmas. Une nouvelle preuve de cette intime liaison
est d'ailleurs formée par les Par'mas, c.-à-d. par ces
plateaux doucement ondulés qui s'allongent par files pa-
rallèles sur les contreforts ouraliens, juste en face du point
ou la chaîne prend une allure franchement méridienne.
Des rides de cette nature représentent ces avant-plis qui
ne peuvent apparaître au pied des montagnes que quand
en avant de la bande plissée s'étend un pays constitué par
les mêmes éléments (E. Suess). Ces collines pré-oura-
liennes ont d'ailleurs une autre signification ; l'une d'elles,
Otch Parma, en divergeant vers le N.-O., donne nais-
sance aularge dos montagneux de Tirman. Or cette longue
croupe, après avoir fait renaître sur les bords de l'océan
Glacial, au milieu de la toundra glacée du Nord, les traits
fondamentaux de structure des rides ourajiiennes, se re-
courbe brusquement au-dessus du golfe de Tcheskaïa, pour
venir ensuite se poursuivre transversalement d'un bout à
l'autre de la presqu'île Kanine du cap Mikoulkine au Ka-
ninenos, soit en un point où sa brusque terminaison à la
mer marque tout simplement la disparition sous les flots
de la zone qui la rattachait autrefois aux parties mainte-
nant acheminantes du sol Scandinave. C'est là un fait très
important, car si on remarque ensuite que la chaîne prin-
cipale à son tour, après avoir subi dans le N. une brusque
et semblable inflexion vers le N.-E., sous la forme Mes
monts rocheux de Pae-Khoi (Oural de hara), traverse de
part en part l'île de Vaigatch, puis se prolonge dans toute
l'étendue de la Nouvelle-Zemble méridionale avec la même
dissymétrie — dissymétrie d'autant mieux | accentuée
même (pi'une bonne partie de la bande orientale s'est
effondrée dans l'océan Glacial — on ne peut manquer
d'en conclure que les traces de cett(; poussée ouralienne
encadrent complètement le massif stable de la Russie et de
la Scandinavie. Ainsi se justifie la qualification de « cein-
ture du monde » (Zemnoï Poyas). autrefois attribuée par
les Russes à ces monts (hu\als, qui constitue, en somme,
dans l'K. de l'Europe, un trait orographique des plusim-
])ortonts. aussi des plus anciens.
Hisloire de la chaîne. Dès la fin des temps carboni-
fères, cette ligne se dressait à cette même place dessinant,
à peu de chose près, les bords d'une mer où sont venus
se déposer, à l'époque jurassique, les sédiments qu'on ren-
contre maintenant encore étalés à son pied en couches
horizontales, alors que dans le dessous apparaissent vi-
goureusement plissées les assises primaires qui, de part
et d'autre d'une bande axiale de schistes et de granités,
constituent les deux versants de la montagne. Nulle preuve
plus convaincante que son soulèvement remonte à une
date fort éloignée. D'ailleurs, pour s'en rendre compte, il
suffit de voir, sur ses flancs, combien devient énorme la
masse d'alluvions qui dérivent de sa dégradation progres-
sive, en particuHer sur le côté sibérien où la chaîne a
perdu de ce chef, sous l'influence d'une érosion prolongée,
la majeure partie de son versant oriental. Au pied de la
falaise qui la termine si brusquement de ce côté, les an-
ciens pHs apparaissent complètement rabotés. Dès lors, en
présence d'un pays devenu souvent plus plat que ne le
sont les plaines de la Russie, on s'aperçoit aisément que
la dissymétrie si complète de cette chaîne — à l'inverse
de ce qui se passe ailleurs dans les zones montagneuses
plissées, où cette allure déterminée par la poussée qui leur
a donné naissance, devient un fait initial d'ordre purement
tectonique — représente tout simplement une œuvre pos-
thume de nivellement.
C'est qu'ici, malgréleur apparente simplicité, les rides
ouraliennes résultent d'une singuUère compfication d'eff'ets,
les uns très anciens, les autres de date relativement ré-
cente. Livrées sans défense à l'action des érosions depuis
le jour fort éloigné où, dressées dans les airs, elles avaient
conquis vers la fin des temps primaires leur principal re-
lief, elles étaient naturellement destinées à subir le sort
des zones montagneuses du même âge. c.-à-d. à se pré-
senter rabotées jusqu'à la base, comme il en est pour les
anciennes montagnes de la Rretagne, du Massif central,
de la Rohême et d'ailleurs. C'est vraisemblablement, du
reste, ce qui a dû leur arriver ; mais postérieurement aux
temps tertiaires, le système a subi dans l'E. un relève-
ment qui lui a rendu le relief qu'il avait perdu'. A cette
seule cause, l'Oural doit de se présenter encore de nos
jours avec un caractère franchement montagneux. C'est un
vieux relief rajeuni par une action récente ; action consé-
cutive d'un affaissement qui, sur le côté sibérien, a per-
mis aux eaux marines tertiaires de venir baigner le pied
delà chaîne, depuis son extrême N. jusqu'à la Caspienne.
Ainsi s'explique également, avec sa forme abrupte, l'état
disloqué de ce versant, où viennent se concentrer, sous
la forme de filons métallifères, les plus grandes richesses
minérales de l'Oural.
OURAL
— 698
Particularités du régime hydrographique. Lacs
transouraliens . Dans FOural, riiifluence de la structure
(lu terrain ne se traduit pas seulement par le contraste
si complet qui s'introduit dans l'orographie des deux ver-
sants, l'allure des rivières en porte aussi l'empreinte en
caractères non moins saisissants. Ainsi du côté de l'Asie,
toutes les rivières qui, noml)reuses, glissent sur ce ver-
sant remarquablement aplani, pour se i'cntlre dans TOb,
s'y succèdent avec un parallélisme frappant, alignées sui-
vant une direction l''.-0., absolument inverse de celle
des couches plissées du fond, tandis que, sur le versant
russe opposé, les cours d'eau affectent, en s'allongeant
dans le fond des dépressions, une direction méridienne et
la conservent jusqu'à ce que quelque cluse leur pei'mette
de fder au dehors vers la Petchora. Or, dans le premier
cas, il est clair que ce sont les cassures transversales du
pays qui, seules, en exerçant sur le tracé de ses eaux
courantes une action franchement directrice, ont pu leur
permettre de prendre une allure si peu conforme à la
constitution du pays. Car, dans cette course rectiligne
vers TE., elles recoupent indifféremment, sans s'impiiéter
de leur nature ni de leur direction, aussi bien les forma-
tions éruptives que les couches plissées.
Inversement sur le versant occidental qui, mieux que
l'autre, malgré les déformations postérieures subies, a
conservé sa structure ridée, les rivières, au milieu de cette
succession régulièrement parallèle de remparts escarpés
et de bassins très allongés, sont restées pleinement adap-
tées aux conditions du milieu. Prenant naissance le plus
souvent sur les plats sommets marécageux des gramles
croupes qui s'établissent fréquemment sur le trajet de la
ligne de partage (Oural-Taou), ou de la chaîne culminante
voisine, c'est sous une forme hum])le, serpentiue, que se
fait leur début, mais bientôt dans le fond des vallées, oîi
elles descendent rapidement, leur tracé est régularisé.
C'est alors qu'on peut les voir prendre, avec une réelle
vitesse, l'orientation N.-S. ainsi que l'allure rectiligne
qui sert à caractériser leur cours supérieur. Sans doute
dans ce trajet elles ne sont pas conséquentes, c.-à-d.
établies en conformité avec la pente générale du terrain —
sans quoi elles prendraient de suite la direction qui plus
bas les amène à se déverser vers l'O. — Mais partout,
qu'elles soient localisées dans le fond des synclinaux ou
logées contre le pied d'un escarpement à bord faille en
devenant monoclinales, comme cela se passe si souvent dans
l'Oural du Sud (fig. 2), elles sont creusées sur l'eftleure-
ment des assises les moins résistantes. Or comme ces deux
sortes d'accidents, plis ou failles, affectent la même orien-
tation et le plus souvent sont situés dans le prolongement
l'un de l'autre, ainsi s'explique que les rivières en ques-
tion aient pu donner à leurs vallées une forme longitudi-
nale. Quand elles l'abandonnent dans leur cours moyen,
c'est brusquement à angle droit que se fait de suite leur
déviation vers l'E. Des cassures transversales leur per-
mettent alors de franchir dans de belles et profondes
cluses les chaînons successifs qui, dans le principe, les sé-
paraient de la plaine russe. A cette extrémité de leur
course sur de pareils espaces plats naturellement, elles
peuvent s'étaler librement, redevenir tranquilles et bien
encadrées dans le fond de leurs vallées, devenu très plat,
par des terrasses alluviales, puisque alors peut commencer
le travail de compensation habituel. Quant aux cluses ou-
raliennes, elles sont toujours profondes, tortueuses, à
bords escarpés, d'où la fréquence des rapides sur les cn-
lassements de blocs tombés de ces parois ébouleuses. De
plus on les remarque symétriques, les couches sur les bords
se faisant exactement pendant. Aussi peut-on de suite en
déduire ce fait important qu'on se trouve en présence de
méandres encaissés.
L'allure des vallées sur le versant sibérien provoque
également quelques remarques intéressantes. Elles aussi
s'aplatissent au début dans toute la traversée des ter-
rains marécageux qui s'établissent sur les avants-monts
de rOural-Taou, et ne s'encaissent que quand elles attei-
gnent à leur pied la pénéplaine primaire. Le contraste
est alors saisissant entre la désespérante uniformité de ce
sol raboté et la beauté de ces gorges qu'on s'étonne de voir
s'ouvrir de suite si profondes dans un sol aussi plat. Des
cascades depuis si longtemps absentes, ne sont pas rares
sur leurs parois rocheuses, alors que, dans le bas, la rivière,
sautant de blocs en blocs, prend une allure bien torren-
tielle. Si, pour un moment, abandonnant la beauté du pay-
sage qui se développe sous les yeux, on jette un regard
sur les escarpements, ce qu'on peut constater, c'est qu'ils
ne sont plus symétriques. Jamais d'un bord à l'autre les
couches n'y sont plus en correspondance directe ; à ce
point même que souvent la rivière vient se placer à la
Fig. ?). — Coupes transversales successives des vallées
sur le versant oriental de l'Oural. 1, cours supérieur,
vallées plates marécageuses ; 2, cours moyen, vallées
étroites à parois rocheuses ; 3 et 4, coui's inférieur,
vallées larges bordées de terrasses fluviales et tertiaires.
jonction d'une roche, éruptive (porphyrite ou diabase)
avec des couches gréseuses ou calcaires fortement plissées
(fig. 3) qui ne se prêtent plus, comme les précédentes,
à l'établissement d'une paroi escarpée. C'est la structure
type d'une vallée de fracture qu'on a alors sous les yeux
et par suite un accident d'ordre franchement technique.
Les conditions changent ensuite (piand la rivière dans
son cours inférieur pénètre dans la plate zone des ter-
rains tertiaires de la bordure. Devenues très larges, les
rivières y serpentent en décrivant, au milieu de leurs
propres alluvions. des méandres les plus capricieux.
Mais la particularité hydrographique la plus intéressante
de ce versant oriental, c'est le nombre et la diversité des
lacs qui s'étagent sur ses pentes, c.-à-d. le développement
d'un élément qui fait complètement défaut sur le versant
opposé. On les remarque distribués sous deux aspects très
différents : les uns, à fond de roches, bien encaissés dans
les gneiss ou les granités, souvent très profonds, toujours
remplis d'eau douce et pourvus d'écoulement, sont de
vrais lacs de montagnes étages sur les pentes ou dans les
ramifications de la chaîne ; les autres, sans profondeur
cette fois, dépourvus de rives sensibles et multipliés à
l'excès, étalent librement leurs eaux saumâtres ou salées
sur des parties nivelées en représentant, sous cette forme
de lacs de steppes, les dernières traces de l'ancienne
dépression aralo-caspienne.
Constitution géologique. Dans 1 Oural, les couches
plissées, exclusivement primaires, sont précisément faites
de ces mêmes terrains qui, sous la plaine russe, ont con-
servé, grâce à la grande stabilité du pays, leur horizon-
talité, et la diminution d'amplitude de ces plis de ce côté
est tellement progressive que la montagne et cette plate-
forme font un tout continu. Dénature gréseuse et surtout
calcaire, ces couches se répartissent principalement dans
lessériesdévoniennes, carbonifères et permiennes. Toutes, à
l'exception de schistes et de grès avec houille, qui dans le
— 699 —
OURAL
N., sur le versant E., se rencontrent à la base du car-
bonifère, sont marines, pleinement concordantes et dé-
veloppées, quand il s'agit de ces assises carbonifères
et surtout permiennes, sous ce faciès à Céphalopodes
ainsi qu'à grandes Fusulines qu'on sait être éminemment
caractéristiques pour ces régions orientales de l'Europe.
Tels sont, sur le versant occidental de l'Oural du Sud,
les grès et calcaires célèbres d'Artinskoùse fait, associée
à des Goniatites {Pronorites Uralicus), ainsi qu'à beau-
coup de Procluctus carbonifériens {P . punctatus , P. Cora,
P. semireticulalus, P. aculcatus), la première appari-
tion des Ammonitidés représentés par les genres Medli-
coitia, Popanoceras, Gastrioceras , Propinacoceras,
Agathiceras, Thalassiceras, et qui sont, par suite, de-
venus, sous le nom à' Arstinkien, le type classique du
permien inférieur marin.
Le carbonifère, très puissant et tout entier calcaire
dans le S., offre, à son tour, dans l'étage supérieur un
type marin à grandes fusulines (ouralien) tenant la place
de ces assises houillères stéphaniennes qui, dans la majeure
partie de l'Europe, sont saumâtres ou lacustres. Dans son
plein développement, qui se fait sous la forme du haut
plateau d'Oufa, sur le revers S.-O. de l'Oural-Taou, on y
distingue trois faunes marines distinctes superposées. La
plus ancienne, très riche, développée dans ces calcaires
blancs intimement soudés à ceux d'Artinsk, renferme avec
les Fusulines caractéristiques {F. longissima, F. Ver-
neuilï) des Productus spéciaux (P. transversalis,P. Ura-
licus, P. fasciatus, etc.), des Céphalopodes, Agathice-
ras Uraliciim, et surtout de nombreux Brachiopodes, tels
que : Chonetes Vralica, G. variolata, Desbija grandis,
Orthotichia Margani, Hustedia remota, lerehrataloi-
dea triplicata, Camarophoria sella, G. plicata, G. pin-
guis, G. superstes, Pugnare Uta, Rynchonella granu-
lum, Spiriferina ornata, SpiriferLyra, S.rectangulus,
Dielasma plica, D. truncatum, D. Duhiiim, etc. La
seconde, avec un faciès surtout oolithique, est caracté-
risée par l'abondance du Productus Gora accompagné de
Griffithides scitula, Dielasma curvatum, Spirifer
camerafus, Rhipidomella Uralica, Productus semi-
striatus, P. longus, P. porrectus, etc. L'inférieure, cle
nature coralligène, renferme encore de nombreux Pro-
ductus dans des calcaires construits par SyîHngopora
parallela, Golumnaria sosida, Petadaxis timanicus.
En dessous, des calcaires moscofz^ns ne se spécialisent,
comme division moyenne, des précédents aussi bien que de
ceux qui les supportent, que par la présence du Spirifer
mosquensis. Dans la division inférieure, c'est le Pro-
ductus giganteus qui remplit ce rôle ; en même temps,
ces calcaires à la base, redevenus coralliens, ont pour
organismes constructeurs le Syringopora gracilis avec
de nombreux Lithostrotion. C'est alors ce niveau qui,
dans l'Oural septentrional subissant un t(f^cies culm, se
trouve représenté par des grès et schistes houillers avec
petits lits alternant de calcaires à Productus giganteus.
Le dévonien lui-même, au complet et très développé,
offre cette particularité d'être souvent dolomitique et sur-
tout d'admettre des bancs de grès qui, de plus en plus
développés à mesure qu'on se rapproche de la base, finis-
sent par prédominer à ce point que le dévonien inférieur,
comme cela se passe si fréquemment dans les autres ré-
gions de l'Europe, devient avec ses grès grossiers, ses
arkoses et ces conglomérats exclusivement arénaciens; à
noter l'importance prise au sommet de ces assises par de
gros bancs de quartzites qui prennent, dans les divers
chaînons de l'Oui^al du Sud, un caractère culminant, jouant
dans l'orographie de la contrée un rôle très important.
Les dolomies du dévonien supérieur ont pour base un
niveau argileux intéressant, caractérisé, comme les assises
frasniennes de l'Ardenne du même âge, par Rynchonella
cuboïdes et Buchiola (Gardiola) rétros triata. Le dévo-
nien moyen lui-même, à l'état de calcaires noirs ou de
dolomies grises, comprend deux horizons correspondant :
l'un à Spirifer Anossofi aux couches givetiennes à
Stringocéphales ; l'auti-e à Pentamerus Bachkiricus à
celles eiféliennesk Calcéoles. Très appauvries sont ensuite,
au point de vue de la faune, les assises arénacées du dé-
vonien inférieur. Quand des schistes marneux s'y inter-
calent, ils sont remplis de fines coquilles d'Ostracodes
{Leperditia Barboti) , de petits Trilobites du genre Gyphas-
pis ou de Pentamères {P. fasciatus), et c'est seulement
quand ils reparaissent qu'une plus grande variété de
formes peut s'observer ; les principales espèces sont alors
fournies par des Céphalopodes du genre Platyceras ou
par des Bivalves du type rare des Valta et des Dalila.
Tout autre est la constitution du versant oriental. Sur
ce flanc de l'Oural qui fait face à l'Asie, aussi bien
d'ailleurs que dans la chaîne centrale, les assises précé-
dentes, devenues l'exception, réduites le plus souvent,
sous leur forme normale, à l'état de lambeaux isolés, font
place à une puissante série de schistes cristallins consi-
dérés par les géologues russes connue métamorphiques.
Multiples en effet sont au travers les pénétrations des
roches éruptives fournies aussi bien par des granités que
par des diabases et des porphyrites; puis, comme consé-
quence immédiate des actions de contact exercées, des
schistes en quartzites feldspathisés, des calcaires marmo-
risés, ainsi que la transformation de la houille en gra-
phite. D'après Tchermychev, c'est le dévonien qui, plus
atteint que les autres, fournirait la majeure partie, sinon
la totalité, des roches cristallines en question.
Roches éruptives. La série éruptive, très variée et
bien complète sur le versant 0., comprend d'importants
massifs de granité qui, tantôt gneissique, tantôt porphy-
roide du type Rappakiri, larde de ses fdons minces, en
les rendant métamorphiques, les dolomies du dévonien ;
puis des syénites néphéliniques à mica noir, spécialement
désignées sous le nom de miascite, dont le plein dévelop-
pement se fait dans les monts Ilmen. Des ynicrogranites
et des porphyres qiiartzifères, formant le cortège habituel
de ces roches mass ves, sont aussi bien représentés. Mais
ce qui domine de beaucoup, ce sont des types basiques repré-
sentés par des gabbros d,^Qc serpentines associées, et surtout
par des diabases et des porphyrites avec tufs fossilifères
subordonnés. Intercalées en nappes, en filons, voire même
en massifs puissants dans les assises du dévonien inférieur et
moyen, ces dernières s'accompagnent d'actions métamor-
phiques dont les diverses phases, bien décrites par
Tchernychev, se traduisent surtout, avec un durcis-
sement marqué des roches au contact, par un dévelop-
pement assez accentué en leur sein d'éléments cristallins,
tels que le pyroxène, le sphène et le grenat.
Gîtes minéraux et métallifères. En dehors de ces
types normaux, l'Oural est depuis longtemps célèbre par
le développement qu'y prennent de curieuses associations
de minéraux capables de fournir des roches filoniennes
distinctes. De ce nombre figure, par exemple, ce mélange
exceptionnel du corindon, soit avec l'anorthite, soit avec
l'orthose, qu'on trouve souvent réalisé en filons minces
dans les gneiss du versant 0. de l'Oural du Sud. Mais le
centre éruptif de cet ordre le plus remarquable, c'est ce-
lui des monts Ilmen. Placés sous la dépendance immédiate
de la syénite néphélinique, qui tient une si grande place
dans cette chaîne, on n'y compte pas moins de 150 gîtes
de minéraux de cet ordre, tous différents comme compo-
sition et largement exploités, en raison de leur richesse
en minéraux contenant des corps simples rares, tels que :
zirconium. thoî^ium, cérium, lanthane, tantale, nio-
bium, etc. Parmi les plus curieux figurent d'épais filons
pegmatoides d'un granité vert à amazonite (microcline)
renfermant de la sodafite, de la cancrinite, du zircon et de
la fluorine, tandis que, dans leurs cavités drusiques, on peut
recueillir, sous forme de cristaux bien spécifiés et d'une
grande pureté, des topazes, des émeraudes (aigue-marine)
accompagnées de tourmaline, columbine, samarskite,
monazite, helvine, cr y otite, chiolite, etc. Chaque gîte se
OURAl. — OUnDlSSAGi:
— 700
spécialise ensuite d'après le minéral dominant ; telles sont
les mines de zircon, depyroclilore, d'œscliynite et de topaze.
Très importants aussi, les cptes métallifères obéissent,
comme les roches éruptives du reste, à deux modes de
distribution distincts en relation étroite avec la structure
des deux versants. Ainsi les gisements stratifiés, tels que
ceux de limonite et de grés cuprifères, sont étroitement
b)calisés sur le versant russe, tandis que les gites en filons
el en amas se tiennent spécialement surcehii disloqué qui
fait face à la Sibérie. D'oii le développement qu'y pren-
nent de grands centres industriels, tels que ceux de Bo-
goslovsks et de Bérézovsk, où la magnétite, le fer chromé
aussi bien que Tor et le platine fournissent tout autant
d'exploitations fructueuses. Oi. Yélain.
BiRL. : T. KuPFFKR, Voyâfie dnnii J'Oitrul {!S28): Paris,
18'33, in-8. -— F. -II ^IÛLLi:ii. Dpv iKji'iAcJia Vollisùnnni :
Berlin. 18.37-39. 2 vol. (excellent résumé de tonles les no-
uons jusi[u'alors ac([uir^cs sur la ré,a'ion). — C'iiTcnou-
Rovskv, la Chaîne de rOurnl an point de vAie physico-géo-
(jraphiqiie et mlnéraloii'uine : Moscou, 1811 (en russe), avec
8 cartes. — .J. MuRciii?;o>. de VER^EUIL et K):vserlt>g.
Rvsf<Ja in Europe nnd tlw Urrds monntains : Londres,
1815. 2 vol. in-4. — E. IIoi >rA>N et Ko\v \lski. Der Nôrd-
liche Ural ; Saint-Pétersbourii-. 185G. 2 vol. in-1. — Vox
ilooiisTETTER, Uehor den Ùnil ; Bcn-lin. 1873. in-8. —
A KoHN, D(is SijstPni des ÏJrnl. dans Die Natiir, 1878.
u'^" 13-19. — (r. HiERiscii, Dus System des Ural: Dorpal.
1882, in-8. — A. Karpjxsky. Recherches géolofiiques dnns
rOural; Saint-Pôtei-sbour.u- (Comité ,uéoloJ>i([ue';. 1883. i. III.
— Kouz^ETzov, I;i Nidure el les JhiJriturds du versant
oriental de VOural dii Nord ; V/Mo^tVvd. 1887. t VI.— Du
même, diverses notes sur la géoloi^-ie, la niétéoroloa-ie et
les richesses minérales de l'Oural, dans les B^dl. de l.i So-
l'iété ouralienne d'amateurs des sciences naturelles depuis
1810 (en russe et eu l'raneais), — x\. Kakpinskv. Versant
oriental de VOural.— Th. Tscherxysciiew, le Chemin de
fer de VOiwal (doc'innents pour le couii'res intcn-uational de
uéologie) ; Saint-Pétersbourg, 189().
Cartes géologiques. — A. Karpinsky. Geologische
Kurte des Ostabhanges des Urals, 1884. 1/420.000,3 feuilles.
— Carte géologicpie de la Russie d'Europe, éditée par le
Comité géologique, l/2.(î00.000 ; Saint-Pétersbourg, 1892,
l'euilles 2 et i.^
OURALIEN (rTéol.)(V. Permo-Carbonifère).
OURALO-Altatouks (Peuples) (V. Lingutstique et Races
humaines).
OURALITISATION (Pétrogr.). Modification secondaire
ou diagénétique de l'augite ou d'un pyroxène voisin, se
transformant dans les roches éruptives en une amphibole
(hornblende ou ouralite). Cette transformation se produit
in situ par une épigénie grachielle du pyroxène, com-
mençant d'abord à la périphérie et le long des cassures
accidentelles, et s'étendant de proche en proche (us(|u'à
arriver finalement à une transformation complète du pyro-
xène en amphibole. Cette modification n'est souvent que
le premier terme d'une altération plus complète des pyro-
xènes et est alors suivie d'une transformation ultérieure
en clUorite ; elle se traduit physiquement par un verdis-
s(Mnent mar({ué du minéral et surtout, au microscope, par
le remplacement des deux systèmes de plans de clivage
(•aractéristi((ues du pyroxène et se coupant sous un angle
de 87°, par deux autres systèmes faisant un angle de
124° dans les parties ouralitisées (cet angle est l'angle
caractéristique des clivages) des amphiboles.
Cette altération se produit fréquemment dans les dia-
bases, c.-à-d. dans les roches granitoidcs à feldspath
j)lagioclase et augite, qui se transforment de la sorte en
roches à plagioclase et amphibole, ayant par suite la
composition minéralogique d'une diorite et qu'on désigne
[)our cette raison sous le nom d'épidiorites.
OURALORTHITE (Miner.) (V. Epidoïe).
OURALSK. Ville. — Ville de Russie, ch.-l. d'une
province de la région de l'Asie centrale, sur le fleuve Ou-
ral, au confluent du Tchagari; 27.393 hab. (en 1893).
Belles et larges rues, grand parc central ; iO églises,
3 mosquées, 2 écoles supérieures. Un chemin de fer la
joint à Riazan. Rriqueterie, suifs, savons, chandelles, dis-
tillerie, brasserie ; grand commerce de bétail et de poisson.
Province (Omalskia-Oblasti). — Province occiden-
tale de la région de l'Asie centrale, auS.-E. de la Russie
d'Europe, entre les monts Ound et les» mers Caspienne el
d'Aral; 360.437 kil. q., 548.284 hab. (en 1895), soit
1 1/2 par kil. q. Elle confine à l'E. à la prov. de Tourgai,
au S. à la Transcapienne, au N, aux gouvernements
d'Orenbourg et Samara, à l'O. à celui d'Astrakhan (terri-
toire de la horde de Roukeiev). C'est une vaste plaine sa-
blonneuse qui s'abaisse à partir des contreforts de l'Oural,
monts Obchtchii-Syrt et Mougodjar situés au N.-E.. une
grande partie est au-dessous du niveau de l'Océan (au S. du
50°lat. X.).Ees lacs et les marécages sahns occupent près
de 4.000 kil. q., plusieurs cours d'eau s'y arrêtent (Sagys,
Oulou-ou). mais les principaux vont à la Caspienne ; ce
sont rOural ou laik et l'iùnba. Iintre la Caspienne et
l'Aral, la province possède le N. du plateau d'Oust-Ourt.
Le climat est continental, très sec, désolé par les vents
du N.-E. ({ui soulèvent de terribles tempêtes de neige et
détruisent les moissons en été. La température estivale
est de + 22°. hivernale — 1 4°. — La population est
formée de ^iOO.OOO Kirghis, i 10.000 Cosaques, de
Tatars, Kalmouks, Bachkirs. Elle comprend 430.000 mu-
sulmans, 56.000 chrétiens grecs orthodoxes, 54.000 ras-
kolniks, etc. Le X. renferme quelques bois (30.000hect.),
le reste appartient au steppe. 900.000 becl. à peine
sont cultivés en blé, avoine, millet; on fait pousser beau-
coup de melons et de courges, on a planté à Gouriev (em-
bouchure de l'Oural) des vignes et des pêchers. L'élevage
est la grande ressource de la population qui est encore
en majorité nomade. On évaluait en 1894 le bétail à
320.000 chevaux, 180.000 chameaux, 409.000 bœufs.
1.720.000 moutons, 69.000 chèvres. La pêche a une
grande importance dans la Caspienne, les lacs et fleuves.
L'industrie commence à préparer les suifs, savons, bou-
gies, à tanner les peaux, etc. La province comprend les
cercles d'Ouralsk, Emba (Temirskoié), Gouriev, Kalmykov.
OU RAQUE (Embryog.) (V. Allantoide).
OURATEA (Bot.). Genre d'Ochnacées (V. ce mot).
OURA- TI0UBÉ(0r«-T^;?6''). Ville du Turkestan russe,
prov. de Sir-daria ; 15.000 hab. Double enceinte, cita-
delle, 122 moscpiées, 4 médrésès, 35 écoles, 3 caravan-
sérails.
OURCE. Rivière des dép. de la Côte-d'Or et delà
Haute-Marne (V. Cùte-d'Or, t. XII, p. 1187, et Marne
[Haute-I, t. XXIII, p. 232).
OURCEL-Maison. Com. du dép. de l'Oise, arr. de
Clermoni, cant. de Eroissy ; 235 hab.
OURCHES. Com. du dép. de la Drôme. arr. de Die.
cant de Crest ; 223 hab.
OURCHES. Com. du dép. de la Meuse, arr. de Com-
mercy. cant. de Void ; 380 hab.
OÙRCQ. Rivière des dép. de V Aisne, de VOise et de
Seine-et-Marne (V. ces mots).
Canal de i.'Ourco (V. Aisne, t. L P- 1070).
OURDE. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. de
Bagnères-de-Bigorre, cant. deMauléon-Barousse ; 181 hab.
OURDEN (L'V Rivièi'edu dép. des Landes (V. ce mot.
t XXL p. 867).
OURDIS. Com. du dép. des Hautes-Pyi'énées. ;in'. d'Ar-
gelès, cant. de Lourdes; 62 hab.
OURDISSAGE (Tissage). Les fils qui entrent dans hi
composition des tissus sont dirigés, les uns dans le sens
de la longueur de la pièce tissée, et les autres dans le sens
de sa largeur. L'ensemble des premiers de ces fils consti-
tue la chaîne (pii doit être préparée, avant d'effectuer le
tissage, par l'opération de Vourdissage. Cette opération
consiste à enrouler autour d'un rouleau d'ensoiiple (sorte
de grande bobine, ayant entre ses plateaux une longueur
un peu supérieure à la largeur que devra présenter l'étoffe
tissée) tous les fils qui doivent entrer dans la composition
de la chaîne, et cela de manière à ce qu'ils soient répartis
comme ils devront l'être dans le tissu, et qu'en outre ils
aient tous des tensions absolument uniformes. L'ourdis-
sage se fait souvent encore à la main, spécialement dans
le cas oii les chaînes compliquées se composent de fils qui
701 —
OURDISSAGE — OUKGA
diffèrent les uns des autres par leur couleur ou leur gros-
seui% ou leur nature, ou bien encore lorsque l'on n'a à exé-
cuter que de faibles longueurs de chaînes semblables. Pour
les grandes productions, au contraire, on procède mécani-
quement.
L'appareil dont fait usage l'ourdisseur à bras, désigné
ordinairement sous le nom de moulin à ourdir, est cons-
titué par un axe vertical portant, au moyen de bras hori-
zontaux, des lattes qui lui sont parallèles. Cet ensemble
forme comme un grand dévidoir dont la circonférence cor-
respond ordinairement à une longueur d'environ 7 m. L'ou-
vrier peut le faire tourner, soit en le poussant simplement
par ses lattes, soit au moyen d'une manivelle qui le com-
mande par l'intermédiaire d'une corde et de poulies. A
proximité du moulin se trouve placé un cadre ou cantre
dans lequel sont disposées, sur des broches autour des-
quelles elles peuvent tourner librement, des bobines sur
lesquelles on a préalablement dévidé les tils qui doivent
entrer dans la composition de la chaùie. Chacune de ces
bobines rontient une longueur convenable de l'un de ces
tils. La répartition des bobines dans le cadre dépend delà
composition de la chaîne ; leur nombre est ordinairement
compris entre quarante et cinquante environ.
L'ourdisseur, après avoir passé les tils qui proviennent
de ces bobines dans les trous d'un guide spécial, qui per-
met d'en bien surveiller la marche, les rassemble tous de
manière à en former une sorte de boudin, qu'il attache à
une cheville fixée en un point du moulin. 11 fait ensuite
tourner ce moulin, en déplaçant en même temps le guide
et détermine ainsi l'enroulement des fds, qui, tous dans
des conditions identiques de longueur et de tension, se dis-
posent autour du moulin, suivant une hélice réguHère,
allant du haut vers le bas de l'appareil, et formant un
nombre de tours qui dépend de la longueur de la chaîne.
Il arrête alors ces tils en les attachant à une seconde che-
ville fixe disposée au point nécessaire, puis recommence
de la même manière à opérer pour les fils qui. dans la
chaîne, devront prendre rang après les premiers ourdis,
en les disposant exactement à coté d'eux. Il continue jus-
(|u'à ce que tous les fils de la chaîne soient ainsi rassem-
blés. — L'ordre dans leipiel les fils doivent se succéder
est indiqué par l'ouvrier au moyen de croisures, dis-
])osées vers le commencement et vers la fin de la chaîne.
Ces croisures se font au moyen de deux chevilles disposées
à côté de celles auxquelles sont attachés les fils. Le pre-
mier fd est passé sur la première et sous la seconde de
ces chevilles, le second fil suit une marche inverse et passe
sous la première et sur la seconde cheville, et ahisi de
suite. Tous les fils se croisant ainsi entre les chevilles
ne peuvent plus se déplacer les uns par rapport aux
autres, et il suffit, avant de descendre la chaîne du moulhi,
de passer des ficelles à la place des chevilles, pour qu'il
soit loujoui's facile de reprendre les fils dans l'ordi'c
suivant lequel l'ourdisseur les a disposés. La chaîne ourdie
se déroule du moulin sous forme d'une sorte de boudin,
dans lequel tous les fils sont bien régulièrement rangés.
Il suffit alors, pour les enrouler autour du rouleau d'en-
souple, de passer ces fds dans les dents d'un peigne
(ou ros), puis d'en fixer les extrémités au rouleau, que
l'on fait tourner en maintenant le peigne dans la position
convenable pour les diriger, et en retenant la chaîne
pour donner aux fils une bonne tension. (]e dressage de
la chaîne se fait quelquefois sur le métier à tisser lui-
même, ou bien il s'opère sur un appareil spécial.
Pour l'ourdissage mécanique, on fait usage de cadres
renfermant un beaucoup plus grand nombre' de bobines
(souvent de 500 à 600). Les fds qui proviennent de ces bo-
bines sont passés entre les dents d'un peigne, qui les
amène à former une nappe d'une largeur égale à celle de
la chaîne. Ils sont ensuite hxés tous au rouleau autour du-
quel ils doivent être enroulés, et qui, pour cela repose sur
un tambour animé d'un mouvement régulier de rotation.
La machine se complitpie en raison do l'oldigation oîi l'on
se trouve de rattacher tous les fils qui arrivent à se briser
pendant le travail. L'ouvrière, qui surveille constamment
la marche des fds, en observant soit la nappe qu'ils for-
ment, soit le mouvement des bobines, arrête la machine
aussitôt qu'elle s'aperçoit d'une rupture ; mais, pour effec-
tuer la rattache, il faut qu'elle déroule la longueur qui
s'est enroulée depuis le moment où cette rupture s'est pro-
duite. A cet effet, le tambom' moteur est pourvu d'une
double commande correspondant l'une à la marche en
avant et l'autre à la marche en arrière. Pendant que le
déroulement s'opère, l'ouvrière maintient l'ensemble des
fils régulièrement disposé et tendu, en plaçant sur la nappe
qu'ils forment des baguettes qui abaissent cette nappe
entre d'autres tringles qui la soutiennent par le bas. 11
faut que le travail se fasse avec soin pendant la descente
de ces tringles, ainsi que pendant qu'elles se relèvent lorsque
recommence le inouvement en avant après la rattache faite.
Dans les machines ordinairement employées, la chute des
baguettes est pi'oduite automatiquement!^ aussitôt que l'on
détermine la marche en arrière. Dans les tissages de coton
l'on fait souvent usage d'ourdissoirs à casse-fils, dans les-
quels la rupture de l'un quelconque des fils détermine
immédiatement l'arrêt, pour permettre la rattache. Ces
machines, quoique simples en principe, sont d'un fonc-
tionnement délicat et ne conviennent ni aux fUs troj)
duveteux de la laine, in à ceux trop raides du lin.
Chacun des rouleaux, ourdis comme nous venons de le
dire, ne contient qu'une partie de la chaîne entière que
l'on répartit ordinairement sur six ou huit rouleaux sem-
blables. La réunion sur le rouleau d'ensouple définitif se
fait, soit par une opération spéciale, soit au moment de
V encollage (V. Apprêts, ^Encollage) owparage, lorsque
ces opérations sont nécessaires.
Dans le cas des chaînes de couleur présentant des effets
de rayures variées, on fait quelquefois usage de machines
dans lesquelles la nappe de fils, formée d'abord comme
nous venons de le dire, est ensuite rétrécie par un second
peigne, de manière à s'enrouler autour d'une sorte de
disque dont la largeur n'est égale qu'au quart, au sixième
ou huitième de celle de la chaîne, laquelle est ensuite for-
mée par la juxtaposition d'un nombre convenable de ces
disques. La répartition des fils présente, en opérant ainsi,
plus de facilités (jne dans le cas précédent, oli le premier
fil de la chaîne se trouve sur le premier rouleau, le second
sur le deuxième et ainsi de suite. P. Goguel.
OURDISSOIR (Tissage) (V. OLarnssAOE).
OUROON (Ling.) (V. Inde, t. XX, p. 70^2).
OU R DON. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr.
d'Argelès, cajit. de Lourdes ; 00 hal).
OURÉGA. Pays de l'Afrique équatori aie. Etat du Congo,
compris entre Féquateur et 40'^Iat. S., 28«et!27o long. E.,
limitrophe des lacs Tanganyika et Albert-Edouard, et du
Congo, de Xyangoué aux rapides de Stanley Falls, arrosé
par les affl. du Congo (Elda, Ouhndé, Lova, riv. de Léo-
pold 11) . 11 est partagé entre les forêts vierges et les sa-
vanes.
OU REM. Ville du Portugal, prov. d'Estremadure, à
47 kil. N. de Santarem; 4.000 hab. Ancien château des
comtes d'Ourem. Vins renommés.
OURFA ou ROUHA (autrefois Édesse). Ville de Syrie,
ch.-l. d'un sandjak du vilayet d'Alep, sur le Karatchai,
affl. dr. de l'Euphrate ; oO.OOO hab., dont un quart chré-
tiens. l'Aêché arménien. Imposante enceinte ancienne,
vieux château bâti au-dessus de catacombes; 20 mosquées,
parmi lesquelles celle d'Abraham, au lieu où la légende
place le sacrifice d'Isaac ; étang peuplé de poissons sacrés.
On y fabrique beaucoup de cotonnades. C'est l'Édessc
antique.
0 URG A (chinois /ùu-ZowH, mongol Bogdo-Kouren).
Ville principale do la Mongolie, province de Touchetou-
Khan (empire chinois), située à 4.160 m. au-dessus du
niveau de la mer, près de la rivière Tola, sous-affluent
(par l'Orkhon) de la Sélenga, qui se jette dans le lac
OURGA - OUROCH
702
Baïkal ; 15.000 hab., aux deux tiers lamas. Résidence du
Koutoukhta, grand prêtre des bouddhistes mongols. A
i' kil. est la ville chinoise (Maimatchin), peuplée de
10.000 âmes, dont 3.000 Mongols. Il s'y tient deux
grandes foires annuelles en juil. et sept., la seconde attire
;200.000 personnes, dont beaucoup de pèlerins. Les Russes
y ont placé en 1871 un corps de troupes pour protéger
leurs marchands. A Ourga passe la grande voie de com-
munication qui se détache à Sair-Oussou du chemin de
Peking à Ouliassoutai pour aller en Sibérie aboutir à
Novyi Selenginsk, au bord de la Sélenga (V. Mongolie).
OURGHENDJ. Ville du Turkestan, khanat de Khiva,
sur un canal dérivé du Chah-Abad, affl. de l'Amou-daria;
3.000 hab. Centre commercial.
0UR60UB. Ville de Turquie d^Vsie, viiayel de Konieh,
sur la route de Constantinople à Kaisariéh ; 6.000 hab.
OURGOUT. Ville du Turkestan russe, cercle de Zaraf-
chan, à 1.124 m. d'alt. ; 6.000 hab. 33 mosquées.
OU RI (Alphonse-Antoine-Joseph), peintre français, né
à Versailles en 1828, mort le 6 août 1891. Elève de De-
lacroix. Son œuvre la plus importante est la décoration
des chapelles absidales de l'église Saint-Ambroise à Paris.
Il avait décoré le salon vert du palais des Tuileries ; on
citera encore ses peintures de l'hùtel Fould et du Jockey-
Club.
OURIANKHS (E thn . ) . Ce nom , plus géographique qu'eth-
nique, a été introduit dans la langue par les Russes qui
l'ont emprunté aux Chinois. Il désigne les petites popu-
lations de la région montagneuse comprise entre TAltai
et le S. du Baïkal. Parmi elles sont des débris do peuples
refoulés par les Tou-Kiou de l'Altaï d'abord, et par les
Ouigours de l'Orkhon. On a supposé qu'on retrouverait
parmi elles notamment des restes de Finnois, comme les
Osiiaks (V. ce mol), d'après d'anciennes idées (V. Cas-
tren). Les Kien-Kun des Chinois qui occupaient le pays
sont, en effet, des Kirghis de souche finnoise. Soumis sous
le nom de Kemkemdjoutes par Djengis Khan, ils se sont
plus ou moins fondus avec les Ouigours. Les restes des
uns et des autres, absorbés en partie par le peuple soïote
(V. ce mot), forment avec des Kalmouks le groupe ou-
riankh. Zaborowski.
BiDL. : Zauorowski, Kieii-Kiin, OiiricUikhs, Soioles, cl(\,
clans Rcv. Ecole Antli.^ 1898, p. o53.
OURIM et THUIVIIVIIN (c.-à-d. lumière et perfection).
Sorts sacrés au moyen desquels le grand prêtre juif con-
sultait la divinité. Graetz {Jùd. Gesch., note 20 du t. I)
])ense qu'il s'agit des douze gemmes de la cuirasse du
graud prêtre.
OU RI QUE. Ville du Portugal, prov. d'Alemtejo, aux
sources du Sado; 4.000 hab. En 1139, les Maures y
essuyèrent une défaite décisive. Alphonse-Henri prit le
titre de roi avant la bataille.
OURIR. Oasis du dép. de Constantine, à 88 kil. S.-E.
de Biskra, près du chott Melrir, fertilisée par les puits
artésiens forés à partir de 1864. Marabout de Sidi-Makfi
(pèlerinage).
OURiYA (Ling.) (V. Ixde, t. XX, p. 702).
OURJOUM. Ville de Russie, gouvernement de Viatka,
chef-lieu de district, sur YOurjoiimka (bassin du Volga).
4.423 hab. (1897). Distilleries. Deux foires. Sa fondation
remonte à 1584; elle devait servir primitivement de rem-
part contre les Tchérémisses. — District 11.433 kil. q.
et 291.466 hab. (1897).
OURLANA. Oasis du dép. de Constantine, entre Biskra
(à 144 kil.) etTouggourt. Puits artésiens.
OURLES (Pathol.) (V. OREn.Loxs).
OURLET (Techn.). Par analogie avec l'opération qu'on
fait subir à rétolfc en la repliant sur ses bords pour l'em-
pêcher de s'effranger, on donne le nom d'ourlet au rei)liage
de la bordure d'une ])ande de métal de faible épaisseur
pour augmenter sa rigidité ou permettre son agrafage avec
une autre pièce. Les gouttières en zinc et certaines pièces
de couverture, par exemple, sont garnies d'un ourlet. C'est
ce procédé qui permet également la fabrication de certains
tuyaux métalliques flexibles. E. Maglin.
OU RLIAC (Edouard), littérateur français, né à Car-
cassonne le 31 juil. 1813, mort à Paris le 31 juil. 1848.
Il débuta à vingt ans par deux romans : l'Archevêque eL
la Pro testante (1832) et Jeaniie la Noire (1833); il
fréquentait Gérard de Nerval, Th. Gautier, Arsène Hous-
saye, les spirituels bohèmes de l'impasse du Doyenné ; sa
gaieté, son talent d'acteur et sa verve d'arlequin égayaient
ce jeune monde littéraire. Il écrivit au Figaro et composa
pour le Journal des Enfants des parades en prose et en
vers qui eurent un vif succès : on peut citer son Théâtre
du seigneur Croquignole. En 1840, il publia la Con-
fession de Nazarille, pastiche de Scarron et de Swift;
puis un roman, Suzanne, sa meilleure œuvre; il se lia
à cette époque avec Balzac (on a même prétendu que le
second acte de Vautrin est de lui) et écrivit des nou-
velles pleines de sensibilité, telles que J^F'' de La Char-
naye et Hubert Talbot. Un mariage peu heureux lui fit
perdre toute sa gaieté : il entra à V Univers et rédigea
une revue littéraire et dramatique non sans fanatisme re-
ligieux ; comme l'a dit Balzac, « il retourna l'ironie de
Candide contre la philosophie de Voltaire ». Malade delà
poitrine, il séjourna en Italie et revint mourir à Paris,
âgé de trente-cinq ans. Ourliac est une physionomie cu-
rieuse de l'homme de lettres, et sa réputation n'a pas
répondu exactement à son talent. On peut citer encore de
lui : les Contes du bocage (1843); les Garnaches,
Brigitte, les Contes de la Famille (iS6ù) ; Cotites scep-
tiques e t p hilosop hiq u es (1865).
BiiiL : Ch. MoxsELET, Ourluic, dans llcriie de Paris,
1855.
OURMIA. Lac (Chdhou des Turcs, Aa/mUa des Armé-
niens, Matianus de Ptolémée). — Lac salé de Perse, prov.
d'Aderbeidjan, à l'O. de Tebriz et 1.330 m. d'alt., long
de 130 kil., du S. au N., large de 20 à 40 kil., embras-
sant six Iles et une cinquantaine d'ilôts. C'est un bassin
sans écoulement visible, alimenté par 14 rivières, dont
l'Adji-tchaï qui passe à Tebriz, le Gader, le Tatava, le
Djagatou au S. senties principales. La profondeur maxima
est de 14 m., souvent die tombe à 1 m. ou l'^^,50.
Ville. — Ville de Perse, à 20 kil.O. du lac, dans une
fertile plaine alluviale; 32.000 hab. dont 28.000 chiites
en majorité de race turque, le reste sunnites, juifs, armé-
niens, ou nestoriens. Evêché nestorien. S(rurs de Saint-
Vincent de Paul; lazaristes,
OURO (Rio). Golfe de la côte 0. d'Afrique, entre le
cap Bajador et le cap Blanco. Ce nom portugais vient des
traitants qui, en 1442, y achetèrent de la poudre d'or.
Les anciens géographes y firent aboutir un fleuve imagi-
naire venant du centre de l'Afrique. Factorerie espa-
gnole de Villa Cisneros à PO. de cette baie, oabritée par
la presipi'de sablonneuse d'Ed-Daila, mais obstruée par
une barre.
0UR0B0R08 (Alchim.). Le serpent ou dragon qui se
mord la queue est un symbole égyptien. Les alchimistes
l'ont pris comme signe de l'œuvre, qui n'a ni commence-
ment ni fin, et de l'unité de la matière (av lo ;Tav). Sa figure
reparaît dans la Chrysopée de Cléopdtre et dans la plu-
part des manuscrits grecs. M. B.
BiJîL. : :vl. Bertiielot, Origines de VAlcJnmie.
OUROCH. Nom porté par plusieurs princes serbes de la
dynastie do Xemanïa (1 169-1 371 ), Etienne Ouroch P^" (1 243-
76), Etienne Ouroch fl Miloutine (1282-1321). Etienne
Ouroch III Detchanski (1321-31), Etienne Douchan Ou-
roch IV, le Grand, roi (1331-45) et empereur (1345-55),
julienne Ouroch V, empereur (1355-71). Tous ces princes
portaient le titre de roi (kral). Etienne Douchan Ouroch IV
prit le premier le tiîre d'empereur (tsar). En 1346, il
avait confère à son fils f^tienne Ouroch V le titre du roi,
que celui-ci porta jusqu'à son avènement au trône (V. Nk-
MANIA). Parmi tous ces princes, le seul qui eut des rela-
tions avec la France fut Etienne Ouroch H Miloutine.
703
OIROCH — OURS
Quand Charles de Valois voulut faire valoir sur l'empire
de Constantinople les droits de sa femme Catherine de
Courtenay, il chercha des alliés partout. Ouroch II crut
avantageux de faire alliance avec Charles. De cette façon,
il allait garantir toutes les conquêtes qu'il avait faites sur
cet empire. Les ambassadeurs, qu'il envoya à Charles de
Valois, devaient se rendre auprès de Clément V et lui
faire la proposition formelle de recevoir leur roi sons sa
protection. Le pape accepta et accrédita auprès d'Ouroch
des légats qui reçurent le droit d'accorder des dispenses
aux membres du clergé de Serbie. Les ambassadeurs du
roi de Serbie n'eurent pas moins de succès auprès de
Charles de Valois. Presque à la même époque (27 mars
4308), il fut conclu un traité d'offensive et de défensive
entre les deux princes, traité qui était dirigé surtout
contre l'empereur de Constantinople. Le roi de Serljie
céda en outre en Macédoine quelques territoires à Charles
de Valois. Ces rapports d'Ouroch II avec le pape et Charles
de Valois n'eurent pas de suite. Car ce dernier, après la
mort de sa femme, transporta tous ses droits à l'I'jnpire,
à sa fille aînée, femme de Philippe de Tarente. qui n'était
pas dangereux pour le roi de Sci'bie et qui ne pouvait lui
être utile. M. Gavrii.ovitcu.
BiBL. : DucAîsGE, Rec: de diverses chartes (pp. 59-63), à
la suite do rilist. cJe l'Empire de Constantinople ; Paris,
1657, in-fol. — Glasnik de la Société bavante serbe ; Bel-
grade, 1870, iii-8. — Regestriun Clementis papie V ;
Rome, 1886, in-foi. - - Bih. Ec. Chartes, 1873 et 1890. —
Mas Latrie, les Rois de Serbie; Paris, 1888, iii-8. —
Joseph Petit, Essai sur Charles de Valois (1270-1325),
dans Posit. des thés, de l'Ec. nat. Chartes, 1898, etc.
OURO PRETO. Ville du Brésil, fondée par des mineurs
portugais vers le milieu du xvi*^ siècle. Elle devint capitale de
la province de Minas Geraes pendant la durée de l'empire.
jCentre de l'exploitation des filons aurifères de la région,
OuroPreto avait été construite au hasard de la disposition des
affleurements d'or pour les besoins momentanés des cher-
cheurs du métal précieux ; dans beaucoup déniaisons, l'en-
trée des galeries formait en quelque sorte les caves. Lnîre
l'église San Francisco, comprise dans le rayon urbain à
1.300 m. d'alt., et la station de rembranchcmcnt du
chemin de fer central, la différence de niveau est de 180 m.
Cette construction défectueuse, avec des rues imprati-
cables, au flanc d'une montagne à pente très raide, domi-
nant une gorge étroite, décida le gouvernement eskidoal
à transférer son siège à Bello ÎIorLionte, actuellement
appelée Cidade de Minas. Un emplacemejit égal à celui
qu'il possédait dans l'ancieinie capitale a été offert à litre
gratuit à chaque habitant d'Ouro Preto dans la nouvelle
ville. — L'empereur dom Pedro II avait fondé à OuroPreto
(311 kil. du groupe diamantifère de Diamantina) une très
importante école des mines où professaient des maîtres
fr^mçais : MM. Gorceix (école normale), ïhiré (école po-
lytechnique), de Beauvais (école des mines), etc. A citer
aussi une école de pharmacie remarquable par ses cours
de botanique; une prison centrale, modèle du genre; l'an-
cien palais des présidents ; château fort portugais (xvi^s.) ;
le monument élevé à la mémoire de Tiradentes, célèbre
agitateur du dei'nier siècle exécuté par les autorités colo-
niales, etc.
OURO-PRETO (Vicomte d') (V. Celso [Affonso]).
OUROUA (Peuple) (V. Coxgo, t. XII, p. 414).
OU ROUER. Com. du dép. de la Nièvre, arr. de Nevers,
cant. de Pougues ; 508 hab.
OUROUER-LES-BouRDELL\s. Com. du dép. du Cher,
arr. de Saint-Amand-Mont-Bond, cant. de Nérondes;
1.517 hab.
OUROUKI ou BOUROUKL Bivière de l'Etat libre du
Congo (Afrique équatoriale), affluent gauche du Congo.
OUROUMTSL Ville de laDzoungarie (empire chinois),
ch.~I. de la prov. de Sintsiang, à 515 kil. E. deKouldja,
située dans les monts Bogdo-Ola, sur le Tsin-Choui ou
Arkhatou, rivière qui naît dans lo massif des Thian-Chan
et qui va se perdre dans les déserts sablonneux qui se
trouvent au N. C'est une position slratégii^ue de premier
ordre commandant la seule route praticable aux gros trans-
ports et à l'artillerie lourde, qui mène de la Ozoungarie
vers le Turkestan chinois, du Thian-Chan-Pé-Lou au
Nan-Lou (V. Mongolie et Tuukestan). Ce fut la capitale
des princes turcs Ouigours et du royaume dit de la Penta-
pole (Bichbahk). Elle comptait, dit-on, 200.000 âmes au
début du XIX® siècle, mais la population fut égorgée par
les Dounganes, exterminés eux-mêmes par les Chinois.
Elle est réduite à 30.000, d'autres disent à 10.000 per-
sonnes. C'est le centre de l'administration chinoise du
Turkestan. — iVuprès sont une célèbre solfatare et des
sources thermales sulfureuses.
OUROUNDL Pays de l'Afrique équatoriale, partagé
entre l'Allemagne et l'Etat du Congo, au N. et N.-E. du
lac Tanganyika, arrosé par le Bouzizi, tributaire de ce lac,
et le Kaghera, tributaire du lac Victoria Nyanza.
OUROUNG-Kach ou KHOTAN-Daiua (V. Tarim).
OUROUNGOU (Ouloungou). Pays de l'Afrique orien-
tale, au S. du lac Tanganyika, partagé entre l'Allemagne
et l'Angleterre. L'ait, moyenne est de 1.000 m., le chmat
sain. Il renferme Katébc, le meilleur port du lac. Les
Ouaroumjous ou Baloungous ont presque le même angle
facial que les Européens.
OUROUNGOU. Bivière de Dzoungarie (empire chinois)
qui forme le lac Tchagan et Tsitsik, avant définir dans le
lac Ouloungou; 600 kil. de long, 100 m. de large.
OUROUP (Ile) (V. Kouriles).
OU ROUF. Rivière de Bussie, affl. g. du Kouban,
dans la province du Kouban. Prend naissance dans le
Caucase, coule d'abord au fond d'une gorge étroite et cou-
verte de forêts. A partir de la rivière Psechek (son affluent
gauche), sa vallée devient large et présente de beaux pâ-
turages. L'Ouroup se dirige du S. au N.-E., reçoit le Bol-
choï Teyhen et le Malyi Teijhen, et coule jusqu'à son
embouchure au N.-N.-O. Plus de 192 kd. de longueur.
Célèbre par la victoire du prince Eristof sur les monta-
gnards en 1851.
OUnOUP k^\ k {Ourouparia Aubl.). Cenre de Bubia-
cées, composé d"arbustes malais, voisins des Naiiclea, dont
ils ont l'inflorescence en faux capitules, avec une corolle
tubuleuse, infundibuliforme, portant 5 étamines. Le fruit
est une capsule polysperme ; les graines ont une aile
simple en bas, bifide en haul. L'espèce principale est
VO. Gambir II. Bn.,qui produit le Gambier (V. ce mot),
concurremment avec VO. acida IL B. Le premier est cul-
tivé dans l'Inde, et on emploie surtout les feuilles et les
branches jeunes. \y L. IL\.
OU ROUX. Com. du dép. de la Nièvre, arr. de Château-
Chinon, cant. de Montsauche ; 2.565 hab.
OU ROUX. Com. du dép. duBhône, arr. de Villefranche,
cant. de Monsols ; 841 hab.
OUROUX-sous-l!>Bois-Saixte-Mahie. Com. du dép. de
Saùne-et-Loire, arr. do CharoUes, cant. de La Clayette ;
260 hab.
OUROUX-sur-Saôxe. Com. du dép. de SaOne-et-Loire,
arr. de Chalon, cajit. de Saint-Germain-du-Plain ;
1.868 hab. Stat. du chem. de fer de Lyon.
0 U RS. L Zoologie. — Genre de Mammifères carnivores,
type delà famille des Ursidœel présentant les caractères
suivants : 42 dents ; les vraies molaires, au nombre de 2
en haut et 3 en bas, ont une couronne munie de tuber-
cules larges et aplatis. Ordinairement, les trois premières
prémolaires aux deux mâchoires sont rudimentaires et
souvent caduques. La quatrième prémolaire supérieure
(carnassière) n'a pas de troisième racine (interne). La
formule dentaire type est la suivante :
I.
1 4 2
,C.-r,Pm.-r,M.T7
1 4 o
2 = 42 dents.
Il existe un canal ali^phénoïde ; le crâne a les bulles
auditives très peu saillantes, plutôt déprimées. Les pieds,
à cinq doigts, sont plantigrades ; la queue, très courte,
est représentée par un simple tubercule. Le pelage est
OUKS
- 704 —
long et très fourni. Les Ours {(Jrsus) sont lesplu^s i^rauds
de tous les Carnivores, et leur dentition indique un régime
omnivore ; en "effet, ils 'se nourrissent non seulement de
chair, mais aussi de fruits et de miel dont ils sont très
friands. Ils habitent plus particulièrement l'hémisphère
boréal sur les deux continents, les espèces les plus grandes
étant du Nord, les plus faibles habitant""jes régions inter-
tropicales et l'une cFelles l'Amérique du Sud. Ils manquent
à rAfrique et ii la région austrahenne. Nous traiterons
ici des trois genres : Ursus proprement dit, Treinarclos
el Melursiis , les genres Aihiropiis et Ailurus (ou
Panda) formant une sous-famillo à part (V. Ailuhopode
et Panda).
Le genre Vrsus a été subdivisé en plusieurs sous-genres
sur des caractères secondaires. L'Ours blanc ou polaire
(Ursus inaritimus), type du sous-genre Thalarctos
(Gray). se distingue par sa tête et son cou allongés, ses
molaires petites et étroites ; la plante des pieds est plus
poilue que dans les autresVespèces.^Sa couleur est d'un
blanc sale uniforme, et la muqueuse delà bouche est d'un
bleu violacé. Il habite les régions arctiques des deux con-
tinents, Ai\ant presque constamment au milieu des glaces,
nage facilement et se nourrit de Phoques, de Rennes, de
Renards bleus et de Poissons. C'est un adversaire redou-
table, surtout en hiver lorsque la mer est prise et qu'il
trouve plus difficilement sa nourriture ; affamé par plu-
sieurs jours de jeune, il s'attaque à Thomme kù-méme.
La femelle pleine hiverne seule dans un trou creusé dans
la neige et dont l'étroite cheminée, formée par ki chaleur
de sa respiration, trahit souvent la présence ; c'est là
qu'elle met bas généralement deux petits.
L'Ours rrun ou d'Europe [Ursus arctos) liabite les
régions montagneuses et boisées de l'Europe et du N. de
l'Asie, de la Norvège à l'Espagne et du N. de la Sibérie
aux monts Himalaya, à l'Afghanistan, la Chine, le Tibet
et se retrouve dans le N. du Japon. Il est de couleur
brune, assez souvent varié de blanc au cou el à la gorge,
nuus les teintes de son pelage et ses dimensions varient
beaucoup suivant les régions qu'il habite. L'Ours des
Alpes et surtout des Pyrénées est un animal de petite
taille lorsqu'on le compare aux variétés septentrionales de
l'espèce dont on a fait une sous-espèce sous le nom d'OuRs
A COLLIER RLANC {Uvsiis colkiris) dc Sibérie, dont les
JJrsiis beringianiLS et [/. piscator, du Kamtchatka, ne
diffèrent pas ; ceux-ci atteignent des dimensions presque
doubles. Les Ursus cadeverinus (Eversmann) du N. de
la Scandinavie, ainsi nommé parce qu'il dévore les cha-
rognes ; [/. meridionalis (IVliddendorff) du Caucase et
U. yesoensis (Lydekker) du Japon septentrional, sont
considérés comme des sous-espèces distinctes.
L'Ouus RRLN de.'^ Alpes ])0]'te dans son jeune âge un
folker blanc qui disparait chez l'adulte. Il ne se trouve
])kis que dans les régions les plus sauvages de cette
('haine de montagnes ou les cavernes et les troncs des
vieux chênes et des hêtres creux lui servent de retraite.
En été, il se nourrit de ])()urgeons, de fruits, de cham-
pignons, de racines, de feuilles et ravage à l'occasion les
champs de blé et les vignes. Il recherche les nids d'abeilles,
et pour les découvrir grimpe aux arbres et mange le miel,
fouille les fourmilières pour avoir les oaifs et les larves
qu'elles renferment. Les individus âgés sont plus carnivores
et font la chasse aux petits animaux, poursuivent le gibier,
rodent autour des pâturages pour eidever un mouton ou
un jeune veau. En hiver, ils ne craignent pas de pénétrer
ilans les ètables par une brèche du toit : s'ils peuvent
égorger une vache, leur force est assez grande pour em-
porter le cadavre par le même chemin et le traùjer à
distance pour le dévorer à l'aise. L'Ours attaque rare-
ment l'homme, mais poursuivi et surtout blessé par le
chasseur, il devient terrible, marche droit à l'agresseur
et cherche à l'étouffer entre ses pattes de devant tout en
le déchirant avec ses griffes. Devenu très gras, à l'au-
tomne, l'Ours s'endort dans une caverne où il a amassé
un [lit de'branches et de feuilles, et y passe les grands
froids, couché en rond. Son sommeil hivernal n'est jamais
bien profond : il se réveille souvent et c'est alors qu'il
se rapproche des lieux habités pour y chercher sa nour-
riture. La femelle met bas de janvier à mars, et à l'ap-
proche de ce moment elle est très éveillée. La gestation
est de six mois. Chaque portée est de deux petits qui
naiï,sent presque nus, aveugles et de la grosseur d'un
Ours gris.
Rat. Ils tettentprès de six mois ; à quatre mois, ils ont la
grosseur d'un Chien. La mère leur apporte alors des
morceaux de chair qu'elle leur partage. Des espèces voisines
de rOurs à collier mais plus distinctes de l'Ours brun
sont V Ursus Middendorffi (Merriam) et IT. Dalli ou
U. Sitkensis (Merriam) de l'Alaska. Dans l'Asie centrale
et occidentale on trouve deux ou trois espèces remar-
quables par les couleurs claires de leur pelage ; telles
sont : VOui'S isabelle {U. isabellinus Horfield) de l'Af-
ghanistan, dont une variété (U. Syriacus) s'étend jus-
qu'au Caucase, au Liban et au Taurus ; VU. lagomyiarms
(Sewerzov) qui se nourrit des petits lièvres de montagne
(Lagomys), et VU. pruinosus (Blyth) du Tibet oriental,
dont le pelage est d'un gris perlé. Une espèce plus dis-
tincte encore est I'Ours du Tiret (Ursus tibetanus),
nom, avec une tache en cœur blanche ou jaune à la
poitrine, et qui habite l'Asie méridionale, de l'Afghanistan
à la Cochinchine et à Formose, remontant jusqu'au Tibet,
au Tonkin, en Chine et même dans la vallée de l'Amour.
Les U. leuconyx (Seweryov)., du plateau central de
l'Asie (Turkestan, Ti()et, Pamir), et U. japonicus. du
S. du Japon, en sont voisins.
Le sous-genre Danis (Gray) a ])our type I'Ours grj^.
Grizzly ou féroce (Ursus horribilis), espèce de grande
taille, d'un gris brun et remarquable par ses ongles très
développés. 11 habite les territoires de l'O. des Etats-Unis
(le Montana et le Wyoming). et les Anglo-Américains le
dépeignent comme très recloutabe lorscju'il se trouve en
présence de l'homme. \j Ursus horriœus de Baird qui
habite le versant méridional des Montagnes Rocheuses, la
Sonora, la Californie et le Mexique et VU. alascensis
(Merriam) du S. de l'Alaska n'en sont que df^s sous-es-
pèces. VU. liichœrdsoni de Mayne-Reid, qui habite les
toundras de la baie d'Hudson et la vallée du lleuve Mac-
kensie, serait une espèce bien distincte et non moins re-
doutable.
Le sous-genre Euarctos (Gray) a pour type V Ursus
a}}iericamis (Pallas) qui habite la partie orientale des
Etats-Unis où il remplace notre Ours brun dont il a les
mœurs. Il est ordinairement d'un brim noir, mais on en
distingue une variété cannelle iU. ci)inai)wriieus)\)vo])V('
au Nouveau-Mexique et une sous-espèce (U. Eininonsi)
des montagnes de l'Alaska. L'[/. lutcolus (Griffith), con-
fondu à tort avec l'Ours cannelle, et plus ckiir encore, est
de la Louisiane et du Texas tiVU. floridamis (Merriam)
de la Floride. Ces formes méridionales, à pelage clair,
correspondent aux U. isabellinus et U. pruinosus de
l'Asie centrale.
Le sous-genre HELARCTOs(Horstield) s'éloigne davantage
— 705 —
OURS — OURSINS
du type de l'Ours brun d'Europe. Il a pour type I'Ours
MALAIS {Ursus malaycmus), dont la tète est courte et
large, les molaires relativement courtes, bien que leur lon-
gueur excède encore leur largeur ; la langue est longue et
très extensible, le pelage court et soyeux. C'est une espèce
de petite taille qui vit dans les forêts et grimpe aux arbres
avec une grande agilité. Elle habite l'Indo-Chine et les
monts Garo, dans Tlnde, s'étendant vers le S. jusqu'à la
presqu'île de Malacca et se retrouve dans les îles de Su-
matra, Java et Bornéo. C'est un type méridional ou plu-
tôt intertropical.
L'Ours orné ([/. ornât as) de l'Amérique méridionale
est le type d'un genre bien distinct (Tremarctos, Gervais),
qui se rapproche jusqu'à un certain point de l'Ours ma-
lais. Il est de petite taille et habite les Andes du Pérou,
de la Nouvelle-Grenade, de la Bolivie et du Chili.
L'Ours aux grandes lèvres (Ursus ursinus ou labia-
tus), Ours jongleur ou des Cocotiers, type du genre
Melursus (Meyer), est également plus petit et diffère des
précédents par sa première paire d'incisives supérieures
cadu(jue, la faiblesse du reste de sa dentition, ses lèvres
longues et extensibles. Son pelage est noir, très long et
rude avec un fer à cheval de couleur claire sur la poi-
trine. Il habite l'Inde, du pied des monts Himalaya au Cap
C<omorin, et vit aussi à Oylan où il constitue une variété
distincte ([/. inornatus, Pucheron), dépourvue de tache
pectorale claire. Il s^ nourrit de termites, de coléoptères,
de fruits et de miel. E. Trouessart.
IL Paléontologie. — A l'origine, dans le tertiaire in-
férieur, le type des Ours se confond avec celui des Chiens
(V. ce mot), les genres Dinocyon et Cephalogale mon-
trant de grands rapports avec VHyœnarctos qui repré-
sente le type primitif des Ursiclœ. On peut dire que les
espèces grimpantes et forestières ont constitué cette der-
nière famille, tandis que les espèces plus aptes à courir et
habitant les plaines ont formé la famille des Canidœ. Le
genre Hyœnarctos se distingue des Ours par ses mo-
laires supérieures à couronne sub triangulaire, sa car-
nassière courte, à deux lobes peu élevés. Ce genre est du
miocène d'Europe et du pliocène d'Asie. Tels sont :
H. brevirhinus, H. anihracitis il. imignis, H. arc-
loïdes d'Europe, //. sivalensis, //. palœindicus et
//. sinicus d'Asie. Les véritables Ours ont apparu en
Europe dès le miocène, comme le montre V Ursus pri-
mœvus de Gaillard, récemment découvert dans le S. de
la France (à la Grive-Saint-Alban). Les représentants
pliocènes de ce genre en Europe appartiennent au sous-
genre Helarctos, qui ne vit plus que dans le S. de l'Asie
et la Malaisie ; tels sont les U. etruscus et [/. arvenensis
de la France centrale et méridionale. Des espèces voisines
ont vécu, à l'époque quaternaire, en iVlgérie {U. Faidher-
bianus, U. Po)nelianus), et l'on a supposé, sans preuve
certaine, que leurs descendants vivaient encore dans la
chaîne de l'Atlas {U. Crowtheri). A la même époque, le
genre Iremarctos était représenté dans l'Amérique mé-
ridionale par des espèces de beaucoup plus grande taille
que l'espèce actuelle (Ursus ou Arctotherium bonœ-
rense, etc.) En Europe, I'Ours des cavernes (Ursus
spelœus), bien distinct, par la forme de son crâne, de
l'Ours brun qui s'y trouve avec lui, a vécu pendant tout
le pleistocène : c'était une espèce de très grande taille,
égalant ou surpassant l'Ours gris et les autres espèces
gigantesques du N. des deux continents. E. Trouessart.
IL Palethnographie. — Ours des cavernes. — L'ours
des cavernes est un des grand mammifères éteints, caracté-
ristiques de l'époque quaternaire et en particulier de la pre-
mière partie de cette époque. Il a habité à peu près toute
l'Europe, surtout sa zone moyenne, bien qu'il soit douteux
qu'il se soit répandu jusque dans le S. de l'Espagne et
de l'Italie. Quoique inapte à vivre dans les pas s chauds,
il ne fut pas aussi cantonne dans les rcgion^ froides que
le inammouth et le rhinocéros tichorhinus, ces deux insépa-
rables compagnons des temps glaciaii-es. Aussi le comptc-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
t-on déjà dans la faune du célèbre gisement de Chelles, faune
adaptée à un climat doux. 11 paraît devenir extrêmement
abondant aussitôt après le creusement des cavernes.
SchmerHng a recueilli plus de mille de ses dents dans les
cavernes de Liège. Dans la seule caverne de Gaylenreuth
en Franconie, ses débris se rapportaient à 800 individus.
Ses restes sont aussi nombreux dans des cavernes du midi
de la France ; aussi Lartet avait-il donné son nom à sa
première période humaine des temps quaternaires. Sa
présence cependant rendait le séjour des cavernes redou-
table pour l'homme; aussi, dans le midi de la France, c'est
lorsqu'il commence à les abandonner, à diminuer en
nombre, que celui-ci y établit sa demeure. Dans le cours
même de l'époque moustérienne, il a cédé la place à l'ours
gris, moins grand et mieux fait à la rigueur du climat
nouveau. L'ours gris à son tour a été remplacé par l'ours
brun (arctos) pendant le magdalénien. Zarorowski.
m. Blason. — Vours est toujours représenté de pro-
fil. Il est dît allumé ou armé, quand son œil ou ses griffes
sont d'un émail différent ; levé, s'il se dresse sur ses pattes
de derrière; accroupi, lorsqu'il est assis.
Ordre de l'Ours. — Institué en L)82 par Sigismond,
duc d'Anhalt. Le 18 nov. 1836, les ducs Henri d'Anhalt-
Ko'then, Léopold-F'rédéric d'Anhalt- Dessau et Alexandre
d'Aiihalt-Bernburg l'abolirent et le remplacèrent par ce-
lui d'Albert l'Ours.
Ordre de l'Ours ou de Saint-Gall. — Pour récompenser
les nobles de la ville de Saint-Gall de l'accueil qu'ils lui avaient
fait, l'empereur Frédéric II créa l'ordre de ÏOurs. Les
chevaliers juraient de défendre l'Eglise contre les infidèles.
Cet ordre subsista jusqu'à la formation de la Confédéra-
tion helvétique.
OURS (Lac du Grand-). Lac du territoire du Nord-
Ouest (Dominion), traversé au N. par le cercle polaire.
Les cinq grandes baies qu'il forme (Keith, Mac Vicar,
Mac Tarish, Smith, Dease) lui donnent une forme irrégu-
lière; 275 kil. de longueur, 36.000 kil. q. Ses eaux sont
très froides; il est entouré de collines de granit de 200 m.
de haut. D'octobre à juillet, il est gelé à 3 m. de profon-
deur ; perpétuellement balayé par la tourmente et isolé
sur le sommet du grand plateau central arctique, c'est la
région la plus désolée du district de Mackenzie. Très pois-
sonneux, il abonde en harengs et truites ; il reçoit des
rivières abondantes et se déverse à l'O. , près du fort FrankHn,
par la rivière de l'Ours. Des rennes nombreux habitent
les steppes voisins, et des ours noirs frugivores, de dimen-
sions colossales, parcourent les hauts plateaux qui sont
ses promontoires. En 1792, l'Ecossais Mackenzie y bâtit
un fort de traite pour la Compagnie franco-écossaise du
Nord-Ouest. En 1825, sir John Franklin y construisit un
second fort.
OURS-MoNS. Com. du dép. delà Haute-Loire, arr. et
cant. (S.-E.) du Puy ; 357 hab.
OURSCAMP. Section de la commune de Chiry-Ours-
camp (V. ce mot).
OURSE (Grande El Petite) (Astron.) (V. Constella-
tion) .
OURSINS. I. Zoologie. — Classe de l'embranchement
des Echinodermes désignée aussi sous le nom d'EcniNiDEs
ou EcHiNOÏDE.^: et caractérisée par son test de forme glo-
buleuse, enveloppant tous les organes, à téguments très
durs, incrustés de calcaires, formés de plaques polygo-
nales fortement soudées entre elles et revêtues de pi-
quants mobiles dont la forme et les dimensions varient
beaucoup. Le corps est plus ou moins renflé ou aplati sui-
vant les genres. Chez certaines formes des grandes pro-
fondeurs (Calueria), les téguments conservent la consis-
tance du cuir, de telle sorte que les plaques restant mo-
biles sous l'action des muscles internes, l'animal peut
s'aplatir ou se gonfler à volonté. La bouche est placée,
comme chez les Astéries, à la face inférieure de Tanimal.
L'organisation interne et les métamorphoses des Oursins
ont été décrites et figurées à l'art. Eciiinoder^ies.
45
OURSINS - OUSEGUA
- 706 —
Les Oursins, dépourvus des rayons qui constituent de
véritables membres chez les Etoiles de mer et surtout les
Ophiures, sont plus sédentaires, mais ils se meuvent re-
lativement très bien à l'aide des pattes-ventouses (pieds
ambulacr aires) que porte leur test et qui sont disposés par
rangées verticales nombreuses sur les lianes, de la bouche
à l'anus, qui se trouvent sur la face dorsale; quelquefois
ces deux ouvertures sont excentriques. Les aml)ulacres ne
sont pas les seuls organes de mouvement : les épines mo-
biles de la cuirasse leur servent aussi à progresser, et chez
certaines espèces (û'ckm papillata) , ces appendices sont
assez longs pour qu'on puisse dire que l'animal marche
sur des échasses. En outre, il existe d'autres organes mo-
biles ([ui servent à la nutrition et au nettoyage du test :
ce sont les pédiceUaires, petites pinces généralement à
trois branches qui se trouvent distribuées sur toute l'éten-
due du test, et jusque sur les piquants. Ceux qui sont au-
tour de la bouche servent k la nutrition en saisissant et
attirant les petits organismes qui nagent dans la mer ; les
autres jouent le rôle de balayeui^s. Comme l'orifice anal
est au sommet du test, l'animal serait continuellement
souillé par ses propres déjections sans les pédicellaires qui
veillent à les écarter. L'activité de ces organes, presque
microscopiques, est des plus curieuses et ne peut être com-
parée qu'à celle d'une ligne de balayeurs ou d'une chaîne
de personnes qui se passent les sceaux dans un incendie.
Les pédicellaires à pédoncule flexible, ouvrant et fermant
leurs pinces, se passent les particules de toute espèce qui
peuvent souiller la carapace, jusqu'à ce que ces particules
soient arrivées en un point où le courant d'eau peut les
emporter.
Les Oursins sont pourvus d'organes masticateurs puis-
sants {lanterne dWiistote) qui leur permettent, non
seulement de saisir une proie de grande taille, car ils sont
très carnassiers, mais encore de percer les rochers dans
lesquels certaines espèces (Toxo pneus tes) ont l'habitude
de se nicher. La chair de beaucoup d'espèces est comes-
tible, et c'est un mets très recherché sur les bords de la
Méditerranée où I'Oursin comestible {Sphœrechinus
esculentiis) est commun. Ses piquants sont petits et courts.
La classe des Echinides est divisée par E. Perrier en
cinq ordres : les Pal.eoechinoï1)EA, tous fossiles de l'époque
primaire ; les Neoechinoïdea, également fossiles, mais plus
modernes ; les Desmoticiia qui comprennent les genres
Cidaris, Diadema, Echinus, etc., c.-à-d. les Oursins
proprement dits ; les Clypeastroida, dont le test est ordi-
nairement aplati, et les Petalosticha, qui renferment les
genres Cassidiila et Spatangus, E. Trouessart.
II. Paléontologie. — Les plus anciens Oursins connus
sont ^u silurien (Bothriocidaris, Palœchinus, Cystoci-
daris) et appartiennent à l'ordre des Palœoechinoïdea ou
Tésselés, qui peuvent être considérés comme représentant
le stade jeune des CÀdaridœ. Les Oursins réguliers appa-
raissent dans le bas {Cidaridœ, Salenidœ, etc.), et se
sont conservés presque sans changement jusqu'à l'époque
actuelle. Les Ghjpliostomata ou Oursins proprement dils
{Diadematidœ, Echinidœ) datent de la même époque,
mais présentent une plus grande plasticité qui se traduil
par la grande variété de formes qui se sont succédé
dans les couches géologiques. Les Oursins excentriques
forment une branche en apparence indépendante : Pygas-
ter date du lias. Le développement des Clypeastroïda n'a
lieu que dans le tertiaire, et les Scutellinœ même sont du
phocène. Les Spatangidœ, qui paraissent occuper le rang
le plus élevé en raison de leur structure bilatérale, ne da-
tent que du crétacé supérieur (Micraster, Ilemiaster) ;
et c'est à l'époque actuelle que cette classe semble atteindre
son plus grand développement (Y. Echinodermes, § Pa-
léontologie). E. Trouessart.
OU RTC H A (Oorclia). Ville de l'Inde, ancienne capitale
d'une principauté du Bandelkand, sur la Betna, afïl. dr.
de la Djemna (Gange) ; 20.000 hab. Ancien palais de
Djihan-guir.
OURTHE. Rivière de Belgique. Elle est formée à Or-
tho, près de La Roche (Luxembourg), par la réunion de
rOurthe orientale, qui prend sa source à Beho, près de
Houffalize, et l'Ourthe occidentale qui sort de terre à Ourt,
près de Saint-Hubert. Elle arrose La Roche, Noiseux,
Grandhan, Durbuy, Rarvaux, Bornai, Hamoir, Fairon,
Xhoris, Comblain-au-Pont, Esneux, Tilff, Embourg, An-
gieur, Chènée, Grivegnée et se jette dans la Meuse à
Liège. Elle reçoit la Bronze, la Marchette, l'Aisne, le Né-
blon, EAmblève et la Yesdre. Sa longueur est de 157 kil.
depuis Beho, i6C) depuis Ourt et U8 depuis Ortho ; sa
largeur varie de 20 à 60 m. ; sa profondeur moyenne
est de 65 centim. La rivière est flottable depuis le con-
fluent des deux Ourtlies iusqu'à Comblain-au-Pont ; elle
est canalisée depuis cette dernière localité jusqu'à Liège
sur une longueur de 29 kil. La vallée de l'Ourthe est fort
pittoresque.
Département de l'Ourthe. — Ancien département de
l'empire français qui avait Liège pour chef-lieu. H avait été
formé du Limbourg et d'une partie de l'évèché de Liège réuni
à la France par le traité de Luné ville. Ses limites étaient :
au N., les dép. de la Meuse-Inférieure et de la Roèr; à
l'E., le dép. de la Sarre; au S., les dép. des Forêts et de
Sambre-et-Meuse ; à l'O. le dép. de la Dyle. Il cessa
d'exister en 1814.
OURVASI ou, plus exactement, OURVAÇÎ, est le nom
d'une nymphe céleste, fameuse dans la mythologie hin-
doue, et dont les amours avec le héros Pouroùravas for-
ment le sujet du drame de Kàlidàsa intitulé Vikranior^
vaçl et traduit en français par E. Foucaux.
OURVILLE. Ch.~l. de cant. du dép. de la Seine-Infé-
rieure, arr. d'Yvetot, sur le plateau de Caux ; i.090 hab.
Tissage de coton; fours à chaux; briqueterie. Eghse du
xvi^ siècle, qui conserve des fonts baptismaux du xii^ siècle,
et une jolie statue de la vierge du xiv^ siècle.
OURZIE (L'). Rivière du dép. de la Haute-Loire
(Y. Loire [Haute-], t. XXH, p. 449).
OUSAGARA. Pays de l'Afrique orientale allemande,
compris entre 5o43' et l^W lat. N., 33° 20' et 35° 20'
long E., traversé par les monts Roubeho, arrosé par le
Ouami qui s'appelle k\ Ougembe, puis Moukondokva. Les
vallées alluviales sont très fertiles, mais insalubres; à
l'E. s'étendent les marais du Makata, à l'O. les déserts
de Marenga-Mkali. — Les Ouasagara furent décimés par
les chasseurs d'esclaves et se réfugièrent sur les cimes.
Ils sont de race bantou; l'élevage prospère, grâce à l'ab-
sence de la mouche tsétsé. Le ch.-l. est Kilossa. Les
autres villes sont Kondoa, sur le Moukondokva, et
Mbamboua, dans la plaine de Makata.
OUSAMBARA. Pays de l'Afrique orientale allemande,
au N. du fleuve Pangani, sur la frontière britannique ;
4.620 kil. q. ; 17.500 hab. de race bantou, régis par la
famille arabe des Ouakilindi depuis le xvi^ siècle.
liiBL. : BAU.\IA^N, Usiimbara and seine NucliharciGhiete :
\\-v\\n, 1891.
OUSARAMO. Pays de l'Afrique orientale allemande,
l'iverain de l'océan Indien, entre le Kingani et le
Roufidji. Côte sablonneuse bordée de récifs cor alli aires,
derrière laquelle se développe un steppe sans eau, sauf
dajis les saisons des pluies. Pays insalubre, ravagé par la
malaria, qui fournit des cocos, du riz, du mais, ducopal,
du caoutchouc. Les principaux ports sont Dar-es-Salam et
Bagamoyo. La côte est peuplée de Souahéli et d'Arabes ;
l'intérieur, de Ouasaramo de race bantou, caractérisés par
la frisure de leurs cheveux.
OUSE (H.) (Y. Grande-Bretagne, t. XïX, p. 156).
OUSEGUA. Pays de l'Afrique orientale allemande, en
face de l'île de Zanzibar, entre le Pangani au N., FOusa-
gara à l'O., l'Ousaramo au S. Le littoral est bordé de
coraux, puis se succèdent, en allant vers l'intérieur, i^iix
terrasses, la première de 300 m. d'alt. et de 75 jdl. de
large, lu seconde de 330 à 770 m. d'alt. et de '
707 -^
OUSEGUA — OUSTÏOUG
large, qui va jusqu'au pied des monts Ngourou("2.000m.).
Pays très fertile dans les vallées seulement. La principale
ville est le port de Saadani, à Temboucliure du Ouami ;
en amont, est la mission française de Mandera.
OUSELEY (Sir William), orientaliste anglais, né dans
le comté de Monmoutli en 1767, mort à Boulogne en sept.
1842. Entré dans l'armée, il fit la campagne de 1794 sous
les ordres du duc d'York et, ne se sentant aucun goût pour
le métier militaire, démissionna pour se consacrer à l'étude
des langues orientales et notamment du persan. Il fut
envoyé en mission en Perse en 1810 et il en rapporta :
Trauels in varions Countries ofthe East, more partiru-
larlij Persia (Londres, 1819-23, 3 vol. in-4). Citons
encore de lui : Persian miscellanies (1795) ; Oriental
collections (1797-99, 3 vol.) ; Epitome of the xincient
llislory of Persia (1799), etc. R. S.
OUSINYA. Pays de l'Afrique orientale allemande, au S.
du lac Victoria Nyanza, bien cultivé, parcouru par les pas-
teurs Oualiouma.
OUSMAN. Ville de Russie, gouv. de Tambov, ch.-l. de
district sur rOusman (bassin du Don). Stat. de chem. de fer;
9.843 hab. (1897). Beaucoup de fabriques. Eondoirs de
suif, manufacture de tabac, tannerie, distillerie. Fondée en
1646, elle fut depuis 1652 plusieurs fois assiégée et dé-
vastée par les Nogai (tribu nomade). Devient chef-lieu de
district du gouvernement de Tambov en 1802. A beau-
coup souflert d'un incendie en 1833. — Le district a
4.695 kil. q. et 211.529 hab. (1897).
0US06A. Pays de l'Afrique orientale anglaise, au N.
du Victoria Nyanza et àl'E. de l'Ouganda, dont il dépend.
OUSSA. Rivière de Russie, dans le gouvernement d'Ar-
khangelsk (district de Mezen), affluent droit de la Petchora.
Prend naissance dans les monts Oural, par trois sources,
coule à rO., au S., puis au S.-O., jusqu'au confluent de
la Sinia et finit dans la direction de l'O. au village
d'Oust-Oussa. Son cours est long de 592 kil. (d'après
Strelbitzky). Dans sa partie supérieure elle parcourt une
région montagneuse et passe par d'étroits défilés ; dans son
cours inférieur, elle traverse une toundra. Navigable à
partir de la Siahra-iafja, Très poissonneuse. Sa vallée
est presque inhabitée, nombreux affluents: la Choida, la
Rogovaïa, VAclsva (Khyrmor), la Makarikha et la Kolva
à droite, la Lemva.leKotchmas, l^Koss-Jouetldi Sinia
à gauche. Le mmd'Oussaest porté par six autres rivières
de Russie, sans importance.
OUSSE (L'). Rivière du dép. de la Garonne (V. ce
mot, t. XVIII, p. 554).
OUSSOURL Rivière de la Sibérie orientale, affl. de dr.
du Bas-Amour. Elle naitdans la chaîne de Sikhota-Alin,
sur le bord de la mer du Japon, par la rencontre de la Daou-
bikhé et de l'Oulakhé : la seconde est la principale branche
de la rivière; elle est navigable pour les petits vapeurs.
L'Oussouri coule au N. et reçoit à gauche le Soungatcha,
qui lui apporte les eaux du lacKanka, puis leMouren, et
à droite l'Iman, qui est flottable, puis le Bikin, le plus
grand de ses affluents (480 kil.). L'Oussouri reçoit ensuite
le Khor (375 kil.) ; au village de Kazakévitch, il se partage
et forme un delta qui finit à l'E., à Khabarotka, après un
cours de 875 kil. L'Oussouri est la principale voie de com-
munication du pays ; il est parcouru par les bateaux de
la « Compagnie de navigation sur l'Amour » ; pendant
l'hiver il est gelé et est la voie suivie par les traîneaux
de poste. Dans son cours supérieur, il coule en Russie,
mais vers Busse il entre en Mandchourie chinoise ; il est
très poissonneux.
Le pays de l'Oussouri est le territoire qui forme l'ex-
trémité S. de la province du littoral, sur la rive droite de
l'Amour ; le chef-lieu est Vladivostok, port au fond du golfe
de Pierre le Grand (V. Primorskaïa). Le climat est con-
tinental. L'Oussouri est gelé du 20 nov. au 20 avr. Pen-
dant l'hiver, on constate des froids de — lO'^; les hivers sont
secs et les étés très humides. Le pays est fertile, couvert
de forêts et se prêterait bien à la colonisation. La popu-
lation atteignait 15.000 hab. en 1870 : ce sont des Toun-
gouses des tribus Orotchones ou Tazi. Depuis lors, la co-
lonisation russe l'a beaucoup augmentée. Ph. B.
OUSSOY. Com. du dép. du Loiret, arr. de Montargis,
cant. de Lorris ; 703 hab.
OUST (Ult), Rivière de France, affl. dr. de la Vilaine
qui traverse les dép. des Côtes-du-Nord, de ïllle-et-Vi"
laine et du Morbihan (V. ces mots).
OUST. Ch.-l. de cant. du dép. de l'Ariège, arr. de
Saint-Girons; 1.517 hab.
OUST-Kamenogorsk. Ville de la Russie d'Asie, prov.
de Semipalatinsk, ch.-l. de district sur la rive droite de
l'Irtych, à 245 m. d'alt. Fut fondée en 1719 par Likha-
reff, dans le but de protéger la frontière de la Sibérie
contre les Kirghiz et les Kalmouks. Incorporée au gouver-
nement de Semipalatinsk en 1854. Les habitants s'occu-
pent d'apiculture, d'agriculture, ou travaillent dans les
mines d'or du gouvernement de Tomsk. Foire annuelle.
Le district a 103.693 hab.
OUST-Marais. Com. du dép. de la Somme, arr. d'Ab-
beville, cant. d'Ault; 175 hab.
OUST-OuRT. Plateau situé entre la mer d'Aral et la
mer Caspienne (golfe de Mertrvyï-Koultouk); il occupe une
superficie de 180.000 kil. q. et est limité par des bords
escarpés (nommés tchinkas), s'élevantà 200 m. au-dessus
de la mer d'Aral (250 au-dessus de l'Océan). Dans la
partie nord-occidentale du plateau, une chaîne de hauteurs
portant le mmAWkaou se dirige du S.-E. au N.-O., entre
les péninsules de Manghichîak et de Bouzatchi. Au
point de vue géologique, l'Oust-Ourt est formé de calcaire,
de craie et de grès.
OUST-Syssolsk. Ville de Russie, gouv. de Vologda,
ch.-l. de district, sur la Syssola, à 3 kil. en amont de
son confluent avec la Vytchegda (aftl. de la Dvina sept.) ;
4.463 hab. (1897). Cultivateurs pour la plupart. Foire
annuelle. — Le district a 169.419 kil. q. et 95.380 hab.
(1897).
OUSTA. Rivière de Russie, attl. g. delà Vetlouga (tri-
butaire du Volga). Elle coule vers l'O., puis le N.-O. et
le S.-O. à travers les gouv. deVratka, Kostromaet Nijni-
Novgorod, durant 375 kil. Elle n'est que flottable et seu-
lement lors des crues du printemps.
OUSVA. Rivière de Russie, dans le gouv. de Perm,
affl. dr. de la Tchoussovaia (bassin du Volga). Prend nais-
sance dans les monts Oural, se dirige au S.-O., ensuite
au S.-E. et se jette dans la Tchoussovaia, au village de
Kamasin. Son cours, très rapide, a plus de 200 kil. de
longueur. De belles forêts, des mines de houille et des
minerais de fer se rencontrent aux environs. La rivière est
flottable au printemps. Transport de bois.
OUSTÉ. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. d'Ar-
gelès, cant. de Lourdes ; 170 hab.
OUSTIA. Rivière de Russie, affl. dr. de la Vaga (bassin
de la Dvina sept.). Prend naissance dans le district d'Ous-
tioug (gouv. de Vologda), coule d'unfe manière générale
de l'E. à l'O, en décrivant de vastes méandres et finit dans
le gouvernement d'Arkhangelsk, district de Chenkoursk,
non loin de la frontière du district de Velsk. Son cours
est long d'environ 430 kil. La vallée de l'Oustia est la
seule région peuplée de la partie occidentale du district
de Velsk. — Le plus important de ses tributaires est la
Kokchenga.
OUSTioUG (VÉL1KII-). Ville de Russie, gouv. et à
398 kil. de Vologda, ch.-l. de district, sur la Soukhona
(rivière formant la Dvina septentrionale par sa réunion
avec le long); 11.309 hab. (1897). Industriels pour la
plupart. La principale industrie consiste dans la prépara-
tion de la soie de porcs (dont on exporte annuellement à
Saint-Pétersbourg pour une somme de 500.000 roubles) et
la fabrication de coffrets particuliers avec des serrures à
secret qu'on envoie à la foire de Nijni-Novgorod. Grâce à
sa situation sur une rivière navigable, Oustioug a une
OUSTfOUG — OUTARDE
— 708 —
importance commerciale considérable. Commerce de cé-
réales, de lin, viande et poissons salés; deux foires.
La ville doit son nom à son premier emplacement à
Tembom^hure du loug {Oudie, embouchure). Elle a été
reportée à l'emplacement actuel au xiii^ siècle, comme les
habitants cherchaient à se soustraire aux invasions des
peuplades habitant la vallée du loug. La ville a eu beau-
coup à souffrir de cinq inondations : la plus ancienne en
loi 6 et la plus terrible en 176^2 (56 maisons complète-
ment détruites). Oustioug fut dévastée par les Novgoro-
diens en 1393 et 1398. Annexée au gouv. de Vologda et
ch.-l. de district en 1790. — Le district a 16.970 îàl. q.
et 147.732 hab. (1897).
OUSTIOUJNA. Ville de Russie, gouv. et à 303 kil. de
Novgorod, ch.-l. de district, sur les deux rives de la
Nologa ; 5.109 hab. (1897). Industrie et commerce très
considérables. Construction de canots nommés « tikhvinki ».
Distillerie, fabrique de porcelaine. Autrefois, la principale
industrie des habitants était l'exploitation des mines de
fer qu'on trouvait en quantité aux alentours de la ville et
qui ont donné son nom au pays : Jeliexnoïe-Polé ou
« champ de fer ».
La date de la fondation de la ville est inconnue. Ainiexee
d'abord au gouvernement d'Ingermanland, elle fait partie
du gouvernement de Novgorod depuis \1'H. — Le district
a 16.970..kil. q. et 99.068 hab. (1897).
OU-TAI. Ou appelle ainsi un massif montagneux du N.
de la Chine (provinces du Chan-si et du Pe-Tchi-li) . Les
cinq cimes sacrées qui donnent leur nom au massif enve-
loppent un cirque oii s'agglomèrent les couvents, pro-
priétaires du pays ; la plus haute est celle du N., le
Pei-taï, qui atteint 3.000 m. Orientés duS.-O. auN.-E.,
les monts Ou-tai sont longés par la Grande Muraille de
Chine. C'est dans cette région que la muraille se bifurque,
une branche se dirige vers le S., une autre vers l'O.
Des monts Ou-taï partent la majeure partie des cours
d'eau qui se réunissent à Tien-tsin pour aller ensuite se
jeter à Ta-Kou, dans le golfe du Pe-Tchi-li. Plus de
100 temples bouddhistes (les Chinois disent 360) sont
bâtis sur les pentes des monts Ou-tai qui sont regardés
comme sacrés et où quantité de fidèles se font enterrer.
Les principaux couvents sont dans le cirque central,
ceux de Pou-sa-si au sommet d'une colline, et au S. de
celle-ci, Cliin-toun si, le temple de cuivre: le premier est
mongol, le second chinois.
OUTAIA. Oasis du dép. de Constantine, entre Ratna et
Biskra, sur l'oued El-Kantara, à "266 m. d'alt.
OUTAKAMAND. Ville de l'Inde, présidence de Madras,
ch.-l. du district des Nilgiri dont les plus hauts pics la
dominent; 15. 053 hab., dont 9. 07 3 hindous et 4.164 chré-
tiens. Située à 2.200 m. d'alt., c'est la plus goûtée des
villégiatures d'été de la présidence ; le gouverneur y sé-
journe de mars à juin.
OUTAMARO KrrAGAuA, peintre japonais du xviii^ siècle,
né à Yédo, en 1754, mort en 1797. Il doit surtout sa ré-
putation à son taleiît de peintre de femmes. Il appartient
à ce qu'on appelle l'école vulgaire dont il est le maître le
plus distingué et le plus gracieux. Avant de s'adonner à
cette peinture, il étudia chez Toriyam Meèyen, de Kassa.
Ses grandes compositions en couleurs sont très harmo-
nieuses et d'un charme extrême. Sans avoir exprimé des
scènes de théâtre, il a excellé dans la peinture des fleurs
et des oiseaux. Mais ses chefs-d'œuvre les plus célèbres
sont des scènes de la vie des femmes de Yédo ; ses femmes
ont une grâce allongée et voluptueuse. l\ est avec Toyo-
koumélemaitre del'imagerie en couleurs (V. Japox, l. Xx\l,
p. 39 et 10).
BiBL. : E. Di: Gu.NCOuuT, Ot(iai>j;u'o. — J)u ujcnie, l'Art
japonais du xviir' siècle, 1891).— W. Andersox, ThePicto-
rial arts ofJapcnu 1886.— Gierki;. Japan. Malereioi; Ber-
lin. 1882. — L. GoNsE, l'Art Japonais, 1883. 2 vul.
OUTAOUAIS. Tribu indienne du Canada, appartenant
au groupe des Algonquins, et vivant sur les deux rives
de la l'ivière qui a conservé leur nom sous la forme an-
glaise d Ottama. On les appelait aussi Oreillards. Fidèles
alliés des Français et convertis au catholicisme, ils sont
encore environ 3.500.
OUTAR DE. I. Ornithologie. —Genred'Oiseauxde l'ordre
des Echassiers, type de la famille des Otididés, qui présente
les caractères suivants: bec court et bombé, convexe et
un peu recourbé ; tarses dénudés au-dessus de l'articula-
tion ; corps massif, souvent de grande taille ; tarses réti-
culés, doigts courts avec le pouce absent ; ailes courtes et
concaves. Oiseaux lourds, volant peu et ne se servant or-
dinairement de leurs ailes que pour accélérer leur course,
vivant à terre, de grains, d'herbes, de vers et d'insectes.'
Les petits courent au sortir de l'œuf. Ces habitudes ont
poussé plusieurs ornithologistes à rapprocher ces oiseaux
des Gallinacés,
mais la nudité des
jambes et la forme
du scjuelette rap-
prochent les Ou-
tardes des Plu-
viers (V. c.Q mot) :
on peut dire (jue
ce sont de très
grands Pluviers.
Le genre Oui AUDE,
quiprésente les ca-
ractères de la fa-
mille, est repré-
senté en Europe
par deux espèces.
La Grande Ou-
tarde ou Outarde
R ARDUE {Otis lar-
da) est un des plus
gros oiseaux de
notre pays. Le
mâle atteint 1 m.
de long ; la femelle
est plus petite. La
tète, le cou et
la poitrine sont
cendrés ; le bec porte à sa base (chez le mâle seul) une
touffe de longues plumes effilées ; les parties supé-
rieures sont d'un roux jaune rayé de noir, le dessous est
blanc ; la queue est rousse, barrée de noir. Cette espèce
était autrefois très commune en Champagne ; aujourd'hui
elle est plus rare et n'y niche plus. Dans le centre de la
France, elle est de passage irrégulier pendant les hivers
rigoureux par troupes de 5 à 15 individus. Dans l'E. de
l'Europe, elle recherche les plaines découvertes et les
steppes oii elle niche au printemps ; le mâle est polygame
et fait la roue devant ses femelles en étalant sa queue et
ses ailes, attaquant tous les autres mâles et leur livrant
de violents combats. Le nid est très rudimentaire : c'est
une place que chaque femelle choisit séparément, au mi-
lieu des champs de blé ou de seigle, creusant un trou peu
profond dans la terre qui reste nue et battue, dans un dia-
mètre de 2 à 3 m., parle piétinement de l'Oiseau lorsqu'il
prend son essor. Les œufs au nombre de deux, de la gros-
seur de ceux du Dindon, sont allongés, tachés de brun
rouge sur un fond oHvâtre, très semblables à ceux des Ti-
nanious. Les petits naissent couverts d'un duvet blanc et
(juittent le nid pour chercher leur nourriture aussitôt après
l'éclosion. La mère les conduit et les défend avec courage.
Pris jeunes, on lesélèNe facilement en les nourrissant de
mie de pain, de seigle mêlé à du foie de bœuf haché. C'est
un bon gibier que l'on chasse à courre, l'Oiseau cherchant
son sidut plutôt dans ses jambes que dans ses ailes. La
chair est noire, et son goût tient le milieu entre la chair
du Canard et celle du Lièvre. — L'Outarde canepeulhe
(Otis fetrav) est de moitié plus petite, n'ayant que la
taille d'une grosse poule. Le maie en plum:ige de noce a
le cou noir avec un double collier blanc ; le reste du plu-
Outarde canepetière (mâle).
— 709 —
OUTAHDE— OUTIL
mage esl varié do roux, do bnm, découdre, et les ailes sont
vermiculées do noir; dès le mois de juillet, le collier blanc
et noir disparait, et te rnàle ressemble alors à la femelle,
(■ette espèce niche dans le centre de la France. File arrive
par troupes du 2^] mars au 10 avr. ; les couples (car elle
n'est pas polygame) nichent dans le creux des sillons. Fa
iemelle pond ,•> à 5 ceufs d'un vert sombre, marbré de giis
ou d'olivâtre ; les petits suivent leurs parents dès qu'ils
sont nés. La bande s'éloigne peu du champ ({u'ils ont
choisi. En octobre, ont lieu des passages de bandes qui ont
été nicher plus au X. ; ces bandes de 15 à 20 oiseaux
se tiennent dans les champs de trèfle, les landes, les chaumes
et ne se laissent pas approcher. En s'envolant, la petite
Outarde jette trois ou quatre cris sourds et s'éloigne d'un
vol sifflant assez rapide : elle décrit de grands cercles en
Fair avant de s'abattre de nouveau. File détruit beaucoup
d'insectes, surtout des sauterelles. — Les genres Afrotis
(V. ce mot), Eupodofis, Houbara, etc., tous de l'ancien
continent, représentent la famille des Otididés en Afri([ue,
dans l'Inde et en Australie. — Le genre Court-Vite (V. ce
mot) forme le passage aux Pluviers. Is. Trolessart.
IL Art culinaire. — La jeune outarde constitue un
aliment recherché. On la mange rôtie à la broche et
pi(iuée de lard de toutes parts ; les cuisses sont préférées
par les gourmets. On en fiiit aussi des pâtés dans lesquels
il ne faut pas négliger de mettre du lard en certaine
quantité, la chair do cet oiseau étant par elle-même assez
sèche. — L'outarde canepetière se prépare comme la
perdrix (V. ce mot).
OUTARDES (Rivière des). Rivière du Canada, prov. de
Québec, affl. g. du Saint-Laurent, qui naît au Labrador,
forme le lac Plétipi (oO kil. smHK), d'où elle sort parles
« Grands Rapides », et finit le long de la presqu'île du
iVlanicouagan, après un cours de 500 kil.
OUTARVILLE. Ch.-l. de cant. du dép. du Loiret, arr.
de Pithiviers ; 585 hab.
OUTCH (Vchh). Ville de l'Inde, dans le Pendjab, sur
la r. g. du Pendjnad ; 60.000 hab. On Fidentifie avec une
colonie fondée par Alexandre chez les Oxydraques. Elle
fut sous Nassir-oud-din Kabatchah la capitale du Haut-
Sindh, fut annexée au royaume de Moultan, conquise par
Akhbar. Elle est à demi ruinée.
BiBL. : CcNNtxGHAM, Aiicient Geogr. oflndia.
0U-TCHAN6-F0U. Ville de Chine, capitale de la pro-
vince de Hou-pé, sur le Grand-Fleuve ou Yang-tse-kiang.
('otte ville est le rendez-vous de tous les peuples commer-
çants de l'intérieur de la Chine, ce qui en fait une des
villes les plus opulentes de tout l'empire du Milieu. Bien
(pie située à 160 lieues de la mer, les plus forts bâti-
monts peuvent s'y rendre, le fleuve, en eifet, est en cet
endroit assez profond et large de plus d'une lieue. Les
montagnes avoisinantes fournissent du cristal ; la culture
du thé s'y fait dans de grandes proportions ; on y fabrique
beaucoup de papier de l)ambou. En face de Ou-tchang,
sur l'autre rive du Yang-tse-kiang, est Han-koou, au
confluent du Han et du Kiang. port ouvert au commerce
européen.
OU-TCHÉOU-FOU. Ville de Chine, la plus importante
de la province de Kouang-si, située tout près de la fron-
tière occidentale du Kouang-toung. C'est le lieu de réunion
(W presque toutes les rivières qui arrosent le Kouang-si
et qui viennent se jeter dansleSi-kiang, au 8. de la ville.
Par sa situation, Ou-tchéou est un centre commercial im-
portant. Sur son territoire on trouve du cinabre ; la faune
est aussi très riche en rhinocéros, en tigres et en singes.
OUTCH-TOURFAN. Ville forte du furkestan oriental
(empire chinois), sur la Taoutkan-daria, cjui longe au S.
le massif des Thian-chan et se jette dans l'Ak-sou. affl.
du Tarim.
OUTHIER (L'abbé Reginald ou Regnauld), astronome
français, né à la Marre -Jousserand (Jura) le 16 août
1694, mort à Bayeux le 12 avr. 1774. D'abord vicaire à
Montain, près de Lons-le-Saunier, il se livra, dans ses
loisirs, à des recherches d'astronomie, qui le firent élire en
1731 correspondant de FAcadémie des sciences, vint Fan-
née suivante à Paris et présenta à l'Académie un globe
remarc[uable, qu'il avait imaginé en 1726 et où les mou-
vements des noHids de la lune se trouvaient figurés. En
1736, il fut envoyé en Laponie, avec Maupertuis, pour y
mesurer un degré du cercle polaire et rédigea lô journal
de l'expédition. En 1748, le cardinal de Luynes, alors
évoque de Bayeux, qui l'avait pris pour secrétaire, le fit
nommer chanoine de la cathédrale. Il résigna ce bénéfice en
1767, pour pouvoir s'adonner tout entier à l'étude. On lui
doit, outre le Journal d'un voyage fait au Nord en il 36
et '/7,^7 (Paris, 1744; 2« éd., Amsterdam, 1746), où se
trouvent consignés de curieux détails sur les uKours et la
religion des Lapons, une belle Carte topoijraphùiue de
Vévêché de Bayeux, en 2 feuilles, et, dans le Uecueil
des savants de r Académie des sciences, une Carte des
pléiades (t. Il, 1755), ainsi qu'une série (V Observations
météoroloq il (lies faites it Bayeux en 1756 {t. IV, 1763).
Il avait eu part aux travaux de la grande carte de France.
OU-TI, empereur chinois (V. Han).
OUTIGOURES (V. Huns, t. XX, p. 410).
OUTIL. I. Technologie. — On désigne sous ce nom
les instruments très divers dont font usage les ouvriers
pour leur travail. Ils sont généralement actionnés à la
main, mais ils peuvent aussi être mus au moyen de
machines-outils. Dans un outil manuel, on distingue
généralement deux parties : le mamhe par lequel le
tient Fouvrier, et la partie travaillante. Le manche est
le plus souvent en bois (marteau, pelle, ciseau, etc.)
et la partie travaillante en fer ou acier. Ceux destinés à
être montés sur une machine sont entièrement métal-
li([ues. Les outils sont iimombrables, comme les usages
auxquels ils sont destinés, et on peut dire que chaque in-
dustrie a so]i outillage propre légèrement dilierent de celui
des industries similaires, mais ils rentrent toujours dans
cuu{ grandes classes principales, suivant qu'ils ont pour
but de soulever (leviers), de tenir (pinces, étaux), d'arra-
cher (tenailles), de percer (mèches, forets) ou de couper
(scies, burins, ciseaux) la matière travaillée. E. Mâc.lin.
II. Industrie. — Machine-outil (V. Macuine-outil).
III. Art militaire. — Outils poc.tatifs. — Outils
de modèle réduit, légers et peu encombrants, (pi 'on fait
porter dans les compagnies d'infanterie à un certain
nombre d'hommes. Ces outils sont : la bêcJie portative
dont le côté gauche forme scie. Fout il monté o une lon-
gueur de 0"\52, le fer de la bêche a 0"\15 de largeur
sur 0'^, 19 de hauteur; elle pèse 1 kilogr. ; la pioche
portative, longue de 0"\45, large de 0"\375, pèse
l'^-,700; le pïc à tête, long de 0'",45, pèse l'^-,500:
la hache ii main, de même longueur et de même poids;
la scie articulée, du poids de 0'^8-,530. ('es outils sont
enveloppés dans un étui et arrimés sur le sac des
hommes. Ils sont distribués dans la pi'oportion de
1 outil pour quatre hommes. Chaque compagnie d'in-
fanterie emporte en campagne : 32 bêches portatives,
8 pioches, 4 pics, 3 haches à main, 1 scie articulée;
il faut ajouter en outre 13 hachettes de campement don-
nées aux 13 escouades non pourvues de haches à main.
Chaque homme des compagnies du génie est porteui' d'un
outil de terrassier, de destruction ou d'ouvrier d'art. Ces
outils sont du modèle des outils de parc, légèrement ré-
duits. Les cavaliers sont surtout chargés des destructions ;
chaque cavalier reçoit un pétard de mélinite et chaque es-
cadron reçoit une cisaille pour couper les fils télégra-
phiques.
Oulils de parc. Les outils de parc sont portés, soit par
des voitures, soit par des animaux de bât. Ils compren-
nent : la pelle ronde, la pelle carrée de 1"\30 de longueur,
la pioche de 0,80 de longueur, la hache de bûcheron, la
serpe, la pince à pied de biche, la scie égohine. la scie
passe-partout.
Outils transportés par les unités d'artillerie decam-
OUTIL — OUTRAGE
— 710
fagne. Les diverses unités de l'artillerie (batteries et sections
de munitions, etc.) transportent un certain nombre d'outils
destinés à exécuter des terrassements, des destructions ou
des réparations. Les outils de pionniers ou terrassiers sont
suspendus à l'extérieur des voitures ; ils comprennent des
pelles et des pioches ; les outils de destruction sont ac-
crochés à l'extérieur des voitures, à l'exception des scies
articulées qui sont dans les coffres d'avant-train. A ces
outils, il faut ajouter lesengins de destruction, pétards de
dynamite ou de mélinite, amorces, cordeaux Bickfort, etc.,
<}ui sont transportés par un chariot de batterie. Les outils
de réparation du matériel sont renfermés dans un coffre
a])pelé coffre d'outils d'ouvriers, en fer et en bois. Ce
coffre est porté par l'arrière- train de la forge. L"avanl-
train de la forge porte un coffre contenant (es outils des
maréchaux ferrante.
OUTILS DE PIONNIERS OU DE DESTRUCTION PORTES PAR LES VOITURES D'ARTILLEPJE
Outils f Pelles rondes
de j Pelles carrées
pionniers ( Pioches
llaches diverses
Scies articulées
Scies passe-partout
Pics à roc
Pétards ù dynamite ou à mélinite.
De 1)0
33
6
33
12
6
3
4 (2) ou 6 (3)
4 (2) ou 6 (3)
4 (2) ou 12 (3)
4 (2) ou 2 [?,\
2 (2) ou 0 (a;
De 120
court
27
9
21
12
(i
(1) Dans les batteries à cheval attachées aux divisions do cavalerie indépendante
(2) Batteries de montagne de France.
(3) Batteries de montagne d'Algérie
(l) En outre 50 kilogr. de poudre de mine.
.'^ECTION
SECTION
de munitions
de munitions
infanterie
artillerie
31
IG
2
19
9
!r'
»
'^
PARC
de corps
d'armée
lOG
172
76
»
40
20
;. 000(1
Dans chaque batterie d'artillerie de campagne, le cha-
riot-fourragère de batterie porte, en outre, enfermés
dans un coffre placé sous la voiture, des outils pour couper
le fourrage savoir : 20 faucilles, 6 serpes, 2 faux et
1 jeu d'accessoires pimr aiguiser les faux.
OUTILLAGE. I. Technologie. — L'outillage est
l'ensemble des outils et instruments nécessaires à l'ex-
ploitation d'ime industrie : l'outillage d'une forge, l'ou-
tillage agricole. Dans les industries mécaniques on divise
généralement routillage en deux catégories : le petit
outillage, composé des outils proprement dits, et le gros
outillage comprenant les machines-outils, les machines
motrices, les engins de levage (grues, ponts rou-
lants, etc.). Le choix judicieux des outils et surtout des
machines, de façon à obtenir un travail rapide et cor-
rect, est un des principaux éléments de prospérité d'une
usine, puisqu'il permet de réduire la main-d'œuvre. Les
petits outils, principalement ceux qui doivent être fu^ès
sur les machines, sont souvent coûteux et demandent à être
constamment entretenus et vérifiés. En générai, ce soin
incombe à des ouvriers spéciaux, nommés outille itr s, qui
sont, en outre, chargés de répartir les outils entre les ou-
vriers suivant les besoins et d'assurer leur conservation.
Ces ouvriers travaillent dans un ateher spécial et soigneu-
sement clos où ils renferment les outils ; cet atelier, par
extension, est fréquemment désigné sous le nom iVoiitil-
iage. E. Mac lin.
II. Art militaire. — Outillage des troupes en cam-
pagne. — Les troupes des différentes armes ont besoin en
campagne d'un outillage spécial pour exécuter des travaux
de fortification passagère, des destructions et des répara-
tions. Afin d'éviter de surcharger les hommes et d'encombrer
les colonnes, cet outillage a été réparti en i' échelons. Le
4^'" échelon comprend les outils portés par les hommes
(V. ci-dessus Outil). Dans les compagnies d'infanterie, ils
sont distribués au quart de l'effectif, dans la proportion de
3; 7 d'outils de destruction, 4/7 d'outils de terrassier. Dajis
le génie, les outils portés par les hommes sont du modèle des
optils de parc. Le 2^ échelon comprend les outils du mo-
dèle des parcs, transpoidés par les voitures de compagnie
dans l'infanterie, suspendus aux voitures de batterie
dans l'artillerie, et placés dans le génie dans les voi tintes
dites de sapeurs-mineurs. Le 3*^ échelon est constitué par
les parcs du génie de corps d'armée et d'armée, Le
4'' échelon forme une réserve emmagasinée dès le temps
de paix et transportée en partie au moment de la mobi-
lisation dans les stations-magasins; l'autre partie restant
en dépôt dans les magasins du temps de paix, jusqu'au
moment du besoin.
Petit outillage à distribution. Outils divers dont se
servent les officiers d'a])provisionnement pour répartir les
denrées entre les parties prenantes. Cet outillage com-
prend : une balance romaine de 33 kilogr., un ciseau à
froid, une paire de tenailles, un marteau et un tournevis,
4 couteaux à conserves. ^1 aiguilles d'emballeur, une pelote
de ficelle de "200 gr.
CUTI NES. Com. du dép. de la Marne, arr. de Vitrv,
cant. de Saint-Uemy-en-Bouzemont; 4iO hab.
OUTKINE (Nicolas), graveur et médailleur russe, né
en 1779. mort en 1863. xVprès avoir suivi les leçons de
Bervic à Paris, il devint directeur de FEcole de gravure
de Saint-Pétersbourg. On lui doit de nombreux portraits ;
le plus connu est celui de Catherine IL
OUTRAGE. A l'origine, le mot outrage comprenait
dans son acception tous les excès quelle que fût leur
nature. L'usage on a un peu restreint le sens, et il
s'apphque seulement aux faits ou aux discours ou écrits
qui atteignent soit des corps constitués et des administra-
tions, soit coi'taines abstractioiis comme la morale, les
bonnes mœurs par exemple. Comme l'injure, l'outrage a
un effet insultant, mais tandis que l'injure s'applique in-
différemment aux particuliers ou aux fonctionnaires, l'ou-
trage ne s'applique qu'aux fonctionnaires et ne peut
atteindre les particuliers que lorsque ceux-ci ont momen-
tanément exercé des fonctions publiques, comme celles de
juré par exemple, et qu'ils sont pris à partie et outragés
à raison même de ces fonctions. Les outrages sont prévus
et réprimés par nos lois pénales. Le code pénal a puni
d'une peine correctionnelle proportionnée à la gravité du
délit commis les outrages envers les magistrats et autres
fonctionnaires pubKcs. Pour les outrages envers les par-
ticuUers, le code les qualifie calomnie ou injure. Il y a
calomnie lorsque l'on a accusé un individu de faits délic-
tueux qui, s'ils existaient, exposeraient leur auteur, soit à
des peines criminelles ou correctionnelles, soit au mépris
et à la haine des citoyens. Les injures sont des expres-
sions outrageantes qui ne contiennent l'imputation d'aucun
fait précis et déterminé, mais celle d'un vice déterminé,
711 —
OUTRAGE — OUTRE
L'outrage, la calomnie et l'injure sont punis de peines
diverses variant suivant la gravité du délit et les cir-
constances de fait dans lesquelles il s'est produit. La diffa-
mation est encore une sorte d'outrage également prévu
par nos lois pénales. L'outrage et la diffamation se com-
mettent surtout par la voie de la presse, et alors il y a
lieu d'appliquer la législation spéciale sur la presse con-
tenue principalement dans la loi du 29 juil. LS81, modifiée
du reste à cei'tains égards par des lois postérieures.
Outrage aux bonnes mœurs. — La qualification
générale d'outrage est donnée par la loi pénale à tout acte
d'un caractère offensant, soit pour des dépositaires de l'auto-
rité, soit pour certaines abstractions comme la pudeur,
les bonnes mœurs. Mais, tandis que l'outrage à la pudeur
résulte d'un fait matériel, acte, attitude ou geste de na-
ture à offenser la pudeur, et est réprimé par l'art. 330 du
L. pén., l'outrage aux bonnes mœurs consiste en écrits
ou en discours contraires aux bonnes mœurs, et se trouve
réprimé par deux textes différents, la loi du 2 août 188^2
et la loi du 29 juU. 1881 sur la presse. La loi du 2 août
1882 punit l'outrage aux bonnes mœmrs consistant en
publications obscènes par voie d'écrits et d'imprimés autres
que le livre, d'afficbes, dessins, gravures, peintures, em-
i lèmes ou images. La loi du 29 juil. 1881 (art. 28) punit
l'outrage aux bonnes mœurs consistant en publications obs-
cènes par la voie du livre ou par l'emploi de cris, de cliants
ou discours. Quand pourra-t-on dire qu'une publication est
obscène et qu'il y a, par conséquent, outrage aux bonnes
mœurs ? C'est là un point que le législateur ne pouvait
déterminer d'une manière précise et qu'il laisse au juge
le soin d'apprécier. Comme, en effet, la question de pu-
deur est essentiellement relative et varie avec le milieu
social et le niveau de la civilisation, le juge seul peut,
suivant les circonslances, apprécier ou non si tel écrit est
obscène et porte atteinte à la moralité publique.
Outrage à la pudeur (V. Attentat).
OUTRAM (James), général anglais, né à Butterley Hall
(comté de Derby) le 29 janv. 1803, mort à Pau le 11 mars
1863. Fils de Benjamin Outram (1764-1803), ingénieur
civil renommé, il entra en 1819 dans l'armée des Indes,
se distingua en diverses affaires, notamment en réprimant
une ijisurrection en 1825 et fut envoyé en qualité d'agent
diplomatique à la cour de plusieurs princes indigènes. En
1838, il prit part à l'expédition de sir John Keane sur
rindns, et fut chargé, en 1839, de s'emparer de Dust
Mohammed qu'il ne put atteindre après une marche très
pénible dans les montagnes de l'Afghanistan. Il s'occupa
ensuite de rétablir l'ordre dans les districts situés entre
Caboul et Kandahar, participa au siège de Kalat, ce qui
lui valut le brevet de major. A la fin de la même année,
il était nommé agent politique dans le Sindh inférieur et, en
1841, agent politique dans le Sindh supérieur. 11 rendit
de si grands services tant diplomatiques qu'administratifs
et militaires, et sut si bien se concilier l'estime, que Na-
pier, en 1842, l'appelait le « Bayard de l'Inde», surnom
qui lui resta. Outram était en 1843 à Heyderabad lorsqu'il
y fut attaqué par 8.000 hommes, commandés par Mir Sliah-
âad-Khan. Après une très brillante défense, il fut forcé
de se replier sur Napier ; tous deux revenant en force
obligèrent les émirs révoltés à se rendre. Outram gagna
dans cette campagne le grade de lieutenant-colonel. Il
fit alors un tour en Angleterre et quitta Londres dès la
nouvelle de la révolution de Lahore. Il aida le colonel
Wallace à s'emparer de Samangarh (13 oct. 1843), fut
attaché à l'état-major du général Delamotte et donna de
nouvelle preuves de son indomptable audace à la prise des
forts de Pawangarli et de Panala. Nommé résident à Sa-
tara en 1845, puis résident à Baroda (1847), il allait être
employé dans la seconde campagne contre les Sikhs lors-
qu'il tomba malade et dut voyager en Egypte et en Syrie.
De retour à Baroda en 1850, il perdit son emploi pour
avoir écrit sur la corruption un mémoire trop véridique
que le gouvernement considéra comme injurieux pour ses
agents et pour lui-même. 11 vint plaider sa cause auprès
des directeurs de la compagnie des Indes (1852) qui lui
exprimèrent leurs regrets, et, revenu à Calcutta en 1853,
il fut nommé aide de camp du gouverneur général. 11 re-
prit, pour la forme, et ce fut probablement une satisfac-
tion personnelle qui lui fut accordée, le poste de Baroda
(1854) pour être ensuite nommé agent politique et com-
mandant à Aden. Mais il ne put supporter le climat de
cette station, et lord Dalhousie le désigna pour la rési-
dence d'Aoudh. A la suite d'un mémoire de lui, l'annexion
définitive de cette province fut décidée et opérée. Outram
reçut le grade de major général (1754). Il prit en 1855
le commandement de l'armée envoyée en Perse. 11 rem-
porta de brillantes victoires sur les troupes persanes, ob-
tint l'évacuation du fort d'tlérat et imposa le traité de
Bagdad (1857).
î.a grande révolte de l'Inde venait d'éclater. Outram reçut
le commandement de deux divisions et le titre de chef commis-
saire de l'Aoudh. Il aida puissamment Havelock à ravitailler
Lucknow et, pendant plusieurs mois, il coopéra avec Colin
Campbell aux opérations contre les révoltés, au cours des-
quelles Lucknow fut tour à tour prise et reprise. Il entra
ensuite dans le conseil du gouverneur général et prit part
notamment à la réorganisation de l'armée de l'Inde. Il avait
conquis une telle réputation dans la répression de la rébel-
lion que le gouvernement le créa baronnet, que la Chambre
des communes lui vota une pension annuelle de 1 .000 livres,
que Londres lui décerna le brevet de citoyen, que sa sta-
tue équestre fut élevée à Calcutta à l'aide d'une souscrip-
tion pubhque. Sa santé était épuisée. 11 vint passer en
Egypte l'hiver de 1861 ; en 1863 il était dans- le midi de
la France, où il mourut. Les Anglais lui firent des funé-
railles solennelles et il fut enterré à Westminster. Outram
a laissé les ouvrages suivants : Pioiujh Notes of the cam-
paifjn in Sinde and Afghanistan in i 838-39 (Bom-
bay et Londres, 1840, in-8) ; The Conquest of Scinde:
a Commentary{¥A\m\)om%, 1846, in-8); Baroda intri-
gues and Bomijay Kutput (Londres, 1853, in-8) ; il
suppressed despa'tch from Outram ta A. Malet (1853,
in-8) ; A few brief Memoranda of so}ne of the Public Ser-
vices rendered bij lient. -colonel Outram {Londres, 1853,
in-8); Ourindian Army (1860, in-8); Lient, gênerai
Sir James Ouiram's Persian Campaign in i 857-58
(Londres, 1860, in-8), et des rapports politiques et admi-
nistratifs très importants. R. S.
BiBL. : Sir F. -.T. Goldsmid. James Outram; ahiQijrnphij ;
Londres, 1880, 2 vol. in-8. — W.-R. Tucker, Short àc-
count of the Outram Statue Calcutta, 1879, in-l.
OUTRANCOURT. Com. du dép. des Vosges, arr. do
Xeufchateau, cant. de Bulgnéviile ; 107 hab.
OUTRAOLA. Ville de l'Inde, dans l'Aoudh, sur un aftl.
dr. de la Rapti ; 6.000 hab. Tombeau du chef pathan
Ali Khan qui l'enleva aux Radjpouts.
OUTRE (Techn.).On fait des outres, soit sans couture,
avec une peau de bouc, soit avec une couture en peau de
vache. Pour obtenir les premières, on gonfle le bouc, une
fois tué, avec un soufflet, afin de décoller la peau, on
coupe la tête au-dessous du cou, les jambes de devant et
de derrière à l'articulation du genou, on fait sortir toutes
les parties du corps par l'ouverture du cou, puis on re-
tourne la peau, qu'on frotte avec du sel pilé et qu'on
laisse une quinzaine de jours sous une pierre. On la re-
tourne à l'endroit, on tond le poil d'assez près, on lie ou
on coud l'anus et les ouvertures des jambes et on ferme
le cou avec une bonde de bois enveloppée d'un chiffon.
Pour les outres cousues, on fait tremper des peaux de
vache dans deux eaux de chaux successives, on les pèle,
on les lave dans l'eau courante et on les fait sécher au
soleil puis à l'ombre. On les laisse ensuite étendues au
soleil pendant trois à quatre semaines, on les trempe à
nouveau dans l'eau et on les coud avec une alêne, le côté
de la chair en dedans, sur les divers bords, en laissant
en haut une ouverture de 6 ou 7 centim. et un goulot de
OlITliE — OLÎVERTUHi:
71-2 —
J5 ceiitim., qu'on bouche avec une bonde. Pour garder
aux outres leur souplesse, on les lave de temps à autre,
intérieurement et extérieurement, avec une bouillie de
miel et de farine de seigle, passée au tamis. L, S,
OUTREAU. Corn. du\lép, du Pas-de-Palyis, arr. de
Boulogne, cant. de vSamer; 3.862 hab. Stat. du chem.
de fer du Nord. Carrières de grès. Fabriques de produits
céramiques et réfraetaires, de ciment ; tuileries et brique-
leries. Sur une colline dominant la Manche, restes du fort
de Montpiaisir. Le 24 mars looO fut signé à Outreau le
Iraité de paix et (Falliance par lequel Edouard YT, roi
d'Angleterre, restitua Boulogne au roi de France.
OUTREBOIS. Com. du dép. de la Somme, arr. de
Doullens, cant. de Bernaville ; 432 hab.
OUTRECHAISE. Com. du dép. de la Savoie, arr. d'Al-
bertville, cant. d'Fgines ; 152 hab.
OUTRENIÉCOURT. Com. du dép. de la Haute-Marne,
arr. de Chaumont, cant. de Bourmont ; 2a8 hab.
OUTREMER. I. Minérâlocik (V. Lapis-Lazi u).
îî. Chimie iNnusTRiELi.E (V. Bleu).
III. Ordres, — Oriire (Contre-nicr {\ . NAvmE [Ordre
du|).
OUTRE^MEUSE (Pays d'). On appelait ainsi, avant la
Révolution française, les comtés de Dalhem, Bolduc et
Fauquemont, situés dans les Pays-Bas autrichiens; on
leur donnait parfois aussi le iu)m d'appartenances du
Eimbourg. Ime partie des pays d'Outre-Meuse fut cédée
à la république des Provinces- Unies par le traité de La
liaye en 4 661 ; ces dispositions furent partiellement revi-
sées par le traité de F^ontainebleau de 1785. Dalhem
appartient aujourd'lmi à la Belgique, Fauquemont au
royaume des Pavs-Bas, et Bolduc à la Prusse.
OUTREMEUSE (J. des Prez, dit d'), chroniqueur
belge (1328-99) (V. Desprez).
OUTREPONT. Com. du dép. de la Marne, arr. de
Yitry, cant. d'Heiltz-le-Maurupt; 149 hab.
OUTRIAZ. Com. du dép. de l'Ain, arr. de Nantua,
cant. de Brénod ; 237 hab.
0UTRI6GER (V. Canotage).
OUTRILLE (Saint) (V. Austregisile).
OUTSOUNOMYA. Ville du Japon, au centre de Nip-
pon, ken et à 30 kil. N.-E. de Totsighi ; 20.000 hab.
Ses da/mios eurent une importance considérable.
OU VAN S. Com. du dép. du Doubs, arr. de Baume-les-
Dames, cant. de Pierrefontaine ; 143 hab.
OUVAROV (Comte Serge-Séménovitch), homme d'Etat
et écrivain russe, né à Moscou le 2o août 1785, mort à
Moscou le 16 sept. 1855. Il fit son éducation dans les
universités allemandes, fut quelque temps secrétaire d'am-
hassade à Vienne, puis à Paris, et publia à vingt-cinq ans
un petit traité intitulé Projet d'une académie asia-
tique (Saint-Pétersbourg, I8Î0), qui le lit nommer, l'an-
née suivante, curateur de l'Université de Saint-Péters-
bourg et recteur du ressort académique de cette ville. Il
institua les premières chaires de langues orientales, fut
appelé en 1818 à la présidence de l'Académie des sciences,
qu'il devait conserver, du reste, jusqu'cà sa mort, et, de-
venu en 1826, en même temps que conseiller intime, di-
recteur du ministère de l'instruction publique, fut mis en
1832 à la tète de ce département, où il demeura dix-huit
ans. Il accomplit dans l'enseignement dévastes réformes et
créa près des deux cinquièmes des institutions scientifiques
ou littéraires alors existantes : université de Kiev et de
Titîis, académies d'Omsk et de Tobolsk, obse;*vatoires,
musées d'histoire naturelle, jardins botaniques, cabinets
de physique, bibliothèques, sociétés d'archéologie (1834)
et de géographie (1841), etc. Il se révéla lui-même ar-
chéologue, historien et philologue de grande valeur. En
1846, Nicolas P»' lui conféra le titre héréditaire de comte.
Il a publié, outre le traité déjà cité, de nombreux mé-
moires, presque tous en français : Sur les mystères
d'Eleusis (Saint-Pétersbourg, 1812) ; Etudes de philo-
sophie et de r?^îY?"^î/^ (Saint-Pétersbourg, 1843) ; Esquisses
politiques et littéraires (l\m^, 1840). On lui doit égale-
ment une édition de xNonnus de Panapohs (1817) et
quelques vers en français. — Son fils, Alexis-Sergeie-
vitch, s'est fait conuaitre par un Voyage archéologique
dans le midi de la Russie (Saint-Pétersbourg, 1852).
IUr,L. : Al. DE IvRUfîRNSTERX. Prêcis rlu syfitèine, des
pro<rr('fi oi de Vrlal de l'nifitrKction piibliffuc on This^ic :
Saiiit-P(''t('rsbouri2', Ls Kk
OUVE (i;). Biv. du dép. de la Manche (V. ce mot,
rt. xxu, p. 1111]).
OUVE-WiRQUiN. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr.
de Saint-Omer, cant. de Lumbres ; 377 hab.
OUVÉA. Ile de l'Océanie française, de l'archipel Loyauté,
à 45 kil. S.-E. des récifs d'Astrolabe. Superficie, 160 kil. q.;
4.000 hab. C'est un plateau de corail irrégulier, parfai-
tement horizontal. Au S. on trouve le cap Rossel; au
S.-O. s'élève l'îlot de Ouatraio. Il y a deux villages dans
l'île, habités par les Mélanésiens et des Polynésiens. Ou-
véa a été découverte parDumont d'ih'ville en 1827.
OUVÉA (V. Wallis).
OUVEILLAN.Com. du dép. de TAude, arr. de Xar-
bonne, cant. de Gineslas ; 2.566 hab.
OUVERT (Blas.). Se dit d'une construction (|uelcoiique,
château, tour ou maison, dont la porte est d'un émail dif-
férent.
OUVERTURE. I. Architecture.— Terme générique
indiquant tout vide réservé ou pratiqué dans une partie de
construction pour former une baie : porte, fenêtre, œil-de-
bœuf, meurtrière, etc. L'architecture classique astreint à
certaines règles la distribution des ouvertures ou vides,
les rapports qui doivent exister entre les parties pleines
et les parties vides, la régularité et la symétrie avec les-
(juelles doivent être ménagées ces dernières, tandis que
l'architecture du moyen âge et l'architecture de nos jours
ont souvent tiré le plus heureux parti d'une plus grande
liberté prise à ce sujet. — En construction, on appelle
ouverture toute fracture ou fissure qui se produit dans
un ouvrage de maçonnerie, mur plein ou partie de cons-
truction appareillée, et en stéréotomie, on appelle ouver-
txire plate toute baie pratiquée horizontalement au som-
met d'un dôme ou d'un comble pour éclairer les parties
inférieures, telles que la montée d'un escalier ou une ga-
lerie entre des pièces d'apparat. Dans les ouvrages de
menuiserie, on dit qu'une porte ou une croisée ouvrent
en feuillure, à noix ou à gueule-de-loup, suivant le mode
de rencontre des bâtis servant à ouvrir et à fermer cette
ci'oisée. — Pour les règlements administratifs auxquels
sont soumises les ouvertures pratiquées sur la voie pu-
blique, V. l'art. Vue, et pour les ouvertures pratiquées
dans les murs mitoyens ou séparatifs, V. Servitude.
II. Enseignement. — Ouverture d'écoles. — Ecoles
primaires (V. Ensek.ne.ment, l. XV, p. 1147).
Etablissements d'enseignonent secondaire. La ma-
tière est régie, aujourd'hui encore, par la loi du 15 uiars
1850. En principe, l'ouverture d'un établissement privé
d'enseignement secondaire n'est permise qu'aux personnes
de nationalité française, âgées de vingt-cinq ans au moins
et n'ayant encouru aucune des incapacités énumérées dans
l'art. 26 de la loi (condamnation pour crime ou délit con-
traire à la probité ou aux mœurs, privation de tout ou
partie des droits mentionnés en l'art. i2, C. pén., inter-
diction absolue d'enseigner). Les étrangers peuvent être
également admis à ouvrir des établissements d'enseigne-
ment secondaires; mais il leur faut, outre la réunion des
conditions exigées des Français, une autorisation préa-
lable, qui est accordée par le ministre de l'instruction pu-
blique, après avis du conseil supérieur, et qui est révo-
cable dans la même forme (décr. 5 déc. 1850). Français
et étrangers font, antérieurement à l'ouverture, une décla-
ration à l'inspecteur d'académie du département où ils
veulent s'étabhr, lui désignent le local, lui indiquent les
professions qu'ils ont exercées pendant les dix années pré-
cédentes et déposent entre ses mains les pièces suivantes :
7i:î —
OUVERTURE — OUVIRA
l'' un rortificat do stage constatant qu'ils ont rempli pen-
dant cinq années au moins les fonctions de professeur ou
de surveillant dans un établissement d'enseignement se-
condaire public ou bbre ; 2° soit le diplôme de bachelier,
soit un brevet de capacité délivré par un jury spécial dont
les membres sont désignés, pour chaque dé{)artement, par
le ministre (ou, pour les étrangers, une déclaration mi-
nistérielle d'équivalence de leurs brevets ou diplômes na-
tionaux, ou encore, s'ils se sont fait connaître par des
ouvrages dont le mérite a été constaté par le conseil su-
périeur ou s'il s'agit d'établissements uniquement destinés
à des étrangers résidant en France, une dispense minis-
térielle de tous brevets ou grades); 3^ le plan du local;
4^ l'indication de l'objet de l'enseignement. L'inspecteur
d'académie donne avis du dépôt au préfet du département
et au procureur de la République de l'arrondissement. Pen-
dant le mois qui suit le dépôt, chacun de ces trois fonc-
tionnaires peut former opposition à l'ouverture devant le
conseil académique, soit dans l'intérêt des mœurs pu-
bliques, soit dans celui de la santé des enfants. L'opposi-
tion est motivée et signée de son auteur. Elle est déposée
ail secrétariat de l'académie et notifiée à l'intéressé, à la
diligence du recteur. Le conseil académique statue, dans
la quinzaine, l'intéressé dûment convoqué. Le jugement
est notifié dans le mois aux deux parties. Dans les quinze
jours de cette notification, appel peut être interjeté de-
vant le conseil supérieur de l'instruction publique. Si, dans
le mois à partir du dépôt des pièces, aucune opposition
n'a eu lieu, ou si dans les quinze jours du jugement reje-
tant l'opposition, appel n'a pas été interjeté, le postulant
peut immédiatement ouvrir l'établissement sans autorisa-
tion ni avertissement aucun. Mais, s'il ne remplit pas les
conditions exigées, si par exemple il n'a pas l'âge, s'il a
été condamné, etc., il est passible d'une amende de 100
à 1.000 fr. ; en outre l'établissement est fermé. La peine
est de i.OOO à 3.000 fr. d'amende et de quinze jours à
un mois de prison en cas de récidive, ou si le postulant
a ouvert l'établissement avant ([u'il ait été statué sur
l'opposition à lui notifiée, ou s'il l'a fait contrairement à
la décision qui aurait accueilli celle-ci. Exceptionnellement,
les ministres des différents cultes peuvent, aux termes de
l'art. 66, § 3 de la loi, donner l'instruction secondaire à
quatre jeunes gens se destinant aux écoles ecclésiastiques,
sans être soumis aux prescriptions de ladite loi et sous
la seule condition de faire au recteur une déclaration
préalable. Le conseil académique est chargé de veiller à
ce que le chiffre de quatre élèves ne soit pas dépassé.
L'ecclésiastique qui en réunirait davantage semble devoir
être considéré comme ayant ouvert un établissement
d'enseignement secondaire sans autorisation et être pas-
sible des peines précédemment énoncées; toutefois, dans
le silence de la loi, cette solution est contestée.
Quant aux petits séminaires, bien qu'ils constituenl,
en réalité, de véritables écoles secondaires, ils sont sou-
mis à un régime spécial. Un décret d'autorisation est né-
cessaire pour leur ouverture (1. 15 mars 1850, art. 70),
mais l'évêque est, aux yeux de l'autorité, leur seul chef
ou directeur responsable, et il n'est pas nécessaire qu'ils
aient à leur tête un bachelier et que celui-ci ait fait un
stage. Le conseil supérieur de l'instruction publique a dé-
cidé, au surplus, à plusieurs reprises, que les petits sé-
minaires doivent, en raison de leur caractère particulier,
être distingués, à tous égards, des étabhssements d'ins-
truction secondaire, publics ou libres, et que, par exemple,
le stage exigé pour l'ouverture d'un de ces derniers éta-
blissements ne peut avoir été accompli dans les premiers
(V. Séminaire). L. S.
III. Musique. — Pièce de musique instrumentale qui
sert de préface aux opéras de divers genres ainsi qu'aux ora-
torios et aux ballets. Avant Lully, qui peut en être regardé
comme l'inventeur, quelques mesures d'une introduction
nommée Sinfonia ou Toccata précédaient seules le com-
mencement de l'action scénique dans les opéras italiens
Lully détermina la forme de Fouverture en la composant
d'une entrée en mouvement lent, suivie d'un mouvement
vif écrit le plus souvent en style fugué, après quoi reve-
nait le tempo primitif. Cette coupe d'ouverture fut géné-
ralement adoptée {)ar les contemporains et les successeurs
immédiats de son inventeur, Ha'ndel et Purcell entre
autres. Il appartenait à Gluck de lier pins étroitement la
préface à l'ouvrage en la faisant servir, ainsi qu'il le dit
lui-même, « à préparer l'auditoire à Faction de la pièce ».
Mozart élargit encore, sinon le principe de Gluck, du
moins les conséquences qui en découlaient, et on peut
signaler comme une innovation l'insertion d'un passage
de son opéra l'Enlèvement an Sérail dans l'ouverture
(jui le précède. A ce point de vue, celle de Don Juan est
encore plus caractéristique. Quant aux Noces de Figaro
et à la Flûte enchantée, leurs préfaces instrumentales
sont trop connues pour qu'il y ait lieu d'y insister.
Avec Méhul, le rôle de l'ouverture semble s'agrandir
encore. Celle du Jeune Henri est à elle seule un véritable
chef-d'œuvre. Si elle était due à un de nos contemporains,
il n'aurait pas manqué de l'appeler « la chasse ». poème
symphonique. Cherubini peut être cité à côté de Méhul ;
mais c'est Reetboven qui, rompant avec toutes les for-
mules antérieures, va créer un nouveau genre, où une en-
tière indépendance de coupe s'unira aux conceptions les
plus pathétiques ; il suffira d'en citer, comme exemples,
Coriolan, Egmont et les quatre ouvertures qu'il écrivit
successivement pour Fidelio. Weber, dans les immortelles
ouvertures du Freyscliiltx,, A'Ohéron et à'Euryanthe, a
employé les thèmes principaux de ces opéras en les grou-
pant avec un art consommé et une incomparable entente
du pittoresque.
Meyerbeer a tantôt composé des ouvertures dévelop-
pées, telles que celles de V Etoile du Nord et du Par-
don de Ploërmel (cette dernière com])ortant une partie
chorale), tantôt fait précéder ses opéras d'un prélude
assez court lié au commencement du premier a('te {les
Huguenots , V Africaine, etc.).
De même Wagner a écrit pour ses pi'emiers ouvrages
{Hienzi, le Vaisseau Fantôme, Tannhduser) des ou-
vertures proprement dites synthétisant les principaux
traits de l'action dramatique. Plus tard, il a écrit des pré-
ludes {Tristan et Ysenlt, Parsifal, etc.). Toutefois, les
Maîtres chanteurs sont précédés d'une longue et magni-
fique ouverture qui se soude au début de la pièce.
Indépendamment de son acception originelle et nor-
male sous laquelle nous venons de l'envisager en en retra-
çant brièvement l'historique, le terme d'ouverture a été
également appHqué à des pièces symphoniques dont la
conception se rattachait, dans l'esprit du compositeur, à
un personnage, à un fait ou à un lieu déterminé. Telles
sont les ouvertures dites deconcerl de Mendelssohn {liutf-
Hlas, la Belle Mélusine, la Grotte de Fingal, etc.).
de Rerlioz {les Franc i- Juges), de Schumann {Hermann
et Jiorothée, Jules César, etc.). René Rrancolu.
OUVÈZE. Riv. dudép. de la Drame (V. ce mot, t. XÏV,
p. 1122).
OU VIL LE. Com. du dép. de la Manche, arr. de Cou-
tances, cant. de Cerisy-1 a-Salle ; 694 hab.
G UVILLE-l' Abbaye. Com. du dép. de la Seine-Infé-
rieure, arr. d'Yvetot, cant. d'Yerville ; 545 hab.
OUVILLE-LÂ-RiKN-TouRNKE.Com. du dép. du Calvados,
arr. de Lisieux, cant. de Saint-Pierre-sur-Dives ; 239 hab
OUVILLE-LA-RiviÈRi:. Com. du dép. de la Seine-Infé-
rieure, arr. de Dieppe, cant. d'Offranville ; 599 hab.
OUVINZA. Pays de l'Afrique orientale allemande, à l'E.
du Tanganyika, arrosé par le Malagarasi et dont les ha-
bitants exploitent les mines de sel qu'ils vendent du Lou-
laba au lac Victoria, et les mines de cuivre avec lequel
ils fabriquent des armes et des instruments.
OUVIRA. Pays de l'Afrique, Etat du Congo, au N.-O.
du lac Tanganyika. Les habitants fabriquent des objets en
fer, des calebasses, de la vannerie.
OUVIRANDRA — OUVRARD
— 714 —
OUVIRANDRA {Ouvirandra Oup.-TJi.). I. BorAMQUE.
— Genre de Nymphéacées-Aponogétées, très voisin des
Aponogeion (V. ce mot), dont il ne se distingue que par
les feuilles élégamment fenètrées, par suite de l'absence
de parenchyme dans l'intervalle des nervures.
IL Horticulture. — Ces singulières ])lantes aquatiques
se cultivent en serre ou dans h-s eaux des climats cliauds.
Elles se plaisent dans les eaux limpides et bien aérées.
OUVRAGE. I. Fortification. —- On appelle oia'rm/(?5,
d'une façon générale, toutes sortes de travaux de fortifi-
cation isolés (V. Abri, Fort, Forteresse, Fortification,
IiETRÂNCHEMEN-T, Tranchée-arri, etc). Plus Spécialement,
on désigne, sous les noms d'onirages à corne (V. Corne),
d'ouvrages à couronne (Y. Couronne), d'ouvrages de
compagnie (V. ci-dessous), certains travaux de défense
d'un caractère spécial et d'une disposition parficulière.
Ouvrage de compagnie. — Destiné à renforcer une po-
sition isolée ou un point important d'une ligne de défense,
il a, le plus souvent, la forme d'une demi-redoute. Les
faces du front de tête, relativement trcs développées,
ont une longueur de 60 m. environ, de façon à pouvoir
abriter trois sections, sur deux rangs, h raison de 0'^,70
de crête par homme, la quatrième section, en réserve,
se tenant, à une vingtaine de mètres en arrière, dans
une tranchée renforcée (V. ïranchée), parallèle au iront
de tête. Cette tranchée, avec deux portions de tranchée
normale, de 45 à 20 m. de longueur, rattachées aux
extrémités des flancs, assure éventuellement la défense
de la gorge. La longueur respective et la position des faces
et des tlancs peuvent, du reste, varier beaucoup suivant
les points à battre et le pks ou moins de risque cl un mou-
vement tournant de l'ennemi. L'épaisseur minimum à
donner au parapet de la partie principale est de 3 m., la
hauteur de la crête au-dessus du terrain naturel de i™, 30;
la terre est prise en avant et en arrière, et les deux exca-
vations sont analogues à celle de la tranchée renforcée ;
une banquette de tir de 0™,50 est ménagée au pied du
parapet. La construction a lieu au moyen des outils de
parc. Elle est menée comme celle de tranchées. Pour un
ouvrage de compagnie de iOO m. de développement de
crête, avec deux' tranchées-abris normales de gorge de
47 m. chacune et une troanchée renforcée d'une vingtaine
de mètres, il faut 360 hommes, 206 pelles, 403 pioches,
50 outils portatifs (40 bêches et 40 pioches) et, au mini-
mum, deux heures de travail continu. On doit donc y em-
ployer deux compagnies. Si l'on ne dispose que d'une
seule, on ne creuse d'abord que le fossé intérieur ; on a
ainsi au bout de deux ou trois heures un ouvrage suscep-
tible d'une certaine résistance et, après un repos d'une
demi-heure, on le complète, si les circonstances le per-
mettent, en creusant le 'fossé extérieur. On construit
aussi des groupes d'ouvrages constitués par un ouvrage
principal et des ouvrages secondaires, tels que tranchées-
abris, les unes en avant, les autres sur les cotés. On
place trois sections dans l'ouvrage principal et une demi-
section dans chacune des tranchées-abris de droite et de
gauche. Pour un bataillon, un groupe d'ouvrages peut
comprendre : deux ouvrages de compagnie séparés par un
intervalle de 250 à 300 m., garnissant le front de la po-
sition; en arrière de l'intervalle, deux tronçons de tran-
chées de 75 m. environ de développement total ; en ar-
rière encore, une tranchée renforcée de même longueur ;
sur le flanc extérieur de chacun des grands ouvrages une
tranchée-abri.
II. Métallurgie. — L'ouvrage est la partie d'un haut
fourneau qui s'étend depuis la naissance des étalages jus-
qu'aux tuyères. Parfois on désigne par extension sous le
nom d'ouvrage toute la parlie inférieure du fourneau jus-
qu'à la sole. Les faces de l'ouvrage où sont placées les
tuyères se wommmicostières. La hauteur de l'ouvrage est
en général de 4/7® à 4/8® de la hauteur du haut fourneau.
Si on augmentait cette dimension, la qualité de la fonte
produite pourrait en souffrir et les étalages seraient, en
outre, promptement défruits. En la diminuant, on n'ob-
tiendrait qu'une fusion imparfaite, il faut tenir compte éga-
lement dans les proportions de l'ouvrage, de la nature des
charbons employés et des minerais traités ; ainsi, pour des
minerais réfractaires fondus avec peu de vent, il y a avan-
tage à faire usage d'ouvrages hauts et rétrécis pour mieux
concentrer la cbaleur. Pour faciliter la descente des charges,
il est nécessaire de donner à l'ouvrage un évasement à sa
partie supérieure (4/3 ou 4/4 de plus qu'au niveau des
tuyères). On donne généralement aux ouvrages une forme
rectangulaire ou ovale, qu'on raccorde par des parties
courbes et des angles arrondis aux étalages qui sont à sec-
tion circulaire. Comme l'ouvrage est une des parties les plus
importantes du haut fourneau, il faut apporter beaucoup de
soin dans le clioix des matériaux employés dans sa construc-
tion. On fait généralement usage de grosses briques réfrac-
taires ou de blocs de grès de fortes dimensions pour diminuer
autant que possible le nombre des joints. IC. Magun.
OUVRARD (Gabriel-Julien), fuiancier français, né près
de Chsson (Loire-Inférieure) le 44 oct. 4770, mort à
Londres en oct. 4846. Fils d'Olivier Ouvrard, propriétaire
de papeteries, il fut élevé aux collèges de Clisson et de
Beaupréau, entra à dix-huit ans chez Guertin, négociant
en denrées coloniales, à Nantes, s'associa tout de suite
avec lui, et en 4789, se sentant déjtà mûr pour les spé-
culations, traita sa première opération : ayant pressenti
que les événements politiques allaient donner lieu à une
consommation exceptionnelle de papier, il acheta d'avance
tout ce que les manufactures dn Poitou et del'Angoumois
pourraient fabriquer pendant deux ans et gagna du coup
plus de 300.000 fr. Il continua, durant la Révolution, ses
accaparements sur d'autres matières, fut même un ins-
tant, en 4793, dénoncé cà Carrier, ne lui échappa que
grâce à un subterfuge, vint, après le 9 thermidor, à Pa-
ris, épousa, vers le même temps, la fille d'un des plus
riches commerçants de Nantes, M. Tébaud, et, mis inci-
demment en rapport avec le gouvernement, alors aux
prises avec de grandes difficultés financières, lui offrit
d'abord ses conseils, puis son concours pécuniaire. En
4797, il soumissionna le service des subsistances de la ma-
rine, avec le titre de munitionnaire général, réalisa aus-
sitôt, avec l'approvisionnement de la seule flotte espa-
gnole raUiée à la nôtre, un bénéfice de 45 à 46 miUions,
et, durant la campagne d'Egypte, prêta à Bonaparte
10 millions; mais il lui en refusa 42 après le 4 8 bru-
maire, dans son dépit de voir écarter pour la seconde
fois un grand plan de réformes financières qu'il lui avait
présenté, fut une première fois arrêté en 4800, sous un
prétexte mal connu, puis après une perquisition sans ré-
sultat, simplement gardé en surveillance, et, redevenu
bientôt le banquier du premier consul, en même temps que le
soumissionnaire des fournitures de l'armée, vit s'accroître sa
fortune dans des proportions colossales, au point qu'en 480 i
le gouvernement lui devait 68 millions, que le 4 avr. de la
môme année il offrait au ministre des finances, Barbé-
Marbois, 50 millions, le 8 juin 450 autres millions sur les
obligations des receveurs généraux, et qu'en 4805 il traitait
[tour le service général do tous les besoins du trésor du-
rant l'exercice suivant : environ 400 milUons. Concur-
remment avec ces opérations, il signait en Espagne, avec
Cbarles IV, un acte de société pour l'exploitation du nou-
veau monde sous la raison Ouvrard et C^*^ et procurait en
outre à ce prince des ressources inespérées en obtenant de
Pie YIÏ l'autorisation de vendre les biens du clergé contre
remboursement en inscriptions de rente. Cependant son
étoile pâhssait; Napoléon, que son génie financier humi-
liait, n'avait jamais eu recours à lui que contraint, et il
guettait l'occasion de lui faire sentir le poids de sa toute-
puissance. Le 48déc. 4806, un décret déclarait Ouvrard
détenteur et débiteur solidaire de 87 millions, portés
ensuite à 444 millions, pour obfigations confiées par les
receveurs généraux à Desprez, banquier de la cour, con-
sidéré comme son associé. La restitution immédiate fut
715
ODVRARD — OUVRIER
exigée et Ouvrard, engagé dans ses gigantesques spécula-
tions, dut déposer son bilan (31 déc. 1807), en même
temps que Vanlerbeghe, son cosoumissionnaire dans
plusieurs affaires. Ils obtinrent, le 26 oct. 1808, un con-
cordat homologué lel2 janv. 1809, et les créanciers furent
intégralement désintéressés. Au mois de juin 1809, Ou-
vrard fut, pour la seconde fois, arrêté comme garant d'une
somme de 1 million et demi de piastres que le roi d'Es-
pagne n'avait pas remboursée. Remis en liberté sous cau-
tion avec injonction de ne pas sortir do France, puis
sollicité par le ministre de la police Fouché d'aider à né-
gocier la paix avec l'Angleterre, il fut impliqué dans la
disgrâce de ce dernier, arrêté à nouveau par son succes-
seur, le duc de Rovigo, et conduit à l'Abbaye, puis au
donjon de Vincennes et, finalement, à Sainte-Pélagie. En
oct. 1813, après trois années et demie d'une détention
distraite par de nombreuses visites, il fut relâché, sous
condition de rester à la disposition de la police, redevint,
sous les Cent Jours, le banquier de Napoléon et assista
même, comme munitionnaire général, à la bataille de
Waterloo. En 1817, il eut la satisfaction de voir adopter
par le duc de Richelieu, alors au pouvoir, son grand
projet de réforme financière, autrefois rejeté par le pre-
mier consul : grâce à ce système, qui constituait, sur des
bases nouvelles, le crédit pubHc, les indemnités promises
aux puissances aUiées purent être facilement payées et
l'ordre enfin introduit dans le fonctionnement des divers
services. En 1820, la régence d'Urgel lui fit demander deux
ou trois cent mille francs ; il offrit 400 milHons en stipulant
que la régence prendrait le titre de régence d'Espagne,
qu'elle serait reconnue par le Congrès de Vérone ou par la
France et que toutes les sommes à lui redues par l'Espagne
entreraient en compte dans celle à verser. Le traité fut conclu
(1^^* nov. 18^22), mais la France refusa de reconnaître la
régence. En 1823, il obtint la fourniture générale de l'ar-
mée française d'occupation en Espagne : marchés de
Rayonne (5 avr.) et marchés de Madrid (26 juilL). L'opé-
ration fut signalée à la Chambre comme ayant été très
onéreuse pour le trésor (1824) ; une enquête fut ordon-
née, les scellés furent apposés sur les papiers d'Ouvrard,
mis en détention préventive (1825), et ce ne fut plus pour
lui, durant cinq années, qu'une longue suite de procès,
qui eurent un retentissement considérable et qui se dérou-
lèrent devant toutes les juridictions : civile, criminelle et
commerciale. De 1830, où il sortit de Sainte-Pélagie,
jusqu'en 1833, on n'entendit plus parler du célèbre finan-
cier. 11 eut, à cette dernière date, deux nouveaux procès,
l'un avec Desprez, l'autre avec un banquier d'Amsterdam,
fut même arrêté à La Haye, puis mis hors de cause, et
en 1841 fut renvoyé, de même, des fins d'une plainte en
diffamation portée contre lui par un agent de change. Il
vécut ensuite dans la plus profonde retraite. Il a publié
plusieurs mémoires sur des questions de finances et d'ad-
ministration. On lui doit aussi une sorte d'autobiographie
fort intéressante : Mémoires de G,-J. Ouvrard' sur sa vie
et ses diverseslopérations financières (Paris, 1826, 3 vol. ;
3^ éd., 1827).^— Son fils, Jw/es (1799-1861), a été
longtemps conseiller général de la Cùte-d'Or, puis, sous
l'Empire, député au Corps législatif, où il jouit d'une
certaine réputation comme membre de la commission du
budget. ^ L. S.
OUVRÉ (André-Félix), député français, né à Paris le
23 mai 1852. Riche propriétaire et commerçant (sucre,
bois, etc.), il fut élu député de Fontainebleau en 1889,
1893, 1898. Il est républicain modéré.
OUVREAU (Techn.) (V. Verre).
OUVRERIE. Dignité établie dans quelques chapitres.
Les fonctions des titulaires consistaient à prendre soin de
l'entretien et des réparations de l'Eglise.
OUVREUSE (Filât.). Le travail de la filature des laines
et des cotons début<3 par un battage que l'on fait subir à
ces matières, afin d'ouvrir et de désagréger les masses qui
se sont formées à la suite de l'emballage sous forte pres-
sion que nécessite leur transport depuis les lieux de pro-
duction. Pour les laines, ce battage s'effectue au moyen
de machines auxquelles on doinie le nom iVouvreuses ou
de loups, et qui consistent en une enveloppe cylindrique,
dans laquelle tourne rapidement un volant constitué par
un cylindre armé de dents. La laine, introduite par une
extrémité de l'enveloppe, est rencontrée, agitée et battue
par les dents du volant, et en même temps, en raison de
la disposition de ces dents, entraînée vers l'autre extrémité
de la machine, par laquelle elle est rejetée. Une partie de
l'enveloppe est formée par une grille, entre les barreaux
de laquelle s'échappent les poussières. Dans le travail des
cotons, l'opération est répétée plusieurs fois : la machine,
qui agit d'abord en rejetant le coton encore sous la forme
de flocons, prend le nom d'ouvreuse, tandis que celles qui
interviennent ensuite et qui rassemblent la matière tra-
vaillée sous forme de nappes reçoivent celui de batteurs.
Pour les cotons ordinaires et courts, les ouvreuses sont
constituées par une enveloppe conique, formant grille, et
renfermée dans une seconde enveloppe complètement fer-
mée. Un volant, concentrique à la première de ces enve-
loppes et armé de dents sur sa surface latérale, est animé
d'un mouvement de rotation rapide. Le coton, introduit par
un conduit à la partie inférieure de l'enveloppe est rencontré
par les dents du volant, et agité et beattu par elles, en même
temps qu'il est entraîné de bas en haut par un courant
d'air provoqué par un ventilateur. Arrivé à la partie supé-
rieure de l'enveloppe et toujours entraîné par le courant
d'air, le coton s'échappe vers un tambour métallique à pa-
rois perforées, qui détermine sa sortie hors de la machine.
Les poussières qui se dégagent s'accumulent entre les deux
enveloppes ou s'échappent à travers le tambour métallique
et le ventilateur.
Ces machines ne conviennent pas aux cotons longs. Les
ouvreuses qu'on leur applique sont analogues aux batteurs,
dont elles ne diffèrent que par leurs volants, qui, au
lieu d'être armés de règles, sont constitués par des
tambours garnis de dents. L'entraînement de la matière à
travers la machine, ainsi que sa sortie, est déterminé,
comme dans les batteurs, par un courant d'air provoqué
par un ventilateur et agissant par l'intermédiaire d'un
tambour métallique à parois perforées. P. Goguel.
OUVRIÉ (Pierre-Justin), peintre et lithographe français,
né à Paris le 9 mai 1806, mort à Rouen le 21 oct. 1879.
Elève d'Abel de Pujol. Il voyagea beaucoup en France, en
Angleterre, en Allemagne, en Italie, dessinant tout le long
de sa route. Il a peint un grand nombre de vues, souvent à
l'aquarelle. On citera parmi ses tableaux : les funérailles
de Shelley (1831); le Grand Canal a Venise (1833);
la Cathédrale de Chartres et la Place de Royat (1837) ;
la Cour du château de Fontainebleau (1842) ; So-
nierset'IIouse (1850) ; le Château de Pierre fonds (1865).
Ouvrié a exécuté plusieurs copies pour le musée de Ver-
sailles. Il a fait des lithographies d'après ses tableaux.
OUVRIER. I. Technologie (V. Corporation).
ÎL Législation industrielle (V. Travail).
IIÏ. Armée. — Sections de commis et ouvriers mili-
taires d'administration. — Les commis et ouvriers mi-
litaires d'administration forment, avec les secrétaires
d'état-major et du recrutement et les infirmiers militaires,
les troupes d'administration. Ils sont chargés : 1° du
service des écritures dans les bureaux des fonctionnaires
de l'intendance et des comptables des divers établisse-
ments militaires ; 2^ des travaux d'exploitation dans les
manutentions militaires, le service des fourrages et celui
de l'habillement. Ils sont groupés pour le commandement
et l'administration en 25 sections : une dans chacun des
dix-neuf corps d'armée à l'intérieur, une dans chacune
des trois division de l'Algérie et trois dans les gouverne-
ments de Paris et de Lyon. Chaque section est commandée
par un officier d'administration assisté de deux ou
trois officiers ou élèves d'administration (1®^, 2®, 3® ad-
joints à la section) ; elle a un cadre spécial d'hommes de
OUVRIER
7 16 -
troupe (sergent-major, sergent- fourier, caporaux et sol-
dats), qui seconde son commandant dans tous les
détails ; elle s'administre comme corps de troupe organisé
sous forme de compagnie ; elle est placée pour la disci-
pline, lexécution du service, etc., sous Tautorité des
fonctionnaires de Tintendance, le sous-intendant ayant
les droits d'un chef de corps, les intendants ceux d'un
général de brigade ou de division, suivant leur grade.
Les sections se recrutent exclusivement par voie d'appel
sur chaque contingent annuel, parmi les conscrits ayant
des connaissances spéciales et munis, pour les emplois de
commis aux écritures, de boulanger, de boucher, de
mécanicien, d'électricien, d'un certificat d'aptitude pro-
fessionnelle qui doit être, pour les commis, délivré par
un fonctionnaire de l'intendance, pour les autres, visé et
accepté par lui. Tous sont d'abord dirigés sur les sections,
oii ils reçoivent, pendant trois mois, l'instruction militaire
indispensable. Ils sont ensuite détachés dans les bureaux
et établissements. Leur hiérarchie est la même que dans
les autres corps de troupe d'infanterie. Ils concourent
entre eux, dans chaque section, pour les grades de ca-
poraux et de sous-officiers, suivant deux catégories :
P'^ catégorie, commis aux écritures de bureaux de Fin-
tendance et commis du service d'exploitation; 2^' catégorie,
ouvriers d'art, ouvriers d'exploitation et ouvriers de pro-
fessions diverses (meuniers, boulangers, bouchers, bot-
teleurs, tonneliers, fondeurs, mécaniciens, électriciens,
menuisiers, ferblantiers, voiliers, emballeurs, etc.). Leur
instruction professionnelle est complétée dans une école
de mécaniciens, créée à Paris, quai de Billy, et dans des
cours théoriques faits pour les hommes des cadres dans
huit centres d'instruction régionaux. La solde est la môme
que dans l'infanterie, sans supplément. L'effectif de chaque
section est fixé, au commencement de l'année, par le mi-
nistre de la guerre, suivant les besoins des divers corps
d'armée. L'effectif total, prévu au budget de 1899, est de
8.720 hommes, non compris les officiers (1.167 sous-
officiers, 7.553 caporaux et soldats).
Compagnies d'ouvriers d'artillerie. — Chargées, dans
les arsenaux, de la construction de la partie du matériel
de l'artillerie, du génie et du train des équipages, dont
la confection n'est pas confiée à l'industrie civile, elles
font partie des troupes d'artillerie. Elles sont au nombre
de 10, ayant chacune la composition ci-après : 1 capi-
taine-commandant, 1 capitaine en second, 1 lieutenant
en premier, 1 lieutenant en second (oui sous-lieutenant),
10 maréchaux des logis, dont 1 chef et 1 fourrier, 8 bri-
gadiers, dont 1 fourrier, 12 maîtres-ouvriers, 21 trom-
pettes, l'un tailleur et l'autre cordonnier, et au minimum
IdO soldats. Le nombre de ces derniers peut être élevé
jusqu'à 300, et il y a alors, par chaque augmentation de
20, A gradés en plus et, pour l'ensemble, un cinquième
officier. Les officiers de la compagnie d'Algérie sont
seuls montés. La solde est la même que dans les autres
corps de l'artillerie. L'effectif total prévu au budget de
1899 est de 3.190 hommes (50 officiers, 152 sous-oi-
ficiers, 2.988 brigadiers et soldats).
Ouvriers d'état. — Ils sont chargés, dans les établis-
sements de l'artillerie et du génie, sous les ordres di-
rects du chef de l'établissement, du détail des travaux et
font fonctions de chefs ou de sous-chefs d'ateliers. Em-
ployés militaires au même titre que les gardes d'artillerie,
contrôleurs d'armes et gardiens [de batterie, ils ont
rang d'adjudant et, nommés par le ministre, qui peut les
rétrogader ou les casser, sont soumis aux lois et règle-
ments qui régissent l'armée active. Ils sont, dans l'artil-
lerie au nombre de 210, 105 de 2^ classe et 105 de
1^*^ classe. Ceux de 2® classe sont choisis parmi les sous-
officiers de l'arme comptant six années de service, parti-
culièrement parmi ceux des compagnies d'ouvriers (V.
ci-dessus), ceux de l^'*^ classe, parmi les ouvriers de
2*^ classe comptant au moins trois ans dans cet emploi et
parmi les maréchaux-des-logis chefs et les adudants
ayant six années do services. Les ouvriers d'état de 1^^
classe peuvent concourir pour les emplois de gardes d'ar-
tillerie. Dans le génie, il n'y a que six ouvriers d'état,
tous chefs d'atehers. Ils se recrutent parmi les sous-of-
ficiers du génie ayant au moins six ans de .service, dont
trois comme sous-ofticiers. Us ont, comme ceux d'artil-
lerie, rang d'adjudant. La solde nette est, dans l'artillerie
et dans le génie, de 5 fr. 30 par jour pour lai ''^classe et
de 4 (r. 80 pour la 2^ classe, plus, éventuellement, une
indemnité de rassemblement de 20 à 80 cent.
Ouvrier^ civils des étarlissements militaires. — Le
personnel ouvrier est fourni dans les étabHssements mili-
taires par les compagnies d'ouvriers d'artillerie ou d'arti-
ficiers, par les ouvriers de batteries, par des travailleurs
détachés du régiment d'artillerie et des autres corps,
enfin par des ouvriers civils. La situation de ces derniers
offre de notables différences, suivant qu'il s'agit d'arse-
naux, d'ateliers de construction, de fonderies, de manu-
factures d'armes ou de poudreries, tantôt attachés d'une
manière fixe à l'établissement, avec pension de retraite,
tantôt embauchés au même titre que les ouvriers d'une
entreprise quelconque et simplement payés à la journée,
suivant les prix moyens de la localité.
Sectioîss d'ouvriers de chemins de fer. — La loi du
13 mars 1875 et le décret du 5 févr. 1889 ont prescrit
l'organisation, en vue de la mobilisation, de sections d'ou-
vriers de chemins de fer avec les ressources en personnel
des grandes compagnies (volontaires et hommes assujettis
au service militaire). Elles seront chargées, en temps de
guerre, concurremment avec les régiments de sapeurs de
chemins de fer (V. Génie), de la construction, de la répa-
ration et de l'exploitation des voies ferrées dont le service
n'est pas assuré par les compagnies elles-mêmes. Ilest cons-
titué, dès le temps de paix, neuf sections numérotées
de 1 à 9, qui ont leur hiérarchie propre, sans assimila-
tion, et dont le commandant, directement subordonné à
la commission des chemins de fer de campagne, a les pou-
voirs d'un chef de corps. Chaque section comprend, outre
un service central, trois services distincts : mouvement,
voie, traction, comprenant chacun trois subdivisions. Le
personnel (1.200 hommes environ) se divise en agents
supérieurs (commandants de section, chefs de service,
sous-chefs de service de 1'^ et 2*^ classe, employés prin-
cipaux de 1'"^ et 2^ cl.) et agents secondaires (employés,
chefs ouvriers, sous-chefs ouvriers, premiers^ouvriers, ou-
vriers). 11 est soumis à toutes les obligations militaires et
jouit de tous les droits des belligérants.
Maîtres ou^RIERS et ouvriers des corps de troupe. —
Il existe dans chaque corps de troupe, indépendamment
des tailleurs et des cordonniers de compagnie, des ateliers
des différents corps de métier : armurier, tailleur, cor-
donnier, sellier (dans la cavalerie seulement); les ouvriers
en sont recrutés parmi les liommes en activité de service
(soldats de la section hors rang et soldats détachés des
compagnies) et ils ont à leur tête un maître ouvrier,
commissionné el pourvu du grade de caporal ou de briga-
dier, sauf le chef armurier qui a une situation à part
(V. armurier). Les maîtres ouvriers sont autorisés, en
dehors du service normal, à confectionner des effets d'u-
niforme, à des prix librement dél)attus, pour tous les of-
ficiers et employés militaires de l'armée active, de la
réserve et de l'armée civile, et des effets civils pour ceux
de l'armée active seulement. Ils peuvent y employer des
ouvriers civils, mais en dehors des ateliers du corps. Ils
ne peuvent ni soumissionner à des adjudications, ni avoir
une chentèle civile, ni faire de la publicité. Si le corps
est fractionné, le commandant de corps d'armée place, à
son choix, à la portion active ou à la portion centrale, le
maître-tailleur et le maître-cordonnier.
Sapeurs ouvriers d'art (V. sapeur).
lY. Histoire religieuse. — Ouvriers pieux (appe-
lés par les Italiens PU opérai). — Ongrégation de
prêtres fondée par Charles Carafa, né en 1561, d'une
— 717
OUVRIER — OL-WANG
des plus illustres maisons du royaume de Naples. Ils
sont employés aux missions. Quoiqu'ils ne fassent point
de vœux, ils vivent à la manière des religieux les plus
austères, observant une exacte pauvreté, ne portant point
de linge, couchant sur des paillasses, et s'administrant
la discipline deux jours par semaine. Leur maison-mère
est à Rome. Ils sont gouvernés par un général et quatre
consulteurs élus tous les trois ans.
V. Politique. — Parti ouvrier (V. Collectivisme,
t. XI, p. 949 et Socialisme).
Cercles d'ouvriers (V. Cercles catholiques, t. X, p. 1 7).
OUVRIER (Antoine-Victor), homme politique français,
né à Paris le 20juill. 1840. Docteur en médecine en 1869,
il alla s'établir à Mur-de-Barrez (Aveyron), devint maire de
cette localité et conseillergénéral du département. Lors des
élections sénatoriales du 7 janv. 4894, il fut porté comme
candidat républicain et élu par 493 voix sur 798 votants.
OUVRIÈRES. I. Economie sociale. — Associations
OUVRIÈRES (V. Coopération).
II. Entomologie (V. Abeille et Fourmi).
OUVROIR. On appelait ou wo/r, au moyen âge, la salle
dans laquelle les femmes se réunissaient pour travailler.
C'était aussi, dans les couvents de femmes, le lieu où les
religieuses se livraient, à certaines heures, à des travaux
d'aiguille. Par la suite, quelques communautés établirent
pour des femmes sans travail de petits ateliers, où celles-
ci trouvaient le feu, la lumière, quelquefois la nourriture,
et qui prirent le même nom. Ce fut l'origine des ouvroirs
modernes. Ouverts dans les grandes villes, principalement
à Paris, par les congrégations religieuses et aussi par
quelques sociétés charitables, ils ne sont, dans la plupart
des cas, qu'une dépendance, souvent même l'organe vital
à' orphelinats (V. ce mot). Des jeunes fdles pauvres, orphe-
lines ou non, quelquefois aussi des femmes, y sont employées,
moyennant le logement, la nourriture, et, lorsqu'elles sont
devenues très habiles, un salaire de quelques sous par
jour, à des occupations diverses, le plus habituellement
à des ouvrages de lingerie, qui, grâce aux conditions spé-
ciales de fonctionnement de ces établissements, aux libé-
ralités dont ils sont l'objet, aux loteries et aux ventes de
charité qu'ils organisent, sont ensuite livrés au commerce
à des prix exceptionnels de bon marché, constituant, pour
les ouvrières véritables, une terrible concurrence. Aussi
l'institution a-t-elle été, au point de vue social, l'objet
de vives critiques. Au point de vue légal, elle rentre dans
la catégorie des établissements particuliers de bienfaisance
et se trouve soumise, comme telle, aux dispositions qui
régissent ces établissements. Il semblerait dès lors qu'une
. autorisa tion administrative fût nécessaire pour l'ouverture
d'un ouvroir (V. Bienfaisance). Mais le conseil d'Etat a
émis récemment un avis différent (14 janv. 189:2), du
moins en ce qui concerne les fondations particulières
n'émanant pas d'associations de plus de vingt personnes
et sauf application des lois spéciales régissant certaines
institutions. Si, au contraire, l'ouvroir est créé par un dé-
partement ou une commune, un décret ou une décision mi-
nistérielle doit, suivant le cas, intervenir, et la dépense être
votée par le conseil général ou le conseil municipal. L'art 43
de la loi du 30 oct. i88G et l'art. 166 du décret du
18 janv. 1887 ont, d'autre part, prévu le cas où des ou-
vroirs et des écoles fonctionneraient simultanément. Lorsque
les jeunes filles admises dans un ouvroir reçoivent, avec
renseignement professionnel, renseignement des salles
d'asile, des écoles primaires ou des écoles d'adultes, l'éta-
blissement est soumis, pour son ouverture et son exploi-
tation, aux formalités imposées pour l'ouverture et l'ex-
ploitation des écoles primaires. C'est l'instituteur à qui est
spécialement confiée la direction de l'école qui doit faire
les déclarations prescrites par les art. 37 et 38 de la loi ; mais
les administrateurs et directeurs sont pénalement respon-
sables. S'il n'y a qu'un très petit nombre d'enfants as-
treints à l'obligation scolaire, le chef de l'établissement
peut être considéré comme donnant l'euseignement en fa-
mille et, conséquemment, dispensé de la déclaration. Quant
aux petits ouvroirs annexés aux écoles primaires, ils se
confondent maintenant, à peu près partout, avec ces écoles
mêmes. Il en était autrefois différemment : c'était, d'or-
dinaire, la feniQie de l'instituteur qui les tenait en dehors
des heures de classe et qui, moyennant une légère indem-
nité, y donnait aux jeunes filles de moins de douze ou
treize ans, fréquentant ou non l'école, les premières leçons
de couture ainsi que quelques notions de ménage. Aujour-
d'hui, il existe dans presque toutes les campagnes une
institutrice, et les travaux manuels sont compris dans les
programmes de l'enseignement. Du resté, ainsi compris,
l'ouvroir est une école d'apprentissage véritable, quoique
rudimen taire, tandis qu'un grand nombre des ouvroirs
annexés aux orphelinats ne visent, sous prétexte d'ap-
prentissage, que le profit industriel, et les enfants, assu-
jettis à une besogne machinale, spécialisée à l'infini, mais
par cela même très productive, en sortent, à vingt et
un ou vingt-deux ans, sans métier réel.
On donne encore, d'une façon générique, le nom d'ou-
vroirs, à tous les ateliers de charité, asiles, refuges, etc.,
où est réalisée, à l'égard des femmes adultes et dans des
conditions fort variables, l'assistance par le travail. La
création de pareils établissements donne lieu, du reste,
dans la pratique, à de très sérieuses difficultés et le nombre
n'en est pas considérable, même à Paris. On peut citer
pourtant, dans cette ville, V Asile-ouvroir Jeanne-d'Arc,
rue Rubens, 10 ; VAsile-ouvrolrGérando, rue Blomet, 82 ;
VAsile-ouvroir Sainte-Marie, rm àiiThéàire, 5*2; l'Hos-
pitalité du travail (œuvre Laubespin-Lefébure), avenue de
Versailles, o2 ; V Ouvroir des Sœurs de Saint- Vincent-de-
Paul, rue Jenner, 39 ; V Ouvroir Saint-Roch, rue du
Marché-Saint-Ilonoré, 32 ; le Petit ouvroir de Saint-
Vincenl-de-Paul, rue du Cherche-Midi, 120 ; les Ou-
vroirs-ateliers des femmes sans travail des IV^, XV'^ et
XVIIP arrondissements (9, rue Saint-Paul, 129 bis, vue
Saint-Charles, et 13, rue Cave), sous le patronage direct
du Comité central des œuvres d'assistance par le travail
(pi. Dauphine, 14) ; la Société d'assistance par le trci-
vail des VUI'' et XV IP arrondissements, 17, rue Sai-
neuve ; V Union d'assistance par le travail du marché
Saint-Germain, 14, rue Montparnasse ; Y Asile tempo-
raire pour femmes protestantes, 48, rue de la Villette ;
le Refuye-ouvroir Pauline-Roland, 35, rue Fessart, etc.
On a établi enfin, dans ces dernières années, principa-
lement à la suite d'un vœu émis, le 5 mars 1891, par
l'Académie de médecine et tendant à la création, dans
chaque département, d'un asile destiné à recevoir les
femmes pendant les derniers mois de leur grossesse, des
mater nités-ouvroirs pour les femmes enceintes ou rele-
vant de couches ; de ce nombre sont V Asile Michelet,
rue de Tolbiac, 225 ; V Asile Ledru-Rollin, à Fontenay-
aux-Roses; le Refuge-ouvroir de l'avenue du Maine,
à la Société de l'allaitement maternel. Inauguré en 1892,
ce dernier possède 40 lits ; le matin, les femmes vaquent
aux soins du ménage et travaillent, dans un atelier dis-
tinct des dortoirs, à l'entretien du linge ainsi que des effets
de la maison ; l'après-midi, elles travaillent encore, mais
pour leur compte, et, le soir, après dîner, à la layette ;
lorsqu'elles sortent, on leur remet le produit de leur tra-
vail. Ailleurs, l'organisation est à peu près analogue ;
nulle part, l'état civil n'est requis et aucune enquête n'est
faite sur les antécédents ou la situation présente des hos-
pitalisées. l^]n province, les plus connues parmi les insti-
tutions de ce genre, qui ont surtout en vue les filles-mères,
sont le Travail réparateur de Nantes et la Samari-
taine de Lyon. L. S.
OUVROÙER-LE^-(^HAMrs. Corn, dudép. du Loiret, arr.
d'Orléans, cant. de Jargeau ; 429 hab.
OU -WANG, empereur de Chine, fils du célèbre ^\en-
Wdiig. Il reçut en héritage de ce dernier la majeure
partie de la Chine actuelle. En 1109 av. J.-C. il détrôna
l'empereur Cheou-Sin. fonda la dynastie des Tcheou et
ou- WANG — OUZOUNLAR
— 748
établit sa capitale à Hao, près de Si-ngaii-foii, dans le
Cheii-si actuel. Ou- Wang créa dans ses Etats le système
féodal. On donne aussi à Ou- Wang le nom du duc de
Tcheou.
OUWAROWITE (V. Grenat).
OUWATER (Albert van), peintre hollandais, célèbre à
Haarlem au xv^ siècle. D'après Van Mander, le peintre
J. Mostaert aurait dit, en 15i4, à Fâge de soixante-dix
ans, qu'il n'avait jamais connu Omvater, ni même son élève
Gérard de Saint-Jean. Celui-ci, mort à vingt-huit ans,
était donc certainement né avant 1 456, et son maître, au
moins dix ou quinze ans auparavant. Toutefois, Van Man-
der exagère sans doute en disant que celui-ci était con-
temporain des Van Eyck. 11 décrit un seul tableau d'Ou-
water, emporté, disait-il, par les Espagnols, les autres
ouvrages du peintre ayant été brûlés lors du siège
de Haarlem en 1473 : c'est une llésurreclion de La-
zare, dans une église romane. Le D^ Bode, infatigable
chercheur, reçut d'un marchand italien la photographie
de ce tableau, qui fut identifié par M. Scheibler, d'après
la minutieuse description de van Mander. Cette œuvre
remarquable appartient, depuis 1890, au musée de Ber-
lin. E. D.-G.
BiJJL. : W. Bode, ])le Auferw.udumg (h's Liizuras
von x\lbcrtOuwaier(Jolirbitcli derK. Prcùss. Kanssisiunin-
liuKjen, 1890, p. 35).
OUYÉNO. Eaubourg de Tofdo (V. ce mot).
GUYSSE. Riv. du dép. du Lot (V. ce mot, t. XXll,
p. S77).
OUZARAMO (V. OusAKAMo).
OUZBEGS, UZBEGS ou EUZBEGS (Etlm.). PeLq:>le
de race turque disséminé dans le Turkestan. Il se ra Hache
aux Ouïgours (V. ce mot). Ils parlent une langue
turque, et l'une de leurs grandes tribus, la treizième d'une
liste dressée par Vanil)éry, porte encore le nom de Oui-
gour. « Leur nom conserve le souvenir de leur chef, le
fameux Ouzbeg Khan, qui porta au plus haut point de
prospérité le royaume de Toman, fondé en 1248 par
Scheibani Khan. Ce royaume passa ensuite sous la
domination de Timour et de ses successeurs ; plus tard il
tomba en décadence et forma la plus grande partie des
khanats de Bokhara et de Khiva qui sont encore main-
tenant sous la domination des Ouzbegs. Ils ont constitué
un des éléments ethniques dominants, depuis l'ancien
territoire des Ouigours, depuis la Kachgarie et peut-
être le Lob-Nor, jusqu'à la mer d'Aral, et depuis l'Afgha-
nistan jusqu'au Balkach. Ils forment encore l'aristocratie
du Turkestan. Ils dominent à Khiva, à Bokhara, à His-
sar. Peu nombreux dans le Sir-Daria, ils sont au
nombre de plus de 140.000 dans le seul district de Zeraf-
chan. Mais partout leurs groupes s'entre-croisent aujour-
d'hui, notamment avec ceux des Iraniens Tadjiks (V. ce
mot). Ils se mêlent à ceux-ci, et sont encore souvent con-
fondus sous le nom de Sartes (V. ce mot). On les dis-
tingue donc surtout à cause de leurs goûts invétérés de
nomades, goûts en raison desquels, même lorsqu'ils ont
des maisons, ils préfèrent habiter la tente dressée dans
leur jardin. Leurs caractères varient suivant les régions et
les croisements subis. M. de Ujfalvy a cru devoir donner
la description ci-dessous de ce qu'il appelle le type uzbeg
pur : taille moyenne ; corps très rarement gras ; peau très
basanée, avec fond jaunâtre, glabre ; cheveux lisses, noirs,
roux, rarement châtains ; barbe rare ; yeux toujours un peu
obliques, noirs, quelquefois verts; liez large, court et
droit, presque sans dépression à sa racine ; lèvres presque
toujours grosses et renversées en arrière; dents moyennes,
très saines et blanches; front droit, bosses sourcihères
très prononcées; sourcils souvent peu apparents; bouche
grande; menton massif ; pommettes saillantes; face angu-
leuse; oreilles plutôt grandes cisaillantes; apparence peu
vigoureuse ; mains et pieds assez petits ; mollet peu dé-
veloppé; buste carré; jambes arquées du fait de l'habi-
tude du cheval. Leurs mœurs se rapprochent beaucoup
de celles de leurs voisins et parents, les Kirghis. Ils sont
mahomélans fervents, sans fanatisme. Zaborowski.
BiJ3L. : Ujfalvy, le Kofiiston, etc.; Paris, 1878; et le Sijr-
Darlii ; Pnris, 1879, 2 vol. gr. in-8. — Va^ibéry, Das
Tilrkenvolh, 1885.
OUZBOL Emplacement d'un ancien golfe qui, jadis,
aurait fait communiquer la mer Caspienne avec les lacs
Sary-Kamych et la mer d'Aral. Jusqu'en 1881, on suppo-
sait que la série de dépressions portant le nom d'Ouzboi
était un ancien lit de l'Amou Daria, mais des recherches
plus récentes (travaux du prince Gedroitz, Lessar, Kon-
chine) ont démontré l'erreur d'une pareille supposition.
D'après M. Konchine, tout l'espace compris entre la Cas-
pienne, l'Oust-Ourt, l'Amou-Daria, le Kopet-Dagh et les
monts du Khorassan aurait été autrefois couvert par la
mer Aralo-Caspienne. Le soulèvement lent du sol et les
agents atmosphériques ont déterminé la conliguration
actuelle de cette région ; petit à petit, le terrain s'assécha,
les alluvions déposées par l'Amou-Daria séparèrent la mer
d'Aral des lacs Sary-Kamych, lesquels ne communiquèrent
bientôt plus avec la mer Caspienne (s'il est vrai toutefois
qu'ils aient jamais communiqué).
La question de l'Ouzboi et de l'ancien lit de l'Amou-
Daria a été longtemps discutée et tout récemment encore
par Johannes Vi^alther (MiUeilunyen de Gotha, 1898).
OUZEN. Province maritime du Japon, île de Nippon,
région du Tosando, incorporée au ken de Yamagata.
OUZEN (Grand et Petit). Rivières de Russie, dans le
gouv. de Samara et la prov. de l'Oural.
1'^ Le Grand Ouzen prend naissance sur le versant
S.-O. du plateau de l'Obchtchii Syrt et coule au S.-O.
puis au S.-E., reçoit (à gauche) le Moukhor et se jette
dans le système de lacs salés Kamych-Samarskiia. Son
cours est long de 320 kil.
2° Le Petit Ouzen prend sa source sur le versant S.
de l'Obchtchii Syrt, coule presque parallèlement au pre-
mier, d'abord au S.-O., ensuite au S.-E. et finit égale-
ment dans les lacs Kamych-Samarskiia. Son cours a envi-
ron 270 kil. de longueur. Dans les deux rivières, l'eau
est saumâtre et amère dans la partie inférieure de leur
cours.
OUZILLY. Com. du dép. de la Vienne, arr. de Châ-
tellerault, cant. de Lencloître ; 958 hab.
OUZILLY-ViGNOLLEs. Com. du dép. de la Vienne, arr.
de Loudun, cant. de Moncontour; 373 hab.
OUZOUER-des-Champs. Com. du dép. du Loiret, arr.
de Montargis, cant. de Lorris ; 304 hab.
OUZOUER-LE-DoYEN. Com. du dép. du Loir-et-Cher,
arr. de Blois, cant. d'Ouzouer-le-Marché ; 506 hab.
OUZOUER-le-Marché. Ch.-l.decant. du dép. du Loir-
et-Cher, arr. de Blois; 1.502 hab. Stat. du chem. de
fer de Blois à Orléans. Saboteries.
OUZOUER-sous-Bellegarde. Com. du dép. du Loiret,
arr. de Montargis, cant. de Bellegarde ; 399 hab.
OUZOUER-suR-LoiRE.Ch.-l. de cant. du dép. du Loiret,
arr. deGien ; 1.139 hab. Stat. du chem. de fer d'Orléans.
OUZOUER-sur-Trézée. Com. du dép. du Loiret, arr.
de Gien, cant. de Briare ; 1.891 hab. Stat. du chem. do
fer de Lyon. Port sur le canal de Briare. Eglise de la lin
du xii^ siècle.
OUZOUN-AuA. Port de la Russie d'Asie, sur la mer
Caspienne (au fond du golfe de Mikailovsk), sur l'île du
même nom. Fondé en 1886. Tête de ligne du chem. de
fer de Merv-Samarkand ; 1.631 hab. (en 1897). — L'ilc
d'Ouzoun-Ada (littéralement Longue-Ile) a 10 kil. de lon-
gueur sur 1 kil. de largeur.
OUZOUNLAR. Lac salé de Crimée (Russie), gouv. de
Tauride, district de Téodosia, à près de 2 kil. de la mer
Noire dont il est séparé par un banc de terre étroit. Sa
longueur du N. au S. est d'environ 10 kil. sur une largeur
de 2 à 4 kil. ; son pourtour est de 25 kil. en été et de
30 kil. au printemps. Exploitation de sel monopolisée par
le gouvernement.
719 —
OUZOUS
OVAIRE
OUZOUS ou OZOUS. Corn, du dép. des Hautes-Pyré-
nées, arr. et caiit, d'Argelès ; '^lo liab.
OVA-Herero (V. Damârâs).
OVADA. Ville d'Italie, prov. d'Alexandrie, auconfl. de
rOrba et de la Stura ; 5.000 hab. Beau palais Spinola.
Filatures de soie et de coton.
OVAIRE. I. Anatomie. — L'ovaire, glande génitale
femelle, de forme variable suivant les espèces, est situé, chez
les mammifères, dans l'épaisseur d'un pli du péritoine (meso-
varium), relié par son extrémité externe au pavillon delà
trompe de Fallope par le ligament de la trompe , rattaché par
son extrémité interne à l'utérus par le ligament de l'ovaire.
Son bord inférieur est libre de péritoine et laisse péné-
trer les vaisseaux et nerfs (liilo de l'ovaire). Lisse chez la
jeune lille, il se couvre de cicatrices qui augmentent en
nombre à partir de la puberté, et devient chagriné dans
la vieillesse. La substance de Fovaire est décomposable en
deux couches, une périphérique peu épaisse, blanche et
homogène, la couche corticale, et une centrale, beaucoup
plus épaisse, molle, rouge, comme spongieuse, la couche
médullaire. Après la puberté, la couche corticale présente
de petit es vésicules, de grosseur variable (depuis une dimen-
sion microscopique jusqu'à celle d'une cerise), les ovisacs
ou follicules de Graaf. A l'incision de celles qui sont
arrivées à maturité, il s'écoule un liquide transparent,
au milieu duquel on peut voir nager un point blanc
(ovule entouré par le disque ou cumulus proligère). Outre
ces vésicules, Fovaire peut présenter des corps à différents
rents stades d'évolution, les corps jaunes (V. Corps,
§ Anatomie), qui ne sont que des vésicules de Graaf rom-
pues et en voie de cicatrisation. La structure de l'ovaire
comprend : 1° une enveloppe épithéliale, intimement acco-
lée à la membrane sous-jacente. Cet épithélium est dis-
tinct de celui du péritoine qui s'arrête au hile de l'ovaire.
Il dérive de l'épithélium germinatif de la cavité pleuro-pc-
ritonéale ; 2^ l'albuginée, qui n'est en quelque sorte
qu'une coque fibreuse résultant de la condensation de la
substance corticale avec laquelle elle reste confondue et
dont elle ne se distingue que parce qu'elle ne contient pas
de follicules de Graaf; 3^ la substance corticale ou ovigènc
constituée par un stroma fibreux renfermant les follicules
de Graaf; 4*^ la substance médullaire, très vasculaire,
constituée par un stroma de fibres conjonctives et de fibres
musculaires lisses qui rayonnent du hile vers la périphérie
de la glande. Les artères de l'ovaire dérivent de l'artère
utéro-ovarienne. Elles pénètrent dans l'organe par le hile
sous la forme d'artères contournées en tire-bouchon. Les
veines forment un plexus abondant dans la substance mé-
dullaire, et un autre au niveau du hile (plexus sous-ova-
rique) et vont se jeter dans la veine utéro-ovarienne. J^es
lympathiques se rendent aux ganglions lombaires. Les nerfs
proviennent du plexus ovarien.
Chez les acœlomates, les produits sexuels, nés le plus
souvent sur les parois du tube digestif, tombent dans cette
cavité où a lieu la fécondation, puis sont expulsés par
l'orifice buccal. Il n'y a pas de glandes sexuelles différen-
ciées et spécialisées. Chez les cœlomates, les organes de
la reproduction naissent sur les parois du cœlome ou de
ses dépendances, et les produits sexuels sont portés au-
dehors par un système spécial de conduits. L'ovaire dérive
èi l'épithélium germinatif du cœlome. A ce niveau, cet
épithélium fournit de grosses cellules rondes (ovules pri-
mordiaux). Celles-ci se multiplient et s'enfoncent dans le
mésoderme sous-jacent en donnant naissance à une émi-
nence allongée située à la face interne du corps de
Wolff. Cette éminence, c'est l'éminence sexuelle, la
glande sexuelle primitive et indifférente jusqu'alors. En s'en-
fonçant dans le mésoderme, l'épithélium germinatif cons-
titue des cordons (tube de Valentin-Ffluger). La glande
doit-elle évoluer vers le type femelle, c.-à-d. se transfor-
mer en ovaire, ces cordons s'étranglent et forment des
chapelets irréguliers dont chaque grain, s'isolant des
autres, constituera un ovoblaste, contenant à la fois l'ori-
gine de la granuleuse du follicule de Graaf, et une cellule
qui deviendra l'ovule ou œuf ovarien. A l'ovaire vient
s'ajouter un canal (canal de Muller) qui complétera les
organes génitaux femelles en donnant l'oviducte, l'utérus
et le vagin. Chez les acraniens, les ovaires sont nettement
métamérisés. Chez les cyclostomes, ils sont impairs et mé-
dians. Chez les oiseaux, Fovaire droit s'atrophie, le gauche
seul est susceptible de fonctionner. Les monotrèmes à ce
sujet, parmi les mammifères, rappellent les oiseaux. Chez
les mammifères, les ovaires nés sur la paroi de la cavité
abdominale descendent dans le cours du développement
(descente de l'ovaire). Ch. Debdîrre.
II. Physiologie. — Jusqu'à ces dernières années, la
fonction physiologique de l'ovaire paraissait consister tout
entière dans la maturation et dans la ponte ovulaire, avec
une action réflexe à distance sur certains phénomènes uté-
rins. Depuis les recherches entrej)rises sur la sécrétion
interne des organes, à la suite des travaux de Brown-
Sequard, il faut ajouter à cette description un chapitre
nouveau, auquel les traités de physiologie n'ont point encore
donné asile, et consacré au rôle de l'ovaire dans la nutri-
tion de l'individu. La fonction de l'ovaire est donc double :
1^ spéciale ou. reproductrice; 2" générale.
A. Le rôle do l'ovaire, en tant que glande génitale, con-
siste avant tout dans la genèse, la maturation et la mise
en liberté de l'ovule. On a vu, dans l'article précédent et
à l'art. Menstruation, comment la vésicule de de Graaf
qui loge celui-ci, se déchire et laisse échapper son contenu,
phénomène qui se reproduit chez la femme une fois tous
|es vingt-huit jours environ, dans la période de sa vie
comprise delà puberté à la ménopause, et qui constitue ce
qu'on a appelé la ponle ovulaire. Les causes qui pré-
sident à la régularité de cette périodicité nous échappent
complètement, et ce n'est pas l'expliquer que de dire que le
follicule nuu'it en vingt-huit jours et qu'il éclate quand il
est mûr. Tout au plus pouvons-nous signaler la simul-
tanéité de certains actes, sans être autorisés à désigner
celui qui entraine avec lui tous les autres. Il est à peu près
certain que l'approche de la ponte s'accompagne d'une
turgescence spéciale des vaisseaux de l'ovaire, turges-
cence due, d'après Rouget, à une action vaso-motrice dont
le point de départ est une action réflexe, partie de l'exci-
tation des nerfs de l'ovaire par le fohicule mùr et occu-
pant plus de place, et réfléchie par rintermédiairc de la
moelle lombaire. Les veines ovariques, étranglées au ni-
veau du hile, se gonfleraient alors, déterminant une véri-
table érection de l'ovaire ; cette dilatation, s'étendant aux
vaisseaux du follicule en travail, favoriserait l'exsudation
du sérum qui vient s'ajouter au liquide du foUicule et faire
gonfler celui-ci davantage encore. La rupture de la paroi
mince du follicule ne tarde pas alors à se produire, et l'ovule
est expulsé. On a vu d'autre part (V. Menstruation) que,
parallèlement à ce processus, une contraction des fibres
musculaires superficielles du ligament large, plus ou moins
nettement groupées en faisceaux visibles (Rouget), déter-
mine le rapprochement du pavillon de la trompe et de
l'ovaire, en sorte que celui-ci se trouve à peu près coiffé
j)ar celle-là, disposition qui permet de comprendre que
l'ovule, mis en liberté à la surface du péritoine, s'engage
dans la cavité de îatrompe et, par elle, dans la cavité utérine.
Mais ce rapprochement des deux organes — incontestable
d'ailleurs et que l'on retrouve dans la série des mammi-
fères avec une régularité qui en prouve toute l'importance,
certaines espèces ayant môme l'ovaire complètement encap-
sulé, à l'état permanent, dans le pavillon tubak-e (ours,
loutre, phoque, etc.) • — ce rapprochement ne suffit pas à
nous rendre compte à lui seul de ce qui se passe quand
le foUicule rompu est situé au pôle de l'ovaire opposé à
celui qu'occupe la trompe, car des cicatrices de vésicules
rompues s'y montrent aussi nettement que sur le reste de
l'organe : il faudrait admettre, ce qui est bien hasardeux,
que le pavillon va de lui-même s'appliquer avec intelligence
au point précis où un follicule va s'ouvrir : c'est ce qui a
OVAIRE
— 720
donné iiaisbaiice ùl'liypothèsedeKiuskead. prétendant que
l'ovule se rend à la trompe en suivant une sorte de sillon
formé à la hase de l'ovaire par le péritoine et une frange
plus longue que les autres provenant du pavillon tubaire
et garnie de cils vibratiles. Mais même cette explication
hasardeuse laisse incompréhensibles les faits de l^éopold,
qui a vu la fécondation se produire alors que l'ovaire était
enlevé d'un côté et la trompe de l'autre, car dans ce cas il
faut bien admettre que l'ovule issu de l'ovaire intact n'a
eu d'autre chemin pour gagner l'utérus que la trompe du
côté opposé.
La fécondation, c.-à-d. la rencontre de l'ovule avec le
spermatozoïde et la pénétration de celui-ci dans celui-là,
s'accomplit dans le premier tiers de la trompe, car C^oste
a démontré que dès son arrivée dans le tiers moyen l'ovule
est déjà dégénéré et impropre à la fécondation, en même
temps qu'il s'entoure d'une couche de mucus rebelle à la
pénétration du spermatozoïde. Cependant Coste et Garbe
ont rencontré des spermatozoïdes dans le pavillon de la
troînpe et jusqu'à la surface de l'ovaire. D'autre part, on
a observé le développement complet de l'œufet la grossesse
au sein même de l'ovaire (grossesse ovarique), ce qui a pu
donner à croire que le spermatozoïde pouvait atteindre
l'ovule au sein même du follicule de Graaf. Mais, outre que
ce fait, d'une rareté extrême, ne saurait être considéré
comme l'état normal, on peut se demander même s'il est
possible, la paroi du follicule, avant sa rupture, n'offrant
aucune solution de continuité pour le passage du sperma-
tozoïde. Peut-être s'agit-il de cas où l'ovule, même après
la rupture du follicule, serait demeuré logé dans celui-ci,
emprisonné dans la rétraction de sa paroi, et cependant
accessible aux spermatozoïdes (jui courent à sa surface.
D'ailleurs, un très grand nombre de cas publiés comme
grossesses ovariques sont des grossesses tubaires dans les-
quelles on a trouvé l'ovaire englobé secondairement dans
les parois du kyste fœtal ; il n'y a véritable grossesse ova-
rique que si la trompe correspondante est absolument in-
tacte, et ce cas est rarissime. — Aussitôt après la déhiscence
du follicule, ses parois se rétractent, la plus interne moins
extensible se plissant dans l'externe plus contractile, et
un travail de résorption commence, aboutissant à la for-
mation du corps jaune, lequel, avec le temps, pâlit peu à
peu {corpus albidum) et ahontit h la formation d'une cica-
trice superticielle. Pendant la grossesse, ce travail de ré-
sorption est considérablement ralenti, jusqu'à atteindre la
durée de la grossesse elle-même, ce qui a fait donner à
ce genre de corps jaune, plus volumineux et plus persis-
tant, le nom de corps jaune vrai. Pendant la période de la
j)onte, l'ovaire augmente considérablement de volume, de-
vient sensible, douloureux à la pression chez certaines
femmes. Puis tout rentre dans l'ordre jusqu'à la ponte sui-
vante. A la ménopause, c.-à-d. quand l'ovaire ne produit
plus d'ovules, l'ovaire se ratatine et se réduit à un nodule
tibreux de faible volume, ridé à sa surface.
Va\ dehors de son rôle personnel, l'ovaire exei'ce ime
sorte d'action à distance, qui, pour êtreplus mal expliquée
encore, n'en est pas moins réelle. Il s'agit de son action
sur la physiologie de l'utérus. Il est à peu près démontré
que c'est de l'ovaire que part l'excitation trophi((ue qui
amène, au moment de la ponte, la congestion de la ma-
trice, l'élévation de la tension artérielle dans le réseau vas-
culaire sous-muqueux et la chute de l'épithélium utérin
avec effraction des capillaires sous-jacents et hémorra-
gie, phénomène qui constitue la menstruation (V. ce
mot). 11 est certain du moins que lorsque les deux ovaires
sont suppriuiés, ces phénomènes ne se produisent plus.
D'autre part, quand une irritation se produit dans l'ovaii'e
poui' une cause quelconque, développement d'une tumeur
dans ses tissus, dégénérescence kystique, ou même simple
prolapsus, la fonction menstruelle est fréquemment trou-
blée, soit que les règles deviennent plus abondantes et don-
nent lieu à de véritables hémorragies, soit qu'il se pro-
duise, dans l'intervalle des règles, à époques hxes, une
hémorragie nouvelle (régies intercalaires), soit que h
menstruation devienne au contraire plus rare , avec altéra-
tions spéciales de la muqueuse utérine (dysménorrhée mem-
braneuse). Non seulement, après la suppression des deux
ovaires, la mensti'uation est supprimée, mais la muqueuse
utérine s'altère, la paroi musculaire elle-même de l'or-
gane s'atrophie et l'utérus se réduit à une masse libreuse.
dure, de volume inférieur de moitié à la normale. En un
mot, c'est la ménopause, avec tous ses caractères, pro-
duite artificiellement. En même temps, le vagin se rétrécit,
la vulve prend un aspect infantile, les grandes lèvres s'effa-
cent, les poils du pénil se raréfient parfois. De plus, d'autres
phénomènes d'ordre général apparaissent, atteignant
des systèmes organiques étrangers à l'appareil génital :
il devient visible qu'un organe est absent de l'économie
oti il jouait un rôle qui passait inaperçu, mais que sa
suppression permet d'apprécier. Ceci nous conduit à parler
de la seconde fonction de l'ovaire.
B. Ce rôle de l'ovaire dans l'économie, en dehors de sa
fonction génitale, n'est soupçonné ([ue depuis peu, et fort
mal connu encore, il faut le reconnaître. L'ovaire, comme
tous les auti'es organes, possède ce ([ue J3rown-Sequard a
appelé une sécrétion interne, c.-à-d. que le sang veineux
({ui s'en échai)pe entraîne dans la circulation générale des
principes spéciaux destinés à jouer un rôle utile. En effet,
après la suppression des deux ovaires, outre les phéno-
mènes déjà décrits du côté des organes génitaux, il n'est
pas rare de voir se développer chez la femme des troubles
variés. Ce sont des bouffées de chaleur survenant par
crises, rpielquefois plusieurs fois par jour, avec rougeur,
tintements dans les oreilles, troubles de la vue, Ile la
voix, etc. Souvent aussi on note des sensations d'étouf-
fenient, des palpitations ; des hémorragies (épistaxis,
hématémèses , hémorroïdes . hémoptysies) ; des troubles
nerveux variés, douleurs lombaires ,"^ perte de mémoire,
neurasthénie, changement de caractère, hystérie, insom-
nie, idées de suicide, folie même; troubles digestifs, en-
graissement, etc. Ces phénomènes, parfois passagers ,
s'améliorant en partie avec le temps, sont en général sou-
lagés immédiatement par l'ingestion de poudre d'ovaire
desséché ou l'injection sous-cutanée de liquide ovarique ob-
tenu par expression, soulagement momentané d'ailleurs,
si l'on cesse la médication, mais qui prouve que l'ovaire
déversait dans le sang des principes qui désormais font
défaut à l'organisme et le laissent dans un état compa-
rable à une sorte d'intoxication. On a donc admis que la
sécrétion interne de l'ovaire avait un rôle antitoxique,
sans que nous sachions d'ailleurs d'aucune façon quels
poisons de l'organisme cette sécrétion di)it combattre, ni
d'où ils proviennent. En raison de certains antagonismes
apparents, il n'est pas improbable que ces poisons, en partie
du moins, viennent du corps thyroïde (thyroïdisme amé-
lioré par l'emploi de l'ovarine ; hémorragies guéries par
la thyroidine) . Les expériences entreprises sur les animaux
avec l'injection de liquide ovarique ont amené la mort
chez le cobaye à la dose de 15 centim. c, avec tremble-
ments et hypothermie marquée : à dose non toxique on
note une élimination considérable des phosphates. L'action
de la sécrétion ovarique sur le système osseux est d'ail-
leurs remarquable : il semble qu'elle retarde le dévelop-
pement de la charpente osseuse et en particulier de celles
des membres ; du moins elle exerce une action modéra-
trice sur la fonction du corps thyroïde à cet égard,
qui est directement inverse. Celui-ci en effet favorise le
développement des os ; on l'a employé avec succès pour
hâter la consolidation des fi'aclures, pour remédier à des
arrêts de développement (inyxœdème). D'autre part, on
sait ({ue les eunuques châtrés jeunes (qui sont absolu-
ment identiques aux sujets privés d'ovaires dans leur
jeunesbe) sont remarquables par le développement exagère
en longueur de leurs bras et 'de leurs jambes. En résumé,
et bien que cette question soit encore actuellement dans la
période des tâtonnements, on peut déjà aliirmer que l'ovaire
— 741 —
OVAIRE
à une. sécrétion interne douée d'un rule important sur la
nutrition générale et sur le développement de l'individu.
D^' R. Blondel.
III. Pathologie. — En raison de la situation pro-
fonde des ovaires, leur pathologie a été lente à progresser
et est encore aujourd'hui entourée de bien des obscurités.
Nous n'examinerons ici que les principales maladies qui
peuvent les atteindre.
4^ Anomalies. — Les ovaires peuvent manquer tota-
lement, mais alors leur absence coïncide avec un arrêt de
développement de tous les organes sexuels internes. Dans
d'autres cas, on trouve au contraire des ovaires supplé-
mentaires sous forme de petites appendices de l'organe
principal, rarement isolés. Les ectopies de l'ovaire sont
généralement d'origine pathologique, y compris les hernies
ordinairement accompagnées d'épiplocèle ou d'entérocèle.
Ces hernies sont en général assez faciles à réduire, à
moins de complications exceptionnelles.
2^ Inflaaimations. — On a décrit des ouarites paren-
chymateuses et interstitielles, mais la distinction de ces
deux variétés est impossible à faire pendant la vie et en
conséquence ne doit pas nous arrêter. Une distinction plus
importante est celle des ovarites aiguës et chroniques.
Elles ont ceci de commun que le plus souvent le péritoine
y est intéressé. Vovarite aiguë est ou puerpérale ou non
puerpérale. La variété puerpérale est très grave ; liée aux
aifections puerpérales avec ou sans accidents sep tiques,
elle est essentiellement caractérisée par la fièvre vive, la
suppuration, souvent la gangrène ; son premier degré est
caractérisé par le ramollissement rouge, avec foyers
apoplectiformes, son deuxième degré par le ramollisse-
ment gris, la suppuration, les foyers purulents. L'ovarite
puerpérale est, en somme, une ovarite secondaire, dont
le pronostic est notablement aggravé s'il y a septicémie.
D'autres variétés d'ovarite secondaire, plus ou moins graves,
s'observent comme complications des phlegmons périuté-
rins, des métrites, des vaginites intenses, des maladies
infectieuses aiguës, etc. — Les ovarites aiguës primitives
sont dues fréquemment au surmenage physique, aux trau-
matismes, au coit exagéré, aux refroidissements, surtout
survenus pendant la période menstruelle. Leur début peut
être insidieux, mais en général elles s'annoncent par des
frissons, de la fièvre, des nausées et des vomissements,
avec troubles de la menstruation, en particulier métror-
rhagies ; la fosse ihaque est le siège d'une douleur plus
ou moins vive; la palpation profonde est très douloureuse.
En combinant le toucher vaginal et le toucher rectal avec
la palpation abdominale, on arrive facilement à déter-
miner la tumeur ovarique inflammatoire ; la périovarite
concomitante est d'une grande importance, parce que pré-
cisément elle détermine les ectopies de l'organe et ses
fixations anormales; souvent même l'utérus participe à
ces déplacements : le plus ordinairement il se trouve en
rétroversion. L'ovarite aiguë se termine par résolution ou
par suppuration ; dans ce dernier cas, le pus peut être
retenu et forme une poche purulente souvent très persis-
tante, ou bien il fait irruption dans le vagin, la vessie ou
le rectum. Enfin, parmi les complications signalons la
pelvi-péritonite, le phlegmon du ligament large, la sal-
pingite (oophoro-salpingite) (V. Salpingite). — Vova-
rite chronique peut être consécutive à l'ovarite aiguë ;
elle est aussi primitive. Rarement très douloureuse,' elle
donne lieu cependant à une grande sensibilité à la pres-
sion ; elle est d'ordinaire accompagnée d'un déplacement
de l'ovaire déterminé par la pelvi-péritonite ; le plus sou-
vent il est fixé par des pseudo-membranes dans le cul-
de-sac de Douglas ou sur les côtés du bassin. Elle se ter-
mine soit par atrophie totale, soit par hypertrophie, et
celle-ci est due alors surtout à l'accroissement du tissu
conjonctif interstitiel. Toutes les ovarites peuvent de-
venir le point de départ d'accidents nerveux hystéri-
formes ; toutes aussi, surtout si elles sont bilatérales,
peuvent provoquer la stérilité, soit par la destruction sup-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XX Y.
purative des follicules, soit par leur compression à la suite
d'induration ou de sclérose de l'ovaire, etc. — Le trai-
tement de début de l'ovarite aiguë réside dans l'emploi
des antiphlogistiques, des narcotiques, des laxatifs, du
froid et du repos ; on a ensuite recours aux révulsifs, sca-
rifications de la portion vaginale, apphcation de sangsues
sur celle-ci ou sur la paroi abdominale, application de vé-
sicatoires, de pointes de feu, sur l'abdomen. Dans le cas
de l'ovarite chronique, il faut avant tout se ilébarrasser
des complications, si c'est possible ; on a recours alors
aux injections vaginales chaudes pratiquées avec précau-
tion, aux bains de siège, aux bains alcalins, à l'applica-
tion de substances résolutives sur l'abdomen ou la portion
vaginale, à des massages faits avec discrétion; les eaux
minérales alcalines, bromurées et iodurées conviennent
tout particulièrement. Ce n'est que dans les cas extrême-
ment graves qu'il y a lieu de pratiquer la castration.
3^ Tumeurs. — On trouve rarement, dans l'ovaire, des
altérations tuberculeuses et syphilitiques ; nous n'insis-
terons pas sur ces lésions d'ailleurs secondaires, sauf de
rares exceptions pour la tuberculose (H. Munaret). Elles
naissent toujours dans le stroma conjonctif. — Les fibro-
myomes y sont beaucoup moins fréquents que dans l'utérus ;
ce sont de petites tumeurs, superficielles ou profondes,
très rarement formées exclusivement de fibres musculaires
lisses; les fibres conjonctives y prédominent même, de
sorte qu'elles forment en réalité passage aux fibromes ;
dans ce cas, elles peuvent devenir très volumineuses et se
calcifier ou se creuser en donnant heu à des kystes qui se
développent rapidement. Lorsqu'une quantité appréciable
de cellules fusiformes prend part à la structure de ces
tumeurs, elles deviennent des fibro-sarcomes. Par leur
accroissement, les follicules de Graaf sont détruites, ou
bien s'il en persiste un certain nombre, ils peuvent devenir
le point de départ de kystes (cystosarcomes). Selon que
les cellules géantes prédominent, on a des variétés diverses
de sarcomes et des formes mixtes, malignes, faisant le
passage aux carcinomes ; une de ces formes mixtes est
le myxosarcome carcinomateux hémori^agique (Spie-
gelberg). Ces tumeurs déterminent des épanchements de
sérosité dans le péritoine et donnent heu à des métastases
dans divers autres organes importants. Ces néoplasmes,
souvent multiples et racémiformes, peuvent se développer
simultanément dans les deux ovaires et à un âge relative-
ment peu avancé. — Les tumeurs d'origine purement
épithéhale présentent ou bien le caractère des adénomes
(papillomes ou kystomes), ou bien celui des carci-
nomes ; les papillomes présentent une grande malignité ;
ils se développent, soit aux dépens de l'épithélium germi-
natif superficiel, soit aux dépens des kystomes résultant
de la dégénérescence des foUicules ; le kystome papillaire,
caractérisé par des dilatations kystiques nombreuses, est
très envahissant. — Le carcinome est primitif ou secon-
daire ; primitif, il peut dériver des papillomes, ou se dé-
velopper directement dans le parenchyme ovarien, et, dans
ce dernier cas, c'est en général un encéphaloide, suscep-
tible de devenir très volumineux, envahissant alors la cap-
sule fibreuse et le péritoine ; ce peut être aussi un car-
cinome colloïde et même un squirrhe. Il atteint un seul
ovaire ou rarement les deux. Le carcinome secondaire est
ordinairement consécutif à celui du péritoine, de l'utérus
ou du rectum.
Les kystes sont les tumeurs les plus fréquentes des
ovaires. Quant à leur siège, ils se distinguent en kystes
péri-ovariens, extérieurs à la membrane d'enveloppe, et
dont le contenu est toujours séreux, et en kystes intra-
ovariens, développés dans le parenchyme et offrant plu-
sieurs variétés.
Kystes de rétention, provenant d'une hydropisie des
folHcules de Graaf, distendus par un hquide séreux etlim-
pide; comme on le sait, le follicule de Graaf doit se rompre
au moment de la congestion menstruelle ; s'il ne se rompt
pas, il augmente de volume et donne lieu à un kyste à
46
OVAIRE
m
paroi mince et dont le volume peut varier des dimensions
d'un œuf de pigeon à celles d une tète d'adulte ; d'après
Ivokitansky, le kyste de rétention peut môme se former
après la rupture normale du follicule, par suite de l'obli-
tération accidentelle de celui-ci. Généralement le kyste de
rétention est solitaire; mais il peut en coexister plusieurs,
voire môme dans les deux ovaires à la fois ; les plus super-
ficiels sont toujours les plus volumineux. L'ovulation peut
ne pas être gônéc, attendu qu'à côté du kyste ou des kystes
le tissu reste sain. Celte variété de tumeurs se développe
principalement à l'époque de la puberté ; on en a trouvé
cependant chez des enfants nouveau-nés.
Kystes 'prolifères ou gélatinifovmes. Ces tumeurs,
ordinairement volumineuses, et les plus fréquentes de tous
les kystes ovariens, n'occupent en général qu'un ovaire,
mais peuvent coexister dans les deux. Elles dérivent éga-
lement des follicules, mais avec participation prépondé-
rante de l'épitliélium de la surface de l'ovaire, qui en pro-
liférant pénètre dans l'intérieur du stroma conjonctif sous
forme de bourgeons ramifiés ; ceux-ci se creusent et se
transforment en culs-de-sac d'apparence glandulaire, ta-
pissés d'épitliélium ; par suite de ce bourgeonnement co4i-
tinu, il se forme une série de poches ou de kystes secon-
daires, de sorte que la tumeur devient multiloculaire,
aréolaire, vésiculaire. Cheique loge a pour parois, du dehors
en dedans, une couche fibreuse tapissée extérieurement
d'épithélium cubique, une couche de tissu conjonctif vascu-
larisée (artérioles hélicincs et veines à parois épaisses),
puis une couche fibreuse interne tapissée d'un épithélium
cylindrique dont les débris, par suite de la dégénérescence
muqueuse qu'il subit, tombent dans la cavité de la loge ;
cette face interne est d'ordinaire envahie par des végéta-
tions papillaires ou verruqueuses, essentiellement compo-
sées de tissu cellulaire embryonnaire et de vaisseaux. En
raison de cette structure, on a quelquefois donné à ces
tumeurs le nom d'épilhclium myxoïde, de eystoïde pa-
pillaire, etc. Les loges sécrètent un liquide muqueux ou
colloïde, susceptible de se gonfler par l'eau et de se coa-
guler par l'alcool, tenant en suspension des cellules de
forme variée (sphériques, ramifiées, caliciformes, etc.), et
contenant de l'albumine et des variétés de celle-ci ; le sang,
provenant des végétations, le colore souvent en brun ;
parfois il devient purulent ; enfin il peut arriver qu'il se
charge de graisse, d'où une variété de kystes graisseux.
Sous l'influence de la pression que les kystes voisins exer-
cent les uns sur les autres, la paroi qui les sépare peut
s'alrophicr, et les cavités devenir confluentes ; il ne reste
plus alors que des restes delà paroi faisant saillie dans la
cavité commune. C'est là probablement l'origine des kystes
uniloculaires. Les ovaires, ainsi dégénérés, peuvent prendre
des dimensions énormes, remplissant le bassin et refou-
lant Futérus. D'abord libres, ds deviennent adhérents par
la suite, grâce aux fausses membranes développées.
Kystes dermoïdes complexes. Ce sont des tumeurs
fœtales, congénitales, qui se forment dans les tubes du
parovaire, restent toujours renfermées entre les deux
feuillets du ligament large qu'elles écartent violemment et
finissent par s'accoler à l'utérus (V. Dermoidi:).
Symptômes. Les débuts des kystes ovariqucs sont obs-
curs et insidieux; s'il y a douleur, celle-ci est faible et
augmente graduellement, en môme temps qu'on constate
la formation d'une tumeur : celle-ci se développe dans la
partie latéro-inférieure du bassin et, en grandissant, se rap-
proche de la ligne médiane qu'elle peut dépasser. Elle est
arrondie, lisse, unie ou bosselée, mobile sauf dans la pé-
riode des fortes adhérences, mate à la percussion ; lafluc-
tuation est difîicile à j^ercemr. Surviennent ensuite les
symptômes et accidents variés dus à la compression des
organes abdominaux et thoraciijues : pesanteurs dans le
bas-ventre et dans les aines, ténesine urinaire et dysurie,
constipation opiniâtre, hémorroïdes, œdèmes et ascite,
voire anasarque, dyspepsie, dyspnée, etc. Sous ces in-
fluences débilitantes et la dénutrition croissante, la ma-
lade prend ce qu'on appelle le faciès ovarien, assez
semblable au faciès cancéreux. — Les inflammations de voi-
sinage peuvent déterminer la mort. D'autres fois, si le
kyste devient hémorragique, la mort peut survenir par
anémie aiguë; s'il devient purulent, il peut déterminer
une septicémie ou une péritonite mortelle ; si le conlcnu
est resté séreux, la rupture du kyste n'entraîne pas né-
cessairement la mort, que l'épanchement se fasse dans le
péritoine où il peut être résorbé, ou dans d'autres organes;
enfin la mort peut survenir par la torsion du pédicule
(formé du ligament utéro-ovarien, des trompes de Fal-
lope, etc., et contenant nombre de vaisseaux), cette tor-
sion provoquant une hémorragie grave; quelquefois elle
détermine au contraire la guérison par oblitération des
vaisseaux, si celle-ci n'a pas pour conséquence la gan-
grène.
Traitement. Le traitement médical (purgatifs, diuré-
tiques, iodure de potassium, ergot de seigle, compres-
sion, etc.), ne donne que des résuhats incertains. Il est
toujours préférable d'avoir recours au traitement chirur-
gical : ponction palliative qui n'empêche pas la reproduc-
tion de l'épanchement, ponction suivie d'injection iodée,
qui peut être curative dans les kystes simples, puis cauté-
risation, suppuration provoquée, etc., selon les cas. Le
véritable traitement curatif est l'ovariotomie par laparo-
tomie (V. OvAiiioTOMiE), S'il y a grossesse concomitanle,
il faut surseoir à l'opération ou se borner, dans certains
cas, à faire une ponction palliative, pour diminuer le vo-
lume de la tumeur, lorsque par exemple elle siège dans
le cul-de-sac de Douglas.
4° Névralgie de l'ovâire. — Encore appelée ovar al-
gie ou o?;ar/t^(Charcot), elle est caractérisée par des dou-
leurs très vives, irradiantes, survenant par intermittences
et liée à des troubles variés de la menstruation, aménor-
rhée, dysménorrhée ou ménorrhagie, à des sympt()mcs
nerveux hystériformes ; enfin, à un affaiblissement progres-
sif ; elle est du reste fréquente dans l'hystérie. Le trai-
tement consiste dans l'administration interne ou l'applica-
tion topique, abdominale ou vaginale, de narcotiques, dans
l'admhiistration d'antispasmodiques appropriés et celle de
toniques et de ferrugineux pour relever les forces. Dans
l'ovaralgie rebelle, on a préconisé la castration ; mais il
ne faut y recourir que dans les cas extrêmes, cette pra-
tique étant très dangereuse. D^^ L. Un.
IV. Botanique. — Nous avons vu à l'art. Carpelle,
que les organes femelles des phanérogames sont constitués
par une ou plusieurs feuilles modifiées nommées carpelles.
Ces feuilles en se repliant sur elles-mêmes et au besoin en se
soudant entre elles constituent une ou plusieurs cavités
closes qui sont les ovaires. Dans les Renonculacées, par
exemple, où les carpelles sont nombreux, chacun d'eux se
replie sur lui-môme sans se souder avec ses voisins. On a
donc autant d'ovaires indépendants et monoloculaires sur-
montés chacun d'un style et d'un stigmate. Dans lesBor-
raginées il y a quatre carpelles confondus seulement par
leur angle interne où se trouve inséré un style unique ;
on peut donc dire qu'il y a un ovaire à quatre loges à peu
près complètement isolées l'une de l'autre, ou quatre
ovaires monoloculaires soudés par leur angle interne. Dans
d'autres familles, la fusion atteint un degré plus élevé:
les carpelles s'unissent par les faces externes de leurs
extrémités et constituent un ovaire unique ; mais les extré-
mités des carpelles se prolongent jusqu'au centre de celui-
ci et le divisent en un certain nombre de loges. L'ovaire
est plurdoculaire et porte en général, comme dans les cas
précédents, ses ovules à l'endroit ou les carpelles se sont
soudés. Ce point eht le placenta (V. ce mot) ; dans le cas
actuel, il est central. Dans les pavots, l'ovaire unique est
constitué de la môme manière ; mais les cloisons n'ariivent
plus jusqu'en son miheu; il est donc unilocul aire et divisé
par des cloisons incomplètes. Celles-ci portent toujours les
placentas, qui, dans ce cas, sont dits pariétaux. Dans beau-
coup de Caryophyllées, les cloisons atteignent originaire-
723
OVAIRE — OVAMBO
ment le milieu de l'ovaire et y développent lem^ placenta.
Mais bientôt elles se résorbent, et on a un ovaire tout à
fait uniloculaire, dont les ovules sont portés par un pla-
centa central en forme de colonne isolée. Enfin, dans les
Primulacées, les feuilles carpellaires se soudent seulement
par leurs l)ords et constitueat un ovaire uniloculaire dont
les ovules se forment sur un placenta développé au
sommet du réceptacle et par conséquent indépendant des
carpelles.
Dans tous les exemples que nous avons passés en re-
vue, le réceptacle est convexe et l'ovaire est dit supère
parce qu'il est situé au-dessus des étamines. Dans d'autres
cas, on a un réceptacle plus ou moins concave et un
ovaire infère, qui peut présenter les mêmes modalités
que les ovaires supères. Il y a d'ailleurs tous les termes
de transition entre l'ovaire tout à fait libre et celui qui
est complètement inclus dans une cavité du réceptacle.
En résumé, l'ovaire peut être supère ou infère, unicarpellé
ou pluricarpellé, les carpelles eux-mêmes pouvant être in-
dépendants ou connés. S'ils sont connés, ils peuvent l'être
seulement par leurs bords ou par une étendue peu con-
sidérable de la face externe de ces bords incomplètement
repliés en dedans: dans les deux cas, l'ovaire est unilo-
culaire ; ou bien ils peuvent être connés par une étendue
considérable de leur face externe suffisamment repliée en
dedans pour constituer des cloisons complètes ; l'ovaire est
alors pluriloculaire. Dans ce dernier cas, le placenta est
axilo ; nous avons vu qu'il est central et libre quand il est
sans rapport avec les carpelles, et pariétal lorsqu'il est
situé sur les parois do l'ovaire aux points où les bords
des carpelles se sont soudés sur une plus ou moins grande
étendue. Quant au style et au stigmate, leur organisation
ne correspond pas toujours à celle de l'ovaire ; la simpli-
fication organique s'est exercée avec le plus d'intensité,
tantôt sur un de ces organes, tantôt sur l'autre. G'estainsi
qu'on peut trouver un style simple
avec un ovaire pluriloculaire, ou ré-
ciproquement un style divisé en au-
tant de branches qu'il y a de carpelles
avec un ovaire uniloculaire. 11 en est
de même du stigmate: dans les pa-
vots, les cloisons de l'ovaire sont très
réduites, et cependant le stigmate est
divisé en rayons complets dont chacun
correspond à une de ces cloisons. Pour
plus de détails, V. les art. Pistil,
Style et Stigmate.
Il importe, en terminant, de dire
quelques mots du développement phy-
logénique de l'ovaire. Cet organe
n'existe que chez les phanérogames
dites angiospermes, parce que leurs
ovules sont recouverts d'un tégument
protecteur entièrement clos, qui de-
vient le fruit après la fécondation.
Chez les gymnospermes les ovules sont
nus et simplement portés à l'aisselle
d'écaillés qui subissent diverses modifi-
cations suivant les familles végétales, sans cependant ja-
mais réaliser un ovaire véritable. Les angiospermes elles-
mêmes ont du traverser au cours des périodes géologiques
un stade gymnospermique dans lequel les carpelles ser-
vant de support aux ovules n'étaient encore ni repliés ni
soudés entre eux. Les gymnospermes actuelles sont des
végétaux qui, parvenus à ce stade, s'y sont arrêtés à tout
jamais, par suite de l'avortement du limbe de la feuille
carpellaire. Les angiospermes actuelles ont au contraire
dépassé ce stade et ont constitué un ovaire véritable, grâce
aux replis de la feuille carpellaire. Mais leur état proto-
typique avant la formation de l'ovaire ne saurait nous
être connu que par conjecture. Nous pouvons cependant
acquérir quelque notion de ce qu'ont dû être les formes
de passage des gymnospermes aux angiospermes en étu-
Coupe longitudi-
nale schémati-
que, grossie, de
1 ' a ]j p a r e i 1 fe-
melle d'un Gne-
tum^ pour mon-
trer l'ovule en-
touré de ses
trois téguments
et laissant voir
dans son inté-
rieur le début du
sac embryon-
naire.
diant la famille des gnétacées. Chez les Gnetiim, l'ovule
n'adhère plus directement à une feuille comme chez les
cycadées ; il n'est plus, comme chez les conifères, reporté
avec son support k l'aisselle d'une bractée accrescente et
coi'iace. Comme chez les taxinées il termine un axe feuille,
appauvri ; mais ici cet axe, moins débihté, utilise les feuilles
bractéales qui se combinent paire par paire et forment un
double tégument à l'ovule. Le plus intérieur de ces tégu-
ments s'allonge en un tube papilleux qui facilite l'intro-
duction du pollen. Le nombre de ces enveloppes super-
posées peut même s'élever jusqu'à trois. Il est évident
qu'il faut voir en elles le stade primitif du développement
de l'ovaire et que la petite famille des gnétacées, arrêtée
à égale distance des gymnospermes et des angiospermes,
nous représente une période de développement par laquelle
celles-ci ont dii forcément passer. D'^ L. Laloy.
V. Mathématiques. — On appelle ellipsoïdes ovaires
les ellipsoïdes de révolution dont l'axe de révolution est
supérieur à l'axe équatorial; les autres sont les ellipsoïdes
planétaires.
0VALD1N6S0 (Ile) (V. Kallandsô).
OVALE (Géom.). On appelle ovales des courbes fermées
affectant habituellement une forme analogue à la section
d'un œuf par son axe. On peut imaginer des ovales à
l'infini. Parmi les ovales les plus célèbres dans l'histoire
de la géométrie, il y a lieu de citer les ovales de Descartes
ou lignes aplanétiques, auxquelles le grand géomètre a
été conduit par ses recherches sur l'optique, et les ovales
de Cassini. La définition la plus simple et la plus géné-
rale des ovales de Descartes consiste dans la relation
rt.MF -i- a'. MF' =:b, on ar -h aY ■=. h, M étant un point
quelconque de la courbe, F et F' deux points fixes qu'on
appelle foyers, et a,a\ b des constantes. De très nombreux
travaux ont été faits sur les ovales de Descartes, qui pré-
sentent une foule de propriétés ; l'une des plus curieuses
consiste dans l'existence d'un troisième foyer en ligne
droite avec les deux autres. — Un ovale de Cassini est
le lieu des points M tels que le produit des distances
MF,MF' à deux points fixes soit constant, ce qui équivaut
à la relation rr^ = A:^ ; si /i: < -jr-, on a deux courbes
séparées qui présentent chacune la forme ovale ; pour
le heu devient la lemniscate de Bernoulli^
FF'
affectant la forme d'un huit ; au delà, pour Â:> -^, on
n'a qu'une seule courbe fermée, qui finit par prendre
l'apparence générale d'une ellipse.
OVALLE. Ville du Chih, ch.-l. du dép. de Coquimbo,
sur le rio Limari, dans une région minière ; 6.000 hab.
OVAMBO. Peuple de la colonie allemande de l'Afrique
sud-occidentale, au S.-E. du Cunène, entre ce fleuve,
rOkavampo et le 19° lat. S. De race bantou, il compte
120.000 âmes dispersées sur 140.000 kil. q. et divisées
en onze tribus distinctes. De couleur brun chocolat,
de stature ramassée, mais peu musclés, à figure ovale,
front bas, pommettes saillantes, barbe rare, ils sont sé-
dentaires, accoutumés à l'absolutisme des chefs, très atta-
chés à leur rehgion. Le vêtement des hommes est une
ceinture de cuir de O'^SO, roulée autour du corps, ils por-
tent des sandales, une pipe, un poignard. Les femmes se
vêtent d'une petite jupe décorée de coquilles d'œufs d'au-
truche, d'anneaux et de verroteries diverses, avec tablier
de cuir orné de perles de fer. Les Ovampo aiment à s'en-
duire la tête d'un empois sur lequel ils collent des palmes
de 0^^,20 à 1^,50 de long. Les armes à feu ont fait aban-
donner les flèches empoisonnées, lances de fer, mas-
sues, etc. Les huttes sont rondes ou coniques très basses,
construites avec des poteaux enduits de boue. On les en-
toure de haies épineuses ou de palissades. Le travail du
fer, la poterie, étaient l'œuvre de castes spéciales; ce sont
des Boschimans qui exploitent le cuivre d'Upingtonia. L'éle-
OVAMBO - OVARIOTOMIE
— 724
vage est peu important, la culture est la ressource essen-
tielle, légumineuses surtout. Les chèvres et la volaille
abondent ; la viande de chien est la plus appréciée.
l^iHL. : ScHiN/, Deutsch SaclwestufriJai; Leipzig, 1801
OVANCHES. Com. du dép. de la Haute-Saône, arr. de
Yesoul, cant. de Scey-sur-Saune ; 250 hab.
OVANDO (Don Nicolas), premier gouverneur général
des Indes occidentales, né vers 14()0, mort en lSi8.
Nommé en 4 501 gouverneur des nouvelles possessions
espagnoles en Amérique par Ferdinand d'Aragon et Isa-
belle, reine de Castille. Il était chargé de remplacer Fran-
cisco de Bovadilla, dont la mauvaise administration avait
déjà ruiné ces pays récemment conquis. Parti de San-
Lucar le 43 févr. 1502, avec une flotte très importante,
il arriva à Santo-Domingo le 15 avr. suivant. Il rétablit
l'ordre dans l'île, fonda plusieurs villes qui sont aujour-
d'hui très prospères. Son administration ne tarda pas à
être aussi désastreuse que celle de tous les conquérants
espagnols. Il exerça de telles exactions et soumit les
Indiens à des travaux tellement pénibles que deux ans
après son arrivée, la province avait déjà perdu 200. 000 hab.
Il ruina complètement la province de Xaragua ; après avoir
attiré les Indiens à une fête, il les lit tous massacrer par
ses soldats. Rappelé enfin par la cour d'Espagne, il vécut
dans son pays comblé de richesses et de considération.
OVAR. Ville du Portugal, prov. de Beira, au N. de la
lagune d'Aveiro ; 11.000 hab. Pêcheries.
OVARALGIE ou OVÂRIE (Méd.)(V. Ovaire, § Patho-
logie),
OVARI. Province maritime du Japon, à l'F. de Nippon
(l'okaïdo), incorporée au ken d'Aïtsi. Elle donne son nom
au profond golfe d'Ovari, sur lequel est la grande ville
de Nagoga.
OVARIOTOMIE. Ablation de l'ovaire. Cette opération
peut s'exécuter par la voie abdominale ou par la voie va-
ginale. Cette dernière est d'adoption toute récente et ne
saurait s'appliquer ({u'à des cas très particuliers : aussi le
terme d'ovariotomie, sans autre indication, s'applique-
t-il ordinairement à l'ovariotomie abdominale, et, dans le
public, il a pris un sens plus étendu encore, en s'appli-
quant, à tort d'ailleurs, à toute ouverture de l'abdomen
pratiquée chez la femme, dans le but d'intervenir sur les
trompes ou sur les ovaires. Ces interventions étant mul-
tiples, le terme d'ovariotomie est réservé, dans le voca-
bulaire chirurgical actuel, à l'extirpation de Fovaire seul,
pour lésion lui appartenant en propre, c'est-à-dire, dans
Fimmense majorité des cas, pour le kyste ovarique ou pa-
rovarique. L'ablation des deux ovaires sains, faite systé-
matiquement, par exemple pour amener l'atrophie des
fibromes, s'appelle plus particulièrement castration ova-
rienne ou opération de Battey. L'ablation de l'ovaire et de
la trompe correspondante s'appelle oophoro-salpingec-
tomie.
La première ovariotomie, attribuée d'abord à Abraham
Cyprianus (1707), appartient en réalité à Ephrann Mac
Dowell (1809) et fut suivie de guérison. Mais ce ne fut
qu'avec W.-L. Atlee (1844) et surtout Spencer AVells
(1858) que cette opération prit définitivement place dans
la chirurgie, du moins en Amérique et en Angleterre. La
France fut plus longue à l'adopter. La première (1844)
appartiendrait à Woyerkowsky. En 1856, l'opération était
solennellement condamnée par l'Académie de médecine
après une discussion où Malgaigne se montra d'une intolé-
rance extraordinaire et qui est des plus curieuses à relire
aujourd'hui. Nélaton, après avoir vu opérer Spencer Wells,
fit en 1862 quelques tentatives qui restèrent sans succès.
Puis Kœberlé en 1864 et surtout Péan contribuèrent, par
leurs succès éclatants, à vaincre les résistances officielles et
à acclimater chez nous une opération qui, avec la décou-
verte de l'antisepsie, est devenue tout à fait courante. La
connaissance que l'on a aujourd'hui des kystes papillaires,
capables, dans des conditions impossibles à prévoir, d'ac-
quérir une malignité extrême, et, en cas d'elfusion de
quelques gouttes de leur contenu dans le péritoine, d'ame-
ner une inoculation péritonéale rapide et des métastases
conduisant inévitablement à la mort, a beaucoup restreint
la faveur de l'antique ponction : il est de règle aujourd'hui
de pratiquer l'ablation du kyste dès que sa présence est
soupçonnée, sans attendre que son développement exa-
géré compromette Fcxistence de la malade et diminue ses
chances de résistance au traumatisme opératoire. L'opé-
ration, dans les conditions d'asepsie actuelle, et dans
le cas ordinaire de kyste hyalin simple, est d'une réelle
bénignité. Elle a pu être pratiquée à tout âge : de Santa-
Anna l'a faite chez une enfant d'un an et Chiene chez une
enfant de trois mois. Même dans la vieillesse, et en évitant
les accidents de congestion pulmonaire et d'eschare
sacrée, toujours à craindre chez les vieillards, on a pu la
pratiquera 77 ans (Terrier), à 80 ans (Owen) et à 82 ans
et demi (Homans). La mortalité est forcément très va-
riable, puisque les conditions sont loin d'être toujours les
mêmes : à ne consulter que celle des grands operateurs,
elle a pu varier de 18,5 7o (Terrier) à 3,8 7o (C. Braun).
Les préparatifs de Fopération ont une grande impor-
tance. La malade aura pris, pendant les jours précédents,
plusieurs bains alcalins : elle aura été purgée une fois ou
deux, et Fou aura pratiqué au besoin l'antisepsie préalable
du tui)e digestif par le naphtol et le salol. Une fois en-
dormie, elle sera placée sur la table d'opération, les jambes
entourées de bottes de ouate, et mise, soit simplement sur
le dos, soit dans la position dite de Trendelenburg, c.-à-d.
couchée sur un plan incliné à 45^, la tête se trouvant en
bas. La salle d'opération sera chauffée à 25^ au moins ; on
emploiera le plus petit nombre possible d'aides. Lawson
Tait, en dehors du chloroformisateur, n'en emploie qu'un.
Le chirurgien se placera soit entre les jambes écartées de
la malade, soit sur le côté, ayant, dans ce cas, son aide
en face de lui. La peau de l'abdomen sera soigneusement
désinfectée et tout spécialement la région du nombril et
celle du pubis : celle-ci sera rasée. Cetle désinfection sera
exécutée par un aide au moyen d'un savonnage prolongé,
combiné au brossage, suivi' du lavage à l'alcool, puis à
Féther (pour dégraisser); finalement des compresses im-
prégnées de sublimé à 1 «oo serviront à un dernier et
minutieux brossage de la peau. Le chirurgien, pendant ce
temps-là, se sera désinfecté les mains et les avant-bras, au
moyen du savon et de la brosse, puis de bains successifs
dans le permanganate de potasse, le bisulfite de soude,
l'alcool et enfin le sublimé à 1 7oo- D^s compresses stéri-
lisées recouvrant l'abdomen, à l'exception de la ligne d'in-
cision, le chirurgien saisira un bistouri fort, àlameconvexe,
et, tendant la peau entre le pouce et l'index de la main
gauche, l'incisera sur la ligne médiane, sur une lon-
gueur de 8 centim. environ, dans les cas ordinaires, en par-
tant de deux travers de doigt au-dessus du pubis : il n'existe
d'ailleurs aucune règle à cet égard, certains chirurgiens
préférant des incisions très courtes, juste suffisantes pour
l'introduction des deux doigts, d'autres n'hésitant pas,
lorsque le volume de la tumeur et les difficultés de son dé-
gagement l'exigent, à faire remonter l'incision jusqu'au
delà du nombril, en décrivant un demi-cercle autour de
celui-ci, ordinairement à gauche, pour éviter le ligament
du foie. Cette incision qui sera faite franchement et d'un
seul coup, dans les cas ordinaires, devra, par contre, être
menée doucement et avec une extrême prudence lorsque
l'abdomen sera distendu par un kyste énorme et la peau
réduite sur la ligne médiane aune couche très mince. L'in-
cision ayant dépassé le derme, on divisera le tissu cellu-
laire sous-cutané jusqu'à la couche musculaire. Arrivé à
celle-ci, on cherchera l'interstice des deux muscles droits
de l'abdomen, l'habitude étant d'ouvrir la couche muscu-
laire à ce niveau : en réalité, il n'y aurait aucun inconvé-
nient, sinon même avantage, selon certains chirurgiens, à
inciser en plein muscle et à sectionner la gaine aponévro-
tique. Au-dessous de celle-ci, on rencontrera le tissu cel-
lulaire sous-péritonéal, chargé de pelotons graisseux jau-
725
OVAKIOTOMIE
nâtres, ou réduit à quelques fibres minces, selon la plus
ou moins grande épaisseur des parois. C'est alors que l'on
rencontrera enfin le péritoine, qui ne sera abordé qu'avec
des précautions extrêmes : pour l'inciser, on le découvrira
sur une certaine étendue, en s'assurant autant que pos-
sible, par quelques mouvements de glissement, qu'il n'existe,
à l'endroit choisi, aucune adhérence entre lui et la paroi
du kyste ou une paroi intestinale ; un léger pli sera sou-
levé au moyen d'une pince, une boutonnière étroite sera
pratiquée à ce niveau, et, tout en continuant de soulever,
l'index sera plongé par cette brèche dans la cavité abdo-
minale pour s'assurer qu'aucune adhérence n'existe au ni-
veau de la ligne future d'incision; au besoin, si on en
rencontrait, celles-ci seraient rompues avec douceur. La
voie reconnue libre, le péritoine est incisé longitudinale-
ment, soit sur le doigt, soit sur une sonde cannelée, jus-
qu'au-dessus du pubis, où une attention toute spéciale sera
portée pour ne point blesser la vessie. Quelques pinces à
forcipressure seront placées sur les bords de l'incision. Des
compresses stérilisées chaudes serviront à refouler l'épi-
ploon et les intestins, si ceux-ci viennent faire hernie
dans la plaie ; la position de Trendelenburg permet tout
spécialement d'éviter cet incident ; mais on lui a reproché
d'exposer, en cas de rupture du kyste et d'effusion de liquide,
à la souillure de toute la cavité abdominale. Le chirurgien
ira alors à la recherche de la tumeur, si celle-ci ne se pré-
sente pas spontanément : dans ce cas, les doigts, placés dans
l'angle inférieur de l'incision, iront reconnaître le cul-de-
sac vésico-utérin, puis l'utérus lui-même et sa face posté-
rieure dont il suffira de s'éloigner, dans la direction des flancs,
sans quitter le contact du ligament large, pour rencontrer
la trompe et l'ovaire ; celui-ci sera alors attiré au dehors le
plus possible, en le libérant, par des tractions douces et
toujours sous le contrôle de l'œil, des adhérences qu'il peut
avoir contractées avec l'intestin. La portion de ligament
qui le rattache encore constituera, une fois étirée, ce qu'on
appelle le pédicule; celui-ci sera traversé par une aiguille
chargée d'un fil doul)le, en prenant soin de protéger l'in-
testin, à ce moment, contre toute blessure. L'anse du fil
étant sectionnée et l'aiguille libérée, on fiera séparément
les deux moitiés du pédicule, après avoir eu soin de croiser
les deux chefs des fils du même côté. Cette ligature sera
faite au moyen de fils de soie tressée plate, d'une grande
solidité. Si le pédicule était large et charnu, on ferait de
même plusieurs transfixions successives du pédicule sur
la largeur, en posant ainsi plusieurs Mgatures que le croi-
sement aura rendues solidaires les unes des autres : c'est
la ligature dite en chaîne. Une section faite au bistouri,
ou mieux au thermocautère, sera pratiquée à 1 centim.
environ au-dessus de la ligature et détachera complète-
ment l'ovaire, pendant que des compresses , soigneusement
appfiquées, protégeront l'intestin contre le rayonnement
du cautère.
Dans le cas de tumeur volumineuse, à paroi mince et
risquant de se déchirer par des manœuvres trop prolon-
gées, on n'hésitera pas à vider d'abord le kyste de son
contenu en enfonçant dans la paroi un gros trocart :
ce procédé vaut mieux que l'incision franche au bistouri
employée par certains, et qui, si elle donne une évacuation
d'abord plus rapide, expose à la souillure du péritoine par
le liquide lorsque le jet touche à sa fin et devient baveux.
L'irruption du liquide des kystes hyahns dans le péritoine
ne paraît pas présenter grand danger; par contre, celui des
kystes papillaires expose à l'inoculation générale de la sé-
reuse et à la mort rapide par métastases s'il s'agit d'un
néoplasme malin. La poche du kyste étant vidée à peu près
complètement, on s'assurera qu'aucune poche secondaire
n'existe dans la profondeur, auquel cas on lui donnerait
issue dans la première. La tumeur étant enfin réduite à sa
paroi, ceUe-ci est soigneusement séparée de toutes les
adhérences qui pourraient l'unir à l'intestin ; les adhérences
minces seront détachées avec la tranche de la main posée
à plat ; si elles présentent quelque résistance, il sera pru-
dent de les sectionner entre deux pinces, en plaçant une
ligature au catgut du côté intestinal : en cas d'adhérences
kirges et tout en surface, il vaudra mieux découper dans
la paroi du kyste la partie impossible à décortiquer et
l'abandonner dans l'abdomen après avoir promené le ther-
mocautère sur sa surface. La hgature du pédicule sera
pratiquée comme plus haut.
Dans certains cas, l'extirpation totale sera absolument
impossible, la surface d'implantation du kyste étant trop
étendue pour être réduite sous forme de pédicule, ou les
adhérences étant trop larges et trop nombreuses pour
qu'on puisse laisser sans danger dans le péritoine, au cas
où on passerait outre, de vastes surfaces sécrétantes ou
saignantes. Dans ce dernier cas, on ne refermera pas le
ventre complètement et l'on se contentera de restreindre
rétendue de l'incision à quelques centimètres, selon les
procédés de suture qui seront décrits tout à l'heure : la
cavité suspecte sera isolée du reste de la grande cavité
abdominale par un tamponnement modérément compact,
obtenu en tassant quelques bandes de gaze qu'on laisse
faire issue au dehors : ce tamponnement forme une sorte
d'épongé aseptique réalisant à la fois l'hémostase et le
drainage ; des fausses membranes se forment rapidement
autour de lui et isolent définitivement la loge du kyste.
La fermeture définitive se produit spontanément au bout
de quelques semaines après diminution graduelle de vo-
lume des pansements. Lorsqu'au contraire la formation
du pédicule aura été impossible, on l'abandonnera dans
le ventre et l'on inarsupialisera le kyste, c.-à-d. qu'on
suturera ses bords à ceux de la plaie cutanée, en consti-
tuant ainsi une poche que les Américains ont comparée à
celle des marsupiaux. Ce procédé, de même que le précé-
dent, n'est jamais qu'un pis aller, qui impose aux opérées
une convalescence longue et dangereuse et laisse à la pa-
roi une cicatrice vicieuse pouvant devenir dans la suite
le point de départ de hernies ou d'éventration.
Si le kyste a pu être enlevé complètement, il ne res-
tera plus qu'à fermer le ventre. On procédera d'abord
à la toilette du péritoine, c.-à-d. qu'au moyen d'é-
ponges stériUsées, montées sur de longues pinces à pan-
sement et soigneusement comptées au préalable, de
peur d'oubli, on débarrassera la cavité du petit bassin
des hquides ou des caiUots qu'on pourra y trouver ; cette
opération devra être pratiquée avec une extrême dou-
ceur, de façon à éviter tout froissement du péritoine intes-
tinal ou pariétal et à laisser intact son revêtement endo-
théhal, sans lequel sa résistance à l'infection, au cours
des suites opératoires, serait singufièrement amoindrie. On
retire alors de l'abdomen les compresses qui servaient à
protéger l'intestin : l'épiploon est ramené sur la masse
intestinale, et une compresse large et mince, bien chaude,
protège une dernière fois les organes pendant la fermeture
de la paroi. Celle-ci sera pratiquée, soit en un seul plan,
soit par plans séparés : ce dernier procédé a peut-être
l'inconvénient d'allonger la durée de l'opération, qu'il est
de principe de faire aussi courte que possible, mais il met
mieux en garde contre la dissociation ultérieure des cou-
ches musculaires de la paroi, c.-à-d. l'éventration. Dans
le premier cas, toute l'épaisseur de la tranche sera tra-
versée par l'aiguille armée d'un crin sofide. Un certain
nombre de points profonds seront ainsi placés sur les côtés
de l'incision, à 2 centim. environ l'un de l'autre, et en
s'enfonçant chacun à 2 centim. environ du bord de la plaie.
Ces fils étant noués solidement, et fortement serrés, des
points superficiels seront placés sur la peau, entre les
points profonds et à 2 ou 3 millim. de l'incision, en ne
comprenant dans leur trajet que l'épaisseur du derme, et
en nombre suffisant pour amener un exact affrontement
cutané. Si le chirurgien adopte la suture par étages, il
commencera par réunir les bords de l'incision péritonéale,
au moyen d'un surjet au catgut (V. Ligature), en retirant
graduellement, au fur et à mesure, la compresse laissée
pour protéger l'intestin contre les échappées de l'aiguille.
OVARIOTOMIE — OVE
— 726 —
Un second surjet au cagut ou à la soie suturera les muscles
droits et leurs aponévroses. On n'aura plus devant soi que
le tissu cellulaire sous-cutané dont on régularisera aux ci-
seaux les pelotons graisseux débordants et que l'on net-
toiera au moyen d'une compresse imbibée d'une solution
phéniquée forte. La suture de la peau sera faite, soit par
points séparés superficiels au crin, soit par un surjet unique
également au crin, soit enfin par un surjet invisible à la
soie fine ou au catgut, circulant dans l'épaisseur de la
tranche cutanée sans se montrer au dehors (suture intra-
dermique). La peau sera alors soigneusement lavée à l'alcool
fort (Blondel). La plaie sera saupoudrée d'un antiseptique
pulvérulent quelconque (iodoformo, salol, airol, etc.). Quel-
ques chirurgiens placent par prudence plusieurs bandelettes
transversales de gaze fixées à la peau au moyen de collo-
dion, pour alléger la tension des sutures ; une épaisse couche
de ouate est placée ensuite sur le ventre et un bandage de
corps bien serré recouvre le tout. — La malade sera reportée
dans son Ht et laissée à la diète absohio pendant vingt-
quatre heures : c'est le meilleur moyen d'amener la cessa-
tion des vomissements chloroformiques. Le lendemain, un
lavement purgatif léger sera prescrit, ou môme une pur-
gation saline si l'estomac n'est point trop rebelle. Il importe,
en effet, de parer au danger le plus habituel de ces suites
opératoires, c.-à-d. la paralysie intestinale, que l'on a attri-
buée, soit au refroidissement de l'intestin, soit à l'irritation
de la séreuse par des manœuvres trop prolongées, soit, plus
vraisemblablement, à l'infection. Quoi qu'il en soit, une malade
qui, dans les quarante-huit premières heures, n'aura pas eu
d'évacuations gazeuses, sera sérieusement menacée de cette
parésie intestinale, prélude ordinaire de la péritonite : on
se trouvera bien, dans ce cas, de l'emploi d'une grosse sonde
de caoutchouc placée profondément dans le rectum, pour
réveiller la contractilité intestinale et prévenir le tympa-
nisme en assurant l'évacuation des gaz. On surveillera tout
particubèrement l'état du pouls, quia ici plus d'importance
que la température, laquelle reste souvent normale et môme
au-dessous, au cours des péritonites les plus graves. Par
contre, l'élévation graduelle du nombre des pulsations, coïn-
cidant avec leur affaiblissement, sera d'un très mauvais
pronostic ; en même temps, si les vomissements chlorofor-
miques, au lieu de s'atténuer, deviennent plus fréquents,
presque continus, et font rejeter par petite quantité un
liquide plus ou moins verdàtre, chargé de particules brunes
(hémorragies gastriques capillaires), on pourra, à coup sûr,
diagnostiquer la péritonite. La malade s'éteint peu à peu,
dans ces cas aigus, avant la fin du troisième jour, dans le
refroidissement et la torpeur, sans grandes souffraiices.
Mais il existe aussi une forme d'infection tardive, phis
rare, apparaissant du dixième au dix-septième jour, alors
que tout danger semble écarté, et que l'on a attribuée à
l'infection par le moignon du pédicule sphacélé au-dessus
de sa ligature. Contre ces accidents post-opératoires, qui
deviennent heureusement de plus en plus rares avec la
perfection de l'asepsie et la plus grande rapidité des opé-
rations, la réouverture du péritoine avec désinfection im-
médiate de sa cavité au moyen de grands lavages antisep-
tiques, suivis du placement d'un drain dans la plaie, et
même d'un second par une brèche faite dans le cul-de-sac
vaginal postérieur, a été tentée plusieurs fois, mais sans ré-
sultats bien encourageants. Les injections de sérum artifi-
ciel (eau salée, 9 °/oo) pratiquées, soit dans le tissu cellulaire,
soit dans les veines, à doses massives (1.500 à 2.000 gr.
en vingt-quatre heures), ont permis quelques rares sauve-
tages. Lorsque l'issue de l'opération doit être heureuse,
le pouls se maintient au-dessous de 420, les vomissemenis
s'atténuent (sans qu'il y ait toutefois de règle absolue à cet
égard), l'intestni émet des gaz ou même des matières. On
pourra dès le second jour doinier quelques boissons froides ;
le troisième, du bouillon, du lait, quelques fruits à sucer.
Dès le quatrième jour, on alimentera graduellement la ma-
lade, sans fatigue, et en faisant intervenir quelques pur-
gations légères de temps à autre. Le pansement sera changé
le huitième jour e( les fils superficiels pourront êti-e enle-
vés ; les fils profonds seront retirés le dixième, le douzième
jour, ou même plus tard, s'il s'agit d'une suture en un seul
plan et qu'il subsiste quelque doute sur la sohdité de la
cicatrice. La malade se lèvera au bout de trois semaines et
devra porter six mois ou un an une ceinture abdominale
destinée à assurer la solidité de la paroi.
L'ovariotomie ;x/?' la voie vaginale na peut guère être
pratiquée que pour les kystes ne dé])assant pas le volume
d'une tête de fa4us et exempts d'adhérences importantes
— ce qu'on ne peut jamais déterminer à l'avance. Une
incision semi-circulaire sera tracée en avant ou en arrière
du col de l'utérus, selon qu'on jugera avoir un accès plus
direct sur le kyste par le cul-de-sac antérieur ou le cul-
de-sac postérieur. Dans le premier cas, on décollera la
vessie jusqu'au péritoine; on la protégera au moyen d'une
valve, on cherchera à amener la paroi du kyste dans la
plaie à l'aide d'une pince, on le videra par ponctions, puis,
lorsqu'il sera réduit à une poche flasque, on attirera
celle-ci au dehors et on liera le pédicule comme à l'ordi-
naire ; on suturera ensuite la ])laie vaginale. Si l'on pro-
cède par le cul-de-sac postérieur, l'incision première
conduira directement, après un léger décollement à l'aide
de l'index, dans le pli de Douglas, oii l'on opérera de la même
manière que derrière la vessie ; on pourra laisser un drain
ou une mèche de gaze pendant quarante-huit heures, au
lieu de refermer de suite. — L'ovariotomie, par cette
voie, a l'avantage de ne pas laisser de cicatrice abdomi-
nale et de réduire considérablement les dangers du trau-
matisme péritonéal. Mais le détachement des adhérences
est forcément aveugle, et l'on risque alors de laisser à son
insu dans l'abdomen une déchirure intestinale fatalement
mortelle. De plus, le procédé n'est pas applicable aux
kystes volumineux qui, même vidés, laissent trop d'étoffe
pour passer sans difficulté par la brèche vaginale, forcé-
ment étroite. Les accidents généraux tardifs dus à l'abla-
tion complète des deux ovaires ont été décrits à ce mot.
L'ablation d'un seul ovaire, ou, en cas d'ovariotomie double,
la persistance d'un simple fragment de substance ovarique,
laissée à dessein ou non par le chirurgien, permet le
retour de la menstruation et la possibilité de grossesses
ultérieures. D^' R. Blondel.
OVARITE (Méd.) (V. Ovaire, § Patholoijie).
OVATION (Antiq. rom.). Honneur décerné aux généraux
vainqueurs à qui l'on ne voulait pas accorder le grand
ti'iomphe. On obtenait l'ovation pour des succès sans grand
éclat, en vertu d'un sénatus-consulte. Le général qui avait
obtenu Fovatio]! entrait dajjs la ville soil à pied, soit à
cheval, et escorte des plébéiens ou des chevaliei's, mais
non des sénateurs, montait au Capitole où il sacrifiait une
brebis. L'ovation seule était accordée lorsque la guerre
n'avait pas été déclarée dans les formes, ou n'avait pas
été dirigée contre des eimemis réguliers, par exemple
contre les pirates, les esclaves révoltés ; quand une ville
avait été prise avec une trop grande effusion de sang du
coté des vainqueurs. Le consul Postumius^Tubertius obtint
Je premier l'ovation pour les succès remportés sur les
Sabins.
OVA-ZOROTOU (V. Damaras).
OVE (Arcliit.). Ornement courant rappelant ''par sa
forme un a.^uf, le plus souvent posé sur sa pointe et appU-
qué généralement sur des moulures ayant pour profil un
(juart de rond, qu'il s'agisse de Fécliine des chapiteaux
dorique, ionique et composite, ou de mouhu^es apparte-
nant à la l)ase de colonnes, piliers ou piédestaux, ou en-
core de moulures au-dessous des denticules dans la cor-
niche d'un entablement. Des dards aigus ressemblant ta des
fers de flèche ou à des i'euilles d'eau très allongées, sépa-
rent presque toujours les oves, au-dessous ou au-dessus
desquelles courent fréquemment un chapelet de perles et
d'olives et que surmontent généralement un filet ou listel.
Les oves se voient surtout dans les édifices de l'antiquité
gréco-romaine, de la Renaissance et des temps modernes.
-- 727 —
OVE — OVERBERG
C'est à tort que, par extension, on donne quelquefois le
nom à'ove à l'échiné du chapiteau ou à une moulure en
quart de rond sur laquelle se détache une ornementation
composée d'oves. Les oves grecques, souvent amincies par
le bas, sont de formes plus élancées que les oves romaines
et,/lans les monuments de la Renaissance et de nos jours,
il n'est pas rare de voir des oves ornées elles-mêmes, à
leur partie inférieure, d'une sorte de culot sculpté en forme
de feuillage : ces oves sont dites fleuronnt'es. Ch. L.
OVENS (Juriaen ou Jurgen), peintre hollandais, né à
Tonning(Ilolstein) en 4623, mort à Friedrichstadt (Sles-
vig) en 1678. Il habita longtemps Amsterdam et fut,
d'après Houbraken, un des élèves de Rembrandt. Mais il
suivit la mode, et ses portraits, d'ailleurs bien dessinés et
parfois très élégants, dénotent l'influence des Italiens, de
B. van der Helst et surtout de van Dyck. En 1660, il fut
chargé de terminer pour l'hôtel de ville le grand tableau
de Claudius Civilis, resté inachevé après la mort de G.Flinck.
On dit qu'il se tira de cette tache à son grand honneur.
Le taljleau est presque détruit aujourd'hui. OEuvres à
Amsterdam, La llave, etc. l]. Dl'ranu-Guéville.
OVERALL (John), prélat anglais, né à Hadlcigh (Suf-
folk) en 1560, mort à Norwicll le 12 mai 1619. Elève
distingué de l'Université de Cambridge, professeur de théo-
logie de cette Université, doyen de Saint-Paul en 1602,
il devint évoque de Norwich en 1618. 11 joua un grand
rôle dans l'histoire rehgieuse du temps et a laissé un cer-
tain nombre d'ouvrages de pure controverse. R. S.
OVE RAT H. Village de Prusse, district de Cologne, sur
l'Agger ; 5.381 hab. (en 1895). Usines de plomb et de
zinc. Villégiature d'été.
OVERBECK (Christian-Adolf), homme public et litté-
rateur allemand, né à Liibeck le 21 août 1755, mort le
9 mars 1821. Après avoir fait des études juridiques à
l'Université de Gœttingue, puis dirigé pendant deux ans
une école à Brème, Overbeck rentra dans sa ville natale
et se consacra aux affaires publiques, soit comme juriste,
soit en qualité de diplomate, soit, à partir de 1814,
comme bourgmestre cle Lubeck. Ses occupations ne l'em-
pêchèrent pas de cultiver la poésie et la musicpie ; il est
l'auteur de poésies écrites dans la manière de Voss, dont
il était le disciple et l'ami, et qui sont tombées aujour-
d'hui dans un oubli d'ailleurs mérité. Il a publié en 1781
F)itzchens Lieder, en 1794 Vermischte Gedichte, en
1800 des traductions d'Anacréon et de Sapho. Il est le
père du célèbre peintre Friedrich Overbeck. H. L.
BiBL. : C.-G. OvERB]':cK, Zur Erinnerung ans C.-A. Over-
beck; Lûbcck, 1830. — Hasse, Allgem. deulscJie D'i(jgr.,
t. XXV, pp. 5 et suiv.
OVERBECK (Johann-Friedrich), peintre allemand, né
à Lubeck le 4 juil. 1789, mort à Rome le 12 nov. 1869,
fds du précédent. Déjà sous l'influence romantique, il se lia à
Vienne avecPforr, Vogel qui étudiaient les primitifs italiens
et hollandais. En 1810, ils se rendirent à Rome, où vinrent
les rejoindre Cornélius, puis VeitetSchnorr; ils s'installèrent
ensemble au cloitre Saint-Isidore et y fondèrent une école
allemande préraphaélite ; plus tard, ce fut l'école plus
étroite encore des nazaréens dont Overbeck fut le chef.
Cette nouvelle école romantique se révéla à Berlin par
l'exposition de fresques relatant l'histoire de Joseph (exé-
cutées dans la villa du consul de Prusse). En 1816, Over-
beck peignit la Vente de Joseph et les Sept Années
maigres. Il peignit ensuite un certain nombre de fresques
sur des épisodes de la Jérusalem délivrée (pour la villa
Massimi qu'il avait été chargé do décorer avec Cornélius
et Schnorr). Peu après, il peignit sa fresque la plus cé-
lèbre, celle du Miracle des roses de saint François, à
Santa Maria degU Angeli à Assise. Overbeck a fait peu
de tableaux à l'huile (Entrée du Ctirist à Jérusalem,
Italie et Germanie, le Christ au mont des Oliviers, la
Mort de saint Joseph, le Couronnement de Marie et le
Triomphe de la religion dans les arts). Ses derniers
tableaux datcRt de 1816 : on peut citer un Christ sur le
mont Nazareth. Ses dessins sont remarquables par la
noblesse de la composition et leur profonde piété. On
admire surtout une Vie de Jésus (iO dessins), la Passion
(11' stations) et les Sept Sacrements. Overbeck est, parmi
les fondateurs de l'école romantique, presque le seul qui
n'ait pas abandonné sa voie. Ses œuvres sont remarquables
par la composition savante, la simplicité de l'expression,
leur pureté et leur suavité, qui font penser au Pérugin,
à Francia et à Raphaël dans sa jeunesse. La mollesse des
corps, la religiosité un peu fade des sujets, un certain
caractère archaïque, le dédain du nu sont les principaux
défauts du peintre. Il s'était converti au catholicisme en
1813. Ses élèves les plus marquants ont été Steinle et
Fuhrich.
BiBL. : liowiTii, F. Ovcrbecli^ sein Leben und Schaffen ;
Friboiirg, 188G.
OVERBECK (Johanncs-Adolf), archéologue allemand,
né à Anvers le 27 mars 1826, mort à Leipzig le 8 nov.
1895, neveu du précédent. Il a publié : Katalog des
kœniglichen rheinischen Muséums vaterlœndischer
Altertilmer (1851); Kunstarchœologische Vorlesungen
(1853); Geschichte der griechischen Plastik (1857 et
1893) ; Die anliken Schriftguellen zur Geschischte
der bildenden Kunste bei den Griechen i(i8i^8) ;
Griechische Kunstmythologie (1871-89).
OVERBECK (Franz), exégète et hi^,torien suisse, né
à Saint-Pétersbourg le 16 nov. 1837. Depuis 1870 pro-
fesseur de théologie à Râle, il a publié: Ueber die Christ-
lichkeit unsrer heutigen Théologie (1873) ; Studien
zur Geschichte der alten Kirche (1875) ; IJeber die
Auffassiing des Streits des Paulus mit Petrus in An-
tiochien bei den Kirchenvœtern (1877) ; Zur Ges-
chichte des Kanons (1880); Die Anfcenge der Kir-
chengeschichtschreibung (1 893) .
OVERBERG (Bernhard), pédagogue catholique allemand,
né à Hœckel, près d'Osnabriick, en W^estphalie, le 1*^^' mai
1754, mort à Munster le 8 nov. 1826. Il était de consti-
tution faible, et son esprit ne se développa que tardive-
ment. Aussi éprouva-t-il des difficultés incroyables à ap-
prendre à lire et à écrire. Mais la vocation ecclésiastique,
([ui se déclara de bonne heure chez lui, semble avoir opéré
en lui une soudaine transformation intellectuelle. Il se met
à l'étude avec ardeur et, en quehpies mois, regagne le
temps perdu. Il entre, en 1771, au gymnase de Rhein et
son ardeur extraordinaire, son zèle de tous les instants le
mettent bientôt hors de pair. Il étudie la théologie et la phi-
losophie à l'Académie de Munster, est ordonné prêtre et
nommé vicaire à Everswinkel en 1780. Le souvenir de sa
jeunesse difficile le décide dès lors à se consacrer à l'édu-
cation des enfants. Ses succès de pédagogue et de caté-
chiste furent tels cpie le ministre, baron Furstenberg, le
nomma dès 1783 professeur à l'Ecole normale de Munster.
Il s'y consacra notamment à compléter l'instruction très
insuffisante des instituteurs au moyen de cours de vacances.
En 1809, il est nommé supérieur du séminaire théologique
de Munster. Son influence morale est alors considérable. Il
est le directeur de conscience de tous ses élèves, anciens
et nouveaux, et d'un grand nombre de personnes étrangères
avec lesquelles il entre lient une correspondance assidue.
Cotte influence était faite moins de supériorité intellectuelle
que de bonté, de patience infatigable et d'absolu désinté-
ressement. En 1822, il refuse une prébende de 1.200 tha-
lers au chapitre do Munster, et, quand il meurt, il laisse
le souvenir d'un véritable apôtre de l'enseignement reU-
gieux et moral. — Overberg occupe une place des plus
honorables dans l'école pédagogique cathoUque antérieure
àPestalozzi. Son Anweisung zum zweckmdssigen Schul-
unterricht fur die Schullèhrer im FiirstenthumMilns-
ler (1793; 8^ éd., 1841) est restée longtemps l'un des
principaux manuels classiques de la pédagogie allemande.
Il a aussi laissé des ouvrages d'enseignement qui ont joui
d'une certaine vogue: Fibel (Abécédaire) (1793); Biblis-
che Geschichte (1799) ; Ilandbuch derPieligion (1804).
OVERBERG — OVIDE
— 728 —
Son Anweisumj a été traduite en français sous le titre de
Manuel de pédagogie et de méthode générale, ou Guide
de l'instituteur primaire, parN.-J. Cornet (Liège, 1844 ;
2^ éd., 1843). Th. Ruyssen.
BiBL. : G -H. Schubert. Vie dVverberq, trad de l'allem.
par Léon Bore ; Paris, 1842 ; 2* éd , 1843".
OVERBURY (sir Thomas), poète anglais, néàCompton-
Scorpion (comté de Warwick) le 18 juin 1581, mort à
Londres le 15 sept. 1613. Après avoir fait de solides études
à Oxford, il se fit inscrire au barreau de Londres (1597).
Au cours d'un voyage d'agrément en Ecosse, il se lia inti-
mement avec un page du comte de Dunbar, Robert Carr,
qui devint par la suite le fameux comte de Rochester et
qui le poussa à la cour. Overbury prit part aux intrigues
qui amenèrent la liaison de la comtesse d'Essex, la femme
la plus débauchée de son temps, avec son ami Rochester ;
mais quand la comtesse eut obtenu son divorce et voulut
se marier avec son amant, Overbury lui fit une vive op-
position et écrivit même un poème, A wife, injurieux pour
lady Essex. Rochester n'osa passer outre, mais complète-
ment subjugué par sa maîtresse avide de vengeance, il
résolut d'abord d'écarter, puis de supprimer Overbury. On
offrit au poète l'ambassade de France, celle des Pays-Bas,
une mission en Russie ; mais il refusa de s'éloigner de
Londres. On fit alors jouer toutes les influences, et on obtint
du roi la permission d'emprisonner Overbury à la Tour.
Le 26 avr. 1613, il fut arrêté au sortir de la Chambre du
Conseil. Lady Essex gagna les officiers et un geôlier et fit
mêler du poison à la nourriture du prisonnier. Le 15 sept.,
Overbury mourait, et le 26 déc. Rochester épousait sa maî-
tresse. Deux ans après, le bruit que l'infortuné poète avait
été empoisonné se répandit. Une enquête amena l'arresta-
tion de Rochester (devenu comte de Somerset), de sa femme
et de leurs complices.il s'ensuivit un procès scandaleux ou
l'on découvrit que les grands seigneurs, les hauts fonction-
naires étaient en relations intimes avec des astrologues,
des charlatans et des empoisonneurs. Le comte et sa
femme reçurent leur pardon ; les complices furent exécutés.
Overbury, esprit très cultivé, a laissé : A wife now the
widdoiv of sir T. Overburije (Londres, 1614, in-lî2),
poème sur le mariage, plein de sensibilité vraie et très
finement écrit, qui eut un grand succès et de nombreuses
réimpressions ; The First and second Part of the Remedy
of Love (1620) ; Observations in his Travaile upon the
State of the Seventeen Provinces (1626) ; Miscella-
neous Works in verse and Prose (1756) ; des notes auto-
biographiques et des lettres qui existent, en mss., auBri-
tish Muséum. R. S.
BiBL. : The bloody clown fatll of Adultery, Murder, Am-
bition ; Londres, 1615, in-4 . — Narrative history of King
James ; Londres, 1G15, in-4. — A true and historical relation
of the poysonim/ of sir Thornas Overbiiru ; Londres, 1651.—
RiMBAULT, Préface à l'édition collective clés Œuvres d'O ver-
bury ; Londres. 1856.
ÔVERFLAKKEE. Ile du delta de la Meuse et du Rhin
dans les Pays-Bas, prov. de la Hollande méridionale, longue
de 39 kil., large de 9, entre le Haringviiet au N., la
Krammer au S. Conquise sur l'eau depuis le xiii^ siècle,
elle fut réunie à l'île plus occidentale de Goree en 1780.
OVERMEIRE. Com. de Belgique, prov. de la Flandre
orientale, arr. de Termonde ; 4.000 hab. Stat. du chem.
de fer de Gand à Hamme, à 17 kil. de Gand. Exploita-
tions agricoles.
OVERSTONE (Samuel-Jones Loyd, lord), économiste
anglais, né à Londres le 25 sept. 1796, mort à Londres
le 17 nov. 1883. Fils de Lewis Loyd, l'un des associés
de la grande maison de banque Jones Loyd and Co, de
Londres et Manchester, il fit à Eton et à Cambridge d'ex-
cellentes études, puis il entra dans la maison de son père,
en prit bientôt la direction et se montra, à sa tête, un
financier de premier ordre. De 1819 à 1826, il fut membre
de la Chambre des communes pour Hythe. En 1850, il
fut élevé à la pairie avec le titre de baron Overstone and
Fotheringhay. Il a écrit sur les questions financières etmo-
nétaires plusieurs ouvrages, ou Robert Peel a puisé les
éléments de sa grande réforme de la banque d'Angleterre
(V. Banque, t. V, p. 265), et qui l'ont fait ranger par
ses concitoyens parmi leurs économistes les plus éminents.
Macculoch a réuni les plus importants sous le titre : Jracts
and other publications on metallic and paper cur-
rency (Londres, 1858). On y trouve notamment la théo-
rie du règlement absolu ou currency principle (V. Bil-
let, t. VI, p. 862). L. S.
0VERWE6 (Adolf), voyageur allemand, né à Hambourg
le 24 juil. 1822, mort à Madouari, sur le lac Tchad, fe
27 sept. 1852. Naturaliste, il accompagna en 1849 H. Barth
et Richardson ; quand ils se séparèrent dans le Damerghou
(janv. 1851), il se rendit au pays de Gober et par Zinder
à Kouka où il rejoignit Barth (7 mai 1851), explora les
abords du Tchad et mourut de la fièvre. Il s'occupa sur-
tout des observations astronomiques, météorologiques, hyp-
sométriques et géologiques, que Barth utilisa dans ses
relations.
OVERYSSCHE. Com. de Belgique, prov. de Brabant,
arr. de Bruxelles, sur l'Yssche, afiL de laDyle, 6.000 hab.
Tête de ligne d'un chem. de fer vers Grœnendael ; à
16 kil. de Bruxelles. Exploitations agricoles, culture
sous verre de toute espèce de fruits ; brasseries, distil-
leries. L'église de Saint-Martin, de style ogival, est du
xii° siècle; celle de Notre-Dame au Bois, du xvii^ siècle,
renferme des objets d'art remarquables.
OVER-YSSEL (Overyssel). Province du royaume des
Pays-Bas, entre le Zuyderzee à l'O., la Prusse à l'E., les
prov. de Frise et Drenthe au N., de Gueldre au S.;
2.345 kil. q. ; 310.299 hab. (en 1894). C'est une plaine
surmontée de quelques colHnes sablonneuses, l'Ouest est ma-
récageux et très fertile, le Sud et l'Est appartient à la Geest,
terre haute couverte en grande partie de landes et semée
de tourbières. Le principal cours d'eau est l'Yssel qui
coule entre la province et celle de Gueldre ; puis son
affluent, la Schipbeek, et le Vecht. Des canaux unissent
l'Yssel, le Vecht, les cours d'eau de Frise, etc. Les prés
occupent 33 «/o, les champs 18 Vo, les bois 51/2 «/o de
la surface totale. L'élève du bétail et l'exploitation de la
tourbe sont les principales ressources avec l'industrie tex-
tile (coton), très développée dans la Twente, district voi-
sin de la Prusse. Le long de l'Yssel, la briqueterie est très
florissante. Le ch.-l. est Zwolle ; les autres villes no-
tables Deventer et Kampen. La province se divise en trois
districts : Zwolle, Almelo, Deventer.
OVIBOS (V. Bœuf, Mouton).
OVIDE (Pubhus Ovidius Naso) né à Sulmo, dans le
Samnium, le 20 mars de 43 av. J.-C, mort à Tomes
(Mésie) en 18 ap. J.-C. H appartenait donc à la dernière
génération du siècle d'Auguste, à celle qui n'avait vu ni la
république ni les guerres civiles, et qui, sans préoccupations
sérieuses, sans souvenirs attristants, n'avait qu'à se laisser
aller nonchalamment aux plaisirs de la vie calme et facile.
Il était fils d'un chevalier et avait un frère plus âgé
que lui, qui mourut à vingt ans. Sa famille, selon
l'usage, lui fit étudier l'art oratoire pour le pousser vers
le barreau. Il suivit notamment les leçons de deux rhé-
teurs célèbres, M. Arellius Fuscus et M. Porcins Latro,
dont il devait plus tard traduire en vers quelques phrases
(Métamorphoses, XIII, 121). Ces deux maîtres ne purent
guère combattre chez lui une tendance au mauvais goût
qu'ils partageaient eux-mêmes ; ils lui apprirent seulement
à amplifier ses pensées et à les aiguiser d'une façon subtile
et maniérée. Il avait dès lors, dit Sénèque le Père, un
esprit gracieux et aimable, mais avec trop de complaisance
pour lui-même. Il exerça quelques charges publiques ; il
fut triumvir capitalis, centumvir, decemvir silitibus
judicandis. Mais il s'en tint là. Malgré les reproches de
son père, il se donna tout entier à la poésie. Elle séduisait
tous les jeunes gens distingués, et d'ailleurs il y était
porté par une facilité d'improvisateur peu commune.
Ses Amours (1'"^ éd. en 5 Hvres, 2® en 3 livres, vers
14 av. J.-C.) sont un recueil d'élégies amoureuses dans
729 —
OVIDE
le genre de TihuUe et de Properce, mais avec moins de
sincérité et de passion, avec plus d'esprit et de préciosité.
Sa Corinne est loin d'être aussi vivante que la Cynthie de
Properce et surtout que la Lesbie de Catulle. Existe-t-elle
même réellement ou n'est-ce qu'une « Iris en l'air? » On
ne sait trop ; en tout cas, Ovide ne voit dans son amour
qu'une matière de roman, avec épisodes obligatoires (la
veillée à la porte, le billet donné, le billet renvoyé, la
maladie, la rupture, la réconciliation). Et cette matière,
il la traite en écolier consciencieux, sans y rien mettre de
son cœur, mais en y prodiguant toutes les ressources de
son esprit, amplifications faciles et souples, comparaisons
pittoresques, souvenirs mythologiques, plaisanteries quel-
quefois délicates, plus souvent bouffonnes et forcées.
L'œuvre n'a rien de touchant ni d'original ; elle ne vaut
que par quelques esquisses de mœurs contemporaines assez
légèrement enlevées.
Les Héroïdes ou Epîtres se rattachent aux Amours.
Après avoir exprimé sous son nom tous les sentiments
habituels des intrigues amoureuses, Ovide les reprend sous
le nom des héros ou des héronies de la mythologie grecque.
Il imagine, en dépit de toute vérité historique, des lettres
de Pénélope à Ulysse, de Phèdre à Hippolyte, d'CEnone à
Paris, de Didon à Enée, d'Ariane à Thésée, etc. Et à
toutes il prête le même ton, un ton ahsolument moderne,
d'un anachronisme voulu et amusant. Il est à mille Ueues
d'Homère et des tragiques grecs, bien qu'il leur emprunte
les données de ses élégies ; chez lui, les héros sont galants,
les héroïnes sont coquettes, tous font des madrigaux et
des pointes, tous sont défigurés et rapetisses. (Le recueil
qui nous est parvenu contient, outre les Héroïdes d'Ovide,
dix autres qui sont d'un imitateur.)
Cette galanterie superficielle et cet esprit léger trouvent
une troisième incarnation dans VArt d'aimer et dans les
Remèdes d'amour (2 et i av. J.-C, 752 et 753 de
Rome). Cette fois, Ovide fait la théorie des intrigues
amoureuses qu'il a mises en scène dans les Amours et les
Héroïdes. Il la fait avec une gravité plaisante, avec une
ironie douce, en spectateur amusé, narquois et bienveillant.
Pour nous, ce livre est précieux comme document histo-
rique : il fait revivre, dans tous ses détails, la vie élégante
et mondaine de Rome. Il a eu beaucoup de vogue à son
époque, jusqu'à la fin de la littérature romaine, et plus
tard encore, car au moyen âge c'est un des ouvrages les
plus lus et les plus imités, et c'est lui qui, par exemple,
suggère à Guillaume de Lorris la première idée du Roman
de la Rose. Si, par l'esprit et la vivacité pittores({ue,
Y Art d'aimer mérite ce succès, il révèle une perversion
morale affligeante. Ovide ne corrompt pas les mœurs de
son époque — la chose est déjà faite — mais il donne
à cette corruption une forme gracieuse et séduisante, et
l'on comprend que les gens graves, l'empereur en tête, en
aient été scandalisés. Ovide le comprend lui-même, et
pour se disculper du reproche de légèreté, il entreprend
deux grands ouvrages : l'un, en vers hexamètres, sur les
légendes grecques ; l'autre, en distiques élégiaques, sur
les traditions romaines.
Le premier, les Métamorphoses, est consacré aux
transformations d'hommes en animaux, en astres, en
plantes, etc., si nombreuses dans la mythologie hellénique.
Il y avait eu là- dessus des poèmes alexandrins : les
MsTafjLopcpoSaetç de Théodore, de Didymarchos, de Par-
thénios (le maître de Virgile), les 'AXXoiwasis d'Antigone
de Caryste, rOpviôoyovta de Bœo, les 'ErspotoufjLsva de
Nicandre (ces deux dernières œuvres nous sont connues
par le résumé d'Antonius LiberaHs au ii^ s. ap, J.-C).
Ovide s'en est inspiré, mais il doit beaucoup aussi à Homère,
aux cycliques, aux tragiques grecs, à Catulle, à Virgile
(surtout dans les derniers livres où il refait Y Enéide). Son
hvre contient des épisodes charmants : l'histoire touchante
de Céyx et d'Alcyone ou le conte de Philémon et Baucis,
dont La Fontaine a su goûter et rendre la naïve et exquise
bonhomie. Malheureusement, l'ensemble manque d'unité
et d'ordre : les récits se suivent au hasard, mal rattachés
par des transitions factices, puis, comme dans les Hé-
roïdes, les mœurs sont modernisées à l'excès ; la politesse
mondaine, la galanterie, la coquetterie s'introduisent dans
les événements même les plus tragiques ; enfin Ovide, tou-
jours trop appliqué à faire de l'esprit, souligne complai-
samment les cotés les plus invraisemblables de son sujet,
et arrive à des effets grotesques tout à fait déplacés.
Les Fastes, composés après 2 ap. J.-C, marquent comme
les Métamorphoses l'effort d'Ovide vers la grande poésie.
C'est une sorte de calendrier en vers où, mois par mois, jour
par jour, il passe en revue les fêtes romaines, et, à propos de
chacune d'elles, expose les origines anxquelles elles se rat-
tachent, et les détails qui les caractérisent. L'intention du
livre est un peu la même que celle deY Enéide, de certaines
odes d'Horace et du IV^ livre de Properce : collaborer au
relèvement reUgieux et national entrepris par Auguste, faire
revivre les croyances éteintes et les vieilles traditions. On
s'attend peu à voir Ovide dans ce rôle, et en effet il y est
assez gêné. S'il est bien documenté sur les détails maté-
riels du culte, il ne sait pas saisir l'âme, la vie de ces
choses d'autrefois. Quelquefois, il s'amuse à raconter des
anecdotes piquantes^, il s'égaie aux dépens de Silène, de
Faune ou de Priape ; mais alors il oublie absolument le
but sérieux qu'il s'était assigné. Le reste du temps, il est
sec, aride et ennuyeux. Au reste, son œuvre est ina-
chevée ; elle ne comprend que 6 livres sur 12.
Nous arrivons en effet à l'événement décisif de la vie
d'Ovide, à son exil (8 ap. J.-C. On a beaucoup dis-
cuté sur la cause de cet exil. Suivant l'opinion la plus
probable, le poète se serait mêlé par mégarde (error) aux
aventures scandaleuses de la petite-fille d'Auguste, la se-
conde, Julie. Mais son vrai crime aux yeux de l'empereui
— le seul qui fut allégué officiellement — c'était son
poème de Y Art d'aimer {carmen), qui, en favorisant la
dépravation de l'époque, semblait se jouer des tentative
moralisatrices du prince. Toujours est-il qu'Ovide fut,
non pas exilé, mais relégué à Tomes, en Mésie (aujour-
d'hui Kustendjé, sur la mer Noire) et qu'il y resta, sou;
Tibère comme sous Auguste, jusqu'à sa mort.
C'est là que furent composés ses derniers ouvrages
Ylbis, satire très obscure contre un de ses adversaire;,
(imitée de Callimaque), et surtout les 5 livres de Jristes
et les 4 livres de Politiques {Ex Ponto). Ces deux
recueils présentent peu de différences ; le premier e.-^t
antérieur à i2 ap. J.-C, le second est postérieur à
cette date : dans le premier, les élégies n'ont pas Je
destination spéciale; dans le second, elles sont adressée
à des correspondants particuliers ; enfin tout d'aboi (
Ovide demande à revenir à Rome, et plus tard il solHci'o
seulement une commutation de peine. A part cela, les
Tristes et les Pontiques ne forment qu'un seul recueil,
recueil assez long et assez monotone. Ovide est complè-
tement désemparé. Le contraste est trop grand : au lieu
d'un ciel riant, une contrée sauvage et lugubre, au ciel
brumeux, aux champs glacés ; au lieu d'une capitale pai-
sible et joyeuse, une bourgade de frontière sans cesse
troublée par les invasions des Sarmates ; au lieu des succès
littéraires et mondains, un isolement absolu, au milieu de
rustres qui ne peuvent apprécier le talent du poète, qui
ne parlent même pas sa langue. C'est plus que n'en peut
supporter son âme faible et amolUe. Il n'a ni assez
d'énergie pour se résigner, ni assez de fougue pour se
révolter franchement; il ne sait que pleurer, nil nisi flere
lihet. Il supplie tout le monde : sa femme, amie de Livie,
pour laquelle il affiche une grande tendresse dans l'espoir
qu'elle lui sera utile; ses amis, dont il réchauffe le zèle
jusqu'à les importuner ; l'empereur surtout, à qui il
adresse les pires flagorneries, dont il embrasse l'image
comme celle d'un dieu. Quant à la forme, les longs déve-
loppements de rhétorique, les souvenirs mythologiques,
les mots d'esprit y subsistent toujours, gâtant maladroi-
tement les inspii^ations les plus sincères. A part quelques
OVIDE — OVIEDO
— 730 —
pièces plus naturelles, telles que l'adieu à son livre, le
récit de son départ, ei (fue1(|ues descriptions pittoresques,
l'ensemble montre un caractère sans dignité et un talent
sans profondeur.
Outre les ouvrages que nous venons de citer, Ovide en
avait composé quelques autres; nous avons encore ses
Medicamina faciei; de sa t}\agédie de Mrdrc, nous ne
possédons qu'un seul vers, et de ses llalieulii[ues un
fragment de Jo4 vers; son panégyrique d'Auguste en
langue géte et son ouvrage sur la mort d'Auguste sont
perdus. On lui a longtemps attribué sans raison une Con-
solation à Livie, une élégie Isux et quelques autres
opuscules.
Son influence a été très grande ; elle apparaît déjà chez
les Sénèques et dure jusqu'au moyen âge. Elle n'a pas
d'ailleurs été très heureuse ; par sa légèreté d'esprit, par
son mauvais goût, par sa conception mes(juine de la poésie,
quelles que soient d'ailleurs sa vei've et son habileté tech-
ni(|ue, Ovide n'est au fond que le premier poète de la
décadence latine. R. Pichon.
JUiiL. : Editions des a'iivrcs complûtes })arRiESi:(r.eip/iii',
1871 et siiiv.), par GtJTiiLiNG. Si:i)lmaver et Zingerlé
(l-*rag'iie, 18So et suiv.) ; des })oèmes erotiques par L. Mïjllek;
Berlin, 1861 ; des Métamorphoses par Si]':belis et Pc^lle ;
LeipziiA-, 1887 (extraits ])ar Lejay ; Paris, 1891); des Fnstes
l)ar Peter; Leipzig, 1879; des Tristes par Merkel; Berlin,
1837; des Politiques par Korn ; Leipzig, 18G8. — Traduction
des Amours en vers français par Pli. Marti^'on, 1897. —
A consulter ; Nageotte. Ovide, sa vie et ses œuvres, 1872.
— BoissiER, l'Opposition sous les Césars, pp. 107-159.—
Breton, Metamorphoseon libros Ovidius quo consilio sus-
ceperit, 1883. — 1<'avre, De Ovidio vocaindorum novatore,
1S85. — SuDRi'^, P. Ocidii Nasonis Metamorpimseon libros
qnoiuodo nosirales medii urri poetœimitali interpretatiaue
sial, 1892.
OVIDIOPOL. Ville de Russie, gouv. de Kherson, dis-
trict et à oo kil. d'Odessa, sur la Raraboi et le liman du
Dniestr; 5.300 hab. (1897). Moulins, briijueteries. l^'dlo
a])partient à la Russie depuis le traité de lassi (1791). La
ville doit son nom à une erreur ({ui faisait su])poser que
c'était l'emplacement de l'ancienne Tonii, lieu d'exil
d'Ovide.
OVIDUCTE (Entom.). Canal destiné à conduire les
œufs des tubes ovariens à l'extéiieui' ou à la base de Fovis-
capte. Des diverticules spéciaux de cet organe forment
nue ou plusieurs vésicules servant, soit de réceptacles sé-
minaux, soit de poche copulatrice. Les œufs sont fécondés
dans cette partie de raj)])areil génital, à leur passage de-
vant l'orifice du réservoir sénn'nal. Des glandes annexes
viennent y déverser leurs produits destinés, soit à durcir
l'onif, soit à l'entourer d'une envelo])pe agglutinante.
OVIEDO. L ViixK. — Ville d'Espagne, chef-lieu de la
province d'Oviedo, située à 228 m. au-dessus de la mer,
sur une hauteur entre le Nalon et son affluent le Norra;
42.716 hab, La ville est défendue des vents du N., du
Eglise Santa-Maria de Karanco, à Oviedo.
côté de l'Atlantique, par la sierra de Naranco. Construite
sans plan, la ville d'Oviedo est pittoresque et gracieuse.
Elle possède une cathédrale gothique fondée en' 781 , re-
construite en 1380 et achevée en 1528 : une des cha-
])elles, la Camara Santa, est le seul reste de la première
église ; on y trouve une magnifique tour gothique de 80 m.
de haut, qui est l'une des plus belles d'Espagne, et de
nombreux tombeaux royaux. Vieux château; restes de la
Corte, palais d'Alphonse le Chaste. Imposant hôtel de ville
de 1662. Palais du duc del Parque (actuellement fabrique
d'armes). Université (fondée en 1580), musée, théâtre,
hospice provincial. Monument élevé à la mémoire du pa-
triote Jovellanos. Jardin botani(|ue etpromenados agréables.
Eabriques d'armes, de chapeaux, de crin, de couvertures,
de chocolat; tanneries, ébénisteries.- Siège du gouverneur,
d'un évôipie, d'une cour d'appel.
Au N. de la ville, sur une hauteur, les églises Santa
Maria de Naranco et San Miguel, datant du ix*^ siècle.
A 7 kil. au S.-O. de la ville, sur le Nalon, on trouve les
eaux thermales de Caldas, de Priorio; à 15 kil., la fon-
derie de canons de l'Etat de la Trubia. Oviedo est l'an-
cienne As turu m Liinis oaOvetumin HispaniaTarraco-
nensis. Dans l'histoire de la délivrance de l'Espagne de
la domination des Maures, Oviedo a joué un rôle impor-
tant : le royaume d'Oviedo avait été fondé en 756 par
don Eroila. Oviedo devint la capitale de Léon sous Or-
dono [e^- (91 4-92 i).
IL Province. — Province maritime du N. de l'Espagne,
— 731
OVIEDO
ancienne principauté des Asturies, sur le bord de T Atlan-
tique, bornée au N. par la mer, à l'E. par la province de
Santander, au S. par celle de Léon, à TO. par colle de
Lugo. Longueur de LE. à l'O., 204 kil.; sa largeur varie
de 15 à 75 kil. Superficie : 10.895 kil. q. ; 595 .>20 hab.,
c.-à-d. environ 55 par kil. q.
Climat. — Le climat est modéré, liumide et pluvieux;
il est changeant mais très salubre ; balaj^é par le vent de
la mer ou des montagnes, la chaleur ne dépasse pas
+ 30^ et le froid — 7°. Les pluies sont abondantes. Le
vent du N.-E. amène le beau tcjnps ; le vent d'O., qui
souffle surtout en été, est doux et agréable; le vent du N.
est violent et amène des tempêtes sur mer.
Orographie. — La province d'Oviedo est très mouve-
mentée, mais d'un aspect très pittoresque et agréable.
Dans l'O. on trouve des roches calcaires, schiste, quartz,
grauwacke, et quelques roches ignées, graniles, amphiboles,
syénites : on y recueille du fer. Dans l'E. le calcaire do-
mine, avec, par place, des schistes ardoisiers et du quartz;
on y trouve du marbre de bonne qualité et de la pierre à
bâtir ; comme dans tous les pays calcaires, il y a des fissures
et des gouffres nombreux où se perdent les cours d'eau ;
des fontaines d'eau vive formant de petites cascades et des
rivières (d'Onis, de Bobio, de Covadonga); des lacs (de
Nol et de Camayor); des grottes fort belles (de Sequeros).
On exploite le cuivre, le cobalt, le plomb, l'antimoine, la
houille, etc. Les mines de houille du bassin du Nalon,
dans le centre du pays, sont une des richesses de l'Es-
pagne. Sur la côte on trouve des marnes érosées et des
roches calcaires.
Le système orographique de la province d'Oviedo est
marqué d'abord, en allant de l'Atlantique dans la direc-
tion du S., par les collines de la Cordillera de la Costa,
coupées par les estuaires de petits torrents ; cette chaîne,
appelée sierra de Naranco, ne dépasse pas 670 m.; à l'E.
on trouve des pics plus élevés (le Sueve, 1.225 m. et la
sierra de Cuera, 1.490 m.). On rencontre ensuite une suc-
cession de petites vallées charmantes et fertiles de l'O. à
l'E., parallèles au rivage de la mer, puis on arrive au
pied des Cordâtes qui s'élèvent peu à peu vers le S. pour
rejoindre les hautes montagnes qui séparent les Asturies
du royaume de Léon. Ces Pyrénées asturiennes ont des
pics très élevés, couverts de neige (la Torre de Cerredo,
2.678 m., un pic de 2.451 m. au S. de Covadonga); elles
sont coupées par le col de Ventaniella (1.310 m. de
hauteur), le col de Tarna, d'où coule le Nalon, le col de
San Isidro, le 'col de Vegarada, le col de Piedrafita, le
col de la Mesa, le col Blanc, le col de Leitariegos, le col
du Trayeto (1.451 m.), le col de Cienfuegos, dominé par
le pic de Miravalles (1.940 m.). La chaîne des Pyrénées
espagnoles cesse alors de servir de frontière à la province
d'Oviedo et sépare les provinces de Lugo et de Léon.
RÉGI3IE DES EAUX ET CÔTES. — Lcs rivièrcs sont nom-
breuses et abondantes. Les cours d'eau n'ont pas beau-
coup de place entre l'Atlantique et les Pyrénées asturiennes
et sont coupés par des rias où ils se perdent. Le princi-
pal est le Nalon, venu du col de Tarna, qui reçoit le Nar-
cea ; il est uni par la ria de Pravia à l'Atlantique. En
allant vers l'O. on trouve les deux grand rios de Navia et
d'Eo. En allant vers l'E., jusqu'à la province de Santander,
on relève les rias d'Aviles et de Yillaviciosa, les rios de
Cijon et d'Espana ; la ria de Rivadesella où se jette le
Sella, puis la ria de Tinamayor où se perd le Deva. Ces
différentes rivières coule dans des gorges profondes dont
les flancs sont couverts de chênes, de hêtres, de tilleuls,
de sapins.
La côte a environ 281 kil. d'étendue et forme des si-
nuosités sans nombre, avec des ports, presque tous mal
disposés par suites des barres. Le meilleur port est Gijon,
qu'un chemin de fer unit aux houillères de la vallée du
Nalon ; l'anse d'Artedo pourrait être aménagée pour rece-
voir de grands bateaux, ainsi que le havre de Musel, à
l'abri du cap "de Torrès ; au N.-E. de la Yillaviciosa on
remarque la l)aie de Lastres, La pèche est très active sur
la côte.
Gijon est rattaché par chemin de fer à Oviedo et à Lan-
greo; une bonne route relie ce port à celui de Pajarès
par Oviedo; un chemin de fer unit Oviedo à Madrid, en
passant par la vallée du Caudal, le col de Pajarès et Léon.
La richesse minérale du pays ne peut que contribuer au
développement des routes.
Productions, Industrie et Commerce. — L'humidité du
climat est favorable à la fécondité naturelle du sol. Il y
pousse des orangers et des citronniers sur le littoral, de
Lianes à Rivadesella. Le seigle et le froment suffisent à
la consommation du pays. Le maïs est cultivé en grand
et sert à faire une sorte de pain (borona); on trouve des
haricots et des pois. Le cidre produit par les innombra-
bles champs de pommes (pumaradas), de Aviles à Lianes,
est la principale boisson des Asturiens. La culture de la
vigne, autrefois florissante, a en grande partie disparu,
sauf dans l'O. de la province. On trouve des châtaignes
abondantes, des noisettes, etc. D'excellents pâturages
nourrissent de beaux troupeaux de bœufs et de moutons,
qui de mai à octobre vont dans la montagne. Il y a de
nombreux petits chevaux légers et très endurants. Le sol
est malheureusement trop morcelé pour permettre aux
habitants de vivre de leur petit carré de terre; et la mon-
tagne a été imprudemment déboisée sur beaucoup de
points.
L'industrie repose surtout sur la houille ; le charbon
de terre y est extrêmement abondant (mines de Langreo,
Tudela, Mieres, Santofirme, Ferrones, Lieres, Nava,
Torazo, Santa Maria del Mar). On produit annuellement
500.000 tonnes, la moitié de la production totale de d'Es-
pagne. Grandes forges, fonderie de canons de l'Etat à
Trubia. Verrerie (à Gijon), ébénisterie (à Oviedo), cons-
truction de chaloupes (à Viavelez), faïences et poteries
(à Cijon), tanneries, papeteries, moulins, salaisons de
poissons.
Les Asturiens sont robustes, patients et courageux. Le
patois (ou bable) est plus près du latin que de l'espagnol,
et Jovellanos en considérait l'étude comme très utile. Les
Asturiens émigrent beaucoup ; à Madrid ils exercent la
profession de domestiques et porteurs d'eau et sont assez
âpres au gain. Les centres de population sont très nom-
breux; il y a 3.700 hameaux. La capitale, Oviedo, a
42.716 hab, et Gijon, le principal port, 30.590. La pro-
vince compte 16 districts. Ph. B.
OVIEDO Fernandez ou Hernaxdez de Oviedo y Valdés
(Gonzalo), historien espagnol, né à Madrid en 1478, mort
à Valladolid en 1557. Issu d'une famille noble, il servit en
quahté de page auprès de l'infant D. Juan, fils unique de Fer-
dinand et d'Isabelle, assista à la prise de Grenade, puis à
la réception de Christophe Colomb au retour de son premier
voyage (1493). Après la mort de son jeune maître (1496),
il se mit au service de Frédéric d'Aragon, roi de Naples.
lui 1512, il devint secrétaire de Gonzalve de Cordoue,
puis il passa aupc Indes et prit part à l'expédùion de Pe-
drarias d'Avila. Il remplit en Amérique d'importantes fonc-
tions, fut gouverneur de la province de Carthagène et de
Darien, inspecteur des mines d'or, gouverneur de la forteresse
et du port de Saint-Domingue (1535). Il était déjà, de-
puis 1532, chroniqueur général des Indes, et il ne rentra
définitivement en Europe qu'en 1556. Sa première pubh-
cation, longtemps ignorée de ses biographes, est un raris-
sime roman de chevalerie : El CabaUero de la Foriuna,
don Claribalte (Valence, 1519, in-foL), pauvre d'inven-
tion, mais d'un style bien vivant. Dans le domaine de
l'histoire, il débuta par une Siimario de las Indias occi-
dentales (Tolède, 1526, in- 4 ; réédité dans les Historia-
dores primitivos de las Indias, deBarcia (Madrid, 1749,
t. P^'), et dans la Bibliotheca de autores espanoles, de
Rivadeneyra, t. XXII ; trad. en itafien (Venise, 1534),
qui n'est qu'une description de ces contrées au point de
vue de la géographie et de l'histoire naturelle. Son grand
OVIEDO — OVULE
— 78^2
ouvrage : Hisforia gênerai de las Indias, islas y tierra
firme del i)iar oceano, est divisé en trois parties. La
première parut à Séville, 1535, in-foL (réimpr. à Sala-
manque, 1517 ; les dix premiers livres trad. en franc, par
Jean Poleur; Paris, 1555, in-fol.) ; la publication delà
seconde (Valladolid, 1557) fut interrompue par la mort
de l'auteur. L'ouvrage complet fut publié, d'après le ma-
nuscrit original, par F Académie de l'histoire, et par les
soins de J. Amador de los Rios (Madrid, 1851-55, 4 vol.
in-4), avec une étude sur l'auteur. Ce vaste recueil de
faits est une précieuse source d'informations où beaucoup
d'historiens ont puisé. Il fut en correspondance avec le
savant Ramusio, qui a compris une version italienne de
l'ouvrage ci-dessus dans sa collection des Navigazioni
Viaggi (Venise, i565, t. III). Ïernaux-Compans a inséré
dans son recueil la traduction française de son Histoire
du Nicaragua, alors inédite (2® série, t. IV, 1840). La
Société des bibHophiles espagnols a mis au jour une œuvre
inédite de notre auteur : Libro de la camara real del
principe D. Juan e officias de su casa e servicio ordi-
nario (Madrid, 1870, in-8, portr.). Fernandez de Oviedo
laissa encore en manuscrits : Las Quinquagenas, recueil
de vers et de prose ; Batallas y Quimiiiagenas, sorte
de mémoires, fort intéressants, sur les hommes et les
choses de son temps, oii l'on trouve une longue biogi'a-
phie du cardinal Ximcnès ; enfin, des chroniques sur les
règnes de Ferdinand et d'Isabelle, et de Charles-Quint.
Prescott tira lui excellent parti de ces documents. L'Acadé-
mie de l'histoire a commencé la publication de Las Quin-
quagenas de lanobleza (Madrid, 1880, in-fol., pi., t.I^').
OVILLERS-LA-RoissELLE. Com. du dép. de la Somme,
arr. de Péronne, cant. d'Albert; 380 hab.
OVIS (Zool.) (V. Mouton, t. XXIV, p. 507).
OVISCAPTE (Entom.). Organe de ponte destiné à faire
pénétrer les œufs, soit dans le sol [Gî-yllides, Locustides),
soit sous récorce des végétaux {Hémiptères-Homoptères,
Hyménoptères térébrants etgallicoles) , soit sous lapeau de
certains animaux {Hyménoptères piipivores) . Use trans-
forme en aiguillon {Hyménoptères mellifèi^es, fouisseurs,
vespides, etc.). Il est formé de pièces dues à des modifi-
cations de certains anneaux de l'abdomen. La forme est
très variable, depuis le sabre des Locustides jusqu'à la
longue tarière des Pimples. P. T.
ÔVOCA (Fleuve) (V. Irlande, t. XX, p. 949).
OVROUTCH. Ville de Russie, gouv. de Volhynie, chef-
lieu de district sur le Noryn, tributaire de FOuch; 6.680
hab. (en majorité juive). C'est une des plus anciennes lo-
calités de la Russie. La ville est située dans une région
riche en terre à porcelaine et fer de marais.
OVULATION (V. Fécondation).
OVULE. I. Physiologie (V. Embryologie).
II. Botanique. — L'ovule est cette partie des organes
femelles des plantes phanérogames, qui contient la cellule
destinée à être fécondée par une cellule mâle ou grain de
pollen et à devenir après cette fécondation, par des seg-
mentations successives, une graine qui, placée dans des
conditions favorables, germera et produira une plante nou-
velle. Les ovules sont contenus en nombre plus ou moins
grand dans l'ovaire. Dans certaines espèces, il n'y en a
qu'un par loge ou par ovaire quand celui-ci n'a qu'une
loge, d'autres fois les ovules sont en nombre à peu près
indéfini, ou bien en nombre restreint et défini; dans ce
dernier cas, ils occupent, en général, des positions détermi-
nées les unes par rapport aux autres. La partie de la sur-
face de l'ovaire où s'insèrent les ovules s'appelle le pla-
centa ; il se trouve, dans la majorité des cas, à l'endroit où
les feuilles carpellaires se sont soudées l'une à l'autre,
d'autres fois sur le réceptacle lui-même. Chaque ovule est
rattaché au placenta par un cordon plus ou moins allongé
qui a reçu le nom de funicule. Le point par lequel l'ovule
s'attache au funicule est le hile ; celui au niveau duquel
le faisceau fibro-vasculaire du funicule pénètre dans les
^profondeurs de l'ovule et s'épanouit pour se distribuer
dans ses enveloppes s'appelle chalaze ou ombilic interne.
A l'état adulte et parfait, l'ovule comprend une partie
centrale ou nucelle, enveloppée d'une ou deux membranes
nommées, l'extérieure primine, l'intérieure secondine
(fig. 1 |"2J). Au niveau du sommet du nucelle, ces mem-
branes sont percées d'un orifice, le micropyle, destiné à
facihter la pénétration des tubes polliniques jusqu'au
nucelle. Le micropyle l^épond toujours au sommet orga-
nique de l'ovule, de même que la chalaze à sa base
organique. Mais la position respective de ces deux parties
peut varier beaucoup suivant la forme que prend l'ovule
au cours de son développement.
En effet, si l'ovule reste rectiligne, le hile est diamé-
tralement opposé au micropyle et se confond avec la chalaze,
on dit que l'ovule est orthotrope (fig. 1 [i]). Si le mi-
cropyle se rapproche du hile et que l'axe de l'ovule devienne
courbe, on dit que celui-ci est citmpylotrope ou campu-
litrope (fig. 1 |4]). Sa forme générale est réniforme, le
hile et la chalaze se confondent au niveau de son bord con-
Fig 1. — Figures 8cljémati([Uos dos formes de l'ovule.
1 et 2, ovule orthotrope ; 8, ovule anatrope; 4, ovule cam-
pylotrope; m, nùcropyle; /i. hile- c/(, eliala/e.
cave. Dans le plus grand nombre des ovules, l'axe demeure
rectiligne, mais, par suite d'un inégal accroissement du
nucelle, le hile se trouve dans le voisinage du micropyle,
la chalaze étant à l'autre extrémité. Entre le hile et la
chalaze s'étend un cordon ou raphé qui est le prolonge-
ment du funicule et qui loge les vaisseaux nourriciers de
l'ovule. Ces ovules sont dits anatropes (fig. 1 [3J); ils sont
ascendants ou descendants suivant qu'ils se dirigent vers
le haut ou le bas de l'ovaire. Il y a d'ailleurs tous les
termes de passage entre l'ovule orthotrope et le plus fran-
chement anatrope.
L'ovule naît sur le placenta, sous la forme d'un
petit corps saillant formé de cellules semblables entre
elles ; un seul ou un petit nombre de ces éléments font
exception et occupent ordinairement une situation cen-
trale. Ce sont les sacs embryonnaires, et ils constituent
le véritable organe femelle des plantes, l'embryon se dé-
veloppant dans leur intérieur. Nous verrons tout à l'heure
quelle est leur signification morphologique. Quant aux
téguments du nucelle, ils naissent à sa base sous la forme
de bourrelets qui empiètent peu à peu sur la surface du
nucelle et la recouvrent tout entière, sauf au niveau du
micropyle. C'est généralement la secondine qui se montre
la première ; la primine ne paraît qu'ensuite et au-des-
sous d'elle. Ailleurs, comme dans les hellébores, c'est un
bourrelet unique qui se produit sur le nucelle au-dessous
de son sommet ; mais au bout de quelque temps le bord
libre de ce bourrelet se dédouble en deux lèvres qui re-
présentent, l'une la primine, l'autre la secondine. Si le
nucelle, au lieu de demeurer re^ctiligne, devient plus ou
moins arqué, les enveloppes le suivent dans son mouve-
ment et continuent à se mouler sur sa surface extérieure.
La direction des ovules dans l'ovaire dépend surtout de
la forme du placenta et de l'espace réservé à chacun d'eux.
Les ovules, quelle que soit leur forme, peuvent être dressés,
transversaux ou descendants ; dans le même ovaire il peut,
du reste, y avoir des ovules occupant ces trois positions.
Avant de parler de la structure intime de l'ovule, nous
crovons utile de dire quelques mots de son développement
phylogénique. Cet exposé succinct permettra de mieux
comprendre la fonction et la valeur morphologique de cha-
cune do ses parties. Mais comme nous nous proposons de
733 —
OVULE — OWEN
traiter cette question avec les détails qu'elle comporte à
Tart. Reproduction, nous ne donnerons ici que ce qui con-
cerne strictement l'ovule. Il y a chez les cryptogames vas-
culaires, les fougères par exemple, deux appareils repro-
ducteurs : l'un le thalle ousporogone, c'est la fougère telle
que tout le monde la connaît, qui se reproduit par des
spores agames. Ces spores donnent naissance au second
appareil, qui, lui, est sexué constitue une véritable pe-
tite plante, le pro-
thalle, portant des or-
ganes mâles et fe-
melles, les anthéridies
et les archégones. La
cellule femelle ou oo-
sphère contenue dans
l'archégone donne,
après fécondation, nais-
sance à un thalle aga-
me. Il y a donc une
véritable alternance de
générations. Mais si
l'on suit la série végé-
tale en se rapprochant
des phanérogames, on
voit que la génération
sexuée tend à se réduire
de plus en plus. Dans
certaines cryptogames,
par exemple les lyco-
podiacées hétérospo -
rées de l'époque ac-
tuelle et les lépido-
dendrées du carboni-
fère, il y a deux sortes
de spores: de grandes
(macrospores) et de pe-
tites (microspores) don-
nant naissance, les pre-
mières à un prothalle
femelle, les secondes à
un prothalle mâle. Dans
Fig. 2. — Coupe longitudinale, à
travers le sac embryonnaire,
du Tsiign canadensis (d'après
Strasburger), pour montrer les
corpuscules ou archégones en
place et avant la fééondation,
sous un grossissement d'envi-
ron cent fois ; les corpuscules
sont distincts, bien que déjà
plus rapprochés l'un de l'autre
que ceux du Ginkgo ; ils sont
pourvus dans le centre d'un nu-
cléus et aboutissent dans le
haut à un orifice formé de 3 cel-
lules superposées, qui sont dé-
nommées cellules du canal, et
par l'intermédiaire duqiiel la
fécondation aura lieu. Chaque
corpuscule se trouve cerné par
une rangée de cellules dites de
bordure, et son contenu proto-
plasmique présente vers le
centre un nucléus pourvu d'une
ou deux vacuoles.
d'autres groupes ces
prothalles diminuent de plus en plus d'importance jusqu'à
ce que finalement ils ne quittent plus la spore d'où ils
sont sortis et germent sur place. On est alors arrivé au
stade phanérogamique caractérisé par ce que ses macro-
spores et ses microspores, au lieu de se détacher et de don-
ner lieu à des prothalles sexués libres, germent sur le
sporogone lui-même et donnent naissance, les premières
à un embryon, les secondes im pollen (V. ce mot). Voici
en effet ce qu'on observe chez les plus imparfaites des pha-
nérogames, les gymnospermes. Le macrosporange ou ovule
comprend, au sein de sa masse cellulaire, une cellule plus
grande que les autres, c'est la macrospore ou sac embryon-
naire, qui est généralement unique dès le début. A son
intérieur se forme un tissu cellulaire nommé endosperme,
qui correspond au prothalle femelle et n'est en effet qu'un
prothalle inclus dans la macrospore. Vers le haut de cet
appareil végétatif rudimentairc naissent, en plus ou moins
grand nombre, des archégones, appelées ici corpuscules.
Ces archégones comprennent chacune une cellule centrale
et une cellule operculaire par laquelle se déverse le pro-
toplasma pollénique. Après fécondation, les corpuscules
donnent naissance à plusieurs embryons, dont un seul se
développe, les autres avortant en général. Cet embryon,
avec ses cotylédons, s'enfonce de haut en bas dans la subs-
tance de l'endosperme.
Si chez les gymnospermes une seule macrospore nait
en général dans le nucelle, il n'en est pas de même des
angiospermes ; chez elles il y a d'ordinaire une file de 2,
3 ou 4 cellules superposées, dont une seule se développe
en refoulant les autres, qui prennent le nom d'anticlines.
Ce fait a son importance ; car il nous permet de com-
prendre comment l'apport nutritif divisé entre plusieurs
macrospores est insuffisant pour déterminer, même chez
l'une d'entre elles, la production d'un rudiment de pro-
thalle. En effet, la macrospore privilégiée se segmente sim-
plement de façon à donner trois cellules supérieures, dans
lesquelles il faut reconnaître les restes de la partie sexuée
du pro thalle, soit deux cellules sexuelles accessoires ou
synergides et une oosphère. Quant aux trois cellules infé-
rieures ou antipodes, elles correspondent au tissu végé-
tatif du prothalle réduit à sa plus simple expression. Entre
ces deux groupes de trois cellules se trouve une masse
protoplasmique groupée autour d'un noyau ; elle constitue
une substance nutritive de réserve, qui peut, après la fé-
condation de l'oosphère, se développer en périsperme ou
albumen. Les phénomènes intimes de la fécondation ont
été traités à ce mot ; la structure de l'embryon et celle de
l'albumen l'ont été au mot Graine. Mais il importe dédire
quelques mots de la formation de l'embryon. L'œuf fécondé
s'allonge plus ou moins, puis il se divise par des cloisons
transversales de façon à former une sorte de fdament fixé
au sommet du sac embryonnaire, et connu sous le nom de
proembryon. C'est la cellule située à l'extrémité libre du
proembryon qui donnera seule naissance à l'embryon. Par
des subdivisions successives, les unes longitudinales, les
autres transversales, elle produit, à l'extrémité libre et
plus épaisse, le corps de l'embryon avec ses cotylédons
(V. ce mot), et du côté du proembryon , la radicule. Enfin,
pour en terminer avec l'ovule, il faudrait encore parler
des productions adventices qui se développent sur lui dans
certaines espèces. Nous renvoyons aux notions très com-
plètes qui ont été exposées à ce sujet au mot Arille.
D^ L. Laloy.
OWEN (Lac) (V. Etats-Unis, t. XVI, p. 538).
OWEN Stanley (Massif) (V. Nouvelle-Guinée, t. XXV,
p. 99).
OWEN (John) (lat. Ovenus ou Audoenm) , ^oqU latin
moderne, né à Armon (pays de Galles) en lo60, mort à
Londres en 462*2. Il étudia le droit à Oxford, fut institu-
teur à Trylegh (io9i) et à Warwick (1594). La verve
satirique de ses Epigrammata (Londres, 1606), dont les
trois livres furent largement augmentés ensuite, lui acquit
une réelle notoriété. Ils furent plus tard mis à l'index
(1654). La meilleure édition est celle de Renouard (Paris,
1795, 2 vol.).
OWEN (John), théologien puritain, né à Stadhampton
(Oxfordshire) en 1616, mort à Ealing le 24 août 1683.
L'intolérance de Laud l'expulsa en 1637 deQueen's Col-
lège, à Oxford, où il était maître es arts depuis deux
ans. Il se rallia aux presbytériens, puis, en 1646, aux
indépendants à Coggeshall. Il prêcha devant le Parlement,
le lendemain de l'exécution de Charles I^'^' (31 janv. 1649);
il accompagna ensuite Cromvvell en Irlande et en Ecosse,
fut nommé doyen de Christ-Churcli à Oxford et vice-chan-
ceher de l'Université de 1652 ta 1657 ; alors, son opposition
à Cromwell et à la réaction le firent rentrer dans la vie
privée. Sa science et sa sincère piété le firent respecter
même par le roi. Ses œuvres nombreuses (Londres, 1826,
21 vol. ; le premier volume contient une biographie par
W. Orme, nouv. éd. à Londres, 1854,24 vol. in-8, avec
une biographie par A, Thompson) n'ont plus guère qu'un
intérêt historique.
OWEN (Robert), célèbre socialiste anglais, né à New-
town (comté de Montgomery) le 14 mai 1771, mort à
Newtown le 17 nov. 1858. Appartenant à une famille de
pauvres artisans, il ne reçut qu'une éducation rudimentaire
et fut mis en apprentissage chez divers filateurs. Passionné
pour la lecture, il compléta un peu son instruction et té-
moigna de telles aptitudes aux affaires qu'un de ses patrons,
Drinkwater, de Manchester, voulut le prendre pour associé,
ce qu'il refusa pour créer en 1795 la « Charlton Twist
Company », et qu'un autre grand filateur, David Dale, de
Glasgow, lui donna sa fille Anne-CaroHne en mariage. Ov»en
fut chargé de relever une des manufactures que son beau-
OWEN — lU
père possédait à New Lanark, sur la Ciyde : il s'acquilta
avec bonheur de cette mission et acquit une fortune assez con-
sidérable. Très préoccupé des intérêts matériels et moraux
de ses ouvriers, Owen conçut à New Lanark le système qui
rendit son nom illustre. 11 commença par installer des bou-
tiques oîiil vendit à bas prix d'excellents articles, combattit
l'ivrognerie des ouvriers, ouvrit des écoles oti tous les en-
fants turent reçus depuis le momentoùilspouvaient marcher
jusqu'à douze ans. 11 défendit de battre les enfants ; il re-
commanda de les intéresser en leur montrant les objets
à étudier plutôt que de les bourrer, à l'aide de livres, de
connaissances vagues ; il leur apprit la musique et la danse.
En quatre ans, il avait transformé complètement les éta-
blissemeuls de New Lanark. Son personnel de 2.000 ou-
vriers, paresseux, ivrognes et voleurs, ne formaitplus qu'une
famille gouvernée par un patriarche. Ce succès eut un re-
tentissement considérable en Angleterre, dans toute l'Lu-
rope, en Amérique. Les plus hauts personnages : les am-
bassadeurs de Prusse et d'Autriche, le grand-duc Nicolas
de Piussic, le duc de Kent, etc., vinrent visiter Owen et
lui demander des conseils. Par contre, il fut violemment
combattu par les industriels et môme par le gouverne-
ment. En 1818, il entreprit un voyage en Franco, en Suisse
et en Allemagne, au cours duquel il visita Pictet, Cuvier,
La Place, Alexandre de llumboldt, OberKn, Pestalozzi. 11
avait déjà publié l'exposé de ses principes : New view of
Society or Essays on the Principle of tlie Formation
ofhuman Character (1813-16), qui n'avait pas peu con-
tribué à le rendre suspect aux pouvoirs établis, car il y
érigeait en dogme l'irresponsabilité de l'homme, qui em-
portait la suppression de toute récompense et de tout châ-
timent ; il y préconisait la communauté des biens com-
binée avec l'égalité des droits ; il y réclamait l'abolition
de privilèges pour toutes les supériorités, aussi bien pour
la supéciorité provenant du capital que pour celle qui ré-
sulte de Fintelligence. Dans des conférences, dans les
journaux, il recommandait l'application de ses méthodes de
New Lanark à tous les petits centres industriels; de ma-
nière à arriver, de proche en proche, à changer le sort
des travailleurs du monde entier. Des communautés furent
effectivement installées en divers lieux. Owen alla jusqu'en
Amérique (1821) oti il acheta un village entier qui fut
nommé New Harmony, jusqu'au Mexique (1828) oti on
voulait lui concéder un immense territoire. Il avait formé
des disciples ardents, et ce furent eux qui fondèrent les
premières associations coopératives de l'Angleterre. Infa-
tigable, il continuait à répandre ses idées dans les journaux
et les revues, écrivait A Book of the new Moral World
(1826-44), séjournait en Amérique de 1844 à 1847, et
publiait après son retour : Révolution in minci andprac-
tice (1849) et Letters to the Human Race (1830), fon-
dait un journal hebdomadaire (1830-52), une revue Ria-
tional Quarterly (1833), se convertissait au spiritisme
(1831) et écrivait alors New existence of man upon
6^ar^/i (1834), puis TheMillenial Gazette (iSot^). EniSl^l ,
il donnait son autobiographie, et à quatre-vingt-six ans il
se présentait à l'Association des sciences sociales, sous les
auspices de lord Brougham. C'était alors un vieiUard dé-
crépit, coiffe d'un Ijôguin noir, vêtu d'une souquenille,
ayant tout à fait l'apparence d'une vieille sorcière. Depuis
longtemps il avait perdu toute influence. Whigs et tories
repoussaient avec horreur ses théories. Les expériences
de Mortterwell, en Irlande, de New Harmony, d'Orbistoji
avaient mal tourné et il y avait englouti presifue toute
sa fortune. Ses amis et ses associés avaient fini par douter
de lui et l'avaient abandonné peu à peu. Il mourut dé-
couragé. Cependant il avait semé les germes qui ont pro-
duit, un peu plus tard, le mouvement coopératif avec ses
immenses consé(iuenccs. Citons encore parmi ses écrits :
Pieportto the Conunitlee of the House of Gommons on
the Poor La/c (1817); Address to the sovereigns oftJie
holy alliance united in Gongress at Aix-la-Ghapelle
(1818) ; Adress to the Governments (181 9) ; Proceedings
ofthe committee of the rational School{[S'2o) ; Outline
of the rational System (1823), abrégé desa doctrine qu'on
a appelé la « Charte oweniste » ; Lectures on New State
of Society (\^^1\), et plus de 2.000 articles de journaux.
On a traduit en français : Esquisse du système d'éduca-
tion (Paris, 1823, in-12); Institutions pour améliorer
le caractère moral du peuple (1819, in-8) ; Mémoire
aux souverains allies (1818, in-4) ; le Livre du nou-
veau monde moral (1816, in-12). Pi. S.
BiiiL. : Tli(iLlfeofRoberiOwcn,writtenbijhlmsclf; Lon-
dres. 1857-58, 2 vol. — W. Lucas S xrga^t, Robert 0\^- en ;ind
hls Plûlosopliy ; Londres, 1860. — Lloyd Jones, Life, thnes
cind labours of Robert Owen ; Londres, 1890. — IIolyoaki:,
JÀfe and hist duys of Robert Owen; Londres, 1871. — Ro-
l)(ïrt-t,)alc O^Yl•:^^ Threading my v:ay ; Londres, 1871.—
R.-J. BooTii, Robert Owen, The Founder of soclalism in
England; Londres, ISiid.— Robert Owen, dans Westminster
Review, oct. 1800. — Consulter sur ses théories : R. Owen
iind New Lanark, by a former teacher, 1839.— Owen, Ae~
eount of the New Lanark Schools, dans Report iqjon Edu-
cation^ près, to the House of Gommons, ISIQ. — R.-D. Owen,
Outline of the System of éducation at New Lanark, 1821.
— Joseph lii:Y, Lettres sur le système de coopération
d'après le plan dVwen; Paris, 1828. — Louis Reydaud,
Etudes sur les Réformateurs ; Paris, 1861,2 vol. in-12. —
Owen's plans for relievinrj the national distress, dans Edin-
burcjhTieview, oct. 1819. — Délie fabriche e délie scuole di
New Lanark, dans Antologia, 1823, IL — A. IIj.:rz]-:n, Ro-
berto Owen e lo esperimento di New Lanark, dans Rivista
europea, 1870, III et IV.
OWEN (John) , ecclésiastique anglican, né en 1 766, mort
à Ramsgate le 26 sept. 1822. Après avoir terminé ses
études à Cambridge en 1791, il voyagea sur le continent
jusqu'en 1793, particulièrement dans la vallée du Rliùne.
11 pul)lia ses souvenirs, non sans intérêt, et ses rétlcxions
eu deux ouvrages, Travels into différent Parts of Europe
(Londres, 1796, 2 vol.) et 7he Retrospect (Londres,
1794), une comparaison entre l'état politique et religieux
de la France et de l'Angleterre. Il fut, en 1804, l'un des
fondateurs de la Société biblique britannique et étrangère,
qu'il servit comme secrétaire jusqu'à sa mort, sans rece-
voir d'honoraires. En la môme année il pubha un traité
sur The Fashionable World displayed qui eut un grand
nombre d'éditions (la 7^ est de 1809). Il raconta' aussi
l'histoire des origines de la Société biblique britanni(pic
(Londres, 1816, 3 vol.). En 1818, il fit un voyage sur
le continent ahn de s'enquérir sur les meilleurs moyens de
répandre la Bible. Il en publia la relation. F. -11. K.
BiBL. : C.-Fell S^irni, dans le Dictionary of NatLO)ial
Blography ; Londres, 1895, vol. XLII, pp. 128 et suiv. (abon-
dante bibliographie).
OWEN (Richeard), naturaliste anglais, né àLancasterlo
20 juin 1804, mort à Londres lo [6 déc. 1892. Il exerça
d'abord la chirurgie à Londres, puis en 1835 devint con-
servateur du musée et professeur de physiologie au Collège
des chirurgiens, puis professeur de paléontologie à ri^]cole
des mines et de physiologie à l'Institution royale ; l'état
de sa santé l'ayant forcé de renoncer à l'enseignement, il
fut nommé directeur de la section d'histoire naturelle du
British Muséum. Ses publications sont très nombreuses ;
elles concernent Fanatomie comparée, la paléontologie, la
zoologie, etc. Dans le nombre, signalons : Archétype and
homologies of vertébrale skeleton (Londres, 1848);
British fossil repiilia ofthe cretaceoiis period (Londres,
1851); Grocodilia and Ophidia of the London Glay
(Londres, 1859) ; On parthenogeness (Londres, 1849);
Fossil reptilia of the wealden (Londres, 1853-57);
llistory of the British fossil mammalia and birds
(Londres, 1846) ; Ilist. of british fossil reptils (Lon-
dres, 1884, 4 vol.); On the classification of mammalia
(Londres, 1859) ; Odontography (Londres, 2^ éd., 1859) ;
Palœontology (Lojidres, 4^ éd., 1869); Principes d'os-
tcologie compai'ée (Vnris, 1855); Anatomy ofthe Ver-
tébrales (Londres, 1866-68, 3 vol.) ; On the fossil
mamnmls of Aiistralia a)ul on theextinct Marsiipials of
England (1877, 2 vol,) ; Memoirs of extincl wingless
birds of New Zealand (1878, 2 vol.). On peut reprocher
— 73B
OWEN — OXALIQUE
à Owen, dans ses belles études pliylogéniciiics, de n'avoir
pas assez tenu compte des données eml)i'yologi(]ucs.
D^- L. Un.
BiBL. :Bio(jrnphicpnr son petit-fils ^nxec un EsSciicVIIux-
ley; Londres, 1894, 2 vol,
OWEN -Cambridge (Rich.), poète anglais (V. Cambuidge).
OWEN-SouND. Ville du Canada, prov. d'Ontario, sur
la baie Géorgienne; 7.500 hab. (en 4891). Excellent port;
tète d'une voie ferrée vers Toronto.
OWEN MORE (Riv.) (V. Irlande, t. XX, p. 949).
0WENSB0R0U6H. Ville des Etats-Unis (Kentucky),
sur rOliio ; 9.837 hab. (en 4890). Grandes manufactures
de tabac, distilleries de whisky.
OWENSON (V. Morgan [Miss Sydney Owenson, ladv],
t. XXIV, p. 338).
OXALATE (Chim.). L'acide oxalique bibasique donne nais-
sance à deux séries de sels, les oxalates neutres G^0^2M0 et
C-^O^MOM'O et les oxalates acides C^O^MOIÏO. Il existe
aussi des quadroxalates (C^0^)'2M03II0. La formation des
oxalates alcalins, depuis l'acide et la base dissous, dégage
des quantités de chaleur intermédiaires entre celle des
sulfates et celle des azotates, 43^^\3 X ^ P^^^^" l'oxalatc
de soude. iVussi l'acide oxalique est un acide fort qui de-
place l'acide acétique même à l'état dissous (M. Berthelot).
La composition et les propriétés des oxalates ont été le
sujet de noml)reuses recherches de la part de Berzélius, de
Rammelsberg, de Touchay et Leussen. Les oxalates alca-
lins et quelques oxalates doubles sont seuls solubles dans
l'eau.
La chaleur décomposa tous les oxalates en donnant, sui-
vant les propriétés du métal, soit un carbonate, soit un
oxyde quand le carbonate est décomposable, soit le métal
si l'oxyde est instable. L'acide sulfurique concentré les
attaque et dégage un mélange d'oxyde de carbone et
d'anhydride carbonique. Les oxalates solu])les sont préci-
pitables par les sels de calcium en liqueur neutre ou acé-
tique, mais l'acide chlorhydiique dissout le précipité
d'oxalate de chaux. On utiUse l'insolubilité de ce sel pour
doser, soit le calcium, soit l'acide oxalique.
L'un des sels les plus importants est le sel d'oseille qui
est constitué généralement par un mélange à proportions
variables de bioxalate et de quadroxalate de potassium ; on
le trouve dans le suc d'un grand nombre de végétaux, spé-
cialement ceux des genres Rumex et Oxalis, d'où on le
retirait autrefois. Aujourd'hui on le prépare en combinant
l'acide oxalique et le carbonate de potasse. Le quadroxa-
late de potasse, C^HKO^ C^H'^Os mW, est très acide, il
cristallise avec quatre molécules d'eau et se dissout dans
vingt fois son poids d'eau à la température ordinaire.
L'oxalate acide du bioxalate C^^IKO^ H'^O'^ est très peu so-
luble (4 partie dans 40 parties d'eau froide), si bien qu'une
solution concentrée d'oxalate neutre de potasse traitée par
un acide donne un précipité. Le sel neutre de potasse
C'^K^O^ H^O"^ s'obtient en saturant le sel d'oseille par le
carbonate de potasse ; il cristallise en prismes rhomboi-
daux obliques solubles dans 2,2 parties d'eau à 40<^. Le
sel d'oseille est employé pour décaper les métaux, enlever
les taches d'encre, de rouille ; son action est basée sur la
formation d'un oxalate double de fer et de potasse soluble
dans l'eau. Les oxalates de soude sont peu solubles, le sel
acide de sodium, C^HNaO^ H'-^O"^, exige 67 parties d'eau
pour se dissoudre à 70**.
Le sel neutre d'ammoniaque C^IPO^ 2AzIl^lP0^ cris-
tallise en longs prismes rhomboïdaux droits ; il se dissout
dans 22 parties d'eau à 20*^ et dans 2 parties à 400^.
L'oxalate d'argent, C/O^Ag^, est très i)eu soluble dans
l'eau froide, un peu plus dans l'eau chaude. A 420° il
détone brusquement en formant de l'acide carijonique et
de l'argent :
C^^Ag-20« z=2 'ICW + Ag^^.
La réaction explosive dégage -h 37^'^^^ 5.
L'oxalate de potasse et d'antimoine est employé comme
succédané del'émétique dans l'impression des tissus, celui
d'aluminiuui sert à la conservation des] pierres (marbres,
dolomie, schiste, calcaire et craie). Le sel double de fer
et de potassium possède un pouvoir réducteur extrêmement
puissant, il réduit le chlorure de platine et le nitrate d'ar-
gent complètement à l'état métallique. C'est sur cette pro-
priété que repose en photographie le développement à
l'oxalate de fer, développement qui se produit par le mélange
de solutions de sulfate de fer et d'oxalate neutre d'ammo-
niaque. De nombreux sels doubles dérivent des oxalates fer-
riques et chromiques combinés avec l'oxalate de potassium ;
on doit les regarder comme des sels d'acides complexes,
les acides ferroxalique et chromoxalique. C. M.
OXALDINES. SchifF a donné le nom d'oxaldines à une
série de bases oxygénées formées par la combinaison, avec
élimination d'eau, d'une molécule d'ammoniaque et d'un
nombre variable de molécules d'aldéhyde. Dans le cas de
l'aldéhyde ordinaire, Féquation génératrice est la suivante :
nC4H^(02) + Az IF = C^^^H^^+^AzO^ + {n-i)l\W.
Le premier terme de la série est l'aldéhydato d'ammo-
niaque :
c^^n^(02) 4- Adp zz: c4ir^02(Azii3).
C'est une combinaison qui cristaUise en gros rhomboèdres
incolores, soluble dans l'eau, insoluble dans l'éther, qu'on
obtient quand on fait passer un courant de gaz ammo-
niac dans un mélange d'éther et d'aldéhyde convenable-
ment refroidi. On ne peut la conserver que dans des tubes
scellés, car elle se résinifie peu à peu à l'air. Les acides
étendus la décomposent de nouveau en ammoniaque et
aldéhyde; on l'utihse pour la purification de l'aldéhyde.
L'action de l'aldéhyde sur l'ai déhy date d'ammoniaque à
chaud fournit des combinaisons amorphes dont la struc-
ture n'est pas encore connue : l'oxytrialdine, C^^H^^xizO^ ;
l'oxytétraldine, C^Hl^^AzO^, etl'oxypentaldine, C^oiU^AzO^.
Les sels de ces bases sont incristallisables et solubles dans
l'eau. On utilise souvent les premiers termes, les aldéhy-
dates d'ammoniaque, pour la purification des aldéhydes.
OXALHYDROXANllQUE (Acide).
Form I ^'^i^^^ C'^U'^Vz-^OB.
L'acide oxalhydroxamique ou hydroxyloxamide preud
naissance quand on ajoute de l'éther oxalique à une solu-
tion alcoolique bouillante d'hydroxylamine et qu'on laisse
refroidir après une minute d'ébullition. Cristallisé dans
l'eau bouillante, il est en aiguilles microscopiques. La po-
tasse étendue le décompose en acide oxalique et hydroxy-
lamine. ^ C. M.
OXALIDÉES {Oxalideœ DC). Groupe déplantes Dico-
tylédones, qu'on réunit à la famille des Géraniacées (V. ce
mot), dans laquelle il constitue une tribu caractérisée par
les fleurs hermaphrodites et régulières, à réceptacle con-
vexe, l'androcée formé de 40-45 étamines superposées les
unes aux pétales, les autres aux sépales, les carpelles unis
en un ovaire à loges bi-ou pluriovulées, le fruit capsu-
laire et loculicide, ou charnu et indéhiscent, les graines
renfermant un albumen charnu. D^' L. Un.
OXALIQUE (Acide). L Chimie.
p i Equiv.... C^H20Sz=C^^H2(0^^)(0^).
^^™' ( Atom.... e^o^ip = GO^H.eo-^ii.
L'acide oxahque est un acide bibasique, et le plus simple
dans le groupe de ces acides. De même que l'acide acétique
monobasique dérive de l'alcool ordinaire monoatomique
par oxydation, l'acide oxalique bibasique se rattache au
glycol diatomique par le même phénomène d'oxydation
qui se trouve répété deux fois dans la molécule :
c^iiHii-o^) + 04 z^ m\\i)'') 4- 14^0^.
Alcool Ac. acétique
C4F(HW)(II202) + 20'^~C^^H2(0'^)(0'0 -h 2H202.
Glycol Ac. oxalique
On avait déjà reconnu l'existence de son sel acide de potas-
sium dans l'oseille (oxalis) au commencement du xvii^ siècle,
OXALIQUE
— 736
mais il ne lut caractérisé comme acide que par Savary en
1773, et surtout par Scheele en 1784. Ce dernier savant
établit son identité avec l'acide sacchar in, obtenu en 1776,
par Bergmann, dans l'oxydation du sucre par l'acide azo-
tique. Sa composition a été établie par Duiong. M. Ber-
tiielot a effectué sa synthèse totale par le carbone et par
l'acétylène. Une série de réactions intéressantes conduisent
à la formation de l'acide oxalique :
1° Le charbon de bois purifié par le chlore au rouge
est transformé par l'acide chromique en acide oxalique
(Berthelot) :
2C^ + 30-2 + H^O'^ = CnPOs.
2*^ Va\ oxydant l'acétylène par le permanganate de po-
tasse il se forme de l'acide oxalique (Berthelot) :
C^H^ + 402 = C^H^O».
On remplit d'acétylène gazeux un flacon, on le bouche
avec un bouchon traversé par le tube d'une ampoule à ro-
binet. L'ampoule contient une solution saturée de per-
manganate additionnée de 1/10^ de son volume de lessive
(«le soude caustique. La liqueur violette, en arrivant dans
le flacon, se réduit, devient verte, puis se trouble et enlin
laisse un dépôt ocreux de bioxyde de manganèse. La liqueur
claire obtenue par filtration contient de l'acide oxalique
facile à reconnaître par le précipité d'oxalate de calcium
qu'il fournit en liqueur acéti({ue.
3*^ L'anhydride carbonique est absorbé par le sodium
à 360", il se forme de l'oxalate (Drechsel) :
2C20G -f Na^- = C^ Na-^0\
4" L'oxydation de l'alcool, de l'acide acétique dans des
(conditions convena]>les peut donner de l'acide oxalique.
D'ailleurs, toutes les fois (|u'on oxyde une matière orga-
nique par l'acide nitrique ou par le permanganate de po-
tasse en licjueur alcaline, il se produit presque toujours de
l'acide oxalique. L'hydrate de potasse à une température
modérée transforme un grand nondjre de substances en
oxalates, en particulier la cellulose, l'amidon, le son, etc.
Cette réaction est utilisée aujourd'hui dans la préparation
industrielle de l'acide oxalique et des oxalates.
On peut retirer l'acide oxalique de certains végétaux
qui le contiennent à l'état salin, par exemple des plantes
du genre R^ime^v ou du genre Oxalis. On exprime ces
plantes, on clarifie le suc obtenu et on précipite l'acide
sous forme d'oxalates de plomb et de chaux; ces der-
niers sont ensuite décomposés par l'acide sulfurique dilué.
Dans les laboratoires, on peut obtenir facilement l'acide
oxalique par oxydation du sucre ou de l'amidon avec
l'acide nitrique. Après évaporation du produit de la réac-
tion jusqu'au sixième du volume, on fait cristalliser.
Dans l'industrie, on utiHse une réaction indiquée d'abord
par Yauquehn, puis par Gay-Lussac, l'oxydation de la cel-
lulose parles hydrates alcalins. Comme source de cellulose,
on emploie la sciure de bois. La soude employée seule
donne un très mauvais rendement ; on fait agir la potasse
seule ou la potasse additionnée d'un peu de soude pour
économiser la première. On mélange une partie de sciure
de bois avec une solution alcaline contenant 1 partie de
potasse pour 2 parties de soude ; on règle la quantité d'eau
de façon à former une pâte demi-solide, et on introduit
celle-ci dans un cylindre en tôle ou dans une grande mar-
mite en fonte chauffée vers 100^ et munie intérieurement
d'un agitateur. La masse poreuse, colorée, qu'on obtient ainsi
est formée surtout d'oxalates alcalins. On la reprend par
l'eau froide qui laisse comme résidu de l'oxalate de soude
peu soluble; ce dernier est transformé d'abord en sel de
chaux par ébullition avec un lait do chaux, ensuite en acide
oxalique par traitement avec l'acide sulfurique dilué.
On purifie simplement l'acide oxalique en en dissolvant
1 partie dans 8 parties d'eau chaude et laissant cristalliser
par refroidissement; ce dépôt cristaUin retient presque
toutes les matières étrangères; on évapore l'eau mère au
^uart de son volume, et les cristaux qu'elle fournit sont
ensuite purifiés complètement par deux ou trois cristalli -
salions successives (Maumené). L'acide oxalique cristaUise
dans l'eau en prismes incolores monocliniques contenant
!2 molécules d'eau de cristallisation qui disparaissent à 100"
ou sur l'acide sulfurique. L'acide fond à 101", 5. L'acide
anhydre peut être sublimé quand on le chauffe avec pré-
caution; chauffé davantage, il se décompose en anhydride
carbonique, oxyde de carbone, eau et acide formique.
100 parties d'eau dissolvent, à 20",8parties 8 d'acide oxali-
que, 100 parties d'alcool absolu 23,73 à 15" et 100 parties
d'éther 1,29. Absorbé en quantité notable, l'acide oxalique
agit comme poison. L'acide oxalique est formé depuis les
éléments avec un dégagement de chaleur de 197 calories.
Il décompose les carbonates ; il précipite les sels calcaires
en solution très étendue et même le sulfate de chaux, en
formant un sel insoluble dans l'acide acétique, mais so-
luble dans l'acide chlorydrique. Ces propriétés-là sont
spécifiques.
L'acide sulfuricpie décompose l'acide oxalique en anhy-
dride carbonique, oxyde de carbone et vapeur d'eau. En
présence de la glycérine, il se dédouble en anhydride car-
bonique et acide formique (M. Berthelot) :
c-iH^os r:^ c^o* -4- cmw.
Les agents réducteurs donnent un acide aldéhyde, l'acide
glyoxylique, puis l'alcool correspondant, l'acide glycol-
lique :
C/'1I2(0^)(0^) -f- IP = C^H2(0-^)(0^) -h HW.
C^IF(02)(0^) -4- IP z= C^H2(HW)(0*).
Les oxydants le transforment à la longue en anhydride
carbonique :
C4H20S -+- 0^ :=r 20^0^ -f- H202.
Le permanganate de potassium en liqueur sulfurique
produit à froid et presque instantanément cette réaction ;
on l'utilise dans l'analyse volumétrique. Les sels d'or sont
réduits par l'acide oxalique dans les même conditions.
L'îtcide oxahque bibasique donne naissance à deux sé-
ries de sels, les oxalates neutres, C'^06.2M0 et C^O^MOM'O.
et les oxalates acides, C^O^MOHO (V. Oxalate). Il forme
également deux classes d'éthers, les uns neutres, les autres
acides :
Ether neutre S ^4^4 l C^H^O^.
Acide éthyloxalique C'^E^C'^nW) .
On prépare l'éther neutre au moyen de l'alcool pris
aussi concentré que possible et de l'acide oxalique sec. En
ajoutant de l'eau au produit, l'éther se précipite, on le
sépare, on l'agite avec une solution étendue de carbonate
de soude, puis avec du chlorure de calcium sec. C'est un
liquide incolore oléagineux, plus dense que l'eau.
L'éther oxahque, dissous dans une solution alcoolique
de potasse employée en quantité convenable, donne des
paillettes d'éthyloxalate de potassium. L'acide éthyloxalique
qu'on en déduit est un liquide fojt instable.
L'éther diméthyloxalique est, parmi les éthers neutres,
celui (|ui cristallise le plus facilement; on passe par son
intermédiaire pour réaliser la purification de l'alcool mé-
thyhque.
Comme acide bibasique, l'acide oxalique engendre deux
amides, l'amide biammonia.cal, l'amide monoammoniacal :
C^II^Az^O^ et C^H^AzO^
Ce dernier jouit des propriétés acides : on l'appelle l'acide
oxami([ue; l'autre est Toxamide.
Oxamide. Sa connaissance est due surtout aux travaux
de Dumas en 1830. 0[) le prépare par l'action de l'am-
moniaque sur l'éther oxalique : il se forme, aussitôt qu'on
mêle les deux liquides, un abondant dépôt cristalhn qui
augmente ra])idement jusqu'à transformation totale. On
lave à l'eau froide. L'oxamide est une poudre blanche,
insoluble dans l'eau froide, l'alcool, l'éther, que les alca-
lis et les acides concentrés décomposent à l'ébullition avec
— 737
OXALIQUE — OXENSTlERNA
régénération d'acide oxalique et d'ammoniaque. Quand on
le fait bouillir avec l'ammoniaque en dissolution dans l'eau,
l'oxamide se change en oxamate d'ammoniaque. La cha-
leur peut le déshydrater et le transformer partiellement
en nitrile oxahque ou cyanogène :
Acide oxamique. Il a été découvert par Balard en
1842. On le prépare en chauffant l'oxalate acide d'ammo-
niaque au bain d'huile, vers 220^, pendant deux à trois
heures ; on reprend par l'eau tiède où l'acide peu soluble
se dépose par refroidissement. On le purifie en préparant
l'oxamate de baryte. L'acide oxamique est une poudre
cristalline fusible à 173''. La chaleur le décompose en eau,
oxamide, acide carbonique, acide formique; c'est un acide
monobasique. Les bases autres que l'ammoniaque donnent
naissance à des composés semblables; avec l'aniline, par
exemple, on connaît l'oxanilide et l'acide oxaniHque cor-
respondant à l'oxamide et à l'acide oxamique :
C4H*(04)(0^) + 2(>2H4(AzH3) z= C^SR^^O^Az^- -+■ ^IF-O^
Ac. oxal. Aniline Oxanilide
C4H-2(0^)(0<) + C^2H^(AzH3) — CiW0^\z(0^) -+- WOK
Aniline Ac. oxanilicjue
Le second se forme quand on chauffe l'aniline et l'acide
oxalique vers ioO'^ ot le premier quand on cliauffe le se-
cond à 180<^. Leurs propriétés correspondent à celles de
l'oxamide et de l'acide oxamique. C. Matignon.
IL Physiologie, Toxicologie et Thérapeutique. —
L'acide oxalique existe presque normalement dans l'or-
ganisme où il est introduit par les aliments ou bien
se forme par oxydation et parfois par réduction des
ingesta, par oxydation incomplète des azotés, par un
trouble des échanges organiques, dans toutes les circons-
tances enfin où la nutrition est ralentie. Il y passe à l'état
d'oxalate de calcium, et c'est sous cette forme qu'il se
présente dans les urines où il se dépose rapidement ; ce
sel peut former des infarctus dans les reins et en général
produit les calculs dits muraux. — L'acide oxalique est
très toxique ; il manifeste son action sur l'économie par
des troubles circulatoires, respiratoires et de l'innervation :
affaiblissement et ralentissement du pouls, ralentissement
de la respiration, refroidissement périphérique considé-
rable, anesthésies, parésies, convulsions toniques et clo-
niques, dyspnée, collapsus. Si le poison a été ingéré dans
l'estomac, comme dans les intoxications chez l'homme, la
gastro-entérite se montre dès le début par des vomisse-
ments qui peuvent persister jusqu'à la mort, avec vive
douleur épigastrique. Les troubles de la respiration et de
l'innervation sont probablement d'origine centrale, mais
ceux de la circulation sont attribués, soit à une action sur
les centres nerveux, soit à une action directe sur le cœur
(sur les ganglions intracardiaques ou sur le myocarde).
— Dans les cas d'empoisonnement par l'acide oxalique ou
ses sels, on fait vomir, à moins que le poison n'ait été ab-
sorbé à un grand état de concentration, cas auquel le
ramoHissement de la muqueuse stomacale produit contre-
indique les vomitifs. On cherchera à neutraliser le poison
ou à le transformer en sels insolubles en administrant de
l'eau de chaux, de la magnésie, de la craie en poudre et
surtout du saccharate de calcium, mais jamais les carbo-
nates ni les bicarbonates alcalins. — L'acide oxalique a
quelquefois été employé comme succédané des acides
citrique ettartrique pour calmer la soif; on prescrit une
limonade oxalique et des pastilles, qui sont avantageuse-
ment remplacées par des préparations au citron , au vi-
naigre, etc. L'oxalate de cériiim a été préconisé contre les
vomissements incoercibles des femmes enceintes. D^ L. Hn.
OXALIS (Bot. et Thérap.) (V. Surelle).
OXALURANIIDE (Chim.) (V. Oxalurique).
OXALURIE (Path.) (V. Urine et Gravelle).
OXALURIQUE (Acide). Form. j ^^ SÈSi^
L'acide oxalurique a été découvert par Liebig et Wœli-
GRANDE ENCYGLOPÉDIE. — XXV.
1er dans leurs études sur l'acide urique. C'est un produit
d'hydratation de l'acide parabanique :
C«Hl\z20^+ H'^O^^ = G^H14z20^
dont les sels se forment par l'action des alcahs ou de l'am-
moniaque sur ce dernier. 11 constitue une poudre cristaUine
incolore, peu soluble dans l'eau, dont les sels sont bien
cristallisés. Son amide, C^H^xVz-O^fAzH^)
CW'Ay^O^O'^) + AzH'^ -- C^H^AzW + H^O^,
s'obtient par les méthodes ordinaires, en traitant par l'am-
moniaque alcoolique l'éther éthylique de l'acide oxalurique.
C'est un produit cristalHn, insoluble dans l'eau, soluble
sans décomposition dansl'acidesulfuriqae concentré. CM.
OXALYL-Urée (Chim.) (V. Parabanique fAcidel).
OXAMIDE (Chim.) (V. Oxalique).
OXANILIDE (Chim.) (V. Oxalique).
OXANTHRACÈNE (Chim.) (V. Anthraquinone).
OXATOLUIQUE (Acide). Form. S ^'" i'Sv
^ ^ / Atom... {j^^H^^O-^.
L'acide oxatoluique ou oxatolylique est un produit de
dédoublement de l'acide vulpique, G^'^^H^^O^<^, sous l'in-
fluence de la potasse à l'ébullition :
C38H14010 _^ 3H302 ^ C-'W^H)^ -f- C-^H^O'^ + 'ICW,
acide cristallisé en grands prismes rhomboidaux droits, fu-
sibles à 154«. L'action prolongée de la potasse le dédouble
lui-même en acide oxahque et en toluène :
G32HiW + H^O^ z:z C^O^fF^ -}- SC^W.
OXELAËRE. Com.dudép. duXord, arr. d'Hazebrouck,
cant. de Cassel ; 412 hab.
OXENSTlERNA. Famille noble suédoise très ancienne.
L'ancêtre commun, Bengt-Nilsson, était déjà conseiller du
royaume au xiii^ siècle. Cette famille se divise en plu-
sieurs branches : branche noble d'Eka et Zindœ, branche
comtale de Korshobn et Vasa., branche comtale de Sœder-
mœre et branche comtale de Kroneborg,
Axel-Gustafsson (branche des 0. de Sœdermœre),
homme d'Etat suédois, né à Fanœ (Uppland) le 16 juin
4583, mort à Stockholm le 28 août 1634. Après avoir
fait ses études dans des universités étrangères, il entra
en 1603 au service de Charles IX et fut chargé, dès 1606, de
missions diplomatiques. Par testament (1611) Charles' IX
le nomma membre du conseil de régence pendant la mino-
rité de Gustave-Adolphe, et, le 6janv. 1612, il fut offi-
ciellement nommé chancelier du royaume ; il déploya, en
cette qualité, dans tous les domaines une activité extraor-
dinaire. Pendant les absences de Gustave-Adolphe, en
guerre contre la Russie, il remplit les fonctions de régent;
mais, en 1622, le roi le prend avec lui et lui confie l'ad-
ministration de l'armée ; plus tard (oct. 1626), il est
nommé gouverneur général de la Prusse et dirige les né-
gociations avec la Pologne, qui aboutissent à l'armistice
d'Altmark (1629), très favorable aux intérêts suédois. Il
est, jusqu'à la mort du roi, son continuel collaborateur,
organisant le ravitaillement des troupes et leur amenant
des renforts. Après la bataille de Lutzen, il prend la pre-
mière place dans la hgue contre rAutriche''et est le maître
absolu de l'armée suédoise. La défaite de Nordlingen
(1634) n'abat pas son courage ; bientôt il se rend en
France (mars-avr. 1633), où il confère avec Richeheu. A
son retour en Suède (juil. 1636), il prend place dans fe
conseil de régence de la reine Christine et en est l'âme.
C'est à lui que revient l'honneur de la paix de Brœmsebro
(1643), qu'il conclut en désaccord, semble-t-il, avec les
instructions de Christine. A partir de ce moment, son
influence décroit rapidement, mais continue à s'exercer,
moins cependant sur la conduite des affaires étrangères
que dans les questions commerciales et tinancières. Il s'op-
posa de toutes ses forces, mais sans succès, à l'abdication
de Christine et mourut peu après. Il fut enterré dans
l'église de Ja^der (Sœdermanland). Une grande partie de
sa correspondance a été publiée autrefois; en 1888, l'Aca-
démie suédoise des belles-lettres a entrepris une édition
47
OXENSTIERNA — OXFORD
738 —
critique de ses divers écrits. Sa statue, qui s'élève devant
la Maison des chevaliers à Stockholm, a été inaugurée
en 4890.
Johan-Axelsson{brsinche de 0. de Sœdermœre) , homme
d'Etat suédois, né à Stockholm le 24 juin 1611, mort à
Wismar le 5 déc. 1657, fils du précédent. Il fut le prin-
cipal agent de son père, lors des négociations qui se ter-
minèrent par le traité de Westphalie. 11 avait rempli an-
térieurement plusieurs missions diplomatiques de moindre
importance. Il fut nommé maréchal du royaume lorsque
Charles X monta sur le trône (1654) et, peu après, ambas-
sadeur de Suède en Allemagne.
Bengt-Gabrielsson (branche de Korsholm et Vasa),
homme d'Etat suédois, né à Mœrby (Uppland) le 16 juil.
1623, mort le 12 juil. 1702. Après avoir rempU diverses
missions diplomatiques (à Osnabruck, 1650 ; à Franc-
fort, etc.), il fut nommé gouverneur de la grande Pologne
(1655) et administra très habilement ce pays. Pendant
l'expédition de Charles-Gustave en Danemark, Oxenstierna
fut chargé de défendre la place de Thorn et sut s'y main-
tenir contre toutes les attaques pendant près d'un an et
demi. De 1662 à 1665, il est gouverneur général de
Livonie. En 1676, ambassadeur à Nimègue, il tra-
vaille au rapprochement avec l'Angleterre, la Hollande et
l'Autriche, rapprochement qui ne tarda pas à devenir défi-
nitif lorsque Oxenstierna eut été nommé chancelier en
1680, après h mort de Gyllensticrna (traité de La Haye,
1681). Sa politique antifrançaise domine dans tous les
accords et traités conclus par la Suède jusqu'en 1690,
époque à laquelle la direction des affaires étrangères passe
presque entièrement à isils Biclke, qui a des sympathies
pour la France. Oxenstierna reprend cependant tout son
ascendant sur le roi après quelques années, et Charles XI,
à sa mort, le nomme un des tuteurs de Charles XII (1697).
Dans le conseil de régence, son influence ne paraît pas
avoir été prépondérante.
Johan-Gabriel {hrmdie de Korsholm et Yasa), homme
d'Etat et poète suédois, né à Skenaes (Sœdermanland) le
4 juil. 1750, mort à Stockholm le 29 juil. 1818. Son rôle
comme homme d'Etat fut peu considérable et il dut les
dignités auxquelles il fut élevé par Gustave IIÏ plus à
l'affection du roi poète qu'à ses mérites diploma-
tiques. C'est un des poètes les plus élégants de la période
gustavienne, et ses tableaux de la nature, composés selon
la manière de France, sont souvent remarquables par la
finesse unie à l'exactitude. Œuvres : les Heures du jour
[Dayens Stunder), poème en quatre chants, et les Ré-
coltes {Skœrdarna) , poème en neuf chants. Th. Caht.
OXFORD. Ville. — Ville d'Angleterre, ch.-l. du comté
de ce nom, sur la Tamise (Thames), au confluent du
Cherwell ; 45.742 hab. (en 1891). C'est une des plus
vieilles villes anglaises, qui doit toute son importance et
sa célébrité à son université. Le château de Guillaume le
Conquérant est presîjue entièrement disparu, mais l'en-
ceinte du XI® siècle subsiste en grande partie. L'aspect
caractéristique de la ville est dû aux bâtiments des col-
lèges et aux prairies et plantations qui les entourent.
Comté. —Comté intérieur d'Angleterre; 1.957 kil. q. ;
185.669 hab. Il est compris entre ceux de Buckingham
à l'E., Berks au S., Gloucester à l'O., Warwick au
N».-0. et Northampton au N.-E. C'est un pays ondulé, au
N. duquel les Edge-hills atteignent 377 m., au S. sont
les Chiltern-hills. Les champs occupaient, en 1890, 51 ^/o
de la superficie, les près 37 1/2, les bois 5 ^/o. On y re-
censait 17.700 chevaux, 56.400 banifs, 266.600 mou-
tons, 44.100 porcs. On fabriquait des lainages et de la
métallurgie. A. -M. B.
Université d'Oxford. -- Le passage des Annales
d'Asser, évoque de Saint-David, qui attribue la fondation
de rUniversité d'Oxford au roi Alfi'ed, y a été frauduleu-
sement inséré au xvii® siècle. Il ])araît certain que Robert
Pullen, auteur de sentences analogues à celles de Pierre
le Lombard, enseigna en 1133 aux écoles d'Oxford ; mais
le séjour du juriste italien Vacarius en 1149 est douteux.
On ne sait rien sur ces écoles de la première moitié du
XII® siècle, si ce n'est qu'elles ne dépendaient point, sem-
ble-t-il, des monastères locaux (Oseney, Saint-Frideswyde).
Comme les universités de Padoue, de Vicence et de Leipzig,
celle d'Oxford semble être née d'une immigration subite
d'étudiants et de maîtres, venus d'une université plus
ancienne. Les étudiants et les maîtres qui ont donné aux
écoles d'Oxford, auparavant très modestes, une grande
prospérité, sont probablement venus de Paris, lors de
l'exode de 1167. Vers 1185, Giraud le Cambrien lut sa
Topographia hibernica devant les maîtres et les écoliers
d'Oxford. La première charte de l'Université nouvelle, ré-
digée par le légat du pape, est de 1214. Le premier
« statut » universitaire d'Oxford qui ait été conservé est
de 1252. La première bulle pontificale de privilèges pour
les maîtres et les écoliers d'Oxford est d'Innocent IV (1254).
Le chef de la corporation fut, de bonne heure, un « chan-
celier », élu par les membres de l'Université et beaucoup
plus indépendant de l'autorité épiscopale que les fonc-
tionnaires qui, dans les universités continentales, ont porté
le même titre. La constitution primitive de l'Université
d'Oxford dérive, d'ailleurs, de celle de l'Université de Paris,
telle ([u'eilc était après l'établissement des « nations »,
mais avant l'organisation définitive du « rectorat » et des
« facultés ». A Oxford comme à Paris — mais cin(iuante
ans plus tard — l'invasion de la cité universitaire par
les ordres mendiants causa des troubles (1303-20), et,
à cette occasion, la constitution se précisa. Au
xiv^ siècle, deux traits de cette constitution sont très no-
tables : 1^ les empiétemenls successifs des autorités de
l'Université sur les attributions naturelles (de police, etc.)
des autorités municipales; de nombreux conflits sanglants
entre les bourgeois et les clercs procurèrent à ceux-ci
des privilèges, exorbitants, dont quelques débris ont sub-
sisté jusqu'à nos jours ; 2° l'affranchissement presque
complet de l'Université à l'égard de l'autorité diocésaine
(de l'évéque de Lincoln) ; le mouvement hétérodoxe de
Wicleff fut singuhèrement favorisé par cette exemption
du contrôle de la haute Eglise sur la turbulente république
cléricale d'Oxford ; mais il fut si violent qu'il entraîna,
au XV ^ siècle, une réaction en sens contraire ; depuis le
XV® siècle, le chancelier, naguère représentant de l'auto-
nomie universitaii'c, a été un grand personnage, non rési-
dent, protecteur de F Université auprès des princes tem-
porels et ecclésiastiques, instrument de ces princes pour
assurer la docilité de la corporation. — A Oxford comme
ailleurs, des collèges ont été étabhs au moyen âge pour
améliorer la discipline et venir en aide aux étudiants
pauvres, savoir : Balliol (1261-66), Merton 1(1263-64),
Unive«si(y Collège (vers 1280), Exeter (1314-16). Oriel
(1324), Ùueen's (1341), New (1379), Lincoln (1429),
AU Soûls (1438), Magdalen (1448). De la Renaissance
datent Brasenose (1509), Corpus Christi (1516), Christ
Church (fondation du cardinal Wolsey), Trinity (1554),
Saint-John's (1555), Jésus (1571). Les plus récents des
collèges d'Oxford, qui, comme les précédents, existent
encore, sont : Wadham (1612), Pembroke (1624), Wor-
cester (l'ancien Gloucester Hall, 1714), Keble (1870),
Hertford (Fancien Hert Hall et Magdalen Hall, 1874).
Citons enfin, parmi les « halls » qui n'ont jamais été
élevés à la dignité de « collèges », Saint-Mary Hall et
Saint-Edmund Hall, qui remontent au xiv® siècle.
Les anciens « statuts » de l'Université d'Oxford ont été
compilés au temps du cancellariat de l'ai^chevêque Laud
(1630-34), sous le titre de Corpus Siatutorum Univer-
silalis Od'oniensis; c'est la base du Statute Book, qui
est annuellement réédité par l'imprimerie de l'Université
((^larendon Press). Mais la constitution universitaire a été
profondément modifiée, en 1854, par un acte du Parle-
ment (17 et 18 Victoria, c. 81). La réforme de 1854 a
laissé subsister les anciennes assemblées, dites Congréga-
tion (où siégeaient seulement les « régents » en exercice)
et Convocation (« régents » et « non régents », gradués
résidents ou non) ; mais elle a transféré la plus grande partie
de l'autorité à deux corps nouveaux : i« la Congrégation
of the Uniuersity of Oxford, composée des membres de
l'Université, résidents depuis un certain temps; *2° Yîieb-
domadal Council auquel appartient l'initiative en ma-
tière législative ; il se compose du chancelier, du vice-
chancelier, des 2 « proctors » et de 18 membres (dont
6 chefs de collèges ou de halls, et 6 professeurs élus en
Congrégation). Les projets de « statuts » nouveaux,
préparés par VHebdomadal Council, sont soumis à la
Congrégation nouvelle, puis à la Convocation. C'est la
Convocation qui confère les degrés honorifiques, élit les
titulaires des offices de l'Université et ses représentants
au Parlement, et sanctionne tous les actes dénature à être
scellés du sceau de l'Université, mais elle n'a pas le droit
d'amendement; son pouvoir se borne à accepter ou à re-
jeter les propositions qui lui sont faites. — Il sera ques-
tion des autres réformes qui ont transformé l'esprit de
l'enseignement, non seulement à Oxford, mais dans toutes
les universités anglaises, à l'art. Univershé.
L'histoire de l'Université d'Oxford au moyen âge, illus-
trée par Edmond Ricfi, Robert Grosse-Teste, Roger Bacon,
et par la postérité intellectuelle de JD lins 5.co^ et d'Occain
(V. ces noms), a été écrite avec soin par M. Hasiings
Rashdall {Tfie Universities of J^urope in tlie midcÙe
âges; Oxford, 1895, in-8, II), qui en a donné la
bibliographie complète : livres et documents. La médiocre
History of the University of Oxford (Londres, 1886,
in-8) de H. C. Maxwell Lyte va jusqu'à l'année 1530.
Pour la période moderne et contemporaine, il faut re-
courir aux publications suivantes, qui ont un caractère
officiel : The historical register of the University of
Oxford (Oxford, 1888, in-12) ; Oxford honours, i!220-
1894, being an alphabetiral register of distinctions
co]ifered by the University of Oxford from the earlies
times (Oxford, 1894, in-12) ; Oxford Univosity Ca-
lendar (chaque année).
Les principaux établissements annexés à l'Université
d'Oxford sont : 1° la Bibliothè((ue bodléienne (V. Bou-
LEY, t. vu, p. 25) ; ^'^ la Clarendon Press ; c'est en
janv. 1586 que des délégués pro impressione librorum
furent, pour la première fois, appointés en Convocation ;
3" le « Théâtre », construit par Gilbert Sheldon, arche-
vêque de Cantorbéry et chancelier de l'Université (1664-
69), pour servir aux réunions solennelles ; ¥ ÏAshmolean
Muséum, bâti de 1679 à 1683 pour recevoir les collec-
tions léguées par sir Elias Ashmole ; 5^ la Radcliffe Li-
brary et le liadcliffe Observatory ; 6° la Taylor Insti-
tution (fondation d'un célèbre architecte du xviii® siècle
pour l'enseignement des langues et des httératures mo-
dernes); 7^^ les University Galleries, ouvertes en 18i5 ;
8° V University Muséum (1855-60) pour les sciences
jiaturelles; 9° l'Observatoire de l'Université (1873);
10« Vïndian Institute (1882-84). Ch.-V. Langlois.
OXFORD (Robert Harley, comte d') (1661-1724).
(V. Harley).
OXFORD (Edward Harley, comte d') (1689-1741).
(Y. Harley).
OXFORDIEN. Nom employé par les géologues dans di-
verses acceptions et proposé en 1829 par Brongniart (d'Ox-
ford, ville anglaise),pour désigner un ensemble de couches
jurassiques que l'on répartit aujourd'hui dans les étages
callovien, oxfojxlien s. str. et rauracien. Le séquanien
ne peut être séparé de cet ensemble, qui constitue un
groupe assez homogène par ses caractères paléontologiques.
En ce qui concerne les Ammonites, c'est le règne des Car-
dioceras, des PacJiyceras, des Neumayria, des Ocheto-
ceras, etc. Au point de vue strati graphique, il importe de
constater l'existence d'une grande trangression cailovienne,
qui a pour effet l'invasion par la mer d'une partie des
masses continentales, telles que le continent nord-atlan-
Jque, le continent indo-malgache, tandis que, par com-
739 — - ÛXFOREI — OXFORDIEN
pensation, la mer est partiellement refoulée hors des géo-
synclinaux, vraisemblablement par suite de plissements
peu considérables, préludant aux mouvements alpins.
L'oxfordien s. str., par contre, est transgressif sur le bord
des géosynclinaux, et cette transgression semble compensée
par une légère régression sur les masses continentales,
comme par exemple dans la Russie centrale. Dans le bassin
de Paris, la mer perd en profondeur ce qu'elle gagne en
étendue ; c'est dans la série qui va de l'oxfordien au séqua-
nien que sont localisées, dans cette région, les formations
coralligènes, considérées autrefois à tort comme apparte-
nant à un étage unique, désigné sous le nom de corallien.
Nous allons passer successivement en revue les étages
que l'on a réunis en un groupe oxfordien sensu lato, en
insistant surtout sur leurs caractères en Europe, renvoyant,
pour ce qui concerne leur répartition à la surface du globe'
à l'art. Jurassique.
Callovien. ~ Cet étage, qui tire son nom de la loca-
lité de Kelloway, en Angleterre, a été divisé en trois zones
paléontologiques. Dans la zone inférieure, les genres Ma-
crocephatites, Cadoceras, Cardioceras, Kepplerites, Pro-
planulites font brusquement leur apparition, Hectico-
ceras y est représenté par plusieurs espèces, lieineckeia
est encore rare ; c'est la zone à Macrocephalites macro-
ceplialus. Dans la zone moyenne, lleinec/ceia atteint le
maximum de son développement, Macrocephalites est
encore représenté, tandis que Cardioceras a disparu mo-
mentanément ; c'est la zone à Cosmoceras Jason et Ste-
plianoceras coronatum. Dans la zone supérieure, le genre
Cardioceras repar ait, les genres Peltoceras, Aspidoceras,
Creniceras se rencontrent pour la première fois ; c'est la
zone à Peltoceras athteta et Cardioceras Lamberti, qui
est si intimement rehée à la zone inférieure de l'oxfordien
qu'on les a quelquefois réunies toutes deux en un étage
divésien. Ces apparitions hrusques de types d'Ammonites,
en partie cryptogènes, sont vraisemblablement en relation
avec la transgressivité des mers calloviennes ; elles se pro-
duisent aussi bien dans les régions septentrionales que
dans la province méditerranéenne, où les Phylloceras
sont indigènes.
Dans le bassin anglo-parisien, le callovien est repré-
senté, soit par des grès (Kelloway-rock), soit par des
oolithes ferrugineuses, soit par des argiles, plus rarement
par des calcaires. Il passe insensiblement au bathonien,
tandis qu'il est sou\cnt nettement séparé de l'oxfordien
proprement dit, par suite de l'absence de son terme su-
périeur due à un recul de la mer sur le bord méridional
du bassin. Dans le Jura et dans l'Allemagne méridionale
le callovien inférieur comprend d'ordinaire des oolithes
ferrugineuses, tandis que la partie moyenne et supérieure
est constituée par de^ argiles à Ammonites pyriteuses.
Dans l'E. de l'Europe, c'est par le callovien que débute
presque partout la série jurassique, mais la transgression
s'opère graduellement ; ainsi, dans le centre de la Russie,
notamment aux environs de Moscou, le callovien moyen
repose immédiatement sur le calcaire carbonifère.
Dans le bassin du Rhône, le callovien est à l'état de
marnes schisteuses souvent très puissantes, quelquefois
fossilifères,, dans lesquelles on rencontre à la fois des
Phylloceras méditerranéens et des Cardioceras du Nord.
L'étage tout entier, ou tout au moins sa partie supérieure,
manque en beaucoup de points de la région méditerra-
néenne. Ailleurs, il est représenté par des'^calcaires blancs
ou roses à Bracbiopodes. Les trois zones du callovien
sont connues, avec les mêmes caractères paléontologiques
que dans les régions classiques de l'Europe occidentale,
dans le Caucase, dans l'Inde, dans la Cordillère des
Andes, etc.
Oxfordien s. str.— L'oxfordien, tel qu'il est actuellement
compris par la plupart des auteurs, peut être divisé en trois
zones. Ceux qui réunissent le terme inférieur, la zone à
Cardioceras cordatum et Aspidoceras biarmatum à la
zone à Cardioceras Lamberti sous le nom de divésien,
OXFORDIEN — OXYBENZOÏUUE
— 740
réservent le nom d'oxfordien aux deux termes supérieurs
— zone à Peltoceras transversarium et zone à Peri-
sphincfes Martelli — ou les réunissent sous le nom à'ar-
(jovien.
La zone inférieure (Ochetoceras Henrici, Peltoceras
arcluennense, P. Constanti, P. Eiigeini) fait partout
défaut sur le bord septentrional du Massif central, elle
manque aussi en beaucoup de points du Jura et des Alpes
suisses, ainsi que dans l'Aragon ; ailleurs, comme à Villers-
sur-Mer, à Neuvizy (Ardennes), en Souabe, en Argovie,
elle est représentée par des calcaires à oolithes ferrugi-
neuses ou par un minerai de fer.
La zone moyenne (Pe)'isphinctes plicalilis, Ocheto-
ceras aroliciim, canaliculatum, Aspidoceras OEyir,
Cardioceras alternans, tenuiserratum) est constituée
sur de vastes surfaces par un calcaire grumeleux à Cépha-
lopodes et à Spongiaires, connu surtout par les gisements
très fossilifères de Birmensdorf, en Argovie ; de Trept,
dans r Isère ; de Chabrières, dans les Basses-Alpes ; de
Cazalet, dans le Gard, etc. Ce niveau est transgressif dans
un grand nombre de points ; outre les régions citées pour
l'absence de l'oxfordien inférieur, on peut mentionner les
environs de la Voulte, dans l'Ardèche, le S. des Basses-
Alpes, le S, des Alpes-Maritimes. Au Zaghouan, en Tu-
nisie, où, comme en général dans l'Atlas, l'oxfordien cot
à l'état de calcaires ronges nodulenx, il repose directement
sur le lias.
La zone supérieure ((jr/id/ort^/v/.s canaliculatuni, Zeil-
leria unpressa) est presque toujours représentée par des
calcaires marneux ou par des nuu'ues. coiumes dans le Jura
îiOus le nom de couches d'Ltiingen. \ côté des faciès à Cé-
phalopodes et à Spongiaires, on reiicontre quelquefois
dans l'argovien des faciès coralUgènes, vérital)les calcaires
construits ou subcoralligènes, comme par exemple l'oolithe
de Trouville (Cidaris fiorige))una, Ueniicidaris crenu-
laris), ([ui appartient à la zone supérieuri'. le « corallien »
des Ai'dennes, qui correspond à la zone inférieure (Munier-
Chalmas), puisqu'il est surjnonté ])ar les couches à
Perisphinctes Martelli, le « corallieji » du Jura seplen-
trionai, qui peut comprendre tout l'argovien (Rollier).
Dans la région méditerranéenne, on retrouve dans l'oxfor-
dien les mêmes fossiles que dans le bassin de Paris et
dans le Jura, associés à des Phi/lloceras, tels que PJiijll.
Manfredi et Phyll. torlisulcatuni. ({ui sont rares dans
le Nord.
Raukacien et Séquamen. — Ces deux étages sont inti-
mement reliés par leur faune et n'ont jamais été bien dé-
limités l'un de l'autre. Ils ont été créées pour les faciès
néritiques correspondant aux deux zones à Peltoceras hi-
iiiannnatum (Perisphinctes cirgulatiis, Achilles, Oche-
toceras Manuitianuni} et à Oppelia tenuilobata {Pe-
risphinctes polyplocus, Lolhari, Oppelia Weinlandi.
Neuniagria couipsa, Suineria Galar. Aspidoceras iphi-
cei'um), dutyt)ebathyal. Ces deux zones ont été distinguées
par Oppel en Souabe et en Franconie; on les retrouve sur
le versant suisse du Jura, en quelques points du bassin
de Paris et dans tout le bassin du Rhône. Dans l'Alle-
umgne méridionale et dans le Jura, on ol)serve souvent des
intercalations de faciès à Spongiaires et à Brachiopodes.
C'est soit à l'un, soit à l'autre de ces deux horizons que
correspondent les formations coralligènes de l'I-'st (Saint-
Mihiel. Doulaincourt) et du Sud (Tonnerre, Chàtel-Censoir),
du bassin de Paris et celles du Jura central.
(^est dans le rauracien qu'il convient de ranger les sables
de Clos, près Lisieux, à Trigonia Bro)i)}i, célèbres par
l'admirable conservation de leurs Lamellibranches et de
leurs Gastropodes. Quant au séquanien, il est représenté
en Normandie par les argiles de VilleiTille et d'Honfleur
à Ostrea subdeltoidea, ([ui renferment une faune de mc-rs
froides (Cardioceras, Nncules, etc.).
Les zones à Céphalopodes de l'oxfordien sensu lato sont
bien développées en Bohème, en Moravie, en Pologne, en
Lithuanie, et leurs caractères Hthoiogiques et paléontolo-
giques restent souvent remarquablement constants sur de
grandes étendues. On constate une non moins grande
constance des horizons oxfordiens vers le S.-O. de l'Eu-
rope: dans le bassin de l'Aquitaine (Glangeaud) ; en Es-
pagne, en particulier dans le S. de l'Aragon, où, d'après
les travaux de M. Dereims, l'identité avec la Souabe est
quelquefois parfaite ; enfin, dans le Portugal, où M. Chof-
fat a retrouvé les faunes à Céphalopodes de l'argovien,
du rauracien et du séquanien dans un ensemble de couches
pour lesquelles il a proposé le nom d'étage lusitanien.
Des couches séquaniennes existent sous la forme de cal-
caires rouges ou gris à Ammonites dans les Alpes méri-
dionales, dans l'Apennin, en Sicile, dans les Baléares et
en Andalousie. Dans toutes ces régions la faune renferme
des Phijlloceras, des Lytoceras et des Sinwceras, associés
à des espèces que l'on retrouve dans les couches de même
âge de l'Europe centrale. Emile Hâug.
OX H Y DR ILE (Chim.) (V. Hvdroxyle).
OXINDOL (Chim.) (V. îxdol).
OXUS (V. Amou-daria).
OXYACÉTIQUE (Acide) (Chim.) (V. (Ilycoliole).
oxrACHANTiNE.Fo™.j£i;:::: SES;
L oxyachantine accompagne la berbérine dans la racine
d'épine-vinette où sa présence a été signalée par Polex.
Son étude a été faite surtout par Wacker. On la prépare
en précipitant les eaux mères de la préparation de la ber-
bérine avec le carbonate de soude. Le précipité lavé à Teau
froide, dissous dans l'acide sulfurique dilué, décoloré par
le noir animal, redonne de l'oxyacanthine par une nouvelle
précipitation au carbonate de soude. L'ammoniaque préci-
pite la j)ase de ses solu1i(ms salines en tlocons contenant
de l'eau, qui fondent de 138 à loO^. L'ah'ool, l'éther donnent
des aiguilles anhydres fondant à 21 0«. La solution aqueuse
de son chlorure est colorée en vert par le perchlorure de
fer. Les sels sont ci'istaîiisés, et leurs solutions sont amères,
le chlorhydrate et l'azotate contienneiit deux molécules d'eau.
L'oxyachantine bouilli avec une solution alcaline étendue
se transfoi'me en une nouvelle modification [B, douée de
propriétés physiques et chimiques différentes, mais une
simple dessiccation ii l'air suiiit pour la ramener à sa forme
primitive. C. Majkixon.
BiiJL. : PoLL]:x, Arcli Ocir PIuu'dl. t. YI, ]> 2(35 — Wac-
k]'.r. Jiilu'csbcnrlUc. 18G1. \). 515. — IIks'^k, BerlcJtU\
t. XIX, [). 311)0.
OXYAMIVIGNIAQUE (Chim.) (V. Hyduoxylamlve).
OXYBAPHE (V. Vase).
OXYBENZAIVIIQUE (Acide).
l.Vm S ^^ C^4H(AzlP)(0^).
^^^'^^' ( Atom _ _C6H^(AzH'2)(C02H).
Les acides oxybenzamiques ou amidobenzoïques corres-
pondent aux acides oxybenzoïques, il en existe trois :
L'acide orthoamidol)enzoique, ]Aus connu sous le nom
d'acide aniidobenzoïqiie, fond vers 174^. On le trans-
forme facilement en acide salicylique par l'action de l'acide
nitreux :
C^^H^(Azil'^)(0^) + AzO^H
-- C^4H^(H^)(0*) + \\W+±\z.
Sa distillation sèche donne de l'aniline :
Ci4H'(Az04) — Ci^H'Az -f- C^O^.
L'acide inélaamidobenw'ique ou acide anthranilique
est un produit de destruction de l'indigo sous l'influence
de la potasse foiulante. L'acide nitreux le transforme en
acide nu'^taoxybenzoïque. 11 fond à 141-145*'.
A V acide paracunidobenzoïque ou amidodracj/liqne
correspond un dérivé dinitré, l'acide chrvsanisique :
C'mH\yAL')i\z{V'f(0')l C. M.
OXYBENZOÏQUE (Acide).
( Equiv (Ji4H4(H~^02)(Q4),
^^*"'- I Atom C*^H^(0H)(C102H).
Les acides oxybenzoïques j)résentent à la fois la fonc-
tion ])héiiol et la fonction acide, ce sont des dérivés disubs-
titués de la benzine ; on en connaît trois : l'acide ortlio-
oxybenzoique ou salicylique, l'acide meta et l'acide para.
Ils prennent naissance :
1^ Par l'oxydation des alcools-phénols correspondants
(Piria) :
(;i4H4(H202)(H202) 4- 0< = Ci^H4(H202)(0^) + H^O^ ;
741 — OXYBENZOIQUE — OXYBENZYLIQUES
Fonniit une coloration violette. Comme avec l'acide pré-
cédent, les alcalis accusent une fonction acide corres-
pondant à 12^"\7 et une fonction phénolique caracté-
Alcool salig-énique
Acide salicylique
^2*^ Par oxydation des aldéhydes phénols :
(H4H4(H202^)(02) + 0^ = C^<H4(H^)0« ;
AUléliyde salicyli(|uc Acide salicylii^uc
3^ Par la fixation des éléments du gaz carbonique sur
les phénols avec intermédiaire de phénols iodés
PIiPiioI Acide
oxybonzoïque
4^ Par l'oxydation de l'acide benzoïque, oxydation effec-
tuée notamment par l'action des alcalis hydratés sur les
dérivés chlorés des acides monobasiques :
Ci4HS(04) _4_ 02 = C^4H606.
Acide benzoïque Acide
oxybeazoï({ue
Acide orthooxy benzoïque (V. Salicylique [Acide]).
Acide îïiétaoxy benzoïque. C'est le moins intéressant
des trois ; on l'appelle acide oxybenzoïque proprement dit.
Il a été découvert par Gerland.
On le prépare en traitant par la potasse en fusion à
300° le dérivé sulfonique en meta de l'acide benzoïque :
C^4H«(SW)(0^) + K202 ^C^4H4(H202)(0^) -j- SSO^K.
Cet acide cristaUise en tables rectangulaires anhydres,
fusibles à 200°, peu solubles dans l'eau froide. Sous l'in-
fluence de la chaleur, il est plus stable que ses isomères
et il ne peut être dédoublé en phénol et en acide carbo-
nique que par une distillation opérée en présence de la chaux.
Le perchlorure de fer est sans action sur la solution de
cet acide. L'action des alcalis dilués sur la solution d'acide
métaoxybenzoïque met bien en évidence l'existence de
deux fonctions acide et phénol : le premier équivalent de
base dégage 13 calories, c.-à-d. autant qu'un acide mo-
nobasique ordinaire, le deuxième 8^^\8, nombre qui est
caractéristique de la fonction phénol.
Acide paraoxy benzoïque. Il a été découvert par Sayt-
zeff. En dehors des modes de formation généraux indiqués
précédemment, cet acide prend naissance dans l'action de
la potasse fondante sur un gi^and nombre de produits na-
turels, tels que le sang-dragon, le benjoin, l'aloès, le car-
thame, la tyrosine, etc. On prépare cet acide en utihsant
la transformation isomérique que la chaleur fait subir au
salicylate de potasse; ce dernier, chauffé à 2"20°, se trans-
forme en paraoxybenzoate de potasse. Ce sel est décom-
posé par l'acide sulfurique et l'éther. S'il restait de l'acide
sahcylique non transformé, on l'en séparerait plus faci-
lement en traitant le mélange par le chloroforme dans
lequel seul l'acide salicyhque est soluble. L'acide paraoxy-
benzoique pourrait être préparé également en partant de
l'acide anisique qui est son éther méthylique mixte :
Ci4H4(CWD2)04.
On saponifie 1 partie d'acide anisique par 4 parties
d'hydrate de potasse dans le moins d'eau possible, puis
on chauffe dans une capsule d'argent jusqu'à ce que la
masse cesse de boursoufler. On termine l'opération comme
précédemment. Cet acide cristallise avec une molécule
d'eau en prismes rhomboïdaux obliques. L'éther, l'alcool
le disolvent facilement ; l'eau le dissout aussi en quantité
notable. Quand il a été desséché, il fond à '^00'', puis
se décompose un peu au-dessus en anhydride carbonique
et phénol. Le perchlorure de fer donne un précipité
jaune avec sa solution ; ce réactif permet de distinguer
aussi les trois isomères, car, avec l'acide salicylique, ii
risée par 8^^^\7.
BiBL. : Barth. Liebiy's Aim., t. CXLVIIL p. 30: t.
p. 230. — S.VYTzr^FF, iiKMiie recueil, t. CXXVII, i). 129,
OXYBENZURAMIQUE (Acide).
Form \^^^ ^?l't^l'9!-
C. Matignon.
eux,
Atom €8H8Az2#-^
L'acide oxybenzuramique ou uramidobenzoïque est une
urée substituée qui contient le radical benzoïque :
C^O^Az^H*
Il se forme par l'action du cyanate de potassium sur le
sulfate d'acide amidobenzoïque, comme l'urée prend nais-
sance par l'action du cyanate de potassiuni sur le sulfate
d'ammonium. Il cristallise en petits prismes renfermant
une molécule d'eau; il est peu soluble dans l'eau et l'alcool.
Les sels et les éthers sont des composés bien définis. C. ^l.
OXYBENZYLIQUES (Alcools-phénols).
Form.
Equiv C*4H4(H202)(H202).
Atom ii^E\m){^^^E}.
Les composés oxybenzyliques sont des corps présentant
en même temps la fonction alcool et la fonction phénol :
r/W(H^)(H202).
Ce sont des dérivés disubstitués de la benzine et, à ce
titre, il doit en exister trois. Tous les trois sont connus et
bien étudiés.
Alcool orthooxy benzy H que. Vdi\coo\ ou plutôt l' alcool-
phénol orthooxybenzyHque a été découvert par Piria, qui
établit ses relations avec la série saUcylique. U est plus
connu sous le nom de saligénine, La saligénine prend
naissance :
l*^ Par l'action de l'amalgame de sodium sur l'aldéhyde
salicylique, (:}^V'(\m^-){0^ , aldéhyde qu'on obtient faci-
lement au moyen du phénol et du chloroforme :
C^W(£0^)(02) -\~ W ~ ÇMYi\W^{WO^) ;
2"^ Les mêmes actions réductrices transforment aussi
l'acide salicylique lui-même en saligénine :
C;i4H4(H^)(0^) -h m'' — C^^H^(H202)(H'202) H-IP02 ;
3^ Le phénol peut être changé en saligénine par l'ac-
tion simultanée du méthane dichloré et de la soude :
C^ W02 + OWa^ + H^O^ z=: ('MY{\m^{RW) -f- 2HC1 ;
4° La saligénine se produit encore dans le dédouble-
ment de la salicine (V. ce mot), qui en est unglucoside,
sous l'influence de certains ferments solubles, tels que
l'émulsine des amandes ou la ptyaline de la salive. On pré-
pare la sahgénine cm utihsant le dédoublement de la
salicine sous l'influence de Vénmlsine (V. ce mot) :
50 gr. de salicine sont mêlés avec 200 gr. d'eau et
additionnés d'une certaine quantité de solution d'émulsine,
puis abandonnés à une température de 40<^. Après une di-
gestion de douze heures, on filtre et l'on sépare, s'il y a
lieu, les cristaux de saligénine. La liqueur filtrée qui ren-
ferme le reste de sahgénine est traitée par l'éther. La so-
lution d'éther évaporée abandonne le produit. La sahgénine
oristalhse en tables rhomboïdales d'un éclat nacré ou en
petites aiguifles brillantes. Sa densité à 2d^ est 1,4613.
Elle fond à 82^ et recristallise par refroidissement. Elle
se dissout dans Imparties d'eau à 22*^, mais elle est très
soluble dans l'eau chaude, dans l'alcool et dans l'éther.
On peut la subhmer dans le vide à la température ordinaire
ou à la température de 100° sous la pression ordinaire.
Les oxydants, comme l'acide azotique étendu, l'acide
chromique, transforment cet alcool-phénol en aldéhyde-
phénol, puis en acide phénol correspondant :
C^^H^(H«02)(H^02) + 02 =z Ci4H2(H202)(02) -+- H^O^
Saligénine
Aldéhyde salicylique
C14H2(H202)(H202) H- 0^ + G4H2(H202)(04) -f- H^O^.
La fonction phénolique de ce composé est accusée par
OXYBBNZYLIQUES — OXYDANT — 742 -
le dégagement de 6^^\2,qui se produit quand on mêle les
solutions alcalines et phénoliques, molécule à molécule.
Les acides organiques chauffés avec elle à lOO*^ s'y com-
binent en formant des étlicrs qui accusent la fonction
alcoolique. Les acides mJnéraux étendus polymérisent la
saligénine et forment un produit résineux insoluble fixe,
la salirétine, de formule (C^^H^O^)^.
Alcool métaoxybenzylique. Il se forme quand on fait
agir des agents réducteurs sur l'acide métaoxybenzoïque,
Qi4j{6Q6^ Inversement, ilrégénère cet acide quand on l'oxyde.
C'est un corps solide cristallisé, fondant à 67*^, bouillant
vers 300^ en se décomposant. L'alcool, l'éther et l'eau
chaude le dissolvent facilement, il est peu soluble dans
l'eau froide.
Alcool paraoxybenzylique. Le troisième acide-phénol
qui se rattache théoriquement et pratiquement à l'acide
paraoxybenzo'ique, comme les précédents dérivent des
autres acides oxybenzoïques, est surtout intéressant par
l'un de ses éthers phénoliques, l'éther méthylique, que l'on
appelle communément acide anisique (V. ce mot) :
Ci4H4(H202)(H202) + C^H^O^
— C14jfJ4(C2H402)(H2Q2) 4. fl^O^.
L'alcool-phénol paraoxybenzylique fond à 497^,5; il est
soluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, insoluble dans le chlo-
roforme. C. Matignon,
OXYBII ('OÇu6ioi). Peuple ligure du littoral de la mer
Méditerranée ; son territoire s'étendait à FO. des Deciates,
au S. des^w^l^met àFE. des Camatullici. AYechs De-
ciates, les Oxyhii étaient les seules nations ligures qui se
soient maintenues indépendantes de la domination gauloise
dans la région située entre les Alpes et le Rhône, mais aussi
les premiers peuples que les Romains soumirent au delà
du Var. L'an 454 avant notre ère, ils furent attaqués et
vaincus sur les bords de l'Apron (Loup) par le consul
Q. Opimius qui était venu pour défendre contre eux les
villes d'Antibes et de Nice, colonies de Marseille. Les
Oxybii avaient comme ville principale jEgitna, qui doit
avoir été un port dans les environs de Cannes ; de plus,
Strabon parle d'un port, appelé Oxybii-Ligures, qu'on
a essayé de localiser à A gai. Leur territoire, d'abord
abandonné aux Marseillais, alliés de Rome, fit plus tard
partie des Alpes-Maritimes et de la Provincia Narbo-
nensis secunda. A. -M. B.
OXYBUTYRIQUE (Acide).
Form i^^^^^ CW(H20^)(0'^).
^^^^' \ Form C3HS(0H)(C02H).
Les acides oxybutyriques dérivent de l'acide butyiique
C^H^(0'*) par le remplacement de H^ par H^O"^ :
C3H8(0^) + 02 = C'^H^(H2O2)(O^0-
On connaît trois acides oxybutyriques : l'acide oxybu-
tyrique normal, l'acide oxybutyrique a et l'acide oxybuty-
rique (3.
.^M L'acide oxybutyrique normal ou acide y se produit par
l'hydratation de "son nitrile, C*^II4(C«AzH)(H-0^), qui ré-
sulte lui-même de la réaction du cyanure de potassium
sur la monobromhydrine du glycol propylénique normal
C«H^(HBr)(H^02) :
C6H^(C2AzH)(H202) + 21120^ z=z (m\W^O^){0') + AzH^.
C'est un liquide qui, dès 400^, se dédouble en eau et en
un anhydride C^H^O^. Le carbonate de potasse sépare ce
dernier produit liquide de sa solution aqueuse.
L'acide oxybutyrique a prend naissance dans l'action
des alcabs sur l'acide butyrique chloré a. Cet acide est
cristallin, déliquescent, fusible à 43*^, sublimable à partir
de 70«, il bout à 253«.
L'acide p existe dans les urines diabétiques (M. Kulz).
On le prépare à partir de son nitrile qui est un dérivé
monocyanhydiique ou glycol isopropylénique. C'est un sirop
épais qui distille avec l'eau.
On a préparé un quatrième isomère, un acide oxyiso-
butyrique qui se rattache à l'acide isobutyrique. On l'ap-
pelle aussi acétonique, acide diméthyloxalique. Stœdeler
l'a découvert en faisant agir l'acide cblorhydrique sur un
mélange d'acétone et d'acide cyanhydrique :
çp\m)2 _1_ c^AzH -hHCl + 211^02
— r/H^O^ 4- AzIPCl.
Il est cristallisé, fusible à 79^ et sublimable dès 50°.
A l'acide butyrique se rattache également l'acide trioxy-
butyrique ou acide érythrique CSH'^(H'0-)^(0'*) qui se forme
dans l'oxydation de l'érythrite, du glucose et de la mannite.
On connaît aussi un acide trioxyisobutyrique. CM.
OXYCARPOÏQUE (Acide) (V. Diéthoxalique [Acide]).
OXYCEPHALUS (ZooL). Crustacés Amphipodes, type
d'une petite famille qui comprend encore le genre khab-
dosoma. Ce genre renferme des espèces assez petites, au
corps grêle, allongé, demi-cylindrique, à tête très longue,
terminée en pointe aigué; les pattes sont très longues,
très gi^êles, sauf la septième, plus ou moins rudimentaire.
Les Rhabdosoma tirent leur nom de leur forme qui les a
fait comparer à une baguette, par suite de l'allongement
du rostre, de l'abdomen et des uropodes. R. armatum,
Atlantique, Pacifique. R. Moniez.
OXYCHLORURE de carbone (Chim.)(V. Carbone [Sul-
fure de]).
OXYCHLORURE de zinc (Chim. ind.) (Y. Zinc).
OXYCRAT (V. Vinaigre),
OXYDANT. En métallurgie, on utilise des agents oxy-
dants et variés, mais qui dérivent presque tous, en der-
nière analyse, des deux sources d'oxygène les plus impor-
tantes, l'air et l'eau. Les oxydes métalliques et divers sels
employés ne sont que des intermédiaires qui ont emprunté
l'oxygène à l'une des deux sources précédentes, mais qui
rendent des services à cause de leur état physique. Tandis
que l'air et l'eau sont fluides à la température ordinaire,
les oxydes et les sels sont presque toujours solides ou du
moins ne fondent qu'à des températures élevées, il en ré-
sulte une très grande différence d'action (V. Oxydation).
Air atmosphérique. L'air s'emploie, soit à la pression
ordinaire, soit à une pression plus élevée. Si l'oxydation
exige une température élevée, comme la température aug-
mente avec la pression de l'air, on opérera avec une com-
pression convenable. Dans le cas du grillage ou rôtissage
des matières sulfurées, on utiHse l'air à la pression de
l'atmosphère. Au contraire, pour l'affinage des métaux bruts
peu fusibles, comme c'est le cas pour le fer, où il est né-
cessaire de réahser une température élevée, on opère sous
pression. Dans le Ressemer, où l'on réalise l'affmagede la
fonte, on comprime l'air à 2,5 atmosphères; on produit
la haute température du four Siemens en opérant avec
de l'air déjà très fortement chauffé. La compression de
l'air dans les hauts fourneaux ne dépasse pas 5 à 20 cen-
tim.'de mercure.
Eau. L'eau est un oxydant très actif à haute tempéra-
ture; elle se dissocie en hydrogène et oxygène, et ce der-
nier agit sur les métaux. Cette circonstance empêche d'uti-
liser la haute température du chalumeau à gaz oxhydrique
dans la préparation de certains métaux, ceux-ci s'oxydant
comme dans l'oxygène. A la température du four élec-
trique, l'eau se comporte comme de l'oxygène. Remarquons,
toutefois, que l'eau est un oxydant coûteux, puisque pour
se décomposer il est nécessaire de lui fournir le chiffre
énorme de 69 calories par 48 gr. d'eau décomposée.
Oxydes métalliques. On utilise les oxydes de manga-
nèse, de fer, de plomb comme oxydants dans les usines
métallurgiques. Le peroxyde de manganèse se transforme
en oxyde rouge sous l'action seule de la chaleur, en cé-
dant 42 Vo de son poids d'oxygène pur. On l'utilise dans
le traitement de la fonte de fer ; il facihte la sépai-ation
des métalloïdes, du siUcium surtout, par son oxygène
d'abord et surtout par son affinité plus grande que celle
du fer pour ces éléments. Dans l'affinage Martin au four à
réverbère, on obtient ainsi des scories qui renferment jus-
qu'à 25-30 7o d'oxyde manganeux.
743 —
OXYDANT — OXYDE
Les oxydes de fer, peroxyde et oxyde magnétique jouent
le rôle d'oxydant dans la fabrication du fer ou de l'acier
à partir de la fonte ; l'oxygène de ces oxydes brûle le car-
bure et les autres métalloidos do la fonte. Ces oxydes sont
ramenés à l'état de protoxydc (jui s'unit aloi's à la silice.
L'oxyde de ploml) est aussi un oxydant énergicpie à cause
de sa facile réductibilité ; il ne sert ({ue dans la métallur-
gie du plomb lui-même ou dans l'affinage de métaux plus
précieux. L'oxyde de plomb, chauffé avec le sulfure do
plomb, donne du plomb et de l'anhydride sulfureux; c'est
une des phases de la métallurgie du plomb
PbS + 2PbO = 3Pb + SO^
La litharge oxydant le soufre, l'arsenic, l'antimoine,
l'étain, le zinc, le fer et même partiellement le cuivre,
les sulfures, les arséniures, les antimoniures de ces mêmes
métaux, on l'utilise dans les traitements de minerais d'ar-
gent, d'or et de platine, et surtout dans l'affinage de ces
métaux bruts. Les derniers métaux oxydables par la li-
tharge sont le cuivre et surtout le bismuth.
Sels divers. Certains sulfates métalliques sont utilisés
souvent en métallurgie comme agents oxydants. Quand on
grille des minerais sulfurés à basse température, il se fait
des sulfates ; en élevant ensuite la température, le sulfate
réagit sur le sulfure non décomposé et l'oxyde en mettant
l'oxyde ou le métal en liberté :
PbOS03 -h PbS = 2S02 -f- 2Pb.
Si le sulfate est en excès, on peut avoir un mélange
d'oxyde de plomb et de métal. Le procédé s'applique aux
sulfates de fer, de zinc, de cuivre, d'argent. L'acide car-
bonique agit aussi comme oxydant sur le fer, à moins que
son action ne soit neutralisée par l'action opposée de
l'oxyde de carbone. C. Matignon.
OXYDATION (Indust.). On donne le nom d'oxydation
au phénomène de combinaison d'un corps simple ou com-
posé avec l'oxygène, soit que la combinaison ait lieu à
partir de l'oxygène libre, soit que l'oxygène soit emprunté
à un composé qui en contienne. On réserve plus particu-
lièrement le nom de combustion (V. ce mot) à l'oxyda-
tion accomphe, à partir de l'oxygène non combiné, de l'air
par exemple. Dans l'industrie métaUique, l'oxydation prend
les noms de grillage, rôtissage, cémentation oxydante
ou affinage, suivant les conditions dans lesquelles elle
s'opère.
Le grillage est l'oxydation d'une matière minérale so-
lide par l'action directe ou indirecte de l'air atmosphé-
rique (V. Gbillage pour les procédés suivis). Le grillage
exige que les substances à oxyder puissent être pulvéri-
sées ou tout au moins se présentent en morceaux do
petites dimensions. Dans le cas contraire, l'opération
d'oxydation prend le nom de cémentation oxydante.
Lllc s'applique surtout aux objets moulés en fonte, que
l'on veut rendre malléables, et aux mattes de cuivre
riches. On oxyde superficiellement le carbone de la fonte
en chauffant l'objet dans une poudre oxydante, le cément,
composé principalement d'oxyde de fer. On transforme
ainsi la fonte en fer doux ou en acier.
Le rôtissage est appliqué, dans les usines de cuivre, aux
mattes très riches. Les mattes sont exposées à l'état so-
lide, sur la sole d'un four à réverbère, à l'influence prolon-
gée de l'air ; la zone externe des mattes se transforme en
oxyde de cuivre, puis un coup de feu ramollit la masse et
provoque la réaction de l'oxyde externe sur le noyau cen-
tral sulfuré et transforme le tout en cuivre métallique.
V affinage est l'oxydation des matières métalliques,
quand la fusion précède l'action de l'oxygène. On soumet
à l'affinage les métaux bruts provenant de la fonte des
minerais dans le but de les épurer. Quand un métal im-
pur est exposé, fondu, à l'action de l'air, l'élément domi-
nant, c.-à-d. le métal lui-même, absorbe l'oxygène de l'air
et le cède ensuite aux éléments plus oxydables qu'il ren-
ferme. Dans le cas de la fonte de fer par exemple, l'oxyde
de fer formé tout d'abord cède sou oxygène au silicium,
au manganèse, au phosphore et au carbone de-[la 'fonte.
La fonte de fer est ainsi transformée en fer doux ou
en acier, le cuivre brut en cuivir^ marctiand, le plomb,
le zinc, l'étainimpurs en plomb, étain et zinc purs. On active
souvent l'alfinage en ajoutant des matières oxydantes, oxyde
de fer, oxyde de cuivre, oxyde d'antimoine, etc. L'alfinage se
fait au bas foyer, au réverbère ou dans des vases spéciaux
plus ou moins clos, tels que le Bessemer. C. Matignon.
OXYDE. Les éléments, en réagissant sur l'oxygène di-
rectement ou indirectement, donnent des composés appelés
oxydes. Nous ne nous occuperons que des oxydes métal-
liques, les autres ayant été étudiés (V. Acide), et les oxydes
neutres comme l'oxyde de carbone ne présentant pas d'in-
térêt.
Parmi les métaux, le potassium et le rubidium sont les
seuls qui, à froid, soient oxydés par l'air sec, le sodium
vient ensuite, et ces corps volatils brûlent avec flamme dans
l'oxygène sec; mais, sil'oxygène est humide, l'oxydation
est plus facile ; c'est ainsi (fue le fer est oxydé dans l'air
humide. On les prépare, en outre, par l'action d'un oxydant
tel (|ue l'acide azotique, le chlorate de potasse ou l'azo-
tate de potasse, on encore par calcination d'un carbonate
ou d'un azotate, ou même quelquefois d'un sulfate. D'ail-
leurs, les oxydes hydratés s'obtiennent en faisant agir un
alcali sur un sel soluble du métal considéré. Beaucoup
d'oxydes se trouvent cristallisés dans la nature et on a pu
les reproduire artificiellement. Sainte-Claire-Deville les ob-
tient ainsi, en faisant passer un courant lent d'un gaz inerte
mêlé de petites quantités d'acide chlorhydrique sur l'oxyde
introduit dans un tube de porcelaine chauffé au rouge vif.
A cette température, il y a formation d'un chlorure métal-
li(|ue et de vapeur d'eau (jui, entraînés par le courant ga-
zeux, donnent lieu à une réaction inverse dans les régions
plus froides du tube où l'oxyde se dépose cristaUisé. La
réaction se poursuit ainsi tant qu'il reste de l'oxyde, et
celui-ci semble s'être transporté par volatilisation des ré-
gions les plus chaudes dans les régions les plus froides dii
tube. Deville a ainsi obtenu cristallisés les oxydes de titane,
d'étain, de strontium et reproduit le fer oligiste, la cassi-
térite, le rutile, le niobite. L'acide lluorhydrique agissant
d'une manière plus intense a été utilisé par M. iïautefeuille
pour reproduire l'acide titanique sous toutes ses formes
naturelles. Dans le même ordre d'idées, Deville et Caron
ont pu reproduire des lamelles hexagonales de corindon ou
de rubis, en faisant agir les vapeurs de sesquifîuorure
d'aluminium, mêlées avec un peu de fluorure de chrome dans
le second cas, et contenu à la partie inférieure d'un creuset
en char])on chauffé au rouge blanc, sur de l'acide borique
placé dans une coupelle en charbon suspendue à son inté-
rieur. De même, MM. de Frémy et Yerneuil ont obtenu le
rubis en cristaux en plaçant du fluorure de calcium recou-
vert d'une lamelle ^Je platine percée de trous, sur laquelle
est étendue une couche d'alumine, additionnée d'un peu
d'acide chromique, au fond d'un creuset porté au rouge
blanc. On peut encore dissoudre les oxydes (Ebelmen)
dans une matière ne fondant qu'à température élevée
(acide borique, borax, phosphates alcaHns), amenés à la
fusion et évaporer lentement dans un fourneau à porcelaine.
Debray les a aussi obtenues en calcinant fortement un mé-
lange de sulfate de potasse avec un sulfate métallique ;
celui-ci se décomposant donne un oxyde cristallisant au
sein du sulfate alcalin en fusion (glucine, périclase, oxyde
rouge de manganèse, oxyde de niclel).
La plupart des oxydes sont colorés, et cette couleur n'est
pas la même pour les oxydes d'un même métal ; le pro-
toxyde de plomb est jaune et le bioxyde est rouge. La cha-
leur peut du reste changer cette couleur, en donnant une
transformation isomérique ; l'oxyde de zinc, jaune à chaud,
est blanc à froid. L'oxyde de mercure, jaune à froid, devient
rouge à 400« et conserve cette couleur quand on le refroi-
dit. La chaleur fond et même volatilise les oxydes. Si ceux
de plomb et de bismuth fondent à des températures rela-
tivement basses, la magnésie et la chaux ne peuvent être
OXYDE — OXYGÈNE
7U —
fondues qu'au four électrique. En général, ils sont fixes
et à peine volatils. La chaleur pourra aussi produire sur
eux une décomposition partielle, limitée par la réaction in-
verse ; ainsi l'oxyde de cuivre noir (MM. Debray et Joan-
nis), chauffé au-dessous de -1.000'^, se décompose en oxyde
cuivreux et oxygène, avec une pression de dissociation fixe,
à une température déterminée, et au-dessus de cette tem-
pérature, tout en subissant la même décomposition, ne pos-
sède pas de pression de dissociation, car l'oxyde cuivrique
fondu dissout l'oxyde cuivreux. L'électricité décompose
(ui très grand nombre d'oxydes. I/hydrogène réduit faci-
lement un oxyde de faible chaleur de formation, avec for-
mation d'oxyde cristallisé, si on fait passer un courant lent
(réaction d'équilibre), mais ne peut dans aucun cas réduire
la chaux, les terres et les alcafis dont la chaleur de for-
mation est très grande. C'est aussi pourquoi les métaux
alcalins réduisent un grand nombre d'oxydes, l'oxyde de fer,
l'oxyde de plomb :
f e + PbO = Fe 0 -f- Pb (34',5 — 25^5) — 9«.
L'oxygène suroxyde beaucoup d'oxydes chauffés à l'air,
susceptibles d'être peroxydes. Tels sont l'oxyde de sodium,
la baryte, le protoxyde de fer ; le protoxyde d'étain bi ûle
à l'air comme de l'amadou en donnant du bioxyde. Le
soufre donnant de l'acide sulfurique aux dépens de
l'oxyde, on aura un sulfure et un sulfate, celui-ci pouvant
se décomposer parce (fu'il n'est pas stable ou parce qu'il
réagit sur le sulfure :
■4Ba0 + 4S =1 BaSO^ + 3BaS -f o3^4
2Cu0 4- 3S — 2CuS + SO'^ -i- 4%3.
Le carbone agit plus énergiquement que l'hydrogène parce
que la chaleur de formation de l'acide carbonique est plus
faible que celle de l'eau. D'ailleurs, si cette chaleur de for-
mation est voisine de celle de l'oxyde, des phénomènes
d'équihbre se produisent.
Certains oxydes terreux absorbent facilement le chlore
à froid avec formation d'hypochlorites et de chlorures, les
premiers étant détruits lorsqu'on élève la température.
Mais, quand l'oxyde est notablement plus exothermique
que le chlorure corj'espondant, il ne sera pas décomposé,
et, au contraire, l'oxygène déplacera le chlore du chlorure.
C'est le cas du chlorure d'aluminium chauffé au rouge
sombre, dans un courant d'oxygène sec, avec formation
d'alumine et dégagement de chlore ; il y a un phénomène
d'équilibre, avec formation d'un oxychlorure.
Le brome se comporte de même. L'iode déplace l'oxy-
gène dans la potasse et la soude au rouge sombre ; mais
à température moins élevée l'oxygène peut attaquer les
iodures correspondants, avec formation des iodates, parce
qu'il y a dégagement de chaleur. Là encore on a des phé-
nomènes d'équilibre lorsque !es dégagements de chaleur
sont voisins de part et d'autre.
L'eau dissout les oxydes solubles (alcalins beaucoup, al-
cahno-terreux et de plomb beaucoup moins). Mais ils peu-
vent en outre s'unir à l'eau, avec formation d'hydrates
assez stables sous l'action de la chaleur, quand le dégage-
ment de chaleur relatif à cette union est grand (potasse,
soude) et décomposables lorsque ce dégagement est faible
(hydrates de zinc et de plomb). D'ailleurs, ces hydrates
peuvent se suroxyder à l'air à la température ordinaire
quand il existe des hydrates supérieurs (fer, manganèse).
Les oxydes sont divisés en classes, d'après leur action
sur les acides et les bases : i« les oxydes basiques sont
caractérisés par leur propriété de s'unir aux acides pour
donner des sels ; tels sont un très grand nombre de pro-
toxydes et de sesquioxydes ; 2^ les oxydes acides peu-
vent s'unir aux bases pour donner des sels, tel est l'acide
stannique ; 3*^ les oxydes indifférents sont à la fois acides
et basiques et donnent des sels aussi bien avec les bases
qu'avec les acides. Tels sont les oxydes de zinc, de plomb,
l'alumine. Ils donnent d'ailleurs plus facilement des sels
avec les acides qu'avec les bases ; 4^ les oxydes salins
ne sont pas des oxydes à proprement parler, mais bien
des combinaisons d'un protoxyde et d'un sesquioxyde. Tels
sont :
Fe-W nz FeO, Fe^O\
MnW ~ MnO, Mn^O^
qui rentrent par l'ensemble de leurs propriétés dans le
groupe des spinelles dont le type est l'aluminate de magné-
sie, M-iy\ MgO; 5^^ un certain nombre d'oxydes, tels que
BaO'^, PbO'^, ne peuvent se rattacher aux groupes précédents.
Ils agissent surtout comme oxydants. F. Bourion.
Oxyde de carbone (V. Carbone).
OXYDIÉTHYLACÉTIQUE (Acide) (V. Diéthoxaliqle
[AcideJ).
OXYÉRUCIQUE (Acide). Form. j j^- ^.l^^,^;
L'oxyde d'argent humide transforme le bibromure de
l'acide érucique en deux produits : l'un huileux, l'acide
oxyéruciquc ; l'autre sohde, l'acide dioxybénique. Les
sels de l'acide oxy érucique sont tous amorphes, ils
paraissent renfermer un seul atome de métal monovalent ;
parmi les sels du second acide, ceux de potassium et d'am-
monium cristallisent. C. Matignon.
BiBL. : Haussknkcht. Ainiul. des Cfiein. u. Phnrin..
t. CXLIIL p. 40.
OXY-ÉTHÉRIQUE (Lampe) (V. Oxygène).
OXYGÈNE. L Chimie. - \ l'^f'' ^= ^^
i Poids alom. . O =z 16
Historique. L'oxygène a été découvert en 1774 par
Priestley en Angleterre et par Scheele en Suède. Lavoisier
démontra ensuite que l'air, considéré jusque-là comme un
élément simple, était un mélange de deux corps dont l'un seu-
lement entretenait la combustion et la respiration. Comme les
produits de la combustion dans l'oxygène donnent souvent
des acides au contact de l'eau, Lavoisier donna au nouvel élé-
ment le nom d'oxygène (oÇu; acide, ysvvàw je produis).
Existence. L'oxygène est non seulement le corps le
plus répandu à la surface de la terre, mais encore celui
qui existe en plus grande quantité. L'air en contient le
cinquième de son volume, l'eau les 8/9 de son poids. Les
pierres et terres qui constituent l'écorce terrestre sont des
silicates ou combinaisons de silicium et d'autres éléments
avec l'oxygène, ce dernier intervenant dans une propor-
tion de 44 à 48 «/o.
Formation et préparation. P On obtient simplement
de l'oxygène en chauffant dans un ballon de l'oxyde
¥\iX 1. — Préparation do petites quantités d'oxypène
par le chlorate de potasse.
de mercure, HgO. C'est la réaction qui conduisit Scheele
à sa découverte. Les oxydes des métaux précieux, Ag,
Au, Pt, etc., donnent de l'oxygène dans les mêmes con-
ditions.
2° Le chlorate de potasse chauffé fortement (fig. i) se
décompose en chlorure de potassium et oxygène :
ClO^K = KCl + 60.
Toutefois, l'opération se fait en deux phases: le chlorate
fond, puis se ^transforme en perchlorate, en même temps
— 745
OXYGÈNE
que la masse se solidifie ; finalement le perchlorate est ramené
à l'état de chlorure :
2C10^K = ClO^K + KCl + 02
ClO^K =: KCl + 80.
On abaisse la température de décomposition et on évite
le passage intermédiaire par le perchlorate en mélangeant
intimement le chlorate
avec du bioxyde de man-
ganèse, ou des oxydes de
fer, de cuivre. Le rôle de
ces oxydes n'est pas en-
core bien expliqué. Pour
obtenir des quantités no-
tables d'oxygène, on mé-
lange le chlorate de po-
tasse et l'oxyde rouge de
manganèse à poids égaux
dans une sorte de cornue
en fonte A , formée de deux
parties réunies entre elles
par un joint fait en plâ-
tre (fig 2). On évite ainsi
toute chance d'explosion,
car en cas d'augmentation de pression, le joint peu solide
cède aussitôt.
3^ Lorsque le chlorate de potasse était encore un pro-
duit fort coûteux, on préparait l'oxygène en décomposant
par la chaleur le bioxyde de manganèse ou manganèse du
commerce, produit natuz^el assez commun. L'opération se
Fig. 2. — Préparation de l'oxy-
gène par le chlorate de po-
tasse.
Fig. 0. — Préparation de l'oxygène par le bioxyde de
manganèse.
faisait dans une cornue en terre chauffée dans un four à
réverbère (fig. 3) :
3Mn02 ~ Mn^O^ + O^.
Le résidu de l'opération est de l'oxyde salin de manga-
nèse. L'oxygène préparé par ce moyen est impur, il con-
tient de l'azote provenant de la décomposition des azotates
(fui accompagnent toujours le manganèse.
4*^ L'acide sulfurique, en agissant sur les peroxydes aux-
quels ne correspondent pas de sels, dégage de l'oxygène
en même temps qu'il se fait le sulfate du protoxyde. il en
est ainsi avec le lîioxyde de manganèse, MnO^ avec ceux
de baryum, BaO-^, de plomb, PbO'^, avec l'acide chromique,
CrO"^, ou, ce qui revient au même, avec le bichromate de
potasse.
5^ On obtient encore simplement de l'oxygène en chauf-
fant légèrement une dissolution d'hypochlorite de chaux à
laquelle on ajoute quelques gouttes d'une dissolution de
chlorure de cobalt; dans ces conditions, l'hyperchlorite
se décompose en chlorure et oxygène:
CaOClO— CuCl-f-0.
6^* La décomposition de l'eau oxygénée, sous l'influence
' de certains oxydes ou peroxydes, permet encore de pré-
parer rapidement de l'oxygène, puisque la réaction a lieu
par simple contact à froid:
H02 = HO -H 0,
les peroxydes apportant encore de l'oxygène par leur dé-
composition simultanée. On peut aussi' extraire l'oxygène
de l'air ou de l'eau. L'extraction de l'air se fait par des
moyens chimiques ou des moyens mécaniques.
7° Sainte-Claire Deville et Debray ont proposé de dé-
composer l'acide sulfurique du commerce en oxygène et
anhydride sulfureux, ce dernier étant transformé en acide
sulfurique à l'aide de l'oxygène de l'air :
SWH'^0-2 = S-^0^ -h 0-^ + H202.
Malheureusement l'appareil où se produit la décompo-
sition est vivement attaqué par l'acide sulfurique, et la
réaction ne peut être prolongée par suite de sa destruc-
tion.
8° Mallet a proposé de j)réparer l'oxygène en décom-
posant l'eau par le chlore à température élevée :
HO 4- Cl =: HCl + 0.
On produit le chlore en transformant par la chaleur le
chlorure cuivrique en chlorure cuivreux:
Cu^CP r= Cu^Cl + Cl.
L'acide chlorhydrique réagissant sur le chlorure cui-
vreux en présence de l'air reforme du chlorure cui-
vrique :
Cu^Cl + HCl +0= Cu^Cl^ + HO.
Comme dans le cas précédent, la méthode n'est pas ap-
pHcable à cause de la difficulté de trouver des vases résis-
tant à haute température à l'action du sous-chlorure de
cuivré.
9*^ Dans l'expérience classique de Lavoisier sur la com-
position de l'air, on fait absorber l'oxygène de l'air par le
mercure, puis on le met ensuite en liberté en décomposant
l'oxyde formé. Le problème de l'extraction de l'oxygène
de l'air est donc résolu théoriquement, mais la lenteur et
la difficulté de l'absorption de l'oxygène rendent le pro-
cédé impraticable. Boussingault a substitué au mercure la
baryte. Un courant d'air passant sur la baryte, chauffée
au rouge sombre, cède son oxygène et transforme la baryte
en bioxyde :
BaO + 0 — BaO^
qu'une température plus élevée ramène à l'état de baryte:
Ba02 — BaO + 0,
susceptible de réabsorber à nouveau l'oxygène de l'air. Ce
procédé est appliqué aujourd'hui industriellement (V. plus
loin).
10*^ L'air passant sur un mélange d'oxyde de manga-
nèse et de soude 'porté au rouge naissant fixe son oxy-
gène et produit du manganate de soude que la vapeur d'eau
décompose à 450*^ en oxygène et en un mélange d'oxyde
de manganèse et d'alcali :
MnO^ -f- NaOHO -4- 0 = NaOMnO^ + HO
NaOMnO-^ 4- HO = MnO^ + NaOHO H- 0.
Ce procédé, imaginé par Tessié du Motay et Maréchal,
fonctionne en grand dans une usine de Boulogue-sur-Seine
(V. plus loin).
ii'^ Kassner a proposé de décomposer le plombate de
chaux par un courant d'anhydride carbonique,
PbO^Ca + CO^ z= Co'^Ca + PbO + 0,
et de régénérer le plombate en faisant passer un courant
d'air sur le mélange de carbonate de chaux et d'oxyde de
plomb.
'12° Pour isoler mécaniquement l'oxygène de l'air ou du
moins obtenir un air plus riche en oxygène, on a proposé
d'utiliser la diffusion de l'air à travers des membranes de
caoutchouc, diffusion qui se fait avec des vitesses diffé-
rentes pour les deux éléments de l'air et permet d'obtenir
OXYGÈNE
— 746 —
un air dosant 92 Vo cFoxygène. Le procédé est fort long
et pas praticable.
13"^ On a es-
sayé également la
séparation en s 'ap-
puyant sur l'inégale
solubilité de l'oxy-
gène et de l'azote
dans certains sol-
vants. La solubilité
de l'oxygène dans
l'eau, notamment
dans l'eau chargée
de glycérine, est
supérieure à celle
de l'azote. Par
des compressions et
des extractions
d'air successives, il
est possible d'obte-
nir un oxygène ne
renfermant que 2 à
3 7o d'azote. Les
opérations doivent
être assez multi-
pliées pour que
l'oxygène ainsi ob-
tenu ait un prix de
revient fort élevé.
14^ Linde a cons-
truit un appareil qui
permet d'obtenir
facilement de gran-
des quantités d'air
15*^ On applique la séparation électrolytique des élé-
ments de l'eau à
la préparation si-
multanée de l'oxy-
gène et de l'hy-
drogène; nous ver-
rons plus loin les
appareils usités
dans la prépara-
tion en grand.
Propriétés phy-
siques. L'oxygène
est un gaz inco-
lore, inodore, sans
saveur, dont la
densité est 4, 4 OoO.
Il est très peu so-
luble dans l'eau ;
100 parties d'eau
dissolvent, à 0^ ,
4,1 vol. à l.^)*^,
2,9 vol. d'oxy-
gène ; dans l'al-
cool absolu, il est
plus soluble; 100
parties en dissol-
vent 28 vol. On
peut recueillir et
conserver l'oxy-
de a u .
1].-. 1. — Appareil CaïUotct pour la ll(|iiéractioii des i^az. T. tubc-laboratOi.o >^w „.,,-,,, ç„,,
le gaz est comprimé; M, manchon plein d'eau froide pour refroidir le gaz écliautïe f,^^ ^,^^
par compression ; C, cloche en verre pour préserver l'opérateur en cas de rupture L OXygenc est un
du tube ; TU, tube réunissant le tube-laboraton^e etja presse hydraulique pour la gaz permanent à la
transmission de la compression; T ' * t
^ • • température ordi-
,. .j , • ., T .„ ■ '/. • naire, c.-à-d. qu'il
liquide; en soumettant produit a la distillation^h^actionnée, 1 ne se laisse'translormer à l'état liquide sous aucune pres-
on sépare en partie l'oxygène et l'azote (V. plus loin). | sion,;,quelquegiande-\pr elle soit. Nattererafpu le soumettre
Fig. 5. •
Appareil pour la liquéfaction du gaz oxygène (vue en perspective).
à des pressions de 3.000 atmosphères sans le liquéfier. A | n'obéit plus à la loi de Mariette, car la grandeur de la
de telles pressions, 'Je gaz atteint une densité élevée et | molécule entre alors en considération. La température cri-
tique est de — 419" et la pression critique de 50, 8 atmos-
phères. En 1877, Cailletet l'a liquéfié en le comprimant
à 300 atmosphères et laissant brusquement le gaz se dé-
tendre (fig. 4); dans ces conditions, la température
s'abaisse au-dessous du point critique et l'oxygène se liquéfie
en donnant un brouillard qui disparaît bientôt. Un peu
plus tard, la même année, Pictet réalisa également la liqué-
faction de l'oxygène en comprimant suffisamment le gaz
refroidi dans l'acide carbonique liquide,? par conséquent
au-dessous de sa température critique][(fig. 3 et 6).
— 747 — OXYGÈNE
L'oxygène n'a été obtenu, sous la forme d"un liquide, au
repos, à la pression ordinaire, que dans ces dernières années
par Wroblenski ; c'est à ce savant, ainsi qu'à Olzewski et
Dcwar, que nous devons l'étude des propriétés de l'oxygène
liquide. M. Dowar a construit un appareil qui permet d'obtenir
en quelques minutes des quantités considérables d'oxygène
liquide quand on dispose de deux récipients remplis
d'acide carbonique liquide et d'oxygène comprimé à 120''.
Le travail effectué au moment de la compression de ces
gaz est simplement utilisé'pour[la liquéfaction de l'oxygène.
Fio-. 6.
^ .^J-U Jlx:id<:
Appareil de Pictet pour la liquéfaction de l'oxygène (plan),
On détend l'anhydride carbonique dans un long serpentin
oii celui-ci se liquéfie rapidement, tandis que l'oxygène se
détend dans un deuxième serpentin situé à l'intérieur du
premier et par conséquent entouré d'un courant d'acide
carbonique liquide, l'oxygène se liquéfie bientôt et coule
dans un récipient situé à l'extrémité du deuxième serpentin.
Fig
7. — Combustion du
phosphore.
Fig. 7 his,. — Combustion
du fer.
L'oxygène est un liquide bleu très clair, très mobile, qui
bout sous la pression atmosphérique à — 184^. Quand on
fait un vide de 9 millim. de mercure au-dessus de l'oxygène
liquéfié à la pression ordinaire, celui-ci se vaporise rapi-
dement, sa température s'abaisse alors jusqu'à — 223°,
c.-à-d. à 48^^ seulement du zéro absolu. Sa densité à — d 19°
est de 0,65, à — 139° de 0,87, à — 184° il est plus lourd
que l'eau et pèse 1,124; son coefficient de dilatation est
donc très grand; la pression influe peu sur la densité.
Propriétés chimiques. L'oxygène peut former des com-
posés avec tous les éléments, l'argon, l'hélium, le fluor
exceptés. Beaucoup d'éléments s'unissent déjà à la tem-
pérature ordinaire, mais, pour beaucoup d'autres, il est
nécessaire d'atteindre une température élevée. On donne
le nom à' oxydation (V. ce mot) à l'acte de l'union d'un
corps avec l'oxygène, ce corps est dit alors oxydé et la
combinaison obtenue nommée oxyde. Quand l'élément peut
s'unir à deux, trois, quatre atomes d'oxygène, les com-
binaisons sont désignées sous le nom de dioxyde, trioxyde,
tétroxyde, etc. La combinaison d'un grand nombre de corps
simples ou composés avec l'oxygène se fait avec dégagement
de lumière et de chaleur ; on lui donne le nom de combus-
tion (V. ce mot). Une allumette ne présentant que quelques
points en ignitiofi, se rallume et brûle avec éclat quand
on l'introduit dans une éprouvette remplie d'oxygène. Cette
propriété est caractéristique de ce gaz, les corps com-
bustibles y brûlent avec plus d'éclat que dans l'air.
Le charbon, le soufre, le phosphore (fig. 7) brûlent dans
une atmosphère d'oxygène avec un très vif éclat en donnant
des anhydrides carbonique, sulfureux et phosphorique. Le
magnésium, le fer (fig. 7 bis) donnent aussi une vive
lumière en brûlant dans l'oxygène. L'oxygène ne s'unit
pas directement aux corps de la famille du chlore et à
l'azote; parmi les métaux, l'argent, l'or, le platine ne
s'oxydent pas, quelle que soit la température.
La resinration (V. ce mot) des animaux est une com-
bustion lente qui se fait avec dégagement de chaleur. C'est
à Lavoisier que nous devons l'explication de la combus-
tion et de la respiration entre lesquelles on était bien loin
de soupçonner la moindre analogie.
L'oxygène est absorbé à froid par un grand nombre de
produits qui sont utifisés dans l'analyse des gaz. Le phos-
phore à froid éprouve une combustion lente en absorbant
l'oxygène; l'acide pyrogallique en présence de la potasse
absorbe rapidement l'oxygène ; il en est de même du pro-
OXYGRNE
— 748
tochlorure de cuivre en solution ammoniacale, la solution l à l'aide de solution d'iiydrosulfite de soude étendue, de titre
bleuit en s'oxydant. On dose l'oxygène dissous dans l'eau | connu; on ajoute une goutte d'indigo à la solution aqueuse,
Fi-. 8.
Appareil pour la fabrication de roxygène par le procédé Tessié du Motay et Maréchal
(usine de Boulogne).
puis on verse goutte à goutte la solution d'hydrosulfitequi ne
réagit sur l'indigo que lorsque tout l'oxygène aétéa])sorbé.
1/ absorbant le
plus actif d'oxy-
gène est la so-
lution bleue
de protochlo-
_ rure de chrome;
on la fait tra-
verser par un
gaz que l'on
veut débarras-
ser de ses der-
nières traces
d'oxygène.
II. Industrie.
— L'oxygène est
devenu, depuis
quelques an-
nées, l'objet
d'une fabrica-
tion industrielle
à cause des usa-
g e s nombreux
auxquels il est
maintenant ap-
pliqué dans l'in-
dustrie. Les pro-
cédés suivis
dans cette pré-
paration sont :
i^ le procé-
dé Boussingault,
modifié par
Brin; 2« le pro-
cédé Tessié du
Motay et Ma-
réchal, perfec-
tionné ; 3^ les procédés électroly tiques ; 4*^ la liquéfaction
et la distillation fractionnée de l'air liquide (Linde) n'est
Fig.
pas encore entrée dans la pratique, mais le sujet est à l'étude.
Procédé Brin. Dans le procédé Boussingault , l'ab-
sorption de
l'oxygène par la
baryte et la dé-
composition du
bioxyde de ba-
ryum se font à
des tempéra-
tures différen-
tes. Brin a mo-
difié le procédé
en faisant le vide
pour faciliter la
dissociation du
bioxyde de ba-
ryum et permet-
tre d'opérer à
une même tem-
pérature. Voici
comment opère
le Continental
oxygenequiex-
ploite le brevet
Brin. On com-
mence par pré-
parer de la
baryte bien po-
reuse en calci-
nant l'azotate de
baryum ; il im-
porte, si on ne
l'emploie pas de
suite, de lajpla-
cer dans des va-
ses hermétique-
ment clos, car
la moindre
absorption d'acide carbonique ou d'humidité modifierait
l'état de la surface des morceaux de baryte, obstruerait
Distributeur automatique à soupapes équilibrées et électriques.
— 749 —
OXYGÈNE
'iii-. 10.
les canaux qui donnent à la baryte sa porosité, et celle-ci
ne pourrait avoir qu'un usage de faible durée. La baryte,
concassée en morceaux gros comme des noix, est chauf-
fée à 700*^ dans dos cornues en acier où, à l'aide d'une
pompe, on refoule, sous une pression de 3/4 d'atmosphère
environ, de l'air complètement débarrassé dlmmidité et
d'acide carbonique.
Quand la baryte est
transformée en bi-
oxy de de baryum, on
fait une aspiration
correspondant à une
diminution de pres-
sion de 5 centim. de
mercure; lebioxyde
passe à l'état de pro-
toxyde, et l'oxygène
(pi'il perd est refoulé
(lans un gazomètre.
La durée du passage
du courant d'air est
de cinq minutes. Ce
courant rapide re-
froidit la cornue ci ,
par suite, la tempé-
j'ature se trouve être
dans de bonnes con-
ditions pour l'absor-
ption de l'oxygène;
pendant les cinq mi-
nutes qui suivent, le
courant ayant cessé,
la température re-
monte, la dissocia-
tion se produit, fa-
cilitée par le vide
des cornues et l'ex-
pulsion de l'oxygène
au fur et à mesure de son dégagement. L'opération totale,
oxydation et désoxydation, dure donc 10 minutes; on peut,
par suite, faire 140 opérations en 24 heures. La même ]ja-
ryte, bien préparée, peut servir une dizaine de mois sans
être renouvelée. Le gaz ainsi préparé dose dans les meil-
leures conditions 90 à 96 ^lo d'oxygène ; il a l'inconvénient
de pouvoir contenir, quand les cornues sont un peu vieilles,
de l'oxyde de carbone qui est aspiré du foyer à travers
les parois de ces cornues ; en outre, un outillage un peu
ancien donne toujours un oxygène moins riche, les appa-
reils ne tenant pas suffisamment le vide et laissant rentrer
un peu d'air. Le gaz est livré au connnerce dans des
cylindres en acier chargés à 120 atmosphères.
Procédé Tessié du Motay et MarécluiL Ce procédé,
convenablement amélioré, est appliqué dans une usine
à Boulogne-sur-Seine. On fait passer un courant d'air
pur et sec sur un mélange de soude et de bioxyde de
manganèse chauffé vers 450^, l'oxygène est absorbé, et
il se forme du manganate de soude. Si, sans chan-
ger la température, on fait passer ^sur ce manganate
un courant de vapeur d'eau surchauffée, les éléments
primitifs du mélange sont régénérés, avec dégagement
de l'oxygène qu'ils avaient absorbé. Toutes les conduites
ainsi que les cornues sont constamment sous pression
d'air ou de vapeur, et par suite aucun appel de l'exté-
rieur, d'air ou des gaz du foyer, ne peut avoir lieu. Si
donc, au moment de l'émission de l'oxygène, on n'envoie
ce dernier au gazomètre qu'après avoir bien purgé tout
l'espace mort de la tuyauterie, il n'y a aucune difficulté à
recueillir du gaz chimiquement pur. En pratique, la purge
n'est pas parfaite, elle ramène la teneur du gaz à 94/95 ^o
d'oxygène pur, le reste est seulement de l'azote tout à
fait inoffensif. Cet oxygène est donc recommandable pour
les usages médicaux.
Voici, en quelques mots, les appareils utilisés dans ce
procédé : une pompe à air, sans espaces morts, envoie aux
cornues 3 m. c. d'air par minute à travers un épurateur
horizontal contenant de la chaux et de la soude destinées
à retenir l'humidité et l'anhydride carl)onique. Les cornues
verticales en fonte sont logées dans deux chambres de
chauffe, alimentées par une chambre de combustion inter-
médiaire oii l'air
chaud vient brûler
les gaz combustibles
formés dans un
foyer gazogène
(tig. 8). Ces cor-
nues, contenant le
uianganate poreux
préalablement pré-
paré, reçoivent al-
ternativement l'air,
la vapeur, par l'in-
termédiaire d'un
distributeur auto-
mati{fue. Ce dernier
se compose de sou-
papes équilibrées
mues par l'air com-
primé (fue leur en-
voient des distribu-
teurs comman-
dés électriquement
(fig. 9). Un balai à
mouvement circu-
laire lance le cou-
rant périodique-
ment dans les dis-
tributeurs. Les sou-
papes, qui reçoivent
l'oxygène pur, le di-
rigent vers un gazo-
mètre de 100 m. c,
à travers un réfrigérant alimenté par un thermosiphon, des-
tiné à condenser la vapeur qui accouq)agne le gaz. Ce der-
nier, absolument pur de carbone, sous forme d'oxyde ou de
carbure, est comprimé à 120 atmosphères dans des tubes
d'acier. Ces tubes d'acier étirés sans soudure, etpai' consé-
quent d'uneseule pièce, sont extrèmejuent légers, malgré leur
grande sohdité. Us sont essayés à la pression hydraulique
de 300 atmosphères et ne sont chargés qu'à celle de 120.
Voici la liste des tubes qu'on rencontre dans le com-
merce :
Compressour compound avoc refroidissement du gcî
(usine de Boulogne).
Capacité
Longueur
Poids
250
0^^\45
4 kilogr.
500
0"\55
7 kilogr.
1.000 ,
0™,78
14 -
1.500
1"M0
19 ~
2.000
0™,88
27,5 —
2.500
l^^l3
30,5 -
5.000
l^'\70
60 -
Ces tubes paraissent absolument inexplosibles ; l'un
d'eux, porté" accidentellement à la température de 1000^,
s'est gonflé sous l'influence de la pression, puis s'est dé-
chiré légèrement pour donner passage au gaz sans qu'il y
ait eu projection de métal. L'oxygène est comprimé dans les
tubes au moyen d'un compresseur compound (fig. 10). avec
refroidissement de gaza chaque cascade. On peut en extraire
directement le gaz sans avo'r recours à un détendeur
spécial, en faisant simplement usage d'un robinet à vis
micrométrique qui est ajusté sur le tube et permet de
laisser sortir l'oxygène sous une pression aussi faible que
l'on veut.
Procédés électrolytiques. Les perfectionnements dans
les machines dynamo-électriques permettent de préparer
aujourd'hui simultanément l'oxygène et l'hydrogène purs ;
des usines existent aujourd'hui dans le S. de la France, à
OXYGÈNE
— 750
Sainte-Marie- d'Oloron, à Lausanne, à Bruxelles, à Naples;
les usines paraissent cependant ne fonctionner que d'une
façon assez irrégulière, et le matériel employé exige des
perfectionnements avant que le problème soit complète-
ment mis au point. En admettant le chiffre de 1 volt 5 pour
la force contre-électromotrice d'un voltamètre à eau, et en
comptant sur un rendement total de 1 ^2 , on d éduit facilement
les données suivantes :
Volume d'oxygène produit par ampère-heure. . 0^^^il7
— d'hydrogène — 0^^*,433
Dépense en ampère-heure par m. c. d'hydrogène 4 . 620
— en watts-heure — 13.860
Nombre de chevaiix-hcurc 18,8
Pratiquement, on peut compter sur une dépense de
20 chevaux-heure par mètre cube d'oxygène auquel s'ajou-
tent 2 m. c. d'hydrogène. La consommation du combustible
par mètre cube de gaz produit peut varier de 0 fr. 08 à
0 fr. 20, suivant les circonstances. Si l'on dispose
de chutes à bon marché, le problème se simphfie
beaucoup ; certaines chutes coûtent quelquefois moins
de i centime par cheval-heure, ce qui abaisse à
6 cent, le mètre cube de gaz produit, oxygène ou hydro-
gène. Deux difficultés se présentent : d'une part, les cloisons
étanches servant à séparer les deux gaz rendent la résis-
tance intérieure des voltamètres ordinaires très grande ;
d'autre part, la nécessité d'employer le platine comme
électrode conduit à des appareils d'un prix inabordable.
Le commandant Renard a proposé de séparer les gaz par
des cloisons poreuses constituées par de la toile d'amiante
à mailles suffisamment fines et de substituer à l'électrolyte
acide un clectrolyte alcalin (dissolution de soude caus-
tique), ce qui permet d'employer le fer, la fonte ou l'acier
comme électrode aux deux pôles. Une dissolution de soude
caustique à 13 °/o présente aussi peu de résistance élec-
trique que l'eau acidulée à 27 ''/o employée dans les vol-
tamètres ordinaires. Voici la dispo.^ition des voltamètres
Renard. Un grand vase cylindrique en tôle commune sort
à la fois de vase pour l'électrolyte et d'électrode négative.
Un tube perforé, également en tôle, porté par un couvercle en
tôle ou en fonte fermant hermétiquement le vase extérieur,
mais isolé de ce vase, sert d'électrode positive. Un grand sac
d'amiante, ligaturé sur l'électrode intérieure au moyen de
lil de cuivre isolé, sert à séparer les deux gaz. L'oxygène se
dégage à l'intérieur du tube central, et l'hydrogène dans
l'espace annulaire compris entre ce tube et le vase extérieur.
Le procédé Renard n'a jamais été appliqué en grand.
L'IlaUen Garuti prétend avoir donné une solution inté-
ressante du problème; son appareil (fig. 11) est utilisé à
ïivoh (Italie), parla Société VOxyhydriqiie à Bruxelles et
Fip:. 11. — Préparation industrielle de l'oxygène par
Garuti. A B C D, cuve; E, électrolyseur ; MN. bornes;
G, G, cloches pour recueillir les gaz.
la fabrique Gmiir A Lucerne; il aurait l'avantage d'être très
peu coûteux. L'auteur emploie un diaphragme percé de
trous, qui doit remplir les trois conditions suivantes : 1^ le
courant ne le détruit ni ne le déforme ; 2° sa résistance est
faible ; 3*^ il effectue la séparation des deux gaz. Ce dia-
phragme consiste en une série de cellules de feuilles d'acier;^,
réunies ensemble au moyen de soudures de cuivre, ce qui se
fait par le gaz tonnant. Les électrodes e sont aussi des feuilles
d'acier (tig. 12). Les appareils travaillent avec une in-
tensité de 350 ampères et un voltage de 2,5. Chacun des
deux gaz, oxygène ou hydrogène, n'a d'autre impureté que
l'autre gaz, et, pourvu que la dose d'hydrogène contenu dans
Fig. 12. — Coupe de l'électrolyseur Garuti.
l'oxygène soit suffisamment faible, il n'y a aucun inconvé-
nient ; il suffit d'ailleurs de chauffer le gaz pour éliminer
l'impureté hydrogène qui se trouve brûlée. La séparation ne
semble cependant pas résolue d'une façon parfaite si l'on
en juge par l'explosion qui s'est produite à l'usine de
Bruxelles. Garuti a remplacé la soude pai' la potasse dans
son électrolyseur; il abaisse ainsi de 3 à 4/10 de volts
la force électromotrice aux bornes de chaque appareil.
60 électrolyscurs occupent une superficie de 70 m. q.
Appareil de Linde. Linde, qui paraît avoir complètement
résolu le problème de la Hquéfaction de l'air, soumet l'air
liquide à une distillation fractionnée et obtient ainsi un oxy-
gène très riche. Pour liquéfier l'air, il est nécessaire d'abais-
ser sa température au-dessous de — 140^, sa température
critique, avec unepression au moins égale à 40 atmosphères.
M. Linde s'appuie sur le principe de la détente, imaginé
par M. Cailletet, en rendant cette détente en quelque sorte
continue. L'auteur n'utilise aucun agent réfrigérant et se
sert uniquement d'une pompe qui comprime l'air et d'un
serpentin où il se détend de façon continue par la ma-
nœuvre d'un simple robinet (fig. 13).
Le serpentin se compose de deux tuyaux concentriques
en cuivre entrant l'un dans l'autre et longs de 15 m. Le
tuyau intérieur est parcouru par l'air venant d'une pompe
qui le comprime à 220 atmosphères. x\.rrivé au bout du
tuyau, l'air se détend dans la partie annulaire et parcourt
le second tuyau en sens inverse, après s'être refroidi de
50° par la détente; mais, dans son trajet, il cède le froid
produit à l'air qui arrive comprimé à 200 atmosphères,
de sorte qu'à l'extrémité du second tuyau, l'air, détendu
à 20 almosphères, retourne à la pompe de compression à
la température ambiante après avoir cédé tout le froid
produit par la détente à l'air qui arrive. Les deux tuyaux,
roulés en serpentin pour tenir moins de place, sont isolés
dans une caisse en bois, bouri'ée de laine brute pour éviter
les apports do chaleur extérieure. La température, avant
et après l'écoulement, s'abaisse graduellement jusqu'à ce
que la température de liquéfaction soit atteinte et qu'une
partie de l'air qui s'écoule se rassemble à l'état liquide
dans le récipient adapté à l'extrémité de l'appareil. Cette
machine donne 1 lit. d'air Hquide à l'heure en dépensant
un peu moins de 3 chevaux. La machine industrielle, où
le serpentin mesure plusieurs centaines de mètres, fournit
00 kilogr. d'air liquide à l'iieure.
L'air liquide est recueiUi dans un vase de Dewar ; c'est
un baUon à double paroi en verre, dans la partie annu-
laire duquel on a fait un vide aussi complet que possible.
— 751
OXYGENE
L'air liquide soumis à
d'abord son
azote, tandis
que l'oxygène
reste liquide,
reconnais-
sable à sa colo-
ration bleue.
Pour extraire
l'oxygène de
l'air, Linde a
modifié légère-
ment son appa-
reil, de manière
à effectuer une
distillation
fractionnée
pendant toute
la durée de
la liquéfaction.
Linde obtien-
drait 1 kilogr.
d'oxygène par
kilogramme de
charbon. Dans
ce nouvel ap-
pareil, l'air
comprimé se
divise en deux
parties, qui sui-
la distillation fractionnée
à projection
conférences,
ig. 13. — A, serpentin intérieur à liante i)ression ; B, serpentin extérieur [à basse
pression ; C, soupape de réduction ; D, réservoir pour l'air liquéfié ; E, pompe ;
F, réfrigérant; G, tuyau d'aspiration d'air: H, tuyau de refoulement d'air
comprimé; I, tuyau d'arrivée de l'eau froide ; J, tuyau de sortie d'eau; K, tuyau
d'entrée d'air comprimé dans l'appareil.
vent deux chemins différents, pour venir se réunir dans un
serpentin qui plonge
dans le vase contenant
la partie liquide et enfin
aboutir dans ce vase
même. Grâce à ces
dispositifs, la partie
liquéiiée s'enricliit de
plus en plus en oxy-
gène, tandis que la
partie non liquéfiée
s'enrichit en azote. Le
procédé Linde produi-
rait l'oxygène beau-
coup plus avantageu-
sement que les autres
procédés.
Le gaz oxygène re-
çoit chaque jour des
appUcations nouvelles ,
appUcations qui se mul-
tiplieront le jour où
le prix de l'oxygène
baissera notablement.
On l'emploie comme
antiseptique pour la
conservation des ma-
tières alimentaires, en
particulier pour le lait,
le lait enfermé dans un
vase résistant sous
une pression d'oxy-
gène peut être trans-
porté sans inconvé-
nient. En Allemagne,
on l'a appliqué au
transport du poisson
vivant par le chemin
de fer. L'oxygène est
utilisé pour produire
les températures éle-
vées nécessaires pour
Fig. 14. — Appareil Linde pour la
liquéfaction de l'air et la sépa-
ration de l'azote de l'oxygène li-
quide, j, spirale où circule l'air
comprimé au milieu de l'air li-
quide en effectuant une distilla-
tion fractionnaire de ce dernier
et par suite un enrichissement en
oxygène; I^ et Ig, robinets va-
riables permettant de modifier la
rapidité de la détente ; A, tuyau
d'arrivée du gaz comprimé ;
F, G, serpentins.
des éclairages ou des chauffages puissants. Les appareils
le théâtre, etc., sont
constitués par
un morceau de
chaux porté à
l'incandes-
cence par la
combustion
d'un mélange
d'oxygène et
de gaz d'éclai-
rage (V. OXY-
HYDRiQUE [Lu-
mière]), ou
bien d'éther,
d'acétone,
quand on ne
dispose pas de
gaz d'éclai-
rage. La lampe
oxy-éthérique
de Molteni, le
carburateur à
l'acétone, sont
utihsés dans ce
but. On se sert
aussi du cha-
lumeau oxy-
gène et hydro-
gène ou gaz
d'éclairage
pour réaliser les hautes températures nécessaires à la fu-
sion des métaux réfractaires, or, platine, acier chromé, etc.,
pour la brasure, la soudure autogène des lames de plomb,
la fabrication des fils électriques en cuivre rouge résultant
du passage à la filière de barres de cuivre réunies entre
elles par des soudures à l'argent (V. Chalumeau).
On obtient de bons résuhats dans le blanchiment du
papier et des fibres textiles en employant l'oxygène con-
jointement avec le chlorure de chaux ; on blanchit quel-
({uefoih le verre en dirigeant dans la masse en fusion uti
\CyUtidré\
! d£ \
\ ChaU'X i
courant d'oxygène au moyen d'un tube de ièr jjercé de
trous. Dans les laboratoires, on consomme de l'oxygène
pour les analyses oi-ganiques, les combustions dans la
bombe calorimétriquer etc. Le vieiUissement artificiel des
alcools et des alcoolats aromatiques consomme un peu d'oxy-
gène, soit directement, soit en transformant l'oxygène en
ozone. Toutes les industries qui reposent sur l'oxydation des
corps gras emploient de l'oxygène : la fabrication des huiles
siccatives, des vernis, des toiles-cuirs, des toiles cirées,
des encres lithographiques, typographiques et de taille-
douce. On a essayé aussi l'action de l'oxygène en distillerie
pour l'oxydation des moûts ; on obtiendrait ainsi des alcools
plus purs ; la même action de l'oxygène sur les moûts de
OXYGENE — OXYLUS
— 752
brasserie donnerait des bières supérieures. La médecine
consomme des quantités considérables d'oxygène pour
la guérison ou, du moins, le soulagement dans certaines
maladies. {]. Maticxon.
[IL ThérapeutiouI':. — Si l'on s'en fût rapporté à Noth-
nagel et Rossbach, ({ui prétendent qu'un air pur, privé de
tout mélange nuisible, peut produire exactement les mêmes
résultats thérapeutiques que l'inhalation d'oxygène, c'est
une médication à la({uelle on aurait depuis longtemps re-
noncé. Un autre ])liysiologisLe. très estimé. Quin(|uaud,
tout en se montrant un peu moins ailirmatif, n'était guère
plus optimiste. Uuimjuaud écrivait naguère qu'il avait pu
expérimentalement se convaincre que les inhalations, telles
(ju'on les prati({ue d'ordinaire chez l'homme, c.-à-d. à la
dose de 5 à 6 litres d'oxygène, répétées deux ou trois fois
par jouj', ne produisent pas d'effets physiologiques sen-
sibles. Pour obtenir ces effets, il faudrait, selon cet au-
teur, employer un mélange composé de i/o d'oxygène
et ^/3 d'air, que l'on ferait circuler à travers les poumons,
à l'aide d'un appareil à soupape ; et pour que les effets
soient durables, il serait nécessaire de prolonger l'inhala-
tion pendant vingt à trente nu'nutes. (jmi (ju'il en soit,
l'oxygène a doimé, entre les mains de cliniciens expéri-
mentés, des résultats (ju'on ne saui*ait nier. Si, dans le
diabète, Lécorclié et (Iriesinger déclarent n'avoir jamais
vu s'abaisser le taux du glucose dans les urines, sous l'in-
tluenee de l'oxygène, par contre Hayem a noté une amélio-
ration évidente chez les chloroti({ues (ju'il a soumis aux
inhalations de ce gaz : l'appétit s'e^t réveillé, les diges-
tions sont devenues meilleures, les vomissements ont cessé,
et le poids des malades a augmenté. Hayem convient
néanmoins qu'un bon régime dispense de recourir à ce
traitement, qu'il ne réserve que pour les cas reî)elles : en
ce cas, il fait respirer 30 à 60 litres de gaz par jour en
deux ou trois fois, un quart d'heure avant le repas.
Dans la fièvre typhoïde, A. Robin a vu la ((uantité de
l'urée augmenter à la suite d'inhalations d'oxyg^'iie (i à
3 litres toutes les deux heures ; W à 30 litres par jour).
Dans la phtisie, on doit s'en servir avec beaucoup de pru-
dence, surtout chez les phtisi([ues fébriles ou sujets aux
hémoptysies et aux congestions aiguës. Dans le coma
urémique, J. Renaut les a fortement recommandée^>. Pi-
nard et Peter les ont prescrites nvec succès contre les
vomissements incoercibles de la grossesse ; Tarnier et
Ronnaire, chez les enfants débiles ou nés avant terme.
Dans l'asphyxie lente, au couis d'une affection des or-
ganes de la respiration ou de la circulation, la dy^^pnée et
la cyanose ne sont guère moditiées par les inhalations
d'oxygène. Peut-être obtiendrait-on un meilleur résultat
^i le malade respirait dans une atmosphère d'oxygène pur
ou, surtout, si des conditions spéciales de pressimi sup-
pléaient à l'insulïisance des forces naturelles (A. Man-
(|uat). A l'extérieur. Demanfuay avait songé ù appliquer
l'oxygène au traitement des plaies. On lui préfère aujour-
d'hui ïeait od'jjïjcîicc, (\m semble devoir être considérée
comme un excellent aseptique et peut être antiNepticpie.
On a pareillement renonc('' à roxygène dans le traitement
de l'asphyxie locale des extrémités et de la gangrène spon-
tanée des membres. — Tout le monde sait que l'oxygène est
livré dans des ballons en caoutciiouc, auxquels est adapté
un tube de même substance, muni d'un robinet par le-
quel se fait l'aspiration. Dans l'appareil dit de Limousin,
le gaz barbote dans un flacon laveur avant d'être iidialé.
D^' A. Cabanes.
OXYGONE (Géom.). Mol employé autrefois comme svno-
nyme d'acutangle, pour désigner un triangle qui a"^ ses
trois angles aigus.
OXYHÉMOGLOBINE (Chim.) (V. liEMOcroiuxt:]
OXYHYDRIQUE (Lumière) . Connu depuis près d 'un siècle
sous le nom de lumière de Drummond {S . CnAixMRAfj et
Drummond), l'éclairage au gaz oxyhydrique est encore beau-
coup usité de nos jours, c(încurremment avec la lampe
oxy-éthérique (V. Oxygèxi:, fig. 13), dans les cours pu-
j blics, dans les théâtres d'ombres, dans les appareils de
projections, etc., pour remplacer soit la lumière électrique,
qu'il égale presque en intensité, soit la lumière solaire.
On employait au début un mélange, tait au bec, de 2 vol.
d'hydrogène pur et de 1 vol. d'oxygène. On a subs-
titué à peu près partout le simple gaV. de houille à l'hy-
drogène pur, avec des robinets distincts de commande
pour ce gaz et l'oxygène, ce qui permet, en réglant à vo-
lonté le débit, d'obtenir le maximum d'effet lumineux, et
un physicien italien, Carlevaris, a remplacé la chaux par
un cylindre creux de magnésie, de plus longue durée. On
se sert aussi quelquefois d'air comprimé au lieu d'oxy-
gène. Enfin, plusieurs systèmes ont été imaginés afin de
reméder à un inconvénient de la lumière de Drummond,
qui ne peut projeter ses rayons que d'un seul côté. D^ans
le système Tessié du Motay , quelque temps expérimenté
sur les places publiques, le cylindre de magnésie, massit
et de forme allongée, est suspendu verticalement à l'ex-
trémité d'une petite potence et frappé à la base de jets de
gaz de houille et d'oxygène, le gaz arrivant à une pres-
sion de 5 ou () centim. d'air seulement, l'oxygène à une
pression de 6 à 7 centim. Le crayon de magnésie a, d'ail-
leurs, été remplacé avec avantage, par M. Caron, par un
crayon de zircone, celle-ci, préparée à l'état de pureté,
donnant une lumière plus blanche, plus intense, et durant
plus longtemps encore que la magnésie. Dans le système
Bourbouze et Wiessneg, le gaz d'éclairage est comprimé à
une demi-atmosphère en sus de la pression atmosphé-
rique et dirigé dans une forte lampe de Runsen, qui est
coiffée à sa partie supérieure d'une sorte de capuchon
formé par un réseau de fils de platine ; ces fils se trou-
vent portés à l'incandescence, et, accessoirement, si l'on
veut augmenter l'intensité de la lumière, un cône de ma-
gnésie placé au centre du capuchon. Dans le système d'Hur-
(ourt, i vol. de gaz d'éclairage et 2 vol. d'air (propor-
tion insuffisante pour détoner) sont mélangés et projetés
à une pression de o à 6 centim. d'eau dans une canahsa-
tion unique ; le mélange s'échappe par un bec à trous cir-
culaires très petits, surmonté d'un réseau conique de fils
de platine, lequel est porté, comme dans le système pré-
cédent, à l'incandescence. La thorine peut aussi être em-
ployée, dans les divers systèmes, au lieu de la magnésie
ou de la zircone. L.' S.
OXYISOBUTYRIQUE (Acide) (V. Dimiôthyloxauque
[Acide I).
OXYLÉFIDÈNE. Form. i ^ liÏÏ™
( Atom G^^H'^^O^.
Quand on chauffe la benzome en vase clos avec de l'acide
chlorhydrique, il se forme du benzile et du lépidène,
C'^'^H'^'O'^. Cette dernière substance oxydée conduit àl'oxy-
lépidène. L'oxylépidène est connu sous trois formes isome-
riques i l'oxylépidène cristallisé en aiguilles ou dibenzoyi-
stilbène, l'oxylépidène cristallisé en tables ou tétraphényl-
crotolactone et enfin l'oxylépidène octaédrique. Tous "les
trois, soumis à la distillation sèche donnent les mêmes pro-
duits, l'isolépidène et l'acide oxylépidénique, C^^'H^'^O^. Les
deux derniers isomères résultent de la transformation du
premier à 360*^ ; on n'obtient ([ue de petites quantités
d'oxvlépidène octaédrique, '2 ^o- C. Matignon.
BiiiL. : ZiMN, Berlchte, VS12. t. X, p. 110t.
OXYLINOLÉIQUE (Acide). Les huiles siccatives, celles
de lin. de noix, de chanvre, de pavot, etc., paraissent con-
tenir en grande quantité, environ 80 ^o, un éther tri-
glycéri([ue,un acide particulier, l'acide linoléique, qui aurait
pour formule C^^H^^^'O^. Ce composé huileux, ainsi que ses
sels, s'oxyde à l'air en se transformant en acide oxylino-
lèi(|iie ou en oxylinoléates solides et insolubles. La forma-
tion de ces composés aurait lieu au moment de la dessic-
L-ation des peintures siccatives. C. M.
OXYLUS, chef légendaire des Etohens, fils d Ilémon,
époux de Pieria, père d'Etolus et de Laias. Il prit part
à l'invasion dorienne dans le Péloponèse, où il conquit Elis
dont il devint roi.
— 753 —
OXYMALONIOUE — OXVSIJLFUKE
OXYMALONIQUE (Cliim.) (V. Sârtronique [Acide]).
OXYMEL (Boisson) (Pharmacol.) (V. Miel).
OXYMELLITE (V. Miel).
OXYMICTERUS (Zool.) (V. Hamster, t. XlX,p. 810).
OXYNÉVRINE (Chim.) (V. Bétaïne).
OXYŒNA ou OXHYŒNA (V. Hy^nodon).
OXYOPE (Zool.). Genre d'Arachnides proposé par La-
ti'eille, caractérisé par un céphalothorax élevé et tronqué
on avant ou il porte huit yeux homogènes, mais très iné-
gaux, disposés sur quatre rangs : deux situés sur le plan
vertical de la face, les deux autres dorsaux,par des pattes
peu inégales, fines aux extrémités, armées de longues
épines verticillées et pourvues de trois griffes pectinées.
Ce genre est le type d'une famille ayant des analogies
avec celles des Lycosides et des Attides. 11 est très nom-
breux dans les régions chaudes, mais trois espèces seule-
ment : 0. heterophthalmus, Hneatus Latr., ramosus
Panzer, se rencontrent en Europe. Ce sont des Araignées
très vives, ne filant aucune toile et poursuivant leur proie
sur les plantes ; leur cocon ovigère est discoïde et adhé-
rent. E. Simon.
OXYPHÉNOL (Chim.) (V. Pyrocaïéchine).
OXYPICRIQUE (Chim.) (V. Résorcine).
OXYPORUS (Entom.). Genre d'Insectes Coléoptères, de
la famille des Staphylinides, établi par Fabricius (Ent.
Sijst,, 1792, p. 267). Ce genre est surtout caractérisé par
les pattes intermédiaires insérées sur les côtés de la poi-
trine et par l'abdomen marginé. Les Oxyporus habitent
les régions froides ou tempérées, dans les bolets et aga-
rics. VO. maxillosus attaque à l'état de larve le chapeau
des agarics.
OXYPTERUM (Entom.). Genre d'Insectes Diptères, de
la famille des Ornithomyies, établi par Leach. Dans ce
genre la réduction des ailes est manifeste, moins cepen-
dant que chez les Stenopteryx (V. ce mot). Ces Diptères
s'accrochent aux hirondelles par les ongles des tarses qui
sont tridentés. L'O. Tungeri G. -M. est long de 7 millim.
et se trouve au Maroc.
OXYRHINA (IchtyoL). Genre de Poissons de l'ordre
des Chondroptérygiens Selachoïdes, de la famille des
Lamnidœ. Des trois formes connues de ce genre nous
citerons VOxyrhina Spallanzani, de la Méditerranée.
C'est un Squale d'un gris ardoisé sur le dos et les flancs,
blanchâtre en dessous ; il a le corps fusiforme allongé ; la
tète est longue, le museau pointu, la gueule largement
fendue ; la première dorsale commence près de la fin de
l'insertion des pectorales, la seconde dorsale est très petite.
Ce Poisson, voisin des Lamies, s'en distingue par l'absence
de dentelures à la base des dents. Rochrr.
BiuL. : Sauvagk, dans Brkhm, éd (V
OXYRHYNCHE (Ornith.). Le genre Oxyrhynchus on
Oxyrhamphus comprend des Passereaux voisins des
Synallaxes et des Dendrocolaptidés (V. ces mots). Dans
ce genre, le bec est court, droit, triangulaire, pointu ; les
ailes médiocres ; la queue large et arrondie ; les tarses
courts, robustes, écailleux, le doigt externe soudé à la
base, le pouce aussi long que le doigt médian. L'O. /l!^;m-
miceps (Temminck), type du genre, est un Oiseau du Bré-
sil, long de 20 centim., vert en dessus, blanchâtre et ta-
cheté de vert en dessous, orné d'une huppe de plumes d'un
rouge feu. Ses mœurs sont peu connues. E. Tri.
dXYRHYNQUES (Zool.). Ce nom s'apphqueà un grand
groupe de Crustacés décapodes-brachyures, qui comprend
les familles suivantes : Parthénopides, Inachides, Maiides,
Péricérides. Ces animaux sont caractérisés par leur cara-
pace triangulaire, acuminée en avant, avec un rostre plus
ou moins long, parfois fourchu ; les régions sont nette-
ment indiquées, les régions hépatiques sont petites, les
])ranchiales très développées; le cadre buccal est carré;
9 branchies de chaque côté ; les ouvertures sexuelles mâles
sont à la base de la 5® paire de pattes. Coalescence du
système nerveux très prononcée. Le nom iVOxyrkyiirhus
grande encyclopéuie. — XXV.
a été donné aussi à différents genres d'Insectes, à un genre
d'Oiseaux, de Reptiles, de Poissons. R. Moniez.
OXYSALICYLIQUE (Acide).
., ( Equiv C^4H2(H-202(0^).
^ *^*'"- ( Atom e6H(0H)2(e0«H).
L'acide oxysalicylique, qu'on appelle aussi acide gen-
lislque ou acide paradioxybenzoïqiie, a été découvert
par Henri et Caventou. On a fait sa synthèse en chauffant
avec la potasse fondante vers 300^ l'un des acides mono-
iodosalicyliques :
Ci4H5i06 4_ KO^H =: C^4H603 4. KL
Le même réactif transforme le gentisin, principe cris-
tallisé retiré de la Gentiana lufea, en acide oxysalicy-
lique. Corps sohde, cristallisé en aiguilles, fondant à 197".
La chaleur le décompose en hydroquinone et anhydride car-
bonique :
C14H608 — c^nm^ + cw. c. m.
OXYSULFURE d'antimoine. On trouve dans la nature
un oxysulfure d'antimoine dont la composition est repré-
sentée par la formule SbS^O ou SbO^ 2SbS^. Artificiel-
lement on prépare des oxysulfures dans diverses circons-
tances. Le sulfure d'antimoine, chauffé au contact de l'air,
s'oxyde peu à peu en dégageant de l'anhydride sulfureux ;
si l'on chauffe de manière à fondre le mélange d'oxyde
formé et de sulfure non transformé, on obtient une masse
vitreuse d'oxysulfure qu'on appelle le verre d'antimoine
et dont la composition est variable.
Le safran d'antimoine, ou Crocus metallorum, est
un oxysulfure qui résulte de la fusion de o parties d'oxyde
d'antimoine pour 4 partie de sulfure ; il est employé dans
la médecine vétérinaire comme vermifuge et purgatif.
Le cinabre, ou vermillon d'antimoinCy est un oxysul-
fure artificiel de même composition que l'oxysulfure natu-
rel. Il se forme quand on fait agir Thyposulfite de chaux
sur le chlorure d'antimoine.
Son usage repose sur son inaltérabilité à l'air, à la lu-
mière et aux émanations sulfureuses ; on l'utilise dans l'in-
dustrie des toiles et des papiers peints; il peut être em-
ployé également comme couleur à l'aquarelle et comme
couleur à l'huile. C'est une poudre de couleur rouge carmin
et d'un aspect velouté. Pour le préparer en grand, on
grille du sulfure d'antimoine dans un courant d'air ren-
fermant de la vapeur d'eau : le sulfure se transforme en
grande partie en oxyde d'antimoine ; l'acide sulfureux, qui
se forme pendant le grillage, sert pour la préparation
de l'hyposulfite de calcium, à partir des résidus de la fa-
brication de la soude par le procédé Leblanc. On dissout
l'oxyde d'antimoine dans l'acide chlorhydrique. On remplit
aux 7/8^ avec la dissolution d'hyposulfite de calcium une
grande cuve en bois chauffée à la vapeur, puis on ajoute
peu à peu la solufton de chlorure d'antimoine, et en agi-
tant continuellement on chauffe jusqu'à 60° environ. La
réaction se jproduit aussitôt, et il se forme un précipité
rouge orange qu'on laisse déposer, qu'on rassemble sur
un filtre de toile, qu'on lave et qu'on dessèche à environ
50*^. C. Matignon.
OXYSULFURE de carbone, C'O^S^zrre^S. Composé
intermédiaire entre l'anhydride carbonique et le sulfure
de carbone découvert par Than. Il se forme en petite
quantité par combinaison directe, quand des vapeurs de
soufre en excès passent avec de l'oxyde de carbone dans
un tube de porcelaine chauffé au rouge faible,
0202 _|_ S2gaz = C-202S2 + 'ô^^^\6,
ou par l'action du sulfure de carbone sur les vapeurs
d'anhydride sulfurique :
CS2 -h 3S03 m 4S0'- + CoS — lo cal.
On le prépare en introduisant du sulfocyanure de po-
tassium pulvérisé dans un mélange à parties égales d'eau
et d'acide sulfurique fortement refroidi ; l'oxysulfure ga-
zeux se dégage sur le mercure. Ce gaz incolore rappelle
18
OXYSULFURE
OXYVALEniANIQUE
par soîi odeur le suifin-e de earlndie: il
l'anhydride carbonititie dans son volaiiio
(lissoul (o;!!fni'
eau en hn eoin-
muniquant une saveiu' sucrée, nais biiifureu-e r-nii^neceiie
des eaux minérales suifurécs. La siiliiiion s'aMrro peu a
peu, l'oxysuifurc se transforme en anisydride cai'bonifpie
et en acide suit hydrique :
Les alcalis activent cette décomposition. Le point cri-
tique est situé à iOo°. La chaîeur le décompose en oxyde
de carbone et soufre, ce ([ui donne des sulfures en présence
de métaux comme Je cuivre, l'argent et le ier divise. Le
gaz ammoniac s'unit innncdiatenient à l'oxysulfure en
donnant un beau corps cristallisé :
C^O^S^ + ^AzH^ r= L-0L-l\z2]^'.
donnant à 100° de l'eau et du sulfoc}auure d'ammoniuffl.
C. Matignox.
OXYTHYMOQUINONE (Chim.) (V. ïhyjmol).
OXYTOLUIQUES (Acides), f (rrm. ) ^(^' ^^l^^^'
Les acides oxytolui((ues dérivent des acides toluiques.
(V^IFO^, par remplacement de H^ par ir-^O-- :
cm^(o^) H- 0^ := vAni\iP(r^)(0'}.
La substitution peut s'effectuer, soit dans le reste ijcn-
zine, soit dans le reste méthane, ([ui constituent le lokic.ic ;
il en résulte deux classes d'acides oxytolui(|ues, les acides
phénols oxytoluiques, G^^}P(H'0'^)0'*, et les acides r.lcijols
oxytoluiques, C"'!i^(ll"0^)0^. On connaît six acides oxyîc-
luiques.
On obtient, par exemple, des acides phénois (pni'id on
dirige un courant d'anhydride caiboniquc dans uucrésyloi
en présence du sodiujii :
Ci-iH«(H^) + CH)' T- (>^116(11^){0^).
Les acides phénols sont oxydés par h potasse fondante
et transformés en acides oxybenzonpies :
+ c^O' -H ir^o^
Kékuîé a obtenu un acide ah-ool oxytohiique en faisnnt
passer des vapeurs de brome daiis Lacide toluiijue parn.
puis en traitant Lacide brome par hvs alcalis lioiiinanis.
OXYURE (ZooL). Genre de Ve:s Xéma^odcs, de h fa-
mille des Ascarides. L'espèce la plus connue est riAc/z/r/'v
vemiicularis très fréquent chez Liiomme. (7esi un petit
ver de couleur blanche, dont l'extrémité ai:lé!i^;<:re offre
un renflement rempli d'un liquide clair aux ;)'irties dorsale
el ventrale; la boîichc est terminale, munie de trois îio~
dules saillants, l'œsophage est long, suivi 'l'un buF^e. _Le
mâle est rare, long de 3 à T) mihim.. lai'ge de 0^'"^\1G à
()mm^u)()o son extrémité j)osiérienre, sinueuse pendant la
vie, s'enroule en spirale après ia mort; il ponc un spi
cule simple et deux paires de papilles préo.iaie^. La îe-'
melle est longue d'environ 1 <"•' itiia. suc 'i/"2 millin^..
d'épaisseur, Lanus est k Û niiiiin>. de LextrénLié posté-
rieure, la volve à 3 millim. de l'exiréinité rntcrieniM). Les
œufs sont ovales, lisses, à coque Miince, ils unt e. •acyenne
50 fjL de long sur un diamètre moitié moindre; l'embryoïi
est développé au moment de la iMeaie. L'OxyiU'e est un
parasite cosmopolite, aussi fréqueiiî dans les villes qu'à la
campagne, qu'on trouve dans les pays chauds comme datis
les contrées froides. On l'observe principalciuent chez les
enfants. i)ien (ju'on puisse l'obsei'ver à tous les âges delà
vie; oi] les voit souvent en très gi'and nom!>re chez un
même individu, ce (jui tient sans doute à la facilité* do
rauto-ini'csUition; ils st^ tîeiuienL an nnnns à i'é[)o:|nc d<
la ponte, dans la paî'lie iniéricnrc du rccinm t't arriveni
même à Lanus, mais Lmu' jennessc se juisse dan^>rini(M>i!ii
grêle, ils délecminent, (jiiand ils son! fidiidncii^ . de, jd'.'-
noniènes désagréables, lois (pie h- lénrsm" cl ni pi'Uî ■■
anal insup'portabîe; on dit qiLiîs peu\cni pénétîrrdaiîs le
vagin des petites iilles. Des symptômes nerveux variés.
anîdogk
es à ceiix
|m^
îéiernnn
la présence
d(^s Iscai'idcs
ont é!é
lei:Mes
aussi quoi
de ce m-
iiiei;
M s ohser\
i's (dicz des
personnes at~
rasite =
^ir a e'= u
' ,
-/
u.
Oxyurls vcrniieu-
laris i'oinellG.
y, vulve ; A,
anus.
iongtemps que U>s
(cufs de rOxyure
pouvaient éeîoi'o
dans s(m hisie. vi
on expliquait ainsi
comniern ilpailu-
lait cliez cei'taitis
individus et pes-
sistait indésini-
menl; il est vrai-
semi)la])le (jULii
n'en est rien et
que les embryons
rejetés au dehors
et arrivés daiis
Te au, dons la-
quelle, au reste,
ils ne peuvent vi-
vi'e longtemps,
viennent dans l'or-
ganisme par Jii
boisson ou les lé-
gumes arrosé s
d'engrais il umain.
ou encore pa-- b^s
oiiglcs, poi^tés à
la bouciie après
que les malades se
sont gratlés sous
i'inliuen.ce du pru-
rit anal; il y a,
alors, au to-i ni es-
ta lion, mais Lem-
biyon doitrenlrer
pai'ia bouche pour
que sa coque soit
dissoute dans l'estomac; il est certain, en tous cas, qu'il
n'va pas d'hète intermédiaire et que le développement est
dii-ect. L'évolution est très rapide, et il faut une (pnnzaine
de jours pom^ que remî)ryon devienne adulte. 0]i ne se
débarrasse parfois des Oxyures qu'avec grande difficulté,
par suite du siège dans le Ciccum des animaux jeunes et
de la facilité de l'inicstation; on emploie des vermifuges,
des purgatifs, des lavements ([u'il fant souvent répéter long-
iemps ; il faut recommander aux enfants de ne pas se gratter
avec les doigts nus et soigner leurs ongles. Ln outre de l'es-
pèce parasite de l'homme, nous devons mentionner 0. cqui,
grandç espèce dont la femelle mesure de 4 àio cent., au
corps arqué antérieiu'emenl el brusquement atténué en
iuic queue de loiigueiu' extrènjonient variable, commun
chez le cheval cl l'ano; 0. cnubigiia dont la femelle me-
sure 8 à H millim., le mâle 3 à1) miUim., fréquent dans
le gros intestin du lapin. Cette dernière espèce est le type
du genre Passahirus. \\. Moxikz.
Lquiv. {\^^W^kz\\)y{)Y).
^ Atom . €-''îr^(AzH^)(G02H) .
Il existe plusieurs oxyvaléramines. La mieux connue est
la y-oxyvalé!'aa)ine, qui correspond à l'acide y-oxyvaîéria-
iiiquie L'"ll^(irO~jO^L C'est un homologue du glycolle ou gly-
collamine (|ui se prod[dl dans le dédoublement des matières
albuminoides sous l'iidluencc de l'hydrate de baryte. On a
\)[\ l'obtenii* égaleiiient j)ar réduclio!) de l'hydrazone de
faeide îévunqm'. W fond à 11)3'*. On rajq)elle aussi acide
anndo-Naîcriqne. C. i\L
OXYVALÉHIANIt^UE [\v\ûi^).
i- \ r.'iiuv.. c^*'if^'(n-o-)(04j.
""*"° i \lom..._ 07-^11^(011) (00 '^H).
On connaît sept acides-ah:ools répondant à la formule
C^'^ll^(ir^0-)0^. Aous citerons ici; i" Lacide normal a-oxy
1, màlc; 2, extré-
mités postérieu-
res du corps du
mâle ; 8]9, spi-
eulo.
OXYVALERÂiVIlNE.Lorm.
755 —
OXYVALÉRIANIQUE - OZANAM
valériqae ou a-oxyvalérianique, qui fond à 31*^, se sublime
vers 70^ et perd peu à peu une molécule d'eau dans un
dessiccateur au-dessus de l'acide sulfurique ; ^2° l'acide
a-oxyvalérique ou isopropyloxyacctique, qui fond à 82°,
perd une molécule d'eau vers 200*^ en se transformant en
un anhydride dont le point de fusion est à 136° ; 3° l'étliyl-
méthyloxyacétique, qui fond à 66^^ et se sublime abon-
damment déjà à 90° ; 4° l'acide y, qui se forme dans l'ac-
tion de l'eau bouillante sur l'acide bromovalérianique,
yC^*^IPBrO'S lequel s'obtient lui-même par fixation de l'acide
bromhydrique sur l'acide allylacétique, C^^H'^0^* :
C10H804 + HBr =: C^oH^BrO^.
C:ioH9BrO^ + H^O^ i= Cm^^O^ -h HBr.
Il est fort instable ; une courte ébullition de sa solution
additionnée d'un acide minéral suffit pour le transformer
en anhydride, C^^H^O^. Cet anhydride, appelé ordinaire-
ment valérolactone, est un liquide bouillant à 207°, mis-
cible à l'eau dont il se sépare par addition de carbonate
de potasse. Les liqueurs alcalines chaudes donnent avec lui
les sels de l'acide oxyvalérianique y. On le trouve dans
l'acide pyroligneux. CM,
OYAMA-IvÂO, homme d'Etat japonais, né à Satsouma
en 1843, parent de Saigô Takamoris. Il se distingua dans
l'armée impérialiste lors de la restauration de 1868, con-
tribua à réprimer l'insurrection de Satsouma (1877),
devint sous-secrétaire d'Etat à l'intérieur et préfet de
police de Tokio (1879), ministre de la guerre (1880),
chef de l'état-major (1882). Il voyagea en Europe pour
étudier l'organisation militaire, fut créé comte (1884).
Dans la guerre de Chine (1894-95), il commanda la se-
conde armée et prit Port- Arthur, ce qui lui valut le
narquisat.
OYAMPIS. Indiens de la Guyane (française et brési-
lienne), habitant les deux rives de l'Oyapock, sur les col-
lines de Tumuc-Kumac. Crevaux, dans son voyage de
Cayenne aux Indes en 1878, a eu des relations prolongées
avec cette tribu qui est en train de disparaître.
OYAPOCK. Fleuve de la Guyane française, limite au
S.-E. du territoire occupé par la France ; il descend de
la chaîne des Tumuc-Kumac (350 m.) : Crevaux y a dé-
couvert des sources au pic Crevaux. Il descend vers l'At-
lantique en coulant vers le N.-E., par des sauts et des ra-
pides (saut Manoa, saut Pacouchiri, sautYariri), reçoit le
Yavé (à droite), le Camopi (à gauche); il devient navi-
gable après le saut Robinson et s'élargit pour former un
estuaire de 40 kil. de longueur, de 20 kil. de largeur, entre
la pointe du cap d'Orange (E.)etla montagne d'Argent(0.).
L'Oyapock a 485 kil. de long. A 60 kil. de l'embouchure
est le pénitencier de Saint-Georges. L'imperméabilité du
sol et l'abondance des pluies augmentent l'importance du
débit du fleuve (celui de la Loire, à peu près). Ph. B.
OYBIN. Montagne de Saxe, cercle de Bautzen (519m.),
au sommet de laquelle s'élevèrent un château rasé par
Charles IV, puis un couvent de célestins (1384), ruiné
par les hussites.
BiBL. : MosciiK.vu, Der Oybin, 1883, i" éd., et Ovhïn-
Chronik, 1885.
OYE. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr» de Saint-
Omer, cant. d'Audruicq ; 2.537 hab. Stat. (Pont-d'Oye)
du chem. de fer de Calais à Dunkerque. — Oye {Anse-
ria) a été du xv® au xvii^ siècle le ch.-l. d'un comté
puissant, qui était administrativement rattaché au Calaisis
et qui ne fut rendu par les Anglais qu'en 1558, avec
Calais. Vestiges de l'ancien château. Eghse moderne avec
belle flèche octogonale du xv^ siècle.
OYÉ. Com. du dép. de Saône-et-Loire, arr. de Cha-
rolles, cant. de Semur ; 913 hab.
OYE-et-Palet. Com. du dép. du Doubs, arr. et cant.
de Pontarlier; 348 hab.
OYES. Com. du dép. de la Marne, arr. d'Epernay,
cant. de Sézanne; 188 hab.
OYEU. Com. du dép. de l'Isère, arr. de La Tour-du-
Pin, cant. de Virieu; 686 hab.
OYLY (Sir Charles d'), administrateur anglais, né dans
rinde le 18 sept. 1781, mort à Livourne le 21 sept. 1845.
Fils d'un fonctionnaire de Calcutta, il entra lui-même dans
le service civil de la Compagnie des Indes et occupa divers
emplois dans les services financiers et commerciaux. Il
prit sa retraite en 1838. Il est surtout connu par ses tra-
vaux artistiques sur les mœurs de l'Inde. Citons : Tlie
European in India (1813) ; The Antiquities of Dacca
(1814-15) ; Sketches on the new Road in a journeii
from Calcutta to Gijah (1830) ; 7om Pwux the Griffin
(1828). Tous ces ouvrages sont illustrés de remarquables
dessins de l'auteur. R. S.
BiBL. : D'Oyly-Bayley, Account ofthellouse ofdVyly.
OYNHAUSEN. Ville de Prusse (V. (Eynhausen).
OYON (L'). Riv. du dép. du Morbihan (V. ce mot,
t. XXIV, p. 312).' ^
OYON. Ville du Pérou, dép. d'Ancachs, r. g. du Chao
ou Huaura, à 3.886 m. d'alt. ; 3.000 hab. Mines d'ar-
gent et de houille.
OYONNAX. Ch.-l. de cant. du dép. de l'Ain, arr. deNan-
tua; 4.652 hab. Stat. du chem. de fer de Lyon. Fabrique
de peignes, d'objets en celluloïd, de cartonnages pour
peignes, de pipes de bruyère ; fonderie de cuivre, tour-
neries et tabletteries. Commerce de bois de construction
et de cornes torréfiées pour engrais ; usines électriques.
OYRIERES {Oreriœ). Com, du dép. de la Haute-Saône,
arr. de Gray, cant. d'Autrey; 490 hab. Stat. de la ligne
du chem. de fer de Gray à Culmont-Chalindrey. Carrières
de pierre. Ruines antiques au lieu dit Chdteau-Gilot, non
loin d'une voie romaine.
OYTIER-Saint-Oblas. Com. du dép. de l'Isère, arr.
de Vienne, cant. d'Heyrieux ; 686 hab.
OZANAM (Jacques), mathématicien français, né à Bou-
ligneux(Ain) en 1640, mort à Paris le 3 janv. 1717.
D'une famille d'origine juive convertie au christianisme,
il était destiné par son père à l'état ecclésiastique ; mais
la théologie le rebuta autant que les sciences exactes
l'attiraient et, à quinze ans, il composa son premier ouvrage
de mathématiques. Privé par la mort prématurée de sou
père de tout moyen d'existence, il se rendit à Lyon où
il vécut de leçons et du jeu, donna en 1670 une table
fort commode des sinus, qui commença sa réputation, et
peu après vint k Paris, où l'appela le chancelier d'Agues-
seau. D'autres pubHca tiens, également très appréciées, et
quelques articles, d'un très grand intérêt, purus dans le
Journal des savants, l'eurent vite classé parmi les ma-
thématiciens les plus estimés de son époque. Mademoi-
selle prit coutume de l'appeler « l'honneur de sa Dombes »
et en 1701 il fut admis à l'Académie des sciences à Paris.
n mourut dans un grand dénùment. Ses principaux ou-
vrages ont pour titres : Table des sinus, tangentes et
sécantes (Lyon, ^616 ; 3^ éd., Paris, 1710) ; Méthode
générale pour tracer des cadrans (Paris, 1673 ; 2^ éd.,
\68^)', Traité des lignes du premier genre (Paris,
1687), livre plein de vues nouvelles ; Dictionnaire ma-
thématique (Paris, 1690) ; Cours de mathématiques
(Paris, 1693, 5 vol.) ; Jraité de la fortification (Paris,
1694), donnant les méthodes anciennes et modernes ;
Récréations mathématiques et physiques (V suis, 1694,
2 vol. ; nomb. édit. ; refond, par Montucla, Paris, 1778,
4 vol., etparCh. Hutton, Londres, 1803, 4 vol.), le plus
curieux et le plus développé des livres de ce genre
jusque-là parus; Méthode pour lever les plans (Paris,
1699; 3^ édit., refond. 1781); Nouveaux Eléments
d'algèbre (Amsterdam, 1702), mis par Leibniz au-des-
sus de la plupart des traités d'algèbre ; la Perspective
théorique et pratique {?div\s, 1711 ; 2« édit., 1720). H a
en outre donné des éditions nouvelles des Eléments
d'Éuclide et de deux traités de Boulanger. L. S.
Bibl. : FoNTENELLE, Eloge d'Ozanam, dans les Mëm. de
l'Acad. des se. de Paris (Hist.)., ann. 1717.
OZANAM (Antoine-Frédéric), historien français, né à
Milan le 23 avr. 1813, mort à Marseille le 8 sept. 1853.
OZANAM — OZÈNE
— 756
Dès son enfance, il fut orienté par sa mère vers un chris-
tianisme vivant. Au collège de Lyon, « je m'attachais avec
désespoir aux dogmes sacrés, dit-il, et croyais les sentir
se briser sous ma main »; alors l'abbé Noirot, professeur
de philosophie, « mit dans mes pensées l'ordre et la lu-
mière ». vSa vie s'en trouva dès lors réglée et éclairée; il
était enrôlé dans les rangs de cette jeunesse de 1830, qui,
malgré ses illusions généreuses, lit triomphe i* l'ultramon-
lanisme en France. A peine âgé de dix-huit ans, il se sen-
tit appelé à combattre le saint-simonisme (Réflexions sur
la doctrine de Saint-Simon ; Lyon, 1834), ce àmilY Ave-
nir et Lamartine le complimentèrent, quelque superficiel
que fût ce qu'il comprenait de la pensée de l'adversahe.
Vers 183*2, il vint étudier le droit à Paris. A. -M. Ampère
le reçut sous son toit et à sa table. Les jeunes gens bien
pensants se découvraient alors les uns les autres aux offices,
se retrouvaient tout étonnés aux cours et se groupaient sui-
vant leurs affinités naturelles. La « sensibiUté active »
d'Ozanam — c'est Lacoi'daire qui le définit ainsi — devint
l'àme d'un petit groupe qui s'assemblait périodiquement
chez Bailly, le propriétaire de la Tribune catholique,
changée le l'^^' nov. 1833 en V Univers. C'est là qu'Ozanam
rêvait de « travailler à l'édifice de la science sous l'éten-
dard de la pensée catholique ». Et il est intéressant de voir
fonder par un jeune homme de vingt-deux ans qui a de pa-
reilles aspirations, en mai 1833, la Société de saint Vin-
ceut de Paul. A la fin de 1834, elle comptait 100 membres,
et, peu avant la mort d'Ozanam, près de 2.000. Simple
association pratique de charité au début, elle est actuel-
lement l'un des puissants rouages de la propagande
ultramontaine. Mgr de Quélen, l'archevêque de Paris,
saluait alors en Ozanam et en ses amis « une France
nouvelle ». Il leur refusa cependant la chaire de Notre-
Dame pour des conférences de Lacordaire, dont Ozanam
avait eu l'idée. Il estimait que l'orateur demandé était en-
core trop compromis par sa récente collaboration avec La-
mennais et que toute la démarche était prématurée. Moins
de trois ans après, quand l'archevêque, entraîné par le mou-
vement, appelait lui-même Lacordaire à Notre-Dame (1 836) ,
Ozanam soutenait sa thèse de docteur en droit, et deux ans
plus tard celle de docteur es lettres. Ensuite, il alla pro-
fesser le droit commercial à Lyon. Mais, dès 1841, il fut
rappelé à la Sorbonne comme suppléant de la chaire de lit-
térature étrangère. Il venait d'épouser (juin 1841) la fille
de M. Soulacroix, recteur de FAcadémie. Il entreprit d'étu-
dier avec ses auditeurs et en même temps de traiter en un
grand ouvrage l'histoire de la civilisation aux temps bar-
l)ares; mais son dessein était, en réahté, de démontrer
que l'Église catholique a achevé l'œuvre oti les Césars avaient
échoué, que le christianisme avait organisé la barbarie.
Presque toutes les pubHcations d'Ozanam gravitent désormais
autour de cette pensée. On la devine déjà dans sa thèse sur
Dante et la philosophie catholique au \m^ siècle (Pa-
ris, 1833; réédité en 1843); elle domine ses Etudes ger-
maniques (Paris, 1847-49, '2 vol.) et le volume de Docu-
ments inédits pour servir a l'histoire de Vltalie depuis
le vni^ siècle jusqu'au xn^ (Paris, 1850). Mais Ozanam
est trop poète pour tenir compte de la réalité des faits et
trop dogmatique pour les comprendre. Son histoire est de
l'apologétique, et celle-ci ne convainc que ses partisans.
La flamme comnuuiicative, la contagion personnelle de son
enthousiasme n'agit plus dans le livre. Mais de 1842 à
1848, Ozanam attaquait avec éclat en pleine Sorbonne le
rationalisme de l'Ujiiversité, tandis que son ami Montalem-
bert rompait non moins brillamment des lances pour la
cause delà liberté de l'enseignement. Jusqu'en 1844, quand
il fut nommé titulaiie de sa chaire, il releva le collège Sta-
nislas en y enseignant la rhétorique et en faisant remporter
aux élèves de cet étabh^^sement les premiers succès aux
concours. Lu révolution de 1848 le trouva confiant et opti-
miste. Malgré sa frêle santé et son excessive vue basse, il
prit un fusil et une giberne et monta la garde. En même
temps, il fonda UN ec le P. Lacordaire et les abbés Gerbet
et Maret ÏEre nouvelle, organe de la démocratie catho-
lique. L'espoir de réconcilier le catholicisme et la liberté
les tenait encore. L. Veuillot les combattit ; Rome les trouva
suspects ; leur journal vécut à peine une année. Mais jus-
qu'au terme, Ozanam se cramponna à ce qui avait été aussi
la devise de Lamennais : Dieu et la hberté. Le coup d'Etat
de 1851 le blessa et l'humifia; il fut avec Lacordaire, de
Sonis et d'autres contre L. Veuillot et Montalembert qui
s'inclinaient et saluaient l'autorité nouvelle. Dès 1851, une
attaque de pleurésie avait terrassé Ozanam. En 1852, on
lui conseilla de voyager. Il partit pour l'Espagne et l'Italie.
L'année suivante, on le débarqua mourant à Marseille.
Dans la Journée du malade (Paris, souverit réédité), il
manifeste sa piété vraie, simple, sans affectation.
F. -H. Krùger.
BiBL. : Œuvres complètes d'A.-F. Oz<i)iii7n, avec une no-
tice d'Ampère; Paris, 1802-65, 11 vol., 2« édit. — Legeay,
Etude hiogruphïque sur Ozanain; Paris, 1854. — Karker,
F. Ozanam, sein Leben u. seine Werke; Paderborn, 1867.
— K. O'Meara fM»»«), F. Ozanam, Jiis Life and Works ;
Edimbourg, 1867; trad. française, Paris, 1892. — E. IIum-
nERT,F. Ozanam, d'après sa correspondance; Paris, 1880.
— C.-A. Ozanam, Vie de F. Ozanam; Paris, 1882, in-18. —
De Lambel, Biographie de F. Ozanam; Paris, 1887. —
L. CuRNiER, la Jeunesse de F. Ozanayn; Paris, 1888. —
C. Huit, la Vie et les œuvre de F. Ozanam; Lyon, 1888.
OZANCE. Rivière du dép. de VIndre (V. ce mot, t. XX,
p. 731).
OZANNE. Rivière du dép. à' Eure-et-Loir (V. ce mot,
t. XVI, p. 111).
OZANNE (Nicolas-Marie), graveur et ingénieur fran-
çais, né à Brest le 12 janv. 1728, mort à Paris le3 janv.
1811. Elève de Roblin, maître de dessin à l'école de la
marine de Brest, il lui succéda en 1750, vint à Paris en
1751, à la demande de Louis XV, pour l'exécution de vues
du Havre, fut nommé en 1752 dessinateur de la marine
et, en 1756, fut chargé par le marquis de Courtanvaux
de la construction de la frégate /'Aurore destinée à l'essai
des montres marines de Pierre Leroy. Ce bâtiment fut très
admiré et le constructeur sollicité de tous côtés. A la
même époque, il donna les plans du port projeté à Am-
bleteuse. En 1769, il fut choisipour enseigner aux princes
de la famille royale les éléments de l'art naval ; il con-
serva cette charge jusqu'en 1789. Parmi les nombreuses
gravures qu'il a laissées, on cite surtout ses vues de
port, fort estimées pour leur scrupuleuse exactitude, et
plus de 300 planches à l'eau-forte. Son Traité de la
marine militaire (50 pi. in-8) est surtout remarquable.
Son frère, Pierre (1737-1813), également ingénieur
de la marine, a été longtemps associé à ses travaux, ainsi
que ses deux sœurs Jeanne-Françoise, morte en 1795
et Marie-Jeanne, femme d'Y. -M. Legoiiaz{Y. ce nom),
morte en 1786. 81 pièces sont l'œuvre commune ; elles
ont ét^é publiées sous le titre : Vues des principaux
ports et rades du royaume de France et des colonies,
OZARK (Monts). Hauteurs des Etats-Unis, qui séparent
lesbasisins du bas Missouri et duMississipi ; elles s'étendent
à partir du Territoire indien jusqu'au fleuve, à travers les
Etats de Missouri et d'Arkansas. Leur altitude varie de 450 à
600 m. Elles sont formées de roches crétacées, où les
eaux ont creusé des vallées abruptes de caractère très
sauvage.
OZE. Com. du dép. des Hautes- Alpes, arr. de Gap,
cant. de Veynes ; 2.185 hab.
OZE N A Y. Com. du dép. de Saône-et-Loire, arr. de
Màcon, cant. de Tournus ; 502 hab.
OZENE (Méd.). L'ozène doit être considéré comme une
rhinite atrophique entretenue tout au moins par le diplo-
bacille de Lœwenberg. Cette affection est surtout carac-
térisée par l'odeur infecte (punaisie) que répandent les
malades (punais) . L'odeur plus ou moins fétide observée
dans d'autres lésions n'est pas de Tozène. L'examen objectif
montre un nez large, remph de croûtes dont l'accumula-
tion et l'altération produisent l'odeur fétide caractéris-
tique. Jamais on n'y découvr^i d'ulcérations muqueuses
ni de séquestre: la maladie est toute de surface, et si elle
peut aboutir à une déformation du nez, c'est par une atro-
phie simple du squelette privé de l'apport de ses élé-
ments nutritifs par l'atrophie primordiale de la muqueuse.
Mais la sclérose muqueuse ne reste pas toujours confinée
aux fosses nasales, elle envahit souvent, mais toujours
secondairement, les sinus, le pharynx, et plus rarement le
larynx. Par la déglutition incessante des sécrétions in-
fectes, par l'apport d'un air fétide dans le poumon et
par une infection plus directe et plus sûre en cas d'ozène
trachéal, par l'atteinte que l'affection porte à l'état moral
des malades qui se sentent un objet de dégoût, par l'en-
trave même que la maladie peut porter à la faculté de
travail, cette affection, peu grave en elle-même, prend une
importance considérable. Malheureusement, dans la ma-
jorité des cas, elle est incurable. Le traitement des rhi-
nites purulentes et surtout blennorragiques de l'enfance,
qui préparent le terrain où s'établira l'ozène, prend dès
lors une importance prophylactique considérable. L'ozène
établi, le traitement, qui ne sera le plus ordinairement
que palliatif, est basé sur ce fait « qu'un nez ozéneux
débarrassé de ses croûtes n'a plus d'odeur » On enlè-
vera donc les croûtes avec soin à l'aide de la pince, du
stylet aidés de grands lavages ou de l'irritation sécrétoire
provoquée par la mise à demeure de tampons de coton
sec, et on empêchera leur reproduction par des a touche-
ments avec la vaseline, la glycérine, les solut'ons de
sublimé ou de résorcine qu'on peut faire assez fo 'tes en
raison de la vitalité et de l'insensibilité de la muq leuse.
Les insufflations de poudre (sozoïodol de zinc, acid-} bo-
rique, acétotartrate d'alumine) sont utiles. Le massage
vibratoire a donné de bons résultats, malheureusement
transitoires. Au traitement local doit s'ajouter le traite-
ment général qui doit chercher à relever l'économie (huile
de foie de morue, hydrothérapie, vie en plein air à la
campagne, sur les bords de la mer). D. S. Morer.
BiUL. : Ouvrages divers de chirururie — LERMOYEZ.77ié-
vapeiitique des fosses nasales.
OZENNE (Louise-Laure), femme de lettres française,
née à Louviers en 1808, morte à Paris en 1842. Fille
d'un ancien contrôleur des finances ruiné dans des spécu-
lations industrielles, elle vint à Paris et publia, à partir
de 1828, dans la Revue encyclopédique, dans le hvre
des Cent-et-un, dans la Revue française et étran-
(jère, etc., tantôt sous son nom, tantôt sous les pseu-
donymes de Jules Niel ou de Camille Baxton, des
articles de critique et de charmantes esquisses, qui ob-
tinrent un vif succès et qui furent en partie réunis après
sa mort, sous le titre : Mélanges critiques et littéraires
(Paris, 1843).
OZENNE (Jules- Antoine-Sainte-Marie), administrateur
et économiste français, né à Louviers (Eure) le 8 déc.
1809, mort à Torcy (Seine-et-Marne) le 1«^ mars 1889.
Entré au ministère du commerce comme simple employé,
en 1828, il était en 1860, après être passé par tous les
degrés hiérarchiques, directeur du commerce extérieur,
lin 1864, il fut nommé conseiller d'Etat au service extra-
ordinaire, intervint à plusieurs reprises à la Chambre
dans la discussion de la loi sur la marine marchande,
devint, à la fin de l'Empire, secrétaire général du minis-
tère de l'agriculture et du commerce et fut chargé par
M. Thiers, après la guerre, de la préparation et de la
rédaction des traités de commerce avec l'Angleterre (1872)
et la Belgique (1873). Ministre de l'agriculture dans le
cabinet Rocheboùet (23 nov.-13 déc' 1877), il reprit,
après la chute de celui-ci, ses fonctions de directeur et
démissionna en 1879. Il était grand officier de la Légion
d'honneur. Outre de remarquables articles dans V Econo-
miste français, il a publié : Atlas graphique et sta-
tistique du commerce extérieur de la France de 1859
à i875 (Paris, 1879, in-fol.). L. S.
OZENX. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr. d'Or-
thez, cant. de La^çor : 297 hab.
— 757 — OZÈNE -^ OZONK
OZERAILLES. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle,
arr. de Briey, cant. de Conflans ; 292 hab.
OZERAIN. Rivière du dép. de la Côte-dVr (V. ce
mot, t. XII, p. 1188).
OZEROV (Vladislas-Alexandrovitch), poète dramatique
russe, né le 29 sept, 1770 dans le gouv. de Tver, mort
en 1816. Il entra tout jeune dans le corps des cadets,
fut aide de camp du comte de Balmen, parvint au grade
de général-major, puis fut administrateur des forêts et
prit sa retraite vers 1808. Généralement considéré
comme le véritable créateur de la tragédie russe, il imite
encore Racine, mais moins déjà que Soumarokov. « Dans
les endroits oiiil a secoué toute réminiscence, dit M. Ch.
de Saint-Julien, sa muse, parfois rude et embarrassée,
devient originale et forte. » Ses tragédies sont au nombre
de cinq : la Mort d'Oleg (5 actes, 1798) ; Œdipe à
Athènes (5 actes, 1804) ; Fingal (3 actes, 1805) ; /)m/-
tri-Donskoï (5 actes, 1807) ; Polyxène (5 actes, 1809).
Fingal et Dmitri, qui, de même qn Œdipe, sont des
chefs-d'œuvre, ont été traduites en français par A. de
Saint-Priest. On lui doit aussi plusieurs poésies tyriques.
Le prince Viaseny-Ki a donné une édition de ses Œuvres
complètes, avec une notice sur sa vie et ses ouvrages
(Saint-Pétersbourg, 1818, 2 vol.), L. S.
BiBL. : A. DE Saint-Priest, Chefs-d'œuvre des t'nlûtres
étrangers ; Paris. 1823. — Tardif de Mello, Histoire in-
tellectuelle de l'Empire de Russie; Paris, 185t.
OZEYILLE. Com. du dép. de la Manche, arr. de Va-
lognes, cant. de Montebourg; 203 hab.
OZL Ville de l'Afrique orientale anglaise, située sur
la r. g. de l'Ozi, à 445 kil. N.-E. de Zanzibar.
OZi. Fleuve côtier de l'Afrique orientale anglaise. Il
prend naissance dans deux petits lacs (Gambou et Djalou),
se dirige à l'E. et va se jeter dans l'océan Indien, au
fond de la baie d'Oungama ou Formosa.
OZIAS ou AZARIAS, roi de Juda, fils et successeur
d'Amasias. Il régna à Jérusalem de 807 à 756 av. J.-C.
selon la chronologie vulgaire. Au cours de ce long règne,
il aurait remis la main sur l'Idumée et les ports (le la
mer Rouge. Il fut atteint de la lèpre, ce que la légende
expliqua comme étant le juste châtiment de son immix-
tion dans les fonctions sacerdotales (2 Rois, xiv, xv ;
2 Chro7iiques, xxvi).
OZI ÈRES. Com. du dép. de la Haute-Marne, nrr. de
Chaumont, cant. de Rourmont; 155 hab.
OZI E RI. Ville d'Italie, prov. de Sassari (Sardaigne);
8.413 hab. (en 1881). Evèché.
OZILLAC. Com. du dép. de la Charente-Inférieure,
arr. et cant. de Jonzac; 757 hab. Stat. du chem. de fer
de TEtat.
OZOIR-la-Frrrière. Com. du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Melun. cant. de Tournan; 843 hab. Stat. du
chem. de fer de l'Est.
OZOIR-le-Breuil. Com. du dép. d'Eure-et-Loir, arr.
et cant. de Châteaudun; 807 hab.
OZOKÉRITE (Chim. ind.) (V. Paraffine).
OZOLES (V. Locride).
OZOLLES. Com. du dép. de Saône-et-Loire, arr. et
cant. de Charolles ; 1.074 hab.
OZON. Riv. du dép. de ïlsère (V. ce mot, t. XX,
p. 992.
OZON. Rivière du dép. de la Nièvre (V. ce mot,
t. XXIV, p. 1095).
OZON. Com. du dép. de l'Ardèche, arr. et cant. de
Tournon ; 439 hab.
OZON. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. de
Tarbes, cant. de Tournay ; 564 hab. Stat. du chem. de
fer du Midi.
OZONE.!. Chimie. - Form. ^ S;;;;;;;;;; n^
Historûfue. En 1785, Van Marum observa que les
étincelles électriques, en éclatant dans une atmosphère d'oxy-
gène, donnaient au gaz une odeur particulière et la pro-
OZONE
758
priété de faire perdre au mercure son brillant. I^es mêmes
observations furent répétées et précisées en 4840 par
Schonbein de Bâle, qui donna au nouveau principe le nom
d'ozone (o(^w, jesens); il reconnut les propriétés oxydantes
de ce corps et en particulier son action sur l'ioduro de
potassium avec mise en liberté d'iode. Depuis, l'ozone a
été étudié par Marignac et de la Uive, Becquerel et Fremy,
Houzeau, Andrews et Tait, Soret, etc.
Nature de r ozone. L'ozone est de l'oxygène condensé.
Sous diverses iniluences, l'oxygène se condense partielle-
ment, de façon que trois volumes d'oxygène donnent deux
volumes d'ozone. Si l'on prend, comme l'ont fait Andrews
et Tait, un tube de verre rempli d'oxygène et mis en re-
lation avec un petit manomètre à acide sulfurique, puis
que l'on fasse jaillir des étincelles produites par une bobine
d'induction dans l'intérieur du tube, une faible portion de
l'oxygène est transformée en ozone, et cette transforma-
lion est accompagnée d'une diminution de volume accusée
})ar le manomètre. En chauffant maintenant le tube àBOO*^,
on décompose l'ozone qui redonne de l'oxygène, le mano-
mètre indique le volume initial quand la température est
devenue la même.
Soret a étudié quantitativement, par plusieurs expériences,
la condensation qui donne naissance à l'ozone, par exemple
en utilisant la propriété que possèdent les essences de téré-
benthine ou de citronnelle d'absorber l'ozone sans le décom-
poser. Deux flacons d'égal volume sont remphs du même
oxygène ozonisé : l'un des flacons est traité })ar l'essence qui
absorbe un volume v d'ozone ; l'autre, chauffé pour détruire
l'ozone, augmente d'un volume égal à", le volume v d'ozone
en se transformant en oxygène augmente donc de ^ : consé-
quemment, deux volumes d'ozone résuUent de la conden-
sation do trois volumes d'oxygène :
30 rz: 0-^
La densité de l'ozone est donc une fois et demie celle
de l'oxygène. C'est ce que Soret a pu vérifier approxima-
tivement en se fondant sur les lois du passage des gaz
à travers des orifices étroits.
Formation. L'ozone prend naissance: \^ quand des
étincelles électriques jaillissent dans l'oxygène ou dans
l'air ; la quantité d'o-
zone formée est tou-
jours très faible. In-
troduisons en effet
dans un eudiomètre
à mercure de l'oxy-
gène pur et quelques
centimètres cubes
d'une solution d'io-
dure de potassium
amidonné ; en reliant
les deux pôles d'une
bobine d'induction
aux deux fils de pla-
tine de l'cudiomètre
(fig. 1), on fait écla-
ter l'étincelle, et l'on
voit bientôt la disso-
lution d'iode bleuir.
On peut arriver à
transformer tout
l'oxygène en ozone si
l'on absorbe ce der-
nier au fur et à mesure
de sa formation.
2»^ L'oxygène qui se dégage au pôle positif d'un volta-
mètre, quand on électrolyse de l'eau acidulée par l'acide
sulfurique, ou mieux par l'acide chromiqueest ozonisé. La
quantité d'ozone augmente quand on remplace l'eau aci-
dulée par une solution do biclu^omato de potasse.
Fiy' .1.— Appareil pour la
paration de l'ozone par
tluve.
3° On transforme le plus commodément l'oxygène en
ozone par V effluve électrique (N . ce mot). L'appareil usité
est dû à M. Bertbelot (fig. ibis). Dans l'espace annulaire
formé par deux tubes de verre concentriques soudés l'un à
l'autre à leur pailie supérieure, on fait circuler un courant
d'oxygène. L'éprouvetle in-
térieure renfei'me do l'eau aci- .^+
dulée par l'acide sulfurique
dans laquehe plonge une lame
de platine en relation avec l'un
des pôles d'une bobine d'in-
duction, dont l'appareil plonge
dans une éprouvette à pied,
remplie de la même eau aci-
dulée et reliée avec l'autre pôle
de la bobine. Les deux couches
d'acide électrisées de signes
contraires échangent entre elles
leur électricité à travers les
parois du verre, et la mince
couche d'oxygène qui les sé-
pare se trouve ainsi soumise
à son action. L'échange d'élec-
tricité se fait d'ailleurs sans
élévation sensible de tempé-
rature, ni étincelles, mais avec
production d'une lueur con-
tinue, visible dans l'obscurité.
Uuand le courant d'oxygène est
assez rapide, toute l'énergie
électrique dépensée dans l'ap-
pareil de M . Bertbelot est trans-
formée en énergie chimique.
La formation de l'ozone est en
effet endothermi([ue et absorbe
une quantité de 16«^^\2 :
Fiu'.
80 = 03
le^-'^i,^.
1 his. — Production
l'o/one par une séri-
d'étincelles. z, tube aue
quel sont soudés deux
tubes à dégagement v
et oc ; y, tube renilé plein
d'eau acidulée avec de
l'acide sulfurique ; A,
grande éprouvette éga-
lement remplie d'eau
acidulée ; -\- —, élec-
trodes plongeant dans
le tube y et dans le li-
quide de l'éprouvette.
-^0 L'oxygène en passant
dans l'espace annulaire formé
par les parois d'un tube de
porcelaine porté à l.^iOO° et
d'un tube en cuivre argenté à parois minces, refroidi à la
température ordinaire par un courant d'eau froide, et
disposé suivant l'axe du premier, se transforme partielle-
ment en ozone ; il oxyde, en effet, la paroi argentée du tube
central refroidi. On peut aussi aspirer rapidement l'oxy-
gène chauffé à cette haute température, et constater qu'il
agit à basse température sur l'iodure de potassium. Cette
expérience, réahsée par MM. Troost et Hautefeuille, est la
conséquence de la production de l'ozone par les étincelles.
5° Dans les oxydations lentes, il se forme souvent de
petites quantités d'ozone : par exemple, l'air qui séjourne
au contact du phosphore humide s'ozonise. Ces phénomènes
d'oxydation lente doivent se produire fréquemment dans
la nature, aussi trouve-t-on de l'ozone dans l'atmos-
phère.
6° Toutes les fois que de l'oxygène se produit dans une
réaction à basse température, il est généralement ozonisé.
Quelques gouttes d'eau versées dans un vase en platine
plein de fluor donnent immédiatement une réaction avec
production d'une substance gazeuse bleue qui se détruit
rapidement : cette substance est de l'ozone :
3H0 + 3F1 ~ 3HFI + 0^
L'acide sulfurique anhydre agit sur le bioxyde de baryum
à la température ordinaire en dégageant de l'oxygène
chargé d'ozone ; on peut ainsi se procurer rapidement de
petites quantités d'oxygène ozonisé :
3Ba02 -f 3S0^41 r= 3S0^Ba + 3IJ0 -\-~ 0^.
Proprirtés. L'ozone présente une odeur particulière
qui rappelle un peu celle du chlore très dilué ou des com-
!>osés nilreux ; toutefois, cetle odeur est beaucoup plus
-^ 759
pénétrante, au point (juo (|ael<iues millionièmes d'ozone suf-
fisent pour la développer ; il est dangereux de respirer
longtemps de Toxygène ozonisé. I /ozone peut être li^piélié
dans Toxygène bouillant en un iioau !i<iuide i)îeu indigo (lui
bout vers —• 106° sous la pression ordinaire. On re^'on-
naitfaeileuient la couleur ])leuo en faisant arriver de l'ozone
dans un long tube dittit ](\s extréuiilés somj fei-joées pai'
des glaces parallèles. L'ozone est peu soluble dans Teau
tout en l'élaul pbiS({ue l'oxygène; l'eau en dissoudrait la
moilié de son volume à la température ordinaire; elle
présente alors une saveur de homard. !,a s(;lu!ion aqueuse
perd peu à î)eu de l'oxygène sans (ju'll se forme :t aucun
moment do l'eau oxygénée. La ciialeur décompose l'ozone;
une température de iOO° suffisamment prolongée trans-
forme tout l'ozone en oxygène. Ce qui caractérise l'ozone
au point de vue chimique, ce sont ses propriétés oxydantes
reuîarquabies. L'ozone cède le tiers de son oxygène aux corps
réduci eurs en môme temps qu'il dégage 32^^^\4 P^"^^' molécule ;
les d(Mix autres tiers de l'oxygène sontmis en liioerté. l'oxyda-
tion se fait par conséquent sans cliaugemeii^ de voUmie :
Kl + (p_^ m + I +(p„
2 vol. -.^v..!
Le protochlorure d'étain i^r'^ît être le seul corps (jui
s'oxyde en utilisai:! u-s trois atomes d'oxygène de la mo-
lécule. Le mercure, le zinc et le fer sont immédiatement
oxydés par l'ozone, eu. si doit-on recueillir l'ozone sur
l'eau. L'argent bamide, i':;ixydabIo dans l'oxygène à toute
température, est transformé en oxyde noir à la tempéra-
ture ordinaire. L'ammoniaque est brûlée et transformée e:i
azotate et azotile. Les matières organiques sont bi'ùlées par
l'ozone, les tubes de caoutchouc, le bège ne peuvent être
utilisés dans les appareils à ozone. Les matièî'es colorantes
smit décolorées, tels sont le tournesol, la coHieuille. le
sulfate d'indigo, 'l'eus les corps poreux uécoeeni^seni l'ozone.
ainsi le noir de platine, la tlanelle, la charp'e. le cliarboii
de bois, le terreau, etc.
Caraclci es. On pee.i reconnaître l'ozone dans une atmos-
])hère gazeuse eu faisant barboter les gaz dans une solu-
tion d'iodurc de potassium additionnée d'un peu d'empois
d'amidon; il se forme de la potasse et de l'iode (uii \)k\v{
l'amidon. On ntibse dans le même but des papiers trempés
dans une solution d'iodure de potassium amidonné. Toute-
fois les éléments halogènes, le chlore, le brome, les vapeurs ni-
treuses, susceptibles de mettre également l'iode en bberté.
peuvent fausser les indications. Ilouzeau a proposé un aut^e
pa})ier ozonoscopique. Un papier de tournesol vineux esi
trempe à moitié dans l'iodure de potassium neutre ; l'ozone
en décomposant l'iodure avec mise en bberté de potasse
bleuit la partie du papier imprégnée d'iodui'e, la seconde
moilié ne doit pas être modifiée. Le chlore, les vapeers
nitreuses ne bleuiraient pas le papier dans les méiues
conditions. Un papier préparé avec une solution d'oxyde
thalleux noircit au contact de l'ozone, par suite de la
formation d'un oxyde thalli(|ue.
Ozone atmosphérique. L'ozone existe souvent dans l'.'dr
à la campagne, il y est produit, soit par l'élecii-iciié al mes-
phérique, soit par les oxydations lentes qui se produisent
à la surface du globe, soit surtout dans le voisinage d'une
nappe d'eau qui s'évapore. Gorup-Besanez a démontré, eu
effet, (pie l'ozone existe toujours à la surface de l'eau de la
mci^ ou d'un lac, autour des bâtiments de graduation, et,
suivant lui, l'évaporation de l'eau serait la principale cause
de la production de l'ozone atmosphérique. On ne ren-
contre point d'ozone dans l'air des villes, celui-ci est tou-
jours chargé de matières organiques qui détruisent l'ozone
eu s'oxydant. On trouve plus d'ozone au prji]temps qu'à
toute autre époque de l'année ; en outre, il y en a davan-
tage le matin pendant les mois d'octobre à juin, «'/esi le
contraire pour les autres mois. C. ?,l '.tj(;:n()n.
IL L\DusTi{u\ — La transformation de l'oxygène en
ozone par l'eftluve a été l'objet d'a])plications industiielles
de quelque importance.
Prrjuiralioii induslrieUc.
s'eifeclue unifpiement par l'aci
de préférence, cmnme siuu'ce
éleclri(pie un couj-ant aller-
nalif combiné avec mi trans-
formateur approprié et tel que
'',' uoudjredes alteriiances du
courant soit au uîoiiis de
1^00 par seconde. MM. Sie-
mens et ILilske, dans leui's
us'iuîs. uîiliseni le tube o^o-
niseur représenté dans !os
ligures suivantes. L^n tube
méial!i(iue situé à l'inlérieu!-
sert de support et d'arinature
iui.érieure, il est ve.i'ui de fa-
çon à j'ésisîer à fa^-l'on oxy-
dante de r(szone ; un second
lube plus la.rge.coiieend'ique
au premiei', rsl eonslitué pai'
un diéleciri(jue (iig. "0- -c
tubeinîéi'ieur est relV-oidi par
un_ courant d'eau, tandis que
le gaz oxygène est soumis à
Faction de l'eflluve dans l'es-
])ace annulaire compris entîo
le tube'diélectrique et le tube
conducteur. Un grand nombre
de ces tubes sont dis[>osés aw
batter!(>s. 'ioniens et llalske
oui varié la dispoFilion de
leur ozoniseur (Hg. "i et i).
La plupart des autres ozoni-
seurs sontconslitués par des
benes métaUiques parallèles,
séparées par des diélect]'i('ues
en înica. Le rendement «m
ozone augmente quand iatem-
péi'ature s'abaisse, r/esl pH)ur
celle raison qu'on faii circuler
dans le tube intérieiu^ un coui'î
ment est d'ailleurs à peu près i
OZONE
La préparation indusirielle
ion (le l'eftluve. On emploie.
og. 2 — Tubes à ozone Sic-
io(;ns et lîalske : A'j, tube
ioétalli(|ue servant d'ar-
matiu'iî intérieure dans
le(|uel circule le liquid(î
rcfri.q'érant ; TT, tubes
servant à Fécoulcment de
l'eau; UU, circulation de
l'air à ozoniser ; xx, espace
circulaire refroidi, dans
leciuel circule le i>-az qui
doit être soumis à l'action
(lo l'el'lluve.
it d'eau froide ; ce rende-
iidépendautde la pression.
r3
ï'\is. ;i— Tubes ào/on(^ SieiiKMi,^, (itllalske. A. tube monte;
15, 1obi> uicl.ilIiHiK^ vci'oi; C, diclectriqoe.
Quand on veut produire de j)etites quantités d'ozone avec
des appareils auss; éci);eomi{pies (jue possible, ou enq)loie
OZONE
— 760 —
l'efiluve donné par une paissante machine statique. MM. Bi-
chat et Gùnti ont réussi à transformer intégralement, dans
l'appareil deM. Berthelot, parcouru par un courant rapide
d'oxygène, toute l'énergie électrique en énergie chimique.
48 gr. d'ozone absorbent 29^^^S6 dans leur formation,
qui correspondent à 12.580 kilogrammètres ; il en résulte
(ju'un cheval-heure peut donner théoriquement un peu plus
de 1 kilogr. d'ozone (exactement 1.080 gr.). Dans la pro-
duction de l'ozone en grand, on n'a jamais dépassé 50 gr.
d'ozone, et, dans une mar-
che continue, les meilleurs
ozoniseurs ne donnent pas
plus de 30 gr., le rende-
ment ne dépasse donc pas
3 7o; il en résulte pour
r ozone un prix de revient
assez élevé, lequel consti-
tue un obstacle sérieux à
la diffusion des applications
de ce corps ; si l'on ajoute
cet autre inconvénient que
l'ozone ne peut être conservé
et doit par conséquent être
produit et utilisé sur place, on se rendra compte que ces
applications soient encore limitées.
Applications de l'ozone. L'ozone ne paraît utilisé jus-
qu'ici d'une façon définitive que dans la préparation de
certains parfums et le blanchiment de l'amidon et des tis-
sus. A côté de ces usages, un grand nombre d'autres ap-
plications sont à l'essai et fonctionnent déjà sur une écheUe
restreinte.
Préparation de la vanilline et du pipéronal. Dans
une usine installée à Courbevoie, on fabrique actuelle-
ment (1899) la vanilline et le pipéronal ou héliotropine en
faisant agir l'ozone sur l'eugénol et le safrol ; l'ozone,
produit par l'action de l'effluve sur l'air et souillé d'un peu
de vapeurs nitreuses, oxyde ces substances en détruisant
la chaîne latérale propylénique et la remplaçant par le
groupement aldéhydique :
C^8H«(C2H^02)(H202) 4- 702,
Eugénol
— C16HW -h 4C02 + 2H202.
Vanilline
(:20Hioo4 _|. 702 == r>«HW 4- 4C02 4- ^H^O'^.
Safrol. Héliotropine.
L'ozone paraît donner à l'oxydation un rendement su-
périeur à celui fourni par les autres matières oxydantes.
Blanchiment de Vamidon. Les propriétés oxydantes
de l'ozone en font un puissant agent de blanchiment, il
présente l'avantage, comme l'eau oxygénée, de ne laisser
aucun résidu après oxydation ; on l'utilise couramment
pour blanchir de vieilles estampes, de vieux imprimés jau-
nis par le temps ; ces papiers sont placés au milieu d'un
grand ballon au bord duquel on a placé quelques bâtons
de phosphore recouverts par un peu d'eau, l'ozone pro-
duit blanchit peu à peu le papier. On a fait de nombreux
essais pour blanchir avec l'ozone les sucres, la dextrine,
l'amidon, la cire, tous ont montré que l'ozone seul blan-
chissait trop lentement pour être utilisé, mais on a reconnu
en même temps qu'on obtenait un blanc parfait en combi-
nant l'ozone et l'eau de chlore. Certaines usines américaines
et allemandes ont appliqué l'ozone ainsi combiné au blan-
chiment de l'amidon. L'ozone remplace le séjour sur le
pré dans le blanchiment des tissus.
Emploi de V ozone comme désinfectant. L'ozone est
un antiseptique. Des expériences très bien conduites (Mar-
mier) ont établi qu'il constituait un agent bactéricide puis-
sant et qu'il suffisait de faire barboter un air peu riche en
ozone dans une eau chargée de microbes pour détruire
tous les ferments. Des essais sont poursuivis actuellement
pour purifier l'eau de Seine par ce procédé. Il importe
toutefois que l'eau ne contienne pas trop de matières
organiques qui consommeraient l'ozone inutilement.
et Halske de grandes dimensions.
Autres applications. On a tenté d'appliquer l'ozone au
vieillissement des liqueurs alcooHques ; le procédé essayé
bien des fois ne paraît pas encore sorti de la période d'es-
sai. Les résultats obtenus jusqu'ici ont été d'ailleurs assez
contradictoires. L'ozone, d'après des recherches récentes,
donnerait d'excellents résultats avec les vins. L'ozone
exalte l'arôme et la finesse du tabac et du café ; il vieillit
rapidement les bois, probablement en agissant sur les résines
(ju'ils renferment, aussi traite-t-on par l'ozone les bois qui
servent à la fabrication des
boîtes de résonance des
instruments de musique :
leur sonorité est considé-
rablement augmentée.
C. Matignon.
III. Thér.vpectioue. —
Thénard fils traitait de
légende toutes les proprié-
tés merveilleuses qu'on at-
tribuait à l'ozone. Sans par-
tager son scepticisme, il
convient de ne pas accorder
une trop grande foi à ceux
qui ont vanté cet agent thérapeutique un peu inconsidérément .
Dès 1862, on a mis à profit les vertus antimiasmatiques de
l'ozone ; mais on a fait justement observer qu'un dégagement
de ce gaz, assez abondant pour désinfecter l'air des apparte-
ments, ferait plus de mal à nos voies respiratoires qu'aux
miasmes. Le pouvoir oxydant et stimulant de l'ozone avait
engagé à l'utiliser contre la phtisie, la scrofule, le diabète, en
un mot à tous les sujets chez lesquels « la combustion normale
produite par l'air inspiré se fait incomplètement et laisse
prédominer les fluides lymphatiques » (Schonbein). Un
peu plus tard, deux chimistes de Berlin, Lender etKrebs,
ont voulu faire de l'ozone une panacée universelle. Mais
leur prétendu ozone a été démontré n'être que de l'oxy-
gène impur et, par suite, nuisible. L'eau ozonisée berli-
noise doit donc être rejetée. Ce que les droguistes anglais
vendent sous le nom d'eau ozonisée n'est généralement autre
chose qu'une solution au 1/100.000^ de permanganate de
potasse dans l'eau. Nous ne ferons que mentionner les dé-
monstrations successives faites par différents auteurs pour
introduire l'ozone dans la thérapeutique, sans nous pronon-
cer sur leur valeur.
Binz assure avoir découvert à l'ozone des propriétés
hypnotiques ou tout au moins calmantes sin* le système
nerveux central ; et c'est pourquoi il l'a prescrit contre
l'asthme et les névropathies. Jocheim semble avoir été
mieux inspiré en l'essayant contre la diphtérie. Malheu-
reusement les expériences de Gnândinger (de Widerhofer)
sont venues mettre à néant les espérances qu'avaient fait
concevoir les succès primitivement obtenus par Jocheim.
Dans un travail lu à la Société française d' électrothé-
rapie et pubhé vers 1892, par MM. Larat et Gautier, dans la
Revue internationale d' électrothérapie, ces auteurs ont
cherché à démontrer que les résultats cliniques fournis par
l'ozone {oxonothérapie) étaient loin d'être constants et
qu'ils étaient même en contradiction avec les expériences
physiologiques ; ce qui confirme bien tout ce que nous ve-
nons d'écrire sur l'ozonothérapie. Nous devons signaler
toutefois les essais faits à une époque plus récente (juin
1895) par MM. Labbé et Oudin.
MM. Labbé et Oudin, se basant sur les recherches qui
ont établi que la coqueluche est une maladie microbienne,
ont songé à utiliser l'ozone dans cette affection, ce corps
ayant, d'après eux, non seulement une action tonique et
reconstituante sur la nutrition, mais un pouvoir antisep-
tique. Leur technique opératoire a été la suivante : les
inhalations ont toujours été faites à l'air hbre, au moyen
de leur tube à efiluves, actionné par une bobine de Ruhm-
korff, de 3 centim. d'étincelle, et un accumulateur. La pro-
portion d'ozone était de 1/10^ de milligr. par litre d'air.
Le malade, placé à 4 ou 5 centim. de l'embouchure de
761
OZONE — OZOURT
l'appareil, respire naturellement et sans effort l'air ozonisé
qui se dégage spontanément du tube à effluves. Les
séances, d'une durée d'environ un quart d'heure, sont
répétées deux, trois et quatre fois par jour, suivant la
gravité du mal. Chez tous les jeunes sujets soumis à ces
inhalations, une amélioration notable a été remarquée :
les quintes de toux sont devenues moins fréquentes, moins
durables et moins fortes. Les vomissements ont cessé,
ainsi que l'angoisse respiratoire. Enfin, les enfants repre-
naient leur bonne mine et leur entrain. Ce sont là sans
doute des résultats encourageants, mais qui auraient be-
soin d'être contrôlés par des expériences multiphées.
D^ A. Cabanes.
BiBL. : Chimik. — ScHÔNBEiN, Pogç. Ann., L, 61G. ~
IIouzEAU, Annales^ 3« série, 1863, p. 466 ; 1861, p. 129. —
SoRET, Annales, 4' série, XIII, pp. 257 ; VU, p. 113.
Industrie. — Krïj ger, Electy^ochem. Zeitschynft, 189t.—
Otto, Annales de chimie- et de physique, 1898.
OZORAI (Pipo), général et diplomate hongrois sous le
règne de Sigismond. D'origine italienne, il vint vers 1380
en Hongrie, aida Sigismond à combattre l'insurrection dans
le S. de la Hongrie et devint ^«ti de cette contrée. Grâce
à ses relations avec les artistes et les savants italiens, il
en attira plusieurs en Hongrie. La Renaissance hongroise
reconnaît en lui un de ses premiers protecteurs. J. K.
BiBL. : G. Wj:nzel; dans Ahadémiai Ertesitô, vol. XIX.
et dans Tôrténeti Tàr, 1884.
OZORKOV. Ville de la Pologne russe, gouv. de Kalisz,
district de Leczyca, sur la Bzura (affl. de la Vistule) ;
10.300 hab. Fabriques de draps, tanneries, commerce de
blé.
OZOUER-le~Repos. Com. du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Melun, cant. de Mormant; 305 hab.
OZOUER-LE-VouLGis. Com. du dép. de Seine-et-Marne,
arr. de Melun, cant. de Tournan; 861 hab. Stat. du
chem. de fer de l'Est. Pierres meulières. Fabrique de
pièces d'horlogerie.
OZOURT. Com. du dép. des Landes, arr. de Dax,
cant. de Montfort-en-Chalosse ; 296 hab.
LA
GRANDE ENCYCLOPÉDIE
1. vi^ siècle. Initiale'^mérovingienne.
2. vii^ siècle. Initiale anglo-saxonne,
o. viii^ siècle. Initiale irlandaise.
k. Yiii^ siècle. Initiale visigothique ichtyomorphe.
5. ix*'- -iiècle. Initiale carolingienne fleuronnée.
6. xi^ siècle. Initiale lombardique.
7. XI i^ siècle. Initiale française.
8. xiii^ siècle. Lettre tournure française.
9. XI v^ siècle. Lettre tournure française.
10. xiv^ siècle. Initiale historiée française.
M. xvi^ siècle. Gothique de chœur (Ms. du Mont-
Cassin).
l'i. xvi^ siècle. Lettre grisaille italienne.
13. xvi^ siècle. Bible de Wittemberc^.
LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE
P
P. I. Phonétique. — Labiale forte non aspirée, dans
]a catégorie des explosives. Dans les langues indo-euro-
péennes et au point de vue de l'évolution physiologique
des sons, le p a une double origine: ou bien 1«, il résulte
de la désaspiration de Faspirée correspondante ph en
sanscrit, cp en grec, f en latin; c'est par là que s'explique
dans cette dernière langue le rapport du p de puteo,
plecto, pingo, etc. , avec le f de fœteo, flecto, fingo, etc. ;
ou bien 2«, le ;? est produit par la semi-assimilation d'un
V km c (y.) qui précède et qui tombe : exemple, gr.
TTc'vTe pour *xF£VTe, (x)7t;£vi£ auprès du lat. quinque,
cinq. Même changement dans le lat. prope pour *procve
auprès de proximus ; dans pauper pour *paucuer auprès
de paucos , etc.
Suivi d'une sifflante {s) et particulièrement en grec, p
exerce une influence semi-assimilatrice sur cette sifflante
qui devientt d'où, dans cette langue, l'altération fréquente
du <^ {ps) ou T.z : exemple, radical tttu auprès du rad.
^u, cracher. Si l'on tient compte du fait qu'au groupe de
consonnes représenté par ^ (et son substitut -nx) corres-
pond fréquemment le groupe dont les élémentssont inter-
vertis dK réduit parfois à :i, on aura l'explication des
doubles formes 7:10X15 (pour *t^oXtç) auprès de tuoXiç (pour
Quand p s'altère, c'est toujours pour passer à la labiale
douce correspondante représentée par/?. C'est ainsi qu'on
a lat. biirrus auprès du gr. :iup^oç roux ; lat. buxus
auprès du gr. :îiiÇo; buis ; lat 5w/? pour ^mjï? auprès du gr.
u%6;dans le latin même publicus pour *publicus i^uhlk,
auprès de populus peuple ; et dans le passage du latin
au français, abeille auprès du lat. apicula, même sens.
Le phénomène est surtout fréquent dans les langues
germaniques où le groupe initial sp devient successive-
ment, après la chute de la sifflante, p d'où b : exemple,
rad. spar, par et bar, barre, barrer ; rad. sprak, prak,
brakovi brek, briser ; vdià.'spreif,preit, breit, étendre, etc.
Paul Kegnâud.
IL Paléographie. — Le P de l'alphabet latin dérive
du n de l'alphabet grec, emprunté lui-même à une lettre
(le phé, bouche) de l'alphabet phénicien; et celle-ci à son
tour doit dériver, comme les autres lettres phéniciennes,
du caractère correspondant de l'écriture hiératique des
Egyptiens. A vrai dire, cette dernière dérivation ne se
révèle pas au premier coup d'oui, comme pour d'autres
caractères ; mais, lorsqu'on envisage non plus ces deux
signes isolément, mais la série complète des caractères
hiératiques et des lettres phéniciennes correspondantes,
on constate que la dérivation en est bien certaine et qu'elle
a obéi à la même loi de simpHdcation.
La lettre phénicienne, composée d'une boucle ouverte et
se continuant à droite par une queue, comme serait à peu
près un 9 dont la boucle serait ouverte par le bas, a passé
telle quelle, mais retournée, comme il est arrivé à la plupart
des autres lettres phéniciennes, dans l'alphabet grec le plus
ancien (cadméen). Plus tard, cette boucle a pris des formes
anguleuses, commandées par les habitudes épigraphiques,
et la lettre s'est trouvée composée d'un trait vertical dont
l'extrémité supérieure est réunie à droite par un trait
horizontal à un second trait vertical, parallèle au premier,
mais beaucoup plus court. Il a suffi que ce second trait
vertical s'allongeât pour former le II capital de l'alphabet
grec ordinaire. Mais on doit observer que, même dans les
inscriptions de l'époque classique, ce trait vertical de
droite de la lettre H reste communément plus court que
celui de gauche.
C'est sous cette forme qu'il a passé dans l'alphabet
latin où plus tard, en vertu de la loi du moindre effort,
la lettre a repris une forme arrondie et s'est trouvée com-
posée d'un trait vertical ayant à sa partie supérieure
droite une boucle ou panse formée d'un demi-cercle ayant
pour diamètre la moitié supérieure environ du trait ver-
tical. C'est le P des inscriptions romaines dont la forme
s'est perpétuée dans l'écriture capitale, à travers tout le
moyen âge, jusqu'à nos jours.
il est intéressant d'observer que chez les Etrusques, au
contraire, la lettre correspondante est orientée comme le
caractère phénicien et lui ressemble, à cette différence
près que la boucle de gauche y est remplacée par un petit
P - 766 -
trait roncoiitraiit à angle aigu le sommet du trait principal ; | présomption à joindre à d'autres que l'alphabet étrusque
1. ORIGINE ET DÉRIVATION DU P LATIN
ttuiMJfue
'àiiézaiicjuc
jmnickvi
cvw-Qûtieii
^
^
?
r
r
p p
V
semble dériver directement dep['alphabet phénicien et qu'il i Dans les formes cursives des graffiti et des tablettes de
n'est pas, dans tousles cas, Fintermédiairederalphabetlatin. | cire, la boucle de droite de la forme capitale du P est
Ecritures antiques .
V® siècle . . . .
VI® siècle,
2. ECRITURES DE LA PREMIÈRE PÉRIODE DU MOYEN AGE
m
t^
VIP siècle .
p
VHP siècle
IX^ siècle.
X^ siècle.
XI® siècle ,
p
i^w,^,..^.^— .
!
V
p
p
H
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ÇJ
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p
p
■:f
^^
p
p
?
P
r
*/
/
/
r
«
p
remplacée généralement par un petit crochet; dans la | cursive de chancellerie au contraire, cette boucle ou panse
767
est deA^eniie la partie principale de la lettre, tandis que
le trait vertical devenait une queue, souvent très longue,
se prolongeant au-dessous de la ligne. Pour tracer tout
le caractère d'un seul trait de plume, surtout dans les
ligatures avec d'autres lettres, souvent cette panse n'a été
qu'une courbe en demi- accolade, ouverte à gauche, se
3. ECRITURES DITES NATIONALES
Mérovingienne .
Lombarde .
Visigothique
Irlandaise
Capïilxicé ^'
V
Anglo-saxonne .
vuyWile
Ctvt^u^<,
JlïiiiiiùUiUÀ
p
p
p
p
T
f
p
f
P
r
reliant par un crochet à la queue de la lettre. Cette forme j Les formes onciales et semi-onciales ne diffèrent de la
a persisté dans les écritures cursives jusqu'à la fin du forme capitale qu'en ce fait que la panse, plus encore que
XI® siècle. 1 dans la cursive, y est devenue la partie principale de la
4. ÉCRITURES GOTHIQUES
M^wéaiùâ
XII® siècle .
XIII® siècle .
XIV® siècle .
XV® siècle.
P
àiAôCiipilcné
p
ff
>cea!/ta>
[p
f
JK-'iMAlâCUiC
Cii^tàl^e
r
r
î
lettre dont le trait vertical, diminué proportionnellement
de longueur, a perdu beaucoup de son importance. Il en
est de même dans l'écriture minuscule. Ces formes, fixées
à l'époque de la Renaissance caroHngienne, se sont main-
tenues sans beaucoup de changements pendant tout le
moyen âge et même au delà.
PACA
768 --
A l'époque gothique, c'est la forme onciale qui a gé-
néralement prévalu soit pour les majuscules, soit même
pour les caractères épigraphiques des inscriptions et des
sceaux. Les formes minuscules et cursives sont restées à
peu près les mêmes que pendant la période précédente.
Le P n'est pas une des lettres caractéristiques des écri-
5. ÉCRITURES MODERNES
Jièoaûlmi^iA^
JunnaUie
oUxXic^e^
•B^I:<t^cV
p
p
P
^
^
tures dites nationales ; il faut noter seulement que dans
l'écriture visigothique, c'est à bien peu près le même
signe qui servait à noter à la fois la lettre p et la lettre
^/, du moins dans les écritures minuscules et cursives.
PA, Région de la Chine ancienne correspondant à la
préfecture de Tchhong khing (Se tchouan oriental) ; elle
formait un royaume qui aurait été donné par le roi Oou
des Tcheou à l'un des membres de la tribu Ki à laquelle
il appartenait lui-même ; le prince de Pa portait le titre
de vicomte. Cet Etat est mentionné à diverses reprises par
leTsotchoan(703,676,6il, 477 av. J.-C), bien qu'il fut
situé aux contins delà Chine d'alors ; il parait tantôt aUié,
tantôt ennemi de ses voisins Tshin et Tchhou ; à l'époque
des royaumes combattants (V. Tchan KoE),les princes de
Pa conclurent plusieurs alliances matrimoniales avec ceux
de Tchhou et prirent le titre de roi ; puis, avec l'affai-
blissement de Tchhou, ils entrèrent dans la sphère d'in-
tluence du royaume de Chou (Se tchouan occidental). Au
iv^ siècle av. J.-C. , des dissensions s'élevèrent entre Chou et
Pa à propos du marquis de Tshiu (région de Han tchong,
Chàn si méridional), qui était de la maison de Chou. Hoei
oen, roi de Tshin, intervint et son général Seu ma Tsho
soumit les trois Etats de Chou, Pa et Tshiu, qui furent
organisés en districts (346 av. J.-C). Le nom de Pa est
encore en usage, et l'on trouve aujourd'hui dans la région
les sous-préfectures de Pa et de Pa tong. M. Courant.
PAAR. Famille noble d'Autriche, originaire d'Italie, fixée
en Styrie et en Bohême; son chef porte, depuis 1769, le
titre de prince. Elle posséda, de 1624 au règne de Charles VI,
l'office de la poste par terre et conserva ensuite la direc-
tion des postes. Les représentants actuels de la famille
Paar sont : le prince Karl-Johann-Weniel, né le 7 juil.
1834 ; son frère, le comte Eduard-Maria-Mkohius, né
le 5 déc. 1837, premier aide de camp de l'empereur (1887)
et général de cavalerie (1891); leur oncle, le comte Lud-
wig, né le 26 mars 1847, mort le 6 janv. 4893, fut
chargé d'affaires à Turin, ministre à Parme (4837), Mo-
dène, Stockholm, ambassadeur auprès du pape (4874).
PAARL. Division de la colonie du Cap, province de
l'Ouest. C'est le district viticole de la côte le plus impor-
tant, et ses produits sont des plus estimés. — Le ch.-l.,
Paarl (8.000 hab. en 4886), à 50 kil. E.-N.-E. de Ca-
petovvn, est situé sur la rive gauche du Berg ; c'est la pre-
mière station du chemin de fer de Kimberley. Cette loca-
lité, qui date des premiers temps de la colonisation et([ui
fait partie du Fransche Hoek, tire son nom d'un bloc
arrondi de granit, dressé sur un rocher comme une
« perle », nom qu'elle mérite au figuré, par ses jardins
et ses bosquets, (jui en font un charmant lieu de villé-
giature. Ch. D.
BiBL. : Rkclus, Géog. unw.^ 188JS, t. XIII. ~ Taquet, les
Boissons à VExposition de 1889.
PAARS. Corn, du dcp. de l'Aisne, arr. de Soissons,
cant. de Braisne ; 264 hai).
PABBAY (Ile) (V. Hébrides).
PABU. Com. du dép. des C<ltes-du-Xord, arr. et cant.
de Guingamp ; 974 hab. Lin ; poteries : moulins. Cha-
pelle de Runevarec, lieu de pèlerinage. Anciens manoirs
de Kéruel et de Munchore.
PABULATORES. Nom donné aux anachorètes chré-
tiens du iii^ siècle, qui erraient par les bois, nus ou vêtus
seulement d'un tablier, se nourrissant de plantes et de
racines.
PAC. Famille polonaise, dont l'origine remonte aux
premières années du xv® siècle et qui est célèbre par
les services qu'elle a rendus à son pays. Le plus
ancien, Nikolas, fut un fidèle serviteur de Casimir Ja-
gellon ; Stanislas se distingua comme voiévode de
Witebsk ; Nicolas, évêque de Samogitie, laissa le renom
d'un illustre prélat; Pierre fut un vaillant capitaine dans
la guerre contre les Suédois, les Moscovites et les Turcs;
de même Samuel, qui servit avec éclat comme colonel
sous les ordres de Chodkiewicz (bataille de Choczim, 4624) ;
Michel-Casimir, vaillant compagnon d'armes de Jean
Sobieski, alors hetman de la couronne ; Michel-Etienne,
d'abord castellan, puis évêque de Wilna, qui employa sa
grande fortune en fondations pieuses et charitables. Le
dernier descendant de cette famille fut le général Pac, qui
mourut peu de temps après la révolution de 4830-31.
PACA (Zool.). Genre de Mammifères Rongeurs créé
par F. Cuvier (4807), sous le nom latin de Cwlogenys,
et appartenant à la même famille que VAgouti (V. ce
mot), dont il diffère par des proportions plus lourdes,
la présence de cinq doigts aux pattes postérieures et la
forme du crâne remarquable par ses arcades zygomatiques
très développées, renflées dans le sens vertical et recou-
vrant, de chaque côté de la face, une ca\ité qui commu-
nique avec la bouche en forme d'abajoue. Ces grands ron-
geurs vivent dans les forêts de l'Amérique chaude (région,
néotropicale), au voisinage des rivières. Le Paca (Cœlo-
genys paca) type du genre, est un animal de 50 à
60 centnn. de long, dont le pelage fauve ou brun est par-
semé de taches blanches disposées sur les flancs en neuf
ou dix rangées longitudinales. Le Paca brun (ou noir)
et le Paca fauve ne sont que des variétés locales, ou
d'âge différent, de la même espèce qui est répandue de-
puis le Mexique jusqu'au Paraguay à travers l'isthme de
Panama, les Antilles, la Colombie, la Guyane, le Brésil,
le Pérou, etc. Une espèce plus petite (Cœlog. Tac%a-
nowskii) vit dans les montagnes de l'Equateur, à une
ait. de 2 à 3.000 m. Les espèces fossiles {C. platyce-
phala, des Etats-Unis, et C. major, etc., du S. du Bré-
sil), qui sont de l'époque quaternaire, ne paraissent pas
différer spécifiquement du C. paca actuel. La chair de
celui-ci est très estimée dans son pays natal et surtout
aux Antilles où il est devenu très rare par suite de la
destruction qu'en ont fait les chasseurs. Le Paca se creuse
un terrier à plusieurs issues et ne sort guère que la nuit
pour chercher sa nourriture qui consiste en fruits et en
racines. En captivité on le nourrit facilement de légumes,
de pain et même de viande cuite. On a proposé de l'ac-
climater en Europe, ce qui semble facile, car les Pacas
que l'on a observés dans les jardins zoologiques suppor-
tent bien notre climat, même en hiver. E. Tkouessart.
7(iD -™
PACAGE — PACCANAKi
PACAGE. I. Agkicclture (V. Phâikil).
II. Législation. — Le pacage qui troiive son origine dans
le droit féodal, et que d'anciens titres ou des usages immé-
moriaux ont perpétué dans quelques communes, est le
droit qu'ont les habitants, propriétaires de bestiaux, de les
conduire pâturer sur les fonds les uns des autres, lors-
qu'ils sont en jachère ou après qu'ils ont été dépouillés de
leurs fruits et de leurs récoltes. Suivant que ce droit ne
s'exerce qu'entre les habitants d'une même commune ou
entre ceux de deux ou plusieurs communes qui envoient
réciproquement leurs bestiaux les uns chez les autres, le
pacage se différencie en vaine pâture ou parcours.
Né avec le droit féodal dans lequel il ne constituait en
réalité qu'une sorte de servitude consentie par les sei-
gneurs sur leurs domaines au profit des habitants placés
sous leur autorité, le pacage devait disparaître et disparut
en effet avec la Révolution et, malgré les résistances du
peuple ([ui, bien que s'étant affranchi des dîmes et redevances
dues aux châtelains, prétendait conserver cependant sur
ce qui constituait leur ancien domaine les droits qui leur
avaient été concédés en quelque sorte comme une faible
contre-partie. Le pacage ne subsista donc que dans les
communes oîi il était justifié, soit par un titre, soit par
un usage immémorial incontesté. Non seulement le droit
de pacage fut ainsi restreint, mais la loi vint encore, dans
les cas où il subsistait en vertu d'un titre ou de l'usage,
autoriser les propriétaires de terrains qui y étaient sou-
mis à s'y soustraire en clôturant leurs propriétés, l'accès
libre des terres et prés étant la première condition pour
qu'ils fussent soumis au pacage. Et suivant que le droit
(le pacage résultait d'un usage ou d'un titre, la loi n'im-
posa aux propriétaires qui y soustrayaient leurs terres
que l'obligation de renoncer pour leur propre compte au
pacage en proportion de l'importance de leurs biens ainsi
cUUurés, dans le premier cas, ou de payei' à la commu-
nauté une indemnité à dire d'cxi)er(s, dans le second. Cette
solution ne fut appli(|uée d'ailleurs (ju'à la vaine pâture.
Pour le parcours, le droit de se cloie ue fut eu aucune
façon restreint, aucun rachat ne fut imposé aux proprié-
taires clos, mais la loi reconnut aux habitants des autres
communes le droit de supprimer purement et simplement
le parcours dont jouissaient ceux qui s'y étaient ainsi
soustraits eux-mêmes.
Le4)acage ne s'applique, en principe, qu'au gros bétail
à cornes et aux chevaux, néanmoins certains usages l'ont
étendu à la conduite des porcs dans les forêts, et même
au pâturage des petits bestiaux et des bêtes à laine. Dans
les lieux où il subsiste, le pacage appartient non seule-
ment aux propriétaires terriens, mais encore à tous ceux
qui possèdent des bestiaux et dont les propriétés sur les-
(|uelles peut s'exercer le pacage n'ont qu'une importance
absolument minime. Mais ils ne peuvent alors dépasser
bix bêtes à laine et une vache et son veau. Le mode et les
conditions d'exercice du pacage sont déterminés par des
déhbérations du conseil municipal. S'il s'agit de vaine pâ-
ture, les délibérations doivent être soumises à l'approba-
tion du préfet. Les délibérations concernant le parcours
sont dispensées de cette sanction. Le parcours disparaîtra
d'ailleurs prochainement de nos lois, le projet de code
rural, actuellement soumis au Parlement, le suppri-
mant formellement et ne laissant subsister que la vaine
pâture.
Le pacage s'exerce de deux façons distinctes, soit iso-
lément, chaque propriétaire conduisant ou faisant conduire
son bétail au pâturage, soit en commun, les bestiaux de
toute la commune étant confiés à^la garde d'un pâtre
unique payé par la collectivité. Lorsque le pacage est pra-
tiqué en commun, chaque propriétaire conserve cependant
le droit de faire paître ses bêtes isolément, il est alors dé-
chargé de la contribution au salaire du pâtre commun,
mais les propriétaires ainsi dissidents ne sont pas auto-
risés à se grouper et à réunir leurs bestiaux pour les faire
conduire par un gardien unique. Ils doivent, ou les confier
CR\NDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
au pâtre communal, ou a\oir pour eux un domestique (pii
leur soit spécial. Ch. Strauss.
BiBL. : Jay et Beaumj:, Tniité de la oaiiie pâture et
du parcours.
PACARAIMA (Sierra de). Montagnes situées a'u S. du
Venezuela et se rattachant au massif de la sierra Parima
(V. ce mot).
PACASMAYO. Ville du Pérou, dép. de Lambayeque,
petit port de cabotage, sur la rive gauche de l'embouchure
du torrent Pacasmayo, par 79^ 50' long. 0. Paris et
7° 35^ lat. S. Tête de ligne d'un chemin de fer de péné-
tration qui devrait atteindre la ville de Cajamarca (an-
cienne capitale du dernier roi des Incas, Atahualpa) et
qui s'arrête au pied même des Andes, à La Vina. C. L.
PACATIANUS (Tiberius Claudius Mar.), empereur ro-
main, connu seulement par ses monnaies qu'Eckhel date
de l'époque de Phihppe et de Decius ; elles ont été trou-
vées surtout en Autriche ; ce fut probablement un géné-
ral proclamé par les troupes de Pannonie et de Mésie et
bientôt supprimé. — Un autre Pacatianus fut consul
en 'èM.
PACAUDIÈRE (La). Ch.-l. de cant. du dép. de la
Loire, arr. de Roanne; 4.967 hab. Stat. du chem.de fer
P.-L.-M. Fabrique de soieries; féculerie. Curieuse mai-
son de la Renaissance, construite sous François P^ pour
servir d'hôtellerie et de relai et nommée le Petit-Louvre.
PACCA (Barthélémy), cardinal, né à Bénévent en
1756, mort en 1844. Il était évèque de Velletri, ;lorsque
Pie VI l'envoya en Allemagne, pour combattre la résis-
tance que les évêques électeurs opposaient aux envahis-
sements de la cour de Rome (V. Lms \Congrès et punc-
tation]y t. XV, p. 988). Il remplit cette mission avec
habileté et succès. Pie VII le créa cardinal en 1801, et
camerlingue de la Sainte Eglise romaine en 1808. La
bulle qui excommuniait Napoléon (10 juin 1809) fut ré-
digée et publiée par Pacca. Il fut enlevé avec le pa})e
(r5juil.) et enfermé au fort de Fénestrelle (Piémont),
oii il subit une captivité de trois ans et demi. Mis eu
liberté, il rejoignit Pie Vil ii Fontainebleau et lui fit ré-
tracter le concordat du ^5 janv. 1813. Après la chute de
Napoléon, il rentra à Rome avec le pape. En 1816, il se
démit de ses hautes fonctions de camerlingue; mais, jus-
qu'à la fin de sa vie, il continua à faire partie de diverses
congrégations cardinahces, et à jouir, dans les conseils de
la cour de Rome, d'un crédit qu'il fit constamment servir
aux desseins de toutes les réactions. Dans ses Mémoires,
fort intéressants pour l'histoire des événements auxquels
il a été mêlé, Pacca mentionne, comme un des grands
honneurs et des grands ])onheurs de sa vie, le rétablis-
sement de la Société de Jésus, auquel il avait préparé
les voies, et dont le pape lui avait confié l'agréable et
l'honorable exécution {parte terxa, c. VIII). On dit que
le cardinal Consalvi y était opposé par des considérations
politiques. E.-H. V.
BiBL. : Barth I^acca, Memorie storlche: Rome 1829-32,
4 vol. in-8; traduit par labbé Jamet, Cacii, 1832, 2 vol.
in-8; par L. Bellaguet, Paris, 1833 ; par Quearas, Paris,
1815.
PACCANARI, PACCANARISTES. Nicolas Paccanari
tient une place considérable dans Thistoire des entre-
prises tentées pour reconstituer la Société de Jésus avant
sa restauration définitive. Nous n'avons pu trouver ni
la date de sa naissance ni celle de sa mort. Il était né de
parents pauvres, dans les environs de Trente. Avant de
commencer l'œuvre à laquelle son nom est resté attaché,
il avait essayé divers métiers, apnt été successivement
soldat, commerçant, montreur de curiosités. On dit qu'il
était actif, habile à capter la confiance et éloquent,
quoique sans éducation première. Vers 1795, il rassembla
quelques jeunes gens, parmi lesquels délia Vedova, Hal-
nat et l'abbé Epinette ; il leur inspira sa ferveur pour un
projet qui était alors dans les vœux de beaucoup de
catholiques. Ils adoptèrent ensemble les constitutions
d'Ignace de Loyola, et prirent le nom de Société de la foi
49
PACCANARÏ — PACHA
770 —
i)E Jésus. Cette congrégation s'établit à Rome dans l'ora-
toire du P. Cavita. Le cardinal délia Somaglia, vicaire de
Home, les autorisa à revêtir le costume des jésuites, avec
la seule différence qu'ils porteraient le petit collet ecclé-
siastique. Paccanari visita Pie YI pendant sa captivité à
Sienne et à Florence; il lui communiqua ses projets et
obtint des grâces particulières, des privilèges et des en-
couragements pour rétablir Pordi^e des jésuites. En i799,
pour répondre au désir du pape, la Société des Pères du
SACKÉ-Cœu]i DE Jésus, qui avait été formée dans le même
dessein, par le prince deBrogiie et les abbés do Tournely
et Yarin, s'unit en une seule congrégation avec les Pères
do la foi de Jésus. En 1801, par la bulle CathoUcœfideî,
Pie YIl reconstitua la Société de Jésus pour la Russie
(Y. Brzozowski, t. YIII, p. 293). On pressa Paccanari
de se joindre à l'institut ainsi rétabli. 11 imagina divers
prétextes pour retarder cette fusion, et fmalement refusa.
Oès 1803, les paccanaristes, qui avaient primitivement
appartenu à la Société du Sacré-Cœur de Jésus, se sépa-
rèrent de lui ; ils furent reçus individuellement deans la
Congrégation de Russie. Les autres les suivirent peu de
temps après. Le 21 juin 1804, les Pères de la foi, qui
s'étaient introduits en France et dans le Yalais, renon-
cèrent, entre les mains du cardinal-légat Caprara, h.
l'obéissance qu'ils avaient jurée à Paccanari. Celui-ci ré-
sista, autant qu'il le put, à cet abandon et il se livra à
des intrigues qui occasionnèrent de vives agitations dans
le clergé romain. Le pape ordonna d'insSruire son procès.
Après quelques mois de captivité ou de voyage, il (bs-
j)arut. On n'a pas (ou plutôt nous n'avons pas trouvé) de
renseignements sur ce qu'il devint. E.-H. Yollet.
PACCAR 0 (Jean-Edme), littérateur et acteur français,
né en 1777, mort à Paris en 1841. Quelques œuvres de
Paccard méritent d'être citées, quoique leur valeur litté-
raire soit plutôt médiocre. De ce nombre, les Scènes
de la vie malheureuse (1833), où l'on trouve sur Paris
quelques observations assez curieuses, et une sorte d'au-
tobiographie de sa jeunesse. Mémoires el confessions
d'un comédien (1839).
PACCARD (Alexis), architecte français, né à Paris le
19 janv. 1813, mort à Aix-lcs-Bains le 18 août 1867.
Elève de Hubert, Hu^^ol, Lebas et de l'Ecole des beaux-
arts, où il fut cinq fois logistee lob tint le deuxième grand
prix en 1833, puis le premier grand prix en 1841, sur
un projet de palais d'ambassade, Alexis Paccard se plaça
hors de pair par le mérite de ses envois de pensionnaire
de Rome et d'Athènes, parmi lesquels un parallèle des
principaux tombeaux de Rome et do Pompéi et une fort
remarquable restitution duParthénon, restitution dans la-
quelle il tint compte de l'inclinaison des axes, des colonnes
et des murs, de la courbure des hgnes et de la coloration
générale de tout l'éditicc. A Athènes aussi, Paccard res-
taura le temple de Pandroseou Pandroséion (V. ce mot).
Dans sa carrière de vingt années dans le service des bâti-
ments civils, Paccard eut à restaurer la tour de Gaston
Phébus et à construire des écuries et remises au château
de Pau, à restaurer l'hôtel du Gouvernement à f]aux-
Bomies, à construire la chapelle funéraire des Bonaparte,
à xijaccio ; à créer la bibliothèque et l'escalier du pavil-
lon Gabriel, ainsi qu'à restaurer les appartements de
Louis XHI et la galerie des Cerfs, au château de Fontai-
nebleau. Il fut chargé eai863 de la direction d'un atelier
d'architecture à l'Ecole des beaux- arts. Charles Lucas.
BiiiL : Beulé, l'Acropole d'Athènes ; Paris, 1862, 2« éd.,
iii-8. - Eclm. GuiJ.LAUAiE, Discours d'inauguration du
tombcdii d'Alexis Paccard. ; Paris. 1870, iu-8.
PACCHIA (Girolamo da). peintre italien, né à Sienne
en 1477, mort en 1535. Cet artiste, qu'il ne faut pas
confondre avec son quasi-homonyme Pacchiarotto, s'est
inspiré tour à tour de Fra Bartoiommeo délia Porta, du
Sodoma et d'Andréa del Sarto. Entre les nombreuses
peintures qu'il a laissées dans sa ville natale, Ton signale
les fresques de l'Oratoire de la confrérie de Saiiit-Bernar-
din. La Pinacothèque de Munich possède de lui un Saint
Bernardin et une Madone.
BiBL. : Vasari, éd. Milauesi. — Milane&i, Documenti
per la btoria delV Arte senese; Sienne, 1854-56. — Mùnïz
Histoire de l'art pendant la Renaissance. '
PACCH lAROTTO (Ciacomo), peintre italien duxvi^siècle,
né à Sienne en 1474, mort après 1540. Cet artiste s'est
rendu célèbre par son esprit aventureux, plus encore que
par ses œuvres sans personnalité vraiment pénétrante. Sa
Visitation, à l'Académie des beaux-arts de Florence,
fait penser à la manière de Ghirlandajo, et son Ascension,
à l'Académie de Sienne, correctement traitée, manque
d'émotion. L'on considère la Vierge trônant au milieu
des saints (Académie de Florence) comme le meilleur de
ses tableaux.
BinL. : Mû>jTz, Histoire de Varl poidant la Renaissance.
PACCHIONI (Antonio), médecin italien, né à Reggio
le 13 juin 1665, mort à Rome le 5 nov. 1726. H fut à
Rome l'élève et l'ami de Malpighi, et, après avoir exercé
son art à Tivoli, revint à Rome, où Lancisi l'associa à ses
travaux. Pacchioni s'occupa beaucoup de dissection et dé-
crivit le premier exactement la dure-mère du cerveau,
près du sinus longitudinal, dans laquelle il découvrit des
granulations longtemps décrites sous le nom de glandes
de Pacchioni. D^' L. Hn.
PACCIOLI Di Bdrgo Sa:s Si:polc{{o (Luca), mathéma-
ticien italien du xv« siècle (Y. Paciuolo).
PAGE. Com, du dép. d'Hle~ct-Yilaine, arr. et cant.
(X.-O.)^de Rennes; 2.156 hab.
PACÉ. Com. du dép. de EOrne, arr. et cant. (0.)
d'Alençon; 315 hab.
PAGE (Richard), diplomate anglais, né près de Win-
chester vers 1182, mort en 1536. H étudia à Oxford, à
Padoue, à Ferrare où il rencontra Erasme, à Bologne, et,
de retour en Angleterre, prit les ordres. Très en faveur
auprès des membres du haut clergé, il accompagna à Rome
le cardinal Bainbridge (1509-14) et devint en 1515 se-
crétaire de Henri YHI. Habile et discret, il gagna la con-
fiance de Wolsey, qui le chargea d'abord de soulever
les Suisses contre François I^^ Cette mission dangereuse,
et qui ne put aboutir, lui valut force désagréments et
quelques emprisonnements . Mais lorsqu'il en revint, en 1516,
il fut nommé secrétaire d'Etat. En 1518, il fut envoyé
en Allemagne pour appuyer la candidature de Henry YÎH
au trône impérial vacant par la mort de Maximilien. Il
arriva trop tard, mais ses eiforts furent appréciés et il
reçut en récompense le décanat de Saint-Paul de Londres
(1519) et beaucoup d'autres faveurs et prébendes. Pace
accompagna le roi à l'entrevue du Camp du drap d'or (1520) ;
l'année suivante, il soutint à Yenise les prétentions de
Wolsey à la papauté, en remplacement de Léon X, et en
1523 à Rome, en remplacement d'Adrien YI. Puis il re-
vint à Yenise, dans le but de détacher la république de
l'alliance française. Il tomba malade et regagna l'Angle-
terre en 1525 ; depuis, sa santé précaire l'éloigna des
affaires. H semble aussi que Wolsey, jaloux de son influence
sur l'esprit du roi, ne fut pas fâché de ce prétexte pour
l'écarter. Pace a laissé un certain nombre d'écrits, entre
autres : Defructu qui ex doctrina percipitur liber (Râle,
1517, pet. in-l) ; Oratio in Pace (Londres, 1518, in-12),'
traduit en français par Jehan Gourmont (Paris, 1518).
PACE (J.), jurisconsulte italien (Y. Pacius).
PACECO. Yille de Fltahe méridionale (Y. Sicile).
PACHA. Titre des hauts fonctionnaires turcs : à l'époque
où ce titre n'était quemilitaire, on distinguait, selon l'usage
mongol, trois catégories de pachas désignés par le port
d'une, deux ou trois queues de cheval (tugli) : le pacha à
une queue correspondant au général de brigade ou lira,
à deux queues au général de division ou feriic, k trois
queues au maréchal ou mouchir. Le port des queues fut
aboli par Malimoud H, mais la dénomination s'est long-
temps conservée dans le langage usuel. — Le titre de
pacha est viager; tous les généraux et amiraux le portent
et parmi les fonctionnaires civils tous ceux qui ont le
771
PACHA — PACHECO
grade de vizir, de roumili-beilerbey, de mir-i-miràn, de
Mir-ui-umerâ. Mais il n'est pas donné aux fonctionnaires
du clergé, ni à certains hauts employés civils comme les
bâlà, bien qu'ils soient, dans la hiérarchie, supérieurs à
beaucoup de pachas (liva, mir, etc.). Ceux-ci sont qua-
lifiés d'excellence et s'intitulent effendi ou bey. Dans l'ar-
mée, le titre de pacha est lié au grade sinon à l'emploi ;
mais cette distinction n'existant pas dans l'administration
civile, ce titre y est seulement personnel et indépendant
de l'emploi ; non seulement un ambassadeur, mais un gou-
verneur (vali), peut fort bien ne pas être pacha, alors
qu'un montessarif qui lui est subordonné porte ce titre.
On a même conféré d'une manière purement honorifique
le titre de pacha à de simples particuliers.
PACHA. Rivière de Russie, tributaire du lac de même
nom, près Tiklivine (gouv. de Novogorod) ; elle se jette dans
le Ladoga après un parcours sinueux de 200 kil. environ.
Largeur maxima, 240 m. ; profondeur, 1 à 5 m. ; nom-
breux rapides. Ne peut être utilisée que durant quelques
semaines du printemps pour le transport de bois.
PACHACHACA ou PAGHACHACACA (Pérou). Affl.de
dr. du rio Apurimac, tributaire lui-même du rio Santa
Ana. 11 traverse une vallée très fertile où l'on cultive la
canne à sucre. A quelques kilomètres de Avancay, les
Espagnols ont construit sur le Pachachaca un superbe pont
en pierre à une seule arche pleine de hardiesse qui, s' ap-
puyant sur les roches des deux bords, réunit, par sa
puissante maçonnerie, les domaines de Anquibamba et
Huarangal. CL.
PAGHACAMAC ou PATGHAKAMAK. Nom donné par
les Indiens du Pérou à l'Etre Suprême. Son nom signifie :
« Celui qui soutient ou donne la vie à l'Univers ». Il était
aussi appelé « Con-Illa-Ticci-Uira-Cocha ». Son unique
temple, où se rendaient des oracles et où venaient de nom-
breux pèlerins, se trouvait dans une vallée, près de Lima,
entouré d'une ville importante. Le temple fut violé et
l'idole brisée par Hernando Pizarro.
PACHACAWIAG. Ruines d'une ville des incas (Pérou),
appelée aujourd'hui La Uamacoma par les habitants du
pays. Point terminus du chemin de fer de Lima; le village
actuel est situé à 3 lieues au S. deChorillos, sur une plage
aride. L'ancienne cité, dont on peut encore parfaitement dis-
cerner le plan, est comprise dans les terrains de la hacienda
de San Pedro de Lurin. Sur la montagne la plus élevée,
du haut de laquelle on domine, d'un côté, la mer et, de
l'autre, la plaine, le fondateur a placé le temple du dieu
Pachacamac, la divinité invisible ; puis il a transformé la
montagne en un monument architectural ; des travaux de
terrassement, dont un certain nombre ont conservé leur
parement, lui ont donné les formes régulières qui carac-
térisent l'œuvre de l'homme. Sur les autres mamelons
s'élèvent les ruines des monuments pubHcs qui s'étagent
aussi en terrasses. Au pied de ces constructions subsistent
une série d'édifices qui, par la simpHcité de leur appareil
et la grandeur des pièces, indiquent à la fois l'humble
condition des habitants et leur grand nombre ; c'étaient
des hôtelleries. C. L.
PAGHALIK. Ancien nom des gouvernements turcs ad-
ministrés par un pacha (V. ce mot) ; la désignation
actuelle à peu près correspondante est vilayet.
PAG HE (Jean-Nicolas), homme politique français, né
à Paris en 1746, mort à Thin-le-Moutier (Ardennes) le
48 nov. 1823. D'origine suisse, fils du concierge de l'hôtel
de Castries, il fut successivement précepteur des enfants
du maréchal de Castries, premier secrétaire au ministère
de la marine, munitionnaire général des vivres et contrô-
leur de la maison du roi. Il abandonna ces fonctions et
alla vivre avec sa famille en Suisse. Au moment de la Ré-
volution, il revint en France et fut présenté à Roland, qui
le prit avec lui au ministère de l'intérieur. Il passa au
ministère de la guerre, sous les ordres de Servan, et suivit
celui-ci dans sa retraite (12 juin 1792). Electeur de la
section du Luxembourg, il fut nommé, le 20 sept. 1792,
troisième député-suppléant de Paris à la Convention, et,
le 3 oct. , ministre de la guerre par 441 voix sur 560 vo-
tants. Pache s'attira, dans l'exercice de ses fonctions, les
critiques les plus vives des généraux et des représentants
aux armées. Carnot, entre autres, se plaignait de son in-
curie et de son incapacité. Les girondins l'attaquaient et
les montagnards le défendaient. Buzot l'accusa de désor-
ganiser les armées (10 déc. 1792) et Barbaroux de com-
promettre le salut de l'Etat (30 déc), mais Marat le dé-
fendit contre la faction Roland (31 déc). Valazé réclama
le décret d'accusation et Marat s'interposa de nouveau
(3 janv. 1793) ; la Convention passa à l'ordre du jour
(5 janv.). Cependant, sur un rapport défavorable de Barère,
l'Assemblée décida, le 2 févr., de remplacer le ministre
de la guerre et elle élut Beurnonville (4 févr.). Les Pari-
siens vengèrent Pache en le nommant, le 14 févr., maire
de Paris en remplacement de Chambon par 11.881 voix
sur 15.191 votants. Il prit une part active à la chute des
girondins et déposa dans leur procès (24 oct.). Compromis
avec Chaumette et Hébert, il ne fut pas imphqué dans
leur procès, mais il fut arrêté le 21 floréal an II (10 mai
1794) et remplacé dans la mairie par Lescot-Fleuriot.
Il essaya de se disculper des accusations portées contre
lui à l'occasion de son rôle dans la journée du 31 mai et
il fit afficher dans Paris, le 4 brumaire an [11(25 oct. 1794),
quatre placards adressés à Cambon, à Delmas et à Guyton-
Morveau. Enfermé dans la prison du Luxembourg, Pache
demanda, le 2 nivôse (22 déc. 1794), à la Convention
d'être traduit devant le Tribunal révolutionnaire, et il fut
enfin déféré, le 5 prairial (24 mai 1795), au tribunal cri-
minel d'Eure-et-Loir. Il fut compris dans l'amnistie du
4 brumaire an IV (25 oct. 1795), malgré La Révellière-
Lépeaux, qui appelait Pache le plus grand de tous les di-
lapidateurs de la fortune publique, la cheville ouvrière de
l'affreuse journée du 31 mai. En août 1799, on le nomma
commissaire aux hospices civils de Paris, mais on lui retira
presque aussitôt ce poste. Pache se retira dans son do-
maine de Thin-le-Moutier, près de Charte ville, et refusa
de rentrer sur la scène politique. Etienne Charavay.
BiBL. : Moniteur. Correspondance de Carnot. — A. Ciiu-
QUET, Jemnmpes.
PACHEGO (Francisco), peintre espagnol, né à Séville
en 1571, mort à Séville en 1664. Il fut d'abord l'élève
du peintre Luis Fernandez, un spécialiste pour la décora-
tion des sargas ; plus tard, il reçut les conseils du
chanoine Cespedès dont il se déclara le sectateur et le
disciple d'élection. Pour ses débuts qui furent modestes,
Pacheco, comme son premier maître, peignit des sargas,
sorte de toiles écrues qui jouaient le rôle de tapisseries,
de tentures; il eut aussi la commande, pour la flotte des
Amériques espagnoles, des pavillons et étendards, qu'il
décorait d'emblèmes, d'écussons aux armes royales ou de
figures de saints. Il s'adonna aussi à peindre en tons na-
turels les bas-reliefs et les statues et il s'acquit dans cette
spécialité une réputation méritée d'habileté et de goût ;
c'est pourquoi son ami, l'éminent sculpteur Martinez Mon-
tafies, eut presque toujours recours à la collaboration de
Pacheco pour colorier ses ouvrages. Une des plus an-
ciennes compositions sur toile qu'ait exécutées Pacheco pa-
raît avoir été un Christ portant sa croix, datée de 1589
et qu'on pouvait voir jadis dans la collection du chanoine
Cepero, à Séville. En 1598, il collaborait à la décoration
du catafalque, érigé dans la cathédrale de Séville, à l'oc-
casion de la mort de Philippe IL En 1603, son protecteur
et grand ami, le duc d'Alcala, Fernan-Henriquez de Ri-
bera, le chargeait de peindre sur toile, à la détrempe,
toute la décoration intérieure de son cabinet ; le sujet en
était emprunté à la mythologie et reproduisait divers pas-
sages de la fable de Dédale et d'Icare. Ce travail fut très
admiré, surtout pour le dessin des figures, présentant des
attitudes et des raccourcis d'une grande hardiesse. Ces-
pedès vit ces peintures et en félicita chaudement l'auteur.
Le coloris, chez Pacheco, ne se montre pas, jusqu'ici, à
PACHECO ^- PACHELBEL
m
la Iiaiiteiii' de ses qualités comme dessinateur ; il est sec,
timide et froid. Ses compositions, sagement ordonnées,
accusent surtout un souci d'équilibre et de pondération
qui va parfois jusqu'à la puérilité. Paclieco eut-il con-
science des moyens d'exécution qui lui faisaient défaut ?
Toujours est-il qu'en 4611, il entreprenait le voyage de
Madrid pour aller étudier les chefs-d'œuvre des diverses
écoles que les rois avaient acquis et réunis dans leurs pa-
lais. Ce voyage exerça une influence notable sur les mé-
thodes et les pratiques de l'artiste. Préoccupé dès lors de
s'assimiler les qualités de style et de coloris des maîtres
qu'il avait admirés, il s'efforça, avec une louable énergie,
de donner désormais plus de largeur et de liberté à son
mode de composer et d'exécuter. Il y réussit dans une
certaine mesure ; ses personnages, plus expressifs, se
groupent avec plus d'aisance et de naturel, et sa touche
leur communique plus de réalité et de vie. On peut
constater les progrès déjà acquis dans la grande et im-
portante composition que Pacheco terminait en 1614,
pour le couvent de Santa Isabel, le Jugement dernier,
qui a passé, de nos jours, dans une vente à Paris.
Dans son voyage à Madrid, Pacheco avait visité Tolède
et fait connaissance avec leGreco, dont la bizarre et fou-
gueuse manière était si éloignée de son propre concept et
de son tempérament. De curieuses discussions esthétiques
s'échangèrent entre les deux peintres, et Pacheco les a
rapportées dans son ouvrage miïiulè Ar te de la Pîntura,
qui est, à vrai dire, et plus que ses peintures, le monu-
ment de sa vie. PubUé en 1649, mais rédigé longtemps
avant son apparition, VArt de la peinture vonkYmGima
partie purement didactique et pratique, qui resta long-
temps classique parmi les artistes espagnols, et une partie
esthétique et philosophique, marquée au coin du pédan-
tismc le plus dogmatique et qui n'est guère qu'aride et
rebutante. Dans son étroite orthodoxie, Pacheco entend
ne rien abandonner à l'imagination de l'artiste ; il donne
des formules pour toutes les compositions sacrées, for-
mules imprescriptibles et exclusives de toute liberté ; poiu*
hii, le texte sacré est tout ; Finspiration de l'artiste n'est
lien ; formes, attitudes, expressions, costumes, il prétend
tout prescrire comme autant de règles immuables et enfin,
résumant ses théories, il écrit ((ue « l'art n'a d'autre
mission et d'autres fins que de porter les hommes à la piété
et de les conduire vers Dieu ». Tel est ce livre, œu\rede
théologien et de casuiste plutôt que d'artiste et dont l'or-
thodoxie valut à Pacheco d'être chargé par le Saint-
Office des fonctions de Hevisor, ou d'examinateur et de
censeur des ouvrages de peinturect de sculpture exécutés
en Andalousie. L'Art de la ;?(?/?2///r(? renferme également
quelques curieux détails que Pacheco donne tant sur ses
débuts que sur ses principaux ouvrages : malheureuse-
ment, son livre reste d'un trop regrettable laconisme sur
les œuvres et la vie de son illustre élève et gendre, Diego
Yelazquez, sur les((uelles il eût pu nous révéler tant de
précieux renseignements et de particularités intéressantes.
Velazquez et i\lonso Cano devinrent en effet, après son
voyage à Madrid, les élèves de Pacheco ; le premier
avait passé quelque temps dans l'atelier de Herrera le
Vieux, et le second dans celui de Juan del Castillo. La
maison de Pacheco, qui était lui-même un lettré, un éru-
dit et un poète, était alors le rendez-vous de tout ce (jue
Séville renfermait d'hommes éminents dans les arts et les
lettres ; c'est grâce à ces circonstances que le maître put en-
treprendre, d'après ses amis et ses hôtes de passage, une
collection de portraits d'un grand intérêt. Il en réunit
ainsi un certain nombre, dessinés à la plume ou aux
crayons noir et rouge, qu'il accompagna d'éloges en forme
de notices biographiques et qui formèrent un manuscrit,
aujourd'hui en"grande'partie perdu, auquel il donna ce titre :
Libro de verdaderos retrafos de illustres y mémorables
varones. De la partie qu'on a conservée, une pubhcation
en fac-similé a paru récemment à Séville et à Madrid.
En 16*23, Pacheco fit de nou\eau un voyage dans la
capitale de l'Espagne ; il y accompagiudt son gendre Ve-
lazquez, mandé à la cour de Philippe IV et qu'il désirait
présenter lui-même à ses amis. Il put ainsi assister aux
premiers succès qui marquèrent les débuts de Velazquez.
Revenu à Séville, Pacheco reprit ses travaux et peignit
pour les couvents plusieurs suites importantes de compo-
sitions religieuses, à présent dispersées, mais dont quel-
ques-unes, échappées aux désastres et aux guerres qui
ont, durant le premier quart du siècle, ravagé l'Andalou-
sie, sont conservées au musée provincial de Séville. Nous
citerons entre autres : Saint Pierre Nolasque dans une
barque, avec des captifs, où, sous les traits du rameur,
on a prétendu reconnaître le portrait de Cervantes, et
V Apparition de la Vierge li saint Ramon-Nonnato. On
peut constater dans ces deux peintures quelle évolution
vers l'étude du réel et du vrai s'était opérée chez Pa-
checo, d'abord sectateur de l'école romaine, et quels pro-
grès s'étaient opérés dans sa manière à la suite de ses
voyages à Madrid. Paul Lefoht.
PACHECO (Joaquin-Francisco), hcmime politique et
juriste espagnol, né à Ecij a (Andalousie) le ^2*2 févr. 1808,
mort à Madrid le 8 oct. 1865. Il étudia le droit à Sé-
ville et fut amené à Madrid par les sollicitations de son
ami, le célèbre écrivain Donoso Cortès. Fixé dans la capi-
tale (1834), il s'adonna à la poHtique, au journalisme et
aux travaux d'avocat. Il écrivit d'abord dans le Diario de
la Administracion, fondé par D. Favier de Burgos, et
puis dans les journaux politiques, el Siglo, la Alieja, et
Espaûol, et dans la Crônica juridica. Ses articles trai-
taient surtout des réformes dans l'administration de jus-
tice. En 1836, il fut élu député et il le resta jusqu'en
1843, date de sa nomination comme fiscal de la Cour
de cassation (Tribunal supremo). Dans la même année
1836, il fonda, avec Bravo Murillo et Perez Ilernândez une
revue technique, le Bolefin de Jurisprudencia y Legis-
lacion, dans laquelle il continua à exposer ses doctrines
juridiques. Peu après, en 1837, il prononça dans l'Ateneo
de Madrid ses célèbres leçons sur le droit pénal, qu'il con-
tinua pendant trois années. D'où le livre Estudios de de-
rerho pénal, publié en 1842. En 1847, il fut nommé
chef d'un ministère qui ne dura que six mois ; mais il fut
de nouveau ministre en 18e^)4 avec Espartero y O'Donell,
et en 1864 avec Mon et Canovas. C'était un conservateur
modéré, doctrinaire, éclectique, mais éclairé et tolérant.
Le parti représenté par M. Canovas del Castillo dans le?
dernières années de la poUtique espagnole a dans Pacheco
un de ses précurseurs. Il aida beaucoup aussi à la forma-
tion de l'Union libérale, qui joua un rôle si considérable
dans les affaires politiques de la fin du règne d'Isabelle II.
Croyant fermement à l'avènement de la démocratie, il
trouvait que le meilleur moyen de sauver l'ancien régime
était de profiter de la force démocratique en l'enrayant.
Mais le nom de Pacheco reste surtout comme avocat et
comme pénaliste. Il fut l'àme de la commission des codes
qui donna en 1848 le Code pénal, en vigueur (depuis la
réforme de 1850) jusqu'à 1870. Il compléta cette œuvre
avec ses Comentarios qui sont encore consultés. Il écrivit
aussi : Comentarios d las leges de Tara; Estudios sobre
las leyes de desvinculacion; Ensayo sobre los recursos
de nulidad; Juicio critico del fuero jiizgo; Historia
de la regencia de la reina Cristina (inachevée); His-
toria de las Cortès de 1837 et quelques travaux litté-
raires. Pacheco était membre des Académies espagnole,
des sciences morales et politiques et des beaux-arts. Il fut
un des plus notables orateurs de son époque. R. A.
BiBL. : Goleria de Espagnoles célèbres, t. VI. —- Ucelay,
Estudios sobre el foro moderno. — Gomez de La Serna^
Ob}'as Jui-idicus de Pacheco (clans le vol. XXVII de la Rev.
(fp]). de I.eff. ij Jurisp.). — Canovas, Discnrso leido en el
Ateneo de Madrid, 1884.— Francisco de A. Pacheco. J^t-
l'tscoii^tiitos célèbres, D. Joac[\dn-Francisco Pacheco
(\ol LXXXVI. 1895. do la Rev. gen. de Leg. y Jurisp.).
PACHELBEL (Johann) . Organiste allemand , né à Nurem-
berg le 1^''" sept. 1653, mort à Nuremberg le 3 mars 1706.
773 —
PACHELBEf. — PACHITEA
Après avoir étudié l'orgue et le rlavecin à AUdorf, puis à
Ratisbonne, il se fixa quelque temps à Vienne où il tint
l'orgue de la cathédrale en qualité d'organiste suppléant. Ce
fut là qu'il seiiaavec Johann-CasparKeri, qui lui transmit les
enseignements de l'organiste Frescobaldi, qu'il avait lui-
même rapportés d'Italie. Le talent de Pachelbel et son style
ne pouvaient que gagner à la fréquentation de cet artiste cé-
lèbre. En 1675, il fut appelé à Eisenach comme organiste de
la cour. Il exerça plus tard son art à Erfurt, à Stuttgart,
à Gotha jusqu'au jour où il obtint, en 1695, l'orgue de
Saint-Sebald, à Nuremberg, où il demeura jusqu'à sa mort.
Pachelbel est un des organistes qui ont le plus contribué à
fournir à S. Bach les modèles qu'il devait singulièrement dé-
velopper. Très religieuse et très discrète, la musique de Pa-
chelbel fut fort estimée de son temps , et ce maître eut un grand
nombre d'élèves. Il produisit assez peu rependant : du moins
un assez petit nombre de ses œuvres nous est il parvenu. On
trouvera presque tout ce qui subsiste de sa musique d'orgue
dans la Miisica sacra de J. Commer. H. Qlittaru,
FACHER (Michael), peintre et sculpteur allemand, né à
Bruneck (Tirol) vers 1440, mort à Salzbourg en 1498.11
est le principal représentant de l'école tirolienne de la tin
de l'époque gothique et spécialement de l'école du Tirol
méridional, ou école du Pusterthal, groupée principalement
autour de Brixen et du monastère de Neiistift, qui avait jus-
qu'à lui oscillé entre l'imitation de l'art italien et celle de l'art
flamand, et qu'il marqua enfin au sceau personnel de son
talent : l'influence de ses œuvres se fit, en effet, sentir en
Tirol pendant plus d'un siècle. Ses créations (pour la plu-
part ée^ retables peints et sculptés) se distinguent par
la grandeur et la magnificence de la composition, la re-
<'lierche de la noblesse et du caractère dans les figures
unies à une forme savante et d'un réaHsme vigoureux, une
science remarquable du clair-obscur et de la perspective,
un riche et profond coloris. En dehors de quelques men-
tions sans importance dans des actes de la paroisse de
Bruneck, mentions dont la plus ancienne remonte à 1467,
on ne sait de lui que ce que ses œuivres en racontent, et
malheureusement celles qui nous ont été conservées sont
peu nombreuses et pour la plupart mutilées. En voici la
liste à peu près complète : un Christ en croix, sculpture
en bois à l'église paroissiale de Bruneck ; un autre Crucifix,
provenant de Vulpmes (Tirol), aujourd'hui à la cathédrale
(le Breslau ; une Adoration des Mages, panneau peint, à
l'éghse de Mitter-Olang, en Pusterthal ; à Welsberg (Pus-
terthal), des débris d'un bildstœckel (colonne ornée de
sujets religieux dressée au bord d'un chemin) décoré de
fresques de sa main ; les débris d'un autel en bois sculpté,
à l'église paroissiale de Gries près Bozen (1471), dont la
partie centrale représente le Couronnement de la Vierge ;
un triptyque peint pour une église de Brixen (1491), re-
présentant les Quatre Docteurs de l'Eglise latine avec,
au revers des volets, des scènes de la vie de saint Wolf-
gang, et qui est aujourd'hui (la partie centrale) à la Pina-
cothèque de Municii et (les volets) au musée d'Augsbourg ;
une ï'éph'que, ou phitôt une premièi'e version, moins im-
portante du même retable au musée d'Innsbruck ; au même
musée, des statuettes qui proviennent peut-être du retable
sculpté en 4483 pour l'église paroissiale de Bozen ; une Ma-
done en bois sculpté à l'éghse des Franciscains, à Salzbourg,
qui, avec peut-être une prédelle sculptée représentant
ï Arbre de Jesse au musée de cette ville et un panneau
peint conservé dans le cloître du couvent de Saint-Pierre
de cette même ville, est tout ce qui reste de l'autel aiupiel
l'artiste travaillait à Salzbourg quand il mourut ; enfin et
surtout, le magnifique maître-autel sculpté et peint de
l'église de Sanct-Wolfgang (Haute-Autriche; avec la date
1481), son chef-d'œuvre, heureusement resté intact,
pour lequel dans les parties secondaires, telles que l'inté-
rieur et le revers des doubles volets, le maître semble
avoir été aidé par son frère Friedrich Pacher et des élèves
de son atelier. Auguste Marguiujkh.
3iHL, : G. Daiii.ke, MicJinel Pncher, dans Beperlorimn
fur KunslwissensrJhi ft^ 1885.— Ilans Sf.mpkr, DieBrixiier
Malerschulen des XV. und XVI. Jahrhundcrts und ifir
Verhœltniss zu Michael Pacher; Innsbruck, 1891. — Du
j>iôme, Neues ùber Michael Pacher, dans Ferdlmindeuin-
Zeitschrift, 3" série, 30' livraison ;Innsbruck, 1892. — W.
BoDK, Geschichte der deutschen Kunst, II : Die PlastiJi;
l^erlin, 1887. — H. Janit=5Chj:k, Geschichte der deutschen
Kanst, III : Die Malerei ; Berlin, 1890. — Aii.i^uste MaR-
GUiLLiER, Un Maître oublié du xv« siècle, Michel PacJier,
dans Gazette des Beaux-Arts ; Paris, 1894, tirage à part in-8
— R. Stiassnv, Einmittelalterlicher Aljpenh uns lier, dan>s
Deutsche Rundschau; Berlin, livr. de sejot. 1897, etc.
PACHER (Friedrich), peintre allemand, originaire de
Bruneck (Tirol), sans doute frère du précédent, men-
tionné, de H78 à i.^00, dans divers comptes de la pa-
roisse de Bruneck. Il peignit en 1 183 pour la chapelle de
l'hupital de Brixen un Baptême de Jésus-Christ, aujour-
d'hui conservé au séminaire de Freising (Bavière), et il
est probablement l'auteur des huit peintures représentant
des épisodes de l'Evangile, à l'intérieur des doubles volets
de l'autel de Sanct-Wolfgang (V. l'art, précédent). On lui
attribue aussi quatre volets d'autel, au musée du château
d' Ambras, près d'Innsbruck. Il subit profondément l'in-
fluence fraternelle, et ses œuvres montrent une science pres-
que égale à celle de Michael Pacher avec de brillantes qualités
d'invention et de coloris ; mais il est bien inférieur à son
frère sous le rapport du goût, de l'harmonie des tons
et de l'élévation des idées.
Il est question encore, dans les comptes de la paroisse
de Bruneck, de 1487 à 1307, d'un Hans Pacher, peintre,
qui était peut-être aussi frère de Michael Pacher, et plus
tard, de 1514 à 1328, d'un autre Hans Pacher, orfèvre.
Auguste Marguillier.
BinL. : Ouvrages cités à l'article i)récédent — Mks.=imkr,
Mittheilungea derk. h. Central-Commission..., XI. p \l\
— G. DauLki:., Z\i:ei AllarflCu/elhilder ans dem Schlosse
Ambi^as. dans Ilepertorium far Kunstwissenschaft, l^H\,
et Die Flngeltafeln ans Ambras., dans Allgemcine Kunst-
Chronik, 1881.
PACHINO. Ville d'Italie, prov. de Syracuse, dans une
riante situation, à 3 kil. de la mer et à 21 kil. au S. de
Noto; 8.000 hab. Petit port {Pachini portas), qui sert
principalement de refuge aux bateaux qui exercent la
pêche du thon dans les parages. Enceinte garnie de toui's.
Vaste et belle église. Production et commerce très actif
de vin, d'huile et de fruits exquis ; confection de paniers.
Dans les environs, à mi-chemin de Noto, quelques vestiges
de l'ancienne Elloro. Pachino doit son nom au promontoire
qui forme l'extrémité S.-E. delà Sicile {Pachinumprom.)
(auj. cap Passaro).
PACHIRA {Pachira Aubl.). Genre de Malvacées-Bom-
bacées, composé d'arbres à feuilles alternes, larges et
digitées, à grandes et belles fleurs axillaires. Les Pachira
se distinguent des Bombax ou Fromagers (V. Bomrax)
principalement par le calice bref gamosépale, presque en-
tier. Les pétales, hypogynes, dépassent considérablement
le calice; les étamines, en nombre indéfini, sont réunies
inférieurement par les filets en un tube bifide ou polya-
delphe ; l'ovaire, libre, est à 3 loges pluriovulées, et le
style en forme de massue quinquéfide. Le fruit sphé-
roïde, coriace ou ligneux, est loculicide, à 5 valves. Les
graines sont peu ou point albuminées et les cotylédones
charnus, involutés, embrassent une radicule droite. On
en connaît une quinzaine d'espèces propres à l'Amérique
tropicale, parmi lesquelles : P. aquatica Aubl. ( Caro-
linea princeps L. f.), bel arbre, quelquefois cultivé dans
nos serres où on le voit fleurir ; ses graines, du volume
des châtaignes, se mangent à la Guyane grillées sous la
cendre. — P.fastuosa DC, sert en médecine au Mexique ;
ses feuilles sont très émollientes comme celles de la plu-
part des Pachira. Jeunes, elles se mangent. — Les divers
Pachira ont un bois léger servant à construire des bar-
ques ou des pirogues, et avec les fibres de quelques-unes
on fait des cordages. D'' L. Hn.
PACHITEA. Rivière du Pérou, aftl. de dr. du rio Uca-
yali. Elle se jette dans ce fleuve à ?i kil. au S. de H'Oje ;
PACHITEA — PACIEN
774
traverse les dép. de Jimiii et Hiinaco et sert, sur une
partie de son cours, de frontière entre ce dernier et Loreto.
PAC HO. Ville de Colombie, dép. de ('undinamarca, à
4.810 m. d'alt., au N.-O» de Cipaquira; (i.OOO hab.
Houille, fonte.
PAC HO LE KS. Ecuycrs polonais armés à la légère, qui
combattaient derrière leurs seigneurs.
PACHOME ou PACONIE (Saint), Pachomius, organi-
sateur du régime cénobitique dans la Thébaïde. Fête :
dans l'Eglise latine, le 44 mai; dans l'Eglise grecque, le
15. L' authenticité des documents relatifs à sa vie est
sérieusement discutée. Celui qui semble mériter le plus de
confiance est la traduction latine, faite au vi*^ siècle, par
Denys le Petit, d'une relation écrite par un contemporain,
moine à Tabenna. D'après ce récit, Pachome serait né
dans la Basse-Egypte, de parents riches et païens. Il fai-
sait ])artie de l'armée de Constantin, pendant la guerre
contre Maxence, lorsqu'il se convertit au christianisme,
touché par la charité avec laquelle des chrétiens l'avaient
traité ainsi que ses compagnons en détresse. Il s'attacha
aussitôt à Palémon, anachorète renommé pour son austé-
rité ; et il se distingua lui-même par une merveilleuse abs-
tinence à l'égard de la nourriture et du sommeil, et aussi
par de nombreux miracles, opérés principalement dans la
lutte contre les démons. La date de sa mort est fort di-
versement rapportée : 349 suivant les bollandistes ; 405
suivant une chronique prétendant qu'il atteignit l'âge de
440 ans. — Aux mots Anachorète, t. II, p. 894, et
Lâure, t. XXI, p. 4033, nous avons relaté l'œuvre que
Pachome lit à Tabenna. On lui attribue imc irgle (imprimée
à Rome en 4575) qu'on présente comme la traduction
faite par saint Jérôme d'un original grec ou copte, quoique
saint Jérôme n'ait point mentionné Pachome parmi les
écrivains chrétiens. En fait, il a dû donner une règle au
Coinobion qu'il dirigeait. La légende affirme qu'elle lui
fut remise par un ange, gravée sur une tablette d'airain.
Mais il est vraisemblable que la règle ou plutôt les règles
qui portent le nom de Pachome ont été largement ampli-
fiées par ses successeurs. Pachome aurait aussi écrit diverses
epftres, qui ne nous sont point parvenues. Il est douteux
qu'il soit l'auteur des Monita spiritualia et des Verba
mystica. E.-H. Vollet.
PACHON (Calendr.). Nom du neuvième mois de l'année
dans le calendrier égyptien. Il commence le 26 avr. du
calendrier Julien, ou le 7 mai du calendrier Grégorien.
PACHT(Mythol. égypt.). Le nom de la déesse à tête
de lionne que Champollion lisait ParM se transcrit au-
aujourd'hui Sekhet ou Sokhit; mais il existait une déesse
nommée Pacht ou mieux Pakhit (nom signifiant « celle
qui s'allonge sur le sol » comme les reptiles), déesse à
laquelle Séti 1^^ érigea un temple en forme de grotte que
les anciens appelèrent speos d'Artemis(Speos artemidos),
au pied de la montagne qui est derrière El Kab. D'après
le dire de Champollion, ce temple était véritablement en-
touré et cerné de momies de chats et d'hypogées de chats
(V. Sekhet). P. Pierret.
PACHUCO. Ville du Mexique, cap. de l'Etat de Hidalgo,
à 2.550 m. d'alt., dans un défilé, au terme d'un embran-
chement d(i eh. de fer de Mexico à Puebla; 40.500 hab.
(en 4894), y compris la banlieue. C'est le centre du dis-
trict minier de Real del Monte, très riche en argent. Le
palais gouvernemental et la cathédrale sont les principaux
édifices.
PACHYDERMES (Zool.). Ordre de la classe des Mam-
mifères créé par Cuvier pour grouper tous les Ongu-
lés (V. ce mot) non ruminants, et fondé par consé-
quent sur un caractère purement négatif. Cet ordre, ainsi
compris, renferme les Eléphants, les Rhinocéros, les
])anians, les Tapirs, les Chevaux, les Hippopotames et
les Cochons, c.-à-d. des Ongulés ayant de 5 à 4 seul
doigt à chaque membre, en nombre pair ou impair sui-
vant les genres. Le nom de l'ordre est tiré de l'épaisseur
de la peau qui dépasse en effet 4 centim. dans les grandes
espèces (Eléphant, Rhinocéros, Hippopotame). Dès sa
création, cet ordre a été considéré comme peu naturel et
constituant un assemblage de formes très dissemblables.
L'étude des formes fossiles qui sont venues s'intercaler
entre les formes vivantes, et qui sont beaucoup plus nom-
breuses que celles-ci, montre encore mieux combien cet
ordre est artificiel; aussi a-t~il été abandonné par la
grande majorité des naturalistes modernes. On a indiqué,
au mot OxGULÉs, les ordres ou sous-ordres qui lui ont
été substitués (V. aussi Artiodactyles, Périssodactvles,
PROROSCIDIENS, PoRCIXS, JuMEXTÉs). E. TrOUESSART.
PACHYDERMIQUE (Cachexie) (V. Myxoedème).
PACHYMÉNINGITE (V. Méninche).
PACHYM ÈRES (Hist. bvzant.) (V. GeorgesPachymères).
PACHYPLEURA Cornaua (Paléont.) (V. Nothosaurus .
PACHYTHERIUM (V. GiArronoNTE).
PACIAUDI (Paolo-Maria), dit le Père, érudit italien,
né à Turin en 4740, mort en févr. 4785. Après avoir fini
ses études universitaires, il entra dans la congrégation des
théatins et fut envoyé à Venise où il fit sa théologie.
Professeur de philosophie à Gênes, il fut le premier en
Italie à expliquer le système de Newton. Ayant renoncé à
l'enseignement pour la prédication, il parcourut pendant
dix ans la Lombardie et la Vénétie, occupant ses loisirs
par des études littéraires et d'archéologie. Il publia pen-
dant ce temps plusieurs dissertations sur les monuments
de Fantiquité et l'histoire d'Emmanuel Pinto, grand maître
de l'ordre de Malte, dont il devint l'historiographe après
la mort de Paoli. Mais sa santé le força en '4 750 à re-
noncer à la prédication. Il vint à Rome où Renoît XIV le
fit membre de l'Académie pour la recherche des anciens
monuments. En 4764, le duc de Parme le nomma bibho-
thécaire de la Palatine qu'il venait de fonder; mais il
n'accepta qu'à condition de pouvoir aller k l'étranger
avant d'entrer en charge. En effet, en 4762, il visita la
Erance où il fut très honorablement reçu par Caylus, Rar-
thélemy et les autres savants. De retour k Parme, il aug-
menta en moins de six ans sa bibliothèque de plus de
60.000 volumes et il en compila le catalogue. En même
temps, il dirigea les fouilles de Velleia, dans la province
de Plaisance. Après la dispersion des jésuites, il devint
président des études dans le duché de Parme et introdui-
sit de sages réformes. Mais la chute de son ami, le mi-
nistre Eelino, et l'envie de ses adversaires lui causèrent
des ennuis. On alla jusqu'à lui défendre l'entrée de la bi-
bliothèque : ce qui le décida à revenir à Turin, mais le
duc le rappela bientôt. Outre la biographie de Seb. Paoli,
son prédécesseur dans l'ordre de Malte, il a encore écrit :
De sacris christianorum balneis (Rome, 4758, in-8) ;
De athletariun ciibistesi in palestra Graecorum com-
mentariis; Momimenta Peloponesiaca; Memorie dei
gran maestri deW ordine gerosolimitano (Parme, 4780,
3 vol. in- 4) ; De libris eroticis antiquorum (Leipzig,
4803); Lettres au comte de Caylus (Paris, 4802,
in-8), etc. E. Casanova.
PACICHELLI (Giovanni-Rattista), littérateur italien,
né à Pistoie vers 4640, mort à iXaples vers 4702. H vi^
sita les principaux pays d'Europe en qualité d'attaché à
la légation apostolique allemande. On a de lui : Sche-
diasma deiis qui nullo modo possunt in jus vocari
(Rome, 4669) ; VitadiG. B. de Marini {ibicL, 4670);
Chirolilurgia (Cologne, i61?));Diatribade pede (ibid.,
4675); Memorie de' viaggi per VEuropa cristiana
(Naples, 4685); Lettere familiari [ibid., 4695); //
regno di Napoli in prospettiua {id., n03), etc.
PACIEN (Saint), évèque de Rarcelone, mort vers 370.
Eête, le 9 mars. Il reste de lui trois lettres adressées au
novatien Sympronianus, exposant l'usage du nom catho-
lique, la possibilité et l'efficacité de la repentance, et le
droit de l'Eglise à absoudre les péchés commis après le
baptême ; une exhortation à la repentance et un sermon
sur le baptême. Saint Jérôme lui attribue, en outre, un
traité intitulé Cervus. L'édition princeps de ses œuvres
— 775
PACÏEN — PACIUOI.O
fut donnée par Tillet (Paris, loBH). Elle a été reproduite
dans les collections de Galland et de Migne.
PACIFICATION DE Gand. Acte d'union de toutes les
provinces des Pays-Bas, le Luxembourg excepté, conclu
le 8 nov. 1576, après la furie espagnole qui avait dé-
vasté la Flandre et le Brabant. H proclame une amnistie
absolue et générale pour toutes les offenses commises
à l'occasion des troubles passés; les provinces coaliseront
leurs forces afm de cbasser des Pays-Bas les soldats espa-
gnols; lorscpie la tranquillité sera rétablie, les Etats Gé-
néraux se réuniront pour régler les affaires du pays, et
notamment le question religieuse. En attendant, les anciens
placards concernant l'hérésie sont suspendus^ ainsi que les
ordonnances criminelles du duc d'Albe. Les confiscations
ordonnées depuis i^66 sont abolies, et les biens séquestrés
restitués à leurs propriétaires ou héritiers. Le culte calviniste
sera provisoirement seul toléré en Hollande et en Zélande.
('ette clause s'explique par le pressant besoin qu'avaient les
délégués de disposer de la flotte et des troupes de ces deux
provinces presque entièrement inféodées à la Béforme. Le
17 déc, les évoques des Pays-Bas déclarèrent solennelle-
ment que la Pacification do (iand ne contenait rien de con-
traire à la foi, et, de son côté, le conseil d'Etat avait affirmé
(pie, dans les dispositions de la Pacification de Gand, il
n'y avait rien d'incompatible avec les droits du souverain.
Le 12 févr. suivant, don Juan d'Autriche, fils naturel de
Charles-Quint, nommé gouverneur général des Pays-Bas,
signait à Marche-en-Famenne VEdit perpétuel qui rati-
fiait les clauses de la Pacification de Gand avec cotte res-
triction que les l']tats Généraux devaient prendre l'enga-
gement de maintenir « en tout et partout » la foi catholique,
apostolique et romaine. Cette nouvelle disposition contre-
disait l'acte de Gand, puisque celui-ci concédait provisoi-
rement la liberté de conscience. Toutefois, la majorité des
l^'tats Généraux s'inclina, malgré les protestations des dé-
putés de Hollande et de Zélande ; ceux-ci se retirèrent et
le prince d'Orange refusa de publier l'édit de Mtarche dans
ces deux provinces dont il était le gouverneur.
BiBL. : T. Juste, la. Pacification de Gand et le Sac d.'An-
vers ; Bruxelles, 1876, in-8.
PACIFICO (Fra), moine franciscain du xfii^ siècle, l'un
des premiers compagnons de saint François d'Assise. Se-
lon les- plus anciens biographes du saint, Pacifico était un
jongleur à qui son talent avait valu le titre de Rex ver-
siium. Saint François aurait conçu l'idée de le mettre à
la tête d'une troupe de moines qui se seraient appelés
« Jongleurs de Dieu » et auraient parcouru le monde en
chantant des cantiques (notamment le fameux cantique du
Soleil), prêchant la vie de renoncement. Les poésies long-
temps attribuées à Fra Pacifico paraissent apocryphes.
BiBL. : OzANAM, les Poètes franciscains en Italie au
xiip siècle. — MoLTENi, dans Giornale di filologia ro-
mana, 11, 93. — Gaspary, Storia délia lett. ital, I, 122.
— Sabatier, Vie de saint François d'Assise, passim.
PACIFIQUE (Océan) (V. Océan).
Chemins de fer du Pacifique (V. Etats-Unis, t. XVI,
p. 587).
PACINI (Giovanni), compositeur dramatique italien, né
à Catane en 1796, mort à Pescia le 6 déc. 4867. Son
père, Ludovico Pacini, était un fort bon chanteur, jouis-
sant en Italie d'une célébrité méritée. Pacini fut donc tout
naturellement porté vers l'art musical. C'est à Rome que
son éducation fut commencée : il travailla aussi à Bologne
et à Venise. A l'âge de dix-huit ans, il donnait à Milan
son premier opéra, Annetta e Lucinda, qui fut bien
accueilli. Depuis ce premier début jusqu'en 4834, il pro-
duisit sur les principales scènes d'Italie quarante-deux opéras
avec plus ou moins de succès. En 4834, il renonça à la
composition pour diriger à Viareggio un conservatoire de
musique. A cette époque de sa vie, il est curieux de le
voir étudier avec zèle les principaux chefs-d'œuvre de la
musique symphonique allemande dont les maîtres italiens
d'alors n'avaient aucune idée. Cette étude lui fut sans
doute profitable ; lorsqu'il se mit à composer de nouveau
après un silence de six ans. ce fut alors qu'il produisit
ses meilleurs opéras : Saffo (Xaples, 4840); Medea (Pa-
lerme, J843). La musique de cet artiste n'est sans doute
pas sans mérite : elle est exécutée avec facilité et élégance
et il a bien l'entente de la scène. Mais l'imitation des
maîtres qui occupaient alors les théâtres italiens, llossini
par-dessus tous les autres, n'a pas permis à Pacini de
dégager sa personnalité. Ses œuvres symphoniques ou
religieuses, à part un quatuor à cordes en ut et une can-
tate pour le centenaire de Dante, ne méritent aucune men-
tion particulière. H. Qittard.
PACINI (Filippo), anatomistc italien, né à Pistoie le
25 mai 4812, mort à Florence le 9 juil. 1883. Il étudia
à l'école chirurgicale de sa ville natale, puis à Florence, et
dès 4835, à l'âge de vingt-trois ans, découvrit les corpus-
cules dits de Pacini ;il en fit la démonstration officielle au
congrès de Pise en 4839. Il devint en 4840 l'assistant de
Savi, à Pise, et en 484i décrivit la structure microsco-
pique de la rétine. En 4847, il fut nommé à Florence
professeur d'anatomie descriptive et d'anatomie artis-
tique, et obtint en 4849 la chaire d'anatomie topogra-
phique et d'histologie. A partir de ce moment, il put
sans contrainte se livrer à ses travaux d'anatomie micros-
copique, jusqu'alors mal accueillis par ses jaloux collè-
gues ; il étudia les organes électriques du silure, de la
torpille, etc., les altérations de la muqueuse intestinale
dans le choléra, et vit dès 4854-55 le bacille-virgule
sans reconnaître son caractère spécifique. Il a rendu de
grands services h la médecine légale en faisant connaître
un nouveau procédé de respiration artificielle appHcable
chez les noyés, les individus empoisonnés par les narco-
tiques, etc. Ses travaux, très estimés, ne l'étaient guère
par ses compatriotes, et peu avant sa mort V Accademia
dei Lincei, de Rome, refusa de le recevoir parmi ses
membres. Parmi ses nombreux ouvrages, citons : Nuovi
organi scoperti nel corpo umano (Pistoie, 4840) ;
Innove rirerche microscopiche sulla tessitura interna
délia relina (Bologne, 4845 ; trad. ail., Fribourg, 4847) ;
Sopra Vorgano elettrico del sihiro del JSilo (Bologne,
4846) ; Sur V organe électrique de la torpille, du gym-
note (Genève, 4853) ; une série d'ouATages sur le cho-
léra (4854 à 4870), etc. ^ DM.. Un.
Corpuscules de Pacini (V. Nerf, t. XXIV, p. 952).
PACINOTTI (Antonio), physicien itaUen, né à Pise le
47 juin 4844. Il a fait ses études cà l'Université de sa
ville natale, où son père était déjà professeur de phy-
sique, et il occupe, depuis 4882, cette même chaire, après
avoir professé quelques années h Bologne, puis, à partir
de 4873, à l'Université de Cagliari. Il a inventé dès 4864
l'anneau qui porte son nom et qui constitue la partie
essentielle de la machine à courant continu de Gramme
(V. ce nom et Electricité, t. XV, p. 762). La priorité
de la découverte ne lui est plus contestée, et il a été récom-
pensé par un diplôme d'honneur cà l'exposition de Vienne
(4873) et à l'exposition d'électricité de Paris (4884). Il
est l'auteur de nombreux mémoires parus dans la Nuovo
Cimento, la lUvista del Vimercati, etc.
PACIOLI (L.), mathématicien italien (V. Paciuolo).
PACIS (Myth.) (V. Bacis).
PACIUOLO (Luca), mathématicien italien, souvent ap-
pelé Paccioli ou Pacioli, né à Borgo San Sepolcro vers
4445, mort après 4544. D'abord précepteur à Venise,
Rome et Florence, il entra dans l'ordre des franciscains,
et, sous le nom de Fra Luca Sancti Sepulchri, enseigna
successivement les mathématiques dans les diverses univer-
sités d'Italie. Ses premiers ouvrages sont perdus, mais il
nous reste sa Somma de Arithmetica, Geometria, Pro-
poj^tioni et Proporiionalita (Venise, 4494), une édition
d'Euclide {ibid., 4509), et la Pivina Proportione [ibid.,
4509). Le premier de ces ouvrages a exercé une influence
considérable sur l'enseignement mathématique au xvi^ siècle,
preuve qu'il répondait aux besoins du temps, et il est
indispensable de l'étudier, si l'on veut se former une idée
PACIUOLO — PA(^.TE
776
exacte de l'étal ôe la science à cette époque. Paciuolo
n'est d'ailleurs luilleuient un créateur, mais les emprunts
qu'il fit aux écrits inédits et jusqu'alors négligés de Léo-
nard de Pise (Fibonacci) étaient, sur tn'en des points,
une révélation. Son style est assez barbare, mais c'est un
auteur clair, méthodique, en un mot, un bon maître. T.
PACIUS, PACIO ou RACE, canoniste, né à Yicence
(lo50), mort en 1635. Il professa à Heidelberg, Sedan,
Montpellier, Padoue, Venise, Valence. (Envres princi-
pales : Deflnitiones et hagoijica jiiris utrùis^ne,
expliquant sommairement les Décr étales, dans l'oi'dre
des titres.
PACKFUND ou PACKFOND. Alliage de cuivre, nickel
et zinc, avec peu de fer, connu sous le nom de packfung
cliinois. La composition est : cuivre, 40,4 ; zinc, !2o,4 ;
nickel, ol,6 ; fer, 2,6. Cet alliage a la blancheur et l'éclat
de l'argent.
PACÔME (Saint) (V. Pachome).
PAGORUS. Nom de plusieurs rois ou princes parthes,
de la dynastie des Arsacides (V. Perse). Nous citerons
Pacorus, fds d'Orodes, le 4i^ Arsace, qui occupa Antio(he
en oO av. J.~C., fit campagne avec Lahienus contre les
troupes d'Antoine de 40 à 38 av. J.-C. en Syrie et fut
délait et tué le 9 juin 38 dans la Oyrrhestice. Un de ses
homonymes, son lieutenant, prit Jérusalem en 40 av. J.-G.
— Un fds de Vonodes II, qui fut roi de Médie, tandis ijue
son frère, Vologèse P'' ('23^ Arsace) régnait sur les Par-
thes; — ■ le Vit^ Arsace, tils et successeur de Vologèse et
tiui eniljellit Ctésiphon ; — Aurelius Pacorus, roi de la
grande Arménie, contemporain des Antonins, créé roi des
Lazes par Antonin, révoqué par Lucius Verus.
PACOTILLE (Navig.). On appelait autrefois de ce nom
le ])oi(ls ou le volume de marchandises que le capitaine
du navire et, parfois aussi, les gens de l'équipage étaient
autorisés à embarquer gratuitement pour en faire le com-
merce à leur compte. Ils étaient, en général, commandités
pour ce genre de trafic, et il s'établissait ainsi un contrat
ou prêt de pacotille, qui était, à leur égard, ce qu'est
le contrat de grosse vis-à-vis des armateurs (V. Contrat,
t. XII, p. 806), mais qui, à la différence de celui-ci, n'a
fait l'objet d'aucune disposition spéciale du code de com-
merce, en sorte qu'il se trouve soumis, le cas échéant, au
droit commun en matière de contrat ou de prêt. Il n'est
plus fait, d'ailleurs, aujourd'hui que très rarement des
contrats de pacotille, ce genre de trafic ayant à peu près
disparu avec la transformation du commerce maritime, et
h^ nom ne s'appKque plus guère que pour désigner, par
dénigrement, une marchandise à vil prix et d'apparence
trompeuse.
PACOU RI ANOS(Grégoire),généralbvzantinduxi'^ siècle.
Originaire d'une grande famille d'Ibérie, il avait pris ser-
^ice dans l'armée byzantine, et fut en d081 l'un des par-
tisans les plus dévoués d'Alexis Comnène. Récompensé
par la haute charge de grand domestiipie d'Occident et le
litre de sehastos, comblé de faveurs et de dotations par le
riouveau prince, il joua un grand rôle dans la guerre contre
les Normands d'Italie, et fut tué en 1086, dans un combat
contre les Petchenègues. Il avait, en 1083, fondé le cou-
vent de Petritzos, près de Philippopoli, dont nous avons
conservé le if///;/<?o?i rédigé par Pacourianos. Ch. Diehl.
PACOVE ou BACOVE (Bot.) (V. Banamer).
PACT. Corn, du dép. de l'Isère, arr. de Vienne, cant.
de Beaurepaire ; 720 hab.
PACTA coNVENTA (V. Pologne, § Histoire).
PACTE. I. Droit romain. —Le\rda(i,pactum (dérivé
de pax), pactio, conventio, pactiim conventum, placi-
tinn, est l'accord de deux personnes en vue d'étaWir entre
elles une relation de droit : et est pactio duorum in
idem, placituni consensus (1, § 2, Dig Depact,, II, il,
IJlp.). Dans ce sens, aussi large que possible, le pacte peut
avoir pour objet la création d'une obligation, son extinction,
le transfert de la propriété ou l'établissement d'undroitréel,
même la formation d'un rapport de famille. En réalité
pourtant, la notion pratique du pacte est envisagée par les
Romains d'une façon plus étroite. Ils la restreignent aux
seules conventions qui créent ou éteignent des obhgatioiis.
Un pacte de ce genre peut être fait d'une façon principale.
Il ne se rattache alors à aucun acte obligatoire antérieur;
c"est lui alors qui crée le hen ou qui le dénoue. Mais il y
a aussi des pactes dits adjoints, parce qu'ils sont ajoutes
sur-le-champ ou après coup à un acte juridique déjà exis-
tant qui leur sert de support et dont ils sont destinés à
préciser, à limiter ou à augmenter les effets. On rencontre
des pactes de ce genre, adjoints à une aliénation (V. Fi-
ducie) ou à une obligation préexistante. Pour ce qui est
de l'effet des pactes, le formalisme étroitement rigoureux
du droit romain fit prévaloir une règle qui a influencé
tout le développement du droit et qui, malgré les atté-
nuations successives dont elle fut l'objet, est restée jus-
qu'à la tin. A lui seul, le pacte est impuissant à créer l'effet
de droit que la volonté commune des deux parties a eu en
vue. Il faut que cette volonté se déclare dans des formes
solennelles appropriées, destinées à la matérialiser, à
rendre apparent et sensible un accord qui, sans ce vête-
ment juridique, restera nu, nudunipactuni, nuda pactio,
et dépourvu d'efficacité. Faute de cet élément formel qui
lui donne l'être, le pacte n'engendre ni l'obligation, ni
l'action qui la sanctionne : nuda pactio obligationeni
nonparit (7, § 4, Dig. De pact., II, 14, Ulp.)', ex nudo
pacto... actio non nascitur (Paul, Sent.. M, i\, ^ l).
Le pacte nu ne produit pas non plus d'effet libératoire,
car dans les principes du pur formalisme un acte juridiqu(^
une fois né ne peut cesser de produire ses effets qu'à la
suite d'un acte formel exactement identique en sens in-
verse à celui qui l'a fait naître. Or l'obligation étant for-
melle, elle ne peut s'éteindre que par un conlrarius aclus
également formel.
Mais un formalisme aussi exigeant était incompatible
avec les nécessités d'un commerce toujours accru, avec le
hesoin de célérité et de simplicité qui est la caractéris-
tique des sociétés en progrès. Le droit devait tendre à
faire abstraction des formes gênantes, à faire prévaloir
sur elles la volonté. Une analyse plus exacte et plus sub-
tile amena à distinguer l'acte en soi, œuvre du consente-
ment, et la forme, manifestation extérieure de ce consente-
ment. Ce fut le droit civil qui inaugura ce mouvement. Vu
certain nombre de conventions, jusque-là non obligatoires,
furent considérées comme génératrices d'actions, par con-
séquent tirées de la foule des pactes, élevées au rang de
contrats. Plus tard, on reconnut également l'efficacité civile
des pactes adjoints à un conirat, pacta adjecta. Le pré-
teur, de son côté, n'était pas resté étranger à ce mouve-
ment de transformation. L'Edit contenait une clause por-
tant qu'il ferait respecter les pactes pourvu qu'ils ne fussent
pas entachés de dol, contraires aux lois ou destinés à les
tourner. C'est du moins ainsi que s'exprime le fragment
de i'Fdit qui nous a été conservé et dont une partie au
moins était connue de Cicéron (Cic, De offic. III, "il ;
7, § 1, Dig. De pact., lU 14, Ulp.). Mais le préteur n'alla
pas jusqu'à donner une action générale tendant à obtenir
l'exécution du pacte. Il se contenta de mettre à la disposi-
tion de la partie intéressée un moyen défensif : Vexceptio
pacti conventi. Toutefois il alla plus loin pour certaines
conventions très usitées en pratique. Certaines d'entre elles
(fiducie, dépôt, cominodat, mandat), d'abord sanction-
nées par une action in facturn, furent acceptées ulté-
rieurement comme contrats du droit civil. D'autres (cons-
titut, serment) continuèrent à n'être sanctionnées que par
une action prétorienne in factum. Ce sont les pactes dits
prétoriens. Bien plus tard, à la fin du droit romain, des
constitutions de l'époque byzantine reconnurent la force
obligatoire de certains pactes (donation, constitution de
dot), appelés par les interprètes pactes légitimes.
La vieille règle : ex pacto actio non nascitur, demeurait
néanmoins debout. Et cela est tellement vrai qu'on faisait
toujours suivre les pactes d'une stipulation destinée à l^s
— 777 —
PACTE
rendre obligatoires. Dioclétien invoque encore la règle à
propos de la convention d'échange (3 Cod. Just., IV, 64).
Elle n'a pas disparu sous Justinien. Les législations ger-
maniques primitives et le droit français ont passé par des
phases identiques à celles que nous venons de retracer.
Le résultat de l'évolution y a été le même. Il est déjà
exprimé dans les Instituies coutumières de Loisel : autant
vaut une simple promesse ou convenance que les stipula-
tions du droit romain. Le droit moderne a recueilli pré-
cieusement cette maxime. A l'égard des pactes tendant à
éteindre une obligation, Vexceptio pacii conventi don-
nait satisfaction suffisante au débiteur. Il ne parut pas
utile de faire produire au pacte un effet plus complet, sauf
dans le cas de mutuiis dissensus où l'effet extinctif est
sanctionné par le droit civil, sauf aussi pour les obliga-
tions nées ex delicto, oii de bonne heure on admit la va-
lidité jure civili des pactes tendant à écarter l'emploi de
la vindicta et l'application de la pœna. G. May.
Pacte commissoire. — On appelle ainsi une clause adjointe
à la vente ou à la constitution de gage. Dans le premier
cas, elle est destinée à permettre au vendeur non payé de
se dégager d'un contrat que l'acheteur n'exécute pas et
de lui reprendre par conséquent la chose qu'il lui a livrée.
Dans le second cas, elle confère au créancier le droit à la
propriété de la chose engagée, faute par le débiteur de
payer la dette garantie par le gage. Ces deux conventions
tendent l'une et l'autre à donner au créancier un moyen
que le droit commun ne lui fournit pas de se mettre à
ra])ri des conséquences préjudiciables de l'inexécution de
l'obligation. Dans l'une et l'autre hypothèse, il y a un
effet de droit, restitution de la chose vendue ou transfert
de la propriété de la chose engagée, dont la réalisation
est subordonnée à l'arrivée d'une condition, la même dans
les deux cas : à savoir le défaut de paiement, du prix ou
de la dette garantie. Si cette condition se réahse, com-
missa est, le pacte, lex, produit son effet. De là son
nom de lex commissoria. La lex eommissoria en ma-
tière de vente est une convention dont l'équité ne sau-
rait être révoquée en doute. L'acheteur en ne payant pas
arrive à se dégager, malgré le vendeur, des liens du con-
trat. 11 est juste ([ue le vendeur puisse, de son côté, en
faire autant et reprenne la chose qu'il a livrée en prévi-
sion du paiement du prix. Cette faculté n'est pas consi-
dérée par le droit romain comme une suite naturelle du
contrat. A cet égard on n'avait mis à la disposition du
vendeur que l'action tendant à l'exécution du contrat et
non une action dont le résultat final est sa résolution. Mais
l'ien n'empêche le vendeur de s'assurer le bénéfice de cette
résolution. Tel est précisément le but du pacte commis-
soire. L'effet de la lex commissoria était de donner ou-
verture, au profit du vendeur, à une action personnelle
qui, selon certains, était l'action du contrat, actio venditi,
selon d'autres, une simple action in factum. Alexandre
Sévère lui donna le choix entre V actio venditi et l'action
civile dite prœscriptis vérins. Justinien semble bien avoir
maintenu cette option. Mais le pacte avait-il aussi pour
effet de donner au vendeur l'action en revendication, en
sorte que la propriété de la chose aurait été retransférée
au vendeur par le seul effet de l'inexécution de l'obliga-
tion de l'acheteur? Selon une opinion qui paraît avoir
perdu de son crédit, cette question aurait été discutée
entre les jurisconsultes classiques. Justinien semble, en tout
cas, s'être montré favorable à la doctrine de la retrans-
lation de la propriété. Adjointe à un contrat de gage, la
lex commissoria n'avait rien d'exorbitant. On pouvait y
voir une vente sous condition suspensive de la chose en-
gagée, la condition étant le non-paiement de la dette ga-
rantie par le gage. Il n'y avait rien là qui fût plus anor-
mal que d'autres conventions autorisées de tout temps et
qui avaient pour objet la réalisation du gage et, grâce à
elle, l'extinction de la dette. La convention tendait, en
somme, à placer le créancier non payé dans la situation
où était celui qui avait reçu la chose en garantie par
voie d'aliénation fiduciaire (V. Fiducie). Mais au Bas-Em-
pire, une constitution de Constantin vint prohiber le pacte
commissoire (3 Cod. Just., VIIÏ, 33). Cette prohibition
inspirée par la pensée de protéger le débiteur contre les
manœuvres, captiones, de son créancier, est bien en har-
monie avec les tendances d'une époque où d'autres atteintes
et non moindres ont été apportées par le législateur à la
liberté des conventions. G. May.
II. Droit civil actueL — Il y a pacte, dit Pothier,
« toutes les fois que deux ou plusieurs personnes sont
d'accord pour former entre elles un engagement ou pour
en résoudre un précédent, ou pour le modifier ». Pour que
la convention ainsi intervenue ait toute valeur légale, il
n'est pas nécessaire qu'elle engendre une obligation. Il ne
l'est pas davantage qu'elle soit constatée suivant des formes
sacramentelles, sauf toutefois les cas où la loi impose expres-
sément certaines formalités essentielles dont l'omission
entraînerait la nullité du contrat. Il n'est pas enfin indis-
pensable que l'exécution en puisse être poursuivie en jus-
tice par une action spéciale. Ce sont là les caractères par
lesquels le pacte en droit français se distingue du pacte
en droit romain. Celui-ci en effet ne considérait comme
contrats que les conventions constatées par un fait, re,
par des paroles solennelles, ver bis, ou par des écritures
spéciales, Htteris, dont une obhgation résultait et qui
donnaient naissance à une action de droit civil. Il distinguait
alors sous le nom de pactes nus les conventions auxquelles
manquait une ou plusieurs de ces conditions. Aujourd'hui
les mots pacte, accord, convention, contrat, sont syno-
nymes en langage juridique. Cependant quelques auteurs,
et parmi eux M. Touiller, ont voulu maintenir en droit
français une distinction analogue à celle du droit romain
et comprendre sous la dénomination de pacte les contrats
qui, par suite d'une formalité essentielle omise, telle par
exemple que le défaut d'acceptation d'une donation par le
donataire, ou la non-rédaction d'un acte en autant d'exem-
plaires qu'il y a de parties intéressées, deviennent nuls,
mais redeviennent valables s'ils sont exécutés volontaire-
ment par le donateur dans le premier cas, par l'une des
parties engagées dans le second. Mais cette théorie n'a
pas prévalu et n'a d'ailleurs aucun intérêt juridique. Les
pactes n'étant autres que des conventions ou des contrats,
tout ce qui a été dit sous ces mots au point de vue des
distinctions et des caractères que l'on y retrouve, comme
aussi des conditions requises pour leur validité et leur
exécution, s'applique également aux pactes; il nous suf-
fira donc de rappeler que dans la terminologie usuelle- les
quelques conventions que l'on désigne plus particulièrement
sous le nom de pactes sont : le pacte commissoire, le pacte
de préférence, le pacte de quota litis, le pacte de cons-
titutœ pecnniœ et enfin le pacte de famille.
Charles Strauss.
Pacte Commissoire. — L'art. 1656 du C. civ. définit
ainsi le pacte commissoire : « la stipulation, lors de la
vente d'immeubles que, fiiute de paiement dans le terme
convenu, la vente sera résolue de plein droit ». Mais à la
différence du droit romain qui considérait la résolution
de la vente opérée par la seule expiration du terme, et
sans que l'acheteur pût l'empêcher par des offres ou un
paiement postérieur, le droit français ajoute : « que l'ache-
teur peut payer après l'expiration du délai et tant qu'il
n'a pas été mis en demeure par une sommation qui seule
opère en réalité la résolution du contrat, aucun délai de
grâce ne pouvant ensuite être accordé par le juge à l'ache-
teur ». Il n'en sera cependant ainsi qu'en cas de vente
d'immeuble, le pacte commissoire inséré dans une vente
d'objets mobiliers ou de denrées devant avoir son effet par
la seule arrivée du terme sans que l'acheteur se soit libéré.
Le pacte commissoire n'est donc qu'une forme spéciale de
la condition résolutoire que l'art. 1184 du C. civ. déclare
exister dans tous les contrats synallagmatiques et par
conséquent dans la vente qui est 'le contrat synallagma-
ti(jue par excellence. Il y a cependant dans le pacte com-
PACTE — PADANG
— 778 —
missoire certains caractèros particuliers qu'il importe de
signaler. Tandis que la condition résolutoire est implici-
tement comprise dans toute convention bilatérale, et sans
({u'il soit besoin qu'elle y soit formellement exprimée, le
pacte commissoire n'existe que si une des clauses de l'acte
de vente le stipule expressément. Non pas qu'en cas d'ab-
sence de la clause commissoire l'acheteur non payé ne
puisse poursuivre la résolution de la vente, il a à sa dispo-
sition la condition résolutoire de l'art. 1484, mais il sera
privé des avantages qu'apporte le pacte commissoire. Avec
celui-ci une simple sommation constatant le non-paiement
suffira, et le contrat tombera sans que le juge ait à inter-
venir pour prononcer cette résolution, et sans surtout qu'au-
cun délai de grâce puisse être accordé au débiteur qui jus-
tifierait avoir été empêché par un cas de force majeure de
remphr ses engagements, l.e vendeur non payé est donc
certain de rentrer en possession de son bien rapidement,
sans grands frais. Au contraire, s'il n'a à sa disposition
que la clause de résolution de l'art. 4484, il lui faudra
introduire et suivre toute la procédure spéciale à la ma-
tière, exposer des frais importants et peut-être, au dernier
moment, subir le délai de grâce que le juge aura cru de-
voir accorder au débiteur malheureux.
Pour qu'un tel résultat soit obtenu, il suffit que l'inten-
tion des contractants soit manifestée de façon formelle
dans l'acte, mais sans qu'une formule spéciale et des termes
sacramentels aient été employés. La clause résolutoire
trouvera alors son application dans toutes ventes sans ex-
ception, civiles ou commerciales, d'immeubles ou de meu-
bles, ventes consenties moyennant le paiement d'un prix
déterminé ou le service d'une rente viagère ou perpétuelle.
Une seule restriction doit être faite. En matière de vente
de meubles, le pacte commissoire disparaîtra si les meubles
ne sont plus en la possession de l'acheteur primitif et sont
passés aux mains d'un tiers qui pourra alors s'abriter
derrière la maxime que en fait de meubles possession vaut
titre. Le pacte commissoire conserve toute sa valeur, bien
qu'une partie du prix ait été payée, si l'acheteur se refuse
à se libérer complètement, le vendeur sera seulement tenu
de restituer la partie du prix qui lui aurait été payée an-
térieurement, et quelle que soit la valeur de la portion de
prix restée impayée, quand bien même elle n'en serait
qu'une partie infime. Le pacte commissoire ne peut donc
être tenu en échec que par le paiement du prix ou sa con-
signation avant la mise en demeure, ou par la preuve de
la renonciation tacite ou expresse du vendeur à s'en pré-
valoir. L'exercice du pacte commissoire a pour effet de
faire rentrer l'objet vendu dans les mains de son proprié-
taire originaire franc et quitte de toutes les charges de
quelque nature que ce soit dont il aurait pu être grevé
par l'acquéreur évincé. Les hypothèques, privilèges, servi-
tudes consenties disparaîtront ; les droits de gage ou autres
tomberont, et le propriétaire rétabli dans son bien le re-
trouvera exactement dans l'état où il se trouvait au mo-
ment de la vente. Charles Strauss.
III. Droit internationaL — Pacte colonial. —
On désigne sous ce nom la convention par laquelle la mé-
tropole s'attribue des droits sur les produits de sa colonie
en retour de certaines garanties ou de certains avantages.
IV. Histoire. — Pacte de famille (V. Famille, t. XIV,
p. 1484).
Pacte de famine (V. Famine).
BiBL. : Droit romain. — Digeste, II, 14, De pact. —
Breal et BAIL.1.Y, Dictionnaire éty mol. latin, y° Pango; Pa-
ris, 1885, in-8. — Dirksen, Maniiale latinitatis, v^'' Pacisci,
Pactio., Pactum; Berlin, 1837, in-4. — V. la bibliographie
sous le mot Convention, et y joindre : Accarias, Précis
de droit romain; Paris, 1891,' t. II, n°^ 643-648, 2 vol. in-8,
4« éd. — Girard, Manuel élément, de droit roinain ; Paris,
1898, pp. 421-431, in-8, 2« éd. — G. May, Eléments de droit
romain; Paris, 1898_, n"^ 118, 163, 161, in-8, 5« éd. — Soiim,
Institutionen des rômischen Rechts ; Leipzia-, 1896, pp. 130,
312-314, in-8, 6« éd.
Pacte coinmissoire. — Dig., XVIII, 3. — Accarias,
Précis de droit romain ; Paris, 1891, t. II, n'> 613, 2 vol.
in-8, 4"^ éd. — Girard, Manuel élém. de droit romain : Paris,
1898, pp. 702-707 : 717, noie 3 ; 759,760; in-S, 2° éd.— G. May,
Eléments de droit romain; Paris, 1898, n»" 210, 222, p. 461,
in-8, 5« éd.
Droit civil actuel. — Larombière, des Obligations;
Paris, 1857. — Toullier, le Droit civil français) Paris,
1843. — Duranton, des Contrats; Paris, 1821.
Pacte commissoire. — Delvincourt, Cours de code civil .
— Zaciiarliî, Droit civil français. — Duvergier, Droit ci-
vil français. — Tr<3plong, de Ui yente.~-\ . aussi tous les
auteurs ayant écrit sur le Code civil.
PACTHOD (Micbel-Marie, comte), général français, né
à Saint-Julien (Haute-Savoie) le 46 janv. 4704, mort a
Paris le 24 mars 4830. Commissaire des guerres au Pié-
mont, il entra le 45 déc. 1792 au service de la France,
fut chef de bataillon des volontaires du Mont-Blanc, coo-
péra au siège de Toulon, devint gouverneur de Marseille,
servit à l'armée des Alpes en qualité de général de bri-
gade (1793-98), commanda Strasbourg, puis une brigade
de la Grande Armée, se distingua à I^ubeck, Mohrenheim
(25 janv. 4807), Friedland, puis en Espagne (4808), où
il fut promu général de division, fut blessé à Wagram,
préposé aux armées d'IUyrie et d'Italie, créé comte après
Bautzen, se distingua à Hoyerswerda, à Montereau où il
fut pris après une héroïque résistance. Il s'abstint durant
les Cent-Jours et devint inspecteur général d'infanterie
(4848).
PACTOLE (Fleuve) (V. Lydie, t. XXII, p. 846).
PACUVI US (Marcus), poète tragique romain, né àBrun-
dusium vers 220, mort à Tarente vers 430. Neveu par sa
mère et disciple d'Knnius, il vécut à Rome où il fut peintre
et poète. Il composa des imitations libres des tragédies
grecques, enparticuHer de Sophocle et d'Euripide, et aussi
des tragédies proprement latines par le sujet et la composi-
tion (tragediœ prœtextœ), de sorte qu'il est regardé comme
le fondateur de la tragédie latine. Il lui donna son style,
vigoureux, très imagé, essentiellement rhétorique et vi-
sant d'une manière excessive à l'effet pathétique. Les frag-
ments conservés de ses œuvres figurent dans les Tragi-
conimTiomanorum fragmenta de Ribbeck(2® éd. , 4874).
Ses œuvres les plus vantées étaient Ani^/op^ etDulorestes,
adaptation de VIphigénie en Tauride. Parmi les pj-œ-
textœ, on citait Paullus enl'honneur de Paul-Emile. Pa-
cuvius avait aussi composé des Saturœ et peut- être des
comédies {Pseudo, Tarentilla).
PAC Y-SUR- Armançon. Com. du dép. de l'Yonne, arr.
de Tonnerre, cant. d'Ancy-le-Franc, sur la rive gauche
de l'Armançon ; 479 hab. Le fief de Pacy relevait avant
4789 du comté de Tonnerre. Chapelle de Saint-Georges,
du xii^ siècle, dans le cimetière. Restes de l'enceinte d'un
château du xvi^ siècle. Pont duxvi^ siècle ; église parois-
siale dn xviii° siècle. M. P.
PACY-suR-EuRE. Ch.-l. de cant. du dép. de l'Eure,
arr. d'Evreux, sur la rive di^oite de l'Eure ; 4.926 hab.
Stat. du chem. de fer de l'Ouest. Fonderies de fonte et
de cuivre ; scierie mécanique ; fabrique de chaises et de
bois découpés ; sabots ; mégisseries ; imprimerie ; mou-
fins. Egfise des xii®, xiii® et xiv® siècles. Au mois de
juil. 4793, les troupes de la Convention commandées par
le général Puisaye y mirent en déroute les fédérafistes
normands.
PADAM. Nom d'une tribu que les Assamais appellent
Abar, c.-à-d. « Sauvages », et qui habite dans l'extrême
N.-E. de l'Inde le bassin de la Soubansiri, affluent de
droite du Brahmapoutre. Les Padams, évalués à environ
4 million d'âmes, sont d'origine tibétaine. A demi civilisés
et à peu près indépendants, ils jouissent d'une sorte de
régime démocratique, toutes les affaires étant décidées
par l'assemblée communale dont les adultes font partie.
Leurs villages sont propres et leurs champs bien cultivés.
La plupart sont fétichistes. Ils se tatouent. Leurs orne-
ments et leurs armes leur viennent du Tibet.
PADANG. Nom d'une résidence ou province du gou-
vernement de la côte occidentale de Sumatra (Indes Néer-
landaises) et de la ville qui sert de capitale et de quar-
tier général à ce gouvernement. Le gouvernement a
779
PADANG — PADEHBORN
42.822kiI.q.etl.04i.583hab.(en4894)dont2.263Euro-
péens. La ville, bâtie à l'embouchure de TArau, sur la
rive droite, par 0^50' lat. S. et 98'^ long. E., compte
45.000 hab. et possède un quartier européen et un quar-
tier chinois. C'est le principal marché de Sumatra pour
l'or, et le commerce du port est fort actif. A environ
12 kil. plus haut, sur la rivière, se trouvent les restes
d'indrapoura, la capitale de l'ancien royaume de même
nom. Padang fut le premier établissement néerlandais à
Sumatra (en i666),
PADAR. Petite région montagneuse qui s'étend sur une
longueur de 30 kil. des deux côtés du cours supérieur du
Tchiuab (ancien Tchandrabhaga), en amont duKitchwar,
dans riïimalaya occidental, et fait partie des Etats du Ma-
hàrâjah de Cachemire et Djammou. La hauteur des cimes
environnantes rend le climat très dur dans la vallée qni
n'a guère que 2.000 hab. Le principal village est Atholi.
La seule industrie est la coupe des bois, surtout des cèdres
Deodara, qu'on fait flotter ensuite jusqu'à la plaine. On
y voit des temples élevés aux Nâgas (serpents mythiques
et génies des sources), qui sont les divinités les plus po-
pulaires de l'Himalaya.
PADDA. Ormth. — Genre d'Oiseaux de l'ordre des
Passereaux et de la famille des Plocéidés (V. ce mot),
désigné dans les catalogues systématiques sous le nom
latin de Munia et présentant les caractères suivants :
bec fort, conique, à sommet arqué, les deux mandibules
d'égale longueur ; queue de longueur moyenne ; ongles
forts et recourbés. Ce genre renferme environ 22 espèces
répandues depuis l'Inde jusqu'à la Nouvelle-Irlande et
l'Australie, à formes généralement robustes et parées de
couleurs élégamment variées qui les font rechercher dans
les volières ; aussi les capture-t-on par milliers dans leurs
pays d'origine pour les transporter en Europe où ils vi-
vent et se reproduisent même assez facilement en capti-
vité. Le type du genre est le Pabda ou C^lfat {Munia
orijzivora), Passereau de la taille du Moineau, à plumage
d'un gris cendré très élégant avec la tête et la queue
noires, les joues blanches et le bec d'un rose carminé ; le
mâle et la femelle sont semblables, ce qui n'est pas tou-
jours le cas dans cette famille. Le Padda, originaire de
la Malaisie (Java, Sumatra, Malacca), a été introduit en
Indo-Chine et dans le S. de la Chine, au Tonkin, dans
les îles Seychelles et Maurice et même à Zanzibar. En
Indo-Chine, il est actuellement aussi commun que notre
Moineau en Europe et se montre par bandes nombreuses
et pillardes au voisinage des rizières, ce qui lui a valu le
nom à' Oiseau de riz, « Padda » étant le nom chinois de
cette plante, dont il dévore les graines. En Europe, c'est
une des espèces qui vivent le mieux en volière où son plu-
mage toujours lisse et soigné, son ramage agréable le
font rechercher. Mais il faut le séparer des autres oi-
seaux, car il est curieux et taquin, tracassant sans cesse
les espèces plus faibles. Il se reproduit assez facilement,
faisant son nid dans une bûche creuse qu'il garnit de paille
et de foin : la femelle pond de 5 à 6 œufs qui éclosent au
bout de quinze jours. On le nourrit, comme les autres es-
pèces, de millet en grain ou en branche et d'autres graines.
Il existe une variété blanchejobtenue par les Chinois au moyen
de la sélection, et qui est plus rare et d'un prix élevé.
Une espèce voisine, le Jacobin de Buffon ou Gros-Bec
i)E Java (Munia malacca), nommé aussi Capucin à tête
noire par les marchands d'oiseaux, est marron avec la
tète noire dans les deux sexes. Il habite l'Inde méridio-
nale et Ceylan, et c'est une des espèces les plus communes
dans les volières. Il est plus petit et d'un caractère plus
doux que le Padda. La Munie a tête blanche {Munia
maja), est marron avec la tête blanche et le bec bleuâtre ;
elle habite Malacca, Sumatra et Java. La Munia atrica-
pilla, qui est probablement le Gros-Bec de Chine des an-
ciens auteurs, vient de l'Himalaya, de l'Inde centrale, de
Birmanie et s'étend jusqu'à la presqu'île de Malacca mais
non dans les îles Malaises.
LeDomNo{MuniapunrluIala),ouDamier âesokelenrs,
doit ce nom à sa gorge et son ventre régulièrement qua-
drillés de noir et de blanc; le dessus est d'un brun rou-
geâtre ; on en distingue plusieurs variétés. Il habite l'Inde,
(Ceylan et l'Assam. La Munia nisoria, ou Gros -Bec ta-
cheté DE Java, qui habite aussi Malacca, en est voisine
par son mode de coloration, et il en est de même de
M. Labanid des Philippines. Plus au S. et à l'E., on
trouve les Munia quinticolor de Timor et Florès; M. ni-
griceps eti!/. grandis deNouvelle-Guinée ; M. spectabilis de
la Nouvelle-Bretagne eti¥. Forbesiàelsi Nouvelle-Irlande.
Enfin les Munia castaneothorax et M. flaviprymna sont
de l'Australie; la première, désignée aussi sous le nom de
DoNACOLE, est assez souvent transportée en Europe.
Le genre Urolongha ne diffère du genre Munia que par
sa queue dont les deux rectrices médianes sont pointues
et dépassent les autres. Le type est VIL striata an Gros-
Bec DE BouRP.oN des anciens auteurs, qui vient en réalité
de l'Inde et de Ceylan. Une seconde espèce, le Gros-Bec
DES MoLUQUEs ([/. molucca), est en effet originaire de
ce groupe d'îles. Une dernière espèce ([/. ruficauda) dont
la queue, très longue, a près de 6 centim., vient de l'Aus-
tralie. E. Trouessârt.
PADDOCK (V. Stalle).
PADDY. Abréviation de saint Patrick (V. Patrick). C'est
le sobriquet usuel en vVngleterre pour désigner un Irlandais.
PADELLETTI (Guido), professeur et juriste italien, né
à Livourne en 1843, mort le3 juil. 1878. Il fit ses études
à Sienne et, après avoir pris part à la guerre de 1866 en
Tirol, comme volontaire, il publia sa Teorica delle^Ele-
zioni politiche, qui attira sur lui l'attention des savants
et lui mérita le prix de la/L Accademia di Scienze mo-
rali et polifiche de Naples. Il se rendit ensuite, pour se
perfectionner dans l'histoire du droit romain, à Berlin et à
Heidelberg, où il publia sa dissertation sur la Heredis
institutio exre certa. De retour en Italie, il fut profes-
seur de Pandectes à F Université de Pérouse, puis à celle
do Pavie, et professeur d'histoire du droit à celle de Bo-
logne; et enfin, en 1873, il obtint la chaire de Rome qu'il
conserva jusqu'à sa mort. On cite de lui: Fontes iu-
ris Italici medii œ.vii ; Professioni di legge nelle
carte medio-evali ; son mémoire, Sullo Studio di Peru-
gia nei secoli XÏV e XV; sa « Prolusione », qui a pour
titre Roma nella storiadel Diritto; sa Storia del ï)i-
ritto romano {manuale ad uso délie scuole), et plu-
sieurs études politiques imprimées dans la Niiova Anto-
logia. E. Casanova.
BiBL. : Del Vecciiio Alberto, Guido Padelletti^ dans
Archivio storico italiano, série IV, vol. II, pp. 488 et suiv.
PADERBORN. Ville de Prusse, district de Minden
(Westphalie), aux sources de la Padcr, afïï. de la Lippe ;
19.941 hab. (en 1895). Cathédrale de style gothique pri-
mitif, achevée en 1163, renfermant le tombeau de saint
Liborius ; chapelle romane Saint-Barthélémy, de 1017;
hôtel de ville bâti en 1615, restauré en 1870-76. — Evê-
ché catholique ; école de théologie. — Sources alcalines
d'Inselbad. Commerce actif de fruits, bétail, laine. Ate-
liers de chemin de fer, distilleries, brasseries, verreries,
savonneries, etc.
Paderborn {Paderœ fontes, Patris brunna) était un
village saxon où Charlemagne tint en 777 la première
assemblée générale oti fut convoqué le peuple soumis. Il y
fonda en 795 un évêché ; l'évêque Badurad (815-852)
édifia la première cathédrale dont subsiste la chapelle Saint-
Gerold (au N. de l'édifice actuel) et se fit donner les re-
liques de saint Liborius. L'incendie de 1000 ayant détruit
les diplômes, l'évêque Bothar fit renouveler les privilèges
de l'évêché par Otton III. Son successeur Meinwerk
(f 1036) agrandit beaucoup ses possessions et transféra
sa résidence au faubourg de Neuhaus. Mais aux siècles sui-
vants la ville, entourée d'une enceinte, revendiqua l'auto-
nomie municipale puis s'agrégea à la Hanse ; la plupart
des domaines de l'évêché furent inféodés aux comtes de
PADERBOKN — PADILLA
780
Westphalie et do Lippe. En 1582, la Réforme pénétra à 1
Paderborn ; l'évèque Hermann de Wied, en même temps
archevêque de Cologne, la combattit, puis l'adopta et fut
déposé (io'47) ; les catholiques se maintinrent et abolirent
les libertés municipales. Toujours lié à l'archevêché de
Cologne, l'évêché princier de Paderborn fut occupé au
temps de la guerre de Trente ans par Ferdinand de Ba-
vière, puis par Ferdinand II de Furstenberg (f 1683) ;
le dernier titulaire fut Franz-Egon de Furstenberg
(1789-1802) ; l'évêché fut alors sécularisé et attribué en
1803 à la Prusse à titre de principauté héréditaire; il
occupait alors 2.423 kil. q., peuplés de 100.000 âmes,
sur les deux rives de l'Egge ; l'évèque était suffragant de
Mayence, et son revenu atteignait 400.000 thalers. —
L'évêché fut restauré le 16 juil. 1821 comme suifragant
de Cologne, et son diocèse actuel comprend les districts
de Minden, Arnsberg, la province prussienne de Saxe, le
duché d'Anhalt. A.-M. B.
Conciles de Paderborn. — De 777 à 785 furent tenues
dans les lieux où Paderborn se développa plus tard, quatre
de ces assemblées que les canonistes appellent des conciles
mixtes, parce qu'elles étaient composées des représen-
tants des deux pouvoirs (V. Canon, t. IX, p. 69). Ces
quatre assemblées s'occupèrent principalement de la con-
version imposée aux Saxons vaincus et de l'organisation
qui devait les tenir soumis à la domination des Francs et
à celle de l'Eglise. — 777. Champ de mai très brillant,
auquel assistèrent trois princes sarrasins venus, eux aussi,
pour promettre leur soumission. Des milliers de Saxons
furent baptisés dans les vastes cuves préparées sur les
bords de la rivière. — 780. Fondation des cinq évèchés
de Minden, Albertstadt, Ferden, Paderborn et Munster
et de plusieurs églises destinées à contenir les Saxons.
Charles, dit la Chronique de Moissac, partagea le pays
entre des évêques, des prêtres et des abbés, afin qu'ils
l'habitassent et y prêchassent la foi. — 782. Organisation
du gouvernement civil et ecclésiastique chez les Saxons.
— 785. Même objet et nomination des évêques pour les
sièges récemment institués. Un Capitulaire de 785 punit
de mort les païens qui refuseront le baptême, brûleront
leurs morts au lieu de les enterrer, et enfreindront le
carême par mépris. E.-H. V.
BiBL. : Bkssen, Gesch. des Bistuins Paderborn ; Pader-
born, 1820, 2 vol. — Urhunden des Bistums Paderborn., pu-
bliés par WiLMANs; Munster, 1871-80, 2 vol. — Hol=îcii]:r,
Die œltere Diœzese Paderborn. 1880. — W. RicHTER,-Si<(-
dien iind Qnellen zur Paderborner Geschich te, 1893. — Gie
FEiiB, Der Dora zu Paderborn ; ^lunatcv. 1860.
PADEREWSKI (Ignace- Jean), pianiste polonais, néàKu-
rijlowka (Podolie), dans la Pologne russe, le 6 nov. 1860.
Après avoir achevé ses études musicales au Conservatoire
de Varsovie, l'aderewski se produisit en public pour la
première fois, à Vienne en 1887, et l'année suivante à
Paris, à la salle Erard, puis au concert Lamoureux. Le
charme de son jeu, l'élégance et le style de son exécution
l'ont placé promptement au premier rang des pianistes
de concert. Il a donné des auditions presque en tous pays
avec un égal succès: en Angleterre (1890), où il est rc-
verm d'ailleurs presque chaque année et où il a donné plus
de 400 concerts ; en Allemagne (1891) ; en Amérique
(1892, 1893, 1896) ; en Russie, en Pologne, en Italie, etc.
Ses compositions sont assez nombreuses : elles consistent
surtout en musique pour piano. Ses œuvres pour le chant
ou l'orchestre, ses cantates et un opéra sont encore assez
peu connues, surtout en France. H. Q.
PADERN. Com. du dép. de l'Aude, arr. de Carcassonne,
cant. de Tuchan; 499 hab.
PADICHAH.Titredes souverains musulmans, appliqué en
particulier au sultan turc ottoman et équivalent à empereur.
PADIÈS. Com. du dép. du Tarn, arr. d'Albi, cant. de
Valence; 739 hab.
PADIGLIONE (Carlo), généalogiste italien, né à Pa-
lerme le 10 oct. 1827. Il fit la campagne de Lombardieet
de Venise en 1848-49. Devenu suspect au gouvernement
napohtain, il fut }»lusieurs fois emprisoinié et enfin exilé
dans ses terres jusqu'en 1839. Le gouvernement italien le
nomma bibliothécaire de la Brancacciana de Naples. Il a
fait de nombreuses publications généalogiques, héraldiques
et d'histoire municipale.
PADIHAM. Ville d'Angleterre, comté de Lancastre, sur
le Calder, à 4 kil. de Burnley: 11.301 hab. (en 1891)
avec Hapton. Filatures de coton.
PADILLA (Doua Maria de), maîtresse du roi Pierre le
Cruel (Pierre P^ de Castille), née, d'après la tradition, à
Séville, morte en juil. 1361. Son père, le chevalier
Juan Garcia, était Castillan, de la région de Palencia.
Le roi connut dona Maria en 1352, à son passage par
Sahagun, où la Padilla séjournait en compagnie de dona
Isabel de Meneses, femme du favori du roi, Alburquerque.
Celui-ci, d'accord avec son ami don Juan-Fernandez de
Henestrosa, oncle de dona Maria, favorisa la liaison de
la belle dame sévillane avec Pierre P^ qui tomba
amoureux d'elle. On croyait ainsi dominer plus facilement
le roi et assurer la prépondérance à la cour d 'Albur-
querque et de ses amis. Quehiues auteurs anciens oiit
affirmé que Pierre P^' épousa la Padilla avec toutes les cé-
rémonies de l'Eglise, et le roi obtint en 1362 des Cortés
(le Séville la déclaration solennelle de ce fait. Le fait, tou-
tefois, n'est pas certain. Mais l'amour pour dona Maria fut
la passion maîtresse de Pierre I*''', (lui, malgré d'autres
liaisons analogues qu'il eut dans sa vie, retourna toujoiu's
à elle. Ce fut pour doua Maria qu'il abandonna sa femme
légitime, Blanche de France, trois jours après son mariage.
Le pape Innocent VI écrivit à ce propos au roi des lettres
comminatoires en 1333 et 1354. Il y eut même un mo-
ment où dona Maria, peut-être outrée par les amours du
roi avec dona Juana de Castro, s'adressa au pape en lui
demandant la permission de fonder dans l'évêché de Pa-
lencia un monastère où elle voulait s'enfermer, et Pierre P''
parut lui-même favoriser ce projet. La permission fut
donnée, le monastère fondé, et le pape put croire à la réa-
lisation de ses vœux. Mais la Padilla n'entra pas dans la
vie religieuse. Pierre P'" se raccommoda avec elle. En 1358,
une nouvelle infidélité du roi (avec doua Aldonza Coronel)
menaça encore la liaison, mais n'y mit pas fin. Trois ans
plus tard, mourut dona Maria, peu de temps après la
femme légitime, dona Blanca. Le roi lui fit faire des
funérailles presque royales. Le corps fut enseveli d'abord
dans le monastère de clarisses d'Astudillo, fondé par
dona Maria, et puis dans la cathédrale de Séville. La
Padilla laissa un fils, don Alfonso, et trois filles. Don
Alfonso fut reconnu comme prince héritier de la couronne
et le roi, dans le traité conclu en 1362 ave.î Pierre IV
d'Aragon, concerta le mariage du prince avec la princesse
aragonaise doua Leonor, tout en promettant do prouver la
légitimité de son union avec dona Maria, antérieurement
au mariage avec Blanche. 11 promit aussi d'obtenir du pape
la déclaration de légitimité pour don Alfonso. Dans la
même année, en effet, les Cortés de Séville (que certains
auteurs ne croient pas avoir été de vraies Cortés) firent
la déclaration du mariage avec dona Maria, et de la légi-
timité de ses enfants. Mais le traité avec Pierre IV n'ar-
riva pas à s'accomplir. Le prince Alfonso mourut peu
après, encore enfant. La déclaration des Cortés de Séville
fut acceptée dans la suite par le roi Phihppe II, qui or-
donna la translation des cendres de dona Maria à la Nou-
velle Chapelle. Des filles de dona Maria, donaBeatriz s'en-
ferma dans le couvent de Tordesillas ; dona Constanza se
maria avec le duc de Lancastre, et fut mère de la prin-
cesse dona CataUna, femme du roi de Castille Henri III ;
dona Isabel épousa Edouard, duc d'York.
La Padilla était d'un caractère doux et charitable. Elle
ne se mêla pas des affaires de la cour, mais ses parents
profitèrent largement de sa faveur, même au détriment du
favori Alburquerque, qui avait provoqué l'union du roi et
de dona Maria. R. Ai/rAMmA.
BiBL. : P. Vlorka, Pie'Dias catollcas, \o\. H. — Mura,
^ 781
MDILLA -- PADOUE
Haeivii itustraxhi. — Caj^ai.ina v Garcia, CnstiUa y Léon
(tarante los rnuiados de Pedro /«'•, Enrlque II. Juan II >j
EnriquellI ; Madrid, 1891, vol. !«••.
PADILLA (Don Juan), chef des Comuneros (V. ce
mot) .
PADINA (Bot.)(V. Zoxairk).
PADIRAC. Corn, du dép. du Lot, arr. de G ourdou,
caut. de Gramat; 256 liab.
Plus de Padirag. — Gouffre ou puits naturel du causse
de Gramat, dép. du Lot, à 14 kil. E. de Rocamadour,
large à l'oritice de 30 m. et profond de 403 m. ; il
conduit à une rivière souterraine découverte et suivie
pendant 2 kil., en 1880 et 1890, par MM. Martel, Gau-
pillat et de Launay, à travers une série de lacs et de salles
grandioses, dont la plus élevée mesure 90 m. de hauteur.
Depuis le 1^'' nov. 1898, cette nouvelle merveille pitto-
resque de la France est aisément accessible à tous les tou-
ristes, grâce aux travaux d'aménagement (escaliers en fer,
flottille de bateaux), effectués par une société anonyme
(pii s'est constituée pour l'exploitation de ces cavernes,
les plus curieuses de l'Europe avec celles d'Adelsberg et
de Saint-Cauzian en Autriche.
BiHL. : E.-A Martel, les Abimes ; Paris. 1894. — Toin*
du M onde ^ déc. 18U0
PADMARATI (V. Lakchmi).
PADOUAN (Le) (V. Cavino [Giovanni]).
PADOUE (Ane. Patauiiim, en italien Paclova). I. Géo-
r.RAPHiE. — Ville d'Italie, ch.-l. de la prov. de ce nom;
elle est située sur le Bacchiglione, au milieu d'une plaine
fertile, à 37 kil. à l'O. de Venise. Elle est peuplée (4894)
par 80.400 hab. La décadence de Venise en a fait la cité
la plus vivante et la plus riche de la Vénétie. Par le chiffre
croissant de sa population (47.300 hab. en 4884), par
l'importance de ses maisons de hanques et le développe-
ment de son commerce, par sa situation au point de croi-
sement de lignes ferrées qui la relient au S. à Bologne
(123 kil.), à l'O. à Milan (228 kil.), au N. à Bellune
(410 kil.), à l'E. à Venise (37 kil.), elle est devenue le
centre économique des provinces comprises entre les Alpes,
le Pô et le Mincio. Elle en est depuis longtemps le centre
intellectuel. Son Université est une des plus anciennes
d'Italie, puisqu'elle a été fondée en 4222, et une des plus
fréquentées puisqu'en 4897 elle comptait 4.664 étudiants
et venait immédiatement, sous ce rapport, après celles de
Naples, de Rome et de Turin. La bibliothèque annexée à
l'Lniversité comprend 427.000 volumes, 45.300 brochures
et 2.480 manuscrits.
La ville est entourée par une veille enceinte, de forme
elliptique, traversée par les dérivations du Bacchiglione,
sillonnée par des rues étroites, tortueuses et souvent
bordées de galeries (portici), ne couvre pas entièrement
l'espace compris entre les murs qui l'enserrent, et dont
elle est séparée par d'immenses jardins ; aussi la circu-
lation, très inégale, est-elle aussi active au centre que
nulle sur la périphérie. Elle est traversée par une grande
Chapelle des Reliques ou du Trésor de la basilique de Saint-Antoine, à Padoue.
artère, qui, sous des noms divers, la parcourt dans sa plus
grande largeur. Au point de vue artistique, elle ne peut
lutter avec Venise, Bologne où même Vérone, mais elle
contient un certain nombre de monuments intéressants.
4° Au centre et sur la rue centrale se trouvent, concentré
sur un étroit espace, les places Garihaldi et Cavour, le
Palais de l' Université orné de helles arcades construites
en 4552 par Sansovino, et le café Pedrocchi, une des
curiosités de la ville. Un peu plus au S. h place Victor-
Emmanuel ou Prato délia Valle est un immense espace
planté d'arbres, orné de statues et bordé par la grandiose
église de Sainte-Justine (4546-32) ; 2° le quartier S.-E.
contient les principales curiosités de Padoue : l'église
Saint- Anloine, immense construction consacrée au pa-
tron de Padoue (445 m. de long sur 55 de large), com-
mencée en 4234, achevée en 4575, restaurée en 4749,
remarquable par l'aUiance du style gothique et du style
byzantin, ornée d'une magnifique chapelle contenant les
reliques du saint ; la Scuola del Sanlo, édifice annexé à
l'église et contenant 47 fresques du Titien (4508-44) ;
le Musée municipal, élégant bâtiment moderne ; enfin la
statue équestre du condottiere Gattamelata, achevée par
Donatello en 4453 ; 3^ dans le quartier N.-E. sont situées
deux églises voisines, riches en chefs-d'œuvre de la pein-
ture ; Tune, celle des Eremitani, bâtie au xiii^ siècle et
restaurée en 4880, renferme des fresques de Mantegna et
de ses contemporains de l'école du Squarcione, qui comp-
tent parmi les œuvres d'art les plus considérables du N.
PADOUE — PADOVANO — 782 —
de l'Italie ; dans l'autre, la Madoima deW Arena (1303),
on admire des fresques intéressantes de Giotto ; 4^ dans
le quartier 0. on remarque : le Dôme, ou cathédrale,
édifice du milieu do la Renaissance ; la Piazi-a deW
hnità d'italia, bordée au S. par la Loggia del Consi-
glio, beau monument du commencement de la llcnais-
sance ; le Salone ou palais de justice construit de 1172 à
1219, et dont le nom vient d'une immense salle voûtée
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Eglise Sainte-Justine, à Padoue.
en bois, datant de 1420 (de 83 m. de long sur 28 de
large) ; enfin le palais municipal.
II. Histoire. — Padoue {Patavium) est une des plus
anciennes villes de l'Italie du Nord. Selon la légende, elle
aurait été fondée par le Troyen Anténor ; d'après l'histoire,
elle appartint d'abord à la confédération étrusque du Nord,
puis aux Vénètes; elle pouvait mettre en ligne 20.000
hommes et défit en 302 av. J.-C. le roi de Sparte Cléo-
nyme. Elle accepta la domination romaine et devint un
municipe vers 215. Enrichie par le commerce, ce fut la
plus opulente ville de l'Italie du Nord, illustrée par Tite-
Live qui y naquit en 59 av. J.-C. Saccagée successive-
ment par Alaric (413), par Attila (452) et par Totila,
abandonnée par une grande partie de ses habitants, qui
se réfugièrent au milieu de la lagune dans File de Rialto
(V. Venise), elle fut reconstruite par Narsès, puis prise
et brûlée, après une longue résistance, par les Lombards
d'Agilulf (610). Occupée ensuite par Gharlemagne, puis
par les Hongrois, elle acquit son autonomie municipale,
confirmée par Otton P'', et se gouverna sous la direction
de deux consuls annuels. En 1164, elle entra dans la
ligue lombarde, accéda à la trêve de Venise (1177). Les
podestats qu'elle avait mis à la tête de la commune en 1175
menacèrent bientôt ses libertés ; choisis dans la maison de
Romano, ils devinrent de véritables seigneurs ; le plus
illustre d'entre eux, Ezzelino da Romano, exerça do 1237
à 1256 une terrible tyrannie. Après sa chute et la vic-
toire des Guelfes, les dissensions entre le peuple et la
noblesse obligèrent à recourir de nouveau à un podestat
qui fut choisi dans la famille de Garrara. En 1311, la cité
se donna à l'empereur Henri VII qui y étabht Gérard
d'Isola; mais l'année suivante, elle le chassa, et bientôt
rappela Niccolo et Obizzo de Garrara. Après une sanglante
guerre avec Vicence, Jacopo de Garrara fut proclamé capi-
taine général (1318). Sa famille conserva la principauté
de Padoue jusqu'en 1405. Francesco P^, allié de Jean-
Galéas de Milan contre les Vénitiens, fut trahi pai* son
allié qui l'emprisonna et le ht mourir (1393). Son fils
Francesco II fut dépouillé par les Vénitiens de ses pos-
sessions, et en dernier lieu de Padoue (1405), puis étran-
glé avec ses deux fils (1406). La ville fut annexée au
territoire vénitien et, en 1509, c'est la résistance qu'elle
opposa à l'empereur Maximilien qui fit échouer l'entre-
prise de la ligue de Cambrai contre la république de
Venise. Elle y resta annexée jusqu'en 1797; occupée le
28avr. par les Français, elle fut cédée à l'Autriche le
17 oct. par le traité de Gampo-Formio. Le traité de Pr es-
bourg (26 déc. 1805) la donna à ?sapoléon P^, qui l'adjoi-
gnit au royaume d'Italie où elle fut le chef-Heu du dép. de
la Brenta. Le traité de Paris du 30 mai 1814 et les traités
de Vienne la rendirent à l'Autriche. Le 8 févr. 1848, elle
s'insurgea sans succès. Le traité de Vienne du 3 oct. 1866
la rétrocéda à Napoléon III et par son intermédiaire à
l'Italie. iVlbert Pingaud.
BiBL. : Cappelletti, Stoiùa di Padova; Padoue, 1875,
2 vol. — Gennari, An?iaUdci?a citta di Padova ; Bassano,
180G, 3 vol.
PADOUE (Duc de), général français (V. Arrigiii
[J. Toussaint]).
PADOUE (Arrigiii de Casanova, duc de) (V. Arrîgui
[L.-H.-H.-E. DE Casanova]).
PÂDOUX. Corn, du dép. des Vosges, arr. d'Epinal,
cant. de Rruyères; 600 hab.
PÂDOVANINO (V. Padovano [Alexandre]).
PADOVANO (Dario Varotaui), dit il Cavine, peintre
et architecte italien, né à Vérone en 1539, mort à Pa-
doue en 1596. Venu do bonne heure à Padoue, il fut
présenté à Véronèse et à Titien qui lui prodiguèrent leurs
bienfaits et leurs conseils et lui facilitèrent l'accès de la
cour de Rome. Doué d'une très grande facilité, Padovano
devint rapidement un habile dessinateur et un peintre de
quelque mérite : l'imitation de Véronèse se trahit dans les
décorations de Sant' Egidio de Padoue par lesquelles il
débuta et qui lui valurent bientôt de nouvelles commandes.
Les Saintes Femmes au sépulcre, exécutées pour la cha-
pelle de l'Université de Padoue, sont d'une composition
savante, mais plutôt froide, et d'un coloris peu original :
le souvenir des maîtres vénitiens hante l'imagination de
l'artiste qui s'efforce consciencieusement d'utiliser ses ré-
miniscences. Parfois elles le condamnent au pastiche, té-
moin le Pape approuvant les statuts de l'ordre des
Carmes, quePadovano peignit sur les volets de l'orgue de
l'église del Carminé, et qu'on a pu attrihuer au Titien, et
V Alliance conclue entre Pie F, le roi d'Espagne et le
doge Mocenigo, sur l'une des parois de la salle des Am-
bassadeurs, au palais du Podestat (1573). En revanche,
dans le Saint Barnabe qu'il donna à la petite église de
Venise qui porte ce nom, le Padovano ne s'inspira que de
lui-même. Aussi cette peinture, vraiment unique dans son
œuvre, est-elle marquée d'un caractère saisissant d'énergie
et de puissance : on l'admire au musée de Venise. - -
Comme architecte, le Padovano fit preuve de science et
de goût; mais les constructions qu'il édifia, et dont la
principale fut la Villa Montecchia, ne portent pas la
marque d'une personnalité bien accentuée. G. C.
PADOVANO (Alessandro Varotari, dit il), peintre
italien, né à Padoue en 1580, mort à Venise en 1643,
fils du précédent. Orphelin dès l'âge de six ans, il ne put
apprendre la peinture de son père ; mais, comme lui, il
s'éprit de bonne heure des œuvres de Titien, et commença
par étudier les trois belles fresques que le grand coloriste
avait laissées à Padoue, dans la scuola di Sant' Antonio ;
puis il voulut se rendre à Venise, afin de pénétrer à fond
les secrets du faire de son maître préféré. Sa prodigieuse
faculté d'assimilation lui permit de s'approprier cette cha-
leur savoureuse d-ans les carnations, et cette habileté à
ménager les demi-teintes qu'il admirait dans Titien ; dès
son arrivée à Venise, il exécuta brillamment ,pour l'église
Sainte-Justine, le baptême et le martyre de la sainte.
C'est surtout à Sainte-Marie-Majeure que se trouvent un
grand nombre des ouvrages de Padovano : ils se distin-
guent, dans une époque où l'école vénitienne était la proie
du maniérisme, par une simplicité relative, une dignité et
une allure dont on avait perdu l'habitude. Le succès en
fut extrêmement vif : tous les princes de l'Italie accablè-
rent à l'envi le peintre de leurs faveurs, et il ne tarda pas
à réaliser une belle fortune. Mais de toutes les produc-
tions dont il dota Venise et Padoue, la plus célèbre et la
plus belle est sans contredit celle qu'il osa entreprendre
après Véronèse et en l'imitant, sur le sujet des Noces de
Cana. A vrai dire, tout en se rappelant les principaux
motifs de la toile fameuse dont il s'inspirait, le Padouan
sut renouveler l' ordonnance de la scène, plaçant son Christ
au premier plan, et mettant à coté de lui, par une oppo-
sition bien entendue, la figure d'un pauvre mendiant qui
reçoit sa part du festin. De gracieuses jeunes filles ser-
vent à table et font passer des corbeilles de fruits, tandis
qu'un serviteur verse du vin dans les amphores : le mi-
racle est mis ainsi en évidence. Les Noces de Cana, peintes
pour le réfectoire de San Giovanni di Verdara, de Pa-
doue, soulevèrent un enthousiasme indescriptible ; depuis
ce moment, la carrière du Padouan ne fut plus qu'un long
triomphe. Pour Venise, il exécuta le Sacrifice d'ipliigé-
nie, au palais Manfrini ; la Femme de Darius ai h Christ
mort, à l'Académie ; le Martyre de saint Jean VEvan-
géliste, à Saint-Pierre; Santa Maria delta Salute; la
Parabole des Vierges sages, aux Incurables; Saint Domi-
nique calmant une tempête, à Saint-Jean et Saint-
Paul. Pour Padoue : un Christ portant sa croix, r In-
crédulité de saint Thomas, la Femme adultère. Les
galeries de Florence, le musée de Vienne et celui de Ber-
lin possèdent diverses toiles de ce maître brillant. Enfin le
Louvre a de lui un Amour et Venus qui ne compte point
parmi ses meilleurs ouvrages. En somme, si Alessandro
Padovano s'est montré parfois inférieur à sa retentissante
renommée, la postérité doit lui être reconnaissante d'avoir
fait un instant revivre, au xvn*^ siècle, les nobles tradi-
tions de la grande époque. Gaston Cougny.
BiBL. : Lanzi, Stonupitioncii délia lUd'ui (Scuola vene-
— 783 — PADOVANO — P^DÉRIE
ziana). -- Kidolfi, Pittori veneti — Ch. Blanc, Histoire
des peintres de toutes les écoles {Ecole vénitienne).
PADRIGIANO (Padric). Gouffre ou plutôt grotte du
Karst, à 5 Idl. à l'E. de Trieste (Autriche), longue de
500 m. seulement, mais profonde de 270 m., ce qui la met,
dans le sens vertical, au troisième rang de toutes les cavités
naturelles connues après les abîmes de Trebiciano (321 m.)
et de la Kacna-Jama (300 m.), également sur le Karst.
P A D R 0 N . Ville d'Espagne, prov. de La Corogne (Coruna) ,
en Galice, sur le Sar ; 8.000 hab. Ancien pèlerinage très
fréquenté. Marché agricole.
PADRON (Cap). Promontoire de la côte occidentale
d'Afrique, qui marque au S. l'embouchure du Congo, sur
la rive portugaise de la colonie d'Angola.
PADUCAH. Ville des Etats-Unis (Kentucky), en aval
du confluent du Tennessee et de l'Ohio ; 12.797 hab. (en
1890). Université. Minoterie, commerce de céréales, tabac,
porcs.
PADULA. Ville d'Italie, prov. de Salerne, sur le Tana-
gro, à 14 kil. de Sala Consilina; 7.874 hab. (en 1881).
On y remarque la Certosa de Saint-Laurent, déclarée monu-
ment national, construction du xiv® siècle, qui fut presque
détruite par le tremblement de terre de 1857 et qui a
été récemment restaurée. Vin, huile, oranges et citrons ;
carrières de marbre (travertino). Dans les environs de
Padula fut fusillé Pisacanc, débarqué à Sapri en 1857
avec Nicotera et autres jeunes gens, dans le but de faire
insurger les Napolitains contre le gouvernement des Bour-
bons de Naples. Padula était un fief de la famille Malas-
pina-Cibo.
PADURRA (Thomas), poète ruthène, né en Ukraine à
la fin du xviii^ siècle. Après avoir terminé ses études au
lycée de Krzemieniec, il fit un voyage en Orient avec
Lad. Rzewuski. Ses poésies écrites en dialecte ukrainien
éveillent le souvenir du passé chevaleresque de ce pays
et représentent sous des couleurs magiques les mœurs, les
habitudes et les aspirations de ses habitants. Il les a pu-
bliées sous le titre de Ukrainki. Plusieurs de ces chants
sont devenus populaires. Il a aussi écrit en polonais, mais
cette partie de -son œuvre, quoique très intéressante aussi,
a moins de saveur littéraire. F. T.
PADUS (Bot.) (V. Merisier, § Sylviculture).
P^EAN (Ilaïav, Ilatrîwv) le guérisseur, surnom qui
désigne dans les poèmes homériques le médecin des dieux
olympiens qui devint ensuite le dieu Asklépios (Esculape) ;
il fut également appliqué à d'autres dieux, Zeus, Dionysos,
à Thanatos, dieu de la mort, et surtout à Apollon. Il se
peut, d'après Eustathe, que pour Thanatos et Apollon ce
surnom ait fait allusion à leur rôle de destructeur, Apol-
lon étant un dieu guerrier, exterminateur des monstres.
Le mot de Paean servit ensuite à désigner un hymne en
l'honneur d'Apollon, célébré comme préservateur des maux
cl comme protecteur des guerriers. Le Pœan se chantait
en chœur avant le combat, mais aussi après la victoire et
pour remercier le dieu dans les fêtes. Jl fut également
appliqué à d'autres divinités.
P/EDÉRIE {Pcederia L.). Genre de Rubiacées-An-
thospermées, composé d'arbres et de sous-arbrisseaux sar-
menteux, à feuilles opposées ou verticillées, ovales-aigucs,
stipulées, à fleurs réunies en cymes axillaires ou termi-
nales, hermaphrodites ou polygames, construites sur le
type 4-6 mère. La corolle est tubuleuse, l'androcée isos-
témoné, l'ovaire à 2-3 loges, dont chacune renferme un
ovule à micropyle inféro-externe. Le fruit, comprimé, se
compose de noyaux minces dont la cavité, épaissie, est
entourée d'un cadre elliptique, membraneux, parfois pris
pour une aile. A la maturité, les noyaux se séparent de
l'exocarpe mince, qui ne laisse à leur surface que des
faisceaux fibro-vasculaires, très nets d'ailleurs. L'espèce
type, P. fœtida L. {Apocynum fietidum Burm., Gen-
tiana scandensLouv.), le Bedalfee »Si^^to des Orientaux,
le Candoley des Philippines, répand, comme ses congé-
nères, une odeur nauséabonde insupportable, à la fois
Fruit du Paîderia l'œtida L.,
carpelles disjoints.
les
P/EUÉRIE — P^ONIOS — 784
excrémeiititieHe et alliacée. Elle passe pour antispasmodique.
Les feuilles sont employées, auxMoluques, en bains et en
décoction contre les
états fébriles, les co-
liques, les vertiges,
la rétention d'uri-
ne, etc. La racine,
d'un rouge sang, est
réputée vomitive,
dans les Indes. En-
fin, cette même es-
pèce fournit une fibre
textile excellente. —
Le P. Valli-Kara
Juss. est médicinal au
Malabar. Ses graines,
cuites avec de l'huile et du safran, fournissent une mix-
ture préconisée contre la morsure des chiens enragés.
P>ÈDERUS (Entom.). Genre d'Insectes Coléoptères, de
la famille des Staphylinides, établi par Fabricius {Sysi.
E)it., p. 268), et qui a donné son nom à la tribu des
Pœderinœ. Cette tribu est surtout caractérisée par les
stigmates prothoraciques cachés, les hanches postérieures
coniques et le prothorax membraneux près des hanches.
Les principaux genres sont : Suniiis Steph., S iiliciis Lui.,
Scopœus Erichs., Lithocharis Lat., Pœderiis Vsih., La-
throbium Grav., Cryptobium Mann. Les espèces du genre
Pœderus Fab., au nombre d'une centaine environ, appar-
tiennent surtout à la faune de l'Europe, de l'Asie et de
l'Amérique. Ce sont des insectes de forme élégante, très
vifs, redressant fortement l'extrémité de l'abdomen. Ils
vivent surtout dans les lieux humides, au bord des eaux
courantes et stagnantes, sous les pierres, les détritus. La
coloration estbrillante, variée de bleu, de noir et de rouge
orange. L'espèce type est le P. riparius L., de? millim.
de long, que Ton trouve en Europe et en Asie centrale.
P>€DIATRIE. On donne le nom de pédiatrie à la
branche de l'art de guérir qui traite des enfants. L'enftmt
par suite de sa constitution spéciale, de la plus grande
activité de ses échanges physiologiques offre, lorsqu'il est
atteint par la maladie, des modes de réaction spéciaux,
que méritent une étude particulière. D'autre part il est
sujet depuis sa naissance jusqu'à son complet développe-
ment à un certain nombre de maladies qui ne se rencon-
trent guère que chez lui. Enfin les modes de traitement
qui lui sont applicables présentent des particularités tant
au point de vue des doses que l'on doit administrer que
de la sensibihté spéciale de l'enfant à certains médica-
ments. Ces considérations justifient l'existence des divers
traités des maladies de l'enfance dont l'objet est la pa'dia-
trie avec ses diverses branches, hygiène, pathologie et
traitement. D'^ M. Potel.
P/EDIOMÉTRIE. On donne ce nom ou celui de fœto-
métrie à une méthode obstétricale, découverte par Gon-
ner de Bâle, méthode qui se propose de déterminer le
poids du fœtus par la mensuration du pied, fait très im-
portant pour les présentations du siège ou les versions
dans les bassins rétrécis. M. Bonnaire en France a con-
trôlé la méthode de Gonner et l'a critiquée sur certains
points. On trouvera une étude complète sur ce sujet dans
la thèse de Bruyère (Paris, 1898). D^^ M. Potel.
P^IV^RINTA (Pietari), écrivain populaire finlandais,
né à Ylivieska le 18 sept. 4827. Ce n'est que tard qu'il
commença à écrire, mais ses récits populaires, tout im-
prégnés d'un profond sentiment religieux, le mirent ra-
pidement en faveur auprès de ses compatriotes ; ils ont
été publiés en finnois, mais plusieurs ont été aussitôt
traduits en suédois et même en allemand : Elœmœni
(Ma vie, 4877); Elœmœn havannoita, Minnœ jaMimi
(1880-88), etc.
PAE-KHOÏ (en langage des Samoyèdes : Montagnes de
pierre). Chaîne de collines du N.-E. de la Russie d'Eu-'
rope, courant le long de la mer de Kara. Ramifications
N.-O. du mont Oiu'al, dont elles sont séparées par une
vaste plaine marécageuse, mais avec lesquels elles ont
beaucoup d'analogies physiques. Elévation moyenne 200 m.
Les points les plus élevés : Vozaï-pai, Pense-pai, Grand
lodney atteignent 300 et 350 m.
PAELINCK (Joseph), peintre belge, né à Oostacker,
près de Gand, en 1781, mort à Bruxelles en 1839. Il
reçut les leçons du peintre français David, et professa
quelque temps le dessin et la peinture à l'Académie de
Gand ; puis il fit le voyage d'Italie et séjourna cinq ans à
Rome. C'est là qu'il produisit ses meilleurs ouvrages, entre
autres : les Embellissements de Pwme par Auguste,
grande composition exécutée pour le palais Quirinal. A son
retour, il habita Bruxelles, devint peintre de la reine des
Pays-Bas et modifia légèrement sa manière dans le sen-
timent des artistes de la nouvelle école romantique. On
cite particulièrement de lui : Vhwention de la croix (à
l'église Saint-Michel de Gand) ; ce tableau passe pour son
chef-d'œuvre ; la Toilette de Psyché (mus. de Haarlem)
et l'Abdication de Charles-Quint (1836). G. C.
PAEMANI. Ancien peuple de la Belgique, probablement
Germain d'origine. Ils étaient probablement clients des
Treveri. Leur pays, situé au S.-E. du Condroz (Condi'usi),
devint plus tard le pagus Falmenensis, la Famenne
P^ONIA (Bot.)(V. PivoiiNE).
P^ONIENS (Ilaifovsç). Peuple qui occupait l'intérieur
de la Macédoine (V. ce mot) à l'époque antique. Les
Piconiens et leur chef Astéropée figurent parmi les alliés
desTroyens à'AW^Vlliade. On les retrouve à l'époque his-
torique sur les rives de l'Axios et duStrymon. Le général
perse Mégabaze en transporta deux tribus, Siropaeoniens
et Pîfopla^, en Asie. Le royaume de Pœonie fut réduit à
la vassahté par Philippe 111 et Alexandre le Grand. En
de ses derniers rois fut Audoléon, allié d'Athènes en 3oi.
Après les gi'andes luttes de la fin du iv*^ siècle et Finva-
sion gauloise, ce royaume disparut, absorbé dans la xMace-
doine.
P>€ONIOS DE Menue, sculpteur grec du \^ siècle av.
J,-C. On a retrouvé à Olympie la statue de la Vicloire
sculptée par cet artiste pour célébrer, suivant Pausanias,
le succès des Messéniens sur les Acarnanes et les habi-
tants d'Oeniade vers 4oo, ou, selon les Messéniens, sans
doute mieux informés, à la suite de leur victoire sur les
Lacédémoniens lors de l'affaire de Sphactéries en 425.
Mais, si Pausanias forme cette hypothèse qui reporte la
Victoire jusqu'en 455, c'est saïis doute pour justifiei'
l'attribution du fronton est du temple de Jupiter Olym-
pien à Pa^onios, comme le voulaient les exégètes (V. Olym-
pie). Le temple avait été terminé en 456. Il est vrai que
Pœonios y avait travaillé, mais il ne mentionne dans
l'inscription de sa statue de la V ictoire (\\\q les acrotères,
pour lesquelles il avait remporté le prix. Or le mot acro-
tères, quelque bonne volonté que l'on y mette, ne peut s'ap-
pliquer qu'à la statue de Nike qui surmontait le faîte du
fronton et aux bassins de bronze doré des angles. C'était
là un travail que l'on pouvait confier à un débutant, mais
non pas un fronton, pièce capitale de la décoration. Et
Pœonios eût été un débutant vers 455 si la statue de la
Victoire est un peu postérieure à 425. Le style de cette
statue confirme d'ailleurs l'assertion des Messéniens :
s'envolant du haut d'une grande base triangulaire, hardie
d'allure, le geste ample et gracieux, vêtue d'une tunique
légère et transparente que gonfle déjà le vent, elle pré-
sente un contraste indéniable avec les figures encore em-
preintes d'archaïsme du fronton est, aux draperies lourdes
et sommaires. Il n'est pas vraisemblable que le même ar-
tiste soit l'auteur de l'une et des autres. On a discuté
presque à l'infini sur cette question. André Baudhillart.
J]^^'.\.: ■ '^pte« ^J}p}^J'^ ^^^"^ ' OvERBEGK, Die imtihen
^chntqueUen n"" 851-52. ^ E. Lœwy, Inschnftcn arie-
chischen BiWiauer, n^ 49, et la bibIiogra])Iiie. — Brunn
Sitzungsberichte clcr bayer. Akadernie, 1877, p. 1: 1878'
pp. 422 et suiv. — WoLTERs, Gipsubcjasse, p. V6^. ~ ius-
(jvdbrmjen za Oltjinpw, 1, pi. <J-12. — Funde vo)l Olympia
- 785
P.EONIOS — RESÏUM
pi. 16, p. 15. — Bayet, Etudes d'arc/i. et cVnrt. p. Gl. — La-
Loux et Monceaux, Olympic, p. 67. — Collig.non, Hist,
de la sculpture grecque, pp. 453-59.
P>EON lOS d'Ephèse, architecte grecd'Ephèse qui acheva
avec Demetrius le grand temple d'Artémis, commence
par Chersiphron, et commença avec Daphnis le temple
d'xApollon Didyméen, à Milet. Il vivait entre 420 et 380
av. J.-C.
PÂEP (André de) (en latin Papiiis), érudit belge, né
à Gand en 1547, mort à Liège en io81. Il est Fauteur
d'une édition savante : Dyonisii Alexandrini de situ
Or bis (Anvers, 1575), dont les notes ont été reproduites
dans les éditions d'Oxford (1697) et de Leyde (1736) de
ce traité. On lui doit aussi de Consonantiis sive har-
moniis musicis (Anvers, 1568; rééd., 1581).
PAEPE (César de), médecin et socialiste belge, né à
Os tende en 1842, mort à Cannes le 18 déc. 1890. Il étu-
diait le droit à Bruxelles et prenait déjà une part active
au mouvement démocratique, quand la mort de son p^n^c
le laissa sans ressources et l'obligea à se faire ouvrier ty-
pographe. Sa vive intelligence le ht remarquer par Prou-
dhon, et le grand sociahste, exilé à Bruxelles, lui donna des
conseils et le chargea de la correction de ses ouvrages.
De Paepe, à force d'économie et de privations, parvint
à entreprendre de nouvelles études supérieures. Médecin
militaire en 1870, il soigna avec un égal dévouement les
blessés français et allemands transportés en Belgique, et
il acquit bientôt la réputation d'un praticien distingué, en
même temps qu'il publiait d'importants travaux dans des re-
vues scientifiques. Cependant il est plus connu comme so-
cialiste que comme médecin. Il fut à Londres, en 1834,
un des fondateurs de l'Internationale, et joua un rôle pré-
pondérant dans les congrès des sciences sociales qui se
tinrent dans divers pays. Après avoir penché d'abord vers
les doctrines de Proudhon, il se déclara collectiviste au
congrès de Lausanne de 1867, fit voter au congrès de
Bruxelles, en 18a8, le principe de la propriété collective
du sol et du sous-sol, et contribua pour une forte part à
rallier au collectivisme toutes les forces ouvrières. Quand
rinternationale fut tombée, de Paepe créa le parti ouvrier
belge, lui donna sa première organisation et formula son
programme. En même temps, il faisait alliance avec les
bourgeois démocrates pour obtenir l'établissement du suf-
frage universel en Belgique. En 1890, il se rendit dans
le midi de la Prance afin de rétablir sa santé compromise
par des excès de travail, mais il était trop tard, et il ne
tirda pas à succomber. Son corps fut ramené à Bruxelles,
et la démocratie belge lui fit de grandioses funérailles.
César de Paepe était un savant et un homme de cœur ;
ceux même qui combattirent ses doctrines avec le plus de
vigueur rendent pleine justice à son désintéressement et à
ses vertus privées. Son activité s'était prodiguée en travaux
fragmentaires et surtout en articles de journaux, aussi ne
laisse-t-il que des œuvres de dimension assez restreinte;
en voici les principales : Histoire des facidtés universi-
taires en Belgique depuis la fondation de V ancienne
Université de Louvain (Bruxelles, 1868, in-8); les Mal-
tJiusiens (Genève, 1869, in-8); Recherches sur les prin-
cipes fondamentaux de Vécononiie sociale (en alle-
mand; Berlin, 1879, in-8); la Science sociale d'après
Colins et de Potier (en allemand; Zurich, 1880, in-8);
de l'Excès de travail et de r Insuffisance d'alimenta-
tion dans la classe ouvrière (Lyon, 1880, in-8); Essai
sur r organisation des services publics dans la société
future (Bruxelles, 1880, in-8); Cours d'économie so-
ciale (dans la Société nouvelle ; Bruxelles, 1888-89); le
Suffrage universel et la Capacité politique de la classe
ouvrière (Bruxelles, 1890, in-8). E. IIukert.
PAËR (Fernando), compositeur dramatique italien et
maître de chapelle, né à Parme le 1®^' juin 1771, mort à
Paris le 3 mai 1839. Il travailla quelque temps dans sa
ville natale, sous la direction d'un violoniste du grand-duc
nommé Ghizetti ; mais ses études théoriques ne furent pas
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
poussées fort loin, et, comme l'opéra italien de cette époque
ne nécessitait pas une connaissance bien profonde de l'art
musical, il se lança de bonne heure dans la carrière. Avant
sa dix-septième année, Paër avait déjà fait jouer avec succès
deux opéras bouffes. Le second, Ipretendentiburlati, fut
même joué dans plusieurs villes d'Italie et fit connaître le
nom du jeune musicien. Sa réputation naissante lui fit
obtenir la place de maître de chapelle à Venise (il n'avait
pourtant encore composé que de la musique bouffe de
théâtre) en 1791. Quelques années après, il fut appelé à
Vienne où sa femme, chanteuse distinguée, avait un en-
gagement au Théâtre-Italien. Il eut l'occasion d'y entendre
de meilleure musique que celle alors en faveur en Italie.
Mozart, notamment, lui fut profitable ; ses meilleures
œuvres : Camilla ossia il Sotterano (1799), Sargino
(1803), Eleonora ossia VAmore Conjugale (1804), sur
le sujet que Beethoven devait immortaliser dans Fidelio,
se ressentent assez heureusement de l'imitation du maître
allemand. Il se trouvait à Dresde au service de l'électeur
de Saxe, en 1806, quand les troupes françaises passèrent
en cette ville. L'empereur Napoléon, à qui la musique de
Paër plaisait beaucoup, l'attacha à sa personne à de fort
l)elles conditions, et Paër vint se fixer à Paris. Plus occupé
de s'assurer, par des complaisances peu dignes d'un grand
artiste, la faveur exclusive de l'empereur, que de com-
poser des œuvres nouvelles, Paër, pendant cette période,
produisit peu. Il est même surprenant qu'il n'ait jamais
rien écrit à ce moment pour la seène française et que ce
soit à un voyage fait à Parme, en 1811, que soit due la
composition de VAgnese, son meilleur opéra peut-être.
En 1812, Paër fut choisi pour succéder à Spontini dans
la direction du Théâtre-Italien. La chute de l'Empire
ébranla d'abord sa situation, mais Paër était habile à se
concilier les faveurs du pouvoir. Sous la Restauration, il
garda donc sa place de directeur, et sa situation à la cour,
un peu réduite, fut encore assez belle. Il profita de ses
avantages pour relarder, autant qu'il le put, l'apparition
des premDres œuvres de Rossini en qui il voyait, avec
raison, un redoutable concurrent. Mais, après bien des
vicissitudes, il eut finalement le dessous et dut se retirer
en 18:27. L'Académie le choisit pour un de ses membre:^
en 1831, et l'année suivante, Louis-Philippe lui donnait
la direction de sa chapelle.
Quelque jugement qu'on porte sur l'école italienne
de cette époque, on doit avouer que Paër, avee quelques
qualités aimables, n'est qu'un musicien secondaire. Cima-
rosa etPaisiello lui sont fort supérieurs, et Rossini le fit
entièrement oublier. Un seul opéra-comic|ue de Paër, le
Maître de chapelle, composé à Paris en 1824, est encore
connu de nos jours. Sa grâce facile et élégante, bien qu'un
peu suraimée, l'a fait maintenir au répertoire, et il se joue
encore assez souvent aujourd'hui. H. Quiitard.
P/€STUIV1 (riaiarov, auj. Pesto). Ancienne ville d'Ita-
lie, près de lamer Tyrrhénienne, à 8 kil. S. de l'embouchure
du Silarus (auj. Sele). Ce fut d'abord une colonie de Sy-
baris nommée Posidonia et créée vers le commencement
du vi^ siècle av. J.-C, avec le concours des Doriens de
Tréz'^ne. Elle dut se soumettre aux Lucanions vers la fin
du v^ siècle, fut reprise par Alexandre d'Epire en 330.
mais bientôt reperdue. Les Romains y établirent une co-
lonie en 273 av. J.-C, et ce fut apparemment alors
qu'elle prit le nom de Pâestum. Célèbre pour l'éclat de
ses roses qui fleurissent deux fois l'an (mai et novembre).
elle demeura florissante jusqu'à la fin de l'Empire, de-
vint un évêché et fut probablement ruinée par les pirates
sarrasins ; révêché fut alors transféré dans l'intérieur, à
Capaccio. Complètement désertée, la ville antique a con-
servé de magnifiques vestiges du passé. Ses ruines, signa-
lées par Cluvier dès 1624, comprennent une enceinte do
5 kil. de tour, une voie des tombeaux, des restes du fo-
rum, du théâtre, de l'amphithéâtre et surtout trois temples
émergeant au milieu des acanthes et des fougères. Le
temple de Poséidon ou Neptune est le plus fameux : long
50
P/ESTUM -- PxiGAIE
— 786 —
do '68 m., large de 26, il a, sur rluKjue façade, 7 puis-
sautes colonnes doriques, sur chaque côté 12, chacune
mesurant 8"\90 de haut et 2 '",2 7 de diamètre ; à Tinté-
rieur de la ceila sont 7 colonnes de près de 2 m. de dia-
niètre ; la pierre est un travertin jauni par le temps et
iîicrusté au bas de plantes marines, le sol s'étant alterna-
nativement affaissé et soulevé. Ce temple, qu'on attribue à
(a lin du vi^ siècle, est probablement un peu plus jeune
(pie le second, dénommé basilique, situé un peu au S. ;
celui-ci mesure 54'^, 35 sur 24'^, 50 et comprend 50 co-
lonnes (9 de front et 16 de coté) de 2 m. de diamètre ;
Tonnlo do Neptune, à Piestinn
une colonnade intérieure le divise par le milieu. Au S. se
trouve le temple de Déméter (Cérès ou Vesta), long de
:-)2'^\25, large de 4 4^^,25, porté par 36 colonnes (6 de
front, 14 de côté) de 1^^,60 de diamètre. C'est le mieux
conservé, . A.-M. B.
P>€TIGORA (V. Bksoitau).
PAEZ (José-Antonio), le héros de l'indépendance (hi
Venezuela, né de parents indiens à Araur(% sur TAricagua
prov. de Barinas) en 1790, mort à New York le 6 mai
(1873. Gardeur de bestiaux dans sa jeunesse, il s'enrôla
dans l'escadron de cavalerie de Barinas, commandé par
1). Manuel Pulido. En 1812, il quitte le service avec je
gfado do sergent, mais presque aussitôt l'intervention de
Bolivar en faveur de l'indépendance du Venezuela amène
un soulèvement des patriotes, et Paez est fait capitaine.
Alors commence la séi'ie des bj'illants fails d'armes dv'
Paez, à la tète de ses lajicicj's, recrutés parmi les Uare-
ivSy les conducteurs de troupeaux des savanes. En oct. 1813,
Paez remporte son premier succès à Las Matas Guerrere-
has. Faitprisonniej' par traliison, il racliète sa vie, est dé-
livré, et, en oct. J81 i, rentre en campagne au Venezuela.
Vax 1815, après ses succès aux combats de Cbire, de La
Mata de la Miel, sa vicloin^ sur le coioiiel espagnol D. Fran-
cisco Lôpez, il devient le chef suprême des forces révoltées
de l'Apure. Vainqueur à Vaguai, il fait Lôpez prisoiuiiiM'.
Il échoue dans sa tentativ(^ d'assiéger San Fernando. mai^
])0U après bat le gêné] al Morillo à Mucuritas et enlève la
ville de Barinas. En 1818, comme lieutenant de Bolivar,
il attaque à la nage, sur l'Apuie, au pas.sage de Copié.
rescadrille d.\s iiarques espagnoles, s'en empare et pro-
cure ainsi à Bolivar les moy<'ns dépasser le tleuve. Après
un brillant succès de cavaleiie à Calabozo, il enlève San
Fernando et bat le généial Latorre à la savane de Cojedes.
Va\ 1819, l'armée insurgée est contrainte par Morillo à
repasser FArauca. Le 3 avr., Paez franchit le fleuve avec
150 lanciers, livre aux l-.'spagnols le combat épique de Las
Uueseras del Medio et jette le désordre dans l'armée de
Morillo qui bat en retraile. Deux ans après, l'armée répu-
blicaine, commandée par Bolivar, attaquait le général La-
torre ta Carabobo, le 24 juin 1821, et remportait, grâce
au mouvement tournant opéré par Paez, une victoire si-
gnalée, qui assurait Findépendance du Venezuela. Au mois
d'avril suivant (1822), Paez enlevait d"assaut Puerto Ca-
bello, dernier refuge des Espagnols. C'était la fm de la
guerre de ilndépendance du Venezuela. Presque aussUe.l
co n.mencMU bs (iis((u\!; s iiîirsrwi«>.
Paez, en 1822, f.r iecide.é c(enmand;iiit général du
Venezuela, encore rattaché à la Colombie. Accusé eji 182^
d'abus de pouvoirs, il protesta, sans toutefois recourir
à la force, mais, en 1826, un pronunciamiento le fil
chef civil et militaire, et, lorsqu'on 1830, en parti(^
par son influence, le Venezuela se sépara de la Colombie
et se donna une conslitution, Paez devint président de
la Bépublique pour quatre ans. En 1834, il fut rem-
placé par le D^' José Vargas et Faida puissamment à répri-
mer le soulèvement des généraux (^arujo et José Ta-
deo Monagas (1835). 11 reçut à cette occasion le titre
à'Esclarecido ciudadano. En 1837, il bat les llaneros
de l'x\pure, révoltés sous le commandement de Juan Pablu
Farfan. De 1839 à 1843, il occupa une seconde fois la
présidence. En févr. 1848, il fit un pronunciamiento contn^
le pouvoir civil. Battu à Los Araguatos par le général
Munoz, fugitif aux Antilles, rentré l'année suivante au
Venezuela et battu de nouveau à Macapo, il est fait pi-i-
sonnier, exilé, et en 1850 se retire à New York. En 1856,
il voyagea en Europe. Bappelé au Venezuela après la ré-
volution de 1858 qui renversa le général Monagas, Paez
reçut le commandement en chef de l'armée. En 1861, il
fut envoyé comme ambassadeur aux l'^tats-Unis. Nommé
une troisième fois, celle môme année, président de la
république, avec pouvoirs dictatoriaux, mais impuissant à
rétablir le calme dans le pays, il abdiqua en 1863. En
1866, il se retira à Buenos Aires, puis en 1871 à New
York, et y mourut trois ans après. Ses cendres ont été
ramenées au Panthéon de Caiacas en 1888, et le cenle-
naire de sa naissance a été fêté en 1890. Paez a pid)lié
de son vivant son Autobiographie (NewY^)rk, 1867-69,
2 vol. in~8). H. Léonardon.
BiHL. : Raiiion Vaiiz, PuJdic Life, of J.-A Paez, 180 1. —
Tomas Michklena. Resuimui de la vida iniUlar y poUHrn
del ciiidcidaiw csclavecidoijeiU'A-dlJosé-Avtonio Piioz: (\t-
racas, Isl^O. iu-S. — Gu/niau iii.AN(ju, Apolaosis del (jciie-
val Pue: ; Paris, 1889. in-8.
PAEZ DE (ksTRO (Juan), historien espagnol, né iiQuero
(Guadalajara). On ignore la date de sa naissance, mais il
mourut en 1570. Il fut historiographe de l'empereur
Charles V et de Philippe II et ami très intime de Zurita et
d'Ambrosio de Morales. Ses lettres en défense des Anales
de Zurita, attaqués par Santa Cruz, ont été publiées dans
l'ouvrage de Dormer, Progresos de la historia e)i et
reino de Aragon (Zaragora, 1680; réimprimé en 1878),
d'après le manuscrit de FEscurial dont il existe une copie
à la Bibl. Nac. de Madrid. Pâez est connu surtout pour
sa doctrine sur la méthodologie de Fhistoire, (pii e^t
exposée dans son Melhodo para escribir la Jiistoria,
qu'il écrivit en réponse à Fempereur sur la manièie dont
il pensait traiter l'histoire de Charles V. Ce Meihodo, iné-
dit (ms. à FEscurial, avec trois copies à la Bibl. Nac.),
est iiitéressantet original. On en trouvera un résumé assez
complet dans mon livre cité ci-dessous. A la mort de Zurita,
Pâez fut l'héritier de plusieurs des livres et des papier .
de l'historien aragonais ; les papiers de Paez pashèi'ont
eux-mêmes dans la bibflotliêque Ambrosio de Morales
et, de là, à FEscurial. B. Altamiua.
IhiiL. : N. x\ntc)iNio, Bibliothecn nova.xcA. II. — R Ai. i a-
^riRA, AdiciGiHis à lo Ennefianza de la Idsloria, daub le
vol. de Hisloria y Arle; Madrid, 1898.
PAGAIE. Petit aviron à large pelle ovale, dont on se
sert pour manœuvrer les pirogues et les périssoires
(V. ces mots) et qui se tient directement avec les deux
mains, sans être soutenue par les bords de l'embarcation.
Suivant (pie cette dernirre est à plusieurs .ou à un sent
rameur, la pagaie n'a (p'/une pelle, avec un manche très
court généralement terminé à l'autre bout par ujie tra-
verse en forme de pelle, ou elle en a deux, une à chaque
bout, séparées par un manche d'environ 2 m. En groupe,
les pagayeurs, tournés vers l'avant, sont assis contre les
bords de l'embarcation ; d'une main, ils tiennent la pa-
gaie par le milieu du manche, de Fautre par le haut, et
ils ])bn)geiit ÎDuie la pelle dans Feaii. en appuyant et ti-
rant tîe^^us d<' 1 ave.iil à iairière. Seid, le [)aga}eur esl
assis à l'arrière, également tourné vers l'avant; il tient
sa pagaie des mains, écartées de 40 cent, environ et éga-
lement distantes des pelles, et, de celles-ci, il frappe
alternativement l'eau, à bâbord et à tribord.
PAGAN. Ancienne capitale de la Birmanie, sur la r. g.
de riraouadi, à 155 kil. S.-O. de Mandaleh. Ses ruines
occupent 13 kil. q. Fondée vers le ii^ siècle de notre ère,
elle fut capitale de 850 à 1284 où une invasion chinoise
la ruina. Elle fut abandonnée, dit-on, vers 1356. — Les
restes d'une autre capitale plus ancienne, dite Yieux-Pagan,
se trouvent à 275 kil. N. de celle-ci.
PAGAN, PA6ANI, PA6HANI ou PAYENS. Plusieurs fa-
milles de ce nom ont existé du x^ au xii® siècle en France
et en Italie. La plus connue est celle des Pagan de Bourg-
Argental (Haute-Loire), qui avait aussi dans la vallée
d'Ay, près d'Annonay, des possessions dont héritèrent les
barons de ïournon. Cette famille, comme celle des Pagan
de Toulouse et des Pagani de Naples et de Mondovi, re-
vendiquait l'honneur d'avoir donné naissance à Hugues
de Pagan, le célèbre fondateur de l'ordre des Templiers.
Mais les écrivains qui ont le plus soigneusement étudié la
question, tout en admettant une tige commune, d'après
l'examen des textes et des armoiries, conviennent qu'il n'a
été apporté encore aucun document décisif sur l'origine et
la nationalité d'Hugues de Pagan, et que ce problème est
par conséquent loin d'être résolu. — Un comte de Pagan,
du Comtat-Venaissin, a publié au xvi^ siècle divers opus-
cules, entre autres une Théorie des planètes, un Traité
des fortifications et des Tables astronomiques, impri-
mées chez Jean Henaut, lesquelles, dit Davity {le Monde,
p. 530), « enseignent fort clairement à tirer l'horos-
cope ». A. Mazon.
BiBL. : De Gallier, les Pagan et les Retourtour (Société
forésienne de la Diana, 1875). — Breghot du Lut, les Pa-
gani et les Pagan, dans Revue lyonnaise, 1885. — D'" Fran-
cus, Voyage autour d'Annonay.
PAGAN (Emile-François de), comte de Merveilles, in-
génieur militaire français, né à Avignon le 3 mars 1604,
mort à Paris le 18 nov. 1665. Entré au service à douze
ans, il perdit successivement les deux yeux (1621 et 1643)
et se consacra dès lors tout entier aux mathématiques et
à Fart de la fortification. Le précurseur et le maître de
Vauban, il avait, dès 1623, tracé plusieurs plans de siège
et apporté, dans le tracé des bastions, d'importants per-
fectionnements (V. BAsrmN, t. V, p. 678). Il a laissé
plusieurs ouvrages tous écrits alors qu'il était déjà aveugle :
Traité des fortifications (Paris, 1645; 2® .éd., 1689;
trad. holL, 1738) ; Théorie des planètes (Paris, 1657) ;
Tables astronomiques (Paris, 1658). — Une édition de
ses OEuvres posthumes a été donnée en 1669.
PAGAN EL (Pierre), homme politique français, né à Vil-
leneuve-d'Agen (Lot-et-Garonne) le 31 juil. 17^5, mort
à Bruxelles (Belgique) le 20 nov. 1826. Fils d'un notaire,
curé de Pardaillan (1778), puis de Pujols (1780), il de-
vint procureur-syndic de Villeneuve, député de Lot-et-
Garonne à l'Assemblée législative et à la Convention, et
vota la mort de Louis XVI. Il remplit des missions en 1793
à Bordeaux et à Agen, en 1794 dans les dép. du Tarn,
de l'Avcyron et de la Haute-Garonne. Il devint, après la
session, secrétaire général du ministère des relations exté
rieures, puis, en 1803, chef de division à Ja Légion d'hon-
neur. Il fut exilé en 1816 comme régicide. 11 a publié, en
1810, un Essai historique et critique sur la Révolution
française. — Son fils, Camille- Pierre- Alexis (1797-
1859), député gouvernemental de 1833 à 1848, a écrit
de médiocres ouvrages historiques. Et. C.
PAGAN L Ville de Sicile, prov. de Salerne, à FO. de
Nocera; 15.000 hab. Tombeau de saint Alphonse de
Liguori, fondateur des rédemptoristes. Soie, cotonnades,
pâtes.
PAGANI. Famille de peintres italiens, dont le premier
en date est Vincenzo, né à Monte Rubbio, dans la Marche
d'Ancône, vers la tin du xv® siècle. Il fut probablement
élève de Raphaël. Sa ville natale a conservé de lui une
— 787 — PAGAIE — PAGANINI
remarquable Assomption. — Son fils, Latlanzio, se dis-
tingua également par d'estimables travaux. — Le troisième
du nom, Francesco, né à Florence vers 1531, mort en
1561, fut l'élève de Maturino et s'adonna avec ardeur à
l'imitation duCaravage ; on cite surtout de lui une fresque,
Jupiter et Junon, pour le palais de Giulano de' Ricasoli.
Il eut pour fils Gregorio, né à Florence, en 1558, mort
en 1605, qui a laissé le souvenir d'un des meilleurs ar-
tistes florentins de la seconde moitié du xvi^ siècle. Mal-
heureusement le chef-d'œuvre de cet artiste, une Inven-
tion de la croix, périt dans l'incendie de l'église del
Carminé de Florence. A la même éghse, on conserve de
lui une Adoration des Mages et, à Sainte-Marie-Nou-
velle, une belle fresque qui représente Saint Dominique
obtenant du pape Honorius III l'approbation des sta-
tuts de son ordre.
Paolo, né dans le duché de Milan en 1661, est le der-
nier de cette lignée de peintres. Il vécut longtemps à Ve-
nise, puis il revint en Lombardie, où il termina sa car-
rière, en 1716. G. Cougny.
PAGANI (Gentile), paléographe et archiviste italien, né
à Milan le 3 juin 1833. En 1859, il entra dans la rédac-
tion de VAvanquardia, journal fondé par Garibaldi. Il
fut ensuite bibliothécaire de la ville de Milan, et, comme
tel, il a publié plusieurs ouvrages d'archivistique, de gé-
néalogie et d'histoire nationale et municipale.
PAGAN I-Cesa (Giuseppe-Urbano), écrivain italien, né
à Bellune le 25 mai 1754, mort à Venise le 22 mars 1835.
n étudia sous Cesarotti (V. ce nom) dont il fut Fami. Il
fut intendant des finances du royaume d'Itahe. Il a laissé :
Poemetto per le nozze Piloni Montalbano (Bellune,
1780); Poésie (Venise, 1782-84) ; Elogio del Re Gre-
gorio Clementi (Bellune, 1786) ; la Villeggiatura di
Clizia (Vicence, 1802); Discorso per la liberazione di
Pio VU (Bellune, 1814), etc.
BiBL. : TiPALDO, Biografîa degli Italiani illustri, II, 35.
PAGAN IN L Paganini est certainement le plus fameux
virtuose dont on ait conservé la mémoire, non pas tant
peut-être pour son talent prestigieux de violoniste, qu'à
cause des légendes puériles et fantastiques qui ont été, de
son vivant et sans qu'il y fut toujours étranger, entassées
autour de son nom comme à plaisir. L'impression pro-
fonde laissée par son physique étrange partout où il pas-
sait, les bruits mystérieux que ses ennemis répandaient
sur son compte, enfin l'eifet extraordinaire de son exé-
cution, dijQférant en tout de la manière des plus illustres
artistes de son temps, tout cela sans doute a contribué à
faire de Paganini un personnage singuHer, dont le sou-
venir survivra longtemps encore, sans aucun doute.
Nicolas Paganini naquit à Gênes le 18 févr. 1784. Sa
famille était obscure , et son père tenait un peti t commerce sur
le port. Quoique rude et grossier, cet homme avait quelque
goût pour la musique; il jouait assez bien de la mandoline.
x\ussi sut-il promptement découvrir les merveilleuses dis-
positions de son fils : avide de les exploiter un jour à
son profit, il s'appliqua à les développer de tout son pou-
voir. Dès l'âge de six ans, l'enfant, déjà musicien, avait
commencé l'étude du violon avec G. Servetto, artiste assez
médiocre, et avec Giacomo Costa, le meilleur violoniste de
Gênes à cette époque. Ses progrès furent rapides ; sans
doute même, Feussent-ils été davantage, si l'extrême sé-
vérité et la rudesse de son père n'eussent inspiré quelque-
fois au jeune Paganini une certaine répulsion pour la mu-
sique. Cependant, dans sa neuvième année, il donnait son
premier concert à Gènes, où il exécutait, avec grand succès,
de brillantes variations de sa composition sur Fairpopu-
lah'e alors de la Carmagnole. Son père, sur l'avis de
plusieurs de ses amis, le conduisit alors à Parme pour s'y
perfectionner, sous la conduite du célèbre violoniste
Alexandre Rolla. Bien que Paganini ait publié quelque part
que cet artiste, l'entendant exécuter à première vue un de
ses concertos, ait déclaré n'avoir plus rien à lui apprendre,
il paraît constant qu'il fut pendant plusieurs mois Félèye
PAGANINI
de cet habile musicien, dont les conseils ne lui furent certes
pas inutiles. Préoccupé déjà de chercher sur son instru-
ment de nouveaux effets, il travaillait des jours entiers
sans prendre aucun repos ; la musique qu'il écrivait était
si difficile, qu'à peine lui-même arrivait-il à l'exécuter à
son entière satisfaction. Au commencement de 4797, il
partait de Parme avec son père pour entreprendre en
Italie sa première tournée d'artiste. Il visita successive-
ment les principales villes de la Lombardie : dès lors
commença sa réputation de virtuose qui désormais devait
toujours aller croissant. Bientôt après, revenu dans sa
famille, il se résolut à fuir la sujétion paternelle, deve-
nue intolérable pour lui. Profitant d'un concert à Lucques
où il devait paraître, il s'enfuyait de Gênes et, libre
désormais, s'élançait dans la carrière. Il avait alors un
peu plus de quinze ans.
Nous ne le suivrons pas dans ses tournées en Italie.
Partout accueilli avec le plus grand étonnement, à peine
avait-il exécuté un de ces morceaux de concert que nul
ne connaissait, que le public était transporté d'enthou-
siasme. Les artistes et les dilettanti ne pouvaient com-
prendre comment il arrivait à exécuter certains passages.
Paganini, il est vrai, à qui un peu de charlatanisme ne
déplaisait pas, ne se faisait pas faute d'user, pour exciter
plus de surprise, de certains procédés matériels, qui lui
facilitaient beaucoup l'exécution de traits, qui sans cela
eussent été en effet impraticables.
Des aventures de tout genre, et qui ne sont pas toujours
à son honneur, signalent cette époque de la vie de Paga-
nini. Le désordre de sa conduite était extrême. Livré avec
fureur à la passion du jeu, il lui arriva plus d'une fois de
perdre tout ce qu'il possédait, jusqu'à son violon, et d'ar-
river, dénué de tout, dans la ville où il devait donner son
concert. Des calomnies, plus graves encore, furent répan-
dues sur son compte. Ses ennemis lui imputèrent jusqu'à
des crimes : ils assurèrent qu'à la suite d'un meurtre et
d'actes de brigandage il avait passé de longues années en
prison. Des gravures popularisèrent cette légende : c'était,
disait-on, à cette longue captivité, que Paganini était re-
devable de son merveilleux talent sur la quatrième corde
du violon ; l'humidité de son cachot ayant fait rompre les
autres cordes de l'instrument, il avait su, faute de les
pouvoir remplacer, s'exercer sans relâche sur la seule qui
lui restât. Pendant son séjour en France, l'artiste dut
protester publiquement, à diverses reprises, contre ces
odieuses imputatious.
En 1828, Paganini avait quitté l'Italie pour visiter
Vienne. Il traversa toute l'Allemagne et vint pour la pre-
mière fois à Paris en 4831 : le 9 mars, il donnait son
premier concert à l'Opéra. Ses œuvres publiées l'avaient
été à Paris ; les artistes les connaissaient, mais les consi-
déraient comme des énigmes indéchiffrables. Aussi serait-
il impossible de décrire l'enthousiasme de l'auditoire
entendant l'effet incroyable de ces compositions jugées
jusqu'à ce jour inexécutables. Après un voyage triomphal
en Angleterre, il revint à Paris en 1833. Ici se placent
ses premières relations avec Berlioz. On sait que ce fut Pa-
ganini qui, manifestant le désir d'avoir une composi-
tion de concert pour l'alto (il possédait en effet un magni-
fique alto de Stradivarius) , donna à Berlioz l'idée d'écrire
sa symphonie //flro/(i en Italie, pour alto solo et orchestre.
En 1838, à son retour d'Itahe, fixé de nouveau à Paris,
Paganini eut l'occasion d'entendre diverses œuvres du
maître français ; son admiration fut si vive, qu'immédia-
tement après le concert, il alla, dit-on, lui baiser la main
sur l'estrade des musiciens. Le lendemain d'ailleurs, il en-
voyait, par son jeune fils, 20.000 fr. au compositeur, ci
titre d'hommage, comme il le lui écrivait.
Cette générosité princier e à l'égard d'un artiste qu'il
savait pauvre est un noble trait de la vie de Paganini.
Elle permit à Berlioz, alors dans une situation fort diffi-
cile, d'écrire en toute tranquillité sa plus belle œuvre
eut-ètre, Roméo et Juliette, dédiée au grand violoniste.
7S8 —
Paganini passait cependant pour fort avare, et à ce mo-
ment même, une spéculation malheureuse, à laquelle il
avait donné son appui, allait lui coûter fort cher. Sa santé
était déjà atteinte ; la phtisie laryngée dont il souffrait lui
avait déjà fait perdre entièrement la voix. Il avait presque
renoncé au violon qui le fatiguait trop. Tout au plus en
jouait-il quelquefois encore dans l'intimité : plus souvent
encore, prenant pour partenaire un violoniste de ses amis,
exécutait-il avec lui des duos pour violon et guitare. Il
tirait en effet des effets inouïs de ce dernier instrument,
pour lequel il s'était pris de passion dans sa jeunesse. Sa
santé continuait à décliner; les médecins l'envoyèrent
chercher, dans le midi de la France, un climat plus doux.
Il séjourna quelque temps à Marseille, puis à Nice. Ce
fut là qu'il mourut le 27 mai 1839.
Tout d'ailleurs n'était pas fini pour cet homme extra-
ordinaire. Sa conduite privée, sa mort, qui fut assez
soudaine, inspirèrent des doutes sur son orthodoxie.
L'évêque de Nice s'opposa à ce que ses restes fussent
inhumés en terre sainte. Un long débat s'ensuivit qui ne
fut pas à l'honneur du clergé génois, et ce.ne fut qu'après
une attente fort prolongée et des contestations violentes,
que son fils eut enfin gain de cause et put lui faire rendre
les derniers honneurs.
Il faudrait un volume pour indiquer tout ce que Fart
du violon doit à Paganini. Ce qu'il a trouvé d'effets nou-
veaux, de procédés ingénieux, de formes et de combinai-
sons inédites tient du prodige. Sans doute, il avait existé
avant lui de grands violonistes : l'art d'écrire pour
l'instrument était depuis longtemps arrivé à une grande
perfection. Dès ses premières années, Paganini l'avait
senti ; comprenant bien qu'en suivant la même voie que ses
devanciers, il ne pouvait arriver au plus qu'à les égaler, il a
su chercher et trouver des procédés inconnus; il s'est
fait une technique entièrement nouvelle. Sans doute,
beaucoup de ses innovations n'intéressent que la pure
virtuosité : l'art musical n'a rien ou presque rien à y voir.
Quelques-unes même tiennent passablement du charlata-
nisme. C'est ainsi que dans ses concertos, Paganini rendait
dominateur le timbre du violon solo en accordant ses
quatre cordes un demi ton plus haut que celles des violons
de l'orchestre. Par cet artifice (qu'on ne connut que très
tard, car il ne montrait à personne la partie de violon
solo qu'il exécutait toujours de mémoire), il pouvait jouer
dans les tons brillants et aisés de ré et de /a par exemple,
tandis que l'orchestre l'accompagnait en mi bémol ou en
si bémol, tons où la sonorité est moindre et les difficultés
de doigté beaucoup plus grandes. Dans le même ordre
d'idées, il exécutait souvent des morceaux entiers sur la
quatrième corde, ou sur celle-ci et la chanterelle seule-
ment. Il n'y a là que le mérite de la difficulté vaincue,
et le désir d'étonner, par des prouesses d'exécution sans
exemple, un auditoire médiocrement musicien. Mais à
coté de ces puérilités indignes d'un grand artiste, Paga-
nini introduisit dans la technique du violon des res-
sources nouvelles et précieuses, fort négligées avant qu'il
parût, sinon totalement inconnues. Le premier, il a mon-
tré l'effet des sons harmoniques simples ou doubles (V. Vro-
lon), dont il tirait un merveilleux parti dans le morceau
composé par lui sur la prière du Moïse de Rossini. Dans
la forme des arpèges, dans les coups d'archet, dans les
passages en double et triple corde, dans l'emploi des notes
pincées de la main gauche accompagnant une mélodie exé-
cutée avec l'archet sur une autre corde, il a aussi puis-
samment innove. Malgré les progrès très rapides que fit
après lui, en France et en Italie surtout (l'Allemagne resta
longtemps à l'écart sous ce rapport), le mécanisme du vio-
lon, un grand nombre des compositions de Paganini, qui
ne furent éditées que longtemps après sa mort, sont res-
tées longtemps inabordables pour la plupart des violonistes.
Il n'est pas sûr qu'aujourd'hui même certaines puissent
être exécutées aisément par nos meilleurs artistes.
Cette virtuosité extraordinaire est d'autant plus sur-
— 789 —
PAGANINI ^ PAGANISME
prenante qu'au rebours de la plupart des artistes de con-
cert, Paganini n'étudiait jamais aucun des morceaux qu'il
devait jouer en public. Il arrivait dans la salle où il devait
se faire entendre sans avoir même, le plus souvent, ré-
pété avec l'orchestre qui allait l'accompagner, et il res-
tait souvent des semaines entières sans toucher à son vio-
lon. Il se vantait d'ailleurs d'avoir découvert un secret qui
lui permettait et qui aurait permis à tout le monde d'ar-
river aux mêmes résultats que lui. Il se réservait, disait-
il, de le révéler à sa mort. Mais il a emporté avec lui ce
secret merveilleux, si toutefois il y eut jamais rien de
sérieux dans ses propos à ce sujet.
Paganini, il le faut bien dire, n'était véritablement lui-
même qu'en exécutant sa propre musique. Si l'on en croit
Fétis, quand il interprétait de la musique classique, dans
les trios et quatuors de Beethoven par exemple, il n'était
qu'un violoniste ordinaire. Rien n'est plus vraisemblable.
Il fallait à ce tempérament extraordinaire des œuvres
écrites pour lui, suivant ses inspirations : il ne pouvait
se plier à suivre la pensée d'un autre. Ses compositions,
au point de vue musical, en dehors de leur mérite de
virtuosité, sont d'ailleurs vraiment remarquables. Malheu-
reusement, le sentiment de l'exécution ne peut se fixer, et
il est donc probable que, fussent-elles admirablement bien
exécutées, nous n'y retrouverions pas l'eflfet qu'elles pro-
duisaient sous sa main. Il y manquera toujours, dit justement
Berlioz, l'étincelle qui animait et rendait sympathiques ces
foudroyants prodiges de mécanisme. Henri Quittard.
PAGANINO DA Sarzana, poète lyrique italien du
XIII® siècle. Quoique Toscan d'origine, il appartient à l'école
sicilienne et il est, comme tous les poètes de cette école,
un imitateur servile des troubadours. Ses œuvres, qui con-
sistent en quelques chansons et sonnets, nous ont été con-
servées dans le Grand Chansonnier du Vatican, récem-
ment publié.
BiBL. : Gaspary, Storia délia lett. ital, l, ch. m. —
D'Ancona et CoMPARETTi, Autiche rime volcjari ; Florence,
1875 et suiv.
PAGANISME. Le mot pagani, employé pour désigner
ceux qui étaient restés attachés aux anciennes religions
de l'empire, se trouve pour la première fois dans un édit
de Valentinien (368). Il semble indiquer que, à cette
époque, les anciennes religions avaient été abandonnées
par les habitants des villes, et qu'elles ne trouvaient plus
guère d'adhérents que parmi les paysans. Malgré la limi-
tation qui devrait résulter de cette étymologie, le mot Pa-
ganisme est communément employé comme désignant, à
ta)utes les époques, toutes les religions autres que le ju-
daïsme et le christianisme. C'est avec cette signification que
nous nous en servons dans la présente notice. — En l'art.
Dogme (L XIV, p. 805, col. 2) nous avons constaté que
la foi en la puissance des divinités nationales n'implique
nullement la négation de l'existence et de la puissance
d'autres divinités, non plus que de la légitimité et de l'uti-
lité du culte qui leur est rendu. La première attitude du
paganisme à l'égard du christianisme devait donc être celle
00 la tolérance ou de l'indifférence. Il ne commença à ré-
primer les chrétiens que lorsqu'il les vit se présenter et
agir comme des ennemis irréconciliables de ses dieux et
ies institutions nationales auxquelles leur culte était
îltssocié (V. Persécution). — L'édit de Milan promit une
liberté complète aux chrétiens comme aux païens : poLes-
tatem libérant et apertam sequendi religionem qnam
quisque voluisset. Quoiqu'il désirât la victoire du chris-
tianisme, Constanthi maintint dans leurs privilèges les
prêtres des anciennes religions. Lui-même portait le titre
et les insignes de Summus Pontifex. De même, ses suc-
cesseurs jusqu'à Gratien (375-83). Constantin avait fait
relever à Home le temple de la Concorde. Après sa
mort, il reçut l'apothéose et le titre de dimis. En 340,
un édit de Constance condamnait aux mines ceux qui pro-
faneraient les sépultures païennes ; mais, dès l'année sui-
vante, un autre édit abolit formellement les sacrifices.
Cette prohibition fut renouvelée en 353 et 356, avec
peine de mort. Les maximes de tolérance et l'impartialité
reprirent faveur sous les règnes de Julien (361-63), Jo-
vien (363-64), Valentinien en Occident (364-75) et de
Valens en Orient (364-78).
La victoire définitive de l'orthodoxie nicéenne sur l'aria-
nisme ranima l'esprit de persécution. En 382, Gratien
fit enlever du Capitole la statue et l'autel de la Victoire.
En Orient, Théodose, qu'il s'était associé, procéda avec une
incessante rigueur à l'extirpation du paganisme. Ses édits
instituèrent contre les relaps l'incapacité de tester (381) ;
contre les présages tirés de l'inspection des entrailles, la
peine de mort (385) ; contre les sacrifices et même contre
la simple entrée dans un temple, même peine (392). On
prétend qu'il ordonna la démolition de tous les temples ;
mais l'édit qui aurait contenu cet ordre ne nous est point
parvenu ; et des témoignages contemporains montrent
qu'en Egypte, où les païens étaient encore nombreux,
les temples furent fermés, mais non détruits. Ces mesures
obtinrent un facile succès en Orient. Les chrétiens y for-
maient, non seulement la majorité de la population, maïs
aussi les classes les plus influentes. La résistance ne se ma-
nifesta d'une manière sérieuse que dans quelques écoles. —
En Occident, au contraire, les plus chères et les plus illus-
tres traditions des Romains étaient associées à l'histoire et
à la cause du paganisme. Le christianisme avait été in-
troduit chez eux, et pendant longtemps n'y avait été pro-
fessé que par des Grecs, des Syriens et des Orientaux
méprisés. Ils avaient vu la croissance de la religion nou-
velle correspondre à la décadence de la grandeur romaine»
Ils avaient frémi, lorsqu'un empereur chrétien avait enloAé
la statue de la Victoire ; le ressentiment de cette honte
avait armé les mains de la plupart des soldats qui mas-
sacrèrent Gratien. Lorsque Symmaque demandait, au nom
du peuple de Rome, la restauration de cette statue, cinq
familles seulement parmi les familles sénatoriales, profes-
saient la foi chrétienne ; le reste de la noblesse protestait
pour le maintien de la religion nationale. C'est pourquoi
Thcodose n'osa pas poursuivre en Occident l'exécution des
édits qui ordonnaient la fermeture des temples et l'expul-
sion des pontifes. Au commencement du règne d'Honorius
(395-423), les temples de Jupiter, de Mercure, de Saturne,
de la Mère des Dieux, d'Apollon, de Diane, de Minerve,
de l'Espérance, de la Fortune, de la Concorde, étaient
restés ouverts à la célébration des fêtes et des antiques
cérémonies. Un édit promulgué à Ravenne (399) prohila
enfin le culte, mais recommanda de conserver les temples
pour l'ornement de la ville. L'abolition officielle du paga-
nisme en Occident ne doit être datée définitivement que
de l'édit de déc. 408, défendant d'affecter aucune portion
de Vannone à la célébration du vieux culte ; ordonnant
de détruire les autels, de retirer des temples toutes les
images, et d'assigner aux édifices des usages séculiers.
Cette proscription fut complétée par quatre autres édits
d'Honorius, et sévèrement exécutée parles officiers impé-
riaux, notamment en Afrique. Saint Augustin {De Civitate
Dei, XVIII, 54) y constate l'expulsion de Carthage des
prêtres païens, leur relégation dans les villes et les vil-
lages où ils étaient nés, et la confiscation de tous les biens
affectés à leur culte. Vers la même époque, plusieurs écri-
vains ecclésiastiques décrivent emphatiquement la ruine
honteuse du paganisme. Enfin, un édit de Théodose U
(423) le considère comme virtuellement supprimé : Pa-
ganos, qui supersunt, quamquam jam nullos esse cre-
DAMUs, promulgatarum legum jamdudum prœscnpta.
compescant. Mais cette déclaration parait ressembler à
celle par laquelle Louis XIV motiva la révocation de l'édit
de Nantes. En effet, des édits postérieurs montrent que
les païens étaient restés assez nombreux, pour qu'il fût
nécessaire de leur interdire le droit de plaider, de rece-
voir des grades dans l'armée et de posséder des esclaves
chrétiens.
Eu réalité, le paganisme ne fut jamais détruit, parce
PAGANISME — PAGANO
790
qu'il est iiidestniclible . Des documents, tiop nombreux
pour que nous puissions les citer ici, indiquent qu'à
l'époque oli Fédit de Théodose II le considérait comme
éteint, et même longtemps après, le paganisme s'est
maintenu dans l'Empire, kV état de résistance intravsi-
(Jeante, non seulement partout parmi les paysans, mais
en certaines contrées parmi une partie importante de la
population, parfois môme chez la population entière ; à
Rome, dans la préfecture d'Italie, notamment dans le
Piémont, dans le pays napolitain, en Sicile, dans les îles
occidentales de la Méditerranée, en Afrique, dans l'O. et
le N. de la Gaule. Même dans certaines contrées d'Orient,
on voit encore au vi^ siècle des païens opiniâtres persé-
cutés aussi cruellement que les chrétiens l'avaient été au
temps de Dioctétien . — Ailleurs ou plutôt presque par-
tout, le paganisme se maintenait sous une forme plus
suhtile, en acceptant le baptême et toutes les cérémonies
du christianisme, mais en gardant sa foi aux anciennes
divinités ; sa confiance dans les dévotions héréditaires,
dans les divinations, les incantations, les pratiques plus
ou moins magiques, et sa piété pour la célébration de cer-
tains jours et la visite de certains lieux. Un sermon de
saint Eloi (598-651), De Heciitudine catholicœ con-
versionis note bien l'état des âmes et des croyances en
notre pays au vu® siècle. Cet évêque prêche pour ses
ouailles, on dirait qu'il parle à des païens qu'il faut con-
vertir. Ceux à qui il s'adresse sont convaincus de la puis-
sance de Neptune, de Pluton, de Diane, etc. ; ils croient
devoir les invoquer. Ils ont coutume de se rendre avec des
cierges auprès des pierres dressées et des allées couvertes ;
ils prennent part à des cérémonies auprès des sources et
des arbres, et aux carrefours des grandes routes. Ils
appellent le soleil notre Seigneur, et la lune notre Dame.
Les femmes portent à leur cou des amulettes, et quand
elles travaillent à des ouvrages de tissage ou de tapisse-
rie, elles invoquent Minerve (Dom Martin, la Religion
des Gaulois, t. I, p. 69-71 ; Paris, 1727, 2 vol. in-4).
Parmi les Capitulaires mentionnant et condamnant les
croyances et les pratiques païennes, il convient d'indi-
quer, comme les plus intéressants, ceux de 768, 785, 789,
794, 796, 805. On trouvera de nombreuses dispositions
relatives au même objet, dans les canons des ronaV^s na-
tionaux ou provinciaux que nous avons analysés sous le
nom des villes où ces conciles ont été tenus; et en outre,
dans le Glossariitm mediœ. et infimœ latinitatis de
du Cange, au mot Arisor, une longue liste des passages
des écrivains ecclésiastiques sur ce sujet.
" Les habiles accommodations de l'Eglise opérèrent ce
que les ordonnances des princes et les canons des con-
ciles n'avaient pu effectuer. Tant que les chrétiens du-
rent lutter contre le paganisme dominateur, et qu'ils ne
purent propager leurs croyances que par la persuasion,
en s'adressant à la conscience morale et à la pensée
religieuse, ils s'attachèrent à faire ressortir les points
sur lesquels leur doctrine et leur culte apparaissaient
manifestement supérieurs au polythéisme et à l'idolâtrie,
c.-à-d. l'unité de la divinité et la spiritualité de l'adora-
tion. Au sein même de l'Eglise, lesévêques etles docteurs
s'efforçaient de réagir contre les inclinations héréditaires
des païens convertis ; mais ils n'y réussirent que fort im-
parfaitement. On ne se dépouille jamais complètement de
ses croyances natives. Les païens convertis en importèrent
les plus tenaces dans leur religion nouvelle ; et, quand ils
formèrent la majorité parmi les chrétiens, on put cons-
tater dans les doctrines et les cérémonies de l'Eglise beau-
coup de choses qui ne provenaient point des sources évan-
géUques. Cela, bien avant Constantin. — Cette invasion
du paganisme dans l'Eglise, qu'on pourrait appeler la re-
vanche du paganisme, s'accéléra et se fortifia lorsque le
christianisme fut devenu la religion de l'empire. Il s'agis-
sait aloi's, moins de se distinguer et de se séparer des
païens, que de les amener en foule dans l'Eglise et de les
y retenir. Beaucoup de pratiques et de rites furent adap-
tés au culte chrétien ; les jours et les époques célébrés
par les païens furent affectés à des fêtes chrétiennes ;
dans les pèlerinages les plus fréquentés, près des sources
et des sanctuaires vénérés, on construisit des églises et
des monastères ; aux carrefours des routes, on plaça des
images et des chapelles. La vénération qu'on avait pour
les choses anciennes se transforma peu à peu en vénéra-
tion pour les choses nouvelles. La superstition ainsi dé-
placée profitait à ce qu'on appelait la religion chrétienne.
Ce procédé fut formellement recommandé par le pape
Grégoire le Grand au moine Augustin, qu'il envoyait en
Bretagne pour convertir les païens. Boniface la pratiqua
largement en Germanie. Mais l'infiltration païenne se fit
partout et d'une manière continue. — Des effets qu'elle
a produits et qu'elle ne cesse point de produire, il résulte
que la description sommaire de la religion catholique,
telle qu'elle est professée aujourd'hui, présente, au moins
pour les côtés extérieurs, plutôt l'image du culte ])aie]i
au temps où Jésus-Christ mourut, que celle du culte chré-
tien à l'âge apostohque. Il serait difiîcilede né pas recon-
naître les ressemblances indiquées par A. Sabatier dans son
Esquisse d'une philosophie de la religion (Paris, 1897,
in-8) : « Entre la terre et le ciel, on voit reparaître toute
l'antique hiérarchie des dieux, demi-dieux, héros, nymphes
ou déesses, remplacés par la vierge Marie, les anges, les
diables, les saints et les saintes. Chaque ville, chaque pa-
roisse, chaque fontaine a son patron ou sa patronne, son
gardien tutélaire, à qui l'on s'adresse plus familièrement
qu'à Dieu, pour en obtenir les bénédictions temporelles
et les grâces de chaque jour. Les saints ont leur spécialité
comme les petits dieux d'autrefois. L'un guérit de la fièvre
et Eautre des maladies de la peau. Celui-ci protège les
voyageurs et celui-là garde les moissons ou sauve le bé-
tail ; un troisième est tout-puissant pour faire retrouver
les objets perdus ou donner des héritiers aux maisons
menacées de déshérence. Avec cette mythologie renais-
saient toutes les superstitions, jusqu'au fétichisme le plus
naïf : pèlerinages, chapelets et htanies, vénération des
images et des reliques, signes de croix, rites et sacrements
conçus et célébrés à la mode des anciens mystères. Et
tout cela s'est fait avec une sorte d'inconscience, par une
progression lente et, souvent, par l'effet d'un zèle (jui
se croyait chrétien... A Rome, sous la basilique de Saint-
Pierre, se dresse une superbe statue du Prince des ;\p:tres.
Ce fut une statue de Jupiter. L'orteil du pied est usé }>ar les
baisers des pèlerins et des fidèles. Avant le christianisme,
on baisait le pied du maître des dieux ; on baise, de})uis,
celui de Pierre. Le culte est-il d'ordre différent, et la dé-
votion d'une qualité supérieure? » E.-II. Vollet.
Biui.. : 1^1 UGNOT, J/is/on^e de la dcslrucllon du paf/;.-
nisme en Occident; Paris, 1835, 2 vol. in-8. — G Bor^?^[i i^,
la UelKjion romuine d'Amiiiste aux Antoniiis ; Paris. 187J,
2 vol i'n-8. — KFAA.yKR. Hcllenismus und ChrhtenUui)}) :
Cologne, 18(iG. — Lasaulx, Dcr Untergaruj des llcllcuis-
mus; iVIunicii, 185t.
PAGANO (Erancesco-Maria), jurisconsulte et homme
politi(jue itaHen, né à Brienza (Basilicate) le 8 déc. 1718,
mort à Naples le 29 cet. 1798. Nommé à vingt et un ans
lecteur de morale à l'Université de Naples, et, en 1786,
professeur de droit criminel à la même université, il fut
chargé par le gouvernement de préparer un plan de ré-
forme de la procédure criminelle et rédigea à cette occa-
sion ses Considerazioni sul processo criminale. Peu
après, il publiait sesSaggi politici (Naples, 1792), grand
ouvrage de politique et de législation comparée, où il asso-
ciait les idées de Vico à celles de J.-J. Rousseau, et qui
le fit accuser de démagogie et d'athéisme. Lors de la réa^^-
tion monarchique de 1794, il se compromit par son ùde
à défendre les accusés pohtiques ; après avoir subi une dé-
tention d'un an, il se réfugia à Rome, où il obtint la chaire
de droit public. En 1799^ les succès des Erançais lui rou-
vrirent les portes de Naples, et Cliampionnet le chargea de
préparer un projet de constitution. H prit les armes pour
défendre la République Parthénopéenne ; à la chute do
791 —
PAGANO ^ PAGES
<'olle-(*i,il fut arrêté, jugé sommairement et exécuté. Ses
oiiivres principales ont été publiées par J. Massa {Opère
/ilosofisehe edestetirhe dlF.-M. Pagano; Milan, 1800).
IL avait composé aussi quelques œuvres de critique litté-
raire {Discorso sitlV origine e la naturel délia poesia)
et quelques tragédies. A. Jeanroy.
BriîL. : Elogio slorico^ en tote de rédition de Milan, —
]\I. KERBAKEk, F. -M. Pngano, Dlscorso; Naples, 1880. —
M. d'Ayala, Vite clccjli lùiUan'i bcnemcrlti délia Libéria e
delta Patria; Ronie/1888.
PA6AS/E ou PAGASA. Ville antique de Thessalie, située
au N. du golfe qui lui emprunte son nom ; c'était le
])ort de Plières, qui se vantait d'avoir construit le navire
Àrgo. Pagasae fut prise par Philippe lors de la défaite
<l'()nomarchos. Restaurée par les Romains, elle prit un
assez grand développement. Ses ruines se voient près de
la ville moderne d'Angistri.
PAGE (Fausse) (Typog.) (V. Fausse page).
PAGE. Depuis répo]ue romaine, Fusage s'était conservé
d'employer aii service domestique des enfants élégants et
somptueusement vêtus qui faisaient ainsi l'apprentissage
de la vie noble. Le pœdagogianiis puer se retrouve au
temps féodal dans les cours et cluitcauxoùilfaitrappren-
lissage de la vie de chevalier. Dès la septième année l'en-
fant noble commence ce service ; il fait office de valet, et
ce nom lui est souvent donné, accompagnant le seigneur
à la chasse, en voyage, le servant à table, faisant fonction
de secrétaire ; la châtelaine lui enseigne le catéchisme, les
usages mondains. Quand il est en état de porter les armes,
«itre 14 et 18 ans, il passe écuyer. — Jus({u'au temps
des Valois, le nom de page fut en France appliqué aussi
au servant de bas étage, aide de cuisine, domestique d'ar-
mée. Puis, dans les institutions militaires du xv® siècle,
ce mot désigne un jeune garçon (pii fait son apprentis-
sage guerrier : la lance de six lionnnes comprend un page
•ou deux, à cheval. On trouve de ces pages des compagnies
d'ordonnance, qui n'avaient que douze ans. Ils devenaient
imsuite varlets deiiîuerre, puis hommes d'armes. — L'insti-
lution des pages déclina avec la féodahté, et il en est de
moins en moins question à partir du xvii"^ siècle. Cepen-
dant elle se conserva dans quehpies cours. Les écoles de
{•adets en prirent la place.
PAGE (John), bourgeois de Londres et chroniqueur an-
glais du xv^ siècle. Il composa sur le siège de Rouen par
Henri V en 1 418 un poème en anglais qui fut publié d'abord
il'après un manuscrit incomplet et sans nom d'auteur,
dans VArcheologia (t. XXI, p. -43), puis complété d'après
nn autre manuscrit par sir Fred. Mad(len(i/;ifL, t. XXII,
]). 350). La seule édition intégrale a été donnée par James
{Vàwàn^v {Uistorical Collections of a citizen of London
in the XP''' century. Camden Society, 1876). Ce n'est
pas, à vrai diï-e, un récit des opérations militaires, mais
une peinture des souffrances endurées par les assiégés et
un exposé des pourparlers c|ui aboutirent, non sans peine, àla
<*apitulation. John Page écrivit peu après la reddition de la
ville, au moment oii venait de se terminer le ravitaillement, et
il ne prit pas le temps, ce dont il s'excuse, de corriger son
poème. Son témoignage est d'autant plus précieux. Ch. B.
PAGE (M'"« Marie-Anne Le) (V. Boccagk [M"^« Fi-
QUET du]).
PAGÉAS. Com. du dép. de la lîaute-Vienne, arr. de
Saint- Yrieix, cant. deChâlus; l.i63 hab.
PAG EL. I. Ichtyologie. — Genre de Poissons osseux
(Téléostéens), de l'ordre des Acanthopti'rggiens Perci-
formes et de la famille des Sparidœ.. Voisins des Pagres
{y. ce mot), les Pagels en diffèrent en ce ([u'iU manquent
de canines, que les dents antérieuiTS sont toutes en cardes
et que les molaires sont plus petites cpie celles des Pagres
et des Daurades surtout (V. ce mot), auxquelles ils
tiennent de très près. On en connaît sept foiines dont six
se trouvent sur les cotes de France, plus particulièrement
dans la Méditerranée.
Le Pagellus centrodenlus, appelé Gros yeux sur le
marché de Paris, liousseau sur les côtes de la Vendée et
Pilonneau à La Rochelle. e>l un animal dont la taille
dépasse rarement oi) ceutim. l.e corps est d'un gris plus
ou moins foncé, rosé sur le dos, argenté sur les flancs, les
nageoires impaires sont d'un jauue rosé, les paires d'un
beau rose, la bouche, large, est de couleur orangée; les yeux,
très grands, occupent le tiers de la longueur de la tète. Sa
chair est ferme et recherchée. On le capture souvent à la
ligne, principalement en été et en automne, car l'hiver il
quitte les côtes. Rochbr.
IL Art culinaire. — Le pagel a une chair blanche et
assez agréable au goût, facile à digérer, mais meilleure
en hiver qu'en été. On l'emploie dans la préparation de
la bouillabaisse (Y. ce mot). On mange aussi ce poisson
grillé entier et ciselé, comme la daurade (V. ce mot) avec
accompagnement d'une persillade ou d'une autre sauce.
BiDL. : IcHTvoi.ooii]. — (kîNTin'R, Stddy of Fishes. ~
Sauvage, dans BREH:\r, éd. l'r.
PAGELLO (Hist. litléraire) (V. Musset [A. de] et
Sand [G.]).
PAGENSTECHER (Heinrick-Alexander), zoologiste alle-
mand, né à Llberfeld le 18 mars i8'25, mort à Hambourg
le 4 janv. 1889. D'abord privat-docent d'accouchement à
Ileidelberg, en 18.')6, il s'adonna à la zoologie, remplaça
Bronn dans sa chaire, en ISô'i; enfin, en 1882, il fut
appelé à prendre la direclion du musée d'histoire natu-
relle de Hambourg. Il s'est surtout occupé des Vers et des
Acariens parasites, des animaux marins inférieurs (avec
Leuckart), de la formation des perles, etc. Ses ouvrages les
plus importants sont : Ueber das Liifteinblasen %ur Ret-
tung scheintodter Neugeborner {Reiàeiharg, 1856, in-8) ;
Beitrdge ziir Anatomie der Milben (Leipzig, 1860-61,
'2 hvr.) ; Die Trichinen (Leipzig, 1865) ; Allgemeine
Zoologie (Berlin, 1875-81, 4 vol.), etc. D^L. Hn.
PAGENSTECHER (Alexander), ophtalmologiste alle-
mand, né à Wallau (Nassau) le 21 avr. 1828, mort à
Wiesbaden le 31 déc. 1879. Reçu docteur en 1851, il
passa à Berhn, où il se lia avec Albrecht de Graefe, puis
devint médecin assistant à l'hôpital de Wiesbaden et, en
1854, fonda un dispensaire pour les maladies des yeux,
cjui prit une grande importance. Pagenstecher fut un élève
de Desmarres et de Sichel. à Paris. H a laissé la réputation
d'un remarquable opérateur. Son principal ouvrage est
Klinische Beobachtungen aus der Augenheilanstalt zn
Wiesbaden (Wiesbaden. 1861-67, 3 livr. gr. in-8, dont
les deux premières avec Samisch) . Il a laissé un grand nouibre
de matériaux qu'a ulihsés son frère, Hermann, né le
16 sept. 1844, et qui lui a succédé dans la direction de
son dispensaire, et s'est surtout fait connaître par un bel
Atlas d'anatomie pathologique de Vœil (avec Genth ;
Wiesbaden, 1875, in-4, 38 pi.; trad. française, 1880).
PAGES (Pierre-Marie-François, vicomte de), marin et
voyageur français, né à Toulouse en 1748, mort à Saint-
Domingue en 1793. Entré dans la marine en 1767,
comme enseigne, il s'embarqua \\\ même année pour
Fx^mérique, avec le projet de rechercher un passage N.-O.,
mais se borna à explorer la Louisiane, le Texas, le Mexique,
et revint en Europe par Manille, les Indes et le Liban.
En 1773, il accompagna Kerguélen {\ . ce nom) dans son
expédition au Pôle Sud et, en 1776, il partit de Hollande
pour le Spitzberg sur une baleinière, qui atteignit 80'^ 30'
de latitude. Il se retira en 1782 à Saint-Domingue et fat
égorgé en 1793, lors de la révolte des esclaves. Outre
divers travaux de météorologie, qui le firent nommer cor-
respondant de l'Académie des sciences, il a publié: Voyages
autour du monde et vers les deux pôles (Paris, -1782,
2 vol.).
PAGES (Aimée) (V. Brune [M'"<^ Christian]).
PAGES (Garmer) (V. Garnier-Pagès).
PAGES (Eduardo), sculpteur espagnol contemporain,
originaire de Barcelone. Elève de l'Ecole des Beaux- Arts
de sa ville natale, il exposait en 1866 à Barcelone une
statue de Charles VU, roi de France, et un grand bas-
relief représentant Manne d'Arc au siège d'Orléans. En
PAGES — PAGLT
792 —
collaboration avec son frère, Luis Pages, il a produit de
nombreuses sculptures religieuses, soit pour les églises do
Catalogne, soit pour l'Amériipie du Sud et les colonies es-
pagnoles. Quelques statuettes pittoresques de l'artiste ont
figuré à l'Exposition universelle de 1878, à Paris. P. L.
BiBL. : Ossoiiio Y Bernard, Galeria biografîcadc ar-
tistas espanoles ; Madrid, 1868.
PAG ET (William), homme d'Etat anglais, né à Wed-
nesbury en doOo, mort à West Drayton (Middlesex) le
9 juin 4563. Fils d'un officier municipal de Londres, il
fut un élève distingué de l'Académie de Cambridge et en-
tra dans la maison àeGardiner (V. ce nom), qui le char-
gea de diverses missions à Paris et en Allemagne. Nommé
secrétaire d'Anae de Clèves (1539), il fit partie, l'année
suivante, du conseil privé. En 1541, il était envoyé comme
ambassadeur en France pour exposer à la cour les causes
de la chute de Catherine Howard. Secrétaire d'Etat en
1543, Paget devint un des principaux conseillers du roi
et continua à s'occuper surtout des affaires étrangères.
Après la mort de Henri VIH, il se lia avec le protecteur
Somerset, qui le combla de dignités et d'emplois et qui le
chargea en 4549 de voir, à Bruxelles, l'empereur et de
tenter de l'amener à une alliance contre la France. 11 prit
peu de part à l'effroyable tyrannie que les protestants
firent alors peser sur les catholiques : il conseilla au pro-
tecteur la modération. Il fut créé en 4549 baron Paget de
Beaudésert. Mais après la chute de Somerset, il encourut
la haine de W^arwick, qui l'accusa de conspirer contre sa
vie et le fit emprisonner (4554). Comme l'absurdité de
cette accusation fut vite démontrée, on chercha d'autres
motifs et on découvrit ceitains faits de concussion dans sa
gestion comme chancelier du duché de Lancastre. Traduit
devant la Chambre étoilée en 4552, il fut condamné aune
grosse amende et ses biens furent confisqués ; mais Paget
était habile et, un an après sa condamnation, il s'était tiré
d'embarras. Après la mort d'Edouard VI, il entra dans le
conseil de Jane Grey et bientôt après dans le conseil de
Marie (4553) et il négocia la grosse affaire de mariage de
la reine avec Philippe d'Espagne. Très en faveur à la cour,
il fut nommé lord du sceau privé en 4556 ; mais il essaya
en vain de modeler la persécution des protestants par les
catholiques et il rentra dans la vie privée à Favènement
d'Elizabeth (4558),
Un de ses fils, Thomas, fut impliqué dans la conspira-
tion de Throgmorton (458c), s'enfuit en France, fut ré-
clamé en vain par le gouvernement et mourut à Bruxelles
en 4590. — Un autre, Charles, passa aussi en France
dès 4572, en haine des protestants, et passa sa vie en
conspirations contre Elizabeth.il entra au service de l'Es-
pagne en 4588 et rentra en Angleterre après l'avènement
de Jacques I®^ Il mourut vers 4642.
William, arrière-petit-fils de Thomas, né en 4637,
mort en 4743, fui ambassadeur à Vienne en 4689, am-
biissadeur extraordinaire en Turquie en 4673, et négocia
le traité de Carlovvitz (26 janv. 4699). Il acquit unecon-
Bsajsçance approfondie des affaires d'Orient et une influence
considérable sur le sultan, et il arrangea divers différends
eïftre la Tm'quîe et l'Autriche, à la satisfaction des deux
parties. Il eut un fils, Henry (mort en 4743), qui fut lord
de la trésorerie (4740-44) et envoyé extraordinaire à la
cotiF de Hanovre, en 4744. Il fut créé comte d'Uxbridge
en 4744. — Thomas-Caiesby Paget, fds du précédent,
fit partie du Pai'lemenf en 4744 et en 4721. Il a laissé
c[Tielques écrits : Essay on human life (Londres, 4734,
1(1-4); An epistle toM. Pape, in Ànti-heroics (Londres,
473if, in-4); Some reflections upan the administra-
tion of govemmevt (Londres, 4740, în-8). Il mourut
en 4743. La baronnie s'éteignit avec son fils Henry, mort
célibataire en 4769. B. S.
PAGET (Henri- William), général anglais (V.Anglksey).
PAGET (Lord Clarence-Edward), marin anglais, né en
4844, mort à Brighton le 22 mars 4895, fds du marquis
d'Anglesey. Entré dans la marine en 1827, il figura à
Navarin, participa à Texpédhion de la Baltique (4854),
au blocus et au bombardement de Sébastopol (4855).
Contre-amiral en 4863, amiral en 4870, il prit sa retraite
en 4876. Député fibéral de Sandwich (4847 à 4852, puis
4857-66), il occupa les fonctions de secrétaire de l'ami-
rauté dans le cabinet Palmerston (4859-66). B. S.
PAGET (James), chirurgien anglais contemporain, né
à Great-Yarmouth le 44 janv. 4814. Il étudia à l'hôpital
Saint-Barthélémy de Londres, où il devint par la suite chi-
rurgien consultant. Il est le chirurgien du prince de Galles
et vice-chancelier de l'Université de Londres. Outre un
très grand nombre d'articles dans les recueils périodiques,
Paget a publié : Lectures on surgirai pathology... Bev.
a. éd. by W. Turner (Londres, 4853, in-8; 4^ éd.,
4876) ; Ùinical lecture and essays...VA. by How Marsh
(Londres, 4875, in-8; trad. en fr. par L. -H. Petit, 4877);
Theology and Science (Londres, 4884, in-8) ; descrip-
tive Catalogue of the pathological spécimens contained
in the Muséum (of the U. College-of Surg. of England
(Londres, 4882, in-8, 2^^ éd.). D^' L. Hn.
Maladies de Pâget . — Deux maladies portent le nom du
célèbre chirurgien anglais : l'une qui porte sur le squelette
constituant une ostéite déformante ; l'autre qui s'observe-
rait sur la mamelle.
Maladie osseuse de Paget. — Assez rare, cette affec-
tion débute souvent par des douleurs atroces dans les dif-
férents segments osseux, bientôt suivies de déformations
observées d'abord aux membres inférieurs et envahissant
peu à peu tout le squelette ; d'autres fois, elle se montre,
sans douleurs prémonitoires, sur les os de la tète dont
l'hypertrophie rend les coiffures trop étroites et sur les os
des membres supérieurs où elle } eut se cantonner. Carac-
térisée par une raréfaction avec épaississement considé-
rable des os du crâne, des lames vertébrales et des dia-
physes où on n'observe guère de fractures, elle paraît être
sous la dépendance de lésions nerveuses cantonnées dans
les cordons postérieurs de la moelle. Cette maladie se voit
surtout chez les arthritiques, et il semble, diaprés les
observations de Paget, qu'elle se termine souvent par des
manifestations carcéreuses. Le traitement général des ar-
thritiques parait être de mise sans qu'il faille en attendre
un arrêt notable dans la marche de la maladie.
Maladie de la mamelle de Paget. — C'est une maladie
caractérisée par une ulcération cutanée, rebelle à tous les
traitements, siégeant sur le mamelon et l'aréole qu'elle ne
dépasse qu'exceptionnellement, offrant l'aspect d'un eczéma
suintant ou d'un psoriasis, suivie précocement et fatale-
ment d'un cancer de la mamelle superficiel ou profond, k
plus souvent séparé de l'ulcération par une partie en ap-
parence saine.. En raison de cette marche de la maladif,
les chirurgiens anglais font des amputations hâtives dès
le diagnostic établi et avant que l'ulcération présente aucun
caractère de transformation maligne. Si on tient compte
que, dans nombre de cas, le cancer a manqué ou ne s'est
développé que tardivement, comme on peut l'observer sur
toute ulcération chronique, on admettra que l'ulcération
de Paget ne peut être tenue pour cancéreuse malgré la pré-
sence constatée sur elle et sur le cancer de microorganismes
(coccidies, psorospermies) dont le rôle pathogénique est
d'ailleurs encore mal établi. Dès lors, l'association de Paget
(ulcération et cancer) n'est probablement qu'une coïnci-
dence. On traitera donc Tulcération par les moyens ap-
propriés : solution de chlorure de zinc et emplâtre de Vigo
alternant avec une pommade à l'iodoforme (Darier). En
cas de non-réussite, on fera l'ablation de l'ulcération et
on comblera la perte de substance par une autoplastie, ré-
servant l'amputation du sein au cas où une tumeur intra-
mammaire ou adénitique démontre la nature néoplasique
de la mala*die. D^' S. Morer.
BiiiL. : Simon DuPLAY et Ri-.clus, Traité de chirurgie,
2« éd.
PAGET (Lord George-Augustus-Frederick), général
anglais, né le 4 6 mars 48 1'8, mort à Londres le 30 juin 4 880,
793
PAGET — PAGLIA
sixième fils du marijuis dWnglesey. Entré dans T ar-
mée en 1837, il servit en Crimée, se distingua dans la
fameuse charge des six cents à la bataille de Balaklava,
puis à Inkerman. II commanda encore la cavalerie à Eu-
patoria (1855). Major général en iSQi, il rendit des ser-
vices signalés dans l'Inde (4862-65), d'où il revint avec
les fonctions d'inspecteur général de la cavalerie. 11
fut promu général en 1877. Il' avait été député libéral
de Beaumaris de 1847ài857. 11 a laissé Criniean Jour-
naJs (Londres, 1881), mémoires qui ne manquent pas
d'intérêt. R. S.
PAG ET (Sir Augustus Berkeley), diplomate anglais, né
en 18*23, mort le 11 juil. 1896. Entré aux affaires étran-
gères en 1 841 , après avoir passé par le département des
Postes, il fut attaché à Madrid (18i-3), à Paris (1846), etc.,
et devint en 1852 consul général d'Egypte. Il occupa
ensuite avec distinction un certain nombre de postes di-
plomatiques (La Haye, Lisbonne, Berlin, etc., etc.), fut
nommé en \^QQ ministre plénipotentiaire à la cour du
Portugal, puis à la cour d'Italie (1867 et 1876) et enfin
ambassadeur d'Autriche (1884). Il prit sa retraite en 1893.
Il avait épousé en 1860 le comtesse d'Hohenthal, demoi-
selle d'honneur de la princesse royale de Prusse. R. S.
PAG ET (Violet), femme auteur anglaise, plus connue
S3US son pseudonyme de Vernon Lee, née au château
Saint-Léonard (Normandie) en 1856. Elle habite depuis
longtemps en Italie, où elle a acquis un sens esthétique
très raffiné. Collaboratrice de la plupart des grandes
revues anglaises, elle a écrit un grand nombre d'ou-
vrages de critique artistique et philosophique, des nou-
velles, des romans qui se recommandent par la finesse
des aperçus et l'élévation des idées. Citons : Studies of
the eighteenth Century in Italy (Londres, 1880) ; Bel-
caro {\S%^)\ The Prince of a hundred Soups (1883),
Onilie (1884), Eiiphorion (1884), Miss Brown\\%U),
Hauntings (1890), Vanitas (1893), Baldiuin (1886),
Althea (1894). Un certain nombre de ses écrits ont été tra-
duits en français, notamment : Miss Brown (Paris, 1889,
iîi-12) ; Au Pays de Vénus (1894, in-12). R. S.
BiBL. : G. Valbert (Cherbulio/), un Critique d'art an-
glais {Vernon Lee) ^ ses préférences et ses repetdirs, dans
Revue des Deux Mondes, 1887, t. V.
PAG 61 (Giovanni-Battista), peintre italien de la seconde
époque de l'école génoise, né à Gènes en 1555, mort à
Qènes en 1627. De naissance noble, il s'adonna de bonne
heure, malgré l'opposition de son pf're, aux beaux-arts et
aux lettres. Liica Cambiaso lui apprit le dessin et l'exerça
surtout à exécuter des bas-reliefs antiques en clair-obscur.
Devenu habile à manier le crayon, il étudia sans maître
la peinture, la perspective et l'architecture, en n'ayant
recours qu'aux livres. Il commençait à se faire un nom,
Isorsqu'il commit un homicide, et, pour échapper à la police
de Gènes, se réfugia à Elorcnce où le duc François P^'
l'accueillit avec empressement. Paggi resta vingt ans dans
la capitale de la Toscane. Il y fit un grand nombre
d'œuvres fort remarquables, entre autres la Transfigu-
ration, qui est à l'église Saint-Marc et que quelques cri-
tiques ont attribuée à un autre maître. On cite aussi de lui
l'a fresque de Sainte Catherine de Sienne délivrant un
cpndamné, qui décore l'église de Santa Maria Novella.
Rappelé à Gènes, vers 1600, en faveur de son grand
talent, qui l'avait fait connaître jusqu'à Paris et à Madrid
par les souverains de France et d'Espagne, il rentra dans
sa ville natale et la dota de ses plus beaux ouvrages. Ses
chefs-d'œuvre sont deux tableaux d'autel à Saint-Bar-
thélémy et le Massacre des Innocents qu'on voit au
palais Doria. Le grand mérite de Paggi consiste moins
dans la vigueur du coloris que dans la noblesse des phy-
sionomies, dans un ensemble de délicatesse et de grâce,
qui l'ont fait mettre souvent au niveau du Baroccio et
même du Corrège. C'est au Paggi que revient la plus
grande part des progrès de l'école de Gènes ; il fit sentir
l'importance du dessm et composa lui-même pour l'ins-
truction de jeunes peintres qu'il dirigeait une Définition
ou division de la peinture (Definizione ossia diuisione
delta pitfura), pubUée en 1607 et qui eut beaucoup de
succès, même en France, où cet ouvrage fut longtemps
connu sous le nom de Tablettes de Paggi, Le principal
disciple de Paggi fut Domenico Fiasella (appelé aussi le
Sarmna) qui, après la mort de Paggi, occupa le premier
rang dans l'enseignement à Gênes. Ch. Simond.
BiBL. : Lanzi, III, 251. — Charles Blanc, Ecole génoise.
PAGGI (Felice), éditeur italien, né à Sienne en 1823,
mort fin 1895, fils d'Ange Paggi, professeur de langues se-
mitiques. Il vint à Florence en 1835 avec la nombreuse
famille à laquelle il appartenait, et aussitôt il entra dans
le commerce des livres, qu'un de ses frères, plus âgé de
cinq à six ans, avait commencé. Felice Paggi se fit remar-
quer par la publication d'œuvres scolaires qui lui assura
une célébrité méritée. Il sut aussi s'assurer le concours de
jeunes écrivains, tels que Silvio Pacini, Pietro Dazzi, Ri-
gutini, Collodi, Ida Baccini, dont les livres sont encore
entre les mains de tous les élèves de la Péninsule. Il pu-
blia de Collodi le fameux livre de lecture, Giannettino, qui
fut vendu à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires.
Malade, il abandonna le commerce, et finit sa vie dans la
retraite.
PAGHOLO (V. Bartolommeo [Fra]).
PAGI (Antoine), historien ecclésiastique, né à Rogue^
(Provence) en 1624, mort en 1699. Il était cordelieret
fut nommé quatre fois provincial de son ordre. (Euvres
principales : Dissertatio hypatica seu de consulibus
cœsareis (Lyon, 1682, in-4) ; Dissertation sur les con-
sulats des empereurs romains, publiée dans le Jour-
nal des Savants (nov. ^ 688) pour répondre aux critiques
adressées à l'ouvrage précédent; édition latine des Ser-
mons inédits de saint Antoine de Padoue (Avignon ^
1685); Critica historico-chronologica in An7iales
ecclesiasticos Baronii (Paris, 1689-1705, 4 vol. in fol. %
Genève, 1724) : rectifications nombreuses et importantes
des Annales de Baronius. E.-H. V,
PAGI (François), cordelier, né à Lambesc en 1654,
mort en 1721, neveu du précédent. Il prit part aux ti'a-
vaux de son oncle sur les Anna/^s de Baronius, et il publia
personnellement une histoire abrégée des papes : Bre-
viarium historico-chronologico-criticum illustrions
Pontificum Bomanorum gesta, Conciliorwn gène-
ralium acta complectens (Anvers [Genève] 1717-27,.
4 vol. in-4). E.-H. V.
PAGINATION (Typog.) (V. Bibliograwiik, t. Vï,p. 629»
et Livre).
PAGIT ou PAG ITT (Ephraïm), écrivain anglais, né dans
le comté de Northampton vers 1575, mort à Deptford cfi
avr. 1647. Il fut recteur de Saint-Edmond de Londres et
il s'est distingué par la publication d'ouvrages très spé-
ciaux sur les hérétiques et les sectaires. Citons : Chris-
tianographie or a description of the sundne sorts of
Christians in the World (Londres, 1635, in-4); Rere-
siography or a description of the Hereticits and Secta-
ries of thèse latter Unies (1645, in-4); The Mystical
IFo//'(1645, in-4). lî. S.
PAGLIA (Francesco), peintre italien, né à Brescia en
1636, mort à Florence vers 1707, ou, suivant Zani, en
1713. Il eut pour maître le Guerchin et se distingua par
une rare facilité d'exécution. Cependant, il se borna presque
exclusivement à l'imitation des maîtres du xv^ siècle, dont
il égale souvent la gracilité et l'austérité. Sa Charité,
qu'il peignit pour l'église de Brescia, est certainement
une œuvre de grand caractère, mais elle manque d'origi-
nalité et d'imagination, et la copie y est si servile qu'on
se croirait en présence d'un tableau de Francia ou du
Giotto. L'imagination et l'originalité y font complètement
défaut. Aussi l'accueil fait à l'artiste fut-il tellement froid
qu'il dut renoncer à ce genre de composition et se res-
treindre au portrait, oîi il excella d'ailleurs.
PAGLIA — PAGODE
791-
PAGLIA (Antonio), peintre italien, né à P>rescia en
4680, mort à Venise le 9 lev. J747,ii]s du précédent. Son
père lui donna les premières leçons de peinture, il alla
ensuite étudier les Vénitiens, principalement le Titien et le
Bassano, qu'il pasticha au point que les connaisseurs con-
fondirent plus d'une fois la copie avec l'original. Le sculp-
teur Cagliari le décida, vers 1710, à faire des composi-
tions dans le genre des sujets bibliques du Poussin. Jl se
tlt ainsi une assez grande réputation, entre autres par
une Vie de Joseplt. mais la forme de ses tai)leaux est
négligée. Antonio Paglia avait acquis une grande fortune
qu'il entassait avec avarice. Tn de ses domestiques, pour
s'emparer de son oi', l'assassina. Jl avait eu pour coUa-
b.u'ateur son frère Angiolo, qui mourut en il^i, à trente-
deux ans.
PAGLIANO (Eleuterio), peintre italien, néàCasalcMon-
ferrato, en 18:27. Il fit ses études à Milan et devint pro-
fesseur à l'Académie de cette ville. Ardent patriote, il prit
part aux campagnes de 1848-49 et de 18o9. Il se consacra
plus particulièrement à la peinture de genre et d'histoire.
Ses œuvres se distinguent par l'originalité de l'invention,
la finesse de touche et l'harmonie clés couleurs. On cite de
lui principalement : la Guérison de Bayard, Dcniie.s
chezVantùiuaire, Joueur de luUi, Jeune Fille coumnl,
Aldohrani refusanl de danser avec Maramoldi, V Ou-
verture du testament. Napoléon découvrant h José-
phine le plan du divorce, (a Jeune lille et la Hose.
Saint Louis de Gonza^jiie en prières. On a de lui éga-
lement quelques gravures de valeur et la fresque de
l'Afrique dans la galerie Victor-Kmmanuel à Milan.
' BiDL : l'Art, 1878, III, ;2.n. — Illustradonc ^/.'z //;)»,•;, 1^^|,
n" 9.
PAGNE (V. Co3Tnî;-. t. XTl. p. ilo2).
PAGNEY. Com. du dcp. du Jura, arr. de Dole, cant. de
C.endrey; 384 Jiab.
PAGNEY-Deruièrk-Rarixe. (lom. du dép. de Meurthe-
et-Moselle, arr. et cant. (X.) de Tout; 480 hab.
PAGNINI (Luca-Antonio), ])hilologue italien, né à Pis-
loie le 15 janv. 1737. mort à Pise le :21 mars 1814. Issu
d'une fiuniile très modeste, son esprit vif et pénétrant le
fit distinguer par quelques personnes qui se chargèrent
de son éducation. Il s'adonna surtout h. l'étude du grec et
du latin. Il a traduit : le Phormion de ïérence ; les Idylles
de Tli'^ocrite; les Bucolvjues de Virgile; Anacréon, Sa-
pho, etc. Il traduisit aussi en vers itafiens V Alidre de Vol-
taire.
BiHL. : TiPALDO. Bloijrofin denVillurunil llUistrlWl. 17(5.
PAGNINO (Santé), domijiicain et hélu'ajsant italien, né
à Lucques en 1470, mort à Lyon 1<^ 44 août 1541. f^éon X
l'appela d'abord à lîome comuie professeur de langues
orientales. En 1541, il est à Avignon comme secrétaire
du légat et depuis 1544 à Lyon. 11 travaillait depuis 149)
à traduire, le plus littéralement possible, l'Ancien Testa-
ment de ITiébreu en latin (Lyon, chez Ant. du lly, 154S,
in-4 ; Cologne, 1541. in-fol. ; les éditions posiérieures
jnodifient Famvre de Pagnino. qui comprenait, du reste,
aussi le X'ouveau Testament). C'est le premier essai de ce
genre depuis Jérôme. Parmi ^es autres ouvrages, on doit
citer le Lexicon HebraicuWv {Lyon, 1549). souvent réim-
primé; la Catena argentea in Pentateuchuni {\.\m,
153o, 6 vol.), etc.
PAGNIUCG! Y ZuMEL (José), sculpteur espagnol, né à
Madrid en 1841. mort à Madrid en 18 j8. Il suivit d'abord
les cours de l'Académie de San Fernando, diint sou }>èj'e
était le mouleur, puis il alla se perfectionner à Rome, où
réminent sculpteur Ponzano le prit dans son atelier et lui
prodigua ses conseils. Il revint ensuite à Madrid pour y
concourir à une pension d'élève envoyé par TAcadémie à
Tétranger; il l'obtint et retourna à Home. Ses premiei's
envois datent de 18o0 et 1854, parmi lesipiels figuraient
un Caïn et un bas-relief ([ui furent très remarijués. V.w
1856, il exposait à Madrid deux statues en marbre, I\'-
m'iope et PéUi'je; la slalue de Cani avait figuré à l'Ex-
position univei'selle de 1855, et fut ensuite acquise ])ar
le gouvernement espagnol. En 1860, il terminait la statue
du savant naturaliste Cavanilles, placée dans le jardin
botanique. Parmi ses principales œuvres, on cite enccu'o
une statuette de [aune et la statue iV Isabelle la Catho-
lique (jui se trouve au (À)ngrès des députés, ainsi qu'une
figure de la l^aix. La statue du moine Velasquex, est
dans l'église de las (^alatravas. Il est l'auteur des bustes
de la duchesse {VAb)-antès, du duc et de la duchesse de
Villahernwsa, de Lope de Vega et de Calderon, qui déco-
rent la façade du théâtre de la Zarzuela. En 1859, l'Aca-
démie de San Fernando le reçut au nombre de ses
membres. P. Lefout.
PAGNOZ. Com. du dép. du Jura, arr. de Poligny, cant.
de Villers-Farlay ; 177 hab.
PAGNY-là-Blanche-Côte. Com. du dép. de la Meuse,
arr. de Commercy, cant. de Vaucouleurs; 494 hab.
PA G N Y-LA- Ville. Com. du dép. de la Cote-d'Or, arr.
de Beaune, cant. de Seurre; 663 hab.
PAGNY-le-Château. Com. du dép. de la Côte-d'Or,
arr. de Beaune, cant. de Seurre, dans la Bresse chalon-
naise ; 586 hab. La baronnie de Pagny a appartenu, du
xiii^ siècle à la fin du xv" siècle, à la famille de Vienne,
d'où elle passa aux Longvy, puis à l'amiral Philippe Cha-
bot-Charny et à Charles cle Lorraine, au commencement
du xvii^ siècle ; Louis XIV l'acquit de Louis de Lorraine.
Motte féodale. Bemarquable chapelle de la Renaissance,
dépendant autrefois du château détruit en 1768, bâtie en
1536; tombeau de Jean de Vienne, mort en 1455, et
tombeau de Jean de Longvy et de Jeanne de Vienne, morts
(Ml 1460 et 1474, avec deux statues en albâtre. M. P.
BiiiL. : CouRTKPÉE, DescrijDlioii duduclulde Bourf/Ofine,
Dijon, 1817, in-8, t. III. p. 438, 2' éd. — Baudot, daris Mi^-
raoires de la Commission des Aatiquités de la Côlc-d'Or,
t. I, pp. 305-3(31.
PAGNY-sur-Meuse. Com. du dép. de la Meuse, arr. de
Commercy, cant. de Void, sur la rive droite de la Meuse ;
810 hab. Les marécages et tourbières des environs de Pa-
gny marquent l'emplacement de l'ancien confluent des
deux rivières la Moselle et la Meuse. — Bief du canal
de la Marne au Rhin, alimenté par des usines hydrau-
liques qui puisent l'eau dans la Moselle près deToul. Sta-
tion de la voie ferrée Paris-Nancy (deux tunnels, en amont
et en aval de la station) ; embranchement stratégique sur
Neufchàteau et Chaum.ont. Première mention : Paterni-
cum, 651; Paterniacum, 88 L E.Ch.
PAGNY-si:r-Moselle. Com. du dép. de Meurthe-et-
Moselle, arr. de Nancy, cant. de Pont-à-Mousson, dans la
vallée de la Moselle (r. g.), au pied des coteaux de La
Haye, couverts de vignobles ; 1.749 hab. Station frontière
de la ligne Nancy-Metz. Tannerie, scieries, moulins. Pre-
mière mention : Paterniacum, 934 (ch. de l'abb. de Sainte-
Glossinde). Siège d'une ancienne seigneurie et d'une pré-
vôté royale jusqu'en 1751.
E. Ch.
PAGO. Ile de la mer Adriatique, baie de (Juarnero, dis-
trict de Zara. l']lle est séparée de la côte croate par le ca-
nal délia Morlacca. 488 kil. q. ; 6.403 hab. La \ille de
Pago en est le chef-lieu (3.554 hab.). Port, château, sa-
lines.
PAGODE. I. Architecture. — Monument religi'mx de
FInde et de l'extrême Orient (hindou bhaguvali, maison
sacrée), consistant à Forigine en une sorte de chapelle,
soit taillée dans le roc, soit construite à ciel ouvert, mais
dans laquelle la statue de la di\inité est dressée au centre
de piliers ou de murs, supportant une pyramide polygo-
nale. (V. Inde, § Arts, t. XX, p. 705 et suiv.) Ces pagodes
étaient souvent ornées à profusion de bas-reliefs et d'or-
nements. Par extension, ce nom de pagode fut donné,
dans FInde surtout, à un ensemble de palais, de jardins
et de sanctuaires compris dans une môme enceinte, laquelle
était souvent fortifiée. En Chine, les pagodes offrent plu-
tôt l'aspect de tours polygonales à plusieurs étages, e)i
795 —
PAGODE — PAGURE
retraite les uns sur les autres et terminés par im toit
rappelant la tente des peuples nomades (V. Chine, t. \1,
p. ii8). Ces pagodes chinoises sont recouvertes de tuiles
vernissées ou peintes de couleurs vives et diffèrent com-
plètement des monuments religieux de Plnde. Il existe une
pagode en France, construite dans le genre des pagodes
chinoises, à Chanteloup (Indre-et-Loire) (V. ce mot).
II. Ameublement. — On a donné, en France, aux xvii^
et xviii^ siècles, le nom de pagode à des objets de curio-
sité ayant parfois un pied à un pied et demi de hauteur et
n'étant autres que des réductions en porcelaine, en bois,
en métal et même en carton et en étoffe, des pagodes
chinoises ; le même nom fut aussi donné à des réductions
de divinités indiennes et chinoises et aussi à des paravents
et à tous objets décorés de sujets imités de la décoration
indoue ou chinoise. L'engouement, qui fut très vif parmi
les collectionneurs pour les pagodes, dura jusqu'aux ap-
proches de la Révolution. Charles Likas.
III. Numismatique. — Ancienne monnaie d'or indigène de
l'Inde. Les premiers commerçants portugais qui établirent
des comptoirs sur les côtes de Tllindoustan prirent l'ha-
bitude de désigner sous le nom de pagode, mot qui signi-
fiait dieu hindou, les monnaies d'or qu'ils firent frapper
avec des types indigènes, c.-à-d. qui représentaient Yicli-
nou ( Venkateçvara) ou d'autres divinités. Ces pièces étaient
les seules dont les habitants voulussent se servir. Le nom
de pagode se transmit par l'usage aux monnaies d'or in-
digènes frappées dans les colonies hollandaises et anglaises
et dans les établissements français de la Compagnie des
Indes. Il y eut ainsi dans les comptoirs coloniaux fran-
çais deux catégories de monnaies: celles aux types fran-
çais qui étaient le fanon d'argent (0 fr. 31 ) et le cache
de cuivre ; et celles aux types indigènes qui étaient la pa-
gode d'or et la roupie d'argent (V. Roupie). La pagode
équivalait, dans Torigine, à 26 fanons; plus tard, elle n'en
valut plus que 24. 11 y eut des demi-pagodes; on donna
aussi quelquefois, par abus, le nom de pagodes à des mon-
naies indigènes en argent. La pagode d'or de Pondicbéry.
émise à partir de 1705, répond à la description suivante :
ligure debout de Lalichmî, la déesse des richesses. Flan
convexe semé d'asj)érités qui représentent des grains de
riz, symbole de l'abondance. Au centre, un croissant et
un globule. Titre : 815-809 millièmes ; module, 1 1 millim.;
épaisseur, 3 millim. Poids, 38''\.40, puis 3^^,34. Valeur
intrinsèque, 9 fr. 54, puis 9 fr. 39. La pagode de Ya-
naon, dite aux trois sivanii, a pour type la ligure de Vich-
nou entre ses deux femmes Rukmini et Padmini. Le re-
vers est pareil à celui de la pagode de Pondichéry. Ces
pièces d'or cessèrent d'être frappées vers i 786. E. Babeuon.
NuMif?\îATiQrr,. — Aiurr di; Hazingi:n. Traité des mon-
jio'ics,^ Y" Piujode. — V-.. /.\\\ Histoire niODiH^iirc des colo-
nies franraises, d'opres les documents officiels : Paris, 189/.
iii-8.
PAGOLLE. Corn, du dép. des Basses-Pyrénées, arr. de
Mauléon, cant. de Saint-Palais ; -109 hab.
PAGOMEN (Calendr.). Dans les calendriers égyptiens
<?t éthiopiens, on donne ce nom au résidu de cinq jours
que présente Tannée, ou de six, si cette année est bissex-
tile. On ajoute ces jours au dernier mois.
PAGOPHILE (Ornith.) (V. Mouette).
PAGOT (François-Narcisse), architecte français, né à
Orléans le ?)i août 1780, mort à Orléans le 4 déc. 1844.
Elève de De la Gardette et de Labarre, et grand prix
<rardiitecture en 1803 sur un projet de port maritime,
Pagot, à son retour d'Italie, se fixa dans sa ville natale
dont il devint larchitccte et le professeur d'architecture
lie l'Ecole de dessin. Il fit élever à Orléans les édifices
suivants : palais de justice et bibliothèque municipale,
id)attoir pubhc et halle au blé, asile d'aliénés, etc. ; de
plus, il fit achever, en 1829, le portail de la cathédrale
d'Orléans et fut chargé de continuel' les travaux de res-
tauration de la cathédrale de Bourges. On doit encore à
Pagot l'hospice de Patay, Thospiceet le dépôt de men-
<licité de Gien et la restauration de Féglise de Clérv.
PAGR/E (auj. Qalaa! lUi jhr-'is). FortCî'Cî^se ruinée de
la Syrie du Nord, citée par Sliabon. Elle commandait
Fancienne route d'Alexandrette à Antioche, et constituait
une défense avancée de cette dernière. Elle a joué unrolo
important au moyen âge, où les Byzantins, les Croisés, les
Arméniens et les Musulmans se la disputèrent tour à tour.
PAGRE. I. Ichtyologie. — Genre de Poissons osseux
(Téléostéens), de Tordre des Acanthoptcrijgieni^ Perci-
formesetàe la famille des Sparidœ, xoisim des DaiDwIcs
(V. ce mot), dont il se distingue essentiellement en ce (jue
les dents molaires de la mâchoire supérieure ne sont disposées
que sur deux rangées. Jusqu'ici (juatorze formes de Pagre
ont été décrites ; elles habitent de préférence les mers chaudes.
On en connaît cependant dans la Méditerranée et l'Océan.
Le Pagnis vidgaris do la Méditerranée, péché quehpie-
fois sur les cotes de Bretagne, a le dos rosé et le ventre
argenté. Toutes les nageoires sont roses. Son poids peu!
aller jusqu'à 8 kilogr. [1 se nouiTit d'algues, de petits ci-us-
tacés et de molhisîfues. R'icmiH.
II. Pèche. — Ce poisson vit en petites troupes, qui se
déplacent fréquemment ; pour faire sa pèche, il faut sa-
voir que le Pagre se rapproche des côtes pendant les cha-
leurs, mais (ju'il gagne les fonds à l'approche des froids.
qu'il affectionne les fonds rocheux et se nourrit de préfé-
rence de mollusques et de rrustacés; on amorce les hame-
çons avec ces animaux E. S.
BiBL. : Ichtyologie. — GuntiH'R, Study of Fishes —
Sauvage, clans Breiim, od. h-
PAGURE (Crust.). Les Pagurides, désignés sous le
nom vulgaire de Bernard F Ermite, sont une famille de
Crustacés-Décapodes Macroures, remarquables par le dé-
faut de symétrie de leurs appendices et par la conforma-
tion de leur abdomen. Les pattes-màchoires inférieures ne
se distinguent pas des pattes ordinaires, et les deux pre-
mières vraies pattes sont pourvues de pinces le plus sou-
vent inégales. Les larves, grâce à leur symétrie, en ont
imposé longtemps pour des animaux adultes qu'on décrivait
sous le nom généi'ique de Glaucothoë, et qu'on rangeait
parmi les Thalassicoles. On peut rattacher aux Pagurides
les Birgides, qui alors forment une sous-famille, à côté
des Pagures, ou bien on peut considérer les Birges, avec
les Cénobites, comme foi'mant une famille distincte voi-
sine. Quoi qu'il en soit, les Pagures proprement dits
ont les antennes externes ti'ès brèves, le palpe des
pattes-màchoires inférieures terminé par un fouet mul-
tiarticulé, l'abdomen généralement membraneux, con-
tourné sur lui-même, indistinctement anneié, parfois plus
développé à droite qu'à gauche (MLdopagurm). terminé
par deux appendices grêles, charnus, de dimensions iné-
gales, situés latéralement; les femelles posbèdent souvent
des fausses pattes unilatérales, destinées à soutenir les
œufs ; chez les Osfraconolus, l'abdomen est si court
que, pour soutenir ses œufs, la femelle se sert des pattes
de la quatrième paire, dont Tavant-dernier article est élargi
en palette. Pour protéger cet abdomen mou, les Pagures
se logent dans des coquilles vides de Mollusques-Gastéro-
podes, rarement dans les coquilles tubulaires des Dentales ;
ils y entrent à reculons et s'y cramponnent à l'aide des
quatre dernières pattes et des appendices latéraux. Tnemème
espèce peut habiter successivement des coquilles différentes.
Quelques espèces, à abdomen très petit, comme les Caia-
pagurus, se logent dans des coquilles minuscules. D'autres
Pagures, tels que Pylochelcs Agassizii A. M.-lidw. et
les Xyhpagurus, de la mer des Antilies et du golfe du
Mexique, vivent dans des trous creusés dans des morceaux
de bois ou dans des cavités de roseaux, de jonc, etc., où
ils pénètrent directement.
Les Pagures sont répandus dans presque toutes les mers
du globe. Sur les côtes de France (Manche et Atlantique),
on rencontre surtout le Pagurus Bernhardus L., logé
ordinairement dans des coquilles vides de Buccinutu un-
daturn;\cs P. Clibanariusmisanthivpns Fiiss et ï\r,\e-
liculosns Kom. fréquentent les côtes de la Médilcrranée
PAGURE — PAIEMENT
796
et du S.-O. ; le P. Lafonli Fisch. est propre au golfe de
Gascogne ; enfin les P. Prideauxii Leach, P. calidus
Roux, P. pictus M.-Edvv., P. angulatusKiss., P. stria-
lus Latr., et Paguristes maculatus Riss., sont répandus "
dans la Méditerranée. Tous ces Pagures sont comestibles
et leur chair est très savoureuse. D^' L. Hn.
PAG US. Ancienne dénomination des divisions territo-
riales de la Gaule, que l'on rencontre depuis l'époque ro-
maine et qui ont subsisté jusqu'à la fin du x^ siècle.
C'étaient, au début, des subdivisions de la cité romaine qui
représentaient plus ou moins exactement les circonscrip-
tions des peuples gaulois. Ces subdivisions, d'étendue très
variable, ont persisté à l'époque mérovingienne et à l'époque
carolingienne dans l'organisation administrative et dans
l'organisation ecclésiastique. Dans l'organisation adminis-
trative, ils étaient gouvernés par un comte, et lors de la
formation de la féodalité, un grand nombre de pagi sont
devenus des comtés. Dans l'organisation ecclésiastique, ils
ont donné naissance aux archidiaconés, et ces circonscrip-
tions des diocèses ont très souvent fait persister jusqu'à
la fin de l'ancien régime les limites des anciens /;a{/z. Une
carte des pagi carolingiens delà Gaule a été dressée par
M. A. Longnon, dans son Atlas historique de la France.
PAHAN6. Principauté musulmane de la presqu'île ma-
laise dépendant des Straits seiflements ; elle s'étend sur
environ 26.000 kil. q. dans le bassin du petit fleuve
Pahang (3o0 kil.), le long de la mer de Chine. La popu-
lation est formée de Malais, de Sakais, de Negritos et de
métis. La capitale est Pékan.
PAHARI (habitant du Pahar, de la montagne). Nom
générique donné par les gens du Penjab et du Rohilkand
aux populations sédentaires de l'Himalaya occidental.
Hindous pour la plupart, mais plus forts que ceux des
plaines et parlant des patois spéciaux, ils viennent se
louer en grand nombre pendant l'hiver dans les villes de
l'Inde, et pendant l'été dans les « stations des collines »
(Mari, Simla, Massourie, etc.). Ce nom de Pahari est
quelquefois plus particuhèrement appliqué aux habitants
des petites vallées montagneuses situées à l'E. et au
S.-E. de celle de Cachemire, sur le cours supérieur du
Tchinab et de la Ravi.
PAHIN Champlain de Lablancherie (V. Lablancherir).
PAR LE N. Noble famille russe, originaire de Livonie.
Jean-Kartenson était officier suédois en 1679 et obtint
le titre de baron. En même temps que la province, la famille
entra au service de la Russie.
Pierre-Alexievitch , comte de Pahlen, né le 28 avr.
i74o, mort le 25 févr. 1826. Il avait commencé par se
distinguer dans les guerres contre la Turquie et la Suède
sous le règne de Catherine IL En 1790, il fut nommé
ambassadeur à Stockholm, puis gouverneur de différentes
provinces. Il jouissait de la confiance de Paul P^'et devint
son premier favori. Le tsar lui conféra le grade de géné-
ral de cavalerie (1798), le titre héréditaire de comte de
l'Empire (1799) ; il fut nommé chancelier de l'ordre Saint-
Jean de Jérusalem, gouverneur militaire de Saint-Péters-
bourg, ministre des affaires étrangères et premier ministre.
Malgré ces faveurs et les bienfaits dont il fut comblé, il
se mit à la tête de la révolution du palais, qui coûta la
vie à Paul P^ (1801). Alexandre PMe disgracia, et Pahlen
finit ses jours sur ses biens, à Mittau.
Pierre-Petrovitch, comte de Pahlen, né en 1778, mort
en 1864, fils du précédent, est un des plus célèbres géné-
raux russes. Entré tout jeune dans l'armée, il prit une
Îart glorieuse aux guerres d'Asie (1796) et devint en
800 général-major. Il s'était particulièrement distingué
dans la guerre avec la France, surtout en 1812, 1813 et
1814, de même qu'en 1831 contre les Polonais. De 1835
à 1841, il fut ambassadeur de Russie à Paris. Rappelé en
Russie, il fut nommé inspecteur général de la cavalerie.
En 1862, il se retira dans la vie privée.
FrédériC'Pelrovitch, comte de Pahlen, diplomate russe,
frère du précédent (1780-1863). Il sortit de la garde im-
périale pour entrer dans la carrière diplomatique. Il fut
ministre de Russie à Washington, à Rio de Janeiro et à
Munich. En 1829, il signa avec le comte Orlov le traité
d'Andrinople et fut nommé gouverneur de Kherson avec
le titre de membre du conseil d'Empire. M. G.
PAHOUINS (Anthrop.) (V. Fan).
PAIEMENT.I. Droit romain . — Mode d'extinction des
obligations consistant dans l'accomplissement de la presta-
tion due. C'est par conséquent le procédé naturel et normal
destiné à mettre fin à une obligation. Le lien que crée Vobli-
gatio est ainsi dénoué, solvitur. Aussi le paiement est-il
appelé solîitio, mot qui est également employé dans une
acception plus large pour désigner tout acte ou fait entraînant
libération du débiteur (176 Dig., De verb. sign., L. 16,
Ulp. ; 54Dig., De solut., XLVI, 3, Paul). Ainsi compris,
le paiement est un mode d'extinction qui est apte à s'ap-
pliquer à toute espèce d'obligation, puisqu'une obligation
n'est créée qu'en vue de Texécution qui va précisément
l'éteindre. Mais il y a eu un temps où cette exécution ne
suffisait pas à produire ce résultat ; du moins pour les
obligations nées d'un contrat formaliste. Ici, en effet, le
lien d'obligation ne pouvait se dénouer qu'en accomplis-
sant un acte formel, exactement inverse de celui qui avait
servi à faire naître l'obligation. Ce contrariiis actus était
le complément indispensable du paiement. Mais ce forma-
lisme exigeant ne pouvait convenir aux obligations nées
des déUts, ni à celles, de plus en plus nombreuses, où la
forme n'était pour rien dans la création du lien obliga-
toire. On finit par s'en dispenser même pour les obH^a-
tions formelles. Ce changement paraît déjà accompli à
l'époque de Gaius (G., III, 168). Peut-être remonte-t-il
plus haut. C'est à partir de ce moment que le paiement
est réellement devenu ce qu'il est resté depuis : un mode
de libération général, produisant indistinctement et plei-
nement son effet sur toute obligation. Ce mode est d'ail-
leurs un de ceux que reconnaît le droit civil et qu'il range
parmi les modi certi d'extinction. Aussi le paiement figure-
t-il dans les modes d'extinction qui opèrent ipso jure,
sans le secours prétorien d'une exception. Pour être libé-
ratoire, le paiement doit avoir pour objet la prestation
due (sauf le cas de dation en paiement). Il faut qu'il soit
fait par le débiteur ou par un tiers en son nom (sauf le
cas où il est convenu ou sous-entendu que le débiteur devra
personnellement s'acquitter de la dette). Il doit être fait
au créancier ou à une personne ayant qualité pour le re-
cevoir au nom du créancier. Enfin il faut le faire au lieu
et à l'époque convenus. Le créancier qui refuse de recevoir
paiement s'expose à ce qu'on use envers lui de la procé-
dure d'offres. G. May.
II. Droit civil et commerciaL — Accomplissement
de l'obligation à laquelle on est tenu en vertu d'un contrat.
Tel est du moins le sens du mot paiement dans le langage ju-
ridique, tandis que dans le langage usuel il désigne plus spé-
cialement une numération d'espèces. Il suit de là que tout
contrat qui oblige les deux parties à faire ou à donner
quelque chose suppose un double paiement, chaque contrac-
tant devant faire ou donner ce qu'il a promis. Inversement,
il ne peut pas y avoir de paiement s'il n'y a pas une obliga-
tion préalable, et celui qui a donné quelque chose, alors qu'il
n'est tenu à rien, peut le réclamer par une action ([u'on ap-
pelle larépétition de Vindu; mais une simple obligation
(V. ce mot) naturelle suffit pour servir de base à un paie-
ment régulier. En principe, le paiement doit être fait par
celui qui a contracté l'obligation ; cependant il peut aussi
être effectué par un tiers, parce que le créancier n'a pas
d'intérêt sérieux à recevoir la chose due de son débiteur ou
d'une autre personne, et que, pour lui, le seul point impor-
tant, c'est d'être payé. Pour payer valablement, il faut, dit
l'art. 1238 du C. civ. , être propriétaire de la chose donnée en
paiement et capable de l'aliéner. C'est là une application
particulière de la règle générale d'après laquelle on ne peut
pas transférer plus de droits sur une chose qu'on n'en a
soi-même : si donc, m'étant engagé à vous livrer un che-
— 797 —
PAIEMENT — PAIK TJYEL
val, je vous livre celui de mon voisin, le paiement n'est
pas valable, et la nullité peut en être demandée par vous,
par moi, et celui à qui appartient le cheval peut le reven-
diquer. Exceptionnellement, s'il s'agit d'un paiement de
somme d'argent ou d'une autre chose qui se consomme
par l'usage, comme du vin, du blé, cette chose ne peut
plus être répétée contre le créancier qui l'a consommée de
bonne foi. La loi exige encore, pour que le paiement soit
valable, que celui qui livre la chose non seulement en soit
propriétaire, mais encore ait la capacité de l'aliéner. Si-
non, le paiement est nul, mais la nullité n'en peut être
demandée que par l'incapable.
Le paiement doit être fait au créancier ou à quelqu'un
ayant pouvoir de recevoir à sa place, par exemple, à son
tuteur ou à son mandataire; s'il est fait à un incapable,
il n'est pas valable, à moins que le débiteur ne prouve
que la chose payée a tourné au profit du créancier qui l'a
reçue. Il arrive fréquemment qu'un créancier fait aux dé-
biteurs de son propre débiteur défense de payer à celui-
ci ce qu'ils lui doivent ; c'est ce qu'on appelle faire saisie-
arrêt ou opposition (V. ces mots). Le paiement fait au
mépris de cette défense n'est pas valable à l'égard du
créancier saisissant ou opposant, qui peut contraindre le
débiteur à payer une seconde fois ; en d'autres termes, le
débiteur est bien libéré vis-à-vis de son propre créancier,
mais non vis-à-vis du créancier de son créancier.
En principe, le créancier a le droit d'exiger la chose
même qui lui est due, il n'est pas tenu d'en accepter une
autre, même d'une valeur bien supérieure ; mais naturel-
lement, il peut accepter cette chose si le débiteur la lui offre.
Ainsi, par exemple, lorsqu'un propriétaire s'est engagé à
payer son moissonneur avec du blé, il ne peut pas l'obliger
à recevoir une somme d'argent représentant la valeur ou
même plus de la valeur de ce blé ; mais si l'ouvrier accepte,
le paiement peut se faire ainsi par équivalent, et il est
libératoire. Réciproquement, le moissonneur ne pourrait
pas contraindre son patron à lui verser une somme d'ar-
gent en remplacement de la quantité de blé qui lui est
due. Si la chose due est une somme d'argent, le créancier
peut exiger son paiement en espèces métalliques, et il est
en droit de refuser un paiement en billets, même en billets
de la Banque de France, car actuellement ceux-ci n'ont
pas cours forcé. Le paiement peut d'ailleurs être fait, soit
en monnaies d'or, soit en monnaies d'argent ; toutefois,
les pièces de 2 fr., de 4 fr. et de 50 cent, et les pièces
de cuivre, qu'on appelle monnaies de billon, et dont la
valeur réelle ne correspond pas à la valeur nominale, ne
doivent être employées que comme appoint, jusqu'à con-
currence de 50 fr. pour les premières, de 5 fr. pour
les secondes. Les parties peuvent d'ailleurs convenir que
le paiement sera fait en monnaies étrangères détermi-
nées. Le débiteur ne peut pas forcer son créancier à rece-
voir des paiements partiels; mais si le débiteur doit au
même créancier plusieurs dettes distinctes, il peut ne payer
qu'une seule de ces dettes en une seule fois, ce n'est pas
là un paiement partiel. Après avoir consacré le principe
que le créancier ne peut pas être obligé de recevoir un
paiement partiel, la loi ajoute que les tribunaux peuvent
cependant, en considération de la position du débiteur, et
en usant de cette faculté avec une grande réserve, accorder
des délais modérés pour le paiement. Ce droit d'accorder
des délais cesse quand il s'agit du paiement d'une lettre
de change ou d'un billet à ordre, quand le débiteur est
en décontiture, en faillite, en état de contumace, saisi par
d]autres créanciers, ou enfin lorsque, par son fait, il a
diminué les sûretés qu'il avait données par le contrat à
son créancier. Dans certaines occasions exceptionnelles,
par exemple lors de la guerre de 1870, des lois spéciales
ont accordé des délais à toute une catégorie de débiteurs.
Lorsque la chose due est un corps certain, c.-à-d. une
chose déterminée individuellement, tel cheval par exemple,
le débiteur est libéré en la remettant en paiement à son
créancier dans l'état où elle se trouve, à moins que les
détériorations qu elle peut avoir subies ne proviennent de
son fait ou de sa faute. Si, au contraire, il s'agit d'un corps
incertain, c.-à-d. d'une chose déterminée seulement quant
à son espèce, tant d'hectolitres de blé par exemple, le dé-
biteur n'est tenu de fournir que de la qualité moyenne : on
ne peut pas exiger de lui la meilleure qualité et il ne peut
donner de la moins bonne. Le paiement doit être fait à
l'époque fixée dans la convention, sauf ce que nous avons
dit plus haut des délais que le juge est autorisé à accorder
en considération de la position du débiteur. Il doit être
fait au lieu indiqué par le contrat. Si celui-ci est muet,
et s'il s'agit d'un corps certain, il doit être livré à l'en-
droit où il se trouvait lors de l'obligation ; s'il s'agit
d'un corps incertain, le paiement doit se faire au domicile
du débiteur. Dans tous les cas, les frais du paiement sont
à la charge du débiteur.
Lorsqu'une même personne est débitrice de plusieurs
dettes envers une autre, elle a le droit de déclarer au mo-
ment du paiement quelle dette elle entend acquitter : nous
avons dit plus haut que ce n'est pas là un paiement par-
tiel. Si le débiteur n'indique pas quelle dette il déhire
acquitter, le créancier peut, dans la quittance, déclarer
qu'il impute ce paiement sur telle ou telle dette qui seule
se trouvera éteinte. Enfin, si le débiteur ni le créancier
n'ont rien dit, la loi indique comment doit se faire l'im-
putation : le paiement doit être imputé sur la dette que
le débiteur avait le plus d'intérêt à acquitter, si toutes
sont échues ; si une seule est échue, c'est celle-là qui est
éteinte par le paiement. Enfin, si toutes les dettes sont
échues ou toutes non échues, et que le débiteur n'ait pas
plus d'intérêt à éteindre l'une que l'autre, le paiement
doit s'imputer sur la plus ancienne, et, si elles sont toutes
de même date, il se fait proportionellement sur chacune
d'elles ; dans ce dernier cas, il y aura ainsi un paiement
partiel, mais cette circonstance se présentera rarement,
car le créancier a intérêt à indiquer comment il entend
être payé, et dans quel ordre il impute les paiements.
Lorsque le créancier refuse de recevoir paiement, la loi
donne au débiteur un moyen de se libérer : elle lui per-
met de faire des offres réelles, et si elles se sont pas ac-
ceptées, de consigner la chose qu'il doit et dont il veut se
libérer.
On appelle paiement avec subrogation (V. ce mot)
celui qui, tout en éteignant la dette à Végard du créancier,
la laisse subsister à l'égard du débiteur et donne à celui-
ci comme nouveau créancier un tiers qui a fourni les de-
niers pour faire ce paiement. F. Girodon.
Paiement par anticipation (V. Anticipation).
III. Droit administratif (V. Budget, ^ Exercice
financier, t. YIÏI, p. 330, et Comptabilité, § Compta-
bilité publique, t. XII, pp. 233 et s., 243 et s., '1{6
et s.).
BiBL. : Droit romain. — Accarias, Précis de droit ro-
main ; Paris, 1891, t. II, u»^ 690, 091 ; 2 vol. iii-J^, -1« éd. —
Girard, Manuel élément, de d^'oit romain ; Paris, lcS98,
pp. 671-075, in-8. 2« éd. — G. May, Eléments de droit ro-
main; Paris, 1898, n°« 196, 198, iii-8, 5° éd.
PAIGE (A.-F. Le) (V. Bar [Comte de]).
PAIGNTON.Ville de bains de mer anglaise (Devonshire),
sur la Tor-Bay ; 6.783 hab. (en 1891). Commerce de
fruits et légumes.
PAU ANE. Lac de Finlande, gouv. de Tavastehus, qui
se déverse par le Kymmene; siUié à 78 m. d'alt., il a
4.576 kiLq.
PAÏ-KHOÏ (Russie) (V. Paë-Khoï).
PAIK TJYEI. Ancien Etat de la Corée méridionale, sur
les bords de la mer Jaune, s'étendant au N. jusqu'à la
région de Séoul et à FE. jusqu'aux montagnes; cet Etat
fut fondé vers le commencement de Tère chrétienne par
des immigrants du Pou ye, qui soumirent les indigènes,
les Ma han. La capitale du Pàiktjyei, d'abord située dans
les environs de Séoul, fut reportée vers le S., dans la
vallée du Keum kang, à mesure que le royaume de Ko
kou rye s'étendit vers le S. Converti au bouddhisme à
>A1K TJYFI
PAILLE
— 798
pui'iir de 08 i, et ayant adopté récriture chinoise vers la
iiièmc époque, le royaume entretint des relations suivies
avec les Japonais ; le patronage de ces derniers n'empê-
cha pas le Pâik tjyei d'être anéanti par les Chinois (660)
et incorporé au Sin ra (V. Trois Royaumes). Le nom de
Pàik tjyei fut ressuscité par un rebelle, ïjin Houen, qui
tint en écliec le Sin ra et le Ko rye de 89"2 à 935. M. C.
PAIK TOU SAN. Montagne située sur la frontière de
la Corée et oii les fleuves Ton nian et Ap rok (Ya Ion)
prennent leur source ; objet de nombreuses légendes, elle
est entourée de vastes forêts très redoutées des Coréens.
L'ascensionen a été faite d'abord par le nord, par MM. James
et Fulford, puis en 1891 parla Corée, par M. Cavendish;
k. sommet (environ 3.000 m.) est couvert de pierre ponce,
uoù vient la coloration blanche qui lui a valu son nom
(iiionlagno à tête blanche); cette montagne est un ancien
^<dcan, eî le cratère est rempli par un lac. M. C.
l'ir.L. : Cap A.-E.-J. Cavkndish, Koreo und tfie sn.cred
W'Iiitc Mouniciiii; Londres, 1891, in-8.
PAILHAC. Corn, du dép. des llautes-Pyrénees, arr.de
]>agnères-de-Bigorre, cant. d'Ai-reau; 53 hab.
PAiLHARÈS. Com. du dép. de l'Ardèche, arr.de Tour-
non, cant, de Samt-Félicien ; 1.554 hab.
PAILHEROLS. Com. du dép. du Cantal, arr.clAurii-
kic. cant. de Vic-sur-Cère; 507 hab.
PAiLHÈS.Com. du dép. de l'Ariège, arr. de Pamiers,
cant. du Fossat; 888 hab.
PAILHES. Com. du dép. de ITlérault, arr. de Béziors.
ciint. de Murviel; 281 hab.
PAILLART. Com. du dép. de fOi^e, aiT. de Ciermont.
cant. de Breteuil; 704 hab.
PAILLASSE. L Ameublement. — C'est un grand sac
eu toile rempli de paille ou d'algues, ([ui tient lieu de
sommier et qui môme, souvent, chez les gens très pauvres,
y supplée. Bien(juele mot ne se rencontre qu'à partir du
wi^ siècle, la paillasse est d'un usage beaucoup plus an-
cien, il en est question chez les auteurs du xv® siècle
connne du coucher des malheureux, sans qu'on sache exac-
tement connnent elle était alors constituée. Au xvii® siècle,
son em])loi se généralise, et les plus grands personnages
ne la dédaignent pas pour y faire surtout la sieste. Do
nos jours on remplit les paillasses avec la paille de seigle
ou de froment ; mais les feuilles de mais doivent être
préférées. La paille se dépose dans toute sa longueur, en
plaçant les talons aux deux bouts de la toile de façon que
les épis se croisent en leur milieu. L'enveloppe est de
grosse toile ou de couthécru, et l'on ménage, par-dessus,
des ouvertures, qui permettent de passer la main pour
remuer la paille. Les feuilles de mais sont séchées et cm-
])ioyées entières ou divisées en lanières. Très élastiques,
elles constituent un coucher presque aussi doux que le
matelas de lahic, et leur durée est pour ainsi dire indé-
iînie si on les ticai à l'abri de rhuniidité.
IL Archiiectuue. — Partie d'un fourneau de cuisine
(|ui supporte les réchauds et le carrelage el se compose
d'un hourdib en plâtre soutenu par une armature depetit-^
l'ers appelés carillon, fentons ou côtes de yache ; une cein-
ture en fer méplat contourjie la paillasse et est scellée à
ses deux extrémités dans le mur auf[uel est adossé le four-
neau. On appelle aussi paillasse le massif en maçonnerie
d'une forge.
PAILLASSON. Les paillassons sont des nattes do paille
dont libage le plus fréquent est aujourd'hui de servir de
petits tapis placés à la porte des appartements et sur
les(}uels on s'essuie les pieds. Ils avaient autrefois de
plus grandes dimensions et, recouverts de toile, servaient,
sous le nom de nalles de fenêtre, à garantir les appar-
tements de Fardeur dusoleil ou du refroidissementnocturne.
On étend aussi pendant l'hiver des paillassons sur les
assises de pierre, au cours de leur pose, pour les garantir
de la gelée; des nattes déplus petites dimensions servent
à prot'''ger des écornures les morceaux de pierre pendant
les (iiib î'-iifes opérations du bardage et de la pose. On
appelle encore de ce nom des nattes plus petites formant
un cercle que les garçons maçons portent sur la tête et
sur laquelle ils posent l'auge dans laquelle ils transport(Mit
le plâtre ou tout autre fardeau.
Enfin les jardiniers fabriquent, pour abriter les plantes,
une sorte de couverture de paille obtenue en serrant les
unes contre les autres, à Faide de ficelle, des poignées
de paille de seigle et qui porte également le nom de pail-
lasson. 11 y en a de dimensions variées. On leur donne sou-
vent 1™,50 ou '2 m. de coté. On en couvre les châssis
vitrés des couches, les serres ; on les établit au-dessus des
plantes à protéger, sur des piquets enfoncés dans le sol
ou en toiture sur les espaliers à la floraison.
PAILLE. I. Agriculture. — Nom donné aux tiges
sèches des céréales et de certaines légumineuses cultivées
pour leurs graines ; les premières, en particuUer, jouent
un grand rôle dans l'économie de la ferme ; on les utilisa
pour l'alimentation du bétail et pour la confection des li-
tières ; elles servent aussi de matières premières pour l'éta-
blissement des toitures, pour la fabrication des paillis, des
paillassons et des chapeaux, pour les emballages, etc.
(V. Chaume, Lihère, Paillis, Pailiasson, Tofiure, etc.).
Nous devons les étudier ici au point de vue zootechnique.
Pailles de céréales. Elles sont mises en granges ou
en meules immédiatement après leur sortie de la batteuse
et entassées avec le plus grand soin afin de prévenir leur
échauffement ; ordinairement elles sont liées, soit au mo-
ment même du battage, soit au moment de la livraison,
en gerbes de poids variables (5'^s,5 ou 11 kilogr. pour la
France) ; depuis quel({ues années, la mise en balles pres-
sées, du poids de 50 à 150 kilogr., tend à se répandre
pour les pailles destinées à être transportées à grande dis-
tance; quelques grandes administrations françaises et étran-
gères acceptent ce mode de préparation qui présente de
sérieux avantages. Les padles de blé et d'avoine sont les
plus recherchées pour le bétad, celles d'o'ge et de seigle
renferment toujours une forte proportion de barbes, les
dernières sont destinées surtout à la préparation des liens,
des litières de luxe, des tresses pour chapeaux, etc., et
se paient à un prix élevé. (Quelle que soit leur nature, les
pailles n'ont (pi'une faible valeur alimentaire, celles des
céréales de printemps sont en général les plus riches en
matières protéiques. D'après Wollf, la composition élémen-
taire centésimale de leur matière organi(pie (81 "/o en
moyenne du poids total) varie dans les limites sui-
vantes :
Protéine brute ::^,5 à 3,5
Matières grasses i,\ k 2,0
Extractifs non azotés 29,8 à 36,7
Cellulose brute 40,0 à 48,0
Le coefficient de digestibilitéest peu élevé, surtout en ce
qui concerne la protéine et les extractifs non azotés; les
pailles doivent donc être considérées comme des alimejils
grossiers, à valeur luitritive très faible et ne pouvant ser-
vir qu'à compléter le volume des rations. Leur meilleur
mode d'utihsation pour le bétail est de les hacher as>ez
court et de les mélanger avec des aliments aqueux (racines
concassées, pulpes, drèches); dans quehfues exploitations,
le mélange avec les pulpes se fait au moment même de
l'ensilage ; avant la mise en distribution et avant le pas-
sage au hache-paille, il est bon d'ouvrir et de secouer les
gerhes et de les exposer pendant quelques heures au soleil
et au grand air afin de les débarrasser de leurs poussières
et de leur rendre un peu de fraîcheur; enfin, si les pous-
sières étaient trop abondantes, le passage du coupage dans
une bluterie est recommandablc.
Pailles de légumineuses. Leur richesse en éléments
nutritifs est beaucoup plus élevée que celle des pailles de
céréales, soit:
Protéine brute 5,9 à 1 1.0
Matières grasses 1,0 à 2,0
Extractifs non azotés 27,9 à 34.2
Cellulose brute. , 33,6 à 'i2,0
799
PAILLE — PAILLKROiN
Sauf pour lo lupiii, les substances extractives non azo-
tées sont moins digestibles, mais la cellulose l'est davan-
tage ; malgré leur valeur, ces pailles sont souvent mal
conservées et mal utilisées. La préparation et la distribu-
tion se font de môme que précédemment. J. Tkolde.
PAiLLE-LrriKiu: (V. Litière).
IL Technologie. — Chapeau de paille (V. Chapeau,
t. X, p. 549).
III. Ornithologie. — Paille-en-queue. — Sous ce
nom vulgaire ai sous celui à' Oiseau des tropiq lies, ks ma-
rins connaissentun genre d'Oiseaux Palmipèdes que les natu-
ralistes désignent sous le nom de Phaeton. Ces Oiseaux
appartiennent en effet au petit nombre de Palmipèdes qui,
comme la Frégate, sont propres à la zone intertropicale
du globe et n'ont pas de représentants dans les zones
tempérées des deux hémisphères : le nom de Paille-en-
queue fait allusion aux deux longues plumes de la queue
qui sont grêles et étroites. Les caractères sont : bec un
peu plus long que la tête, droit, comprimé, pointu, den-
telé sur le bord, avec un crochet terminal très petit ;
tardes très courts; doigt postérieur relié aux antérieurs
Paille-on-queue {Pluicton ictliereiis).
par une membrane étroite {tôt i palme s)', ailes longues
et pointues (suraigues) ; queue à douze ou quatorze
recti'ices, étagée, les deux médianes 1res longues et très
droites. On en connaît deux espèces : le Phaeton a^Hie-
reiis ou il queue blanche, qui est surtout de la zone
équatoriale de l'Atlantique et dépasse peu la taille d'un
Pigeon, et le Phaelon phœnicurus ou // queue rouge.
(lui est plus grand et se trouve surtout dans le Paciiî{{ue.
mais les deux espèces se rencontrent dans toute la zone
intertropicale, plus ou moins abondantes sui^ant les lo-
calités. L'envergure de la grande espèce atteint plus de
'2^,30. Le plumage est blanc teinté de rose et \arié de
lignes et de taches noires avec le bec rouge et les pieds
jaunes. Les Phaétons sont des oiseaux essentiellement pé-
lagiques que l'on voit se jouer autour des navires jusqu'à
de très grandes distances de la terre ferme. Leur vol est
aisé et gracieux comme celui de l'Hirondelle : il semble
({u'ils nagent et se reposent dans les airs ; ils s'élèvent sou-
vent à des hauteurs prodigieuses, ce qui justifie le nom
de « fils du soleil » (Phaeton) que Linné leur a donné.
11 est rare de les voir nager. Pour pécher le poisson dont
ils se nourrissent, ils se balancent en planant au-dessus
de la mer, guettant ce qui so ])a-se à la surface, fondent
tout à coup et ])erpendiculairement de manière à s'enfon-
cer de plus d'un mètre dans l'eau et reparaissent avec la
])roie qu'ils ont saisie. Ils font aussi la chasse aux Pois-
sons volants, lis nichent sur les îles et les rochers les plus
déserts., notannnent aux Bermudes, aux Bahamas, sur les
récifs qui forment une ceinture sur les côtes d'Afrique et
d'Australie. Chaque couple ne pond qu'un œuf d'un brun-
chocolat clair pointillé de taches plus foncées. L'œuf est
déposé simplement par terre, sous les buissons, plus ra-
rement dans les crevasses des rochers. Mâle et femelle se
relaient pour couver. Les petits ressemblent à une houppe
à poudrer et n'ont leur plumage d'adulte que dans leur
troisième année. Les deux longues plumes rouges de la
queue du Ph. phœnicurus, (jui ont de 30 k 40 centim.
de long, sont très recherchées comme ornement à la Réu-
nion et dans les archipels de la Polynésie, et pour éviter
de détruire les Oiseaux, on va les surprendrai sur leurs
œufs au moment de la ponte, on leur arrache les deux
plumes rouges et on leur rend la liberté. L. Tkouessaht.
PAILLE (Blas.). Synonyme de Diapré {Y. ce mot).
PAILLE. Com. du dép. de la Charente-Iiiférieure, arr.
de Saint-Jeaa-d'Angélv, cant. d'Aulnay ; 631 hab.
PAILLENCOURT. Com. du dép. du'Xoid, arr. et cant.
(0.) de Cambrai; 1.-146 hab.
PAILLERON (Edouard), auteur dramatique français,
né à Paris le 17 sept. 183i, mort à Paris le 19 avr. 1899.
Fils de riches commerçants, il débuta, comme tant de Ut-
térateurs, dans une étude de notaire qu'il abandonna bien-
tôt pour donner libre carrière à ses goûts littéraires.
En 1860, il publiait un volume de vers les Parasites
(Paris, in-12). Mal doué pour la poésie, car il manquait
d'envolée et de charme, il persista à donner, de 1864 à
1867, à la Jlei'Ue des Deux; Mondes une série de poèmes,
Auril. Amours, Pangloss, Décembre, Juillet, Octobre,
llmmortelle. Histoires tristes, etc., qui ne sortaient
point de l'ordinaire. Pailleron avait épousé, en 1862, la
fille de Buloz ; il devint par la suite un des propriétaires
de la Revue et il dut à cède situation une influence con-
sidérable dans les miheux littéraires officiels. C'est au
théâtre qu'il devait trouver sa véritable voie. Dès 1860,
il faisait jouer à l'Odéon une petite comédie le Parasite
qui fut favorablement accueillie. ïl réussit davantage avec
le Mur mitoyen (Odéon, 1862), puis avec le Dernier
Quartier (Théâtre-Français, 1863), où il déployait des
qualités de finesse, de gaieté, d'ingéniosité, d'esprit et
une entente technique de la scène que peu d'auteurs ont
dépassée. Le Second Mouvement (Odéon, 1865) parut
une pièce un peu froide. Mais le Momie oit Von s'amuse
(Gymnase, 1868) et les Faux Mémifjes (Théâtre-Français,
1869), marquèrent un progrès notable dans la manière
du dramaturge et commencèrent sa véritable réputation.
Viennent ensuite au Théâtre-Français : Hélène (1872),
r Autre Motif {\m^l). Petite Pluie (1876) ; au Gymnase:
l'Age ingrat (1879), comédie assez forte (jui réussit, mais
qui tomba vite dans Foubh. pji 1881. Pailleron produisait
au Théâtre-Français son chef-d'œuvre, le Monde oie l'on
s'ennuie, l'une des satires les plus amusantes et les plus
mordantes que l'on ait données sur les Salons académiques,
({ue l'auteur connaissait à merveille, car il ne se présen-
tait guère de candidat à l'Académie française qui ne so
crût obligé à solliciter son appui. Le succès fut énorme :
le Monde oit Von s ennuie fut joué des milliers de fois
sur les scènes de la province et de l'étranger. Il valut à
son auteur son entrée k l'Académie où, le 7 déc. 1882, il
remplaça Charles Blanc. Mais Pailleron sembla avoir épuisé
sa veine et il en souffrit. Ses dernières pièces, le Narco-
tique (1882), la Souris (1887), Cabotins (1894), n'eu-
rent qu'un succès d'estime. Citons encore de Pailleron :
le Chevalier Trumeau (1880), ravissante petite comédie,
trop visiblement inspirée de Marivaux ; Pendant le bal
(1881), comédie en un acte; des poésies : Amours et
Haines (Paris, 1869, in-12) ; le Départ (1870, in-8);
Prière pour la France (1871, in-8); la Poi^/;^'^ (1884,
PAILLERON — PAIMBOEUF
— 800 —
in-12) ; ses Discours académiques (iSS6, iii-12) ; Emile
Augier (1889, in-8). R. S.
BiuL. : Antony, Edouard Pailleron, dans Revue inter-
nationale, 1884-85, t. V. — L. Lacour, le Théâtrede M. Puil-
leron, dans Nouvelle Revue, 1881, t. XIII. — H. Parigot,
le Théâtre d'hier; Paris, 1893, ia-12.
PAILLET (Mar.). C'est une sorte de natte que Ton con-
fectionne avec du bitord ou avec des torons et dont on
garnit les vergues, les manœuvres dormantes, les amarres
en filin, pour les préserver du frottement. Il est dit lardé
lorsqu'on Ta lui-même garni de petits bouts de bitord,
qui forment sur sa face supérieure une sorte de peluche
et le rendent plus durable. Les paillets de brassayage,
les paillets de portage sont ceux qu'on place sur les
haubans aux endroits exposés à des frottements du fait des
vergues brassées ou de tout autre contact.
PAILLET. Com. du dép. de la Gironde, arr. de Bor-
deaux, cant. de Cadillac; 953 hab. Vignobles dont le plus
important est le Château de Paillet. Culture de petits
pois. Port sur la Garonne. Fabrique de barriques ; scierie
de merrains.
PAILLET (Jean-Joseph), homme politique français, né
à Verdun (Meuse) le 25 févr. 1748, mort à Verdun le
20 avr. -1836. Procureur au bailliage de Verdun, puis
juge de paix, il fut député de la Meuse à l'Assemblée lé-
gislative, au Conseil des Anciens et au Corps législatif
(4809 à 1815). Et. C.
PAILLET (Alphonse-Gabriel- Victor), avocat et homme
^politique français, né à Soissons le 17 nov. 1796, mort à
Paris le 6 nov. 1875. Fils d'un notaire, il fit de fortes
études de droit et, avocat au barreau de Paris, conquit
rapidement une réputation considérable. Il plaida les causes
les plus sensationnelles : Papavoine (1825), Lafarge
(1840), Quenisset (1841), Fieschi, etc., devint en 1839
l}àtonnier de l'ordre des avocats et fut élu député de l'Aisne
€t de la Charente-Inférieure en 1846. Il opta pour l'Aisne
et fut un des plus fidèles partisans de Guizot. Réélu à
l'Assemblée législative le 13 mai 1849, il s'occupa exclu-
sivement des questions de droit et siégea à droite. Mais il
ne suivit pas la plupart des membres de son parti dans
leur adhésion à la politique de Louis-Napoléon et, après
le coup d'Etat du 2 Décembre, abandonnant la poHtique,
il reprit sa place au barreau. Il eut à. s'occuper notam-
ment des intérêts de la famille d'Orléans. Esprit lucide,
jurisconsulte savant, orateur éloquent, Paillet a publié ses
principaux plaidoyers dans les Annales du barreau fran-
çais (1837, t. XV) ou à part. R. S.
PAILLETERIE (Davy de La) (V. Dumas [Alex.]).
PAILLETTE. I. Botanique. — On a donné ce nom à
de petites lames scarieuses, de la nature des bractées, qui
hérissent le réceptacle et séparent entre eux les fie lirons,
dans quelques genres de la famille des Composées (Helian-
thus, Anthémis, etc.). Chez les Carduus, Cii'siwn,
Lappa, etc., ces paillettes sont divisées longitudinalement
en soies raides. Elles manquent, probablement par arrêt
de développement, dans les Bellis, Chrysanthemum, Ta-
raxacum, etc. — L.-C. Richard a désigné sous le nom
de paillettes les diverses pièces de l'involucre et du pé-
rianthe des Graminées (V. ce mot). Les paléoles sont de
petites paillettes (glumelles). D^* L. Un.
IL Modes. — Menu dis([ue de métal (or, argent, cuivre,
acier) appliqué sur un tissu ou une broderie pour l'orner
de points brillants et chatoyants. On coud habituellement
la paillette par un trou foré au milieu. Venue d'Orient,
cette mode se répandit en Europe au xv^ siècle. On dessi-
Jiait avec des paillettes toute sorte d'ornements, feuilles,
fleurs, étoiles ; on les étirait ou bien les disposait en forme
de coquilles. Cette fabrication fut très développée à Paris
et à Nuremberg.
PAILLIS (Hortic). On nomme paillis du fumier peu
décomposé ou même de la paille qu'on étale sur les plates-
bandes de fleurs ou du jardin potager et au pied des
arbustes. Les paillis sont d'un emploi avantageux, ils
maintiennent la fraîcheur du sol en diminuant l'évapora-
tlon de Teau qu'il contient et par suite économisent les
arrosages ; ils garantissent les plantes et leurs fruils du
contact du sol et des projections de terre qui les souillent
sous l'action des pluies et des arrosages. G. Boyer.
PAILLOLES. Com. du dép. du Lot-et-Garonne, arr.
de Villeneuve, cant. de Cancon ; 279 hab.
PAILLON (V. Etain, t. XVI, p. 447),
PAILLOT DE MoNTABEUT (Jacqucs-Nicolas), peintre
français, né à Troyes en 1771, mort en 1849. Il étudia le
dessin sous Baudement, puis il quitta la France au début
de la Révolution pour parcouru' les Pays-Bas, l'Allemagne,
les Etats-Unis et visiter avec soin l'Italie. A son retour,
il devint l'élève de David, et acquit un réel talent, parti-
culièrement dans le genre de la peinture d'histoire. De
1802 à 1834, il exposa de nombreuses toiles dont les plus
intéressantes sont: Stralonice et Antiorhus (1804);
Juoiter (1805) ; Geneviève de Brabant (1808) ; Léda
(1810); Diane et Endymion (1817). Devenu aveugle, il
dut renoncer complètement à l'exercice de son art, et dès
lors il se consacra entièrement aux curieuses rechei-
ches, très approfondies, qu'il avait entreprises sur la tliéc-
rie des beaux-arts. Outre divers écrits traitant des Peii.-
tares du moyen âge (1812) ; de la Théorie du geste
dans Fart de la peinture (1813), de la Peinture eu-
caustique, il composa un Traité complet de la peinture,
en neuf volumes, qui parut de 1828 à 1829, et qui est
aujourd'hui encore fort estimé. Dans les dernières années
de sa vie, ce savant et judicieux théoricien s'était retiié
dans sa ville natale : il habitait Saint-Martin de Troyes,
l'ancienne abbaye du Primatice. Gaston Cougny.
PAILLY (Le). Com. du dép. delà Haute-Marne, arr.
de Langres, cant. de Longeau; 312 hab. Fromages. Châ-
teau renaissance construit de 1563 à 1573, par l'archi-
tecte Langrois Ribonnier, pour le maréchal de Saulx-
Tavannes, sur l'emplacement d'un ancien château féodal
dont subsiste le donjon carré, du xv<^ siècle.
PAILLY. Com. du dép. de l'Yonne, arr. de Sens, cant.
de Sergines ; 315 hab.
PAILON (San Pedrobai). Port de l'Equateur, accessible
aux iiavires d'im tirant de 6™, 70, au S. du rio Mira,
par le val duc^uel on monte dans l'intérieur.
PAIMBŒUF (en breton, Pen bô, tête de bœuf).Ch.-l.
d'arr. du dép. de la Loire-Inférieure, sur la rive gauche
delà Loire; 2.134 hab. Terminus de l'embranchement du
chemin de fer (1^'tat) de Nantes par Sainte-Pazanne ; port
de commerce ; chambre consultative d'agriculture ; hôpi-
tal; école primaire supérieure; quartier d'inscription ma-
ritime et syndicat ; prison ; bateauxà vapeur pour Nantes,
Saint-Nazaire et Mindin ; se])t traversées de Paimba3uf à
Donges.
Port. Industrie, Commerce. — Le port se développe
sur une longueur de 2 kil. devant la ville, parallèle à la
rive. La Loire, qui a commencé à se transformer en es-
tuaire au Pellerin, à 20 kil. en amont de Paimbœuf, se
montre encombrée d'îles : notamment Belle-Ile, au milieu
du fleuve, îles Pipy et de Lavaii, sur la rive droite ; enfin
île du Petit-Carnet, sur la rive gauche, la derniîi e avant
Paimbœuf; il n'y en a plus au delà, mais deux bancs par-
tagent le fleuve en trois sections entre ce lieu et Donges,
à l'opposé. La largeur, en ce point, est de 3 kil. ; elle
n'est que de 2 kil. devant Saint-Nazaire. Le chenal est
éclairé, entre Saint-Nazaire et Paimbœuf, par trois feux ;
du côté de Nantes, par cinq. Les mouillages de Paimbanif,
en amont ou rade des Quatre-Amarres, et en aval ou
Gj'ande Rade, se sont parfois modifiés dans leurs profon-
deurs ; aujourd'hui que la navigation s'effectue plus aisé-
ment qu'autrefois entre Saint-Nazaire et Nantes, grâce au
canal latéral qui s'étend de l'entrée en amont du bras
profond du Carnet à La Martinière, le port intermédiaire a
perdu de son importance. Paimbœuf reçoit seulement
quelques grands navires chargés de bois pour le trans-
bordement en rade, et quelques autres chargeant des blé
ou déchargeant du charbon. — Les chantiers decon^truc-
— 801 —
PAIMBOEUF — PAIN
tion, importants dans l'ère de prospérité et oii Ton cons-
truisait des frégates, sous le premier Empire, ne servent
plus que pour de petites embarcations. Citons toutefois :
une corderie, deux minoteries à vapeur, une sucrerie de
betteraves, deux presses à foin, une fabrique de biscuits
de mer ; la pèche entière.
Histoire. Édifices. — La ville, qui a compté 9.000 hab.
soas Louis XIV, et encore plus de 4.000 au commence-
ment de ce siècle, est descendue, depuis -1866, à 3.000,
2.400, 2.100. Son origine fut une simple bourgade de
pêcheurs. Un château fort aurait été établi par Alain le Grand
à la fin du ix® siècle et aurait occupé l'emplacement au S. de
la ville; il n'en reste plus de trace. Le prieuré de Notre-
Dame de Paimbœuf fut fondé en 1052 par Grévian, prince
de Bécon, et dépendait de l'abbaye de Saint-Sauveur de
Redon : c'est tout auprès que l'église fut érigée en pa-
roisse sept siècles plus tard environ. Paimbœuf ne com-
mença à prendre de l'importance que lors(jue le commerce
de Nantes vint à se développer, importance qui, malgré
les efforts des Paimblotins et plusieurs ouvrages exécutés
au port, cessa avec son rôle de déchargeur. — On re-
marque : V église (1744) : maitre-autel de marbres variés,
provenant de l'abbaye de Biizay, et belle peinture moderne ;
Vhospice (1693-1716); les quatre fontaines en fonte; le
môle; les quais et la promenade du Calvaire (statue de
Notre-Dame de Bon-Secours) ; un menhir. Ch. Del.
BiBL. : JoLY, Port de Pain-ibœiif, dans Porls marit. de
France, 188.^, t. V, avec plan de la Loire entre Nantes et
Saint-Nazaire (notice Port de Nantes, p. 2G2).
PAIMPOL {Pen Poull, tête d'étang, en hreXon). Chef-
lieu de cant. du dép. des Côtes-du-Nord, arr. de Saint-
Brieuc, port sur la Manche ; 2.473 hab. Terminus de
l'embranchement du chemin de fer de Paris à Brest :
Paimpol-Guingamp, se continuant à Carhaix et Rospor-
den. Bains de mer ; hospice ; société de courses ; quar-
tier d'inscription maritime et syndicat ; école d'hydro-
graphie.
Le port de Paimpol est situé au fond d'une crique di-
rigée de l'E., où elle reçoit le ruisseau de Quinic, à l'O.,
où elle s'ouvre sur le côté occidental de l'anse de Paimpol,
elle-même à l'extrémité xN.-O. de la baie de Saint-Brieuc ;
cette anse est semée au large, au N.-E., d'ilôts et d'écueils.
En face de la pointe de l'Arcouest, qui termine la pénin-
sule du côté occidental de l'anse, est l'île Bréhat, où se
trouve un canot de sauvetage. Des phares sont étabhs au
N.-E. de cette île et à Porlz-Don. Paimpol est un des porls
de pêche de la morue les plus importants de la Manche.
Les Paimpolais arment pour les côtes des Féroë, d'Islande
et de Terre-Neuve : rude navigation, mais qui leur rap-
porte du profit, comme on en peut juger à l'air d'aisance
de leurs maisons dans le bourg. La pèche du maquereau
est également fructueuse. Il faut y ajouter la récolte des
goémons et des amendements marins . Le port possède une
soixantaine de navires que montent, en moyenne, une ving-
taine d'hommes. Les résultats de la pèche ont été, en
4895, pour le Paimpol : pèche en bateau, 2.782 hommes;
valeur des produits péchés, 2.746.443 fr. ; pèche à pied,
2.545 pêcheurs, 31.929 fr. La grande pèche de la moiue
est représentée par les chiffres suivants : 4.918.665 kilogr.;
2.280.432 fr. ; 1.491 hommes ; 76 bateaux; 6.271 tonnes.
Nombre de bateaux construits, 32; jauge, 584 t. Le mou-
vement commercial du port est d'environ 14.000 t., à
peu près réparties également entre les importations et les
exportations. Celles-ci consistent en chargements de pommes
de terre pour l'Angleterre, en céréales, notamment avoine ;
on importe: sel, bois du Nord, houille, vin, cidre. — En
outre de la construction navale, citons une scierie méca-
nique, l'usine d'éclairage par l'électricité, et, quant au
commerce, celui de l'huile de foie de morue.
Paimpol, hameau de pèche, autour d'une chapelle dédiée
à saint Vincent, est mentionné dans une charte de la fin
du xii^ siècle, relative à la fondation de l'abbt^ye de l'île
Saint-Riom. Au xtv"^ siècle, on y bâtit une église. Le cliâ-
GRAxVDE EXCYCLOPÉOir. — XXV.
teau fort dit de l'Estang, dans le voisinage, appartenait,
en 1370, à Ch. du Halgoét. En 1591 (le 22 mai), 2.400 sol-
dats anglais, commandés par le général Norisy, débar-
quèrent à Paimpol, envoyés par la reine Elisabeth à la
demande des Etats de Bretagne et de Henri IV comme se-
cours contre la Ligue, soutenue par les Espagnols. Cette
ville et l'Ile de Bréhat leur avaient été octroyées comme
lieux de sûreté. Ils s'y fortifièrent et même osèrent réclamer
au même titre la ville de Brest. Enfin, après quatre ans
de pillages, ils se réembarquèrent. Les habitants, déhvrés
de l'étranger, ne respirèrent que pour tomber dans les
mains du fameux brigand Guy-Eder de Beaumanoir, dit La
Fontenelte, qui mit tout à feu et à sang. Avant la Révo-
lu tion, Paimpol dépendait de la baronnie d'Avaugour, qui
relevait du roi et avait pour seigneur le prince de Soubise.
L'anse de Paimpol fut souvent le refuge des braves cor-
saires bretons. Pendant les guerres maritimes de la Hé-
pubhque et de l'Empire, le port reçut plus de prises que
dans tout le reste du littoral depuis Cherbourg. Le
commerce prospéra après la paix et prit en 1857 une
importance exceptionnelle, grâce à la grande pêche. —
On remarque : Yéglise (mon. hist.) : piliers et arcades de
1325 ; bons tableaux, venant de l'abbaye de Beauport
(mon. hist. du xiii'^ siècle, dont on voit les ruines près Ké-
rity) ; l'hôtel de la Grande-Maison, du xv^ siècle. Envi-
rons pittoresques, remarquables par la douceur de leurs
hivers et leur fertilité. Ch. Delavaud.
BujL. : Le Rochais, Paimpol et ses environs. — Pe-
LAUD, Port de Paimpol, dans Ports marit. de France,
t. III, 1878.
FAIM PONT. Com. du dép. d'Ille-et- Vilaine, arr. de
Montfort, cant. de Plélan (ou Plé!an-le-Grand), dans la
forêt de Paimpont, au bord d'un étang d'où sort un affluent
de l'Aff ; 3.016 hab. Clouteries ; fabrique d'instruments
aratoires ; scierie mécanique ; tannerie ; fabriques de toiles.
Les forges de Paimpont (400 ouvriers) sont situées à 4 kiL
vers le S. et du côté de Plélan ; elles datent du xvii^ siècle.
— La forêt (6.070 hect.), dite aussi de Brécilien, était
connue jadis sous le nom de Brocéliande, célèbre dans
les romans de la Table-Ronde. V église, chapelle de l'an-
cienne abbaye (portail S. et rose du transept S., du
xiii^^ siècle), appartient surtout au xv^; sculptures riches
de l'autel ; reliquaire renfermant les rehquesde saint Méen.
L'abbaye fut, à l'origine, un prieuré fondé par le roi Judi-
caèl vers 635; soumis d'abord à la juridiction de l'abbaye
de Saint-Méen, il s'en affranchit au xiu« siècl (et devint
une abbaye de chanoines réguHers florissante, dont les
dépendances délabrées servent actuellement de presbytère
et d'école. Dans le voisinage (5 kil. N.-E.), ruines de la
chapelle (en partie du xiii*^ siècle) et de la maison prio-
rale du couvent de Tellouet. Ch. Del.
PAIN. I. Boulangerie (V. Bojlangkrie et Bis} Pais],
t. VI, p. 924).
II. Administration militaire (V. Boulangerie.
t. VII, p. 673).
III. Législation. — Le décret du 22 juin 1863, re-
latif à l'exercice de la profession de boulanger, a fait dis-
paraître le régime prohibitif sous lequel était placée la
boulangerie: limitation du nonb.'e des boulangers, auto-
risation préalable, obligation d'avoir des réserves de
farines ou de grains, dépôt de garantie, réglementation
de la fabrication, du transport et de la vente du pain ;
mais ledit décret n'a pas touché au pouvoir réglementaire
des maires, surtout en ce qui se rapporte à la salubrité
et à la fidélité du débit du pain. Ainsi les maires peuvent
prescrire aux boulangers d'avoir leurs boutiques garnies
de pains et notamment de pains taxés, placés sur des éta-
gères apparentes et d'en débiter par morceaux, quelque
faible quantité qu'il leur en soit demandée. L'autorité mu-
nicipale peut interdire la mise en vente du pain qui ne
serait pas entièrement cuit, bon, loyal et marchand et
de bonne qualité. Elle peut déterminer les diverses qua-
lités de pains susceptibles d'être mises en vente, mais
M
PAIN
H'n —
dans les cas, toutefois, où il a été étal)li une taxesui' le pain.
Elle peut exiger que les pains aient un poids déterminé,
eu que la forme soit indicatrice du poids, ou que le pain
soit vendu au poids, tout en réservant, si elle le juge à
propos, qu'il sera admis une tolérance sur ce poids pour
déchet de cuisson.
Le boulanger peut être tenu de peser le pain à toute
réquisition de Faclieteur ; et, à cet effet, il devra avoir,
dans un lieu apparent de sa boutique, une balance et des
poids métriques poinçonnés. Une ordonnance de police du
14 nov. 1867 prescrit même que les boulangers doivent
munir de balances et de poids nécessaires leurs porteurs
de pain à domicile pour la vérification du poids si elle
<*.st requise ; et le défaut de pesage du pain à la li-
vraison doit être réprimé comme contravention. Un rè-
glement prescrivant aux boulangers de donner à leurs
pains un poids déterminé, et de vérifier et d'indiquer ce
pmds quand ils mettent leur marchandise en vente, peut
porter comme exception que les pains d'un poids infé-
rieur étant réputés pains de luxe peuvent être dis-
])ensés de la vérification ; mais c'est à l'autorité munici-
pale seule qu'il appartient d'accorder cette dispense. Les
boulangers qui ont tenté de tromper l'acheteur en mettant
en vente des pains dont le poids est inférieur à celui que
leur forme indique et qui est prescrite par les règlements,
sont passibles de peines correctioinieiles édictées par la
loi du ^7 mars 1851 tendant à la répression des fraudes
dans la vente des marcbandises.
Taxe du pain. Elle a pour objet dVmpècber que les
l)Oulangers ne s'entendent pour maintenir le prix du pain,
denrée de première nécessité, à un taux trop élevé eu
égard au prix de la matière première, le blé ou la farine.
Le pouvoir de laxcr le prix du pain a été conféré à Tau-
torité municipale par laloi des IB-S'^juil. 1791, art. 30.
Depuis, le décret du 22 juin 1863 est venu assurer la
liberté de la boulangerie, mais n'a pas entendu porter
atteinte au pouvoir des maires de maintenir la taxe dans
leurs communes sous leur seule responsabilité et sous la
surveillance de l'administration supérieure quant aux
tarifs de taxe. Toutefois, dans une circulaire du 22 août
^863, les municipalités ont été invitées à tenter la suppres-
sion de la taxe officielle. Dans les villes où elle a subsisté,
lu taxe s'établit, habituellement toutes les semaines ou
tous les c{uinze jours, d'après le prix moyen des blés ou
farines vendus aux marchés de la localité pendant la se-
maine ou la quinzaine précédentes. Il faut, en outre, tenir
compte, pour établir la taxe, du rendement de la farine
et du prix alloué aux boulangers pour manutention de
diaque sac de farine. Si, par exemple, les 100 kilogr. de
farine coûtent 30 fr., que la fabrication revienne à 9 fr.
el -produise 150 kilogr. de pain, ce pain sera taxé à
'^-j j^-^ — 0 fr. 26 le kilogr.
]>os pains de luxe ou de finlaisie sont gém'raleuienl
exclus de la taxe.
* ÏV. Physiologie . ^- Le pain forme la base de l'alimen-
tation d'une grande partie" des nations civilisées, mais c'est
surtout en France que la consommation du pain atteini
son maximum. Les statistiques générales indiquent une con-
sommation par jour el par tête de 820 gr. , mais ce chiffre est
(considérablement dépassé si nous chei'chons à déterminer
la ration du pain des campagnards de la Beauce ou de la
Normandie. On trouve alors facilement 1.700 gr. par
travailleur agricole, les femmes elles-mêmes consommanl
plus d'un kilogramme.
• La préparation du pain telle qu'elle se fait en France
comprend plusieurs opérations qui toutes ont leur impor-
tance au point de vue de rhygii^ne. La farine de blégéné-
i'alement employée provient soit du blé dur soit du blé
tendre. Le rendement en farine du blé varie suivant la
provenance et suivant le système employé, mais à l'heure
actuelle le vieux procédé des meules a presque partout
été abandonné pour être remplacé par celui des cylindres.
On obtient aiusi, après le blutage qui enlève \q^ tssues :
son, recoupette, etc., 88 *^/o avec le blé dur, 80 % ^ivec
le blé tendre. A cette farine ainsi obtenue on ajoute en-
viron son poids d'eau et une certaine quantité cle sel. Il
est important de noter en effet que la farine ne contient
que des traces de chlorure de sodium, puis dans cette pâte
déji malaxée par un premier pétrissage on introduit le
levain. Ce levain est constitué par de la pâte préparée
la veille, avec de la farine et de la levure de bière, ou
encore avec de la pâte ayant déjà subi la fermentation
(pâte aigre). Les ferments du levain, en se multipliant
dans un milieu favorable, transforment l'amidon en dex-
trine et en glucose, et ce dernier, subissant la fermentation
alcoolique, donne de l'alcool et de l'acide carbonique. Tou-
tefois, Duclaux conteste la fermentation de nature alcoo-
li ;ue, car, d'après lui, dans cette pâte fermentée, l'alcool
n'existe pas. L'acide carbonique, ea se dégageant, fait
gonfler le pain, des bulles emprisonnées par la pâte, su-
bissant ensuite des dilatatii)ns excessives par la chaleur
de la cuisson forment les yeux du pain, lui donnent sa
porosité. Ce dégagement d'acide se fait successivement au
détriment des hydrates de carbone du pain; la perte de
ces produits oscille entre 2 et 4 ^/o. Pour éviter ces
pelles, on a cherché à obtenir Ja porosité du pain par des
procédés chimi(fues autres : incorporation dans la pâte
de bicarbonate de soude et d'une solution étendue d'acide
chlorhydrique (Liebig) ou encore : phosphate acide de
chaux ou magnésie avec bicarbonate de soude (poudre
de iïorsford), enfin injection dans la pâte d"acide carbo-
nique sous pression, aered bread (Daughsh). Le prix de
revient de ces procédés coûte en général plus que la
valeur de la matière alimentaire supprimée par la fermen-
tation.
La cuisson se fait dans des fours de formes variables
et à une température qui oscille entre 200 et 250*^. Elle
est prolongée pendant quarante à cinquante minutes. Mais
il faut remarquer que dans celle pâte riche en eau et pai'
suite de la formation rapide de la croûte, la température
à l'intérieur du pain ne dépasse pas 60^. Ce fait a une
importance considérable, car il montre une, si l'eau
utibsée pour l'hydratation de la farine est impure, si elle
contient des m'croorganismes , ces derniers résistent
parfaitement à cette faible élévation thermique, et le
pain peut être le véhicule des affections transmissibles
par l'eau, comme la fièvre typhoïde on le choléra, par
exemple. Il importe donc que les oi'îgines de l'eau uti-
lisée par les boulangers soient soumises à une surveillance
sérieuse. Sous l'iniluence de la cuisson le pain perd une
partie de son eau, mais cette porte est très variable suivant
la forme même du pain et son volume. Un pain rond de
1.500 ^Y. (pain de munition français) contient 39 ^o
d'eau, un pain rond de 750 gr. seulement, obtenu avec
la même pâte, n'en contient que 35 %, et enfin un pain
long du même poids (longueur 0 m. 5()) n'en renferme que
33 *^/o(Balland). Quand le pain est sorti du four et qu'il est
i^froidi, il prend le nom de p:iin /)y?/5. Au bout de vingt-
quatre heures, il se produit unetransibrmation.il devient
rassis. Le pain perd une certaine quantité d'eau pendant
cette période, environ 8 7o. Mais il parait difficile d'attri-
buer cette transformation du pain à Févaporation simple-
ment, puisqu'il suffit de remettre cepain quelque temps au
four pour lui voir reprendre ses caractères de pain frais,
alors cependant qu'à cette seconde sortie du four, il a
encore perdu 20 à 25 °/o de son poids. Cette transfor-
mation peut s'effectuer plusieurs fois par des mises au
four succesives.
Au point de vue alimentaire il y a lieu de distinguer
dans le pain : la partie superficielle exposée à une cha-
leur plus forte et qui constitue la croûte et la partie cen-
trale ou mie.
Le tableau suivant, emprunté à Barrai, montre ces
différences.
803
PAIN
.Pain total
Croate
Me
:m,3o
17,15
U,/i5
{y^li
7,30
5,92
iM
0,70
0,75
4,0i
1,88
3,79
.;7,84
6^2,58
43,55
0.81
\A8
0,70
0,9i
1.21
0,8 i
Matières azotées insolu-
bles (gluten)
Matières azotées solubles
(albumines)
Minières non azotées solu-
- blcs(dextrine, sucres).
Amidon
Matières grasses
Matières minérales
100,00 100,00 100,00
On voit que la proportion de malières azotées dans la
<'roùte (13 "/o) est le double de celles dans la mie (6,7 •'/o).
.Si l'on remarque, d'autre part, qne la croûte est beaucoup
plus soluble dans l'eau, on conçoit facilement combien la
oroùle est plus utile au ])oint de vue alimentaire et doit
être préférée dans l'alimentation des malades, des enfants.
Le pain blanc est-il plus nourrissant (pie le pain bis ?
r.etle (juestion est toujours discutée. Une expi'rience cé-
lèbre de Magendie est souvent cilée. Ce physiologiste
nourrissait deux groupes de cbiens, les uns exclusivement
avec du pain blanc, les autres avec du pain bis. Les pre-
miers moururent à la fjn du deuxième mois, los second
résistèrent. Si importante ([u'elle soi(, cette (expérience ne
permet pas de conclure p}ur ralimentation de l'homme,
lui fait, les partisans du pain bis ou, suivant une expres-
îsion nouvelle, du pain complet, fait par suite avec toutes les
parties constituant legrain de blé, allèguent que les parties
périphériques du grain, le son par conséquent, est relati-
vement plus riche on azote, en graissée! en matières miné-
rales, surtout en phosphates, ([ue l(\s parties centrales re-
présentées par l'amande farineuse. L'enveloppe du grain
renferme en eff(}t une substance azotée, l'aleurone, très
digestible et tjn^s assimilable, uuus il ne faut pas oublier
également (pi'on y trouve un ferment spécial, la céréaline,
(pti tîuidifie l'amidon et le gluten (H. ([ui donne au pain bis
sa couleur grise et sa saveur aigre. Il est donc de toute
nécessité, si on veut iuco)'j)orer au pain Taleurone, de se
débari'asser de la céréaline, ce (pii du resje est possible.
Ce qu'il imparte dans un alinu'ui, ce n'est pas tant de
coanaitre sa teneur en a/.ole on en phosphates que de
.savoir dans quelle proportion il est susce|)tible d'être assi-
milé. Or les expériences faites tant enFi'ance (pi'en Alle-
magne sur les gains réahsés ))arrorganisme après alimen-
tation avec des paifis de nature ditf«»rente : pain blanc,
pain complet, pain de seigle, tendent à montrer que le
[)lus p/o'itable est encore le i)ain blanc, llubner et Meyer
foniirment l'opinion de Bouchardat (pi'une économie bien
enlendue di^vra toujours réserver le son aux animaux ru-
minants, qui rutdisent beaucoup mieux que l'homme et
jious le restituent ensuite sous forme de viande parfaite-
ment assimilable. La cellulose introduite dans le pain sous
forme de son a cependant son utilité. Par sa ])résence
dans le tube digestif, elle excite à la fois les sécrétions in-
testinales et provoque les contrariions de l'intestin. Elle
lutte, par suite, (3ont)*o l'atojiie du tube digestif et peut
être considérée comme laxative.
Le pain seul pout ilsii.ïiiv à ralimenlalion de Thomme ?
et, dans ce cas, quelle est la quantité (iu"il doit ingérer
par jour ? Si nous admettons pour le pain ia composition
ujoyenne suivante : aibumijie, 8 gr.; graisse 0,8; hydrates
de carbone, 50 gr., 100 gr. de pani représentent 240
ralories. Mais les expériences de Uubner montrent que,
même avec le meilleur pain, il faut compter un dixième
<iu moins des matériaux utiles non assimilés ; il nous reste
donc ])our 100 gr., de pain 215 calories, et pour fournir
l«,^s 2.500 calories jiécessaires par jour, 1.200 gr. de pain
seraient indispensables, et pour les 3.500 calories dépen-
sées par un travailleur, l.tiOO. Mais avec ces chiffres, il
y aurait un appoint un peu faible d'albuminoides, et ces
calculs justifient radjonclioj au p;(in d'une substance
azotée telle que de la viande ou .sjnrplcuaMh'. du lait on du
fromage. En fait, avec 1 kilogr. de pain et L litre de lait,
l'alimentation d'un individu ne travaillant pas peut ètvè
assurée, et on conçoit comment^ le })aysan de Beauce peut
fournir un travail énorme sans acheter beaucoup de,
viande, grâce aux 1.700 gr. de î)ain qu'il consomme
chaque jour. .L-P. Lânglcis
V. Anthropologie. — Le nom de pain s'est appliqué à
l'origine à des produits bien différents do notre pain d'au-
jourd'hui et dont la grossièreté nous rebuterait. L'homme,
après avoir broyé entre deux pierres ou avec les petites
meules (V. ce mot) primitives que nous connaissons, des
graines de céiéales sauvages, puis celles de ^-éréales cul-
tivées, a counnencé par manger c(nte farine grossière,
sans autre préparation, sinon en l'humectant d'un peu
d'eau. Dans notre désert algérien, le Chaambi en vovagc
se contente encore d'humecter sa farine d'eau salée pour
la manger. On a trouvé de très bonne heure !e moyen de
débari-asser le grain d'une partie au moins <le son enve-
loppe coriace en -le faisant griller, et ce procédé s'est
(M)nservé jusqu'à nos jours (V. BoLiLAivîr,f'H[(: et Mecle).
Les farin(^s alors ont pu être cuites à l'eau et mangées à
l'état de bouillies. L'usage-des bouillies a été longtemps
très répandu malgré la connaissance du pain, et l'est en-
core. Les Hébreux se servaient d'orge grilléo et broyée,
les Grecs d'oi-ge et de fi'oment^ les Romains d'orge et
d'épeautre. Il semble que chez les Romains les bouillies
étaient la base de l'alimentation jusqu'au ii^ siècle avant
notr(} ère. Ils en préparaient de plusieurs sortes et en
faisaient frire. Et aujourd hid les bouillies de sarrasin en
Bretagne et en Normandie, de châtaignes dans le Centre,
de châtaignes et de mais ou polenta dans le N. de
l'Italie, (l'avoines dans les Karpates et ailleurs, sont encore
la nourriture habituelle. Leur usage (îtait encore beaucoup
plus étendu, il y a moins d'un siècle. Devaiit la pomme
de t(U're, pain tout préparé, il a rAculé plus cjuedevant
le pain. L(^s bouilli(^s ojit le défaut do s'aigrir du jour au
lendemain. De très bonne heure doiic et (Mi même temps
pout-èti'e ([ne l'usage des bouillies, on apprit à préparer
les grains concassés en les faisant cuire à s^^c, après les
avoir réduits à l'état de pâte plus ou moins bien amal-
gamée par le mélange d'un pou d'eau. C'est à cette pré-
paration, qui formait d'abord des galettes très grossières,
mêlées de son, de_ ghnnes, nvmie do gj'aviers, que fut
donné le nom de pain. Elle était dure à cassci' et à màchiT,
desséchée ({u'elle était d'abord, plulOt ([ue cuite entre deux
pierres chauffées. (Cependant son invention tut regardée
comme un grand bienfait. C'est à (4!e que se rapportent
les légendes pieuses qui survivent chez les Parsis dans
l'offramle du pain non levé, Darunt dtvona, chez les
Hébreux dans celle du pain azijnie, chez 'es çhrétieiis
([ans la déification de l'hostie, syiidjole do la galette primi-
tive pour la fabrication de laquelle le levain était inconnu.
Le nom hébreu de pain a le sens général d'aliment. Et
il en est de même du radical du même siom dans les
langues indo-européennes où d signitîe nouirir, de même
([u'en extrême Orient, on dit d'un village qu'il « a faim »
lorsqu'il manque de riz. On a trouvé deséchantdlons tîeci^
pain primitif, renfermant des gi'ains pf'es({!ie ^mtiers et des
glumes, dans des stations lacustres de rép(K|;se de la pierre.
Lorsqu'on sut mieux broyer le gi'ain, il devint bien meilleur
en se rapprochant de nos galettes et })iscuits. Tontes sortes
de farines furent enqdoyèes à sa fabrication. On mêlait
ensemble des farines d'orge, de millet, de froment, d'avoine,
de fèves, de lentilles, de pois chicbes, de vesces, même
de glands. Le gland est très employé encore chez nos
Kabyles. Au témoignage de Pline, le mélange le plus
j'épandu de son temps était celiii de farines de fève avec
des farines de froment et de millet. Du temps d'IIérotlote,
les Egyptiens préféraient le millet au froment. Les Juifs
ont appris à faire le pain levé, ie vrai pain de nos joai\s,
en Egypte. Celle connaissance s'(\st réfumdue en Asie. Les
Grecs l'ont empj'unlée à 1' \s!e, taidivcment, et les Romains
PAIN
80;
aux Grecs, Les Gaulois, à leur tour, l'ont due aux Ro-
mains. Maîs^ de L\, elle s*csl jk^u répandue dans le reste de
l'Europe. Encore au vi® siècle de notre ère, les petites
gens en France ne mangeaient que du pain sans levain.
Plus au N. et à l'E., on ne connut que lui pendant presque
tout le moyen âge. Il est d'ailleurs resté jusqu'à nos jours
en usage dans bien des cantons de l'Italie, de l'Espagne,
de l'Irlande, de la Suède, de la Finlande, où, les années
de disette, on mange encore du pain d'écorce de sapin, dans
l'Inde, dans l'Afrique du Nord surtout parmi les nomades.
Le pain levé une fois connu, on employa pour lui aussi
toutes sortes de farines. Et en plein xvii^ siècle, d'après
Vauban, « tout ce (pii s'appolait bas peuple ne vivait que de
pain d'orge et d'avoine mêlées, dont on n'était même pas
le son, de telle sorte qu'il y avait tel pain qu'on pouvait
tirer par les pailles d'avoine dont il était mêlé ». Aujour-
d'hui, la farine de froment est préférée à toute autre, bien
que l'usage du seigle l'emporte encore dans le N.-E. de
FEuropo. Ses qualités nutritives, sa facile digestion et son
parfum expliquent cette préférence. Ef, si les peuples de
l'Europe n ont pas inventé le pain, ni même le pain levé
si anciennement connu des Egyptiens, ils triomphent avec
le pain de froment dont, depuis les Romains, ils se sont
faits les propagateurs. Le couscous, de farine de froment
et de millet, offre plusieurs des avantages du pain et peut
S3 conserver phis longtemps. Mais aucun produit alimen-
taire ne peut remporter sur la farine de froment, et le pain
en est la préparation la plus avantageuse. On prévoit donc
que, si grandes que soient les surfaces ensemencées en
blé, la consommation du pain progressant constamment
en Europe, et les peuples d'Europe, s'élendant sans cesse
davantage dans le reste du monde, elles seront, dans un
délai assez court, à peine suifisantes pour tous les be-
soins. Il n'y a que prudence à ne pas chercher à restreindre
les domaines encore d'ailleurs bien étendus du riz, du ma s,
du manioc, qui suppléent au pain pour plus des deux
tiers du genre humain. Z.vborowski.
VI. Histoire religieuse. — Pains de proposioon ou
d'offrande. — Pains renouvelés chaque semaine, au jour
du sabbat, et déposés en deux rangées égales, sur la ta de
d'or placée dans le sanctuaire. Il devait y en avoir dou7.e,
suivant le nombre des tribus, au nom desquelles ils étaient
offerts. Pour la confection de chacun de ces pains, on
employait deux azarons de farine fine, c.-à-d. environ
six pintes. On les servait tout chauds ; ils ne pouvaient
être mangés que par les prêtres. L'offrande de ces pains
étaitaccompagnéed'encensetdesel(L^'tuYiV/U(?,XXlV, 0-9).
Pains sans levain (Fïae des) (V. Pàque).
Pain de communion ou d'autei- (V. Agapes, Azymites,
EucHARisriE, EuLor.iE, Oi'i'^EUTE. Offertoire, Offrande).
Pain rénh'. — L'usage de bénir du pain, aux messes
paroissiales, et de le distribuer à tous les assistants, se
trouve expresséaient recommandé dès le ix^ siècle par le
pape Léon IV et par quelques évêques ; ou même dès le
VII®, par un concile qu'on prétend avoir été tenu à Nantes
en 655 (V. t. XXIV, p. 731). Ils ordonnent aux fidèles
de recevoir ce pain avec dévotion. Mangé dans l'esprit de
l'Eglise, il efface les péchés véniels, par les bons sentiments
qu'il inspire ; il peut même guérir les maladies du corps.
L'origine de cet usage est rapportée par plusieurs litur-
gistes aux agapes, par d'autres aux eulogies. Il nous
semble qu'elle doit être rattachée plus spécialement aux
antidores (V. Eur.0(us, t. XVI). — L'offrande et la dis-
tribution de ce symbole de la fraternité chrétienne ont
produit de tout temps des effets peu conformes au senti-
ment qu'il représente. Sous l'ancien régime, les patrons
et les seigneurs haut-justiciers exigeaient, comme un ho-
norifique, qu'on leur présentât le pain immédiatement
après le clergé en surplis. Après le patron et le haut-jus-
ticier, le pain bénit devait être offert aux moyens et bas
justiciers, ensuite aux gentilshommes. Les trésoriers de
France et les secrétaires^ du roi devaient le recevoir })ar
morceaux de distinction, avant les juges des seigneurs.
Les anciens recueils contiennent un grand nombre d'arrêts
particuliers sur la manière d'offrir le pain bénit et les
préséances à observer. Dans les grandes villes on distin-
guait le pain bénii par distinction, d'avec celui qui était
DONNÉ PAR MORCEAUX DE DISTINCTION. Lc premier était
un honneur, une préséance flatteuse, mais commune à
tous les commensaux. Le morceau de distinction était
particulier aux patrons, aux seigneurs haut-justiciers,
aux officiers de la couronne et aux commensaux du pre-
mier ordie. — Aujourd'hui, les traités spéciaux destinés
à guider les ecclésiastiques se plaignent de l'incrédulité de
ceux qui refusent de donner le pain bénit, de la mauvaise
grâce de beaucoup de ceux qui n'osent point le refuser,
des complications vaniteuses introduites trop souvent par
ceux qui le donnent, et enfin de la nécessité de veiller sur
les agents inférieurs de l'Eglise, pour les empêcher de
prélever ce qu'ils appellent le chanteau de la chopine.
Celui qui garde dans sa poche un morceau de pain bénit
le jour de la Pentecôte est assuré de gagner tous ses
procès. Celui qui en mêle des miettes avec le grain donné
aux poules recueUle beaucoup d'œufs. Les morceaux dé-
posés dans les greniers ou les granges chassent les souris
et les rats, ou les font mourir.
Pain calendaire. — Pain qu'on offrait autrefois, dans
certaines églises, à la fête de Noël, appelée parfois îilors
CaJende,
Pain conjuré. — Fait de farine d'orge et bénit par un
prêtre avec des imprécations spéciales ; il servait chez les
Anglo-Saxons à la manifestation des jugements de Dieu.
On le faisait manger aux accusés : s'ils étaient innocents,
le pain ne leur faisait aucun mal : s'ils étaient coupables,
ils ne pouvaient point Favaler, ou, en l'avalant, ils étaient
étouffés. En effet, le prêtre qui faisait cette cérémonie,
avait demandé à Dieu que les mâchoires du criminel res-
tassent raides, que son gosier se rétrécit et qu'il ne pît
avaler ou qu'il rejetât le pain de sa bouche. E.-II. V.
VII . Tachaologie. — Pain à cacheter. — Petites ron-
delles de pain sans levain, très minces, servant à fermer les
lettres. Ces rondelles opaques et cassantes lors ju'elks s )nt
sèches, deviennent molles lorsqu'on les mouille de salive et
se collent après le papier. Une fois sèches, elles conservent
une adhérence très grande et on est, la plupart du temps,
obligé de déchirer le papier pour pouvoir ouvrir la lettre.
Les pains à cacheter sont généralement imprégnés d'une
matière colorante qui les rend plus agréables d'aspect. Il
existe aussi des pains à cacheter formés de disques de
substance gommeuse et translucide. Ils ont une certaine
souplesse qui rend leur maniement et leur collage i)lus
facile ([ue pour les pains ordinaires. L'emploi des enve-
loppes goniinées a considérablement réduit l'emploi des
pains à cacheter qui est aujourd'hui à peu près aban-
donné. E. M.
Pain de dextrine. — On donnait ce nom à une sorte
de pain de lux3dans lequel la pîte était additionuée d'une
solution de dextrine glucosée. Cette fai)rication est main-
tenant al)andonnée ; toutefois on obtient un produit ana-
logue en délayant la farine dans de l'eau additionnée de
2 à 3 parties de sucre ; le pain ainsi obtenu présente une
saveur qui s'allie parfaitement avec celle des mets sucrés.
Pain d'épices. — Sorte de gâteaux de couleur brune,
qui se fiiit avec de la farine de seigle, du miel et des
épices. On y ajoute souvent des morceaux régulièrement
découpés de fruits confits : cédrat, angéUque, prune, etc.,
tant comme ornement ({ue pour modifier le goût. l{n
France, le pain d'épices le plus renommé par sa finesse
est celui de Dijon ; on en fabrique également à Reims et
dans la région de Paris. E. M.
VIII. Nomenclature botanique. — P. de cassave.
La fécule de Manioc (V. ce mot). — P. de coucou.
VOxalis acelosella L. (V. Surelle). — P. de crapaud,
DE grenouille. Ij AU S ma plantage L. (V. Alisma). —
P. de la Saint-Jean. Les caroubes de Ceratonia Sili/ua
L. (V. Caroubier). — P. di-: lièvre. Le Gouet (Arum
805 —
PAIN ~ PAINE
maculatumlj.) (V. Arum). — P. de porj\(:f:.4i. La souche
tubéreuse du Cyclamen europœum L. (V. Cyclamen).
— P. DE Singe. Le Baobab ou Adansonia cligitata L.
(V. Baobab). — P. des Indes. Les racines d'igname et de
manioc. — P. d'oiseau. L'Orpin ou Sediim acre L.
(V. Sedum). D"" L. Hn.
IX. Agriculture. — Pain de créions (V. Graisse,
t. XIX, p. i-23).
BibL : Physiologie. — Galippe et Barre, le Pain, 1896.
— Vallin, le Pain complet, dans Rev. d'hyg., 1896. — Ar-
Novi^T), Valeur cilimentaire du pain, dans Rev. d'hxjg.. 1896.
PAIN DE SUCRE (Le) (V. Haïti, t. XIX, p. 731).
PAINBLANC. Corn, du dép. de la Côte-d'Or, arr. de
Beaune, cant. de Bligny-sur-Ouclie ; 435 hab.
PAINE ou PAYNE (Sir James), architecte anglais, né
en 17:25, mort en France en nov. 1789. James Paine
fut successivement surveillant des travaux de l'hôpital de
Greenwich, contrôleur et architecte des bâtiments royaux,
architecte du roi et honoré des diverses charges à la cour.
Il fit en outre élever de nombreuses constructions pu-
bliques et privées, se partageant alors avec Sir R. Tatjlor
la clientèle de l'aristocratie anglaise. Les principales rési-
dences dues à Sir J. Paine, et dont les plus importantes
sont Don caster Mansion House, Worksop ManorHouse et
Wardour Castle, ont été publiées par lui sous le titre de
Plans, etc., of Noblenien and Gentlemen' s Hoiises
executed in varions Countries, etc., Londres, 1767 et
1783, 2 vol. in-fol., 7 4 et 101 pi. —Un fils de Sir J. Paine,
James Paine junior, voyagea en Italie en 1774 et rap-
porta de ce voyage un album gr. in-fol. contenant 57 des-
sins: plans de palais, vues d'Albano et de Tivoli, etc.,
conservé aujourd'hui à la bibliothèque de South Kensing-
ton Muséum. Charles Lucas.
PAINE (Thomas), écrivain et politicien anglais, né à
Thetford (comté de Norfolk) le 29 janv. 1737, mort à
New York le 8juil. 1809. Fils d'un fabricant de corsets,
quaker renforcé, il fut élevé dans les principes les plus
rigides. Son instruction fut assez négligée, et à treize ans
il commençait son apprentissage dans la maison paternelle.
En 1756, il s'engage dans la marine, puis il revient à
Londres et y établit une fabrique de corsets qui périclita.
En 1761, il réussit à obtenir un emploi dans l'excise, mais,
fonctionnaire détestable, il était révoqué dès 1765. Après
avoir fait divers métiers, il obtient d'être réintégré dans
l'excise à Grampound, puis à Leeves (1768). Il épouse dans
cette dernière ville la fille d'un marchand de tabac, son
logeur, et, s'étant fait de nouveau révoquer (1774), vend
lui-même du tabac et de l'épicerie. Criblé de dettes, séparé
d'avec sa femme, il vient chercher fortune à Londres. Sur
le conseil de Franklin, il s'embarque pour l'Amérique. A
Philadelphie, il dirige une revue nouvellement fondée
Pennsylvania Magazine or American Muséum (1775),
y écrit des articles contre l'esclavage et publie en faveur
de l'indépendance américaine une brochure Common Sensé
(1776), qui se vend à des miUiers d'exemplaires et du
jour au lendemain le rend célèbre. Il s'engage dans l'armée,
devient aide de camp du général Greene et écrit The
Crisis (1777), suivie de sept autres Crises (1777-78) pour
enflammer le courage des Américains. Ces petites brochures,
répandues dans toute l'armée, y excitèrent le plus vif en-
thousiasme patriotique. Paine, totalement dépourvu de dis-
crétion et de diplomatie, ayant révélé avant l'heure l'en-
tente qui existait entre le gouvernement français et le
gouvernement américain, se vit désavoué partons les deux
et fut impliqué dans de graves embarras. Il s'en tira ce-
pendant, fut nommé clerc de l'assemblée de Pennsylvanie
{1779) et s'occupa avec beaucoup d'ardeur à lancer une
souscription destinée aux frais de la guerre. Il n'y réussit
guère et fut alors chargé, avec le colonel Laurens, d'aller
contracter en France un emprunt (1781). Il rapporta de
Paris 2.500.000 livres st. L'Etat de Nw York lui fit pré-
sent du domaine de New Rochelle, et Washington obtint
pour lui des sommes assez importantes. Paine s'occupa
alors de différentes inventions mécaniques, conçut le plan
d'un pont en fer qu'il vintprésenter à l'Académie des sciences
de Paris en 1787. Il se lia avec le cardinal de Brienne
qui le chargea de combattre à Londres la politique de
Pitt et d'essayer d'amener une entente entre la France et
l'Angleterre. Paine échoua dans cette tentative qui le mit
en rapport avec Burke, avec Fox, avec le duc de Port-
land ; il réussit mieux dans ses essais scientifiques, et
son pont en fer fut construit. Paine, revenu à Paris en
1790, se lança corps et âme dans le mouvement révolu-
tionnaire. A peine Burke avait-il publié ses amères Re-
flexions on the Révolution, qu'il répliquait par ses Rights
ofman, apologie des principes de 1789, qui eut en Amé-
rique et en France le plus vif succès et qui devint par la
suite le catéchisme des radicaux anglais. Paine retourna
à Londres et se mit résolument à la tête des partisans de
la Révolution française. Le gouvernement s'effraya, l'accusa
de jacobinisme et poursuivit son livre. Paine s'empressa de
passer en France, où il reçut un accueil enthousiaste. Créé
citoyen français par l'Assemblée nationale (1793), il fut
élu membre de la Convention le 6 sept, par les dép. de
l'Oise, du Puy-de-Dôme et du Pas-de-Calais. Il opta pour
ce dernier. Lié avec Brissot, il refusa de voter la mort de
Louis XVI, ce qui l'exposa aux attaques de Marat. Il col-
labora à la Constitution, mais bientôt la chute des giron-
dins lui enleva tout appui. Arrêté le 27 déc. 1793, il fut
sauvé de la guillotine par la mort de Robespierre et par
les réclamations de Monroe. Remis en liberté, le 2 nov.
1794, il reparut à quelques séances de la Convention où
il ne joua d'ailleurs qu'un rôle effacé. Durant sa détention,
il avait composé son Age ofReason. Cette fois il s'en pre-
nait au christianisme, s'emportant contre toute religion
révélée et déclarant que c'était une duperie que la récom-
pense promise aux bons dans une vie ultérieure, et une
duperie plus dangereuse encore que le châtiment réservé
aux méchants dans un avenir hypothétique. Cet ouvrage
fit scandale en Angleterre, où il fut aussitôt interdit.
Erskine lui-même, qui avait si éloquemment défendu jadis
les Droits de V homme, écrivit contre l'auteur une lettre
indignée. Paine, aigri par ces persécutions, s'avisa que le
gouvernement américain n'avait pas avec assez d'énergie
réclamé sa mise en liberté. Il en accusa Washington, le
traita de traître et publia un abominable pamphlet où toute
la carrière militaire et civile du grand homme était odieu-
sement travestie. Son ouvrage suivant, English System of
finance (1796), fut une vigoureuse attaque contre les
finances anglaises. Emporté par son ressentiment, il alla
jusqu'à souscrire 2.500 fr. pour le projet de descente en
Angleterre de Napoléon. Il resta à Paris jusqu'à la paix
d'Amiens, occupant ses loisirs à fonder une secte de Théo-
philanthropes à laquelle La Révellière-Lépeaux prit le plus
vif intérêt. Paine s'embarqua enfin pour l'Amérique en 1802.
Il y fut suivi par M"^^ de Bonneville, femme d'un journaKste
français, avec lequel il s'était lié à Paris. Le président
Jefferson Faccueillit avec faveur, mais la bonne société
lui battit froid. Ses nombreux ennemis l'attaquaient sans
mesure, incriminant, sans raison d'ailleurs, à ce qu'il
paraît, ses relations avec M™^ de Bonneville. Il avait des
dettes, et fut forcé de vendre New Rochelle. Sa santé
s'altéra et il se mit à boire pour oublier ses ennuis. Il
mourut d'une attaque d'apoplexie.
Ecrivain vigoureux et brusque, logicien clair et im-
placable, Paine, par ses écrits, par le rôle qu'il joua dans
la guerre de l'indépendance américaine et dans la révo-
lution française, a exercé sur son temps une influence
considérable. Des œuvres comme les Droits de l'homme
et VAge de raison étaient de nature à heurter violemment
les sentiments les plus chers à l'Angleterre conservatrice
et religieuse. Tous les efforts qui furent tentés pour leur
suppression ne firent qu'accroître leur essor. Ils devin-
rent l'évangile des radicaux, qui en firent passer tous les
principes dans leur programme. Cobbett ramenait à Li-
verpool en 1819 les restes du célèbre pamphlétaire,
PAINE — PAIR
80G
au({uel un moamnont fut érigé à Xow Rochelle en 1839.
Outre les ouvrages cités au cours de cet article, Paine a
écrit : Case of officers of Excise (1793) ; Epistle to ihe
people called Quakers (1776) ; Dialogue between gê-
nerai Monlgomery and an American delegate (1776) ;
Letter to the ùbbé llaipial (^IS^) ; Thoiiglson thePeace
(1783) ; Dissertation on Government (1786) ; Prospects
on the Rubicon (1787) ; Address and déclaration of
Ihe friends of Universal Peace and Liberty (1791) ;
Letter to the abbé Sieyès (179^2) ; Address io the Ue-
■piiblic of France {ild'i) ; Speech in Convention on
bringing Louis Capet on trial (179^2) ; lieasons for
wisfiing to préserve the life of Louis Capet (1793) ;
Dissertation on tfie first principles of Govermment
(1795) ; Agrarian justice opposed to agrarian law
(1797) ; Letter to People of France and thé French
armies(il91) ; Letter to Erskine (1797) ; Letter to Ca-
mille Jourdan on Bells (1797) ; Maritime compact :
on the Rights of Neutrals at Sea (1801); Letters to
Citizens of the United States (1802) ; Letter to the
People ofEngland on the Invasion o f England (iSO^) ;
On the causes ofYellow Fever (1805) ; On constitutions
Governments and Charters (1805) ; Observations on
Gunboats (1806), etc. Une édition de ses œuvres poli-
tiques a été donnée en 1792, et fut traduite en français
en 1793, et en allemand en 1794. Une édition de ses
Œuvres théologûjues a été publiée par Carlileenl818 ;
ses Lettres et Essais ont été réimprimés en 1819 avec des
'parties inédites ; ses Poèmes en 1819. La meilleure édi-
tion de ses OEuvres complètes est celle de Conway (189i).
René Samuel.
BinL. : John Gifford, Pluin address to the Common
Sensé of the people of England, contamiiui an abstract of
Paine' s life nnd \çritinqs ; Londres, 1792, in-8. —F. Ol-
Dvs, Life of T. Paine) Londres, 1793, in-8. — W. Fox,
Examination of Mv Paine' s wrlliiigs ; Londres, 1793, in-8.
— II. -F. CiiEETHAM, Mémoire o?i the life andwritinqs of
T. Paine; New York, 1809, in-8. - Cahlile, Life of T.
Paine ; Londres, 1820, in-8. — G. Vale, Life of T. Paine ;
New York, 18 U. in-8. — R.-G. Lngersole, Thomas Paine,
dans TJie North American Revlew, 1892. — Leslie Sti:-
^»HEN, Thomas Paine ^ dans Fortniylitlij review, 1893,
t. LI V. — Moncure Daniel Conway, Life of T. Paine ;
Londres, 1893, 2 vol. in-8. 3" éd.
PAINESVILLE. Ville manufacturière des Etats-Unis,
Oliio, sur le Grand River, à4kil. dulacErié; 5.000 liab.
PAIOLIVE (Bois de). Situé dans le dép. de l'Ardèche, ce
bois s'étend sur quatre communes du cant. des Vans, arr. de
Largentière :Casteljau,Chassagnes,Rerrias et les Assions.
Sa longueur est de 4 à 5 kil. sur 3 de largeur. C'est une
foi^êt de monolithes encore plus qu'une forêt d'arbres,
4oût.l'ensemble forme une des trois cités de ruines calcaires
taillées en France par la nature dans Toxfordien, le klip-
penkalk allemand (les deux autres sont Montpellier-le-
Vieux et Mourèze). Le naturaliste Jules de Malbos y a
compté plus de soixante grottes dont la plupart ont servi
d'habitation à l'homme primitif. A. Mazon.
I)iBL.: Malbos, Annuaire del'Ardi'che do 1850. —• Dal-
.MA<, Itinéraire du (jéologue dans l'Ardèche, 1872. — Mar-
tel, les Céinmncs., 1890.
PAIPA. Ville de Colombie, dép. de Boyaca, à -2.^280 m.
d'ail.; 10.000 hab. Sources thermales sulfureuses. Dans
le voisinage, Bolivar défit les Espagnols à Pantano de
Vargas (2a juin 1819).
PAIR. I. Histoire. — Le titre de pair qui, d'après
l'étymologie, signifie égal, c.-à-d. homme de même
condition sociale et politique, se rencontre dans les docu-
ments anciens appliqués à des personnages de conditions
très diverses. On le trouve dans les lois barbares, dans
les formules franques, dans les capitulaires mérovin-
giens et carolingiens ; il y désigne les époux ; le mari
et la femme sont pairs Tun de l'autre ; des parents ou
simplement des amis, des voisins, des hommes libres
liés par un serment commun; puis ceux qui sont unis
parla recommandation, ceux que la féodalité appellera
seigneur et vassal ; plus tard les vassaux bénéficiaires
du souverain et, d'une manière générale, les seigneurs,
vassaux communs cl immédiats d'un même suzerain,
assujettis aux mêmes devoirs. Ces derniers seront dési-
gnés, lorsque la féodalité se sera développée, sous le
nom de pairs de fiefs eu pairs fieffés, et ce seront eux
qui constitueront la cour féodale des grands fiefs, tout
seignem^ ayant le privilège de n'être jugé que par S(^s
pairs. Au xi'^ siècle, ce terme généralisé était devenu sy-
nonyme de baron. Les nobles ne furent pas seuls à re-
cevoir ce titre, les bourgeois des villes étaient pairs les
uns des autres, et certaines communes eurent une assem-
'blée de pairs qui composèrent le conseil communal.
Toutefois, ce titre de pair s'est appliqué plus spéciale-
ment à une catégorie spéciale de vassaux du roi de France
jouissant de prérogatives spéciales et assujettis à des de-
voirs particuliers. Mais, dans ce sens restreint, le mot pair
était rarement employé seul. Tandis que les pairs au sens
général étaient tous les barons du royaume, ceux qui for-
maient un groupe distinct et privilégié étaient les pairs
du royaume ou les pairs de France {pares Franciœ).
On a beaucoup et longuement discuté la question de savoir
à quelle époque remonte cette institution des pairs de
France et quelle en est l'origine.
On sait que les chansons de geste représentent Charle-
magne sans cesse entouré de ses douze pairs. Il est à
peine besoin de dire que ce n'est là qu'une légende poé-
tique sans aucune base historique et qui dérive très pro-
bablement de la mythologie germanique où l'o]! voit cer-
tains héros entourés de douze compagnons. Mais, si les
douze pairs de Charlemagne sont purement légendaires, il
n'est pas impossible que cette légende, si populaire, si
répandue, et tenue pour fait certain au xi^ siècle, ait réagi
sur les faits en donnant à penser que les rois de Fj'ance,
successeurs du grand empereur, devaient avoir aussi leurs
pairs.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas cependant avant les pre-
mières années du xiii^ siècle que l'on peut histori{|uement
constater l'existence des pairs de France. Tous les docu-
ments allégués jusqu'ici pour les faire remonter au delà
sont faux ou ne disent rien de tel. Pour n'en citer ici que
deux exemples frappants, la prétendue ordonnance do
Louis VII sur le sacre de Philij)pe-Auguste où Ton verrait
déjà les pairs exercer leurs prérogatives au couronnement
des rois, est un faux aujourd'hui avéré ; le prétendu
jugement de Jean sans Terre par la cour des pairs de France
en 1202 serait lui-même, M.Bémont a tenté de le démon-
trer, une fable inventée par Louis VIII en 1216. C'est à
cette date précisément ([u'un document nous montre qu'il
existait à la cour du roi de France, indépendamm<Mît des
barons, un groupe de hauts seigneurs, spécialement dési-
gnés sous le nom de pairs, au nombre desquels se trou-
vaient plusieurs évê({ues.
Depuis cette époque, les documents abondent 'qui mon-
trent la cour des pairs constituée, mais tandis que les
plus anciens font voir qu'elle avait un rôle judiciaire im-
portant et surtout que les pairs avaient des prétentions
considérables, ceux de la fin du xiu^ siècle et du commen-
cement du xiv*^ ne leur attribuent guère plus qu'un rôle
décoratif et des prérogatives purement honorifi'jues.
Au milieu du xiii^ siècle, la cour des pairs se compose de
six pairs laïques (trois ducs, ceux de Normandie, de Bour-
gogne et de Guyenne, et trois comtes, ceux de Flandre,
de Champagne et de Toulouse) et de six pairs ecclésias-
tiques : rarchcvêipie de Reims et les évêques de Langres,
de Laon, de Chàlons-sur-Marne, de Beauvais et de Noyon.
Leur rôle au sacre d(is rois paraît n'avoir été définitive-
ment fixé qu'à ravèneinent de Philippe V en 1316. Ils y
figuraient en costume royal, la couronne en tête, et sou-
tenaient tous ensembb^ la couronne royale sur la tête du
nouveau monarque. De plus l'archevêque de Reims avait
le privilège de oindre et de sacrer, l'évêque de Laon por-
tait la sainte Ampoule, celui de Beauvais soutenait le
manteau royal, celui de Langres partait le sceptre, celui
de Châlons. l'anneau, et c^lui de \ovon, le baudrier. Le
— 807
PAIR
rôle des laïques était le suivant : le duc de Guyenne por-
tait la première bannière carrée, celui de Normandie,
la deuxième bannière carrée ; le comte de Champagne
portait la bannière royale, le comte de Toulouse portait
les éperons, le comte de Flandre , l'épée que le duc do
Bourgogne avait le privilège de ceindre au roi. Quant à
leurs fonctions primitives, elles s'étaient, nous l'avons dit,
transformées en prérogatives : après avoir été les seuls
barons de la cour du roi, ils n'y eurent plus guère d'autres
privilèges, même dans les procès de pairie, que de siéger
sur des chaires plus élevées et d'être énumérés en tête
des juges dans les documents officiels.
Comment, entre tant de seigneurs et de prélats du
royaume, s'était faite cette sélection qui avait pronui à
une distinction particulière ces six vassaux laïques et ces
six prélats? Pour les pairs laïques, l'explication est rela-
tivement facile : ils ne sont autres que les feudat aires des
grandes seigneuries entre lesquelles la féodalité avait mor-
celé le royaume et qui constituaient les véritables pairs de
fief du souverain. Et cela permet de dater approximative-
ment du second quart du x V siècle l'époque à la([uelle
l'institulion a du se constituer. Pour les ecclésiastiques,
il faut remarquer que l'archevêque et les évoques sont en
même temps, l'un, duc, et les autres comtes de leurs cités,
qu'ils sont aussi par conséquent feudataires du royaume
et vassaux liges du roi dont ils relèvent directement.
D'autres prélats, il est vrai, ont été aussi seigneurs tem-
porels de leurs cités, mais les six évèques qui eurent rang
de pairs sont certainement ceux qui, les premiers, avaient
pris pkice dans la hiérarchie féodale ; dès le x^ siècle ils
avaient acquis îa seigneurie temporelle de leurs villes épis-
copales. Chose singulière ! c'est au moment où l'institution
achève à peine de se constituer et de devenir un rouage
de l'état monarchico-féodal que les pairies laïques de Nor-
mandie, de Toulouse, de Champagne cessent d'être indé-
pendantes. Le duché de Guyenne, d'autre part, tombe aux
mains des Anglais, en sorte qu'au dél)ut du xiv'^ siècle,
des six pairies laïques il ne subsiste plus que le duché de
Bourgogne et le comté do Flandre. Aussi les rois s'attri-
buèrent-ils le droit de créer de nouveaux pairs en éri-
geant en pairies (comtés ou duchés) des seigneuries qui
n'avaient pas ce rang, et comme c'était là unmoven com-
mode et relativement peu coûteux de distribuer des faveurs,
ils cessèrent bientôt d'avoir égard à l'ancien chiffre des
douze pairs et érigèrent en pairie, même avec titre de du-
ché, de très petites seigneuries.
Les prérogatives de ces pairs consistèrent à pouvoir
siéger au Parlement de Paris à partir de vingt-cinq ans,
à y prendre place dans les lits de justice immédiatement
après les princes du sang et les pairs ecclésiastiques dans
l'ordre d'ancienneté de leurs pairies, à assister au sacre
des rois, et enfin à ne pouvoir être cités en justice devant
une juiidiclion autre que le parlement de Paris. Certains
fiefs érigés en pairies pouvaient être possédés par des
femmes, mais celles-ci ne remplissaient pas les fondions
de pairs.
Voici par ordre chronologique la liste des seigneuries
qui furent érigées en pairies : comté d'Anjou en 4297.
puis duché en 4360; duché de Bretagne en 4297 ; comté
d'Artois en 4217 ; comté de Poitou en 4345 ; comté de la
Marche en 4346 et 4327 ; comté d'Fvreux en 1346; comté
d'Angouléme en 4347 ; comté d'Ftampes en 4327 ; duché
de Bourbon en 4327 ; comté de Beaumont-le-Roger en
4328 ; comté du Maine en 4334 ; comté de Mortain en
4335; comté de Valois en 4344; duché d'Orléans en
4344; comtés de Nivernais et de Bethel en 4347; comté
de Mantes en 4353, 4360 et 4446; vicomte de Breteuil en
435i; duché de Normandie avec Maine et Anjou (nouvelle
érection) en 4355; comté de Maçon en 4359; duché de
Çerry en 4360 ; comté de Mantes en 4 360 et 4446 ; du-
ché d'Auvergne en 4360; duché de Touraine en 4360 ;
duchés d'Anjou et du Maine (nouvelle érection) en 4360;
duché de Bourgogne (nouvelle érection) en 4363; comté
de Poitou (nouvelle érection) en 4369 ; baronnie de Mont-
pellier en 4374 ; comté de Valois (nouvelle érection) en
1386, puis duché en 4403 ; duché de Touraine (nouvelle
érection) en 4396 ; comtés deBloiset de Dunoisén4399;
comté de Périgord en 4399; châtellenie de Château-
Thierry en 4400; comté de Soissons et baronnie de Coucy
en 4404; duché de Nemours en 4404; châtellenie de
Châtillon-sur-Marne en 4404; comté de Bethel (nouvelle
érection) en 4405; châtellenie de Mortagne en 4407 ;
comté de Mortain (nouvelles érections) en 4407, 4408 et
4444 ; châtellenies d'Fvry et de Jauy en 4408 ; comté
de Ponthieu en 4413; duché d'Alençou en 4444; duché
de Touraine (nouvelle érection) en 1446 ; duché d'Anjou
et comté du Maine (nouvelle érection) en 4424 ; comté de
Saintonge avec la seigneurie de Kochefort -sur-Charente en
44'?8 ; comtés de Mâcon et d'Auxerre (nouvelle érection)
en 4435; comté d'Ku en 4458 ; comté de Foix en 1-^58;
comté de Nevers (nouvelle érection) en 4 'f59 : duché de
Berry (nouvelle érection) en 4 461 ; duché de Nemours
(nouvelle érection) en 4464 ; comté de Nevers (confirma-
tion) en 4464 ; duché de Normandie avec le comté de
Mortain (nouvelle érection) en 4465 ; duché de Guyenne
(nouvelle érection) en 4469; comté de Villefranche-de-
Rouergue en 4480 ; duché de Valois (nouvelle érection)
en 4498 ; comté de Nevers (contirmation) en 4505 ; ba-
ronnie de Coucy avec le comté de Soissons (nouvelle érec-
tion) en 4505 ; duché de Nemours (nouvelle érection) en
4507 ; duché de Vendôme en 4545; duché de Chatellé-
rault en 4545 ; duché d'Angouléme en 4515; duché de
Nemours (nouvelle érection) en 4545; duché de Valois
(nouvelle érection) en 4546; duché de Roannais (non en-
registré) en 4549; duché de Nemours (nouvelle érection)
en 4524 ; comté de Dunois (non enregistré) en 4525 ; du-
ché d'Aumale en 4527 ; duché de Guise en 4527; duché
de Nemours (nouvelle érection) en 4528 ; duché de Mont-
pensier en 4528 ; duché de Nevers (nouvelle érection) en
4538 ; comté de la Marche (nouvelle érection) en 4540 ;
duché de Bourbon (nouvelle érection) en 4544; duché de
Montpensier (nouvelle érection) en 4547 ; duché de Mont-
morencv en 4551 ; ducb.é de Château-Thierry en 4566 ;
duché d'Enghien en 4566 ; duché de Nevers (confirma-
tion) en 4566; duché de Graville (non enregistré) eii
1567 ; duché de Bourbon (nouvelle érection) en 1567 ;
duché do Mercœur en 4569; duché de Clcrmont-Tonnerre
(non enregistré) en 4574 ; duché d'Ezès en 4582; duché
de Rethelois en 4573 ; duché de Mayenne en 4573 ; du-
ché de Saint-Fargeau en 4575; duché de Berry avec
l'Anjou et le Maine en 4576 ; duché de Joyeuse en 4584 ;
duché de Piney-Luxembourg en 1582; duché d'Fpemon
en 4581 ; duché d'iilbeuf en 4581 ; duché de Ketz en
1584 ; duché de Brienne (non enregistré) en 4587 ; duché
d Halwin en 4587 ; duché de Montbazon en 1588 et 1594 ;
duché de Ventadour en 4589 ; duché de Thouars en 4595 ;
duché de Beaufort en 4597 ; duché de Vendôme (nouvelle
érection) en 4598; duché de Biron en 4598 ; duché d'Ai-
guillon en 4599; duché do Rohaaen4603; duché de
Sully en 4606; duché de Fronsac en 4608; duché de
Montpensier (continué) en 4608 ; duché de Damvdle en
4640 ; duché de Grancey (non enregistré) en 1644 ;' du-
ché de Candale (ancien duché d'ilrlwin, nouvelle érection)
en 4644 ; duché de Lesdiguières en 1614 ; duché de Bris-
sac en 4614 ; duché de Chevreuse en 4612 ; duché de
Roannais (non enregistré pour la seconde fois) en 4642 ;
duché de Châteauroux en 1 646 ; duché de Luyncs en 4649 ;
duché deBellegarde en 4649; duclîé d'ilalwin (continua-
tion) en 4620; duché de La Roche-Guyon (non enregistré)
en 4624 ; duché de Chaulnes en 4624 ; duché de La Va-
lette en 4622; duché de La Rochefoucauld en 4 622; du-
ché de Fontenay (non enregistré) en 4626 ; duché d'Or-
léans (nouvelle érection) en 4626 : duché de Valois (nou-
velle érection) en 4630; duché de Richelieu en 4634 ;
duché de Rosnay (non enregistré) en 4634 ; duché d'Au-
male (nouvelle érection) en 4631 ; duché de Montmorency
PAIR — PAIRIE
— 808 —
(nouvelle érection) en 1633; duché de Retz (nouvelle
érection) en 4634; duché de Fronsac (nouvelle érection)
en 1634; duché d'Aiguillon (nouvelle érection) en 4634
sous le nom de Puy-Laurens ; duché de Saint-Simon en
4 635 ; duché de La Force en i 637 ; duché d'Aiguillon
(nouvelle érection) en 4638 ; duché de Valentinois en
4642; duché de Colligny-Châtillon (non enregistré) en
4643; duché de La Roche-Guyon (nouvelle érection) en
4643; duché de Rohan (nouvelle érection) en 4648 ; du-
ché de Cœuvres-Estrées en 4648 ; duché de Damville (nou-
velle érection) en 1648 ; duché de Tresmes-Gesvres en
4648; duché de Gramont en 46^8; duché de Châteauvil-
lain-Yitry (non enregistré) en 4650; duché de la Vieu-
ville (non enregistré) en 4650; duché de Navailles (non
enregistré) en 4650 ; duché de Noirmoutier en 4650 ; du-
ché de Séverac sous le nom d'Arpajon (non enregistré) en
4650; duché de Lavedan (non enregistré) en 4650; du-
ché de Villemor (non enregistré) en 4650; duché de Mor-
temart en 1650 ; duché de Villeroy en 4654 ; duché de
Bournonville en 4652; duché de Roquelaure en 4652
(non enregistré); duché de Vemeuil en 4652; duché de
Poix-Créquy en 4652; duchés d'Alhret et de Château-
Thierry en 4652; duché de Villars-Brancas en 4652;
duché de Béthune-Orval en 4652; duché de Caumont de
Planteage, sous le nom d'Arpajon (non enregistré) en
4655; duché de Coulommiers (non enregistré) en 4656;
baronnie de Montmirail (transfert du titre du duché-pairie
d'Enghien) en 4657 ; comté d'Eu en 4660; duché de Mon-
tant (non enregistré) en 4660; duché de Nev ers (nouvelle
érection) en 4660 ; duché de Bourbon (nouvelle érection)
en 4664 ; duchés d'Orléans, Chartres et Valois (nouvelle
érection) en 4664 ; duché de Piney-Luxembourg (confir-
mation en 4664 ; duché de Foix-Randan en 4664 ; duché
de Noailles en 4663; duché de La Meilleraye en 4663;
duché de Coislin en 4663; duché de Saint-Aignan en
4663; duché de Montausier en 4664; duché de Choiseul
en 4665; duché d'Aumont en 4665; duché de La Ferté-
Saint-Nectaire en 4635; seigneurie de Vaujours et baron-
nie de Saint-Christophe sous le nom de duché deLa Vallière
en 4667 ; duché de Roannais (nouvelle érection) en 4667 ;
duché de Penthièvre en 4668 ; duché de Duras (non enregis-
tré) en 4668; duché de Béthune-Charost en 1672; duché
de Nemours (nouvelle érection) en 4672 ; duché de Saint-
Cloud en 4674; duché du Lude en 4675 ; duché de Nevers
(nouvelle érection) en 1676; duché de La Roche-Guyon
(nouvelle érection) en 4679 ; duché de Roquelaure (nouvelle
érection) en 4683; duché d'Aubigny-sur-Yèvre en 468i;
duché de Damville (nouvelle érection) en 4 694 ; duché de
Penthièvre (nouvelle érection) en 4695 ; duché d'Aumale
(nouvelle érection) en 4695; duché de Chàteauvillain en
4703; duché de Bouftlers en 4708 ; duché d'Harcourt en
4709; duché de Villars en 4709; duché d'Alençon avec
Angoulême et Ponthieu (nouvelle érection) en 4740; du-
ché de Fit/-James en 4740 ; duché deChaulnes (nouvelle
érection) en 4744 ; duché de Rambouillet en 4744 ; du-
ché d'Antin en 4714 ; duché de Rohan-Rohan en 4744;
duché de la Baume d'Hostun en 4745 ; duché de Valenti-
nois en 4745; duché de Châtres sous le nom d'Arpajon en
4720; duché deLa Vallière (nouvelle érection) en 4723;
duché de Biron en 4723; duché de Lévis en 4723; du-
ché de Châtillon en 4736; duché de Fleury en 4736;
duché de Gisors-Belle-Isle en 4748 ; duché de Duras (nou-
velle érection) en 4755; duché de Choiseul-Stainville en
4758 ; duché de La Vauguyon en i 758 ; duché de Choiseul-
Amboise (transfert du titre de la duché-pairie de Choi-
seul-Stainville) en 4762; duché de Choiseul-Praslin en
4762; duché de Clermont-Tonnerre (nouvelle érection) en
4775 ; duché de Coigny en 4787 ; duché d'Aubigny en 4787.
Aumomentde la Révolution la pairie comptait quarante-
neuf membres : cinq princes du sang, le prince deCondé,
les ducs d'Orléans, d'Enghien, de Bourbon et le prince de
Conti, six pairs ecclésiastiques (les mêmes qu'au moyen
âge), puis les ducs d'Uzès, d'ilbeuf, de Montbazon, de
Thouars, de Sully, de Luynes el de Clievreuso, de Bris-
sac, de Richelieu, de Fronsac, d'Albret et Château-Thierry,
de Rohan, de Piney, de Gramont, de Villeroy, de Morte-
mart, de Noailles, d'Aumont, de Béthune-Charost, de
Saînt-Cloud, d'Harcourt, de Fitz-James, de Chaulncs, de
Villars-Brancas, de Valentinois, de Nivernais, de Biron,
d'Aiguillon, de Fleury, de Duras, de La Vauguyon, de
Praslin, de La Rochefoucauld, de Clermont-Tonnerre, de
Choiseul, de Coigny et d'Aubigny. La pairie fut supprimée
par la Révolution.
Chambre des pairs (V. Chambre des pairs, t. X, p. 324).
Cour des pairs (V. Cour, t. XIII, p. 86).
II. Mathématiques. — On appelle nombre pair,
en arithmétique, un nombre entier divisible par 2;
quelques auteurs ont distingué les nombres « pairement
pairs », c.-à-d. multiples de 4, et« impairement paii's »,
c.-à-d. de la forme mult. 4 -h 2. Ces appellations
ne sont plus guère en usage. Quand une fonction f{x)
jouit de la propriété indiquée par la relation f{jc) =
/'( — œ) on l'appelle une fonction paire, par opposition
avec une fonction impaire, caractérisée par la relation
f[x) = — /'( — cl'). Par exemple, cos x est une
fonction paire, et sin x une fonction impaire de x. Ces
dénominations sont justifiées par ce fait que si un poly-
nôme en X est une fonction paire, tous les exposants
de X sont pairs ; et si un polynôme est une fonction
impaire, tous les exposants sont impairs. Pour une fonc-
tion quelconque de x, si elle est développable en série
suivant les puissances croissantes de la variable, tous les
exposants de ces puissances seront pairs, dans le cas d'une
fonction paire, et impairs dans le cas d'une fonction im-
paire. C'est ce qu'on vérifie, par exemple, sur les déve-
loppements des deux fonctions cos x, sin x que nous avons
citées plus haut. C.-A. Laisant.
III. Finances (V. Opérations de Bourse).
IV. Jeu. — Pair ou non. — Jeu de hasard dans lequel
un joueur tient dans sa main fermée un certain nombre de
billes, un autre joueur essaye de deviner si le nombre de ces
billes est pair ou impair. Ce jeu présente un certain intérêt
et il n'est pas indifférent, comme on pourrait le croire au
premier abord, de parier pour pair ou impair, si le premier
joueur a pris au hasard un certain nombre de billes dans
sa main. En effet, supposons le nombre total des billes
avec lequel on joue, c.-à-d. le nombre maximum de billes
que peut contenir la main égal k 2/î. Le nombre de cas
favorables pour pair est n, il est aussi le môme pour im-
pair ; la probabilité dans chaque cas est ^ , donc si le nombre
total des billes que peut contenir la main est pair, il est
indifférent de parier pour pair ou impair. Mais si 2/i -f- 1
est le nombre des billes que peut contenir la main, il y a
n -\- 1 cas favorables pour impair et n pour pair ; la pro-
71
habilité de pair est donc r et la probabilité de im-
71 + 1 . '2n-hi ^
pair - — -7— T ? ^^ y ^ ^^^^^ P^"*^ ^^ chances pour le parieur
à impair. H. Laurent.
BiiiL. : Histoire. — Le P.Anselme, Histoire delà
inaison royale de France, des pairs ; Paris, 1723-33, t. II
et III. — BouLAiNviLLERs, Hîstoire de la pairie et du par-
lement de Paris ; Londres, 1740; 2*' éd., 1753, 2 vol. in-8. —
Dom Briai.. Recherches sur l'originede la pairie en France
et l'établissement des douze pau's, préface du t. XVII du
Recueil des historiens de la France.— Jacques FLACH,^es
Origines de l'ancienne France, le Régime seigneurial,
ch. vm, la Cour des pairs ; Paris, 1886, t. I, in-8. — A.Ly-
CHAiRE, Manuel des institutions françaises ; Paris, 1892,
§ 304, la Pairie^ in-8. — F. Lot, Quelques Mots sur Voii-
gine des pairs de France, dans la Revue historique., 1894,
t. LIV, pp. 34-59 (avec une bonne bibliographie). — A. Lu-
chaire, Lettre sur l'origine des pairs de France, ibia^,
pp. 382-391. — Fr. Funck-Brentano, les Pairs de France
à la fin du XIII* siècle, dans Etudes d'histoire du moyen
âge dédiées à Gabriel Monod ; Paris, 1896, in-8°. -- P. Guil-
iiiERMOz, les Deux Condamnations de Jean sans Terre^
dans Biblioth. de l'Ecole des Chartes, t. LX, 1899.
PAIRIE (V. Pair).
— 809 —
PAIRLE — PAÏTAN
PAIRLE (Blas.). Le pairie se compose d'un pal. inoins
large, mouivant de la pointe et se séparant au milieu de
reçu en deux branches égales qui vont rejoindre les deux
angles du chef. 11 forme ainsi un Y. Palliot prétend le
faire dériver du pallium des archevè([ues. Le P. Ménes-
trier, dans son Abrégé m''thodique des principes héral-
diques, le fait venir du latin pergula, qui signifie la
fourche qui soutient les treilles.
FAISEURS. Nom donné au moyen âge, dans le N. de
la France, à certains magistrats municipaux dont le rôle
consistait à maintenir la paix, en jouant dans les diffé-
rends entre particuliers le rôle d'arbitres désignés. Ils sont
nommés aussi apaiseurs et souvent jurés de la paix.
PAISIELLO (Giovanni). Paisiello est un des composi-
teurs italiens les plus éminents de l'époque qui précéda
et prépara en quelque sorte la venue de Rossini. Si l'appa-
ri lion de ce dernier maître a fait oublier tous ceux qui
vécurent immédiatement avant lui, il convient cependant
de rendre justice à des musiciens qui, dans un genre plus
brillant sans doute que solide, montrèrent souvent cepen-
dant les plus belles qualités. Paisiello naquit à Tarente le
9 mai 4744 ; il entra fort jeune dans un collège de jé-
suites de cette ville, et là commençai se faire remarquer
par sa belle voix et son intelligence musicale. On con-
seilla à ses parents de l'envoyer à Naples étudier sous
quoique maître habile. W fut admis au conservatoire de
San Onofrio en juin 1734, et il y travailla quelque temps
sous l'illustre Durante. Après neuf ans de séjour au Con-
servatoire, il se produisit pour la première fois en public
avec un petit intermède exécuté sur le théâtre de cet éta-
blissement. Cet ouvrage plut beaucoup ; il eut même un
certain retentissement. Paisiello fut appelé à Bologne pour
écrire deux opéras bouffes, la Pupilla et il Mondo a
Rovescio, qui inaugurèrent la longue série de ses succès
sur tous les théâtres d'Italie, k Modène, à Parme, à Venise,
ses opéras, boufîes ou sérieux, firent fureur. Aussi sa
réputation fut-elle bientôt assez bien établie pour qu'on
lui f t offrir d'écrire pour les théâtres de Rome, alors
l'arbitre de la renommée des musiciens d'Italie. Ce fut
pour celte ville que Paisiello écrivit son célèbre opéra
bouffe, il Marchese di Tulipano, que toute l'Europe
accueillit avec un égal enthousiasme.
Peu de temps après, Paisiello allait à Naples, où il
savait trouver cependant d'illustres rivaux : Piccinni
d'abord, puis, après le départ de ce maître pour Paris,
Cimarosa. Paisiello sut fort habilement ménager le pre-
mier de ces maîtres et se faire à côté de lui une place
honorable. A l'égard de Cimarosa, comme pour Guglielmi
plus tard, il se conduisit d'une façon peu honorable, pa-
raît-il, et ne craignit pas de recourir aux intrigues les
plus perfides pour atténuer les succès de ce musicien. Sa
situation à la cour de Naples était fort belle, et sa musique
plaisait beaucoup. De cette époque de sa vie datent de
nombreuses œuvres, tant sacrées que profanes. En 4776,
sur l'invitation de l'impératrice Catherine, Paisiello partit
pour la Russie, où un traitement magnifique lui était offert.
Il devait y écrire d'assez nombreux opéras, notamment ce
Barbiere diSiuiglia, qui devait, parla suite, être opposé
au chef-d'œuvre de Rossini. Après huit ans de séjour,
Paisiello revint en Italie après quelque séjour en Pologne,
puis à Vienne où fut composé l'opéra // Re Teodoro, dont
un final en septuor fut longtemps célèbre. En effet, Pai-
siello, un des premiers, fit dans ses œuvres une large place
aux morceaux d'ensemble, combinaison fort nouvelle alors,
si l'on considère que l'ancien opéra, français ou italien, ne
comportait guère (en dehors des morceaux à voix seule)
que des duos, fort rarement des trios, et que l'usage des
chœurs était presque inconnu en Italie. Aussi les morceaux
d'ensemble de Paisiello surprirent-ils à l'excès les dilet-
tantes italiens que ces combinaisons harmoniques effrayaient
un peu. Ces nouveautés nuisirent un peu à son succès à
Rome où il vint se produire à son retour. Mécontent de
cet accueil, en 4785 l'artiste alla se fixer définitivement à
Naples, ftù la faveur de la cour et du public lui était
acquise. Il y passa treize années, marquées par la compo-
sition de ses plus beaux ouvrages, la Molinara^ Nina,
la Zingari in fiei^a, etc. Pendant les révolutions de
Naples en 4799, Paisiello perdit naturellement ses places
de cour et se compromit, aux yeux des Rourbons, avec le
nouveau gouvernement. A la restauration qui suivit, sa
faveur sembla fort diminuée. Aussi, un peu plus lard,
Paisiello acceptait-il les offres du premier consul et par-
tait-il pour Paris où il arrivait en 4802. Malgré la ûiveur
de Bonaparte qui aimait beaucoup sa musique, Paisiello
fut assez froidement accueilli des musiciens français. Un
ouvrage qu'il mit en musique pour l'opéra, Proserfnne,
ne réussit pas, et cet échec le détermina à demander sa
retraite. De retour à Naples, Paisiello reprit son service
auprès du roi et le continua, dans les mêmes conditions,
quand Joseph, frère de Napoléon, monta sur le trône.
Murât conserva au musicien son titre et ses emplois.
Malheureusement pour lui, Paisiello devait revoir la se-
conde restauration des Bourbons. Ferdinand IV ne lui par-
donna point son attachement à la famille Bonaparte.
Privé de ses emplois et de ses pensions, le vieux maître
passa ses dernières années dans une situation d'autant plus
pénible pour lui qu'il avait jadis connu l'opulence. Il faut
dire qu'il fit preuve d'assez peu de dignité dans cette triste
position, mais tout fut inutile. Aussi le chagrin acheva
d'abattre ses forces, déjà chancelantes, et Paisiello, à l'âge
de soixante-quinze ans, mourut le 5 juin 4845.
Paisiello fut d^une grande fécondité, comme beaucoup
de musiciens de ce temps. Il écrivit près de 400 opéras
et beaucoup d'autre musique de toute sorte. Quoique
toutes ces œuvres soient bien oubliées aujourd'hui, cet
artiste mérite cependant d'être mentionné. Avec Guglielmi
et Cimarosa, Paisiello est un des maîtres de cette époque ;
s'il a moins de verve que Guglielmi, moins d'abondance
et de grâce que Cimarosa, ses qualités n'en sont pas
moins grandes. Son style est surtout expressif, et toutes
ses mélodies, remarquables par leur grâce et leur simpli-
cité, ont beaucoup de charme. Plusieurs sont restées fort
longtemps populaires ; il f\uit se souvenir que Beethoven
n'a pas dédaigné d'écrire des variations sur un air de la
MoUnara. H. Quittard.
FAI S LEY. Ville d'Ecosse, comté de Renfrew, à 40kil. 0.
de Glasgow, sur le Cart, affl. g. de la Clyde ; 66.125 liab.
(en 4894). Ruines d'une abbaye fondée en 4463 par
Walter Fitz-Alan ; bel hf'tel de ville. Paisley est une
ancienne ville, mais n'a pris son extension que depuis la
fin du xvin^ siècle en devenant un faubourg industriel
de Glasgow auquel la relient le Cart navigable et un
canal. On y fabrique surtout des fils de coton et de laine
(4.844 ouvriers en 4894), des tissus, des châles; on y
construit des machines et des navires.
PAISLEY (Lord Claude HâmiltOxN, abbéde) (V.Hamilton
[Famille]).
PAISSANT (Blas.). Se dit des animaux, tels que la
vache et la brebis, qui sont représentés la tête baissée,
comme en train de paître.
PAISSON (Droit forest.) (V. Panage).
PAISSY. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Laon, cant.
de Craonne ; 203 hab.
PAISY-CosDON. Com. du dép. de l'iVube, arr. deTroyes,
cant. d'Aix-en-Othe, à l'entrée du vallon de la Nosle, près
du confluent avec la Vanne, dans le paijs d'Othe; nom
breux hameaux et écarts ; 420 hab. Paisy et Cosdon étaient
jadis deux villages distincts, réunis vers le commencement
du xvm® siècle. Première mention: Paisi (HHQ, ch. de
l'abbaye de Vauluisant) ; Pasiacum (4239, ch. de l'ab-
baye' de Dilo). Relevait de la châtellenie voisine de Ville-
maur,^ diocèse de Troyes. E. Ch.
PAÏTAN. Ville ancienne de l'Inde, peut-être le Pra-
tishthâna ou capitale des Andhrabhrityas et la Baithana
de Ptolémée, aujourd'hui déchue (d 0.000 hab.) et située
dans les Etats du Nizâm, sur la rive gauche de la haute
P\ïyAX — PAIX
— 810
(lodavarl. à iSkii. au S. d'Aiirangabàd. On y voit oncoiM
(jiiol(ji|os temples.
PAITOUR.Cliaine de collines de l'Inde méridionale, si-
tuée au S.-E. de Salem, présidence de Madras, et qui semble
uji chaînon de la ligne parallèle à l'équateur qui, dans le
haut bassin de la Caveri, relie les (ihàtes occidentales et
(rien taies.
PAIVA (V. Pavva).
PAÏVAR ou PAlVAR Kotal. Col de la chaîne du Safed-
K(»h (les Montagnes Blanches) qui fait communiquer, à une
ait. de 3.603 m., la vallée du Kouram et celle duKàboul-
j'oùd. Il forme ainsi l'une des deux routes de Kaboul
(Tautre passant par PechasNar et la passe duKhaiber) qui
a été utilisée à deux reprises par les Anglais pendant les
campagnes de l'Afghanistan de 1878-80. Il ouvre aussi l'ac-
cès de l'Inde pojr un envahisseur venant du N.-O.. et c'est
son impoit^nce stratégi(pie qui a conduit les Anglaisa s'é-
tablir dans la vallée du Kouram et à y construire un fort.
PAIX. I. Sociologie. — Le mot f^aix n'a de sens
(jue relali\einent à l'état social : on ne peut guère désigner
ainsi, en effet, la situation de l'animal ou de l'homme qu'on
supposerait complètement isolé, quand bien même cet iso-
lement ne comporterait ni rencontre ni lutte avec ses sem-
blables; qui dit paix dit relations sociales, et (jui dit société
dit \ie pacifique. En ce sens, si l'on a pu prétendre souvent
([ue la guerre fut l'état primitif de l'humanité, et que long-
temps l'homme fut un loup pour l'homme, une telle affir-
mation impli(iue. plus ou moins consciemment, la vieille
conception du \\m^ siècle selon laquelle l'homme aurait
vécu d'abord d'une vie tout individuelle, et la société
ne serait résultée <fuo d'une convention ou d'un contrat
plus ou moins tardif. Si les sociologues modernes, tout
en renonçant aux théories de ce genre, représentent pour-
tant encore crunme distinctivcs de l'état sauvage les luttes
désordonnées et continuelles, les rapines et les déprada-
tions, sans règle ni répit, ils oublient de faire remarquer,
comme l'a bien montré M. Tarde, qu'il s'agit là de luttes
de familles à familles, ou de tribu, de horde et de clan à
clan, horde et tribu, et qu'il faut donc admettre, comme
aussi anciennes que ces continuelles hoslilités extérieures,
au sein même de la famille, du clan ou de la tribu, une
vie déjà sociale et par suite paciPupie. S'il est vrai qu'aussi
loin qu'on puisse remonter dans son passé, on ne ti'ouvc
nulle trace d'une époque ou l'homme ait vécu seul et sans
relations suivies et organisées, si diversement et grossière-
ment que ce soil. avec ses parents ou ^es congénères, il faut
en coficlure que l'état de paix propremeni dite a été, dans
l'humanité, aussi primilif et nalurel (fuo l'état de guei're.
11 suit de là (}u"il n'y a ni paix ni vie en société sans
un ensemble de traditions ouirinstitnîions propres à éviter
ou à régler les fonllils entre parents ou citoyens autre-
ment (jue |)ar le recours à la force ouverte, et il n'y a
donc ni paix ni \ie sociale sans un système d'arbiti-age
ou de magistrature, qui ])eiil d'ailleurs se fondci', ou bien
sur le seul respe(t instinctif d'une autorité familiale ou
religieuse, ou bien sui^ un pou\oir coercitif organisé. Par
suite encore, là oîi ces autorités pacifuiues deviennent
impuissantes et où Ton ne peut évilei', au sein d'une cité,
le recours aux armes, la cité même est momentanément
dissoute, dissociée en deux groupes devenus coiume étran-
gers l'un à l'autre : toute guerre civile est une suspen-
sio]i, plus ou moins durable et profonde de la vie sociale.
i-.t il s'ensuit enfin que l'évolution même des idées paci-
iiipies se confond avec celle de la vie sociale. Tant que
celle-ci est restreinte au petit nom!)i'e d'hommes issus
d'une même souche, ou unis par la nu^ne vie nomade, ou
associés à la culture du même champ, les relations extra-
sOciales et guerri'U'es seront donc presque aussi fréquentes
(|iie les relations intra-sociales et pacifiques.
Mais, si la guerre et la paix peuvent être considérées à
l'origine comme à peu près aussi primitives et naturelles
Vwna que l'autre, peu à peu la multiplication même des
h)mmes. la substitution de la \i«^ sédentaire à la vie no-
made, le rapproclu'iuent (1 le contact plus fiequeîit sans
cesse de familles ou de tribus diverses dans les régioiis
abritées et fertiles, l'agglutination des hommes en groupes^
de plus en plus larges par l'effet soit de la conquête, soit
de l'association volontaire, tous les progrès de la vie
sociale, en un mot, tendent à faire de la paix seule l'état
naturel et normal de l'humanité. Lorsque deux tribus
établies dans la même région sont condamnées à se ren-
contrer sans cesse, l'habitude assoupit bientôt la première
défiance ou l'instinctive hostilité, la lutte a besoin d'une
raison ou d'un prétexte précis pour éclater ou renaître ;
bien plus, dans les intervalles de répit, des relations paci-
fifues s'ébauchent entre les deux groupes étrangers, parce
que enti'e l'un et l'autre tend à s'ébaucher aussi une sorte
de société idéale encore, les englobant tous deux. — Enfin
lorsque aux petits groupements disséminés, si favorables
à la guerre, régimes de clans ou de tribus eu régimes de
féodalités, se substituent les vastes groupements en peuples
ou en nations, la guerre devient décidément une crise
passagère et anormale, son domaine se limite et dans le
temps et dans l'espace. Dans le temps, parce que les na-
tions diverses coexistent pendant de longues périodes sans
se combattre et. de plus, qu'il faut des motifs sérieux et
de longs préparatifs et une organisation spéciale pour
nourrir et transporter Tune contre l'autre de grandes masses
d'hommes. Dans l'espace, parce que la guerre ne peut
plus ensanglanter en entier d'aussi vastes territoires,
et, sauf les cas di^ défaite ou d'écrasement total, qu'elle
se cantonne aux frontières des enq^ires ; parce (ju'ejjcore,
en vertu de la division du travail et des nécessités de !a
vie sociale grandissaiite, c? ne sont plus tous les citoyens
sans exception qui y prennent part, mais, ou bien m\
petit groupe d'entre eux auxquels les autres délèguent le
soin de les défendre (régime de milices), ou bien des
professionnels soudoyés dans ce but (régime de merce-
naires), ou bien l'ensemble des citoyens, mais passant
tour à tour et pour un temps seulement sous les di-apeaux
(régime des armées modernes). L'histoire de l'empire
romain est l'histoire de dix siècles de guerres continuelles ;
et pourtant, à combien de reprises et pour combien de
temps le territoire même de Rome ou de l'Italie eut-il à
subir les effets directs de la guerre? Parallèlement à sa vie
extérieure de conquêtes, ne poursuit-il pas presque sans
interruption une vie intérieure et pacifique d'agriculture et
de commerce ?ll n'en va pas autrement pour tous les Etats
modernes ; la plupart des citoyens ne ressenteîit plus de
la guerre que les effets indirects : perte de parents ou
d'enfants, impots ou indemnités de guerre, ré([uisitions,
troupes à logci-. etc.
(> mouvement dans le sens d'une vie sociale, et par suite
pacilique, de plus en plus large et entière, a été dé
bonne heure remarqué, interprété, généralisé, par les
utopistes comme par les philosophes. Chaf{ue fois que le
hasard des conquêtes, des découvertes ou des relations
commerciales met en contact suivi des civilisations jusque-là
étrangères entre elles, l'individuahsme national tend à
s'émousser, l'idée d'une communauté de natui'e et de
droit se précise, cl se dessine aussi le rêve de relations
exclusivement rationnelles et pacifiques d'homme à homme.
Ce fut le cas du cosmopolitisme des stonuens, ce fut le
cas de rhumanitarismo du \\m^ siècle. Vaguement pré-
conisée jusque-là par de purs rêveurs, conçue surtout
comme une alliance défensive des petits l^tats contre les
grands par le roi de Hongrie Podiebrad en Hfii, et plus
tard par Henri IV et Sully dans le « grand dessein »,
devenue avant tout peut-être avec ce dernier un instru-
ment politi({ue et un artifice de diplomatie, l'idée de la
paix perpétue lie no prend toute sa signification morale
(ju'au \viii« siècle. Sans doute, c'est à des iniluences.phi-
losophiques (pi'il faut avant tout en faire honneur; mais
le développement de la civilisation moderne et la force
même des choses n'étaient pas sans la favoriser : ressou-
venirs de la vieille doctrine stoïcienne et romaine du droit
— 811 —
PAIX
Haturel, et création personnelle anssi de Grolius et de
Piiffendorff, les règles du droit des gens se précisaient
alors, se codifiaient et s'imposaient de plus en plus à
toutes les nations belligérantes, par la force seule de la
tradition et d'une sorte d'acceptation tacite : l'espérance
devenait donc toute naturelle de les élargir et de les
étendre, jusqu'à remplacer la lutlq armée par l'arbitrage.
C'est l'idée même de Grotius (16'25), et W. Penn la
reprend dans son Essai sur la paix présente et future
de r Europe (i693), et Leibniz ne la juge pas irréali-
sable. En môme temps, des relations de tout ordre et
toujours plus étroites tendaient à s'établir entre les
diverses nations européennes, plus ou moins fdles d'ail-
leurs de l'ancienne civilisation latine : et c'est déjà un
des grands arguments que fait valoir, en faveur de son
utopie, l'abbé de Saint-Pierre dans son Projet de
paix perpétuelle (1713). Tourné en ridicule d'abord,
ce traité fut critiqué avec bienveillance par L-L Rous-
seau qui voit dans les intérêts personnels des princes
le plus grand obstacle à sa réalisation ; et l'on ne
peut nier qu'il ne représente un ordre de sentiment et
d'idées familières à toute cette époque. C'est la même
aspiration ([ui se retrouve, sans illusions sur son elTicacité
pratique immédiate, dans le traité de Kant, Projet phi-
losophique de paix perpétuelle (1795) : Kant ne croit
pas qu'elle pourra être satisfaite avant que soit
reconnu aux nations le droit de disposer d'elles-mêmes,
aux peuples le droit de se gouverner, et que soient
dissoutes les armées permanentes. Enfin c'est l'esprit^
même de toute la Révolution française, qui promulgue les
droits de l'homme sans acception de caste ni de patrie, qui
proclame la guerre aux rois et la paix aux peuples, qui se
plait à décerner le titre de citoyens français aux plus
illustres enfants des nations qu'à ce moment même elle
combat ; et l'on se souvient de la cérémonie du 19 juin 1790
où Anaebarsis Clootz, « l'orateur du genre humain », se
présenta à la barre de la Constituante, suivi de repré-
sentants de toutes les nationalités, y compris, dit-on,
l'Arabie et la Chaldée, pour qu'à côté des « ambassadeurs
des tyrans » se fissent aussi entendre les « ambassadeurs
des souverains opprimés », c.-à-d. des peuples. Les mêmes
idées se développèrent, et en France et dans tous les pays
d'Europe et du nouveau monde, pendant tout le xix^ siècle,
suscitant des hgues, des congrès, et atteignant leur apo-
gée avec le mouvement de 1848. Les noms de Rentham,
deRrougham, deChanning, en Angleterre, de Fourier, de
Saint-Simon, de Pierre Leroux, de Lamartine, de Hugo,
en France, doivent être associés au souvenir de cette pro-
pagande. A partir decettedate, il semble d'ailleurs qu'un
revirement se produise, sous des influences théoriques
peut-être (en particulier celle de la doctrine transformiste),
mais surtout sous l'action des événements et le démenti
des faits. Il est difficile de nier une éclipse des idées huma-
nitaires et pacifiques, après que l'on a vu les guerres de
nationalités aussi âpres et aussi farouches que jadis les
guerres de souverains ; après qu'on a assisté aux cam-
pagnes de 1866 et 1870, aux guerres turco-grecque et
hispano-américaine, ^et aux armements formidables sous
lesquels est accablée toute l'Europe contemporaine. Mais
il serait étrange pourtant de croire cette éclipse définitive
et de désespérer de l'idée pacifique au lendcjuain du jour
où r autocrate le plus absolu de l'Europe \ient de con-
vier toute les nations à étudier la question du désarme-
ment. (Rcscrit du 'i 4 août 1898. ~ Conférence de La
Si telle a été l'évolution historique de l'idée de paix,
il reste à se demander ce qu'on peut en augurer pour l'ave-
nir, et à exposer l'état actuel du débat tant au point de vue
théorique ou philosophique qu'au point de vue pratique
et pohtique.
On a tenté tour à tour l'apologie de la guerre et la
condamnation de la paix à un point de vue mystique, à
un point de vue moral et à un point de vue naturaliste.
1° La guerre apparaît à (|Uel([ues-uns comme chose sur-
naturelle et sacrée, d'institution divine : par elle se réa-
liseraient mystérieusement les desseins providentiels, par
elle s'accompliraient les victoires fécondes et les défaites
nécessaires ; dans la souffrance, les larmes et le sang se
préparent les fins éternelles ; autant qu'Attila, tous les
conquérants et tous les grands capitaines sont les fléaux
de Dieu. — A ces impressions poétiques ou mystiques,
la raison ne peut répondre qu'en en recherchant l'origine.
Et, d'abord, elles ne découlent pas nécessairement de la
conception providentielle du monde : si les lois de Dieu
sont inconnues, comment décider si elles ne nous mènent
pas justement, par des siècles de lutte et de guerre, à
une paix définitive ? Que celle-ci parvienne seulement à
s'établir en fait, et les théologiens if auront aucune peine
à démontrer qu'elle était dans les desseins de Dieu et pré-
parée de toute éternité. — La croyance au caractère sur-
humain et sacré de la force guerrière triomphante n'est
d'ailleurs que le premier mouvement de l'imagination
enfantine, lors({ue, frappé par un grand désastre ou un
événement inattendu, elle devient d'instinct fataliste : n'a-
t-elle pas cru de même, chez pres{|uo tous les peuples
primitifs, au « Jugement de Dieu » entre particuliers, et
([ue l'amitié d'en haut devait se révéler en rendant cer-
tains hommes invincibles aux coups de leurs adversaires et
aux forces de la nature ? Longtemps, au dire des socio-
logues, on a décidé de la vérité et du bon droit par les
épreuves ou le duel judiciaire, avant de recourir aux en-
quêtes ou aux sentences arbitrales : l'usage des ordalies
est un des plus généraux et des plus anciens qui soient. —
p]nfîn, si l'histoire rationnelle et philosophique ne se con-
tente plus d'attribuer les grands succès ou les grands
revers à des causes insaisissables et comme à des inspira-
tions supérieures, si, derrière le hasard des combats, [elle
découvre souvent l'endurance, l'habileté, l'intelligence du
chef ou des soldats, et, derrière l'action même des indi-
vidus, l'influence plus générale des institutions et des
mœurs, des sentiments et des idées, qui prédestinent pour
ainsi dire tel peuple à la victoire ou à la défaite, elle fait
rentrer par là même la guerre dans l'ordre de la nature
et la soumet à l'action de lois intelligibles.
2^ Mais l'on a condamné encore la paix d'un point de
vue plus humain et, pour ainsi dire, psychologique. La
guerre serait moralisatrice et bonne, source de vertu et
d'énergie ; seule, elle tremperait les âmes et leur donne-
rait le courage et la santé morale : virilité, vigueur et
vertii, vir, vis et virlus, ne sont que les trois aspects
d'une môme idée, comme les trois formes d'un même mot.
La paix, au contraire, qui déshabitue du péril et do
l'effort, débilite, énerve, efféminé ; elle corrompt aussi,
par désœuvrement et ennui. Et encore, la guerre est une
école de dévouement et de solidarité, la paix une école
d'individualisme et d'égoisme : dans les dangers où les
souffrances communes, les hommes se rapprochent et
s'unissent, les âmes se confondent, les grandes idées col-
lectives, l'idée de patrie entre toutes, deviennent plus
vivantes, plus actives, plus réelles que Eindividu lui-même ;
dans le repos et la sécurité au contraire, chacun s'isole,
se replia sur soi. délimite mieux et sa personne et sds
intérêts ; les grandes associations et les sentiments généreux
se dissolvent ous'émiettent. Toutes les grandes décadences
historiques se sont produites dans des sociétés raffinées,
corrompues et pacifiques : la Rome impériale ouRyzance.
— Sur ce point, il faut accorder que l'habitude de la
guerre ne peut que développer en effet certaines vertus,
et justement les vertus héroïques. Mais l'on peut se de-
mander d'abord si elle ne développe pas du même coup
certains vices qui lui sont propres aussi, la cruauté,
l'inhumanité, la lâcheté parfois ; si elle ne traîne pas
après elle, comme son cortège nécessaire, la débauche, le
vol et le pillage ; et, à moins d'oublier tout à fait tout
ce qu'elle entraine de souffrance et de ruines, on peut so
demander s'il n'y a pas disproportion monstrueuse entre
PAIX
812 —
le ^ain et les pertes?. — D'autre part, les vertus qu'elle
favorise ne naitraieiit-elles pas aussi naturellement, avec
^es nuances nouvelles seulement, de toute lutte, de toute
discipline sévère, de tout effort collectif, qui s'exercerait
par des voies, non plus brutales et \iolentes, mais ration-
nelles et pacifiques. La paix n'est pas le désœuvrement et
l'inaction. Rien ne nous permet d'afliimer que de grands
intérêts agricoles ou industriels, scientifiques ou artis-
tiques, ne puissent pas inspirer des dévouements aussi
entiers et des énergies aussi tenaces.
3*^ Si les théologiens voyaient dans la guerre une
loi surnaturelle, c'est au contraire parce qu'elle serait la
plus naturelle des lois que d'autres la défendent de nos
jours et condamnent la paix : tel est le mouvement d'idées
qu'ont inspiré les doctrines de Malthus et de Darwin, et
auquel on peut rattacher des penseurs comme Nietzsche. —
La concurrence est la loi fatale et la condition nécessaire
du progrès et même de la conservation ou de l'existence
des êtres et des choses. Ce n'est qu'au détriment d'autres
êtres que les mieux doués vivent et se développent ; la guerre
ost partout, dans le monde végétal comme dans le monde
animal ou humain ; par elle seule s'affirment, triomphent, se
fortifient les qualités naturelles, énergie, endurance, cou-
rage ; en ce sens, la force est bien le premier et le seul droit ;
dans la paix, au contraire, où les faibles se conservent et
pullulent, les vices ou les tares peuvent par là même se
perpétuer et s'accumuler ; et des qualités factices ou ap-
parentes s'y substituent peu à peu à toutes les supério-
rités réelles et saines. Il est bon que l'inévitable guerre
vienne remettre de temps en temps les choses au point
« comme l'orage purifie l'atmosphère », et fasse rentrer
l'humanité dévoyée dans le sens de la nature. — Cette
argumentation et d'autres analogues ont pu séduire ; il
semble qu'on y découvre pourtant un triple sophisme :
a. On confond illégitimement Fidée de concurrence ou de
lutte avec l'idée de guerre qui n'en est qu'une forme par-
ticulière, la plus primitive et la plus frappante si l'on
veut, mais non la seule ; justement si la lutte est la loi
universelle et suprême de toute vie, elle doit s'exercer
sous des formes plus générales et plus permanentes que
celle-ci, dont l'intermittence est le caractère propre ; elle
se vérifie aussi bien par les mille sortes de concurrences
sociale, économique, artistique, etc., que par la lutte
corporelle et brutale, et celle-ci pourrait donc devenir plus
rare ou disparaître sans que la grande loi darwinienne e:i
fut démentie. — b. Après avoir posé la concurrence
comme la grande loi de la nature, et le triomphe des
qualités naturelles comme le résultat de la concurrence,
on se laisse aller à ne considérer comme naturelles que les
qualités corporelles ou la force brutale: pourtant, si l'in-
leUigence et la raison interviennent dans la lutte, elle ^ n'en
sont pas moins que les autres des qualités naturelles, et
le triomphe en est par suite aussi normal et aussi bon. Or de
l'intervention de l'intelligence et de la raison naissent
l'association sociale, la vie pacifique, les idées de justice
et de droit absolu, tout ce qui limite, ou tempère, ou
transforme les conditions de la lutte primitive, et jusqu'au
rêve même de la supprimer. Et par là, si ceux qui sont
physiquement plus faibles arrivent à se perpétuer et à se
multipher, leur succès est aussi naturel et légitime et
conforme à la théorie que celui même des violents ou des
sanguinaires. En d'autres termes, c'est par Faction même
de cette lutte pour la vie que la raison change les conditions
initiales de cette lutte, et tend légitimement à en abolir les
formes les plus grossières. — c. Enfin, à supposer même
qu'il fût logique d'appeler naturels, à l'exclusion de tous
les autres, les avantages corporels et la force, il serait
faux que, dans l'état actuel des choses, la guerre en assu-
rât le triomphe et les perpétuât dans les races. Dès main-
tenant, en effet, l'esprit de l'homme a si bien transformé
les instruments de la guerre, que là encore ce sont des
qualités intellectuelles qui jouent le premier rôle, et que
le courage ni la vigueur n'y sont plus une chance de con-
servation ou de succès. Bien plus encore, on a fait souvent
remarquer que, loin de fortifier et de retremper physique-
ment les races, la guerre moderne tend à les affaiblir :
la sélection ne s'y fait plus en effet au détriment des
faibles, mais des forts, puisque ceux-ci seuls sont com-
battants ; les débiles, les infirmes, les vieillards y sont au
contraire épargnés, et, par suite, ils se reproduiront et se
multiplieront davantage grâce à elle : les statistiques
démontrent, chez les vainqueurs comme chez les vaincus,,
une baisse notable de la nuptialité et de la natalité dans
les années consécutives à une grande lutte et la qualité
morale ou nerveiise des générations de « l'année de la
guerre » ne vaut pas mieux que leur quantité : on peut
interpréter physiologiquement en se sens lei^^chap. de la
Confession tVun enfant du siècle . — Ainsi la philoso-
phie de la concurrence n'est nullement contradictoire avec
le rêve d'une substitution progressive de la justice à la
force et d'une limitation toujours plus grande du rôle de
la guerre ; Spencer est dans la logique de la doctrine évo-
lutioniste lorsqu'il en conclut le triomphe final des senti-
ments altruistes et de l'idée de justice.
Il semble donc qu'on ne puisse, au nom d'aucun prin-
cipe, démontrer la nécessité intrinsèque et logique de la
guerre, et l'état de paix semble apparaître comme l'état
social, rationnel et humain par excellence. Tout revient
alors à se demander si l'on peut prévoir qu'en fait les
hommes arrivent jamais à subordonner leurs rancunes ou
leurs appétits, leurs entraînements ou leurs instincts, aux
, calculs de la raison, et à préférer l'intérêt collectif et
lointain aux suggestions de l'intérêt personnel et immédiat.
Ainsi posée, la question ne comporte évidemment aucune
réponse générale et absolue : comment prévoir le sens et
la rapidité et la durée des civilisations et de la « rationa-
lisation » de l'homme? C'est aux faits seuls et à la
situation du monde moderne qu'on peut demander quebiues
indications à cet égard.
Or le spectacle du monde nous montre partout
présente l'image de la guerre. Sans parler des peuplades
sauvages, encore à la période des luttes confuses et con-
tinuelles, toutes les grandes nations européennes sont en
train de conquérir de vastes empires coloniaux et se pré-
parent sans trêve, par les plus formidables armements, à
des luttes possibles de l'une contre l'autre. — Néanmoins,
dans cet état de choses même, quelques-uns prétendent dis-
cerner certains signes favorables à l'idée pacifique.
Et d'abord, par cela même que les guerres deviennent
sans cesse plus terribles, et parce que s'aggravent et se
multiplient les désastres qu'elles ne peuvent manquer de
produire, presque aussi irréparables pour les vainqueurs
que pour les vaincus, elles sont plus redoutées, par suite
évitées, retardées ; nul n'ose prendre sur soi de les enga-
ger, tant on a la vision nette de l'absurdité et de l'odieux
de l'entreprise, et que jamais les gains n'en compenseront
les pertes. — Aussi semble-t-il que la guerre devienne
comme honteuse d'elle-même, et que, tout en s'y prépa-
rant sans relâche, les peuples éprouvent le besoin de pro-
tester de leur amour de la paix ; et cette hypocrisie même
est un signe des». temps ; nul ne veut le rôle ni surtout
l'apparence d'agresseur, et par des manœuvres fraudu-
leuses s'il le faut on en laissera la responsabilité et le
désavantage moral à l'adversaire. C'est qu'il se forme,
bon gré, mal gré, une sorte d'opinion publique internatio-
nale, de laquelle relèvent toutes les nations ; et, dans bien
des conjectures récentes, cette opinion européenne semble
avoir maintenu le concert des grandes puissances par le
seul lien de la paix à conserver, de la guerre à éviter à
tout prix. Sans compter que le recours à l'arbitrage d'une
puissance neutre pour toutes les difficultés secondaires
devient plus fréquent et plus général de jour en jour. On
peut estimer que bien des événements se sont produits
dans ces dernières années qui, à toute autre époque,
auraient déchaîné vingt fois la guerre. — Enfin, la facilité
et la multiplicité croissante des relations tendent à créer
— B13
PAIX
da is l'Europe entière coniinc des courants communs de
sentiments, d'aspirations et d'idées, et le cosmopolitisme
européen, au point de vue social, scientifique, littéraire,
devient de plus en plus une réalité, et une force avec
laquelle il faut compter. Par là même encore se créent,
sous les rivalités apparentes de peuple à peuple, des
hostilités plus profondes de classes à classes, communes à
tous les peuples, et par lesquelles, tandis que les divers
tronçons d un môme pays se séparent davantage, les
mêmes groupes sociaux de pays divers se rapprochent et
se solidarisent : ainsi Faculté et la gravité même des dis-
sensions sociales pourrait être comme un gage de paix
internationale.
Mais, si peut-être ces faits peuvent s'interpréter en ce
sens, d'autres ne peuvent avoir qu'une signification mena-
çante. Et d'abord, si l'on hésite d'autant plus àcommencer
la guerre qu'elle doit être plus terrible, la lourdeur,
d'autre part, des armements qu'elle rend nécessaires pourra
forcer le premier Etat qui n'en pourra plus supporter les
charges financières à « risquer le tout pour le tout »,
plutôt que d'avoir fait tant d'efforts et de dépenses en
vain. — De même, si les luttes sociales peuvent créer des
solidarités internationales bien vagues et douteuses d'ail-
leurs, elles peuvent aussi inspirer aux gouvernants le
dessein d'éviter la révolution sociale par la guerre exté-
rieure et de chercher un principe d'union interne dans la
crainte ou la haine de l'étranger. — De plus encore, si
une sorte de cosmopolitisme européen semble en effet
se constituer au point de vue artisticjue ou scientifique, il
semble d'un autre côté que chaque race prenne une cons-
cience plus nette et plus jalouse de ses caractères propres,
de ses droits, de ses prétentions, de son histoire, et s'oppose
plus profondément ainsi à toutes ks races voisines.
Enfin, les intérêts commerciaux des divers pays les
j Dissent fatalement à la conquête et au partage des con-
trées non encore exploitées ou cultivées. Les guerres colo-
niales semblent de toutes les plus inévitables, celles qui,
même dans les hypothèses les plus optimistes, doivent
survivre à toutes les autres, parce qu'elles résultent du
contact de races et de civilisations trop différentes pour
pouvoir se comprendre, concilier leurs intérêts, recon-
naître leurs droits ou leurs raisons récipro(jues : le
recours à un arbitrage n'a plus même de sens ici. Et n'est-
il pas inévitable qu'outre la lutte avec les indigènes, les
entreprises coloniales n'entraînent de fréquents motifs ou
prétextes de conflit entre les diverses nations colonisa-
trices ? Si les nécessités économiques sont vraiment les
plus urgentes de toutes, ne pousseront-elles pas les peuples
à s'ouvrir ou à s'assurer des débouchés commerciaux à
coups de canon ? Peut-être, après les guerres de dynasties
et les guerres de races, est-ce l'ère des guerres économi-
ques qui menace de s'ouvrir devant nous.
Ainsi la paix semble, somme toute, bien instable et
Ijranlante dans notre Europe contemporaine ; et pourtant
la prolongation môme d'une telle instabilité est un signe
qu'on ne saurait méconnaître. Toutes les probabilités
historiques sont en faveur de luttes nouvelles et violentes ;
mais il reste toujours légitime d'espérer (jue ces luttes
pourront être indéfmiment retardées ou seront les dernières
peut-être : le rêve du progrès humain est impossible à
démentir, parce qu'il a devant lui l'avenir tout entier. Le
problème de l'éternité de la guerre ne comporte donc
aucune solution définitive. Tout ce qu'on peut dire, c'est
qu'il apparaît au philosophe comme un des aspects du
grand contlit de la nature et de l'humanité, de l'instinct et
de la raison : il marque un effort, qui peut-être n'abou-
tira jamais, mais qui sans doute aussi sera toujours tenté,
pour transformer les conditions du contact des hommes
entre eux d'après un idéal de justice sociale et de droit
absolu. La paix triomphera sans doute dans la mesure où
la volonté et les activités rationnelles triompheront dans
les masses humaines, des impulsions, et des appétits des
instincts.
Paix intérieure. Toutes les morales et les religions
ont employé cette métaphore pour exprimer l'idéal de
sérénité, d'accord et d'harmonie intime auquel l'homme
aspire ; par elle se découvre ce parallélisme profond entre
l'individu et la cité que les Platon ou les Hegel ont mis si
fortement en lumière. Pour quelques-uns, cette paix doit
être cherchée dans la lutte violente contre les instincts de
la vie animale, leur réduction absolue et, si possible, leur
anéantissement : c'est l'idéal ascétique et chrétien. Pour
d'autres, on la trouvera dans l'exacte hiérarchie et l'har-
monie savante de toutes les puissances de l'âme, et c'est
l'idéal grec et rationaliste. Mais, ce que tous reconnaissent,
c'est que la paix intérieure ne saurait naître du relâche-
ment, de l'atonie et de l'inertie, mais au contraire de
l'effort volontaire et raisonné. Preuve nouvelle que l'idée
de paix et l'idée de lutte ou d'effort n'ont riea d'inconci-
Hable ; et que, si le choc discordant, brutal et confus des
appétits correspond à ce qu'est l'état de guerre dans la
vie sociale, rien ne ressemble moins au relâchement et à
la lâcheté que la loi catégorii[ue et la discipline morale
par lesquelles seules, dans la conscience comme dans la
cité, on peut tendre à la paix. D. Parodi.
II. Droit international (V. Traité).
III. Histoire des institutions. — Paix de Dieu
(V. Trêve de Dieu).
IV. Archéologie d'art. — Ustensile de culte, dans
l'Eglise catholique, consistant en une image sacrée que le
prêtre donne à baiser aux fidèles qui vont à l'offrande
pendant la messe. Son nom lui vient des mots pax tecum
(Que la paix soit avec toi !), que l'officiant adresse à cha-
cun durant cette cérémonie, qui a remplacé, à partir d:i
V® siècle, l'antique usage du baiser de paix (V. ce mot)
mutuel entre les chrétiens avant la communion. Au début
de cette nouvelle coutume liturgique, c'est la patène
(V. ce mot) qu'on donnait à baiser, et cet usage se con-
serve encore, généralement ou partiellement, dans certains
pays. Puis on créa à cet effet l'objet spécial dont nous
nous occupons ici. Tout d'abord la paix était formée d'une
tablette d'ivoire sculptée et enchâssée dans une monture
en métal, qui était munie d'une poignée sur sa face pos-
térieure. Le plus ancien exemple qui nous soit parvenu à
cet égard est la paix conservée à l'église collégiale de
Cividale, en Frioul. Elle date du mu® siècle et représente
le Crucifienienf de Jésus-Christ; la monture en est en
argent doré, ornée de pierreries et d'arabesques. Ensuite
on ne faisait plus que des paix en métal, gravées ou
émaillées. Le sujet de l'image, quadrangulaire ou cintrée
par le haut, était tiré de la vie de Jésus ou de celle de la
Vierge. Cette plaque était entourée d un cadre architec-
tural, sculpté ou ciselé, en or, en vermeil, en argent ou
en cuivre doré, souvent d'une grande richesse et d'un
travail précieux. Les paix les plus intéressantes au point
de vue de l'art sont celles exécutées en Italie au xn*
siècle, par des maîtres nielleurs : paix gravées sur pla-
ques d'argent et où les traits du dessin sont remplis d'un
émail noir appelé nielle (V. ce mot) . La première place
à cet égard appartient au célèbre orfèvre florentin Maso
hinigiierra (V. cenom), à qui on attribue, sans certitude
toutefois, trois admirables paix : le Couronnement de
la Vierge (V. la reprojluction à l'art. Gravure, t. XIX,
p. 261) ; Jésus en croix, d'après un dessin d'Antonio
Pollajuolo (l'une et l'autre sont conservées au musée du
Bargello, à Florence), et la Vien:e avec l'Enfant Jésus
entourée d'anges et de saintes (Musée britannique). Il
est bon de rappeler ici que c'est à Finiguerra qu'on a
attribué, à tort, l'invention de l'art de graver en creux
les estampes et qu'on la fait dater de l'exécution de la
première des paix ci-dessus, dont on possède une épreuve
sur papier, tirée avant la niellure de la plaque d'argent.
A côté de ce grand artiste se place son compatriote et
émule, Matteo Dei, à qui certains critiques d'ait décer-
nent l'honneur de la pateriité des deux premières paix
dont il vient d'être parlé. C'est encore d'un excellent
PVÎX — PAJOL
— 814
molleur iîoreiitiîi anonyme, du dernier tiers du x\*^ siècle,
que sont les deux paix se faisant pendant : F Adorât ion
de l'Enfant Jésus (musée du Louvre) et la Moj't et l'As-
somption de la Vierge, qui a fait partie de la collection
Spitzer, avec d'autres paix. Bologne conquit la seconde
place sous ce rapport, grâce à Francesco Haibolini, dit
Francia (V. ce nom), génie presque universel dans les arts
et dont on possède deux superbes paix niellées : Jésus en
Croix et la Résurrection de Jésus-Christ (Pinacothèque
de Bologne). Le Milanais Ambrogio Foppa, dit Caradosso
(V. ce nom), est l'auteur d'une paix niellée représentant
kl yalivité de Je sus-Christ (ancienne collection du
comte Cicognara). Dans la cathédrale de Modène est con-
servée une paix niellée, le Rédempteur, portant la signa-
tui\^ de Giacomo Porta, Modenais, et la date de 148(3.
En dehors des paix niellées, et sui'tout à partir du
xvi*^ siècle, on n'a à signaler aucun exemplaire digne de
retenir l'attention. G. Pawlowski.
V. Ordres. — Ordre de t.a Paix. — Col ordre fut londé
en iM^J par Amanieu de Grisignac, arclie\èque d'Auch,
l'évèque de Comminges, les autres prélats et seigneurs de
Gascogne, pour résister aux violences des J)andes armées
qui désolaient la contrée. C'était moins un ordre de cheva-
lerie qu'une milice régionale en vue de Fintéi-èt public. Il
avait à combattre surtout les Albigeois, c.-à-d. les héré-
tiques qui, par haine religieuse ou sous ce prétexte, j'ava-
geaient et pillaient le pays. D'après Héiyot, il était aussi
nommé Ordre de la Foi et de la Paix. Il fui coniirmé
en i^iBO par le pape Grégoire IX. Toutefois, après la
guerre des Albigeois, il avait perdu sa raison d'élre et
s'éteignit en 1^61.
Bil)l. : Sociologie, — Tarde, les Transforma lions du
droit. — L'abbé de Saint-Piiuire, Projet de paix perpé-
tuelle. ~ RoussKAu, Examen duprojet d.e paix perpétuelle.
~ Kant, Projet philosophique de paix perpétuelle. —
(iouMY.DcMoLiNARi, VAbbé de Saint-Pierre.— Pro\:\)ho:s,
Uh (juerre et la Paix. — Spj:ackr, NietzsciU':, Œuvres,
])assiin. — Lavis^i-% la Coiulamnation de la Paix année
{■J^eDue de Paris du 15 sept. 1898).— Ch. Riciiet, les Guerres
et la Paix.
Archéologie d'art. — Viollet-le-Duc, Dictionnaire
du Mobilier français, 1871, t. IL— E. Dutuit et G. Paw-
lowski, Manuel de Varnateur d'estampes ; introduction
iscnùmle, 2« partie : Nielles ; Paris, 1888, gr. in-8 (toutes les
paix niellées connues y sont décrites, et dix d'entre elles y
sont reproduites en fac-similé). — Catalogue illustré de la
collection F. Spitzer (voir aussi la biblioii-raphie des art.
K.MAiL et Orfèvrerie).
Ordres. — IIélyot, Ilist. des ordres moiiastiqucs, reli-
gieux et militaires ; Paris, 1719.8 vol. in-1. —F. -F. Stekxac-
u'KRS, Ilist, des ordres dé chevalerie et des distinctions
honorifiques en France; 18G7, in-L
PAIX (Kivière de la) (en anglais, Peace Rirer).Grsi\u]e
rivière du Dominion du Canada, qui ])rend sa source dans
la Colombie. Elle est formée de plusieurs branches dont
la plus importante est la rivière des Panais (Parsnip Ri-
ver) ([ui prend naissance au N. du grand coude du J^'i'aser,
à ool) m. de l'un des affluents de ce ilcuve. Cette rivii-e
des Panais traverse un cliapelet de petits lacs et coule du
S. au N. à h\ rencontre du Finlay qui la double, et prend
le nom de Rivière de la Paix, puis fait un brusque détour
vers I'l. Elle traverse les Montagnes Rocheuses par une
hrèche grandiose, encombrée de rapides, puis coule len-
tement à travers une région fertile, riclie en prairies et
en forêts. Elle est déjà si considérable qu'elle garde 8 à
dO m, de profondeur et 400 à 500 m. de largeur aux
pliLS basses eaux. Son principal afiïuent de droite est la
rivière des Boucanes (Smoky River) qui lui vient des Mon-
tagnes Rocheuses et lui fait prendre la direction du N.
Plus loin, les hauteurs des Caribous la rejettent de nou-
veau vers l'E. Elle reçoit encore à droite la rivière aux
Plongeons (Loon River) et vient hnir en delta dans la
grande rivière des Esclaves et dans le lac Athabasca ; ce
clelta n'est d'ailleurs qu'un vaste marécage, et aux temps
des hautes eaux un lac boueux sans fin. La longueur totale
de son cours est estimée à 1.800 kil. et elle est navigable
sur presque toute sa longueur. C'est en remontant la Ri-
vière de la Paix que Macken/ie, guidé par des métis fran-
çais, les Beaulieu, passa le premier, en 1787, du Canada
dans la Colombie britannique. R. G.
PAIX (Prince de la) (V. Godoy).
PAIZAY-le-Chapt. Com. du dép. des Deux-Sèvres, arr.
de Melle, cant. de Brioux-snr-Boutonne ; 559 hab.
PAIXHANS (Henri-Joseph), général et ingénieur mili-
taire français, né à Metz le "l'I janv. 1783, mort à Jouy-
aux-Arches, près de Metz, le :20 août 185 i-. Il fut élève
de l'Ecole polytechnique, en sortit dans l'artillerie (1803),
prit part à toutes les grandes campagnes du premier Em-
pire, se signala, lors de la défense de Paris, en 1814, à
la tète des batteries qui occupaient les buttes Chaumont,
et, promu colonel après la révolution de Juillet, parvint ;
en 1848 au grade de général de division. Il représenta,
d'ailleurs, pendant toute la durée du règne de Louis-
Phihppe, le dép. de la Moselle à la Chambre des dép.ulés,
o:i il prit une part assez active aux discussions concernant
l'armée et la marine. Il est célèbre surtout par les per-
fectionnements importants qu'il a introduits dans la grosse
artillerie de siège et de marine; 11 inventa notamment les
obusiers qui portaient son nom et qui ont été longtemps
en service dans l'armée et dans la flotte françaises. H
s'occupa aussi.de la protection des navires et il émit dès
1825 qnehpies-unes des idées mises en application, trente
ans plus tard, pendant la guerre de Crimée, pour le blin-
dage des batteries flottantes. H a laissé de nombreux
ouvrages : Considérations sur Vartillerie des places
(Paris, 1815); Nouvelle force narilime (Paris, 18-21);.
Iwrce et faiblesse militaires de la France (Piiris, 1830,
trad. allemande par Kausler ; Stuttgart, 1841); Cons-
titution militaire de la France (Paris, 1810), etc.
PAIZAY-le-Sec. Com. du dép. de la Vienne, air. de
Montmorillon, cant. de Chauvigny : 747 hab. Stat. du
chcm. de fer d'Orléans. Eglise du xi^ siècle avec taber-
nacle du xni^. ,
PAIZAY-le-Tort. Com. du dép. des Deux-Sèvres, arr.
et cant. de Melle; G^'i hab.
PAIZAY-Maudouin. Com. du dép. de la Charente, ai-r.
de Ruffec, cant. de Villefagnan ; 698 hab. Stat. du chcm,
de fer de l'I^tat. Château de la fm du x\« siècle.
PAJARES. Village d'Espagne, prov. et à 39 kil.S.-E.
d'Oviedo (Asturies), sur le cliem. de fer d'Oviedo à Eéon.
Ce village donne son nom au Puerto del\ijares{;\ .3J3 ui. )
qui fait communiquer, à travers les Pyrénées Canlabri^s
de rOuest, la vallée du Xalon, fleuve c<Uier, avec lo
Duero, par la Berne.sga, et le Léon avec les Asturie>. Le^
chemin de fer et une route, construite à grands Irais ])ar
Charles IV, le traversent.
PAJAY. Com. du dép. de l'Isère, arr. do Vienne, cant,
de La Cote-Saint-André; 633 liab.
PAJEROS (Zooi.) (V. CuAT, t. X, p. 877).
PAJOL (Claude-Pierre), général français, né à Besan-
çon le 3 févr. 1772, mort à Paris le 20 mars 1844. Eils
d'un avocat au Parlement de Franche-Comté, il fut des-
tiné au barreau. Mais la Révolution vint changer les des-
seins de sa famille. Pajol ardent, épris de liberté, bc jeta
dans le mouvement, suivit toutes les réunions politiques et
en août 1789 s'engagea dans le régiment national de Be-
sançon. Après un court séjour à Paris (1790), il se tit
inscrire comme volontaire au 1*^^' bataillon du Doubs le
21 août 1791, partit à l'armée du Haut-Rhin, fttlacaui-
pagne d'Aflemagne, entra à Mayeiice (21 oct. 1792), lit
partie de la colonne qui s'empara de Hochheim (1793),
entra dans l'état-major de Custine, passa ensuite à l'ai^-
mée de Sambre-et-Meuse et devint aide de camp de Klé-
ber (1794), avec qui ilfit toute la campagne de'Belgique,
puis celle d'Allemagne. Promu capitaine ('1795), puis ûieï
de bataillon (1796), il continua d'assister activement Klé-
bcr dans ses opérations jusqu'à la fin de 1796. Il fit en-
suite la campagne de 1797 sous Hoche et fut délaché
auprès de Masséna à l'armée d'Helvétie (1799). En 1800,
Pajol passait sous les ordres de Moreau, il se disthigua à
Babenhausen ; avec ses hussards il formait en 1801 la
— 815 —
PAJOL — PAJOT
colonne mobile de Molitor. Ramené en France par le traité
de Liméville, il était envoyé en Hollande en 4803, prenait
part à l'organisation du camp d'Ltrecht et, nommé colo-
nel, était délégué en députation au couronnement de Na-
poléon (1804). En 1805, il faisait la campagne d'Autriche,
commandait l'avant-garde à VVeyer, entrait à Vienne et
était détaché à Leobenpour enlever l'archiduc Charles. Il
se distingua à Austerlitz, et en 4806 il était en Italie. Promu
général de brigade en 4807, il rejoignit la grande armée
d'Allemagne, marcha sur Eylau, puis sur Kœrîigsberg et,
s'emparant deMulhausen, poursuivit l'ennemi jusqu'à Wit-
tenberg. Créé baron de l'Empire (19 mars 4808), il fut
chargé de surveiller la frontière autrichienne en Silésie.
Lors' delà création de l'armée du Rhin, il fut mis à la tète
<le dix régiments de cavalerie. En 4809, sous Davout, il
couvrait les débouchés de la Bohème et Ratisbonne dont
la défense lui fut confiée, défendait le poste de Mautern,
et s'occupait des préparatifs pour franchir le Danube. En
4840, il était en congé et sa brigade était dissoute, mais
dès le commencement de 4844 il était mis à la tète d'une
nouvelle brigade cantonnée dans l'arr. de Dantzig. Le
30 juin 4842, il s'empare d'Ochmiana, entre à Minsk
le 8 juil., surveille la Berezina et se transporte sur la rive
gauche du Dniepr. Nommé alors général de division, il
passe au corps de. Montbrun, tombe malade à Elbing en
4843 et est obligé de revenir à Besançon. Au bout de cinq
mois, il rejoint l'armée à Dresde; il est mis à la tête d'une
division de cavalerie légère chargée de surveiller les dé-
filés de la Bohème. Il joue un grand rôle à la bataille de
Dresde (26-27 août). En 4844, il commande le corps nou-
vellement créé pour défendre contre l'invasion des alliés les
vallées de la Seine, de l'Yonne etdu Loing. Il fait exécuter
des travaux de fortification sur ces trois rivières, con-
centre son corps à Montereau et marche sur Sens. Forcé
de battre en retraite devant Schwarzenberg, il doit aussi
abandonner Montereau et se replier derrière l'Yères, à
Brie-Comte-Robert. Dès le traité du 3jaiiv.4845, la divi-
sion Pajol est dissoute et le général est nommé comman-
dant à Orléans. Au retour de Napoléon, il est nommé au
commandement de l'armée de la Loire en remplacement de
Gouvion Saint-(AT et presque aussitôt est envoyé en Ven-
dée pour y organiser la cavalerie. Il est nommé le 2 juin
pair de France. Mais les forces de la coahtion s'avancent
menaçantes. Pajol, mis à la tète du 4^^' corps de cavalerie,
va établir son quartier général à LaCapelle. Placéàl'avant-
garde de l'armée de Napoléon, il entre à Charleroi. Le
45 juin 1845, son corps fait partie de l'aile droite de Grou-
chy. Le 16, il refoule la cavalerie de Ziethen, attaque Boi-
giiéeet Balâtre et se rend au Point-du-Jour. Le 47, il se
porte sur la chaussée de Namur, se rend à Saint-Denis.
Le 18, il enlève Limai ; le 49, il repousse Thieimann après
une lutte extrêmement vive et poursuit quelque temps les
l^russiens en déroute. Mais il apprend la nouvelle du dé-
sastie de Waterloo, marche alors sur Namur et bat en
retraite sur Hirson, Rozoy et Chaumont. Le 28, il arrête
les Prussiens à Villers-Cotterets qu'il dégage, puis il re-
joint l'armée de Grouchy sous les murs de Paris. Il pro-
posa des mesures énergiques qui ne furent pas adoptées.
\'A\ décembre, il était mis à la retraite sur sa demande.
Trop actif pour se reposer, Pajol crée en 4846 une Société
de navigation accélérée qui ne réussit pas et qui engloutit
une partie de sa fortune (4849). Il pose alors sa candi-
dature à la députation à Besançon et, combattu à outrance
par le gouvernement, échoue. Il achète leParaclet, le fait
restaurer, y établit en 4823 une fabrique de limes et d'ou-
vrages en acier. En 4827, il se lance de nouveau dans la
•politique, combat les ministères Villèle et Martignac qu'il
accuse de délaisser nos places fortes. En 4830, il prit la di-
rection du mouvement contre les ordonnances, marcha sur
Rambouillet. Nommé gouverneur de Paris, il eut fort à faire
pour maintenir l'ordre dans la période d'agitations mar-
ifuée par le procès des ministres de Charles X, et réprima
vigoureusement les émeutes de 1831 et 1832. Nommé pair
de France (1831), il î>'occupa avec ardeur des questions
militaires et se signala par un projet de mobilisation fort
étudié. Les dernières années de sa vie furent très mouve-
mentées : les émeutes de 4834 et de 1839, les attentats de
4835 et de 4836 nécessitèrent une attention et des émo-
tions continuelles. Le 29 oet. 1842, il était assez injuste-
ment mis à la retraite et il mourait deux ans après. La
ville de Besançon lui a éle\é une statue.
Son fils Charles-Paid-Vieto}\ né à Paris le 7 août 1 842,
mort à Paris le 3 avr. 4891 . entré dons l'armée après avoir
passé par l'Ecole de Saint-Cyr, servit brillamment en Al-
gérie et remplit phisieurs missions en Gvèci, Angleterre,
Russie, etc. Il fit encore la campagne de Crimée et d'Ita-
lie où il était chef d'état-major de la cavalerie de la garde.
En 4870, il était général de division. Envoyé à l'armée du
Rhin, il fut fait prisonnier à Metz. Après la paix, il com-
manda une division à Versailles, puis à Compiègne, et pas^a
dans le cadre de réserve en 4 877. Remarquablement doué,
comme artiste et comme historien, il a donné, entre autres
ouvrages de statuaire, la statue de son père et celle de
Napoléon. Comme historien on lui doit : Pajol génJral
en chef (Paris, 4874, 5 vol. in-8) ; Atlas des iliné-
raires de Pajol (Paris, 4874, in-4); les Guerres sous
Louis XV (Paris, 4881-94, 7 vol. in-8), très importante
monographie fort documentée. R. S.
BiBL. : Comte Pajol, Pajol génévcil en chef; Paris, 187 I.
3 vol. in-8. — Tnou\rAS, les Grands Cavaliers du premier
Empire; Paris, 1892, t. II. — Choppix, Pajol^ dans Jour-
nal des sciences militaires, 1890.
PAJON (Claude), sieur de LaDjre, théologien protes-
tant français, né à Romorantin en 4626, mort à Carré
(Orléanais) le 27 sept. 4685. De tendance libérale, il fut
nommé professeur à Saumur en 4666, mais se retira dès
4668 devant les attaques persistantes de ses adversaires
dogmatiques, et reprit le ministère pastoral. Ses disciples
le compromettaient en exagérant sa pensée. Le pajonisme,
comme on a dénommé son enseignement, est un rejeton
de l'amyraldisme (V. Amyraut [Moïse]). Les théologiens
de Saumur insistaient sur Félément moral et personnel
dans la conversion, que leurs adversaires orthodoxes et
prédestinatiens attribuaient à un pur mouvement de la
grâce. Pajon pensait que l'assentiment donné à la parole
de Dieu par le pécheur persuadé suffisait pour expli-
quer la régénération : ce qui fut condamné sous le nom
de concours de la volonté humaine dans l'œuvre de la ré-
génération. Deux œuvres de controverse de Pajon étaient
fort estimées. F. -H. Iv.
HiBL. : A. SciiWErjv.i'R, Der Pojonisnius, dans le Theo-
log. Jahrhûcher ; Tubini^no, 1853. — F. Puaux, les Pré-
curseurs français de la tolérance; Paris, 1881. — MAiLiir.i,
CL Pajon; Paris. 1883.
PAJOT (Louis-Léon, comte d'O^SEMBUAv), mécanicien
et collectionneur français, né à Paris le 25 mars 4678,
mort. à Bercy (auj. Paris) le 22 févr. 175 i. Fils d'un di-
recteur général des postes, il succéda à son père en 1708,
devint l'un des confidents de Louis XIV et fut nommé au
début du règne de Louis XV intendant des postes, l!
imagina un grand Jiombre de machijies nouvelles, en
acquit ou en fit exécuter beaucoup d'autres, parmi les
plus rares et les plus précieuses, et réunit ainsi, dajis sa
maison de campagne de Bercy, la plus riche (ollection df
mécanique de l'époque. Il la légua à TAcadémie des sciences
de Paris, qui l'avait élu en 4716 membre lionoraire. Il
est l'auteur de nombreux mémoires et descriptions de
machines insérés dans les recueils de cette so^'iétè
(4734-50).
Bir.L. : GiiANDJiîAN de Fouciiy, Eloge de Pajol cVOnbein-
brag^ dans le llecaeil de VAcad. des se, 1753.
PAJOT (Charles), accoucheur français, né à Paris le
48 déc. 4846, mort à Paris le 25 juil. 4896. Reçu agrégé
de la Faculté en 4853, il devint professeur d'accouchemeni
en 4863 et professeur de clinique obstétricale en 4883. il
avait débuté dès 4812 par un enseignement libre qui avait
eu le plus grand succès. Pajot fut le modèle du profes-
seur et un excc»llent opérateur. Parmi ses nombreuses pu-
PAJOT — PALACIO
— 81G —
blications, citons ; la deuxième partie du Traité d'accou-
chements de P.-A. Dubois (1849-60), devenu par la sute
le Iraité complet de Fart des accouchements (Paris,
4871-75, 2 vol. in-8); Iravaux d'obstétrique, de gyné-
cologie, précédés d'éléments de pratique obstétricale
(Paris, ISS'^, in-8). C'est lui qui a fondé et dirigé les
Annales de gynécologie, D^ L. Hn.
PAJOT (François-Cliristophe), homme politique fran-
çais, né à Arnay-le-Yieil (Cher) le 30 juin 1844. Méde-
cin vétérinaire, il fut élu député du Cher en 1885, réélu
à Saint-Amand en 1889, 1893 et 1898. Il appartient au
parti radical sociaUste.
PAJOU (Augustin), statuaire français, né à Paris en
1730, mort à Paris en 1809. Il eut, de son vivant, une
très grande renommée et exerça sur l'art français une
influence considérable. Créateur de la manière moderne
dans laquelle excellèrent Rude et David d'Angers, il dut
son talent à lui-même. Son père, ornemaniste sur bois
du faubourg Saint-Antoine, voulait faire de lui un ouvrier,
mais ses aptitudes, qui se révélèrent de bonne heure, lui
valurent la protection de quelques connaisseurs. Grâce à
eux, il fut admis dans l'atelier, alors réputé, de Lemoyne
et s'y appliqua si activement qu'en 1748 l'Académie lui
décerna le premier grand prix de sculpture. Ce succès lui
donna immédiatement de la vogue, mais il n'en abusa
point, et, au lieu de gagner de l'argent comme en le lui
conseillait, il partit pour l'Italie, sachant à peine lire et
écrire. X Rome, il étudia avec tant de zèle qu'à son retour
à Paris, il possédait ad unguem les classiques grecs et
latins. Son Pluton qui tient Cerbère enchaîné fit évé-
nement en 1760. C'était une réaction contre l'école ré-
gnante, et la hardiesse révélée par cette œuvre détermina
un nouveau courant. Pajou fut bientôt le statuaire à la
mode. Le roi et toute la cour voulurent avoir leur buste
de ce maître. 11 exécuta le fronton de la cour du Palais-
Royal, des hauts-reliefs au Palais-Bourbon et à la cathé-
drale d'Orléans, un groupe, Vlmpératrice Elisabeth dé-
corant la princesse de liesse, et un très grand nombre
de statuettes en marbre, bronze et argent. Sous Louis XVI,
il fut chargé des statues de Descartes, Tarenne, Pascal,
Bossuet, Buffon. Son buste de i}P''^' du i><7/ 77/ passe pour
son chef-d'œuvre. On n'en peut dire autant de sa grande
figure de Psyché qui fut très critiquée, surtout parce
qu'au lieu de rester dans la tradition mythologique et dans
le poncif chissi(|ue, il prit pour mod'de une femme du
peuple, et, comme on le lui reprocha, « une fille à la
mode ». Son nom s'attache pour les Parisiens à la recons-
truction de la Fontaine des Innocents, où il ajouta trois
figures aux cinq merveilleuses Naïades de Jean Goujon.
Ce fut le triomphe de Pajou, mais aussi hi fin de sa car-
rière. Malgré les honneurs et la gloire — il était direc-
teur du Cabinet des antiques et membre de l'Institut —
la Iristesse raccabhî. Il su(;comba à ses infirmités. Sa
dernière œuvre est la statue de Démoslhène, qu'il fit pour
le palais du Sénat. — Son iils, Jacques- Augustin, né à
Paris en 1766, fut un peintre d'histoire du premier Em-
pire. On lui doit des portraits de VEmpereur Napo-
léon J'^^ et de plusieurs de ses maréchaux. Ch. Simo^u.
PÂKH (Albert), publiciste hongrois, né à Rozsnyo en
18i2o, mort à Budapest en 1867. Il fit ses études de droit
à Debreczen 011 il se lia avec Petoii. Rédacteur du Pesti
Hirlap en 1845, il fonda, en 1854, le meilleur journal
illustré hongrois, Vasdrnapi Ujsdg, qu'il rédigea pendant
douze ans. Pâkh est un des meilleurs humoristes de son
pays. Il était membre de l'Académie et de la société Kis-
faludy. Celte dernière a édité ses Tableaux humoris-
tiiiues. J. K.
BiiîL. : Elo(jcs de Paul Gyulai et de Charles Szâsz.
PAK HOI (prononciation cantonaise, en langue man-
darine Pei hai). Ville chinoise dans la préfecture de Lien
tcheou, province de Koang tong. Port d'entrée facile, ti-
tué au fond du golfe du Tonkin et commerçant depuis des
siècles avec l'Annam ; ouvert au commerce étranger par
la convention de Tchi fou (1876). Chmat salubre. Popu-
lation de 25.000 ànies ; exportation : peaux de buffle,
unis, indigo, sucre. M. C.
BiBL. : Returns of Irade and trade reports for China,
publiés à Chang-haV par les Douanes eliiuoises.
PAKINGTON (John Somerset), homme politique anglais,
né le 20 févr. 1799, mort à Londres le 9 avr. I88O'. Fils
de William Russell, il hérita en 1831 du nom et du titre
d'un de ses oncles, le baronnet Pakington. Député conser-
vateur de Droitwich de 1837 à 1874, il ne tarda pas à
prendre de l'influence à la Chambre des communes, s'oc-
cupant beaucoup des questions d'affaires et attaquant à
plusieurs reprises, avec une certaine vigueur, le gouver-
nement libéral. Lord Derby le fit entrer dans son cabinet
de 1852 avec le portefeuille de la guerre et des colonies
et dans son cabinet de 1858 avec le titre de premier lord
de l'amirauté, fonctions qu'il rempLt de nouveau dans le
troisième cabinet Derby de iS66 et qu'il échangea pour
celles de secrétaire d'Etat à la guerre, en remplacement du
général Peel. Battu à Droitwich aux élections de 1875, il
fut créé baron Hampton et entra à la Chambre des lords.
Grand travailleur, il s'était attaché depuis 1855 à la ré-
forme de l'enseignement et il fit preuve, en ces matières,
de vues beaucoup plus larges et plus élevées qu'aucun des
hommes d'Etat conservateurs du temps. R. S.
PAKLUN6 ou PAKLOUNG. Cap du golfe du Tonkin,
situé dans le voisinage de la frontière franco-chinoise, il
fut un instant occupé par des soldats détachés du poste
de Mong-Kaï et a été rendu aux Chinois par le traité
de 1887.
PAKPATTAN. Ancienne ville de l'Inde, aujourd'hui
déchue, district de Montgomery, division de Moultan
(Pendjab); 6.000 hab. Elle a été désertée par le Sattledj,
dont jadis elle détenait le bac principal, celui par ou pas-
sèrent Mahmoud de Ghazni et Tamerlan.
PAKRADOUNI(V. BAGRAiir.Es).
PAL. Peine DU pal. — Supplice usité dans les pays oiien-
taux consistant à embrocher le condamné sur une tige de
bois à pointe émoussée que Ton enfonce par l'anus. Le bour-
reau étend le patient à terre, l'assujettissant sous un bât
d'âne, et à coups de maillet enfonce le pal d'une cinquantaine
de centimètres ; puis on redresse le pal et on le plante en
terre, le poids du corps le faisant peu à peu pénétrer jusqu'à
ce qu'il ressorte par l'abdomen, l'aisselle ou le haut de
la poitrine ; la pointe mousse déplace et comprime les
organes sans les percer et détermine d'atroces souffrances,
encore accrues par l'exposition au soleil. On cite des pa-
tients qui vécurent trois jours.
Blason. — Pi' ce honorable qui rappelle le pal ou
pieu fiché en terre, ou encore celui ([ui soutenait le fer de
la lance. Quand il est>seul, il occupe le tiers et le milieu
de l'écu, dans le sens de la hauteur. Quand le nombre des
pals augmente, leur largeur est moindre. Un pal réd, it
au tiers de sa largeur prend le nom de vergette.
PALACIO (Manuel del), poète espagnol, né à Lérida le
24 déc. 1832. 11 fit quelques études littéraires à Grenade,
et, s'étant rendu à Madrid très jeune, il s'adonna au jour-
nahsme poHtique dans la Discusion, elPueblo, G il Bios,
et d'autres feuilles radicales. Ses attaques satiriques contre
la cour et le gouvernement lui valurent d'être déporté à
Puerto-Rico, d'où il revint dans la Péninsule après la ré-
volution de 1868. Il a occupé depuis lors des emplois
dans l'administration publique et dans la carrière diplo-
matique. En 1892, il fut élu membre de l'Académie espa-
gnole. Parmi ses compositions publiées en volume, il faut
citer : Cabetas y Calabazas; Adriana; Juan Bravo el Co-
munero; De fetuanà Valencia; un lÂberal pasado par
agita; Fruta verde (1881); Veladas de otono (1885);
Melodias inlùnas (1884); Blanca (1885) ; el Niiïo de
nieve (1889), la plupart en vers. Il a donné aussi des
traductions d'ouvrages dramatiques français. R. A.
PALACIO Values (Armando), critique et romancer
espagnol, né à Entralgo (Asturies) en oct. 1853. A seize
817
PALACIO ~ PALACKY
ans, il se rendit à Madrid pour y étudier le droit avec
Tuero, Alas et autres jeunes gens de son pays qui, comme
lui, sont devenus des littérateurs et journalistes notables.
Avec eux il fonda un périodique satirique, leliahagas, qui
dura peu, et en 1872 il entra dans la rédaction du Cro-
nista, journal de Romero Robledo. Il écrit aussi dans le
Solfeo, fondé par Sanchez Ferez (1875) et dirigea pen-
dant quelque temps l'importante Revista europea. Pen-
dant toute cette époque, ses travaux ont été surtout des
travaux de critique littéraire, d'un caractère satirique
très accentué. Il faut : citer los Novelidas espanoles
(1871); los Oradores del Ateneo (1878) ; yuevo Viaje
al Parnaso (1879) et la Literatura en ISSi (en col-
laboration avecLeopoldo Alas). Le succès de son premier
roman, el Senorito Octavio (1881), Tentraina à aban-
donner le journalisme et la critique. Depuis 1881, il a pu-
blié : el Idilio de un enferma, un de ses ouvrages les
plus réussis; River ita; Maxmina; Maria y Maria; Ayuas
fuerles (recueil de nouvelles); José, roman de mœurs
maritimes; el Quarto poder; la Hermana San Sulpicio ;
la Espuma; la Fe; el Origen del pensamiento ; el
Maestrante, et los Majosde Cadix (iSdl). Presque tous
ces romans ont été traduits en français, anglais, alle-
mand, suédois, hollandais, russe et hongrois, et même el
Origen del pensamiento fut publié d'abord dans une re-
vue des Etats-Unis, où les livres de Palacio Valdés ont
un public nombreux. Il est excellent dans la peinture sa-
tirique des mœurs de la bourgeoisie et du monde aristo-
cratique (dans la Espuma). Ses nouvelles, d'une finesse
et d'un sentiment exquis, valent ses romans. — On a com-
mencé à publier une édition des œuvres complètes de Pa-
lacio Valdés. R. Altamira.
PALACIOS (Francisco), peintre espagnol, né à Madrid
vers 1640, mort à Madrid en 1676. Il fut élève de Diego
Velazquez et montra de bonne heure de remarquables dis-
positions pour la pei'nture des portraits ; il les exécutait,
(lisent ses biographes, avec infiniment de goût et de brio
et très ressemblants. La mort de Velazquez arriva trop tôt
pour Palacios qui avait alors une vingtaine d'années. L'ar-
tiste, privé de son maître, échoua dans ses tentatives d'abor-
der les grandes compositions religieuses ou historiques. On
connaît fort peu d'ouvrages de lui ; Cean Bermudez ne cite
qu'un seul tableau : Saint Onufre, appartenant à l'église
des Recogidas; quelques autres, qu'il ne décrit pas, figu-
reraient dans des collections particulières. P. L.
PALACIOS RuBios (Juan-Lopez de Vjvero 6 de), ju-
risconsulte espagnol, né à Palacios Rubios (petit village
de Salamanque) en 1447, mort en 1523, conseiller des
rois catholiques et un des savants les plus considérables
de son époque. Il fut professeur aux Universités de Sala-
manque et de Valladolid, et juge (Oidor) dans la Cfian-
cilleria de cette dernière ville, puis conseiller des Indes.
Quand la reine Isabelle P^, poussée par les vœux des
(Portés, tacha de mettre un peu d'ordre dans la législation
de Castille, Palacios Rubios fut un des membres de la
commission instituée à cet effet, et les Leyes de roro,qui
en furent le résultat, portent sur plusieurs points l'em-
preinte des doctrines de Palacios. Pour l'intelligence de
ces lois, il écrivit les Comentarios, très appréciés par les
jurisconsultes. Son nom est aussi mêlé à la conquête du
royaume de Navarre, pour avoir écrit un livre (par ordre
du roi Ferdinand) sur la justification juridique de cette
conquête. Il publia encore un traité des Donaciones entre
marido ij mujer, dont les avocats espagnols ont profite
largement pendant des siècles, et un autre sur le Real
Patronalo, Deux études sur la Polit ica et el Principe.
et une troisième sur les Indes sont inédites. R. A.
BiBL. : La Fuente, Palacios Riiblos consldanido bujo el
ospecto de su importancia juridica, poliilca y literuria, et
Nuevas noticias acerca de Palacios Rabws. Descabn-
miento de su libro sobre las Indlas..., dans la Rec. gen. de
Lecj. y Jurisp, vol. XXXIV et XXXVI.
PALACKY Frantisek (François), historien tchèque, né
à Hodsiawice en Moravie le 1 i juin 1798, mort le 26 mai
GRANDE ENCYCLOeÉ-DIE. — XXV.
1876. Son père occupait dans ce village le modeste emploi
de maître d'école, et Palacky grandit au milieu des pay-
sans bohèmes. 11 avait commencé ses études 'supérieures
à Presbourg, au lycée évangéliste. On y faisait les cours
en latin, mais Palacky étudiait en dehors de l'école les
langues vivantes, les littératures étrangères et surtout
l'esthétique, seule partie de philosophie, qui fut alors
cultivée en Autriche avec une liberté complète. La con-
naissance plus approfondie de la littérature tchèque, an-
cienne et moderne, éveilla en lui le sentiment national.
Il écrivit pendant quelque temps dans Tydennik, que di-
rigeait Palkovitch, mais celui-ci était conservateur en lit-
térature; ils se séparèrent. Le monde littéraire connut
Palacky par sa traduction d'Ossian (1817) et par les Prm-
cipes de la poésie tchèque (1818), qu'il avait écrits en
collaboration avec le célèbre Safarik. Palacky passa en-
suite quelcpie temps comme précepteur dans de riches
familles et publia, dans le Krok, des articles sur l'esthé-
tique. En 18^23, il vint à Prague et fut reçu à bras ou-
verts par les savants et littérateurs tchèques. Dobrovsky
le mit en rapport avec les comtes de Sternberg, et c'es'^t
de ces relations que sortit la fondation de la Revue
du musée de Bohème, dont Palacky fut rédacteur jus-
qu'en 1838. En 18:27, les Etats de Bohème lui offrirent
de préparer une nouvelle édition de V Histoire de la Bohème
dePubicka (Prague, 1776-1808, 6 vol.). Palackv accepta
la tâche, après avoir fait agréer un nouveau plan. On lui
conféra le titre d'historiographe de Bohème (1829), titre
qui lui fut officiellement confirmé en 1839. Après' avoir
fini les travaux préparatoires et visité les archives les
plus importantes de l'Europe, il donna, en 1836, le pre-
mier volume de sa Geschichte von Bôhmen, qui fut con-
tinuée plus tard en tchèque. Jusqu'à sa mort, il en avait
cinq volumes et était arrivé à l'année 1526. U Histoire
de la Bohème de Palacky est une œuvre capitale, écrite
d'après toutes les règles de la critique historique. Non
seulement les érudits tchèques et étrangers (excepté quel-
ques patriotes allemands) reçurent cet ouvrage avec en-
thousiasme, mais aussi le peuple tchèque.
Au moment critique, en 1848, Palacky historien fut
reconnu chef politique de son peuple. En effet, en ce mo-
ment, la Bohème était en proie à une agitation indicible,
de même que l'Allemagne. L'Autriche, après la révolu-
tion de mars, adopta un gouvernement constitutionnel, mais
les Tchèques ne voulurent pas se perdre dans l'assemblée
des Chambres autrichiennes. La Bohême voulait un par-
lement à elle, un gouvernement à elle, un ministère res-
ponsable qui siégerait à Prague et (pii s'occuperait des in-
térêts slaves. L'âme de ce mouvement était Palacky. Il
était membre du comité national, et c'est lui qui ouvrit à
Prague, le 2 juin, le congrès général des Slaves. La con-
vocation du parlement à Francfort n'était pas favorable
aux intérêts de la Bohême. En effet, si l'Autriche y envoie
ses députés et si elle se fondait dans l'unité de l'empire
d'Allemagne, la Bohême y sombrerait ; l'Autriche devait
s'organiser, en dehors de ce mouvement, en Etat fédératif,
où les Allemands, les Tchèques et les autres Slaves con-
serveraient leurs droits (déclaration du 21 mars). L'Au-
triche j trouva son compte et encouragea ce mouvement.
Le comité de cinquante, réuni à Francfort, pour préparer
la convocation du parlement national, avait cru devoir
inviter Palacky à partager ses travaux. Palacky répondit
négativement. « En vérité, disait-il, si FAutriche n'exis-
tait pas, il faudrait h\ créer dans l'intérêt de l'Europe. »
De cette façon seulement, son peuple et Jes autres Slaves
de l'Autriche pouvaient être protégés ronlre le j^erma-
nisme. Il sembla un instant que ce beau rêve allait se
réaliser. Le gouvernement autrichien, effrayé dès desseins
du comité de Francfort, se retrancha, pendant quelques
semaines, derrière le mouvement tchèque. Palacky fut
appelé deux fois à prendre le portefeuille de l'instruction
publique dans le ministère Pillersdorf, qu'il refusa pour
des raisons politiques. Mais tout ce mouvement échoua.
PALACKY — PALAFOX — 818
Dans la désorganisation des tendances politiques, l'Au-
triche, ébranlée de tous les côtés, fit un effort et établit
une centralisation impérieuse par la constitution du 4 mars
1849. Le programme de Palacky et celui de Francfort
furent également repoussés. Après ces événements, Pa-
lacky se retira de la politique, mais en 1860, après le
diplôme du 20 oct., son activité politique recommence.
Le « diplôme » remplacé par la constitution du 26 févr.
1861, Palacky fut nommé par l'empereur membre du sé-
nat de Vienne {Eerrenhaus) . Palacky, comme historien
et homme politique, est un des principaux promoteurs du
mouvement national en Bohème. En 1898, le cente-
naire de sa naissance a été solennellement célébré dans
toute la Bohème. Tous les peuples slaves y ont pris part,
soit par des délégués spéciaux, soit par des adresses.
Outre son Histoire de la Bohème, Palacky a écrit de
nombreuses monographies, citons : Contributions à r his-
toire de la Bohême et des pays voisins, dans Fontes
rerum Austriacarum {y ienne, 1860); Documenta M. J.
Hus vitam, doctrinam, etc., illustrantia (Prague,
1869), etc. M. GAVRiLovrrcH.
BiDL. : Saint-René Taillandier, l'Histoire et Vhisiorien
de la Bohême, Franz PaUichy, dans Revue des Deux
Mondes, avr. 1855. — Pypin et Spassovitch {trad. Traugott
Pecli), Geschichte der slawischen Lïleriiliiren ; LeipyAg,
1884, vol. IL— Dr. Mathias Murko, DeutscJie Einflàsse aûf
die Ànfànger der bôhmischen RomuniUi ; Graz, 1897, etc.
PALADILHE (Emile) , compositeur français, né à Mont-
pellier (Hérault) le 3 juin 1844. M. Paladilhe fut une
sorte d'enfant prodige : il donna de très bonne heure
les preuves d'une organisation particulièrement bien douée
pour la musique. Elève d'abord de son pÎTe et de dom
Boixet, organiste de la cathédrale, il fut admis fort jeune au
Conservatoire de Paris où il travailla avec un égal succès
l'orgue, le piano et la composition avec Benoist, Marmon-
lel et Halévy. En 1860, à l'âge de seize ans, il rempor-
tait le prix de Rome. C'est pendant son séjour à Rome
qu'il composa une mélodie, charmante d'ailleurs, qu'il faut
citer pour le succès extraordinaire qu'elle a remporté.
Mandolinata, tel est le titre de cette petite pièce, dont
la gloire est peut-être devenue importune à son auteur.
Paladilhe devait bientôt se faire connaître par des œuvres
plus sérieuses : une messe avec orchestre, deux sympho-
nies; un opéra-comique en un acte, te Passant (187^2),
adaptation lyrique de la comédie de M. François Coppée ;
r Amour africain, deux actes (1875); Suzanne (1879),
charmant ouvrage en trois actes donné à l'Opéra-Co-
mique; Diana, trois actes (1885); et enfin Pairie, grand
opéra en cinq actes, représenté en 1886 sur la scène de
l'Opéra avec succès. M. Paladilhe a écrit, en outre, un
assez grand nombre de mélodies pour chant et piano. Cet
artiste est membre de l'Institut depuis 1892. H. Q.
PALADI N ES (Louis- Jean-Baptiste d'AuRELLi^ de), géné-
ral français, né au Malzieu (Lozère) le 9 janv. 1804, mort
le 18 déc. 1877. Sorti de Saint-Cyr, il fit son servire en
Afrique de 1841 à 1848, date à laquelle il devint colonel
du 64® de ligne. Après la campagne de P\.ome, il fut promu
général de brigade (1851) et, après la guerre d'Orient,
général de division (1855). Il exerça son commandement
à Marseille, puis à Metz, et passa en 1869 au cadre de
réserve. En 1870, il fut chargé de la 9^ division militaire,
et, le 14 oct., Gambetta l'appela à commander la première
armée do la Loire ; les hésitations et le manque d'énergie
dont le général d'Aurelle de Paladines fit preuve firent
échouer toutes les espérances qu'avait inspirées l'armée
de la Loire ; il débuta cependant par un succès à Coulmiers
contre l'armée du général Von der Thann, mais n'eut plus
ensuite que des re\ers suivis de retraites (V. Fraxco-
Allemande [Guerre]). Le 6 déc, Gambetta lui enleva son
commandement : le général d'Aurelle demanda à être tra-
duit devant un conseil de guerre et refusa par la suite le
commandement que lui offrait Gambetta. Le 8 févr. 1871,
le général fut nommé député à l'Assemblée nationale dans
l'Allier, département pour lequel il opta, et dans la Gi-
ronde. Thiers le nomma commandant de la garde natio-
nale le 5 mars, mais l'impopularité de d'Aurelle ne lui
permit de jouer aucun rôle. Dans l'Assemblée, il siégeait
avec les réactionnaires cléricaux. En sept. 1873, il reçut
le commandement du 18^ corps, mais se démit en janv.
1874, atteint par la limite d'âge. Le 10 déc. 1875, il fut
élu sénateur inamovible et questeur du Sénat en 1876.
Legénéral d'Aurelle de Paladines a publié la Première
armée de la Loire (i^l^), récit apologétique de son com-
mandement, où il s'attaque à la Guerre en province de
M. de Freycinet; il n'eut pas l'avantage dans cette contro-
verse. Ph. B.
PALADI NI (Arcangela), femme artiste italienne, née à
Pise en 1599, morte à Florence en iij'l^. Elle se distin-
gua dans la peinture de portrait et fut l'élève de son père
Filippo (1544-1614). La grande-duchesse de Toscane,
Marguerite d'Autriche, l'appela à sa cour et la combla de
faveurs. Mariée à dix-sept ans, elle fut enlevée à la fleur
de l'âge. Arcangela Paladini ne brilla pas seulement dans
la peinture, mais aussi dans la broderie, créant avec son
aiguille les mêmes prodiges qu'avec ses pinceaux et riva-
lisant dans cet art avec les Schiavone. La galerie de Flo-
rence possède d'elle un portrait de Marguerite d'Autriche
que certains critiques, entre autres Lanzi, appellent un
chef-d'œuvre. Le portrait à' Arcangela Paladini, peint
par elle-même, se trouve dans la galerie des artistes à
Florence.
PALADRU. Corn, du dép. de l'Isère, arr. de La Tour-
dii-Pin, cant. de Saint-Geoire ; 7^25 hab.
Lac de Paladru. — Lac de 5.500 m. de long sur 550
à 1.000 m. de large, vaste de 390 bect., d'une profon-
deur moyenne de 25 m., maxima de 36 m., situé à 501 m.
d'alt., qui se déverse par laFure (V. Lèue [Dép.]). Très
poissonneux, il est parsemé de vestiges d'habitations la-
custres.
PAL/EO-VouMf (V. Hélicon).
PAL.€OBLATTARI/E (Paléont.) (V. Blatte fossh.e).
PAL>EPHENIX (Paléont.) (V. Palmier),
PAL/EOTRAGUS (Paléont.) (V. Girafe).
PAL.€OZAiyilA (Paléont.) (V. Zâmia).
PALAFITTES (Anthrop.) (V. Lacustres).
PALAFOX DE i^Ikxdoza (Jean de), évoque espagnol, ne
en 1600 dans J'Aragoii, mort en 1659. Il fut^iommé
en 1639 évèquo d'Angélopolis (Puebla deslos Angeles) au
Mexique, avec le litre de juge de l'administration des trois
vice-rois des Indes occidentales. Il s'appliqua à protège]*
les Indiens contre la cruauté et la rapacité des I^spagiiols
et à ne point laisser employer pour leur conversion d'autres
moyens que Ja persuasion. Les jésuites, puissamment éta-
blis dans ces pays, lui résistèrent et commirent des actes
portant atteinte à sa juridiction. Il les mit en interdit
et porta plainte contre eux devant la cour de Rome
(25 mai 1647). Un bref dlnnocentX (14 mai 1648) blâma
les jésuites d'avoir manqué de respect envers la juridic-
tion épiscopale, ]nais refusa d'approuver les censures
prononcées par l'évêque. Les jésuites feignirent de se sou-
mettre et demandèrent des pouvoirs àPalatox; mais ils
dirigèrent contre lui une guerre d'embûches et de vexa-
tions qui le força à porter contre eux une nouvelle plainte
(8 janv. 1649). Cet évêque écrivait au pape : « Quel
autre ordre leligieux, très saint Père, a été aussi pré_^u-
diciabic à l'Eglise universelle et a remph d'autant 'de
troubles toutes les provinces chrétiennes!... (Juel autre
ordre s'est jamais si fort éloigné des véritables principes
de la religion chrétienne et catholique?... Leur puissance
est aujourdliui si terrible dans l'Eglise universelle, leurs
richesses sont si grandes, leur crédit si extraordinaire,
qu'ils s'élèvent au-dessus de toutes les dignités, de toutes
les lois, de tous les conciles, do toutes les constitutions
apostoliques. En sorte que les évêques (au moins dans cette
partie du monde) sont réduits ou à mourir et k succomber
en combattant pour leur dignité, ou à se soumettre à ce
qu'ils désirent, ou au moins à attendre l'issue douteuse
— 819
PALAFOX — PALAIS
d'une cause très juste et très sainte, en s'exposant à une
infinité de hasards, d'incommodités et de dépenses, et en
demeurant en continuel péril d'être accablés sous leurs
fausses accusations. » Les jésuites déférèrent cette plainte
au roi d'Espagne, et finalement (1653) parvinrent à faire
transférer Palafox sur le siège d'Osma, petite ville de la
vieille Castille. — Il avait joui jusqu'à Ja fin de sa vie
d'un renom incontesté de science et de sainteté. En i694,
Charles II sollicita sa canonisation. Quoique Thyrse Gon-
zalès, général de la Société de Jésus, fût vivement inter-
venu pour faire écarter cette demande, elle fut admise à
information ; elle suivit régulièrement son cours jusqu'au
pontificat de Pie VI ; mais, au moment décisif, les parti-
sans des jésuites la firent rejeter. — Œuvres complètes
(Madrid, i76'2, 15 vol. in-fol.). L'une d'elles a été tra-
duite par Collé : Histoire de la conquête de la Chine
par les Tar tares {Pans, 1678, in-8). E.-H. Vollet.
BiBL. : Ant. Gonzalès de Résende, Vie de Palafox:
Madrid, 1666, in-fol ; traduite en français ; Paris, 1690.
PALAFOX Y Melci (José de), duc de Saragosse, maré-
chal espagnol, né à Saragosse en 1776, mort à Madrid
le 15 févr. 1847. D'après un document publié par un de
ses biographes, M. Rodriguez Solis, son nom vérital)le
était José Kebolledo de Palafox. Très jeune, il aborda la
carrière militaire dans les gardes de corps en 1792; en
1808, il était sous-lieutenant. Il accompagna Ferdinand Vil
à,Bayonne où il travailla, d'accord avec d'autres Espa-
gnols, pour faire évader le roi; mais, n'ayant pas réussi
(on ne sait pas bien si c'est à cause du refus de Ferdi-
nand), il retourna en Espagne. Rentré à Saragosse en mai
1808, il se mit à la tête du peuple révolté contre les
troupes de Napoléon, et ayant été nommé Capitan gêne-
rai d'Aragon par acclamation populaire, Palafox déclara
la guerre à l'empereur. Pour donner plus d'autorité à ses
démarches, il réunit les Cortès du royaume d'Aragon, qui
le confirmèrent dans la charge de premier chef militaire.
Aidé par toutes les classes sociales de Saragosse, môme
les femmes, il soutint ave>i héroïsme un premier siège ;
les troupes impériales durent se retirer. Palafox sortit
alors de Saragosse pour occuper la ligne de Fl'bre et re-
foula les Français jusqu'au N. Le gouvernement lui or-
donna de se rendre à Ludela en perdant les avantages con-
quis, et il dut résigner le commandement de son armée.
De retour à Saragosse, où il était toujours très aimé, Pa-
lafox dirigea la défense, lors du second siège, contre les
maréchaux Moncey, Lannes, Mortier et Junot ; il la pro-
longea près de trois mois, presque sans ressoin^ces. Il re-
fusa toujours de capituler. Frappé par l'épidémie, que la
grande quantité de cadavres avait fait naître dans la ville,
il fut enfin fait prisonnier. Il fut amené à Vincennes ou
il resta enfermé d'avr. 1809 à déc. 1813. Libéré à la
suite du traité de faïence, il se rendit auprès du roi Fer-
dinand qui l'envoya en Espagne pour préparer sa rentrée.
Il retourna pour peu de temps à sa capitania gênerai
d'Aragon et puis demeura éloigné de la cour et des affaires
politiques jusqu'à 1 820, travaillant àla Caniara de Guerra.
De 1 820 à 1823, Palafox eut le commandement de la garde
royale ; mais, à cause d'un manifeste pubKé en défense
de la constitution à l'arrivée des troupes du duc d'An-
goulême et de la retraite du gouvernement et des Cortès
à Cadix, il fut dépouillé de ses honneurs par le nouveau
gouvernement absolu. De nouveau capitdn gênerai d'Ara-
gon en 1836, Palafox occupa dans les années suivantes
divers autres emplois dans l'administration de l'armée. 1]
fonda enfin l'Asile des Invalides, dont il fut nommé direc-
teur. Il fut aussi membre de VEstamento de Proceres
(Sénat des Coidès d'après la constitution de 1834) et sé-
nateur. Son titre de duc de Saragosse, il le dut, soit à
Ferdinand YII, soit à la reine Marie-Christine ; on n'est
pas fixé sur ce point, R. Altamira.
BiBL. : P. De Madrazo, Biografia de Palafox, dans le
vol. IV de la trad. esp. de l'ouvrag-e de Thiers, Historia
del Considado y del Jmperio. ~ Rodriguez-Solis, los
Guerrilleros de 1808, vol. I. — Toreno, HisL del Icvanla-
miento, guerra y revolucioa de Espana, liv. lY, V et YÏI.
PALAGONIfE (Pétrogr.). On désigne sous le nom de
lufpalagonilvjue un tuf basaltique formé de petits frag-
ments projetés de verre basaltique (cendres, lapilli), ci-
mentés par une substance terreuse très hydratée, dite
palagonite, en partie amorphe et en partie crypto-cris-
talline, provenant de l'altération, par hydratation, d'élé-
ments éruptifs semblables. C'est une roche de teinte va-
riant du brun jaunâtre au noir; sur sa cassure fraîche se
voient les sections anguleuses ou arrondies des lapilli,
présentant un éclat résineux et formés de verre basaltique
{sidéromélane) , et aussi de petits cristaux isolés d'oli-
vine, d'augite et de feldspath, qu'on peut facilement sé-
parer^, en dissolvant le ciment très soluble dans l'acide
chtorhydrique. Cette roche, qui est une roche sédimen-
taire formée uniquement de matériaux éruptifs et qui peut
renfermer des fossiles, provient de projections volcaniques
ayant eu lieu, soit à l'air libre, soit sous l'eau, et dont
les cendres les plus fines ont été complètement décompo-
sées par l'eau où elles se sont stratifiées et ont ainsi donné
naissance au ciment ; certains tufs palagonitiques, moins
purs, peuvent aussi englober des matériaux étrangers.
Ces roches ne sont pas propres aux volcans actuels et ont
pu se former aux diverses époques géologiques ; c'est
ainsi qu'on en observe un grand développement : en Si-
cile (le nom de la roche dérive de celui de la localité de
Palagonia), ou elles contiennent des fossiles de la fin du
pUocène; en Islande, où ces tufs couvrent de larges sur-
faces et renferment quelques fossiles du crag, c.-à-d. du
pliocène ; à Java, etc. On peut, aussi leiu^ rapporter les
brèches basaltiques pliocènes si développées aux environs
du Puy-en-Velay (rocher Corneille, ro^cher Saint-Michel),
et même certains tufs qui accompagnent les éruptions de
diabases de l'ère primaire. L. Bertrand.
PALÂ6YI (Louis), poète hongrois, né à 6-Becse en
1866. Collaboratetn^ de plusieurs jotirnaux, Palagyi, dans
ses recueils : Kiizdebnes Evek (Années de lutte )*^ et Ko-
nwr napok (Journées de tristesse) a exposé le premier
des idées purement socialistes. Son poèiue philosophique,
le Jeune Moine (1891') de même que ses Adaptations
des Psaumes, ont reçu un accueil chaleureux. J. K.
RALAI RAC ou PALAYRAC. Corn, du dép. de l'Aude,
arr. de Carcassoime, cant. de xMonthoumet; 136 hab.
PALAIS. I. Anatomie (V. Bouche et Palatix).
II. Pathologie. —Le palais faisant partie de la bouche,
puisque c'est la voûte qui forme sa partie supérieure et
qui sépare la cavité buccale des fosses nasales, on com-
prend que toutes les inflammations de ces parties puissent
s'y propager. La palatite ou inflammation de la muqueuse
du palais fait partie des stomatites (V. ce mot).
Lésions congénitales. — Les anomalies, les difformités
du palais, résultant d'un arrêt de développement, ne sont
pas très rares ; on peut y observer des adhérences du
voile du palais à la paroi du pharynx, mais le vice de
conformation le plus grave consiste dans les divisions
et les perforations congénitales, qui sont très souvent
accompagnées de bec-de-lièvre (V. ce mot) ; elles sont
unilatérales ou bilatérales ; ces lésions apportent une
gène plus ou moins grande à la déglutition et à la pho-
nation.
Trawmalismes . Les plaies et les contusions de la mu-
queuse offrent peu de gravité ; il n'en est pas de même
lorsque le squelette est intéressé ; le palais peut être per-
foré (individu tombant sur la face avec une pipe, un
crayon dans la bouche) ; parfois les délabrements sont
considérables : coups de fusil, de revolver, dans la bouche
(dans suicides). On peut observer au palais des polypes,
kystes, fibromes, sarcomes, qui n'offrent rien de particulier ;
mais les lésions scrofuleuses et syphiKtiques sont les plus
fréquentes (exostoses et gommes syphilitiques).
L'ostéo-périostite est parfois consécutive à la propaga-
tion d'une périostite alvéolo-dentaire ; mais, dans l'im-
PALAIS
820 —
mense majorité des cas, c'est la syphilis des fosses na-
sales qui donne lieu aux ostéo-périostites se terminant
par carie et nécrose et aboutissant à la perforation du
palais, qui peut être due également à la syphilis hérédi-
taire. Ces perforations palatines sont moins fréquentes que.
jadis, où la vérole était fort mal soignée ; elles sont sur-
tout ovalaires, elliptiques ou circulaires ; on comprend
qu'elles gênent la plupart des actes physiologiques ; la
succion est impossible chez le nouveau-ne, la déglutition
s'accompagne de reflux des alimenls dans les fosses na-
sales, la voix est nasonéc et il y a impossibilité de siffler
<>t de souffler. On remédie aux perforations, soit par une
pièce prothétique. un obturateur, ou mieux, lorsque le cas
le comporte, par une opération : la sUiphylorraphie ou
vranoplastie. D^ Pixel Maisonael-vk.
PALAIS. I. Architecture. — Vasleédilice ou ensemble
d'édilices reliés entre eux de façon à former un tout et
caractérisés par leur architecture monumentale et leur
riche décoration e.Ntérieure et intérieure. Ce mot palais.
qui désignait au-
trefois presque ex-
clusivement la
demeure du souve-
rain, tire son ori-
gine du mot latin
palalbmm , nom
donné à l'habitation
(ju' Auguste se lit
élever sur le mont
Palatin, à Rome,
habitation qu'aug-
mentèrent et enri-
chirent ses succes-
seurs i m médiats
(V. Palatin). Par
extension, on ap-
pela peu à peu
palais, chez pres-
que tous les peu-
ples civilisés, les
résidences des per-
sonnages placés eji
vue par leur haute
situation sociale ou
par leur grande fortune, surtout lorsque ces résidences
approchaient par leur importance et paj' leur faste de
celles des souverains, et, de nos jours, le nom de palais
est appli(|ué, un peu indifféremment et en dehors de
leur affectation, à de nombreux édifices d'origine et de
destinations diverses, mais de grande et riche allure, c[ue
ces édifices abritent des institutions d'Eiat ou d'importants
services publics, et parfois même (|u'ils renferment des
salles d'exposition ou de diverlisbcment. Ces diverses ac-
ceptions du mot palais se retrouveront au reste dans les
notes qui suivent, relatives à des palais élevés en divers
pays, sous différentes civilisations et en vue de destinations
variées.
Dans l'antique Egypte, d'après Diodore de Sicile, les
palais des rois n'étant considérés (jue comme des hôtel-
leries appartenant successivement à lous, mais n'étant la
propriété d'aucun, tandis que leurs tombeaux étaient con-
sidérés comme leurs véritables palais, leur demeure pnqnv,
tixe et i>erpétuelle, on ne saurait, surlout en tenant compte
du peu de changement des mœurs et des habitiides des
peuples orientauv, de la multiplicité des femmes, des en-
Âuits et des serviteurs de tous rangs qui vivaient auprès
des princes et aussi du grand luxe des jardins, on ne sau-
rait voir les ruines de palais royaux dans les restes de
constructions massives, comprenant de grandes salles
hypostyles centrales et des chambres latérales, telles que
celles placées à l'arrière des grands temples de Louqsor et
de Karnak : il faut plutôt, pour se faire une juste idée d'un
palais égyptien de la XVlïï^ dynastie (xvn^ et xvi*^ siècles
avant notre ère), restituer ce palais, comme l'ont fait
MM. G. Perrot et Ch. Chipiez et aussi M. G. Maspéro,
d'après un plan perspectif (sorte de vue à vol d'oiseau),
emprunté à un hypogée de Tell-el-Amarna, village arabe,
relativement moderne, formé à proximité des restes de la
ville antique de Pa-aten. Cette dernière ville, sorte de
capitale toute provisoire , créée et habiiee par Aménophis IV ,
fui délaissée par ses successeurs, et, pour cette raison,
ses ruines sojit beaucoup mieux conservées que celles des
antres capitales de ce temps. Le plan de Tell-el-Amarna
nous montre une vaste habitation située au fond d'un
jardin, appartenant à un grand seigneur, Ai, gendre d'un
])baraon et qui fut lui-même, plus tard, souverain de
l'Egypte. Un bassin oblong, bordé d'un quai en pente
douce et coupé de deux escaliers, s'étend devant l'entrée.
Des pylônes, des cours intérieures, entourées de portiques
cou^ertsen terrasse, et sur lesquelles s'ouvraient de nom-
breuses chambres, tout, dans cette habitation, située au
milieu de jardins, devait ressembler plutôt à une grande
villa de campa-
gne qu'au palais
d'an souverain et
devait comporter,
dans sa décoration,
des colonnettes
peintes de couleurs
vives, des entre-
lacs, des vols d'oi-
seaux, des motifs
variés et gracieux,
au miheu desquels
il devait être agréa-
ble de vivre et d'ou-
blier, entre deux
expéditions mili-
taires, les soucis
du gouverninnejit,
les pompes de la
religion et la pen-
sée de la mort.
D'un cai'actère
tout différent de ce-
lui de cette villa
royale pharaonique
était le palais chaklcen de ïello, tel que l'on peut essayei'
de le restitue!' d'après les découvertes de M. de Sar-
zec et l'étude (|ue M. Léon Heu/ey a faite de ces décou-
vertes. Porté sur un soubassement de briques de li2 m.
de hauteur, ce palais de TeHo (V. le plan, fig. 1) a
la forme d'un parallèlograuune de 53 m. de long sur
ol m. de large, et ses faces extérieures ou intérieures,
toutes formées de larges bri(iues crues à joints de bitume,
n'offraient probablement pas beaucoup^ de motifs décora-
tifs liés à la construction même ; mais des statues, des
bas-ndiefs, des stèles, des vases, etc.. ont été trouvés à
même les fouilles, et architecture, sculpture et ornemen-
tation du palais de Tello semblent bien remonter, en très
grande partie, à l'époque fort ancienne (peut-être 2. 800 ans
avant notre ère) de Goudéa, le gouverneur, à la fois
prêtre el guerrier, de la ville de Sirpoula (auj. Tello). Ce
palais renferme encore, dans la partie reconnue, quarante-
six chambres ou salles réparties en trois corps de logements
distincts et groupés autour de trois cours, A. B et C, la
première de beaucoup la plus grande et les deux autres
relativement petites. Ces corps de bâtiments ne commu-
nijfuaient entre eux que par un couloir resserré à ses extré-
mités au point de ne laisser passage qu'à une seule per-
sonne de front, et on sent bien là les habitudes qui se
sont conservées chez les Orientaux où, après une pre-
mière partie presque publique de l'habitation, celle des
services accessibles à la foule, se trouve une seconde partie
contenant les appartements de réception et enfin une troi-
sième partie, plus retirée encore, l'habitation privée, ce
, 1. — Plan du jJMlaia de Tello, d'après les relevés dcM.de Sar/ec
A, B, C, cours intérieures : H, ancienne tour à étapes ; M. bassin de pierre
ÎN, fausse entrée- X. X. partie de mur ])lus ancienne que h' palais
nn
PALAIS
<jue les Orientaux- appelleiiL <lo nos jouis le haroii. Ces
dispositions ont été également reconnues dans les ruines des
palais assyriens découverts surl'emplacementde l'ancienne
Ninive, dans les palais dits de Nirnroud, de Koyoundgik
et de Khorsabad. Dans ce dernier palais, construit, lui
aussi, sur une éminence artificielle de 10 m. de hauteur, les
salles principales, éclairées sur des cours intérieures, ont
jusqu'à 35 m. de longueur et 10 m. de largeur, et des
massifs de briques crues en forment la construction ; mais
des revêtements de plaques couvertes d'inscriptions cunéi-
formes et des bas-reliefs peints en formaient la décora-
lion, pendant que des frises sculptées, des taureaux et
des lions ailés, placés à l'entrée des portes, décelaient un
art sculptural ayant atteint une grande perfection d'exé-
cution (V. Assyrie,
t. IV, § Art). C'est
aussi sur des terras-
ses étagées successi-
vement, et auxquelles
on accédait par des
escaliers monumen-
taux, que s'élevèrent.
à une époque un peu
plus récente, les pa-
lais des rois de Perse'
achémenides, dont
ceux des rois Xerxès
et Darius à Persépo-
lis., détruits par
Alexandre en l'an 331
avant notre ère. Les
ruines de ces palais
montrent encore les
substructions , éle-
vées au-dessus du sol dei
hypostyles,
— Palais royal à PalaliUa (Macédoine).
(errasses, d'importantes salles
de portiques extérieurs, sortes de propylées
gi*andioses, ainsi que des fragments de ces colonnes can-
nelées, dites persépolitaines, au chapiteau à taureaux
accouplés (V. Chapiteau, t. X, p. 558, fig. 2) et des
revêtements de faïence peints et émaillés, dont le mu-
sée du Louvre possède de si belles suites rapportées
par M. et M™^ Dieulafoy; tous éléments prouvant assez
la splendeur architecturale et la richesse décorative de
semblables palais. Et, sans quitter l'Orient et cette Asie,
berceau des anciennes civilisations, il est encore un palais
dont la description, qui nous a été conservée par la Bible
{Rois, m, 7), prouve bien tout le luxe des résidences
des monarques asiatiques. A Jérusalem, dans le palais de
Salomon et dans la maison dite du Bois du Liban, cons-
truits sous la double influence de l'Egypte et de la Chal-
dée, mais avec le concours d'un architecte tyrien, s'éle-
vaient également des salles hypostyles et des portiques,
supportés par des colonnes de pierre ou de bois, dont les
murs et les plafonds étaient lambrissés de bois de cèdre
et dans lesquels devait briller une ornementation de métal
doré.
Malgré une certaine précision semblant appartenir par-
fois à un voyageur ayant visité les édifices qu'il décrit et
non à un historien postérieur peut-être de plusieurs siècles
à ces édifices et aux événements dont ils furent les témoins,
les palais des héros de Vlliade et de VOdyssée ne sau-
raient fournir à l'architecte que des prétextes d'ingénieuses
restitutions et, dans tous les cas, ne sauraient laisser
supposer de telles masses de constructions et une aussi
grande richesse de décoration. En dehors du palais de
Priam, à Troie — encore un édifice asiatique et qui ren-
fermait des chambres pour la nombreuse postérité de ce
souverain — les palais des chefs grecs décrits dans Fi //a f/^
et VOdyssée semblent proportionnés aux royaumes peu
étendus de ces chefs, et si ces palais témoignent d'une
influence asiatique ou égyptienne, on est obligé de recon-
naître qu'ils semblent surtout une réduction des édifices
grandioses de l'Egypte et de la Chaldée. On peut, au reste,
Hssez bien se figurer, d'après de nombreux passages de
VOdyssée, ce que pouvait être, sur le rocher d'Ithaque, le
palais d'Ulysse entouré d'une enceinte irrégulière au som-
met du mont Aito. Un des côtés de cette enceinte avait
vue sur la mer, un autre sur la ville, et le troisième sur
la campagne ; un mouvement de terrain et peut-être aussi
les préoccupations de la défense avaient forcé de singu-
lièrement restreindre la largeur de l'enceinte aux abords
de la porte d'entrée. Une sorte de première cour, limitée
à droite par une tour carrée, précédait et protégeait l'accès
des bâtiments, et, cette entrée une fois franchie, une se-
conde cour de vastes dimensions et entourée de portiques
faisait suite à la première. C'était probablement dans cette
cour d'honneur que se trouvait l'autel de Zeus, protecteur
de l'enceinte. Des bâ-
timents peu élevés,
affectés aux étables,
aux remises et à l'ha-
bitation des hôtes ou
des serviteurs, entou-
l'aient trois côtés de
cette cour, au fond
de laquelle devait se
trouver la grande
salle ou mégaron,
salle où avaient lieu
ces festins que le
poète décrit avec tant
de complaisance;
puis, dans des parties
plus retirées, à droite
et à gauche de cette
salle, étaient les
chambres à coucher,
les appartements des femmes, les pièces oîi l'on gardait
les provisions, les armes, l'or et le fer, plus précieux
à cette époque que l'or. Enfin, une construction écar-
tée, de forme circulaire, et dont la tradition se con-
serva longtemps en Grèce, le tholos ou trésor, servait à
conserver les objets les plus précieux, les nombreux ca-
deaux qu'échangeaient entre eux les chefs en souvenir de
leurs expéditions communes ou de l'hospitalité si large-
ment exercée dans la Grèce antique. Mais, si ce palais
homérique, à la fois forteresse d'un chef puissant et rési-
dence d'un riche propriétaire foncier, tient de la fiction
autant peut-être que de l'histoire, les ruines de Palatitza,
en Macédoine, nous ont conservé les principales disposi-
tions d'une demeure souveraine, celle des prédécesseurs
de Philippe et d'Alexandre au beau temps de la civilisa-
tion hellénique, vers le v<^ siècle avant notre ère. M. Louis
Heuzey, archéologue, et M. Daumet, architecte, aujour-
d'hui membres de l'Institut, ont étudié ces ruines, lors
d'une mission qu'ils ont remplie dans la Grèce septen-
trionale et en Macédoine avant 1874, et ils n'ont pas
hésité à reconnaître, dans les substructions de la partie
antérieure du vaste édifice déblayé par eux, un palais ou
prytanée royal. Le plan de cet édifice (V. fig. 2) ne
conserve plus des dispositions des palais de l'Asie et de
l'Egypte que la situation des chambres et des apparte-
ments privés, laquelle est toujours éloignée de l'entrée ;
mais cette entrée spacieuse, les vestibules et les portiques
qui l'accompagnent, de grandes pièces et un tholos, ce
dernier paraissant avoir une affectation religieuse, occupent
toute la partie antérieure de l'édifice et présentent bien,
avec le péristyle qui vient à leur suite, le caractère de
magnificence qui se retrouvera, par la suite, dans les
grands édifices du monde romain.
Ainsi que le remarquent fort justement MM. F. Tra-
winski et 0. Riemann, dans leur étude sur la maison
romaine {Manuel d'Archéologie, II, les Romains, ch. iv,
pp. 93 et suiv.), cette maison romaine se transformait en
palais ou en villa suivant les circonstances. Il n'y avait
pas de différence absolue entre ces deux genres de cons-
PALAIS
— 82"2 —
tractions : car, d'une part, les palais avec leurs immenses
dimensions et leurs jardins intérieurs, nécessitaient sou-
vent des dispositions propres aux villas ; et, d'autre part,
les villas avaient souvent, grâce au kixe effréné dont on
aimait à les parer, une grande analogie avec les palais.
Au dernier siècle de la Képublique, la maison considé-
rable que se fit construire sur le mont Palatin M. JEmï-
lius Scaurus, beau-fils de Sylla, passait déjà pour un
modèle achevé et incomparable de magnificence dont
Mazois semble nous avoir donné une restitution fort vrai-
semblable ; mais tout ce luxe de construction et de déco-
ration a été de beaucoup dépassé par les monuments de
la période impériale. Grâce aux fouilles entreprises par
l'architecte Rosa sur le mont Palatin par ordre de Napo-
léon lîï et de Pie IX, on peut suivre la filiation et la transfor-
mation des édifices qui se sont succédé sur ce mont célèbre
et jusqu'à l'Esquilin, depuis la Ronia Quadrata des rois
jusqu'à la Rome des Flaviens et, parmi ces édifices, les
agrandissements successifs du palais des empereurs et la
reconstruction de ce palais, sous le nom de Maison d'Or,
par Néron. Une avant-cour, ceinte d'une triple rangée de
colonnes, longue d'un mille romain ('i.478"\ 50) renfermait
une statue en pied de l'empereur, haute de 37 m. Les
différentes cours étaient ornées de bassins aussi vastes que
des lacs et bordées de maisons sans nombre, de paysages
pittoresques, de vignobles, deprairieset de bois, animés par
des animaux domestiques et des bètes féroces. Les murs
des appartements étaient rehaussés d'or, de perles et de
pierres précieuses. Le plafond d'ivoire, dans les salles à
manger, était mobile de manière à pouvoir déverser sur
les convives des fleurs et des parfums et, non content
d'un pareil ensemble, l'empereur Otlion dépensera enc^^re
plus de 10 millions de francs pour en poursuivre l'acliè-
vement. Mais Vespasien et Titus occupèrent, peu d'années
après, ce même emplacement pour le colossal amplii-
théâtre et les grands Thermes qui portent leur nom. La
célébrité justifiée de la Villa Advienne, ensemble de
palais et d'édi-
fices de tous
genres que l'em-
pereur Adrien
fit ériger à Ti-
bur, au retour
de ses voyages
dans les diver-
ses parties de
son empire,
dispense de
toute énuméra-
tion, même ra-
pide, des édifi-
ces et des lieux
de plaisance
constituant cet-
te fameuse vil-
la ; mais il est,
vers la fin du
monde romain
proprement dit,
un édifice encore assez bien conservé et qui peut donner une
idée des dispositions ainsi que de l'architecture d'une rési-
dence impériale au commencement du iv^ siècle de notre ère :
c'est le château que Dioclétien s'était fait construire sur la
côte de Dalmatie, près de Salone, sa ville natale, et au milieu
des ruines duquel s'élève aujourd'hui une partie de la
ville de Spalatro. Ce château, fortifié à la manière d'un
camp retranché et dont le plan (V. fig. 3) montre les
tours de défense, rondes ou carrées, de l'enceinte extérieure,
renfermait, sur une superficie de plus de 2 hect. et
demi, de nombreux édiùces, tels que des temples, dont
un de forme hexagonale, des casernes, des appartements
de réception et des appartements privés, édifices reliés
entre eux par des colonnades, et eux-mêmes comportant
ZT
' Rli ii' ''
CHi
- Plan du château de Dioclétien»
à Salone.
des portiques ; mais, fait assez caractéristique d'un véri-
table palais ou mieux d'un château militaire plutôt que
d'une villa, il n'y avait pas de jardins propre ment dits à
l'intérieur, ces derniers se trouvaient en dehors de l'enceinte
fortifiée.
Les tragiques événements dont Constantinople fut tant
de fois le théâtre n'ont malheureusement pas permis la
conservation, même à l'état de ruines, qui en marque-
raient le plan sur le sol, du superbe palais impérial bâti
dans cette ville par Constantin le Grand, reconstruit presque
en entier par Justinien, embelli par plusieurs empereurs,
et auquel Justinien II, Théophile et Basile le Macédonien
avaient ajouté d'importantes constructions. Délaissé dès
le milieu du xn^ siècle par les Gomnène, qui lui préfé-
raient le palais des Bla(}uernes, le grand palais impérial
primitif fut peu à peu dépouillé de ses richesses et défini-
tivement démoli avant même la prise de Constantinople
par Mohammed II en 4453. Il faut donc recourir à la fort
remarquable restitution, avec plan, que M.Jules Labarthe
a faite de ce grand palais impérial de Constantinople et
de ses abords à l'époque de sa plus grande splendeur, au
x® siècle de notre ère, pour se faire une idée de cet édifice
grandiose divisé en trois parties principales : la chalcé ou
vestibule, le palais de Daphné, ainsi désigné d'une statue
de cette nymphe qui avait été apportée de Rome, et le palais
sacré, parties semblables à de petites villes et décorées à
profusion des matériaux les plus précieux et des œuvres d'art
les plus belles, matériaux et œuvres d'art dont on avait
dépouillé les temples et les forums du monde entier.
On conçoit qu'après la maison d'or de Néron, le châ-
teau de Dioclétien à Salone et surtout après le palais im-
périal de Constantinople, le palais des Thermes qu'habita
l'empereur Julien pendant son séjour à Lutèce et le pa-
lais de Théodoric, à Ravenne, même en supposant ces édi-
fices parés des richesses de la Gaule et de l'Italie, tiennent
peu de place dans l'histoire des résidences souveraines, et
nous savons par les historiens des premiers siècles du moyen
âge que les rois mérovingiens et carolingiens habitaient
de grandes villas comprenant, comme les habitations de
ce genre de l'Italie et du S. de la Gaule, des corps de
logis divers, entourant des cours intérieures, et affectés,
les plus importants, au logement du souverain et de ses
leudes ou vassaux, et les autres, à des bâtiments d'ex-
ploitation, à des magasins et à des celliers. C'est seule-
ment à l'époque des invasions des Normands que, dans
l'Europe occidentale, ces villas royales ou seigneuriales
furent transformées en forteresses et devinrent des châ-
teaux féodaux dont le château de Coucy et surtout le
château royal du Louvre pouvaient passer pour les types
les plus complets (V. ChAteau, t. X, pp. 882 et suiv. : fig. 4 ,
h plan du i^^^ étage du château de Coucy ; fig. 2, le plan
du 7^eZ'de-chaussée du château du Louvre sous Char-
les V, et fig. 3, une vue cavalière du Louvre au temps
de ce roi). Il y avait cependant deux édifices à Paris qui,
sous les premiers Capétiens, furent deux résidences sou-
veraines. L'un de ces édifices, le Palais, devenu cet im-
portant ensemble qui est aujourd'hui le Palais de justice
et qui conserve encore des souvenirs de saint Louis, sera
traité dans un article spécial (V. plus loin), et l'autre,
ïhôtel Saint-Paul, fut élevé par ordre de Charles V,
pour être, suivant Fédit de 4364, « Vhôtel solennel des
grands ébattements». Cette nouvelle résidence devant son
nom au voisinage de l'église Saint-Paul, et dépourvue de
toute fortification, car la Bastille suffisait à la protéger,
occupait, avec ses dépendances, un emplacement considé-
rable, sur le([uel fut, au xvi® siècle, percé tout un quartier
dont les noms des rues rappellent encore l'ancienne desti-
nation. L'hôtel Saint-Paul renfermait de nombreux appar-
tementsdont la grande salle, hchambrede Charlemagne,
longue de 30 m. et large de 1 2 ; des chapelles ; des cours in-
térieures, dont celle des joutes, ouïes chevaliers rompaient
la lance, était la plus spacieuse de toutes, et surtout des jar-
dins de toute nature avec des volières et une ménagerie.
-- 823
PALAIS
Mais nous arrivons à l'époque de la Renaissance dont
l'influence se fit sentir presque simultanément en Italie
et en France, et ensuite dans toute l'Europe. En Italie,
les demeures seigneuriales à l'intérieur des villes se trans-
formèrent peu à peu, perdirent de plus en plus l'appa-
rence de forteresses ({u'elles avaient eue depuis Finvasion
des barbai'cs et pendant les dissensions intestines du moyen
âge; elles devinrent toutes, suivant le mot italien, des
palais consistant assez généralem.ent, comme le palaù
Strazi à Florence, et comme le palais Farnèse, à Rome,
en une cour intérieure entourée de portiques et sur les
côtés de la(|uelle s'élevaient des bâtiments comprenant :
un rez-de-cliaussée, un bel étage et un attique ou quelque-
fois plusieurs étages presque égaux en importance. La
Grande Encyclopùlie a donné au mot Italie, § Beaux-
Arts, t. XX, pp. 1093 et suiv., un résumé complet des
transformations de l'architecture italienne dans lequel se
trouvent indiqués, avec les noms de leurs arcliitcctes, les
noms des principaux palais et des grandes villas de ce
Fig. 4. — Plan du premier éta^
Luxemboura-, d'après Salomon d
du palais du
e Érosse,
pays, article auquel nous ne pouvons que renvoyer le
lecteur. De même, pour la France, Fart. Louvre, J^ Pa-
lais du Louvre, t. XXÏI, pp. 692 et suiv., donne, avec
les noms des architectes, toutes les phases de la construc-
tion et des reconstructions successives de ce palais, depuis
le château fort avec la grande tour centrale ou donjon de
Philippe-Auguste , jusqu'aux dernières reconstructions effec-
tuées sous la seconde République ; il en est de même pour les
autres palais ou châteaux de la Renaissance habités par les
souverains, Blois, Chambord, Fontainebleau;k\ir descrip-
tion avec figures sera trouvée à leurs noms respectifs. De
même pour le Palais-Royal, l'ancien palais du cardinal de
Richelieu, et pour l'ancien Palais Mazarin, àeYmuldi Bi-
bliothèque nationale, qui ne sont cités ici que pour mé-
moire; mais il est un édifice, le palais du Luxembourg
(V.Luxembourg [Palais du]), construit par Marie de Médicis
dans les premières années du xvii® siècle et qui, avant les
agrandissements considérables qu'il a reçus du côté du jardin
pour l'installation de la Choimbre des pairs (aujourd'hui le
Sénat), sous le règne de Louis-Philippe, offrait un type ca-
ractéristique des palais français de cette époque. Le plan
du premier étage de cet édifice iV. fig. 4), tel qu'il se com-
portait en 1620, lors de son achèvement par Salomon de
Brosse {\. De Brosse [Les]), mérite d'être examiné. Il com-
prend : 1 , un pavillon belvédère au-dessus du porche d'entrée
entre les terrasses, 2, 2, couvrant des galeries à rez-de-
chaussée; o, le grand escealier ; 4, la chapelle située au-des-
sus d'un vestibule circulaire ouvrant sur le jardin; 5, 5,
les terrasses couvrant des portiques à droite et à gauche
de ce vestibule; 6, 6, des grandes salles d'apparat situées
au-dessus des salles de gar'des à rez-de-chaussée ; 7, 7,
appartement particulier et cabinet de réception de Marie de
Médicis; 8, grande chambre à coucher d'apparat; 9, 9, dé-
pendances de cette chambre; 10, oratoire; 11, la galerie
d'apparat peinte par Rubcns; 12, les archives au-dessus
du logement du suisse; 13 et H-, appartements et gale-
rie répétant à gauche les mêmes pièces situées du côté
droit de la cour, mais restés inachevés au temps de Marie
de Médicis et qui reçurent depuis des destinations diverses.
Dans la grande cour intérieure était une balustrade de
marbre blanc séparant cette cour en deux parties inégales,
dont la plus petite et la plus rapprochée du corps de logis
principal était exhaussée d'environ 1 m. et formait une
cour d'honneur. Louis XIV lit construire un véritable
palais, le château royal de Versailles, et les deux der-
niers siècles virent s'élever de noml)reux châteaux ou des
résidences seigneuriales de grande importance qui furent
également des palais par leur étendue, parla diversité des
nombreux services qu'ils renfermaient et par le caractère
de leur architecture dans laquelle les ordonnances clas-
siques jouaient un grand rôle ; il en fut de même, depuis
la Renaissance jusqu'à nos jours, dans toutes les nations
de l'Europe, et il serait aussi long que fastidieux de citer
les noms des villes ou villages dans lesquels sont indiqués
ces palais des souverains, des princes, des seigneurs ou des
financiers ; mais il est assez intéressant de montrer, en ter-
minant, comme ce mot Palais qui, à Forigine, il y a plus
de dix-neuf siècles, fut réservé à l'habitation du souverain
et qui, depuis la Renaissanceitahenne, fut appliqué atout
édifice remarquable par les grandes dispositions de son plan
et la beauté de son architecture, est souvent aujourd'hui
donné à toute construction importante affectée aux usages
les plus divers, d^lnsiV ancien Palais de V Industrie qI\q
Palais des Machines, à Paris ; le Palais du Peuple, à
Londres, et le Palais de CrislaL aux portes de cette ville ;
voire même à des constructions, parfois légères, qui ne
sont autres que des serres monumentales ou encore des
bâtiments aménagés pour recevoir des singes ou des rep-
tiles dans les jardins zoologiques. Charles Lucas.
Palais-Bourbon (V. Bourbon).
Palais de Cristal. — La première Exposition univer-
selle internationale, tenue cà Londres en 1851, fut ins-
tallée sur les terrains de Hyde Park, où elle occupait un
emplacement de plus de 7 hect., dans un véritable palais
([ui fut appelé Palais de Cristal, parce qu'il était vitré,
non seulement à la partie supérieure, mais aussi sur les
parois latérales, à partir du premier étage. L'architecte
du palais fut M. Paxton, et les entrepreneurs qui en
assurèrent Fexécution en moins de huit mois furent
MM. Fox et Henderson. L'effet produit et le succès
obtenu par cette masse de métal et de verre furent con-
sidérables et suscitèrent de nombreuses imitations, au
moHîs partielles, à Dublin notamment ; à Paris, on appela,
pendant sa construction. Palais de Cristal, Fancien palais
de l'industrie aux Champs-Elysées, palais aujourd'hui
démoli et dont la couverture de la nef était seule vitrée.
Le Palais de Cristal de Hyde Park fut vendu, après Fexpo-
sition de 1831, 70.000 F st. (1.750.000 fr.), puis dé-
monté et transporté aux environs de Londres, à Sydenham,
où il fut réédifié par les soins de MM. Owen Jones et Digby
Wyatt; mais en recevant un heureux changement de
destination. En dehors de la grande nef convertie en jar-
din d'hiver, les bas côtés du nouveau Palais de Cristal
forment un musée admirable et unique où toutes les
époques de l'art sont représentées dans des salles spéciales
aménagées à cet effet, Charles Lucas.
PALAIS
SU —
PAi.\is DE l'Institut. — Le Palais de l'Institut, situé
à Paris entre le quai Conti, la rue de Seine, lu rue Maza-
rine et des propriétés privées, n'est autre que l'ancien
Collège des Quatre-Nations , construit en 1663, sur les
plans de Levau, à l'emplacement d'anciens hôtels dont
l'hôtel de Nesle et sa fameuse tour, et en exécution du tes-
tament du cardinal Mazarin, afin de recevoir les jeunes
gens originaires d'Alsace, de Pignorol. de Flandre et du
Houssillon, territoires réunis à la Fr-ance sous le minis-
lère de ce cardinal. La chapelle qui fui auumagée, en 1 80S,
par A.-L. Vaudoyer pour servir de salle des séances à
l'Institut de France, renfermait le tombeau du cardinal
par Coyzevox, tombeau qui fut transporté en 1792 au
musée des x\Ionuments français (ancien couvent des Petits-
Augustins, aujourd'hui l'Ecole des beaux-arts), puis au
musée du Louvre dans la partie conservée à la sculpture
moderne. La Bibliothèque Mazarine occupe le pavillon
de gauche dans la première cour et est accusée par un
avant-corps, faisant pendant à un avant-corps semblable
du pavillon de droite, qui accuse l'entrée d'honneur des
membres de l'Institut, la porte d'entrée sur le quai res-
tant toujours fermée par suite des gradins qui sont adossés
en arrière de cette porte. Dans June seconde cour, sont à
gauche les services spéciaux des diverses académies, le
secrétariat, la bibliothèque propre de l'Institut et les salles
de séances ordinaires des Académies, œuvre de l'archi-
tecte IL Lebas ; le coté droit est divisé en appartements
et ateliers concédés gracieusement à des artistes, et les
secrétaires perpétuels des cinq académies ont leur habita-
tion dans les deux pavillons d'angle sur le quai Conti, à
gauche et à droite de la place semi-circulaire décrite par
la façade, en face le pont des Arts et le Louvre. De 1663
à 1792, le collège Mazarin, qui a conservé presque tous
ses bâtiments comme ils furent construits il y a plus de
deux siècles, subit peu de modifications et seulement dans
son régime intérieur; mais de 1792 à 1806, date du
décret par lequel Napoléon P^' affecta ce collège à l'Insti-
tut de France, les bâtiments en furent successivement
occupés en partie par une prison, une école centrale et
par les ateliers des élèves de l'ancienne Académie (l'Ecole
des beaux-arts), laquelle y conserva des locaux jusqu'à
l'achèvement des constructions élevées sur la rue Bona-
parte. Quoi qu'il en soit de ces vicissitudes, relativement
peu importantes au point de vue des bâtiments, l'Institut,
qui doit surtout ce titre de palais à ce qu'il abrite une
institution des plus gh)rieuses de l'Etat, unique au monde
et jouissant d'une réelle autonomie, une sorte de corps
souverain, offre à notre époque un spécimen, remarquable
par sa conservation, d'un grand édifice d'enseignement
construit sous le règne de Louis XIV et dans lequel, à
côté de parties n'ayant qu'un caractère utilitaire, s'en
voient d'autres, l'ancienne chapelle, la bibliothèque Maza-
rine et toute la façade sur le quai Conti, montrant ce
qu'était l'architecture française au commencement du règne
de Louis XIV. Charles Lucas.
Palais d'Eté. — Ce palais, retiré à 2 lieues en avant
de Peking, connu sous le nom de Youen-ming-ijouen et
servant depuis plusieurs siècles de résidence d'été aux
empereurs de la Chine, fut pillé et incendié le 18 oct.
1860, par ordre de lord Elgin, lors de la marche de
l'armée franco-anglaise sur Peking (V. Chine, § Histoire,
t. XI, pp. 108 et 109). Quoique ce ne fût pas le plus
important des édifices de ce genre et qu'il ne pût lutter
pour le nombre des enceintes et des bâtiments, ainsi que
pour le luxe de ces derniers, avec le palais impérial pro-
prement dit, il comprenait, outre le bâtiment principal
affecté aux réceptions ofTicielles et les bâtiments d'habita-
tion du 'souverain, des femmes et des nombreux officiers
de service, des bâtiments spéciaux pour l'étude, pour le
repos, étant bien entendu que ce mot bâtiment indique
ici, non une construction plus ou moins importante, mais
un ensemble de pavillons avec jardins et pièces d'eau ren-
fermés dans des petites enceintes spéciales. Les pavillons
chinois oui, au resle, et sauf les pagodes, rarement plus
d'un étage ; mais les jardins qui les environnent et qui
étaient disposés à profusion dans le palais d'été, offraient
un luxe dont les plus belles résidences d'Europe ne sau-
raient donner une idée. Charles Lucas.
Palais du Louvre (V. Louvbe [Palais du]).
Palais du Luxembourg (V. Luxembourg [Palais du]).
Palais Impérial (V. Coisstantinople, § Topographie
de Comtantinople an moyen âge, t. XII, pp. 617-18).
IL Histoire des institutions. — Durant le haui
moyen âge et plus spécialement pendant la période carolin-
gienne, le palatiuni du monarque désignait non pas sa ré-
sidence, mais tout l'entourage du prince, c.-à-d. ce qu'on
appellera plus tard la cour. Il était composé des grands,
des officiers domestiques, qui deviendront plus tard les
grands officiers de la couronne, des conseillers, des com-
mensaux en titre, des clercs de la chapelle royale et de
nombreux domestiques ou officiers subalternes. Le palais
se déplaçait avec le roi et le suivait dans ses diverses ré-
sidences. Il se transforma peu à peu sous les premiers
Capétiens lorsque les monarques eurent une capitale et
que les diverses administrations se séparèrent peu à peu
de la cour du roi.
III. Administration. — Palais nationaux. — L'ad-
ministration des palais nationaux ressortit au 3^ bureau
de la direction des beaux-arts, au même titre que celle
des bâtiments civils, dont nous avons parlé ailleurs
(V. Bâtiment, t. V, p. 773). Avant le 4 sept. 1870,
ce service faisait partie de la dotation de la Couronne.
Il comprend le Louvre, les Tuileries, le Palais-Royal, le
Luxembourg, l'Elysée, les palais de Versailles, Trianon,
Compiègne, Fontainebleau, Pau, Rambouillet ; les ma-
nufactures des Gobelins, de Beauvais, de Sèvres. Il
s'occupe des constructions, réparations, travaux d'entre-
tien concernant ces palais, et il est guidé dans sa tâche
par la commission supérieure des bâtiments civils et
des palais nationaux et par le conseil général des bâti-
ments civils. Il a encore dans ses attributions le service
des eaux de Marly, Versailles, Saint-Cloud et Meudon, la
terrasse et les parterres de Saint-Germain, l'hôtel du mo-
bilier national, l'hôtel des écuries et les écuries de l'Aima,
l'école d'agriculture de Grignon, la bergerie de Rambouil-
let. Le service pourvoit à la garde et à la régie de ces
bâtiments, sauf cependant en ce qui concerne le Luxem-
bourg, que le Sénat occupe à titre de locataire, mais oii il
opère néanmoins les grosses réparations qui sont d'ordi-
naire à la charge des propriétaires. Il garde les objets
d'art que renferment les palais, pourvoit à la tenue des
appartements, à l'entretien du mobilier, veille à la sur-
veillance extérieure, garde, police, des cours, jardins,
parcs et avenues. Chaque domaine est placé sous les ordres
d'un conservateur responsable nommé par le ministre.
Le conservateur dirige un service civil et un service mih-
taire chargé spécialement de la surveillance. Des inspec-
teurs s'assurent que les règlements sont exécutés dans
chaque palais, que les écritures y sont régulières, etc. Le
conservateur ne dirige pas le service technique des bâti-
ments et jardins, qui est placé sous les ordres d'un archi-
tecte assisté d'un personnel spécial d'inspecteurs, vérifi-
cateurs, jardiniers, etc. Ce dualisme de commandement et
de responsabilité présente parfois des inconvénients assez
graves. Il ne faudrait pas croire que dans chaque palais
le service est organisé comme nous venons de l'indiquer
brièvement. Il ne fonctionne avec cette régularité et sous
cette forme que dans les palais du Louvre et des Tuile-
ries, au Palais-Royal, à Saint-Cloud, à Versailles, Tria-
non, Rambouillet, Fontainebleau, Compiègne et Pau. Mais,
par exemple, au Luxembourg, c'est l'administration inté-
rieure du Sénat qui dirige tout. D'autre part, dans les
manufactures des Gobelins, de Sèvres, de Beauvais, à
l'école de Grignon, à la bergerie de Rambouillet, c'est
aussi le service affectataire qui s'occupe de la régie du
bâtiment. Il y a un régisseur à l'hôtel des écuries de
8^0
PALAIS
l'Aima. Le Garde-Meuble constitue un service distinct qui
a dans ses attributions à la fois la conservation et l'affec-
tation. Au contraire, à Saint-Germain, il n'existe qu'un
service des bâtiments et pas de régie au château. Enfin le
service des eaux de Marly, Versailles, Saint-Cloud etMeu-
don a son centre à Versailles et est dirigé par un direc-
teur qui relève immédiatement de l'administration cen-
trale.
Historique. Comme lîous F avons dit, les palais na-
tionaux sont restés longtemps dans les services de la Cou-
ronne. En 1848, ils passèrent avec les bâtiments civils au
ministère des travaux publics. Ils revinrent, en 1852, à
la couronne et furent administrés par le ministère de la
maison jusqu'en 1860 ; ils passèrent ensuite du ministère
ORDRE. DES AVOCATS
l/'7l..|Hiri_J
« '•"/Mt»»"''^ COUR H s L».
de la maison au grand maréchal du palais, puis du grand
maréchal du palais au ministre de la maison (1860-63),
Après le 4 sept. 1870, ils rejoignirent les bâtiments civils
au ministère des travaux publics et ce n'est que le
30 janv. 188'2 qu'ils furent rattachés, toujours avec les
bâtiments civils, au département de l'instruction publique,
direction des beaux-arts. R. S.
BiBL. : Paul Dui'RK et Gustave Olle.ndouff, Traité do
Infhninislrntioi} dos boniix-artf^ ; Paris. 1K85, 2 vol. in-S.
PALAIS {uK^jLSiu.K (Architect.). Cet édifice, aujour-
d'hui entièrement affeclé aux services judiciaires, s'élève
en partie sur l'emplacement d'anciennes constructions, les
plus anciennes peut-être qui aient existé dans la cité et
dans l'ancienne ville gallo-romaine de Lutèce. Là, en
i^*^****
oàC/^J < DU l-«-^-l 1« Chambre
^^î::!!/ i PREMIER I i Cour d'Appel r
^ Wr*H- jPRESIDENTlfi ■ Lu
\/Esubule Grand Chambre 1 O
Ul — ,M^^
|^< COUR \ \ I ^ ^
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O T" I Chambre' SJri r^\
CL if" iiiiw #>* J>Ai^^<i^
COUR I .
\ W ^ s
Chambre Lns^ibid W^'-''^
Criminelle I P ^ ^^^
DU
DÉPÔT
il GALERIE S^ LOUIS 1.4 ^
4.PREAU CELLULAIRE î
^1 \
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[conciergerie: [|^ J >
■ l-BLÎ*^
' '^^^*^^^^' r sa
I Bibliothèque
JChambre ' H f:
Palais de Justice de Paris (Plan du premier étage).
gChambre ' f^
effet, à côté d'autres édifices, dont on a retrouvé, à diverses
époques, les substructions et d'importants et nombreux
motifs d'architecture et de sculpture, dut exister, aux
premiers temps de la conquête romaine, une forteresse
servant éventuellement de résidence au gouverneur
romain, et si le césar Julien, dans les séjours qu'il fit à
Lutèce, préféra habiter le palais des Thermes, si les rois
mérovingiens et carlovingiens préférèrent tenir leur cour
dans de grandes villas dont les emplacements nous sont
connus, en revanche, les premiers rois capétiens firent du
palais de la Cité le premier siège de la monarchie.
Louis IX dut même faire reconstruire entièrement ce
palais, devenu trop étroit pour l'habitation des nombreux
officiers de tous rangs qui vivaient dès cette époque à la
cour, et Phillippe le Bel acheva l'œuvre de son aieul. Ce
n'est que lorsque Charles V eut abandonné ce palais de la
Cité pour le château royal du Louvre que ce palais devint
entièrement affecté aux services judiciaires et financiers
PALAIS
— 826 —
dont, au-dessus de tous les autres, le Parlement et la Cour
des comptes. Deux terribles incendies, l'un en 4618, qui
détruisit l'ancienne Grande salle goîhùiue (^t en amena la
reconstruction ])SiYSalomonde Brosse(V. DKBRossE[Les]),
et l'autre en i776, qui fut suivi de la construction de bâti-
ments autour de la cour du Mai, sur la rue de la Barillerie,
aujourd'hui boulevard du Palais, moditièrent considéra-
blement l'aspect du palais, lequel fut remanié et agrandi
depuis un demi-siècle et Tincendie de 1871 ; mais une
gravure de Guillaumot, d'après un dessin de Fichot, dans
la Description archéologiii'ue desMomuiievJs de Paris
de Guilhermy (Paris, 2^ édit., 1856, in-12, p. 8021) nous
montre le Palais de Justice, dit le Palais en l'Ile, tel
qu'il était encore au commencement du n'^giiede Louis XVI
avec une vaste cour intérieure, sur laquelle faisait saillie
la Sainte-Chapelle, d'autres plus petites, les deux portes
ogivales sur la rue de la Barillerie, l'église de Saint-
Michel, la tour de l'Horloge et les toitures des tours du
côté septentrional de la Seine, la salle des Pas-Perdus et
le logis de la Chambre des comptes. Depuis cette époque,
des constructions de grande hauteur ont défiguré cet
aspect pittoresque ; Louis XVI a fait bâtir par le sieur
des Maisons, son architecte, les façades des bâtiments de
la cour du Mai et, sous les gouvernements qui se sont
succédé depuis un demi-siècle, MM. DucetDommey, d'abord,
ont retrouvé ou reconstruit toute la partie du palais avoi-
sinant la tour de l'Horloge ; M. Duc a fait élever les bâti-
ments de la Police correctionnelle entre la cour de la
Sainte-Chapelle et la rue de ce nom, la (^our d'assises
et la nouvelle salle des Pas-Perdus ou vestibule de Harlay,
sur la place Dauphine ; la (^our de cassation et la prison
cellulaire sur le quai de l'Horloge, pendant que M. Diet
faisait élever le bâtiment de la Préfecture de police au-
jourd'hui enclavé dans le palais, du côté du quai des
Orfèvres, et que, de nos jours, M. Daumet poursuit la
reconstruction de la Cour d'appel. Par suite de l'installa-
tion de tant de services divers au Palais de Justice, il est
intéressant de noter que cet ensemble considérable de
travaux de construction ou d'entretien a nécessité et néces-
site annuellement des crédits importants imputables sur des
budgets différents: Etat, département et ville de Paris, mi-
nistères de la Justice, de l'Intérieur et de l'Instruction pubîi-
queet des Beaux-Arts, suivant qu'il s'agit de la Cour de cas-
sation, de la Cour d'appel, de la Cour d'assises, du Tribunal
civil et correctionnel ou de première instance, du Tribunal
de simple police, du Dépôt des prisonniers et aussi de la
Sainte-Chapelle, monument historique classé et restauré
depuis un demi-siècle par Lassus, Viollet-le-Duc, Duban
et Bœswillwald. La figure ci-dessus, empruntée à V Agenda
de la Cour d'appel de Paris pour 1899 et qui n'est,
avec quelques mo lifications, qu'une réduction du grand
plan dressé par Huyot et modifié par M. Duc, lors du
commencement des travaux de reconstruction du Palais
de Justice, fait bien voir Tenchevêtrement de juridictions
et aussi les grandes di^isions qu'occupent ces juridictions
dans le Palais de Justice actuel et dispense d'une plus
lan^i^ue et trop spéciale énumération de ces services. Ch. L.
PALAIS-HoYAL. Ensemble réguher de constructions
situées à Paris (P^ arr.) et qui couvrent une surface
de 405 m. de long (du N. au S.) sur 123 m. de large
(de l'E. àl'O.), entre la rue Saint-Honoré, la place du Palais-
Royal et celle du Théâtre-Français, la rue de Montpen-
sier, la rue de Beaujolais et la rue de Valois. Le palais
proprement dit s'ouvre sur la place du Palais-Royal,
augmentée de plus du double depuis le percement de la
rue de Rivoli. Il comprend, au fond d'une cour presque
carrée et flanquée à droite et à gauche de deux pavillons,
un rez-de-chaussée et un étage a\ec mansardes. Un por-
tique de six arcades, avec grilles, entablement et balus-
trades, unit les pavillons. Le rez-de-chaussée du corps
principal est d'ordre dorique, le premier étage d'ordre
ionique ; les pavillons ont chacun quatre colonnes ioniques,
avec frontons triangulaires. La partie moyenne comporte
l'entrée d'honneur (triple porte avec huit colonnes doriques
accouplées), puis trois arcades aboutissant au vestibule du
palais, qui se compose d'un pavillon central orné de six
colonnes ioniques accouplées, surmonté d'un attique à
pilastres avec fronton semi-circulaire. Toute cette partie
du palais est à l'exposition du midi. Au nord, il présente,
sur une cour intérieure, une façade comprenant un rez-
de-(*]iaussée en arcades et un premier étage distribué
entre dix colonnes composites. Les deux côtés, oriental et
occidental, se prolongent par des constructions latérales
sur portiques, ([ui vont joindre la galerie d'Orléans, vitrée
en partie, et surmontée, d'autre part, de terrasses à la
hauteur du premier étage du palais. C'est avec cette ga-
lerie (jue commence le « palais marchand », c.-à-d. l'en-
semble des constructions destinées au commerce, enve-
loppant un jardin de 250 m. de long sur 95 de large
(207 arcades ou portiques). Le jardin est planté d'arbres
en allées, orné de parterres, et d'un bassin central avec
jet d'eau.
Les premières constructions, à la place des hôtels de
Mercœur et de Rambouillet, furent commandées par le
cardinal Richelieu à l'architecte Lemercier (1629-36) ;
elles prirent le nom de Palais-Cardinal, et Corneille décla-
rait, dans le Menteur (1642), « que l'univers entier ne
peut rien voir d'égal aux superbes dehors du Palais-Car-
dinal ». Louis XHl en hérita en vertu du testament de son
ministre, et il devint réellement « Palais-Royal » par le
choix qu'en fit, pour sa demeure habituelle, la régente
Anne d'Autriche, mère de Louis XIV. 11 fut aussi quelque
tem])s l'asile de la veuve de Charles I^^' d'Angleterre, Hen-
riette-Marie de France. En i661i, Louis XÏV l'attribua
comme résidence à son frère, le duc d'Orléans, qui l'agran-
dit, le décora, en devint propriétaire en 1692 (lettres
patentes de février), et le laissa en 1701 à son fils, qui,
devenu régent au nom de Louis XV, y fit procéder à de
nouveaux embellissements, et y réunit une galerie célèbre
de tableaux. Cette galerie, expurgée, dit-on, par Louis,
fils du régent (1723-52), prit, sous Louis-Philippe, les
proportions d'un vrai musée. Mais en 1763 brûla l'Opéra,
attenant alors au Palais, qui fut aussi en partie consumé ;
c'est d'alors que datent les trois corps de bâtiment ac-
tuels dus à P.-L. Moreau. En 1780, Louis-Philippe-Joseph,
alors duc de Chartres, fit édifier par Louis le palais mar-
chand, achevé en 1784. Un second incendie de l'Opéra
(1781) donna occasion à la construction (1786) du
théâtre des Variétés amusantes, aujourd'hui Comédie-
française (V. ce mot). En 1790, sur les 180 arcades qui
entouraient alors le j ardin , le duc d'Orléans en avait déi à loué
160, qui lui avaient rapporté plus de 10 millions. Toutes
les modifications de cette époque ne furent pas heureuses.
Les superbes marronniers de Richeheu disparurent ; un
cirque, en partie souterrain (178^7-99), fut construit au
centre. Les arcades, le jardin et surtout la galerie de bois
devinrent le rendez-vous ordinaire des libertins, des
filles, des joueurs, des agioteurs, et aussi des étrangers,
qui iugeaiènt par là de Paris et de la France. Comme
le Temple et le Luxembourg, le Palais-Royal était
encore un lieu privilégié et une sorte d'asile pour les
délinquants, à la veille de la Révolution; lel9avr. 1787,
le roi signe une lettre à l'adresse du duc d'Orléans, afin
« que les officiers de police puissent librement faire leurs
recherches » dans son palais « comme partout ail-
leurs », vu « la multiplicité des faiseurs de fausses
lettres de change ». Les jardins royaux (Tuileries, etc.)
n'étaient ouverts qu'aux gens de la bonne société,
« bien vêtus » ; on redoutait les rassemblements « illi-
cites » et populaires ; c'est le duc d'Orléans qui, le pre -
mier, leur donna chez lui toutes facilités, et leur assura
une impunité relative. Le Palais-Royal fut par suite le
centre et le foyer des premières journées révolutionnaires
(V. Bastille). Devenu bien national par la condamnation
de Philippe-Egalité, il fut presque abandonné aux fan-
taisies déprédatrices et mercantiles de ses locataires
,— 827 —
PALAIS - PALAISEAU
Après le 18 brumaire, le ïribunaty fut installé jusqu'à sa
suppression (1807), puis ce fut le tour de la Bourse et du
Tribunal de commerce. Louis XVIII, avec qui le fils
d'Egalité s'était réconcilié, lui rendit son palais ; Louis-
Philippe fit construire la galerie vitrée dite d'Orléans (par
Fontaine), dégager l'aile gauche du palais, exhausser d'un
étage le bâtiment central, prolonger l'aile droite du théâtre
au jardin, construire les pavillons qui relient les ailes de la
cour d'honneur au palais marchand; enfin, restaurer le
théâtre. C'est dans ce palais qu'après les journées de juillet,
il accepta le titre de roi des Français, mais il cessa de l'ha-
biter le 1^^' oct. 1831. Sous la deuxième République, le
Palais-Royal fut la résidence du Comptoir d'escompte et
de l'état-major des gardes nationale et mobile. D'abord
seulement mis sous séquestre, il fut ensuite confisqué par
le décret présidentiel du 23 janv. 1852. Sous le second
Empire, il devint la résidence du « roi » Jérôme et de
son fils, le prince Napoléon. La galerie des tableaux de
Louis-Philippe a été saccagée en'' 1848; celle du prince
Napoléon (peintures allégoriques de Hédoin, entre autres)
en 1871. Il est actuellement occupé par la cour des
comptes et, depuis 1875, par le conseil d'Etat. — Au
bout de la galerie Montpensier et au N.-E. du palais mar-
chand se trouve une petite salle de spectacle de 800 places
construite en 1785 et qui a porté les noms successifs de
théâtre de Beaujolais ou des Marionnettes, théâtre de M^^^de
Montansier (la directrice) en 1790, théâtre de la Montagne
et enfin théâtre du Palais-Royal, célèbre par la gaieté tra-
ditionnelle de son répertoire. H. Mokin.
Théâtre du Palais-RoyaL — Ce fut Louis, l'archi-
tecte du duc d'Orléans qui eut l'idée d'aménager une salle
de spectacle au Palais-Royal, à l'extrémité de la galerie
de Beaujolais. Cette salle fut achevée en 1783, et servit
d'abord à l'exhibition de diverses attractions de second
ordre. Un sieur Delorme y montra des marionnettes ; une
troupe d'enfants y vint jouer de petits ballets et des pan-
tomimes. En 1790, M^^® Montansier, actrice du théâtre
de Versailles, étant venue s'installer à Paris après le dé-
part de la cour, en prit la direction. Sous le nom de
théâtre des Variétés, le Palais-Royal se mit à jouer alors un
peu tous les genres. Mais en 1807, un décret impérial attri-
bua à la troupe le théâtre des Variétés du boulevard
Montmartre. La salle du Palais-Royal, restée vide, abrita
quelque temps des marionnettes, des danseurs de corde
et une troupe de chiens savants qui eut assez de succès.
En 1814, on en fit un café chantant, le café de la Paix,
fameux pendant les Cent-Jours. A la suite de divers scan-
dales, il fut fermé en 1818 pour ne se rouvrir qu'en 1830.
La salle fut alors entièrement reconstruite par l'architecte
Guerchy. MM. Dormeuil et Ch. Poirson, qui en eurent le
privilège, ouvrirent leurs portes en 1831, et depuis ce
jour, le théâtre du Palais-Royal (ce fut désormais son
nom) n'a pas cessé d'être exploité. Le genre auquel, jus-
qu'ici, il s'est tenu de préférence est celui du comique à
outrance. Le vaudeville, la pièce à quiproquos, la comédie
bouffe y ont été interprétés par une troupe d'excellents
acteurs. Il suffira de citer Lepeintre aîné, Achard, Levassor,
Germain, Grassot, M'^^ Leménil, Dupuis, Virginie Déjazet,
Hyacinthe, Berthelier,Lassouche, Gil-Pérez, Luguet, Bras-
seur, etc. Les auteurs comiques les plus en vogue ont donné
leurs meilleures pièces au Palais-Royal. Qu'il suffise à ce su-
jet de dire que la majeure partie de l'œuvre de Labiche fut
représentée sur cette scène, un des derniers refuges de ce que
l'on appelle la vieille gaieté française. H. Quittard.
BiBL. : J. VATOVT^le Palais-Royal, souvenirshistoriques
jusqu'en 1 8 il ; son histoire et sa description ; Paris, 1652,
in-8. — [Divers] Paris à travei^s les âges; Paris, in-fol.,
2 vol., ch. II (par J. Cousin). — V., pour le détail, le Cata-
logue de l'histoire de France (Bibliothèque nationale),
t. VIII, pp. 517-518, et- Supplément, t. XIII, p. 491. 2« colonne,
et p. 499. — A, TuETKY, Répertoire général des sources
manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution,
1894, t. II, in-4; Introduction et passim.
Théâtre. — Hugot, Histoire du théâtre du Palais-
Royal; Paris, 1886.
PALAIS. Rivière du dép. de la Gironde (V. ce mot,
t. XVIII, p. 983).
PALAIS (Le). Ch.-l. de cant. du dép. du Morbihan,
arr. de Lorient, dit aussi cant. do Belle-Ile, comprenant
4 communes; celle du Palais a 4.931 hab. Ch.-l. du
quartier maritime de Belle-Ile du III^ arrondissement, et
syndicat. — Port maritime, sur la côte N.-E. de Belle-
Ile, rade foraine abritée, sauf contre les vents de N.-E.
Le port se compose d'un port d'échouage et d'un bassin
à flot, celui-ci séparé en deux par un pont tournant.
L'entrée du port est signalée la nuit par un fanal. Le
Palais est aussi une véritable forteresse : au N., une cita-
delle ; au S. , une succession d'enceintes ; à l'O. , un ouvrage
dit de Beau-Soleil, qui ferme ce côté. La ville, bien bâtie,
ne peut, ainsi enserrée dans ses fortifications, se dévelop-
per. Il faut citer : la citadelle, construite en 1572 et
complétée par Vauban ; elle est précédée de belles pro-
menades ; les anciennes fortifications appelées : la Vieille-
Enceinte ; la nouvelle enceinte fortifiée ; l'Aiguade-Vauban
ou Belle-Fontaine ; l'hôpital militaire, fondé par Madeleine de
Castille, femme de Fouquet ; le Château- Fouquet ; les grottes
aux pigeons de Saint-Michel et de Port-Fouquet ; les galeries
souterraines de Kerspern et de Kerdanet. -— Dans la com-
mune se trouvent : les établissements agricoles de Brute
et de la colonie des jeunes détenus ; maison de réforme des
pupilles du dép. de la Seine. — Bains de mer.
Le commerce du Palais importe les articles d'approvi-
sionnement de l'île, entre autres la rogue ; il exporte :
hlé, pommes de terre, poissons frais, salés ou conservés.
Le mouvement de la navigation est représenté en moyenne
par 30.000 tonneaux de jauge et 45.000 de niarchan-
dises. Un service régulier de bateau à vapeur a lieu jour-
nellement pour Port-Haliguen, et toutes les semaines pour
Auray, Lorient, Nantes. Le bateau à vapeur de Lorient
à Bordeaux -fait souvent escale à Belle-Ile. — L'industrie
principale est la pêche (homards, soles, turbots, anchois,
sardines, thons) et les fabrications qui en sont la con-
séquence, telles que conserves de sardines. — Chantiers
de construction.
L'histoire du Palais se confond avec celle de Belle-Ile
(V. ce mot) dont elle est la capitale. Les Anglais s'em-
parèrent du Palais en 4761 et ne l'évacuèrent que deux
ans après. L'ile a souvent été attaquée par les Anglais.
Patrie de l'amiral VVillaumez. Ch. Delavaud.
BiBL. : JozoN, Port du Palais, dans Ports marit, de
France, 1879, t. IV.
PALAIS (Le). Corn, du dép. de la Haute-Vienne, arr.
et cant. (N.) de Limoges, sur la rive droite de la Vienne ;
672 hab. Usine de pâte à porcelaine. Cette localité, que
traversait la chaussée romaine de Limoges à Bourges,
semble tirer son nom du Palatium Jocundiacum, rési-
dence royale de l'époque carolingienne, où se tint une
diète en 832. Cependant il y a quelques doutes sur cette
identification. Pierre le Scolastique constate qu'en son
temps le palais n'existait plus. L'égfise actuelle, avec clo-
cher du style limousin, date du xii® siècle. Devenu com-
manderie du Temple, Le Palais se perpétua sous l'ordre
de Malte jusqu'à la B évolution. La juridiction seigneu-
riale ressortissait au sénéchal de Limoges. — Le chemin
de fer de Limoges à Paris traverse la commune sur un
viaduc de six arches, haut de 44 m.
PALAIS-Du-Roi. Montagne du dép. de la Lozère (S, ce
mot, t. XXII, p. 708).
PALAIS-Notre-Dame (Le). Hameau du dép. de la
Creuse, arr. de Bourganeuf, cant. de Pontarion, com. de
Thauron. Jadis siège d'une importante abbaye de l'ordre
de Cîteaux, fondée en 4462.
PALAISEAU. Ch.-l. de cant. du dép, de Seine-et-Oise,
arr. de Versailles, sur l'Yvette; 2.661 hab. Stat. du
chem. de fer de Paris à Limours. — Doit son nom {Pa-
latiolum, Paleisol, Palesel) à un petit palais, qui exis-
tait dès la première race, et où séjournèrent Childebert I^^'
et Clotaire III. En 754, le roi Pépin donna la terre de
PALAISEAU — PALAN
— §28 —
Palaiseau à l'abbaye de Samt-Germuiii(}ui la conserva jus-
qu'au x^ siècle, où elle passa entre les mains de seigneurs
laïques ; au xvii*^ siècle, elle fut érigée en marquisat. Palai-
seau avait alors un château, placé dans une admirable
situation sur la vallée de l'Yvette et dont on voyait en-
core, au siècle dernier, plusieurs tours à créneaux. \ù église
(parties du xii^ siècle), dédiée à saint Martin, contient les
restes des anciens seigneurs et, notamment, de la famille
des Arnauld, dont les corps furent transportés là de Port-
Royal, en 1710. — Patrie du tambour Bara. ïronchel,
l'un des défenseurs de Louis XYÏ, a habité à Palaiseau;
George Sand y possédait une villa.
BiiIl.: AbbéLEDEUF. llïst. de In ville et du Oàùc dcl^u-
vis, t. III, pp. 321 et suiv., de léd. de liS84.
PALAISEUL. Coni. du dép. de la Haute-Marne, arr.
de Langres, cant. de Longeau; i02 hah.
PALAJA. Com. du dép. de l'Aude, arr. et cant. (E.)
de Carcassonne ; 264 hab.
PALAKOLLOUouPALKOLE.Petitevillede 8.000 hab..
de la présidence de Madras (Inde), située sur le bras mé-
ridional du delta de la Godavari, et qui fut le premier
établissement fondé par les Hollandais, vers le milieu du
XVII® siècle, entre la côte de Coromandel et celle des Cir-
cars. Elle est définitivement revenue aux Anglais en 182o.
PALALDA. Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, arr.
de Céret, cant. d'Arles-sur-Tech ; 914 hab.
PALAM AS (Grégoire), théologien byzantin du xiv^ siècle,
né vers la fin du xiii*^ siècle. Il fut le principal défenseur
de la doctrine des hésychastes et vécut d'abord à Constan-
tinople, puis à l'Athos. Devenu en 1349 archevêque de
Thessalonique, il ne put prendre possession de son siège ;
toutefois, au synode de 1351, grâce à l'appui de Jean Can-
tacuzène, il triompha de ses adversaires les Barlaamites.
Il mourut vers 1360, et fut bientôt honoré comme un saint.
Fondateur de la théologie hésy chaste, il passa sa vie à
combattre, par toutes les formes de la polémique, vers ou
prose, apologies, dialogues ou citations des pères, ses con-
tradicteurs, en particulier Barlaam et Nicéphore Grégo-
ras. Egalement hostile aux Latins, il se prononça contre
les partisans de l'union. De ses nombreux écrits, beau-
coup sont inédits encore. Sa vie écrite par le patriarche de
Constantinople Philothéos, son contemporain, se trouve
avec d'autres documents dans Migne {Pair, gr., t. CLI)
(V. Hésychastes, Grégoras [Nicéphore]). Gh. D.
PALAM ÈDE(naXa{X7i8rjç), héros grec légendaire, fils de
Nauplios et de Glymène, fille d'Atrée. Sa légende inconnue
d'Homère, paraît provenir desCypria et servit de thème à
Euripide. On le regardait comme un sage, inventeur des
phares, des mesures, de l'alphabet, du jeu d'échecs, du
disque, etc. Il avait un sanctuaire sur la côte d'Asie en
face de Méthymne. On contait que, parti pour la guerre de
Troie avec Agamemnon, il aurait été victime de la jalousie
d'Ulysse et de Diomède. Ils l'accusèrent de trahison, lui
faisant écrire par une captive phrygienne une prétendue
lettre de Priam, et le lapidèrent.
PALAM EDEA (Ornith.) (V. Kamichi).
PALAM EDES (Anthoni), peintre hollandais, né à Delft
en 4601, mort à Amsterdam en 1673. Son vrai nom était
Anthoni Palamedesz Stevaerts, mais il ne se servit de ce
Bom de famille que pour des actes notariés. Plus connu
comme un peintre élégant et spirituel de Sociétés ga-
lantes et de Conversations, il a fait aussi de très bons
portraits, dont quelques-uns approchent de ceux de Ter
Borch. Il a peint les figures dans la plupart des tableaux
d'architecture de Dirk Van Delen. Musées de Bruxelles,
Copenhague, Berlin, Gotha, Lille, Nantes, etc. E. D.-G.
PALAMEDES (Palamedes Palamedesz Stevaerts, plus
connu sous le nom de), peintre hollandais, né à Delft en
1607, mort à Delft en 1638, frère du précédent. Il signait
de son vrai nom de charmantes scènes militaires et ba-
tailles qui ont pu inspirer Ph. Wouwerman. Musées de
Dresde, Francfort, etc. E. D.-G.
BiBL. : Henri Havarb, les PaUrmodes : l'Art et les artistes
hollandais; Paris, in-b.
PALAM IN Y. Com. du dép. de la Haute-Garoiuie, arr.
de Muret, cant. de Cazères ; 689 hab.
PALAMKOTTA. Petite ville (20.000 hab.), située à
l'extrême sud de l'Inde, dans le district de Tinnevelli
(présid. de Madras) et à 4 kil. au S.-E. de la ville de ce
nom, sur l'autre rive de la Tamraparni; c'est le siège de
l'administration du district ; plusieurs missions chré-
tiennes s'y sont établies et comptent environ 2.000 convertis .
PALAMOS. Ville d'Espagne, province et' à 32 kil.
E.-S.-E. de Girone (Catalogne), district delà Bisbal,sur
la rive d'une petite baie de la Méditerranée; 2.323 hab.
Elle reçoit des caboteurs et des bateaux de pèche. Com-
merce de liège provenant des forêts voisines.
PALAN. I. Mécamque. — Appareil destiné à soulever
les fardeaux verticalement sans déplacement latéral.
Palan à corde. Il se compose de deux moufles con-
juguées passant successivement dans la gorge de chacune
des pouhes ou réas qui constituent
chacune des moufles. Les poulies d'une
même moufle sont dites poulies
mouflées ; elles sont indépendantes
entre elles. Chaque moufle est munie
d'un crochet ; celui de la moufle su-
périeure sert à suspendre l'appareil,
celui de la moufle inférieure sert à
suspendre le fardeau. La corde de
manœuvre est attachée par l'une
de ses extrémités à un anneau que
porte l'une des moufles. L'autre ex-
trémité est libre et sert à la levée du
fardeau. Les brins passant sur les réas
se nomment courants; celui (pii sert à
la levée est appelé gainant.
L'avantage de ce système se com-
prend de suite : soit P la charge à
soulever et 6, par exemple, le nombre
des courants ; chacun d'eux ne sup-
portera que 1/6 de la charge et par
suite, pour élever le fardeau, il suffira
d'exercer sur le garant un effort de
P
traction ésfal à -77-. En revanche, le
0
temps employé à la manœuvre est assez long. En effet,
pour élever ce fardeau de 1 m., il faut que chacun des
courants se racourcisse de cette quantité ; si donc nous
supposons comme tout à l'heure six courants, il faudra
développer 6 m. de garant pour arrivera ce résultat. Les
inconvénients du palan à corde sont assez nombreux : en
premier heu, la résistance de la corde varie rapidement
et inégalement avec l'usure, et une rupture est toujours
à craindre ; en second heu, la longueur de corde néces-
saire pour la manœuvre est toujours considérable, ce qui
rend l'appareil encombrant. Enfin on remarquera que,
lorsque la charge est soulevée de terre, elle ne se main-
tient en équilibre que sous l'action de l'effort exercé par
l'ouvrier sur le garant ; par suite, elle redescendrait si
on lâchait le garant sans l'avoir préalablement attaché à
un point fixe.
Palan différentiel de Weston à chaîne sans fin. Cet
appareil est basé sur le principe du treuil chinois ; l'axe
supérieur, passant dans la chape du crochet de suspen-
sion du palan, supporte une double poulie à cône à deux
étages, portant des empreintes pour pouvoir faire usage
de la chaîne. L'axe inférieur, passant dans la chape du
crochet d'accrochage du fardeau, porte une poulie simple,
à empreintes. La chaîne du palan est sans fin; elle passe
dans la gorge d'un des étages de la poulie supérieure, re-
descend dans celle de la poulie inférieure, remonte à
l'autre étage de la poulie du haut et sous forme de brin
flottant faisant l'office de garant, elle redescend puis re-
monte se raccorder à son point de départ. En un mot,
lorsqu'on actionne l'appareil, elle s'enroule autoiu:* d'un
Palan.
des étages de la pouîie-cône et se déroule autour de l'autre.
Ensupposant qu'il s'agisse du mouvement ascensionnel,
""et en appelant R et v les rayons des deux étages de la
poulie-cône, nous voyons que, pour un tour complet de
celle-ci, la chaîne s'enroule de ^tîR et se déroule de 2::?%
le chemin parcouru est donc 2:: (R — r); l'élévation du
fardeau n'est que la moitié de cette quantité puisque la
chaîne a deux brins.
R et r étant généralement très peu différents, il en ré-
sulte que le mouvement ascensionnel est très lent, mais
en revanche le rapport entre la puissance et la résistance
s'abaisse jusqu'à 4/30^.
Palan à chaîne et à vis sam fin. il ressemble comme
disposition générale à un palan différentiel dans lequel
l'un des étages de la poulie-cône serait remplacé par une
roue à denture hélicoïdale. Celle-ci reçoit son mouvement
d'une vis sans fin maintenue après la chape par ses deux
extrémités et terminée par un volant de manoeuvre à em-
preinte. La chaîne n'est pas sans fin; elle prend son point
d'attache sur le bras de la chape supérieure, passe dans
la poulie du crochet inférieur, remonte sur celle du cro-
chet supérieur et retombe librement. Le volant de ma-
nœuvre de la vis sans fin porte une chaîne au moyen de
laquelle on peut, du niveau du sol, transmettre le mou-
vement de la vis sans fin, qui actionne la roue hélicoï-
dale ; celle-ci, à son tour, entraine la roue à empreintes,
et la charge monte ou descend suivant que le mouvement
de la vis sans fin se fait dans un sens ou dans l'autre. Le
rapport des chemins parcourus est de i/60^ à i/70^. —
Dans ces conditions, les efforts de frottement développés
dans l'appareil sont suffisants pour équilibrer l'effort de
traction, de telle sorte que lorsqu'on lâche la chaîne' de
manœuvre la chaîne reste suspendue.
Crochet hydraulique. Cet appareil peut, dans certains
cas, jouer le rôle de palan. Il se compose d'un corps cy-
lindrique creux, de grande longueur et hermétiquement
fermé dans lequel se meut un piston à tige creuse égale-
ment. Cette tige est terminée par une petite pompe aspi-
rante et foulante analogue à celle des vérins hydrauliques
et au moyen de laquelle on refoule de l'eau au-dessous
du piston. L'appareil placé verticalement, le cylindre ter-
miné à sa partie supérieure par un anneau s'accroche à
un point fixe ; la petite pompe qui termine la tige du pis-
ton porte également, à sa partie inférieure, un anneau au-
quel on attache la charge à soulever. Quand on refoule
de l'eau dans le cylindre, à la partie inférieure du piston,
celui-ci monte lentement et, par suite, la charge s'élève.
Pour redescendre, il suffit de manœuvrer un robinet à
pointeau qui permet à l'eau de repasser au-dessus du
piston qui redescend alors librement par son poids.
Palan inverse dCArmstrong. Il se compose d'un corps
de presse hydraulique dont la culasse porte un jeu de pou-
lies mouflées. L'extrémité de la tige du piston porte les
poulies mouflées correspondantes; une chaîne s'enroule
sur ces poulies et se termine par une extrémité libre ana-
logue au garant. Mais la différence entre ces appareils et
le palan consiste en ce qu'au lieu de tirer sur le garant
pour rapprocher les moutles on écarte celles-ci par la
pression hydraulique et on soulève la charge avec le ga-
rant. S'il y a n brins de chaîne, la puissance hydraulique
nécessaire pour soulever un poids donné sera 7i fois supé-
rieure à ce poids, mais en revanche le chemin qu'il par-
courra sera n fois supérieur à la course du piston.
En résumé, c'est bien là le problème invei'se de celui
du palan ; au Heu de soulever un poids considérable avec
une faible force, on soulève rapidement un poids mé-
diocre avec une force considérable. Il faut noter toutefois
que le palan inverse peut être horizontal, oblique ou ver-
tical tandis que le palan ordinaire doit toujours être dis-
posé verticalement. E. Magltn.
II. Marine. — On emploie à bord, dans la marine,
un nombre considérable de palans, dont le nom Aa-
rie avec la force, la forme et l'usaafe. Il v a notamment
8<29 — PALAN — PAf.APRAT
des palans à fouet, à croc, à violon, des palans de charge,
de côté, de retraite, de bouline, de roulis, de retenue, de
bout de vergue. On donne plus spécialement le nom de
caliorne (V. ce mot) aux plus forts palans en usage dans
les arsenaux ou à bord, tandis que celui de palanquin
est réservé à de très petits palans, doubles ou simples, qui
servent à soulever des fardeaux de faible poids, à prendre
des ris, à amener le racage de la gi'ande vergue, etc.
PALAN Cl A. Petit fleuve d'Espagne. Il naît dans la
sierra de E]spina (prov. de Castellon de la Plana) et tombe
dans la Méditerranée, au-dessous de Sagunto (Murviedro),
après un cours de 75 kil. On l'appelle quelquefois rio de
Murviedro ;» il n'est ni navigable ni flottable, mais fait
mouvoir de nombreux mouhns.
PALAN DER de Vega (Louis), explorateur suédois, né à
Carlscrona le 2 oct. 1842, officier de marine, compagnon
de Nordenskjœld ; il explora le Spitzberg (i 872-73) et
dans la grande expédition de 1878 commandait la Vega;
à son retour, il fut anobli.
PALAN GU I (Fleuve). C'est le second fleuve, pour l'abon-
dance des eaux, de l'île Mindanao, bien qu'il porte aussi
partois le nom de « rio Grande de Mindanao ». Il naît
des hautes montagnes orientales, par des torrents qui en
descendent dans le lac central de Magindanac, d'où il sort
pour couler au S.-O. ; après avoir reçu les affluents
d'autres lacs, il se dirige au N.-O., puis se jette, en for-
mant un delta, dans la baie d'Illana, extrémité septen-
trionale de la mer des Célèbes. Il est navigable sur une
centaine de kilomètres. Ch. Del.
PALAN KA. Localité de Hongrie, comitatdeBacs-Bodrog,
riveraine du Danube, comprenant trois bourgades iNemet-
Palanka, 5,310 hab., la plupart allemands ; 0-Palanka,
5.250 hab., la plupart serbes; Uj-Palanka,i 774 hab.,
en majorité allemands.
PALANPOUR. Ville du Goudjerat(présid. de Bombay).
Elle donne son nom à une principauté et à une agence.
Celle-ci, qui s'étend sur 20.719 kil. q. avec 645.526 hab.
(en 1891), ne comprend pas moins de deux districts et
treize principautés. La principale de ces dernières est
l'état indigène de première classe de Palanpour qui a
une superficie de 8.158 kil. q. et 234.402 hab. Le
pays est accidenté et arrosé par les rivières Banas et
Sarasvatî. la capitale, nichée au creux des dernières col-
lines des Aravalhs, est entourée d'une muraille et compte
21.000 hab. C'est une station du Bombay Baroda and
Central hidia Railway, à 140 kil. au N. d'Ahmedabâd,
avec embranchement sur Dîça. Le souverain appartient à
la tribu afghane des Lohanis et a un revenu d'environ un
million de fr. Il paye tribut au gaïkvar de Baroda.
PALANQUE (Artmilit.) (V. Défense, t. VIII, p. 1107).
PALANQUIN. Sorte de chaise ou litière portée sur les
épaules et dont on fait usage pour voyager dans les pays
chauds, particulièrement en Chine et dans l'Inde. Les pa-
lanquins sont généralement découverts et surmontés d'un
dais porté par des domestiques. Il y en a de plusieurs
sortes, plus ou moins luxueusement décorés ; leur usage
remonte à une haute antiquité (V. Chaise, t. X, p. 21§,
et Litière). — On désigne aussi sous le nom de palan-
quin une sorte de paan (V. ci-dessus).
RALANTE. Com. du dép. de la Haute-Saône, arr. et
cant. de Lure; 131 hab.
PALANTINE. Com. du dép. du Doubs, arr. de Besan-
çon, cant. de Quingey; 52 hab.
PALAOS. Iles de l'Océanie (V. Carolines).
PALAOUAN. Ile des Philipines (V. Philippines).
PALAPRAT(Jean), sieur de Bigot, littérateur français,
né à Toulouse en 1650, mort à Paris en 1721. D'une
famille de robe de Toulouse, il y fut reçu avocat, nommé
capitoul (1675) et chef du consistoire (1680), se rendit
à Rome, où il se lia avec l'abbé Brueys qui l'amena à Pa-
ris, où il devint secrétaire du grand prieur de Vendôme.
Il collabora aux comédies de Brueys (V. ce mot) dont la
meilleure part lui revient ; rappelons le Grondeur, Vlm-
PALAPRAT - PALATIN - 830 -
portant, V Avocat Patelin ; Palaprat donna ensuite seul
le Quipro'iuo, Hercule et Omphale, le IMlet extrava-
gant, la Prude du temps. Ses œuvres, réunies à celles de
Brueys, ont été publiées en 3 vol. in-d2 (l 73^5-55) .
PALÂRIK (Jean), pseudonyme Bc^^'/cz/do!', prêtre calho-
lique, auteur dramatique et journaliste slovaque, né en
i822. Il fonda en 4850 à Scliemnitz un journal ecclésias-
tique, Cyrille et Méthode, où il défendait la liberté de
l'Eglise et du peuple. Il provoqua ainsi l'indignation de ses
supérieurs qui le forcèrent à renier quelques-uns de ses
écrits. Plus tard, il fut envoyé à Pest, mais il y continua la
lutte séparatiste en écrivant dans le Journal catholique,
où il défendait surtout la langue slovaque contre le tchèque
qu'on voulait imposer aux Slovaques comme langue litté-
raire. Il fut aussi un auteur dramatique de grand talent.
Ses comédies, Incognito, Drotdr et Ueconciliation, ont
eu beaucoup de succès M. GAVRn.ovrrcfi.
RALAS (Le). Rivière du dép. de la Haute-Gfironne
(V. Garonne [Haute-], t. XVIlï, p. 554).
PALASCA. Com. du dép. de la Corse, arr. de Calvi,
cant. de Belgodère ; 571 hab. Slal. du cliem. de fer de
Calvi à Bastia.
PALASNE DE Champeaux (Juben-François). homme po-
litique français, né à Saint-Brieuc (Cùtes-du-Xord) le
M mars 4736, mort à Brest (Finistère) le 2 iiov. 4795.
Avocat, sénéchal de Saint-Brieuc, ilfLitélu,le 43 avr. 4789,
député du tiers état de sa sénéchaussée aux l^^tats géné-
raux. Il fut adjoint au doyen des communes, prêta le ser-
ment du Jeu de paume el devint secrétaire de rassemblée,
le 24 avr. 4790. Après la session, il fut président du tri-
bunal criminel des Côtes-du-Nord. Le 7 sept. 4792, il fut
élu député à la Convention par ce département. Il vota
pour la réclusion de Louis XYI, se montra favorable aux
girondins et contribua à la chute de Robespierre. Envoyé
en mission à Brest, en mars 4795, pour achever la paci-
tication, il y mourut subitement. Etienne Charâvay.
BiBL.: Kerviler, les Députés de la Bretcujne inix Etnts
(jénéraiix.
PALASNE DE Cha^u^eaux (N.) (V. Champeaux |Pa-
LASNE de]).
PALASOL (Bérenger de), troubadour français, origi-
naire du Roussillon, mort en 4194. Il vécut à la cour de
Raimond Vde Toulouse. On a conservé ses chants d'amour
en l'honneur d'Ermesine, femme d'Arnaud d'Avignon.
PAL AT. Village d'Algérie, dép. d'Oran, arr. de Mosta-
ganem, com. mixte de Tiaret. à 47 kil. au S. de cette
dernière ville ; 729 hab., dont 590 Français, 15 israélil;es
naturalisés et 85 Européens étrangers. H portait ancien-
nement le nom de Mell'ikou et a reçu depuis celui de
l'héroïque voyageur mort au Gourara, Le village, qui date
de 1888, est en voie de prospérité.
PALATALE (Ling.) (V. Gutturale).
PALATIN. Os palatins. Ce sont deux petits os irréguliers
situés à la partie postérieure des fosses nasales et do la voûte
palatine. Us sont composés d'une portion verticale et d'une
portion horizontale. La portion horizontale complète la
voûte palatine en arrière. La portion verticale fait partie
des fosses nasoles par sa face interne, et s'articule par sa
face externe avec l'os maxillaire supérieur. A la réunion
des deux portions se détache en arrière une apophyse,
apophyse pyramidale ; sur le bord supérieur de la por-
tion verticale on voit deux autres apophyses séparées pai*
une échancrure, ce sont Vapophyse orbitaire et Yapo-
physe sphénoïdale, Qiï échancrure sphéno-palaiine.
Conduits palatins. Il y en a deux, l'un antérieur,
l'autre postérieur. Le canal palatin antérieur est creusé
derrière l'arcade alvéolaire, sur le bord articulaire des
deux intermaxillaires qui concourent à le former. C'est un
canal en Y, dont l'ouverture simple s'ouvre à la voûte pa-
latine et l'ouverture double dans la fosse nasale corres-
pondante. Le canal palatin postérieur est creusé au
niveau d«^ l'apposition de l'os palatin et de la tubérosité
maxillaire.
Epine palatine. Constituée par un éperon que forment
les deux portions horizontales du palatin au niveau le plus
reculé de leur articulation (épine nasale postérieure).
Artères palatines. Elles sojit distinguées en supérieure
et injérieure. La première vient de la maxillaire interne
au sommet de la fosse zygomatique ; la seconde est fournie
par la même artère, tout pi'ès de son origine.
Nerfs palatins. On en compte trois : le grand, le moyen,
le petit. Tous les trois naissent du ganglion sphéno-palatin,
annexé au maxihaire supérieur. Le premier passe par le
canal palatin postérieur et se ramifie sur la voûte palatin*^
à sa sortie de ce canal. Le moyen et le petit vont se dis-
tribuer au voile du palais et à l'amygdale.
Voûte palatine. Voûte formée par l'articulation des
apophyses palatines des deux os maxillaires et des deux
portions horizontales des palatins. Ch. Debierre.
PALATIN. Ce nom qui, à l'époque du Bas-Empire, dé-
signait tout employé de la cour (palatium) et plus par-
ticulièrement ceux des finances, fut, dans l'empire caro-
lingien, appliqué aux grands qui vivaient à la cour; sous
la forme de paladins, il s'est perpétué pour qualifier
1 entourage de Charlemagne (V. les art. Comte du palais
et Cour). De ces palatins, le principal était le comte du
palais {cornes palatinus ou palatii) qui assistait et sup-
pléait le roi dans ses attributions judiciaires et en eut sou-
vent la délégation ; il statuait en dernier ressort sur les
affaires secondaires et finit par avoir son tribunal distinct
de celui du monarque. En même temps, il continuait
d'être le principal ministre de celui-ci pour les affaires
administratives et même diplomatiques et militaires.
Lorsque s'organisa le royaume des Francs orientaux ou
d'iillemagne, constitué par Eunion de quatre ou cinq
groupes de populations (Franconic et Lorraine, Saxe,
Bavière, Souabe), on fut amené à multipher les comtes
palatins. Otton I^^' en plaça un en face de chaque duc,
tout au moins en Bavière, en Saxe et en Lorraine, les
chargeant de lever les revenus royaux et d'exercer l'en-
semble des droits régaliens. Ces comtes palatins acquirent
une assise territoriale et figurèrent aussi rarement à la
cour que les autres grands seigneurs allemands. Les pa-
latins de Souabe se localisèrent à Tubingue ; ceux de Ba-
vière à Neubourg ; ceux de Saxe à Magdebourg. Les plus
importants furent ceux de la région rhénane qui profitè-
rent de l'effacement des duchés de Franconie et de Lor-
raine (V. Palatinat). Ils partagèrent avec ceux de Saxe
(V. ce mot) le vicariat de l'empire en l'absence de l'em-
pereur ou lors de la vacance du trône, et la Bulle d'or con-
sacra la division delà fonction entre eux. Le comte palatin
du Rhin demeura le principal suppléant de l'empereur dans
ses attributions judiciaires et finit par acquérir juridiction
éventuelle sur l'empereur lui-même. Sauf cette exception,
les dignités palatines devenues héréditaires ne furent plus
que le titre de principautés analogues aux autres. Cepen-
dant, l'empereur continua de nommer des employés dé-
nommés comtes palatins (cornes palatinus cœsarius,
contes sacri palatii) pour l'exercice de ses droits réser-
vés {jwa reservata exclusiva ou communia) ; leur office
s'appelait comitiva; on distinguait le comitiva minor,
qui pouvait légitimer les bâtards, nommer des notaires,
couronner des poètes, du comitiva major, qui pouvait
conférer la noblesse ; cette qualité était conférée à des
villes, à des corporations, à des universités.
En Pologne, chaque gouverneur de province portait le
titre de palatin. — En Hongrie, ce fut une dignité consi-
dérable (en magyar Nddor et ur ispan ou cornes ma-
gnus) dont l'origine remonte à saint Etienne. Le palatin,
c'était d'aljord le chef suprême de la justice, plus tard
rintermédiairc entre le roi et la nation. Cette dignité était
élective, et vers la fin du xv<^ siècle le palatin était le repré-
sentant du roi toutes les fois que celui-ci était hors du
pays. A partir de Mathias Corvin, le palatin regardé comme
le premier des magnats est désigné par le roi sur une hste
de quatre candidats présentés par la diète. Sous les Habs-
831 —
PALATIN — PALATINAT
bourg, surtout depuis le xviii® siècle, ce fut le plus souvent
un membre de la famille royale qui était investi de cette
dignité (Alexandre-Léopold, Joseph, Etienne, le dernier
pidatin). Une loi de 1848 conféra au « Nâdor » le droit
de nommer les ministres. Après la révolution de 1848-49,
cette dignité fut abolie, et lors du rétablissement de la Cons-
titution (1867) ses droits conférés aux diiférents ministres.
BiBL, : Pfaff, Gesch. des Pfolzgrufenamts ; Halle, 1847.
— Vilmos Fraiskl, A nâdori es orszàgbiroi Incatal; Buda-
pest, l8o3.
PALATIN (Mont) (Mons Palaiinus). L'une des sept
collines de Rome, la plus centrale, occupée par la cité
primitive (V. Rome). Elle a la forme d'un quadrilatère
irrégulier de 1.800 m. de tour, dont le sommet s'élève
à 51 m. au-dessus du niveau de la mer, de 30 à
40 m. au-dessus de la vallée ou se trouvaient au N. le
Forum, à TO. le Vélabre, au S. le Grand Cirque. Le mont
Palatin duquel on distinguait à l'origine les collines de
Velia au N. vers l'Esquilin (en face la basilique de Cons-
tantin) et de Germains à l'O., confondue plus tard dans
l'ensemble des constructions qui revêtirent et remanièrent
la colline, possédait les monuments historiques de la Rome
primitive et de la Rome impériale. On voit encore au-
jourd'hui les restes du rempart de la lloma quadrata,
formés de blocs de tuf. On croit avoir retrouvé vers l'angle
N.-O. la place du Lupercal, la grotte dédiée au dieu que
les Grecs assimilèrent à leur Pan et où se réfugia la louve
qui, près de là, sous le figuier sacré {Ficus lliiminalis) ,
allaita Romulus et Remus; un peu au N. était la maison
du fondateur de Rome (Casa liomuli) que l'on montrait
encore au temps de Constantin. On trouvera dans l'art.
Rome une étude sur la Rome primitive du Palatin. Ab-
sorbée dans la cité qui eut au Capitole sa citadelle et son
sanctuaire, elle n'en fut plus qu'un quartier. Au S.-O.
s'éleva en 295 le temple du dieu de la Victoire (Jupiter
Victor), plus près du Forum celui du Jupiter Stator ; à
l'angle occidental, celui de la Grande Mère (191). A Fé-
poque républicaine, le Palatin se couvrit de maisons pri-
vées et parait avoir été un quartier riche, par opposition
aux quartiers commerçants et populeux des fonds t[ui l'en-
touraient. Cicéron, liortensius, Clodius y avaient leurs
maisons; de même Auguste et Tibère, qui y naquirent.
Aussi, à l'époque impériale, les demeures des empereurs,
successivement agrandies, finirent, avec les temples et les
annexes qu'ils édifièrent, par couvrir la plus grande partie
de la colline. Le nom même de maison palatine finit dans
l'usage courant par devenir synonyme de résidence impé-
riale et donna notre mot de palais {palatium) . Ldi msiison
d'Auguste, embellie par les Flaviens, occupait le centre
du Palatin, ayant sa façade à l'O., du côté du Forum et de
la Voie sacrée; au N.-E. s'élevait le temple d'Apollon; à
rO., la maison de Livie plus petite et assez bien conservée ;
puis au N.-O., dominant le Forum et les rues d'accès
(clivus Victoriœ), la maison de Tibère qu'une galerie
couverte (a^yptopor tiens) reliait à celle d'Auguste. Der-
rière ce grand palais transformé par Domitien et dont
on peut admirer les proportions et la grandeur dans la
belle restauration de Deglane, se trouvait le stade, bordé
au S.-E. parlepalaisdeSeptime Sévère, terminé au-dessus
du Cirque par les hauts étages du Septizonium, qui faisait
perspective au bout de la voie Appienne. Ces palais im-
périaux furent édifiés par les premiers Césars, par les
Flaviens et par les Sévères, Néron seul, rêvant pour sa
majesté un cadre plus vaste, étala sa Maison Dorée entre
le Palatin et l'Esquilin ; le dernier empereur qui ait fait
construire sur le Palatin fut Alexandre Sévère. A partir
du iii^ siècle, ces palais furent délaissés ; au v^, ils furent
pillés par les Goths, les Vandales ; Odoacre et Théodoric
les habitèrent encore quelque temps, puis on les laissa
tomber en ruines. Ils servirent de carrière, on y vint
puiser des morceaux d'architecture, des colonnes, de simples
pierres, surtout lors des grandes construction de la Re-
naissance, si fatales aux édifices antiques. Sixte-Quint fit
démolir le Septizonium ; des couvents, des jardins, des
vignes se partagèrent le sommet et les pentes du Palatin.
Au N.-O. étaient les jardins Farnèse, au milieu la villa
Mills, Saint-Bonaventure, Saint-Sébastien, et au-dessus
de la Voie sacrée la vigne Bai'berini. Pie IX racheta la
plupart des propriétés privées. Napoléon IH acquit les
jardins Farnèse et les fit fouiller par Rosa. Le gouver-
nement italien a continué ces fouilles et dégagé la surface
à l'exception de la villa Mills, c.-à-d. du N. à l'O. et
au S. A.-M. B.
BiBL. : V.Rome, § JBi6L, et notamment Visconti et Lan-
ciANNi, Guido del Palaiino; Rome, 1^78 (ouvrage qui n'est
plus au courant). — Deglane, léPoMis des Césars; Pa-
ris. 1888.
PALATI N AT. Géographie. — Pays allemand, ancienne
principauté des comtes palatins. On distinguait le HaïU-
Palatinat, dît diussi bavarois elle Bas-Palatinat, dit aussi
rhénan, lin 1801, lors de la dissolution du Saint-Empire,
le Haut-Palatinat avait 7.158 Idl. q. et 5283. 800 hab. ;
son ch.-l. était Amberg; il correspond à la province ba-
varoise actuelle de Haut-Palatinat et à une fraction de la
Haute-Franconie. Le Palatinat rhénan avait alors 8.260 kil.
q., ses chefs-heux étaient Mannheim et Heidelberg. Il
avait été divisé en Palatinat électoral situé surtout sur la
r. dr. du Rhin, principauté de Simmern sur la r. g., du-
ché de Deux-Ponts sur la r. g., comté de Sponheim, princi-
pautés de Veldenz et Lautern sur la r. g. Le traité deLunéville
céda à la France tout ce qui était à gauche du fleuve; en
1802, la Bavière céda au grand-duché de Bade 936 kil. q.
(Heidelberg, Ladenburg, Bretton, Mannheim), à la Hesse-
Darmstadt 220 kil. q. (Lindenfels, Otzberg, Umstadt), à
Nassau le château impérial (Pfalz) de Kaub. En 1814-15,
la Bavière recouvre une grande partie du Palatinat rhé-
nan dont elle forme la province de ce nom, sur la r. g.
du Rhin : 5.928 kil. q., 765.991 hab. (en 1895) dont
398.870 protestants et 3 1 4.276 catholiques. C'est un pays
très fertile quoique les forêts en occupent 39 ^o surtout
autour des hauteurs ou culmine le mont Tonnerre (687 m.);
les eaux vont au Rhin par la Nahe et la Sarre. La pro-
vince a pour ch.-l. Spire et comprend 13 cantons :
Bergzafern, Frankenthal, Germersheim, liombourg, Kai-
serslautern, Kirchheimbolanden, Kusel, Landau, Ludwig-
shafen, Neustadt, Pirmasens, Spire, Z\veibrucken (Deux-
Ponts). On y comptait, en 1892, environ 35.0i)0 chevaux,
247.000 bœufs, 26.000 moutons, 106.000 porcs et
50.000 chèvres. On exploite la houille et le fer. Lesi'MZi"
du Palatinat ou de Hardt, dont on récolte jusqu'à
600.000 hectol., sont généralement blancs et chargés de
matières grasses, peu acides.
Le Haut- Palatinat (OherpMz), qui occupe une partie de
l'ancien Nordgau, le long du Bœhmervvald, est baigné par
le Danube, la Regen et la Nab ; il mesure 9.657 kil. q.
et possède 546.834 hab. (en déc. 1895); son ch.-l. est
Ratisbonne et il comprend 18 cantons. Il comprend avec
l'ancien Haut-Palatinat les territoires de la ville et de
révêché de Ratisbonne, des fragments des duchés de Ba-
vière et de Neubourg. C'est une région montagneuse et
boisée au N., fertile dans les vallées, oti l'élevage du
bétail, la culture du blé, de l'orge et du houblon sont
importants.
Histoire. — La région du Palatinat rhénan enlevée
aux Alamans par Clovis fut peuplée de Francs ; elle com-
prit les comtés de Kreichgau (diocèse de Spire), Gardach-
gau (Worms), Lobdengau (entre Elsenz et Rhin), des
fractions du Maingau, du Nahgau, du Trachgau (Bacha-
rach) do l'Einrichgau (Kaub). Les résidences préférées des
Carolingiens et de leurs successeurs s'y élevèrent : palais
ou villas dlugelheim, Kreuznach, Worms, Spire, Selz,
Kaub. A partir du x^ siècle, on trouve à Aix-la-Chapelle,
capitale nominale de l'empire, un comte palatin. Frédéric
Barberousse confère en 1155 cette dignité à son frère
Conrad qui avait en 1147 hérité des terres rhénanes ; elle
conférait des droits territoriaux sur Bacharach, l'avouerie
de Trêves et de Juliers. Conrad résidait sur la colline de
PALATÏNAT - PALATINE ~ 83^2 -~
.lettenbuhel au-dessus d'Heidelberg. Son beau-fils, Henri
le Welf, fils de Henri le Lion, lui succéda, puis son fils,
Henri le Jeune (4211-44), à la mort duquel le Palatinat
rhénan fut donné par Frédéric H à Louis de Bavière, de la
maison de Wittelsbarh, dont le fils Otton épousa Agnès,
fille et héritière de Henri le Welf.
Le comté palatin, fixé ainsi dans la famille de Wit-
telsbach. fut occupé par Otton H (4228-53), Louis H
(1253-94), Rodolphe P^' (4294-1319), Louis (4349-29),
qui devint empereur et, par le traité de Pavie (4 août 4329) ,
céda le Palatinat rhénan et une province bavaroise (qui
devint le Haut-Palatinat) à ses neveux, Rodolphe et Robert,
fils de Rodolphe P^ Le titre d'électeur devait appartenir
alternativement à la Bavière et au Palatinat. Robert, seul
l'omteà partir de 4353 jusqu'en.4390, céda à l'empereur
Charles IV un morceau du Haut-Palatinat et obtint^ ainsi
la possession exclusive de la voix électorale (4355) ; il
acquit Deux-Ponts (1385) et fonda l'Université de Hei-
delberg (1386). Son neveu Robert II (4390-98), fils
d'Adolphe (t 4327), décida que le Palatinat se transmet-
trait indivisible selon l'ordre de primogéniture ; son fils
Robert IH (4398-4440), élu roi des Romains en 4400,
recouvra le Haut-Palatinat, embellit le château d'Heidel-
berg. Ses fils se partagèrent ses possessions et fondèrent
quatre lignées : 4« lignée électorale issue de Louis lïl qui
reçut le Palathiat rhénan, Amberg et Nabburg ; 2« lignée
du Haut-Palatinat, issue de Jean; 3Mignée de Deux-Ponts
et vSimmern, issue d'I^tienne; i" lignée de Mosbach, issue
d'Otton.
L'électeur Louis IH, protectem' du concile de Cons-
tance, régna de 4440 à 4 436 ; Louis ÏV, de 4 436 à 4449 ;
Frédériclc Victorieux (4449-76) s'agrandit aux dépens
de l'électeur de Mayence, du Wurttemberg et de Bade,
Philippe (4476-4508) disputa au duc de Bavière-Munich
le duché de Basse-Bavière et obtint pour ses petit^^-fils le
duché de Neuberg (4507) ; Louis V (4508-44), son frère,
et Frédéric H laissèrent propager la Réforme ; Othon-
Hpuri, fils de Louis V, embellit le château d'Heidelberg
et réforma l'Université. 11 mourut en 4559 sans héritiers
directs, ctl'électorat passa à la branche de Simmern. -
La lignée du Haut-Palatinat avait peu duré, car le fils de
Jean," Christophe, étant devenu roi de Danemark en 4439,
à la mort de son père (4443), ses possessions allemandes
revinrent à la lignée électorale. — La lignée de Mosbach
s'éteignit aussidèsl^j 99 avec son second comte Otton H. Ce
fut donc la lignée de Deux-Ponts et Simmern qui perpétua
seule à partir du xvi^ siècle la maison palatine. Elle était
ibsue d'Etienne, troisième fils du roi Robert ; de son aîné,
Frédéric, descendit la branche de Simmern; du cadet, Louis
le Noir,' celle de Deux-Ponts. Le quatrième comte de
Simmern, Frédéric le Pieux, hérita en 4559 de l'élec-
torat ; ce fut un fervent calviniste. Son fils Louis VI
(4576-83) revint à la foi luthérienne. A sa mort, son
frère Jean-Casimir de Palatinat-Lautern (t-4592) restaura
le calvinisme au nom de son neveu mineur, Frédéric IV
(4583-46d0), connu comme promoteur de l'Union évan-
gélique (4608). Le fils de celui-ci, Frédéric V (4610-32),
par son acceptation de la couronne de Bohème, déchaîna
la guerre de Trente ans ; l'empereur Ferdinand H le défit,
transféra la dignité électorale à son cousin, le ducMaxi-
milien de Bavière ; le Palatinat fut effroyablement dévasté
par Spinola, puis par Tilly. A la paix de Westphalie,
CJiarles-Louis (-1632-80) recouvra le Palatinat rhénan et
In dignité électorale par la création d'un huitième élec-
torat, mais il perdit le Ikuit-Palatinat. Les armées fran-
çaises ravagèrejit ses Etats. Son fils Charles, étant mort
sans héritiers directs en 1685, l'extinction de la lignée
de Simmern semblait devoir transmettre ses possessions
à la branche de Deux-Ponts-Neubourg ; mais le roi de
France, Louis XIV, revendiqua les alleux au nom de la
princesse palatine, Charlotte-Elisabeth, fille de Charles-
Louis, mariée au duc d'Orléans. H fit envahir le Palatinat
(]ui fut svstématiquenient i'av;<gé p(»ur arrêter les armées
allemandes ; le château d'Heidelberg fut brûlé; l'électeur
de Philippe-Louis mourut à Vienne (4690) ; son fils Jean-
Guillaume (4690-1746) garda pourtant le Palatinat, le
traité de Ryswick l'obligeant seulement à verser à la
duchesse d'Orléans une indemnité de 300.000 écus. Il
stipulait aussi le maintien des mesures prises au profit
des catholiques, ce que l'électeur, catholique lui-même,
voulut accomplir ; les protestants pei'sécutés obtinrent,
par l'entremise de la Prusse et du Brunswick, la tolérance
(1705). Charles-Philippe, frère et successeur de Jean-
Cuillaume, transféra sa capitale à Mannheim. Il mourut
le 34 déc. 4742 sans descendants mâles et eut pour suc-
cesseur Charles-Théodore de Palatinat-Sulzbach qui réu-
nit presque toutes les possessions palatines, plus Juliers et
Berg. Ce fut un des princes les plus cultivés du xvrii^ siècle.
En 4777, il hérita de la Bavière (moins le quartier de
rinn cédé à l'Autriche) réunissant à peu près tout le
domaine des Wittelsbach. Lui-même mourut en 1799
sans héritiers directs et eut [)our successeur Maximilien-
Joseph, représentant de la ligne de Deux-Ponts-Birken-
feld. Le Palatinat, désormais uni à la Bavière, avait été en
grande partie annexé à la France qui le reperdit en 4844.
La suite de son histoire se confond avec celle de la Bavière.
Il nous reste à dire quelques mots des branches ca-
dettes de la maison de Deux-Ponts, qui héritèrent tour
à tour de l'électorat. Toutes descendent de Louis le Noir
et de son petit-fils Louis H, mort en 4532 après avoir
adopté la confession luthérienne. Son fils Wolfgang
(4532-69) acquit le duché de xNeuimrg et Sulzbach (1557);
son fils aîné Philippe-Louis (4569-1644) fonda la famille
de Neuburg ; marié à une princesse de Clèves. il reven-
diqua pour son fils la succession de Clèves et Juliers ; le
jeune prince Wolfgang-Guillaume, afin de se procurer
Tappui de la Ligue catholique et de Maximilien de Bavière,
se convertit au catholicisme (4644). Un partage provi-
soire, définitivement confirmé en 4666, lui donna les du-
chés de Juliers et Berg. vSon fils Philippe-Guillaume hérita,
d'ailleurs, également de l'électorat palatin, comme il a été
dit. Le second fils de Philippe-Louis de Neuburg avait
en 4644 commencé la branche de Sulzbach, convertie au
catholicisme en 4655 et héritière à son tour de l'électoral
en 4742, éteinte en 1799. — La branche cadette de Deux-
Ponts remonte au second fils de Wolfgang (de Neuburg)
et à l'année 4569 ; il s'appelait Jean l"^'' et laissa à sa
mort (4594) trois fils : Jean H, auteur de la branche ca-
dette de Deux-Ponts éteinte dès 4661 en son fils Frédéric ;
Frédéric-Casimir, auteur de la branche de Landsberg,
éteinte dès 4684 en son fils Frédéric-Louis; enfin Jean-
Casimir, auteur de la branche de Kleeburg, dite aussi sué-
duoise parce que son fils et successeur, Charles-Gustave,
dont la mère était fille du roi de Suède Charles IX, fut, à
l'abdication de Christine (4654), appelé au trône de Suède
sous le nom de Charles X ; il laissa ses possessions alle-
mandes à son cadet Adolphe-Jean (-'f 4689), qui réunit
l'héritage de la branche cadette de Deux-Ponts ; son fils
et successeur, Gustave-Samuel-Léopold, mourut en 4734
sans descendants mascuHns. L'héritage revint alors à la
branche de Birkenfeld issue du plus jeune fils de Wolf-
gang (de Neuburg), Charles P^ ; ce fut Christian III qui
recueillit cet héritage et prit le titre de Deux-Ponts-Bir-
kenfeld. Son fils Christian IV (f 4775) eut pour succes-
seurs ses neveux Auguste-Christian (f 4795), puis Maxi-
milien-Joseph, qui réunit le Palatinat et la Bavière en
4799 et devint roi de Bavière en 4808. — Mentionnons
encore une branche latérale, dite de Bischweiler, issue
de Charles 1"'' de Birkenfeld et représentée actuellement
par le duc (Charles-Théodore de Bavière, bien connu comme
oculiste. A,-M. B.
BiBL. : Kocti et Willi^ , RecftAaii der Pfalzyrafen am
Rhein, 121k~l30fi ; Iniksbriick," 189 1 et suiv. — FLeussim,
Gcsch. der rhelnischen Pfalz ;lleidelbcrg^lSl5, 2 vol.
PALATINE. ï. Bibliothèque.— L'une des deux biblio-
thèques ofiicielles créées à Rome par Auguste; il l'établit
sn^ —
PALATINE — PALEARIO
sur le Palatin, dans un portique du temple d'Apollon; elle com-
prenait une section grecque et une section latine, fut classée
par le grammairien Pompeius Macer et dirigée par Hygin.
Brûlée lors de l'incendie du règne de Néron, il n'en est plus
question ensuite. — Le nom de bibliothèque Palatine fut
appliqué à l'époque moderne à la bibliothèque des électeurs
palatins très riche en manuscrits orientaux, grecs, latins,
allemands, dont ils furent spoliés en 1623 par Maximihen
de Bavière qui, après la prise d'Heidelberg, en fit cadeau
au pape Grégoire XY ; amenée à Rome par Allatius, elle
forme un fonds particulier de la bibliothèque Vaticane ;
(|uelques manuscrits (38 classiques, 852 allemands) apportés
à Paris furent de là réintégrés àHeidelberg en i8i5.
IL Ecole (V. Ecole, t. XV, p. 368).
III. Vêtement. — Vêtement de fourrure porté en hiver
par les femmes sur le cou et les épaules. Son nom lui
vient de la femme du duc d'Orléans, fille de l'électeur de
Bavière, qui mit cette fourrure à la mode.
PALATINE (Princesse) (V. Elisabeth-Charlotte de
Bavière).
PALATINE (La princesse) (V. Gonzagul [Anne de |).
PALATITE (Pathol.) (V. Palais).
PALAU. Com. du dép. des Pyrénées-Orientales, arr.
de Prades, cant. de Saillagouse ; 212 hab.
PALAU-del-Vidre (Palaliu)ii VUri, de Vitrio, f4i2).
Gom. du dép. des Pyrénées-Orientales, cant. d'Argelès-
sur-Mer, arr. de Céret; i.137 hab. Stat. du chem. de
fer du Midi. Ancien village fortitiè. A été jusqu'au
xvi<^ siècle le centre d'une importante exploitalionde ver-
rerie, d'où son nom. Dans l'église : un retable peint, une
Vierge ouvrante et des ornements sacerdotaux anciens.
BiBL. : Alaut, VAncumnc IndusU'ie de la, verrerie eu
l^oussillon, dans Soc. ug7\ scient, et litt. des Piir.-Or , XX
p. ;^07. ■'-''
P A LAVAS ou PALAVAS-les-Baixs. Com. du dép. de
l'Hérault, arr.^ et cant. (2«) de^ Montpellier; 932 hab.
Station balnéaire. Source ferrugineuse froide.
Etaxg de Palavas (V. Hérault, t. XIX, p. 1138).
PALAVI. Ile littorale de la pointe N.-E. de Luçon
(Philippines); -40 kil. q., montagneuse et boisée.
PALAZINGES. Com. du dép. de la Corrèze, arr. de
Brives, cant. de Beynat ; 167 hab.
P A LAZZI (Giovanni), historien italien, né à Venise
vers 1640 d'une famille noble, mais pauvre, mort vers
1703. Il entra dans les ordres, fut nommé chanoine de
l'église ducale en 1684, professa le droit canon à Padoue
et devint plus tard curé de la collégiale de Sainte-Marie-
Mère-de-Dieu. Léopold P^' le combla d'honneui's et lui
donna la charge d'historiographe impérial. Palazzi a écrit
en latin plusieurs histoires médiocres : Gesta Pontificum
Piomanonnu (Venise, 1687-90, 3 vol. in-fol.) ; Aristo-
cratia ecclesiastlca cardhuilium (ibid., 1703, in-fol.,
suite du précédent ouvrage). La plus importante de ses
(euvres est la Monarchia occidentalis a Carolo Magno
iisqne ad Leopoldum î'*' (Venise, 1671-79, 9 vol. in-fol.).
Les huit premiers volumes (en latin) portent des titres
particuliers {Aquila inter Lilia, Aquila Saxonica, etc.);
le neuvième (en itahen) est intitulé Aquila romana.
iSiijL. : Papadopoli, Hist. gymn. patiiv. — Tiradosciii,
Storia dell-d lett. itaL, VIII, 181, 411.
PALAZZOLO AcREïDE. Ville de Sicile, sur l'Anapo, à
32 kil. de Nolo, province de Syracuse; 11.069 'hab.
(en 1881). Elle est bâtie sur les ruines de l'an-
cienne Acra*, forteresse construite par les Syracusains
pour se défendre contre les tribus de l'intérieur. Remar-
quables, de cette époque, les tom])eaux, les habitations
souterraines, une voie, un puits très profond et une pré-
cieuse collection d'objets en fer, cuivre, etc., trouvés dans
les fouilles. Territoire très fertile ; production et commerce
de céréales et d'huile, fabriques de pâtes alimentaires.
BiBL. : Le baron Judiga. Antlchliâ di Acre.
PALE (Blas.). Se dit de l'écu ou d'une pièce partagés
également et en nombre pair en pals de métal et de cou-
leur ; le nombre doit en èlre indiqué.
grande encyclopédie. — XXV
PALEA. Parmi les canons ou chapitres du Décret de
Graden, il y en a plusieurs qu'on appelle palea, parce
qu'ils sont inscrits sous ce mot. Les canonistes ont ima-
giné diverses explications sur leur origine. Voici la plus
vraisemblable : les textes précédés du mot palea, et qui
sont pour Ja plupart empruntés à Burchard, à Ives, à
Anselme ou au droit romain, ont été introduits dans le
corps de l'ouvrage par Paucapalea, disciple de Gratien,
et par des copistes ou même par des éditeurs. Ils n'ont
m plus ni moins d'autorité que les autres parties du
Dcrre^, lesquelles valent, non par elles-mêmes, mais
par la source dont elles sont tirées. On a constaté que ces
paleœ ne se voient point dans les plus anciens manus-
crits, ou du moins qu'il y en a fort peu, et que celles qui
s'y trouvent ne sont point insérées dans le texte, mais
seulement ajoutées à la marge : ce qui semble bien indi-
quer qu'elles avaient été omises primitivement, soit par
oubli, soit à dessein. E..H. V.
PALÉARCTIQuE (Région et Faune). En géographie
zoologique, on désigne sous ce nom la vaste région qui
comprend l'Europe avec le N. de l'Afrique jusqu'au Sahara
et le i\. et le Centre de l'Asie jusqu'au Japon et jusqu'au
versant septentrional de monts Himalaya, qui la séparent
de la Picgion Orieutale. La faune de la région paléarc-
tique et de ses sous-régions a été décrite aux mots Eu-
rope (Faune de F), Asie (Faune de 1') et Algérie (Faune
de ]'). Sur les traits généraux qui distinguent les grandes
régions zoologiqucs, V. Zoolocie. E.'Trt.
PALEARIO (Aonio), philologue et philosophe italien, né
à Veroli (prov. de Home) en 1500, mort à Home le
8 juil. 1570. A peine âgé de dix-sept ans, il suivit à
Rome les cours de l'Université et y passa six ans à étu~
dier les lettres et l'archéologie. lient le temps de s'enfuir
lors du fameux sac de 1524 et il se réfugia dans sa ville
natale. De retour à Rome, il y demeura jusqu'en 1529,
puis séjourna successivement à Pérouse, à Sienne (oct!
1530) et à Padoue où il connut Bembo et Lampridio et
où il suivit les érudites leçons de littérature grecque de
ce dernier (1533). Retourné à Sienne pour défendre un
de ses amis, Antonio Bellanti, contre une grave accusation
que lui intentait le parti démocratique, il réussit à faire
proclamer l'innocence de l'accusé. H revint ensuite à
Padoue où il composa son poème, de Immortalitate ani-
marum, qui fut loué par Sannazar, par Vida et par
Sadolet. En 1536, il voulut revoir la Toscane ; il s'établit
à Cecignano, près de Sienne, et s\v maria (1538). Il fut
alors en relation avec Bernardine Ôchino. Cette amitié le
rendit suspect à la curie romaine et, étant allé à Rome
en 1542, il y fut accusé d'hérésie. H fut défendu par
Sadolet et absous à la suite d'un plaidoyer de celui-ci et
d'une mémorable apologie (en latin). Poursuivi de nou-
veau par ses ennemis, il se réfugia à Lucques, où il
accepta la charge de professeur de'lettres à l'Université
et où il demeura jusqu'en oct. 1555 ; à cette époque, il
fut nommé à la chaire de grec et de latin à l'Uni-
versité de Milan. L'élection de Pic V fut le signal de
nombreuses persécutions pour les partisans de la réforme
en Itahe, et Paleario n'y put échapper. La publication de
ses Episfoke le fit accuser d'hérésie par l'iuquisiteur
Angelo de Crémone (1566). Emprisonné, il fut mandé à
Rome (1568), demeura plus d'un an dans l'affreuse pri-
son de Tordinona, qui était affectée aux réformés, et enfin
(19 oct. 1569) condamné au bûcher. H y monta avec un
courage héroïque. Il a laissé : de Immortalitate ani-
marum (Lyon, 1536); O/YZ^/mi^s (Lucques, 1551); Epis-
tolanim libri III (Lyon, 1553); Actio in Pontifices
Pwmanos eteorum asseclas ad Imperatoremromanum,
reges, etc. (Leipzig, 1606) ; Opéra (Gênes, 1728), etc.
. On lui attribue l'opuscule : del Bénéficia di Gesû Cristo
hrocefisso (Venise, 1542), qui est l'œuvre d'un moine,
Benedetto de Mantoue. M. Mengjiini.
BiBL. : Eckermann, Dissertalio de A. Paleario; Upsal.
17(i;5. — Gurlitt, Leben des A. Paleario; Hambourii,.
PALEARIO — PALENCIA — 834 —
1805. — M. YouNG, The Life and times of a Paleario ;
Londres, 1860. — J. Bonnet, A Paleario; Paris, 1863. —
Cantû, Gli eretici in Itaha ; Turin, 1866, II, 467 —
G. SvoKZA. un Episodio poco noto delta vita di A. Palea-
rio, clans Giornale storico délia lett. ital , XIV, oO et
suiv. — F. DiNi, Aonio Paleario, clan.s ArcJi. stor. ital.
PALÉE (Archit.).On désigne sous ce nom les rangées
des pieux, enfoncés souvent à iVJde du mouton et peu
distants les uns des autres, qui servent à donner de la
consistance à des terrains vaseux ou à former une digne
dans le cas de constructions dans Teau. On relie ensemble
les pieux d'une palée par un cours de moïses boulonnées
et formant chapeau ou plate-forme. On appelle aussi
palées les piles d'un pont, lorsqu'elles sont construites de
bois ou de métal. Certains ponts môme consistent en
palées formées d'une senle rangée de pieux enfoncés dans
le sens du courant et sur la tète desquels un chapeau ou
cours de moises boulonnées reçoit les abouts des fermes
formant travées et supportant le plancher du pont. Dans
les cours d'eau profonds, il est quelquefois nécessaire
d'établir deux cours de palée, dont le cours supérieur
repose sur le chapeau couronnant le cours inférieur et,
dans les ponts métalliques, les palées sont formées de
pieux de métal qui sont, de fait, des petites piles tubu-
laires en fonte. , Charles Lucas.
PALEMBANG. Capitale de l'ancien royaume du môme
nom et de la résidence de la région S.-F^. de Sumatra
(Indes néerlandaises). Elle est bâtie sur les doux rives du
tleuve Mousi, à environ 100 kil. de son embouchure, par
2° 38' lat. S. et 102° 27' long. E., et compte 50.000 bai),
dont 2.500 Chinois, 1.700 Arabes, et quelques centaines
d'Européens : tous les autres sont Malais et pro-
fessent un mahométisme nominal. On y montre une belle
mosquée et un prétendu tombeau d'Alexandre le Grand.
Le commerce de la ville est assez actif (mouvement du
port, près de 100.000 tonnes). D'après les commentaires
d'Albuquerque, les Javanais l'appelaient Malayo. Ce serait
alors le Malajour de I^larco Polo et le Mo-louo-you des
écrivains chinois. D'intéressantes découvertes archéolo-
giques ont prouvé l'existence d'une ancienne civilisation
hindoue dans cette région, de mémo qu'à Java.
PALÉIVION (Palœmon Fabr.). L Zoologie. — Genre de
Crustacés-Décapodes, du groupe des Macroures et de la fa-
mille des Caridides, dont les représentants sont caractérisés
par une carapace mince, qui se termine en avant par un
rostre médian long et denté en scie et par deux prolonge-
ments aigus latéraux, par les antennes externes munies de
3 flagellums multiarticulés, les pattes de la deuxième paire
pourvues de très petites pinces, ra])domen comprimé et
recourbé en dessous. On trouve des Palémons dans toutes
les mers du globe ; ils sont tous comestibles et bien plus
estimés que les Crevetles (jriseso\\Cra)ig(ms (V. ce mot).
Sous lenom de Crevelies roses, Salicoiiiies, Bounuels, e(c. ,
on vend sur nos marchés les P. sqialla !.. et P. scrra-
lus Penn., qu'on pèche en grande quantité sur le littoral
de rOcéan et de la Manche. Les P. Edwardsii Hall, et
P. Latreillanus Riss. sont propres à la Méditerranée.
Ouelques espèces vivent dans les eaux douces, par ex.
P. fluviatilis dans le lac de Garde, P. uiloticus Roux,
dans le Nil, etc. — Les Ponlonia Latr., espèce voisine, ca-
ractérisés par le corps non comprimé et les antennes l)i-
lîagellées, vivent en général dans les Lamellibranches.- - Les
représentants des genres voisins Cryphiops Dana, llfiyn-
chocinetes M. Edw., Pandahis Leach, etc., ont géné-
ralement les mœurs des Palémons. D^' L. llx.
IL Paléoxtoj.ogie. — Les représentants fossiles des
Salicoques ou Palémons ont été rangés par Boas dans sa
sous-famille des Euq/pholes, subdivision de la famille des
Carididœ, probablement moins an;ienne (jue les Pen/tnis
(V. ce mot) qui sont le type d'une autre sous-famille. Le
plus ancien représentant des Eucyphotes est Ï/Eger cras-
sipes de Broun, qui est du trias, et ne peut ètce laissé
dans le genre /Eger appartenant aux Penaùnœ. Les
genres Blaculla/ Udom, Udorella, Ilefnga, Elder,
Pseudocrangon, Oplophoriis, etc., qui sont des schistes
lithographiques et du crétacé d'Allemagne, appartiennent
à cette sous-famille. Nous citerons Hefriga serrata, bieii
conservé à Solcidiofen, et Honielys minor et major, du
miocène d'eau douce d'OEningen, très voisins du Palœmon
fluviatilis actuel. Le genre Palœmon proprement dit est
représenté dansle tertiaire de Bohème {Pal. exul Iritsch).
PALENCIA. L Ville d'Espagne, ch.-l. de la prov. du
même nom (Vieille-Castille), â 200 kil. N.-N.-O. de Ma-
drid, sur le Carrion, à 720 m. d'alt., au point de jonction
de la voie ferrée de Madrid à la Corogne avec celle de
Madrid-Irun; 20.000 hab. La ville, très ancienne, Pallan-
lia des Romains, a eu une importance au moyen âge et
conserve des moiuunents do cette époque, portes et tours
de l'enceinte, cathédrale, maison du Cid donnée par lui
pour en faire un hôpital, selon la légende, palais dit de
Don Sanche, etc. L'industrie est maintenant encore très
active ; fabriques de lainages, teintureries, minoteries, *etc.
IL Province d'Espagne, qui a fait partie jadis du royaume
de Léon et ensuite de la Vieille-Castille. Séparés de la
prov. de Santander, au N. par la crête des Pyrénées Can-
tabriques, elle est com^prise entre les provinces de Burgos
à l'E., de ValladoHd au S., et de Léon à l'O. Elle a
une superficie de 8.434 kil. q. et une population de
200.000 hab. environ (188.845, en 1887). La partie
septentrionale de la province est couverte de montagnes
élevées appartenant k la chame Cantabrique, mais le
reste est un plateau de 700 à 800 m. d'alt., chaud
l'été, glacé l'hiver, que traversent de nombreux rios et
qui est fertile. Il produit quantité de grains et du bétail,
notamment des mulets, La province appartient tout ejitière
au bassin du Douro, auquel elle envoie le P/su(3r(/<2, grossi
du Carrion et de l'Arlenzon ; cette rivière n'est pas navi-
gable ; mais elle alimente le canal de Caslille, qui sert
à la navigation et à l'irrigation. Traversé par les voies
ferrées de Madrid à Irun, de Palencia à Léon, de Venta
de Banos à Santander, et par des routes nombreuses et
bien entretenues, le pays a un commerce assez actif,
exporte des grains, des farines, des étoffes de laine, soit
vers le reste de l'Espagne, soit vers l'Amérique (par San-
tander). La province compte 7 districts (Astudillo, Bal-
tanas, Carrion de los Conrides, Cervera de Rio-Pisuerga,
Erechilla, Palencia, Saldana) et250 communes ou ayunta-
mientos. E. Cat.
PÂLENGL^ (Alonso do), historien et humaniste espa-
gnol, né vers 1423, mort après 1492. Il passa, encore
très jeune, en Italie ou il reçut les enseignements du car-
dinal Bessarion et de Georges de ïrébi/onde. De retour en
Castille, il se mêla aux luttes politiques, prenant parti
contre le roi Henri [V en faveur du prince Alphonse, puis
de la pi'incesse Isabelle, qui fut reine après la mort de Henri.
Palencia prit part, sur les ordres de l'archevêque de To-
lède, aux pourparlers qui aboutirent au mariage d'Isa-
belle avec le roi d'Aragon Eerdinand. A cause de ses
services et de sa fidélité à la reine, il fut très en faveur
à la cour des rois catholiques. Dans les dernières années
de sa vie, il se rendit à Sèvillc, au service du duc de Me-
dina-Sidonia. Il fut enterré dans la cathédrale ; mais sa
sépultui'e a disparu au xvin® siècle. Il écrivit plusieurs
ouvrages, littéraires et historiques, dont le plus connu est
la chronique latine intitulée Alphonsi Palentini Ilislo-
riographi gesta Ilispaniensia ex annalibus suorum
dierum et vulgairement Décades latines, qui comprend
le règne de Henri IV. Palencia, entraîné par ses antipa-
thies politiques, exagère beaucoup dans la peinture les
vices de la cour du roi, et c'est à cause de ce penchant
satirique (jue Gailardo lui attribua (à tort) la paternité de
Copias del Provi}wial. On a cru aussi pendant longtemps
({u'une certaine ù'onica castillane, dite à'Alfonso de
Palencia, était due à cet auteur; mais il a été démontré
(pi'elle n'est qu'une mauvaise traduction de la latine, faite
sans l'intervention de Palencia. Après le Gesta Ilispa-
niensia, on doit citer encore deux ouvrages, supérieurs au
835 -
PALENCIA — PALÉOGRAPHIE
point de vue littéraire : Bellum luporum cum canibus,
allégorie des mœurs de son temps, d'une admirable éner-
gie, et le de Perfectione militaris triumphi, allégorie
patriotique. Palencia lui-même donne, dans la lettre-pré-
face de son Vocabulario en latin y romance (Séville,
1190), la liste de ses autres ouvrages, qui sont: Anti-
qiiitatis Hispaniœ gentis libri X, ouvrage inédit ; Vila
beatissimi lldephonsi archiepiscopi Taletani, inédit;
Mores et ritus idolatrici incolarum Fortimatariim,
quas Canarias appeltant ; De vera suficientia ducum
atque legatorum; De obliteralis mutatisqiie nomini-
bus provinciarum fiuminuinque Uispaniœ; et De alii-
daloris salutalionibus. Tous ces ouvrages furent d'abord
écrits en langue castillane, et puis traduits en latin par
le même auteur. Palencia publia aussi de médiocres tra-
ductions de Plutarque (1491), de Josèptie (1492), et du
livre italien, el Espejo de la criiz (1486). R. Altamira.
BI13L. : CLE?,iENciN,Eto{/io histovicocle la. renia donalsa-
bel, dans Memorias de la Real Acad., de la Hist., vol. Vï.
])p. 76 et suiv. -- Pellicer, Ensayo de una biblloteca de
iraductores. — Amador de Los Rios, Hist de la Ut. esp.,
vol. VIÏ. — IM. Fabié a publié en 187G deux traités (Dos
tratados) de Palencia.
PALENCIA (Juan de), sculpteur espagnol. Il vivait à
Séville vers le milieu duxvi^ siècle et s'y était acquis uae
certaine réputation. Il exécuta, en 1555, le bas-relief sur
bois, représentant Jésus lavant les pieds de ses disciples,
(pii fait partie du grand retable de la cathédrale. P. L.
PALENCIA (Gaspar de), peintre espagnol. H vivait à
Valiadolid en 1569, mais on ne connaît guère de lui d'autre
particularité que celle d'avoir peint en tons naturels les
ligures du retable de la cathédrale d'Astorga, en coUabo-
tion avec Gaspar de Hayos. On sait aussi qu'il fut désigné
comme arbitre pour fixer le prix des peintures exécutées
par Alonso Sanchez pour le retable de l'église d'Espinar, ot
qu'il remplit le même office en 1377 pourétablir la valeur
delà dorure et de la peinture de ce même ret able . P . L .
PALENCIA (Fray Martin de), miniaturiste espagnol et
moine bénédictin, résidant à Avila dans la seconde moitié
du xvi« siècle. Il fut distingué par Philippe 11 et travailla à
l'ornementation et aux écritures des livres de chœur du
palais-monastère de TEscurial. Après s'être acquitté de
cette tâche k la satisfaction du roi, qui lui allouait un trai-
tement annuel de 100, puis de 150 ducats et qui le rete-
nait à Madrid, le frère Palencia rentra à son couvent de
Suso, où il exécuta un très beau manuscrit sur vélin, tout
enrichi de précieuses miniatures dont la plus importanlo
représentait le Calvaire. Ce manuscrit portait la date de
1582 et la signature de l'enlumineur. P. L.
PALENCIA (Ceferino), auteur dramatique espagnol, né
à Fuente de Pedro Navarre (Cuenca) le 26 août 1858. Il
étudia d'abord la médecine cà l'Université deMadrid, mais
ses préférences le portaient du coté de la littérature. Le
succès obtenu par sa comédie, el Cura de San Antonio
(1879), lui fit abandonner définitivement les études scien-
tifiques. Il donna successivement au théâtre deux comé-
dies : Carrera deobstaculos (1880), et el Guardian de
la casa (1881), le plus réussi de tous ses ouvrages, qui
affermirent sa renommée. Puis vinrent: Carinosque ma-
/an (1882); la Charra (1884); Que vergiienzal imm-
logue (1885), et plusieurs traductions du français et do
l'italien. Marié à l'actrice dramatique Maria Tubau, il prit
la direction de sa troupe et a fait de nombreuses tour-
nées artistiques en Espagne et dans l'Amérique espagnole.
Sa dernière traduction a été celle de Madame Sans-Gêne,
de Sardou. R. A.
PALENQUÉou NACHAN. Localité du Mexique, Etat
de Chiapas, sur le Chacamas, affl. de l'Usumacinta ; lO.OOO
hab. A 11 kil. sont les ruines de l'antique cité indienne
do liuehuetlapallan, que l'on a proposé d'identifier avec
Xibalba, la cité mythique des Olmèques. Ces ruines sont
les plus grandioses de l'Amérique ; de vastes terrasses
artificielles ou des pyramides tronquées en pierres taillées
portent des temples et des palais édifiés en pierre calcaire
et revêtus de décorations en stuc, figures en rehef, des-
sins, hiéroglyphes. Au centre est l'édifice appelé palais,
surmontant une pyramide tronquée ; long de 92"^, 3, large
de 58^^,5, haut de 8^^\l,il a 14 portes sur la façade, 11
sur chaque côté, 4 cours intérieures ; les bas-reliefs qui
l'ornent offrent des figures de 2"\90 à 3"\20. Les alentours
sont jonchés de statues monolithes; les débris des ponts
jetés sur la rivière attestent l'ancienne étendue de Pa-
lenqué. Découvertes en 1750, ces ruines ont été visitées
et décrites par D. Charnay. A. -M. B.
Bibl. : Outre les ouvrages de Cievrn^ay, V. La Rocin^-
roucAULD, Palenqiié et la C'wilisation majja ; Paris, 1888.
PALEOCAPA (Pietro), ingénieur et homme politique
italien, né à Bergame en 1789, mort à Turin en 1867. Il
étudia à l'école du génie et de l'artillerie de Modène et
en sortit officier de génie et, comme tel, fut envoyé aux
travaux des forts d'Osoppo et de Mandella. Il quitta le
service militaire à la chute de l'iimpiro pour entrer dans
les ponts et chaussées de Venise et puis dans le corps des
ingénieurs du royaume lombardo-vénitiendont il fut direc-
teur général en 1840. Meml)re du gouvernement provi-
soire de Venise en 1845, ministre des travaux puldics,
puis de l'intérieur, puis démissionnaire, il se réfugia à
Turin, et y fut aussitôt nommé inspecteur des chemins de
fer. En 1849, il y devint ministre des travaux publics sous
D'Azeglio et y resta sans interruption jusqu'en 1859. En
1852, nommé membre d'une commission internationale de
sept ingénieurs, il se déclara partisan du percement de
l'isthme de Suez. En 1858, fut pubKée à Paris une traduc-
tion de son ouvrage sur les Bouches du Danube. En
1859, atteint par la cécité, îl abandonna le ministère et
passa au Sénat, ou il se lit remarquer dans plusieurs
discussions. E. Câsaxova,
PALÉOCÈNE (Géol.) (V. Suessoxien).
PALÉOGRAPHIE. La paléographie est l'art de con-
naître et de déchiffrer les écritures anciennes. Son do-
maine peut s'étendre à tous les genres de documents, à
tous les pays, à tous les temps. Toutefois, les inscriptions
font l'objet d'une discipline spéciale, Vépigraphie (V. ce
mot) ; de plus, l'étude des Icgendes des monnaies et des
sceaux est naturellement comprise respectivement dans
la numismatique et dans la sigillographie (V. Monnaie et
Sceau). L'usage a donc réservé, en général, l'emploi du
mot paléographie à l'étude des documents écrits sur des
matières autres que la pierre ou le métal.
La plupart des écritures orientales n'ont point encore
été jusqu'ici l'objet d'études proprement et spécialement
paléographiques ; on s'est contenté en général de les classer
et de déterminer leur place dans la série des écritures. On
trouvera d'une part aux art. Alphabet et Ecriture , et d'autre
part, soit aux articles concernant les peuples ou les langues
qui ont eu une écriture spéciale (Chine, Japon, Arabe, Iîé-
BiiEU, Sanscrit, Zend, etc.), soit aux noms de celles de ces
écritures qui ont des dénominations spéciales (Hiéroglypue,
Cunéiforme, etc.), les principaux résultats de la science.
La paléographie, dans son acception la plus usuelle, s'ap-
plique donc le plus ordinairement aux écritures grecques
et latines, ces dernières comprenant non seulement la
langue latine, mais aussi les langues modernes qui ont em-
ployé l'alphabet latin.
Dans ce domaine, la paléographie, telle qu'elle s'est
constituée, comme science accessoire do la philologie et
de l'histoire, comprend non seulement l'étude des formes
do récriture, mais tout un ensemble de matières sur les-
cjuelles on trouvera dans la 6' r(7Jic^e£?ic?/c/o/j£/c//(2 des articles
spéciaux auxquels il nous suffira de renvoyer. C'est d'abord
l'histoire des alphabets grec et latin ainsi que l'étude de
la dérivation de chaque lettre, sur lesquels on trouvera des
détails aux mots AupuAREr, Eckitlke, et aux articles spé-
ciaux à chacjue lettre de l'alpliabet latin. C'est ensuite
l'étude des matières sur lesquelles l'écriture a été tracée,
qu'on trouvera aux mots Papyrus, Cire (Tablettes de), Par-
chemin, Papier, Rouleau, Volume, Manuscrit, Palimp-
l>ALEOGRAPHiE
— mQ
SESTE, DiPLÔxME, CfiAKTE ; dos iiiblrumeiits ({iii ont servi à
tracerrécriture qu'on trouvera aux mots Encre, Chrysogp.a-
PHiE, Pourpre, Calame, Plume, Style. L'étude des moyens
d'abréger l'écriture, de la rendre assez rapide pour suivre
la parole, ou de la rendre secrète, fait l'objet des art. Abré-
viations, Notes TIRONIENNES, TaCHYGRAPHIE, STÉNOGRAPHIE,
Cryptographie ; les signes accessoires de l'écriture sont
étudiés aux mots Accent et Ponctuation ; les formes des
CHIFFRES sont iiidiquées à ce mot ; la partie exclusivement
artistique de la paléographie est traitée aux arl. Manus-
crit, Miniature, ainsi qu"à divers articles spéciaux : Dip-
tyque, Heures, Grotesque, l^^MRLÈME,etc. ; l'histoire du
manuscrit au moyen âge est donnée aux mots Bibliothèque
et Livre ; enfin la critii{ue et l'interprétation des textes ainsi
que l'art de les publier sont duressortde la Philologie et
de la Diplomatique. Il ne nous reste donc à parler ici que
des formes même de l'écriture ainsi que de l'art de les dater.
L PALÉOGRAPHIE GRECQUE. — L'étude de la pa-
léographie grecque, que l'on considère aujourd'hui comme
inséparable des études helléni({ues, qui occupent toujours
une place si importante dans les études classiques (V. Hel-
lénisme, Humanisme, etc.), a été véritablement fondée par
les bénédictins français du xvii^ siècle, lorsqu'ils eurent
occasion de pubHer une collection des pères de l'EgUse.
Bernard de Monlfaucon (V. ce nom) jeta les ])ases de la
paléographie grecque (1708). Les hellénistes du xviii^ siècle
s'occupèrent tous, plus ou moins, de paléographie, et, de
nos jours, Bast (Eréd.-Jac({.), liohsonade, Tischendorf
(V. ces noms), etc., ont fait l'aire de grands progrès aux
études paléographiques .
La paléographie grecque peut se diviser en deux pé-
riodes principales : 4^^ la période antique, qui s'étend jus-
qu'au iv^ siècle ap. J.-C. ; 2<^ la période byzantine, qui
comprend toute l'époque du moyen âge. L'antiquité n'a
connu que trois sortes d'écritiu es : la capitale, Yonciale
et la cursivc. La minuscule grecque ne date que de
répoque byzantine. Les trois genres d'écritures antiques
ne sont pas aussi nettement distincts les uns des autres
que les écritures de l'époque du moyen âge. On peut môme
dire que la cursive ne s'est réellement formée, comme
écriture parfaitement distincte, que tout à fait à la fin de
la période antique. Jusqu'à une époque très récente, notre
principale source d'information pour la période antique
était l'épigraphie. Des papyrus originaux remontant jus-
qu'au iii^ siècle av. J.-C, en capitale, cursive et onciale,
ont été trouvés dans les fouilles faites en Egypte, soit dans
les soubassements des villes anciennes, soit dans les mon-
ticules de sable recouvrant les amoncellements de détri-
tus. La nature du terrain et la sécheresse du climat de
l'Egypte ont permis aux papyrus de subsister dans un état
parfait de conservation. Des découvertes, très nombreuses,
ont été faites pendant ces derriières années : on a parfois
trouvé des fonds entiers d'archives locales, jetées au re-
but après triage, sous les Ptolémées ou pendant Tadmi-
nistration romaine. La période byzantine ne connaît que
trois écritures : l'onciale, la minuscule et la cursive.
I. Période antique. — Les écritures grecques de
l'antiquité n'otfrent pas de différences aussi tranchées que
les écritures latines. Les lettres dites onciales ne sont pas
toujours caractéristiques de l'écriture onciale et se ren-
contrent souvent dans l'écriture capitale. La cursive ne se
dégage que très lentement des formes de l'écriture capi-
tale, tandis que, chez les Romains, les plus anciens do-
cuments en cursive nous donnent déjà cette éci'iture avec
un alphabet spécial qu'il est impossible de confondre
avec d'autres. La nature des matières subjectives de l'éci'i-
ture exerce aussi une grande influence sur le tracé, sui-
^ant que les textes sont écrits sur le papyrus, ou, à par-
tir du iii^ siècle environ av. J.~(<., sur le parchemin. Le
papyrus ne se prête pas bien au tracé de l'écriture à
foi'ines airondies; aussi n'est-ce (|u"à parth' de l'époque
ou le parchemin remplace ce papyrus que Ton voit pré-
dominer l'écritui'e onciale.
Capitale. — La capitale grecque est surtout connue
par les inscriptions. Elle n'a jamais été employée pour
écrire des manuscrits entiers dès le iii*^ siècle av. J.-C,
car elle est entièrement remplacée, à cette époque, par
l'onciale. Les quelques papyrus en capitale qui nous sont
parvenus appartiennent déjà à une époque de transition
et ont, pour une ou deux lettres, les formes onciales, prin-
cipalement pour le S, qui a déjà la forme du S lunaire
ouG(fig. 1, l. I, H, etc.).
Les formes des lettres de la capitale grecque n'ont ja-
mais beaucoup varié. A l'époque primitive de l'alphabet,
il y avait trois lettres de jilus, qui n'étaient plus en usage
Fiu-, 1. — Capitale anliffuc. — l^apynis do l'invocation
d'Arténiibc (iii'= siècle av. J.-C).
dans les pa])yrus de l'époque alexandrine : le dicjanuna,
([ui se plaçait entre le E et le Z (V. DiG\MMA),le coppa ou
koppa, ([ui se plaçait entre le JI et le P (V. Koppa) et le
sa}npi. dernièi-e lettre de tout l'alphabet (Y. Sampi),
Le plus ancien papyrus est celui de riii\ocation d'Ar-
témise (fig. -J). conservé à la bibhothèque impériale de
Vienne, et contenant des imprécations, adressées à Jupi-
ter Sérapis, contre le mari de cette dame grecque, qui
l'avait abandonnée sans pourvoir à la sépulture de leur
enfant mort en bas âge. Ce papyrus appartient au iii« siècle
av. J.-C. Un fragment du Phédon de Platon a été décou-
vert sur un papyrus de la première moitié du iii° siècle
av. J.-C, offrant également les caractéristiques de la ca-
pitale de transition.
Cursive. — La cursive grecque a été répartie en trois
périodes : 1" période plolémaiijue, s'étendant sur l'ère
chrétienne ; ^2^ période romaine, comprenant le i^'', le ii^
et le iii^^ siècle de J.-C. ; ^opériode bijxantine'iwo]^rQmeni
dite. La cursive ptolémaïquc et la cursive romaine sont
comprises dans la période antique. — La principale ca-
ractéristique de la cursive antique est la conservation des
formes capitales des lettres jusqu'à une époque avancée.
La cursive n'a été pendant longtemps que l'écriture capi-
tale tracée rapidement et avec négligence.
Les formes diverses affectées par chacune des lettres
de l'alphabet dans la cursive grecque sont représentées
daiîs la fig. 2. L'a prend la forme d'un a minus-
cule latin pendant la période romaine. Le [3 conserve très
l'ig 2. — Cursive antique — Papyrus d'une circulaire
administrative sur le recouvrenient des taxes (170 ^
av. J.-C).
longtemps sa forme capitale dans l'écriture cursive, en
même temps qu'il prend une forme simplifiée, consistant
à remplacer les deux panses par une simple liaie droite,
pour finir par avoir l'aspect d'un u minuscule. L'ô est
d'abord identique à l'E oncial, et, pendant la période ro-
837
PALEOGRAPHIE
maine, il se réduit à deux traits seulement. Vr\ a, dès
la période ptolémaïque, la forme de l'/i, résultant du tracé
continu de la traverse et du jambage de droite de l'H
(V. dans la fig. 2, la 4« lettre de la première ligne et
4^ avant-dernière lettre de la dernière ligne) . La forme
cursive / le fait beaucoup ressembler à la forme cursive
du (3. Le X peut se confondre quelquefois avec le y (V. fig.
2, 1. let II , aux mots TaXr,a£ia'. et yvwixyjç). Le prolon-
gement du premier jambage du {x ne date que de la pé-
riode romaine. Le v, dans la forme à tracé continu, prend
une forme qui le fait ressembler au tu. Le a a toujours la
forme lunaire, provenant de l'onciale et qui se trouve déjà
dans la capitale. Les autres lettres, à part l'o) oncial,
ont des formes qui ne diffèrent presque jamais de celles
de récriture capitale.
La cursive grecque était principalement consacrée aux
usages administratifs et aux travaux courants des lettrés.
On a retrouvé un grand nombre de fragments de docu-
ments officiels, dont quelques-uns proviennent de l'admi-
nistration impériale elle-même, consistant généralement
en comptes ou documents relatifs aux impôts, comme le
fragment reproduit dans la fig. 2, contrats de vente, cir-
culaires administratives, pétitions, etc. Les particuliers
avaient l'usage de placer leurs papiers en dépôt dans les
archives publiques, ce qui fait que l'on possède un certain
nombre de contrats privés, testaments, rapports d'inten-
dants ou gérants, horoscopes astrologiques, etc. La dé-
couverte la plus importante qui ait été faite dans le do-
maine littéraire est celle d'un tragment du grand ouvrage
d'Aristote sur les constitutions comparées des cités grec-
ques, ouvrage aujourd'hui entièrement perdu : le frag-
ment de papyrus en cursive, aujourd'hui au Musée britan-
nique, contientla partie relative à la constitution d'Athènes,
IIoXiTsfa Twv 'A8r]vacwv.
Onciâle. — L'onciale antique ne se distingue pas aussi
nettemment de la capitale que l'onciale définitivement consti-
coo^i^>.ç-r c VNxe-y^^r^) x^rpHyTxTsi ktVi r^->i
>JNiî-iMTTH?vfrctfc^e->on'ru3>j>.rNrecô-Ni>
Via;. ?). — Onciale antique. — Papyrus Harris de l'Iliade
d'Homère (i«r siècle av. J.-C).
tuée de la fin de l'époque romaine. La forme de l'a est inter-
médiaire entre la forme capitale et la forme onciale pure. L'e
n'est pas toujours complètement arrondi (V. fig. 3). Tant
que le papyrus a été la matière principale qui servait à
l'écriture, les formes arrondies n'ont pas pu se développer
librement. Le S lunaire (C) paraît être la lettre onciale
la plus ancienne et apparaît déjà dans les inscriptions en
capitale, comme dans les plus anciens papyrus (V. fig. 2).
O n'est pas dans la Grèce proprement dite que l'écriture
onciale s'est formée, mais c'est après l'époque classique
et principalement dans l'école d'Alexandrie, sous les Pto-
lémées. Les travaux multiples des érudits alexandrins,
l'introduction graduelle du parchemin pour la confection
des manuscrits, etc., furent les causes principales qui
donnèrent naissance à l'écriture onciale.
Le caractère général de l'écriture onciale consiste
dans l'arrondissement des formes angulaires de l'écriture
capitale. Sept lettres ont été principalement affectées par
ces changements :A, A, E, M, S, S, Q. On peut re-
marquer que quatre de ces lettres (A, D, F, M) figurent
aussi parmi les lettres caractéristiques de l'onciale latine.
La principale de toutes les lettres, celle qui suffit à déter-
miner le caractère oncial d'une écriture est l'E, qui est
réduit à une courbe hémisphérique et à une barre trans-
versale. Le A a son côté droit légèrement prolongé vers
la gauche (caractère qui se retrouve aussi dans leD oncial
latin). Le S a ses trois traits horizontaux reliés les uns
aux autres par un tracé continu, ce qui donne quelquefois
à cette lettre des formes très étranges. On a déjà remar-
qué ci-dessus que le S (G) est probablement la première
de toutes les lettres onciales par rang d'ancienneté. L'Q
est une des lettres qui ont subi la plus grande transfor-
mation dans l'écriture onciale.
L'onciale antique n'était presque pa^s connue avant les
découvertes de papyrus qui ont été faites récemment en
Egypte. Ces découvertes ont donné, à côté d'un grand
nombre de documents administratifs, tant en cursive qu'en
onciale, quelques textes littéraires importants, tels que
divers fragments d'Homère (V. fig. 3), de Thucydide,
d'iïypéride, d'Alcman, du grammairien Tryphon, de l'iam-
bographe Hérodas, etc. A part l'Egypte, le seul endroit
où l'on ait découvert des papyrus grecs est Herculanum,
oti l'on a retrouvé une partie des œuvres d'Epicure et de
Philo dème.
L'onciale antique a encore pour caractéristique le très
petit nombre d'abréviations dont on y a fait usage
(V. Abréviation). Lsl ponctuation est très rare (V. Ponc-
tuation). Les accents (V. Accent, 1. 1, p. 272). Lesespîifs
(V. Esprit), tous les signes diacritiques et les signes de
correction (V. § Paléographie latine) ont été inventés
ou perfectionnés pou à peu dans l'école d'Alexandrie. On
trouvera des détails sur la manière dont les Grecs enten-
daient la division matérielle de leurs ouvrages à l'art.
Stichométrie. Dès une très haute antiquité, les Grecs ont
connu les systèmes sténographiques (V. Notes tironiennes
et Tachygraphie), ainsi qu'un système de numération par
les lettres de leur alphabet (V. Chiffres). Enfin, les
Grecs ont aussi employé les écritures secrètes (V. Crypto-
graphie). Quelques spécimens des tablettes de cire, dont
les Grecs faisaient usage comme les Romains, ont été
découverts en Egypte (V. Cire [Tablettes de]).
II. Période byzantine. — La période byzantine de
la paléographie grecque, que l'on peut faire commencer
approximativement à l'époque du triomphe du christia-
nisme et de la fondation de Constantinople, se caractérise
par la création de Vémiure minuscule, qui devient l'écri-
ture exclusive des manuscrits à partir du ix® siècle. Avant
le ix*^ siècle, les Byzantins ne connaissent que Vonciale
pour les manuscrits littéraires. Ni les Grecs de l'école
d'Alexandrie ni les Byzantins n'ont jamais employé la
capitale épigraphique pour les manuscrits, comme l'ont
fait les Romains dès le début de la littérature latine. Ouant
à l'écriture cursive, elle a été en usage dans la chancel-
lerie byzantine pendant toute la première moitié du moyen
âge, et elle a ensuite subi l'influence de la minuscule et a
simplifié considérablement ses formes compliquées.
Onciale. — On peut dire que l'onciale proprement dite,
du V® au vii^ siècle, constitue véritablement l'apogée de
l'écriture grecque. L'activité littéraire était plus considé-
rable à cette époque dans l'empire d'Orient, depuis Justi-
nien, qu'à Rome et en Itahe, ravagées par les guerres et
les invasions. Sans les iconoclastes (V. ce mot), nous
aurions aujourd'hui un nombre considérable des beaux
manuscrits de cette époque (V. Miniature, Byzantin [Art],
t. VIII, p. 536). L'écriture onciale byzantine présente plu-
sieurs variétés : à l'époque la plus ancienne (iv^ et v^ siècles),
l'onciale se distingue par la régularité et l'harmonie des
proportions (fig. 4) ; elle de vient ensuite plus massive
(fig. 5), caractère qu'elle conserve dans les manuscrits
Hturgiques, par lesquels elle reste en usage jusqu'au
xii® siècle, après que la minuscule, au ix® siècle, est devenue
l'écriture des manuscrits httéraires. A partir du vii'^ siècle
environ, on voit se développer X onciale penchée ou
ovale, qui n'était d'abord usitée que pour les annotations
marginales et les commentaires, et qui devient ensuite une
variété de l'écriture des manuscrits (fig. 6).
Les principales formes de l'onciale byzantine se trouvent
dans deux manuscrits célèbres dont les fig. 4 et o donnent
des fac-similés. Il y a peu de chose à ajouter aux remarques
faites ci-dessus à propos de l'onciale antique. Le C lunaire
est toujours la seule forme onciale du S. Le A a sa base
PALÉOGRAPHIE — 838
souvent prolongée et terminée à droite et à gauche par
deux petits appendices (V. fig. 5, lignes 2 et 3). Le M a
deux formes, l'une dans laquelle les deux traits du milieu
sont seuls arrondis, l'autre dans laquelle tous les traits
prennent une forme
courbe. Les hastes et
les queues de plusieurs
lettres sont prolongées
au-dessus ou au-des-
sous de la ligne (P, Y,
(î>, X,W), Cette der-
nière modification a
pour effet de donner à
l'T l'apparence de F Y
latin (V. ng. 5). L'am-
plitude des formes, la
répartition harmo-
nieuse des pleins et des
déliés caractérisent en-
core l'onciale du iv^ au
Yiii^ siècle. — L'on-
ciale ovale a ses lettres
comprimées latérale- Fi,o. [
ment, de manière à
Pétersbourg; le
KXî AHOpCOTTOCHN
■ I OYAAI O ceH COY
cor dTH Fî oAej KAf
ON o h4k:Kf TiVH Af
-S>^'.^^v.j^ OX XI' o ,COTO.Y I ^ *
po yto Yce JM G€ î oï'
— Onciale. — Codex Sinaiticus de la Bible (commeacemeut
du v« siècle ap. J.-C ).
prendre une forme
étroite. Les lettres E, 0, O, S (lunaire) sont celles qui
prennent le mieux la forme ovale. Dans l'onciale ovale,
la direction générale de l'écriture est inclinée vers la droite
(V. flg. 6).
Avec la période d'apogée de l'écriture onciale, le nombre
des manuscrits célèbres devient très considérable. A celte
^YAXAeXeiKAPOiÂEÂGîAi
^Ka>pACJ3CKPAM'l>l-'.C'T''OAC
CPÙTrepTTP I cjj N-KAyAO r
TPITTHXH •TrApX<|> YAA.AGÀ
if<'e<}>AAÂîOMOiÂiMHKajrj
Fig. 5. — Onciale. — Manuscrit de Dioscoride de la biblio-
thèque impériale de Vienne (comnicncenicnt du vi^ s.).
époque, le papyrus est complètement remplacé, pour les
usages Mttéraires, par le parchemin. Les manuscrits de
luxe se multiplient (V. Miniâturk, Chrysographie, Pour-
i^RE, etc.). Des fac-similés des manuscrits les plus célèbres
y f iAjTyp ^ c H ;<à Y e ^' --^
np ocTfKA€ -reojp v /s/ey/<^/^ ecTep
Fig.
6. — Onciale ovale ou penchée. —
mathématiques (vii" siècle).
Traité de
se trouvent dans les grandes collections de la Paléogra-
phie universelle (pi. en chromolithographie), do la Paheo-
graphical Society (pi. en photogravure), etc. Les manus-
crits bibliques et liturgiques occupent une place très
importante. Les trois plus anciens manuscrits de la Bible
sont des manuscrits en onciale grecque : le manuscrit dit
(hdex Vaticanus du i\^ siècle, conservé à la bibliothèque
du Vatican ; le Codex Sinaiticus, du commencement du
v'^ siècle, magnifique manuscrit écrit sur quatre colonnes
par page et dont la fig. 4 reproduit un fragment, qui fut
trouvé dans un couvent du mont Sinai, dans des circons-
tances très romanesques (V. Tischentiorf) et qui est au-
jourd'hui conservé à la bibUothèque impériale de Saint-
Codex Alexandrinus, du v^ siècle, qui
est le manuscrit considéré comme le plus précieux du
Musée britannique, et qui fut apporté d'Egypte auxvii*^ siè-
cle par un patriarche grec pour être offert au roi d'Angle-
terre, Charles P''. Ln
Pentateuque, un Oc-
tateiique, etc. , se trou-
vent à la Bibliothèque
nationale. Le plus an-
cien document authen-
tique de la littérature
chrétienne primitive
paraît être un papyrus
de la fin du ii® siècle
ap. J .-C. , découvert ré-
cemment à Oxyrhyn-
chus en Egypte et con-
tenant les' Aoyfa ou
apophtegmes du Christ.
On sait que la plupart
des textes chrétiens des
premiers temps ont péri
et quel'onn'aretrouvé,
pour ne citer qu'un
exemple, le Aià isa-
aàpcov de Tatien, du milieu du ii^ siècle, que dans une
traduction arabe, exhumée, il y a quelques années, de
la bibliothèque du Vatican. Les manuscrits littéraires
sont représentés par V Homère de la bibliothèque ambro-
sienne de Milan, du ^^ siècle, avec miniatures; \q Diosco-
ride de Vienne (fig. 5), exécuté, au commencement du
vi^ siècle, par Julia Anicia, fille d'Olybrius, un des derniers
empereurs romains, et contenant, entre autres miniatures,
le portrait de cette dame romaine elle-même, etc.
Minuscule. — La minuscule grecque est une invention
de l'époque byzantine. De l'opinion unanime des savants
versés dans la paléographie grecque, la minuscule a été
inconnue à l'antiquité grecque, tandis que, pour l'antiquité
latine, l'existence de l'écriture minuscule romaine est une
question qui a été le sujet de longues polémiques entre les
paléographes du siècle dernier et qui n'est pas même en-
core complètement résolue de nos jours. La minuscule
grecque offre encore ceci de particuKer dans son histoire,
qu'elle fait son apparition assez brusquement, au viii*^ et
au ix^ siècle, c.-ù-d. à peu près à la même époque, oii,
dans l'Occident de l'Europe, la minuscule carohngienne,
qui s'est formée sous Charlemagne, se répand dans tout
le monde latin proprement dit. Quant à l'origine directe
de la minuscule grecque, il faut la chercher, soit dans la
petite onciale penchée que l'on constate dès le vi*^ siècle
(V. ci-dessus), avec adjonction de certaines formes tirées
de l'écriture cursive, soit au contraire dans l'écriture cur-
sive elle-même, telle qu'elle existe au commencement de la
période 'byzantine, avec adjonction de formes simplifiées
empruntées à l'onciale de la même époque. Pour résoudre
cette question, on possède un petit nombre de manuscrits,
principalement du viu^ siècle, qui représentent une phase
de transition, dans laquelle l'écriture est généralement
penchée vers la droite, comme l'onciale ovale (V. ci-dessus),
tandis que les-iormes des lettres présentent encore toutes
les apparences de lettres cursives à formes simphfiées (V. le
manuel de Thompson, fac-similé de la p. 460). L'histoire
de la minuscule grecque se divise en trois périodes : 1^ du
viTi® au miheu du x^ siècle ; 2<^ du milieu du x^ au milieu
du xiiî^ siècle ; 3*^ du milieu du xfii® au commencement
du xv^ siècle (Thompson). Une autre classification admet
quatre périodes: l'^ix^^ siècle; 2° x®-xii^ siècles; B^xiii*^-
xTv^ siècles; 5^ xv^ siècle ou Benaissance (Wattenbach).
En réalité, la raison pour laquelle il est difficile d'assigner
des limites précises à chaque période est l'état stationnaire
prolongé dans lequel l'écriture est restée pendant chaque
période et la lenteur avec laquehe elle a passé d'une forme
à une autre. Les représentants extrêmes de la série, la
— 839
PALEOGRAPHIE
minuscule de la Renaissance (fig. -11) et la minuscule du
ix^ siècle (fig. 7) se différencient à première vue, mais
les nuances intermédiaires sont tout à fait imperceptibles,
comme on peut l'observer en comparant, par exemple, la
minuscule du ix® siècle (fig. 7) avec le même genre d'écri-
ture tel qu'il s'est conservé, intact, pendant cinq siècles,
jusqu'au xiv^ siècle (fig. 10). Aucune autre écriture occi-
dentale n'offre l'exemple d'aussi peu de changement au
moyen âge. Tl n'y a que l'écriture onciale latine, qui, du
ifi'' au ix^ siècle, soit restée pareillement semblable à e!le-
uième pendant une période do plusieurs siècles.
La minuscule grecque n'offre qu'un très petit nombre
de particularités qui en rendent la lecture difficile. L'a a
souvent son trait de droite prolongé et relevé jusqu'au
sommet de la ligne d'écriture (V. fig. 7). Le [3 a la forme
en u, signalée ci-dessus à Tétudede l'écriture cursive. L's
donne lieu à un assez grand nombre de ligatures : zi (fig. 10,
1. I, etc.), su, £v, £p, etc. L'y] a toujours la forme de l'/i.
Le y. a une forme très curieuse, dont l'origine se trouve
dans l'alphabet de l'écriture cursive. Le X offre une par-
ticularité presque constante, c'est que son premier jam-
bage descend presque toujours au-dessous de la ligne,
tandis que le second ne la dépasse jamais (V. fig. 10,1.111,
au mot àXrjGsi). |Le premier jambage du v descend au-
dessous de la ligne, comme le premier jambage'du jx. Le 11
a ses deux jambages verticaux formés en tracé continu, ce
qui lui donne tout à fait l'apparence d'un w surmonté d'une
barre horizontale. Le a donne lieu à diverses hgatures :
at (fig. 7, 1. Il), eaT (fig. 7, 1. V), a: (fig. 8,1.1), etc. L'o. est
complètement fermé et a la forme d'un 8 renversé. —
C'est ta l'époque de la minuscule que hponclualion, Vaccen-
lualionBtles abréviations sq constituentdéfinitivement.
La minuscule des ix^ et x^ siècles (fig. 7.) présente
des formes très soignées et très pures. Les mots sont
Fig. 7. — Minuscule des ix^ et x" siècles. — Euclide
(Ms. de 888).
nettement séparés les uns des autres, les points sont
employés à la fin des phrases, et les accents et les esprits
sont presque toujours marqués.
La ]iiinuscule des xi^ et xii^ siècles (fig. 8) ne diffère
presque pas de celle de l'époque précédente. Les traits
sont quelquefois plus lourds et deviennent parfois un peu
^ I .cri cqircaîi ^ •fijirî 0ir • 14
^ ^ /
1^ ''Tii 0 |i o fxjmi ic ^éij Xo vit
Fig. 8. — Minuscule des xi^ et xii« siècles. — Saint Jean
Chrysostome (Ms. de 1003).
plus cursifs. Le papier, qui commence à être en usage,
exerce une influence sur le tracé. Dans les signes diacri-
tiques, les esprits reçoivent la forme arrondie, au lieu de
la forme carrée qu'ils avaient précédemment.
La minuscule des xm® et xiv® siècles (fig. 9) devient
plus compliquée, plus tassée, et se surcharge de traits
superflus, formés des prolongements des hastes ou des
Fig. 9. — Minuscule des xiii« et xiv» siècles. — Commen-
mentaire de Théophvlacte Simocatta sur les Evangiles
(Ms. de 1255).
queues de certaines lettres, et présente beaucoup d'iné-
gahté dans la hauteur relative des lettres ou même des
parties d'une môme lettre (par ex. le cp, fig. 9, 1. I,
II, etc). L'e et le v commencent à prendre la forme mo-
derne. Les abréviations se multiplient. — A côté de l'écri-
ture qui vient d'ôtc décrite, la minuscule subsiste, presque
1
•s
6 1 CT ^^n? UT OU cÎ3 p a
Fi-. 10.
■ Minuscule des xin'^ et xiv" siècles.
Psautier (Ms. de 1301).
sans changements, dans tous les manuscrits d'une exécution
soignée et dans les manuscrits liturgiques, dont l'écriture
est généralement de grandes dimensions, surtout dans les
psautiers antiphonaires, lectiomiaires, etc. (V. fig. 10).
La minuscule du xv^ siècle ou de la Renaissance
(fig. 11) est encore plus irréguKère et disproportionnée
Fig. 11.
■ Minuscule de la Renaissance. -
(Ms. de MUn.
• Polybe
que dans la période précédente. C'est cependant cette
forme de la minuscule grecque, apportée en Occident par
les érudits byzantins du xv® siècle, Lascaris, etc., qui
servit de modèle pour la fonte des premiers caractères
d'imprimerie grecs, qui restèrent en usage pendant presque
tout le xvi^ siècle.
Le nombre des manuscrits en minuscule est très consi-
dérable. Outre les copies des manuscrits de l'antiquité
classique épargnés pendant les premiôrs temps du chris-
tianisme ou par les iconoclastes, les Ryzantins nous ont
légué une littérature très riche, dont les ouvrages forment
une collection qui occupe une place imposante dans les
PALÉOGRAPHIE
— 840 —
bibliothèques (V. Byzantine). On possède environ i.OOO
manuscrits en minuscule antérieurs à Fan 1500. On n'a
guère qu'une douzaine de manuscrits qu'on puisse attri-
buer avec certitude au ix^ siècle, environ 50 sont du
x^.' siècle, près de dOO du xi^ siècle, et seulement 70 du
xii^ siècle. A partir du xiii® siècle, les manuscrits devien-
nent très nombreux. Le plus ancien manuscrit en minus-
cule est un évangéliaire daté de l'année 835, faisant partie
de la collection de l'évèque Uspensky. Vient ensuite le
manuscrit d'Euclide de 888, conservé à Oxford et dont la
fig. 7 reproduit un spécimen.
' CuRsivE. — La cursive byzantine s'est dégagée peu à
peu des formes de l'écriture capitale, que la cursive de
l'époque romaine conservait encore. Les lettres, au lieu
Fiûr. 12. — Cursive byzantine. — Acte de vente daté de
Panopolis (599 ap. J.-C).
Panopolis (599 ap
d'être isolées ou simplement juxtaposées les unes aux
autres, ont été reliées entre elles et ont commencé à
^T^xm^o
Fig. 13. — Cursive byzantine de chancellerie. — Lettre offi-
cielle d'un empereur de Constantinople, viiie ou ix® s.).
former des ligatures. Pendant la première moitié de la
période byzantine, on peut diviser la cursive en écriture
Fig. 14. — Cursive de la seconde moitié du moyen âge. —
Commentaire du traité de Porphyre sur Aristote ^Ms.
de 1223).
notariale (fig. 42) et en écriture de chancellerie (fig. 13).
La cursive subit ensuite l'influence delà minuscule, s'épure
et se simplifie, tout en conservant un très grand nombre
d'abrévations, et prend la forme représentée, à partir du
XIII® siècle, dans le spécimen donné dans la fig. i4. Ce
dernier genre de cursive est surtout en usage pour les
manuscrits théologiques, didactiques et scolastiques ou
philosophiques.
Les formes des lettres dans la cursive byzantine pren-
nent un caractère plus expéditif que pendant la période
antique. Aux remarques déjà faites précédemment, on
peut ajouter les suivantes : l'a se trace d'un trait continu
et ne forme plus qu'une ou deux lignes courbes ; |3 garde
ses deux formes, capitale et cursive ; l's se réduit géné-
ralement à deux traits, comme dans la cursive latine du
moyen âge ; le X est prolongé au-dessous de la ligne ; le p
a sa boucle supérieure souvent ouverte. Les ligatures ne
se font plus seulement par la partie supérieure des lettres,
mais par leurs traits du milieu ou de la base, comme pour
l's ou pour lex. Les abréviations, soit par le système usité
dans la paléographie grecque, soit par des signes spé-
ciaux, comme pour /al et Bs (V. Abréviations) ne sont
pas très nombreuses dans la cursive diplomatique, no-
tariale ou de chancellerie, mais se multiphent considéra-
blement dans la cursive scolaatique du xiii® siècle.
Le grec a été longtemps étudié et écrit en Occident,
surtout pendant la première partie du moyen âge, avant
l'époque de la séparation des Eglises grecque et latine.
Les manuscrits gréco-latins ou bilingues, partie en grec et
partie en latin, sont assez nombreux à l'époque de l'écri-
ture onciale. L'écriture grecque tracée par les scribes
occidentaux se reconnaît généralement à la lourdeur ou
à Firrégularité de ses formes. — La paléographie grecque
connaît les palimpsestes, comme la paléographie Latine,
tant pour la période antique que pour la période du moyen
âge (V. Palimpseste).
IL PALiiOGRAPHIE LATINE ET MÉDIÉVALl]. — La
paléographie latine classique et la paléographie du moyen
âge comprennent un domaine beaucoup pins étendu et
beaucoup plus varié que celui de la paléographie grecque.
Les écritures de l'antiquité {capitale, onciale, semi-on-
ciale, cursive romaine) forment la base de presque
toutes nos écritures modernes et embrassent une période
qui remonte presque jusqu'aux origines de la littérature
romaine. Cette période s'étend jusqu'à l'invasion des Bar-
bares. Viennent ensuite les écritures adoptées par les di-
vers peuples barbares et auxquelles on a donné le nom
à' écritures nationales (mérovingienne, lombardique, vi-
sigothique, irlandaise et anglo-saxonne) . A partir du
viii® siècle et sous des influences diverses qui se centra-
lisent toutes en France, on voit se développer l'écriture
perfectionnée qui a reçu la dénomination de carolingienne
ou Caroline. Cette nouvelle écriture produit elle-même, du
X® au xii® siècle, la magnifique écriture romane, exclusi-
vement française, et qui atteint son apogée au xii® siècle,
où elle est adoptée par toutes les nations de l'Europe. C'est
la même écriture que notre écriture actuelle d'impri-
merie. Du xii® au XVI® siècle règne l'écriture gothique,
avec toutes ses variétés nombreuses et compliquées. Enfin,
avec la Renaissance et la Réforme, commence l'époque des
écritures modernes, qui, après une période de confusion
et de mélanges d'écritures de provenances les plus diverses,
se termine, à partir de la fin du xvii® siècle, par la pré-
pondérance de l'écriture cursive d'ItaUe. Celle-ci est adop-
tée par toutes les nations d'origine européenne, à l'excep-
tion de la Russie, et est aujourd'hui connue sous le nom
d'écriture anglaise. L'écriture courante des Allemands,
dernier dérivé de la cursive gothique du moyen âge, pa-'
rait disparaître graduellement dans les usages pratiques.
Ecritures de l'Antiquité. -— Les écritures qui ont
leurs origines dans l'antiquité n'ont été l'objet d'études
systématiques que dans les temps tout à fait modernes. L'his-
toire du progrès des études paléographiques, qui ont re-
nouvelé entièrement de nos jours toutes les études histo-
riques, se rattache, à partir du milieu du xvii® siècle, à
l'historique de la diploïnatique {Y . ce mot). C'est princi-
palement par des travaux fondés sur les études de paléo-
~ 841 —
PALEOGRAPHIE
graphie que les bénédictins sont devenus célèbres (V. l'art.
Bénédictins). x\près l'époque de la Révolution française,
l'Ecole des Chartes, par son enseignement, par ses
méthodes et par l'intermédiaire des savants qu'elle a
formés, a donné à la science de la paléographie une im-
pulsion considérable, qui s'est fait sentir ailleurs qu'en
France. On ne rencontre pas, chez les écrivains du moyen
âge, de sens paléographique proprement dit. Ils ne consi-
déraient les textes des classiques latins que comme des
modèles de latinité grammaticale sans valeur proprement
littéraire, et, pour eux, les œuvres des historiens romains
ne devaient guère servir que d'exemples destinés à illustrer
la perversion produite par le paganisme. Les manuscrits
latins étaient simplement recopiés ou conservés sans préoc-
cupation d'étude critique d'aucune sorte. Ce n'est qu'à
l'époque des humanistes, qui commence avec Pétrarque et
ses contemporains, que l'on voit apparaître chez les com-
mentateurs quelques remarques de paléographie propre-
ment dite, mais sans ordre et sans méthode. Le respect
des textes et des manuscrits était si peu développé que les
éditions princeps du xv'^ siècle se faisaient souvent sur
les anciens manuscrits, dont plusieurs remontaient bien
probablement à l'antiquité classique, et qui étaient remis
directement aux mains des imprimeurs.
C4PITALE. — La plus ancienne forme de l'écriture qui
est la source de toutes les écritures modernes est l'écri-
ture capitale de l'antiquité. On peut voir, à l'art. Alpha-
bet, ainsi qu'aux articles consacrés à chacune des lettres
de l'alphabet, comment les lettres romaines sont dérivées
des lettres des alphabets grecs des colonies de la Grande-
Grèce en Italie. En recevant leur alphabet des Grecs, les
Romains n'ont pas tardé à lui imprimer, en quelque sorte,
la marque de leur génie. Le sens de l'écriture avait été
longtemps incertain chez les Grecs, qui écrivaient tantôt
ITS rOSV HN Kiy RAlOtH SaVOlt MPOIVI D/Rl MV A\
D tvc.\Lio>JV A.CVVVI Ia^i o tsi acx v^7 ri i norbe^
VNDlHOMINIESKiVTlDVRVMGtNVSlRGOAGniRRxf
riNGV ISOLVALCRI M IS EXI I M T LOMI MS I B AN N l
Fifi'. 15. — ip ou III® siècle de J.-C. — Capitale carrée. Fragment d'un manuscrit de Virgile, dit fragment Dionysien
(Vatic. 3256). — Géorgiques, I, v. 61-80, — Lettres caractéristiques|: A, É, T.
Inposuit natura locis. Quo tempore primum
' Deucalion vacuum lapides jactavit in orbem,
Unde homines nati, durum genus : ergo âge, terrae
Pingue solum primis extemplo mensibus anni.
de droite à gauche, tantôt de gauche à droite, tantôt al-
ternativement dans ces deux directions (V. Boustrophé-
DON, t. Vil, p. 854). Les Romains adoptèrent le tracé de
gauche à droite ; ils donnèrent définitivement aux lettres
la position verticale; les hastes transversales ou barres et
les courbes ou panses se rattachèrent aux hastes au aux
jambages verticaux en formant des angles droits. Quatre
lettres seulement. A, M, N, V, présentent des traits obliques
ayant la longueur d'un jambage entier et s' étendant entre
la ligne de base, sur laquelle repose l'écriture, et la ligne
de sommet des jambages de hauteur moyenne (tels que l'I);
mais néanmoins on peut remarquer que l'axe véritable de
la position de ces lettres est réellement vertical et non in-
cliné, comme il l'était souvent dans les lettres des alpha-
bets grecs. La lettre E fut une de celles qui conservèrent
le plus longtemps la trace de son origine grecque : ses
trois traverses sont tracées obliquement tantôt vers le
haut, tantôt vers le bas, sur les plus anciennes inscrip-
tions latines. Après leur constitution définitive dans l'an-
tiquité, les lettres de l'alphabet romain atteignirent le
total de 23, nombre qui fut porté, au moyen âge et dans
les temps modernes, à 26, par la création des lettres
J, V et W, au moyen de dédoublement des lettres I et V.
— L'appellation elle-même d'écriture capitale ne paraît
pas remonter à l'époque de l'antiquité, mais semble ré-
sulter du fait que son usage s'est conservé, jusqu'à une
époque avancée du moyen âge, pour l'écriture majuscule
des titres de chapitres dans les manuscrits.
L'écriture capitale, d'abord usitée dans les inscriptions
(V. Epigraphie), conserva dans les manuscrits le caractère
épigraphique qu'elle avait acquis, avec quelques légères
différences seulement. L'écriture des inscriptions avait des
traits pleins et des traits déliés, comme dans l'A, le V,
l'N, etc., et les traits latéraux, traverses ou barres comme
pour la base de VL ou la barre du T, avaient presque les
mêmes dimensions que les traits verticaux. Ce sont les
belles proportions des lettres de cette écriture qui leur
avait valu le nom de litterœ quadratœ. Dès que l'écriture
épigraphique fut appliquée à la transcription des manus-
crits, deux modifications caractéristiques apparaissent.
D'abord les pleins sont exagérés et deviennent très gros
par rapport aux déliés, qui sont très fins (V. fig. 15, ligne 1 ,
dans les lettres N, V, R, A,etc.). Ensuite les barres trans-
versales sont très réduites, et, au lieu d'être dans un rap-
port harmonique avec les traits verticaux, ne sont plus
que de petits appendices n'ayant que le quart ou le cin-
quième de la hauteur des hastes verticales. Cette seconde
caractéristique est surtout frappante pour les trois tra-
verses de l'E et par la barre du T, qui font souvent res-
sembler ces deux lettres à un simple I muni de petites
lignes latérales et terminales presque insignifiantes (V.
dans les fig. 45 et 16, les lettres indiquées en caractères
gras dans les transcriptions des fac-similés). L'aspect gé-
néral de la capitale des manuscrits prend donc un air
beaucoup plus tassé et serré que dans les inscriptions, ce
qui permettait de donner moins de largeur à l'espace oc-
cupé par les mots et d'économiser la place sur le papyrus
ou sur le parchemin. L'écriture capitale des manuscrits
conserva toujours, comme une tradition de son origine
épigraphique, ses grandes dimensions, qui formaient une
de ses caractéristiques. Plante, dans sa comédie du Ru-
dens, parle, par une exagération de rhétorique, de lettres
longues d'une coudée (cubitum longœ). Les lettres des
manuscrits de Virgile (V. fig. 45 et 16) ont encore 4 centim.
de hauteur. Lorsque les volumina ou les codex étaient
écrits en colonnes, les lignes ne contenaient guère plus de
dix lettres et n'étaient que de deux ou trois mots (V. fig. 4 9) .
Capitale carrée et capitale rustique. La capitale usi-
tée dans les manuscrits comprend deux espèces, la capi-
tale carrée, élégante ou épigraphique, et la capitale
PALEOGRAPHIE
842 -
rustique. Ces deux écritures oifrent chacune les deux ca-
ractéristiques, pour les déliés et pour les ti\averses des
lettres qui vieniicnt d'être indiquées. La fig. 15, emprun-
tée à l'un des fragments qui subsistent des manuscrits de
Virgile, est un spécimen de \d. capitale carrée. La fig. -16,
tirée de l'un des manuscrits complets de Virgile, est un
spécimen de la capitale rustique. L'aspect de ces deux
écritures, qui sont à première vue tout à fait différentes
c A £ 5 nK% f $.tKn la-DO u^uc mmiscimi cokcîi^-
Fig. IG. — iv siôcle de J.-C. -
Capitale rustique. — Virgile Viiilcojms (Vatic. O^gSr»). ~ Enéide.
caractéristiques : A, E, T, B, 1^, 1^, V,
Talibus insidiis perjuriique arte Simonis
Crédita res, captique dolis lacrimisque coactis,
Quos neque Tydides necc (^^^) Lariseus Achillis,
Non anni domuere decem, non millae (*i^) carinœ.
Lettres
l'une de l'autre, ne tient qu'à une seule particularité : les
traverses latérales viennent toujours rejoindre les hastes
à angle droit, môme lorsque ces petites traverses sont lé-
gèrement ondulées à leur point de départ, dans l'écriture
capitale carrée; dans la capitale rustique, au contraire,
ces petites traverses offrent d"a])ord une ondidation beau-
coup plus grande, et viennent couper les bastes dans une
direction légèrement inclinée. Tracée avec le cakune (V. ce
mot), la capitale rastidue était plus facilement et plus
rapidement écrite de cette façon, pour ainsi dire, moins
posée et moins apprêtée que celle de la capitale carrée.
.\u3si l'usage de la capitale rustique pour les manuscrits
i'ut-il beaucoup plus répandu que celui de la capitale car-
rée. Pour l'exécution des manuscrits de luxe, on ne fai-
sait pas de distinction entre la capitale carrée et la capi-
tale rustique, comme c'est le cas pour le Virgile dont la
fig. 46 donne un spécimen.
Caractéristiques. La simplicité do l'écriture capitale
antique et sa ressemblance presque identique avec notre
majuscule d'imprimerie moderne font qu'il n'y a presque
pas de différences à signaler, à part les particularités de
tj'acé relatives aux pleins et aux déliés et aux traverses
de certaines lettres (V. ci-dessus). Les lettres E et T sont
remarquables par la petitesse de leurs traverses. La lettre A
n'a pas de traverse entre ses deux jambages. La pajise
supérieure du B, ainsi (|ue celles du P et de l'R, sont sou-
vent très réduites par rapporta la partie inférieure de ces
lettres (V. par ex., pour le B, fig. 16, premier mot de
la 1. 1). Déjà dans la capitale carrée, et presque toujours
dans la capitale rusticjue, le jambage de droite du V, qui
est tracé en délié, se prolonge au delà de la ligne de base
(le l'écriture, ce (|ui donne souvent au V presque l'appa-
l'enced'un V(V. fig. ioeti6). L'If , tpai a dans la capitale
carrée la forme actuelle (fig. 15,1. 3), a souvent dans la
capitale rustique une forme qui la fait ressembler à un K
(V. Fart. Il), concurremment avec la forme ordinaire
(V. fig. 16,1. 3). Toutes les lettres caractéristiques de la
capitale dans les deux premières lignes des transcriptions
de (;haque fac-similé, sont imprimées en caractères gras
(V. fig. 45 et 16).— Les abréviations sont très peu nom-
])reuses à l'époque de l'écriture capitale. Elles sont tou-
jours très simples et se bornent à l'abréviation de în eln
(V. fig. 15,1. 2, dernier mot), à quelques signes spéciaux
])Our des désinences de mots tels que us et que, et à un
l]'ès petit nombre de mots ai)régés par contraction et dont
!a liste est donnée à Fart. Aj)réviations, t. I, p. 126.
La principale caractéristique des manuscrits en écriture
capitale, n'est pas dans la forme proprement dite des
lelt]'es, mais dans Fabsence des signes auxiliaires qui se
rencontrent aux époques ultérieures: ponctuation, ru-
J)riques. pagination, ornementation, etc. La ponctuation
n'existe pas ; celle que l'on voit sur quelques manuscrits
de Virgile est une addition moderne. Dans les manuscrits
les plus anciens, la séparation des mots n'existe pas non
plus (lig. 15 et 16). — Les alinéas ne se trouvent que pour
les divisions les plus importantes des ouvrages et sont gé-
néralement marqués par des espaces laissés en blanc. Ce
n'e^t que dans les livres liturgiques et bibliques chrétiens
(V. fig. 17) que la notion des alinéas et des subdivisions
des textes en général a fait des pi'ogrès. Les initiales qui
se trouvent au commencement des alinéas sont toujours
placées en dehors de la ligne marginale de l'écriture
(V. fig. 17). Quelquefois, on trouve une majuscule en tête
de chaque page, comme dans les fragments de Virgile. —
Les titres se bornent à deux ou trois lignes placées en
tête du texte des ouvrages, rédigées sous forme ô'incipit
{Incipit liber XX} I féliciter) et écrites en rouge ou al-
ternativement en lignes en rouge et en noir. Il y avait
quelquefois des titres courants au haut des pages, comme
dans certaines éditions de Virgile, dont les pages portaient
en regard l'une de l'autre aspri, à gauche, et vergïlius
à droite. — La réglure se faisait à la pointe sèche, qui
marquait deux lignes en creux sur le parchemin, une pour
la ligne de base et l'autre pour la ligne de sommet des
lettres capitales. — Le format des manuscrits était presque
toujours carré et l'écriture était à longues lignes, s'éten-
dant sur toute la largeur de la page, ou bien en deux ou
trois colonnes très étroites. Les manuscrits de Virgile sont
des in-folios ou des in-quartos carrés ou oblongs. Pour
les manuscrits destinés aux usages prati([ues, il est pro-
bable que Fantiquité connaissait les petits formats, car on
en a des exemples, pour les manuscrits juridiques, au
moins pour le vni^ siècle, dans des manuscrits des Jo's
des Lombards. — A mesure que la date des manuscrits
en capitale s'éloigne de l'époque classique, leur ortho-
graphe devient fréquemment barbare, et c'est même à ce
signe seulement qu'on a avancé Fépoque d'un des manus-
crits de Virgile jusqu'au iv^ siècle. Les fautes d'ortho-
graphe des anciens manuscrits dont la fig. i6 offre deux
exemples (1. 3 et 4), sont corrigées, dans les publications
de textes, soit dans des notes placées au bas des pages
des éditions, soit en les indiquant au moyen du mot sic
mis entre parenthèses.
L'antiquité a connu les manuscrits à peintures (V Mr-
xiATLRE, t. XXIII, p. 1049). Les miniatures et les des-
sins antiques sont recopiés à l'époque carolingienne
(V. fig. 17). L'écriture en lettres d'or et d'argent (V. Chrv-
sograiuiie) était très répandue pour les manuscrits de luxe,
de même que Fusage du vélin pourpré.
L'ornementation à V encre rouge, au cinabre et au ?/i/-
uhun (V. ces mots), a ses origines dans l'antiquité clas-
sique. Les arguments ou sommaires de certains ouvrages.
843 —
PALEOGRAPHIE
les quatre ou cinq premières lignes des grandes subdivi-
sions, et les citations de passages importants extraits
d'autres ouvrages, étaient ordinairement écrits à l'encre
rouge, et quelquefois en or ou en argent.
La plus belle époque de l'écriture capitale s'étend de-
puis le siècle d'Auguste jusqu'au iv^ siècle de l'ère ciiré-
tienne. A partir du v^ siècle, elle a d'abord cédé peu à
peu la place à une écriture simplifiée, l'onciale, et elle est
elle-même entrée dans une période de décadence. Néan-
moins ce n'est guère qu'à l'époque carolingienne qu'elle a
commencé à se différencier nettement de la capitale de
l'antiquité. Pendant plus de six siècles, l'écriture capitale
a si peu changé que les divergences d'opinion les plus
grandes ont existé, parmi les bénédictins et les paléo-
graphes contemporains, sur l'âge attribué aux manuscrits
les plus célèbres. Les manuscrits de Virgile (fig. 15) ont
été attribués successivement à l'époque d'Auguste, puis au
iii'^ ou au IV® siècle. Le manuscrit sur lequel les contes-
tations ont été les plus diverses est le Psautier d'Utrccht
m.
y^ ,
frcirfVM'flfilIlSICWfX ' A.'l.VUA3yHI^'J^lNcM3l
LA\'Of.NINûM!K£tvJS\.V C^iXllUKUOSCSPÏW&QÎ
fAnoyjrsiHPOpvliS / ^
su.rfro?.uM.:MMAN:i-i/'
H.\.îC:"ICMNLSV!i'i-ar
Fig. 17. — IX® siècle. — Capitale rustique. Psautier d'Utre(?îit
(Psaume 149, avec dessins servant d'illustrations aux
principaux versets).
4^® colonne :
CXLVIIII : Alléluia.
Lantate Domino
canticum novum : laus
ejus in ecclesia sanctorum.
].aetetur Israhel in eo qui
fecit eum, et filii Sion ex-
sultent in rege suo.
Laudent nomen ejus in
choro, in tympano
et psalterio psallant ei.
Quia beneplacitum est
qui a été tour à tour daté de toutes les époques comprises
entre le iv® et le milieu du ix® siècle (Y. fig. 47), et dont
on n'a pu arriver à déterminer l'âge véritable que par des
caractères empruntés, non pas à l'écriture elle-même, mais
au style des miniatures qui ornent le manuscrit.
A l'époque carolingienne, l'écriture capitale a été de
nouveau remise en vogue et a été en usage pour la trans-
cription de manuscrits entiers. Les formes de l'écriture
capitale renouvelée n'ont pas, en général, l'apparence ma-
jestueuse de la capitale antique," mais les lettres offrent
un aspect grêle qui donne à l'écriture l'apparence exagérée
de la hauteur par rapport à la largeur. Néanmoins, on
peut toujours rencontrer des manuscrits qui reproduisent,
à s'y méprendre, les formes de la capitale antique, comme
le Psautier d'Utrecht (V. %. 47). A partir du x^ siècle,
l'écriture capitale cesse d'être d'un usage ordinaire pour
la transciption des manuscrits.
MAxuscRrrs célèbres ex CxVpnALE. — Les manuscrits
en écriture capitale antique sont très peu nombreux. Les
plus anciens remontent au i^^' siècle de l'ère chrétienne :
ce sont les fragments de papyrus d'ilerculanum. Les ma-
nuscrits proprement dits ne commencent qu'au iv® siècle
ou au iJi® siècle au plus tôt, suivant la date que l'on as-
signe aux plus anciens manuscrits de Virgile et aux frag-
ments de Cicéron et de Salluste. Les causes de la destruc-
tion des manus.i^its antiques peuvent se ramener à trois
principales. Premièrement, la rareté relative et la cherté
croissante du papyrus et du parchemin furent cause, à
mesure que l'écriture capitale était remplacée pour les
usages ordinaires par des 'écritures à dimensions moindres
et à tracé plus rapide, que Fou fit servir les manuscrits
antiques, après en avoir gratté la première écriture, à de
nouvelles transcriptions : c'est l'origine des palimpsestes,
dont la plus belle époque fut le iv® et le v® siècle (V. Pa-
limpseste). Secondement, les œuvres du paganisme de-
vinrent l'objet d'une persécution de plus en plus générale,
au fur et à mesure du triomphe progressif du christia-
nisme: à la fin du iv® siècle, le pape Grégoire le Grand,
pour détruire dans ses racines mêmes les restes des tra-
ditions du paganisme, ordonna expressément la destruc-
tion des manuscrits de Tite-Live et probablement aussi
de tous les autres ouvrages historiques de l'antiquité, qui
ne nous sont parvenus que dans un état toujours plus ou
moins mutilé. On sait dans quel état nous est parvenu
Tite-Live. Tacite, qui devait être, sous l'Empire romain,
transcrit officiellement, chaque année, à dix exemplaires,
pour être envoyé aux principales provinces de l'Empire,
ne survivait, à l'époque de la Renaissance, que dans un
seul manuscrit d'une très haute antiquité, découvert dans
un monastère de WestphaUe et qui servit à l'édition de
4^)43. L'histoire romaine de Salluste, à l'exception de
quelques lignes qui ont été conservées par hasard (Pal.
(les class. lai., pi. 54, et Pal. nniv., t. il, pi. du n° 70),
a été complètement anéantie. Une foule d'historiens se-
condaires, comme Licinianus, ont disparu totalement ou
ne subsistent que dans ([uelques fragments palimpsestes.
Varron, Polybe, Denys d'Halicarnasse, etc., etc., sont tous
incomplets. Même à l'époque do la Renaissance carolin-
gienne, Alcuin avait maintenu l'interdiction de l'étude
des œuvres de Virgile, et une autorisation spéciale était
nécessaire dans les monastères pour pouvoir lire les Bu-
coliques ou V Enéide, ainsi que nous l'apprend la biogra-
phie d' Alcuin. En troisième lieu, les manuscrits de l'an-
tiquité, déjà décimés par les causes précédentes, furent
aussi exposés, pendant tout le moyen âge et dans les
temps modernes, aux mêmes causes de destruction qui
ont frappé tous les manuscrits et toutes les chartes,
c.-à-d. la négligence, l'oubli, la destination à de vils em-
plois, sans parler de l'extermination systématique due au
fanatisme des diverses époques révolutionnaires qui se
sont succédé les unes aux autres dans presque toutes
les parties de l'Europe. A l'époque de la Renaissance ca-
rolingienne, on voyait encore circuler, parmi les lettrés
des monastères, de nombreux manuscrits de Cicéron, de
Salluste, etc. Les humanistes du xiv^ siècle avaient cer-
tainement à leur disposition plus de manuscrits très an-
ciens que les érudits du xvi® siècle. Les progrès de la des-
truction et de la dispersion des manuscrits ne se ralen-
tirent pas avec les guerres de religion et les époques
troublées d'une grande partie des temps modernes : l'un
des manuscrits de Virgile du Vatican, le Romamis on Dio-
nysiamis, ainsi que l'un des fragments de manuscrit
appelé également par les philologues Dionysianiis, se
trouvaient, l'un au moyen âge, comme on le voit par les
cotes ou marques de catalogue inscrites par les bibhothé-
caires du xiii^ siècle, et l'autre encore au xvii^ siècle,
dans la bibHothèque de l'abbaye de Saint-Denis près de
Paris, d'où ils sont sortis par suite de dons et d'échanges
PALÉOGRAPHIE
844 —
entre les érudits de l'époqjie, qui n'avaient pas sur la con-
servation des bibliothèques les principes qui se sont ré-
pandus de nos jours.
Les plus célèbres manuscrits antiques qui nous sont
parvenus sont ceux de Virgile. On en possède quatre ma-
nuscrits, plus ou moins incomplets, et divers fragments.
Les quatre manuscrits sont: 1*^ le manuscrit de la biblio-
thèque du Vatican n° 3225, de 76 feuillets, en très belle
capitale rustique (V. fig. 46), qui possède cinquante minia-
tures ; ce manuscrit est désigné en philologie classique
par le nom de petit Virgile du Vatican ou de Vaticaniis ;
— 2° le manuscrit du Vatican 3867, en capitale rustique
du v^ ou vi^ siècle, de 309 feuillets {Uonianus ou Dio-
7iijsianus), dont un très beau fac-similé chromohthogra-
phique avec une miniature se trouve dans la Pal. univ.,
t. n, pi. du n° 60, ainsi que dans VArchivio paleog.
ital., t. II, pi. 42, etc., etc. ; — 3^ le manuscrit du Va-
tican n^ 4631, de la collection Palatine, de 280 feuillets,
en capitale rustique (Pakitinns). Le premier et le troi-
sième de ces manuscrits sont attribués au iv® ou même
au iii^ siècle ; — 4^ le manuscrit de la bibliothèque Lau-
rentienne de Florence, de 220 feuillets (Mediceus ou Lau-
7mtianus),'^o\ir lequel on a un élément de date certaine,
car il a été revisé et corrigé par Asterius, consul en 494
et amateur lettré, qui a inscrit lui-même une note sur le
manuscrit, à la fin des Bucoliques où il dit : leyi et dis-
tinxi (ponctuer et accentuer) codicem. Ce manuscrit
est daté du v^ au iv® siècle, suivant ([ue, d'après d'autres
éléments chronologiques de l'apostille d' Asterius, on le
fait ou non contemporain de ce correcteur. — Les prin-
cipaux fragments de Virgile sont ceux de la bibliothèque
du Vatican, qui fournissent un très bel exemple de la ca-
pitale carrée (V. fig. 45, où l'on voit un exemple des di-
vergences de texte des manuscrits à la dernière hgne, où
la leçon définitive, adoptée d'après les autres manuscrits,
est extemplo a mensUms anni) et qui constituent peut-
être le plus ancien manuscrit, car ils sont attribués par
([uelques paléographes au ii^ siècle {Pal. class. lat.,
pi. 64), — de la bibliothèque de Berlin, qui proviennent
du même manuscrit que les fragments précédents, — de
Ja bibliothèque de Saint-Gall, — et divers fragments pa-
limpsestes de Paris, Vérone, etc. Ces manuscrits et ces
fragments de Virgile sont ceux qui nous donnent les plus
beaux spécimens de l'écriture capitale antique, sous ses
deux formes, carrée et rustique. Les premiers essais de
reproductions intégrales de manuscrits en fac-similé, qui
commencent à être aujourd'hui l'objet de publications re-
marquables, furent faits sur les manuscrits de Virgile, par
des fac-similés en gravure et même par des reproductions
en caractères typographiques imitant les formes de la capi-
tale antique. Le Virgile du Vatican 3225 fut ainsi reproduit
par J.-D. r,ompiglia (Rome, 4742, in-folio), et le Virgile de
Florence par Foggini (Florence, 4744, in-4«). Horace a été
l'objet d'une publication partielle tout à fait analogue,
faite en Amérique, et consistant en extraits qui repro-
duisent non seulement les caractères de la capitale ro-
maine rustitjue, mais qui sont imprimés sur un rouleau
de papier vélin de près de 2 m. de longueur, monté sur
un ombilic avec deux cornes à ses extrémités (V. Voi, u:\ie)
et enfermé dans un étui en carton {Carmina octo Q. Ho-
rata Flacci edidit Georoms Vincent), publiée à New
York {Novi Eboraci, apud F. -A. Stokes) et datée de
l'an de Rome mmdcxu (2644, c.-à-d. 4888).
A part les quelques manuscrits et les fragments de Vir-
gile qui viennent d'être cités, les auteurs classiques ne
sont représentés que par un autre manuscrit complet im-
portant en écriture capitale, le Térence dit Bembiniis, du
nom du cardinal Bembo, conservé également à la biblio-
thèque du Vatican et (}ui est daté du iv*^ ou v® siècle {Pal.
class. lat., pi. b, Ex. cood. latt., pi. 8 et 9, et un fac-
similé en couleurs dans la Pal. iiniv.,t- H, pL du n'^67).
Pour Plaute, Cicéron, Salluste, etc., on ne possède que
des fragments peu étendus, principalement palimpsestes.
De courts fragments d'un poème sur la bataille d'Actium
ont été découverts dans les papyrus d'Herculanum et for-
ment, par leur date, qui ne peut guère être postérieure au
troisième quart du i^"^ siècle après J.-C, les plus anciens
manuscrits latins qui existent sous forme de vo lumen (fac-
similé dansfc. coâd. lait., pi. 4-3). Un calendrier antique
en manuscrit, qu'on a daté du milieu du iv^ siècle, d'après le
nom d'un personnage auquel il est dédié et qui aurait vécu à
cette époque, est conservé à la bibliothèque de Vienne.
Les manuscrits juridiques de ranti([uité devaient être écrits
en capitale aussi bien qu'en onciale, mais on n'en possède
plus aucun entier en écriture capitale.
Les manuscrits bibliques et liturgiques les plus anciens,
ainsi que les textes des Pères de l'Eglise, ne nous sont
pas parvenus, en général, dans des manuscrits écrits en
capitale. C'est à l'époque caroKngienne qu'appartiennent
la plupart des évangéliaires et des psautiers en écriture
capitale (V. ci-dessous. Minuscule Caroline). On ne con-
naît que quelques exceptions antérieures à cette date,
comme le psautier dit de saint Augustin, premier apôtre
de l'Angleterre, écrit à Canterbury au commencement du
vifi® siècle {Pal. soc, i^'^ sér., pi. 49), et le célèbre
psautier d'Utrecht, déj à mentionné précédemment (V . fig. 4 7 )
et dont le texte est antérieur à celui de saint Jérôme. Ce
magnifique manuscrit, qui est un des exemples les pl»«
remarquables de la continuité avec laquelle l'écriture ca-
pitale a conservé son aspect depuis l'antiquité jusqu'à
l'époque carolingienne, est orné d'une miniature allégo-
rique à chacun des psaumes, et c'est seulement par le style
de ces miniatures, attribuées par les uns à l'école anglo-
saxonne de Winchester (V. ci-dessous. Ecritures natio-
nales), et par les autres à l'école française qui avait son
centre principal à Reims, mais datées unanimement du
milieu du ix® siècle, qu'on a pu préciser l'époque à la-
quelle remonte ce manuscrit 'célèbre, qui a été reproduit
en entier en fac-similé et a été l'objet d'un ouvrage spé-
cial (par M. De Gray-Birch, en 4876). Quant aux ma-
nuscrits des Pères de l'Eglise et des premiers écrivains
chrétiens, le plus ancien est un manuscrit de Prudence,
du V® ou vi^ siècle seulement, conservé à la Bibliothèque
nationale, et dont un très beau fac-similé se trouve dans
VAlb. paleog. de VEc. des Chart., pi. 4. Cependant
l'écriture capitale était encore en grande faveur parmi les
chrétiens vers le milieu du iv^ siècle, et un scribe ou un
graveur nommé Dionysius Filocalus se fit une telle répu-
tation en gravant sur marbre les poèmes du pape Damase
qu'on donna quelque temps son nom ou celui de ce pape
à l'écriture des inscriptions {lettres filocaliennes ou da-
masiennes). Pour saint Augustin, saint Ambroise, ainsi
que pour Sedulius, Isidore de Séville et le commentateur
Eugyppius, on a quelques manuscrits en écriture capi-
tale, en tout ou partie du vii^ ou même du viii® siècle,
qui se trouvent également à la Bibliothèque nationale, etc.
C'est au vii^ siècle qu'on commence à rencontrer des ma-
nuscrits en capitale alternant avec d'autres écritures,
comme c'est le cas pour le manuscrit de Sedulius (biblioth.
de Turin), qui est écrit en capitale et en onciale.
OxNCiALE. — L'écriture onciale latine, comme l'écriture
onciale grecque, est une modification de l'écriture capitale
^deçbmi^t:
u
Fig. 18. — Lettres onciales.
ADEGHMftTV
qui a consisté à'donner plus de rapidité au tracé de l'écri-
ture par l'arrondissement des angles d'un certain nombre
de lettres, principalement A, D, E, M et quelques autres
(V. fig. 48). Les hastes (D, H, L) et les queues (F, G, P, Q)
des lettres sont prolongées un peu au-dessus et au-dessous des
lignes de base et de sommet de l'écriture. Les queues sont
généralement plus longues que les hastes, et leur prolonge-
— 845 —
PALEOGRAPHIE
ment en dehors de la ligne est d'autant plus grand que l'écri-
ture onciale est plus moderne. La dénomination uncialis se
rapporte auxdimensions de l'écriture onciale, quidevait avoir
souvent, surtout dans les manuscrits les plus anciens, si nous
pouvons en juger par les fragments qui nous sont parve-
nus (V. fig. 1 9), près d'un pouce de hauteur, c.-à-d. environ
0"\027 de hauteur. Uiinria était la douzième partie de
la livre, comme le pouce était la douzième partie du pied.
Le terme uncialis désignait couramment les écritures
de grandes dimensions : les plus grandes étaient, par
exemple, les écritures capitales du genre de celles dont
les plus anciens manuscrits de Virgile nous ont conservé
des exemples (V. fig. 15), et où les lettres ont i centim.
de hauteur. On trouve déjà le terme uncialis, mais em-
ployé avec quelque obscurité, dans saint Jérôme (préface du
livre de Job). A l'époque delà renaissance carolingienne,
une correspondance entre Eginhard et Loup de Ferrières
nous apprend qu'il existait, dans les ateliers de scribes, des
mesures pour ainsi dire officielles pour les différentes écri-
tures capitales et pour les lettres maximœ et unciales.
La moditication onciale de l'écriture capitale se trouve
beaucoup plus tard dans la paléographie latine que dans la
paléographie grecque. Comme les plus anciens manuscrits
en onciale ne remontent guère qu'au iv® siècle après J. -G ,
qU150MXKie<
fuixiie'NjecxF
reUxRèsoicxî
cjuoôexuuon
Viix. 11). — iv^ siècle. — Onciale. Fragment d'une colonne
du palimpseste De Republica de Cicéron. — Lettres
caractéristiques : A, D, E, M.
Qui bona nec
putare nec ap-
pellare soleat,
quod earum
rerum vide [aturj
on en est réduit à des conjectures pour fixer la date de
son invention, quoiqu'il soit permis de supposer que les
Romains ont dû s'inspirer de bonne heure de l'écriture
des Grecs aussi bien que dans leur littérature. Les graf-
lites de Pompéi, où se trouvent représentés tous les genres
d'écritures en usage au milieu du i^^ siècle de J.-C. (V. ci-
dessous), nous présentent déjà des formes de lettres,
notamment pour l'E, qui sont tout à fait onciales. En se
fondant sur les dates des documents et des manuscrits qui
subsistent, les paléographes les plus autorisés ont assigné
au développement de l'écriture onciale et à son intro-
duction dans les manuscrits l'époque comprise entre les
années 167 et 374après J.-C. (Wattenbachet Zangemeister, j
Ex.codd.latl., p. 5). Les progrès du christianisme, par ;
la multiplication des exemplaires des textes sacrés, tra- '
duits partiellement en latin dès une époque très ancienne, '■
contribuèrent puissamment au développement de l'écri-
ture onciale. Son triomphe définitif se place à la fin du
iv^ siècle, époque de la plupart des Pères de l'Eglise, sous
la direction desquels la littérature bibhque et théologique
prit des proportions inconnues jusqu'alors. Saint Augustin,
à sa mort (430), recommandait à ses prêtres de prendi'e
soin de la conservation de la bibliothèque considérable qu'il
avait formée à Hippone.
Caractéristiques. Dans l'écriture onciale, plus du tieris
du nombre total des lettres de l'alphabet (9 sur 23) sont
modifiées. La fig. 48 donne la liste la plus complète des
lettres dites onciales, telle qu'elle a été étaWie dans le
grand traité de diplomatique des bénédictins du siècle der-
nier et adoptée par N. de Wailly. Quelques paléographes
contemporains, Wattenbach, Thompson, Paoli, etc., ont
réduit cette liste, principalement en n'y faisant pas ren-
trer le G, le T, et même le V, parce que ces dernières
lettres se trouvent déjà, avec une forme presque onciale,
dans l'écriture capitale (V. fig. 16), ou réciproquement.
D'autres paléographes, au contraire, ont augmenté la liste
des lettres onciales de T, L, P, et même de B et N. Quatre
lettres seulement sont vraiment caractéristiques dans l'écri-
ture onciale et s'y rencontrent exclusivement ; les autres
lettres ne sont pas spéciales à l'onciale, mais se trouvent
aussi dans l'écriture semi-onciale, ainsi que dans l'écriture
minuscule. Les quatre lettres caractéristiques. A, D, E, M,
sont donc les lettres qui suffisent à faire ranger une écri-
ture dans la classe de l'onciale et sont celles qu'il faut
immédiatement chercher dans un manuscrit, quand il s'agit
de classification. Les lettres onciales n'ont pas beaucoup
changé de forme pendant plusieurs siècles, quoiqu'il soit
néanmoins possible d'y relever un peu plus de différences,
suivant les époques, que dans l'écriture capitale. L'A est
originairement formé d'un jambage oblique, adroite, sous
lequel se trouve un petit angle, formé du premier jambage
et de la traverse, lesquels peuvent être tracés d'un trait
continu dans cette position : c'est la forme la plus ancienne
de l'A oncial et on l'appelle A triangulaire (V. fig. 49,
1. I, etc.). Les lignes qui forment l'angle sont peu à peu
remplacées par des lignes courbes, qui produisent la panse
de l'A (V. les fig. données à l'art, spécial de la lettre A,
t. I). La panse de l'A est quelquefois double, formant
deux petits cercles concentriques, dans les formes données
aux initiales placées au commencement des chapitres ou
en tète des pages des manuscrits. Dans le D, la panse et
la haste sont réunies, et quand la partie supérieure est
peu développée, la lettre prend presque complètement
l'aspect d'un 0. L'E est réduit, des quatre traits dont il
est formé dans l'écriture capitale, à deux seulement : une
courbe et une traverse ou barre médiane, la traverse est
souventplacéeverslehautde la courbe (Y. fig. 49, 1. 1, etc.).
L'M, composé de deux grandes lignes courbes juxtaposées,
offre, suivantles époques, une particularité paléographique
qui est un critérium plus sûr que celui de l'A, car cette
particularité paléographique de l'M n'a pas été repro-
duite, commecelle de l'A, dans l'imitation très perfectionnée
des écritures de l'antiquité qui a eu heu à la renaissance
carohngienne : le premier jambage de gauche, au lieu
d'être courbe et légèrement tourné vers l'intérieur de la
lettre, est un trait à peu près vertical (V. fig. 49, l. IV
et V, dans les mots earum et reruni). C'est la forme
constante donnée par les palimpsestes de Cicéron, les ma-
nuscrits de Tite-Live, etc. Pour les autres lettres, on
trouvera des détails sur leurs particularités essentielles
aux articles sur l'histoire de chacune des lettres de l'al-
phabet. La \\%. 49 du présent article offre des exemples de
toutes les lettres onciales, à l'exception de G et H. L'écri-
ture onciale offre un assez grand nombre de ligatures pour
les groupes de lettres ND, NS, NT, OR, OS, RE UB
UF, UM, UN, UR, US, UT, UNT, etc., qui forment très
souvent des lettres conjointes, surtout à la fin des hgnes.
Un tableau détaillé des lettres conjointes ou enclavées se
trouve dans le Bict. de diplomatique de Dom de Vaines
('2« éd., à l'art. Conjomnion de lettres, t. I, p. 384).
La ligature AE est une des plus curieuses, parce qu'elle
a été l'origine de la cédille moderne. L'A triangulaire,
dont le jambage de droite formait en même temps la haste
de l'E, a été peu à peu absorbé dans cette lettre, et il
PALÉOGRAPHIE
846
n'est plus resté qu'un simple trait légèrement ondulé, la
cédille, comme dernière trace de la panse de l'A : dès
le Yn*^ siècle, œ est remplacé dans les manuscrits par e,
et comme la notion de l'origine de cette lettre et de son
signe caractéristique allait se perdant avec le temps, on
ni\ plus eu, au \\V^ siècle et pendant tout le reste du moyen
âge, que ïe simple comme équivalent constant de l'an-
tL(}ue œ, particularité qui est un des principaux caractères
de Tortliograplie du latin dit du moyen âge. — L'écriture
onciale no présente pas la même exagération, pour les
pleins et les déliés des lettres, (|ue récriture capitale. îl
jrcsl pas rare de voir des lettres, comme le D et l'E, dont
tous les traits sont presiiiie de la même force (V. fig. 19).
i.e sens général de l'écriture onciale est vertical, comme
celui de récriture capitale. Mais l'écriture capitale n'a
jamais été employée, d'une façonusuelle, à l'état incliné, tan-
dis que, des le vi^ siècle, l'écriture onciale était usitée sous
une forme courante et penchée, pour l'annotation des livres,
les mentions marginales et autres usages pour lesquels le be-
soin d'une écriture plus cursive commençaità se faire sentir.
Pour les autres particularités concernant les abrévia-
tions, la ponctuation, les rubriques, la pagination, l'or-
nementation, etc., des manuscrits en onciale, on peut faire
les mêmes remarques que pour les manuscrits en capitale,
au moins pour les maimscrits les pbis anciens. — - Dans
les manusciits en onciale de la plus haute antiquité, les
titres sont en onciale un peu puis petite que l'onciale du
texte même ; plus tard, les titres sont en capitale pour
les manuscrits cnonciaie et on onciale pour les manus-'-rits
en capitale (V. parex.,!ig. 17, 1^'^' colonne). — L"indis-
tinction des mots ne connncnce guère à cesser avant la
lin duMi^ siècle, époque à laquelle on a commencé à séjiarer
les uns des autres les mots ou groupes de mots présen-
tant une certahie longueur, tandis que les petits mots,
tels que prépositions et conjouttions, restaient unis aux
mots qui les suivaient. — L'orthographe latine devient
barbare à partir du vi^ siècle.
Les subdivisions des textes et des alinéas datent de l'apph-
cation qui en a été faite au texte de la Bible, surtout à partir
de saint Jérôme qui fit adopter une division en verset ou
sliques, qui occupent chacun sur les colonnes des manus-
crits trois ou quatre lignes de longueur inégale (Y. fig. 17).
L'écriture onciale, d'abord usitée concurrcnnncnt avec
l'écriture capitale, a eu la prédominance sur celle-ci, prin-
cipalem.ent pendant les v^ etvi^ siècles, jusqu'à l'époque
du développement de récriture dite semi-onciale (V. ci-
dessous). Son histoire a été faite, avec de grands détails,
par les bénédictins, dans leur Nouv. traiic dedipl. (t. Il)
et très bien résumée par X. de AYaiîly : « Lue élégante sim-
plicité appartient aux temps les plus reculés. Du v^- siècle
au commencement du mi^\ l'onciale est tantôt plus né-
gligée, tantôt plus correcte, mais aussi tracée avec moins
de liberlé : ce dernier genre d'écriture se rencontre ordi-
iuiirement jusqu'au commencement du mii^ siècle. Ouand
le travail de l'écrivain est poussé jusqu'à la recherche, en
approche du temps on l'usage de l'onciade sera bientôt
abandonné » [Ek'inents de paU'ogi'apiiie, t. I, ]). 498).
Lorsqu'elle est entrée dans sa période de décadence, l'on-
ciale est caractérisée par les signes suivants : « Une re-
cherche, une régularité de dessin et une sorte de lourdeur
qui empêche de la confondre avec l'onciale des manuscrits
plus voisins de l'école classique » (Delisle, dans les J/f^'??/-.
('e l'Acad. des InseiipL, t. XXXlî, 1^'^ part., p. 49).
L'écriture onciale n'a cessé d'être complètement en usage,
pour la transcription de manuscrits entiers, qu'à la même
époque qui a vu la disparition définitive de l'écriture capi-
tale, c.-à-d. au x^ siècle. L'alphabet oncial lui-même n'a
pas cessé d'être en usage, et c'est lui (piia fourni la plu-
part des éléments qui ont prédominé dans la majuscule
des manuscrits et des inscriptions, à répofjue gothique.
MAxuscr.rrs (.rcÈr.aES nx oacialk. -— Parmi les manuscrits
d'auteurs classiques, la première place revient aux deux
manyscrits de Tite-Live des bibliothèques de Paris et de
Vienne, tous deux du v^ siècle. Le Tite-Live de Paris
ligure parmi les manuscrits exposés dans la galerie Maza-
rine de la Bibliothèque nationale (arm. Xlll, n^ 10:2).
On a publié plusieurs spécimens du lite-Live de Vienne,
notamment dans les Ex. codd. lait., pi. 18. Le De Repu-
blicaàc Cicéro)!, qui est le palimpseste le plus important
et le plus célèbre (V. Paiumpseste), donne peut-être le
plus beau spécimen connu de l'écriture onciale primitive
(V. fig. 19). Vingt-deux fragments de Phne l'Ancien, éga-
lement en onciale du \^ siècle, ont été découverts dans des
reliures et se trouvent à la bibHothèque de Vienne (V. Pal.
des class. laL, pi. 137). On a encore quelques manuscrits
de V Anthologie, etc., d'une époque plus récente.
Les manuscrits bibhqnes et liturgiques prennent un
grand développement avec l'époque de i'écritui'O onciale.
C'est en réalité leur écriture propre, de même ([ue l'écri-
ture capitale avait été celle des manuscrits des auteurs
classiques. Toute communauté religieuse devait posséder
au moins trois manuscrits liturgiques : 1° les quatre
Evangiles complets ; 2° un recueil de passages déta-
chés ou leçons extraits des Evangiles et destinés à
être lus aux différents jours do l'année : ce recueil
était appelé Evangelislarium; 3° un manuscrit contenant
les épitres du Nouveau Testament et auquel on donna plus
tard le nom d'épislolier ou simplement à''Aposlolus
(V. ]']iUTp.E, t. XVI, p. 108). Le livre des Evangiles de-
meurait toujours sur l'autel de l'église, et il était ouvert
pendant les jouis de fête pour être vu par tous les fidèles
assemblîs. Depuis la publication de la Vulgate par saint
Jérôme, les manuscrits des Evangiles contiennent toujours en
tête l'épitre de saint Jérôme aupapeDamase,quiravait chargé
du travail de revision de la Bible, et les caiions eusébiens,
c.-à-d. les'jtablesde concordance des quatre Evangiles inven-
tées par l'évêquo grec Eiisèbe (N,CQ nom) et qui se recon-
naissent facilement dans tous les manuscrits, parce qu'elles
sont toujours figurées, placées sous des arcades séparées par
des piliers et qui montrent un luxe plus ou moins grand
d'ornementation. Les alinéas ou versets sont aussi une
des caractéristiques de la vei'sion de saint Jérôme ainsi
qu'on l'a vu plus haut. Les textes des évangiles antérieurs
à la Vulgate se distinguent, au point de vue extrinsèque,
en ce qulls n'ont ni l"é]>îire, ni les canons eusébiens, et
en ce (jue leurs su])divisions, faites suivant des systèmes
divers (sections amnionieniies, etc.) sojit toujours beau-
coup plus longues aiie celles étaljlies j)ar saint Jérôme.
Ces textes restèrent en usage et furent recopiés assez
longtemps après la publication de la Vulgate. Les manus-
crits Uturgiques proprement dits se constituèrentégalement
pendant la période de l'écriture onciale, mais ils no de-
vinrent nombreux qu'à partir de l'organisation définitive
de la liturgie catholique par le pape saint Grégoire le
Grand, qui régla la forme officielle du sacrmnenlaire,
devenu plus tard le inissel (V. ces mots), de Yardipho-
naire (V. ce mot), du bénédicllonnaire (V.Béxédictiox),
(le Vhymnaire (V. IIymxe), du pastoral, etc. Les ma-
nuscrits homilétiques se multiplièrent également avec le
développement que prenait la prédication : les églises des
régions reculées recevaient des prélats lettrés, comme
saint Césaire d'Arles, des recueils d'homélies toutes faites.
Ouoique l'écriture onciale prédomine dans la plupart des
manuscrits, on rencontre néanmoins déjà dos manuscrits
)iiixtes, c.-à-d. écrits en partie en onciale et en partie en
capitale. C'est surtout aux époques suivantes que ce genre
de manuscrits devait se multiplier.
Parmi les manuscrits bibliques les plus célèbres se
trouve le Penlaleii([ue de la bibUothèque de Lyon, du
vr siècle, qui donne une des rédactions do Xltala anté-
rieures à saint Jénunc, et qui est écrite sans alinéas, à
ti'ois coloujies à la page (éditée en entier, avec quelques
fac-similés, par M. U. Bobert, en 1881), dont on a pu-
blié de très beaux fac-similés, de la dimension do l'origi-
nal, dans VAlb. paléog. de VEc. des Char t. (pi. 2), aiubi
que des fac-similés réduits (Prou, la Gaule mérovin-
(jienne, p. 'HT, etc.). Une autre Bible, qui est complète,
est celle qui provient du monastère italien de Monte
Amiata, près de Sienne et qu'on appelle pour cette rai-
son Codex Amiatiniis : c'est un magnifique manuscrit, de
plus de 1.000 feuillets, datant de la fin du vii^ siècle et
écrit par ordre d'un ab])é anglo-saxon pour être offert au
pape, qui se trouve aujourd'hui à la bibliothèque Lauren-
tienne de Florence (V.' Pal. Soc, 2° sér., t. I, pi. 60 et
i)6, etc.). Le plus ancien Evangéliaire est celai qui est
conservé à l'église de Verceil en Italie et qui remonte au
iv^ siècle : il ne lui manque qu'un certain nombre de
feuillets pour être complet, et on en attribue l'exécution à
saint Eusèbe, évoque de Verceil, mort en 371 ; ce pré-
cieux manuscrit contient une version des Evangiles an-
térieure à celle de saint Jérôme et est écrit, sans alinéas,
sur deux colonnes étroites, ne contenant pas plus de dix à
douze lettres par ligne (V. Ex. cocld. lait., pi. 20).
A partir du \'i^ siècle, les évangéHaires deviennent moins
rares : la Bibliothèque nationale, le Musée britannique,
les bibliothèques de Saint-Gall, Vienne, Stockholm, Ox-
ford, etc., en possèdent un ou plusieurs de cette époque,
parmi lesquels quelques manuscrits sur pourpre. Un ma-
nuscrit contenant les Actes des apôtres, du milieu du
vi^ siècle, passe pour avoir appartenu à saint Boniface
(bibliothèque de Fulda en Allemagne). Le plus ancien
psautier paraît être le psautier dit de Sainl-Gerniain,
qui provient de la célèbre abbaye parisienne et qui date
du vi^ siècle : il est écrit en encre d'argent sur parche-
min pourpré et se distingue, en outre, par son format
oblong et sa magnifique écriture de très grandes dimen-
sions (V. Pal. Univ., t. Il, pi. du n° 77, qui est un ma-
gnifique fac-similé chromoHthographique donnant une idée
de la couleur du parchemin pourpré des manuscrits).
D'autres psautiers du vi^ siècle se trouvent à Lyon [Alb.
pal., pi. 3), etc., offrant les mômes caractères paléogra-
phiques. La difficulté de distinguer par des signes certains
la date plus ou moins ancienne des manuscrits en onciale,
jointe à Timagination exaltée et pieuse des lettrés du
moyen âge et même de la Renaissance, a fait donner à
quelques-uns de ces manuscrits les attributions les plus
fantastiques : un evangéliaire d'Aquilée (BibUoth. de Ve-
nise), du vi^ siècle, a longtemps passé pour l'autographe
même de saint Marc. Dès l'époque de l'antiquité, l'écri-
vain chrétien TertuUien attestait avoir vu l'autographe
des épitres de saint Paul. On n'a pas de spécimen impor-
tant et complet des manuscrits liturgiques, autres que les
psautiers, en onciale primitive. Les premiers sacramen-
taires (V. ce mot) qui nous soient parvenus ne datent que
du vii^ ou du vin® siècle. Le plus ancien manuscrit relatif
au comput et au calcul de la date de Pâques, qui avait une
si grande importance pour l'Eglise, est une table paschale
de la seconde moitié du v® siècle, conservée à Berlin (Ex.
codd. latt., pi. 23). Les manuscrits des Pères de l'Eglise
et des écrivains qui se rattachent à leur groupe sont re-
lativement assez nombreux. On possède divers ouvrages
d'Origène, de Lactance,' d'Orose, de saint Augustin, de
saint Jérôme, ainsi que de saint Hilaire, saint Cypricn,
saint Prosper, etc., dans des manuscrits du v® et du
vi^ siècle, qui se trouvent dans les bibliothèques de Bo-
logne, Lyon, Paris, etc. (V. un beau fac-similé du Lac-
tance de Bologne dans la Pal. univ., t. ÎI, pi. dun° 78).
Les manuscrits de l'histoire ecclésiastique sont représentés
par un manuscrit important du vi*^ siècle, contenant les
canons des premiers conciles, en onciale et en différentes
autres écritures (BibUoth. nation.), des règles monas-
tiques du VI® siècle (Oxford) et du vu® siècle (Paris), un
très curieux catalogue des papes du milieu du vi® siècle
(V. Ex. codd. lait., pi. 37 et 38), des manuscrits do
Grégoire de Tours et de Frédégaire du vu® siècle (Biblioth.
nation.), etc. Le droit romain possède un de ses plus beaux
monuments historiques dans le célèbre manuscrit des Pan-
dectes de Florence, du vi® ou du vii° siècle, grand in-
quarto écrit à deux colonnes, oii l'on a reconnu, malgré
847 — PALÉOGRAPHIE
riiomogénéité générale de l'écriture, douze écritures dif-
férentes, dont les nombreux fac-similés qui en ont été pu-
bliés reproduisent presque tous des spécimens appartenant
à des mains diverses (V. Pal. univ., Ex. codd. ML,
Pal. soc. Collez, fiorentina, pi. 43, etc.). On possède
également un manuscrit du code Théodosien, du v® ou du
VI® siècle (Biblioth. nation.). Enfin, dans l'un des pays
où se sont développées les écritures dites nationales, en
.ingleterre, l'onciale a même été employée à la transcrip-
tion des chartes et documents officiels.
Une catégorie de manuscrits qui se rencontre fréquem-
ment à l'époque de l'écriture onciale est celle des manus-
crits gréco-latins ou bilingues, qui sont généralement des
portions du Nouveau Testament en grec, avec leur traduc-
tion latine placée en regard ou bien des glossaires gréco-
latins.La connaissance du grec fut très répandue en Occi-
dent, pendant les premiers siècles du christianisme, car
c'est par des textes en grec que les saintes Ecritures
avaient été d'abord connues, depuis la version des Septante
jusqu'aux différents Evangiles, et cette langue resta con-
sidérée, en quelque sorte, comme la langue sacrée de la
religion nouvelle. Le manuscrit gréco-latin le plus célèbre
est l'Evangéhaire de Cambridge, du vi® siècle, qui fut dé-
robé à un monastère de Lyon pendant les guerres de re-
ligion et envoyé par Théodore de Bèze à la bibliothèque
de cette université anglaise; un manuscrit gréco-latin des
jLpîtres de' saint Paul, également du vi® siècle, se trouve
à la Bibliothèque nationale ; les Actes des Apôtres, du
VII® siècle, à Oxford, etc. Les glossaires sont nombreux :
l'un des plus curieux est le vocabulaire grec-latin, du
IV® ou du V® siècle, qui se trouve sur un papyrus égyp-
tien du musée du Louvre, et que s'était composé, pour
son usage personnel, un soldat romain stationné en
Egypte. La calligraphie grecque perdit de sa pureté en
Occident après le vu® siècle. Néanmoins, l'étude du grec
resta à la mode jusqu'à la fin de l'époque carohngienne, et
il n'est pas rare de rencontrer, même encore après cette
époque, des souscriptions de manuscrits en latin écrites
en caractères grecs, ou des mots grecs écrits en caractères
latins, et des signatures de personnages lettrés du clergé
écrites en lettres grecques, quelquefois avec des apostilles
gréco-latines de ce genre : ousiz y^apTouXs aoucy.pi'l'. (huic
charlulœ su\h']scrijm).Vo\\v le^uot Chrislus, l'abrévia-
tion formée des lettres 7, p, a, a été conservée dans les
textes latins d'Occident, pendant tout le moyen âge
(V. Abi^éviaïions). Ce ne fut que bien après l'époque du
schisme de l'église byzantine que l'étude du grec tomba
définitivement en désuétude au moyen âge.
Semi-onciale. — Cette écriture est une nouvelle modi-
fication apportée à la capitale antique, déjà altérée dans
l'onciale, par l'introduction d'un assez grand nombre de
formes empruntées directement à l'écriture cursive, qui
existait simultanément avec l'écriture capitale presque dès
la plus haute antiquité (V. ci-dessous). Son nom lui vient
de ce que c'est encore une écriture de grandes dimensions,
quoique moindre que l'onciale, et aussi de ce qu'elle forme
un degré intermédiaire entre l'onciale et la minuscule, qui
lui est contemporaine par ses origines, mais qui n'a pris
un grand développement qu'à l'époque carolingienne. Les
bénédictins appelaient cette écriture denii-onciale ; on
lui a aussi donné les noms d'écriture mixte et de minus-
cule primitive, mais cette dernière appellation convient
mieux à une variété spécifiée ci-dessous. L'écriture semi-
onciale prit naissance dans le courant du v® siècle, et sa
création est entièrement d'origine chrétienne : elle per-
mettait de transcrire les textes bibliques et liturgiques et
de vulgariser les ouvrages des Pères de l'Eglise plus ra-
pidement et plus économiquement, car elle occupait moins
de place sur le parchemin que l'écriture onciale. Les pro-
grès de l'écriture coïncident avec le développement des
monastères, qui remontent, même dans les pays de langue
latine de l'empire romain, à une époque antérieure à saint
Benoît (V. Ordres monastiques et religieux). On n'a
PALEOGRAPHIE
— 848 —
pas un assez grand nomljre de manuscrits en semi-on-
ciale pour pouvoir suivre jusque dans toutes ses phases
l'histoire du développement de cette écriture, mais il
semble que sa formation ait été progressive et non Fœuvre
d'un inventeur ou d'un réformateur unique. On a rem-
placé peu à peu certaines lettres onciales, telles que VE ou
le T, par des formes qui ne s'éloignaient que peu de la forme
onciale de ces lettres, puis on a remplacé telle lettre, comme
le G, par une forme toute différente, complètement em-
pruntée à la cursive. On a des manuscrits en scmi-oncialc
du VI® siècle qui conservent ces lettres avec leurs formes on-
ciales, tandis qu'on voit ces mêmes lettres avec leurs formes
semi-onciales dans d'autres manuscrits du vii^ siècle.
Il y a eu de grandes contestations parmi les diploma-
tistes, au siècle dernier, sur la question de savoir si les
anciens avaient connu ou nom l'écriture minuscule. De
même que l'écriture capitale avait produit l'onciale, l'écri-
ture minuscule a été à son tour considérée comme un
dérivé de l'écriture semi-onciale. L'existence d'une écri-
ture plus cursive que l'écriture semi-onciale, et cependant
différente do l'écriture cursive proprement dite, a été
néanmoins constatée, dès le vi® siècle, non pas à l'état
d'écriture aussi officielle que les autres, mais plutôt pour
les usages particuliers des lettrés. Cette écriture minus-
cule primitive, contemporaine de la semi-onciale, mais
d'un usage beaucoup moins général et qui servait seule-
ment aux annotations marginales et aux notes de men-
tions diN erses inscrites fréquemment sur les mamiscrits
théologiques et juridique^, a elle-même son orighie dans
la moclitlcation de l'écriture onciale dont il a été parlé à
la tin de l'étude *sur les caractéristiques de Fonciale. La
principale différence entre la semi-onciale et cette minus-
cule primitive consistait dans 1" inclinaison plus ou moins
grande de cette dernière et dans le grand nombre de liga-
tures de lettres quelle contenait, principalement pour les
combinaisons formées par les lettres e {ei, eni, en,
er, es, etc.),?', s, et les groupes de lettres é-^/, e)'i, ter, etc.,
ce qui lui a fait donner quelquefois le nom de semi-cur-
sive et de înimiscule cursive. Le spécimen le plus re-
marquable de la minuscule primitive est fourni par les
annotations ou gloses qui se trouvent sur le célèbre Té-
rence Bembinus en capitale, mentionné ci-dessus, et qui
date probablement du ^^ siècle. La minuscule primitive
se développa surtout à l'époque des écritures dites natio-
nales. Ce fut de la combinaison de la semi-onciale et de
la minuscule primitive que résulta l'écriture minuscule
de l'époque carolingienne. Les principales formes des
lettres de l'écriture semi-onciale et de l'écriture minus-
cule occupent les deux dernières colonnes des tableaux
donnés aux articles paléographiques consacrés à chacune
des lettres de l'alphabet dans la Grande Encyclopédie.
Carcictérisliqiies. Dans l'écriture semi-onciale, il n'y
a guère (pie trois lettres, l'I, l'O et le C qui n'aient pas
reçu l'empreinte des modifications, apportées à cette nou-
velle forme de récriture. Ces moditicalions sont de trois
sortes : 1° les traits qui. dans l'écriture onciale, ne dé-
passaient que très légèrement la ligne de sommet (hastes)
ou la ligne de base (queues) de l'écriture, ont acquis un
grand développement et sont devenus les hastes desB, D,
H, L, et les queues des F, G, P, Q, Y ; les queues sont
généralement un peu plus longues que les hastes, surtout
cà mesure que l'on se rapproche de l'époque carolingienne
(environ dans le rapport de i à 5) ; 2° certaines lettres
onciales ont été conservées avec une modification apportée
à leur forme : l'A a eu sa panse très développée et son
jambage de droite redressé verticalement; E a eu sa tra-
verse ou barre médiane rapprochée de sa courbe supé-
rieure ; M a eu ses trois jambages placés à égale distance
les uns des autres et tracés à peu près parallèlement ;
3^ plusieurs lettres ont été empruntées à l'alphabet do
l'écriture cursive et n'ont pas tardé à remplacer complè-
tement les formes onciales correspondantes : tels sont le
D, le G, Vl\ et l'S. Ces modifications s'obseivent éoalo-
menfc dans les spécimens de l'écriture minuscule primitive
qui nous sont parvenus. Les lettres véritablement carac-
téristiques et déterminatrices de l'écriture semi-onciale
peuvent se réduire à quatre seulement, A, G, R, S, qui
sont indiquées en caractères gras dans les transcriptions
de fac-similés ci-joints. Il y a une lettre qui doit être
Tobjet d'une remarque spéciale, car c'est celle qui a résisté
le plus longtemps aux changements apportés aux formes
onciales : c'est la lettre N, qui garde sa forme antique
(V. fig. 20, 1. i). modifiée seulement peu à peu, de manière
à permettre le tracé de la traverse et du second jambage
par un trait continu, formant un angle droit. Les fig. 20
et 21 fournissent des exemples de laplupart des lettres de
l'alphabet, à l'exception de l'H, (jui garde sa forme on-
ciale avec une haste plus développée, du K, qui a une
forme qui le fait ressembler aux ligatures le et hc (V. art.
paléographique de la lettre K), et del'X, de l'Y et du Z,
(jui sont des lettres plus rares (|ue les autres. La fig. 21,
qui est un exemple du vi»^ siècle, un peu plus récent tjue
celui de la fig. 20, offre des exemples des ligatures {gn.eg,
dans la ligne \ ; en, H, dans la ligne 2, qui se multi-
plièrent dans la minuscule primitive et dans la minuscule
des écritures nationales. —Il n'y a guère à faire d'autres
remarques, pour les signes caractéristiques des manuscrits
en semi-onciale, que celles qui ont été faites précédem-
ment pour les manuscrits en onciale. L'orneuientation
des manuscrits commença à prendre un grand dévelop{)c-
meift et beaucoup d'originalilé avec l'école irlandaise
(V. ,^ Ecritures nalionales, p. 851).
L'écriture semi-onciale atteignit son apogée au vi^ et
au vii''^ siècle. Elle fut usitée coiicurremmenl a>ec l'écri-
ture onciale et récriture capitale, ainsi qu'avec l'écriture
cursive, et il n'est pas rare de rencontrer des manuscrits
composés de plusieurs parties écrites dans chacune de ces
écritures différentes. Les scribes se faisaient souvent une
spécialité de tel ou tel genre d'écriture. L'écriture semi-
onciale, après avoir passé au viii^ siècle par une période
qu'on a appelée précaroUngienne, servait de base à l'écri-
ture Caroline, qui date du règne de Charlemagne (V, ci-
dessous). La semi-onciale pure resta néanmoins en usage
pendant tout le cours du ix^ siècle, simultanément avec
la nouvelle écriture réformée. Trois lettres peuvent faire
distinguer facilement la semi-onciale Caroline : l'A est
formé de trois traits ressemblant à un r' et à un i juxta-
posés ; G est formé d'une ligne de sommet ou tête hori-
zontale, d'un petit trait droit incliné obliquement de droite
à gauche, et d'une ([ueue semi-circulaire ouverte à gauche ;
enfin, le dernier jambage de FM, au lieu d'être vertical,
se retourne légèrement vers la gauche.
MAXUSCRirs CÉLÈBRES EN SE^U-ONCIALE. — LcS^ lUaUUS-
crits les plus célèbres en écriture semi-onciale ne sont
plus des manuscrits d'auteurs classiques, mais des manus-
crits bibliques ou des textes des Pères de FEglise. Les
paléographes ont l'heureuse fortune de posséder, pour
cette écriture, deux des plus anciens manuscrits portant
une date, ce qui est une chose assez rare à toutes les
époques et surtout pendant la période des écritures de
Faiitiquité. Le plus ancien manuscrit daté (exception faite
des papyrus égyptiens) qui soit connu n'est ni un manus-
crit grec ni un manuscrit latin, mais un manuscrit syriaque
du Musée britannique de l'année 411 ap. J.-C. (V. Thomp-
son, Handbook of gr. and lai. pala'ogr., p. 64). Le
plus ancieji des deux manuscrits datés, en semi-onciale,
est un recueil des œuvres de saint Hilaire, conservé dans
les archives de l'église de Saiiit-Pierre à Rome, et daté,
dans une souscription i V. l'art. Scriiîe) d'un reviseur du
texte, qui faisait son travail dans une petite localité de la
province d'Afriijue, de la quatorzième année du règne du
roi vandale Trasamond, qui régna de 496 à 523, ce qui
fixe la limite extrême de l'époque du manuscrit à l'année
509 ou à l'année 510, mais il est probable que le manus-
crit lui-même remonte à une date encore antérieure
(V. Pal. soc, 1'^^' sér,. t. Il, pi. 136, et le fac-similé
849 —
PALKOGHAPHU!:
donné dans la tig. :20). L'autre manuscrit daté, qui est
presque exactement de la même époque, est le Siilpre
Sévère de Vérone, écrit par un lerfeiir do l'église do
dam HcLrioMem fnclei erne
dpipcopimaMumiNNocehle
5Lï<3miNOHac|ftilrïlocjiumco6
Fig. 20. — ve siècle. -- Scmi-oncialc. Manuscrit du Trailr
sur la Trinité, de saint Hilaire, antérieur à l'année 50^>
ou 110. — Lettres caractéristiques : A, C, R, S. — Le fac-
similé ne donne que la première moitié des lignes; les
lettres abrégées sont indiquées en itali(|ue.
damnationem fidei esso...
te aboletur per altora(m)...
rursus abolenda est cufjus],..
opiscopi manum innocente [mj...
iliiilguam non ad falsiloquium co(^|gisti |...
Vérone hous le c(»nsul;il d'Agapit et sous la HVindiiUon
(V. ce mot), c.-à-d. en Tannée olT {Ex, codd. latL,
pi. B'^). La Bibliotliè(iue nationale possède un exemplaire
de saint Augustin, du vi*^ ou du vu^ siècle, exposé dans
les vitrines de la galerie Mazarine. Un des plus beaux
spécimens de la semi-
onciale, avec le manus-
crit de saint Ililaire, est
le manuscrit contenant
la traduction de Josè-
plie. faite par saint Am-
broise, du vi^- ou du
VIT® siècle (ms. C. 105
Inf. de la bibliothèque
Ambrosienne de Milan ;
PaLsoc.,i''sèi\.i.\\,
pi. 138). Diverses bi-
bliothèques possèdent aussi
M ci*v>cof^ CCI p irnperma-rof.^^-'
Mg. 2t. — vi« siècle. ■— 8<;iiii-onciale. Manuscrit de saint xVugustiii
^Bibliothèque d'Orléans, n« 169). — Lettres caractéristiques :
\, G, R, S.
non cognovi nisipcr b'gom
uam concupiscentiam ne
autroN ujanusf-rits de sauil A u-
gustin (V. fig. 8), de saint Ambroise. de.saint Sévorin do (la-
baJa, etc.. du vi^' et du vn« siècle. Les bibles, les évangé-
liaires et les commentaires bibliques en semi-onciale sont
assez nombi'oux, surtout dans les pays irlandais et anglo-
saxons. L'histoire ecclésiastique est représentée par une
collection de canons des conciles du vi^' siècle (Bibliothèque
nationale). On a retrouvé également un document impor-
tant pour Thistoire do l'antiquité, dos fragments de Fasies
consulaires s'étendant jusqu'à l'année i9\, qui sont on
manuscrit ce que les Fastes consulaires, dont le fac-
similé se trouve à Fart. Fasti:s (t. XVïLp. M), sont pour
l'épigraphie (V, Ex. nnld. latL, pis. ^29 et 30). - Les
manuscrits, qui sont écrits en plusioucs gem-es d'écriture^
différentes, sont jdus nombreux à l'époque de l'écriture
semi-onciale. Les Fastes consulaires, par exeuq)le. sont
en onciale jusqu'à l'année 486. Il en est de même pouj' le
catalogue des papes mentionné parmi bs manuscrits on
onciale.
CuRSivE ROMAINE. — La paléogi'aphie latine de Tanti-
quité comprend une écriture cursive, de même que la
paléographie grecque (V. ci-dessus). Il est probable que
l'influence hellénique s'est fait sentir dans le développe-
ment, et peut-être mémo la création, de l'écciture cursive
latine, comme dans le développement de l'onciale romaine.
On ne possède plus de documents latins en cursive aussi
anciens que les textes en grec, mais les découvertes faites
à Pompéi ont permis de constater que l'écriture cursive;
était pleinement constituée en Italie, au moins dès le
1^' siècle de J.-C. L'écriture cursive romaine était de plu-
sieurs sortes, mais la rareté des documents que l'on en
possède, surtout })our les écritui'os des manuscrits ot des
(ÎKANIU: K\CV(.f,0PF.1UF.. XW.
chartes, fait que l'on ne peut pas étabhr de classification
très sûre parmi ces différentes espèces. On désigne habi-
tuellement ces diverses espèces de cursive par le genre de
documents qui nous les ont fait connaître, qui constituent
des groupes offrant chacun des caractéristiques très dis-
tinctes et qui sont la meilleure base pour l'étude générale
de la cursive romaine. Ces documents se répartissent en
deux groupes : 1^ les tablettes de cire (fig. 22) et les
(jraffites (tig. 24). auxquels on peut rattacher l'écriture
des diplômes militaires (V. ce mot), certaines formes de
l'écriture des inscriptions (V. Epigrai*hie) et même l'écri-
ture des fragments sur papyrus provenant d'Horculanum
((ig. 23) ; 2« les rescrits impériaux (fig. 25), qui four-
nissent quelques spécimens très fragmentaires de ce que
devait être l'écriture de chancellerie de l'empire romain,
(^t les chartes dites de Ravenne (fig. 26), du nom do
leur principal lieu d'origine, qui fournissent des spéci-
mens un peu plus nombreux de ce que devait être l'écri-
ture notariale sous les Romains ; à ce dernier groupe on
peut rattacher l'écriture employée dans les quelques ma-
nuscrits proprement dits écrits en cursive, qui sont venus
jusqu'à nous. — La minuscule primitive on minuscule
cursive, dont il a été parlé à propos de l'écriture semi-
onciale, forme un groupe intei*modiaire entre la cursive et
la semi-onciale.
L EcRrrURE des TvbLETTESIjECIRE et UEsGRAFFin>.
La nature de ces deux genres de documents a déjà été
spécifiée dans des articles spéciaux (V. CmE [Tablettes
de| et GRÂFFrrE). Les tablettes de cire sont écrites en
cursive ; les graffites
sont, soit entièrement
on cursive de la même
espèce, soit en capitale
grecque toujours mé-
langée de plusieurs let-
tres cursives. Les al-
phabets des écritures
([ue ces deux groupes
de documents nous ont
transmises sont à peu
prés identiques, avec
cette dittérence qu'il > u une plus grande variété dans le tracé
des graffites que dans celui des tablettes de cire. La nature
des matières sur lesquelles cette cursive était tracée excluail
l'usage des courbes et des combinaisons de lettres compli-
(fuées et n'admettait que des lignes droites, des angles ou
lies lignes n'offrant qu'une légère ondulation. C'est dans
l'écriture des tablettes de cire que se révèle le mieux la
tendance à détacher les différents traits des lettres et ù
leur donner une direction dirigée de bas en haut. L'aspect
général de l'écriture a l'apparence d'une suite de traits
verticaux isolés, placés les uns à côté des autres et rejoints
pat' quelques petites courbes de distance en distance. C'est
<(u'on effet un certain nombre dos lettres les plus impor-
tantes sont formées de deux ou plusieurs traits droits et
parallèles. La forme cursive de la letti'O L est l'oxempl»^
le plus remarquable de ce mode do graphie (V. t. XV.
}). '186). La fig. 22, ainsi que le grafîite reproduit dans la
fig. 24, en offrent des exemples à presque toutes les lignes.
L'F a aussi une forme à deux traits parallèles dont le second
est plus court que le premier. L'iVl est formé de quatre
traits dont le premier est un peu plus long que tous les autres
(V. fig. 22. L o. où se trouvent deux m à la suite l'un de
l'autre dans le mot nummos). Trois lettres. G, R et S.
sont surtout importautos pour la classification des écri-
tures des tablettes de cire. R et S ont toujours la forme
cursive qui a passé plus tard dans l'écriture semi-onciab'
(V. ci-dessus) et dont do nombreux exemples se trouvent
dans les fig. ci-jointos. Le G a tantôt exclusivement la
forme onciale (V. fig. 22, 1. 2, tablettes de Pompéi et
tantôt la forme cursive (tablettes de Transylvanie),
Comme les tablettes de Transylvanie sont restées enta=-
chées du soupçon de faux tant qu'elles étaient les seules
o4
\\LÊOGRAPHIF
S50 —
de leur espèce et qu'on n'avait pas fail la découverte des
nombreuses tablettes de Pompéi, on ne leur a accorde
aucune valeur et l'on faisait, du genre d'écriture déjà
représenté par de nombreux graflites, une espèce d'écri-
lure minuscule ou une écriture onciale mélangée de minus-
cule. Mais la présence seule des lettres G, H, S. avec une
forme de tracé rapide si distincte, suffirait poui' faire
(V. t. XIV, p. G33) montrent, dans les fac-similés qui
en ont été donnés, pour les extraits de ces actes qui
étaient gravés sur les côtés extérieurs des tablettes, un
^^ s. u^fi.,.,
^^f rr€M^>^^••
l-'iii'. 22. — !'"'■ siècle ap. J.-C. ■
de cire de Pompéi. — Lettre
M.R, S.
CC/AA (^?A^^
• Cursive romaine. Tablette
^ caractéristiques : B, E. G,
sesterlios ducentos arbitria| rios ^
viginti et acc[essione] hs xiii [nec] minus
Hs LU et hac d[ie reliq]uos ego
sesteîtios tre[centos] sexsaginta
nummos.
Aclum PoiîipeJs.
classer l'écriture des tablettes de cire parmi les écj'itures
cursives. Les lettres? (tig. ^22, 1. 6, etfig. 42) etO (fig. 22,
1. i, etc.) offrent encore des formes remarquables. La
lettre B (fig. 22, 1. i) a également une forme très cu-
rieuse et tout à fait décevante, car la panse est placée à
gauche au lieu d'être à droite (V. l'art, de la lettre B).
La lettre A de l'écriture des tablettes de cire n'est qu'une
modification de l'écriture capitale où l'on reconnaît déjà
la forme primitive de l'A oncial (V. fig. 22, 1. 1 , 2, 3, etc.).
Des tableaux très exacts des formes des lettres de récri-
ture des tablettes de cire se trouvent dans le Corpus
inscr. lait., t. IIJ et IV. et dons le manuel de Thompson,
pi. de la p. 210.
Les premiers exemples dch ligabwes. qui j)i'icent plus
lard un si grand développement dans l'écriture cursivedu
moyen âge, se rencontrent dans l'écrituj'e des tablettes de
cire, mais seulement dans la mesui'e où l'instrument du
Iracé de l'écriture, le stileoiisti/Iet (V. ce mot), pouvait
le permettre. Les tablettes de cire de Pompéi n'en offrent
que peu d'exemples (V. tig. 22. eL à la 1. 3), mais les
graffites en ont souvent davantage (V. fig. 24, cli et et),
surtout dans les graliites des catacombes de Home, tels
que les inscriptions de la crypte de saint Corneille, et
enfin quelques tablettes de cire de Transylvanie nous ré-
vèlent tout un système de lettres conjointes et enclavées
ayant pour but de diminuer lenombre des traits à tracer
sur la cire : c'est ainsi que les groupes de lettres ea et er
sont réduits de quatre traits à Irois seulement, eni, de six
traits à quatre, etc. (V. Arndt, Schrifitafeln, pi. \). —
De très 'ueaux fac-similés des tablettes de cire se trouvent
dans la Pal. lunu. (pi. du n° 63) et dans la Pal. soc.
(L'^ sér., t. Il, pi. 459). La colledion complète des graf-
lites a été faite plusieurs fois, notamment par Garrucci
{Grajfiti de Pompa, 2'^ éd., 1856, in-1^^) et dans le
Corp. inscr. kiH.
Les diplômes militair es, (\m forment une classe de do-
cuments épigraphiques très importants et assez nombreux
l'ig. 2,). - 1°'' siècle après , J.-C. v'i')' ~" Cursive romaine ^-
1 apyrus d'Herculanum, contenant des fragments de dis-
<'ours. — Lettres caractéristiques : R. 8
... d('/)iinque ...
... in qu . . .
. . . cum est a . . .
. . . t vili nu . . .
. . . d . . . sed p (?) i .
desp(?)er(?) em...
...nnius quo ...
m (?) c (?) eterorum (?) . . .
a(?)quilasr(?)e(?)la(?)...
...d ... ts...
... cum gr (?)ag...
grand développement des formes cursives, procédant poui'
ainsi dire naturellement des formes de l'écriture capitale,
qui était l'écriture du texte même de l'acte, toujours écrit
d'une façon plus soignée que le simple extrait.
L'écriture des inscriptions ne montre qu'un emploi rare
d'écritures autre que la capitale. On connaît quelques spé-
cimens épigraphiques isolés d'onciale pure, tels que la
célèbre inscription de Makter du vi*^ siècle, dite du mois-
sonneur, découverte en Tunisie (musée du Louvre), doni
le fac-similé offre absolument l'aspect d'une page de ma-
nuscrit en écriture onciale. Les lettres conjointes et en-
clavées ne sont pas rares même dans les inscriptions en
capitale pure. Parmi les inscriptions qui se rattachent à
l'écriture cursive, on possède un document officiel assez
important, l'édit de Dioclétien de 301, sur le tarif des
denrées, qui se trouve à Athènes, où il servait de dalle
dans un édifice, et dans lequel l'écriture onciale est mé-
langée de formes essentiellement cursives (V. de Rossi,
ïnscrl. christ, urb. Pwm., l, 43). Une inscription très
curieuse, entièrement en caractères cursifs, découverte à
Autun sur un fragment de colonne antique, montre que
certains usages des voyageurs modernes sont fort anciens,
car elle porte la mention du passage de saint Germain,
évèque de Paris, en l'année 557, date qui est donnée en
chiffres grecs : Germanus [liic] fui, anno II M (pour
(xa' =z 46) régnante Childeberto (V. Cahier et Martin.
Mr'L d'arch'oL, t. I, pp, 135-137). Les formes des
lettres ii, S, F, etc., dans cette inscription, font voir
que récriture des tablettes de cire antiques était encore
à cette époque l'écriture journalière des letti'és, exacte-
ment comme au temps des Romains. Enfin, suivant la
nature des matières subjectives des inscriptions et suivant
i(ue la pierre ou le métal se prêtait plus ou moins facile-
ment au tracé des courbes et des ligatures des lettres,
851 -- PALEOGRAPHIE
on a quelquefois sur les documents épigraphiques une
véritable écriture cursive qui offre tous les caractères t!i>
l'écriture des chartes de Havenne (V. ci-dessous) et do-
cuments analogues. Un des spécimens les plus curieux de
.^
\j (tY>>^ ^^/
/'
,/
^
Fig. 21. — i»"" siècle après J.-C. ~ Cursive romaine — Graffilc de Pompéi, contenant des noms. — Lettres
caractéristiques : E, P, R, S.
G. Cominius Pyrrichus et
ce genre est un plat d'argent découvert récemment dans
le Dauphiné et portant à son revers la mention de son
possesseur, gouverneur du pays de Vienne au commence-
ment du vrii« siècle, écrite en latin (Agnerico som) avec
V\^. 25. — v» siècle. — Cursive romaine. Fragment d'un
rescrit impérial adressé à un fonctionnaire de la Haute-
Egypte. — Lettres caractéristiciues : A, B, E, M, N, P, R.
— Le fac-similé est au 1/4 de l'original.
portionem ipsi debitam resarcire
nec ullum precatorem ex instrumento
pro memorata narratione per vim con[fecto |
sed hoc viribus vacuato
des ligatures cursivos pour les lettres qn, eri, co, so
(V. Le Blant, Nom. rec. des insc7\ chrét. de la Gaule,
1892, t. I). On a aussi, en lettres cursives, des lames de
plomb, découvertes en ItaHe, contenant des formules
d'exorcismes chrétiens, etc. Enfin, on a découvert des
briques romaines portant des alphabets cursifs, accom-
pagnés de modèles tracés en cette écriture, qui ne laissent
pas de doute sur le fait que l'écriture cursive romaine
était enseignée dans les écoles de l'antiquité, pour les
usages journaliers et commerciaux.
Lue phase tout à fait ancienne de l'écriture ciu'sive
antique nous est fournie par quelques-uns des papyrus
découverts à Herculanum (fig. 23) et où le caractère de la
cursive ne se révèle que par les formes de deux lettres
seulement, l'R (1. 6 et 8) et l'S (1. 3, 6, et surtout 1. 7,
dans le mot fragmentaire nniiis). Des fac-similés photo-
graphiques de ces fragments se trouvent dans les Ex.
codd. lait., pi. 2.
IL EciaxLRE DES Rescpjts et des GtiAUTK^ de IvAvenm:.
— Les caractéristiques diplomatiijues, ainsi que l'histoire
des Resciuïs sont indiqués à l'article spécial consacré à
cette classe de documents importants de la chancellerie
de l'administration romaine (V. REscarr). Le second
groupe de documents comprend les plus anciens spécimens
existant de la charte latine (V. ce mot). Les rescrits
que nous possédons ne sont que des fragments de quel-
ques lignes; le groupe des chartes de Ravenne est repré-
senté par des documents plus complets et relativemenl
beaucoup plus nombreux, auxquels le paléographe italien
Marini a consacré un ouvrage entier au commencement
de ce siècle. L'écriture des rescrits (fig. 2o) et celle des
chartes de Ravenne (fig. 26), forment, chacune de leur
côté, par leurs caractéristiques bien tranchées, des groupes
tellement distincts, qu'il n'est pas permis de croire que
la variété d'écriture représentée par les rescrits soit pure-
ment accidentelle. Ces fragments de documents impériaux
nous présentent une écriture parfaitement constituée et
qui était en usage, probablement depuis une époque an-
cienne, dans l'administration romaine. De même que nous
avons constaté l'analogie dé l'onciale grecque et de l'on-
ciale romaine, on peut faire une remarque semblable pour
PALEOGRAPHIE
Sod
la cursive administrative, qui existait, peut-être depuis
les Lagides, etc., dans tous les pays de langue grecque de
l'empire romain et qui fut conservée par la chancellerie
byzantine (V. § Paléographie grecque). Quant à l'applica-
tion de récriture cursive à la transcription des manus-
crits, son origine est plus obscure, car les spécimens (jue
nous en possédons ne remontent pas à Fépoque classique
proprement dite. Il est probable que ce fut une innovation
contemporaine du développement du christianisme, de
même que la création dr l'écriture semi-onciale, car les
uianuscrits qui nous en sont parvenus sont tous des ou-
vrages des PèrcN de l'Eglise ou ayant un caractère théo-
logique. L'écriture cursive des manuscrits n'a pas imité la
cursive des rescrits, mais celle du groupe des chartes de
Ravenne.
Les formes des lettres cursives soni identiques, par
leurs caractères essentiels, dans l'écriture des rescrits et
dans celle des chartes de Ravenne. Les principales diffé-
rences se remarquent seulement pour les lettres A (V.fig.
-il, aumot f/g/?z^«m,etc.), B (fig.25,aumèmemot, etc.),
P (V. fig. 25, l.'i, au mot precatorem), R (fig. 25, 1. 1 ,
au mot resarciré), qui gardent dans les rescrits leurs
formes primitives, telles qu'elles sont données dans kb
tablettes de cire. La lettre E (tig. 25, 1. i [porUoaciu
débitant, etc.], 1. 2 [nec, etc.]), dérive de i'E à deux-
traits parallèles, qui sont tracés ici d'une nuuiière continue,
de sorte que la lettre prend l'apparence d'une boucle
longue et étroite, terminée à sa partie supérieure par un
petit crochet, qui tient lieu de la barre ou traverse de l'L.
Les lettres 0 et V (consonne et voyelle) sont toujours de
dimensions beaucoup plus petites que les autres et sont
placées près de la ligne de sommet de l'écriture (tig. 25,
1. 1. 2- etc.). Dans la lettre M, la cai'actéristique de l'al-
longement du premier jambage s'est conservée (fig. 25.
'A-TPP^yT
/^
c^^
1'^. 20, — 565 ap. J.-C\ — Cursho rumaino. (Jhan
roprlement de coniptes entre particuliers. —- Lntrcs caractéristiques
iX KU, KD, EM. EN, l^P, EU. ES. (jR, SI', TA, TE. TI. TH. TS
le Ravenne, dite Cfiartn pleitariœ necuritutis, contenant un
G. R, S, et les ligatures AC, AE.
Ar;,
Item iiolitia (piod act-epil suprasrriplus Gratianus de donuis
(juae sunt inira ci\i(ale l^avcnna seu ])raedia rustica
.1. etc), de même que dans la lettre N (mènu^. ligne),
de sorte que ces deux lettres ressemblent exactement au
a et au V de la minuscule et de la cursive gi'ecques. Les
autres lettres (C, D, F, G. H, ï, L.O, Q, T) sont les mêmes
dans les rescrits et dans les chartes de Ravenne. Une
excellente table des formes des lettres des rescrits, avec
leurs dimensions naturelles, se trouve dans la Pal. soc,
2^ sér.. t. I, pi. 29 quater). Un autre caractère général
de la cursive antique est de n'avoir ni pleins ni déliés,
comme l'onciale et surtout la capitale (V. ci-dessus). On
peut voir, dans les deux tig. 25 et 26, que tous les ti'aits
de récriture sont toujours exactement tle la même force
ou de la même grosseur.
La principale différence entre les deux variétés de la
cursive antique ne se trouve pas dans les formes des
lettres, mais plutôt dans l'aspect général et la direction
du tracé de l'écriture. La cursive des rescrits (fig. 25) se
distingue d'abord par ses dimensions, réduites de plus
de moitié dans la tig. 25. ujais qui ont plus de 2 centini.
de hauteur moyenne. C'est une écriture beaucoup plus
posée et plus uniforme, dont tous les traits offrent la
même inclinaison réguhère vers la droite et qui n'est
rompue que par le développement des hastes et des queues,
notamment pour la lettre H (fig. 25, l. 4. au mot hoc),
et par les lignes de fioriture qui forment les sommets d<
quelques lettres, comme R et T (V. fig.
1.3, au mot
iiarratio7ie). A première vue, cette écriture ressemble
une série de lignes droites ou de hâtons d'écriture tracés
les uns à la suite des autres et accompagnés de quelques
autres traits accessoires. Dans les chartes de Ravenne, au
contraire, l'écriture est interrompue, à de très courts in-
tervalles, par des traits contournés et renversés, tracés
en sens contraire de la direction générale de l'écriture,
inclinée vers la droite comme dans les rescrits, ou par
des hastes et des Ugatures qui s'élancent irrégulièrement
par-dessus la ligne de l'écriture (fig. 26),
ïjgafnre>^. Le tracé de IVeriture an moyen du ralamc.
sur le papyrut5 (m le parchemin, permettait de donn<'r au\
traits une continuité qui ne pouvait pas être atteinte, sur
la pierre et sur la cire, avec un instrument dépourvu d'un
bec àpointe double. C'est pourquoi les ligatures des lettres
sont très nombi'euses dans la cursive des chartes et eu
forment la véritable caractéristique.
Dans les rescrits, les ligatures ne sont pas compliquées
et se font toujours par les sommets des lettres, dont la
position et l'aspect normal ne sont jamais modifiés, par
exemple pour PO (fig. 25, 1. i, au moi portionon), PS
(même ligne, au mot //;,s/). TO (L 2), TA (l. 5, jncnio-
rata), Tl (l. 5), etc. Dans les chartes de Ravenne, le prin-
cipal caractère des ligatures est de faire perdre souvent
presque complètement aux lettres leurs formes originaires,
par suite des changements de position auxquels les traits
des lettres sont soumis pour faciliter la rapidité du trac*'.
Les ligatures les plus remarquables sont celles de ET et
TE (fig. 26, 1. 2, dans le mot civitatc). et TT (fig. 26.
1. I, premier // de nolUia), dans lesquelles le T est com
plètement retounK», sa ligne de tète au sommet servant
de base à sa haste. On sait que la ligature l-T, tout à faii
avec la forme qu'elle a dans la cursive antique {&), s'est
conservée et est encore d'un usage fi'é([uent comme carac-
tère typographique: les deux panses du 8 sont TE, la ligne
oblique d'en bas est la barre du T retourné, et l'autre
ligne montante est la haste même du T. Les ligatures AC
(fig. 26, 1. 1, dans accepit) et AT (l. 1, dans Gratia-
nus) sont fondées sur le même principe du renversement
de la seconde des deux lettres qui composent chacune de
ces ligatures. Dans les ligatures otila lettre T conserve sa
position verticale, la barre du T se prolonge et se confond
avec la lettre qui le suit, comme dansTI, en certains cas
(fig. 26, 1. 1, deuxième // de no^zi/a, et dans G?'rtfw?zM,v,
et Y 2, dans rustica) et TR (L 2, dans le mot intra).
Il en est de même pour la traverse ou barre médiane de
I'E, dans les ligatures EM (fig. 26, L 4, dans Item),
L\ (L 2. dans nnvcona). EP (L I. dans urcepit). ES
— 8o:i —
PALKOGHAPHn:
(1. i, dans les mots ^^it^^^ suid), etc. Comme la -.'paration
des mots dans les textes n'existe pas encore à l'époque de
l'écriture des chartes de Ravenne, les ligatures se font
aussi bien d'un mot à un autre, que dans l'intérieur du
Tnéme mot, comme on peut le voir par le dernier exemple
qui vient d'être cité, ainsi qu'aux mots accepit supra-
scriptus (fig. ^26, 1. i),sunt inira(\. ^)elprœdla nis-
ticci (1. 2), qui présentent les ligatures de T à S, de T
à l et de A à R entre ces différents mots. Les ligatures
de la cursive antique sont surtout nombreuses k l'époque
la plus ancienne de cette écriture. Elles y ont toujours sub-
sisté, en plus ou moins grand nombre, dans les modifi-
cations qu'elle a reçues aux siècles suivants.
Certaines lettres se prêtent mieux que d'autres à for-
mer des ligatures. On verra dans le petit tableau suivant,
(jui a pour base les ligatures des chartes de Ravenne,
(îlassées dans l'ordre alphabétique de leurs éléments cons-
titutifs, que ce sont les ligatures avec les lettres E, F{,
S et T qui prédominent de beaucoup. Certaines lettres ne
donnent jamais lieu à des ligatures d'un usage ordinaire.
Ees ligatures les plus communes sont indiquées en carac-
tères gras ; ce sont également celles qui se sont conser-
vées le plus tard et qui ont même passé dans d'autres
écritures, comme on le verra plus loin à l'éturle de l'écri-
ture minuscule et de l'écriture gothique.
Voyelles
A. ae; - ac, ad, ag, am, an, ar, at.
E. ea, ei, eo, eu; — ec, ed, ef, eg. el. em, en, ep,
er, es, et, ex.
0. of, oh. on, or, os, ot.
r. ue.
(Consonnes
C. ce, ci. co: - ce, cl, cr, et.
[). de, di;— dr.
F. fa, ti. fu ; — ff, 11.
G. ga, ge, gi, go. gu ; — gn. gr.
L. le. li.
M. ma, mi, mo.
N. ne, nt.
Q. qu.
R. ra, re, ri, rOj, ru ; — rf, rr, rs, rt.
S. se, so, su ; — se, sp, ss, st.
T. ta. te. ti, to, tu; — tp, tr, ts, tt.
Ligatures mi ltiples
\^ avec Irais lettres:
Aes, aen, ari, ati, ato.
Eri, est, ers, ets.
Cto. — Ges. — Leg. — Que. — Res. — lep, ues.
Sci. SCO, sen.ste. sti.
Tra, ter. tes.
"l"^ avec quatre lettres :
Ettr, gest, lect, reci, scri, tate, test.
La principale caractéristique à tirer des signes auxi-
liaires, pour la cursive romaine, est l'indistinction des
mots, comme dans les écritures précédentes, avec, en
plus, les ligatures des lettres d'un mot à un autre, et
l'absence complète de toute ponctuation. Les abréviations
sont rares, ne consistant que dans les abréviations les plus
simples connues de l'antiquité (V. ABRÉvL\TroNs) ou des
sigles, simples ou composés, tels que sstus pour su-
prasciptus (Y. fig. 26, 1. 1).
La cursive romaine a été d'un emploi très général
jusqu'au vu® siècle et s'est conservée ensuite plus ou
moins longtemps suivant les différents pays. Quoique
l'usage des tablettes de cire ait subsisté dans toute l'Eu-
rope pendant le moyen âge (V. Cire [Tablettes de]), il
n'a pas entraîné avec lui la conservation de l'écriture qui
était usitée dans l'antiquité pour ce genre de documents.
Dans les chartes, la cursive romaine proprement dite a
subi des modifications suivant chacun des pays où se sont
développées les écritures nationales et a produit les dif-
rentes variétés d'écriture cursive mérovingienne, lombar-
dique, visigothique, etc. C'est dans la Grande-Rretagne
que la cursive a cessé le plus tôt (vii^ siècle), puis en
France (viii'^ s.). Elle s'est conservée beaucoup plus tard
en Espagne (xi^ s.). Enfin, dans son pays d'origine,
l'Italie, elle a subsisté encore plus longtemps, sous les
trois formes principales qu'elle a prises dans l'écriture
lombardique, l'écriture de la chancellerie des pages et
l'écriture des notaires de l'Italie méridionale, qui Font
conservée jus(|u'au milieu du xni^ siècle, en n'y intro-
duisant que quelques simplifications dans le système des
ligatures, dont ils ont réduit gi'aduellement le nombre,
mais en conservant jusqu'à l;i fin les ligatures em, er.es,
et, st, re, ri. te, ti.
Manuscrits et documents célèbres en cursive romaine.
— On a vu qu'aux manuscrits pi^oprement dits il faut
joindre, pour l'écriture cursive romaine, deux autres caté-
gories de documents, les tablettes de cire et les inscrip-
tions. Lapins ancienne des tablettes de cire jusqu'à présent
découverte à Pompéi est une quittance portant une date
qui correspond à l'année 55 après J.-C. Sur ces tablettes
de cire, qui sont des comptes de banquier, on a non seu-
lement l'écriture cursive antique tracée au stylet, mais
aussi des spécimens de la cursive tracée à l'encre et au
pinceau sur le bois, dans les endossements et les listes de
noms de témoins qu'elles portent inscrits sur leurs revers
extérieurs. Les chartes comprennent les rescrits, dont
l'écriture a été étudiée ci-dessus (V. Rescrit). On a
découvert, également dans la Haute Egygte, comme les
rescrits, un rouleau de papyrus dont le texte est un di-
plôme mihtaire romain, écrit par exception sur une autre
matière que le métal, et qui offre le même genre d'écri-
ture que les rescrits, avec des proportions moins régu-
lières {Pal. soc, 2^sér., t. II, pi. 165), ainsi qu'une
vente d'esclaves sur papyrus, de l'année 166 après J.-C,
où l'on retrouve les formes caractéristiques de FA et de FR
(Pal. soc, 2® sér., t. Il, pi. 490). Le second groupe de
documents est connu sous le nom de Cliartes de Ravenne.
Ces chartes doivent leur dénomination au lieu d'origine des
plus importantes d'entre elles, la ville de Ravenne, qui était,
au v^ et au vi^ siècle, un des centres de l'administration im-
périale (V. Exarchat de Ravenne). Elles sont toutes sur
papyrus, et leur écriture est restée indéchiffrable jusqu'à
nos jours. La plus célèbre des chartes de Ravenne a passé
longtemps pour le testament même de Jules César : elle
portait, en tête du document, deux lignes en caractères
cursifs romains assez bien contrefaits (à l'exception de
quelques E, T et V et de quelques ligatures incorrectes)
qui donnent pompeusement à F acte ce titre fallacieux.
Cette falsification est probablement l'ouvrage d'un très
habile faussaire, Hamon, qui fut maître d'écriture de
Charles IX et finit par être pendu en 1569. Cette charte
était encore à Ravenne au commencement du xv^ siècle,
comme nous l'apprend un érudit italien de cette époque.
Pou tins Virunius ; elle passa en France, probablement au
moment de la prise de Ravenne parles Français, en 1512,
et fut placée à la bibliothèque royale, alors à Fontaine-
bleau. Au XVII® siècle, un bénédictin lui-même, Mabillon,
se laissa d'abord tromper par l'inscription du faussaire,
et ce n'est qu'en étudiant le contexte qu'il découvrit la
supercherie. Cette charte est un simple règlement de
comptes, que l'on trouve souvent mentionné, dans les
ouvrages de diplomatique, sous le nom de ctiartaplena-
riœ securitatis, qui lui est donné dans un passage du
texte même du document, dès la seconde ligne. Une autre
charte très importante, ayant la même provenance et qui
se trouve aussi à la Bibliothèque nationale, est un acte
officiel d'ouverture de plusieurs testaments de négociants de
Ravenne, teinturiers, marchands desoiriesou d'étoffes, etc. ,
fait en 552. Le plus ancien des testaments que ren-
ferme cette charte, qui est un rouleau de 5"^, 90 de
PALÉOGKAPflIE - 85i
longueur sur 0'^,30 de hauteur, et qui devait même être
originairement un peu plus long, remonte à Tannée 474.
Au milieu du xviii^ siècle, cette charte se trouvait en la
possession d'un orfèvre de Paris nommé Galle et fut
donnée par sa famdle à la Bibliothèque royale dont l'ad-
ministration fit faire un fac-similé du roaleau, sur sept
planches de cuivre, pour servir à une édition qui ne put
être publiée. Ces planches gravées furent retrouvées,
après la liévolution, à la chalcographie du Louvre, par
ChampoUion-Figeac, qui s'en servit pour une édition litho-
graphique de ces papyrus {Chartes et manuscrits sur
papyrus de la Bibliothè^iiie royale, 4840, in-fol.).
Un assez grand nombre de chartes et surtout de fragments
se rencontrent dans différentes l)ibliothèques et dans les
collections particulières (V. Pal. soc, 2® sér., t. I,
pi. o4-o3 : donation à l'église de llavenne du commen-
cement du va® siècle; A7ic. charters Brit. Mus., 1878,
t. IV; Archivio pal. ital., t. I, pi. 4-5, etc.). Une des
pièces les plus curieuses est une charte émanée du roi des
Hérules, Odoacre, remontant par conséquent jusque vers
l'année 476, et dont la suscription est ainsi conçue : Vi7v
inl. ac magnif. fralri Pierio, Odovacar rex (Marini,
Pap. dipL, n^ 82 et pi. 6). On a considéré comme la plus
ancienne des chartes de Ravenne un document de l'an-
née 444, relatif à]une restitution de biens ordonnée par un
tribun de l'administration impériale, mais des décou-
vertes récentes, faites en Egypte, ont fait connaître des
papyrus latins qui remonteraient à la fin du i\^ siècle de
l'ère chrétienne, mais (|ui n'ont pas encore été étudiés
(Biblioth. de Vienne).
L'application de l'écriture cursive romaine aux manus-
crits fut relativement rare. On en vit d'abord apparaître
l'usage, comme pour l'onciale penchée et la minuscule
primitive (V. ci-dessus) dans les annotations marginales
de certains manuscrits, comme les textes bibhques et
Ihéologiques ou des ouvrages des Pères de l'Eglise, par
exemple dans les manuscrits de saint Jérôme (V. Fac-
similés de l'Ecole des chartes, pi. 452). Les recueils ju-
ridiques ou do nature analogue en firent d'abord un
emploi plus étendu, comme un manuscrit des canons des
conciles du vi® siècle (V. Delisle. Cah. des inss. de la
Biblioth. nation., pi. 2, 3 et 4, et de Bastard, Peint,
et orn. de mss., pi. 7). Le plus beau spécimen de la
cursive dans un manuscrit est fourni par le manuscrit des
homélies de saint Avit, évèque de Vienne en Dauphiné,
du VI® siècle (Biblioth. nation.), dont les fac-similés se
trouvent dans la Pal. iiniv., dans la Pal. soc, etc. Les
homélies de saint Maxime, évoque de Turin, se trouvent
également dans un manuscrit en cursive romaine, du
vil® siècle (Bi!)lioth. Ambrosienne de Milan), ainsi qu'une
traduction latine de l'historien Josèphe (même bibliothèque).
Dans la Gaule du Nord, la cursive romaine a produit une
variété spéciale dans la minuscule mérovingienne.
EcRiTLUiEs NAïioxALEs. — Ou désiguc SOUS ce nom di-
verses écritures minuscules ou cursives employées en France,
en Italie, en Espagne, en Angleterre et en Irlande du
VII® au XII® siècle, auxquelles on a donné ce nom parce
qu'on les a considérées longtemps comme des produits na-
tionaux des différents peuples barbares qui se sont établis
dans l'occident de l'Europe. On sait aujourd'hui qu'il
n'en est rien ; toutefois, on peut continuer à se servir de
cette dénomination puisque, sans contredit, ces diverses
écritures se sont établies sur une base commune chez les
différents peuples dont elles portent les noms. Cette base,
c'est l'ancienne cursive romaine combinée avec des élé-
ments empruntés à l'onciale.
Lorsque après la constitution des divers royaumes bar-
bares eut lieu une sorte de première renaissance scienti-
fique, on renonça à l'emploi peu commode de la capitale
ou de la grande cursive pour simplilier et perfectionner
cette dernière.
_ Ecriture lombarde. Cette écriture, formée de la cur-
sive dégénérée et employée en Italie depuis le vit® siècle,
n'a des caractères bien tranchés qu'à partir du ix® siècle,
ou elle se développa surtout dans les monastères bénédic-
tins du Mont-Cassin ou de la Cava ; elle y atteignit son
apogée au xi® siècle sous l'abbé Didier du Mont-Cassin où
se forma une école de copistes qui produisirent des manus-
nc{ î^ Lccttur nef
crpScco^n^ln
Cxcr nfvn f%T:«m
l'iu- 27 — - Kc.rituro loiiibacclo — Lcclionnai! o Mariu>^crii
è.'M^it au ?>In]it-Cassiii eiitro 105S . ; 1"^:
Nos et lavit nos
a peccatis nostris in
sanguine suo ! et fe-
(;it nostrum regnum
sacerdotes Deo et...
crits richement ornés d'initiales ou de peintures. On en
peut voir de nombreux et superbes spécimens dans la Bi-
bliotheca Casinensis et dans la Paleogra/ia artistica
di Monte-Cassino. Cette écriture devint de plus en plus
anguleuse et prit l'aspect d'une sorte de grille, d'une lec-
ture souvent difficile ; c'est ce qu'on appelle la lombarde
brisée. Elle fut surtout employée dans les principautés
du S. de l'Italie. Néanmoins, elle ne fut pas inconnue
dans le Nord, et fut même employée en France, probable-
ment par des copistes venus d'Italie. Une variété de
l'écriture lombarde a été usitée dans les bulles ponti-
ficales, et y est devenue l'écriture particulière de la chancel-
lerie romaine oii elle est restée en usage jusqu'au com-
mencement du XII® siècle, époque où elle fut remplacée
par une minuscule romane élégante et claire d'origine
française. Dans le S. de l'Itahe, l'écriture lombarde de-
meura plus longtemps en usage et s'y altéra au point de
devenir à peu près illisible. En 4234, Frédéric II en avait
décidé le remplacement par la minuscule française, dans
le royaume de Naples ; néanmoins, on en trouve encore
des vestiges dans les chartes et surtout dans les manus-
crits jusqu'à l'extrême fin du xiii® siècle.
Ecriture visiyothique. Le développement de la cur-
sive latine en Espagne est très analogue à celui qu'elle
eut en Italie, mais l'écriture espagnole se distingue cepen-
dant de la lombarde par de notables particularités. On
trouve cette écriture caractérisée dès le viii® siècle. La
célébrité de l'école calligraphique de Tolède lui a fait
donner le nom de littera loletana. Un autre centre de
développement important fut la célèbre abbaye de Silos ;
on l'employa même en France, par exemple dans le mo-
nastère de Gellone. Au xii® siècle, l'écriture castillane se
distingue de Eécriture andalouse. En outre, du viii® au
XI® siècle s'est développée une écriture, laide, pointue,
difficilement lisible, employée surtout dans les chartes, à
laquelle on peut donner le nom de cursive visigothique.
A en croire Rodrigue de Tolède, un concile tenu à Léon
vers 4080 et présidé par un légat du pape, aurait ordonné
à tous les scribes d'abandonner l'écriture visigothique pour
y substituer Eécriture française. Néanmoins, l'ancienne
8^^»
PAF.EUGKAPHIi:
t^criture ne disparut pas immédiatement; abandomiée en
Catalogne dès le x^ siècle, elle se maintint dans les autres
parties de FEspagne pendant tout le xii® sièrle et on en
trouve encore des
traces en Galice à
la fm du xiii^.
Ecrilure méro-
vingienne. Cestlsi
transformation de
l'ancienne cursive
romaine telle qu'on
la rencontre sur-
tout dans les di-
plômes des rois
francs de la dynas-
tie mérovingienne.
Elle présente des
formes surchargées
de traits parasites,
et des caractères
très serrés, ce qui
la rend difficile à
déchiffrer. Elle con-
tinuait à être en usage dans les diplômes de Charlemagne,
lors([iie la réforme de l'écriture, qui eut lieu sous son règne
et par son influence, vint brusquement en interrompre le
njM. "pWiaum aeuiuatf afr^uiUa. aaa<A .
Fia-, 28.
E(;ritLirc visigothiquo. — ('nrtulairo tla Saliai^i
INCIPIVNT CAPITVEA LIBRI SECVNDl
^
t Placitum de postura de Villa Adda
Il Carta de Martin Petriz in Villa Adda
^ lll Placitum do Vineas de Villa Adda
développement. L'écriture mérovingienne n'a pas été em-
ployée seulement dans les chartes, mais quelquefois aussi
dans les manuscrits : il suffira de citer comme exemple
ie Grégoire de
Tours de Paris (ms.
lat. 47655).
Ecriture irlan-
daise. Cette écri-
ture et la suivante
se distinguent des
précédentes, parce
qu'elles ont été for-
mées, sans subir
l'influence de la
cursive, d'éléments
empruntés à l'on-
ciale et à la semi-
onciale. Les Irlan-
dais (Scotti, d'où
knom lit teraScot-
lica donné à leur
écriture) ont em-
ployé depuis le
vi^ siècle trois sortes d'écriture : 1" une écriture onciale ;
2^ une semi-onciale, grosse, ronde, de forme calligra-
phique achevée ; 3" une petite écriture pointue, qu'on peut
illO
^Wj^ 0X4^4^-
^Cé^
! 'iu-. 29.
- Cursive mérovingienne. — Manuscrit do Grégoire de Tours, dit de Corbie (vu* siècle),
XXX pHLODOVECHUS VEHO, CniLPERICI FILIUS UE ToRONICO
m Uejectus Burdigala abiit. Denique cum apud
Burdegalensim civitatem nullum prorsus inquie-
tantem resediret Sigulfus quidam a parte
Sygiberti se super eum ohjecit. Quem fugiente
cum tubis et bucinis (piasi labentem cervum...
appeler cursive, mais sans rapport aucun avec la cur-
sive romaine. Celle-ci s'est maintenue plus longtemps
peac^M«ripsuTn uoup
cenDamuucDecRtice—
THUSa QDUpdTClUCÏIJO
bcRô-euîn siuutadjTocr
Viix. HO. — Onciale irlandaise. — Evangéliairo de Kells.
(vil' siècle).
fecit. Se ipsum non p[otest sal-]
vum facere si rex Israh[el est des]
cendat nunc de cruce [et crede]
mus ei. Confidit in Domino [et nunc li |
béret eum si vult dixit.
que les deux premières et demeura longtemps en usage
pour écrire la langue irlandaise. L'Irlande fut le pays
privilégié de la caUigraphie. Pour les souscriptions, les
titres et le début des chapitres dans les manuscrits, les
copistes ont employé des majuscules particulières, ca-
ractérisées par des point» - qui remplacent partout les
formes arrondies ; ils ont affectionné les initiales et les
ornementations peintes caractérisées par des entrelacs
et des spirales formés d'étroites bandelettes de couleur.
Les moines irlandais, on le sait, se sont répandus dans
toute la chrétienté, y ont apporté leurs livres et en ont
écrit de nouveaux. En Erance Luxeuil, en Italie Bobbio.
en Allemagne Wurzbourg ont été des foyers de propaga-
tion de l'écriture irlandaise.
Ecriture anglo-saxonne. Les Anglo-Saxons, disciples
des missionnaires romains et des moines irlandais, ont subi
la double influence des deux principales écoles d'écriture
de l'Occident. Aussi leurs manuscrits présentent-ils des
variétés qui les rapprochent de ces deux écritures. Aux
Irlandais ils ont emprunté surtout le mode d'ornementa-
tion de leurs initiales. En grand nombre de manuscrits
richement décorés en onciale et en belle semi-onciale sont
sortis des atehers anglo-saxons. Ils diffèrent surtout des
manuscrits irlandais en ce que l'écriture y est plus ar-
rondie, et a une tendance à devenir minuscule. L'écriture
anglo-saxonne ne survécut pas à la conquête normande ;
mais les moines anglo-saxons appelés sur le continent par
Charlemagne avaient contribué à une profonde réforme de
l'écriture franque et créé la minuscule Caroline qui devait.
PALÉOGl'.APHIK
K^r^
sous le nom d'écriture française, se propager dans loute la
chrétienté et y remplacer toutes les anciennes écritures.
quôîiiocm ipsi
?# cousotobuiKur—
jE>^ frv.^jf- Î?i3>r» J/v^^ \^yyic^^iAy
:fT|eaii quiesurauiKT
GLSiciaiitn.uforaain
ri;4. ^1. — Semi-oiicial(^ anglo-saxonne. — Evangéliaire de
Lindisfarne ix\ec. gloses anglo-saxonnes (v. l'an 700\
eadge bidon da de gemnenas
Beati qui lugunt
l'or (loii da
tjuoniam ipsi
gefro«;rred bidon
consolabuntur.
endge bidon da île h\nc^'i';ul
Beati qui esuriunt
a.nd dsrstas sodf.esdii^se
et sitiuntjustitiaui
Minuscule carolingienne. — La réforme de récri-
ture qui signala le règne de Charlemagne eut son berceau
en Touraine et notamment dans T abbaye de Saint-Mar-
tin ; elle se produisit sous l'influence des moines, appelés
par le souverain de la Grande-Bretagne, et eut pour con-
séquence la création d'une nouvelle espèce d'écriture, la
VfCtf^f^X* C^tZxM.rcreptf\UypJk:K:x44*Jt^Ch^i
l'iu-. o2. — Minuseide Caroline. — Catnloono (]o pfi^^o^.
écril en 790
Anastasius natione romanus ex pa-
ire xMaximo sedit annos 111, dies X. Hic
constituit quotienscumque evangelia
recitantur sacerdotes non sederent.
Hic fecit ordinationes II presbyteros V. diaconos V, ej)is(opos
per loca XI. Se sepultus est ad urso pilato,
V Kalendas maii. Cessavil episcopatus dies XXI.
minuscule carolingienne ou Caroline. Dès l'époque méro-
vingienne s'était bien créée, pour l'usage ordinaire, une
sorte de minuscule dérivée de la cursive, mais son déve-
loppement fut alors interrompu, et c'est de l'onciale que
dérive la minuscule Caroline. Cette écriture est la forme
dont procède la minuscule postérieure, régulière et droite
qui s'est développée depuis. D'autres écoles, à Reims, à
Saint-Denis, à Sens, à Metz, à Corbie, pour ne parler
que de la France, rivalisèrent alors avec l'école de Tours
pour copier de beaux manuscrits en minuscule. L'écri-
ture des chartes, restée mérovingienne pendant tout le
règne de Charlemagne, n'a subi la réforme qu'à partir
du règne de Lous le Pieux,.
MLXf'ScrLE ROMANE. — Comme nous l'avons déjà dit,
l'écriture franque n'a pas cessé de prendre une influence
toujours plus grande et finit par arrivera une domination
exclusive. Jusqu'au xn^ siècle, elle ne cessa pas d'acquérii'
s.ins cesse plus de régularité : chaque lettre y a sa forme
déterminée, demeure indépendante des autres, a les traita
(h^oits, dessinés nettement; les abréviations ne sont em-
ployées qu'avec mesure et la ponctuation est mise avec
soin. Xaturellement ce développement de la minuscule ne
fwffup&i' vncubarabi tMiôc
afcûcemfbt^mU'immnmi
Fig. 33. — Minuscule romane. — Manuscrit autogra[)[ie
du moino Iloljaud (vers 1042),
bat. Nam quodam tempore adves-
perascente hora diei cena cum
suis sumpta, incumbentibus jam ruu—
tis tenebris dum ad complenda
et que sunt Deo reddenda cogi-
taret ad domum Dei de more
f)rocessit. preeuntibus ante se cleri-
ris cum ceroferariis non minimi
ponderis : (fuibus positis signifficnvit |
fut pas partout uniforme ; on pejt constater des diver-
gences locales, mais, chose curieuse, ces divergences ont
été, somme toute, de peu d'importance, et le développe-
ment a suivi une marche commune même dans les contrées
les plus éloignées les unes des autres, en sorte qu'il est
possible à un paléographe exercé d'arriver à dater approxi-
mativement une écriture, d'après son degré de développe-
ment, quel qu'en soit la provenance. Il faut seulement ob-
server qu'en général l'Ouest a été en avance d'environ un
demi-siècle sur le niveau moyen, tandis que les pays orien-
taux de la chrétienté ont retardé d'autant. Dès le xi® siècle
il s'y rencontre quelques éléments cursifs.
Ecritures gothiques. Vers la fin du xii^' siècle on com-
mence à remarquer aux extrémités des lettres qui, dans la
minuscule romane, se terminent carrément, des traits qui
se forment des angles. Cela ne tarde pas à donner un nou-
vel aspect à l'écriture et particulièrement à amener la con-
fusion de ]a lettre n avec la lettre u. On écrit davantage,
plus vite, et conséquemment avec plus de négligence ; on
multiplie jusqu'à l'abus les abréviations; partout se pro-
duisirent des diiférences locales, il y a des écritures de
Bologne, milanaises, arétine, parisienne, anglaise, etc.
C'est le commencement de la décadence. Au xiii^ et sur-
tout au xiv^ siècle, l'écriture prit des formes toujours plus
anguleuses ; c'est ce qu'on nomme l'écriture gothique pai-
analogie avec l'art de la même époque auquel on a con-
85:
PAU-OGhAPHI!;
^\LlX)LOGli
ventioniiellemeiit doiiaé ce nom, qui uiinplique bien en-
tendu aucune relation avec les Goths.
Pendant cette période îa minuscule se fractionne en une
foule de variétés diverses : on dislingue la minuscule car-
i'ée, la bâtarde, la brisée, etc., et l'écriture notariale ou
diplomatique spéciale auxcharles. Dès lors les maîtres de
«•alligraphie s'appliquaient à multiplier les genres d'écri-
ture qu'ils baptisaient de toutes sortes de noms bizarres.
La minuscule gothique continua longtemps à être employée
pour les manuscrits, elle atteignit son plein développement
dans les grands manuscrits qui servirent aux offices (go-
thique des livres de chœur) où l'usage s'en est conservé
jusqu'à nos jours; mais pour la pratique usuelle, on pré-
férait une écriture plus simple, plus commode, qui ne tar-
dait pas à dégénérer en une cursive rapide, qui est sou-
vent à peine lisible.
Ecritures modernes. Depuis la Renaissance, la cur-
sive ne cesse de devenir toujours de plus en plus person-
nelle; après s'être surchargée d'abréviations, elle tendit
:\s'en débarrasser sous l'intluence de l'imprimerie ; mais
en même temps se créèrent un certain nombre de nouvelles
sortes d'écriture dont il nous faut en terminant dire au
moins quelques mots.
Les humanistes du xv*^ siècle, en recherchant et en
copiant les manuscrits des auteurs classiques, eurent l'oc-
casion d'admirer la belle minuscule de l'époque caroHn-
gienne et s'appliquèrent à l'imiter. Celte rénovation ar-
tificielle de la minuscule Caroline est ce qu'on appelle
l'écriture humanistique. Mlle fut alors copiée par les im-
primeurs pour remplacer les types que les premiers impri-
meurs des bords du Rhin avaient empruntés à l'écriture
gothique, et c'est là l'origine de nos caractères romains
d'imprimerie. Vers le même temps, on se servait à la chan-
cellerie pontificale d'une minuscule incHnée à droite que
Francesco Griffo de Bologne imita pour créer de nou-
veaux types pour l'imprimerie des Aides, et c'est là l'ori-
gine de l'écriture italique. D'autre part, la chancellerie
pontificale adoptait pour les huiles V. ce mot) une écri-
ture singulière, lourde, écrasée, d'aspect archaïque, qui,
sous le nom d'écriture des bulles, est restée en usage jus-
qu'à nos jours. Nous n'avons pas à parler ici des écritures
modernes telles que la néo-gothique, la ronde, la coif-
lée, la bâtarde, etc., qui n'ont pas d'intérêt paléogra-
phique. A. GiRY et E.-D. Grand.
J^IBL. : OuVRXGKfi GÉNÉRAUX. — SvLVESTRE, Pslêogrh-
phie universelle ; Paris, 1839-41, i vol. in-fol.; éd. anglaise,
fJniversal Palœography... with corrections and notes by
sir Fr. Madden ; Londres, 2 vol. in-8., et atlas in-fol. —
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criptions, l'"^ série, 3 vol. in-fol.; Londres, 1873-83, 2« série,
en cours de publication. — Nouveau Traité de diploma-
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Du môme, Fac-similés des plus anciens manuscrits grecs
en onciale et en minuscule de la Bibl. nat. du iv» -au xii*
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d'Espagne, gra,vés d'après les photoqraphies de Charles
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2*^ éd. -- VV. Arx\ui, Sclrrifttafeln zar Gebraach bei Vor-
lesungen, 1876-78, 2^ éd., atlas. — W. Wattenbach et
C. ZANGEMEisTER,E:x;empla codicunnLatinorum. litterism.a-
Jusci'lis scriptorum ; Heidelber^-, 1676-79, in-fol. — E. Châ-
telain, Paléographie des classiques latins; Paris, 1881 et
années suiv., in-fol., en cours de public. — Album paléo-
graphique publié par la Société de l'Ecole des chartes;
'paris, 1887, in-fol. — Recueil de fac-similés k l'usage de
l'Ecole des Chartes; Paris, 1880 (ît années suiv., in-foL, en
cours de [)ublic. — Musée des archives départementales ;
Paris. 1880. in-fr)l, et atlas. — Th. Sickel, Monumenta
graphica ; Vienne. 1858-82, 4 vol. in-fol. — E. Monaci_, Fac-
simili di antichi manoscritti; Rome, 1881-83, in-fol. —
E. MoNAci et C. Paoli. Arclnvio paleografîco italiano ;
Rome, 1882-90, 2 vol. in-fol. — Paleografia artistica di
Monte-Cassino ; Mont-Cassin, 1876 et années suiv., in-4,
en cours de public. — J. Alnxoz y Rivero, Paleografia
Visigoda ; Madrid, 1881. in-S. ~ P. Ewald et G. Loewe,
Exempta scripturœVisigoticse ; Heidelberg, 1883, in-fol. —
Fac-similés of Jiatlonal mss. of Eiigland; Southampton,
1865-68. 4 vol. in-fol. — Fac-similés of national mss. of
Scolland; Southampton, 1867-71, 3 vol. hi-ïo\ . — F ac-similes
of naXional mss. ofireland ; Dublin, 1871-81, 5 vol. in-fol.
— Fac-similés of Anglo-Saxon îuss. ; Oxford. 1892, in-4
PALÉOLITHIQUE (Epoque) (V. Age, t. ï, p. 791).
PALÉOLOGUE. Famille de Taristocratie hyzantine. Elle
apparaît dans F histoire vers le milieu du xi^ siècle, avec
Nicéphore Paléologue, et son fds, le vaillant Georges Pa-
léologue. qui aida puissamment à l'avènement d'Alexis
Comnène (1081). Forthien en cour sous la dynastie nou-
velle, décorés des titres de sébaste et de pansébaste, les
Paléologues jouèrent un grand rôle, comme administrateurs
et comme généraux, surtout sous Manuel Comnène, et ainsi
peu à peu ils s'approchèrent du trône. Alexis épousa la
hlle de l'empereur iVlexis III l'Ange (1195-1203), qui le
désigna comme héritier du trône ; Andronic fut au
xiii^ siècle le gendre de l'empereur Théodore P^ Lascaris
(1 '204-22); un autre Andronic, qui exerça la charge de
grand domestique, épousa Irène, fille de cet Alexis précé-
demment nommé, et de ce mariage, qui réunissait deux
hranches de la famille, naquit Michel Paléologue, qui se
fit en 1259 proclamer empereur à Nicée, reconquit Cons-
tantinople en 1261 et installa pour deux siècles sa dynas-
tie sur le trône impérial. Successivement la famille des
Paléologues fournit comme souverains : Michel VIÏI (1261 -
1282); Andronic 11 (1282-1328), dont le fils fut associé
à l'empire sous le nom de Michel IX (1295-1320), mais
ne régna point seul; Andro^iic III (1328-41), Jean l
(1341-76), détrôné par son fils aîné Andronic 17(1376-
79), remonté sur le trône de 1379 à 1391, et auquel suc-
céda Manuel II, son second fils (1391-1423), enfin les fils
de Manuel, Jean VIII (1423-48) et Constantin IX (iUS-
53). A côté des princes qui occupèrent le trône, la famille,
fort nombreuse, des Paléologues fournit des souverains
aux différentes principautés entre lesquelles s'émiettait
l'empire finissant : Jean V confia à son fils Jhéodore le
despotat de Mistra (1384-1407); Manuel II apanagea
également dans le Péloponèse d'abord son fils Jhéodore;
bientôt ses autres fils, Thomas, Constantin, Démétrius
(14i8-60),y furent également investis de possessions pai-
leur frère Jean VIll, et le despotat de Mistra se maintint
jusqu'en 1460 indépendant entre leurs mains. Dès le
xrii® siècle, le second mariage d'Andronic II avec Irène de
Montferrat avait donné naissance à une branche italienne
de la famille, qui fournit jusqu'au xyi^- siècle des marquis
de Montferrat. La conquête turque dispersa encore davan-
tage les Paléologues : certains demeurèrent en Orient et se
firent musulmans, comme cet Emmanuel Paléologue (Mes-
sih Pacha) qui, en 1480, assiégea Rhodes pour Moham-
med II; d'autres allèrent à Venise, à Rome, en France;
par des mariages ils s'allièrent aux grands princes de Rus-
sie. Enfin, dès l'époque byzantine, le nom de Paléologue
passa par des alliances parmi les surnoms d'autres grandes
familles de l'aristocratie bvzantine. Ch. Diehl.
PALÉOLOGUE (Jean) (i332-1390)(V.JEAN V, t. XXI.
p. 87)
PALÉOLOGUE (Jean) (1360-1410) (V. Jean Vil.
t. XXI, p. 88).
PALÉOLOGUh] — PALÉONTOLOGIE — 858
PALÉOLOGUE (Manuel II), empereur byzantin (1391 -
1423), né en 1350, et fils de Tempereur Jean V, il fut
dès 1371 associé au trône, au détriment de son frère aîné
xVndronic. Investi du gouvernement de Thessalonique, il
joua un rôle considérable aux côtés de Jean V ; pourtant
il dut, en i390, accepter de conduire un contingent à l'ar-
mée du sultan Bayézid, et il était retenu à la cour otto-
mane de Brousse quand la mort de son père l'appela au
pouvoir. Prince distingué, d'une réelle valeur intellectuelle
et morale, joignant à ses qualités chevaleresques et mili-
taires une habileté et une énergie d'homme d'Etat, il mit
toute son activité à sauver de la ruine les débris qui cons-
tituaient l'empire. Bayé/id venait de lui arracher Thessa-
lonique et déjà menaçait Constantinople ; désespéré, Ma-
nuel fit appel à l'Occident. La malheureuse croisade de
Nicopoli (1396) ruina ses espérances. Sans résistance, Ba-
yézid put envahir la Morée, dévaster les plus riches pro-
vinces de l'empire, susciter un rival à Manuel en la per-
sonne de son neveuJean Vil (1397). L'appui de Charles VT
de France, qui envoya à Constantinople le maréchal de
Boucicaut, assura du moins quelque répit à la capitale et
permit à Manuel d'entreprendre en Italie, en Angleterre,
en Erane (1399-1 40î2), un grand voyage destiné à réta-
blir l'union et e\ obtenir du secours. En réalité, c'est de
l'Asie que le salut vint à l'empire : la grande victoire de
Tamerlan à Angora (1402), en ruinant la puissance des
Turcs, donna à Byzance un demi-siècle de vie. Par une
habile diplomatie, Manuel réussit à établir un modus Vi-
vendi avec les sultans successeurs de Bayézid ; il recouvra
Thessalonique (1 'i03), cessa de payer tribut aux Ottomans,
rétablit l'autorité impériale et la paix dans le Péloponèse
(1415) et rendit quelque tranquillité à l'empire. La mort
de Mohammed I^'' (142 1) remit tout en question. Imprudem-
ment, Manuel provoqua Mourad II, qui en 1422 parut de-
vant Constantinople : l'attaque échoua, mais en revanche
le Péloponèse fui dévasté (1423) et Manuel dut signer un
traité humiliant, par lequel il se reconnaissait tributaire.
Peu après il se retira au cloître et y mourut en 1425.
Placé dans des conditions étrangement ditîiciles, il fit tout
ce qui était humainement possible pour défendre l'empire,
et, en des temps plus cléments, il eût joué sans doute un
rôle éminent. Au milieu de ses embarras, il trouvait encore
le temps de se consacrer aux lettres : Bessarion vante le
feu et la richesse de sa parole, et ses écrits montrent en
effet qu'il fut un dialecticien habile et un styliste remar-
quable. Il a laissé des ouvrages de théologie, en particu-
lier une curieuse apologie contre l'Islam, fruit des entre-
tiens qu'il avait eus en 1390 à la cour de Bajazet, des
essais de morale et de philosophie, tels que le livre intitulé
Ce que Tamerlan put dire à Bajazet vaincu; des dis-
cours, et une série de lettres fort intéressantes, pleines
d'élégance et d'humour. Manuel II est une des figures les
plus sympathiques de Byzance finissante. Ch, Diehl.
BiBL. : Bfjiger de Xivrey. M(^moire sur la vie et les ou-
vrciçjes de l'empereur Miiniiel Poléologiœ, dans Mcm. de
l'Acad. des Inscr.. ibod, t. XIX.
PALÉOLOGUE (Georges-Maurice), diplomate français,
d'une famille d'origine byzantine, comptant plusieurs des
grands bans de Valachie et se rattachant à Manuel II, l'un des
derniers empereurs d'Orient, né à Paris le 13 janv. 1859.
Licencié en droit, il entra au cabinet du ministre des
affaires étrangères le 6 août 1880, fut envoyé à Tanger
en 1882 et nommé troisième secrétaire d'ambassade à
Rome en 1885 ; en 1886, il revint à la Direction politique
dans le service intérieur, qu'il n'a plus quittée depuis. Se-
crétaire de deuxième classe en 1891, sous-chef de cabi-
net du ministre, puis chef adjoint en 1892 et 1893, il a
été nommé secrétaire de première classe, rédacteur à la
Direction politique en 1894. Esprit délicat et cultivé,
M. Paléologue a fait diverses publications dart et de lit-
térature. Il a publié VArt chinois (1888), à la suite d'un'
séjour à Peking, puis, dans la Collection des grands écri-
vains, Vauvenaryues {iS90) et Alfred de Vigny {iS9i).
En 1895, il adonné Profils de femmes et Sur les ruines
(18^7), roman d'un sentiment délicat qui a obtenu un
vif succès auprès du public lettré; nous mentionnerons
encore quelques articles de critique et d'histoire dans la
Revue des Deux Mondes et dans la Revue de Paris.
PALÉONTOLOGIE. I. Zoologie. — La paléontologie
zoologique ou Paloiooloçjie est l'histoire des animaux
éteints dont on trouve les débris, à l'état fossil-^., c.-à-d. en-
fouis dans les couches géologiques du globe. Au mot Eossile
on a indiqué les conditions qui ont permis à ces débris de
se conserver jusqu'à nos jours et l'aspect qu'ils présen-
tent. Il nous reste à indiquer ici les rapports que ces
formes éteintes présentent avec les animaux qui vivent
actuellement, les enseignements que l'on en peut tirer au
point de vue de la zoologie générale et le secours que
l'étude des fossiles peut prêter à la géologie proprement
dite. La paléontologie est une science relativement mo-
derne : nous dirons seulement quelques mots de son his-
toire.
Aperçu historique. — Dès l'an 614 av. J.-C, le phi-
losophe grec Xénophane, fondateur de l'école d'Elée, par-
lant des coquilles pétrifiées que l'on trouve loin de la mer
et des empreintes de Poissons des carrières de Sicile, en
conclut que la mer a recouvert autrefois les continents.
Hérodote, Strabon et d'autres sont du même avis, mais
les ossements fossiles des grands animaux étaient géné-
ralement attribués à une race de géants disparus. Le
moyen âge n'ajouta rien à ces notions primitives, sauf
que la présence de ces fossiles sui' les hautes montagnes
fut citée par les théologiens comme une preuve du déluge
universel. A la Renaissance, Léonard de Vinci (1452-
1519) fut le premier à chercher à déraciner les ridicules
légendes qui faisaient naître les coquilles sur les montagnes
« par l'opération des étoiles », et à expliquer leur pré-
sence par des causes géologiques naturelles. Mais les pré-
jugés subsistaient dans l'esprit des philosophes de cabinet
et l'on préférait considérer les fossiles comme des jeux de
la nature (lusus naturœ) plutôt que d'accepter une ex-
plication raisonnée et scientiiique. Au xviii® siècle en-
core, à l'exemple d'un écrivain plus célèbre par sa verve
sarcastique que par ses connaissances en histoire natu-
relle, on admettait volontiers que les coquilles fossiles
avaient été apportées par des pèlerins revenant de la terre
sainte, ou <|ue les ossements d'éléphants, si communs dans
le N. de l'Italie, étaient les débris de ceux qu'Annibal y
avait amenés, avec son armée, en l'année 218 avani
notre ère.
Cependant dès le xvii^ siècle on peut citer Colonna
(1626) et Sténo (1669) comme des précurseurs de la géo-
logie et de la paléontologie modernes : tous deux distin-
guèrent les fossiles terrestres et d'eau douce des fossiles
marins. Mais la connaissance des Vertébrés fossiles était
si peu avancée que Scheuchzer, de Zurich, put présenter
comme un honw diluvii testis le squelette presque entier
d'une Salamandre gigantesque trouvée à OEningen. Buffon,
mieux inspiré dans ses Epoques de la nature, professe
ouvertement la doctrine des périodes géologiques et cite
le Mastodon et d'autres grands animaux comme des es-
pèces éteintes. G. Cuvier, enfin, fait pour les Vertébrés
ce que Lister, Knorr, Walch, Gessner, Brongniart et
d'autres avaient fait pour les Invertébrés, et dans son ma-
gnifique ouvrage sur les Ossements /bs5/7fô (1812), dans
le Discours sur les révolutions du globe, qui lui sert en
quelque sorte d'introduction, démontre la loi de la cor-
rélation des formes et fonde sur des bases solides la
paléontologie stratigraphique. Avec lui commence l'ère
moderne de cette science ; et lorsque nous aurons rappelé
le nom de Darwin et l'impulsion que la Théorie trans-
formiste a imprimé aux études spéculatives des géologues,
en leur donnant un but philosophique et une portée in-
calculable pour les progrès de la zoologie, nous pourrrons
aborder l'examen des différentes questions que soulève
l'étude des animaux fossiles et qui toutes convergent vers
— 859
P\LEONTOI.OGIi:
la solution de ce problème : l'évolution du règne animal
à la surface du globe terrestre.
Relations des fossiles avec les animaux vivants
dont ils se rapprochent par leurs caractères. L'étude
des espèces fossiles est beaucoup plus difficile que celle des
espèces vivantes, en raison de Fétat fragmentaire dans
lequel se présentent ces fossiles lorsqu'on les découvre
dans le sol : les Mollusques ne sont plus représentés (jue
par leur coquille dont la forme est souvent commune à
plusieurs groupes très différents par l'organisation de
l'anîmal qui remplissait cette coquille, mais dont toutes
les parties molles ont disparu. Chez les Vertébrés, le sque-
lette interne seul s'est conservé, mais les os qui le cons-
tituent sont le plus souvent dispersés ou brisés de manière
à les rendre méconnaissables : certaines parties, notam-
ment les mâchoires et surtout les dents, se conservent
mieux que les os des membi'es ou du tronc. C'est sur cette
dernière particularité que G. Cuvier a fondé sa loi de la
corrélation des formes, en affirmant que « l'on peut
déduire de la forme d'une seule dent l'organisation de
l'animal entier » et sa place dans les classifications mé-
thodiques. Bien que les progrès de la paléontologie aient
montre que cette loi était tout au moins prématurée, elle
n'en est pas moins restée acipiise à la science moyennant
ce corollaire : « lorsqu'il s'agit de formes très voisines de
celles qui sont déjà bien connues dans toute leur organi-
sation ».
La connaissance approfondie des formes vivantes est
donc le fondement indispensable de la Paléontologie : en
d'autres termes le paléontologiste doit être à la fois ana-
tomiste et zoologiste, ce qui ne le dispense pas d'être géo-
logue. A ces connaissances multiples, il doit joindre un
certain tact qui s'acquiert par l'habitude et lui permet de
faire de sa science acquise une application judicieuse aux
cas difficiles qui se présentent dans la pratique, par exemple
lorsqu'il s'agit de reconstituer le squelette d'un animal
dont les os sont épars et souvent mélangés à ceux d'autres
animaux d'espèces différentes. Dans ce cas, il est aussi
dangereux de trop séparer que de trop réunir, et bien que
le premier procédé soit le plus généralement suivi et pa-
raisse au premier abord le plus rationnel, surtout lors-
qu'il s'agit de types absolument nouveaux pour la science,
des exemples récents ont montré qu'il n'était pas toujours
le plus légitime. C'est ainsi que les os des membres du
Macrotherium de Sansan ont été longtemps attribués à
un Edenté gigantesque, tandis que les dents et le crâne
du même animal, trouvés dans le même gisement, étaient
décrits comme ceux d'un Ongulé sous le nom A'Anisodon
jusqu'au moment où un squelette presque complet, trouvé
avec les" os en place, ait démontré que ces membres et ces
dents appartenaient à un seul et même animal, c.-à-d. à
un Ongulé ayant les membres conformés comme ceux de
certains Edentés.
Au premier abord il semble que les espèces fossiles
viennent simplement remplir des vides depuis longtemps
signalés dans la nature actuelle. C'est ainsi que les On-
gulés, dont les débris abondent dans l'éocène supérieur
du gypse parisien, et qui ont été si habilement recons-
titués par Cuvier {Palœotherium, Lophiodon, Anoplo-
theriiim, etc.), paraissaient s'intercaler très heureuse-
ment dans son ordre des Pachydermes, formé d'éléments
hétérogènes, et présentant par suite de nombreuses la-
cunes. Mais bientôt il fallut renoncer à cette notion trop
simple et par suite inexacte en face des facteurs multiples
et compliqués dont se compose l'œuvre de la nature. Sans
doute beaucoup de formes ont disparu sans laisser de des-
cendants, mais il en est d'autres, non moins nombreuses,
qui peuvent et doivent être considérées comme les ancêtres
des formes qui vivent actuellement. La science qui s'oc-
cupe de reconstituer, d'après l'étude des fossiles, l'arbre
généalogique des formes animales porte le nom de Phi/-
logénie, et les tableaux ou Ton figure cette généalogie
sont appelés tableaux phylogénétigues. Fondée sur
la théorie transformiste, la phylogénie paléontologique
apporte à cette théorie un solide et brillant appui : on
peut dire qu'elle a régénéré la zoologie en lui apportant
la démonstration des faits que l'anatomie et l'embryologie
nous révèlent sous une forme concrète, mais (|ui se sont
développés lentement à travers la longue période des temps
géologiques.
Théorie du développement progressif, opvosée a la
th'orie des créations successives. La géologie nous
apprend que les animaux qui vivent actuellement n'ont
pas toujours existé, au moins avec leurs caractères actuels,
et que les formes les plus élevées du règne animal, les
Vertébrés, par exemple, n'ont apparu qu'à une époque
relativement tardive, les Mammifères, qui sont les plus
parfaits des Vertébrés, se montrant après les Poissons et
les Amphibiens.
Les anciens naturalistes expliquaient ce fait simplement
par l'hypothèse des créations successives que l'on préten-
dait faire accorder avec le texte même de la Genèse, mais
qui n'a plus guère de partisans aujourd'hui, môme parmi
les théologiens. La théorie du Développement progressif
du règne animal, lorsqu'on comprend bien sa portée philo-
sophique, semble de nature à satisfaire toutes les croyances,
et la puissance du génie, créateur du monde, n'en appa-
raît que plus complète, si l'on admet qu'elle a donné dès
le principe, aux organismes, limpulsion suffisante pour
que ces organismes puissent se modifier et se perfec-
tionner en s'adaptant aux conditions variables du milieu
extérieur, à travers les époques géologiques du globe.
Aucun de ces organismes cependant ne peut jouir d'une
durée indéfinie, et c'est précisément lorsqu'ils ont atteint
leur développement le plus parfait qu'ils sont le plus
près de disparaître, détruits ou supplantés par d'autres
formes restées juscju'alors dans un état d'infériorité rela-
tive qui leur assurait une plus longue durée. C'est ainsi
que les formes de grande taille, et surtout les formes
colossales, dans toutes les classes du règne animal, n'ont
eu qu'une durée éphémère, tandis que beaucoup d'animaux
de petite taille qui se modilient plus lentement, ont pu
traverser de longues périodes géologiques et ne semblent
pas prêts de disparaître.
La notion du développement progressif, en faisant dé-
river les formes vivantes des formes éteintes qui les ont
précédées, semble au premier abord en contradiction fla-
grante avec les faits sur lesquels reposent nos classifica-
tions méthodiques et particulièrement avec les données
sur les/juelles se base la définition de V espèce (V. ce mot),
telle que l'ont établie Cuvier et les naturalistes de son
école. En réalité, cette contradiction est plus apparente
que réelle : elle montre simplement que cette définition
elle-même cesse d'être exacte lorsqu'on l'applique aux
formes fossiles envisagées dans leurs rapports avec les
espèces actuelles. Darwin a démontré que, mètne à notre
époque, l'espèce est beaucoup plus variable que ne l'ad-
mettait Cuvier, de telle sorte que toutes nos classifications
pèchent par leur base qui est précisément cette définition
de l'espèce. — Ce que nous appelons espèce, par une
abstraction de l'esprit qui facilite l'étude des êtres, n'est
qu'un groupe aussi artificiel dans la nature que les groupes
supérieurs de genres, de familles, d'ordres, déclasses, etc.
Si un paléontologiste non prévenu découvrait, dans une
même couche géologique, le squelette d'un Chien havanais
à côté de celui d'un Lévrier ou d'un Bouledogue, il n'hé-
siterait pas à les considérer comme d'espèces différentes.
Pourquoi dès lors refuser à la nature, agissant avec ses
seules forces, sous l'influence des conditions variables du
milieu ambiant, ce que l'homme n'a pu réaliser, ne l'ou-
blions pas, qu'en utilisant ces forces même de la nature?
Et, dès lors, la transformation de VHipparion ou du
Protohippus tridactyles en Cheval monodactvle, est-
elle plus surprenante que celle du Lévrier ou du Boule-
dogue en Chien de manchon ?
Est-ce à dire, dès lors, que la notion de l'espèce doive
PALKONTOf.OGIK
— H6i) —
disparaître comme fausse ou inutile. Aucun paléontolo-
giste n'a jamais avancé cette énormité; mais on j^eut
dire que la définition de l'espèce doit être modifiée confor-
mément aux notions nouvelles que nous venons d'esquisser,
et nous formulerons cette idée, sous forme de corollaire, en
disant que l'espèce n'a qu'une fixité relative dans le
temps et dans Vespace, définition qui s'appii(jue aussi
bien à la paléontologie {Phijlogénie), qu'à la zoologie
(formation des sous-espèces et des variétés locales par
ségrégation ou sélection).
C'est au mot Transformisme que l'oji exposera les points
par lesquels la théorie de Darwin (V. ce nom) touche à
la paléontologie. 11 suffira de rappeler ici que d'après
cette théorie le développement de l'individu {Ontogénie),
n'est que l'abrégé ou la récapitulation rapide de son
histoire paléontologiquc (Phylogénie). Si cette théorie
est exacte, les membres les plus anciens d'une
souche en sont en même temps les plus inférieurs,
et la succession des faunes géologiques ne fait que repro-
duire, dans son ensemble, l'échafaudage de nos classifi-
cations zoologiques. Un coup d'œil jeté sur l'histoire
paléontologique du règne animal nous montre, qu'en fai-
sant la part de certaines divergences qui s'expliquent
d'elles-mêmes, il en est réellement ainsi.
Evolution paléontologique du règne animal. Les
formes animales dépourvues de parties dures n'ont pu
laisser de traces dans les couches géologiques ; il ne faut
donc pas s'étonner si les Protozoaires à corps mou (Mo-
nères, Amibes) ne sont pas signalés dans les terrains les
plus anciens. Par contre, les Foraminifères à coquille cal-
caire ont laissé de nombreux débris dans les couches
paléozoiques (silurien et dévonien). On admet que les phé-
nomènes métamorphiques qui ont modifié la structure des
roches primitives ont fait disparaître les traces des orga
nismes qui vivaient à cette époque ou à une époque plus
ancienne encore. Quoi qu'il en soit, les couches stratifiées
les plus anciennes, déposées par la mer et non modifiées
par la chaleur centrale du globe, celles de l'époque cam-
brienne, nous ont conservé des débris qui prouvent que
tous les embranchements des Invertébrés étaient repré-
sentés dans les océans de cette période primitive. On y
distingue des Annéhdes, des Hydroides (Oldhamia), des
Brachiopodes, des CnistSicés{Tr Habites), des Ostracodes,
des Echinodermes, des Spongiaires, enfin des Mollusques
acéphales {Clenodonta, Palœarca), à côté des Proto-
zoaires déjà signalés. L'évolution de certaines de ces formes
a présenté par la suite une inégalité frappante, mais dont
nous n'avons pas à rechercher ici la cause ; en effet, tandis
que les Foraminifères siluriens représentent un type inconnu
de nos jours {Receptaculidœ), on constate que les Brachio-
podes (Lingula, Discia) et les Mollusques (Mytilus,^
Avicula, Pleurotomaria) appartiennent à des genres qui
vivent encore à l'époque actuelle. D'une façon générale,
on peut dire que les Invertébrés marins se sont beaucoup
moins modifiés que les Invertébrés terrestres depuis l'époque
paléozoïque, ce qui tient, vraisemblablement, à l'unifor-
mité des conditions d'existence, à toutes les époques, sur
le fond des océans.
Presque en même temps d'ailleurs et dès la formation
des premiers continents qui n'étaient d'abord que des îles,
on voit apparaître les premiers Invertébrés terrestres. Ce
sont des Arthropodes du groupe des Scorpions (Palœo-
phoneus nuncius) puis, dans le dévonien et le carbonifère,
des Mollusques pulmonés (Strophites, Dawsonella) appar-
tenant même à des genres encore vivants (Piipa, Zonites).
Les Pulmonés d'eau douce [Planorbis] ne se montrent
que dans le Lias, lorsque les continents ont pris assez
d'étendue et d'élévation pour qu'il s'y forme des cours
d'eau. Nulle part, avant le Trias, on ne trouve trace des
Vertébrés terrestres. Par contre, à côté des Arachnides et
des Myriapodes {Acantherpes) , on voit apparaître, dès
le silurien et surtout dans le carbonifère, des Insectes ailés
(Palœoblattina), déjà variés, mais fort différents des types
que Jious coimaissons et constituant un ordre synthétique
(Palœodictyoptera), précurseur des hexapodes actuels à
métamorphose incomplète (Orthoptères, Névroptères, Hé-
miptères) ; leur larve, souvent aquatique, ne différait de
l'adulte que par l'absence 'Failes. Les formes de grande
taille sont assez rares à cette époque : on peut citer, après
VAcantherpes, Myriapodede lOcentim. de long, le Tita-
nophasma que l'on doit se figurer comme une Libellule
gigantesque de près d'un mètre d'envergure. Les Coléop-
tères, les Diptères, les Hyménoptères et les Lépidoptères,
c.-à-d. les ordres à métamorphose complète, signe de per-
fectionnement chez les Insectes, font leur apparition du
trias au jurassique. Les formes de grande taille (notam-
ment parmi les Coléoptères) ne sont connues qu'à l'époque
actuelle {Dynastes, Goliathus).
Les Vertébrés ne se montrent pas d'une façon certaine
avant le silurien supérieur où l'on trouve des restes des
Poissons cartilagineux appartenant, soità des types presque
entièrement dispavus (Ganoïdes) , soit aux Placodermes,
également en voie d'extinction, soit aux Plagiostomes qui
ont encore de nombreux représentants dans les océans. Les
Dipnoiques (Ceratodus) datent du dévonien. Il est à remar-
(fuer que beaucoup de ces types primitifs, marins à l'époque
paléozoique, ne se trouvent plus actuellement que dans
les eaux douces (Placodermes, Dipnoiques). A part cette
migration d'un genre spécial, la classe des Poissons est,
de tous les Vertébrés, celle qui s'est modifiée le plus len-
tement, ce qui confirme ce que nous avons dit, en parlant
des Invertébrés, de l'uniformité des conditions d'existence
dans le milieu aquatiipie. qu'il s'agisse de l'eau salée ou
de l'eau douce.
Les Poissons osseux sont encore rares dans le permien
et ne deviennent prépondérants que dans le crétacé. Quant
aux types d'eau douce {Cyprinidœ, etc.), précédés par une
faune saumâtre dans le carbonifère, ils n'ont leur entier
développement que dans le miocène inférieur.
Les Amphibiens ou Batraciens sont généralement de
petite taille à l'époque actuelle, le géant de la classe {Cryp-
tobranchus ou Salamandre gigantesque du Japon) ayant
au plus i m. de long. Les Labyrinthodontes du trias,
au contraire, atteignaient souvent la taille des plus grands
Crocodiles. On peut dire que les Urodèles sont actuelle-
ment en voie d'extinction ou de régression, tandis que les
Anoures, à métamorphoses plus complètes, et qui ne
datent que du tertiaire, constituent désormais le groupe le
plus nombreux de cette classe, qui d'ailleurs, confinée par
ces métamorphoses même au voisinage des eaux douces,
n'a jamais eu un développement comparable à celui des
deux autres classes de Vertébrés à sang froid.
Les Reptiles ont joué, au contraire, un rôle considé-
rable sur les continents avant l'apparition des Mammifères.
Des groupes très importants par leurs caractères et leur
grande taille (Dinosauriens , Anomodontes, Ptérosau-
riens, Enaliosauriens, etc.), ont eu leur développement
pendant la période jurassique et se sont éteints complète-
ment avant le début du tertiaire. Les types actuels {Lacer-
tiliens, Crocodiliens, Chéloniens, Ophidiens) sont rela-
tivement modernes et se sont développés, à peu près dans
Tordre ou nous les indiquons, du permien et du trias, mais
surtout du crétacé, jusqu'à l'époque actuelle.
Les Oiseaux (V. ce mot) qui datent à peu près de la
même époque n'ont leur entier développement qu'à l'époque
tertiaire. Leur histoire paléontologique est encore très
obscure, faute de documents, et en raison de la petite
taille de leurs os qui sont rares ou mal conservés dans les
couches géologiques.
L'évolution de la classe des Mammifères nous est beau-
coup mieux connue pour la raison contraire. Les premiers
dont les restes soient conservés datent du jurassique et
ne sont représentés que par des mâchoires inférieures de
petite taille {Microlestes, Dremotherium) que l'on sup-
pose avoir appartenu à des animaux ayant à peu près
l'apparence de nos Rats et de nos Souris, mais probable-
861 —
PALEONTOLOGIE
ment Marsupiaux ou même ovipares comme les Mono-
trèmes actuels. Certains de ces types inférieurs {Plagiau-
lacidœ) paraissent avoir eu une durée fort longue (du
jurassique, à travers toute la période crétacée jusque vers
ie milieude réocène),cequi n'a pas lieu de nous étonner,
si l'on admet que les Monotrémes, (pii vivent encore en
Australie, sont les descendants, plus ou moins moiiifiés il
est vrai, des Proiotheria primitifs.
Avec l'époque tertiaire commence réellement l'histoire
du développement de cette classe, et dès lors on peut
suivre pas à pas l'évolution des types principaux, qu'ils
appartiennent au groupe des Onguiculés ou à celui des
Ongulés. Les paléontologistes ont pu dresser des arbres
généalogiques qui, selon toute apparence, se rapprochent
beaucoup de la réalité. Dans tous les groupes on voit des
types synthétiques précéder les types spécialisés plus mo-
dernes (ex. : les Ours et les Chiens ayant pour ancêtres
communs les Hijœnarctos, les Dinocijon et les Cepha-
logale tertiaires) ; les caractères communs aux Carnivores
et aux Ongulés omnivores se confondent à l'origine dans
les genres Mioclœnus, Pteriptlchus, Chriacus.eU:., qui,
par une autre branche, celle des P achylemuridœ de
Eilhol , mènent aux Lémuriens et aux Primates {îhjopsodiis,
yoiharctus, Adapis). Si Ton examine les dents, on voit,
surtout chez les Ongulés, le type Bunodonte des Masto-
dontes, des Palœothermm et des Siiidce passer peu i\
peu au type Sélénodonte des Eléphants, des Chevaux et
des Ruminants, à juesure que la nourriture végétale devient
plus dure et s'imprègne de siHce,que les racines juteuses
des marécages sont remplacées par l'herbe des grandes
plaines découvertes. Les membres subissent une évolution
parallèle : le pied plantigrade à cinq doigts, appuyant
largement sur le sol humide, se relève peu à peu et ré-
tracte les doigts latéraux en arrière lorsque le sol est
devenu plus ferme : l'animal devient digitigrade. Ces
doigts latéraux devenus inutiles s'atrophient et l'on a
comme résultat ultime le pied fourchu du Ruminant ou
le sabot unique du Cheval, si bien adapté à la course.
Si l'on envisage au même ])oint de vue les organes in-
ternes, on constate une évolution de même nature. Cette
évolution est surtout manifeste sur le cerveau des Vert('-
brés dont on peut suivre le développemeni, sur le?* ani-
maux terrestres, depuis les Dinosauriens jurassiques
jusqu'aux Mammifères tertiaires et à l'Homme lui-mèjne.
Ce cerveau, d'abord petit et allongé comme celui des Pois-
sons, n'occupe chez les grands Reptiles de l'époque secon-
ilaij'e qu'une place insignifiante dans la boite crânienne.
Les mammifères éocènes montrent encore sous ce rapport,
une infériorité manifeste, car leur cerveau e.^t à peine
plus volumineux que celui des Reptiles qui les avaient pré-
cédés. Mais bientôt l'encéphale grandit en changeant de
forme : les hémisphères cérébraux s'élargissent, recouvrent
les lobes olfactifs en avant, le cervelet et la moelle allon-
gée en arrière ; des circonvolutions plus ou moins nom-
breuses se dessinent à la surface des hémisphères, qui.
dilatant en quelque sorte la boite crânienne, la font
l)omber au-dessus des os de la région faciale. C'est ce
que l'on constate déjà sur les Mammifères pliocènes. et
re que l'on voit d'une façon plus manifeste encore sur
l'Eléphant, sur les grands Singes de l'époque actuelle et
surtout chez l'homme, dont le crâne est moulé pour ainsi
dire, sur le cerveau. On a pu prendre Je moule, interne
de la cavité cérébrale do la plupart des Mammifères fos-
siles et l'on peut suivre le perfectionnement du cerveau
en comparant, par exemple, celui du Phenacodiis ou celui
du Dinoceras i\ eehû de l'Eléphant actuel. Il e^l difficile
de trouver une démonstration plus manifeste de l'évolution
progressive des Mammifères et du règne animal tout entier
(Pour plus de détails sur l'évolution de chaque classe,
V. Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Poissons, Insectes,
Mollusques, etc., § Paléontologie).
Développoneiit 7'étrograde ou régressif. L'atrophie
progressive' de certaines donts. fonctionnellemenl sans
usage, des doigts latéraux, chez les Ongulés, etc., peut et
doit être considérée comme un signe de perfectionnement,
mais elle indique, en même temps, que l'évolution du
type considéré a atteint son apogée : on ne conçoit pas,
en elfet. comment le pied des Solipède's' (Cheval) pourrail
devenir plus parfait. Cependant, il est des cas ou révo-
lution semble se faire en sens contraire du perfectionne-
ment du type considéré, bien que, même alors, le chan-
gement qui s'opère no soit qu'une adaptation nouvelle au
milieu extérieur a}aat pour résultat la conservation de
l'espèce sous sa forme moditiée. On ])eut citer comnn^
exemples les Cirrhipèdes et beaucoup d'autres formes qui,
Hbres dans leur jeune âge, se fixent en devenant adultes ;
les Tuniciers dont les larves présentent l'ébauche d'une
colonne vertébrale qui disparaît chez l'adulte ; les Au-
truches dont l'aile s'est atrophiée par défaut d'usage ;
et parmi les Mammifères. lesEdentés, les Monotrèmes et
les Cétacés dont les dents, présentes chez le jeune ou à
l'état fœtal, disparaissent chez l'adulte où sont remplacées
par un bec corné (Ornithorhynque). ou par des fanons
(Baleines). On dit alors que le développement est rétro-
grade ou régressif
Migrations des faunes paleontologiques. Ces migra-
tions sont mises en évidence par la comparaison des faunes
anciennes avec les faunes de l'époque actuelle qui vivent
sur les mêmes points ou sur des points différents du globe.
A l'époque paléozoique, en raison du régime insulaire des
terres fermes et de causes géologiques plus générales (cha-
leur intérieure du globe), la différence des climats était
beaucoup moins grande entre les régions arctiques et les
régions tropicales, de telle sorte que la distinction était à
peine sensible entre les faunes de ces i-égions. Cette dif-
férence est restée, comme nous Eavons dit, beaucoup
moins marquée pour les faunes marines que pour les
faunes terrestres. Mais, à mesure que les grands continents
se sont constitués, accusant une diversité de climat con-
sidérable suivant la latitude et la longitude des zones con-
tinentales, les faunes terrestres ont présenté des différences
considérables dues à des extinctions partielles ou à des
mi g rat ions, qui ne sont, le plus souvent elles-mêmes, que
le résultat de ces extinctions partielles, agissant sur une
faune primitivement très étendue ou sub-cosmopolitc :
c'est ce qui explique la formation des Colonies (V. ce mot).
n en résulte que les faunes les plus anciennes de l'I^u-
rope, par exemple, présentent, avec les faunes des régions
intertropicales du globe, des rapports dont il ne reste plus
trace dans la faune actuelle.
On a pu dire, en poussant plus loin cette comparaison,
que la faune de Madagascai- avait, par ses Mammifères^
un faciès éocène; celle de l'Afrique (région éthiopienne)
un faciès miocène et celle de l'xVsie méridionale (région
orientale) un faciès pliocène. Des migrations plus évidentes
se sont produites, par exemple, dans l'évolution géologique
de la classe des Mammifères : ainsi les Chevaux, qui n'exis-
tent plus sur le nouveau continent, ont commencé leur
développement dans TAmérique du Nord; il en est de
même des Chameaux, qui. originaires de ce même conti-
nent ont émigré vers l'O. oii ils vivent encore (en Asie
et en Afrique), ou vers le S. (patrie desLanias à l'époque
actuelle). (Pour plus de détails sur ce sujet, V. Géogra-
phie ZOOLOGIQUE et Europe. Asie, etc. [Faunes de 1\
§ Paléontologie], et Mers | Faune des]).
Rapports de la paléontologie avec la géologie. L'étude
des fossiles est d'un grand secours pour la géologie, car cette
étude complèle et confirme les résultats obtenus par l'exa-
men stratigraphique des couches géologiques. Dans une
région dont l'étude géologique est achevée, en Europe,
par exemple, la découverte d'un seul fossile d'espèce con-
nue suffit le plus souvent pour affirmer l'existence en ce
point du terrain que caractérise cette espèce, et par suite,
de toute la faune qui lui est ordinairement associée dans
les couches de la même époque. Mais on conçoit qu'à me-
sure que l'on s'éloiorjie du point primitivement exploré,
PALÉONTOLOGIE
— S6^
ces rapports deviennent moins constants et sont sujets à
suspicion, surtout si les jalons intermédiaires font défaut.
En effet, nous savons, par ce qui a été dit précédemment
des migrations et des extinctions partielles, que la con-
temporanéité désinformes animales ne résulte pas forcé-
ment, des ressemblances que présente leur organisation :
ainsi les Mollusques éocènes d'Europe ont leurs proches
parents dans la zone intertropicale du Pacifique; les Mar-
supiaux qui vivaient à la même époque en Europe, ont en-
core des représentants dans rAméricfuedu Sud, les Lému-
riens (Adapis, etc.) à Madagascar. C'est ce qui rend si
difficile la classification de certaines couches géologiques,
appartenant à l'hémisphère austral, notamment des couches
tertiaires de Patagonie ou l'on a découvert une faune mam-
malogique d'une grande richesse, mais relativement iso-
lée, et sans liens évidents avec les faunes de l'hémisphère
septentrional. L'étude stratigraphique et paléontologique
des couches intermédiaires, c.-à-d. de celles de la zone
ntertropicale, est encore dans l'enfance. Il en résulte que,
tandis que FI. Ameghino rapporte cette faune au plus an-
cien éocène ou même au crétacé, d'autres paléontologistes,
frappés du faciès relativement moderne que présentent
certains de ces fossiles, la considèrent comme miocène ou
même pliocène. Cette question n'a pu encore être résolue
d'une taçon précise (V. Géologie). E. Trouessart.
II. Botanique. — Nous n'avons pas à revenir ici
sur les conditions de la fossilisation (V. Fossile). Rap-
pelons seulement que les plantes peuvent se rencontrer dans
les couches paléontoiogiques soit sous formes d'empreintes
reproduisant la structure de leurs parties extérieures,
soit à l'état de charbon ne donnant qu'assez rarement des
renseignements utihsables sur les plantes qui le compo-
sent. D'autres fois, les tissus végétaux ont été remplacés
molécule à molécule par des particules inorganiques, et ce
mode particulier de fossilisation permet de déterminer la
structure intime des tissus. Nous aurons à étudier ici l'évolu-
tion du règne végétal dans son ensemble et à tracera grands
traits sa généalogie. Disons de suite, afin d'éviter toute con-
fusion, que lorsque nous disons qu'une période géologique est
l'ère d'une catégorie spéciale de plantes, nous n'entendons
pas dire que ce groupe végétal est hmité exclusivement à
cette période, mais simplement qu'il y a eu son maximum de
développement. Auparavant, il ne s'était pas encore net-
tement dégagé des groupes inférieurs ; plus tard, un cer-
tain nombre des espèces qui le composent ont disparu, et
son importance générale ainsi que son extension ont dimi-
nué. Mais nous avons encore aujourd'hui des représentants
des principales classes de plantes : c'est seulement leur
importance relative qui s'est modifiée depuis les temps an-
ciens. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter le tableau
suivant que nous empruntons, en le résumant, au savant
ouvrage de MM. de Saporta et x^arion : rEvoîution du
règne végétal.
PÉRIODES
Les chilïrete entre parenthèses iiidifuient. d'après II;£('kt>L
leur durée relative pour 100.) ' '
Quaternaire
(0,5)
Ancien.
Actuel..
^^'"^^ Eocène..
Secondaire
ju mésolithique!
(11,5)
Crétacé
Jurassique.
Triasique. .
Primaire ou
paléolithique
(32,1)
Pernjien
Carbonifère .
Dé\onien. . . .
Silurien
Période végétale
tertiaire ou néophy-
tique (ère des Angio-
spermes) .
Période végétale se-
condaire ou mésophy-
tique (ère des Gym-
nospermes) .
f Pér ode végétale pri-
( maire ou paléophytique
V, ère des Cryptogame?).
Formations ( Huronien (schistes
archaïques j cristallins) \ Ère archéophytique .
(58,6) ( Laurentien (gneiss).
Les plantes primitives ont dû se former par modifica-
tion des êtres unicellulaires dans le sens végétal, c.-à-d.
par dépôt de chlorophylle et développement de cellulose à
l'intérieur et à la périphérie du corps cellulaire. Nous ne
pouvons pas constater directement ce passage, cela tant à
cause de l'antiquité et des modifications métamorphiques des
couches correspondantes que de la fragihté et de la petitesse
de ces plantes primitives. Mais nous pouvons avoir une
idée approchée de leur structure en observant les végétaux
unicellulaires actuels, encore largement représentés dans
les classes des Algues et des Champignons. M. Castracani
a d'aiheurs trouvé dans les houilles d'Angleterre un assez
grand nombre de Diatomées, qui se rapportent toutes aux
types de la nature actuelle. Ce fait remarquable, dû à la
résistance des organismes inférieurs, permet d'inférer que
les protophytes hypothétiques ne devaient pas différer no-
tablement des végétaux unicellulaires actuels.
Les plus anciens végétaux connus se rencontrent dans
le silurien. Ce sont des Algues, souvent de formes très
particulières. Parmi elles on remarque les Bilobites (fig. 1)
qui, après avoir
donné lieu à bien
des discussions
et avoir été pri-
ses pour des
traces d'ani-
maux rampant
sur le sable, pa-
raissent devoir
être définitive-
ment rangées
dans le règne
végétal. Les au-
tres Algues an-
ciennes se rap-
prochent, la
plupart, des Si-
phonées, Algues
actuelles, com-
posées d'une
seule cellule de très grandes dimensions et souvent rami-
fiée. Certaines sont garnies d'un bourrelet cartilagineux
épais (fig. 2). La plupart de ces genres se sont éteints à
une époque plus ou moins reculée. Quant aux autres Algues
inférieures, Ulvacées, Confervacées, etc., leur thalle déli-
cat ne leur a pas permis d'échapper à la destruction. Les
Algues supérieures, de leur côté, Characées, Phéosporées,
Fucoidées et Floridées n'apparaissent que plus tard. Les
Algues, en s'accommodant à la vie terrestre, ont donné
naissance à un premier groupe de plantes, les Mousses
et les Hépatiques, celles-ci encore très nettement algoides.
Dans ce groupe, le pro thalle sexué l'emporte de beau-
coup sur le thalle agame ou sporogone. Par suite de
cette sexualité hâtive, ces plantes ne sont pas suscep-
tibles de grands perfectionnements dans leurs organes vé-
gétatifs. Aussi voyons-nous leurs représentants actuels
n'occuper qu'un rang infime dans la hiérarchie végétale.
Les espèces anciennes de ce groupe n'ont pas pu laisser
de traces dans les couches géologiques.
Au contraire, dans d'autres Cryptogames, le prothalle
sexué tend à se réduire de plus en plus, tandis que le
sporogone ou thalle agame prend une importance de plus
en plus grande et se caractérise par la diversité et la
complexité croissantes de ses organes. Chez les Fougères
(V. ce mot), le prothalle n'est plus qu'une lame verte por-
tant des anthéridies et des archégones. De l'œuf fécondé
nait à son tour le sporogone diversifié en frondes élégantes
et parfois arborescent. Les spores auxquelles il donne
naissance reproduisent le prothalle. Il en est à peu près
de même chez les Equisttacées (V. ce mot). Ces deux fa-
milles, assez réduites de nos jours, sont magnifiquement
représentées à l'époque houillère. Les Calamariées (V. ce
mot) notamment, analogues à des Prêles sfigantesques,
Fig. 1. — Bilobites Vilanovae Sap. et
Marion, provenant du silurien d'Anda-
lousie.
863
PALEONTOLOGIE
comprenaient les genres Calamités, Annularia et Aste-
rophyllUes qui se sont éteints de bonne heure. Con-
trairement aux Equisétinées (Equisétacées et Calama-
riées) dont le plan de structure ne se prête qu'à de
faibles variations, celui des Filicinées ou Fougères accuse
une souplesse qui aboutit à des diversités pour ainsi dire
l^'],i;-, 2. — Biiobiles YilauovcC. PhysopJiycus morginatus.
Sciiimp., provenant du dévonien de Pensylvanie/ d'après
Saporta et Marion. A, B et C, représentent des phyllomes
qui laissent voir la bordure marginalo, et dont deux, A
et C, montrent leur support.
infinies. On trouve des représentants de leurs principales
tribus dès le carbonifère ancien ; le genre Palœopteris
de Schimper a même été rencontré dans le dévonien. La
tribu des Polypodiées, pourvues de sporanges individuel-
lement pédicellés, munis d'un anneau vertical, très petits,
mais très nombreux, est certainement la plus évoluée de
toutes. On n'en signale des traces qu'après la période pa-
léolithique et même après le trias. En revanche, elle est
actuellement la plus importante par le nombre et la diver-
sité de ses formes.
Dans les plantes que nous venons d'examiner, le pro-
thalle, quoique réduit, avait encore une existence indé-
pendante. Mais dans d'autres végétaux, il n'a mémo pu
conserver ce rôle effacé : continuant à s'atténuer en impor-
tance et en durée, il a tendu à ne plus se détacher de la
spore et à en devenir un simple accessoire, jusqu'au mo-
ment où, demeurant inclus, il s'est finalement confondu
avec ce dernier organe. Les Lycopodinées actuelles repré-
sentent ce slade transitoire. Ce ne sont que des plantes
peu apparentes. Mais à l'époque carbonifère, la famille
voisine, actuellement éteinte, des Lépidodendrées (V. ce
mot) avait acquis un haut degi^é de développement. Ces
plantes arborescentes portaient, comme les Lycopodinées
hétérosporées, des microspores et des macrospores. Chez
les Hétérosporées actuelles ou Sélaginellées, les petites
spores donnent naissance à un prothalle mâle, les grandes
à un prothalle femelle. Ces deux genres de prothalle se
forment en grande partie dans les téguments de la spore
et la fécondation des archégones par les anthérozoïdes a
lieu sur place. On peut penser par analogie qu'il en était
de même pour les Lépidodendrées de l'époque carbonifère.
Mais de très bonne heure un pas de plus a été franchi,
et du stade cryptogamique on est entré dans la phase
phanérogamique par une transition presque insensible :
macrospore solitaire fixée et germant surplace dans chaque
macrosporange, avec un prothalle complètement inclus, et,
d'autre part, microspore dont l'anthéridie, au lieu de don-
ner naissance à des anthérozoïdes, se transforme en une
expansion vésiculaire dont le protoplasma demeure dif-
lluent (pollen). Les premières plantes ainsi constituées sont
des Gymnospermes, puisque chez elles le macrosporange
ou ovule n'est pas encore renfermé dans une feuille mo-
diiiée })our lui servir de tégument protecteur. De plus, ce
sont les moins parfaites des Gymnospermes, puisque chez
les Cycadées, par exemple, qui ont persisté jusqu'à nos
jours, les appareils reproducteurs sont simplement fixés à
des feuilles peu modifiées. Parmi les aulres types de l'étage
houiller, il convient de citer les Cordaites, grands arbres
au bois ressemblant par sa structure à celui d'Araucaria
et de Damniara ; l'inflorescence mâle est déjà analogue
à celle des Conifères, tandis que les fleurs femelles res-
semblent à celles des Cycadées ; les Sigillariées, au tronc
couvert de cicatrices foliaires ; les Poroxylées, les Calamo-
dendrées, les Dolérophyllées, les Cannophylhtées, dans
l'organisation desquelles nous ne pouvons entrer ici. Beau-
cou[> de ces végétaux poussaient sur un rhizome souter-
rain, et leur bois, très différent de celui des végétaux
actuels, ne devait pas présenter une grande sohdité.' Leurs
organes reproducteurs sont caractéiisés par une réduction
encore imparfaite des prothalles sexués ; aussi leurs grains
de pollen sont-ils remarquablement gros. L'ensemble de
ces plantes constitue le stade progymnospermique de Sa-
porta et Marion.
Chez les Gymnospermes véritables, le mécanisme de la
reproduction se simplifie encore davantage par accéléra-
tion et réduction des phénomènes nécessaires. Déplus, les
organes reproducteurs tendent à se réunir de façon à cons-
tituer de véritables inflorescences et en même temps à
s'entourer de parties nouvelles destinées à les protéger.
C'est ce qu'on observe déjà chez les Sahsburiées, dont un
seul genre, le Gingko (V. ce mot) a persisté jusqu'à nos
jours, mais qui étaient largement représentées aux pé-
Fiii. 3. — Types arcti(|ue e> anlarclKjue de Salisburia ]urafe
si(iue : A, Salisburia unturctica Sa|)., du lias inférieur
d'Australie, feuille complète; B. Salisburia integriuscidu
îlr., du jurassique du Spitzberg, feudle complète (l/2gran
deur naturelle).
riodes anciennes. On trouve de véritables Uingko dans les
deux hémisphères à l'époque jurassique (fig. §). Avec eux
se rencontre un genre actuellement éteint, les Baiera.
D'autre part, les genres voisins des Trichopitys et des
Ginkgo/jhyllwns remontent jusque dans le permien ; ils
ont des analogies très distinctes avec les Bornia et les
Cycadées d'une part, les Cordaites et les Nœggerathia de
l'autre. L'organe mâle du Gingko notamment, constitué
par un chaton dont l'axe porte de courts pédicellés avec
'2 ou 3 logettes à pollen, n'est pas sans analogie avec celui
des Cordaitées, dont les androphylles sont formées de 5 à
6 logettes érigées, fascicuiées au sommet des pédicellés.
L'appareil femelle consiste en une l'éunion de feuilles mo-
difiées, réduites à leur pétiole, dont chacune porte à son
sommet deux ovules qui tiennent visiblement la place des
deux segments du Kmbe. Ces parties n'ont subi que de
légères modifications dans les genres voisins (V. Baiera).
11 y a donc eu à un moment donné de l'évolution végé-
tale un grand groupe de plantes visiblement intermédiaire
entre les Progymnospermes et les Gymnospermes supé-
rieures. Celles-ci, c.-à-d. les Acicidarîées (Taxinées et Co-
nifères) (V. ces mots), procèdent visiblement de plantes
PALEONTOLOGIE — 8t)4 --
analogues aux Salisburiées paléozoïques. Dès l'origine, les
Aciculariées possédaient un type caulinaire à régions
ligneuse et libérienne distinctes, doué de la précieuse fa-
culté de s'accroître par zones annuelles concentriques. Leurs
feuilles consistaient alors en lamelles planes atténuées à
la base, à nervures parallèles. Peu à peu leur limbe s'est
rétréci et les nervures se sont rapprochées en se soudant.
Dans certains genres, comme les Araucana et les Dacrfj-
diiim, on rencontre toutes les formes de feuilles depuis
les plus rigides et les plus étroites jusqu'aux plus larges.
Quanta l'appareil fructiticateur, deux tendances se sont
manifestées de très bonne heure. Chez les Taxinées, Taxe
de l'inflorescence s'est réduit, et l'appareil femelle n'a plus
correspondu qu'à une portion restreinte du rameau sexué
et n'a plus présenté qu'un nombre limité d'ovules et de
bractées. Déplus, la substance entourant la base de l'ovule
s'est gonflée de façon à constituer à la graine adulte une
capsule charnue ou membraneuse. Chez les Conifères, au
contraire, le cône ou strobile est un axe modifié pour ser-
vir de support aux organes femelles. Ceux-ci au lieu d'être
portés directement par des feuilles modifiées ou carpo-
phylles, comme chez les Cycadées, sont situés à l'aisselle
de feuilles transformées en bractées. Pour en finir avec
<îette morphologie florale, disons de suite que chez les An-
giospermes la fleur répond à un rameau contracté dont les
feuilles supportaient directement à l'origine les organes
de l'un et Fautre sexe. Ce.«^ feuilles se sont modifiées par
la suite pour constituer le^.^iepale^. pétales, élamines et
ovaire (V. ces mots). Mais dès l'origine les carpophylles
ou organes femelles et les androphylles ou organes mâles
occupaient une place déterminée de l'inflorescence, les pie-
miers toujours situés au-dessus des seconds.
On voit donc qu'on passe par des gradations presque
insensibles des plantes les moins élevées en organisation
aux plus parfaites. Cette succession n'est pas une simple
hypothèse. Car on voit au cours des âges les pre-
mières disparaître ou se réduire gradueilemenl, tandis que
les genres supérieurs se constituent. C'est ainsi qu'à
l'époque triasique, les Calamariées ont complètement dis-
paru, sauf le genre Equisetum encore vivant, mais qui, à
cette époque, comptait des formes géantes. Les Cycadées
sont au maximum de leur développement. Les Conifères
sont largement représentées, notamment par le genre Vol-
f.zia. Mais elles avaient fait leur apparition bien
auparavant, dès l'époque houillère, en même temps
que les Gnétacées (Gnetiun, Welwitschia) qui indiquent
le passage vers les Angiospermes (V. Ovaire). On voit
donc que les diverses tendances de l'évolution végétale,
Gymnosperme et Angiosperme, se sont fait jour de très
bonne heure et qu'il est impossible de ranger les plantes
en série linéaire. On ne peut pas dire que les Angios-
pei'mes procèdent des Gymnospermes, mais bien que ces
deux groupes proviennent d'ancêtres communs, qu'il faut
chercher parmi les Cryptogames hétérosporées. Les Gym-
nospermes ont seulement poussé moins loin leur évolution.
Le trias est un vrai carrefour où les genres anciens
achèvent de s'éteindre, tandis que les genres nouveaux
deviennent de plus en plus nets. Dans le jurassique, outi'e
les Cryptogames vasculaires et les Gymnospermes, on trouve
de vraies Monocofylédones. C'est ainsi que M. Gardner
(Annuaire géologique universel, t. III) a décrit des in-
florescences paraissant entourées d'une spalhe, des feuilles
qui semblent avoir appartenu à une Monocotylédone aqua-
tique, un tronc qui doit être celui d'une Graminéc arbo-
rescente. M. de Saporta a découvert de son côté des spa-
dices ou inflorescences analogues à celles des Palmiers.
Pendant le crétacé, ont apparu les premières Dicotylédones,
qui ont pris de suite une grande extension. On trouve en
Europe centrale un mélange curieux de genres éteints, de
genres devenus exotiques et tropicaux et de genres demeu-
rés septentrionaux. La flore crétacée est très riche égale-
ment au Groenland et au Spitzberg; on y rencontre no-
faiument un^ forme ancestrale do nf>treTulipi«^]'.Ensommp.
à cette époque, les Cryptogames vasculaires et les Cycadées
ont perdu la prédominance qu'ils possédaient jusqu'alors ;
les Conifères sont très analogues aux formes actuelles:
les Monocotylédon es se précisent et deviennent nombreuses :
enfin les Dicotylédones apparaissent. Mais l'uniformité de
la flore dans tout notre hémisphère montre que, quoique'
bien diff'érentes sans doute de ce qu'elles étaient pendant
les temps paléolithiques. les conditions météorologiques de
chaleur et d'humidité devaient être à peu près les mêmes
partout ; les zones climatériques ne s'étaient pas encore
constituées.
Au début des temps tertiaires (période éocène), le refroi-
dissement n'avait encore fait que peu de progrès. On trouva
dans nos pays des arbres des régions tempérées : Chênes.
Châtaigniers, Noyers, Vignes, etc., mêlés à des types de
climats plus chauds : Magnolias, Camphriers, Canneliers,
Myrtes, etc. Dans les régions arctiques, on rencontie des
Noyers, des Platanes, des Chênes, des Peupliers, du Lierre.
Pendant l'oligocène (intermédiaire entre l'éocène et le mio-
cène), les Palmiers s'avancent encore jusqu'en Bohême.
Cependant on trouve de plus en plus de formes actuelles.
Le miocène inférieur présente le même mélange d'espèces
subtropicales et tempérées; mais dans le miocène supérieur
on constate un déclin de plus en plus marqué des pre-
mières et une multiplication croissante des secondes, ce
qui indique un refroidissement graduel. De plus, si on com-
pare les gisements septentrionaux à ceux du Sud, on cons-
tate des diff'érences indiquant une température plus bass»'
dans le Nord. Les zones climatériques commençaient donc
à se former. Cependant, d'une façon, générale le climat
était encore bien plus chaud qu'aujourd'hui. On trouve
dans les régions arctiques des Cyprès, des Pins, des Ormes,
des Tilleuls, des Bouleaux, des Peupliers et des Noisetiers.
Quant à la France, elle avait à peu près le climat de l'Eu-
rope méridionale actuelle. La flore pliocène indique un re-
froidissement beaucoup plus marqué. 11 y a encore en
Europe des Platanes, des Lauriers, des Tulipiers, mais les
Chênes, les Ormes, les Noyers, les Peupliers prédominent
de plus en plus ; les formes caractéristiques de l'époque
actuelle l'emportent finalement et se montrent seules à l;i
fin (lu pliocène. En même temps, les difi'érences climaté-
riques entre le N. et le S. de l'Europe s'accentuent. Ainsi
dans la vallée du Rhône la flore rappelle celle des îles
Canaries d'auqjurd'hui ; au contraire l'Erable, le Peuplier,
le Noyer, le Mélèze étaient abondants au centre de la
France, tandis qu'il y avait en Angleterre des forêts de
Pins et de Sapins. Au début des temps quaternaires, la tem-
pérature était, daus la région parisienne, encore un peu
plus élevée qu'aujourd'hui. C'est ainsi qu'on trouve dans
les tufs de Moret le Figuiei' et le Laurier des Canaries,
qui ne poussent plus librement sons cette latitude. PIun
tard, pendant les extensions glaciaires et dans l'intervalle
de ces phénomènes, la végétation a subi des variations
corrélatives. Petit à petit le l'égime actuel s'est établi par
élimination successive des espèces méridionales et par adaj»-
tation des autres aux conditions nouvelles de température.
l']n résumé, la marche générale de l'évolution végétale
a été la prédominance de plus en plus marquée du thalle
agame sur le prothalle sexué. Grâce à l'apparition plus
tardive des phénumênes de reproduction, le thalle a pus<!
diversifier de façon à s'adapter d'une façon plus parfait<>
au milieu ambiant. De bonne heure se sont fait jour des
tendances diverses qui, dps Cryptogames vasculaires, on
conduit aux Gymnospermes et aux Angiospermes. Le pre-
mier groupe, peu adaptatif, n"a donné lieu ([u'à des varia-
tions peu nombreuses. Le second, au contraire, a produit
Finfinie variété des plantes M(mocotylédones et Dicotylé-
dones. La spécialisation de ces végétaux en familles dis-
tinctes et leur diffusion sur de vastes étendues ont été
grandement favorisées par les variations, au cours des
âges, de la distribution géographique du sol émergé, par
celles du relief orographique, enfin par l'abaissement de
la tempérntuj'P ot jps oscilUitions Himatériqucs. En offet,
— 865 —
PALEONrOLOGIE - PALÉOSAURE
grâce aux phénomènes de connexions et de disjonc-
tions successives des étendues continentales, les espèces
qui s'étaient fixées et spécialisées dans un domaine rela-
tivement restreint voyaient plus tard, après une période
de repos plus ou moins longue, l'espace s'ouvrir devant
elles, disposé à les recevoir et les entraînant vers des sta-
tions nouvelles. D'autre part, les limites opposées par les
mers, les montagnes, les déserts, en parquant les formes
végétales dans un périmètre donné et en les soumettant
à des conditions uniformes de sol et de climat, ont dû
amener l'affermissement héréditaire des caractères acquis
en commun.
L'orographie venant à varier a suffi, en l'absence de toute
autre cause, à produire les modifications les plus remar-
quables dans la flore. Les montagnes ont servi de centre
de cantonnement pour toute une catégorie de plantes qui
ont pris des caractères spéciaux, dits alpestres. D'autre
part, des plantes venues de régions plus froides ont pu
s'acclimater dans des pays chauds sur les pentes des mon-
tagnes. Ou bien encore les restes d'une flore de climat
froid, correspondant par exemple à l'époque glaciaire, ont
pu persister sur les montagnes, tandis que les plaines
situées à leur pied étaient à nouveau envahies par une
végétation de climat tempéré ou chaud. Quant aux varia-
tions climatériques, caractérisées en général par un re-
froidissement progressif jusqu'à la période glaciaire, un
climat froid et humide pendant celle-ci (faune et flore des
toundras), froid et sec après elle (faune et flore des steppes),
enfin tempéré, leur influence a été énorme sur la flore.
Nous l'avons esquissé tout à l'heure. Ces variations cli-
matériques ont du reste été reconnues surtout par celles
de la faune et de la flore. A mesure que la paléontologie
végétale progressera, on ne constatera plus seulement des
variations générales de la flore, mais aussi des variations
locales, moins accentuées sans doute que de nos jours,
grâce à l'absence de zones climatériques, assez nettes ce-
pendant pour montrer qu'il y eut dès les époques les plus
reculées des habitats caractérisés par la présence d'une
flore spéciale. L'existence de stations de ce genre est prouvée
par la rapide extension des Angiospermes et, plus spéciale-
ment, des Dicotylées, à partir du crétacé. Cette diff'usion eut
lieu simultanément dans l'Amérique du Nord, l'Europe et
leGrœnland. En aucun de ces pays on ne trouve d'Angios-
permes dans les âges immédiatement antérieurs au céno-
manien. Ces plantes ne peuvent donc y avoir pris naissance ;
mais elles doivent avoir eu leur berceau dans une région
intermédiaire à ces trois points et ayant des connexions
avec eux. Il est remarquable que la date de cette diffusion
coïncide précisément avec les premiers indices du refroi-
dissement polaire. C'est probablement grâce à ce phéno-
mène que les Angiospermes, qui s'étaient développés et
avaient fixé leurs caractères dans cette terre intermédiaire à
l'Europe, au Grœnland et à l'Amérique, ont pu se propager
dans ces trois pays, peut-être à la faveur de chaînes de
montagnes facilitant leur extension.
Une fois le refroidissement polaire établi, il s'est créé
des courants atmosphériques et marins, les différences
entre les îles et les continents, les stations sèches ou hu-
mides, abritées ou soumises auvent, etc., se sont accen-
tuées et ont amené l'infinie variété des flores actuelles.
Mais il faut reconnaître que les Angiospermes qui, elles
surtout, ont subi ces variations, ne diffèrent entre elles que
par des détails infimes. Les grands traits de l'organisation
végétale sont désormais fixés, et si les groupes végétaux
primitifs (les diverses familles d'Algues par exemple) dif-
fèrent entre eux par des caractères de tout premier ordre,
les variations des familles angiospermiques portent sur des
points infiniment moins importants, et ces familles ne
peuvent en aucune façon être mises en parallèle, au point
de vue de leur valeur systématique, avec les familles des
Protophytes. Les deux séries, Monocotylédone et Dicotylé-
done, en lesquelles se répartissent les Angiospermes, n'ont
pas elles-mè;îies une importance bien grande. Les organes flo-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
raux ont la même constitution intime dans les deux groupes.
Si leur formule pliyllotaxique est différente, cela tient à ce
que le prototype des Monocotylées devait avoir des feuilles
alternes et dépourvues de limbe, tandis que le prototype
des Dicotylées, déjà parvenu à une plus grande complexité
organique, devait posséder des feuilles rapprochées géné-
ralement par paires, et pourvues d'un hmbe en voie d'ex-
tension. Quant à la différence de structure de la tige, on
Irouve des intermédiaires entre les Monocotylées dépour-
vues de cambium périphérique et les Dicotylées à accrois-
sement ligneux secondaire. Elle n'a donc rien d'essentiel.
En somme, les Monocotylées se rapprochent davantage du
type angiosperme primitif, surtout par leurs feuilles. Les
feuilles des premières Angiospermes, à en juger par le dé-
veloppement ontogénique de cet organe, étaient de simples
appendices engainant la tige. Plus tard, au sommet de
l'appendice, s'est développé un limbe plus ou moins com-
plexe. Chez les Monocotylédones, la gaine a persisté, et le
limbe est en général très simple et à nervures parallèles.
Chez les Dicotylédones, au contraire, il revêt les formes
les plus variées et, en revanche, la gaine disparaît, et de
l'appendice primitif il ne reste plus que les organes nommés
stipules, qui, eux-mêmes, peuvent faire défaut. En somme,
une fois la transformation opérée et la gaine primordiale
réduite presque à rien, les feuilles des Dicotylées ont
montré une souplesse et une amplitude de variations bien
supérieures à ce qui existe chez les Monocotylées.
Si nous cherchons maintenant à caractériser en quel-
ques mots l'évolution du règne végétal, nous voyons qu'à
partir du stade cryptogamique hétérosporéles deux branches
des Phanérogames ont divergé presque immédiatement :
les Gymnospermes, caractérisées par la persistance d'un§
portion appréciable de tissu prothallien et par la réduc-
tion précoce du nombre des macrospores (V. Ovule), n'ont
donné lieu qu'à des variations peu nombreuses. Chez les
Angiospermes, les macrospores primitives sont nombreuses
et antagonistes, et le tissu prothallien est tout à fait réduit.
Ces plantes n'ont pas eu une évolution aussi rapide que
les Gymnospermes ; mais une fois que, grâce à des condi-
tions climatériques nouvelles, elles sont sorties de leur
obscurité, elles se sont prêtées à des différenciations
morphologiques et organographiques bien plus variées que
ces dernières. Elles se divisèrent presque aussitôt en
Monocotylées et Dicotylées. Le premier de ces groupes,
d'organisation plus primitive, est beaucoup moins riche en
espèces que le second. C'est ce dernier venu du monde
végétal qui constitue à lui seul la grande diversité de la
flore terrestre actuelle. Les autres groupes, bien plus im-
partants aux points de vue organographique et svstématique,
n'y jouent plus qu'un rôle subordonné. D^' L. Laloy.
BiuL. : Zoologie. —A. Zittel, Traité de paléontoloqie
(paleozoologie), trad. franc.., 1883-93, 4 vol. in-8.
Botanique. — A. Bro.xgniart, Prodrome d'une his-
toire des végétaux fossiles; Paris, 1828. — Du môme
Histoire des végétaux fossiles ; Paris, 1828-38. — A. Corda,
Beitr. zur Flora der VorweZ^- Prague, 1815.— E. v. Etting-
HAUSEN, Beitrag zur Erforschung der Phyloqenie der
..«..o..fo.. . v;..„. iu~^ _ ji- Gœppert, Systema
ma; Harnsburg, 1879. - B. Renault, Cours de botanique
fossile; Pans, 1881. — E. von Rœhll, Fossile Flora der
Steinkohlen Formation Westfalens; Cassel. 1869. —G. de
Saporta, Etudes sur la végétation du S.-E. de la France à
Vépoque tertiaire; Paris, 1863-73. — Du même et A. Marion,
Evolution du règne végétal; Paris, 1881-85. — W. Sciiim-
PER, Traité de paléontologie végétale; Paris, 1869-74.—
F. Unger, Iconographia plantarum fossilium; Vienne,
1852. — Du même, Sylloge plantarum fossiliuyn; Vienne,
1860-66. — C. Weiss, Aus der Flora der Steinkohlenfor-
mation; Berlin, 1881. — Zeiller, Végétaux fossiles du ter-
rain houiller de France; Paris, 1888. — Zittel et Sciiim-
PER, Handbuch der Palœontologie ; Munich, 1879.
PALÉOPHYTOLOGIE (V. Paléontologie [Bot.]).
PALEOSAURE (Paléont.). Fitzenger a décrit sous ce
njm un batracien de Bohême caractérisé par les côtes
55
PALEOSAURE — PALEOTFIIlEïLM
8ati
1. ^,G -, Pm.
o 1
grêles et longues, celles de la vertèbre sacrée étalées en
une large plaque; les arcs supérieurs des vertèbres sont
larges et pourvues d'apophyses épijieuses déprimées. Le
genre est rapporté au sous-ordre des Temnosponthjli.
BiBL. : ZiTTEL, Truite de 2^!dëontolo<jie.
PALÉOSTOM. Lac du Ciuicase, gouv. de Koutaïs (Min-
grélie), sur la rive gauclie du Rion, qu'on suppose avoir eu
autrefois son origine dans ce lac. Superficie, ^0.000 kil. (j.
environ, très poissonneux; ne gèle jamais. Une légende
antique présente le Paléostom (du grec : ancienne embou-
chure) comme l'emplacement d'une ville détruite par une
catastrophe subite.
PALEOTHERIUWl (Paléont.). Genre de Mammifères
fossiles créé par Cuvier (1804), et appartenant au groupe
des Ongulés Périssodactyles, dans lequel il est devenu le
type de la famille des Palœotheridœ (pii comprend deux
sous-familles: les Hi/racotherînœ avec les genres Hyra-
cothcriiim, Protorohippus , Orohippiis, Pachi/nolophus
et Epihippiis, et les Palœotherinœ comprenant les genres
Palœotherium, Paloplotherium, Anchilophus, Meso-
hippiis, Anchiiherium , Desmathippiis , xinchippiis.
Hijpohippiis et Parahippus. Ces derniers passent insen-
siblement aux Chevaux {E(iuidœ) , si bien que Zittel
considère les deux sous-familles précédentes comme appar-
tenant à la famille des Equidœ dont ils représentent la
souche ancestrale (V. Cheval). Mais les différences qui
séparent ces deux sous-familles des Chevaux })lus mo-
dernes sont assez grandes pour qu'on en fasse une famide
à part, très nombreuse en types généricpies, comme on
vient de le voir. Cette famille présente les caractères sui-
vants : os nasaux librement saillants, pointus en avant,
laissant les narines largement ouvertes. Denture complète
suivant la formule:
^ ^"^-^I^M. ?! X^=:i^ ou 40 dents.
(00 o) o
Incisives en forme de ciseaux; prémolaires plus simples
que les arrière-molaires dont la couronne pi'ésente deux
tubercules externes plus ou moins distincts, et deux tu-
hercules internes avec deux tubercules intermédiaires de
forme variable suivant les genres et reliés aux internes
par des colhnes. Molaires inférieures à 4 tubercules.
Patte antérieure à 4 ou 3 doigts, patte postérieure à
3 doigts, appuyant tous également sur le sol pendant la
marche. Ces Ongulés se sont développés, à l'époque ter-
tiaire, dans le N. des deux continents.
La sous-famille des liYHAcoTUERiN.E est cai^aclériséc par
des orbites ouverts en arrière ; 4 prémolaires aux deux
mâchoires, des molaires supérieures à 4 tul)ercules prin-
cipaux opposés et 2 intermédiaires plus petits ; des mo-
laires inférieures à 4 tubercules, coniques ou en forme
<de V. Les prémolaires plus simples sont à 3 tubercules.
Vux membres, le radius et le cubitus restent séparés : la
patte antérieure a 4 doigts, la postérieure 3 seuh^ment.
Ces Périssodactyles primitifs dérivent vraisemblablement
des CoNDVLARTHRA (Pheiuicodus) et sont la souche pri-
mitive des Chevauxmodernes. Ilsvivaientà Tépoquc éocène
en Europe et dans l'Amérique du Nord. Les genres Eohip-
piis. PHolophns, Propachijnolopfius et llijracotheryys
ne sont que dessous-genres (ïlIijracolherhu}i.Ç,es petits
Onguli3S avaient la taille d'un Renard ou d'un Lièvre.
ilijracotherium leporUium et //. ciiniculus sont de
l'éocène inférieur d'Angleterj'e et de Suisse, et les dents
décrites par Owen sous le nom de Mcicacus ou Eopilhe-
cus eocœnus appartiennent à cette dernière espèce.
D'autres sont de l'éocène inférieur du Wyoming et du
Nouveau-Mexique {Uyr. lapirinum, H, vasaccicnse,
H. index, etc.), et du Cernaysien de l'E. de la Erance
{[L gaudryi, H. remense, H. dir]iobiinflïdes).LG gmn'
Proioroliippus (Wortmann) a pour type VHymcolh.
venlicolum (Cope), de l'éGcènc moyen du Wyoming. Oro-
hlppus (Marsh), àoxïtïlelohippus n'est qu'un sous-genre
renferme des formes plus récentes (éocène moyen) appar-
tenant à rAniérique du Nord {(). paiiuki^, 0. major,
0. cinclus, 0. osbornianus, etc.). Ce genre est repré-
senté à la même époque en Europe par le genre PacJupw-
lophus (Pomel) dont Propaîœotherium eiLopfitotheriinii
(Cervais) sont des sous-genres, et qui renferme une ving-
taine d'espèces (Pach. vismœi, P. diivali, P. sideroli-
thicîts, — Propal. isselanum, Pr. parvulum, — Lopit.
cervulum, etc.), de Erance, de Suisse et d'Allemagjie.
Un dernier genre (Epihippiis Marsh) est de l'éocène
supérieur du Wyoming et du Nouveau-Mexique (E. ui)i-
lensis, E. gracilis, E. ajili^), et forme le passage à la
sous-fann'lle suivante.
Les Pal.eotherix.e diff'èrentdes précédents par leurs mo-
laires supérieures dont la couronne porte, au lieu de tu-
bercules, une muraille externe en W avec deux collines
transversales obliques sur le bord interne ; les molaires in-
férieures sont en W allongé, et les prémolaires postérieures
KobUmratioii du l*alcolhcriuin ina.iiJjuni
sont semblables aux vraies molaires dans les deux mâ-
choires. Les radius et les cui)itus sont encore séparés, et
les deux paires de membres étaient pourvues de 3 doigts
touchant le sol. La taille est supérieure à celle des précé-
dents, variant de colle d'un Mouton à celle d'un Cheval
avec des proportions plus robustes. Cuvier a supposé que
ces Ongulés étaient pourvus d'une courte trompe, comme
les Tapirs, et c'est ainsi qu'il a figuré sa restauration du
Palœotherium magnum du gypse de Montmartre : il est
plus vraisemblable que les Icvi'es étaient simplement longues
et extensibles comme celles des Chevaux et des Rhinoié-
ros. Ces animaux sont de l'éocène supérieur et du miocène
d'Europe et de l'Amérique du Nord ; ils vivaient au bord
des lacs, des marais et des rivières, se nourrissant ihs ra-
ciiies et des herbes molles qui poussent dans un sol humide,
comme les Tapirs de l'époque actuelle. Us vivaient proba-
blement en troupe comme les Chevaux actuels. Le Pa-
lœotherium mag]ium,h\m connu par un squelette c(un-
plet avec les os en place, trouvé récemment dans les
carrières à plâtre de Montmartre, est de l'éocène supé-
rieur de Erance, d'Angleterre, de Suisse et d'Allemagne.
Sa taille était celle d'un Cheval, el ses formes étaient
plus élancées, son cou surtout plus dégagé, que ne l'indique
la restauration de Cuvier (1822) que nous reproduisons
ci-dessus. Les P. médium, P- hiium, P. crassum,
P. curtiuu, P. gracile, etc., de la môme époque en Eu-
rope, différaient par une taille moindre et des proportions
plus lourdes ou plus grêles suivant les espèces.
Le genre Paloplotherium (Owen, i848) renferme
de petites espèces qui vivaient, à la même époque, en Eu-
rope (PalopL magnum, P. annecteiis, P, minus, P.ja-
valii, etc.). Il en est de même d'.l nchilophus (Gervais), qin
comprend cinq espèces [Ànchil. radeijundensis, A. Des-
■maresli, etc.), formant le passage au genre suivant.
Le genre Anchiiherium (V. ce mot) est du miocène
inférieur et moyen dM'^uro])e et de l'Amérique du Nord et
se rapproche davantage des Hipparions et des Chevaux.
Les genres Mesohippus, Miohippus, Desmalhippus, An-
chippus, Hgpohippus, Parahippus, tous du miocène su-
périeur et du pliocène de l'Amérique du Nord (à l'excep-
tion de }[esohippus Bairdi, dont la présence est douteuse
en Europe) , lie sont que des démembrements dWnchithe-
rium et prouvent que le type des Palœotheridœ et des
Equidœ a présenté un grand développement dans le N.
du nouveau continent vers la fm de la période tertiaire.
En résumé, on voit que les Palœotheridœ occupent une
position centrale dans l'arbre généalogique des Ongulés
Périssodactyles dont ils représentent la branche princi-
pale, reliant les Rhinocéros aux Tapirs et aux Chevaux
(V. Périssodactyle). E. Troiessart.
PALEOTTI (Gabriele), cardinal italien, né à Bologne le
4oct. 1524, mort à Rome le 23 juil. 1597. Fils d'un
juriste et professeur de droit à Bologne (1548), il devint
chanoine, auditeur de rote, fut délégué au concile de Trente
par Pie IV qui lui donna la pourpre le 12 mars 1565. Il
lut nommé à l'évèché de Bologne (1566), érigé ensuite
pour lui en archevêché (1582). Ami de saint Charles Bor-
romée et de Sixte-Quint, il faillit être élu pape à la mort
de ce dernier. Il a laissé des notes sur le concile de Trente,
utilisées par Pallavicini et Regnaud et (pielques écrits
théologiques.
PALÉOZOIQUE (V. Primaires [Terrains]).
PALÉOZOOLOGIE (V. Paléontologie | Zoologie]).
PMERUiE {Palenno, lat. Panormiis). Ville! — Ville
de l'Italie, capitale de la Sicile, située sur le golfe du même
nom, sur la mer Tyrrhénienne ; 281.000hab. (en 1896). Le
golfe de Palerme,
non moins riant que
celui de Naples, s'é-
tend entre les côtes
rocheuses et pitto-
j'csques du Monte
PellegrinoauN.,sur
lequel s 'élève le
sanctuaire de Sain te -
Rosalie et derrière
lequel s'ouvre la fa-
meuse plaine de lu
Conca d'Oro, parse-
mée de villas, et le
cap Zaffarano auS.-
E. où se termine ni
les collines de Ba-
i^heria couvertes
i! 'agréables maisons
de campagne et de
jardins délicieux. La
fertilité du sol, la
beauté du ciel, la
richesse du com-
merce et la salubrité
du climat ont fait
donner à Palerme le nom de Felice. La tempéi-ature moyenne
de l'hiver est de 4- 12«, et les variations sont g^Miéralement
faibles.
La ville de Palerme a la forme d'un quadrilatère al-
longé, coupé à angles droits par deux artères, le Corso
Vittorio Emanuele, ancienne via di Toledo, et hnia Mac-
({ueda qui so croisent sur la place Yigliena et divisent
la ville en quatre quartiers. Les anciens remparts ont été
transformés en boulevards, et au delà se sont élevées au
N.-O. quantité de belles villas. Le long do la mer s'étend
au S.-E., depuis la jetée de l'ancien p'ort, la belle pro-
menade de la Marina et du Foro italico qui va jusqu'au
jardin public de Flora, ancienne villa Giulia. Les rues du
centre, distribuées autour de la place octogone Vigliena,
sont étroites. Toutefois, il existe quelques belles places :
place Pretoria ornée d'une superbe fontaine de 1550;
place Marina, avec le jardin Garibaîdi ; place de la Cathé-
drale, entourée d'une balustrade garnie de statues de
saints ; place Vittoiia, à rextrémité de la rue Vittorio
Emmanuele, devant le palais royal. On a conservé la
porta^ Felice, bâtie de 1582 à 1637, la porta Xiiova
(de 1584), Cil forme d'arc de triomphe.
867 — PALEOTHERIUM — PALERME
Les principaux monuments de Palerme sont ses palais
et ses 295 églises ou chapelles et ses 70 anciens couvents.
Le palais royal, amalgame de bâtiments de toute époque,
depuis la Torre Pisana, bâtie par les Normands, jusqu'à
l'observatoire de Santa Ninfa de 1787; on y admire la
chapelle de Roger P^ (1129-56), décorée de mosaïques
sur fond d'or, et la salle de Roger. Le palais Chiaramonte
(1307-80) sert de palais de justice; l'hôtel de ville, de
1463, les palais Abbatelli, Siin Cataldo, Forcella, Aju-
tamicristo, Geraci, Riso sont généralement en style ro-
coco. — La cathédrale Sainte-Rosalie est un majestueux
édifice construit par Guillaume II (1169-85) en style go-
thique, mais remaniée depuis, ornée d'un beau portail du
XV ^^ siècle (1426-58), abîmée par une coupole du xvni^ siècle;
à l'intérieur, complètement transformé à la fm du xviïi^ siècle,
senties tombeaux de Roger II, de sa fille Constance, des
empereurs Henri VI et Frédéric II; une crypte renferme
ceux des archevêques. Une double arcade relie à la ca-
thédrale son élégant clocher et le palais de l'archevêque.
— L'église San Giovanni degli Eremiti, à cin({ coupoles,
fut bâtie par les Normands en 1132; l'éghse Martorana
date de 1143, mais a été tout à fait modifiée; elle conserve
pourtant sa tour normande et ses mosaïques. A Santa Ma-
ria délia Catena (1 392) on a ajouté un porche au xvi*^ siècle ;
San Domenico (1458) a été transformé en une sorte de
Panthéon; citons
encore : Saint-Jo-
>eph, église à co-
lonnades (1612-
Ij), somptueuse-
ment revêtue de
marbres, et Casa
professa (1554-
1630) en style jé-
suite.
L'ancien port de
Palerme, la Cala,
situé au centre de
b'i ville, au bout de
l;i rue Vittorio Ema-
nuele, n'admettant
«juc les petits vais-
seaux, on en a cous -
truH un nouveau,
plus au N., au pied
du montPellegrino.
Le mouvement fut,
en 1894 : pour la
!',randc navigation,
de 173.000 'tonnes
aux entrées et
488.000 aux sorties ; pour le cabotage, de 1.500.000
tonnes aux entrées et 1.152.000 aux sorties, soit un
mouvement total de plus de 3.300.000 tonnes, qui en
fait le troisième port d'Italie (après Gènes et Xaples).
On exporte des fruits (14 millions de fr.), du sumac
(8.330.000 fr.), du vin (2.330.000 fr.), du tartre
(1.680.000 fr.), de l'huile d'olive (940.000 fr.), du
soufre, des peaux, etc. On importe des céréales et de la
farine (8.050.000 fr.), de la houille (2.020.000 ir.), des
métaux (1.840.000 fr.), du bois_ (1.G90.000 fr.), des
lainages, des cotonnades, des soieries, du pétrole, du
cuir, etc. Par terre, des voies ferrées rc'juies par une [".^nc
de ceinture iont ccffiiumiiciiiec l-'a'./:"; ..^a) «u.l... j x^l
Messine, a\ec Trane:ii, eve î V' ■'.'}..-). ■— ii uiad^tixe coC
pou eetive ; on mbiici^o do ta ioate, ùcs luacnines, aes
i3àtcs :'"ii:e:'l lires, des c;;<ii.:..rei, iie3 ïjeLibies, du i.a-
l'ûJilainc Pretoria, confeU'uitii \e.'ns 1550, à Paicraie.
Palerme est ï's-n approvisionnée (j'earj, grâce aux aque-
ducs des Arabes. C'est une ville gaie, avec quatre théâtres
et de nombreux lieux de divertissement. La grande fête
locale est célébrée du 11 au 15 jud. en l'honneur de sainte
Rosalie. Aux environs, il faut citer la belle perspectiTC
l^ALERME — PALEKMO — SJS
du mont Pellegrino qui domino la ville au N., les vieux
palais Zisa et Euba bâtis en 1164 et 1182 par les Nor-
mands, les villas Favorita (de style chinois), Belmonte,
Tasca, Serradifalco et leurs beaux parcs, la fameuse église
do Monreale, l'ancien couvent de San>larlino,etc. — Au
point do vue administratif, Palerme est préfecture, siège
d'une cour d'appel et de cassation, du commandement du
12^ corps d'armée, d'un archevêché. L'Université à quatre
facultés, fondée en 1805, compte environ 1 .300 étudiants.
Ld bibliotho(}ao municipale a près de 200.000 volumes
Cathédrale de Palei-u.e.
et 2,961 manuscrits, la bibliothèque nationale (jadis des
jésuites) a 170.000 volumes et l.oOO manuscrits. Les ar-
chives (inventoriées par Pollaci Bucci) sont importantes.
Histoire. — Palerme a pour origine une colonie phé-
nicienne, probablement ajipelée d'abord Macfianalh ; ce
fut le centre des établissements Sarthaginois en cioile.
Les Romains s'en emparèrent en 254, rcpoussoront les
Larlhaginois en 250, firent de Panorme un municif>e,
puis une colonia augnsta. En 140 les Vandales s'en
emparèrent. Elle passa ensuite aux Ostrogoths (515),
auxquels Bélisaire l'enleva (535). En 830, les Arabes s'y
élabhrent et y restèrent près do 200 ans, jusqu'à ce que,
le 10 janv., 1072, Robert Guiscard les en chassât. Ce
fut, à partir de Roger II, la résidence des rois de Sicile
normands, et Frédéric II y fut élevé et y tint sa spJen-
dide cour. Elle passa ensuite à Charles d'Anjou et, en
1282, y eurent lieu les fameuses Vêpres siciliennes,
qui la donnèrent avec toute la Sicile à la maison d'Aragon.
Lorsque la couronne d'Aragon fut réunie à celle de
Sicile, il ne resta plus à Païenne qu'un vice-roi, dont le
gouvernement tyrannique et fiscal lui fit tout le mal
possible, malgré la présence du Parlement sicilien. Le
3 juin 1676 Vivonne et Ducpiesnc y battirent la flotte
hispano-néeilandaise. Palerme eut beaucoup à souffrir
des tremblements de terre de 1693 et de 1726. Elle
redevint résidence royale des Bourbons durant Foccupa-
tion française de Naples (1799-1815). De 1806 à 1815,
Ferdinand IV y tint sa cour, et les Anglais alors y
débarquèrent leur armée. Quand le roi fut reparti pour
le continent, le peuple s'insurgea en 1820, mais après
des troubles graves le général Pepe reprit la ville le
5 oct. De nouvelles insurrections éclatèrent en sept.
1817 et le 12 janv. 1848. Celle-ci réussit ; après de
sanglants combats, le peuple emporta d'assaut le palais
royal ; un gouvernement provisoire fut constitué le 4 févr
et un parlement sicilien convoqué le 25 mars. La révo-
lution fut comprimée, et Palerme capitula le 15 mai 1849.
L'affranchissement vint de Garibaldi qui se présenta aux
portes avec les Mille, le 26 mai 1860, et occupa la ville
le jour même ; la citadelle la bombarda mais dut se
rendre dès le 30 mai.
Province. — La prov. de Palerme, sur la côte N. de
l'île, a 5.017 kil. q., eton évaluaitsa population finl895
à 829.000 âmes, soit 164 hab. par kil. q. Le sol est
1 montuoux, les plus hauts massifs étant, à FE., ceux des
Madonio : de nombreux torrents descendent vers la mer
i Tyrrhéjiionne (Imera, lorto, San Leonardo) ; vers le S.
coule le Belici, rivière de Corleone. Le sol est très fertile
en ble (1.273.000 liectol. en 1894). légumineuses, vin
(1 .038.000hectol.), à fruits grumes (585 millions), figues,
sumac, tabac (4.100 quintaux) ; on y recueille beaucoup
de canth arides. Le bétail est assez abondant, la pèche
fournit quantité de thons, de crustacés, etc. On exploite
le soufre (16.730 tonnes en 1894), le S3l, la pierre cal-
caire, le plâtre, le tuf. L'industrie n'existe guère que dans
la capitale. Les autres villes sont : Monreale, faubourg de
Palerme ; Carini et Partinico plus à FO. ; Bagheria, Ter-
mini, Gefalu à FE., le long de la mer Tyrrhénienne ; Cor-
leonne dans l'intérieur. — La province se divise en quatre
arrondissements (circoli) : Cefalu, Corleone, Palerme, Ter-
mini. E. Câsakova.
Bim.. : Di Giovanni, la Topograftn antica di Pulermo
chil secolo X ni XV ; Païenne, 1890, 2 vol. — La Lumià,
PrUermo il suo passato, il suopreseato, i suoimonumenti,
1891.
RALER MO. Faubourg de Buenos Aires (Bépublique Ar-
gentine), formé par une petite agglomération urbaine et un
magnitique parc d'une grande étendue, contenant de ricbes
collections zoologiques ; c'est le bois de Boulogne de la
cajùtale fédérale 'à laquelle il est relié par des tramways,
wjis lignes de chemin de fer et de larges boulevards pavés
-. 869 —
PALERMO — PAl.ESTIXE
on bois el hordes de luxueuses liabitatious. On y a ins-
tallé l'Ecole militaire et un hippodrome de courses. — On
désigne également sous le nom de Palermo un district
aurifère situé dans la vallée de Calcliaqui, dép. de Calclii.
prov. de Salta. C. L.
PALERMO (Antonelloda), peintre italien du xvi*^ siècle
et l'un des représentants de l'école napolitaine. Son père,
Antonio-Crescenzio, était connu parmi les artistes peintres
de son temps. On ignore la date de la naissance et de la
mort d'Antonello da Palermo. On sait seulement qu'en
io27 il travaillait dans l'atelier du sculpteur Gagini et
qu'en lo37 et 4538, il fit des copies de Raphaël, entre
autres du Spasimo, qui sont dans l'église du couvent de
Fabello, près de Sciacca, et au couvent des carmélites de
Païenne. Le seul tableau qui permette de juger de sa
manière est une Madone datée de io28 et qui se trouve
à la Gangia de Palerme. Le dessin en est captivant et
d'un beau fini, mais l'exécution généi'ale de hi composi-
tion pèche par quelques fautes.
BiisL.: I3i Marzo, Belle AvLl in Stciliv. III. 157
PALERON (Aliment.). Partie plate et charnue de
l'épaule de bœuf, de la vache, du taureau, du porc ; c'est
un morceau de seconde qualité. En boucherie, on distin-
gue : le derrière de paleron, la bande de macreuse, la
boite à moelle, les deux jumeaux, pièce souvent vendue
pour du gîte à la noix, la queue de gîte.
PALES. L Mythologie. — Divinité des anciens Romains,
qui présidait à la vie pastorale ; elle est conçue parfois
comme masculine, plus généralement comme féminine et
associée à Anna Perenna et Vesta. C'était tout particu-
lièrement la divinité du mont Palatin, et sa fête des
Palilia ou Parilia, célébrée le 21 avril, était en même
temps la fête natale de Rome ; cette conception s'accorde
avec le caractère foncièrement animiste de la primitive
religion romaine. La fête des Palilia était essentiellement
une fête de bergers ; ceux-ci se purifiaient, eux et leur
bétail, en enjambant un feu de paille et offraient à Paies
un gâteau confectionné avec du millet et du lait.
IL Astronomie (V. Astéroïde).
PALESTINE. On donne communément le nom de Pa-
lestine (originairement : pays des Philistins) à la région
qui, au S. de la Syrie proprement dite, est limitée à l'O.
par la mer Méditerranée, à l'E. par le désert, au S. par
le Ouadij el-Artch et le 31*^ delat. N. La frontière sep-
tentrionale est moins nette. Nous admettrons qu'elle est
formée par le Nahr el-Qdsmiyé (cours inférieur du Li-
tûnî) et une ligne imaginaire qui prolongerait ce fleuve et
passerait au S. de l'IIermon.
Géographie physique. — Les géologues placent à la
fin de la période pliocène ou au commencement de l'époque
diluvienne la formation d'une faille dans le plateau cal-
caire qui s'était élevé à l'E. de la Méditerranée. Cette
faille est reconnaissable aux dépressions de la Reqà (Cœle-
Syrie) de la vallée du Jom^dain, ou el-Gliùr de la mer
3Ïorte (V. ce mot) et du Ouady el-Araba. Les masses de
granit et de gneiss qui forment le massif du Sinaï et les
deux rives de la mer Rouge se montrent dans le Ouady
el-Araba, jusque vers la mer Morte. A cette roche pri-
mitive succède le grès dit gi'ês nubien, qui constitue la
rive S.-E. de la mer Morte et se retrouve à la base du
Liban et de FAntiliban. Au-dessus, et formant en par-
ticulier le plateau palestinien, s'est déposé un calcaire
appartenant au crétacé inférieur. De formation plus ré-
cente sont la vallée du Jourdain, toute la région de la
côte jusqu'au Carmel, la plaine de Saron, celle delezréel
ou à'Esdrelon (V. ce mot). Des masses basaltiques ont
surgi en maint endroit. Les roches, d'origine plutonienne
du massif du Hauran, se prolongent jusqu'au lac de
Tibériade aux montagnes de Safed, et à travers la plaine
de lezréel jusqu'au Carmel, formant de leur poussière une
terre féconde.
La Palestine comprend en premier lieu une région
montagneuse, montagnes de Judée et de Samarie, dont le
point culminani, jurs d'Hebron, atteint i. 027 m. L'alti-
tude diminue dans hi partie moyenne et affecte la forme
d'un haut plateau ; elle se relève vers le N. (point cul-
minant, 938 m.) et se termine à la plaine delezréel en
poussant vers leN.-O. une ramification : le Carmel, dont
la crête ne dépasse pas oo!2 m. Ces hauteurs, où ne prend
naissance aucun cours d'eau important, déterminent une
ligne de séparation des eaux qui, allant du S. au N., isole
complètement le bassin du Jourdain de la Méditerranée.
Entre la région montagneuse et la côte s'étend une plaine,
la Scheféla, qui comprenait la Philistie et la plaine de,
Saron. — Au N., au delà de la riche plaine de Merdj
ibn-Amir (plaine dite de lezréel, d'Esdrelon ou de Me-
giddo) qu'arrose le Nahr el-Moqatta (ancien Qichon), s'élè-
vent les collines de Galilée. Elles commencent vers le Dje-
bel et-Tour (le Tabor. o62 m.), s'élèvent à partir du
massif de Safed et projettent vers l'O. une crête qui forme
le cap dit Ras en-Nàqoùra. — A l'E. de toute cette suite
de montagnes interrompues seulement par la plaine de
Merdj ibn-Amir — dont le point culminant, dit le seuil
de Zerin (lezréel), a 420 m. — le Jourdain coule du
N. au S. dans une profonde dépression. Ce fleuve com-
mence à la réunion de trois cours d'eau : le Nahr Hàs-
bânî, le Nahr Leddàn et le Nahr Ràniàs, qui sortent du
massif de l'Hermon. H forme le lac de Hoùlé (lac Sema-
chonitis), que l'on identifie à tort avec les eaux de Me-
rom, passe ensuite sous le célèbre pont des filles de
Jacob (Djisr Benât Yaqoûb), qui jalonne la route la
plus directe, très anciennement parcourue, d'Egypte à
Damas, et constitue un point stratégique important. Du
lac de Houle à celui de Tibériade, le Jourdain parcourt
16 kil. en ligne droite et descend de 240 m. Le niveau
du lac de Tibériade est inférieur de 208 m. à celui de la
Méditerranée. Les rives de ce lac quoique fertilcb sont
presque désertes. On y rencontre des sources thermales
et l'embouchure d'un certain nombre de petits cours d"eau.
C'est l'ancien lac de Kinneret ou Gennésaret. A sa sortie,
le Jourdain porte aujourd'hui le nom de Cherîa el-Kebir
(le grand abreuvoir) et coule dans une très large vallée
el-Ghôr — dans l'antiquité : Araba — qui représente le
lit d'une vaste nappe d'eau reliant le lac de Tibériade à
la mer Morte. La vallée proprement dite du Jourdain, que
les Arabes appellent ez-Zôr, a été creusée par le Jour-
dain dans le Ghôr. Grâce à ses innombrables circuits, le
fleuve parcourt le triple de la distance (404 kil.) qui sé-
pare le lac de Tibériade de la mer Morte. Dans ce par-
cours, le Jourdain se grossit de nombreux affluents. Les
plus importants sont à gauche, le Ouady el-Menâdire (an-
cien Yarmouq ou Hiéromax) et le Nahr ez-Zerqà (ancien
Yabboq). Le Jourdain se perd dans la mer Morte (V. c>3
mot) qui reçoit, venant de l'E., le Ouady Zerqa -Main et
le Ouady Môdjib (ancien Arnon). La dépression qui. au S.
de la mer Morte, appartient à la même faille que la vallée
du Jourdoiin, a conservé le nom antique el-Araba.
n faut rattacher à la Palestine le pays à l'E. du Jour-
dain, depuis les derniers contreforts de l'Hermon jusqu'au
S. de la mer Morte, en le limitant à l'Orient par le dé-
sert. Jusqu'au Yarmouq, cette région est constituée par
des coulées de lave cpii se sont étendues sur le sol cal-
caire, transformant à la longue une contrée aride en une
terre fertile. On distingue trois groupes volcaniques. Le
premier s'étend de Panéas vers le S., c'est le Toloid el-
Hîs. Le second, formant le Hauran avec son prolonge-
ment N.-O. le Ledjà, et le troisième, les montagnes du
Safà, sont en dehors de notre région. Les eaux de l'an-
cien pays de Basan ou Batanée, s'écoulent en partie dans
le lac de Houle et le lac de Tibériade, en partie dans le
Jourdain par rintermédiaire du Yarmouq, en partie enfui,
se perdent dans des terrains marécageux. Les sources
thermales abondent. Au S. du Yarmouq s'étendent les
montagnes de Galaad et le haut plateau de Moab (Y. ce
mot). Le terrain volcanique qui disparait dans la Gaula-
nitide se retrouve en masses importantes dans le pays
PALESTINE
870
de Moab. Parmi les afrliieiits du Jourdain qui arrosent
cette région, il faut citer le Ouady el-Arab, au S. duquel
commencent les hauteurs boisées de DjebeLVdjloûn (point
culminant, Djebel Oschéa, 4.096 m.), le Ouady Adjloûn,
le Nahr cz-Zerqâ (Yabboq) au cours profondément en-
caissé. Au S. de cette dernière rivière les collines s'élè-
vent : le massif principal aux environs d'Es-Salt porle le
nom de Djebel Djilaad. Le haut plateau moabite com-
mence au Ouady Hesbân (V. Moau).
Climat. Flore et Faune. — L'année en Palesline com-
porte deux saisons : Tété et la saison des pluies. Dans
l'Ancien Testament, pluie et hiver sont synonymes, l^ji
octobre commencent les premières ondées qui permettent
le labour ; la pluie s'installe en décembre, janvier et fé-
vrier. Les dernières pluies tombent en mars et avril ; Tété
amène un ciel d'une pureté remarquable avec de fortes
rosées la nuit. En hiver régnent les vents d'O. et du
S.-O. ; en été, les vents frais duN. auN.-O. ou les vents
secs et brûlants d'E. (siroco) et du S.-E. Le siroco dé-
truit les cultures et agit de façon fâcheuse sur les hommes
et les animaux. Les variations de température sont par-
ticulièrement sensibles dans le pays à TE. du Jourdain où
elles peuvent atteindre 25^ C. de minuit à midi. La neige
tombe presque chaque année sur les points élevés comme
Jérusalem (790 m.), et Damas (690 m.); mais elle se
maintient rarement. Le littoral est plus chaud (jue la
contrée montagneuse. La température moyenne de Tan-
née à Jérusalem est de 17^,2 ; sur le littoral de âO'^.o.
Les lignes isothermiques sont parallèles au rivage de la
Méditerranée. Dans le Ghôr, elles forment des ovales con-
centriques. La vallée du Jourdain jouit en effet d'un ré-
gime spécial : le climat y est tropical. La tempér-ature
mo venue de Tannée sur les bords de la mer Morte
(—'392 m.) est de 24^,1.
La végétation est caractérisée dans le Ghôr par le dat-
tier, le Calob'Gpis procera, qu'on retrouve dans le Sahara
méridional, les acacias épineux, le papyrus des bords des
lacs de Houle et de Tibériade, etc. Entre le Ghôr et la
crête des montagnes de Judée, la flore est celle des steppes
de TOrient. Les fleurs abondent au printemps, mais durent
peu et les plantes rabougries qui leur donnent naissance
se dessèchent vite. En été, on ne voit que de petits buis-
sons gris et épineux (pofrium), des plantes aromatiques,
dont l'origan analogue à notre hysope, des chardons et
çà et là quelques bouquets de chênes au feuillage épineux
ou des conifères. Entre cette zone et la mer on retrouve
la flore de la Méditerranée (olivier, pin d'itahe, myrte,
laurier-rose, le ricin ou qiqayon de Jonas, etc.), avec
quelques particularités qui annoncent TEgypte.
La faune est assez variée. Le lion a disparu ; la pan-
thère ou once {nimr) et les chats sauvages sont rares.
Par contre, le chacal, le loup, la hyène abondent. On
trouve le sanglier près du Jourdain. La gazelle est assez
répandue; le bouquetin duSinaivit près de la mer Morte.
Le lièvre est commun, le lapin très rare, quelques-uns en
nient l'existence. Parmi les oiseaux : la poule d'eau (lac
de Houle), la perdrix, le francoUn (Carmel), la caille, le
pigeon, la tourterelle, la cigogne, la grue, le pélican (lac
de Houle), la bécassine, Taigle, le vautour, le corbeau,
le rossignol, les passereaux, etc. Comme reptiles : le ca-
méléon, quelques vipères et le crocodile presque introu-
vable aujourdTiui dans le Nahr Zerqà (ancien CrococUliis).
Les poissons sont nomlireux et d'espèces très diverses
dans les cours d'eau de Palestine. Les insectes pullulent :
mouches, moustiques, punaises, puces, etc. La sauterelle
est toujours le fléau redouté.
Géographie politique. — Divisions. Population.
Religions. La Palestine telle qu'on la conçoit aujourd'hui
dépend de plusieurs provinces ou vilayels de l'empire otto-
man: 1^ du vilayet de Beyrouth, ce sont: le sandjaq
(district gouverné par un moutesarril) d'Akka (Saint-Jean-
d'Acre), comprenant les qada d'Akka, Caifa, Tibériade,
Safed et Nazareth (en tout: 67.000 liab.); le sandjaq de
Naplouse, formé des qada de Naplouse, Djenin, Beni-Saab
et Djemmain (en tout : 49.000) ; 2« du vilayet de Syrie
(Damas), à savoir : dans le sandjaq duHauran, les qada de
Qoneitra et d'Adjloùn ; dans le sandjaq de Maan (dont le
siège est aujourd'hui à Karak), les qada de Maan, Taflleîi,
Karak et Sait ; cette dernière région est à Ti^]. du Jourdain :
3^ le sandjaq autonome de Jérusalem avec les qada de Jéru-
salem, Jafl'a, Gaza et Hébron (en tout : 320.000 hab.). Les
villes principales de Palestine sont : Jérusalem ou el-Qods
(60.000 hab.), Jaffa (35.000 bab.), Gaza (35.000 hab.),
Safed (25.000 hab.), Naplouse (24.000 hab.), Karak
(22.000 hab.), Hébron (19.000hab.), Caifa (12. 000 hab.),
Acre (11.000 hab.), Nazareth (40.000 hab.), Es-Sa1t
(40.000 hab.). La population de la Palestine se compose :
d'un petit nombre d'Européens dits Francs ; de Juifs dont
une très faible partie est indigène; de Syriens descendants
de peuples divers, caractérisés comme établis de longue date
dans le pays et ayant adopté vers le début de notre (re la
langue arainéenne, juifs exceptés ; d'Arabes proprement
dits, divisés en population sédentaire (hadari) et en no-
mades ou bédouins (bedawi) (V. Syrie) ; enfin de Turcs
en très petit nombre ayant pour la plupart des fonctions
militaires ou administratives.
Au point de vue religieux, il faut distinguer : 4° les
Musulmans qui depuis peu, se sentant débordes en Pales-
line, y fondent de nombreuses écoles. 2^ Les Chrétiens ap-
partenant pour la plupart à TL^glise grecque. On les désigne
souvent sous le nom de Grecs orthodoxes, mais iis ne
parlent qu'arabe. Ils ont un patriarche à Jérusalem, et de
nombreux évêques (matrdné). Ceux de Sebastîyé. Na-
plouse, Lydda, Gazaet Es-Salt habitent à Jérusalem. Ceux
d'Acre. Karak et Bethléem, demeurent dans leurs diocèses.
Les Grecs orthodoxes, sur qui la Russie étend sa protec-
tion, sont les plus acharnés contre Télément latin. L'Eglise
latine est représentée en Palestine par des ordres innom-
brables groupés sous un patriarche latin qui reconnaît la
protection française solennellement affirmée sur les Lieux
Saints. Depuis plusieurs années, le souverain pontife a
porté ses efforts sur le développement des Eglises orien-
tales unies, ce (pTon a déjà appelé des filiales: églises
grecque-unie (Grecs catholiques), syrienne-unie (Syriens
catholiques) et nestorienne-unie (nesloriens catholiques).
Les lazaristes, franciscains, jésuites et pères blancs sont
particulièrement chargés de Torganisation et de la sur-
veillance de ces l^glises dont le renouveau est en Orient
un des faits religieux les plus curieux de ces dernières
années. L'eictivité du clergé et des moines latins se porte
principalement sur les écoles. Les Eglises arménienne,
kopte. jacobite-syrienne, nestorienne ou chaldéenne, ma-
ronite (V. Syrie), ont en Terre Sainte quelques chapelles
ou couvents, mais n'ont aucune action sur la population.
Les missions protestantes de Palestine sont divisées en
allemandes et anglaises. Il faut mentionner à part les
quatre colonies allemandes du Temple (Caifa, Jaffa, Jéru-
salem et Surona, en tout 4.200 âmes), fondées à la suite
d'un mouvement religieux commencé en 4 860 dans le Wurt-
temberg, sous la direction de W. et Chr. Hoffmann. 3*^ Les
Juifs. Par un phénomène assez étrange, la presque tota-
lité des juifs fixés aujourd'hui en Palestine sont étran-
gers au pays, ils se divisent en deux grandes classes : les
Sephardim, juifs espagnols-portugais chassés d'4'spagne
sous Isabelle, et les Aschkenazim, originaires de Russie,
Galicie, Hongrie, Bohème, Moravie, Allemagne etHollande.
Les persécutions subies dans ces dernières années par les
juifs de l'Europe orientale ont accentué le mouvement
d'immigration en Palestine. Des philanthropes juifs ont
cherché à soulager l'effroyable misère de ces fugitifs.
L'Alliance Israélite poursuit une œuvre très méritoire de
relèvement. Jérusalem (44. 000 juifs), Safed (43.000 juifs)
où le Messie doit établir son trône, Tibériade (3.000 juifs)
où naîtra le Messie, Hébron (4.500 juifs), sont particu-
lièrement recherchées par les nouveaux arrivants. Jaffa
(7.000 juifs) est le point de débarquement. De nom-
breuses mstalktions agricoles et écoles juives ont été fon-
dées. La dernière forme qu'a i^vctiie ce mouvement est le
sionisme dont le l)ut est de reformer une nationalité
juive en rachetant la Palestine au gouvernement ottoman.
Jusqu'à présent, le sionisme ne semble devoir aboutir qu'à
créer un centre d'action européen.
Géographie économique. — La Terre Promise n'a
jamais été un pays riche, c'est par excellence « un pays
de montagnes et de vallées qui s'abreuve d'eau par la pluie
du ciel » {Deiitéivn., ii, il). La Scheféla et la plaine
d'Esdrelon font exception et conviennent aux grandes cul-
tures. Les principaux produits du sol sont : le froment qui,
bouilli, forme sous le nom de bourghoul l'alimentation
du paysan (vaste plaine du Hauran dite la Nouqra, plaine
d'Esdrelon, environs d'Acre, de Tyr, etc.), l'orge et le
seigle (mêmes provenances, plaine de la Scheféla), puis
le mais, le coton (le plus réputé dans le district de Sa-
fed), le sésame (plaines d'Esdrelon et de la Scheféla), les
pois chiches, les fèves, les lentilles, le riz (plaine de Houle).
La viticulture, florissante à Hébron, à Bethléem, etc.,
tend à se développer grâce aux colonies allemandes et aux
fondations israélites. lm])ortant commerce deraisins secs à
Es-Salt; ils servent en particulier à fabriquer une sorte de
sirop dit dihs. Parmi les arbres : l'olivier, le mûrier, le
figuier, le grenadier, l'oranger (Jaffa et Sidon), le citron-
nier, le dattier (littoral sud), même le pommier, le poi-
rier, le pêcher, l'amandier. Le tabac (Tyr) a diminué d'im-
portance. Le cactus, qui forme des haies impénétrables,
donne des fruits. Citons encore comme de quelque utilité :
le cyprès, le pin, diverses variétés de chênes (dont le
Quercus coccifera), letérébinthe {Pistacia ierehinthiis) ,
le peuplier blanc, le caroubier, (luant aux légumes, on
cultive les concom!)res, oignons (Ascalon), melons et pas-
tèques, choux-fleurs, aubergines, artichauts, asperges —
croissent à l'état sauvage — pommes de terre (colonies
allemandes). Dans l'E. du Jourdain, on trouve de vastes
pâturages, des forets et des plantes dont les cendres (al-
([ali) contiennent une forte proportion de soude et servent
à la fabrication du savon. Il y a des trufl*esdans ledéseit.
Les flxcurs les plus communes sont la jacinthe, la jonquille,
le lys, le cyclamen (6\ aleppicum), la tulipe, la mauve,
le narcisse, la giroflée, l'anémone, la renoncule à fleurs
rouges {R. asmtîcus), le géranium, etc. Parmi les animaux
domestiques, le mouton, dont les troupeaux constituent
une partie notable de la richesse du pays, abonde surtout
dans laBeh{a, à l'E. du Jourdain. Le lait de chèvre, comme
celui de brebis, est fort estimé. Le bétail est de race dé-
générée. On trouve le buffle dans la vallée du Jourdain.
Le chameau est élevé par les Bédouins (jui le louent aux
paysans pour le travail des champs ou l'utilisent dans le>
caravanes. Le cheval n'est vraiment de race que chez les
populations du désert, particulièrement les Anézé (V. Syrir) .
L'àne est robuste et vif (grands ânes des Bédouins Seleih).
Le chien vit le plus souvent en bandes, presque à Félat
de nature. On élève les abeilles dans toute la Palestine.
Le système dos routes est peu développé en Palestine.
Un chemin do for à voie étroite relie Jaft'a à Jérusalem
Un autre a été commencé à Caifa pour gagner le Hauran.
région déjà reliée à Damas par une voie ferrée. Le com-
merce a de l'importance dans les ports de la côte: Gaza,
Jatfa (importation en 1896 : 11.183.000 fr., supérieure
de 79.400 fr. à celle de 1895 : tissus de coton, lainages,
produits alimentaires, bois de construction, quincaillerie,
pétrole, etc. La Erance figure pour 1.428.000 fr. Expor-
tation : 9.374.000 fr., supérieure de 376.800 fr. à celle
de 1895 : oranges, sésame, vin, savon, laine, etc.);
Caifa (impoj'tation, 1.549.600 fr. en 1896; exportation,
1.408.000 fr. : blé, maïs, sésame, huile et savon). Acre
exporte des blés du Hauran, maïs, huile, laine, etc., mais
perd d'importance au profit de Caifa.
Archéologie. — Histonfjue. Les recherches d'archéo-
logie palestinienne remontent assez haut ; elles ont par-
ticulièrement occupé l'historien juif Josèphe, Eusèbe et
871 — PALESTINE
saint Jérôme. Les pèlerins se sont de tout temps attachés
à relever les noms de lieux, les légendes, à décrire par-
fois les monuments et à provoquer des identifications. 11
faut citer l'Anonyme de Bordeaux (333 de notre ère),
sainte Paule (386), sainte Silvie. Antonin martyr (vers 570),
Arculfe (vers 670), Févêque Willibald (723-'''26), Sea^vulf
(li02-3), le rabbin Benjamin de Tudèle (1160-73), Bur-
chard de Mont-Sion (1283), etc. Les chroniques franques
et arabes de l'époque des croisades ne sont pas à négliger,
pas plus que les œuvres arabes postérieures comme la
chronique de ]V!oudjîr ed-din {m. 1521). Le xvi^ siècle
inaugure les voyages d'étude avec le savant médecin Pierre
Belon du Mans et Jean Cotwyk d'Utrecht que continuent
au xvii^ siècle Pietro délia Valle, d'Arvieux, Thevenot,
Troilo et Maundrell. A partir de 1646 paraissent les impor-
tants travaux du Normand Samuel Bociiart. Le xvm^ siècle
produit à côté de voyageurs comme Richard Pococke, Eré-
déric Hasselquist et Volney, des savants comme Roland el
Le Union. Dans notre siècle, les voyages scientifiques en Pa-
lestine ont pris un essor considérable. Il faut se contenter
deciter Seetzen (à partir de 1806),Burckhardt (1810-12),
Iby et Mangles, etc. Mais les deux initiateurs aux
recherches palestiniennes modernes sont le Suisse Titus
Tobler (à partir de 1835) et l'Américain Edward Robinson
(à partir de 1838). Les travaux de V. Guérin ont rendu
des services. Parmi ceux dont les recherches ont définiti-
vement tracé la voie de l'archéologie hébraïque, il faut
citer : de Saulcy, Van de Velde, Furrer, Tristram, de Vo-
gué, Clermont-Ganneau, etc. Deux sociétés, la Palestine
Exploration Fund en 1865, et la Deutsche Palâstina-Ve-
reins en 1877, ont été fondées pour les travaux de longue
haleine. On doit à la première The Surveij of Western
Palestine (1884, 7 vol.) et The Siirveij ofEastern Pales-
tine (1889, 2 vol.). Avec l'établissement de la carte du
pays elle a poursuivi des fouilles. La seconde a particu-
lièrement entrepris des relevés dans l'E. du Jourdain. La
Palestine Exploration 6V:>ci>f?/ américaine n'a vécu qu'un
an (1870). Depuis 1882 il existe une Société impériale
russe de Palestine. Les Dominicains ont fondé depuis
1892, à Jérusalem, une Ecole praticpie d'études bibliques
ayant pour organe la Ueviœ biblique internationale.
Archéologie préhistoriqve. On trouve surtout à l'E.
du Jourdain des dolmens, menhirs, cromlechs et cairns.
l'iA-. 1.
■ Dolmen près dllesbau.
Les menhirs rappellent le bétyle que consacra Jacob (Ge-
nèse, xxvni, 18-22) et les matséboth. Les cromlechs peu-
vent s'identifier aux gilgal {Josiié, iv, 19-25) ; leur si-
gnification religieuse est indéterminée. Dans ces cercles
de pierres ou souvent près d'eux, on trouve par centaines
des dolmens (fig. 1). Quelques-uns ont été reconnus pour
avoir servi de sépulture ; on y a trouvé des cendres, des
débris d'os, même des anneaux en fil de cuivre. Parfois
un trou est percé au centre d'une des dalles verticales et
on y a relevé la trace du ciseau, (^ionder a remarqué que
certains dolmens ne peuvent avoir servi de tombe, mais
d'autel, mizbéah (ï, Samuel, xtv, 33-35). Dans ce cas,
PALESTINE
- Sri
ils ne se composent que de deux pierres levées qui sup-
portent une troisième dalle dont la face supérieure est
plus ou moins aplanie. On y remarque souvent des trous
en forme de godets qui quelquefois communiquent par
des rigoles. Souvent aussi la dalle est inclinée comme
pour permettre l'écoulement d'un liquide. Il faut proba-
blement rapprocher de ces autels en blocs de pierre
brute la fameuse Sakhra ou roche sacrée qui était
comprise dans l'ancien Temple de Jérusalem et qu'un édi-
cule, la Qoubbet es-Sakhra, recouvre encore aujourd'hui.
La Sakhra, qui porte une rigole pour l'écoulement des
liquides et dont le dessous est évidé, pourrait avoir été
utilisée comme autel des sacrifices bien avant la con-
sécration de ce haut lieu au culte de Yawéh. — Il
faut encore signaler des tell ou collines artificielles de
terre formées en partie de briques séchées au soleil,
principalement dans la vallée du Jourdain et la plaine
d'Esdrelon. On a aussi découvert en Palestine des silex
taillés, principalement sur remplacement de l'ancienne
Gilgal. Ces derniers se rapportent au rite de la cir-
concision (Josué, V, 2 et suiv.). Ces monuments sont,
jusqu'à présent, les plus anciens témoins de l'humanité
en Palestine. Nous les désignons sous le nom de préhis-
toriques, simplement parce qu'ils sont antérieurs au mo-
ment où l'histoire des Hébreux telle qu'elle nous est con-
nue par la Bible se dégage de la légende. Ces monuments
nous reportent, non pas aux Rephaim et aux Anaqim,
noms forgés après coup (Rephaïm=:les mânes), mais peut-
être à ces Chananéens que les lettres de Tell el-Amarna
nous font connaître vers 1400 av. J.-C. avec la mention
d'un roi de Urusalim (Jérusalem) compté parmi les vas-
saux du roi d'Egypte. — Dans un terrain calcaire comme
celui de la Palestine, il se forme sous Faction lente des
eaux des grottes souvent considérables — ainsi dans les
environs de Beit Djibrin — qui ont certainement été ha-
bitées. Cette population est mentionnée dans la Bible sous
le nom de Horim, sans qu'on puisse dire si ce terme a
une valeur ethnique.
Archéologie judaïque. Si faibles que soient les restes
de l'antiquité hébraïque, ils suffisent cependant, grâce au
secours que les textes leur apportent, pour nous permettre
d'affirmer que l'art judaïque fut tributaire, tantôt de
l'Egypte, tantôt de l'Assyrie, le plus souvent par l'in-
termédiaire d'ouvriers et d'artistes phéniciens. Plus tard
— et les témoins abondent alors — il subira complète-
ment l'influence gréco-romaine. La Palestine, devenue
simple province sans roitelet, passera de l'art byzantin à
l'art gothique, puis à l'art musulman, au gré du vainqueur.
L'art judaïque mérite ce titre, parce qu'il illustre parfai-
tement l'histoire palestinienne et en retrace à chaque pas
les ^ icissitudes . Après avoir uniformément reporté à l'époque
des rois — sur la foi des appellations modernes — tous
les monuments rencontrés en Palestine, il a fallu recon-
naître que la plupart portaient les marques indéniables
de l'art grec de basse époque. Même les constructions
apparentes qui subsistent de l'enceinte du Temple de Jéru-
salem ne peuvent être antérieures à la reconstruction
d'Hérode. Lors des sondages pratiqués par MM. War-
ren et Wilson pour le compte de la Palestine Explora-
tion Fiind, on a trouvé sur des pierres de l'angle S.-E,,
à une grande profondeur, des caractères dont les plus
distincts se rapprocheraient de l'alphabet araméen des
siècles voisins du début de notre ère. Il faut attribuer
en particulier à l'époque d'Hérode le mur en beaux blocs
où les juifs viennent se lamenter chaque vendredi et la
fameuse arche voisine dite de Robinson. La construction
hérodienne, malgré son superbe appareil, a beaucoup souf-
fert. On reconnaît d'importants remaniements de l'époque
byzantine (porte double, chambranlede la porte dorée, etc.)
et même des temps postérieurs. Pour avoir une notion
réelle de l'ancienne architecture palestinienne, il faut re-
courir aux tombeaux. De tout temps, les Israélites ont
entouré les morts de soins particuliers. Ils pratiquaient
pieusement rensevelisseinciit auprès des ancêtres (Goièse,
XXXV, 29 ; XLvii, 30 ; etc. ; II, Samuel, xvii, 23 ; xxi,
14; etc.), jamais l'incinération. Le tombeau de famille
était primitivement voisin de la maison ou même dans
celle-ci (I, Samuel, xxv, l). On utilisait des excavations
naturelles comme la caverne de Macpéla, qu'Abraham
acheta à Hébron pour 400 sicles d'argent (Gen., xxiii).
La nécessité d'enfouir un grand nombre de corps nécessita
des travaux spéciaux et on adopta la disposition —
emprunt phénicien qui s'est perpétué assez tard, comme
le prouve la nécropole juive de Gamart près de Cai'-
Fig. 2. — Tombe juive fplan et coupe).
thage — des (joqim ou fours à cercueil, caractérisés
par ce fait que le corps est logé perpendiculairement à
la paroi (fig. 2). Ces tombes souterraines étafent par-
fois signalées par un arbre {Gen., xxxv, S) ou comme
en Phénicie par un monument de pierre ou mafsc^ah
Fig. 3. — Monolithe de Siloe. Cartouche avec inscription.
(Gen., xxxv, 20), en somme un cippe, simple dévelop-
pement du menhir. Le monument commémoratif était
aussi taillé dans le rocher : le plus ancien exemple est
873
PALESTINE
le moiiolilhe de Siloé, près de Jérusalem, lui des très
l'ares monuments palestiniens antérieurs à l'exil (fig. 3).
Il est de pm' style égyptien. M. Clermont-Ganneaii a
levé tous les doutes sur l'antiquité de celte tombe en
Fia-. 4. ■
Tombeau d'Absalon.
découvrant deux caractères d'écriture archaïque dans un
cartouche creux détruit presque en entier par l'exhaus-
sement ultérieur de la porte. Les monuments de ce genre
se sont perpétués longtemps. Dans le tombeau dit d'Ab-
salon (tig. 4) et dans celui dit de Zacharie l'influence
grecque est bien visible, cependant on retrouve un sou-
venir du type du monolithe de Siloé, en particulier la
gorge d'origine égyptienne. La décoration grecque (co-
lonnes d'ordres divers, fronton, etc.) fut souvent simple-
ment plaquée contre la paroi du rocher qui donnait accès
aux chambres sépulcrales : tombeaux dits des rois, des
juges, etc. L'influence religieuse locale se trahit par l'ab-
sence complète de figures : la décoration végétale devient
envahissante et lourde. — De bonne heure, on se préoc-
cupa en Palestine de suppléer à l'insuflisance des cours
d'eau en creusant des citernes et en captant les sources.
Dans certaines villes — comme encore à Jérusalem et jadis
à Qorha (stèle de Mésa, lignes 24-25) — chaque maison
avait sa citerne. En plusieurs points on a relevé des ca-
naux qui, comme l'aqueduc des « vasques de Salomon »,
amenaient l'eau des sources de fort loin. Taillés dans le
roc à fleur de terre, ils suivent exactement la configura-
tion du sol, presque parallèles aux lignes de niveau. Le
travail d'adduction d'eau le plus remarquable est le tun-
nel de 533 m,, par lequel la fontaine de la Vierge
{ain Silti Mariam) se déverse dans la piscine de Siloé.
Il paraît dater du temps d'Ezéchias (Il Rois, xx, 20).
Ainsi que le relate une inscription hébraïque ancienne,
aujourd'hui à Constantinople, et comme en témoigne la
trace des outils, l'attaque eut lieu aux deux extrémités à
la fois et les ouvriers parvinrent, aprèb (quelques détours,
à se rencontrer pic contre pic. M. Clermont-G anneau
pense que le tracé de ce canal souterrain a été forte-
ment infléchi pour éviter de rencontrer les tombes des rois
de Juda qui restent encore à découvrir sur le versant
d'Ophel.
De l'ancienne architecture hébraïque civile ou religieuse,
il ne reste absolument rien que des indications insuffi-
santes sur le palais royal, la célèbre « Maison du Liban »
et le «Temple ». Avec une louable persévérance, d'habiles
architectes et de savants archéologues en ont tenté des res-
titutions. Chacune a ses mérites ; mais toutes pèchent par
un excès de fantaisie. N'ayant pas deux pierres de ces an-
ciennes constructions à placer Tune sur l'autre, n'ayant
même pas pour s'aider le moindre vestige du plan, on est
réduit à suivre, sans la comprendre souvent, la très in-
complète notice du Livre des Uois. On y supplée par le
Livre des Chroniques — auquel les critiques bibliques
dénient toute autorité — et surtout par les longs passages
({u'Ezéchiel consacre non au« Temple de Salomon », mais
au Temple qu'il rêvait pour l'avenir et qui ne fut jamais
construit. On puise, suivant les besoins, dans ces documents
contradictoires, et pour y ajouter quelque couleur on em-
prunte divers éléments aux arts d'I^gypte et de Mésopota-
mie, indistinctement. Le tout est adapté avec ce qu'en
terme d'atelier on appelle le coup de pouce. On obtient
ainsi des restitutions agréables, très intéressantes par l'in-
géniosité déployée, mais absolument dépourvues de valeur
scientifique. Un fait important est à relever parmi les ren-
seignements bibliques sur la construction du Temple : Sa-
lomon fit venir de Phénicie des architectes, des artistes —
en particulier un fondeur et ciseleur en bronze qui dressa
ses fourneaux dans la vallée du Jourdain — des ouvriers,
même des matériaux. Parmi les ustensiles dont l'usage
était consacré dans le Temple : la « mer d'airain », les bas-
sins mobiles, etc., un seul, le « chandelier à sept branches »,
nous est connu avec assez de détails (fig. 5) grâce au bas-
relief de l'arc de Titus à Rome figurant les dépouilles du
Temple de Jérusa-
lem. Il est accom-
pagné de la table
des pains de propo-
sition àlaquelle sont
attachés les trom-
pettes qui appe-
laient les fidèles aux
cérémonies religieu-
ses. Comme point de
comparaison inté-
ressant pour ce qui
subsiste de l'en-
ceinte extérieure du
Temple, il faut men-
tionner les ruines
du palais d'Hyrcan
(construit entre
182 et 475 avant
notre ère) à Araqel
Emir. On y retrouve
l'emploi de gros
blocs et des voûtes qui rappellent l'amorce de l'arche de Ro-
binson. A côté d'éléments grecs, on voit une frise d'ani-
maux dans la vieille tradition orientale. Pour la décoration
à cette époque, il faut consulter les façades des tombeaux
dont nous avons parlé.
La sculpture ne rencontra jamais grande faveur auprès
des populations pauvres et essentiellement agricoles de Pa-
lestine. Même après l'impulsion donnée par Salomon, l'art
ne se développa pas en Judée ni en Israël. Les Phéniciens
ne trouvaient guère à importer que leur camelote d'ob-
jets religieux : fétiches, amulettes, idoles (téraphim, images
taillées ou fondues). La propagande prophétique vint encore
restreindre ce commerce. Par une rencontre singulière, le
Fi.o
5. — Candélabre de l'arc
de Titus.
PALESTlXi'] — 87 i —
pays de Mocîb, qui a fourni i'iiKscription palestiiiienDe la
plus ancienne (Y. Epigraphik, t. XVI, p. 75), nous a con-
servé aussi le relief le plus ancien (fig. 6). Il nous re-
présente un guerrier moabite armé de la lance comme les
Bédouins do nos jours. Il porte une coiffure, sorte de
casque; ses reins sont ceints de la srkenfi, Yctement
égyptien. Le travail, très grossier, indique une œuvre locale.
' Dans la glyptique, les Hébreux eurent encore po'ir
maîtres les Phéniciens, au point qu'il est souvent fort déli-
cat de décider si un cochet est plutôt liél)raique que phé-
nicien. Les noms tliéo-
phores où entre le nom
de Yawéh, désignent
clairement un posses-
seur hébreu. Il est à re-
marquer que si quel-
ques-uns de ces cache: s
portent simplement des
noms propres, la plu-
part sont ornés d'élé-
ments phéniciens (disque
ailé, palmette) et mémo
de figures humaines. Tel
est le cachet « de ^clie-
baniah, tils d'O/ziab »
(fig. 7). La même re-
marque s'applique au\
cachets moabites (fig. 8 ) .
Lu général les lignes
d'écriture sont soiguî u~
sèment séparées par des
traits.
Les Hébreux utili-
saient les métaux. Le fer. apporté sans doute de Mésopo-
tamie, servait pour les armes et les outils (l, Samuel, xni,
'i9-'2"2; xvîi, 7, etc.); le broiïze était très employé. L'or
Fig. 6. — Guerrier iiiuaLiti'
Fil!-. 7. — Sceau de Sehebauiaii.
et l'argeul étaient transformés en bijoux. L'argent elait
aussi le métal-monnaie. Dans les triinsactioiis commer-
ciales, il figurait en lingots qu'on pesait à la balance. Cette
coutume s;? prolo]\i:^ea Irès tard. Dans la Bible, il n'est
question que d'argent pesé, jamais d'ar-
gent monnayé. Quand l'usage de la mon-
naie commença à se répandre, les juifs
étaient tributaires du roi de Perse et
ne pouvaient frapper monnaie. Il en
fut de même sous Alexandre et ses
successeurs. Ce n'est qu'à l'époque des
Maccabées que les juifs recouvrant
l'indépendance politique purent avoir
des monnaies autonomes. Ce ne sont
d'abord que des monnaies de cuivre.
Les plus anciennes portent une lé-
gende hébranpie, qui devient bilingue, puis unique-
ment grecque. La révolte juive au i^^ siècle de notre ère
(66-67) amène la frappe des pièces d'argent et réta-
blit la légende hébraïque. L'exemplaire que nous reprodui-
Fig. 8. - lutaill
" moabite.
Fig. \). — Mounaic juise.
sons (tig. 9) porte au droit une coupe et Sclieqel Israël^
« sicle d'Israël » ; au revers, un lys à trois fleurs et \e-
rouschalaim Qedoschah, « Jérusalem la Sainte ». Les
monnaies juives montrent la même décoration végétale que
nous avons remar([uée dans les motifs d'architecture : la
feuille de vigne, la grappe de raisin, le lis, le cédrat, le
l^ouquet de rameaux, ces deux derniers portés par les juifs,
lors de la fête des Tabernacles. Cette décoration n'est ce-
pendant pas un produit exclusif de l'imagination juive et
ne sutht ])as pour caractériser, comme on l'a essayé, un
monument juif. Elle dérive de l'art des Séleucides et se
retrouve dans toute bi
Syrie. Pour la céra-
mique, les rares échan-
tillons qu'on en possède
permettent d'établir
qu'en dehors d'une po-
terie commune lisse,
l'influence phénicienne
s'y fait sentir aussi.
Lart en Palestine depuis la prise de Jérusafon par
Titus (70 de J.-C). Cette date historique si importante
n'a pour l'art qu'une valeur relative. L'imitation gréco-
romaine sévissait dans toute la Palestine depuis Hérode.
Mais, lorsque Jérusalem fut devenue colonie romaine, il
s'y pratiqua, entre autres, de grands travaux de voirie.
Les empereurs, surtout Trajan, et les procurateurs fa-
vorisèrent largement la propagande de l'art des vain-
queurs. Toutes les villes qui furent fondées ou embellies
eurent leur via recta, large voie à colonnade les traver-
sant d'un bout à l'autre. À l'intersection d'une autre rue
])rinci])ale s'éleva un tetrapyle et, de part et d'autre, le
long do ces grandes artères, on construisit des théâtres, des
bains publics, des temples, des naumachies. L'exemple le
mieux conservé est fourni par Djerasch, l'ancienne Gerasa,
à l'E. du Jourdain. L'influence romaine développa l'em-
ploi de la bri({ue et de la voûte. Dans la fièvre de cons-
truction qui transforma la Palestine, les anciens matériaux
furent réemployés au hasard, sans souci d'ajustement. Vers
la lin du m^ siècle, on utilise la coupole avec pendentifs
pour couvrir un plan carré. La l)asilique à piliers, puis à
colonnes se répand : c'est le type des constructions que
l'empereur Constantin et ses successeurs firent élever
en Palestine. La prospérité du pays s'accrut considérable-
ment. Les ruines d'installations agiicoles se rencontrent
en grand nombre, même dans des régions aujourd'hui
presque désertes comme l'ancienne ldumée,oùun système
bien entendu d'irrigations permettait de cultiver.
Cette poussée d'art se continue longtemps; mais elle se
transforme i\\\ v^ au vu® siècle. Elle tend à devenir ori-
ginale, mais son centre s'est dépbicé de Jérusalem à
Antioche. L'invasion arabe n'apporte d'abord aucun chan-
gement à rarchitecture et à l'industrie locales. Quelques
églises sont converties en mos({uées (mos luée el-Aqsa) ;
mais longtemps encore les constructions nouvelles son(
élevées sur le modèle des anciennes ((]oubbet es-Sakbra
inspirée du Saint-Sépulci-e), et la mosaïque continue à
jouer un grand rôle dans la décoration. Bien caractéris-
ristiques sont ces lampes en terre cuite portant une ins-
cription arabe et dont la forme reste antique. Plus tard,
l'art musulman se caractérise par la forme bulbeuse des
coupoles, les arcs outrepassés, les arcs brisés, la déco-
ration en stalactites, les arabesques. Mais cet art n'a
j>as eu en Palestine son plein épanouissement. L'art franc
y prit par contre, au temps des croisades, un prodi-
gieux développement. Il subsiste plus ou moins ruinées et
l'emaniées un grand nombre d'églises identiques aux églises
françaises de style ogival des xV et xiii^ siècles. Une des
rares différences est l'emploi de toits plats nécessités
par les conditions locales. Nous en parlerons avec plus
de détails, en même temps que de rarchitecture militaire
franque si remarquable, à l'art. Syrik. Avec le retour
de la domination musulmane, l'influenre de l'architecture
8To —
^ALfôTiNK — PA^.ESTR[^^V
franqiie disparait. Les mosquées, les oiiélis (pctib éditieos
à coupoles en rhonneiir de saints personnages), les bains
comme les palais ou les fontaines nous ramènent à l'art
musulman d'avant les croisades ou à Fart musulman dé-
veloppé d'Egypte. On peut en dire autant de la décoration
où l'influence persane se fait très vivement sentir : à la
mosaïque on substitue les carreaux de faïence ; ceux de
la Qoubbet es-Sakhra sont dus à Soliman le Magnifique
(1561).
Musique (V. Hébreu, t. XIX, p. 983). René Dussauu.
BiBL. : GÉOGRAPHTi:. — Le meilleur ouvrage est Buiil,
Grundrlss der Geonnipliie Pulasilnas ; Fribourg, 189G, avec
une abondante bibliographie. — En langue française il n'y
a que l'ouvrage vieilli de Victor Guérin, Description f/co-
(jraphique de la Palestine; Paris, 1868-80, 7 vol., et LoliTivr,
la Syrie d'aujourd'hui; Paris, 1886. — Comme carte : Fis-
cher et GuTiiE, Karte von Palâstina ; Leipzig, 1890. — Le
Guide Syrie^ Palestine de Ciiauvet et Isambert; Paris.
1882, est un peu vieilli. — K. Bcedeker, Palestine et Syrie:
2« édition française, 1893, ou 4" éd. allemande, 1897, texte du
prof. Albert Socin mis au courant par J. Benzinger
Archéologie. — Perrot et Chipiez, Histoire de lu ri
dans VantUiuit'l; Paris, 1887, t. IV. — Tliéodore RErNA( :i.
les Monnaies juives ; Paris, 1887. — Pour toute rechcrclic
bibliographique d'ordre géographique, historique ou ar-
chéologique, consulter : Reinhold RùiiRicirr, Bibliolhera
Geographica Palœsiince (de l'an t^33 à 1878), embrassant
même la cartographie; Berlin, 1890.
PALESTRE. ï. Antiquité. — La palestre était, chez
les Grecs, pour les jeunes gens, l'équivalent du gymnase
des adultes, un local où ils s'exerçaient, sous la direction
d'un instituteur (îraiSoipiS/Qç), aux jeux athlétiques, en
particulier à la lutte (tuocXt,),
n. Architecture. — Ce mot désignait en grec et a, depuis,
désigné, en latin, l'ensemble des constructions où Ton s'exer-
çait aux luttes et aux combats gymnastiques. Yitruve décrit
les palestres comme appartenant surtout à là Grèce d'où
l'usage en serait venu à Rome et aurait ])ris place dans
les grands Thermes que l'on commençait à élever à son
époque. Des bains chauds faisaient aussi par lie de la pa-
lestre qui comprenait encore, autour du jardin, des porti-
ques appelés cT?/sf ('.s, sous lesquels les athlètes s'exerçaient
à l'abri de la pluie, et un stade (V. ce mot) dont la piste
et les gradins longeaient un des côtés de la palestre. La
palestre des Grecs était un ensemble de locaux divers,
servant aux exercices du corps comme à ceux de l'esprit ;
aux jeux des athlètes comme aux discussions des rhéteurs,
et dont les Romains s'inspirèrent dans la construction de
leurs Thermes. Charles Lucas.
PALESTRINA (l'ancienne P?Y^?2(?,s/(^). Ville d'Italie, prov.
de Rome, à 36 kil. E. de cette ville. Slat. du chem. de
fer à 6 kil. (hgne Rome-Naples) ; pop. aggl. 5.855 hab. en
4884, ch.-l. de l'un des sept diocèses snburhicaires à la
dépendance d'un cardinal-évèque. La ville, entourée de mu-
railles, est échelonnée sur les pentes d'une colline dominée
par le hameau de Castel S. Pietro (752 m.), bâti sur l'em-
placement de l'ancienne « Arx Praenestina » et du château
desColonna. Les édifices dignes de remarque sont la cathé-
drale, l'église de Sainte-Rosahe, riche en marbres précieux et
possédant un fort beau groupe de la Piété, attribué à Michel-
Ange, mais qui estprobablementdeBernini, et le palais Bar-
})erini remontant au xv° siècle, bâti sur les ruines de l'ancien
temple de la Fortune. Dans ce palais est conservé une très
remarquable mosaïque, ayant appartenu, paraît-il, au par-
quet du temple, et remontant peut-être au règne de Do-
mitien. On remarque aussi les vestiges du temple de la
Fortune et des murailles cyclopéennes, dont quelques par-
ties conservent encore la hauteur de 45 pieds. Dans les
environs, restes de la villa d'Adrien et d'une église chré-
tienne du iv^ ou V® siècle. Ensanglantée dans' les luttes
entre les papes et les Colonna, Palestrina fut tour à tour
détruite (4279 et 4437) et réédifiée. Vendue enfin aux
Barberini, elle resta à cette famille jusqu'cà nos jours,
avec le titre de principauté. Industrie et commerce de cé-
réales, vins et huiles, carrières de pierres et de pu^zo-
/aîifl. Palestrina est la patrie dePier Luigi da Palestrina,
le célèbre compositeur de musique sacrée.
PALESTRINA ((iio\anni Pii:i{LuiGi da). Le grand ré-
formateur de la musique sacrée naquit dans une condi-
tion fort humble, à Palestrina. dans la campagne de Rome.
La position de ses parents était des plus modestes sans
doute, puisque même leur nom de famille est resté in-
connu; ce musicien de génie n'est désigné aujourd'hui^
comme il le fut de son vivant, que par le nom de sa ville
natale. La date exacte de sa naissance n'est pas connue.
Certains le font naître en 4528 ou 4529, mais une
inscription placée sous un ancien portrait, conservé jadis
dans une salle de la chapelle pontificale au Quirinal,
dit qu'il mourut en 459i, à l'àgc de quatre-vingts ans, ce
qui reporterait vers 4544 l'année de sa naissance. L'abbé
Baini, qui, dans l'ouvrage monumental qu'il a consacré
à Palestrina {Memorie storico-critiche délia vitae
délie opère di Giovanni Pierluigi da Palestrina; Rome,
1828), s'est livré à de minutieuses recherches sur tout
ce qui a trait à la vie de cet artiste, se fonde sur la
dédicace du livre VII de ses Messes pour choisir Tannée
4524. Nous pouvons donc, tout en signalant les diverses
versions, accepter cette date. Quoi qu'il en soit, le jeune
I^ierluigi arriva à Rome vers 4540 pour s'y perfectionner
dans l'art musical, qu'il avait sans doute étudié déjà dans
sa ville natale. Pitoni, dans sa Notùia dei maestri di
capella si di Roma cheoltramonfani, assure que Pa-
lestrina ne dut d'entrer dans une école de musique ([u'à
la faveur du maître de chapelle de Sainte-Marie-Majeure,
qui l'aurait un jour entendu chanter dans la rue. Cette
anecdote semble bien peu vraisemblable. En effet, si ce
maître de chapelle eût juge, à la seule audition de Pales-
trina, que ce jeune homme dût être un jour un musicien
de premier ordre, il est à croire qu'il eût tout fait pour
se l'attacher, loin de favoriser son entrée dans une autre
école que la sienne. Or, peu de temps après son arrivée à
liome, nous trouvons Palestrina sous la discipHne da
l^Yançais Claude Goudimel qui, peu de temps auparavant,
avait ouvert à Rome une école régulière de musique.
Giovanni Animuccia, Stephani Rettini, Alessandro Merh,
plus connu sous le noui d'Alessandro délia Viola, Gio-
vanni-Maria Manini élaient dans le moine tem[)S les con-
disciples de Palestrina.
Si l'on s'étonne de voir un étranger réunir ainsi autour
de lui des jeunes gens qui devaient être, peu de temps
après, les plus illustres musiciens de l'Italie, il convient
de se souvenir que les maîtres de chapelle et les chanteurs-
les plus connus en Ralie étaient presque tous alors l!lspa-
gnols. Flamands ou Français. La supériorité des musi-
ciens originaires du N. de la France ou des Flandres
était, au précédent siècle, incontestable ; il ne faut pas
oublier ([ue c'est à eux (pie revient l'honneur d'avoir per-
fectionné la musifpie harmoni<[ue, d'en avoir établi les
règles et la pratique. Les Espagnols, comme chanleuis,
avaient une grande réputation, et la plupart des chantres
de la chapelle papale appartenaient à cette nation.
L'TtaHe, qui, dans la deuxième moitié du xvi^ siècle,
allait se placer au premier rang, dut sa supériorilé à
l'enseignement solide et disert de ces artistes étrangers.
Palestrina, le plus^illustre des maîtres transalpins, (i:'V(^
de Cl. Goudimel, né en Franche-Comté, synthétise donc
parfaitement cette situation particulière.
Nous ignorons combien de temps Palestrina passa dans
Fécolede Goudimel. C'est vers 4 540 qu'il y entra. Onze ans
après, en 4554, sous le pontificat de Jules lïl, sa répu-
tation était assez bien établie pour qu'il fût appelé aux
fonctions de maître des enfants de c\\mn\7nagister pue-
roriim, de la chapelle Gùilia, au Vatican. Par un décret
spécial du chapitre qui lui conférait cette dignité, le
titre de« maître de chapelle», magistercapellœ, lui fut
attribué, le premier sans doute paraissant indigne de son
mérite et de la place qu'il tenait déjà parmi les musiciens
romains. Il avait alors vingt-sept ans. En 4554, il publiait
son premier volume, dédié au pape Jules HI. Ce recueil,
où l'on trouve quatre messes à 4 voix et une à 5, traitées
PALESTRINA
— 876
dans le style alors eu fa\eur, fut imprimé à Home par
les frères Dorici en looi. Ce fait, (jiie c'est le premier
livre de musi(|iie dédié à un pape par un Italien, montrera
suffisamment le rôle prépondérant des musiciens étran-
gers, des Flamands surtout, dans l'art italien jusqu'à
cette époque. Palestrina, d'ailleurs, dans cette première
œuvre, n'innovait l'ien qu'il n'eût appris directement
de ses maîtres : leur style y est fort exactement rejiro-
duit. peut-être avec un peu plus d'aisance et de facilité.
Mais toutes les complications chères à l'école gallo-belge, les
recherches inutdes des proportions de notation, les har-
monies enchevêtrées et dilficiles y abondent : seule, la
première messe, Ecce «sacerdos magnusy>, laisse pres-
sentir le futur génie du compositeur.
C'est vers ce même temps que Palestrina se maria.
Tout ce que nous connaissons de sa femme se réduit à
son nom de baptême, Lucrezia. Elle donna quatre fds à
son mari et, après une longue union qui parait avoir été
heureuse, mourut en io80.
La publication de ce premier livre augmenta beaucoup
la réputation de Palestrina. Ee pape Jules ïll l'en
récompensa en le faisant entrer dans le corps des vingt-
quatre chantres de la chapelle pontificale. Quoique cette
place fût plus avantageuse que celle qu'il occupait, d'où
il ne tirait que 6 écus romains par mois, Palestrina hésita
quelque temps à l'accepter. En effet, sa nomination était
contraire aux règlements de la chapelle, règlements
établis par le pape lui-même, quoiiju'il crut bon de les
violer en faveur du talent supérieur de l'artiste. Pales-
trina était laïque et marié, et les chapelains chantres
devaient être tous ecclésiasti(pies. De plus, si Palestrina
était déjà un remarquable compositeur, sa voix était mé-
diocre et son talent de chanteur assez ordinaire. On pou-
vait donc craindre (ce qui arriva en effet) que les col-
lègues de Palestrina, mécontents de cette atteinte à leurs
privilèges, ne lui tissent mauvais accueil. Palestrina se
rendait fort bien compte de ces difficultés ; mais la place
était avantageuse, et le compositeur, pauvre et chargé
de famille : il accepta donc. Le 43 janv. JSoo, il prenait
possession de son poste, et dans le procès-verbal de sa
réception, le collège des chapelains chantres prenait soin
de signaler qu'il était admis « sans examen» par l'ordre
de Sa Sainteté et sans le consentement des autres chan-
teurs.
Malheureusement pour Palestrina, le pape Jules III, qui
eût pu le protéger contre la malveillance de ses confrères,
mourait cinq semaines après. Le pape Marcel II qui lui
succédait, également bien disposé pour lui, ne restait que
vingt- trois jours sur le trône pontifical. Paul IV qui vint
ensuite, se résolut d'opérer des réformes dans le clergé de la
cour de Rome, et son attention se trouva portée immédia-
tement sur les chantres de sa chapelle. Outre Palestrina,
deux chantres mariés, Léonard Rarré et Dominico Ferra-
bosco, s'y trouvaient alors : malgré les réclamations du
collège des chantres tout entier, qui, bien que peu favo-
rable à Palestrina jusque-là, prit fait et cause pour lui,
le pape exigea que ces trois artistes fussent rayés des
contrôles de la chapelle, où leurprésence, disait-il, faisait
scandale. Toutefois, en considération du préjudice que
leur causait cette mesure sévère, il leur attribuait une
pension de 6 écus par mois. Malgré cette compensation,
Palestrina, accablé de douleur, tomba malade et souffrit
plusieurs semaines d'atta({ues de fièvre nerveuse. Il
s'exagérait cependant le triste côté de sa situation : un
artiste de sa valeur ne pouvait rester longtemps sans
emploi. Peu de temps après, en effet, on lui offrait la
place de maître de chapelle à Saint-Jean de Latran, et par
faveur spéciale du pape, sa pension, qui devait cesser du
jour oîi il trouverait une place nouvelle, continua à
lui être payée. En oct. looo, il prenait possession de
son poste. A Saint-Jean de Latran. Palestrina devait de-
meurer cinq années, pendant lesquelles il composa quelques-
uns de ses plus beaux ouvrages : les admirables Impro-
peria de l'office de Va semaine saijite, entre autres,
datent de cette période. Toutefois, comme son traitement
était assez modique, il se détermina à accepter les fonc-
tions, mieux rémunérées (60 écus par mois), de maître
de chapelle à Sainte-Marie-Majeure, qu'il occupa du
i«^' mars 4o61 jusqu'au 31 mars 1571. Ce furent les dix
années les plus heureuses et les plus brillantes de sa vie.
Depuis la publication de son premier volume, sa répu-
tation s'était fort étendue. Son style s'était débarrassé, en
grande partie, des complications inutiles dont il avait
emprunté l'usage aux Flamands ses prédécesseurs. Les
La}nenf citions de Jérémie à 4 voix, son deuxième ou-
vrage, laissent déjà clairement pressentir la portée de son
génie, qui va se montrer tout entier dans les /m/?r^/9^r/«.
Un hymne de cette collection, 0 crux fidelis, à 8 voix,
écrite en 1560, fut si admirée (jue le pape Paul ÏV, le
même qui avait rayé Palestrina du nombre de ses chan-
teurs, le lui fit demander pour sa chapelle. Dans la mu-
sique profane, d'ailleurs, son talent n'était pas moins
estimé, et plusieurs de ses madrigaux furent imprimés
dans les recueils d'œuvres des plus célèbres musiciens
du temps.
Vers la même épocpie, les abus dont la musique reli-
gieuse était infestée firent naître la pensée d'une réforme.
L'usage de composer des messes entières sur le thème
d'une antienne ou d'une chanson profane, usage fort an-
cien, persistait encore, et ses inconvénients étaient rendus
plus sensibles par les progrès même de l'art. On prenait
plaisir à combiner ensemble les chants les plus disparates
et à introduire les thèmes les plus profanes dans les com-
binaisons harmoniques destinées à l'église où se portait
alors le principal effort des artistes. Certaines mélodies
vulgaires avaient acquis tant de célébrité qu'aucun compo-
siteur ne pouvait se dispenser de les prendre comme sujet
d'un motet ou d'une messe. La chanson de ï Homme
armé, par exemple, servit de motif à un nombre incroyable
de compositions d'église. Palestrina ne crut pas devoir
se dispenser d'en faire usage, et près d'un siècle après
lui, Carissimi suivra, sur ce point, son exemple. Le
concile de Râle et celui de Trente avaient condamné ces
abus inconvenants, non pas peut-être d'une façon pré-
cise et directe, mais en proclamant cependant la néces-
sité de créer une musiijue d'église plus conforme à son
objet. Ce n'est pas que les Pères du concile, et plus tard
les membres de la commission nommée par le pa])e
(1563) pour trancher la question, jugeassent de ceci
conune l'ont fait les modernes. Ils sentaient bien qu'il
y avait quelque chose d'indécent dans ce mélange de
musique profane (à supposer même que les paroles de
ces chansons fussent supprimées dans l'exécution, ce qui
est assez probable) et de paroles sacrées ; mais l'excès des
combinaisons, les complications rythmiques et harmo-
niques de toute sorte, ne devaient pas leur sembler
condamnables en soi. Ils y voyaient surtout l'inconvénient
d'empêcher les textes sacrés d'être entendus des fidèles,
et il est visible qu'en dehors de toute idée artisti(|ue,
leur préoccupation constante fut de remédier à ce défaut.
Cela est si vrai qu'd fut un instant question de bannir de
l'église le style fugué et le contre-point d'imitation : plu-
sieurs cardinaux ne voulaient admettre, dans le service
divin, que des pièces analogues aux Improperia de
Palestrina, c.-à-d. des espèces de faux bourdons,
écrits note contre note ou à peu près. Fort heureusement,
l'opposition des chantres pontificaux, qui siégeaient dans
la commission, empêcha cette idée, funeste pour le
développement de l'art musical, de prévaloir. Ils firent
remarquer que ce style pouvait convenir aux morceaux
de dimensions restreintes, mais que, par sa monotonie
inévitable, son usage exclusif rendrait impossible la com-
position des messes et autres œuvres de grandes dimen-
sions. Finalement, pour trancher la question, on convint
de faire écrire, par un maître incontesté, une messe qui
put concilier les exigences de Fart et celles du service
— 877 —
PALESTRINA
religieux. Ce qui prouve combien le talent de Palestrinu
était alors au-dessus de toute contestation, c'est que
ce fut lui qui fut unanimement choisi. Palestrin a composa
donc trois messes à 6 voix qui furent entendues chez le
cardinal Vitelozzi : les deux premières furent admirées,
mais la troisième parut fort supérieure aux autres.
D'un commun accord, il fut décidé qu'on la prendrait
pour modèle et que la musique, ainsi conçue et réalisée,
serait conservée dans les églises catholiques, d'oii seraient
bannis, à l'avenir, les messes et motets composés sur
des thèmes profanes et où divers motifs se mêleraient
chacun avec des paroles différentes. La messe qui valut à
Palestrina l'honneur de servir ainsi de modèle aux
compositeurs sacrés est celle du deuxième livre de ses
messes, qui porte le nom de Messe du pape Marcel.
En dépit de diverses anecdotes qui méritent peu de créance,
on ne sait pourquoi elle fut mise sous le nom de ce pon-
tife, mort assez longtemps avant son apparition, et qui
n'occupa le trône pontifical que quelques jours. Peu de
monuments de l'art sont plus intéressants que cette
oeuvre : on y voit la perfection de la manière de son
auteur et l'apogée d'un style, aujourd'hui aboli sans
doute, mais qui eut ses heures de gloire et compta
d'admirables chefs-d'œuvre. Bien (pie nous ayons pris
l'habitude de chercher dans la nuisique autre chose que
ce qu'y cherchaient les contemporains de Palestrina, le
mérite de tels ouvrages nous est encore sensible. iVussi
bien pour la perfection singulière de la facture que pour
l'expression générale, la Messe du pape Marcel, connue
tous les autres beaux ouvrages de Palestrina et de son
école, sera toujours comptée parmi les plus illustres monu-
ments du génie (V. Musique religieuse, t. XXIV, p. 631,
Motet) .
Le pape Paul IV, après avoir entendu cette composition
nomma Palestrina compositeur de la chapelle pontificale.
Cette place avait été créée pour lui et, malgré les menées
des ennemis du grand musicien, Palestrina la conserva
toujours, tant sous le pontificat de Paul IV et de Pie V son
successeur, que sous les autres papes qui les remplacèrent
par la suite.
Durant son séjour à Saint-Jean de Latran, il n'avait
rien publié : ses œuvres ne s'étaient répandues que par les
copies qui en furent faites. En 1569, ilpubHait le second
livre de ses messes, dédié à Philippe II, roi d'Espagne ;
l'année suivante, le même prince acceptait encore la
dédicace du livre IIL Le cardinal Hippolyte d'Esté, un de
ses protecteurs, recevait aussi un Mvre de motets. x\
cette épo((ue d'ailleurs, la publication des œuvres de Pales-
trina fut activement menée ; presque chaque année il en
parut quebju'une.
La mort d'Aiiimuccia, en lo7 1 . tit entrer Palestrina à la
chapelle de Saint-Pierre du Vatican, et dans le même temps
Philippe de Néri, son ami et son confesseur, lui confiait la
direction de la musique de la congi'égation de l'Oratoire.
Mais le revenu de ces deux places ne compensait ({u'im-
parfaitement les appointements qui lui étaient alloués à
Sainte-Marie-Majeure. S'il accepta ce changement, ce
fut en considération de ses débuts à Saint-Pierre et par
déférence pour les volontés du pape. Ce grand homme,^
accablé de charges de famille, se condamnait ainsi à vivre
dans la médiocrité, et c'est un trait peu honorable pour
ses puissants protecteurs (jue de l'avoir laissé ainsi, toute
sa vie, se débattre au milieu des difficultés matérielles
qui ne pouvaient qu'entraver l'essor de son génie.
Il dirigeait en même temps l'école de musique qu'avait fon-
dée Giovanni-Maria Nanini et travaillait à la revision de tout
le chant du Graduel et de V AntipJionaire romain, œuvre
immense dont le pape Grégoire III l'avait chargé. Au mi-
lieu de ces travaux de toute sorte et de ses chagrins do-
mesti(pies (il perdit successivement trois de ses iils, Ange,
Rodolphe et Sylla, tous trois musiciens de talent dont
quelques anivres figurent parmi celles de leur père), il
continuait cependant à produire. La liste de ses compo-
sitions est immense, et si la plupart ne furent pas publiées
de son vivant, c'est que sa pauvreté l'empêcha de faire
les frais nécessaires. La mort de sa femme, en 1580, fut
aussi pour le vieillard un coup terrible : il lui survécut
cependant, et les dernières années de sa vie semblent
avoir été plus heureuses et plus paisibles. Certains de
ses protecteurs, le grand-duc de Toscane, le cardinal
Aldobrandini, le père abbé de Baume, s'étaient arrangés
pour lui permettre de faire paraître une édition de ses
œuvres, et Palestrina s'occupait activement à la préparer.
La mort ne devait pas lui laisser achever cet important
travail. Se sentant près de sa fin, Palestrina dut laisser à
son dernier fils, Hygin le soin de l'accomplir. Ce grand
homme mourut le !2 févr. 1894. Ses contemporains et ses
protecteurs, après l'avoir laissé toute sa vie dans une situa-
tion proche de la misère, lui firent, du moins, de pompeuses
funérailles; tous les musiciens présents à Rome voulurent
s'associer à ces honneurs. Il fut inhumé dans la basilique
du Vatican ; sur sa tombe fut gravée cette seule inscrip-
tion, juste hommage dû à son génie : Joanxes-Petrvs-
Aloysivs Pn.ENESiiNvs == Mvsic.E Pkinceps.
On a suffisamment fait voir en de précédents articles
(V. Musique, t. XXIV, p. 614 ; Musique religieuse,
t. XXIV, p. 631, Motet), la place de Palestrina dans
l'histoire de l'art pour qu'il ne soit pas nécessaire de
formuler ici un jugement d'ensemble sur cet artiste.
Ce qu'il convient seulement de redire, parce que le pré-
jugé contraire est encore fort répandu, c'est qu'il ne
faut pas voir dans Palestrina un réformateur de la mu-
sique d'église. Lui refuser ce titre n'est point diminuer son
mérite, ni son génie. Loin d'avoir tenté des voies nouvelles,
Palestrina s'est contenté de porter à la plus absolue perfec-
tion le genre de musique pratiqué de son temps, et ses
œuvres ne diffèrent de celles de ses prédécesseurs que par
leur admirable facture, leur expression plus pure et plus
belle, nullement parleur but, ni leurs moyens. Si Palestrina
a renoncé aux complications, aux raffinements puérils et
pédants de l'école flamande, nous avons vu que cette ré-
forme lui fut imposée : et cela, par des considérations, res-
pectables sans doute, mais qui n'ont rien d'artisticpie. La
preuve d'ailleurs (jue ces abus n'avaient rien pour lui dé-
plaire, c'est qu'en beaucoup de ses ouvrages il a rivalisé,
sous le rapport de la complexité et de la recherche des
proportions, avec les plus ténébreux contrapuntistes de
l'époque antérieure. Et cela, non pas seulement dans bu
jeunesse, car sa messe de YHo)nme armé, à cinq voix,
véritable énigme musicale, date de 1570, sept ans après la
réforme de 1563. Sans doute cette date est celle de la pu-
blication de cette messe; mais, fût-elle antérieure de beau-
coup, on doit croire que Palestrina, s'il l'eût estimée in-
digne de lui, ne l'eût point fait paraître et l'eût retranchée
de son œuvre.
Palestrina a beaucoup produit et le nombre de ses
ouvrages est vraiment prodigieux. Jusqu'à ces derniers
temps, il était difficile d'en dresser une liste exacte ; plus
encore de se les procurer. Son fils, Hygin, n'ayant pu, à la
mort de son ])ère, les faire paraître, en avait vendu les
manuscrits à différents éditeurs qui les publièrent à leur
heure et en plusieurs villes. Bien que sa gloire lui ait
survécu assez longtemps et que d'assez nombreuses réim-
pressions de quelques œuvres aient eu lieu dans les pre-
mières années du xvii^ siècle, quand l'art polyphonique
eut passé de mode, cette musique fut oubliée. Il y a quatre-
vingts ans, bien peu de musiciens connaissaient encore
quelque chose de ce grand maître. La restauration de la
musi({ue religieuse, le goût des études historiques, l'ont
remis en honneur. Différentes collections publiées dans ce
siècle par Choron, parle prince de la Moskovva, etc., con-
tiennent ses principaux chefs-d'œuvre. Enfin, les éditeurs
Breitkopf et Hàrtel de Leipzig en ont publié le catalogue
complet et, depuis 186:2, en font paraître une édition monu-
mentale, presque achevée aujourd'hui. Henri Quittako.
BiBL. : Outre le grand ouvrage do l'abbé Baim, cité dMiis
PALtSTUlNA — PALÉTUMi:il
— 878
le corps do la noiice, on pourra coiisuher sur L*alestriua
les ouvraiies suivants : E.-J. Delécluze, Paleslrinu. ; Pa-
ris. 1812, in-8° (extrait do la Rente cie Paris) ; Théodore Ni-
SARO, Gioviimii-Pierluigi du Palestr'ma, in-8» ;Elogio di Gio-
€onni PidHuigi du Palestrina detto Sal canonico Agostmo
BurtoUnl in SimcUi Morhi in Vaticelhi ; Rome, 1870.
PALESTRO. Corn. d'Italie, prov. de Pavie, arr. de
Mortara, sur la r. g. de la Scsia ; 2.529 hab. aggl. en
4881. Slat. diichem. de fer de Mortara à Vercelli. Son
territoire est sillonne par de nombreux canaux irriga-
toires ; rizières. L'élevage des bestiaux et des produits
lactés sont les industries principales. Palestro est surtout
célèbre par la victoire remportée sur les A ulri chiens par
les Français et les Piémontais (V. ci-dessous).
Combat de Palestro. — Troisième bataille de la
guerre de 1859. Le 30 mai, l'armée sarde qui, après la
victoire du général français Forey à Montcbello, avait
passé le 21 la Sesia près de Verceil, attaqua, sous le
commandement du roi même, les Autrichiens qui s'étaient
retranchés à Palestro, Casalino etVinzaglio, et les força à
replier sur Robbio. Le 31, les ennemis retournèrent à
l'assaut avec 25.000 hommes pour reprendre Palestro ;
mais la division Cialdini et le 3^ régiment de zouaves les
repoussèrent après un combat qui avait duré de six heures
du matin à deux heures de l'après-midi. C'est dans cette
journée que Victor-Emmanuel fit des prodiges de valeur
qui lui méritèrent les galons que lui décernèrent les zouaves.
L'ennemi perdit 1 général, plus de 1.000 prisonniers,
8 canons, de nombreux morts et 400 soldats qui se noyèrent
dans le canal Sartirana en essayant de fuir.
PALESTRO. Ville du dép. et de l'arr. d'Alger, à 79
kil. S.-E. d'Alger, sur un plateau dont trois côtés sont
bordés par le cours sinueux de Tisser et qui est comme le
fond d'uncircpie formé par les montagnes des Beni-Khal-
foun. Stat. du chem. de fer d'Alger à Tunis. Marché très
important le mercredi de cha([ue semaine ; commerce de
bestiaux, d'huiles, de céréales; vignoble de 171 hcct.
donnant des vins estimés. Palestro est le ch.-l. d'une com.
de pi. exercice de 4.930 hab. (avec les douars), dont 375
Français, 82 étrangers, le reste d'indigènes ; c'est aussi
le ch!-l. d'une justice de paix et d'une commune mixte
de 67.000 hect. et de 40.226 hab. dont 436 Français et
223 étrangers. Palestro se forma près de l'ancien pont
turc ùes Beni-Hini par l'agglomération d'ouvriers qui
ouvraient la route des gorges de Tisser; peu après, en
1869, il y vint quelques colons français, et le village fut
officiellement créé en 1870. Il fut le plus cruellement
éprouvé de nos établissements dans l'insurrection de 1871 .
Le 22 avr. , il fut assailli par des miUiers de Kabyles ; les
habitants voulurent se détendre, mais trente et un d'entre
eux furent massacrés avec des raffinements de cruauté ;
(juarante furent épargnés et emmenés en captivité par les
chois des rebelles, pour exploiter plus tard cet acte de
clémence. Le village fut livré aux llammes, et quand la
colonne Fourchault y arriva le lendemain, elle n'y trouva
plus que des cadavres et des ruines fumantes. Un petit mo-
nument rappelle la défense des colons, à la tète desquels
moururent le curé et le maire. A quelques kil. de Palestro,
gorges sauvages de Tisser, très curieuses. E. Cat.
PALET. I. Jeu. — C'est une pierre plate et ronde ou un
petit disque de fer ou de cuivre, de la grosseur d'une
pièce de 5fr. Un but est déterminé soit par un palet sem-
blable, préalablement lancé parle premier joueur, soit par
un bouchon, et chaque joueur, dans Tordre déterminé,
jette successivement son propre palet de façon à le placer
ïe plus près possible du but. La victoire appartient à celui
qui y a le mieux réussi. Le jeu de palet, dont le jeu de
bouchon n'est qu une variante, était très en honneur au
moyen âge et, dans beaucoup de villes, un endroit spécial
lui était réservé comme pour le jeu de mail.
II. Gymnastique (V. Disque).
ÎII. Pêche. — Cet engin, plus particulièrement em-
ployé dans le golfe de Gascogne, se compose d'une enceinte
circulaire d'environ 150 m, de longueur formée de pieux.
distants Tun de l'autre de près de 5 m. ; au pied de ces
pieux on creuse un sillon dans lequel on descend un iilet
accroché au bas des pieux; ce tilet, recouvert de sable, est
relevé par les pécheurs à la marée baissante. E. S.
PALÈTE ou PALLETTE (AmeubL). Nom donné aux
deux derniers siècles à une foule de petits objets, à la
fois d'usage courant et de curiosité, affectant la forme
d'une petite pelle plate ou concave, munie d'un assez long
manche et tels qu'un petit battoir, un bougeoir, une cuil-
lère, une petite écuelle d'argent. C'est dans cette palète
que Ton recevait le sang provenant de la saignée, d'où
l'expression : « tirer une ou deux pallettes de sang. »
PALETHNOLOGIE. Le nom de palethnologie sï^st subs-
titué peu à peu à ceux (ï archéologie préhistorique et de
paléonîohgie humaine, trop longs et de signification
restreinte, pour désigner les études relatives à notre passé
préhistori(pie. Les ])}'Océdés de la paletlniologie sont bien
un peu ceux de rarchéologie, mais encore davantage ceu\
de l'ethnographie comparée, quand il s'agit d'étudier les
indusiries de pierre, d'os, de bronze, de kv, d'en suivre
les développements et d'en fixer les rapports. Et quand
nous voulons caractériser les peuples anciens, indépen-
damment de leiu- outillage, ave<î leurs débris osseux, nous
avons recours aux procédés mêmes de Telhnologie. Mais
la palethnologie (Mubrasse en (mtre plusieurs autres con-
iiaissances accessoires, telles que celle des terrains quater-
naires et actuels, celle des espèces de maminilëres de vi'^
terraijis, et elle doime la main à l'archéologie proprement
dite connue à l'ethnographie. Zauohowsri.
PALETOT (V. CosTU.NiE).
PALETTE. ï. Technologie. — On donne ce nom
aux parties plates et larges (|ui terniinenl certains ap-
pareils ou insirunients inécani(jucs destinés à travailler des
matières pâteuses, li(juides ou pulvérulentes. Tels sojii
par exemple les malaxenrvs, péti'isseurs, élévateurs, etc.
La palette peut aussi sei'vir de propulseur, soit en re-
cevant son jnouvement d'une chute d'eau (roue de mou-
lin), soit en transmettant à l'eau !e mouvement qui lui
est imprimé par une machine motrice (bateaux à vapeur à
roues). E. M.
II. Peinture. — Petite ])lanche fort mince, en
bois de pommier ou de noyer, de forme ovale ou car-
rée, dont se servent les peintres pour disposer leurs
couleurs. Elle se tient de la main gauche, le pouce passé
dans un trou qui est percé en Tune de ses extrémités.
Les couleurs, industriellement préparéos, soîit rangées
par petites quantités autour de cette planchette et le
peintre fait ses mélanges sur le miheu laissé Ubre. Cer-
taijis peintres rangent méthodi({uement leurs couleurs se-
lon Tordre de Tarc-en-ciel et la tiennent constamment
propre; la palette de certains autres semble une mêlée
de juiances. Les peintres flamands se servaient le plus
souvent de palettes en cristal; celles des miniaturistes
sont à l'ordinah'e en porcelaine. La palette est, avec les
pinceaux, l'insigne du peintre: on voit, à la National
Gallery, celle de Constable ; on a vu celle de Delacroix
à l'exposition de son œuvre qui fut faite, en 1883, à
i'Ecole des Beaux-Arts, avec la position des gammes de
tons (ju'il employail, indiquée par un de ses élèves. On
emploie quelquefois le mot palette ou figuré pour parler
de Tart (l'un peintre; et l'expression sentir la palette,
aujourd'hui peu usitée, indique des couleurs qui demeu-
rent séparées sur la toileetncs'yharmojiisentpas. E. Ba.
III. Archéologis (V. Lanterne).
ÏV. Hydraulique (V. Alce, t. IV, p. 359).
'V. Médecine (V. Pansement et Saignée).
PALÉTUVIER (Bot.). Nom donné généralement à des
espèces de l'ancien genre Ilhiwphora L. — ^^ Le P. ordi-
naire ou P. noir est le llhiiophora Mangle L. ou
Manglier (V. ce mot) ; le P. des Indes est le Bru-
gniera gpninorhvM Lamk (Rhizophora gyïnnoihixa L.)
(V. Bruguiera). — Quelquefois on désigne sous le nom
879
p.vlî:tcvier — palguave
lie P. de montagnes une plante du genre Clu.sia (V. ce
mot), le CL venosa L. D'' L. Hn.
PÂLEY. Corn, du dép. de Seine-el -Marne, aiT. de Fon-
tainebleau, eant. de Lorrez-le-Bocage ; 455 liab. Menhir
(mon. hist.), connu sous le nom de la Hoche qui fuit.
PALEY (William), théologien anglais, né à Peterbo-
rough en jud. 1743, mort à Bishop-Wearmouth le25mai
1805. Dès le début de ses études, il se fit remarquer par
une intelligence claire, souple et sèche, 11 fut professeur
à Cambridge de 1767-76. Puis il passa par diverses cures,
cumulant toujours plusieurs bénéfices. La publication de
son ouvrage A view of the Evidences of Ckristianity
(1794, "i vol.) fit de lui un des écrivains théologiens les
plus en vue dans son pays. Juscpi' au milieu du xix® siècle,
ce livre servit de manuel officiel pour l'enseignement théo-
logi({uc à Cambridge. La méthode est historique, mais elle
est maniée à la façon des scolastiques. L'auteur formule
des propositions abstraites, les étaie de citations sacrées
et profanes et les confirme par la démonstration de la
proposition contraire. Nul souffle religieux n'anime le dé-
bat. Les H or œ Paul inœ {il ^0) sont un peu plus intéres-
santes, tandis (pie les Principles of moral and political
philosophy (1785, 2 vol.) développent un vulgaire utili-
tarisme.
PALEYRAC. Com. du dép. de la Dordogne, arr. de
Bergerac, cant. de Cadouin ; 455 hab.
PALÉZIEUX. Village suisse, du cant. de Vaud, sur
la ligne de chem. de fer Berne-Lausanne, point de bifur-
cation de la ligne Lausanne-Payerne-Lyss ; 599 hab. On
a trouvé, au commencement de ce siècle, dans cette lo-
calité, des mosaïques et des bains qui font supposer que
Palézieux est d'origine romaine.
PÂLFFY. Une des plus anciennes familles hongroises,
dont les membres se sont distingués dans l'armée et dans
la vie politique. — Nuklos ou Nicolas 11 (155"2-1600),
surnommé hôs (le héros), l'enrichit par son mariage avec
Marie-Madeleine Fugger et l'illustra par ses victoires sur
les Turcs, auxquels if prit Baab (G yor), le 29 mars 1598.
— Son fils Etienne (f 1646) lui succéda au gouvernement
de Pozsoni (Presbourg), fut surnommé la [erreur des
Turcs, et fait comte en 1634. — Ses petits-fils (Nico-
las VI (1657- 1732) et Jean IV (1663-1751), palatin
de Hongrie, ont donné naissance aux deux branches aînée
et cadette, la seconde subdivisée elle-même depuis 1720
en trois autres. — Paul Pâlffy ayant épousé la fille de
Bakocz ajouta à son nom celui d'Erdôd, que ses descen-
dants ont conservé. La famille s'est toujours montrée très
attachée à la maison des Habsbourg et, pendant la Révo-
lution, Mauricel^alïïy fut aide de camp du général Haynau.
PALFFY (Albert), romancier hongrois, né à Gyula en
1820. mort à Budapest en 1897. 11 débuta en 1845 par
le Millionnaire magyar, suivi du Livre noir, qui accu-
sent rintluence de George Sand et de Balzac. En 1847, il
devint rédacteur du Pesti Hirlap, se lia d'amitié avec
Petofi, et fonda, en 1848, le Quinze m^ars, qui, par ses
idées uitra-révokitionnaires, scandalisa les patriotes, de
sorte que le gouvernement de Kossuth se vit dans la né-
cessité de le supprimer. Après la révolution, il se cacha
en province, mais il fut arrêté (1853) et interné à Bud-
weiss. Ses Nouvelles posthumes d'un exilé datent de
1850. Dans ses romans, tantôt il aborde des problèmes
sociaux, tantôt il raconte des épisodes historiques. Le
Part'ai n du Pi'ince (iS'ôS), la Maison paternelle (1858),
'Attila, le fléau de Dieu, le Professeur de^f^"" Esther,
les Dernières Années de l'ancienne Hongrie (1893)
"montrent un vrai talent de conteur. Pâlffy dessine ses ca-
ractères en quelques traits marquants, les fait vivre, ne
dédaigne pas l'humour. J. Koxt.
BiBL. : Charles Vadxai. dans IJucUrpcsU Szeinlc. iuiii
1898.
PALFIN ou PALFIJN (Johannes), célèbre anatomiste
belge, né à Courtray le 28 nov. 1650, mort à Gand le
21 avr. 1730. 11 exerça la chirurgie successivement à
Gand et à >pres, et en 1695 revint à Gand où il fut
reçu, en 1698, maître en chirurgie et barbier, et fut
nommé, en 1708, professeur de chirurgie et d'anatomie.
Palfin peut être considéré comme le créateur de l'anato-
mie chirurgicale ; c'est aussi lui qui a inventé le forceps
osbtétrical, qu'il présenta lui-même, en 1723, à l'Aca-
démie des sciences de Paris. — Ouvrages princi})aux :
Nieuwe Osteologie... (Gand, 1701, in-12, et nombr.
édit., dont une française en 1731); Description anato-
mique des parties de la femme qui servent à la géné-
ration... (Leyde, 1708, in-4, et autres édit.); Ueel-
konstige ontleeding des menschelijk lichaams...
(Leyde, 1710, in-8, et nombr. édit., dont 2 franc., en
1726 et 1754); etc. D^' L. Hn.
PALGHAT. Ville du district de Malabar, présidence de
Madras (Inde), située dans une brèche des Ghàts occi-
dentales, haute de 1.000 m. et large de 40 kil., à la-
quelle elle doit son nom. Commandant la grande route
entre la côte du Malabar et l'intérieur du pays, elle avait
jadis une grande importance stratégique et a conservé de
l'importance commerciale (env. 40.000 hab.). Son fort,
bâti par Haider Ali, fut pris pour la première fois par
les Anglais en 1768 et devint la base des opérations contre
Tippou-Sâheb. Il est aujourd'hui converti en prison. De-
venue un important entrepôt de marchandises, Palghàtest
reliée par un embranchement de 4 kil. à la station d'Ola-
vakod, du Madras Bailivay, à 135 kil. S.-E. de Calicut.
PALGRAVE (Sir Francis), historien anglais, né à
Londres en 1788, mort à Hampstead le 6 juil. 1861. Fils
d'un commerçant juif, Meyer Cohen, il reçut une bonne
instruction, fut même un enfant prodige, et son père édi-
tait avec orgueil une traduction de laBatrachomyomachie,
qu'il avait faite à Page de huit ans d'après une version
latine : 'Op.rjpou [ixTpcn'^oirjo^ajJoc, traduite de la ver-
sion latine d'E. Berglère par M. François Cohen de
Kentish Town, âgé de huit ans (Londres, 1797, in-4).
Inscrit au barreau de Londres en 1827, il ne pratiqua
guère, s'occupant avec passion de recherches historiques
et archéologiques et donnant de nombreux articles à la
Quaterly Ueview et à VEdinburgh Review. Il fut chargé
par le gouvernement de la publication des Parliamen-
lary ivrits, des Hotuli curiœ. lîegis, des Kalendars of
the Treasury of Ihe Exckequer, des Documcnls a)id
Records illuslrating Ihe history of Scotland, etc., et
en 1838, fut nommé conservateur adjoint des archives
nationales. Ses principaux ouvrages : TheRise and Pro-
gress of Ihe English commonivealth (Londres, 1832,
2 vol. in-4) ; The Hislory of Normandy and England
(Londres, 1851-64, 4 vol. in-8), établis sur des re-
cherches considérables, lui ont valu la célébrité. Ils ren-
ferment des vues ingénieuses, mais ils manquent de cri-
tique : aussi ont-ils été assez sévèrement jugés, même <m)
Angleterre. Ils ont eu du moins le grand mérite d'attirer
l'attention des érudits sur l'histoire et la littérature du
peuple anglais au moyen âge et d'ouvrir un champ qui
devait donner de fécondes moissons. Citons encore de Pal-
grave : son édition du Pioman des ducs de Normandie,
cle Wace (1828, in-4): son Hisiory of England (1831,
in-12), dont il ne donna que le premier volume ; A)i essay
on the Aulhoriti/ of Ihe kiiufs Council (4834, in-8);
Truths and Fictions of Ihe Midi le Ages (1837, in-8) ;
Tlie Lord and The \^assal (1814, in-8). Il s'était converti
au catholicisme en 1823 et avait alors pris le nom de sa
mère. H. S.
PALGRAVE (Francis-Turner), littérateur anglais, né à
Londres le 28 sept. 1824, fils du précédent. Vice-prin-
cipal de l'école normale d'instituteurs de Kneller Hall, il
entra ensuite dans les bureaux du département de l'ins-
truction publique, fut longtemps secrétaire particulier du
comte Gran ville, et devint, en 1886, professeur de poésie
à l'Université d'Oxford. Il est connu par ses travaux sur
les grands poètes anglais, dont il a donné d'excellentes
éditions. Lui-même a publié : Lhjlls aiui Songs (\SM) ;
PALGHAVE — PALI
— 880 —
Vii Golden Treasury ofEiiglish Soiijs (1861); Esscn/s
on Art (1866) ; Hyunu (1867); Lijrical poeïns {iSl i) ;
Tfie Visions of England (1881-89, "2 vol.) ; Amenophis
and otherpoems (1892) ; Journals and Memories (1899,
iii-8), etc. R. S.
PALGRAVE (William (liiford), diplomate anglais, né à
Westminster le ^2i janv. 18'26, mort à Montevideo le
30 sept. 1888, iils de l'historien (V. ci-dessus). Ses dé-
buts dans la vie furent assez romanesques. 11 s'engagea
d'abord dans l'armée de l'Inde, puis se convertit au ca-
tholicisme et se lit ordonner prêtre à Madras. Membre de
la Société de Jésus, il déploya la plus grande activité dans
les missions de l'Inde, puis de Syrie et après les mas-
sacres de 1861, revenu sain et sauf eu Europe, il fit en
Angleterre et en France uue propagande infatigable contre
les massacreurs. En 1862, il accepta de Napoléon III uue
mission en pleine Arabie et en rapporta un livre d'un in-
térêt captivant : .Y«/"ra^//'^ of ayear's Journey throujh
central and eastern Arabia (Londres, 1865, 2 vol.
in-8 ; trad. en fr., Paris, 1866). Le gouvernement an-
glais, frappé de ses rares qualités, résolut de l'employer
dans le service diplomatique. Palgrave fut d'abord en-
\oyé eu Abyssinie (1865) oii il obtint de Théodore la mise
en liberté de divers prisonniers anglais. Il fut ensuite con-
sul à Souklioum Kalé, à Tré])izonde, d'oii il écrivit un re-
marquable Report on the Anatolian Provinces of Tre-
hizond,Sivas, Kastemouni and Part of Angora (1868) ;
à Saint-Thomas (Indes occidentales), à Manille, en Bulgarie,
à Bangkok (1879). lùitre temps, il avait al)andouné le
catholicisme pour prati([uer diverses religions orientales. Il
fit partie de nom])reuses sociétés savantes, entre autres de
la Société de géographie de Londres. Citons encore de lui :
Hermann Agita (Londres, 1878, in-8, 3^^ éd.), roman
très intéressant; Essays on Eastern Questions (1872);
Dittcli Giiiana (1876) ; Ulysses, or scènes and studies
in many Lands (1887, in-8) ; A Vision of Life {iHdi),
poème religieux fort ennuyeux. R. S.
BiBL. : R. Stuart-Poolp:, Palgnwe's Arab'mn Journey,
d'd'Aii, Fortnigfitly Revlew,lSii5^ I. — II.Duvevrier, Voyages
(le M. Palgrave dans V Arabie, dans Annales des voyages^
1836, 1. — JoNVEAUx, l'Arable centrale par W.-G. Palgrave^
dans Correspondant, janv. et fé\r. 186G. — Lavolléi:,
nu Voyage dans l'Arable centrale : M. Palgrace^ dans
liccae des Deux Mondes, 18o7, mai.
PALGRAVE (Bobert-Harry Inglis), financier anglais,
né à Londres en 1827, frère du précédent. Entré fort
jeune dans la grande maison de banque Gurneys et G*' de
^'arinouth, il prit peu à peu dans le monde financier une
situation prépondérante. Très bien doué, ils'est livré avec
succès à l'étude des ({uestions d'économie polititpio les
plus ardues et a fourni des contributions importantes aux
recueils des sociétés dont il fait partie, notamment la Société
royale dont il a été élu membre en 1882. Citons de lui : Local
taxation ofGreatBritain and Ireland (1870) et son Dic-
tionary of Polit ical Econoiny (1891). Il publie, depuis
1877, le recueil si renommé intitulé TheEcononiist.
PALGRAVE (Keginald), administrateur anglais, né à
Londres le 28 juin 1829, frère des précédents. Il entra
dans les bureaux de la Chambre des communes en 185!)
et succéda en 1886 à sir Thomas Erskine May dans le poste
important de clerc de la Chambre des communes. On lui
doit des ouvrages de procédure parlementaire qui font
autorité : The House of comnions, illustrations of ils
Jdstory and practice (1867); The Cliairman Iland-
book (1877), et les tomes I et II du grand travail d'Erskine
May : Treatise on the law of Parlianient (1893). Très
instruit, comme tous ses frères, il a encore écrit des
articles d'histoire dans la Quarterly Pieview et donné
Oliver Croniwell, the Protector, an appréciation
(1890), etc. B. S.
PALHERS. Com. du dép. de la Lozère, arr. et cant.
de Marvejols; 181 hab.
PALI est pour les savants européens le nom de la
langue littéraire des bouddhistes de Ceylan, de Birmanie,
du Siam et du Cambodge : pour ces derniers, il désigne
proprement leurs livres sacrés. Si l'on en croit la tradi-
tion, le pâli serait l'ancienne mâgadhî ou dialecte parlé
en Magadha (Bihar) au temps' du Bouddha. Kuhn
veut y voir le prâcrit usité à Oiijjain, dans le Màlva,vers
250 avant notre ère. Selon Oldenberg, il aurait déjà
été en usage dès 400 av. J.-C, dans le S. de la pénin-
sule, d'où il aurait naturellement passé à Ceylan ; mais
il faudrait supposer en ce cas que l'Inde méridionale ne
parlait pas encore de langues dravidiennes ; car s'il est
vrai que le tamoul, langage de la côte voisine du Coro-
mandel, fait aujourd'hui dans l'île même concurrence au
singhalais, du moins n'a-t-il jamais eu de rapport avec
le pâli. Il paraît donc plus vraisemblable d'admettre que
le pâli a été introduit à Ceylan, en même temps que le
bouddhisme, par des immigrants venus de l'Inde aryanisée
et partis, soit des ports de l'Orissa, soit de ceux duKonkan.
Quoi qu'il en soit de la question non encore élucidée de
son origine, le pâli est une langue étroitement apparentée
au sanscrit. Comme on l'a souvent remarqué, il présente,
avec le sanscrit védique, les seules différences caracté-
ristiques qui séparent l'italien du latin. C'est le même
procédé d'obhtération ou d'assimilation des groupes de
consonnes pour faciliter ou adoucir la prononciation des
sons trop difficiles ou trop durs ; c'est aussi la même re-
cherche des terminaisons vocaliques ou nasales, au point
qu'un mot pâli ne peut se terminer par une consonne.
Disons encore que le pâli a deux voyelles et deux diph-
tongues de moins que le sanscrit, qu'il n'a pas de duel,
que les lois de son euphonie sont irréguhères, etc. Il en
existe une ancienne grammaire indigène sous le nom de
Kaccâyana. Les manuscrits, selon leurs provenances, sont
écrits en caractères singhalais, birmans ou cambodgiens.
Histoire de i.a philolocik pâlie. — Le premier Euro-
péen à avoir mentionné le pâli serait Laloubère, dans sa
Relation du Siam, à la fin du xvii^ siècle. En 1824,
B. Clough en publiait à Colombo une première grammaire,
mais qui n'était pas encore parvenue en Europe quand,
deux ans plus tard, Burnouf et Lassen publiaient leur
fameux Essai sur le pâli, complété l'année suivante par
des Observations grammaticales sur le même sujet.
C'est encore à Paris que parurent, en 1871, l'excellente
étude de M. E. Senart sur Kaccdyana et la littéra'ure
grammaticale du pdli, et, en 1874, la traduction fran-
çaise par St. Guyard de la Grammaire pdlie de Minayen.
De 1867 à 1869, E. Muller avait publié à Vienne trois
volumes de Beilrdge zur Kenntniss der Pdli Sprache,
et E. Kuhn donnait k son tour à Berhn, en 1875, ses
Beilrdge zur Pdli Grammatik. La même année parais
sait enfin à Londres le Dictioïinary of tlie Pdli language
de B.-C. Childers, travail excellent, mais que les progrès
des études ont déjà rendu insuffisant. Depuis cette époque
ne cessent en effet de se multipUer, en même temps que
se publient les catalogues des manuscrits conservés dans
les diverses bibliothèques européennes, les éditions et les
traductions des textes pâlis. Enfin la Pdli text Society,
dont le siège est à Londres, a été fondée sous les auspices
de savants appartenant à diverses nationalités pour faci-
Hter la publication intégrale, en lettres latines, de toute
cette littérature, dont il nous reste à donner un aperçu.
LiTiÉHATURE pÀLiE. — Si l'ou cxccptc quclqucs chro-
niques comme le Mahdvamso, dont la publication en 1837,
par (t. Turnour, secrétaire colonial de Ceylan, a fait date
dans les études indiennes, et le Dîpavamso (éd. et trad.
Oldenberg, Londres, 1879), la littérature pâlie consiste
surtout dans le Tipitaka ou ensemble des saijites écri-
tures de l'Eglise bouddhique du Sud et des commentaires
dont elles ont été l'objet (V. Bouddhisme). Les opinions
des savants européens sur l'âge et la valeur historique de
ces textes est très partagée. Quelques-uns, comme Max
Muller, Oldenberg et Bhys Davids, acceptant en somme
les récits singhalais sur les conciles et la rédaction du
canon pâh, soutiennent que ces textes sont les plus an-
^ :;8i —
PA'
PALii:i{
eicns que nous possédions sur !o l)Oudclliismc et ceux qui
nous donnent l'idée la plus approchante de l'état primitif
de cette religion. De leur côté, MM. Senart et Minayeii con-
testent, non sans raison, la haute antiquité de la tradi-
tion singhalaise et ses prétentions à représenter la parole
authentique du maître et la forme originelle de sa commu-
nauté. 11 va de soi que nous ne pouvons entrer ici dans
C3tte discussion. Nous voudrions seulement dresser un ta-
bleau rapide de cette littérature.
Le TiPiTAKA ou « les trois corbeilles » est divisé, comme
son nom l'indique, en trois collections, celle du Viiiaj/a
ou de la discipline, celle des Souttas ou prédications du
Bouddha, et enfin celle de V Abhidhamma ou métaphy-
sique.
I. Le YiNAYA-PiTAKA est à son tour divisé en cinq livres :
l'^ la Paràjikd, qui traite des quatre péchés capitaux en-
traînant l'exclusion de la communauté; 2° la Pdvilti, ou
expiation des fautes moins graves ; 3*' le Mahâ-vagga ou
grande section, qui contient le recueil du Pdtimokklia
dont on a voulu faire le noyau de toute la règle monas-
tique du bouddhisme ; 4^ le Coulla-vagga ou petite sec-
tion, qui renferme notamment les dispositions relatives à
l'ordre des nonnes et les notices sur les conciles de Ràja-
i/,aha et de Vesàlî ; et enfin 5*^ le Parivdra-pdflia, qui
n'est guère qu'un résumé des précédents. Le Vinaya-
piiaka a été édité en entier par Oldenberg (Londres,
•1879-83, o vol.) et en partie traduit par lui, avec la
collaboration de Rliys Davids dans les Sacred Books of
Ihe East (vol. XIII, XVII et XX).
IL Le SouTTA-priAKA se divise également en cinq parties
à leur tour subdivisées en un très grand nombre de cha-
pitres de dimensions fort diverses, en prose ou en vers :
l*^ le Digha-nikdya contient 34 souttas « étendus » dont
7 ont été traduits en français par Grimblot (Paris, 1876) :
mentionnons particulièrement le Mahd-parinibbdna-
soutla, (pii raconte les circonstances de la mort du Boud-
dha (éd. Childers et trad. anglaise dans les Sacred Books,
vol. X) ; '2« le Majjhima-nikdya renferme 137 souttas
de longueur « moyenne » (jui ont fait rol)jet de divers
travaux; E. Neumann en a commencé une traduction alle-
mande (Leipzig, 1896) ; la Pâli text Society a entrepris
la publication de ces deux sections de même que des sui-
vantes; 3*' le Samyoïitta-nikdya, dont l'édition a été
confiée à M. L. Feer; et 4^^ V Angouttara-nikdya, dont
l'éditeur est M. B. Morris. Mais la partie la plus intéres-
sante peut-être est la cinquième, celle des « petits » sont-
tas, Je Rliouddaka-nikdya, qui contient quinze chapitres
dont les plus célèbres sont le recueil de stances si souvent
édité et traduit du Dfiammapada et la collection des
Jdlakas ou récits des naissances antérieures du Bouddha
(éd. Fausboll ; trad. anglaise commencée par Prof. Rhys
Davids et reprise sous la direction de Prof. Cowell).
m. L'ABHiDHAiiMA-piTAKA, divisé OU Sept livrcs, est la
partie la moins ancienne de l'ensemble : c'est aussi celle
dont la lecture est la plus rebutante et par suite la moins
étudiée : une petite portion seule en a vu le jour. On peut
y rattacher un texte non canonique, mais qui "n'en a pas
jnoins excité un intérêt considérable en Europe, le fameux
Milinda-panho (éd. Trenckner ; trad. anglaise de Rhys
Davids dans les Sacred Books, vol. XXXV et XXXVl),
sorte de dialogue, à la façon socratique, entre le roi indo-
grec Ménandre et le moine bouddhiste Nàgasena.
Disons pour finir, si l'on veut avoir une idée exacte de
l'étendue de cette littérature sacrée, que d'après les calculs
de VàPdli text Society, elle occupera de neuf à dix mille
pages in-8, dont plus de la moitié ont paru. D'autre part,
le roi de Siam, à l'occasion du 25^ anniversaire de son
couronnement, en a fait exécuter à Bangkok (1893-94),
une édition complète en caractères indigènes qui remplit
39 vol. in-8 et a été distribuée à la plupart des grandes
bibliothèques du monde. A. Foucher.
BuiL : Les indications (jiii précèdent suffisent pour
aniorcei' les recherclies. On trouvera une bibliographie gé-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
néralc du |)"di (caiiilog.ios denuiiuis.. trraniinaires. diction-
naires, éditions, îraducliiins, articicîsde rcn-ues. etc.)dan>.
Trubner and C\ Cntalofjuc of leadinq books on P,]h,
Prâkrit and Buddhist Literiiturc ; Londres, 1881. -
O. Frankfurter, Ilundbook of Pâli: Londres, 1883. -
P. Pavolini, Buddismo, dans coll. des Manuels IIaM)!i ;
Milan, 1898. ^
PALI ou PALLL Ville de l'Etat et à 65 kil. au S.-E.
de Jodhpour, dans le pays de Marvar, Bâdjpoutàna (Inde
occid.). C'était jadis le grand entrepôt des marchands
marvaris entre le Goudjerat et le bassin du Gange. Tou-
jours florissante au milieu de ses remparts ruinés (50.009
hab.), la ville est à présent une station sur la ligne du
Jodhpore-Bick ineer Baitway, sous le nom de Marvar
Pâli (à 30 kil. de Marvar .functioii, sur le Bombay, Ba-
rodaand Centrât India liaitiiHui).
PALIANO [Fundus Pottianns). Ville dîtalie, prov. de
Rome, arr. de Frosinone, à 37 kil. de cette ville, sur le
sommet d une coHine dominant au S. la vallée du Sacco,
dans une position naturellement forte. La ville fut reji-
forcée à plusieurs reprises par des murailles et des bas-
tions et enfin, au xvi^ siècle, par une citadelle ou clui-
teau; 4.016 hab. aggl. en 1881. Stat. du rhem. de '
à Legni. Produits principaux : hudes, vins, céréales.
Ltablissement pénitentiaire. Palais des Colonna, vaste cl
bel édifice de roche calcaire brune, d'un style élégant et
moderne qui a été restauré aa xvii^^ siècle. Le pape Mar-
tin V (Colonna) donna cet ancien fief des comtes de Segni
à ses neveux. Les Colonna perdirent temporairement Pu -
liano, quand le pape Paul IV en nomma duc son neveu
Ciovanni Caraffa, q^i fut plus tard décapité par ordre de
Pie IV.
PALIANO (Ducs et princes de) (V. Colonna).
PALIBOTHRA (Archéol.) (V.Patna |Archéol.]).
PALICARE ou PALLIKARE. Ce mot désigne, depuis
l'époque byzantine (vii^ siècle), les jeunes guerriers et plus
particulièrement les membres des bandes armées des Ar-
matole et des Kteptes (V. ce mot et Grèce, t. XLK, p. 20-')
et p. 320-3^21).
PALI CE (.Jacques de Chakannf.s, sieur de La) (V. Cii\-
BANNES [Maison de|).
PALICES(lla)a7.o':) (MythoL). Divinités telluriques on
démonsvénérés en Sicile, au pied de l'Ltna, auprès de deux
sources sulfureuses, près de la petite ville de Palice o:i
un oracle s'inspirait d'eux. On venait près de ces sources
prêter serniq^U pour se laver d'une accusation : si la
tablette siu^ laquelle on l'inscrivait surnageait, c'était bien ;
si elle coulait, on était regardé comme parjure et exj)ose
à la mort ou à la cécité. Des sacrifices humains semblent
avoir été autrefois oiferts aux Paliccs que l'on invoquait
également pour protéger l'agriculture et la navigation. On
en faisait tantôt deux fils jumeaux du héros local Adranos,
tantôt d'Héphaistos et de la nymphe /Etna, tantôt di-Zeiis
et de la nymphe Thalia, fille des précédents.
BiBL. : Michaelis, Die Palihen : llnUc. 1S55.
PALIER. I. Architecture. — On appelle ainsi,
dans un escalier, les plates-formes coupant la montée et
permettant de se reposer à chaque étage et même une
ou deux fois pendant l'ascension d'un étage. Autrefois ou
désignait les paliers intermédiaires par le mot de repos, les
paliers principaux étant ceux donnant accès aux appar-
tements avec les(pTels ils sont de plain-pied (V. Escauku,
t. XVI, pp. 233 et suiv.). L'usage des paliers de repos est
recommandé non seulement lorsque la montée excède une
vingtaine de marches, mais même, pour les montées de cette
importance, toutes les fois que la circulation dans Lun et
l'autre sens est active et que les personnes montant ou
descendant en même temps peuvent être chargées de far-
deaux, comme dans les fabriques, les habitations ouvri' res,
les écoles, etc. Dans les escaliers droits, dits à la fran-
çaise, construits aux deux derniers siècles et générale-
ment établis sur un plan carré ou rectangulaire, les sur-
faces murales des paliers de repos se prêtent bien, comme
celles des paliers principaux, à recevoir une décoration
o6
l>ALil!:U — PA Ll KllIAO
88':2
en peinture, en sculpture, en tapisserie, en glaces, etc.,
ressource décorative que sont loin d'offrir les escaliers à
(}uartiers tournants, dits a V anglaise. On appelle demi-
paliej' un palier formant un carré ayant pour côté la lon-
gueur des marches, et Philibert de l'Orme appelait double
marche un palier triangulaire dans un escalier à vis. Les
anciens connaissaient lusage des paliers de repos qu'ils
appelaient prœcincliones et qui servaient, dans les suites
de gradins permettant d'accéder aux différents étages des
amphithéâtres, à gagner sa place sans déranger un trop
grand nombre de personnes assises. Charles Lucas.
II. Mécanique. — Organe mécanique destiné à sup-
porter un arbre de transmission principal ou intermédiaire.
Un palier comporte trois parties principales : le palier
proprement dit, le chapeau qui le recouvre et le coussinet.
Le palier et son chapeau sont en fonte, le coussinet est
généralement en bronze, cpielquefois en métal antifriction.
L'arbre à supporter étant de section cyhndriqne, le cous-
sinet qui l'entoure affecte la forme d'un cylindre creux. Ses
faces extérieures pourraient être également cylindriques,
mais on préfère leur donner une forme prismatique pour
l'empêcher de tourner en même temps que l'arbre. Adrohe
et à gauche, le coussinet est muni de joues, qui, venant
butter contre la fonte qui les supporte, empêche tout
déplacemcnl latéral du coussinet par rapport au palier. En
outre, on prend souvent la précaution de munir l'arbre
de deux portées, l'une à droite, l'autre à gauche du cous-
sinet, pour empêcher le mouvement latéral de l'arbre. Le
coussinet est fendu, suivant un plan diamétral passant
par l'axe de rar])re, de sorte qu'en réalité il se compose
de deux demi-coussinets demi-cylindriques. Cette dispo-
sition permet de l'emmancher et de le retirer facilement.
Tout le travail de frottement s'effectue entre l'arbre tour-
nant et le coussinet immobile; le palier n'est en somme
qu'un support tei'miné généralement par une assise plane
ou patin. Le chapeau, sorte de couvercle, rehé au corps
du palier au moyen d'écrous et de prisonniers, se retire
facilement pour permettre le remplacement rapide du
coussinet (fuand Fusure l'a ovalisé. Il porte fréquemment,
dans les paliers ordinaires, un ajutage permettant d'y
adjoindre un godet graisseur. L'huile aspirée par une
uîêche, traverse le chapeau et le demi-coussinet supérieur
percé d'un trou h cet effet et se répand sur le pourtour
de l'arbre ; on facilite généralement cette répartition en
luisant au burin dans le demi-coussinet deux saignées
en X nommées pattes d'araignée, qui o])ligent l'huile à
se répandre sur toute la longueur du contact et à ressortir
par les exti'émités, entraînant avec elle les impuretés et
petites limailles provenant de l'usure des pièces en contact ;
on éYÏte ainsi la production de stries transversales dans
l'arbre et l'épaississement de l'huile.
Dans les patios graisseurs, on procède d'une façoii
différente ; c'est le corps même du palier qui, étant élargi,
constitue le réservoir d'huile ; une mèche en coton, en
rothi ou en métal, aspire l'huile et vient déboucher dans
le demi-cousset inférieur. L'arbre est graissé par-dessous.
L'importance du coussinet est d'autant plus grande que
la vitesse de rotation de l'arbre est plus considérable ;
(pielcjuefois, dans les machines à faible vitesse et cons-
truites écon.omi(piement, on supprime le coussinet en métal
doux. Ce procédé n'est pas à recommander, car le frot-
tement de fer sur fonte donne des résultats défectueux
auxquels on n'obvie qu'avec un graissage très abondant.
Pour les arbres tournant à très grande vitesse comme
ceux des dynamos et des machines à travailler le bois
C'y à 6.000 tours par minute), il faut au contraire eju-
ployer des coussinets en bronze phosphoreux et très allon-
gés. Dans ce cas, on doit faire usage de paliers-graisseurs
parfaitement établis pour éviter le grippement. Lors-
(ju'il s'agit de soutenir un arbre de transmission principale
de grande longueur, il ne suffit pas de metlre un palier à
chacune de ses extrémités; il faut faire usage de paliers
intermédiaires espacés suivant les efforts de traction exer-
cés sur Larbi'e par les machines auxquelles il donne le-
mou veulent.
En appelant L l'espacement en mètres de deux paliers
consécutifs et d le diamètre en millimètres de l'arbre sup-
porté, on prend généralement :
L ~ 0,60 ^J-
Il est alors absolument nécessaire que tous les paliers
soient rigoureusement à la même hauteur, de façon que
l'axe de l'arbre soit une ligne absolument droite. — Cette
précaution, trop souvent négligée, évite l'usure et la perte
de force due aux frottements inutiles. On peut s'assurer
de l'horizontalité d'un arbre au moyen d'un appareil ana-
logue au niveau des arpenteurs, dans lequel la branche
horizontale est remplacée par un long tube de caoutchouc.
Les deux bouteilles du niveau sont fermées par des bou-
chons traversés par les pointeaux gradués permettant de
lire immédiatement la valeur de la dénivellation. Cet appa-
reil, dû au capitaine Lenepveu, a été employé avec grand
avantage pour la vérification des transmissions princi-
pales de la galerie des machines à l'Exposition universelle
de 1889.
Dans les paliers à billes ou à rouleaux, le coussinet
est supprimé et ronplacé par une série de billes ou de
rouleaux en acier trempé, hiterposés entre l'arbre et le
palier, de façoji à transformer le frottement de glisse-
ment en frottement de roulement. Cette disposition est
avantageuse pour les machines agricoles, car il permet
d'y supprimer le graissage que les poussières reluiraient
très ditlicile.
Lorsque les paliers reposent sur un mur ou sur des
corbeaux en pierre, on interpose entre la maçonnerie et
le patin du paUer une semelle eu fonte permettant le
réglage à l'aide de coins. La plupart du temps dans
les atehers, les paliers prennent leur appui sur des
consoles scellées dans le mur ou des chaises (V. ce mot)
suspendues aux poutres du plafond, ou boulonnées après
les colonnes, ou reposant sur le sol. Dans le cas de trans-
missions souterraines, les paliers reposent sur des mu-
rettes en briques, disposées transversalement au caniveau
— On donne le nom de palier de butée au support de
l'extrémité de l'arbre d'hélice d'un navire. Ces pahers sont
très longs, et la partie de l'arlue qui les travei'se est munie
de cannelures transversales ; le coussinet porte des canne-
lures cori-espondantcs. Le nombre et les dimensions de
cejs cannelures sont calculés en raison de la puissance de
la machine et de la vitesse du navire, puiscpie c'est de ces
deux éléments que dépend la poussée à laquelle elles
doivent résister. E. Ma.glin.
PALIKAO. Village dn dép. d'Oran (Algérie), arr. et à
20 kil. 0. de Mascara, sur la route de Tiaret. L'eau
abondante permet la culture des légumes, des primeurs,
des fruhs ; on récolte aussi des céréales et des vins très
estimés. Ce village fondé en 4870, à l'endroit appelé par
les Arabes Terniflne, est le ch.-l. d'une corn, de pi.
exercice de 4.828 hab. dont 284 Français, 430 Israélites
naturalisés, le reste d'indigènes. Il est le siège d'une jus-
tice de paix et la résidence de l'administrateur de la
com. mixte de Cacherou (496.000 hect. et 34.954 hab.).
PALIKAO (Chine) (V. Pa Li Khiao).
PALIKAO (Comte de), général français (V. Cousin-Mox-
tauhân) .
PALIKAT. Petite ville maritime située sur la côte du
Coromandel, un peu au N. de Madras (Inde méridionale),
au S. du grand marigot du même nom; 5.000 hab. Ce
fut le premier établissement des Hollandais dans l'Inde
au commencement du xvii® siècle. Repris pour la pre-
mière fois par les Anglais en 4784, il ne leur a été défi-
nitivement acquis qu'en 4824.
PA Ll KHIAO (ou plutôt Pa H tchoang, appelé en
français Palikao). Loca,lité sur la route de Thong tcheou
à Péking, à 8 li (4^»V5) de Thong tcheou, remarquable
883
PA Lï KHIAO -. PALIiXGÉNÉSIE
par un pont en pierre élevé en 4446 ; c'est là qu'eut lieu
le 27 sept. 1860 le dernier combat après lequel la route
de Péking fut ouverte aux armées française et anglaise.
PALILIA (V. Pales).
PALIMPSESTE. On désigne sous ce nom les monu-
ments écrits sous l'écriture desquels on aperçoit des ves-
tiges d'une écriture plus ancienne effacée pour faire place
à l'écriture nouvelle. Il y a des inscriptions palimpsestes,
entre les caractères desquelles on perçoit les vestiges de
plus anciens caractères martelés ; il y a des monnaies pa-
limpsestes, refrappées en surcharge : beaucoup de mon-
naies de Sicile ont été refrappées dans les diverses colo-
nies de la Grande-Grèce. Mais le terme palimpseste s'est
surtout appliqué aux manuscrits. Dès l'antiquité, on
effaçait l'écriture de papyrus pour les récrire. A Tréba-
tius qui lui avait écrit sur un papyrus gratté, Cicéron ré-
pondait : « J'espère que vous ne grattez pas mes lettres
pour récrire les vôtres par-dessus ». Le procédé pour
récrire les papyrus consistait, soit à se servir de vieux pa-
pyrus écrits en les doublant de nouvelles couches de pa-
pyrus pour confectionner ainsi de nouvelles feuilles, soit
à effacer l'écriture pour les récrire de nouveau. Il existe
aux Archives nationales plusieurs documents palimpsestes
sur papyrus; ce sont, en général, de faux diplômes fabri-
qués à une époque où le papyrus était devenu rare, et
pour lesquels on a utilisé d'anciens titres que l'on consi-
dérait comme dépourvus de valeur. Mais la plupart des
palimpsestes sont sur parchemin. Cette matière ayant tou-
jours été rare et chère, les copistes se sont souvent ser-
vis d'anciens manuscrits pour en refaire de nouveaux.
L'ancienne écriture était poncée et lavée, les feuilles sou-
vent recoupées pour changer le format du volume. Un
grand nombre de copies des œuvres de l'antiquité grecque
et latine ont été ainsi détruites. On ne saurait dire toute-
fois avec Michelet qu'il y eut là une Saint-Barthélémy pré-
méditée des chefs-d'œuvre de l'antiquité au profit de la
littérature ecclésiastique, car on trouve des palimpsestes
où des textes classiques ont été récrits sur des textes ecclé-
siastiques ; un synode de 691 dut même interdire de grat-
ter les textes de l'Ecriture et des Pères. Il faut ajouter de
plus, que la plupart des manuscrits que l'on sacrifiait
ainsi étaient déjà endommagés, et que ces textes, qui se-
raient aujourd'hui si précieux, étaient considérés comme
pouvant être mis au rebut. Il n'est pas douteux toutefois
que nous ne devions à cette funeste coutume la perte de
beaucoup de bonnes copies et d'un certain nombre d'œuvres.
Naturellement on a fait effort, depuis la Renaissance,
pour utiliser les manuscrits ainsi récrits, et y retrouver le
texte primitif. Le déchiffrement des paUmpestes a souvent
donné de bons résultats et a fourni une bonne contribu-
tion à la philologie classique. Malheureusement, nombre
d'érudits se sont imprudemment et maladroitement servis
de réactifs chimiques pour faire revivre l'ancienne écri-
ture, et ils ont certainement détruit ainsi plus de manus-
crits que les copistes du moyen âge. Tantôt ils ont employé
l'acide gallique qui colore le parchemin en brun jaune, ou
même, lorsqu'on l'emploie en solution trop concentrée, en
brun foncé ou môme en noir. Un grand nombre de palimp-
sestes italiens, notamment de Vérone, de Milan et de la
Bibliothèque Vaticane, sont ainsi barbouillés de brun et de
noir, au point d'être devenus illisibles. En France, on a
plus souvent traité les palimpsestes, et non moins malen-
contreusement par la teinture de Gioberti qui en a coloré
les feuillets en bleu plus ou moins foncé. Le malheur est
surtout que l'action corrosive de ces acides continue à
agir et achève de détruire peu à peu les manuscrits sur
lesquels on les a appliqués. On ne saurait être assez pru-
dent dans l'emploi des réactifs destinés à revivifier les
écritures, et le seul qui devrait être autorisé devait être le
suif hydrate d'ammoniaque, à condition bien entendu qu'il
ne soit pas appliqué sur des pages déjà traitées avec d'autres
réactifs avec lesquels il pourrait former des combinaisons
funestes. Il a le très grand avantage de ne laisser au-
cune trace et le seul inconvénient de ne revivifier les écri-
tures que pour un temps.
Les principaux textes que les palimpsestes nous ont
conservés sont des fragments de la Bible d'Ulphilas, à la
bibliothèque de Wolfenbiittel ; la République de Cicéron
et des fragments de ses discours ainsi que des morceaux
de Tite-Live, à la Vaticane ; les Insti tûtes de Gaius, à Vé-
rone; des fragments d'Euripide et Granius Licinianus, au
Musée Britannique ; un très ancien texte de Plante, à Mi-
lan ; des fragments de Tite-Live, à Vérone ; un Strabon,
à Grotta-Ferrata, etc.
BiBL. : Indépendamment de tous les traités de paléoprra-
phie, voir surtout W. Wattenbach, Schriftwesen imMit-
telalter; 3= éd., Berlin, 189G. pp. 310 et suiv.
PALINDROME. Vers ou phrase offrant le même sens
({uand on les lit de gauche à droite ou de droite à gauche
(V. Anacycliques).
PALINDROMIE (Méd.). Ce mot, très peu usité, est
quelquefois employé comme synonyme de récidive.
PALI N GÉN ÉSI E (Philos.). Ce mot, formé de deux mots
grecs, dont l'un signifie génération ou naissance et l'autre,
qui sert ici de préfixe, marque la répétition ou le retour
en arrière, a littéralement un sens équivalent à celui des
mots renaissance et régénération. Il n'est guère employé
que dans le langage de la philosophie mystique ou de la
théosophie. Ballanche en a fait le titre d'un de ses prin-
cipaux ouvrages, la Palingénésie sociale. L'idée que ce
mot exprime est celle d'une rénovation de l'être que l'on
doit considérer comme le but suprême et le terme néces-
saire de son évolution, soit qu'on envisage l'être dans
l'individu, dans l'humanité ou dans l'universalité des
choses. Cette idée est au fond du christianisme, dans les
dogmes de la chute et de la rédemption. La nature hu-
maine est déchue de sa perfection primitive ; mais elle
peut, elle doit y remonter avec le secours de la grâce dont
Jésus-Christ est le souverain dispensateur. Le baptême
est le symbole et l'instrument de cette palingénésie spiri-
tuelle. D'autre part, à la fin des temps, « il y aura de
nouveaux cieux et une nouvelle terre », et tous les élus
retrouveront, en revenant à la vie, un corps glorieux
désormais exempt de besoins et de souillures et une âme
inaccessible à la souffrance et au péché. — Mais la même
croyance, sous des formes plus ou moins différentes, est
commune à beaucoup de religions et de philosophies.
Ainsi, dans le brahmanisme, tandis que Brahma repré-
sente la création et Civa la destruction, Vichnou est le
principe de la renaissance ou de la palingénésie univer-
selle. C'est Vichnou qui intervient, à certaines époques,
pour sauver le monde menacé d'une destruction complète.
« Il se fait lui-même créature et naît d'âge en âge pour
la défense des bons, pour la ruine des méchants, pour le
rétablissement de la justice. » En Gaule, les druides en-
seignaient, selon Diodore, que « les âmes sont immor-
telles; le temps de l'existence actuelle accompli, elles
passent dans un autre corps et reviennent à la vie. »Mais
elles ne renaissent pas toujours dans .les mêmes condi-
tions. Le mal fait redescendre l'homme après la mort,
dans une vie moindre, dans le corps d'un homme infé-
rieur ou d'un animal déraisonnable ; le bien peut ouvrir
immédiatement le cercle de la félicité, le monde lumineux,
situé dans les étoiles, où F âme conserve cependant son
identité personnelle et ses affections. En Grèce, les initiés
des mystères se transmettaient des doctrines analogues,
très probablement issues de l'Orient. Platon qui, à l'exemple
de Pythagore, semble s'être inspiré de ces traditions reli-
gieuses, enseigne que l'âme a d'abord vécu dans le monde
divin des idées où elle possédait toute science et toute per-
fection ; de là elle est tombée dans un corps, après « avoir
bu de l'eau du Lé thé » ; mais, dès cette vie, elle prépare
son retour à Dieu par la science et la vertu, et ce retour
se continue et s'achève après la mort. Plotin, par sa
double théorie de la procession et de la conversion, fait
aussi entrer dans son système cette idée d'une sorte de
PALïNGÉNÉSm — PALISSAGE
88-^i
chute (les créatures hors du sein de l'unité absolue et
d'une ascension qui les y ramène et rétablit l'état pri-
mitif. Le culte de Mithra, qui parut balancer un moment
la fortune du christianisme, était fondé sur le dogme de
la catabase et de Vanabase des âmes. Essence divine,
Fàme descend ou tombe d'elle-même dans le monde ter-
restre, et les degrés de cette chute correspondent aux sept
planètes. Dans l'anabase, l'âme suit une route inverse et,
de planète en planète, s' allégeant de la substance prêtée
par chacune d'elles, se dépouille successivement de tous
les éléments de sa corporalité jusqu'à redevenir semblable
à ce qu'elle était dans sa condition première et spirituelle
(A. Gasquet, le Culte de Mithra, dans Revue des Deux
Mondes, i^^ avr. 1899). — Sans pousser plus loin cette
histoire de l'idée de palingénésie, il suffira d'exposer très
brièvement la doctrine de Ballanche pour voir que cette
idée n'a guère varié depuis ses plus lointaines origines
jusqu'à nos jours. Ballanche remonte d'abord à Dieu, qui
est avant toutes choses. Pourquoi Dieu a-t-il créé ?« Avait-il
besoin de rayonner en dehors de lui ? ne lui suffisait-il
pas d'être ? Question sans réponse. « Il ne faut pas lui
demander compte de ses œuvres ; il lui a plu de sortir de
son repos. » C'est son Verbe qui crée, « sa parole est le
moule qui donne à notre planète une forme sphérique ».
Pour créer l'humanité, il en détache l'essence de l'intelli-
gence universelle, il lui communique un pouvoir propre,
et de sa propre volonté il détache aussi des volontés indi-
viduelles. Dès lors, ces volontés vont opposer à la Provi-
dence une sorte de force des choses, un véritable destin
et introduire dans le monde le mal et le désordre. Mais
il y aura une palingénésie qui ramènera tout à l'unité.
Chaque âme, après une série d'épreuves qui ne se termine
pas à la mort, mais qui doit se poursuivre jusqu'à l'expia-
tion définitive, arrivera à la perfection de sa nature. Tout
marche, tout aboutit à la bonté universelle. V. les art.
Evolution, Immortalité, Optimisme, Progrès, Résurrec-
tion. E. BOIRAC.
PALINGES (Pahngiœ). Ch.-l. de cant. du dép. de
Saône-et-Loire, arr. de Charolles, sur la Bourbince et le
canal du Centre ; 2.254 hab. Stat. de chem. de fer de la
ligne de Roanne à Montchanin-les-Mines. Carrières de
pierre calcaire. Fabriques de ciment Portland, dit ciment
du Charollais. Tuileries, briqueteries, poteries, produits
céramiques. Féculerie. Eghse (clocher roman octogonal).
Château de Digoine (xviii<^ siècle) richement décoré à
l'intérieur, qui a appartenu aux Digoine du Palais, aux
Damas de Marcilly et aux Moreton de Chabrillant. La
terre de Fautrières a donné aussi son nom à une famille
seigneuriale très importante. Il y a eu à Pahnges un cou-
vent de l'ordre de Picpus fondé en 1609 et supprimé par
voie d'union à celui de Charolles en 1774. L-x.
PALINODIE (Litt.) (V. Stésichore).
PALI NU RE (Palînurum prom.). Cap de l'Italie méri-
dionale, prov. de Salerne, sur la mer Tyrrhénienne, au
N.-O. du golfe de Policastro. La légende classique fai-
sait dériver son nom de Palinure, pilote d'Enée, qui se
noya sur la côte de l'Italie, au N.-O. de la Lucanie. Phare
dont la hauteur sur la mer est de 223 m.
PALINURUS. I. Malacologie (V. Langouste).
IL Paléontologie. — Des restes mal conservés du cré-
tacé supérieur (Pal. uncinatus, Pal. Baumbergicus)
semblent bien appartenir au genre Langouste. A la même
famille (Palinuridœ) se rattachent : Mecochirus, à pattes
antérieures très longues {M. longimanus) des schistes
lithographiques de Bavière ; le genre date du lias ; Sca-
pheus et Prœatya de la même époque; Palinuria, Ar-
chœocarabus, 6anmni(5, jurassiques ; Podocrates, cré-
tacé et éocêne. Scyllarus est signalé dans le crétacé.
Beaucoup de Crustacés fossiles signalés anciennement sous
le nom de Palinurus appartiennent aux Glyphœidœ
(V. Glyphûeus). E. Trt.
PALIQUES (Myth.) (V. Palices).
PALIS. Com. du dép. de l'Aube, arr. de Nogent, cant.
de Marcilly-le-Hayer ; i .1 26 hab.
PAL ISA (Johann), astronome autrichien, né à Troppau
(Silésie) le 6 déc. 1848. Il a étudié d'abord les mathé-
matiques et la physique à Vienne, puis s'est adonné à
l'astronomie et, après avoir été attaché quelque temps aux
observatoires de Vienne et de Genève, est devenu, en
1872, directeur du nouvel observatoire de la marine à
Pola. Il est, depuis 1880, astronome à l'observatoire de
Vienne. Il a découvert, de 1874 à 1892, quatre-vingt-trois
petites planètes (V. Astéroïde). Il prend une part active
à l'établissement de la carte photographique du ciel.
PAUSE. Com. du dép. du Doubs, arr. de Besançon,
cant. de Marchaux ; 36 hab.
PALI SOT de Beauvois (Ambroise-Marie-Fran(;ois-Jo-
seph), naturaliste français, né à Arras le 27 juil. 17o2,
mort à Paris le 21 janv. 1820. Il fut successivement avo-
cat au Parlement de Paris et receveur général des do-
maines et des bois, puis, à partir de 1777, ne s'occupa
plus guère que de botanique. En 1781, il fut nommé
membre correspondant de l'Académie des sciences. En
1786, il partit pour des voyages lointains, visita le pays
d'Oware, le Bénin, et en 1788 arriva exténué à Saint-
Domingue. En 4790, il devint membre du conseil supé-
rieur du Cap-Français, se rendit en 1791 à Philadelphie
pour y chercher des secours contre les noirs révoltés,
faillit être massacré à son retour, enfin revint à Phila-
delphie, en 1793, réduit au plus extrême dénuement. En
France, il était proscrit comme émigré. Il voyagea dans
l'Amérique du Nord et enfin put rentrer en France en 1798.
En 1806, il remplaça Adanson à l'Institut et en 1813
devint membre du conseil de l'-tniversité. Palisot de Beau-
vois s'est particulièrement occupé des Cryptogames et des
Graminées. Principaux ouvrages : Flore d'Oware et de
Bénin (Paris, 1804-21, 2 vol. in-foL, 120 pL): Insectes
recueillis en Afrique et en Amérûjue (Paris, 180o-2l,
in-foL, 90 pi.) ; Prodrome des cinquième et sixième
familles de Vœthéogamie, les mousses, les lycopodes
(Paris, 1805, in-8) ; Essai d\ine nouvelle agrostogra-
phie (Paris, 1812, in-4 et in-8) ; Muséologie ou Traite
sur les mousses (Paris, 1822, in-8); nombreux articles
dans les revues périodiques. D^ L. IL\.
PALISSADE. I. Construction. Les palissades, em-
ployées pour servir de barrière à un chantier de cons-
truction ou à un terrain vague, sont composées de deux
éléments distincts : 1*^ une armature faite de pieux équar-
ris, également distants les uns des autres, enfoncés et
scellés dans le sol et recevant deux cours de sablières,
l'un à la partie inférieure , l'autre à la partie supérieure ;
2<^ de planches jointives clouées sur ces sablières et for-
mant la clôture proprement dite (V. Barrière, 1° Admi-
nistration, t. V, p. 494). Ch. L.
II. Génie rural. — Les palissades destinées à clôturer
les cours, les jardins ou les pâturages de peu d'étendue
sont encore constituées le plus souvent, surtout dans les
petites exploitations, ,par des barrières de lattes ou de
fortes branches horizontales clouées, à des hauteurs va-
riables, mais n'excédant guère 1^^,65, sur de forts pieux
en bois ; on complète quelquefois la fermeture au moyen
de branchages ou de harts entrelacés. Les palissades mé-
talliques avec pieux en fer à pattes et treillage métalliques
se générahsent de plus en plus ; elles sont d'un achat peu
coûteux, d'une installation facile et ne demandent que peu
d'entretien. Mais il est prudent, surtout dans les herbages,
de les amarrer solidement et même de les garnir de deux
ou trois lignes horizontales de ronces artificielles. Les hor-
ticulteurs donnent aussi le nom de palissades aux rideaux
d'arbres ou d'arbustes touffus dès le pied et plantés en
lignes; on les rencontre surtout dans les jardins potagers
dans le but de constituer des abris. J. T.
III. Art militaire (V. Défense).
PALISSAGE (Arboric). Le palissage consiste à fixer
sur un support, mur ou ti^eillage, les arbres fruitiers et
certains arbres d'ornement. Le treillage est en bois ou
métallique. On y fixe les branches charpentières, le long
de lattes ou de brins d'osier refendus, à l'aide d'une li-
gature solide de raphia ou d'osier. Les petits rameaux
latéraux sont attachés à l'aide de raphia ou de jonc. Sur
les murs crépis à une épaisseur suffisante, on palisse sans
treillage avec des bandelettes d'étoffe embrassant les ra-
meaux et fixées par des pointes dans le crépi. Tout en pa-
lissant les branches on en équihbre la végétation, inclinant
vers le sol ou redressant celles qui sont trop vigoureuses
ou trop faibles, de manière à conserver aux arbres leurs
formes régulières. G. Boyer.
PALISSANDRE ou PALIXANDRE. Le bois de palis-
sandre, appelé aussi bois violet, bois de violette, bois
de Jacaranda, n'est employé d'une façon courante dans
Fébénisterie que depuis le commencement du xviii^ siècle.
Fourni par plusieurs espèces de Dalbergia L. f., notam-
ment par le D. latifolia Roxb. (V. Dalbergu), on l'im-
porte du Brésil et aussi de la Guyane hollandaise, tantôt
en billes non équarries ou fendues dans le sens de la lon-
gueur, tantôt en plateaux. Sec, dur, compact, il est sus-
ceptible, grâce à la finesse de son grain, d'un beau poli,
avec un aspect marbré ou satiné et il se travaille très bien
au tour. Sa couleur qui est d'un rouge brun, tirant sur le
violet, se fonce considérablement à l'air. Enfin, il répand
une agréable odeur, qui rappelle quelque peu celle de la
violette. Sa vogue, au début très grande, a nécessaire-
ment baissé en même temps que son prix, et, malgré, ses
qualités de beauté et de durée, on ne l'emploie plus guère,
dans l'ameublement, que pour les mobiliers bourgeois ou
rehaussé de bronzes ciselés. Sa grande sonorité le fait
aussi rechercher par les luthiers, pour les archets des ins-
truments à cordes et pour les coffres des pianos. — Le faux
palissandre, qu'on importe aussi en Europe, a le cœur
dur, compact, d'un beau brun moiré de blanc jaunâtre
ou d'un jaune clair moiré d'un rouge brun foncé ; il est
recouvert d'un aubier tendre et blanchâtre.
PALISSÉ (Blas.). Se dit de pals ou pieux aiguisés,
comme ceux employés pour la défense des places, et réunis
par le bas.
PALISSE (La). Ch.-l. d'arr. du dép. de l'Allier, sur
laBèbre; 2.941 hab. Stat. du chem. de fer P.-L.-M. Fa-
bric^ue de cotonnades, de tricots de laine et de coton, de
crochet; filature et carderie de kine ; imprimeries, tein-
turerie ; minoteries. Commerce de blé, de farines, de bes-
tiaux, de toiles, de fil et de coton.
La seigneurie de La Palisse, vassale du comté de Cler-
mont, futacquiseen 4440 par Jacques de Chabannes, grand
maître de France, qui mourut en 4453 à la bataille de
Castillon et dont le fils, le maréchal deLaPafisse, mourut
à Pavie en 4525. La maison de Chabannes possède encore
le château (mon. hist.) qui date des xv® et xvi® siècles,
mais a été souvent restauré et remanié. La chapelle ne
renferme que des restes des tombeaux de la famille de
Chabannes. Ancienne porte gothique. Eglise moderne de
style roman.
PALISSE. Corn, du dép. de la Corrèze, arr. d'Ussel,
cant. de Neuvic ; 923 hab.
PALISSOT (Sébastien), architecte et ingénieur lorrain,
né vers 4655, mort à Nancy en 4734. Tailleur de pierre
breveté des ducs de Lorraine en 4699, Palissot fut nommé
architecte en 4704, puis premier architecte du duc et
anobli en 4722. Il fit exécuter de grands travaux, no-
tamment des travaux de ponts et chaussées sur divers
points du duché et, à Nancy, le grand corps de garde des
bourgeois, le pont Mougeart et l'église de Sainte-Epvre, ce
dernier édifice reconstruit complètement de nos jours sur
les dessins de Morcy. Charles Lucas.
BiBL. : Pelletier, Nobiliaire^ etc. ; Nancy, 1758, in-8.
PALISSOT DE MoNTENOY (Charles), littérateur fran-
çais, né à Nancy le 3 janv. 4730, mort à Paris le 45 juin
4814. Fils d'un conseiller du duc Léopold, à neuf ans il
avait composé un poème épique en vers latins, Samson,
— 885 — PALISSAGE — PALISSY
auquel dom Calmet faisait les honneurs d'un article de sa
Bibliothèque. A treize ans, l'écolier phénomène soutenait
une thèse de théologie. Destiné à l'état ecclésiastique, il
entre à l'Oratoire (4746), mais pour en sortir peu après.
A dix-huit ans il était marié et auteur d'une tragédie
inédite, bientôt d'une seconde, Zarès, puis Ninus II, qui
tomba, d'ailleurs, à la troisième représentation. Cet échec
engagea Palissot à se porter vers la comédie. Si le succès
des Tuteurs (4754) fut honnête, c'était peu encore pour
un homme que tourmenta toute sa vie la soif de célébrité.
Le Cercle ou les (>n'^mrtwj?, représenté à Nancy (26 nov.
4755), en présence de Stanislas, lui valut enfin un bruyant
renom. Dans cette pièce, un philosophe fort ridicule per-
sonnifiait Rousseau. Des clameurs hypocrites s'élevèrent
auxquelles s'opposa la noble attitude de Jean-Jacques,
cette boutade de jeune homme décida de l'avenir de Pa-
lissot, qui montra dès lors une âpreté extrême contre les
encyclopédistes. Il prit Diderot à partie dans ses Petites
lettres contre de grands philosophes (4756), et dé-
chaîna, avec sa comédie des Philosophes (4760), une
telle tempête que Grimm écrivait le 4®^ juin : « Si la nou-
velle d'une bataille gagnée était arrivée le jour de la pre-
mière représentation des Philosophes, c'était une bataille
perdue pour la gloire de M. de Broghe, car personne n'en
aurait parlé ». Dans l'intervalle, Palissot avait obtenu, par
la faveur de Choiseul, la recette générale des tabacs
d'Avignon (4755), office qui lui permit d'acquérir à Argen-
teuil la belle maison de campagne oii il vécut jusqu'à
la Révolution. En 4789, l'ennemi des encyclopédistes
adhère avec ardeur aux nouveaux principes. Il s'affilie à
la Société des Jacobins et prétend s'y faire une spécialité
des questions religieuses. Son zèle lui vaut la place d'admi-
nistrateur de la Bibliothèque Mazarine et le titre de cor-
respondant de l'Institut. Il siégea en 4798-99 au Con-
seil des Anciens. Pontife de la secte des théophilanthropes,
il abjura cette croyance à son lit de mort. Ennemi de
presque tous les autres philosophes, Palissot resta l'admi-
rateur de Voltaire. Il passa en vain une partie de sa vie
à expliquer cette contradiction. Il ne put jamais apaiser
les haines qu'il avait provoquées, et ses attaques lui fer-
mèrent les portes de l'Académie française.
Littérateur facile et correct, Palissot n'est pas un vrai
poète. Il est peu lu aujourd'hui. Ses comédies l'emportent
sur ses tragédies, quoique l'intrigue y fasse aussi défaut.
C'est surtout comme critique qu'il s'est marqué une place;
encore la passion Taveugle-t-il trop souvent. Outre les
oeuvres déjà mentionnées, il faut citer parmi ses très nom-
breuses productions : Histoire raisonné e des premiers
siècles de Pxome (4756); le Rival par ressemblance
(4762), comédie ; la Dunciade ou la Guerre des sots
(4764), poème en trois chants, que l'écrivain flatté aug-
menta de sept autres lorsque Voltaire eut qualifié cet ou-
vrage de « petite drôlerie » ; l'Homme dangereux (4770)
et les Courtisanes (illo), comédies; Mémoires pour
servira l'histoire de notre littérature (4774, 2 vol.
in-8) ; Questions importantes sur quelques opinions
religieuses (4794) ; le Génie de Voltaire apprécié dans
tous ses ouvrages (4806) ; etc. La plupart de ces écrits
ont eu plusieurs éditions. L'auteur les a, de plus, réunis
successivement en recueils : Théâtre et œuvres diverses
(Londres, 4763, 3 vol. in-42 ; Liège, 4777, 7 vol. in-8;
Londres et Paris, 4779, 7 vol. in-42) ; Œuvres (Paris,
4778,4 vol. in-8); OEuvres complètes (Paris, 4809,
6 vol. in78). — Palissot a aussi édité les Œuvres choi-
sies de Voltaire (4792-98, 55 vol. in-8) ; celles de Boi-
leau et celles de Corneille. Pierre Boyé.
BiBL. : Th. de Puymaigre, Poètes et Romanciers de la
Lorraine ; Metz, 1848, in-12. — E. Meaume, Palissot et les
p/ii/osophes ; Nancy, 1864, in-8. — Du môme, Etudes his-
toriques sur les Lorrains révolutionnaires. Palissot ;
Nancy, 1882, in-8. — E. Krantz, Palià^t! et son Cercle^
dans Annales de l'Est, 1887, 1, pp. 160 et 409.
PALISSY (Bernard), céramiste et savant français, né
en 4540 à la Chapelle-Biron, prèsAgen, suivant quelques-
Bernard Palissy.
- Plat à reliefs et à jaspures (long. 0'n,31).
(Musée de Sèvres.)
à le but de son ambition, la composition d'un émail blanc
que l'on connaissait partout en Italie aussi bien qu'en
France, à Rouen et à Paris. Il le savait bien lui-même,
du reste, puisque dans sa dissertation intitulée VAii de
la terre, il se fait dire par son interlocuteur, Th'Jo-
rique ; «... le scay que tu as enduré beaucoup de pau-
vreté et d'ennuis... et ce a esté à cause que tu ne pou-
vois laisser ton mesnage pour aller apprendre ledit art en
quelque boutique... » Mais dans quelle boutique aurait-il
pu apprendre le secret de ces émaux si purs, si vigoureux
et si profonds, qui lui sont tellement particuliers qu'ils
n'ont jamais été imités depuis et qui ont fait de ses oeuvres
les merveilles de l'industrie humaine ? Après des travaux
-et des essais sans nombre, pendant lesquels, suivant son
-expression, il « cuida entrer iusques à la porte du sé-
■pulchre », il parvint enfin à se rendre entièrement maître
de son art; il fabriqua d'abord des faïences, ou, pour être
plus exact, des terres vernissées couvertes d'émaux jaspés
qui le firent vivre pendant quelques années, puis, ensuite
des plats ou« bassins rustiques, ornés de bestioles », ser-
pents, grenouilles, poissons, coquilles, lézards, etc., mou-
lés en relief, qui sont restés les monuments les plus popu-
PALISSY — 886 —
uns de ses biographes, en Saintonge, d'après quelques
autres, mort à Paris en 1590. Tout à la fois artiste, géo-
logue, physicien, chimiste et agronome, et bien qu'ayant
laissé un livre {Discours admirable de la nature des
eaux et fontaines, des métaux, etc.), « qui le place, a
dit le savant Chevreul, tout à fait au-dessus de son siècle
par ses observations sur l'agriculture et la physique du
globe, en même temps que, par la nouveauté de la plu-
part de ses remarques, il témoigne de l'originalité de ses
pensées », Bernard Palissy est surtout célèbre comme po-
tier. C'est, sans contredit, le plus connu et le plus popu-
laire de tous les hommes qui se sont adonnés à l'art de
la terre et c'est en lui que semble s'incarner, pour ainsi
dire, toute la céramique française; plusieurs villes lui ont
élevé des statues, la légende, le roman et le théâtre se sont
emparés de sa vie, et son nom, entouré d'une auréole de
gloire, brille au premier rang des martyrs de la science.
Tout jeune encore, il parcourut successivement les pro-
vinces du Midi, de l'Est, la Basse-AJIemagne et les Flandres,
exerçant pour vivre plusieurs métiers, entre autres \2i vi-
trerie, qui comprenait la peinture et l'assemblage des
vitraux, la pourtraicture, l'arpentage et la géométrie.
Nous le retrouvons à Saintes en 154^2 « chargé de femme
et enfants et déjà aux prises avec la pauvreté ». C'est alors
ainsi qu'il le dit lui-même, que, « sans avoir esgard
qu'il n'avoit nulle cognoissance des terres argileuses », il
entra « en dispute avec sa propre pensée » et se mit en
tête de chercher la composition des émaux « comme un
homme qui taste en ténèbres ». Là est la cause des mi-
sères que Pahssy eut à supporter pendant quinze ans,
mais aussi, il faut le dire, la raison de sa force et de sa
supériorité. Il « tastait en ténèbres » pour trouver, c'était
laires de son génie. Toutes les misères passées furent alors
oubUées ; sa réputation grandit et ses « vaisselles de terre »,
très appréciées et très recherchées, lui apportèrent, avec
l'aisance, des protections, entre autres celte du connétable
Anne de Montmorency, qui devaient bientôt lui être d'un
grand secours. Emporté, en effet, par son esprit ardent et
inquiet, Palissy n'avait pas tardé à embrasser les nouvelles
idées religieuses : il fut un des fondateurs de l'Eglise ré-
formée de Saintes, et son atelier devint un Heu de réunion
et de conciliabules. Aussi, en 4562, en exécution del'édit
de Henri II qui punissait de mort le « crime d'hérésie »,
fut-il arrêté et conduit de nuit dans les prisons de Bor-
deaux. Averti du danger que courait son protégé, le con-
nétable lui fit aussitôt décerner le brevet d'inventeur des
rustiques figulines du Roy, l'arrachant ainsi, comme
faisant partie delà maison du roi, à la juridiction du Par-
lement de Bordeaux. Rendu à la liberté, Palissy, après un
séjour de quelques années à La Rochelle, vint s'établir
'Si
Bernard Palissy. — Plat à « Bestioles » (haut. 0'",50).
(Musée de Sèvres).
vers 1565 à Paris, où Catherine de Médecis lui commanda
pour les jardins du palais des Tuileries qu'elle venait de
faire construire, une grotte rustique dont il a été re-
trouvé quelques fragments conservés au musée de Sèvres.
C'est alors que, tout en continuant la fabrication de ses
poteries, il publia ses Discours admirables sur la nature
des eaux et fontaines dont nous avons parlé plus haut,
et qu'il fit publiquement des cours scientifiques, véritables
conférences auxquelles étaient conviés les savants et qui
étaient annoncées au moyen d'affiches collées % dans tous
les carrefours ». Dénoncé par un de ses anciens coreli-
gionnaires, il fut de nouveau arrête en 1588, et, malgré
la protection du duc de Mayenne qui fit prolonger son
procès mais ne put le rendre à la liberté, il termina en
prison, en 1590, à l'âge de quatre-vingts ans, une exis-
tence commencée dans la misère.
L'œuvre assez considérable de Palissy comprend trois
périodes distinctes correspondant à chacune des phases
de sa vie. De la première période, celle des tâtonnements
et des recherches, datent les plats, « les vaisseaux de di-
vers émaux entremeslez en manière de jaspe » et le com-
mencement des « ])assins rustiques ». Au point de vue
purement céramique, ce sont les plus belles et les plus
intéressantes de ses œuvres. Les « pièces rustiques » qui
caractérisent la seconde période portent surtout l'empreinte
de son talent si original et si épris des merveilles de la
nature. Elles se composent principalement de plats ou
« bassins » presque toujours ovales et dont quelques-uns
atteignent parfois 50 et même 55 centim. Les bouteilles,
887 —
PALISSY — PALIYAR
les gourdes de diasse et les aiguières sont beaucoup plus
l'ares que les plats. La troisième période comprend les
plats à ornements et à ligures, les corbeilles délicatement
tlécoupées à jour, les vases d'apparat, les aiguières imitées
<les étains de Briot, les salières, les flambeaux, les sau-
cières et tant d'autres pièces sur lesquelles on retrouve
toujours la marque du goût pur et élevé du célèl)re po-
tier. Mais Fart qu'il avait créé avec tant de peine dispa-
%.. "
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Ecole de Bernard Palissy. — Le Sacrifice d'Abraham
(haut. 0"',30o). - (Musée de Sèvres)
rut avec lui ou, du moins, ne produisit sous ses succes-
seurs immédiats ([ue des œuvres médiocres, ternes et pro-
venant de moules usés. 11 faut cependant faire une excep-
tion pour l'atelier d'Avon, près Fontainebleau, d'où sont
Imitation moderne de Bernard Palissy. Plat de Serinent
(vers 18(3'0) (long. 0"s87). — (Musée de SèN-res).
sorties, à la fm du xvi^ siècle, plusieurs pièces recouvertes
tl'un émail pur et brillant qui, pendant longtemps, les a
fait attribuer à Palissy. Vers 1845, un potier de Tours,
Avisseau{V. ce nom), tenta avec succès d'imiter le genre
de Palissy ; son exemple fut suivi depuis par plusieurs
céramistes. Pull, Barbizet, Sergent, Parvilléc et autres;
presque tous ont signé leurs œuvres, mais, même quand
elles ne sont pas signées, elles sont tellement loin, pour la
plupart, des faïences du maître qu'il est difficile de s'y
laisser tromper. — Plusieurs éditions des OEuvres com-
plètes, etc., de Bernard Palissy ont été publiées : Paris,
d777, in-4 ; ibicL, iSU ; ibicl, 1880. Ed. Garnier.
BiBL. : A. Dvsmsi^Ua, Bernard Palissy . le potier de lerre;
Paris, 1851, in-16. — H. Dela^ge, Monoffraphie de Vœiivre
de Bernard Palissy, 100 1ith.cn coul., texte i);u- M. Sau-
/AY ; Paris, 1862. — A. Tainturier, les Terres émaillées
de B. Palissy, inventeur des Rustiques figidines ; Paris,
18G3, in-16. — Benj. Pillon, VArt de la terre chez les Poi-
tevins ; Niort, 1861, in-4.— E. Jouveaux, Histoire de trois
potiers célèbres; Paris, 1874, in-16. — P.Burty, Bernard
Palissy; Paris. 1886, 17 ill. in-8. — Ernest Dupuy, Ber-
nard Palissy ; Paris, 189t.
PALlTANAr Capitale d'un petit Etat indigène de 'i® classe,
du Kathiavar, présidence de Bombay (Inde occid.); la
principauté a une superficie de 746 kil. q. et 30.000 hab.
La ville en compte 8.000. Située à 22 kil. au S. de la
station de Songad, sur le Bhaimagar-Gondal-Junagad-
Porbander-Railway (k 30 kil. du Bhaunagar-terminus),
elle a conservé ses murailles et son aspect oriental. Elle
est assise au pied de la fameuse colline sainte de Satroun-
jaya, dont le double sommet est couronné d'une véritable
cité de temples djainas. Le souverain est tributaire du
gaïkvar de Baroda par le navab de Djounagar. Le pré-
sent « Thakore Sâheb », comme on l'appelle, a des écu-
ries justement célèbres dans FInde.
PALITZSCH (Johan-Georg), astronome allemand, né
à Prohlis, près de Dresde, le 44 juin 4723, mort à ProWis
le 24 févr. 4788. Eils d'un riche cultivateur, il étudia
seul, sans cesser d'exploiter ses terres, la philosophie, la
botanique, la physique et surtout l'astronomie, aperçut,
le premier, à l'œil nu, le 2o déc. ']7o8, un mois avant
tout autre astronome, la comète de Halley, calcula, en
4783, avec Goodricke, la durée de la périodicité de l'étoile
Algol (P de Persée), et devint correspondant de la Société
royale de Londres et de l'Académie des sciences de Saint-
Pétersbourg. Il fabriquait lui-même la plupart des instru-
ments employés à ses observations.
BiBE. : Mercure de France^ "29 mars 17b8. — F. Tiieile,
J.-G. Palitzsch; Leipzig, 1878.
PALIURE {Paliurus T.). I. I^otaîsique. — Genre de
Rhamnacées, composé de deux arbustes rameux, épineux, à
feuilles alternes, semblables à celles des Jujubiers, à petites
Heurs jaunes réunies en cymes axillaires courtes. Les fleurs
sont semblables à celles des Jujubiers et des Ventilago
(V. ces mots), mais la forme et l'organisation du fruit
diffèrent. Il est sec, indéliiscent, dur, î-3-loculaire, avec
une graine à albumen petit dans chaque loge, et se dilate
supérieurement en une aile horizontale, orbiculaire, plus
ou moins sinueuse. Une espèce est chinoise, le P. Aubletia
14. Bn. (Aubletia ramosissimaLom\),et est employée en
Chine comme astringent. L'autre, le P. australis Rœm.
et Sch. (P. aculeatus Lamk, Pdiauimis Paliurus 1^.,
Zizyphiis Paliurus W.), ou Argalon Porte-chapeau,
Capelet, Chapeau dU'vêque, Epine de Christ, etc., est
méditerranéenne et cultivée dans nos jardins ; ses ra-
meaux sont chargés d'épines acérées qui ne sont autre
chose que des stipules transformées, et l'on suppose que
ce sont ces rameaux qui ont servi à former la couronne
d'épines du Christ. Dans le Midi on en fait des haies,^es
cannes, des crochets, etc. On emploie la racine, les bran-
dies, les feuilles et les fruits pour leurs propriétés astrin-
gentes, principalement en Allemagne. Les propriétés diu-
rétiques attribuées à la samare sont douteuses. Enfin, les
feuilles peuvent servir au pansement des cautères, et les
graines à entretenir ceux-ci. D^' L. Hx.
IL HoRTicuLTLRE. — Cet acbrisscau doit à ses fruits secs,
coquettement élargis, le nom de cliapeau de bergère. Il
est fort répandu dans le Midi sec et chaud et convient par-
faitement pour faire des haies à la fois défensives et déco-
l'atives, grâce à ses nombreux rameaux épineux garnis
d'un abondant et agréalde feuillage, et parés au printemps
el en été de fleurs jaunes en grappes pendantes. Les
jeunes plants sont très rustiques. On les met en place au
printemps ou à Fautomne. G. Boyer.
PALIYAR. Nom d'une tribu sauvage du S.-O. de l'Inde
qui habite les montagnes d'Anamaleh et de Palni. D'aspect
hirsute, habiles grimpeurs, grands chasseurs de miel,
experts dans la connaissance des simples, fétichistes et
PALIYAK — PALLADIO
— 888 —
luonogames, ils sont, comme les Todas, d'un caractère
très doux et inoffensifs.
PALIZZL Famille sicilienne, une des premières de
Messine. Elle devint une des plus puissantes de toute l'île
après que Nicolas, fugitif au temps de la domination des
Angevins et retourné après les Vêpres, avec Pierre P^
d'Aragon, eut, en 1304, soutenu, connne gouverneur de
Messine, le siège qu'y avait mis le roi de Naples. On lui
décerna pour ce fait le nom de Père de la patrie. Son
fds aîné, Vinciguerra, seigneur de Camarata, s'était
distingué dans les Parlements et avait été un des barons
qui avaient mis Frédéric II sur le trône. — Darniens, autre
de ses fils, qui avait embrassé la carrière ecclésiastique,
devint grand chancelier et était réputé bon juriste. — Ma-
thieu, troisième fils de Nicolas, comte de Novare, élevé avec
Pierre II, en devint avec son frère le favori (Y. Pierre II,
roi de Sicile), jusqu'au jour où l'infant Jean et le peuple
de Palerme forcèrent le roi à les envoyer en exil. Ils par-
tirent pour Pise, tandis que Franceschello Palizzi, leur
cousin, tentait mais en vain de résister à main armée. A
h mort de l'infant Jean, vicaire et tuteur du royaume
(1348), la reine Elisabeth les rappela pour les opposer à
Blasco d'Alagonaetaux autres Catalans qui s'étaient subs-
titués à elle dans la tutelle. Mais Damiens étant mort de
joie à cet appel, Mathieu seul retourna en Sicile. Il débar-
(|ua à Patti, et, avec la famille de la reine, il ressaisit le
pouvoir en se mettant à la tête delà parzialità latina, qui
s'opposait à la catalane. En 1349, il attaqua Catane oii
étaient ses adversaires, mais il y fut battu. Ne pouvant
abattre son rival Blasco d'Alagona, il traita avec lui, et tout le
royaume fut divisé entre les deux adversaires (1330). Cette
trêve pourtant ne fut pas durable. A Messine, Mathieu
Palizzi, qui y avait attiré le jeune roi, régnait en tyran. Mais
entin, à l'approche des révoltés et des ennemis de Palizzi,
Messine tombale 17 juil. 1354, et Mathieu et toute sa
famille furent égorgés. — D'autres membres de la famille
Palizzi se sont distingués dans les siècles suivants.
E. Casanova.
Bibl. : Vinc. Pauzzolo Gravira de Ra.mione, la Fami-
f/lia Palizzi.
PALIZZI (Giuseppe), peintre paysagiste napolitain, né
à Lanciano (Abruzzes) en 1813, mort à Paris le 1^^" jan-
vier 1888. Après avoir étudié le droit, il apprit la pein-
ture à Naples et vint se fixer à Paris ou il exposa au
Salon dès 1844. Ses scènes pastorales avec groupes d'ani-
maux et ses paysages furent remarqués. Les connaisseurs
font grand cas de plusieurs de ses toiles. On lui doit de
nombreux tableaux parmi lesquels on cite généralement :
la Vallée de Chevreiise, le Hetour de la foire, les
Chèvres ravageant des vignes, qui figura à l'Exposition
universelle de 1855; un Combat de béliers, V Ane com-
plaisant, la Traite des veaux dans la vallée de la
Touques, qui fit sensation en 1859 ; les Ruines du
temple de Pœstum, Intérieur de la forêt de Fontai-
nebleau, le Pont de la Seine à Fontainebleau, les
Environs de Naples, les Buffles dans la campagne de
Pœstum, Sangliers dans la mare verte. Une de ses
dernières œuvres fut le Lancer d'un relais de chiens
(1887).
PALIZZOLO Gravina de Râmione (Vincenzo), généa-
logiste et héraldiste itaKen,né à Trapani le 29 juin 1831.
Il s'est occupé presque exclusivement de faire l'histoire de
quelques-unes des grandes familles delà Sicile, entre autres
des familles Palizzi, Gravina, Colonna-Romano.
PALK. Golfe situé au S.-O. de la baie de Bengale, à
l'extrémité S.-E. de la péninsule indienne; il s'ouvre
entre la pointe de Callimere,sur la côte de Tandjore et la
pointe Pedro de l'île de Djafna (fragment de l'extrémité
septentrionale de Ceylan); au fond il est fermé par les
îles qui forment le fameux pont de Râma et le séparent,
sauf par deux passages, du golfe de Manâr. Il mesure
56 kil. à l'entrée et a environ 140 kil. de tour. La navi-
gation y est fort dangereuse.
PALKONDA. Montagnes du S.-E. cfc l'Inde, qui forment
un chaînon du système des Ghâts orientales ; elles se dé-
tachent de la colline sainte de Tiroupati (prés, de Madras) et
s'allongent dans la direction du N.-O., sur 70 kil., aune
ait. de 700 à 900 m. le long de la rive droite du Panar sep-
tentrional. Elles sont couvertes de pâturages et de belles
forêts. ^.
PALKOVIC (Georges), écrivain tchèque né en 1769,
mort en 1850. Après avoir fait ses études à léna, il
obtint en 1803, au lycée (école supérieure) de Pres-
bourg, la chaire de langue tchéquo-slovaque, dont il resta
titulaire jusqu'en 1837. Il se distingua particulièrement
par sa lutte contre les réformes et les néologismes de la
nouvelle école tchèque, surtout contre Joseph Jungmann.
Il était aussi un des principaux défenseurs de l'unité litté-
raire et nationale tchéquo-slovaque, et il ne s'associa
avec la nouvelle école que pour combattre les séparatistes,
qui voulaient fonder une littérature slovaque. Parmi ses
œuvres, on goûtait surtout la Muse des montagnes slo-
vaques (1801). Il a dirigé le journal la Semaine (1812-
18), et le périodique Tatranka, auquel avaient collaboré
des patriotes très connus, entre autres Stur. En 1808, il
avait donné une nouvelle édition de la Bible en tchèque,
revue et corrigée. Citons «ncore son Bohmischdeutsch-
lateinisches Wôrterbuch, mit Beifûgung der denSlo-
vaken und Mdhrern eigenen Ausdrucke und Redens-
arten (Prague, 1820, 2 vol.) et son Bestreitung der
Neuerungen in der bôhmischen Orthographie (Prague,
1830). M. GAVRiLOvircH.
PALLA (V. Costume, t. XII, p. 1157).
PALLACIDES (Archéol. égypt.). Nom donné par Dio-
dore de Sicile à des femmes spécialement consacrées au
culte d'une divinité : Ammon, Bast, Isis, etc. Les plus
célèbres sont les Pallacides d'Ammon qui paraissent avoir
exercé des fonctions assez suspectes ; mais peut-être a-
t-on, sur la foi des Grecs, amateurs du merveilleux et su-
perficiellement renseignés sur les coutumes des nations
étrangères, un peu exagéré en les accusant de prostitution.
On a dit que les plus jolies filles des familles nobles de
Thèbes étaient choisies pour être consacrées dans le
temple d'Ammon et qu'une fois vouées au dieu, non seu-
lement elles avaient le dioit de se livrer selon leur ca-
price à qui bon leur semblait, mais qu'elles gagnaient
honneur et profit à ce métier et trouvaient toujours à se
marier ricbement quand Tàge les obligeait à prendre leur
retraite. Paul Pierhet.
PALLADAS, écrivain grec, auteur de nombreuses épi-
grammes de l'Aîîf/io/o^?^,, grammairien alexandrin du
v'^ siècle ap. J.-C, contemporain d'Hypatie, probablement
païen (V. Anthologie).
PALLADE (Saint), apôtre des Scots, de la première
moitié du v^' siècle. Fête le 6 juil. Suivant deux notices
de Prosper d'Aquitaine, le pape Célestin l'aurait sacré
évêque pour l'envoyer chez les Scots d'Irlande encore bar-
bares (V. Patrice [Saint]).
PALLADE de Galatie, évêque d'HellénopoHs (Bithynie),
né vers 368, mort évêque d'Aspona (Galatie) peu avant
431. Il avait passé sa jeunesse au milieu des moines du
désert nitrique et s'était enthousiasmé pour la doctrine
d'Origène. Ami de Chrysostome, il se dépensa sans succès
pour le défendre durant les controverses origénistes. Son
livre sur la vie cénobitique en Egypte, IIpô; AaOaov
\(sxoç)ioL — Lausus était un gouverneur de Cappadoce —
d'où, en latin, Historia Imiùaca .(éd. princeps latine à
Paris, 1570; texte grec par J. Meursius ; Leyde, [QiQ;
réimp. par Migne, Pair, grœca, t. XXXIV) est passable-
ment romanesque. F.-H. K.
Bibl. : B. Butler, The LausUic hystory of Palladius ;
Cambridge, 1898.
PALLADIO (Blosio), poète latin moderne, né à Castel-
vetro vers la fin du xv® siècle, mort à Bome en 1550.
Son vrai nom était Biagio Pallai. Il le changea lors de
son entrée à l'Académie romaine, dont il fut l'un des
— H^\) —
PALLADIO — PALLADIUM
membres les plus illustres. En 4526, un décret du car-
dinal Borgia le nomma citoyen romain, en récompense des
efforts qu'il avait apportés à la réforme du collège de la
Sapience. Il fut secrétaire des papes Clément VII et
Paul III, évèque de Foligno en 1547, et entretint des rela-
tions d'amitié avec les hommes les plus illustres de son
temps. Quelques-unes de ses poésies ont été insérées dans
le t. Vil des ///. poet. ital. carmina.
BinL. : Anecdolii ronwna, II, 1()5. — DegVi archmtri
poniif.. II, 274.— TiRABOSCHi, Storin délia lett. ital. ^Yll^
un.
PALLADIO (Andréa), architecte et écrivain italien, né
à Yicence le 30 nov. 1508, mort à Vicence le 15 août
1580. Fils d'un meunier du nom de Pierre, devant son
prénom (ïindrea au jour de sa naissance et son nom de
Palladio (un surnom tiré de Pallas, déesse du savoir) à
un gentilhomme vicentin, célèbre homme de lettres, Jean-
Georges Trissino, qui fut pour Palladio un guide précieux
et un bienveillant Mécène, cet architecte écrit, dans l' avant-
propos du premier livre de son Traite d'architecture,
que, poussé par une disposition naturelle, il se livra dans
sa jeunesse à l'étude de l'architecture en prenant pour
maître Vitruve et qu'il se mit à la recherche des anciens
monuments. On sait, d'autre part, de biographies dues à
des architectes italiens, MM. Boito et x\. Melani, que Pal-
ladio, d'abord manœuvre, puis tailleur de pierre et sculp-
teur d'ornements d'architecture, fit de nombreux voyages
à Rome en compagnie de J.-G. Trissino, apprit le latin et
le grec et poursuivit avec ce seigneur des études sur l'ar-
chitecture militaire des anciens avant de faire d'autres
voyages à Ancône, à Naples, à Capoue et aussi à Nîmes,
pour dessiner les monuments anciens de ces villes. L'œuvre
de Palladio, en tant qu'architecte, est des plus considé-
rables, et son influence en Italie, en France et en Angle-
terre, fut peut-être plus considérable encore et durera
toujours dans les écoles publiques et privées d'architecture :
c'est à ses édifices et à ses écrits que l'on emprunte jour-
nellement les types les plus châtiés des ordres d'architec-
ture imités de l'antiquité à l'époque de la Renaissance
(V. OhmE,'^ Architecture, t. XII, pp. 511 et 512, fig. 7
à 11). Parmi les constructions les plus célèbres de Pal-
ladio, il faut citer : \^ la basiUque, la Rotonde et le
Théâtre Olympique, ainsi que les palais Cbiericati et Val-
marana à Vicence, toutes constructions qui, avec d'autres,
dues à Palladio dans les environs de cette ville, ont été
publiées ^ar Scamozzi dans un ouvrage intitulé le Fab-
hriche e i Disegni di Andréa Pa/Z^d^w (Vicence, 1796);
2^ les églises de Saint-Georges-Ie-Majeur et du Rédemp-
teur, la façade de l'église de Saint-François-aux-Vignes,
à Venise , 3^ le cloître de Sainte- Justine, à Padoue, etc.
Les deux principaux ouvrages de Palladio, qui eurent un
grand nombre d'éditions et furent traduits en latin, en
français, en anglais et en espagnol, sont : VAnHchita di
lioma (Venise, 1554, in-8, pi.) et l quattro libri delV
Architettura(ym\se, 1570, in-foL, pi.). Cbarles Lucas.
PALLADIUM. Image mythique de Pallas Athéna, con-
servée d'abord à Troie ; d'après Apollodore, ce serait une
effigie de Pallas, fdle de Triton et compagne d'Athéna,
tuée par mégarde par la déesse, et faite alors par celle-ci
qui y accrocha l'égide ; d'après d'autres, Zeus l'aurait don-
née à Dardanus ; cette statue qu'on décrit haute de trois
coudées, les jambes unies, une pique dans la main droite,
dans la gauche un bouclier ou une quenouille et une broche,
fut dérobée à son sanctuaire de Troie par Ulysse et Dio-
mède, informés que tant qu'elle serait dans la ville celle-
ci ne pourrait être prise. Plus tard, on conta que ce palla-
dium ou un second avait été sauvé par ]^]née et emporté
en Italie. Argos, Athènes, Siris, Luceria, Lavinium, Rome
se vantaient chacune de posséder le vrai palladium. Celui
de Rome était caché dans le temple de Vesta. Le mot de
palladium passa dans le langage courant pour désigner les
choses sacrées et dont la conservation est d'importance
capitale. A. -M. B.
BiBL, : Chavanne^, De Palhid'ti roptu; Berlin, 1890.
DAi i Aniiiu 1- ( Equiv Pd = 53,25.
PALLADIUM. 1-onn. ] pj.j^ ^j^,,^ Pd = 106,3.
Le palladium a été découvert en 1803 par WoUaston
dans le minerai de platine du Cboco, qui en contient envi-
ron 12 ^^0- Il accompagne le platine dans tous ses mine-
rais et l'or dans les sables aurifères du Brésil, du Hartz.
Une roche du Brésil a fourni un or pâle contenant jusqu'à
25 7o de palladium. On isole le palladium de ses solutions
en utilisant l'insolubihté de son cyanure ou de son iodure
palladeux, PdCy et Pdl, en liqueur neutre, ou bien en
passant par l'intermédiaire du chlorure de palladamine,
PdClAzH^ produit presque insoluble dans l'eau. Le pal-
ladium des minerais de platine s'obtient de la façon sui-
vante : dans la liqueur mère d'où l'on a précipité la plus
grande partie du platine, on précipite par le fer les mé-
taux de la mine, le platine et l'iridium non entièrement
précipités, le palladium, le rhodium et le ruthénium ; ils sont
ensuite redissous dans l'eau régale, et le cyanure de mercure
précipite de la solution préalablement neutralisée tout le
palladium sous forme de cyanure. Ce cyanure calciné fournit
le palladium métallique. Le palladium est un métal d'une
teinte intermédiaire entre celle de l'argent et du platine, il
est très malléable, sa densité varie de 11,4 à 12,1, suivant
qu'il est plus ou moins écroui. Il est le plus fusible de tous
les métaux de la mine du platine et fond dans un feu de
forge vers 1500«. On peut le volatiliser à l'aide du chalu-
meau à gaz oxyhydrique, il donne alors une vapeur verte.
Quand on le chauffe à l'air, il prend une teinte bleue d'acier
par suite d'une oxydation artificielle, mais une tempéra-
ture plus élevée lui rend sa teinte initiale par suite de la
décomposition de l'oxyde formé. L'acide sulfliydrique ne
l'attaque pas, il se différencie ainsi nettement de l'argent
qui noircit à la longue en donnant un peu de sulfure,
aussi le palladium est-il utilisé pour la fabrication des
cercles divisés des instruments de précision. Le cercle
mural de l'observatoire de Greenwich est en palladium
pur, celui de l'observatoire de Paris renferme un peu d'or.
La mousse de palladium, résultant par exemple de la caL
cination du cyanure, absorbe jusqu'à 982 volumes de gaz
hydrogène dont 600 volumes forment avec le métal un
alhage, Pd*H (L . Troost et Hautefeuille), cet alliage absorbe
donc 328 volumes d'hydrogène à la manière du platine
(V. Occlusion). Le métal se rapproche beaucoup de l'ar-
gent par un certain nombre de propriétés chimiques.
L'acide nitrique le dissout et forme lui azotate sohible,
(AzO-^)'^Pd ; l'eau régale faible le transforme en un chlo-
rure palladeux déliquescent, PdCl, tandis qu'une eau régale
concentrée donne du chlorure palladique peu stable, PdCl'',
que l'eau ou la chaleur décompose. Le palladium forme
aussi des chloropalladates et des chloropalladites, PdClKCl,
PdCl^KCl. L'action de l'ammoniaque sur les sels donne
naissance à des composés d'où l'on peut retirer deux bases :
la palladamine, PdOAzH^ et la palladiamine, Pd02AzHU0 ;
elles cori espondent aux deux bases deReiset, dérivées du
platine (V. ce mot). Une solution de chlorure palladeux
donne avec l'ammoniaque un précipité d'un beau rose
clair, PdClAzH^ qui se redissout dans un grand excès d'am-
moniaque pour former le sel de la seconde base, PdCl2AzH'^.
L'iodure de palladium, Pdl, est l'un des sels les plus inso-
lubles que l'on connaisse, aussi les sels de palladium
constituent pour les iodures un réactif aussi sensible que
les sels d'argent pour les chlorures. x\insi une solution ren-
fermant 1/iO.OOO d'iodure de potassium à laquelle on
ajoute du chlorure palladeux prend une teinte rouge qui
disparaît à l'ébullition en même temps qu'il apparaît un
précipité floconneux.
En dehors de son application très limitée à la fabrica-
tion de quelques cercles divisés, il n'a guère été employé
que par les dentistes qui obtiennent un amalgame plas-
tique en le broyant avec du mercure ; cet amalgame cons-
titue un excellent mastic dentaire dont la teinte reste
blanche. Bréant a préparé autrefois des quantités relati-
vement considérables de palladium à partir des minerais
PALLADIUM
PALLAS
890
de platine ; le Garde-Meuble possède une coupe de ce mé-
tal pesant plus d'un kilogr. et préparée par ce chimiste.
C. M-\TIGNON.
BiBL. : Chêne vix, Phil TmnsacL, 1803, p. 290. — Wol-
LASTON, ibid., 1804, p. 428.; 1805, p. 316.— Hugo Ml'ller,
Annalcn der Chem. und Pharm.,t. LXXXVI, p. 311.
PALLADIUS ou PALLADE de Gaiatie, évèque d'Hé-
lénopolis (V. Pallade de Galatje).
PALLADiUS (Rutilus Taurus J^milianus), agronome
latin du iv^ siècle ap. J.-C, auteur d'un De re rustica
en 14 livres, décrivant la vie agricole dans l'ordre du ca-
lendrier (un livre par mois, plus un préambule (livre 1) et
un poème sur la greffe (livre XIV) en distiques élégiaques.
Très apprécié au moyen âge, cet écrit a été imprimé dans
les diverses collections de Jiei rusticœ scriptores depuis
Jenson (Venise, 1472), et en particulier au t. III de Schnei-
der (Leipzig, 1794). Darcesle traduisit en français (Paris,
1553, in-8).
PALLADIUS, médecin ^rec, snnmmmériatrosophiste,
vécut après Aétius, Alexandre de Tralles et Galien, qu'il
cite, et avant Razès, qui le cite ; il a donc existé entre
le iii^ et le ix^' siècle de l'ère chrétienne. D'après son sur-
nom, il est probable qu'il enseigna la médecine à Alexan-
drie ; selon quelques auteurs, il aurait professé à Antioche.
Palladius a écrit des commentaires sur plusieurs livres
d'Hippocrate, et on lui attribue un opuscule sur la fièvre,
qui est peut-être de Théophile Protospatharius. On trouve
dans les Medici antiqiii f//rm (Bàle, 1851) ses Scholies
sur le Vl^ livre des épidémies d'Hippocrate ; le texte grec
en a été donné par Dietz en 4834; les Scholies sur le
traité des /?^ackwe5 d'Hippocrate ont paru dans l'édition
d'Hippocrate de Foés. Le Traité sur la fièvre a été pu-
blié, pour la première fois, par J. Chartier en grec et en latin
(Paris, 1646, in-4); le texte grec se trouve dans les Pliy-
sici et Medici (jrœ.ci mi}iores (Berlin, 184'1, in-8); il
existe une édition latine récente de Florence (1862,
in-8). D^" L. Hx.
PALLADIUS (Plade), évéque danois, né en 1503 à
Piibe, mort en 1560. Après avoir étudié sous Luther et
Melanchton, il fut nommé professeur à l'Université de Co-
penhague, puis évêque, et contribua de toutes ses forces à
faire prévaloir en Danemark les doctrines de la Réforma-
tion. 11 a traduit en danois le Catéchisme de Luther (1537)
et son Em^hiridion, et a revu la traduction de la Bible,
dite Bible de Christian /// (1550). On a de lui un grand
nombre de Sermons, d'Homélies et de Méditations reli-
gieuses, [l a composé aussi quelques psaumes et cantiques.
Sa biographie a été publiée en 1810 par A.-C.-L. Heiberg.
PAL-LAHARA. Minuscule principauté indienne sur les
confins du Chota-Nagpore et de l'Orissa, dominée par la
Malayagiri (1.185 m.), la plus haute cime de la contrée,
à 125 kil. auN. de Katlàk. Sup., 1.200 kiL q. Population,
15.000 hab. (Hindous, Ouriyas ou Gonds). Le chef se
donne comme radjpoute et a reçu des Anglais, pour ses
services, le titre de Radjah Bahadour.
PAL LAI N. (Georges), administrateur français, né en
1845. Avocat à la cour d'appel de Paris, secrétaire de
Picard, il fut nommé en 1871 sous-préfet de Sceaux, en
1877 directeur du personnel, en 1880 directeur du con-
tentieux au ministère des finances, en 1881 directeur du
cabinet au ministère des affaires étrangères, en 1885 di-
recteur général des douanes, en 1 897 gouverneur de la
Banque de France. Il est l'auteur d'ouvrages estimés,
entre autres : le Corps législatif jugé par lui-même
(Paris, 1869, in-1 2), en colîab. avec Hippolyte Rousseau;
Correspondance inédile du prince de Talleyrand et
du roi Louis XVIII (Paris, 1881, gr. in-8); Corres-
pondance diplomatique de Talleyrand, la Mission de
Talleyrand à Londres en / 7(^:2 (Paris, 1889, gr. in-8) ;
le Ministère de Talleyrand sous le Directoire (1890,
gr. in-8) ; les Douanes françaises, régime général,
organisation, fonctionnement (Paris, 1897, 3 vol.
gr. in-8).
PALLANATA. Chaînon du système des G hàts orientales
(prés, de Madras), qui court parallèlement à la côte de
Coromandel sur une longueur de 180 kiL, immédiatement
au S. de la rivière Kistna (Krichna).
PALLANNE. Com. du dép. du Gers, arr. de Mirande,
cant. de Marciac; 168 hab.
PALLANZA (Pallantia), Ville d'Italie, sur le lac Ma-
jeur ou Verbano. Ck.-l. d'arr. dans la province de No-
vara, à 71 kil. de cette ville; 3.254 hab. aggl. en 1881.
Commerce actif, favorisé par le chemin de fer qui se pro-
longe jusqu'à Arona (ligne Novara-Domodossola). Port
commode, très fréquenté par les bateaux à vapeur qui
parcourent continuellement le lac. Nombreux établisse-
ments industriels, et notamment fabriques de cotonnades,
de chapeaux ; scieries hydrauliques. Vaste église possé-
dant un remarquable tableau de V Annonciation ; la tour
massive qui lui sert de clocher est une curiosité de Pal-
lanza. Délicieux environs avec les îles Borromées, de nom-
breuses villas ; route pour Intra. L'histoire de Pallanza est
peu connue : au xi® siècle elle appartenait aux évèques de
Novara ; elle passa plus tard aux Visconti de Milan et à
l'Espagne. En 1748, par le traité de Worms, elle fut in-
corporée dans les Etats sai'des, dont elle suivit le sort.
Napoléon l^^ y retint prisonnier les évèques qui avaient
refusé d'accéder au concordat.
PALLAS. I. Mythologie. — Autre nom de la déesse
Athéna (V.ce nom); dans Homère, ils sont constamment
joints; dans Pindare, Pallas est employé seul comme sy-
nonyme d'Athéna. Dans la légende du Palladium, une
version fait de Pallas une fille de Triton. Une autre lé-
gende en fait un père d'Athéna, tué par elle pour avoir
voulu lui faire violence; une autre, un des géants (jui,
dans la lutte contre les dieux olympiens, fut tué par
Athéna.
II. Astronomie. -— C'est la seconde, comme date de
découverte, des petites planètes entre Mars et Jupiter
(V. Astéroïde). Aperçue, pour la première fois, par Olbers
le 28 mars 1802, elle tient le milieu, comme dimension,
entre Cérès et Vesta, avec un diamètre de 440 kil. (le
quart du diamètre de la Lune) . Les autres éléments sont :
moyen mouvement diurne, 768'^, 78 ; durée de la révolu-
tion sidérale, 1.686 jours 64; distance moyenne au So-
leil, 2.773 (celle de la Terre étant 1); excentricité, 0.237 ;
inclinaison à l'écHptiqne, 34° 37^20''. Elle est de couleur
jaunâtre et apparaît le plus souvent, dans les lunettes, avec
un aspect nébuleux, qui serait Tindice d'une vaste atmos-
phère.
PALLAS. Affranchi de l'empereur Claude et l'un de ses
favoris, mort en 63 après J.-C. Esclave d'Antonia, mère
de Claude, ce fut lui qu'elle chargea de révéler à Tibère
les menées de Séjan (31 ap. J.-C). H administra l'em-
pire au nom de Claude avec ses collègues Narcisse et Cal-
listus. Après la mort de Messaline, il se fit le champion
d'Agrippine qu'il fit épouser à son maître (50); il contri-
bua cà faire adopter Néron. Lui-môme, intendant du pa-
lais, acquit une fortune évaluée à 300 millions de ses-
terces, et le Sénat lui décerna les insignes prétoriens par
un décret de basse adulation qui fut gravé sur bronze et
placé près de la statue de Jules César. Il parait avoir coo-
péré à l'empoisonnement de Claude et à l'avènement de
Néron. Néanmoins, il fut enveloppé dans la disgrâce
d'Agrippine, et Néron, pour s'emparer de ses biens, finit par
le faire empoisonner. Sa fortune était proverbiale et son
arrogance extrême. — Son frère Antonius ou Claudius
Félix fut procurateur de Judée.
PALLAS (Peter-Simon), naturahste et voyageur alle-
mand, né à Berlin le 22 sept. 1741, mort à Berlin le
8 sept. 1811. H étudia successivement la médecine et les
sciences naturelles, et fut reçu docteur en 1760. En 1768,
il se rendit à Saint-Pétersbourg où il devint membre
adjoint de l'Académie des sciences avec le titre d'asses-
seur du collège. Peu après il fut désigne pour accompa-
891 —
PAIXAViriNl — PALLAVICINO
gner, comme naturaliste, une expédition scientitiquc en
Sibérie, chargée d'observer le passage de Vénus sur le so-
leil. Pendant six ans il explora le cours du Jaik,les bords
de la mer Caspienne, l'Altai, la région du lac Baikal, le
Caucase, etc., et revint à Saint-Pétersbourg en 1774.
Pallas a consigné les résultats de ses explorations dans
ses Voyages à travers plusieurs provinces de Vempire
russe (Pétersbourg, 1771-76, 3 vol. in-4; trad. fr., Pa-
ris, 1788-93, T) vol. in-4, avec atlas). Ses magnifiques
collections formèrent le noyau du musée de Saint-Péters-
bourg. Kn 1777, il fut adjoint à une commission chargée
de lever la carte de la Russie. Il fit encore de nombreux
voyages en Russie pour en étudier la flore, et publia :
Flora Rossica (Pétersbourg, 1784-85, 2 vol. in-fol. av.
100 pL); il donna en outre : Recueil de documents
historiques sur les peuplades mongoles (Pétersbourg,
1776-180^2, "2 vol. in-4); Icônes insectorum, prœsertim
Rossiœ Siberiœque peculiarium (Erlangen, 1781-83,
2 vol. in-4) et Linguarum totius orbis vocabularia
comparativa (Pétersbourg, 1787-89 ; 2« édit., 1790-91,
4 vol. in-4), ouvrage que lui avait connnandé Catherine II:
Spicilegia zoologica (Berlin, 1767-1804, 2 vol.) .
Zoographia Rossiœ Asiaticœ (Saint-Pétersbourg, 1811,
3 vol., etCc). On peut dire que Pallas a été l'un des
fondateurs de la science ethnographique. Ses travaux
paléontologi({ues n'ont pas été moins remarqua])les. En
1785, il fut confirmé comme membre titulaire de l'Aca-
démie, et en 1787, il devint historiographe du collège de
l'Amirauté. En 1793 et 1794, il entreprit un voyage en
Crimée, et à la suite pubha plusieurs ouvrages sur la Rus-
sie méridionale, de 1795 à 1805. En 1796, il s'était éta-
bh à Simféropol, mais il eut à souffrir des Tatars et fina-
lement se retira à Berlin. Outre les ouvrages déjà cités,
il en a laissé d'autres sur la zoologie, la géologie, etc.
PALLAVACINI ou PALLAVACINO (Pietro Sforza), car-
dinal, historien, né à Rome en 1607, mort en 1667.
Protégé par Urbain Vlïl, il reçut le gouvernement de Eesi,
puis celui d'Orvieto. Va\ 1638, il entra dans l'ordre des
jésuites. En 1651-53, il fit partie de la congrégation
chargée d'examiner la doctrine de Jansénius. Alexandre VII
le choisit pour confesseur et en 1659 le créa cardinal.
OEuvres principales : Histoire du concile de Trente
(Rome, 1656-57, 2 vol. in-fol. ; 1664, 4 vol. in-4) ;
Vindicationes Societatis Jesu (Rome, 1649) ; Massime
ed expressioni di civile ed ecclesiastica prudenxa ;
Rome, 1713). hUistoiredu concile de Trente de Palla-
vacini, hab'lement composée et copieusement documentée,
a pour objet principal la réfutation de V histoire àw. même
concile par Ei'u Paolo Sarpi. Elle a été traduite en latin
par Giattino (Anvers, 1672, 3 vol. in-4) et en français
(Paris, 1844, 3 vol. in-4).
PALLAVICINI (Niccolô-Maria), théologien italien, né
à Gênes en 1621, mort à Rome le 15 déc. 1692. Issu de
l'illustre famille des Sforza, il entra dans la compagnie
de Jésus en 1638 et fut membre de l'Académie des Ar-
cades. Christine de Suède l'attacha à sa personne comme
théologien, et Innocent XI le fit cardinal. Ses ouvrages
les plus importants sont : Difesa del Pontificato roma-
no e delta Chiesa cattolica (Rome, 1687, 3 vol.
n-foL), œuvre diffuse, mais pleine d'érudition; VEvi-
dente Merito delta fede cattolica ad esser creduta
per vera (1689); Difesa delta divina Prowidenza
contra i nemici di ogni Religione. Ce dernier ouvrage,
qui contient surtout les louanges de Christine de Suède,
avait été composé en collaboration avec le P. Erancesco
Rasponi, jésuite de Ravenne.
Bn3L. : Sorwj:L, Do Script. Soc. Jesu. — Tiradosciii,
StoriadcUii Ictt. iUiL, VIII. 112.
PALLAVICINI OU PELAVlCINO(Oberto,marquis),célèbre
^'hef gibelin, mort en mai 1269. D'une importante famille
•de Plaisance, il prit parti pour Frédéric II contre le pape,
fut expulsé de sa patrie (1236), mais nommé vicaire en
Lunigiane ; il y guerroya contre les Génois et se consti-
tua une petite armée à lui. Dans l'anarchie qui suivit la
mort de Frédéric II, il devint podestat de Crémone, défit
les Parmesans le 18 août 1250, se rendit maître de Plai-
sance (1254-57), de Pavie. Allié à Ezzehno da Romano,
il prit Brescia avec lui, mais trahi par le redoutable tyran,
il s'allia contre lui aux guelfes, eut une grande part à la
victoire de Cassano où il fut très gravement blessé. Palla-
vicini acquit alors Brescia, partagea avec les délia Torre le
protectorat de Milan, prit Plaisance (1261) et Tortone. Il
visait à se faire une principauté de la Lombardie, mais ses
plans furent anéantis par Charles d Anjou, qui défit ses
troupes (1265). Les guelfes lui enlevèrent Brescia (30 janv.
1266), puis Crémone ; les Parmesans s'emparèrent de sa
résidence de Borgo San Domino (21 oct. 1268). Il était
presque réduit à ses fiefs lorsqu'il mourut. Son frère
iVIanfred en hérita.
PALLAVICINI (Stefano-Benedetto), poète italien, né à
Padoue le 21 mars 1672, mort à Dresde le 16 avr. 1742.
Amené à Dresde par son père à l'âge de seize ans, il fut
chargé de diriger les fêtes de la cour. Georges III, élec-
teur de Saxe, le nomma poète ducal, et Auguste III, roi de
Pologne, le prit plus tard pour secrétaire. Il a laissé des
satires, un poème sur l'éducation, un opéra en trois actes
tiré de Don Quichotte, etc. Son œuvre la plus remar-
quable est sa traduction des Odes d'Horace (Leipzig,
1736, in-8). Ses œuvres complètes, précédées de sa Vie,
ont été publiées par Algarotti (Venise, 1744, 4 vol. in-8.).
BiDL. : TiPALDo, Blofj. (/('{/Il Ituluini illasln, V. 30G.
PALLAVICINO (Ferrante), romancier et poète sati-
rique italien, né à Plaisance le 23 mars 1615, décapité à
Avignon le 5 mars 1644. Ayant enlevé une jeune fille,
quoique engagé dans les ordres, il dut s'enfuir à Venise,
où il écrivit plusieurs ouvrages contre le duc de Plaisance,
Odoardo Farnèse. La République n'ayant pas voulu per-
mettre l'impression du Corriej'e svaligiato (1640), il
s'enfuit en Allemagne où il s'éprit des doctrines réformées.
Revenu à Venise, il fut incarcéré ; la liberté lui ayant été
rendue, il dépouilla l'habit religieux et publia des ouvrages
contre Urbain VIII. Venu en France, il y fut arrêté par
ordre du pape, jugé et condamné comme hérétique. On a
de lui : Il Corriere svaligiato (Villafranca, 1644,in-12);
La Baccinala, ovvero Battarella per le Api berbe-
rine,eic. (1642, in-4), etc. A. Menghini.
BiiîL. : PoGGiALT, Memorie per la storia letteraria dl
Piiiccnz'à. — Albertazzi, Romonzleri e Romanzi del sel-
cento ; Boloixne, 1891.
PALLAVICINO 1)1 Prioi.a (Emilio, marquis), général
italien, né à Ceva (Monde vi) en 1823. Il prit part à toutes
les guerres de l'indépendance. En 1855, il se distingua en
Crimée, et en 1859 en Lombardie et dans les Marches,
surtout à San Martino et à Civitella del Tronto. Colonel
des bersaglieri, il fut chargé par Cialdini en 1862 de
s'opposer à Garibaldi qui, après avoir échoué devant
Reggio, s'était interné dans les monts de la Calabre avec
l'intention de marcher sur Rome. Il le fit prisonnier à
Aspromonte. Général de brigade, il reçut Tannée suivante
l'ordre de combattre les brigands de la Calabre ; il le fit
très énergiquement. Il fut enfin promu lieutenant général,
sénateur du royaume et aide de camp du roi.
PALLAVICINO-Trïvllzio (Giorgio, marquis), patriote
et homme d'Etat italien, né à Milan le 24 avr. 1796,
mort en 1878. D'une des plus ancieiin:^s et nobles fa-
milles lombardes, il apprit à aimer la liberté par sa mère,
Anne Besozzi. En janv. 1821, il fit partie de la fédération,
qui, fondée par Frédéric Confalonieri, avait pour but de
secouer le joug autrichien, et comme tel il appela Charles-
Albert, prince de Carignan, pour qu'il vînt délivrer la
Lombardie. A son retour, ayant su que la police était à
ses trousses, il repassa en Piémont, puis, après la décou-
verte de la conjuration, en Suisse ; mais enfin il céda aux
exhortations de sa mère et de ses amis et revint à Milan.
Le 3 déc, la police arrêta son compagnon, Gaétan Cas-
tillia, et comme elle ne l'inquiéta pas, il devint suspect.
Mortellement offensé de ces soupçons, il alla lui-même se
PALLAVICLXO — PALLISEU
— 81)2 —
dénoncer. 11 fut alors compris dans le célèbre procès contre
(lonfalonieri et ses compagnons. On réussit même à lui
faire faire des révélations, qu'il retira ensuite énergique-
ment. Il fut condamné à mort, puis sa peine fut commuée
en vingt ans de prison au Spielberg. Malade, il fut trans-
porté du Spielberg à Gradisca, puis à Laybach. A la mort
de l'empereur François, il fut relégué à Prague. En 1840
seulement, il put rentrer en Italie et à Milan, sous la
surveillance de la police. Invité en 4847 et en 1848 à
conspirer contre l'Autriche, il s'y refusa, mais se déclara
prêt pour le jour du combat, et, en attendant, offrit
oO.OOO fr. pour les ouvriers sans travail. Pendant les
Cinqiie Giornale, il combattit avec le peuple. Après le
retour des Autrichiens, il reprit le chemin de l'exil. Il alla
en France et recommanda l'Italie au général Cavaignac;
puis il fut député au Parlement piémontais et sénateur du
royaume. Après les victoires des Mille, il fut nommé pro-
dictateur par Garibaldi, et il réussit à faire voter l'annexion
des provinces méridionales au royaume d'Italie. On a de
lui des Mémoires qui rappellent ce qu'il souffrit pour la
cause italienne. E. Casanova.
PAL LE. Dans l'ancienne liturgie, ce nom désignait une
pièce de toile ou d'étoffe de soie assez grande pour cou-
vrir l'autel. Le célébranl la repliait sur les offrandes des-
tinées à la consécration. Dans le Sacramentaire de saint
Grégroire, la palle et le corporal sont appelés pallœ cor-
porales, pour les distinguer des nappes ordinaires de
Tautel. — Aujourd'hui, eu France, la palle est un carré
de carton placé sur le calice et recouvert de linge, au moins
du côté qui doit toucher le calice. L'autre cOté est ordi-
nairement recouvert d'une étoffe pareille à celle de Tor-
nement, et garnie de dentelles sur les bords, souvent
même richement brodée d'or ou de soie. Dans certains
diocèses, on attache aux angles des glands, des olives ou
de petites houppes de soie. Ces dispositions, surtout en
ce qui concerne le carton et la partie supérieure de la
palle, sont réprouvées en principe par la Sacrée Congré-
gation des Rites (22 janv. ilOi); mais en fait, elles sont
tolérées par elle, à la condition que la partie supérieure
ne soit point de couleur noire et qu'elle ne porte aucun
signe de mort (10 juin i8o2). Dans tous les cas, le linge
qui touche au calice doit être de toile blanche et de gran-
deur suffisante pour être placé et déplacé facilement. Les
auteurs liturgiques ne sont j)oint d'accord sur la néces-
sité de bénir la palle. L'usage général est de la faire
bénir. Cette bénédiction ne peut être donnée que par
l'évêque ou par un prêtre spécialement commis par lui.
E.-H. VOLLET.
PALLEAU (Puteolus, Pulvelhnn, Paluellum). Com.
du dép. de Saône-et~Loire, arr. de Chalon-sur-Saône,
cant. de Verdun-sur-le-Doubs, sur la Dheune ; 430 hab.
Moulin. Eghse romane. Prieuré fondé en 1006, réuni à
l'église Saint-Bénigne de Dijon en 1737, dont les bâti-
ments sont aujourd'hui la maison d'école. La terre de
Palleau a donné son nom à une famille seigneuriale qui a
joué un rôle important en Bourgogne au moyen âge.
PALLE6NEY. Com. du dép. des Vosges, arr. d'Epinal,
cant. de Chàtel; 238 hab.
PALLET (Le). Com. du dép. de la Loire-Inférieure,
arr. de Nantes, cant. de Vallet ; 1.463 hab. Stat. duchem.
de fer de l'Etat. Moulins. Lieu de naissance de Pierre Abé-
lard, dont le manoir paternel occupait l'emplacement ac-
tuel du cimetière, où il en reste quelques vestiges. Cha-
pelle romane, ancienne dépendance du château, renfermant
un tombeau du xvi^ siècle, avec deux statues agenouillées.
PALLEVILLE. Com. du dép. du Tarn, arr. de Castres,
cant. de Dourgne; 316 hab.
PALLEZ (Lucien), sculpteur français contemporain, né
à Paris en 1853. Elève d'Aimé Millet et de M. Guillaume.
Il a débuté au Salon de 1873 et a obtenu une bourse de
voyage en 1883. On cite de lui une Béatrix. Il a fait un
certain nombre de bustes, parmi lesquels ceux de Litolff,
de Leconte de Lisle, de M. Franck-Chauveau,
PALLICE (Port de La) (Y. Rochelle [La]).
PALLIÈRE (Louis- Vincent-Léon), peintre français, né
à Bordeaux le 19 juil. 1787, mort à Bordeaux le 29 déc.
1820. Il fut élève de Vincent, après l'avoir été d'abord de
son père, Etienne Pallière, qui, né à Bordeaux, avait
travaillé lui-même sous l'influence de ce peintre et avait
exposé, entre autres œuvres, une Jeune Femme assise
sur un morceau de rocher et se livrant à la mélan^
colie, au Salon de 1798, et le Sacrifice de V amour, au
Sjalon de 1801. Il remporta le prix de Rome en 1812
avec Ulysse et Télémaque massacrant les poursuivants
de Pénélope. Il exposa, au Salon de 1819, Saint Pierre
guérissant un boiteux, qui est à l'église Saint-Séverin ;
Tobie rendant la vue à son père, aujourd'hui au musée
de Bordeaux, et une Nymphe chasseresse sortant du
bain, au musée d'Amiens. A Rome, on voit de lui, à la
Trinità de' Monti, une Flagellation du Christ. E. Br.
PALLIÈRES (Martin des) (V. Martin des Pallières).
PALLIKARE (V. Palicare).
PALLIOT (Pierre), imprimeur et généalogiste français,
né à Paris le 19 mars 1608, mort à Dijon le o avr. 1698.
D'abord imprimeur à Paris, il fut amené à résider à Dijon,
grâce à son cousin Louvan GeHot, avocat au Parlement de
Bourgogne, qui lui fit épouser la fille d'un imprimeur de
cette ville, auquel il succéda. Très versé dans la science
du blason et des titres généalogiques, il composa sur ces
matières divers ouvrages qui lui valurent les titres d'his-
toriographe du roi et de généalogiste des Etats de Bour-
gogne. Il était aussi graveur en taille-douce. On a de lui :
le Parlement de Bourgogne, son origine, son établis-
sement et son progrès (Dijon, 1649, in-fol.), dont les
planches sont aussi de lui ; la Vrage et Parfaite Science
des armoiries ou Indice armoriai, de Louvan Geliot,
augmenté considérablement et enrichi de plus de 6.000
écussons gravés par lui-même, et qui est encore une des
sources héraldiques les plus estimées ; Dessin ou Idée
historique et généalogique du duché de Bourgogne...
(1664, in-18), plan d'un grand ouvrage qu'il projetait;
la Généalogie et les alliances de la maison d\\ manxé. . .
(Dijon, 1659, in-fol.) ; Histoire généalogique des comtes
de Chamilly, de la maison de Bouton, au duché de
Bourgogne (Dijon, 1665, in-fol.). 11 a laissé aussi des
ouvrages manuscrits, parmi lesquels nous citerons : His-
toria quatuor ducum poslremorum Burgundiœ ; His-
toire des chanceliers de Bourgogne sous la première
et seconde race des rois de France ; Mémoire sur la
vie de Nicolas Bolin, chancelier de Bourgogne ; Généa-
logie de Bemond; les Eloges et blasons des chevaliers
de la Toison d'Or, dont les armoiries sont peintes au
haut des stalles du chœur de la Sainte-Chapelle de
Dijon ; ainsi qu'un recueil de 14 vol. in-fol. d'Extraits
des titres et contrats... concernant le duché de Bour-
gogne, dont malheureusement la plus grande partie fut
détruite par un incendie, au siècle dernier. V. D'Auriac.
BiBL. : J.-B. MiCHAULT, Mémoire sur (a vie et les on-
vra(fes de P. Palliot ; Dijon, 1099, in-12.
PALLISER (Iles). Groupe d'atolls de l'archipel Toua-
matou; 71 kil. q. ; Roggeneen en découvrit en 1722rile
Aroutoua (Rurik).
PALLISER (Sir Hugh), amiral anglais, né à Kirk
Deighton le 26 févr. 1723,mortàVach (Buckinghamshire)
le 19 mars 1796. Entré dans la marine en 1735, il com-
battit à Toulon en 1744 et signa à cette occasion une
protestation contre la conduite peu courageuse de Richard
Norris, le commandant de son vaisseau. 11 servit aux Indes,
avec Boscawen (1749), dirigea une fructueuse croisière
dans les parages d'Ouessant (1755), devint gouverneur de
Terre-Neuve en 1764 et fut promu contre-amiral en 1775.
En 1778, il fut chargé du commandement de la flotte de
la Manche, sous Keppel. Dans le combat des 24-27 juil.
avec la flotte française, il conduisit l'action contrairement
aux ordres de l'amiral qui s'en plaignit à l'amirauté. Il
en résulta la réunion d'une cour martiale qui donna rai-
893 —
IULLISER — PALLIUM
son à Keppel dont la populace de Londres rélébra le
triomphe en pillant la maison de Palliser et en le brûlant
lui-même en effigie. Palliser démissionna et réclama sa
comparution devant une cour martiale qui l'acquitta. Il
fut pourvu de la sinécure de gouverneur de l'hôpital de
Greenwich et fut promu amiral en 1787. H. S.
BiBL. : R.-M. Hu>T, Life of sir H. Palliser ; Londres,
1844, in-8
PALLISER (John), explorateur anglais, né le 29janv.
i807, mort à Comragh (comté de Waterford) le 18 août
1887. Capitaine dans la milice de Waterford, il entreprit
en 1847 une grande partie de chasse sur les territoires
0. et N.-O. de l'Amérique et raconta ses aventures parmi
les Indiens dans un livre qui eut, dès son apparition, un
succès considérable : Adventures of a Hunter in the
Prairies (1853). En 1857, il fut chargé par M. Labou-
chère, alors secrétaire d'Etat aux colonies, de diriger une
exploration dans l'extrême Nord de l'Amérique britannique.
Palliser explora en 1857 les rivières While Fish etKami-
nistocjuviah et le territoire compris entre la branche mé-
ridionale de la Saskatchewan et la frontière des Etats-
Unis. En 1858, il monta de la prairie de Buiïalo aux mon-
tagnes Rocheuses, dont il explora les passes. En 1860, il
descendit le cours de la Red Deer et termina l'exploration
de la région des Prairies. Il fut, à son retour, élu membre
de la Société royale de géographie. R. S.
PALLISER (Sir William), major anglais, né à Dublin
le 18 juin 1830, mort à Londres le 4 févr. 1882. Entré
dans l'armée en 1855, il parvint au grade de major de
cavalerie en 1860 et démissionna en 1871. Il est l'inven-
teur des projectiles qui portent son nom, des canons for-
més de tubes concentriques de métaux d'élasticité diffé-
rente, de boulons à vis, de projectiles de fer et d'acier
trempé, etc., qui réahsèrent des progrès importants dans
l'armement moderne. Il fut nommé baronnet en récom-
pense de ses services (1873). 11 fut député conservateur
de Taunton en 1880. Il a écrit : The use of earthen
fortresses for the defence of London and as a préven-
tive ag ainsi Invasion (Londres, 1871). R. S.
BiBL : CoTTiiAU, Il ciinnone PnUiser da 1G5 rnillimetri^
dans Bivistii Diiirittima, 1871, II.
PALLIUM. I. Archéologie (V. Costume).
II. Liturgie. — Bande de laine blanche, longue et étroite,
qui se place sur la chasuble, contourne les épaules, les
bouts pendant, l'un en avant, l'autre en arrière, retenus
par deux plaques de plomb recouvertes de soie noire. Sur
le fond sont disposées, de distance en distance, des croix
pattées de noir. Lepallium s'attache sur la chasuble avec
trois épingles d'or, dont la tête est ornée de pierres pré-
cieuses. — La laine qui fournit l'étoffe provient d'agneaux
présentés et bénits avec une pompeuse solennité, le 21 janv. ,
dans l'église du monastère de Sainte-Agnès-hors-les-Murs,
puis confiés, une année aux religieuses capucines du Qiii-
rinal, et l'année suivante aux camaldules de Saint-Antoine,
près Sainte-Marie-Majeure. Pendant la semaine sainte, les
rehgieuses tondent les agneaux et font présenter la laine
au pape, qui la remet au Premier Maître des cérémonies,
afin qu'il la fasse tisser conformément aux règles. —
Les palliums, apportés processionnellement dans un bas-
sin de vermeil, sont bénits le 28 juin, après les premières
vêpres de la fête des Apôtres, dans la basilique de Saint-
Pierre, par le pape ou, en son absence, par le cardinal
officiant. Puis ils sont portés dans la Confession de Saint-
Pierre. Avant d'être remis au destinataire, ils sont placés
immédiatement au-dessus du tombeau de l'apôtre, au
moins pendant une nuit ; de sorte que saint Pierre est
censé avoir dormi sous ce manteau, qui devient ainsi le
sien, et opère en faveur de celui qui le reçoit une com-
munication de vertu et de pouvoir analogue à celle qui
résulta de la remise d'un manteau d'Elie à Elisée, son
successeur. Cette idée est exprimée par la formule rituelle :
Tradimus tibi pallium de corpore heati Pétri sump-
tum, in quo est plenitudo pontificalis officii... — Le
pallium est l'insigne de la dignité archiépiscopale et pa-
triarcale. Cependant le Saint-Siège l'a accordé quelque-
fois à des sièges épiscopaux privilégiés, comme Le Puy,
Autun, Marseille, Valence, Arras. Suivant la discipline
que la cour de Rome est parvenue à imposer à l'Eglise
d'Occident, un patriarche ou un archevêque ne peut
prendre son titre que lorsqu'il a reçu le pallium ; s'il est
transféré à un autre siège, il doit demander un nouveau
pallium ; et il ne doit faire aucune fonction pontificale
avant de Lavoir reçu, quand même il l'aurait déjà pos-
sédé dans le siège précédemment occupé par lui. Le pal-
lium est demandé au pape en consistoire, par un avocat
consistorial, qui sollicite cette faveur, à genoux et trois
fois : instanter^ instantius, instantissime. Cet insïgna
ne peut servir qu'à celui à qui il a été donné. On Pinhume
avec lui dans son cercueil. Avant de recevoir le pallium,
celui à qui il a été accordé doit prêter le serment d'obéis-
sance canonique au Saint-Siège. Une décrétale de Pascal II
(1099-1124) indique en termes énergiques la dépendance
que le pape entend faire résulter de la concession de cet
objet et du serment qui doit en accompagner la tradition :
Cum a Sede Aposiolica vestrœ insignia dignitatis
exigitis, quœ a beati Pétri tantum corpore assumun-
tiir, jiistuni est ut vos qnoguéSedi Apostotica', siibjec-
tionis debiiœ signa solvatis, quœ vos ciun beaio Peiro
tanquam inembra de membro habere et cathoUci ca-
pitis unitatem servare déclarant. — Le pape peut
porter le pallium tous les jours et dans toutes les églises
où il se trouve : semper et ubique, quoniam assump-
tus est in pleniludinem ecclesiasticœ potestatis quœ
per pallium signiAcatur. Les évêques ne peuvent s'en
servir que dans les églises de leurs propres provinces et
à la messe seulement, aux jours indiqués par le Ponti-
fical ROMAIN, quoniam vocati sunt in partem sollicitu-
dinis, non in pleniludinem potestatis, dit Honoré I!l
(1216-23).
Une histoire du pallium formerait un chapitre carac-
téristique de rhistoire de la papauté, spécifiant avec pré-
cision un des principaux moyens que les évêques de Rome
employèrent pour établir leur domination sur les autres
évêques, et montrant la merveilleuse habileté avec laquelle
ils surent mettre en œuvre tout ce qui pouvait servir à
ce dessein. — L'origine de cet insigne est essentiellement
laïque. On en chercherait en vain l'indice dans l'Eglise
pendant les quatre premiers siècles ; mais on trouve dans
leCodethéodosien àe^ pallia discolora, écharpes attribuées
à des fonctionnaires de divers ordres, portées par eux
sur la pcenula. Un dyptique consulaire représente un
consul, dans l'acte le plus solennel de son inauguration,
au moment où il va donner le signal de laisser courir les
chevaux dans l'arène. Ce magistrat porte sur ses vête-
ments une longue écharpe dont la forme et les disposi-
tions ont une analogie frappante avec l'aspect du palhum
pontifical, tel que le présentent les anciens monuments.
Quand le christianisme fut devenu exclusivement la reli-
gion officielle, le gouvernement se trouva amené à donner
le pallium aux dignitaires de l'Eglise, comme un insigne
d'honneur, qui les plaçait au rang des plus hauts fonc-
tionnaires de l'empire. En le recevant, les dignitaire^
ecclésiastiques lui attribuèrent une signification ' symbo-
lique, qui se rapportait à leurs fonctions. Dans l'Eglise
d'Orient, cet insigne était appelé Oniophorion. On le
donnait aux patriarches et aux métropolitains, peut-être
même à tous les évêques. Isidore de Péluse, qui écrivait
vers 440, le compare à la brebis que le Bon Pasteur porte
sur ses épaules. Quand cet usage s'établit en Orient, la
plus grande partie des contrées de l'Occident avaient cessé
de faire partie de l'empire. Dès la fin du v^ siècle, l'évêque
de Rome portait le paUium, mais en vertu d'une conces-
sion de l'empereur, ainsi que le reconnaît encore, à la fin
du viii^ siècle, le fabricateur de la donaticni de Constantin
(V. Constantin, t. XIV, p. 890), ce faux cél-'bre qui fut
le titre primordial du Domaine de saint Pierre. L'évêque
d'Ostie le portait aussi, par un privilège spécial, comme
PALLIUM — PALM
8;)-i
consécrateur ordinaire des papes. Les évêqiics de Ravenne
jouissaient du même privilège. Le caractère civil de l'au-
torité dont émanait la concession du pallium ressort, en
outre, de ce fait que, au vi® siècle, quand les papes l'ac-
cordaient à des évoques qui n'étaient point sujets de l'em-
pire grec, ils demandaient préalablement l'autorisation
de l'empereur. Celui-ci du reste conservait et exerçait le
droit de le conférer directement. Il paraît bien évident
qu'en tout cela le tombeau de saint Pierre n'avait abso-
lument rien à faire, ni les agneaux bénits au couvent de
Sainte-Agnès ; et que pendant plusieurs siècles, l'institu-
tion resta complètement étrangère aux rites que les
évèques de Rome y ont adjoints, et aux prétentions qu'ils
en ont déduites (V. Eglise catholique romaine, t. XV,
p. 620, col. 2). E.-H. VOLLET.
PALLOTINL Nom donné aux membres de la congréga-
tion intitulée Pieuse Société des Missions. Elle a été
établie à Rome, en 1835, par Vincent Palloti, prêtre ro-
main, mort en i83l. Cet institut dirige des paroisses,
des écoles, des hôpitaux, non seulement à Rome et en
Italie, mais en Angleterre, aux Etats-Unis, au Brésil,
dans la République Argentine, dans le Paraguay et l'Uru-
guay. Il s'est affilié des religieuses, dites Pallotines, et un
tiers ordre. Ses règles sont déduites de cette maxime,
que la mortification de l'esprit est préférable aux austé-
rités corporelles, pour l'avancement dans les voies de
Dieu. Le recteur-général réside à Rome, où se trouve aussi
la maison d'étude ; mais le noviciat est à Masio (Piémont).
E.-H. Vollet.
PALLOY (Pierre-Erançois), constructeur français, né à
Paris le 19 janv. 175i, mort à Sceauxle 19 janv. 1835.
Palloy, qui s'était joint aux assaillants de la Bastille le
14 juil. 1789 et qui prit part aussi à l'attaque des Tui-
leries le 10 août 1792, reçut le titre d'architecte de la
ville de Paris. C'est lui qui fut chargé de faire démolir
l'ancienne forteresse et, avec les plus belles pierres de cet
édifice, il fit exécuter des bustes de héros et un certain
nombre de modèles à petite échelle de la Bastille, lesquels
furent offerts au roi, aux ministres, aux membres de l'As-
semblée nationale et envoyés dans un certain nombre de
départements où quelques-uns de ces modèles se retrouvent
encore dans les musées des chefs-lieux. Les matériaux prove-
nant de ladémohtion delà Bastille furent surtout employés
à la construction du pont de la Révolution, le pont de la
Concorde, dont l'ingénieur Perronet dirigeait les travaux.
Palloy présenta en 1792 à l'Assemblée nationale un projet
de colonne monumentale à élever sur l'emplacement de
la Bastille et demanda qu'on lui concédât une partie du
terrain de l'ancienne forteresse, ce qui fut fait par un décret
du 27 juin 1792 : mais son projet ne fut pas exécuté, il ne
fut jamais mis en possession de son terrain et il fut même
emprisonné comme suspect en 1794. Palloy, devenu malheu-
reux, se retira à Sceaux où il vécut, pendant ses dernières
années, d'une pension de 500 fr. sur la liste civile du roi
Louis-Phihppe (V. Bastille). Charles Lucas.
FALLU (La). Corn, du dép. de la Mayenne, arr. de
Mayenne, cant. de (^ouptrain ; 433 hab.
PA L LU .Eamille française deTours dont les principaux per-
sonnages furent : Etienne, sieur des Perriers (1388-1670),
avocat du roi (1613) et maire (1629) de Tours, qui publia
un remarquable ouvrage sur les Coutumes du duché et
du bailliage de Touraine (Tours, 1661, in-4) ; — son
frère Victor, seigneur de Ruau-Percil (1604-50), auteur
d'un manuel de médecine (Stadium medicuni ; Paris,
1630) ; —François, né à Tours en 1625, mort à Moganv
(Chine, prov. de Fo-Kien) le 29 oct. 1684, fils d'Etienne"^,
missionnaire préparé au séminaire de Paris, qui fut promu
évêque d'Héliopolis, vicaire apostoHque du Fo-Kien, se
rendit au Siam (1667), entra en lutte avec les jésuites,
obtint gain de cause près du pape, mais fut emprisonné
par ses adversaires aux Philippines (1675), se justifia à
Madrid et revint en Siam, puis en Chine (juin 168i), où
il mourut bientôt ; i^ a écrit Relation abrégée des mis-
sions... aux royauuies de la Chine, Cochinchine,Ton'
qiiinetSiani (Paris, 1682, in-S). — Martin (1661-1742),
qui entra dans la Société de Jésus, prêcha Pavent à Versailles
(1706), fut directeur de la congrégation de la Sainte-
Vierge (1711) et rédigea plusieurs ouvrages de dévotion,
parmi lesquels: Du saint et fréquent usage des sacre-
ments de la pénitence et d'eucharistie (1739, in-12)
et les Quatre fins de lliomme (1739, in-12).
FALLU de La Barrière (Léopold- Augustin-Charles) ,
marin français, né à Saintes le 19 août 1828, mort à
Lorient le 14 févr. 1891. Entré dans la marine en 1846,
il fit la campagne de Crimée, celles de Chine et de Cochin-
ciiino oii il se distingua. Pendant la guerre franco-alle-
mande de 1870-71, il servit à l'armée de TEst et couvrit
la retraite du 18^^ corps sur la Suisse. Capitaine devais-
seau en 1873, il fut nommé en 1882 gouverneur de la
Nouvelle-Calédonie. Rappelé en 1884, il fut promu contre-
amiral en 1887, devint major général de la flotte à Cher-
bourg et fut mis à la retraite en 1890. Collaborateur de
nombreux journaux et revues, U a laissé les ouvrages sui-
vants : Six mois à Eirpatcria (Paris, 1858, in-16) ;
les Gens de mer (1860, in-12); Relation de l'expédi-
tion de Cliine en 1860 (1863, in-4, avec atlas in-foL),
pubhcation officielle ; Histoire de l'expédition de Co-
chincfiine en iSOI (1864, in-8).
PALLUAU.Com. du dép. de l'Indre, arr. de Château-
roux, cant. de Chàtillon-sur-Indre ; 1.644 hab. Stat. du
chem. de fer d'Orléans. Moulins à tan et à blé ; scierie ;
tuilerie. Château féodal du xii^ siècle, remanié au xv®.
l'église des xiv^, xv<^ et xvi" siècles. i\ncienne église con-
vertie en grange du prieuré de Saint-Laurent, transept et
tour centrale de l'époque romane. Pèlerinage de Notre-
Dame de Bonne-Nouvelle.
FALLUAU. Ch.-l. de cant. du dép. delà Vendée, arr.
des Sables-d'Olonne ; 620 hab.
FALLUAU D. Com. du dép. de la Charente, arr. de
Barbezieux, cant. de Montmoreau; 504 hab.
FALLUD. Com. du dép. de la Savoie, arr. et cant.
d'Albertville; 467 hab.
PALLUEL. Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr.
d'Arras, cant. do Marquion ; 570 hab.
PAL M (Cornedle Van der), pédagogue et littérateur
hollandais, né à Bois-le-l)ac en 1733, mort à Delfshaven
en 1789. Il fut maître d'école dans cette dernière ville
et publia un grand nombre d'excellents ouvrages pour
l'instruction de la jeunesse. Le plus important est intitulé
des Réfonnes nécessaires dans renseianement public
de la Néerlande (en holl.; Middclbourg-, 1782, in-8). Il
fut aussi l'auteur de poèmes didactiques en hollandais qui
ne sont pas sans mérite.
PALM (Jean-Henri Van der), littérateur hollandais, né
à Rotterdam en 1763, mort à Leyde en 1842. Il devint
pasteur et embrassa les doctrines du parti des patriotes.
En 1795, il fut élu membre du gouvernement provisoire
de la Zélande, et occupa en 1799 les fonctions de ministre
de l'instruction publique, puis il abandonna la politique
pour occuper une chaire de langues orientales à l'Université
de Leyde. Il vécut dans cette ville, partageant son temps
entre son enseignement et le culte des lettres. Il publia
un grand nombre d'ouvrages, tous en hollandais, dont voici
lesprincipaux : Isaie, traduction avec comment aires (Leyde,
1805, 3 vol. in-8; 2^ éd., Rotterdam, 1841); Etude sur
la connaissance de soi-même (Leyde, 1829, in-8); la
Rible de la jeunesse (ibid., 1811-24, 24 vol. in-12;
2^ éd., Leyde, 1835; 3^ éd.. Gouda, 1845); Histoire de
la Renaissance néerlandaise (Amsterdam, 1816, in-8;
souvent rééd. et trad. en plusieurs langues). Il est aussi
l'auteur de plusieurs études critiques sur l'Ecriture sainte.
BiiJL. : N Beets, Biograj^liic de J.-II. Vnn der Polm
(en holl.); Leyde, 1812.
F AL M (Johann-Philipp) , patriote allemand, né à Schorn-
dorf en 1766, fusillé à Braunau le 26 août 1806. Il fit
son apprentissage chez son oncle, J.-J. Palm, libraire à
Ki'langen, et par son mariage avec la ilile du libraire Sleiu
de Nuremberg acquit cette maison. Au printemps de 4806,
il publia un pamphlet, dont l'auteur semble avoir été Jo-
hann Konrad de Yelin, assesseur à Ansbach, et qui, sous
le titre Deutschland in seiner tiefen Erniedrigiing
(rééd. cà Wurzburg en 4877), contenait de virulentes atta-
ques contre Napoléon I®^" et les actes des troupes fran-
çaises. Un envoi qu'il faisait de la brochure à un libraire
d'Augsbourg fut saisi. Napoléon fit emprisonner Palm qui
passa à Braunau devant un conseil de guerre, fut con-
damné à mort et exécuté quelques heures après. L'atroce
violence dont Palm fut victime fit le plus grand tort mo-
ral à l'empereur ; le malheureux libraire n'a cessé d'être
célébré par les Allemands comme un martyr.
BiiîL.: Biographie de F. Stuui/rnEi'^; Nuremberg, 1860,
PALM (Gustaf-Wilhelm), peintre suédois, né à Her-
relof, près de Kristianstad, le 4 4 mars 4840, mort en 4890.
i^^lève de l'Académie des heaux-arts de Stockholm, il y
obtint les plus hautes récompenses ; il voyagea ensuite à
travers toute l'Europe, séjournant principalement en Italie
et en Sicile de 4833 à 485"2. A son retour à Stockholm,
il se consacra d'abord à l'enseignement privé, puis fut
nommé en 4859 à l'Ecole de dessin, et y professa jus-
qu'en 4880, année où il prit sa retraite. On a de lui un
grand nombre de toiles répandues un peu partout, en Amé-
rique, en Angleterre, en Russie, enEinlande, en Suède, etc.
Les plus importantes sont : Il Canale grande a Venise
(4860), \ne d'Ariccia (4864), tapies, Sélinonte le
Colysée, etc.
PALM A. Ile du groupe des Canaries (V. ce mot, pour
les généralités, l'ethnographie, l'histoire, etc.); c'est avec
File de Fer, la plus occidentale, et un peu au N. de celle-ci,
par 28^ de lat. N. et 20° de long. 0. ; sa longueur du N. au
S. est de 47 kil. , sa plus grande largeur E.-O. de 28 kil. Elle
a une superficie de 726 kil. q. et une population de 39.605
hab. L'île est d'origine volcanique ; on y remarque au N.
un des cratères les plus vastes qui existent, la Caldera
(la Chaudière), cirque de 45 kil. de tour avec des parois
verticales de 4.200 m. de hauteur, dominé par des cimes
imposantes {Pico de los Muchachos, 2.345 m. ; Pico
de la Ci'uz, 2.358 m. ; Pico del Cedro, 2.272 m.). A
ce cirque se rattachent d'autres chaînes moins hautes en
tous sens, et l'île est partout couverte de cônes à cratères ;
pourtant depuis 4677 il n'y a plus eu aucune éruption,
i^e climat est doux et l'air humide, ce qui fait que Palma
est la plus riche du groupe aupohit de vue de la végéta-
tion. Il y a notamment sur les cimes de belles forêts do
pins, tandis que dans les vallons croissent la canne à sucre
(autrefois très cultivée), l'olivier, le cotonnier, la vigne, les
arbres fruitiers. L'île a 8 communes ; son ch.-l. est
Santa Cnii de la Palma; on peut citer comme ayant
une certaine importance les bourgades de Los Llanos,
Ma.zo, Los Sauces. Un service postal de vapeurs relie
Santa Cruz avec les autres principales villes du groupe
des Canaries. E. Cat.
PALMA (V. Bai.iUres [llesj).
PALMA. Capitale de Fîle de Majorque (Espagne) et de
la prov. ou capitainerie des Baléares, sur la côte sud-ouest
de l'île ; 60.544 hab. (en 4887). Elle se divise en basse et
haute ville, cette dernière avec des escaliers et des ruelles
étroites qui lui donnent l'aspect d'une cité mauresque. Dans
la ville haute on remarque l'ancien palais royal, qui a un
air de forteresse, la cathédrale de style ogival, commencée en
4234, achevée en 4604, la Lonja ou Bourse, d'une archi-
tecture imposante (xv^ siècle), l'Hôtel de ville (xvi*^ siècle).
11 y a à Palma nombre d'églises, de couvents et des établis-
sements modernes d'instruction publique et de bienfaisance.
Le port, vaste et sûr, reçoit des paquebots des compagnies
maritimes (de Barcelone), ïslena (Barcelone), Sitgès
(d'Alger) , en été, et de nombreux vapeurs et voiliers. Le mou-
vement international y fut en 489^- de 428.000 tonnes;
celui du cabotage de 320.000 ; la valeur des impor-
tations de 23.400.000 fr., celle des exportations de
895 - PALM — PALMA
3j. 500. 000 fr. — La population comprend un grand
nombre de juifs convertis, appelés Chuetas. L'Université,
fondée en 4503, a été remplacée en 4836 par un institut.
— A4 kil. S. de la ville est le château de Bellver. •
E. Cât.
PALMA Campania. Ville d'Itahe, prov. de Caserte ou
Jer)-a di Lavoro, à 7 kil. de Nola et à 44 kil. de Naples ;
5.858 hab. aggl. en 4884. Petite ville très bien exposée
sur les pentes d'une colline aux pieds du Vésuve. Terri-
toire très fertile et bien cultivé ; production de céréales,
de vin, de chanvre et de châtaignes. Belles églises, un
hôpital, et un ancien palais construit par les comtes de
Nola. Ruines remarquables d'un grand château. Palma
était un fief des Saluzzo, ducs de Corigliano.
PALMA DI MoNTECHiARO. Ville de Sicile, dans la prov.
de Girgenti, tout près de la mer et sur la r. dr. du petit
fleuve Palma, à 26 kil. de Girgenti; 44.702 hab. aggl.
en 4884. La ville se trouve dans une position très pitto-
resque ; elle est entourée de palmiers (d'oti le nom de
Palma), d'amandiers, d'oliviers et de vignes. Vins estimés.
Son petit port est assez fréquenté. Pèche très active des
sardines, production et commerce de citrons. Source d'eau
sultureuse. Palma a été fondée par Thomas, prince de Cam-
pedusca.
PALMA (A. Cornélius) (V. (>)rnelta IGens]).
PALMA (Giacomo), appelé aussi Giacomo d'Antonio
Negj'etti, du nom de son père, et surnommé Palma le
Vieux pour le distinguer de son petit-neveu né à Seri-
nalta, dans la vallée de la Brembana, non loin de Ber-
game, sans doute vers 4480. Il fut l'un des plus grands
peintres de l'école vénitienne. On pense qu'il vint à Venise
dans les premières années du xvi^ siècle ; il y peignit
avant 4540 un Saint Jean-Bapliste entouré de quatre
saints, pour l'égUse San Cassiano, et un tableau qui
fut détruit dans un incendie, pour l'église San Mose. On
connaît encore la date approximative de quelques-unes de
ses œuvres ; mais on ignore tout do sa vie, sinon qu'il eut
une fille d'une grande beauté. Violante, dont il fit plu-
sieurs fois le portrait, ([ui a été gravé par Vosterman et
par Troyen, et que Violante devint, après la mort de son
père, la maîtresse de Titien. Après 4520 on ne trouve plus
de documents authentiques sur Palma : aussi les érudits
ne s'accordent-ils pas sur l'époque de sa mort. Les plus
nombreux et, parmi eux, le directeur du musée de lierlin
M. Bode,la placent en 4528 et même en jirécisent la date,
entre le 28 juil. et le 8 août ; Charles Blanc et quelques
autres croient qu'il ne mourut qu'en 4518, à soixante-
huit ans. On s'appuie dans cette dernière opinion sur ce qu'on
connaît un portrait de Palma où il semble presque
un vieillard, sur ce que Violante avait été après la mort
de son père la maîtresse de Titien, elle très jeune encore
et Titien, au dire deVasari, dans un âge déjà avancé, et sur
ce que Paolo I^ino, dans son Traité de la peinture imprimé
en 4548, cite Palma au nombre des grands artistes morts
récemment. Aucune de ces raisons n'est péremptoire ou, du
moins, n'est précise, d'autant ({u'en 4548, Titien avait
soixante et onye ans et que, même plus tôt, Vasari aurait
pu le trouver d'un âge bien avancé pour l'âge de Violante :
il faut noter seulement, à propos d'elle, qu'elle fut peinte
par son père et par Titien en des temps très rapprochés.
Il est donc fort probable que Palma mourut avant 4548,
mais il paraît difficile de reporter à l'année 4528 sa mort
qui arriva probablement entre ces deux dates à une époque
encore inconnue. ()uoi qu'il en soit, Palma peignit un
grand nombre de tableaux. On ne sait de qui il fut l'élève
en arrivant à Venise, mais on peut dire que sa première
manière, qui dura environ jusqu'en 4542, se ressent de
l'influence de Giovanni Bellini et de Cima, et qu'ensuite,
dans la Sainte Barbe et dans les Trois Sœurs, il se
rapproche de Titien. Par sa couleur chaude et dorée et
par sa peinture onctueuse et caressante comme celle de
Giorgione, il est séduisant entre tous les peintres, et pas
un, dans les portraits de femmes où il a excellé, n'a appro-
PALMA — 8Î)J
ché plus que lui de la beauté sensuelle. H a composé aussi
beaucoup de sujets religieux, de Santé conversaiioni.
Tous les musées d'Europe possèdent des tableaux de
Palma le Vieux. A Venise, qui en est fort riche, on voit,
à l'Académie : le Christ et la Veuve de Naini, une
Assomption provenant de l'église Santa Maria Maggiore,
Saint Pierre dans une chaire, environné de saints
et de saintes , et une Tempête apaisée par saint Marc,
attribués par le catalogue à Giorgione ; dans les églises, en
outre du tableau de San Cassiano, on voit à Santa Maria
Formosa la Sainte Barbe, qui est sans doute son chef-
d'œuvre; à San Stefano, une Madone entourée de saints;
à Santa Maria Mater Domini, une Cène, peut-être de
Bonifa/io. Le musée Brera de Milan possède une Ado-
ration des Mages à laquelle assiste une sainte Hélène
et qui provient d'un couvent des olivétains dans File
Santa Elena des Lagunes; les Offices : Judith coupant
fa tête d'Holopherne, Etude de femme nue. Portrait
cVun géomètre peint sur ardoise, Jésus-Christ li Em-
mails et la Madone et l'Enfant Jésus; le palais Pitti :
une Sainte Famille, dont il existe une copie au musée
d'Amsterdam, les Pèlerins d'Emmaiis et un Portrait de
femme en noir;\e musée de Naplcs : une Sainte famille.
11 faut citer encore en Italie : un Portrait de femme au
palais Sciarra Colonna, un magnifique retable à l'église San
Stefano de Vicence, et un autre retable dans l'église de
Zerman, près de Trévise. Le musée de Vienne est très riche
en œuvres de Palma : Une jeune et belle Vénitienne à
la chevelure blonde, en habits de soie bleue, portant
une viole! te au sein, portrait de Violante, et quatre
autres portraits de Vénitiennes, la Visitation, Saint Jean-
Baptiste, Un jeune héros et Lucrèce prenant la réso-
lution de se ^M(?r. Le Louvre n'a qu'un tableau de Palma,
mais admirable : V Adoration des Bergers, qui porte
une fausse signature de Titien acheté par Louis XIV
en 1685 pour la somme de 2.!200 livres; Londres : le
Portrait d'un poêle, peut-être celui de l'Arioste;
Bruxelles : Jésus-Clirist porté au tombeau, qui a fiiit
partie de la collection de Louis XIV et a été décrit par
Lépicié et qui, peint sur bois, a été transporté sur toile ;
Saint-Pétersbourg : une Sainte Famille ; Madrid :
une Adoration des Bergers. Le musée de Berliii pos-
sède : la Madone avec V Enfant Jésus, tableau signé,
ce qui le marque comme une œ'uvre de jeunesse, carac-
tère qui apparaît au surplus par la manière du peintre,
assez proche alors de celle de Carpaccio, un Portrait de
femme, la tête appuyée sur le bras gauche, un Port rail
d'homme en noir et une très belle étude de Tête de
femme; celui de Dresde : les Trois Sœurs, la Madone
et l'Enfant Jésus avec saint Jean-Bapliste et sainte
Catherine, une Sainte Famille, la Rencontre de Jacob
et de Rachel et une Vénus 'couchée dans un paysage;
celui de Gassel : la Toilette de Vénus et Andromède
délivrée par Persée; la Pinacothèque de Munich : la
Vierge et l'Enfant Jésus avec saint îioch et sainte
Marie-Magdeleine et un très beau Portrait du peintre ;
la galerie de Brunswick : Adam et Eve, tableau de sa
première manière. E. Brico.x.
Bibl. : Vasari, Vie des peintres illustres. — Ridolfi,
Msii'aviglie dell'Arte, 1648. — Zanetti, Dellci Xiittura vene-
ziana; Venise, 1771. — Morelli, Die Werke italienischer
Meister. ^Ch.BLAi^c, Histoire des peintres. — Catalogue of
the pictures in theNutional Gallery. — CROWEetCAVALCA-
SELLE, A lûstory ofpaintincj innorth Italy ; Londres, 1871.
— KuGLER, Hundbooh of iia lia n pain ting ; Londres. 1887.
PALMA (Jacopo ou Giacomo), dit Palma le Jeune,
peintre vénitien, né à Venise en 454 i, neveu ou petit-
neveu du précédent. Il reçut ses premières leçons de son
père Antonio, artiste sans importance. Protégé par le duc
d'Lrbin, Guidobaldo II, il fut envoyé par lui à Rome
et reçu par son frère, le cardinal délia Rovere ; après
y avoir passé huit ans à étudier Michel- Ange et surtout
Polidoro, il revint dans son pays, mais, n'y trouvant pas
de commandes, il repartit pour Rome où il ne fit alors
qu'un court séjour et rentra à Venise vers 1 57:2. Tandis que
Titien, presque centenaire, allait mourir, Véronèse et Tin-
toret brillaient de tout leur éclat; mais Palma le Jeune,
s'étant lié avec le sculpteur Alessandro Vittoria, dont l'in-
fluence était considérable, se lit pousser par lui pour arriver
à trouver une place auprès d'eux : on dit même que le
sculpteur, mécontent des deux illustres peintres et flatté de
la cour que lui faisait ce jeune homme, s'efforça d'élevei'
sa gloire contre la leur. La lutte n'était pas possible, car si
Palma le Jeune avait la prodigieuse facilité de travail de
Tintoret, il n'avait ni sa véhémence ni sa vigueur. Cepen-
dant il venait d'être chargé de décorer, lui aussi, le Palais
ducal, et non loin du Paradis de Tintoret, il peignit le Ju-
gement dernier, puis le Christ adoré par deux doges et,
au plafond de la salle du Grand Conseil, une Venise triom-
phante. Dès lors, il travailla avec une facihté et une ra-
pidité fâcheuses, ne faisant que des esquisses, comme le
lui reprochait le cavaher d'Arpino : il exécuta des tableaux
pour soixante-neuf églises de Venise, parmi les(piels on
doit retenir le Christ aux Limbes, à San Xicoletto dei
Frari; toutes les villes de l'Italie du Nord voulurent avoir
de ses (euvres, et il fut encore recherché à l'étranger. Lanzi
a dit de lui « qu'il était le dernier des bons peintres et le
premier des mauvais » ; artiste de décadence, dont le nom,
l'un des plus grands de Venise, était trop lourd pour lui,
il garda cependant, dans son inépuisable et lassante fé-
condité, ce charme que Venise a donné à tous ceux qui
ont vécu par elle. 11 abusa surtout de son habileté, qui lui
rapportait des fortunes, lorsqu'il eut survécu aux dernieis
grands Vénitiens. Il était fort riche et lié avec tous h s
grands seigneurs de so:i temps; et, lorsqu'il mourut, oji
lui fit de magnidques funérailles à l'église San Zanipolo.
Les plus grands graveurs du siècle, les Sadeler, les Golt-
ziiis, les Kilianen, passant à Venise, avaient tenu à honneur
de graver ses œuvres. A l'Académie de Venise, on xcr-t de
lui : un Ecce homo, deux tableaux représentant le Corps
du Christ porté par des Anges, l'Enfant prodigue et
le Retour de l'Enfant prodigue, la Chaste Suzanne
entre les Vieillards, Saint trançois, l'Ange apparaît
a saint Pierre dans son cachot, les Douie mille mar-
ques : vision de T Apocalypse; aux Offices : Saint Jean
dans le désert et Sainte Marguerite; au musée de
Naples, la Madone avec des saints; à Madrid, la Con-
version de Saill; au musée du Belvédère, à Vienne : le
Corps du Christ pleuré par des anges, Hérodiade arec
la tête de saint Jean, Abel tu> par son frère et iSes
Anges pleurant la mort du Seigneur, tableau peint si.r
ardoise; à Dresde: S dint Sébastien, le Martyre de saint
André et la Présentation de Marie au Temple; à Mu-
nich : V Adoration des bergers, Ecce homo, et trois ta-
bleaux représentant V Ensevelissement du Christ ; à
Cassel : Jarquin et Lucrèce, Vénus et Cupidon et Per-
sée et Jindromède; à la galerie de Schleissheim, la Mort
de saint Sébastien. E. Bkicox.
BiiJL. : Ch. Blanc, Histoire des peintres, et la plupart
des auteurs cités à l'article précédent.
PALMA-Cayet (V. Cayet).
PALMA DE Cesnolâ (Louis, comte), archéologue ita-
lien, né àRivarolo, près de Turin, le '29 juin i83'2. 11 se
destina d'abord à la carrière des armes et entra à l'Ecole
militaire de Turin. Nommé lieutenant après la bataille d<^
Novare (1849), il démissionna en 1834, pour servir en
Crimée dans l'armée anglaise. Il s'établit ensuite à Xe.v
York, épousa la fille d'un officier de marine des Etats-
Unis, et se fit naturaliser Américain (1861). Dans la guerre
de sécession, il fut colonel d'un régiment de cavalerie
dans l'armée fédérale, se distingua en mainte circons-
tance, fut fait prisonnier à la bataille d'Aldie en Virginie,
et remis en liberté au bout de quelques mois. Nommé
brigadier général par le président Lincoln, il fut bientôt
après envoyé à Chypre comme consul des Etats-Unis. En
4877, il devint directeur du musée métropolitain de New
York. Il est connu surtout comme archéologue. De 18ii7
à 1877, il dirigea des fouilles sur plusieurs points de File
de Chypre, notamment à Curium, oti il découvrit le trésor
d'un temple, aujourd'hui conservé au musée de New York.
Il a fait connaître les résultats de ses fouilles dans plu-
sieurs ouvrages, écrits soit en italien, soit en anglais :
Scoperta ciel Tempio di Venere a Golgos (Turin, 1870);
Le Ultime scoperte neW isola di Cipro (Turin, 1876);
Cypriis, ils ancient ciliés, tombs and temples, with
mans and illustrations (Lonûvas, 1877; 2^ éd., New
York, 1878) ; Metropolitan Muséum ofArt (New Y'ork,
-188i). P- Monceaux.
PAL M A m: Cesxola (Alexandre), archéologue italien,
né en 1839, frère du précédent. Il servit d'abord dans
l'armée piémontaise, prit pari à la guerre de Crimée et
aux campagnes d'Italie, fut nommé capitaine d'infanterie
de marine.' Il démissionna en 1869, se rendit à Monte-
video, puis à New York. Il fut envoyé à Paphos, en
Chypre, comme vice-consul des Etats-Unis. Il y devint
archéologue comme son frère, et fit des fouilles à Paphos
cl à Salamis pour le compte du gouvernement anglais. Il
a exposé les résultats de ces fouilles dans deux ouvrages :
Ckypnis aiuvjuities (Londres, 1880); S al ami nia (Lm-
(très, 1881). Il a écrit aussi des romans et des relations
de voyages. P. Monceaux.
PALM/^R (Ilenrik-Bernhard), auteur satirique suédois,
né près de Calmar le 21 août 1801, mort à Linkoping le
7 juil. 1854. Sa paresse, son incapacité à fournir aucun
travail réguher l'empêchèrent de trouver jamais une posi-
tion stable : il passe du professorat au journalisme et de
journal en journal jusqu'à la fin de sa vie. Sa vive cri-
tique de Tegner et d'xVskelôf dans sa Lettre li la Minerve
suédoise (1834) attira sur lui l'attention et il sut garder
la faveur d'un certain public en attaquant sans les ména-
ger, et souvent d'une façon injuste, plusieurs personnages
considérables de son temps : le Dernier Jugement à
Kràkvinkel (contre l'évèque Hedrén), Lettre de Stock-
holm pendant le Pdksdag de :f8i7-48, un Petit Voyage
de plaisir, etc. Th. Caht.
PALMAIRE (Anal.). Apoxévrose, Arcades, Mcscles
PALMAIRES (V. Main, § Anatomie).
PALL-NiALL. Rue célèbre de Londres (V. Londres,
t. XXII, p. 513).
PALP^ANOVA. Yills d'Italie, ch.-l. de district de la
prov. d'Udine (Vcnétie), à 20 kil. de cette ville; 3.5 il hab.
aggl. en 1881. Stat.duchem. deferCividale-Portograaro.
l^hice forte couvrant la voie militaire Tries te-Venise,
eniouréo par un fossé très large et profond, pouvant
être facilement inondé moyennant une série do ca-
naux qui dérivent d'un aqueduc majestueux, érigé au
xvi" siècle par les Vénitiens. La forteresse bâtie par ceux-
ci en 1593 a été renforcée par ordre de Napoléon I^^';
elie est remart[uable par son élégante construction et sa
parfaite régularité. Belle cî vaste cathédrale, et trois
portes de la ville qui sont dos chefs-d'œuvre d'architec-
ture. Industrie de la soie. Occupée par les Français en
1797, c'est de cette ville que le général Bonaparte pro-
nonça la déchéance de la république de Venise. Elle fui
assiégée par les Autrichiens de mars au 25 juin \^{S el
capitula.
PALIVJARÈS, On désigne sous ce nom la brochure qui
contient le programme de la distribution solennelle des
prix, cérémo)iic' qui terminait l'année scolaire dans les
collèges : les jésuiles ne l'ont pas inventé, mais savam-
ment utilisé. Supprimant l'action de la famille sur la di-
rection de l'enfant, habiles par contre à l'amuser par la
llatterie, portant ici comme partout leur goût de la repré-
sentation et du décor, ils firent du palmarès une sorte de
journal-réclame. Indépendamment du nom et des titres
des vainqueurs couronnés, du rappel des ci'oix, rubans et
insignes, des œuvres spécialement composées par les Pères,
on y trouvait des œuvres d'élèves — vers latins ou oraisons
laudatives — le livret de la pièce représentée, le texte
donné comme authentique de compositions — joutes ora-
CRÂNDE E'NCYCEOPÉniE , — XXV.
8^7 — PALMA - PALMAHÈS
toires, réponses en des exercices solennels, attribuées aux
lauréats — bref tout ce qui pouvait entretenir l'amour-
propre des parents et des enfants.
L'Université, comme Lavaient déjà fait les écoles cen-
trales, s'inspira sur ce point comme sur tant d'autres des
errements des jésuites; on publia même parfois deux pal-
marès, celui des prix d'excellence après l'examen du cin-
quième mois, et celui de la « distribution solennelle des
prix faite aux élèves du lycée k la suite des exercices lit-
téraires et publics qui ont terminé les cours ». Pour se
faire une idée de l'intérêt que présentent encore ces bro-
chures, en vue d'une histoire des cérémonies et récom-
penses scolaires, il faut consulter une collection de pal-
marès empruntés à la province, ou ces fêtes prenaient une
importance particulière. On y voit comment « l'assemblée,
des plus nombreuses et des mieux composées», encoura-
geait « par sa précence les heureuses dispositions d'une
jeunesse infiniment intéressante ». «Les élèves, placés en
cercle sur le parquet de la salle », forment «deux com-
pagnies armées, dont la musique « exécute des sympho-
nies ». Les compagnies « non armées » occupent les plus
bauts gradins : après le discours, M. le censeur « fait
l'appel nominal ». Le Palmarès comprend d'abord Tordre
des exercices dont le programme est détaillé et rédigé par
les professeurs : suit le nom des élèves qui « répondront »
en mathématiques, latinité et belles-lettres, et « le profes-
seur de belles-lettres se voit forcé de rappeler au public
que toutes les compositions que liront les ;,élèves leur
appartiendront. . . Le gouvernement, sage et éclairé, ne veut
pas que des professeurs honorés deviennent d'adroits ba-
ladins », opérant « par des prestiges et des illusions ».
A la suite est imprimé le procès-verbal du concert et de
la distribution des prix aux lauréats. Les classes sont
appelées dans l'ordre suivant :1^'^ classe de belles-lettres,
2'= classe de belles-lettres, V''\ 2«, 3®, 4®, 5®, 6« classes
de latin. Vient alors « la série mathématique » avec la
classe do « mathématiques transcendantes » et six autres
do mathématiques inférieures. On termine par la classe
de dessin et celle d'écriture. A la fin de la brochure, aux
époques voisines de la fondation de l'Cniversitc, se trouve
parfois une pièce couronnée, par exemple en 1806, « une
ode sur la paix »; ou bien on apprend que la « distribu-
tion sera précédée d'un dialogue entre quelques petits
élèves qui seront interroges par le proviseur ». En 1812,
époque où les élèves ont à répondre sur la géographie de
la France divisée en 142 départements, le palmarès devient
une publication officielle signée par le proviseur et approu-
vée par le recteur; la classe de belles-lettres reprend le
nom de rhétorique en 1811, la philosophie reparaît en
1817. Deux ans après s'introduit l'usage, abandonné en
1823, de clore la séance par la distribution des médailles
d'encouragement aux instituteurs. A partir de 1821, on
annonce la messe de rentrée; en 1832, on indique la
durée des vacances; en 1834, le nom de chaque professeur
est inscrit en tête de sa classe. Désormais la rédaction
de la brochure est fixée pour tous les établissements ; elle
contient le nom du président et des assesseurs, ceux des
membres du bm^eau d'administration, le rappel des prix
d'honneur et lauréats des écoles, l'énumération du per-
sonnel administratif et enseignant, le tene du discours
d'usage, les noms, prénoms, lieux de naissance, quahtés
(internes ou externes) des élèves ayant obtenu un prix ou
uu accessit, h date de l'ouverture des cours de vacances
el de la rentrée de classes précédée de la messe du Saint-
l'sprit.
Le palmarès du concours général contient le discours
du professeur, qui parle en latin jusqu'en 1882, et la ré-
ponse du ministre président; on y cite les autorités pré-
sentes à la cérémonie, les noms des lauréats avec celui
des établissements et des professeurs qui les ont envoyés
au concours général (V. ce mot, t. XII, p. 316).
L'énumération des différents prix mérite aussi quelque
attention : le nom de pi'ix de « cfunposilion » en mathé-
57
PALMARÈS — PALMB1.AD
898
maliques aurait clii être coiisei'vé. Le prix do « préémi-
nence » est devenu celui d'excellence. En 4808 apparaît le
prix de grec, en 1813, celui de discours latin, avec mention
de prix d'iionneur, en 1817 celui de discours français et
celui de version grec {ue, en 1821 celui de dissertation
française ; la mention de prix d'honneur est donnée à celui
de dissertation latine en 1827. Viennent ensuite le prix
d'histoire et de géographie (1829), de chimie (1830), d'an-
glais et allemand (1832). Enfin, par une conicidence très
suggestive, en 1853, en même temps qu'apparaît en tète
du palmarès l'instruction religieuse, qui n'y avait pas
figuré même sous la Restauration, disparait la mention de
la classe de philosophie, réduite jusqu'en 1868 à être
classe de logique. R y avait pourtant une compensaiioa :
une rubrique spéciale était désormais consacrée à la
musique vocale !
Définitivementim.muabledanssaforme, le palmarès, vivace
comme tous les organismes, du même genre, tend à sé-
vir partout : des collèges privés et publics de garçons il
s'étend à l'Institut (distribution des prix de vertu et dis-
cours d'usage) pour redescendre aux écoles primaires de
tous les degrés, dont les plus importantes font imprimer
leurs listes de lauréats. ?\'atur elle ment il fleurit dans les pen-
sionnats et les nouveaux établissements secondaires pu-
l)lics de jeunes fdles. On en compose même pour les
aveugles et les sourds-muets. On peut ainsi, sans autre
peine que celle de payer l'imprimeur, « développer l'ému-
lation et complaire aux familles ». Les « lauréats » ont
« leur presse périodique » — en attendant mieux.
Eugène Blvm.
PAL M ARIA. Ile de la mer Ligurienne, prov. de Gènes,
à rO. du golfe de la Spezia; 133 hect. Marbre, vin, oli-
viers. Son fort et ses signaux font partie du système de
défense de la Spezia.
PÂLMAROLA. Rot de la mer Tyrrhénieime (V. Pox-
TIENNES [Res].
PÂLIVIAROLI (Pielro), peintre italien, mort à Rome en
1828. 11 acquit une certaine réputation par son talent
tout particulier pour reporter sur la toile de vastes com-
positions murales peintes à fresque ou à l'huile. C'est ainsi
qu'il réussit à transposer (1811) la Descente de croix de
Daniel de Volterra, fresque célèbre de l'église de la Trinité
de' Monti. R fit subir la même opération à la fiei'fje de
Saint-Sixte de RapJiael, l'immortel chef-d'œuvre que
l'on admire à Dresde. G. C.
PALIVIAROLI (Cayetano), peintre et liïhographe, né à
Fermo (Ralie) en 1801, mort à Madrid en 1833. Appelé
en Espagne pour prejidrc part à l'entreprise formée par
j). José de Madrazo, de faire reproduire en lithographie
les principaux ta])]eaux du musée de Madrid, Palinaroli se
chargea d'exécuter un assez grand nombre de ces repro-
ductions, notamment : le Portrait équestre de Ctiarles-
Qiiint, d'après le Titien ; ta Vierge soutenant dans ses
f)ras Je corps de son fils, d'après Van Dyck; l' Adoration
d.es [lois, d'après Yela/^«juez, etc. Il fit aussi plusieurs
autres Rthographies (|ui furent puljUées par le jouriuil et
uirtistaei quelquesportraits de personnages contemporains :
le duc de Bai/len, Maroto,Bellini, et'celui de D. lurui-
çois d'Assise de Bourbon; ce dernier porîrait est regardé
comme sa meilleure œuvre. P. LEFOiir.
t^)iiïL. : OssoRio Y Bernard. Galcrin >lc urLlstas cs'oii-
nolcs; Madrid, 1868.
PALMAROLI Y GoNzu.Ez (Vicente), peintre espagnol,
iils du précédent, né à Zarzalejo, province de Madrid, on
-V'è'à4, moYl k "^V^drkl ew V^\^6. Il iv\V Vélèxc de Fedevko '
de '^kvdY.xxo eV §,\\\\vl Vgï, eovwà de V\ei\dé\\\\e de ^-OlW Veï-
uando; envoyé à Wouie comme peiWvomiaive , en iSaS, ÏV
y séjourna jusqu'en 1862, revint à Madrid et présenta à
Texposition de cette même année une grande composition
religieuse représenlaiit Saint Jacques, sainte EtisabeUt,
saint François et saint Pie Y intercédant auprès de
saint ItdepJionse pour quit guide et protège le prince
des Asturies, Ce tableau devint la propriété de la ]';^i)ie
Isabelle. L'artiste exposait en même temps une pittoresque
peinture représentant une Paysanne des environs de
Naples. Puis, il retourna à Rome doù il envoya son re-
marquable tableau : Un Sermon à la Sixtine, (pii parut
à EExposition uiu'versclie de 18()7, à Paris. La Prise de
Tétuaii, peinte pour le duc de Fernan-Nuùez, achevée en
1868, motiva un ^oyage de l'artiste au Maroc. Palmaroli
fut admis au nombre des membres de rAcadcmie des
])eaux-arts de San Fernando en 1872; il vécut tantôt à
Rome, tantôt à Paris, et ce n'est qu'après la mort de Fe-
derico de Maclra/o (ju'ii se fixa déiinitivement à Madrid oii
il lui succéda à la direction du musée du Prado. R est l'au-
teur d'un très grand nombre de portraits de personnages
espagnols contemporains; sa d>'^rjiière œuvre en ce genre
est un Portrait d'Alplionse XIII. P. LEFoirr.
Bri3L : OssoRLO y Bernard. Crolerui de ariistas cspj-
fioles; Madrid, 1868.
PALryiAS (La.-,) ou ClUDAD i>e las Pal.mas. \ii\e de
l'archipel des Canaries, clief-lieu et sur la côte N.-E. de
la Grande Canarie, à 4 kij. S. de l'isthme de Cuanar-
teme qui rehe Fisleta à la grande île; 2J .330hab. Siège
du haut tribunal des Canaries. Quelque industrie, com-
merce de vins et de cochenille, pèche active, construction
d'embarcations. Las Palmas, qui a été la capitale de Far-
chipel, en est encore la viUe principale. EReestsituéeàrissue
de la profonde barranque de Guiniguada, dominée par d'assez
hauts escarpements; c'est une jolie ville, dont les mai-
sons blanches, à toits plats, s'étagent en amphithéâtre au
milieu des pahnes. Elle est murée, bien bâtie : la partie
i>asse, la Triana, est haSiitée parles négociauts ; la par-
tie haute, la Vineta, par les fonctionnaires. On y remar-
([iie quelques monuments datant de l'époque où eUe éiait
la capitale de l'archipel, la cathédrale surtout, dans le
sîyle de la Renaissance espagnole, qui domine le haut quar-
tier de ses deux tours de basalte. Las Palmas est la capi-
tale littéraire et scientifique des Canaries et possèdent de
]îombreuses écoles, des collections archéologiques et d'his-
toire naturelle. Le cHmat, superbe et tempéré (max. 29^\
min. 10°, 4, moyenne 20°, 23), est quelquefois un peu fati-
gant. La ville est cependant un bon sanatoire et la pré-
sence des sources thermales et sahnes de Teror, Firgaz,
et surtout de Santa Catalina (27°) ne peut que contri-
buer à y amener les personnes qui ont à se refaire d'un
séjour dans la zone torride. Las Palmas ne possède qu'un
débarcadère ; le port, La Liiz, esta 3 kil. N. sur l'isthme
de Guanarteme. Autrefois exposé aux vents d'f]., il est
maintenant protégé par une longue jetée de 1.430 m. qui
permet aux ])lus gros navires de mouiller sans danger et
de se ravitailler aux entrepots de houille. C'est un port
franc. Les câbles de Cadix à la côte occidentale d'Afrique
y prennent terre. J.-G. Kergomard.
PAL!V!âS (Cap) ou CAP des Palmes (V. Palmes [Cap
des]).
PALMAS. Com. du dép. de l'Aveyron, arr. de MiUau,
cant. de Laissac; 417 hab.
PALÎVIBLAD (\Vilhelm-Fredrik), historien suédois, né
à Liliestad près de Sfiderkoping le 16 déc. 1788, miori
à Upsal le 2 sept. 1832. Dès sa jeunesse et comme étu-
diant, d prit une part très active, avec son ami Atterbom,
au réved littéraire de la Suède : il est un des membres
principaux de la Société Aurora et un des fondateurs du
Plwsplioros (1810), du Calendrier poétique (1811, etc).
l^iî 1822, il est nommé professeur d'histoire de Suède
puis, en iSSo, professeav de grec. Sa vie est toat entière
roïi^'àerée à ses tra\avi^i d-'l\isloire, de géograçkie, de lii-
lévaluve et de pe\évTL\v\v\e ; très noïïd^revix et très divevs,
iiucmi i\ est cependant sans n aleuv , et p\us\e\\i'S n\aYC[e.cnt
dans l'histoire littéraire de la Suède : Poétique suédoise
(traité didactique). Sur le Roman (dialogue), la Famille
Falliensvcird (recueil de nouvelles de diverses époques réu-
nies en 1844, trad. en aR. 1846) ; Sur F Histoire an-
cienne des Perses, Sur rilistoire ancienne des Hin-
dous, Sur le Tibet, la Palestine (1823), Manuel de
(jéograpkie physique ei politique, ancieime et moderne
(Spart., 48^27-37); Récits d'histoire a) icie une (iS'di}),
Manuel d'histoire moderne ('1832; 7^ éd., 1872), Ma-
nuel d'histoire universelle {\ S i^; Antiquités grecques
(J8i3-4o), Aurora liôniqsniark et sa vcœe {vQm^^ 'His-
torique en 4 parties, 1846-49; trad. en ali.), et, outi'e
de nombreux articles de polémique littéraire et politique
dans les revues (ju'il dirigeait ou fondait {le Temps,
•i8i'7-3i), d'excellentes traductions de Sophocle, iVE<~
chyle, d'Homère, de Tieck, etc. Th. Cxwr.
PÂLiVlE. I. Botanique. — Nom donné aux feudles de
]\dmiers, souvent digiiées-pahnées comme daiis les Cha-
mœrops, et par extension aux feuilles pennées des Dat-
tiers, etc. (V. PAL>nER). — En réalité, une feuille est
palmée lorsqu elle est palminervée et -découpée en lolîcs
plus ou moins profonds, ce qui constitue les v.u'iélés pal-
matilobécs, palmatiiides, palmatipartites, palmatisé([nées.
— f.c beurre de palme et l'huile de palme sont l'oaniis
par le Palmier Avoira (V. ce mot) ou Elœis guinensis
L. (V.'El.eis). Ur.o matière grasse analogue s'obtient avec
le périsperme, c-à-d. l'amande du Cocos nucifera t..
et du C. butJjracea L. — Enfin, la cire de palme pro-
vient d'un Ceroxylon (V. ce mot). _ li- L. llx.^
iluïLK DE pALMi:. — Elle provionl clu fruit de certains
palmiers. Le fruit est amoncelé en tas, que l'on abandomie
à la surface du sol pendant un mois enviriui (cotes de
Guinée). Lorsque la fermentation est suffisamment avan-
cée, on jette le fruit dans un cuvier, où on le fait bouillir
avec de l'eau. Le fruit est retiré et on fait bouidir à
jiouveau la partie corticale. L'huile qui surnage est ex-
traite avec des cuillers Corps sohde,rouge,à la tempéra-
ture de noschmats (fond h. 30^-35«). Son odeur rappelle
l'iris ou la violette. Elle se saponifie facilement par les
alcaUs et forme un savon Jaune. Elle sert à la fabrication
des savons, des bougies, de l'acide stéariquc, par l'actioii
de la vapeur d'eau sous pressioii.
IL Architecture. — La palme ou branche de Palmier
(^st un des emblèmes dont la représentation a été le plus
fréquenté sur les monuments de ranti([ullé et aussi sur
ceux de nos jours. La palme, qui était portée à Rome par
le général victorieux au cours de la pompe triomphale,
était aussi placée aux mains de la statue de la Victoire
et figurait sur les arcs de triomphe, _ comme plus tard,
dans'ies premiers monuments du christianisme, on la rc-
Irouve sur les tombes des martyrs qui, on le sait, après
leur mort, appartiennent à l'Eglise triomphante. De nos
jours, on sculpte des palmes sur les monuments commé-
moratifs et sur les stèles funéraires ainsi qu'on peut le
voir au tombeau de Eélix Duban, œuvre de Louis IHic, au
cimetière du Montparnasse. MM. Duban et Eug. Guillaume
ont également placé une palme dorée dans le soubasse-
ment'du petit monument à la gloire de Ligres, Flandrin
et Simart, élevé dans le vestibule des études à l'Ecoh^ des
Beaux- Arts. Mais un des plus remarquables emplois do la
paline est celui qui fut fait de cet ornement symbolique
par Constant-Dufeux dans les portes latérales du Pan-
théon à Paris, portes fondues en bronze en 1851. Dans
les panneaux supérieurs de ces portes, des palmes se dé-
tachent sur des branches do chênes ou do laurierset vien-
nent, par leur hommage symbolique, compléter l'inscrip-
tion rappelée en abrégé : A. G. H. L. P. H., Aux grands
Hommes, la Patrie reconnaissante. Charles Lucas.
ÎII. Art héraldique. — Branche de palmier. Elle est
le symbole de la xictoirc. Les palmes servent aussi d'or-
nement extérieur aux armes des abbesses.
ÎV. Ordres. — Palmes àcadémiquks (V. Officier
d'académie).
V. Histoire religieuse. — Dimaxcitk des Palmes
(V. Rameau).
VI. Métrologie. — Ancienne mesure de longueur, qui
était égale, en principe, au travers de la rnain et qui a
beaucoup varié. Un Grèce et à Rome, à l'origine, elle va-
lait quatre doigts et était, par conséquent, le sixième do
899 — PALMBLAD - - i>ALMER
la coudée ou le quart du pied. C'était le palmus minor
(0^\0739). Le palmus major, plus récent et encore usité
dans l'empire romain, valait doiue doigts, c.-à-d. la moi-
tié de la coudée ou les trois quarts du pied (O''\22o). De
ce dernier est dérivé le palmo italien, (uii valait 0'^\223
à Rome, 0"\263 à ?Naples, (;"\238 à Païenne, 0^^\248
en Sardaigne, 0'^\2G1 à Nice, et qui sert encore pour le
commerce des marbres : il est alors de 0''^\23, en sorte
qu'il faut 64 palmes cubes pour un volume d'un mètre.
En Erancc, on a employé, jusqu'en ces derniers temps,
dans les ports de mer et la marine, la palme de 0-",29.
PALIV1E (La). Corn, du dép. de l'Aude, arr. de Xar-
bonne, cant. de Sigean ; i.404 hab.
PÂLIVlEIRlIVi (Luis-Augusto), poète, auteur dramaticpie
et littérateur portugais, né à Lisboime le 9 août 1823,
mort à Lisbonne en 1893. Eils d'un général. Oliicier du
génie, puis fonctionnaire au ministère des travaux pu-
blics, il devint directeur du Conservatoire des beau?:-
arts en 1877. Il fut membre de l'Académie royale des
sciences de Lisbonne. 11 a joui pendant longtemps d'une
grande popularité comme poète patriote et chantre po-
pulaire, et ses P^)6^s•m (Lis])onne, 4831), qui ont eu plu-
sieurs éditions, lui ont valu le surnom de « Bérangcr
portugais ». On lui doit encore un roman de mœurs
très réussi : A familia do Sr. Capitao mor (183^) ;
plusieurs comédies en vers, qui n'ont pas eu un grand
retentissement ; la biographie du poète Jodo Andra
de Corvo (1860) ; la Galeria de figuras portuguexas
(1878), etc. G. P-i.
PALlViER (Terre de). Découverte en 1821 par Palmer,
elle fait partie des terres australes. Elle est située entre
63^34' nr' et 63° 10' de lat. S. et 62« W et 6Q' de
long. 0. de Paris, c.-à-d. au S. de rAmériquc méridio-
nale. J'dle est voisine de la terre de Graham dont elle est
séparée par le détroit ou le golfe de Bismarck.
PALMER. Ville des Etats-Unis, Massachusetts ;
6.320 hab. (en 1890). Taids, na(tes, voitures.
PALMER (Roger), comte de Casilemaixe, diplomate et
écrivain anglais, né à Doro-cy Court (Buckinghamshire) 1"
3 sept. 1634, mort à Oswestry le LM juil.' 1703. 11 ill
des études de droit qu'il ne poussa pas à fond, s'occupant
passionnément de politique et participant à tous les com-
plots en faveur de la Restauration. En 1639, il épousait
Barbara Viiliers, duchesse de Cleveland, (pii devenait
bientôt la maîtresse du roi. Palmer fut élevé à la pairie
avec le titre de comte de Castlemaine (1661), mais il se
sépara violemment de sa femme en 166:2 et se mit à
voyager. Il entra dans la diplomatie, Ot pailic d'une mis-
sion cà Constantinople. Revenu en Angleterre en 1677, i!
fut dénoncé comme jésuite parle trop fameux Titus Oates
(Y. ce nom), ce qui lui valut un emprisonnement à la Tour
à deux reprises. Acquitté en 1680, il jouit delà coufianco
de Jacc|ucs H, qui lui donna l'ambassade de Home en 1686.
Cette mission avait une importance capitale, puisqu'elle
marquait l'établissement de relations diplomatiques avec
la papauté, mais Castlemaine se montra si tranchant qu'elle
échoua. Le gouvernement ht des excuses au pape, rappela
son ambassadeur et, comme compensation, lui donnal'entrée
au conseil privé avec de i'orls émoluments. Après la fuite
du roi, Castlemaine fut arrêté et enfermé à la Tour (1689).
Traduit devant la Chambre des conniiones, il eut à s'ex-
plitpier sur son ambassade de Rome. 11 fut réemprisonné
encore sons le chef de complicité dans le complot jaco-
bite. Relâché, il passa en Eraiice, puis en Elandres oui!
iiitrigua avec les ennemis de Guillaume. Aussi fut-il ac-
cusé de haute trahison et encore enfermé à la Tour en
1696. Au bout de six mois, il fut remis en liberté et )ie
s'occupa plus de rien. Catholiijue prati(|uant, ce qui ex-
plique suffisamment les persécutions dont il fut victime,
Castlemaine était un esprit cultivé, particulièrement versé
dans la linguistique et les sciences exactes. Il a laissé un
certain nombre d'ouvrages, entre autres: A short and
trueaecountof Ihe materials Passages inthelate war
PALMER -— PALMERSTON
900
heiween ihe Englisfi anclDutch (Londres, 4671, io-8) ;
The Compendium or a short view of ihe laie trials
in relation io ihe présent Plot against his Majestij
and government (l.onàves, iiud, iii-4}; An accoilnl of
ihe Présent war hetween the Venetians and Turks
(1G66, iii-8) ; The Catholique Apology (Anvers, 1674,
in-8) ; The earl of Castleniaines Manifesta (1681,
in-8), etc. R. S.
Biiu,. : M. Wright. AccouilI of thc ('inJ)nfiSii of R. etirl
of Custlouciine io Innocent XI frora Klny Jiimes II
Loiidvea, luï^^B, iu-roi., avec portrait.
PÂLMER (John),piibliciste et philosophe anglais, né à
Soutliwark, vers 1729, mort à Islington le "li^ juin 4790.
Entré jeune dans les ordres, il fut notamment assistant de
.lohn Alleii, ministre presbytérien de Londres. En 1780,
la largeur de ses idées coïncidant mal avec ses obligations
religieuses, il abandonna le ministère. 11 a publié des ou-
vrages d'une grande indépendance de vues entre autres :
Free Thoiights on the inconsislencg of conforniing to
any religions iesl as a condition of loleraïion (1779,
in~8); Observations in defence of Ihe liberly of Man
as a nun'al agent (1779, in-8); A)h Appendix to tlie
Observations, etc. (1780, in-8); A Suntmarg View of
Ihe Grounds of ChrisiianBaptism (1788, in-8). Il a pu-
blié les Conmienlaires de John Alexander. R. S.
PALIVIER (Christian), théologien allemand, né à Win-
nendcn, près de Stuttgart, le 27 janv. 1811, mort à Tu-
bingue le 29 mai 1875. Il fit ses études et prit ses grades
à la faculté de tliéologie de Tubingue. 11 entra dans les
ordres et monta, par tous les degrés de la hiérarchie ec-
clésiastique, jusqu'au titre de doyen de l'église principale
de ïubingue. Il occupa aussi la chaire de prédication à
r Université de cette ville. Les leçons sur réloquenco sa-
crée, la morale et l'instruction religieuse furent publiées et
formèrent des manuels (rès répandus dans les séminaires
de théologie. Les principaux sont : Evangcl. Homiletik
(Stuttga)'t. 18o9; 5« éd. 1807); Evangel. Kalechetik
(ibid., 1852; 3« éd., 1861); Evangel. Pastoraltheo-
logie (ibid., 1860; 2"' éd., 1865); Evangel. Hynino-
logie (ibid.,i86D) ; Die Moral des Christenthums {ibid. ,
1864). Pahner avait en outre contribué à fonder les
Jahrbilcher filr deulsche Théologie (Stuttgart, 1856 et
suiv.) et collabora kïEncyklopœdie fur das gesammte
Eri-iehungs-u. Unlerriciilsiveseu{ibid., 1859). On kii
doitenfm un certain nombre de travaux estimés sur la uni-
que d'Eglise et l'art religieux. Th. Ruyssen.
PALIVIER (Roundeh), comte de Selborne (V. ce nom).
PALMERSTON. Ville d'Australie, ch.-l. du Territoire
du Nord, sur la baie de Port-Darv,in ; tète de ligne du
chemin de fer (fui mène à Pine-creek.
PALIVIERSTON (Henry-John Tkmple, 3« vicomte de),
humnîo d'Etat anglais, néà Weslminster le 20 oct.1784.
iuortàRrockett Halllel8oct. 1865. 11 descend d'une vieille
ramilîe anglaise; son aiilère-grand-père. créô pair oji
J727, était le neveu de ^^^ Temple, miiiistje de Chai'les ![.
I! commence son éducation à Harrow. pa>se trois ans à
l'Université d'ijlimbourg où il suh les cours de Dugald
Steward, puis en 1805 entre su Saint- John's Collège, à
Cambridge. A peine majein*, e! (mi même temps (fu'il ob-
tient le degré de maître es ail^, il dispute vainement à
bsrd Althorp et à lord H. Petty l'honiieur de l'cprésenter
rUniversité au Parlement. Xommélordde l'amh'auté dans
le ]iiinistèi'e du duc de Portiand. i! échoue une seconde
lois à Cambridge, mais obtient le siège ik' Xewt on (AVight),
eî pronoiice son maiden speech (1808), conti'e la pro-
(hirtion des pièces relatives aux affaires «!e Dauemark et
au bomîiardement deCopeidiague demandée par Pojisojiby.
Il devait déï^oi'jnais faire partie de tous les ministères qui
bc succédèrent jusqu'à sa mort, à Texcepîion des deux
ministères R. Peel et Derby. Le 28 oct. 1809. il accepte
tes fonctions de ministre de la guerre que lui oifre Per-
ceval, et les conserve dans divers miiii^^ères justpi'en
1828: (bii'anî <-es seize aimées. Pidmeiston s'iMifermcibnis
ses bmctions. et se livre obscurément à une sévère réor-
ganisation des ihiances militaires et de l'armée. Mondahi,
fréquentant l'élégante société v.liig, il s'écarte lentement
du parti tory au(juel déplaisent ses opiniojis favorables à
rémancipation des cathoh([ues anglais, et aux tentatives
libérales du conlijKMit. et se fait élire représentant de
l'Université de Cambridge dans des conditions telles qu'il
y voit le premier pas décidé vers une rupture avec les
tories. Il abandonne lui-même le ministère AVeUington
pour une divergence de vues sur le disenfranchisement
de East Retford, et api', s un voyage sur le continent, re-
çoit de loi'd Grey le ministère des affaires étrangères qu'il
conserve jusqu'à l'arrivée au pouvoir de R. Peel (1834).
11 ahait devenir avec lord RusseU un des leaders du parti
hbéral. Il débute par les négociations relatives à la ques-
tion belge, refuse le Luxembourg à Talleyrand, ne vou-
lant point que la France obtint « un seul champ de choux »,
manifeste ses grandes qualités d'homme d'Etat, animé d'un
patriotisme intransigeaot, d'un(^ animoshé violente contre
tout ce qui est étranger à l'Angleterre, surtout contre la
France dmiili se défie et méprise les représentants. Lord
Melbourne lui rend en 1855 les affaires étrangère^: ITùi-
rope l'ignore encore, mais Talleyrand l'appelle dans sa
correspoiidaiice privée « le seul homme d'Etat de l'Ar-
gleterre ». P consacre alors toute son attention à la qu.Ch-
tion d'Orient, et se prononce contre notre protégé Méhé-
met-Ali; redoutant une alliance de la France et de la
Russie, il négocie simultanément avec les deux puissances,
hésitant d'aliord à lier partie avec l'une d'elles, il propose
la réunion d'un congrès descin({ grandes puissances pour
régler la question égyptienne.
Entin. certain de ne pouvoir entraîner la monarchie de
Juillet dans une guerre contre la Russie, il prend son
part! ; nos ambassadeurs à Londres, Sébastian!, Guizot,
ce dernier abusé par les flatteries de l'aristocratie britan-
nique, ne démêlent point l'entente que Palmerston noue
avec le représentant de la Russie, et ceux de l'Autriche
et de la Prusse. Le 15 juil. 1840, Palmerston signe à
notre insu une convention définitive ; Thiers tombe du pou-
voir ; la France se résigne et abandonne Méhémet-Ali.
Palmerston, après avoir dénoncé à l'Europe les tendances
ambitieuses du gouvernement français, triomphe de notre
humihation. Au lendemain même de sa victoire, la for-
mation du ministère Peel lui enlève le pouvoir. Rejeté
dans l'opposition, il harcèle le ministère tory dont il'in-
crijuine la faiblesse vis-à-vis des Etots-Unis"^ au sujet du
traité d'Ashburtou, et vis-à-vis de la France au sujet de
l'affaire Pritcbard, emploie ses loisirs à un voyage sur le
cojitinenl (ISio), se rallie en 18^5 au principe de l'abo-
lition des Corn Laws. Au moment d'entrer daris le minis-
tère Russell, et bien qu'il ne croie pas à l'entente cor-
diale, il vient à Paris où il croit nécessaire de faire oubher
so]i insolence agressive; il reprend enfm la direction des
affaires étrangères (1846), dirige les négociations des
mariages espagnols, apprend avec plaisir la chute de Louis-
Philippe, les déclarations pacifiques de Lamartine, con-
seille à l'Autriche, en pleine révolution, d'abandonner scb
possessions italiennes, et écrit : « L'empereur tient ITtalie,
mais ne la gardera (jue jusqu'au jour oii la France ces-
t^ei'a de le permettre... Il tient la Hongrie et la Calicie,
mais ne les gardera qu'aussi longtemps que la Russie le
permettra ». (Lettre àPon^oiiby.) La répressioii delà j-é-
v(»bUion parles armées russes et autrichiennes provoque
ses protestations; il entraîne la F'rance dans une démons-
traiio)] eji faveur de la Tui quie à laquelle le tsar et l'em-
pereur prétendaient arracher les réfugiés hongrois. L'éner-
gie avec laquelle il soutient les réclamations de donPacifico,
sujet anglais, auprès du gouvernement grec, le déploiemeiit
de forces qu'il n hésite pas à faire contre ce petit pays en
1850, sans souci de l'opinion européenne, lui attirent un
vote de blâme de la Chambre des lords (17 juin); un dé-
bat de quatre jours s'engage aussitôt à la Chambre des
communes ; Palmerston pnrie pendant quatre heures con-
— 90J
PALMERSTON — PALMIER
sécutives et remporte le plus grand triomphe oraioire île
sa carrière (25 juin) : il justifie sa conduite dans l'affaire
Pacifico, aifirme hautement le droit du gouvernement an-
glais à substituer son action à celle des tribunaux étran-
gers jugés insuffisants, puis élargit le débat, passe en
revue la situation troublée des diverses nations continen-
tales, se défend avec une habile ironie d'avoir précipité
la chute de Louis-Philippe en France, rappelle sa der-
nière victoire en Orient, et termine en opposant au spec-
tacle des révolutions continentales celui d'une Angleterre
sage, objet de l'admiration universelle, et en affirmant le
droit du citoyen anglais à prononcer à la face du monde
le ciuis romanus sinn. Après ce discours, Peel, son adver-
saire, s'écria : « 11 nous rend fier de lui ». De ce jour,
Palmerston n'est plus Thomme d'un ministère ou d'un
parti, mais le ministre de l'Angleterre, le grand Pam.
Persuadé que la république ne pourrait durer en France,
Palmerston, flatté par le prince Napoléon se montre fa-
vorable à ses ambitions, approuve i'« acte hardi et décisif »
du 2 déc, réprimande son ambassadeur lord Normanby
qui n'a pas témoigné assez d'empressement au héros de
la journée, raille les scrupules de lord Normanby, lui
écrit que le respect dû à la loi et à la constitution anglaise
consacrées par les siècles ne peut s'appliquer à l'oeuvre
« que les tètes éventées de Marrast et de Tocipieville ont
inventée pour le tourment et la perplexité de la nation
française : je puis dire qu'on fait plus d'honneur à cette
constitution en la violant qu'en l'observant. Il était temps
de se débarrasser de cette Me puérile ». En même temps
qu'il enjoignait officiellement à lord Normanby de ne
])oint intervenir dans les affaires intérieures de la France,
Palmerston informait directement le ministère français
qu'il approuvait pleinement la politique du prince prési-
dent; placé dans une situation fausse, l'ambassadeur ré-
cLima : la reine et lord Russell demandèrent des explica-
lions à Palmerston; celui-ci riposta par une apologie (ki
coup d'Etat, exprimant seulement des regrets au sujet de
« l'inutile destruction de vies que les soldats paraissent
avoir infligée au peuple de Paris ». Son incorrection
lui coûta néanmoins le ministère : il dut quitter ses
fondions.
En 4852, il accepte le ministère de l'intérieur dans le
cabinet de lord Aberdeen, mais ne cesse de s'occuper des
affaires extérieures , conseille l'alliance française et la
guerre contre la Russie, donne sa démission le 45 déc. et
ne la retire que lorsque ses collègues acceptent les hosti-
Htés. Au cours delà guerre de Crimée, un irrésistible mou-
vement d'opinion le porte à la direction du ministère (févr.
4855). Il essaie de prolonger la guerre après la prise de
Sébastopol, malgré la lassitude de Napoléon lïl, et, après
la paix de Paris, parait se relâcher de son amitié pour l'em-
pereur, «le sphinx de la Seine», dont il redoute les rêves
ambitieux. Il préside encore aux négociations de la guerre
contre la Perse et de l'expédition de Chine, dissout les
communes qui avaient blâmé sa politique en extrême Orient
(4857), retrouve une majorité dans la nouvelle Chambre;
mais un projet de loi contre les conspirateurs, qu'il dé-
pose après l'attentat d'Orsini, est repoussé, et il se retire
(4858). En juin 4859, Palmerston succède à lord Der])y,
seconde la politique itahenne de Napoléon III dont il se
fait le répondant devant ses collègues, en est récompensé
par la conclusion de nouveaux traités de commerce, mais
après l'annexion de la Savoie, il écrit à lord Cowley:
« Dites à l'empereur qu'entre lui et moi, c'est fini ».
Palmerston déploie encore une grande énergie dans les
affaires d'Amérique, mais la défiance qu'il manifeste cà
l'égard delà France isole désormais l'Angleterre et la rend
impuissante dans la guerre des duchés ; il s'en console en
voyant grandir l'antagonisme entre la France et la Prusse.
Il termine sa carrière presque à égale distance des con-
servateurs et des libéraux, hostile à la réforme électorale,
préoccupé d'armements maritimes, entouré néanmoins
d'éloges, assez tôt pour ne point voir les démentis que
les événemenls allaient bientôt appoi'ter à ses plus chères
prévisions. L. Maurv.
BiBL. : H. Ia'TTON Buiavf.r (lord Dallino), The Life o/"
riscount Palmerslon ; L^ondres. :> vnl. -- ]<a-elyx As^iiley.
Lifo of vlscount Polmersioii ; r.oiiclrcs, 18i(J-65, 2 vol.-~
A. Laugel, Lonl Pîilmersion et lord Russell ; I^u'is, 1877.
iîi-lG. — Lloyd C. Sam3eii^, îJfe of ciscount Piilnierstoit
(Statesiiieii .séries j ; Loiicli'es. 1888.
PÂLIVIES (Cap des). Promontoire de la côte occidentale
d'Afrique, qui marque le commencement de la côte de la
Guinée septentrionale. Le cap des Palmes est situé dans
la République de Libéria, dans le comté de Maryland et
sépare la côte des Graines de la côte d'Ivoire.
PAL1V1ETTE.I. Arboriculturk. — On donne ce nom à des
formes d'espalier des arbres fruitiers, pêchers et poiriers sui*-
tout, obtenues parla taille. La palmette simple comprend un
axe principal vertical, portant de chaque côté, et deux à
deux, des branches do charpente horizontah^s ou obliques,
d'autant plus longues qu'elles sont placées plus bas sui"
Taxe. Leurs extrémités peuvent être relevées verticalement.
On forme chaque année un étage de ces branches latérales
en même temps qu'on élève la tige maîtresse. On modiiit'
aisément la palmette simple en bifurquant, dès le principe,
l'axe en deux branches maîtresses relevées verticalement
en U et sur chacune desquelles s'effectue la taille annuelle
pour obtenir les étages latéraux. Les patinettes à branches
secondaires horizontales se dégarnissent plus tôt à la base
que les palmettes obhques. C'est un inconvénient grave,
mais, en revanche, leur charpente utilise sans lacune l'es-
pace qu'on leur consacre. G. Boyer.
IL ARCuiiEcirRE. — Ornement rappelant par sa forme
et sa disposition la feuille du palmier, mais composé
d'un certain nombre de ces feuilles groupées et réunies
dans un culot. L'antiquité et l'époque contemporaine ont
fait grand usage des palmettes que l'on voit aussi bien
décorer les angles au-dessous du larmier de la corniche
dorique que le gorgerin du chapiteau ionique, la partie
supérieure d'un fronton ou d'une stèle funéraire et Tabou t
d\ine rangée de tuiles dans un chéneau en terre cuite. La
palmette fut également très employée comme ornement cou-
rant dans la décoration des vases peints et M. Coquart a
représenté des palmettes a la partie supérieure des pein-
tures de la cour vitrée précédant l'hémicycle et servant de
musée de modèles de dessins à l'Ecole des beaux-arts.
PALMEZZANO (Marco), peintre italien du xv'^-xvi^ siè-
cle, né à Forli (Romagne) vers 4456, mort en 4537 (?).
Cet artiste appartint à l'école de Melozzo da Forli et su-
bit l'influence de Jean BeUini au point de vue du coloris
et de la manière. Sans être de premier ordre, ses compo-
sitions, fort nombreuses, renferment quelques pages inté-
ressantes par la fraîcheur des tons, l'exécution à la fois
élégante et consciencieuse des détails; par maintes traces
d'archaïsme elles rappellent l'art des Primitifs. Au milieu
d'une quantité d'œuvres de Palmezzano, il faut citer un
Christ mort, au musée du Louvre; au musée de Berlin,
une Nativité, la Vievfje trônant, le Portement de
croix, etc.; au musée de Forh, àciix An noncial ions. Le
retable de la Pinacothèque de Faenza est l'une des œuvres
les plus personnelles de l'artiste à qui Ton ne saurait dé-
nier beaucoup de conviction et quelque maitiise.
BiRL, : BuRCivifARDT, le cicérone. — AiùxTz, Histoire de
l'art pendant la Ih'mùssnnce, -~ Boni-, Catalogue du mu-
sée de Berlin.
PALM! ou PÂLfVlE. Ville d'Italie, ch.-l. d'arr. dans la
prov. de Reggio di Calabria, sur le golfe de Gioja, mer
Tyrrhénienne, à 50 kil. N.-E de Reggio ; 9.705 haï), aggl.
on 1884. Stat. du chem. de fer Battipaglia-Reggio ; Pro-
duction et commerce d'huile. Cette petite ville régulière-
ment bâtie, remonte au xv<^ siècle. En 4783 et 4894, elle
fut ravagée par des tremblements de terre. Le roi Fer-
dinand d'Aragon s'y réfugia après sa défaite à Seminara.
PALIVllERrî. Botanique et Horticulture. — - Les
Palmiers (Pahnœlj.) sontdes végétauxhgneux, appartenant
à la classe des Monocotylédones ; leur port majestueux et
PALMIER
— 902
leur superbe feuillage leur a fait décerner, par Liuiié le
titre de « princes du règne végétai ».
La tige des Palmiers se di^esso, en général, sous forme
d'une colonne simple appelée stipe, qui peut atteindre
80 m. de hauteur; elle est fixée au sol par un faisceau
(le racines auvcntives, et couronnée par un boucjuet de
grandes feuilles persistant plusieurs années. Chez quelques
espèces Ja tige ne s'allonge cpje faiblemeni et peut cons-
riluer un gros tu])erculc sur lequel sont insérées (es feuilles
{PhiViàx acaiilh Mqj., Aslrocarijiun acaule L.).D'ail-
!our^., chez les P;iimiers ar])orescenls,la tige demeure très
courte; dans les
premières années
du développe-
ment elle se ren-
fle de façon à
atteindre un dia-
mètre considéra-
ble, qui est sensi-
blement égal à
celui qu'aura plus
t ard le tronc.
Quelques Pal-
miers ont une tige
llexiblc cpji s'en-
roule à la ma-
nière dos lianes,
tels sont, par
exemple, les (ji-
/«/m^sL. dont les
tiges, très grêles,
enlacent en tous
sens les arbres
des forêts tropi-
cales et peuvent
il c q u é r i r p 1 u -
sieurs centaines
de mètres de lon-
gueur. Las S abaî
Ad. et les Jla-
pJusF. deB. ont
une souche ram-
pante qui forme
sous terre uq rhi-
zome rameux,
dont le sommet
couronné par les
feuilles se trouve
au ras du sol. La
tige dos Palmiers
ne forme jamais
do tissus secon-
daires, aussi
garde-t-elle un
cliamètrc sensi-
blement cons-
tant; le système
libéro-ligneux se
réduit à des fais-
ceaux épars, dont
chacun, après
avoir suivi un tra-
jet rectiligne vers
la périphérie du cylindre central, se rapproche de l'axe en
décrivant une courbe, puis se porte dans la feuille où il
va se terminer.
Comme la tige ne se ramifie que très rarement, si l'on
supprime le bourgeon terminal, l'arbre no peut plus
croître. La racine primaire se détruit de très bonne heure,
elle est remplacée par de nombreuses racines adventives
(jui naissent à la base du tronc et forment une masse conique,
d'un volume parfois considérable; ce faisceau de racines
s'élève, dans certains cas. au-dessus du sol et entranieJa
Palmior {CaJnmiis rotang J..]
ba^e du tronc hors de terre. Les feuilles, souvent énor-
mes, peuvent avoir jusqu'à 40 et 42 m. de longueur;
elles sont insérées en spirale sur le tronc et plus ou moins
engainantes. Le pétiole, convexe en dessous, est en général
très développé. Le limbe est entier dans le jeune âge et se
divise plus tard par déchirure en segments palmés ou
pennés, de sorte que les feuilles semblent être composées;
c'est ainsi que le Palmier éventail ou Palmier nain [Cha-
niœi'opshiimilis L.) a ses feuilles découpées suivant le
mode palmé etlcDattier (Ph'jiiix daclyUfera Fr.) suivant
le mode penné. Les segments ou folioles qui proviennent
de la déchirure du limbe peuvent être complètement dis-
tincts ou rester unis inférieurement ; selon les espèces
de Palmiers, ils sont ou dressés ou i'abattus, parfois ces
segments se subdivisent à leur tour en minces lanières, ce
qui fait c|ue les feuilles paraissent être doublement com-
posées.
La gaine des feuilles persiste sur le tronc et se décom-
pose en un réseau fibrilleux imitant une grossière filasse.
Les iieurs, très petites, sont hermaphrodites ou unisexuées
par avortement, monoïques ou dioiques; le Chamœrops
huniilis est polygame, c.-à-d. qu'on y trouve à la fois
des fleurs hermaphrodites et des fleurs unisexuées. Elles
sont groupées en grappes axiîlaires appelées régimes, en-
tourées prescpe toujours d'une grande bractée, simple on
composée, désignée sous le nom de spathe. Assez souvent
à l'intérieur de la spathe générale se trouvent des spathes
secondaires disposées comme les glumelles des Graminées.
Un régime de Palmier peut être composé de 200.000 fleurs,
aussi atteint-il parfois des dimensions extraordinaires. Les
fleurs sont brièvement pédicellées ou sessiles, quelquefois
enfoncées dans l'axe du ré-
gime ; leur périanthe, de
coloration verdàtre, com-
prend six pièces, disposées
surdeuxverticilles alternes,
ce qui permet de distinguer
un calice et une corolle. Le
cahce est formé de trois
sépales, généralement li-
bres, la corolle est fré-
quemment gamopétale. Les
sépales peuvent être plus
longs que les pétales ou bien,
au contraire, être dépassés
par eux. Quelques Palmiers
ont des fleurs pourvues d'un
péri a n t h e r iidimentaire .
L'androcéesecomposedeOétamines groupées en 2 verticilles
alternes avec ceux da périanthe. Les étamines se réduisent
à 3 chez certains Dattiers ; chez d'autres, au contraire, elles
s e dédoublent
do manière a en
donner 9 [Are-
ca m onosta-
chya L.), 42
[Thrinax) ou
un plus grand
nombre tou-
jours multiple
de 3. C'est ainsi
que l'androcée
àesLodoicea 1- l^iai^ramme de la fleur Q du Cham.T-
neut être formé l'op^^ montrant 6 divisions du perlant] H^
b ^. , . et G étamines.
de -1 etammes o. Diagramme de la fleur Ç-du Chamnn-
et celui des Uo- ^q^^^ montrant 6 divisions du périanthe
rassus de oO. en deux rangs et trois cellules de l'o-
Les anthères, vaire.
biloculaires,
sont introrsés et insérées soit sur le réceptacle, soit à la base
du périanthe. Le pistil est composé de 3 carpelles fermés,
hbres (Dattier) ou plus souvent concrescents par leur ovaire
et leur;style, les stigmates sont presque toujours libres.
Palmi(U" : Inventait et fruit)
— 903
PALMIER
Les carpelles peuvent être couverts d'une sorte de cui-
rasse formée par des écailles imbriquées (Lépidocaryées) .
Noix de Coco (Fruit entier et coupe luu
Boutons et fleurs mâles et t'euiel]
iiudiiip
Chaque loge contient un ovule anatrope ou orthotrope or-
dinairement ascendant. Le plus souvent un ovule seul se
transforme en graine, les autres ne sont pas fécondés, ou
bien avortent après la fécondation.
Lo' fruit est une baie (Dattier) ou une driipo (Cocottier),
entourée à sa base par le périanthe persistant. Dans la
drupe, la zone externe du péricarpe est tantôt fibreuse ((?o-
ros), tantôt oléagineuse (Elaeis), la zone interne est for-
tement sclérifiée et d'une grande dureté, aussi prôsente-
Pahnior {Liclstonn Sincnsis Alart.\
t-elle souvent un orifice destiné à laisser passer la radicule
au moment de la germination.
Les drupes de plusieurs iicurs peuvent s'unir latérale-
ment en un fruit composé. Les fruits de certains Palmiers
atteignent dos dimensions considérables, celui du Coco des
3îaldives (Lodoiccd ScchcUarum Lal)ilL ), par exemple, n'a
pas moins do 40 centim, do diamètre et n'arrive à maturité
qu'au bout de dix années. La graine, dont le tégument est
fréquemment uni au péricarpe, contient vj\ albumen volu-
mineux, dans lequel est implanté latéralement l'embryon;
celui-ci, de très petite taille, est conique ou cylindricfue.
L'albumen est corné (Phœnix, Phytelephas) ou bien
charnu, parfois huileux. Il est chez le Cocotier creusé
d'une cavité contenant un liquide laiteux. A la germination le
cotylédon envahit peu à peu tout l'albumen, en même temps
que son pétiole s'enfonce deplusieurs centimètres dans le
sol en entraînant avec lui la plantule. Chez le Copernicia,
VHyphœne et le Phytelephas l'allongement du pétiole co-
tylédonaire peut atteindre 60 centim. et plus, aussi ces
Palmiers ont-ils leur tige sohdement fixée. Le Dattier
n'enfonce que très faiblement son pétiole cotylédonaire.
Classification. — La famille des Palmiers comprend
environ 4 .400 espèces réparties en 432 genres. Ces genres
sont groupés en cinq tribus : 4« Coryphées. Arbres ou
plantes acaules, àfeuiHes palmées, rarement pennées (Dat-
tier), fleurs sessiles, généralement hermaphrodites, en-
tourées d'une spathe incomplète ; carpelles hbres ; le fruit
est une baie. Genres principaux : Corypha L., Livis-
tona R. Br., Copernicia Mart., Sahal Au ans., Chamœ-
rops L., Rhapis L. F., Phœnix L.. Ihrinax L. —
^^ Lepidocaryces. Plantes sarmenteuses ou arbores-
centes, à feuilles pennées ou palmées, souvent terminées
par un appendice muni de crochets ; fleurs sessiles, dioiques,
entourées d'une spathe formée de plusieurs feuilles, et
pourvues chacune d'une bractée bicarénée squameuse,
carpelles concrescents ; le fruit est une baie recouverte
d'écaillcs imbriquées. Genres principaux : Calamus L.,
Sa<jusl\wà\^\\,, Mauriliah, , Raphia J^'dl. B. — 3° Boras-
sees. Arbres à feuilles palmées, rarement pennées; fleurs
généralement dioiques, entourées d'une spathe ligneuse ;
carpelles concrescents nus; le fruit est une drupe. Genres
prisicipaux : BorassusL,, Latania Commers., [Hyphœne
Gaertn., Lodoicea Commers. — 4^ Cocosces. xVrbres ou
arbustes à feuilles pennées; tige souvent munie d'aiguil-
lons; fleurs sessiles, dioiques, au début complètement
enlermées dans la spathe; carpelles concrescents nus, le
fruit est une drupe, dont le mésocarpe est fibreux et l'en-
docarpe hgneiix et percé d'orifices; la graine est huileuse.
Genres principaux : Elaeis Jacq. , Cocos L. , hihœa H. B. K.
Astrocaryum Mey. — 5° Arécées. Arbres ou arbris-
seaux, à feuilles pennées, parfois bipcnnées ; fleurs ses-
siles, monoïques ou dioiques, entourées par une spathe
formée de plusieurs feuilles, pouvant quelquefois manquer ;
carpelles concrescents, nus; le fruit, profondément trilobé,
est une drupe à noyau dépourvu d'orifices. Genres prin-
cipaux: Areca L., Kenlia BL, Ceroxylon H. B., Aren-
ga\.'d\)., Caryola L,, Phytelephas R. etPav., Mar-
te a V^.. etPav.
Affixités dfs Palv.iers. -— Les Palmiers forment une
famille nettement circonscrite qui ne présente pas d'affi-
nité bien nette avec les autres familles de l'embranche-
ment auquel ils appartienneiit. Par leurs fleurs, pourvues
d'une bractée adossée à l'axe, les Lépidocaryées et parti-
culièrement les Raphia rappellent les Graminées, mais
cette affinité est loin d'être certaine. Rob. Brown consi-
dère les Palmiers comme voisins des Joncacées qui ont un
peu leur organisation florale et offrent comme eux des
types arborescents.
DisïRiiJCTioN cÉoGFxAPUiQUF. — Los Palmiors appartien-
nent presque tous à la zone torride et aux régions les
plus chaudes de la zone tempérée ; les espèces qui s'éloi-
gnent le plus de l'équateur ne dépassent pas le 44® degré
de lat. N. ni le 39® degré de lat. S. Ces plantes, en effet,
exigent des périodes végétatives ininterrompues, réahsables
seulement dans les chmats humides des tropiques ; elles
abondent particulièrement dans les régions qui n'ont ni
hivers froids ni sécheresse très prolongée, c'est pour cela
que les Palmiers sont tr.'s nombreux dans l'Amérique
équatoriale, tandis qu'ils sont en moins grande quantité en
Asie et en Océanie et comparativement rares en xVfrique.
Certains Palmiers vivent en société, tels sont les Cero-
xylon IL B. K., qui constituent d'immenses forêts dans
les Andes; quelques-uns, connue les Iriartea R. et Pav.,
habitent dans les savanes inondées, d'autres se plaisent
sur les hautes montagnes. Les zones de répartition des
divers genres de Palmiers sont très limitées, car sur les 432
genres (jui composent la famille, 9 seulement ont des aires
étendues, les autres ne sont répandus que dans une seule
région florale. Les limites géographiques des espèces sont
encore plus restreintes que celles des genres. Cette circons-
cription des espèces do Palmiers à des régions peuéten dues
PALMIER
904 —
tient, en grande partie, à ce que les fruits sont lourds I On observe pour les Palmiers quatre centres de déve-
et que les graines ont un pouvoir germinatif très court. I loppement principaux : l*^ Amérique, entre les deux tro-
iVire géographiffue des Palmiers.
piques ; 2° Péninsule indochinoise, Nouvelle-Guinée et
N.-K. de l'Australie; ^^ Madagascar, Mascareignes et Sey-
clielles ; 4° Bas-
Niger, Haut-Nd,
Congo et Zambèse.
Aires d'exten-
sion DE QUELQUES
Palmiers. — En
AmériqueleiSa/^rt/
mexicaniis re-
monte jusqu'au
^f^. voisinage de Mexi-
co; les Phytele-
phas sont caracté-
ristiques de l'Amé-
rique centrale; le
Ceroxylon ancli-
cola H. B.K.,vit
sur les montagnes
des Andes, entre
1.700 et 3.000
m.;\ç;Copernicia
r^n/^ra croît dans
le Paraguay, l'U-
ruguay et le Bré-
sil ; le Mauritia
rinifera Mart.
habite dans les
Guyanes ; les Co-
cos nucifera, co-
ronatas Mart. et
yatai Mart. se
trouvent sur toute
la cote Atlantique
du Brésil ; plus au
S., dans la Répu-
])lique Argentine,
ils sont remplacés
par le Cocos aus-
tralis Mart. Un
seul Palmier {Ju-
bœa spectabilis
H. Bonpl.) se
maintient dans la
flore chilienne. L'Europe ne possède qu'un Palmier indigène
le Chamœrops huniilis qui vit sur les bords de la Médi-
Palmier cocotier (Cocos nuclferah.).
terranée : en Provence, en lilspagne, en Italie et en
Grèce. En Afrique, le Palmier le plus abondamment ré-
pandu est le Dattier qui peuple les oasis du Sahara {el
Bled ed djerid) et se rencontre au Sénégal, au (^ap Vert
et dans la vallée
du Nil d'où il , ,
passe en Arabie ;
il est remplacé en
Chine par le Dat-
tier silvestre
{Phœnixsilves-
tris Roxb.). Le
Dattier en Algé-
rie ne peut mûrir
ses fruits qu'au
S. de l'Atlas. Du
Tchad à la mer
Rouge, on trouve
le D 0 u m de
Thèbes [Ilyphœ-
ne thebaica
Gartn.); plus
bas, entre le cap
Vert et le Congo
Y èghtmiV Elaeis
guineensis , le
Raphia vinifera
P.deB. elle Bo-
rassus d'Ethio-
pie. La limite
australe des Pal-
miers en Afrique
est fournie par le
Phœnix recli-
nata Jacq. qui
occupe la région du Cap. x\ Madagascar, on rencontre, outre
V Elaeis guineensis et le Raphia vinifera, les Dypsis et les
Philippia. Le LodoiceaSeychellarum LahilL est étroite-
ment localisé dans les îles Seychelles ; ses fruits, transportés
au loin par les courants de la mer des Indes, n'ont ja-
mais naturalisé la plante dans une autre région. Le Boras-
sus flabelliformis L. couvre une partie de l'Inde, rayonne
dans la presqu'île de Malacca et s'étend de là sur Java,
Bornéo et Sumatra; à l'O., il occupe les îles africaines
de la mer des Indes et se rencontre du côté da Zanzibar
avec le Borasse d'Ethiopie. Le genre Corypha L. est
Palmier à huile
[Elaeis guineensis Jacq.).
— 90o
.f'ê
limité à Malacca, Java, Sumatra et Bornéo. Les Calamus
abondent sur les deux versants de l'Himalaya, se trou-
vent aux Philippines et occupent le N. de l'Australie;
on en rencontre également au centre de l'Afrique. Les
^^v^ Livislonia R. Br.
sont les Palmiers
qui, en Océanie,
descendent le plus
bas dans le S. Les
espèces de Palmiers
qui ont des aires
étendues sur plu-
sieurs continents
sont : le Cocos nu-
ci fera (Amérique,
Afrique, Océanie),
le Borassus fla-
belliformis (Océa-
nie, Asie, Afrique),
le Phœnix clactij-
lifera (Afrique,
Asie) et V Elaeis
guineensis (Afri-
que, Amérique où
il a été importé).
Usages des Pal-
miers. — Les usa-
ges des Palmiers
sont excessivement
variés, car presque
toutes les espèces
peuvent être utili-
sées, soit dans
l'économie domes-
tique, soit dans
l'industrie. La tige
des Palmiers arbo-
rescents fournit des
bois de construction et peut également donner des fibres
textiles ; les feuilles servent à couvrir les habitations et,
découpées en lanières, sont utihsées pour la confection
de chapeaux, de nattes, de paniers, etc. Les Sagoutiers
(Sagiis Rumphii, lœvis et genuina Mart.) renferment
dans leur moelle une fécule connue sous le nom de sagou ;
cette fécule s'extrait de la façon suivante : l'arbre abattu
avant la floraison est fendu en long ; la moelle est enlevée
et coupée en morceaux que l'on place dans un tamis sous
un courant d'eau ; l'eau qui s'écoule entraîne les parti-
cules de fécule que l'on recueille dans de larges bassins
au fond desquels elles vont se déposer. VArenga saccha-
î t/^ra Labill., le Borassus flabelliformis L., le Cocos
nucifera L., etc., possèdent une sève abondante dont on
extrait du sucre, et qui, soumise à la fermentation, se
transforme en une boisson alcoolique appelée vin de
palme. Le Calamus Draco L. fournit une gomme-résine
rouge appelée sang-dragon que l'on extrait du fruit
chauffé au soleil. Le sang-dragon est employé en ébénis-
terie pour la préparation de certains vernis. Le fruit de
V Elaeis guineensis L. contient dans son mésocarpe une
huile jaune, odorante, nommée huile de palme que l'on
emploie dans certaines parties de l'Afrique à la place de
l'huile d'olive ; en Europe, l'huile de palme sert à confec-
tionner des savons. Le Copernicia cerifera Mart. du
Brésil fournit la cire de Carnauba (V. Copernicia et
Carnauba). Les productions et usages des Dattier, Coco-
tier, Aréquier sont donnés en détail aux articles consa-
crés à ces Palmiers. Le bourgeon terminal de plusieurs
Palmiers {Cocos nucifera, Chamœrops humilis, Eulerpe
oleracea, etc.) constitue une sorte de légume très savou-
reux désigné sous le nom de chou palmiste.
La tige grêle des Palmiers- Joncs ou Rotangs {Cala-
mus) est très employée en Europe pour la fabrication de
meubles, de cannes, etc. Le Palmier nain {Chamœrops
Palmier dattier {Phœnix
dacttjlifcrn L ).
PALMIER
humilis) si abondant dans nos provinces algériennes, a
son tronc couvert de nombreux fibres qui proviennent de
la dissociation des faisceaux des feuilles ; ces fibres consti-
tuent ce que l'on appelle le crin végétal. Cette matière
est d'ailleurs fournie par plusieurs autres Palmiers. L'al-
bumen corné de la graine du Phijtelephas, fournit
V ivoire végétal (V. Phytelefhas). Quelques Palmiers
donnent des substances utilisées en médecine, tels sont les
Corypha umbraculifera L. et silvestris D. dont la sève
est emétique et VHyphœne cucifera Gêertn. qui produit
une gomme-résine qui passe pour diurétique.
Horticulture. — La famille des Palmiers fournit
quelques espèces ornementales à nos jardins du Midi. Le
Palmier nain vit en plein air dans la Provence, il en est
de même du Palmier chanvre {Chamœrops excelsa) qui
est originaire de la Chine, et dont le tronc est entouré
d'une sorte de bourre qui le protège contre le froid, ce
qui lui permet de végéter beaucoup plus au Nord que le
précédent. D peut supporter, sans souffrir, 8° C. de froid.
Dans la région méditerranéenne, on cultive quelques Pal-
miers, très rustiques, qui nous viennent d'Amérique, tels
sont:le Sabal (5a/?aL4<ian50?2/zGartn.), espèce acaule, et
le Chamœrops hystrix L. dont la tige hérissée de dards
très pointus atteint environ 1 m. de hauteur. Parmi les
Palmiers cultivés dans les appartements, on trouve, outre
le Palmier nain et le Palmier chanvre, le Dattier commun
et surtout le Dattier incliné {Phœnix reclinataincq.) origi-
naire du cap de Bonne-Espérance ; ce Palmier a ses feuilles
inclinées vers h sol, ce qui lui donne un aspect très gra-
cieux. Le Latanier delà Chine {Latania borbonica Comm.)
est un Palmier de luxe employé fréquemment pour orner les
salles de fêtes; sa tige, qui peut atteindre une grande
taille, porte des feuilles palmées disposées horizontalement.
Le Jubœa spectabilis est un bel arbre importé du Chili
et qui résiste parfaitement aux hivers les plus rigoureux
(__-43o (]). Il est bien supérieur au Palmier chanvre et
au Palmier nain comme plante d'ornement, mais il lui
faut des terrains frais et argilo-calcaires. Les Livis-
tona, les Kentia et les Cocos sont cultivés en caisse dans
nos jardins publics. Les /i^^n^/a sont en outre très recher-
chés comme plantes d'appartement. Les Palmiers d'apparte-
ment ont besoin d'arrosements copieux pendant la belle
saison, moins abondants pendant l'hiver; leurs feuilles
doivent être essuyées avec une éponge mouillée afin d'enlever
la poussière qui les recouvre. H est bon de ne pas les exposer
trop longtemps en pleine lumière. Les Palmiers se multi-
plient aisément par graine, à condition de faire les semis
dans un terreau siliceux, de préférence dans une serre
légèrement chauffée. Le marcottage des drageons qui nais-
sent à la base des pousses donne de très bons résultats.
Maladies des Palmiers. — Les feuilles sont souvent
envahies par un Hémiptère du genre Aspidiotus Bouch.
qui peut les épuiser et amener leur chute prématurée. On
détruit ce parasite en projetant à l'aide d'un vaporisa-
teur une solution de lysol. Un parasite excessivement
commun est le Pseudocommis vitis Debray, de la classe
des Champignons Myxomycètes ; la présence de ce cham-
pignon est révélée par l'apparition, à l'extrémité des
feuilles, de taches brunes qui s'étendent peu à peu du
sommet des folioles vers leur base. L'attaque du Pseudo-
commis s'effectue au moment de la germination, et lorsque
le parasite a pris possession d'une plante, celle-ci le con-
serve toute sa vie. D'après les observations de M. Roze,
il est rare que cette hospitalisation soit suivie d'effets désas-
treux, caries feuilles envahies ne poussent que très lente-
ment. On peut dire que le parasitisme du Pseudocommis
enlaidit plutôt les Palmiers qu'il n'entrave leurs fonctions.
Un champignon de l'ordre des Ustilaginées, le Gra-
phiola Phœnicis Poit., cause de graves dommages dans
les cultures de Dattier, il attaque également le Palmier
nain. Le Dattier peut héberger trois champignons, appar-
tenant à l'ordre des Ascomycètes : le Pestalozzia Phœ-
nicis Grev, le Chromosporium entophytum Corda et le
PALMIER — PALMIERI
- 906
Sterigmatocystis Phœnicis Corda. Le premier attaque
les tiges et les feuilles, les deux autres vivent dans les
fruits. Un autre Ascomycètc, VAnihostontella Pisana
Pass., détruit les feuilles du Palmier nain. W. Russell.
II. Paléontologie. — L'cxi.stcncc de Palmiers fos-
siles à la période secondaire est doulcuse, mais certaine
à la période tertiaire, à partir du crélacé moyen, et c'est
dans réocène, avec son climat tropical, que ce groupe vé-
gétal a atteint son développement le plus grandiose. Dès
la cra'o, les Palmieî's font leur apparition en Europe avec
le Flfihelldria chainicropifoUd Ga-pp., de Silésie, et le
FlaheUaria longirhachis Eng., de Muthenansdorf, de
la craie d'eau douce de Ftiveau, les frondes de cette der-
nière espèce marquant le passage du type flabellé avec le
type pinné. C'est une chose assez particidière, cpie l'on ne
l'encontrc pas de vestige de Palmiers à rintériem* de la
région arctique, ni mèjne jusqu'ici dans le Dakota, groupe
d'Amérique ; mais il ne s'ensuit pas que les Palmiers de
la craie supéi'ieurc aient été les premiers en Europe; il
se peut que les Phœnico dées, longtemps obscures et im-
pariaiiement caractérisées, n'aient pris leur essor, en fixant
ieui's traits définitifs, que lors delà craie moyenne au pins
tôt. D'ailleurs les formc^^ primitives ont été bien plus exi-
L;acs (fuc les postérieures et les types de la zone Lorride ;
les proportions élevées ne se sont dé\eloppées que gra-
duellement. Lors de Ecocène, on voit apparaître des formes
l'entrant plus ou moins dans les genres actuels ySdbal,
irecd, Iridvird, OEnocdrims, Livislowi, Cluunœroys,
llwidnjldffris, Elais, Asti'ocaiijum, Qic.;]QsJipa sont
[iarticulièrement abondants dans le bassin parisien. Mais
c'est l'oligocène, malgré la diminution déjà sensilde de la
température à celte époque, qui nous présente les plus
grands Palmiers europécus, comme le prouvent les espèces
recueillies par Yisiani et Xassaîongo à Monto-Yegrosi, et
]nèmc les empi'cintes du Sdhdl nuijor Ung., dont les
frondes égalent celles du S. lunbrdculifera Jacq., actuel-
lement indigène des Antilles. ■— Dans la période du mio-
cène, les Palmiers se rctii'cnt vers les régions chaudes ou
exceptionnelleinent protégées ; les Sabal et les Flabelhi-
ria sont encore nombreux, mais on voit se présenter à
leurs cotés des formes, telles que Geonoma, Chamœrops,
Pliœnicites, Cdlainus.etc. \ l'époque de la molasse, avec
son climat tempéré, les Palmiers deviennent bien moins nom-
breux que les autres éléments do la ilore. La végétation
d'OEningen n'oifreplus que Jerares Palmiers. Dès le pliocène,
ce groupe végétal a disparu de EEurope. D'' L. Hx.
Bn3L. : I.i-: Maout ci Drc a--:sr,. Truite de boUiiiique,
p}3 ()28-63î3. — V;ii\ TiFGTiiQi, Tniid'- de botanique^ pp. 1502,
1305. — Bextiiaai et lîooja-n, 1. III, pp o70-i)!8. — Drud]':^
Allas cler Pflanzen VerbrcitlUlg,l^^.^'7. — E. Ro/r,, Du rôle
(lu Pseudocomrnis rAlis dnns les rnoJadles des feuilles de
Palmier {Bidleii II de la Soeiêté imieoloqiqiie de France),
iSOlt. XIV, 32-3(). — Ed. ¥ir-iiKiiFBeitra(j znr Kenntniss
der Giittung Gruplnola {Bot. zeil.', 1S83).
PALlViîÉR oiiDLXAiaE nu roi. Officier de la maison du
roi (fruiterie), qui présentait au roi, à la reine, aux
princes et princesses du sang, la veille et le jour des Ra-
meaux, les palmes que le fruitier du roi appoi-iait ou fai-
sait venir de Provence.
PALf/ilERI (Matteo), historien italien, né à Eiorence
le \?i janv. ii^}Q, mort à Florence en 1478. 11 exerça
d'abord la profession d'apothicaire, puis remplit avec une
intégrité remarquable d'importantes charges publiques ;
il fa! notamment ambassadeur à Xaples en 1455 et à
iloiiîo en iiQQ et 1473. 11 écrivit en latin diverses (nivsve^i
bistonques : de Temporibus. bref sommaire d'histoire
univecselle remontant à la ci'éationdu monde; de Cdpli-
vifdle Pisdnnii, relation du siège de Pise par les Vlo-
renlins en 1406 ; VUa Jicoldi Accidioli. Ses An]iaU
porenlini sont écrites pour une partie en latin el pour
l'autre en italien. C'est en italien qu'il rédigea deux autres
(mvcages beaucoup plus importants : Id Vild civile et la
Cittii dî Vifd. Le premier, en pj'ose (Florence, 1529. et
Milan, 18:25), est une série do dialogues supposés entre
l'auteur, Luigi Cuicciardini. Franco Sachctti le Jeune (\t
le vieil Agnolo PandoUini, où Palmieri imite Aristote,
Salluste et surtout Cicéron dans le de Ofjiciis. Le dernier
livre est une imitation très directe du songe de Scipion.
In ami de Dante, tué à Gampaldino, est censé ressusciter
pour (pielques instants et raconter du poète ce cpi'il a vu
dans l'autre ujonde. Le second est un poème allégorique
en terzines, divisé en 100 chapitres, imité de Dante, qui
est encore en grande partie inédit. L'auteur l'avait légué
à la corporation des notaires florentins avec mission cle le
publier après sa mort ; mais la censure ecclésiastique
l'ayant jugé dangereux n'çn permit point l'impression ; le
i)riiit s'était même faussement répandu qu'il avait été
brûlé avec l'auteur. ÏI en a été publié récemment des
Exlvdits.
BiDL. : Ga^pauy, coloria délia lelt. ital, 11, 2, l^-" part.,
pp. 172 et SLiiv. — iiOTTARi, Matteo Palmieri; Luc<|ues.
1S85, extrait des Alti dedV acendemia lucliese. — E Fri/zt.
la Città di Vita, poema iiiedito di 3/. P.; Bologne, K^TN.
PALIVIIERI (Matteo), philologue italien, né à Pise en
1423, mort le 19 sept. 1183. 11 obtint de nombreuses
charges ecclésiastiques, fut secrétaire apostolique et prélat
romain. Très versé dans la connaissance des langues
grecque et latine, il traduisit en latin Vîiisloire des sep-
Idule interprcle'^ par Aristée. Il continua en outre la
chronique du Florentiii Matteo Palmieri et la conduisit
jusqu'en 1482 (Veiiise, 1183, in-i).
BinL. : X. Zv.y-o, Diss. Vosilana^ II, 169. - Marini,
/\rchiatri rjonlif., II. 1 !;■!. — 'i^TRAiio-'CfJi, Storia délia lett.
Liai., VI, Gin.
PALIVIIER! (CiiiSepnc). peintre itaHen, né à Gènes en
lG7i, mort à Gènes en 1740. Peintre d'histoire et d'ani-
maux, il excellait surtout dans ce dernier genre, et si son
dessin ne fut pas toujours d'u]ie impeccable correction, il
inontra de brillantes qualités de coloriste. La Pi 'surrec-
Pion qu'il peignit pour l'église Saint-Dominique de CèUiCs
mérite également d'être citée.
PALMIER! (Vincenzo), orateur et théologien italien, né
à Gènes en 1773, mort en 1820. Il professa l'histoire
ecclésiastique à Pise et à Pavie, se montra partisan des
idées révolutionnaires et dut se retirer dans sa ville natale
en 1797. L'année suivante, il signait, avec quelques autres
prêtres, l'adresse de féhcilations au clergé constitutionnel
do France. Il a laissé divers ouvrages de politique et de
théologie.
PALiVllERi (Niccolè), historien italien, né à Termini
Imcrese (Sicile) en 1778, mort à Termini en 1837, pen-
dant l'épidéniie cholérique. Il étudia les mathématiques,
la physique et le droit. Il fut député du district de Ter-
mini en 18 H' et il en profila pour exposer ses idées sur
la réforme constitutionnelle. Il ne participa point à la
révolution de 1820, n'approuvant pas la constitution es-
pagnole que l'on voulait appliquer en Sicile, et défendit
toujours sa patrie contre la réaction. On a de lui : Saggio
suUe cause ed i remedi délie angustie agrarie délia
Sicilia (Palerme, 1820) ; Somma délia storia di Sicilia
(ibid., 1834-41, 5 voE); Saggio storico e poliiico del
regno di Sicilia infino al Î8i6 con wi appendice
sulla rivoliizione del i8'20 (Lausanne, 1847), etc.
PALMIER! (Luigi), physicien et météorologiste italien,
né à Faicchio (prov. de Bénévent) le 22 avr. 1807, mort
à Naples le 9 sept. 1890. D'abord professeur de mathé-
jnatiques et de physitjue aux lycées do Saîerne (1828), de
(^ampobasso, d'Avellino, puis (juelque temps architecte, il
devint en 1845 professeur de physi(iue à l'Académie
royale de mariiie de Naples, passa en 1847 à l'Eniver-
Aiè de cette ville et fut immmé en 1848 directeur de
l'OJ)servatoire météorologiifue du Vésuve, mais ne fut
réellement installé qu'en 1854, après la mort do Mol-
loni. Il s'est depuis lors à peu près exclusivement con-
sacré à Eétude des phénomènes météorologiques et il a
personnellement observé toutes les éruptions du Vésuve.
Celle de 1872, notamment, faillit lui coûter la vie. En
1876, il fut nommé sénateur. Outre de nombreux mé-
moires insérés, pour la plupart, dans les Annali delV Os-
— 907
PALMIKRl — PALMOTÏTCH
servatono Vesiiviano, il a public sur le Vésiiyo : încen-
dio Vesiiviano del 26 apri le :/§7:2(Naples, 'i872;trad.
allem., Berlin, 1872); // Vesiivio e la sua storia (Na-
ples, 'I88J). On a également clc lui une intéressante
étude traduite en français : les Lois el les Origines de
r électricité atmospliérique (1885). Il a inventé de nom-
])rcux instruments : un sismométre, un piuviomclre, un
anémograpiio, \m électromètre atmosphérique, etc.
PALlVllERl (Gregorio), érudit italien, né à Plaisance le
3 avr. 4828. Reçu docteur en droit à Parme en 1849, il
devint prêtre en \K\\, moine ])énédictin en 1855. ïl fut
d'abord biblioîhécaire et archiviste de rab])aye de Saint-
Panl Ilors-Ies-Murs de Rome, dont la bibliothèque lui doit
son organisation, et un catalogue en 3 vol. (imprimé en
1859). Il passa ensuite dansFancien couvent de Jarfa (Sa-
bine), puis il parcourut plusieurs Etats étrangers. En 1877,
il fut nommé archiviste au Vatican. On lui doit une his-
toire en latin des Archives rafzca??(?5 qui est insérée dans
la préface du Uegestum de Clément V (1884). ïl a été un
des fondateurs du Spiciiegio Vaiicano.
PALiVllPÈDES (Zool.) . Sixième ordre des Oiseaux dans
la classiHcation de Cuvior, qui lui donne les caractères
suivants : «Pieds faits pour la natation, c.-à-d. implantés
à l'arrière du corps, portés sur des tarses courts et com-
primés, et palmes enlî'e les doigts. Plumage serré, lustré,
imbibé d'un suc huileux, garni près do la peau d'un duvet
épais c|ui les garantit de Peau. Le cou dépasse souvent la
longueur des pieds, etc. » L'ordre se subdivise en quatre
grandes familles : i° les Plongeurs ou Brachyplères
(Plongeons, Grèbes, Guillemots, Pingouins, Manchots);
2° les Longipennés ou Grands Voiliers (Pétrels, Al-
batros, Goélands, Mouettes, Sternes, Becs-en-ciseaux) ;
3° les To a pal mes (Pélicans, Cormorans, Frégates, Fous,
Aniringas, Paille-eii-queue) ; 4*^ les Lamellirostres (Ca-
nards, Oies, Cygnes, llarles) (V. tous ces mots). Les
Palmipèdes doGuvier ne sont pas tes seuls qui présentent
des pieds palmés : un assez grand nom'nre d'Echassiers de
rivage présentent la même particularité (Flamands, Foul-
ques, etc.), et l'étude de Fostéologie et de l'embryologie
montre que cet ordre est peu naturel. DéjàCh. Bonaparte
l'avait scindé en ti'ois ordres : Gaviœ (pour les Totipalmes
et les Longipennés cjui sont des Allrices,; împennes
(pour les Manchots qui sont également Allrices) QlAnseres
(pour les Lamelh'rostres qui sont des Prcecoces). Ces
laits indiquent des origines très divergentes chez les Oi-
seaux réunis sous le nom de Palmipèdes. Dans les classi-
fications récentes, notamment dans celle de Fmi^ringer,
(jiii s'applique à la fois aux formes vivantes et fossiles,
les Palmipèdes sont répartis entre les sous-ordres ou
familles naturelles suivantes : Aptenodytes (Manchots) ;
Anseri formes (Lamellirostres); Podicip if ormes (Plon-
geons, Grèbes) ; Ciconiijormes (Flamancîs) ; Stegano-
podes (ou Totipalmes) ; 1 ubinar es (Pdtroh) ; Charadrii-
f ormes (Mouettes, Sternes); Alcidce (Pingouins et Guil-
lemots). Certaines formes placées anciennement parmi les
Palmipèdes, en raison de leurs pattes courtes et de leur
long cou {lîeliornis, par ex.), appartiennent par leur
ostéologie aux Hallidœ (Echassiers). D'autres, classées
parmi les Echassiers se rapprochent des Palmipèdes : tels
sont les Flamands, qui par leur bec sont de véritables
Lamellirostres. Dans la classification de Sclater, adoptée
par les ornithologistes anglais et qui n'est qu'une modifi-
cation de celle de Fiirbringer, les anciens Palmipèdes sont
répartis entre les six ordres suivants : Sleganopodes
(placés entre les Rapaces etles Hérons), Gaviœ, fiilrinares,
Pi/gopodes (Plongeons, Grèbes, Pingouins), Impennes
(Manchots), et A^iseres {N . Oue\\:.\). ' E. Trouessart.
PALMIQUE (Y. Divination, t. XÏV, p. 721).
PÂLIVIIRA. Florissante ville agricole des Etats-Unis de
Colombie, située dans le dép. de Cauca, non loin du fleuve du
même nom, au milieu d'une des plus riches vallées do la
Cordillère. Station d'un chemin do fer projeté c|ui ira re-
joindre, près de Bnga, la ligne mettant en communication
le port de Buenaventura, sur le Pacitique, avec l'entre-
cordillère S. Dans les environs de la ville, on cultive un
tabac très odorant (labaco de olor) cpii jouit d'une grande
réputation. C. L.
PAL1V11STE (Bot.) (V. Cno- i>âlv,iste, t. XI, p. 248,
et Pauiier).
PALMITATE (Chim.) (V. Py/iinacE [Acido]).
PALMITINE (Chim.) (V. PvunTi.ouE [Acide]).
PALMITIQUE (Ac). Form. \ ^^--^ e«Vo'^
L'acide palmitique a été découvert en 1820 par Che-
vreul qui Favait désigné sous le nom â'acidemargarique,
expression qui a été attribuée depuis à l'acide homologue
immédiatement supérieur, G''''I!'^0^ L'éthertriglycérique
de cet acide ou palmitine constitue avec les éthers des
acides stéarique et oléiquelesparties principales des corps
gras, animaux ou végétaux. L'huile de palme est formée
en grande partie par son éther, de là le nom d'acide pal-
mitique donné à cet acide. La cire végétale japonaise est
la meilleure matière première pour le préparer, car elle
est encore plus riche en acide palmitique que l'huile de
pahuc. Les graisses d'homme, do jaguar, d'oie, de bœuf,
do porc, de mouton, d'huile de dauphin, de morue con-
tiennent beaucoup de palmitine. Le blanc de baleine est
constitué par l'éther cétyîiquc de cet acide ; la cire d'abeille
renferme du palmitate de Falcool myricicjue. Un excès
d'alcaH permet de transformer à chaud l'acide oléique en
acide palmitique (Warrentrapp) :
G3GH340G 4- 2KH02 :=r C'^^H^iKO^ + C^H^KO^ +H2.
On le préparc en saponifiant l'huile de palme par un al-
cali. Le sel formé ou savonétant décomposé par un acide,
on comprime F acide gras solide obtenu et on achève de le
purifier par des cristallisations répétées dans Falcool jus-
qu'à obtenir un point de fusion constant à 62*^. Cet acide
cristaUise en paillettes minces, plus légères que l'eau et
insolubles dans ce liquide. On peut le distiller clans le vide
ou l'entraîner par un courant de vapeur d'eau surchauffée
sans le décom])OSor. La distillation de palmitates alcalins
a\'ec le formiate de chaux donne naissance à la palmi-
tonc, G'''*H''''0^. Les palmitates alcalins sont solubles dans
l'alcool, sans décomposition; au contraire, l'eau les décom-
pose en alcali libre et en sels acides ; comme ces sels font
partie de la composition des savons, cette action de l'eau
explic|ue le rôle des savons par la mise en liberté des alca-
lis. L'acide palmitique se trouve mélangé à l'acide stéa-
rique dans la matière combustible des bougies, dites biUi-
gies stéariques. C. M.
BiBL. : IIeint/, Journnl ftii' pruhl, Chein.. i. LX\1. ~
Bi^RTiiF.LOT, Chimie orgnnuidc. fonder, sur In sijntJic'ic
PALMiTONE (Chim.) (V. Palmitique [Acide]).
PALMOTÏTCH ou PALMOTTA Giuono, poète ragusais,
né en 1600, mort en 1637. Descendant d'une famille noble.
il était cousin du plus célèbre parjni les poètes ragusais, le
fameux J. Gundulitch, (pii exerça une influence considé-
rable sur lui et le décida à renoncer à la poésie latin.e qu'avait
d'abord cultivée le jeune Palmotitch. Celui-ci suivit les
conseils de son parent, se rendit en Bosnie, où il appi'iî
le serbe pur : car le dialecte de Bagiise, sons l'in-
fluence italienne, était très ahéré. Improvisateur mer-
veilleux, il mania plus tard cette langue avec beaucoup
cFélégance ; mais, malgré un talent réel, il montra peu
d'originalité dans le choix de ses sujets. ïl tira de Virgile
une Descente d'Enre aux enfers, d'Homère un Achille.
de Sophocle un OEdipe, etc. Les traditions populaires ins-
pirèrent son Pavlimir, et la chronique de Bouclas sa
Zaptislava, oii il célèbre les exploits des héros sla^es.
Son œuvre la plus importante et la plus connue est
Christ iade. ïl avait aussi composé des satires, et sa poésie
lyric|ue s'inspire surtout du sentiment rebgieux.
M. GAVRiLOvrfcif.
BiBL. : A. Pavi'j'cii. Jiuiije Palmotitch, tlan.s Rnd jurjosl.
dkad.; Aaram. t(S<S;-5-8'4, t'asc 6S et 70 (en croate). — PvpiM';
PALMOTITCH — PALMYRE
908 —
e( SpAROviTcri ftrad. E. Dimùs). Ilisloirc di'.-^ liUrruturcs
shivcs; Paris, 1881. in-1
PALMQVIST. Famille de savants suédois, dont le chef.
Gustav Berg, fut anobli en 1660. Les principaux membres
do cette famille sont :
Erik, soldat et dessinateur, né en 1650 environ, mort en
1675, qui fit, en 4673, comme attaché militaire, un voyage
en Russie, d'oii il rapporta des esquisses et des documents
très intéressants sur la vie militaire et les mœurs de ce
pays auxvii^ siècle. Ces documents sont conservés aux Ar-
chives royales de Stockholm.
?îagniis, né en 1660. mort en 1729, militaire, com-
mandait l'aile gauche à la bataille de Helsingborg en 1710,
et fut, à cause de la valeur qu'il déploya en cette circons-
tance, nommé général la même année. Plus tard, il s'oc-
cupa de travaux de fortifications.
Fredrik, né en 1720, mort en 1771, fils du précédent,
ayant dû, à la suite d'une maladie, quitter la carrière des
armes, consacra toute son activité à l'étude des mathéma-
tiques. II a publié plusieurs ouvrages et traités, importants
pour l'époque, sur la géométrie, l'algèbre et la mécanique.
Magnus Daniel, né en 1760, mort en 1834, fils du
précédent, après avoir servi dans la marine française, oii
il obtint le grade de lieutenant de vaisseau, prit part à
plusieurs campagnes et était, à sa mort, amiral dans la
flotte suédoise. Th. C.
PALMSKIŒLD (Elias), savant suédois, né à Stockhoîm
le 18 juil. 1667, mort le 7 avr. 1719, fils de l'archiviste
/iî'iTc Palmskiœld (1608-86). Archiviste lui-môme et col-
lectionneur, il a réuni sur l'histoire de la Suède une quantité
de documents, dont plusieurs inédits et c[uelques-uns uni-
quement connus par les copies qu'il en a prises. Ces très
précieux documents forment un fonds spécial à la bil)lio-
thèque de l'Université d'Upsal (295 volumes).
PALIVISTIERNA. Famille d'hommes d'Etat suédois dont
les plus connus sont :
Mis, né en 1696, mort en 1766, un des membres les
plus ardents du parti français ou parti des Chapeaux, qui
remplit en 1738-39 le rôle d'intermédiaire entre le maré-
chal K.-G. Tessin et l'ambassadeur français, ce dont il
fut récompensé par le titre français de « maréchal de
camp » et par le poste de ministre de Suède à Copen-
hague. En 1746, il fut nommé conseiller du royaume;
mais il fit preuve alors et par la suite, dans ses charges
diverses, d'une animosité telle contre ses adversaires du
parti des Bonnets, qu'il finit par indisposer même les
hommes de son propre parti et qu'il fut mis à l'écart
en 1761.
Karl Otto, né en ^90, mort en 1878, petit-fils du
précédent, arriva rapidement aux charges les plus élevées
grâce à son activité, et Charles XIV Jean, dont il défen-
dait le système politique, le nomma gouverneur de l'OEster-
gœtland (1835). En 1851, il est conseiller d'Etat et chef
du département des finances ; il s'occupe activement, jus-
qu'à l'année 1856, oti il prend sa retraite, de la création
de nouvelles voies ferrées, de l'extension du réseau télé-
graphique et de la réorganisation des banques provinciales.
Èils Axel Hjalmar, né en 1836, fils du précédent, mi-
Htaire, nommé général en 1883, a été ministre de la
guerre dans le cabinet protectionniste en i 888 et s'en est
retiré en 1892, le Riksdag ayant rejeté un projet de loi
militaire présenté par lui. Il fut nommé alors gouverneur
de la province de Jœnkœping. Th. C.
PALMYRA. Ilot du Pacifique, situé par 5M-9' V' de
lat. N. et I64« 30' 46'^ de long 0. Fait partie de la Po-
lynésie, quoique en dehors des grands groupes d'îlots. Au
N.-O. de l'île Fanning, c'est l'îlot le plus important des
Sporades centrales polynésiennes. Il est de formation
madréporique et se compose d'une île de 25 kil. de long
sur 15 kil. de large, entourant un triple lagon où se trou-
vent de nombreux îlots bas et couverts de palmiers. L'en-
semble est habité par quelques Havv^aïens qui vivent de
pèche.
PALMYRAS (Poinle de) (V. Ixde, t. XX, p. 673).
PALMYRE (en araméen Tadmor, ville des palmiers).
Ancienne ville de Syrie, située dans une oasis du vaste
désert qui sépare la Syrie de l'Arabie, par 34° 2 '/ lat. N.,
36° long. E. Des passages, peut-être interpolés, du
icr lixTc des iiois, ix, 18, 'et du ïl^ livre dQs Chroniques.
vni, 4, en attribuent la fondation k Salomon. Le premier
témoignage historique est celui d'Appien, qui raconte
qu'xVntoine tenta de piller ce riclie entrepôt commercial ;
Palmyre était dès lors un centre du négoce entre les ré-
gions du golfe Persique et de Rabylonie et celles de Syrie
et des rivages de la Méditerranée. Elle semble être de-
meurée à peu près indépendante entre les empires romain
et parthiquc; à partir du ni^ siècle, elle est traitée de
colonie latine. A l'époque de Gallien, Septimius Odcnath,
noble de Palmyre et chef des Sarrasins riverains de l'Eu-
phrate, rendit de tels services dans la guerre contre les
Perses que l'empereur lui donna le titre d'Auguste et le
reconnut pour collègue (264). 11 fut assassiné par son
neveu Mieonius (267), et, au nom de leur fils Vaballathus,
intitulé imperafor, Zénobie, veuve d'Odenath, régna
quelc|ues années, reconnue dans l'empire romain comme
impératrice. Célèbre par sa beauté et ses talents, conseillée
par Longin, Zénobie, qui prétendait descendre des Ptolé-
mées, régna sur la Mésopotamie, la Syrie et étendit son
})Oiivoir sur l'Egypte. Elle menaçait la Bithynie quand
.Vurélicn, vainqueur des Goths, l'attaqua. L'Egypte fut
d'abord reprise; Zénobie, vaincue à Antioche et Emèse,
se défendit dans Palmyre avec une grande énergie; elle
finit par s'enfuir, mais fut saisie sur les rives de l'Eu-
phrate; Palmyre se rendit alors, et les principaux person-
nages y furent mis à mort. Néanmoins, la ville se révolta
bientôt et fut détruite par Aurélien qui égorgea toute la
population (273). Elle ne se releva pas; on y trouve une
station militaire, oîi campa vers 400 la 1^"« légion iily-
rienne ; après Justinien, il n'en est plus question.
Les ruines de Palmyre ont été retrouvées auxvii*^ siècle
par des marchands anglais d'Alep, explorées en 1691
Portique de la Colonnade, à Palmyre.
(Proc. roij. Soc), décrites par Wood et Dawkins, puis
par V^olney, et plus récemment par le prince Lazarev. Elles
se trouvent à 100 kil. E. de Homs, et 210 kil. S.-O. de
Deir, sur FEuphrate, occupant une longueur de 3 kil. en-
viron du S.-E. au N.-O., sur un sol artificiellement
exhaussé, dont l'ait, est de 400 m. au-dessus du niveau
de la mer. L'ensemble est très imposant, bien qu'à un
. examen de détail la valeur artistique apparaisse secon-
daire. A l'E., on rencontre d'abord le fameux temple du
Soleil ou de Baal, carré de 235 m. de côté, entouré d'un
mur de 16 m. de haut décoré de demi-colonnes corin-
thiennes; seul le côté N. subsiste; à l'intérieur, on trou-
vait sur la façade une colonnade de 45 grosses colonnes,
chacun des trois autres côtés étant formé d une double
rangée de 60 colonnes, le long desquelles sont adossées
une cinquantaine de huttes formant le moderne hameau
1)09 —
PAIJIYRE -» PAl.OMINO
de Toiidmour ou Tedmor; au centre de cet espace, une
terrasse portait le temple proprement dit, périptère, de
60 m. sur 31 "',5, 46 colonnes sur une face, 8 sur l'autre,
décoré sur la façade occidentale d'une porte en forme
d'arc de triomphe ; ces colonnes, dont quelques-unes sont
encore debout, sont cannelées ; on remarque à Fintérieur
du temple les caissons des plafonds, l'élégance des frises
décorées de feuilles et de fruits ; l'abside septentrionale
est ornée des signes du zodiaque. A l'angle N.-O. du
temple s'ouvrait une porte donnant accès à la quadruple
colonnade qui s'allongeait sur i.l3o m. à travers la ville ;
chacune des quatre rangées comptait o7o colonnes de i7 m.
de haut, soit un total de l.i'jO, dont le dixième environ
est encore debout; elles étaient surmontées d'une autre
rangée de colonnes plus petites. A l'O. du grand temple,
on voit aussi les ruines de beaucoup d'autres temples,
colonnades, et de tombeaux. Ceux-ci sont particulière-
ment nombreux dans un vallon, qui servait de nécropole
et ou l'on rencontre, à côté de sépulcres creusés dans le
roc, une soixantaine d'autres sépulcres en forme de tours
(comme plusieurs de la voie Appienne). Un château arabe
b.^s domine. Les monuments de Palmyre datent du m^' siècle,
époque de la splendeur de la ville. On y a recueilli de
nombi'euses inscriptions dont beaucoup relatives à Odeiuitb.
Zénobieet leur famille, en langues grecque ou araméenne.
IkiiL. : Woon et Dawkin^. les Uuines de Piiliinjvc ;
Paris, lbl2. — Yernoville, Dix jours en Palmyrèiic. 'i86<S.
— Demllf., Palmyre, 1894. — Sallet, Die Furstcn von
Piilinyrn ; Berlin, 1867. — Waddington et de Vogue. Ins-
criptions de Syrie, 1870. — Prince Adamelek-Lazari: v,
Palmyre (en russe); Saint-Pétersbourg. 1885. — Wricht,
An account of Palmyra and Zenohin ; Londres, 1895.
PALN EGA. Corn, du dép. de la Corse, arr. d'.\jaccio,
cant. de Zicavo ; i.293 hab.
PALN 1. Massif montagneux de l'Inde méridionale qui
se rattache au système des Ghâts occidentales, et domine
à rO. le district de Madoura (prés, de Madras). L'un des
sommets, le Pernalmali, dépasserait 2.400 m. La face
méridionale des montagnes est la plus escarpée. Elles sont,
comme les Nilgiris, bien que moins fertiles, couvertes de
pâturages, de forêts giboyeuses et de plantations àc café
et de thé. En revanche, le climat est encore plus égal et
moins pluvieux, et le sanatorium de Kodikanal, à T8 kil.
au N.-O. de Madoura, semble avoir de l'avenir. On estime
la population de la montagne à environ 20.000 âmes (Ko-
ravars, Vellalars, Paliyars, etc.).
PAL NATO KE, héros danois du x^- siècle, qui est le prin-
cipal personnage d'un drame du même nom d'Ochlenscblà-
ger. Partisan fanatique du paganisme, il poussa ïven Tve-
skagg, qu'il avait élevé, dans une guerre parricide contre
Harald Blâtand. égorgé en 986. Palnatoke mourut lui-
même peu après dans sa retraite de Jomsborg. -- Une
autre légende fait de Palnatoke. ou plutôt de Toko, un
habile tireur, dont les aventures rappellent celles plus con-
nues de Guillaume Tell, dont elles sont peut-être comme
une première esquisse.
PALO (Xomenclaturc bot.). Palo est le nom espagnol
qui signitie Bois. 11 entre dans la désignation d'un grand
nombre de plantes, parmi lesquelles : P. d'Aglîlta ou
d'Aguilam. Le bois d'Aigle (Y. Aquilaiue). — P. Ijlanco.
Le Cinrlwna cordifolia Mutis (V. QuixQriNA). — P. Boko.
Nom mexicain de VIpomœa muriicoides Hœm. (V. leo-
-m.ea) et du Senecio pnesox (V. Séxesox). — P. dk Ca-
i.EXTiJKAs. Au Pérou, les Quinquinas. — P. delDardo. Le
Styrax ofjicinalls L. (V. SrviiAx). — P. ueMlerto.
Au Mexique Vîpomœa murucoides Rœm. (V. Ipom.ea).
— P. Dux. La réglisse (V. ce mot). — P. Maria ou
Bois-Marie. Le Calophyllum Calabah. (V. Calophylllai)
et aussi le suc balsamique du C. Inophylhim L. —
P. Matras. Nom donné à Maracaibo à l'écorce de Ma-
lambo (V. ce mot). —P. Yerde. Le Parkmsonia lor-
reyana (V. Parkusoxia), etc. D^' L. Hx.
PALO (Alsium). Localité à Tu kiL de Home, aux
bords de la mer. Slat. du chom. de fer de Rome à Civi-
ta-Vecchia. En château du prince Odescalchi, dont Palo
était un des fiefs, une église et quelques maisonnettes le
long du rivage de la mer, forment ce petit hameau. Palo
était très fréquenté après 1870; il a été presque aban-
donné après la fondation de la localité voisine, Ladispoli,
et la clôture ordonnée par le prince du territoire environ-
nant dont il a fait une réserve de chasse.
PALOCZES. Peuplade de race magyare, dont le nom
parait dériver de celui des Polovtsi et qui est regardée
comme descendant des Cumans accueillis par Koloman et
Etienne H au début du xii" siècle et cantonnée dans les
monts Matra. Elle s'étend actuellement dans les comi-
tats de Heves, Borsod, Gœmœr et Nograd et a un dia-
lecte spécial.
PALOGNEUX. Corn, du dép. de la Loire, arr. de
Montbrison, cant. de Saint-Georges-en-Couzan ; 280 hab.
PALOR^BE (Ornith.) (V. Ramjeu).
PALOMENA (Entom.). Genre dTnsectes Hé)niptères-
îlétéroptères, de la famille des Pentatomides , établi [)ar
Mulsant et Rey (Ann. Soc. Lin. de Lyon, 18:j6, p. 200),
pour des espèces à coloration verte ou biunâtre, dont
l'épislome est presque inclus dans les joues. La tranche
abdominale est uniformément marquée cle poiuis noirs sur
un fond pâle. Ce genz^e comprend u?ie dizaine d'espèces
d'Europe, de Syrie et du Japon. L'espèce la plus commune
est le P. viridissima Poa ou Punaise verte, que Ton
trouve en France sur une foule de végétaux.
PALOIVIINO (Juan-Bernabé), peintVe et graveur espa-
gnol, neveu du suivant, né à Cordoue en 1692, mort à
Madrid en i777. Son oncle le fit venir de bonne heure
auprès de lui et lui enseigna les premiers éléments de
l'art. l\ ne larda pas du reste à donner des preuves de
talent et put aider D. Antonio dans ses travaux. S'étant
appliqué à étudier l'art du graveur, il fit ses premières
preuves en gravant le frontispice de l'ouvrage de son oncle,
ainsi que les planches d'anatomio qui y sont jointes. Re-
venu à Cordoue après la mort de D. Antonio, il ne tarda
pas cà être rappelé à Madrid sur l'ordre de Phihppe V qui
avait eu l'occasion de voir l'estampe gravée par lui et re-
présentant un portrait de Louis XV. Palomino fut bientôt
nommé graveur de la Chambre et professeur d'un cours
de gravure à l'Académie nouvellement créée. Parmi les
plus belles planches dues au burin de l'artiste, on peut signa-
ler principalement : Saint Bruno, d'après la statue de
Pcreyra; le Miracle de saint Isidor, d'après un tableau
deCarreno; Saint Pierre en sa prison, d'après Roèlas;
ainsi qu'un très grand iiombre de portraits, parmi
lesquels on relève ceux cVLsabelle Farnèse, du nonce Va-
lenti Goinague, des médecins du roi Cerbi et Martine:.,
du chirurgien Legendre, et de D. Juan de Palafox, en-
touré de figures allégoriques. -—Il eut un fils, nommé Juan-
Fernando, i\m fut aussi un graveur et que PAcademie de
San Fernando reçut comme meml)re de mérite. Il mourut
en -1793, à Madrid. p. L.
PALOMINO Y yELAsco(Acisclo-Antonio), peintre espa-
gnol et historien de Fart, né à Bujaîance en 1653. moct à
Madrid en 1726. Comme ses parents étaient venus habiter
Cordoue, c'est dans cette ville que Palomino ii! ses éludes
classiques et suivit des cours de droit et de tbécdogie. Mais
ses aptitudes le portèrent de boinie heure à pcéférer la
peinture à toute autre carrière. Lors d'un voyage (|ue VaU
dès Leal fit à (Cordoue, le jeune ariiste s'eiiq)ressaii de hji
soumettre ses premiers essais. Valdès l'encouragea et lui
donna des conseils. Plus tard, ce fut un élève de Yelaz-
quez, Alfarô, qui. de passage à Cordoue, s'enquit du jeune
peintre, lui prodigua ses bons avis et l'engagea à se pla-
cer, au lieu de travailler seul et sans méthode, sous la
direction d'un maître. Ya\ 1678, il se rendit à Madrid, ou
Alfarô lui avait procuré quelques travaux. Carreilo de
Miranda et surtout Claudio Coéllo lui portèrent de Finté-
rêt et ce dernier, Eadmettant parmi ses aides, lui confia
l'exécution des peintures à fresque dont il avail charge au
])aKais du Paiilo. Après Eachèvement de cette décoralion,
PALOMINO - PALPIMANUS
li'ÎO
dont Coello foimiisïsaii !es dessins, Palonijjio recul les fé-
licitations du maître et des connaisseurs, et le roi le nomma
son peintre, mais ad honorem. Ce ne fut qu'après qu'il
eut donné de nouvelles preuves d'ijivention et de talent, et
à l'occasion de l'entrée solennelle à Madrid do la seconde
femme de Ciiarles K, Marie- Anne de Neubourg, entrée
pom^ laquelle il avait été chargé de décorer ia place de la
Ville, que l'artiste obtint sa nomination comme peintre du
roi, et, cette fois, avec les émoluments attachés à l'em-
ploi.
En 1G92, un peintre napolitain, Luca G iordaiio, réputé
])0ur son aisance et son habileté à couvrir, à l'aide de
grandes compositions, de vastes surfaces, est appelé e]i
Espagne et se voit tout de suite l'objet de rengouement gé-
iiéral. Coello, qui pressent quelle funeste influence va exer-
cer sur les jeunes artistes Eexemple de ce nouveau venu,
meurt de chagrin. Cependant, il arriva que Giordano.
chargé d'exécuter des fresques pour les voûtes de l'f^scu-
rial se vit embarrassé de réaliser les thèmes tant soit peu
mystiques qui lui étaient dictés par les moines. Xe se
sentant pas grand clerc en matière de symbolique reli-
gieuse, il fit appel à Palomino, mieux préparé par son
éducation à ce genre d'érudition. Cehu-ci ^e mil ù sa
disposition et lui fournit tous !es croquis et toutes los
esquisses propres à préparer l'exécution des sujets indi-
qués. Ravi d'aise, Giordano J)aisa ces croquis, s'écriant :
« Voilà qui est déjà tout pcinl I »
A dater de 1697, Paiomiiti, se vit charge de va^tei ira-
vaux de décoration, les ])li;s sagement oidoiiné-^ et ies
meilleurs ([u'alt produits celte époque déjà en si grainle
décadence. Il peint d'a])or!l à iVeiiiiuc te pre^jyîèi'e el la
coupole de l'église de San Juan del Mercado, à Valence.
puis les voûtes de la chapelle de Los ^lesemparados, tan-
dis que Dionis Vidal, son élève, achève ^^ur ses dessins les
grandes peiiiiures de l'église Saint-Nicolas. C'est aussi vers
ce mémo temps que Palomino décore les voûtes du saiic-
tuaire, dans la cathédrale, et termine son tableau repré-
sentant le Repentir de saint Pierre ({u'on y voit eiicore.
En 1705, il est à Salamanque et y décore l'abside de la
chapelle du couvent de San Estebau ; ilytigure, sous une
suite d'allégories, l'Eglise militante et l'Eglise Irioni-
phante. En 4712, il se rend à Grenade où, sur les voûtes
de la chapelle de la Chartieuse, il peint Saint Bruno, en-
touré d'une gloire d^cnges et soutenant le ruonde sur
ses épaules. En 17 M', à Madrid, il décore de sujets (em-
blématiques le catafalque élevé à l'occasion acs fiuiérailbs
de Marie-Louise de Sa\\)ie, femme de Philippe V. Ses pein-
tures à fresque, au couvent de Paular, sont ies derniers ou-
vrages de Partisle. déjà gravement liialado et qui, pour
les terminer, dut faire appela la collaborai ion de son hls.
Sa femme étajit morte en 17^2,'). Palomino abandonna
l'exercice de son art et se fit ordonner prèt're. 11 mourait
lui-même un an après. Dès 1711, il s'était pj'éparé à la
publicatioii de son grand ouvrage, intitulé El Museo pic-
lorico g escala oplica dont le premier volume parut en
171o. Le second fut imprimé à Madrid en 1724. L'ou-
vrage est divisé en tî'ois parties : ies deux premières em-
brassent l'histoire, la technique et Eenseigneinent de l'art
de peindre; la troisième qui a pour titre : El Parnaso
espanol, est consacrée à la biographie des artistes espa-
gnols depuis Antonio del Kincon jusqu'aux contemporains
de Palomino. C'est cet ouvrage qui a valu à son auteur le
surnom de Vasari espagnoL Souvent peu judicieux dans
les jugements critiques qu'il porte sur certains artistes et
sur leurs œuvres, acceptant avec trop de facilité des tradi-
tions et des légendes sans valeur histmlquc, Palomino n'en
a pas moins eu ce mérite d'avoir réuni et groupé une
foule de renseignements et d'intéressaiiles noUces, épars
jusqu'à lui dans des manuscrits, et r[ui auraient été sûre-
ment perdus pour la postérité. Paul Lefort.
PÂLOIVliNO (Francisco) (V. Lopez).
PALOMMIER (Bot.). Nom donné au Gaultheria pro-
cumbens L. (V. Gaultheria).
PALONNIER (Génie ruj'al). Pièce rigide et mobile,
droite et renforcée dans son milieu ou légèrement
cintrée, d'une longueur de 60 à 6o centim., jointe
au train des chariots, des instruments aratoires, etc., et
à laquelle soûl attachés les traits des animaux servant à
la traction ; la liaison au train se fait par bague avec
anneau ou crochet; des bagues en fer placées aux extré-
mités portent également des maillons recevant ia tète des
traits ; ia résistance à la tlexion doit être très grande ;
les palonniers en bois faciles à construire et à entretenir
sont ceux les [)lus répandus dans les exploitations rurales
(préférer le frêne ou Forme) ; les palonniers en fer forgé
ou en acier légers, solides et élastiques, ne sont guère
adoptés encore que par les compagnies do transports.
Il est bon, dajis quelques cas, d'opéi'er la liaison au train
avec l'adjonction d'uu ressort-amortisseur iiitermé-
diairc. Pour les attelages de front à deux, on emploie
une volée ou balance d'allelage, semblable au palonnier
simple, mais de plus grandes dimensions (V'\ 10 à
1 "\ 20) et portant à ses extrémités les maillons d'attache
de deux palonniers simples ; pour les attelages de front à
trois, la volée porte, à l'une de ses extrémités, un palon-
nici' siinple, et, à l'autre extrémité, une volée secondaire
à deux; la bague do liaison au traiii est hxée au tiers de
ia lojigueur de la grande volée à partir de cette dernière
exlrémilé; ce mode d'attelage est préférable à Eemploi
d'une volée simple portant trois palonoiers. J. T.
PÂLOS ])'] E.v EuoxrEuv. Bourg d'Espagne, prov. de
lluelva (Andalousie), sur le canal de Palos, estuaire
du rio Tinto et de l'Odiel, dans la partie occidentale du
golfe de Cadix: l.i22 hab. (Tesl une localité sans impor-
tance et un port env.isé, mais Palos est célèbre dans 1 his-
toire parce que c'est là que Christophe Colomb s'embarqua
pour son premier voyage vers l'Amériipte le 3 août 1492.
PÂLOTÂ. Deux villages hongrois portent ce nom : Pai-
lios-Palota, dans le comiiat de Pest, près de Ljpest, sur
ia ligne de Vacz-Budapest; c'est une villégiature très aimée
des habitants de la capitale; 6.'iQ4; hab. Ecole d'agricul-
ture. "— Var~Palota, dans le comitat de Veszprém, sur
la ligne de Fehérvâr-Koszeg ; 5.161 hab. ; ancien château.
A proximité les eaux de Pét.
PALOURDE (MoU.)(V. Taiou).
PALPARES (Entom-). Genre d'hi^ectes Nevr(q)tèrr5,.
de la famille des Myrméléonides. étalili par Rambur (Xe-
vrop., 18 i2). Ces ins*'c;es. de grande taille, ont les ailes
larges et preyque toujours couvertes de taches |)lus m
moins Ufoubreuscs. Les larves i)o conslruisentpas d'entoo-
noirs. Ou coiopte uîic quarantaine d'espèces, principaie-
iociit des Indes, de Ceylan et d' \frique. L'espèce type est
le P. libelliiio'ides, de 120 millhn. d'ciivergure. Le corps
pui)esceut est jaune avec des bandes longitudhud.es noires.
Les ailes duveteuses, jaunâtres vers les extrémités, sont
mar(}uées de taches brunes. Cet Insecte vole lentement et
lourdement; la larve, longue de 4 centim., toute noire et
})oilue. marche sur le sab^e c! se jette en avaiit pour saisir
ia proie à sa portée. On trouve ."elle espèce dans le midi
de ia !Sra:-'e.
PALPES (Ln''o,ji,j. .\ppeodices arîiculés faisant hadiio
hors de la boiKdie et propres aux iiiâchoires et à la lèvre
iiilérieure des insectes. Huelqur'S anciens auteurs les ojjI
no/-o]]és a)il ennuies. On les désigjie sous les noms di^
i\ Ipes maxillaires et ôq, palpes labiaux, suivant qu'ils
apparlienneiit aux màchoii'es ou à la lèvre. Leur rôle dans
la manducation e^t de maintenir en place les substances
soumises à l'action des mandibules. Cependant Plateau les
considère comme des organes devenus iimtiles ou à peu
près. Suivant les groupes d'Insectes, ils subissejit des mo-
dilicalions de dimensions et de formes.
PAL PI IVI AN US. Genre d'Arachnides, proposé par L. Du-
fooj^ et devenu le type d'une famille voisine de celles des
Drassides et desZodariides, dont elle diffère surtout par
les pattes très dissemblables, les antérieures étaiit beau-
coup plus épaisses que les autres, mais ayant un tarse
— 911 —
PALPIMANUS — PALUDAN
petit, appendiculé, inséré sur le côté interne du méta-
tarse et ne portant que des griffes rudimentaires. Le Pal-
pimaniis gibbulus L. Dufour, Araignée d'un rouge sombre,
remarquable par son céphalothorax très bombé, est répan-
due dans la région méditerranéenne australe, l'Ethiopie
et même le N. de l'fnde ; elle se trouve sous les pierres,
sa démarche est lente et elle ne lile point de toile ; elle
est remplacée par quelques espèces voisines dans le S. de
l'Afrique. Parmi les autres genres de la famille des Pal-
pimanides, les plus connus, OlhiolhopsM-àc Leay, C/ir^-
(lima E. Sim., se trouvent le premier en Amérique, le
second en Afrique. E. Simon.
PALPITATION (Méd.). Trouble cardiaque, caracté-
risé par des battements précipités, arythmiques, intermit-
tents et tumultueux du cœur avec makiise et même an-
goisse. Les palpitations peuvent être sumplomatiques
d'une maladie du cu'ur et du poumon. Mais le plus sou-
vent les palpitations, en rapport avec un trouble de l'in-
nervation, sont fonclionnelles et méritent le nom de
nerveuses et à plus forte raison lorsqu'elles se rattachent
à_Lnie névrose. On en distingue plusieurs formes ; Tune
est caractérisée par une accélération des contractions du
cœur san's diminution de la tension artérielle ni du tonus
vasculaire ; une autre, survenant par accès, est caractérisée
par cette même accélération avec hypotension et atonie
vasculaire; il semblerait ici que l'accélération, due à une
parésie momentanée du .centre modérateur bulbaire, s'ac-
compagne en outre, dans la seconde forme, de celle du
centre vaso-moteur.. Dans une troisième forme paroxys-
tique, signalée spécialement par Huchard, la vaso-cons-
triction des vaisseaux périphériques (ou cœur périphérique)
détermine de Tangiospasme avec forcement du cœur. Le
nervosisme, Thystérie et toute cause de débihtation, pré-
disposent aux palpitations nerveuses, aussi bien que le ta-
bagisme des pseudo-angineux. Comme causes détermi-
nantes, signalons les elibrts exagérés, les émotions vives,
les surexcitations mentales, etc.
Sijmplôjnes. Dans les paroxysmes, le nombre des bat-
tements du cœur atteint et dépasse cent par minute ; ils
peuvent être visibles à l'œil, perçus par la main de l'opé-
rateur, sentis douloureusement par le malade, ce qui dis-
tingue les palpitations de la tachycardie (V. ce mot). Le
choc de )a pointe, plus intense, est comme élargi. On
observe avec une grande netteté les battements artériels ;
le pouls radial est inégal, intermittent, irrégulier. A l'aus-
cultation, les bruits du cœ^ur présentent un timbre métal-
lique, et s'accompagnent d'une sorte de bourdonnement
ou de bruissement intermittent perçu également par le
malade. Très souvent les palpitations sont accompagnées
d'oppression et d'angoisse assez intense pour simuler une
angine de poitrine, et à ces symptômes viennent se joindre
le refroidissement périphérique et la syncope. 1^'urine
rendue pendant les accès est claire et pâle.
Traitement. Généralement un malade qui ne se plaint
que de palpitations n'a pas de maladie du co.nu', et s'il
accuse en même temps des troubles gastriques, dyspep-
tiques ou autres, il aura de la fausse palpitation. Celle-ci
s'observe également lorsque le cœur frappe contre une
paroi hyperesthésiée et irritée, en rapport avec une
névralgie intercostale gauche, et il suffira d'employer
plusieurs fois l'appareil de chlorure de méthyle pour
voir disparaître ces fausses palpitations que Péter assi-
milait aux précordialgies. Les migraineux ont aussi de
faus:ves palpitations dont auront raison les antispasmo-
diques, les calmants, les bains tièdes et frais, etc., effi-
caces contre les troubles d'innervation du cœ^ur en gé-
néral. Le traitement est donc purement symptomatique,
et consiste à écarter les causes prédisposantes et à traiter
les causes déterminantes telles que l'anémie et la faiblesse
générale par les ferrugineux, les analeptiques et les re-
constituants. Dans les accès graves et persistants, on a
recours à l'éther, à l'ammoniaque, à l'aconit, aux bro-
mures à doses élevées, au chloral, etc. D''. L. Hx.
PALSGRAVE (Jean), grammairien anglais, néà Lojidi'es
vers 1480, mort avant 1554. il étudia à Londres, Oxford
et Paris, oii il vint prendre ses grades ; en 1514, il fut
choisi pour enseigner le français à la princesse Marie,
sœur de Henri YIII, qui allait épouser Louis XIL Cette
princesse, devenue veuve trois mois après, retourna en
Angleterre, ou elle emmena Palsgrave, qu'elle donna plus
tard pour précepteur aux enfants qu'elle eut de son second
mari, le duc de Suffolk ; Palsgrave obtint ensuite la ])rê-
bende de Portpool et le titre de chapelain du roi. C'est
pour ses élèves qu'il écrivit V Esclaircissement de la
langue française (imprimé à Londres en 1530), en deux
livres, traitant le premier de la prononciation, le second
des parties du discours. A la demande de la duchesse de
Suffolk, il ajouta à son œuvre un troisième livre, qui com-
mente le second, chapitre par chapitre, et se termine par
un long lexique français-anglais, distribué d'aprrs les
parties du discours. Cet ouvrage est la plus ancienne
grammaire complète de notre langue (puisfjue celle de
Dubois est de 1531 et celle de Du Wez de 153^). Elle Ji'a
aucune prétention scientificine, et ce fut là un mérite à une
époiiue ou les rapprochemejits arbitraires avec les langues
anciennes tendaient à fausser l'étude du français ; c'est
une œuvre empirique, mais fondée sur une observation
attentive et sûre ; le lexique notamment, antérieur de
soixante-treize ans au plus ancien dictionnaire fr\inçais
(celui de Nicot), est un précieux répertoire de notre langue
au xvi*^ siècle. V Esclaircissement de Palsgrave a été
réimprimé par Génin en 1852 dans la Collection des do-
cuments inédits. ' A. Jeaxroy.
BiiiL. : GkxXîn, Introducti un à rédiîioii citée.
PALSON. Rivière des dép. de la Corrèze et du Lot
(V. ces mots, t. Xïï, p. 1071 et t.^XXÏI, p. 577).
PaLSSON (Gunnar), poète islandais, né en 1714, mort
en 1791. Il fut d'abord professeur à l'école de Holum,
puis prêtre à Hjardarholt, s'est surtout distingué dans la
traduction des vieilles légendes i^slandaises : Saga de
Gnnnlôg, etc.
PALTÂ, Village bengali, à 23 kil. au N. de Calcutta
(tnde), sur la rive gauciie de l'IlougH. Pont sur l'Hougii
et machines élévatoires pour le service des eaux de Cal-
cutta.
PÂLTRON^ERl (Pietro), peintre itahen, né à Bologne
en 1673, mort en 1741. Il parcourut les principales
villes de l'Italie et séjourna plusieurs années à Rome. 11
se consacra spécialement à la représentation pittoresque
des monuments de I'p; .hitecture, tels que des arcs de
triomphe, des fontaine.^, des temples, auxquels il ajoutait
des ciels et des vues de campagne heureusement observés
et exécutés. Pour les figures, il empruntait le pinceau
d'un autre artiste, Graziani.
PALUD (La). Corn, du dép. des Basses-Alpes, arr. de
Diiine, cant. de Mou^liers; 467 hab.
^ALUDAMENTUM (V. Costume, t. Xlî, p. 1156).
PALUDAN-MùLLE. (Frederik), poète danois, né à
Kerteminde le 7 févr. 1809, mort à Fredensborg le
'28 déc. 1876. Avant même d'avoir achevé ses études de
droit, il s'était fait connaître par quatre petits poèmes
(1831), que couronna la Société des belles-lettres, p^ir
un drame romantique : l'Amour à la Cour (1832), ins-
piré par l'étude à la fois .le Shakespeare et de Goz/i, et
surtout, par un poème de. is la manière de Byron : Danse-
rinden (1833), qui obtinl le plus vif succès. En 1834, il
publia un drame lyrique : Amour el Psyché, qui semble
bien être son chef-d'œuvre au point de vue de la per-
fection de la forme. Il fait, Tannée suivante, ses examens
de droit, mais ne pratique point et vit, après un voyage
assez long au Midi (1838-40), d'une vie de plus en plus
retirée et pensive, publiant coup sur coup des poésies
lyi'iqucs, des récits poétiques {la Fuite de Zuleima, Béa-
trice, etc., 1835-1838), des poèmes mythologiques
{Vénus, iSM, Tiï/ioa., 1844, etc.); des poèmes drama-
tiques et philosophiques {Kalanus, la Mort déAhel,
>ALlJi)AN
WLIDISME
— l)\ïl —
AluMsverus, elc, 1854), des nouvelles el romans {la
Source de la Jeunesse, i86o, VEistoire d'Ivar Likke,
1866, etc.)- De toutes ses œuvres, la plus importante et
celle qui d'abord fut le moins goûtée et le moins comprise
est son poème à'Adam Homo (1842-48), dans lequel
il marque de traits vigoureux toutes les défaillances et les
lâchetés morales qui sont la rançon du succès dans notre
société bourgeoise, dénuée d'idéal. — Son frère aine,
Kaspar Peler {480o-8:2), professeur à TUniversité de
«'.openhague, était un historien de grande valeur; il a pu-
blié : Grevens Fejde (i 800-0 4), Deforste konger afden
oklenborgske slœijl (1874), etc. Th. C.
PALUDEN (Port de). Hameau delà corn, de LanniHs
(Finistère), au fond de la rivière de l'Aber-Yrach, au point
oii elle cesse d'être navigable, à 4 kil. dans les terres, ame-
nant jusque-là les marchandises pour Plouguerneau et
Lanniiis. Pont suspendu; une cale; chenal profond ; roche
sur laquelle est une tourelle en maçonnerie. 11 entre environ
2.500 tonnes de bois de sapin, ardoises, houille, noir
animal ; exportations insigniliantes ; douane. A l'entrée
(le la rivière est le port de l'Aber-Vrach, mais il dépend
d'une autre coîumune, Landéda. Néammoins, il convient
de signaler les feux et fanaux de la rivière, et le phare
lie l'ilc Vierge, sur la côte. Ch. Delavaud.
B115. : Florent. Puludcn. (laiis Paris miirit. de Frnnco,
1879, t. III.
PALUDICELLE (Pahidicella P. Gerv). Genre de
Bryozoaires, Ectoproctes, vivant dans les eaux douces et
courantes. Ce sont des colonies ramifiées, longues de 2
à 0 cenlim. Les cellules en forme de massue qui les com-
posent sont séparées les unes des autres par des cloisons
complètes et présentent chacune, lattéralement, un orifice
buccal tubuleiix, privé d'épistome (couvercle), mais en-
touré de longs tentacules insérés sur un lophophore dis-
coïde. La reproduction est sexuelle et s'opère par bour-
geonnement; les bourgeons, statoblasles (Almann, Nitzs-
cho), sont externes. L'espèce type, P. articulata P. Gerv,
est commune on Europe. D'' L. Hx.
PALUDIER. On appelle, sur les cotes de l'Océan, ;;«-
ludiers ou sauniers les exploitants des marais salants
(V. Chlorure de sodium, t. XI, p. 179). Le paludier n'est
pas un simple ouvrier, ni un fermier louant les salines;
c'est un colon partiaire, qui fait, en général, tout le tra-
vail pour le tiers ou le quart de la récolte, les réparations
cl les impôts fonciers restant à la charge du propriétaire.
Il cultive, entre temps, les lerres environnantes ou fait
du commerce. L'hiver, il va vendre le sel à20el 30 lieues,
(juelquefois môme davantage, de son village. Son costume,
qui tend à disparaître, se compose d'une blouse de toile
blanche, d'une culotte de même étoife attachée au-dessus
des genoux, et do haules guèlces boutonnées sur le côté.
En farge feutre relevé d'un seul bord complète cet a(;cou-
tcement. Les types les plus curieux de paludiers se ren-
contrent aux environs de Guérande, près de l'embouchure
de la Loire, et sur la côte de Sainlonge. Des familles en-
îièrcs se livrent, de père en nls. depuis un temps immé-
morial, à cette industrie el. comme elles s'alUent presque
(oujours entre elles, elles ont (uii par constituer, à Bourg-
de-Batz, en particulier (V. Baîz). une population à part,
grande, forte et au teint très coloré. Les paludiers, (pii sont
on même temps cultivateurs, iouissenl d'une certaine ai-
sance. Ceux, au contraire, qui vivent sur un sot acide,
sont plutôt misérables, le peîit commerce de troc d'oii ils
ticaienl jadis une partie de leurs ressources devenant de
moins en moins fructueux,
PALUDINA. L Malacolo*;iu. — Genre de Mollusques
Prosobranches élabli par Lauuu'ck en 18^il, pour une
coquille plus ou moins conoide, à touis de spire arrondis,
à (tuvorture ovale, à périslome continu, opercule corné,
î'ixemple : Pal. hengaJensis Lam. Les espèces de ce
genre vivent dans les eanns: douces du monde entier.
ii. pATi:o>;TOLO(;iK. — Les Paludines fossiles se montrent
pour In premi'']'C fois dans le jurassique moyen , mais
deyiennent plus communes dans le tertiaire d'eau douce.
Ce genre est souvent désigné par les paléontologistes sous
le nom de Vivipara (Lamarck, 4809), plus ancien que
Paludina (1821). Les formes les plus anciennes, qui sont
du wealdien, se rattachent au sous-genre moderne Lio-
plax (Sandberger) : tels sont PaL fhwiorum, P. elon-
gata, etc. Dans le Crétacé et réocène,on trouve de véri-
tables Vivipara. Les Paludines des couches (miocènes) à
Paludines de Hongrie sont célèbres par leurs variations
considérables qui ont fourni la matière d'un important
mémoire de Neumayr. Elles forment un certain nombre
de séries parallèles dont les plus anciennes sont des Vivi-
para, tandis que les plus jeunes passent au genre Tulo-
toma. Cette variation serait due à la diminution progres-
sive de la salure dans l'estuaire primitivement saumàtre
de la Hongrie. Le genre Byihinia, encore vivant, date
de wealdien et se continue à travers le tertiaire jusqu'à
nos jours. Parmi les plus belles espèces de Paludines fos-
siles, on peut citer Vivipara (Campelo7na) varicosa de la
molasse miocène d'Allemagne et Tulolonia Ilœrnesi des
couches à Paludines de Slavonie. E. Tut.
PALU DISM E. On donne le nom de paludisme aux acci-
dents aigus ou chroniques — fièvre ou cachexie — qui
frappent les personnes vivant d'habitude, ou par occasion,
dans les régions marécageuses.
Sous le nom de fièv}-e intermitlente (V. Extemuttente),
nous avons décrit le paludisme aigu, et tout ce qui a été dit
sur la géographie médicale, l'étiologie, riiématozoaire du
paludisme, la pathogénie de cette maladie, se rapporte éga-
lemi'ut au paludisme chronique ou cachexie palustre.
Le ])aludisine prend souvent une foi'ine larvée, insidieuse,
d'autant plus redoutable qu'on ne s'en méfie pas, en cer-
taines circonstances. Il se cache sous une forme chnique
(}ui ?i'est pas la sienne : la névralgie intermittente est
dans ce cas. Mais il se manifeste parfois par un état chro-
ni(|ue grave, qui succède généralement aux accès de palu-
disme aigu, quoiqu'il puisse s'établir d'emblée ; cet état
est Ja cachexie palustre. C'est ainsi que les indigènes des
pays à fièvres sont souvent cachectiques sans jamais avoir
eu à souffrir d'accès de fièvre palustre.
Sijmpldmes. L'anémie domine dans la cachexie, la des-
r'jction des hématies s'y fait avec une rapidité telle que,
par les procédés de numération actuels, on a calculé que
leur chiffre peut diminuer de 1.000.000 par millini. c, à la
suile d'un seul accès de fièvre palustre, et que, d'après
Kelsch, vingt à trente jours de fièvre simple suffisent pour
abaisser le chiffre normal des hématies, qui estdeo.000.000
par millim. c. à oOO.OOO. Vn même temps, la peau pâlit,
se h:\ie. en se recouvrant d'nne teinte terreuse, et se sèche.
Les miîifaires ou les manns (|ui, aux premières années de
lacon([uéte indo-chinoise, faisaient de trop longs séjours en
cette colonie, prenaient cet aspect bien connu des méde(ûns
de la marine sous le nom do faciès cochinchinois, qu'im-
primaient sur leur visage l'amaigrissement, la sécheresse,
la coloration brun terreux, qui sont la caractéristique des
iiidigènes de la Cochinchine.
Chez ces malades, les sclérotiques sont d'un blanc bleuâtre,
ce qui permet de distinguer facilement la teinte terreuse
des cachectiques de la teinte iclcriffue (L^xersin elTeissier).
Le pouls est petit, dépressible, ralenti, le cœur bat fdble-
ment, et l'on perçoit des souffles anémiques à la base du
cfcuc et dans les vaisseaux du cou. l^a nostalgie s'empare
viti^ de ces affaiblis, qui se traînent péniblement et ne s'in-
téressent plus à ce ((ui se passse autonr d'eux ; leur tête
est lourde, leurs oreilles bourdonnent; ils éprouvent de
fré([uents éîourdissementset des insomnies. En mêinetem])s,
on constate chez eux des épistaxis, de l'hématurie ; une véri-
table hémophilie rend redoutable la moindre solution de
continuité des tissus. Bientôt se produisent de r(edème des
paupières, des malléoles, de l'hydropéricarde, de l'ascite.
Les fonctions digestives sont en souffrance ; il y a de l'ano-
rexie, surtout pour la viande, et souvent des vomissements
se pi'oduisent à la moindre tentative faite pour s'alimenter.
913
PALUDISME — PAMARD
La rate est considérablement hypertrophiée, le foie éga-
lement, quoique à un moindre degré que la rate. Ces ca-
chectiques ont souvent des accès réguliers ou irréguliers à
longues intermittences, et c'est dans ces conditions qu'il
faut craindre de les voir enlevés par des accès pernicieux. La
dysenterie et la pneumonie sont les complications qui en-
traînent le plus souvent la mort des cachectiques, qui n'ont
plus la force de réagir ; ils meurent de pneumonie de la
même fat:on (jue le vieillard, sans le frisson initial, sans
le point de côté, sans ces crachats rouilles qui révèlent la
pneumonie des gens vigoureux. Parfois encore, la rate se
rompt, lorsqu'un paroxysme fébrile vient augmenter de
nouveau la congestion de cet organe qui est hypertrophié.
C'est dans cet état que nous sont revenus beaucoup
de malades, à la suite de l'expédition de Madagascar ;
mais les ressources étaient encore grandes chez la plupart
de ces jeunes gens qui furent rapatriés à temps, et la gué-
rison ne se fit pas trop longtemps attendre, malgré la
misère physiologique intense ou ils se trouvaient.
Anatomie 'pathologique. Dans le pakidisme chronique,
la rate, le foie, les reins présentent les lésions de la con-
gestion et de l'inflammation chroniques. — La rate peut
peser jusqu'à 200 gr., et plus ; elle présente des adhé-
rences avecles parties voisines. La capsule fortement épaissie
se présente sous l'aspect d'une membrane fdjreuse très ré-
sistante d'un blanc nacré qui a parfois une épaisseur de
1 centim. (Laveran et Teissier). En certains points, la ré-
sistance est beaucoup plus faible que sur d'autres, d'où
des ruptures possibles de cet organe. Son parenchyme est
induré et ne présente pas la teinte brunâtre uniforme du
paludisme aigu. La dégénérescence amyloide est rare. Le
foie est augmenté de volume et de poids ; il présente les
altérations delà congestion chronique et, à un faible degré,
celles de la cirrhose vasculaire. Les reins sont conges-
tionnés ou présentent les altérations de la néphrite chro-
nique. Les poumons sont (juelquefois partiellement cirrho-
tiques. Les autres organes sont, en général, profondément
anémiés.
Pronostic. Si la fièvre intermittente entraîne rarement
la mort par ses accès, les accidents pernicieux, la cachexie
palustre, sont fréquemment redoutables; celle-ci tue même
plus souvent que les accidents pernicieux,.pour cette raison
que ceux-ci ne régnent que pendant quelques mois, tandis
que la cachexie pakistre est l'aboutissant de toutes les
fièvres, et survit à la période endémo-épidémique (Laveran).
Prophylaxie. Traitement. La prophylaxie du paludisme
chronique a été développée dans cet ouvrage, en même temps
que celle de la fièvre intermittente (paludisme aigu). Quant au
traitement, bien que les préparations de quinquina en soient
la base, il y a lieu de tenir un grand compte des lésions des
différents organes (pii peuvent contre-indiquer pour un temps
l'usage de la ({uinine, eri plaçant au premier pian des
complications plus graves encore que l'intoxication pa-
lustre elle-même. Toutefois, il ne faut jamais désespérer
de remettre assez rapidement sur pied un impalude chro-
nique, même dans un état très avancé, dès qu'il se trouve
transporté en pays salubre, et surtout en Europe. C'est dire
que l'évacuation, c.-à-d. le départ du pays oiil'on s'est im-
palude, est la première condition du traitement. Puis l'in-
dication principale est de rendre aux fonctions digestives
leur intégrité, au moins relative. Il faut (|ue le malade
puisse garder la nourriture. Pour amener la toléi'ance de
l'estomac ou de l'intestin, le lait est un merveilleux médi-
cament-aliment. Si, lorsque nos soldats expéditionnent aux
colonies, le lait conservé sauve beaucoup d'entre eux de la
mort, le lait frais achève souvent à lui seul, en France,
la guérison. Quand le malade peut conserver les aliments
et absorber les préparations de quinquina, la jeunesse aidant,
on doit le considérer comme sauvé, quel que soit le degré
de l'intoxication palustre.
Mais les hommes ont à se défendre surtout contre leur
voracité ; c'est pourquoi le lait doit être donné à petites
doses et souvent, coupé ou non avec des boissons gazeuses
GRANDE ENCVCLOPÉDIE. — XXV.
(eau de Seltz, eau de Vais ou de Vichy), additionné, s'il le
faut, de glace, pour dompter la révolte de l'estomac. Il faut,
à cette période critique de la maladie, supprimer le vin,
les préparations alcooliques de quinquina, pour permettre
à la muqueuse stomacale de retrouver ses propriétés sé-
crétantes physiologiques. Et lorsque le lait aura été toléré
pendant quelques jours, avant que la répugnance pour cet
aliment se manifeste, en même temps que l'appétence pour
d'autres mets renaîtra, on reviendra peu à peu à l'alimen-
tation normale, en commençant par les viandes blanches, les
œufs, les légumes cuits, accompagnés de boissons gazeuses,
alcalines. Il faudra redouter surtout l'ingestion de légumes
crus, dont sont très friands les malades qui reviennent de
pays tropicaux où le jardinage est assez restreint. Et la meil
leure prophylaxie hygiéni(|ue des accidents du paludisme
devra surtout consister à éviter les indigestions, les
refroidissements, la fatigue, qui réveillent, au premier
chef, les accès de fièvre, et appellent les accidents perni-
cieux. Beaucoup de rapatriés de Madagascar ou d'autres
colonies insakibres sont morts dans leurs familles, mal
surveillés dans leur hygiène, après les repas multipliés de
l'heureux retour, qui n'auraient pas succombé s'ils s'étaient
plies à la discipline thérapeutique ou alimentaire des
hôpitaux.
Tout en traitant les accès de fièvre par les sels de qui-
nine, la cachexie sera particulièrement combattue par
V acide arsénieux, qui agit surtout comme tonique. Le
quinquina, conmie médicament antipériodique journalier
— en dehoi*s des accès — sera préféré aux sels de qui-
nine, sous forme de décoction ou de poudre (quinquina
Calisaya), dans du café noir. Les affusions froides auront
un excellent effet contre l'engorgement des viscères abdo-
minaux ; on se méfiera des douches froides qui réveillent
souvent les accès de fièvre. Des frictions sèches quotidiennes
sur tout le corps seront prescrites. On fera, l'été, une saison
à la Bourboule, et l'on évitera toute préoccupation morale
et toute fatigue corporelle. D^ A. Coustan.
BiHL. : A. I.Avi:iiA.\ et .1. Tkis-ikr, Nouveaux Éléments
de pathologie inédicale ; Paris, lo9t, 2 vol., 4« éd.
PALUEL. Com. du dép. de la Seine-Inférieure, arr.
d'Yvetot, cant. de Cany ; 487 hab.
PALUZiE y Cântolorella (Esteban), archéologue espa-
gnol, né en 1806. 11 prit une part active au mouvement
libéral de 1820, combattit dans les rangs des constitu-
tionnels et fut plus d'une fois persécuté par ses ennemis
politiques. Traduit à plusieurs reprises devant les tribu-
naux, il se vit condamné, en 1835, à la déportation aux
Philippines ; mais la milice nationale de Cadix le délivra.
Vers 1840, Paluzie renonça à la politique pour se consa-
crer à l'étude de l'archéologie et aux œuvres d'enseigne-
ment. Fondateur d'une institution pédagogique à Barce-
lone, il fut nommé plus tard inspecteur des antiquités des
royaumes de Valence, d'Aragon, des îles Baléares et de
Catalogne. Membre de l'Académie d'histoire de Madrid, il
a publié un certain nombre d'ouvrages de paléographie
espagnole, des traités de morale et des livres d'éducation
pour l'enfance et la jeunesse. G. C.
PALVAL. Ancienne ville indienne, aujourd'hui en déca-
dence, dans le district de Gourgaon (Penjâb), sur la
grand route de Delhi à Mattra (Mathourà); 10.000 hab.
Les pandits y voient VApelava qui faisait partie du
royaume des fils de Pandou, les héros du Mahâbhdrata.
PAMAI ou PI M Al (Archéol. égypt.), roi de la
XXIP dynastie que l'on classe entre Sheshank III et Shes-
hank IV, mais sur le règne duquel on n'est pas encore
documenté.
PAMARD (Pierre-François-Benezet), chirurgien fran-
çais, né à Avignon le 7 avr. 1728, mort à Avignon le
2 janv. 1793. Il fut chirurgien-major à l'hôpital général
de sa ville natale. On lui doit l'invention de Vophtalmos-
tat, auquel il donnait le nom de trèfle, et qui sert à fixer
l'œil pendant l'opération de la cataracte ; c'est lui qui a
vulgarisé dans le midi de la France l'opération par extrac-
58
PAMARD — PAMIERS
~ 91^
tion. Très habile de ses mains, il confectionnait les par-
ties du corps en papier mâché, carton, etc., et il était en
outre dessinateur distingué. — Son (ils, Jean-Baptiste-
Antoine (1763-1827), fut chirurgien en chef de l'Hôtcl-
Dieu d'Avignon et un ardent propagateur de la vaccine ;
il fut membre correspondant de l'Académie de médecine
de Paris. D^' L. Un.
PAMARD (Paul-Antoine-Marie), chirurgien français,
né à Avignon le 2 août 1802, fils de Jean-Baptiste- An-
toine. En 1827, il succéda à son père comme chirurgien
de rtiôtel-Dieu d'Avignon et y créa un cours de clinique
chirurgicale. Il acquit une grande réputation dans les opé-
rations de la taille, de la cataracte, dans les amputations
et les ligatures des grandes artères. Il a publié, de 18i-i
à 1849, divers mémoires relatifs à ces opérations.
PAMBA (nommée aussi Anibaca).\i\\(i de la côte occi-
dentale d'Afrique, dans la colonie portugaise d'Angola et
ch.-l. du district* d'Ambaca.
PAMBAN. Nom du canal qui, au S.-O. de la baie du
Bengale, fait communiquer les golfes de Pallv et de Manâr.
Il est situé entre l'extrémité de la presqu'île indienne de
Ramnad et l'île sainte de Rameçvaram, et large de 2 kil.
Il est pour la plus grande partie obstrué par les restes de
la digue qui, jadis reliait Rameçvaram à la terre et qui
fut démolie par* la tempête en 1480. Dans ce siècle, les
Anglais ont aménagé un chenal qui atteint 4^^,50 de pro-
fondeur, et établi un phare au village de Pamban, à
l'extrémité occidentale de l'île de Pamieçvaram.
PANIBÉ (Afrique) (V. BEMm>).
PAMBOTANO (ïhérap.). Petit arbuste de la famille
des Légumineuses (Calliandra Housioni Benth.), qui
croît au Mexique, au Gabon, au Sénégal (V. Calliandra).
M. Villejean en a retiré du tanin, des matières grasses et
une résine soluble ; M. Gab. Pouchet y a trouvé un alca-
loïde et une résine active ; M. Bocquillon en a extrait un
glucoside, la calliandrine. — Son écorce est employée
au Mexique comme fébrifuge ; le D^ Valude (de Vierzon)
a présenté un mémoire à l'Académie de médecine de Pa-
ris, en 1890, sur ses propriétés antipaludéennes, mises
en relief dans des expériences pratiquées en Sologne. C'est
un excellent amer et tonique, qui a réussi dans les cas
où la quinine échouait ; son emploi a donné de bons ré-
sultats dans la malaria (Roussel, de la Nouvelle-Orléans),
dans les fièvres intermittentes quotidiennes (Crespin,
d'Alger), dans le paludisme, la fièvre typhoïde, la tubej'-
culose (Valude). Son action efficace et rapide l'a fait re-
commander comme préventif des fièvres paludéennes et
contre les rechutes (Dinan). — On l'administre sous
forme de teinture, d'éfixir, et surtout de décoction; celle-ci
se prescrit à la dose de 70 à 80 gr. d'écorce à prendre
en une fois chez les adultes, 40 gr. pour les enfants.
M. Crespin combat les nausées au moyen d'acide car])o-
nique ou d'opium qu'on lui associe. D^' V. -Lucien Hahn.
PÂMÉ (Blas.). Se dit d'un poisson dont la gueule est
ouverte.
PAMEL. Ville de Belgique, prov, de Brabant, arr. de
Bruxelles, sur la Dendre, affl. de l'Escaut, à 22 kil. de
Bruxelles; 4.000 hab. Importantes exploitations houblon-
nières.
PAMELE (Jacques de) (en latin Panie lin s), \)h\Mogm
et théologien belge, né à Bruges en 1530, mort à Mons en
1387. Il étudia le droit et la théologie à Louvain et par-
courut les principales universités de l'Europe. Il entra en-
suite dans les ordres et venait d'oire désigné par le roi
Philippe II d'Espagne pourl'évèché de Saint-Omer lorsqu'il
mourut inopinément. Son ouvrage capital est la Litur-
gia Latinorum (Cologne, 1571-76, 2 vol. in-4.) ; il est
l'auteur d'une dissertation très violente contre le principe
de la tolérance religieuse : De non admittendis una in
republica divei^sannn religionum exerciliis (Anvers,
1589, in-8). On lui doit aussi de savantes éditions avec
commentaires des Divinœ leciioncs de Cassiodore, des
œuvres de Saint-Cyprien (ibid,, 1568, in-fol. ; rééd.,
1589), et de Tertuïlien {ibid., 1579, in-fol.). Antoine
de^ Hennin, évèque d'Ypres, mit la dernière main à une
édition de Raban Maur que Pamelius avait préparée, et
la publia à Cologne en 1627 (3 voL in-fol.).
PAMFILI (OÎimpia) (V. Maldachlm).
PAMIERS (Fredelas, Appamiœ), Ch.-l. d'arr. du dép.
del'Ariège, sur la rive dr. del'Ariège; El. 143 hab. Stat.
du chemin de fer du Midi. Siège d'un évêché suffragant
de Toulouse. Source minérale de^i Barraques. Papeteries,
minoteries, forges, hauts fourneaux, scieries. Commerce
de grains, farines, foins, luzernes.
Histoire. — Le nom du premier groupe d'habitations
qui s'éleva sur le tenitoire de la future ville de Pamiers
est Eredelas et remonte à l'époque romaine; le nom de
Pamiers n'apparaît qu'en 1111, et vient du mot pam qui
signifie quartier ; le bourg était en effet divisé en six panis.
Dès le commencement du x^ siècle fut fondée au S. l'ab-
baye de Saint- An tonin, dont les abbés possédèrent le pa-
réage de Pamiers de moitié avec les comtes de Foix dans
les domaines desquels la ville était comprise; le pre-
mier paréage est de 1111 et fut renouvelé plusieurs fois
au cours des siècles, non sans de longs et violents débats.
En 1295, l'abbaye de Saint-Antonin fut érigée en évèché
par Boniface VU! au profit de l'abbé Bernard Saisset qui
soutint contre le comte Roger-Bernard une lutte acharnée.
Aux XIV®, XV® et xvi« siècles, Pamiers fut administré par
des consuls qui défendaient très jalousement contre les co-
seigneurs les privilèges de la ville. Lors de la Réforme,
les habitants embrassèrent le protestantisme et dans les
troubles des guerres de religion, l'église Notre-Dame du
Mercadal, l'abbaye de Saint-Antonin et le bourg du Mas
furent tour à tour incendiés et détruits. En 1628, Pamiers
fut pris d'assaut et traité avec rigueur par le prince de
Coudé, mais la ville répara promptement ses pertes.
EvÉQUEs. — Bernard Saisset, 1295-1314 ; Pilfortde Ra-
bastens, 1315-17; Jacques Fournier, 1317-26; Domi-
nique Grenier, 1326-47; Arnaud deVillemur, 134S-50 ;
Guillaume de Montespan, 1351-70; Raymond d'Accone,
137 1-79 ; Bertrand d'Ornésan, 1380-1424; Jean de Eorto,
1424-31; Gérard de la Bricoigne, 1431-35; Jean Mel-
lini, 1435-59; Barthélémy d'Artiguelouve, 1 459-67 ;Pas-
chal du Four, 1468-87 ; Pierre de Castelbajac, 1488-97 ;
Gérard Jean, 1498-1501; Amanieu d'Al'bret, 1502-6,
151 4-20); Mathieu d'Artiguelouve, 1506-14; Bertrand
de Lordat; 1524-47; Jean de Luxembourg, 1547-48;
Jean de Barbançon, 1548-57; Robert de Pellevé, 1557-
79 ; Bertrand du Perron, 1579-1605 ; Joseph d'Esparbès
deLussan, 1608-25; Henri de Sponde, 1626-29, 1643;
Jean de Sponde, 1639-43; François Bosquet (ne siégea
pas) ; Jacques de Montrouge (ne siégea pas) ; François de
Caulet, 1644-80 ; François d'Anglure de Bourlemont,
1680-85; François de Camps, 168l)-93; Jean-Baptiste de
Verthamon, 1 693- 1 735 ; François-Barthélémy de Salignac-
Fénelon, 1736-41; Henri-Gaston de Lévis, 1741-87; Jo-
seph-Mathieu d'Agoult, 1787-90; N. Font, évoque cons-
titutionnel, 1791-93; François de Latour-Landorthe,
1823-35 ; Joseph Ortric, 1835-45; Guy Alouvry, 18 < 6-
56 ; Augustin Galtier, 1856-58 ; Auguste Bélaval, 1858-
81 ; Pierre-Eugène Rougerie, 1881.
MoNUMiv\TS. — Cathédrale Saint-Antonin : tour octo-
gonale du XI v^ siècle en briques, de style gothique tou-
lousain, surmontant un massif carré à créneaux et mâ-
chicoulis qui enveloppe lui-même un porche avec porte
romane de la fin du xni® siècle ; le reste de l'église, d'un style
bâtard, mi-roman, mi-gothique, a été bâti de 1658 à 1689.
— Notre-Dame du Camp, église des xvii® et xviii® siècles
avec façade du xiv<^. — Palais épiscopal du xviii® siècle. —
Al kil. au S., quelques ruines de Tabbaye de Saint-Anto-
nin, H. Courteault.
Concile de Pamiers. — Concilium Apamiense
(1212), assemblé par Simon de Montfort, chef de la croisade
contre les Albigeois. On y fit des règlements pour l'extir-
— 915
PAMIERS — PAMIR
pation (le riiôrésie, le l'élaljlibseineiU île la discipline
€cclésiasti(jiie, de la paix et des bonnes mœurs.
BiBL. : .]. de LAlIO^'DES, Annules de Pamiers; Toulouse,
1882, 2 vol. in-8. — Ourgaud, Notice sur la ville et le pays
de Pamiers; Paris, lb85, in-8. — E. de Rozière, le Paréage
de Pamiers^ dans Bihl. de VEcole des Chartes, année 1871.
PAMIR. Vaste région montueuse du centre de l'Asie,
au N. de Plnde, et comprenant aussi plusieurs contrées
connues sous le nom de Darvaz, Rochan, Chougnan.
Etymolocie. Limites. — Le mot Pamir, Pamilo, du pre-
mier voyageur chinois Hiuen-Tsang, proviendrait, selon les
uns, du mot Bami-Ral, dans la langue indigène : « haut
toit ». Selon les autres, le nom primitif serait Bam-i-
douniah ou « toit du monde ». De toutes façons, le nom
Pamir, employé à la fois par les rares habitants du pays
«t dans la littérature européenne, représente bien, au point
de vue géognostique, une sorte de toit, ou immense pla-
teau, hérissé de cimes, nœud des principaux systèmes mon-
tagneux du continent asiati(|ue : Tiaan-chan, Hindou-
Kouch, Kouen-Loun, Kara-Koroum, Himalaya. Le Pamir
propre est divisé, un peu aibitrairement, par divers ex-
plorateurs en différentes sections : Grand Pamir ou Pamir-
i-Kalan, Petit Pamir, Pamir Alitchour, Pamir Sarez, Pa-
mir des Lièvres, selonles termes dont s'étaient servis leurs
guides ou les indigènes rencontrés sur leur route.
Configuration physique. — Prise dans son ensemble, la
région désignée sous le nom Pamir peut être assez nette-
ment délimitée au N. par les monts Trans-alaï à l'O.
«t au S. pour le cours du Piandj (ou Pandj), ciîiq^ en langue
indigène, probablement par allusion aux cinq rivières qui
semblent former le cours d'eau, branche supérieure de
rOxus) et la chame de l'Hindou-Kouch; à l'E., par le
Kandjout, une partie du cours de FAk-sou et par la
Kachgarie. C'est un espace compris entre 39^ 30^ et
36^ W lat. N., et 70^20' et 73« long. E. de Paris, d'une
étendue d'environ 7.000.000 d'hect., soit les quatre cin-
quièmes du Portugal : 270 kil. du N. au S. (du Trans-alai à
l'Hindou Kouch) ; 240 kil. de l'E. à l'O. (du Moustag-ala au
Mourghab). L'aspect de cette contrée est des plus caractéris-
tiques. Séparé du reste du continent par des abîmes sans
fond, le terrain s abaisse et se relève contiimellement pour
former une série de hauteurs et de vallées; cà et là, quel-
<ques pics isolés. L'élévation moyenne du pays atteint la
hauteur des sommets les plus élevés des Alpes bernoises.
Les massifs qui le couronnent s'étendent presque exclu-
siment du N.-E. au S.-O; leur hauteur générale est de
600 à 900 m. ; quelques-uns dressent leurs cimes cà 2.1 00,
^.500 m. et davantage au-dessus du plateau, ce qui leur
donne une altitude de 6. 400 à 6.700 m. au-dessusdu niveau
de la mer. Tel est le cas du Kangour des Russes (Kachgar
ou Dufferin des Anglais) et du Moustag-ata, dans la par-
tie orientale du Pamir, auquel on s'accorde pour attribuer
une altitude d'environ 7.300 m.
Hydrographie. — A l'exception de quelques vallées au
N., qui vont au bassin de Tarim, et de celles à ri], de
la passe de Vakdjir, également tributaire du bassin de
LAsie centrale, le Pamir proprement dit appartient tout
entier au versant de l'Oxus (Amou-daria), ou se compose
de bassins isolés sans déversoir, comme celui du gi'and
Kara-koul.
Le niveau inférieur des vallées est habituellement, comme
nous venons de le dire, à une altitude variant de 4.000 à
o.OOO m. Les neiges perpétuelles, dont la limite est dif-
ficile à fixer exactement, vu le changement de latitude, ne
descendent guère au-dessous de 5.000 m. Les pluies et les
neiges, presque inconnues dans les vallées du Nord jusqu'à
l'Aksou (rivière Blanche, cours supérieur de l'Oxus), sont
plutôt abondantes dans les vallées du Sud. Ces dernières,
quoique plus élevées, sont assez gazonnées; les montagnes
ont des formes douces, arrondies, peu rocheuses et s'élè-
vent souvent jusqu'à 6.000 m. et au-dessus.
Le régime des eaux est compliqué, les lacs abondent et
les rivières qui en découlent ou qui les forment ont les
cours les plus capricieux. Parmi les lacs, les principaux
sont : le grand et le petit Kara-koul (4.000 et 3.7o0 m:
environ); Rang-koul (3.730 m.), Bouloum-koul (3.300),
Sari-koul (4.000 m.), Oi-koul (3.500 m.).
L'ensemble du plateau, relevé dans l'E., où se trouve
le Moustag-ata, est incliné vers l'O. par une pente douce.
Les rivières courent donc en général de l'E. à l'O. L'Ak-
sou, qui prend sa source dans les marais et la plaine du
lac Ghakmakmi, forme un grand coude et, après avoii'
coulé au N.-E., revient dans l'O. former le Mourghab.
Dans cette boucle immense se trouvent plusieurs vallées im-
portantes, entre autres celle de l' Alitchour et celle du
Zor-koul et de la rivière Pamir, vallées orientées directe-
ment à l'O. A peu de distance des sources de TAk-Sou
se trouvent celles de l'Oxus. Sous le nom de Vakhan-Da-
ria, ce dernier coule directement à l'O., puis revient vers
le N. recevoir successivement les divers affluents que lui
envoient les montagnes. Les lignes de partage des eaux dos
rivières ne sont pas constituées par les plus grandes
élévations; arêtes douces des montagnes et cours des
rivières sont parallèles. L'Ak-sou court d'abord le long
de la ligne de faite qui sépare ses eaux de celles de l'Asie
centrale ; l'AUitcour est séparé de l'Ak-sou par une haute
chaîne; une autre chaine importante le sépare de la ri-
vière Pamir ; la chaine du grand Pamir, parallèle au cours
de cette dernière, l'est aussi avec celui de l'Oxus et ce
dernier longe toute la haute crête de l'Hindou-Kouch.
A leurs sources, les différentes rivières sont séparées par
de légers vallonnements dans des plateaux gazonnés;
leurs premiers petits ruisseaux sont enchevêtrés les uns
près des autres, et les passes sont presque toujours, non
pas à angle droit avec le cours des rivières les plus im-
portantes, mais aux sources mêmes de ces rivières. La
région du Pamir n'est donc pas un vaste désert; on y
trouve très fréquemment des coins propres à la culture et
surtout à l'élevage.
Cols. Passages. — C'est sur le plateau du Pamir que
la légende asiatique place le berceau de l'humanité.
L'homme n'a pourtant pas pu naître dans ces steppes
en majeure partie déscrti(fues. L'importance histori({uc
du Toit du monde est toutefois incontestable, puisque c'e^t
là que commence l'histoire des races européennes. Venues
on ne sait pas encore d'où, elles ont escaladé ces hauteuis
qui les séparaient d'un monde inconnu. Pendant une
période plus ou moins longue, elles ont résidé dans les
vallées et les passages qui, de ces sommets escarpés,
conduisaient dans les plaines voisines, pour se diriger
ensuite vers l'occident sur les plaines du plateau de l'Iran
ou par la vallée de l'Oxus. l^es légendes et les contes qui
entourent habituellement tout pays mystérieux, les difti-
cultés d'accès de cette région défendue de trois côtés, du
N., de l'E. et du S., par des hauteurs prodigieuses, cou-
vertes de glaciers infranchissables, devaient agir sur
l'esprit des hommes primitifs. Quelques passes seulement
d'une ait. moyenne de 4.000 m., conduisaient de l'Alai
au Pamir. Ce sont le Tahlik (3.537 m.), le Djipptik
(4.146 m.), le Sarik-mogal (4.300 m.), le Tenguis-bai
(3.850 m.) et le Kara-Kasik (4.360 m.). Les passes (hi
Karakaroum montent jusqu'à 3.000 m. A l'E., le ïerek-
Davan, mettant le Turkestan en communication avec la
Kachgarie, est seul accessible. Du côté de l'Inde, diverses
routes mènent au Pamir : route du pays de Hounza ou
Kandjoul, roule du ïassine et du Tchitral. Mais ces
routes présentent de grandes difficultés et ne sauraient
être utilisées, ni comme routes de caravanes commerciales,
ni pour expéditions mihtaires.
Historique. — Telle paraît être jusqu'à présent la
raison principale de l'oubU ou de l'abandon dans lequel
ce pays a été laissé durant de nombreux siècles. Les
géographes grecs et arabes semblent avoir présumé
l'existence d'une région fort élevée, sans toutefois pou-
voir en fixer l'emplacement. Seul, Alexandre le Grand
s'était avancé fort avant dans l'intérieur de l'Asie, mais
les données manquent sur l'entrée de ses troupes au
PAMIR
cœur du Pamir. On possède, par contre, des renseigne-
ments assez précis sur les diverses tentatives de péné-
tration faites par les Chinois. Déjà, vers le milieu du
iii^ siècle, les bouddhistes du Céleste-Empire commencè-
rent une série de pèlerinages à la recherche de Uvres sa-
crés de leur religion, sur le sol même qui l'a vue naître,
rinde. Quelques-uns d'entre eux ont mis un soin parti-
culier à décrire la configuration exacte du pays qu'ils
avaient parcouru et font surtout ressortir la masse impo-
sante des hauteurs qui se dressaient devant eux. Song-
Yun et Hiouen-Tsang ont laissé à cet égard des docu-
ments d'une haute valeur historique. Le premier
voyageait en 50'2 (d'aucuns placent ce voyage en l'année
518), le second vers 630.
Avec les voyages de Marco Polo (1271-1291) (V. ce
nom), les relations concernant ce pays prennent une
forme plus concrète, plus européenne, pres(jue moderne.
Les missionnaires franciscains furent les successeurs im-
médiats de Marco Polo. Plus tard, au xvi^ siècle, les jé-
suites parcoururent à leur tour les routes de l'Asie cen-
trale ; « ils ont eu ainsi le mérite, dit M. Paquier, de
renouer la chaîne qui doit unir l'antiquité classique et le
moyen âge aux grandes explorations du xix^ siècle ». Le
missionnaire jésuite dont les travaux sont particulière-
ment appréciés est Benedict Coez, religieux portugais,
qui quitta Lahore en 1603 se dirigeant sur Cahoul, et
traversa le plateau du Pamir pour arriver à Yarkand. Là
s'arrêtent les explorations et études géographiques par-
ticulières au Pamir. Cette région semble complètement
oubliée durant trois siècles, lors([ue les intérêts politi(|ues
des Anglais et des Fvusses dans l'Asie centrale tirent
éclore une série de reconnaissances et d'études qui font
également honneur aux explorateurs des deux nations,
La première exploration scientifu{ue du xix^ siècle com-
mence avec \Yoo(l, en 1837. Le cercle des explorateurs
s'élargit bientôt. Nous devons signaler surtout les voyages
de Hayward, de Forsyth, Dalgleish, Biddulph, Littledale,
les nombreuses reconnaissances des pandits (Indiens let-
trés, instruits spécialement en vue d'explorations scien-
tifiques). Du côtédes Russes, il convient de citer : Severtzov,
Fedchenko, Venioukov, ^Mouchketov, Prjevalski , Ko/lov,
Pievtzov, Roborovski. Des voyageurs d'autres nationalités
sont venus joindre leurs efïbrts à ceux des explorateurs
anglais et russes. Les Frant^'ais Bonvalot, Capus, Dau-
vergne, de Poncins, le Grec Potages, le Suédois Sven
Hedin, Je Danois Olufsen, les Allemands Futterer et
Holderer ont, par une série d'explorations scientifiques,
courses et chasses, qui se continue encore à l'heure
actuelle, notablement élargi nos connaissances sur le Pa-
mir, qui semble ne plus avoir beaucoup de secrets pour
le géographe.
La situation politique du Pamir n'est pas encore
définitivement établie. La région se trouvait autrefois,
comme le Turkcstan, sous la domination de divers khans.
La partie septcnti-ionale appartenait au khan de Kokhand
dont la puissance a été détruite par les Russes en 187 i.
La partie orientale appartenait aux Chinois. Diverses lo-
cahtés, paiticulièrementaux environs de Yachil-Koul, ren-
ferment encore un grand nombre de ruines : anciens
fortins, murs, tours, provenant de la domination chinoise
ou afghane. Dans le courant des dernières années, An-
glais et Russes y* avançaient sensiblement dans le cœur
du pays, les uns du S. de l'Inde, les autres du N. et de
rO. Ces derniers y ont même établi, en 1893, un poste
militaire (Pamirsky poste) et se préparent à occuper la
région du Sarykol', à l'E. du Pamir, considérée jusqu'à
présent comme province chinoise.
Clhiaï. Hauitation. — Au ])oint de vue climatérique,
la région du Pamir doit également être divisée en plusieurs
portions. Malgré la rudesse du climat, diverses parties, à
rO. et à l'E, du plateau, sont parfaitement habitables.
Dans le N., les nombreux troupeaux des Kirghis (che-
vaux, chameiTûx, brebis, chèvres) trouvent un pâturage
9J6 —
suffisant. Le centre du Pamir est, par contre, un véritable
désert, dépourvu de toute végétation et où aucune habi-
tation humaine n'est possible. Par suite de sa haute élé-
vation, le Pamir est exposé à tous les vents, les bourras-
ques de neige y sévissent à l'état presque permanent et
la température demeure constamment très basse. Des
obserNations ont été faites au poste du Pamir (Pamirsky
poste) depuis sa création. Ce poste est situé à l'ait, de
3.700 m., au confluent des rivières Mourghab et Ak-
baîtal, c.-à-d. au cœur même du massif montagneux du
Pamir, à 38« 8' 30^' 7 lat. N., 61° 36' 45" long. E. de
Pains. Température moyenne de l'année — 1<^,1. La plus
basse ( — 44'^) a été remarquée en janvier; la plus haute
(-f- 27^,5) en juillet. Yents régnants : septembre à fé-
vrier, vents du S.-O.; de mars à août, ceux du N.-E. Il
y a des gelées matinales durant tous les mois de l'année.
Malgré la nébulosité considérable de l'endroit, la quantité
d'eau qui y tombe est très faible. Une des particularités
caractéristiques du climat pamirien consiste dans l'inten-
sité de rami)litude de la température. On a constaté des
amplitudes de plus de 60° entre le minimum et le maxi-
mum absolus, et de plus de 40° entre le minimum et maxi-
mum à l'ombre dans la même journée. Pour Tannée,
cette amplitude va jusqu'à 120°, soit 70° en été, — 50°
en hiver. Les écarts les plus généralement observés entre
les températures au soleil et à l'ombre sont de 30° envi-
ron. Ainsi, un filet d'eau de neige fondue au contact d'un
objet de couleur sondire regèle de suite dès qu'il arrive
à l'ombre de ce même objet. Le voyageur russe Severtzov
rapporte, d'ailleurs, avoir enregistré une fois 70° au soleil
et — 10° à l'ombre, soit un écart de 80° C. sur le même
point et à la même heure.
Faune. — Dans de pareilles conditions climatèriques,
la faune et la flore sont forcément très restreintes. La
flore se réduit à quelques herbages. La faune, par contre,
bien que peu variée, tente plus d'un chasseur à la recherche
de VOvis Poli, du cerf, du mouflon, de l'ours, du loup,
du renard, de la panthère, à la voracité desquels le mou-
ton sauvage sert souvent de proie.
HABriANTS. — Il a été impossible jusqu'à présent d'éva-
luer, même approximativement, le nombre des habitants
du Pamir. La majeure partie des Kirghis et Tadjiks,
nomades et pasteurs, partagés en plusieurs tribus, se dé-
placent continuellement, à la remorque de leurs trou-
peaux. Dans la partie russe du Pamir, la mieux connue,
on compte environ 1.250 individus (hommes, femmes et
enfants). La partie occidentale du Pamir, plus peuplée,
est occupée par les ïadjiks, au nombre d'une trentaine
de mille. Tous mènent naturellement une vie semi-sau-
vage. Les yourtes, misérables huttes de quelques familles
sédentaires, sont encore clairsemées. On constate toute-
fois, depuis la pénétration européenne dans ces régions,
et spécialement des Russes, une amélioration notable dans
la vie des indigènes. Il y en a même, à présent, qui font
preuve d'une certaine aisance, notamment parmi les Kir-
ghis-Alitchours et les Kara-Kirghis. Quelques-uns sont
possesseurs de trou])eaux nombreux d'une valeur totale
de plus de 100.000 fr. L'agriculture commence éga-
lement à pénétrer là où les conditions physiques du sol
et de la température permettent de la développer. Dans
le S. et dans l'O. du plateau pamirien, dans les vallées
profondes, on rencontre déjà des jardins, des potagers,
des champs de blé, des terrasses herbeuses. Elle est se-
condée en beaucoup d'endroits par l'irrigation artificielle.
P. Lemosof.
BiiiL. : De très nombreux ouvrages ont paru durant la
ycconde moitié de notre siècle sur les pays de l'Asie cen-
trale. Nous nous bornerons à indiquer les publications
ayant trait d'une manière exclusive à la réprion qui nous
occupe : Hkndrson et IIume, Lahore to Yarkand, expédi-
tion Porsyth; I^ondres, 1873. — Yale, Journey lo Ihc Ri-
ver Oxus\. ; Londres, 1872. — Paquier, le Pamir; Paris,
1870. — Vax dex Giieyx, le Plateau du Paynir; Bruxelles,
1883. — LuLLiE^i, Kenntnis dcr Griechen und Rômer vom
Pamir-Hochlande : Konigsberg-, 1887. — Ivanov, le Pamir;
— 917
PAMIR — PAMPA
Saint-Pétersbourg. — G. Capus, Mctcorologlo des Pu-
mirs ; Paris, liS91. — Du môme; Le Toit du monde ; Paris,
1890. — G. BONVALOT, Du Caucase aux Indes à travers le
Pamir; Paris, 1889. — Vicomte de Ponci>'S, Cliasses et
Explorations dans la région des Pamirs; Paris, 1897.—
Nombre d'articles et d'études dans les bulletins des so-
ciétés de géographie de Paris, de Londres, de Berlin, de
Saint-Pétersbourg (Littledale, Younghusband, Severtzov,
Poutiata, Ivanov, Capus, Sven Hedin, Oluf'sen, Fut-
terer).
Les meilleures cartes à consulter (en dehors des cartes
annexées aux récits des voyageurs) sont : Indian Trans-
frontier Majjs^ publiées parle gouvernement de l'Inde, et
les cartes de la Russie d'xVsie (5 et 10 verstes au pouce),
publiées par la section topographique de l'état-major, à
Saint-Pétersbourg.
PAMMENÈS ou PHIMENAS. Nom duii alchimiste
égyptien, réputé le précepteur de Démocrite, dans Fart de
la chrysopée. L'une de ses recettes existe dans le Papyrus
de Leyde. M. B.
BiBL. : CollerAion des anciens alchimistes grecs.
PAMOISON (V. Syncope).
PAMPA ou BAMBA. ï. Géographie. -- Mot qui-
chua signitiant plaine (Arjapampa, plaine du mort ; Co-
chabamba, plaine du lac) et équivalent, dans certaines
parties de la Cordillère, au mot /.uîi<7, haut plateau. Mais
ce nom, aujourd'hui assez usité en français, nous donne
plutôt l'idée de grandes étendues de terrains couverts de
savanes vastes et plates alternant avec des terrains on-
dulés et des régions montagneuses (Ouest). Les cours d'eau
y sont rares; en revanche, les lacs {Urre Lauqiien) et les
lagunes y abondent. On y rencontre des millions de bœufs,
de moutons et de chevaux qui vivent et se multiplient en
liberté. Mais le mot pampa appartient en propre à une
des divisions administratives de l'Argentine correspondant
au pays ainsi décrit. C'est le territoire {gobernacion) de
la Pampa central (145.907 kil. q. ; 25.965 hab.), dont
la capitale, General Acha (i.500 hab.), est située à
277 kil. de Bahia Blanca et à 986 kil. de Buenos Aires.
On tend en plus d'un point à faire disparaître l'unifor-
mité de cette région platéenne : sur les collines, la végé-
tation ligneuse prend l'allure forestière. La forêt n'est pas
touffue, mais elle ressemble à de grands vergers ou à des
quinconces. Le boisement des terrains couverts de pâturages
naturels est poursuivi avec succès depuis une vingtaine d'an-
nées (campagne du général Roca contre les Indiens). Des
essais de plantations d'essences diverses, depuis le pécher
jusqu'au peuplier, depuis la vigne jusqu'au caroubier, ont
pleinement réussi ; les rideaux de peupliers atténuent les
effets dvi pampero (vent qui souffle du S.). Les arbres à
basse couronne transforment la nature des graminées, et,
en faisant disparaître le pasto amargo, qui ne croît pas à
l'ombre, favorisent Félève de la "race ovine. — Les voies
de communication sont à peine tracées, les routes ne sont
guère que des sentes ou des pistes. — Le chemin de
fer de Bahia Blanca et Noroeste, construit d'abord jus-
qu'à Epu-Pel, prolongé ensuite à General Acha, atteint
déjà Toay, qui, relié, d'une part, à TrenqueLauquen, met
la Pampa en communication directe avec Buenos-Ayres,
et se prolongeant, d'autre part, via Victoria, jusqu'à Villa
Mercedes, établira des rapports rapides entre le N., l'L.
et le S. de la République. Il traverse la Pampa sur une
longueur d'environ 204 kil. Les principaux centres de po-
pulation sont : General Acha, Toay, Victoria et Mari-
Mamuel. Les habitants s'adonnent à l'élevage. On compte
déjà 5.300.000 moutons, 520.000 vaches et bœufs,
221.000 chevaux et juments. Ch. Laroussie.
IL Anthropologie. — Dans toute l'étendue de l'immense
surface de la Pampa, entre la Plata et les Andes (V. Répu-
blique argentine), au-dessous de la terre végétale, on
trouve une couche de terrain rougeâtre, composée exclu-
sivement d'argile et de sable fin, avec quelques infiltrations
calcaires, l^^lle descend jusqu'à une profondeur de 30 à
40 m. et présente partout la même composition et le même
aspect. On attribue sa formation à des inondations répétées
qui ont recouvert complètement, par intervalles, d'im-
menses plaines. Sa faune est caractérisée par les ossements
d'un grand Machairodus, d'un Ursus, de chevaux et
à'Hippidimus, de deux mastodontes, de tatous géants et
de paresseux colossaux, comme le Mylodon et le Méga-
therium. C'est le pampéen. A sa surface se trouve une
série de dépôts lacustres de couleur blanchâtre. Elle était
donc parsemée de grands lacs à la fin de la i)ériode de sa
formation. Ces dépôts lacustres renferment encore des
genres éteints, mais aussi des espèces vivantes, telles
qu'un Lagostomus et un renard. Fouillés en sept endroits
différents, ils ont fourni des débris de l'industrie humaine
consistant en silex grossièrement taillés, en os travaillés
(poinçons, pointes de llèche, etc.), en fragments de terre
cuite.
La partie supérieure du pampéen proprement dil, de
couleur rougeâtre, est un peu plus sablonneuse que sa partie
inférieure. Avec les animaux énumérés ci-dessus, elle ne ren-
ferme aucun représentant certain d'espèces de mammifères
actuellement vivantes. En un endroit de ce dépôt, M. Ame-
ghino a découvert une innnense quantité de charbon de bois,
d'os striés, incisés, fenchis, deux petites pointes de llèche
en silex, deux racloirs en silex et des os de l'homme lui-
même. En présence de ces restes, M. Ameghino s'était
demandé ou l'homme, dans cette immense plaine, sans un
accident, sans une saillie, sans un arbre, sans wa rocher,
avait pu se mettre à couvert et se dérober à l'atteinte des
animaux terribles qui l'entouraient, lorsqu'un jour il en-
treprit l'extraction d'une carapace d'un de ces tatous géants
du groupe des Glyptodons. Elle était placée horizontalement,
l'ouverture ventrale en bas et le dos en l'air, reposant sur
une couche de terre durcie qui était l'ancienne surface du
sol. Tout autour, il y avait du charbon, des cendres, des
os brûlés et fendus et quelques silex. De la terre rou-
geâtre du sol primitif avait été ramassée contre elle inten-
tionnellement. Elle était vide ; le squelette de l'animal en
avait été enlevé. A Fintéricur, le sol avait été creusé, et
il était en contre-bas de la surface primitive de l'extérieur.
On y trouva un instrument en silex, des os longs de lama,
de cerfs fendus, des dents de Toscodon et de Mylodon,
en partie travaillées, des morceaux de bois de cerf. Il n'y
avait plus de doute. L'homme s'était fait un abri de cette
carapace en l'évidant et en la plaçant horizontalement au-
dessus d'une fosse pour obtenir à l'intérieur la hauteur
nécessaire. Cette découverte très singuHère n'est pas restée
unique.
Le pampéen inférieur se distingue de la couche précé-
dente par la présence d'une ou deux espèces de mammi-
fères plus anciennes ou qui manquent à la partie supé-
rieure. M. Ameghino y a découvert des os qu'il croit avoir
été striés, troués, polis par la main de l'homme.
Postérieurement à ces deux couches du pampéen et aux
dépôts lacustres ([ui les surmontent se sont formées, le
long des rivières, des alluvionsde 3 ou 4 m. d'épaisseur,
qui ne renferment aucun mammifère d'espèce éteiiite.
Dans leur exploration, M. Ameghino a recueilli tout un
outillage en os : poinçons polis comme ceux de nos sta-
tions néolithiques, danls, etc., des armes de pierre, des
bolas, pierres de fronde arrondies avec rainure au pour-
tour ; des poteries épaisses, quelquefois peintes et ornées
de dessin, et une grande quantité d'ossements brûlés, de
charbons de bois, de cendres et d'os de lanui, de cerf,
d'autruche, de tatou, de renard, etc. Ijitin, à la surface
même de la Pampa, dans la couche végétale, on a récolté
de nombreux restes disséminés d'une industrie de pierre
encore plus récente que la précédente : haches poHes avec
rainure pour les liens du manche, mortiers faits d'un
morceau de granit creusé au centre, bolas, pointes de
lance et de flèche, couteaux, scies, racloirs, haches, poin-
çons, généralement en quartz et quartzite, etc. ; pipes
ornées de dessins, pesons, poteries d'argile fine peinte en
rouge ou en noii'. Les peuples auteurs de ces industries
sont les mêmes qui occupaient la région lors de la con-
quête. Mais alors ils travaillaient le métal, du moins l'ar-
gent et le cuivre. L'influence de l'empire des Incas s'était
PAMPA — PAMPERE
— 918 —
étoiidiie sur eux. Des coïKfurrauîs ou des émigrants
s'étaient même établis dans l'Ouest parmi eux. On a re-
trouvé les ruines de lem's villes, et dans leurs cimetières
de grandes urnes funéraires ornées de figures étranges et
peintes de couleurs vives. Dans ces cimetières, avec Fou-
liilage de pierre, on a récolté des armes et outils de cuivre,
une médaille de cuivre couverte de hiéroglyphes. De la
même époque sont de nond)reuses inscriptions sur rochers
ou se révélerait un système complet d'écriture idéogi-a-
[jhique, composée en partie de tigur('S et caractères sym-
boliques et en partie de caractères phonéticpies.
Zaborowski.
BiiîL. : Flor. AmI'C.jiino. U) AntujOcdnd dcl lionibre
en cl Plutii ; l*aris et lUunius Aires. I8b0. 2 vol. gr. iu-S.
avec pi.
PAMPANGA. Fleuve des Philippines. Il appartient à la
région septentrionale de Luçon et se déverse au N. de la
baie de Manille. Il est foj'mé par l'union, dans la plaine
<le Pampanga, de deux rivières, Funeprovenant de la pro-
vince de Nueva-Ecija, Pautre née dans la montagne et
coulant dans la plaine, comme le cours pri)icipal, qui se
termine, à son embouchure, en un délia aux nombreux ra-
meaux anastomosés.
PAiVIPAMGOS. Peuplade des Philippines. Tribu de race
malaise, comprenant environ 200.000 individus, dont l'ha-
bitat est le N.-N.-O. de Manille, particulièrement la plaine
de même nom. Leur domaine comprend, avec la province
de Pampanga, le district de Tarlac, le S.-O. de laNueva- \
Ecija et le N.-E. de Bataan. Us ont, ainsi que les Pan- |
gasinans, une taille plus élevée ([ue les autres types, ,
P^\6i' environ en moyenne pour les hommes (Monlano), 1
ce qui semble indiquer chez eux. du sang indonésien; leurs \
caractères physiques et leurs mœurs les rapprochent des ;
Tagals ; primitivement païens, ils furent pour la plupart i
convertis au catholicisme, depuis leur assujettissement, eu '
1570. Ils se sont toujours distingués par leur bravoure. Le ]
dialecte pampango perd de son extension par les invasions ;
pacitlques tagalo et ilocano (V. Phiijppixes). Ch. Dfj . ;
PAMPAS. Hivière du Pérou (afil. de FApurimac), qui ;
reçoit les eaux du lac Choclococha. Torrent impétueux
tout le long de son cours, il longe à FO. et au N. le dép.
d'Apurimac qu'il sépare de celui dMyacucho. Il arrose la
belle vallée de Ninabamba (mot quichua signifiant « plaine
de feu »), entourée de hautes montagnes oa régnent des |
chaleurs torrides ; à 9 kil. de Ocros se trou\e un pont j
suspendu en fibres végétales (jue les Indiens renouvellent
annuellement ; le système de ce pont est dû. d'après la
légende, à Fïnca Yupanqui.
PAM FELON NE, Vieux château, près de Rochemaure,
arr. de Privas (Ardèche), perché sur une pointe basal-
tique, que domine le cratère volcanique de Bergvvise, où
M. Fernand de Saint-Andéol a cru reconnaître les traces
d'un oppidum gaulois. • — La Lamille des Guyon de Geixde
Pampelonne remonte au xiv^ siècle. In de ses membres,
Jacijues- Antoine, archidiacre de l'église de Viviers, fut
élu député aux Etats généraux de 1789. En 179"i, il aUa
établir à Lyon une fonderie de canons qui fut ensuite trans-
portée à Valence. Deux ans après, le gouvernement Fen-
voyait à Constantinople pour y établir une fonderie de ca-
nons aux frais et pour le compte de la Porte. A son
retour, en 1709, il fut élu député au Corps législatif où
il siégea jusqu'en 1804. Il était, eij 180G. chef de la di-
vision des hôpitaux au ministère de la guerre, et, de 1811'
à 1819, administrateur des monnaies. Il mouiait en 18:20.
^ PAIVIPELONNE. Ch.-l. de cant. du dép. du Tain, arr.
d'Albi; 1.742 hab. Minerai de fer; source ferrugineuse.
Filature de laine. Ancienne bastide fondée en 1280, sur
le territoire de la seigneurie de Thuriès, dont le château
féodal en ruines se dresse encore sur un promontoire es-
carpé dominant le Viaur, par le sénéchal de Toulouse,
i'ustache de Beaumarchais, en pariage avec le roi de
l'Vauce, Philippe le Hardi. Le nom de. Pampelonne fut
di)}iiîé à la nouveile ville en souvenir du siège de la ville
navarraise de Pampelune auquel avait coopéré Eustache
de Beaumarchais en 127(). L'église conserve un beau re-
table du xvn*^ siècle. Eglise du xiv^' siècle au hameau de
Teillet.
PAMPELUNE. Ville d'Espagne, ch.-l. de la prov. de
Navarre, à 320 kil. de Madrid, à une ait. de 450 m., sur
un plateau qui domine F.Vrga, affl. de dr. de FAragon ;
26.603 hab. Stat. du chemin de fer d'AlsasuaàSaragosse^
rattachée ainsi à la grande hgne de Madrid àirun. La ville
est entourée d'un cirque de montagnes, ou les touristes vont
visiter les gorges de Mayo et deKoncevaux, elle est bien
bâtie et assez animée, mais elle est surtout intéressante
par ses vestiges du passé et le rôle qu'elle a joué dans
Fhistoire comme capitale de la Navarre. On y remarque
de vieilles forti(îcatiou>, une eiladelie ancienne, une ca-
tbediale f()i!ne(\ dil-siii. (-n \{)i?>. inaÏMeiniiiiiee ^ohvent et
l'atliôilralo de t'anipeluno.
qui a deux tours très g-racieuses et à l'intérieur de curieuses
boiseries, Fhotel de ville avec les portraits des rois de Na-
varre, l'hôtel de la Députation ou se trouvent d'impor-
tantes archives. Parmi les monuments modernes, on re-
marque un hospice et un hôpital. Il y a aussi une belle
promenade, la Tacouera. La ville est alimentée d'eau en
abondance par un aqueduc (pii va capter des sources à
15 kil. au S. dans les lianes du mont Francoa et qui fut
construit au siècle dernier par Rodriguez; à 12 kil. de
Pampelune, il franchit la vallée de Noain, sur un pont de
97 arches, long de 1245 m. Pampelune, qui, dit-on, se-
rait l'ancienne Pompeiopolis, fut prise par les Arabes en
738, reprise en 750 pur les Navarrais, puis prise et dé-
mantelée par Charlemagiie, et cntin occupée par Ferdi-
nand d'Aragon, en 1512. E. Cat.
PAMPELUZE. Rivière dudép. de ïd^Creuse (V. ce mot,
t. XIII, p. 344).
PAlVlPtRE (en espagnol Pampero, vent de la pampa).
Grain de vent très violent, souvent avec averses et ton-
nerre, (|ui, surtout de juillet en septembre, frappe les côtes
allantijues de r.Vinéri((ue du Sud, entre 23° et 40" de
lat. Il n'y a aucune différence e^sentielle entre le pampère
— 919 —
PAMPKRE — PAN
et le grain, orageux ou non (V. Grain et surtout Orage)
de l'hémisphère Nord, sauf ({ue les changements de direc-
tion et de force du vent s'y produisent, par rapport à
réquateur, symétri({uement à ceux de nos régions. Ainsi,
au lieu de tourner brusquement du S.-O. au N.-O., le
vent du pampère tourne du N.-O. au S.-O. Sa durée aussi
est celle de nos grains, orageux ou non.
PAMPHILE (Jeu) (V. Mistigri, t. XXIÎI, p. H 30).
PAIVIPHILE, peintre grec, né en 390, mort en 350 av.
J.-C. Il était à Sicyone et élève du célèbre Eupompos.
Or on ne sait presque rien de ses œuvres, mais il était
théoricien savant et enseignait que la peinture doit tirer
un grand profit des sciences, surtout de l'arithmétique et
de la géométrie. Professeur de grand mérite, il fit le pre-
mier introduire le dessin dans l'enseignement des écoles à
Sicyone, habitude qui se propagea bientôt dans toute la
Grèce. Il avait peint un Combat des Hcradides contre
les Athéniens et un Ulysse sur son navire, mais son
principal titre de gloire est d'avoir été le maître d'Apelle
et de Mélanthios.
BiBL. : Textes anciens, dans Oveubeck, Die antihen
Sckriftquellen^ n°^ 1746-53.
PAMPHILE, rhéteur grec cité par Aristote. Quintilien
et Cicéron. Il avait composé un traité de l'art oratoire et,
au rapport de Suidas, imaginé des figures pour représen-
ter les difiérents arts. Il avait appliqué cette méthode à la
rhétorique et représenté les règles sur des petites bandes
d'étoffe (in infulis). C'est ce que Cicéron appelle dédai-
gneusement « mettre la rhétorique en jouets d'enfants »
[de Oratore, II, 21). N'avons-nous pas de môme des jeux
géographiques, historiques, etc. ?
PAMPHILE ou PAMPHYLE (Saint), Prêtre et mar-
tyr, fondateur de la célèbre bibliothècpie chrétienne de
Césarée, né vers 240 en Phénicie (à Béryte, suivant l'in-
dication peu sûre de Siméon le Métaphraste), mort en
309. Fête le 4^^^ juin. Après avoir achevé ses études théo-
logiques à l'école catéchétiqae d'Alexandrie, sous la direc-
tion de Piérius, il s'établit à Césarée, ou il fut investi des
fonctions de prêtre. Il y forma une collection de manuscrits
de l'Ecriture sainte et de livres relatifs à la religion chré-
tienne, dont l'historien Eusèbe, qui l'avait aidé dans cette
œuvre, a dressé le catalogue, et dont saint Jérôme parle
avec admiration. On dit qu'elle contenait 30.000 volumes.
Elle fut détruite au vu® siècle, lorsque les Ara])es s'empa-
rèrent de Césarée. Sous la persécution ordonnée par
Maximin, Pamphile fut soumis à d'atroces tortures (307)
puis retenu en prison jusqu'à son dernier supplice (309).
Pendant sa captivité, il écrivit une Apologie d'Origène,
dont il était le fervent admirateur. Photius nous en a
transmis le sommaire. Cet ouvrage ne comprenait que
cinq livres lorsque Pamphile mourut, le sixième fut com-
posé par l'Aisèbe. Ee premier livre seul nous est parvenu
dans une traduction latine de Huffin. E.-II. V.
PAIVI PH I LE, grammairien et polygraphc grec d'Alexan-
drie, qui vivait vers 50 ap. J.-C. Disciple d'Aristarque,
il composa plusieurs ouvrages indiqués par Suidas, recueils
de faits et d'anecdotes ou puisèrent les scoliastes et po-
lygraphes ultérieurs, en particulier Athénée. Le principal
était un lexique en 95 livres, classé par ordre alpha-
bétique, dont celui d'Hésychius paraît comprendre un
abrégé.
PAWIPHOS, poète grec mythique, auquel on attribua
certains hymnes d'origine attique, en le déclarant antérieur
à Homère et postérieur à Olen.
PAMPHYLIE (riafx^uXt'a). Pays antique de r\sie
Mineure, qui embrassait la zone entière méridionale com-
prise entre la Lycie à l'O. et la Cilicie à l'E., le long de
la merde Pamphylie, aujourd'hui golfe d'Adalia, et s'éten-
dait à l'intérieur jusqu'aux crêtes du Taurus. Plus tard,
les Romains y embrassèrent la Pisidie, située au delà du
Taurus. Pline prétend que la Pamphylie se serait d'abord
appelée Mopsopsia, du nom du chef grec Mopsus, un des
assiégeants de Troie. Elle était séparée de la Lycie par
le mont Climax, de la Cilicie par le fleuve Mêlas. Les
principales vallées étaient celles des Catarrhactes (Dou-
dew), du Kestros (Ak-sou), del'Eurymédon (Kœpru-sou),
du Mêlas (Manawgat-sou), tous navigables. Les habitants
étaient un méLange d'aborigènes, de Cilicienset de Grecs.
Les principales villes furent Attaleia (Adaha), Sidé(Eslvi-
Adalia) sur la côte; Pergé (au N.-E. d'Adalia), Syllion
(à l'E.), Aspendos (sur l'Eurymédon) dans l'intérieur. La
Pamphylie n'a guère d'histoire à elle ; suivant le sort des
pays voisins, elle passa de la suzeraineté lydienne à celle
des Perses, puis des Macédoniens et des Romains. Elle
fournit à Xerxès un contingent de 30 navires, fut enlevée
au royaume de Syrie après la défaite d'Antiochus et attri-
buée par les Romains au royaume de Pergame. Les pirates
y dominèrent, comme en Cilicie, jusqu'à leur défaite par
Pompée. Les colonies grecques d'Aspendos et Sidé gar-
dèrent leur autonomie à travers ces divers changements.
BiRL. : Lanckoronpki, SUidte Pamphyliens und P/si-
dieris; Vienne, WM).
PAMPLEIVIGUSIER (Bot.). Non d'une variété de tt-
trus,lQ C. decumana Wild. (V. Citronnier), bel arbre
de rindo-Chine, dont les fruits ou pamplemousses, ^ de
qualité médiocre d'ailleurs, atteignent des dimensions
énormes. D^ L. Hn.
PAMPLICO. Vaste lagune (4.000 kil. q.) de la côte de
la Caroline du Nord (Etats-Unis), séparée de l'Océan Atlan-
tique par le cordon littoral du cap Hatteras ; au N., elle
communique avec la lagune Albemarle. Son principal tri-
butaire est le Tar ou Pamplico.
PAMPLIE. Com. du dép. des Deux-Sèvres, arr. de
Niort, cant. de Champdenicrs ; 599 hab. Croix de cime-
tière (mon. hist.). Château restauré du xv^ siècle, dit de
Boissoudan.
PAMPLONA. Ville de Colombie, ch.-l. de la prov. du
même nom, dép. dcSantander, à 50 kil. environ de Buca-
ramanga et 2.309 m. d'alt. ; vieille cité très importante
sous la domination espagnole ; aujourd'hui complètement
déchue. On y admire encore les ruines de nombreux cou-
vents dont les chapelles seules sont demeurées intactes. A
citer aussi la cathédrale, construction de beaucoup d'allure,
édifiée par les premiers conquérants et renversée par le
tremblement de terre de 1875, le palais épiscopal et un
très beau collège appartenant à l'I^tat. Ch. Laroussie.
PAMPLONA (Pedro de), miniaturiste espagnol, qui
vivait vers le milieu du xiii^ siècle. Il est l'auteur des
enluminures qui ornent les lettres initiales de la Bible en
deux tomes à l'usage du roi Alphonse le Savant. Par tes-
tament, le roi légua cette Bible à la librairie de la cathé-
drale de Séville. Le nom du miniaturiste, Pelrus vora-^
tur Pampilonensis, figure dans une inscription latine
écrite sur la dernière feuille du second tome. Les petites
compositions de Pedro de Pamplona sont d'un dessin sans
doute bien gauche et insuffisant, mais leur coloris ne
manque ni d'éclat ni de fraîcheur. On remarque particu-
hèrement quelques ornements de style mauresque, des
colonnes, des chapiteaux, qui attestent le goût de l'époque
pour l'architecture et l'ornementation importées par les^
Arabes. ^ P. L.
PAMPRE (Blas.). Se dit d'un cep ou d'une grappe de
raisin dont la tige et les feuilles sont d'émaux différents.
PAMPROUX. Com. du dép. des Deux-Sèvres, arr. de
Melle, cant. de La Mothe-Saint-Héraye. aux sources de la
rivière du même nom ; 2.044 hab. Stat. du chem. de fer
de l'Etat. Tissage; fours à chaux. Commerce de graines.
Clocher roman. Grotte de la Roche-Ruffin renfermant un
lac qui sert de déversoir à la source du Pamproux.
PAN. Mot polonais qui, à l'origine, signifiait tout sim-
plement : propriétaire terrien par opposition à celui qui
ne possédait rien. Plus tard, ce terme fut appliqué aux
seigneurs de tout rang occupant une haute situation à la
cour ou dans la région qu'ils habitaient et, dans la suite,
à tout individu important par sa naissance, sa fortune
ou son influence. Diverses épithètes telles que Wiel-
PAN
— 9^20 —
mozny, Jasiiie-Wielmozny, etc., précédant ce mot,
indi(iuent le rang du personnage dans la société ou le titre
nobiliaire qu'il porte. F. ï.
PAN, PAN DE BOIS, PAN de fer (Constr.). En général,
on désigne par le mot pan la face d'un ouvrage quel-
conque de construction : c'est ainsi que l'on dit qu'un
pilier a quatre, six ou huit pans ; que l'on appelle pan
de mur, une ])artie de mur d'une certaine longueur ; pan
coupé, la surface d'une partie de bâtiment raccordant les
extrémités de deux autres parties de bâtiment et rempla-
çant l'encoignure qui, de fait, a été supprimée pour mé-
nager ce pan coupé ; pan de couverture, une partie de
couverture, et longs pans, les parties les plus longues de
la couverture d'un comble de forme irrégulière ; mais le
terme de construction, dans lequel ce mot pan a toujours
été le plus habituellement usité, est pan de bois et, depuis
une trentaine d'années, depuis les nombreuses applica-
tions faites du métal dans les constructions, on emploie
le mot pan de fer.
I. Pan de bois. — Les pans de bois sont formés de
pièces de bois équarries et assemblées, les unes horizon-
talcs, les autres verticales, d'autres encore obliques, et
constituant par leur réunion une sorte de grillage ou de
claire-voie dont les intervalles sont remplis d'un hourdis
fait de moellons, de briques ou de garnis et de plâtre,
donnant à toute la construction une grande homogénéité
et lui assurant une solidité, qui permet d'employer les
pans de bois à la place de véritables murs en maçonnerie.
Moins dispendieux et plus légers que ces derniers, occu-
pant une moindre surface de terrain et offrant de plus,
quand le bois est laissé apparent, un aspect pittoresque,
les pans de bois ont en revanclie l'inconvénient d'offrir un
aliment aux incendies : aussi la construction en pans de
bois est-elle absolument proscrite en France sur la voie
pu])li([ue et, dans les cours, prend-on la précaution de
recouvrir les pans de l)ois d'un enduit. On distingue les
pans de bois proprement dits des colombages, pans de
bois grossiers où les pièces, n'étant pas équarries, ont
conservé leur rondeur naturelle. Pour garantir les cons-
tructions en pans de bois de l'humidité du sol, on fait
reposer les pans de bois sur un mur bas, fait de pierre,
de moellon, de meulière ou de brique, que l'on appelle
parpaing (V. ce mot). Un pan de bois se compose essen-
tiellement d'une sablière basse reposant sur le parpaing
et dans laquelle s'assemblent à tenon et à mortaise les
pièces verticales ou poteaux, lesquels sont assemblés de
même, à leur partie supérienre, dans une autre sablière,
dite sablière haute ; Fensemble est consolidé au moyen
de pièces obliquemefit placées, s'assemblant également
dans les sablières haute et basse, et dites d'Jcharges ou
écharpes. Sur ces décharges et sur les sablières s'assem-
blent de petits poteaux dits tournisses, allant de la dé-
charge à ces sablières et, quelquefois, le rectangle fourni
par deux poteaux et les sablières est occupé par deux
décharges s'assemblant à mi-))ois et formant une croix de
Saint- André. On distingue diverses sortes de poteaux :
^eux placés aux angles de la construction, auxquels on
donne un plus fort équarrissage et qui autrefois recevaient
des motifs de sculpture, comme à Paris l'ancien arbre de
Jess' à l'angle de la rue Saint-ÎVlartin et de la rue des
Prêcheurs, ce sont les poteaux corniers; les poteaux
dliuisserie sont ceux qui, formant les jambages des baies,
reçoivent les linteaux fermant ces baies à la partie su-
périeure et les pièces d'appui de ces baies à leur partie
inférieure, quand il s'agit de fenêtres. Lorsqu'uii pan de
bois porte plancher, les solives de ce plancher reposent
directement sur la sablière haute de l'étage inférieur et la
sabUère basse de l'étage supérieur repose, elle, sur les
abouts de ces solives. La disposition du pan de bois est
la môme pour chaque étage superposé d'une construction,
qu'il s'agisse de façade sur rue ou de façade sur cour et
même, sauf quelques modifications, des pans de bois à
l'intérieur des constructions et remplaçant les murs de
refend. Dans les constructions en pan de bois élevées du
XIII® au xvi® siècle, les pièces de bois, disposées avec une
certaine symétrie, laissées apparentes et souvent peintes
et sculptées, accusaient le système de construction d'une
façon rationnelle, en même temps qu'elles fournissaient un
fort intéressant élément de décoration, et cette décoration,
parfois si variée d'une maison à l'autre, était encore com-
plétée par la coloration naturelle des matériaux, bri(jue,
moellon et silex, disposés en losanges ou en damiers, à
l'intérieur des pièces de bois. Malgré les prescriptions
administratives remontant en France à I06O, et réitérées
par de nombreuses décisions justju'en 4897, lesquelles
permettent d'interdire la réparation et la construction de
pans de bois sur la voie publique et même, par voie de
conséquence de la loi des 16-24 août 1790, à l'intérieur des
propriétés, il existe encore dans beaucoup de ^illes de Franco
une réelle tolérance au sujet des pans de bois élevés en
retraite de la voie publique et ne joignant pas un corps
de bâtiment aligné sur cette voie ; mais il est interdit, par
arrêt du conseil d'Etat du 6 juil. 1825, de faire porter
des entablements en pierre sur des pans de bois. Il est
aussi interdit par ordonnance de police d'adosser contre
un pan de bois une cheminée ou un tuyau de fumée ; il
faut laisser un espace de 0"\16, dit tour de chat, entre
le mur dossier do la cheminée ou du tuyau et le pan de
bois. Les questions de mitoyenneté, qui peuvent se poser
au sujet de pans de bois employés comme murs mitoyens,
peuvent se résumer en ceci : un copropriétaire a toujours
le droit de remplacer, à moins de conventions préalables
contraires, un pan de bois par un mur construit à ses
frais et dont le parement, du côté du voisin, restera le
même que le parement du pan de bois, et le propriétaire
voisin, le jour où il voudra se servir du mur ainsi subs-
titué au pan de bois, afin de lui faire porter charge ou
d'y adosser des cheminées, devra payer la moitié de la
valeur du mur ainsi que le prix de la différence du terrain ;
la ligne mitoyenne étant alors portée au milieu dudit mur
(V. Servitude).
IL Pan de fer. — Le fer qui remplace, depuis soixante
années, le bois dans la construction des planchers, tend de
plus en plus, depuis trente années, à remplacer également
le bois et même les autres matériaux dans la construction
des murs et des façades des éditices : les pans de fer se
substituent ainsi aux pans de bois sur lesquels ils présen-
tent certains avantages tels que solidité plus grande, pbis
grande résistance avec une moindre épaisseur et absence
de chance d'incendie. Comme les pans de bois, les pans
de fer sont susceptibles de recevoir une décoration archi-
tecturale, et de nombreuses constructions élevées depuis
1878, à l'occasion des expositions, notamment le pavillon
de la Ville de Paris, élevé au Champ-de-Mars en 1878,
sous la direction de M. Bouvard, puis démonté et réédifié
aux Champs-Elysées, et enfin démoli pour le percement
de la rue des Palais, ont prouvé que l'assemblage du fer,
de la brique, de la terre cuite, de la mosai([ue et des
vitraux, n'offrait pas un champ moins vaste que tout autre
déjà exploité, pour l'union intime de la construction et
de la décoration. Malgré la grande analogie présentée,
dans leur disposition générale, par les pans de bois
et les pans de fer comme éléments de construction, la
différence dans la matière des matériaux et dans leur
mode d'emploi fait que la construction à l'aide de pans
de fer nécessite des assemblages spéciaux qui seront
exposés au mot Serrurerie. Charles Lucas.
PAN (Myth. gr.) (IJàv). Dieu grec des bergers, pro-
tecteur des troupeaux et des habitants des bois et des
prairies. On rapproche son nom du verbe grec T^àw, du
latin pasco (paître). Le calembour, qui plus tard l'assi-
milant à 10 7:av, le tout, en fit un symbole de l'univers,
ne peut être mentionné qu'à titre de curiosité historique
et comme indice des déviations que le symbolisme alexan-
drin fit subir à la vieille religion grecque. Pan était re-
gardé comme fils d'Hermès et d'une fille de Dryops, sur-
9ÎÎ1 —
PAN — PANAINOS
prise par le dieu tandis qu'elle gardait les troupeaux de
son père ; certains scoliastes nomment sa mère Callisto,
(Eneis ou Tliymbris ; d'autres l'appellent Pénélope, l'iden-
tifiant parfois avec la femme d'L'lysse. Pan naquit avec
des cornes, de la barbe, un nez recourbé, une queue et
des pieds de bouc, complètement poilu, de telle sorte que
sa mère, épouvantée, s'enfuit. Son père l'emporta dans
l'Olympe, où il devint le favori des dieux, surtout de
Dionysos; d'après d'autres, il fut élevé par les nymphes.
Le centre du culte de Pan était l'Arcadie, et il est le
héros d'un des hymnes homériques. C'est d'Arcadie que son
culte semble s'être propagé dans le reste de la Grèce ;
Athènes ne Faccueillit qu'après la bataille de Marathon.
C'était un dieu agreste, qui vivait dans les bois et les
prés, s'abritant dans les cavernes, parcourant les som-
mets des montagnes, protégeant et fécondant les trou-
peaux, chassant les bêtes sauvages, péchant dans les cours
d'eau. Il s'ébattait avec les nymphes, en particuHer Echo
et Pitys (nymphe du pin). Amateur de musique, il avait
inventé la syrinx, flûte des bergers, et s'était fait d'une
coquille une sorte de trompette avec laquelle il intimida
les Titans durant leur combat contre les dieux olympiens.
Divinité des bois et des solitudes, il inspire parfois aux
hommes une subite terreur (paniqué) par ses apparitions
inattendues. Comme les autres esprits des bois et des
champs, en particulier Dionysos et Cybèle, dont il fut plus
tard rapproché, son culte prend une certaine allure mys-
tique. Il est l'un des premiers auteurs de la divination
(V. ce mot), doué du don prophétique ; les Arcadiens vou-
laient qu'il eût instruit Apollon. Le pin et le chêne lui
étaient consacrés. On lui offrait des boucs, des agneaux,
des vaches, du miel, du lait. A côté de lui, on vénérait
les Panisques, démons féminins et masculins, qu'on re-
présentait comme ses femmes et ses enfants. Ses princi-
paux sanctuaires étaient en Arcadie à HerîPa, sur leNomion
(près de Lycosoura), sur le mont Parthénios, à Méga-
lopolis, à Acacesion, où un feu perpétuel brûlait dans son
temple auquel était annexé un vieil oracle ; d'autres sont
cités dans l'antre Corycien du Parnasse, à Trœzen, sur
FEresinus, entre Argos et Tégée, à Oropos, à Athènes,
près de Marathon, sur l'île de Psyttalie, et en Thessalie
à Homala. Le culte de Pan fut introduit en Attique après
le bataille de Marathon, en souvenir de la terreur panique
attribuée au dieu, dont furent saisis les Perses et qui
détermina leur fuite. Les Romains identifièrent Pan avec
leurs dieux rustiques Inuus et Faunus.
Les artistes figurent Pan, tantôt avec des pieds de bouc,
des cheveux crépus, une longue barbe, des cornes de
bouc, comme un demi-animal, tantôt comme un beau
jeune homme aux cheveux flottants, signalé seulement
par des cornes naissantes, la houlette du berger et la
syrinx. Des bas-reliefs le montrent présidant paisiblement
aux danses des nymphes, près des grottes ou des sources.
Le type élégant, préféré par les monnaies arcadiennes, fut
de plus en plus effacé par l'autre. On s'amuse à repré-
senter Pan ivre, poursuivant les nymphes, battu par les
satyres (V. ce mot). Son effigie a fourni plusieurs des
traits du diable. A. -M. B.
BiBL. : Gkbhard, Pankultus ; Brunswick, 1872. — Wel-
ZEL, De Jooe et Pane dis Arcudicis ; Breslau, 1879. —
WiESELER, De Pline et Paniscis; Gœttinguo, 1875. — Cf.
les grands traités ou lexiques de Mythologie {Y. ce mot).
PAN ABAT. Monnaie d'argent de Perse valant environ
0 fr. 50. ,
PANACÉE (Bot.). Nom donné à un grand nombre de
végétaux parmi lesquels : P. antarctique. Le tabac. —
P. BÂTARDE, p. DE BaUHIN Ct P. d'IÏERCULE. VOpopO-
naxChironiuni(Y. Opoponax). — P. de Cumo^.V Année
(V. ce mot) et V Helianlhenmm vulgare L. (V. He-
lianthemum). — P. DE Montagne. VHeracleum Panacus
L. (V. Heracleum). — P. DES CHUTES. U Amica mon-
tana L. (V. Arnica). — P. d'Esculape. Le Thapsia As-
clepium L. (V. Thapsia). — P. des fièvres quartes.
VAsarum Europœum ou Cabaret (V. Asaret). —
P. des laboureurs. Le Belonica sylvatica (V. Bétoine).
PANACÉE (Méd.). Suivant la légende, Panacée était
l'une des filles d'Esculape et de Hygie (ou selon d'autres
d'Epione), et la sœur de Machaon et de Podalire; elle
était très versée dans la médecine, comme ses frères et
sœurs, et comme elle passait pour savoir guérir toutes les
maladies, son nom fut donné à une série de remèdes in-
ternes et externes qu'on croyait capables de guérir, sinon
toutes les maladies, du moins un grand nombre d'entre
elles. Dans la médecine hermétique, c'est la pierre phi-
losophale qui fut douée de cette vertu, en même temps
qu'elle entrait dans l'élixir de longue vie et pouvait chan-
ger tous les métaux en or. Dans les temps modernes, on
a désigné sous le nom de panacées des médicaments doués
de vertus extraordinaires que le charlatanisme a souvent
exploités. En réalité, il n'existe pas de panacée. — Ga-
lion donnait le nom de panacée à une confection dont le
marrube formait la base et qui était le c5'!:lyoç. L'emplâtre
épalosique ou cicatrisant d'Andromaque était aussi une pa-
nacée ; il en est do même de VElixir de vie de Paracelse
et de Félectuaire catholicum. Au xvu^ siècle, l'alchi-
miste Borro préparait une pommade ou cera catholica.
La panacée anglaise est le carbonate de magnésie, la
panacée antimoniale le sulfure d'antimoine, la panacée
mercnrielle le calomel, la panacée de Glauber le sel
admirable (sulfate de soude), la panacée double le sel
diiobus (sulfate de potasse), etc. D'^ L. Hn.
PANACHÉ (Blas.). Un casque ou un chapeau est dit
panaché quand il est surmonté de plumes.
PANACHURE (Hortic). On nomme panachure les taches
d'une seule ou de plusieurs couleurs que présentent les
organes des plantes. Ces taches sont déformes très variées :
bandes longitudinales ou transversales, points, stries, etc.
Elles font parfois tout le mérite horticole des plantes qui
les présentent. Les organes ct plantes panachés se multi-
plient par greffage, bouturage et quelquefois par semis.
L'Erable Negondo, les Buis, Fusains, Houx, OEillets, FAu-
cuba, etc., sont souvent panachés. G. Boyer.
PANADE (Art cul.). Soupe préparée en faisant bouillir
pendant une heure, sur un feu doux, de Feau avec du
pain, du beurre et du sel. Elle est généralement destinée
à l'alimentation des enfants. On peut y ajouter, au mo-
ment de servir, du lait, des jaunes d'aufs, un peu de
sucre en poudre. Il faut veiller à ce que la panade ne
s'attache pas au fond du vase dans lequel se fait la
cuisson.
PAN>ETIUS DE Rhodes (V. Panetius).
PAN AGE (Sylvie.) C'est le parcours des porcs dans les
bois où ils se nourrissent de glands. Appli({ué modéré-
ment, le panage ou paisson ne nuit pas aux forêts si les
bois sont défensables, s'ils ne sont pas trop jeunes ; dans
le cas contraire, les forêts sont en défends et l'accès en est
interdit aux bestiaux. 0. B.
PANAI EV (Ivan-ïvanovitch) (pseudonyme : le nou-
veau poète), littérateur russe, surtout connu comme cri-
tique, né en 1812, mort en 1862. Il a aussi laissé un ro-
man : les Lions de province (Saint-Pétersbourg, 1852),
et plusieurs recueils de nouvelles, surtout des Croquis
de la vie pétersbourgeoise (Saint-Pétersbourg, 1860,
2 vol.). Il a également composé des vers. Son influence
comme critique et directeur de revue se fit surtout sentir
durant les aamèes cinquante , grâce à la revue le Contem-
porain qn il HYnitrèor^Sinisée en 1847, de concert avec le
poète Nekrassov, et dans laquelle il accueillit les dernières
productions de Bielinski, ainsi que les débuts si pleins de
promesses de Dobrolioubov. On doit à Panâiev de copieux
et intéressants Souvenirs sur la plupart des écrivains qui
ont eu un nom en Russie, entre 1840 et 1862. Œuvres
com;?/^f^5 (Saint-Pétersbourg, 1888, 2 vol., en russe).
BîBL. : Rotisshi Arhhii\ 18(i4, n"^ 5 et 0 (en russe).
PANAINOS, peintre grec du v^ siècle. F'rère et colla-
borateur de Phidias, iffut chargé par lui de la décora-
tion peinte du trône de Zeus olympien : entre les colonnes
PANAINUS — PANAMA
922
(le ce trône il représenta Hercule et Allas. Hercule et
le LiondeNémée, le Jardin des Hespérides, Thésée et
Pirithous, Hippodamie, Prométtiée, la Mort de Pan-
Ihésilée, V Attentat d'Aiax contre Cassandre, et les
ligures aliégoi'i iiios de ïllellade et de Salamine. Dans
le môme temple il avait peint plusieurs autres fresques
dont on ignore le sujet. A Elis, on lui attribuait les
peintures du bouclier d'une statue d'Athéna, oanre de
Colotès, disciple de Phidias. Mais son œuvre la plus célèbre
était la bataille de Marathon, au Piecile d'Athènes, peinte
en collaboration avec Micon. Il avait choisi le moment où
les Perses mis en déroute s'enfuyaient d'un côté vers les
vaisseaux phéniciens, et de l'autre étaient refoulés dans
les marais. On retrouve un souvenir de cette peinture dans
une frise de Djolbachi. Plusieurs des personnages étaient
des portraits, Miltiade, Cynégire, Callimaque, du côté des
(rrecs, Datis et Artapherne du côté des barbares. Mil-
(iade, indiquant du doigt les barbares, exhortait les sol-
dats. L'originalité et le mérite de Panainos et de Micon a
été d'introduire la réalité dans les sujets historiques, abor-
dés rarement jusque-là et d'une manière plutôt idéalisée.
BiiJL. : Textes, dans Overbi^ck, Die aittihen Schrifl-
qiiellen. — P. Girard, la Peinture initlque^ pp. i83 et suiv.
PANAIS {Pastinaca T.).L Botanique. — Genre d'Om-
bellifères, voisin ou simple section du genre PeucJdan
(V. ce mot), dont il se distingue par les sépales nuls ou
rudimentaires et l'absence des bractées de l'involucre et
des involucelles. L'espèce type, le P. saliva L. (Selinum
pastinaca Cr., A^ieihum Paslinara Wib.), qui est le
Panais cultivé, encore appelé liacine blanche, Pasïe-
nague, Paslenade cnltivée, Grand-Chervi, est une
herbe très aromatique, à feuilles pennatiséquées, à ileurs
jaunes, à fruit ovale avec des côtes saillantes. Le panais,
commun en Europe, sur le bord des chemins, est cultivé
dans les potagers et dans les champs. Sa racine grêle, fu-
siforme, ligneuse et acre dans la forme sylvestris, de-
vient épaisse, charnue, blanchâtre, douce et aromatique
dans la forme edulis, qui est le P. domestica Lob. Cette
racine est riche en amidon et en sucre (12 Vo), et on en
fabrique, en Irlande, une boisson fermentée. Le fruit,
aromatique et amer, est réputé excitant, diurétique, fé-
brifuge et emménagogue. Les anciens prescrivait un élec-
tuaire d.e panais aux convalescents. Les vaches qui
mangent du panais donnent une plus grande quantité de
lait. — Le P. sekakul Kuss., de l'Asie orientale, cons-
titue, dit-on, un aliment très nourrissant. C'est aussi un
aphrodisiaque très usité en Orient. — Le P. iireus Reif.
du Midi est irritant et produit des ampoules sur la peau.
On donne quelrpiefois le nom de Panais de vache à ÏHe-
racleum sphondibjnm L. (Y. Beuck).
IL Agriculture. — Le panais {pastenade, pestenwte
blanche, pastenain, carotte de mouton, etc.) fournit
une excellente racine fourragère, beaucoup plus nutritive
que celle de la betterave et presque aussi bonne que celle
de la carotte; les vaches la consomment avec avidité et
fournissent avec elle un lait abondant et savoureux, il est
bon de la leur donner surtout après cuisson; les chevaux
l'acceptent parfois, au début, avec assez de difficulté, et
il est prudent de la leur distribuer d'abord par faibles
quantités et en mélange avec des grains entiers ou con-
cassés ; le mode d'emploi est le même que pour les ca-
rottes ; les feuilles sont nourrissantes et conviennent sur-
tout pour l'alimentation des animaux (bovidés et ovidés),
à l'engraissement des vaches non laitières, des veaux et
génisses. La culture du panais occupe en France environ
13.000 hect. ; plus de 10.000 hect. lui sont consacrés
dans le Finistère; la xManche sème environ i.iOO hect.,
les Côtes-du-Xord et quelques départements du Centre et
de l'Est fournissent le surplus ; la statistique générale de
1892 accuse un rendement moyen de 18.300 kilogr. et
un produit brut de 616 fr. par hectare, supérieur ta celui
de toutes les autres cultures de racines fourragères ; il est
difficile de compi'ondre pourquoi le panais ne s'est pas ré-
pandu davantage, surtout dans le Nord-Ouest et l'Ouest,
régions à climat maritime extrêmement favorable pour sa
production ; cette dernière est d'ailleurs très facile à con-
duire et présente beaucoup d'analogie avec celle de la
carotte fourragère. Le sol doit être profond, riche en cal-
caire et un peu frais ; on l'ameublit parfaitement et on
lui donne, de très bonne heure, une forte fumure au fu-
mier de Ferme ; l'emploi des engrais liquides pendant l'hi-
ver est encore recommandable. Le semis a lieu ordinai-
rement sur un déchaumage de céréales ; on l'opère en
février ou mars suivant les régions, à la volée (8 à
10 kilogr.), ou en lignes (5 kilogr. environ) écartées de
35 à oO centim. ; la semence perd rapidement sa faculté
germinative et doit être employée en première année. La
levée est assez longue ; un premier binage est opéré aus-
sitôt après; en mai on éclaircit à 20 ou 25 centim. sur
les lignes, on continue ensuite les sarclages et les binages
suivant les besoins ; une application de nitrate de soude
en avril (150 à 200 kilogr. par hectare) est souvent utile.
Le panais est peu sensible aux gelées et peut rester pen-
dant tout l'hiver en terre, dans les terrains secs, de ma-
nière à ne le récolter qu'au fur et à mesure des besoins;
si le sol est humide ou si le climat est pluvieux, d est pré-
férable d'arracher les racines en novembre et de les con-
server en caves ou en petit silos reposant sur un lit de
paille. Les variétés de grande culture sont peu nombreuses,
les plus répandues sont : 1° Panais long commun, très
rustique, à racine longue et fusiforme, à collet atténué
ou conique, légèrement incurvé, à peau jaunâtre et sou-
vent fortement ridée, à chair blanche très savoureuse, et
à feuillage très abondant ; la sous-variété dénommée pa-
nais long amélioré de Brest est plus productive et d'ar-
rachage plus facile; 2*^ panais demi-long de Jersey ou
de Guernesey, à racine demi-longue (20 à 30 centim.),
fusiforme et très nette, à collet large et creusé légère-
ment, intermédiaire pour la précocité, la forme et le vo-
lume entre le panais long commun et le panais rond ; les
sous-variétés dites panais long on géant de Guernesey
et Sutton's Stuident (s.-var. anglaise) sont un peu plus
productives, mais réclament des sols plus légers et plus
profonds; 3^ panais rond hâtif on panais de Metz, pa-
nais royal, etc.. à racine courte et arrondie, longue de
20 centim. au plus, à collet large de 10 centim. environ
et très déprimé, plus hâtif et aussi plus rustique que le
panais commun, surtout convenable pour les sols forts. La
culture des porte-graines se fait comme pour la carotte
(sélection d'après la forme, bains de 1 ,025 à 1 ,030 de den-
sité, plantation des mères à 60 ou 65 centim. en tous
sens); les graines mûrissent vers la fin d'aoït.
IL HoRiTcuLTURE. — Le panais est un excellent légume
de printemps et d'été, très employé pour assaisonner et
aromatiser les bouillons et pour la préparation des ra-
goûts; en Thuringe, on confectionne, avec lui, une pâte
molle, sucrée et très saine que l'on consomme en guise
de confitures; on fabrique aussi du sirop de panais; enfin
le paysan irlandais prépare souvent, avec le panais et des
cônes de houblon bouilhs ensemble dans de Feau, puis
mis en fermentation, une boisson qui remplace la bière
(J. Joignaux). Le panais rond hdiif est le plus recom-
mandable pour la culture potagère, et, seul, il doit être
recherché dans les bons jardins ; il est bon d'échelonner
les semis de la fin de juillet à la fin de mai. A l'approche
des gelées on arrache une partie de la récolte que l'on
conserve en cave de façon à avoir toujours des racines à
sa disposition. J. Troude.
ni. Art culinaire (V. Navet).
PANAMA (Bois de) (Pharm.). On désigne sous ce nom
l'écorce, et non le bois, du Quillaja saponaria, arbre
du Chili appartenant à la tribu des Spiréacées (Rosacées),
Cette écorce se présente en plaques de 6 à 8 millim.
d'épaisseur, blanc sale, striées en long à la face interne.
La cassure est fibreuse, et Fécorce, quand on la brise,
laisse échapper une poussière cristalline acre. Des prin-
9-23 —
PANAMA
(•ipes immédiats spéciaux existent dans cette écorce. Ce
sont l'acide quillajique et la sapotoxine, substances don-
nartt à l'eau la propriété de fournir une mousse persistante
par agitation. L'écorce du Quillaja sert à faire une tein-
ture (au 4/5 avec l'alcool à 80 Wo), teinture qui peut être
employée pour émulsionner les substances résineuses, par
exemple le baume de Tolu. V. H.
PANAMA. Au fond de la baie du même nom, sur l'océan
Pacifique, cette ville, capitale de département, a été fondée
en ioiS par l'Espagnol don Pedro Arias Davila, au pied du
mont Ancon (:200 m. d'alt.); 30.000 liab. l'allé est entourée
de très belles forêts tropicales, interrompues par dévastes
savanes. En 1670, don A. Hernandez de Côrdobala trans-
féra sur le point où elle est actuellement (9*^ 2' lat. N.,
81*^ 50' long. 0. Paris). Elle n'a pas de port: les navires
jettent l'ancre à Gkil. au large, dans la direction du S., en
face des îles Taboga et Taboguilla. Terminus du chemin
de fer transisthmique aboutissant à Colon (Aspinwal) et
construit par les Nord- Américains. Son commerce d'ex-
portation, qui consiste surtout en caoutchouc, nacre,
perles, huile de coco, peaux de chèvre, chapeaux de
paille, etc., s'est chiffré, en 1897, par 652.887 piastres
et par 1.025.826 piastres en 1898. — Siège épiscopal,
séminaires, hôpitaux, théâtre, cathédrale, onze églises,
couvents anciens. Ch. Laroussie.
Canal de Panama. — I. Historique. — L'idée de réu-
nir l'océan Atlantique à Focéan Pacifique par un canal
cieusé à travers l'isthme américain, est ancienne. Dès
1513, Vasco Nuùez de Balboa cherchait le détroit qui,
pensait-il, devait exister à travers l'Amérique et donner
la vraie route d'Europe aux Indes. Plusieurs voyageurs,
a])rès lui, se consacrèrent à cette recherche. Après la dé-
(M)uverte de Magellan et celles des Portugais, démontrant
(|ue l'isthme américain ne possède pas de solution de con-
linuité, on abandonna ces recherches désormais sans but;
mais l'on songea presque aussitôt à pratiquer le passage
(jue la nature n'avait pas creusé, en réunissant par un
canal deux rivières allant l'une au Pacifique, l'autre à
l'Atlantique. Les Espagnols, depuis la fin du xvi^ siècle,
(h'cssèrent des plans pour la réahsation de cette œuvre.
Euiin en d8l 4, lesCortèsordonnèrent l'établissement d'un
canal interocéanique dans la dépression du Téhuantépec la
plus proche de Mexico. Mais les Espagnols perdirent la
Nouvelle-Espagne. Le Mexique, devenu indépendant, con-
tinua, mais d'une manière très théorique, à s'occuper du
percement de listhme du Téhuantépec. Par contre, des
.américains et des E^rançais cherchaient activement les
moyens pratiques de creuser le canal interocéanique. Quan-
tité de projets bien étudiés virent le jour. Nous mention-
nerons les principaux: 1843. Projet Napoléon Garella, canal
à écluses et tunnel, allant de la baie de Limon (Atlan-
tique) à la baie de Vaca de Monte (Pacifi([ue); — 1850-
51 . Projet Cbilds et Fay, canal par le Nicaragua (V. ce
mot); — 1852. Projet Trautwine, canal entre l'Atrato et
le Pacifiifue; — 1858-59. Projet Michler, canal entre la
baie de Humboldt et l'Atrato; — 1870. Projet de canal à
écluses, à la suite d'une exploration ordonnée par le gou-
vernement américain. Enfin, la question fut sérieusement
posée au congrès international des sciences géographiques,
tenu à Paris en 1875. On nomma, sous la présidence de
M. de Lesseps, un jury international chargé de désigner
le meilleur tracé, d'étudier d'aussi près que possible l'en-
treprise et d'émettre un avis motivé sur sa possibilité ou
son impossibilité. Une exploration préalable fut décidée.
Le 24 mars 1876, un comité français était constitué pour
réunir les fonds nécessaires, et à la fin de l'année, une
expédition internationale, sous la direction de Bonaparte
Wyse, commençait ses travaux sur le terrain ; elle les
mena avec une grande activité. Le 15 mai 1879 se réu-
nissait à Paris le congrès international d'études du canal
interocéanique. Il examina onze projets, dont six par
l'isthme de Panama, et émit le 29 mai le vœu suivant :
« Le congrès estime que le percement d'un canal inter-
océanique, à niveau constant, si désirable dans Tintérèt du
commerce et de la navigation est possible ; et que ce ca-
nal maritime, pour répondre aux facilités indispensables
d'accès et d'utilisation que doit offrir avant tout un pas-
sage de ce genre, devra être dirigé du golfe de Limon à
la baie de Panama ».
II. Compagnie UMVERSELLE du canal interocéanique. —
Bonaparte Wyse ayant terminé son exploration, avait ob-
tenu du gouvernement des Etats-Unis de la Colombie un
traité (28 mai 1878) lui accordant la concession d'un
canal interocéanique ; il rétrocéda cette concession à M. de
Lesseps qui venait de former une société de fondateurs et
qui en accepta les charges : savoir 5 millions en espèces à
verser au gouvernement de Colombie, plus 5 millions d'ac-
tions libérées de la future compagnie. Aux termes du traité
750.000 fr. furent immédiatement remis à la Colombie,
et une souscription pubU{|ue, au capital de 400 millions,
fut ouverte les 6 et 7 août 1879. Elle ne réussit pas du
tout, le public ne connaissait pas suffisamment l'affaire.
M. de Lesseps, avec l'activité et l'énergie qu'il avait dé-
ployées jadis à Suez, entreprit une véritable campagne de
conférences, de presse et de réclame pour attirer l'atten-
tion du public. Il partit pour l'isthme, avec une commis-
sion technique et internationale d'études. Cette commis-
sion estima cjue l'œuvre coûterait 843 millions et durerait
huit années. Un peu plus tard cette estimation fut réduite
à 500 millions. Une souscription fut ouverte sur ce chifiTre
les 7, 8 et 9 déc. 1880. Elle comprenait 590.000 actions
de 500fr. et fut couverte plusieurs fois. Le31janv. 1881,
la Compagnie du canal interocéanique de Panama était lé-
galement fondée. Le 12 mars, MM. Couvreux et Hersent
s'engageaient à organiser l'entreprise du creusement du
canal; mais comme les études préalables n'avaient pas été
poussées fort loin, ils réservaient la question des prix dé-
finitifs qui ne devaient être établis qu'après une période
d'essai et d'attaque des travaux sur plusieurs points. Dès
la fin de 1882, les résultats obtenus parurent peu encou-
rageants, et ces entrepreneurs résilièrent leur contrat,
moyennant le versement qui leur fut fait à titre transac-
tionnel d'une somme de 1.200.000 fr. Un peu aupa-
ravant la compagnie avait acheté 68.475 actions (sur
70.000) du chemin de fer de Panama à Colon, afin d'avoir
les coudées franches. Ces dépenses et les subventions à
la presse avaient absorbé le capital disponible. Il fallait
payer les intérêts dus aux actionnaires. Aussi procéda-
t-onle 7 sept. 1882 à une émission de 250.000 obligations
de500fr. qui produisit 109.375.000 fr., et_ le 3 oct.
1883 à une seconde émission de 600.000 obligations de
500 fr. au prix de 285 fr. l'une. Les travaux de terras-
sement proprement dits ne commencèi'cnt qu'en 1883.
Nous verrons comment ils furent conduits et leurs résul-
tats. Il importe auparavant de donner quelques détails sur
le projet adopté par la compagnie.
Ce projet est, sauf quel([ues détails, celui qui avait été
soumis au congrès de 1879 par MM. Wyse et Reclus. Le
tracé du canal suit sur presque toute sa longueur celui du
chemin de fer (V. le ci'oquis ci-dessous), s'en écarte une
première fois entre Gatun et Bohio-Soldado, afin d'éviter
les hauteurs de Lion-Hill et de Tiger-iïill ; une seconde
fois à Corrozal vers son débouc lié dans le Pacifique. La
longueur totale est de 74 kil. ; la largeur au plafond, 22 m. ;
un garage de 5 kil. de long, sur 60 m. de large était prévu
dans la plaine de Tavernilla, entre les kil. 28 et 33.
D'autre part, le tracé coupe le chemin de fer une première
fois à San Pablo, et une seconde fois au pied de la Culc-
bra. Le canal était projeté à niveau afin de se conformer
à la décision du congrès de 1879; le plan d'eau était éta-
bh au niveau moyen de l'Atlantique dont les marées ne
sont à Colon que de 40 à 50 centim. Une écluse était
prévue à Corrozal (débouché dans le Pacifique) pour em-
pêcher les marées (6 m.) de pénétrer dans le canal. De
Colon à Matachin, le terrain s'élève de 0 à 23 m. ; à par-
tir de Matachin 'd montejusqu'à 70 m. au pied du massif
PANAMA — 924
de la Culebra, pour sauter ensuite à 101 et redescendre
assez abruptement jusqu'au Pacifique. Deux grands ports
étaient prévus : l'un à Colon, l'autre à Panama. Une des
grandes difficultés était la dérivation des cours d'eau cou-
pés par le tracé du canal, notamment le Chagres, qu'on
devait barrer par un grand barrage de 53 m. de haut et
de 600 m. de large. Le cube total des terrassements fut
évalué à 120 millions de m.
On commença par exécuter un grand terre-plein sur le
S. de l'île Manzanillo devant l'entrée du canal. Ce terre-
plein se couvrit d'une véritable ville, Cliristopbe-Colomb,
où furent installés tous les logements, bureaux, magasins
et ateliers de la compagnie du côté de Colon. Des wharfs
et des appontements furent construits pour faciliter le dé-
chargement des navires, et des voies ferrées, raccordées
avec le chemin de fer de Panama, desservirent tous ces
établissements. Les tracés du canal furent reportés sur le
terrain, déboisés et débroussaillés. Deux hôpitaux furent
installés, l'un à Colon, l'autre à Panama; un sanatorium
destiné à recevoir les convalescents fut installé dans l'île de
Tracé du raiial interocéanique de l isthme de Panama.
Toboga, dans le Pacifique. Des ateliers et magasins furent
élevés à Colon, à Matachin et à la Bocca, sans compter ceux
de moindre importance répartis sur toute la ligne ; des
bureaux et logements d'employés et d'ouvriers furent cons-
truits sur toutes les sections. On acquit un outillage con-
sidérable et perfectionné, notamment 7 grandes dragues
américaines, 3 puissantes dragues marines, 10 clapets à
vapeur, i débarquements flottables, des excavateurs, des
locomotives, des wagons (4.700), des wagonnets Decau-
ville (7.000), des pompes d'épuisement, des appareils de
chargement et de déchargement, etc.
De 1883 à 1885 les travaux de déblais furent morcelés
entre un certain nombre d'entreprises, travaillant d'une
façon indépendante les unes des autres, et qui échelon-
nèrent des chantiers sur toute la longueur du canal. Ces
travaux avancèrent avec une grande lenteur, encore la Com-
Profil suivant l'axe du canal montrant l'état des travaux (1898). I.a partie hachée indifiue le massiC restant à enlever.
(L"échelle des hauteurs est égale à 100 l'ois celle des longueurs).
pagnie avait-elle été obligée de fournir le matériel. De
plus, le contrôle était mal fait et l'argent fut gaspillé. En
oct. 1885, on avait enlevé de 16 à 17 millions de m. c,
dont 12 seulement afférents au canal : on avait, par contre,
créé des routes inutiles, installé des écuries luxueuses,
des fermes, des jardins, des habitations de plaisance pour
le directeur et le haut personnel. La compagnie, acculée
à une situation déjà presque désespérée, appela 125 fr.
sur les actions et émit un nouvel emprunt de 144 miUions
331.713 fr. 80. Elle renonça au système des petites en-
treprises dont les résultats étaient ruineux et elle partagea
le canal en cinq grandes divisions dont chacune fut confiée
à une ou deux entreprises générales. Chacune des entre-
prises générales prenait l'engagement de mener à bonne
fin, dans les limites de la division qui lui était attribuée,
l'achèvement de tous les travaux nécessaires pour la cons-
truction du canal à niveau; pour cela, elle se chargeait,
à des prix fixés par les contrats, des installations prévues,
du transport par mer et par terre, du montage et de la
mise en œuvre du matériel, de la construction des bâti-
ments, du recrutement des ouvriers, en un mot de tous les
travaux, travaux de terrassement ou travaux accessoires.
La compagnie n'intervenait que pour en surveiller et en
contrôler l'exécution, i^ l' American contracting and dred-
ging C*^ devait extraire 14.500.000 m. c, dans un délai
de 39 mois ; 2*^ l'entreprise Vignaud, Barbaud et Blan-
leuil devait exécuter 12 millions de m. c. de dragage et
8 millions de m. c. de déblais à sec ; elle devait travailler
dans la vallée du Chagres dans des conditions assez pé-
nibles; 3^ la Société de travaux publics et constructions
était chargée d'extraire 29 millions de m. c. de déblais et
faire en outre le barrage du Chagres et le commencement
de sa dérivation ; 4« l'entreprise Cutbill et de Longo de-
vait enlever 20 milhons de m. c. du massif de la Cidebra;
5*^ l'entreprise Baratoux, LeteUier et Lillaz devait exécuter
7 millions de m. c. de déblais à sec pour l'ouverture du
canal et 3 milhons de m. c. de dragages dans la baie de
Panama ; 6° la Franco American trading C° devait enlever
6 millions de m. c. dans la basse vallée du Rio Grande.
Seulement avec ce système, les dépenses devaient s'élever
à 1.200 millions. M. de Lesseps demanda au gouverne-
ment l'autorisation d'émettre 600 milhons de valeurs à
lots (27 mai 1885) et fit appuyer cette demande par un
vaste pétitionnement des actionnaires et obligataires à la
Chambre des députés. Le Conseil des ministres, avant de
prendre une décision, chargea un ingénieur en chef des
ponts et chaussées, M. Armand Rousseau, de se rendre
dans l'isthme afin de juger sur place de la situation des
travaux (24 déc). Le '30 avr. 1886, M. Rousseau remet-
tait un rapport où il admettait la possibilité de mener à
bien le percement de l'isthme de Panama, mais oii il fai-
sait de sérieuses réserves sur la manière dont les travaux
925
PANAMA
avaient été conduits et sur Testimation des dépenses que
leur entière réalisation devait entraîner et qui, d'après lui,
devaient dépasser intiniment les devis de la compagnie. Le
projet de loi fut néanmoins déposé le 17 juin : mal accueilli
par la commission chargée de l'examiner, il fut retiré le
10 juil. M. de Lesseps, passant outre, fit l'appel du quatrième
quart sur les actions et résolut de lancer successivement
trois émissions d'obligations, dites nouvelles, qui devaient
donner 606 millions. Les résultats furent loin de compte.
La première émission ne produisit que 206.460.900 fr. et
ses frais dépassèrent 11 millions. La deuxième aboutit à un
échec. Sur 500.000 obligations offertes, il n'en fut sous-
crit que 258.887, soit 113.910.280 fr., avec plus de
7.600.000 fr. de frais. On fut bien obligé d'en revenir,
pour tenter le public, à la conception des valeurs à lot.
Une demande en ce sens fut adressée à M. Rouvier, mi-
nistre des finances, le 15 nov. 1887 : il s'agissait d'em-
prunter 565 millions; 265 miUions restant sur les 600
prévus en 1885, et 300 miUions à prévoir pour les dé-
penses nécessaires jusqu'en 1890. Le ministre des finances
ne répondit pas à la demande de M. de Lesseps qui, pour
appuyer ses vues et frapper un grand coup sur l'esprit
public, signait, le 10 déc.,un traité avec M. Eiifel. C'était
une nouvelle modification aux plans de la compagnie. On
avait reconnu, après avis des plus hautes autorités, que
le canal à niveau était une utopie. On en venait au sys-
tème à écluses, et M. Eiifel se chargeait de tous les tra-
vaux nécessaires pour leur construction. Les terrassements
et fournitures métalliques devaient être payés sur série
de prix. Les travaux accessoires furent prévus, limités et
estimés sur devis. Le nombre d'écluses était fixé à dix et
l'estimation des dépenses que leur construction entraîne-
rait s'élevait à 132.502.885 fr. Le concours du grand
constructeur n'avait d'ailleurs été acquis qu'au prix de sa-
crifices onéreux : non seulement il avait fallu lui accor-
der des conditions extraordinaires (33 millions), mais on
avait dû payer des indemnités considérables aux précédents
entrepreneurs (soit 12 millions environ). Le lijanv. 1888,
M. de Lesseps renouvelait auprès de M. Tirard, qui avait
remplacé M. Rouvier au ministère des finances, sa de-
mande d'autorisation pour l'émission des valeurs à lots.
Le 20, M. Tirard la rejetait nettement. La compagnie or-
ganisa alors un nouveau pétitionnement et recueillit
158.287 signatures, et le 1^^ mars plusieurs députés,
MM. iVIfred Michel et Levrey en tète, prenaient l'initia-
tive d'une proposition « tendant à autoriser la Compagnie
du canal interocéanique de Panama à émettre en France
de titres remboursables avec lots ». Prise en considéra-
tion le 26 mars, cette proposition était adoptée par la
Chambre le 28 avr., par le Sénat le 4 juin; et la loi pro-
mulguée le 9 juin. La compagnie était autorisée à emprun-
ter 600 miUions; le service des lots et le remboursement
des obligations en 99 ans devait être assuré par un dépôt
suffisant, avec aftectation spéciale, de rentes françaises ou
des titres garantis par le gouvernement français. L'émis-
sion annoncée pour le 26 juin comprenait 2 mihions d'obfi-
gations à 360 fr. = 720 millions, dont 600 millions affec-
tés à l'emprunt projeté et 120 miUions à l'acquisition de
rentes devant former le fonds de garantie. Malgré des sa-
crifices énormes (plus de 31 millions) et une extraordi-
naire campagne de presse, qui coûta à elle seule plus de
7 millions, l'émission échoua. Sur les 2 millions d'obliga-
tions 849.249 seulement furent souscrites, représentant
223.347.816 fr. C'était insuffisant. On fit un nouvel effort
et le 12 déc. on lançait une émission désespérée des litres
non placés en déclarant que si la souscription n'atteignait
pas un minimum de 400.000 titres elle serait annulée.
Elle échoua encore. C'était la débâcle. Le gouvernement
consentit encore à présenter un projet de loi ayant pour
objet de proroger à trois mois le paiement des sommes
dues par la compagnie (14 déc), mais le 15 la Chambre
refusa de passer à la discussion des articles. La compagnie
suspendit ses paiements. Le président du tribunal civil de
la Seine désigna trois administrateurs provisoires, MM. De-
normandie, Baudelot et Hue qui firent, en vain, les plus
grands efforts pour continuer les travaux et éviter un dé-
sastre. Le 4 févr. 1889 le tribunal civil de la Seine pro-
nonçait la dissolution de la compagnie et nommait un liqui-
dateur, M. Brunet, auquel fut adjoint le 13 févr. 1890
M. Monchicourt, qui demeura seul liquidateur le 8 mars
suivant. M. Brunet envoya dans l'isthme une commission
d'études qui déclara le 5 mai 1890 qu'il était possible
d'achever le canal en huit ans ; que le matériel était dans
un état satisfaisant ; qu'il faudrait 900 millions pour ter-
miner les travaux. Le liquidateur résilia la plupart des trai-
tés onéreux passés par la compagnie, et fit restituer 3 mil-
hons par M. Eiffel. Cependant les actionnaires et obligataires
ruinés s'étaient ligués et avaient déposé le 28 mars 1888
une plainte entre les mains du procureur général. Cette
plainte étant demeurée sans résultats, les intéressés pré-
sentèrent une pétition à la Chambre. L'affaire entra alors
dans une phase à la fois parlementaire et judiciah'e dont
nous exposons ci-après les incidents les plus marquants et
les plus caractéristiques ; il convient, pour éviter toute con-
fusion, de terminer d'abord l'histoire du canal. M. Eiffel
avait rempli les engagements de son contrat, en ce qui
concerne les installations et le matériel nécessaire pour la
construction des écluses, mais au moment où les travaux
furent suspendus, il avait à peine commencé les déblais.
En sorte que le canal interocéanique était, lorsqu'il fut
abandonné, à peine ébauché et présentait l'aspect chaotique
de terres remuées et creusées sans plan apparent. Quelques
tentatives furent faites pour reconstituer la Société et re-
prendre les travaux. M. de Lesseps, lui-même, tenta une
émission de 30 jnillions d'actions qui échoua piteuse-
ment le 2 févr. 1889. Les liquidateurs, surtout M. Mon-
chicourt, firent leur possible. Le l^'\juil. 1893,1e Parle-
ment vota une loi dans le but de faciliter la liquidation de
la compagnie en permettant aux obligataires d'exercer,
sans frais et par l'intermédiaire d'un mandataire spécial,
toutes actions en restitution ou en responsabilité contre
qui de droit. Ce mandataire, M. Lemarqiiis (4 juil. 1893)
et M. Cautron, coHquidateur (21 juil.), essayèrent de cons-
tituer une « Société d'achèvement ». Le capital fut fixé
à 60 miUions. 31 millions 800.000 fr, purent être four-
nis par les anciens syndicataires, les anciens administra-
teurs de la compagnie, le Crédit lyonnais, la Société gé-
nérale, le Crédit industriel, M. Eiffel et quebjues-uns des
gros entrepreneurs, à titre transactionnel relativement aux
reprises qui pouvaient être exécutées contre eux, savoir:
Crédit lyonnais, Société générale et Crédit industriel,
10 milhons; M. Eiifel, 10 miUions; les administrateurs,
8 millions ; M. Hugo Oberndtrrffer et divers, 3 millions
800.000 fr. On ouvrit le 22 sept. d894 une souscription à
300.000 actions nouvelles dont 34.843 seulement furent
souscrites. L'écart de 16 miUions dut être comblé par la liqui-
dation. Le 21 oct 1894, cette Société, sous le nom de
« Compagnie nouvelle du Canal de Panama », était constituée
au capital de 65 miUions, divisé en 650.000 actions, dont
50. OÙO entièrement libérées devaient être remises au gouver-
nement de Colombie. En effet, le 10 déc. 1890, ce gouverne-
ment avait prolongé de dix années sa concession primitive,
et cette prolongation devait être caduque si une compagnie
n'avait pas repris les travaux d'une manière sérieuse et
permanente avant le 28 févr. 1893; délai prolongé à son
tour jusqu'au 31 oct. 1894 : il devait recevoir en plus
8 millions et les frais d'entretien de la force armée néces-
saire à la surveillance et à la sécurité du canal. Malgré des
prolongations ultérieures, la Société, incapable de trouver
les fonds considérables nécessaires à une reprise sérieuse,
puis à l'achèvement des travaux, se borna à entretenir,
tant bien que mal, le matériel existant dans l'isthme, ou-
vrit un chantier de 3.500 ouvriers à La Culebra et cons-
truisit un vharff à La Bocca. Le gouvernement américain
ayant décidé de construire lui-même un canal interocéa-
nique par le Nicaragua (V. ce mot), les représentants de
PANAMA
9-26
: 477.387 obligations de 500 fr.
i.o8.802 oblicralioiis de 1.000 fr.
la Société offrirent, à la fnidefévr. 1899, de lui vendre un
droit de contrôle sur la navigation du canal de Panama, et
s'engagèrent à l'achever en dix années. Si les Etats-Unis
acceptent ces propositions, il est possible que l'affaire entre
dans une phase nouvelle : mais il faudra toujours trouver
l'argent nécessaire, et le public français est peu disposé
à le fournir.
Il nous reste à donner quel([ues brefs détails sur les
émissions de la compagnie, sur les sommes qu'elle a en-
caissées et sur celles qu'elle a dépensées et enfin, en ce qui
concerne ces dépenses, à faire le départ entre les sommes
qui ont été réellement consacrées à la construction du ca-
nal et celles (\m ont reçu d'autres emplois. Le rapproche-
ment de ces divers chiffres sera par lui-même assez élo-
quent pour nous dispenser d'une crititpie qui n'égalerait
pas, en sévérité, la constatai ion pure et simple des faits.
La compagnie a émis :
600.000 actions de 500 fr. au porteur = 300 millions;
Le 7 sept. 188| : ^250.000 obligations de 500 fr. 5 «^
émises à 437 fr. 50 ;
Le 3 oct. 1883 : 600.000 obligations de 300 fr. 3 «/o
émises à 285 fr. ;
Le '^^ oct. 188i
émises à 333 fr. ;
Le 3 août 1886
émises à 450 fr. ;
Le26 juil. 1887 : 258.887 obligations de 1.000 fr. 6 <\ ^
émises à 440 fr. ;
Le 14 mars 1888 : 89.802 obligations de 1 .000 fr. 6 «/o
émises à 460 fr. :
Le 26 juin 1888 : 2.000.000 d'obligations à lots émises
à 360 fr. ;
Soit le chiffre formidalde de 4.734.(S78 titres d'une
valeur nominale de 2.371.184.500 fr. Il faut y ajouter
9.000 parts de fondateurs et 513.486 bons à lots émis
en 1889 à 105 fr. par la liquidation.
Les actions ont atteint en 1885 (avant les révélations
du rapport Rousseau) le cours de 495 fr. ; elles valent (en
mars 1899) 20 fr. ;
Les parts de fondateur ont atteint en 1887 le cours
de 2.415 fr. ; elles valent iid.) 220 fr. ;
Les obhgations 1882 ont atteint en 1885 le cours de
412 fr. ; elles valent (id.) 40 fr. ;
Les obligations 1883 ont atteint en 1885 le cours de
245 fr. ; elles valent (id.) 31 fr. ;
Les obligations 1885 ont atteint en 1885 le cours de
312 fr. ; elles valent (id.) 31 fr. ;
Les obligations 1886 ont atteint en 1886 le cours de
465 fr. ; elles valent (id.) 46 fr. ;
Les obligations 1887 ont atteint en 1888 le cour» de
441 fr. ; elles valent (kl) 42 fr. ;
Les obligations 1888 ont atteint en 1890 le cours de
138 fr. ; elles valent (id.) 114 fr. ;
Les obhgations à lots ont atteint en 1888 le coui's de
332 fr. ; elles valent (id.) : l*^ libérées depuis la répar-
tition, 115 fr.; 2« 160 fr. j)ayés, 300 fr. ; 3« 110 fr.
payés, 355 fr. ;
Les bons 1889 ont atteint en 1889 le cours de 90 i'r. ;
ils valent (id.) 112 fr.
Les obligations 1888 avaient subi un prélèvement au
profit d'une société civile fondée le 3 mars et qui employa
ce prélèvement à constituer le capital d'amortissement' à
1.000 fr. en 99 ans de toutes les obligations souscrites,
par des placements en rentes françaises 3 "/q.
Il en fut de même des obligations à lots sur lespieUes
un prélèvement de 60 fr. par chacjuc titre émis servit à
constituer des dépots de rentes françaises ou de valeurs
garanties par le gouvernement, dépôts servant de garantie
au remboursement en 99 ans du capital de ces obligations
et des lots attachés au remboursement, llnim ces mêmes
avantages furent assurés aux bons à lots J889 par la loi
du 15 juil. Ces trois sortes de titres ont doac échappé, pour
ces motifs, à la débâcle totale qui a frappé tous les autres.
Les émissions divei'ses ont apporté à la
sommes ci-après :
1° 1880 1^^" quart versé par les action-
naires sur 590.000 actions : égale
2° 1882, 2« quart —
30 1882, obligations
4« 1883. "—
5« 1884, —
6« 1885, reliquat des oblig. 1884
non placées
7-^ 1886, reliquat des obhg. 1884
non placées.
8« 1886, 3" et 4^ quarts sur les
actions
9« 1886. obhgations
10*^ 1886, oblig. dites nouveUes,
1 ^'^ série
Id^ 1887, oblig. dites nouvelles,
2^ série
12^ 1888, oblig. dites nouveUes,
3*^ série.
13*^ 1888, obhgations à lots
Total
compagnie les
Francs
73.500.000
- 73.500 000
- 109.375.000
- 171.000.000
- 105.975.585
7.029.335
- 12.845.754
- 157.000.000
- 19.340.093
- 206.460.900
- 113.910.280
- 35.031.930
- 305.629.640
1.390.599.517
Mais elle dut payer pour frais d'émissions (syndicats,
bénéficiaires d'options, commissions de placement, alloca-
tions diverses) :
l'^rancs
1^,2'^ et 8*^
sur les
actions
Syndical li-an-
çais
Syndicat amé-
ricain. . . .
Commissions.
11.800.000
3*^ Obliga-f Syndicat. .
tions
1882
Options
Commissions.
12.000.000
4.224.958
5.000.000
2.000.000
927 . 282
sur les({uels 3.900.000 ïv. revim'ent à
un syndicat organisé par M. Lévy-Crémieux
et 1.100.006 fr. à ce dernier pour
rémunérer son (-oncours.
Svndicat.
Francs
28.024.958
7.927.282
4« Obliga-i
lions <
1883 (
Ôbiiu-a- )
lions t 0/0)
188t-188(J (
3.000.000
Options..... 3.598.300
Commissions. 1 . 690 . 1 85
Syndicat ....
Options
Commissions.
2.250.000
1 .663.555
3.110.132
8.288.^85
7.021.687
10*^ Oblig.^ Syndicat 5.336. 412 J
1886 ( Commissions. 2.803.671 S
sur lesquels 2.567.817 fr. passèrent en
frais de publicité et 40.000 fr. à M. de
Reinach.
11° Oblig. { Syndical .... 3 . 205 . 354
1887 \ Commissions. 6.365.630
dont 2.361.006 fr. pour frais de publicité.
12<^ Oblig. J Syndicat. . . . 1 . 175.166
1888 i Commissions. 557.549
avec, en plus, 2.474.637 fr. de pubhcité.
i3^0blig.j Svndicat.... 11.000 000 /
à lots' i Commissions. 12.490.000 )
ToTA[ 94.198.194
C'est pour cette dernière émission désespérée (jue la
compagnie fit le plus de sacrifices. Non seulement oii or-
ganisa un vaste syndicat, mais on s'assura le concours des
principaux établissements financiers, Société généi-ale et
Crédit lyonnais, auxquels on donna 4 millions pour leur
concours, plus une part de 2.046.000 fr. dans le syn-iical.
De plus, M. de Reinach, très répandu dans le monde (iuan-
cier, reçut pour ses soins ^.940. '575 fr., et un ban [uiei*,
.140.083
9.570.984
1.732.715
23.490.000
9^27
PANAMA
M. Hugo Obernd(crffer, reçut pour agir sur la coulisse
3.877.392 fr. Enfin on distribua à toute personne capable
de faire de la publicité à l'emprunt ou à toute personne
menaçant de le décrier, des sommes plus ou moins im-
portantes, sous forme de bons anonymes.
On dépensa d'autre part, pour le payement des intérêts
sur les actions et obligations, charges diverses des titres,
amortissements 249.568.055 fr. Les frais d'administra-
tion s'élevèrent à Paris à 15.604.400 fr., et dans l'isthme
à 85.387.082, soit 100.991.482 fr., sur lesquels le con-
seil d'administration préleva 1.880.000 fr. ; M. de Les-
seps 968.749 fr., le comité américain 1.581.257 fr. ;les
frais de représentation 228. 11 3 fr.,le personnel (à Paris),
4.309.300 fr., les frais de bureaux 1.210.979 fr. ; le
personnel (dans l'isthme) i0.9l9.66i fr. ; les hôpitaux
578.947 fr. L'hôtel de la Compagnie à Paris et son mo-
bilier avaient coûté 2.037.965 fr. ; les immeubles, ter-
rains, constructions acqu's et édifiés dans l'isthme pour
les besoins des employés et du haut personnel avaient
coûté 28.934.118 fr., etc.
Enfin les dépenses réellement faites pour le canal sojit:
10.941.000 fr. (pour achat de la concession, avances au
gouvernement de Colombie, etc.), 578.923.523 fr. pour
travaux de construction du canal (dont 443.083.135 fr. pour
travaux et accessoires payés aux entrepreneurs et tâche-
rons, et 19.337.508 fr. pour matériel et bâtiments), soit
389.864.523 fr. auxquels il faut ajouter une dépense utile
et profitable, l'achat des actions du chemin de fer de Pa-
nama à Colon, 93.268.186 fr. La Compagnie de Panama a
donc gaspillé à peu près 700 mihions. Au point de vue
financier, cette entreprise colossale a abouti à un désastre ;
au point de vue purement technique, elle a été, selon le
mot de M. Armand Rousseau, « une grande bataille
perdue ».
liï. Le Panama. La Justice et le Parlement. — La
singulière gestion de la compagnie, les allégations fausses
qu'elle avait soutenues pour attirer des souscripteurs à ses
multiples émissions, les révélations contenues dans le bi-
lan qu'elle avait dû déposer, avaient excité l'indignation
des actionnaires et ol)ligataires indignement frustrés. Dès le
28 mars 1889, ils déposaient entre les mains du procureur
général une plainte contre les administrateui'S. 11 y en eut
d'autres qui, comme la première, demeurèrent sans résul-
tat. Les porteurs de titres procédèrent alors par voie de
pétitionnement à la Chambre. Rapportées dans la séance
du 21 juin 1890, les pétitions furent renvoyées au ministre
de la justice, par l'Assemblée qui manifesta la volonté que
les responsabilités encourues dans l'affaire fussent déga-
gées, et que des poursuites fussent ordonnées s'il y avait
lieu, lui conséquence, le il juil. 1891, M. Quesnay de
Beaurcpaire, procureur général, adressait au premier pré-
sident près la cour d'appel de Paris un réquisitoire pour
informer contre MM. de Lesseps, Fontane et Cottu, pré-
sident et membres du conseil d'administration de la (Com-
pagnie de Panama. 31. Prinet, conseillera la cour d'appel,
fut chargé de l'information et commença dès le 22 juin son
enquête qui ne devait aboutir qu'au bout de dix-sept mois.
Impatiente de ces lenteurs, là Chambre, à propos du rap-
port de nouvelles pétitions, votait le 5janv. 1892, à l'una-
nimité de 509 votants, l'ordre du jour suivant: « La
Chambre, désirant qu'une répression énergique et rapide
ait lieu contre tous ceux qui ont encouru des responsabi-
lités dans l'affaire du Panama, invite le gouvernement à
activer les poursuites commencées. » Au moment où l'in-
formation allait être close, la Libre Parole (sept. 1892),
pubha une série d'articles sous la rubrique, « les Dessous
du Panama », accusant nettement un certain nombre
d'hommes politiques d'avoir trafiqué de leurs mandats lors
du vote de la loi de 1888 autorisant l'émission des oMi-
gations à lots. M. Prinet ouvrit une information supplé-
mentaire qui démontra d'étranges agissements de la part
du baron de Reinach contre lequel if décerna une commis-
sion rogatoire l'invitant à faire justification de 3.015.000 fr.
qu'il avait reçus de la compagnie, soi-disant pour frais de
publicité (5 nov. 1892). Cette commission fut exécutée
seulement le 8 nov. ; elle aboutit à la constatation de l'ab-
sence du baron de Reinach. Aussi le 10 nov. trois de-
mandes d'interpellation étaient adressées à la Chambre.
Elles vinreut à l'ordre du jour le 19 et furent renvoyées
au 21, le garde des sceaux (M. Ricard), ayant déclaré que
les citations allaient être délivrées aux prévenus. Or, dans
la nuit du 19 au 20, le baron de Reinach fut trouvé mort
dans son lit. Dans la matinée du 21, MM. Ferdinand de
Lesseps, Marins Fontane, Cottu et Eiffel étaient cités de-
vant la première chambre de la cour d'appel jugeant cor-
rectionnellement. La séance du 21 à la Chambre fut mou-
vementée. M. Delahaye accusa le baron de Reinach d'avoir
reçu 5 millions de la compagnie pour acheter les cons-
ciences qui étaient à vendre ; 3 millions avaient été dis-
tribués à plus de 150 membres du Parlement, 400. OJOfr.
à un ancien ministre, 200.000 fr. à un membre de hi
commission chargée d'examiner la loi sur les émissions
des obligations à lots, etc. Aussi l'Assemblée entière dé-
cida-t-elle une enquête, qui fut sollicitée également par
le président du Conseil, M. Loubet. La résolution suivante
fut adoptée : « Une commission d'enquête sera nommée par
la Chambre des députés avec les pouvoirs les plus étendus,
à l'effet de faire la lumière sur les allégations portées à
la tribune à l'occasion des affaires du canal de Panama ».
Cette commission de 33 membres fut nommée au scrutin
de liste en séance publique les 22 et 23 nov. M. Brisson
en fut élu président; M. Pourquery de Boisserin déposa une
proposition de loi ayant pour effet de conférer à la commis-
sion tous les pouvoirs résultant du code d'instruction cri-
minelle pour la constatation des crimes ou des délits ; eHe
fut repoussée le 15 déc. par 271 voix contre 265. La
mort inattendue du baron de Reinach avait stupéfié tout le
monde. Le 25 nov., la commission d'enquête intervient et
demande au garde des sceaux si les mesures on t été prises pour
saisir les livres et papiers du défunt, et elle réclame l'exhuma-
tion et l'autopsie du baron de Reinach, afin d'établir s'il est ou
non mort de mort violente. Le 26, le gouvernement répond
à la coniiiiission que légalement il n'a pas à intervenir au
sujet de l'autopsie du défunt qui ne concerne (juo la h-
mille. Là-dessus, interpellation à la Chambre le 28 nov.
et adoption par 374 voix contre 1 de l'ordre du jour sui-
vant : « La Chambre, s'associant au désir de la commis-
sion d'enquête pour faire la lumière sur les affaires du
Panama, passe à l'ordre du jour ». Le ministère Loubet,
qui avait réclamé l'ordre du jour pur et simple (rejeté
par 293 voix contre 195) se retire. H est remplacé (6 déc.)
par le cabinet Ribot dont font partie d'ailleurs pres(jiie
tous les membres du cabinet précédent, y compris M. Lou-
bet. Aussitôt (8 déc), le nouveau ministère est interpellé
« sur les conditions dans les({uellcs il entend prêter son
concours à la commission d'ejii}nête ». Le garde des sceaux
(M. Bourgeois) déclare que le gouvernement accorde à la
commission l'autopsie du corps du baron de Reinach, la
saisie et l'examen de ses papiers, et la communication du
dossier de l'instruction judiciaire qui se poursuivait paral-
lèlement à l'enquête parlementaire. Le procureur générai,
M. Quesnay de Beaurepaire, ([ui s'était opposé catégori-
quement à ces trois mesures, fut nommé président d*'
chambre à la cour de cassation. Le 10 déc, le co)-ps du
baron de Reinach fut exhumé par M. Brouardel qui cons-
tata son identité, mais ne put établir, vu l'état de décom-
position des viscères, s'il y avait eu ou non empoisonne-
ment. Le 12, le Figaro accuse le ministre des finances
(M. Rouvier) d'aveir eu des entrevues compromettanles
avec le baron de Reinach. M. Rouvier démissionne, et cette
démission provoque ime nouvelle interpellation (13 déc)
très violente, à la suite de laquelle le cabinet accepte la
démission de M. Rouvier. Le 15, le garde des sceaux
donne ordre au procureur général d'informer pour coi'-
ruption de fonctionnaires publics; le 16, M. Franqueviîie,
charité de l'instruction, décerne des mandats d'arrêts cojilre
PANAMA
— 928
MM. Cil. de Lesseps, Marius Foatane, PïenriCottii, admi-
nistrateurs du Panama, et Sans-Leroy, ancien député. Des
saisies sont opérées au siège de la compagnie, à la banque
Thévenet et chez M. Cornélius Herz. Les découvertes qui
sont faites amènent le gouvernement à déposer le 20 déc.
deux demandes en autorisation de poursuites, l'une à la
Chambre contre MM. Rouvier, Jules Roche, Antonin Proust,
Emmanuel Arène, Dugué de la Fauconnerie ; l'autre au
Sénat contre MM. Albert Grévy, Léon Renault, PaulDevès,
Béral et Thévenet. Ces poursuites sont autoiisées à la
Chambre le 20 déc, au Sénat le 23. Le 20 déc, Paul De-
roulède interpelle « sur les mesures à prendre par le grand
chancelier de la Légion d'honneur contre M. Cornélius
Herz, grand officier de l'ordre ». M. Clemenceau, violemment
pris à partie par l'interpeliateur, a le 22 déc un duel
avec lui, dans lequel six balles sont échangées sans résul-
tat. D'autre part, l'instruction du procès avait mis en
lumière ce fait que la Compagnie de Panama avait versé
des sommes considérables à un certain nombre de jour-
naux, et que MM. Rouvier et Floquct avaient surveillé la
répartition de ces fonds de manière à s'en servir comme
d'une arme de combat contre le boulangisme aux élec-
tions de 4888 et 1889. Interpellation sur ces faits à
la Chambre (23 déc), qui continue à voter en faveur du
gouvernement. Des perquisitions opérées au Crédit lyon-
nais font découvrir des faits importants qui nécessiteiit
l'arrestation du fondé de pouvoir M. P>londin et celle de
M. Baihaut (9janv. 1893), qui, en qualité demi)iistre des
travaux publics, avait déposé le projet de loi relatif à l'émis-
sion des obhgations à lots de 1886, et avait exigé pour
cette complaisance 375.000 fr. MM. Loubet et de Frey-
cinet, las des attaques de presse dirigées contre eux sans
motifs, voulurent se retirer du ministère qui démissionna
collectivement le 10 janv. et fut remplacé le il par le
second ministère Ribot. Le 20 janv., Cornélius Herz, qui
avait joué le rôle le plus néfaste dans toute l'aifaire du
Panama, était arrêté à l'hôtel Tankerville à Bournemouth
(v^ngleterre), sous l'inculpation de complicité d'escroque-
rie et d'abus de confiance. Le 27, il était rayé des cadres
de Ja Légion d'honneur pour faits portant atteinte à l'hon-
neur, pour manœuvres et pression violente et faits de
chantage, dans le but d'arracher à M. de Reinach le paye-
ment de plus de 2 millions appartenant à la Compagnie
de Panama. Le 9 févr., la cour d'appel de Paris rendait
enfm son arrêt. MM. Ferdinand et Charles de Lesseps étaient
condamnés à cinq ans de prison et 3.000 fr. d'amende
pour manœuvres frauduleuses, escroquerie, abus de con-
fiance ; MM. Marins Fontane et Cottu à deux ans de pi'ison
et 3.000 fr. d'amende pour manœuvres frauduleuses, es-
croquerie et abus de confiance ; M. Eiffel à deux ans de
prison et 20.000 fv. d'amende pour abus de confiance et
détournements s"'élevaiit à plusieurs millions.
Le lo juin 1893, cet arrêt était cassépar la cour de
cassation pour vice de forme, un délai de plus de trois ans
s'étant écoulé depuis le ii) déc 1888, jour où les admi-
nistrateurs du Panama furent remplacés dans leurs fonc-
tions par des administrateurs provisoires, jusqu'au 21 nov.
1892, date de leur citation en justice. Les prévenus furent
mis en l-iberté. D'autre part, le 28 janv. 1893, M. Fran-
queville avait renvoyé devant la Chambre des mises en
accusation : MM. Ch. de Lesseps, Cottu, Fontane, Rou-
vier, Antonin Proust, Dugué de la Fauconnerie, Baihaut,
Paul Devès, Léon Renault, xilbert Grévy, Béral, Blondin,
sous le chef de corruption et de complicité de corruption.
MM. Thévenet, Jules Roche, Emm. Ai'ène avaient bénéfi-
cié d'un non-heu. Le 7 févr., la chambre des mises en
accusation mit hors de cause MM. Cottu, Albert Grévy,
Léon Renault, Paul Devès et Rouvier et renvoya devant
la cour d'assises de la Seine MM. Ch. de Lesseps, Fon-
tane, Blondin, Baihaut, Sans-Leroy, Gobron, Béral, Proust,
Dugué de la Fauconnerie et Arton. Ce dernier, l'agent le
plus actif de la corruption parlementaire, était en fuite de-
puis le début des poursuites. Malgré des recherches per-
sistantes, la police n'avait pu le découvrir, et on répétait
couramment qu'elle avait reçu l'ordre de ne pas le saisir.
Le 8 févr., interpellation à la Chambre « sur la question
de savoir si, après épuisement des juridictions ordi-
naires, aucun jugement n'ayant été rendu, il ne reste pas
une sanction poHtique à donner aux mesures dont M. le
garde des sceaux avait pris l'initiative à l'égard de dix
membres du Parlement ». M. Cavaignac dépose comme sanc-
tion l'ordre du jour suivant : « La Chambre, décidée à
soutenir le gouvernement dan, la répression de tous les
faits de corruption, et résolue à empêcher le retour des
pratiques gouvernementales qu'elle réprouve, passe à
l'ordre du jour »,qui fut adopté à l'unanimité de 552 vo-
tants. De plus, le discours qu'avait prononcé M. Cavai-
gnac et dans lequel il avait flétri, avec sa coutumière vi-
rulence, les faits de corruption qui se sont produits dans
l'affaire du Panama, fut affiche dans toutes les communes
de France.
Cependant, MM. de Lesseps, Fontane, Baihaut et Sans-
Leroy s'étaient pourvus contre l'arrêt de la chambre des
mises en accusation. Ce pourvoi fut rejeté le 23 févr. 1893.
Le procès pour faits de corruplion commença devant la
cour d'assises de la Seine le 8 mars. De nombreux hommes
politiques et des plus importants (MM. Floquet, Clemen-
ceau, de Freycinet, ,Constans) furent entendus comme
témoins. Un incident, qui eut des conséquences parlemen-
taires, se produisit le i6 mars. M'^^^ Cottu affirma qu'un
agent de la sûreté lui avait proposé, au nom du ministre
de la justice, la mise en liberté de son mari, contre une
révélation compromettant la droite. M. Bourgeois démis-
sionna aussitôt (12 mars) et, cité à la requête du procu-
reur général, comparut à l'audience du 13 mars. Il con-
fondit facilement ses calomniateurs. Le même jour, trois
demandes d'interpellation étaient déposées à la Ciiambre,
relativement à cet incident. M. Bourgeois, au retour du
palais, prononça quelques paroles indignées, et l'ordre du
jour suivant, accepté par le gouvernement, fut voté j)ar
253 voix contre 21 4 : « La Chambre, résolue à laisser la
justice suivre son cours pour faire toute la lumière et approu-
vant les déclarations du gouvernement, passe à l'ordre du
jour. » Le 14 mars, une interpellation avait eu heu aussi au
Sénat, relative aux mêmes ûiits. Le 15 mars, M. Bourgeois
reprenait son portefeuille. Le 21 la cour d'assises rendait
son arrêt. M. Ch. de Lesseps était condamné à un an de
prison, M. Blondin à deux ans de prison, M. Baihaut à
cinq ans de prison, à la dégradation civique et à 750.000 fr.
d'amende. Les trois accusés sont condamnés solidairement
à rembourser les 375.000 fr. touchés indûment par
M. Baihaut, et aux doinmages-in'.érêts. MM. Marius Fon-
tane, Sans-Leroy, Béral, Dugué de la Fauconnerie, Gobron,
Proust étaient acquittés.
On put croire un instant que l'agitation causée par l' affaire
de Panama allait cesser, mais, exploitée par les partis, elle
allait encombrer encore, pendant plusieurs années, les déli-
bérations du Parlement. Le 22 juin 1893, interpellation à la
Chambre sur le point de savoir ou se trouve actuellement Cor-
nélius Herz, sur l'état de sa santé, qui avait été opposé à une
demande d'extradition, sur l'attitude du gouvernement an-
glais et également sur la situation d'Arton, toujours introu-
vable. Le débat fut un des plus violents qui se soient produits.
M. Millevoye déposa des documents qui parurent compro-
mettants pour l'honorabilité de M. Burdeau. M. Paul Dé-
roulède donna sa démission de député, se déclarant écœuré
des excès du parlementarisme. Finalement, sur la de-
mande du garde des sceaux, la Chambre décida de com-
muniquer à M. Atthalin, juge d'instruction, les documents
déposés par M. Millevoye, se référant à l'affaire suivie
contre Norton. Le 4 juil., la .grande commission d'en-
quête déposait son rapport rédigé par M. Vallé. La Chambre
ne statua pas sur ce travail important qui ne comprend
pas moins de 3 gros vol. in-4 et qui contient tous les
documents sensationnels relatifs au Panama. Le 10 mai
1894, nouvelle interpellation à la Chambre sur l'état de
9^9
PANAMA
la demande formée pour Texlradition de Cornélius lïerz,
close par l'adoption de l'ordre du jour suivant accepté
par le gouvernement : « La Chambre, résolue à exiger
contre Cornélius Herz la stricte application de la loi". . . » Le
13 juil. 489o, interpellation relative au maintien du nom
de M. Eiffel sur les cadres de la Légion d'honneur, close
par l'adoption de l'ordre du jour suivant: « La Chambre,
regrettant que le conseil de l'ordre de la Légion d'hon-
neur, dans des décisions récentes, ait tenu si peu de
compte des arrêts de la justice, invite le gouvernement à
déposer un projet de loi réorganisant le conseil de l'ordre ».
Là-dessus le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur,
présidé par le général Février, adressa sa démission au
président de la République qui l'accepta. Arton était enfin
arrêté le 16 nov., et cette arrestation sensationnelle déter-
minait : d^ le '18 nov., une interpellation close par l'ap-
probation donnée par la Chambre aux actes et aux dé-
clarations du gouvernement; 2*^ le 7 déc, une seconde
interpellation sur la manière dont le garde des sceaux
avait agi pour saisir ses papiers ; elle fut close par la
même approbation ; 3<^ le 1^2 déc, une question sur de
prétendues compromissions entre le gouvernement et Ar-
ton, révélées par un agent de la police nommé Dupas, à
laquelle M. Bourgeois refusa de répondre, l'instance pour
obtenir l'extradition d' Arton étant alors engagée à Londres.
L'extradition fut accordée à condition qu'Arton n'aurait à
j'épondre devant les tribunaux français que de délits ou
de crimes de droit commun. Le 27 juin 4896, il fut con-
damné par la cour d'assises de la Seine à six ans de tra-
vaux forcés. L'arrêt fut cassé. Nouveau procès devant la
cour d'assises de Seine-et-Marne, qui condamna Arton, sur
le chef de détournement, à huit ans de réclusion (6 nov.).
On reprit sur nouveaux frais l'instruction jadis confiée à
M. Francqueville. Arton s'expliqua sur la fameuse liste
des 101-, c.-à-d. la liste contenant mention de lOi par-
lementaires auxquels le baron de Reinach aurait remis
des fonds pour acheter leur vote en faveur de la loi
relative aux obligations à lois. Les 104, suivant lui,
devaient se réduire à 26, et ces 26 parlementaires n'avaient
pas été achetés par lui, car ils étaient notoirement favo-
rables à la loi, mais avaient reçu des sommes variant de
40.000 à 100.000 fr. pour faire de la propagande autour
d'eux. A l'appui de ses affirmations, il apportait un car-
net plein de griffonnages de sa main. Au reste, nombre
de députés visés parle document publié dans le journal la
France avaient entamé des poursuites, et les tribunaux
condamnaient à l'envi les diffamateui's. (Le premier pro-
cès se terminant par la condamnation de MM.Lalou, Aube
et consorts, est du 17 févr. 1896.) Les mêmes incidents
amenaient une question à la Chambre (6 févr. 1896), à
laquelle M. Bourgeois répondit en flétrissant, lui aussi,
les diffamateurs ; et l'affaire du Panama suscitait encore
le même jour une autre question portant sur la nomina-
tion dans la Légion d'honneur d'un ancien entrepreneur
de la compagnie, M. Baratoux ! L'instruction Arton sui-
vait son cours. Ses révélations furent l'objet d'une ques-
tion posée au ministre de la justice à la Chambre, le
22 mars 1897. Peu après (27 mars), une demande en au-
torisation de poursuites fut adressée à la Chambre contre
MM. Henry Maret, Naquet et Antide Boyer, au Sénat
contre M. Levrey. Ces poursuites furent autorisées à la
Chambre le 29 mars, au Sénat le 1*^^' avr. Mais elles ré-
veillèrent toutes les passions qu'avait suscitées la question
du Panama en ses plus beaux jours et qu'on croyait
assoupies. On fit remarquer que le rapport Vallé n'avait
été, sous la précédente législature, rol3Jct d'aucune dis-
cussion, que les exemplaires tirés en 1893 étaient épui-
sés, que les nouveaux députés n'avaient pu en prendre
connaissance, car de tous les documents parlementaires
ce rapport était le seul qui n'eut pas été inséré au Jour-
nal officiel. La Chambre décida donc (ju'une commission
de 33 membres serait nommée pour reprendre et com-
pléter l'enquête de 1892 (29 mars). Le même jour, le
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
bruit ayant couru que d'autres parlementaires étaient vi-
sés par les carnets d' Arton, mais qu'on n'avait poursuivi
que ceux à qui, prétendait-il, il avait remis directement
des fonds : MM. Emile Julien, Clovis Hugues, Salis, Goi-
rand, Bouvier, dont on avait prononcé les noms, firent
entendre de véhémentes protestations. Les membres de
la nouvelle commission d'enquête furent nommés au scru-
tin de liste le 29 juin. Les candidats furent désignés par
les différents groupes et par les indépendants, de manière
que la commission offrit toutes les garanties d'impar-
tialité. Elle se réunit aussitôt et dirigea principalement
ses recherches sur l'arrestation d' Arton, la condamnation
de Cornélius Herz, la reconstitution de la Société de Pa-
nama, grâce aux transactions passées avec les entrepre-
neurs, enfin les condamnations civiles prononcées contre
les syndicataires. Le 19 jud.,elle était mystitiée par Cor-
néUus Herz, qui avait offert de déposer, si elle e<»nsentait
à se rendre en corps auprès de lui à Boiirnemouth; et
qui, après soji acceptation, se déroba en exigeant que la
commission fit d'abord la preuve «qu'elle avaît vcritable-
ment pour but de faire la lumière entière ». Pour en finir
avec ce personnage, qui a joué dans toute l'affaire de Pa-
nama un rôle légendaire et dans lequel la crédulité popu-
laire a voulu voir une sorte de démon tontaiour, déposi-
taire de mystérieux secrets dont il abusait pour diriger ù
sa guise les hommes politiques les plus qualifies et los
banquiers les moins naïfs, il est utile de rappeler ici ses
origines et les différents épisodes de son odyssée judiciaire.
Herz, né k Besançon le 3 sept. 1845, d'un père bavarois,
fut emmené par ses parents en Amérique en 1848 et fut
naturalisé américain. H exerça toutes sortes de profes-
sions, fut élève pharmacien à Paris, médecin sans diplôme
à San Francisco, représentant de la maison Edison, etc.
Puis il fonda à Paris le journal technique la Lumière
électrique, créa une société d'éclairage électrique, une
société d'exploitation des téléphones, organisa l'exposition
d'électricité de 1881 et se donna toute l'apparence d'un
savant de premier ordre, ce qui lui valut la promotion
de commandeur dans l'ordre de la Légion d'honneur, il
n'avait fait pourtant qu'acheter et tenter l'exploitation des
brevets d'inventeurs comme Carpentier, C?,b;uiellas, Hos-
pitalier et Marcel Deprez. Très intrigant, 11 s'était glissé
dans le monde de la presse et de la politi({ue, avait'sub-
ventionné le journal La Justice et, au courant des mal-
versations de l'affaire du Panama, trafiquait au plus haut
prix de ses relations et de son iniîuence, avait exercé sur
M. de Lesseps et le baron Beinach une pi^cssion violente,
liln 1893, il avait été l'objet d'une première instruction pour
chantage, d'une seconde pour complicité d'abus de confiance
et d'escroquei'ie par recel, et d'une instance en extradition
introduite par le gouvernement français, car il avait pru-
demment passé en Angleterre. Do plus, la grande chan-
cellerie de la Légion d'honneur fut saisie d'une demande
de radiation cà son encontre, et IVi. îmbert, administrateur
de la succession de Reinach, l'avait assigné devant le tri-
bunal civil pour obtenir la restitution des sommes qu'il
s'était fait verser à l'aide d'un véritable chantage. Le
29 janv. 1893, Herz, grand officier do l'ordre à titi'e
étranger, était rayé pour faits portant atteinte à Thon-
neur. Le gouvernement anglais opp:jsa d'abord une un de
non-recevoir à la demande d'extradition, parce que Herz
était dans un état de santé qui ne permettait pas de le trans-
porter devant le juge de Bow-Strect, qui seul avait qualité
pour accepter ou non la demande. Le gouYernem.ent français
envoya auprès de Herz les médecins Brou ardel et Charcot,
puis Brouardel et Dieulafoy, qui conclurent à une mala-
die grave, même désespérée. Herz demeura donc à Tan-
kerville, sous la garde de la police. Le 15 févr. 1894, le
tribunal de la Seine donnait gain de cause à M. Imbert ;
mais le 11 juin suivant, l'instruction pour complicité
d'abus de confiance aboutissait à une ordonnance de non-
lieu, car la prescription qui couvrait les administrateui's
du Panama, auteurs principaux du délit, devait aussi cou-
59
PANAM\ — PANAMÉRICANISME
930
vrir le coiiiplice par reccL Par foiitre. [o 1 août 1891,
Herz était condamne par la huitième chambi-e correctionnelle
pour chantage, à cinq ans de prison et 3.000 fr. d'amende.
Cette décision fut confirmée par la cour d'appel le 22 mai
4895. Quant à l'extradition, elle fut définitivement refu-
sée par le juge de Bow-Streei. qui fut spécialement auto-
risé à se déplacer. Cornélius Herz mourut le 6 juil. 1898
et sa mort passa presque inaperçue. L'affaire de Panama
a été close au point de vue judiciaire ])ar le second pro-
cès qui s'est déroulé devant lu cour d'assises de la Seine
du 18 au 30 déc. 1897. Arton était accusé d'avoir cor-
rompu, et les inculpés suivants de s'èlre laissé corrompre :
M. Naquet, pour 100.000 fr. ; M. Henry Maret. pour
90.000 fr. : M. Antide Bover, pour 10.000 'fr. ; M. Saint-
Martin, pour 50.000 fr.;^M. Planteau, pour 30.000 fr. ;
M. Gaillard, pour 12.000 fr. ; M. Rigaut, pour 12.000 ïr.;
M. Laisant, pour 30. 000 fr., etc. Les présomptions étaient
à peu près uniquement fondées sur les allégations d'Ar-
ton et (es mentions portées par lui sur ses fameux carnets.
L'avocat générai dut renoncer aux poursuites contre
MM. Laisant, Antide Boyer, Gaillard, Rigaut. Quant aux
autres inculpés, les accusations réunies contre eux étaient
si mal échafaudées qu'elles s'écroulèrent lors des au-
diences publiques et que le jury acquitta tout le monde.
M. Naquet, qui s'était réfugié à Londres pour échapper
à la prison préventive et aux tracas de l'instruclion. se
présenta devant le jury de la Seine les 2 et 3 mars 1898
et fut, lui aussi, acquitté. Au point de vue parlementaire,
Taftaire de Panama fut terminée par le dépôt du rapport de la
commission d'enquête '(27 janv. 1898), volumineux docu-
juent rédigé par MM. Yallé, Guillemet, Bienvenu-Martin, de
Ramel, Viviani, Samary, de La Noue, Lucc de Casablanca,
(^lapot, Alex. Bérard, Théodore Denis. Kouanet, qui n"a
rien à envier au point de vue de la clarté et de l'abon-
dance des renseignements recueillis, au grand rapport de
1892. Ses conclusions ont été discutées et adoptées par
la Chambre des députés le 30 mars 1898, à l'unanimité
de 515 votants : « La Chambre regret (o que dès le début
de l'affaire du Panama les défaillances d(î certains niagis-
Irats (M. Quesnay de Beaurepaire) aient assuré l'impunité
aux coupables ;
« Regrette également le silence gardé à cette épocjue
sur la découverte de faits délictueux et criminels (pii fu-
i-ent l'objet de poursuites ultérieures en 1895 (Affaire des
chemins de fer du Sud) ;
« Blâme les manœuvres do ])oiico concertées au mi-
nistère de l'intérieur (fin 1892 et commencement 1893),
qui ont eu pour conséquence de faire engager à Yeiiise
des pourparlers entre un émissaire de la sûreté, envoyé à
cet effet, et un inculpé de droit commun (Arton) sous le
coup d*un mandat d'arrêt;
« Blàtue aussi les immixtions el parlicipations des
bommes politicjues dans les négociations ou opérations
iinancièies ayant un lien avec les pouvoirs pubhcs;
« Et répudie tout concours d'argent prêté sous une
foi'mc quelconque j)ar des paiticuliers ou des sociéiés au
gouvernement. »
De plus et comme coiollaire, laCbambre ordonna l'af-
iichage, dans toutes les conniumes de Erance, d"uii dis-
cours de M. Benô Viviani, ou se h'ouvait cette phi'ase
caractéristique :
« M. Quesnay de Beaurepaire, en laissant arrivei' la
prescription dans l'affaire do Panama, a souligné devant
le pays cette attitude de la magistrature qui a toujours
double visag^e : un visage aimal^le et souriant tourné du
côté des puissants et des hinn^eux ; un visage glacé et
impitoyable pour les faibles et les misérables. »
A la suite de ces faits, le cas de 31. Quesiiay de Beau-
re])aire fut soumis à la cour de cassation, constituée en
conseil supérieur delà magistrature. Après trois audiences
(25, 20 et 27 avr. 1898), la cour rendit un arrêt décla-
rant « qu'il n'y a pas heu à suivre sur les faits (jui lui
sont soumis, tels qu'ils sont dès à présent établis parlons
les docuîuents de la cause ». Tel fut le derniei' épisode
de l'affaire du Panama. R. S.
BiBL. :.Miciii:l-Ciiiîvalii:r, l'Isthme de Panamu ; Vuri^,
1814, iii-8.— A.Di':naix, Considérations sur les iutërèis po-
litiques et comiaeixmux qui se rattachent à l'istlnne de Pa-
nama ; Paris. lSi5. in-8. — V.-N.Mkllkt, Etude sur le^
isthmes de Suez et Panama ; Paris, 1859, in-8.— N. Garella,^
Projet d'im canal de jonction de l'océan Pacifique et de
l'océan Atlantique à trdi:ers l'isthme de Panama; Paris^
1816, in-8. — R.-F. Frj.snel, Rechcrclies qui ont été faites
depuis Fernand Cortez jusqu'à préserd, afin de découvrir le
passage de la jonction maritime des océans Atlanticpie et
Pacifique: Paris. 18G5, in-8. — Clémence Hoyer, Dupevce-
m.entcle Vistlime américain: Paris. 1865, in-8.— H.Bionm:,
le Percement de Vistlime de Panama ; Paris, 1875, in-8. —
Congrès international d'études du canal iîiteroctanique,
tenu à Paris du 15 au 29 mai 1819. Compte rendu des
séances; Paris, 1<S79. in-l. — Brau de Saiint-Pol-Lias,
Percement de l isthme de Panama : Paris, 1879, in-8.— Ca-
nal interocéanique. Rapports sur les études de la commis-
sion internationale d'exploration de l'isthme américain^
par Lucien-N.-B. Wyse, A. Reclus et P. Sosa ; Paris,
1879, in-l. — A. Ri']ceus, le Canal interocéanique et les Ex-
plorations^ dans Vistlime américain ; Paris, 1879, gr. in-8.
— Ç.-J. Tacki'LS, Canal interocéanique. Percement de
Visthme de Panama ; Paris, 1880, in-8. — A. Reclus, Pa~
namaet Darien; Paris, 1881, in-12.— De Bizkmont, VAmé-
riciue centrale et le Canal de Panama; Paris, 1881. in-12.
— Paul l)EScnA?>EL. la Politique française en Océan le, à
propos du canal de Panama ; Paris, 1884, in-12. — Le Dos-
sier du canal de Panama : passée présent, avenir ; Paris,
1885, in-8 — Lucien-N.-B. Wyse, le Canal de Panama ;
Paris, 1885, gr. in-8 — Le Canal du Panama et ses gaspil-
lages, lettres d'un ingénieur; Paris, 1886. in-12. — il Cer-
MoiSE, Deux Ans à Panama ; Paris, 1886, in-12. — A Gar-
çon, Histoire du canal de Panama ; Paris, 1886, gr. in-8.
— E. Pa'iois', le Canal de Panama et les capitaux françai.^;
Paris. Ib8u, in-8. — G. de Molinari, A Panama; Paris,
1887, in-12 — Le Canal de Panama et sa situation actuelle;
Paris, 1887, in-12, — P. I^vpo.not, Aclièvemont du canal du
Panama : Paris, ]Hb8, in-8. — Levgue, Notice sur Vachèxe-
ment du canal de Panama; Paris. 1889, iu-8. — Paponot,
Suez et Panama. Une solution; Paris, 1889, in-8. — G. cl<.'
Belot, la Vérité sur le Panama; Paris, 1889, in-8. — Pa-
ponot, le Canal de Panama, étude 7'étros]jective, Iiisto-
riciue et teclinique; l^aris. 1890, in-8. — W. Nelson, Ciiu{
ans à Panama; Paris, 1890, in-12. — F. Belly, Visthme
américain; Paris, 1890! in-8. — Ponsolle, le Tombeau des
milliards, Panama: Paris. 1890, in-12. — E. Drumont, la
Dernière Bataille ; Paris, 1890, in-12.— Zoller, Der Pa-
nama; Stutt.uart, 1882, — Rodrigue?, The Panama Canal;
Londres. 1885. — Kœp. Der Panama; Dresde, 1887. — Gus-
tave Lejeal. VAffaire du Panama, dans Revue encgclo-
pédicjue. WXi ; Paris, in- 1 — Armand Rousseau, L'apport
présenté à M. le ministre des travaux publics sur sa mis-
sion à Panama ; Paris, ls93, in-1. — Vallé, Rapport géné-
ral sur lencpu'de de Panama; Paris, 1893, 3 \ol.in-L —
Gaston André, le Canal de Panama et la nouvelle Société;
Paris, 1891. in'-8 — P. Bri s^olli-;?, Lùiiudation de la
Compagnie de Panama; l^nrls. 1891, in-12. — J. Aron, ht
Question du Panama ; l^aris. 1897, in-1. — Rapports de icfc
seconde commission d'enquête de Panama; Paris, 1898,
in-4. — Achille Viallat1'>. [es Etats-Unis, VAngleterre et
le canal ïnterocéanuiue, dans Correspondant, 25 i'évr. 1899.
— QuESNAY DE Bi' AUREPAiRE, Ic Patiaum et la République :
Paris. 1899. in-12.
PANÂIVIÉRIGANISME. Doctrine ])oliti(|ue tendanl à
grouper tous les Etats de l'Amérique en une sorte de ïé~
dération, sous rbégémonie des Etals-Unis. — Vai 1881,
M. Rlaine, sécrétai ce d'Etat (b\s Elats-L'nis, envoya dans
les différents pays de rAmérique du Centre et du Sud une
commission cbai'gce de sonder h terrain en vue d'un cou-
grès j)anaméricain. Ce congrès ne se réunit qu'en 4889,
à Washington, et dans la séance d'ouyertuce, le 2 oct.,
M. Rlaine fut choisi comme président. La première séajice
effective n"eut lieu que le 48 nov., après un voyage des
délégués à travers tes Etats- l'nis. Les décisions du con-
grès étaient d'avance frappées de stérihté par cette con-
vention préSiminaire (|ii' « aucun vote, aucune décision no
pourrait engager les nations représentées à la conférence ».
l)e plus, cha([ue f^îai, y compris les Etats-Unis, ne dis-
posant que d'iuie voix dans h^ congrès, on pouvait prévoir
que les grands Etats ne se tiendraient pas comme mora-
lement obligés à tenir compte de décisions adoptées d'après
ce mode de suffrage. — Le progrannne du congrès conj-
portait runilicalion des poids et mesures, des monnaies,
l'établissemenJ d'une union douanière, avec tarifs et mé-
thodes d'évat'jation communs., cnfni l'adoption d'un sys-
lèiue d'arbiirage politi-que. Oji ne put s'eJitendre sur ces
— 931
PANAMÉRICANISME — PANAT
([iiehtions, du moins au point de vue pratique, et le con-
grès s'ajourna sine die, le 19 avr. 1890.
BiDL. : C. DE Variginy, U7i Homme cCEtat aynéricaii).
James G. Blaine et le congrès des trois Amériques, dans
liCDiie des Deux Mondes, 15 jaiiv. 1890.
PANANTI (Filippo), écrivain italien, né à Honta (Tos-
cane) le 19 mars 1766, mort le 10 sept. 1837. Compro-
mis par son attachement aux idées révolutionnaires, il
n'attendit pas le rétablissement du gouvernement grand-
ducal (1799) et passa à l'étranger. Il séjourna successi-
vement en France, où il enseigna l'italien à l'école de
Sorèze (1799 -1802), en Espagne et en Angleterre, oti il
écrivit des opéras et donna des leçons d'italien à un grand
nombre de membres de l'aristocratie. Ayant amassé une
petite fortune, il faisait voile vers l'Italie lorsqu'il fut cap-
turé, en vue des côtes de Sardaigne, par des corsaires
barbaresques et emmené prisonnier à Alger. Il fut bientôt
délivré par les bons offices du consul d'Angleterre, mais
il ne put recouvrer sa fortune, qui lui avait été enlevée
du même coup. Il passa le reste de sa vie, soit à Florence,
soit dans son village natal. Ses œuvres poétiques les plus
importantes sont, outre deux poèmes descriptifs (la Civelta,
il Paretaio), un recueil d'épigrammes (1803), qui le
plaça d'emblée parmi les maîtres du genre, et un poème
fort original, où il retrace sous des noms d'emprunt la vie
qu'il mena à Londres dans la société des compositeurs et
acteurs du Théâtre royal (// Poeta di Teatro). Son prin-
cipal ouvrage en prose (Auventure ed osservazioni sopra
le coste di Barbmna; Florence, 1817) est écrit avec une
vivacité et une énergie rares à son époque, et qui l'ont
fait placer parmi les rénovateurs de la prose toscane ; on
ne saurait oublier toutefois que son style est souvent dé-
paré par des gallicismes et des incorrections. Ses œuvres
ont été publiées à Florence en 1824 (réimpr. en 1882).
BiBL. : Mestica, Manuale délia letter. ital. nel secolo
(lecimonono, I,p.489. — L. Ai^^urea^i, Scritti minori ine-
dlti 0 sparsi diF. Pananti; Florence, 18^7, introcl.
PANAR. Nom de plusieurs rivières de l'Inde. L'une est
un affluent de gauche du Gange qui descend du Népal,
arrose le district de Parnéah et se jette directement dans
le Gange après un cours de 250 kil., à la hauteur du
coude que fait celui-ci vers le S.-O. On nomme encore
Panar ou Pennar, deux rivières de l'Inde méridionale qui
prennent leur source dans la même région du Maissour et
vont se jeter dans la mer aux deux extrémités opposées
de la côte de Coromandel : l'un, le Panar du Nord, après
un cours de 576 kil., au-dessus de Nellore ; l'autre, le
Panar du Sud, après un cours de 394 kil., au-dessous de
Pondichérv.
PANARD (Cheval) (V. Aplomjïs, t. lîl, p. 332).
PANAR ET OS (Michel), chroniqueur byzantin de la pre-
mière moitié du xv^ siècle. Il a composé une chronique de
l'empire de Trébizonde, allant de 1204 à 1426, qui, mal-
gré le tour sommaire du récit, offre quelque intérêt. Ehe
a été publiée par Tafel en appendice à son édition des
opuscules d'Eustathe, et de nouveau, avec un précieux com-
mentaire, par Fallmerayer (Acad. de Bavière, 1844,
cl. III, t. IV). Ch. D.
PANARIS (Méd.). On donne le nom de panaris, vul-
gairement mal blanc, à toute inflammation aiguè, phleg-
moneuse, des doigts, qui, selon la couche anatomique
atteinte, présente une gravité et une physionomie cHnique
différentes. La cause en est toujours un traumatisme des
doigts, une piqûre, une coupure, une excoriation, etc.,
avec contamination par des substances irritantes, septiques
ou putrides, etc.
1*^ Panaris sous-épidermique ou superficiel. L'in-
llammation se borne à une angioleucite superficielle, ca-
ractérisée par de la rougeur, du gonflement, une déman-
geaison douloureuse, avec résolution rapide ou formation
d'une phlyctène, étendue à tout le pourtour du doigt, à
contenu séro-purulent, qui après ouverture laisse voir la
surface du derme excoriée. Parfois le pourtour de la ma-
trice onguéale s'enflamme (tonrniole), et alors l'ongle
tombe. Les bains antiseptiques et les cataplasmes suffi-
sent à guérir cette forme superficielle de panaris.
2*^ Panaris sous-cutané ou sons- dermique. C'est un
véritable phlegmon (V. ce mot), qui se développe dans le
tissu cellulaire sous-cutané, surtout au-devant des gaines
des fléchisseurs, et s'annonce par des élancements dou-
loureux, de la tuméfaction, de la rougeur, avec accom-
pagnement de fièvre. Le pus s'évacue directement au de-
hors ou ulcère le derme et s'étend sous l'épiderme,
déterminant ainsi ce que Velpeau a appelé lepanari en
bouton de chemise. Comme traitement, on prescrit le re-
pos et la position élevée de la main, les cataplasmes et
surtout Fincision hâtive, pour éviter la formation d'un
panaris profond.
3° Panaris de la gaine ou profond. C'est la syno-
vite des tendons fléchisseurs, très douloureuse, avec
fièvre intense (V. Synovite), locafisée généralement au
pouce ou au petit doigt, auquel cas elle peut s'étendre
jusqu'au poignet. Il y a gonflement et douleur vive. Dès
que la présence du pus est constatée, il y a lieu de faire
une incision. Il arrive souvent qu'à la suite les tendons
se mortifient, s'exfolient ou se soudent dans leur gaine et
que le doigt atteint se déforme et s'immobilise.
4« Panaris périostique. C'est le phlegmon sous-cu-
tané de la troisième phalange. Il est accompagné d'une vive
douleur et entraîne presque fatalement la nécrose de la
phalangette qui s'éfimine au bout de quelques semaines
de suppuration ou détermine l'inflammation des gaines.
L'incision hâtive et profonde peut prévenir cette issue fâ-
cheuse.
5*^ Panaris anthracoïde ou furoncle du doigt. Localisé
à la région dorsale des phalanges, il est dû probablement à
l'inflammation des foUicules pilo-sébacés. En général, le
pus fait éruption au dehors par des cratères multiples ;
la lymphangite du membre supérieur est à craindre. —
Dans toutes les formes de panaris, des accidents graves,
phlegmoneux, à distance, des adénites, des lymphan-
gites, etc., peuvent se produire; parfois même les os et
les articulations se trouvent atteints. C'est pourquoi l'in-
tervention chirurgicale hâtive est de rigueur.
Le panaris analgésique de Morvan (1883) est une
trophonévrose qui se manifeste aux mains, rarement aux
pieds, il est toujours symétrique ; il s'accompagne de
troubles de la motilité, de la sensibilité, de la nutrition
locale et, par le fait d'ulcérations étendues, peut néces-
siter Famputation des membres. D^ L. Hn.
PANARD (Riv.) (V. Italœ, t. XX, p. 1039).
PANAS (Photinos), chirurgien français contemporain, né
à Céphalooie (îles Ioniennes) le 30 janv. 1832.11a fait ses
études médicales à Paris, où il s'est fait naturaliser Français.
Interne en 1855, prosecteur en 1860, il a été reçu docteur en
médecine la môme année et chirurgien des hôpitaux et agrégé
de la Faculté en 1863. Chargé d'un cours complémentaire
d'ophtalmologie en 1873, il est devenu titulaire de la
chaire de clinique ophtalmologique créée en 1879. Membre
de l'Académie de médecine depuis 1877, il a présidé cette
compagnie en 1899. M. Panas est l'auteur de : Leçons
sur le strabisme et les paralysies oculaires (1873) ;
Leçons sur Vanalomic, la physiologie et la patholo-
gie des voies lacrymales (1876); Leçmis sur les kéra-
tites (1876) ; Leçons sur les affections de Vappareil
lacrymal (1877) ; Leçons sur les maladies inflamma-
toires des membranes de l'œil (1878); Traité des ma-
ladies des yeux (1894). I)'' A. Dureau.
PANASSAC. Corn, du dép. du Gers, arr. de Mirande,
cant. de Masseube ; 373 hab.
P A N AT (Dominique-Samuel- Joseph-Philippe , vicomte de) ,
homme politique français, né à l'Isle- Jourdain (Gers) le 21
mars 1787, mort à Toulouse le 25 juin 1860. Auditeur au
conseil d'Etat (1810), il remplit diverses fonctions diplo-
matiques, se ralHa aux royalistes en 1814, fut secrétaire
d'ambassade, puis chargé d'affaires à Naples (1817-19),
sous-préfet de Bayonne (1824), député du Gers (1827)
PANAT — PANCERI
— 93-2
et simultanément préfet du Cantal (1828). Légitimiste
déclaré, il rentra dans la vie privée en 1830, fut élu dé-
puté de Lombez de 4839 à 4846, puis député du Gers en
juin 1848. Fidèle à ses convictions, il fut réélu à la Légis-
lative, et il était en 1851 , avec Baze et Le Flô, un des ques-
teurs de TAssemblée qui tentèrent vainement de prévenir
le coup d'Etat. Enfermé à Vincennes au Deux-Décembre,
il fut bientôt relaxé et acheva sa vie dans la retraite.
PANATHÉNÉES (rtavaôrlvaia). Grande fête religieuse
d'Athènes en l'honneur d'Athéna, patronne de la cité.
D'après la légende, elle remontait au roi Erichthonius qui
l'aurait créée, au dire de la Chronique de Paros,730 ans
avant la première olympiade, pour commémorer la vic-
toire de la déesse sur le géant Aster. Thésée, fondateur
de l'unité attique,en aurait fait la grande fête nationale,
commune à tout le peuple nouveau. L'archonte Hippoclide,
six ans avant l'étabHssement de la tyrannie de Pisistrate,
donc en 566, réglementa la fête et en accrut beaucoup
l'éclat, surtout en y introduisant les jeux gymniques; il
y fit une place aux cités étrangères ; enfin Périclès y ajouta
les jeux musiques. On distinguait les Grandes et les Pe-
tites Panathénées, les dernières annuelles, les premières
célébrées tous les quatre ans, l'année de la 3® olympiade.
Les Grandes Panathénées duraient du 25^ au 28^ jour
du mois Hékatombéon. Elles débutaient à l'Odéon par les
pompes de la musique et de Torchestrique, récitation des
poèmes d'Homère, concours de chant, de cithare et de
îlûte, danse de la pyrrhique par des éphèbes nus, d'autres
formant un chœur cycli([ue. Puis on se rendait au stade
pour les jeux gymniques, lutte, pugilat, pancrace, pen-
tathle pour hommes et pour enfants, course à pied pour
hommes nus et pour hommes armés, course à pied avec
flambeaux (XapL7:a5r,oco!jL(a, V. La.mpadâdromii:), course
à cheval, course de chars higes et quadriges, de chars
ordinaires et de chars de guerre avec deux hommes, dont
l'un sautait en vitesse, suivait en courant, puis remontait;
ces luttes étaient jugées par dix agonothètes ou athlotètes
choisis dans chacune des dix tribus (phylé); les prix
étaient des couronnes de rameaux de l'olivier sacré et de
beaux vases de terre remplis d'huile sacrée. Le quatrième
jour, le point culminant de la fête était la grande pro-
cession retracée sur la frise du Parthénon ; toute la po-
pulation y prenait part, y compris les métèques. En tète
de la procession marchaient les pontifes, vieillards choisis
parmi les plus beaux, des vierges de noble famille, les
députations de cités alliées portant leurs offrandes, des
métèques portant des vases et ustensiles d'or et d'argent
ciselé, les athlètes à pied, à cheval ou sur leur char, les
sacrificateurs et les victimes, enfin le peuple en habit de
fête. L'offrande essentielle était le voile ou tunique (pé-
pias) couleur safran, tissée et brodée pour Athéna par les
femmes attiques. Elle était placée sur le mât de la galère
panathénaïque, sorte de machine que l'on promenait du
Céramique à FEleusinion et qui, après en avoir fait le tour,
longeait l'Acropole au N. et à l'E. (V. le plan d' Athènes)
et s'arrêtait auprès de l'Aréopage. Là on détachait le voile,
et le cortège montait l'immense escalier de marbre, long
de 100 pieds, large de 70, qui menait aux Propylées, ves-
tibule de l'Acropole ; on le portait à ri'>echtheion, sanc-
tuaire vénéré où l'on gardait le palladium à côté du tom-
beau de Céci^ops et de l'olivier sacré, père de tous les
autres. La clôture de la fête était le grand sacrifice, l'hé-
catombe, célébrée en présence du peuple qui prenait en-
suite tout entier part au banquet final. Les Petites Pana-
thénées, d'une durée probable de trois jours, comprenaient
aussi des jeux athlétiques, une course aux flambeaux et
une procession, mais sans le voile sacré. A. -M. B.
PANAX (Bot.) (V. Aralie).
^ PANAY. Une des îles du groupe des Bisayas (Philip-
pines), partie occicentale baignée par la mer de lolo; de
forme à peu près triangulaire : son côté 0. regardant la
chaîne des îles Palawan, que sépare un large détroit; le
côté N.-E. tourné vers les lies Tablas, Sébuyan et Mas-
bate; le côté S.-E. séparé de l'ile de Negros et plus près,
par un détroit resserré, de l'île Guimaras, que l'on com-
prend dans son territoire. Celui-ci a 12.560 kil. q. dont
556 pour cette île. Panay est entourée de nombreux îlots,
au moins une vingtaine, dont la superficie totale n'est
guère que de 160 kil. q. Sa situation astronomique est
10«20'-11«56' lat. N., 119« 28'-120« 48' long. E. Une
chaîne de montagnes suit à distance sa côte occidentale,
avec une cime de 81 1 m., le versant 0. ne donne naissance
qu'à des torrents, le versant E. à deux rivières, l'une di-
rigée vers le N., le Panay, l'autre vers le S., le Jalaud.
Ses côtes offrent trois havres principaux : d'Ilo-Ilo, de
Capiz et d'Antique. Ce sont les noms de ses trois pro-
vinces, auxquelles une quatrième, celle de la Concepcion,
a été ajoutée, toutes sous le régime militai) e. Cette île
est la plus populeuse, proportionnellement à l'étendue, de
l'archipel, après celle de Cébu. Sa population, de Bisayas,
est soumise et fidèle, et a combattu, avec les Espagnols,
contre les pirates musulmans. Elle cultive avec soin un
sol, d'ailleurs très fertile, et elle est fort industrieuse. On
cite de remarquables tissus d'ananas fabriqués dans l'île,
d'une finesse incomparable. Le commerce y était en pro-
grès avant les dernières insurrections et l'invasion actuelle
à main armée des Américains. Ceux-ci, sous le général
Milles, ont bombardé et pris llo-Ilo sur les insurgés, en
févr. 1899 (V. Phiuppines). Ch. Del.
PANAZOL. Com. du dép. de la Haute-Vienne, arr. et
cant. (S.) de Limoges, à 1 kil. de la Vienne (r. g.);
1.662 hab. — Eglise du xiv^ siècle avec portad du xv^
et vitraux du xvi*^. Donjon carré de la Quintaine (xiv^ s.),
qui appartint aux Bermondet de Crémières. Domaine de
Morpiénas qui servit, jusqu'en 1762, de maison de cam-
pagne aux jésuites du collège de Limoges.
PANCARTE (Diplomatique). Pour obtenir de la royauté
franque confirmation authentique de titres perdus ou
brûlés, celui qui voulait obtenir cette confirmation adres-
sait au roi, par l'intermédiaire d'un grand personnage,
une requête où il exposait la perte qu'il avait subie et
énumérait les domaines dont il sollicitait de faire ainsi
remplacer les titres de propriétés. Le précepte royal qui
lui était concédé en conséquence résumait cette requête
et déclarait confirmer en les énumérant les biens que
l'impétrant était su avoir possédés justement et légalement.
Ce précepte était appelé Pantocharta ou Pancharla.
Plus tard et dès le x*^ siècle, ce nom s'étendit à tous les
privilèges confirmatifs et énumératifs de propriétés émanés
de l'autorité pontificale ou de l'autorité royale. Les pri-
vilèges de cette sorte, émanés des papes, ont reçu le nom
de bulles-pancartes et sont expédiés en forme de grandes
bulles (V. B'Jele) ; les pancartes des rois sont toujours
expédiées en forme de diplômes solennels (V. Diplôme).
Les uns et les autres, que les archives ecclésiastiques nous
ont conservés en grand nombre, constituent des docu-
ments précieux, particulièrement pour la géographie du
moyen âge. On ne rencontre plus guère de documents de
ce genre à partir de la seconde moitié du xiv^ siècle.
PAN CE. Com. du dép. d'ilie-ct- Vilaine, arr. de Redon,
cant. de Bain-de-Bretagne, sur une coUine dominant le
Semnon; 1.347 hab. Eglise moderne : coffret en cuivre
émaillé du xii^ ou du xiii® siècle ; manoirs gothi(|ues du
Plessis-Godard (tourelle du xv^ siècle) et de Bonabry;
chapelle ruinée de l'ancien prieuré de Saint- Mélaine,
sur le talus d'un camp romain. Colline du Terlre-Gins,
gisement d'ampélites (schiste charbonneux, pierre noire
des charpentiers).
PANCERI (Paolo), anatomiste et zoologiste italien, né
à Milan le 23 août 1833, mortàNaples le 12 mars 1877.
Il fut nommé en 1861 professeur d'anatomie comparée à
rUniversîté de Naples. Il publia, en 1869, un travail sur
la présence d'acide sulfurique libre dans la salive de cer-
tains mollusques marins et fit imprimer de 1870 à 1876
une série de mémoires, en particulier sur le sPège et la
nature de la phosphorescence chez les animaux marins.
933 —
PANCERI — PANCLASTiTE
En 4872-73, il fit un voyage en Egypte, pour raison de
santé, et eut l'occasion d'étudier là l'action venimeuse de
quelques serpents, de la tarentule, etc., et d'observer les
caractères de la race nègre Acca. D"^ L. Hn.
PANCEY. Com. du dép. de la Haute-Marne, arr. de
Wassy, cant. de Poissons; 1.054 liab.
PANCH-Mahal (V. Pantgh-Mahal).
PANCHAIA ou PANCHEA(naY/aia). Ile légendaire que
les anciens plaçaient dans l'océan Indien, au S. de l'Arabie
heureuse. Diodore de Sicile la décrit (V, 41-46) d'après
Evhémère (V. ce nom), dont le récit paraît purement
imaginaire. Pomponius Mêla parle de sauvages Panchœi
ophiophages (III, 8, 8).
PÂNCHALA. Contrée de l'Inde ancienne (V. Pantchala).
PANCHATANTRA (V. Pantchatantra).
PANCHERACCIA. Com. du dép. de la Corse, arr. de
Cor te, cant. de Piedicorte ; 350 hab.
PANCIROLUS ou PANCIROLI (Guido), jurisconsulte
et érudit italien, né à Reggio (Emilie) le 17 avr. 1523,
mort à Padoue en mai 1599. Il fut disciple d'Alciat, pro-
fessa à Padoue les Insti tûtes en 1547 et les Pandectes en
1556. Il fut nommé professeur de droit romain à Turin
en 1571 et revint à Padoue, où il occupa la même chaire,
en 1382. Les papes Grégoire XIV et Clément VIII cher-
chèrent à l'attirer à Rome. Les plus célèbres de ses ou-
vrages sont : Notitia dignifatum utriiisqne Imperii
(Venise, 1593, in-fol.), reproduit au t. VII du Thésaurus
de Graevius ; Thésaurus variarum lectionum utriusque
juris (Venise, 1610, in-fol.); De claris leguni inter-
pretibus (ibicL, 1637, in-4).
BiBL. : Leickher, Vitœ jiirisconsultoriim. — Niceron,
Mémoires. — Tiraboschi, Storia délia lett. ital., VII, 78;^.
PANCKOUCKE. Famille de libraires, imprimeurs et
littérateurs français. — André- Joseph, né à Lille en 1700,
mort à Lille le 17 juil. 1753, fut libraire-éditeur dans sa
ville natale et auteur de plusieurs manuels ou diction-
naires didactiques, ainsi que d'un poème héroïque envers
burlesques: la Bataille de Fonienoy (UWe, 1743, in-8),
critique et parodie du poème de Voltaire sur le môme su-
jet. La seule production littéraire qui ait survécu de lui
est son écrit scatologique, anonyme et posthume : l'Art
d.edcsopiler la rate (Lille, 1754, in-12), dont les édi-
tions sont nombreuses. — Charles-Joseph, fils du pré-
cédent, né à Lille le 26 nov. 1736, mort à Paris le
19 déc. 1798, fut reçu libraire dans la corporation pari-
sienne le 2 déc. 1762. Il s'était déjà fait connaître par
quelques écrits : Traité théorique et pratique des changes
(1760, in-12); Contre-Prédiction au sujet de la Nou-
velle Héloise (1761, etc. Editeur entreprenant et avisé,
il s'attacha progressivement les Uttérateurs et les savants
les plus émincnts, avec l'aide desquels il put se lancer
dans d'importantes opérations de librairie. En 1781, il
mit au jour le Plan d'une Encyclopédie méthodique et
par ordre de matières, destinée à renouveler, sous une
autre forme, celle de Diderot et d'Alembert, et, dès l'an-
née suivante, il commença cette vaste publication, qui ne
fut terminée qu'en 1832 (V. les détails à l'art. Encyclo-
pédie, t. XV, p. 1011). Il donna un grand développement
au périodique le Mercure de France, publia plusieurs
grands recueils spéciaux ( le Voyageur français, le Ré-
pertoire de jurisprudence, les Mémoires de V Acadé-
mie des sciences et de celle des Inscriptions, etc.), et
fonda, le 24 nov. 1789, la Gazette nationale, ou le Mo-
niteur universel. On a encore de lui différents écrits po-
litiques, philosophi({ues et scientifiques, ainsi que des tra-
ductions de Lucrèce, du Tasse et d'Arioste. — Sa sœur,
qui épousa l'académicien Suard (V. ce nom), se fit aussi
connaître dans les lettres. — Charles-Louis-Fleury, fils
du précédent, ne à Paris le 26 déc. 1780, mort à Fleury-
sous-Meudon (Seine) le 12 juil. 1844. Après avoir fa^it
son droit, il devint secrétaire de la présidence du Sénat,
et succéda ensuite à sa mère dans la direction de la mai-
son paternelle. Il édita une série de publications collec-
tives : le Dictionnaire des sciences médicales (1812-
1822, 60 vol. in-8), complété par la Flore (1814-20,
8 vol., fig. color.), et i^ar la Biographie médicale (iS^'IO-
25, 7 vol.); les Victoires et Conquêtes des Français
(1816-27, 27 vol. in-8, fig.) ; Description de TEgypte,
réédition du grand ouvrage publié par le gouvernement
(1820-30, 26 vol. in-8, et 12 vol. in-foL, de pL); les
Barreaux français et anglais (1821 et suiv., 19 vol.
in-8) et autres ouvrages similaires, etc. La plus durable
de ces publications fut la Bibliothèque latine-française
(1826-39, 178 vol. in-8, et 1842-49, 34 vol.), pour la-
quelle il fit une traduction de Tacite (7 vol.), dont il avait
aussi imprimé le ie\\G avec grand luxe (1826-28, 4 vol.
gr. in-fol.). La paternité de cette traduction lui a été vive^
ment disputée. On lui doit encore plusieurs autres ou-
vrages personnels. — Ernest, fils du précédent, né à Paris
le 4 déc. 1808, mort à Onzain (Loir-et-Cher) le 4 jany.
1886, a fait des traductions pour le recueil dont il vient
d'être parlé, notamment celles à' Horace (1831) et celle
des fables de Phèdre (1839). Ha dirigé ensuite pendant
longtemps le Moniteur universel. G. P-i.
BiBL. : Garât, Mémoires hist. sur Ui vie de M. Suard et
le xviii' siècle; Paris, 1820, 2 vol. in-8. — Quérard, Ui
France littéraire, t. VI (article passionné et partial). —
Notice biographique sur M. Ch.-L.-F. Panchouche, et aussi
sur son père; Paris, 1812, in-8. — Bourquelot et Maury,
In TÀttérature française contemporaine, 1851, t. V.
PANCLASTITE. On désigne sous le nom de pandas-
tites un certain nombre de mélanges explosifs composés
par Turpin et dans lesquels le corps comburant est le per-
oxyde d'azote, AzO^. Le peroxyde d'azote a une chaleur
de formation négative, mais très faible, de sorte qu'il se
comporte à peu près comme un mélange d'azote et d'oxy-
gène liquide, azote et oxygène qui, au moment de la réac-
tion, deviendront, le premier libre, le second susceptible
d'agir sur la matière combustible mélangée. Dans l'emploi
des panclastites, on ne constitue le mélange qu'au mo-
ment de s'en servir; les matières combustibles proposées
par Turpin sont : le sulfure de carbone, le nitrobenzène^
le nitrotoluène, le pétrole, etc. Les panclastites présentent
de grandes difierences de propriétés suivant leur compo-
sition. La pujiclastite au sulfure de carbone, formée de
10 volumes de sulfure de carbone et de 15 volumes de
peroxyde, est très sensible au choc ; l'équation de la com-
bustion est la suivante :
2CS2 -f. 3Az04 — C^O^ + 3Az + 4S0^.
Au contraire, la panciastite formée dans la proportion
de 10 volumes de sulfure de carbone, pour 5 volumes de
peroxyde, ne détone pas sous le choc d'un mouton de
6 kil. tombant de 4 m. de hauteur.
En Allemagne on a cherché à appli([uer la panciastite
au sulfure de carbojie au chargement des obus torpilles.
Le peroxyde d'azote liquide et le sulfure de carbone sont
contenus dans des ampoules en verre placées dans l'inté-
rieur de l'obus, dont les parois sont tapissées d'une lame
de caoutchouc pour éviter la rupture des tubes avant
l'emploi. Les tubes se brisent au moment de la projection
de l'obus et le mélange se produit, un détonateur conve-
nable produit l'explosion à l'instant voulu. Cette pancias-
tite produisait des effets destructifs remarquables, on l'a
néanmoins abandonnée à cause des inconvénients que pré-
sentent la préparation et le travail du peroxyde d'azote. La
panciastite la plus énergique est formée par un mélange de
10 volumes de nitrotoluène et de 12 de peroxyde, ce qui
correspond à peu près à la combustion du carbone sous
forme d'oxyde de carbone. Elle est beaucoup plus puis-
sante que la dynamite. En outre, sa vitesse de détonation
étant notablement supérieure, elle produit des effets bri-
sants qu'il est impossible d'obtenir avec la dynamite.
Pour les raisons précédemment énoncées, on n'emploie
les panclastites ni dans les mines, ni dans l'art militaire.
C. Matignon.
BiBL. : Berthelot, Sur lu force des malières cxploslccs
d'après la thermochimie.
PANCORBO — PANCRÉAS
— 934 —
PANCORBO ou PANCORVO. Bourg d'Espagne, prov.
et à 60 kil. N.-E. de Burgos, dans le district de Miranda,
près de gorges sauvages, célèbres par leur pittoresque ;
cette gorge est un des passages qui relient le plateau cen-
tral hispanique aux régions de l'Ebrc ; elle était traversée
jadis par la route de Bayonne à Madrid, et elle l'est au-
jourd'hui par la voie ferrée pour l'établissement de laquelle
il a fallu faire des travaux gigantesques (remblais, tun-
nels, viaducs) ; 1.304 hab. E. Cat.
PANCRACE (IlaY/pàx'.ov). Forme de la lutte athlé-
tique chez les Grecs anciens. Comme le nom l'indique, elle
alliait les procédés du pugilat à ceux de la lutte proprement
TÎÎte ou Paie. La main était nue et à demi-ouverte, les
doigts simplement repliés. Les blessures étaient moins à
redouter que dans le pugilat (V. Boxk).
PANCRACE (Saint). Nom de deux personnages légen-
daires. 1*^ L'un passe pour avoir été envoyé par saint
Pierre en Sicile, comme évêque de Taormina, où il serait
jnort martyr. Fête le 3 avr. — 2° L'autre, un des trois
saints de glace, doit être mort martyr à l'âge de quatorze
ans, sous Dioclétien. Fête le 12 mai.
PANCRATIER ou PAHGRMS [P ancr atium L.), Genre
d'Amaryllidacées-Narcissées, composé d'herbes bulbeuses,
à feuilles simples, disti-pies, radicales, à fleurs odorantes,
disposées en ombelle simple entourée à sa base d'une spathe
marcescente. Le périanthe est infundibuliforme, à 6 divi-
sions étroites, étalées, et à gorge pourvue d'une paraco-
rolle di\isée en 12 lobes, et portant à sa face interne
G étamines alternes avec ses lobes. L'ovaire, infère, sup-
porte un style grêle terminé par un stigmate trilobé sail-
lant. Le fruit est une capsule déhiscente en 3 valves, les
graines, nombreuses, renferment un gros albumen cliarnu.
i -'espèce principale, P. maritimum L., ou Lis de Mat-
thiole, Narcisse de Mer, est spontanée dans les sables
maritimes de l'Atlantique et de la Méditerranée; ses bul-
bes, très gros, sont doués de propriétés émétiques et figu-
raient jadis, dans les officines, sous les noms de Piadix
Pancratii monspessulani v. Ilemerocallidis valentinœ
V. Scillœ minoris. — Le P. illyricum L. se rencontre
en lllyrie, en Corse et en Sicile. On le cultive quelquefois
dans les jardins. — Le P. speciosum Salisb., des Antilles,
et le P. amboinense L., de l'archipel Indien, se cultivent
en serre chaude. Leurs bulbes sont employés dans leur
pays d'origine aux mêmes usages que ceux du Scilla
niaritima dans nos régions. D^' L. 1L\.
PANCRATIUIV! (Bot.) (V. Pancratieh).
PANCRAZI (José-Marin), antiquaire italien, né à Cor-
tone le 2o juil. 1701', mort à Florence le lajuil. 1760. 11
se fit à Gênes moine théatin ; et, s'étant proposé de publier
les médailles de la Sicile, il étudia sur place toutes les
antiquités de cette lie, (|u'il illustra dans son 03uvre ca-
pitale intitulée le Antichita siciliane spiegate (Naples,
1751-52, 2 vol. in-foL). Avant de publier les Antichita
(qu'il ne put achever), il avait iuïprimé deux Tavole di
monete siciliane et collaboré à la 2*' édit. du Thésaurus
de Gruter.
P^iBL. : Mancini Girolamo, il Coriirlbuto dei cortonesl
ollii coltum italiann; Florence, 1'S9n, pp. 93-94, in-8.
PANCRÉAS. L Anatomik. — Le pancréas, ou glande
saliuaire abdo7ninale des Allemands, est une glande volu-
mineuse, annexée au duodénum, dans la cavité duquel il
déverse le liquide pancréatique sécrété par lui. D'origine
endodermique, il se développe par trois bourgeons, un dor-
sal et deux ventraux, situés de part et d'autre du bour-
geon hépatique ventral, et plus tard, par soudure de ces
trois bourgeons, se constitue peu à peu dans sa forme
adulte. — Absent chez les invertébrés et quelques groupes
de poissons, il existe plus ou moins développé chez tous
les autres vertébrés. Situé dans ra])domen supérieur, au-
devant des premières vertèbres lombaires, en arrière de
l'estomac, entre la rate à gauche et l'anse duodénale à
droite, il est fixe à son extrémité droite, puisqu'il est uni
à la deuxième portion du duodénum par des brides con-
jonctives, des vaisseaux, etc., et mobile à son extrémité
gauche comme la rate à laquelle le rattachent des liens
conjonctivo-N^asculaires. Direction : courbe à concavité pos-
térieure. Dimensions : longueur, de 14 à 15 cent.; épais-
seur, de 2à3centim.; hauteur maxima, de 4 à 5 centim.
Poids : oscille entre 30 et 150 gr. D'une coloration blanc
grisâtre à l'état de repos, plus ou moins rosée pendant le
travail digestif.
Conformation extérieure et rapports. On distingue
au pancréas : une tête, un corps et une queue, rattachés
à la tête par le col ; deux faces, antérieure et postérieure.
La face antérieure, tapissée par le péritoine pariétal, ré-
pond à la face postérieure de l'estomac. La face posté-
rieure répond de droite à gauche à la veine rénale droite,
au tronc de la veine porte et de la veine cave supérieure,
aux vaisseaux mésenléi'iffues supérieurs, à l'aorte, à la veine
]\-nu'réas. A, i)ancréns. avec, a, Ha t.'te; B, duodénum ;
(.', jéjunum ; D, vé->icule biliaire ; 1, canal de Wirsung ;
2, conduit pancréatiijue accessoire; la flèche inclicpie son
orilicc en 2', sur la {)ar()i postéro-intcrne du duodénum;
'■^, ampoule do Vater; \, canal cholédo(|ue ; 5, canal cys-
tique ; G, canad hépaticpu^ ; 7, a.orie ; 8, vaisseaux mésen-
léririues sui)érieurs ; '». n-mic cci liaijueavec ses 3 branches.
mésentérique inférieure, à la caj)sule surrénale gauche
et au rein gauche. Le bord supérieur répond, entre autres
au tronc cœliaque (au niveau du col), à la première por-
tion du duodénum et au lobule de Spigel (à droite du col),
et à gauche aux vaisseaux spléni({ues qui le longent. Le
bord inférieur répond à la troisième portion du duodénum
qui lui est parallèle, aux vaisseaux mésentériques supé-
rieurs et à la veine mésentérique inférieure qui le croisent
de bas en haut. A la partie postérieure de la tête (extré-
mité droite) répond le canal cholédoque qui peut la frôler,
s'y creuser ujie gouttière ou même un canal complet pour
venir déboucher ensuite dans le duodénum, par un orifice
commun avec le canal excréteur du pancréas en formant
Vanipoule de Vater. Cela explique que, lorsque le cho-
lédoque est comprimé par un cancer de la tête du pan-
créas, il y ait dilatation consécutive de la vésicule biliaire
(signe de Bard-Pic). La tête embrasse la deuxième por-
tion du duodénum en demi-cylindre, tandis que la queue
^'engage dans l'épiploon pancréatico-splénique.
Canaux excréteurs. Le conduit principal, ou canal de
Wirsung, étendu d'une extrémité à l'autre de la glande,
après avoir suivi jusqu'à la tête un trajet horizontal, se
recourbe alors en bas, puis en arrière, s'accolle au canal
cholédoque, pour s'ouvrir avec lui dans l'ampoule de Vater
à 7 centim. du pylore, au sommet de la cariincula major
— 935 —
PANCRÉAS
lie vSantorini, mais en restant toujours au-dessous de lui.
Le canal de Wirsung reçoit dans son trajet intraglandu-
laire des canaux secondaires, branchés perpendiculaire-
ment sur lui, et un canal accessoire qui décroit de son
origine à sa terminaison et débouche dans le duodénum un
peu en avant et au-dessus du conduit principal par la petite
caroncule de Santorini.
Structure. Le pancréas est une glande en grappe qui
possède des acini glandulaires suspendus aux canaux ex-
créteurs. Bien que rappelant les glandes salivaires, il en
diffèi'e par des données embryologiques (comme le prouve
sa structure fixe dans la série animale, variable pour les
glandes salivaires), par des données histologiques (structure
différente) et physiologiques (constitution et propriétés dif-
férentes de la salive et du suc pancréatique). Les con-
duits excréteurs se composent : 1"^ d'une tunique externe
conjonctivo-élastique ; 4'^ d'un épithélium d'abord cyhn-
drique (conduits principaux), puis cubique (petits con-
duits), enhn allongé et aplati (conduits intercalaires).
Quant aux acini, ils possèdent, outre la membrane basale,
des cellules sécrétantes spéciales, volumineuses, cubo-cy-
lindriques à zone granuleuse interne renfermant du zymo-
gène, à zone moyenne nucléaire, à zone périphérique striée;
à cela s'ajoutent des cellules appliquées au centre de l'aci-
nus contre les sommets des cellules sécrétoires et qu'on
appelle cellules centro-acineuses ; on les rattache actuel-
lement au conduit excréteur dont elles représenteraient
les prolongements épithéliaux empiétant sur la lumière de
Lacinus. Langerhans et Saviotti ont décrit, entre les cel-
lules sécrétantes, des canaux intercellulaires analogues à
ceux des cellules hépatiques. D'après Dogiel, ces canali-
cules se termineraient sous forme d'élargissements arron-
dis à une faible distance de la périphérie des acini glan-
dulaires. — Le tissu conjonctif sous-jacent à l'acinus est
réticulé avec de grandes cellules conjonctives et présente
les îlots de Langerhans ou points folliculaires de Renaut.
Vaisseaux et nerfs. Les artères proviennent, pour la
tète, de la mésentérique supérieure et de l'hépatique don-
nant chacune une pancréatico-duodénale; pour le corps et
la queue, de la splénique et mésentérique supérieure. Les
veines vont dans la veine po)'te et ses tributaires (mésa-
r ai que et splénique). Les lymphaticpies se divisent en
4 groupes, supérieur, inférieur, droit et gauche, se ren-
dant dans 4 groupes de gangHons. Les nerfs, issus du
plexus solaire, se terminent par des extrémités libres sous
la membrane basale, et dans l'intervalle des cellules, mais
ne pénètrent jamais dans leur intérieur. Il existe des gan-
glions nerveux intrapancréa tiques.
n. Physiologir. — Le pancréas est une glande mixte
à sécrétion interne et externe. — a. La sécrétion ex-
terne a pour but la formation du suc pancréatique : les
cellules augmentent de granulations pendant la digestion,
leur partie interne tombe et le zymogène qu'elles renfer-
ment se transforme en Irypsine. Le suc pancréatique
t[u'on peut se procurer par fistule du canal de AYirsung
ou par macération du tissu du pancréas, est un liquide
clair, légèrement citrin, visqueux, fdant, de réaction al-
caline, très putrescible, renfermant 8 à 10 *^/o de matières
minérales et des matières albuminoides, en particulier des
ferments; outre une faible (pumtité de peptone, de ca-
s'îine et de mucine, on y trouve une albumine spéciale
x{]s]i(AQQ paner éatine (V. ce mot). Par latrijpsine les
uiatières albuminoîdes sont transformées en poptones, par
Vaniijtase ou diastase pancréatique les matières amy-
lacées sont transformées en sucre: le ferment saponifi-
cnteur émulsionne les matières grasses pour les dédoubler
ensuite partiellement en glycérine. — b. Le pancréas pos-
sède également une sécrétion interne.àouWd. découverte
€st due à von Mehring et Minkowski, et dont l'existence
€st basée sur les modifications que semble subir le sang
au contact des cellules du pancréas ainsi que sur l'influence
exercée par lui dans l'évolution de la glycose organique.
La première constatation faite est celle-ci : ta suppres-
sion du pancréas amène le syndrome diabète maigre;
cette proposition formulée hypothétiquement par Bright
(1833), Claude Bernard, Bouchardat (1875), a été prouvée
par les expériences de von Mehring et Minkowski (1889),
qui démontrèrent que l'extirpation complète du pancréas
détermine chez les mammifères l'éclosion de tous les
symptômes du diabète sucré : glycosurie très intense (dO
à 45% de sucre), polyurie, polyphagie, polydipsie, amai-
grissement, azoturic, perte de forces, et, si l'on n'inter-
vient pas, mort du vingtième au trentième jour par usure
organique et consomption. Minkowski etHédon ont prouvé
(expérience de la greffe pancréatique sous-cutanée abdo-
minale, de la suppression lente) que cette sécrétion in-
terne existe et s'établit par des relations vasculaires,
résultats en harmonie avec les données cHniques (Lance-
reaux, 1877). Mais une fois que cette fonction sécrétoire
se fut trouvée mise en évidence, plusieurs théories pa-
thogéniques furent proposées pour en expliquer la nature
intime (Lépine, Gley, Thiroloix). « Lépine, estimant que
le diabète provient d'un ralentissement de la consomma-
tion du sucre par les tissus, admet que le pancréas devers»^
dans le sang le ferment glycolytique (consommation du
sucre par glycolyse) ; d'autre part, Chauveau, considérant
que l'hyperglycémie et la glycosurie relèvent toujours d'un
excès de production du sucre par le foie, regarde le pan-
créas comme un régulateur de la fonction glycogénique »
(Hédon). D'après Chauveau, le pancréas a par sa sécré-
tion une action inverse de celle du système nerveux sur la
formation de la glycose, puisqu'une piqûre du (piatrième
ventricule développe une action fréno-sécrétoire sur le pan-
créas, avec action excito-glycoso-sécrétoire.
Ajoutons que, d'après Schiff etHerzen, le pancréas d'ur
animal dératé perdrait ses propriétés digestives, ce qc
prouverait les relations étroites qui existent entre les font
lions de la rate et la digestion. Enfin, selon Neumann,
le pancréas renferme une certaine quantité de silice (plu-
sieurs miUigr.), qui s'y trouverait en réserve pour les be-
soins de l'organisme, comme (e fer principalement dans
le foie, l'iode dans le corps thyroïde.
ïlï. Pathologie. — En clinique, les symptômes diges-
tifs d'origine pancréatique consistent en perturbations
rares dans l'élaboration des albuminoîdes, fréquentes dans
celle des graisses (vomissements graisseux, stéarrhéc).
Dans les troubles de la sécrétion interne, on o le syn-
drome « diabète maigre » (V. plus haut). A part le symj)-
tômestéarrhée, ou selles graisseuses, et quelquefois l'amai-
grissement, il n'existe pas de signes permettant de déceler
d'une façon positive et exclusive une lésion du pancréas.
\ côté de la stéarrhéc (en boules pisiformes, bulles sur-
nageantes du simple enduit), signalons la glycosurie, qui
constitue avec la première les deux seuls signes spécifiques
de V insuffisance pancréatique.
Affections inflammatoires du pancréas. A celle
catégorie d'affections appartiennent les pancréatites ai-
(jvë et cJironiqae. Il existe dans la pancréatite aiguë des
formes secondaires, consécutives à des maladies infec-
tieuses, comme la fièvre typhoïde (inflammation et hyper-
émie du tissu conjonctif, hypertrophie et dégénérescence
granulo-graisseuse). Aux formes primitives se rattachent
les pancréatites hémorragiques, suppurées et nécrosiques.
— Le rétrécissement du canal de Wirsung, sa compres-
sion, la présence de calculs, ainsi que la syphilis et l'ar-
tério-sclérose peuvent être des causes de pancréatite chro-
nique, qu'accompagnent souvent le symptôme stéarrhéeet
le syndrome diabète maigre, joint à la sclérose (organe
dur, atrophié). La lithiase pancréatique est rare.
Lésions traumatiques. Elles sont rares : on signale
la contusion et les hernies traumatiques par armes à feu.
Tumeiu'S-. Les kystes du pancréas se forment pai*
dilatation des conduits excréteurs, consécutives à la com-
pression par une tumeur, ou à l'oblitération par un mucus
opaque ou des concrétions. Les symptômes sont : la dyspep-
sie, la stéarrhée, le diabète maigre, avec des névralgies
PANCRÉAS — PANDANACÉES — 936 —
cœliaques, pat'oxytiqiies, et des vomissemeiils, et de plus
la perception d'une tumeur à l'épigastre. La marche est
lente. — \a' cancer du pancréas, dont létiologie est obs-
cure, peut revêtir la forme primaire et la forme secon-
daire. Dans les cixncQvs secondaires, le développement a
lieu par extension de tumeurs voisines, ou par générali-
sation, et c'est presque toujours la queue qui est atteinte.
Les cancers primitifs portent sur la tète du pancréas,
d'où obstruction simultanée du canal de AVirsung et du
canal cholédoque amenant la rétention biliaire et la dis-
tension (le la vésicule (Bard). Le tableau clinique débute
par ramai<>rissement rapide, les douleurs épigastriques
vives et continues, puis survient un ictère permanent et
progressif avec troubles digestifs. L'anorexie et les vomis-
senients se mcmtrent des te début. Très souvent on cons-
tate la dilatation chronique de la vésicule biliaire et
habituellement la présence d'une tumeur au creux de l'es-
tomac ou dans Fliypocondre droit. La mort est rapide.
Traitement. Dans la pancréatite, on traitera chaque
symptôme en lui-même, sauf dans le cas d'abcès enkysté
volumineux, nécessitant l'intervention chirurgicale. Dans les
kystes du pancréas, le traitement est chirurgical. «L'ou-
verture du kyste après laparotomie, avec suture de lin-
cision kystique aux lèvres de la plaie et drainage, est la
méthode de choix. » (Sallard.) — Dans le 6Y^nc^r du pan-
créas , on traitera les symptômes ; Friedreich conseille
l'usage de la pancréatine et le pancréas frais de veau.
D^' L. Hahn et C. Hahx.
PANCRÉAS n'AsEixi (V. Lymphatique).
PANCRÉATINE. L Ghdhe (V. Peptoxe).
IL Phahmaî-îi:. — Le procédé inscrit au supplément
du Codex ( 1895) pour la préparation de la pancréatine
est le suivaiit : on fait macérer les pancréas divisés (1 p.)
dans de reau (2 p.) légèrement chloroformée pour em-
pêcher r altération. Après quehpie temps de contact, on
sépare le lésidu insoluble, on exprime et on filtre le liquide
obtenu. On Tévapore rapidement, dans un courant d'air,
dans de larges cuvettes à photographie, à une tem])éra-
ture inférieure à 45°. Le produit est une poudre jaunâtre,
à peu près entièrement soluble dans l'eau, ce (pii le dis-
tingue des pancréatines obtejufcs par pulvérisation
des pancréas desséchés. L'activité de la pancréatine
est variable : poiu' avoir une pancréatine active, il faut
employer des pancréas d'animaux en état de digestion. La
panci-i'atinr- doit digérer en six heures, à oO^, en liqueur
neutre, ciîiuuante fois son poids de fibrine fraîchement
essoj'ée.
IIL Tni.KAPEUTiQCE. — Le suc pancréatique donne par
l'alcool un précipité abondant, soluble dans l'eau, et lais-
sant par évaporation une poudre d'un blanc jaunâtre, la
pancréatine médicinale, qui est un mélange de tyrosine
et de diaï^lase. Dans les conditions normales, cette pan-
créatine doit dissoudre et changer en peptone oO fois son
poids de fibrine et transformer en sucre réducteur 40 fois
son poids do fécule ou d'amidon. La pancréatine ne parait
guère avoir d'ellicacité thérapeutique, parce que la tyro-
sine est trop rapidement digérée par le suc gastrique
(Evvald). D'après Dufresne, elle accroît cependant les pro-
priétés saccharifiantes du pancréas. Son utilité la plus
évidente (^sl de procurer des peptones pancréatiques sus-
ceptibles d'être introduites dans l'organisme par les lave-
ments, lille serait aassi indiquée dans les cas de suppres-
sion de la sécrétion gastrique (Boas), dans la dyspepsie
atonique et par fermentation, et, selon Engesser, dans le
rachitisme, la scrofule, le diabète (Manquât). D^' L. Hx.
PANCRÉATIQUE (Suc) (V. Pancréas et Digestion).
PANCSCVA. Ville de Hongrie, dans le comitat de To-
rontal; 17,918 hab. Deux églises serbes, hôtel de ville,
lycée et hôpital. Tuileries et fabrique de soie appartenant
à l'Etat. eCommerce de grains. La ville est construite sur
l'emplacement du castrum romain Panuca. Les Turcs l'ont
brûlée en 15^21 ; après la chute de Temesvar, Pancsova
resta entre b^jrs mains jusqu'en 1716. En 1739 ils y furent
battus par WaUis. Bataille entre les Autrichiens et les
Hongrois le 2 janv. 1849. J. K.
PANCY. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de Laon, cant.
de Crannne ; 82 hab.
PANDA (.Eliirus) (ZooL). Genre de Mammifères Car-
nivores classé dans la famille des Procyonidœ^ ou Pe-
tits-Ours, et formant le passage aux véritables Ours par
l'entremise de V Ailiiropode {S . ce mot). Il serait peut-
être plus naturel d>n faire, avec ce dernier, sous le nom
à'iElurinœ, une sous-famille des JJrsidœ. Le genre /Elu-
rus présente la formule dentaire suivante :
L t C. !,Pm.
o 1
,M. ^ X 2 =r 38 dents.
La première prémolaire inférieure est très petite et ca-
duque. Les molaires sont très larges et portent de nom-
breux tubercules. La tête est ronde, le museau étant plus
court que chez les autres Procyonidœ,. Le crâne est élevé,
comprimé, très bombé, et la branche montante de la mâ-
choire inférieure est très haute, presque aussi longue que
la branche horizontale. Les oreilles sont grandes, dressées,
pointues. Les membres sont robustes et les pattes pourvues
d'ongles semi-rétractiles, La queue presque aussi longue que
le corps, est cylindrique, poilue, annelée. Le pelage est
long et épais. La seule espèce vivante, le Paxda éclataxt
{Mliirus futgens), est un animal de la taille d'un Chat,
ayant à peu près l'apparence de cet animal, mais plus
ramassé dans ses formes. Il habite la région S.-E. des
monts Himalaya, entre 2.300 et 4.000 m. au-dessus du
niveau de la mer, affectionnant les contrées rocheuses et
boisées, et se nourrissant surtout de fruits et d'autres
substances végétales, quelquefois d'œufs et de jeunes oi-
seaux. Son pelage est d'un roux marron très vif, plus foncé
en dessous, avec la face plus claire, et la queue annelée
de brun. Le Panda passe tout le jour dans un trou d'arbre,
roulé comme un Chat, avec sa queue rabattue sur la tête,
ou quelquefois accroupi, avec sa tète enfouie entre ses
pattes de devant, à la manière des Ratons. Bien qu'il ne
soit pas absolument nocturne, il est rare qu'il cherche sa
nourriture en dehors du crépuscule du soir et du matin.
Les jeunes, comme ceux des Ours, naissent dans un état
de développement très peu avancé et restent longtemps au
nid. — Des débris fossiles provenant du crag pliocène
d'Angleterre ont été rapportés au genre /Eluriis et indi-
quent un animal moitié plus grand que le Panda de l'Inde
{.E. anqticus). E. Trouessart.
PANDANACÉES (Bot.). R.Bro^^n acréé en ISlOcette
famille sous le nom de Pandanées; en 1836,Lindley lui
donna le nom de Pandanacées, et elle comprenait alors les
Pandanus, Xipa, PJiyteleplias ùjctanttius et Carlu-
dovica. Il vaut mieux, avec Bâillon, rattacher les ISipa et
les Pliijtelepfias aux Patmiers (V. ce mot), et faire avec
Van ïieghem. Bâillon, etc., une famille spéciale des
Cyctantliées (V. ce mot et Carludovica). La famille, ainsi
restreinte, est formée d'arbres, d'arbustes et de lianes,
généralement ramifiés, et à feuilles trisériées, rigides,
acuminées, à inflorescence en spadices terminaux ou axil-
laires. Les fleurs sont apérianthées, les mâles polyandres,
les femelles pourvues d'un ovaire à une loge ou de plusieurs
ovaires uniloculaires groupés en phalanges. Les loges sont
pluriovulées et les ovules anatropes. Les caractères géné-
raux de la famille sont d'ailleurs ceux des PandanusL. f.
(V. ce mot), qui contribuent à la former avec les Freyci-
netia Gaud., dont les seuls caractères distinctifs sont
d'avoir les loges ovariennes multiovulées, et non uniovu-
lées, et que les fleurs femelles offrent sur le gynécée des
staminodes qui n'existent pas chez les Pandanus. —
L'existence des Pandanacées à la période secondaire est
certaine, car des Pandanus et des Freycinetia ont été
trouvés, avec d'autres Spadiciflores, dans le terrain juras-
sique de la Nouvelle-Calédonie entre autres. Leurs fruits
se rapprochent de ceux des Goniolina (V. ce mot).
DM.. Hn.
PANDAN6 (Monts) (V. Java, t. XXI, p. 67).
PAN DAN US (Pandanus L. f.). I. Botanique. — Genre
de Monocotylédones, de la famille des Pandanacées, formé
d'arbres et d'ai^bustes, souvent avec de nombreuses racines
adventives aériennes, ou plus rarement d'herbes à tige
couchée et radicante, à feuilles presque toujours étroites et
allongées, à fleurs dioïques. les mâles réunies en spadices
thyrsiformes et réduites aux
et aminés qui sont nombreu-
ses, les feuilles étroitement
rapprochées en un spadice
simple et également privées
d'enveloppe florale. Le gy-
nécée se compose d'ovaires
uniloculaires distincts ou di-
versement groupés et con-
nés. Les ovules sont soli-
taires, ascendants. Le fruit
a une cerlame ressemblance
avec celui de certaines Co-
nifères ou Broméliacées ;
c'est un syncarpe arrondi,
à carpelles ligneux ou dru-
pacés. La graine est albu-
minée. — L'espèce princi-
pale est le P. odoratissimus
L. f. ou Vaquois, Baquois,
de l'Asie australe et orien-
tale et de rOcéanie tropi-
cale, bel arbre souvent cul-
tivé dans nos serres; ses
racines adventives prennent
un grand développement, et
ses feuilles, dentées en scie,
sont très tranchantes. Ces
feuilles servent à faire des
couvertures protectrices et
à confectionner des nattes,
pagnes, liens, etc. Dans nos
colonies, les ballots de café
sont souvent enveloppés de
feuilles de cette espèce. —
Madagascar, les habitants
mangent les fruits du P. uti-
Hs Boby et du P. echdis ,
Dup.-Th,, dans l'archipel Indien les bourgeons du P. hu-
milis (P. polycephalus Lamk), aux Moluques les fruits
du P. conoideus Lamk et les feuilles jeunes des P. bagea
Miq. et P. sylvestns Rumph., les bourgeons cuits avec
le riz des P. ceramtcm Rumph., P. latifolhis Rumph.
et P. caricosus Rumph., etc. Les fleurs du P. octo-
ratisstmus et de plusieurs autres servent aux Malais, sous
le nom de Kambong, à parfumer les appartements. A
Java, le P. moschatus Rumph. sert à parfumer les
huiles, le linge, etc. Les feuilles du P. umpapillatus
Deunot. sont employées au Malabar comme astringentes.
La racine du P. samak Hassk. est préconisée à Java
contre les hydropisi^s et les flux. D^' L. Hn.
IL Horticulture. — Les Pandanus se cultivent en
serre chaude, en terre franche additionnée de terreau et
bien drainée. On les obtient de graines et de boutures à
une température douce et humide, en terreau siliceux.
PANDARE ou PANDARÉE. Fils de Merops (V. Panda-
REUS) .
PANDAREUS (Myth. gr.).Fils de Mérops de Milet (en
Crète d'après Paus., X, 30), époux d'Harmothoé, père
d'Aédon, Kléothéra et Mérope. Il s'associa aux brigandages
de Tantale, vola le chien d'or- du temple de Zeusen Crète,
et le confia à Tantale. Poursuivi par la vengeance de Zeus,
il s'enfuit à Athènes, puis en Sicile oti il fut pétrifié avec
sa femme. Ses trois filles furent saisies par les Harpies et
données par elles pour servantes aux Erinyes {SchoL
Hom. Od., XIX, 518, et XX, 66; Anton., Lib. 11).
— 937 — PANDANG — PANDÀVA
PANDARPOUR ou PANDHARPOUR. Ville commer-
çante et religieuse, tahsil du district de Cholapour, prov.
du Dekhan, présid. de Bombay (Inde) ; 17.000 hab. Si-
tuée sur la rivière Rhhnâ, à 60 kil. à l'O. de Cholapour
(anglais Sholapur, stat. de la ligne de Bombay à Madras),
elle réunit chaque année plusieurs centaines de mille de
pèlerins et de marchands, dans trois grandes foires reli-
gieuses, autour d'un temple
célèbre de Vithoba, incar-
nation de Vichnou.
PANDATARIA (V. Pon-
TIENNES [Iles]).
PÂNDAVA. LesPândavas
ou fils de Pandou sont les
héros d'une des deux grandes
épopées indiennes, le Ma-
hdbhdrata. Leur généalogie
et leurs aventures font l'ob-
jet des dix-huit sections de
cet immense poème de plus
de 200.000 vers que la tra-
dition indienne attribue au
seulVyâsa. Une rapide ana-
lyse de l'ouvrage nous four-
nira le meilleur exposé de
la légende des Pândavas.
1*^ La première section
(ddi-parva) sert d'intro-
duction au poème et nous
expose la généalogie des
Pândavas. De même que leur
cousin Krichna, ils tiraient
leur origine du richi Atri,
père du dieu de la Lune, et
appartenaient à la dynastie
lunaire ; la branche dont ils
étaient issus était celle des
Pauravas ou descendants de
Pourou, qui régnaient à Has-
linâpoura, à une centaine
de kil. dans le N.-E de
Delhi. Un des descendants
de Pourou, Douchyanta,
époux de la célèbre Sakoun-
talâ, eut pour fils Bharata, le
héros éponyme du poème et de l'Inde. Le neuvième roi
après celui-ci fut Kourou, de qui les cent cousins des
Pândavas tiennent leur nom de Kauravas, et le quator-
zième après Kourou fut Sântanou, père deBhîchma. San-
tanou, en son vieil âge, désira de nouveau se marier et,
Bhîchma ayant' renoncé au mariage et au trône pour
l'amour de son père, celui-ci put épouser la belle Satya-
vatî qui lui donna deux fils, Tchitrângada et Yitchitra-
vùya. Ceux-ci moururent sans postérité, mais le plus
jeune laissait deux veuves, Ambikâ et Ambâlikâ. Cepen-
dant Satvavatî avait eu avant son mariage avec Sântanou
du richi Parâsara un fils, Krichna Dvaipâyana Vyâsa, celui
qui devait composer le Mahâbhârata : elle le fit venir
pour que, selon la loi, il engendrât une descendance à
son demi-frère. Mais Vyâsa menait une vie ascétique dans
la forêt, et ses austérités lui avaient donne un aspect si
terrible qu'à son approche la première femme de Vitchi-
travhya ferma les yeux et la seconde devint toute pâlç :
aussi le iils d' Ambikâ, Dhritarâchtra, naquit-il aveugle
et le fils d' Ambâlikâ reçut-il à sa naissance le nom de
Pândou, qui signifie « pâle ». Les deux enfants furent
élevés par Bhîchma, leur oncle, et régnèrent tour à tour.
Mais tandis que Dhritarâchtra avait de son épouse Grân-
dhârî cent fils et une fille, grâce à un don de Yjâsa,
Pândou, sous le coup d'une malédiction, ne dut qu'à l'in-
tervention des divinités les cinq fils que lui donnèrent ses
deux femmes, KountîetMâdrî. La première mit au monde
le noble et vertueux Youdhichthira, fils de Dharma (le
Port du Pandanuy Sechellarum Balf. f.
Dhritarâchtra témoigna la pins grande bonté à ses neveux,
les fit élever en même temps que ses fils par le brahmane
Drona et songea même un instant à désigner comme hé-
ritier présomptif Youdhichtlnra, l'aîné des cinq. L'oppo-
sition de Douryodhana et de ses autres fils le contraignit
à écarter de sa cour les Pândavas, qui passèrent même
un moment pour avoir péri dans un incendie traîtreuse-
ment allumé par leurs cousins à leur nouvelle résidence de
Vâranâvata. Mais ils purent se sauver à temps dans la
forêt et vécurent d'aumônes sous un déguisement de
brahmanes. Sur ces entrefaites, ils entendirent parler du
svayamvara ou concours, de fiançailles dont le prix était
la main de Draupadî, la fille de Droùpada, roi de Pânt-
châla. Ils s'y rendirent et gagnèrent Draupadî qui, par
un trait de mxurs polyandriques étranger à l'Inde
aryenne et que la légende est fort en peine pour expliquer,
devint l'épouse des cinq frères.
2°-4°. Le Sabhâ-parva ou section de l'assemblée nous
raconte ensuite comment les Pândavas, sortis de leur re-
traite, sont rappelés à la cour de Dhritarâchtra et reçoi-
vent de lui la moitié de son royaume avec Indraprastha
(près de Dehli) comme capitale. Leurs succès ne font
qu'exaspérer la haine et l'envie de Douryodhana qui
réussit à les attirer à Hastinâpoura et persuade à You-
dhichthira de jouer. Youdhichthira perd bientôt ses ri-
chesses, ^ son royaume,, ses frères, lui-même et jusqu'à
Draupadî. L'intervention de Dhritarâchtra lui rend tous
ces biens, mais il se laisse encore entraîner à jouer sous
la condition que, s'il perd, ses frères et lui se retireront
pendant douze ans dans la forêt et, rentrés dans le monde,
passeront encore la treizième année incognito. C'est ce qui
arrive. Les douze années de séjour des Pândavas dans la
forêt Kâmyaka font l'objet du Vana-parva, ou section
du bois, l'une des- plus longues du poème, grossie qu'elle
est par de nombreux épisodes dont les plus célèbres sont
celui de Nâla (V. ce nom) et de Damayantî, et celui de
renlèvement de Draupadi, bientôt reconquise! Le Virâta-
parva raconte ensuite leurs aventures a la cour de Virâta
ou ils passent, sous de faux noms, la treizième année de
leur exil. Youdhichthira prend service chez ce roi comme
brahmane habile aux dés, Bhîma comme cuisinier, Ard-
jouna comme maître de musique et de danse, Nakoula
comme ch^f des écuries et Sahadeva comme berger, tandis
que de son côté Draupadi devient une des suivantes de la
reine. Le frère de cette dernière, Eîtchaka,. conçoit pour
elle une passion extrêmement violente et est tué par
Bhima. En dépit de cette aventure, les cinq frères n'en
gagnent pas moins la faveur de Virâta, qui, en appre-
nant leurs noms, à l'expiration de la treizième' année, se
déclare leur allié.-
5o,j/()o; j[; g.?g^gj^, ^, présent pour eux de reconquérir
leur royaume;: des deux côtés^ on se prépare à la guerre,
et le cinquième chant nous- entretient de ces préparatifs
{Omhjogoh'p&Fvay Irichna-, soHiciûé par les deux partis,
offre' à ses- cousins Kauravas ou Pândavas le choix: entre une
grande armée' ou sFas propre; personne sans armes. Dou-
ryodhana accepte Farmée; mais< A^rdjouna- choisit Krichna'
qui' devient le' cocher de son char' de guerre. C'est en:
cette qualité qu'il engage avec lui sur le champ de ba-
taille- dU' EourouMletrav près, de- Thanesar,,le' fameux dia-
logue mystiques de la Bhagavad-Gîtâ. Le livre doit, son titre
à' Bhîchma; qui conduit l'armée des Eauravas {Bhîshma-
pavva): Les trois chants suivants empruntent leur nom aux
X v^di/v jjiuc» y^\.ixj tiuicï ouiJiJ/aLtauto. xja uiai\:/iuc acoiiuil < O
fika-parva) nous raconte le grand carnage que ces
guerriers firent de nuit dans le camp des vainqueu
qui coûta la vie aux cinq fils que les Pândavas av
eus de Draupadî et à tous leurs partisans.
14°-44<^.La grande guerre étant ainsi terminée par
tinction des combattants, les trois chants suivants
consacrés "i le premier aux lamentations des femmei
pleurent leurs morts (Ctrî-parva), et les deux a
(Sânti et Anusâsana-parva, livre de la consolati*
livre des préceptes), aux interminables discours où Bhî
avant de mourir s'efforce de consoler Youdhichthu
l'amertume de son triomphe et expose les devoirs
rois. Cependant les Pândavas, réconciliés avec leur
Dhritarâchtra, ont repris possession de leur royaur
Youdhichthira, couronné roi, célèbre son avènemen
un « asva-medha » ou sacrifice du cheval {Asvc
dhika-parva).
45^-48**. Les quatre derniers livres forment ce
l'épilogue du poème et nous renseignent sur la des
finale des personnages qui ont paru au cours du i
UAsrama-parua ou livre de l'ermitage nous apj
comment le vieux Dhritarâchtra avec son épouse i
dhârî et Eountî, mère des Pândavas, se retirent dai
solitude où tous périssent tôt a]^rès dans un incendi
forêt. Le sort non moins tragique de la famille des
davas et de Krichna (V. ce mot), fait ensuite l'objf
Mansala-parva ou «livre des massues». Bemplide
grin et de remords par ces calamités terribles, Youdhich
abdique et se met en route avec ses frères et leur (
mune épouse vers l'Himalaya, dans l'intention de m<
au ciel d'Indra sur le mont Mérou {Mahâprasikdn
parva, section du grand voyage) . Le récit de cette « mi
au ciel » {Svargdrohana-parva) conclut dignemei
poème. Dans leur route vers les cîmes, leurs fautes
successivement trébucher les voyageurs. Draupadî t(
la première à cause de la secrète prédilection qu'elle
pour Ardjouna. Puis c'est le tour de Sahadeva, à (
de son orgueil, et de Nakoula, en cause de sa fatuit
Ardjouna sa vanterie devient ensuite fatale et enf
Bhîma, sa cruauté. Youdhichthira arrive ainsi à la ]
du ciel dans la seule compagnie de son chien fidèle :
il ne' consent a y entrer qu'à la condition que sou c'
ses frères et Draupadî y seront admis en même t
que lui. A. Fouche
BiBL. Tels soïitles grands traits de la légende des
davas. Nous devons renvoyer pour les détails soit, à d^
de la traduction française, malheureusement mcomp
de Fauche, à la traduction anglaise récemment ach(
a Calcutta, sous la direction de Pratâp Chandra Ray,
aux deux grandes éditions indiennes de Calcutta e
Bombay. — Les derniers travaux dont le Mahâbhârâti
l'ait l'objet sont ceux de Buhler, Contribution's to
history of the Mâhabliâi^ata (Sitszungsberiehte^ de ï.
demie de Vienne, 1892), — A. Holtzmann, Das Msihâ
rata und seine Theile^ 1892-95, 4 vol. —Joseph Dkhlu
S. J. Das Mahâbhârata as- Epos und Reckiisbuch ;. Be
1875, m-8. — Les résultats de ces diverses publicatioi
trouvent résumés dans un important article de M
Bartiî, dans le Journal d&s Savants, avril, luin et
let 1897.
PkHQEClES' (-Panclectœ). Expression tirée du gr^
désignant une sorte d'anthologie,, de compilation. El
déjà été appliquée à des ouvrages de droit par Ulpie
Digeste contient des extraits de son Liber singUi
pandectarum, et V index du même^ ouvrage lui a
bue même des pandcctes en 40 livres dont nous n'a
aucun extrait) et par Modestin (12 livres cités par l'i
— 939
PANDECTES ~ PANDORE
du Digeste et mis à coiitrii)ution clans ce recueil) ; mais
elle est surtout célèbre comme seconde dénomination
donnée par Justinien à son Digeste (v. Digeste de Justi-
NiEN, t. xir.)
PANÛER (Christian-Heinrich), médecin et naturaliste
russe, né à Riga le 1^2 jud. 1793, mort à Saint-Péters-
bourg le 10 sept. 1865. Reçu docteur à Wurtzbourg en
1817, il fut désigné en 1820 pour accompagner à-Rokhara
une ambassade russe, puis en 1823 devint membre ordi-
imire de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg.
Pander s'est rendu célèbre par ses travaux d'embryologie,
qui ont inauguré la véritable histoire du développement
des vertébrés ; le premier, il a étudié exactement le déve-
loppement du poulet à partir de son incubation. Rien que
Wolff eût reconnu, dès 1768, les feuillets du blastoderme,
on peut dire que Pander les a le premier bien décrits, et
de là le nom de feuillets de Pander qu'on leur a donné.
Il a acquis en outre de grands mérites comme géologue et
paléontologiste. Ouvrages principaux : Diss. sis t. histo-
riam metamorphoseos qiiam oimm inruhatum piio-
ribiis quinque dicbus subit (^Yurtzbourg, 1817, in-8);
Beitr. zur EîitivickelunysgesrJiichte des Huhnchens im
Ei (Wurtzbourg, 1818 [1817], in-fol., 10 pi.); avec
d'Alton: Vergleichende Osteologie (Ronn, 1821-31, in-
fol. transv., pi. magnif.) ; lieitr. zur Geognosie des
russischen Reichs (Pétersbourg, 1830, in-i), etc.
PANDHARPOUR (V. Pandarpour).
PANDICULÀTION (Méd.). Mouvements à rythme va-
riable qui se produisent au réveil et essentiellement carac-
térisés par la mise en jeu des actions antagonistes des
muscles du tronc et des membres ; généralement il y a
j'en versement du tronc et de la tête en arrière, avec élé-
vation et extension des membres supérieurs. Le phénomène
jie se produit pas toujours avec cette régularité, et les
mouvements peuvent être limités à un groupe de muscles
ou aux membres supérieurs, par exemple. Ces mouvements
sont toujours accompagnés ou même précédés, dans Félat
de santé, d'un bâillement qui indique que lesommeiil n'est
pas encore entièrement dissipé. Ils sont suivis d'un senti-
ment de bien^Hre, parfois d'une sorte de défaillance si le
sujet est debout. Les pandiculations sont assez fréquentes
dans les maladies nerveuses, dans les phases prodromiques
des lièvres, etc. D'' L. Un.
P A N D 1 0 N . Nom de deux roi s légendaires d'Athènes, le cin-
(juième etle huitième de la liste. Le premier régnait 2oU ans
avant la prise de Troie, et accueillit Déméter et Dionysos ; fds
d'Erichthonios et de la naïade Praxithéa, il eut de sa sœur
Zeuxippe deux fds jumeaux, Erechthée et Rutès, et deux
iilles, Procné etPhilomèle. — Le second, fds de Cécrops II,
régnait 25 ans avant la prise de Troie ; marié à Pelia, fdle
du roi de Pylas,de Mégare, il en eut (piatre fds, iEgée, Pallas,
Nisus, Lycus. Expulsé par les Métionides, il se retira à
Mégare où il succéda à son beau-père ; on y montrait son
tombeau et il avait dans la ville une chapelle (herôon).
PAN DIT. Nom des savants ou plutôt des « lettrés »
indigènes de l'Inde. Au Cachemire, ce titre a été usurpé
par toute la population brahmanique sans distinction. Mais
dans le reste du pays il est toujours réservé aux seuls
érudits et spécialement à ceux qui, restés fidèles à la tra-
dition, sont surtout versés dans la connaissance du sans-
crit et de son immense littérature — grammaticale, poé-
tique, philosophique ou religieuse — tandis que ceux qui
se sont particulièrement adonnés aux études occidentales
et anglaises reçoivent le nom de baboii. 11 va de soi que
le nombre de ces derniers croît tous les jours tandis que
celui des premiers diminue, l'étude de l'anglais et des
sciences européennes assurant un plus bel avenir que celle
de la « sagesse indienne ». Le traitement d'un bon pan-
dit n'est guère en moyenne que de 50 roupies par mois
(valeur de la roupie, de 1 fr. 50 à 1 fr. 70). Ils ensei-
gnent soit dans des écoles privées, soit dans des insti-
tutions fondées par les radjahs de l'Inde, soit dans des
collèges entretenus par le gouvernement. Les meilleurs qui
subsistent actuellement se trouvent à Rénarès, h. Calcutta
et à Pouna.Dans ces derniers temps, plusieurs d'entre eux
se sont initiés avec succès aux méthodes occidentales et
font partie de diverses sociétés asiatiques. L'un d'eux, R.-
G. Rhandarkar, de Pouna, est membre correspondant de
l'Institut de France, Académie des inscriptions et belles-
lettres. A. FOUCHER.
PANDJAL, que lesKachmiris prononcent Pantsal, dé-
signe proprement la moitié méridionale de la ceinture de
montagnes qui entoure la vallée de Cachemire, depuis la
passe de Ranihal (2.804 m.), par où passe la route privée
du maharadjah entre Djammou et Srinagar jusqu'à la
gorge de Raramoula (1.620 m.) qui donne passage en
même temps à la rivière Vihât ou Djilam et à la nouvelle
route carrossable de Srinagar à Mari (angl. Mnrrce)
et Rawal-Pindi. La chaîne, qui s'étend dans la direction
du S.-E. au N.-O., doit proprement son nom à la passe
du Pîr-Pandjal (3.470 m.) qui la coupe en son milieu et
qui était, depuis la conquête mongole, la route la plus
h'équentée entre l'Inde et le Cachemire, par Rhimber, oii
notre voyageur Rernier faillit mourir de chaleur à la suite
d'Aureng-Zeb. La passe est fermée par les neiges de no-
vembre à avrd. Les cimes les plus hautes de la chaîne
sont, adroite et à gauche, le Rrahmasakoul(4.730 m.) et
le Toutakouti (4.732 m.), qui gardent de la neige tout
l'été. La formation géologique est surtout basaltique. La
faune, très abondante et variée, est celle de FHimàlaya
occidental. Tandis que le versant sud, exposé ^aux vents
chauds de l'Inde, est dénudé, !os pentes qui descendent
vers le Cachemire sont couvertes de magnifiques forêts de
sapins et de cèdres déodhars et d'immenses margs ou
prairies alpestres dont Fun, Goul-marg (la prairie des
roses), est dcATun la station d'été à la mode du Cache-
mire. A. Fou CHER.
PANûOLFINI (Agnolo), homme politique italien, né à
Florence en 1360, mort en 1446. 11 remplit des missions
diplomatiques auprès du pape Martin V, de Fempereur
Sigismond et du roi Ladislas, et fut trois fois gonfaloniei'
de la République ; il contribua à faire rappeler de Fexil
(/une de Médicis, dont il était l'ami. On lui a atribué
longtemps un Traité du gouvcrnemciU de ta famitle
(Trattato del governo delta famigtia ; imprimé à Flo-
rence en 1731' et à Milan en 1811), qui n'est autre chose,
comme Fa démonti'é récemment M. Mancini, (ju'une ré-
daction un peu différente du troisième livre du traité
delta Famigtia, de Leone-Rattista Alberti. A. J.
BiBL. : G. Mancini, L.-B. AlbcrU et A. PonrhAfini ; An-
rone, 1882. — Iv-C. Pellkgrtm,.\ Piindolfini e il (ioverno
dclla Famwlii'y dans Gionuilc Stonco dcUii leil. itul ,
VIII. 1.
PANDORE (llav^oSpa). ï. Mythologie. —Nom delà
première femme, d'aju'ès un mythe inséré dans la Tfico-
gome hésiodique et dans tes OEuvres et les Jours. Y^\m-
quée par Hephaistos avec de la terre et de l'eau, elle fut
envoyée aux hommes par /eus, pour les châtier, quand
Prométhée eut dérobé le feu au ciel. Aphrodite, Peitho et
les Charités (Grâces) la parèrent de tous les charmes : les
Heures, des ileurs du printemps ; Hermès lui donna la parole
et lui enseigna Fart d'en user pour séduire et tromper ;
Zeus lui donna un vase ou une boite où étaient enfermées
toutes les misères. Ornée de tous ces dons, Pandore vint
parmi les mortels et fut prise pour femme par Epiméthée,
(fui ouvrit le vase fatal d'oii sortirent et se répandirent
tous les maux ; seule la trompeuse espérance demeura au
fond. La naissance de Pandore fut souvent représentée pai'
les artistes grecs, notamment sur le socle de la statue
d'Athéna auParthénon. A. -M. R.
IL Astronomie (V. AsiÉRorac).
III . Musique. — La pandore est un instrument de la fa-
mille du luth, qui fut en assez grande vogue au commence-
ment du xvii^ siècle, surtout en Italie et en Allemagne. En
France, le luth et le théorbelui furent toujours préférés.
La pandore, comme le luth, avait 6 ou 7 paires de cordes,
accordées à'I'unisson deux par deux; mais ces cordes, au
PANDORE ~ PANDULPHE
— 940 ~
lieu d'être de boyau, étaient en métal, cuivre ou acier, et se
touchaient, non pas à la main nue, mais à l'aide d'un
plectre, aussi de métal. Le corps de l'instrument différait
peu de celui du luth pour la forme ou pour la grandeur,
mais au lieu d'être convexe, le dos de l'instrument était
plat. A en croire Prœtorius {Syntagma Musiciim), h
pandore aurait été inventée en Angleterre et aurait servi
surtout à l'accompagnement, tandis que le luth exécutait
souvent des mélodies à titre d'instrument solo. Le fait
cependant de toucher les cordes à l'aide d'un plectre de-
vait plutôt gêner dans l'exécution des accords à plusieurs
parties : peut-être ne s'en servait-on pas toujours, d'ail-
leurs. L'accord de cet instrument, comme de tous ceux à
cordes pincées, a varié beaucoup : il semble cependant avoir
toujours été par quartes et tierces superposées comme ce-
lui du luth et d'un diapason généralement moins grave.
PANDOSIA. Ville de l'Italie antique, dans le Bruttium,
sur le fleuve Achéron ; principauté œnotrienne, siège d'un
oracle. On l'identifie à Castelfranco.
PÂNDOU est, dans l'épopée indienne, le nom du père
des cinq Pàndavas, héros du Mahàbhàrata. Deux petites
rivières indiennes portent également ce nom : l'une est
un affluent de droite du Gange et arrose le district de
Cawnpour (i3o kil. de longueur) ; l'autre arrose le district
d'Anantapour (prov. de Bellarv, prés, de Madras) et se
jette dans le Panar ou Pennar septentrional (rive droite),
après un cours de 100 kil. C'est aussi le nom d'une
principauté minuscule du Rajpoutàna (prés, de Bombay).
PANOOUAH (angl. Pundooah). Bourgade du Bengale,
district de llougli, prov. de Bardwan ; 4.000 hab. Sta-
tion de YEast Indian Piailwcnj, à 60 kil. N.~0. de Cal-
cutta. An^:ienne capitale musulmane : tour et mosquée.
Ne pas confondre avec le suivant.
PANDOU AH. Site ruiné d'une ancienne capitale musul-
mane du Bengale, à environ 30 kil. au N. des ruines de
Gaur, district de Maldah. Elle fleurissait au xiv'' siècle.
Construite des débris des vieilles villes voisines, elle a
partagé à son tour leur déchéance. De ses monuments à
présent envahis par la jungle, le plus intéressant est la
mosquée dite Adina Masjid.
BiBL. : Buchanan IIaimi'ltox, StullstlcaJ acconnt ofBcn-
f/al, vol. YII. — J. Fergusson, Histonj of Indian ojid Eus-
tcrii Architecture^ p. 547 ot suiv.
PANDOUR. Nom d'origine douteuse, qui désignait au
xv/i^ et au xviij^ siècle les troupes iri'égulières dans l'ar-
mée autrichienne, composée de Hongrois, Serbes, Croates
et Roumains. Primitivement ce furent les gens d'armes à
la solde des gouverneurs chrétiens ou des pachas turcs :
ils surveillaient les chemins ou servaient d'escorte. Vn
1T41, un aventurier, François de ïrenck, avec la permis-
sion de Marie-Thérèse, avait armé un corps de pandours,
<jui conquit une réputation terrible par ses cruautés de
toute espèce en Silésie et en Bavière. Ce corps fut trans-
formé en régiment d'infanterie (1750). De nos jours, on
désigne souvent par ce nom, en Hongrie, en Serbie et en
Roumanie, des agents subalternes au service des admi-
nistrations et des municipalités. M. GAVPJLOvncH.
BiBL, : Fran/, von der Tri%ngk, Mcr]i\'v'iirdAfj6 Lebe)isges-
cJiLchie des Freiherrn Franz von dcr Treach; Berlin,
1787-92. 4 parties.
PANDR16NES. Com. du dép. de la Corrèze, arr. et
cant. (S.) de Tulle; 449 hab.
PANDROSÉION (Archit. gr.). Le Pandroséion, qui
tirait son nom de Pandrose, une des trois fdles de Cécrops,
est le sanctuaire regaiïlant rOccident et juxtaposé au
temple de Minerve Polias dans l'ensemble architectural
qui constitue VErechthéion (V. ce mol), sur l'Acropole
d'iVthènes. Le remarquable travail de restitution de cet
édifice, en dix-sept feuilles de dessins et un mémoire, en-
voyé d'Athènes en 1848 par M. Tétaz et conservé à la
bibliothèque de l'Ecole nationale des beaux-arts, ainsi (jue
l'étude faite de l'Erechthéion par M. Beulé (V. Acropole
d'Athènes; Paris, 18ii'2, in-8) semblent, par l'interpréta-
tion du texte de Pausanias et le relevé des dispositions
particulières aux diverses parties de l'Erechthéion, avoir
fixé l'attribution de ces parties. Situé deri'ière le temple
de Minerve Polias et à un niveau un peu inférieur, le
temple de Pandrose était hypèthre et renfermait une cour
intérieure dans laquelle se trouvaient l'autel de Jupiter
hercéen (Jupiter protecteur de l'enceinte), et l'olivier sacré,
cette tige mère de tous les oliviers de l'Attique. Le Pan-
drosion est situé entre le portique N. avec le juel il commu-
nique par une porte richement ornée et le petit portique S.
ou tribune des Caryatides; les quatre colonnes engagées,
qui décorent sa façade, sont d'ordre ionique et, entre les
colonnes, s'ouvrent trois fenêtres éclairant le vestibule pré-
cédant le temple et servant de communication entre le
porti([ue du N. et la tribune des Carvatides. Ch. L.
PAN DU LPH E ou PAN DOL FO, prêtre italien, né à Rome,
mort à Rome le 16 sept. 1226. 11 a joué un grand rôle
P'jlili((ue en Angleterre dans un moment trcs criti({ue de
la lutte entre l'Eglise et l'Etat, entre la royauté et l'aris-
tocratie. Il importe tout d'abord de le distinguer d'un ho-
monyme, Pandolfo Masca, de Pise, qui fut cardinal en
4182 et mourut en 1202 dans un âge avancé. H était
sous-diacre et agent particulier (familiaris) du pape,
quand Innocent III l'envoya en Angleterre pour surveiller
la lutte engagée entre le roi Jean sans Terre et le Saint-
Siège, au sujet de l'élection archiépiscopale de Canterbury.
Il devait porter au roi les conditions imposées par le pape,
ou le frapper d'excommunication (1213). 11 reçut d'abord
la soumission de Jean sans Terre (15 mai), puis arrêta
Philippe-Auguste qui menaçait d'envahir l'Anglet'-rre.
Quand le roi Jean fut devenu le vassal du Saint-Siège,
Pandulphe fut maintenu aupK'S tlehii comme pour le con-
seiller et l'appuyer dans une nouvelle lutte qu'il entama
contre les barons anglais. Son nom figure dans le texte
de la grande charte après celui des archevêques et évèques ;
mais il faut croire que ses services étaient agréables au
roi, puisque celui-ci le lit élire évêque deNorwich (1215).
Quand Jean sans Terre eut été absous du serment qu'il
avait prêté d'observer la grande charte (24 août), c'est
encore Pandulphe qui excommunia les chefs du parti aris-
tocratique et {[ui suspendit même leur protagoniste, l'ar-
chevêque de Canterbury, Etienne de Langton. Dans toutes
ces circonstances, son rùh fut 1res actif, mais toujours
subordonné à celui des légats : Nicolas, évêque de Tuscu-
lum en 1213, et Galon des Bicchieri en 1215. Après
la mort d'Innocent Itl et de Jean sans Terre (1216), et
après un séjour de quehjues années à Rome où il fut
nommé noiaire apostolique et chapelain du pape, il fut
renvoyé en Angleterre avec le litre et les pouvoirs de lé-
gat; il y remplaça le cardinal Galon (1218). Peu après
son arri\'ée (3 déc), le principal conseiller du petit roi
Heni'i III, Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke.
vint à mourir (mai 1219), et le premier rôle dans le gou-
vernement fut disputé par Hubert de Bourg, comte de
Kent, et l'évèque de Winchester Pierre des Roches. Leui'
rivalité fortifia Fautorilé du légat qui, pendant deux ans,
fut en Angleterre connue un vice-roi. Ses lettres attestent
l'étendue de son influence dans les affaires poUtiques et
religieuses de ce royaume. 11 s'employa surtout et avec
succès pour calmer les derniers mouvements de la guerre
civile (jui avait failU renverser le trône de Jean sans Teri-e.
Puis il entra en conflit avec Hubert de Bourg sur l'admi-
nistration du Poitou et avec Etienne de Langton sur celle
du diocèse de Norwich, et, abandonné sans doute par le
pape, il résigna ses fonctions te légat (19 juil. 1221). If
trouva une compensation à Rome, où le pape Honorius UI
le consacra de ses propres mains évêque de Norwich
(29 mai 1222). Il ne remplit d'ailleurs guère plus assi-
dûment ses- fonctions épiscopales que pendant les S(q)t an-
nées où il avait été seulement évoque élu, car il continua
de remplir des fonctions politiques: en 1223, après la
moct de Philippe-Auguste, il fut chargé de réclaiuer à
Louis VIII les fiefs français qui avaient été eidevés à Jean
sans Terre par la sentence des pairs en 1202: en 1225,,
941
PANDULPHE — PANÉGYRIQUE
il était de nouveau à Rome o\i il combattait les intérêts
français. A sa mort, son corps fat ramené en Angleterre
et enseveli dans l'église cathédrale de Norwich. Sa vie, très
agitée, avait trouvé son unité dans un dévouement infa-
tigable aux intérêts de l'Eglise de Rome et de la royauté
anglaise vassale du Saint-Siège. Ch. Bémont.
PAN DYNAMOMÈTRE (Méc.) (V. Dynamomètre).
PANEAS (V. Césareede Philippe, t. X, p. 438).
PAN EAU d'Arty (L'abbé) (V. Arty).
PANÉGYRIQUE (Litt.). On a longtemps appelé du
nom de panégyriques des discours prononcés au milieu
d'une assemblée générale du. peuple athénien (Tïavrlyuptç)
et consacrés à la louange d'un homme vivant ou mort,
quelquefois même à la glorification d'un être de raison tel
que la patrie. C'est ainsi que le panégyrique a pu se
trouver confondu avec V éloge (y. ce mot), et avec^(?7^a^-
son funèbre (V. ce mot). Périclès avait prononcé le pané-
gyrique, ou, si l'on veut, l'oraison funèbre des guerriers
morts pour la patrie, et l'on connaît le fameux éloge ou
panégyrique d'Athènes qui coûta, dit-on, quinze années
de travail à Isocrate. La confusion tient à ce fait que
les Grecs, maîtres en l'art de bien parler et créateurs de
toutes les formes de l'éloquence, n'ont jamais éprouvé le
besoin de délimiter rigoureusement les genres oratoires. Les
Romains, gens plus méthodiques, ont établi de bonne heure
des distinctions précises entre les différentes sortes d'éloges,
l'oraison funèbre demeurant exclusivement consacrée aux
morts et le panégyrique aux vivants. L'oraison funèbre était,
à vrai dire, le panégyrique des morts, et le panégyrique
donnait aux vivants un avant-goût de leur oraison funèbre.
Le plus célèbre des panégyriques anciens est sans con-
tredit celui que Pline le Jeune prononça en plein Sénat,
au début du ii® siècle de notre ère, et qui est consacré à
la louange de l'empereur Trajan. D'un compbment très
court, Phne fit, à force de travail, un gi^and discours à la
fagon des plus belles harangues de Démosthène et de Ci-
céron; et s'il s'attacha à transformer en actions héroïques
les moindi'es démarches de l'empereur, il n'eut garde de
s'oublier lui-même un seul instant. Le Panégyrique de
Trajan est l'œuvre d'un brillant rhéteur, et il porte des
traces trop visibles de l'irrémédiable décadence des lettres
latines à cette époque. Il a servi de modèle à d'innom-
brables compositions du même genre; c'est de lui que
procèdent les écrivains romains ou grecs, car en cela, la
Grèce se fit l'imitatrice de Rome, qui composèrent au
IV® siècle les ennuyeux panégyriques de Constantin, de
Julien l'Apostat, de Théodose, de tous les empereurs
enfin. Ce sont des élucubrations d'une lecture fatigante ou
l'historien cherche péniblement la vérité au milieu des
flatteries les plus énormes et des mensonges les plus au-
dacieux, ou le littérateur trouve beaucoup à reprendre et
presque rien à admirer.
La chaire chrétienne s'empara du panégyrique au mo-
ment même où l'éloquence laïque en faisait un si déplo-
rable usage; mais elle commença par le transformer d'une
manière complète. Elle lui donna dès le premier jour le
caractère qu'il conserve encore aujourd'hui; le panégy-
rique chrétien, c'est l'oraison funèbre d'un personnage
appelé par l'Eglise aux honneurs de la canonisation. Dès
le miheu du m® siècle, Saint-Cyprien avait pris l'habitude
de prononcer sur lem' tombeau même l'éloge des martyrs
de Carthage ; les Pères grecs et latins suivirent cet
exemple. Ils louèrent indifféremment tous les saints, les
martyrs, les confesseurs, les docteurs, les anachorètes, les
vierges, ceux qui' s'étaient sanctifiés dans le monde, et ils
cherchèrent à tirer de ces éloges où la flatterie et l'im-
posture ne pouvaient trouver place, des excitations à la
vertu. Tantôt l'orateur sacré faisait à grands traits la
biographie du saint, et son discours était alors comme
une suite des Actes des martyrs ou des Vies des saints ;
tantôt il se contentait de montrer comment telle ou telle
vertu chrétienne avait été pratiquée d'une manière admi-
rable par le bienheiu'eux dont il prononçait le panégyrique.
De là deux façons de concevoir ce genre de discours, et
même deux sortes de panégyriques, le panégyrique histo-
rique et le panégyrique moral; tous deux tendant au
même but, mais cherchant à l'atteindre par des voies dif-
férentes. Mais le plus ordinairement les panégyristes des
saints raisonnent sur des faits qu'ils supposent connus de
tous leurs auditeurs, et dès lors ils s'étudient à bien mettre
en lumière quelques-unes des vertus, quelques-uns des
traits qui distinguent de la foule des élus celui dont ils
ont entrepris l'éloge.
C'est même en cela que le panégyrique a toujours paru
d'une exécution plus difficile que le sermon et que Foraison
funèbre. « 11 n'y a personne, disait le P. Senault, l'un
des réformateurs de la chaire au xvji« siècle, qui ne sache
que le panégyrique est le chef-d'œuvre de l'éloquence,
et que l'orateur fait son éloge toutes les' fois qu'il réussit
à faire celui des autres. » Cent ans plus tard, un habile
homme, auteur de Nouvelles Observations sur les diffé-
rentes méthodes de prêcher, consacrait aux panégyri-
ques un chapitre entier, et il montrait en ces termes les
défauts dans lesquels on pouvait tomber. « Les panég}^-
riques, disait l'abbé Albert, ont toujours été regardés
comme l'éciieil des prédicateurs. Rarement y réussit-on...
Tantôt c'est une naiTation prolixe de la vie du saint qui
approche plus de l'histoire que du panégyrique. Tantôt
c'est \ia éloge qui ne convient pas plus au saint que l'on
célèbre qu'à plusieurs autres... ; on n'aurait qu'à y chan-
ger le nom pour s'en sarvir aux jours de leur fête. Quel-
quefois on élève un saint en déprimant les autres... Ici
c'est un orateur qui est si attentif aux actions miracu-
leuses et à la gloire de celui dont il fait l'éloge qu'il ou-
bhe ses auditeurs... Là c'est un prédicateur qui donne
dans un excès tout contraire : uniquement occupé de
l'édification de son auditoire, il ne fait connaître qu'im-
parfaitement le mérite des saints... etc. » Ce qui compli-
que encore la difficulté, c'est que le panégyrique doit
toujours visera la grande éloquence, etne se pas contenter
des quahtés modestes du genre délibératif auquel il ap-
partient pourtant. « Les éloges doivent être magnifiques,
dit encore notre auteur citant le judicieux Rolîin. Il est
permis d'y déployer toutes les richesses de l'éloquence et
d'en étaler toute la pompe : pensées ingénieuses, expres-
sions frappantes, figures agréables, métaphores hardies,
arrangements nombreux et périodiques... etc. »
II résulte de cçs observations que l'histoire du pané-
gyrique chrétien est celle de l'éloquence i^eligieuse elle-
même. Cultivé avec succès par les Pères grecs et latins,
il est devenu au moyen âge un mauvais sermon, et c'est
seulement au xvii® siècle qu'on le voit apparaître dans
toute sa beauté (V. Oratoire [Art]). Tous les prédica-
teurs en renom se sont exercés à composer dos panégy-
riques, et l'on peut distinguer dans la foule ceux du
P. Senault, de Rossuet, de Rourdaloue, de Fléchier et de
Massillon. Le P. Senault et Fléchier ont eux-mêmes pubUé
les leurs. Ceux de Rossuet, de Rourdaloue et de Massillon
n'ont été imprimés qu'après la mort de leurs auteurs. On
retrouve dans tous ces discours les' qualités et les défauts
ordinaires des orateurs dont ils portent le nom ; la posté-
rité semble élever au-dessus de tous les autres, sans com-
paraison possible, les panégyriques composés par Rossuet,
notamment les panégyriques de saint Paul, de saint André
et de saint Rernard, que l'on peut mettre en parallèle
avec les plus admirables sermons de Rossuet et même
avec ses oraisons funèbres.
On voit par ce qui précède que le nom de panégyrique
appartient exclusivement, depuis le iv« siècle de l'ère chré-
tienne, à l'éloquence religieuse; mais dans l'usage on le
donne à des éloges d'une tout autre nature que les éloges
des saints. Le panégyrique se confond même presque
complètement avec l'éloge, témoin ces vers de Roileau :
Un éloge ennuyeux, un froid panégyrique,
Peut pourrir à'son aise au fond d'une boutique.
La seule différence marqué^ par les auteurs de syno-
seuls auxquels on puisse conserver raisonnablement le
nom de panégyriques. A. Gazier.
PANÉWIONE (V. Moteur, t. XXIV, p. 447).
PANEMUS (Calendr.). Nom du neuvième mois de Fan-
née dans l'ancien calendrier macédonien. D'après Save-
rien, on donna ce nom au sixième mois, à la suite de la
conquête de l'Arabie.
PANERAI (Napoleone), journaliste et auteur di^amatique
italien, né à Florence en 1840. Il a dirigé la Domenica
florentina, puis il est passé à VElettrico, où on peut
lire encore ses articles pleins de verve. Il a écrit et pu-
blié les comédies suivantes: Non giuraiy (Milan, 1872) :
Un marito vale un re (ibid. , 1872) ; Non v'ha peggior
nemica d'una innamorata antica (ibid., 1872); VEre
dità di un geloso {ibid., 1874). Il a écrit encore : Fra
babbo e mamma [ibid., 1884); le Quattro stagione
(Florence, 1896), etc. M.Menghini.
PANETERIE. 1^ Une des deux fonctions de l'office du
gobelet du roi, qui consistait à préparer le couvert du roi,
le linge de table, le pain, etc. Elle comprenait 1 chef
ordinaire, 12 sommiers, 4 aides, etc.
2'^ Office de la maison du roi, comprenant 19 sommiers
et 2 lavandiers. H. Monin.
PANETIER (Grand). Grand officier de la couronne de
France, qui était à la tête de la paneterie dans la maison
du roi. Au sacre, dans les cérémonies et aux jours de
grandes fêtes, il servait en personne à la table royale avec
î'écuyer tranchant et le grand échanson. Jusqu'en 1711,
il exerça une juridiction sur les boulangers de Paris ; il
percevait encore sur les membres de cette corporation, au
xviii^ siècle, divers droits plus honorifiques que lucratifs.
Le premier grand panetier connu se nomme Eudes Arrode,
mort en 1217. L'office, qui eut pour titulaires les plus
grands seigneurs de France, entre autres deux Montmo-
rency, finit par se fixer, sm moy en à^s survivances (V. ce
nîot) dans la famille de Cossc-Brissac, depuis 1495 jus-
qu'à la Révolution. H. Monin.
BiBL. Le Père Anselme de Sainte-Marie, Histoire
généalogique et chronologique de la maison de France et
des grands-officiers de la cow^onne; Pans, 1674, 2 vol.
in-4. — V surtout le t. VIII du même ouvrage, continué et
augmenté par Dufourny et les PP Simplicien et Ange de
Samte-Rosalie , Pans, 1726-33, 9 vol. m-fol. — Apres 1733,
les Almanacfis royaux et les Almanachs de la] cour de
France. — R. de Lespinasse, les Métiers de Pans, 1897,
m-fol. {consulter la Table alphabétique du t. III).
PANETIÈRE (V. Costume, t. Xïï, p. 1163).
PANÉTIUS DE Rhodes, disciple des stoïciens Diogène
et Antipater, né vers 180 av. J.-G. Il vécut plusieurs
années à Rome, commensal de Scipion et ami de Lélius.
En 143, il accompagna le premier dans son voyage en
Orient et a Alexandrie. Puis il succéda à Antipater dans
la direction de l'école stoïcienne d'Athènes, où il mourut
vers 110 av. J.-C. On lui attribue sept écrits, sur le De-
voir, dont Cicéron s'est beaucoup servi pour le De offi-
dis et qui a ainsi indirectement inspiré le De officiis mi-
nistrorum de S. Ambroise ; sur les sectes philosophiques,
sur la mantique, que rappelle en certains endroits le De
divinatione de Cicéron ; siu» la politique, sur la Provi-
dence, à propos duquel se sont élevées de nombreuses dis-
cussions pour savoir si le De natura Deorum de Cicéron
en reproduit les doctrines essentielles, etc. À Athènes et
à Rome, il eut de nombreux disciples, qu'énumère Zeller,
et dont les plus célèbres sont Q.M. Scevola, Sextus Pom-
pée, les Balbus , Mnésarque, son successeur à Athènes,
universelle, qui doit, selon les stoïciens, ramener T
divine, d'où sortira une nouvelle variété, et il trouve
semblable l'éternité du monde admise pai^ Aristote. ]
être encore se rapproche-t-il de certains disciples d
tote, en niant que l'âme survive, même pendant un c(
temps, à ce que nous appelons la mort. En tout cas,
souvenait du péripatétisme, lorsque, dans sa réduct
SIX des huit parties de l'âme humaine, il attribuai!
nature, et non plus à l'âme, la faculté reproductrice ;
qu'il divisait la vertu en théorique et en pratique,
serait encore rapproché des platoniciens et surtout d'
tote, s'il avait, comme l'affirme Diogène Laërce (vu, 12
auquel Zeller d'ailleurs refuse d'ajouter foi — déclai
la vertu ne suffit pas à elle seule, mais qu'il faut y je
la santé, la force, la richesse. La même tendance s
trouve dans l'abandon de l'analgésie et de l'apathie;
l'acceptation d'un plaisir conforme à la nature; lor
néglige le */.aTdp8w{jt,a pour s'attacher au xaôfjxov ;
s'adresse non pas au sage, mais à l'homme qui m
pas (Sénèque, Ep. HQ, 4), etc. Avec Parnétius !
blit à Rome une philosophie dont les tendances écleci
atteindront leur complet développement avec Plotin,
le caractère unificateur et pratique revivra dans le (
tiamsme romain. F. PicAv
BiBL. . Van Lynden, De Pansetio Rhodio, Leyde,
— Ed. Zeller, Die Philosophie der Griechen, IV, p.
suiv. — Thiaucourt, Essai sur les traites philosopl
de Cicéron, Pans, 1885. — L. Stein, Die Psychologi
Erkenntmstheorie der Stoa; Berlin, 1886-88. — Schm
Die Philosophie der mittlere Stoa; Berlin, 1892.
PANETTI (Domenico), peintre italien de l'école d(
rare (première époque), né à Ferrare en 1460, n
Ferrare vers 1530. Ses premières productions furen
faibles, mais lorsque le Garofalo, qui avait été son
et l'avait quitté pour aller étudier sous Raphaël, re
Ferrare, le maître ne dédaigna point de prendre des ]
de celui qu'il avait initié aux secrets de la peu
Panetti fit alors des progrès rapides et si étonnanti
ses derniers ouvrages le disputent à ceux des mei
peintres du xvi^ siècle. Son chef-d'œuvre est le •
André du couvent des Augustins, actuellement au i
de Ferrare. Ce tableau se distingue par la grandeur
majesté des figures. On a également de lui : le i.
fnort et les trots Maries, qui est au musée de Bi
r Annonciation et la Visitation, au musée de Fer
une Pie ta; au musée de Berlin.
BiBL. Vasari, éd. Milanesi, VI, 458. — Lubke, C
der ital. Mâler., I, 485.
PANFILI (Jean-Baptiste) (V. Innocent X).
PANGANI. Fleuve de l'Afrique orientale, qui
naissance dans les monts Moérou (4.453 m.) et
man Djaro (5.700 m.). La branche la plus ék
a son origine sur le versant N.-E. du premier, s(
nom de Roufou ou Loufou : on la considère comn
branche mère, à laquelle vient s'en joindre une se
qui sort des marécages au pied méridional du Moérc
Roufou se grossit ensuite des torrents descendu
flancs au S. et au S.-E. du Kiliman Djaro, dont le
cipal est le Rombo ou Loumi. Celui-ci traverse ]
Djipé et reçoit à droite la Kiléma. Le fleuve prin
grossi d'un affluent de droite, le Komau, et qui
coulé au S'., se dirige au S.-E. Après avoir reçu, à.ga
un nouvel affluent, VOurenghéré, il descend entre
terrasses coralligènes ; mais ses rives se montrent gé
lement assez différentes d'aspect : la rive septentr
943 -^
PANGANI — PANaOLIN
élevée, rocheuse et aride ; la méridionale, basse et ver-
doyante. LePangani, dans son cours supérieur, offre mille
obstacles pour la navigation, soit des rochers et des ra-
pides, et ne devient navigable qu'à une quarantaine de kil.
de la mer ; il débouche dans l'océan Indien, au S. de la
baie et de la ville du même nom, celle-ci étant bâtie sur
sa rive gauche, et se trouvant à 88 kil. N.-N.-O. de Zan-
zibar, à 5° 25^ lat. S., 36° 41' long, E. L'embouchure est
obstruée par une barre, mais surmontée encore de 2 m.
d'eau aux basses mers, La longueur totale de ce cours
d'eau, parallèle aux deux autres grandes rivières plus au
N., le Sabaki et le Tanna, est de 420 kil. — Le Pangani
supérieur ou Loufou ou Roufou, sépare le Paré et le pays
de Massai ; plus bas, le fleuve sert de hmite aux deux
protectorats, allemand et britannique. Ch. Delavaud,
PAN 6 AN L Ville de la côte orientale d'Afrique, située
sur le littoral de l'océan Indien. Elle fait partie actuelle-
ment de l'Afrique orientale allemande.
PANGANOUR. Ancienne principauté de l'Inde méridio-
nale, aujourd'hui annexée et faisant partie du district
d'Arcote-Nord, présid. de Madras. Située à l'angle N.-O.
du district, sur la frontière de Maïsour, elle compte
4.350 kil. q. et près de 80.000 hab, L'ancienne capitale
qui a donné son nom à la principauté est à 700 m. d'alt.
et a 8.000 hab.
PANGASINAN, Peuplade qui occupe dans l'île Luçon
(Philippines) la province de ce nom, située à l'O. entre
le golfe de Lmgayen et la baie de Manille, bornée au N.
par les provinces de Benguet et de la Union, et par le
golfe, àl'O. par la province de Zambale, bande littorale,
au S. par la province de Tarlac, qui la sépare de celle
de Pampanga, à FE par celle-de Nueva-Ecija. La divi-
sion administrative espagnole fait partie du bassin de
TAgno-Grande, qui débouche dans le golfe de Lmgayen ;
c'est un pays plat, dont les bornes naturelles, en outre
de la mer au N., sont la plaine de Pampanga au S., les
monts des Igorrotes à TE., et ceux de Zambale à l'O. Il
s'y trouve des volcans éteints ou non éruptifs. Le sol fer-
tile produit surtout du riz, les eaux sont poissonneuses.
Superficie, 4.366 kil. q. ; population, 252.892 hab. ;
densité, 58. Capitale Lmgayen, avec port maritime, Suai.
Les Pangasinans ne se rencontrent pas ailleurs dans
l'archipel, ils ont été refoulés et envahis, du côté de la
mer, parles Ilocanos, au N. et à FE, par lesTagals, aux-
quels ils s'assimilent. Ils sont d'origine malaise, comme
les autres peuplades, sauf les Negritos aborigènes, et ré-
sultent d'un mélange d'hommes de différentes nations, de
même que les autres « Indiens » christianisés des Philip-
pines, différant entre eux par leur idiome : soit Filocano
pour les llocos, les Tagals, etc., le panpango pour les Pam-
pangos et les Pangasinans. Ceux-ci sont de bons agiicul-
teurs (V. Philippines). Ch. Delavaud.
RANGE. Ville de la Lorraine annexée, sur la Nied fran-
çaise (r. g.). Stat. sm^ la voie ferrée de Metz à Boulay,
avant 1874, ch.-l. de cant., arr. de Metz. En patois
messin, Painge ; première mention: Spanges, 4093 (col-
légiale de Samt-Sauveur, arch.). Terre lorraine enclavée
dans le pays messin. Le ban de Pange, avec ses annexes
Mont et CoUigny, fut cédé en toute souveraineté à la Lor-
raine par un traité entre la cité de Metz et le duc Charles IIÏ
(4604). La seigneurie de Pange fut érigée en marquisat
le 6 juil. 4766 par le roi Stanislas. En 4777, le ban de
Pange se composait des villages de: Pange, Ars-Laque-
nexy, Domangeville, Pont-à-Domangeville, M^izery, Vil-
lers-Laquenexy et Loixy, Marsilly et Maizeray. BaiUiage
de Boulay, Château du xviii® siècle. Armoiries du mar-
quisat : D'argent au chevron d'azur, chargé à dextre
d'une épée d'argent, à senestre d'un roseau d'or et
accompagné de trois étoiles de gueules. E. Ch
PANGE (Marie-François-Dems Thomas de), publiciâte
français, né à Poris le 9 nov. 4764, mort à Passy en
sept. 4796. Fils d'un trésorier de l'extraordinaire des
guerres, le chevalier de Pange appartenait à une ancienne
et opulente famille lorraine. Elevé dans le monde de la
finance, fréquentant chez les Trudaine, il s'y lia d'amitié
avec les deux Chénier et se distingua bientôt par ses vues
libérales. Il collabora : avec Condorcet, au Journal de la
Société de il 89 ; au Journal de Pans, rédigé par Suard
(4792) ; puis aux Nouvelles politiques, nationales et
étrangères (4795). On a au^si de lui : de la Sanction
royale (Paris, 4789); Réflexions sur la délation et le
comité des recherches (Paris, 4790). Ses observations
philosophiques et morales ne sont pas sans finesse ; le
style est sobre et nerveux. Les écrits de Fr. de Pange
ont été réunis et publiés, avec une Etude sur sa vie et
ses œuvres, par L. Becq de Fouquières (Pans, 4872,
in-48). ^ ^ Pierre Boyé.
P A N G ÉO M ET R I E.On appelle ainsi l'ensemble de toutes les
géométries non euclidiennes, ou, si l'on veut, non classiques
(V. Géométrie, Dimensions, Mathématiques, Philosophie).
PANGERMANISME. On désigne par cette expression
le système qui consisterait à rasse^mbler en une confédé-
ration ou en un 'Etat, toutes les nations d'origine germa-
nique, ou seulement tous les Allemands. Le dernier sens
est le plus usité. Il existe en Allemagne un Alldeutscher
Verband, qui demande avant tout « un étroit rattache-
ment économique et politique avec les autres Etats de na-
ture germanique », en premier lieu avec l'Autriche, la
Hollande et la Suisse. Ce mouvement, malgré que son but
manque de précision, se développe en Allemagne; il est
la suite des mouvements dits Einiges Deutschland et
Grossdeutschland consacrés parles succès de 4 870-74 .Une
des dernières manifestations du pangermanisme militant fut
cette scandaleuse obstruction au Reichsrath de Vienne en
4897. Les journaux et les Universités de l'Allemagne, frater^
nisant avec « leurs frères d'Autriche », encourageaient l'op-
position parlementaire des députés allemands contre les
« ordonnances des langues », qui accordaient à la majo-
rité tchèque en Bohême et en Moravie une partie des droits
que possédait la minorité allemande. M. Gavrilovitch.
PAN G ES. Com. du dép. de la Côte-d'Or, arr. de Dijon,
cant. de Saint-Seme ; 126 hab.
PANGIAGÉES ou PANGIÉES. Groupe de plantes, ne
formant plus aujourd'hui qu'une section des Bixacées
(Pangieœ), ayant de commun avec les autres sections le
placenta pariétal et les graines arillées, et essentiellement
caractérisés par les fleurs dioïques à pétales pourvus d'une
écaille à leur base. Les genres principaux sont, outre Gy-
nocar^dia R. Br. et Hydnocarpiis Gaertn. (V. ces mots),
le genre type Pangmm Rumph. , qui a pour caractères :
calice valvaire ; pétales 5-8, imbriqués ; étamines nom-
breuses, et gynécée libre à un ovaire uniloculaire, à 2-3 pla-
centas pariétaux multi-ovulés ; fruit bacciforme; graines
albuminées, grosses et oléagineuses. La seule espèce con-
nue. P. edule Reinw., est un arbre originaire de Java,
cultivé aux Moluques et dans tout l'archipel Indien. Toutes
les parties de la plante sont anthelmmthiques et narco-
tiques ; elle produit chez l'homme une intoxication carac-
térisée par la somnolence, des vomissements et une sorte
d'ivresse ; d'après Blume, le suc des feuilles renferme de
la ménispermme ou un alcaloïde analogue; Le suc des
feuilles sert contre les maladies de la peau. Les graines,
broyées et macérées dans l'eau, perdent leurs propriétés
toxiques et fournissent une huile comestible, qui retient
cependant plus ou moins ses propriétés purgatives. L'écorce
et les feuilles, jetées dans les cours d'eau,-servent à étour-
dir les poissons, D^ L. Un.
PANGIUWI (Bot.) (V. Pangiacées).
PANGOLIN (Manis) (Zool.). Genre de Mammifères de
l'ordre des Edentés, devenu le type d'une famille bien dis-
tincte (Manidœ), essentiellement caractérisée par la na-
ture de son pelage remplacé, sur toute la face dorsale du
corps, par de larges écailles imbriquées, avec quelques
poils rares poussant dans les intervalles. Ces écailles, de
nature cornée, sont formées par la soudure d'un certain
nombre de poils, dont la véritable nature est encore vi-
PANGOLIN — PANIC ~ 944
sible chez l'embryon. Chez T adulte, les dents font com-
plètement défaut, mais Rose a montré récemment (1892)
qu'elles existaient à l'état rudimentaire sur le fœtus et
s'atrophiaient avant la naissance. La langue est longue,
vermiforme et protactile. Les membres sont courts, à
5 doigts bien développés à tous les pieds et munis de
fortes griffes comprimées, fouisseuses. La queue est longue,
entièrement couverte d'écaillés, dessus et dessous. Les or-
ganes internes présentent des particularités qui séparent
nettement les Pangolins des autres Edentés : l'utérus est
franchement bicorne s'ouvrant dans un vagin unique ; le pla-
centa est diffus et dépourvu de caduque, ce qui rappelle les
Ongulés. Le squelette et notamment le crâne ont une forme
très particulière. La bouche et les yeux sont très petits.
Les Pangolins ou Fourmiliers écailleux sont propres
à l'ancien continent (Asie méridionale, Malaisie, Afrique)
et vivent dans les régions mter tropicales. Leur corps est
Pangolin a ventre blanc (Manis tricuspis).
allongé, bas sur pattes, les postérieures étant planti-
grades, et leur taille varie de 30 centim. à 1 m. en y
comprenant la queue qui représente à peu près moitié de
la longueur totale. Ils vivent généralement à. terre et sont
fouisseurs, se nourrissant plus spécialement de termites
qu'ils engluent à l'aide de leur longue langue ; quelques-
uns montent facilement aux arbres et, s'y fixant solide-
ment à l'aide de leurs pattes postérieures et des écailles
de leur queue, meuvent le train antérieur dans tous les
sens pour y chercher les Insectes. Ils peuvent s'enrouler
en cachant la tête et les membres sous leur cuirasse écail-
leuse, et prennent cette attitude lorsqu'ils sont menacés
par quelque danger. Leur revêtement d'écaillés et la cou-
leur d'un brun uniforme que présente cette enveloppe leur
donne une ressemblance superficielle avec les Reptiles. La
famille ne renferme qu'une demi-douzaine d'espèces que
Ton peut toutes rapporter au genre Mams, le sous-genre
Pholidotus renfermant les espèces asiatiques dont une es-
pèce cependant est aussi d'Afrique.
Le sous-genre Maîiis proprement dit est d'Afrique et
renferme deux espèces. Le Pangolin à longue queue
{M. teti^adactyla L.) est remarquable par sa queue
énorme, presque deux fois aussi longue que le corps et
très large ; cette queue présente 49 vertèbres, ce qui est
le chiffre le plus élevé que l'on connaisse chez les Mam-
mifères. Il habite l'Afrique occidentale et centrale (du Sé-
négal à Angola, etdansrintérieurjusqii'aupaysdes Niam-
Niam). Le Pangolin à ventre blanc (M. tricuspis ^âûn,),
dont les écailles sont à trois pointes, a la queue moins
longue et moins large, et les poils du ventre sont d'un blanc
sale. Comme l'espèce 'précédente, la face interne de ses
pattes antérieures est poilue (et non écailleuse comme chez
les Pangolins asiatiques). Tous deux montent aux arbres,
comme l'indique la callosité dépourvue d'écaillés que porte
l'extrémité de la queue. Le M. tricuspis grimpe facilement
aux arbres et s'y accroche aux moindres aspérités en gon-
flant son corps et redressant ses écailles de telle sorte que
même, après avoir détaché ses griffes, il est presque im-
possible de l'en séparer. Sa chair est très recherchée par
les indigènes. Le Pangolin géant (M. gigantea) dont
M. Temmmckii n'est qu'une sous-espèce, est dépourvu
de callosité à la queue et ne semble pas monter aux arbres.
Il habite toute l'Afrique équatoriale, du Sénégal au Kor-
dofan. Les espèces asiatiques, au nombre de trois, sont :
Manis pentadastyla(L.), de l'Inde et deCeylan; M. au-
rita (Hodgs.), de l'Himalaya, de l'Indo-Chine et de la
Chine méridionale jusqu'à Formose et M. javanica (Desm.)
de rindo-Chine et des îles Malaises (Java, Sumatra, Bor-
néo) jusqu'à Célèbes; comme le 31. gigantea, elles ne
montent pas aux arbres.
Des débris fossiles de l'éocène du S. de la France ont
été rapportés par Filhol à cette famille sous les noms de
Necromanis QtLeptomanis, D'après Lydekker, le Mams
gigantea B.\mssèsQS débris dans les cavernes quaternaires
de l'Inde méridionale, ce qui confirme l'origine asiatique de
cette espèce et de tout le sous-genre Pholidotus (V. Elen-
TÉs). E. Trouessart.
PANHARWIONICON. L'invention de cet instrument de
musique, ou plutôt de cette machine, est due au mécanicien
Maëlzel, l'inventeur du Métronome (V. ce mot). Maëlzel
était fort bon musicien et pianiste habile. Son panharmo-
nicon devait être sans doute une sorte d'orgue mécanique,
semblable, avec plus de perfectionnements peut-être, à ces
orgues à cylindres de grandes dimensions que l'on trouve
souvent aujourd'hui à l'étranger dans les établissements
publics. Cependant il paraît, au dire des contemporains,
que cet instrument reproduisait très exactement, non seu-
lement le timbre des diverses voix de l'orchestre, mais
aussi les forte et les piano, toutes les nuances d'expres-
sion en un mot. C'est en 4805 que Maëlzel, ayant achevé
sa construction, exhiba le panharmonicon à Vienne. Deux
ans après il venait à Pans on il fit fureur. Cherubini ne
dédaigna pas de composer un morceau pour le panharmo-
nicon. A la fin de 4807, Maëlzel cédait son œuvre, moyen-
nant 60.000 fr., à un amateur. Aussitôt après, il se re-
mettait au travail et construisait un second instrument
semblable au premier, mais ou il avait introduit divers
perfectionnements. Ce dernier instrument fut transporté,
vers 4823, en Amérique et vendu, paraît-il, 400.000 dol-
lars à une société qui se proposait de l'exploiter. On ne
sait aujourd'hui ce que sont devenus les deux panharmo-
nicons de Maëlzel. Celui-ci, qui passait volontiers d'une
idée à une autre, n'a plus construit par la suite aucune
machine analogue, et n'a laissé aucune description des
moyens qu'il employait pour produire les effets, si variés
et SI puissants, de l'instrument qu'il avait inventé. H. Q.
PANL Tribu galla de l'Afrique orientale. Elle habite
au S. des Ouébi-Chébli une région qui fait partie des
possessions italiennes^ de l'océan Indien. Les Panis sont
musulmans.
PAN 1 AL (angl. Punial). Nom que porte la vallée de
la rivière de Ghilghit, affluent de droite de l'Indus, entre
le fort anglo-mdien de Ghilghit en aval et le Yassin en
amont, sur une longueur d'environ 40 kil. On y compte
quelques villages fortifiés selon la coutume du pays. La
vallée est sous la suzeraineté anglaise par l'intermédiaire
du maharadjah de Cachemire, des Etats duquel elle occupe
l'angle N.-O.
PANIC {Panicum L.). I. Botanique. — Genre deGra-
minées-Panicées, comprenant environ 230 espèces propres
aux régions chaudes du globe. Leur inflorescence est le
plus souvent en panicules lâches, mais souvent aussi les
épillets sont simples et disposés lâchement sur l'axe prin-
cipal ou rapprochés de son sommet. Le fruit est hbre.
D'après Bâillon, il faut rapprocher des Panics, comme
simples sections, les Thrasya, Bluffa, Digitaria, Echi-
nochloa. Le P. miliaceum L., originaire de Fïnde, est
bien connu sous le nom de Millet (V. ce mot) ; le P-pi-
mentorum Pers. est cultivé en grand dans l'Amérique
945 ~
[>AN1C — PÂNINI
pour ralimeiitatioii des bestiaux. — Les Selaria Pal.-
Beauv. sont très voisins des Panicum, dont ils se distin-
guent surtout par leur inflorescence en épi très dense. Le
S. italicalinnih {Panicum italicum L.) fournit le mil-
let des oiseaux. D'' L. Hn.
IL Agriculture (V. Millï:t, Moha).
PAN 1 CALE (Masolino di Cristofano diFino da), peintre
italien, né à Florence en 4384, mort vers 1440 (?). Le
premier ouvrage de cet artiste est la décoration d'une
partie de la chapelle des Brancacci, dans l'église du« Car-
mine ». On lui attribue communément : Adam el Eve
chassés du paradis, la Prédication de saint Pierre, la
Guérison du paralytique, la liésurrection de Talnlha.
Plus tard, Masolino fut appelé en Hongrie par uji de ses
compatriotes qui y avait fait fortune, le fameux Pippo
vSpano, et y exécuta diverses peintures qui ont disparu.
Son ouvrage le plus complet et le plus authentique est le
cycle des fresques de Castigiione d'Olona, entre 1428 et
1435 ; il a pour sujet la Vie de la Vierge et des saints
Etienne et Laurent, et la Vie de saint Jean-Baptiste
et desévangélisles. Le retour, presque inconscient encore
et bien minime de Tart, vers les modèles antiques, se
manifeste dans les détails charmants de l'ornementation.
Le réalisme y pénètre par l'étude approfondie des gestes,
des attitudes ; l'on y voit des raccourcis assez heureux et
des figures de femmes d'une grâce piquante. Masohno
appartenait effectivement à cette troupe d'artistes géné-
reux, avides de progrès, dont les efforts ardents à vaincre
la difficulté sous toutes ses formes devaient amener l'évo-
lution du moyen âge ténébreux à la triomphante Renais-
sance. Les critiques n'ont pas réussi à se mettre d'accord
sur l'attribution à Masolino des fresques de l'éghse Saint-
Clément à Rome {la Crucifixion, la Vie de sainte
Calherine). Les uns tiennent pour Masolino, les autres
pour Masaccio, son élève favori. Masolino exerça aussi,
dit-on, sur Gentile da Fabriano, une influence des plus
heureuses. P. de Corlây.
BiBL. : Vasari, ('hI. Milanesi. — - CRO^YE et Cavalca-
SELLE, Histoire de la peiiif,ure en Italie. — Burc^khardt.
le Cicérone. — ^U'ST A. Histoire Oe VArt pendant la Re-
naissance.
PANICAUT (Bot.) (V. Eryncium).
PANICOGRAPHIE. Procédé de gravure en relief sur
zinc, inventé en 1850 par Firmin Gillot (V. ce nom), el
qui consiste à transformer un dessin à l'encre lithogra-
phique en un cliché sur zinc, qui simprime sur la presse
typographique. Ce procédé est plus connu sous le nom
de (jillotage.
PANICULE (Bot.) (V. LxFLOREbCENCE).
PANIER. L Technologie (V. Vannerie).
IL Architecture. — Anse de panier. L'anse de pa-
nier est une arcade formée par une courbe à plusieurs
centres (V. Anse, t. III, p. 1^3, et fig.). En maçonnerie,
on appelle panier une boite de forme cylindrique, dont le
fond à claire-voie est un treillis d'osier ou de métal et au
travers duquel on passe une première fois le plâtre, qui
est dit alors plâtre au panier et qui se vend moins cher
que le plâtre au sas, lequel est plus lin. On appelle aussi
panier la caisse de bois, avec petits redonts intérieurs,
servant à transporter les feuilles de verre en les isolant
Tune de l'autre.
m. Costume (V. Costume).
PAN 1ER I (Ferdinando), théologien italien, né à Pistoie
le 24 nov. 1759, mort à Pistoie le 27 janv. 1822. R
professa le dogme au séminaire de sa ville natale, adopta
les idées jansénistes de son évcque Ricci, et, après la
démission de celui-ci, adressa une rétractation au pape.
Il fut alors pourvu d'un canonicat. Il a laissé des ouvrages
de théologie et le catalogue des saints de Pistoie.
lliWL : AIaiiui., AiDUiinre iiécroL. 1823,
PANIFICATION (Techn.) (V. Uoulangerje).
PANIGAROLA (Francesco), prédicateur italien, né à
Milan le 6 janv. -1548, mort à Asti le 31 mai 1594.
Disciple de Pateario (V. ce nom), il entra dans l'ordre
GRANDE ENGYGLOPÉhTE. — X\V.
des cordeliers. Nommé évèque d'Asti en 4587, il ne quitta
plus désormais sa ville épiscopale que pour faire un court
voyage à Paris en faveur de la Ligue. Ami du Tasse et
du cavalier Marin, il fut célébré par ses contemporains
pour son éloquence. On a de lui: Lezioni XX contro Cal-
joino (Venise, 1583); Prediche speizate (Asti, 1591) ;
Tre prediche faite in Parigi {ibid., 1592); Seiquare-
simalifattiin /ioma(Rome, 1596) ; Specchio di guerra
(Bergame, 1596); Eomiliœ Romœ habitœ anno i580
(Venise, 1604); Il predicatore (Venise, 1609), etc.
PANILLE (Stanislas) (V. Blanchet).
PANILLEUSE. Com. du dép. de l'Eure, arr. des Ande-
lys, cant. d'Ecos; 251 liab.
PAN IN (Nikita-Ivanovitch, comte), né le 27 sept. 1718,
mort le 12 avr. 1783, fils du général-lieutenant IvanVas-
siliévitch, qui s'était distingué dans les campagnes de
Pierre le Grand. Sa famille était originaire de la Répu-
blique de Lucques, d'oti elle était venue au xv« siècle.
Nikita entra tout jeune dans l'armée et devint bientôt offi-
cier. Grâce à ses liens de famille, il fut nommé chambel-
lan de l'impératrice Elisabeth (1741). En 1747, il était
envoyé en qualité de ministre plénipotentiaire à Co-
penhague, en 17i8 à Stockholm, et c'est là qu'il fit sur-
tout preuve de ses qualités de diplomate. En 1760, il fut
rappelé et nommé gouverneur du grand duc Paul Petro-
vitch (plus tard Paull^^). En 1763, Catherine II le nomma
ministre des affaires étrangères. Lorsque le grand-duc se
maria, en 1773, Nikita fut comblé de dignités et de do-
nations. Pendant son ministère de vingt ans, il faut si-
gnaler surtout : le traité de 1764 entre Catherine II et
Frédéric II (11 avr. 1764), en vue de soutenir l'élection
de Stanislas Poniatowski au trône de Pologne (élu le
7 sept. 1764) ; la guerre contre la Turquie et le traité de
Kaïnardjii (1774), et la déclaration de la neutralité armée
dirigée contre l'Angleterre (9 mars 1780). Vers la fin de
sa^vie, il tomba en disgrâce auprès de l'impératrice
(1780), et lorsqu'il mourut, il fut sincèrement regretté
par le grand-duc Paul. Sa politique étrangère, c'était le
système du Nord, c.-à-d. l'alliance avec la Prusse et
l'xVngleterre : il est signalé par les premiers démembre-
ments de la Pologne et de la Turquie. Le ministre de
France, Durand, donne de lui ce portrait : « Bonhomme,
mais sans vigueur et sans courage d'esprit... Le sommeil,
la panse, les filles étaient ses aflaires d'Etat». Le ministre
anglais Marris dit que, par jour, il ne consacrait pas plus
d'une demi-heure au soin des affaires.
PAN IN (Pierre Ivanovitch, comte), né en 1721, mort
en 1789, frère du précédent. Entré dans le régiment
Ismailovski (1735), il avait pris part dans la guerre de
Crimée (prise de Perekop et de Bakhtchisarai en 1736) et
contre la Suède (1742). Dans la guerre de Sept ans, il
s'était particulièrement distingué. C'est à lui que revient
l'honneur de la victoire à Francfort-sur-l'Oder (1759).
En 1760, il était général-lieutenant, avait pris part à la
prise de Berlin et fut nommé gouverneur de la Prusse. En
1769, il était envoyé contre la Turquie et prit Bender
(1770). Proposé par son frère, alors ministre (V. ci-des-
sus), il fut envoyé contre Pougatchev et étouffa le soulè-
vement (1775). Après, il se retira dans la vie privée. R
eut dix-sept enfants, dont un seul fils. — Son petit-fils,
Victor NiJdtitch (né en 1800, mort en 1874), a été
quelque temps chancelier des affaires intérieures (1864-67).
M. Gavrilovitch.
BiBL. : P. Lebedov, les Coniles Nikita et Pierre Panine ;
Pétersbourg-, 18G3. iii-8.
PANINI est le plus célèbre des grammairiens sanscrits,
et son nom fait encore autorité dans l'Inde où il fut de
bonne heure con.sidéré comme un richi directement ins~
juré par Siva. R serait né à Salâtura, dans le pays de
Gandhàra (aujourd'hui le village de Lahor, à 6 kil. au
N.-O. d'Ond ou Hund, dans le district de Pechavar).
Comme il mentionne les Yavanas et leur langue, on s'ac-
corde généralement h jiensor (fu'il vécut au temps
60
PANINI
— 946 —
d'Alexandre. Sa grammaire fut une révélation pour les
linguistes européens du commencement de ce siècle. Elle
a été éditée et traduite en allemand parO. Bolitlingk.
Le système grammatical élaboré par Pànini et ses pré-
décesseurs ignorés est une des productions les plus origi-
nales de l'esprit indien et vaut la peine qu'on s'y arrei(4
un instant. Tout d'abord, pour lui, la grammaire, qu'iï ap-
pelle « analyse », n'est pas une méthode pour arriver à
la connaissance d'une langue, mais une science en soi ; il
s'agit, non de faciliter rélude du sanscrit, mais, selon le
mot de Goldsiucker, « d'en faire l'histoire naturelle » et
de dresser de façon tout empirique l'inventaire com.plet
de ses formes gramm.aticales. D'autre part, cet inventaire
devra être condensé sous la forme la plus abrégée qu'il
sera possible pour répondre aux exigences de l'ejiseignc-
ment purement oral des vieilles écoles brahmaniques. Cette
])rièveté, si chère au cœur des grammairiens indiens que,
d'après le dicton, « l'économie d'une syllabe leur causait
autant de joie que la naissance d'un fds », est réaKsée de
deux manières : 1^ en résumant chaque règle dans une
courte formule en langage convenu, que l'élève appren-
dra d'abord par cœur et que les commentaires oraux du
maître l'aideront ensuite à comprendre ; 2° en rangeant
les formules ainsi obteny.es dans l'ordre qui nécessitera
le moins de répétitions de mots. Dans le premier dessein,
Pànini, au début de son ouvrage, convient d'un certain
nombre d'abréviations à employer par la suite ; ])ar
exemple, ac servira à désigner toutes les voyelles, nam
toutes les nasales, liai toutes les consonnes, ku toutes
les gutturales muettes, Hup toutes les désinences ca-
suelles, etc. Il arrive ainsi à une surprenante concision.
Prenez par exemple cette règle des grammaires sanscrites
européennes : « l'une quelconque des voyelles aux([uelles
correspondent des semi-voyelles, qu'elle soit brève ou
longue, devant une voyelle de nature diifércnte ou une
diphtongue, se change en la semi-voyelle correspondante » :
chez Pànini, elle tient dans les cinq syllabes : iko y an
aci (Vï, I, 77). • — En second lieu, il faut savoir que telle
loi, énoncée une fois pour toutes, commande un certain
nombre des règles immédiatement suivantes, que tel mot
doit être sous-entendu sans avoir besoin d'être répété
après toutes les formules qui suivent jusqu'à un endroit
déterminé. Par exemple, le seul mol siipas (ï, iv, 103)
veut dire, en raison de la place où il se trouve, que
« chaque cas comporte trois sortes de désinences, une
pour le singulier, une pour le duel et une pour le plu-
riel ».
Par l'application rigoureuse de ces ingénieuses conven-
tions, Pànini est arrivé à assurer à la fois l'extrême briè-
veté des détails et celle de l'ensemble et à résumer toutes
les règles de la langue en 3.996 formules ou soufras, for-
mant un total d'environ \ .000 clokas ou lignes de 32 syl-
labes. Son ouvrage, VAshiâdhyâiji, est divisé, ainsi que
son nom Tindique, en huit lectures de quatre chapitres
chacune. D'une façon générale, on peut dire que les
deux premières contiennent surtout les défmitions ; les
affixes, qui servent à former les flexions vei'bales et no-
minales, sont énumérés dans les trois suivantes; enhn,
les trois dernières étudient les changements produits dans
les racines et les affixes, soit par l'addition, soit par la
substitution d'un ou plusieurs éléments. Suivent trois
suppléments également attribués à Pànini et dont son
œuvre suppose en effef l'existence : 4° le ganapdfha,
listes de mots tombant tous sous la même règle et dési-
gnés par le premier mot de chatjue groupe ; 2^ le dhdtu-
pdtha, inventaire des racines classées par conjugaisons:
3*^ le lingdnuçdsana, très court appendice sur les lois du
genre grammatical.
Empirique, algébrique, mnémotechnique, on voit com-
bien est curieux le syst* me de Pànini. On sent en même
temps quels l'eproches on penl lui adresser. Les deux
plus graves portent sur l'obscurité de chaque formule
prise en soi pour les non initiés, et surtout sur la dis-
persion dans tous les coins de la grammaire des règles
se rapportant au même objet, si bien que, pour la for-
mation d'un seul mot, il est parfois nécessaire d'avoir
présents à l'esprit jusqu'à six soûtras différents, perdus
dans autant de chapitres. Des grammairiens indiens mo-
dernes ont essayé de remédier à ce défaut, et le but de
la Siddhdnta-kaiimudl est justement de ranger dans un
ordre méthodique tous les soàtras de Pànini. C'est ainsi
que Fauteur Bhaitoji Diksita groupe ensemble, d'abord
toutes les déhnitions, puis toutes les règles relatives à
l'euphonie, anx déchnaisons, à la syntaxe du cas, aux
conjugaisons, à la formation ou à la dérivation des
mots, etc. Cet arrangement est évidemment préférable à
la confusion en apparence inextricable de VAshlddhydyî;
inais nous en avons assez dit pour qu'on devine que les
soûtras ainsi détachés de l'ensemble deviendraient celle
fois absolument inintelhgibles, s'ils n'étaient accompa-
gnés d'un connnentaire qui rétabht toutes les répétitions
délibérément omises par Pànini et donne des exemples
pour réclaircisscment des règles, (^est sous cette forme
ou sous la forme encore plus' simpidiée de la Laifhu-sid-
dhdnta-kaumudi par Yaradaràja (pie la grammaire de
i*ânini est à présent étudiée dans l'Inde. A. FoucHEa.
PANINI (Giovanni-Paolo), peintre italien, né à Plaisance
en 1691 , mort à Rome en 4764. Il se forma à peu près seul,
dans sa ville natale, et s y occupa à la fois de paysage et
d'arcbitectui'o, se passionnant surtout pour les problèmes
de la perspective, l^ientôt, impatient d'apprendre à des-
siner la figuro, il vint s'éiai)lir à liome où il suivit les
leçons du Florentin Benedetto Eutti. artiste maniéré très
en vogue à l'époque, et d'an peintre romain dont les ama-
teurs faisaient grande estime, Andréa LucateUi. Pànini
dut à Finlluence de ces maîtres et aussi au souvenir de
Salvator Rosa, un faire vigoureux et un peu sévère, qu'il
abandonna plus tard pour peindre d'un pinceau plus lumi-
neux et plus brillant. Distingué par le cardinal de Poli-
gnac, ambassadeur de France auprès du pape Benoît XI Jl,
il se vit confier par ce prélat le soin d'organiser les fêtes
qui furent données à Rome en 4729, pour célébrer la
nouvelle de la naissance du dauphin, fils de Louis XY ;
tout le faux goût du îemps éclate, il faut le dire, dans la
décoration imaginée par Pànini et dont deux tableaux de
l'artiste ont reproduit, d'après nature, Faspect pittoresque
et bigarre : le Concerl et la Vue de la place Navone.
qui font aujourd'hui partie des collections du Louvre,
montrent d'ailleurs de l'habileté et de l'esprit, avec un
certain méi'ite de coloration. L'Inîc'rievr de Saint-Pierre
de Rome (4730), que possède également notre musée,
est une œuvre d'une valeur plus haute : sobre et savant
dans les lumières, adroit dans le dessin des figures, souple
et fin dans la touche, Pànini a su rester en même temps
scrupuleusement fidèle à la réalité. Peu de décorateurs,
au xvJii^ siècle, furent plus employés que lui. Il orna de
compositions aimables le rez-de-chaussée du palais de
Carolis et la salle de café du palais Quirinal, enrichit de
paysages le château de Rivoli, peignit de nombreux décors
pour les directeurs de théâtre, exécuta des travaux consi-
dérables au palais Alberoni, à Santa Maria de la Scala.
D'autre part, il a laissé une grande quantité de todes,
parmi lesquelles il faut citer encore : les Vendeurs
chassés du temple (à Rome, chez les Pères de la Mission);
nn Festin, un ConcerL des Ruines d'architecture, un
Prédicateur dans tes rues de Rome (au musée du
Louvre). Le principal méiite de Pànini, outre son dessin
qui est souvent d'une distinction rare, c'est la science du
clair-obscur qu'une longue étude lui avait rendu famiHère ;
il excellait à noter les caprices de la lumière et de l'ombre,
les accidents variés du soleil qui se joue sur les ruines ou
sur les places publiques. Gaston Cougxy.
BiBL. : Laiszi, Hist. de la peinture en Italie, t. II. —
Orla>di, Abecedcîrio piltorico. — Mariette, Notes ma-
nnscrites de rAbeccdano déOrlandi — Réjouissances faites
à Home par le rardhtal de Polninac (Mercure de France.
— 9-i7 —
WNIN!
\VNX
PAN I N I (Giovaniii-Paolo), peintre italien du xvii^ siècle,
né à Plaisance en 1695, mort à Rome en 1768. Après
un long séjour à Rome, ou il reçut les leçons d'Andréa
Lucateîli, cet artiste se rendit, en 1732, à Paris, où il est
agréé à l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il
se fit une spécialité des vues d'architecture et surtout des
intérieurs. Le Louvre possède de kii neuf toiles, dont la
plus célèbre est Vlnlérieur de la Basilique de Saint-
Pierre. Parmi les autres, citons deux Festins, deux Con-
certs^, les Préparatifs d'une fête et des Piuines.
PAN 1 PAT. Vieille cité historique de l'Inde, tahsd du
district de Karnàl (Pendjab), sur les bords de la Djamna;
27.547 hab. (en 1891), en majorité musulmans. Etape
du Grand trunk road et statioii de la ligne de VEasl
Indian Hailway, à 85 kil. au N. de Delhi. C'est le
grand champ de bataille de l'Inde septentrionale. L'his-
toire retient notamment trois victoires do Pànipat, toutes
trois gagnées contre des troupes bien supérieures en
nombre : 1° celle de Bàber en io26 sur Ibrahim Loiii.
lacfuelle fonda l'empire mongol ; 2^ celle de son pelit-
fils, le jeune Akbar, trente ans pins tard, sur îiimou. le
général hindou de Mohamed Adili (1556), la((uelle réta-
blit ce même empire; 3° celle d\Vhmed Chah le Donriuii
qui, en écrasant les Marathes (1761), prépara les voies à
la domination anglaise.
PANIS (Etienne-Jean), homme politique français, né en
Périgord en 1757, mort à Paris le 22 août 1832. Avocat
au Parlement de Paris en 1782, il épousa la sœur du (uas-
seur Santorre et adopta les principes de la Révolution. Il
prit une part active à la journée du 10 août 1792, devint
membre de la municipalité parisienne et administi-ateur,
avec Sergent, du comité de surveillance. Tl fut accusé
d'avoir organisé les massacres de septembre, mais il s'en
est toujours défendu. Elu, le 12 sept. 1792, député ih'
Paris à la Convention, il fut, le 25, accusé par Barharoux
d'avoir proposé !a dictature de Robespierre, et il protesta
énergiquement. Alta([ué par les Girondins, il refusa avec
indignation de rendre des comptes, vu que le comité de
surveillance de la commune n'avait jamais eu un seul denier
(10 févr. 1793). Membre du comité de Sûreté générale le
14 sept. 1793, il s'associa aux adversaires de Robespiei-re
le 9 thermidor. Néamnoins, il fut impliqué dans l'affaire de
prairial an IR et, malgré ses protestations, décrété d'accu-
sation le 8 (27 mai 1795), pour avoir voulu défendre son
collègue Laignelot. Il prohta de l'amnistie du 4 brumaire
an IV (26 oct. 1795) et devint membre de l'administration
des hospices civils de Paris en août 1797. Pendant les
Cent-Jours, il signa l'acte additioiniel, mais il obtint ta
faveur de rester à Paris. Etienne Charavay.
PANISÉLIEN. Nom donné par les géologues belges aux
couches supérieures deréocène inférieur (V. Suessomen).
PANISSAGE. Com. du dép. de l'Isère, arr. de La
Tour-du-Pin, cant. de Yirieu; 300 hab.
PANISSIÈRES. Com. du dép. de la Loire, arr. de
Montbrison, cant. de Eeurs ; 4.71 4 hab. Ateliers de cons-
tructions mécajiiques; fabr. de hnge de table, de tissus à
bluter. Culture doignons. Patrie de Bonnassieux (V. ce
nom).
PAN ITZA, officier bulgare, né à Trnovo. Avant de rpiitter
la Bulgarie (manifeste du 7 sept. 1886), le prince Alexandre
de Battenberg avait constitué une régence. Son principal
soutien dans l'armée était Panitza, qui s'était particuliè-
r(Mnent distingué dans la guerre serbo-bulgare. Après
l'élection du prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Cotha,
Panitza se ^sépara de ses amis et anciens régents, Stam-
boulov, Moutkourov et Zivkov, c|ui entrèrent tous les trois
(huis le premier ministère du nouveau prince. Le prince
Ei^rdinand était soutenu par les radicaux et les conserva-
teurs; mais les groupes de Radoslavov, de Karavelov et
de Zancov lui faisaient une vive opposition. Panitza poussa
les choses encore plus loin ; il organisa une conspiration,
mais fut découvert et condamné à n ort. Le prince Ferdi-
nand ne voulut pas être préseul en Bulgarie, au mouient
où Panit/a allait élre (^véiulé. Avant de partir à l'éiranger,
il avait, sur les insistances de Stamboutov, ratifié la sen-
tence de mort. Stamboulov, investi des pleins pouvoirs de
la régence, par suite du départ du prince, ordonna son
exécution. L'exécution eut lieu le 28 juin 1890, vers sept
heures du matin, aux environs de Sofia. Panitza tomba,
percé de balles, criant : « Vive la Bulgarie! » M, G.
PANiX. Col des Alpes de Claris (Suisse), qui conduit
de la vallée du Rhin à celle de Senrf, d'où l'on gagne Cla-
ris et la vallée de la Linth; partant d'Ilanz (ait. 691 m.),
la route s'élève par Panix (ait. 1.300 m.) à une ait. de
2. MO m. pour redescendre à Elm (981 m.). Souvorov
franchit ce col les 5 et 6 oct. 1799 avec sa cavalerie et
ses bagages au prix de pertes considérables. C'est un pas-
sage des troupeaux de Suisse vers F Italie.
PANIZZA (Augusto), écrivain italien, né à Trente en
1838. Il partage son temps entre la profession d'avo^-at,
qu'il exer/e dans sa ville natale, et les travaux historiques
et littéraires. On a de lui : Alcune letlere di Ottaviano
]\ovpretti,precednle da cenni sulla di lui r/te (Trente,
1867) ; ►S'/^//o siato delta piibblicaistruiione primaria
net Trentino {ibid.. 1868); Letlere inédite di Ber-
nardo Tassa a Ferrante Sanseverino, principe di Sa-
Icrno (ibid., 1869); Sut primi abitatori det Trentino
(dans V Xrchivio trentino, 1882), etc.
PANiZZI (Antonio), liomme d'Etat et savant italien, né
k Brescello (Modène) le iQ sept. 1797, mort le 8 avr.
1879. Après avoir été fait docteur en droit à FUniversité
cle Parme (1818), il abandonna les études pour la poli-
tique et prit part aux mouvements insurrectionnels de
1820 et 1821. A la suite de ceux-ci, il fut comme contu-
mace condamné à la peine de mort par le tribunal de
Rubiera. Mais il prit la fuite et demeura d'abord en Suisse,
puis il se rendit en Angleterre (1823), ou il devint ami
d'un autre grand Italien, Ugo Foscolo. Après un séjour de
cinq ans à Liverpool, Panizzi fut nommé professeur de
langue et de littérature italiennes à l'Université de Londres
(1828). L'amitié et la protection de lord J^rougham lui
ouvrirent les portes du British Muséum (1831), dont il
devint le directeur (1856). Dans cette position, il se fit
remarquer non seulement par son savoir, mais par l'aide
morale et même matérielle qu'il donna à ses compatriotes.
Jouissant de l'amitié des plus grands hommes d'Etat an-
glais, il fut auprès d'eux le défenseur et le patron des
Italiens et de la cause italienne, en même temps que le
porte-voix et le conseiller de ses concitoyens, comme le
prouve sa correspondance récemment publiée. S'étant
démis de la direction du British Muséum en 1866, il fut,
le 12 mars 1868, nommé sénateur du royaume d'Italie.
PANJAS. Com. du dép. du Gers, an\ cle (^ondom,
cant. de Cazaubon; 90 i' hab.
PAN KOTA. Ville de Hongrie, comitat d'Arad ; 4^.900 hab.
roumains, magyars, allemands. Ruines d'un château. Dis-
tillerie.
PAN KOU, historien chinois mort en 92 ap. J.-(L, auteur
de l'histoire des premiers llan (V. Tsuij-n iian chou) et
d'un- important traité phiîosophi([ue (Po hou thort(j);\m'
pliqué dans une conspiration, il mourut en prison. M. {].
PANKO\¥. Ville de Prusse, district de Potsdam, sur la
Panke; 11.828 hab. (en 1895). Villégiature des Berli-
nois; ancienne résidence du margrave Jean-Cicéron. Cul-
tures maraîchères et de fleurs. Machijies, carrosserie, etc.
PAN LATTE. Com. du dép. de FEui'e, arr. d'Evreux,
cant. de Nonancourt ; 104 hab.
PANN (Anton), littérateur roumain, ne en 1795, fils
d'un chaudronnier bulgare. Après une jeunesse tourmenté(>,
pendant laquelle il avait servi comme musicien dans l'armée
russe, il s'établit à Bucarest, ou il donnait des leçons de
musi({ue religietise. et vers 1830 commença ses publica-
tions. Il fut le premier écrivain roumain (pii gagna sa vie
avec ses ceuvres littéraires. Il pu!)lia en roumain: CJian-
sons pour TEtoite des Mages, Poésies, Calendriers,
Fables et tiistoriettes. te Nouvel Erotocrite, Collection
PANN — PANNEAU
~ 9i8 —
de proverbes ou la morale de la fable (Bucarest, i894,
pet. in-8, 3^ éd.); Histoire de l'incendie de Bucarest;
les Souffrances de l'amour; les Contes de l'oncle
Albu ; les Farces de Nastratin Hodgea ; un Dialogue
russo-turco-roumain ; et quantités d'ouvrages destinés
au culte, comme VIrmologhion, VEpilaphe, le hhero-
vicO'Chinonicar , l'Ordre de la messe, etc.
PANNA (angl. Punnah). Principauté indigène du
Bundelkhand (Inde) confinant au N. aux districts de la
division d'Allahabad (prov. du Nord-Ouest), au S. à ceux
de la division de Djabalpour (prov. centrales), et couvrant
les derniers plateaux avancés des Vindhyas occidentaux.
Sa superficie est de 6.650 kil. q., et la population de
230.000 hab., dont environ 8.000 Gonds et autant de
Kohls. On y exploite encore des mines de diamant. La ca-
pitale, Panna, compte 15.000 hab. et est située à 350 m.
d'alt., à la source d'un petit affluent de droite de la
Djamna.
PANNE. I, Technologh:. — Pièces de bois faisant partie
de la charpente d'un comble et qui, portées sur les arbalé-
triers des fermes ou sur les murs pignons, supportent à leur
tour les chevrons recevant la couverture. Les pannes sont
intermédiaires entre le faîtage eth sablière (\ , ces mots)
et sont maintenues sur les arbalétriers par des tasseaux
appelés chantignolles . La pression exercée par les pannes
sur les arbalétriers est contrebutée et reportée sur les
poinçons au moyen de contrefiches ou sur les entraits au
moyen de jambettes. Les pannes debrisis sont celles qui
se trouvent au droit de la brisure du comble dans les
combles à la Mansard : ces pannes s'assemblent avec l'en-
trait, et les pannes à liernes sont assemblées sur les
arbalétriers au lieu d'être portées par eux ; enfin le faî-
tage est quelquefois appelé panne faîtière, et on donne
le nom de cours de pannes à l'ensemble des pannes pla-
cées bout à bout à la même hauteur sur un pan de comble.
— Dans les combles en fer, les pannes sont le plus sou-
vent des solives en fer (I) s'assemblant à l'intérieur des
arbalétriers au moyen déquerres et de boulons, et c'est
sur la face supérieure de ces solives en fer que sont fixées,
au moyen de boulons, les pièces de bois recevant la cou-
verture. — Les tuyaux de fumée traversant un comble
ne doivent pas passer à moins de 0^,16 d'une panne ou
de toute autre pièce de bois. Charles Lucas.
Outillage. Le marteau de forgeron se compose de trois
parties : la tête, généralement à section carrée; l'œil,
ouverture rectangulaire
dans laquelle on fixe le
manche de l'outil, et en-
fin la panne, partie op-
posée à la tête. Cette
panne est généralement
disposée perpendiculai-
rement au manche, mais
dans certains cas elle peut
être mise dans le sens du
manche.
Tissage. Les pannes
rentrent dans la famille
des velours et sont tis-
sées d'après les mêmes
procédés qu'eux. Le tissu
de fond se fait, suivant
les cas, en laine ou en
coton et quelquefois aussi en lin, tandis que le poil est
toujours en laine ou en poil de chèvre. Ce poil est long
et couché dans les tissus destinés à la confection notam-
ment des gilets de livrée, lesquels sont tissés en couleur,
tandis qu'il est court et droit dans les pannes dont on fait
usage en sellerie et en carrosserie, ainsi que dans celles qui
servent à recouvrir certains cylindres ou autres pièces des
machines de filature. Ces pannes sont tissées écrues et
teintes en pièces.
ÏI. AiJMKXTA'iTox (V. Charcuterie, t. X, p. 610).
Marteau de iorp^eron.
IIL Navigation. — On dit qu'un navire est en panne
lorsque, une partie de ses voiles étant orientées au plus
près et les autres brassées à culer, il se trouve porté à la
fois en avant et en arrière, de sorte qu'en définitive il se
tient à peu près en place, dérivant légèrement, mais ne
faisant pas de route. Pour prendre la panne, on rentre
d'abord les bonnettes, on cargue ensuite les basses voiles,
puis, si la brise est fraîche, les petites, et on met alors en
panne sous le grand ou sous le petit hunier. Pour avoir
la panne sous le grand hunier, on amène la barre dessous
et on brasse au plus près devant, carré derrière ; on brasse,
au contraire, carré devant et au plus près derrière, pour
avoir la panne sous le petit hunier. Il y a encore, outre
ces deux pannes, qu'on nomme pannes courantes, la
panne sèche, qui s'obtient sans voile, par la seule action
de la barre, mise dessous. L'état de panne s'obtient, du
reste, assez facilement, quelle que soit la vitesse du navire.
On y recourt pour attendre un autre bâtiment, pour son-
der, pour combattre, pour sauver un homme à la mer. On
dit qu'un bâtiment roule sur panne lorsqu'il éprouve,
sur ses deux flancs, un rouhs violent. On appelle guipon
de panne munovcediii d'étoffe grossière qu'on enroule autour
d'un bâton et dont les calfats se servent pour étendre le
brai.
IV. Art héraldique. — ■ Fourrures ou doublures. Elles
portent ce nom chez quelques auteurs et sont au nombre
de deux, admises en armoiries : Vhermine et le vair.
PANNEAU. I. Construction. — Le mot panneau qui
vient de pan (V. ce mot) et qui s'entend de la surface vue
d'un ouvrage, reçoit les acceptions les plus variées en archi-
tecture et dans les diverses industries du bâtiment. En ar-
chitecture, un panneau est une surface généralement com-
prise dans un encadrement sculpté à même ou rapporté et
dont le champ, la partie intérieure, est lisse ou décoré de
moulures ou d'ornements en relief ou en creux, est peint
ou gravé, ou seulement réservé pour recevoir une ins-
cription. — En maçonnerie, ou mieux en coupe de pierre,
les panneaux sont des patrons flexibles faits de bois mince,
de carton ou de fer-blanc, servant à tracer sur les blocs
de pierre les figures étudiées sur l'épure et suivant les-
quelles on doit tailler. On distingue les panneaux de
douille, de tête et de lits ou de joints, suivant que ces
panneaux servent eà tracer les faces d'intrados ou d'ex-
trados des voussoirs, la face de tête ou les faces cachées
dans les joints. — En menuiserie et en ébénisterie, les
panneaux sont le plus souvent des parties composées de
plusieurs planches minces, assemblées à rainure et à lan-
guette et formant remplissage entre les montants et les
traverses des lambris, des portes, des volets, etc. Les
panneaux de menuiserie ont reçu un grand nombre de déno-
minations suivant leur forme, leur mode d'assemblage et
la place qu'ils occupent; leur décoration consiste en tables
saillantes, renfoncées, moulurées ou rehaussées de motifs
sculptés. Les panneaux de sculpture sur bois ont souvent
présenté pendant les derniers siècles une grande richesse
de motifs décoratifs joints à de charmants agencements de
moulures et méritent bien les fréquentes imitations que
l'on en fait de nos jours. — En serrurerie, les panneaux
sont des parties de tôle, de fer ou de fonte, lisses, mou-
lurées ou garnies d'ornements et qui entrent dans la com-
position d'impostes, de grilles, de balcons, de portes, etc.
— En miroiterie, les panneaux sont souvent des parties de
glaces ou de vitres, substituées à des panneaux de menui-
serie afin de refléter la lumière ou de la laisser passer.
— En marbrerie ou en mosaïque, les panneaux consistent
en parties de marbre de diverses couleurs ou en motifs
de mosaïque rapportés à l'intérieur de bandes de marbre
ou de mosaïque formant encadrement. — Enfin, en pein-
ture, ce sont des surfaces peintes, encadrées de moulures
également peintes à l'imitation de moulures en menuiserie
et figurant une porte ou servant à décorer une surface
murale. Charles Lucas.
II. Beaux-Arts. — Peinture. — Dans le langage de
— 9i9
PANNEAU — PANNUS
la peinture, un panneau est un tableau exécuté sur bois
au lieu de l'être sur toile : les tableaux qui sont œuvre
de menuiserie sont appelés des panneaux. Quant aux
panneaux décoratifs, ils appartiennent à l'histoire de
l'ameublement et à la fois à l'histoire de la peinture ;
lorsque l'usage des boiseries, au xvii® et au xviii^ siècle,
fut devenu général, les panneaux peints occupèrent une
place importante dans la décoration intérieure des habi-
tations. Bérain, sous Louis XIV, se montra particuliè-
rement ingénieux et habile dans la composition des pan-
neaux décoratifs. G. C.
Verrières. — Les fabricants de vitraux ont appelé de
bonne heure panneaux de verre ou simplement panneaux
les compartiments intérieurs des verrières renfermant un
sujet entier, et c'est même en ce sens qu'on trouve le mot
employé, pour la première fois, au xiv^ siècle, comme
terme d'art ou d'ameublement. De nos jours, on l'applique
à toutes les pièces de verres encadrées d'un châssis ou
d'un tilet de plomb à rainures, et un vitrail est composé
d'une série de panneaux juxtaposés.
PANNECÉ. Com. du dép. de la Loire- Inférieure, arr.
d'Ancenis, cant. de Riaillé, sur le Donneau; 1.673 hab.
Stat. du chem. de fer de l'Ouest. Eglise moderne de style
gothique.
PANNECIÈRES. Com. du dép. du Loiret, arr. de Pi-
thiviers, cant. de Malesherbes ; 162 hab.
PANNEQUETS (Patiss.). Gâteaux préparés avec du
beurre (100 gr.), des œufs (5), du lait (1/2 litre), de
la farine (200 gr.). On mélange d'abord le sucre avec
les jaunes d'œufs et une pincée de sel, on y ajoute le
beurre préalablement fondu, puis la farine tamisée. On
mouille avec le lait tiédi et on mélange de façon à ob-
tenir une pâte liquide sans grumeaux, à laquelle on
ajoute les blancs d œufs fouettés. Pour la cuisson, on
opère comme s'il s'agisssait de crêpes. Les pannequets
sont servis ensuite saupoudrés de sucre.
PANNES. Com. du dép. du Loiret, arr. et cant. de
Montargis ; 1.094 hab. Stat. du chem. de fer d'Orléans.
PANNES. Com. du dép. de Meurthe-et-Moselle, arr.
de Toul, cant. de Thiaucourt ; 330 hab.
PANNESSIÈRES. Com. du dép. duJura, arr. deLons-
le-Saunier, cant. de Conliège ; 467 hab.
PANNETERIE (Le Sot de La) (V. Lacressonnière).
PANNETON (Serrrur.). Petit tenon fixé sur la tige
d'une espagnolette (V. ce mot) et qui sert à maintenir
fermés des volets intérieurs au moyen d'une agrafe fixée
sur ces volets et appelée contre-panneton, de façon que
l'on puisse à la fois ouvrir et fermer la fenêtre et les
volets intérieurs. — On appelle aussi panneton dans une
clé la partie découpée d'entailles diverses qui, à l'inté-
rieur de la serrure, laissent passer les pièces, garnitures
ou gardes, devant correspondre aux entailles de ce pan-
neton. La face du panneton opposée à la tige de la clé
s'appelle museau, et cette partie qui, dans les lourdes
clés anciennes, était souvent élargie et garnie de rebords
entaillés, est maintenant le plus souvent découpée d'en-
tailles, mais sans aucun renflement ni saillie.
PAN NI eu LE. Pannicule adipeux ou graisseux. Nom
que par analogie les anatomistes ont donné au tissu cel-
lulo-adipeux sous-cutané.
Pannicule charnu. Chez l'homme il est constitué par
le muscle peaucier du cou. Chez les quadrupèdes, le pan-
nicule chîirnu (peaucier du cou et du tronc) s'étend de la
face à l'encolure et se propage jusque sur la croupe et la
partie interne de la cuisse en longueur, et en travers de
l'épine dorso-lombaire à la ligne médiane de l'abdomen.
Le pannicule charnu des mammifères est donc un vaste
muscle membraniforme sous-cutané adhérent à la peau
de l'animal qu'il fronce dans ses contractions. Le peaucier
du cou de l'homme en est un dernier vestige.
Pannicule de la cornée. Réunion de plusieurs ptéry-
giens sur la cornée qui est ainsi opacifiée. Ch.DEBiERRE.
PAN NON lE. Prov. de l'empire romain, riveraine du
Danube au N. et à l'E, séparée par le Wienervvald {mons
Cetius) du Norique à l'O., par les Alpes JuUennes de
l'Italie au S. ; elle correspond donc à la Hongrie occiden-
tale avec la Slavonie et le N. de la Bosnie, et à l'E. de
l'Autriche, de la Styrie et de la Carniole. Les Pannoniens,
assez nombreux pour mettre 100.000 hommes en ligne
contre les Romains, étaient braves et guerriers, mais
cruels et peu civilisés. Appien les rattache à la race illy-
rienne ; d'autres les rapprochent des Péoniens de la
région balkanique. A partir du iv^ siècle avant J.-C, ils
furent envahis par des peuples celtiques, Taurisques, Carnes,
Latobices à l'O., Scordisques au S., refoulés delà région
bohème par les Boies et les Marcomans. Vers l'an oO av.
J.-C, la Pannonie fut un moment annexée au royaume
des Daces. En 35, le triumvir Octave l'attaqua, s'empara
de la ville de Siscia et conquit le pays jusqu'à la Drave.
Au cours des grandes guerres contre Marbod, roi des
Marcomans, les Pannoniens se soulevèrent, comme les
Dalmates et les Illyriens, et ce ne fut qu'après une lutte lon-
gue et pénible que Tibère acheva, en l'an 9 de l'ère chrétienne,
la conquête du pays. A partir de ce moment, la Pannonie de-
meura province romaine et fut un des boulevards de l'em-
pire. Elle fut progressivement latinisée par les garnisons, les
colonies, l'assimilation de ses dieux à ceux de Rome, etc.
Le pays fut mis en valeur, sillonné de routes ; des villes
s'y élevèrent : Vindobona (Vienne), Carnuntum (près de
Deutsch-Altenburg), Savaria (Szvonbathely), Arrabona
(Raab), Siscia (Sissek), Pâetovio (Pettau), Aquincum (Alt-
Ofen, près Rude), Taurunum (Semlin), Mursa (Essek),
Sirmium (Mitrovitza), qui jouent un grand rôle dans
l'histoire militaire de l'Empire. Dès la mort d'Auguste,
l'armée de Pannonie voulut faire un empereur. Trajan
divisa la province en Pannonia superior ou occidentale
et inferior, orientale, séparées par une ligne artificielle
tracée d' Arrabona à Servitium. Galère, au iv^ siècle,
détacha la région entre Raab, la Drave et le Danube
dont il forma la province de Valeria; Constantin, jugeant
la Pannonie supérieure trop diminuée, lui annexa les vallées
supérieures de la Drave et de la Save distraites de la Pan-
nonie inférieure qui fut alors souvent appelée Savia. La
Valeria eut pour ch.-l. Savaria ; la Pannonie première ou
supérieure, Siscia ; la Pannonie seconde, Sirmium. Sept
légions stationnaient dans l'ensemble de la Pannonie, ap-
puyées par la flotte fluviale de Vienne. C'est au milieu du
v^ siècle que les Huns enlevèrent à l'empire romain cette
grande région, que Théodose II leur céda formellement.
Après la dissolution de l'empire hunnique, elle passa aux
Ostrogoths (V. ce mot) et aux peuples du même groupe,
puis aux Lombards qui l'abandonnèrent aux Avares en
568 quand ils envahirent l'Italie. A. -M. B.
PANNUS. On donne ce nom à la kératite vasculaire.
C'est la conséquence de bien des lésions cornéennes chro-
niques qui, en irritant constamment la cornée, la vascu-
larise au point de la recouvrir complètement d'un réseau
de vaisseaux entrelacés ; elle succède à des conjonctivites
et surtout à la conjonctivite granuleuse, maladie grave et
très rebelle. On l'observe également dans les maladies chro-
niques des paupières : les blépharites, l'ectropion, l'entro-
pion, le frottement de cils déviés sur la cornée.
Symptômes. Dans les cas légers, on voit une injection
périkératique des vaisseaux sous-conjonctivaux {pannus
tenuis) ; dans les cas graves, la cornée est devenue un
véritable bourgeon granuleux rougeâtre {pannus crassus) .
On l'observe souvent en Egypte (ophtalmie d'Egypte) ; en
même temps, il y a du larmoiement, photophobie et perte plus
ou moins complète de la vue. Cette affection ne s'observe,
sauf exceptions rares, que chez des individus qui ne sont
pas soignés ; il faut donc la prévenir en soignant les ma-
ladies qui l'occasionnent.
Traitement. On fait la tonsure de la cornée, en coupant
tout autour les vaisseaux qui l'envahissent ; elle se fait aux
ciseaux ou au thermocautère. D^ Pinel Maisonneuve.
PANOFKA — PANORAMA — OoO —
PANOFKA (Theodor) , archéologue allemand, né à
Breslaii le 25 févr. 4801, mort à Berlin le 20 juin 18o8.
Elève de l'illustre Boeckh, à l'Université de Berlin, il dédia
à son maître en 1822 une savante thèse en latin sur les
Samiens. Puis il partit pour l'italie ou l'étendue de ses
connaissances lui lit conquérir rapidement une situa-
tion honorée. En 1824, il visita Naples et la Sicile, etpu-
bha avec Gerhard la première description scientifique du
musée de Naples. Il protita des découvertes qui se pro-
duisaient alors dans l'italie méridionale pour étudier à
fond les vases peints et publia le catalogue des antiquités
que possédait le consul général Bartholdy. Présenté au
duc de Luynes en 1823, et un pou plus tard au duc de
Blacas, il se rendit à Paris pour étudier les collections de
ce dernier, en prépara la publication, qui est demeurée ina-
chevée, et accompagna son protecteur et ami dans son
ambassade de Naples, où il prit part à de nombreuses
fouilles exécutées par ordre du duc. En 1827, il pubUait
à Paris ses Recherches sur les véritables noms des vases
(frecs et, en 1830, la première livraison du Musée Bla-
cas. Cependant, vers la fin de 1828, des archéologues
allemands, italiens et français avaient eu l'idée de créer
une institution qui établit des relations scientifiques entre
les savants des diverses nations. Ce ïwtV Institut de cor-
respondance archéologique, dont Gerhard et Panofka
furent les véritables fondateurs, dont M. de Blacas fut le
premier président et à qui M. de Luynes assura l'exis-
tence par ses libéralités. On sait qu'en 1870, les Alle-
mands ont mis la main sur l'Institut qui, devenu impérial
et germanique, a en grande partie perdu son caractère in-
ternational. Les publications, Annales, Bulletins, Monu-
ments, rédigées en latin, en français, ou en italien, mon-
trent assez combien fut féconde l'initiative de ces savants.
En 1834, Panofka publiait un grand ouvrage, la Descrip-
tion des Antiques du cabinet de M. de Pourlalès. Il
resta à Paris jusqu'en 1848, puis, effraye des événements
politiques, il partit pour Berlin oti il reçut un accueil assez
froid. En 185fi seulement, il obtenait une modeste place
de conservateur des vases peints du musée de Berlin. Yai
1842, il faisait paraître l'importante publication des
Terres cuites du musée de Berlin, et quelques ouvrages
de vulgarisation classique bientôt populaires. En 184G,
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le choisit
comme correspondant étranger; en 1849 , l'Académie
royale de Belgique le nommait associé. Il mourut en
id>^^S, après une vieillesse précoce et attristée par sa mau-
vaise santé autant que par le peu de bienveillance de ses
compatriotes. Panofka a beaucoup écrit et connu un nombre
incroyable de monuments ; il a par son ardeur et son
exemple donné, avec Gerhard et quelques autres savants,
un grand élan à la science archéologique; il connaissait à
fond les textes anciens et en tirait beaucoup pour l'in-
terprétation des monuments. On lui a reproché sans in-
justice trop de subtihté, des étymologies fantaisistes, une
interprétation symbolique des vases peints, qui était celle
de ses contemporains, mais dont il n'a pas su se dégager.
M. de Witte a dressé, avec le plus grand soin, la liste
des nombreuses pubUcations de Panotka, livres et articles.
Nous n'indiquons ici que ses principaux ouvrages : Bes
Samiorum (Berlin, 1822, in-8); Letlere a S. E. il duca
di Serra di Falcosopra una iscrizione del teatrosira-
cu'sano (Eiesole, 1826, in-8); Vasi dipremio (Florence,
1826, in-fol., 6 pL); il Museo Bartoldiano (Berlin,
1827, in-8); Neapels anlike Bildwerke (av. Gerhard
rStuttgard, 1828, in-8J); Recherches sur les véritables
noms des vases grecs et leurs différents usages (Pa-
ris, 1829, in-fol., 9 pL); Musée Blacas; vases peints
^Paris, 1830 et 1833, in-fol., 32 pi.); Notice sur l'Ins-
titut de correspondance arch. (Paris, 1833, in-8); Antiq.
du cabinet du comte de Pourtatês-Goryicr (Paris,
1834-, in-fol. , ^i^i±); BilderantikenLebens (1843, in-4,
20 pL); Terrakoten des kônigl. Muséums zu Berlin (Ber-
lin, 18^2.' in-fol., (J4 pi.); Criechinnen und (hicchen
nach Antiken (Berlin, 1844, in-4, 3 pi.); Verxeichniss
der Gijpsabgilsse im kônigl. Muséum zu Berlin (Berhn.
1844, in-8j; etc., etc. André Baudbillart,
iJiiîL. : De WiTTE. A;i/(Hcu'rc de rAauU'mlc roijale de
l'cU/ujuc pour 18.'')0.
PÂNON. Corn, du dép. de la Sarthe. arr. et cant. de
Mamers ; o7 hab.
PÂNON (Les) (Y. Desbassyxs de Richemoxï [barons |).
PANOPÉE (Astron.) (V. Astéroïde).
PANOPÉE. Ancienne ville de Phocide (Grèce), sur le
Céphise, à l'O. de Chéronée. Citée dans Vlliade (xvii,
300) et V Odyssée (xi,580), elle était en ruines à Fépoque
de Pausanias.
PANOPLIE (Ameubl.). On appelait ainsi au moyen
âge, l'ensemble des armes offensives et défensives d'un
chevaher. Aujourd'hui ce terme désigne un panneau de
bois recouvert de velours, généralement en forme d'écu,
sur lequel on accroche symétriquement, pour orner un
cabinet ou une salie quelconque, des armes rares ou an-
ciennes, telles que cascjue, cuirasse, cuissards, gantelets,
hallebardes, etc., etc. On peut également y placer des
armes modernes. Pour satisfaire ce goût d'ornementation,
on est allé jusqu'à fabriquer des armures en fonte mal-
léable ou en carton-pàte métallisé.
PANOPOLIS (Archéol. égypt.). Chef-lieu d'un nome
de la IIaute-f]gypte, le neuvième. Le nom égyptien, le
nom sacré de cette ville était Khemi, parce qu'on y ho-
norait le dieu ithyphallique Khem, que les (irecs assimi-
lèrent au dieu Pan ; le nom vulgaire en était Apou.
PÂNOPTIQUE (Archit.). On a donné ce nom aux études,
faites d'abord en Angleterre et dans d'autres pays avant
d'être poursuivies en Erance, en vue de tracer les plans
de divers établissements et surtout des étabhssements
pénitentiaires, de façon à soumettre à la surveillance d'une
seule personne, placée en un poste central, de nombreuses
personnes réparties dans des bâtiments rayonnant autour
de ce poste central. L'introduction de ce système dans la
construction des prisons se lia en Erance avec l'apphca-
tion partielle du système cellulaire, et un des avantages
de ce système panoptique ou rayonnant était observé à la
prison l\lazas, à Paris, aujourd'hui démohe, oii chaque
prisonnier placé sur le seuil de la cellule dont la porte
était à peine entr'ouverte, pouvait suivre l'office divin ou
entendre une communication d'ordre général sans voir un
seul de ses compagnons de captivité et sans être vu par
aucun d'eux, la porte de sa cellule formant écran. Avant
d'être adopté en Erance, ce système panoptique, dû à
deux Anglais, les frères Bentliam (Works, IV, Panop-
licon, or Ihe Inspection tlouse; Londres, 1787-1791)
avait reçu quelques applications en divers pays : en Russie,
où une école des Arts, à Ochto, près Saint-Pétersbourg,
consistant en une partie centrale circulaire de 100 pieds
de diamètre et en cinq bâtiments rayonnants, de 100
pieds de longueur, fut construite en bois de 1803 à 1807,
mais détruite peu après par un incendie; en Angleterre,
à la prison de Dundalk-County ; au château, à Chester; à
la prison de Dartmoor ; à la prison-modèle de Penton-
vilie ; en Italie, aux grandes prisons de Palerme et à la
partie centrale de l'Aibergo des pauvres, à Naples, etc.
PANORAMA (Archit.). Edifice tirant son nom du spec-
tacle qui est représenté dans son intérieur, \m panorama
ou peinture circulaire exposée de façon que le spectateur,
])lacé au centre et embrassant tout son horizon, ne ren-
contre que le tableau (|ui l'enveloppe. Le premier pano-
rama, dû à un peintre de portraits écossais, Robert Barker,
fut édifié et ouvert à Edimbourg d'abord, puis transporté
à Londres vers 1792 ; il consistait, au point de vue de la
construction, qui devait être légère, en une rotonde de
43 pieds de diamètre sur 16 pieds de hauteur, couverte
])ar un toit conique. Un fort poteau central, formant poin-
çon, recevait à sa partie supérieure les arbalétriers du
comble et, de sa partie inférieure, partaient des jambes
de force soulageant la portée. En "1799, l'Américain Robert
Fulion (V. ce nom), venu à Paris, y prit un brevet pour
la construction et l'exploitation de panoramas, brevet qu'il
vendit l'année suivante à M. et M'^^^ James Tliayer, lesquels
firent construire simultanément deux coupoles presque en
bordure sur le boulevard Montmartre, à droite du nouveau
théâtre des Variétés, dont la façade et les dispositions inté-
rieures du plan sout restées telles quelles. Ces rotondes,
séparées par un passage exist[int encore aujourd'hui, mais
reconstruit par l'architecte Grisart et toujours appelé
passage des Panoramas, avaient 17 m. de diamètre sur
7 m. de hauteur. Berlin, Vienne, Amsterdam eurent alors
leurs panoramas comme Londres et Paris, et, dans cette
dernière ville, le peintre Prévost, qui avait peint les pre-
mières vues des panoramas du boulevard ?i/lont martre,
s'associa avec M. J. Thayer pour l'édification et l'exploi-
tation d'un nouveau panorama, qu'ils firent construire
entre la rue Neuve-Saint-Augustin et le boulevard des
Capucines. C'était une rotonde, à pilier central, mais de
32 m. de diamètre sur 16 m. de hauteur et à laquelle on
accédait du boulevard par un corridor dont l'entrée était
décorée de pilastres ioniques. Après la mort de Prévost,
dont les panoramas furent détruits, celui du })oulevard
des Capucines vers 1824, et les deux du boulevard Mont-
martre en 1831, la vogue de ce genre de spectacle passa
quelque peu, et le public se porta aux dioramas (V. ce
mot) de Daguerrc et Bouton, d'abord rue Santon, der-
rière le Château-d'Eau, puis boulevard Bonne-Nouvelle.
Ces dioramas offraient, au point de vue de Faspect exté-
rieur et de la construction, une différence notable avec
les panoramas ; il y avait bien encore une salle circulaire
centrale, mais de peu d'importance et où se tenaient les
spectateurs ; le poteau, qui était autrefois l'axe et en partie
le support du comble de cette salle, s'arrêtait maintenant
au niveau du plancher et, véritable pivot de ce plancher,
servait à le faire tourner pour mettre les spectateurs en
face de différents points de vue ; en revanche, de grandes
salles rectangulaires, à droite el à gauche de la salle cen-
trale, se terminaient par d'autres salles en forme de tra-
pèzes à bases parallèles dont les côtés obliques recevaient
les toiles peintes donnant aux assistants des spectacles,
avec jeux changeants de lumières, qui firent alors la for-
tune des dioramas. A cette même époque, Londres com-
mençait la construction du fameux Colosseiun, panorama
élevé à l'entrée de Kegent's Park, et consistant en un
polygone à seize faces, de 38 m. de diamètre et couvert
par une coupole en plein cintre deans laquelle s'ouvrait une
lanterne vitrée de IP'^SO de rayon. Ln portique de six
colonnes d'ordre dorique grec, servant de descente o cou-
vert pour les personnes venues en voiture, accusait l'en-
trée de cet édifice et lui donnait, avec la coupole haute de
34 m., un aspect architectural qui, jusque-là, avait manqué
aux autres édifices de ce genre. Mais l'édifice, peut-être le
plus remarquable, construit pour recevoir des panoramas,
parce qu'il décelait de véritables progrès au point de vue
de la construction en même temps qu'il revêtait une forme
des plus heureuses au point de vue de l'architecture,
fut le panorama construit en 4840, sous la direction de
L-L Hittor(f(V, ce nom) dans le carré Marigny aux Champs-
i'^lysces, pour recevoir ï Incendie de Moscou, desshié par
le colonel Langiois, Ce panorama consistait en une ro-
tonde entourée d'arcades et dont le toit couique était sou-
tenu par des câbles ou tirants fixés à des contreforts.
Après avoir abrité une partie de l'Exposition universelle
de 18oo, cette rotonde fut détruite et remplacée par le
panorama édifié en 1860 par G. Davioud (V. ce nom)
près l'avenue d'Antin. Depuis cette épocjue, de nombreux
édifices reçurent de fort intéressantes compositions pictu-
rales à usage de panoramas ou de dioramas, mais sans
que ces édifices, de construction légère et provisoire, aient
un intérêt architectural. Charles Lucas.
P A N 0 R M E (Géogr. ) .Ancien nom de Païenne (Y. ce mot) .
PÂNORMIE. Titre de la plus petite des deux compila-
tions attribuées à Yves de Chartres (V. ce nom).
951 — PANORAMA — PANORPE
PAN OR MITA (Antonio Beccadelli, dit), humaniste ita-
lien, néàPalerme en 1394, mort àNaples le 6janv.l471.
Pensionné d'abord par Philippe-M;arie Visconti de Milan,
il professa les lettres anciennes à Pavie, Plaisance, Bo-
logne et Padoue. C'est alors qu'il publia un recueil d'épi-
grammes obscènes, VEermaphrodilus, pour lequel il fut
pubhquement couronné à Sienne par l'empereur Sigis-
mond, mais qui fut bientôt condamné par le pape î^]u-
gène IV. En 1435, il se rendit à Naples, oii il fut comblé
de faveurs par Alphonse, qui le chargea de diverses mis-
sions diplomatiques, et par son successeur Ferdinand P'".
Il y fonda l'Académie qui devait s'appeler plus tard de
Pontano, et y soutint de vives ([uerelles avec le célèbre
Laurent Valla. Ses œuvres se recommandent par une la-
tinité élégante et spirituelle. Les principales sont cinq livres
à^Epilres (Venise, 1553), et un panégyrique du roi Al-
phonse (De dictis et factis régis Alphonsi (Pise, 1485).
\j Hennaphrodilus a été réimprimé dans le Quinijue illas-
Iriuni poetaruni lusus in Venereni (Paris, 1791). A. J.
I3iBL. : A. Zeno. Diss. Voss. — Yoigt, Wiederhclebuiig
des cliisslcJien AUerthums, pas.sim.
PAN0R!\11TANUS (Nicolas de Tudeschis, dit), un des
canonistes les plus renommés de la dernière partie du
moyen âge (ses contemporains l'appelaient Ii^c^/'na juris),
né à Catane en 1386, mort vers 1450. Il était déjà cha-
noine de la collégiale de Catane en 1314. Après avoir étu-
dié le droit à Bologne, il l'enseigna à Sienne, puis à Parme
et à Bologne. En 1425, le pape Martin V lui donna
l'abbaye de Maniacum, près de Messine, et lui confia les
fonctions d'auditeur de la Rote et de référendaire aposto-
lique. En 1434, Alphonse de Castille le nomma arche-
vêque de Païenne. Représentant de ce prince au concile
de Bàle, il soutint contre Eugène IV les droits de cette
assemblée, que le pape prétendait transférer à Ferrare.
Il était parti lorsque Eugène IV fut déposé, mais il revint
pour reconnaître l'antipape
Félix V, qui le créa cardinal
(1440) et l'envoya comme lé-
gat aux diètes de Mayence et
de Fi'ancfort. — OEuvres prin-
cipales : Commentaires sur
les Décrétâtes de Grégoire IX
et sur les Clémentines; —
Apologie du concile de Bàle,
qui fut traduite en français par
(ierbais (1677). — Ce cano-
niste est aussi désigné sous les
noms de Abbas Siculus, Ab-
bas recentior, Abbas mo-
dernus. E.-II. V.
PANORPE (Entom.). Genre
d'Insectes Névroptères, établi
par Linné {Syst.Nat., 1748)
et qui a donné son nom à la
famihe des Panorpides. Ils se
rapprochent des Phryganides.
A l'état adulte, ces Insectes sont carnassiers. Les larves
vivent en terre
de substances en
putréfaction ou
de mousses. Les
principaux gen-
res sont : Pa-
norpa L., Bil-
lacus Lat.,LV;-
r(?»sLat. Les re-
présentants du
genre Panorpa
présentent u n
aspect très sin-
gulier parla Panorpa communis Lin. (maie).
queue relevée
des mâles, qui leur a valu le nom de Mouches scor-
Panorpe (larve).
PANORPE — PANSEMENT
9o2
pions. Ils volent le jour, pendant la belle saison, sur
les haies, les buissons, attaquant tous les insectes, voire
même des Libellules de grande taille, se repaissant aussi,
d'après Bauer, de proies mortes. Les larves vivent dans
les terrains humides. Le genre compte une quarantaine
d'espèces d'Europe et du N. de l'Afrique, de l'Asie et de
l'Amérique du Nord. L'espèce la plus commune en Europe
est le P. communis Lin.
PANOSSAS. Com. du dép. de l'Isère, arr. de la Tour-
du-Pin, cant. deCrémieu; 339 hab.
PANOUSE (La) (V.Lapanouse).
PAN OU SE (La). Com. du dép. de la Lozère, arr. de
Mende, cant. de Grandrieu; 542 hab. Fromageries.
PANSAGE (Art vétér.). C'est l'ensemble des soins de
propreté et de toilette donnés aux animaux domestiques,
particulièrement au cheval, à l'âne et au mulet. Son action
est double : il empêche que la transpiration et la poussière
mêlées, en collant les poils, n'entravent les fonctions éli-
minatoires de la peau, et il active en même temps, dans
une forte mesure, la circulation du sang. Le jeu de
l'étrille, dit un vieux proverbe, équivaut à un picotin
d'avoine. Bien pratiqué, le pansage remplace, en effet,
en quelque sorte, une partie de la nourriture et con-
tribue, à nourriture égale, à accroître la force produc-
trice. Il est, en tous cas, indispensable à l'entretien de la
santé et, faute d'être régulièrement pansé, le cheval, no-
tamment, est exposé à de graves maladies. Les principaux
instruments de pansage sont l'étrille, la brosse, l'éponge,
le bouchon de foin ou de paiUe, le plumeau à pansage ou
époussette, le torchon, une pièce de laine ou de grosse fla-
nelle et le cure-pied.
Pour panser un cheval, on le saisit par la queue de la
main gauche et on promène légèrement Té^'^rz"//^ (V. ce mot)
de la main droite et à rebrousse-poil, sur toutes les par-
ties charnues, en commençant par la croupe et en évitant
de toucher à l'épine dorsale, à l'intérieur des cuisses et des
avant-bras, aux mamelles, aux jambes, à la base de la
queue, au bord inférieur de l'encolure et à la tête. On
enlève ensuite la plus grande partie de la poussière avec
le plumeau à pansage ou époussette (queue de cheval
montée sur un manche). Puis on passe la brosse sur toute
la surface du corps en commençant par la tête et en ayant
soin, après chaque coup de brosse, de la passer sur l'étrille,
tenue de la main gauche, les dents en dessus, pour enlever
la crasse ; on lisse avec un bouchon de foin légèrement
mouillé, et on termine cette première partie de la toilette
par un bon coup de torchon ou avec un morceau de laine
ou de flanelle, de façon à bien lustrer les poils. Pour les
chevaux de luxe qui ont la peau délicate, on n'emploie
l'étrille qu'avec beaucoup de ménagement; on lui substitue
même complètement, pour les chevaux de race qui ne la
supporteraient pas, et dans la cavalerie, pour tous les che-
vaux qui ont le poil fin ou sont tondus, une brosse rude
ou en chiendent. On donne alors chaque coup de brosse,
d'abord à rebrousse-poil, puis dans le sens du poil. Le
lavage et le nettoyage des jambes et des paturons s'effec-
tuent avec l'éponge, mais il faut essuyer et sécher avec
soin ; ensuite on passe la brosse et le torchon. On lave
également avec une éponge et de l'eau bien fraîche les
yeux, les naseaux, la iDOuche, les oreilles, l'anus. Tinté-
rieur des cuisses, le toupet, la crinière et la queue ; on
frictionne les canons et les boulets en les frottant vivement
avec les deux mains à plat, en sens inverse, de haut en
* bas et de bas en haut. On décrasse la sole avec le cure-
pied. Enfin, on peigne le toupet, la crinière et la queue, on
cire les pieds et on graisse la paroi des sabots. Quand un
cheval revient fatigué et en transpiration ou lorsqu'il a
été mouillé, on le bouchonne (V. Bouchonnement). Il y a,
du reste, intérêt, même lorsque l'animal n'est pas sorti,
à pratiquer chaque jour cette opération, en insistant tout
spécialement sur les parties musculaires. Des bains de mer
ou de rivière, aussi fréquents que possible, surtout l'été,
complètent ces divers soins de propreté et d'hygiène et
facilitent beaucoup le pansage (V. Bain, t. V, p. 12).
Quant à V habillement, il se compose d'ordinaire : de
guêtres et de genouillères, principalement l'hiver par temps
de neige ou de verglas, pour préserver les jambes contre
les blessures ; d'oreillères ou béguins et de filets ou vo-
lettes, principalement l'été pour écarter les mouches. Les
chevaux de race ont, en outre, un habillement complet,
qui comprend un caniail{\. ce mot) avec ou sans oreilles,
un poitrail et une grande couverture embrassant le reste
du tronc. Ils ne le' revèteni, du reste, que pour la pro-
menade .
L'àne et le mulet sont pansés d'une façon analogue,
mais, en général, beaucoup plus sommaire. C'est, au sur-
plus, un tort. La rudesse de la peau et la grossièreté du
poil de l'àne et de l'ânesse tiennent, en partie, à ce qu'on
néglige de les bien étriller et de les brosser. En outre, la
malpropreté fait pulluler les insectes, qui les tourmentent
et les font se rouler par terre, à toute occasion. — Les
bœufs et les vaches sont plus négligés encore. Ils n'ont
pas besoin, il est vrai, d'un pansage aussi minutieux que
celui du cheval, ayant l'épiderme moins sensible et moins
impressionnable; mais il leur faut, au moins chaque jour,
un coup d'étrillé et un coup de brosse, qui contribuent à
la digestion et activent considérablement, chez la vache,
la sécrétion laiteuse. On doit aussi leur laver avec soin la
queue, les jarrets, les cuisses, en abattant, avec le couteau
de chaleur ou grattoir, la bouse et le fumier frais dont ces
dernières sont toujours salies. Chez les vaches, le pis doit
être, en outre, entretenu dans un parfait état de propreté,
tout en se gardant de le laver immédiatement avant de
traire ou à l'eau froide l'hiver. Enfin, bœufs et vaches
doivent, comme les chevaux, être bouchonnés lorsqu'ils
rentrent mouillés à l'étable. — La chèvre et le chien ont
besoin d'être fréquemment peignés. — Le porc lui-même
devrait être très régulièrement pansé avec la brosse et
l'éponge. La graisse qui l'enveloppe n'émousse pas com-
plètement sa sensibilité, comme on est porté à le croire,
il souffre beaucoup des insectes, et c'est pour se soustraire
à leurs morsures qu'il se vautre dans toutes les mares qu'il
rencontre.
PANSE. I. Anatomie (V, Estomac).
IL Viticulture. — La Panse noire ou Gros-Guillaume a
une souche vigoureuse, à sarments érigés ; les jeunes
feuilles sont pourpre clair, brillantes ; la grappe est très
grosse. C'est un cépage de la région méridionale; ses
fruits mûrissent tardivement (3® époque de maturité). La
Panse demande la taille longue. Elle donne un vin d'assez
bonne quaUté, mais sa fertilité est très inégale. Comme sa
variété la Panse jaune, elle est peu cultivée. — La Panse
jaune ou Bicane est moins vigoureuse que la Panse noire.
Elle craint beaucoup la coulure, le millerandage, et son
fruit est très sujet à la pourriture. Epoque de maturité
moins tardive que la Panse noire (2^ époque). Il existe
une variété précoce, Panse précoce, qui, surtout à cause
de la beauté de son fruit, est cultivée pour la production
des raisins de table.
PANSELENE (Astron . ) . Nom donné j adis par quelques
astronomes à la pleine lune ; n'est plus usité.
PANSELINOS (Manuel), peintre et moine grec de
Thessalonique, qui vivait à la fin du xi^ et du xii^ siècle ;
il est regardé comme le fondateur de l'école de peinture
byzantine.
PANSEMENT (Thérap. chir.). Le pansement est un en-
semble de moyens propres à mettre une plaie dans les
conditions les meilleures pour 'en assurer la guérison en
la protégeant contre l'invasion des germes infectieux et
contre les violences extérieures. Le pansement est dit asep-
tique lorsque toutes les pièces qui le composent ont subi
une série de préparations qui en ont sûrement banni tous
les germes ; il est dit antiseptique lorsque les parties
constituantes, préablement rendues aseptiques, servent de
support ou de véhicule à des substances microbicides. Le
pansement peut être encore sec ou humide, suivant que les
— 938
PANSEMENT
substances microbicides lui sont incorporées à l'état pul-
vérulent ou à l'état dissous. Les principes des pansements
actuels qui découlent des travaux de Pasteur ont été posés
par Lister et Guérin.
Les matériaux et les substances microbicides dont on se
sert le plus habituellement pour les pansements sont d'abord
les divers fils à suture (catgut, soie, crins de Florence,
crins de cheval, etc.). La suture est, en effet, le premier
temps et le plus important du pansement de toute
plaie non infectée. On recouvre ensuite la plaie su-
turée de gaze simplement aseptique ou chargée de diverses
substances (gaze à l'iodoforme, au salol, etc.) ou enduite
de diverses pommades (vaselines iodoformées, naphto-
lées, etc.) ou imbibées de divers liquides antiseptiques
(acide phénique, sublimé, phénosalyl, etc.) plus ou moins
dilués. Par-dessus ces gazes que l'on applique directement
sur la plaie ou après avoir saupoudré la ligne de réunion
d'une poudre antiseptique (iodoforme, salol, dermatol, etc.)
ou l'avoir recouverte d'un vernis antiseptique (stérésol,
kollasine, etc.), on applique une couche plus ou moins
épaisse d'un corps absorbant (coton hydrophile ordinaire-
ment, ouate de tourbe, de bois, etc.). Par-dessus le coton
hydrophile, on placera une couche de coton cardé ordi-
naire, suffisamment épaisse et suffisamment tassée et main-
tenue par des bandes pour ne laisser arriver à la plaie
qu'un air convenablement filtré et dépourvu de germes.
Si le pansement est humide, on interpose aux gazes hu-
mectées de liquides antiseptiques et au coton hydrophile
absorbant une feuille imperméable qui s'oppose à l'éva-
poration du liquide et maintient humide la gaze sous-ja-
cente. Le pansement simplement aseptique, dont le pan-
sement ouaté de Guérin est le type, se compose des mêmes
matériaux, mais sans l'intervention de substances micro-
bicides.
Les pansements appliqués suivant ces principes ont pour
avantage de mettre la plaie au repos, de lui faire subir
une douce compression élastique qui aide à l'affrontement
des parties, y régularise la circulation et y modère les
réactions nerveuses en y entretenant une douce tempéra-
ture. A ce dernier point de vue, le pansement humide pré-
sente une efficacité particulière. Par le coton, l'air qui arrive
à la plaie est dépouillé de ses germes et la permanence
de l'asepsie est assurée ; d'ailleurs, l'atmosphère antisep-
tique dans laquelle la plaie est plongée corrige les menues
fautes commises au cours de l'intervention et l'assure contre
l'action nocive des germes qui pourraient l'aborder.
Pour les plaies faites par le chirurgien, ces pansements
peuvent rester en place souvent jusqu'à guérison. Mais
pour les plaies non suturées, plus ou moins fortement suin-
tantes, le dépansement doit avoir lieu plus souvent, dès
que la souillure est un peu considérable. Le pansement
humide qui ne colle pas, et partant plus facile à en-
lever, doit dans ces cas être préféré. A chaque dépanse-
ment qu'il faut faire sans violence et sans ces menues
effractions qui couvrent la plaie de sang, on doit laver la
peau à une certaine distance des abords de la plaie et ne
toucher qu'exceptionnellement à la plaie elle-même ou à
la ligne de réunion dont on pourrait malencontreusement
troubler l'évolution.
(iuant aux plaies suppurantes infectées, il faut par une
désinfection soignée (irrigations, curettage, attouchements
antiseptiques) les amener à l'état de plaies non infectées ;
les mêmes modes de pansement leur sont alors applicables.
Les principes qui doivent guider le chirurgien et les
matériaux employés dans les pansements sont les mêmes que
ceux que nous avons énumérés ci-dessus, et la pratique n'en
est pas différente dans les formations sanitaires relative-
ment tranquilles, dites hôpitaux de campagne et hôpi-
taux sédentaires. Mais dans la zone de l'avant qui subit
si directement les contre-coups des péripéties de la lutte,
il n'en va pas de même, d'autant que l'asepsie des inter-
ventions, quelque soin qu'on y donne, sera le plus souvent
précaire et aléatoire. C'est ici surtout qu'il y a lieu d'avoir
toujours présent à l'esprit ce précopte de Volkmann : « Le
premier pansement tranche le sort du malade et décide
de la marche ultérieure de la plaie ». Aussi, en raison des
conditions spéciales où on se trouve, est-ce au pansement
antiseptique qu'il y aura lieu de s'adresser comme plus
capable d'atténuer autant que possible les fautes inévi-
tables d'asepsie. De plus, en raison des facilités de trans-
port des matériaux de pansement, des difficultés d'appro-
visionnement en eau stérile que l'on devra réserver au
nettoyage aussi exact que possible des abords de la plaie,
est-ce au pansement sec qu'il faudra avoir recours et en
particulier au pansement iodoforme dont l'agent constitue
une réserve antiseptique qui se dégage lentement.
Les matériaux de pansement (gaze, coton hydrophile,
coton cardé, bandes) sont, dans le matériel de guerre, pré-
parés en petits paquets pour ne pas exposer à la souil-
lure par leur ouverture une trop grande quantité de ces
matériaux. Ils sont enveloppés d'un papier fort, résistant,
imperméabilisé. Ces paquets sont réunis dans des paniers
désignés à l'avance par les mômes numéros dans toutes
les formations sanitaires, de sorte que l'on a ainsi sous la
main avec un de ces paniers tous les matériaux nécessaires
à un certain nombre de pansements simples. Dans d'autres
paniers désignés aussi par des numéros, toujours les mêmes,
se trouvent, à côté des matériaux de pansements simples,
des accessoires dont l'utilisation est commandée par la
complication de la blessure (attelles, gouttières, coussins).
Ce mode d'arrimage facilite singulièrement la mise en main
du chirurgien du matériel nécessaire à chaque cas et le lui
fournit dans des conditions d'asepsie aussi assurées que
possible. Quand nous aurons ajouté que d'autres paniers,
également connus par leur numéro, contiennent tout ce
qui est utile à l'exacte aseptisation du chirurgien et des
aides et aussi à la désinfection des plaies, on aura une
idée de l'organisation ingénieuse des pansements de ser-
vice de santé militaire en France.
L'importance des approvisionnements de pansements est
considérable. On en peut juger par un chiffre fort sugges-
tif. Un corps d'armée avec ses postes de secours, ses am-
bulances, ses hôpitaux de campagne, son hôpital d'éva-
cuation, traîne après lui plus de 60.000 pansements, sans
compter le pansement individuel dont chaque homme,
chaque officier, sont munis. D^ S. Morer.
Objets de pansement. — Les principaux objets de
pansement sont les gazes, les ouates, les éponges. Nous ne
nous occuperons ici que de ces trois catégories d'objets,
de préparation plus spécialement pharmaceutique, laissant
de côté les crins de Florence, les catguts, les drains, etc.
Les gazes sont des tissus de coton léger, à grandes
mailles. On emploie comme gazes à pansement celles à onze
ou à quinze fils par centimètre. La première opération à
faire subir aux gazes est une purification ; on les lave à
l'eau chaude, puis à Feau froide, puis on les traite par
Thypochlorite de soude, et on les soumet à un nouyea.u
lavage, suivi d'un traitement à l'acide chlorhydrique dilué,
puis d'un dernier lavage. On exprime ensuite et on fait
sécher. On obtient ainsi'la gaze hydrophile. Les gazes mé-
dicamenteuses se font en trempant la gaze hydrophile dans
des solutions convenablement faites de matières médica-
menteuses. Ces solutions, alcooliques ou éthérées, con-
tiennent de la térébenthine ou de l'huile de ricin, pour
permettre l'adhérence de la substance médicamenteuse.
La quantité de substance médicamenteuse fixée sur la gaze
est stipulée pour chaque sorte de gaze ; on obtient les
gazes au titre voulu en exprimant la gaze imbibée de so-
lution médicamenteuse jusqu'à ce qu'elle ne retienne plus
qu'une certaine quantité de cette solution, fixée d'avance.
Après cette expression, la gaze est mise à sécher dans
une pièce chauffée, éclairée par des vitres jaunes, pour
éviter l'action de la lumière dans certains cas (réduction
de l'iodoforme par la lumière) et loin de toute flamme.
Une fois sèches, on les conserve en paquets de 1-10-15 m.
dans du papier parchemin. — Le supplément du Codex
PANSEMENT — PANSLAVISME
— 9U'
(189o) indique cinq sortes de gaze : boriqiiée (1/10 en poids
d'acide borique), iodoformée au i/10, pliéniquée au i/10,
salolée au 1/10, au sublimé 1 iOOO.
Les ouates médicamenteuses ont pour base Vouate
hydrophile; c'est du coton cardé dégraissé par ébullition
dans une solution de soude à i «/o, lavé à l'eau, blanchi
par action d'une soin lion de chlorure de chaux ta ^y ° ^,
suivie d'un lavage à l'acide chlorhydriiiue dilué, puis à
l'eau. Ce coton, après expression et dessiccation, doit
s'imbiber spontanément quand on le dépose à la surface
de l'eau. 11 se distingue encore du coton cardé ordinaire
par son toucher un peu rade. Ainsi obteiui. il sert à pré-
parer les ouates médicamenteuses. Le mode de préparation
est identique à cekii des gazes. Les ouates servent à pro-
téger les plaies des germes microbiens contenus dans l'air.
Mais cà coté des ouates, il nous faut mentionner les éponges,
qui s'emploient dans les opérations chirurgicales comme
absorbants. Les éponges que l'on doit choisir dans ce but
sont des éponges à pores tins (éponges du Levant). On les
dél)arrasse des concrétions calcaires qu'elles contiennent
en les battant, puis en les plongeant pendant quatre heures
dans une solution d'acide chlorhvdrique à 4 '^'o- On les
exprime, on les lave et ou les fait séjourjier dans une
solution de permanganate de potasse à i/iOOO jusqu'à ce
(ju'elles aient pris une teinte brun chocolat. On les lave
et on les décolore complètement par action d'une solution
cblorhydrique de bisulfite de soude. Après un nouveau
lavage, pour éliminer toute trace d'acide cblorhydrique ou
sulfureux, on les exprime et on les conserve dans des
solutions de sublimé à l iOOO ou d'acide pliénique à 5 100.
Y. Harlày.
liHîL. : CiiAvAssr:, A'oituecaLY Élcmants do petile clnrm--
(jLG, 1889 — FoR(ajE et Reclus, Traité de lo tlicrapeiituiuc
(d)iyuT(jicalG, 2' od.
PANSERON (Pierre), architecte et graveur français, né
près de Provins vers 1730, mort à Paris vers 4790. Elève
de J.-Fr. Blondel, Panseron, qui fut professeur à l'Ecole
royale militaire et qui fut l'un des maîtres de J.-N.-L.
Durand, était inspecteur des bâtiments du prince de Conti
et a laissé de nombreux ouvrages dont il dessina et grava
les planches. Parmi ces ouvrages, il faut citer : EhJments
iCarchiieciure (Paris, 4772, in- 4) ; Nouveaux Eléments
d'arcMtecture (Paris, 4773-80, 3 vol. in-8, et suppl.,
4787, in-4); Etudes de lavis (Paris, 4784, in-l2);
Dessins d'architecture ; Lavis par feuilles détachées;
Plan général des palais des Tuileries et du Louvre;
Recueil de jardins anglais et chinois (Paris, 4783,
in-4, o4 pL), et surtout, comme ouvrage d'enseignement,
le Grand et nouveau Vignole, ou Règle des cinq
ordres, etc. (Paris, iu-foL, s. d.). Ch. L.
PANSERON (Auguste-Mathieu), compositeur français,
né à Paris le 26 avr. 4796, mort à Paris le 29 juil. 4839.
Fils d'un professeur de musique, qui fut le collaborateur
de Grétry, il entra en 4804 au Conservatoire, y remporta
successivement les prix do solfège (4806), d'harmonie
(4809), de violon (4844), obtint en 4843 le grand prix
de composition, avec une cantate intitulée Herminie,
partit pour l'Italie, comme pensionnaire du gouvernement,
puis se rendit, toujours aux frais de l'Etat, en Allemagne
et en Russie, et, rentré déiinitivement à Paris en 4848,
futquelcrue temps accompagnateur à l'Opéra-Comique, puis
se fit nommer en 4824 professeur de chant au Conser-
vatoire. En 4829, il succéda à Halévy comme accompa-
gnateur au Théâtre-Italien ; mais il résigna bientôt cet
emploi pour se consacrer tout entier à son. enseignement
et à la composition. Son premier opéra-comique, la Grille
du Parc (4 acte, 48J9), avait eu peu de succès. Il avait
donné ensuite deux autres pelits opéras-comiques, tes
Deux Cousines (4 acte, 4824) et F Ecole de Pw) ne (i acte,
1827). Mais ce sont surtout ses romances, au nombre de plus
de cinq cents, qui lui ont valu une réputation européenne :
te Songe de Tartini, Petit-Blanc, la Ballade du cor,
Malvina, Valsons encore. Vogue, ma nacelle, Appelez-
moi, je reviendrai, Demain on vous marie, etc. On
lui doit, en outre, deux cents nocturnes, plusieurs messes
solennelles, \mPie Jesu très estimé, écrit pour le service
de Gossec, des morceaux de cor, de hautbois, de violon,
de flûte, etc. Enfm, il est l'auteur de nombreux ouvrages
didactiques, qui ont contribué, presque autant que ses
romances, à répandre son nom : ABC musical. Sol-
fèges (d'artiste, d'ensemble, du pianiste, du violon-
celliste, etc.), Méthodes de vocalisation. Traité de
riiarmonie praUque et des modulations, etc.
PAN S 1ERE (ArchéoL). Partie du corps d'armure, qui,
dans le hornois du xv° siècle, protégeait l'épigastre do
1 homme d'armes en s'échancrant sous les pectoraux pour
se dresser en une patte bouclée au droit du sternum.
La pansière était, en somme, une pièce de renfort appli-
quée sur le plastron. Elle s'attachait au défaut de la cein-
ture par deux agrafes latérales ou par deux boutons tour-
nants qui la fixaient d'une façon inflexible, tandis que le
bouclage de la partie supérieure n'empêchait pas tout
mouvement de flexion du tronc. Complément presque insé-
parable de l'armure gothique, la pansière est bien la carac-
téristique du xv^ siècle. Une erreur générale est de con-
fondre la pansière avec le corselet et d'avancer que cette
pièce d'arme scportait seule, notamment chez les gens de
pied. La vérité est que la mode fut, à cette éqoque, de
maroufler des tissus, fussent des brocards ou des feu-
Ires, sur les corps d'armure, sans habiller pareillement
la pansière, ou bien encore celle-ci venait s'attacher sur
la cotte ou saye juste passée par-dessus l'arm^ure. C'est
ce qui se faisait couramment encore, au commencement du
xv!^' siècle, pour les renforts de cuirasse. M. Maixdron.
PANSLAVISME. Ce mot s'est produit dans la langue
])olitique vers 4830. Il désignait la tendance qu'auraient eue
tous les Slaves à se grouper en un seul corps politique
sous la tutelle ou la domination de la Russie. Il a été mis
en circulation, non point par les Slaves eux-mêmes, m^iis
par leurs ennemis, par les peuples qui avaient intérêt à
les maintenir dans un état de servitude ou de vasselage,
les Hongrois, les Allemands, les Turcs et les Grecs. Pen-
dant de longues périodes historiques, les peuples slaves —
sauf les Polonais et les Russes — les Tchèques, les Slo-
vaques, les Croates, les Serbes, les Bulgares ont été asser-
vis à des peuples étrangers. A partir de la (In du xviii^ siècle
ils se sont efforcés de reconquérir leur indépendance. Trop
faibles pour lutter individuellement contre leurs oppres-
seurs, ils ont songé à demander un secours matériel ou
plus souvent moral à des peuples congénères. Ils se sont
consolés des misères du présent par l'idée de la gran-
deur ou de la gloire de leur race. Ils ont rêvé d'avoir
une littérature, une langue unique. Les publicistes, les
poètes, les hommes d'Etat qui ont prêché ces idées ou qui
les ont mises en œuvre ont volontiers été considérés par
leurs ennemis comme de simples instruments de la poli-
tique russe, comme des agents panslavistes. En réalité,
plus un peuple slave se croit assuré de l'indépendance,
moins il est tenté de s'absorber dans l'ensemble de la race.
Les Etats slaves récemment créés, la Serbie, la Bulgarie,
s'inspirent avant tout des intérêts de la nation et de la
dynastie et ne songent nullement à les sacrifier à l'intérêt
supérieur de la race ou du peuple privilégié qui la re-
présenterait. Parmi les écrivains qui ont prêché avec le
plus d'éloquence les doctrines dites panslavistes, on peut
citer au xvii^ siècle le Croate Krijanitch, au xix® le Tchèque
Kollar (V. ces noms). En 4848, les Slaves d'Autriche
essayèrent de discuter leurs intérêts communs dans un con-
grès tenu à Prague, (pii fut dissous au bout de quelques
jours. En 4867, quand le gouvernement austro-hongrois
établit le régime dualiste qui sacrifiait les intérêts des
Slaves à ceux des Allemands et des Hongrois, un certain
nombre de Tchècjues, de Slovaques, de Croates et de Serbes
se rendirent à Moscou pour prendre part à une exposition
ethnographique et se livrèrent h des manifestations qui
restèrent d'ailleurs purement platoniques, Qi-ie la Russie
9o5
PANSLAVISME — PANTCFIALA
puisse mettre à profit les aspirations naturelles des Slaves,
c'est son droit, et nal ne peut s'en étonner. Chaque pays
s'efforce d'étendre sa sphère d'action au gré de ses inté-
rêts. Ce qui est certain, d'autre part, c'est que les petits
peuples slaves n'ont aucune envie de se laisser absorber,
môme par un peuple congénère. Us veulent être eux-
mêmes avant tout; toutefois, si dans une crise suprême ils
étaient obligés de choisir, ils aimeraient évidemment mieux
rester Slaves en devenant Russes que de se laisser germa-
niser (V. Bohème, Bulgarie, Croatie, Serwe). L. Léger.
BiBL. : L. Léger, le Monde slave. — Du mùiiie, Etudes
sliwes (2° série, Essai sur Krljanitcli). et Russes et Slaves
(l^''^ série, Essai sur Kollar). ~ C. Robert, le ?i[onde slave,
son passé, son étal présent; Paris, 1852. — Pypin et Spa-
sovicz, Gesch. der stawlschen Litleraluren, lb80-1881, 2 vol.
PANSPERMIE. C'est. la doctrine opposée à celle de la
génération spontanée, qui admettait que les organismes
inférieurs, algues, champignons, etc., naissaient sponta-
nément dans les milieux propres à l'existence de chacun
d'eux. D'après la théorie do la panspermio au contraire,
les germes de tous ces êtres se trouvent renfermés en
nombre infmi dans l'atmosphère ; ils ne prolifèrent qu'en
tombant dans un milieu favorable. Cette théorie, fondée
par les remarquables expériences de Pasteur sur les fer-
mentations et par l'étude microscopique des poussières
atmosphériques, explique d'une part la formation en ap-
parence spontanée des organismes inférieurs dans les mi-
lieux de culture en contact avec l'air atmosphérique ;
d'autre part, elle rend compte de l'immunité que peut pré-
senter un organisme donné contre Finvasion des bacté-
ries ; car, pour que leurs spores germent, il faut de toute
nécessité que le milieu qu'elles rencontrent présente des
conditions favorables à leur développement, c.-à-d. soit
en état de réceptivité. D^ L. Laloy.
PANTAGATO (Ottavio Pacato, connu sous le nom de),
érudit iialien, né à Bresciale 30 juil. 1494, mort à Rome
le 19 déc. iool . Kntré fort jeune dans Tordre des ser-
vîtes, il fut envoyé à Paris pour y étudier la théologie, et,
après y avoir pi'is le titre de docteur, il revint àPiome, où
Léon X le nomma professeur au collège delà Sapience. Le
cardinal Giovanni Salviati, neveu de Léon X, le prit en
amitié et lui lit donner une riche abbaye en Sicile. Pan-
tagato quitta alors l'habit religieux et le cloître. Mais à
l'avènement de Paul V, il dut reprendre son ancien genre
de vie, et se retira à Sainte-Marie iii Via. Son immense
érudition est attestée par tous ses contemporains, mais il
n'a rien publié. On a de lui deux manuscrits : Notitia
reriim Uomanarum et tiistoria ecdesiastica.
BiBL. : TiRABOscîii, Storla délia lett. Ital., VII, 870.
PANTAGRUEL (V. Rarelais).
PANTALEO (Heinrich), biographe et historien suisse,
né à Bàle le 13 juil. 15'2:2, mort le 3 mars 1593. Il étu-
dia à Bàle et en Allemagne les langues anciennes, les ma-
thématiques, la théologie et les sciences naturelles, puis
plus tard la médecine, lî fut trente-sept ans doyen de la
faculté de médecine de Bàle. L'empereur Maximilien il le
créa comte palatin. On a de lui en latin et en allemand
de très nombreux volumes, poésie, histoire, géographie,
médecine.
PANTALEO (Fra Giovanni), patriote italien, né àCastel-
vetrano (Sicile) le 6 août 1832, mort à Rome le 2 août
1879. A seize ans il revêtit la tunique des réformés de
Saint-François, et a vingt-deux, il fut ordonné prêtre.
n était chfirgé de l'enseignement de la philosophie dans
le couvent de Salemi, lorsqu'à la nouvelle du débarque-
ment des «Mille » à Marsala (11 mai 1860), il aban-
donna l'école pour aller rejoindre Garibaldi. Le général
le reçut à bras ouverts et le nomma son chapelain ; et
dès ce moment Pantaleo fut toujours à ses côtés. L'auto-
rité qu'il avait conquise par son savoir et sa vie, son
éloquence, convertirent aux nouvelles idées des villes qui
d'abord y étaient contraires. R suivit Garibaldi à la con-
quête de Naples et, en 1862, dans l'expédition deCalabre.
Accusé en iS6^i d''avoir offensé la religion catholique.
mais absous par le tribunal correctionnel de Turin, il jeta
sa robe aux orties. En i866, il prit part à la campagne
du Tirol, et à Bezzecca il fut nommé sous-lieutenant.
En 1868, il suivit Garibaldi dans l'expédition contre Rome,
et à Moterotondo (25 et 26 sept.) il fut fait lieutenant.
Au moment de la guerre franco-allemande il était à Ilorb
en Wurttemberg ou il fut arrêté comme espion français. R
fut un des organisateurs de l'expédition de Garibaldi : ce
fut lui qui, avec la Ville de Paris, alla chercher le gé-
néral à Caprera et le conduisit à Marseille; il fut attaché
à l'état-major de Garibaldi; mais le général Bordone l'en
lit sortir. Pourtant il prit part à la bataille de Dijon. A
Lyon, en 1872, il épousa M^^° Camille Vahé, ce qui donna
lieu à des polémiques de la part de ceux qui l'avaient
connu comme prêtre. 11 s'établit alors à Naples et, en
1876, à Piome. F. Casanova.
BiBL. : B -E. AIaixeri, Era Giovanni Pantaleo, ricordl
0 note ; Rouen, 188:^, in-l(i, 259 pp.
PANTALÉON, roi grec de Bactriane (V. ce mot).
PANTALON (V. Costume, t. XR, p. 1168, 1169).
PANTALONNADE. R serait assez difficile de définir
exactement le sens précis de ce mot. A l'origine, il s'ap-
phquait à celles des farces de la Comédie-Ralienne où
Pantalon, un de ses personnages favoris, joue le rôle prin-
cipal. Pantalon est originaire de Venise, et parle le
dialecte de cette ville ; c'est un vieux docteur pédant,
avare et débauché, ridicule et poltron. Son valet x4rlequin
le bafoue de toutes façons et, à chaque instant, le com-
promet dans les aventures les plus burlesques d'où il se
tire toujours à son désavantage. Comme le comique de
ces sortes de pièces, assez grossier et poussé à la charge,
plaisait beaucoup, le nom de pantalonnades passa natu-
rellement à toutes les œuvres analogues, quand bien même
Pantalon n'y figurait nullement. A l'Hôtel de Bourgogne, à
l'Illustre Théâtre, au xvii^ siècle, Turlupin, Gros-Guil-
îaume, Gautier-Gargouille et leurs confrères, jouaient
souvent de véritables pantalonnades. Plus d'une pièce de
Molière, des premières surtout, n'est pas autre chose.
Le mot certainement ne fut guère employé officiellement,
si l'on peut dire ; mais dans la conversation courante, il
s'appliquait familièrement à ce genre de productions où le
comique, très franc et très vivant, n'est pastoujours desplus
fins. Les farces au gros sel, les plaisanteries un peu lourdes,
les gauloiseries, les quipro(|uos, les coups de bâton sont
du domaine de la pantalonnade. A ce titre, Molière, tout
comme les auteurs du Théâtre de la Foire, doit être cité
au premier rang parmi les auteurs de pantalonnades. Ceci
doit suffire à donner à ce genre, (}u'il ne faut pas mé-
priser de parti pris, ses lettres de noblesse. Des pièces
comme la Jalousie du Barbouillé, les Fourberies de
Scapiii, bien des scènes du Médecin malgré lui, de
M. de Pourceaugnac, du Malade imaginaire ou du
Bourgeois gentilhoni' ne, pour être signées du nom illustre
de l'auteur du Misanthrope, sont d'excellentes pantalon-
nades, et la plupart des pièces, comiques des théâtres de
genre, aujourd'hui, ne sont pas autre chose. R. Q.
PANTÀNELLI (Dante), géologue itahen, né à Sienne
le 4 janv. 1844, docteur es sciences à Pise en 1865, pro-
fesseur de sciences dans les lycées do 1865 à 1881. R
devint ensuite professeur de géologie et de minéralogie à
l'Université de Modène. Son principal ouvrage est le Bol-
letino della^SocieUÏ malacologica italiana.
PANTGHALA. Xom ancien d'une région de ITnde qui
parait devoir être identifiée avec la partie supérieure du
Doab ou Mésopotamie, entre le Gange (Ganga) et la
Djamna (Yamound). Les textes distinguent un Pantchàîa
du Nord {Outtara-pancala) qui se serait étendu jusqu'aux
sources du Gange, y compris le Rohilkhand actuel et un
Dakshina-pancdla ou Pantchàîa du Sud, dont la limite
méridionale aurait été le cours du Tchambal (Carman-
vati). Le premier aurait eu pour capitale Ahicchatra (près
Ràmnagar) et le second Kàmpilya (aujourd'hui Kampila,
sur le vieux Gange, près de Farroukhabàd). berceau de
PANTCHÂLA — PANTENIUS
— 956 —
la médecine indienne. Le Pantcliâla faisait partie du « pays
des sages brahmaniques » {Brahmarshideça), immédia-
tement à FE. de la contrée, plus sainte encore, du Brah-
mâvarta.
PANTCHANA ou PANTCHNAD (proprement, Panca-
nadi, les cinq rivières). Petite rivière du Piadjpoutàna
oriental (Inde) formée, comme son nom l'indique, de cinq
ruisseaux, et sous-affluent de droite de la Djamna par
le Banganga et le Gambliîr. Ses eaux arrosent les prin-
cipautés de Djaipour et de Bhartpour.
PAN TCHAO, sœur de Pan Kou, remarquable par ses
talents littéraires. Restée veuve de bonne heure, elle écri-
vit un livre de conseils aux femmes, et termina l'histoire
des premiers H an, restée inachevée par suite de la mort
de son frère. M. C.
PANTCHATANTRA. Célèbre recueil de contes indiens
attribué au brahmane Vichnouçarman et probablement
composé vers la fin du v^ siècle de notre ère. Comme
son nom l'indique, il est divisé en cinq liYves (panca-tan-
tra) qui ont respectivement pour titres : i^ la Sépara-
tion des amis; 2^ V Acquisition des amis; 3^ la Guerre
des hiboux et des corneilles; ¥ la Perte des biens
acquis; 5^ le Faiseur d'actions inconsidérées. Selon la
méthode indienne, les contes sont insérés les uns dans les
autres au cours d'un long récit à tiroirs. Une courte pré-
face nous avertit que l'ouvrage a été composé pour l'édu-
cation des trois fils d'un roi du Dekkhan, trop bêtes pour
comprendre autre chose, sous promesse de leur donner
en six mois de l'esprit et l'expérience du monde. Il suffit
de rappeler ici que c'est l'original de Rallia et Dimna et
des fables de Bidpaï (V. ces mots). Il en existe une tra-
duction française par l'abbé Dubois (Paris, 4826) et par
Lancereau (Paris, 1871) et une traduction allemande par
Banfey, avec une célèbre Introduction sur l'histoire de la
fable (Leipzig, 18o9).
PAN TCHHAO, frère cadet de Pan Kou, général re-
nommé (32-102). Il se signala dans diverses négocia-
tions avec les rois de Chan chan (au Turkestan) et de
Khotan, qu'il soutint ensuite contre les attaques des Hioung
nou; un de ses lieutenants, Kan Ying, envoyé en explora-
tion (97 ap. J.-C), parvint jusqu'en Chaldée. M. C.
PANTCHITCH (Joseph), savant serbe, né à Bribir, en
Croatie, le 17 avr. 1814, mort à Belgrade le 8 mars 1888.
Il fit ses éludes à Agram et à Pest, où il obtint le grade
de docteur en médecine. Ensuite il alla compléter à Vienne
ses études de sciences naturelles. En 1846, il vint en
Serbie exercer la médecine, et en 1853, on lui confia la
chaire d'histoire natureUe à la faculté des sciences de Bel-
grade. En 1884, il fut nommé conseiller d'Etat, et, en 1887,
premier président de l'Académie royale de Serbie, qui
venait d'être fondée. Outre de nombreux manuels, il a écrit
des travaux originaux sur la botanique, qui ont paru en
serbe, en latin et en allemand. Il a étudié surtout les
plantes de la presqu'île des Balkans, notamment de la
Serbie, et il en a présenté, pour la première fois, plusieurs
spécimens au monde savant. Parmi ses ouvrages, il faut
citer notamment : Flore des environs de Belgrade (Bel-
grade, 1865, dont plusieurs éditions ont paru depuis) ;
Contributions à la flore de la principauté de Bulgarie
(Belgrade, 1883 et 1886). Il a écrit aussi plusieurs tra-
vaux sur la zoologie ; un des plus importants est : les
Oiseaux de Serbie {^^ûgvd.àQ,i^Ql). M. Gavrilovitch.
BiBL. : M. MrLiTCHRviTCH, Po?72e?ii/i; Belgrade, 1885, in-8
(en serbe).
PANTCH-MAHAL ou PANTCH-MEHAL, « les cinq
cantons ». District de la division du Goudjerate, pré-
sidence de Bombay (Inde). — Superficie, 4.177 kil. q. ;
population, 255.000 hab. (61 hab. par kil. q.). — Il
forme au S.-O. une plaine assez riche, tandis que tout le
N. est accidenté et en grande partie couvert de jungle. On
y exploite beaucoup de carrières. 27 7o de la population
appartiennent à la tribu des Bhîls.
PANTÉ ou PANTHAI (du birman Pathi, Musulmans).
Nom donné aux populations musulmanes du Yunnan. Ils
sont au nombre de 4 millions environ et remontent à des
immigrants arabes venus après l'hégire et aux soldats
boukhariens de Koubilaï Khan (xni^ siècle). A la suite de
l'insurrection de 1855, ils fondèrent en 1863 un Etat in-
dépendant du Yunnan reconquis par les Chinois en 1873
(V. Yunnan).
PANTE 6 [Panteague). Ville d'Angleterre, comté de
Monmouth, à 3 kil. S.-E. de Pontypool; 6.479 hab. (en
1891). Grands établissements métallurgiques (fer).
PàNTELLARIA ou PANTELLERIA {Cossijra des an-
ciens). Ile de la mer Méditerranée, dépendant de l'Italie,
entre la Sicile et la Tunisie, à 96 kil. S.-O. du cap Gra-
nitola et 76 kil. du cap Bon, entre 38« 45' et 36^ 52' lat.
N., 9° 32 et9«44' long. E. Elle a 83 kil. q., 46 kil. de
tour, et comptait 7.315 hab. en 1881. D'origine volca-
nique, principalement formée de trachyte, son ancien cra-
tère central, Montagna Grande, s'élève à 836 m. Le sol est
fertile, malgré le manque d'eau douce ; il est cultivé en
vignes, oliviers, arbres fruitiers, céréales, coton. Il y a
plusieurs sources thermales. La population, dont la moi-
tié habite le chef-lieu, Pantellaria ou Oppidolo, situé au
fond d'une petite baie durivageN., parle un dialecte arabe
mélangé de mots italiens. Le mouvement du port attei-
gnait 73.400 tonnes en 1894. Son ancien château sert de
prison d'Etat. Cette île fut occupée par les Phéniciens,
puis par les Carthaginois auxquels les Bomains succédèrent.
Les Sarrasins en furent chassés par le roi Boger de Sicile,
mais leurs pirates la ravagèrent plusieurs fois depuis.
PANTELLÉRITE (Pétrogr.). On désigne sous le nom de
pantelléri tes desroches éruptivesconnuesseulement jusqu'ici
à l'île de Pantelleria et formant un groupe très spécial. Au
point de vue de leur composition minéralogique,cesontdes
roches porphyriques, dont la teinte varie du vert au noir et
qui présentent de grands cristaux à'anorthose (feldspath
sodicopotassique), d'augite œgyrinique (pyroxène sodi-
fère) et de cossijrite (amphibole ferrifère et sodique), au
milieu d'une pâte tantôt vitreuse, tantôt trachy tique à
microlithes à'anorthose. Au point de vue chimique, ces
roches forment un groupe très homogène, caractérisé par
l'abondance de silice (67 à 70 ^o), une teneur très taible
en alumine (6 à 10 ^/o) et une forte proportion d'alcalis
(10 à 12 *^ o), parmi lesquels prédomine surtout la soude
(6,3 à 7,7^/o). Malgré la proportion élevée de la silice
dans ces roches, il n'y existe généralement pas de quartz,
en sorte que l'excès manifeste de silice doit se trouver
dans la pâte vitreuse. Par leur forte teneur en soude,
caractère très important et caractéristique d'un petit
nombre de roches très spéciales, les pantellérites se rap-
prochent surtout des trachy tes sodiques ou des phonolithes,
dont elles ne diffèrent guère que par l'excès de silice,
plutôt que des porphyres quartzifères ou des rhyoHthes, dont
on les rapproche généralement parce qu'elles présentent
la même teneur en siUce, sans tenir compte de la propor-
tion relative des autres éléments chimiques. L. Bertrand.
PANTÈNE (nàvxaivoç), premier maître de l'école
d'Alexandrie, dite des Catéchètes (V. t. IX, p. 821), mort
vers 202 ap. J.-C. Dès 181, on le trouve exposant et expli-
quant le christianisme à Alexandrie. Son plus illustre disciple
fut Clément d'Alexandrie. Vers 190, il fit, dans l'intérêt du
christianisme, un voyage en Inde, c.-à-d. dans le S. de
l'Arabie. De ses nombreux écrits, il ne subsiste plus que
deux petits fragments (Routh, Reliquiœ sacrœ; Oxford,
1814, 2^ éd., t. I, pp. 375 et suiv.). F.-H. K.
PANTENIUS (Theodor-Hermann), écrivain allemand,
né à Mitau le 12 oct. 1843. Dans ses romans et ses nou-
velles, M. Pantenius décrit plus spécialement la vie de sa
province natale, la Courlande, et les relations entre Ger-
mains et Slaves dans les contrées oti s'opère le contact
entre les deux races. — Principaux ouvrages : W. Wolf-
schild (1873, 2*^ éd.) ; Allein und fret (1879, 2« éd.) ;
Im Gotteslândchen (Hambourg, 1880-81, 2 vol.) ; Bas
roteGold (Hambourg. 1881); Die von Relies (Bielefeld,
1880); Kurlâmlische Geschichten (Leipzig, 1892-93).
Ses romans viennent d'être réunis en recueil sous le titre
de Gesammelte Romane (Bielefeld, 1898, 9 vol.).
PANTENNE. L Marine. — On dit qu'un navire est en
pantenne lorsque, après une tempête, un abordage ou un
édiouage, ses voiles sont déchirées, sa mâture et ses vergues
désemparées. En signe de deuil, on met les vergues en
pantenne, c.-îi-d. qu'on les apique (incline) l'une sur un
bord, l'autre sur l'autre.
II. Pèche. — Cet engin est le verveux terminal de
la bor digue (V. ce mot), où le poisson s'amasse ; il
était en usage dans la Méditerranée dès le xiv*' siècle, ainsi
que nous l'apprend une ordonnance rendue en 1339 par
Don Pedro, roi d'Aragon et de Valence. E. S.
PANTENUS (V. Pantène).
PANTHALIS, servante d'Hélène, figurée dans un ta-
bleau de Polygnote à Delphes ; Gœthe en fait un person-
nage du second Faust.
PANTHÉE, femme à'Abradale (V. ce nom).
PANTHÉISME. Les religions et les pliilosophies pan-
théistes sont nombreuses. Mais il n'y a pas de système
type du panthéisme, de conception générale et imperson-
nelle, qui aurait reçu dans l'histoire des expressions par-
ticulières. Les rehgions particulières, les philosophies in-
dividuelles existaient d'abord ; ensuite on les a qualifiées
de panthéistes. Aucune, avant le xviii^ siècle, n'a pris
d'elle-même ce titre ; et depuis, aucune ne l'a accepté
sans réserves. Le mot àepanlkéiste a été employé pour
la première fois, en 4705, parFAnglais Toland, dans un
écrit intitulé le Véritable socinianisme, exemple de bons
procédés dans les controverses théologiques, oit Vim-
partialité dans la discussion est ici posée en principe,
recommandé par un pantliéiste à un ami orthodoxe.
Il reparut dans le Pantheisticon du même auteur en 1720.
Or Toland, esprit révolté et violent, avait écrit d'abord
contre la religion catholique, puis contre la religion pres-
bytérienne, puis contre toutes les religions, inventions,
disait-il, de prêtres ou de rois qui comptaient faire servir
les superstitions à leurs intérêts. Dans le Pantheisticon,
il fait le portrait de gens délivrés des préjugés rehgieux,
pour qui Dieu n'est que la force qui anime le monde, l'âme
du monde, distincte de son corps par abstraction seule-
ment. Ce sont ces gens qu'il api)e\\e des pa^itfiéistes. Ainsi,
dès sa création, le mot désignait une doctrine qu'un en-
nemi de la religion avait glorifiée par bravade. Théolo-
giens et philosophes orthodoxes l'appliquèrent ensuite à
tous les systèmes où ils découvrirent des traces de la môme
hérésie, On s'avisa ainsi que les stoïciens, ou l'école
d'Alexandrie, ou Spinoza avaient été des panthéistes. C'était
une façon de les réfuter. Inversement, Cousin « lavait Xé-
nophanede l'accusation de panthéisme ». Cependant, des
contemporains accueillaient la doctrine suspecte ; dénon-
cés, ils se défendaient d'être panthéistes, ou distinguaient
entre leur panthéisme et celui que l'on réprouvait. « Je
n'ai pas encore rencontré une personne, disait Gœthe, qui
sache ce que ce mot signifie » (Conversations avec Eclier-
niann, t. Il, p. 266). Schelling admettait qu'on le traitât
de panthéiste, mais après avoir donné du panthéisme une
définition qui en faisait sentir la force. Hegel montrait
que son panthéisme dérivait du monothéisme, et n'en dif-
férait pas beaucoup. En réalité, de 1800 à 1850, tout
philosophe prenait parti pour ou contre le panthéisme,
qu'il définissait selon la philosophie qu'il voulait renverser
ou épargnef . Cela explique pourquoila chose était si vague,
et le nom si commun.
Pour avoir une idée jubte de ce qu'on appelait le ]>aii-
théisme, il faut passer en revue les religions et les philo-
sophies panthéistes. On verra qu'il est impossible d'en
dégager une doctrine unique; ce qu'elles ont de commun,
c'ek une tendance à concevoir entre Dieu ou l'absolu, ou
l'universel, ou l'infini, et l'homme, ou le relatif, ou le
particulier, ou le fini un rapport tel que leur union soit
957 — PANTENIUS - PANTHEISME
possible. Cette tendance apparaît à l'occasion de trois pro-
blèmes, tels que la solution de l'un entraîne celle des deux
autres: 1^ Comment faut-il concevoir Dieu? S'il est in-
fini, rien n'existe en dehors de lui. L'infini est tout ce
qui est ; le fini n'a pas de réalité, si elle n'est comprise
dans celle de l'Etre infini. 2° En quoi consiste la réalité
de l'homme? Si elle n'est pas absolue, éternelle, capable
de s'être créée et de se conserver elle-même, elle est déri-
vée d'une essence supérieure, qui est Dieu. 3^ Quelle est
la relation de l'homme à Dieu ? Ce problème se présente
sous deux formes : a. au point de vue de son existence,
comment l'homme a-t-il été créé par Dieu? Et cette ques-
tion elle-même se dédouble : D'où vient son âme ? Et d'où
vient son corps, ainsi que tous les corps de la nature?
b. Au point de vue de sa destinée morale et de sa vie re-
ligieuse, comment l'homme peut-il connaître Dieu, con-
naître la volonté de Dieu, s'unir à lui? La création n'est
possible que si Dieu crée l'homme de sa propre substance,
et la vie morale que si l'homme peut à nouveau s'unir à
cet être dont il est créé. Ainsi, que l'on parte de l'un ou
l'autre de ces problèmes, on est conduit à la même idée:
entre Dieu et l'homme, il y a communauté d'essence.
Tous les panthéistes ont posé au moins l'un de ces pro-
blèmes, et par suite touché aux deux autres; bien peu les
ont traités. Tous ont considéré l'être fini comme une ex-
pression particulière de l'Etre infini ; mais il y a bien des
façons de concevoir ce rapport. Quelquefois, fini et infini
sont près de se confondre; d'autres fois, il y a seulement
une tendance à expliquer l'un par l'autre; jamais ils ne
cessent, si voisins qu'ils soient, de se distinguer ; s'il y
avait identité parfaite de l'infini et du fini, il n'y aurait
plus panthéisme ; le panthéisme implique l'existence d'un
seul être sous deux aspects. Tantôt l'infini est conçu à
l'image du fini ; tantôt le fini à l'image de l'infini ; sou-
vent fini et infini n'ont, à part l'être, aucun attribut com-
mun. Tantôt leur relation est révélée à l'homme par le
sentiment d'une union avec l'absolu ; tantôt elle est figu-
rée dans son imagination ; tantôt elle est conçue par la
raison. H y a des panthéismes qui sont des rehgions, et
d'autres qui sont des philosophies ; mais tout panthéisme
est religieux, puisqu'il fait dépendre étroitement l'homme
de Dieu et consister la perfection humaine dans l'union
avec l'être divin ; et tout panthéisme est philosophique,
puisqu'il contient une idée du principe des choses, et de
la relation des choses à leur principe. Ainsi, qu'il soit
religieux ou philosophique à l'origine, il finit toujours par
réunir les deux caractères. Religion et philosophie dépen-
dent si bien l'une de l'autre, que les religions panthéistes
différent selon la maturité de la pensée contemporaine et
les philosophies panthéistes selon la religion du pays et
de l'époque où elles se sont produites.
Nous n'essaierons pas, pour tracer l'histoire de ces doc-
trines si variées, de les classer. L'ordre chronologique
montrera comment les mêmes idées reparurent à des siècles
d'intervalle, bien que chaque panthéisme diffère de tous
les autres et par son origine, et par sa forme.
Quelques-uns des vieux mythes de l'Inde, conservés
dans le Rig-Véda et antérieurs d'environ douze siècles à
l'ère chrétienne, sont des symboles de conceptions confuses
sur l'origine de la vie et du monde. Selon l'un de ces
mythes, le monde a été formé du corps d'un être primitif,
un géant, le Purusha (homme) ; Varuna et les grands
dieux l'ont dépecé ; son crâne est le ciel, et ses membres
sont la terre. Un autre mythe est d'une pensée plus réflé-
chie : avant toutes choses, il existait la substance en soi.
Mais cette notion abstraite est représentée par l'idée à la
fois plus concrète et plus mystérieuse des Eaux primor-
diales. En la substance naquit le Désir (Kàma), et alors
commença la création des êtres. Le premier créé est un
dieu personnel VHiranyagarbha (Embryon d'or), qui, à
son tour, selon qu'il veille ou se replonge dans le som-
meil, donne naissance à la création ou la fait rentrer en
lui-même. Sous des formes naïves, c'est l'idée que le
PANTHÉISME
958
monde est créé de la substance divine. Plus lard, des braii-
manes instruits réflécliirent au sens des mythes; de là,
les Upanishads, traités où sont posés tous les problèmes
de philosophie religieuse. Dans les plus anciennes, qui sont
peut-être du yi® siècle av. J.-C, on trouve la confusion
de doctrines, le mélange de croyances inconciliables, ([ui
sont le trait caractéristique de l'Inde : un Hindou ne craint
pas de pratiquer plusieurs cultes, ni de comprendre dans
ses dévotions les dieux de plusieurs religions. Dans d'autres,
plus récentes, il y a des systèmes, sortis d'un effort pour
discipliner la spéculation, l^e système scuikhija et le sys-
tème vèddnta sont des panthéismes. Selon le premier, il
y a une cause première matérielle, la Prakrili, une,
simple, éternelle, source de la vie intellectuelle aussi bien
([ue de la matière, il existe aussi des âmes individuelles,
éternelles, mais toutes égales et inactives ; c'est pour s'unir
à ces âmes que la Prakriti entre en travail et crée des
êtres; les âmes contemplent ses créations et acceptent d'y
être unies, jusqu'au jour où, se reconnaissant distinctes de
la matière, elles reprennent leur liberté. Dans ce pan-
théisme matérialiste, et d'ailleurs imparfait, puisqu'il admet
deux principes éternels distincts, on reconnaît le mythe
du Purusha. Remarquons que le sentiment religieux est
absent du système sankhya ; il est, au contraire, essentiel
au système vèdànta. A l'origine, ce système conserve un
caractère mythique : le principe de vie qui est dans l'honnne
ehl ïâtman(soi). Ce principe est un petit être, un purusha,
qui habite le cœur de l'homme et qui parcourt les artères;
on l'aperçoit dans l'œil. On le voit également dans le
soleil, œil du monde ; mais là, c'esiVdtman de la nature.
Or le purusha du soleil et celui de l'homme sont le même ;
par une ouverture invisible, qui est au sommet du crâne,
il s'élance de l'un à l'autre. Voici maintenant la forme
savante de la doctiine : l'âtman est Têtre un, éternel,
intini, capable de toutes les formes et informe lui-même,
cause à la fois efficiente et matérielle du monde. Le monde
est son corps, qu'il crée de sa substance. De lui viennent
et à lui retournent les êtres finis, comme les étincelles
jaillissent d'une fournaise et y retombent. 11 habite aussi
le cœur de l'homme, où il apparaît comme limité ; mais
l'homme peut, par une méditation intense, reconnaître en
son âtman latman universel et s'unir à l'unité suprême.
11 n'y a qu'un ûtman; il voit qu'il est cet âtman. Ainsi le
fini est une émanation de l'infini ; il est capable de re-
tourner à la source dont il émane, et ce retour est la vie
religieuse : idée qui est commune à tous les panthéismes
mystiques. Le système sankhya et le système vêdânta
furent tantôt l'un, tantôt l'autre, la métaphysique des
nombreuses formes des religions néo-brahmani<]ues ; mais
notons que celle de Bouddha, bien qu'elle paraisse facile
à concilier avec le vêdânta, n'est pas pantliéistc : Bouddha
dédaignait toute espèce de théologie ou de philosophie. Et
ce dédain est conforme à l'esprit de la race hindoue, im-
puissante à former des concepts logiques, à raisonner sur
ces concepts, à déduire des vérités. Aussi, bien qu'il y ait
dans presque tous les produits de sa féconde imagination
une tendance oljscure au panthéisme, cette tendance ne
s'achève en système qu'avec le vêdânta ; et encore le pan-
théisme du vêdânta n'est-il qu'une manière d'imaginer
Funion mystique de l'homme avec l'être universel. — La
religion de Lao-tseu, la plus ancienne des religions chi-
noises, et celle de l'Egypte, ne sont pas même allées
jusque-là. « Lliomme, dit Lao-tseu, a sa règle dans la
Terre, la Terre dans le Ciel, le Ciel dans le Tao (Tout),
et le Tao en lui-même. » — « Le Tao qu'on peut exprimer
par la parole n'est pas le Tao éternel... Celui qui n'a pas
de nom est la cause première du Ciel et de la Terre ;
celui qui a un nom est la mère de tous les êtres. » Le
Tao paraît être l'infini, qui a détaché de soi, par une
sorte de génération, les choses finies. Il y a une idée ana-
logue dans ce vieux texte égyptien : « Au commencement
était le Nun, l'Océan primordial, dans les profondeurs
infinies duquel flottaient les germes des choses. De toute
éternité. Dieu s'engendra et sï^nfanta lui-même de cette
masse sans forme encore et sans usage ». Il faut res-
pecter Je vague de ces notions. Dans les religions primi-
tives, il y a trop de mythologie, trop de mystère, pour
que des conceptions nettes se îbrmulent; puis le culte et
le besoin d'adoration détournent des s])éculations. C'est
ainsi que des formes de panthéisme ont existé sans les
concepts qui nous paraissent essentiels au panthéisme.
IjQ caractère de la philosophie grecque est au contraire
d'avoir élaboré des concepts. Mais les Grecs ne sont pas
panthéistes; ils n'ont pas eu le sentiment de l'infini;
l'infini, c'est pour eux le non-être. Leurs dieux sont des
êtres finis, à la fois éternels et engendrés, qui n'ont pas
créé le monde. Dans Homère, dans Hésiode, dans les
poèmes orphiques, le Chaos, l'Air, la Nuit, les Nuées ont
existé avant les dieux ; le monde est créé des éléments.
La philosophie des Ioniens a son origine dans ces cosmo-
gonies, et conserve le même caractère. Thaïes s'est
demandé quelle était la substance dont les choses sont
faites ; Anaximandre a conçu une masse sans qualités,
impérissable, antérieure aux êtres, d'où ils seraient sortis
par séparation. H y a bien dans ces philosophies quelque
chose comme une substance et des accidents ; il n'y a pas
d'être infini, qui contiendrait tout ce qu'il y a de réel
dans le fini, et dont la relation au fini serait'^le principe
d une vie religieuse ou morale. — Chez les Eléates, on
trouve ridée d'un être absolu. Mais ce que Parménide
s'était proposé, c'était d'échapper au monde des appa-
rences, pour atteindre à la vérité éternelle. Cette vérité
ne se trouve que dans la pensée ; l'objet de la pensée est
l'être immuable. Cet être est un ; il est tout ce qui est.
Mais il n'est pas le monde, ni la substance du monde, car
le monde n'existe pas ; il n'y a pas de relation de l'an au
multiple, parce qu'il n'y a pas de multiple. Si la doctrine
des Eleates est panthéiste, c'est un panthéisme ou l'ab-
solu est accessible à la pensée humaine, ou le relatif n'est
qu'une illusion, un panthéisme, sans communauté d'essence
entre l'absolu et le relatif. — Des anciens philosophes
grecs, Heraclite est en réalité le seul panthéiste. C'est
qu'il accueillit une idée qui a sa .place dans la religion
grecque, mais dont les symboles ne sont pas des divinités
à figure humaine, l'idée de la nécessité, de la loi divine
(Destin, Sort, Justice, Némésis). 11 enseigna que le devenir
éternel, loi des choses, engendre un monde harmonieux,
où se révèle une raison, une sagesse, Zeus. Le monde
est lui-même cette raison, car elle n'en est pas distincte,
elle en est l'âme. Ainsi l'être divin traverse les formes
du fini, et le fini n'existe que par le divin, cause, loi et
matière du monde. C'est pourquoi l'homme raisonnable
prend pour règle dans la vie la soumission à l'ordre uni-
versel .
La conception stoïcienne du monde et de Dieu dérive
de la même idée. Mais de plus, depuis Heraclite, un con-
cept métaphysique de Dieu s'était formé en dehors de la
religion. Ce Dieu, défini par son rôle à l'égard du monde,
c'était le Nous d'Anaxagore, le Démiurge de Platon, la
cause finale du monde et le premier moteur d'Aristote. Les
stoïciens firent du Dieu transcendant d'Aristote un Dieu
immanent au monde, qui se confondit avec la Nécessité,
le Destin. Selon la philosophie stoïcienne, il y a dans tout
être deux principes, l'un passif, la matière, l'autre actii
et raisonnable, la cause ou la raison. La raison pénètre
en toutes ses parties la matière, qui sans elle ne serait
rien ; mais elle n'existe à son tour que dans une matière.
Cette raison est corporelle, car tout ce qui existe est c:>r-
porel ; elle est un feu, plus subtil que le feu qui dc'truit ;
c'est le feu artiste, qui engendre. Mais la raison n'est pas
seulement dans les individus ; elle se manifeste aussi dans
le Tout de l'Univers. Une loi universelle pèse sur tous les
êtres, le Destin, qui détermine l'enchaînement des causes
et des effets. Cet enchaînement a un but, l'unité et Fhar-
monie du monde; il en est la raison directrice, corporelle
comme les raisons individuelles : c'est le feu divin, cause
— 959
^VNT11ÉISMK
du monde, sa matière. On peut l'appeler l'àme du monde,
ou la Providence, ou Dieu. Ainsi la raison humaine s'ex-
plique par la raison divine ; le feu qui engendre la nature
humaine est une partie du feu qui engendre le monde. Kn
quoi consistera donc la perfection morale ? Le sage réalise
dans sa vie l'harmonie que Dieu réalise dans le monde. 8a
volonté se confond avec celle de Dieu ; il partage avec lui
l'empire de l'univers. Cette doctrine est un panthéisme
complet; mais elle est hien grecque d'esprit, puisqu'elle
définit la nature de Dieu par la raison, attribut de l'homme ;
la raison du sage est aussi parfarte que celle de Dieu. C'est
un panthéisme anthropomorphique.
Avec la philosophie alexandrine, on quitte le monde grec.
De Philon le Juif datent pour la pensée de l'Occident trois
idées nouvelles, dont l'origine, plus ancienne, est mal
éclaircie : 4° Dieu, être absolu, un et infini, est incon-
naissable et ineffable. Mais il se réfléchit dans une image
plus accessible à notre contemplation, le Verbe, le Fils
aîné de Dieu. Du Verbe procède une troisième manifesta-
tion du divin, la raison active répandue dans Tunivers.
''2'^ Tout ce qui existe est actif ; mais l'activité n'appartient
qu'à Dieu, être incréé : ce qui est engendré est passif;
Dieu est donc présent dans tout ce qui existe, présent par
les puissances émanées de lui. Il est lui-même le lien
universel ; il contient l'univers ; Dieu est tout (V. De
lingarum confusione Sacranun, legiim allegormium.
3° L'âme doit s'unir à Dieu par l'amour et l'oubli de soi.
« Il faut qu'elle se répande, comme une libation pure,
devant le Seigneur ». — Dans Philon, ces idées servent
seulement, à côté d'autres rigoureusement platoniciennes,
à interpréter les allégories des livres saints. Plotin en a
fait un système panthéiste. Le propre de ce panthéisme,
c'est que la relation de l'infini aux formes inférieures du
fini, de l'ineffable au sensible, est conçue comme une éma-
nation, par laquelle l'être divin se réalise successivement
sous des formes de moins en moins parfaites, jusqu'à se
distinguer à peine du non-ètre. Dieu est d'abord l'Un,
puis rintelligence, le Logos, puis l'àme universelle, qui se
disperse dans les âmes individuelles. 11 semble que ces
âmes habitent des corps ; mais le corps n'est rien qu'une
image affaiblie de l'àme, une ombre; c'est lui qui est dans
l'àme, comme l'effet dans la cause. Comme une lumière
éblouissante. Dieu, par la nécessité de sa nature, répand
au loin ses rayons, sans en être lui-même diminué; à
mesure qu'ils s'éloignent de leur source, leur éclat s'affai-
blit; la clarté se dégrade jusqu'à devenir obscurité. Plotin
ne pouvait pas expliquer la création d'une matière radi-
calement distincte de l'être immatériel ; la matière n'est
pour lui que Féclipse de l'être ; les corps ont un commen-
cement de réalité, qu'ils tiennent, avec leur forme, de
l'àme oii ils sont contenus. Partout l'inférieur dérive du
supérieur. Son principe de vie, c'est l'amour, amour qui
le porte à créer des formes inférieures pour multiplier son
être, ou qui le meut vers les formes supérieures, ou iï
contemple son archétype éternel. Cet amour sans bornes
no trouve que dans l'être absolu la substance capable de
le nourrir; la possession de l'absolu est l'extase, terme de
la vie bienheureuse, où l'être retourne à sa source.
La philosophie alexandrine eut une influence profonde
sur les quinze premiers siècles de l'ère chrétienne. Elle a
inspiré toutes les sectes mystiques; pour qui l'oubli de la
personnalité dans Lunion avec l'infini divin était le bonheur
suprême. Connue des chrétiens, des juifs et des Arabes,
elle hante 1 esprit de ces penseurs confus, superstitieux et
hardis; dans leurs conceptions du monde, qui font une
place aux souvenirs de la spéculation grecque, aux dogmes
juifs ou chrétiens, et aux superstitions d'une époque
préoccupée de mystère et de magie, on entrevoit ces deux
idées qu'il existe une àme universelle, et que tout ce qui
est principe de vie est émané de la substance divine. Dieu
est distinct du monde, l'esprit de la matière ; mais Dieu
ne ci'ée les formes des êtres et n'agit dans la nature que
par l'esprit; il se sert de puissances émanées de lui, in-
termédiaires entre l'infini et le fini ; ce sont les personnes
successives qui exercent la toute-puissance dans les mondes
du Père, du grand Archon, et de Jéhovah pour les gnos-
ivjues, ou les sefirot de la Cabbale, ou les esprits du
médecin et alchimiste Paracelse, êtres invisibles dont le
travail produit les propriétés des corps. Sous une forme
voilée, cela veut dire que tout ce qui est vraiment réel
est émané de Dieu. — Parmi les savants, docteurs et
philosophes, la plupart ont eu la même idée ; chez les
uns, elle s'affirme; chez les autres, elle se dissimule. Les
Arabes, comme Avicenne, Abubacer, Avicebron, Aver-
roès, les Juifs comme Maimonide, qui ont commenté Aris-
tote ou se sont inspirés de ses commentateurs, sont restes
fidèles au dualisme aristotélicien : Dieu est nécessaire à la
création, puisqu'il est cause de tout mouvement ; mais les
êtres sont créés d'une matière ou puissance, qui conte-
nait leurs formes ; le mouvement réalise seulement le
passage de la matière à la forme. Mais, d\autro part, les
mêmes philosophes ont adapté l'idée de l'émanation à la
doctrine d'Aristote sur le mouvement dans le Cosmos.
Dieu, être un et inconnaissable, est le principe universel
d'intelligence et de mouvement. Il a produit directement
la première intelhgence, principe du mouvement des
étoiles fixes; de celle-ci en procède une autre, puis une
autre, dont chacune est Fàme qui meut une sphère cé-
leste. Dans l'intelligence humaine, il faut aussi un prin-
cipe de mouvement qui détermine les puissances à pas-
ser à l'acte; c'est l'intellect actif, identique à la dernière
des intelhgences célestes, et qui agit sur toutes les intel-
ligences humaines. Si l'une de ces intelligences devenait
acte tout entière, elle serait, comme Dieu, unie à tous les
intelligibles ; et par suite elle serait, comme Dieu, tous
les êtres, caries êtres ne sont rien en dehors delà science
qu'il en a. C'est, appliiuée à la science, la doctrine de
l'extase : la science parfaite est l'union avec Dieu. —
Chez les auteurs chrétiens, il est rare que les problèmes
de la nature de Dieu et de la création du monde n'em-
pruntent pas au moins une partie de leur solution à la
philosophie alexandrine. l':ile exerça cette influence par
l'intermédiaire des livres faussement attribués à Denys
l'Aréopagite. Selon le faux Denys, Dieu ne peut pas être
défim ; sitôt qu'on en affirme un attribut, comme il est
infini, il faut en affirmer l'attribut contraire ; comprenant
à la fois toutes les formes de l'être et du non-être. Dieu
est au-dessus de toutes les catégories. Mais en même
temps. Dieu est tout ce qui est ; comme le soleil envoie
ses rayons, ou comme l'unité engendre le nombre, il pro-
duit de sa substance, sans être diminué, les esprits purs,
les âmes, raisonnables ou privées de raison, et jusqu'aux
êtres inanimés. L'âme humaine, émanée de Dieu, accom-
pht son retour à lui lorsque, écartant toute conception de
sa nature, elle s'unit à lui par le sentiment dans le silence
mystique. — Les écrits de Denys furent traduits en latin
au jx^ siècle par Scot Erigène, qui en tira les idées es-
sentielles d'un des systèmes les plus complets que la sco-
lastique oit produits. Dieu est l'être absolument simple,
auquel ne convient aucun attribut. Indéterminé en soi, il
produit pourtant la détermination dans les êtres particu-
liers, qui sont les accidents de sa substance. C'est ainsi
qu'il crée le monde, qui est un reflet de Dieu (theopha-
nia). Mais ce monde est en lui, puisque rien n'existe en
dehors de lui ; or Dieu est absolument simple ; rien n'existe
en lui qui ne soit lui ; donc le monde est Dieu. C'est l'être
divisé, tel qu'il se révèle sous une forme imparfaite ; Dieu est
l'être en soi, unité pure. L'intelhgence humaine est elle-
même une conception de Dieu ; elle contient en soi le
principe de tout ce qui est, mais n'aperçoit l'être que di-
visé entre toutes les natures intelligibles et sensibles C'est
la conséquence de la chute; mais toute la création sera
rachetée par Jésus-Christ, en qui coexistent l'un et le mul-
tiple.^ Le salut nous amènera à contempler Dieu dans sa
parfaite unité. Scot Erigène est le seul des scolastiques
que le panthéisme n'ait pas effrayé. La crainte de l'héré-
PANTHEISME
960 —
sie en a seule gardé les saint Anselme, les Albert le
Grand, les saint Thomas. Cependant, il était préparé dans
saint Anselme par l'idée que Dieu, seul être dont Fexis-
tence soit nécessaire, est cause de tout ce qui existe, dans
Albert le Grand par l'idée que le monde est créé par une
émanation de Dieu, ce qui explique la connaissance cjue
Dieu a des choses, dans saint Thomas par l'idée que Dieu
est l'être absolu, par qui et en qui toutes choses subsis-
tent ; il les conçoit par son intelligence et les crée par sa
volonté, mais en lui intelligence et volonté ne sont pas
distinctes de l'être ; ses pensées sont sa propre essence,
non pas en elle-même, mais en tant que des choses parti-
culières peuvent y participer ; et ses pensées sont la
substance des êtres. Il y a encore une tendance au pan-
théisme dans la thèse des réalistes, selon laquelle lesuni-
versaux sont tout ce qu'il y a de réel dans les individus ;
car tout ce qui est compris dans l'essence universelle de
Dieu n'a de réalité qu'en lui. Il y en a une aussi dans le
mysticisme de Hugues de Saint-Victor, pour qui la vertu
consiste à repousser, comme une illusion de la pensée,
toute distinction entre la créature et le créateur. Les sco-
lastiques n'échappent au panthéisme qu'en acceptant, au
nom de la foi, la contradiction ou d'un Dieu cause éter-
nelle et d'un monde créé dans le temps, ou d'un Dieu
tout-puissant et d'une liberté humaine; à moins que,
comme Hugues de Saint-Victor, ils ne posent pas les pro-
blèmes sous leur forme rationnelle.
Au commencement du monde moderne, Copernic, puis
Kepler énoncèrent cette idée nouvelle que le Cosmos n'est
pas un système fermé, dont la terre serait le centre, et
les régions éthérées l'enveloppe ; le ciel est l'univers
infini, où chaque étoile est un soleil, qui peut avoir ses
planètes. De là sortit le panthéisme de Giordano Bruno :
Dieu et le monde sont également infinis ; mais il ne peut
y avoir deux infinis. Dieu et le monde sont donc le même
être. L'Etre infini. Dieu ou Univers, est la cause éter-
nelle du monde, qui produit en se déployant les genres,
les espèces, les individus et la variété de leurs lois. Il est
la substancede tousles êtres, bien qu'il reste un et indivi-
sible ; c'est la natura naturans. Le monde des phéno-
mènes n'est que ce développement des puissances conte-
jmes dans l'être universel ; c'est la natura naturata.
La nature naturante et la nature naturée sont une seule
et même chose, envisagée tantôt dans sa substance iden-
tique sous les formes variées du multiple, tantôt dans les
manifestations diverses de son être inépuisable.
La distinction des deux natures se retrouve chez Spinoza.
Mais le panthéisme de Spinoza diffère profondément des con-
ceptions antérieures, parce que Spinoza reçut de Descartes
une méthode qui imposait à la spéculation des exigences
nouvelles, et une définition de la matière qui la rendait
irréductible à la pcnsée.Laméthode cartésienne, qui faisait
de l'évidence la règle de la vérité, écartait toutes les rela-
tions mystérieuses de Tinfini au fini, toutes les construc-
tions oii la clarté était sacrifiée à l'harmonie. La notion
de l'étendue ne permettait plus de concevoir les êtres ma-
tériels comme émanés d'un principe immatériel. D'autre
part, ridée cartésienne de la substance et du mode con-
duisait au panthéisme : la substance est ce qui existe par
soi, ce qui ne dépend d'aucune autre chose. La substance
est cause de ses modes ; elle les produit de son être ; le
mode n'existe qu'en la substance. Il suffit que la subs-
^ tance soit identifiée avec Dieu, pour que Dieu et le monde
ne soient qu'une seule essence. C'est en eftét là l'idée de
Spinoza ; mais ce qui est caractéristique de son pan-
théisme, c'est la force qu'il donne à cette idée, le souci
de la précision et de la vérité avec lequel il en développe
les conséquences. L'idéal de Spinoza n'était pas de pro-
duire un chef-d'œuvre de déduction logique, mais un mo-
dèle de clarté. S'il a employé dans V Ethique la méthode
géométrique, c'était pour assurer à sa philosophie la
clarté de l'évidence mathématique. Il a échoué parce
qu'il a posé des problèmes trop complexes pour la fai-
blesse de l'esprit humain. On pourrait se demander si
nous connaissons toute sa pensée. Les deux seuls traités
généraux qu'il nous ait laissés, le Court Traité de Dieu,
de rdme et de la béatitude, et V Ethique, ne sont des-
tinés à résoudre que le problème moral : connaissant la
nature de Dieu et celle de l'àme, autant qu'il est en nous,
nous comprenons que le bonheur consiste dans l'union
avec Dieu par Vamour intellectuel. Tel est le plan des
deux ouvrages. Il est certain qu'il n'a permis à Spinoza
de traiter bien des questions que dans leurs rapports
avec celle-là ; mais il est précisément l'exposé de son
panthéisme, puisqu'il implique les trois questions de la
nature de Dieu, de la nature de l'àme, et du rapport de
l'âme à Dieu.
La première vérité que Spinoza considère comme évi-
dente c'est que Dieu est. Nous avons une idée de Dieu ;
or, une idée ne peut exister dans notre esprit que si elle est
l'idée de quelque chose, c.-h-d. l'intuition d'une essence ;
à moins que ce ne soit l'idée d'une fiction. Mais l'idée de
Dieu ne peut être que réelle, car plus il y a de perfection
dans une idée, plus il y a de réalité dans sa cause ; et
l'idée de Dieu est celle d'un être absolument parfait
{Lettre à S. de Vries, n° xxvii). Si Dieu est, il est
cause de soi ; car s'il avait une cause antérieure à lui,
il dépendrait de cette cause ; ce qui est inconcevable. S'il
est cause de soi, il est une substance, puisque le propre
de la substance est de ne pas être causée. Or il ne peut
y avoir qu'une substance, parce que deux substances éga-
lement causes de soi seraient exactement semblables; et
la substance est nécessairement infinie, parce qu'elle ne
pourrait être limitée que par une autre substance, ce qui
est impossible, ou par elle-même, ce qui est absurde.
Dieu est donc la substance une et infinie. Nous n'en pou-
vons dire qu'une chose, c'est qu'elle est. Toute autre dé-
termination de sa nature serait une limitation {Eth., I,
1 à 9). Mais la réaKté de Dieu serait bien pauvre, s'il
n'était capable que de se créer soi-même comme substance
indéterminée. Il est déplus cause de tous les êtres, car il
possède une puissance infinie d'exister et d'agir, d'agir
en se manifestant par une infinité de modes particuliers,
d'exister en ces modes aussi bien qu'en la substance.
Seulement entre la substance et les modes, il y a l'in-
termédiaire des attributs. Tous les modes ont des qualités
déterminées, formes particulières de deux natures simples,
l'étendue et la pensée, qui sont les attributs de la subs-
tance. En effet, la substance ne se révèle à nous que dans
les formes de ces attributs ; il nous semble qu'ils en
soient inséparables, qu'ils constituent son essence (Ethique,
I, défin. 4). Ainsi la substance est une réalité, la plus
vraie de toutes, puisqu'en dehors d'elle rien ne peut
exister ; mais c'est une réalité inachevée, et qui est con-
trainte, par la nécessité de sa nature, de s'achever éter-
nellement en s'exprimant sous des attributs, qui se ma-
nifestent à leur tour sous des modes. Le mode seul con-
tient tous les degrés de la réalité : il est à la fois mode,
détermination de l'attribut et expression de la substance.
L'attribut s'en distingue parce qu'outre ce mode, il est
capable d'une infinité d'autres déterminations ; et la
substance parce qu'outre les déterminations de cet attri-
but, elle peut exister sous les formes d'une infinité
d'autres attributs. Tout ce qui est, mode ou attribut, est
en la substance ; et jamais la fécondité de VEtre ne sera
épuisée. Or Dieu est VEtre ; il n'est pas d'une part l'Etre
universel, infini, inaccessible à l'intelligence humaine, et
d'autre part le monde créé ; il est l'Etre sous ses trois
aspects dont au(;un n'existe sans les autres, la substance
infiniment infinie, l'attribut infini dans son genre, et le
mode (|ui j)ossède, lui aussi, une essence éternelle et
infinie.
Car les choses créées ont une double nature, infinie et
finie, selon qu'on en considère l'essence ou l'existence.
Leur essence, c'est ce qu'elles sont en tant que modes d'un
attribut divin ; l'essence d'une pierre, c'est d'être pierre.
— 964
PANTHEISME
Leur existence, c'est ce fait qu'elles sont telle chose, d'une
quantité déterminée, dont l'existence individuelle a com-
mencé à un moment du temps, grâce à une cause parti-
culière. Pour la pierre, c'est son volume, son poids, sa
forme, qui datent du moment où une cause inconnue a
brisé le bloc dont elle faisait partie. Or, toutes ces pro-
priétés ne sont que des limites, entre lesquelles se mani-
feste l'essence infinie de la pierre. Elles sont ce qui cons-
titue le fini. Et nous constatons, sans pouvoir l'expliquer,
que l'infini existe dans des formes finies et qu'il n'a pas
produites, comme une source éternelle dont l'eau s'écou-
lerait toujours dans de nouveaux vases. La division n'existe
que par le fini ; c'est en elle que consiste sa réalité propre,
irréductible à l'infini.
L'âme humaine possède cette double nature, infinie et
finie. Mais elle n'a conscience de son être infini que si
elle se saisit dans son essence, c.-à-d. si elle comprend de
quelle manière elle est un mode divin (Eth., V, 36), si
elle se connaît en Dieu. De tout ce qu'elle connaît en Dieu,
elle atteint l'essence inlinie ; c'est la connaissance du troi-
sième genre, qui a deux caractères : l'^ nous connaissons
une chose en Dieu lorsque sa nature nous paraît dériver
nécessairement de la nature de Dieu ; nous sentons alors
que cette chose est éternelle ; 2^^ nous comprenons que
Dieu en est la cause. Posséder cette vérité, c'est pour
l'àme une perfection, et le sentiment de cette perfection
est une joie d'autant plus profonde que la perfection est
plus haute. Or nous ne pouvons pas connaître la cause
d'unejoie sans l'aimer; lorsque cette joie est la connaissance
d'un d'objet dont Dieu est la cause, nous éprouvons pour
lui un amour infini ; c'est V amour intellectuel, en qui
consiste la béatitude. La béatitude est donc le sentiment
de l'union avec l'infini ; mais jamais l'àme particulière ne
se confondra avec l'Etre universel ; il faudrait pour cela
qu'elle ne fût plus un mode de cet Etre, qu'elle n'existât
pas en Dieu. Elle est Dieu en tant qu'il est mode ; mais
jamais la totalité des modes n'égalera l'infini divin ; ce
serait supposer ([ue Dieu n'est pas en même temps attri-
but et substance, c.-à-d. qu'un nombre fini de modes
peut épuiser la puissance de créer de la substance. Une
âme individuelle ne peut pas non plus se confondre avec
une autre. Aucune ne connaît en Dieu l'infinité des modes,
puisque cette infinité n'est jamais réalisée ; mais chacune
en connaît un certain nombre et rend par cette connais-
sance une partie d'elle-même éternelle {Eth., V, 39 et
Scholie). C'est cette partie seule qui survit à l'existence
finie. En résumé, dans le panthéisme de Spinoza, Dieu est
à la fois l'un et le multiple ; il s'exprime sous les deux
attributs de retendue et de la pensée ; en dehors de lui
existe le fini, distinct du multiple, mais qui n'est (|u'une
limite, une négation. La perfection pour l'âme humaine
est la conscience de l'infini dans l'existence finie.
Reprouvé comme athée par le xvif siècle, peu coimu
du xviii^, Spinoza fut vénéré par l'Allemagne du xix^, qui
eut pour sa personne une sorte de culte. La conscience
qu'il avait de Féternel et du divin apparut à TAllemagne
comme la réalisation de son idéal religieux ; c'est par le
sentiment, plus (jue par les concepts, qu'il eut une in-
fluence. Gœthe, esprit trop libre pour s'asservir à une
doctrine, admirait seulement dans Spinoza l'homme qui se
soumettait à la nécessité, et qui avait su échapper à la
vanité de l'existence, en se formant des choses des idées
indestructibles. Et lorsqu'il s'élevait lui-même à une idée
générale de Dieu ou de la nature, il se sentait une ten-
dance à les concevoir comme la substance de Spinoza.
Dieu est infini ; il ne peut pas être tout entier à l'image
de l'homme ; il se manifeste aussi bien dans la nature
qu'en nous. En étudiant la nature, on apprend de plus en
plus à la considérer comme une seule substance cpii tra-
verse des formes multiples ; c'est ce qui produit l'analo-
gie des êtres et la propriété qu'ont les organes d(^ se mo-
difier d'espèces en espèces. Le monde est vivant ; une
force infinie l'anime et crée sans s'épuiser les formes suc-
CRANDK ENCVCLOPKDIE. — XXV,
cessives de l'être ; cette force, c'est la nature ou Dieu.
Ainsi Dieu est la nature ; mais par nature, il ne faut pas
entendre le monde sensible ; c'est la vie du monde, la
puissance qui travaille en lui. Cette idée que l'absolu est
une force et ne se réalise que par la vie, idée à laquelle
la pensée allemande a toujoui's été fidèle depuis Leibniz,
^a modifié la conception spinoziste de la substance chez les
poètes, les littérateurs, les philosophes. Selon Herder,
Dieu est la force infinie qui agit en créant les êtres finis ;
le monde prouve ainsi Dieu, en le manifestant. Cette créa-
tion se fait dans le temps, et l'histoire du monde n'est que
la réalisation progressive de la raison divine. Les lois de
l'histoire expriment l'ordre divin aussi bien que les lois
célestes; elles ont une fin immanente qui est la perfection
de la nature humaine. Selon Lessing, et aussi Schiller
avant sa conversion au kantisme, l'univers est une pen-
sée de Dieu. Dieu se pense éternellement, et sa pensée
est créatrice ; en se pensant, il se crée ; mais il ne se pense
pas seulement dans l'unité de son absolue perfection ; il
se pense aussi dans la multiplicité des perfections parti-
culières, et le monde devient ainsi peu à peu, selon l'ordre
de ces perfections. L'individu est capable, par une ré-
flexion sur soi-même, qui descend jusqu'à l'acte par lequel
il est créé, de prendre conscience de cette activité en
même temps que de son propre être ; il se sent ainsi iden-
tique avec elle, et se crée soi-même. Tel est le principe
de la vie morale et religieuse. Cet acte par lequel l'infini
donne l'être au fini, Schleiermacher enseigne qu'il ne peut
être révélé à la conscience que par le sentiment rehgieux;
le principe de la religion, c'est l'intuition de ce rapport du
fini à l'infini ; elle consiste de plus à réaliser par l'amour
l'unité idéale de l'humanité, imitation de l'unité essen-
tielle des êtres en l'intini. Enfin, pour Novalis et les ro-
mantiques, le but de l'art est de saisir le passage de l'in-
fini au fini, de décrire cette naissance du fini à la vie, de
reconnaître Dieu dans le monde créé. La réalité vraie est
infinie ; tout ce qui n'est pas tel est illusoire ; la vie hu-
maine s'écoule dans l'illusion ; elle est plus loin de la
réalité que le rêve. — Chez ces divers penseurs, l'idée
que l'individu a dans l'être divin son origine, sa vie et sa
fin, a produit un panthéisme de sentiment. Reprise parles
philosophes qui développaient la métaphysique impliquée
dans la morale de Kant, elle a donné à l'Allemagne des
panthéismes logi({ues. L'opposition dunoumène et du phé-
nomène rendait la doctrine kantienne irréductible au pan-
théisme ; mais déjà Fichte considérait, d'une part, le relatif
ou le moi empirique comme engendré par l'absolu ou le
moi pur, dans l'acte par lequeMe moi pur, en se limitant,
crée à la fois le non-moi et ce moi empirique ; et, d'autre
part, il pose pour fin au moi empirique de réaliser le moi
pur en s'aftranchissant du non-moi. Puis Schelling trouve
à concilier l'idéalisme de Fichte et le spinozisme. Le moi
et le non-moi, l'esprit et la nature, dérivent d'un être su-
périeur qui se personnifie dans le moi et s'objective dans
le non-moi. L'absolu n'est ni sujet, ni objet ; indiff"érent
à ces déterminations, il est l'unité pure. Le relatif ne peut
pas échapper à la dualité de la pensée et la nature ; mais
pensée et nature, idéal et réel, dérivés d'une source com-
mune, se correspondent et sont destinés à se confondre.
Pour l'humanité actuelle, l'idée et le fail se contrarient ;
cependant l'idée devient peu à peu réalité ; l'absolu, iden-
tité et unité de l'idéal et du réel, tend à se révéler. Mais
déjà l'homme peut saisir cette unité ; ce n'est ni par l'in-
teÙigence, ni par l'action, c'est par le sentiment du beau,
dans lequel s'efface la distinction de l'être (jui contemple et
de rol>jet contemplé. (]e panthéisme met en lumière une
tendance nouvelle, née chez Herder et Lessing, etcjui sera
le principe du système de Hegel: c'est tpie non seulement
l'infini est l'être du fini, mais qu'il se réalise lui-même dans
le fini et par le fini. L'absolu de Hegel est tout entier dans
les choses; il n'est que le passage de l'une à l'autre, l'évo-
lution qui les crée ; et il est parfaitement inteUigible. Tout
ce qui est devient, suivant une loi unique, la conciliation
61
PANTHÉISME — PANTHÉON
962
des contraires, qui engendre les catégories de l'être, les
phénomènes de la nature, les œuvres de Fesprit. Dieu est
l'Esprit absolu, ou l'Idée absolue, en qui s'opposent tous
les contraires, et qui n'arrive à l'existence que dans leurs
synthèses, êtres individuels et finis.
Le système de Hegel est le terme du panthéisme alle-
mand ; un des caractères essentiels de ce panthéisme est
qu'il a transforme l'opposition cartésienne de la pensée
et de l'étendue en l'opposition de la pensée et de la na-
ture, de l'idée et du fait. 11 échappait ainsi à l'obligation
d'expliquer comment l'esprit crée la matière, mais par la
négation de la matière. C'est un panthéisme idéaliste: or
il est à remarquer que les philosophes allemands, depuis
Fichte, se sont eux-mêmes appelés idéalistes. Cela mon-
trerait que le panthéisme n'est pas, à leur sens, l'aspect
le plus important de leur philosophie ; en tout cas, qu'il
n'en est qu'un simple aspect. Cependant ces philosophes
sont de tous les panthéistes ceux qui ont eu le plus direc-
tement pour objet de montrer que l'infini est l'essence du
fini. On peut dire que tous les autres sont arrivés à cette
idée comme à un moyen, soit de donner un fondement à
la religion ou à la morale, soit de concevoir l'infinité et
la puissance absolue de Dieu, soit d'expliquer la création
du monde. Le panthéisme n'est pas un but, c'est une
conséquence. M n'est pas un système tout fait, que l'on
adopte; c'est plutôt une tendance au panthéisme qui existe
dans bien des philosophies ; elle détermine rarement la
forme des systèmes.
Si l'on voulait énoncer les principes communs à tous
les panthéismes, ce n'est pas de la comparaison de ces
systèmes que l'on pourrait les dégager. En réalité, les
théologiens et les philosophes spirituafistes ont appelé
panthéisme toute philosophie oii ne se trouvaient pas les
trois notions d'un Dieu personnel, d'une âme conçue
comme une substance, et d'une création du monde (?x ni-
hilo. Ces trois idées sont l'orthodoxie sur les questions de
la nature de Dieu, la nature de l'àme et le rapport du
monde à Dieu ; elles forment un système simple, auquel
s'opposent un très grand nombre d'hérésies. (Juels que
soient leur origine, leur forme, leur but, ces hérésies
sont panthéistes.
Elles contiennent quelque chose de solide : la critique
de la conception anthropomorphique de Dieu, et le senti-
ment que l'être créé dépend de l'être incréé, que les phé-
nomènes de la nature révèlent k l'intelligence finie une
puissance infinie. On pourrait presque dire qu'il existe un
panthéisme critique ou positif, réduit au minimum d'hy-
pothèse et de métaphysique ; il comprendrait la notion
critique de l'infinité de Dieu, inconcifiable avec des attri-
buts déteiminés, et le sentiment positif de l'impuissance
de la nature humaine opposée à la puissance universelle
([ui agit dans les choses et les événements.
Les adversaires du panthéisme le réfutent en montrant
qu'il n'explique pas l'existence du mal, et en affirmant
soit qu'il transporte en Dieu les imperfections des choses
créées, soit qu'il nie la réalité des choses créées en les
absorbant en Dieu. M est vrai que si tout ce qui existe est
compris dans la nature de Dieu, le mal ne peut pas être
réel. Parmi les panthéistes, les uns ne l'ont considéré
que comme une privation ; les autres ont dit que les
choses en elles-mêmes n'étaient ni bonnes ni mauvaises ;
feon ou mauvais ne sont que des appréciations de leur uti-
lité. Quant à la seconde objection, elle n'est juste ni sous
l'une ni sous l'autre de ces formes. Dieu ne participe ja-
îuais aux imperfections du fini; il est, au contraire l'être,
infini ; c'est par une erreur grossière que Cousin a cru
que pour les panthéistes allemands le monde sensible, à
lui seul, était Dieu (Y. Voyaçie en AUemagne). D'autre
part, il n'y a pas de panthéisme qui ait nié la réalité de
l'individu comme individu; chez les stoïciens, la vertu
est, au contraire, la plus haute expression de l'individua-
lité ; mais convenons qu'ils sont une exception. Cependant
nous avons montré que poui* Spinoza il y avait dans la
nature du fini quelque chose d'irréductible k l'infini ; et
l'on peut dire que dans aucun panthéisme l'union du fini
et de l'infini ne se réahse autrement que par le senti-
ment ; le sentiment de l'union n'implique pas l'union
réelle, qui n'est indiquée par aucune des métaphores em-
ployées par les divers mysticismes. Mais maintenir la réa-
lité d'un fini en dehors de l'être infini, n'est-ce pas con-
traire au principe même du panthéisme ? Les panthéistes
ont cherché à faire la plus grande possible la part de
l'être infini, mais ils n'ont pas pu absorber en lui toute
\à réalité. Au contraire, c'est sur la distinction des deux
principes, absolu et relatif, infini et fini, Dieu et homme,
que repose le système; il faut qu'entre l'un et l'autre, il
y ait communauté d'essence, pour que le mouvement de
l'un vers l'autre soit possible ; mais il faut en même temps
qu'il y ait opposition de nature, pour que ce mouvement
soit nécessaire. Identifiez, confondez Fabsolu et le relatif:
il n'y a plus d'aspiration de l'inférieur vers le supérieur,
plus de principe de vie dans l'inférieur, plus de senti-
ment rehgieux ni d'effort moral. Ce qui engendre le pan-
théisme, c'est la contradiction du fait de la dualité et du
besoin de l'unité. Cette contradiction n'est résolue au
fond que par une distinction de points de vue : dans l'être,
la dualité n'estjamais supprimée, mais elle est conçue de
telle manière que dans le sentiment, l'unité puisse se réa-
liser. G. Art.
BîiiL. : 1" Nous renverrons aux art. ïxde, Ciiixe, Iigypti^,
TnAL]^?:, ANAXniAXDRE, AXAXI.MKNE, XÉXOPHANE, PARr^JK-
.MDE, HiaiACEiTi:, Stoïcisme, Nr.o-pEATOxiP:ME, Piiilon,
Plotix, Gnohticis^me, Caudale, Paraceepe, Avtcenne,
AvERROÈs, Maimoxide, DeiXys l'AréopA(iIte, Scot Eri-
(.!''XE, Saint Tiio:\ias, Bruno fGiordano), Spinoza, Les-
mng.Herder, GuyniE, Sciieeiermaciier, IIardexberg,
lacHTE, Scm.'.LLiNG, IIi^GEL. — V. en part'ieulier : Ciita-
pi:i-Li, le Panthéisme de Platon. 18G2. — V. Delbop, le
Problème moral dans la philosophie de Spinoza et dans
Vhistoire dit spinozisme^ 1898.
2° Histoire des opinions sur le panthéisme : Buhli-:,
de Ortu et progressa PanUieismi {Comm.ent. Societ. Goel-
tin.(7.,X), 1790.— H. }L\vai.d, Die Allgegen-wart Gottes, 181G.
— JAESCHE, Der Pantheismus nacfi seinen Hauptformen,
1827-32, 3 Yol. — RiTTER, Die Halb Kantianer und der
Pantheismus.... 1827. — Schmidt. Ueber das Absoliite und
das Bedingte, mit besonderer Beziehiing auf dem Pan-
theismus.1 1838 — Uiciiter, Ueber Pantheismus und Pan
theismusfurcht, einc histor. philos. Abhandlung. 1841. —
Haussmaxx, Dér moderne Pantheismus, 1845. — Romang,
Der neueste PaMtheismus oder die Jung hcgelsche Wel~
l'anse h auun g. ISiS ~ A. von Sciiadex, Ueber den Gegen-
salz des thetslischen und panthelslischen Standpunktes . .
1818. — J.-B. Mayer, Tliei'imus und Pantheismus., mit be-
sonderer Ruclisicht aiif pracldische Fragen, 1849. —
E Boeiimer, DePantheismi nominis origine et usu et no-
lione. 1851. — Volkmutji, Der dreieinige Pantheismus
von Thaïes bis Hegel, 1854 — Weissexborx, Vorlesung
ueber Theism und Pantheism, 1859. — Franck, Philoso-
phie et Religion, 18G7. — îuxdt, Histoire du panthéisme
pjopidaire, 1875.
3" On peut encore consulter à titre de curiosité : Abbe
Maret.^c Panthéisme dans les sociétés modernes, 1839. —
Abbé Gosciiler, du Panthéis7ne,18iO. — Jouffroy', Cours
de droit naturel, 1843. — Jeanxel, des Doctrines qui ten-
dent au joantJiéisme, 18 IG. — Saisset, Introduction aux
œtivres de Spinoza et Essai dephil. religieuse, 1852. — Ca-
Ro, Vidée de Dieu {ch vi), 18Gt. — Desdouits, le Pan-
théisme, 1897. — On trouvera dans ces ouvrages la réfu-
tation du panthéisme.
PANTHÉON (Généralités). Ce mot désignait, dans
l'antiquité romaine, un édifice consacré à tous les dieux.
Le premier édifice ainsi appelé fut probablement une grande
salle ronde, précédée d'un portique, et que M. V. Agrippa,
l'ami et le gendre de l'empereur Auguste, fit élever sous
son troisième consulat, en l'an 27 avant notre ère, par
l'arcliitecte Valérius Ostiensis, au centre du Champ de Mars
et à proximité des Thermes qu'Agrippa avait fait édifier
en l'an 33, pendant son édilité. Les vicissitudes qu'eut à
subir ce Panthéon d'Agrippa seront retracées plus loin;
il y a lieu seulement ici de rappeler que, dans la suite,
on donna ce même nom de Panthéon à des édifices dans
lesquels étaient conservés les restes des grands hommes
ou bien dans lesquels était honorée leur mémoire, et
que la forme circulaire n'était pas une condition obli-
gatoire de cette destination. L'empereur Adrien, qui
96a —
PANTHEON
probablement fit restaurer, reconstruire ou embellir le
Panthéon cFAgrippa à Rome, fit édifier à Athènes, lors
d'un de ses voyages dans cette ville, un Panthéon, dont
les ruines, de plan rectangulaire, ont été souvent con-
fondues avec les ruines du temple de Jupiter Olympien,
tandis qu'Agrippa avait fait ériger à Anti([uera (Es-
pagne) un temple sur le modèle do son Panthéon do
Rome, temple qui fut restauré deux siècles plus tard, mais
dont on ne trouve plus do traces aujourd'luii. On peut
citer un certain nombre d'édifices qui, consacrés dans
divers pays à la sépulture d'hommes célèbres, reçurent
ce nom de Panthéon. Les principaux de ces édifices
sont : l'égUse Saint-Dominique, à Païenne, vaste sanc-
tuaire qui, élevé au xni® siècle par les dominicains,
contient les tombeaux de beaucoup de Siciliens qui se sont
distingués comme artistes, savants, légistes, littérateurs,
hommes politiques ou guerriers; PégUse de l'abbaye de
Westminster, à Londres, achevée dans son état actuel au
xin® siècle et qui, renfermant de nombreuses tombes de
membres de familles royales et de longues rangées de
monuments d'hommes célèbres, est regardée avec raison
par les Anglais comme un sanctuaire national et le véri-
table Panthéon de l'Angleterre ; le Panthéon ou caveau des
rois, à l'Escurial, près Madrid, crypte de forme octogonale
de iO m. de diamètre et d'un peu plus de hauteur, située
au-dessous de la capilla mayor, décorée des marbres les
plus précieux et d'ornements de bronze doré et renfermant,
en quatre rangées de niches superposées, do nombreuses
sépultures de souverains espagnols depuis Charles-Quint ;
le Panthéon de Paris, ancienne éghse Sainte-Geneviève
(V. ci-dessous) ; l'église de la Madeleine, à Paris, qui,
commencée sous Louis XV, fut transformée, par ordre de
Napoléon P^, en temple de la Gloire dédié aux soldats de
la Grande Armée, mais qui, après la chute de l'empire,
fut terminée sous cette forme de temple antique et rendue
à sa destination primitive ; enfin, la Walhalla, temple érigé
par ordre du roi Louis P^' de Bavière, de 4830 à 1812,
à Donaustauf, près Ratisbonne, sur les dessins de l'archi-
tecte Léon de Klenze, en l'honneur des grands personnages
de la Germanie et qui, véritable sanctuaire grec bâti sur
le modèle du Parthénon d'Athènes, renferme les bustes, en
forme d'hermès, des hommes dont slionore l'Allemagne,
depuis Hermann ou Arminius, le vainqueur des Romains en
Pan 21 de notre ère, jusqu'au grand écrivain J.-W. von
Gœthe, mort en 1832. Charles Lucas.
Panthéon de Romk. — Différentes opinions ont été
émises sur l'origine du Panthéon de Rome, tel que cet
éditice se présente encore aujourd'hui à l'admiration de
tous. Une des plus accréditées, la plus accréditée peut-
ètrejusqu'à ces dernières années, était que, dans le voisinage
de l'emplacement du Champ de Mars on M. V. Agrippa
(V. ce nom) fit construire de vastes thermes, exislnit
déjà une grande salle circulaire, couverte d'un dùmo et
décorée de sept grandes niches à l'intérieur, et de deux
à l'extérieur, l'une à droite et l'autre à gaucho de la porto
d'entrée. Agrippa aurait fait, en l'an 25 avant notre ère,
élever au-devant de cette salle le majestueux portique de
huit colonnes corinthiennes surmontées d'un fronton et,
deux siècles plus tard, Septimc-Sévère et Caracalla au-
raient fait restaurer le portique d'Agrippa et moditier la
décoration intérieure de la salle en plaçant des colonnes
au-devant des grandes niches rectangulaires et circulaires
et les petifes colonnettes formant petites niches qui font
saillie sur le mur circulaire. La figure ci-contre indique-
rait bien ces différentes transformations: à gauche, le
demi-plan de l'état primitif; à droite, le demi-plan mon-
trant le portique d'Agrippa et les remaniements intérieurs
de Septime-Sévère et de Caracalla. Une autre version,
assez plausible aussi, serait que le Panthéon ne fut autre
que la grande salle même des thermes d'Agrippa, rema-
niée à une époque postérieure. Quoi qu'il en soit de ces
hypothèses, un fort remarquable travail de M. Chédanne,
accompli en 1893 comme envoi de pensionnaire de la villa
Médicis, semble avoir fait la lumière sur les différentes
transformations subies par le Panthéon. D'^après M. Ché-
danne, qui eut la bonne fortune de pouvoir diriger quelques
travaux de réparations à cet édifice et de faire faire les
sondages nécessaires pour reconnaître les époques succes-
sives des remaniements qui y ont été apportés, la salle
ronde, construction et décoration — cette dernière inti-
mement liée à la première — remonterait seulement à
l'époque de l'empereur Adrien, ainsi qu'en témoignent les
marques des briques employées en de nombreux endroits.
Plan du Panthéon do Rome.
et le portique, qui serait bien, comme le portent les ins-
criptions, du temps d'Agrippa, aurait été restauré par
Septime-Sévère et, primitivement décastyle, c.-à-d. à dix
colonnes, aurait été ramené à l'octostyle, c.-à-d. à huit
colonnes, lors de la restauration par cet empereur. Remar-
quablement construit, le Panthéon a su résister aux injures
du temps, et élève toujours dans l'air sa coupole ajourée
d'un si puissant effet dans sa masse extérieure et dans
son ensemble intérieur ; mais il a cependant subi de nom-
breuses altérations. D'abord consacré à Jupiter Ultor,
puis à Mars, à Vénus et à Jules César, enfin à tous les
dieux, avant d'être dédié par le papeBoniface IV à Sainte-
Marie des Martyrs et par le pape Grégoire IV à Tous les
Saints, le Panthéon a été dépouillé de ses riches orne-
ments do bronze et des statues qui garnissaient ses niches
intérieures par l'empereur Constant II en 663 ; les groupes
de statues qui représentaient dans son fronton la lutte des
dieux et des géants ont été détruits; les poutres de bronze,
qui supportaient la toiture du portique, ont été enlevées
par ordre du pape Urbain VIll, et jetées à la fonte pour
fournir le métal des colonnes du ])aldaquin de Saint-Pierre ;
enfin le temps a fait disparaître le revêtement de stuc et
de terre cuite qui dissimulait à l'extérieur la construction
de briques du corps de la rotonde. Mais, plus imposant
peut-être aujourd'hui dans sa nudité, le Panthéon, dont
la rotonde mesure 41"\42 de diamètre intérieur et dont
le portique a 35 m. de largeur sur 16 m. de profondeui',
est resté le type desédificesde ce genre et a inspiré, depuis
dix-neuf siècles, de fort nombreuses imitations qui sont loin,
malheureusement, d'offrir aux regards sa majestueuse sim-
plicité. Charles Lucas.
Panthéon de Paris. — Un vœu fait par le roi Louis XV,
dans la grave maladie qui le mit en danger de mort à Metz,
passe pour avoir été la première cause de la construction
PANTHÉON
964
à Paris de la vaste église consacrée à sainte Geneviève,
patronne de cette ville, et devenue anjourd'hui le Panthéon,
édifice dont le marquis de Marigny, directeur général des
bâtiments du roi, fit confier la direction des travaux à
l'architecte Soiifflot (V. ce nom). Les deux figures ci-
contre, façade et plan du Panthéon, montrent les grandes
dispositions et l'aspect monumental de ce sanctuaire, ins-
piré de Saint-Pierre de Home, quoique plus châtié comme
slyle, dont la coupole, élevée sur une colonnade, est du
plus heureux effet, mais qui semble se prêter difiicilement
aux besoins du culte catholique. Cette église Sainte-Gene-
viève, dont le roi Louis XV avait posé la première pierre
en 1764, fut transformée par la Révolution, avant son
entier achèvement, en un Panthéon consacré aux grands
hommes ; puis, rendue au culte en 4828, elle redevint
Panthéon après 1830. pour être à nouveau une église,
^-l-^v.
\^ ^ ^ I
^^. V
Façade du Panthéon à Paris.
siège d'un chapitre de chanoines, de 1851 à 1870, et semble
enfin redevenue définitivement, depuis l'enterrement de
Victor Hugo, en 1885, un Panthéon consacré sinon à la
sépulture, mais au souvenir des grands hommes auxquels
la Patrie veut rendre un reconnaissant homm^age. D'une
grande simplicité extérieure, sauf pour la façade princi-
pale, décorée d'un péristyle de colonnes corinthiennes,
surmontées d'un fronton, le Panthéon offre exactement, à
l'intérieur, les dispositions d'une croix grecque, et de vastes
parties murales, comprises entre des colonnes engagées,
reçoivent, depuis quelques années, des peintures dues aux
maîtres de l'art français et retraçant les scènes héroïques
de l'histoire du pays depuis la légende de sainte Geneviève,
par Puvis de Chavannes. Le Panthéon a 110 m. de lon-
gueur, y compris le péristyle, 82 m. de largeur et près
de 90 m. de hauteur du sol de la place au sommet de la
croix qui surmonte la lanterne du dôme. Une triple cou-
pole en pierre, dont celle intermédiaire décorée de l'apo-
théose de sainte Geneviève par le baron Gros, est un chef-
d'œuvre de stéréotomie porté sur les pans coupés formés
à l'intersection des bras de la croix, et produit intérieure-
ment et extérieurement le plus bel effet. Une vaste crypte
s'étend sous la plus grande partie de l'édifice et renferme
quelques tombeaux, dont celui de Souftlot, et un modèle à
1^ 80^ de son édifice. Il ne saurait rentrer dans le plan de
cet ouvrage d'indiquer les Français qui eurent les honneurs
du Panthéon, non plus que les œuvres d'art qui le décorent,
mais il peut être intéressant de rappeler quelques-unes de
ces œuvres, en partie détruites, qui ont été liées aux chan-
gements de destination de l'édifice. C'est ainsi que la
magnifique page sculpturale de David d'Angers, person-
nifiant la Patrie appelant à elle tous ses enfants, est le
quatrième fronton occupant cette place ; à l'origine, Cous-
tou avait sculpté une croix entourée de rayons divergents
et d'anges adorateurs; en 1795, Moïse, sousla direction
d'Antoine Quatremère de Quincy, avait remplacé cette croix
par une figure de la Patrie distribuard des couronnes;
mais en 1 823, la croix entourée de rayons avait reconquis sa
— 965 —
PANTHÉON — PANTOGRAPHE
place primitive. Les deux groupes du statuaire Maindron,
placés sous le portique d'entrée et représentant Sainte
Geneviève assistant Attita et Ctovis recevant te bap-
iè)ne de saint Jiemi, datent de la restitution de Fédifice
Plan du Pantlicoîi à Paris.
au culte sous le second Empire, tandis que les belles portes
latérales de bronze, dessinées par Gonstant-Dufeiix et rap-
pelant à la fois le chiffre de sainte Geneviève et l'inscrip-
tion de la façade : Aux grands hommes, la Patrie lecon-
naissante, portent le millésime de M'JCGGL. L'imposante
majesté du Panthéon sonffre au reste assez peu de quelques
divergences dans son ornementation, et i'd'uvro de Souf-
tîot forme un tel cadre architectural que l'attention ne
saurait être détournée de ses grandes lignes par les a^uvres
de peinture ou de sculpture que le temps peut y apporter.
Charles Lucas.
PANTHÈRE (Zool.) (V. Chat, t. X, p. 873).
PANTICAPÉE( IIavii7.à-:aLov) . Ancienne colonie grecque
fondée par les Miiésiens dans la Chersonèse Taurique (Cri-
mée), à rO. et à l'entrée du Bosphore cimmérien (V. Cri-
MÉK, BospHOHEet COLONISATION, t. XL p. 'iOTO). La ville
actuelle de Kertch en occupe à peu près la place ; elle
est bâtie au pied de la colline de 4 Idl. de tour où fut la
ville antique; à VE.. était le port ; de nombreux tumuii
s'y voient, dont les principaux renferment des sépultures
royales; le plus grand a 30 m. de haut et i 10 m. de
(hamètre. Ces monuments ont été fouillés et ont livré de
riches trésors, ornements ot vases d'or et d'argent, sque-
lettes royaux, etc. Panticapée fut la capitale des rois du
Bosphore.et fut souvent appelée Bosphorus ; ce nom pré-
valut à l'époque byzantine; Justinien releva ses remparts.
PANTICOSA. Bourgad*' d'Espagne, prov. do iluesca,
district de Jaca, dans la >allée du (iallego. à ! .o')H m.
(Fait. A 7 kit. au X.-E. dans un cirque do hautes mon-
tagnes, se trouve un établissement de bains, très fréquenté
['été. Alentour, pays pittoresques avec cascades d'une
grande hauteur.
]']aux MixÉuALEs. — Ces eaux, sulfatées ou sulfurées so-
diques moyennes ou faibles, azotées fortes ou carboniques
faibles, avec acide sulfhydriquo libre, sont thermales ou
froides (H- "20° à + 30*^). Elles s'emploient en boisson
et en bains dans le catarrhe bronchique, la phtisie, le
rhumatisme, les affections intestinales, etc., ainsi que
dans les anémies et la cachexie consécutive à l'usage
prolongé des mercuriaux à haute dose. Elles sont contre-
indiquées chez les sujets irritables, pléthoriques et disposés
aux hémorragies actives.
PANTIÈRE (Chasse). C'est un filet ou Iramail (V. ce
mot) de grande dimension, qu'on tend verticalement à la
lisière d'un bois ou à l'entrée d'une gorge de montagnes
et oii viennent se prendre tous les oiseaux — bécasses,
palombes ou autres — qui passent par là. Sa hauteur
est en général de 40 à H m. ; sa longueur, qui varie avec
celle du passage à obstruer, peut aller jusqu'à 40, 50 et
60 m. ; les mailtes, carrées, ont de 3 à 4 centim. d'ou-
verture. On fait aussi la pantière contre-maillée, c.-à-d.
composée d'une nappe entre deux années (V. ces mots) ;
il se forme alors des sortes de poches, oii s'empêtre mieux
le gibier. Un fort cordeau, d'un demi-centimètre de gros-
seuj', est passé dans les mailles supérieures; chacune des
extrémités passe elle-même dans une poulie suspendue à
un arbre ou à un pieu, de façon à pouvoir descendre ou
monter la pantière à volonté. — Les pantières sont, d'ail-
leurs, parmi les engins de chasse interdits.
PANTIN. Cli.-l. de cant. du dép. de la Seine, arr. de
Saint-Penis ; "2o..5v86 hab. Stat. du cheni. de fer de Paris
à Avricourt et de Paris à Belfort. — Pantin constitue un
gi'iind faubourg industriel (surtout des fabriques de
pouch'ette) cpii s'étend entre la plaine Saint-Denis et le
canal de rOarc([ à l'O., et les coteaux plâtreux de
Piomainville : il est traversé par la route nationale n^ 3,
do Paris à Metz. Pantin {Pentliinani, d'où l'ancienne
oj'thographe Pentin) apparaît dans des titres du xi^' siècle ;
le monastère de Saint-Martin des Champs et le chapitre
de Notre-Dame de Paris y possédèrent longtemps des
fonds do terre. — im 1806, la garde impériale revenant
d'Austerlil/ campa dans la plaine et le village de Pantin
avant d'entrer dans Paris. Le 30 mars 1814, Pantin fut
le théâtre d'un sanglant combat entre le corps du général
Compans et les troupes du générallvayefski, qu'arrêtèrent
l'armistice et la capitulation de Paris!! Le lendemain, le
tsar et le roi de Prusse se rendirent à Pantin et y reçurent
les maires de Paris; ils en repartirent à midi, pour faire
leur entrée triomphale dans la capitale.
l^iBL. : Abbé Pi^iiiajF, Jhst. chi lu rille et du dioc. de Pu-
ris, t. II, pp. G17 otsuiv. de l'cJ. de 1;:^^').
PANTOGRAPHE. Appareil destiné à réduire ou à aug-
menter dans un ra[)port donné un dessin. Il se compose
d'un parallélogramme articulé en ses sommets A, B,C, D ;run
de ses cotés passe j>ar uu [)oint (ixe 0, autour du'juel
j)eut tourne)* l'appareil. Supposons 01) irr tn. OA ; les
iriiU)glesO\M.OI)C étant semblables, on auraOC--//?. OM,
et si le point Cdécj'it une (igure, le point M décrira une
autre tigure de dimensions six fois plus petites. Si donc le
point M porte un crayon, en faisant suivre à une pointe placée
enCun certain dessin, le point M reproduira ce dessin à
une échelle m. fols plus petite; si donc le point M porte un
crayon, en faisant suivre à une pointe placée en G un cer-
tain dessin, le poiid G reproduira ce dessin à une échelle
PANTOGRAPHE
'ANTOMiME
%6 —
■m fois plus grande. Tons les paiitographes (et il y en a de
très soignés) sont construits sur ce principe, ils ne diffè-
rent que par des détails destinés à assurer avec plus ou moins
de soin dans la pratique les indications de la théorie. En
général, le pantographe ne donne de Ijons résultats que si
la figiu^e à reproduire est plus petite que la figure donnée,
car en amplifiant un dessin on amplifie ses défauts, et en
le réduisant on les atténue. Ono])tient avec le pantograplie
des dessins d'une grande fniesse quand on réduit le mo-
dèle dans une forte proportion. H. Laurent.
PANTOIRE (Mar.). C'est un bout de cordage très fort,
dont Tune des extrémités est fixée à un màt, à une vergue,
et qui porte, à l'autre extrémité, une cosse (V. ce mot),
servant d'ordinaire à crocher la poulie d'un palan. Des
pantoires sont ainsi capelées (bouclées) : en tête des bas
mâts, pour crocher les candeleltes, les calmmes, etc.
(V. ces mots); au bout des vergues, pour fixer les poulies
des bras de basse vergue. Le palan de bout de vergue,
notamment, est croche dans une pantoire très longue, qui
va du bout de la basse vergue au capelage du bas mât,
du côté opposé.
PANTOJA DE LA Cuuz (Juan), peintre espagnol, né à
Madrid en 1551, mort à Madrid en 1610. Ses dispositions
pour la peinture le firent admettre très jeune dans l'ate-
lier de Sanchez Coéllo, l'éminent peintre en titre de Phi-
lippe n, l'élève ei le collaborateur du grand Antonio
Moro. Pantoja s'assimila le style et la facture de son
maître, qu'il aidait dans ses nombreux travaux. Sancliez
étant mort en 1590, Pantoja, qui possédait déjà le titre
de peintre du roi, lui succéda dans l'estime de Philippe.
Aussi, presque tous les portraits du terrible monarque
et des membres de sa famille, et qui datent de cette époque,
sont-ils, à peu d'exceptions près, sortis du pinceau do
Pantoja. Bien qu'un très grand nombre aient été dé-
truits dans les incendies de l'Escurial, du Buen Rctiro et
de Toire de la Parada, on peut, au musée du Prado et
à l'Escurial, en étudier quelques spécimens importants :
tels ceux cVEiisabelh de Valois, de dona Maria, sœur
de Philippe II, et de la femme de Phihppe lil, Ma)-
guerite dJ Autriche, conservés au Prado, et les portraits,
tantôt copiés par l'artiste d'après des originaux dispa-
rus, tantôt peints d'après nature, et qui, à l'Escurial,
reproduisent les traits de Charles-Quint, de PJiilippe H et
de Philippe ÏIL
Pantoja ne peignit pas uniquement le portrait, et le
musée du Prado possède de lui deux grandes compositions
religieuses, la Naissance de la Vierge et la N(rissa)ice
de Jésns, provenant de la chapelle de la Casa del Tesoro,
jadis attenante au palais ; dans ces deux toiles, datées de
1603 et de 1605, Pantoja, sous les traits des person-
nages sacrés, a peint les portraits des membres de la
famille de Philippe tll. D'autres peintures rebgieuses
existent également au musée du Eomento, et entre autres
un tableau de la Vierge avec saint ïldenlionse age-
nouillé et une Annonciation. Deux excellents portraits
par Pantoja se trouvent au musée de Munich: l'un, daté
de 1599, représente Vlnfanîe Isabelle, femme de l'ar-
chiduc Albert d'Autriche : l'autre, daté de 1600, V Archi-
duc lui-même. Philippe III, après la mort de son père,
avait continué ses bonnes grâces et toute sa confiance à
Pantoja ; on croit qu'il le chargea de fournir les dessins
qui servirent à établir les cénotaphes érigés à l'Escurial
*en l'honneur de Charles-Çluint et de Phihppe II, et c'est
Pantoja qui fit de Philippe III le portrait équestre qui fut
envoyé en Italie et servit à Jean Bologne pour modeler la
statue du roi, érigée sur la plaza Major, à Madrid.
Paul Lefort.
PANTO IVI ETR E. C'est un petit instrument qui peut servir
à la fois d'équerre et d'instrument à mesurer les angles. Il
se compose d'une boîte cylindrique b b' b'^ //''^ dont le cou-
vercle bb^ ce' porte un vernier u et la partie inférieure ce' une
division de 360°. La boîte e^t soudée à un support cylin-
drique qui s'articule au mo}'en d'un genou g (jue l'on peut
Pantomctre.
serrer au moyen d'une vis iv de manière à pouvoir fixei'
l'appareil dans toutes les positions sur une douille a mu-
nie d'une vis de pression c» qui permet de fixer le tout sur
un pied analogue k celui (jui porte les instruments d'ar-
pentage (plancJiettes, graphomètres, etc.); la partie suj)6~
rieure de la boite porte : J" un ap])endice o sur lequel es!
montée une lunette II' qui
peut tourner dans un plan
vertical autour du point o :
cette lunette astronomi(jue
est munie d'un réticule :
±' deux niveaux d'eau n
et ;;,' .permettant de mettre
le couvercle horizontal ;
3*^ le couvercle est fermé
par une plaque de verre
(jui permet de voir l'aiguille
d'une boussole qui a son
centre en B au centre du
cercle que l'on rend hori-
zontal. Enfin, le couvercle
supérieur porte des fentes /'
et /' à angles droits et deux
autres fentes diamétrale-
ment opposée^ qui sont
cachées sur la figure ;
ces fentes sont dispo-
sées comme celles d'une
équerre et l'appareil,
comme on voit, peut ser-
vir d'équeri'e d'arpenteur.
Pour mesurer un angle, (ui place le vernier au 0 de la
diNision; pour cela on agit sur une vis t qui, au moyen
d'un nucanisiiie à engrenage intérieur, permet de faire
tourner le couvercle sans faire mouvoh' la boîte ; on des-
serre une vis placée en 0 qui rend la boite mobile autour
de son support, et l'on place la lunette dans la direction
de l'un des côtés de l'angle à mesurer ; on agit sur la
vis 0 pour rendre la boite immobile, puis on agit sur la
>js / pour amener la lunelte dans la direction du second
côté de l'angle ; entin, on lit sur le vernier le nombre do
degrés et de minutes contenues dans l'angle à mesurer.
Bien (entendu, pendant toutes ces opérations, il faut avoir
soin de surveiller les niveaux de manière à ce que l'axe
de l'appareil reste veilical, en coriigeant, s'il le faut, la
position de cet axe en agissant sur le genou g. Ce petit
iiistî Uiuent donne la minute, mais il faut pour cela effec-
tuer la mesure des angles au moyen de la répétition. —
Des instrumejits inoins parfaits sont construits en rempla-
çant la lunette par une alidade. H. Laurent.
PANTOiîi^^E. La pantomime constitue un genre par-
ticulier de pièces de théâtre, dans lequel les acteurs
s'abstenant du secours de la parole traduisent les diverses
péripéties du drame par les gestes seuls. Quelqu'impar-
iaite et conventionnelle que puisse paraître et que soit en
effet cette manière de s'ex})rimer, il faut convenir que les
mimes habiles arrivent de la sorte à une expression fort
exacte des divers sentiments qu'ils doivent rendre. Ajou-
tons que la musique de scène est indispensable dans la pan-
tomime : il faut qu'elle souhgne continuellement les inten-
tions de l'acteur, et qu'elle pose en quelque sorte le décor
du drame intérieur, soit qu'elle règle avec une extrême
précision les attitudes et les mouvements, soit qu'elle tra-
duise simplement le sentiment général de la scène.
Ce genre, qui fut longtemps néghgé ou relégué parmi les
spectacles grossiers des forains est cependant fort ancien.
Si les Grecs semblent l'avoir peu ou point pratiqué, les Ro-
mains de l'époque impériale l'appréciaient fort, à ce point
que la pantomime, à Rome, en vint à supplanter peu à peu
la tragédie et la comédie parlées. Deux acteurs célèbres
du temps d'Auguste la portèrent à sa perfection: Bathylle,
affranchi de Mécène, qui excellait dans les pièces gracieuses
et comiques, et Pylade, dont le jeu était, au contraire, grave
967 —
WNÏOMIMy. -- PANTO'JN
et pathétique. On ne saurait, sans ie témoignage des con-
temporains, se douter du point jusqu'où cet art parvint
alors. Les situations les plus délicates et les plus difficiles
à traduire étaient figurées avec une vérité saisissante. Il y
avait des acteurs tragiques qui mimaient la tragédie {uil-
tare Iragœdiam). La mise en scène la plus riche rehaus-
sait encore ces pièces, qui devaient assez ressembler aux
grands ballets de nos joiu's. En effet, la danse était alors
inséparable de la pantomime : aussi, quand beaucoup plus
tard, vers la an du xvi^ siècle, les ballets de cour vinrent à
la mode, ils participèrent, dans une large mesure, du carac-
tère de la pantomime antiiiue (V. Ballet). Toutefois, ils
admettaient aussi les récits et les chœurs chantés, et con-
iribuèrcut grandement ainsi à préparer l'avènement de
l'opéra dont beaucoup de ballets ne diffèrent guère, si ce
n'est que l'action y est moins exactement suivie, et que
l'auteur s'occupe plus de la beauté et de la variété du
spectacle que de la vraisemblance et de l'unité.
A mesure que le chant prenait plus d'importance le
rOle expressif de la mimique diminuait. Il semblait plus
naturel de confier à la voix les parties dramatiques de
l'oiuvre. Quand l'opéra est fondé, le rôle des mimes s'est
entièrement confondu avec celui des danseurs proprement
dits, et cette danse elle-même n'a plus rien, à vrai dire,
d'expressif. De belles attitudes, des mouvements nobles et
élégants, des tableaux décoratifs, vivifiés par un rythme pré-
cis, voilà tout ce que l'on demande désormais auballet ; la
pantomime n'en fait plus partie. Le ballet dit d'action,
que nous avons vu refleurir de nos jours, n'est encore
qu'une pantomime affaiblie. Les gestes y jouent sans doute
un certain rôle: il y a Là un drame qui, quoique fort sim-
plifié et rudimentaire, veutcependarxt être exprimé ; mais
le caractère conventionnel de cette mimique en ôto tout
l'intérêt, et, en somme, ce sont encore les ensembles cho-
régraphiques, amenés souvent un peu au hasard , qui font la
part principale du spectacle. Il est à croire d'ailleurs qu'au
xvii^ et auxvui*^ siècle le talent des mimes était médiocre. S'il
en eùl été autrement, on n'auraitpas eu besoin de com])iner,
comme on le fit alors, des costumes qui étaient de véri-
tables rébus, commentaires détaillés du personnage cpii
les portait et cpii le faisaient reconnaître du premier coup
d'œil. Ces costumes allégoriques représentant, à grand ren-
fort d'attributs, des personnages symboliques comme
la musique, le feu, le monde, le soleil, etc., furent long-
temps en faveur: souvent l'usage du masque, incompatible
avec la vraie pantomime, s'y joignit. Ce n'est qu'à la
fin du siècle dernier que le chorégraphe Novcrre les fit
supprimer, sans que d'ailleurs l'art du geste y gagnât
rien.
De nos jours, toutefois, la pantomime véritable, expres-
sive et apte à rendre toutes les passions et tous les sen-
timents, a été vraiment remise en honneur. On a renoncé
généralement, dans ce genre, aux pièces à grand spec-
tacle où apparaît une figuration nombreuse, pour donner
plus d'importance au jeu de quelques acteurs et mettre
en relief leur expression particulière. Caspard Debureau.
(|ui fut un mime de premier ordre, contribua surtout, vers
le milieu de ce siècle, à cette transformation originale. Le
premier, il eut l'idée d'incarner en un type nouveau.
Pierrot, le génie même de la pantomime. Ce personnage
n'était à l'origine cju'un des types traditionnels de l'an-
cienne comédie italienne, et même l'un des plus effacés.
Eu en faisant le personnage indispensable de toute pan-
tomime, Debureau lui a donné une importance tout autre.
Son caractère est en quelque sorte universel : il repré-
sente, sous une forme réduite, riiumanité tout entière
avec ses passions, ses vices, ses faiblesses. Par une con-
vention ingénieuse, il reste toujours, c|uel que soit le
sujet, l'acteur principal ; son blanc costume se mêle aux
types de la vie moderne ou aux personnages plus ou moins
historiques c|ui l'entourent, selon que l'auteur a conservé
les anciennes figures de la comédie italienne, ou (pi'il a
placé son sujet à une époque ou en un lieu de fantaisie.
0. Debureau, et après lui Ch. Debui'eau et Paul Legrand
ont, aux Funambules, donné à Pierrot son aspect détini-
tif. La casaque blanche fait ressortir les attitudes et les
gestes; la face rasée et enfarinée, toute blanche aussi,
met merveilleusement en valeur les jeux de physionomie,
iuoyen d'expression plus ncccbNairelà que partout aillcjrs.
C'est un trait caractéristique de la pantomime moderne,
que l'emploi obHgé de cette figure singulière. Le talent
remarquable des acteurs que nous avons cités mit ce geni'o
(le spectacle singulièrement en vogu.c : le théâtre des
j'unambules où ils exerçaient leur art connut le succès.
Des littérateurs éminents y prirent un vif intérêt: J. Ja-
nin, Ch. Xodier, Th. Gautier, Champileury. Gautier ne
dédaigna pas d'écrire un scénario de pantomime : PierroL
posthume; Champileury en a laissé un grand nombre :
Pierrot valet de la }nort (18 iG) ; Pierrot perdu
(1847). etc.
Après la mort de se» intcr [frètes favoris, ce geiire fut
un peu délaissé. 3]ais il suffit qu'un acteur, avec quelque
talent, s'y consacre pour que la pantonume retrouve ses
succès d'antan. Ajoutons qu'aujourd'hui la ])artie nriLji-
cale a pris une importance ])eaucoup plus grande : les a; -
listes les plus en vue de notre temps n'ont pas dédaigné
d'écrire pour des pantomimes. Aussi certaines de ces
pièces sont-elles de vérita!)le3 œuvres d'art. Citons, en
particulier, celles de Paul Margueritte : Pierrot assassin
de sa femme et Coloiubine pardonnée. l^'Enfant pro-
digue, le Docteur Blanc, 'Chaud d'habits (ces deux
dernières de M. Catulle Mondes) ont eu un grand nombre
de représentations. II. Quittaud.
P.ANTOPODES ou PYGNOGONIDES (ZooL). Groupe
d'animaux, jadis rangés parmi les Crustacés, qu'on s'ac-
corde assez généralement aujourd'hui à placer entre les
Acariens et les Araignées. Ce sont des Arthropodes marins,
dépourvus d'organe spécial de respiration; la tête se pro-
longe en avant sous forme de rostre; le thorax se compose
de quatre segments distincts ; l'abdomen, inarticulé, se
réduit à un simple tubercule, i^a bouche, située à l'exti'é-
mité du rostre, est arrondie, allongée ou triangulaire ; la
tète (céphalotorax) porte 2 palpes ; les yeux, au nombre
de 4, sont portés sur des tubercules ou mamelons, à la
face dorsale. L'appareil digestif est rectiligne ; de l'esto-
mac partent 8 ca;cums ([ui se rendent dans les 4 paires
de pattes du thorax, jusipae dans le dernier article, li
existe un cœur percé de 2 ou 3 paires d'orifices latéraux
et pourvu d'une aorte en avant. Le système nerveux coiu-
prend 4 ou o ganglions et un cerveau. Les glandes géni-
tales sont contenues dans les pattes. La femelle est munie
d'une paire de pattes accessoires, plus petites que les
autres, et destinées à porter les o,*afs jusqu'à éclohio]i.
L'œmf est centrolecithe, à segmentation totale. La lar\e,
ou protonyniphon, possède un rostre et 3 paires d'ap-
pendices biarticulés, ceux de la première paire se termi-
nant par une pince. Ce n'est {ju'après plusieurs mues que
se développent les 4 paires de pattes thoraciques de
l'oadulte, et les 3 pattes larvaires se modifient, la première
se réduisant à des antennes, la deuxième perdant sa griffe
et devenant palpe, la troisième avortant chez le mâle et
se transformant chez la femelle en cet appendice qui porte
les œufs. Chez IcsPallene, le développement est abrégé et
le jeune éclôt avec ses 6 ou 7 paires d'appendices. — Ces
petits organismes, protégés par un solide tégument chiti-
neux, vivent au milieu des algues et des plantes marines
et se déplacent avec une grande lenteur. Les genres prin-
cipaux sont : Pijgnogonuni Brunn., dont une espèce,
P. littorale O.-L. MuIL, est propre à la mer du Twd ;
Syuiplwu Fab., dont deux espèces, X grassipes Fabr.
et iV. gracile Leach, \ivent sur les côtes de l'Europe, et
Ammothea Hodgs., représenté par A. pi/gnogonoides
Quatref., à Saint-Malo. ^Û^' L. Hx.
PANTOUFLE (V. Cilussurk. t. X, p. 970 et suiv.).
PANTOUN ou PANTOUM. Poème malais introduit en
Europe par Victor flugo dans les Oi ieu laies (1829), sou*
PANTOUN — PAXZACCm — 968 —
vent employé par Banville et avec le plus de perfection par
Leconte de Lisle. La strophe a quatre vers dont les deux
premiers et les deux derniers traitent de sujets diiférents.
Jx deuxième et le quatrième vers de la première strophe
sont répétés mot à mot couîme premier et troisième vers
de la seconde strophe. Entin le premier vers est répété
comme finale du poème. On a employé aussi le pantoun
dans la jii'ose rimée.
Sous rarbi'o on pend la roiii^e iiifinu-uc
Ddi's, lew maiiib ckM'rière le cou.
^e uraiid python darde sa laiiLruc
])u liaut des tiges de baiul)ou.
Dors les mains derrière le cou,
I.a nionsseline autour des hanches.
Du haut des tiges de bambou
Le sohjil hltre en larmes blanches.
PANU (Mythol. fin.) (V. Finlande, t. XVll, p. oOl).
PANU (Anastase), homme politique roumain, né à Jassy
en 1810, mort à Vieinie (Autriche) en 1867. 11 fut em-
prisonné en iSil pour avoir soutenu la candidature de
Lascar Rosetti contre lu volonté du prince Mihai Stourdza,
et en -1848 pour avoir pris part au mouvement révolu-
tionnaire'. Nommé en 18o"2 par le prince Gliika directeur
du ministère de justice et plus tard ministre par intérim
de justice, député de Jassy au divan ad hoc, malgré les
mesures prises contre lui par Ladministration de Vogo-
ride, membre du comité de Onze ])Our l'union des princi-
pautés, membre du gouvernement provisoire (caimacamat)
de Moldavie et, comme tel, avecYasiie Stourdza, défenseur
des aspirations du parti national, contre les ambitions de
leur coU'^gue Stefan Oatargi et les prétentioiih des Turcs,
Panu fut, après l'union des principautés, élu pkL^ieurs fois,
sous le règne de Couza, député de Jassy et président delà
Chambre. D. A. Teouokl.
PANU (Georges), publiciste et homme politique rou-
main, né à Galatz en 4848, Il ht ses études à Jassy et,
comme boursier de l'I'^tat, à Paris, à l'Ecole des hautes
études ; tour à tour professeur d'histoire, magistrat, il
finit par embrasser la carrière politique. Elu, comme
membre du parti libéral, député de Jassy, il quitta le par-
lement et le parti en '1884 à l'occasion de la revision de
l'art. !24 constitutionnel, relatif à la hberté de la presse,
et fonda le journal Lupfa (la Lutte) qu'il fit paraître en
•1886 à Bucarest, pour mener la campagne d'opposition
contre le parti libéi'al. Coiidamné à deux années de prison
pour avoir attaqué le roi GJiarles dans un article hititulé
« l'Homme dangereux », il s'exila à Paris, puis gracié,
élu député, ])lus tard sénateur, il siégea au parlement
jus([u'en 189^ comme chef du parti radical (ju'il avait
réussi à former; enhn il se ralHa aux conservateurs.
Homme d'une grande valeur intellectnelle, orateur mé-
diocre, polémiste incomparable, Panu peut être considéré
comme un des créateurs du journalisme contemporain en
Rounuuiie. 11 a publié, en roumain : Portraits et ti/pcs
parlementaires (Bucarest. 1890. in-i6) ; Eludes sur le
suffrage universel, la Question agraire, la Question
juive, la Question des iinfôts (Bucarest, 1890, in- 16).
D, A. Teodorl.
BiJiL. : Gi'.-G. TociLiiscu, Dc'H.v insfoy/ena. G. Pana et
P. Cenmtescn, esquisse criti(|ue ; Bucarest. 1891.
PANUCO. Ville du Mexique. Etat de Vera-Gruz, sur le
Heuve côtier de ce nom (475 kil., bassin de 40.000 kil. q.).
(>j fut un des centres des Huaxtccs qui y ont laissé des
l'uines considérables.
PANUM (Peler-Ludwig), pbysiologihte danois, né à
Konne (Bornholm) le 19 déc. 18:^0, mort à Gopenhagu(^
le 2 mai i88o. Reçu docteur à (]o})enhague, en i8oi, il
visita diverses Universités allemandes et, en j8o'i. ti'availhi
il Paris dans les laboratoires de Wurtz et de Claude
Bernard. A son retour, il fut aussitôt nommé profes-
seur extraordinaire de physiologie et de chimie médicale
à Kiel, où il organisa un laboratoire physiologique, et
devint quelques années aprèsprofesseur ordinaire. En i 863,
à la mort d'Eschricht, il passa à Copenhague, oii il fonda
également un laboratoire et fit entrer la physiologie
dans une voie féconde. En 1870, il contribua puissam-
ment à la réforme des études médicales en Danemark et,
en 1884, au (Congrès médical international de Copenhague,
il fut sans conteste le représentant le plus autorisé de
toute la science Scandinave. Ses ouvrages les plus remar-
quables sont: Phijsiol. liitersuchungea iiber das Sehen
mit zwei Augen (Kiel, d8o8, in-4) ; Haandbog i men-
nesJœts Pligsiologie (Copenhague, 1865-72, in-8) ;
Experirn. Ùntersuchungen zur PJujsiologie und Pa-
thologie der Embolie, Transfusion und Blutnienge
(Berhn, 1864, in-8), et un grand nombre d'articles dans
Virchoivs Archiv, Grœfe's Arehiv, yord. nied. Arkiev,
Ugeskr. f heger, etc. D' L. iïx.
PANURUS (Ornith.) (V. Mésange).
PANVEL.Tahsil du district deThanna, division du Kon-
kan, présidence de Bombay (Inde); i'i.OOOhab. — Situé
à l'estuaire de la rivière du même nom, sur la c(')te orien-
tale de la rade de Bombay, Panvel est un des anciens
ports de ces parages et fait encore un commerce de cabo-
tage assez actif.
PANVILLIERS (De) (V. Montalembeut[A. de], t. XXIV,
p. 193).
PANViNIO (Onofrio), érudit italien, né à Vérone en
1529, mort à Païenne le 6 avr. 1568. Il prit de bonne
heure l'habit des augustins. Ht ses études à Rome et fut
chargé à vingt-quatre ans d'instruire dans les sciences
les novices de son ordre. A\ec la pernn'ssion de ses supé-
rieurs, il ([uitta le cloître pour se livrer avec plus de fa-
cilité aux recherches histori(fues. De Thon disait de lui
qu'il était né pour retirer des ténèbres les antiquités ro-
maines et ecclésiastiques. îl introduisit la critique dans
l'histoire en appuyant ses récits sur des références aux
monuments et aux médailles. Il fut lié avec tous les sa-
vants de son temps, et les papes Pie IV et Marcel II, les
empereurs Eerdinand et Maximilien favorisèrent ses re-
cherches. Panvinio a laissé un grand nombre d'ouvrages
d'histoire et d'érudition : Epito)ne pontificum Pxomano-
runi usque ad Pautuni IV (Venise, 1557, in-fol.) ; Fastt
et friuniphi ïionianoruni a tionmlo usque ad Caro-
luni V imp. (Venise, d 557-75. iu-fol.) ; de Sibyllis et
carniinibus Sibgllinis (Venise, 1567, in-8) ; de Triuni-
pho (ibid., 1573); dePiepubliea Uoniana{ibid., i58i) ;
In fastos consulares appendix, etc. A. Jeanroy.
I^iin,. : Mafi-j:i. Vcrona Kluslniia, II. ol(S. — Corn. Cuii-
Tiu^, KremiLirani S AyuslinL PJlo{/Ui. 117. — Xickkon.
Mémoires. XM et XX. -- TiRAno>uiii, Storki délia lett.
liai, VU, 811.
PANYASIS, poète épique grec d'Hahcarnasse (Suidas)
ou de Samos, qui vivait au v^ siècle av. J.-C, ami et
prohablement parent d'Hérodote. Connu dès 489 av. J.-(L,
il fut tué par ordre du tyran Lygdamis vers 454. Il avait
chanté les exploits d'Héraklès en un poème de 14 livres
et 9.000 vers, puis l'histoire des Ioniens depuis Xélée et
Codrus et la fondation des colonies ioniennes en un poème de
7.000 vers. Ces u'uvres furent très admirées des Alexandrins
qui considéraient Homère, Hésiode, Panyasis, Pisandre et
Aiitinîa({ue comme les cinq grands poètes épiques. Quelques
fragments des Heraeteia ont été conservés, on les trouve
dans Kriskel, Epirorum Crœeoruni fragmenta (Leipzig,
1877).
PANZACCHi (Enrico), poète et critique italien, né à
Boloo'n(> en 4841. H ht ses études de droit à Bologne et
étudia les lettres à l'rVole normale de Pise (1865). Pro-
fesseur de phih)sophie an lycée de Bologne (1867), puis
cbargé ii871) du cours d'hisloii'e à EAcadémie des
beaux-arts, il fut nommé en 1895 professeur d'esthé-
tique à l'Université de Bologne; en 1897, il fut nommé
député au Parlement ; mais le nombre des députés fonc-
tionnaires s'étant trouvé supérieur au chiffre légal, il dut
donner sa démission. Eci'ivain brillant, esprit cultivé, très
versé dans les littératures modernes, il passa pour un des
— 969 —
PANZACCIil — PAOLI
meilleurs critiques d'art de l'Italie. Ami de Carducci, il fit
connaître les Odi barbare de ce dernier dans une série de
remarquables articles. Outre de nombreux articles de jour-
naux, il a écrit: BelV arte moderna (Bologne, 1868) ;
Brevi cenni storici iniorno aW Accad. di Belle Arti di
Bologna (ibid., 1873) ; Uomanzi e canzoni {ibid.,
1878) ; Vecchio idéale (Ravenne, 1879) ; Alvexxo (Rome,
1882) ; Infedeltà (ibid., 1884); Bacconti incredibili
e credibili [ibid., 1885) ; .4 mezza niacchia {ibid.,
ibid.) ; Critica spicciola (ibid., 1886) ; Lyrica (Bologne,
1887) ; Nuove liriche (Milan, 1888) ; / Miel racconti
(Bologne, 1889) ; Poésie (ibid., 1894) ;iYé?/ mondo délia
7?ii(6'ic<2 (Florence, 1895) ; AV/ cainpo delV arte (ibid.,
1897), etc. M. Menghini.
PANZER (Georg-Wolfgang-Franz), bibliographe oille-
mand, né à Sulzbach (Haut-Palatinat) le iQ mars 1729,
mort le 9 juil. 1805. Il reçut une instruction très soignée
à l'école supérieure d'Alldorf, devint pasteur en 1751, à
Ktzelwang, près de Nuremljerg, et resta jusqu'en 1760
dans ces fonctions. Devenu diacre à Saint-Sébald de Nu-
remberg (1760), il parvint en 1773 à la dignité de pasteur
de cette église. Il fut enfin nommé conservateur de la biblio-
thèque de Nuremberg (1789). Outre de nombreux articles
dans diverses revues, il a piiljlié environ 45 travaux à part
dont les plus iuiportants sont rekitifs à la bibliographie.
Son œuvre se divise en trois parties : la première se rap-
])orte aux plus anciennes éditions de laBible ; la deuxième,
à Tancienne littérature allemande depuis Finvcntion de
l'imprimerie ; la troisième, à l'ensemble de la bibliogra-
phie jusqu'en 1536. Son princi])al ouvrage a pour titre:
Annales typographici ab artis inventœ origine iisque
ad annum MDXXXVl (Nuremberg, 1793-18Ô3, 11 vol.
in- 4); pour les livres imprimés avant 1501, que l'on
nomme incunables, il a été dépassé par le Uepertoriwn
bibliographicum de Hain (1826-1838), plus complet et
plus exact ; mais il est encore très utile à consulter pour
les impressions du premier tiers du xvi*^ siècle. Signalons
encore entre autres ouvrages les importants travaux sui-
vants : Litlerarische Naclirieht von den allerdllesten
gedruckten teiitschen Bibeln ans dem fànfiehnlen
Jakrhundert, welchein der ôffentlichen Bibliolhekder
Beichsfadt Nûrnberg aufbewahrt werden (Nuremberg,
1777, in 4); Geschichfe der Nilrnbergisrhen Ansgaboi
derBibel vonErfmdung der Buchdrucker Juins t bis auf
unsere Zeiten (Nuremberg, 1778, in-i) ; Ausfiihrliche
Beschreibung der âltesten Augsburgischen Ausgaben
derBibel, mit literarischen Anm^r/cwji^gn (Nuremberg,
1780, in-4) ; Versuch einer knrzen Geschichte der rô-
)nisch katholischen teutschen Bibelâbersetzung (Nurem-
berg, 1781, in-4) ; Eniwurf einer vollstàndigen Literâr-
geschichte der lutherisch teulschen Bibeliibersetmng
vom Jahre 1517-81 (Nuremberg, 1783, puis 1791 , in-8) ;
enfin, Annalen der âltern teutschen Literatur, oder
Anzeige und Beschreibung derjenigen Biïcher, welche
von Erfindiing der Buchdrucker kunst bis 1526 in
leutscher Sprache gedruckt worden sind (Nuremberg,
1788-1805, 2 vol. in-4, avec un appendice ; Leipzig,
1802) ; Aelteste Bnchdruckergeschichte von Nûrnberg
(ibid., 1789, in-1). Yictor Mortet.
PANZOULT. Com. du dép. d'Indre-et-Loire, arr. de
Chinon, cant. de F fie-Bouchard, au pied du plateau du
Ruchard, dans la plaine de la r. dr. de la Vienne; 819
hab. Eglise dont le chœur date du xii^ siècle, les basses-
nefs et le clocher du xv^. Cinq ou six châteaux féodaux,
entiers ou en ruines se trouvent sur le territoire de la
commune; celui de Coulaines a vu naître Claude de Craon,
bénédictin, savant helléniste. Panzoult est surtout connu
à cause de la Sibylle de Panzoust, mise en scène par
Rabelais (fil, 16, 17, 18). On y montre une grotte dans
les rochers, couverte de peintures grotesques et gros-
sières, et dout on a fait F « Antre de la Sibylle ».
PAO (Nomenclature botanique). Nom portugais du bois.
— P. d'arco. Le Bignoniapentaphylla L. (V. Bignoma).
— P. DE coBJxA. Le Bois de couleuvre (V. Vomiquier). —
P. DE Lacca. VHypericiim (Vismia) Guy anense Aiihl.
— P. Pereira. Le Geissospermmn lœve IL Bn. (V. Geis-
sosperisium) . — P. RosADO. Lq bois de llhodes onGenista
canariensis L. — P. Seringa et P. Xirynga. VHevea
guyanensis Aubl. (V. Hevea). D^' L. Hn.
PAÔAGARH (angl. Pawagarh). Colline du district
des Pantchmahals, division du Goudjerate, présidence de
Bombay (Inde). Alt., 850 m. La vieille forteresse ruinée
qui la couronne a passé successivement, avec la cité voi-
sine de Tchampanir, des mains des Ràjpoutes à celles des
Mongols, puis des Mahrattes et enfin des Anglais. On
s'y rend, l'été, de Baroda, situé à 40 kil. au S.-O., pour
y respirer les brises qui lui ont valu son nom de «Maison
du Vent ».
PAO KHING. Préfecture chhioise (prov. du Hou nan),
située sur le Tse kiang à peu de distance des moutagues ;
argent et cinabre dans les environs.
PAOLA ou PAU LE (Patyces). Ville d'Italie, ch.-l.
d'arr. dans la prov. de Cosenza (Calabres), près de la
mer Tyrrhénienne, à 43 kil. N.-O. de Cosenza ; 5.793 hab.
aggl. en 1881. Stat. du chem. de fer Battipaglia-Reggio.
Petite ville élégante dominée par un château fort qui re-
monte au moyen âge. Production et commerce d'huile ;
tirage de la soie ; tanneries. Couvent des minimes. Patrie
de saint François de Paule.
PAOLI (Sebastiano), antiquaire et érudit itaUen, né à
Lucques en 1684, mort le 20 juin 1751. En 1729, pro-
cureur général de la congrégation des prêtres réguliers
de la Mère de Dieu à laquelle il appartenait, puis recteur
du collège de Sainte-Brigitte à Naples, où il fonda une
belle bibliothèque, dont il compila et pubHa lui-même le
catalogue en 2 vol. in-fol. Il publia plusieurs dis-
sertations relatives à la littérature grecque, à la numis-
matique. On lui doit, comme historiographe de l'ordre de
Malte, un Codice diplomatico delsagro militare ordine
gerosoliniitano, oggi di Mal ta, raccolto da vari
docmnenti di queirarchivio, per servire alla storia
dello stesso ordine in Soria, cd illustrato con una
série cronologicad& gran maestri (Lucques, 1733-38,
2 vol. in-fol.), qui est très estimé ; et en outre : Modi
di dire toscani ricercati nella loro origine (Venise,
1740, in-4). Il laissa, complètement terminée, une Bi-
blioteca GerosoUmitana ossia Notizia degli scrittori ed
uomini illustri in lettere del sagro militare ordine
geroso limitano. E. Casanova.
Bir.L. : P. -M. Pacjiaudi, De rébus gestis ScbnslinnL
Paiilil coynmentarlus epistohiriti ; Na'plcs, 1751. iu-l;
Rome, 1755, in-l.
PAOLI (Hyacinthe), général corse, né à Stretta en 1702
(Morosagha, piève deRostino, Corse), mort à Naples en 1768.
H prit part à Finsurrection de 1734 et tailla en pièces
les troupes génoises envoyées contre lui par le gouverneur
Pallavicini. Au mois de janv. 1735, Hyacinthe Paoli et
Giaflferi, élus généraux du peuple, convo(|uèrent à (^orte
une consulte générale où la Corse fut déclarée indépen-
dante et à jamais séparée de la République génoise
(V. Corse). Après la chute du roi Théodore de Neuhoff,
H}acinthe Paoli lutta sans succès contre les troupes fran-
çaises de M. de Maillebois et se vit obligé en 1739 de
quitter l'île. Il se retira auprès du roi de Naples qui le
nomma lieutenant-colonel d'un régiment exclusivement
composé de réfugiés corses. Colonxa de Cesari.
PAOLI (Clément), général corse, né à Stretta en 1715,
mort eu 1793, fils du précédent et de Denise Valentini.
Après la mort de Gaffori, le peuple nomma pour le rem-
placer Clément Paoli, conjointement à quatre autres géné-
raux. Clément, constatant combien ces ambitions rivales
étaient dangereuses pour le pays, sut habilement désigner
aux suffrages son frère Pascal (V. ci-dessous), alors au
service de Naples. Clément Paoli suivit la fortune de son
frère. Il mourut en 1793 au couvent de Morosagiia, où i
s'était fait recevoir tertiaire de l'ordre de Saint-François
PAOLI
970 —
PAOLI (Paolo-Aiîtonio), antiquaire italien, néàLucqucs
en 4720, mort en 4790, neveu de Sebastiano Paoli (V. ce
nom). Comme son oncle, ilreYètit Fliabit de l'ordre régu-
lier des prêtres de la Mère de Dieu. Il alla à Xaples pour
y étudier les antiquités d'Herculanum et de Pompci. et puis
à Madrid pour y publier avec le comte Gallozza les anti-
{juités de Po^stimi. A la mort de Gallozza il continua seul
cette publication. Déjà célèbre, Pic M le nomma président
de F Académie ecclésiastique. Parmi ses a^uvres, citons :
Anliquitalum Pulelis, Cumis, Baiis existenliiuii reli-
(juiœ (4768) ; DisserUrJoni delVorUiine cd islilutodel
mcro milikirc ordine di Saii-Gio. Bait. gerosoUmi-
lano, dipoi di ]lodd, o.;jgi di Malla (4784) ; Pœsti quod
Possidoniam eliam dixere rudera (4784).
PAOLI (Pascal), général et homme d'Etat corse, né à
Stretta le 25 avr. 4723, mort à Londres le 5 févr.4807.
frère de Clément Paoli (Y. ci-dessus). ANaples, où il avait
suivi son père exilé, il eut pour professeur l'abbé Genovesi.
il était âgé de vingt-neuf ans et servait en qualité de lieute-
nant dans le régiment napolitain commandé par son père
lorsqu'il fut appelé par ses compatriotes à prendre en main
le pouvoir suprême ( 1 755), Il lutta avec succès contre les
Génois qu'il chassa de la Corse et dota l'ile d'une constitu-
tion appropriée à ses besoins. « Précurseur de Washington,
dit un contemporain, il eut la gloire d'apprendre à TEu-
rope comment on peut conserver l'ordre le plus parfait
au miheu de la démocralie la plus étendue. » Sa biogra-
phie a été traitée à Eai't. Cokse. La correspondance de
Pascal Paoli a fait l'objet de plusieurs publications dent
la plus importante est ceUe de Tommasco. Ces derjiièi'cs
années, MM. Blanchi et Giovanni Livi ont réuni et pu-
bhé de nombreuses lettres inédites de Pascal Paoli.
BinL : Arruhii, Hist Oe Pnsc<il Paoli ; 18t3, 2 ^ .jl —
N. Tommasco, Letterech Pusdinlo de Psoli; Florence, 1810.
— r. Bartoli, Pascal i\'.'0?i ; ncuv éd. 1891. — Colox:>a
DE ('esar[ Rocca, Histoire de la Corse; Pariy,lb90. — Jcl-
Livr.T, la Corse iicndant la Pëvohition française: Paria.
1891.
PAOLI (Betty), pseudonyme littéraire d'Elisabeth Gluck,
poète autrichien, née à Vienne le 30 déc. 4845, morte le
5 juil. 4894. Fille d'un médecin militaire hongrois, elle
])erdit de bonne Jieure son père, erra à travers l'J^urope
avec une mère d'humeur bizarre et changeante, et connut
avec elle des jours difficiles, leur fortune ayant été en-
gloutie dans une faillite. Après avoir perdu sa mère en
4834, elle rentra à Vienne en 4835, y mena pondant
(juelque temps la dure vie d'institutrice, et fut ensuite
' pendant cinq ans lectrice de la maréchale de Schwarzen-
berg (4843-48). Sa protectrice étant morte, elle voyagea
])endant quelque temps, visita la Saxe, puis Paris (4850).
Enfin, elle rentra à Vienne, où, après avoir pratiqué pendant
plusieurs années le pénilde métier de journaliste, elle
trouva enfin l'indépendance et fut accueillie par une amie,
M"'^" de Flaischl, dans la maison et la famille de laquelle
elle passa le reste de sa vie.
L'œuvre de Betty t^aoli est assez considérable. Elle
comprend plusieurs recueils de poésies : Gedichle (Pest.
4844 ; 2« éd., 4845); Nach dem Ge wîi 1er {?est, 4843;
2*^ éd. 4850); Jiomancero (Leipzig, 4845); JS'eue Ge-
dichle (Pest, 4850) ; Lyrisches iind Episches (Pest,
4856) ; Neues(e Gedichte (Vienne. 4869) ; des récits : Die
Welt und mein Auge. Erznhhingen (Pest, 4844,
3 vol.), et des ouvrages de critique : Wiens Geniâlde-
galerien (Presbourg, 4865) ; Grillparier und seine
IE(?/'At (Stuttgart, 4875). Un recueil de ses poésies choi-
sies a paru récemment, sous le titre de Gedichte. Ans-
luahl und Nachhis.z (Stuttgart, 4895).
« Je ne suis qu'une âme qui a beaucoup aimé et beau-
coup souffert, et ma poésie n'est qu'un chant révélant
toutes les muettes douleurs qui peuvent remplir le cœur
de la femme. » Si ces vers modestes et xiersdans les'quels
Betty Paoli définit la nature de son talent ne disent pas
tout ce qu'elle a été, ils indiquent du moins avec beau-
coup de justesse ce qui fait surtout la valeur de son
œuvre. Sans doute, elle a connu les angoisses de l'àme en
face du problème de la vie; elle a, en de beaux vers
philosophiques, chanté ses doutes et ses tristesses ou son
invincible foi dans l'idéal, dans le bien et le progrès;
mais sa pensée est loin d'égaler en profondeur et en ori-
ginahté celle de sa contemporaine et rivale en poésie. An-
nette do DiYjstc-Hulshoff, par exemple. C'est dans la pein-
ture des joies et surtout des tristesses de l'amour qu'elle
excelle. Il scmlile qu'elle ait connu — peut-être à deux
reprises différentes — la douleur d'un amour déçu. On
trouve dans ses premiers recueils quelques poésies fort
belles où s'exhale le bonheur de la femme aimée qui
s'abandonne, dans une douce extase, à un sentiment tout-
puissant. Mais ce sont les accents de plainte, de regret,
de désespoir qui dominent dans ses chants. Elle s'est vue
abandonnée par celui qu'elle aimait, elle a cruellement
souffert, et la souffrance l'a inspirée: sa muse a été « cette
sauvage puissance qui a vaincu son camr et qui s'appelle
la douleur ». Il n'y a, d'ailleurs, dans ces plaintes ni mo-
notonie, ni étalage de sensibilité larmoyante. Betty Paoli
a conscience de sa dignité, elle sait ce qu'elle vaut, et si
ce sentiment ne diminue en rien ses souffrances, il l'em-
])èche du moins de jamais tomber dans la trivialité. C'est
dans le renoncement qu'elle cherche un remède à ses
maux. « Je snis, dit-elle, une morte qu'on a oublié de
porter en terre, une défunte qu'une sentence sévère a ex-
clue delà peine et que bante, comme un rêve plein d'hor-
reur, le souvenir du bonheur évanoui ». Ou encore: «Ce
qui m'est resté de mon amour, c'est une pitié hautaine,
et ce n'est que cela... Mieux vaut renoncer courageuse-
ment au bonheur, une fois pour toutes, que de porter,
souillée, un idéal au rabais dans son cœur ».
Henri Lightenbkrgeu .
BiiîL. : Marchand, les Poètes lyriques de VAuirlciie ;
Paris, 1881, pp. 201 et suiv. ; voir aussi les articles de :
il. LoR'M, dans Beilage der a.llg. Zeiiunçj, n. 167; H. Giia.-^-
lîï'RGER, dans Wiener Zeitung, n. IbB; H. Klein, dans
Presse, n. 181; A. von WEii.EN.'dans jionlag. rev., n. 37,
[)unliés en 1891, au lendemain' de la mort de Betty Paoli.
PAOLI (Cesare), historien, archiviste et paléograpbe
iîahen, né à Eiorence le 40 nov. 48-40. Elève de l'Ecole
de paléographie de I^lorence (48S8-64), il obtint, en
4864, le diplôme d'archiviste-paléographe. Archiviste
•aux Archives d'Etat à Eiorence, de 4864 à 4863, puis
à Sienne, de 1863 à 4874, et de nouveau à 44orence,
de 4874 à 4886 ; il fut nommé professeur de paléo-
graphie dans le /L Jslifulo di sludi superiori de
Morencc, chargé de cours en 4874, ordinaire en 4887.
Merabrc de la députation toscane d'histoire, il en de-
vint secrétaire, et en 4888 il succéda au professeur
(^eUi comme directeur de VArchivio storico italiano.
C'est surtout à lui qu'on doit en 4talie, à Eiorence,
rrx'olc supérieure de paléographie, et par là, une grande
|?ariie du développement qu'ont pris dans la pénin-
sule les études de critique historique. 41 voulut don-
]ier aux études de paléographie et de diplomatique une
direction vraiment scientitique en profitant des résultats
o!)lenus à l'étranger. Quant à V Archivio storico italiano,
\] a voulu le moderniser en lui conservant son caractère
général, étranger au particularisme local. Il a collaboré
et collabore encore à nombre de revues italiennes, alle-
mandes, Irançaises et anglaises, et ses publications di-
^ erses sont au nombre de plus de 400. Nous ne citerons
que les suivantes : Délia sig noria di Gualtieri diica
d'Alêne in Fir en ze (Floronco, 4862); Nuovi documenti
(Ivi, 4872) ; Le cavallate florentine nei secoli xiii-
XIV (îvi. 4863) ; Del cinque cateffi del r. Archivio di
stalo in Siena (Ivi, 4866); La hatlaglia di Monta-
pei'ti, menioiia s lorica (Sienne, i 869); Lettere volgari
scritte da Senesi nel sec. xiii fen collaboration avec
ÎLnea Piccolomini] (Imola, 4874) ; Sludi suite fonii délia
storia [lorentina : capitoli cinque (Florence, 4873-73) ;
La più anlica pergamena del r. Aîxhivio di stalo in
Firenzc, illustrazione storico paleogj-afica (Ivi, 4873) ;
— 974
PAOLI — PAON
Del Papiro specialmente considerato corne materia
che ha servilo alla scrittura (Florence, 4878); Del ma-
gislrato délia Balia nella liepiibblica di Siena (Sienne,
4879); Miscellanea di paleografia e diplomatica :
capitoli undlci (Florence, 4880-4883) ; Programma
di paleografia latina 6 di diplomatica, esposlo somma-
riamente (Florence, 4883). Traduction allemande du prof .
Karl Lohmeyer (Tnnsbruck, 488o) ; Colleùone fiorentina
di facdmili paleografici greci e lafini, en colloboralion
avec G. Yitelli (Florence 4884-4898); Documenti di
ser Ciappelletto (Turin, 4885); Sopra gli statuli di
Volterra del sec. xiii (Florence, 4886); i codici Ash-
burnhamiani délia Biblioteca Mediceo Laurenziana
descritti e illustrati (Florence, 4887-96, 4 livr.) ; Ur-
kiinden zur Geschichte der deiitschen Schusterinnung
in Florenz (înnsbruck, 4887); Programma scolastico
di paleografia latina e di diplomatica : nuoua reda-
zione in Ire libri : I. Paleografia. K. Materie scrit-
torie e librarie. III. diplomatica (Florence, 4888-98 :
la i2^ partie du 3^ livre est en ce moment sous presse) ;
traduction allemande de M. K. Lolimcycr (înnsbruck,
4889-4898) ; Lo abbreviature nella paleografia lalina
del medio evo. Saggio melodico pratico (Florence,
4891); traduction allemande de K. Lohmeyer (înnsbruck,
4892); / « Monti » nella Piepiibblica di Siena (Rome,
4894); Le Tavoletle dipinte délia lUccherna e délia
Gabella neW Archivio distato di Siena (Sienne, 4894) ;
Cosimo 1 dei Medici e i Fuoruscli forentini del i537,
en collaboration avec E. Casanova (Florence, 4893); Gli
scriltoripoHtici del cinquecenio (Milan, 4894); .fera fo,
scritta e Denaro di Dio (Florence, 4859) ; Siena aile
fiere di Sciampagna (Sienne, 4898) ; Siena, Firenze
e la Valdelsa (Gastelfiorentino, 4899) ; Siena, dans la
British Encycl. F. Casanova.
P AOL! NI (Pietro), peintre italien, né à Lucques au
début du XVII® siècle, mort à Lucques en 4682. Il vint
étudier son art à îlome, soas la direction d'Angelo Caro-
selo ; puis il se fixa à Lucques, où il forma à son tour do
nombreux élèves. Doué de sérieuses qualités de dessina-
teur et de coloriste, il fut parfois, non sans exagération,
égalé à Titien et à Pordenone. Son clief-d'œuvre parait
être le tableau représentant le Pape Grégoire le Grand
qui apporte un repas à des pèleinns (dans la biblio-
thèque de San Frediano, à Lucques). Il faut encore citer :
le Martyre de saint André; l'Assassinat de Walstein,
et plusieurs Fêtes villageoises, brillamment exécutées.
PAOLI NO (Pio), peintre italien, né à Udine. Il vivait
au XVII® siècle. Elève de Pietro de Cortone, il fut admis
en 4678, au nombre des membres de l'Académie de Rome.
On a de lui plusieurs tableaux religieux qui dénotent un
talent véritable. Il termina sa carrière dans sa ville natale.
Durant son séjour à Rome, il avait peint un San Carlo
al Corso, qui fut très admiré des contemporains.
PAOLO Dall' Abaco, mathématicien itahen, né àPralo
vers 4284, mort à Florence en 4374. Son vrai nom était
Dagomari, et il a été également surnommé Paolo Astro-
logo, Geometra, Arismetra. C'est le premier qui ait publié
en Occident un almanach (sous le titre de Tacciiino). On
a imprimé plusieurs fois les Regolazze di Maestro Paolo
dall' Abaco (en dernier lieu à Vérone, 4883). Ce sont
des règles très courtes, au nombre de cinquante-deux, qui
se rapportent au calcul arithmétique. Taxnery.
PAOLO (Gitivanni di), peintre italien duxv® siècle. Il
appartenait à l'école de Sienne et brillait d'un certain
éclat dans la pléiade d'artistes que le pape Pie II encou-
ragea par ses libéralités. On manque de renseignements
sur la vie de ce peintre, dont les ouvrages datent de 4427
cà 4462.
PAOLO (Romano) , sculpteur itaHen qui vivait au xv® siècle .
Il fut chargé par le pape Pie II de sculpter une figure de
Saint Paul, qui demeura longtemps dans la chapelle de
Sixte IV, puis fut placée, dit Vasari, sur un piédestal de
marbre qui orne le commencement du pont de Sant' An-
gelo. Clément VII lui fit donner pour pendant un Saint
Pierre de la même dimension. Paolo fut non seulement
sculpteur de mérite, mais encore habile orfèvre : il tra-
vailla, avec ses élèves ÎNiccolô délia Guardia et Pietro
Paolo da Todi, aux douze apôtres d'argent qui décoraient
naguère l'autel de la chapelle pontificale.
BiBL : MuNTz, les Arts à lu Cour des Pupcs^ I-III.
PAOLO (Giovanni) , peintre itahen. Il vivait auxvi® siècle
et peignait en 4345 environ. Contemporain et ami de Va-
sari, il fat employé par lui, avec plusieurs autres jeunes
artistes, à la décoration de la salle de la Chancellerie, dans
le palais de San Giorgio à Rome, pour le cardinal Farnèse.
PAON. ï. Ornithologie. — Genre d'Oiseaux de l'ordre
des Galhnacés, désigné en latin sous le nom de Pavo et
constituant, avec les genres Pohjplectron et Argus , une sub-
division de la famille des Faisans (Phasianidœ) . Les Paons
sont caractérisés par le grand développement de leurs cou-
vertures caudales, qui sont, chez les màlcs, plus longues que
les pennes, à barbes lâches et soyeuses. Lorsque le Paon
fait la roue, il est facile de voir que les longues et ])elles
plumes qui constituent ce que l'on appelle ordinairement
sa queue, n'appartiennent pas à cette (jueue elle-même,
dont on voit les rectrices, de forme et de longueur ordi-
naires et d'un brun clair en dessous, mais sont les couver-
tures caudales, exceptionnellement développées dans ce
genre. Les paons sont des Oiseaux de forte taille, à corps
épais, à cou grêle et à tête petite ; les tarses sont élevés
et munis d'un ergot chez le mâle ; les ailes sont courtes.
Le bec assez épais est bombé en dessus, à pointe recour-
bée. La tête porte une huppe droite formée de plumes spa-
tulées seulement à l'extrémité ; la région oculaire est nue.
Toutes les espèces connues sont du S. de l'Asie et de la
Malaisie.
Lo Paon VULGAIRE {Pavo cristatus), type du genre, est
l'espèce importée et domestiquée en Europe depuis l'an-
tiquité. Le plumage du mâle est trop connu pour qu'il soit
nécessaire de le décrire ici. On sait que la femelle est moins
brillante et dépourvue des longues couvertures caudales,
qui sont la principale parure dn mâle. Le plumage du Paon
sauvage ne diffère pas de celui du Paon domestique. Il
habite l'Inde orientale, Ceylan et Flndo-Chine, où il est
commun. Son cri discordant, formé de deux syllabes, imite
assez bien le mot Léon répété deux fois. Il vit par bandes
de 30 à 40 individus dans les jungles et les forêts mon-
tagneuses, jusqu'à 2.000 m. dans les Nilgherris, mais
non dans l'Himalaya. Il est considéré par les Hindous comme
un oiseau sacré, et on en voit de grandes troupes, demi-
sauvages, au voisinage des tem})les, perchés sur les grands
arbres et étalant leur queue magnihfjue au milieu du feuil-
lage. Ils viennent à terre pour manger, grattant la terre
pour picorer les graines, comme tous les Gallinacés. Le
Paon cherche son salut dans la course et ne prend sa volée
que quand il s'est suffisamment éloigné : son vol est lourd
et bruyant, et il se perche le plus vite possible sur un arbre
où il se croit en sûreté. Il ne dédaigne pas une nourriture
animale, et c'est ce qui exphque qu'il cherche les vers
intestinaux dans les excréments du Tigre. Ce grand Carni-
vore est son principal ennemi et les chasseurs reconnaissent
son approche à l'agitation que montrent les troupes de
Paons. Le tigre mange souvent du Paon et, par suite de
ces habitudes, le ténia que l'on trouve dans l'intestin du
tigre n'accompHt son cycle évolutif qu'en passant par l'es-
tomac du Paon, de la manière que nous venons d'indiquer.
Le nid du Paon est généralement placé à terre sous un
grand buisson, dans quelque endroit élevé. Il est grossière-
ment construit et contient de 4 à 9 œufs, ou plus encore,
que la femelle couve avec ardeur. La chair des jeunes est
cléUcate ; celle des vieux est dure et ne sert qu'à faire du-
bouillon.
Une seconde espèce, très voisine, le Paon noir {Pavo
nigripennis) ,h.â\nte le S. de la Rirmaniect la presqu'île
de Malacca, et ne diffère du Paon ordinaire que par les
couvertures de ses ailes d'un noir bleuâtre et non blanches,
!\VOiN
— 97^J
rayées de noir, comme chez celui-ci. Une iroisièmc espèce
plus distincte, le PàOxN spicifere {Pavonmticus), est plus
beau encore que le type du genre, il est plus élancé et plus
haut sur pattes ; sa huppe esl en forme d'épi ; son cou est
d'un vert émeraude et ses joues d'un jaune d'ocre. Sa queue
est plus brillante, mais de mémo forme que celle du Paon
domestique. La femelle est semldable au mâle, mais privée
de longue queue.
Le genre PoLVpj.ECTKOx est fondé sur l'oiseau que Linné
a\ait nommé Paon du libet, maib qui vient en réalité de
rindo-Chine, ou on Tappellc Chinquis. ù' genre forme la
transition àrAuois (V. ce mot), La taille es! inférieure à
celle des Paons ; les pennes caudales et leurs couvertures
feoni allongées, iud)ri(piées, élargies à leur extrémité, les
couvertures des ailes égalemeni allongées et élargies ; toutes
ces grandes plumes de Laileet de la (pieue portent, comme
chez LArgus, de larges taches rondes en forme d\veu\, mais
n'ont pas Lextremité décomposée comme ciiez les Paojis.
Les tarses sont numis de tkux i\ six ei'gols. et il liy a
pas de huppe. Les femelles ont la (pieue])luh courte elles
couleurs moins brillantes.— -Le PoEVPLix'iuoxciiiNQLis est un
oiseau un peu plus gros qu'un Faisan, à ])hnnage très élé-
gant, brun varié de pourj)re. avec le veinre hnement rayé
de jaune clair, et les grandes ])liimes de Taile et de la queue
portant chacune une tache en œil d'un bleu vert à reflets
(duuigeants. Il habite le S. de la Chine,!' Vssam, h' Tenas-
serim. On en distingue quatie ou cinq avitres esprce^^, qui
sont de Cochinchine, de Malacc.a et des lies Malaises.
Paon DOMEbTJQUR.— Lïnlriabadion duPaon cnl'Airope eut
lieu à la suite des cacapagnes d'Alexandre. Aristole eii parle
ih'jà comme d'un Oiseau bien connu de son tem])s en Orèce.
On bait que, soub l'empire romain, les langues el les cer-
velles de Paon étaient un mets très recherché. Dans FEu-
rope occidentale, ces Gallinacés étaient encore rares au
x\^ siècle, et c'est èi ce titre (pi'on les servait rôtis et ornés
de leurs plumes dans les festins d'apparat. Aujourd'hui on
les mange rarement, bien (pi'ils soierdplus communs qu'au-
trefois. Il existe une variété entièrement blanche, recher-
chée comme la variété ordinaire à titre d'oiseau d'oi'uement.
Dans une basse-cour, le Paon est un despote insupportable,
jnaJtraitant sans cesse les autres oiseaux plus faibles que
lui : le dindon seul lui résiste avec avantage. Le Paon,
d'ailleurs, est très rustifjue e( parfaitement ac( limaté, sup-
por(ajit sans peine nos longs hivers. Quand on lui laisse
une certaijie libei'té, il e.-.t facile à nourrir, acceptaid tout
c(' que l'on donne aux poules : il a besoin de verdure.
La Paojuie ne couve ([ue dans un endroit isolé où elle est
sûre de ne pas être dérajigée. Cha(jUtU'ouvée est de r à 5,
plus rarement G leufs, et rincubation dure un mois. La
ni're guide et protège ses petits avec soin, pourvu ipion
ne la trouble pas trop souvent dans sa retraite. Les jeujies
croissent ra])idement ; à trois mois 0!i distingue les sexes.
nuus ce n'est (ju'à trois ans (jue les mâles acquièrent leur
brillant plunuige et sont ajites à se r(q)('oduire. K. Jni.
Paox Dis ROSES (V. Cauralf.).
ïï. Economie rurale. — L'élevage du paoii, encore
très répandu dans l'Europe méridioiude et occidentale à
l'époque de la conquête romaine et pendant le moyen âge,
avait à peu près disparu au xiv^ siècle ; il ne reprit quelque
importance, tout au nmins en France, qu'à partir du
xviî^ siècle ; presque seules le.-^ basses-cours d'amateurs
possédant des bois à Ubre parcours l'ont conservé aujour-
d'hui, cependant les jeunes paonneaux sont fort bons à
manger, et s'ils ont été l'objet d'une bonne prépai'atioji.
ils trouvent toujours une vente avantageuse. L'élevage, du
paon a beaucoup de rapports avec celui du dind(m, il est
(dus facile à conduire ; on opère de deux façons :
h Méthode dite naturelle, La paonne, qui est adulte
à deux ans, est abandonnée à elle-même ; elle établit libre-
ment son nid dans un endroit abrité, parc ou bois, et
pourvoit à la nourriture des jeunes; la ponte est unique
et dépasse rarement 7 ou 8 (cufs ; l'éclosion a lieu au bout
de cinq semaines; deux jours après. le> paonneaux per-
chent auprès de la mère qui les protège et les soustrait
à l'attaque des fouines, des putois, eir., en les transpor-
tant sur des branches assez élevées ; il est bon parfois de
seconder son instinct en plaçant à la main, su./ son dos,
les petits trop faibles ; au bout de quebfues joiii s. les ailes
sont assez développées pour qu'il n'y ait plus lieu de s'oc-
cuper de la couvée.
2*^ Melliode mixte ou artijh'ic'le. Dans cette méthode,
de beaucoup la plus sûre et la plus avantageuse, on fait
couver les (eufs par des dindes ; la nourriture des pre-
miers jours est identiipui à celle que Ton donne aux din-
donneaux (pain rassis, (eufs durs émiettés, farine et viande,
salade hachée, etc.); au bout d'une semaine on adjoint
à la pâtée du Inudiis d'orties et un peu de chènevis pilé,
puis on donne le parcours; la consommation peut avoir
lieu après trois ou^(juatre mois. Quel (pie soit le mode
d'élevage, il faut observei' les jeunes lors de la prise de
\'ai'j]'elte, moment ci'iti([ue comme celui du vomje pour
les dindonneaux ; l'approche du mâle Jie doit pas avoir
lieu non plus avant cette époipie. Le mâle est très que-
relleur ; il n'atteint son entier développement qu'à trois
aj]s; on lui donne ordinairement quatre ou cinq femelles,
il est très ardent, et, si ses cojnpagnes sont trop peu
nombreuses, il peut les fatiguer au point de les rendi'e
stériles; les insuccès i'ele\és fréqueinment dans les éle-
vages d'amateui's sont souvent dus uniquement à cette
cause. J. Troudi:.
IN . Art héraldique. -— Le paon peut être repré-
senté de ])rot!L mais plus souvent il est posé de face et
la ([ueue étalée; il est alors dit /7;/((/u/. Quand ses taches
sont d'un émail dilîêrent. il est dit niiraille.
V. Astronomie. — Constellation de l'hénnsphère
austral comprise entre flndien, le Télescope. l'Autel, le
Triaiigle austral. l'Oiseau de Paradis el l'Octant. — Elle
l'enferme neuf étoiles de la :2^' à la G*^ grandeur.
VI. Entomologie. — Paon nu jour (V. Yaxesse).
Paon ue Nurr (V. Saturnu:).
PAON (Jean-Baptiste Le), né à Paris en 1738, mort
en i78o. fdève de Casanova. Le Paon fut dessinateur et
peintre de batailles, et s'accpiit, en ce genre, une certaine
réputation, tl s'était engagé dans un régiment de dragons,
avait vu la guerre, avant dïni retracer les épisodes, et fut
même bles^é dans une bataille. Les Areltives de l'art
français ont repi'odiiit un docuinent où jkhfs retromons
ces détails. Le Paon devint peintre en titre du prince de
Coiulé : nous avons d(^ lui. au musée de Vei'sailles, (pn^bpu's
tableaux ndiitaiii-s ; la coîlection de Concourt i'eîd'erniail
])lnsieuis de ses dessins. Edmond de Concourt a a[)précié
ainsi le talent de Le Paon, dans la Maison d'un artiste :
« De jolis petits soldats, de jolis pelhs canons, de jolis
petits ('aujpements, de jolis petits sièges, ce sont là les
dessins de cet artiste, (pii s'engagea pour voir la guerre
de près, et ([ui n/en a jamais été que Eenjoliveur et le bis-
[vmv co(j!iet ». O.n ne saurait mieux caractériser le faire
maniéré de ce peintre, dessinateur et gouacheur à la fois,
qui se rapetissait encoi'e dans ses a<puu'elies et (pii com-
[)i'emut parfois la peinture de bataille à la façon d'un mi-
inatui'iste. Il a aussi dessiné et peint des chasses de
Cbautilly. pour le [)rince de Coudé. !1 avait décoré de ses
taideaux une partie de riiôtel du Petit-Dourbon ou le prince
Louis-Joseph lui avait donne un appartement ; c'est dans
ce palais (pi'il mourut. Dans les dernières années de sa
vie. il avait dessim'» quel(pies-uns des faits de la guerre
d'Amérique ; il est l'auteur d'ini portrait de Washington
ipii a été graNé ])ar Le Mire. Aid. Valarrècl! .
l^iBL. : E(l (l(> (i()N( (ji II !■. lu M,\i8i))i (Viui iniisli\ t J -
Dv-'-UA X. les Artistes ffinirius ù VOlrinujcr — Ayclnrcs
(le } urt friin(;;iiH. t I. p. l.sE — Xolice ludiciiUcc des In-
hlcimx. dessins, esUniipes, elc., uprès le déeès do M Le
Piujii, iieuilve de bid,iiiUes de S. A. S Mgr le prinee de
Coudé Vente à Paris le '20 avr. 11 SO.— Notiee des lu ~
t)le!nix. dessins. ete.,Xjrorenant des déeès de M^^^° Le Paon,
de Suru(jue, sculpteur, elc. Vente à Paris le 8 mai HSS.
— l'ieinv (lo Xolhac (^t Andi'é I^KUA'iT,. le Mn-^re nnlional
de Versinlles.
973 —
PAONAPOYA — PAPANTLA
PAÔNAPOYA (angl. Paunapwja). Fleuve du S.-O.
de l'Inde qui prend s,a source dans les Nîl-Giris ou
Montagnes Bleues, traverse la vallée d'Ochterlony (ainsi
nommée du colonel anglais qui l'explora en 1844-45), arrose
le district de Malabar et va se jeter à la mer à Beipour,
le port de Galicut et le terminus du Madras Railwaij.
Long., i30 kil. 11 sert à transporter lés thés et cafés,
les minerais d'or et les bois de la montagne.
PAÔNI (angl. PG^ini). Petite ville du district de
Bhandara, division de Xàgpour, Provinces centrales (Inde).
Située sur un haut aftluent de la Godavarl, elle compte
10.000 hab. et fabrique des étoffes renommées.
PAO NING. Préfecture chinoise (prov. du Seu tchhoan),
située sur le Kia ling kiang, affluent de gauche du Kiang ;
])roduction de thé et de sel.
PAO-PEREIRA (Thérap.) (V. Geissospermum).
PAO PHI (Calendr.). Nom du deuxième mois de Tan-
née dans le calendrier égyptien; il commence le iS sept,
de la période julienne.
PAO SEU,* favorite du roi chinois Yeou (781-771),
issue miraculeusement d'une jeune fille et de deux dra-
gons; en faveur de Pao seu et de son fils, la reine et le
prince héritier furent dégradés. Pour complaire à sa fa-
vorite, le roi alluma les signaux de feu qui annonçaient
l'approche des ennemis, tous les seigneurs accoururent
pour défendre la capitale, et se retirèrent furieux d'être
bafoués. Un peu plus tard, le père de la reine dégradée,
allié avec les barbares, attaqua le roi Yeou; les seigneurs
convoqués ne vinrent pas. Le roi fut tué et l'on mit sur
le trône le prince héritier. M. G.
PAO TING. Préfecture chinoise, capitale de la province
du Tchi li, située entre deux petits affluents du Hoen ho ;
le vice-roi du Tchi li, depuis environ vingt-cinq ans, ré-
side principalement à Tien tsin, en raison de l'impor-
tance prise par ce port.
PAPA (Simone), peintre italien du xv^ siècle, né à
Naples, mort vers 1488. L'on possède peu de renseigne-
ments sur cet artiste, qui semble avoir pris à tâche d'imi-
ter les Flamands et qui est représenté au musée de iNaples
par un Saint Michel.
PAPA (Simone) le Jeune, peintre italien des xv® et
xvi^ siècles, né k Naples. On vante son talent comme fres-
quiste.
PAPA (Dario), journaliste italien, né à Rovereto (prov.
de Trente) le24janv. 1846, mort à San Remole 23janv.
1897. Monarchiste dans sa jetmesse, il devint plus tard
ardent répubhcain. Il fonda Vltalia del Popolo et écrivit
des articles violents, mais élégants et solides, qui firent
estimer son talent même de ses adversaires. Il a écrit : //
giornalismo, rivista estera ed italiana (Vérone, 1880) ;
et, en collaboration avec F. Fontana, New York e Cali-
fornia (Milan, 1886).
PAPACELLO (Tommaso Barnabei, dit), peintre italien.
Il vivait au xvi® siècle. On sait qu'il fut l'élève de Jules
Romain, et que son maître l'employa dans plusieurs de
ses travaux. Il cultiva l'histoire et le portrait; mais ses
ouvrages dans ces deux genres ne sont point parvenus
jusqu'à nous.
PAPADIAMANTOPOULOS (V. Moréas [J.], t. XXIV,
p. 324).
P APA DO PO L-Calimach (Alexandre) , publiciste et homme
poUtique roumain. Ancien ministre des affaires étrangères,
des cultes et instruction publique, membre de l'Aca-
démie roumaine, il a publié, entre autres : Sur Alexandre
Mavrocordat VEexaporite {An. Ac. roum., 2^ série,
t. VI, 1883-4); Sur l'expédition de Igor Sueatoslavici
{ibid., t. VII, 18-85); Sur le Voiévode Gheorghe Stefan
(ibid., 1886, in-8); le Danube dans la littérature et
les traditions (ibid., 1886) ; le Général Paul Kisselev
en Moldavie et en Valachie {ibid., t. IX, 1887); Notice
historique sur la ville de Birlad (1889) ; Sophie
Paléologue {ibid., 1895). GoUaborateur à plusieurs
revues, il a publié dans les Convorbiri Lit er are en
1884, 17^' année : la Carte de la Moldavie faite par
lihigas, en 1191 ; dans la Picvista Noua 2^ année,
en 1889 : les Lois sompluaires ou lois contre le
luxe en Hoinnanie; Lettre sur la. ville de Tecuci
(Coiivorb. Hier., XIX); de l' Histoire de la législation
moldave (Arch. de la Soc. se. ci lit t. de Jassy.
1^ année). D. A. Teodoru.
PAPADOPOLI (Nicolas-Gomnène), littérateur italien,
né à Gandie en 1655, de parents grecs, mort en janv.
1740. Elevé à Rome, il entra dans l'ordre des jésuites en
1()7'2. En 1680, il fut nommé recteur du collège de Gapo
d'ïstria; en 1688, professeur de droit canonique à l'Uni-
versité de Padoue, dont il écrivit l'histoire (Historia
gymnasii Patavini; Venise, 1726, 2 vol. in-fol.) de
1260 à 1724. (^)uoiqu*elle soit assez défectueuse, cette
œuvre n'est pas néghgeable. Facciolati, qui reçut commu-
nication de ses papiers, compléta son Historia et la mena
jusqu'en 1756.
PAPAGOS (Indiens) (V. Pima).
PAPAÏNE. Principe actif, extrait du suc laiteux de la
tige du Carica papaya (V. Papaver). G'est un ferment
végétal, de nature albuminoide, découvert par Wurtz, qui
a étudié son action physiologique. La papame s'obtient en
traitant le jus du fruit du papayer par l'alcool ; on des-
sèche le précipité et on agite avec de l'eau à 38^. Sa cou-
leur et son pouvoir protéolytique varient suivant les es-
pèces commerciales ; moins elle est colorée, plus elle est
active. La papame blanche est amorphe ; elle est soluble
dans moins de son poids d'eau froide et se trouble à l'ébul-
lition; sa solution concentrée a une saveur astringente. Ses
propriétés la ]'approchent de la trypsine, l'un des trois
ferments pancréatiques. L]lle dissout assez rapidement la
fibrine, même en milieu neutre ou faiblement alcaUn ; elle
eet inactive en présence de 0,05 7o d'acide chlorhydrique ;
elle ne constitue pas un succédané de la pepsine. G'est un
ferment digestif (|ui ramollit et dissout à 40" la viande, le
blanc d'œuf ou le gluten; eile émulsionne les graisses,
mais n'agit pas sur les féculents. Donnée au moment des
repas, elle peut remplacer la pepsine et la pancréatine
dans les cas de dyspepsie. Ses effets sont réguliers et mieux
garantis en raison de son origine végétale que ceux de la
pepsine, dont elle n'a pas le goût et l'odeur désagréables ;
de plus, la pepsine n'agit que dans un milieu acide. La
papame excite la sécrétion gastrique et elle est inoffen-
sive à l'intérieur. Son action tonique a été utilisée dans
les gastralgies, la dyspepsie atonique, l'hypochlorhydrie,
dans les cas d'insuffisance de suc gastrique, l^lle assure la
digestion pour la suralimentation chez les tuberculeux, les
anémiques et les convalescents. Recommandée dans les
entérites, la constipation, la diarrhée consécutives aux
troubles digestifs, elle n'a pas toujours justifié les résul-
tats que l'on en attendait, et ses indications ne sont pas
encore bien précisées. Dans la tuberculose, elle peut fa-
voriser la digestion de grandes quantités de viande. On l'a
proposée en solution à 5 ° o dans le traitement de la diph-
térie pour dissoudre les fausses membranes ; mais elle agit
trop lentement pour être efficace. — On l'administre or-
dinairement à la dose de 0-^05 à 08'",20 sous forme
d'élixir, de vin, de sirop, de dragées ou de cachets,
ou encore de pilules de Os'^,06 contre les coliques néphré-
tiques. On se sert d'une mixture de papame, de borax et
d'eau pour badigeonner les cors, les verrues, les con-
dylomes, les indurations cutanées. On l'a essayée dans le
traitement des taches furfuracées du visage.
D'' V. -Lucien Hahn.
PAPANDAYANG (Volcan) (V. Java, t. XXI. p. 67).
PAPANTI (Giovanni), bibliophile italien, néàLivourne
en 1830. Il y exerce aussi le commerce de hbraire. Sa spé-
cialité est Boccace et les novellieri italiens du moyen
âge, dont il a donné un catalogue apprécié. Il possède
les plus rares éditions du Décaméron.
PAPANTLA. Ville du Mexique, Etat de Vera Gruz, dans
la plaine de Nantla; 12.000 hab. Gommerce de Vanille.
PAPANTLA - - PAPAYER
974
A iO kil. est un teocalli (pyramide) de porphyre Jécoré
de curieuses sculptures.
PAPARRIGOPOULOS (Constantin), hisiorien grec, né
à Constantinoplc en 1815, n:ort à Athènes le 26 avr. 1891.
Il est Fauteur d'une iniportanle îiistoirc de la Grèce
'Jaiopia tou 'E).Xr]vixou sOvou; (S vol., Athènes, 2^éd.,
1887-88), dont un résumé a paru en français sous ce titre :
Histoire de la cioUisalion hellénique (Paris, 1878).
] /ouvrage est snrlout inléressant par l'effort fait pour ré-
habiliter les empereurs icouoclastes et montrer l'œuvre
pohli(]no et sociale que ri'coovrent les dehors théologiques
(le leur entreprise. Gh. DiEin..
PAPASOGLU (i)émèlre), otilcier roumain, né à Bucarest
le "28 mars 1811, nnnl eii 1893. Tn des rares adversaires
vala{jues de l'union des principautés, collaborateur au
Veslilorul (l'Aniionciateur), journal ollicieux, en 1857;
lieutenant-colonel dans la milice en 1873. Il employa
Fimagc pour populariser les figures des princes régnants
et des homioes d'Etat roumains,
PAPAUTÉ (V. Pape).
PAPAVER (Bot.) (V. Pavot).
PAPAVÉRACÉES {Papaveraceœ h\^^.) (Bot.). Grande
famille de plantes Dicotylécîones, herbacées et plus rare-
ment ligneuses, annuel'es ou vivaccs, à feuilles alternes,
entières, lobées ou disséfiuées, à ileurs solitaires, ou réu-
nies en grappes ou cyme:^ terminales, plus rarement axil-
hiires. Lestleurs, généraleinenthermapbrodites, régulières
ou irréguhères (Fu mariées), ont h réceptacle ordinaire-
ment convexe, ce qui a déterininé Jussieu à placer les
l^apavéracées dans Fhypogynie ; parfois cependant le ré-
ceptacle est concave, et alors les fleurs deviennent péri-
gynes. Le cahce offre deux ou trois sépales libres, rarement
cohérenis; la corolle, parfois absente, est constituée par
"2 verticilles de "2-3 pétales imbriqués, d'ordinaire caducs.
Dans les vraies Papavéracées le nombre des étamines est
indéhni, et elles sont libres et hypogynes, rarement péri-
gynes (l^^schscholtziées) ; chez les Fumariées, au contraire,
le nombre des étamines égale celui des pétales, avec dia-
delphie consécutive dans le genre Funiaria et dans les
genres voisins. Le gynécée, libre, contient un ovaire uni-
locuîaire, avec 2 placentas, sauf avorioraent de l'un d'eux
(Bocconia, quelques Fumariées). Dans les vraies Papavé-
racées, les colonnes placentaires sont en nombre indéfini,
font sadiie dans la cavité ovarieniie. ci peuvent former des
cloisons presque complètes en uoml're égal aux divisions
du style (Pavots). Le style a en général la forme d'une
co!onne longue et étroite, à sommet dilaté, lobé et stig-
maiihn^e. Daiis les Pavois on a décrit à tort, selon Bail-
Ion, le stigmate comme sossile ; la colonne est courte et
large. « Dans ce genre, en réalité, il n'y a de stigmatiqiie
qu'un certain nombre de rigoles rayonnantes, dont la con-
cavité et les lèvios porteiit les papilles spéciales à cet or-
gane» (Bailloii). Les ovales anatropes sont le plus souvent
en nombre indéfmi, mais ne recouvrent jamais la surface
entière des placentas. Le Friiit sec est taiitèt gloljuleux,
iadéhisceni ou s'ouvrant à sori sommet par un grand
nombre de petits pores ou panneaux, situés vers la base
du court style persistant (Pavots), tantôt siliquiforme et
à déhiscence en 2 valves, ou s'ouvrant suivant une série
d'articulations. Les graines, souvent très nood)reases, sont
pourvues d"i;n al])umen ''liarna, huileux ■— et c'obt là,
selon Bâillon, le seul caractère qui distingue d'une façon
absolue les Papavéracées des Crucifères — à la hase du-
quel se ti'ouve un embryon droit ou arqué, ordinairement
peu volumineux. — Les Papavéracées peuvent être divi-
sées en quatre groupes:
i'' Platvstk.mon]':;:^. — Pétales tous semblables entre
eux. étamines libres en nombre indéfini, divisions stigma-
tifères du style lil)res. distinctes; à maturité, carpelles se
séparant complètement, et ])lacentas unis aux valves.
Genres : Plaliislcmon Benth. , Platysiigma Benth. ,
Uomneya Haw.
2*^ Pâpâvfrffs. — Corolle et androcée comme dans le
groupe précédent; style épais et large, découpé en lobes
alternes avec les placentas; fruit capsulaire s'ouvrant par
des pores alternant avec les placentas qui supportent le
style persistant; aillem^s siliquiforme, avec ou sans fausse
cloison. Genres: Papaverl., Meconopsis Vig., Arge-
mone T., Sanguinaria DilL, Pocconia Plum., Clieli-
donium T., Glauciiun T., Pœnieria DC., ç.ti'.
3° Ls(:iis;:noi;rzn:ES. — Corolle et androcée comme dans
les groupes précédents, mais périgynes ; gynécée, partiel-
le înent infère, à 2 carpelles; 4 divisions stigmaliques au
moins ; fruit allongé, strié longitudinalement, à valves por-
tant h^s placentas sur leurs bords. Genres : Eschsclwltrj'a
Cham., Dendro}}iecon Bentb.
4^ FuMAïuEES. — Fleurs dimères, à 2 corolles dissem-
blables ; étamines 1-6 ; gynécée dicarpellé. (feni-es: Ihjpe-
coum T., l)ic entra fiovkli. , Corgdalis DC. , Fuma-
)ia L., etc.
j^es affinités des Papavéracées sont remar(|uables : par
les Platgstemon, elles se rattachent aux Benonculacées ;
par les Papaver. aux Renonculacées et aux Berbéridées;
])ar hs Eschscholtzia et les Fiunaria, aux Crucifères et
aux Capparidacées, etc. Ajoutons qu'oii trouve des Papa-
véracées dans les régions tempérées, froides et sous- tro-
picales de l'hémisphère boréal; elles sont rares dans les
|)avs tropicaux et exceptionnelles dans l'hémisphère aus-
U'âl. D^L. flx.
PAPÂVERINE.LCimur.— Form. ^^l' ' l^2oil>i^l^()4'
Alcjiloïde faible, découvert par Merck dans l'opium, oii
elle existe à coté d'autres alcaloïdes, tels (}ue la morphine,
la codéine, la narcotine. Etudiée par Hesse et Andersen.
KWe cristallise en aiguilles incolores, fusibles à 147".
ïï. TiiÉPxAPEUTu^uE. ~ Cl. Bernard a étudié les pro-
l^riétés physiologiques de la papavérine ; an point de vue
de son activité, il classe la papavérine au second rang
des alcaloïdes de Fopium comme convulsivant, au troisième
comme toxique. Chez l'homme sain, elle ne produit pas
d'effet hypnotique, même à la dose de 36 centigr. ; Bou-
;:hut en a donné 1 gr. à un enfant sans observer de
modification fonctionnelle caractéristique. Cet alcaloïde
n'agit pas comme sédatif, mais il a une action convulsi-
vante prononcée. C'est un excitateur réflexe (Babuteau) ;
chez les animaux, qui en ont absorbé de hautes doses, on
obtient des convulsions faciles à reproduire, si l'on frappe
sur une table voisine. Des convulsions tétaniques pré-
cèdent la mort chez les grenouilles qui en ont pris 2 à
l) centigr. Babuteau considère la dose convulsivante comme
la dose toxique ; elle est d'ailleurs assez élevée en raison
de la faible activité de Falcaloide. — On ne peut ])as
aisément en isoler de grandes quantités; ses apphcations
LÎiérapentiques sont presque nulles. Elle n'est ni sopori-
fique ni analgésique; elle senfido pourtant accroître l'action
anesthésique du chloroforme. On l'a conseillée dans le
traitement de l'insomnie, au cours des névroses et des
maladies mentales ; les résultats obtenus ne sont pas
concluants. D^' V. -Lucien Haux.
PAPAVOINE (Louis-Auguste), criminel, né à Mony
(Eure) en 1783, gudlotiné à Paris le 25 mars 1823. Fils
d'un fabricant de draps, il devint commis de la marine,
]>rit sa retraite pour continuer le commerce de son père.
Dans un accès de folie meurtrière, il assassina deux en-
fants qui se promenaient avec leur mère au bois de Vin-
cennesle 10 ocL 182'L II fut condamné à mort et exécuté
en place de Grève.
PAPAYAGÉES (Papagareœ Lindl.) (Bot.). Croupe de
plantes Dicotylédones, (pj'on rapporte actuellement à la
famille des BÏxacées, et qui ne renferme plus que le seul
genre Papaija T. (V. Papaver).
PAPAYER (Papaga T.). L Botaxîque. — Genre de
!^ixacées, type du groupe des Papayées, et dont les repré-
sentants sont des arbres et des arbustes de l'Amérique,
souvent cultivés sous les tropiques, dont la tige, simple,
se teianine par un boufpiet de grandes feuilles palmées.
- 975
PAPAYER — PAPE
alternes et dépourvues de stipules ; ils sont dioïques ou
polygames, à fleurs disposées en grappes de cymes, axil-
laires ou sur le bois, et remarquables en ce que la corolle
est gamopétale dans les
fleurs mâles, cl ialy pétale
dans les fleurs femelles.
La gorge de la corolle
donne insertion à 10 éta-
mines, bisériées, dont les
anthères biloculaires soiit
introrses. La fleur fe-
melle renferme ou non
des staminodes; l'ovaire,
uniloculaire, supère, esl
surmonté d'un style quin-
quéfide, '^et ses loges ren-
ferment un grand nombre
d'ovules fixés sur 5 pla-
centas pariétaux. Le fruit,
papaye, est une grosse
Î3aie souvent comestible,
contenant une multitude
de graines albuminées.—
L'espèce type, P. carica
GcErtn. {Carica papaija
L.), VÂlbabaye des Ca-
rad)es, V Arbre à melons,
le Figuier des /les on des
nègres des vVntilles, four-
nit des fruits comestibles,
de saveur aromatique ; les
graines poivrées passent
p 0 u r an thelminthiques .
Les naturels des Moluques
font entrer dans une com-
pote, appelée Aatsjaar,
les fleurs mâles oiioranlcs,
préalablement macéiées dans Lcau liède el des^^é^'hées ira
soleil. Enfm, par incision des tiges, on ()])Licnt un hihw
amer, riche en fibrine et en albumine el doué depr-sprié-
tés spéciales (V. Papâïxe). — Le P.digilala IL Bn (Ca-
rica digitata Pœpp.), du?(. du Brésil, le Chamburuûv^
Papaya c irica Gairtn
Fleur mâle.
Graine.
naturels, est éminemment vénéneux et passe pour être aussi
dangereux que les JJpas de Java. Son latex produit des pblyc-
tènes douloureuses sur la peau, et ses fleurs mâles répandent
une odeur excrémentitiello repoussante, D" L. Hn.
IL HoRTicuT/ruRE. — Le papayer commun est un petit
ai'bre fruitier des pays^chauds, que l'on cultive en serre,
en Europe. On le tient en pot toute l'année, ou bien on
l'installe en pleine terre pendant la saison chaude. En pot,
on le met en terre de bruyère de consistance moyenne.
PAPE. Papa. Presque
tous les écrivains ecclésias-
tiques rapportent l'origine
de ce titre au mot grec
T.dr.Kaç, ou-àrcaç. On dii
que dans l'Eglise primi-
tive, les chrétiens appe-
laient ainsi ceux qui, les
ayant convertis, étaient
devenus leurs pères spi-
rituels. Vers le même
temps, et, par une exten-
sion fort naturelle, ce nom
fut donné à tous les clercs .
Les Grecs le donnent en-
core indistinctement à tous
leurs prêtres; mais il ap-
partenait, avec un carac-
tère spécial et un génitif
différent (izar.r.^ au lieu
de raiTTiaio;) aux pa-
triarches d'Alexandrie,
d'Antioche, de Jérusalem
etdeConstantinople. Saint
Avitus, évêque de Vienne
(490-525), le reconnais-
sait au patriarche de Jé-
rusalem, en des termes
qu'il serait fort dilTicile
d'accommoder avec les
définitions du dernier con-
cile du Vatican sur la pri-
mauté et i'épiscopat uni-
versel de l'évêque de Rome.
Il s'adresse au patriarche de Jérusalem, comme au pape, à
l'apôtre et au prince de l'Eglise universelle : Papœ Hieroso-
l]j]iialo . Exercet aposlolalus rester concessos a Divini-
taie pri}iiatus, et quod lociunprinripem inuniversali
Ecclesia teneat, non privilegiis solinii studet rdons-
Irare, sed meritis (Epist. ^5, Migne, P^/fro/.,LIX,239).
Pareille constatation pourrait être faite à propos d'une lettre
du mêmxe évêque au pape de Constanlinople, Papa Constan-
linopolitamis, comparant cet évêque et celui de Rome à
une double constellation du ciel ecclésiastique : Veliil ge-
minas apostolorum principes velut in cœlo posi-
tum religionis signum pro gemino sidère. — Dans
l'EgHsc d'Occident, ce titre parait avoir été réservé très
anciennement aux évoques et aux abbés, mais il était
commun à tous. Saint Augustin, écrivant à Aurèle, un
évêque d'Afrique, le salue comme très saint pape et ho-
nore seigneur; de même saint Jérôme, écrivant à saint
Augustin ; Fortanatus, évêque de Poitiers (vi® siècle)
écrivant à Félix, évêque de Nantes, et à rjiplii'onius,
évêque de Tours (Migne, Mise. Ilï, 4 ; Migne, LXXXVIil,
119; III, 1 ; Migne, LXXXVnr, 115). Thomassin, répéli
par PhiUips [Kirchenrecht, V, 603) prétend que la qua-
lification de Pape fut exclusivement attribuée à l'évêque
de Rome, vers la fin du vi^ siècle : mais dans les actes du
VP concile général (Constantinople, 680), Honorius est
désigné comme papa antiquœ liomœ, el Cyrus comme
papa Alexandriœ (Mansi, Conc. XI, i2'14). Il est vrai-
semblable que l'usage resta incertain jusqu'au xi^ siècle,
quoique se développant de plus en plus dans le sens d'une
limitation du titre en faveur des évêques de Rome. Dans
un concile tenu en cette ville (1073), Grégoire VII dé-
fendit formellement de le donner à d'autres, afin qu'il
restât unique dans tout le monde chrétien : Et papœ no-
men unicum sit in toto orbe christiano, nec liceat
alicui se ipsum vel alium eo nomine appellare. Il ne
serait peut-être pas exagéré de dire (\w l'affirmation du
PAPE
— 976
privilège réclamé par cette interdiction, marque un des
points les plus saillants des ascensions de la papauté. —
f.éon P'^' paraît être le premier qui prit le nom de Sou-
verain pontife. Dès 7*2^2, Boniface appelait le pape Vi-
caire de Saint-Pierre. Grégoire Vil et Alexandre 111 se
contentèrent de ce titre ; Innocent III se donna celui de
Vicaire de Jésus-Christ ou de Dieu. Au mot Eglise,
t. XV, p. 621, nous avons indiqué les conséquences
énormes que les canonistes ultramontains déduisaient de
cette qualification. — Depuis Jean XII (956), le pape élu
change de nom avant d'entrer en fonctions.
La plupart des matières relatives à l'histoire de la pa-
pauté romaine sont exposées dans des articles spéciaux
de notre Encyclopédie. Nous renvoyons tout simplement
à ces articles, afin d'éviter les redites ou un résumé qui,
omettant les particularités caractéristiques, aboutirait à des
conclusions trop absolues. Mais pour faciliter les recherches,
nous croyons devoir donner les indications suivantes :
Origine et développement de l'autorité des papes en ma-
tière dogmatique et de leur juridiction en matière ecclé-
siastique; épiscopat universel; plénitude de puissance;
infaillibilité: Eglise catholique romalve, t. XV, pp. 751-
53 ; Canon, t. IX, pp. 58-66; Collation des bénéfices,
t. XI, pp. 692-93; Dispenses, t. XIV, p. 671 ; Appel-
lations ecclésiastiques, t. III; Vatican (Concile du). — •
Prétention à une juridiction suprême sur les puissances
séculières : Rapports de l'Etat et de l'Eglise, t. XVÏ,
pp. 491-92. — Souveraineté temporelle : Donation de
Constantin, t. XIV, p. 890; Etats de l'Eglise, t. XVI,
pp. 527-30; Italie, t. XX, pp. 1045, 1048, 1081. —
Relations avec les puissances séculières : France ecclé-
siastique, t. XVIÏI. pp. 1053-63 ; Investiture, t. XX,
Concordat, t. XII; Organiques (Articles), t. XXV;
Nonce, t. XXIV. — Résistances aux entreprises de la
papauté et tentatives de réforme : Boniface VIII, t. VII;
Concile de Pise ; Concile de Constance, t. XII; Concile
DE Bàle, t. V ; Pragmatique sanction ; Déclaration du
CLERGÉ DE France, t. XIII, p. 1075 ; Gallicanisme,
t. XVIII; Schisme. — Agents associés à l'exercice du
pouvoir des papes : Cardinal, t. IX; Congrégations car-
dinalices, t. XII, p. 423; Consistoire, t. XII, p. 548;
(Chancellerie apostolique, t. X, p. 475 ; Légat, t. XXI.
— Matière, forme, autorité et collections des actes émanés
des papes : Bref, t. VIL p. 1053; Bulle, t. VIIÏ ; Bul-
LAiRE, t. VIII; Canon, t. IX, pp. 58-66; Constitution
pontificale, t. XII, p. 638 ; Décrétales, t. XIÏI ; Diur-
Nus, t. XIV; Liber ponitficalis, t. XXÏI; Registjies pon-
tificaux ; Corpus .iuris canonici, t. XII.
Primitivement, I'élection des évèques de Rome était faite
par le clergé et les fidèles de la ville, avec le concours des
évèques voisins, universœ fralernitatis suffragio, epis-
coporum judicio, conformément à ce qui se pratiquait
ordinairement ailleurs. Depuis le v^ siècle jusqu'au viii*^,
il semble qu'elle fat réservée à un corps électoral composé
de tout le clergé, des magistrats {judices) comme repré-
sentant les plus hautes classes (optimates) et de la milice
(schola, generalitas niilitiœ) représentant les citoyens
proprement dits ; tandis que la multitude des simples habi-
tants étaient réduits au rôle de spectateurs ou d'acclama-
teurs {Liber diurnus, II, 1-7). Dans un synode présidé
en 769 par Etienne III, il est mentionné que l'élection du
pape doit être faite par les principaux dignitaires du clergé
[proceres et optimates Ecclesiœ). Thomassin voit dans
cette mention l'indication du collège des cardinaux ; mais
son hypothèse est contredite par les faits, le privilège des
cardinaux n'ayant été formellement établi qu'en 1059. —
D'autre part, dès le règne de Constantin, il dut être sur-
sis à la consécration de l'évêque de Rome, jusqu'à ce que
son élection eût été approuvée par l'empereur ou par
l'exarque deRavenne. Cette disposition permettait au pou-
voir civil d'intervenir dans les élections, au moins pour en
examiner la valeur. Ce pouvoir, même lorsqu'il était repré-
senté par des princes barbares et hérétiques, fut plus d'une
, fois invité à le faire, par les partis rivaux qui se dispu-
■ talent le siège pontifical, ordinairement avec des manoeuvres
et parfois avec des violences qui auraient déshonoré les
comices les plus païens. Après l'élection de Grégoire II
(731-41) l'on cessa de demander la sanction impériale. Les
rois lûml3ards ne ])araissent point s'être mêlés du choix
des papes. Les successeurs de Charlemagne prétendirent
obhger les évèques de Rome à n'exercer leur autorité
qu'après avoir prêté serment de fidélité à l'empereur. De
leur côté, les papes etlepeuple, ou plutôt les factions qu'ils
représentaient, s'efforcèrent d'éluder cette obligation ; ils
ne l'observaient guère que lorsqu'ils y étaient contraints.
En 816, Etienne IV succéda à Léon III, qui avait couronné
Charlemagne. Il fut élu et consacré avant que les officiers
impériaux, présents à Rome, eussent eu le temps de rece-
voir les instructions de Louis le Débonnaire. Après l'élec-
tion d'Eugène II (824), cet empereur envoya à Rome son
fils Lothaire, qui fit jurer par les Romains de ne jamais
permettre qu'un pape fût consacré avant d'avoir prêté hom-
mage en présence des envoyés impériaux. Ce serment leur
fut rappelé en 844, après l'élection de Sergius IL Néan-
moins, Léon IV fut consacré (847) sans qu'on attendît le
consentement de l'empereur. Mais la consécration de Be-
noit III (855) eut lieu en présence des officiers de l'em-
pereur, et celle de Nicolas I®'" (858) en présence de Louis IL
En 962, Othonpi' fit reconnaître par Jean XII que l'élec-
tion des papes restait soumise à la confirmation impériale ;
en 963, il fit déposer Jean XII par un concile, et nommer
Léon VIII pour le remplacer. Les Romains renouvelèrent
alors le serment de ne jamais laisser consacrer un pape
sans l'approbation de l'empereur. En 965, Jean XIIl fut
élu en présence des envoyés impériaux. En 999, OthonlII
fit donner la papauté à son précepteur Gerbert, qui prit
le nom de Sylvestre II. Ce fut le moment de l'union la })lus
intime entre le pouvoir pontifical et le pouvoir impérial.
Mais après la mort d'Othon (1002) et de Sylvestre (1003)
le parti toscan se releva et parvint à rendre pendant quelque
temps la papauté héréditaire dans la maison de Toscane.
En 1046, le patriciat romain fut dévolu à Henri III. Le
clergé, le peuple et les barons jurèrent, une fois de plus,
qu'ils ne laisseraient jamais sacrer un pape sans l'aveu de
leur patrice, qui, désormais, était l'empereur germanique.
De 867 à 1048, on compte quarante-quatre papes. La
plupart étaient des hommes souillés de vices et ne recu-
lant devant aucun crime. Il serait difficile de trouver dans
r histoire des dynasties séculières une pareille série de
princes vicieux et criminels. En 10 48, dans une diète à
Worms, Henri IIl fit proclamer pape Brunon, évêque de
Tout. Brunon, dirigé par Hildebrand, se rendit à Rome
comme pèlerin, fit renouveler son élection par le clergé et
par le peuple, et prit le nom de Léon IX. Après sa mort
(I05i), Hildebrand demanda à l'empereur et obtint l'au-
torisation d'emmener comme pape celui qu'il désignerait
au nom des Romains qui lui aN aient confié ce mandat; il
choisit Gebhard, évêque d'Eichstaedt, qui devint Victor 111
et mourut en 1057. i^tienne IX, qui lui succéda, ne ré-
gna que neuf mois. Il avait envoyé Hildebrand en Alle-
magne, et statué que, s'il mourait pendant l'absence de
son légat, le Saint-Siège resterait vacant jusqu'au retour
de celui-ci. Mais après sa mort, un parti romain, hostile
aux réformes, se hâta d'éhre un des siens, Benoît X. Ln
revenant d'Allemagne, Hildebrand s'arrêta à Florence,
réunit quelques évèques et quelques nobles, et fit nommer
pape l'archevêque de cette ville, Gérard (Nicolas II); puis
rentra à Rome et le fit reconnaître par le clergé et par le
peuple (1058). — Profitant de la minorité de Henri IV,
Nicolas II prit une mesure décisive pour soustraire les
élections pontificales à l'intervention des empereurs et aux
entreprises des factions romaines. Dans un concile assem-
blé à Rome (1059), il fit adopter un décret que nous avons
relaté dans notre notice sur ce pape (t. XXIV, p. 1060).
D'après ce décret, l'œuvre des cardinaux-évêques précède
et domine celle des cardinaux-clercs. Ils sont les promo-
— 977
PAPE
teiu's de l'élection, les autres doiveQt les suivre. La part
du reste du clergé, de la noblesse et du peuple est réduite
ù un assentiment dont le refus est dépourvu de sanction.
Quant à l'intervention de l'empereur, elle est limitée à
une sorte de formalité honorifique, dont le privilège est
conféré, non à la couronne, mais à la personne de Henri IV
et éventuellement à ses successeurs auxquels le Saint-Siège
accorderait personnellement (?) le même droit. Dans la
prévision de troubles, toujours possibles à Rome, et de
la ditficulté de trouver des candi iats qualifiés parmi le
clergé de la ville, le décret ajoutait que l'élection pour-
rait se faire ailleurs, et qu'il n'était pas indispensable que
l'élu fût uu Romain. A la mort de Nicolas II (1061), Ilil-
debrand, pour prévenir les factions romaines, s'empressa
de faire élire par les cardinaux Anselme de Lucques
(Alexandre II). A cause de la minorité de Henri IV, on ne
demanda pas la confirmation impériale. Quand Alexandre
mourut (1073), Ilildebrand lui-même fut élu, précipitam-
ment sans qu'on attendit le consentement de l'empereur;
mais afin d'éviter la nomination d'un antipape, il demanda
la confirmation de Henri IV, avant de se faire consacrer.
— La confirmation impériale aurait trouvé fort difficile-
ment })lace dans la lutte acharnée qui s'engagea entre la
papauté et l'empire. En fait, après l'élection de Gré-
goire VII, on ne la voit plus guère demandée et reçue que
[)ar des antipapes. La différence établie par Nicolas II entre
la fonction électorale des cardinaux-évêques et celle des
cardinaux-clercs paraît aussi être tombée rapidement en
désuétude. Elle est complètement omise dans un décret
qu'Alexandre lil porta en 1179 au concile de Latran,
exigeant, à défaut de l'unanimité, les deux tiers des voix.
On a vu précédemment que Nicolas II avait réduit la part
(lu clergé et de la noblesse à un simple assentiment, dont
le refus était dépourvu de sanction. D'autres papes leur
interdirent toute espèce d'immixtion, à cause des agita-
tions et des troubles qui en résultaient, et ils prescrivirent
de les tenir rigoureusement à l'écart du lieu où l'élection
se faisait.
Ce quïl était plus nécessaire encore de discipliner, c'é-
tait la conduite des cardinaux. Clément IV étant mort à
Viterbe le 29 nov. 1"268, les cardinaux restèrent dix-sept
mois sans pouvoir s'accorder sur le choix de son succes-
seur. Ils se disposaient à se séparer sans avoir rien conclu.
Saint Bonaventure, un des membres du Sacré-Collège, révéla
ce dessein aux habitants de Viterbe, et les détermina à
tenir les cardinaux enfermés dans le palais pontifical, jus-
qu'à ce qu'ils eussent consommé l'élection. Au bout d'un an
entier de séquestration, les cardinaux, réduits de dix-huit
à quinze, ne s'étaient point encore entendus. On imagina
d'enlever la toiture de l'édifice ; et le jour même, sous des
torrents de pluie, Grégoire X fut élu (1^^' sept 1271 ). Telle
fut l'origine du Conclave, dont Grégoire imposa l'institu-
tion au concile général de Lyon (1274). Le décret qui con-
tient cette institution peut être ainsi résumé : « Après la
mort du pape, les cardinaux s'assembleront dans le palais
où il logeait, se contentant d'un seul serviteur. Ils loge-
ront tous dans la même chambre, sans aucune séparation
(le muraille ou de rideau, ni autre issue que pour le lieu
secret. Cette chambre aura néanmoins une fenêtre per-
uicttant de fournir commodément aux cardinaux la nour-
riture nécessaire, mais sans qu'on puisse entrer par cette
fenêtre. Que si, ce qu'à Dieu ne plaise, trois jours après
leur entrée dans le conclave, ils n'ont point encore élu de
pape, Jes cinq jours suivants ils seront réduits à un seul
plat, tant à dîner qu'à souper. Après ces cinq jours, on ne
leur donnera plus que du pain, du vin et de l'eau. Pen-
dant le conclave, les cardinaux ne recevront rien de la
Chambre apostolique, ni des autres revenus de l'Eglise ro-
maine. Ils ne se mêleront d'aucune autre affaire que de
l'élection, sinon en cas de péril ou d'autres nécessités évi-
dentes. Ils ne feront entre eux aucune convention, ni ser-
ment ; mais ils procéderont à l'élection de bonne foi,
n'ayant en vue que l'utilité de l'Eglise. » Ce l'èglement dé-
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
plut aux cardinaux et fut Tobjet d'une vi\e contestation.
Un décret du concile général (le Vienne, assemblé sous Clé-
ment V (1312) ajouta que lorsque le pape serait décédé
hors de la ville de Rome, on procéderait à l'élection de
son successeur, non à l'endroit même où le pape serait dé-
cédé, mais à celui du diocèse où était le siège de la jus-
tice : Ubi erat causarum audieniia. Il renouvela et ag-
grava les injonctions adressées par le décret de Lyon aux
seigneurs et magistrats de la ville où se tiendrait le con-
clave, pour contraindre les cardinaux à donner au plus tAt
un pape à l'Eglise.
Plusieurs papes ont modifié les décrets de ces deux
conciles généraux. Les principales dispositions qui régle-
mentent aujourd'hui la tenue des conclaves et les formes
de l'élection résultent de la bulle Mterni Pastoris de
Grégoire XV (15 nov. 1621). Elle fut étendue par une
autre bulle du 15 mars 1622. Urbain VHI confirma ces
deux bulles (27 janv. 1626) et en fit jurer l'observation
par trente-sept cardinaux qui se trouvaient alors à Rome.
■— Grégoire X et Clément V avaient ordonné que le con-
clave se tint toujours dans le lieu où le dernier pape serait
décédé. Mais depuis longtemps l'usage a prévalu de ne le
tenir qu'à Rome. C'est dans une des galeries du Vatican,
que, dix jours après la mort du pape, les cardinaux entrent
dans le conclave, dont l'enceinte comprend tout le pre-
mier étage depuis la tribune des bénédictions sur le péri-
style de Saint-Pierre, et depuis la salle royale et la salle
ducale jusqu'à celle des parements et des Congrégations.
On y construit, avec des planches, autant de cellules qu'il
doit y avoir de cardinaux. Chacune de ces cellules doit
avoir douze pieds et demi de longueur sur dix de lar-
geur. Cet espace est partagé en différentes petites pièces
destinées au cardinal et à ses conclavistes. Toutes les
issues du conclave sont murées, ainsi que les arcades du
portique ; de sorte qu'il ne reste que la porte conduisant
du grand escaher à la salle l'oyale. Cette porte se ferme
avec quatre serrures : deux en dedans, dont le cardinal
Camerlingue et le Premier Maître des cérémonies ont les
clefs; deux en dehors, dont les clefs restent au Maréchal
du conclave. On introduit le dîner et le souper des cardi-
naux et toutes les choses nécessaires, par huit tours sem-
blables à ceux des couvents. Dans la grande porte, il y a
une fenêtre, par laquelle on donne audience aux ambassa-
deurs à travers un rideau toujours fermé. — Un cardinal
qui est sorti du conclave, même pour cause de maladie,
n'y rentre plus et n'a pas le droit de concourir à l'élec-
tion. Chaque cardinal prend avec lui deux conclavistes,
ou trois, s'il est prince. Ces conclavistes portent officiel-
lement le nom de domestiques, parce (jue légalement on
ne doit souffrir auprès des cardinaux en conclave aucune
personne, sinon avec cette qualification et pour leurs
l)esoins personnels. Mais des ecclésiastiques, souvent de
haute condition, acceptent cette quaUfication pour suivre
les cardinaux à Rome et être conclavistes : ce qui leur
vaut plusieurs privilèges. Si le cardinal qu'ils accom-
pagnent meurt, les conclavistes doivent rester jusqu'à la
fin de l'élection. On admet, en outre, des maîtres des
cérémonies, le Secrétaire du Sacré-Collège, le sacristain,
le sous-sacristain, un confesseur, deux médecins, un chi-
rurgien, un apothicaire, quatre barbiers, trente-cinq vrais
domestiques, un maçon et un menuisier.
Le scrutin commence le lendemain de l'entrée des car-
dinaux dans le conclave, et se continue tous les jours. H
a lieu dans la chapelle de Sixte IV. Après la messe du
Saint-Esprit, on remet à chaque cardinal uue cédule sur
laquelle il écrit, sous pli cacheté, son nom et sa devise, et
sous un autre pli, son vote, de manière à ce que le vote
puisse être lu, sans que le nom le soit. Ces cédules sont
déposées dans un calice placé sur l'autel. Quand le dé-
pouillement se fait, chaque cardinal a devant lui une liste sur
laquelle il peut marquer les votes, à mesure qu'ils sont
annoncés. Desquels ont été annoncés, ils comptent ; et si
un cardinal a obtenu Ips deux tiers des voix, il se trouve
62
PAPE
— 978 —
élu. C'est pom^quoi le cardinal étranger, qui s'aperçoit
qu'un candidat que sa cour veut exclure est sur le point
d'atteindre le nombre suffisant, doit s'empresser de dé-
clarer son opposition avant que le nombre soit complet ;
sinon, l'élection serait canonique et irrévocable. L'Autriche,
la France et l'Espagne jouissent seules de ce droit d'ex-
clusion ; mais chacune d'elles ne peut l'exercer que sur
une seule personne. Le cardinal chargé du secret de sa cour
a besoin d'une constante attention et d'une extrême saga-
cité, pour ne pas être déconcerté par les intrigues coutu-
mières dans les conclaves. Souvent, c'est celui auquel on
pensait le moins qui finit par obtenir les deux tiers des suf-
frages, tandis que celui qui dans les premiers scrutins avait
le plus approché du but, en est le plus éloigné dans les
derniers. — - Après le scrutin du soir, si aucun des candi-
dats n'a recueilli le nombre de suffrages nécessaire, on es-
saie d'y suppléer par V accessit q\\ l'accès, qui est une suite
et une dépendance du scrutin. Dans V accessit, la forme
des bulletins est la même que dans le scrutin, avec la seule
différence, (|u'on écrit : J'accède, au lieu àa j'élis. La voix
qu'on donne dans Vaccessit doit être différente de celle
qu'on a donnée dans le scrutin, sinon on donnerait deux
voix à la même personne. Quand un cardinal se tient à son
scrutin, il écrit sur son bulletin : A personne. Si, en ajou-
tant les suffrages de l'acY^sszi^ à ceux du scrutin, un can-
didat réunit enfin les deux tiers des voix, il est déclaré élu.
— Au lieu du scrutin, on pourrait procéder à l'élection
par compromission ou par acclamation. La compromis-
sion est un mandat donné unanimement par le corps élec-
toral à un ou à quelques-uns de ses membres pour élire
en son nom. V acclamation suppose une inspiration du
Saint-Esprit ; mais les hommes en ont souvent fait un
moyen audacieux d'intrigues et de surprises. Les cardinaux
d'un même parti crient ensemble : Un tel, pape! Pour peu
qu'une faction bruyante paraisse l'emporter, les autres
s'empressent de se joindre à elle, de peur de se faire, par
une résistance inutile, un ennemi du nouveau pape. — Par
une bulle du 6 févr. 1807, Pie VII a supprimé, pour le
cas de perturbations politiques, les formalités ordinaires, et
remplacé la garantie des deux tiers des voix par la moitié
plus une. — Régulièrement, on ne doit élire pour pape
qu'un cardinal ; mais l'élection d'une autre personne, même
d'un laïque, ne serait point nulle. Le pape doit être âgé
au moins de trente ans. -— Malgré l'institution des con-
claves, l'interrègne dura plus de six mois entre Jean XXI
et Nicolas III (1277) ; vingt-sept mois entre Nicolas IV et
Célestin V. Clément V mourut le 20 avril 1314, son suc-
cesseur ne fut élu que le 7 août 1316. Pour l'élection de
Clément XII, les cardinaux restèrent enfermés du 3 raar»
au 12 juillet 1730.
Le premier cardinal-évêque déclare, au nom de tout le
Sacré-Collège, le résultat de l'élection. Il met au pape
élu son rochet, le place sur un siège paré, lui donne
Vanneau du pécheur (V. t. 111, p. 35) et lui fait dire
de quel nom il veut être appelé. Ensuite, le premier-car-
dinal-diacre ouvre une petite fenêtre, d'où il peut être vu
et entendu par le peuple qui attend, et il proclame l'élec-
tion en ces termes : Je mus annonce une grande joie :
Nous avons un pape. Le révérendissime seigneur et
caj'dinal N. est élu au souverain pontificat, et il a
choisi le nom de N. Cela fait, on retire au nouveau
pape ses vêtements, et on le revêt de tous les habits pon-
tificaux, qui sont alors la robe blanche de laine, les san-
dales rouges avec la croix d'or par-dessus, la ceinture
rouge avec les agrafes d'or et le rochet blanc. On y joint
l'amict, une aube longue avec sa ceinture et l'élole ornée
de perles. Après que le pape a signé quelques suppliques,
on le revêt du pluvial rouge et de la mitre très précieuse ;
puis, on le fait asseoir sur Lautel, ou tons les cardinaux,
selon leur rang, viennent lui baiser les pieds, les mains
et la bouche. Du conclave, il est porté dans Fédise de
Saint-Pierre, accompagn<-^ des chanoines et des cJiantres
de cette église, chantant : Ecre Sacerdor. magvus. 11 se
place sur la chaire pontificale, où, en présence de tout le
peuple, les cardinaux, les évêques et d'autres personnages
éminents yiennent lui rendre les hommages ordinaires?
Après cette cérémonie, qui consomme l'élection, viennent
Vordination du pape, s'il n'est point dans les ordres, et
la consécration, s'il n'est point évêque. S'il est évêque,
il ne reste plus qu'à procéder au couronnement, acte in-
dépendant de l'élection, qui regarde le pape plutôt comme
prince temporel que comme souverain pontife. Ne sachant
pas exactement ce que la suppression du pouvoir temporel
des papes et leur réclusion volontaire dans le Vatican ont
laissé subsister de cette cérémonie, nous la décrivons d'après
les documents anciens, comme si elle se pratiquait encore
aujourd'hui de la même manière. Le couronnement suit
immédiatement l'zîi /?'o ?i /5a^/o?2 précédemment mentionnée.
La messe finie, le pape, revêtu de tous ses ornements
pontificaux, se rend sur les degrés extérieurs de la basi-
lique de Saint-Pierre, où on a préparé un siège noblement
décoré. Il s'assied ; un cardinal-diacre, placé à gauche,
lui ôte la mître; un cardinal-diacre, placé à droite,
lui met la tiare (V. ce mot), que les Romains appellent
Règne {regnu?n). Le diacre de droite publie en latin les
indulgences pléniêres ; le diacre de gauche les répète en
langue vulgaire. Puis on se dispose pour la procession qui
doit aller au palais de Latran. Cette procession se fait (ou
se faisait) avec une extrême magnificence, à cheval, par
tous les cardinaux, tous les prélats, tous les officiers du
pape et généralement par tous les seigneurs et gentils-
hommes cj[ui se trouvent à Rome. Le premiei' d'entre les
seigneurs marche au côté droit, tenant les rênes du che-
val blanc sur lequel le pape est monté. Un autre seigneur
marche au côte gauche. Lorsqu'on arrive à Saint-Jean de
Latran, les chanoines sortent et portent le pape sur leurs
épaules dans leur éghse. Ils le placent sur un siège de
marbre fort bas, de sorte qu'il semble assis parterre. Les
cardinaux le relèvent, en récitant ce verset : Suscitât de
pulvere egenum et de stercore pauperem, ut sedeat
cuni principibus et solium gloriœ teneat. Alors le pape
jette au peuple de la monnaie, dans laquelle il n'y a ni
or ni argent, en prononçant, au milieu de tant d'opulences,
ces paroles de saint Pierre: Je n'ai ni or, ni argent;
mais ce que j'ai je le le donne.
Maison du pape (V. Famille pontificale, L XVI,
p. llBo).
Série chronolocique des i>apes. — La liste qui suites!
empruntée kLa Gerarchia catlolica e la Familia pon-
te ficia (anciennement Ânnuario ponte flcio) ; elle pré-
sente-la série déposée sur les médaillons de la basilique de
Saint-Paul-hors-les-Murs et qui est conforme à la tradi-
tion romaine. Elle contient des inexactitudes dont on trou-
vera les indications dans nos notices biographiques sur les
papes. A cause de son caractère officiel, nous avons cru
devoir reproduire cette série, malgré ses inexactitudes,
tout simplement et sans correction aucune ; mais nous y
avons intercalé des mentions relatives aux antipapes êl
aux schismes. Ces mentions sont imprimées en caractères
italiques. Les premiers nombres indiquent l'ordre des pon-
tificats; les autres, leur commencement et leur fin.
1. Saint Pierre, apôtre et martyr, 33-67. — 2. Saint
Lin, martyr, 67-78. — 3. Saint Clet, martyr, 78-90. —
■4. — SaintClémentl^^*, martyr, 90-100. —-5. Saint Anaclet,
martyr, 100-12. — 6. Saint Evariste, martyr, 112-21.
— i. Saint Alexandre P^ martyr, 121-32. -- 8. Saint
Sixte, martyr, 132-42. — 9. Saint Télesphore, martyr,
142-54. — 10. Saint Hygin, martyr, 154-58. ~
11. Saint Pie ¥\ martyr, 158-67. — 12. Saint-Ani-
cet, martyr, 167-75. -— 13. Saint Soter, martyr, 175-
82.-14. Saint Eleuthère, martyr, 182-93. — 15. Saint
Victor P^ martyr, 193-203. —16. Saint Séphirin, mar-
tyr, 203-20. —17. Saint Calixte, martyr, 221-27, —
18. Saint Urbain F\ martyr, 227-33. —19. SaintPon-
tien, martyr, 233-38. —"20. Saint Anthère, martvr.
038_39. :„ 0)4 _ Saint Fabien, martvr, 240-53. —
9T9 —
PAPE
Novatien, 4 Si. — '2 "J. Saint Corneille, martyr, i254-o5.
— SaintLuciusP^", martyr, 2o5~57.— M-. Saint Etienne ï«^\
martyr, 257-60, — 2o. Saint Sixte II, martyr, 260-61 . —
26. Saint Denys, martyr, 261-72. —27. Saint Frl: ; P^
martyr, 272-75. — 28. Saint Eutycliien, martyr, 2/5-83.
— 29. Saint Gains, martyr, 283-96. — 30. Saint Mar-
cellin, martyr, 296-301'. ■ — 31. Saint Marcel I^^^, martyr,
304-9. — 32. Saint Eusèbe, 309-11. — 33. Saint Mel-
ciiiade, 311-14. —34. Saint Sylvestre P^ 314-37. —
35. Saint Marc, 337-40. — 36. Saint Jules F', 341-52.
— 37. Libère, 352-63.-38. Saint Félix II, 363-65. —
39. Saint Damase, 366-84. — Ursicin ou Ursùi,
366-67. -™ 40. Saint Siricc, 384-98. — H. Saint
Anastase P^ 399-402, — 42. Saintinnoccnt P^ 402-17.
— 43. Saint Zozime, 417-18. —44. Saint Boniface P'".
i-18-23. — Eulalius, 418. — 45. Saint Gélestin V'\
423-32. — 46. Saint Sixte ÏII, 432-40. — 47. Saint
LconPMe Grand, 440-61.-48. Saint Hilaire, 461-68.
— 49. Saint Simplice, 468-83. — 50. Saint Félix III,
483-92. -^ 4^84-519 : Schisîne d'Acace. — 51. Saint
Gélase^^ 492-96. - 52. Saint Anastase II, 496-98.—
53. Saint Symmaque, 498-514. — Laurent, 498. —
54. Saint Hormisdas, 514-23. — 55. Saint Jean P^\ mar-
tyr, 523-26.-56. Saint Félix iV, 526-30. —57. Bo-
niface II, 530-32. — Dioscore, 530. — 58. Jean II,
532-35. — 59. Saint Agapit, 535-36. — 60. Saint
Sylvère, martyr, 536-38. — 61, Vigile, 538-55. —
553-698 : Schisme des Trois Chapitres.—- 62. Pelage P^\
555-60.— 63. Jean m, 560-73.— 64. Benoitpr(Bonose),
574-78.-65. Pelage II, 578-90.— 66. Saint Grégoire P^"
le Grand, 590-604.— 67. Sabinien, 604-06.— 68. Boni-
face III, 607-7. — 69. Saint Boniface IV, 608-15. —
70. Saint Adéodat P^'ouDieudonné, 615-19. — 71. Boni-
face V, 619-25. — 72. Honorius P^ 625-38. — 73. Sévé-
rin, 640-40. — 74. Jean IV, 640-42. — 75. Théodore P^
642-49. — 76. Saint Martin I, martyr, 649-55. —
77. Saint Eusjène I, 655-56. — 78. Saint Vitalien, 657-
72. — 79. Dieudonné II ou Adéodat, 672-76. — 80. Do-
nus P^' ou Donnus, 676-78. — 81. Saint Agathon, 678-
82. — Saint Léon II, 682-83. — 83. Saint Benoit II,
684-85. — 84. Jean V, 685-86. - 85. Conon, 686-
87. — 86. Saint Serge P^ou Sergius, 687-701.— Pas-
chal, 687. -- Théodore, 687. — 87. Jean VI, 701-05.
— 88. Jean VII, 705-7. — 89. Sisinius, 708-8. —
90. Constantin, 808-15. — 91. Saint Grégoire II, 715-
31.— 92. Saint Grégoire III, 731-41. — 93. Saint
Zacharie, 74'l-52.-- 94. Etienne II, 752-52.— 95. Saint
Etienne III, 752-57. — Ihèophylacte, 757. — 96. Saint
PaulP^ 757-67. -- Constantin, 767-68. —97. Etien^
ne IV, 768-71. — 98. Adrien l^\ 771-95.— 99. Saint
Léon III. 795-816, — 100. -^ Etienne V, 816-17. ■--
101. Saint-PaschalP^ 817-24.— Zz:3mÉ^,824. — 102.Eu=
gène II, 824-27. — 103. Yalentin, 827. — 104. Gré-
goire IV, 827-43. - 105. Serge II ou Sergius, 814-47.
— 106. Saint Léon IV, 847-55. — Anastase, 855. —
107. Benoit III, 855-58. — 108. Saint Nicolas P^ dit le
Grand, 858-67. — 858 : Schisme de Photms. —
109. Adrien II, 869-72. — 110. Jean VIII, 872-82. —
111. Marin, 882-84. — 112. Adrien III, 884-85. —
113. Etienne VI, 885-91. — Sergius. 891. — 114. For-
mose.891-96.— 115. Boniface VI, 896-96."^ 116. Etienne
Vn, 896-97. — 117. Bomain, 897-98. — 118. Théo-
dore II, 898-98. — 119. JeanIX, 898-900. — 120. Be-
noît IV, 900-3. —121. Léon V, 903-3. — 122. Christophe,
903-4. — 123. Serge lïl ou Sergius, 904-11. —
124. Anastase Ilï, 911-13. — 125. Landon, 913-14.
— 126. JeanX, 915-28. —127. Léon VI, 928-29. —
128. Etienne VIÏI, 929-31. — 129. Jean XI, 931-36. —
130. Léon VIÏ, 936-39.— 131. Etienne IX, 939-42.
— 132. Marin II, 943-46.— 133. Agapit il, 946-56. —
134. Jean XII, 956-64. — 135. Benoît V. 964-65. -
136. Jean XIII, 965-72. — 137. Benoît VI, 972-73. —
Francon, dit Boniface VU, 973.— 138. Bonus II ou Dom-
[ nus, 973-73.— 139. Benoît VII, 975-84.— 110. JeanXIV
• 984-85. —141. Boniface VII, 985-85. — 142.JeanXv'
985-96. — 143. Jean XVI, 996-96. — 144. Grégoire v'
996-99. — 145, Jean XVII, 999-99. - 146. Silvestrelf
999-1003. — 147. JeanXVlII, 1003-3. — 148. Jean XIX,'
-1003-9.- 149. Serge IV ou Sergius, 1009-12. —150
Benoît VIII, 1012-24. — Grégoire, 1012, — 151.
Jean XX, 1024-33. — 152. Benoît IX, Théophylacte,
1033-44. — Jean, dit Sylvestre III, 1044. — 153.
Grégoire VI, 1044-46. — 154. Clément 11,1046-47. —
155. Damase II (Poppon), 1048-48. — 156. Saint-
Léon IX, 1049-54. — i054 : Schisme définitif des
Grecs. — 157. Victor II, 1055-57. — 158. Etienne X
1058-59. -160. Nicolas II, 1058-61. — 161. Alexandreil',
1061-73. — Cadalons, dit Honorius II, 1061-64. —
162. Saint Grégoire VU, 1073-85. — Guibert, dit Clé-
ment m, 1080-1100. — 163. Victor III, 1087-87. —
164. Urbain il, 1088-99. — 165. Pascal II, 1099-1118.
-- Albert, PI 00. — Théodoric, 1100, — Maqinulfc,
1100, — 166. Gélase II, 1118-19. - Maurice Bour-
din, dit Grégoire VIU, 1118. — 167. Calixte 11,1119-
168. Honorius II, 1124-30.
Pierre de
Léon, dit Anaclet II, 1130-38. — 169. Innocent II,
1130-43. — Gréijoire, dit Victor, 1138. — 170. Cé-^
Icstin II, 1143-44. — 171. Lucius II, 1144-45. —
172. Eugène III, 1145-53. — 173. Anastase IV, 1153-54.
— 174. Adrien IV, 1154-59. — 175. Alexandre III,
1159-81.— Octavien, dit Victor IV, 1159-64. — Guy de
Crème, dit PascalIII,ii64^-6S. -—Jean, dit Calixte III,
1168-78. — Lando Sitino, dît Innocent 7//, 1178-80.
— 176. Lucius m, 1181-85. — 177. Urbain III, 1185-87.
— 178. Grégoire VIII, 1187-87. — 179. Clément III,
1187-91. — 180. Gélestin m, 1191-98. — isj. Inno-
cent III, 1198-1216. — 182. Honorius m, 1216-27.—
183. Grégoire IX, 1227-41. —184. Gélestin IV, 1241-41.
— 185. Innocent V, 1243-54. — 186. Alexandre IV,
j"254~61. — 187. Urbain IV, 1261-64. — 188. Clé-
ment IV, 1265-68. — 1S9. Grégoire X, 1271-76. —
190. Innocent IV, 1276-76.— 191'. Adrien V, 1276-76.
— 192. Jean XIX ou XX ou XXI, 1276-77. — 193
Nicolas m, 1277-80. — 194. Martin IV, 12S1-85. —
195. Honorius IV, 1285-87. — 196. Nicolas IV, 1288-92.
— 197. Saint Gélestin V, 1294-96. — J98. Boniface VIII
1294-1303. —199. Saint Benoît XI, 1303-4. —i}g
1309 à 1377 les papes résident à Avignon. — 200.
Clément V, 1305-14. — 201. Jean XXH, 1316-34. —
Pierre de Corbière, dit Mcolas V, 1228-30 20^-^
Benoît Xn, 1334-42. — 203. Clément VI, 1342-52 -^-"
204. Innocent VI, 1352-62. —205. Urbain V, 1372-70
— 206. Grégoire XI, iSlO-lS. ~~ 1378-1449 : Grand
schtsme d'Occident. — 207. Urbain VI, 1378-89.
Clément VII, 1378-94. — 208. Boniface IX, 1389-1404.
— Be7ioU XIII, 1394-1424. — 209. Innocent VII
1404-6. — 210. Grégoire XII, 1406-9. — 211. Alexan-
dre V, 1409-10. — 212. Jean XXIII, 1410-15. - 213.
Martin V, 1417-31.— Clément VIII, 1425-29 —214
Eugène IV, 1431-47. — Félix V, 1439-49. — 215
Nicolas V, 1447-55. — 216. Calixte ffl, 1455-58. —
217. Pie II, 1458-64. — 218. Paul H, 1464-71. —
219. Sixte IV, 1471-84. — 220. Innocent VHI, 1484-92
221. Alexandre VI, 1493-1503.— 222. Pie III 1503-3 —
223. Jules II, 1503-13. — 224. Léon X, 1513-21.
— 1517 : Thèses de Luther. — 225. Adrien Vf
1522-23, — 226. Clément VH, 1523-34. — 227. Paul Hl'
4534-49. — 228. Jules HI, 1550-55. — 229.Marcein'
1555-55. — 230. Paul ÏV, 1555-59. — 231, Pie iv'
1559-65.— 232. Saint Pie V, 1566-72.— 233. Gré-
goire Xm, 1572-85. — 234. — Sixte-Quint, 1585-90.
— 235. Urbain VH, 1590-90. — 236. Grégoire XIV,
1590-91. — 237. Innocent IX, 1591-91. ~ 238. Clé-
ment VHI, 1592-1605. — 239. Léon XI, 1605-5. —
240. Paul V, 1605-1621. — 241. Grégoire XV, 1621-
23. — 242. Urbain Vm, 1623-44.-243. Innocent X
PAPE
980
i6UA6ùo. — "244. Alexandre Yll, 1655-67. — "i45.
Clément IX, 1667-69. — ^246. Clément X, 1670-76. —
247. Innocent XI, 1676-89. — 248. Alexandre Vlll,
1689-91. — 249. Innocent XII, 1691-1700. — 250. Clé-
ment XI, 1700-21. — 251. Innocent XIII, 1721-24. ~
252. Benoît XIII, 1724-30. — 253. Clément XII, 1730-
40. — 254. Benoît XIV, 1740-58. — 255. Clément XIII,
1758-69. — 256. Clément XIV, 1769-74. — 257. Pie VI,
1775-99. — 258. Pie VII, 1800-23. — 259. Léon XII,
1823-29. — 260. Pie VIII, 1829-30. — 261. Gré-
goire XVI, 1831-46. — 262. Pie IX, 1846-78. — 263.
i.éon XIII, 1878.
Sur les 263 papes, 78 sont honorés comme saints, parmi
lesquels 34 martyrs, 2 bienheureux et 1 vénérable.
214 appartiennent par leur naissance à Tltalie, 19 à la
Grèce et à l'Orient, 17 :à la France, 5 à l'Allemagne, 3 à
FEspagnc, 3 à l'Afrique, 1 au Portugal, 1 à FAngleteiTc,
1 à la Hollande. E.-H. Vollet.
Pape des Fous (V. Innocents [Ecte des]).
Chambre du Pape-Gai (V. Consistoire).
Bii3L. : Lipsius, Chronologie der rômischen Pàpste ;
Kiel, 1869. — Watterich, Ponti/icMm Romanorum ab exe-
cente sœculo IX ad finetn sœcidi XIII vitae ab œqualibiis
conscriptm ; Leipzig, 1862, 2 vol. — Platina, In vitas sum-
inoruin 2iontificum ad èixtiirnlV; Venise, 1479, in-foL,
continué par Panvinio et traduit en français. — Panvinio,
EpitomepontificLunRoynanorumusqiie ad PaïUum V ; Ve-
nise, 15G7, in4. — L. Jacob de Saint-Charles. Bibliotheca
poiitifîcia duobus libris distincta; Lyon, 1613, in-fol. —
Artaud de Montor, Histoire des souverains pontif's ; Pa-
ris, 1847-19, 8 vol. in-8. — Papencordt, Geschichte der
Stadt Rom im Mittelalter ; Paderborn, 1857, in-8. — Gre-
GOROvius, Grabmâler der rôynischen Pàpste ; Leipzig,
1857, in-8. — Du môme, Geschichte der Stadt Rom im Mit-
telalter ; Stuttgâï% 1859-73, 8 vol. — De Reumont, Ges-
chichte der Stadt Rom; Berlin, 1867-70, 3 vol. in-8. — Bax-
AiANiN, Politik der Pàpste, 1868, 2 vol. in-8. — Pflugk Har-
ruNG, Urkimde der PapsUchen Kanzlei vom X bis XIII
lahrhiindert; Munich, 1832. — Hôfler, Die Deutschen
Pàpste; liatisbonne, 1839, 2 vol. in-8. — Olleris, Vie de
Gerbert (Sylvestre II), jpremier pape français, in-12. —
O. Delare, Saint Grégoire VII et la Réforme de l'Eglise
au xi" siècle; Paris, 1891. — Baluze, Vitœ paparum Ave-
nionensium ; Paris, 1893, 2 vol. in-4. — André, Histoire
politique de la monarchie pontificale au xiv« siècle ou la
papauté à Avignon; Paris, 1845, in-8. — Christophe, His-
toire de lapapaïUé pendant le xiv= siècle; Paris, 1852, 3 vol.
in-8. — Du môme, Histoire de la papauté pendant le
xv siècle; Lyon, 1863, 2 vol. in-8. -~ Ranke, Die rômischen
Pàpste, ihré Kirche und ihre Staat in XVI und XVII
laltrhundert; Leii)zig, 1885, 8" éd. — Zopfel, Die Papsi-
wahlen vom elfen bis vierzehnten lahrhundert ; Gœt-
tingue, 1872, in-8. — Bayet, les Elections pontificales sous
les Carolingiens, dans la Revue historique, 1884. — Lo-
RENZ, Papstwahl und Kaiserthum ; Berlin, 1874. — Mar-
tenz, Die rômische Frage unter Pipïn und Karl der
Grossen; Stuttgart, 1881. — Gugenheim, Geschichte der
Entsthehimg und Ausbildung des Kirchenstaats ; Leip-
zig, 1854. — LÂMMER, Nicolaus I ; Breslau, 1857, in-8. —
Ibacii, Der Kampf sxçischen Papsthum imd Kaiserthum
von Gregor VII bis Catixtll; Francfort, 1884. — Chevrier,
Histoire de la lutte des papes et des empereurs de la mai-
sonde Souabe; Paris, 1841, 4 vol. in-8. — En outre, les ou-
vrages indiqués dans les notices biographiques sur les
papes.
PAPE (Gui de La) (V. (hii-Pape).
PAPE (Léon- Jean de), jurisconsulte belge, né à Louvain
en 1610, mort à Bruxelles en 168o. Il fut successivement
avocat au Conseil de Brabant. substitut du procureur gé-
iiéral, pensionnaire de la ville de Bruxelles et fiscafdu
('oiiseil de Brabant. président du Conseil privé et membre
du (Conseil d'Etat, et il se distingua dans ces diverses fonc-
ions par une grande science du droit et une extrême
habileté. Aussi fut-il choisi comme plénipotentiaire de la
cour d'Espagne pour l'exécution des traités de Munster et
d'Aix-la-Chapelle. De Pape a publié des ouvrages juridi-
([ues qui font encore autorité aujourd'hui. Le principal est
intitulé Traité dans lequel on voit à quoi le souverain
s'oblige par la Joyeuse Entrée en Brabant (Malines,
1787, in-12).
BiBL, . AiTZE.MA, Sahen Van Studc en Oorlog. ; xVm^ter-
<iam, 1704, 10 vol m4 — Bkitz, Histoire de Ven'-^ien droit
celgique, Bruxelles, 1841, 2 vol. in-4
PAPE (Libert de), théologien et historien belge, né à
Louvain en 1611^), mort à Bruxelles en 108-2. Il entra dans
l'ordre des prémontrés et devint abbé du célèbre monas-
tère de Parc-lez-Louvain. Il fut, à diverses reprises, chargé
d'importantes missions, et, envoyé à la cour de Louis XiV
afin de défendre les immunités de son ordre, il obtint du
roi pleine satisfaction. Il refusa la dignité d'évèquc de
Ruremonde, pour rester à la tète de son abbaye. Il mit en
ordre ses riches archives et rédigea d'après leurs docu-
ments une intéressante chronologie. Il ordonna aussi la
transcription de tous les actes concernant Parc. Sa chro-
nologie est intitulée Smnniaria chronologia insignis
ecclesiœ Parchensis, ordinis prœuionstratensis (Lou-
vain, 1682, in-8). Elle a été insérée dans la Chorogra-
phia sacra Brabantiœ de Sanderus (V. ce nom).
BiiM.. : FoppENS, Bibliotheca Belglca; Malines, 1789,
'^ vol., in-t. — Paquot, Mémoires pour servira l'histoire
Uttéralre des Pays-Bas; Louvain, 1765-70, 3 vol. in-lbl.
PAPE (Abraham de), peintre hollandais, né à Leyde
vers 1620, mort à Leyde en 1666. Elève et assez bon
imitateur de Gérard Dou, il occupa plusieurs fois les situa-
tions les plus élevées dans la gilde de cette ville. Outre ses
intérieurs avec figures, il a fait quelques portraits. Son
meilleur tableau de genre. Intérieur de chaumière, est
à la National Gallery. On voit d'autres ouvrages de lui aux
musées de La Haye, Londres, Dublin, Berlin, Schwe-
rin, etc. E. D.-G.
PAPE (Alexander-August-Wilhelm de), général prus-
sien, né à Berlin le 2 févr. 1813, mort à Berlin le 7 mai
1895. Entré au service dans la garde en 1830,11 dirigea
l'école des cadets de Potsdam (1856-60), était en 1866
colonel du 2® régiment de la garde à pied, se distingua à
Sadowa et fut promu général de la 2^ brigade de la
garde. Dans la guerre de '1870-71, il commanda la 1^« di-
vision d'infanterie de la garde dont le rôle fut considé-
rable à Saint-Privat, Beaumont, Sedan ; durant la Com-
mune, il occupait Saint-Denis et le front N. de Paris. Il
fut préposé en 1880 au o^ corps (Posen), en 1881 au
3^(Berlin), puis à celui de la garde (1884) et devint enfin
colonel général de l'infanterie et gouverneur de Berlin
(1888). Il fut retraité en janv. 1895.
PAPE (Eduard), peintre allemand, né à Berlin le 28 fév.
1817. Il fut élève de Gorst et de l'Académie de Berlin
(1834-39). Sa première œuvre importante est la décora-
tion de la galerie romaine du nouveau musée ; il voyagea
ensuite en Russie et en Italie, fut nommé membre, puis
professeur à l'Académie de Berlin et fut plusieurs fois lau-
réat des expositions de Berlin. Ses vues de Suisse furent
assez recherchées pour la vivacité du coloris et leur carac-
tère romantique, et l'on peut citer, parmi les plus con-
nues : Vue du Lac des Quatre- Cantons, du Glacier de
Grindelwakl, de Montreux, du Lac de Brienz, des
Chutes du Hfiin, du Glacier de Ilondeck, dn Seelisberg,
du Lac Majeur.
PAPE-Carpaxtieu (M"^^ Marie-Olinde), née Carpax-
TiER, femme de lettres et éducatrice française, née à La
Flèche le 10 sept. 1815, morte cà Villiers-le-Bel lc31juil.
1878. Quatre mois avant sa naissance, son père, maré-
chal des logis-chef dans les armées de la RépubHque,
avait été tué par les chouans. Se sentant mortellement
atteint et porteur d'un message du maréchal Moncey, il
demanda du feu. brûla les lettres qui lui avaient été con-
fiées et mourut. M'^^ Carpantier dut recourir aux travaux
d'aiguille pour élever ses enfants. Marie mise en appren-
tissage à onze ans, ne reçut qu'une instruction élémen-
taire, mais manifesta de bonne heure des dispositions
pour la poésie : une dame, qui se l'était attachée comme
demoiselle de compagnie, fit publier son premier livre, un
volume devers intitulé Préludes (1841, in-12). Dès
l'âge de dix-neuf ans, elle avait aidé sa mère, chargée
d'organiser à La Flèche une salle d'asile, établissement
d un genre alors tout nouveau. En 1842, elle fut appe-
lée au Mans pour y fonder une salle d'asile modèleV et
dès 1845 elle érrivait le livre qui devait devenir le ma-
nuel classique de l'institution nouvelle, Conseils sur la
1)8-1
PAPE — PAJ>ETIEH
direction des salles d'asile, ouvrage qui fut couronné par
l'Académie française et qui attira sur l'auteur l'attention
de la généreuse organisatrice des salles d'asile, M'"'^ Jules
Jlallet (V. ce nom). M"'^ Mallet la signala à son neveu,
M. de Salvandy, alors ministre, qui Tappela à Paris en
1847 pour y créer une école normale spéciale, sous le
ministère Carnot en 1848. Cette école, nommée Ecole nor-
male maternelle, est surtout connue, sous Je nom qu'elle
garda jusqu'en 1874, de Cours pratique des salles d'asile
(installé rue des Ursulines, dans les locaux actuels du
Musée pédagogique). La directrice de cet établissement
épousa en 1849, un olficier, M. Léon Pape, à qui elle
donna deux filles. Pendant toute la durée de l'Empire,
l'œuvre pédagogique de M'"^ Pape-Carpantier ne cessa de
s'étendre-: par ses livres dont nous citerons les prin-
cipaux, par l'action du Cours pratique qui attira de nom-
breuses générations d'élèves de France et de tous les pays
d'Europe et d'Amérique, par les missions oflicielles dont
elle fut chargée, notamment sous le ministère Duruy pen-
dant l'Exposition de 1867.
Après la guerre. M'^^' Pape, dont la popularité el l'au-
torité personnelle étaient très grandes, faillit voir se réa-
liser un vaste projet quelle avait conçu et qui devait, sous
le titre à' Vrimi scolaire, grouper économiquement toutes
les écoles nécessaires au complet développement de l'édu-
cation populaire, depuis la crèche jusqu'à l'école normale
supérieure. Mais sous la réaction du 24 mai, k la suite
de difficultés administratives, dont le détail reste obscur
et est, en tout cas, insignifiant, M™^ Pape eut la doulenr
de se voir enlevée à son œuvre par une sorte de révoca-
tion accompagnée des éloges du ministre, M. de Cumonl.
Elle supporta cette disgrâce qui lui fut cruelle, avec une
parfaite dignité, et ne cessa de s'occuper d'œuvres d'édu-
cation, d'écrits et de projets pédagogiques jusqu'à sa mort.
Quelques jours après, le jury de la classe Yl de l'Expo-
sition de 1878 lui décernait pour l'ensemble de son œuvre
un diplôme d'honneur. L'Académie des sciences morales
lui avait décerné dès 1867 le prix Halphen. Son nom res-
tera attaché à l'heureuse transformation qui a fait de la
salle d'asile, au lieu d'une garderie de charité, une pre-
mière petite école, l'école maternelle. Son grand mérite
pédagogique fut de réunir endoctrine les éléments jusque-
là épars de ce qu'elle a nommé la méthode naturelle ou
méthode française, c.-à-d. de la méthode qui fonde l'édu-
cation du premier âge sur l'affection, la hberté, la gaieté
et rinstruclion du même âge, sur l'enseignement par les
yeux, sur les leçons de choses. Parmi les nombreux ouvrages
d'éducation ou cette méthode se trouve mise en œuvre, il
tant citer : les Conseils sur la direction des salles
d'asile (1845) ; l'Enseignement pratique dans les
écoles maternelles (1848) ; Histoirrs et leçons de
choses (1858): ces trois ouvrages couronnés par l'Aca-
démie française; le Secret des grains de sable ou le des-
sin expliqué par la nature (1863), où l'auteur semble
un peu s'aventurer en certaines rêveries philosophiques;
enfin une série de petits écrits pratiques qui forment
un véritable manuel de l'éducation du premier âge : Jeux
gymnastiques avec chants (1864) ; Histoire du blé
(1873) ; Lectures et travail pour les enfants et les
mères (1873); Cours d'éducation et d^ instruction pri-
maire (en 20 petits vol., 1873); Conférences aux ins-
tituteurs a la Sorbonneen 1861 ; Manuel des maîtres,
Manuel de l'institutrice (1875); Collections dHînages
pour les enfants, etc. F. Buisson.
PAPEBROCH ou PAPEBROECK (Daniel), hagiographe,
né à Anvers en 1628, mort en 1714. Entré dans l'ordre
des jésuites en 1645, il professa à Malines, à Bruges et à
Anvers. Aux mots BoLLAND(Jean) etBoLLANDisxEs (t. VII)
on trouvera des renseignements précis sur l'œuvre consi-
dérable {Acta sanctorum) à laquelle il prit une part très
importante. 11 y rédigea, avec Godefroy Henschen, les
volumes qui se rapportent au mois de mars ; seul, ceux
qui concernent le mois d'avril et les trois premiers volumes
de mai ; enfin aveo Boei't el Jenning les derniers volumes
de mai et une partie de juin. Il avait provoqué la colère
des carmes, en affirmant que leur ordre ne remontait pas
au prophète Elle, ainsi qu'ils le prétendaient. Ils le dénon-
cèrent à Innocent XÏI, comme hérétique, en relevant des
centaines d'erreurs dans les Acta sanctorum. Le pape
renvoya la cause devant la Congrégation de V Index. Les
carmes se tournèrent alors vers l'inquisition de Tolède,
qui condamna l'œuvre des Boliandistes. Sur l'intervention
de Léopold P^ Papebrock fut autorisé à la défendre ; il
composa sa Responsio ad exhibitionem errorum (Anvers,
1696-99, 3 vol. in-i). Le pape recourut au moyen usité
par la cour de Rome, lorsqu'elle est appelée à statuer sur
les querelles agitées par des ordres puissants ; il ne con-
damna personne et supprima les querelles, en défendant
(20 nov. 1698) de discuter l'origine de l'ordre des carmes.
— Papebrock a laissé en manuscrit des Annales Antwer -
pieuses, dont le premier volume a été imprimé en 1845.
E.-II. YOI.LET.
PAPEITl ou PAPEETE. Ville de l'île française de Taiti.
sur une baie de la côte N.-O. ; 3.000 hab. dont 500 Fran-
çais. C'est le ch.-l, des établissements d'Océanie, centre
commercial des îles de la Société ; ancienne capitale des
rois insulaires. C'est une très jolie ville, dont le port est
bon et profond.
PAPELIER (Pierre-Albert), homme politique français,
né à Nancy le 5 déc. 1845. Négociant en gj'ains, il fut
élu député de la 2^ circonscription de Nancy en 1889, réélu
en 1893 et 1898; il appartient au parti progressiste.
PAPELONNE (Blas.). Se dit de demi-cercles, rangés
les uns contre les autres comme des écailles ou comme
les tuiles d'une maison, dont la partie concave est tournée
vers le chef. Le plein de ces demi-cercles forme le chamj)
de l'écu et est quelquefois chargé d'autres figures.
PAPELS (EthnoL). Un des peuples les plus barbares
de la Sénégambie (V. ce mot), vivant au miHeu de ma-
récages à Fembouchure du Ghébo et de la Casamance. Les
Papels vont presque nus, les femmes ne portant un pagne
qu'après leur mariage, et les hommes qu'une peau' de
chèvre entre les jambes. Ils chassent l'hippopotame et
l'éléphant, élèvent du bétail, surtout des b(eufs; ils cul-
tivent le ri^ et se circoncisent, tout en ne connaissant que
le fétichisme le plus grossier. Les biens, chez eux, se trans-
mettent indivisément dans les familles. Zaborowski.
PAPENBUR6. Ville de Prusse, district d'Osnabruck
(Westphalie) ; 7.010 hab. (en 1895). Elle fut fondée paj'
D. van \eelcn (1675) sur les canaux qui asséchèrent la
vallée de l'Ems ; l'ensemble de ces canaux mesure 34 kil.,
et Papenburg est un centre de navigation fluviale (mou-
vement 60.000 tonnes en 1894) et d'exportation de
tourbe.
PAPENDRECHT (Hoynck Van) (V.Hoyxck).
PAPETIER (T. de métier). Les ouvriers papetiers for-
maient, avant la Révolution, une corporation très fer-
mée, où n'étaient admis que leurs enfants, et, si un patron
essayait d'introduire dans son usine des apprentis étrangers.
ils se mettaient aussitôt en grève ou usaient de mauvais
traitements pour obliger ceux-ci à partir. Ils avaient, outre les
dimanches et fêtes de l'Eglise, vingt et une fêtes parti-
culières, où ils chômaient, et quand, faute d'eau, le tra-
vail devait être interrompu, ils exigeaient quand même
leur salaire. Les ouvriers papetiers des diverses parties
de la France ne fraternisaient, du reste, pas tous ; ainsi ceux
de la Provence et ceux du Languedoc acceptaient bien
ceux de l'Angouuiois, mais non ceux de Paris et des ré-
gions du Nord. La corporation des ouvriers papetiers sur-
vécut, de fait, avec ses diverses prérogatives, à la Révo-
lution, et il fallut, pour qu'elle disparût, l'introduction
de la fabrication mécanique, vers 1830. De nos jours,
certains papiers de luxe se fabriquent encore à la main
(V. Papier) et exigent, par conséquent, des ouvriers ayant
fait un sérieux apprentissage. Pour les autres sortes, il n'est
guère besoin que de mécaniciens et de manœuvres, mais
PAPKTIER "^'-^ PAPHOS
982
les directeurs de papeteries doivent possédei'. dans tous
les cas, des connaissances étendues en chimie et en mé-
canique. En France, les grandes fabriques sont un peu
disséminées : Angoulême, Rives, Annonay, Essonnes, sont
les plus célèbres. Al'ctranger, les rj-t'-'-irs. r\ngleterre,
PAllemagne tiennent la tête.
PÂPETY (Dominique-Loiiis-I'éj'éol), peinire finançais,
né à Marseille le H août 1815, jnort à Marseille le
'2! sept. 48^9. Elève, à Marseille, d'un p.Miitre nommé
Aubert, chez (jui il renconlra liicard. il \iiii itientùt à
Paris suivre les leçons de Cogniet. vl il remporta en
'188G le prix {k Fiome avec }l()'i,^;e frappant le rocher
[)our sujet de concours. ])"iine nature très primesauticrc
et impressionnable, il sulùt. en arriva lit à Home, Tin-
tluence dlngres, alors directeur de l'Académie; en -1838,
il envoya un Moïse sauvé des eaux, et, en 1839, une
Odalisque couchée, qui fut très admirée. Vers cette époqne
il s'éprit de la doctrine fouriériste, et, au Salon de 4 8 1-3,
il exposa une grande composition, qui est aujourd'hi'i
au musée de Compiègne : llève de bonheur, o:i il s'effor-
çait d'en exprimer l'avenir. De retour à Paris, il se laissa
entraîner vers la peinture d'Ary Schellcr, plus lard vei's
celle de Chenavard ave qui il travailla. Ses premiers ta-
l)ieaux cependant annonçaient un peintre important, et déjà
apparaissait dans sonienvi'e cette coideur ('e ["'Màent <h'-v-
chée alors par Marilhat. qui allait mourir pj^bijuc' aussitôt ipK^
lui.etcpfon voit dans cett'^ Memphis , i[\ii fui achetée par
le duc de Montpensier et qui avait été exposée an Salon i}(^
48io en même temps (|ue Guillaume de Cleruionl défen-
dant Ptolémaïs [12di), (jui est au musée de Versailles.
ïl exposa en \^{è une Vierge console Irl ce (musée d-'
Marseille), avec un Solon dîclaa[se> lois, qui est au con-
seil d'Etat, et, en 4848, un portrait du ministre grec Co-
l'dli. On voit encore de lui : des Types italieus, au mu-
sée de Marseille ; une Sérénade à la Madone, au musée
de Nantes; lélénia'jue, au musée de Leipzig; au musée
de Grenoble, un dessin : Femuie ilalienne jouant du
tambourin. Une vente de son atelier fut faite après sa
mort, et ses dessins et ses études y furent très fhsputés.
Papety avait voyagé en Grèce et en (hnent et y avait fait des
travaux d'archéologie. Il puLdia dans la Revue des Deux
Mondes au 4^^' juin 48i7 le récit de son voyage au mont
Athos, où il avait peint, d'après les fresques byzantines du
couvent d'Aghia-Lavra attribuées à Panselinos, une suite
d'aquarelles représentant des Saints de l'Eglise d'Orient,
qui furent exposées avec éclat au Salon de 4847 et qui
appartiennent au musée du Louvre. On connaît une litho-
graphie originale de Papety, Joannès Koletlês (Goupd.
4847). Ses œuvres ont été gravides par J. Lanrejis et par
Loutrel. Etienne Bpjcon.
Bip.L. : Ch. I^LANC. Histoire des peintres. — Ri^t'^et, Ca-
talogue des dessins dn Louvre.
PAPHLAGONIE. Contrée antique de l'Asie Mineure, ri-
veraine de la mer Noire, comprise entre la Bitliynie à l'O.,
le Pont à FE., la Phrygie, puis la Galatie au S. C'est la
région montagneuse qui. à partir de l'ilkaz-dagh (autrefois
mont Olgassys? 2.200 m. d'alt.), s'abaisse vers la mer;
les principaux cours d'eau sont : l'ancien llalys (Ky/yl-
Irmak), son affluent l'Amm'as (Ga^k-lrmak) et l'ancien
Parthenios (Bartin-tchai). La zone côtière est fertile. On
vantait la qualité des chevaux, des mulets et des antilopes
de Paphlagonie ; les forets et la chasse fournissaient des
ressources considérables, ainsi que l'élevage du mouton.
On exportait ces produits, des bois de construction et une
pierre rouge. ■ — Les Paphlagoniens. peuple de chasseurs
et de bergers, de mœurs sauvages, étaient d'excellents ca-
vahers. Ils sont nommés plusieurs fois dans VUiade; re-
gardés comme parents des Cappadociens, on leur a attri-
bué une origine syrienne ; ils étaient tr\s différents des
populations voisines de race thrace ou celtique. Il est ques-
tion dans la môme région desHénèteset des \facrones sur
lesquels on ne sait rien de précis. Les Paphlagoniens
étaient autonomes sous un prince quand Cro^sus les incoi'-
pora dans le royaume de Lydie, d'où ils passèrent dans
celui de Perso, et furent rattachés à la ti'oisième satrapie.
Ils conservèrent leurs princes que l'on retrouve au temps
de Xénophon et d'Alexandre et qui s'y perpétuèrent, in-
dépendants d^ fail, jusqu'à l'époque de Mithridate. Le roi
de Pont partagea la ]*ap'dagonie avec Nicomède, roi de
Bitbynie, dont le fds Pabemenes prit le titre de roi de
Paphlagonie (04). Quand les Fiomains eurent conquis le
royaunre de ?dithridate, la Paphlagonie fut annexée à la
province de Bitliynie; toutefois, dans l'intérieur, une dy-
nastie princiére indigcn^^ persista à G angra jusqu'en l'an 7
av. J.-C., où son extinction consomma l'annexion. La Pa-
ohtagonie fut jointe à la province de Galatie. Les princi-
J)a!es villes étaient les cohunes grecques de la côte. Sinope,
Amisos (Sainsoun), Stepîiane (istifan), \mastris; dansFin-
îérieui', Gangra et Fompeiopolis. A.-)L B.
PAPHi^iUCE (Saint), confesseur, évèque de la Haute-
fhébaide, né en l'^gypte, mort vers 3()0. Eête le 41 sept.
Il avait été disci})k3 do saiiiî \ntoine. Pemiant la persé-
cution de Galère, on le condauina au'^; mines, après lui
avoir crevé un reil et lui ;ivoir coupé le jarret gauche.
W assistai! au concile de Xicée (3^2")) où le martyre c{u'ii
avait enduré lui valut les témoig^iages les plus caractéris-
tiques de la vénération de Fassend)lée. et tout particuliè-
rement de rempereurOaiîstantin. \\ y com])attit énergique-
■-neiU Farianisnio ; mais il y d! re;)ousser la tentative faite
|)oiir conlraitidre les prêtres mariés à l'envoyer leurs
;Vmmes, déclarant que luoion conjugah» est pure ethono-
cable, et c[e,e la préienlioii à ura* Jiustéi'ité excessive ex-
poserait FF.gtise à de graves périis, parce que tous les
iiomraes ne sont point capables de garder la continence.
\éanmoins,il send)]e ^[\\"\\ réprouvait le nrariage contracté
après Fordinatioii. .^.n concile de Tyr (333), il soutint la
cause d'Athanase. E.-H. V.
PAPHOS. Deux villes de Fde de Chypre, dans F antiquité
ont porté ce nom : l'ancien Paphos ou Palœo-Paphos,
aujourd'hui Kouklia ou Covocle des Français du moyen
âge, et le nouveau Paphos ou Néo-PapJios, actuellement
le port de Bafo et le bourg voisin de Klima. Ces localités
sont situées sur la côte sud-occidentale, la première au
X.-O. de la petite presqu'île d'Akrotiri, les secondes dans
hi môme direction, à 47 kil. au delà. Anciennement, on
célébra dans les deuxvdles do Paphos le culte d'Aphrodite
^^urnommée PapJiia; mais elle avait aussi pour synonyme
le nom de ùjpris, car File entièi'e de Cyprc ou Chypre
(V. ce mot et Vrxcs) lui était consacrée. Le nom d'Aphro-
dile rap])elk^ la fable de la déesse née de l'écume de la
mer. En réalité, c'était un.e autre divinité, dont l'image
protectrice ornait la ])roue des vaisseaux phéniciens, fen-
dant Fonde écuuieuse, l'idole grossière de ces premiers
colonisateurs, la Syrienne Astarté, qui était portée par eux
à Cypre et à Cytîiere, avant que le génie poétique des
Grecs, les colons qui vinrent ensuite, la transformât de si
gracieuse façon. L'omblèino de la reproduction et de la
régénération de la natui'e. f.guré aussi primitivement par
un simple cône de pieri'O noire, devint avec FAphrodite
,^;recque Femblèine de l'amour, plus tard avec la Vénus
l'omaine celui de la volupté. Mais, du reste, les cérémo-
nies du culte ne changeaient guère. Dans File de Chypre,
a])rès les prostitutions sacrées de la religion syrienne,
sinreniles séductions des hiérodales de Paphos, courti-
sanes attachées au sanctuai"e.
L'archéologie a tardivement ici confirmé Fhistoire. On
n'a d'abord porSé l'attention (pie sur les édifices. Or, les
'omplcs ancien! 5 n'existaient plus, leurs matériaux avaient
servi aux Lusigiians. grands constructeurs, à bâtir des
foitecesse féodales et des églises gothiques, que l'on voit
encore, e! celles-ci percent sous les mosquées en lesquelles
le culte musulman les a transformées. Quant aux statues,
aux débris, aux objets antiques, aux médailles, ce n'est
que par des fouilles récentes, depuis le milieu de ce siècle,
<pie ces trésors ont été mis au jour. Il est à remarquer
.'|ue ia plupart du temps les statues anti(|ues ont été à
- 988
PAPlfOS PAPIVS
dessein décapitées et brisées, puis leurs diverses parties
disséminées et enfouies par les premiers chrétiens dans
leur zèle et leur indignation contre les païens idolâtres et
leurs mœurs licencieuses. D'une manière générale, ces
fouilles ont révélé rinfluence orientale et phénicienne per-
sistante sur l'art grec à Chypre, qui en t'ait un type par-
ticulier, l'art cypriote.
^ Palé-Paphosa été fondé, selon la tradition, par le Phé-
nicien Cinyras, au x® siècle av. J.-G. C'est là que se trou-
vait le plus fameux des temples de l'île, célèbre par le
concours des indigènes et des étrangers, et le seul dont
fassent mention les témoignages anciens. Tacite rapporte
que Titus, non encore empereur, le visita durant la guerre
de Judée. La description que fait l'historien de ce sanc-
tuaire, du cône symbolique occupant la place d'honneur,
démontre son caractère phénicien et nullement hellénique.
Dos fouilles opérées dans ce dernier quart de siècle ont
fait connaître son ordonnance. Le péribole, dont il subsiste
encore quelques débris imposants, circonscrivait une vaste
cour entourée de portiques et au centre de laquelle était
le temple. Celui-ci avait 67 m. de long sur 50 de large
et l'enceinte extérieure 240 m. sur 464. Il y avait des
ombrages et des fontaines, et des colombes consacrées à
la déesse, ennemie des sanglants sacrifices. Ce temple fut
renversé par un tremblement de terre au iv^ siècle, pré-
cisément à l'époque où les églises allaient remplacer, avec
le christianisme, les sanctuaires du paganisme. La ville
elle-même avait été détruite, également par un tremble-
ment de terre, sous Auguste, qui la fit reconstruire et lui
donna le nom d'Augusta. Aujourd'hui, ce qui fut un sé-
jour enchanteur est devenu un lieu triste et abandonné,
avec une population misérable et dégénérée.
Néo-Paphos passe pour avoir été fondé par l'Arcadien
Agapénor, à son retour du siège de Troie. C/est donc,
malgré son nom, une ville fort ancienne, mais elle n'eut
le rôle de capitale qu'après l'autre Paplios, oîi régnaieiit
les successeurs de Cinyras, dits Cinyrades, qui les com-
prirent toutes deux dans leur goiivernemcnt. Sous la
domination romaine, la nouvelle Paphos eut la suprématie,
la première demeurant la ville sainte. A celle-ci, ville
grecque d'origine phénicienne, succéda la ville gréco-
romaine. Toutes ces origines se conservèrent, tous ces
éléments se mélangèrent, puis vint le moyen âge avec ses
monuments de la féodalité rappelant l'Eui'ope, enfin les
temps modernes et la domination ottomane laissant s'accu-
muler les ruines. Ici le bourg de Ktima, proche de Néo-
Paphos, est d'origine turque. Sans parler des modifications
qu'apportera dans Chypre l'administration anglaise, elle
a, en ce qui concerne le passé, empêché ou réglementé les
fouilles. A Bafo, port très petit, on voit aussi les ruines
de diverses églises gothiques et byzantines, dont trois
servent encore au culte. Autour de l'une de ces dernières
se dressent les fûts de plusieurs belles colonnes de marbre
d'époque romaine. Là était le temple romain de Vénus, et
l'on prétend que saint Paul fut attaché à l'une de ces co-
lonnes lorsqu'il vint prêcher à Paphos. Il convertit le gou-
verneur romain de la ville, Scrgius Paulus. On a trouvé
près de la nouvelle Paphos une nécropole toute creusée
dans le roc, qui, par son ampleur, rappelle les sépultures
de l'Asie Mineure. On désigne le village voisin, Hiéroski-
pos, comme l'emplacement du célèbre bois sacré de la
déesse. Bafo ou Papho a 3.000 hab., une poste et un
télégraphe et 5 maisons d'importation et exportation. Il
est le ch.-l. d'une des six provinces de l'île et se subdi-
vise en cinq districts : Papho, Avdimou, Kilani, Koukb"a
et Khrysoko.
Les poètes et les artistes ont placé la naissance de
Vénus Aphrodite, soit sur le rivage voisin de Paphos, soit
à Cythère. Or il convient d'admettre la première légende.
La déesse sémitique a passé chez les Grecs de Cypre, puis
plus loin, vers l'O., à Cythère. Les rivages de Cypre
furent les premiers où les Phéniciens abordèrent, leurs
premières étapes étant les villes des plages méridionales.
Citium (Larnaka), Amathonte, Paphos. « Les femmes
cypriotes, dit Reclus, se rendent encore religieusement,
une fois par an, au bord de la mer comme aux temps où
elles allaient célébrer la naissance de la déesse ; récume
des flots n'est plus consacrée à Vénus, mais les Cypriotes
y trempent encore pieusement la main : « Nous avons,
« disent-ils, trois patrons supérieurs à tous les autres,
« saint Georges, saint Lazare et la sainte Mer ». Ch. Del.
BiBL. : KiEPERT, New origlmil map of the island of
Cyprus, 1878. — Perrot, l'Ile de Chypre, dans Rev. des
Deux Mondes, 1878-79. — Rkclus, Géogr. univ., Asie onté-
Heure, 1881, t. IX. — Cobham, An attempt of d, Blbliogra-
phy of Cyprus ; Nicosia (Lefkosia), 1886. — Enlaiit. Vile
de Chypre, dans Bull. Soc. Géog., 1897,
PARI (Grégoire de) (V. ïnnockxt II).
PARI (Lazzaro), écrivain italien, né à Pontito (prov. de
Lucques) le 23 oct. 4763, mort à Lucques le 25 déc. 4834.
Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, il fit des études de
médecine, puis s'embarqua en quahté de chirurgien sur
un bâtiment en partance pour les Indes. Là il eut la chance
de guérir le roi de Travancor, allié des Anglais, qui le prit
en amitié, et le créa colonel d'un régiment de Cipayes àla
tête duquel il fit campagne contre Tippo-Sahib. De retour en
ItaUe (4802), il y perdit une fortune péniblement acquise
et devint successivement libraire, puis bibliothécaire delà
famille Oaciocchi, qui régnait alors à Lucques, puis con-
servateur du musée de Carrare, enfin (4833) précepteur
du jeune Charles, fils du duc Louis-Charles de Bourbon. Il
est l'auteur de quelques poésies, d'une traduction en vers
fort estimée du Paradis perdu (Lucques, 4844), et de
deux ouvrages en prose qui eurent un grand succès. Le
premier (Lettere sulV Indie orientali; Lucques, 4802,
2 vol.) est un recueil de lettres réellement écrites de THin-
doustan, et remaniées par Fauteur à son retour ; il y dé-
crit plus exactement qu'on ne l'avait fait jusqu'alors les
mj'urs et la cidlisation de ce pays. Le second (Commen-
lari délia rivohrJone francese ; Lucques, 4830-34,
6 vol.) est une Histoire de la ilévolution, écrite d'un
style agréable et facile, qui est, par l'impartialité des ju-
gements et l'étendue de l'information, la meilleure de toutes
celles écrites hors de France. Les dix premiers livres de
l'ouvrage, relatant les événements do 4789 à 93, et pour
lesquels l'auteur craignait la sévérité de la censure, ne fu-
rent publiés qu'après sa mort (Lucques, 4836). A. J.
BiiiL : A. Ranalli, Elogiu dl L. P.; Rome, 1835. — Ti-
PA1.B0, Biografia degli Ital'mni illustri, V, 410. — Mestica,
McLnuale délia lett. ital. I, 575. — Sur la valeur historique
des CoinmcntaTi, V. Pellet, Napoléon à l'île d'Elbe,
p 235.
PARI A Poppafa (Loi). Loi proposée sous Auguste,
l'an 9 ap. J.-C.,sous le consulat des Suppléants M. Papius
Mutilus et Q. Poppus Secundus. Avec la loi Julia de
maritandis ordinibus, qu'elle complétait, elle forme le
groupe des fameuses lois caducaires destinées, dans la
pensée d'Auguste, à encourager la natalité légitime et à
restaurer les anciennes mœurs (V. Caducum). Il n'est pas
facile, dans l'état actuel des sources, de discerner parmi
les dispositions qu'elles rattachent à ces lois, leges
novœ. celles qui émanent plus particulièrement de l'une
que de l'autre.
BiiîL. : V. les ouvrages cites sur le mot Caducum, et
Girard, Manuel élém. de droit romain ; Paris 1898, iu-8,
pp. 49, 307, 852, 934, 2« éd. ~ Padeletti Cogliolo, Storia del
diritto romano ; Florence. 188B. in-8, p. 488 et les notes,
2«éd.
PARIAS, évêqued'Hiérapolis (Phrygie), mort vers 463,
martyr, dit la légende. Irénée {Adv. hœres., V, 34. {)
le nomme comme ami de Polycarpe et auditeur de Jean
l'apôtre ou d'un autre Jean, disciple de l'apôtre. Il a re-
cherché avec beaucoup de soin les échos de la tradition
apostolique, encore vivante alors, et a réuni ce qu'il a
trouvé dans sa Ao^tcov -/.opiaxwv l^rjy/]at?, « Explication
des discours du Seigneur ». Il n'en reste que des frag-
ments fort intéressants, mais encore plus controversés.
La plupart ont été conservés par Eusèbe, qui appelle, du
PAP1A.S — PAPIER
98-i
reste, Papias un « très petit esprit », à cause de ses
crovances apocalyptiques. qu'Eusèbe ne partageait pa^.
F.-H. K.
BiBL. : Gehiiardt, llARNAOKet Zaiia, Pat/'ii/n aposio/t-
corum opéra; Lei})/.ig, 1878. t. I. 2. pp 87-10 i. 2^ éd.
PAPIAS d'Aphiiodisias, sculpteur grec, qui vivait au
temps d'Hadrien. On possède de cet artiste deux statues
de centaures, {voméQs m 1736 dans les ruines delà villa
d'Hadrien, près de Tivoli. La hase de ces statues porte la
signature : Aristéas et Papias d'Aphrodisias. Toutes deux
sont en marbre noir et se font pendant au musée du Ca-
pitule. L'une représente un centaure âgé, bacbu.les mains
liées derrière le dos, le visage offrant l'expression d'une vive
souffrance. Le cavalier a disparu, mais une réplique du
Louvre nous fait savoir que ce cavalier n'était autre que
l'Amour qui se rit des souffrances qu'il inflige au vieillard.
L'autre centaure est jeune et riant, il portait le même ca-
valier, mais qui cette fois ne lui infligeait aucune torture.
L'antithèse est assez claire pour n'avoir pas besoin d'ex-
plication et révèle une origine alexandi'ine. Il est certain
qu'Aristéas et Papias n'ont fait que reproduire avec talent
un motif déjà connu.
BiBL. : CoLLiGNON. Hlst. di' lii sciilpliirc grcc(pie. t. Il,
pp. 677 et suiv.
PAPIEN (Papianus) (V. Burgoxdes, t. Vin, p. 466).
PAPIER. I. Industrie. — Le papier est une substance
obtenue en réduisant en pâte des matières fibreuses qu'on
laisse sécher après les avoir étendues en couches minces.
Le papier de bambou est employé couramment en l^uropc
pour la lithographie sous le nom de papier de Chine.
Citons encore parmi les produits chinois le papier de
cocons de vers à soie, de cœur d'écorce de glaïeul, de
pin, le papier de rotin et le papier de mûrier ou papier
japonais.
En 1450, l'invention de l'imprimerie donna à la fabri-
cation du papier une extension considérable ; jusqu'au
xvi^ siècle on imprimait sur du papier collé. Depuis cette
époque, l'opération de l'encollage a été reconnue inutile.
Fabrication du papier de chiffon. C'est un des pro-
cédés les plus anciennement connus ; il consistait à prendre
des étoffes de chanvre ou de lin non blanchies et à leur
faire subir l'opération du pourrissage qui consistait à les
mettre en tas pour les réduire en pâte. Cette pâte subis-
sait alors une trituration au moyen des moulins à mail-
lets avec un lavage constant à l'eau courante. Les mail-
lets étaient de diverses grosseurs et leur extrémité frappante
était garnie de longs clous. Le chiffon ainsi trituré por-
tait le nom de défilé, l'opération durait de six à douze
heures ; on portait alors le défilé dans les piles rafiineuses
qui présentaient une grande analogie avec les piles à
maillets. Après un séjour de douze à vingt-quatre heures
dans ces nouvelles piles, suivant la nature des chiffons
employés, la pâte avait atteint le degré de division con-
venable pour être retirée de la pile. Ce procédé est main-
tenant presque complètement abandonné, c'est à peine s'il
en existe encore quelques fabriques en Hollande. C'est à
ce pays que sont dus les premiers perfectionnements im -
portants tels que la suppression du pourrissage et la subs-
titution aux piles à maillets de cyhndres munis de lames
d'acier pour diviser rapidement le chiffon. Il faut recon-
naître néanmoins que les fibres de chiffon battues à l'aide
de lourds maillets conservent une plus grande résistance
(fue lorsqu'on fait usage des cyhndres coupeurs, mais ce
(fermer procédé procure une économie de main-d'œuvre
et de temps considérable. Aussi à l'époque actuelle la fa-
brication du papier de chiffon se fait-elle de préférence
par l'emploi des procédés mécaniques. Après avoir opéré
un premier triage de chiffons, on les découpe soit à la
main, soit mécaniquement; puis on opère un blutage dans
des cylindres de toile métallique. Pour les gros déchets :
lin, étoupes, corde, etc., on emploie un cyhndre de bois
garni de broches en fer disposées en hélice pour pouvoir
les déchiqueter, ce cyhndre porte le nom de loup. On
procède ensuite à un lavage à l'eau au moyen d'un appa-
reil en forme de vis d'Archimède; on effectue ensuite un
lessivage par les alcalis caustiques pour enlever les ma-
tières grasses, acides et la matière incrustante des tissu j
végétaux qui donne de la raideur; l'alcali employé est la
chaux caustique délayée dans de l'eau. Ce lessivage joue
le même rôle que le pourrissage avant son abandon. Le
lessivage à la chaux se fait dans des cuviers rotatifs sphé-
riques, hermétiquement clos, contenant de l'alcali et de la
vapeur d'eau sous pression pour diminuer la quantité d'al-
cali employé. L'emploi de ces lessiveurs rotatifs a été
une des inventions qui ont joué, au point de vue pratique,
un des rôles les plus considérables.
Les chiffons sortant des lessiveurs sont transportés
après avoir subi un rinçage dans les piles défileuses, ces
piles ont la forme d'une baignoire, cylindrique à ses deux
extrémités, qui mesure de 3 à 4 m. de longueur sur '1^,50
do largeur en moyenne; elle est partagée dans le sens de
sa longueur en deux parties par une cloison médiane in-
complète de façon à former un circuit fermé. Ces piles
défileuses sont en fonte et la paroi intérieure est proté-
gée au moyen d'une couche de peinture. Au milieu d'un
des côtés et perpendiculairement est disposé un gros cy-
lindre tournant sur des coussinets et armé d'un certain
nombre de fortes lames d'acier régulièrement espacées.
Le fond de la pile se relève en pente douce jusqu'au des-
sous du cylindre ; à cet endroit on y encastre une pièce
nommée platine formée de lames d'acier boulonnées et
serrées })ar des coins en bois ou par un scellement de
plomb. Ces lames au nombre de 40 à 12 sont disposées
parallèlement entre elles et légèrement inclinées par rap-
port aux dents du cylindre. Après la platine le fond de la
cuve se relève brusquement de façon à former une por-
tion de surface cylindrique concentrique au cyHndre ; il
redescend ensuite rapidement jusqu'au niveau horizontal
du second canal. L'eau et les chiffons entraînés par le
mouvement de rotation du cylindre remontent le plan in-
cliné, passent entre le cylindre et la platine où les lames
fixes et mobiles les déchirent plus ou moins suivant leur
écartement, et redescendent ensuite le second plan incliné.
Par suite de cette opération, l'eau se charge de matières
grasses et boueuses, elle est constamment évacuée et rem-
placée par de l'eau limpide. Outre le cylindre dont nou-
venons de parler, la pile défileuse est munie d'un autre
cylindre qui porte le nom de tambour laveur et qui
tourne en sens inverse du premier. Il est formé de deux
cercles en cuivre entre lesquels sont soudés quatre pa-
lettes également en cuivre ; l'enveloppe du tambour est
constituée par deux toiles métalliques superposées. C'est
au moyen de ce tambour que se fait l'évacuation de l'eau ;
le chiifon n'est pas entraîné puisqu'il ne peut traverser
les toiles métalliques.
La durée du dé filage varie de deux à quatre heures ; le
produit obtenu ou défilé ressemble à une charpie longue
et fine. On emploie quelquefois une batterie de deux piles
défileuses dont la première commence le travail qui
s'achève dans la seconde. Le défilé doit être séché par
égouttage ou à la presse hydraulique ou encore au moyen
d'une essoreuse, après quoi il est blanchi par un courant
de chlore gazeux. Il faut éviter d'employer une trop grande
quantité de ce chlore qui altérerait les tissus. Cette opé^
ration se fait dans une chambre de blanchiment qui
porte un certain nombre de planchers disposés en chicane
et sur lesquels on étend le défilé. Le chlore gazeux arrive
par la partie supérieure après avoir été en contact avec
la matière à blanchir. On peut éviter cette opération en
mélangeant à l'eau de la pile défileuse une certaine quan-
tité d'hypochlorite de soude, mais cette façon de procéder
a l'inconvénient de détériorer les piles. On peut encore,
au lieu de mettre riiypochlorite dans la pile défileuse, le
mettre dans la cuve blanchisseuse et brasser avec une spa-
tule, mais cette opération est malsaine et dangereuse pour
les ouvriers. Le blanchiment joue un rôle très important
dans la fabrication du papier, car, suivant la façon dont il
a été exécuté, la valeur du produit obtenu présente de no-
tables variations. Le papier une fois blanchi passe dans la
pile raffineuse qui est presque identique à la pile défileuse
que nous venons de décrire.
C'est à ce moment que l'on mélange à la pâte, quand le
papier doit être collé, la matière nécessaire au collage. La
gélatine, qui présenterait l'inconvénient de se sécher trop
vite, ne peut être employée seule dans ce but; on se sert
d'un mélange de résine, de fécule et d'alun auquel on
ajoute quelquefois une petite quantité de gélatine pour
donner de la force et de la sonorité au papier. On intro-
duit en outre dans la pile raffineuse un peu de kaolin pour
donner au papier un grain plus doux et une plus belle
apparence ; un excès de kaolin le rendrait cassant. Enfin,
toujours dans cette même pile, on met une certaine quan-
tité de bleu d'outremer pour obtenir l'azurage qui donne
une teinte plus blanche au produit lorsqu'il s'agit de pa-
pier blanc ; on remplace le bleu d'outremer par une autre
matière colorante lorsqu'il s'agit de papier de couleur.
La pAte ainsi traitée doit être transformée en papier
au moyen de la mise en feuilles : cette opération se fait
à la main ou la machine.
Fabrication du papier à la main. La fabrication du
papier à la main exige la coopération simultanée de trois
ouvriers : le puiseur, le coucheur et le leueur ainsi que
d'un aide appelé vireur. Cette mise en feuilles se fait dans
des formes, sortes de cadres sur lesquels sont tendus des
fils de laiton parallèles nommés vergeures et de fils trans-
versaux aux premiers nommées pontuseaux; les fils de
vergeure sont apparents à l'œil nu et ont donné leur nom
au papier vergé. Lorsqu'il s'agit du vélin, qui est une
imitation du parchemin, les formes employées sont faites
avec une toile métallique très fine et très égale. Un châs-
sis ou frisquette règle l'épaisseur que l'on veut donner au
papier. Le puiseur trempe la forme surmontée de la fris-
quette dans la cuve qui contient la pâte et il en retire la
quantité de pâte nécessaire pour une forme. Le coucheur
reçoit la forme des mains du puiseur qui conserve le châs-
sis et renverse la feuille sur un feutre ; il recouvre cette
feuille d'un second feutre qui reçoit à son tour une nou-
velle feuille et ainsi de suite. Le leveur prend les feuilles
et les feutres et fait égoutter après avoir interposé des
planchettes de bois ; enfin le vireur reprend les feutres et
les retourne pour s'en servir à nouveau. La mise sous
presse se fait souvent par l'intermédiaire d'un cinquième
ouvrier nommé pressier. Une équipe d'ouvriers ainsi cons-
tituée peut faire, par jour, 4 à 5.000 feuilles à la forme.
Pour terminer l'opération, on sèche les feuilles ainsi obte-
nues dans des étendoirs chauffés et on procède au collage
à la gélatine dans un vase de cuivre nommé mouilleur.
Mais les procédés que nous venons de décrire sont trop
longs pour les besoins actuels, et bien que le travail à la
forme soit encore usité pour les papiers de luxe, on emploie
maintenant de préférence la fabrication du papier continu,
qui a été inventé en France par Louis Robert, ouvrier de
la papeterie d'Essonnes.
Fabrication du papier continu. Dans ce procédé, les
opérations préliminaires sont semblables à celles que nous
venons de décrire, mais à la sortie des piles raffineuses,
la matière arrive dans de grandes cuves où un agitateur
la maintient en suspension, la pâte s'écoule ensuite par un
robinet régulateur sur une forme sans fin composée d'une
toile métallique semblable à celle employée pour le vélin.
Cette toile métallique est animée de deux mouvements :
un mouvement de progression et un mouvement de va et
vient. Deux règles en laiton, disposées transversalement,
règlent l'épaisseur de la pâte ; en outre, deux courroies de
cuir bordant la toile métaUique forment les rives. Pour
activer le séchage, un aspirateur fait le vide au-dessous
de la forme. La feuille de papier, au sortir de la forme
sans fin, est déversée sur un feutre également sans fin, qui
la conduit à la presse humide. Cette presse est constituée
par une série de six à sept gros cylindres entourés de
98r> — PAPIER
feutre, qui commencent à lisser la feuille. A la suite vient
Xdi presse sèche composée de trois cylindres en fonte chauf-
fés à 130°. Au sortir de la presse sèche, la bande de papier
continu vient s'enrouler sur un dévidoir.
On donne au papier la longueur voulue au moyen d'une
découpeuse mécanique constituée par deux disques d'acier,
on rétend ensuite sur des tables à rainures et on les coupe
au format voulu; enfin, on examine les feuilles ainsi obte-
nues, on les glace ou satine, dans des calandres; on les
compte, on les met en presse et on les plie. Dans les grande>
expositions, on a pu voir des exemples très frappants de
fabrication du papier par appareil continu : au début do
l'opération, des monceaux de bois de longueur convenable
étaient soumis à l'action d'une machine à disque munie de
lames d'acier qui les réduisait en fragments ; ceux-ci subis-
saient toutes les opérations que nous venons de décrire et
sortaient à l'autre bout de l'ateUer sous forme de journaux
tout imprimés et plies.
Jusqu'au milieu du xviii^ siècle, le seul papier employé
fut celui fabriqué avec des chiffons, son dernier perfec-
tionnement fat la fabrication du papier vélin.
C'est en 1750 que Rackerville créa le papier connu sous le
nom de vélin, qui ne présentait plus les rugosités des
autres papiers que l'on fabriquait jusque-là. Ce procédé fut
importé en Angleterre par Whatmann, en 1770, et en
France par Réveillon et Montgolfier, en 1782 et 1785. A
la fin du siècle dernier, la rareté du chiffon et son prix
toujours croissant engagèrent les industriels à chercher
d'autres matières propres à le remplacer. Cuetard et Gle-
ditsch traitèrent ainsi un grand nombre de plantes telles
que la chêne votte, les orties, les mauves, le coton, la filasse,
l'algue marine, les fucus et même quelques matières ani-
males telles que : cocons de vers à soie, coques de che-
nilles, chiffons de soie, etc. H existe au Muséum britannique
de Londres un livre daté de 1772 et imprimé sur 72 espèces
de papier provenant toutes de matières différentes. Dès
1771 , on avait fait à Bruxelles des papiers de bois. Quelques
années auparavant, le naturaliste allemand Scheffer publia
un ouvrage relatif aux différentes substances dont il avait
fait l'essai, telles que : sciure de bois, copeaux de bois,
de pin, de frêne, de hêtre, de saule, tiges de houblons,
sarments de vigne, feuilles d'arbres, de choux rouges,
tiges de bardane, pommes de pin, etc. ; il était même allé
jusqu'à fabriquer du papier avec des nids de guêpe. Néan-
moins, ces nombreux essais n'eurent pas de résultats pra-
tiques avant le commencementdu xix^ siècle ; après 1815,
de très nombreux brevets furent pris pour l'emploi de suc-
cédanés du chiffon.
On fit des papiers de paille, de sparte, de cjlza; on em-
ploya les résidus de pommes de terre, la pulpe de bette-
rave, les résidus de canne à sucre, du sorgho, le ligneux
des asperges, la réglisse, le pavot, le tabac, la rose tré-
mière, les fibres de racines de navet, le topinambour, les
mauvaises herbes, les fibres du tan, le tan épuisé, les
déchets de cuir, les écorces de figuier, acacia, tilleul, genêt,
l'ortie, les bois de peuplier et de chêne, la mousse, etc.
Actuellement, les succédanés du chiffon couramment
employés sont la paille, Valfa ou sparte. On fait aussi du
papier de m et du papier de bois.
La paille a servi tout d'abord pour les papiers jaunes
d'emballage; on l'emploie actuellement, après décoloration
à la soude et au chlore, pour les papiers communs, tels que
ceux des journaux. Les lessives de soude sont évaporées
dans un appareil nommé four Porion. La charge, c.-à-d.
la quantité de substance minérale (kaolin, plâtre, etc.),
ajoutée au papier, est, pour les journaux français, de
12 à 25 ""/o ; cette charge a comme inconvénient de rendre
le papier sans consistance et d'user rapidement les carac-
tères d'imprimerie.
Valfa ou sparte est une plante qui provient d'Espagne
ou d'Algérie; elle est très couramment employée en Angle-
terre.
Le papier de riz est improprement nommé, car il ne
PAPIER
provient pas du ri/, mais d'une plante légumineuse du
Bengale à moelle blanche cl brillante. Le papier de bois
obtenu par procédé mécanique donne une pâte blonde, non
(Iccoiorée au chlore ; ce bois est réduit en farine par broyage
dans une meule défibreuse, et un courant d'eau la réduit
en une pâte qui arrive à l'épurateur, ne laissant passer que
la pâte finie; l'eau en est exprimée au moyen d'une presse
pâle. On peut également avoir recours pour la fabrication
du papier de bois à un procédé chimique qui le décolore.
Nous avons parlé prcccdemment de la mise au formai
du papier : voici la nomenclature de formats les plus répan-
dus dans le coniinerce. ainsi (jue leiu's (liuTensions et le
poids moyen de la rame.
Ui'XOAUNVrïO.XS DLMl'^XSIONS i'OIDS
(Irand monde (qui sert lar^ ""auteur ^^enkiLT
pour les cartes, les j,, ^^^
dessins) 1,194 0.87 100 k 1^20
Grand aigle 1,014 0,688 6o à 70
Grand soleil -1 0,69 SO à r^o
Grand colombier OM OiîO 45 à r>0
Grand Jésus (impres-
sions, écrits) 0,72 0,o() "If} à 30
Jésus (impressions). . . 0.70 0.5^)
Grand raisin (impres-
sions) 0,64 0,50 1^ à 15
Cavalier (impressions). 0,60 0,45 10 l\ t2
Double cloche (écrits). 0.58 0,39 7 à 8
Carré (impressions .
écrits) 0,5G 0,45 8 à 40
Coquille (écrits) 0'.5B 0,44 5 à 10
Coquille (sans colle pour
copie de lettres) . . . 0.57 0.^5
Ecu (écrits) 0.53 O/iO 8 à 10
Couronne (impressions
écrits). O/S 0,36 4 à 6
TeUière (mémoires,
comptes) ,... 0,45 0,35 4 à 5
Florette (écrits) 0,44 0,34 4 à 5
Pot (écrits) 0,40 0,31 3 à 5
Cloche de Paris (écrits). 0,30 0.29 3 k 4
Petite cloche normande
(écrits) 0.3(i 0,26 2 à 3
Petit cà la main 0,3'=. 0,21! 3 à 4
Pelure (papier pour les
heurs artificielles),. 0,70 0.50
Outre les papiers employés pour l'écriture et l'impres-
sion qui ont subi tous les apprêts nécessaires, il existe
d'autres sortes de papier employé à des usages spéciaux.
Parmi ceux-ci, nous citerons le papier brouillard i\m est
fait de chiifons colorés ; le papier à calquer qui est demi-
transparent, il est fait de iilasse de chanvre ou de lin
écru. non blanchi, qui est collé naturellement, il porte
aussi le nom de papier végétal. Le papier à (2Z^ti?7/(?,*? qui,
ainsi que son nom lïndique, sert d'enveloppe aux pacjuets
d'aiguilles et est composé d'une pàto \im d'un noir bleuâtre,
très satinée. Les papiers li bille h de baiiffae sont faits
de filasse écrue, coupée, lessivée et réduite en pâte. Ce
papier se fait sur de petites formes spéciales qui servent
à obtenir les filigranes. Pour adoucir le grain et faire dis-
paraître les marques des feutres, chaque feuille doit être
séchée entre deux buvards. La pâte employée pour cette
fabrication doit être très pure ; les cuves sont, en outre,
chauffées au bain-marie pour éviter l'introduction do ma-
tières étrangères dans la pâte. Les papiers de fantaisie,
marbrés, gauti'rés, maroquinés, etc., sont très employés
dans la reliure. On les gauffre et on les moire en les fai-
sant passer entre deux cylindres dont l'un, en fonte, porte
le dessin en relief tandis que l'autre, en papier, est uni.
Le papier pelure sert pour l'écriture et pour envelopper
les objets précieux. Le papier serpente sert à la fabrica-
tion des éventails, Lp vauier o sucre, destiné à l'embal-
986
lage des pains, est très épais et se fait de deux couleurs :
papier bleu pour les sucres consommes en France, papier
violet pour les sucres d'exportation. Le papier timbré est
fabriqué à la forme et filigrane avec beaucoup de soin.
On a recherché pendant longtemps le moyen d'obtenir un
papier de sûreté permettant de reconnaître facilement
les grattages, surcharges et décolorations, mais jusqu'à
présent on n'a pas obtenu dans cette voie do résultats
satisfaisants. Les papiers à dentelles sont faits avec une
pâte spéciale et découpés à l'emporte-pièce. Les papiers
à filtrer ne peuvent être collés puisqu'ils doivent laisser
passer les liquides ; il en existe de plusieurs sortes : les
blancs (jui exigent l'emploi de la pâte de chiifon et les
gris qui sont faits d'un mélange de chiifons, de carton et
de chiffons de laine. La fabrication des papiers à filtrer et
notamment du papier Berzélius, le plus pur d'entre eux,
présente beaucoup de difii cultes. Nous citerons dans un
ordre d'idée analogue le papier à réactif, le papier de
gaiac, etc.
Fabrication du cartou (V. Carte et Cârtox).
Pour terminer ce (pn concerne l'industrie du papier,
nous citerons une invention qui date du milieu du siècle,
c'est celle du papier parchemin ou parchem^in végétal.
Ce iH'oduit, très facile à obtenir, ne demande que quelques
instants de préparation. ït suffit de prendre un rouleau de
papier sans fin, non collé, de le faire passer dans une cuve
contenant de Lacide sulfurique à 65^ environ, puis dans
deux cuves remplies d'eau de lavage, puis dans une der-
nière cuve renfermant de l'eau additionnée d'ammoniaque
pour saturer les dernières portions d'acide sulfurique que les
lavages n'auraient pas enlevées. Au sortir de cette cuve, le
papier parchemin passe entre deux cylindres revêtus d'étoffe
de laine oii il se sèche ; puis entre deux cylindres plus
petits, chauffés à la vapeur, qui lui donnent son glaçage ; il
ne reste plus qu'à enrouler sur un dévidoir. Il est à remar-
quer que non seulement ce produit présente l'aspect exté-
rieur du parchemin animal, mais encore qu'il jouit d'une
^partie de ses propriétés. C'est ce papier parchemin qui
'sert à l'impression des diplômes, actes importants, docu-
ments, etc. Pour cet usage, il présente sur le parchemin
animal une supériorité appréciable, car il n'est pas rongé
à la longue par les insectes. On l'emploie également pour
la reliure des livres, certaines cartes géographiques, etc.
Le papier végétal est imperm.éable et imputrescible quand
il a été plongé dans l'eau bouillante, il se prête aux expé-
riences d'endosm.ose et d'exosmose, aussi a-t-il été adopté
par l'industrie sucrière. On obtient avec le papier végétal
un produit très solide ([ui porte le nom de carton cuir,
dont on sert comme tenture et qui imJte les cuirs repoussés
si recherchés jadis dans l'ameublement. C'est en Belgique
(lue cette invention a ])ris naissance, et de là elle a pé-
néîié en France.
Papiers ^nixis. — On désign(^ sous ce nom des
papiers recouverts sur l'une des faces de motifs en cou-
leur et destinés à Ja décorai ioji des murs intérieurs des
appartements. Au moyen âge, les murs des riches
b.abitations étaient décorés de tapisseries brodées à la
iuain, de tentures de soie, de cuirs gaufrés, dorés, hro-
chés de dessins d'or et d'argent. Le prix élevé de tels or-
nemenls n'en permettait l'acquisition qu'aux personnes les
plus opulentes, eî c'est le désir de décorer plus économi-
quement les habitalions oui fit naître Pindustrie des pa-
piers peints. En 1620, Le François de Rouen, séduit par
la vue des papiers peints chinois importés par des mis-
sionnaires, tenta d'imiter les tapisseries de soie par des
moyens économiques. Il répandait de la poupre de laine
de difierente conteur sur un dessin recouvert de matière
collante dans les parties utiles. Le papier velouté, dit ton-
tisse de Le François, acquit de la réputation et fut ex-
porté en Angleterre. Notons cependant que les Anglais
prétendent à la priorité de l'invention pour JérémieLanye]'
qui aurait appliqué en 1634, sous Charles V'^\ les pro-
cédés chinois et japonais. Quoi qu'il en soit, la fabrication
987
PAPIER
des papiers veloutés prit do roxtension en Angle(erre,
mais fut abandonnée on France.
Ce n'est que vers le milieu du xviii^ siècle que l'in-
dustrie des véritables papiers peints actuels prit nais-
sance en France et en Angleterre. En 1746, une première
fabrique fut établie en Angleterre. Mais la fabrication n'y
prit de l'extension qu'en 1780 avec Georges ot Frédéric
Echardt: on employait des planches gravées, fort légères,
imprégnées de couleur aux endroits utiles qu'on reportait
sur le papier avec une pression suiTisante. En France, ce
ne fut c|u'à la fin du xviii® siècle que l'industrie prit nais-
sance ; on se servait de cartons découpés, dans les vides
desquels on pinceautait les couleurs. La guerre avec l'An-
gleterre ayant fait disparaître l'importation des papiers
anglais, Robert, marchand mercier à Paris, et Arthur, hor-
loger anglais, installèrent une usine où l'on se servait de
planches gravées, ftuelque temps après. Réveillon établit
ses usines de papiers gravés, ])oints et tontisses qui firent
disparaître du marché les papiers veloutés anglais. A par-
tir de 4780, cette industrie prit un grand essor en France ;
des améliorations importantes y furent apportées ; au lieu
de planches et modèles découpés en métal, en papier, en
cuir, etc., on fit de véritables impressions au moyen de
planches en poirier gravées en relief, appliquées et re-
percées sur le papier. On multiplia le nombre des planches
avec celui des couleurs en vue d'obtenir des dessins de
bouquets de fleurs et même des tableaux de paysages.
Le xix^ siècle vit le centre de la fabrication se reporter
en Alsace. Des innovations nombreuses, scientifiques et
artistiques, furent faites dans la fabrique deRixheim, près
Mulhouse, fondée en 1790 par Jean Zuber. On y fit l'ap-
plication de couleurs nouvelles telles que le jaune de
chrome, le vert de Schweinfurt, le bleu minéral, l'outre-
mer. L'ex-peintre de fleurs des Gobclins, Malaine, y des-
sina de magnifiques reproduclions de la nature. On y ap-
plicfua les procédés aux teinies fondues qu'avait inventés
Michel Sporlin pour les étoffes; enfin on y transforma le
papier continu en papier peint continu. Une usine rivale
fut éta])lie à Mâcon par Dufour. on y fit de grands décors
de paysages. C'est dans cette usine que l'on fit le premier
décor en grisailles, les premiers décors en coloris ayant
été faits dans l'usine de Zuber. Dès lors, la fabrication
s'étendit et de nombreuses usines s'établirent.
Les grands perfectionnements de cette période furent
l'obtention de rouleaux sans collage au lieu de petits car-
rés de papier collés bout à bout cjuc l'on avait obtenus jus-
qu'alors. Ce perfectionnement ne fut possible que lorsque
l'industrie du papier put fournir du papier continu. L'im-
pression continue fut substituée aux planches lorsque Zuber
ht l'apphcation aux papiers peints des cylindres gravés
employés à l'impression des étotfes. L'ingénieur anglais
Newton perfectionna et rendit pratique ce procédé vers
4830. En 4838, Bissonnet inventa la première machine à
imprimer en plusieurs couleurs. Dès lors, la fabrication
prit une grande extension. L'Anglais Potter inventa une
machine à imprimer analogue à celle servant à l'impression
des indiennes ou toiles teintes. Onmultipha le nombre des
couleurs, jusqu'à employer o4 tons difFérenls à l'aide de
la morne machine. Mais le point de départ des machines à
imprimer en plusieurs couleurs fut la machine de Bisson-
net. L'industrie des papiers peints s'étendit à toute l'Eu-
rope.
Fabrication. Il existe deux méthodes de fabrication sui-
vant la qualité des produits à obtenir : on opère à la
plancke pour les meilleurs, le papier employé a 8^^^, 50 de
longueur pour une largeur de 0^%50 ; on opère à la ma-
chine pour les papiers plus ordinaires, les rouleaux ont
jusqu'à 830 m. de longueur pour une largeur variant de
0^^,50 à 4'^,oO. Les papiers très communs sont imprimés
directement tels que l'industrie les livre. Ils sont blancs ou
colorés en gris ou chamois pendant leur fabrication même.
Ce sont généralement des papiers de paille ou de bois, les
premiers présententcette particularité qu'ils sont très lisses,
satinés naturellement et présentent une teinte jaunâtre pou-
vant servir de fond. Les papiers de quahté moyenne et
supérieure reçoivent toujours sur une face une couche uni-
forme de couleur servant de fond d'impression, c'est Topé-
ration du fonçaçjeqm comprend trois périodes successives :
Isimisc en coideiir ou fonçcifje proprement dit, le lissage
ot le satinage qui s'exécute à la main ou à la machine.
Ponçage a la main. Le papier est étendu sur une table,
un ouvrier y répand la couleur, un autre Pétale à l'aido
de deux grandes brosses, un troisième l'égalise avec dt^s
brosses à longues soies. Puis le papier est porté à l'éten-
doir oii il sèche. On le rouie ensuite pour le porter à Pato-
lier de lissage.
Fonçage à la machine. Dans les machines muesàbias
d'homme, un cyUndre garni de poils répand la couleur sur
le papier, une grosse brosse Pégalise. Dans la fonceuse
mue par la vapeur, le papier d'une bobine de 850 m. se
déroule par la machine; il passe au contact d'un drap sans
fm animé d'un mouvement de rotation continu et plongeant
dans une auge ou il s'imprègne de couleur. Le papier ayant
leçu la couleur s'étale sur une table où deux brosses animées
d'un mouvement de va-et-vient égalisent la couche de cou-
leur. Le papier passe ensuite sur une série de cordes mo-
biles qui cheminent au plafond de l'atelier, il y sèche sous
l'action de la chaleur développée par des tuyaux de vapeur.
Arrivé au bout de F atelier, il revient sur une autre série
de cordes mobiles marchant en sens inverse. Lorsque tout
le chemin est parcouru, le papier est soc. On l'enroule suc
un rouleau. L'opération est continue.
Lissage à la main. Cette opération consiste à prome-
ner sur le dos du papier couché sur une table en poirier,
couleur en dessous, un cylindre de cuivre de petit dia-
mètre produisant une pression suffisante pour écraser la
couleur.
Lissage à la machine. Le rouleau reçoit mécanique-
ment un mouvojnent de va-et-vient, le papier, engagé
entre la table et le cylindre, est hssé en passant. Il est
enlevé continuellement par dcsrouleauxd'appol.Lo papier
est alors uni. Ce sont les papiers ordinaires, les papiers
fins sont satinés.
Satinage à la main. On répand du talc sur le côté
couleur clu papier couché sur une tablOç,de marbre. Un
ouvrier frotte énergiquement avec une brosse fixée à un
levier vertical mobile jusqu'à ce cpi'i! obtienne un ])oli
brillant.
Satinage à la machine. LQ^dii^ïer légèrement humecté
par un drap et saupoudré du talc tombant d'un tamis est
frotté avec une force suffisante par deux brosses mues
mécaniquement. Le papier foncé, lissé ou satiné, est
prêt pour Firaprossion.
Couleurs emploi/ées. Los couleurs employées dans le
fonçage sont des matières terreuses telles que le blanc de
Bougival, la craie, la céruse, etc. Ces matières, réduites
en poudre très fine et bien épurée par des lavages, sont
additionnées d'une certaine quantité de colle animale ou
d'amidon, de fécule, de gomme, etc., pour qu'elles puissent
se fixer sur du papier. On utilise quelquefois des mélanges
des résidus des différentes couleurs employées dans l'ate-
lier pour obtenir un fond bistre. Les ocres fournissent les
jaunes. On emploie également Foutremor, les cendres
bleues et vertes, le bois du Brésil pour le rouge, la gaude
pour le jaune, le bois de campèche mêlé à l'alun pour le
violet, le noir d'os ou d'ivoire môle au blanc, pour les
gris, le bleu de Prusse, la garance, etc.
Les différentes couleurs d'anihne si éclatantes servent
aussi, leur peu de solidité*étant d'un inconvénient moindre
pour les papiers peints que pour les étoffes, car ils ne
doivent pas être lavés et ne subissent pas Fardeur des
rayons du soleil. Le vert de Schweinfurt, qui contient
un composé arsenical dangereux pour la santé, tend à être
abandonné. On emploie aussi pour cette nuance les verts
de Vienne et de Scheele et les mélanges de bleu et de
PAPIER
988
Les couleurs employées avec la colle animale et séchées
lentement sont meilleures que celles qui contiennent l'amidon
grillé, la fécule, la gomme, etc., et qui sont séchées rapi-
dement. Les premières sont surtout usitées en France ;
les secondes, plus économiques, s(tnt plus répandues en
Angleterre et en Amérique ; elles offrent des difficultés au
collage ultérieur sur les murs des habitations. Toutes
ces matières colorantes sont employées liciuides. mélan-
gées à la colle.
Dans l'impression à la planche, la couleur est conte-
nue dans un baquet enbois de chêne recouvert d'un châssis
portant une peau en basane ; l'ouvrier tireur étale la
couleur avec un gros pinceau sur un drap servant de pa-
lette et étendue sur la basane ; l'ouvrier imprimeur y
appuie la planche et la pose sur le papier étendu devant
lui. Il faut autant de draps que de couleurs différentes.
Quelquefois, au lieu de drap, on emploie un cadre mobile
portant une étoffe. Dans l'impression mécanique, l'ouvrier
n'a qu'à remplir de couleurs les petites auges, le drap
sans fin qui s'y meut s'imbibe de couleur et la dépose sur
le rouleau imprimeur.
Impression à la planche. Cette opération se pratique
sur une table ou établi en bois très solide, muni d'une
traverse articulée et d'un levier destiné à obtenir la pres-
sion suffisante de la planche sur le papier. La planche a
0^'\iO d'épaisseur, elle porte le dessin gravé en rehef.
Elle est constituée à l'aide d'un placage de deux planches
en sapin et d'une planche on poirier collées au fromage
dit à la pie en ayant soin de contrarier les fdn^es longi-
tudinales du bois. Le papier étant dispose sur la table,
Laide ou tireur étend laconlenr snv h dY^\),V imprimeur
y appuie la planche, la pose sur le papier, y dispose un
tasseau, rabat la traverse et exerce une pression par le
levier.
Il faut dix-huit applications de la planche pour un
rouleau et autant d'opérations que de nuances différentes,
généralement quatre nuances par couleur; on n'apphque
une nouvelle nuance que lorsque le rouleau, entièrement
imprimé à la nuance précédente, est complètement sec.
Si le dessin comporte un grand nombre de couleurs, il
faut un très grand nombre de planches ; quelquefois on
peut imprimer deux et même tj-ois couleurs différentes à
la fois si le dessin est tel que l'on puisse juxtaposer sur
le drap deux ou trois bandes de couleur différente. C'est
de cette façon que se fait l'impression des bordures. Le
point délicat du travail est le repérage. A cet effet, les
planches sont munies àe picots ou points de repère, ayant
l'épaisseur de la gravure, prenant la couleur et s'impri-
mant sur le papier. L'ouvrier doit veiller à ce que les
repères couicident avec les différentes planches. Le prix
des planches, leur grand nombre pour un dessin un peu
compliqué font que ce procédé n'est employé que pour les
papiers de luxe.
Impression mécanique. Les machines à imprimer les
papiers sont imitées des machines à imprimer les indien-
nes. Quand elles ne sont qu'à trois ou quatre couleurs,
elles sont mues à bras d'homme ; pour un plus grand
nombre de couleurs, on emploie les moteurs inanimés.
Lne machine se compose d'un gros cylindre autour du-
(|uel sont disposés une série de rouleaux, gravés en relief,
fournis de couleur par autant de draps sans fin, tournant
autour des rouleaux et plongeant dans des auges conte-
nant la couleur ; un râteau règle la quantité de couleur
prise par le drap. Le papier se déroule d'une façon con-
tinue sur le gros cylindre et est imprimé en passant suc-
cessivement devant les rouleau;^ des différentes couleurs.
La difficulté, à la mise en marche, est d'obtenir les
rentrures régulières des couleurs à leur place respec-
tive: on opère par une série de tâtonnements. En marche
normale, l'ouvrier n'a qu'à maintenir constants les niveaux
des couleurs dans les auges. Les rouleaux sont en bois ou
en plâtre recouvert d'un cliché métallique (alliage de
plomb, d'étain et de nickel) obtenu par la gravure au gaz
ou pyrostéréotypie. Certains papiers spéciaux sont obtenus
par un travail spécial. Nous allons en examiner quelques-
uns.
Papier tontisse ou velouté. On fixe, au moyen de la
colle, de la laine en poudre sur certaines parties de la
surface du papier.
Le mordant est un mélange d'huile de lin cuite, de
litharge, destinée à rendre l'huile siccative, et de blanc
de céruse. 11 est appliqué à la planche sur une certaine
longueur de papier, lequel est porté ensuite dans un
tambour, grande caisse à fond en peau de veau ou en
toile imperméabilisée fortement tendue, contenant la ton-
tisse ou poudre de laine lavée, teintée, moulue et finement
blutée. En frappant en cadence le tambour avec des ba-
guettes, la poussière de laine s'élève comme un nuage et
retombe sur le papier en adbérant aux endroits recouverts
de mordant. Quand cette poussière est toute retombée,
on enlève le papier en faisant tomber l'excès de tontisse.
Oji continue ainsi pour tout le rouleau. Pour faire valoir
les couleurs, on fait ensuite le repiquage qui consiste à
appliquer à la planche des couleurs figurant les ombres
et les clairs très brillants. Quelquefois on colore le mor-
dant de la couleur de la tontisse pour rendre les défauts
moins visibles. Cette opération est répétée autant de fois
qu'il y a de couleurs différentes.
On fait des papiers entièrement veloutés et l'on im-
prime sur ce fond ou bien on leur donne l'apparence des
tentures de Damas, en y posant des cartons découpés sur
lesquels on passe une brosse ; les fils sont couchés par la
brosse et imitent le satin, les autres parties conservant
l'apparence du velours.
Les tontisses sont obtenues par des tontures de drap
généralement blanches; on les dégraisse au savon, on les
blanchit sur le pré, on les lave à la solution d'acide sulfu-
reux et on les met à sécher. On les teinte ensuite, et, après
les avoir séchées, on les réduit en poudre impalpable dans
un moulin formé de lames tranchantes disposées en hélice.
Elles sont finalement blutées et la poussière est recueillie
au degré de finesse nécessaire.
Papier à ratjures. Les papiers écossais, quadrillés,
croisés, etc., s'obtiennent à l'aide d'un récipient de laiton
nommé tire-lignes, de forme triangulaire, divisé en com-
partiments contenant des couleurs différentes et dont
l'arête inférieure présente des fentes longitudinales très
minces qui laissent échapper la couleur d'une manièi'e
continue. On place le tire-ligne sur une table et on fait
cheminer avec une vitesse uniforme sous les fentes le
papier qui reçoit ainsi une trace longitudinale. Les compar-
timents cloisonnés de l'appareil permettent de diversifier
à l'infini les rayures. Ces rayures servent parfois de fond
sur lequel on imprime soit des motifs transversaux, ce qui
donne le papier écossais, soit des fleurs ou autres orne-
ments.
Papiers dorés. On place une mince feuille d'or ou de
laiton entre une feuille saupoudrée de résine et un plateau
chauffé portant le dessin à reproduire. La chaleur fait
fondre la résine et par la pression d'un balancier l'or
adhère aux parties du dessin qui doivent le recevoir ; ce
sont les papiers frappés.
On dore aussi soit en faisant adhérer par la pression
d'un rouleau la feuille d'or sur le papier recouvert d'un
mordant représentant le dessin, soit en répandant sur un
vernis adhésif de la poudre d'or provenant des déchets de
feuilles d'or et en hrossant ensuite le papier. V argenture
se produit de même avec des feuilles d'argent pur.
Papiers de couleur. Ces papiers se fabriquent en
feuilles. Il faut de très beaux papiers, bien revisés. On
commence par faire un nouveau collage du papier, puis
on, étend la couleur avec une brosse ronde à longs poils,
on fait sécher, on lisse et on satine comme pour le fon-
cage.
Papiers jaspés. On fait tomber avec une brosse brus-
quement choquée une pluie de gouttelettes de couleur sur
— 989
PAPIER
le papier. On peut opérer ainsi successivement avec plu-
sieurs couleurs.
Papiers marbrés. Ces papiers s'obtiennent par l'appli-
cation directe de la couleur sur le papier tel qu'il est livré
par l'usine sans encollage préalable.
Les papiers peints terminés sont em'oulés par une ma-
chine spéciale mue à bras d'homme. Sans entrer dans
rénumération complète de l'innombrable variété des papiers
peints de l'industrie actuelle, nous en citerons quelques-
uns à titre d'exemple de leur diversité : papiers imprimés
en double nuance, camaïeux avec impression en or, stores
imprimés ; papiers de fantaisie chagrinés et maroquinés ;
papiers à lleurs imitant le damas à douze coulem^s ; les
veloutés de reps et de soie ; les chinoiseries ; les papiers
style pompéien, spécialité anglaise ; les papiers dits écos-
sais ; les cuirs repoussés et papiers frappés ; les papiers
gaufrés au cylindre, obtenus avec laminoir gravé ; les
cartes géographiques sur papier pour tentures pour la
décoration des salles d'étude.
Bronzage du papier peint (V. Bronzage, t. Vlll,
p 13G).
Papier à décalque (V. Décalque).
Papier à filtrer (V. Filtration, t. XVII, p. 476).
. Papier de bois (V. Bois, t. VU, p. 117)
Papier mâché. — On donne ce nom à un produit com-
posé d'une pâte identique à celle du papier, mais addi-
tionnée de colle forte. Cette matière est susceptible d'être
moulée et de prendre par conséquent toutes les formes
que l'on veut lui donner. L'addition de colle forte a pour
but de lui donner une résistance que la pâte seule ne
pourrait avoir. Ses usages sont très multiples ; on s'en sert
pour la chapellerie, pour la reliure, les tabatières, plateaux,
vases, etc. Dans un certain nombre de cas, on recouvre
l'objet achevé d'un vernis imperméable. E. Maglin.
II. Histoire et archéologie. — Les notions que
l'on possédait naguère sur l'histoire du papier ont été
presque entièrement renouvelées par des découvertes faites
dans ces dernières années. C'est de Chine, très certaine-
ment, et par l'intermédiaire des Arabes, qu'est venue en
Occident la connaissance du papier. Dès une époque reculée
et qu'on fait approximativement remonter aux premières
années de notre ère, les Chinois avaient remplacé les
lamelles de bambou sur lesquelles ils avaient écrit jus-
qu'alors par le papier, fabriqué avec diverses plantes et
dont ils avaient peut-être emprunté l'invention à la Corée.
Les textes arabes nous apprennent que sept siècles envi-
ron plus tard, la ville de Samarcande était un entrepôt où
les Arabes venaient s'approvisionner de papier. Après la
prise de cette ville par les Arabes en 712, et lorsque les
Chinois eurent été refoulés au loin, des prisonniers ciii-
nois, amenés en esclavage à Samarcande, y pratiquèrent
pour la première fois, pour le compte de leurs vainqueurs,
la fabrication du papier. On ne peut savoir au juste ce
qu'était ce produit; sans doute que, comme le papier
d'origine chinoise, il était fait de plantes, de China-grass
ou peut-être d'écorce de mûrier {Broussonetia papyri-
fera), mais plus tard, le papier, célèbre dans tout le monde
musulman, de Samarcande ou du Khoraçan, fut fait de
chiffons ; les auteurs arabes l'appellent tous papier de
toile, et les analyses microscopiques qu'on en a pu faire y
ont toujours révélé seulement des fibres de lin ou de
chanvre.
De Samarcande et dès la fin du viii^ siècle de notre
ère, l'industrie du papier fut transplantée à Bagdad et de
là elle se répandit dans toutes les provinces de l'Islam :
à Tihàma, sur la cote S.-O. de l'Arabie ; à Sanâ, dans
l'Yémen et enfin en Egypte. Le papier était une matière
si commune au Caire au commencement du xi® siècle que
les marchands du bazar, au témoignage d'un auteur arabe
contemporain, enveloppaient de papier toutes les marchan-
dises qu'ils vendaient. En Syrie, le papier de Damas
{charta Dojvascena) était célèbre, même en Occident,
dès la fin du x^ siècle; Tibcriad^, l'anoiejine ville gali-
léenne, la ville phénicienne de Tripolis, Hamâ, Hiérapolis
eurent très anciennement des fabriques de papier. Dans
le N. de l'Afrique, la ville de Fez possédait, à la fin du
x^ siècle, 400 meules employées à la fabrication du papier,
ce qui suppose une industrie acclimatée de longue date.
En Espagne, le papier était connu dès les premières années
du X® siècle, mais il ne semble pas qu'il y ait eu des
fabriques avant le xii^ siècle ; ce fut la ville de Xativa
{Sœtabis), aujourd'hui San Felipe, dans la province de
Valence, qui devint le centre de cette industrie.
Ce papier arabe a longtemps passé ])our avoir été fa-
briqué avec du coton; c'est une opinion que l'analyse mi-
croscopique de fragments empruntés à un grand nombre
de manuscrits a complètement démentie ; et ce résultat
est confirmé par les textes. Les plus anciens papiers
arabes étaient fabriqués à l'aide de chiffons de lin et de
chanvre, souvent avec de vieux cordages. Un système de
pilons et de meules, mus par des machines hydrauliques,
écrasait les chiffons et triturait la pâte au contact de l'eau.
La pâte était coulée sur des formes, et, dès la fin du
viii^ siècle, des vergeures, visibles sur les feuilles de
papier, viennent témoigner de l'emploi des châssis. Le
papier ainsi obtenu était peu compact et raboteux : aussi,
avant de le coller et de le lisser, lui faisait-on subir un
traitement particulier en l'enduisant d'une sorte de gelée
formée d'amidon et de farine, qui en remplissait les pores,
rendait le papier compact et en blanchissait la surface.
Après quoi, la feuille placée sur une table était polie à
l'aide d'une pierre dure, puis collée généralement à la colle
d'amidon, ce qui se faisait en trempant la feuille dms
une solution.
Les premiers papiers dont on se servit dans la chré-
tienté et notamment en Grèce, en Sicile, en Italie, dans
l'Espagne chrétienne, furent d'importation arabe. Mais
peu à peu des moulins à papier s'établirent dans ces dif-
férents pays. En Italie, les plus anciens sont signalés à
Fabriano, dans la marche d'Ancône. Le papier de Fabriano
fut longtemps célèbre dans toute l'Europe, et en Espagne
même il faisait, au xiv^ siècle, concurrence aux anciennes
fabriques tombées en décadence depuis le déclin de la do-
mination ai\abe. D'autres fabriques s'établirent plus tard
à Padoue, à Trévise, à Venise, à Milan ; et ce fut pai*
elles que s'approvisionna l'Allemagne du Sud. En France,
l'industrie du papier paraît avoir éjé importée d'Espagne.
En 1189, un évèque de Lodève autorisa l'établissement
de moulins à papier sur le cours de l'Hérault ; et c'est la
première mention qu'on possède jusqu'à présent sur l'in-
troduction en France de l'industrie papetière. Du Lan-
guedoc elle se propagea dans la vallée du Rhône et en
Bourgogne. Plus tard apparaissent les papiers de Lille,
de Liège, de Bruges, d'Anvers. En Allemagne, les pre-
mières papeteries furent établies près de Mayence en 1320.
A Nuremberg, un nommé Ulman Stromer construisit, en
1390, le premier moulin à papier mù par l'eau, ce qui
fut alors considéré comme quelque chose d'extraordi-
naire. Quant aux papeteries de Ravensbourg, signalées
souvent comme les plus anciennes, elles ne semblent pas
être antérieures à 1407, mais elles ne tardèrent pas i<
devenir très célèbres ; dès le xv*^ siècle, la grande compa-
gnie commerciale qui exploitait les papeteries de Ravens-
bourg avait des maisons à Valence, à Alicante et à Sara-
gosse. Bâle eut une fabrique de papier en 1440, où l'on
fit venir en 1470 des ouvriers de Galice pour y perfec-
tionner la fabrication.
Les plus anciens documents occidentaux écrits sur pa-
pier qui se soient conservés ne remontent pas au delà du
xii° siècle. Le plus ancien acte sur papier qui ait une date
certaine est un diplôme de Roger, roi de Sicile, de l'an 1102.
Au commencement du xiii*^ siècle, plusieurs actes de l'em-
pereur Frédéric II sont émis sur papier ; mais en 1231,
ce même prince fit défense d'employer le papier pour les
actes pubhcs à cause de sa destruction rapide. Et pendant
longtemps les notaires italiens durent en prêtant serment
•APIER
- 990
s'obliger à ne pas employer le papier pour leurs actes. Si
les actes originaux ne furent pas pendant longtemps écrits
sur papier, en revanche on en fit des registres, des rou-
leaux, et on l'employa de bonne heure à la correspondance.
A Venise, le Liber plegionim, registre dont les plus an-
ciennes mentions sont de l'2!23, est en papier. Les registres
du conseil des Dix sont en papier depuis 4 o^o. En France,
les plus anciens documents sur papier qu'on ait mentionnés
sont : les comptes crAlfonse de Poitiers, frère de saint
Louis ; des rouleaux d'enquêteurs de la même épocpic ;
les coutumes de Figeac éci'ites en '130î2 de la main de Guil-
laume de Nogarct ; les interrogatoires des Templiers en
1307 ; de nombreux registres de notaires provençaux de-
puis le milieu du xui*' siècle. A partir du second quart du
XIV® siècle, Femploi du papier se propagea rapidement et
s'étendit à la plupart des documents qui étaient auparavant
écrits sur parchemin. Au siècle suivant, la diffusion des
études, mais surtout l'invention de l'imprimerie donnèrent
à l'industrie du papier une extension et une diffusion con-
sidérables.
De même que pour le papier arabe on a longtemps con-
sidéré les plus anciens papiers occidentaux comme faits
de coton. On les désignait souvent en effet dans les textes
sous le nom de charta bambagina, papyrus bombijcma,
rharta cuttunea qui semblait désigner le coton comme
matière première, tandis que ces expressions ne sont cer-
tainement qu'une allusion à l'aspect cotonneux ou soyeux
qu'avaient la plupart de ces papiers. ïl est incontestable
aujourd'hui que tous étaient fabriqués avec des chiffons de
toile ou de chanvre.
Les plus anciens de ces papiers d'Occident ont, comme
ceux d'Orient, une surface plane et lisse, comme l'ont eue
plus tard les vélins. Mais bientôt y apparaissent des ver-
geures, coupées à intervalles plus ou moins rapprochés
par des lignes perpendiculaires, les pontuseaux, les unes
et les autres reproduisant Fempreinte du treiUis métal-
lique de la forme, sur lequel la pâte liquide a été étalée.
Dès le xiv^ siècle, on eut l'idée d'utiliser cette reproduc-
tion en en faisant une marque de provenance ou de fa-
brique. Pour cela, sur le treillis des formes, on broda en
tîl de laiton des initiales, des mots, des emblèjnes de toute
espèce. Ce sont les fdigranes. Toute feuille de papier fili-
grane porte en elle-même son acte de naissance, mais le
difficile est de le déchjjfrcr. Les mêmes marques se sont
en effet perpétuées longtemps dans les mêmes fabriques
en ne recevant que des modifications insensibles; mais
surtout les marques célè])res ont été partout contrefaites,
et certaines d'entre elles, le pot, TaigJe, la cloche, etc.,
ont fini par désigner des formats ou des espèces de pa-
pier. Cependant lorsque l'étude des fihgranes, commencée
depuis longtemps déjà, sera plus avancée, il sera possible
d'avoir recours à eux pour déterminer, avec une précision
assez grande, l'âge des documents non datés, et aussi,
mais sous certaines réserves et avec une grande circons-
pection, pour en déterminer la provenance.
Les perfectionnements apportés à la fabrication du pa-
pier depuis Fépoque de la Henaissance ont été signalés
dans le paragraphe précédent ; il suffira de dire que l'in-
dustrie ne subit guère de modifications avant le xviii^ siècle.
Ce fut dans les dernières années de ce siècle que fureiit
faites à Essonnes les premiers essais de la machine à
papier continu. A. G.
ÎIÏ. Administration. — ■ Papier timbré. — Papier
spécial, vendu par l'Etat, et sur lequel doivent être
écrits tous les actes civils ou judiciaires, toutes les
écritures qui doivent êîie produites en justice et y faire
foi. Le papier timbré, qui est vendu un prix bien supé-
rieur au prix de revient, est un moyen de percevoir
Fimpôl. Il se fabri(|iio par l'industrie privée, sous la
surveillance des agents de l'administration et porte dans
la pâte même une filigrane avec les mots « Papier tim-
bré. France », et la date de fabrication, entourée d'une
couronne de feuilles de chêne. En tète et à gauche, chaque
feuille porte en outre deux timbres, l'un sec, l'autre noir
indiquant la valeur du papier. Les dimensions des diverses
feuilles de papier timbré sont fixées par la loi du 13 bru-
maire an YII et varient, suivant qu'il s'agit du giwid re-
gistre, du grand papier, du moyen papier, du petit
papier, de la demi-feuille ou de la moitié de demi-
feuille. Le papier timbré est vendu au public d'abord par
tous les receveurs de Fenregistrement, et aussi, pour plus
de commodité, par certains débits de tabac désignés spé-
cialement par le directeur général de Fenregistrement. En
principe, on ne peut pas employer d'autre papier timbré
que celui de là régie, cependant les particuliers ont le
droit de faire timbrer à 1 extraordinaire d'autres sortes
de papiers avant d'en faire usage. Les notaires, huissiers,
greffiers sont tenus de se servir exclusivement du papier
timbré de l'administration à peine de 20 fr. d'amende
par chaque contravention ; exceptionnellement, les avoués
peuvent, comme les particuliers, faire timbrer à l'extra-
ordinaire certains actes qu'ils sont dans l'usage d'imprimer.
Pour augmenter la consommation du papier timbré, et par
suite le rendement de Fimpôt, la loi a fixé le nombre de
lignes que chaque espèce de papier timbré peut contenir
au maximum. L'empreinte du timbre ne peut être ni cou-
verte d'écriture, ni altérée. Toute feuille de papier timbré
qui a été employée à uji acte quelconque ne peut plus
servir pour un autre acte, quand même le premier n'aurait
pas été achevé. Néanmoins, il faut entendre cette règle
dans un sens raisonnable, et, si quelques mots seulement
ont été tracés sur une feuille de papier timbré, rien n'em-
pêche de les bà tonner et d'y écrire un autre acte. Toute
contravention à la règle que nous venons de rappeler en-
traîne contre celui qui Fa commise une amende de o fr..
si c'est un simple particulier, de 20 fr., s'il est fonction-
naire, ïl ne peut être fait ni expédié deux actes sur une
même feuille de papier timbré, sauf certaines exceptions.
Il est fait défenses aux notaires, huissiers, greffiers, ar-
bitres ou experts d'agir, aux juges de prononcer aucun
jugement, et aux administrations pubfiques de rendre aucun
arrêté sur un acte, registre ou effet de commerce non
écrit sur papier timbré de la dimension prescrite, ou non
visé pour timbre. F. Girodon.
Papiers n'AiTAiREb (Y. Affranchissement, 1. 1, p. 701).
ÏV. Marine. — Papiers ue iîord (V. Nationalité,
Navigaxiox, t. XXIV, p. 886).
V. Economie politique. ~ Papieu-moxnaie. —
On entend parfois sous cette appellation toute espèce de
monnaie représentative ou fiduciaire non métallique :
jetons en carton, en cuir, billets en papiers, etc..
objets qui, i\ Fencontre de la monnaie métallique, n'ont
aucune valeur intrinsèque. Mais strictement on doit définir
le papier-monnaie : une petite feuille de papier à
laquelle les gouvernements donnent conventionnellement
une valeur d'argent monnayé et dont ils décrètent le
cours forcé. Il ne faut pas confondre, en effet, le
papier-monnaie et la monnaie de papier. Le papier-
monnaie est une création du pouvoir politique pour rem-
placer la monnaie métaUique qui lui manque ; la mon-
naie de papier (billets de banque, chèques, traites, billets
à ordre, lettres de change et autres titres de crédit),
est, au contraire, le résultat d'un contrat, n'a pas le
cours forcé et peut toujours, à la demande du porteur
et à moins de conventions spéciales, être échangée contre
des espèces sonnantes ; on est libre de l'accepter ou
de la refuser dans les paiements. Le papier-monnaie
a, au contraire, cours forcé, c.-à-d. qu'il ne peut être
lég^alement refusé et que le porteur n'a droit à aucun
échange contre espèces métalli(|ues. Suivant les principes
exposés au mot Moxxaie, toute bonne monnaie doit
avoir un caractère d'équivalent, faute de quoi elle en-
gendre un malaise social, voire même une crise financière
qui peut conduire un Etat à la banqueroute. Si donc un
gouvernement est obligé, à un moment donné, d'émettre
un papier-monnaie, il ne peut le faire qu'en s'engageant
99'] --
PAPIER
à remplacer, ii une époque déterminée, ce morceau de pa-
pier qui n'est pas un équivalent, par une monnaie réelle
ou une marchandise équivalente. Le gouvernement qui
recourt à l'expédient du papier-monnaie sous quelque nom
que ce soit, monnaie obsidionale,bons de siège, assignats,
mandats, jetons, billets de contiance, etc., et en impose
le cours forcé, avoue qu'il manque de numéraire, il con-
fesse son désarroi et sa détresse ïmnncière; mais en même
temps, comme sa nouvelle monnaie ne pourrait inspirer
confiance au public, il prend l'engagement de rembourser
en bonnes espèces d'or ou d'argent celte mauvaise monnaie
de papier ou d'autre matière vile, aussitôt que la crise
momentanée qu'il traverse sera conjurée et qu'il aura pu
rétablir ses finances. Si le public accepte ces /?t>ns de pa-
pier qui ne représentent rien qu'une promesse, c'est parce
qu'il présume qu'un jour viendra oii l'Etat émetteur sera
en mesure de faire face à ses engagements. Le gouver-
nement escompte l'avenir, et le public confiant fait crédit
à l'Etat dont il admet, suivant le mot populaire, que la
signature vaut de l'or. Mais malgré les plus belles pro-
messes et les plus solennels engagements de l'autorité pu-
blique, la sécurité du porteur de bons ne saurait être
complète, parce que le crédit de FEtat peut être altéré
par mille circonstances diverses et devenir une pure fic-
tion. Il en est tout autrement pour les billets de la Banque
de France, par exemple, dont la valeur est garantie pur
une encaisse métallique. De plus, du moment qu'il a plu au
législateur d'émettre du papier-monnaie, il peut aussi dé-
pendre d'une loi d'en modifier, altérer, supprimer la valeur
purement nominale et légale, tandis qu'il ne dépend nul-
lement du législateur de modifier le cours d'une monnaie
métallique dont la valeur intrinsèque est adéquate à sa
valeur nominale. Le papier-monnaie, comme toute mauvaise
monnaie, ne peut circuler que dans l'étendue du pays oii
il a été émis ; l'étranger ne lui reconnaît qu'une valeur
dépréciée et mobile, en rapport avec la confiance que lui
inspire le pouvoir émettear.
Le crédit dont jouit le papier-monnaie est, comme pour
la monnaie d'appoint, en relation directe avec la quantité
de ce papier qui a été lancée dans la circulation. Si cette
quantité ne paraît pas exagérée, mais normale, si le pu-
blic a la conviction qu'elle ne dépasse pas les ressources
financières que l'Etat sera toujours à même de se pro-
curer, pour effectuer son remboursement, tout va bien,
et le papier circule sans obstacle. Mais vienne la tenta-
tion à l'Etat, gêné dans ses finances, d'émettre du papier
en trop gi'ande abondance, la défiance s'empare immédia-
tement du public, et cette défiance, les lois coercitives
qu'on édicté pour l'enrayer, ne font, au contraire, que
l'accentuer, si même elles ne la font pas dégénérer en pa-
nique. C'est là, en particulier, ce qui est arrivé pour les
bons coloniaux émis par La Bourdonnais en 1736 et qu'après
de grandes catastrophes linancières, il fallut supprimer
en 1781. Il en fut de même pour les assignats émis par
la Convention et le Directoire. Lorsque le public se douta
que le gouvernement aux abois, et s' affranchissant de tout
scrupule, ne réaliserait pas sa promesse, qu'il émettait
son papier-monnaie pour des sommes fabuleuses, et sur-
tout lorsqu'il le vit ne pas reculer devant la reconnais-
sance officielle de la dépréciation de sa propre monnaie,
ce fut une débâcle immense dans laquelle s'engloutit la
fortune de l'Etat aussi bien que celle des particuliers (V.
Assignat) .
L'antiquité a su recourir, comme les gouvernements
modernes, à la monnaie purement fiduciaire avec pro-
messe de remboursement, seulement elle était en une
autre matière que le papier. La monnaie de bronze émise
en 406 av. J.-C. à Athènes, pendant le siège de la ville,
eut ce caractère de monnaie obsidionale ; Conon, dans son
expédition contre Olynthe, fit aussi monnayer du cuivre
avec cours d'argent, nous dit Aiistote, et il distribua en
paiement à ses troupes et aux fournisseurs de l'armée
cette sorte de papier-monnaie, en promettant de le retirer
et de rembourser tous les porteurs en argent dés la i'm
de la campagne. La monnaie de fer que firent frapper mo-
mentanément les habitants de Clazomène, de Byzance et
de quelques autres villes, au temps de la guerre du Pélo-
ponnèse, les pièces d'étain et de plomb do Denys, tyraji
de Syracuse, et du roi numide Massinissa, les monnaies
de cuir des Lacédémoniens et des Carthaginois, les mon-
naies de bois des Romains, toutes pièces dont les auteurs
anciens nous signalent l'apparition sporadique dans des
moments de crises financières ou à l'occasion de guerres
calamiteuses, ne sont que des formes variées du papier-
monnaie, c.-à-d. de la monnaie fiduciaire à cours forcé et
momentané.
Les Chinois connaissaient le papier-monnaie dès l'anti-
quité la plus reculée. Marco-Polo, k la fin du xiii® siècle,
en décrit la fabrication et l'emploi : « On coupe le pa-
pier, (lit-il, par morceaux de différentes grandeurs, carrés,
mais plus longs que larges, et qui sont censés valoir, les
uns 1 denier tournois, les autres 1 gros de Venise. Le
papier se fabrique avec autant de cérémonie que si c'était
de la monnaie d'or et d'argent ; les divers ofilciers, pré-
posés à cet effet, ont soin d'apposer leurs noms, leurs ca-
chets, et finalement, le garde du sceau royal trempe dans
du vermillon le scel qui lui est confié, en marque tous les
morceaux de papier pour achever de leur donner un ca-
ractère authentique. Quiconque contrefait la marque de
ce sceau est puni de mort. Ce papier est ensuite répandu
dans les domaines de Sa Majesté, et personne n'ose, sous
peine de mort, le refuser en paiement. » Le gouverne-
ment chinois, trouvant peu dispendieux ce procédé pour
payer ses dettes, ne manqua pas de répandre ces petits
chiffons à profusion, comme le fit la Révolution française
pour ses assignats. Il en résulta de terribles crises ; dans
l'extrême Orient comme en France, les mêmes causes, les
mêmes abus provoquèrent les mêmes catastrophes.
Tous les gouvernements de l'Europe moderne ont eu
recours au papier-monnaie, à cours forcé ; F Angleterre, à
partir de 1797, en usa, mais avec modération et sagesse.
Pendant la guerre 1H70-71, un grand nombre de villes de
France, autorisées par la loi du 12 août 1870, émirent du
papier-monnaie qui fut remboursé aux porteurs après la
crise. La théorie du papier-monnaie est aujourd'hui fondée
aussi bien sur une expérieiice cent fois renouvelée que
sur la science abstraite : ce n'est qu'un expédient dont
les gouvernements dans la gêne ne doivent se servir
qu'avec prudence et momentanément. Quant à la monnaie
de papier, librement acceptée ou refusée dans les paye-
ments, et comprenant tous les titres de crédit, c'est une
monnaie représentative qui, aujourd'hui, occupe, dans la
circulation commcrcicde, une place plus grande que la
monnaie métallique elle-même (V. Assignat, Banque, Billet,
BuLLioNisTES, Câis^e, Crkdh', l^onnaie). E. Bakelon.
VI. Pharmacie. — Papiehs médicinaux. — Sous ce
nom se groupent diverses préparations pharmaceuti({ues, ou
le papier sert de substratum à des substances emplastiques
ou à des sels divers. Ces papiers sont employés, soit comme
topiques (papier épispastique, papier chimique, papiermou-
tarde, etc.), soit en fumigations, par combustion (papier ni-
tré, papier arsenical, etc.), soit pour obtenir rapidement des
solutions médicamenteuses titrées (papier au subhmé, etc.).
Les uns se préparent par imbibition, par exemple le papier
au sublimé, préparé par imbibitioii d'une solution de chlo-
rure de sodium et de bichlorui'c do mercure ; il contient
par feuille 0s%2o de sublimé et sert à faire 1 htre de
solution au 1/4000. Chaque feuille porte, inscrites avec
une encre au carmin d'indigo, la nature et la dose du mé-
dicament avec l'indication « poison ». Par ce moyen, on
obtient une solution colorée en bleu, couleur attirant l'atten-
tion et mettant en garde contre les accidents. Le pa^rier
nitré, pour fumigations, se prépare par imbibition d'une
solution saturée de nitrate de potasse. Le papier arse-
nical (V, Cigare riE, § Thérapeutiqve) se prépai^e égale-
ment par imbibition et contient par feuille pour un usage
l'APIËR — PAPILLOTAGE
— mil
Osi;05 d'ai'séiiJate de soude. D'autres papiers se préparent
par application d'une composition emplastique au moyen
du sparadrapier (poix de Bourgogne, cire et térébenthine
de mélèze pour le papier à cautère, goudron, colophane
et cire jaune pour le papier goudronné ou emplâtre cla
pauvre homtJie), ou au pinceau (emplâtre de minium sur
papier enduit d'huile siccative, ^owrle papier chimique) , ou
en faisant flotter le papier à la surface de la matière emplas-
tique en fusion (pommades épispastiques, à doses diverses
de cantharides. pour les papiers épispastiques, n°^ 1,
2, 3). Un dernier type de papier médicinal est \e papier
})n)utarde ou sinapisme instantané, où la substance active
(farine de moutarde dégraissée par le sulfure de car])one)
est fixée au papier par une solution de caoutchouc dans
la benzine. V. Haulay.
IhuL. : Histoire et AiicnLoLOGii;. —E. Eggeu, le Pa-
pier dcins l'antiquité et dans les temps modernes ; Paris,
1866, in-8. — WATTE^'BACH, dans Schriftwesen imMittel-
alter; Leipzig, 1875, in-8. — C.-M. Briquet, Recherches
sur les premiers papiers employés en Occident et en Orient
du x« au xiv» siècle, au t. XLVI (1886) des Mém, de la Soc.
des antiquaires de France. — Du môme, Sur les pd,piers
usités en Sicile ; Palerme, 1892, in-8. — J. Karabacek, Das
aroMsche Papier ; Vienne, 1887, in-4, et Neue Quellen zur
Papiergeschichtc, ibid.~3. WiESNER,Dic Mikroshopische
Untersuchum/ des Papiers ; Vienne, 1887, ia-i. — Sur les
filigranes, V. notamment : Midoux et jMatton. Etude sur
les filigranes des papiers employés en France aux xiv« et
xv« siècles ; Paris. 1868, in-8. — Zonghi, le Marche princi-
pali délie carte Fabrianesi ; Fabriano, 1881, in-8. — C.-M.
Briquet, Papiers et filigranes des archives de Génies ; Ge-
nève, 1888. in-8. — J. Gauthier, V Industrie du papier
dans les hiiiitcs rallces franc-comtoises; Montbôiiard,
1897, in-8.
PAPILIONACÉES {Papilionaceœ R. Br.). Section
de la grande famille des Légumineuses et dont on a fait
(juelquefois une famille distincte (V. Lkglmixeusks).
PAPILLE (Anat.). Les papilles sont de petites émi-
nences plus ou moins saillantes, à forme conique qui
s'élèvent de la surface de la ])eau et des membranes mu-
queuses. C'est Malpighi qui, dès 1664, les décrivit pour la
première fois. Leur forme et leur dimension sont très va-
riables. Dans certaines régions, comme la mamelle, le
pénis, le scrotum, elles sont absolument microscopiques,
ayant à peine 30 à 40 centièmes de millim. de hauteur,
alors qu'à la paume de la main, de la plante des pieds
'dles sont nettement visibles à l'oeil nu. On divise suivant
leurs formes les papilles eji deux groupes, les simples et
les composées. Les papilles simples do forme plutôt co-
nî({ue, n'ont qu'un sommet, alors que les papilles compo-
sées présentent plusieurs extrémités arrondies avec une
base commune. On rencontre surtout des papilles compo-
sées à la face palmaire des doigts, elles sont disposées en
stratification régulières, formant les dessins que l'on trouve
dans ces régions et qui sont si caractéristiques que l'em-
preinte du doigt est un des meilleurs signes d'identité que
l'on puisse avoir.
Gallon, qui s'est particulièrement occupé de cette ques-
tion, montre que les empreintes papillaires ne se modi-
fiaient pas durant la vie, et que chaque individu présen-
tait un groupement qui lui est propre. C'est du reste une
uiéthode utiUsée pour les troupes indo-chinoises : sur la
feuille sygnalalétique, on fait marquer an nouvel engagé
l'empreinte du pouce.
Les papilles renferment soit des vaisseaux sanguins
(papilles vasculaires), soit un corpuscule du tact (papilles
nerveuses). Les papilles vasculaires sont répandues à toute
ht surface du corps, alors rpie les papilles nerveuses ne
se rencontrent qu'aux extrémités : main et pied. Les pa-
pilles de la langue méritent une attention spéciale. Elles
sont très visibles à l'œil nu et présentent une variété de
formes considérables. On a pu les diviser en cinq groupes :
caliciformes, fongiformes, hliformes, foliées, hémisphé-
riques. Ce sont toutes des papilles composées, à l'excep-
tion des dernières (hémisphériques qui sont identiques à
celles de îa peau et fort petit'^s). Seules les papilles calici-
formes et les papilles fongiformes, au moins chêzrhomme,
reçoivent les corpuscules du goût, les autres servent sans
doute au tact, mais non à la gustation. On trouve ces cor-
puscules soit à la base même de la papille, soit au som-
met de cette dernière, suivant les variétés observées. En
fait, la papille a surtout pour objet, par sa disposition
même de favoriser l'impression sensitive en plaçant l'ap-
pareil réce[)teur, corpuscule de Meissner, ou corpuscule du
goût dans les meilleures conditions de réceptivité des exci-
tations qui lui sont envoyées. L.-P. Laxglois.
PAPILLOME (Méd.). Maladie cutanée caractérisée par
une induration et un épaississement mal délimité du derme
surmonté de saillies papillaires plus ou moins marquées,
séparées les unes des autres par des sillons quelquefois
fissurés, variant de volume, depuis celui d'une tète d'épingle
jusqu'à celui d"une pomme aplatie. L'affection qui donne
le mieux l'idée du papillome est la verrue vulgaire, et
d'ailleurs c'est à la main et aux doigts aussi que cette
production siège de préférence. La verrue est seulement un
tout petit papillome. Outre ce type, il existe des dégé-
nérescences papillomateuses de la peau, secondaires à de
vieilles inflammations différant complètement comme ori-
gine (pemphigus, lichen, psoriasis, syphilis, etc.) ou à un
état cachecti(iue de la peau. Le traitement consiste dans
l'abrasion (avec ou sans ramollissement préalable par des
topiques) ou la cautérisation ignée. L'éruption cutanée
papillomateuse des rafïineurs de pétrole (Derville et Guer-
monprey), et qui semble être le résultat d'une irritation
naissant sur les mains des ouvriers chargés du nettoyage
des appareils à distillation de ce produit, est justiciable
de cautérisations à l'acide sulfurique (mains et avant-
bras) ou de l'excision au bistouri dès le début (face et
scrotum).
PAPILLON. 1. ExTOMOLOGiE (V. Lépidoptères).
IL Art nÉRALDiuLK. — Le papillon est représenté en
blason les ailes ouvertes. Il est dit mir aillé (piand ses
taches sont d'un émail différent.
PAPILLON (Almaque), poète français, né à Dijon en
1487, mort en 1559, valet de chambre de François L'^\
camarade de Marot. On a conservé de lui le Nouvel Amour,
poème en vers de cinq pieds, édité avec les Opuscules
d'amour d'Hervet (Lyon, 1547).
PAPILLON (i\larc de), seigneur de Liaphrise, poète
français, né à Amboise en 15oo. Il guerroya jusqu'en
1589, époque à laquelle il se retira en Gascogne, son pays
natal. Ses OEuvres poétiques (Paris, 1590 et 1599,
in-12) comprennent des sonnets, élégies, chansons, épi-
taphes de forme assez incorrecte.
PAPILLON (Philibert), biographe français, né à Dijon
le 1^'' mai 1666, mort à Dijon le 23 févr. 1738. Fils d'un
avocat, il entra dans les ordres (1694) après des études
variées ; chanoine à Dijon, il composa sa Bibliothèque des
auteurs de Bourgogne (Dijon, 1742, 2 vol. in-foL), recueil
de 1.200 notices très précieuses, qui fut pubHé par son
frère. Le P. Lelong a beaucoup utilisé l'érudition de Papil-
lon, qui, d'autre pai't, a publié VHistoirc de Franclie-
Comte de Pellisson.
PAPILLON. Famille de gra\eurs sur bois du wn^ e(
du xviii^ siècle, parmi lesquels on cite : Jean, né à Rouen,
mort le 10 août 1710 ; ses fils /mri (166 1-1723), inven-
teur des papiers de tenture pour appartements, et Jean-
yicolas (1663-1714), tous deux nés à Saint-Quentin ;
Jean- Michel, fils du précédent, né à Paris le 2 juin 1698.
mort à Paris en 1776, qui fut très à la mode comme pro-
fesseur de gra^ ure des personnages de la cour de Louis XV,
et a rédigé un Traité historique et pratique de la gra-
vure sur bois (Paris, 1766, 2 vol. in-8), dont la partie
bislorique est détestable, la partie pratique intéressante.
PAPILLOTAGE (Peint, et grav.).Le])a/n7/o%^, dans
le langage des arts, s'entend du défaut qui consiste, dans
une composition, à éparpiller les effets de lumière sur des
surfaces trop multipliées. La beauté optique disparait si
fa loi de Lunité est méconnue. Or elle 1 est incontesta-
hlement quand un tableau offre plusiems masses claires
~ 993
PAPJLLOTAGE - PAPINIEN
d'une égale intensité. Le moyen sur de détruire TefFet
d'une lumière, c'est de lui assimiler une seconde masse lu-
mineuse. Il est d'ailleurs aisé à comprendre que, pour exci-
ter vraiment l'intérêt, tout spectacle pittoresque doit pré-
senter un point clair dominant dans l'ensemble des clairs,
sans quoi, le regard hésite et se fatigue, l'attention se di-
vise et se perd. La lumière doit être une, comme dans la
nature, ce qui ne signifie pas qu'elle doit être unique.
PAPIN (Denis), physicien français, né à Blois le 22 août
1647, moit en Angleterre vers 1714.11 était fils d'un mé-
decin et neveu d'un autre médecin, Nicolas Pxn^i, auteur
de quelques ouvrages sans grande valeur. Il étudia lui-
même la médecine, à Paris, s'y fit recevoir docteur et y
exerça quelque temps ; mais, passionné pour les sciences
mathématiques et physiques, il ne tarda pas à leur consacrer
la plus grande partie de son temps et suivit assidûment les
leçons de Huygens, que Colbert avait fait venir en France.
En 1680, Denis Papin, qui était calviniste, dut, pour se
soustraire aux persécutions, se rendre en Angleterre. Il fut
accueilli, à Londres, par Robert Boy le (V. ce nom), qui
l'associa à ses expériences sur la nature de l'air et qui le
fit admettre à la Société royale. La même année, il publia,
en anglais, l'opuscule intitulé Manière d'amollir les os
et de faire cuire toutes sortes de viandes en fort peu
de temps et à peu de frais, avec une description de la
marmite dont il faut se servir à cet effet, etc. (trad.
franc., Paris, 1682, et Amsterdam, 1688, in-12), ou il
annonce l'invention de l'appareil connu sous le nom de
digesteur ou marmite de Papin et remplacé, depuis,
par les autoclaves (V. Digesteur). En 1681, il partit
pour Sarotti, près de Venise, puis revint à Londres
en 1684 et y demeura jusqu'à la fin de 1687, pour se
rendre, cette fois, à Marbourg, où le landgrave Charles
de Hesse venait de lui offrir une chaire de mathématiques
et de physijue. Il l'occupa brillamment et la conserva
jusqu'en 1707. C'est au début de son séjour à Marbourg
qu'il semble avoir réalisé ses premières expériences
concluantes sur l'application de la force motrice de la
vapeur d'eau ; mais l'origine de ses recherches remonte
à quelques années auparavant, vers 1684 ou 1685.
La machine qu'il construisit et qui confirmait pra-
tiquement le principe émis, soixante-dix ans plus tôt, par
Salomon de Caus (V. Cals), se composait, comme les cy-
lindres des machines actuelles, d'un piston comprimé alter'
Hâtivement au-dessus et au-dessous. Il avait d'abord
eu l'idée de faire le vide sous ce piston au moyen d'une
pompe aspirante mise en mouvement par une chute d'eau
et reliée au corps de pompe de la machine par une suite
de tuyaux. Il avait tenté ensuite de l'obtenir en brû-
lant de la poudre à canon dans le corps de pompe. Il avait
enfin reconnu que l'eau, changée par le feu en vapeur, fait
ressort comme l'air et se- détend ensuite par la condensa-
tion. Il transforma, peu après, le mouvement rectiligne
du piston, au moyen d'une sorte de bielle, en mouvement
de rotation, puis imagina la soupape de sûreté. Il voulut
appliquer industriellement son invention, mais il se laissa
intimider par les contradicteurs et il se borna à apporter
à la machine construite, vers le même temps, par Savery
(V. ce nom), plusieurs perfectionnements essentiels. Il eut
l'idée ensuite de l'employer à la propulsion des bateaux
et, tout au commencement du xviii^ siècle, il la monta
hur un petit bâtiment muni d'une roue hydraulique, avec
palettes faisant fonctions de rames ; la machine élevait
l'eau et celle-ci, en retombant sur la roue, la faisait tour-
ner. Il s'embarqua, en 1707, à Cassel, sur ce premier
navire à vapeur (V. Bateau, t. V, p. 706), avec l'idée
de gagner l'Angleterre par la Fulda, la Weser et la
mer du Nord ; mais, près de Miinden, des bateliers stu-
pides l'assaillirent et mirent son bâtiment en pièces.
Lui-même ne dut la vie qu'à la fuite. Il se rendit néan-
moins en Angleterre, où il arriva dénué de toutes res-
sources et complètement découragé. Il y mourut quelques
années plus tard, dans une profonde misère. Des biographes
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
l'ont fait finir ses jours, sans aucune vraisemblance, soit
à Marbourg, soit en France, où il serait retourné. Il n'a
pu mourir, en tout cas, en 1710, comme on Fa aussi écrit,
car en 1712 il était encore en correspondance avec Leib-
niz. Il avait été nommé en 1699 correspondant de l'Aca-
démie des sciences de Paris. Outre l'opuscule déjà cité, il
a publié : Expériences du vuide, avec la description
des machines servant à les faire (Paris, 1674) ; A con-
tinuation ofthenew Digestor ofbones (Londres, 1687) ;
Augmenta quœdam et expérimenta nova circa antliam
pneumaticam (Londres, 1687) ; Recueil de diverses
pièces touchant quelques nouvelles machines (Cassel,
169o); Manière pour lever Veau par la force du feu (Cas-
sel, 1707). Il a donné enim dans les Philosophical Tran-
sactions Ji61^-il0^), dans le Journal des Savants
(1684-8o), dans les Acta eruditorum de Leipzig (1686-
91), de nombreux mémoires et articles sur les propriétés
de l'air et de la vapeur d'eau, sur la machine pneumatique,
le mouvement perpétuel, la poudre à canon, les baro-
mètres, etc. Sa correspondance avec Leibniz et Huygens a
été réunie par E. Gerland sous le titre : Leibnizens und
Huygen's Briefwechsel rnit Papin (Berlin, 1881). Une
statue, due à David d'Angers, lui a été élevée à Blois en
1859, une autre au Conservatoire des arts et métiers, ù
Paris, en 1887. L. S.
BiBL. : D.-F. WuRZER,De Papino et machina Papiniano ;
Marbourg, 1809. — Bannisti:re, Notice sur Pupin ; Bloifc>,
1854. — La Saussaye et Péax, la Vie et les ouvrages de
Denis Papin ; Lyon, 1869. — Ernouf, Denis Papin, sa vie
et son œuvre ; Paris, 1871.
PAPIN (Léger), homme poh tique français, né à Paris
le 2 oct. 1742, mort à Paris le 2 févr. 1821. Curé-prieur
de Marly-la-Ville, il fut élu, le 2 mai 1789, député du
clergé aux Etats généraux par la prévôté et vicomte de
Paris. Il embrassa les idées libérales et prêta le serment
ecclésiastique le 27 déc. 1790.
PAPIN (Jean-Baptiste), homme politique français, né à
Aire (Landes) le 10 déc. 1756, mort à Paris le 3 févr.
1809. Avocat, député des Landes au Conseil des anciens,
il se rallia à Bonaparte. Député des Landes au Corps lé-
gislatif, il entra au Sénat le 1^^' févr. 1805 et fut créé,
en 1808, comte de Saint-Christau.
PAPINIEN (iEmilius Papinianus), le plus célèbre des
jurisconsultes romains, né probablement sous Antonin le
Pieux, préfet du prétoire sous Septime Sévère, et mort en
l'an 212 ap. J.-C. D'après une allégation delà vie deCa-
racalla encore souvent reproduite, il aurait été l'élève de
Q. Cervidius Scœvola en même temps que Septime Sévère,
et aurait succédé à ce dernier dans les fonctions à'advo-
catus flsci, vers le temps de Marc-Aurèle. Mais M. Mom-
sen a démontré que cette allégation vient d'une interpo-
lation du manuscrit du Vatican de V Histoire Auguste
(Pal. 899). On sait, au contraire, d'une manière certaine
qu'il a été assesseur des préfets du prétoire, qu'il a été
(probablement ensuite) magister libellorum, et qu'il a
été nommé préfet du prétoire par Septime Sévère, proba-
blement après la mort de Plautianus, au plus tard en
l'an 20o. Il parait avoir accompagné, en cette qualité, Sep-
time Sévère dans son expédition de Bretagne en l'an 208.
Caracalla le fit mettre à mort en l'an 212, à la suite du
meurtre de Géta, dans des circonstances sur lesquelles il
existe plusieurs versions. — Les principaux ouvrages de
Papinien sont 30 livres de Quœstiones, publiés sous le
gouvernement exclusif de Septime Sévère (193-198), et
19 livres de Picsponsa, publiés au moins en partie sous le
gouvernement commun de Sévère et Caracalla (198-211),
peut-être achevés seulement après la mort de Septime
Sévère. On connaît en outre de lui des Defînitiones en
2 livres ; deux traités, deAdulteriiSy l'un en 2 livres, l'autre
en un seul ; enfin un ouvrage en langue gre;!que intitulé
'Aa:uvo(jL'y.dç et concernant les fonctions exercées en ma-
tière de voirie par des autorités incertaines. Des extraits
assez nombreux de ses divers écrits nous ont été trans-
mis indirectement dans le Digeste, les Fragments du Va^
63
PAPLMEN — PAPIRIA
994
tican, la Collatio et la loi romaiiio des Visigullib. Le texte
original do quelques passages des livres Y et IX de ses
Responsa est en outre connu depuis quelques années par
des débris retrouvés en l'.gypte, et achetés par les mu-
sées de Paris et de Berlin, d'un manuscrit en date du
IV® ou du v^ siècle. L'admiration presque excessive qu'il
a inspirée à ses contemporains et surtout à la poslérilé
se traduit encore plus qu'aux épithètes clogicuscs doni
son nom est perpétuellement accompagné chez les auteurs
et dans les constitutions impériales, à des faits législatifs
concrets, tels que la constitution de Constantin de l'an 32i
enlevant toute autorité aux notes écrites sur lui par Paul
VI Ulpien, et que la prépondérance qui est attribuée
à ses opinions, en cas de partage, dans la célèbre loi des
citations de Tan 426. On Ta considéré, peut-être avec un
peu d'exagération, comme le plus grand des juriscon-
sultes romains, parce que ses travaux sont, dans la forme
et le fonds, le type de la conception qu'on se faisait à
Home de la science du droit. Pas plus que les autres ju-
risconsultes de son temps, il ne s'essaie aux constructions
d'ensemble qui paraissent aujourd'hui la forme nécessaire
d'une exposition scientifique. Mais, s'il peut avoir eu des
égaux, il ne paraît pas avoir été dépassé dans Fart d'ap-
pliquer un principe à une espèce concrète, en dégageant
des détails secondaires le point essentiel, comme dans celui
do conclure d'une solution admise à une solution nouvelle
qu'elle entraîne. Le souci qu'il a de donner à sa pensée
l'expression la plus simple et la plus concise, et ses pré-
occupations réelles d'équité, ont aussi certainement coji-
Iribué à la progression constante de sa popularité dans la
période byzantine. P. -F. Gjbabu.
RiiîL. : [.es fragnioiits connus de Papinicn se trou vont
i^assonibiés et roiiiiis dans le.ur ordre primitir, dans Lenf.l,
iUdiiigenesiajuris civilis^ 1880,î,i)p. b0;'-9 1(3 (ajouter le frag-
ment des Qt(cesiio?iey, reproduit dans Giîix\iiî>, Textes de
droit romain, 1896, p. 311, 2° éd ). l^our sa biographie, les
notices les plus récentes sont celles de von Rohdkn et
JoPS. dans Pauly-Wissoava, Reidencyclopàdie der hlns-
sischen Alterlximsx^isscnschaft, 1893, I, pp. 172-176, et tie
Kr.EDS. Prosopogrdphio imperii liomani, 1897 et suiv.. 1,
pp, ;>t-35, à corriger l'une et l'autre d'après Mommsk.n, Zeits-
clu'ift der Savigny Sliflung, 1891, XI, pp. 30-33. Une dfs
jucilleures appréciations de Papinien comme jurisconsulte
est encore celle de Bruas. dans la 1'"'' éd. de Pauly, RetiJ-
encyclojjcidie, 1848, V, pp. 111-141. Le travail lourd et cons-
ciencieux d'OTTO, Papi//iii?u{S seu de vitastudiis scripl'n;
honore et morte JEm. Piijnnioni, Lugd. Bat., 1718_, reste
utile à consulter ; celui de M. Emilîo Costa, Papiniano,
studio di storioL interna del diriito rommio, Bologne.
1894-94, I-IV, a déjà 3 vol. et n'est })as encore terminé.
Autres indications" d'ins P. KnuvGER. Histoire des sources
dn droit romain^ trad. Brissaud 1894, pp, 263-268, et Girard.
Textes de droit ro7nain 1895, pp. 30u-3U7, 2" éd.
PÂPION (Zool.) (V. Cynockphale, t. XIIÏ, p, 703).
PAPIRIA {Gens). Célèbre famille romaine patricienne et
])lébéienne. Cicéron retrace son histoire dans une lettre à
PapiriusPsetus, disant que jusqu'cà Lucius Papirius Crassus,
consul en 336, la forme du nom était Papisms. La frac-
tion patricienne appartenant aux 7/ii?jor(?6'^(?a/6^5 compre-
nait les familles distinguées par les surnoms de Crassus,
Cursor, Maso, Mugillanus; la fraction plébéienne, celles
des Carbo, Ptetus et Turdus. La gens citait parmi ses
ancêtres le premier rex sacrifiai lus, nommé après l'expul-
sion des rois, et le grand pontife auquel on attribuait la
collection des lois religieuses. Son premier personnage
historique fut Lticius Papirius L. /. Mugillamis, consul
en 444 et 427 ; les mêmes nom et surnom furent portés por
ua tribun consulaire de 422,censeiu'en418; puis vint un
Mardis, consul en 411, et un Lucius, consul en 326.
— Parmi les Papirius Crassus, on trouve : un Lucius.
consul en 436, censeur en 4'i i ; un Caius, consul en 430 ;
un Lucius, dictateur en 340, consul en 336 et en 330
où il conquit Priverne, maître de la cavalerie (de L.
Papirius Cursor) en 32o, censeur en 318; son frère
Marcus, dictateur en 332.
Dans la famille des Papirius Ciu'sor, on peut citer un
Lucius, (^m^Quv en 393, et surtout son petit-fils Lucius.
qui fut l'un des grands hommes de la république romaine, |
cinq fuis coiiaul, deux ibis dictateur, le type du Romain
de vieille roche, dur à lui-même et aux autres, le héros de
la seconde guerre samnite. Il apparaît en o'tO, où son pa-
rent, L. Papirius Crassus, dictateur, le prit pour maître de
la cavalerie. En 333, il fut consul. En 323, on le nomme
dictateur pour diriger la guerre du Samnium avec Q. Fa-
bius Maximus comme maître de la cavalerie ; obligé de
revenir à Home pour chercher do nouveaux auspices, les
premiers étant irréguliers, il laisse le commandement à Fa-
iîius, avec ordre d"é\iter tout engagement. En son absence,
l' abius livre bataille et la gagne près d'imbrinium ; Papi-
rius veut le punir, les soldats se mutinent, et à Iiome, on
le maître delà cavalerie s'est réfugié, le peuple intercède.
Forcé de pardonner, Papirius regagne la faveur des troupes
en promettant de leur abandonner le butin ; il remporte
une victoire signalée, impose aux Samnites une trêve d'un
an, durant laquelle ils doivent entretenir l'armée etrevieni
célébrer le triomphe à Piomo. En 320, il est réélu consul
(quelques annalistes prétendent qu'd l'avait été une
seconde fois des 326), et fait campagne en Apulie devani
Lucérie; réélu consul en 319, il continue les opérations e(
s'empare de Lucérie. Les Frentans sont soumis ; une offre
de médiation des Tarentins avait été repoussée avec hau-
teur. L. Papirius Cursor triomphe pour la seconde fois.
En 314, il est pour la quatrième fois consul et pour h
cinquième en 313. En 309, on le nomme dictateur poui'
réparer le désastre de Caudium et secourir l'armée d»^
C. Marcius très menacée en Apulie; la nomination fui
faite par son ancien lieutenant Q. Fabius, alors consul; le
dictateur détruisit l'armée samnite et célébra son troisième
triomphe. Il mourut peu après. C'était un homme d'une
grande vigueur, mangeant et buvant sans mesure, très
dur pour ses soldats, d'une sévéïité poussée jusqu'à la
cruauté, mais le plus énergique et le meilleur chef d'armée
de son époque en Italie. — Son fils Lucius fut nommé
consul en 293, lors de la troisième guerre samnite, avec
Sp. Carvihus xMaximus ; il remporta d'éclatants succès,
célébra le triomphe, dédia un temple à ftuirinus et l'orna
de la preniDre horloge solaire qu'il y ait eu à Rome.
De nouveau consul en 272 avec CarVilius, il termina
la guerre samnite en obtenant la soumission des Samnites,
Lucaniens Bruttiens et Tarentins et célébra un second
triomphe.
Dans la famille des Papirius Maso, on peut citer un Lu-
cius, édile de 312, puis Catus Papirius 6. f. L. n., consul
en 231 , qui conquit la Corse, et n'ayant pu obtenir du sé-
nat le triomphe, le célébra sur le mont Albain, inaugu-
rant ainsi un nouveau système qui trouva des imitateurs ;
il mourut en 213. Sa hlle Papiria épousa Paul-Emile et
fut mère du second Scipion V Africain.
Dans la fraction plébéienne de la gens Papiria. les ser.ls
personnages importants sont ceux de la famille Carbo.
Les principaux furent : Caïus, préteur en Sardaigne
(170) ; Caïus C. f., tribun de la plèbe en 131 ; partisan
résolu des Gracques, il Ut voter une loi assiu^ant Tindé-
pendance du vote et M élu avec Cauis Gracchus et Ful-
vius Flaccus triumvir agris dividendis pour rexécutioii
de la loi agraire. On leiu^ imputa la mort subite et mys-
léricuse de Scipion, qu'i's combattaient violemment. Car-
bon fut élu préteur (125), puis consul (120), et à cette
occasion trahit complètement ses anciens amis, faisan)
réloge des meurtriers do Caius Gracchus ; il n'en fut pas
moins impliqué, sur l'accusation de Crassuâ, dans lespour-
suites contre les démocrates et obligé de s'empoisonne]'
(Cic, Ad Fam.,W, 21, 3). Cicéron vante son éloquence.
— Son frère Cneius, consul en 113, fut vaincu par les
Teutons àNoreia; il fut mis en accusation et s'empoisonna.
— Caïus Papirius Carbo Arvina, fils du consul de 420.
fut tribun de la plèbe en 89 ; le jeune Marius le fit tuei-
comme aristocrate (85). — Cneiùs,ûhà\i consul Cneius,
fut tribun en 96, préteur en 90, ardent m arianiste. Cinna
le choisit pour collègue au consulat (87) ;il empêcha toute
enlente avec Suila ; Cinna et lui renouvelèrent Iciu'spou-
- 995
PAPIRÏA — PAPOUS
Yoii'S pour S6 et préparèrent mic expédition en Grèce cuiUre
Sulla. Cinna ayant été tué par ses soldats, Carbon rebia
seul consul. En 83, il était proconsul en Gaule cisalpine.
A Farrivée de Sulla, il organisa la résistance, ut procla-
mer les aristocrates ennemis publics; ceux-ci lui inspu-
tèrent rincendie du Capilole. Uefoiilé an ?n.. il ii\ra à
Sulla la bataille indécise de Clusium, mais fui i)at[u par
Pompée et Grassus à Faventia. il réunit une nouvelle
armée en Etrurie, ne put déblo(|uer Prœneste et fut
abandonné par sa proviîice de Gaule, il s'enfuit alors
dans Fiie de Cosvra, fut livi'é à Pomnée ei mis à morl à
Lllybee. " A.-fd, D.
PÂPiPilUS (Caius ou Sexlus), grand pontife romain
''\ai, d'après Denys (III, 3li), aurait, après l'evpulsion des
Tarquins, fait une collection des lois religieuses de "'suma.
gravées sur des ta^ilettes de bois par onirc dWncus Aiar-
cius. Ce recueil est perdu, et on n'a rien conservé d"
précis et d'authenti pie du jus papiiiaiuiiii, à })eiii>: rnic
citation du commentaire qu'en nt, à la i'ii de la Kèva-
blique, Granius Flaccus.
PARI RI US Ju.vius, jurisccùîsuUe ignoré pour le sur-
plus, de vpii le uigosîe amis à coulrd)ui.ion un recueil de
constitutions en "20 livres, ilonlil cite le» livres 1, 2 et 8.
Les constitutions re])]'oduiies vont do l'an-lG^i à Fan 475
(d l'ouvrage a été, pour ce motif, assimilé sans preuves
par ïïuschke aux Semeslria, recueils semestriels de cons-
titutions de Marc-Aurèle, mentionnés à plusieurs reprises
flans la littérature juridique. La date de ces coîistiiutions
et la place occupée par Papirius Justus dans ï Index auc-
iorum du Digeste ont porté à le supposer contemporain
de Marc-Aurclo et de Commode.
BiBL. : Fragments coiiservéy dans Lenel, Pallr.çjeacsin
jnris civills, 188;), I, pp. 947-952. Blog-rajjliie, dans p'. Kiiri;-
cs.R, Histoire des sources du droit vomaiii, 1891. pp. li?,
r." 1,257, et dans von Roiiden et IJi^ssAu, Prosopogrophir
iiiipcrii Romani, 1897-98, Ili, p. 11.
PAPIU-Ilâuian (Alexandre), publiciste roumain, î'é en
Transylvanie en 'Î828, mort le 17 oct. 1878. H inter-
rompit ses études pour prendre part à la Révolution de 1848
et partit en 1850 pour Padoue oa il acquit en 1855 le doc-
t'jrat en droit ; nommé par le prince moldave Gr. Ghika
professeur à la faculté do droit de Jassy et, plus tard.
jurisconsulte, il occupa après 1850 le poste de procu-
reur à la Cour de cassation. Meml)re de l'Académie rou~
juaine en iS68, il légua à cette institution sa grande bi-
bliothèque et une grande partie de ses manuscrits. Ses
études sont plutôt d'ordre historiipie. Il a publié en rou-
main : r Histoire des Roumains de la Dacie supérieure
(1852, 2 vol.) ; V Indépendance constitutionnelle de
Transylvanie (1851) ; Trésor de monuments histo-
riques concernant la Roumanie (1832-64,4 vol.) ; la
Vie, les OEuures et les Idées de Georges Sincai (Bu-
carest, 18oi)) ; discours de réception à l'Académie.
BiDL. : J. Blvnu, a. Pirpiu Iloi'ian.
PâPKOUNDRA. Chaîne de collines longue dVinir^n
200 kil. et haute de 500 à 800 m., située dans le l)as-
sin supérieur et sur la rive gau lie de la Codavcrî, et
qui forme le rebord occidental du plateau du GondN-.ana
ou « pays des Gonds y> dans i'Iiido ce;itr;de.
PAPLEUX. Com. du dép. de FAisne, arr. de Vcv\io.:.,
cant. de La Capelle ; 157 liab.
PaPON (Jean-Pierre), littérateur cthistoiicn, né àPu-
get-ihéniers en janv. 1734, mort à Paris le 15 janv. 1803.
Il a pallié : Histoire gén raie de Provence, dédiée
aux Etats (Paris, 1777, 4 vol. in- 4) ; Vvyaje lillértnrc
en Provence (1780, in- 12).
PAPOUÂSIE (Occanio) (V. NoLVELLE-GiDf.L).
PAPOUS (lies des). Archipel de lacùtcN.-O. de la Non-
\elle-Guinée, dépendant de la résidence de Ternate (colo-
nie hollandaise) ; il comprend 7.783 kil. q. et iS.OOO hab.
Les principales îles sont: Waigen (2.632 kil.q.),Salwati
(1.960 kil. q.), Misol (1.740 kil. q.) et douze plus pe-
tites ; toutes sont montagneuses, boisées, peuplées : à Fin-
térieur, de Papous; sur le rivage, de Malais qui relè-\e]d
du sultan de Tidor.
PAPOUS ou PAPOUA. Nom collectif des peupiade,:, de
race mélanésienne, habitant la IVouvellc-Guinée. Le mot
Papou ^ient du malais papouiuali, qui signifie « crépu ».
Les Papous eux-mêmes n'ont dans leur langue aucune
appellation spéciale commune ; la population de chaque
village a un nom propre. Au physique, les Papous appar-
tiennent, en majorité, à la variété dite « papoue » de la
race mélanésienne; CLdievaiiété '_^4 caractérisée par le Jie/
consexe, à pointe épaisse, par la face plus allongée que chez
les vrais Mélanésiens et par qucFjues autres traits. Les carac-
tères communs aux deux variétés sont la couleur foncée de la
peau, les cheveux frisés ou crépus, la taille moyenne, la
dolichocéphalie, etc. Dans certaiiies régions, par exemple
dans le S. -F. de la Nouvelle-Guinée, les Papous semblent
être fortement mélangés aux Mélanésiens (lladdon) et peut-
être aux PolvriCsichs (Finsch). De même, che.^ les Papaa^
de Fembonchure du llcuve Fly (cote S. de la Non •.elle-
Guinée), on peut déceler la présence des caractère^
])ropres aux ?ségritos : bra:'h}cépiialio, petite taille, etc.
Parmi les nom'areuses tribus entre les({uelles se parta-
gxmt les Papous, les plus connues sont les suivantes : les
Vandessa ou Vardamen de la lîaie Geelvdnk (X. de la
Guinée) ; les Arfak, leurs voisins de l'intérieur ; les Ka-
7'ons, sur la côte N.; le? Onimes, sur le pourtour du golfe
de Mac-FJure ; les Koviaï, au S. de la baie de Triton
(côte 0.); lesKiwaï, àFembouchurc duFly; ks Daoudaï,
à l'O. des précédents ; les Toaripi, les Motou, les Kere-
pounade la presqu'île S.-E.; les Dalionnis et les Massim,
de l'extrémité de cette presqu'de, et des lies de laLouisiade
qui la prolongent au S.-E. Le costume papou est fort
simple ; un morceau d'écorce battue (à la mode polyiic-
sienne) autour des reins et entre les cuisses, ou bien
une ceinture en fibres du cocotier avec un fourreau do
bambou ou une feuille de pandanus, pour cacher les
organes génitaux. Connue ornement, des colliers de dents
d'animaux, une bague! te csi os. longue parfois de 15
à 20 centim., passée à travers la cloison du nez, etc. La
coiifure est très compliquée ; le plus souvent les cheveux
sont « en vadrouille ». Dans le N. de File, les Papous ha-
bitent par groupes de familles dans de grands phalans-
tères à long corridor central dans lequel s'ouvrent les
nombreuses chambres familiales. Ces maisons sont bâties
sur pilotis et recouvertes d'un toit en forme de bateau ren-
versé. Sur la cote Sud-Ouest on se contente de petites
huttes en branchages.
La plupart des Papous du N. el de FF, de la ?souvello-
Guinée fojit de Fagriculture à la houe, culli^antle mais, le
bananier, les patates, le tabac. Les tribus côtières s'adonnent
aussi à la pèche, et prennent le poisson surtout en empoi-
sonnant les eaux des lagunes. Les Papous ont une poterie
primitive. Plusieurs tribus préparent le A^^m, boisson eni-
vrante si répandue parmi les Polynésiens. D'autres chi~
cpientlc bétel comme les Malais. On prétend que Fanthro})o-
phagie est pratiquée par plusieurs tribus, mais des preuves
sérieuses n'ont étédonnées que pourlapeuplade ÔQsKaron.-^.
Le mariage parait être individuel; la polygamie est ]ieu
pratiquée. Les lites funéraires varient suivant les tribus :
enterrement chez les mis ; dessé'diement du cadavre on
ensevelissement et exhumation des os au bout d'un certaiii
temps cîiez les autres. Souvent, après la mort d'un indi-
vidu, on procède à la fabrication du Korvar, image gros-
si ^re de « Fcsprit » du défunt, que l'on conserve dans la
hutte. La religion est vca pur animisme. Les Papous sont
pasïîionnés pour les arts graîshiques ; ils ornent leurs armes,
comme les ustensiles les plus communs, de dessins à
motifs pour la plirpart « zoomorphes ». Des dessins com-
mémoratifs des batailles, fêtes ou chasses, sur planchettes
de bois ou sur feuille, sont conservés dans chaque vil-
lage. Les fêtes sont fréquentes ; souvent les habitants de plu-
sieurs villages se réunissent à plusieurs centaines et passent
trois ou quatre nuits de suite eu ripailles, danses, chants
PAPOUS — PAPROCKI
— 996 —
et libations. Les Papous n'ont pas de chefs. Toutes les
aifaires touchant les intérêts communs sont débattues dans
des réunions formées de l'ensemble des hommes adultes
de la tribu. La justice est basée sur la loi de talion avec
l'admission des épreuves (ordalies). Très belliqueux, les
Papous sont constamment en escarmouches, rapts, em-
bûches, de tribu à tribu. La chasse aux crânes, c.-à-d.
l'usage (si répandu en Malaisie) de couper la tête à un
ennemi el de la porter comme trophée, est aussi pratiquée
dans la pknart des tribus. J. Deniker.
PAPPADOPOU LOS (Grégoire-Georges), savant grec, né
à Salonique le 12 févr. 1818, mort à Athènes en déc. 1873.
Archéologue et professeur, il accomplit des voyages et des
naissions en France, en Angleterre, en iVllemagne, et fut
directeur de l'Ecole normale hellénique. Ses principaux ou-
vrages sont : Etudes de linguistique grecque (Athènes,
1840, in-8); Critiques historiques {ibid., 1845, in-8);
Description de pierres gravées (ibid., 1855, in-4); ElJ-
ments helléniques de la nation roumaine (1859, in-8);
Chants populaires des Grecs de la Corse (i864, in-8) ;
Excursion de Madame Dora distria enlioiun 7/(?(1861',
ïn-i):, Pièces historiques sur le patriarche Grégoire V
{iS6D-66, in-8); Eludes sociales sur les femmes
grecques (1866, in-8); Vocabulaire des arts architec-
toniques (1867, gr. in-8) ; Etude sur le sentiment re-
ligieux (1868, in-4). Tous ces écrits sont en grec mo-
derne.
PAPPENHEIM. Ville de Bavière , prov . de Fr anconie
moyenne, sur l'AUmulil; 1.624 hab. (en 1895). Château
ruiné, ancien couvent d'augustins. C'est le centre du comté
de Pappenheim, issu de l'ancien comté do Kalden (près
Donauwerth) et cité dès le xi^ siècle. Les Kalden furent
de fidèles serviteurs des Hohenstaufen et, avec Henri de
Kalden, devinrent maréchaux d'empire à titre héréditaire;
en 1334, Rodolphe de Pappenheim se voit confirmer ce
litre. La Bulle d'or le constate, ajoutant que c'est l'élec-
teur de Saxe, vice-maréchal, qui rempHt la fonction. Ce-
pendant, en 1618, les comtes de Pappenheim se laissent
inscrire dans le collège comtal de Souabe. La seigneurie
do Pappenheim, vaste de i83 kil. q., fut médiatisée et
amiexée à la Bavière en 1806; les comtes indemnisés en
1815 par des domaines de l'ancien dép. français de la
Sarre qu'ils vendirent à la Prusse. Des quatre branches
de la maison de Pappenheim au xv^ siècle, Grœfenthal,
Algœw, Treutlingen, Altzheim, la dernière seule subsisb-;
elle est protestante.
PAPPENHEIM (Gottfried-Heinrich, comte de), géné-
l'al allemand, né à Pappenheim le 29 mai 1594, mort à
Leipzig le 17 nov. 1632. De la branche de Treutlingen,
il lit ses études àAltdorf et Tubingue, voyagea en France,
Angleterre, Espagne et Italie, se convertit au catholicisme
(1614) et fut nommé par Mathias conseiller impérial. 11
servit dans l'armée deSigismond, roi de Pologne, fit cam-
pagne en Russie avec le faux Dmitri, passa au service du
duc Maximilien de Bavière, dans le régiment des cuiras-
sieis de son beau-père, le comte Adam d'Herbersdorf. Il
le commandait en 1620, dans la campagne de Bohème, où
sa brillante charge décida le succès à la bataille de la
Montagne Blanche; percé de vingt blessures, il ne fut
relevé sur le champ de bataille que le lendemain. L'em-
pereur lui conféra lui-même la chevalerie à la diète de
Ratisbonne (1623), lui donna un régiment de cuirassiers
qui devint légendaire dans la guerre de Trente ans et l'ex-
pédia d'abord en Lombardie ou il commanda la cavalerie
espagnole (1623-26). Rappelé en Bavière, il écrasa l'in-
surrection des paysans de la Haute- Autriche (15-30 nov.
1621) et commanda la cavalerie sous Tilly. Il figura au
premier rang dans l'assaut qui emporta Magdebourg
(20 mai 1631), mais sa fougue inconsidérée contribua à
la perte de la bataille de Leipzig ou Breitenfeld. Il se re-
tira à Magdebourg d'où if escarmoucha contre Baner et
Guillaume de \\^eimar, puis reforma son armée en West-
phali* el sur le Rhin inférieur, et amena à Mersebourg
9.000 cavaliers à Wallenstein (oct. 1632). Détaché vers
le Rhin, il était à Halle quand il reçut l'ordre de rallier
l'armée principale ; il arriva au cours de la bataille de
Lutzen le 16 nov. 1632; sa charge rétablit un moment
les aifaires des Impériaux, mais il tomba mortellement
blessé de deux balles et mourut le lendemain.
BiBL. : Hess, G.-H. Graf zu Pappenheim ; Leipzig, 1855
PAPPUS d'Alexandrie, mathématicien grec qu'il faut
probablement placer vers 300 ap. J.-C, quoique Suidas
le fasse vivre sous Théodose I^'^ à la fin du iv^ siècle. Il
lui attribue des écrits géographiques, un ouvrage sur les
présages à tirer des songes et un commentaire sur la 6'//?^-
taxe de Ptolémée, qui a été certainement compilé par
Théon d'Alexandrie. Dans la Collection des alchimistes
grecs, il y a sous son nom un Serment qui indique des
croyances chrétiennes ou au moins gnostiques. Mais son
oeuvre capitale fut une Sgnagogé (Recueil) mathéma-
tique en huit livres (le premier est perdu, ainsi que la
moitié du second) qui, comme importance, pour notre
connaissance de la science grecque, atteint les œuvres qui
nous restent d'Euclide, d'Apollonius et d'Archimède. Sa
traduction par Commandin (Pesaro, 1588) a exercé la
plus heureuse influence sur la renaissance de la géométrie
au xvii^ siècle. Sans rappeler les nombreux travaux qu'elle
a provoqués, il suffit de mentionner que l'objet de la Géo-
niétrie de Descartes est, en grande partie, la solution
d'un problème de Pappus qu'on peut énoncer coninn^
suit : « Etant donné 2?2 droites (dont deux peuvent sp
confondre), trouver le lieu des points, tels que le produit
des distances de chacun d'eux à n de ces droites soit dans
un rapport donné avec le produit de ses distances aux n
autres ». Ce n'est pas que Pappus soit un mathématicien
de premier rang, et l'intérêt de son œuvre est surtout
qu'il nous a conservé des extraits ou des analyses de tra-
vaux perdus. Mais il est profondément versé dans l'étude
des écrits anciens ; il a l'esprit juste, très suggestif et très
généralisateur (comme on peut le voir par l'exemple cité) .
Le plus important des énoncés qu'il revendique person-
nellement est celui du théorème dit de Guldin (V. ce
nom). — Le texte grec de Pappus est resté longtemps
inédit; on en a aujourd'hui une excellente édition par
Hultsch (Berlin, 1876-78). Ce qui reste du deuxi?me livre
est consacré à l'arithmétique (travaux d'Apollonius) ; h^
livre HI, au problème des deux moyennes proportionnelles,
aux médiétés, aux paradoxes d'Erycinos et aux polyèdr.-s
réguliers ; le livre IV, à diverses questions de géométrie
(écrits perdus d'Archimède, conchoide, quadratrice, hélices,
trisection de l'angle, etc.). Le livre V comprend la théori-'
des isopérimèlres, celle des solides semi-réguHers d'Archi-
mède, la comparaison des polyèdres réguliers. Le livre \T
étudie les ouvrages dits à\x Petit Astronome; le livre VII,
ceux de l'analyse géométrique ; le livre VIII traite de la
Mécanique. Ces divers livres sont dédiés à des person-
nages diiférents, Pandrosion, Megethion, Hermodore (soii
fils) ; l'ouvrage n'a pas été conçu suivant un plan régu-
lier, et ce n'est qu'à partir du livre V que s'accuse l'idée
de traiter méthodiquement un sujet spécial au lieu (h*
juxtaposer des questions curieuses. C'est surtout le livre Vil
qui est précieux pour l'histoire de la science et qui a élè
le plus approfondi, mais les autres peuvent encore offrir,
même aux géomètres contemporains, des questions inté-
ressantes, et en fait, de tous les monuments de la mathé-
matique grecque, l'anivre de Pappus est le seul dont l'étude
directe reste toujours utile. Paul Tanneiiy.
PAPROCKI (Barthélemi) (Bartosz), écrivain polonais,
né en 1550, mort en 1614. Il appartient également à
l'histoire de la littérature tchèque. Il s'occupait surtout de
généalogie et d'héraldique polonaises. Il raconte souvent
des épisodes très intéressants de son temps, mais ce qui
manque le plus à ses ouvrages, c'est l'unité et la critique.
Quelques-uns de ses éciits sont de véritables pamphlets,
surtout contre les femmes. Ses travaux les plus importants
sont : les Armes de la noblesse polonaise (Cracovie, 1581,
997 —
PAPROCKI — PAPYRUS
en polonais) ; Miroir du margraviat de Moravie (Olmiitz,
4593), et Ordre de succession des princes et des rois
de BoJiéme (Prague, d602), tous deux en tchèque.
PAPS(Les).Montsd'Mande(V.lRLANDE,t.XX,p.948).
PAPULE (Méd.). Lésion élémentaire primitive de la
peau, constituée par une petite élevure solide et résis-
tante, produite par des infdtrats de la couche superficielle
du derme, de grosseur variable, allant du volume d'une
tète d'épingle à celui d'une lentille, à évolution plus ou
moins rapide suivant l'affection {prurigo, lichen, pitij-
riasis rubra, kératose pilaire, syphilis, etc.) qu'ils
caractérisent et ne laissant presque jamais de traces
de leur passage, la plupart aboutissant à la résolution
totale. La coloration varie du rose au brun foncé en
passant par des nuances intermédiaires (rouge, jaune, jaune
cuivré). Henri Fournier.
PAPWORTH (Les), architectes anglais du xix® siècle.
Le plus anciennement connu, John Papworth, fils d'un
stuccateur habile, naquit à Londres le 44 janv. 4775 et
mourut à Little Paxton, prèsSaint-Neot(Hunt), le 46 juin
1847. Elève de sir W. Chambers, John Papworth exécuta
de nombreuses œuvres dans le style de la Renaissance ita-
lienne et exerça ainsi une réelle et grande influence sur
l'architecture anglaise de la première moitié de ce siècle.
Il publia la 4^ édit. de Y omvdigQàQ Chambers, Décorative
Part of civil Architecture, qu'il annota, et: i^Essayof
Ihe Causes of the Dry Rot in Buildings (Londres, 4803,
in-4) ; 2** Select Viewsin London(iSiQ, in-8, 76 pi.) ;
3° Rural Résidences, a Séries of villas (4846-49-22,
in-8); 4° Ornemental Gardening (4823, in-8), etc. —
John- Woody Papworth, fils aîné du précédent, né à Londres
le 4 mars 4820, mort à Londres le 6 juil. 4870, fit cons-
truire l'Albert Institution, dans Gravel-Lane, et contribua
puissamment, par sa constante collaboration, au succès du
Dictionary of Architecture, édité par V Architectural
Publication Society (Londres, demi-fol., XXIV parts,
pj. et gr.). — Un frère cadet du premier John Papworth,
George Papworth, né à Londres le 9 mai 4784, mort à
Dublin le 44 mars 4855, fit élever de nombreux édifices
pubhcs et privés par toute l'Irlande et fut réellement le
rénovateur de l'architecture de ce pays pendant la première
moitié du xix^ siècle. — Enfin, un fils de ce dernier, John-
Thomas Papworth, né à Dublin le 47 déc. 4809, mort à
Paris le 6 oct. 4844, fut l'auteur des modifications et des
agrandissements de Leinster House, à Dublin, en vue d'y
créer le Musée industriel de l'Irlande avec grande salle de
conférences. Charles Lucas.
PAPYRIER (Bot.) (V. Broussonétie).
PAPYRUS (du \alm paptjrus, dugrec7ua7ïUGo<;). I. Bo-
tanique.— C'est le souchetà papier, belle lÀRute mono-
cotylédone de la famille des Cypéracées, qui croit dans les
marais de l'Abyssinie, de l'Egypte, de la Sicile et de la Ca-
labre. C'est le Cyperus papyrus ou Papyrus antiquorum
des botanistes. Ce souchet vivace a un rhizome féculent dont
les anciens Egyptiens se nourrissaient, et une tige triangu-
laire, haute de 2 m. à 2"^, 50, sans feuilles, et terminée
par une large ombrelle des plus élégantes que rendent très
gracieuse la légèreté et la ténuité de ses rayons et de ses
ombellules. C'est avec la tige du papyrus que les anciens
fabriquaient leur papier. Ils découpaient celle-ci entranches
minces qu'ils superposaient en les entre-croisant à angle
droit. Ensuite ils battaient le tout, l'aplatissaient et en
lissaient la surface avec un instrument d'ivoire ou avec la
pierre ponce, l'agate. Pour préserver de l'humidité et des
insectes le papyrus ainsi préparé, on le plongeait ensuite
dans l'huile de cèdre. Les anciens réussissaient à fabri-
quer, avec cette substance, de très grandes feuilles de papier
qui leur servaient pour écrire, soit qu'ils disposassent ces
feuilles en livres, soit qu'ils en fissent des rouleaux.
il. Histoire. — On sait que le papyrus a été employé
en Egypte dès une haute antiquité. L'Iigypte, et spécia-
lement la ville d'Alexandrie, continua longtemps à appro-
visionner de papyrus tout le monde antique. Des diplômes
impériaux grecs et latins sur papyrus ont été, à diverses
reprises découverts en Egvpte et particulièrement au Fa-
youm. Un grand nombre d'actes privés étaient également
écrits sur papyrus. Les chartes de Ravenne en ont con-
servé de nombreux spécimens. La chancellerie pontificale
employa le papyrus pour y expédier les bulles des papes
jusqu'au milieu du xi*^ siècle. Les diplômes des rois méro-
vingiens furent écrits également sur papyrus pendant
tout le vil® siècle, et l'on trouve en France des documents
sur papyrus jusqu'à la fin du viii®. Généralement, le pa-
pyrus était disposé en rouleau {volumeii). Les rouleaux,
tels qu'on les fabriquait en Egypte, avaient plus de 44 m.
de longueur sur une largeur qui ne dépassait pas 20 à
25 centim. Les rouleaux calcinés trouvés à Herculanum
donnent une idée de ce qu'étaient ces volumina. Mais à
l'époque mérovingienne, on découpa aussi le papyrus en
feuillets pour en former des livres, parfois en intercalant
entre chaque cahier de papyrus un feuillet de parchemin
pour donner à l'ensemble plus de soUdité et de consis-
tance. Le papyrus dont on se servait en Occident fut d'im-
portation égyptienne jusqu'à la fin du x® siècle. La fal>ri-
cation constituait un monopole, et chaque feuillet devait
être marqué d'une estampille. Lorsque les fabriques
d'Egypte eurent cessé de fonctionner, remplacées par des
fabriques de papier, on fabriqua pendant quelque temps
encore du papyrus en Sicile, mais les dernières bulles
pontificales qui ont cette provenance montrent combien ce
papyrus de Sicile était un produit inférieur.
Le papyrus était désigné en latin par les mots charta,
tomus, chartarum tomuSy et plus tard papyrus, d'oii
nous avons fait papier. Les mêmes expressions furent
naturellement appliquées au papier lorsque celui-ci eut
remplacé le papyrus complètement disparu, et lorsque, au
XVI® siècle et depuis, les savants retrouvèrent des docu-
ments sur papyrus, ils crurent qu'ils étaient écrits sur
un papier fait avec de l'écorce d'arbre et les désignèrent
sous le nom de papier d'écorce. En réalité, on ne fabri-
qua jamais de papier en Occident de cette manière, et, véri-
fication faite, tous les documents désignés comme écrits
sur papier d'écorce sont des papyrus.
III. Alchimie. — Papyrus de Leyde.— Ce papyrus est
le plus ancien manuscrit connu relativement à l'alchimie.
C'est Fun de ces vieux traités, dont les pareils ont été brûlés
par Dioctétien vers l'an 290 de notre ère, afin, nous disent
les chroniqueurs, que les Egyptiens ne pussent s'enrichir
par cet art et en tirer des richesses qui leur permissent de se
révolter contre les Romains. Le papyrus en question a été
trouvé à Thèbes dans un tombeau, et il a fait partie d'une
collection d'antiquités égyptiennes réunies par d'Anastasi.
vice-consul de Suède àAlexandrie, et vendues par lui en 4828
au gouvernement des Pays-Bas. J'ai donné une traduction
avec commentaire de ce Papyrus dans mon Introduction
à la chimie des anciens et du moyen âge. C'est le carnet
d'un orfèvre, renfermant des formules pour composer des
alliages métalliques, pour dorer les métaux et pour teindre
les étoffes en pourpre. Ces alliages étaient destinés à imiter
For et l'argent et à les falsifier : Vasem ou argent artificiel
y joue un rôle très important. Ces recettes, purement tech-
niques et faciles à reproduire, senties mêmes qui figurent
dans le traité de chrysopée du pseudo-Démocrite, point
de départ des textes alchimiques grecs, et de toutes les
pratiques et théories des transmutateurs : c'est là ce qui
fait la grande importance du Papyrus de Leyde, qui a
donné la clef des procédés alchimiques, au moins à leur
origine. Les mêmes recettes se sont conservées textuelle-
ment dans de vieux manuscrits latins du viii® et du x® siècle,
renfermant les pratiques des arts et métiers, suivies depuis
le temps de l'empire romain ; elles figurent textuellement
dans la Mappœ clavicula, traité fort étendu du x® siècle,
et dans plusieurs autres manuscrits. M. Bertheloï.
BiBL. : Alchimie. — Berthelot. Ovigine&de l'Alchimie,
1885. —Introduction à l'alchimie des anciens^ 1889. — Col-
lection des alchimistes grecs, 1887. — Histoii^e de la chimie
au moyen âge, 1893, t. 1.
PAQUE — 098
PAQUE. Ce nom dosigiic ù la foi^ mw fV4«^ juivoriuno
ÏHq clirclieime.
PAque juive. — La Pàque juive est iiiic des trois fèlcs
solennelles pour lesquelles les m.îles. parmi les enfants
(Flsrael, devaient se présenter devant TEtornel avec des of-
randes [Exode, XXlil, -14-1")). îl semble que c'était celle
(jui amenait à Jérusalem le plus grand nom'ire de pèlerins.
Idle est célébrée au moment do la pleine lune, le qua-
torzième jour du mois deiV/ssa:-?, le premier mois de 1 an-
Fiée des Israélites, correspondant à la lin de mars et au
commencement d'avril. Nous empruntons au livre de
Vllxode le récit des faits auxcpiels la Bii)le rapporte l'ori-
gine do cette institution. L'Eternel voulant contraindre,
par main fe/rtc, Pharaon à permettre aux israé.'iios de
sortir do ri*>vpte, dit à Moïse: « Vers minuit, je passe-
rai à travers FEgvpte, et tout premier-né mourra, depuis
le premier-né de Pharaon, qui devait être assis sur le
trône, jusqu'au premier-né do Lesciave, qui travaille au
moulin, môme le pi'emier-né des hètes. Lt il y aura un
grand cri au pays d'i']grpto. loi qu'il n'y en ejt et n'y
aura jamais de somMable. Mais, parmi les enfants d'îs-
raid, un chien ne remuera poijit sa langue, depuis Thommo
jusfu'au'^ bôtôs, afin que vous sachie': que Dieu aura mis
de la différence entre les Egyptiens et les Israéliî:es (Xi,
i-7) ». Pour bénéîcier de cette ditférence et empêcher le
dévastateur d'entrer dans leurs maisons, les enfants d'Is-
raël devaient immoler, cnt:re les deux \ épiées, un agneau
ou un chevreau de l'année, mâle et sans défaut. Le sang
était reçu dans un bassin, et on devait y tremper un bou-
quet dhysope, pour en arroser le linteau et les deux
poteaux de la porte de chaque maison. Il arriva donc qu'à
minuit F Eternel frappa tous les premiers-né» du pays
d'Egypte ; et il y eut un grand cri cii Egypte, parce qu'il
n'y avait aucune maison on il n'y eut un mort. Pharaon
se lova, il appela Moïse et Aaron et leur dit : « Sortez
(kl milieu de mon peuple et serve. r!''ternel » (XII, 5,6,
7, 13, 22, 3J, 31). Pour perpétuer le souvenir de cotte
délivrance et en reproduire les principales circonstances,
l'Eternel ordonna, par décret perpétuel, aux Israéhtos d'ins-
tituer, lorsqu'ils seraient entrés dans le pays qu'il leur
avait promis, une fête solennelle. IlUo devait être célébrée
chaquô année et durer sept jours. Au premier et au sep-
rîèmo, il y aurait une sainte coiivocation et on ne ferait
aucune œuvre. Dès le premier jour, on retirerait le levain
de toutes les maisons; et quiconiue mangerait du pain
levé pendant les sept jours de la fête, serait retranché de
rassemblée d'Israil, tant celui qui h.i!»iLiil comme étran-
ger que celui qui était né au pays. De là, le nom de Fcn:
DES PAINS SANS LEVAIN dounô à la pà [UO. En la première
nuit, l'agneau ou le chevreau rôti au feu avec sa tète,
ses jambes et ses entrailles, devait être mangé avec des
herbes amères. Ce qui en resterait au matin serait brûlé.
Quand les enfants demanihiient ce que signi lait cette cc-
î-émonie, on leur répondait : « C'est le sacriilce de la
pûque à l'Eternel, cpii passa par-d'^ssus les maisons des
enfants d'Israël, lorsqu'il frappa l'Egypte et qu'il pré-
serva nos maisons » (XII, 4 4, 2o, lo-i9, 8-10, 26-27).
L'agneau ou le chevreau devait être mangé dans la même
maison ; il était interdit d'en emporter la chair dehors et
d'en briser les os. Les incirconcis ne pouvaient prendre
part à ce repas (46-48). —Le livre des Nombres (XXVÎIl,
16-23) complète ces prescriptions par l'indication des sa-
crifices et des offrandes qui devaieiit avoir lieu pendant
les sept jours de la fête : chaque jour, outre les sacri-
fices ordinaires, un holocauste compi^enant deux jeunes
taureaux, un bélier, sept agneaux d'un an et un bouc
expiatoire. On y joignait un gâteau de ^im farine pétrie
à Fhuile. Primitivement, le p^u'e de famille immolait lui-
même Fagneau pascal ; mais peu à peu l'usage s'établit
de charger les lévites de ce soin (2, Chroni ii-'es, XXX,
47;XXKV, il).
Voici les renseignements complémentaires qu'on trouve
dans le lalmiid : Dès le moi'^ précédent, on prenait des
précauttojis mliuitienscs pour être en état de jHUvté à
Fépoque de la fête. L'agneau pascal devait être choisi le
dixième jour du mois de Nissan ; mais cette règle n'était
point observée par les étrangers, dont la plupart n'arri-
vaient à Jérusalem qu'un jour ou deux avant la Pilque :
ils achetaient un agneaudans la courduTemple. Le 14 riissan
était consacré à des purFlcations corporelles et, plus dili-
gennnont encore, à la recherche du pain fermenté. Pour le
découvrir, chaque père de famille preiuiit une chandelle et
inspectait tous les recoins de la maison. Le pain qu'on
trouvait étail placé sur un plat, puis brûlé dans un feu
allumé à ciel ouvert. L'eau et la farine destinées à la fabri-
cation des pains azymes étaient exaininées soigneuseaienî.
Ces pains étaient cuits da'is la matinée. A midi, tant qu<'
le temple exista, la fête était annoncée au son des trom-
pettes, et chaque chef de famille portait son agneau au
temple. Après le sacrifice du soir, les agneaux étaient égor-
gés par les prêtres, qui en répandaient le sang sur l'autel.
Chacun alors emportait son agneau en sa maison, oti il était
rôti. Quand tout était prêt pour le souper pascal, le père
de famille faisait circuler une coupe de vin, en prononçant
une prière. Une seconde coupe circulait pendant qu'il rap-
peh.i! aux enfants la sigiiiticationde la cérémonie. Ensuite
on chantait les psaumes (CXIII-CX.VIIÏ) pendant que circu-
lait pour la troisinne fois la coupe, qu'on appelait en ce
moment coupe de bénédiction. La coupe circulait une qua-
trième fois, parfois même une cinquième, et on charnail
les psaumes CXX et suivants. A minuit, les portes du
temple s'ouvraient, et le peuple ariivait en foule pour hs
sacrifices d'action de grâce. — Le 16 nissan, on allait en
procession solennelle couper la premi u'e gerbe et on l'appor-
tait au temple, ou elle était oiferte suivant les rites pres-
crits. Cette cérémonie a fait supposer qu'une fête agri-
cole, une fête de printemps, avait été adjointe à la Pâque,
et même que la Pàquo n'était qu'une transformation de
cette fête.
Paque cHRi'TiENNE. — Los pôros apostoliqucs ne men-
tiojinent nulle part des fêtes annuelles qui auraient été
célébrées de leur temps, mais de l'attachement que les pre-
miers Ciirétiens appartenant à la nation juive proicssaieni
pour l'observance de la loi et du culte mosaïques (V. Cmus-
TivNisMR, t. XI, pp. 273 et suiv.) on peut induire, avec
vrai-eaiblance, qu'ils restèrent fidèles à la Pàque. Aux sou-
venirs qu'elle devait perpétuer pour les israclites, ils ajou-
tèrent le souvenir de la mort de Jésus-Christ. En effet,
contrairement aux indications contenues dans les Evangiles
selon saint Blattbica, saint Marc et saint Luc, l'Evan.3:i}e
selon saint Jean raj)porte que Jésus mourut le ii nissan.
précisément à Fheure où l'on immolait Fagneau pascal.
Cette tradition fut accepîée près pie unanimement par les
Eghses psimitives, et elle dut servir, dans les Eglises de
l'Asie Mineure, de base pour la fixation de la fête. Les
anciens documents ne fournissent aucun renseignement cer-
tain sur ce qui se faisait dans les autres Eglises. Il est
di'iicilo de préciser le moment où elles commencèrent à
célé')rer l'anniversaire de la mort de Jésus. Mais quand on
trouve Fu:,age établi en Occident, on peut y constater aussi
que la célébration a^ait lieu, non le 14 nissan invariable-
ment, quel que lût le jour sur le luel cette date tom')ait,
mais le vendre H le pins rapproché. En 160, cette diffé-
rence provoqua une contro\erse entvQ Polycarpe, évoque
de Smyrne, et Anicet, évoque de Home. Cette controverse
ne troubla point leurs bonnc-j relations, ni celles de leurs
Eglises. Mais Victor (18o-l 9-1), un des premiers évê pies
de Ttome qui prétendirOiit faire prévaloir la suprématie de
leur siège, s'irrita de ce que d'autres Eglises avaient, rela-
tivement à la fête de Pàque, un usage qui se disait apos-
tolique et qui diil'érait de Fusage romain. Il entreprit ('193)
d'imposer l'usage de Rome à toute la chrétiejité. fl y
réussit presque partout. Les ^'g]ises de l'Asie Mineure lui
opposèrent une inviiiciblo résistance. Poiycrate, évoque
d's'phèse, lui répondit que ces Eglises ne pouvaient point
se dépai'tir d'une coutiune consacrée pai' les apôtres Phi-
~ 099 —
PAQUE — PAQUES
lippe et Jean, parPolycarpe, Papyrius, Méliton, Ions ôa èqiies,
saints et martyrs, qui avaient constamment célébré la Pâqiie,
le 44mssan, conformément à l'Evangile ; il fut soutenu par
tous ses collègues (concile d'Ephèse, 497). Victor rompit
la communion avec eux, et il essaya d'indnire les autres
Eglises à faire de môme. Mais beaucoup d'évêijues, même
de son parti, réprouvèrent ce procédé. Parmi eux, ïrénée,
évoque de Lyon, qui Texhorta à imiter la modération
d'Anicet. La question resta ouverte et l'entreprise des
évoques de Home, pour imposer l'uniformité du culte et
la suprématie de leur siège, fut tenue en échec pendant
près de cent trente années. En 32o, le concile de Xicée
décida que désormais la Pàque serait célébrée partout le
môme jour qu'à Rome, et non le 14 nissan. Cependant, plu-
sieurs communautés asiatiques restèrent fidèles aux anciens
usages. A cause du nombre 14, on appelait quauto-
DKciïïANS ceux qui les observaient. On tlnit môme par étendre
ce nom à tous ceux qui n'obéissaient point à la prescrip-
tion du concile de Nicée, quels que fussent le jour adopté
par eux pour la Pàque et les motifs de ce choix. On les
traita indistinctement comme hérétiques. Plusieurs, comme
les montanistes, les novatiens, les audiens, l'étaient sur
d'autres points.
La Pàque consacrée primitivement à Fanniversaire de
la mort de Jésus, ruiay a arau'.o'ja'.ij-ov, était une fête de
deuil et de jeûne. Elle était suivie immédiatem.ent d'une
autre Pàque, ~aa/a àvoGiâcrtu-ov, célébrant la résurrec-
tion, ras;ension de Jésus et l'effusion du Saint-Esprit sur
les disciples; c'était une fête joyeuse, qui durait cinquante
jours, et qu'on appelait Pentecôte dans son ensemble
(ïertullien, De Baptismo, 49; Ori^ène, Contra Celsum,
Vin, 22). Cette période, commençant aussitôt après la
Pàque funèbre, appelait spécialement sur ce commence-
ment l'idée de la résurrection. Cette idée prévalut et dé-
termina le dédoublement de la Pentecôte, dont la lin et le
nom furent affectés au souvenir de l'effusion du Saint-
Esprit, et dont le commencement, sous le nom spécial de
Pàque, fut voué au souvenir de la résurrection. D^s lors,
cette dernière fôte, changeant de caractère et d'objet, dut
aussi changer de jour, le vendredi restant réservé au sou-
venir de la mort. En effet, l'Evangile rapporte que Jésus
ressuscita le premier jour de la semaine juive, lequel cor-
respond au dimanche des chrétiens. Il fut donc établi que
la fête aurait lieu toujours un dimanche, et que ce dimanche
serait celui qui suit immédiatement le quatorzième jour
de la lune de mars. Il est réglé, non d'après le cours
astronomique de la lune, mais suivant des calculs déter-
minés par l'Eglise. Ils sont indiqués aumotEpACTE, t. XVI,
et CoMPUT, t. XIî, et font mouvoir la fête dans un espace
de trente-cinq jours, s'étendant ju 24 mars au 2o avr.,
ce qu'on appelle les trente-cinq journées pascales. La
fixation de cette fête a une grande importance dans la
répartition de l'année ecclésiastique, parce que c'est à elle
que se rapporte, suivant des intervalles précis, l'indication
des fêtes mobiles et des observances qui y sont attachées :
(barème, Semaine sainte, Ascension, Pentecôte, Trinité,
Fête-Dieu. — On appelait Epîtres pascales des instruc-
tions adressées par les patriarches et les métropolitains
aux évoques soumis à leur juridiction, pour leur indiquer
le jour où la fête de Pàque devait être célébrée. Elles
étaient portées par des messagers spéciaux. Baronius,
Binius, Dupin et beaucoup d'autres historiens ecclésias-
tiques allirment que le concile de Nicée investit les pa-
triarches d'Alexandrie de l'office d'annoncer, chaque année,
à toute l'Eglise catholique, le jour de la fête. Il est incon-
testahle cju'ù une certaine époque ces patriarches faisaient
iMia notification aux évoques de Rome aussi bien qu'aux
évoques d'Egypte. Mais, cymmele décret en vertu duquel
ils agissaient ainsi ne peut être produit, les ultramontains
attribuent le tait, quils ne peuvent nier, non à une dispo-
sition canonique, mais à l'autorité qu'on reconnaissait
alors au siège d'Alexandrie, en matière de computation
mutiiématique ou astronomique. — ■ Pour notions acces-
soires, V. Carême, Cierge pascal, OEufs de Pàque, Qua-
SJMODO, Eucharistie, (Commandements de l'Eglise, pour la
communion, E.-H. Vollet.
Pâques fleuries. — Nom populaire donné au dimanche
des Hameaux.
Pâques Véronaises (V. Vérone).
BiBL. : IIiLGE.NFELD, De/' Paschastroit und das Evange-
Uum Johnnnis ; Tlieol. Jahrh.^ Iôt9. — îSteîz. Dm Dijf"-
renz der Occidentalen und der Klcinashiien ; Tlieol Stud..
IBôî)
PAQUEBOT (V. Bateau a vapeur, t. V, p. 706 et
suiv., Bateau-poste, pp. 742 et suiv.).
PÂQUELIN (Claude-André), médecin français, né à
Avignon le 30 déc. 1836. Pharmacien interne des hôpi-
taux de Paris (1861), il étudia ensuite la médecine, devint
interne de Saint-Lazare (i8ô8), médecin en chef des
postes avancés durant le siège de Paris (1870). lia publié
d'intéressantes recherches de chimij bi )b)giquc présentées
à rAc.:démie des sciences, sur la constitution chimique
des globules sanguins et le fer du sang, sur l'origine, le
r<île physiologique des phosphates (187 J-78) qu'il a beau-
coup contribué à éclaircir. D'autre part, il a créé une série
d'ingénieux instruments dont le plus célèbre est le thenno-
caiithère (V. ce mot), qui lui valut une notor'été univer-
selle. {\ a poursuivi l'appiication de sa méthcd • non seu-
lement aux opérations chirurgicales, mais à l'industrie
par son fer à souder à foyer do platine (1876), ses appa-
reils automatiques à jet forcé (1880), son éolipyle (1886),
son pyrophore (1890) et en in ses pyrographes et pyro-
chromes (1892), qui fournissent un nouveau et très cu-
rieux procédé de gravure. Ses carburateurs ont ouvert à
l'éclairage une voie où l'on s'engage de plus en plus. Le
\y Paquelin a pris une place marquante dans le journa-
lisme scientifique comme rédacteur en chef de la Tribune
médicale (181 ^2), rédacteur scientifique àah Libre Parole
(18^2) et coliaborateur de plusieurs périodiques.
PÂQUERETTE {Bellis L.). L Botakiqje. — Génie
de Composées-Astéréos, formé de petites herbes, dont le
capitule présente un ifivolucre hémisphérique, formé de
deux rangées de folioles égales et un réreptacle nu, conique ;
les fleurs du disque sont hermaphrodites, tubulôuscs à
4-5 dents, les fleurs liguléos do la circonférence femelles.
Les akènes sont obovales-comprimés. L'espèce type, le
B. perennis L., est bien connue de tout le monde: elle
est extrêmement commune dans les pi-airies, sur les
pelouses, au bord des chemins ; c'est la « petite consoude »
(Consolida minor) des anciennes pharmacopées, empioyéj'
autrefois comme astringente et vulnéraire. D^' L, Hx.
IL Horticulture. — On cultive les pâquerettes en
hordures, en touffes ou en pots. Les variétés semi-doubles
peuvent se multiplier do graines, en août. Les jeunes plants
se mettent en place en automne. On renouvelle les pâque-
rettes d'éclats du pied quand leur végétation faiblit.
PAQUES (Ile de) ou RAPA Nui. Ile du Pacifique sud-
oriental, vers 27« 8' %V\ lat. S. et 111» 45' W' long.
0. de Paris. L' le a été découverte en 1687 par le bou-
canier anglais Davis; en 1726, le navigateur hollandais
Hoggeween y débarqua le jour de Pâques et donna ce nom
à l'île. Behrens, Cook, La Pérouse et d'autres visitèrent
depuis l'île de Pâques. Mais la plupart des récits qu'on
a eus jusqu'à présent étaient empreints d'un peu d'imagi-
nation.
L'île de Pâques, de forme triangulaire avec la ligne de
base vers le S., a une superiicie d'environ 8.000 hect. ;
elle est formée de cratères éteints et de hancs de laves
souvent de grandes dimensions. La végétation herbacée
est très puissante, mais il n'y a pas d'arbres, sauf des
buissons de mûriers dont les tiges n'ont que quelques
pouces de diani'tre. Toutes les roches sont volcaniques, et
les éruptions ont été successives ; des cavernes naturelles
sont nombreuses dans l'île et montrent qu elles servirent
de refuge à des hommes à diverses époques. Le sol est
formé de collines dont les plus élevées ne dépassent pas
"00 m. Dans le sud, l'île est plus élevée et on y remarque
PAQUES — PARA
iooa —
un cratère dont les parois sont verticales sur une hauteur
de plus de 120 m. Les plaines sont recouvertes d'une
grande quantité de pierres qui semblent provenir de l'éner-
gie dernière des volcans. La côte est bordée de falaises et
de pics de 300 à 600 m. d'élévation et d'un abord très
difiicile ; les navires jettent donc l'ancre en se guidant sur
la direction du vent; au S. se trouvent de bons ancrages
avec les vents du N. ou d'O. ; avec les vents d'E., l'en-
crage est bon dans la baie de Cook ou HangaRoa, à l'O.
de l'de.
L'eau douce se rencontre au fond des cratères, mais
elle est saumâtre dans les puits. Les vents alises soufflent
d'octobre à avril ; d'avril à octobre le temps est variable avec
vent d'O. fréquent et beaucoup de pluie. Le tonnerre et
les éclairs semblent inconnus. Il n'y a actuellement que
150 liab. dansl'ile, un grand nombre ayant été emmenés,
en 4878, par les missionnaires aux îles Gambier. Ce sont
des Polynésiens qui ne paraissent pas être originaires de
l'île même. En 1770, don Philippe Gonzalès prit posses-
sion de l'île de Pâques au nom du roi d'Espagne ; mais
depuis 1888 elle appartient au Chili dont elle est distante
d'environ 3.700 kilom.
Le principal intérêt de cette terre consiste dans le nom-
bre et la variété des monuments qu'on y rencontre. Sur
tous les points de File on trouve des rochers sculptés pré-
sentant des visages humains, des oiseaux, des poissons,
des hiéroglyphes et une espèce d'animal ayant une tète
de chat et une forme se rapprochant de celle de l'homme.
Le long de la cote sont exposées, face à la mer, des sta-
tues colossales, quelques-unes de plus de 20 m. de haut
et d'un poids de 250 tonnes; 500 de ces statues ont été
comptées dans l'île ainsi que plus de 100 grandes plates-
formes atteignant plus de 100 m. de long et près de 3 m.
en hauteur et en largeur.
« Les statues, dit M. H. Vere Barclay, quia fait partie,
en 1897, d'une mission spéciale chargée de l'étude de
cette île, sont à tous les degrés de fabrication, les unes
encore attachées à la carrière où on les construisait, en-
tourées des éclats enlevés par les travailleurs ; d'autres
ont été abandonnées pendant qu'on les conduisait à la
plate-forme qu'elles devaient orner. Tout semble prouver
qu'il y eut une cessation soudaine de travail probablement
(lue à une grande catastrophe volcanique ; plusieurs d'entre
elles sont verticales, mais ont leurs pieds enterrés dans
la boue volcanique et les scories. D'autres statues qui
gisent sur le sol ont dû être arrachées de leur piédestal :
l'énergie volcanique, qui arrêta soudainement les travaux,
lit disparaître l'étrange race qui bâtissait ces énormes
constructions. Toute l'île n'est d'ailleurs qu'un vaste sé-
pulcre, on trouve des restes humaing partout où l'on
creuse le sol, et j'ai recueilli une collection complète de
crânes sous les statues tombées ou dans les cavités des
plates -formes. L'examen de ces crânes indique chez cette
race disparue une taille moyenne, mais une assez grande
intelligence; toutefois, il faudrait faire des recherches
plus étendues, car les crânes que j'ai recueiUis ne sont
peut-être pas ceux de l'ancienne race... » Ces travaux
gigantesques n'ayant pu être accomplis que par une popu-
lation fort nombreuse, on se trouve en présence de deux
hypothèses : ou bien l'île de Pâques était autrefois beau-
coup plus étendue et a eu une partie de son terrain en-
gloutie dans l'Océan, ou bien elle faisait partie d'un
archipel disparu ou d'un continent qui se rehait à l'Amé-
rique du Sud. On trouve en effet une grande ressemblance
entre les inscriptions de la péninsule de Maya, récemment
explorées et déchiffrées, et celles des rochers et des sta-
tues de Vile de Pâques. P. Lemosof.
BiBL. : C. U. des bêances de la Soc. de Géogr., avr. 1890.
PAQUET (^létallurgîe) (V. Fer, t. XVÏI, p. 237).
PAQUETAGE (Art milit.). On appelle paquetage le
mode de disposition des effets d'habillement du soldat dans
le havresac (infanterie) ou le porte-manteau (cavalerie),
ou encore sur les planches à bagages des chambres de
caserne. Les moindres détails du paquetage doivent être
rigoureusement uniformes, et des instructions spéciales
affichées dans toutes les chambres donnent, à cet égard,
de nombreuses indications complétées parles prescriptions
spéciales des chefs de corps.
PAQUOT (Jean-Noël), historien belge, né à Florennes
en 1722, mort à Liège en 1803. Il entra dans les ordres
et fut nommé professeur d'hébreu au collège des Trois-
Langues à l'Université de Louvain. Il occupa successive-
ment les fonctions d'historiographe de l'impéralrice et de
bibliothécaire de FUnivcrsité. En 1771, il fut jeté en pri-
son, à la suite d'une accusation d'immoralité qui ne fut
pas complètement établie, mais qui laissa la réputation de
Paquot quelque peu entamée. Mis en liberté au bout de
quelques mois, il dut abandonner sa chaire, et obtint la place
de bibhothécaire du duc d'Arenberg. En 1787, le prince-
évèque de Liège, François de Hoensbroeck,le nomma pro-
fesseur d'écriture sainte à son séminaire; après une courte
suspension motivée par son refus de serment aux autorités
révolutionnaires, Paquot reprit ses cours et les continua
jusqu'à la chute détinitive du gouvernement épiscopal.
C'était un homme d'une vaste érudition et d'une remar-
quable activité. Son ouvrage capital est l'excellent recueil
biographique, intitulé Mémoires pour servir à l'his-
toire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas,
delà principauté de Liège et de quelques contrées voi-
sines (Louvain, 1763-70, 18 vol. in-8 ou 3 vol. in-foL).
On lui doit aussi de bonnes éditions de Y Histoire géné-
rale de l'Europe de Robert Macqucreau (Louvain, 1765,
in-4) ; de Molanus : de Historia sanctorum imaginuni
et piciurarum {ibid., 1771, in-4) et d'autres moins im-
portants. La bibliographie complète des œuvres de Paquot
se trouve dans VAnmuiire de la bibliothèque royale de
Belgique de 1841.
PARA. Ville. — Ville du Brésil, cap. de l'Etat de ce
nom, aussi nommée Nossa Senhora de Belem ou simple-
ment Belem (V. ce mot).
Etat. — L'Etat de Para ou Grâo Para est le plus
septentrional des Etats-Unis du Brésil ; il occupe 1 million
149.712 kil. q. peuplés en 1890 de 859.821 hab. (0,7
par kil. q.) sur les deux rives de l'Amazone, dont il com-
prend essentiellement la vallée et le bassin inférieurs. Il
est compris entre les Guyanes au N., l'Etat d'Amazonas
à rO., ceux de Mato Grosso et Goyaz au S., Maranhâo
au S.-E. et l'océan Atlantique au fs'.-E. La plus grande
partie appartient à la plaine alluviale de l'Amazone ; le
long de la rive N. s'étend le renflement argileux et gré-
seux de la sierra de Ereré(280 m.) ; la frontière septen-
trionale du Para est formée par les monts Tumuc-Humac,
dont les contreforts et notamment les monts Acaray
(1.250 m.) accidentent cette région. x4uS. de l'Etat nous
trouvons la serra de Graudans. L'Amazone reçoit du S.
trois de ses principaux affluents, le Tapajoz, le Xingu, le
Tocantins dont le cours inférieur appartient à l'Etat ; le
rio Para est le bras méridional du fleuve, qui, confondu
avec le Tocantins, s'évase en un vaste estuaire au S.-E.
de l'île Marajo ; le port de Para ou Belem, débouché prin-
cipal du commerce fluvial, est accessible en tout temps
aux navires tirant 6^^,80. — L'intérieur du pays, couvert
par la forêt vierge, sauf à l'E. où commencent les sa-
vanes, est mal connu. La frontière vis-à-vis de la Guyane
française n'est pas encore définie, un vaste territoire de-
meurant contestéentve l'Oyapok et i'Araguary (V. Guyaîse) .
Le climat est tropical, tempéré par les vents de mer d'E.
et N.-E. ; la température moyenne annuelle de Para varie
entre 26° et 28° ; les nuits sont fraîches etla rosée abondante.
La population est en majorité de sang indien; le grand
commerce est aux mains des Européens, Anglais, Allemands
et Français ; les Portugais forment la classe des grands
propriétaires et la classe des petits connnerçants ; il n'y
a guère de nègres qu'au voisinage de la côte. L'agricul-
ture est délaissée et on importe la majeure partie des
vivres consommés dans les villes : seule la capitale a un
— 1001
PARA — PARABOLE
peu d'industrie, scieries, constructions et réparations na-
vales, bougies. Elle vit surtout du commerce des produits
tirés des forêts amazoniennes : caoutchouc, cacao, noix de
para, peaux ; les deux compagnies de vapeurs de l'Ama-
zone et du Tocantins transportent la plus grande partie
de ces denrées. Une seule route de terre de 171 kil.
existe entre Para et Braganca, sur l'Océan. Des télégraphes
relient Para à Maranhâo et Pernambouc. La seule grande
ville est la capitale, Belem ou Para (65.000 hab. enl892) ;
on peut encore citer Cameta sur le Tocantins, Macapa sur
l'estuaire N. de l'Amazone, Santarem au confluent du
Tapajoz et Obidos un peu plus haut. On trouvera des
détails complémentaires à l'art. Amazone. A. -M. B.
PARA DU Phanjas (François), philosophe et mathéma-
ticien français, né à Chabottes (Hautes-Alpes) lelo janv.
1724, mort à Paris le 7 août 1797. Il entra, ses études
terminées, dans l'ordre des jésuites et fut professeur de
mathématiques et de philosophie à Grenoble, d'abord,
puis à Marseille et à Besançon. Dans cette dernière ville,
ses leçons eurent un succès considérable et il compta jus-
qu'à trois cents élèves. Il vint à Paris, après la suppres-
sion de son ordre, y vécut d'une pension que lui fit la
princesse Adélaïde, prêta en 1791 le serment civil, mais
le rétracta dès la publication des brefs pontificaux et finit
ses jours aux Madelonnettes, sans avoir été inquiété sous
la Terreur. Ses ouvrages de philosophie et de mathéma-
tiques, dont quelques-uns furent, à l'époque, l'objet des
plus grands éloges, ont beaucoup perdu de leur intérêt.
Citons parmi les principaux : Eléments de métaphysique
sacrée et prof ane ou Théorie des êtres insensibles (Be-
sançon, 1767 : 2« éd., Paris, 1779, 3 vol. ; trad. allem.,
Manheim, 1781 et 1788), «livre incomparable», de l'avis
de Feller ; Théorie des êtres sensibles (Paris, 1774,
A' vol. ; 2® éd., 1788) ; Principes du calcul et de la
iféométrie (Paris, 1773 ; 3® éd., 1783), ouvrage jugé
fondamental par Legendre ; Théorie des nouvelles dé-
couvertes en phijsique et en chimie (Paris, 1786). On
lui doit encore un recueil à' Odes, chants lyriques, etc.
(Paris, 1774), et une édition annotée et augmentée du
Traité du nivellement de Picard.
PARAeANIQUE(Acide).Form. j S^'^eSSô^.
L'acide par abanique a été découvert par Liebig et Wôhler,
dans leurs célèbres recherches sur le groupe unique par
une oxydation convenable de l'acide urique. On l'appelle
aussi oxalvlurée, car il dérive de l'oxalate acide d'urée par
élimination de ^RW.
C4H208 + G^H^Az^O'- — C^H'Az^O^ -H ^H^O^
Acide Urée Acide
oxalique parabanique
L'oxydation de l'alloxane donne aussi de l'acide para-
i>a nique :
C^H^AZ-^OS -4- 02 rrr G^O^ + C^Hllz^O^.
La déshydratation de l'acide oxalurique par l'oxychlo-
rare de phosphore engendre de l'acide parabanique (Gri-
maux). Cet acide cristallise en prismes clinorhombiques in-
colores, transparents, fort solubles dans l'eau. Les alcalis
le décomposent et le transforment successivement en acide
oxalurique, en acide oxahque et urée :
C^H^Az^O^ -H H202 zzz C^H^Az^O^
C^H^Az^Os H- RW = C^H^O^ + C^H^Az^O^.
Les solutions d'argent précipitent le sel argentique,
C^Az^O^Ag^. H^O^, qui se transforme par l'action de
1 iodure de méthyle en acide diméthylparabanique. C. M.
PARA BASE. Sorte d'intarmède qui, dans la comédie
grecque ancienne, se plaçait au milieu de la pièce ; c'était
une sorte de discours du chœur au public, sans lien avec
le sujet.
PARABEL Rivière de Sibérie, affl. de g. de l'Ob ;
cours, direction N.-E., environ 300 kil., tout entier dans
le gouvernement de Tomsk. Rives habitées par des Sa-
moyèdes.
PARABÈRE (Marie-Magdeleine de La Vieuville, com-
tesse de), née en 1693, morte vers 1750. Elle épousa en
1711 César de Baudéan de Parabère, fut dame d'atours
de la duchesse de Bourgogne. Veuve en 1716, elle devint
la maîtresse en titre du régent, qui, fatigué de son arro-
gance — elle renvoyait parfois ses lettres sans les lire —
la remplaça en juin 1721 par M"^® Ferrand d'Averne. Elle
termina sa carrière galante par le duc d'Antin (1739).
BiBL. rJoitrnai de Barbier (éd. SocMeVHist.de France),
t. I,jpp. 90 et I0i5.— Journal du marquis d'ARGENSON (ibid.i.
t. II, p. 202.
PARABLASTE (EmbryoL). Cette expression s'oppose à
celle d'archiblaste ou blastoderme ou neuroblaste. Tandis
que cette partie de l'embryon donne naissance aux sys-
tèmes nerveux, musculaire, épithélial et glandulaire, le
parablaste, né d'une partie du vitellus blanc, formerait le
sang et les tissus conjonctifs. Le blastoderme serait donc
la masse principale du germe, tandis que le parablaste,
dit aussi hœmoblaste, n'en constituerait qu'une partie
accessoire (V. Embryogénie). D^ L. Laloy.
PARABOLAINS. Primitivement, le soin de leurs ma-
lades et la sépulture de leurs morts étaient considérés et
accomplis par tous les chrétiens indistinctement comme un
des offices nécessaires de la charité qui devait les unir. La
révolution impériale qui fit du christianisme la religion
officielle, c.-à-d. la religion d'une multitude très peu
christianisée, obligea de recruter des fonctionnaires spé-
ciaux pour y pourvoir. On organisa dans ce but des cor-
porations, dont les membres furent appelés parabolains
(nom précédemment donné aux bestiaires), vraisemblable-
ment à cause des dangers auxquels ils étaient exposés en
temps de peste et généralement dans tous les cas de ma-
ladies contagieuses. Les textes du Code Théodosien in-
diquent qu'ils étaient considérés comme faisant partie du
clergé, d'une partie prise dans les plus basses classes.
A Alexandrie, ils étaient six cents, placés sous la juridic-
tion de Févêque ; mais il était interdit aux personnes de
bonne condition d'entrer dans leur corporation. Ils devin-
rent et firent ce qu'on devait attendre de confréries ainsi
composées : Ex charitate offîcium transivit infactionem ,
écrit Baronius. Ils commirent des désordres dans les spec-
tacles, qu'on dut leur interdire ; dans les rues, ils firent
des émeutes contre le pouvoir civil, qui fut forcé de prendre
contre eux des mesures répressives et préventives ; mais
surtout ils fournirent aux factions ecclésiastiques le se-
cours, toujours prêt, des violences qui constituaient si sou-
vent les arguments les plus efficaces de leurs contro-
verses. E.-H. V.
PARABOLE. I. Géométrie. — C'est une conique (V. ce
mot) obtenue en coupant un cône de révolution par un plan
parallèle à l'un de ses plans tangents. La propriété ca-
ractéristique qui définit le plus simplement la parabole
consiste en ce que cette courbe est le lieu géométrique des
points également distants d'un point fixe et d'une droite
fixe ; ce point fixe est le foyer, et la droite fixe est la di-
rectrice. La courbe est symétrique par rapport à la per-
pendiculaire abaissée du foyer sur la directrice ; elle a
deux branches infinies et pas d'asymptotes. L'équation la
plus simple de la parabole, rapportée à son axe et à la
tangente au sommet, est y^ z=z ^px; on appelle 2/? le
paramètre de la courbe; rapportée, en coordonnées po-
P
laires, à l'axe et au foyer, elle a pour équation 01=- — - — .
' "^ ^ ^ 1 — COSa)
La parabole jouit d'innombrables propriétés géométriques.
Lorsque, dans l'équation générale d'une conique,
ax'^ -+- ^bxy 4- cy"^ -h Mn -4- 'ley -\- f=0,
on a b^ — ac 1= 0,
la ligne est du genre parabole ; c'est une parabole propre-
ment dite, ou exceptionnellement un système de deux
droites parallèles ou de deux droites confondues. On ren-
PARABOLE - PARACELSE
1002 —
coîîlre la parabole dans un gi'and iionihre (l'apidications.
C'est ainsi par exemple qu'on assimile à clés paraboles les
orbites des comètes non périodi jues, orbites qui affectent
sans doute la forme d'ellipses très allongées, mais qui se
déforment ensuite lorsque ces astres ont disparu des li-
mites de notre système solaire pour être soumises à de
nouN'clles forces attractives. C.-A. Laisant.
II. LmÉRATUPiE. — Récit didactique qui met en valeur
une idée générale en imaginant un événement qui la sug-
gère comme conclusion. Elle ditlere de la fable parce (|UC
cell.^-ci énonce un exemple qui met en action le principe
ou le précepte moral et insiste particulièrement sur l'effet
bon ou mauvais de son application ou de sa trangresbion ;
tandis que la parabole, de forme plus symbolique, pro-
cède par analogie; et cette analogie entre lerécit et Fidée
qu'il est destiné à suggérer, doit être saisissante ; parmi
les paraboles les plus célèbres, on peut citer celle de Me-
ncniiis Agrippa sur les membres et Festomac par laquelle
il convainquit les plébéiens de la solidarité nécessaire des
différentes classes sociales ; ou encore dans l'Evangile celles
de Fenfant prodigue, des vierges sages et des vierges folles.
liï. TlltOLOGlC (V. Si-'iutcde).
PARABOLIQUE (Géom.). On appelle ainsi les éléments
qui se rapportent à la parabole ou qui ont avec cette
courbe quelque chose de commun. C'est ainsi, par exemple,
qu'on appelle branches paraboliques les branches infinies
fie courbes planes qui sont dépourvues d'asymptotes rec-
ti lignes.
^ MouvEMExr PARABOLIQUE. — Lorsqu'uu poiut maté-
riel animé d'une vitesse initiale est soumis à Faction
unique d'une force cojistantc et constamment parallèle à
elle-même, la trajectoire que décrit ce point est une pa-
rabole. C'est, par exemple, le cas d'un corps pesant dans le
vide. Le mouvement parabolique des projeililcs rentre dans
ce cas, et se trouve traité dans tous les cours do mécanique ;
c'est une question d'une extrême importance en balistique ;
le mouvement parabolique, en effet, ne donne pas la solu-
tion complète du probEme, puisque les projectiles se dé-
placent dans l'air, et non dans le vide ; mais il fournit
une approximation fort précieuse. C'est à celte théorie que
se rattache la parabole de sûreté, qui limite la région hors
de laquelle ne peut atteindre un projectile dont on con-
naît en grandeur la vitesse initiale. La parabole de sûreté
est l'enveloppe de toutes les trajectoires paraboliques parti-
culières que décriraient des projectiles lancés du môme point ,
avec la même vitesse initiale, mais avec des inclinaisons
ilifférentes données à cette vitesse initiale. C.-A. L.
PARABOLOÏDE (Géom.). Parmi les quadriques (V. ce
mot) ou surfaces du deuxième ordre, on donne le nom de
paraiioloïdes à deux surfaces dont l'étude analytique pré-
sente de frappantes analogies, bien que leur ap])arencc ex-
térieure soit complètement différente. Ce sont le parabo- j
îoïde elliptique et le paraboîode livperbolique. Elles offrcrjt ,
Fune et Fautre, deux plans de symétrie ; et si on les
rapporte à ces deux plans, Forigine étant au sommet,
en coordonnées rectangulaires, l'équation de la sui-face
est— -j — = 2x' pour le paraboloide elliptique, et
• " %v pour le paraboîode hyperbolique. -~ Le
paraboloide elliptique est coupé suivant des para])oles par
tous les plans passant par Faxe, ces paraboles ayant toutes
leurs branches infinies dirigées dans un même sens. Des
plans perpendiculaires ft l'axe donnent comme sections des
ellipses ; si p = a, ces ellipses deviennent des cercles, et
le paraboloide de révolution peut être alors engendré par
une parabole tournant autour de son axe. Le plan per-
pendiculaire à l'axe, au sommet cFun paraboloide ellip-
tique, est tangent à la surface, laquelle est tout entière
située d'un même coté de ce plan. — Dans le parabolo.de
hyperbolique, le plan perpendiculaire à Faxe, au sommet,
est encore tangent à la surface, mais il coupe celle-ci sui-
vant deux droites ; et la surface s'étend à Finhni de part
et d'autre de ce plan tangent au sommet. On peut y placer
une infinité de droites, ou Génératrices rectilignes ; et
toutes ces droites sont parallèlej à l'un ou Fautre de deux
plans fixes passant par Faxe et qu'on appelle les plans
directeurs. En paraboloide hyperbolique peut être consi-
déré comme engendré par une droite qui se déplace en
s'appuyant sur deux droites fixes (D) (D') et restant pa-
rallèle à un plan fixe (P). Naturellement, les droites (D)
(D'j ne sont ni Fune ni Fautre parahèles au plan (P) ; et
ce dernier est parallèle à ïiin des pians directeurs. La
f)rme d'une selle de cheval ou duii col, en topographie,
donne une idée assez exacte d'un paraboloide hyperbolique
dans le voisinage de son sommet. C.-A. LAiiANT.
PARA BOSCO (Girolamo), écrivain italien, né à Plai-
sance vers 4500, mort à Venise vers 4otiO. Il est Fau-
teur d'un recueil de Nouvelles mêlées de vers et de prose,
divisé en trois journées, où les narrateurs supposés sont
des personnages connus de Fépoque : S. Sp^roni, FAré-
tin, etc. (i Diporti, Venise, vers 4550; réimprimé par
L Corradini, Venise, 1S69). Il a composé, en outre, un
poème mythologique, rAdone, qui paraît avoir été imité
en quelques parties par le cavalier Marin (Venise, 4558),
une tragédie, l'rocne (Venise, 4548), et des comédies
d'intrigue, en prose, imitées pour la plupart du théâtre
latin, VErmafrodiio, i Content i, la hantesca, H Pelle-
grino, il Viluppo (imprimées à Venise en 4558).
BinL. : Gaspary, S/cria delUi lett. ital.^ "II, S*» partie,
passim.
PARAGATU. Ville du Brésil, à FO. de l'Etat de Minas
Geracs; 45.000 hab. Grand marché de sucre, de café,
de peaux. Elle est située sur le Paracatu, rivière de
450 kil., afil. g. du Saô Francisco. Ses lavages aurifères,
importants au xvni^ sic'cle, sont délaissées.
PARACELSE (de son vrainom Philippus-Aureolus-Theo-
phrastus Bo^mAsr vox llonENHEiii) , célèbre médecin et
alchimiste suisse, né près d'Einsiedeln, cant. de Schwyz,
le 47 déc. 4493, mort à Salzbourg le 24 sept. 4544. Sa
famille était originaire du château deliohenheim, près de
Stuttgart, et celui-ci avait dès 4 409 passé en des mains
étrangères. Le père de Paracelse était médecin deFabbaye
d'iinsiedeln, etsa mère, avant son maiiage, était surveiE
lante à l'hôpital annexé au couvent. Quant au nom de
Paracelse, il n'est probaîdement que la traduction de
liolienheim. plutôt que d'indiquer une vaniteuse préémi-
nence au-dessus de Celso. Le plus souvent, d'ailleurs, il
signait Iheophrastus ex Ilohenlieim Eremita (épithèie
indiquant son lieu de naissance). Ehielqiicfois le prénom
à'Aureolus-Philippus lui est attribué En 4502, le p^re
de Paracelse émigra avec sa famille à Villach, en Carinthie,
et c'est là qu'il lui inculqua les premières notions de mé-
decine, d'alchimie et d'astrologie. En 4 506, Paracelse alla
étudier à Bàle, ou il eut pour maître Tritheim, puis il fit un
assez long se our auprès de Sig. von Fugger, dans le Tirol.
11 visita ensuite les plus célèbres Enivcrsités d'Allemagm',
do France et dltalie, puis étudia la métallurgie en Saxe,
visita l'Espagne et l'Angleterre, se fit enlever par les
Ta tares en Pologne et pratijua Falcliimie chez eux, par-
courut l'Egypte, se fit initier à divers mystères à Cons-
tantinople, etc. Il demanda leurs secrets aux barbiers,
baigneurs, bonnes femmes, magiciens, astrologues, zin-
/ares, bourreaux, etc., aussi bien qu'aux plus savants
médecins. Il servit, paraît-il, dans l'armée danoise sous
Christian IL Ces pérégrinations ont dû beaucoup nuire à
bcs lectures; aussi détCitait-il cordialement les classiques,
tels que Galien,Avicenne, etc. Quoi qu'il en soit, il fut nommé
"Il 1526 médecin pensionné àBiUcgràceà son compatriote
Ifaasscbein (OEkolampadius), et l'année suivante devint
p:'.-fcsseur à FEniversité de cette ville. ïl inaugura s ni
crscignement en langue allemande, après avoir fait un iVu
d;' ji ie des ouvrages d'Avicenne, d'Averroès, de Ra^è-..
de (ialien, etc. ; il imitait Luther qui, quelques années
auparavant, avait brûlé la bulle du pape sur la place pu-
1003 —
PARACELSE
PAHACfilTR
l)lii[i!0 lie. Witteiubcrg. Hippocraie, sur les apliorismes
duquel il publia des commenlaires, avait sans douio trouvé
^Tàcc dovajit Pc''raf'o!"^e, cpû so posait on rAforinatour «Je
ia médecine.
Des cures heureuses et la guerre qu'il lit à bien des
iduis lai attirèrent l'inimitié de scscoirgues et confrères,
et il dut quitter sa chaire au pi intemps de 4528. Il finit
par se retirer à EssUngen, prîs de Stuttgart; là aussi il
fut en hiiltc à des persécutions et, menacé de prison, il
s'enfuit et commença une vie errante et misérable, qu'il
termina à Salzbourg, tué par ses ennemis, suivant que'-
(jues auteurs. On a dit beaucoup de mal de Paracclse, et
d'autres l'ont exalté. On lui a reproché d'avoir mené un'-»
vie de libertinage, mais il faut tenir compte d.:s mœuîb
do son époque. Sans doute, il était d'un aboi'd un peu
rude, mais avait une haute idée de sa digniiéde médecin ;
il n'était pas aussi cliarlatan que l'ont dit ses ennemis;
il faisait môme la guerre aux charlatans aussi i)ieu qu'aux
pédants et aux ignorants, et il les eut naturellement tous
contre lui. On l'a accusé de sorcellerie et d'atliéisme ; ici
encore on est allé trop loin; clans ses éciits authentiques,
il s'est montré croyant et ennemi des œuvressoi-disant dia-
boliques. Celan'empêche qu'il a cru à lamagie, à ralchiiuio
etài'astroîo:^ûe ; il était dcson temps, et il était néoplato-
nicien en philosophie De là ses idées sur le microcosme et
le macrocosme, etc., sur l'existence dans le corps liumain
de Varch'!e, qui est en somme l'analogue de la force
vitale des vitalistes. Abstraction faite des propriétés oc-
cultes qu'il prêtait à certaines substances, on peut dire
(fuo Paracclse a pour ainsi dire créé la doctrine moderne
des sp{'cifî{jues. Do môme, il préluda aux théories humo-
i-alcs de l'avenir, et, en somme, il a ouvert à la médecine des
\oios nouvelles. Les magnétiseurs le considèrent également
comme l'un de leurs précurseurs, et non sans quebjue
raison. Il croyait au surnaturel et s'efforçait de le prou-
ver par des argmiients d'ordre naturel ; bref, il s'était
fait le vulgarisateur du monde métaphysique.
Paracelse une fois mort, le nom'jro des parlibaub do
^es doctrines médicales s'accrut de jour en jour, smdoul
en Allemagne, et méjuo eu France. Paré et Fernel adop-
tèrent cpielques-unes de ses iflées. La Faculté de Paris,
cependant, ne voulut pas entendre parler des préparations
chimiques qu'il avait introduites dans la thérapeutique, et
particuh;Temenl de rantimoinc, — L'énumération de ses
ouvrages n'aurait pas grand iiitérôt; il a écrit sur les pré-
parations médicamenteuses, la médecine pratique en géné-
ral, la syphilis, la chirurgie, les impostures des médecins.
la nature des choses (où il est question do Vhominv^ulm),
la peste, la philosophie et l'astrologie, etc. Mais plusieurs
de ces ouvrages ne sont pas authentiques, on est même
loin d'être d'accord sur ce sujet. Quoi qu'il en soit, il a ét;'^
])Uî)lié une série d'éilitions des œuvres complètes de Para-
'•else, depuis l'édition de Bàle de 1575-89 en 10 voL
jusqu'à celle de Genève de IfioS en 3 vol. En général,
les ouvrages non authentiques sont caractérisés par un
style extravagant et en'xs c|ui a fait adopter par les An-
glais le mot bombasl comme synonyme de pathos, d'en-
flure, etc. ^ D'' L. IIn.
I^iijl. : }J.vRx. Zur Wûvdic/iwg d^'.s Thcofihruslns von
Jîohenhelm; GottinA""ie, 1812, 'iu-4, — Mook, Tiiooplirastiis
Paracelsiis. Fine krltische Stndie; Wurtzbourg, 1876, in-8.
- F ERGU SOS , Bibliographia. ParaceUica...; Glasgow,' 1877,
iii-B. — RoHLFs, dans Deutsch. ArcJdv. f. Gesch. cler Me-
fUf'in, 1862, pp. 213, 241, 273. - L. Hahn. dans Dlct. encycl.
'/ey se. méd., 188t. — IIaboulbènk, dans /?ep?ie scieiûlf.,
1885, t. XXXVI, pp. 6i5, 681. -- Hartmann, Life of P. T.
Paracelsns; t.ondrcs 1887. — Schuoert elSur3Hr)FF, Para-
celsns-Forschnncjen; Franc fort-sur-Main, 1887-o9. 2\^ol. —
SuDHOFF, Versuck einer Kritik cler Echtheit der Para-
celslschen Schrilten; Berlin, 1891 et suiv. — Schlegel,*
Paracelsische Studien ; Dresde, 1898, in-8.
PARÂCELSES. Groupe de récifs situé dans la mer de
Chine, au large de liai nan et de la côte d'Annam, entre
15 et il<> de lat. N., 109 et 11 3^ de long. E. M. C.
PARACENTÈSE (Chirur.). Opération qui consiste
h ponctionner un organe ou une cavité séreuse pour
en l'étirer le liquide qu'ils contiennent. Ce mot s'emploie
surtout pour désigner la ponction ahdominale ; mais il
sert aussi à dénommer les ponctions du péricarde, de
la vessie, des 'milieux de rœil, d'un k^^ste, etc. Nous
lîe nous occuperons ici qiio de la ponction ahdominale.
Zlle était connue et prati([uée de toute antiquité, mais la
i méthode opérai loire laissait beaucoup à désirer. Aujour-
i d'hui elle se fait à l'aide d'un trocart (V. ce mot). On
I s'assure par la percussion qu'il n'existe au point d'élec-
I tion ni anse intestinale soudée à la paroi, ni tumeur so-
I lido ; le point d'élection se trouve sur le milieu d'une
ligne droite c{ui descend de Fombilic à l'épine iliaque an-
îéro-supérieure. Naturellement, la région et lesinstrumeids
ont été antiseptiscs. Le trocart est enfoncé assez hi'us-
qucment, puis on le retire en laissant la canule en place.
Quand le liquide est sorti par la canule, on la retire, et h'
pansement consiste en un moi'ceau de diachylon ou un
peu d'ouate recouverte de collodion ; un bandage de corps
et de l'ouate maintiennent le ventre. Ost une opéra-
tion peu grave, mais qui parfois peut s'accompagner de
quelques accidents, tels que siincope, péritonite, h'Jmor-
rcijies, ftstule péritonéo-cuianée. D-' Martha.
PABACENTRIQUE (Géom.). On appelle eourbe iso-
chrone paracentri me ou simplement para'^entriqve
la courbe décrite, en tombant, par un corps pesant, (uii
s'approche également, dans dos temps égaux, d'un centre
ou d'un point donné. Le problème de la courbe paracen-
trique a été proposé par Leibniz aux antagonistes dii
calcul dillerentiel, qui ne parvinrent pas à le résoudre. Il
n'est que la généralisation du problème de la courbe aiir
apiiroches éijales {V. Approcuf.?).
PARÂGÉPHALÎENS (Terat.) (V. Monstre, t. XXIV.
p. 173).
PARACHUTE. î. Aérostatiox. — Le parachute pa-
raît avoir été connu de toute antiquité. Pourtant la pre-
mière description qu'on en rencontre remonte à Léonard
de Vinci. V\\ siècle et demi plus tard, Fausti Veran/io,
de Venise, donnait, à son tour, le dessin d'un appareil qui
aurait été expérimenté en loi 7 et qui permettait l\ un
homme de se j eter sans danger du haut d'une tour. En 1 7S') ,
un physicien français, Sébastien Lenormand, c|ui a long-
temps passé pour l'inventeur des parachutes, commença
une série d'expériences, d'abord en se laissant tomber, un
parapluie ouvert à chaque main, de la hauteur d'un premier
étage, puis en lançant, du haut de ia tour de l'observatoire
de Montpellier, différents animaux suspendus à un appa-
l'eil également en forme de parapluie, mais beaucoup plus
grand, eniin, en se jetant lui-même du haut de la tour,
en présence de Montgolfier. La machine dont il fit usage
dans cette dernière circonstance consistait en un cercle d*'
4 m. 1,2 de diamètre, supportant un cùne de toile doublé
de papier de 2 m. de hauteur, J.~L. Blanchard {V . ce nom)
rejeta dans ses nombreuses ascensions publiques les exfié-
l'ieiices de Lenormand, mais seulement sur des animaux
et sans jamais s'aventurer lui-même. Ce ùivent les frères
Garnerin (V. ce nom), élèves du physicien Charles, qui
eurent, les premiers, Fidée de faire du parachute un
apfiareil de sauvetage pour les aéronautes. Celui qu'ils
construisirent ditférait peu de ceux encore en usage. Il se
composait essentiellement de trente-six fuseaux d'étoffe
cousus ensemble et formant, développés et gonflés, une
sorte de calotte sphéri pie de 8 m. environ de diamètre,
figurant assez bien un vaste parasol ouvert (V. la fig.).
Autant de fortes ficelles, partant du centre, suivaient les
coutures et venaient se rattacher, 10 à 12 m. au-dessous,
à la nacelle. Pendant l'ascension le parachute était sus-
pendu plié, soit à la partie iiiférieure de l'aérostat, soit à
un point quelconque de son équateur, et dès «pf on coupait
la corde ([ui le retenait, la nacelle, séparée en même
temps du ballon, était lancée dans le vide, précipitée
d'abord avec une vitesse croissante, puis retenue par le
parachute, qui se déployait de plus en plus sous l'elfort
de la résistance de l'air. Le Tl oct, 1797. Jacquec;
PARACHUTE
1004 —
Garnerin s'éleva en ballon, au-dessus du parc Monceau,
à Paris, jusqu'à une hauteur de plus de i.OOO m. et,
s'étant alors confié à son parachute, arriva à terre, sain
et sauf, mais non sans avoir subi, durant la descente, do
nombreuses et violentes secousses. Il remédia lui-même à
cel inconvénient en ménageant, au sommet de Taj^parei!.
Parach'ite.
une ouverture circulaire pour l'écoulement de l'air. Son
frère et sa nièce, Elisa Garnerin, firent, durant les années
qui suivirent, de nouvelles et nombreuses descentes, puis
l'Anglais Cocking, à Londres, lequel imagina de renverser
tout le système, la face concave regardant le ciel, et,
le 24 juil. 1837, se tua net en se lançant d'une hau-
teur de 1.800 m. Jusqu'en 1886, où l'Américain Balduin
s'en servit à nouveau, il ne fut plus guère question du
parachute. A la même époque, un autre aéronaute,
Leroux, tué au cours d'une expérience en 1889, le modi-
fia quelque peu, réduisant son diamètre total à 3 m. et
n'en faisant plus qu'un auxiliaire de la descente de l'aé-
rostat au-dessus duquel il se développe et dont il permet
de modérer à volonté la vitesse de chute. Lorsqu'au
contraire il doit fonctionner à part et porter, à lui seul,
le poids d'un homme, il lui faut un diamètre d'au moins
4"^, 40, porté à 9 ou 10 m., s'il s'agit d'une nacelle avec
plusieurs aéronautes. — On a aussi essayé de faire du
parachute une machine dirigeable en le munissant de
deux grandes ailes fixées à la nacelle et faisant office de
rames (V. Aviation).
II. Mines. — On désigne sous le nom de parachutes
des appareils divers employés, dans les puits d'extrac-
tion des mines, pour empêcher la cage d'être préci-
pitée au fond, lorsque le câble qui la supporte vient à
se rompre. Ces appareils reposent tous sur un principe
commun : déterminer, par la rupture même du câble, la
mise en action d'un appareil de coincement, qui accroche
et suspend la cage aux guidages, le long desquels elle
circule habituellement comme sur des rails Y^rticaux. Les
difficultés du problème se conçoivent aussitôt : il faut, en
effet, pour que l'appareil remplisse convenablement son
office, qu'il fonctionne efficacement dans tous les cas de
rupture et ne fonctionnejamais sans nécessité. Si, en vue
de déterminer le meilleur type de parachutes, on cherche
d'abord à analyser les conditions dans lesquelles se pro-
duit une rupture, on voit qu'elle a lieu souvent à une
grande distance au-dessus de la cage, dans la partie qui
tatigue le plus, puisqu'elle a à supporter, outre le poids
de la cage, celui du câble lui-même, souvent considérable :
il y a donc lieu de prévoir, un moment après la rupture,
la chute, au-dessus de la cage, de toute la portion du
câble rompu, et il est, par suite, nécessaire que la cage
soit très solidement accrochée aux guidages par le para-
chute pour résister à un pareil choc. En second lieu,
si nous nous plaçons, comme on doit toujours le faire,
dans les conditions les plus défavorables (qui sont heu-
reusement les plus rares) et si nous imaginons une
rupture pendant la descente, dans l'intervalle de temps
qui s'écoule entre la rupture du câble et l'accrochage
désiré, la cage commence par tomber en chute libre
avec une vitesse croissante, et la force à neutraliser
devient rapidement énorme : il est donc nécessaire que io
parachute fonctionne le plus vite possible. Néanmoins,
il est mauvais de déterminer un arrêt trop absolu et
trop brutal, comme on avait cherché à le faire dans
certains systèmes anciens, au moyen par exemple de ver-
rous, venant s'introduire subitement dans les dents d'un<^
crémaillère ; car on a toutes les chances de briser ainsi
l'appareil le jour où il doit servir. Ajoutons encore que le
parachute doit se fixer au guidage, ce qu'il ne peut faire
qu'en s' appliquant contre lui avec un frottement de plus en
plus énergique ; mais, comme ce guidage n'est pas abso-
lument rigide, on a à craindre, si on le pousse d'un seul
coté, qu'il ne se déplace et cède à la pression du parachute,
mis ainsi dans l'impossibilité de fonctionner : d'où l'idée,
fréquemment adoptée, de faire prendre ce guidage entre
(!eux mâchoires et deux griffes. On conçoit, d'ailleurs, que
les moyens à employer pour réaliser cette suspension, cet
accrochage de la cage à ses guides, dépendent essentiel-
lement de la nature de ceux-ci, qui peuvent être en fer,
en bois, ou en câbles. Quant à la crainte de voir fonctionner
le parachute hors de propos, elle est très motivée par le
fait que le câble porteur de la cage a une élasticité sen-
sible et détermine, par suite, en marche normale, dans
le mouvement de la cage, une série d'oscillations ; il y a
des moments où la descente peut s'accélérer assez pour
produire les mêmes résultats qu'une chute après une rup-
ture; le parachute fonctionne alors inutilement, détériore
le guidage, entrave le service et peut même occasionner
des accidents. Dans certains appareils, on remédie à ce
défaut par l'introduction d'un ressort spécial, nommé ten-
deur compensateur, qui doit neutraliser ces oscillations do
faible amplitude et ne laisser fonctionner le parachute
qu'en cas de rupture réelle. Le plus souvent, on emploie
un moyen beaucoup plus radical, qui consiste à n'utiliser
le parachute que pour la circulation des ouvriers et à le
caler pendant toutes les manœuvres d'extraction de char-
bon. Il est alors indispensable que le calage et le déca-
lage puissent se faire aisément et qu'un système très vi-
sible permette de savoir immédiatement, au premier aspect
de la cage, ^si le parachute est ou non en état de fonc-
tionner. On voit donc, en résumé, qu'un bon parachute
doit, à la fois, agir très vite et pourtant progressivement,
en embrassant le guidage et non en le poussant, lorsque
le câble se rompt et non lorsqu'il oscille, et produire sur
le guidage une prise très énergique, en évitant pourtant
de le détériorer trop gravement. Toutes ces conditions
réunies sont tellement difficiles à remplir que le parachute
idéal n'est pas encore trouvé et que, dans beaucoup de
districts miniers, on discute encore pour savoir si les
avantages des parachutes actuellement connus surpassent
leurs inconvénients. En tout cas, il est indispensable que
la présence d'un parachute n'entraîne pas une fausse sé-
curité et ne dispense pas de la surveillance minutieuse
et constante du câble, qui est, en réalité, la meilleure ga-
rantie contre les accidents.
Ces remarques faites, si l'on entre un peu plus dans le
détail, on voit que le principe de nombreux parachutes
consiste à faire porter la cage, non directement par le
1005
PARACHUTE ~ PAI{ACYANOGÈNE
câble, miiis par un appareil tixé au câble, buv lequel le
poids de la cage s'applique par l'intermédiaire des res-
sorts. En cas de rupture, les ressorts se détendent brus-
quement, puisque le câble tend alors à tomber avec la
cage et non plus à la porter ; la détente de ces ressorts
actionne alors le système d'arc-boutement ou de coince-
ment, plus ou moins ingénieux, qui fonctionne comme un
véritable frein. Tel est le cas des anciens parachutes Fon-
taine et du parachute Micha, dans lequel des griffes ten-
dent â pénétrer dans le guidage et, une fois entrées légè-
rement, sont enfoncées à fond par le choc même de la
cage tombant sur leur tête. Ailleurs, des coins, mis en
mouvement par le ressort, viennent s'intercaler entre le
guidage et des pièces inclinées portées par la cage, dé-
terminant un frottement d'autant plus énergique que ces
coins sont striés ; ou encore, le coincement est produit
(type des mines de Lens) par des roues excentrées, striées
sur leur surface de contact; dans d'autres cas par une
courte fourche (système Hypersiel), dont les faces inté-
rieures cannelées viennent mordre sur les joues latérales
des guides, etc.. Enhn, dans ces derniers temps, on a ima-
giné de mettre les parachutes en prise par un interrupteur
électrique, fonctionnant automatiquement lors de la rupture
da câble. Mais l'emploi de l'électricité, dans un cas où la
vie humaine est en jeu, a tous les inconvénients d'une force
aussi irréguUère et capricieuse. L. De Launay.
BiBL. : Mines. — Nitzsch, Sur les parachutes dans les
puits des mines; Berlin, in-4. — Reumaux, Sur les para-
chutes dans Bidl. Ind. Min.^ 3% I ^I, 1680). — Haton de la
GoupiLLiÈRj-, Cours d' exploitât Lo'^ des rnines/Z^ éd., 1897,
t. II, pp. 52 à 64 et bibl. citée dans les notes.
PARACIN. Ville de Serbie, cercle de Morava, sur la
Zrnitza ; o.500 hab. Stat. du chem. de fer de Belgrade
'1 IVissi
PARÀcLASE (Pétrogr.) (V. Diaclase).
PARACLET (Le). Hameau de la corn. deQuincey, dop.
de l'Aube, arr. de Nogent-sur-Seine, cant. de Romilly,
sur les rives de l'Ardusson, affl. de la Seine (r. g.), dans
le Sénonais. Il se compose d'un petit château avec une
exploitation agricole. C'est l'emplacement d'une ancienne
abbaye de religieuses, fondée au diocèse de Troyes par
Abailard et Héloïse, approuvée le 23 nov. 1131 parle
pape Innocent II, et érigée canoniquementlel^^'nov. 1147
par le pape Eugène III. Le monastère qui s'appela d'abord
tout à la fois Oratorium sancte Trinitatis, Paraclitus,
inonasterium sancti spiritus, oratorium sancli spiri-
tus, porte invariablement, à partir de 1195, le nom de
Paraclitus ou Paracletus (le Consolateur). C'est à la date
de l'année 1147 que nous voyons Héloïse désignée sous
le nom d'abbesse. L'abbaye et toutes les maisons de sa
filiation ont toujours suivi la règle de Saint-Benoît ; mais
cette règle était modifiée au Paraclet par quelques cou-
tumes particulières établies par Abailard et Héloïse. Jus-
qu'au xvii*^ siècle les affaires temporelles de l'abbaye étaient
gérées par un administrateur laïque qui, dans les titres,
est appelé administrator, porveor, porveeur, procureour.
L'abbaye était placée avec tous ses biens sous ia protec-
tion et juridiction du Saint-Siège ; elle payait tous les
ans, au palais de Latran, en signe de dépendance, une re-
devance désignée diversement sous les noms de sex nmn-
vws, obolus aureus, 'maille d'or. L'évêque de Troyes
possédait le droit de visite et de procuration au Paraclet,
dans les limites fixées par la jurisprudence canonique. Dès
le XII® siècle, les biens du Paraclet se groupaient autour
de dix granges ou centres d'exploitation, situés sur le
territoire des villages voisins de Marcilly-le-Hayer, Soli-
gny-les-Etangs, Saint- Aubin (Aube), et jusque sur le ter-
ritoire des villages plus éloignés de Sourdun et Nangis
(Seine-et-Marne). L'abbaye du Paraclet avait sous sa dé-
pendance une abbaye et plusieurs prieurés. Le prieuré de
Sainte-Madeleine de Trainel (Auhe) fondé en 1142 ; le
prieuré, plus tard abbaye de La Pommeraye, fondé en
1147 (Yonne, arr. de Sens, cant. de Sergines, corn, de la
Chapelle-sur-Oreuse) ; le prieuré de Laval (Seine-et-
Marne, arr. de Provins, cant. et com. de I)onnemarie-en-
Montois), mentionné dès 1154 ; le prieuré de Noëfort
(Seine-et-Marne, arr. de Meaux, cant. de Dammartin,
com. jie Saint-Pathoz), ainsi que celui de Saint-Flavit
(Aube, arr. de Nogent, cant. et com. de Marcilly-le-
Hayer), tous deux mentionnés dès 1157; le prieuré de
BoranoviSaint-Martin-auX'Nonnettes (Oise, arr. de Seii-
lis, cant. de Neuilly-en-Thelle, com. de Boran), mentionné
dans une bulle de 1163. L'abbesse du Paraclet présentait
aux cures de Quincey et de Saint-Aubin. C'est dans une
bulle du pape Eugène IIÏ (1^^ nov. 1147) que sont énu-
mérés les biens de l'abbaye provenant des libéralités des
évêques de Troyes et de Meaux, des archevêques de Sens,
des rois de France, des comtes de Champagne, des sei-
gneurs de Nogent et de Trainel. Dans la seconde moilié
du xiii^ siècle, le temporel de l'abbaye périclite, et, par
suite d'embarras financiers, le Paraclet est réduit à con-
tracter des emprunts onéreux. Au xiv® et surtout au
XV® siècle, l'abbaye eut à souffrir des dévastations des
gens de guerre. Le 2 mai 1497 eut lieu la translation
des corps d' Abailard et Héloïse, de la chapelle Saint-De-
nis ou Petit-Moustier, dans l'église de l'abbaye. Depuis
1593, l'abbaye eut pour abbesses des princesses apparte-
nant toutes à la famille de La Rochefoucault. En 1756,1e
personnel de l'abbaye se composait de 24 religieuses de
chœur, 10 converses, 5 religieux; le revenu de l'abbaye
était évalué à 16.000 ou 17.000 livres. La dernière abbesse
fut Marie-Charlotte de La Rochefoucault de Roucy, ins-
tallée en janv. 1778, décédée à Reims le 6 juil. 1829. Le
Paraclet fut vendu le 14 nov. 1792 pour le prix de
78.000 fr. ; il devint plus tard la propriété du général
Pajol. Une belle vue de l'abbaye, alors qu'elle avait été
encore épargnée par le marteau des démolisseurs, a été
publiée enl793parJ.La ValléeetBrion(cf. Voyage dam
les départements de France : dép. de l'Aube, p. 20).
Aujourd'hui, la plupart des bâtiments claustraux ont dis-
paru ; les parties les plus anciennes des constructions ac-
tuelles remontent au xvii® siècle ; de l'église, seuls les
caveaux subsistent ; dans un bâtiment qui dépend de la
ferme, il faut peut-être reconnaître le celher dej'abbaye.
Au moment oîi l'abbaye fut vendue, les corps d' Abailard
et d'Héloïse furent transportés dans l'église de Nogent-
sur-Seine ; sept ans plus tard, par les soins de Lenoir,
administrateur du musée des monuments français, ils
furent transférés à Paris et déposés au Père-Lachaise. Le
cartulaire du Paraclet (parchemin du xiv® siècle, Mss à
la bibliothèque de Troyes, n" 2284) a été publié avec
d'autres pièces complémentaires tirées des archives de
l'Aube, par l'abbé Lalore (Collection des principaux
cartulaires du diocèse de Troyes ; Paris, 1878, t. Il,
in-8). E. Chantrioï.
PARACLET (Théol.) (V. Esprit [Saint], t. XVI, p. 373,
2^ col.).
PARACOROLLE (Bot.). Nom donné à la couronne péta-
loïde insérée à la gorge du périanthe dans le genre Nar-
cissuSy et qui résulte non d'un dédoublement, mais d'une
multiplication des pièces du périanthe. Chez le Narcissus
pseudo-narrissus, elle forme un tube campanule d'un
beau jaune, composé de 6 pièces comme le périanthe, et
dont la longueur égale celui-ci. Dans le N. taxetta, N.jon-
quilla et iV. poeticus, la couronne est cyathiforme où cu-
puliforme, avec, dans la dernière espèce, un bord rouge
qui tranche sur le périanthe blanc. D^ L. ÏL\.
PARACOUSIE. La paracousie s'observe dans nombre
d'affections auriculaires ; elle est de plusieurs sortes.
Tantôt un malade entend un son différent de celui auquel
il est soumis. Tantôt l'audition est plus facile au milieu
du bruit (paracousie paradoxale de Wilis), ou bien le ma-
lade entend un son différent pour chaque oreille (V. Oreille,
§ Pathologie, t. XXV, p. 519).
PARACYANOGÈNE.Form. S fjuiv.... (C^Az^
{ Atom (CAz)^.
Le paracyanogènc est un polymère du cyanogène qui
PAUACYANOGÈNE PAHADIN
4006 —
prend toujours naissance dans la décomposition par ia cha-
leur du cyanure de mercure. La quantité de paracyano-
gène formée est d'autant plus grande que la tempéralurv^
est plus basse. A 4i0^, eiio est d'environ 42 7o ?* fj"'^!^!
on opère en vase clos de mani.'rc que ic cyanogène formé
exerce une pression, on peut obtenir 40 7o- Le cyamu-e
d'argent se comporte comme celui de mercure. li csl coiis-
(itiîé par mie poudre brune, soluble dans facidc suiiïi-
rique concentré. MM. ïroost el llauteFeuille ont étudie ia
transformation du cyanogène en parocyanogène, ils oïd
montré quelle Cat tout à fait analogue à la transformation
allotropique du pliospliore rouge en })hospliore biùrs,
A 8.,0'' le paracyanogèno se transforme iîitégralemeut v\:
cyanog'ne. " C. Matignon.
PAHAD. Station minérale de Hongrie, comitat de llevcs.
au pied des monts Matra ; 2.000 hab. Sources ferrugi-
neuses, sulfureuses et d'alun. Llle expédie 600.000 bou-
teitles d'eau sulfureuse par an. Château de la famille
Karolyi.
PARADE. I. Équitation. — On appelle parade, en
termes de manège, le temps d'aii'ct d'uii cheval. Un che-
val sûr à la parade est celui qu'on arrête faiilemcnl dans
^;a course et il y a parade manqiice lorsque, au momeni
011 Fou veut l'arrêter, le cheval s'arme de la bride et
hausse le dos. Sous Charles iX,on donna le nom de parade
à la (igure de carrousel auparavant appelée comparse
(Y. Carrousel). De là l'expression passa, avec sa signifi-
cation actuelle, dans les corps de troupes (Y, ci-après).
n. Art militaire. — La parade Cbl la réunion des
troupes qui vont monter ia garde. Eilis sont comluites des
diverses casernes au lieu du rendez-vous général, sur la
place d'armes ordinairement, par l" officier de service le
plus élevé en grade, et elles détiient, au commandement
du commandant do place ou d'un oOicier de son état-ma-
jor, devant le corps des olliciers de la garnison, en tète
desquels se sont placés les officiers supérieurs et qui ont
derrière eux les sous-olliciers et les caporaux de semaine.
Le cercle est ensuite formé et les ordres do service sont
communiqués. Pour les grandes parades, qui ont lieu à
certains jpurs déterminés et à certaines fêtes, des déta-
chements de toutes armes sont ajoutés aux fractions de
garde et les officiers généraux y assistent. En France, la
parade, limitée déjà depuis longtemps aux gardes do
chaque corps de troupes dans leurs quartiers respectifs, est
aujourd'hui complètement supprimée et les gardes sont
simplement iospectécs, avant leur déj)art, par le chef do
bataillon ou Ladjudant-major de semaine, sans détikr.
Dans plusieurs arniées étrangères, au contraire, cette cé-
rémonie a conseivé toute son iiuportance et, à Berhn no-
tamment, c'est fréquemment l'empereur qui ]à commande.
IIÏ. Théâtre —Dans les spectacles en ])le]n vent, la pa-
l'ade n'est pas autre chose que ces scènes houîlbnncs accom-
)>agnées de plaisanteries grossiîrcs, de quiproquos, de co;p
à-1 àne et de coups de bâton que les acteurs exécuteiii hur
des tréteaux dosant la porte. Son but est d'arrêter les
badauds, de les lairo lire, pour les décider à venii' (">:i-
templer à l'intérieur, moyennant tlnances, ce que savent
i'aire des artistes aussi plaisants. Les parades sont géné-
ralement improvisées ; d'ordinaire, sur un canevas très
libre, les personnages brodent à qui mieux mieux les
vaiiations ingénieuses q-ue leur suggère leur verve co-
nrique. C'est ainsi qu'il en était autrefois alors que les
parades forahies étaient de véritables scèncb à deux
ou plusieurs personnages. Aujourd'hui, les beaux jours
des spectacles forains sont linis. Ceux (pii subsistent encore
végètent misérablement; à moins qu'ils n'aient pris, au
contraire, une importance telle qu'elle leur pei'mette de
rivaliser souvent heureusement avec les théâtres établis.
Des entreprises aussi importantes ne sauraient admettre
la libre fantaisie, et les directeurs n'iraient pas com-
promettre leur dignité dans les farces de la parade. Au
xvii^ et au xviii^ siècle, la parade connut ses meilleurs
jours : elle eut ses virtuose^ el ses artistes. Turlupin.
Gros-Guiîiaume, Gautier Gargudie, Brioché avec son singe
et ses marionnettes, Tabarin, le plus illustre de tous,
excellaient dans ce genre ; leurs plaisanteries, pour n'être
pas toujours d'un comique très lin, n'en charmaient pas
moins le populaire. Il n'y avait pas, au xvii® siècle, un
charlatan du Pont-Xeuf, un marchand d'onguents, un
arracheur de dents qui ne se crût obligé d'attirer le public
autour de ses tréteaux par des parades ingénieuses et co-
miques, Auxviii^ siècle, ce n'est plus au Pont-Neuf, c'e^l
aux foires Saint-Germain et Saint-Laurent que se trans-
portent les amateurs de ces .spectacles en plein vent. Ni-
colet el son singe y font fureur, Quand celui-ci passa au
bfiuknard, oail îlt construire la salle de la Gaieté, la pa-
rade l'y suivit. Exécutée sur des tréteaux à la porte du
théâtre, la mode s'en conserva longtemps. Ch. Nodier, au
commencement ih\ siècle, goùîait foi't les parades de Bo-
bèche et de Galimafré qui opéraient devant les DélasbC-
ments-Comiques.
Bien que, comme nous l'avons dit, ces spectacles fussenl
improvisés presque entièrement, plusieurs auteurs ont pris
la peine d'écrire des parades, sans doute pour aider Fimagi-
lialion paresseuse des pitres de second ordre. 11 existe un
iTV'ueil en 4 volumes intitulé le Tlicdlre des Parades, ei
les meilleures farces de Bobèche se trouvent réunies dans une
Collection choisie de farces el parades nouvelles (483;]).
Mais (0 n'est pas dans les livres qu'on peut juger ces plai-
santeries, souvent fort drôles : il y laut le jeu et les gesîes
de l'acteur. Certaines s eues qu'exécutent aujourd'hui nos
clowns dans les cirques, bien que généralement d'un co-
mique plus renfermé, moins expan^if, anglais plutôt que
français, certains boniments des camelots vendant hwv
marchandise sur la voie pubii(pie peuvent nous donner une
idée de ce que furent jadis les parades fameuses duPonl-
Neuf et de la Foire. H. Quiitaud.
ÏV, Escrime (V. Escrime, t. XVI, p. 290).
PARADE (La). Coin, du dép. de la Lozère, arr. de VU-
rac, cant. de Meyrueis; -i42 hab.
PARADlAIVIIDOPHÉNYLACRlDiNE (Chim.) (V. Cur,^-
sAxitivE. § Thérapeutique).
PÂRAD!DYf)^E. C'est le corps innominé deGiraldè^i.
Encore appelé Parépididpme, il coirespondau/;<2/ï;o/;/i(7r('
de la femelle, et est composé de tubes ampuîliformcs dé-
tachés de la portion urinaire du corps de Wolff (Y. Reln.
Gïhaldès). La transformation kystique de ces tubes est
le point de départ des kystes de l'épididyme (V. Fpim-
dyme). ^ Ch. Deiuerue.
PARADIÈRE (Pêche). Ce filet sédentaire, en usage dans
la Médilerranée, se compose de hautes nappes tendues au
moyen de pieux ; il forme un Lvairage qui part perperuli-
culairement à la cteet conduit le poisson clans une demi-
enceinte, terminée par un long verveux, dans lequel il
s'amasse. E. S.
PÂRAOIGP/IE. «L(vs grannnairiens, iViiV Encijclopedie.
se sont appropri(î le mot paradMjine pour désigner h-^
exemples de déclinaisons et de conjugaisons qui peuvenf
servir de modî^es aux autres mois, ([ue Fusage et Fan.a-
logie onl soumis aux mêmes variations de Fu.ne et l'aulrr
espèce. Les paradigme^ sont des exemples, des modèles
pour d'autres mots analogues, et c'est le sens littéral
du mot. » Ainsi, en grammaire latine, rosa est le para-
digme dt^ la première déclinaison, amo est le paradigme
de lo première conjugaison, et ainsi de suite. Les para-
digm_es étant priiîcipalcment destinés à inculquer la règle
générale par l'image sensible d'une application }-urti-
culièrc proposée comme un o!)jet d'imitation, on doit les
choisir aussi clairs, aussi exacts, aussi déterminés que
possible : c'est à cette seule condition qu'ils pourront ser-
vir de types et d'exemplaires. A ce point de vue, la no-
tion de para'dgme qu'on pourrait sans doute généraliser
et étendre de la grammaire à la philosophie est voisine des
notions de schème et àHdéal (V. ces mots). E. BouiAc.
PAR AD IN (Claude), historien français du xvi^ siècle,
né à Cuiseaux (SaOnc-et-Loire), mort après 1561 à Beau-
1007
PARADLN -~ PARADISii:K
jeu (iUiôiie), dont il était cliuiiuiiic. Se^ priiuipaux ou-
vrages sont : Quatrains historiques de ta Bibte (Lyon,
1333, in-8) ; Devises hc'roïques (Lyon, 4337, in-8) ;
Alliances généalogiques des rois de trance et princes
des Gaules (Lyon, 1361, in-fol.). L~x.
PARADIN (Guiilaïune) , historien français du xyi*^ siècle,
né à Cuisseaux vers 1310, mort à Cuiscaux en 1300.
(ioyen du chapitre de Boaujeu, frère du préi-édont, Ses
])rjncipaux ouvrages sont: de Ântiquo Statu Burgundiœ
(Lyon, 1342, in-4) ; de Picbus in Belgio gestis a duce
Andegavensi anno i 543 [Vàiis, 1344, in-8); Anglicœ
descrïptionis conipendium et hisloria (Paris, 13^3,
ia-8); Meniorice nostri temporis (Lyon, 1348, in-foL;
(racL en franc, sous ie i'itr g àa Histoire de noire temps,
(Lyon, 1330, in-12); Chronique de Savoie (Lyon, 133'i.
in~4) ; Ajjlictœ^ Britannicœ religionis acdenuo resti-
tulœ exegema (Lyon, 1333, in-8); Traité de concorde
publique (Beaujeu, 1336, in-8); le Blason des danses,
oii se voient les malheurs et ruines venant des danses
(Beaujeu, 1536, in-8) ; de Motibus Galtiœ (Lyon, 1338,
in-4) ; Annales de Bourgogne (Lyon, 1366, in-fol.) ;
Mémoires de tliistoire de Lyon en lîl livres (Lyon,
1373, in-fol.). ^ L-x.
PARADIS. Séjour des bienheureux. Ce mot, qui parait
dériver du ^ers^ii pardes (parc), est employé trois fois
dans le Nouveau Testament {Ev. de Luc, xxiii, A3 ; 11 Cor.,
xïi, 4 ; Apocal., ii, 7) sans qu'il soit déiini. Mais il désigne,
comme le mot ciel ou cieux, le séjour de Dieu, le lieu où le
Christmort et ressuscité s'est rendu, où vont les justes. Plu-
sieurs cieux sont distingués, sans explication, dans la
L^'^ épUre aux Corinih., xii, 2 (cf. Ephcs., iv, 10).
L'Eglise catholique place le purgatoire (V. ce mot) entre
la mort et le séjour des bienheureux, idle défend de se
représenter celui-ci autrement que comme une contem-
plation delà divinité* La fantaisie des talmudistes se com-
plaît dans la description des jouissances du paradis, mais
sans tomber dans les écarts de Mohammed, qui peuplait
sju paradis de houris (V. ce mot, t. XX, p. 329).
Paradis terrestre. — Voici comment la Lible le dé-
ciil : l'Eternel Dieu avait planté un jardin en Eden, du
côté de rOriont, et il y avait mis l'homme qu'il avait
formé. Et l'Eternel avait fait germer de la terre tout arbre
désirable à la vue, et bon à manger; elïarbre de viam
milieu du jardin et Varbre de la connaissance du bien
et du mal. — Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le
jardin; et de là il se divisait en quatre ileuves. Le nom
du premier est Pisçon; c'est celui qui coule autour de
tout le pays d'Avila, ou l'on trouve l'or, le bdellion et la
pierre d'cnyx.Le nom du second fleuve est Guihon; c'est
celui qui coule autour de tout le pays de Cus. Le nom du
troisième est Hiddekel; c'est celui qui coule vers l'orient
de l'Assyrie. Et le quatrième fleuve est VEuphrate. —
L'Eternel Dieu prit donc Lhommeet le plaça dans le jar-
din d'Eden, pour le cultiver et pour le garder (Genèse, L
8-13). Ce texte fait le bonheur ou le désespoir des théo-
logiens, car il a permis et permet toujours eaux uns de
composer, pour la locahsation des fleuves et des contrées
(ju'il nomme, des traités qui ne satisfont guère que ceux
qui les écrivent, et aux auti'cs de tenter l'entreprise à
leur tour. — Sur les conditions du séjour d'Adam et
dlLve dans ce paradis et sur les causes de leur expulsion,
V. Ardre, t. IlI, p. 387, !''« col. E.-H. V.
PARADIS (Mont du Guaxd) (V.ImiE.t. XX, p. 1036).
PARADIS (Boniface), homme poUtiquc français, né à
Aoxerre (Yonne) ie 8 sept. 1731, mort à Auxerrc le
31 mars 1823. Avocat, député de F Yonne au Conseil des
anciens (23 vendém. an ÎV), président de cette assem-
blée le 1^'^ niv. an V, membre du parti clichien, il fut
déporté au 18 fructidor, il devint président de la cour
criminelle de l'Yonne sous le Consulat, fut créé cheva-
lier de Joncreux le 18 juin 1809 et nommé substitut
du procureur général de Paris on 1811. îl fut destitué
en [Hi6, ^ Et. C.
PARADIS (Dej (V. Mo.nckif IFiançois-AugUblinP viu-
DIS de]).
PAR AD i SI (Agostino), écrivain itaHen, né à Yignola
(duché de Modène) le 23 avr. 1736, mort à Keggio
(Lmilie) le 19 févr. 1783. Il fut successivement secrétaire
des Académies de Parme et de Mantoue, puis nommé par
Frani^'ois lII, duc de Modène, professeur d'économie civile
à 1 Université de cette ville, récemment fondée, il colla-
bora avec Albergati aux traductions du Polyeucle et ih
Nicomède de Corneille, du Mahomet, du Tancrède, de
la Mort de César de Voltaire (1761), et composa diverses
poésies lyriques, Versi scioltiei Liriche varie {Bologne .
1762). En prose, il écrivit des dissertations, et discours
ncnàémiquQs : xiteneo delV uomo nobile; Saggio sopra
Ventusiasmo dette Belle Arii, etc.
BiiJL. : TiRABO?-ciir, B'ibl. modcn , IV. 33. ~ L. C\g>,u!.!.
EllogG du Pnradisi, Gu iC'Ae (Iq ÏOdltion des Pocsle sctdic :
l^cggio. tb27. — Sur récolc de Modonc en i;éjiér^d, (Jak-
DUcci, ïiitrod. aux Lirici dcl sec. XVIil: FloreiiC(\ 18T1.
PARADISI (Giovanjii), éciivain et homme politique Ita-
lien, né à Keggio d'Emilie le 19 nov. 1760, mort à iicg-
gio le 23 août 1826, fds du précédent. D'abord professeus'
à l'Université de Modène (1790), il se ht remarque)' par
son attachement aux idées révolutionnaires; en 1797, il
fut l'un des directeurs de la Uépublique cisalpine; bien
qu'il se fût déndsdeses fonctions Fannée suivanie, il fut,
cjuand les Autrichiens rentrèrent à Milan, inquiété et même
emprisonné. Lors de la création du royaume d'Italie, il
fut comblé d'honneurs et nommé conseiller d'Etat, membre
du Sénat italien et président de cette assemblée (1809).
En 1813, il fut privé de tous ses emplois et passa obs-
curément le reste de sa vie dans sa ville natale. Il est auteur
de diverses dissertations scientifiques, d'une comédie et do
poésies lyriques qui ont été publiées après sa mort {Poé-
sie édite ed inedile ; Florence, 1827).
Bir.L. : CahduccI; introd. aux Lirici dcl secolo XVllI .
Florence, 1881.
PARADISIER. L Ornou. — LesParadisiersou(//èr//i;.^'
de Paradis appartiemient à l'ordre des Passereaux el
sont très voisins des Corbeaux par la forme du bec ci des
pattes, mais très diflërents par le luxe de plumes d'orne-
ments qui distingue les mâles des femelles et des jeunes.
ils constituent, dans le groupe des Coracirostres ou Co-
liimorphes (V. PxVssereaux), une famille à part {Para-
diseida^), qui se distingue surtout des Corbeaux par hi
proportion relative des doigts: le quatrième (externe) est
plus petit que le troisième qui est plus long que le deuxième;
le premier (pouce) est très grand, plus long mrme que le
troisième. Les genres Seleucides, Ptilorhis,Epimaclius,
Prepanornis, Astrapia, Paradigalla, Paradisœa, Ci-
cinnurus, Diphjllodes, Pihipidornis, Parotia, Pie-
ridophora, Semioptera, Lophorhina, Phonygcnna ,
Manucodia et Lycocorax constituent celte famille qui
renferme en tout 30 espèces environ, originaires pour la
plupart de la Nouvelle-Guinée et des îles voisines ; trois
genres sont de l'Australie septentrionale. Comme chez les
Corbeaux, la longueur et les proportions du bec varieid
beaucoup d'un genre à l'autre; les plumes d'orneaicjit,
qui sont l'apanage du mâle adulte en robe de noces, allée lent
aussi des formes très varices et sont situées sur toutes
les parties du corps, présentant souvent des reflets irisés
du plus riche effet, ou formant des panaches d'une grande
légèreté. Un certain nombre de genres ont déjà été décrits
et figurés à leur ordre alphabétique (V. Astrapia, Cicix-
KURUs, Epimaque, Lophoruixa). îl nous reste à parler des
autres.
Le genre Paradisier {Paradisea), type do la famille,
comprend les espèces dont le mâle, en plumage de noce^,
a les plumes du dessous des ailes et des côtés de la poi-
trine très longues, étroites, à barbes décomposées et la
paire de rectrices médianes très allongée et dépourvue de
barbes ; les plumes de la tète et de la gorge sont veloutées,
écailleuses et d'un vert à relie t métallique. Le bec est
plus court que la tète. Le PAis.vmsirjî (.ram) hMi:RAn)iv
PARADISIER
4008 —
{Paradisea apoda) a reçu de Linné ce nom latin pour
rappeler les légendes que les naturalistes du moyen âge
ont gravement reproduites en parlant de cet oiseau. Comme
il n'était connu, à cette époque, que par les dépouilles
mutilées grossièrement préparées par les chasseurs papous,
et recherchées surtout pour les longues plumes des flancs,
on croyait naïvement que c'était un Oiseau sans pieds,
volant sans jamais se reposer si bien que la femelle pon-
dait et couvait ses œufs sur le dos du mâle. Pigafetla
cependant, le premier Européen qui vit de ces oiseaux
vivants, avait affirmé qu'ils avaient des pieds comme tous
les oiseaux ; on refusait de le croire. Ce n'est que vers
4820 que des dépouilles complètes de cet Oiseau furent
apportées en Europe. Il est un peu plus petit que la Cor-
neille ; le mâle en habit de noces a le dessus de la tète
et du cou d'un jaune d'or, le devant d'un vert émeraude
à reflets métalliques, les plumes des flancs d'un jaune
citron à extrémité teintée de rouge ; le reste du plumage
d un brun rouge. Cette dernière couleur est celle des
femelles et des jeunes. Il habite exclus! vemeot les îles
Arou, d'où ses dépouilles étaient transportées à Java et
dans l'Inde dès le moyen âge pour servir de parure aux
princes malais et hindous qui en ornaient leur coiifure.
C'est de l'Inde que ces brillants panaches ont été im-
portés plus tard en Europe pour servir à la parure des
dames. Les mœurs de ces magnifiques Oiseaux sont encore
mal connues. On sait seulement qu'ils sont omnivores, se
nourrissent de fruits et d'insectes (sauterelles, phasmes,
chenilles). Ils sont arboricoles, leurs longues plumes les
empêchant de se poser à terre, et grimpent aux arbres
à la manière des Pics. A l'époque de la reproduction, les
mâles se réunissent par bandes de vingt ou trente sur un
même arbre et se livrent à ce que les indigènes appellent
leur danse, déployant à l'envi toutes les beautés de leur
plumage, en présence des femelles qui sont simples spec-
tatrices. Ils font la roue en gonflant et relevant les pa-
naches de leurs flancs, qu'ils agitent d'un mouvement
vibratoire comme font les Paons : l'Oiseau semble alors au
centre d'un jet d'eau ou d'un feu d'artifice, surtout lorsque
le soleil fait miroiter les brillantes couleurs de son plu-
mage; il saute de branche en branche, et toute la bande
est dans un mouvement continuel. La femelle pond deux
œnifsdans un trou d'arbre. Ces œufs, dans les rares espèces
où on les connaît, sont roses avec des taches rouge brun
ou grises. Le cri des Paradisiers est un croassement assez
rauque. Leur vol est léger et facile lorsque le temps est
calme ; mais, lorsque l'air est agité, ils restent cachés dans
le feuillage, évitant de s'exposer au vent qui éparpillerait
et briserait les plumes délicates de leurs flancs. En capti-
vité, ils ont le plus grand soin de cette parure, passant
beaucoup de temps à la peigner et à la lisser. D'ailleurs,
passé le temps de la reproduction, ces panaches tombent
rapidement, et les mâles sont alors peu difl'érents des
femelles et des jeunes. Les indigènes les chassent au moyen
de flèches à plusieurs pointes, ou bien, après avoir remar-
qué les arbres où les Oiseaux se perchent pendant la nuit,
ils y grimpent et les surprennent pendant leur sommeil
en jetant sur eux une toile en guise de filet. Ils les pré-
parent simplement en vidant le corps et arrachant les
pattes auxquelles ils substituent une longue baguette en-
foncée jusqu'au crâne ; puis ils font sécher cette dépouille
en la fumant au-dessus du feu. Ce procédé primitif tend
à être abandonné depuis que les Papous ont reconnu que
les peaux entières et bien préparées étaient payées plus
cher par les Européens.
Sm^ le continent de la Nouvelle-Guinée, le Grand Para-
disier est remplacé par une espèce plus petite, le Paradi-
sier pETiT-É:\iERÂUDE {Pavadisea papuana ou minor),
dont le mâle adulte aies longues plumes des flancs blanches
à l'extrémité; le jaune d'or du dessus du cou s'étend
jusque sur le dos et les couvertures de l'aile. — Une
troisième espèce, le Paradisier rouge (Paradisea rubra),
un peu plus petite que la précédente, a les plumes des
flancs d un beau rouge sang ; la face et le devant du cou
sont d'un noir pourpré ; le dessus de la tête est d'un vert
métallique, les plumes de cette région figurant uno paire
^'êM^Ê^^S
t'aradisior petit émeraude (mâle faisant la roue;,
de cornes au-dessus des yeux. Il habite les îles de \Yai-
giou, Ghemien et Batanfa sur la côte occidentale de la
Nouvelle-Guinée.
Le Manucode royal (Cicinnurus regius), figuré mais
non décrit au mot Cicinnurus (V. ce mot), est une petite
espèce de la taille de l'Alouette, et dont l'ongle du pouce
est crochu, comprimé et creusé en gouttière en dessous.
Chez le mâle, la queue est très courte, mais les deux
pennes médianes sont très longues et dépourvues de
barbes, sauf à l'extrémité qui est élégamment contournée
en spirale ; les plumes des flancs sont courtes et figurent
deux petits éventails argentés bordés de vert métallique ;
la couleur générale est d'un beau rouge cramoisi, sauf
une bande veloutée d'un vert foncé formant plastron ; les
plumes écailleuses du front se prolongent jusqu'aux na-
rines. Cette espèce est très répandue, car elle habite toute
la Nouvelle-Guinée et les îles voisines ainsi que l'archipel
Arou.
Le Magnifique, type du genre Diphyllodes (7). spe-
ciosa), est une espèce de la taille de l'Etourneau, à bec
de la longueur de la tête. Le mâle porte sur le dessus
du cou un large écusson de plumes allongées d'un jaune
doré, et dessous un plastron pectoral qui s'étend jusqu'au
ventre. Les pennes de la queue sont étroites, allongées,
d'un vert métallique. La femelle et le mâle, en dehors du
temps de la reproduction, ont un plumage brun dessus,
rayé dessous, d'une grande simplicité. L'espèce habite les
îles de Mysol et Salwatty et le continent voisin de la
Nouvelle-Guinée. Une seconde espèce (/). Wilsoni),
de la taille de l'Alouette, a le dessus de la tète revê-
tue d'une peau nue et bleue, mais divisée en six com-
partiments par des bandelettes emplumées. Le dessus du
dos est d'un rouge vermillon, l'écussondela nuque, d'un
jaune citron et le plastron pectoral vert : les pennes allon-
gées de la queue sont d'un bleu d'acier. Elle habite les
îles de Batanta et Waigiou.
Le SiFiLET, type du genre Parotia {P.sexpennis),e^l
remarquable, chez le mâle adulte, par les trois longues
plumes qu'il porte de chaque côté de la tète et qui sont
aussi longues que l'aile, en forme de palette. Chez la fe-
melle ces plumes sont plus courtes et d'apparence nor-
male. Le mâle a les plumes des flancs très larges, relevées
en éventail jusque près de l'origine de la queue; il porte
un plastron vert doré, et le reste du plumage est d'un
noir velouté avec un bandeau d'un blanc argenté sur le
devant du front. Lorsque le mâle fait la roue, il gonfle
son plumage ou l'aplatit alternativement en étalant les
1009 —
PARADISIER — PARADOXE
longues plumes de sa (ète. Il pousse en même temps son
cri d'appel, comme pour faire admirer sa beauté. Pies de
ce genre vient se placer le nouveau genre Pieridophorà
(P. Albei'ti), récemment découvert près de la baie Gecl-
winck (Nouvelle-Guinée N.),qui est aussi la patrie du Si-
tilet. Dans cette espèce, il n'existe qu'une seule paire de
Pteridophora Alberli (mâle en plumage do noce^).
longues plumes insérées entre l'œil et l'oreille, mais ces
plumes, comme le montre notre figure, sont deux fois plus
longues que l'oiseau et portent, au lieu de barbes et d'un
seul côté, des lamelles quadrangulaires d'un blanc nacré
à reflets d'azur. Le reste du plumage n'a rien de remar-
quable. Ces deux longues plumes doivent singulièrement
gêner l'oiseau dans ses mouvements, mais, comme chez
tous les Paradisiers, le mâle ne les porte que pendant les
quelques semaines de la saison des amours, et le reste de
l'année diffère peu de sa femelle qui en est dépourvue.
Le Séleucide éclatant {Seleiicides nigricans) , ?cp^e\è
aussi le Magnifique, est le type d'un autre genre où le bec
est plus long que la tète, un peu recourbé et la queue
courte; chez le mâle en plumage de noces, les plumes des
flancs sont allongées, d'un jaune d'or, floconneuses seule-
ment dans leur première moitié, puis se terminant par
une longue tige dépourvue de barbes comme les brins de
la c[ueue des Paradisiers proprement dits. Le reste du plu-
mage est d'un noir velouté, mais relevé par un plastron
pectoral à reflets métalliques. Cette espèce habite la côte
occidentale de la Nouvelle-Guinée, notamment les envi-
ron de la baie Triton. EUe se plaît sur les Pandanus dont
elle suce les fleurs ; ses mouvements sont rapides quand
l'oiseau passe d'un arbre à l'autre en poussant son cri :
keh! keh. Le mâle en amour étale son plastron et les
touffes des plumes des flancs de telle sorte que les voya-
geurs comparent cette parure à un éventail splendide. Le
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. XXV.
genre Seleiicides, par son bec long et recourbé, forme la
transition des Paradisiers typiques aux genres Ptilorhis,
Ëpimachiis, Drepanornis, Astrapia, qui ont généralement
la queue plus longue.
Le genre Lycocouax, qui termine cette famille, tranche
avec les genres précédents par Fabsence de parures et le
peu de différences qui séparent le plumage des mâles de
celui des femelles. Mais par leurs caractères, notamment
par la forme du bec et des pattes, ils appartiennent bien
à la même famille. Dans les deux sexes, le plumage est
simple comme celui des femelles des Paradisiers, et rap-
pelle aussi celui des Corbeaux. Il est brun varié de gris
et do roux avec des reflets métalliques peu prononcés. On
en connaît trois espèces {Lycocoraxpi/rrhopterus, L. mo-
îvtensis, L. obiensis), toutes de l'archipel de Halmahera,
près de la Nouvelle-Guinée, et chacune d'elles paraît
propre à une ile ou à un groupe d'îles bien délimité dans
ce petit archipel (Pour les autres genres, V. Astrapia,
Epimaqle, Lopiioriuna). E. Trouessart.
PARADJIKÂ (V. Pratimokcua).
PARA DOS (Fortif.). Les parados sont des massifs de terre
servant à couvrir les fortifications contre le tir â revers ou
à dos. Ils sont établis parallèlement aux crêtes qu'ils doi-
vent couvrir et assez rapprochés de celles-ci pour leur
assurer une bonne protection. Leur épaisseur au sommet
est d'au moins 4 m. Leur distance minima au pied du pa-
rapet qu'ils protègent est déterminée d'après les bouches
à feu qui forment l'armement du terre-plein. Leur hau-
teur doit être telle qu'ils protègent les crêtes qu'ils cou-
vrent contre des coups tombant sous un angle de chute
de i/4 cà l/ij. Les talus des parados qui font face aux
pièces sont revêtus ou maçonnés pour les raidir. On éta-
blit quelquefois des locaux sous les parados. Dans les forts
à cavaliers, ces derniers forment parados. Les parados ont
l'inconvénient de tenir beaucoup de place et de projeter
sur les défenseurs les éclats des projectiles qui viennent
frapper leur talus extérieur.
P>uji. : XouvcDU nidiiiic! de forlLjicuUoa permo.nentc ré-
dujc d'ijprès k'S pro(/ra}nmes officiels des diverses écoles
millUiires, })ai' un ollicier supérieur, 1895. — Général Tri-
)>iKR, In Forllflciitlon déduite de son histoire^ 18G(j. — Plks-
.-IX, Mir.iuel complet de fortification. — Conrs de l'Ecole
d'application de l'artllleyne et du génie; Fortification per-
manente.
PARADOU. Com. du dép. des Bouches-du-Rhône, arr.
d'Arles, cant. de Saint-Remy; 616 hab.
PARADOXE. I. Philosophie. — L'Encyclopédie de
Diderot définit ainsi le paradoxe : « C'est une proposition
absurde en apparence, à cause qu'elle est contraire aux
opinions reçues, et qui, néanmoins, est vraie au fond,
ou du moins peut recevoir un air de vérité », et elle ajoute
que ce mot est formé du grec 7:apa, contre, et de ho^y,
opinion. Le caractère essentiel du paradoxe, en effet, c'est
qu'il contredit les opinions généralement adoptées dans
un pays ou à une époque, ou même par la majorité des
hommes dans tous les lieux ou tous les temps, sans qu'on
ait cependant le droit de le considérer comme une erreur,
ou même alors qu'il est au fond une vérité. Peut-être
éclaircirait-on la notion du paradoxe en distinguant deux
sortes de paradoxes : 4^ ceux qui, malgré leur opposition
avec les idées régnantes ou plutôt à cause de cette oppo-
sition même, expriment des vérités plus ou moins impor-
tantes, encore cachées aux yeux du vulgaire sous les
fausses apparences qui les recouvrent, et pour cette raison
méconnues et niées par la plupart : à ceux-là convien-
drait en quelque sorte l'appellation de paradoxes légitimes ;
2^ ceux qui ne représentent (|uc des opinions individuelles
fausses ou du moins douteuses, imaginées par leurs par-
tisans pour se séparer du reste des hommes par vanité,
par subtilité, par esprit de contradiction, et ceux-là se-
raient les parado?{es illégitimes. Hâtons-nous, d'ailleurs,
d'avouer qull est souvent foi tdiflîcile, dans la pratique, de
savoir à laquelle de ces deux classes appartient un paradoxe
donné. L'histoire des sciences abonde en exemples de ces
64
PARADOXE
— 1010 —
paradoxes de la veille qui sont devenus, comme on l'a
dit, les vérités du lendemain. Ainsi l'existence des anti-
podes passait chez les anciens pour un paradoxe, et saint
Augustin a expressément démontré qu'ils ne pouvaient pas
exister. Paradoxe, l'opinion du mouvement de la terre,
comme on le fit bien voir à Galilée ! Paradoxe, la circula-
tion du sang découverte par liarvey, mais ignorée par Aris-
tote et niée par toutes les écoles de médecine jusqu'au
milieu du xvii^ siècle ! Paradoxe, la pression atmosphérique
substituée par les cartésiens à l'horreur du vide ! Para-
doxe, les phénomènes d'électricité que Galvani a le premier
observés et qui lui ont valu auprès de ses contemporains
le titre ironique de maitre à « danser des grenouilles ! »
Mesmer prétend avoir découvert une nouvelle force par
laquelle deux êtres humains peuvent exercer l'un sur
l'autre, même à distance, une action incompréhensible
mais certaine : paradoxe ! Napoléon ne vit qu'un paradoxe
dans l'invention des bateaux à vapeur, et Thiers en fit au-
tant --ou peut s'en faut — pour celle des chemins de
fer. Le grand savant Lavoisier déclara en pleine Aca-
démie des sciences que tout ce qu'on racontait des aéro-
lithes n'étaient que des fables : « Tl ne peut pas, disait-il,
tomber des pierres du ciel, par la bonne raison qu'il n'y
a pas de pierres dans le ciel. » On sait que lorsqu'on pré-
senta, pour la première fois, à l'Institut, le phonographe,
un des membres présents, le D^' Bouillaud, refusa obstiné-
ment de croire à la réalité de l'invention d'Edison, pi'éfé-
rant attribuer à la ventriloquie une si merveilleuse imita-
tion de la voix humaine. Tous ces exemples, que l'on
pourrait multipher encore, doivent nous rendre très cir-
conspects toutes les fois qu'il s'agit de décider si un phé-
nomène encore inconnu est possible ou ne l'est pas. Nous
devons nous rappeler le mot d'Arago : « Celui qui, en de-
hors des mathématiques pures, prononce le mot impos-
sible manque de prudence ». Du reste, comme nous avons
essayé de le montrer ailleurs [les Phénomènes cryp-
toïdes, Revue philosophique, l*^^janv. 1899), la science
contemporaine a appris à élargir, en quelque sorte, indé-
finiment sa conception des possibilités naturelles, depuis
qu'elle a vu surgir de toute part des phénomènes incon-
nus, insoupçonnés, dans les régions de la réalité qu'on
pouvait croire entièrement explorées et pour ainsi dire
percéag à jour. C'est ainsi que la composition de l'air a
révélé dans ces derniers temps des gaz jusqu'alors abso-
lument ignorés, l'argon, le crypton, le néon, etc. La dé-
couverte des rayons Rœntgen a aussi grandement contribué
à cet élargissement des idées scientifiques. On sait d'ail-
leurs que les philosophes avaient depuis longtemps récusé
l'autorité des croyances populaires, même lorsqu'elles se
couvrent du nom imposant de sens commun. Que fait Pla-
ton dans sa célèbre allégorie de la Caverne, sinon exposer
et justifier ce paradoxe fondamental, que les prétendues
réalités sensibles ne sont que des apparences illusoires et
que les idées seules existent réellement ? La vérité peut
donc être paradoxale, mais il ne faut pas en conclure que tout
paradoxe soit nécessairement vrai. Mn esprit qui aime le
paradoxe pour lui-même est un esprit faux; l'esprit juste
accueille et soutient un paradoxe, non parce qu'il est
contraire à l'opinion courante, mais malgré cela, et lors-
qu'il recouvre une vérité. E. Boirac.
II. Mathématiques. — Sans dévier de son sens gé-
néral, cette expression de paradoxe se rencontre assez
souvent dans les sciences, et dans la science mathématique
en particuKer. On donne ce nom, ou celui de propositions
paradoxales, à des affirmations qui semblent résulter rigou-
reusement d'une démonstration à l'abri de tout reproche,
et qui pourtant sont notoirement fausses. Nous en donnons
ici seulement deux exemples des plus simples empruntés
aux premiers éléments de l'algèbre et de la géométrie :
1^ Tous les nombres sont égaux entre eux. Soient
a,b deux nombres et c leur différence ; on a « — b znc;
multiphant par a — b, a^ -— ^ab -f- b^ r=; ae — bc, ou
rt- — ab -^ ae rrr ab — b"^ — bc, ce qui peut s'écrire
a {a — b — c) ~b(a — b-~ c) ; divisant par a—b~ c,
il vieflt a ^=z b.
2« Si un quadrilatère ABCD a deux côtés opposés égaux
AB,CD, les deux autres AD,BC sont parallèles (fig. 1).
Sur les milieux E, E
de AD et de BC, éle-
vons des perpendi-
culaires qui se ren-
contrent en 0. Alors
OA=OD,OB — OC,
et les deux triangles
OAB, OCD sont
égaux. Donc AOB
~ DOC ; en outre
EOA — EOD, EOB
:=z EOC; donc la
somme des angles
EOA, AOB, BOE est
égale à celle de EOD, DOC, COF, si bien que chacune est
égale à deux angles droits. Les droites EO, OF sont en pro-
longement l'une de l'autre et AD, BC, perpendiculaires à
une même droite, sont parallèles.
L'intérêt d'un paradoxe mathématique réside tout entier
dans la recherche de la fissure que présente la démons-
tration. Dans le premier des exemples cités, cette fissure
est des plus visibles ; elle est moins facile à deviner dans
le second. Les explications sont les suivantes : 1^ En di-
visant par a ~ b — c, on divise par zéro, puisqu'on a
supposé a — b =: c ; et c'est là une transformation non
permise, qui peut conduire à toutes les absurdités; S^en
supposant que les droites EO,FO se rencontrent en 0, à
l'intérieur du quadrilatère, on a tracé une figure impos-
sible ; et c'est cette impossibilité qui engendre la fausseté
de la conclusion.
On aurait tort de considérer les paradoxes comme simples
jeux de l'esprit, en matière mathématique, et de nier leur
utilité. Cette utilité est double ; au point de vue de l'en-
seignement, un paradoxe permet, en h^appant l'esprit de
l'élève, d'attirer son attention sur la nécessité de certaines
précautions auxquelles il n'avait jusqu'alors porté son at-
tention que d'une manière superficielle et insufiîsante ;
c'est le cas de l'exemple 1° ci-dessus. En dehors de cela,
un paradoxe, une fois l'explication découverte, peut être
la source d'une proposition nouvelle, à laquelle on n'aurait
pas songé autrement; l'exemple 2^ nous en fournit la
preuve, car ce paradoxe permet d'énoncer le théorème
suivant, parfaitement exact, celui-là : « Si un quadrila-
tère a deux cotés opposés égaux sans présenter la forme
d'un trapèze isoscèle, les perpendiculaires élevées sur les
milieux des deux autres côtés ne se rencontrent jamais à
lïntérieur de ce quadrilatère ; et s'il présente la forme
d'un trapèze isoscèle, ces perpendiculaires sont évidem-
ment confondues ».
Les débuts du calcul infinitésimal ont été l'occasion de
nombreux paradoxes mathématiques. On pourrait égale-
ment citer celui d'Achille et de la tortue, tendant à établir
que le plus rapide coureur ne rejoindra jamais une tortue
qu'il poursuit, celle-ci conservant toujours sur lui une
avance, si faible soit-elle. Mais ceci est trop connu pour
que nous puissions penser à y insister. C.-A. Làisaxt.
ParxVdoxe de Fergusson. ~ Considérons un train d'en-
grenage formé par trois roues dentées (réduites, dans la
figure 2 ci-dessous, à leurs circonférences primitives) . Soient
A, B, C leurs centres; co, w^^, ojg leurs vitesses angu-
laires; n, 7i|, 7i> leurs nombres de dents. On a les rela-
tions connues : w?i = oô^n^ zrz Wg^^i- ^i maintenant on
imprime à tout le système une rofation — w autour du
point A, la roue A se trouve ramenée à l'immobilité, la
ligne AC tourne avec la vitesse — w et la roue C tourne
/n — nA
avec la vitesse O :
buant successivement à n^ les valeurs : n
En attri-
i, n et
— 1011 —
PARADOXE — PARAFE
, -f- 1, on obtient pour O les valeurs -f- ;
— 1'
et —r.
n H- 1
Cela posé, imaginons qu'on empile trois roues C ayant
précisément les nombre de dents n — 1 al n -\- i, et
que ces trois roues engrènent simultanément avec une
même roue B et avec une même roue A. Si, laissant cette
dernière fixe, ou ol)lige la ligne AG à tourner autour du
Fig. 2.
point A, il résulte de ce que nous venons de dire que
l'une des roues C se transportera parallèlement à elle-
même, tandis que les deux autres tourneront en sens
contraire. Or, quand le nombre n est assez grand, les
trois roues C semblent identiques ; on obtient donc alors
ce résultat curieux que trois roues pareilles, engrenant
dans les mêmes conditions, avec la même roue B, sont
animées de mouvements fort différents. C'est en cela que
consiste le paradoxe de Fergusson. L. Lecornu.
III. Physique. — Paradoxe hydrostatique.. — Les
pressions que les liquides exercent sur les fonds des vases qui
les contiennent peuvent
être plus grandes ou plus
petites que les poids de
CCS mêmes liquides ; ce-
pendant ces vases, placés
dans une balance, le fond
reposant sur l'un des pla-
teaux , n'exigent pour
être équilibrés qu'une
somme de poids représen-
tant le poids du vase vide
et le poids du liquide con-
tenu. Ces deux faits,
en apparence contradictoires, s'expliquent facilement en
remarquant qu'un vase plein de liquide, placé sur le pla-
teau d'une balance, transmet à ce plateau les actions
que le liquide exerce non seulement sur le fond du vase,
mais aussi sur ses parois. Ces dernières s'ajoutent aux
premières ou s'en retranchent, suivant la forme du vase,
mais toujours la résultante de toutes ces pressions, sur
le fond et sur les parois, est égale au poids du liquide
contenu dans le vase. C'est lorsqu'on néglige ces actions
sur les parois autres que le fond que l'on arrive à ce ré-
sultat paradoxal que l'ensemble des pressions d'un liquide
contenu dans un vase peut avoir une valeur différente de
son poids. Prenons comme exemple un vase de forme
simple, tel que celui qui est représenté fig. 3. Soient S
la surface du fond et s la section de la partie étroite, H
la hauteur du liquide au-dessus du fond, et h la hau-
teur de la partie plus étroite. Le volume du liquide con-
tenu dans ce vase est la somme de deux cylindres qui ont
pour mesure respectivement /iX^ et (H — /i) S, de sorte
que le poids de ce liquide est, en désignant par D sa den-
sité,
Ihs -f- (H — h) S] D ou [HS --- /i (S — s)'] D,
tandis que la pression que le liquide exerce sur le fond est
plus grande et égale à H X S X D. Mais calculons main-
tenant la résultante verticale des pressions exercée sur
toat le vase. Remarquons tout d'abord que les parois cy-
lindriques étant verticales, ces portions ne seront soumises
qu'à des actions horizontales, sans composantes verticales
par conséquent. Nous n'avons donc à considérer que le
fond du vase et la surface ABCD, sorte de couronne com-
prise entre les deux cercles concentriques de surface s et
S. Sur le fond du vase la pression est verticale, dirigée
vers le bas et égale à HSD d'après les lois de l'hydrosta-
tique. Sur la couronne ABCD, de surface S — s, située à
une distance h du niveau du liquide, la pression est
h (S — s) D ; elle est dirigée vers le haut, elle est donc
de sens contraire à la première, et ces deux forces paral-
lèles de direction opposée ont une résultante égale à leur
différence HSD — /i (S — s)D ou[HS — /i (S — s)] D
et dirigée deans le sens de la plus grande, c.-à-d. dans
le sens de la première. La résultante des pressions sur
les parois est donc bien égale au poids du liquide calculé
plus haut. Il en est de môme, quelle que soit la forme du
vase, le calcul seulement peut être plus compliqué.
A. JOANNIS.
BiBL. : Mathématiques. — A. de iNIoiigan, A budget of
paradoxes ; Londres, 1872. — Bolzano (trad. en allemand) :
Die Paradoxien des Unendlichen. — A. Rebière, Matlic-
matiques et mathématiciens; Paris, 1893. — Ed. Luca?;,
Récréations m.athémidiques ; Paris, 1883, t. Il, pp. 152-151.
PARADOXIDIEN. Nom donné par quelques géologues
au terme moyen du système canihrien (V. ce mot).
PARADOXURUS (Zool.) (V. Civette, t. XI, p. 509).
PARAFE ou PARAPHE. On désigne sous ce nom un
trait de plume ou un ensemble de traits de plume dont
beaucoup de personnes accompagnent leurs noms pour
bien l'individualiser, le distinguer d'un nom semblable et
empêcher leur signature d'être contrefaite. Cette dernière
considération a amené le législateur à exiger des notaires
l'emploi du parafe. La loi du :25 ventôse an XI (art. 49)
porte à cet égard qu'avant d'entrer en fonction les
notaires devront déposer au greffe de chaque tribunal de
leur département et au secrétariat de la municipalité de
leur résidence, leurs signature et parafe. Les notaires à
la résidence des cours d'appel devront cffectLier ce dépôt
au greffe de tous les tribunaux du ressort de la cour. Il
importe, en effet, que la signature des notaires soit con-
nue dans ces différents endroits. La loi du 2 mai 1861,
ayant donné aux juges de paix ne siégeant pas au chef-
lieu où se trouve le tribunal civil le droit de légaliser
les signatures des notaires des cantons, a exigé, comme
conséquence, le dépôt de la signature et du parafe de ces
notaires au greffe de la justice de paix. Dans le cas où un
notaire se trouverait dans la nécessité de modifier ce pa-
rafe primitivement adopté par lui, à la suite d'un acci-
dent par exemple, il aurait à se pourvoir de l'autorisa-
tion du président du tribunal et devrait effectuer le
dépôt du nouveau parafe dans tous les endroits qui vien-
nent d'être indiqués. Le droit à un parafe déposé comme
il vient d'être dit constitue, au profit du notaire, un droit
exclusif, et il serait recevable à faire interdire à un con-
frère d'employer un parafe semblable. La ressemblance
pourrait en effet donner lieu à des confusions très regret-
tables.
Le dépôt de la signature et du parafe au greffe n'est
pas imposé aux officiers de l'état civil. Cela se conçoit.
Ln exemplaire des registres de l'état civil étant déposé
au greffe, il sera toujours facile de voir quel est le pa-
rafe de l'officier de l'état civil dont il s'agit de légaHser
la signature. Mais la loi du 4 mai 1861, déjà citée, ayant
autorisé les juges de paix à légaliser la signature des
officiers de l'état civil de leur canton, il devenait néces-
saire de prescrire, ainsi que l'a fait cette loi, le dépôt au
greffe de la justice de paix de la signature et du parafe
de ces officiers pubhcs. L'absence du parafe n'a pas pour
effet de vicier la signature elle-même, et cela alors que
le signataire aurait eu l'habitude constante de joindre un
parafe à son nom. C'est la solution qui est généralement
admise en ce qui touche la signature du testament olo-
graphe.
Bien souvent ce parafe est apposé seul et se trouve
PARAFE — PARAFFINE
~ 1012 —
ainsi isolé de ]a signature à laquelle il se trouve d'ordi-
naire adjoint. Il remplace en pareil cas cette signature;
non pas assurément celle qui doit figurer à la fin de l'acte,
laquelle ne saurait être suppléée, mais celle que la rigueur
du droit commanderait d'apposer au bas des renvois faits
en marge de l'acte. Au lieu de signer un renvoi en toutes
lettres, on se borne à y apposer son parafe. La loi du
25 ventôse an XI a consacré cette pratique pour les actes
notariés (art. 15). Il est bien évident, d'ailleurs, qu'en
pareil cas le parafe approbateur du renvoi devra être
identique à celui qui accompagne la signature placée au
bas de l'acte; autrement, en efjfet, il serait impossible de
savoir à qui appartiendrait ce parafe isolé. Un acte (et
nous prenons ce mot dans le sens à' inslrumentum), au
bas duquel les parties n'auraient apposé que leur ])arafe,
sans leur signature, n'aurait aucune valeur juridique et
ne constituerait même pas un commencement de preuve
par écrit.
Le parafe isolé de la signature est employé, en dehors
du cas cité plus haut de l'approbation d'un renvoi, dans
un assez grand nombre d'hypothèses. Dans la plupart
d'entre elles, le parafe est celui d'un fonctionnaire, ma-
gistrat de l'ordre administratif ou judiciaire, et il est
apposé sur chaque feuillet des registres dont la loi pres-
crit la tenue à certaines catégories do personnes. En pa-
reil cas. ce parafe est toujours accompagné du numéro
du feuillet. On dit alors que les registres dont il s'agit sont
coliS et parafes. 11 y a là une mesure de précaution prise
pour empêcher la suppression d'un feuillet ou la substitu-
tion d'un feuillet à un autre. Dans certains cas aussi, le
})arafe isolé de la signature doit être apposé par un fonc-
tionnaire ou un ofiicier public, sur des pièces détachées. 11
en est ainsi notamment des papiers trouvés au cours d'un
inventaire. L'art. 963 du L. do procéd. impose au notaire
l'obligation de les coter et de les parafer. La cote indivi-
dualise la pièce et le parafe empêche la substitution d'une
pièce à une autre. Nous ne citons ce cas qu'à titre d'exemple.
Les personnes qui n'ont pas de parafe y suppléent en met-
tant leurs ietires initiales. C'est le parafe par lettres con-
sacré parla doctrine et la jurisprudence. Paul ?\achbâlk.
PARAFFINE. La paraffine proprement dite a été dé-
couverte, en 4830, par Reichenbach , dans le goudron de
hêtre. Comme elle est très résistante aux agents chimiques,
on lui a donné un nom rappelant celte stabilité (paruni
affinis). On l'a retirée ensuite des produits de la distilla-
lion des autres bois, du boghead, du lignite, de la tourbe,
des schistes bitumineux et du pétrole, linfin, elle seren-
conire dans la nature, où elle constitue une substance qui
a reçu le nom à'ozokcrile (cire fossile), abondante en
Gahcie, dans la presqu'île des Ralkans, au Caucase, au
Texas, dans l'Utah. Ou reconnut bientôt que la paraffine
ne constitue pas un produit unique, car ses propriétés
physiques sont variables, son point de fusion en particu-
lier oscillant entre i5" et 90». Rapprochons ces corps de
composés prenant naissance dans un grand nombre de
réactions, et notamment dans le traitement des acides de
la série grasse par l'éther iodhydrique et le phosphore
rouge ; Krafi't a obtenu par cette méthode un grand nombre
d'hydrocarbures saturés, dont le terme inférieur est l'un-
décane, C^^H-^-, et dont les termes supérieurs sont les com-
posés, G^-ÎF''*, C^^H^*^, C^^^IF^. Les premiers sont liquides
au-dessous de zéro, le tétradécane fond à 4^,5, elles autres
de 10^ jusqu'à 74^,7. Le point d'ébuUition, sous la pres-
sion de 0"\015, croit de 3-i" pour le premier, à 331^ pour
le dernier Ces caractères pliysiques sont précisément ceux
présentés par les paraffines commerciales, et MM. Krafft et
Lutzelschwab ont retiré d'une paraffine commerciale fu-
sible à 53° (par distillations fractionnées) deux hydrocar-
bures, C'^^U'*^ et C^^'H^", identiques à deux des hydrocar-
t)ures artiticieis, de la série précédente. D'ailleurs, pour
des hydrocarbures de coiidcnsation aussi élevée, il est dif-
ficile de déterminer leur formule par l'analyse élémentaire
seule, la proportion de carbone étant de beaucoup supé-
rieure à celle de l'hydrogène (85 7o de carbone environ),
et leur densité de vapeur n'étant pas connue. Mais comme
on ne peut obtenir de dérivés substitués par le brome ou
l'iode, on doit les considérer comme des hydrocarbures
saturés, la paraffine en étant un mélange complexe. On est
même arrivé à donner le nom générique de paraffines à
cette classe d'hydrocarbures. Il y a des sources principales
de paraffines que nous rattacherons : 1« à l'exploitation
de l'ozokérite; :2« au traitement du lignite, boghead,
tourbe, schistes bitumineux, etc.
I. TKArrK.MENT i)K l'ozokéuiti:. — Il y a en Europe deux
exploitations principales de l'ozokérite, en Gahcie (Roris-
law) et à l'île de Svàtoi-Ostrov, près de la presqu'île de
l'Apchéron, sur la mer Caspienne. On traite la matière
brute, mélangée de terre, ou l'ozokéj'ite fondue, divisée
par la sciure de bois, au moyen d'huiles minérales légères,
ou filtrée, la solution sur le noir animal, on entraîne le dis-
solvant par de la vapeur et on distille le produit ainsi pu
riiié. La cire fossile est d'abord lavée, broyée, tamisée,
de façon à la séparer du sable, de l'argile et de la marne
avec lesquels elle est mélangée dans le sol, et c'est ensuite
qu'on la soumet successivement aux traitements précé-
dents. La distillation est opérée, sous l'action de la vapeur
d'eau surchauffée, dans des cornues en fonte, munies de
serpentins et de réfrigérants ; il passe des huiles ayant
0,75 à 0,85 de densité qu'on laisse reposer, puis la pa-
raffine distille, entraînant encore des huiles, dont on la
débarrasse par l'action des turbines et des filtres-presses.
Les premières huiles, abandonnées au refroidissement,
laissent déposer de la paraffine qu'on sépare, et sont en-
suite distillées de façon à pouvoir en utiliser les parties
les plus légères, soit au traitement ultérieur des paraffines,
soit pour l'éclairage, et les parties plus denses au grais-
sage. Cette paraffine brute [beurre de paraffine) est trai-
tée vers 475° par 5 % de son poids d'acide sulfurique
concentré ou même d'acide de Saxe ; il y a dégagement
de gaz sulfureux absorbé par des solutions alcahnes. La
paraffine est traitée par l'eau, la chaux, puis distillée et
comprimée dans des filtres-presses ; c'est alors que le pro-
duit jaune et encore odorant ainsi obtenu est chauffé avec
le quart de son poids des huiles légères précédentes, et
abandonné au refroidissement, séparant une masse blanche
et dure, fusible vers 60° et dont le point de fusion est
d'autant plus élevé que les traitements précédents ont été
plus parfaits. L'ozokérite brute rend environ 25% de pa-
raffine et i5 7o d'huiles légères. L'action de l'alcool amy-
li({ue chaud sur l'ozokérite fournit des cristaux nacrés, ce
qui paraît montrer qu'elle est constituée partiellement par
de la paraffine cristalHsée, et il est vraisemblable qu'elle
est mélangée à de la paraffine molle, ou à d'autres cofioïdes.
IL 0ri(;ine de la paraffine. — La fabrication de la pa-
raffine par la distillation du lignite, de la tourbe, du bog-
head, des schistes bitumineux, du pétrole, est très active en
fxosse, en Amérique, en Russie et en Autriche. — L'opé-
ration est variable dans les détails, suivant les matières
premières, mais elle comporte toujours deux opérations :
1° la préparation d'un goudron brut par distillation, opé-
]\ation très délicate et sur laquefie on donne des détails à
l'art. Pétrole, et 2° le traitement de celui-ci pour en re-
tirer les huiles d'éclairage et de lubrification ainsi que la
paraffine, qui est le produit le plus cher.
Schistes bitumineux. La distiUation de ces schistes
faite dans des cornues horizontales en fonte, chauffées à
la vapeur d'eau, donne un produit formé d'eaux ammo-
niacales et d'un goudron qu'on en sépare. La partie dure
obtenue est introduite dans des vases en fer-blanc, en-
tourés d'eau froide, et abandonnée à la cristallisation peu
dant huit à dix jours. Les pains soumis à l'action des
filtres-presses sont introduits dans des appareils hydrau-
liques ou ils subissent une pression extrêmement forte,
fournissant ainsi une paraffine, fusible vers 50°-o4°. Après
avoir été fondue à la vapeur, mélangée de 45 à 20 %
d'huile légère, on la coule dans l'eau froide en couches de
1013
PARAFFINE — PAKAGRAPHE
:2 ceiitim. Les plaques qui en résultent sont comprimées
à 150-200 atm.; l'huile s'écoule et on chauffe les pains,
(le dix-huil à vingt heures à la vapeur, puis ces pains
sont décolorés; la paraffine ainsi obtenue fond à 56*^-60".
li existe plusieurs variantes de ce procédé, ayant pour ca-
ractère de soumettre le goudron et les produits impurs à
plusieurs distillations, comme pour l'ozokérite. Mais on a
remarqué que la distillation apporte des modifications
profondes dans la structure de la paraffine, et à cause de
cela M. Hubner, à Rehmsdorf, emploie un procédé à froid,
consistant à traiter le goudron lui-même par l'acide sul-
iïïrique et à distiller le produit lavé, en présence de la chaux
éteinte, et à purifier ensuite la paraffine par refroidissement
et compression ; on n'a ainsi qu'une seule distillation.
Distillation du boghead d'Ecosse. En réahté, cette
industrie introduite en Ecosse, en 1847,par Young, sefait
avec les carmel-coal, le schiste et la tourbe, car les bog-
heads y sont épuisés. L'opération est exécutée dans des
cornues semblables à celles des usines à gaz; les vapeurs
passent dans un barillet et sont condensées dans des ser-
pentins entourés d'eau froide. L'eau ammoniacale étant
séparée, il reste une huile brune, dont on enlève par dis-
tillation des huiles et de la paraffine qu'on purifie par des
traitements analogues aux précédents, auxquels vient se
joindre la réfrigération artificielle. Un appareil de distil-
lation très perfectionné consiste dans une chaudière très
longue, formée de compartiments dans lesquels l'huile est
successivement dirigée et d'où part un tube d'écoulement
spécial, communiquant avec un condensateur tubulaire,
maintenu à une température variable avec la volatilité de
l'huile qu'il doit retenir, le plus refroidi étant au premier
compartiment. La condensation se fait suivant l'ordre de
volatihté, et il sort du dernier compartiment (le plus
chauffé) une huile de paraffine solide vers SO**. Elle est fil-
trée à chaud et traitée successivement à l'acide sulfurique,
à l'eau et à la chaux éteinte. La paraffine est congelée dans
des caisses plates en tôle, autour desquelles circulent de
l'air et un liquide incongelable refroidi. La matière soli-
difiée est passée au filtre-presse et raffinée par compres-
sion, mélangée avec de l'huile légère minérale, et par un
traitement semblable cà celui qu'on a vu plus haut, puis
traitée par la vapeur d'eau surchauffée. On a la paraffine
après filtration sur le noir animal.
Iraitement des huiles lourdes de pétrole. \l\i An-
gleterre, on les traite, après les avoir débarrassées des
produits lampants. On lave ces résidus à l'acide, à la soude,
et on les soumet au refroidissement naturel, puis artifi-
ciel, dans des cuves entourées de liquide incongelable et re-
froidies à — 10° ou — 15°. La purification en est opérée
comme plus haut, en utihsant parfois, avec avantage, l'aspi-
ration pour enlever l'huile dans la paraffine congelée. En
Amérique, cette industrie est également très florissante. En
France, elle n'a pas beaucoup de succès, à cause des droits
sur les huiles lourdes. C'est xV.Buchner qui, le premier, a
reconnu la présence d'une substance solide, d'aspect gras
dans le pétrole, et ce n'est qu'en 1836 qu'on a commencé
à faire une exploitation industrielle de ce corps, en pre-
nant comme matière première le pétrole de Rangoon qui en
contenait jusqu'à 10 °/o. Le naphte de Java et celui de
Tajakeina(Inde)en renferment environ 40 °/o. H convient
de remarquer que la séparation de la paraffine des huiles
lourdes est très difficile, et qu'elle s'opère très différem-
ment, suivant leur viscosité; dans une huile lourde,
épaisse, la séparation est beaucoup plus difficile et moins
complète. Les paraffines sont essayées par différents pro-
cédés, parmi lesquels le suivant semble donner de bons
résultats pratiques (MM. Paulewki et Folemonovvrez). Il
repose sur la très faible solubilité de la paraffine, dans
l'acide acétique cristallisable dont il faut 1.688 parties,
pour dissoudre 1 partie de paraffine, tandis qu'il suffit de
8 à 'lO volumes de cet acide, pour 1 vol. d'huile brute
du commerce, 1,5 à 16 vol. de cet acide pour 1 vol. de
pétrole purifié, et de 1 à 60 vol. de cet acide pour 1 vol.
des autres huiles minérales légères ou lourdes. On prend
alors 10 à 20^^ d'huile à essayer et on les agite vivement
dans un flacon, avec 100 à IW'^-'à'^dà^ acétique cristal-
lisable. On jette sur un tiltre taré, on lave le flacon et le
filtre trois fois avec l'acide cristallisable, puis avec l'al-
cool étendu vers 70°. On sèche et on pèse.
Applications. — La paraffine est employée directement
à l'éclairage, sous forme de bougies, peu estimées dans
notre pays, très estimées dans la Grande-Bretagne. En
France, la bougie stéarique est à peu près seule employée,
tandis qu'en Angleterre la bougie stéarique est reléguée
au deuxième plan. Cette différence tieiit à plusieurs causes :
s'il est certain (jue la bougie de paraffine brûle avec une
flamme très brillante, il est difficile d'arriver à ce que la
flamme ne soit pas un peu fufigineuse. D'autre part, elle
dégage au moment de l'extinction une odeur plus forte
que la bougie stéarique, et nous n'avons pas pris l'habi-
tude de faire éteindre les bougies en retournant la mèche
dans le bain de paraffine fondue, dès qu'elles sont souf-
flées. D'autre part, nous demandons à la bougie d'être,
avant tout, mate et blanciie, tandis qu'en Angleterre, on
tient à ce qu'elle soit brillante et transparente. Mais la
principale raison tient à ce que, en Angleterre, les ma-
tières premières de la paraffine sont libres de tout droit,
tandis que l'huile lourde de pétrole paie des droits élevés
en pénétrant en France. D'ailleurs, depuis quelques années,
les Anglais atténuent les défauts de la bougie de paraffine
en mélangeant celle-ci à 15 ou môme 20 °/o d'acide stéa-
rique. Donc, la paraffine constitue, au point de vue de
l'éclairage, un corps très important. Mdis la fabrication
des bougies n'est pas, à beaucoup près, le seul emploi de
la paraffine. D'abord l'ozokérite, médiocrement purifiée,
sert à falsifier la cire d'abeille, et son emploi est consi-
dérable pour fabriquer les cires à parquet. On s'est in-
génié à trouver des mélanges de substances colorées,
gomme-gutte, etc., et de matières odorantes, poivre, etc.,
qui lui donnent l'aspect do la cire d'abeilles naturelle.
Elle sert à enduire le bois, le liège, les métaux, en
vue de les protéger de l'humidité, de l'action des acides
et d'autres corps corrosifs, à fabriquer des allumettes de
prix, des vernis hydrofuges, à préparer la vasehne artifi-
cielle, à empeser le linge, à imperméabiliser des tissus, le
plâtre, et surtout à préparer des enveloppes, des car-
touches de dynamite et des poudres de mine et de guerre.
— On a indiqué son emploi pour purifier les alcools, la pa-
raffine ne dissolvant pas l'alcool et dissolvant certaines
impuretés, telles que les éthers dont la présence aug-
mente la nocivité des alcools du commerce. On s'en sert
aussi dans les laboratoires de physique j)our construire
des isolateurs électriques. F. Bouriox.
BiBL : ScHERTiiAUER, Die FiihrUu)tLùn (Ut Mino.vlœle
uncl des Para f fuis ; Brunswick, 1^05.
PARÂFOUDRE (Télégr.) (V. Télégraphe).
PAR AGE (Ane. dr.).On appelait ^/'ara^^, dans l'ancien
droit, un mode de tenuredu fief en possession indivise, oii
l'aîné rendait seul foi et hommage au seigneur, et recevait
lui-môme l'hommage des puînés pour la portion d'héritage
qu'il leur assignait (V. CosEniXEUR). L'aîné, ou. parager,
s'appelait aussi chemier ; les puînés étaient les para-
geanx. Par extension, on appela également parage une
espèce de tenure dans laquelle l'un des conquéreurs d'un
fief était chargé par les autres de faire seul foi et hom-
mage. C'était le parage conventionnel, par opposition
au précédent, qui constituait le para'je légal.
PARAGLOSSES (Eiitom.) (V. Insectes, t. XX,p. 824).
PARA606E (Gratnm.). Allongement d'un mot par ad-
dition d'une ou plusieurs lettres à la suite de la dernière ;
par exemple : l'addition du t final aux adverbes en men :
étonnamment
PARAGONITE (Miner.) (V. Mica).
PARAGRAPHE. Signe employé par les anciens gram-
mairiens et exégètes pour séparer dans les drames les
phrases prononcées par chaque personnage, ou encore pour
PARAGRAPHE -™ PARAGUAY
— 101 i —
signaler les interpolations. Cette appellation servit ensuite
à désigner les divisions introduites dans les textes juri-
diques et écrits de toute nature pour en faciliter la lec-
ture en séparant d'une manière très visible les groupes
de phrases qui se réfèrent à des objets différents.
PARAGRAPH lE (Pliysiol.) (Y. Aphasie, §^ Agraphie).
PARA6UA. Rivière du Venezuela, prov. de Guyane,
affl. g. du Caroni. tributaire de l'Orénoque, issue de la
sierra de Pacaranna; elle a 700 kil. de long.
PARAGUANA.Presqu'Ilede la cote du Yenezuela, longue
de 60 ki]., large de 'io kil., reliée au continent par
risthme de Medanos c|ui n'a que 4 à T) kil.de large. C'est
un massif de porphyre dioritique (jui s'élève à 700 m.
(Corre de Santa Ana).
PARA6UARI. Ville du Paraguay, ch.-l. de dép. entre
Asuncionet Pirapo ; 3.000 hab. Tabac.
PARAGUASSU. Fleuve du Brésil, Etat de Baliia, qui
reçoit à Cachoeira le Jacuîiype et débouche dans la baie
de ïous-les-Saints.
PARA6UATAN (Bot.) (Y. Coàdaminea).
PARAGUAY (en guarani Para-cua~Juj. source de la
mer). Grande rivière de TAmériquc du Sud, affl. dr. du
Parana, l'un des trois grands cours d'eau qui forment
le rio de la Plata. Son bassin occupe 1.450.000 kil. q,,
son cours est de '2.200 kil. q. Il naît dansl'E.tat brésilien
de Mato Grosso, sépare le Brésil de la Bolivie, traverse
l'Etat de Paraguay et le sépare enfin de la République
Argentine jusqu'à son confluent avec le Parana. Son cours
est à peu près exactement dirigé du N. au S. ; c'est une
rivière de plaine, puisque sasource n'est qu'à 809 m. d'alt.
et dès la plaine de Xarayes. à 4.000 kil. de la mer, ses
eaux n'ont plus que 100 m. à descendre pour y arriver.
Aussi son cours est-il lent, son lit encombré d'iles, assez
large (200 à 500 m.) et très profond, iO à 50 m. , à 42 kil.
en aval du confluent.
Le Paraguay naît sur le plateau de Diamantino, où les sete
lagoas (sept petits lacs), dorment entre les palmiers, par
J 4° 36' lat. S. et 58" 27' long. 0. ; ses sources sont enchevê-
trées avec celles du Tapajoz (Arinos) . Il descend vers le S. -0.
par quelques rapides jusqu'à Yilla Maria, grossi du Seputuba
(dr. , 200 kil. dont 1 50 navigables) , utilisé pour l'exploitation
des bois et de la salsepareille. Un peu plus bas, le Paraguay re-
çoit le Jauru (dr . ) , limitrophe de la BoHvie , dont les sources se
confondent presque avec celles du Guapore (Madeira) et du
Juruena, affluent du Tapajoz. Au S. du confluent est la
borne du Jauru, érigée en 1754 à la limite des posses-
sions espagnoles et portugaises. Le Paraguay entre ici
dans la vaste plaine connue sous le nom de Marais de
Xarayes, où viennent aboutir les eaux de son grand tri-
butaire de gauche, la Sào Lourenço (600 kil., grossi de la
rivière de Cuyabà). La plaine de Xarayes n'est pas un ma-
rais permanent, mais une plaine submersible, tout à fait
plate, asséchée dans la saison sèche, couverte d'eau de
février en août, à l'époque de l'inondation; en grande
crue, la nappe y atteint 4^^\50; les années humides elle
persiste durant la saison sèche; mais, d'ordinaire, elle dé-
couvre de septembre à janvier et offre alors l'aspect d'un
magnifique tapis de gazon, de graminées et de plantes
aquatiques, sillonné en tous sens de canaux et d'étangs,
bordé de superbes forêts. Les cours d'eau, et en particu-
lier le Paraguay, ont des rives très basses et n'existent
discernables qu'à la saison sèche. Les marais de Xarayes
ont de 100 à 250 kil. de large sur plus de 600 kil. ^ de
long (dont les 150 premiers appartenant au véritable ma-
rais de Xarayes), entre le confluent du Jauru et le Ferro
de Moros (verrou de montagne) ou môme jusqu'au con-
fluent de l'Apa. Sur tout ce parcours, la rive droite ou
bolivienne est bordée par le talus de la Serra Dourada,
qui ne lui envoie d'autre affluent que l'Otuquis; il passe à
Corumba, au fort de Coïmbra: sur la rive brésilienne, se
déversent dans le marais de Xarayes, qu'ils traversent par
un dédale de canaux, le Taquary (500 kiL), le Mondego,
grossi de TAquidauana et du Capivari, plus bas le Nabi-
leque, le Branco, ancience limite septentrionale de la ré-
pubhque du Paraguay, vis-à-vis du Brésil ; en face du con-
lluent, se dresse la forteresse, aujourd'hui bolivienne,
d'Olympo. Le Paraguay reçoit ensuite le Teneyry, au S. du-
c|uel la rivière fi'anchit une sorte de défilé, entre le Pâo de
Assucar (507 m.) à V\L et le Fecho de Morros à l'O.; à
75 kil. de là, elle reçoit de l'E. l'Apa, hmite actuelle du
Paraguay et du Brésil. Son cours appartient alors à la ré-
publique qui a pris son nom durant ses derniers 800 kil.
Il y arrose la colline d'Ytapucumi, la Yilla de Salvador,
Conception, Ilayes (autrefois Yilla occidental), Rosario,
Villa Asuncion, en face du confluent du Pilcomayo. La
rive occidentale est la région de savanes du Gran Chaco,
parsemée de palmiers; la rive orientale est découpée en
vallées transversales par les serras ; do ce côté, le bassin
a 200 kil. de large justpi'à la hgne de partage des eaux
du Parana, de l'autre plus de 700 jusqu'aux Andes. Les
grands affluents sont donc, pour la longueur, ceux de
droite, le Pilcomayo et leBermejo, longs d'environ 2. 000 kil.
chacun, mais perdant une partie de leur eau dans la tra-
versée du Chaco ; les affluents de gauche sont : le Bar-
riego, l'Aquidaban, l' Y pane qui passe à Tacuaty et Be-
len, le Jejuy. Au S. d'Acuncion, le Paraguay passe le long
des marais d'Ypoa, à Yilla Cliva, reçoit le Tepicuary,
puis de l'O. le Bermejo, en face de Villa del Pilar, et se
joint au Parana qui arrive de TE. par une triple embou-
chure; le bras central est la Boca de Humaita; le con-
fluent est surveillé par le fort dTtapuru, à 25 kil. N. de
la cité argentine de Corrientes.
Le Paraguay est navigable pour les grands vapeurs jus-
qu'à Corumba, à 1.500 kil. d'Itapuru; les petits remon-
tent jusqu'à Yilla Maria, à 1.900 kil., et Cuyabà sur son
aflluent.
PARAGUAY. I. Géographie. — République de l'Amé-
rique du Sud située à cheval sur la rivière de ce nom, au
centre du continent, entre le Brésil au N. et à l'E., laRé-
publi<pie Argentine au S. et à l'O., la Bolivie au N.-O.
Comprise entre 22° et 27« 22' lat. S., 56^52' et G3« 40'
long. 0., elle est séparée : du Brésil, par le rio Apa, une
hgne conventionnelle tracée sur la serra Estrella et le pla-
teau d'Am ambaya, jusqu'au Parana, qui forme ensuite la
frontière jusqu'au territoire argentin ; de la République
Argentine, par le Parana, le Paraguay et le Pilcomayo ; de
la Bolivie, par une ligne provisoire suivant le 22° lat. N.
— La superficie du Paraguay est évaluée à 253.100 kil. q.,
sa population à environ'SOO.OOO âmes (en 1898).
Géographie physique. — Le Paraguay comprend deux
régions distinctes, le Paraguay proprement dit, entre le
Parana et le rio Paraguay, %t le Gran Chaco à l'O. de ce
dernier. Dans la première, la seule qui soit bien connue,
entre les deux grandes vallées s'étendent des hauteurs qui
atteignent 000 m. dans la cordillerade los Montes, ligne
de faîte boisée, d'où descendent les rivières séparées par
des collines et plateaux qui s'abaissent vers la plaine. La
partie la plus élevée est celle du N.-E. : plateau d'Amara-
l)ay, au S. de la serra brésilienne de Maracaju ; elle est
couverte de bois où l'on recueille le maté ; la région du
N.-O. est la plaine paraguayenne accidentée de petites
collines ou lomas, dont la principale est, entre les rios Apa
et Barriego, la serra de las Siete Puntas ; de même, celle
du S.-O. où Yilla Rica n'est qu'à 175 m. d'alt. — Au
point de vue géologique, les plaines du Parana et du Pa-
raguay sont formées d'alluvions quaternaires et de sédi-
ments tertiaires ; les hautes terres intermédiaires le sont
de grès ou s'intercalent en forme tabulaire des mélaphyres
que l'on date de répo(fue crétacée ou même triasique; au
N. apparaissent les sédiments carbonifères et dévoniens,
et, sur quelques points, sous ceux-ci, les roches cristal-
lines. Le minerai de fer brun, rouge ou magnétique se trouve
en particuher dans les grès ; on exploite aussi le cuivre.
Sur le Gran Chaco, Y. (Îhaco. Sur l'hydrographie, Y. les
art. consacrés aux rivières Paraguay et Parafa.
Le climat du Paraguay est relativement tempéré, carac-
— 4015
PARAGUAY
térisé par l'alternance rapide des vents du N. et du S.,
les premiers humides et chauds, les seconds secs et frais;
les variations de température sont brusques, surtout en
été. La moyenne à Asuncion est de -|- 30,9 en janvier,
-I- IT*^ 7^ en juin. Il tombe plus de 1 m. d'eau par an,
la majeure partie dans la saison chaude ; la moyenne des
beaux jours est de 440 à Asuncion, celle des jours de
pluie de 85, des jours d'orage de 46.
Flore et Faune (V. Amérique du Sud).
Géographie politique. — La population du Paraguay
était en 1887 évaluée à 330.000 ômes dont 47.000 étran-
gers (800 Français) ; il y faut ajouter 60.000 Indiens
demi-civilisés et 70.000 sauvages. Cette population était,
sur un territoire, il est vrai, plus étendu, évaluée par Lopez
à 1.337.441 hab. au recensement de 1857 ; mais on le
soupçonne d'avoir majoré les chiffres, la population civi-
lisée n'eût pas alors dépassé 700.000 âmes, car il ne put
mettre en ligne que 70.000 combattants par la levée en
masse. Après la guerre de 1864-70. on prétend que la
population était tombée à 115.000 âmes; toutefois l'éva-
luation de 4873, qui parait exacte, est de 224.079; sur
ce total, on ne comptait que 28.746 hab. du sexe mas-
culin âgés de plus de quinze ans ; tous les autres avaient
péri dans la lutte. L'élément dominant est celui des métis,
qui se rapprochent du type européen ; ils sont de belle
constitution, hospitaliers, nobles, d'humeur vive et légère,
très braves et patriotes. Les Indiens civilisés sont en ma-
jorité des Guaranis ; citons aussi : les Payaguas, plus grands
de taille et dejneurés fidèles à leur rehgion propre ; les
Guyanas peu soumis des rives du Parana, et, au N. du
Paraguay, les beaux sauvages Mbayas et Guanas venus
du Chaco; dans ces steppes occidentaux errent et vivent
de chasse, d'élevage, de brigandage, les Indiens sauvages
des tribus Toba, Lengua, Enimanga, Guaycuru. L'immi-
gration européenne et australienne, qu'on a tenté de sti-
muler, varie de 500 à 1.500 têtes par an. — La langue
officielle est l'espagnol, mais on parle beaucoup plus le
guarani, qui est usuel, même dans les villes. La religion
catholique est officielle ; les autres sont tolérées,
La constitution du Paraguay date du 24 nov. 1870. Le
président de la République, élu pour quatre ans par une
assemblée électorale spéciale, exerce le pouvoir exécutif
avec le concours de cinq ministres, secrétaires d'Etat.
Quant au pouvoir législatif, il réside dans une Chambre
des députés et un Sénat, élus par le vote direct de la
population. Le code de commerce argentin a été introduit
au Paraguay en 1870.
Le budget était en 1894 d'environ 3.500.000 fr. aux
recettes dont 2.930.000 fournis par les douanes, et de
3.850.000 fr. aux dépenses. La situation financière se
ressent encore de la guerre de 1864-70 ; la dette exté-
rieure s'élevait au 1^^' janv. 1894 à 27.850.623 pesos
(valant 0 fr. 77), soit à environ 21.440.000 fr. dont
environ 7.600.000 dus au Brésil et 9.540.000 fr. à la
République Argentine ; le reste, en bons ; on n'en sert pas
l'intérêt. — L'armée permanente compte 4.314 fantas-
sins, 347 cavaliers, 20 canons. Le service est universel
et obligatoire dans la garde nationale en cas de guerre.
Le Paraguay possède deux petits vapeurs de guerre. — La
capitale est Asuncion ; la répubHque, divisée en 70 dépar-
tements. — Les armes sont un bouclier bleu ovale avec à
droite une palme, à gauche une branche de laurier, au-
dessus une étoile d'or ; dans le champ du bouclier un lion
assis devant un pal surmonté du bonnet phrygien ; la
devise Paz y Justicia y est inscrite. Le drapeau est rouge,
blanc, bleu, avec les armes au centre.
Les poids et mesures sont ceux de l'ancienne Castille :
vara, de 0™, 83856 ; sino, de57"^'î,8; légua quadrada, de
3.470 hect. ; barril, de 96i\928, divisé en 32 frascos de
4 cuartos ; quintal, de 46'^s,008, divisé en 4 arrobas de
25 livres chacune. Commemonnaie, le peso divisé nominale-
ment en 8 reaies de 10 decimos ou de 100 centavos ; c'est
du papier-monnaie inconvertible ; sa valeur en 1894 était '
d'environ 0 fr. 77. On admet que le peso or de 5 [fr.
vaut environ 6 pesos papier. La monnaie de cuivre est le
1/24 de real du poids de 5 gr. Outre le papier-monnaie
des billets de banque, il circule des bons hypothécaires.
Pour tout paiement de plus d'un demi-peso, l'Etat exige
le tiers en monnaie métallique.
Géographie économique. — Le Paraguay est un pays
de forêts et de savanes; l'agriculture y est médiocrement
développée. En 1870, on évaluait la superficie adminis-
trée à 193.000 kil. q. dont 70.000 de bois et montagnes,
43.000 occupés par le yerba maté et 110.000 par les
terres arables. Sur ce total, environ 40.000 kil.q. étaient
propriété privée. Avant la guerre, 220.000 hect. étaient
effectivement cultivés ; en 1891, on n'en comptait que
91.000. On tire des forêts des bois très durs et d'excel-
lente qualité, des produits tinctoriaux, des gommes et ré-
sines, du tanin (extrait du quebracho). La grande res-
source est le maté (Y. ce mot) ou thé du Paraguay, fourni
par un houx sylvestre et consommé en guise de thé par
plus de 20 minions d'Américains du Sud; on en récolte
par an 12.000 tonnes valant de 3 à 3 millions 1/2 de fr.,
dont 5.000 tonnes sont exportées. — L'alimentation est
fournie surtout par le manioc ou yuca et par le maïs ; on cul-
tive aussi le riz, le tabac, la patate, les cucurbitacées, les
melons d'eau, la canne à sucre, la vigne et les arbres frui-
tiers, orangers, citronniers, bananiers, ananas, figuiers. On
exporte ces fruits, surtout les oranges, quelques légumes,
du colon et du tabac. — La culture du tabac est importante.
L'élevage se développe; dès 1890, on comptait 93.000 che-
vaux, 4.600 mulets et ânes, 862,000 bœufs, 63.000 mou-
tons, 15.000 chèvres, 11.000 porcs. — L'industrie est
très faible ; le Paraguay n'a ni houille, ni sel ; il n'ex-
ploite pas ses gisements de fer, de cuivre et d'or. On fait
des cotonnades pour l'usage domestique, ponchos, man-
teaux, couvertures, de la sellerie, du vin, des liqueurs, de
la cire, des bougies, du savon, des allumettes, des cigares,
du sucre, des meubles en vue de la consommation locale.
— Le commerce, paralysé par le manque déroutes, se fait
surtout par la voie du JParaguay. En 4894, on importait
pour 2.200.000 pesos d'or, soit 44 millions de fr. de farine,
huile d'olive, péirole, sel, sucre, spiritueux, tissus, objets
métallurgiques, et on exportait pour 1.800.000 pesos or,
soit 9 millions de fr. de maté, de tabac, de bois, d'oranges,
de peaux, etc. Le mouvement des entrées du port d'Asun-
cion dépasse à peine 100,000 tonnes. Un chemin de fer
de 252 kil, mène d'Asuncion à Pirapo; il transportait en
1894 51,000 tonnes et 390.000 voyageurs. Les 70 bu-
reaux de poste ont transmis 1,344.000 messages. Une
ligne télégraphique suit la voie ferrée, une autre va au
Paso de la Pâtira se raccorder avec le réseau argentin de
la prov. de Corrientes; c'est par elle que depuis 1884 le
Paraguay communique avec le reste du monde. Il fut
transmis, en 1894, 39.323 dépêches, A. -M. B.
II. Histoire. — Vicente Yanez Pinzon et JuanDiazde
Solis, partis d'Espagne le 29 juin 1508, découvrirent l'em-
bouchure du rio de la Plata, la prirent pour un golfe,
mais observèrent que ses eaux étaient douces et l'appelè-
rent mar dulce. En 1515, Solis revint seul, trouva l'em-
bouchure du fleuve auquel il donna son nom, mais en
août 1516, il fut massacré parles Indiens Charmas, et ses
compagnons levèrent l'ancre. Sébastien Cabot, parti d'Es-
pagne en 1525, remonta le premier le Parana, fonda au
confluent du rio Carcarana le fort San Espiritu ou Tour
de Cabot, remonta ensuite le rio Paraguay, puis le rio
Bermejo. C'est lui qui donna au rio de Solis son nom
définitif de rio de la Plata (rivière de l'Argent), dans l'idée
que le fleuve menait aux riches contrées du Pérou. Ca])ot
redescendait le fleuve lorsqu'il rencontra Diego Garcia, de
Moguer, investi par Charles-Quint de la capitainerie du
rio de Solis. Un accord se fit entre les deux explorateurs.
Des secours furent demandés à l'empereur. Après cinq ans
de vaine attente, Cabot retourna en Espagne. Il laissa au
fort San Espiritu 170 hommes avec Nuno de Lara, mais
PARAGUAY
1016
ce poste dut être évacué par la suite. La première expé-
dition sérieuse fut celle de YadelantadoVadvo deMcndoza.
Il emmena 2.650 hommes et 72 chevaux. Le 2 févr. lo3o,
il fonda Buenos Aires, puis son lieutenant Ayolas, remon-
tant le Parana, établit sur ses bords le fort Corpus Christi.
Mendoza, malade et découragé, s'en retourna bientôt en
laissant le commandement à Ayolas. Celui-ci continua à
remonter le rio Paraguay, remporta une victoire signalée
sur les Indiens le io août looô, jour de l'Assomption. A
peu de distance, il fonda un fort, origine de la future
capitale du Paraguay, et lui donna, en commémoration de
son succès, le nom d'Asuncion. Ayolas continua son explo-
ration du fleuve jusqu'à Puerto Candelaria (2 févr. 1537).
Il laissa là Domingo Martinez de Irala et partit, à travers
le Grand Chaco, pour essayer d'atteindre le Pérou. Il n'y
réussit pas, et au retour fut massacré par les Indiens
Payaguas et M' Bayas.
irala fut élu chef de la petite colonie d'Asuncion, qui
se grossit de quelques renforts venus d'Espagne et des
garnisons qui évacuèrent Corpus Christi et Buenos Aires.
La ville fut tracée, des terres distribuées aux occupants,
enfin des unions entre Espagnols et Indiennes assurèrent
le peuplement et préparèrent l'assimilation des races. Le
dl mars 1542 arriva à Asuncion Alvar Nunez Cabeza de
Vaca, investi des pouvoirs d'adelantado. îl avait débarqué
sur la côte avec une partie de ses hommes, en face de l'Ile
Santa Catalina, et fait plus de 400 lieues en pays inconnu.
Il conserva Irala pour lieutenant, l'envoya à la découverte
pour essayer de gagner le Pérou par le Grand Chaco, et, après
l'échec d'Irala, renouvela lui-même, et sansy mieux réussir,
cette tentative. Son insuccès, ses sévérités, amenèrent une
révolte. Fait prisonnier, Cabeza de Yaca fut onze mois
après renvoyé en Espagne. Irala, choisi pour chef, réus-
sit enfin, à la tète de 350 Espagnols et de 2.000 Indiens,
à atteindre les frontières du Pérou. De 1549 à 1555, Irala
eut à lutter contre toutes sortes de compétitions; des dis-
cordes sanglantes déchirèrent la colonie. Lui-même, à son
retour du Grand Chaco, avait été un moment destitué.
Enfin, en 1555, le premier évêque du Paraguay, un fran-
ciscain, D. Juan de Barrios y Toledo, arriva à Asuncion
et lui apporta le titre d'adelantado. Irala put encore tra-
vailler deux ans à l'organisation du Paraguay. Quand il
mourut, à Ita, en 1557, les conquistadores avaient reçu
chacun leur part. Les territoires et la population indigène
avaient été répartis pour eux en encomiendas de deux
sortes : les encomiendas de Yanaconas, concessions
exploitées par des Indiens réduits en sei^itudepar la force,
et les encomiendas de Mitayos, territoires sur lesquels
les Indiens, soumis pacifiquement, ne devaient le service à
Vencomendero que de dix-huit à cinquante ans,leshommes
seulement, pendant deux mois chaque année. Théorique-
ment, ces encomiendas n'étaient données que pour deux
générations. Après quoi, les Indiens redeviendraient Hbres.
Sous les successeurs d'Irala, les discordes recommen-
cent. Ortiz de Yergara eut à lutter non seulement contre
des révoltes des Guaranis et des Indiens Guayras en
1560-61, mais contre Nuflo de Chaves, qui avait fondé,
en 1560, sur le territoire des Chiquitos, Santa Cruz de
la Sierra. Saisi par Chaves, puis délivré sur l'ordre de l'au-
dience de Charcas, il fut destitué par celle-ci en 1565.
Tandis que son remplaçant, Juan Ortiz de Zarate, allait
chercher l'investiture en Espagne, son heutenant, Felipe
de Caceres, entrait en lutte avec 1" évêque, était pris par
des conjurés en 1572, et expédié en Europe. Zarate, à
son tour, rencontra les mêmes résistances et mourut en
1575, emprisonné par les ennemis de Caceres, devenus
les siens. Son gendre et successeur, Juan de Torres de
Y'eray Aragon, jalousé par le vice-roi du Pérou et retenu
par lui en prison pendant plusieurs années, gouverna
d'abord par ses lieutenants, Juan de Garay et Alonso de
Yera y Aragon. Le premier fit fonder, par Ruy Diaz de
Melgarejo, Yilla Rica del Espiritu Santo, releva Buenos
Aires en 1580, et fut tué par les Minuanes en revenant
à Asuncion. Alonso de Yera, (fui le remplaça, fonda en
1585, sur le rio Bermejo, la ville de Concepcion (détruite
en 1631 par les Indiens). Pendant son absence, un sou-
lèvement eut lieu à Asuncion contre Tévèque Juan Alonso
de Guerra, que les colons embarquèrent de force pour
l'Europe. Ce ne fut qu'en 1587 que Juan de Torres de
Yera y Aragon put prendre possession de son gouverne-
ment d'adelantado. En 1588, son neveu, Alonso de Yera
el Tupi, fonda, au confluent du Paraguay et du Parana.
San Juan de Yera, appelé plus tard Corrientes. Juan de
Torres se démit de son commandement en 1591.ïlernando
Arias deSaavedra lui succéda. Ce fut, après Irala, un des
gouverneurs qui eurent le plus d'action sur les destinées
du Paraguay. 11 conduisit une expédition jusque dans les
Pampas, y subit un échec qu'il ne tarda pas à venger et
tourna ensuite ses armes contre les Indiens du Grand
Chaco qu'il défit. Il réussit moins complètement à répri-
mer un soulèvement des indigènes du Guayra. Il eut alors
l'idée de renoncer à la force et de confier à des mission-
naires le soin de conquérir pacifiquement les Indiens. Ce
fut le principe des missions. Les franciscains et les Pères
de la Merci avaient déjà fait des tentatives d'évangélisa-
tion; parmi les premiers, le bienheureux Francisco Solano,
qui vint à Asuncion en 1589, avait opéré parmi les Indiens
un grand nombre de conversions. Ce fut aux jésuites que
Philippe III assigna en 1608 la tâche indiquée par Arias
de Saavedra. En 1610, les RR. PP. Maceta et Cataldino
fondèrent les premiers des étabhssements appelés réduc-
tions : Nuesira Senora de Loretto et San Ignacio Mini, à
l'E., chez les Guayra-Guaranis. Les RR. PP. Lorenzana
et François de Saint-xMartin entreprirent d'évangéhser les
tribus hostiles des Guaranis, au S., entre Asuncion et le
Parana. En 1610, ils bâtirent la réduction de San Igna-
cio Guazu. Leur œuvre prospéra rapidement, s'étendit au
bas Parana et au rio Paraguay, sur le territoire de Cor-
rientes. En 1620, le R. P. Gonzalez de Santa Cruz péné-
trait parmi les Indiens de l'Uruguay. Une tentative chez
les Guaycourous, en 1610-11 , eut un succès moindre. Pen-
dant ce temps les discordes civiles renaissaient à Asun-
cion, sous le successeur d'Arias de Saavedra, D. Manuel
de Frias. Un des gouverneurs suivants, D. Luis de (>'^s-
pedes Xerày, suspect de complaisance à l'égard des Por-
tugais de Sào Paulo, au moins inhabile à leur résister,
lafssa les chasseurs d'esclaves, les Mamelucos, pénétrer
dans les provinces limitrophes de Guayra, Villa Rica et
Ciudad Real. Les premières incursions eurent heu en
1628. Trois ans plus tard, les jésuites durent abandonner
leurs réductions de Loretto et autres dans cette région ;
12.000 Indiens les acxtompagnèrent et se fixèrent avec eux
sur les territoires de l'Uruguay et du Parana, qui ont été
désignés depuis sous le nom de Misiones. A la suite de
ces faits, Céspedes fut destitué, les jésuites obtinrent du roi
catholique un décret les rendant indépendants du pouvoir
civil du Paraguay, et leur donnant le droit d'armer leurs
Indiens, ce qui leur permit d'écarter les chasseurs d'es-
claves. L'influence de l'Ordre ne s'exerça pas sans rencon-
trer des résistances violentes. Un de leurs partisans, le
gouverneur D. Gregorio de Hinostrosa, entra en conflit
avec l'évêque du Paraguay, un franciscain, D. Bernardino
de Cardenas, et l'exila deux fois (1644 et 1646). En
1648, l'évêque se fit nommer gouverneur par le peuple,
et prit sa revanche : le collège des jésuites, à Asuncion,
fut pillé. Révoqué, l'évêque suscita une émeute qui fut
vaincue. Lui-même fut saisi, exilé, et ne reprit posses-
sion de son siège qu'en 1662. On voit alors se succéder
une série de gouverneurs, les uns impuissants à maintenir
les Indiens, les autres d'une violence excessive à leur
égard. Un seul eut une administration ferme et bienfai-
sante, Juan Diaz de Andino (1663-71 et 1681-84). Les
cruautés de l'un d'eux, Diego de los Reyes Balmaceda,
motivèrent l'envoi d'un juge enquêteur, José de Antequera,
qui s'installa à sa place, s'empara de Balmaceda, quoique
acquitté par le vice-roi du Pérou, et se maintint par la force.
1047
PARAGUAY
Il fallut rintervention armée du gouverneur de Buenos
Aires, D. Mauricio de Zavala, pour le réduire (1725).
Antequera fut exécuté à Asuncion le o juil. I7bl. Les
jésuites, qu'il en avait chassés en 1728, y rentrèrent en
1730. Mais bientôt éclatait la révolte dite des Comune-
ros. Une discorde affreuse déchirait le pays, les Indiens se
soulevaient. Le 49 févr. 4732, les jésuites furent de nou-
veau expulsés d' Asuncion. Le gouverneur, Manuel-Agus-
tin de I^uiloha, installé en 4733, gnlce à des mesures
énergiques, était aussitôt tué par les rebelles qui se don-
naient pour chef l'évéque de Buenos Aires, Juan deArre-
gui. Ce fut encore le gouverneur de Buenos Aires. Zavala.
qui rétablit l'ordre, après avoir enlevé au Paraguay son
ancien droit d'éhre son gouverneur (4733). Une ère de
tranquillité suivit. Elle ne fut troublée que par l'expulsion
des jésuites, en 4767. L'ordre en arriva d'Espagne à Bue-
nos Aires le 7 juin et Bucareli fut chargé d'en assurer
l'exécution. En un siècle et demi les missions s'étaient
multipliées jusque parmi les Indiens Chiquitos. Dans le
Paraguay seul et sur le territoire des Misiones on en
comptait au moins une ([uarantaine, chacune administrée
au temporel par le cura, et au spirituel parle vice-cura
ou conipahero. L'Ordre se soumit sans résistance. 433 jé-
suites furent expulsés de la Plat a, du Tucuman et du
Paraguay. Leurs établissements furent ruinés, et les Indiens
rendus à eux-mêmes, mais, peu capables de se conduire,
perdirent en civilisation ce qu'ils regagnaient en indépen-
dance. La province retomba dans sa tranquillité jusqu'en
4840. A cette époque, Buenos Aires se sépara de la mère
patrie. Le Paraguay, isolé, resta indifférent au mouvemepit
révolutionnaire et même y résista lorsque la junte de Buenos
Aires envoya Belgrano pour l'y entraîner par la force. Bel-
grano fut d'abord victorieux àParaguary (I9janv.4844),
fut ensuite battu et dut capituler (42 mars). Mais, à son
contact, les idées de liberté s'éveillèrent parmi les officiers
paraguayens. Dans la nuit du 44 au 43 mai, ([uelques-uns
d'entre eux tirent un pronunciamiento. Une junte fut élue,
composée du gouverneur espagnol Bernardo de Velasco,
de Juan Zevallos et du D^' José-Gaspar Rodriguez de Eran-
cia. Au début, cette junte reconnut encore l'autorité de
h'erdinand VII, mais Velasco ne tarda pas à en être éU-
miné; il fut jeté en prison, oi^i il mourut quehfues années
après, et l'indépendance fut proclamée. Un congrès institua
alors une junte de gouvernement composée duD'" Erancia,
de Pedro-Juan Caballero, de Erancisco Bogarin, de Fer-
nando de la Mora et de Eulgencio Yegros. Le 29 sept.
1841, une tentative de contre-révolution en faveur de
Velasco échoua. En même temps, la junte négociait avec
le gouvernement de Buenos Aires. Depuis 4776, le Pa-
raguay dépendait du vice-roi de la Plata. Après la révo-
lution, il n'entendit plus être inféodé au gouvernement
argentin et en obtint une reconnaissance d'indépendance
le 42 oct. 4844 . En dépit de cet acte, une hostilité sourde
divisa longtemps les deux nouveaux l'itats, et le Paraguay
s'isola de plus en plus. Un second congrès (4^^' oct. 4843)
l'emplaça la junte de gouvernement par deux consuls an-
nuels ; le D^' Erancia et Yegros furent nommés. Réuni de
nouveau le 3 mai 4844, le congrès, inspiré par Erancia,
décida de remplacer les cojisuls par un dictateur unique
élu pour trois ans. Moitié par persuasion, moitié i)ar inti-
midation, Erancia emporta le vote en sa faveur. Il entre-
prit alors d'organiser l'armée etl'achninistration, s'ai*rogea
le droit de choisir les alcaldes et les municipalités, et ainsi
appuyé par ses créatures, se fit décerner, en mai 4847.
la diclature à vie. Il adopta alors un système de gouver-
nement absolu, réprimant par la terreur toute tentative
d'opposition. La découverte d'une conspiration de Yegros
fut suivie d'une quarantaine d'exécutions (4820-22). Il
mit la même rigueur à préserver le Paraguay du contact
de ses voisins, et à cette époque de luttes sanglantes dans
les pays de la Plata, cette politique eut l'avantage d'as-
surer la paix au Paraguay. A l'intérieur, Erancia admi-
nistra l'Etat comme sa chose, mais en propriétaire actif
et soucieux des moindres détails. L'agriculture et l'éle-
vage se développèrent considérablement ; grâce à la sécu-
rité, la population augmenta, mais le dictateur la laissa
systématiquement sans instruction. Peu respectueux du
clergé, Erancia persécuta l'évéque et sécularisa les moines.
Il niourut le 20 sept. 4840. L'alcalde Ortiz, Vrroyo, (k-
nete, Maldonado, Pereyra et le secrétaire de Erancia,
Pohcarpo Patines, formèrent aussitôt une junte provisoire.
Patines voulut prendre la dictature, fut jeté en prison et
se tua. Le 23 janv. 4844, à la suite du pronunciamiento
des sergents Duré et Ocampos, une junte nouvelle était
installée, composée de l'alguazil mayor Médina, de Be-
nitez et d'Ocampos. Le 7 févr., le commandant Mariano-
Roque Alonzo chassait cette junte, prenait le titre de
commandant général et s'adjoignait comme secrétaire un
I neveu de Prancia, D. Carlos-Antonio Lopez. Ce dernier,
très habile, se fit nommer consul pour trois ans, ainsi
qu Alonzo, par le congrès réuni le 12 mars 1841, puis, au
congrès du 43 mars 4844, il lit adopter une constitution
instituant un président de la république élu pour dix ans.
l\ n'eut pas de peine à se faire attribuer la présidence. En
mars 4834, un autre congrès lui renouvela ses pouvoirs,
mais, à sa demande expresse, pour trois ans seulement.
En 4857, il fit mine de vouloir se retirer, quoique réélu
à l'unanimité. Le congrès choisit alors son iils, Solano
Lopez, qui refusa. (Carlos Lopez avait voulu ainsi le faire
désigner pour son successeur éventuel. Ce résultat obtenu, il
se laissa réélire président pour sept ans, et le 45 août 1862,
en vertu d'une loi de 1836, il prit son fds comme vice-
président. Lui-môme mourut le 40 sept. 4862. En 4845,
Lopez avait dû déclarer la guerre contre le tyran argen-
tin Rosas, qui menaçait l'indépendance du Paraguay. Lopez
soutint contre lui les révoltés de la province de Corrientes.
Ses troupes, d'abord vaincues, rentrèrent sur le territoh^e
paraguayen, mais le général argentin Urquiza ne profita
pas de cet avantage. Il méditait déjà sans doute sa révolte
contre Rosas. Le Paraguay fut sauvé de l'invasion, et, à
la chute de Rosas, la République Argentine reconnut
défmitivement son indépendance (45 juil. 4852). La situa-
tion difficile faite aux étrangers au Paraguay amena plu-
sieurs incidents diplomatiques avec le Brésil, les Etats-
i Unis, l'Angleterre et la Erance; il fallut des menaces, et
I même un commencement d'exécution , pour faire céder l.ope/ .
Plus ouvert aux idées modernes que Erancia, il avait fait
adopter le code commercial espagnol de 4829, donné une
organisation à la justice, rendu l'instruction primaire gra-
tuite et obHgatoir'e, favorisé un commencement d'industrie,
enfin créé une armée et une flotte, construit un arsenal à
Asuncion et fortifié les passes de lîumaità.
Francisco- Solano Lopez, général à dix-neuf ans (cl (jc~
neralito), vice-président, remplaça son père à la prési-
dence. Au heu de maintenir l'isolement du Paraguay
comme ses prédécesseurs, il s'alUa avec le président de
l'Uruguay, A guirre, en hostilité avec le Brésil. Désireux
de garantir son autonomie en s'assurant un débouché
vers la mer, il voulait occuper l'ile Martin-Garcia, au
confluent du Parana et de l'Uruguay, et empêcher à tout
prix ranne\ion de la républi(fue de l'Uruguay par le
BrésU. La guerre éclata en 4864. Le Mato Grosso fut
ravagé par les Paraguayens, tandis que les Brésiliens blo-
quaient Montevideo ; mais Aguirre renversé, son succes-
seur, porté au pouvoir par les Brésiliens, fitcausecommune
avec eux (40 févr. 4865). Solano Lopez se trouva avoir à
lutter contre le Brésil et l'Uruguay. Trop confiant dans les
ressources accumulées par son père et par lui-même, il
ne craignit pas de provoquer en même temps les Argen-
tins en bombardant Corrientes. Le I^'^ mai 4865, une
triple aUiance se forma contre le Paraguay. La lutte dura
cinq ans, soutenue avec énergie par Lopez. Presque tout le
poids en retomba sur le Brésil. Le 24 mai 4866, Lopez
fut battu à Estero-Velhaco ; en juil. 4867, l'armée brési-
lienne de Caxias parut devant lîumaità, malgré les
attaques répétées de Lopez, la forteresse fut bloquée et.
PARAGUAY — PARALDEHYDE
— 4018
le 3 août 1868, la garnison aôaméo capitula. L'armée
paraguayenne se replia au N. et se fortifia clans le camp
de Lomas Yalontinas qui fui enlevé après six jours de
combats, le 2o déc. suivant. Asuncion était occupée en
janv. 4869. La lutte continua cependant, épuisant les
dernières ressources de la population terrorisée par le
président. Défait par le comte d'Eu à Piritebu et à ('ara-
guatay les 42 et 45 août, après un dernier combat, Lopez
fut tué le i*^^' mars 4870, sur les bords de t'Aquidaban.
Le Paraguay sortit de cette guerre très affaibli. Les
quatre cinquièmes des habitants avaient péri dans la
guei-re ou par suite de ses conséquences. L'ar])itrage du
président des l'tats-Unis, Hayes, lui attribua, le 42 nov.
1878, la Yilla Occidental (E. du Grau Chaco), objet de
litige entre lui et l'Argentine, mais les traités successifs
d'avr. 4872 avec le Brésil et de 4876 avec le gouverne-
ment de Buenos Aires lui ont fait perdre au N. une
bande de territoire entre le Parana et le plateau d'Amam-
baya, à l'O. la partie du Gran Chaco comprise entre les
rios Bermejo et Pilcomayo, au S. le territoire des Mi-
siones.
Un gouvernement provisoire fut établi à la mort de Lo-
pez et une constituante convoquée. Cette année même,
Cirilo-Antonio Rivarola fut élu président provisoire. Il a
eu pour successeurs : Salvadoi' Jovelianos, président défi-
nitif (4874) ; Juan-Bautista Gill (25 nov. 4874) élu par
les gens de couleur, parti démocratique, assassiné le
42 avr. 4877, et remplacé par le vice-président Higinio
Uriarte ; Candido Bareiro (4878). qui rétalilit l'ordre et
commença le relèvement du pays, mais mourut dès sept.
4880; Bernardino Cabaîlero, président provisoire à la
place de Barreiro, puis président (1882) ; Fabricio
Escobar (4886); Juan Gonzalez (4890); Marcos A. Mori-
nigo (4894) ; Emilio Aceval (4898). H. Lï:oxarbox.
BiBL. : Histoire. — Le P du Toicr, Historio pvovincia'
PoraguerifB SocieUitis Jésus. 1G73, in-f'ol — INIuratori,
ReUdion des missions du Paruguai ; Paris, 175 i, in-12. —
CiiARLKvoix, Histoire du Paraguay ; Paris, 1857, G vol
in-12. — Rengger et Longchamp, Essai historique sur la
révolution du Paraguay et le gouvernement dictatorial du
D'' Francia ; Paris', 1827, in-8. — De Castelnau, Expé-
dition dans les parties centrales de VAmériciiui du Sud,
1813-47 ; Paris, 1850-51, 6 vnl. et G annexes. — L -A. Demer-
SAY, Histoire physique, économiciue et politiciue du Para-
guay et des établissements des jésuites; Paris, 1860--6I.
2 vol. in-8 et atlas. — P. Duchesne de Bellecourt, la
Guerre du Paraguay, dans Bévue des Deux Mondes,
15 sept. 1866 — Kentsedy, la Plata, Br 3 zil and Paraguay
during the présent \K-ar ; f-ondres, 1869. in-S. — Washing-
ton, The History of Paragiuiy : Ne^v York, 1871, 2 vol
in-8.— Thomson, The XK^ar in Paraguay ; Londres, 1869
— W-'asheurn, The Jiistory of Paraguay ; Londres, 1871.
2 vol. — L. Schneider, Der Krieg dèr Tripelallianz gegen
die BepubWi Paraguay ; Berlin, 1872-75. 3 vol. — Gotiiein,
Der christUclisoziale Slaat der Jesuitcn in Paraguay ;
Leipzig, 1883, in-8. — A. Mrulemanfi, la Bépublique du
Paraguay ; Paris etBruxelles, 188 !. broch. in-8 — Guevara,
Historiade la conqulsta de Paraguay ; Buenos Aires, 1885.
— J. Pfoteniiauer, Die Missionen der Jcsuiien in Para-
guiuj ; Gùtersloh, 1891-93, 3 vol. in-8 — VxVn Bruyssel,
la Républiciue du Paraguay ; Bruxelles. 1893. ~ Parmi les
cartes, on peut citer celles de Mouchez (1861-62), du rio
Paraguay, du S. de la républiipie et du Parana; celle de
Wisner'de Morgenstern au 355 0U0« en 8 feuilles (Vienne,
1878), levée de 1846 à 1858 ; celle do Bi:yER (Buenos Aires.
1880).
PARAHYBA. Nom de deux fleuves du Brésil: le Para-
hijba doNorte, long de 370 idl., arrose H'^lal de Para-
11} La ; son vaste estuaire, borde de marais et de mangliers,
offre des fonds accessibles aux grands navires. Son cours
supérieur est obstrué de rapides, et son régime, irrégulier.
— Le Parahyba do Sitl, long de 9n0 kil., naît dans la
serra do Mar, Etat de Sào Paulo, descend au S.-O., puis
tourne au N., traverse la serra Gérai et arrose l'Etat de
Rio de Janeiro; il finit à (^ampos. A. -M. B.
PARAHYBA. Ville. —Ville du Brésil, cap. de l'Etat
de ce nom, sur le Paraliyba do Norte. à ^20 kil. de FOcéan ;
40,000 hab. Commerce de coton.
Etat. — Etat du Brésil, riverain de L Atlantique ;
7-4.731 kil. q.; 496.618 hab. Il touclie aux Etats
de Pernambuco au S,, Ceara à l'O., Rio Grande do
Norte au N. La zone littorale est plate ; en avançant
vers l'intérieur, on trouve des collines sablonneuses, chauves
ou boisées de maigres catingas ; les vallées des petits
fleuves entiers, Parahyba, Camaratuba, Guaju, sont fer-
tiles et renferment de belles forêts ; à l'O. on trouve des
montagnes revêtues de bois et de pâturages. Les séche-
resses presque périodiques paralysent l'agriculture ; on
récolte les produits tropicaux brésiliens dans la région
littorale surtout, qui exporte du sucre, du coton, du cacao,
du riz, du tabac; sur les hauteurs, sont des caféiers; des
forêts on tire des bois de construction et de teinture, des
gommes et résines. A. -M. B.
PARAISON (Technol.) (V. Verre).
PÂRAJD. Village hongrois, dans le comitat d'Udvar-
bely, en Transylvanie; ^.093 hab. (en 1890). Scieries
et importantes mines de sel. A 8 kil. se trouve une mon-
tagne de sel de 60 m. de hauteur qui est traversée par le
ruisseau Korond. A proximité, le château Rabsonné dans
un site romantique.
PARALACTIQUE (Acide) (V, Lactique [Acide]).
PARALDÉHYDE.L Chimie.
r. ^Equiv.C^2Hi2 0G
L'aldéhyde se polymérise avec la plus grande facilité
en présence de faibles traces de certaines substances qui
paraissent agir à la façon des ferments. Additionné de
([uolques gouttes d'acide sulfurique concentré, il se trans-
forme en un polymère, leparaldéhyde, C^^H^^O*^, en déga-
geant de la chaleur et en donnant naissance à une véri-
iable explosion ; les acides étendus agissent moins énergi-
quement. L'oxychlorure de carbone, F anhydride sulfureux,
Fiodure d'éthyle, le cyanogène, le chlorure de zinc, etc.,
produisent la même transformation. On sépare le paral-
déhyde de l'aldéhyde en refroidissant le mélange à 0°, et
séparant par compression la partie solide, leparaldéhyde,
de la partie restée liquide. C'est un liquide incolore,
bouillant à 124«, de densité 0,998 à 15° ; il se solidifie
par le froid et fond ensuite vers 10°. 100 parties d'eau
dissolvent 12 parties de paraldéhyde. Il ne présente pas
les réactions caractéristiques de l'aldéhyde, ne réduit pas
l'azotate d'argent ammoniacal, ne se résinifie pas en pré-
sence de la potasse ou de la soude. Distillé avec Facide
sulfurique, il régénère l'aldéhyde :
Ci2Hi206 ::::: aC^H^O^.
On emploie le paraldéhyde en médecine comme narcotique .
IL Thérapeutique. — Ce corps jouit des mêmes pro-
priétés hypnotiques que les aldéhydes; Cervello (1883),
Morselli, bujardin-Beaumetz et Audigé, Hénocque, Quin-
quaud, etc., ont étudié ses effets thérapeutiques. — On
doit contrôler son degré de pureté, duquel dépend sa
toxicité, à cause de Facide valérique, poison qu'elle pour-
rait renfermer sous forme de gouttelettes insolubles dans
ses solutions aqueuses saturées.
Ses effets physiologiques se manifestent rapidement ;
son absorption a lieu instantanément et son élimination
s'effectue sans modification, par la voie pulmonaire ou
par les urines. Elle donne à l'haleine une odeur désa-
gréable et persistante, rappelant celle des ivrognes. Sa
toxicité, expérimentée chez le chien, se caractérise par
une anesthésie généralisée, la perte des réflexes, leralen-
lissement du pouls, la diminution de la tension artérielle
et des mouvements respiratoires; la mort survient par
asphyxie ou paralysie du centre respiratoire. A dose élevée,
elle détermine une éruption scarlatiniforme, une vaso-
dilatation périphérique Le cerveau est anémié ; elle pro-
voque le sommeil après une période d'agitation assez
intense. A dose excessive, ce sommeil devient plus pro-
fond et peut se transformer en coma ; la sensibilité dimi-
nue graduellement jusqu'à Fanesthésie. A faibles doses,
il ne se produit ni analgésie ni anesthésie. Chez l'homme,
on a pu donner 5 gr. et même progressivement jusqu'à
10 gr. (de Vicente), dose qui peut être considérée comme
dangereuse. A doses thérapeutiques (2 à 5 gr.),elle pro-
— 1019 —
PARALDÉHYDE — PARALLAXE
cure rapidement un sommeil calme de plusieurs heures,
analogue à celui du chloral, avec des rêves agréables; le
réveil s'effectue normalement, sans céphalalgie. Elle semble
être inoffensive à l'égard des mouvements cardiaques ;
cette innocuité vis-à-vis du cœur constitue une supério-
rité sur le chloral (Desnos). La respiration se ralentit un
peu par suite de la diminution du réflexe respiratoire.
Pas d'action sur l'appareil digestif.
Ses propriétés thérapeutiques résultent de son action
hypiK) tique. Elle est prescrite pour provoquer le sommeil;
mais elle n'est pas analgésique, et ne calme pas la dou-
leur, comme le chloral ou la morphine. Le paraldéhyde
est r hypnotique de choix pour les cardiaques et les sujets
atteints d'angine de poitrine. Dujardin-Beaumetz la re-
commandait au cours des maladies nerveuses et mentales,
dans les insomnies alcooliques, la paralysie agitante, la
neurasthénie, les névroses. Elle a été employée comme
antidote dans l'empoisonnement par la strychnine, en
raison de son antagonisme avec cet alcaloïde; dans le
traitement de la morphinomanie, elle peut être substi-
tuée aux injections de morphine. Elle a quelques incon-
vénients, tels que son goût désagréable, son odeur répu-
gnante, son accoutumance rapide qui oblige à élever trop
vite la dose, et les nausées, les vertiges ou la céphalalgie
qu'elle occasionne. Elle est contre-indiquée dans les affec-
tions dyspnéiques, en raison de son influence sur les
mouvements respiratoires.
On l'administre : sous forme d'élixir (Yvon) ou de potion
à la dose de 2 à o gr. (on masque son goût avec du rhum
ou de la teinture de vanille) ; ou bien en capsules de
0,25 centigr. ; en lavement dans un mucilage épais avec
de l'eau de guimauve ; ou encore en injections sous-cuta-
nées, d'ailleurs très rarement, parce que ces injections
sont douloureuses et peuvent provoquer des inflammations
ou des abcès. D'^ V.-Lucien Hahn.
PARALDOL. L'aldol distillé dans le vide se condense
en lui liquide mobile qui se transforme rapidement en
une masse épaisse pour aboutir flnalement à un corps
cristallisé, le paraldol polymère du premier (C^H^O^)''^,
qui fond à 85«.
PAR AL E (Antiq. grecque). 1« Nom par lequel on dési-
gnait les matelots, tous citoyens, qui composaient l'équi-
page de la galère paralienne (V. Paralos). — 2° Habi-
tant du httoral de l'Attique (par opposition avec Pediaios).
PARALI IVI N I (Tréphia). Lac de Grèce (prov. de Boétie-
et-Attique), à d4 kil. de Thèbes. Ce lac (ancien /farma)
s'étend sur une longueur de 8 kil. et une largeur moyenne
de 1.600 m. de ]'0.~S.-0.à l'E.-N.-E., entre le Messa-
pion (675 m.) et le Ptaôn (730 m.). Son ait. est de 30 m.,
et il n'est séparé de la mer que par un isthme de 2 kil.
de large. Cela n'empêche pas le Paralimni d'être sans
émissaire apparent : probablement il communique avec la
mer par quelque couloir souterrain, conme le fait le Copais.
PARALIPOIVIÈNES (Livres des) ou des Chroniques
(V. Chronique, § Histoire religieuse, t. Xî, p. 299).
PARALLAXE. ^Soit A (fig. 1) le point de la surface de
la terre où est placé l'observateur, 0 le centre de la terre,
S un astre. L'angle ASO, formé par les deux rayons vi-
suels AS et OS, menés des deux extrémités du rayon ter-
restre AO, sera la parallaxe de l'astre S. On appelle donc
parallaxe d'un astre l'angle formé par le rayon visuel
mené d'un point de la surface de la terre à l'astre avec le
rayon visuel mené du centre de la terre au même astre,
ou encore l'angle sous lequel serait vu de cet astre le
rayon terrestre à l'extrémité duquel est placé l'observa-
teur. C'est aussi la différence (;T:apâXAo(?tç, diversité d'as-
pect) entre la position de l'astre tel qu'il est vu par l'ob-
servateur et celle qu'il aurait vu du centre de la terre.
AZ étant, en effet, la verticale du point A, la distance
zénithale observée est l'angle SAZ ; si maintenant l'obser-
vation est faite au centre de la terre, en 0, ce sera l'angle
SOZ, ou, en menant ks parallèle à OS, son égal ^AZ; or
l'angle SAZ excède justement l'angle 5AZ de l'angle SA5,
lequel est lui-même égal, par rapport aux deux parallèles
OS et As, à l'angle ASO, c.-à-d. à la parallaxe.
Lorsque l'astre est au zénith, la parallaxe est évidem-
ment nulle, les deux rayons visuels se confondant suivant
OZ. Au fur et à mesure qu'il se rapproche de l'horizon,
2^
Fig. 1.
elle grandit, et elle atteint son maximum au moment de
son lever ou de son coucher, lorsqu'il est exactement à
l'horizon, en Sj, par exemple. On lui donne, dans ce
dernier cas, le nom de parallaxe horizontale. Elle est
dite, au contraire, parallaxe de /laitfewr pour toutes les
autres positions de l'astre. La parallaxe de hauteur et la
parallaxe horizontale d'un même astre sont liées entre
elles par une relation très simple, qui permet de passer
aisément de l'une à l'autre. Appelons p la parallaxe de
hauteur ASO, p^ la parallaxe horizontale AS^O, r le rayon
terrestre OA, d la distance OS du centre de la terre à
l'astre, z la distance zénithale SAZ, supposée corrigée
de la réfraction astronomique. Dans le triangle A OS, on a :
sin ASO
s in SAZ
sin p
sin z ~
_ OA
"OS
''d'
Cl)
Dans le triangle rectangle AS^O, on a :
• .en ^A
sm AS^O z= -^
sin p^ =
d'
En rapprochant (1) et (2), il vient -.— ^^rsin^}^,
sin %
ou
sin /; = sin p^ \ sin %,
ou encore, p et p^ étant toujours assez petits pour être
pris pour leurs sinus,
p — p^ sin z. (3)
La parallaxe de hauteur est donc égale à la parallaxe
horizontale multipliée par le sinus de la distance zéni-
thale. D'autre part, d'après la formule (1),
r .
:-7 sm
d
sin p
ou, p étant, nous venons de le dire, toujours très petit,
r sin z ,,.
Supposons maintenant que deux observateurs se por-
tent en deux stations éloignées choisies sur un même mé-
ridien, A et B, de latitudes ^ et /', par rapport à l'équa-
teur EE'. A l'instant du passage de l'astre au méridien,
PARALLAXE
lOâO
en S, ils prendront les distances zénithales z et z' , sup-
posées corrigées de la réfraction astronomique. Soient
/; et ])' les parallaxes de hauteur ASO et BSO. On aura,
d'après la formule (4),
r sm V , r sin
p = r- . -7-„ et // —
(hinV
dsmV"
d'où
p-i-p' =^
r (sin '
ds'm V'
Additionnons les quatre angles du quadrihitère .\SBO.
Leur somme est égale à quatre droits ou à 360*^. On peut
donc écrire, en remarquant que SAO est le supplément
de ,o et SBO le supplément de ■,' :
d'oii p -]- y' z=: (z + V
r (sin z + sin z')
d'oii
d'oii
sin 1"
180"
-(/
(.+ -)-
z=z B60«
-4-/'),
(, + ,0„(,_^O,,,.
sin z -1- sni :
(3)
Or - n'est autre chose, d'après la formule (2), que
sin ;;^, et, p^ étant toujours très petit, ({ue ;j^ lui-même,
c.-à-d. que la parallaxe horizontale. De celle-ci on déduit,
suivant la formule (3), la parallaxe de hauteur, sans avoir
eu besoin de connaître, à aucun moment, la distance cl de
la terre à l'astre, et, suivant la formule ("2), cette distance
elle-même. C'est même là le principal intérêt pratique du
calcul des parallaxes. Elles servent aussi à ramener au
centre de la terre les observations faites en un point de
sa surface.
Lacaille et Lalande ont déterminé, par la méthode qui
précède, en se plaçant respectivement au cap de Bonne -
Espérance et à Berlin, la parallaxe de la lune, celle de
Vénus et celle de Mars. La même méthode a été appliquée,
par la suite, aux autres planètes, quoiqu'il soit préférable
de déduire leurs parallaxes de celle du soleil (V. ci-après).
Il n'est pas indispensable, au surplus, que les deux sta-
tiims soient exactement sous un même méridien, mais les
observations n'étant plus alors simultanées, on doit tenir
compte de la variation de déclinaison de l'astre en passant
de l'un à l'autre méridien. D'après les dernières observa-
tions, la parallaxe horizontale é(fuatoriale de la lune varie
entre 54^ et 6i' ; sa parai laxe horkontalc eqiiatoriale
moyenne, Q,.-ii-(\,vÇ'\\(i qui répond à sa dislance moyenne
de la terre, est de 57':2^^7.
D'autres méthodes ont encore été employées pour la
détermination de la parallaxe de la lune : celle des plus
grandes latitudes, dont Ptolémée, Tycho Brahé et lîalley
(uit fait usage ; celle des parallaxes d'ascension droite,
qu'on trouve exposée dans l'ouvrage de Begiomontanus
sur les planètes et qui a successivement servi à Digges
(1573), à Kepler (1619), à Flamsteed (1672), à Cassini
(1681): enfm celle des écHpses.
Pour le soleil, l'observation directe ne donnerait, eu
égard à son éloignement. qu'une approximation insuill-
sante. On doit donc avoir recours à d'autres méthodes,
soit à celle des quadratures de la lune, soit à celle des
passages (V. ce mot) de Véiuis ou de Mercure. Les pas-
sages de Mercure ne donnent pas. d'ailieurs, des résultats
suiïisamment concluants et la préférence doit être donnée
à la méthode des passages de Vénus. Soit (fig. 2) ï le
centre de la terre, S le centre du soleil, V le centre de
Vénus. Supposons deux observateurs postés en deux points
de la surface de notre planète, A et B, tels que la corde
AB soit perpendiculaire à réciiptique. Pour l'observateur
placé en A, Vénus traversera le disque du soleil suivant aa
et en un certain temps, qu'il relèvera exactement. Comme
il sait, du reste, d'après la vitesse connue de la planète,
le temps qu'elle aurait mis à traverser le soleil suivajit
son diamètre, il déduira de ces deux durées le rapport
de aa au diauiètre, conséquemment sa distance SA' au
centre. L'observateur placé en B déterminera de même la
distance SB'. AB étant, par hypothèse, paraUèle à A'B',
dans les deux triangles semblables AVB et A'VB', on aura :
^B
^ A'V"
AV
Mais le rapport -t^ se déduit facilement du rapport
des distances de la terre et de Vénus au soleil, lequel
est donné par la troisième loi de Kepler (V. ce nom).
On connaîtra donc le rapport -y^, et, en évaluant l'angle
sous lequel la corde A'B' est vue de la terre, l'angle sous
lequel la corde AB serait vue elle-même du soleil. Il ne res-
tera plus qu'à calculer cette corde AB au moyen des coordon-
nées géographiques de A et de B et à en déduire, à l'aide d'une
simple proportion, l'angle sous lecfuel le rayon terrestre
serait vu de la même distance, c.-à-d. la parallaxe hori-
zontale du soleil. Pour d'aussi longues distances, en effet,
les angles sous lesquels sont vues deux longueurs, relati-
vement très petites, sont sensiblement proportionnels à
ces longueurs. Ouant à la parallaxe de hauteur, elle sera
fournie ensuite par la formule (3). Il n'est, du reste, pas
indispensable que les deux stations soient, comme nous
l'avons supposé, aux extrémités d'une même corde perpen-
diculaire à l'écliptique. On peut les prendre ([uelconques.
en faisant, s'il y a lieu, les corrections nécessaires. Il
faut seulement éviter (|ue les deux traces de la planète
sur le disque soient trop petites ou trop rapprocliées.Ct^tte
méthode a été imaginée en 1691 par l'Anglais Halley, qui
l'a publiée en 1691. Elle a été appHquée, pour la pre-
mière fois, aux passages de 1761 et 1769, et la parallaxe
moveiuie horizontale du soleil avait d'abord été hxé(\
d'après ses résultats, à S'^^)7. Mais Le Verrier, après de
nouveaux calculs, l'avait portée à 8 '',86. Depuis, de nou-
velles observations ont éié faites durant les passages de
1874 et de 1882, et leur discussion a indiqué, en tenant
compte de la valeur de l'aberration, 8", 798 d'après
M. Cornu, 8", 794 d'après M. Newcomb. En simple écart
de 0'^01 , Cil plus ou en moins, dans cette évaluation, pro-
duit, d'ailleurs, une diminution ou une augmentation de
170.000 kil. dans la distance du soleil à la terre. Aussi
les idées des anciens étaient-elles, à cet égard, très gros-
sières. Aristarque de Samos, (iui,vers 264 av. J.-C., avait
voulu calculer la parallaxe du soleil, avait trouvé 3' et il
en avait conclu une distance de 1.146 rayons tei-restres
seulement. On en devait rester là pendant plus de dix-huit
siècles.
Pour les étoiles, il n'y a pas de parallaxes proprement
dites. Elles sont, en eifet, h de telles distances que la
terre ne leur apparaît que comme un point sans dimen-
sions. Mais on est parvenu à calculer, dans ces derniers
temps, l'angle sous lequel on voit, de quelques-unes d'entre
elles, le demi-grand axe de Eorbite terrestre. C'est ce qu'on
appelle la parallaxe annuelle de rétoile ou parallaxe
stellaire. On opère de la façon suivante. Soit E (fig. 3)
l'étoile considérée, S le soleil, T et T' les positions occu-
pées par la terre sur son orlùte, aux deux époques de l'an-
née où sa longitude diffère de 90" de celle de l'étoile.
c.-à-d. où TSE et T'SE sont des angles droits. On déter-
mine les angles STE et ST'E formés par les rayons visuels
menés de la terre au soleil et h. l'étoile ; on en déduit, dans
les triangles rectangles TES et T^ES, les angles TES et T^ES,
égaux l'un et l'autre à la
parallaxe annuelle de Eétoile.
La distance de la terre à
l'étoile est donnée ensuite
par les hypoténuses TE et
T'E des mômes triangles. On
n'a trouvé jusqu'à présent
aucune parallaxe d'étoile qui
atteigne V^. C'est dire que
la détermination des paral-
laxes stell aires est particu-
lièrement difficile et, dans le
tableau suivant, qui réunit
les étoiles les plus rappro-
chées de la terre, les cen-
tièmes de seconde ne doivent
pas être considérés comme des valeurs absolues, les incer-
titudes pouvant dépasser un ou même parfois plusieurs
dixièmes de seconde.
Parallaxes ste Havres
Fip
NOM
DE l'Étoile
D
W
Q
<
o
<
<
ai
<
Distance à la
terre (en mil-
liards de ki-
lomètres). 1
Temps mis par la
lumière pour par-
courir la distance
(en années). !
a Centaure
21185 Lalande •
0,7
6,8
5,1
8,2
7,9
7,5
0,5
9,0
6,5
8,5
4,7
3,6
0,2
9
1,0
5,2
4,5
2,4
1,0
7
4,1
0,2
2^2
0'',72
0,48
0,44
0,37
0,35
0,31
0,28
0.27
0^26
0,25
0,24
0,24
0,21
0,21
0,20
0,20
0,20
0,17
0,16
0,15
0,15
0,15
0,15
6,*Ô7
43.000
64.000
70.000
83.000
88.000
99.000
109.000
113.000
118.600
123.000
128.000
128.000
146.000
146.000
153.000
153.000
153.000
180.000
191.000
204.000
204.000
204.000
201.000
438'. ÔÔÔ
4,5
6,8
7.4
8,8
9,3
10,5
11,6
12,1
12,5
13,0
13,6
13,6
15,5
15,5
16,3
16,3
16,3
19,1
20,3
21,7
21,7
21,7
21,7
46',5
Sirius., •
18609 Arg-Œltzen..
34 Groombridge . . •
9352Lacaille
ProcYon. .
11677 Arg-Œltzen..
1643 Fedorenko....
21258 Lalande
a Dracon
7) Cassiopée
a Cocher
17415 Arg-Œltzen. .
a Ai2:Ie
£ Indien
0^ Eridan
P Cassiopée
a Taureau
1831 Fedorenko....
p' Ophiucbus
Véga
Etoile polaire
PARALLÈLE. L Mathématiques. — Deux droites sont
dites parallèles quand, situées dans un môme plan, elles
ne se rencontrent pas quand on
les suppose indéfiniment pro-
longées.
Deux plans sont parallèles
quand ils ne se coupent pas, ou,
si l'on veut, quand ils n'ont pas
de points communs.
Deux courbes planes c et c'
sont parallèles quand toute nor-
male à l'une AB est aussi nor-
male à l'autre. On démontre
que, dans ce cas, la portion AB
de normale limitée aux deux courbes est constante. Les
cercles parallèles ont même centre et sont des figures sem-
blables, mais, en général, deux courbes parallèles ne sont
pas semblables.
(Uîe
'•es
lO^il — PARALLAXE — PARALLÈLE
Deux surfaces sont parallèles quand toute normale à
l'une est normale à l'autre ; la portion de normale com-
mune limitée aux deux surfaces est constante.
On a dit quelquefois que des courbes tracées sur u
surface étaient parallèles, quand elles étaient trajectoir
orthogonales d'une famille de géodésiques.
On appelle parallèles d'une sphèi'e, et plus généralement
d'une surface de révolution, les cercles dont les plans sont
perpendiculaires à l'axe. H. Lauhknt.
IL Astronomie (V. Latitude).
III. Littérature. — Tiré du grec TrapàÀÀriXoç (7:apà,
le long de; àXXrjXo^, l'un l'autre), le mot parallèle sert
à désigner une comparaison d'une espèce particulière ;
l'auteur d'un parallèle cherche toujours à mettre en lu-
mière les analogies et les différences des personnes ou des
objets qu'il étudie comparativement. C'est un genre de
composition qui a toujours tenté les gens de lettres, poètes,
orateurs, historiens, philosophes même, d'autant plus qu'il
leur permet de montrer leur perspicacité, leur ingéniosité,
et qu'il les oblige à employer constamment deux des
ligures de rhétorique les plus brillantes : la similitude et
l'antithèse. Ainsi les célèbres Vies dePlutarque, appelées
avec raison Vies parallèles, sont toujours gi'oupées deux
à deux. L'historien a fait connaître successivement des
personnages comme Lycurguc et Numa, Alcibiade et Co-
riolan, Alexandre et César, Démosthène et Cicéron, et
toujours il a accompagné ces monographies successives
d'un parallèle suivi qui, dans sa pensée, devait leur donner
tout leur prix. Chez les modernes, surtout à dater du
XVII® siècle, où les portraits étaient si fort à la mode
(V. Portrait), le parallèle a toujours été en grande faveur.
On a même fini par en abuser, si bien qu'aujourd'hui on
n'ose plus en faire. Si les écrivains y sont absolument
forcés, ce qui est parfois le cas des historiens, ils tâchent
à tout le moins de les faire simples, naturels, et de les
débarrasser de tout ce qui pourrait ressembler à de la
phraséologie.
Parini les parallèles les plus admirés, on cite en pre-
mière ligne celui de Turenne et du prince de Condé par
Bossuet ; celui de Corneille et de Racine par La Bruyère ;
les parallèles de Mohère et de La Fontaine par Chamfort,
de Charles XII et de Pierre le Grand par Voltaire, de
Socrate et de Jésus-Christ par J.-J. Rousseau, sans oublier
les parallèles non moins célèbres d'Athènes et de Sparte
par Bossuet, de Rome et de Carthage par Bossuet et par
Montesquieu. Mais celui qui a tente le plus grand nombre
d'écrivains, celui qui en tous cas fait le mieux ressortir
les qualités et les déHiuts du genre, c'est le parallèle
de Corneille et de Racine, réédité cent fois sous les
formes les plus différentes. Longepierre, un poète tragique,
l'avait fait avant La Bruyère, Laniotte-Houdard le fit à
nouveau en vers agréables dont voici les derniers ;
L'un pluspur, l'autre plus sublime,
Tous deux i)artagent notre estime
Par un mérite ditïerent.
Tour à tour ils nous font entendre
Ce que le cœur a de plus tendre,
Ce que l'esprit a de plus grand.
Ce même parallèle tenta le P. Porée, jésuite, professeur
de rhétorique de Voltaire ; Corneille fut comparé à l'oiseau
de Jupiter qui s'élance dans les nues et paraît se jouer au
milieu des éclairs et des tonnerres. Racine, c'était le
tendre oiseau de Cypris, voltigeant autour des myrtes et
des roses L'aigle foudroya, la colombe gémit, et l'em-
pire fut divisé. Beaucoup de parallèles ont été faits sur
le patron de celui-là, et l'on comprend sans peine que le
parallèle soit considéré aujourd'hui comme un genre usé.
A. Gazier.
IV. Fortification. — On appelle /;â;ra//^/^5 les trois lignes
de tranchées qui servent de base aux opérations d'un siège
(V. Attaque, t. IV, p. 429). La première parallèle con-
siste, le premier jour, en un fossé de 1 m. de pro-
fondeur et de d m. de largeur, dont on rejette les terres
PARALLÈLE — PARALOGISME
102^
du côté de la place. La seconde nuit, on l'achève, en don-
nant au fond de la tranchée 3 m. de largeur et en dispo-
sant des gradins, soutenus par des fascines, qui permet-
tent aux assiégeants de monter sur la banquette et de faire
le coup de feu par-dessus le parapet, élevé de 1^^,30 en-
viron au-dessus du sol (2^^\30 au-dessus du fond de la
tranchée). La deuxième et la troisième parallèle ont des
dimensions analogues, mais l'épaulement est soutenu par
des gabions, et, dans la dernière, les gabions sont eux-
mêmes couronnés de fascines.
PARALLÉLÉPIPÈDE. ï. Géométrie.— Un parallé-
lépipède est un polyèdre à six faces, lesquelles sont deux
à deux parallèles ; ces faces sont toutes des parallélo-
grammes ; l'une quelconque d'entre elles peut être consi-
dérée comme base du parallélépipède. Celui-ci a huit
sommets et douze arêtes. Son volume est mesuré par le
produit de la base par la hauteur correspondante (distance
de la base à la face parallèle). Pendant de longues années,
beaucoup d'auteurs ont employé la locution vicieuse « paral-
lélipipède » ; c'est à peine si l'on commence à s'en débar-
rasser vers la fm du xix^ siècle.
IL Physique. ^ — Parallélépipède .de Fresnel. — La
théorie de la réflexion de la lumière polarisée (V. Pola-
risation et Réflexion) permet de calculer l'intensité d'un
rayon lumineux polarisé dans un certain plan quand ce
rayon se reflète sur un miheo plus dense que celui dans
lequel il chemine. Ces formules s'appliquent à tous les
cas ; mais, lorsque la réflexion se fait au contraire sur
un milieu moins dense que celui où se propage la lumière,
ces mêmes formules ne sont plus applicables que lorsque
l'angle d'incidence ne dépasse pas l'angle limite. Dans
ce dernier cas, les formules contiennent des expres-
sions imaginaires. Fresnel en conclut qu'une des hypo-
thèses faites devait être fausse dans le cas de la
réflexion totale, et il fut conduit à admettre que lorsqu'un
rayon polarisé rectilignement se réfléchit totalement, il
donne naissance à deux rayons polaiisés à angle droit
(l'un dans le plan d'incidence, l'autre dans un plan per-
pendiculaire) ayant l'un sur l'autre une certaine différence
de phase qui varie suivant l'angle d'incidence et la na-
ture du milieu. Cette différence, nulle quand l'angle d'in-
cidence est égal à 90*^ ou à l'angle Hmite, est maxima
et voisine de i/8 de longueur d'onde pour le verre étu-
dié par Fresnel ; cette valeur maxima correspondait à un
angle d'incidence de o4'' 30'. Avec ce verre, Fresnel fit
construire un parallélépipède rectangle inchné de M° 30'
sur sa base. En recevant un rayon lumineux normalement
sur l'une des bases, le rayon venait frapper l'une des faces
inclinée du parallélépipède sous un angle de o4^ 30', s'y
réfléchissait totalement en se divisant en deux rayons po-
larisés à angle droit et d'égale intensité lorsque la lumière
incidente était polarisée dans un plan faisant un angle de
4o^ avec le plan d'incidence ; ils présentaient une diffé-
rence de phase de ^. Ces rayons venaient ensuite frapper
la face du parallélépipède opposée à celle sur laquelle ils
venaient de se réfléchir ; là ils éprouvaient un nouveau
, , X . À
retard de ^r, soit -j en tout et rencontraient ensuite nor-
ô 4
malement la base opposée à la base d'entrée, ils sortaient
polarisés à angle droit avec un retard de y. Un pareil
système de deux rayons égaux présentant une différence
de marche de - constitue un faisceau de lumière polarisée
circulairement (V. Polarisation circulaire). En employant
des parallélépipèdes d'un angle différent de 54" 30', la dif-
férence de marche n'était plus de y-. Dans ce cas, au Heu
de lumière polarisée circulairement, on obtenait de la lu-
mière polarisée elliptiquement. Le parallélépipède de Fres-
nel sert donc à transformer un rayon polarisé rectili-
gnement en rayon polarisé circulairement ou elliptique-
ment. A. JOANNIS.
Equilibre des Parallélépipèdes élémentajres, (V. EiAb-
TICITÉ).
PARALLÉLISME (Astr.) (V. Terre).
PARALLÉLOGRÂWliVIE (Math.). Un parallélogramme
est un quadrilatère dont les côtés opposés sont parallèles ;
on démontre que ces côtés sont égaux. L'aire du parallé-
logramme est mesurée par le produit d'un côté par la
hauteur correspondante (distance au côté parallèle opposé).
En mécanique, la célèbre proposition du parallélogramme
des forces consiste en ce que la résultante de deux forces
appliquées au môme point est la diagonale du parallélo-
gramme construit sur les deux forces. Dans un enseigne-
ment rationnel, cette proposition ne devrait pas être consi-
dérée comme un théorème démontrable- Le dispositif si
ingénieux et si connu sous le nom de parallélogramme
de Watt a pour effet de transformer un mouvement cir-
culaire alternatif en un mouvement qui est presque recti-
ligne. La solution rigoureuse de la transformation en un
mouvement rectiligne a été donnée par le parallélogramme
de Peaucelher, et par quelques autres systèmes articulés
qui ont fait l'objet de nombreux treavaux. Il est à remar-
quer que le parallélogramme particulier en usage dans
l'appareil Peaucellier doit être un losange (V. aussi Arti-
culé [Système]). C.-A. L,
PARALOGISME. Du grec TrapaÀoY^tscrôai, raisonner de
travers. C'est le nom dont se sert Aristote dans son livre
des Arguments sophistiques pour désigner les raisonne-
ments incorrects. On confond souvent les paralogismes et
les sophismes, et même la plupart des logiciens (Port-
Royal, Stuart Mill, etc.) substituent entièrement ce second
nom au premier. Cependant, on a quelquefois essayé de
les différencier en disant que le sophisme est un raisonne-
ment fallacieux et captieux que l'on fait k dessein de
tromper autrui et dont on n'est pas dupe soi-même, au lieu
que le paralogisme est un raisonnement faux, mais que
l'on fait de bonne foi. Il y aurait donc entre l'un et l'autre
la même différence qu'entre l'erreur et le mensonge. —
Kant a fait un emploi particulier du mot paralogisme.
Dans la partie de la Critique de la raison pure qu'il
intitule Dialectique transcendantale, Kant étudie ce
(ju'il appelle les raisonnements dialecti([ucs de la raison
pure, et voici ce qu'il en dit : « Il y a des raisonnements
qui n'ont pas de prémisses empiriques, et par le moyen
desquels nous concluons de quelque chose que nous con-
naissons à quelque chose dont nous n'avons aucun con-
cept, et à quoi nous accordons néanmoins une réaUté
objective par l'effet d'une apparence inévitable. Ces sortes
de raisonnements doivent donc plutôt s'appeler, par ra])-
port à leur résultat, paralogismes que raisonnonents...
Ce sont des sophistications non des hommes, mais de la
raison pure, dont les plus sages ne peuvent s'affranchir :
peut-être à la vérité éviteront-ils l'erreur après bien des
peines, mais ils ne pourront jamais se délivrer de l'appa-
rence qui les joue sans cesse. » (Kant, Critique de la
raison pure, trad. Tissot, t. Il, p. 39). Il n'y a, selon
Kant, que trois sortes de ces raisonnements dialectiques,
autant qu'il y a d'idées auxquelles les conséquences de
ces raisonnements aboutissent, idée de l'âme ou du moi,
idée du monde, idée de Dieu. Mais c'est particulièrement
à la première classe de ces raisonnements qu'il réserve le
nom de paralogisme, les deux autres étant désignés par
les noms d'antinomie et à' idéal. Les paralogismes de la
psychologie transcendantale sont au nombre do quatre :
4° L'àme est substance; 2*^ l'âme est simple ; 3° elle est
numériquement identique dans le temps ; 4° elle existe
par rapport aux objets possibles dans l'espace. Toutes ces
propositions sont déduites de l'analyse du concept : je
pense; et elle^ concluent abusivement de ce concept pure-
ment formel à une réalité. La psychologie rationnelle doit
son origine à un simple malentendu. L'unité de la cons-
— 1023
PARALOGISME — PARALYSIE
cience ou une pensée est prise pour Lunité dn sujet pen-
sant, et regardée comme Tintuition d'un objet (V. So-
phisme). E. BOIRAC.
PARA 10 S (Antiq. grecque). Nom de l'une des deux
trirèmes sacrées qui étaient toujours prêtes à Aliiènes pour
le service de l'Etat. L'autre s'appelait la Salaniinienne.
Toutes deux servaient à transporter les théories ou am-
bassades, à rapporter les tributs des cités soumises à
Athènes, à ramener les criminels. En temps de guerre,
elles étaient souvent montées par les amiraux. L'équipage
devait se tenir toujours prêt, et les hommes étaient payés
à raison de quatre oboles par jour, qu'ils fussent ou non
en service.
PARALYSIE. La paralysie est une abolition complèlc
ou diminution de la contractilité des muscles de la vie
de relation ou organiques avec ou sans lésions apparentes
des nerfs ou des centres nerveux. On peut constater le
plus souvent, au début, la conservation de la contractilité
dans les muscles paralysés, contractilité qui disparaît par
la suite dès que des troubles de nutrition apparaissent
dans ces muscles. La parésie est une diminution de la mo-
tricité, la paralysie proprement dite en est l'abolition. Por-
tant généralement sur les muscles volontaires, la paraly-
sie peut atteindre également les muscles involontaires ; mais
ajoutons qu'il est exceptionnel d'observer la perte absolue
du mouvement dans tout le système musculaire, à cause
de l'imminence de mort cà laquelle elle expose.
Caractères généraux (dans le cas de paralysie totale
des muscles d'un membre) : « L'immobilité, la flaccidité,
l'impuissance motrice volontaire, la chute lourde et brusque
du membre qui en est atteint par la pesanteur quand on
le soulève, sans que la tonicité conservée atténue son effet
(Mayet) ». A côté de ces caractères, on signale divers
troubles de la parole, de la motiHté, tels que contracture,
athétose, tremblement, puis des troubles de la sensibilité,
des réflexes, de la trophicité. Ajoutons également que
h flaccidité , non accompagnée de contracture musculaire,
peut faire place, dans un grand nombre de cas, à la con-
tracture de la paralysie appelée alors spasmodique. La
contractilité électrique que l'on constate à l'aide del'élec-
trisatiou locaHsée peut être conservée dans les muscles
alors que le mouvement volontaire y est aboli ; dans
d'autres cas, il peut y avoir perte au même degré ou à dos
degrés différents des deux sortes de contractions, élec-
triques ou volontaires. On peut, de plus, observer dans la
paralysie, la perte ou la conservation des mouvements ré-
flexes que provoquent la piqûre, le pincement, le chalouil-
lement, etc.
Modes de constatation de la paralysie. Elle peut se
faire avec des instruments tels que le dynamomètre (Féré) ,
ou sans instruments par la mise en œuvre des excitants
physiologiques normaux. Aucun des muscles involontaires
n'est excitable directement (sauf les muscles du voile du
palais et du pharynx excitables directement par titillation,
sous l'action des corps étrangers et par l'acte d'avaler
un liquide). Pour les muscles de la vie de relation, l'exci-
tant de choix est la volonté (exécution do mouvements
divers pour s'assurer du siège, de l'étendue et du de-
gré de paralysie), que complète la vue de l'observateur,
le toucher qui donne une sensation toute particulière de
mollesse élastique, et le défaut de perception par le
malade, du raccourcissement et du durcissement mus-
culaires.
Division. V hémiplégie ^^i une paralysie hmitée aune
moitié latérale du corps, et, suivant les cas, complète ou
incom'plète (atteignant alors un des segments supérieurs
ou inférieurs), directe ovi croisée, alterne (lorsque la face
est paralysée d'un côté et les membres de l'autre) ou
transverse (stauroplégie) dans les cas où le membre
inférieur est paralysé d'un côté et le membre supérieur
de l'autre. Dans la triplégie, l'hémiplégie s'accompagne
de la paralysie d'un seul membre de l'autre côté. — Ac-
compagnée souvent de déviation conjuguée de la tète et
des yeux, l'hémiplégie épargne les muscles respiratoires.
On nomme paraplégie (V. ce mot) la paralysie qui
affecte la moitié inférieure du corps, avec ou sans atteinte
des muscles abdominaux et du diaphragme, monoplégie,
celle qui se limite à un membre, à une moitié de la
face, à un bras, une jambe, ou même à une fraction
d'appareil ou d'organe, et enfln diaplegie celle qui est
diffuse.
^ Pathogénie. Etiologie. Les paralysies peuvent surve-
nir par perte d'intégrité du neurone moteur cérébral,
bulbaire ou médullaire (on sait que le fllet moteur part
du neurone, traverse successivement le centre ovale, la
capsule interne, le pédoncule cérébral, la protubérance
annulaire pour se rendre, soit aux cellules du bulbe, soit
aux cellules de la moelle dont le filet moteur constitutif du
nerf moteur se rend au muscle). Une atteinte portée au
neurone moteur ou à son fdet nerveux, telle qu'une solu-
tion de continuité, cause une paralysie. On observe la
paralysie dans les affections organiques du système ner-
veux, dans les névroses, dans des maladies infectieuses, la
syphiHs, etc. L'hémorragie cérébrale, médallairc par ar~
tinite, les tumeurs, ieramoUissement par thrombose peuvent
la provoquer indirectement. On peut classer les paralysies
selon qu'elles sont dues soit à une lésion des muscles^ dos
nerfs, de la moelle, de l'encéphale, soit à une névrose,
une intoxication. Ne pouvant, faute de place, établir sé-
méiologiquement une classification des diverses pai'alysies,
fondée sur leurs caractères propres et différentiels, nous
nous contenterons de suivre un ordre alphabétique. Disons
cependant qu'on peut distinguer les paralysies en orga-
niques ^^i en fonctionnelles, ces dernières à lésions in-
déterminées (hystérie) et paraissant dépendre d'un trouble
de nutrition du système nerveux ou de fonctionnement
par inhibition.
Paralysie agitante ou maladie de Parkinson (Parkin-
son, 4817), bien étudiée par l'école de Gharcot, se déve-
loppe de cinquante à soixante ans, surtout chez les Anglo-
Saxons et les névropathes héréditaires, et dans l'hérédité
des rhumatisants, alcooliques, ahéii.'>s. Las émo lions mo-
rales vives, i'irritation par traumatisine des nerfs péri-
phériques, le froid humide, etc., peuvent la déterminer.
Symptômes et nmrche. Le début peut être brusque,
ou lent et insidieux par rigidité ou tremblement d'un
segment de membre. Le tremblement (oscillation ryth-
mique de faible amplitude) est d'abord léger, localisé aune
main, ou un pied, puis il s'accroît en se généralisant à un
côté du corps et aux membres inf<nneurs ; il se produit au
repos, se suspend pendant les mouvements volontaires,
cesse pendant le sommeil. Par trémulation des lèvres et de
la langue, la parole est saccadée. Le pouce est fléchi sur
les autres doigts, et le poignet sui' F avant-bras quand il
n'est pas étendu. Tout le membre supérieur tremble ; de
même pour le membre inférieur, altoi'natives de flexion et
d'extension du pied. La rigidité musculaire, par pseudo-
contracture, porte sur les membres, le tronc, le cou (surtout
fléchisseurs), avec déformation des mains, flexion de la
tête, des avant-bras et des membres inférieui'S. Par suite
de l'altération de la fibre musculaire qui la détermine, il
y di ralentissement des mouvemenls. Propulsion en avant
du corps pendant la marche, ainsi que rétropuision, laté-
ropulsion avec attitude penchée en avant et faciès figé de
la peur. Réaction électrique normale, réflexes normaux,
quelquefois exagérés. Sensibilité subjective: besoin de dé-
placement, sensation de chaleur générale, surtout épigas-
trique, avec élévation de température périphérique. Crampes
douloureuses. Changement de caractère vers la fin, ainsi
qu'aflaiblissement et paresie musculaire. La durée de
l'affection est longue (quinze à vingt ans), d'où pronostic
grave, pas d'espoir deguérison ; morti^àv dépérissement ou
pneumonie.
Traitement. Massage, suspension, électrisation, fau-
teuil trépidant, bains sulfureux, belladone, iodure de po-
tassium, bromure de camphre, borate de soude.
PARALYSIE
4024
Paralysie alterne ou dlmiuiee (V. Hémipléc.ie).
Paralysie amyotrophique (V. Atrophie musculaire pro-
gressive, t. IV, p. 488).
Paralysie ascendante due à une lésion de la moelle
s'étendant de bas en haut, avec propagation des extrémi-
tés inférieures aux supérieures et au thorax.
Paralysie ascendante aicuë, appelée encore maladie
de Landry (Landry, 1839), est une paralysie à marche
rapide qui débute dans les membres inférieurs pour ga-
gner de là les membres supérieurs, puis les muscles bul-
baires. C'est une affection de Page adulte, plus fréquente
dans le sexe masculin, qui semble liée à un processus toxique
dû à une maladie infectieuse antérieure (fièvre typhoïde,
variole) et à la tuberculose.
Analomie pathologie. Désintégrations protoplasmiques
des cellules motrices des cornes antérieures de la moelle,
exsudats périceilulaires peut-être par thrombose hyaline
des artères centrales de la moelle.
Symptômes, Début par des fourmillements et engour-
dissements dans les membres ou par un affaiblissement
subit des membres inférieurs qui aboutit au bout d'un ou
deux jours à une paralysie complète, avec troubles plus
ou moins grands des sphincters. La paralysie, progressant
de bas en haut (tronc, thorax, membres supérieurs), peut
atteindre le larynx, la langue, le pharynx (aphonie, dys-
phagie, troubles respiratoires) , l'œil quelquefois. La sen-
sibilité est intacte, abolition des réflexes tendineux. Mort
par paralysie du diaphragme au bout de cinq, douze jours;
fjitérison rare, mais alors rapide. Diagnostic : à faire
avec la myélite ascendante subaigiië (évolution plus
lente) ; avec la paralysie infantile (début fébrile) ; avec
ks polynévrites (douleurs le long du trajet des nerfs), la
paraplégie, etc.
Pronostic: très grave, la guérison est exceptionnelle.
Traitement. Immobilité la plus complète, antiphlogis-
ti^iues, révulsifs, onctions à la pommade stibiée.
Paralysie asphyxique. — « Suspension des facultés intel-
lectuelles, des mouvements volontaires, de la sensibilité
cutanée, des mouvements de la respiration, de ceux de
l'iris, enfin de ceux du cœur, qui détermine successivement
l'asphyxie» (Littré). Le retour à l'activité normale s'opère
en sens inverse.
Paralysie atrophique (V. Atrophie musculaire, t. IV,
p. 488).
Paralysie bulbaire (V. Bulbe, Ji Pathologie).
Paralysie choréique. — Parésies à forme limitée à
un côté du corps, ou paraplégiques, ou généralisées
(V. Chorée).
Paralysie de l'enfance (Poliomyélite aiguë) est une
myélite systématique des cornes antérieures; elle a été l'objet
(ie nombreux travaux depuis Underwood (1784) jusqu'à
Charcot et Joffroy (1870), qui ont montré que la lésion
fondamentale de la maladie consistait en des foyers de
ramollissement au niveau de la racine des cornes anté-
rieures dont les cellules, altérées, puis disparues, sont
alors remplacées par une hyperplasie scléreusc. Les cor-
dons antéro-latéraux sont altérés, sclérosés, et les racines
antérieures le siège d'une atrophie dégénératrice avec
diminution du nombre et du volume des tubes nerveux
(sclérose périfasciculaire). On constate, en cas de pro-
cessus assez avancé, des altérations atrophiques dos nerfs,
des os, de la peau, des muscles (lipomatose ou hyperplasie
conjonctive, consécutive à Tatrophie). C'est une affection
de la première enfance, fréquente surtout entre deux et
neuf ans, d'origine infectieuse (Marie). La dentition, le
refroidissement y prédisposeraient.
Symptômes. Généralement, le début est brusipie et
s'accompagne d'une température élevée pendant plusieurs
jours (39'' à 40*^), de convulsions généralisées ou par-
tielles avec ou sans coma, angine, diarrhée, vomissements.
(Quelquefois la, fièvre est le seul symptôme observe. La \
température s'amende, mais alors l'enfant est paralysé '
d'emblée, souvent dans l'espace d'une demi-journée, avec :
localisation à un membre, ou avec paraplégie, ou excep-
tionnellement hémiplégie, paralysie des quatre membres.
La régression s'effectue au bout de quelques semaine^
avec fixation définitive de la paralysie sur certains muscles
(aux membres inférieurs, biceps, fessiers Jambier anté-
rieur, extenseur commun des orteils, extenseur du
■gros orteil et péroniers; aux membres supérieurs, del-
toïdes, dont la paralysie peut être précédée de celle des
muscles des gouttières vertébrales). Diminution ou abo-
lition des réflexes, absence de contracture ; la paralysie
est flasque. La sensibibté est respectée, ainsi que les
sphincters. La réaction de dégénérescence s'observe tou-
jours.
Paralysie des aliénés (V. ci-dessous paralysie géné-
rale).
Paralysie des porteurs d'eau (V. Radial).
Paralysie diphtérique. — Sans rapport avec la locali-
sation spéciale de la diphtérie, survenant par la seule
action de la toxine, les paralysies sont généralement con-
sécutives aux angines diphtériques, et rarement constituent
le symptôme révélateur de la diphtérie. Apparaissent géné-
ralement du huitième au quinzième jour après l'angine,
mais rarement un mois et demi, deux mois après.
Anatomie pathologique. Névrite segmentaire,périaxile,
portant sur les palatins, par exemple (Gombault) ; lésions
spinales (Déjerine).
Symptômes. Dans la forme limitée, après un début
lent et insidieux, c'est généralement le voile du palais qui
est atteint — voile flasque, pendant, luette déviée par-
fois — d'où troubles de la phonation (voix faible et
nasonnée), de la respiration, de la déglutition (reflux
des liquides par le nez, pénétration de parcelles dans le
pharynx par abolition du réflexe pharyngien) ; il y a
dysphagie. La paralysie peut alors se généraliser, si elle
ne l'est déjà d'emblée. Dans la forme généralisée, après
le voile du palais, sont pris successivement : les yeux, les
membres inférieurs, tronc, cou, face, rectum, vessie. Les
yeux sont atteints de paralysie des muscles accommoda-
teurs (amblyopie, mydriase) et quelquefois moteurs (stra-
bisme, ptôse); aux membres inférieurs, paraplégie, ;?5ez(-
dotabès, paralysie ataxiqne; aux membres supérieurs,
tremblement, maladresse des mains, impotence. Syndrome
labio-glosso-laryngé (cou, face, langue, lèvres, joues).
Paralysie des muscles de la vie organique : les troubles
cardiaques (arythmie, accès de suffocation) et respira-
toires (essoufflement, accès d'oppression), généralement
isolés, peuvent s'unir et donner lieu à des crises bul-
baires. Dans cette forme, la guérison est possible.
Pronostic assez grave : il y a guérison dans les 8/10 des
cas au moins; dans les autres, mort par cachexie, asphyxie,
suffocation, paralysie cardiaque, etc.
Traitement : a, prophylactique par injections de sérum
de Roux; /;, symptomatique (toniques, sonde œsopha-
gienne, préparations de noix vomique, sulfate de strjTh-
nine, frictions aromatiques, hydrothérapie, électrisation).
D; L. Hahn et C. Hahn.
Paralysie faciale. — Abolition plus ou moins com-
plète de la contractilité des muscles ou de quelques-uns
des muscles innervés par le nerf facial. Elle ne doit donc
pas être confondue avec la perte de la sensibilité ou
Panesthésie de la face due à une lésion du trijumeau.
C'est Charles Bell (18'2o) qui, un des premiers, a étudié
avec soin cette paralysie.
Causes. Fréquente à tous les âges, ses causes sont
centrales ou périphériques. Les causes centrales siègent
dans l'encéphale entre le noyau originel du nerf dans le
bulbe et la couche corticale de Phémisphère cérébral ; les
effets de ces causes centrales sont croisés ; la paralysie
est du côté opposé à la lésion. Les causes périphériques
atteignent le facial dans un point de son trajet jusqu'à
ses expansions terminales; elles sont : \^ intra-cra-
niennes (de l'origine du nerf jusqu'au conduit auditif
interne, sclérose du bulbe, tumeurs de la base, exsudats
1025 —
PARALYSIE
méningés) ; 1^ interstitielles ; elles atteignent le nerf
dans son parcours à travers le rocher (otite interne, os-
téite et carie du rocher, hémorragies dans l'aqueduc de
Fallope, fractures du temporal); 3*^ superficielles; elles
intéressent directement les rameaux terminaux (tumeurs
de la parotide, traumatismes, froid, syphiUs).
Symptômes. La maladie débute brusquement, lors-
qu'elle résulte d'une lésion traumatique du nerf, d'un
refroidissem.ent, ou progressivement quand elle se rattache
à une lésion envahissant secondairement le facial. Le pre-
mier symptôme est un défaut remarquable de symétrie
entre les deux côtés du visage ; le côté paralysé est tlasque,
pendant; ses plis naturels, ses sillons et ses saillies sont
effacés : il a un aspect lisse et uni qui contraste avec l'âge
de l'individu. Si le malade cherche à froncer le front, il
ne détermine de contractions que du côté sain, et les rides
de ce côté contrastent avec l'immobilité de la partie
affectée ; l'œil parait plus volumineux, la paupière supé-
rieure étant relevée et restant immobile ; souvent il y a
un écoulement constant de larmes. Les yeux jouissent de
leur mobilité normale, leurs muscles moteurs n'étant pas
pris. Le buccinateur est paralysé, la joue est flasque. Le
nez est entraîné du côté sain ; l'angle de la bouche est
déprimé et rapproché de la Hgne médiane. Les plis natu-
rels du côté sain sont plus marqués, par suite d'une ten-
sion involontaire des muscles. Gomme les muscles du côté
sain ne trouvent plus de résistance de la part des muscles
paralysés, les téguments sont entraînés du côté sain. Le
contraste entre les deux côtés devient encore plus marqué
si on essaye de faire parler, rire, siffler le malade. On
peut encore, selon le siège de la lésion, observer de la
déviation de la luette et de la langue, de l'exaltation de
l'ouïe, de l'altération du goût.
Marche. Le début est assez rapide ; en deux ou trois
jours, la paralysie arrive à son complet développement,
et n'offre jamais ces alternatives d'intensité et ces inter-
mittences qu'on peut observer dans certaines névroses. La
durée est subordonnée à la nature de la cause qui l'a pro-
duite ; elle guérit en trois à cinq semaines ; le retour de
la contractilité est successif et débute par le buccinateur.
Quelquefois, la paralysie peut persister toujours ; jamais
elle ne compromet la vie du malade. Enfin, dans certains
cas, elle peut être double et donner lieu alors à des symp-
tômes beaucoup plus graves. Le diagnostic est facile ; il
est seulement important de déterminer si son origine est
centrale ou périphérique.
Traitement. L'électrisation seule donne de bons résul-
tats, mais il ne faut pas y recourir dès le début, car il y au-
rait inconvénient à diriger le courant sur un nerf enflammé.
La paralysie due à la destruction du nerf dans les maladies
du rocher ou à une dégénérescence plus ou moins profonde
est au-dessus des ressources de l'art. D^'Mahtha.
Pâiulysie générale. — La paralysie générale est une
méningo-encéphalite, c.-à-d. une inflammation des mé-
ninges et de l'encéphale. Elle est caractérisée anatomique-
ment par le ramoUissement superficiel de l'encéphale au-
quel adhère la pie-mère sclérosée et chniquement par la
coexistence de troubles mentaux, de troubles de la parole
et d'ataxie ou incoordination des mouvements volontaires.
C'est dire que la dénomination de paralysie convient bien
mal à cette affection, et l'impropriété manifeste de cette
appellation explique la nombreuse synonymie que nous
relevons. L'affection a, en effet, été dénommée par divers
auteurs : paralysie musculaire chronique, arachnitis chro-
nique, périencéphalite chronique, paralysie progressive,
démence paralytique. Il n'est pas jusqu'à l'unité même de
la maladie qui n'ait été mise en question, et les recherches
les plus récentes tendent à démontrer qu'en réalité la
paralysie générale doit être considérée, non absolument
comme une entité morbide, mais beaucoup plutôt comme
un syndrome, résultat d'infections et d'auto-intoxications
diverses.
Il est fort probable que la paralysie générale a existé
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. -^ XXV.
de tout temps, mais la première description un peu nette
qui en ait été donnée remonte seulement à 1798, où elle
fut tirée du chaos des vésanies par Haslani, pharmacien
de Bedlam. Esquirol en 1814, Georget en iS^lO établirent
la valeur clinique de cette première description, mais sans
arriver à préciser la nature de l'affection. Cet honneur
était réservé à Bayle qui, dans sa thèse de 1822 sur
l'arachnitis chronique, et consécutivement dans divers
Mémoires, fit connaître les symptômes complets de la
maladie et les lésions qui en sont l'origine. Delayle, vers
la même époque, plus tard Calmeil, lalret, Baillarger,
Voisin, apportèrent un contingent important à l'étude
anatomo-pathologique et surtout clinique de la paralysie
générale.
C'est en une série de périodes, de durée variable, que
l'on voit I évoluer la paralysie générale. L'état confirmé
de l'affection est d'habitude précédé par des prodromes de
valeur et de nature variables, prodromes dont la connais-
sance est capitale pour le médecin légiste. Il est très dif-
cile de dire exactement à quelle date débute la maladie.
Les premiers phénomènes morbides passent, en effet, le plus
souvent inaperçus, et il faut qu'une circonstance exception-
nelle vienne attirer l'attention du côté de l'état mental,
pour qu'une présomption, plutôt qu'une certitude, entraîne
le médecin à diagnostiquer la paralysie générale. Le malade
se plaint depuis quelque temps de migraines, de névral-
gies, de douleurs vagues dans tous les membres, d'insom-
nies. Ces phénomènes sont en eux-mêmes fort banaux,
mais si l'on étudie de plus près l'état mental du malade,
il est habituel de constater que déjà il est marqué d'un
certain nombre de stigmates. De lui-même, il se plaint
souvent de perte de la mémoire ; son entourage remarque
que les sentiments moraux et affectifs sont plus ou moins
pervertis. L'excitation génitale, dans ses modes normaux
et anormaux, est habituelle, et, jointe à la diminution des
sentiments moraux, efle entraîne le malade à commettre
des actes déhctueux. De môme les idées n'ont plus ni leur
netteté ni leur suite habituelles. Le malade est déjà atteint
plus ou moins de délire ambitieux ; il cherche à réaliser
de grandes entreprises et emploie pour cela de pauvres
moyens, qui souvent font contraste avec sa prudence habi-
tuelle. D'autre part, son honnêteté paraît profondément
atteinte, et souvent il se livre au vol, sans le moindre scru-
pule, mais aussi sans la moindre précaution et sans la
moindre utilité. Dès ce moment, l'on constate souvent de
l'embarras de la parole, embarras encore peu marqué,
mais qui rend déjà difficile et confuse *la prononciation des
mots polysyllabiques. Les mouvements n'ont plus la pré-
cision habituelle, et les actes qui exigent une certaine
habileté deviennent diflîciles à accomplir, tels le dessin et
la peinture pour les artistes. Dans d'autres cas, cette pé-
riode de début est marquée, soit par de la mélancolie, soit
par de l'hypocondrie, mais cela est assez rare ; le para-
lytique général est habituellement un optimiste.
L'attention est enfin éveillée par un acte de délire bien
caractérisé, souvent aussi par une attaque apoplectiforme
ou épileptiforme, et l'examen permet alors de constater
tous les symptômes de la maladie confirmée. Ces symptômes
peuvent être divisés, pour la commodité de l'étude, en
symptômes physiques et symptômes psychiques.
Ldiinotilité est particulièrement atteinte non par la pa-
ralysie, comme l'avaient cru les premiers observateurs,
mais par de l'ataxie, par de l'incoordination des mouve-
ments volontaires et par un tremblement fibrillaire des
muscles. Si l'on fait tirer la langue à un paralytique, il
ne la projette que difficilement hors de la bouche, et l'on
aperçoit alors sur toute la surface de l'organe, mais prin-
cipalement sur les côtés, une série de petites contractions
partielles, de petites vibrations, une sorte de trémulation^
Les muscles des lèvres sont également atteints des mêmes
tremblements. Ces tremblements rendent la parole diffi-
cile. La parole est hésitante, le bégaiement, le balbutie-
ment, le bredouillement en sont les caractères principaux
65
PARALYSIE
4026
Souvent il y a interversion des syllabes, abréviation du
mot par suppression d'une ou de plusieurs syllabes. Au
début, ces phénomènes sont surtout faciles à constater
lors de la prononciation des mots un peu longs. Le timbre
de la voix est lui-même altéré, le malade parle habituel-
lement du nez. Le tremblement existe avec les mêmes ca-
ractères dans les muscles des membres ; c'est un trem-
blement à vibrations rapides, de six à huit par seconde.
En même temps, les mouvements sont incoordinés et ma
ladroits. L'écriture est déformée par le tremblement et
l'ataxie ; elle est habituellement lourde et grasse, les traits
en sont tremblés. Les mots écrits sont souvent altérés
eux-mêmes de la même fe^çon que les mots parlés. La
marche est très difficile et irrégulière ; elle présente dans
une certaine mesure des ressemblances avec la marche
propre au tabétique. Beaucoup de malades peuvent à
peine se tenir debout ; ils oscillent à droite et à gauche,
ne peuvent marcher qu'en écartant les jambes et en
appuyant fortement sur les talons ; le changement de di-
rection est difficile, et si le malade vient à s'asseoir, il le
fait lourdement, maladroitement. Dans la période termi-
nale de la maladie, la marche devient complètement impos-
sible. Cependant l'examen dynamométrique montre que la
force musculaire est conservée. En un mot, il n'y a pas
de paralysie véritable. Les muscles de la vie organique
sont également touchés, ainsi que le prouvent l'inconti-
nence d'urine, etc. La sensibilité générale et spéciale est
également atteinte. Il est fréquent de constater de l'anes-
thésie et la diminution du goût et de l'odorat. Une men-
tion toute spéciale doit être faite des troubles pupillaires
qui se montrent de très bonne heure et qui fournissent
ainsi un élément important au diagnostic précoce. Ce qui
domine, c'est V inégalité pupillaireîiicÀlQ à constater. On
note en outre des troubles divers, portant même sur le
fond de l'œil.
L'état des organes reste habituellement assez bon,
Fappétit est conservé, les digestions et les sécrétions nor-
males. On constate cependant de temps en temps de la
fièvre, au moment où il se produit des poussées encépha-
liques. Les troubles trophiques de la peau, particuhère-
ment l'eschare sacrée, sont habituels, mais seulement dans
la période terminale de l'affection, dans le marasme qui
vient clore la scène.
Les symptômes psychiques occupent une place très im-
portante. L'affaibhssement atteint toutes les facultés intel-
lectuelles, mais d'une façon non systématique. Les hallu-
cinations, niées par quelques auteurs, sont rares, mais
elles existent, sans former un des traits habituels de la
maladie. L'intelligence, quelquefois surexcitée au début
de la maladie, va ensuite en s'affaibhssant d'une manièie
défmitive. La mémoire, la volonté, sont profondément
atteintes, le malade fait mihe projets sans suite et sans
lien, et ne fait aucun effort réel pour les réahser. A une
minute de distance, il se contredit. Le plus souvent, il est
atteint de délire ambitieux, il se croit pape, roi, riche à
millions ; il estime que son corps est en or, etc. Il ne
parle que par millions et milliards. S'il veut évaluer la
fortune qu'il croit posséder, il fait suivre une unité quel-
conque de plusieurs pages de zéros. Il se croit d'une
beauté, d'une force surhumaines. Il énumère le tout sans
suite, sans lien, sans logique. Dans d'autres cas beau-
coup plus rares, le paralytique général est un mélanco-
lique et un hypocondriaque. Il est persuadé que son
corps est en verre, qu'il n'a plus d'estomac, plus d'intes-
tins, etc. On note encore chez certains une alternance de
phénomènes d'excitation et de phénomènes de dépression,
une sorte de paralysie à double forme.
Les sentiments et le caractère sont également atteints.
Le paralytique général est profondément égoïste, parfai-
tement immoral, ou plutôt amoral. Aussi est-il capable de
tout. Ses colères de peu de durée, faciles à apaiser, sont
terribles. Ses actes peuvent être insignifiants ou très dan-
gereux. Les incendies, les vols, les attentats divers à la
morale, le tout marqué au coin de l'absurdité et du cynisme
le plus éhonté, peuvent se succéder dans la vie du paraly-
tique général, s'il est laissé en liberté. Les exhibitionnistes
ne sont, le plus habituellement, que des paralytiques gé-
néraux. S'il est atteint de mélancolie, le paralytique général
recourra facilement au suicide. On divise parfois la para-
lysie générale en trois périodes, de monomanie, de manie
et de démence ; mais ces divisions n'ont rien de tranché,
et il existe quelquefois des périodes de rémission. Le cours
de l'affection est souvent interrompu par des comphcations,
telles que les attaques apoplectiformes et épileptiformes.
Puis, après une période plus ou moins longue, qui peut
aller de plusieurs mois à plusieurs années, les^ troubles phy-
siques et psychiques allant toujours en s'aggravant, le
malade tombe dans un état complet de démence et de ma-
rasme. La parole devient inintelHgible, les mouvements
sont presque impossibles, et l'intelligence est complètement
éteinte. Bien que l'appétit persiste^ l'amaigrissement ap-
paraît et se prononce de plus en plus ; les eschares sont ha-
bituelles à cette période. I^ntin Li terminaison mortelle sur-
vient.
Le pronostic de la paralysie générale est extrêmement
grave. Cependant on aurait constaté quelques cas de gué-
rison qui n'étaient peut-être que des rémissions de très
longue durée. A côté de la paralysie générale vraie, on a
décrit des pseudo-paralysies générales, d'origine alcoo-
lique, arthritique, syphilitique, etc., dont la connaissance
est encore trop incomplète pour que nous puissions y in-
sister ici.
Le diagnostic de la paralysie générale est habituelle-
ment très facile dans la période confirmée, l'inégalité pu-
pillaire, les tremblements et les troubles de la' parole la
distinguent nettement des autres vésanies, telles que la
manie aiguë simple et la folie à double forme (V. Alié-
nation mentale). Le délire alcoolique aigu, le délire épi-
leptique seront également faciles à distinguer par la con-
naissance des antécédents et par la marche même de la
maladie toute différente. Dans sa première période, la pa-
ralysie générale pourrait être confondue avec la neu-
rasthénie cérébrale, si l'on ne s'attachait à rechercher
l'inégalité pupillaire, les troubles de la parole et de l'in-
telligence, qui font défaut dans la neurasthénie. D'ailleurs,
le neurasthénique est le plus haiiituellement un triste et
un pessimiste, le paralytique général un optimiste. La
pseudo-paralysie générale syphiliti(|ue ou plutôt parasyphi-
litique (Fournier) doit éveiller l'attention, car elle est cu-
rable par le traitement spécifique.
La paralysie générale est une maladie qui frappe beau-
coup plus les hommes que les femmes chez lesquelles elle est
rare. Quant à ses Ceauses réelles, elles sont encore inconnues.
On a invoqué le surmenage, l'alcoolisme, les excès de tout
genre, qui sont sans aucun doute prédisposants par la
congestion cérébrale qu'ils pi^ovoquent et entretiennent
Quant à la cause profonde, il faut sans doute la chercher
dans les auto-intoxications et les infections, ainsi que Klip-
pel s'est attaché à le démontrer. L'affection débute ordi-
nairement entre trente-cinq et quarante-cinq ans, rare-
ment plus tard.
A l'ouverture du crâne d'un paralytique général, on
constate habituellement que la dure-mère est injectée ; à
sa face interne on constate assez souvent la présence d'hé-
matomes. Après une longue durée de l'affection, la dure-
mère est souvent ratatinée, comme appliquée sur le cer-
veau. L'arachnoïde et la pie-mère sont épaissies, œdé-
matiées, laiteuses et opalescentes. La pie-mère, sur des
surfaces plus ou moins étendues, adhère à la substance
grise sous-jarente, et, si l'on détruit l'une de ces adhérences,
on voit qu'elle ne peut s'enlever qu'en laissant sur la sur-
face cérébrale une véritable ulcération due au ramollis-
sement de cette substance sur ce point. Les ventricules
sont distendus souvent par de la sérosité, et leurs parois
sont amincies. L'encéphale dans son ensemble est diminué
de volume. Au microscope, les cellules nerveuses ont
i027 —
PARALYSIE — PARAMÈTRE
perdu leur forme angulaire, elles sont arrondies et ont
subi la dégénérescence graisseuse. Les prolongements du
neurone sont fragmentés et dégénérés. Les parois des
vaisseaux sanguins sont épaissies, et les espaces lympha-
tiques remplis de globules blancs. Le traitement de la pa-
ralysie générale est actuellement presque entièrement di-
rigé contre les symptômes. Cependant, toutes les fois
qu'il y a lieu de soupçonner la syphilis, le traitement
mercuriel et ioduré doit être prescrit. Les injections de
sels mercuriels sont même employés systématiquement
dans tous les cas par certains médecins. Les antispasmo-
diques et les calmants seront employés dans la période
d'excitation, mais l'hydrothérapie semble n'avoir donné
que de mauvais résultats. Le traitement hygiénique a une
grande importance. Le malade doit être de suite soustrait
à toutes les causes d'excitation morales et physiques. Le
séjour dans une maison de santé sera prescrit de bonne
heure, et le malade n'en pourra sortir qu'après une amé-
lioration bien et di'iment constatée. Nous voulons espérer
avec Khppel que Tavenir permettra d'entreprendre une
médication plus hardie, mais plus rationnelle, de cette ter-
rible affection, par une action directe sur le siège du mal.
D^ M.' POTEL.
Paralysie glosso-labio-laryngée (paralvsie bulbaire)
(V. Bulbe).
PAR4LYsn<: psi:udo-hypertrophiqi:e (V. Atrophie muscu-
laire, t. IV, p. 489). — Le traitement consistera ici dans
des applications de courants faradiques au niveau des
muscles et de courants galvaniques le long de la colonne
vertébrale. On peut employer à l'intérieur la strychnine
et le phosphore. La maladie, rarement curable, a d'au-
tant plus de chances de rétrocéder que l'on intervient
plus tôt. D^' L. Hahn et C. Hahn.
PARA M. La cyanamide, C^Az-H^, se transforme peu à
peu quand on Fabandoime à elle-même en un polj^mère
(C^Az^i^F)^ qu'on appelle le param.
PARAMACAS (Ethn.) (V. Guyane, t. XIX, p. 6:^3).
PARAM ALÉIQUE (Acide) (V. Fumarique).
PARAMARIBO on SURINAM. Capitale de la Guyane
hollandaise, sur le fleuve de ce nom, à 20 milles de la
mer. La population urbaine (30.000 hab.) représente à
peu près la moitié de la population totale de la colonie.
Paramaribo est située à un coude du fleuve Surinam, sur
la rive gauche, à 32 kil. de l'embouchure ; elle est pro-
tégée par le fort Zeclandia, qui domine la ville, et par le
fort Nieuw Amsterdam, un peu en amont, au confluent
du Comewyne. La ville, construite en damiers sur un
rocher, est très salubre ; son aspect est celui des cités hol-
landaises d'Europe. C'est un port de commerce important
OLi se concentrent toutes les affaires de la colonie. La pro-
fondeur de la rade, à marée haute, est de 20 pieds anglais.
PARAM É. Com. du dép. d'Ille-et-Vilaine, arr. et'cant.
de Saint-Malo, sur la Manche ; 4.826 hab. On distingue
le bourg primitif ou Vieux Paramé, situé sur une col-
line, à 700 m. environ de la grève : là se trouvent les
habitations splendides des anciens corsaires malouins ; et
le Nouveau Paramé, au bord même de la mer, aux
riches et élégantes villas. C'est la mode des bains de mer
qui créa ce dernier, en faisant descendre par un superbe
boulevard, dit de Rochebonne, vers la plage, l'ancien lieu
de villégiature qui s'en écartait toujours ; cette impulsion
ne date que de 1879. C'est vers l'O. et tendeant à" s'unir
à Saint-Malo que la ville s'avance. A 3 kil. N.-N.-E.
existe une autre station de bains de mer, celle de Rothe-
neuf, qui fait partie de la commune, et qui domine sur
un coteau le havre du même nom. Ch. Delavaud.
PARAM ÈSE (Musique). Nom d'une des huit cordes
fixes de l'échelle musicale grecque. La paramèse a son
histoire — ou sa légende — qui nous a été rapportée
par plusieurs auteurs, notamment par Xicomaque de Gérase
(Manuel cV harmonique, p. 9, Meibom, p. 244, C. de Jan),
et dans un texte pubUé par l'auteur du présent article
(Deux textes anonymes concernant le canon musical,
Annuaire desétudes grecques, 1878). On a vu (V. Musique,
§ Antiquité) que l'échelle grecque se composait de cinq
tétracordes que Hmitaient des sons fixes, identiques dans
tous les genres, savoir : deux tétracordes conjoints, suivis
tantôt d'un troisième tétracorde conjoint, tantiit de deux
autres tétracordes conjoints entre eux, mais séparés des
deux premiers par l'intervalle d'un ton, appelé pour cette
raison ton disjonctif. Or, voici comment Nicomaque expose
l'origine do cette disjonction : « Pythagore est le premier
qui, pour éviter que dans la conjonction (de deux tétra-
cordes) le son moyen (la mèse) comparé aux deux sons
extrêmes, offrit l'unique consonance de quarte (comme
par exemple mi-la; la-re), d'une part avec l'hypate (des
moyennes), d'autre part avec la nète (des conjointes), et pour
obtenir que nous puissions envisager une théorie plus
variée, et que les extrêmes, produisant en eux la conso-
nance la plus satisfaisante, c.-à-d. celle d'octave, qui ne
pouvait avoir lieu avec les deux tétracordes existants (celui
des moyennes et celui des conjointes), intercala un huitième
son, qu'il agença entre la mèse et la paramèse (cette para-
mèse primitive était la note si bémol, deuxième note du
tétracorde aigu). Et il le fixa à la distance d'un ton entier
de la mèse, à un demi-ton de la paranète (des conjointes).
De cette façon, la corde qui représentait antérieurement
la paramèse dans la lyre (ou échelle) heptacorde est encore
appelée trite (troisième en descendant) à partir de la nète
(des disjointes) et occupe néanmoins cette (nouvelle) posi-
tion, tandis que la corde intercalée se trouve la quatrième
à partir de cette nète et sonne la quarte avec elle (à l'aigu).
Le ton placé entre ces deux sons, la mèse et la corde inter-
calée, qui reçut le nom de l'ancienne paramèse, selon qu'il
est adjoint à l'un ou à l'autre des deux tétracordes, tan-
tôt plus nétoide (plus aigu) adjoint au tétracorde du côté
de l'hypate (des moyennes), tantôt plus hypatoïde (plus
grave), adjoint à celui du côté de la nète (des disjointes),
fournira la consonance de quinte qui constitue des deux
côtés un système formé du tétracorde lui-même et du son
additionnel. »
Cette longue citation nous dispense d'entrer en plus de
détails. Il en ressort que la paramèse serait une innova-
tion de Pythagore et une conséquence pratique de ses
beUes expériences sur les rapports mathématiques des
consonances. Ainsi aurait donc été constituée l'échelle
diatonique ortacorde :
Mi, fa, sol, la; — si bécarre, ut, ré, mi.
L'ordre alphabétique observé dans la notation vocale prouve
que cette notation est postérieure à l'établissement de
la paramèse. Mais, dira-t-on, la quinte était déjà obte-
nue au moyen du son « ajouté » le 7upo(jXafj(,6avdfj(,£voç
(cpOdyyo;). Nous essaierons de répondre à cette objection
dans l'art. Proslambanomène. A l'origine de la paramèse
se rattache un point d'histoire musicale qui mérite au
moins une mention ici. Nous avons montré ailleurs, après
bien d'autres (Historique de notre gamme, Revue et
(jaz. musicale, 4878, n««i9, 22, 25, 26), comment la
tonalité moderne est issue du système diatonique des an-
ciens Grecs. On pourrait dire que le si bémol est un ves-
tige de leur musique primitive et que Pythagore ou son
école a donné naissance à notre si naturel. Remarquons
enfin que le moyen âge n'a jamais connu d'autre note
accidentelle que le si, nouvelle preuve de cette filiation.
C.-E. Ruelle.
PARAiVIÈTRE (Math.). Ce mot de paramètre joue un
rôle considérable dans la science mathématique, et s'em-
ploie dans une foule de circonstances avec des acceptions
qui sont plus différentes en apparence qu'en réalité. Ainsi
on dit le paramètre d'une parabole pour représenter le
coefficient '2p de son^ équation y^ = ^px ; les paramètres
directeurs d'une droite ayant pour équations :
: etc.
PARAMÈTRE — PARANA
4028
En général, on applique ce nom de paramètre à un élé-
ment qui devra entrer dans le calcul sans qu'on lui as-
signe une valeur tixe. et dont la variation ne porterait
pas atteinte à Tespèce de la chose représentée, à sa na-
ture propre. En géométrie analytique par exemple, l'éli-
mination des paramètres ainsi compris se trouve être du
secours le plus précieux pour la recherche des lieux géo-
métriques. Pour prendre un exemple des plus simples dan.s
sa généralité, soit une équation f{x, ijj) z=i(}, t étant un
paramètre variable ; en donnant à t une valeur particu-
lière, on aura une courbe, tandis qu'en supposant que
t prenne toutes les valeurs possibles, on aura une famille
de courbes (/) ; de mèmecp(x\ //, ^)=: 0 représenterait une
famille de courbes (cp) ; pour une valeur particulière de t,
l'ensemble des deux équations f(x, y, t) ~ 0, o{x, y, t) — 0
représenterait les points d'intersection des deux courbes
particulières. Si donc on élimine t entre ces deux équa-
tions, on aura une nouvelle relation F(.r, y)=: 0 qui con-
viendra aux coordonnées des points dont il s'agit, quelles
que soient les valeurs particulières de t. Ce sera donc celle
du lieu géométrique des points communs à deux courbes
correspondantes {f) et (9) pour toute valeur qu'on attri-
buerait au paramètre t.
D'une façon plus générale, on peut dire que la solu-
tion d'un problème quelconque, dont la nature est déter-
minée, dépend des valeurs qu'on attribuera aux éléments
donnés ou paramètres de la question. La complexité et la
difficulté d'une question abordable par le calcul dépen-
di'ont pour une grande part du nombre des paramètres. Et,
comme dans la nature, il n'est pas une question, si simple
qu'elle nous paraisse, qui ne comporte un nombre énorme
(on pourrait même dire une inlinité) de paramètres, il en
résulte que jamais on ne peut se llatter d'arriver à une
solution rigoureuse. L'application des moyens mathéma-
tiques n'en est pas moins précieuse, parce qu'à défaut de
la solution rigoureuse, elle fournit des solutions appro-
chées, qu'on obtient en négligeant les paramètres ne pou-
vant influer sur les résultats que dans une faible mesure,
mférieure à l'approximation qu'on poursuit.
Cette distinction entre les paramètres négligeables, sui-
vant le but à atteindre, et ceux qu'il importe de conserver,
est l'un des problèmes les plus délicats (pie présente l'ap-
plication de la science mathématique à l'étude des phé-
nomènes de la nature. G.- A. Laisa>;t.
PARÂMITÂ. Vertu bouddhique (V. Bouddhisme, t. YIl,
p. 598).
PARAMO. Ce mot sert à désigner les hauts plateaux
dans le centre de la Cordillère du Pérou et de l'Equateur ;
son emploi est moins fréquent en Colombie. Ce sont de
vastes solitudes balayées par les vents et les tempêtes de
neige, presque sans eau et où ne croissent guère que des
herbes et des buissons à feuilles persistantes, myrtes,
lauriers, etc.
PARAMONGA. Petit village du Pérou, situé dans le
dép. de Lima, à moins de 3'kil. du bord de la mer, entre
les rios Supe et Santa. A une demi-lieue au N.-E. se
trouve une des phis grandes sucreries du pays. Ruines de
huit forteresses incas comprises dans le domaine de la
ferme de Pativilca. Lors du passage de la mission Wiener
(1876), il y avait dans l'une de ces tours des peintures
murales en'^bon état. Ces fortifications (le Parniunca des
anciens) couronnent les mamelons et coUines qui s'élèvent
non loin de la côte ; le point le plus haut, le Cerro de
la Horca (montagne du supplice), est une espèce de roche
tarpéienne construite, d'après une légende qui court parmi
les Cholos, par les habitants vaincus du G?'and Chimu,
A proprement parler, il n'y a jamais eu là. dans l'anti-
quité, une ville, mais un poste mditaire de première im-
portance .
Ch. Lâroussu:.
PARAMORPHINE (Chim.) (V. Tiïébâink)
PARAMOUSIR (lie) (V. Kouriles).
PARAMYLÈNE (Chim.) (V. Diamylène).
PARAÎYIYLON. Le paramylon est un polyglucoside con-
tenu dans un infusoire, VEuylena viridis. Il est consti-
tué par des granules plus petits que ceux de l'amidon.
L'eau ne le dissout pas, l'iode est sans action sur lui ;
l'amylase ne lui fait éprouver aucune transformation,
mais Eacide chlorhydrique concentré le dédouble en glu-
cose fermentescible.
PARANA. Fleuve de l'Amérique du Sud, principal tri-
butaire du grand estuaire dit rio de la Plata. Son bassin
s'étend sur ^i. 880.000 kil. q. d'après Klœden,4.'250.000
d'après d'autres estimations ; son cours est d'environ
4.700 kil.; son débit moyen, de 43.000 m. c. par seconde:
c'est donc un des plus grands fleuves de la terre. Il naît,
sous le nom de rio Grande, dans FEtat brésilien de Minas
Geraes, aux confins de la province de Rio de .laneiro, à 80 kil.
seulement de rAtiantiiiue, sur le versant occidental de la
sierra de Mantiqueira, près de Eltatiaya, point culminant
du Brésil. Il se dirige vers EO. à travers l'Etat de Minas
Geraes qu'il sépare longtemps de celui de Sào Paulo ;
grossi du Sapucahy (g.) et du Mosy-Guassu (g.), il reçoit
du N. le Paranahyba quelquefois regardé comme la branche
principale parce qu'il occupe l'axe du bassin; celui-ci, qui
sépare les Etats de Minas Geraes etdeGoyaz, naît sous le
nom de Sao Marcos dans la serra dos Pireneos, reçoit de
rO. le rio das Velhas, duN. le Coruraba, venu des envi-
rons de Meia Ponte où ses sources s'enchevêtrent avec celles
du Tocantins. C'est d'ailleurs le plus long et le plus
abondant des cours d'eau qui forment le Paranahyba ;
celui-ci roule plus d'eau ([ue le rio Grande, mais n'a que
860 kil. de long. A partir du confluent, le fleuve prend
le nom de Parana ; il adopte la direction S.-S.-O., con-
tinuant de traverser le plateau brésilien que ravinent ses
aftluents ; les roches obstruent leur lit et celui du Parana
de nombreux écueils et de rapides ; en aval du confluent
du rio Grande et du Paranahyba, se trouve le saut de Erubu-
punga; de Sào Paulo, le Parana reçoit à gauche le Tiéké
(l.dOO kil.) et le Parana-Panema (750 kil.), il franchit
les barrières des serras do Diabo et dos Dourados (en aval
du confluent de l'Irrahy) et forme la grande île de Salto
Guaira, longue de 90 kil., enlevée au Paraguay par le
Brésil ; aussitôt après, il franchit le rapide de Settc Gue-
das ou Salto Guaira (^24° 5 lat. S.), oj le fleuve divisé en
vingt et un bras descend 15 m.; il forme ensuite frontière
entre Brésil et Paraguay. On regarde cette chute comme
marquant le terme du cours supérieur du Parana(2 .!200 kil. ) ,
le cours moyen s'étendant du Salto Guaira au confluent du
Paraguay (Ï.IOO kd.), le cours inférieur de là à la mer
(1.4Ô0 kil.). Le Parana, qui atteint 4.000 m. de large,
n'entre pourtant en plaine qu'après le confluent de Tlguassu
ou Yguassu (dr.), qui forme, à 26 kil. du fleuve, une ma-
gnifique cataracte comparable à celle du Niagara. Le Parana
s'infléchit vers FO. formant les ilesd'Yacireta (Paraguay)
et d'Apipé, après laquelle il franchit son dernier rapide. 11
se creuse un Ht profond dans la grande jdaine argentine,
comme son grand tributaire de droite, le Paraguay, qu'il
absorbe à Itapiru ; il adopte alors de nouveau la direction
du S. , appartenant désormais complètement à la République
Argentine dont il baigiie les villes, Corrientes, Goya, La
Paz, Santa Eé et Parana, Rosario. La pente est presque
nulle (V. Paraguay [Rivière]) ; dans le sol très meuble de
la plaine, le fleuve ronge ses berges et remanie inces-
samment son lit ; le niveau varie à Parana de 3™, 70, entre
les basses eaux (juil. à sept.) et les hautes eaux (fév. -mars);
des bancs apparaissent ou disparaissent selon la saison et
après les crues. Sur la rive occidentale, plusieurs bras
latéraux accompagnent le fleuve, s'y reliant par un dédale
de canaux qui enserrent des îles innombrables, en grande
partie submergées à l'époque des pluies. Cet aspect est
particulièrement frappant vers le confluent du Salado,
longue et maigre rivière delà pampa. En contre-bas, com-
mence le delta, vers Diamante, long de 350 kil,, large de
20 à 50 kil. ; le bras de gauche s'appelle Paranacito ou
Pabon; le bras de droite prend, en le rejoignant, celui de
1029
PARANA — PARAPHRASE
Parana-Guazu, sous lequel il débouche dans l'estuaire du
rio de la Plata, à côté de l'Uruguay.
La navigation du Parana est importante jusqu'à Ro-
sario, à 245 kil. de rembouchure, qui admet les navires
de 4.000 tonnes; elle est'possible toute l'année pour ceux
d\in tirant de 2 m. jusqu'au continent du Paraguay, et,
seulement auxhautes eaux, jusqu'au conlluentderiguassu.
— Le nom de Parana, emprunté aux indigènes, désigne
les rivières et particulièrement les canaux navigables qui
forment la corde des grands méandres.
BiBL. : HuTCHiNPON, The Pavaiia ; Loudi-es, 1868.
PARANA (Bajadadel). Ville de la République Argentine,
prov. d'Entre Rios, sur la r. g. du Parana; 18.000 liab.
(en 1890). Fondée en 1730, elle fut capitale fédérale de
1852 à 1861. Evêché. C'est une jolie ville aménagée à la
moderne avec tramways, téléphone, reliée par chemin de
fer à Concepcion. Elle fabrique de la chaux, des poteries,
prépare des cuirs et des viandes. Le port est bon.
PARANA. Etat du Brésil méridional liverain de l'Atlan-
tique; 221.819 kil. q.; 18T.548 hab. (en 1888). Il est
séparé de l'Etat de Sâo Paulo au N.par le rio îtarare et le
iîeuve Parana-Panema, du Mato Grosso et du Para^ua} à l'O.
par le iîeuve Parana, de l'Etat de Santa Catarina au S.
par riguassu. Sur sa cote se creuse la belle baie de Para-
nagua dominée de 1.700 m. par la serra do Mar, à l'O.
de' laquelle le sol s'abaisse vers le bassin du Parana; l'al-
titude au pied de la serra est d'un millier de mètres ; c'est
un haut plateau sillonné par les affluents du Parana que
leurs rapides rendent innavigables; entre les vallées, les
bois d'araucarias alternent avec les savanes. Le littoral
est très pittoresque et fertile, mais insalubre, hanté par
la fièvre jaune ; à l'intérieur, la température est très cons-
tante (moyenne annuelle -4-17«, hiver H- 14°, été -f-18'^);
les pluies sont abondantes : 1.800 millim.par an; il gèle
la nuit en hiver. Sur le plateau, on cultive les céréales eu-
ropéennes, la pomme de terre, le poirier, le ponnnier; on
y recueille beaucoup de maté. Sur le littoral, on cultive le
manioc, le mais, le coton, le café. Les mine^^ de fer. Je
mercure, les lavages aurifères sont peu exploités. L'inté-
rieur est peuplé de Guaranis ; la montagne littorale et ses
vallées, de blancs, parmi lesquels des colons allemands et
italiens. Un chemin de fer et une voie carrossable vont du
port de Paranagua à la capitale Curytiba.
BiBL. : V. Brésil.
PARANA (iï.-H.-G.-L. marquis de), homme d'Ktat
brésilien (V. Carneiro Leâo).
PARANAGUA. Ville maritime du Brésil, port de l'Etat
de Parana, sur l'océan Atlantique, au S. de Santos ;
bonne rade bien abritée ; tète des lignes des chemins de
fer (construits avec des capitaux français) allant, l'une sur
Curytiba et Ponta G rossa, l'autre sur le port d'Antonina ;
3.000 à 4.000 hab. Commerce très important de maté
(Eexportation moyenne est de 50.000 tonnes par an).
PARANAHYBA. Rivière du Brésil, affl. g. du Parana
(V. ce mot), longue de 860 kil. Elle naît sur la limite des
Etats de Goyaz et Minas Geraes, qu'elle sépare durant
tout son cours, reçoit à g. le rio das Velhas et le Tepico,
à dr. le Corumba et le MeiaPonte, forme plusieurs rapides
et cascades.
PARANG-La (ou passe de Parany) est une grande
brèche rocheuse qui s'ouvre dans la chaîne médiane de
l'Himalaya duN.-O. et fait communiquer, à une ait. de
5.500 à 5.800 m., le Spiti, sur le cours supérieur du
Sattledje, aveo le Roupchou. l'un des plus hauts pays
habités de la terre, dans le bassin de Flndus. Elle ouvre
ainsi une route entre l'Inde et le Ladàkh. On la dit pra-
ticable aux yaks et aux poneys de juin à octobre.
PARANGO (ArchéoL). Sorte de marbre noir d'Egypte
et de Grèce dans lequel les anciens taillaient principale-
ment des sphinx et des figures d'animaux.
PARANG0NNA6E (Typogr.). Opération qui consiste à
aligner dans une même ligne plusieurs caractères de dif-
férents corps, au moyen de cadrais, d'espaces, d'inter-
lignes, etc. Les lettres, ditThéotiste Lefèvre dans son Guide
du compositeur, doivent s'aHgner par le pied, et, pour
aligner d'une manière convenable, on place préalablement
dans le composteur le mot ou la ligne qui est la plus forte du
corps, puis l'on place à sa droite plusieurs m minuscules
du caractère qui doit s'aligner avec elle et on les élève
successivement avec des interlignes ou des cadrais jusqu'à
leur parfait alignement dont on s'assure en présentant une
interligne par un de ses côtés à la base de ces lettres. On
remplace ensuite les m par les lettres convenables, puis
on complète le parangonnage en ajoutant, s'il est néces-
saire, le blanc par-dessus l'un ou l'autre des caractères
parangonnés; enfin, dans les parangonnages pour lesquels
on est obHgé de faire usage de plusieurs pièces ,^ soit en
dessus, soit en dessous du corps parangonné, on doit mettre
la plus forte par-dessus, afin qu'elle soit moins suscep-
tible de s'échapper de sa place. Les parangonnages sont
très fréquemment employés dans la composition de l'al-
gèbre.
PARANHOS (Joseph-Marie da Silva, baron de Rio-
Brinco (V. Rio-Branco).
PARANYMPHE (V. Eâculté, § rhéologie, t. XVI,
p. 1075).
PARA0XYBEN20IQUE (V. Oxyrenzoioue [Acide]).
PARAPECTINE (Chim.) (V. Pectine).
PARAPET. I. ARCHn-ECTURE. — Petit mur bas, plein ou
ajouré, tablette soutenue à hauteur d'appui, balustrade ou
barrière faite de bois ou de métal, servant de garde-fou afin
d'empêcher la chute de personnes passant sur un quai, un
ponton une terrasse. La hauteur des parapets, autrefois
de 3 pieds, ne varie guère entre 0'^,95 et 1 m.; mais les
parapets offrent les modes de construction et, par suite, de
décoration les plus divers. (Quelquefois, comme au Pont-
Neuf, à Paris, des exèdres, portés en encorbellement sur
les piles, rompent la monotonie de la ligne continue du
parapet; d'autres fois, des piédestaux ou des socles, plus
élevés (|ue le parapet, supportent des statues ou des can-
délabres, comme au pont de Prague (Bohème) ou au pont
de Buda-Pest (Hongrie). Les parapets des ponts métal-
liques peuvent, eux aussi, recevoir une intéressante déco-
ration se reliant à la construction et faisant corps avec
elle, comme au futur pont Alexandre III de Paris, pour
lesquels de remarquables motifs d'ornementation ont été
dessinés et modelés sous la direction des architectes,
MM. Camin-Bernard et Cousin. Il en est de même, toute
proportion gardée, dans les ponts rustiques, entièrement
faits de bois, les parapets, faisant souvent corps ou se re-
liant avec les maîtresses pièces du pont, peuvent concou-
rir à l'effet pittoresque cherché dans ce genre d'ouvrage
(V. Balustrade). Charles Lucas.
IL FoRTiFicATiox. — C'est, à proprement parler, la par-
tie de la masse couvrante d'un ouvrage de fortification
comprise entre les deux plans verticaux qui passent, l'un
par la crête intérieure, l'autre par la crête extérieure
(V. Crète et Profil). Mais le nom est aussi donné^ à la
masse tout entière, de forme généralement prismatique.
La surface supérieure, en pente, est alors appelée talus
de plongée ou plongée; la surface intérieure et la surface
extérieure, talus intérieur et talus extérieur. L'épaisseur
du parapet varie beaucoup avec la nature et le but de
l'ouvrage. Elle peut aller de 0'^\80 pour de simples tran-
cbées de tirailleurs à l'épreuve des balles ou des éclats
d'obus jusqu'à 12 et 15 m. pour de grands ouvrages de
fortafication devant résister à l'artillerie de siège (V. Fort,
Olvrage, Retranchement, Ta ancrée).
PARAPHASIE (Physiol.) (V. Aphasie, t. III, p. 309).
PARAPHE (V. Parafe).
PARAPHERNAL (V. Dot, t. XIV, pp. 961 et suiv.).
PARAPHIWIOSIS (Méd.) (V. Phimosis).
PARAPHRASE (Litt.). ].di paraphrase {en grec r.a-
pdvpoLaiq) est, comme l'indique son nom même, un com-
PARAPHRASE — PARAPLUIE
1080 —
mentaire ou une explication d'un genre très particulier.
Son objet n'est pas d'éclaircir les difficultés d'un texte ou
de le rendre plus intelligible grf^ce à des notes historiques
ou philologiques; elle a plutôt les allures d\mc traduction
libre, accompagnée de développements littéraires, moraux
ou religieux. C'est dans Bossuet peut-être qu'on trouve
les plus admirables paraphrases, et l'on pourrait citer
entre autres celle que le grand orateur a consacrée, dans
le sermon sur l'Ambition, à la comparaison bibUque d'As-
sur et d'un grand chêne. Beaucoup de poêles ont para-
phrasé les textes sacrés, notamment les Psaumes de Da-
vid, les hymnes du Bréviaire , Vlniitalion, le Dies irœ.,(itc.
Parmi eux se trouvent Malherbe, Racan, Godeau, P. Cor-
neille, La Fontaine, Le Franc de Pompignan, J.-B. lions-
seau, Piron, Gilbert enfin. Les ])eaux cantiques de Racine
sont des paraphrases en vers de (juelques versets de saint
Paul, et l'on peut citer comme le modèle du genre la
Paraphrase morale de plusieurs psaumes en forme de
prières, qui est une des plus belles œuvres de Massilion.
Comme le dit fort bien le premier éditeur do cet ouvrage,
l'auteur avait pour but de fournir aux chrétiens des mo-
dèles de prières, et dès lors la lettre du psaume était en
quelque sorte comme le texte de son discours, dans lequel
ensuite il faisait entrer tout ce qui pouvait convenir à son
sujet. Voilà bien le type de la paraphrase, qui ne saurait
être confondue ni avec les commentaires, les explications
et les gloses, ni avec les méditations ou élévations, ni
enfin avec les autres développements du uième genre.
A. Gazier.
PARAPLÉGIE. La paraplégie est la paralysie des
membres inférieurs, avec ou sans participation des muscles
de l'abdomen et du diaphragme. Ses caractères généraux
sont ceux de la paralysie (V. ce mot) : abolition com-
plète ou presque complète de la motililé, analgésie, ânes-
thésie ou hyperesthésie au lieu de la sensibilité cutanée
normale, augmentation ou diminution de la sensii)ilité
musculaire. La paraplégie peut être flasque, si elle ne
s'accompagne pas de contracture musculaire, (pi'il y ait
abolition ou maintien des réfiexes ; elle peut être spasmo-
dique, lorsque la perte des mouvements volontaires s'ac-
compagne d'une contracture plus ou moins accusée, et
d'une exagération des réflexes tendineux. La seconde va-
riété est ordinairement consécutive à la première. — La
paraplégie se rencontre : i° dans les affections médul-
laires (traumatisme, compression de la moelle aiguë ou
lente, myélite diffuse, sclérose en plaques, tabès dorsal
spasmodique, maladie de Little, paralysie spinale aiguë) ;
2« dans les affections cérébrales; 3° dans les polyné-
vrites aiguës et subaigues ; ¥ dans les névroses (hysté^^
rie, etc.); 5" dans les diathcses iûles que le diabète;
6*^ à.'ànûe^ intoxications (plomb, alcool, mercure, etc.) ;
7^ dans les infections (diphtérie, syphilis, pneumonie,
fièvres éruptives, etc.) ; 8° dans les affections intesli-
nales (entérite, etc.) ; 9° dans les affections ulérines ;
et 10^ dans les afjeclions des voies nrimiires (paraplé-
gie urinaire et blennorrhagique). — La paralysie de la
vessie et du rectum est surtout fréquente dans les para-
plégies médullaires, paraplégies que peuvent expliquer
soit des épanchements racliidiens séreux, sanguins ou pu-
rulents, ou des tumeurs, luxations et fractures de la co-
lonne vertébrale. Dans toutes les autres sortes de para-
plégie, il n'existe pas d'altération appréciable des centres
nerveux. — La paraplégie donne lieu, lorsque l'impuis-
sance motrice n'est pas absolue, à des démarches particu-
lières (rigide avec trépidation des pieds, helcopode ou
hélicopode, etc.). — La durée varie selon la cause et
l'importance des lésions. — Beaucoup de paraplégies sont
curables : telles les paraplégies urinaire et blennona-
gique à forme légère, produites par action toxi-infectieuse,
et celles par compression médullaire légère. Les para-
plégies totales aiguës ou se rattachant à des maladies
graves par leurs causes et leurs symptômes sont naturel-
lement les plus graves; elles peuvent s'accompagner de
cystite purulente avec décubitus aigu, et alors entraînent
le plus souvent la mort. ™ Le traitement sera celui de
la cause ou s'adressera à la paraplégie elle-même (fric-
tions, massages, électricité). D^' L. Hx.
PARAPLUIE. On désigne ainsi un petit pavillon en
étotfc dont on se sert pour se ])réserver de la pluie en le
tenant ouvert au-dessus de sa tète. Par extension, il sert
à désigner également l'abri destiné à garantir de la
])luie fes plantes délicates, la planche abritant le fondeur
des éclaboussures de métal fondu, etc. L'origine du
parasol et du parapluie semble remonter à l'antiquité
la plus reculée et paraît avoir pris naissance chez les
Chinois, les Egyptiens et les Assyriens, chez lesquels
ils étaient réservés à l'usage des piinces et des souve-
rains. Ln grand nombre de documents anciens font, en
eftêt, mention de cet ustensile ou en reproduisent la
forme. On peut citer : le Tcheoii-Li, écrit au xi^ siècle av.
J.-C. ; les bas-reliefs provenant des ruines de Ninive et
de Java ; les fresques des palais et tombeaux de Memphis
et de Thèbes ; les vases ornés de peintures provenant de
l'ancienne Grèce et de l'Etrurie. On a donc des rensei-
gnements assez précis sur le dessin, la forme et les di-
mensions des parasols anciens.
Le parapluie des régions septentrionales dérive directe-
ment du parasol des pays tropicaux, qui paraît avoir été
importé de l'Afrique et des Indes par les navigateurs por-
tugais, mais ce ne fut guère que dans la seconde moitié du
xvV siècle qu'il fut coiniu en France, importé d'Italie, sui-
vant les uns, de Chine, suivant d'autres.
La corporation des boursiers en avait la fabrication.
Les statuts de -1750 en fou! mention pour la première fois.
De Fi'ance,"'le parapluie passa en Angleterrre vers le com-
mencement du XVI i*^ siècle.
La fabrication du parapluie a beaucoup varié depuis son
importation. Vers lÔ 40, les parapluies français aveaientun
manche en bois d'essence variable. On employait le pa-
lissandre, le frêne, l'aune, le chêne. Il avait une longueur
de 'L^,20, possédait 10 baleines de 0"\80 avec des four-
chettes en cuivre de 0^'%'16 à 0"\3(i et un coulant très
fort également en cuivre. 11 pesait de 3 à 4 livres (i^=,5 à
â kiiogr.), et coûtait de 45 à 60 fr. C'était un véritable
meuble de famille se transmettant de génération en géné-
ration. Les extrémités des baleines étaient recouvertes
par un chapeau de cuivre iixé à un anneau de même métal
(jui servait à le porter. La céurasse était recouverte de
matières diverses : cuir, toile cirée, soie huilée, papier
verni au début; plus tard, on employa le gros de Tours
et le gros de Naples uiu* ou chiné, ^'ers 4789, la mode
fut aux tafïêtas rose, jaune, vert-pomme, uni ou chiné.
Plus tard encore ce fut la couleur rouge, vert clair ou
bleue qui prédomina. Enfin vers 1825, on adopta les
couleurs foncées : vert-myrte, marron, noir. Ce sont encore
les couleurs les plus en usage aujourd'liui.
Une des aj)plica tiens les plus singulières du parapluie
a été faite à la fin du siècle dernier par Barben-Dubourg.
A cette époque, le paratonneire, tout nouvellement inventé
par Franklin, jouissait d'une vogue extraordinaire, à ce
point que l'on fit des paratonnerres portatifs. C'est pré-
cisément le parapluie qui fut adopté pour cet usage en le
surmontant d'une tige de fer reliée au sol parmi fil con-
ducteur. Le porteur de l'appareil le tenait au moyen d'un
manche en })ois isolant, et s'abritait sous le dôme de soie
constituant le parapluie.
Le parapluie-parasol ])our dames suivit également,
durant cet intervalle, les fluctuations de la mode ; il se
transiorjna peu à peu en ombrelle et devint bientôt presque
un objet d'art ; en même tem])s qu'on le diminuait suc-
cessivement de poids, la couverture se modifiait suivant
le caprice du jour. L'ombrelle fut, tour à tour, couverte
de soie blanche unie, ou rayée, ou chinée, ou brochée,
avec ou sans bordures, avec ou sans franges. La couleur
fut claire ou foncée, ou noire. On la recouvrit de dentelles
blanches ou noires, à médaillons ou à dessins spéciaux,
— 1031 —
PARAPLUIE — PARASITISME
elle fut brodée de verroterie ou garnie de marabouts ;
enfin, on suivit toutes les fantaisies qu'il plut aux élé-
gantes de lui imposer. Le parapluie fut aussi successivement
perfectionné surtout depuis soixante ans, et, par une
bonne division du travail et une i'abrication de plus en plus
intelligente, on arriva à le livrer à des prix de plus en
plus modérés, malgré l'augmentation du prix de la main-
d'œuvre. Les perfectionnements ont porté sur le manche
qui a été raccourci à des proportions raisonnables, sur
les baleines qui ont été remplacées par des tiges d'acier,
sur le poids qui avait atteint vers 1816 jusqu'à 2^s^500
et qui a été réduit jusqu'à moins de 300 gr. Une élégance
de bon goût a succédé aux formes massives, et le prix a
baissé de 40, 50 fr. à 5, 6 fr. pour les formes cou-
rantes.
Jusque vers 1815, il n'y eut pas de fabriques sérieuses
en France, il y avait seulement à Paris des ateliers où
l'on assemblait les manches appelés mâts et les carcasses
que l'on expédiait ensuite dans les départements, où chaque
marchand les complétait en les munissant d'une couver-
ture d'étoffe appropriée aux goûts de sa clientèle. Les
Auvergnats s'étaient créé une spécialité de cette industrie.
La première véritable fabrique fut fondée à Paris vers 1815
par M. Gruyer; on y fit pour la première fois le parapluie
tout entier. Les perfectionnements successifs furent appor-
tés : par M. Pierre Duchamp, mécanicien de Lyon, qui,
en 1846, remplaça les baleines par des tubes en acier
creux et, l'année suivante, y substitua des gouttières ou
demi-tubes en acier plus ou moins creux; par M. iiolland,
de Birmingham, qui, à l'exposition de 1851, présenta des
branches faites en tubes en acier rectangulaires, très
flexibles et très résistants ; par M. Samuel Fox, de Dee-
par, près Sheffield, qui fit breveter sous le nom de paran-
gon un système tombé depuis dans le domaine public,
dont les branches présentent des gouttières profondes. Dès
lors, la fabrication prit tout son essor, et, par de nom-
breux perfectionnements de détail, on arriva au parapluie
actuel, dit aiguille, dont le manche formé d'un tube en
acier creux est surmonté d'une poignée en matière va-
riable : bois, celluloïd, corne, etc., recouvert souvent
de placage d'or ou d'argent ou de figurines de diverses
matières coûteuses : corozo, celluloïd, corne, ivoire, etc.
Les baleines sont remplacées par de minces tiges d'acier
très résistantes, et la couverture est de soie de couleur
foncée. L'industrie s'étendit peu à peu en France et en
Angleterre d'abord pour se répandre ensuite sur l'Europe
entière.
Durant toute cette période, la Chine ne cessa de fabri-
quer ses parasols couverts de papiers peints ou vernis,
dont les bras ou fourchettes taillés dans un seul morceau
de bambou, ainsi que les branches, ont de 0*^,90 à 1^^,20
de longueur. Ces parasols, qui ne pèsent que 500 à
900 gr., sont d'un bon marché exceptionnel ; ils ne coûtent
actuellement que de 0 fr. 60 à 1 fr.
L'usage du parapluie tend de plus en plus à se géné-
raliser parmi les peuples civilisés et à être employé indis-
tinctement par les hommes et par les femmes. L'usage
de l'ombrelle est plus restreint parmi les hommes, du
moins dans les pays septentrionaux, où il est presque
exclusivement employé par les femmes. E. Mac lin.
PARAPTÈRE (Entom.) (V. Insectes, t. XX, p. 824).
PARASAN6E (Métrol.) (V. Farsakh).
PARASITAIRE (Térat.) (V. Monstre, t. XXIV, p. 174).
PARASITE. ï. Biologie (V. Parasitisme).
IL Mathématiques. — On emploie quelquefois l'ex-
pression parasite en algèbre, concurremment avec celle de
solutions étrangères, pour indiquer des solutions qui ne ré-
pondent pas directement à la question que l'on se proposait,
et qui ont été introduites par les opérations du calcul, et
notamment en multipliant par des facteurs. De même, en
géométrie, et surtout en géométrie analytique, s'intro-
duisent aussi de semblables solutions, qui s'imposent, mais
qu'on ne recherchait point. Dans la théorie des courbes,
par exemple, on appelle souvent branches parasites les par-
ties d'une courbe qui ne rentrent pas dans la proposition,
la définition ou le problème qu'on s'était posé tout d'abord,
et que la solution comprend néanmoins. C.-A L.
Branche parasiie. — On appelle ainsi en géométrie
descriptive les portions de courbe qui ne font pas partie
intégrante de la projection de l'intersection de deux sur-
faces, mais qui sont cependant le prolongement analytique
de la projection trouvée. Par exemple, quand on considère
"V"
y--
^T
B
cy
^~a"
deux cylindres de révolution ayant leurs axes xx^ et y\f
dans le plan de la figure supposée horizontale et ayant les
génératrices <2a^ hh\ ce' , dd' dans ce plan, la projection
de leur intersection se compose des diagonales BC, AD du
quadrilatère ABCD, les prolongements de ces diagonales
forment alors la partie parasite de l'intersection. Le phé-
nomène du parasitisme est très fréquent. H. Laurent.
PARASITISME. 1. Biologie générale. — Dans le vaste
ensemble que constituent les règnes végétal et animal, il
est bien peu d'êtres qui n'aient besoin de l'aide ou de la
substance d'autres êtres vivants pour entretenir leur exis-
tence propre. C'est ainsi que tous les animaux vivent di-
rectement ou indirectement aux dépens du règne végétal,
et la plupart des plantes utilisent les débris organiques
qui constituent l'humus. On ne peut cependant pas dire
que les animaux herbivores sont parasites des plantes qu'ils
mangent ou les carnivores parasites des herbivores. Les
uns et les autres sont des prédateurs, parce qu'ils détrui-
sent l'être qu'ils utilisent ; quant aux plantes, elles sont
holophytes si elles puisent directement leur nourriture
dans la matière inorganique, ou saprophytes si elles uti-
lisent les détritus d'autres êtres organisés. On appelle pa-
rasite un être qui vit aux dépens d'un autre être sans le
détruire, ou tout au moins sans le détruire rapidement.
Car il y a bien des cas où les parasites finissent par pro-
duire sur l'animal ou la plante attaquée des lésions telles
que la vie devient impossible.
Le parasitisme est beaucoup plus répandu dans la na-
ture qu'on ne le croit généralement. Il n'est pas de grand
groupe végétal ou animal dont quelques membres ne soient
dégradés par le parasitisme et cela même parmi les ani-
maux ou les plantes les plus élevés en organisation. D'autre
part, il est des groupes inférieurs voués en entier à la vie
parasite. Enfin, il n'est pas une espèce animale ou végé-
tale qui ne donne asile à une ou plusieurs espèces para-
sites. Il y a même des parasites vivant sur des parasites :
ils peuvent être utilisés pour détruire ceux-ci lorsqu'ils
sont nuisibles à l'homme. Parmi les parasites, les uns sont
voués exclusivement à la vie sur une espèce déterminée :
ils périssent s'ils ne la rencontrent pas. D'autres sont
moins exclusifs dans leur choix et peuvent vivre indiffé-
remment sur deux ou plusieurs espèces voisines. Enfin,
dans le règne végétal comme dans le règne animal, nous
rencontrons des parasites à transmigrations, qui ont besoin
de séjourner aux différentes phases de leur existence sur
deux ou plusieurs hôtes distincts.
Le parasitisme détermine chez tous les êtres qui y sont
adonnés des déformations analogues. Tous les organes
inutiles disparaissent : l'animal vivant fixé dans un milieu
gorgé de sucs nutritifs perd ses organes de mouvement et
PARASITISME
1032
de préhension, la plante absorbant des produits organiques
(îarbonés n'a plus besoin d'extraire le carbone de l'air :
elle perd sa chlorophylle et ses feuilles et prend un aspect
jaunâtre caractèristicpie. En revanche, des organes nou-
veaux, crampons, suçoirs, elc, se développent souvent et,
par une sorte de balancement organique, à l'atrophie des
organes végétatifs correspond souvent une hypertrophie
des organes reproducteurs, de sorte que cerlaijis champi-
gnons, ou certains animaux, les rhizocéphales par exemple,
sont finalement transformés en de simples sacs à œufs.
\)' L. LvLOv.
11. Botanique. — Il s'agit ici du ])arasilibme chez les
végétaux, et non des végétaux parasites sur l'homme ou
sur les animaux (Y. Bacïériks, i\hcR0Hh et Micuobio-
i,()Gie). Nous n'insisterons pas non plus siu' K-s parasites
animaux qui attaquent les plantes et déterminent chez elles
des maladies, comme par exemple le phUloxera siu* la
vigne, le doryphora sur les pommes de terre, etc., vu que
des articles spéciaux sont consacrés à ces ariimaux. Ainsi
hmité, le parasitisme nous apparaît non nu-iins général
chez les plantes que chez les animaux, et, comme chez
ceux-ci, présente le caractère d'une lutte lente, mais con-
tinue, pour l'existence, les faibles vivant aux dépens des
forts sans les détruire ou ne les détruisant qu'après en
avoir extrait tout ce qui doit sei'vir à leur propre déve-
loppement.— J^es phanérogames, ainsi que les cryptogames,
fournissent des parasites, mais la puUulation extraordi-
naire des cryptogames donne au parasitisme des plantes
une universalité et une gravité bien supérieures à ce qui
s'observe chez les animaux. Les plantes (épidendrées .
aroidées, fougères, lichens, hépatiques, etc.) qui ne de-
mandent à leui' porteur qu'un soutien, sont des faux pa-
rasites ou des cpiphytes. Les vrais parasites sont ou
ectophyles (radicicoles, caulicoles, foliicoles, etc.), ou
enlophytes, ces derniers toujours cryptogames. La divi-
sion la plus logique est la suivante : 1*^ Parasites végé-
taux vasculaires ; 2"^ Parasites végétaux cellulaires.
1" Parasites vasculaires ou phanérogames. Parmi
ceux-ci, mentionnons la Cuscute y une convolvulacée ; le
Gui, une loranthacée ; les Mekuupyrum, des rhinan-
tacées, parasites temporaires; les Orobancliées, les Mono-
tropa, le Limodorum ahortivum (une orchidacée) ;
puis des Rafflesia, des Cytinées, etc. Les uns ont des
feuilles vertes (mélampyres), les autres sont décolorés et
n'ont pas de véritables feuilles (orobanche, monotropa,etc.).
2"^ Parasites cellulaires ou cryptogames. Le parasi-
tisme des cryptogames est presque universel ; tel est le
cas des champignons qui sont les uns ectophytes (E71/-
siphe ou Oïdium., Erineum, Rhizocionia, etc.), les
autres entophytes, la plupart appartenant aux discomy-
cètes, pyrénomycètes, hyphomycètes, urédinées, ustila-
ginées ; il en est de môme de certaines algues inférieures,
les végétaux se trouvant par exemple envahis par les bac-
téries tout comme les animaux. Les urédinées sont toutes
parasites et envahisseni toutes les parties des plantes,
mais chaque espèce se développe sur un organe de prédi-
lection. VUstilago inaidisQt lapuccinie des graminées se
développent indifféremment sur toutes les parties aériennes
des plantes. Le polymorphisme des œcidiées, des urédi-
nées, des ustilaginées, etc., est particulièrement inté-
ressant ; nous renvoyons pour sa description aux articles
spéciaux. — Citons en particulier les érijsiphées (Oïdium
de la vigne, Erysiphe des plantes potagères et d'orne-
ment, E^rgot de seigle des cérérales), les uir'diu/es, ])o-
lymorphes, et les pucciniées, qui alternent leur sporiti-
cation avec les urédinées, de même que les œcidiées ;
les r>nicorinées, plutôt saprophytes, c.-à-d. vivant sur des
plantes mourantes ou mortes ; les péronosporées, dont
une espèce constitue le mildew de la vigne, d'autres les
maladies des pommes de terre, etc., une entin la maladie
des vers à soie; les m,ucédinées [Mucor, Aspergillus,et(-.).
occasionnant les moisissures ; les ustilaginées, produisant
chez les céréales le charbon, la rouille, etc. D^' L. Hn,
III. Zoologie. — Avant de paider du parasitisme pro-
prement dit, il importe de dire quelques mots du commen-
salisme et du mutualisme. Ces phénomènes, qui ne sont
pour ainsi dire iju'un premier degré de parasitisme, sont
très répandus dans le règne animai. On n'en trouve, au
contraire, guère d'exemple che:. les végétîuix, sauf peut-
être chez les lichens, s'il est vrai que ces plantes consis-
tent en une association d'une algue et d'un champignon
(jui se rendent des services réciproques.
Comme son nom l'indique, le commoisal est celui qui
s'installe à la table d'un autre èti-e. pour avoir le superflu
de ses aliments et en même temps un gite. Mais le com-
mensal ne rend aucun service- à son hôte. Il ï^'iustalle
tantôt en croupe sur son dos, tantôt à l'entrée de la
bouche, au passage des vivres, ou bien à la sortie des dé-
chets. D'autres fois, il se met à l'abri du manteau d'un
mollusque, dont il reçoit aide et protection. Tel est le pois-
son nommé fierasfer, qui se loge dans le tube digestif
d'une holothurie. D'autres petits poissons de la famille
des scombéroides se fixent dans les cavités de physalies.
Le rémora se fait transj>orler par le re(|uin. et vit des
déchets de .-,a table. Parmi les insectes, le commensalisme
est très fréquent : il y a toute une faune vivant dans les
fourmilières sans rendre de service ni être réellement nui-
sibles aux fourmis. Mais c'est parmi les crustacés qu'on
rencontre le plus fréquemment le commensalisme, comme
du reste les autres formes de parasitisme. Nous citerons seu-
lement le pinnothère, qui vit dans les moules ; les dromies
qui se logent sur une colonie de polypes ; les petits crabes
qui se font trans])orter par les tortues marines. Parmi les
décapodes macroures, il y a un palémonquivitsur le corps
d'une actinie, un autre dans la cavité branchiale d'un pa-
gure, un autre encore dans Veuplectella aspergillum,
une éponge. A côté du pagure et dans la même coquille
se loge souvent une annéUde du groupe des néréides, en
même temps que des peltogaster, des lyriopes et d'autres
crustacés ; la coquille est souvent recouverte d'une colo-
nie d'hydractinies, de sorte qu'elle représente une vraie
nichée de pirates. D'autres crustacés logent dans la cavité
buccale de poissons, d'autres sur la peau des baleines. Les
mollusques ne comptent que peu d'espèces commensales :
notons les entoconches et les eulimes qui logent dans
certains échînodermes, les stylines qui s'installent dans
un des rayons d'une étoile de mej*. La classe des vers ne
renferme pas seulement des parasites, mais aussi de vrais
commensaux, (jui vivent sur des crustacés, des mollusques,
des vers, des échinodermes et des polypes. En revanche,
chez les échinodermes et les polypes, b^ commensalisme
est fort rare.
Tous les animaux dont nous venons de parler conser-
vent leur pleine et entière indépendance ; même lorsqu'ils
ont renoncé à leur liberté, ils gardent tout leur attirail
de voyage et de pêche. D'autres, au contraire, libres dans
le jeune âge, se font plus tard choix d'un hôte, s'y ins-
tallent et perdent souvent une grande ])artie de leurs or-
ganes. Tels sont certains cirrhipèdes qui couvrent la peau
des baleines, d'autres qui vivent sur des langoustes, des
pagures, etc., en ne leur empruntant que le support.
Mais il y a dans cette famille toutes les gradation^ entre
la vie libre et le plus extrême parasitisme représenté par
le groupe des rhizocéphales.
bans la catégorie des mutualistes, il y a échange de
services entre les êtres en présence. On peut dire que les
insectes qui favorisent la fécondation croisée des fleurs et
qui en reçoivent en échange du nectar vivent avec les pha-
nérogames dans des rapports de mutualisme. On peut éga-
lement ranger dans ce groupe les animaux qui vivent dans
la fourrure des mammiïères ou dans le duvet des oiseaux
pour enlever aux poils ou aux plumes les débris épider-
miques ([ui les ent;ombrenl. Les oiseaux qui nettoient les
mâchoires des crocodiles ou ceux qui débarrassent le bé-
tail de ses parasites cutanés rentrent au^i dans cette caté-
gorie. Les poissons hébergent des crustacés qui vivent du
1033
PARASITISME ~ PARATARTRIQUE
produit de leurs sécrétions cutanées. D'autres animaux,
d'ordinaire des vers ou des protozoaires, vivent dans le
rectum des êtres les plus divers et contribuent à le pu-
rifier. On conçoit qu'il y ait là tous les degrés possibles
entre le commensalisme, le mutualisme ou le parasitisme
vrai, suivant que les matières absorbées sont plus ou
moins utiles ou nuisibles à l'hôte sur lequel vit le parasite.
Enfin on pourrait, outre ce mutualisme biologique , considérer
un mutualisme social : tels sont les rapports qui s'établis-
sent entre les fourmis et les pucerons ou entre les fourmis
guerrières et leurs esclaves. Mais là aussi, suivant l'im-
portance des services demandés, le mutUeilisme peut se
transformer en un vrai parasitisme. Des phénomènes ana-
logues s'observent dans les sociétés humaines.
^Nous en arrivons enfin au parasitisme vrai. Disons tout
de suite qu'il n'existe pas de classe de parasites ; les vers, et
à un moindre degré les crustacés, ne se distinguent que
par un plus grand nombre d'espèces soumises à ce ré-
gime. D'autre part, ce ne sont pas les classes les moins
élevées en organisation qui tournissent le plus de parasites :
il y en a en effet très peu chez les zoophytes, les mollus-
ques et les échinodcrmes. Enfin le parasitisme n'existe
souvent que dans un seul sexe, de préférence le féminin,
ou à une époque déterminée de la vie. C'est ce dernier
caractère qui nous ser\ira à classer les parasites :
1^ Parasites libres ii tout âge. Cette première caté-
gorie comprend tous ceux qui ne sont pas séquestrés et
qui vivent aux dépens des autres sans perdre les attri-
buts et les avantages de la vie vagabonde. Ils se distinguent
souvent avec difficulté des prédateurs (carnassiers, oiseaux
de proie, etc.); néanmoins on peut ranger parmi eux les
vampires, ces chauves-souris de l'Amérique méridionale
qui sucent le sang des mammifères endormis. Les hiru-
dinées (sangsues) sont encore plus nettement parasites.
Enfin un autre groupe comprend des articulés : cousins,
puces, poux, mouches diverses, punaises, acariens de la
gale, etc. Tous ces animaux pillent leur proie au passage,
se nourrissent de son sang, mais ne songent à aucun mo-
ment à s'installer dans ses organes à demeure. Ils sont
presque aussi carnassiers que parasites et ne diffèrent des
premiers que parce qu'ils laissent la vie sauve à leurs vic-
times.
î^*^ Parasites libres dans le jeune âge. Ces animaux
commencent par présenter tous les caractères de leur
classe ; puis, arrivés à l'âge adulte, ils se fixent sur l'hùte
qu'ils ne doivent plus quitter, se dégradent, perdent leurs
organes de mouvement et deviennent souvent méconnais-
sables. Nous citerons dans ce groupe, parmi les insectes,
la puce chique {pulex penetraiis), parmi les arachnides,
la tique (ixocles riciniis) et Vargas reflexus qui vivent
sur divers animaux à sang chaud. Parmi les crustacés
isopodes, on trouve les bopyres, les jones, les cèpes, les
gyges,etc.,qui vivent à l'état adulte dans la cavité bran-
chiale d'autres crustacés. D'autres attaquent les poissons.
Tous subissent les modifications les plus variées ; mais ceux
où la dégénérescence atteint son plus haut degré appar-
tiennent au groupe des cirrhipèdes : ce sont les sacculines
et autres animaux analogues, de la famille des rhizocé-
phales. Le corps finit par n'être qu'un appareil reproduc-
teur armé de racines qui plongent dans le corps de la vic-
time pour y puiser des sucs nutritifs. Les lernéens subissent
des dégradations analogues.
3*^ Parasites libres dans leur vieillesse. Ces parasites
appartiennent surtout à la classe des insectes. Ce sont, par
exemple, les ichneumons, dont la femelle pond ses œufs
dans le corps d'une chenille vivante ; les jeunes larves s'en
nourrissent et ne sortent de la peau de la chenille qu'à
l'état d'insecte parfait. Citons encore : les scohes, dont les
larves vivent dans le corps du grand scarabée [oryctes
nasicornis); les ophioneures, qui en font autant pour l'œuf
du papillon du chou ; le polyneîna, un liyménoptère, qui
pond les siens dans ceux de Vagrion virgo ou demoiselle ;
le sphex, autre hyménoptère, qui enlève des araignées
pour nourrir sa progéniture ; le méloé, parasite des abeilles ;
les cynips qui vivent à l'état larvaire dans les galles des
végétaux, etc. Un autre groupe comprend les œstres (dip-
tères), dont les larves vivent dans les fosses nasales ou le
tube digestif des mammifères; à l'état adulte, ce sont des
mouches très élégantes.
4*^ Parasites à transmigrations et à métamorphoses.
Ces animaux, en général très dégradés, s'établissent dans
deux ou plusieurs hôtes successifs ; le premier est souvent
un herbivore, et c'est au moment où il est mangé par un
Carnivore que le parasite passe dans l'organisme de celui-
ci et y prend une nouvelle forme. Il y a parfois dans l'in-
tervalle, surtout chez les douves, une phase où l'animal
vit librement dans l'eau. Tous ces animaux appartiennent
à la classe des vers. Tels sont : parmi les vers plats, des
trématodes et notamment les douves (distomes) formées
d'un seul anneau ou méride, et les cestoides (taenia, bo-
thriocéphales, etc.), dont le premier anneau prolifère une
fois que le parasite est arrivé dans son hôte définitif et
donne à sa suite toute une série d'autres anneaux; parmi
les vers ronds, les trichines et peut-être les ascarides. Les
migrations de tous ces animaux obéissent à la même loi :
dans leurs premiers hôtes, ils sont asexués et habitent des
tissus clos de toutes parts; au contraire, une fois qu'Us
sont devenus capables de se reproduire et qu'ils ont atteint
leur hôte définitif, ils se logent dans des cavités ouvertes,
notamment dans le tube digestif, ce qui rend possible la
dissémination des œufs.
0° Parasites à toutes les époques de leur vie. Ne se
distinguent des précédents que par l'absence de transmi-
grations. On peut citer, parmi les nématodes, les oxyures
qui vivent sur l'homme et une quantité d'autres vers habi-
tant les animaux les plus divers. Un certain nombre d'entre
eux sont peut-être sujets à des transmigrations qu'on n'a
pas encore observées. Des insectes, cochenille, pucerons,
phylloxéra, rentrent également dans cette catégorie.
tenfin, on pourrait, au parasitisme biologique que nous
venons d'étudier, opposer le parasitisme social : animaux
divers parasites des fourmilières et des ruches, parasi-
tisme dans les sociétés humaines, etc., et le parasitisnjie
sexuel : mâles des abeilles entretenus par celles-ci uni-
quement en vue de la fécondation de la reine ; mâles d'autres
articulés très petits par rapport à la femelle et même
parasites organiques de celle-ci, comme chez les lernéens.
^ ^ DM.. Laloy.
BiBL. : Zoologie — Van Benedk-n, Coimncnsaux et Pa-
î-asiies; Paris, 1878. — Massart et Van dcr Veede, Para-
sitisme organique et Parasitisme social : Pariy, 1898.
— MoNiEz, Traité de parasitolocjic animale et végétale:
Paris, 1896.
PARASNÂTH. Colline sacrée, qui porte le nom d'un des
grands saints du djamisme et (jui est située aux confins
N.-O. du plateau de Chota Nagpour, district de Hazari-
bâgh , Bengale, Inde . Alt . , 1 . 368 m. Son sommet couvert de
temples est un grand lieu de pèlerinage pour les Djainas.
PARASOL (Y. Parapll-ie).
PARASSY. Com. du dép. du Cher, arr. de Bourges,
cant. des Aix-d'Angillon ; 644 hab.
PARATA. Com. du dép. de la Corse, arr. de Corte,
cant. de Piedicroce; 140 hab.
PARATARTRIQUE (Acide). Form. ) ^^^[^^ ^^mH^^)k
L'acide paratartrique, appelé aussi acide raeémique et
plus rarement acide thannique, a été découvert en ^822
par Kestner. Pasteur a démontré qu'il devait être considéré
comme la combinaison à molécules égales des acides tar-
triques droit et gauche :
C^H^O^^ droit -f- C8H^0^2 gauche ^ (C^H'^O^^)^.
On l'obtient cristallisé par le mélange des deux acides
pris en solutions concentrées ; l'union de ces deux acides
dégage 4'^^\4 à partir de l'état solide. L'action de la cha-
leur sur l'un quelconque des trois autres acides tartriques
PARATARTRÏQUE — PARATONNERRE
4034
droit, gauche ou inactif les transforme partiellement en acide
racémique, aussi cet acide a-t-il été découvert dans une
fabrique d'acide tartrique où il s'était formé sous l'influence
de la chaleur.
M. Jungtleisch l'a préparé synthétiquement à partir de
l'éthylène; celui-ci fixe le brome pour donner du bromure
d'éthylène :
C^H^ 4- Br2 =ir. C^H^Br^,
que le cyanure de potassium transforme en nitrile succi-
nique :
C4H4Br2 + 2C^AzK = ^2KBr + C'^H^ {C^Xzf,
à l'aide duquel il est facile d'obtenir un acide succinique
synthétique, CM"^ (C^O^H)^
Le passage de l'acide succinique aux acides tartriques
se fait par l'intermédiaire du dérivé bibromé de l'acide
et saponification de celui-ci par l'oxyde d'argent :
CWBr^O^ + 2AgO + H^O^ z=: C^H^O^^ + 2Ag Br.
L'acide tartrique ainsi préparé est constitué en grande
partie par de l'acide inactif; si on le chauffe maintenant
en présence d'un peu d'eauài7o°, on peut le transformer
en grande partie en acide paratar trique qui est lui-même
inactif.
Pasteur a donné le moyen de dédoubler l'acide racémique
en ses deux constituants droit et gauche. Le racémate
double de soude et d'ammoniaque, en cristallisant dans
l'eau, donne deux séries de cristaux à facettes hémiédriques
déposées de telle sorte que les cristaux d'un groupe sont
les images dans un miroir des autres cristaux. Ces cris-
taux séparés mécaniquement donnent, les uns le sel de
l'acide droit, les autres ceux de l'acide gauche. Cette mé-
thode de dédoublement appliquée à l'acide tartrique, pré-
paré à partir de l'éthylène, a permis à M. Jungfleisch
d'obtenir des corps doués de pouvoir rotatoire, en dehors
de phénomènes vitaux et par conséquent indépendamment
de tout phénomène physiologique. La barrière que Pas-
teur avait cru étabhr entre les corps formés dans les or-
ganismes et ceux préparés synthétiquement s'est évanouie
à la suite de ces recherches importantes.
L'acide racémique cristallise avec quatre équivalents
d'eau (C'^H^O^^)^', 21P0- ; il forme des prismes volumi-
neux efflorescents, solubles dans 5,8 parties d'eau à 45^. Il
est moins soluble dans Teau que l'acide tartrique. Les
racémates s'obtiennent facilement ; ils diffèrent des tar-
trates pour leurs formes, qui ne sont point hémiédriques,
et pour les quantités d'eau de cristallisation qu'ils renfer-
ment. Le racémate de calcium est encore beaucoup moins
soluble que le ta^-trate correspondant, ainsi une solution
de sulfate de chaux précipite l'acide racémique et reste
sans action sur l'acide droit. Les éthers de cet acide
bouiUent à la même température que les éthers de l'acide
ordinaire, mais ils s'en différencient par leurs points de
fusion. Les racémates de potasse et d'ammoniaque, de
potasse et do soude se comportent dans leurs solutions
aqueuses comme celui de soude et d'ammoniaque ; ils se
dédoublent en sels droit et gauche.
Pasteur a donné deux autres méthodes pour séparer
l'acide racémique en ses constituants. L'acide racémique
combiné avec une base active, la cinchonine, laisse déposer
dans ses solutions successivement ?le tartrale gauche et le
tartrate droit dont les solubilités sont différentes. Le se-
cond procédé consiste à faire agir sur la solution d'un sel
racémique certains organismes inférieurs qui vivent et se
développent en détruisant d'abord l'un des constituants
actifs. Le penicillmmglauciim, au contact d'une solution
de racémate d'ammoniaque, fait disparaître l'acide droit, et
si l'on arrête à temps le développement de la moisissure,
il ne reste dans la solution que le tartrate gauche.
C. Matignon.
BiBL. : Pasteur. A /maies de chiniie et de physique.
t XXVIII, p. 56, 73^ série. — Dessaigkes, Comptes rendais',
t. XLII, pp. 495-524 — Jungfleisch, Bidletin de la Société
chimique, t. XVIII, p. 201, et t. XLI, p. 222.
PARATÎ. Petite rivière himalayenne, qui descend des
glaciers de la passe de Parang (V. Parang-La) et, après
avoir dans son cours de 430 kil., arrosé le Roupchou et
le Tibet chinois, se jette dans la rivière de Spiti, affluent
du Sattledjc.
PARATONNERRE. 1. Physique. — Les paratonnerres
ont un double effet : prévenir dans le plus grand nombre
des cas la chute de la foudre sur les édifices qui en sont pour-
vus, et, dans le cas où le tonnerre tombe, éviter les dégâts
qu'il produit d'ordinaire. Ces appareils, imaginés par Fran-
A. Tige verticale du paratonnerre. — B. Pointe conique
de cuivre rouge de la tige. — C. Soudure de la tige ver-
ticale et du conducteur.
klin, reposent sur \e/JOiivoir des pointes. Les corps conduc-
teurs qui présentent des arêtes vives et surtout des pointes
fines ne peuvent être électrisés ; ils perdent aussitôt leur
électricité par suite de la grande tension qu'elle acquiert
en ces points. Si l'on considère un nuage orageux s'éten-
dant au-dessus d'une certaine région, son électricité agit
par influence sur le fluide neutre de la terre, repousse
l'électricité de même nom dans la terre et attire dans les
points les plus voisins du nuage, cimes d'arbres, toits,
clochers, etc., Télectricité de nom contraire. Si la diffé-
rence des tensions électriques du nuage et de ces divers
points est sufllsante, un coup de foudre éclatera entre le
image et le point où la tension est la plus forte. Les points
les plus exposés sont donc ceux qui par leur hauteur ou
par la bonne conductibilité des corps qui les reUent au sol
peuvent se charger le plus fortement d'électricité. Mais si
en ces points on dispose des pointes métalliques fines, ils
ne pourront conserver la tension électrique qu'ils auraient
sans cela, et ils risqueront moins d'être atteints par la
foudre. En même temps, l'électricité qu'ils auront perdue
pourra aller neutraliser celle du nuage orageux et agir de
cette nouvelle façon pour rendre moins probable une dé-
charge électrique. Ce flux d'électricité qui s'échappera par
la pointe sera d'autant plus considérable que celle-ci sera
fine et entretenue dans cet état, et en outre qu'elle sera
reliée au sol par un meilleur conducteur. D'un autre côté,
on a constamment observé dans les coups de foudre que
les plus grands dégâts se produisaient aux points où le
— 1035
PARATONNERRE— PARAVIA
fluide avait circulé dans les corps mauvais conducteurs et
principalement aux points d'entrée et de sortie de ces
corps. Il faut donc, pour se mettre le plus possible à l'abri
des dégâts de la foudre, lorsque celle-ci n'aura pu être
évitée, lui offrir un chemin bon conducteur, sans solution
de continuité entre les parties les plus élevées des édifices
et la terre. Il résulte de ces remarques préliminaires qu'il
y a lieu de considérer trois parties dans l'établissement
d'un paratonnerre : la pointe, le conducteur, la jonction
avec la terre.
La pointe doit être fine et rester fine ; elle doit donc
être en un métal inoxydable; comme les décharges élec-
triques peuvent la fondre, et cela d'autant plus facilement
Installation d'un paratonnerre.
qu'elle serait plus fine, il ne faut pas exagérer la finesse,
et il est bon de la faire en un métal peu fusible. Le pla-
tine est le métal qui répond le mieux à ces conditions;
toutefois, son prix élevé le fait souvent remplacer par le
cuivre rouge, meilleur conducteur, d'ailleurs, que lui. La
tige du paratonnerre est en fer ; elle doit avoir de 5 à
6 centim. de diamètre selon sa hauteur, elle se termine
par un cône d'un angle de 30° en cuivre rouge ou en pla-
tine vissé à l'extrémité de la tige. Perrot a proposé l'em-
ploi d'une couronne de pointes pour augmenter l'action
du paratonnerre et étendre la zone qu'il protège.
Le conducteur est formé par des tiges de fer qui doivent
avoir un diamètre de 15 à 18 milhm. ou par des fils de
cuivre de 6 à 8 millim. de diamètre. Ce conducteur peut
être scellé dans le mur sans précautions spéciales; le
point le plus important consiste à assurer la bonne conduc-
tibilité des joints des tiges. Il ne faut pas se contenter pour
cela de serrer les tiges bout à bout ; il faut en outre les
souder largement à l'étain de façon à ce que le contact
soit parfait et l'étendre sur une surface d'au moins
30 centim. q.
La jonction de la ligne à la terre est le point le plus
délicat; la terre sèche étant mauvaise conductrice, il ne
suffit pas de faire aboutir à la terre l'extrémité du con-
ducteur ; il faut, pour avoir un bon contact, aboutir à un
puits ne tarissant jamais, faire plonger la tige dans l'eau
par la plus grande surface possible, par exemple en la
soudant à une plaque de tôle ou en la subdivisant. A dé-
faut de puits, on creuse un trou profond que l'on emplit
de coke ou de braise de boulanger et on y fait arriver le
conducteur en ayant soin de le ramifier en plusieurs
branches. Une citerne en maçonnerie ou en ciment ne peut
être employée parce que les matériaux ci-dessus ne sont
pas conducteurs. Une bonne disposition, souvent adoptée
dans les villes, consiste à mettre le paratonnerre en com-
munication avec les conduites d'eau et de gaz. A BerUn,
moyennant une légère redevance, les propriétaires des pa-
ratonnerres peuvent les reher aux conduites d'eau ou de
gaz de la ville, mais les paratonnerres doivent être en
outre directement reliés au sol par un conducteur et une
])laque dont on mesure la résistance ; tous les deux ans
on vérifie la conductibilité du système. On recommande,
pour la protection des édifices, qui contiennent de grosses
masses conductrices comme des cloches, des réservoirs
d'eau, des toitures métalliques, etc., de toujours relier
ces masses avec le conducteur du paratonnerre. Quand il
s'agit de protéger un grand édifice, un seul paratonnerre
n'est pas suffisant; les règles à adoptera ce sujet sont na-
turellement difficiles à établir expérimentalement. On
admet toutefois qu'un paratonnerre protège tous les objets
situés dans un cône ayant ce paratonnerre pour axe et
pour demi-angle au sommet 60° ; autrement dit un pa-
ratonnerre protège les objets situés à une distance de sa
tige moindre que deux fois la hauteur do la pointe du pa-
ratonnerres au-dessus de ce point. L'utilité des paraton-
nerre, a été contestée au début; il résulte de l'enquête à
laquelle s'est livré Arago qu'on a des exemples certains
d'éghses frappées autrefois presque annuellement, et tou-
jours avec grands dégâts, qui n'ont plus essuyé que de
rares coups de foudre, insignifiants, en outre, par leurs
effets, dès qu'on eut installé des paratonnerres sur leurs
clochers. A. Joannis.
IL Télégraphie (V. Télégraphia).
PARATSGHÎN. Ville de Serbie, dans le cercle de Mo-
rava, sur la Tcheinitza; 5.965 hab. (au 31 déc. 1895).
La ville est située dans une plaine fertile, et son commerce
de produits agricoles est très important. Une fabrique de
drap, un collège, quelques écoles primaires. Stat. de chem.
de fer de Belgrade à Nisch. M. Gavrilovitch.
PARATUOb ou PÂRATODO. Nom, au Brésil, de plu-
sieurs plantes qui passent pour être des sortes de pana-
cées ; tels sont le /i(;r^m rt?"/;o7'é?aEngl.,uneRutacée Zan-
thoxylée, et surtout les Gompfirena offlcinalis Mâvt. et
G. Macrocephala A. S. IL (V. Gomphrène). Le P. aro-
matico est le Cinnamodendron axillare Endl. (V. Cix-
NAMODEXDROX). D^' L. Hn.
PARATVARA. Petite ville de l'Inde centrale, distr. d'El-
hchpour, Bérar oriental, sur un sous-aftiuent delaTaptî,
au pied des collines de Cxarilgarh ; 10.000 hab. Petit can-
tonnement militaire.
PARAVIA (Pier-Alessandro), écrivain italien, né à Zara
le 17 juin 1797, mort à Turin en 1857. Professeur d'élo-
quence à l'Université de Turin (1832), puis d'histoire et
de mythologie à l'Académie des beaux-arts de la même
ville, il est l'auteur de divers travaux d'histoire et de cri-
tique littéraire: Lezioni di letteratura (Turin, J852);
PARA VIA — PARC
— 1036 —
Lezioni distoria subalpina (Turin, iSo A) ; Discorsi acca-
demici ed altre prose {Turin, J843) ; Me^norie piemon-
tesi di letteratiira e storia (Turin, 1853).
BiBL -.Revue des Deux Mondes. V:> août 1851 — Ber-
?;ardi, Vt/a c docmuentï letterandi P. -A. Puniviu; Tu-
rin. VS7ib.
PARAVENT (Ameubl.). Meuble destiné à abriter
contre les courants d'air ou les vents coulis et composé
de plusieurs châssis légers ou feuilles, se pliant les uns
sur les autres. Sa hauteur varie de 1"^,60 à 2^^,25, le
nombre des châssis de quatre ou cinq jusqu'à huit, dix et
même douze. D'une largeur moyenne de0"\50, ces der-
niers sont faits de bois léger, recouvert, sur les deux
faces, de papier entoilé, de damas, de moquette, de tapis-
serie, etc., en harmonie avec le style général de l'ameu-
blement. On en fabrique aussi en bois de noyer, de palis-
sandre, d'acajou, avec la partie supérieure vitrée. Meuble
de parure autant que d'utihté, le paravent, dont il est
fait mention dès le xvi^ siècle, a eu une grande vogue dès
le xvii^ siècle, et on en fit alors d'une grande richesse.
Sous l'Empire et la Restauration, l'usage, bien que dimi-
nué, s'en était conservé. Dans nos appartements modernes,
de dimensions ordinairement exiguës, il n'a plus qu'une
utiHté relative, et on ne l'emploie plus guère que dans les
salons à titre de cloison mobile, pour déterminer de pe-
tites enceintes, qui se prêtent merveilleusement aux con-
versations intimes. — On fabrique encore aujourd'hui,
dans les campagnes, des paravents dits de cheminée,
constitués par un cadre de bois recouvert de papier épais
ou de toile peinte, qu'on applique dans l'embrasure de la
cheminée, lorsqu'il n'y a pas de feu, afm de cacher le
foyer et d'empêcher l'air de pénétrer par les tuyaux dans
l'appartement. Dans les villes, les tabliers ont remplacé
avantageusement et à peu près partout ces paravents.
PARAVICINO Y Arteagà (V. Arteaga).
PARAY. Com. du dép. de Seine-et-Oise, arr. de Cor-
])eil, cant. de Longjumeau; 48 hab.
PARAY-DouAviLLE. Com. du dép. de Seine-et-Oise,
arr. de Rambouillet, cant. (S.) de Dourdan ; 296 hab.
Stat. du chem. de fer d'Orléans.
PARAY-le-Frésil. Com. du dép. de l'Alher, arr. de
Moulins, cant. de Chevagnes ; 1.202 hab.
PARAY-le-Monial (Paredmn). Ch.-l. de cant. du dép.
de Saône-et-Loire, arr.de Charolles; 4.088 hab. Stat. de
chem. de fer des Hgnes de Mâcon à Mouhns et de Montcha-
nin-les-Mines à Roanne ; tète de la hgne de Paray à
Lozanne. Moulins, filature de laine, fabrique de produits
céramiques, tuileries, poteries, fours à chaux, tanneries,
huileries. La ville, qui était fortifiée, fut occupée par des
écorcheurs en 1-^39, prise par les Français en 1471, pil-
lée par les protestants en 1562, et assiégée, mais en
vain, par les ligueurs en 1589. Les principaux monu-
ments sont : la basihque, ancienne église du prieuré
(mon. hist.) des xi^etxii^ siècles, avec chapelle funéraire
d'un Damas de Digoine(xv^s.) ; la tour de l'église Saint-
Nicolas, affectée au service de hi justice de paix (com-
mencement du XVI® s.) ; la maison l3âtie de 1525 à 1528
par un riche fabricant de serge, Pierre Jayet, et qui
est aujourd'hui l'hôtel de ville (mon. hist.) ; les bâtiments
du prieuré, actuellement presbytère (xv® etxviii^ s.). Les
institutions religieuses dont l'histoire se lie à celle de la
ville sont : un prieuré de l'ordre de Saint-Benoît, fondé
en 973 par Lambert, comte de Chalon, qui, d'ailleurs,
affranchit les habitants de Paray en 990, uni à l'abbaye
de Cluny en 999, supprimé en 1790 ; un couvent de vi-
sitandines, étabh en 1626 et devenu célèbre dans toute la
chrétienté par suite des apparitions que prétendit y avoir eues
Marguerite-Marie Alacoque à la fin du xvii^ siècle; un couvent
d'ursulines, établi en 1644; un collège de jésuites, institué
en 1618, sécularisé en 1763 ; enfin un hôpital, qui date
également du xvii® siècle. Armes : D'argent au paon
rouant d'azur, becqué et patte de gueules. Lex.
BiBL. : Abbé Cucherat, Premières Origines de Paray-
le-Mquial, 1877, in-8 ; Fondation du monastère béné-
dictin de Paray -le- Monial., 1878, iii-8 ; te Guide histo-
rique et archéologique du pèlerin à Paray-le-Monial, 1885,
in-12. ~ Eug Lefèvre-Pontalis, Etude historique et ar-
chéologique sur l'église de Paray-le-MoniaL 1886, iii-8 —
Chartulariuri prioratus de Paredo Monachorum. publié
parla Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-
Saône, 1891. in-8.
PARAY-sous-Briailles. Com. du dép. de l'Alher, arr.
de Gannat, cant. de Saint-Pourçain ; 891 hab.
PARAZA. Com. du dép. de l'Aude, arr. de Narbonne,
cant. de Ginestas ; 715 hab.
PARAZONIUM (Antiq. rom.). Courte épée attachée à
un ceinturon que les tribuns et officiers supérieurs de l'ar-
mée romaine portaient du côté gauche, moins pour en
faire usage que comme marque de distinction (Martial,
XIV, 32).
PARBATIYA (Ling.) (V. Inde, t. XX, p. 702).
PARBAIZE. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr.
d'Oloron, cant. de Monein; 303 hab.
PARC. I. Sylviculture. — On donne ce nom aux sur-
faces ornées avec art d'arbres et d'arbustes. Les plantes y
sont distribuées en tenant compte de la disposition du ter-
rain. Des parcelles régulières, bordées d'allées rectihgnes,
des alignements d'arbres caractérisent la disposition qui
peut convenir aux terrains plats. Des groupements en bos-
([uetset des allées sinueuses se prêtent mieux à orner un
milieu accidenté. Les bassins ou pièces d'eau, les gazons ou
pelouses sont un élément important de beauté des parcs.
On leur donne une disposition en harmonie avec le type
de décoration adopté. Le choix des plantes ({ui doivent
décorer le parc dépend évidemment du miUeu, sol et cli-
mat. On clôt souvent les parcs de haies vives composées
d'espèces à la fois défensives et décoratives. G. Boyer.
II. Génie rural. — Le parc est une enceinte découverte
et mobile destinée à retenir, sur des champs déchaumés
ou sur des prairies, pendant un laps de temps variable,
des animaux domestiques, ovidés, bovidés, etc., dans le
but de leur procurer un simple couchage avec parcours
dans le voisinage, ou de leur faire paitre l'herbe sur
laquelle ils demeurent ; dans les deux cas, on obtient une
. fumure directe du sol; l'emploi des litières, la manipula-
tion du fumier et son transport sur les champs sont évités
par le fait même ; tout en tenant compte des frais de
garde, il en résulte une économie notable, surtout lorsque
les terrains soumis au parcage — tel est le nom donné
à la pratique étudiée ici — sont éloignés de l'exploitation
ou sont situés dans une région accidentée. La pratique du
parcage remonte à une époque très ancienne, elle est sur-
tout courante dans l'élevage du mouton ; elle débute avec
les nuits chaudes, dès le mois d'avril dans le Midi, et
vers le milieu ou la fin de mai dans les autres régions,
et se prolonge justju'aux premières pluies abondantes
d'automne; dans la belle saison, on rentre les bêtes au
parc une heure après le soleil couché et on les y laisse
jusqu'à huit ou neuf heures du matin ; en automne, les
moutons prennent le parc avant le coucher du soleil;
on doit avoir soin de harrier, c.-à-d. de faire lever les
animaux plusieurs fois pendant la nuit et au moins une
demi-heure avant leur sortie afin qu'ils se vident et
laissent leurs déjections dans l'enceinte. Au moment du
départ, le berger déplace et reforme le parc pour le soir ;
ordinairement' Fenceinte est double et fermée avec des
claies en bois de 1 m. à 1^^,50 de hauteur sur 2"\50 à
3"^, 50 de longueur, disposées les unes au bout des autres
sur quatre lignes en carré et soutenues sur moyen de
crosses fixées sur le sol par une cheville de bois ou de fer ;
la surface doit varier, suivant la taille de l'animal, entre
0'^,80 et 1 m. q. par tète et il est bon de ne pas dépasser
le nombre de 250 à 300 tètes par parc. Si la terre est
découverte, on laboure aussitôt que possible après le par-
cage afin de réduire au minimum les pertes d'azote par
volatihsation et de prévenir l'entraînement de l'engrais
par les eaux pluviales. Le déplacement des parcs ou coup
de parc se fait à intervalles bien réguliers, de six ou de
— 1037
PARC
douze heures ; dans le premier cas, on obtient une fumure
correspondant à un apport de 10.000 kilogr. de fumier
de ferme, c.-à-d. à une très faible fumure ; la fumure
peut être regardée au plus comme moyenne dans le second
cas ; les idées que l'on se fait généralement sur le parcage
au point de vue de la fertilisation du sol sont donc exa-
gérées ; ajoutons que, dans cette pratique, l'animal est
exposé à toutes les intempéries et, par suiie, à certaines
affections, coup de sang, cachexie, etc., toujours graves ;
de plus sa laine est fréquemment souillée par le contact
immédiat du corps avec le sol recouvert par les déjec-
tions. Ces inconvénients sont à prendre en grande consi-
dération ; on les atténuera dans la mesure du possible en
proscrivant, pour le parcage, tous les sols froids, com-
pacts et mouillants, et en confiant la garde du trou-
peau à .un berger consciencieux et vigilant. — Le parcage
des bovidés sur les herbages est souvent très recom-
mandable; il est suivi dans le pays de Bray (Seine-
Inférieure) où 10 vaches peuvent parquer chaque jour
1 are 50 ; la fumure ainsi obtenue produit des effets sen-
sibles pendant deux ans. En xVngleterre et dans certaines
régions de l'Amérique du Nord, on parque assez fréquem-
ment les bœufs à l'engrais sur des chaumes où on leur
apporte un supplément de nourriture (turneps, bette-
raves, etc.) ; des vaches, des moutons et des porcs les
remplacent successivement, de sorte que rien do man-
geable n'est perdu et que le terrain se trouve fortement
fumé ; cette pratique est très avantageuse pour Famé-
lioration des sols légers, et elle serait recommandable dans
nos provinces du Midi. J. Troude).
III. Pêche. — Les parcs sont des engins de pêche qui
peuvent être établis ou perpendiculairement à la côte ou
parallèlement à celle-ci : dans le premier cas, ils ont pour
but de capturer les poissons qui, nageant par bancs, se
tiennent là où l'eau a peu de profondeur; dans le second,
de retenir les espèces qui se rapprochent du rivage à chaque
flot. Ces engins sont étabhs en pierres, en clayonages ou
en filets, en nappes ou en trameux ; ces derniers se di-
visent en bas et en hauts parcs. Les bas parcs sont ceux
dont les filets, tendus au moyen de pieux, ont leur extré-
mités reposant sur le sol, la raUngue inférieure étant en-
foncée au pied des piquets ; l'ouverture de l'engin doit
avoir 150m. au maximum et un développement inférieur
à 300 m. Les hauts parcs destinés à capturer des poissons
de passage, tels que harengs, sardines, ont la rahngue in-
férieure du filet à 0"^,20 au moins du sol ; les pieux doivent
être distancés de 2°i,50; ces engins sont établis en hgnc
droite ou courbe de la plage à la mer ; leur développement
maximum est de 300 m. Les parcs fermés sont une en-
ceinte close de toutes parts, excepté en un endroit tourné
du côté de la terre ; de cette ouverture part une ligne de
filets ou de clayonnages qui se dirige perpendiculairement
à la côte ; le poisson vient se rendre dans un long verveux ;
ce dernier engin est particulièrement en usage dans la Mé-
diterranée. E. S.
IV. Art militaire. — C'est la réserve d'approvisionne-
ment en matériel et munitions qui suit les armées en cam-
pagne, ou est étabhe temporairement à proximité de celles-ci
en vue de pourvoir au ravitaillement en munitions (V. ce
mot) ainsi qu'au remplacement et aux réparations du ma-
tériel. On désigne également sous ce nom l'emplacement
occupé par le matériel d'une ou de plusieurs unités d'ar-
tillerie au cantonnement ou au bivouac. Suivant la place
dont on dispose, on peut établir le parc sur un nombre va-
riable de lignes ; il faut autant que possible que la dis-
tance entre deux lignes soit assez grande pour qu'on puisse
atteler commodément et que l'intervalle entre les voitures
soit suffisant pour permettre leur nettoyage, leur charge-
ment et leur déchargement. Les armées en campagne pos-
sèdent des parcs d'artillerie, des parcs de génie et des
parcs aérostatiques.
Parc d'artillerie de coups d'armée (V. Artillerie,
t. IV, p. 23).
Grand parc ou parc d'artillerie d'armée. — Le grand
parc a pour but de pourvoir au ravitaillement des parcs
de corps d'armée. Chaque armée en campagne dispose
d'un grand parc commandé par un colonel ou un heutenant-
colonel d'artillerie, directeur du grand parc. Cet otïicier
supérieur est assisté de chefs d'escadrons et de capitaines
en nombre variable, suivant l'importance du grand parc
qu'il commande. Le grand parc comprend un certain
nombre de divisions de grand parc et une réserve de grand
parc pour l'entretien du matériel. A un grand parc sont
attachés : des sections de parc en nombre variable ; des
troupes d'artillerie à pied ; un détachement d'ouvriers
d'artillerie ; un détachement d'artificiers.
Les divisions de grand parc ne sont pas entièrement
sur roues ; il est affecté à chaque division de grand parc
un équipage de transport attelé par une section de parc.
Les munitions sont transportées dans des caisses blanches.
Les munitions du grand parc sont échelonnées à l'arrière
de l'ai'mée et réparties en cinq échelons. Le premier éche-
lon établi aux tètes d'étapes de guerre comporte les équi-
pages de transport et les sections de parc. La totahté des
munitions de cet échelon peut être transportée par ces
moyens. Les quatre autres échelons sont établis en arrière,
le cinquième et le quatrième dans les arsenaux, le troi-
sième dans les stations-magasins, le deuxième en avant des
stations-magasins. Leurs munitions peuvent être trans-
portées vers l'avant, soit à l'aide des chemins de fer, soit
à l'aide de voitures de réquisition.
Section de parc. — Unité d'artillerie commandée en
principe par un capitaine et formée du personnel (hommes
et chevaux) nécessaire pour atteler et conduire le matériel
des parcs de corps d'armée ou du premier échelon du
grand parc.
Parc d'artillerie de siège. — litablissement tempo-
raire devant une ville assiégée, où l'on réunit tout le ma-
tériel des équipages de siège et le personnel de l'artillerie,
qui doivent concourir à la construction, à l'armement et
au service des batteries de siège.
Parc léger de siège. — Première section du demi-
équipage léger de siège.
Capitaine directeur du parc. — Capitaine en second
d'artillerie, chargé en temps de paix de la comptabifité
et de l'entretien du matériel et des munitions et artifices
divers mis à la disposition des régiments d'artillerie pour
leur instruction. Chaque régiment d'artillerie possède un
capitaine directeur du parc.
Parc de compagnie du génie. — Equipage de transport
d'une compagnie divisionnaire du génie, composé de deux
voitures de sapeurs mineurs, avec outils et agrès, deux
mulets de bât pour le transport des explosifs et deux four-
gons à vivres et à bagages.
Parc DU GÉNIE DE corps d'armée. -— Réserve d'outils et
d'explosifs, attelée par une compagnie de sapeurs-conduc-
teurs (V. ce mot). La composition de ce parc varie sui-
vant que le corps d'armée est à deux ou trois divisions. Avec
lui marche en général Véquipage de pont de corps
d'armée. Leur ensemble est placé sous les ordres d'un
capitaine de génie. Le parc de corps d'armée marche avec
le train de combat du corps d'armée.
Parc du génie d'armée. — Destiné au ravitaillement
du parc de corps d'armée, sa composition varie, suivant la
force de l'armée, de 57 à 71 voitures ; il est commandé
par un colonel ou un lieutenant-colonel, directeur du parc
du génie d'armée. Il marche à l'arrière des armées et,
comme le grand parc d'artillerie, ressort du service des
étapes.
Parc aérostatique. — En temps de paix, on désigne
sous le nom de parc aérostatique l'ensemble du matériel
d'aérostation mis à la disposition des écoles du génie poui'
l'instruction des sapeurs aérostiers. — En temps de guerre,
des parcs aérostatiques sont mis à la disposition des gé-
néraux commandant les armées, ou des gouverneurs de
places fortes, pour le service d'observation. Ces parcs
PARC - PARÇAY
— 1038 —
comprennent, comme personnel, des sapeurs aérostiers
commandés par un lieutenant ou un capitaine ; comme ma-
tériel : i*^ des ballons avec nacelles pour ï ou 2 obser-
vateurs, et, suivant les parcs ; 2° des voitures-tubes compo-
sées de 8 tubes, renfermant chacun 36 m. c. d'hydrogène
comprimé à 200 kilogr. ou des appareils générateurs d'hy-
drogène. Deux voitures-tubes suffisent au gonflement du
ballon normal; l'opération du gontlcmcnt dure un quart
d'heure, l'accrochage de la nacelle un quart d'heure éga-
lement ; 3*^ une voiture-treuil pour les ascensions en bal-
lon captif. Los parcs aèrostatiques de campagne sont di-
visés en plusieurs échelons ; le premier, appelé échelon de
combat, marche en général avec le commandant de l'armée.
Biiii : PÈCHE. —^H. de La Bla>ciierïï, ^^i Pcclic et les
Poissons.
PARC-aux-Cerfs. Enclos de Versailles existant autre-
fois dans l'espace circonscrit par les rues de Satory, des
Rosiers et Saint-Martin. Louis XIII, quand il acquit Ver-
sailles, étabht dans cet enclos une remise de gibier. Isolée
du reste des jardins et du parc, elle fut abandonnée et
vendue ; on y construisit un quartier nouveau cà la fm du
xvii^ siècle et au xvni'^ ; ce quartier conserva le nom de
Parc-aux-Cerfs. Le 25 nov. 1755, Louis XV y acheta, par
rintermédiaire de Fhuissier-priseur Vallet, une petite mai-
son située rue Saint-Médéric (auj. n^ 4). Dans cette mai-
son, son pourvoyeur Lebel tenait à sa disposition de jolies
filles, de naissance obscure, qu'il payait aux parents ou
même faisait enlever. Ces pratiques, admises par M^^® de
Pompadour, furent abolies par M"^® du Barry, qui ferma
le Parc-aux-Cerfs ; le roi fit vendre la maison en 1771.
Ces faits ont été grossis par la légende, cjui a transformé
le Parc-aux-Cerfs en un immense palais consacré aux
débauches du roi, évalué à des sommes fantastiques les
dépenses qu'il occasionnait pour l'éducation, à partir de
l'enfance, et ensuite la dotation des fdles livrées aux
plaisirs du roi.
PARC-D'ANXTor (Le). Com. du dép. de la Seine-înfé-
rieure, arr. du Havre, cant. de Bolbec ; 366 hab.
PARC-LEz-LouvAîN. Abbaye belge de l'ordre de Pré-
montré, située à 2 kil. de Louvain. Elle fut établie en
1128 dans une propriété offerte par Godefroy le Barbu,
duc de Brabant, à Walther, abbé de Saint-Martin de Laon,
et ne tarda pas à recevoir des donations considérables.
L'abbé de Parc portait la mitre et la crosse depuis le pon-
tificat de Pie II, et siégea de bonne heure aux Etats do
Brabant. Joseph II supprima l'abbaye en 1789 ; rétablie
l'année suivante, après la révolution brabançonne, elle fut
de nouveau supprimée en 1797 par les Français, et vendue
comme bien national. Elle fut restaurée en 1836. Les
bâtiments, très remarquables, datent du xvii^ et du
xviii^ siècle. L'église a été construite vers la fm du xnî*^
et maladroitement modernisée vers 1725. Elle renferme
de beaux tableaux de Quellyn, de Philippe de Champaigne,
d'Herryns, de Yerhaghen ; le splendide mausolée des abbés,
en marbre de Carrare, est l'œuvre de Berger, ainsi que
les belles boiseries de l'église et de la sacristie, exécutées
vers 1730. Le quartier abbatial contient aussi des œuvres
d'art remarquables, notamment des tableaux de Jean
Coxie. La bibliothèque est riche en manuscrits et en livres
anciens; on y voit une Bible écrite à Parc en 1263.
BiBL : Van Evex, Louvain dans le passé et dans le pré-
sent ; Louvain, 1891, in-4.
PARC NATIONAL {Yellowstone National Park). Partie
du territoire américain, comprise principalement dans le
Wyoming et qui a été réservée, par un act du Congrès
en 1872, pour être « un parc public et un lieu de diver-
tissement pour le peuple ». C'est une enclave de forme
quadr angulaire, d'une superficie de 9.000 kil. q. (105 kil.
de longueur du N. au S. et 86 de largeurdel'E. à l'O.),
accrue depuis 1890 d'environ 5.000 \i\[. q. de forêts, ce
qui constitue au « Park » une étendue plus grande que
celle de la Belgique. Située dans l'angle N.-O. du Wyo-
ming, l'enclave déborde c{uelque peu sur Fldaho à l'O. et
sur le Montana au N. Elle se compose d'un magnifique
amas de montagnes, de lacs, dégorges (canons), de sources
d'eau chaudes (geysers), qui fut signalé, il y a une tren-
taine d'années, à l'admiration publique par un rapport
de M. Hayden, savant géologue au service des Etats-Enis
Le Parc est traversé du S. auN. par la rivière Yellow-
stone, qui, vers le centre de l'enclave, constitue le lac
Yellowstone, situé à 2.360 m. d'alt., d'une étendue de
350 kil. q., encadré de hautes montagnes. L'ensemble de
la réserve se compose d'un plateau ondulé d'une ait.
moyenne de 2.400 m., coupé de vallées profondes et en-
touré de massifs de 3.000 à 3.500 m. se rattachant à la
chaîne principale des Rocky Mountains. Les sommets du
Park restent le plus souvent couverts de neige ; on n'a
point cependant trouvé de glaciers.
Une grande partie de la région est couverte d'épaisses
forêts d'essence résineuse, oii ont été réunis de nombreux
spécimens de bêtes sauvages, les derniers troupeaux de
buffles (500 têtes), des élans, des ours, etc. Il est inter-
dit de chasser dans toute l'étendue de la réserve. Parmi
les curiosités naturelles, les plus célèbres sont les geysers,
sources thermales, fumerolles, et autres foyers volca-
niques en activité, au nombre de 5 ou 6.000. Tout le
territoire se compose de rhyalithe, roche volcanique, for-
mant des dépôts de plus de 300 m. sur des strates cal-
caires, traversées de fissures d'où montent des vapeurs
chaudes, qui se réunissent à Feau de pluie filtrant à tra-
vers la terre, délitent le calcaire de la roche primitive et
se font jour sous forme de sources thermales. Ces sources,
les concrétions siliceuses, les jets puissants des geysers,
les terrasses calcaires, les roches obsidiennes, arbres pé-
trifiés, collines de soufre, attestent l'activité volcanique
intense dont tout le plateau a été le théâtre à une époque
géologique récente. Les touristes visitent égalemeiit les
lacs, les cascades et surtout le canon du Yellow^stone,
dont les roches sont d'une coloration étonnante.
La saison pour la visite du Yellowstone Park, la « Terre
merveilleuse du Nord », par opposition à la « Terre mer-
veilleuse du Sud » des géographes anglais, qui désignent
sous ce nom une région très pittoresque de la Nouvelle-Zé-
lande, dure du 1®^' juin au 1^^' oct. Les règlements pour
la protection des curiosités naturelles et de la faune du
parc (la pêche à la ligne est seule autorisée), sont affichés
dans les hôtels, et toute infraction aux clauses qu'ils con-
tiennent est punie avec rigueur. La foule est surtout
grande en juillet et en août. La chaleur est très forte
dans la journée, le froid souvent intense la nuit. La visite
du Parc est exploitée par une société dont le siège est à
l'hùtel Mammouth Ilot Springs, le plus grand de la réserve,
situé à 1.916 m. d'alt., sur la rivière Gardiner.
A. MOIREAU.
BiDL. : F,-V. HAYDEiX, Twelftli Annual U. S. Geological
Pteport, 1878. — Arnold Hague, Geological History of the
Yellowstone Park^ 1887. — Richardson, Wonders of the
Yellowstone.
PARC-Saint-Maur (Le). Localité du dép. de la Seine,
com. de Saint-Maur; 3.387 hab. Observatoire météoro-
logique.
PARC (Du) (V. Du Parc et Duparc).
PARCAGE (Ane. dr.). On appelait droit de parcage
une redevance qu'en certaines localités les seigneurs pré-
levaient sur les habitants possédant un parc à troupeaux.
Elle s'acquittait quelquefois en deniers, mais le plus sou-
vent en nature.
PARÇAY. Com. du dép. de Maine-et-Loire, arr. de
Baugé, cant. de Noyant ; 1.455 hab.
PARÇAY-Meslay. Com. du dép. d'Indre-et-Loire, arr.
de Tours, cant. de Vouvray ; 586 hab.
PARÇAY-sur-Vienne. Com. du dép. d'Indre-et-Loire,
arr. de Chinon, cant. de l' Ile-Bouchard, dans la vallée de
la Vienne, sur la rive g. ; 777 hab. Débris d'un dolmen
très important près du château de la Brèche. L'église est
intéressante : bâtie au xu® siècle, elle est restée inache-
vée ; les voûtes n'ayant pas été construites, les colonnes,
incomplètes, se terminent sans chapiteaux. Le portail,
1039 —
PARÇAY — PARCHEMIN
« charmant, unique dans la province», est curieux comme
appareil et comme sculptures. Les pierres, taillées en
écailles de poisson, sont unies par un mortier épais et coloré.
Il est couvert de moulures et d'ornements de toute espèce.
PARCE. Com. du dép. d'Ille-et-Vilaine, arr. et cant.
(S.) de Fougères ; 896 hab.
PARCE. Com. du dép. de la Sarthe, arr. de La Flèche,
cant. de Sablé, sur la rive gauche de la Sarthe ; 1.89o hab.
Fours à chaux, huilerie, minoterie, tannerie, briqueterie
et tuilerie. Eglise du xvi« siècle, avec un clocher roman.
PARCERISA (Franciso-Javier), peintre et lithographe
espagnol contemporain, né à Barcelone en 1803. Après
avoir étudié les éléments de son art à Barcelone, Parce-
risa conçut le projet d'un vaste ouvrage où figureraient,
reproduits parla lithographie, les monuments historiques
conservés en Espagne et qu'accompagnerait un texte cri-
tique et descriptif. Malgré les difficultés énormes que pré-
sentait une telle entreprise, il parvint à la mener à bien,
grâce au concours que lui prêtèrent divers écrivains et ar-
chéologues distingués. L'ouvrage est intitulé Reciierdos
y Bellezas de Espana, et les principaux monuments de
chaque province y sont soigneusement décrits et lithogra-
phies. Chaque province forme un volume. Bien que cet
ouvrage ait absorbé tous les efforts de ce vaillant artiste,
il ne délaissait pas pour cela la peinture, et on peut citer
de lui plusieurs vues intérieures ou extérieures de monu-
ments religieux qui ont paru à Paris et à Madrid aux
expositions de 1835 à 1866. Le gouvernement espagnol
acheta, en 1860, sa Vue extérieure de la cathédrale
de Burgos, qui fait partie du musée moderne. P. L.
BiBL. : OssoRio Y Bernard, G<ilenii biografica, de artis-
tas espiinoles ; Madrid, 1866.
PARCEY. Com. du dép. du Jura, arr. et cant. de Dole;
595 hab. Stat. du chem. de fer de Lyon.
PARCHAPPE (Charles- Jean-Baptiste) , général et homme
politique français, né à Epernay (Marne) le 4 avr. 1787,
mort le 6 janv. 1865. Sorti, en 1806, de l'école de Fon-
tainebleau, il fit, dans l'infanterie, toutes les campagnes
de l'Empire, fut mis en demi-solde en 1814, avec le grade
de chef de bataillon, reprit du service en 1823, fut promu
colonel quelques jours avant la révolution de Juillet, et
aida en 1834 à la répression de l'insurrection de Lyon.
Général de brigade en 1837, il alla en Afrique de 1839
à 1841, devint en 1848 général de division, fut mis en
1849 à la tête de l'administration de la guerre et en 1851
fut nommé inspecteur général de l'infanterie. Aux élec-
tions de 1852, il fut envoyé au Corps législatif, comme
candidat officiel, par le dép. de la Marne, et eut son man-
dat renouvelé en 1857 et en 1863.
PARCHAPPE DE ViNÂY (Jean-Baptiste-Maximien), mé-
decin français, né à Epernay en 1800, mort le 12 mars
1866. Reçu docteur à Paris en 1827, il exerça pendant
dix-huit mois la médecine aux Andelys, puis se fixa cà Rouen
oti il devint, en 1833, professeur à l'Ecole secondaire de
médecine. De 1835 à 1848, il fut le médecin en chef de
l'asile de Saint- Yon à Rouen, puis fut nommé inspecteur
général de première classe des asiles d'aliénés et du ser-
vice sanitaire des prisons. C'est lui qui a fourni les plans
des asiles de Niort, d'Evreux et de (Juatre-Mares (près
de Rouen) ; ilfutle créateur de ce dernier asile. Il fonda et
présida la Société médico-psychologique. Ouvrages prin-
cipaux : Recherches sur Vencéphale, sa structure, ses
fonctions et ses maladies {Rouen, 1836-38, in-8) ; lYaiié
théorique et pratique de la folie (Rouen, 1841, in-8);
du Cœur, de sa structure et de ses mouvements (Paris,
1844, in-8, av. atlas de 9 pi.) ; de la Folie paralytique .. .
(Paris, 1859, in-8) ; des Principes à suivre dans la
fondation et la construction des salles d'asile (Paris,
1851-53, in-8); Etudes sur le goitre et le crétinisme
(Paris, 1874, in-8, publ. parle D'' Lunier) ; Galilée, sa vie
et ses découvertes (Paris, 1866, in-18). D' L. Hn.
PARCHEMIN. I. Technologie. — On nomme ainsi une
feuille d'une certaine épaisseur préparée au moyen de
peau de mouton. Le parcheminier se sert de la peau que
le mégissier lui livre débourrée ou épilée. 11 la racle, il
la polit, la saupoudre de chaux éteinte et la fait sécher.
Quelquefois, en outre, il la passe à la pierre ponce. On
sait que le parchemin était très employé pour les manus-
crits lorsque le papier n'était pas encore répandu en Eu-
rope; que Ton s'en sert aujourd'hui pour les actes impor-
tants et que les peaux de tambours sont en parchemin.
Il existe encore le papier parchemin ou parchemin vé-
gétal. On le prépare en plongeant du papier, non collé,
dans de l'acide sulfurique qu'on a amené au degré voulu,
en prenant, pour 4 parties d'acide sulfurique fumant, une
quantité d'eau qui peut varier entre 1 et 2 parties. On
laisse le papier dans cet acide sulfurique pendant quel-
ques secondes ; le laps de temps devant être d'autant plus
long que l'acide est moins concentré. On retire ensuite le
papier et on le lave dans de l'eau constamment renou-
velée, on le plonge dans une solution faible d'ammoniaque
ou de carbonate de soude pour saturer ce qui peut rester
d'acide sulfurique et on le lave encore une fois à grande
eau. Ce dernier lavage entraîne le sulfate de soude ou
d'ammoniaque qui s'est formé dans l'opération précédente,
si le papier retenait encore l'acide sulfurique. Le papier
parchemin reçoit parfaitement l'écriture. Il est très so-
lide, aussi en fait-on des enveloppes pour expédition de
valeurs. Quand on veut l'employer pour fermer des fla-
cons, des pots, etc., on commence par le ramoUir dans
de l'eau tiède. Il devient alors très souple et s'apphquc
exactement sur les objets à recouvrir. On obtient ainsi
une fermeture hermétique. Le papier parchemin possède
des propriétés osmosantes qui sont utilisées dans des appa-
reils appelés osmomètres pour séparer les sels des disso-
lutions salines. E. M.
IL Archéologie. ™ La peau des animaux, apprêtée de
diverses manières, servit de bonne heure à recevoir l'écri-
ture. Les auteurs grecs parlent des rouleaux ou diphtères
royaux, des Perses, qui étaient formés de bandes de cuir.
Les Septante envoyés par les Juifs à Ptolémée lui présen-
tèrent une copie de l'Ecriture transcrite sur des peaux ;
et l'usage s'est perpétué chez les Juifs de transcrire leurs
livres sacrés sur des bandes de peaux simplement tannées.
Mais c'est seulement au ii^ siècle av. J.-C, à Pergame,
que fut inventé le mode de préparation spéciale de la peau,
qui constitue le parchemin : d'où le nom qui fut donné aux
peaux ainsi préparées (pergamenum, parchemin). L'im-
portation du papyrus étant devenue difficile par suite des
différends d'Eumène avec l'Egypte, on y suppléa par le
nouveau produit, qui devait, à la longue, complètement
détrôner le papier d'Egypte. Toutefois, longtemps encore,
on préféra le papyrus au parchemin. Les peaux de plu-
sieurs animaux servirent à sa fabrication : la peau de
veau donna le vélin, celle de mouton, la basane, celle de
l'agneau, l'aignelin, celle de l'agneau mort-né, le parche-
min vierge ; on se servit encore de peaux de bœufs,
d'ânes, de chèvres, etc. Au temps de Pline, le parchemin
était d'un jaune sale, les procédés pour le blanchir étant
encore inconnus; mais déjà on le teignait en couleur
pourpre ou azurée pour rehausser les caractères d'or et
d'argent des manuscrits somptueux ; cette teinture fut, à
l'époque chrétienne, réservée au parchemin des livres saints,
et l'usage s'en continua jusqu'au x^ siècle.
Les plus anciens manuscrits sur parchemin qui nous
soient parvenus remontent tout au plus au ni® siècle, et
les plus anciens actes ne sont pas antérieurs à la fin du
vil® siècle. Depuis cette époque, le parchemin tendit à rem-
placer partout le papyrus. Du v® auxv® siècle, la presque
totalité des manuscrits, et depuis le viii® la presque tota-
lité des chartes, sont écrits sur parchemin. Naturellement,
la consommation toujours croissante de ce produit le ren-
dait très rare et très cher ; aussi utifisait-on le parchemin
ayant déjà servi (V. Palimpseste), et, sauf pour les livres
de luxe, s'appliquait-on à donner de plus en plus de finesse
à l'écriture et à multiplier les abréviations. Dans la plu-
PARCHEMIN — PARDESSUS
1040 ~
part des abbayes, on fabriquait da parchemin ; à Paris, le
grand marché du parchemin était la foii'e du Lendit qui se
tenait dans la plaine de Saint-Denis, et s'ouvrait le mer-
credi de la deuxième semaine de juin. L'Université et ses
suppôts, ainsi que les parcheminiers du roi, avaient le
privilège d'y choisir et de prélever d'abord leur part, et
ce n'est qu'ensuite que les débitants ordinaires étaient
admis à s'approvisionner. Les privilèges de l'Université à
cet égard étaient encore confirmés par Louis XIII en 1633.
La^ préparation du parchemin a beaucoup varié au
moyen âge suivant les époques et les pays. Les manuscrits
jusqu'au x^ siècle sont généralement faits de parchemin
très poli, très tin et très blanc ; plus tard, il est de qua-
lité fort inégale, souvent rugueux, épais, mai dégraiscé
et transparent.
Les feuilles de parchemin ont été généralement disposées
en cahiers de quatre feuilles (quaterniones), dont un plus
ou moins grand nombre assemblés formaient un codex,
tout à fait analogue à notre livre moderne. Le format en
a toujours été très variable. Pour les actes, au contraire,
lorsqu'une seule feuille de parchemin ne suffisait pas, on
les ajoutait bout à bout en les cousant les unes aux autres.
Certains rouleaux formés de cette façon sont d'une lon-
gueur extraordinaire. L'interrogatoire des Templiers par
un inquisiteur de la foi en 1307 est formé de io peaux
de parchemin et n'a pas moins de ^1^ m. de longueur.
Parchemin végétal (V. Papier).
PARCHEMINIERS. Ce corps de métier, qui était su-
bordonné à VV Hivers ité de Paris (V. ce mot), faisait
partie de la même <,< confrairie » que les libraires, écri-
vains, enlumineurs et relieurs, comme le témoignent le
règlement en 1^2 articles du 30 oct. 1291 et les statuts de
]uin 1467, qui régissent Fensemble de ces spécialités.
Après comme avant l'invention de rim.primerie, ils de-
meurent exempts de toutes taiiks, aides et gabelles, de tous
guets de ville et gardes de porte (déclaration du 9 avr.
1513). Au xvi^ siècle (statuts de févr. 1582), le brevet
coûtait 36 Hvres et la maîtrise 600. Les derniers statuts
sont de 1728. Le patron de la corporation était saint
Jean l'Évangéhste. H. Monin.
BiBL. : IsAMiîERT, RccucU (Ic's iiucienues lois françaiscj,
t. XXIX f'table). au Oiot Llbruirc — R. de Li-^spixas^se, leb
Métiers de Paris; Paris. 1897. t I, yjp. 11, 54. 95, 105. 188 ;
t. II, p. 158; t. III, pp. 689, 701, lu-t'ol. --V. Corpohation:>
et U.XIVERSITF.
PARGHIIVI. Ville d'Allemagne, grand-duché de Meck-
lembourg-Schwerin, sur l'Elde ; 10.268 hab. (en 1895).
Vieille cité qui possède son enceinte, FégHse gothique
Saint-Georges, du xiv® siècle, Léglise de Marie (xiii® siècle,
baptistère de bronze), un hôtel de ville gothique. Patrie
du maréchal de Moltke. On y fa])rique de la chicorée, du
papier, de la cellulose, de la toile, etc. Fondée au début
du xiii^ siècle, elle fut, à deux reprises, capitale d'une
branche de la maison de Mecldemboiirg (V. ce mot). Elle
fut ruinée par la guerre de Trente ans.
PARCIEUX. Corn, du dép. de E Ain, arr. et cant. de
Trévoux ; 367 hab.
PARCIEUX (De), mathématicien français (V. Depar-
CIEUX).
PARCOUL, Com. du dép. de la Dordogne, arr. de
Kibérac, cant. de Saint-Aulaye ; 691 hab,
PARCOURS (Ane. dr. et dr. actuel) (V. Pacage).
PARCQ (Le). Ch.-l. de cant. du dép. du Pas-de-Calais,
arr. de Saint-Pol ; 655 hab.
PARCY-ET-TIGNY. Com. du dép. de l'Aisne, arr. de
Soissons, arr. d'Oulchy-le-Chàteau ; 272 hab.
PARDAILLAN. Com. du dép. de EHérault, arr. et
cant, de Saint-Pons; 778 hab.
PARDAILLAN. Com. du dép. de Lot-et-Garonne, arr
de Marmande, cant. de Duras ; 629 hab.
PARDAILLAN. Vieille famille de EArniagnac qui acquit
dès le xii^ siècle la seigneurie de Goudrin, dont plusieurs
de ses membres prirent le nom. Parmi les personnages
marquants de cette famille, il faut citer : Arnaud de Par-
daillan, vicomte de Castillon, guerroya en 1514 contre
les Espagnols et fut envoyé par François P^' au secours
du roi de Danemark en 1517; Antoine, son fils, prit part
aux guerres d'Itahe, fut fait prisonnier à Pavie et assista
au siège de La Rochelle ; il fut le premier à porter le titre
de baron de Montespan ; Antoine- Arnaud, mort en 1624,
servit dans le parti catholique jusqu'à l'abjuration de Henri IV
(juTl accompagna en Franche-Comté et au siège de La Fère,
fut nommé maréchal de camp, blessé devant Amiens et
commanda ensuite eu Savoie ; les seigneuries de Montes-
pan et d'Aiitin furent érigées en marquisats en sa faveur
en 1612 et 1615 ; un de ses lils, Louis-Henri, de\int
archevêque de Sens (V. Goxdkix); L^zr/V/Z^nri, son petit-
fils, mort en 1702, fut le mari de M"^^ de Montespan et
eut pour fils Louis- Antoine, duc d'Antin. La famille
s'éteignit en 1757 en la personne de Louis, duc d'Antin
et pair de France, maréchal de camp et gouverneur de
rOrléanais. IL C.
BiBL. : Y. la généalogie très détaillée donnée par ^SIo-
réri au mot GonOnn.
PARDAILLAN (Louis II de), duc d'Antin (V. Antin,
§ Histoire).
PARDAILLAN (Louis-llemi), archevêque deSens(V.GoN-
DRIX).
PARDALOTE (ZooE). Genre d'Oiseaux de Tordre des
Passereaux et de la famille des Dicées (V. ce mot), carac-
térisé par un bec très court, robuste, échancré et courbé
à la pointe, des ailes allongées et pointues, une queue
moyenne, assez large, et des tarses minces un peu plus
longs que le doigt médian. Ces Oiseaux, de petite taille,
semblent remplacer nos Mésanges en Australie. Ils vivent
en petites bandes de cinq ou six individus au printemps,
de vingt ou ti-ente à l'automne, lorsque les petits sont sor-
tis du nid, volant d'arbre en arbre, surtout sur les Euca-
lyptus, et se suspendant dans toutes les positions pour
chercher les petits insectes dont ils se nourrissent. Leur
chant est faible, mais assez agréable. Ils font leur nid
dans des trous d'arbre ou même en terre. Les œufs d'un
blanc pur sont presque ronds et très gros pour la taille
de l'Oiseau. Le Pardalotus punctaius (Latham), EOiseau-
Diamant des colons, est de la taille d'une Mésange, à plu-
mage noir varié de rouge et de jaune et remarqual)lement
tiqueté de petits points blancs ou rouges, qui lui donnent
un aspect tout particuher. Il niche à terre. En y compre-
nant le genre Smicrorins de Gould, les Pardalotes com-
prennent une douzaine d'espèces toutes australiennes.
PARDESSUS (Jean-Maiie), jurisconsulte, historien,
éi'udit français, né à Blois Je ïi août 1772, mort à Pim-
peneau (Loir-et-Cher) le 27 mai 1853. Il fut élevé au
collège des oratoriens de Vendôme. Avocat, puis juge
suppléant près le tribunal de Blois (1802), maire de cette
ville (1805), il lit paraître en 1806 son Traité des ser-
vitudes ou services fonciers, qui commentait et éclairait
un des titres les plus importants du Code civil, à peine
promulgué. La réputation de cet ouvrage le fit entrer au
Corps législatif en 1807 ; il en sortit dès 1811 ; il avait
été nommé professeur de droit commercial à la faculté de
Paris (1810). D'opinions royaUstes, il montra de la mo-
dération à la Chambre de 1815, et de 1820 à 1830. En
1821, il avait été appelé comme conseiller à la Cour de
cassation. Outre le Traité des servitudes, il a publié :
Traité des contrats et des tettres de change (1809);
Cours de droit commerciat (1813-17); Collection des
lois maritimes antérieures au xviii^ siècle (1828-45);
Tableau du commerce antérieurement ci la découverte
de éA)n'rique (183i); une édition de la Loi salique
(1843) ; Us cl coutumes de mer (1847). Membre de l'Ins-
titut (Académie des inscriptions et belles-lettres) en 1829,
il a rédige pour rA'^adémie les t. I et II des Diplômes
méïovingiens, les t. IV à VI de la Table chronologique
des chartes et diplôïnes, le t. XXI des Ordonnances des
rois de France. Il a lu de nombreux Mémoires, insérés
pour la plupart dans les recueils académiques ou dans le
iOlJ —
PAH DESSUS — PAR DO
Journal des savants; les plus importants concernent « la
juridiction de la cour féodale du roi sur les grands vassaux »
(1847-48), et« l'administration de lajustice depuis Hugues
Capet jusqu'à Louis XI » (1846-31). H. Monin.
BiBL. : H. Eloy, m. Pardessus, sa oie et ses œuvres;
Paris, 1808, iii-8 (avec une liste générale d^s travaux de
M. Pardessus, pp. 213 à 216).
PARDI AC. Petit pays de Gascogne, compris aujourd'hui
dans le dép. du Gers, borné à l'O. par l'xirros, affl. de
l'Adour, à TE. par l'Osse, affl. de la Garonne. LePardiac
forma au moyen âge un comté qui en 1025 fut donné à
Bernard, fils d'Arnaud, comte d'Astarac; Augcr, son fils,
fut le septième aïeul de Jean, dixième comte de Pardiac,
mort sans postérité en 1380. Anne de Monlezun, sa sœur
ethéritière, épousa Gérard d'Armagnac, vicomte de Fezen-
saguet, dont le fils Jean II d'Armagnac fut le douzième
et dernier comte de Pardiac; le connétable d'Armagnac
fit sur lui la conquête de ce comté qui suivit depuis le sort
du comté d'Armagnac et fut réuni par Henri lY à la cou-
ronne de France. H. C.
PARDI ES. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr.
d'Oloron, cant. de Monein ; 737 hab.
PARDI ES. Com. du dép. des Basses-Pyrénées, arr. de
Pau, cant. (0.) de Nay; 484 liab.
PARDIES (Le P. Ignace- Gaston), géomètre français,
né à Pau en 1636, mort à Paris en 1673. Fils d'un conseil-
ler au parlement de Pau, il entra tout jeune dans l'ordre
des jésuites, professa d'abord les beiles-lettres, puis
s'adonna à la philosophie et aux mathématiques, qu'il
enseigna brillamment au collège de Clermont, (auj. Louis-
le-Grand). L'un des meilleurs disciples de Descartes, il a
laissé, sur les mathématiques et la philosophie, plusieurs
écrits très appréciés, qui ont été réunis après sa mort
sous le titre : Œuvres du P. Pardies (Lyon, 4725). On
lui doit aussi un Atlas céleste, pubhé et mis à jour par
le P. de Fonte ne Y (Paris, 167-4).
PAR DIEU (Gui-Félix, comte de), homme politique
français, né à Saint-Domingue en 1758, mort au château
de Yadancourt (Aisne) le 13 nov. 1799. Député de la
noblesse aux Etats généraux par le bailliage de Saint-
Quentin le 10 mars 1789, il se réunit au tiers état le
27 juin suivant, devint commandant de la garde nationale
de Saint-Quentin et fut élu secrétaire de l'assemblée le
6 juin 1790. îl fut nommé administrateur du dép. de
l'Aisne le 12 sept. 1791. Et. C.
PARDINES. Com. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. et
cant. d'Issoire ; 307 hab.
PAR -)J N YÂ-PARÂMirA. Compilation bouddhique (V.Pkad-
jnâ-Pâramita).
PARDO. Rivièredu Brésil, Etat de Matto Grosso, affl.dr.
du Parana ; navigal>lepour les barques, malgré ses rapides ;
il est relié commercialement au Taquary et au Paraguay
par le portage de Camapua.
PARDO (El). Bourg dl^^spagne, prov. et à 10 kil.
N.-N.-O. do Madrid (Xouv'elle-Castille), sur la route de
l'Escurial, baigné par le Mançanarès ; 1.800 hab. 11 s'y
trouve un palais, entouré de boismagnifi(|ues, ou la cour,
sous le règne de Charles III, séjournait plusieurs mois de
l'année, mais qui ensuite fut abandonné ; les rois d'Es-
pagne y allaient surtout chasser. Le palais renferme
quelques œuvres d'art, tableaux et tapisseries. E. Cat.
PARDO (Grcgorio), sculpteur espagnol. Il travaillait à
Tolède au milieu du xvi^ siocle, et, d'après le caractère
de ses ouvrages, exécutés dans le style de la Renaissance,
parait avoir étudié son art en Italie ou peut-être encore
auprès de Berruguete ou de Vigarny. Pardo est l'auteur,
comme le constatent des documents conservés aux archives
du chapitre, de la sculpture décorative du plafond de
l'antichambre capitulaire d'hiver, k la cathédrale de To-
lède, plafond dont chaque caisson est orné d'un capricieux
fouilhs de feuillages, de festons et de jeux d'enfants. Des
pilastres d'ordre dorique forment la division des caissons
ou compartiments, et à leurs bas^s. de même que sur la
GRANDE EXCVCLOPKbJE, — XXV.
corniche, l'artiste a sculpté d'élégantes figures symbo-
liques, soutenant des écussons aux armes du roi, de l'évèqiie
Siliceo, qui fit la dépense de ce travail, et de la cathé-
drale. Les pièces de paiement constatent que cette déco-
ration, commencée en 1549, s'acheva en 1551 et coûta
10.450 réaux et 10 maravédis. P. Leforï.
PARDO (Arthur), pubhciste italien, né à Florence le
9 sept. 1861, fils d'un oculiste distingué. Il a écrit des
romans qui ont eu quelque succès. En 1889, il a donné
des conférences sur l'histoire de France. Il a été rédac-
teur et directeur de plusieurs journaux modérés.
PARDO Bazàn (Emilia), femme de lettres espagnole,
née à La Coruna en 1852. Mariée très jeune, elle voyagea
beaucoup en Europe. C'est en 1876 que parut son premier
travail, le Estudio critico de las obras del Padre
Feljoo ; mais ce ne fut qu'en 1879, à l'occasion de son
premier roman, Pascual LopeX;et plus encore du second,
Un Viaje de novios (1881), qie le pubHc et la critique
commencèrent à s'occuper de M^"^ Pardo Bazân. En 1882,
un livre sur San Francisco de Asis, qui ne renferme
pas de nouveautés historiques, mais qui est écrit avec
talent, attira plus vivement la curiosité. Un an plus tard,
le succès devint éclatant avec la Question palpitante
(1883), publié d'abord dans le journal la Epoca, et qui
est une exposition de la thèse du réalisme et un éloge des
écrivains naturalistes contemporains, surtout Français :
Balzac, Stendhal, Zola, Daudet, etc. M'^^^ Pardo Bazàn a
affirmé ses doctrines naturalistes, dans le roman la Tri-
buna (1883). Le faible de l'école naturaliste pour les
sujets erotiques est marqué, non seulement dans cet ou-
vrage, mais aussi dans los Pazos de Ulloa (peinture de
la vie rurale en Galice) et dans la Madré Nattiraleza
(1887), qui en est la suite ; enfin dans Insolacwn et
Morrina. Les nouvelles que M'"® Pardo Bazân a publiées
pendant cette période {la Dama joven, el Indulto, et
plusieurs autres) annoncent sa seconde manière. En
1888, la publication de Mi romeria, oii M"'° Pardo
Bazân raconte son voyage à Rome et sa visite (à Venise)
au prétendant don Carlos, fit grand bruit dans le monde
delà pohtique et précipita une scission entre les éléments,
assez hétérogènes, ([ui pendant les premières années de
la restauration bourbonnienne avaient formé le parti car-
liste. En 1889, un recueil d'études sur le pays natal de
î^juie ParJo^ D0 })ii tierra, accusa de nouveau « la richesse
de couleur, le sentiment de la patrie locale, et la vision
exacte des mœurs et des paysages », qui sont les carac-
tères les plus saillants de la littérature de M'"*^ Pardo. De
cette môme année sont : un bref essai sur los Pedaqogos
del Renacimieiito (Erasme, Rabelais, Montaigne), lu au
musée pédagogique de Madrid, et un livre de touriste, Al
pie de la torre Eiffel, Crônicas de la Exposiciôn, qui
renferme des considérations politiques sur la France. Au
même genre appartient Par hrancia y par Alemania
(1890). Depuis qu'elle a fixé sa résidence à Madrid,
^pne Pardo écrit des romans à thèse, Una cristiana, la
Prueba et la Piedra anyiilar (1892), qui révèlent de
nouvelles tendances, fort éloignées du naturalisme de
adis. En même temps, se développait le côté critique àe
son talent (représenté dans la période précédente par
les études sur Feijoé, sur los Poetas epicos crislia-
nos, etc.), avec la publication de la revue Mttéraire,
Nuevo teatro critico, (pi'elle rédigea seule pendant quel-
ques années (1891-93), et qui renferme de nombreuses
études sur les livres nouveaux, le théâtre et les questions
littéraires du jour ; avec la publication d'une Biblioteca
de la mujer, dont les divers volumes contiennent des
ouvrages de Maria de Agreda, Luis Vives, Stuart
Mill, Bebel,dona Maria de Zayas, etc. ; pardes essais bio-
graphiques comme ceux du P. Coloma (1891), de P^c//v;
Antonio de Alarcôn, des Concourt et de Tourguénev
(dans la traduction castillane de Humo, 1892), et, enfin,
par une série de conférences faites à l'Ateneo de Madrid
sur la Pievohicion tj la novela en Piusia (1891).
m
PARDO - PAREATIS
1042
A l'occasion du centenaire de la découverte de l'Amé-
rique (1892), elle aborda même le terrain historique,
avec sa conférence sur los Franctscanos y Colon, dont
le but est de prouver que la découverte du nouveau
monde est due, bien avant Colomb, à Raimond Lulle ;
et, la même année, ses études pédagogiques et ses
études féministes la conduisirent au Congrès pédagogique
espagnol-portugais-américain. Dans ces dernières années,
Vimo Pai.jo a fait paraître quelques romans, AdanyEva,
Los très arcos de Cirilo, el Saludo de las briijas;
plusieurs nouvelles, et diverses études critiques, dont la
Sueva Question palpitante, où sont discutées les théo-
ries modernes sur le génie et la folie. Pendant Faniiée
académique 1896-97, i>P"« Pardo a donné à l'Ateneo de
Madrid (école d'études supérieures) une série de lectures
sur les Littératures modernes de VEurope. Plusieurs
de ses livres ont été traduits en diverses langues, notam-
ment en suédois. R. ALTAMmA.
BiBL. : Plusieurs biographies de M'»'' Pardo Bazân ont été
publiées dans des revues d'Espagne et de Tctranger. On
trouvera des renseignements utiles dans : Blanco Garcia,
Literatiira espanohi en el sic/lo XIX, vol. II. —- Hillman,
biographie, dans Svensh TidscJirift, Ibdb. — Pinheiro CiiA-
GAS, Galiicia y los Gallegos. Dofm Emilia Pardo Bnzàn
(dans le journal de Madrid el Libéral, 28 mars 1893).
PARDOE (Juiia), femme auteur anglaise, née à Beverlcy
(Yorkshire) en 18U6, morte à Londres le 26 nov. 1862.
Fille à\m major, elle débuta dès quatorze ans dans la lit-
térature. En 183a, elle s'établit à Constantinople et elle
étudia de près les mœurs turques qui lui fournirent la ma-
tière d'un livre du plus vif intérêt : The City ofthe Sul-
tan and domestic manners ofthe Turks (Londres, 1837,
2 vol., plus. édit.). Spirituelle et bonne, elle n'eut que des
amis. En 1860, le gouvernement la gratifia d'une pension
pour ses trente années de services littéraires. Ses œuvres
sont très nombi'euses. Elles consistent en romans et nou-
velles, dont beaucoup ont eu un grand et légitime succès,
entre autres Lord Morcar of Hereward{iS^9, 4 vol.),
et en essais historiques presque tous relatifs à la France.
Citons : Louis XIV and the Court of France in the Se-
veuteenth Ce^itury (1847, 3 vol.); The Life and Me-
moirs of Marie de Medici (1852, 3 vol.); The Hiver
and the Desert{ 1 838, 2 vol.); The Romance ofthe Harem
(1839, 2 vol.); Ttie Beauties ofthe Bosphorus (1839);
The City of ttie Magyar (1810, 3 vol.); Confessions of
a pretty luoman (1846, 3 vol.) ; The Jealoua wife (1847,
3 vol.); Lady Arabella (1856); Pilgrimages in Paris
(1857); Episodes of firnch Ilistory during theconsul-
(ite and the first Empire (1859, 2 vol.), etc. R. S.
PARDON (Indulgence dl) (V. FaAjNr.oLs d'AssisE, t. X Vili.
p. 45).
PARDUBICE. Ville de Bohème, au confluent del'Elbeel
de la Chrudimka ; 12.367 hab. (en 1890), presque tous
Tchèques. Quatre faubourgs ; château bastionné du
xvio siècle ; «porte veite » de 1538. Sucre, bière, alcool,
vinaigre, raffinerie de pétroles, scieries, machines. Grandes
f lires à chevaux et bestiaux. Ruines du château de Ku-
nëtic. Pardubice est une des plus anciennes villes de
Bohème où se consolida, vers 1300, une puissante famille
imbihaire qui fournit le premier archevêque de Prague.
PARDUBICE-Flaska (De) (V. Flaskà [Smil-JeanJ).
PARÉ. Contrée montagneuse de l'Afrique orientale alle-
mande, au S. du Kihmandjaro. Elle est habitée par la
tribu des Ouaparés, qui vit d'agriculture (maïs, haricots,
bananes, patates, sucre, tabac) et d'élevage; bœufs au S.,
Jibeilles au N., chèvres et volaille partout; le travail du
Ter est très répandu chez les indigènes.
PARÉ (Anthropol.) (V. Bornéo, t. VIL p. 433).
PARÉ (Ambroise), célèbre chirurgien français, né à
Hourg-lïersent, près de Laval, en 1509 ou i5i0, mort à
Paris le 20 déc. 1590. R étudia la chirurgie à Laval sous
^'ialot, puis vint à Paris vers l'âge de ^ingt ans et suivit les
leçons d'U. Larbalestrier, de Bruneil, S. Pineau, etc., et
^issista aux opérations dei'flôtel-Dieu. Il prit part ensuife
à la campagne de Piémont (1637) et s'y distingua par les
innovations qu'il apporta dans le pansement' des plaies
par armes à feu. En 1542, il rentra au service de Henri
de Rohan et assista à l'aifaire de Perpignan, où il guérit
le maréchal Ch. Cessé de Brissac, blessé, puis en 1544,
il assista au siège de Guise, en 1545 à celui de Boulogne-
sur~Mer. Cette même année, il publia son premier "^ou-
vrage : la Méthode de traicter les playes par hacque-
buteSy et aultres basions de feu, et celles qui sont
faictes par flèches, dards et semblables (Paris, in-12;
1552, in-8); en 1549,j*l mit au jour: Briefe Collection
de r administration anatomique, avec la manière
de conjoindre les os et d'extraire les enfants^ tant
morts que vivants, du ventre de leur mère. En 1553,
il se trouva enfermé dans Metz, inutilement assiégée par
les troupes de Charles-(iuint, puis assista cà la prise de
Thérouanne que l'ennemi mit à sac, et en 1554 fut admis
au collège de chirurgie de Sai)it-Cosme. En 1558, il assista
à la désastreuse bataille de Saint-Quentin, puis revint à
Paris pour être appelé, peu après, au camp d'Amiens. En
1559, il fut compté parmi les chirurgiens ordinaires de
Henri II, puis remplit les mêmes fonctions sous François II
et sous Charles IX, dont ïï devint le premier chirurgien,
ainsi que de Henri lit ensuite. Dans cette période, if pu-
blia : la Méthode curative des playes et Iractiires de
la teste humaine (Paris, 1561, in-8); Traité de la peste,
de la petite vérole et rougeollei^ms, 1568, in-8); deux
livres de chirurgie : \^ De la génération de llioiame,
et manière d'extraire les enfants hors du ventre de
la mère; 2^ Des monstres tant terrestres que marins
(Paris, 1573, in-8); De la mumie; des venins; de la
licorne; de la peste (Paris, 1582, in-8). 11 fut ausbi actif
à la bataille de Dreux (1562) et à celle de Moncontour
(1569). On a prétendu qu'Ambroise Paré était hugucuolet
qu'il fut sauvé par Charles IX du massacre de la SaiiU-Bar-
thélemy; M. P. Valet a étabh qu'il était en réalité catho-
lique ; c'est ce que prouvent son mariage à l'église Sahit-Sé-
verin et le fait qu'il rempht l'office de parrain à Saint-
André des Arts.
La Faculté de médecine de Paris fit une guerre acharnée
à Ambroise Paré, le soumettant à l'humihation du serment,
cherchant à entraver la pubhcation de ses œuvres, etc.
Celles-ci ont eu un grand nombre d'éditions, depuis la
première publiée en 1575; en 1840-41, Malgaigne en a
donné une belle édition en 3 vol. gr. in-8. Pour un coin-
plément d'appréciations sur Paré, nous renvoyons à l'arl.
CHmuRGiE (Histoire), 1. XI, p. i36. D'' L. llv.
BiBL. : La préface de Malg-ai.u-nc aux Œuvres... (iSiO-
4ij. — CiiHRKAu, art. Ambroise Paré, dans Dict. encyclop-
se. mëd., 2'" sér., t. XXI, ISbo. — Le Paulmier, Ambroise
Paré d'après de nouveaux documents découverts aux Ar-
chives nationales et des papiers de famille; Paris, 1885,
in-8. — G. Desclosièrks, Rapports sur l'Etude sur Am-
broise Paré, par le D"" Le Paulmier; Paris 1886, iu-8. —
P. Valet, Autour de Saint-Severin. Ambroise Paré, dans
Bullet. du Comité d'études hisior...: la Montagne Sainte-
Geneviève... 189D.
PAPiÉ (Jules-François\ homme poUtique français, né i'w
Champagne,^ mort à Paris le 29 juil. 1819. Maître clerc
de Danton, il devint président du district des Cordeliers,
président du tribunal de Saint-Germain et membre du
conseil de justice auprès du ministère de la justice le
21 ao;.t 1792. Secrétaire du Conseil exécutif provisoire,
il fut élu, le 20 août 1793, ministre de l'intérieur en
remplacement de Carat par 118 voix sur 233 volants
contre Hébert et François de Neufchâteau. Il fut dénoncé
au club des Cordeliers par Hébert (4 mars 1794) et il
démissionna le \Q germinal an II (5 avr. 1794). En l'an IV
il devint commissaire du Directoire exécutif près le dép.
de la Seine el exerça ensuite les fonctions d'administrateur
des hôpitaux mihtaires. Etienne Chai^avay.
PARÉAC. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr.
d'Arf>'elès, cant. de Lourdes; 132 hab.
PAREATIS (Lettres de). On désignait sous ce nom en
France, jusqu'à la fm de l'ancien régime, des lettres pa-
4043 —
PAHEATIS — }>A[{1:JA
tentes du roi debliuees îi reiulre exécatoire dans un res-
sort un jugement rendu dans un autre ressort. Elles étaient
expédiées sous forme de mandement « au premier huissier
ou sergent sur ce requis », en attache au jugement à exé-
cuter.
PARECIS. Tribu du BrésH (V. ce mot, t. Ylï, p. i089).
PARE DÈS (Garcia y), général espagnol (V. Garcia
V Paredes).
PAREDES Y ARRiixAr.A(Mariano), président du Pérou,
né à Mexico le 6 jajiv. 1797, mort en sept. 1849. Entré
comme cadet dans l'armée espagnole le 6 janv. 4812,
capitaine en mars 1821, Paredes se rallia à ïturbide et
en févr. 1823 proclama l'indépendance, à Pucbla, avec le
marquis de Yivanco. En 188"2, il fut promu brigadier général
et peu après général de division. Depuis 483,) il avait pris
parti en politique pour la cause de la centralisation. Aussi,
en 4839, réprima-t-il avec vigueur, dans le département de
Jalisco, une insurrection fédéraliste. En 4844 , il s'associa au
]H'onunciamien(o qui porta Santa-Anna à la présidence, sons
le réglma àas Bases (icordados de Tacuham. Paredes fut
nommé alors commandant général du département de Ja-
lisco, où il se rendit odieux par son despotisme. Il avait
espéré mieux de Santa-Anna. ])eut-èlre la vice-présidence.
Pour apaiser son mécontentement, Santa-Anna le fit entrer
au conseil des Nota'oles, le «-céa commandant général de
Mexico, enfin sénateur. Le dissentijnent continua cepen-
dant à s'accentuer entre eux. Suspect et relégué à Toluca,
Paredes lança, le 2 nov. 484 4, un manifeste contre Santa-
Anna, en ce moment gêné par l'insmcection du Texas. Le
mouvement s'étendit. Le 14 sept. 48ir>, José Joaquin de
ITerrera remplaça à la présidence Santa-Anna exilé. Le
nouveau gouvernement ayant paru disposé à régler par
un compromis avec les Î'iats-Lnis l'affaire du Texas, Pa-
redes, chargé do la conduite des opérations au Texas, se
posa en champion intransigeant des droits nationaux,
soutint le pronunciamiento de San Luis Potosi, entra à
Mexico le 2 janv. 4841) et s'y fit élire, le 3, président in-
lérimaire. Malgré l'opposition, en dépit de la difficulté do
préparer la résistance contre les Etats-lnis, Paredes et
ses ministres réussirent à remettre les fi]iances dans un
état inespéré. Mais le 4 août il y eut contre lui un pro-
nunciamiento cà Mexico. fViredes s'enfuit. Pris par le gé-
néral Avalos, enfermé dans un couvent, il fut exiJé le
2 oct. 4846 et vint en France. Trompant le blocus, il
retourna au Mexique, à Tulancijigo, lorsque l'armée des
Eiats-Unis eut occupé Mexico. A})pelé par le gouverne-
Hient à Qucretaro, û fut empêché par la maladie de s'y
rendre. îlostile à la paix, il fit cause commune avec les
opposants Cosio et Jarauta: vaincu avec eux à Guana-
juato, le 48 juil. 4 848, il léussit à s'échapper et gagna
l'Europe. Il fut comprib dans rainnistie d'avr. 1849, mais
il mourut cinq mois après. D'un caractère difficile et,
semble-t-il, assez médiocre politique, Paredes avait donné
les preuves d'un courage intrépide, et sa pauvi'Cté témoi-
gna de son honnêteté lors de son passage à la présidence.
BiiiL. : BAxcROFr, Ilistonj of Mexico: San Francisco,
1SS5, iii-8, t V. ' ,
PARE-ÉCLATS. Traverse de dimensions l'estreintes
destinée à arrêter les éclats de projectiles. Les pare-éclats
sont établis perpendiculairement aux crêtes des masses
cou^'rantes et ne dépassent pas le niveau de ces crêtes.
Pour qu'ils tiennent mo<ins de place, on les revêt de fas-
cinages et on ne leur donne qu'une épaisseur juste suffi-
sante (4'", 50 à 2 m.) pourarrêtei' les éclats de projectiles.
PARÉGORIQUE (Eiixir) (V. Opilm, t. XXV, p. 424).
PAREID. Com. du dép. de la Meuse, arr. de Verdun,
cant. de Fresnes-en-Wocvre : 243 hab.
PAREIN (Pierre-Mathieu), général français, néauMes-
nil-Aubry (Seine-et-Oise) le. 43 déc. 4755, mort au
Mesnil-Aubry le 24 mai 1831. Employé chez un procu-
reur à Paris, il coopéra à la piise de la Bastille et entra
dans la compagnie des volontaires de la Baistillo en sept.
1789 ; il y remplit le» fonctions de quartier-maître. Au
mois de janv. 1790, il publia une pièce d'actualité, inti-
tulée la Prise de la Bastille. Le 5 mai 4794, il reçut
de l'Assemblée constituante une gratification de 42.000
livres pour avoii' dénoncé une fabrication de faux assi-
gnats. Le 29 août 4792, il fut au nombre des 30 commis-
saires chargés de réquisitionner des soldats, et se rendit
dans les dép. de la Seine-Inférieure et de l'Oise. Chef de
bureau de la 4*^ division du ministère de la guerre, com-
missaire des guerres le 29 juil. 4793, il remplit une
mission en Vendée avec Ronsin et fut nommé général de
hrigade le 2 oct. 4793. 11 fut attaché à l'armée révolu-
tionnaire et coopéra au siège de Lyon. 11 devint, le 29 nov.
4793, président de la commission révolutionnaire chargée
de juger les rebelles lyonnais et il fut, le 3 mars i79i',
nommé général de division provisoire par les représen-
tants louché, Méaulle et î^a Porte. Chef de Eétat-major
de l'armée des Côtes de Brest en juin 4794, il fut destitué
le 48 oct. suivant et réintégré, le 25 oct. 4 795, pour ha
participation à la journée du 43 vendémiaire. Compromis
dans la conspiration de Babeuf, ac([uitté par la haute cour
de Vendôme le 26 mai 4797, réformé le 4*-'^ sept, et re-
mis en activité le 9, il commanda le dép. de la Nièvre,
fut définitivement réformé le 29 mars 4801 et retraité le
6 juin 4841. Devenu suspect, il fut interné à Caen h
i^"^ févr. 4812 et y resta jusqu'en 1845. Il a publié di-
vers ouvrages : le Massacre des innocents (1789) ; VEjl'-
terminatenr des Parlements (4789) ; la Girouette fran-
çaise (4789); les Crimes des Parlements (4791).
Etienne Charavay.
BinL, : Arcli. adm. du ministère de la £*iierre. — Cha--
.^iN, Isi Vendée ■patriote, t. I, pp. 550 ù 557.
PAREIRA. Nom de plusieurs drogues d'origine végé-
tale, toutes produites par des plantes de la famille des Mé-
nispermacées. Sous la désignation de Pareira brava, on
décrit une racine hgneuse, tortueuse, sillonnée, à écorcc
brune, jaunâtre à l'intérieur, à cassure fibreuse et offrant
sur une coupe transversale nn grand nombre do cercles
concentriques de faisceaux fibro-vasculaires. On l'a crue
longtemps fournie par le Cissampelos pareira L. ; mais
elle provient en réalité du Choivlodendron tomeniosu))i
]{. et I\\v. (Cocciiliis cliondodendron DC), ai-brissean
grimpant, de la famille des Ménispermacécs, propre nti
Brésil et au Pérou. La racine de Pareira brava est dure,
de saveur nauséeuse, d'abord douce, puis amère; elle
contient une résine douce, de la fécule, un principe jaune
amer, la pélosine, une matière azotée et divers sels.
Wiggers en a extrait un alcaloïde, la cissampéline. Cet((^
racine, le Butua des indigènes, fut apportée à Paris sous
Louis XIV. Elle est tonique, apéritive et diurétique, et
rend des services incon testantes dans là leucorrhée, le
catarrhe de la vessie, les lithiases, la goutte, le rhuma-
tisme, l'ictère, etc. On l'administre sous forme de décoc-
tion, d'infusion, de teinture au 5^ (dose : 4-5 gr.),
d'extrait aqueux (Os'^',50 à ls'\5^), d'extrait fluide (2 à
4 gr.). — Le Pareira brava bhinc est un jibuta, de
même que le jaune (V. A buta). D^ L. II.v.
PAREJA (Juan de), peintre espagnol, né à Séville vers
4606, mort à Madrid en 4670. Ses père et mère, dérape
mauresque, étaient esclaves, et lui-même appartint c-omme
tel et presque durant toute sa vie à Velaz(|uez. Lorsqut^
le grand artiste fut appelé à Madrid, en 4623, par le
comte duc d'Olivarès, Pareja accompagnait son maiire.
Très intelligent et adroit, c'est à lui qu'incombait la tâche
de broyer les couleurs, d'assemlder les châssis des toiles
et de préparer la palette. Une véiitablc vocation pom*
l'art de son maître se déclara chez l'esclave qui, en ca-
chette, commença de s'exercer à peindre. A chacim des
voyages que Velazqnez fit en Italie, Pareja était auprès
de lui. Il est constant qu'avant d'aborder l'exécution du
j)ortrait du }>ape Innocent X, Velazqnez c{ui, do quelque
temps, n'avait pas touché un pinceau, voulut se faire la
main et, comme essai, fit poser i^areja; il improvisa en
quelques séances un poî'trait qui fut exposé publiquement
PAREJA — PARENT
lOi
cl trouvé superbo de caractère, de i'L*iiei' cl de vie. K
appartient aujourd'hui au comte de Kaduor, à Longford
('.astle, et a figuré à l'Exposition de 1873, à la Royal
Academy. Après le retour en Espagne, Pareja fut pris du
désir de se découvrir à son mailre, tt il eut recours pour
en arriver là à un subterfuge» Ayant achevé avec soin
une peinture de petite dimension, il la plaça dans l'atelier
de Yelazquez prenant soin de retourner la toile face au mur.
Philippe IV, lorsqu'il venait visiter son peintre, avait
l'habitude de fureter parmi les toiles, achevées ou ébau-
chées ; il avisa un jour celle do Vareja et se la fit mon-
Irer. A ce moment, Pareja se jeta aux genoux du roi,
implorant son pardon pour Paudace dont il avait osé faire
preuve en se cachant ainsi de son maître. « Celui qui a
ac(iuis un pareil talent, dit le roi à Yelaz(iuez, ne saurait
demeurer en esclavage. Avise à cela ». Dès ce moment,
Pareja, devenu homme libre, fut admis parmi les élèves
(kl maître qu'il continua d'ailleurs de servir comme par
io passé, jusqu'à sa mort. Il conserva la même fidéUtô
envers sa fille et, dans le tableau représentant la Famille
lie Yekaquex,, peint par Mazo et qui est au musée de
Menue, Pareja figure à côté du gendre do Yelazquez. Le
musée du Prado conserve le seul tableau bien authentique
(jue l'on connaisse de Pareja ; ii représente la Vocalion
(le saint Mathieu, et l'artiste s'y est peint lui-même,
louant à la main un papier sur lequel on lit : Juan de
Pareja. avec la date de 1G61 . Cean Rermudez dte cepen-
( huit encore quelques iiguresde saints qui auraient appar-
lonu au couvent des Récoliels de Madrid, et un Baptême
de Jéms, peint pour l'église de la Trinité, à Tolède, et
daté de 1667. Le même auteur ajoute, dans son Diccio-
nario, que Piœcj.t exécuta do nombreuses copies de por-
traits, d'après Yôla>;qae/, et r^u'ii est fort difficile de les
distinguer des originaux. Paul Lefori.
PARELLE (Rol.^ (Y. P.vur.i^- s),
PARELLÔ (Miguel), sculpteur espagnol, né à Palmade
Majorque en 1674, mort en 1730. C'est à Barcelone qu'il
lit son apprenlissdge ; ses ouvrages pour les couvents et
les éghses de Catalogne sont, par suite de la suppression
(k^s oVdres religieux, à peu près inconnus de nos jours et
ont disparu. On cite cependant comme son œuvre les
ligures qui décoreat le retable de l'église de Bisbal. Parellè
iiU un praticien plutôt qu'u/i altiste d"une véritable va-
h'ur ; tel est, du moins, le jugement que porte sur lui
Cean Rermudez. P- C.
PAREWi ENTJ. Ai.aiiTEGT>j>..':. — Surfaceapparented'un
ouvrage de maçojtnwic, de menuiserie ou de pavage. En
maçonnerie, de nos jOurs comme assez IréLiaemment dans
rantiquité, les pierre^ sont lo plus souvent posées à pare-
ment brut etensaitôretai!iée.ietrdva:éessurtctas, tandis
que. pendant certaines périodes du moyen âge et de nos
jour.-, dans les chantiers dos édifices clashés comme monu-
menls liistoriques et comme édifices diocésains, les pierres
.sont pobées à par^meiit ragréé ou ravalé, tel que ce pa-
rement doit rester définitiveuient. Les parements de meu-
hère, de moellon ou do pierre reçoivent différents noms,
suivant le travail d'achèvement qu'ils ont subi, travad
entraîmuit parfois une certaine décoration et toujours cer-
laiiK' plus-value daps le pri\, laquelle peut s^Hever de
moitié au double suivant la Dilurc de ce travail et aussi
suivant la dureté de la matière mise en œuvre. En effet,
\t marbre, la pierre, le moellon, la bri([ue ne se tra-
vaillent pas de la même manière, et le ravalement ou le
polissage, ainsi que certaines décorations de leurs pare-
ments, entraînent des opérations différentes, comme façon
et comme outillage, les([ueîies sont indiquées, avec tes
prix qu'il convieat de leur appliquer, dans les Séries
des prix du bàiimeni. — En menuiserie, les ou-
vrages, vus d'un seul ccté ou de deux côtés, sont dits
à un seul ou à deux parements, suivant qu'ils sont
blanchis ou ornés de moulures d'un seul ou des deux
eotés. — En pavag-, on appelle parement la face unie
d'un pavé, celle sur '^quelle o=i pose le pied. —Enfin, en
couverture, on appelle parement l'enduit déplâtre que Ton
dispose sur le lattis ou sur la volige devant recevoir la
couverture proprement dite afin de donner à ce lattis ou
à cette volige la pente qui est nécessaire à récoulemenl
des eaux. Charles Lucas.
IL LiTuiiGTE. — Les parements sont des devants d'au-
tel en étoffé brodée ou galonnée, que l'on change suivant
la couleur prescrite pour la liturgie du jour. — La Salli:
DES PAREMENTS est la salle où sont préparés les ornements
que le pape doit revêtir pour les chapelles papales, et
qui lui sont présentés à genoux par les prélats Yotants do
la Signature, en leur qualité d'acolytes apostoliques. Ces
ornements, toujours de couleur rouge ou blanche, sont :
l'amict, l'aube, le cordon, l'étole, le pluvial. l\ y ajoute
la tiare ou la mitre de drap d'or. — Dans les sacristies,
on appelle Table des parements la table sur laquelle sont
déposés les or nements sacerdotaux (Y. cqs mots, X. XXY,
p. 602) pour le prêtre qui va dire la messe.
PAREMPUYRE. Com. du dép. de la Gironde, arr. de
Bordeaux, cant. de Blanquefort ; 1.200 hab. Stat. du
chem. de fer du Médoc. Yigno])les renommés.
PARENCHYME. 1. Anatojiie. — (Etymologiquement,
effusion du sang hors des vaisseaux, et concrète ensuite,
d'après les idées anciennes, pour former la substance propre
du foie, de la rate, des reins, etc.). Le sens de ce mot
a beaucoup varié au cours des âges. D'une façon générale,
on l'applique aujourd'hui au tissu propre de chaque or-
gane, à ce qui eji fait la caractéristique, indépendamment
des fibres musculaires, conionctives et nerveuses qui lui
sont surajoutées, et des canaux d'excrétion, des vai^^seaux
sanguins, etc., plus ou moins intricpiés dans ce tis.su lui-
même. On peut distinguer des parenchymes de diverses sortes.
Les uns sont glandulaires et sécrètent des produits divers
(mamelle, pancréas, foie, etc.) ; d'autres servent à excréter
des substances nuisibles : rein, poumon, etc. D'autres,
enfin, sont le siège du développement d'éléments anato-
miques spéciaux: ovaire, testicule. Par extension, on peut
|)arler du parenchyme de l'utérus, du cœur, etc., bien
([ue ces organes n'aient pas un tissu qui leur soil tout à
fait spécial, mais simplement pour désigner !e corps même
de l'organe. La structure partijuUère de chaque paren-
(hyme est étudiée avec l'organe correspondant.
II. Botanique, — C'est un ti^su végétal formé (exclusi-
vement de phytocystes-cellules, c.-à-d. de plntocystes
dont aucun dos diamètres ne l'emporte notablement sur
les autres. Les tissus jeunes sont d'oidinaire excki>ive-
ment parenchymateux : ce n'est que plus lu rit (pie leurs
cellules se transforment en libiec, sclérides, vaisseaux de
diverses sortes. Mais on trouve aussi des parencbymes dans
certains organes adultes. Les plus importants bont ceux
de la feuille, de Vecorce, de la moelle de la li/fe (Y. ces
mots). D'' L. Lalov.
PARENNES. Com. du dép. de la Sarthe, arr. du Mans,
cant. de Sillé-le-Guillaiime ; 865 hab. Stat. du chem. de
fer de l'Ouest.
PARENT. Com. du dép. du Puy-de-D(Jme, arr. de
Clermont, cant. de Yic-le-Yicomte ; 525 hab.
PARENT (Antoine), physicien et mathématicien fran-
çais, né à Paris le 46 sept. 1666, mort le 26 sept. 1746.
Il étudia le droit, puis les mathématiques et la mécanique,
pratiqua aussi l'art des fortifications et fut admis, quelques
mois avant sa mort, à l'Académie des sciences de Paris.
Outre de nombreux mémoires insérés dans le recueil de
l'Académie des sciences, le Journal des savants, etc., il
a publié : Elcnienls de mécanique et de physique (Pa-
ris, 4700) ; Uecherches de physique et de mathéma-
tiques (Paris, 4705, 2 vol. ; 2^^ éd., 4743, 3 vol.). On
trouve notamment dans ces divers écrits de précieuses
remarques sur les roues à aubes, sur la théorie des mou-
lins à vent et sur cehe des pompes.
PARENT (Les). Eamille d'archit(H'tes français contempo-
rains, dont le plus connu, lîenri-Aubert Parent, est né à Ya-
lencieiines le 12 u^r. 1849 et mort à Paris le 1 8 sepi . 1895.
— 101
PARENT
PARENTHi:si:
Fils et élève à\iaheii Paroat, lui vénLable artiste,
qui fut peintre, sculpteur, architecte et professeur d'ar-
chitecture aux écoles acadcmi.iues de Valenciennes, Henri
Parent vint, au sortir de ces mêmes écoles, compléter son
éducation d'architecte auprès d'Antoine Frœlicher, qui
avait alors une fort riche chentèle d'architecte privé. Puis
il s'associa, avec les fils de son maître, MM. Henri et
Arthur Frœlicher, et avec son frère cadet. Clément Parent,
et tous quatre construisirent de nombreux hôtels à Paris
et de ])eaux châteaux en province. Henri Parent seul fit
ensuite élever, entre autres somptueuses résidences, Fhôtel
Mcnior, au parc Monceau ; Fhôtel André, rue Rabelais ;
rhôtel Le Marois, avenue d'Antin; Fhôtel Edouard André,
boulevard Haussmann, hôtel appartenant aujourd'hui à la
grande artiste qui fut Nélie Jacquemart ; les châteaux de
Ronnétable, d'Avrincourt, de Noisiel, de Schilde, près
d'Anvers, etc. De cette vaillante pléiade d'artistes, qui
eut une très grande influence sur l'architecture privée
en France pendant les deux derniers tiers de ce siècle,
restent aujourd'hui M. Arthur Frœlicher, M. Lozn'cS Parent,
fils de Clément, et M. Antonij Parent, iils d'Henri, tous
trois architei^tes. Charles Lucas.
PARENT (Ulysse), dessinateur et peintre français, né
à Paris en 1828 et mort à Veulettes (Seine-Inférieure) le
18 août 1880. Il est moins connu par ses œuvres d'art
(jue par ses opinions politiques et sa participation au
mouvement républicain dans les dernières années du second
iùnpire. Arrêté illégalement, le 4 juin 1867, au moment
oti l'on poussait le cri de Vive la Pologne ! que l'on a
attribué à FIo:jiiet (V. ce nom), puis mis en liberté, il
intenta un procès en correctionnelle à la police. Ce procès
fit beaucoup de bruit et ne fut terminé qu'à la fin d'avril
1869. Pendant la guerre, Ulysse Parent, chef de bataillon
de la garde nationale, se battit vaillamment. Adjoint au
maire du IX^ arrondissement, il y fut élu membre de la
Commune et attaché cà la commission des relations exté-
rieures. H donna sa démission lorsqu'éclata la guerre civile,
mais il n'en fut pas moins arrêté et traduit avec Asse,
Courbet, Ferré et d'autres devant le conseil de guerre de
Versailles qui Facijuitta. H fut ensuite nommé membre du
wnscil municipal de Paris dans le XP arrondissement. On
;i de lui une brochure ayant pour titre : Uiie Arreslation
en mai 1871 . Quant à ses dessins ou taldeaux, ils ne
sont connus que de quelques amateurs. Ch. Si'.îonu.
PARENT DE Chassv (Louis-Nicolas), liomme politique
français, né à Vignol (Nièvre) en 1728, décapité à Paris
le 2 févr. 1794. x\ vocal aux conseils du roi, maire de
Vignol, député du tiers état aux Etats généraux par le
])ailliage de Nivernais (25 mars 1789), il prêta le ser-
ment du Jeu de paume. Suspect de modérantisme, il fut
arrêté et condamné à mort. Et. C.
PÂRENT-DucHATELET (Alexandrc-Jean-Baptiste), hy-
i^iéniste français, né à Paris le 29 sept. 1790, mort à
Paris le 7 mai 1836. Reçu docteur en ^814, il fut nommé
médecin de la Société philanthropique et du bureau do
charité, puis agrégé à la Faculté lors de la réorganisation
des études. Il se consacra exclusivement à l'hygiène à
partir de 1821, et fut nommé successivement membre ad-
joint du conseil d'hygiène, médecin de la Pitié, puis membre
titulaire du même conseil. C'est grâce à son initiative
que furent fondées les Annales d'hygiène publique et
(le médecine légale. Ses principaux ouvrages sont : Essai
s}ir les cloaques ou égouts de la ville de Paris (Paris,
1824, in-8) ; le Rouissage du chanvre.... (Paris, 1832,
in-8) ; les Chantiers d'équarrissage de la ville de Paris,..
(Paris, 1832, in-8) ; Rapport sur les améliorations à
introduire dans les fosses d'aisances et les voiries de
la ville de Paris (Paris, 1835, in-8); de flnfluence et
de r assainissement des salles de dissection (Paris,
1835) ; de la Prostitutio7i dans la ville de Paris,
publ. par Leuret (Paris, 1836, 2 vol. in.8; 1837, 1857) ;
Mémoires d'hygiène publique, réuni par Leuret (Paris,
1836, 2 voL in-8). IK L. Hn.
PAR E NT-Rlal (^Nioolas-Joseph-Honoré-Marie), homme
politique et avocat français, né à Ardres (Pas-de-Calais)
le 30 avr. 1768, mort à Paris le 28 avr. 1834. Avocat,
juge de paix à Ardres (4794), président de Fadministra-
tion départementale du Pas-de-Calais (4797), député de
ce département au Conseil des Cinq-Cents (15 avr. 1799),
il approuva le coup d'Etat du 48 brumaire et entra au
Tribunat le 4 nivôse an Vîîl. H en sortit en 1802 et de-
vint, en 1803, avoué à la Cour de cassation et avocat au
Conseil d'Etat en 1806. En 4819, il entra au barreau de
Paris et s'y fit remarquer. Daunou a publié, en 1839, une
notice sur lui. Et. C.
PARENTÉ. I. Sociologie (V. Famille).
II. Droit romain (V. Agnation et Cognatîo).
III. Droit civil actuel — La parenté est le lien qui
unit, soit les ascendants aux descendants, soit entre elles les
personnes qui descendent d'un auteur commun sans descendi'c
les unes des autres. La parenté est légitimée ou naturelle
suivant qu'elle résulte ou non de légitimes mariages. A un
autre point de vue, on distingue la parenté naturelle ré-
sultant de la communauté d'origine ou de la filiation, {U\
la parenté civile résultant de l'adoption. La parenté est
plus ou moins proche. La proximité de la parenté entre
deux membres d'une même famille se compte par le nombre
de degrés qui les séparent. Chaque degré correspond aune
génération. En ligne directe, c.-à-d. entre ascendants
et descendants, il y a autant de degrés qu'il y a de géné-
rations entre les personnes ; entre personnes qui descen-
dent d'un auteur commum, sans descendre les unes des
autres, c.-à-d. en ligne collatérale, les degrés se comptent
depuis Fun des parents jusques et y compris Fauteur com-
mun et depuis celui-ci jusqu'à Fautre parent. On appelle
ligne paternelle Fensemble des parents du côté du père,
ligne maternelle l'ensemble des parents du côté de la mère.
La filiation naturelle ne crée à proprement parler de pa-
renté qu'entre les père et mère et leurs enfants naturels
et entre les frères et sœurs naturels (non entre les enfants
naturels et les parents légitimes de leurs père et mère).
L'adoption ne crée de lien de parenté qu'entre l'adoptant
et l'adopté, mais non entre enfants adoptifs ou fmtrc
l'adopté et les parents deFadoptant. Ces observations sont
faites toutefois sous réserves de ce qui a été édicté par la
loi sur les prohibitions de mariage (V. ce mot). La pa-
renté crée des obligations et confère des droits. — Effet
de la parenté : 1^ les parents sont appelés à succéder à
leurs parents (art. 731, C. civ.). Les successions sont dé-
férées aux enfants et aux descendants du défunt, à ses
ascendants et à ses parents collatéraux, dans l'ordre et
suivant les règles fixées parle code civil au titre des sur-
cessions (V. ce mot). Les parents au douzième degré ne
succèdent point. L'enfant naturel a des droits sur les
biens de ses père et mère (il n'est pas héritier proprement
dit, mais successeur irrégulier (V. Succession) ; il n'a au-
cun droit sur les biens des parents de ses père et mère.
La succession de l'enfant naturel décédé sans postérité
est dévolue à ses père et mère, à leur défaut à ses fi'èrcs
et sœurs naturels ou aux descendants de ceux-ci. —
2° Les descendants doivent des aliments à leurs ascen-
dants dans le besoin. Cette obligation est réciproque. —
3° La puissance paternelle, la tutelle légale des père et
mère et des ascendants, le droit et l'obligation de siéger
dans le conseil de famille du parent mineur ou interdit
sont des conséquences de la parenté. — A^ Enfin la proche
parenté est un obstacle au mariage. — 5^ Les parents
jusqu'à un certain degré de l'une des parties en cause ne
peuvent être cités comme témoins dans une instance civile
ou criminelle ; d'autres parents peuvent être reprochés
comme témoins dans une enquête civile. Bouchon.
IV. Droit canon. — Parentés spinra'ELLES (V. Com-
mère et Inceste).
PARENTHÈSE. ï. Rhétorique. — On appelle pa-
renthèse un mot ou une réunion de mots intercalés au
juilieu d'une phrase d'mt ils ne font pas grammaticalement
^\RENTiiÊSK
PAROUl
lOlO
]>artie, et au cours de laquelle jis iuU'rhjiiipent lu siiiie
(les idées par quelque remarque Ibrmant uti sens distinct
et isolé.
Je croyais, moi (jupe/, de iiiu siiiipliciiô;,
Quo l'on dcvraii i'ougii* cic la duplu'iit'".
Db '-TOUCHE?^.
!.e uioi parenthèse vieil (, du grec jcapevOcaiç, intercala-
lion, de Tuapdc à côté de, ev dans et tiOsva'., placer. Il dé-
signe, non seulement les mots intercalés dans la phrase,
le.ais encore les deuK signes de ponctuation en forme de
ciocliets ( ) entre lesquels Ofi les enfcnue. On dit ouvrir
Il ae ]iarenlhèi>e i{\x'A\\&Q\\ se sert du premier, et ia/6'/7^'^^r
(juand on se sert du second. Par extension, l'expression
ouvrir une parentlièse s'emploie en pa.rlant d'une digres-
sion faite au cours d'un déyeloppemenl et par laquelle on
s'écarte du sujet. P. Giqukaux.
IL Mathématiques. ™ l/emploi des parenthèses e-U
fréquent en mathématiques; on place enire parentJièses les
qiianiités qui forment un facteur, ainsi {a -f- h -h c){p -f- q)
veut dire que la somme a -^ b ~\~ c doit éti-e nudtipliée
j>ar p ~\- q. Les notations /""(j;), /'(.r.?/) expriment (jue f{x),
l'ixjf). sont fonctions de ,t. de .r et de y. eîc. (V. Fox(.-
•iio>)
Log (x -h y) est le logariilime (!(> ,c4- //. {a -|- h)'^ est
!a puissance m de u -{- /^ etc.
MHUtMU î-ai* la
^ÂKENTHÈSES Ï)E PoïSSON, — Ou dés
liolalion (/, g) rexpression
llL ÛIL __ ^L EL _j- ^^L '^y
ou . si Pou veut
(a's parenthèses iouenl un iule iiUpuriani, soi! en jjiéca-
niuuc ou en aslcoimiriic, S(»'.b en malhéiUidicpu^s paies dads
la théorie des équations auv déri\écs pailielies. (> (jui
donne une grande import^iuco à ces expi-essions, cY^sl une
propriété découverte par Dojdvin et qui conhisîe en c*.* ([ue
si a, [3, y sonl fonctions do oc^,x,...:r^.'i^jj>,.jj^^,v\ ^^i
Voa a :
a = (P, y), h zrs (y, a), c :==z (a. [-.).
OU a identiquement :
La condiiion nécessaire et su[Tisain(^ poiir qui' hs \a-
leuis de 2/jt ?/2«.-Vh tirées des équaîi-.)!^
reudent rexprossion
intégrab'sc est que toutes les parentlièbes {/]. /^) soiiMâ
nulles. Ce beau tlièorcmc do Jacolii sert de base à um^
théorie de l'intéxcatlcn dos é.iUaSii-p.s aux dérivée.^ par-
liclles du pienitec ordre.
Je signalerai encore, paiiiii uwv. inliiiité d'antre^, Uin'
propriété remartjuable des parealh'/ses découverte par
Poisson.
Si a r=r constante, '^ ~- constauîesiJiU des iolégraii - d;-N
équations (ditc.^ (aLioniqaos)
ri^^ ()U di'o ___ ()i\
d^ '"~o%'' lit "'"^ôn.r"
di oM'i' dl dx>""
où u est une foneiion donnée des x et des y (a. [•.) zz; eons-
tantesera en général une nouvelle intégi'alc des mènu's
équations. Toutefois, cette équation (a, p) zn constant!'
[)eut se réduire à une identité ou ne pas faire connaître de
nouvelle intégrale, {^,p,) = constante se réduisant à wiM'
combinaison d'intégrales déjà connues. H. Laurent.
Equs,lions eux dtrivi-v: jiurtunlcs. Traités Cio
lUOL.
ÎOURSAT. MÂn^ION. LMSniIENKT/!
V, O'Jl
>\S (1.^ J,\(
PARENTIGNAT, Com. du dcp. du Puy-de-Dôme, arr.
d'Issoire, cant. de Sauxillanges ; 159 hab.
PARENTINO (Bernardo), peintre italien, né ta Parenzo
en Istrie en Uiol, mort en 1531. S'étant f^nt religieux
augustin, il prit le nom de frère Lorenzo, et produisit un
certain nombre d'ouvrag(\s recommandables par une com-
position savante, qui rappelle le style de Mantegna. \a'
musée de Berlin a de lui une Adoration des Deniers.
PARENTIS-EN-l]oa>/. Ch.-L de cant. du dùp. des
Landes, arr. de Mont-de-Marsan ; i .9-^1. S(al. (hi chem.
de fer d'Ychonx à Parenlis. Pins et résines ; îiiijierai ds^
fer; tourbières. Fabrique d'essence de térébenthine ; scie-
I ries mécaniques. Counnorce de biines et de peaux.
i PARENTLJCELL! (Thomas) (V. NmocAS V. ])apeV
I PARENTY. Com. du dép. du l\is~de-Calais. arr. ih
Montieuih cant. d'Hucijueliers ; ()07 hab.
PARENZO. Viiie d'Autricho. prov. distrie, bâtie sus'
une presqu'île de ]'.\d!'iati;pie; H.1^2(i iiab. (aggl.). Siègo
de la Diète, évèché, tribunal, basih ^ue du vi^ siècle avec dcb
mosarpms. antiquités l'oujaines. Institut agronomique, mu-
sée, bibliotiièque. Port qui a reçu environ 100.000 tonnes
en 4894, pèche et constructions navales. La ville, qui
remonte à l'antiquité e( fut une colonie romaine, appartiiil
à Venise depuis 4207 jusqu'à la chute de la rcpubliqne.
Bt];[.. : l.oiini:, U,"?' Dom zu l^urcnzo ; lîerlin, liS5U.
PAREPA-UosA(Luphrosyne Paueca de BoYEsxr, dite),
cantatrice anglaise, née à ]^dim!)0urgie 7 mai 183(),morle
à Londres le *26 janv. 1874. Fille du baron valaque Geo)'-
giades de Boyesku et de la cantalrice l'disid)L'th Sé^i^uiii,
elle reçut les leçons expcrijnejitécs de sa mère et débuta
à Malte dans la Somnmnhule, en 4853. Llle parut suc-
cessivement sur les scènes de Naples, FUnne, lMoie!ic{\
Gènes, Madrid, Lisbonne. Douée d'une jolie voix de so-
prano et de remarquul)!es taients scénicpies, elle oiniot de
graPid.s srtcc(\s. iJlc apparaît piniv ia première ibis à LiM\-
dres, au Lueuiu, dans les PurHams (1837), ])uis à Lo-
vent Gaî'den dans Zaïiioa. l-.lle eut de plus grands succès
encore dans les conccrt.s. Llîe épousa, ei» secondes noces,
en 4867, le chanteur Larl Bo^a, avec knpiei elle fonda à
New York la«I-^arepa-Bosa english lapera Company» qui
eut une influence marquée sur ia diifusio]i delà musi(pie
en Américpie. B. S.
PARÈRE. Atte.^tation d'autoriîés éîrangères, de cer-
tains corps, de fonctimmaires. de jurisconsultes ou de m»-
tables commerçants établissant un usage.
Les parères renlrent dans la tiuHuie des preuves. Le
législateur a établi un ensendde de règles auxquelles 1rs
plaideurs j^oiU, soumis, lors 'u'iis veuient établir !e droiî
qu'ils invoïpient ou le fait qu'ils allèguent. Dans les légis-
lations qui admettejît la force légale des coutumes locales,
Ja preuve des usages a une grande importance. Aussi, dans
I l'ancienne moiuircliie. hs autorités judiciaires déUvraiejit-
I elles fré(piemment. à la demande des parties, des cieles
' de notoriélê, qui constataient un point de droit en usage.
I Dans neti'e Ltat moderne, les coutumes sonl abrogées, ei
i le droit écril, considérablement développé, a restreint en
i proportion le domaine de l'usage. Cependant, il sérail
I inexact de dire quo la valeur quasi légab,^ de rusag(^
! ou de la coutume a complètement disparu. Le code civil
i (en matière de voisinage et de location, notamment) ci
un grand nombre de lois spéciales, ont maintenu, dans
certains cas, les usages locaux et les règlements particu-
liers. Un ministre de l'intérieur, en 4814, signalait dans
une circidaire l'intérêt que présenterait un recueil, réu-
nissant toutes ces coutumes, et il conviait les autorités
départementales à le faire rédiger. Depuis lors, la ques-
tion en est restée là. La j)reuve de l'existence d'un usage
n'est donc pas toujours faite et il faut bien reconrir aux
témoignages. D'autre part, la rapidité des communica-
tions et la fréquence croissaiite des rapports internatio-
naux, en donnant au droit international privé une grande
extension, augmentait le nombre des cas où un tribuna
peut être app'elc à appliquer un point de droit en vigueur
à Fctranger ou à en tenir compte. Ici encore, les parères
seront utiles.
C'est en matière commerciale que l'usage a conservé
la plus grande force. Notre droit commercial vient en par
tie dltalie et des régions méditerranéennes. Los parères
ont la même origine. Ils ont joué, anciennement, un rôle
important, sur les places en relations d'affaires avec ces
régions, principalement à Lyon.
Quelle est la valeur légale du parère? A la différence
de notre ancien droit, où il avait un caractère ofiicieî, et
pouvait émaner des corps judiciaires, le parère n'a plus
aujourd'hui, dans la théorie des preuves, que la valeur
d'un certificat sur un point de fait. En d'autres termes,
sa force probante est toute subordonnée à l'appréciation
du tribunal auquel il est présenté. Judiciairement, c'est un
élément de décision dépourvu d'autorité légale. Morale-
ment, il vaut d'aprrs lacon ance qu'inspirent la collecti-
vité ou l'individualité qui délivre ce certificat.
En pratique, de cui émanent les parères? Des autorités
étrang'^res, là où le droit d'en délivrer existe ; de ce)*-
tains fonctionnaires, comme les consuls ; des juriscon-
sultes; des notables commerçants. Devant la juridiction
commeiciale, on invoquera surtout des attestations de ces
derniers, et le caractère des juges consulaires, qui sont
eux-mêmes négociants, facilitera la constatation. Cepen-
dant, des textes ont rangé au nombre des attributions do
certains corps la faculté de délivrer des certificats ou pa-
l'èrcs. Le décret du 3 sept. 4 Soi, sur Torganisation des
chambres de commerce, art. -11, porte que « Favis des
chambres de commerce est demandé spécialement... svr
les usages connnejriaux, les tarifs et les règlements de
courtage maritime et de courtage d'assurances de marchan-
dises, de change et d'effets publics ». La loi du 2i mars
'1884, sur les syndicats professionnels, art. 6, alinéas 6
et 7, dispose que ces syndicats « pourront être consultés
sur tous les différends et toutes les questions se rattachant
à leur spécialité. \)um les affaires contentieu.ses, les avis
des syndicats sciont tenus à la disposition des parties.
qui pourront, en prendre communication et copie ». Il a
été bien spécifié, dans les travaux préparatoires, que ces
avis ne constituaient qu'un mode d'information facultatif
pou)' les tribunaux.
(]ui a qualité pour dem.ander un parère? Le gouver-
nement, une administiation, les tiibunaux, les plaideurs,
enfui. Ceux-ci en feront le plus fiéquent usuge, et Fesprit
de chicane aidant, on pourra voii' produire, à la même
bane, les parères les plus contradictoires, entre lesquels
le trii)unal appréciera. Félix Rousskl.
PARÉSIE (iVléd.) (V. Pakalysîe).
PARESSEUX (Zool.) (V. BRADveE).
PAR ET Y A [XA7ÂR (Luis), peintre espagnol, né à Madrid
eu 1717, mort à Madrid en 1799. îl suivit d'abord les
cours de dessin et de peinture de l'Académie de San Fer-
nando, placés alors sous la direction d'Antonio Gonzalez
Velazquez, puis il obtint d'un peintre français, Charles
de la Traverse, alors établi à Madrid, qu'il lui donnât des
conseils. Celui-ci, qui avait été l'élève de Boucher, initia
Paret à Fart des- maîtres français du xvni® siècle, pour
lesquels il montrait d'ailleurs, dans ses études, une pré-
férence marquée. H devint un charmant coloriste, et quel-
(pies-uns de ses tableaux, ayant été vus par Charles IIL
lui plurent infiniment. Des commandes du roi et des infants
furent faites à Fartiste qui, après un voyage en Italie et
en France, revint à Madrid où l'attendaient de nouvelles
commandes de la cour. Il fit alors pour le roi des Vues
(les ports iVEspwjne, dans le goût de Joseph Yernet, la
Prestation de serment du prinee des Astiiries, en
l'cgUse de San Geronww, et une sorÊe de Canvusel,
où, sur une place d'Aranjuez, au milieu d'une assistance
parée et nombreuse, figurent, cavatkadaiit par couples, les
personnes de l'a famille royale. Ce derniei' tableau, con-
servé au musée du Prado, porte la signature de Fartiste
et dut être exécuté, (omme la Prestation de serment.
1047 — PAHÈUE — PARFAICT
en 1789 ou 1790. Paret fut en grande vogue à Madrid
et peignit beaucoup pour les particuliers. On connaît d(*
lui plusieurs gracieux sujets de genre ; une Vue de la
Puerta del Sol, animée d'un monde de passants et four-
millante de cavaliers et de carrosses ; V Intérieur d'un,
magasin de soieries, à Ma^hid, et encore une Prome-
nade dans un parc, qui ont jadis fait partie de la galerie
Salamanca. Paret composa des dessins, dont la plupart
ont été gravés, et qui oiment l'édition du Parnasse de
Quevedo ; il en avait préparc également pour les Nouvelles
de Cervantes, qui restèrent inédites. Il avait été nommé
membre de l'Académie des beaux-ai'ts de San Fernando
dès 1780. P. Lf.fort.
PAR EUS (David Wakxgler), théologien allemand, né
à Franckenstein (Siîésie) le 30 déc.lD48, mort à ïleidel-
berg le 12 juin 1622. Venu k Heidelberg en 1584, il y
rxquit en 1598 le grade de docteur en théologie et devint
en 1598 professeur de la faculté de tîïéologie qui était,
.'iprès tant de luttes acharnées, définitivement gagnée au
-'ite réformé. Bien qu'ayant commiencé tard, il publia un
nombre considérable d'ouvrages, en particulier de contro-
verse. Pour unir les deux confessions luthérienne et ré-
formée (Irenicmn, siue de Pnione et synodo evange-
Ucoriim liber votiims ; Heidelberg, 1614), il proposa un
synode général qui serait convoqué par les princes et les
V.Uts protestants d'Allemagne et par les rois d'Angleterre
et de Danemark. îl publia une nouvelle traduction de la
înble, mais qui n'est autre chose que celle de Luther, accom-
nmdée au goût réformé. Le catalogue complet de ses ou-
vrages, même de ceux qui se sont perdus, se trouve dans
une édition de ses oaivres préparée par son fils Philippe,
mais qui ne renferme que ses omvres exégétiques et une
biographie très détaillée (Francfort, 1647', in-foL).
PAREY-Saint-Césaiue. Coin, du dép. de Merrthe-el-
Moselle, arr. de ^ancy, cant. de Vézelise ; 305 hab.
PAREY-sous~Mo>;iî'ORT. Corn, du dép. des Vosges, arr.
de Neuf( bateau, caîit. de Bulgnéville ; 213 hab.
PARFAICT (François) et PARFAICT (Claude), littéra-
teurs français, étaient frères : François naquit k Paris le
10 mai 1698 ety mourut le 25 cet. 1753; Claude naquit,
(lit-on, vers 1701, et moui-ut à Paris le 26 juin 1777. Le
principal ouvrage dû à leur collaboration est VUistoire
gcWrale du thcâlre françois depuis son oriijine jus-
,)U'(i présent, avec ta vie des plus célèbres joèles dra-
matiques, un Catalogue exact de leurs pièces et des
Notes historiiîues et critiques (Paris, 1745-4!), 15 vol.
in-12). Les premiers volumes avaieut paru chc Morin (1734
el suiv.) ; ils furent tirés à nouveau en 1745. L'oiivrage
parut sans nom d'auteur. Il conduit le sujet jusqu'à
Fannée 1721. Outre \(i^ matières indiquées dans le titre,
il donne des notices biographiques sur les principaux
acteurs, et des extraits, parfois étendus, des pièces cata-
ioguées. Les frères Parfaict ont profité, en les critiiiuant
et contredisant souvent, des Rechercties sur les th' aires
de France àe¥.-¥r. Godard de Beauchamps (Paris, 1735.
in-4, ou 3 vol. pet. in-8). Il y a bien des erreurs et des
lacunes dans leur travail ; en pai-ticulier. la chronoloi>;ie
des pièces de théâtre de 1550 à 1630 ou 1635 est sou-
vent très contestable; beaucoup de dates proposées sont
hypothétiques, et les hypothèses obtenues par une m.é-
ihode peu SiU'o. 11 ne faut donc pas s'en fier aveuglément
aux frères Parfaict. Malgré ces léserves. leur recueil est
un guide nécessaire dans l'étude du théâtre des xvi^ et
xvii^' siècles : ils ont travaillé consciencieusement et four-
nissent un tr<s grand nombre de rens-eignements exacts.
Leur goût est médiocre, mais il fait connaître le juge-
ment des esprits moyens vers le milieu du xvïii® siècle
sur notre théâtre classique. Outre cette considérable iîis-
toire, les deux frères ont publié deux autres ouvrages,
également utiles : Mémoires pour servir à lliistoire des
yiectacles de la foire par un acteur /bram (Paris, 1743,
2 vol. in-12) et Histoire de l'ancien théâtre italien,
depuis son origine jusqu'il sa suppression en 1697
PARFAÏCT — PARFUM
1048
(Paris, il où, in-i:2). Un autre ouvrage du à leur colla-
boration a été publié par Q. Godin d'Abguerbe : le Die-
lionnaire des thJcUres de Paris (1756 et 1767, 7 vol.
in-12. Le 7^ vol. est un volume dWdditions et supplé-
ments). — François Parfaict a collaboré un moment avec
Marivaux; il fit le divertissement de la Fausse Suivante
(Théâtre-Italien, 8 juil. 1724) et dégrossit quelques scènes
du Dénouement imprévu (Comédie-Française, 2 déc.
1724). Il a composé seul : le Quart d'heure amusant,
journal qui parut de janvier à mai 1727; Etrennes
calotines par le sieur Perd-la~Raison (1729); Aurore
etPhébus, histoire espagnole (Paris, 1732, in-12) ; Agemla
historique et chronologvjue des théâtres de Paris (Paris,
1733, 1736, 1737, 3 vol. in-12). Cet ouvrage, attribué
par Favart à l'abbé de La Porte, a été réimprimé de nos
jours par J. Bonnassies. On doit encore à Fr. Parfaict
les notes de l'édition des Bains des Thermopyles par
M^^^ de Scudéry (Paris, 1730, in-12) ; l'édition des '0Eîiwt^5
de Boindin (1753, 2 vol. in-12) ; Atrée, tragédie lyricfue
en vers, non jouée et non imprimée, et le ballet de Pa-
nurge, arrangé par Morelen opéra-comique (publié cà Paris
an Xî, in-8). Endn il avait fait une Histoire de F^ica-
démie Royale de musique depuis son établissement
jusqu'à présent (1645-1741), non imprimée ; le manus-
crit en est perdu, mais une copie faite par Beffara se
trouve à la Bibl. Nationale {mss fr., 12353). — Claude
Parfaict avait entrepris, paraît-il, une Dramaturgie gé-
nérale, dictionnaire dramatique qui ne fut jamais imprimé,
il a publié une Lettre d'Eippozrate sur la prétendue
folie deDémocrite, traduite du grec (Paris, 1730, in-12).
G. Lanson.
Bibl. : Fréron, VAnnéelitiéraive, 1754, t. III. — Moréri,
Dictionnaire historique, éd. de 1759. — Le chevalier A.-?,
du. Co\JD RAY, Lettre au public sur la mort de Crébilloii.
Gresset et Parfaict ; Paris, 1777, iii-8.
PARFAIT. I. Philosophie (V. Perfection).
ÏI. Grammaire (V. Temps).
lîl. Arithmétique. — Nombres parfaits. — On ap-
pelle nombre parfait un nombre égal à la somme de ses
diviseurs. Par exemple, 6 est un nombre parfait, parce que
6 =: 1 -f 2 -I- 3, et que 1, 2, 3 sont les diviseurs de 6.
La formule 2? — *(2^ — 1 ), due à Euclide, donne des nom-
bres parfaits lorsque le second facteur est un nombre
premier. On n'obtient ainsi que des nombres parfaits pairs,
et on démontre qu'il n'en peut exister aucun en dehors de
cette formule. Mais bien qu'on ne connaisse aucun nombre
parfait impair, l'impossibilité de l'existence d'un tel nombre
n'est pas démontrée jusqu'ici. C.-A. L.
IV. Alchimie. — Corps parfait. — L'idée du corps
parfait chez les alchimistes était corrélative de la stabilité
et résistance aux agents de toute nature : l'inaltérabilité
résultant, d'après Geber, d'un équilibre complet entre les
(jualités contraires. Voilà comment l'or a paru le terme
accompli des métamorphoses : non seulement à cause de
son éclat, mais parce qu'il résiste mieux que tout autre à
la chaleur et aux réactions naturelles ou arliiiciellcs de la
(himie. M. B.
BiDL. : M. Berthelot, Histoire de la Chimie ini moyen
ô(je, t. III : Alchimie arabe.
PARFONDEVAL Com. du dép. de l'Aisne, arr. de
Laon, cant de Bozov; 405 hab.
PARFONDEVAL. Com. du dép. de l'Orne, arr. de Mor-
tagne, cant. de Pervenchères ; 195 hab.
>ARFONDRU. Com. du dép. de l'Aisne, arr. et cant.
de Laon; 316 hab.
PARFONDRUPT. Com. du dép. de la Meuse, arr. de
Verdun, cant. d'Etain; 183 hab.
PARFOURU-l'Eclin. Com. du dép. du Calvados, arr.
de Bayeux, cant. de Caumont; 245 hab.
PARFOURU-sur-Odon. Com. du dép. du Calvados, arr.
de Caen, cant. de Villers-Bocage ; 178 hab.
PAR FOU RU (Désiré-Paul, dit Porel), acteur et direc-
teur de théâtre, né à Lessay, près de Coutances (Manche),
en 184i2. 11 entra assez jeune au Cunser\uluiie ou il rem-
portait un prix de comédie, en 1862. Il fut ensuite engagé
à rOdéon où s'est faite toute sa carrière dramatique, assez
courte d'ailleurs, sauf un séjour de trois ans au Gymnase,
de 1867 à 1870. Outre le répertoire classique, il s'est fait
remarquer surtout par un sentiment exact de la vie con-
temporaine dans diverses créations ou reprises de pièces
modernes. Depuis un certain temps directeur de la scène
à rOdéon, il devint, en 1882, l'assoc'é de M. de La Rou-
nat, directeur de ce théâtre. A la mort de celui-ci (1885),
il resta seul directeur. Il a gardé cette entreprise jusqu'en
1892, et son administration fut assez généralement heu-
reuse, il sut maintenir les traditions classiques du second
Théâtre-Français, tout en donnant à son répertoire plus
de variété qu'il n'en avait autrefois. Il a fréquemment
monté des pièces à spectacle et s'est surtout fait une spé-
cialité de celles où la musique joue un l'ôle important; elle
est toujours exécutée à FOdéon par un excellent orchestre
et des artistes de talent. En 1892, M. Porel a pris à ses
risques et périls la direction de TEden, qu'il consacra aux
spectacles les plus variés : drame, comédie, genre lyrique,
adaptations de toute sorte. Il faut citer, parmi ces der-
nières, une de ses plus heureuses découvertes : Lysistrata,
imitation spirituellement modernisée d'Aristophane, par
M. Maurice Donnay, dont cette pièce a consacré le talent
(1892-93). Cependant, cette entreprise dura peu. Quelque
temps après, le mariage de Porel avec une célèbre actrice
du Vaudeville, M^^^ Uéjane, le détermina à prendre la
direction de cette scène concurremment avec celle du
Gymnase et en collaboration avec M. A. Carré. Depuis que
ce dernier est passé à la tête de l'Opéra-Comique, M. Porel
est resté seul responsable de cette entreprise. Il Q.
PAR PU [VI. HiSTOiuQCE. — On désigne généralement
sous le nom de parfums les matières qui produisent une
impression agréable sur notre odorat. Le premier parfum
fut la fleur odorante. Mais le désir de remplacer l'odeur
passagère des fleurs par une impression plus durable fit
bient(3t découvrir que certains arbres produisaient des
essences odorantes. Elles servirent d'abord aux rites reh-
gieux, et, comme leurnom V indique {per fumum), furent
d'abord obtenues par la combustion de substances aroma-
tiques en nombre plus ou moins grand. L'encens fuma
sur les autels de Jérusalem et de Memphis, et il figure
dans les prescriptions liturgiques des Vedas ainsi (|ue
dans celles de Zoroastre.
L'industrie des parfums parait avoir eu en Egypte son
premier développement; elle y fit de grands progrès, et,
du temps de Plolémce, le monde entier faisait usage des
produits égyptiens. A Alexandrie, notamment, existaient
d'importantes fabriques, dont les produits étaient si pré-
cieux que les ouvriers ne pouvaient sortir sans être fouillés.
Le nombre des parfums s'accrut considérablement. Les
prêtres furent d'abord les premiers parfumeurs, connaissant
seuls le secret des aromates et ayant le privilège de préparer
les substances odoriférantes qui servaient à l'embaumement
des corps. Ils les vendaient à prix d'or aux riches particuliers
qui voulaient savourer ces jouissances jugées dignes des
dieux. Les femmes en firent un très grand usage, se faisant
frotter le corps d'onguents parfumés, se teignant le visage
et la chevelure. C'est ainsi que les parfums occup^Tcnt
une place importante dans la séduction exercée par Cléo-
pàtre sur son ennemi Marc-Antoine. C'est à cette reine
d'Egypte que serait due, d'après Pline et Galien, l'inven-
tion de la pommade à la graisse d'ours.
X leur retour d'Egypte, les Hébreux avaient aussi com-
mencé à employer des parfums, et Moise reçut, dit-on, du
Seigneur l'ordre de confectionner l'encens sacré destiné à
être brûlé sur l'autel du temple et l'huile sainte qui devait
servir à oindre le grand prêtre, le tabernacle et les vases
sacrés. L'encens, rigoureusement réservé aux cérémonies
religieuses, était une gomme -résine {olibanum). Les
femmes Israélites employaient beaucoup de parfums et de
cosmétiques et se teignaient le visage comme les Egyp-
tiennes. Plusieurs prophètes lounèrent contre l'abus des
parfums. Enfin les Hébreux embaumaient aussi leurs
morts.
Chez les Grecs, ce fut également de haute antiquité que
s'établit l'usage de la parfumerie. Homère en fait mention.
Hippocrate sauva Athènes de la peste en faisant ])rûier
dans les i^ues des bois aromatiques et en faisant suspendre
partout des paquets de fleurs parfumées. L'abus des par-
fums devint môme si grand à Athènes que Solon en interdit
Tusage qui fut également combattu par Socrate. Ces pros-
criptions n'eurent pas grand succès.
Les Romains exagérèrent l'emploi des parfums, s'endui-
sant le corps d'huiles parfumées, se servant du savon des
Gaules pour les mains, se teignant les cheveux en noir.
Les femmes faisaient usage de divers fards, et Ton cite le
masque au mari dont Poppée, femme de Néron, faisait
usage pour se tenir le teint frais. Elle s'appliquait sur le
visage une pâte de farine de seigle délayée dans de l'hailc
parfumée, qu'elle conservait toute la journée et dont elle
ne se débarrassait que le soir par un lavage au lait.
Les Phéniciens et les Carthaginois furent à cette époque
ks grands commerçants en parfums. Au moyen âge, les
Arabes d'a])ord, pui^s les Vénitiens et les Génois reprirent
leurs traditions ; enfin vinrent les Elorentins qui acquireni:,
sous les Valois, une sorte de supériorité en l'art de la par-
fumerie.
L'usage des parfums en France et dans l'Europe occi-
dentale ne date guère que des croisades. Au xv^ et au
xvi^ siècle, il alla jusqu'à l'abus. Pais il subit une réac-
tion passagère sous le règne du roi Henri ÏV et reprit
avec la belle et coqueîtc Anne d'Autriche pour atteindre
son apogée à la cour de Louis XIV et surtout à celle do
Louis XV, qui fut surnommée la cour parfumée. Ces
goûts se perpétuèrent sous Louis XVI et ne trouvèrent un
tenue que dans les sanglantes scènes de la Révolution. Ils
reparurent avec le Directoire, sous l'impulsion de la belle
;\{me Xallien, et se continuèrent sous le Consulat avec José-
phine de Beauharnais. Depuis, l'usage des parfums s'est
maintenu dans des proportions raisonnables.
Techxologie. — Origine du parfum des fleurs. Le
problème du mode de formation et de l'origine du par-
fum des fleurs n'est pas complètement résolu. D'après les
études au microscope dues à M. Mesnard, les huiles essen-
tielles qui dégagent les odeurs ont leur siège d'élection
à la surface interne du calice et de la corolle. Sur la face
externe, on ne trouve d'ordinaire que quelques rares glo-
bules d'essence ; par contre, les pigments colorés et le ta-
nin qui a servi à les former abondent. Dans le développe-
ment des tleurs, la chlorophylle se transforme d'abord en
glucosides, substances analogues au tanin. Mais, tandis que
vers la surface externe exposée à la lumière et à l'air, les
glucosides se transforment en pigments et tanin, sur la sur-
face interne, protégée par lebouton, elles donnent des huiles
(essentielles, qui, s'oxydant énergiquement au moment de
Féclosion, font naître' le parfum, et cekii-ci est d'autant
plus fin que rhuile essentielle est plus débarrassée des
produits secondaires dérivés de la chlorophylle. Ceci ex-
plique pourquoi les lilas blancs artificiels et les roses
forcées ont une odeur plus fine et pourquoi les fleurs vertes
ne sentent rien.
Classification des odeurs. Les classifications sont nom-
breuses et aucune n'est admise d'une façon générale. On
peut, avec le D^ Bain, les grouper en trois classes : J^les
odeurs fraîches, qui stimulent et activent les fonctions
des organes respiratoires ; 2*^ les odeurs suffocantes, qui
n'ont d'action que sur Pappareil olfactif et qui se subdi-
visent en odeurs suaves et en odeurs puantes ; 3° les odeurs
nauséabondes, qui ont une action antipathique sur Fes-
tomac, tendant à produire des nausées et des vomisse-
ments ; elles se subdivisent en odeurs piquantes, étJiérées,
acres et appétissantes.
Nous donnons dans le tableau ci-après, emprunté à
M. Rimmel, la classification des odeurs mères types aux-
H)i9 — PAUFIJ3I — PARFUMERIE
quelles se raltachent toutes les autres, soit àl'état naturel,
soit à celui de combinaisons :
ODEURS SECONDAIRES
SÉRIES
TYPES
A14»ARTEXANT
A LA MÊME SÉRIE
lloscc.
Rose.
i.éranium, cglantine, rho-
dium, palissandre.
Jasmiucc.
Jasmin .
Muguet, ylang-ylang.
Orangée.
Fleur d'oi'aiîgcr.
Araria, seringa, fenille
d'oranger.
Tubérosée.
Tubéreuse.
!.is, Jonquille, narcisse,
jacinthe.
Violacée .
Violette .
Cassic, iris, réséda.
Balsamique.
\'aniiJe.
Baumes du Pérou et de
tolu, benjoin, storax.
fève tonka, héliotrope.
Epicée.
Cinnamomo.
T'annelle, muscade, maeis,
tout, épices.
Caryophyllée.
Girofle.
Of'jllCl.
('amphree.
Camphre.
Romarin, patchouli.
Santalce.
Santal.
Vétiver, cèdre.
Cilrino.
Citron .
Orange, bergauîole. cédrat, !
linicttc.
Herbacée.
Lavande.
Lsp:c tiiy m, serpolet, mar-
jolaine.
Menthacée.
MenUie poivrée.
Aîcnlhc sauvage, basilic,
sauge.
Aniséc.
A ni s.
Partiane, carvî, anctb, fe-
nouil, coriandre.
Amandce.
Anmndc amcre.
Laurier, noyer, mirbane.
Musquoc.
\îus.^.
Civette, ambrette. i
Ambrée.
Anibvc gris.
Mousse de chône. 1
Fruit 00.
Poire.
l^omme. ananas, coing. |
J
jj. Magux.
BiBL. : \. PARFLAirinr,
PARFUMERIE. La parfumerie est, à proprement,
parler, Fart de préparer les diverses substances qui ren-
ferment des principes odoriférants et qui sont employées,
soit pour riiygiène de la peau, soit pour les autres soins
de la toilette. Ainsi limitée, elle embrasse déjà un nombre
considérable de produits. L'usage a encore étendu son
domaine, et le commerce de détail vend, de nos jours,
sous le nom d'articles de parfumerie, une foule de menus
objets qui n'ont avec les parfums d'auîre rapport que de
servir également à la toilette et qiti, de fait, sont fournis
par des industries distinctes : tels les éponges, les brosses,
les peignes, etc. Nous ne nous en occuperons pas.
L'Egypte paraît avoir été le berceau et, durant toute
l'antiquité, le principal centre de fabrication de la parfu-
merie (V. Parfum). Chez les Grecs et chez les Romains,
on faisait une consommation considérable d'odeurs, de
cosmétiques, de fards, mais on les tirait, pour la plus
grande partie, de l'Orient, et, après la chute de l'empire
d'Occident, l'art et le commerce de la parfumerie dispa-
rurent complètement, pour quelques siècles, de nos pays.
Les croisades les y ramenèrent. En France, ce fut sous
forme de peaux odoriférantes destinées à faire des bourses,
des pourpoints, des ceintures etprincij^alemcnt des gants,
que les parfums pénétrèrent, importés d'Espagne et d'Ita-
lie. C'est ce qui explique que leur trafic s'y trouva à
l'origine entre les mains des maîtres gantiers ( V. Gaxt,
t. XVIII, p. 456) et non, comme on serait tenté de le
croire, entre celles des barbiers-perruquiers ou des bar-
biers-barbants. En 1190, Philippe-Auguste octroya di^s
statuts à la corporation. Les gantiers achetaient leur mé-
tier 39 deniers et ne pouvaient rien colporter, la vente
devant se faire chez eux ou à leurs étaux des halles. Le
20 déc. 1357, le roi Jean confirma leurs privilèges et,
au début du xv® siècle, leurs armes furent enregistrées
en l'armoriai général : D'azur à un gant d'argent frangé
d'or posé en pal, accosté de deux hesanfs d'argent.
Leur industrie ne commença toutefois à prendre un déve-
loppement appréciable que sous Henri IL Catherine de Mé-
dicis amena à la cour, entre autres Italiens, quelques
habiles parfumeurs, et l'un d'eux, René le Florentin,
établit sur le pont au Change une boutique, oit l'on venait
PARFUMERIE — 1050
acheter, du resie, dos poibuiis aulaiil que des parfiimb.
Henri Ilï en 1582, Louis XIII en 4614, Louis XIV eu
1636 renouvelèrent, par patentes enregistrées au Par-
lement, la charte des maîtres gantiers, qui, après une
série d'interdictions, avaient été autorisés à s'intitulof
parfumeurs, et qui, dans les derniers de ces statuts, se
trouvent dénommés pour la première fois mallres ci
marchands gantiers parfumeurs. Défense continua,
(!';iiileurs, de leur être faite de débiter aucuns autres
j)ai'rums que ceux qu'ils avaient eux-mêmes confectionnés
ri de les vendre en dehors de leur échoppe. De là, pour
eux. rimpossibilité d'arriver à constituer une industrie ou
uîi commerce important. Leur métier, restreint aux besoins
de la vente on détail, consistait dans la préparation des
{)eaux pour les parfumer et dans la fabrication, suivant
recettes venues d'Orient, des mélanges de musc, de civette,
d'ambre et d'aromates, dont on garnissait les barillets on
les pomandres. Ils débitaient aussi des eaux de senteur,
ainsi que des cosmétiques pour la barbe et le visage. En
1689, le monopole de la poudre leur fut accordé. En
]706, ils rachetèrent des ofOces royaux de jurés imposés
à la corporation par un droit temporaire portant, entre
autres choses, sur la pommade, Ehuile de senteur, l'eau
de tleurs d'oranger. La fabrication des gants constituait
encore, cependant, la partie principale de leur métier.
l'ai 1713, ils commencèrent, avec Bailly, à coiifectiojinci'
des savonnettes moulées et, en 4776, lors de la réor-
ganisation des communautés, leur corporation fut con-
fondue avec celle des boursiers et des ceinturieis, moyen-
nant un droit de réunion de 183 livres 6 sous 8 deniers.
En même temps la maîtrise nouvelle fut fixée à 400 livrer.
On comptait alors ^230 maîtres.
Ea RéNolution, en débarrassant de ses entraves le coni-
hierce de la parfumerie, allait lui permetirc do prendre
enfin son essor. K la fin de l'empire et sous Einfluence
taîit de nouvelles conditions économiques que des travaux
scientifique^ do Leblanc et de Chevreul sur la soude et lu
saponiiication, une première transformation s'opère. Les
anciennes maisons, au nombre d'une quinzaine, qui
ont survécu aux événements des vingt années précé-
dentes, se développent et de nouvelles se créent. Devenue,
à partir de <'elte époque seulement, une industrie véri-
table, la parfumerie a désormais sa place distincte dans
les expositions, et, en 181'2, ou évalue à 13 millions de
francs son chilïre d'affaires annuel. De 1830 à 1850, une
si'conde transformation se produit, due, celle-ci, à l'inti'o-
liiK'lion des machines à va])eur. L'ouiillage ne cesse en-
>iiite de s'accroître et de s'améliorer. Les mélangeurs à
pOiumade, les agitateurs à extraits, les bro\ cases, les ue-
chiqueteuses, les boudineuses à savon, les peloteiises
(1855), les séchoirs automatiques (186-E) font successi\e-
laont leur apparition. En même temps, les méthodes d'ex-
traction des parfums, elles aussi, se perfectionnent, ei,
l'outil s'introduisant peu à peu dans toutes les opérations,
la fabrication devient exclusivement mécanique. Le chiffre
d'affaires passe ainsi de 18 millions de fr, environ, en
1856. à 26 millions en 1866, à 40 millions en 1876. En
1859, il atteignait 73 millions et, à l'heure actuelle, il
approche do 100 millions. Le principal facteur de la pro-
gression a été, d'ailleurs, dans ces vingt-cinq dernières
années, l'accentuation du caractère scientifique de la fa-
brication. Parvenue à former une branche importante de
la chimie appliquée, la parfumerie a naturellement profité
de tous les progrès de cette science. Elle lui a em})runté,
outre ses méthodes analytiques et synthétiques, un grand
nombre de ses récentes découvertes', et elle se trouve être
aujourd'hui l'une des industries les plus complexes, en
même temps que l'une des plus considérables.
Les produits de la parfumerie peuvent se diviser en
deux Classes principales, correspondant à deux fabrications
bien distinctes : les matières premières et les produits con-
fectionnés.^ Nous n'avons pas à entrer ici dans le détail
des (tpératioris propres à chacun de ces j>rodiiit'^ : des ar-
liclcb spéciaux y sont consacrés (V. Alloouis, Aldéhydes,
Ambre, Benjoin, Bergamote, Castoréum, Coumarine, Den-
tifrice, Eau de Cologne, Epilatoire, Essence, Exirai7',
Fard, Girofle, Héliotrope, Musc, Opoponax, Pommade,
Poudre, Sachet, Savon, Teinture, Toilette, Vinaigre, etc. ) .
Mais nous devons faire connaître les conditions générales
des deux fabrications.
Les matières premières comprennent les essences, les
infusions de fleurs dans des corps gras, les parfums con-
centrés obtenus par divers dissolvants, les eaux dis-
tillées, etc., en un mot tous les corps parfumés simples
qui doivent être utilisés ensuite par le parfumeur et par
lui seul pour la fabrication des produits composés. Le
nombre des substances d'où on les extrait ou qui entrent
dans leur préparation est considérable. La plupart sont
d'origine végéiale : racines diris, do patchouli, d'angé-
lique, de vétyver, de gingembre, de glaïeul, de cèdre, elc;
bois d'alors, de santal , de cèdre, de palissandre, de rose, etc. ;
écorces de cannelle, de cassia, de cascarille, etc. ; feuilles
de thym, de lavande, de serpolet, de romarin, do ver-
veine, de badiane, de valériane, de gentiane, de menthe,
d'anis, de basilic, de camomille, de genièvre, etc. ; fleurs
de roses, d'oranger, de jasmins, de violettes, do cassie,
de seringa, de lis, d'œillets, de lilas, d'héhotropes, de ver-
veine, de muguet, de réséda, de tubéreuse, de jonquille,
de géraiiium, etc.; fruits et graines d'orange, de citron.
de cédrat, de bergamote, d'amande amère, de badiane,
de cumin, de vanille, de girolle, etc. ; résines et baumes
de myrrhe, de benjoin, d'opopanax, de tolu, etc. Quelques-
unes sont d'origine animale : l'ambre gris, le musc, la
civette, le castoréum, etc. Quant aux substances chimiques,
naguère encore assez pou employées, elles tiennent main-
tenant, nous l'avons dit, Uiie place chaque jour plus
grande dans la préparation dos matières odorantes. Non
seulement elles servent à leur extraction, comme l'éther,
le chloroforme, la benzine, le sulfure de carbone, le tétra-
chlorure de carbone, etc. ; mais on en compose de toutes
pièces, synthétiquement, des parfums artificiels qui —
malheureusement, d'après quelques-uns — tendent de
plus en plus à rivaliser avec les parfums naturels et même
à les supplanter. C'est ainsi que la vanilline, tirée autre-
fois de la vanille, s'o'> tient au:oard'hui par oxydation de
l'iseugénol acétylé, du benzyliseugénol, du phényliseu-
géiiol, Fhéhotropine parcelle du safrol ou de l'isosafrol.
l'aubép'ne par celle de l'anéthol. La coumarine (odeur de
foin coupé) est le produit de la réaction de l'anhydride
acétique sur l'aldéhyde salicyliquc sodé. L'essence de Win-
tergrecn se prépare en chauffant ensemble de l'alcool mé-
thylique, de l'alcool salicylique et de l'acide sulfurir|iio.
L'essence d'amandes amères n'est (;ue de l'aldéhyde ben-
zoique, l'essciice de cannelle de l'aldéhyde cinnamiciue,
l'essence de jacinthe de l'aldéhyde phényl-acétique, Ees-
sence de reine des prés de l'aldéhyde salicylique, l'essence
de mirbane de la nitrobenzine. Les alcools terpiniques et
cinnamyliques, la plupart des éthers fournissent égale-
ment nombre d'odeurs : lavande et bergamote (acétate
de linalol), fraise écrasée (cinnamate de mélhyle et cin-
namale d'éthyîe), yara-yara (naphtolate d'éthyle), peau
d'Espagne (benzoates d'éthyle et de méthyle), etc. Enfin,
le musc artificiel ou musc Baur, dont la découverte,
en 1888, fit grand bruit et qui, sans représenter chimi-
quement le musc naturel, en possède toutes les qualités,
est actuellement l'objet, non plus d'un seul brevet, mais
de toute une longue série, qui prennent, comme point
de départ, autant de substances différentes, trinitrées
ou dinitrées (isobutyKoluène, isobutylxylèae, méthyl-
crésol, méthylisobutylbenzaldéhyde, etc.), et dont neuf
au moins sont susceptibles de donner un rendement
intéressant. Au reste, l'envahissement des parfums chi-
miques ne fait pas négliger l'extraction des parfums
naturels. Les procédés, il est vrai, demeurent, d'une
façon générale, à peu près les mêmes et en môme nombre :
ex])ression, distillation, macération, enfleurage, dissolu-
~ {{K)\
PAHFiMEKIE
tlon. Maisciiucuii d'eux l'oçoil d'iiJCCîsr^auLes uuK'lioraiiou^.
Pour la dissolution nolamiiient, la Société des parfums de
Cannes a fait breveter, en 4890, toute une installation
nouvelle, qui comporte, dans la disposition de l'évaporateur
et de l'épurateur, plusieurs modifications ingénieuses ;
plus récemment, MM. Egrot et Grange ont construit un
appareil qui réalise l'e^xtraction continue, et jusqu'à épui-
sement complet, des essences par les dissolvants, et un
autre appareil, également fort ingénieux, imaginé par
M. Laurent Naudin, permet d'effectuer toutes les opéra-
tions en vase clos, dans le vide et à très basse tempéra-
ture. Pour l'cnPteurage, M. Alphonse Pivcr a fait breveter
en 1871' et M. Lucien Piver a perfectionné en 4884 une
méthode dite pneumatique, qui consiste à transporter le
parfum de la tleur sur la graisse par un courant d'air ou
de gaz, et, en 4897, M. Jacques Passy a préconisé, dans
une communication à l'Académie des sciences, l'immersion
des lîcurs dans l'eau, où elles continuent à vi^re et où
leur parfum, dissous au fur et à mesure de sa formation,
est ensuite recueilli en épuisant à Péther. M. Passy a pu
ainsi isoler, le premier, le parfum du muguet.
Les produits confectionnés constituent, par leur en-
semble, ce qu'on appelle quelquefois encore, d'un mot
générique, la cosmétique. Ils s'obtiennent, soit en diluant
les matières premi> res que fournissent l'extraction et la
synthèse, soit en mariant ces matières premières avec
d'autres substances et en les colorant, de façon à les
transformer en de nouveaux produits, d'odeur et d'aspect
agréables, qui sont livrés au consommateur. Le nombre
en est considérable : extraits d'odeur et eaux de senteur,
parfums soiidiiiés en tablettes, vinaigres et eaux de toi-
lette, savons et bains savonneux, pommades, huiles et
essences parfumées, teintures et autres préparations capil-
laires, dentifrices, poudres parfumées, sachets, pâtes
molles ou dures odoriférantes, crèmes, émulsions, fardb, cte.
Les procédés et le matériel do leur falirication, analogues,
sous beaucoup de rapports, à ceux de la pliarmacie, de
la grasse savonnerie et de la distillation <!es liqueurs,
offrent autant de variété et de multiplicité que les pro-
duits eux-mêmes. Il y a bien de prétendus secrets de
fabrication, mais ce ne sont, pour la plupart, que (ies
tours de main, sans valeur scientifique, et le nombre en
diminue chaque jour, grâce aux travaux des chimistes.
La composition du bouquet exige le plus d'ex])érience et
d'habileté. Les lois suivant lesquelles les odeurs s'exaltejit
ou se détruisent ne sont pas connues. li faut que le par-
fumeur corrige les unes par les autres les essences dont
il dispose, et, pour en opérer le dosage, il doit procéder
le plus souvent par tâtonnement, « comme le peintre qui
cherche un ton sur sa palette ». Vient ensuite la colora-
tion, qui présente aussi une grande importance. On y
emploie, de préférence, des matières végétales macérées
dans l'alcool (cochenille, garance, rocou, safran, quer-
citron, indigo, véronique, morelle, ortie, etc.). On com-
mence aussi à se servir des couleurs dérivées de l'aniline
et de ses homologues. Enfin, dans un but d'hygiène,
nombre de fabricants introduisent maintenant, dans cer-
tains de leurs produits, des antiseptiques \ariés : acide
salicylique, acide borique, phénol, saloî, thymol, etc.
Voutillage d'une usine de parfumerie est considérable.
Nous avons dit que les machines ont remplacé, dans la
plupart des opérations, la main de l'ouvrier. Les princi-
pales et les plus employées sont les agitateurs à extraits,
les appareils à infusion, les machines à concasser, à pul-
vériser, à déchiqueter, les presses hydrauliques et à va-
peur, les alambics de modèles divers, les mélangeurs à
pommades et à savons, les broyeuses, les pcloteuses bou-
dineuses, les détoupoh's à savons. Le matériel comprend
des récipients de toute sorte : bacs, cuves, étuves, mor-
tiers, séchoirs, etc. Enfin, l'empaquetage du produit, sa
décoration, jouant dans la parfumerie un grand rôle et
celle-ci fait une consommation prodigieuse de pots, fiacons,
étuis, rubans, étiquettes, enveloppes, prospectus, etc..
qui entrent pour 10 "-^ o en moyenne dans ie prix des articles
et pour lesquels elle met à contribution, en même temps
que de nombreux dessinateurs, plusieurs industries di-
verses. 11 y a même, dans quelques-unes de ces industries
(verrerie, impression, cartonnage, etc.), des maisons
importantes qui ne travaillent que pour la parfumerie.
Quelques grandes maisons traitent elles-mêmes les fleurs
et distillent les bois ou plantes dont elles emploient ensuite
les extraits à confectionner les produits parfumés qu'elles
livrent à la consommation. Mais, le plus généralement, les
deux fabrications sont exploitées par des industriels diffé-
rents. Grasse, Cannes et leurs environs, forment, pour
la production des matières premières, un centre unique
au monde. Le plus grand nombre des fleurs usuelles :
la rose, la violette, les fleurs d'oranger et de cassie, le jas-
min, la jonquille et la tubéreuse, y croissent en abondance,
et une quarantaine de fabricants, dont quelques-uns sont
universellement célèbres (Chiris, lloure-Bertrand, Lautier
fils, etc.), ont élevé, sur les lieux mêmes, de florissantes
usines, qui occupent, tant pour la cueillette que pour les
manipulations, près de 500 ouvriers et un millier d'ou-
vrières, gagnant, en moyenne, les hommes 2 fr. 50 par
jour, les femmes 1 fr. 25. Plus de 5 millions de kilogr.
de fleurs v sont annuellement traitées : fleurs d'oranger,
2.500.00(3 kilogr. (0 fr. 70 le kilogr.) ; roses. 2 millions
de kilogr. (0 fr. 65) ; jasmins, 200.000 kilogr. (2 fr. 50) ;
violettes, 150.000 kilogr. (4 fr.) ; tubéreuses, 150.000
kilogr. (5 fr.) ; cassie, 150.000 kilogr. (4fr.). Elles pro-
duisent, par Peruleurage, 400.000 kilogr. de pommades
parfumées, lOG.OOO kilogr. d'huiles parfumées, et parla
distillation, i. 000. 000 de litres d'eau de rose et de fleur
d'oranger, 2.000 kilogr. de néroli, 50 kilogr. d'essence
de rose. Il se fait aussi, dans le dép. des Alpes-Mari-
times, un grand commerce d'essences de labiées (la-
vande, 1001)00 kilogr. ; thym, 40.000 kilogr. ; roma-
i rin, 25.000 kilogr. ; aspic, 2f;.00;) kilogr.), m\is 10.000
I kilogr. seulement sont produits à Grasse; le reste estdis-
! tillé dans les départements voisins (Basses-7\lpes, Drôme,
j Var) et aussi dans l'Hérault et dans le Gard. On cultive
j i)eaucoup, en effet, dans la caïupagne de Nîmes, le thym,
i le romarin et la lavande. Après Grasse et Cannes, les
j principaux lieux de fabrication des matières premières
i sont : l'Algérie, notamment les cnviî'ons d'Alger (Staouéfi,
i Boufarik), où l'on exploite de grandes plantations de
I géranium et de cassie; l'Italie, qui nous en^^oie de
i Florence et de Vérone les rhi/omes d'iris, de Calabre
■[ et de Sicile les essences d'auriantacées ; la Bulgarie,
[ qui cultive la rose en grand à Kezanlik et dans toute la
I vallée de la Tourdja, ; l'Extrême-Orient (Chine, Indes,
; Manille). A signaler encore comme centres importants de
I production de parfums naturels : le canton de Surrey, en
; Angleterre, Leipzig, en Allemagne, Krasnoyé, en Russie.
Pour les parfums artificiels, la distinction d'avec les autres
produits chimiques est fort diibcile, et aussi, conséquem-
ment, l'établissement d'une statistique. Pendant longtemps,
cette industrie est restée, en France, le privilège d'une
seule maison, en Allemagne de deux ou trois. Leur nombre
s'est beaucoup accru, depuis quatre ou cinq années surtout.
et, par Peffet aussi bien de la concurrence que de la décou-
verte de préparations nouvelles, les prix ont considéra-
blement baissé. Ainsi, la vaniliiiie qui se vendait, au début,
en 1876, 8.750 fr. le kilogr., ne coûtait plus que 875 fc
en 1881). que 135 fr. en 1897 ; le prix de l'héliotropine
a passé, de môme, de 3.790 fr. en 1879 à 45 fr. en 1897.
Pour les produits confectionnés, les principaux pays de
fabrication sont, dans l'ordre de leur iiuportance, la France
(Paris principalement), l'Angleterre, FAmérique, laPtUSsie,
'Autriche, l'Allemagne. La France produit à elle seule
plus que tous les autres pays réunis. En 1848, elle comp-
tait déjà 26 fabricants ayant un chiffre annuel d'affaires
dépassant 100.000 fr. ; elle en a aujourd'hui au moins 30
faisant plus de 500.000 fr. Au total, le nombre des fabri-
cants dépasse 300, employant plus de 6.000 ouvriers,
PARFUMERIE — V\Rl
— I05i>
et. à Paris seulemeiil, il y a plu& de r^.OOO laai'chaiiJh de
parfumerie au détail, dont beaucoup revendent sous leur
nom des produits confectionnés à leur intention par de
grandes usines. D'une façon générale, l'industrie fait vivre
plus de 20.000 personnes, en y comprenant celles em-
ployées par les industries annexes. Dans les usines, le
personnel se compose surtout de femmes, payées, soit à la
journée (2 fr. 75), soit aux pièces. Le salaire moyen des
hommes est de 4 fr. aO. La fabrication parisienne a ses
usines dans la banlieue, surtout en raison des droits d'oc-
troi ; les maisons de vente seules sont à Paris. Ce sont,
du reste, les grandes marques parisiennes (Gellé, Guer-
lain, Legrand, Lubin, Pinaud, Piver, Uoger-Gallet.
Violet, e'c.) qui continuent à fournir de parfumerie fine
le mordî entier. D'importantes usines se sont, il est vrai,
créées dins les autres pays, particulièrement dans ceux
que nous avons plus haut mentionnés, mais, outre qu'elles
sont, en grande partie, tributaires de la France pour les
matières premières autres que les essences artificielles,
leurs produits sont en général ordinaires et ne s'adressent
guère qu'à la consommation indigène. Ils sont peu exportés.
En défmitive, la parfumerie est l'une des rares indus-
tries qui soit demeurée essentiellement française. Le.>
importations sont à peu près nulles (500.000 fr. à peine
chaque année). Le chiffre des exportations est, au con-
traire, très élevé, quoique plutôt stationnaïj'e. ]^]n 1897,,
8i7.053 kibgr. de savons parfumés, 1.012.122 litres de
parfumeries alcooliques, 963.823 kilogr. de parfumeries
non alcooliques, évalués, au total, par la statistique des
douanes, à 12 millions de fr., mais représentant une valeur
réelle à peu près triple, ont été expédiés par nos fabri-
cants sur les places étrangères, principalement en Angle-
terre, en Belgique, aux Etats-Unis. C'est, du reste, après
la France, en Angleterre et aux Etats-Unis qu'il se con-
somme le plus de parfumerie. L'Espagne, la République
Argentine, le Brésil, FAllcmagne, FAutricbe, la Hongrie
ont ensuite les plus grands marchés.
L'industrie de la parfumerie (matières premières et
produits confectionnés) est représentée, en France, par le
Syndicat de la Parfumerie française, 13, rue d'En-
ghien, cà Paris. Il existe, en outre, une Société de secoui s
mutuels de la Parfumerie et de la Savonnerie fran-
çaises, approuvée par arrêté du 23 déc. 1890.
J3iBL. : Statuts des go.i}ticrs et parfumeurs de mars lOJG
et déclarations subséquentes jus(iu a faiinée JlOO ; Pa'is.
1718 {onvrâ'^Q réimprimé en 171t) avec lettres patentes de
Henri V, roi de France et d'Angleterre, du 20 juil. 1 126). —
A. Fra:<'klin, les Corporations ouvrières -.gantiers et par-
fumeurs; Paris, 1884.— D.-A.-B. Lu m-l, Guide pratique de
parfumerie; Paris. 1884 — W. A.skinsox, (hiide duparfn-
oieur; Paris, i«87. — L. L'Hotk, Exposition iiniverselle
de 1880. Rapports du Jury int-jrnational. Parfumerie
Celasse 28) ; Paris, 1890. — S. Piepse, Chimie des parfuma
et fabrication des savons, odeurs., etc. ; Paris, 1890. — Du
même, Histoire des pa,rfams et hygiène de la toilette ; Pa-
ris, 1890. — Deite. Ilandbuch der Parfumerie ; Berlin.
1891. — HiRZEL, Toilettcnchemic ; Lei|)zig, 1892 (4« éd.). —
J.-P. Di lis ELLE, Fabrication des essences et des parfums:
Paris, 189:). — U. de Leseina^^se, ^'8 ?Jéii.crs de Paris;
Paris, 1897 (t. IIÎ, ])p. Gll-615). — .1 lioi:cHÉ, VFAat actunl
de Vindustrie de la Parfumerie en France, dans Revu"
génér. des sciences, 1897, pp. B'iO, G2t et 65H. — Ciiatiadot
et PiLLET, Vindustrie des huiles essentielles, dans Reviuj
génér. de chimie pure et a.ppliquée. 1899, pp. 58, 111 et 157
'— Dupont et Charadot, Agenda du chimiste (annuel).
PARFUMEUR (T. de métier) (V. Gant etPARFUMERu:).
PARGA. Yiîle maritime de Turquie, vilayet de Janina
(Epire), sur l'Adriatique, en face l'Ile de Paxos ; 5. 000 ha b.
Beaux vergers. Citadelle. I"]lle a succédé à Fantique ciié
de Toryne, qui occupait l'emplacement de PaLi^oparga, à
FO. de la ville moderne où les habitants se réfugièrent
lors de l'invasion turque. Ils y maintinrent leur indépen-
dance, sous le protectorat vénitien, à partir de 1401. Ew
Ï797, ils demandèrent une garnison française, puis, afin
de résister à Ali Pacha, sollicitèrent leur incorporatioi!
h la république des îles Ioniennes. Ees Anglais occupèrent
Parga,puis la livrèrent à Ali Pacha (1811)). Les habitants
émigrèrent alors dans les Iles Ioniennes.
PARGNÂN. Corn, du dép. de IWlsne, arr. do Laon,
cant. de Craonne ; 179 hab.
PARGNY. Com. du dép. de la Marne, arr. de Reims,
cant. de Ville-en-Tardenois ; 283 hab.
PARGNY. Com. du dép. de la Somme, arr. de Pcronue,
cant. de Xesle ; 238 hab.
PARGNY-FiLAiN. Com. du dép. de F Aisne, arr. do
Soissons, cant. de Vailly; 24i hab.
PARGNY-ia-Dhlys. Com. dn dép. de FAisne, arr. de
Château-Thierry, cant. de Condé-en-Brie ; 315 bob.
PARGNY-les-Bois. Com. du dép. de FAisne, arc. de
Laon, cant. de Ci'écy-sur-Sei-re ; 20() hab.
PARGNY-Ressox. Com. du dép. des Ardennes, arr. H
cant. de Rethel ; 222 hab.
PARGNY-sous-Mcreau. Com. du dép. des Vosges, an'.
et cant. de Neufchàteau ; 321 hab.
PARGNY-sltr-Saulx. Com. du dép. de la Marne, arr.
de Vitry-le-François, cant. de Thiéblemont, sur la r. g.
de la Saulx, à la lisière de la foret de Trois-Fontaines ;
681 hab. Stat. du cliem. de fer de Paris-Nancy, port sur
le canal de la Marne au Rhin. Moulins ; argilières qui
alimentent d'importantes tuileries dans les environs.
PÂRGUES. Com. du dép. de FAnb% arr. de Ikr-snr-
Seine, cant. de Chaource ; 366 hab.
PARHÉLIE (xAsIr.) (V. Huo).
PARL 1. Logique. — « La pierre de louche ordinaire, dit
Kant (Crilique de la raison pnre, Mélhodologie irans-
cendanlale, ch. n, sect. III, trad. Tissot, X. II, p. 408),
pour savoir si ceqiFaffirme qnsdquunest simplement une
persuasion ou une foi ferme, c'est le pari. Souvent il
arrive que quebprun alllnne ce qu'il dit, d'un ton si
confiant et si imperturbable qii"il semble avoir déposé toute
crahite d'erreur. Fn pari cependant l'ombarrasse. Quel-
(juefois, à la vérité, il montre assez de persuasion pour
qu'on puisse l'estimer 1 ducat, mais non pas 10. Car il
en mettra bien un en jeu, mais s'il s'agit iVm mettre dix,
il remarquera à la tbi ce qu'il n'avait pas remarqué
d'abord, savoir (fu'il est cependant possi])le qu'il ait tort.
Si l'on s'imaginait qu'il s'agit de parier le i)onbenr de
toute une vie^ alors notre suinsance diminuerait très sen-
siblement ; alors on serait rempli de crainte, et l'on trou-
verait enfin que notre foi ne va pas si loin ». On voit
comment la question des pnris peut avoir une signiiication
et un intérêt plnlosopbiquos. Il semble que ce soit Pascal
qui Fait pour la pnnnièrc fois envisagée à ce point de
vue. On sait, en effet, qu'il s'est un des premiers occupé
du calcul des probabilités et que le point de départ de ses
réflexions sur ce sujet a été dans les jeux de hasard aux-
quels il s'était momentanément intéressé. Il crut avoir
trouvé une règle qu'il appela la règle des partis pour
calculer avec exactitnde ce qui devrait revenir à chacun
des joueurs, si on interrompait la partie et si on répar-
tissait entre eux l'en/u total en tenant compte des chances
de gain que chacun d'eux pourrait avoir à ce moroent
même. Ainsi, dans Fart. 5, § 9 bis, des Pensées, il est
question de l'usage du triangle arithmétique pour déter-
miner les partis (au sens de parts) ([non doit faire entre
deux joueurs qui jouent en plusieui's parties. — Mais ce
qui n'était d'abord chez lui qu'une invention ou une spé-
culation de mathématicien est devenu finalement un moyen
de résoudre la plus haute et la plus difficile des questions
morales, celle de la destinée humaine. Comme le dit Ilavet,
dans son Commentaire des Pensées, « parce qu'en
essayant de déterminer quelques chances du jeu, Pascal
avait créé une science nouvelle, celle des hasards, ou,
comme nous disons aujourd'hui, des probabilités, le vodà
maintenant qui prétend résoudre par cette invention le
mystère de sa destinée. L'homme est pour lui un joueur
qui joue sur une carte inconnue, laquelle porte avec elle
ou le ciel ou l'enfer ou le néant, et Pascal sait s'il faut
demander rouge ou noire ». Voici, avec quelques retran-
chements, le passage des Pensées, oh se trouve exposé
1053 —
PARI — PAR[EÏAIRE
ce qu'on appelle d'ordinaire le pari de Pascal : « Exami-
nons donc ce point : Dieu est ou il n'est pas. Mais de quel
côté pencherons-nous ? La raison n'y peut rien déterminer.
11 y a un chaos infini qui nous sépare. 11 se joue un jeu
à l'extrémité de cette distance infinie où il arrivera croix
ou pile... Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont
pris un choix, car vous n'en savez rien. — Non, mais je
les blâmerai d'avoir fait non ce choix, mais un choix...,
le juste est de ne point parier. — Oui, mais il faut
parier : cola n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.
Lequel prendrez-vous donc ? Voyons ce qui vous intéresse
le moins. Vous avez deux choses à perdre, le vrai et le
bien, et deux choses à engager, votre raison et votre
volonté, votre connaissance et votre béatitude; et votre
nature a deux choses à fuir, l'erreur et la misère. Votre
raison n'est pas plus blessée en choisissant l'un que l'autre,
puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé,
mais votre béatitude? Pesons le gain et la perte en pre-
nant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous
gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez
rien. Gagez donc qu'il est sans hésiter. » Ainsi, la foi
religieuse, la foi chrétienne devient, dans ce raisonne-
ment, la conséquence d'un pari. Pascal prévoit d'ailleurs
les objections ou plutôt les résistances de son interlocu-
teur supposé, car il lui fait dire : « Oui, mais j'ai les
mains liées et la bouche muette ; on ne me relâche pas et
je suis fait d'une telle sorte que je ne puis croire. Que
voulez-vous donc que je fasse? » Et alors vient cette amère
réplique : « Il est vrai, mais apprenez au moins votre
impuissance à croire, puisque la raison vous y porte, et
que néanmoins vous ne le pouvez. Vous voulez aller à la
foi et vous n'en savez pas le chemin ; vous voulez vous
guérir de l'infidélité et vous n'en savez pas le remède ;
apprenez de ceux qui ont été fiés comme vous et qui
parient maintenant tout leur bien, ce sont gens qui savent
ce chemin que vous voudriez suivre et guéris d'un mal
dont vous voudriez guérir. Suivez la manière dont ils ont
commencé ; c'est en faisant tout comme s'ils croyaient,
en prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes, etc.;
naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira.
— Mais c'est ce que je crains. — Et pourquoi? Qu'avez-
vous à perdre ? » Bayle a rappelé à ce propos un passage
de Lactance où l'auteur chrétien affirme que « le parti le
plus raisonnable entre deux opinions douteuses et dans
l'attente d'un événement incertain, c'est d'adopter celle
qui nous donne des espérances plutôt que celle qui n'en
donne pas », et il en conclut qu'il faut croire aux pro-
messes de la religion chrétienne bien (ju'il n'y ait pas de
preuve possible de leur vérité. Il aurait pu aussi rappeler
le xocAo; x''v8uvo; de Platon au sujet de l'immortahté de
l'àme. Mais c'est surtout de notre temps que l'on a repris
l'argument du pari, sinoji sous la forme que Pascal lui
avait donnée, du uioias dans son fond essentiel, et on Fa
fait servir à démontrer (si toutefois on peut employer ce
mot en telle circonstance) non plus une religion positive,
mais certaines théories métaphysiques ou morales, telles
que la liberté, l'existence de Dieu, la réalité du devoir,
la vie future, etc. M. Renouvier, M. William James et
d'autres encore ont vu là toute une méthode nouvelle, la
méthode morale, seule capable de mettre un terme aux
énervantes oscillations du scepticisme. — Ainsi la question
du pari intéresse non seulement la logique, mais encore
la métaphysique et la morale. Peut-être serait-elle aussi
susceptible d'intéresser la psychologie; on remarque, en
effet, chez certains individus, peut-être même chez cer-
taines races, une extrême propension naturelle à faire des
paris, et il y aurait sans doute lieu d'en rechercher la
nature et l'origine. On la verrait, croyons-nous, se ré-
soudre dans ces deux éléments principaux : amour du
risque ou du danger, amour de la contradiction et de la
lutte. E. BoiRÂC.
IL SociOLor.n: (V. j!:u, t. XXI, p. i 18, et Couiise. l. XÏIL
pp. 139 et 160).
iil Diiou CIVIL. — Le pari est un contrat aléatoire
entre deux ou plusieurs personnes qui, se trouvant en désac-
cord sur l'existence ou la possibilité d'un événement ou d'un
fait, s'engagent mutuellement à payer une somme déter-
minée à celle d'entre elles dont la prévision aura été réalisée.
La loi ne donne pas d'action pour la dette née du pari
(art. 1905 du C. civ.), ce n'est même pas une obhgation na-
turelle pouvant être l'objet d'une novation ou d'un caution-
nement. Cependant le perdant ne peut, dans aucun cas, ré-
péter ce qu'il a payé volontairement, à moins qu'il n'y ait
eu de la part du gagnant vol, supercherie ou escroquerie
(art. 1967 du C. civ.). Le pari est l'objet de la même
défaveur que les jeux de hasard. Les ieiixà'adîesse, au
contraire, encouragés par le législateur, donnent naissance
à une obligation civile. Il en est de même du pari sur les
courses de chevaux quand il intervient entre propriétaires
et éleveurs ; mais cette faveur ne saurait être étendue aux
témoins de la course. Le pari qui intervient entre eux est
assimilable à un jeu de hasard au point de vue du droit civil,
sans préjudice des dispositions de l'art. 410 du C. peu.
et de Fart. 2 de la loi du 2 juin 1891 sur la tenue des
agences de paris aux courses. Boucîion.
PARIA (V. Inde, t. XX, p. 679).
PARI^. Presqu'île sise au N.-E. du Venezuela et sépa-
j'ant de la mer des Antilles au N. le golfe de Paria au S.
Elle est formée par une pittoresque chaîne de montagnes
qui s'avance d'O. en E. vers l'Ile de la Trinité, en face de
laquelle elle projette le cap de Punta Panas. Entre ce cap
et File, le détroit des Bocas de Dragos joint à la merdes
Antilles le golfe de Paria, lequel communique au S. de
File avec l'Océan par la Boca del Soldado ou Bouche du
Serpent.
PARIAGE (Ane. dr.) (V. Coseigneur).
PAR ICI NE (Chim.) (V. Béréérine).
PARIÉTAIRE (Bot.). Genre d'Urticacées-Pariétariées,
conq}osé dlierbes ou d'arbrisseaux à feuilles alternes,
triphnerves, à fleurs axillaires polygames, propres aux
régions froides et tempérées du globe. Dans les Heurs her-
maphrodites, le réceptacle est convexe avec 4 sépales et
i étamines superposées, à anthères biloculaires, introrses:
l'ovaire, supère,
est uniloculaire et
uniovulé et sur-
monte d'un style
grêle, à sommet
en goupillon, ca-
duc; dans les
fieurs femelles, le
calice est gamo-
sépale; dans les
fleurs mâles, il est
dialysépale Le
fruit est un akène
droit ovoïde, con-
tenant une graine
orthotrope. L'es-
pèce type, jP. of-
ficinalis L. (P.
diffusa M. K.,
ment Pariétaire ,
l*ariclaire (Porictaria officinaUs L.
Rameau ilorifùrc et fruit.
*. jiidaica DC), appelée vulgaire-
Opératoii'e, Cassepierre, Epiiiard
de muraille, Espargoule, Perce-muraille, etc., est
une mauvaise herbe vivaco , velue , commune sur les
vieux murs, dans les décombres, le long des haies, dont
les anciens faisaient un grand usage comme dépurative
et surtout diurétique et qu'ils considéraient comme une
panacée des chutes ou plutôt de leurs effets. Elle ren-
ferme une forte proportion de nitre, et, selon Blanche,
plus de soufre qu'aucune autre plante ; elle est dépour-
vue d'odeur, mais a une saveur âpre et saline. La Pa-
riétaire est laxative, sudorifique et diurétique, et ses
propriétés sont utilisées dans les phlegmasies, les épan-
chements séreux, la lithiase, les catarrhes des voies uri-
jiaires, etc. Le suc se prescrit à hi dose de 80 à 100 gr.,
PARiÉÏAIRi: — PARJNI
U)U —
mais il est préférable de se servir d'une iiii'iibioa à la ", oo-
Avec la plante triturée, on fait des cataplasmes émoliients
bons contre les brûlures, les fissures à l'anus, les phleg-
mons, fiu'oncles, etc. — Le P. arborea est devenu le type
du genre Gesmoninia et le P. Soleirolii de Corse, le
type du genre îîelxine. — La Pariétaire d'Espagne
n'est autre que la Pyrèthre (V. ce mot). D^'L. Un.
PARIÉTAL. Os pariétal. Os pair, quadrilatère, placé
sur les parties latérales du crâne, articulé par son bord
supérieur avec son congénère avec lequel il forme la su-
turc interpariétale, par son bord inférieur avec l'écaillé
<fu temporal et la grande aile du sphénoïde, par son ])ord
antérieur avec le frontal et par son bord postérieur avec
roccipital. Sa face externe est bombée et fait saillie en
bosse à son centre [bosse pariétale) ; sa face interne est
concave {fosse pariétale) et traversée par des sillons vas-
< ulaires dont l'ensemble a été comparé aux nervures d'iîiie
feuille de figuier.
Trou pariétal. Petit trou creusé près defangle postéi-o-
supérieur de l'os pariétal. Il donne passage à une veiiic
émissaire.
Fontanelle pariétale, ronlanelle exceptionnelle qu'on
a rencontrée entre les ileux irons pariétaux. Chez les qua-
(h'upèdes, les deux os pariétaux sont soudés de bonne
heure en une pièce unique for/nant la ('ab}lle du crâne qui
a la forme d'une carène. Ch. Deiîikrr!:.
PA.RIEU (Marie-Louis-'Pierre-FélixEsuuu^ou de), homme
politique et économiste français, né à Aurillacle 13 avr.
1815, mort à Paris le 9 avr. 189B. Fils àa Jean-llippo-
lyte (1791-1876), qui le remplaça comme député bona-
partiste du Cantal de 18o'2 à 18G9, il devint avocat à
Riom, fut élu député à la Constituante de 1818, oii il
vota avec la gauche modérée; réélu à la Législative, il
fut ministre de l'instruction publique du 31 oct. 1819
au 13 févr. ISai, au moment oii fut votée la fameuse
loi du 15 mars 1850, qui abolit le monopole universitaire
au profit du clergé. Rallié au parti clérical et bonapartiste,
il fut après le Deux Decem])re nommé président de la section
des (inances du Conseil d'Etat et, de 1855 au 2 janv. 1870,
vice-président de cette assemblée ; dans le ministère 01-
livier, il eut rang de ministre présidant le Conseil d'Etat.
En 1870, il reparut comme sénateur du Cantal; mais ne
fut pas réélu en 1885 ; il avait voté avec le parti bona-
partiste. Les principaux ouvrages de Parieu sont : Traité
des ùnpôls (18o"2-64, 5 voL in.8 ; :2^ éd., 1860-07,
4 vol.) ; Principes de la science pohiy;ne (1870 ; 2® éd.,
1875); la Poliliijue monélaire en France et en Aile-
inaijne (\^'i'il) \ Histoire de Gustave- Adolphe (1875,
in--i8), 11 fut élu en 1850 mcnd)re de l'Académie des
sciences morales.
PARI G I (Jules), architecte et graveur florentin, mort
en 1035. Admis dans l'intimité du grand-duc de Toscane,
Cosmc n, il lui donna des leçons de dessin et d'architec-
lure mihtaire, et acquit bientôt, comme professeur, une
brillante renommée : sa maison était une véritable acadé-
mie où l'on venait apprendre de lui les mathémati^iies, la
perspective, l'architecture et le dessin. Comme architecte,
on lui doit plusieurs beaux édifices de Florence, la vilia
Poggio impériale, le palais Manetti et le couvent des
Augustins. Habile graveur, il exécuta à l'eau-forte, avec
un rare bonheur, diverses planches qui furent très admi-
rées, telles que la Vue de la flotte des Argonautes et
les cinq Intermèdes de la comédie de la Flora. W s'oc-
cupa aussi de sculpture, non sans succès. --- Son iils,
Alfonso, mort en 1656, fut, lui aussi, un architecte de
mérite; il se rendit principalement célèbre par les travaux
de réfection du palais Pitti. G. C.
PARIGNARGUES. Corn, du dép. du Gard, arr. de
Ximes, cant. de Saint-Mamert ; "251 hab.
PARîGNÉ.Com. du dép. d' [Ile-et-Vilaine, arr. et cant.
(N.) de Fougères; 1.140 hab.
PÂRIGNÉ. Corn, du dép. de la Mayenne. <irr. et cant.
0.) de Mayenne ; 476 hab.
PÂRIGNÉ-i'Evkqll. Corn, du dep. du la Sarihc, [ur.
et cant. (3^) du Mans ; 3.213 hab. Stat. du chem. de fer
du Mans à la Chartre. Carrière de pierre, meulière et de
tuffeau. Source ferrugineuse. Four à chaux ; briqueterie.
Fabrique de toile. Eghse romane. Dans le cimetière, cha-
pelle sépulcrale et lanterne des morts du xii^ siècle.
PARIGNÉ-LE-PùUN. Corn, du dép. de la Sartbe, ai'r.
du Mans, cant. de La Suze ; 624 hab.
PARIGNY. Com. du dép. de la Loire, arr. de Roanne,
cant. de Perreux ; 335 hab.
PARIGNY. Com. du dép. de la Mancbe, arr. de Moc-
tain, cant. de Saint-Hilaire-du-Harcouët ; 1.192 hab.
PAR!6NY-LA-HosE. Com. du dép. de la Nièvre, arr.
de Clamecy, cant. de Varzy ; 110 hab.
PARI GNY-LES- Vaux. Com. du dép. de la Nièvre, la-i'.
deNevers, cant. dePougues; 1.002 hab. \ins rouges re-
nommés. Commerce de bois. Eglise du xii^ siècle. Châ-
teau de Rizy du xviu^ siècle.
PARIMA (Sierra). Ce nom,ctendujadis à tout le mas-
sif montagneux qui s'élève au S. de la (Uiyane et qiie
contournent l'Orénoque, lerio Negro et l'Essequibo, a été
hmité aux montagnes du S.-O. de ce massif riveraines
du cours supérieur de l'Orénoque : Sierra Maragnaca
(2.508m.),Duida(2.475m.), Massichi (2.258 m.); elles
se prolongent au N.-E. par la sierra de Pacaraima à l'extré-
mité orientale duquel culmine le Roraima (2.600 m.). Les
sierras Parimas et Pacaraima, qui séparent le Venezuela
du Rrésil, occupent remplacement du fabuleux Eldorado.
PARINARI (ParinariXiibl.). Genre de Rosacées-Chry-
sobalanées, composé d'une trentaine d'arbres des pays
tropicaux de l'Afrique, de l'Amérique et de l'Australie, à
feuilles alternes, persistantes, à ileurs gi'oupées en cymes
composées et pourvues de bractées. Les ileurs sont hermn-
phrodites, irrégulières, à réceptacle concave, dont les bords
portent 4-5 sépales et 10 étamines ou des étamines en
nombre indéfini. L'ovaire, uniloculaire et biovulé, est par-
tagé en 2 logettes par une fausse cloison centripète. Le
fruit est une drupe, les graines sont exalbuminées et l'em-
bryon est charnu.— Les fruits du P. montana Aubl. . du P.
campestris Aubl., de la Guyane, et du P. excelsa Sab. (les
Roiigh-skinned on Gray Pliims des Anglais) sont comes-
tibles, et en même temps, plus ou moins laxatifs. Au Séné-
gal, on extrait de l'embryon du P. Senegalensis Pcrr.
une huile, exceUente à l'état frais, mais qui a l'inconvé-
nient de vite rancir. D^' L. Hx.
PARINi (Giuseppe), poète italien, ne à Bosisio, près du
lac de COme, le 23 mai 1729, mort à Milan le 15 aoiU
1799. Destiné à l'état ecclésiastique, il fut, à l'âge de
douze a as, placé dans un séminaire dirigé par les barna-
bites. Sa jeunesse fut pénible ; il dut, pour vivre, donner
des leçons et même copier des actes notariés. S'étant fait
connaître par quelques vers, il fut introduit par Passeroni
dans l'Académie des Trasformati,o\ii\ml pour collègues
Verri et Beccaria. Ordonné prèti-e en 1754, il exerça les
fonciions de précepteur dans plusieurs familles nobles de
Milan, notamment chez les Borromeo, Serbelloni, Imbonati
et d'Adda. Ya\ 1769, ri'niversité de Parme, réorganisée
par du Tillot, chercha à l'attirer dans son sein; mais il
fut retenu à Milan par la protection du ministre Firmian,
qui lui oifrit de collaborer à la Gazette (olf cielie) de Milan.
Il ne conserva que peu de temps ces fonctions; vers 1770,
Firmian le fit uommer professeur d'éloquence aux écoles
j)alatincs dirigées par les jésuites; puis, l'ordre ayant été
suppj'imé, on lui conha (1773) la chaire d'éloquence et des
beaux-arts à l'Académie do Brera. Lors de la création de
la Répuldique Cisalpine (1797), il lit parlie de la com-
mission municipale présidée parle général Despiuoy; mais,
froissé par les allures arrogantes de celui-ci, il ne tarda
pas à se démettre de ses fonctions. La restauration autri-
chienne lavr. 1799) allait peut-être le priver de sa chaire
quand il mourut.
L'œuvre capitale de Parini est le ponne du Jour {il
Giorno), divisé en quatre parties publiées séporément.
105:
PARINl — PARIS
L'auteur s"y représente coiumc le précepteur d'un jeiuie
aoble milanais, auquel il enseigne l'art de vivre selon la
mode. Cette fiction, heureusement vite perdue de vue, est
assez peu réussie, car ce personnage apparaît moins comme
conseiller que comme spectateur; le poème consiste, en
somme, en une série de tableaux où sont représentés, avec
un sérieux atfecté, les principaux moments de la vie oisive
et frivole, qui était alors celle de l'aristocratie italienne,
le lever, la toilette, le diner, la promenade au Corso, la
soirée. La monotonie de cette description est atténuée par
l'introduction d'épisodes spirituellement traités : l'inven-
tion du tric-trac et de la poudre de riz, l'allégorie de l'Hy-
men et de l'Amour, la grandeur et la décadence du canapé,
kl Chienne battue, etc. Par le contraste entre la frivolité
du sujet et l'élévation du style, le /oiir rappelle le Lutrin
ou la Boucle de cheveux enlevée; par l'àpreté de l'ironie,
il serait plus comparable, au moins en certains passages,
aux pamphlets de Swift et de Voltaire. Les critiques ita-
liens y louent la parfaite élégimce du style, une absolue
luaîtrise de la langue et de la versification, insulïisaiite
parfois à tempérer la fatigue qui naît de la monotonie du
sujet et de l'emploi trop constant de l'ironie; néanmoins,
quelle que soit la valeur littéraire de l'œuvre, celle-ci a
surtout une importance capitale dans l'histoire morale et
sociale de l'Italie. De Sanctis(lYwoi'Z saggi crUici,i^. 202),
qui l'appelle « le premier homme de l'ItaHe nouvelle*»,
Guerzoni, qui fait de lui le principal moteur du ter.zo
rinascimento, vont peut-être un peu loin; il faut recon-
naître toutefois que Parini a été l'un des premiers à pro-
tester contre l'abaissement moral de l'Italie d'alors et à
essayer de l'en relever : ce ne sont pas seulement, en eflet,
les travers des Sigisbées et des petits-maîtres qu'il ridi-
culise, c'est toute la frivolité, le vide, la corruption de la
vie aristocratique qu'il met à nu ; il y a même çà et là,
comme dans l'épisode de la Veryine cuccia ^nr exemple,
des accents amers que Beaumarchais n'eût pas désavoués.
— Parmi les autres œuvres en vers de Parini {Canwnelle,
cantates, pastorales, etc.), les Odes sont seules dignes
d'être mentionnées : elles traduisent, avec moins de verve
mais plus d'élévation, les mômes préoccupations que le
Giorno ; elles nous montrent en Parini un poète honnête
homme qui fait de la prédication de la morale civique le
but suprême de son art. Ces Odes, savamment construites,
fortement et élégamment écrites, sentent parfois un peu
l'effoit; Parini ne s'y montre point, comme on l'a sou-
tenu, un précurseur des romantiques, dont il n'a ni la
poignante mélancolie, ni les grands coups d'ade ; il marque
[)lutût un retour aux traditions classiques, à l'imitation
d'Horace, de Pétranjue et des grands modèles du f^wa/^/'O-
ceiito, trop négligés par les Arcadiens et les disciples de
FrugonL— Parini a laissé, en outre, d'assez longs ouvrages
en prose qui n'ajoutent rien à sa globe : ce sont des Elo:jes
académiques, un Dialogue sur la noblesse, qui est comme
l'exposition théorique des idées dont le Giorno est la mise
en a'uvre dramatique, et un traité, Dei principii délie
belle Leltere, où on est étonné devoir sous la plume d'un
si grand puète des idées si surannées et si banales. —
Parini, qui avait publié isolément les deux premières par-
ties de son poème {il Matlino, Milan, 1763 ; il Mezzo-
giorno, ibid., 4765), refusa de pubber lui-môme les deux
dernières, auxquelles les événements politiques avaient
enlevé toute actuahté ; elles parurent après sa mort dans
l'édition complète de ses œuvres, donnée par Reina (Milan,
1801-6, 6 vol. in-8). Depuis, les éditions du Giorno et
des Odes ont été nombreuses ; il faut citer notamment celles
de Bramieri (Parme, 1805), de Colonnetti (Mdan,Classici,
1841), de Cantù (V. Bicl.); de Giusti (Florence, 1856);
de Salveragiio (Bologne, 1881), de Finzi (Turin, 188i),
doBorgognoni (Vérone, i 892), de Valmaggi (Turin, 1897) ;
mais il faut accorder une mention spéciale à l'édition ré-
cente, la seule vraiment critique, de G. Mazzoni (Florence,
1"897). A. Jeanroy.
BiBL. : Rkina, Vitv.^^ dans l'édition citée plus haut. —
C'Ar^TU, iAbiiic Puniil e la Lo rahardia îicl secolo pnssato
(avec édition du Giorno; Milan, lb5t). — De Saxcti?^,
G. Parini, dans Nuovi saggi crltici ; Napîes, 1870. ~ G.
Guerzoni, Il terzo rinascimento ; Palermo, 1874, et Padoue,
1876. — R. Dumas, Pariai, sa vie, ses œuvres, son temps ;
Paris, 1878. ~ D. Gnoli, Questioni pariniane, dans Studi
letterari ; Bologne, 1882. — Agîs'elli, Precursori ed imi-
tatori del Giorno ; Bologne, 1888, — G. Carducci, Storia
del Giorno ; Bologne, 1872. ~ Del Lungo, Parini, dans
Pagine leiierarie ; Florence, 1893. — Butti, Sludi Pari-
niànl; Turin, 1895. — E. Bertana, Il Parini, trai poeti
giocosi del settecento, dans Giornale Storico^ Supplc-
mento 1, 1898.
PARIS (Lutetia, Parisii, Parisius). I. Données géo-
graphiques. — Capitale de la France et ch.-l. dudép. de
la Seine. 11 est situé par 48"^ 50' 49" N. de lat. et 0'^ de
long, (ou 2*^ 20' lo" E. du méridien de Greenwich), sur les
deux rives de la Seine, à 372 kil. en amont de son embou-
chure, et son ait. varie entre 23 m. (au niveau delà Seine,
pris au Point-du-Jour) et 129 m. (à la hutte Montmar(re).
Après la hutte Montmartre, les principales hauteurs de la
^ille sont: auN., celles de Charonne et Ménilmontant (Père-
Lachaise),deBelleville et la ViUetle (parc des Buttes-Uiaii-
mont, 101 m.) et de Passy (Trocadéro) ; au S., celles de
ia montagne Sainte-Geneviève (Panthéon», de la Maison-
Blanche (butte aux Cailles) et de Montsouris; on y remarque
comme dépressions les plaines de Vaugirard et de Grenelle
dans la partie méridionale. Au point de vue de la conslitu-
lion géologique du sol, il est à noter tout d'abord qu'une
grande partie de la ville, soit une zone de 2 kil. et demi
à 3 kd. occupant les deux rives du fleuve, a été bâtie sur
unsold'alluvions modernes, de sables et graviers anciens.
Dans cette zone, les terrains tertiaires pén'trent au S.
comme au N. ; le calcaire grossier moyen et inférieur cons-
titue l'étage principal de tout le terrain tertiaire parisien.
Il faut signaler ensuite le calcaire grossier supérieur (no-
tamment à Vaugirard), l'argile plastique (à Vaugirard éga-
lement, à Passy et Auteuil), le travertin de Saint-Ouen,
les sables de Fontainebleau (dout est formée la hutte
Montmartre), les sables et grès de Beauchamp et le gypse
et ses marnes (au N.); les collines qui s'él v.jnt au-dessus
de la ville renferment le meilleur plâtre connu, et la fa-
cilité avec laquelle les carri l'es ])arisiennes ont pu cîre
exploitées a été uiie des grandes causes de la magniiiceiic-'
architecturale de Paris.
Climatologie. — Paris se trouve placé i\ la limit(- de
deux climats, le climat continental avec pression élevée «mi
hiver et basse en été et le chmat maii/i où les conditionN
sont inverses ; le premier régime prédomine à Pa?'is 'Mt
hiver, le second en été. Depuis près d un srde d"obser\ .i-
tions, lapins haute température a été de -+- 38*^, 4, le 9 juif.
1874, et la plus basse de — 23^9, le 10 déc. 1879, ce qui
il onne un écart de Gîl'^ , 3 . Mais la tempéralure nio} enne est de
10^,7. Les congélations importonlos de la Seine ne sont pas
rares et l'on en peut compter vingt environ en un siècle ;
avec celui de 1879-80, au cours duquel la Seine fut pri^e
pendant vingt-cinq jours, l'hiver de 1890-91 aétéparticuliè-
rement remarquable, puisque dans le voisinage de la ville
la gelée a pénétré dans le sol jusqu'à 1 m. de profondeur ;
en lS9o, pour la première fois, un embâcle s'est produi!
sur la Seine à la fm de l'hiver, du 10 au 24 févr. A Paris,
on constate l'existence de brouillards pendant 1/6^ du
temps des mois d'hiver, les gelées blanches s'observent dès
septembre et jusqu'en juin, la neige est surtout fréquente
en janvier et les orages intenses en juin principalemenl.
Des brumes flottantes recouvrent assez souvent Paris d'un
voile ayant de 400 à 600 m. d'épaisseur ; la banlieue
N.-E. étant occupée par de très nombreuses usines,
lorsque soufflent les vents N.-E., la majeure partie de
la ville est chargée de brumes épaisses ; mais on compte
chaque année une centaine de jours durant lesquels latmos-
phère est très claire. La moyenne bai'ométrique est de
755 miUim. ; les extrêmes se sont produits en 1821 :
7l3mm20(ie 24 déc.) et 780^^90 (le 6 févr.). Pour la pluie,
la moyenne de la hauteur annuelle est de 565 miUim.
au point de xiic^ pluviométri jue, Tannée se divise en deux
>ARIS
— lOoG
piM'iodes : Tune, de décembre a uvi-il, daiiN Liqueiie lu quan-
tité de pluie est plus petite que la proportion régulière ; T au-
tre, de mai à novembre, où c'est l'inverse; il pleut près de deux
cents jours par an. Les observations météorologiques sont re-
cueillies par l'Observatoire de Paris et par ceux de Montsou-
l'is , de la tour Eiffel , de la tour Saint- Jacques et du parc Saint-
Maur ; et elles sont consignées dans les Annuaues de la So-
ci ('té météorologique de Franr^ (jusqu'en 1880), puis dans
les Annales du Bureau central me le orologique et les
Annuaires de Montsouris. De son côté, le service liydromé-
jrique du bassin de la Seine publie annuellement ses observa-
tions. Depuis un siècle, la plus forte crue de la Seine a été celle
de Tannée 1807 (le 3 mars) : G'", 70 au pont de la Tour-
nelle et, par contre, les eaux sont descendues, le 7 sept.
1Sj8, à 0"\80 au-dessous du zéro du pont d'Austerlitz.
En résumé, le climat parisien est fort agréable et, malgré
sa variabilité, il est très sain.
SuPEUFiciE. — Elle est de 7.802 Iiect. bien moins t-dji-
sidérable que celle de Londres (comté) dont elle n'est que
le quart environ. Son périmètre a 36 kil. ; la longueur
est d'environ 12 kil. (de l'E. à TO.) et la largeur (du N.
au S.) d'environ 9 kil.
II. Histoire politique et générale. — Des origines
au v^ siècle. La première mention qu'on trouve de Paris
est dans les Commentaires {[q César qui le désigne sous le
nom de Luletia. Lutèce était lacivitas des Parisii, dont le
territoire dépassait un peu les limites du dép. actuel de la
Seine, etl'ile, dite maintenant de la Cité, ou elle existait,
était alors plus petite, des îlots voisins n'y ayant pas encore
été rattachés. A l'arrivée de César, les Parisiens ctaient
Phâi indiquant les agrandissements de Paris: 1, enceinte de Pbilippe-Augiiste (1190); 2, enceinte de Chai les ^'
(1370 environ) ; 3, enceinte bastionnée des xvi®-xvip siècles ; 4, mur d'enceinte de la fm du xyiii" siècle ;
5, enceinte fortifiée du milieu du xix** siècle.
depuis peu devenus absolument ijidepejidants des Sérions.
César, en 33 av. J.-C, réunit dans Lutèce la première
assemblée générale des Gaules. Lors du soulèvement de
l'an 52, ce fut dans la bataille livrée près de cette ville
que périt le chef gaulois Camulogène. On sait mal quel
fut le régime munici])al de Lutèce sous la domination
remanie ; c'est sur la rive gauche de la Seine que les fau-
boiu^gs se développèrent d'abord. Le plus ancien monu-
ment de Paris, les arènes (Y. Arène, %. 1), dont on a
retrouvé les restes rueMonge, date du i^^'ou du ii® siècle.
A la fm du iii^ siècle, Constance Chlore se fit construire
dans CCS faubourgs un palais qui fut son séjour de prédi-
lection : le palais dit des Thermes (peut-être à tort) que
l'empereur Julien agrandit. Un camp permanent, entouré
de murs très épais, occupait l'emplacement actuel du bas
de la rue Soufflet. Vers Pan 400, la ville, qui faisait partie
de l'ancienne province de Celtique, fut englobée dans la
A^ Lyonnaise. C'est au iii*^ ou iv° siècle que le nom du peuple
fut substitué au nom de la ville même etcjue Lutèce divijil
Paris. Un concile important se tint à Paris en 360.
La première enceinte {A06[?T\-i00{)[??j). On assigne
généralement comme date l'année 406 environ à Teii-
ceinte fortifiée que les Gallo-Romains établirent tout au-
tour de File de la Cité et dont on a plusieurs fois retrouvé
des restes, notamment en 1898. Vers le milieu du v® siècle,
sans doute, le siège de l'église de Paris fut établi dans lo
temple de Jupiter de l'île de la Cité, et bientôt deux éj^lise.'?
s'élevèrent sur son emplacement, Saint-Etienne et Noire-
Dame, qui possédèrent successivement la chaire épiscopale.
C'est à cette époque que se place dans Phistoire de Paris
la légende de sainte Geneviève dont on a fait la patronne
de cette ville. Ciovis n'entra dans Paris qu'en 497 ; il en
fit sa capitale en 508, comme il résulte d'un texte do
Grégoire de Tours que l'on a bien des fois cité. Les rois
mérovingiens qui se succédèrent à Paris résidèrent, tantôt
dans le palais de Jidien, tantôt dans celui de la Cité, ancien
— 1057
PAULS
palais procoiisulaire. Lors du partage de oOT, Paris tut
laissé dans l'indivision et servit de limite entre plusieurs
pagi dont un est le pagus Pan'siacus ou Parisis. Deux
abbayes, devenues rapidement célèbres, furent fondées sur la
rive gauche, l'une, Saint-Pierre et Saint-Paul, (pii s'appela
bientôt Sainte-Geneviève, par Clovis l^^\ l'autre, Saint-
Vincent, peu après dénommée Saint-Germain des Prés, par
Childebert P^'. On attribue une assez haute antiquité éga-
lement à l'établissement de l'Hôtel-Dieu. Mais Paris qui
avait grandi en même temps que le pouvoir des Mérovin-
giens participa à leur décadence ; de la fm du vu® siècle
à celle du ix® siècle, il est assez délaissé, et, sous les pre-
miers Carolingiens, il n'est souvent que la capitale d'un
tief, le comté de Paris. Mais ses comtes devinrent rois ; il
n'y eut plus que des vicomtes. Paris eut à souffrir des
ravages des Normands en 84o, 856 et 861. Le siège qu'ils
lui firent subir en 885-86 est le premier qui soit célèbre.
(V. NoRMAKDS, t. XXV, p. 51). Dès le ix® siècle, les écoles
de la cathédrale Notre-Dame étaient très célèbres. Aussi-
tôt que furent passés les dangers des invasions normandes,
les faubourgs de Paris se développèrent définitivement.
La deuxième enceinte {WOÙ[^!l]-[ 190}, La date de
la deuxième enceinte est, elle aussi, très incertaine ; elle
appartient au xi<^ ou même au \^ siècle ; on la place par-
fois vers l'année 1020. Cette enceinte, dite souvent des
Capétiens, se composait de deux demi-cercles partant de
l'extrémité orientale de l'de de la Cité et aboutissant un
peu en avant de l'extrémité occidentale. Mais on en recule
parfois aussi la construction jusqu'au règne de Louis VI,
soit jusqu'au commencement du xii® siècle. Ce fut Louis VI
qui fonda l'abbaye de Saint- Victor, et l'on sait à quel point
Guillaume de Champeaux, qui professa dans cette abbaye,
son disciple Abélard et leui's successeurs contribuèrent à
donner alors à Paris un éclat littéraire. Saint-Germain-
l'Auxerrois était de même un foyer d'études. Le prieuré
de Saint-Martin des Champs avait été fondé au siècle pré-
cédent par le roi Henri P'". Paris participe en même temps
au mouvement architectural, puisque sa cathédrale fut
reconstruite vers 1M5 et que l'église actuelle fut com-
mencée sous le règne suivant, en 1163, grâce à l'initia-
tive de l'évoque Maurice de Sully. Louis VI est également
le roi qui éleva l'église de Saint- Jacques la Boucherie.
Les marchands de l'eau de Paris sont pour la première
fois mentionnés dans un document certain sous le règne
du même roi qui leur abandonna un droit de 60 sous
levé au moment des vendanges sur chaque bateau chargé
de vins venant à Paris (1121). L'administration mu-
nicipale n'était représentée alors que par des confré-
ries marchandes qui défendaient les intérêts du peuple.
11 y avait déjà un agent du roi qui portait le nom de
prévôt de Paris ; le premier qu'on connaisse est Etienne,
prévôt en 1060 ; on ne trouve plus alors de vicomtes de
Paris, et la prévôté et la vicomte de Paris apparaissent
réunies ; l'expression « prévôté et vicomte » subsista jus-
qu'à la fin de l'ancien régime ; elle s'appliquait à Paris et
à sa banlieue et à une partie des territoires actuels des
dép. de Seine-et-Oise et Seine-et-Marne ; le prévôt de
Paris avait rang de premier bailli. Sous Louis VII (1170),
la corporation des marchands de Paris ou hanse parisienne
obtient la confirmation de ses privilèges, notamment du
monopole des transports entre Paris et Mantes et du droit
de justice sur les gens qu'elle emploie. C'est lentement,
grâce à la bienveillance qui lui est témoignée par le roi,
que cette corporation se transforme en municipalité. Paris
n'eut cependant jamais de charte communale ; il rentre
dans le groupe des villes dites de bourgeoisie.
La troisième enceinte (1190-1370). Dans l'histoire
de la ville de Paris, le nom de Philippe-Auguste est atta-
ché à plusieurs grands travaux. De 1190 à 1210 pour la
rive droite et de 1211 à 1220 pour la rive gauche, ce
roi fit établir une nouvelle enceinte fortifiée flanquée de
100 tours rondes et percée de 20 portes ou poternes;
partant du château du Louvre, elle englobait l'église actuelle
GRANDE ENCYCLOPLDli:. — XXV.
de Saint-Eustache, coupail en deux le quartier du Marais,
puis la Seine entre File Notre-Dame et l'île aux Vaches,
englobait aussi Sainte-Geneviève, traversait la rue Saint-
Jacques et laissant en dehors l'abbaye de Saint-Germain
des Prés revenait aboutir en face du Louvre. Ses tours
les plus connues sont la tour Hamelin, dite ensuite tour
de Nesle (V. Nesle [Tour de], t. XXIV, p. 970), qui
était située là où s'élève l'Institut, et, à l'autre extrémité
de la rive gauche, la Tournelle. On a retrouvé des ves-
tiges de cette enceinte, et il en subsiste encore des tours,
notamment dans une cour du Mont-de-Piété, dans la cour
du Commerce, rue Dauphine et rue Guénégaud. Paris
renfermait au xiii® siècle 33 paroisses et 220 rues ; il se
subdivisait en Outre-Grand-Pont ou Ville au N., Cité au
centre, Outre-Petit-Pont ou Université au S. Philippe-
Auguste fit commencer les premiers travaux de pavage,
construire des halles, ainsi qu'un grand cimetière (celui
des Innocents) et installer des fontaines publiques. En 120 i,
il fit édifier aux portes de la ville un château fort, le
Louvre. L'Université obtint de lui d'être désormais sou-
mise, non plus à la juridiction du prévôt de Paris, mais à
celle de l'Eglise. De nombreux collèges furent fondés dès
le xiii^ siècle. Paris avait déjà une population d'environ
100.000 hab. Sous saint Louis, la prospérité de la capi-
tale s'accrut encore. De son règne datent l'édification de
la Sainte-Chapelle, la fondation de l'hospice des Quinze-
Vingts et des églises des Franciscains ou Cordeliers et des
Dominicains ou Jacobins, enfin la création de laSorbonne.
D'après une théorie récente, le remplacement du prévôt-
fermier de Paris par un garde royal de la prévôté ne serait
pas une innovation due, vers 1258, à saint Louis ; la
réforme ne consista qaa dans la suppression de l'after-
mage. C'est dans les dernières années du mêmi3 règne, en
1263, qu'on trouve la première mention d'un prévôt des
marchands, lAreux de Valenciennes. Ce prévôt, sorte de
maire, était assisté de 1 échevins (V. Bureau de la ville,
t.' yill, p. -155) et de 2i conseillers, tous électifs. La corpo-
ration desmarchands de l'eau, qui jouait un rôle commercial
prépondérant, paraît s'être transformée en nmnicipafilé ^
au commencement du xiii^ siècle, en 1220. Mais la pré- '
voté des marchands était surtout alors une juridiction. On
possède un recueil de ses sentences remontant à 1268.
Cette juridiction n'était pas, du reste, uniquement com-
merciale; le prévôt de Paris la reconnaissait compétent!'
pour toutes les matières visées par la coutume de Paris.
Enfin les actes de dojiation pouvaient aussi être enregis-
trés parla prévôté. Les intérêts du pouvoir central étaient
représentés auprès d'elle par un officier appelé clerc ou
procureur du roi. En tant que municipalité, la prévôté
s'occupe des fortifications, des fontaines et distributions
d'eau, des ponts, du pavage, des hôpitaux et des établis-
sements de bienfaisance. Tandis que le prévôt ou les prévôts
de Paris, car jusqu'à Etienne Boileau il y en eut souvent
deux à la fois, siégeaient au Grand-Châtelet (V. Châtelet
[Grand]), la municipalité de Paris se réunissait dans ce
(ju'on appelait le Parloir aux bourgeois. Très vraisembla-
blement, le premier parloir municipal fut situé près de
Saint-Leufroy el du Cliàtelet et ne doit pas être confondu
avec la maison de la Marchandise de la Vallée de Misère,
bureau de perce])tion des bourgeois hanses. Quant à la
tour carrée qui, depuis le milieu duxiii*^ sîèrle sans doute,
s'élevait où se trouve maintenant la rue Soufflot, elle occu-
pait l'emplacement du premier siège présumé de la hanse
parisienne, et elle ne servit tout au plus que d'annexé au
Parloir des bourgeois. Sous Philippe le Bel, Paris vit princi-
palement la réunion des premiers Etats généraux à Notre-
Dame, le supplice des Templiers au terre-plein du Pont-Neuf,
les scandales de l'hôtel de Nesle. La royauté, en excellents
termes avec la municipalité, s'habitue à compter sur elle
pour assurer la marche des services publics et lui de-
mande des subsides. En constatant combien les habitants de
Paris durent avoir à souffrir de l'administration financière
des rois pendaiU la première moitié dt^ \i\^ siècle on
67
rkMS
— 1058
s'expHfae mi^x les éyéiieiuents qui se rattaclicnt à la
jMériEê .f Etiefiaii Mariîel {V, M.vuckl | Ktienne J). A ne con-
sidérer-que &oa rôle d'adininistratcuj', il faut rappeler que
ce faiiejux préyôt lit munir de fossés et de mâchicoulis les
remparjts de k rive gauciie en 1350 et 1358, qu'il veilla
au l)on ^eatî'eUen àe la wIq publique, prévint les famines
el Aclieta, pour j installer la municipalité, place de Grève,
riiôtel du Dauphin ou Maison aux piliers (1357). C'est
j)onda3it sa préyôté qu'on yoit apparaître pour la première
ï(m des quartimers,cinquanteniers et dizainiers préposés à
l'administration de subdivisions territoi iales. Les quartiers
étaient alors sans doute au nombre de huit : Cité, Univei'-
sité, i^rève, Saint-Jacques-la-Boucheiûe, Sainte-Opportune,
Saint-11 ermain-l'Auxerrois, Saint-André-des-Arts, plaee
Maub^rt.
La. quatrième enceinte {Vài^l-wV^ siècle.). Charles V
ht rdbâtir «n i'agriindissant la partie septentiionale de
l'encani^ fortiiiée* Construite entre 13G7 et 1383, la nou-
\dh aaceinte englobait le Louvre et ajoutait à Paris le
fîourg-FAbbé, le lemple, ie Bourg-Saint-Eloi et une partie
(hi faubourg- Saint- Antoine ; il n'en l'CSte (fu'un fragment
l'ue de Valois- La forteresse construite devant la porte
Sâintc-Aîitoine fut la Bastille, Charles Y construisit aussi
le couvent des Cclestins et riiùtel Saint-Paul dont il ht sa
lésideace de prédilection. On lui doit de nombreux tra-
vaux d'atihté publique, pour lesquels il fut remar(|uable-
uicnt secondé par son ])révùt de Paiis, liugiu^s Aubriot :
I "élabiissenient du premier égoutcouvert, de nouveaux ponts,
de nouveaux ports. Par suite delà prépondérance du prévit
du rm,la |3révôt'é des marchands ne jouait alors (jii'un rôle
<^ftacé. En 4382, i''élablissemenl de nouveHes taxes auicua
Li vhsiÀX^ ûiiedii^MaiUotins (V. ce mot), dont le résultat
fut îudisparition des libertés uiunicipah's qui . suppj-imées cii
1 383, furent seulemeiJt rcstituée:>ban.s (Jouleeu l i09, en fait
et légalement €nl412. Pemfant vingt-six ans, la prévdté
des marchands fut tenue en garde par un agent du roi
et même, d<i 4383 à 1389, réunie à la prévôté de
Paris. Peu après la fin de ce régime, la gi'îuule ordon-
nance de février 4416 codifiait en 700 articles les rè-
i^loments de lu juridiction de la pré\ôté des marchands,
l/histàfi de Paris, aucomuwncement du xv^ siè{lt% est sur-
toutdaus le récit des luttes des Armagnacs et des Boucgui-
i^noas, dans cekii des excès desCabochiens. Une épidémie ht
un ivm grand nnmbi^e de victimes en 1418. En 1420, Paris
cojnmeaça à mhk la domination anglaise. L'assaut donné
par Jeanne d'Are an 1429 échoua, et Henri VI d'Angle-
terre fut couronné roi de France à Notre-Dame en 1431.
Paris fut reconquis sur les Anglais en 1430 et Charles \ll
y rentra au mois de novembre e'e rainiée suivante. C'est
an palais des Tournellcs qu'il s'installa. Une réforme de
rUniversité eut lieu sous son règne. Une ordonnajice parue
(n\ 1450 est relative au mode d'élection du prévôt des
marchands^ des échevins et doscojiseillers. Des lettres de
Cliarles Vlï, de 1450 également, confu-mées par Louis XI
<!! 146! , mirent fin à des désaccoids qiu étaient perpé-
tuels entre la prévôté des marchamls et les marchands de
Boueaiau sujet de leurs privilèges. Louis XI est te dernier
roi^iii fit encore de Paris son séjour, ordinaire, résidant
h' plus souvent aux Tourjielles. L'imprimerie, dont il
permit Pintroductien à Paris eii li70, ne tarda pas à y
prendre un grand développemenl . Suits Louis XII, en 1 499.
les prévôt et échevins furent pour quehjues mois remplacés
d'i)lïice par des personnes (jue désii^na le roi, à la suite de
récr^ement du pont Notre-Dajne.
Aa x¥i« .siècle, Paris fut le théàtie des guerres de reh-
i>i0n. Les supplices de Berquin, d'Etienne Dolel, d'Anne
éx Bourg eareatîieu, comme des spectacles, place de Grève
oïi|>iaee Maubert. La Renaissan^'e se ht sentir dans la capi-
laic, particulièrement par la création du Collège de France,
la reconstruction de riiôtel de Ville et celle du Louvre.
La f)remière pierre du nouvel Hôtel de Ville fut posée en
1533; on n'a pas encore éelairci définitivement le point
de savoii' si ie principal arcihlecle rn fut Le Boccador ou
Pierre Chambiges ; il ne fut achevé qu'en 1028 (V. Hôtel
DE Ville de Pakis, t. XX, p. 296).
La cinquième enceinte (du milieu du xvi^ siècle aunn-
lieudu xvn*^ siècle, puis à 1 784) . Des travaux de fortihcations
et d'agrandissement de Paris furent entrepris au miheu du
xvi^ siècle. L'enceinte de la rive droite fut reculée au
N.-O., à partir de la porte Samt-Dcnis, de façon à englober
les Tuileries, la butte des Moulins et la butte Saint-Koch ;
mais le mur bastion né commencé sous Henri H et conti-
nué sous Charles IX ne fut repiis qu'en 1633 et terminé
en 1636. Au S.-O, une tranchée fut creusée sous Henri II,
Charles IX et Henri III: mais on en connaît mal le tracé;
elle semble avoir suivi à peu ])rès, les touchant presque,
les rues actuelles du Bac, de Sainte-Placide et de Notre-
Dame des Cbamps. A la suite de la mort tragique deHenri H
(1559), Catherine de Médicis abandonna le palais des Tour-
nellcs qui fut démoli et ht construire les Tuileries, puis
l'hôtel de Soissons (1572). Après les journées delà Saint-
Barthéiemy (24, 25 et 26 août 1572) et la formation de
la Ligue, la capitale est organisée militah'ement ; il y a
dans la ville 5 circonscriptions ayant chacune un colonel
et quatre capitaines et, au point de vue municipal, la direc-
tion supérieure est confiée à un conseil, dit conseil des 16,
à cause du nombre des quartiers, qui ont alors aussi
leurs comités. Paris, qui refuse enhiî de donner de l'ar-
gent à Henri 111, acclame le duc de Guise et se révolte;
c'est la journée des Barricades (12 mai 1588). En fait, la
municipalité est vaincue avec te roi, parce que déjà à
cette époque elle était passée sous sa dépendance. Le
premier siège de Paris, par Henri 111, ne dura (|ue quelques
jours (30 juil.-16 août 1589), ayant été levé après l'as-
sassinat de ce prince. Le secoiul, connnencé par Henri ÏV
ie 8 mai 1590, un coup de main sur les faubourgs de
la rive gauche, le 1^"^' nov. 1589, n'ayant pas abouti, dura
jUS(|u'au 30 août. Paris que défendait le duc de Nemours
reçut des renforts, et le siège fut encore une fois levé.
Il est célèbre par les privations extrêmes que durent subij'
les assiégés et même par ses horreurs; on aurait fait une
sorte de pain avec les os des cadavres, et des mères en
auraient été réduites à manger leurs enfants morts de
faim. Henri IV, qui ne])ut surprendre Paris ni le 10 sept.
1590, ni le 20 janv. 1591, à la journée dite des Farine:?,
n'entra dans la capitale que le 22 mars 1594 à la suite
d'une convention. Pendaiit qu'il luttait contre les protes-
tants, Paris n'avait pas cessé d'èlre agité par la faction des 1 G
et par les dissensions des i)artis politiques. Sous Henri IV, il
connut une période de paix. La place Royale, aujourd'hui
place des Vosges, et la place Dauphine datent de son règne,
comme aussi rachèvement du Pont-Neuf et celui de l'Hôtel
de Ville commencé sous Henri 1!L Les prévôts des mar-
chands, François Miron et Jac(|ues Sanguin, prêtèrent au
roi une aide précieuse pour les travaux d'édihté. Margue-
rite de Valois fonda le couvent des Petits-Augustins ;
Marie de Médicis, l'hôpital de la Charité. Henri IV lui-
môme crée l'hôpital Saint-Louis et les Gobehns. Sous
Louis XIII, avec rachèvement de l'enceinte remaniée par
Henri H, il faut signaler surtout les travaux de l'ile Saint-
Louis, formée de deux des. de Notre-Dame et île aux
Vaches, que l'higénieur Marie eiitreprit de réunir (1614).
Le Palais du Luxembourg, le Palais-Cardinal, puis Boyal
datent do cette époque ; les travaux de reconstruction de l'an-
cienne Sorbonne également ; puis des établissements hospi-
taliers, rinstitutdeshiles de la Charité (1634), les Incu-
rables ; des établissements scientifiques, l'Imprimerie royale,
le Jardin des Plantes, l'Académie française ; des églises,
Saint-Paul-Saint-Louis, Notre-Dame des Victoires. Le
faubourg Saint-Jacques se couvre de monastères devenus
bientôt fameux, ie Val-de-Grâce, Port-Royal, les Ursulines,
les Feuillantines. Louis XIll mort, la FVonde commence peu
après (V. Froxde, § Uistoiré) ; Paris, qui veutsoulejiir les
droits du Parlement et les siens, connaît une seconde jour-
née des Barricades (26 août 1618) ; la cour s'enfuit et
renti*e dans Paris sf^ulement le 18 août 1649. Mais la
1059 —
PARIS
bVoiîde se continue par ia révolte des grands seigneurs.
En 4650, c'est Turennoqui amène les Espagnols presque
aux portes de la capitale. En 4652, c'est Condc qui, fai-
sant la guerre au roi, pénètre dans Paris, le jour du
combat du faubourg Saint- Antoine, grâce au secoiu^s que
lui apporte le canon de la Bastille, tiré par ordre de
W^^ de Montpensier (2 juil. 4652). Des émeutes san-
glantes y ont lieu ; l'Hôtel de Ville est pris d'assaut le
4 juil., et les désordres durent jusqu'au retour du roi
(24 oct. 4652). De cette époque à la Révolution, Paris,
que les souverains délaissent presque toujours, ne joue
plus, au point de vue municipal, qu'un rôle assez effacé ;
le roi amoindrit du reste considérablement la municipalité
parisienne en rendant ses charges vénales. Mais en même
temps Paris prend encore plus d'éclat comme capitale de la
France. Il avait reçu dès 4646 un notable agrandissement
et était devenu une ville ouverte par le déclassement de
ses remparts. Des boulevards furent tracés sur les glacis
de l'ancienne enceinte au N., puis au S., mais sans rap-
port avec le périmètre des remparts. Une autre suppres-
sion, celle des justices particulières qui furent rattachées
au Châtelet, simplifia beaucoup l'administration judiciaire
(4674). D'autre part, la police, jusque-là confondue avec
l'administration, fut organisée ; elle forma un service àpart,
la lieutenance de police (4667). L'édit dedéc. 4672, qui
contient une confirmation nouvelle des ordonnances et
coutumes de la prévôté des marchands, est resté en vi-
gueur jusqu'en 4789. En 1702, Paris, qui formait tou-
jours sous le rapport de l'administration purement muni-
cipale 46 quartiers, fut divisé en 20 quartiers de police.
Le service de la voirie fut organisé ; on construisit des
quais et des ports nouveaux ; on pourvut à l'éclairage des
rues par l'établissement de 6.500 lanternes. Trois portes
reconstruites devinrent de véritables arcs de triomphe :
les portes Saint-Denis, Saint-Martin et Saint-Bernard. Les
jardins des Tuileries et des Champs-Elysées, les places
Vendôme et des Victoires, la colonnade du Louvre (V.
fig. à l'art. Louvre, t. XXII, p. 694), l'hôtel des Inva-
lides (V. fig. à l'art. BitUÂND, t. VIII, p. 204 ; Arciii-
■lECTURE, fig. 3, t. m, p. 734; Dôme, fig. 4, t. XIV,
p. 854 : Coupole, fig. 2, t. XIII, p. 69), l'Observatoire,
le Val-de-Grâce, le collège des Quatre-Nations (ensuite
Palais de l'Institut), le pont Royal, prouvent l'activité
artistique de cette période ; plusieurs académies sont
instituées ; l'administration hospitalière s'organise ; les
séminaires des Missions étrangères et de Saint-Sulpice
et l'Abbaye-aux-Bois sont fondés ou établis à Paris. La
capitale fut aussi le centre, comme on sait, d'un mou-
vement littéraire des plus remarquables. Comme événe-
ments, il y a lieu de rappeler surtout que l'année 4709
vit à la fois un hiver rigoureux entre tous, une épidémie et
une famine, et que les (}uerelles du jansénisme marquèrent les
derniers temps du règne de Louis XIV. Sous la Régence
(4745-22), Paris fut, au contraire, le théâtre de toutes sortes
de fêtes, puis de la surexcitation causée par la banque de
Law. Les scènes des convulsionnaires de Saint-Médard
datent de 4727. On commença en 4728 à user d'inscriptions
indiquant le nom des rues, on numérota les maisons et on
substitua aux lanternes des réverbères. Pendant le règne de
Louis XV, on bâtit l'Ecole militaire, l'Hôtel des Monnaies, la
Halle au blé (V. fig. à l'art. Bélanger, t. V, p. 4478),
et l'on entreprit la construction du Panthéon et de l'église
de la Madeleine en même temps que celle de l'Ecole de
droit ; on ouvrit aussi la place de Louis XV, dite ensuite
de la Concorde. Le théâtre de l'Odéon fut construit sous
LouisXVIen4782. Le roi entretenait de bons rapportsavec
la municipalité parisienne ; les fêtes données en son honneur
à PHotel de Ville en 4782, comme sous Louis XIV en 4 687,
méritent d'être rappelées. A lafinduxviii® siècle, l'élection
du prévôt et des échevins, par une assemblée générale for-
mée du corps de ville et de deux notables par quartier,
n'est plus qu'un simulacre ; en réalité, la nomination est
faite par le roi. Le prévôt, qui doit être né à Paris, est
nommé pour deux ans, mais il est maintenu trois fois; les
échevins sont nommés pour deux ans avec renouvellement
annuel par moitié. Les 26 conseillers, dits conseillers du
roi en l'Hôtel de Ville, sont hiérarchiquement subordonnés
au Bureau de Ville ; on les réunit dans les grandes cir-
constances; 40 sont des officiers de cours souveraines et
46 sont des bourgeois. Les quartiniers, qui sont conseil-
lers du roi depuis 4684, se réunissent au bureau et aux
conseillers pour composer le corps de Ville. La surveil-
lance des services municipaux est répartie entre les éche-
vins et le procureur. En tant que juridiction, l'Hôtel de
Ville ne connaît pas seulement des différends entre mar-
chands pour faits concernant des marchandises arrivées
par eau, il connaît aussi des rentes constituées sur la Ville
et au criminel, des délits commis par les marchands en
matière commerciale et par les officiers de police dans
l'exercice de leurs charges. Ses appelsvont au Parlement.
Le prévôt de Paris n'a plus personnellement que des fonc-
tions honorifiques ; il est chef de la noblesse de toute la pré-
vôté et vicomte et conservateur des privilèges de l'Univer-
sité. Entre le chef réel de la pohce, le heutenant général
de police et le prévôt des marchands, il y a parfois rivalité
d'attributions ; c'est en vain qu'on a réglé par exemple que
le lieutenant a l'inspection de tout ce qui concerne l'ap-
provisionnement de la ville par terre, tandis que la pré-
vôté des marchands a la môme inspection pour Tapprovi-
sionnement par eau. Mais le lieutenant est juge dans la
générahté de Paris de la partie du contentieux adminis-
tratif dont les intendants connaissent en province ; il est
devenu comme un intendant de Paris. Interviennent aussi
dans l'administration municipale le secrétaire d'Etat de la
maison du roi, le Parlement de Paris, le bureau des
finances de la généralité. Le secrétaire d'Etat de la mai-
son du roi, qui a Paris dans son département, transmet à
la prévôté des marchands les arrêts du conseil qui la con-
cernent en particulier, voit et autorise ses déhbérations,
contrôle son administration courante ; il laisse aux soins
du contrôle générai les grandes affaires financières qui
intéressent le Trésor royal (emprunts, loteries, rentes sur
l'Hôtel de Ville) et la vérification des comptes : c'est le
ministre de Paris. Le Parlement conserve dans l'admi-
nistration parisienne une influence permanente. Il a dans
Paris ce qu'on appelle alors la grande police, c.-à-d. la
surveillance de F administration. Les principaux objets de
la grande police sont la religion et les mœurs, Tinstruc-
tion, les idées, la santé publique, Tapprovisionnement de
Paris. Il veille particulièrement aussi au régime hospita-
her. Cela ne veut d'ailleurs nullement dire que le Parle-
ment ait une action administrative prépondérante, car les
détails d'exécution lui échappent, et son initiative est d'un
caractère très vague. Le bureau des finances, a lui aussi,
des attributions municipales sous le rapport de la voirie,
et ces attri Initions, quoique restreintes, font double em-
ploi avec celles de la pohce au point de vue delà surveil-
lance, avec celles de la ville au point de vue des ques-
tions financières. H ne pouvait résulter de cette mauvaise
répartition des attributions que de perpétuels conflits entre
les divers corps administratifs.
La sixième enceinte (4786-4860). L'étaWissement de
cette enceinte fut proposé au roi par les fermiers géné-
raux chargés de la perception de l'octroi ; les limites
étaient en effet devenues indécises, et les fraudes, par con-
séquent, plus faciles. Le mur d'octroi, commencé en 4786,
suivit la ligne des boulevards extérieurs ; plusieurs des
pavillons d'entrée construits par l'architecte Ledoux sub-
sistent encore, notamment ceux de la barrière d'Enfer,
de la Villette, de Charenton, du Trône (V. fig. à l'art.
BA.RRIÈRE, t. V, p. 498) et de Bercy. L'assemblée pro-
vinciale de l'Re de France avec ses 42 départements (dont
deux, ceux de Saint-Germain et de Corbeil, pour l'élec-
tion de Paris) venait d'être créée (4787), quand la Révo-
lution éclata. Il suffira de rappeler ici les principales
journées de cette période si remplie d'événements, qui
PARIS
— 1060 --
ne comprend cependant qu'une dizaine d'années, et c'est
le côté plus pai'ticulièrement municipal de cette histoire
que l'on doit se borner à considérer. En vue des élections,
Paris fut divisé en 60 districts (15 avr. 1789), ces
districts correspondant aux paroisses. Précédée par les
troubles du faubourg Saint-Antoine (27-28 avr.), et
ceux qu'occasionnèrent l'emprisonnement des gardes fran-
çaises et la nouvelle du renvoi de Necker, la Révolution
commença en réalité le 13 juil., lorsque l'assemblée gé-
nérale des électeurs de Paris établit à l'Hôtel de Ville un
comité permanent. Le lendemain, la Bastille était prise;
le 15, l'ancienne municipalité disparaissait et Bailly succé-
dait au prévôt avec le titre de maire. Paris eut une admi-
nistration provisoire jusqu'en oct. 1790. L'assemblée gé-
nérale des représentants de la commune de Paris, qui suc-
céda le 30 juil. à l'assemblée des 451 électeurs, comprenait
2 membres par district, soit 120 membres, mais, aug-
mentée de 60 représentants le 5 août, elle fut renouvelée
le 18 sept., et comprit dès lors 300 membres, 5 par district.
,Le conseil de ville, qui prit l'administration le 8 oct., était
composé de 60 des représentants et chargé d'exécuter les
décisions de l'assemblée; un bureau de ville, comprenant
le maire et 20 autres membres, devait établir l'hainnonie
entre les commissions ou départements du conseil et nom-
mer à tous les emplois. Un procureur syndic avait pour
fonctions d'assurer l'exécution des décisions de la munici-
palité et de remplir en même temps le rôle de ministère •
public devant le tribunal municipal. Les districts qui d'as-
semblées électorales devinrent des corps administratifs
eurent chacun un comité comprenant de 16 à 24 membres
ou commissaires dont un président ; ces comités étaient
chargés avant tout de faire exécuter les ordres de la mu-
nicipalité et exerçaient aussi des attributions de police ;
les districts continuèrent à délibérer chacun dans des as-
semblées générales, et l'on y trouvait à côté du comité
proprement dit ou comité civil un comité miK taire. Pen-
dant que l'administration s'organisait ainsi, Paris assis-
tait le 30 juil. au retour de Necker, le 6 oct. à celui de
la famille royale. La journée du 12 janv. 1790 fut mar-
quée par une mutinerie de soldats au Champ-de-Mars,
celles des 24-25 mai par des désordres dans divers quar-
tiers. Le 14 juil. suivant eut lieu la fête grandiose de la
fédération nationale; le 20 sept., une autre fête fut don-
née en l'honneur des soldats de Chàtcauvieux. C'est le
9 oct. 1790 qu'entra en fonction la municipalité défini-
tire et légale instituée par la loi des 21 mai-27 juin de la
même année. Elle se composa d'un maire, de 16 admi-
nistrateurs, de 32 conseillers, de 96 nota})les, d'un pro-
cureur de la commune qui reçut plus tard le nom d'agent
national et de ses deux substituts. Les 16 administrateurs
et les 32 conseillers formèrent le corps municipal (48 mem-
bres), subdivisé en conseil composé de 32 conseillers et
en bureau formé par le maire et les 1 6 administrateurs
répartis en 5 départements. Le corps municipal réuni aux
96 notables constitua le conseil général de la commune
(144 membres). 48 sections remplacèrent les 60 districts,
et il y eut dans chacune d'elles 16 commissaires de sec-
tion et un commissaire de police. Les commissaires de sec-
tion eurent à surveiller et à seconder au besoin les com-
missaires de police, à veiller à l'exécution des ordonnances
et arrêtés, à donner tous renseignements à l'administra-
tion municipale. Ces 16 commissaires choisissaient parmi
eux un président et se réunissaient en comité tous les huit
jours et toutes les fois que les circonstances l'exigeaient.
Chaque jour, l'un d'eux, à tour de rôle, était de service à
son domicile, et le commissaire de police devait lui adresser
quotidiennement un compte rendu. Comme les districts,
les sections tinrent aussi des assemblées générales. Divers
comités, particuhèrement des comités militaires et des co-
mités de surveillance ou révolutionnaires, se formèrent dans
les sections à côté du comité civil. C'est la municipalité de
Paris (Paris étant d'ailleurs un district du département,
décret des 26 févr.-4 mars 1790, mais sans administra-
tion de district, décret des 3-5 nov. 1790) qui fit régu-
lièrement fonction d'administration départementale à partir
du décret des 8-18 juin 1790 jusqu'à la constitution de
cette administration qui ne fonctionna qu'à dater de févr.
1791 ; comme dans les autres départements, le conseil
général comprit 36 membres, le directoire en comprit 8.
A la fin de l'année 1790 se présentèrent l'affaire du pil-
lage de l'hôtel de Castries (13 nov.), l'affaire de l'autel
de la patrie au Champ-de-Mars (6 déc). L'année 1791
fut particulièrement marquée par la tentative de départ
de Monsieur, frère du roi (22 févr.), par celle du roi
(18 avr.), par le retour de la famille royale à Paris après
son arrestation à Varennes (27 juin), par la cérémonie
de la translation des restes de Voltaire à Sainte-Gene-
viève (11 juil.), par la sanglante émeute du Champ-de-
Mars (17 juil.), puis par la fête de la proclamation de la
Constitution (25 sept.). Quelques jours après la fête en
l'honneur du maire d'Etampes, Simonneau (3 juin 1792),
survint la journée du 20 juin, où la royauté fut définiti-
vement ébranlée ; le 6 juil., Pétion, maire de Paris, est
suspendu par le département ; le 22, la proclamation de
« la patrie en danger » est faite dans Paris pendant que
des troubles ont lieu (15-31) ; en face du département
qui se désorganise se dresse le pouvoir de la commune
dont les sections deviennent permanentes (loi des 25-28
juil.), et le iO août se produit la chute de la royauté. Ce
même jour, les commissaires nommés par les sections
viennent prendre à l'Hôtel de Ville la place des membres
de la commune légale qui n'opposent pas de résistance et
dont plusieurs même se joignent à eux ; le conseil général
ainsi formé se donne d'abord le titre de conseil général
des commissaires des 48 sections. Le 2 déc, après une
longue période d'élections, la commune insurrectionnelle
est remplacée par une commune légale (V. Commune,
§ Histoire de la Révolution, t. XII, p. 138). Des jour-
nées tragiques se succèdent: celles de sept. 1792, du 21
janv. 1793, date de l'exécution de Louis XVI, les désoidres
du 26 févr. suivant, les insurrections des 10 mars, 31 mai,
l^^ et 2 juin, le meurtre de Marat et l'exécution de Char-
lotte Corday, au milieu de toutes les autres exécutions. En
même temps sont célébrées des fêtes de tout ordre : la
pompe funèbre de Lepclletier de Saint-Fargeau et des
anniversaires des grandes dates de la Révolution. A partir
de la loi des 14-16 frimaire an II (section 3, art. 11), le
département, faisant fonction de district, prit le premier
rôle, et les événements de Thermidor amenèrent la sup-
pression même de l'administration municipale qui n'a
jamais été vraiment rétablie. Par la loi du 14 fructidor
an II, la ville fut placée entre les mains des commissions
ministérielles de la Convention et de deux commissions
spéciales, ces dernières fonctionnant sous la surveillance
du département : celle de police administrative composée
de 20 membres et celle des contributions publiques dont
les 15 membres furent réduits à 5 par la loi du 23 frimaire
an lU ; le 24 thermidor an HI la commission de police fut
réduite aussi à 3 membres. Avec la journée du 9 thermidor,
il y aurait surtout à citer comme dates de faits se ratta-
chant à la chronologie parisienne de cette période l'exé-
cution de Danton et de Desmoulins, la journée du 13 vendé-
miaire an IV et diverses fêtes.
Conformément à la constitution de l'anlH et aux lois des
21 fructidor an III et 19 vendémiaire an IV, Paris, for-
mant à lui seul un canton, eut un bureau central pour les
ob;ets d'administration jugés indivisibles : la police et les
subsistances. Ce bureau était composé de 3 membres dits
commissaires. Les municipalités d'arrondissement ont leur
origine en partie dans les 12 comités révolutionnaires orga-
nisés par la loi du 7 fructidor an II dans les sections grou-
pées 4 par 4; mais ils l'ont surtout dans les 12 bureaux
d'état civil de l'an Hl. Ces municipalités au nombre de 1 2, qui
succédèrent aux comités civils des sections dont les membres
avaient été réduits à 1 2 par décret du 28 vendémiaire an HI,
se composaient chacune de 7 membres dont 1 président.
106J —
PARIS
Le bureau central et les administrations municipales dai-
rondissement comprenaient, de plus, 1 commissaire du Di-
rectoire, représentant de l'autorité centrale. Des conférences
étaient tenues d'une part, au moins trois fois par mois,
au bureau central, entre ses membres et les présidents des
municipalités d'arrondissement, et, d'autre part, entre le
bureau central et les membres du département au nombre
de 5. Le bureau central était placé sous l'autorité immé-
diate du département ; il pouvait déléguer aux municipa-
lités d'arrondissement l'exécution des mesures arrêtées par
lui. A ces administrations remplacées momentanément,
pendant 5 jours, par les commissaires du gouvernement,
au 18 brumaire, succédèrent le préfet de la Seine et le
préfet de police et les mairies d'arrondissement, d'après la
constitution de l'an VIIL Cette période plus longue vit trois
conspirations, celle de Babeuf, celle de l'affaire du camp
de Grenelle (1796), celle de La Villelieurnois (i797), trois
coups d'Etat, le 18 fructidor an V, celui qui porte les
dates des 27 floréal et 30 prairial an Yll, et le 18 brumaire
an YIII, enfin toute espèce de fêtes.
Le caractère principal de l'organisation donnée à Paris et
au dép. de la Seine par Bonaparte, organisation qui subsiste
encore dans toutes ses grandes lignes, réside dans la répar-
tition des attributions préfectorales entre deux préfectures :
à côté du préfet delà Seine est un autre préfet qui réunit les
attributions de police. Les administrations des arrondisse-
ments municipaux continuent à n'avoir que des attribu-
tions restreintes : dans chacun d'eux, 1 maire et 2 adjoints
sont chargés « de la partie administrative et des fonctions
lelativesà l'état civil ». Le conseil de département, com-
posé seulement de 24 membres, bientôt réduits à 16 par
arrêté du 25 vendémiaire an IX, remplit les fonctions de
conseil municipal de Paris ; les conseillers avaient pour
attribution unique de délibérer et de voter sur les questions
qui leur étaient soumises, sans aucune initiative et sans
droit de contrôle des actes de l'administration. Conseillers,
maires et adjoints étaient nommés par le chef du pouvoir
exécutif. Cette organisation ne fut modifiée, et dans un sens
libéral, comme d'ailleurs pour les autres corps adminis-
tratifs de France, que sous Louis-Philippe, kwx termes de
11 loi du 20 avr. 183i, les conseillers furent nommés par
élection. Le conseil général comprit 44 membres dont
3(5 élus par les arrondissements municipaux, à raison de 3
pour chacun, composaient le conseil municipal. Seulement
le î président et vice-présidents étaient nommés annuelle-
m\nt parle roi. Les maires et adjoints étaient choisis par
le roi pour trois ans, mais sur une liste de 12 candidats
élu 5. La loi spéciale pour Paris, promise dans la loi du
18 juil. 1837, ne fut pas faite ; mais les dispositions de la
loi du 10 mai 1838 sur l'administration départementale
furent appliquées dans la Seine. Napoléon P"^ ne mit à
exécution qu'une partie de ses projets relatifs à Fembel -
lissement de Paris. Pendant le demi-siècle qui s'étend de
l'an VIlï à 1848, les événements les plus saillants furent
le siège de 1814 et les quatre révolutions qui commencent
et qui terminent, les unes la période dite des Cent-Jours,
les autres l'histoire de la monarchie de Juillet. En dehors
de la fête du couronnement de Napoléon P'' à Notre-Dame
le 2 déc. 1804 et de la tenue du concile réuni à Paris
de juin à août 1811, les autres événements sont des
attentats ou des émeutes : le 24 déc. 1800, explosion
de la machine infernale dirigée contre le premier consul ;
le 23 oct. 1812, conspiration du général Malet; en 1831,
plusieurs émeutes, notamment celle qui fut marquée le
14 févr. par le sac de l'église de Saint-Germain-l'Auxer-
rois et de l'archevêché; en 1832, émeute des 5 et 6 juin
et combat du cloitre Saint-Merri; en 1834, émeute des
13 et 14 avr.; le 28 juil. 1835, attentat de Fieschi; le
12 mai 1839, insurrection de Barbes et de Blanqui. Le
siège de 1814 (29-31 mars) mérite surtout d'être célèbre
parce que les troupes, cependant peu nombreuses, et
les gardes nationaux tirent une belle résistance qui se
concentra au N. et au N.-R., principalement à la bar-
rière de Clichy et à la place du Trône. Les alliés pé-
nétrèrent dans Paris le 31 mars; l'entrée solennelle de
Louis XVIII eut lieu le 3 mai. En 1815, la rentrée de Na-
poléon est du 20 mars, celle de Louis XVIII du 8 juil. C'est
ta Paris que furent signés les traités qui suivirent les coa-
litions, les 30 mai 1814 et 20 nov. 1815. La révolution de
1830 avait duré 3 jours, du 27 au 29 juil. ; celle de 1848
en dura 3 également, les 22, 23 et 24 févr. La mairie cen-
trale de Paris fut rétablie par la deuxième république. Gar-
nier-Pagès fut nommé maire le 24 févr. 1848 et il eut 2 ad-
joints, mais ils tenaient leur nomination du pouvoir central,
et les membres de la commission provisoire à la fois muni-
cipale et départementale, dont l'établissement fut décidé
par le décret du 3 juil. 1848, furent nommés par le pou-
voir exécutif également. Le département sans préfet depuis
février en eut un nouveau; de même, à partir de juillet,
il n'y eut plus de mairie centrale. En ce qui concerne
la distinction des conseils du département et delà ville, on
en revint par le décret des 8-16 sept. 1849 au régime de
la loi de 1834 ; le département eut une commission provi-
soire de 44 membres, et Paris une commission provisoire
de 36 membres, mais nommés par le pouvoir exécutif;
une réorganisation de ces commissions fut faite par décret
du 27 dec. 1851. Confiée d'abord au maire de Paris, la
police redevint, dès le 13 mars 1848, une administration
ayant à sa tête un préfet et relevant d'une façon directe
du ministre de l'intérieur. Ce régime d'exception resta
appliqué jusqu'à la fin du second Empire ; la loi du 5 mai
1855 ne fit que le confirmer; elle décida que les conseil-
lers municipaux seraient nommés pour 5 ans. De 1848 à
1852, Paris eut à souffrir encore de plusieurs journées ré-
volutionnaires. Après les sanglantes journées de juin (23-
28), pendant lesquelles la lutte fut particulièrement vive
dans le faubourg Saint-Antoine, vinrent l'insurrection du
13 juin 1849, puis le coup d'Etat du 2 déc. 1851 et
la journée du 4 de ce mois, où le représentant du peuple,
Baudin, fut tué sur une barricade de la rue Sainte-Mar-
guerite. D'autre part, l'attentat d'Orsini est du 14 janv.
1858. L'Exposition internationale tenue à Paris en 1855
et le traité signé à Paris en 1856 à la suite de la cam-
pagne de Crimée ne rappellent, au contraire, que des dates
glorieuses. Alors aussi la transformation de Paris par les
soins du baron Haussmann, préfet de la Seine, de 1853 à
1870, commence ; on sait coml^ien son administration s'est
signalée par la percée de grands boulevards et de larges
rues. En 1818, l'enceinte avait été modifiée, sur un point,
par la réunion à Paris du village d'Austerlitz, situé der-
rière le boulevard de l'Hôpital.
Par la loi du 16 juin 1859, tous les territoires qui se
trouvaient compris entre les barrières de l'octroi et l'en-
ceinte bastionnée, construite de 1841 à 1845, furent
annexés à la ville, c.-à-d. 4 communes : la Ville tte, Bel-
le ville, Vaugirard et Grenelle, en totalité, 7 communes
pour la plus grande partie, Auteuil, Passy, Batignolles-
Monceau, Montmartre, la Chapelle, Charonne et Bercy
(le reste des territoires de ces communes ayant été ratta-
ché aux communes voisines) et une partie des territoires
de 13 communes non supprimées, Neuilly, Clichy, Saint-
Ouen, x4ubervilliers, Pantin, les Prés-Saint-Gervais, Saint-
Mandé, Bagnolet, Ivry, Gentilly, Montrouge, Vanves et
Issy. Paris, où la division en arrondissements fut complète-
ment remaniée, eut dès lors 20 mairies au lieu de 12 et
le nombre des membres du conseil municipal s'éleva, en
conséquence, de 36 à 60 ; 2 au moins durent être pris
dans chacun des arrondissements, et avoir, dans l'arron-
dissement qu'ils représentèrent leur domicile ou y posséder
un établissement. Les administrations d'arrondissement
devinrent plus étroitement encore les auxiliaires de l'ad-
ministration préfectorale ; le personnel des mairies se con-
fondit par son recrutement, par les conditions de nomina-
tion, avec celui des bureaux de la préfecture. En même
temps qu'il poursuivait ses immenses travaux de voirie,
Haussmann s'attachait à doter Paris de grands jardins
PARIS
I0f>2
publics; il U-aiisfoi'mail le parc do x\loiiccuii, cl créait W
parc des Battes-Chaumoiit. Le bois de Vinceiines, ac(;ins
par la ville de Paris, reçut toute espèce d'embellisse-
ments, comme quelques années auparavant le bois de Bou-
logne. L'Exposition univei'selle de 1867 fut beaucoup plus
importante que celle de l855.Maispeu après, la guerre de
1870 (V. Franco-Allemande [Guerre]) amena le siège dePa-
ris et tout d'abord la révolution du 4 sept. L'administra-
tion préfectorale disparut et aussi les 2 commissions,
départementale et municipale. Un décret du gouverne-
ment de la Défense nationale nomma, le 4 sept. 1870,
un maire de Paris qui fut assisté de 4 adjoints (7 sept.) :
un membre du gouvernement était délégué près le dé-
partement (6 sept.); celui-ci fut délégué également à la
mairie centrale, par décret du 15 nov. 4870, lorsque
le maire de Paris eut donné sa démission. Les maires
d'arrondissement d'abord nommés par le gouvernement
furent^ en nov. 1870, élus par le suffrage univerel.
Le siège que Paris eut à soutenir dura du 18 sept. 1870
au28 janv.1871 ; on sait avec quel héroïsme il fut soutenu
pendant si longtemps ; l'émeute du 31 oct. , qui avait été
précédée par la manifestation du 6 de ce mois, fut provo-
quée par ceux qui réclamaient l'établissement d'une com-
mune; le bombardement commença le 5 janv. Quand le
1^^ mars 1871 des soldats prussiens entrèrent dans Paris
et occupèrent le quartier des Champs-Elysées pour trois
jours, cette prise de possession de la ville, en quelque
sorte purement symbolique, fut dépourvue de tout caractèi'c
triomphal. Pendant deux mois, du 1 8 mars à la fin de mai 187 1
îa ville eut un gouvernement insurrectionnel, celui delà Com-
mune(y, ce mot, t. XII, p. 139); après avoir forcé l'enceinte
fortifiée le 24 mai, le gouvernement reprit au bout d'une se-
maine la capitale et, par décret du 5 juin, un nouveau pré-
fet de la Seine fut nommé. La loi d'organisation municipale,
qui donna à Paris un conseil municipal émané du suffrage
universel et reçut son application dès que la Commune fut
terminée, date de la période môme de la Commune, du
14 avr. 1871 ; la nouvelle loi relative au conseil géné-
ral est un peu postérieure (16 sept, de la mémo année).
Sous la troisième République, les faits les plus remarqua-
bles à signaler dans la chronologie plus exclusivement pa-
risienne sont : l'Exposition universelle de 1878, l'institu-
tion de la fête annuelle du 14 juillet (1880), la visite du
roi d'Espagne à Paris en sept. 1883, les manifesLitions des
1*^^ et 2 déc. 1887, qui aboutirent à la démission du pré-
sident Grévy, l'élection du général Boulanger le 27 janv.
1889 en qualité de député de la Seine, l'Exposition uni-
verselle de 1889 qui dépassa en éclat les précédentes,
les émeutes du quartier la lin provoquées par les rap-
ports entre la police et les étudiants en "iiil. 1893, l'at-
tentat anarchiste dont la Chambre des députés môme fut
le théâtre le 9 déc. suivant. Mais à la même époque, du 17 au
24 oct. , Paris fêtait magnifiquement l'amiral russe Avellan et
les otfîciers de sa mission, et, en 1896, la réception qu'il fit
au tsar Nicolas U, pendant trois jours (6-8 oct.) fut plus
grandiose encore. 11 faut rappeler aussi les journées des
grandes funérailles faites à Thiers, à Gambetta, à Victor
Hugo, à Mac-Mahon, à Carnot, à Félix Faure. Toute l'an-
née 1898 a été marquée par les manifestations des adver-
saires ou des partisans de la revision du procès Dreyfus. De
très importantes opérations de voirie ont été faites depuis
1871 : l'ouverture de l'avenue de l'Opéra, du boulevard
Henri IV, de la rue Soufflet, de la rue Etienne-Marcel, l'achè-
vement du boulevard Saint-Germain et de l'avenue de la
Républi({ue. On a créé le parc de Montsonris, édifié l'Opéra,
le palais du Trocadéro, reconstruit l'Hôtel de Ville, l'Ecole de
médecine, la Sorbonne, FHotel desPostcs, l'Opér a-Comique,
agrandi l'Ecole de droit, bâti surtout de nombreuses écoles
et exécuté des travaux considérables d'assainissement.
Armoiries de Paris. — Elles remontent au moins au
xm^ siècle et sont ainsi composées : De gueules au
navire équipé d'argent, voguant sur des ondes de
même, au chef cousu d'az-ur, à un semé de fleurs de
Armes de Paris.
lis dur qui est de France ancien; le navire est le sym-
bole des marchands de l'eau, les fleurs de lys, ajoutées
après 13o8, sont celui de la royauté. La devise Fluctuai
nec m.ergilur (il est ballotté, mais non submergé) com-
plète ce blason.
Historiens de Paris. — Paris a eu de nombreux his-
toriens, depuis l'opus-
cule deCorrozet (1532).
augmenté par N. et P.
Bonfons, et la disserta-
tion de Fauchet (1590)
sur les causes pour les-
quelles les rois ont choisi
cette ville comme capi-
tale. Les auteurs dos
histoires ou des descrip-
tions de Paris les plus
importantes ont été : au
xvii^ siècle. Du Breul
(1612),Malingre(1640),
Colletet (1664), Le
Maire (1685); au xvm^
siècle : De La Mare (1705), complété par Le Clerc du
Brillet, Piganiolde La Force (1718), Sauvai (1724), Féh-
bien et Lobineau (1725), Labarre et Desfontaines (1735),
Duplessis (1753), Lebeuf (1754), Saint-Foix (1754), Pon-
cet de La Grave (1771), Jaillot (1772), BéguiUet(1779),
Hurtaut et Magny (1779), Mercier (1782) ; au xix^ siècle,
Saint-Victor (1808), Dulaure (1820), Touchard Lafosse
(1833), Mariés (1838), J. de Gaulle (1839), Th. Laval-
lée (1852), Meindre (1854), Guilhermy (1855), La Bé-
dolUère (1860), Gabourd (1863). Plus récemment, de
nombreux érudits ont fait de Paris le principal objet de
leurs publications : A. Berty, A. Bonnardot, M. Du Camp,
V. Fournel, Ed. Fournier, les frères Lazare, Lefeuve, Le
Roux de Lincy, Ménorval, etc.
Prévôts de Paris et gardes de la prévôté. — Etienne
(1060-67),Pierre(1082),Jean(?),BaudoinleFlamandetRc-
naud (1152-56 ; avec Guillaume de Gournay en 1154 env.),
Anseau de Garlande (1192), Etienne (?) Hugues de Meulan
(1196), Jean (1196), Thomas (1200), Robert de Meulan
et Pierre de Theillay (1200-1 ), Renaud de Cornillon
(mars 120 1-2), Robert de Meulan (1202-3), Eudes Po-
pin et Eudes Arrode (1205), Phihppe Hamelin(1207), Ni-
colas Arrode (Neuholet) ctLambequin de Montlhéry (121 4),
Nicolas Arrode et Philippe Hamehn (1217, 1219 etl223),
Jean des Vignes (févr. 1224, 1226 et 1227-28), Ihillov
(Pierre de Theillay?) (1229), Raoul Dessus rt:au (1230),
Guillaume Barbette (I2;j4), Eudes Popin et Simon Bar-
bette (1241), Eudes Popin et Raoul de Pacy (1242-44),
Guernon de Verberieet Gautier Le Maître (1245), Renaud
dit Le Comte (1246), Guernon de Verberie et Gautier Le
Maître (12 47), Nicolas Barbette et Gautier Le Maître (1248-
49), Eudes Popin et Eudes Le Roux (sept. 1249-50),
Eudes Popin et Hervé d'Yère (sept. [?] 1250-51), Guer-
non de Verberie et Etienne Tàtesaveur (1252-53), Jean
Bigue et Pierre Gonthier (1253-54), Eudes Le Roux et
Hervé d'Yère (1254-58), Jean de Chambaudon et Pierre-
Gonthier (1258-60), Etienne Roileau (févr. ou mars 1261-
21 déc. 1269), Renaud Barbou (mai 1270-75), Jean Le
Saulnier(l275etl276), Mathieu deMorriers (1277), Nico-
las de Rosoy (1277), Guy du Mez (nov. 1277-79), Gilles
de Compirgne (1281- juil. 1284), Oudard de La Neuville
(1284-déc. 1286), Renaud Le Gras (1287), Pierre Say-
mcl (1287-16 avr. 1289), Jean de Montagny (1289-oct.
1290), Jean de Marie (févr. 1231), Guillaume d'Hangest
(17 avr. 1291-96), Adam Alati (1296), Jean de Saint-
Léonard (1296-97), Robert Maugier (1297-5 févr. 1298),
Guillaume Thiboust (déc. 1298-11 juil. 1302), Pierre Le
Jumeau (1302-30 juin 1304), Pierre de Dicy (1304-
16 déc. 1305), Pierre Belagent (1306), Fréminde Coque-
rel (1306-8), Guillaume de Gourmont? (14 juin 1308).
Pierre Le Féron (10 oct. 1308-7 juin 1309), Jean Ploie-
— 1033 —
PAHIS
baut (1399-2* levr. 1310). Pierre Le Fenm ? (1313),
Simon de Courceaux (!i7 mars 1316), Guill. do La Made-
leine (1316), Henri d(> Tapcrel (1316-20), Jean Robert
<1317), Gilles Haquin (mai 1320-22), Jean Robert (min
1321-22?), Jean l'Oncle (1322-18 août 1324), Pierre de
Javoux (1325), Hugues de Crusy (févr. 1326-19nov. 1330),
Jean Milon(19 nov. 1330-13 avr. 1334), Pierre Belagent
(13 avr. 1331-29 nov. 1339), Guillaume de Gourmont
(29 nov. 1339-6 avr. 1349), Alexandre de Crève cœur
(6 avr. 1349-12 janv. 1354), Guillaume Staise(12féYr.
13o4-30 mars 1339), Jean Le Bâcle de Meudon (30 mars
1359-18 mai 1361), Jean Dernier (18 mai 1361-3 sept.
1367), Hugues Aubriot (3 sept. 1367-17 mai 1381),
Guillaume de Saint-Germain (17-31 mai 1381), Audouin
Chauveron (31 mai 1381-25 janv. 1389), Jean de Fol-
leville (27 janv. 1389-6 juin 140i), Guillaume de Ti-
gnonville (6 juin 110-1-5 mai 1408), Pierre POrfèvre [r]
(1407), Pierre des Essarts (5 mai 1408-8 nov. 1410),
Bruneau de Saint-Glair (8 nov. 1410-19 sept. 1411).
Pierre des Essarts (19 sept. 1411-16 mars 1 ilS), Robert
de La Heuse {ÏQ mars 1413-22 sept. 1413), André Mar-
chant (22 sept. 1413-24 oct. 1414), Tanneguy du Cliâtel
(24 oct. 1414), André Marchant (25 oct. 1414-20 févr.
1415), Tanneguy du Cbàtel (20 févr. 1415-1418), Guy
de Bar (29 mai 1418-19 août 1418), Jacques Lamban
(19 août 1418), Guy de Bar (3 oct. 1418-19), Robert de
Montjeu? (1419), Gilles de Clamecy (3 févr. 1419-20),
Jean du Mesnil (17 déc. 1 420). Vacance de la prévoté. Crau-
cher Jayer (1 1 -1 3 mars 1 421 ) ,, Jean de La Baume (1 4 mars
1421), Pierre de Marigny (5 mai 1421), Hugues Restore
(1 421 ) , Pierre Le Verrat ou BaiTat (31 juil. i 421 ) , Simon de
Ghampluisant (3 févr. 1422), Jacques de Luxembourg
(1422), SimonMorhier (1^^'dée. 1422-13avr.l436), Gilles
de Clamecy (1430-juin 1432), Philippe de Ternant (19 avr.
1436), Boulainvilliers (1436 ?), Ambroise de Loré (23 févr.
1437-22 nov. 1440), Jean d'Estouteviile (4 juil. 1446),
Robert d'Estouteville (28 mars 1447-16 déc. 1448),
Jacques de Villiers (l*^''sept. 1461-65), Robert d'Estoute-
ville (7 nov. 1465), Jean de Saint-Romain (4 juin 1479),
Jacques d'EstouteviUe (21 juin 1479-3 juin 1484), Guil-
laume Roger (11 sept. 1509), Jacques de Coligny (22 oct.
1509), Guillaume Roger (5 juin 1512), Gabriel d'Alègre
(févr. 151H), François Roger (5 mai 1526), Jean de La
Barre (2 juin 1526-24' mai 1531), Nicole Thibault (2 mars
1533-34), Jean d'EstouteviUe (7 mars 1534), Noèl Brulart
(1540), Antoine ¥' du Prat (mars 1447-53), Antoine H
du Prat (18 juil. 1553-89), Jacques de La Guesle (nov.
1589-90), Edouard Mole (oct. 1590-92), Charles de Neu-
ville (12déc. 1592-94), Jacques d'Aumant(l^^- oct. 1 594-
1612), Louis Séguîer (1612-8 nov. 1653, Nicolas Fou-
quet (1653)^ Pierre Séguier (déc. 1653-70), Armand du
r^mboust (juin 1670-83), Achille de Harlay (1683-85),
Charles Denis de Bidlion (1685-20 mai 1721), Gabriel
Jén)medeBullion (30janv. 1723-21 déc. 1752), Alexandre
ile Ségur (7 févr. 1755-66), Anne-Gabriel-Marie Bernard
de Boulainvilliers (29 juil. 1766-21 janv. 1791).
Prévôts des marchands. — Evreux de Valenciennes
(1263), Jean Augier (1268), Guillaume Pisdoé (1276),
Guillaume Bourdon (1280), Jean Popin (1289), Jean
Arrode (1291), Jean Popin (1293), Jean Popin (1296,
f 18 juil.), Guillaume Bourdon (1296),, Etienne Barbette
(1298-1304), Guillaume Pisdoé (1304), Guillaume Pisdoé
(1305), Etienne Barbette (1312), Jean Gentien (1321),
Hugues Le Coq (1345-54), Etienne Marcel (1354-
31 juil. 1358), Gencian Tristan (1358), Jean Desmarets
(1359), Jean Fleury (1371), Guillaume Bourdon (1381),
Andouin Chauveron (27 janv. 1383), Jean de Folleville (??)
(1389), Jean Jouvenel des Ursins (27 janv. 1389-92),
Charles Culdoé (1404), Pierre Gentien (20 janv. 1411),
AmM d'Espernon (16 mars 1412), Pierre Gentien
(9 sept. 1 413), Philippe deBrébant (10 oct. 1415), Etienne
ëe Bonpuis (7 sept. 1417), Guillaume Ciriasse (12 sept.
1417), Noël Marchant (6 juin i418-19), Hugues Le Coq
(1420). Gartiier de Saiulyon (1422), Guillaume Sanguin
(1429-30), Hugues Rapioult (4431-33), Hugues L& Coq
(juil. 1434), Michel de Lallier (13 fév. '1436-37), Pierre
des Landes (23 juil. 1438,-43), km Baillât (1M4-49),
Jean Bureau (17 août 1450), Dï'eux Budè (i9 août 1452-
55), Mathieu de Nanterre {iQ aoiit 1450-^)^ Henïi de
Livres (16 août 1460-65), Michel de. La Sran^ ^1466-
67), Nicolas de Louviers (1468-69)^. Denis HessëifttJ:470-
72), Guillaume Le Comte (4474-75),. Henri ë'e Livres
(1476-83), Guillaume de La Havc (1484,-^5)^ Jean du
Drac (1486-89), Pierre Poignant (1490-94), Jacques Pié-
defer (1492-93), Nicolas Viole (1494-95), Jeaa de Mont-
mirel (1496-97), Jacques Piédefer (1498-99)^ Niicolas
Potier (oct. 1499-1501), Germaiife de^ Mark (lS02-3\
Eustache Luillier (1 504-5) „ Dreux Raguier (1506-7),
Pierre Le Gendre (W août 150^-9),, Robfiert Turquain
ou Turquant(16 août 15l0r-ll)„Rog,erBarme(15i2-13|,
Jean Brulart (16 août 1514-15), Pierre; Qeutin! (16
août 1516-17), Pierre Lescot (16 août 1^18-1^), An-
toine Le Viste (16 août 152(^-21)^ GuiHaume Budé (li)
août 1522-23), Jean Morin (16 août 1524-2^), Ctermain
de Marie (16 août 1526-27), Gaillart Spifamo: (16 août
1528-29), Jean Luillier (i6 août 1530-31)^ Piei^re Viole
(16 août 1532-33), Jean Tronson (16 août 1534-37),
Augustin de Thou ( 1 538-39) , Etienne de Mantmirel (1 540-
41), André Guillard (1542-43), Jean Mario (1544-45),
Louis Gayant (1546-47), Claude Guyot(lti48'"5.1), Chris-
tophe de Thou (1552-53), Nicolas daLivrea (1554-55),
Nicolas Perrot (1556-57), Martin de Bragelongue (1558-
59), Guillaume de Marie (1560-63)^ Guillaume, Guyot
(1564-65), Nicolas Le Gendre (î566-6D),Clatide:lai'cel
(1570-71), Jean Le Charron (157^-75), Nicolas luillier
(1576-77), Claude Daubrav (157 8-79) ^Augustin de- Thou
(1580-81), Etienne de m\^ (1582-86), Nicolas-Hector
dePerreuse (1586-14 mai 1588), Michel Maçteaii (20
mai 1588-90), Charles Boucher (18 oct, 159Q-^4k Jean
Luillier (9 nov. 1592-94), Martin Langlois (15M-17
août 1598), Jacques Danès (1598-99), Anî^iaii Guiot
(1600-2), Martin de Bragelongue (1602.-4), François
Miron (1604-6), Jacques Sanguin (160642), Gaston do
Grieu (1612-14), Rohert Miron (1 61 4-16)» Antoine Bou-
chet (1616-18), Henri de Mesmes (1618-22), Nicolas de
Bailleul (1622-28), Clu^istophc^ Sanguin (1628-32), Mi-
chel Moreau (1632-oct. 1637),0udartL^ Féron (2(i oct.
1637-fév. 1641), Christophe Perrot (25fé¥.-^ a¥J641),
MacéLe Boulanger (22 av. 1641-44),. Jean Scaroû (1644-
46), Jérôme Le Féron (26 fév. 1646-50)^ Antoine Le
Febvre (1650-5 juil. 1652), Pierre dft Bi'oussel (6 juil.-
24 sept 1652), Antoine Le Fehvre (14 ©et. 16521-17 aoù(
1654), Alexandre de Sève (17 août 1654-62)^ Daniel
Voisin (1662-68), Claude LePeletier (1668-76), Auguste
Robert de Pommereu (1676-84), Henri de Fourcy (1684-
92), Claude Rose (1692-1700), Charles Boncto (1700-
1708), Jérôme Bignon (1708-16)» Charly Trudaine
(1716-4 juil. 1720), Pierre-AntoinQ dô Castagnère (4
juil. 17i0-25 aoûtl725), Nicolas Lambert (^1 août 1725-
10 juil. 1729), Etienne Turgot (14 juiL l7^B-40),Féhx
A ubery (1740-20 juil. 1743),Louis-Basilo de Bernage
(26 juil. 1743-58), Jean-Baptiste-Elie-Camns d^ P^nt-
carré (1758-64), Armand-Jérôme Bignon' (1764-8 mars
1772), Jean-Baptiste de La Michodière (17 mars 1772-
78), Antoine-Louis Le Febvre de Caumartia (1778-84),
Louis Le Peletier (1784-28 av» 1789), lae^jnes de Fies-
selles (28 av. -14 juil. 1789),
Maires de Paris.— Bailly (15juiL 17894t gôyJ791),
Pétion de Villeneuve (16 nov.l79M7 septl70t),Bc>ucher
René (par intérim), Chambon (3ônov. 179M fév.n93),
Pache(14fév. 1793-10 mai 17 94), Fleuriot-L^scol (lOïuai
1794-27 juil. 1794), Garnier-Pagès (24fév. 4848-5 mars
1848), Armand Marrast (9 mars 1848-19iiiil,ia48). —
Etienne Arago (4 sept. 1870-15 nov. 187u),
Préfets de la Seine. — Frochot (3 mars lEOO), de
Chabrol (23 déc. 1812), deBondy (20 mars 1815), de
'M\IS
— 1064
Chabrol (7 jiiii. 1815), de LaLorde (30juii. 1830), Odilon
Barrot (20 août 1880), deBondy (21 fév. 4831),deRam-
biiteau (22 juin 1833-24 fév. 1848), Trouvé-Chauvel(19
jiiil. 1848), Recurt (27 cet. 1848), Berger (20 déc. 1848),
flaussmann (22 juin 1853), Chevreau (5 janv.-6 sept.
1870), Léon SaY(o juin 1871), Calmon (7 déc. 1872-25
mai 1873), Ferdinand Duval (28 mai 1873), Hérold
(25janv. 1879-1^^ janv. 1882), Floquet (5 janv. 1882),
Oustry (31 oct. 1882), Poubelle (19 oct". 1883), de
Selves(23 mai 1896).
III. Administration générale actuelle. — Le
régime administratif de la ville de Paris est sur presque
tous les points un régime d'exception. On a pensé que Paris
ne pouvait être administré dans les mêmes conditions que
les autres villes, et l'on a voulu que le pouvoir s'y trou-
vât plus divisé et que le gouvernement y fût plus maître.
Le préfet de la Seine, représentant de l'Etat, administra-
teur du dépai'tement, est le maire central de Paris, bien
que ce titre ne lui soit donné nulle part, mais il n'a pas
(•ependant les attributions de police confiées à un préfet
spécial (V. Police) ; il réside à l'Hôtel de Ville. De classe
exceptionnelle, il reçoit un traitement annuel de 50.000 fr.
Au point de vue municipal, le préfet de la Seine a comme
attributions, exception faite pour la police et l'état civil,
celles mêmes que les lois des 18 juil. 1837 et 24 juil.
1867 et le décret du 25 mars 1852 conféraient avant
1884 à tous les maires. Il n'est pas du reste dépouillé de
toute intervention en matière de police. Un décret du
10 oct. 1859 a réglé des conflits d'attributions qui se pro-
duisaient assez fréquemment entre les deux préfectures,
notamment en matière de petite voirie et de perception
de droits dans les halles et marchés, et il a réduit les at-
tributions municipales du préfet de police au profit du
préfet de la Seine. Pour administrer la ville de Paris,
celui-ci est secondé par les 20 maires d'arrondissement
nommés par décrets et assistés tantôt de 3, tantôt de 5 ad-
joints, suivant que le nombre des habitants est inférieur
ou supérieur à 120.000 (loi du 9 août 1882). Ces maires
et adjoints ne peuvent être en même temps conseillers muni-
cipaux. Leurs fonctions principales sont celles d'officiers de
l'état civil (V. Maire). L'administration préfectorale de la
Seine comprend l'administration centrale ou intérieure, des
services annexes et des commissions se rattachant à l'admi-
nistration centrale et des directions spéciales.
L'administration centrale ou intérieure se subdivise eu
18 groupes: 1^ cabinet du préfet, divisé en 2 bureaux,
bureau du visa et de l'enregistrement général (personnel
uiiministratif, Légion d'honneur, visa et signatuie du pré-
fet, réception, dépouillement et enregistrement des dé-
pèches, introduction des mémoires au conseil municipal
cl au conseil général), et bureau des bibliothèques ; le bu-
reau du secrétariat particulier du préfet se rattache au
cabinet; — 2° direction du personnel comprenant un se-
<rétarial et 6 sections (personnel intérieur; personnel
extérieur; personnel technique; personnel de service, exa-
mens et concours; comptabilité; pensions et secours); —
3'^ inspection générale des services administratifs et finan-
ciers (1 inspecteur général, 4 inspecteurs, 2 inspecteurs
adjoints) ; — 4° service des beaux-arts, placé sous l'au-
torité immédiate du préfet de la Seine ; — 5^^ secrétariat gé-
néral divisé en 3 bureaux, bureau du visa et de la sta-
tistique générale, bureau des élections, brevets d'invention,
légalisations et notifications, bureau de la vérification des
mémoires de fourniture et des comptabilités en matières ;
le chef du premier bureau a le titre de chef du secréta-
riat général, et un employé du même bureau, le titre de
secrétaire particulier du secrétaire général ; le secrétaire
général étant le chef direct des archives, les archives de
la Seine sont rattachées à ce groupe ; — 5° secrétariats du
conseil municipal et du conseil général divisés en 2 bu-
reaux et ayant à leur tête un chef des secrétariats et un
chef adjoint ; les présidents des 2 conseils ont chacun un
chef de cabinet ; ce groupe comprend de plus le service
de l'imprimerie municipale, du bulletin municipal et de la
bibliothèque des conseils ; — 6^ service du matériel dirigé
par un conservateur du mobilier de la ville et du dépar-
tement, et divisé en service du matériel proprement dit
(matériel et départ, comptabilité des magasins et récole-
ment du mobilier communal etdu mobilier départemental,
mobilier scolaire et récolement, magasins, inspection du
matériel, service télégraphique) et régie ou caisse inté-
rieure de la préfecture, dont le chef a le titre de régis-
seur-comptable ; — 7^ service du contentieux; — 8<^ greffe
du conseil de préfecture dirigé par un secrétaire-greffier
et divisé en 2 bureaux (affaires contentieuses et affaires
administratives, puis contributions directes et comptes de
gestion) ; — 9° direction des affaires municipales, com-
prenant 6 bureaux, secrétariat et bureau central, assai-
nissement de l'habitation, travail et établissements sani-
taires et charitables, domaine de la ville, approvisionnement,
inhumations ; le service de la statistique municipale est
rattaché à cette direction ; — 10*^ direction des affaires
départementales comprenant un secrétariat, 5 bureaux : bu-
reau central (administration départementale, domaine,
questions d'intérêt général, affaires intercommunales), bu-
reau de l'administration des communes, bureau des aliénés
et des enfants assistés, bureau des travaux publics du dé-
partement et des communes, bureau des travaux d'archi-
tecture de l'Etat et du département ; 2 services : recette
des asiles publics d'aliénés de la Seine, contrôle des comp-
tabilités administratives du département et des communes
de la Seine, et une division dite des affaires mihtaires, di-
visée en 2 bureaux, recrutement et mobilisation ; — 11° di-
' rection de l'enseignement primaire, ayant à sa tète un
inspecteur d'académie et comprenant 7 bureaux ou ser-
vices: bureau du secrétariat et du personnel, bureau des
examens (administration du budget départemental de l'ins-
truction publique, examens, concours, surveillance des
établissements libres), service du musée pédagogique et
des bibHothèques scolaires, puis, sous le nom de services
administratifs de la direction, dirigés par un même chef,
service du contrôle des services administratifs et financiers
des écoles primaires supérieures, des écoles profession-
nelles et des enseignements auxiliaires, service de l'ins-
pection des internats, bureau central, bureau de la comp-
tabilité du personnel, du matériel et de la comptabiHté
du matériel ; — 12^' direction administrative des services
de la voie pubUque, des plantations, d'alignement et de
l'éclairage, des eaux et égoutset des carrières sous Paris,
divisée en 4 bureaux : bureau central et secrétariat, voie
publique et éclairage, eaux, canaux et égouts, comptabilité,
contrôle et revision des travaux d'ingénieurs; — 13*^ di-
rection administrative des services d'architecture et des
promenades et plantations divisée en 6 bureaux, bureau
central et secrétariat, bureau administratif des travaux
d'architecture de la ville, contrôle et revision de ces tra-
vaux, comptabilité, traités et acquisitions, alignements,
promenades et plantations; — 14° direction des finances
divisée en 7 bureaux, bureau central et secrétariat,
comptabilité départementale, ordonnancement des dépenses
municipales, comptabilité municipale, recouvrement des
contributions, contentieux des contributions, domaine de
l'Etat et dépenses des ministères ; — 15^ commission des
contributions directes, dont le président a auprès de lui
un secrétariat; — 16^ contrôle central près la caisse
municipale, dirigé par un contrôleur ; — 17*^ caisse mu-
nicipale, ayant à sa tète un receveur qui touche un traitement
de 20.000 fr. et une indemnité égale, et comprenant 8 bu-
reaux ou services, bureau central, caisse et portefeuille, re-
couvrements et recettes, dépenses budgétaires, dette muni-
cipale, titres et transferts, comptabiHté, oppositions. — Les
20 mairies forment un dix-huitième groupe, les secrétaires
chefs des bureaux et les autres employés de ces mairies
faisant partie du personnel intérieur de la préfecture.
En plus des 8 directeurs, du receveur municipal et du
contrôleur central, le personnel de cette administration
1063 —
PARIS
centrale se compose de 197 chefs et soiis-cliefs, 3"2T com-
mis principaux et commis rédacteurs, 650 commis expé-
ditionnaires, 249 commis-auxiliaires, 147 stagiaires, 52 ré-
partiteurs des contributions, 54 employés du personnel
technique détachés au service intérieur, 49 agents divers
et 480 agents du personnel de service, garçons décaisse,
huissiers, appariteurs , concierges, garçons de bureau,
hommes de peine. Le total est ainsi de 2.452 emplois dont
340 du service de la caisse municipale et 662 du service
des 20 mairies.
Divers services extérieurs ou simplement annexes se rat-
tachent aux différents bureaux de la Préfecture : au per-
sonnel, le service médical ; au matériel, le service de véri-
fication des mémoires et fournitures ; au secrétariat des
affaires municipales , Tinspection générale du service de
l'assainissement et de la salubrité de l'habitation et le ser-
vice des médecins de l'état civil ; au bureau de l'assainis-
sement, les services techniques de l'assainissement de l'habi-
tation ; au bureau du travail, les établissements charitables
municipaux ; au domaine de la ville, le service du con-
trôle des voitures et des concessions, la régie des propriétés
communales et le bureau de la conservation du Champ-
de-Mars ; à l'approvisionnement, le service d'inspection ;
au bureau des cimetières, Finspeetion du service des inhu-
mations, celle de la vérification des décès et celle des inci-
nérations: au bureau central des affaires départementales,
le contrôle des régies et du matériel des cours et tribu-
naux de la Seine, le service de surveillance du Palais de
Justice, l'inspection du service des sapeurs-pompiers des
communes du département, la chaire départementale d'agri-
culture, l'orphelinat Prévost à Cempuis, l'école Lepelletier
de Saint-Fargeau à Montesson, l'hospice Favier à Bry-sur-
Marne ; au bureau des travaux publics du département,
les services des ponts et chaussées et des chemins vicinaux,
de la navigation, du contrôle des tramways et des chemins
de fer; au bureau des travaux d'architecture du départe-
ment, les services permanent et temporaire d'architecture;
à la direction de l'enseignement, les diverses inspections ;
à la direction de la voie publique, les services techniques
des eaux, de l'assainissement, de la voie publique, de
l'éclairage, des carrières ; à la direction d'architecture, les
services techniques d'architecture permanent et temporaire,
puis des promenades, de la voirie, du plan de Paris. Il n'y
a pas moins d'une trentaine de commissions, conseils ou
comités : le conseil de direction, le comité technique, le
comité consultatif pour les affaires contentieuses, la com-
mission de statistique, la commission d'assainissement et
de salubrité des habitations, la commission supérieure de
voirie, etc. Les divers grands étabhssements qui dépen-
dent de la ville, musées, bibliothèques, écoles, asiles, sont
surveillés par des commissions.
Les diàmimstraiimis deV Assistance publique, diiMont-
dc-Piété et de Vociroi (V. ces mots) constituent trois
grandes directions qui sont à mentionner tout à fait à part.
Conformément à la loi d'organisation du 44 avr. 4874,
le conseil municipal de Paris est composé de 80 conseillers
élus à raison de 4 par arrondissement, 4 par quartier ;
les incapacités et les incompatibiHtés établies par l'art. 5
de la loi du 22 juin 4833 sur les conseils généraux sont
applicables aux conseillers municipaux de Paris, indépen-
damment de celles qui sont édictées par la loi en vigueur
sur l'organisation municipale. Les 2 préfets ont entrée au
conseil ; ils sont entendus toutes les fois qu'ils le deman-
dent. Le renouvellement de la convocation des conseillers
est fait, s'il y a lieu, non pas à trois jours, mais à huit
jours d'intervalle. Au commencement de chaque session
ordinaire, le conseil nomme au scrutin secret et à la ma-
jorité son président, 2 vice-présidents, 4 secrétaires et
un syndic, qui constituent le l)ureau ; en fait, le bureau
est maintenu pendant un an ; il forme avec les 2 préfets
ce qu'on appelle la municipalité de Paris et il est chargé
de représenter le conseil dans les cérémonies publiques.
Les conseillers sont élus pour quatre ans depuis la loi du
2 avr. 4896. Depuis celle du 5 juil. 4886, les séances du
conseil municipal sont publiques à Paris comme dans les
autres communes. Il est voté au scrutin secret toutes les
fois que 3 des membres présents le réclament (loi du 5 mai
4855, art. 48). Si le conseil a délibéré sur des matières
qui ne rentrent pas dans l'administration communale, les
annulations de délibérations de cette nature sont prononcées
par décret. Les conseillers forment 6 commissions perma-
nentes ; c'est après avoir été répartis par voie de tirage au
sort en quatre bureaux qu'ils sont distribués par élections
faites dans les bureaux entre ces commissions : la pre-
mière s'occupe des finances, du contentieux, des taxes,
de l'examen des traités, monopoles et services publics mu-
nicipaux ; la deuxième, de l'administration générale (per-
sonnel, matériel, mairies, halles, marchés, abattoirs), de
la police, des sapeurs-pompiers, du domaine ; la troisième,
de la voirie de Paris, des travaux affectant la voie publique ;
la quatrième, de l'enseignement et des beaux-arts ; la cin-
quième, de l'assistance publique et du mont-de-piété ; et
la sixième, de l'hygiène, des eaux, des égouts, de la na-
vigation. Elles comptent chacune 42 membres, excepté la
troisième et la quatrième qui en comptent 46. Un conseiller
ne peut faire partie de 2 commissions. Le comité dit du
budget et du contrôle est composé de tous les conseillers ;
il a son bureau distinct du bureau du conseil numicipal
auquel se joignent les présidents des 6 commissions per-
manentes pour former une commission dite de centrali-
sation. En dehors de ces commissions, il y en a qui sont
chargées d'études particulières : celles du travail, d'examen
des enfants, des économies, d'assainissement et de salu-
brité des habitations, etc. La tâche du conseil municipal
est à ce point considérable que les sessions extraordi-
naires se multiplient et qu'il siège pour ainsi dire en per-
manence. Il y a lieu de distinguer parmi les délibérations
du conseil municipal de Paris: 4*^ les délibérations régle-
mentaires aux termes de l'art. 47 de la loi de 4837 et
qui portent sur les objets suivants : mode d'administration
des biens communaux, conditions des baux à ferme ou à
loyer dont la durée n'excède pas dix-huit ans pour les
biens ruraux et neuf ans pour les autres biens. La déli-
béreition est exécutoire si dans les trente jours le préfet
ne Ta pas annulée, soit d'office pour violation d'une dis-
position de loi ou d'un règlement d'administration pu-
blique, soit sur la réclamation de toute partie intéressée.
Toutefois, le préfet peut suspendre l'exécution de la déli-
bération pendant un autre délaide trente jours (même loi,
art. 48) ; 2^ les délibérations réglementaires d'après la
loi de 4867, art. 4^'' : acquisitions d'immeubles, lorsque
la dépense totalisée avec celle des autres acquisitions déjà
votées dans le même exercice ne dépasse pas le dixième
des revenus ordinaires de la commune ; conditions des baux
à loyer des maisons et bâtiments appartenant à la com-
mune, pourvu que la durée du bail ne dépasse pas dix-
huit ans ; projets, plans et devis de grosses réparations et
d'entretien, lorsque la dépense totale afférente à ces pro-
jets et aux autres projets de la même nature adoptés dans
le même exercice ne dépasse pas le cinquième des revenus
ordinaires de la commune ni, en aucun cas, une somme de
50.000 fr. ; tarif des droits de place à percevoir dans les
halles, foires et marchés ; droits à percevoir pour permis
de stationnement et de location sur les rues, places et
autres lieux dépendant du domaine public communal ;
tarif des concessions dans les cimetières ; assurances des
bâtiments communaux ; affectation d'une propriété com-
munale à un service communal, lorsque cette propriété
n'est encore affectée à aucun service public, sauf les règles
prescrites par des lois particulières ; acceptation ou refus
de dons ou legs faits à la commune sans charges, condi-
tions ni affectation immobilière, lorsque ces dons et legs
ne donnent pas lieu à réclamation. Les délibérations
prises sur ces objets ne sont exécutoires, en cas de désac-
cord entre le préfet et le conseil municipal, qu'en vertu
d'une approbation donnée par décret ; 3° les délibérations
PARIS
1066
proprement dite* éimuiéree» dans l'art. 10 de la loi de
1837 : budget de la commune et, eo général, toutes les re-
cettes et dépenses soit ordinaires, soit extraordinaires ;
tarifs et règlements de perception de tous les revenus com-
munaux ; acquisitions, aliénations et échanges des pro-
priétés communales, leur affectation aux différents services
publics et, en général, tout ce qui intéresse leur conserva-
tion et leur amélioration ; condition des baux à ferme ou
à loyer dont la durée excède dix-huit ans pour les biens
ruraux et neuf ans pour les autres ])iens, ainsi que celles
des baux des biens pris à loyer par la commune, (juelle
({u'en soit la durée ; projets de constructions, de grosses
réparations et de démolitions et, en général, tous les tra-
\ aux à entreprendre ; ouverture des rues et places publiques
et projets d'alignement de voirie municipale ; aj^ceptation
des dons et legs faits à la commune et aux établissements
communaux ; actions judiciaires et transactions ; et tous
les autres objets sur lesquels les lois et règlements appel-
lent les conseils municipaux à délibérer, notamment l'éta-
blissement de marchés d'approvisionnement (même loi,
art. li). Ces délibérations sont exécutoires sur l'appro-
bation du préfet, sauf les cas où l'approbation par le mi-
nisire compétent ou par décret est prescrite par les lois ou
par les règlements. Comme les autres conseils municipaux,
le conseil municipal de Paris émet des avis (loi de 4837.
art. 21) et des vœux (même loi, art. 24).
Le conseil général de la Seine est régi par les lois d'or
ganisation des 22 juin 4833, 46 sept. 4874 et 49 mars
4873 et, au point de vue de ses attributions, par les an-
ciennes lois générales des 40 mai 4838 et 48 juil. 4866.
Il se compose des 80 membres du conseil municipal de
Paris et de 24 membres élus dans les cantons ruraux (loi
du 42 avr. 4893) à raison d'un membre par canton. Comme
les conseillers parisiens, les conseillers généraux sont élus
pour quatre ans (loi du 2 avr. 4896). Leurs séances sont
devenues publiques par la loi du 5 juil. 4886. Ils ne peu-
vent se réunir qu'après convocation faite par le préfet en
vertu d'un décret qui détermine l'époque et la durée de lu
session ; les votes sont recueillis au scrutin secret toutes
les fois que 4 des conseillers présents le demandent. Il n'y
a pas de délibération soumise à suspension, et le conseil
ne nomme pas de commission départementale ; il a, lui
aussi, son bureau composé de la même façon que celui du
conseil municipal ; son syndic est le même (pie le syndic
de ce dernier conseil. Il y a 7 commissions permanentes :
la première est celle des immeubles départementaux ; la
deuxième, des routes et chemins, des eaux et égouts et
de l'assainissement; la troisième, de l'assistance publique ;
la quatrième, des vœux et affaires diverses; la cinquième,
de l'instruction publique ; la sixième, des tinances, et la
septième, de la préfecture de police et des prisons. Les
membres de chacune sont au nombre de 12, sauf pour lu
troisième qui est de 24 membres et pour la septième (jui
est de 47. La commission du budget est composée des
membres du bureau et de 2 membres élus par les diffé-
rentes commissions permanentes. Il y a de même plusieurs
commissions spéciales, entre autres celle du travail, l^nfin
des commissions mixtes sont composées de conseillers gé-
néraux et de conseillers municipaux, ainsi celle des omni-
bus et tramways. La ville de Paris n'a pas de conseil
d'arrondissement. Le conseil de préfecture de la Seine est
soumis à quelques règles particulières (V. Conseil de pré-
fecture, t. XII, p. 469).
Les procès- verbaux des séances du conseil général ont
fait l'objet d'une publication à partir de 4838, ceux du
conseil municipal à partir de 4874 ; Ladministration publie
également un recueil des actes administratifs de la pré-
fecture depuis 4844. Depuis 4882, le conseil municipal
fait paraître un bulletin, dit Bulletin municipal officiel
de la Ville de Paris.
Divisions administratives. — Paris est divisé depuis 4860
en 20 arrondissements subdivisés en 4 quartiers chacun.
La liste insérée ci-dessous donne, en même temps que les
noms do ces arrondissements et de ces quartiers, les chiffres
de la superficie, de la population et de la densité de la
population pour chaque quartier. On remarquera que le
nom d'un arrondissement n'est jamais le même que celui
de l'un des quartiers.
9.
10.
44.
12.
13.
4;,
46.
47.
48.
49.
20.
24,
22,
23,
24,
23,
26,
27.
28.
29.
30.
34.
32,
oo.
34,
33.
36.
/^'" arrondissement (Louvre).
Superficie Population
en hect. de fait,
Saint-Cermain-rAuxorrois. 93,33 8.33^^
Halles 41,00 30.090
Palais-Roval 28,45 44. 0 47
Place Vendôme. ........ 27,90 13. 462
490,00 66.433
//^ arrondissement (Bourse).
Densité
par hect.
94
734
498
499
"348
Caillou 19,20
Vivienne 23,30
Mail 27,00
Bonne-Xouvelle 28,00
8.436 424
41.836 309
48.024 667
29.434 4.042
97;30 67.467 690
/i/^' arrondissement (Temple).
Arts-et-Métiers 30,63 24 . 690
Enfants-Rouges 27,83 20.962
Archives 36,00 20.688
Sainto-Avove 24,50 24 277
806
733
374
990
116,00 87.647 "736
}]'' ajr<}ndisse)nenl (Hotel-de-Ville).
Saint-Merri 32,00
Saint-Cervais 40,83
Arsenal 48,43
Notre-Dame 33.30
24.349 766
40.639 993
49.343 404
43.474 374
436.30 97.674 623
L*^ arrondissement (Panthéon).
Saint- Victor 39,70 26.914
Jardin-des-Plante.s 80,00 27 . 943
Val-de-Grâce 67,00 33 . 264
Sorbonne 42,30 27.993
249,00 416.413
rP arrondissement (Luxembourg).
28,80 18.383
70,20 24.843
84,40 44.034
27,60 46.373
244,00 400.804
Monnaie
Odéon
Notre-Dame-des-Champs . .
Saint-Germain-dcs-Prés. . .
] U^ arrondissement (Palais-Bourbon).
Saint-Thomas-d" Aquin .... 78,00 27 . 675
Invalides 107,00 15.076
Ecole-Militaire 82,00 49.634
Gros-Caillou 136,00 35 447
' 403,00 '97.832
r///" arrondissement (Elysée).
Cbamps-Elvsées 444,60 44.636
Faubourg-du-Roule 75,60 24.405
Madeleine 79,00 25 844
Europe 444,80 37.208
384,00 402.410
/A'« arrondissement (Opéra).
Saint-Georges 74 ,20 36 . 549
Chaussée-d'Antin 55,30 22. 490
Faubourg-Montmartre 42,05 23.624
Roehechouai^t 44,45 37 . 352
434
349
497
662
646
344
522
504
479
333
444
239
264
243
434
327
324
268
343
407
562
840
213,00 449.985 364
1067
>AHIS
Superficie Population Densité
en hect défait, par he3t.
V- anviidissenient (iLiiclos-Saint-Laiirent).
37. Saml-Vinceiit-de-PauI .. .. 90,40 40. 116 Ui
m. Porte-Saint-Denis 47,20 28.424 G02
39. Porte-Saint-Mai'tin 58,20 39.297 676
iO. Hôpital-Saint-Louis 90,20 43.931 487
286,00 451.768 532
X/^ arrondissement (Popinconrt).
41. Folie-Méricourt 70,15 56.201 802
42. Saint-Ambroisc 81,75 46.386 568
43. Roquette 117.20 72.497 619
41. Sainte-Marguerite 91,90 46.925 J)10
361.00 222.009 ^61 6
'il,
49.
50.
51 .
52.
Superficie Pupulatit
en hect, fie fait,
.Vy/^' (irrondisbemeitt (Keuiliy).
Bel-xVii' 99,00 12.536
Picpus 183,50 48.673
Berey 165,50 9.637
Quinze-Vingts 120,00 46.869
568,00 117.715
XIIF arrondissement (Gohelins).
Salpètrière 1 16,90 23 . 520
Gare 262,20 40.426
Maison-Blonehe 173,80 34.648
Croulel)ar})e 72,10 16.117
625.00 114.711
Dei'Sité
par hect,
126
265
58
391
2Ô7
201
15^
199
224
783
53,
54.
55,
56.
58
59
60,
61.
62.
63,
64.
65.
m,
67.
68.
lîmite des Ârrond*-.'^
Limite des Quartiers
\n
IM.'iii indiquant la division de Paris on
Superficie Population Densité
en hect. de fait, par hect.
arrondissement (Observatoire).
28.321
10.091
26.659
57.055
Montparnasse 109,00
Santé 102,15
Petit-Montrouge 105,40
Plaisance 147,45
464,00' 122.126
XV^ arrondissement (Vaugirard).
Saint-Lambert 239,00 ^ 30 . 564
Necker 154,00 43.602
Grenelle 150.00 38.886
Javel 178,00 20.236
721,00 133.288
XVl^ arrondissement (Passy).
Autcuil 249.00 ^22.071
Muette 167,35 26.961
Porte-Dauphine 144-, 45 21 .043
ChuiUot 148,20 31.502
709,00' 101.577
X F//^ arrondissement (BatignoIIes-Monceau) .
Ternes ^ 109,65 40 . 351
Plaine de Monceau 1 21 ,45 32 . 600
BatignoIIes 111,60 56.121
Epinettes 102,30 52.999
445,00 182.071
260
99
233
387
263
128
283
259
114
T85
89
161
145
213
T44
368
269
503
518
409
rrondisseiuciiîs (M (>n (juar.icrs
Superficie Po;..':ti/i I)..'i-i-té
en hect. de iàit par hect'
XVIll'' arrondis>,ement (Butte-Montmartre) .
69 . Grandes-Carrières 1 67 ,35 56 . 360 337
70. Clignancourt 148,45 98.337 663
71. Goutte-d'Or 95,00 45.503 479
72. La Chapelle 108,20 24.805 230
519,00 225.005 434
X7X^ arrondissement (Billes-Chaumont).
73. LaVillette 125,30 50.757 i05
74. Pont-de-FIandre 170,60 14.793 87
75. Amérique 143,70 24.407 169
76. Combat 126,40 44.171 350
56;6Ô5 134.128 237
XX^ arrondissement (Méniimontant).
77. Belleville 82,10 52.1o2 634
78 . Saint-Fargeau 11 5,60 12 . 480 1 08
79. Père-Lacliaise 162,20 46.340 287
80. Charonne 161,10 40.624 252
521,00 151.796 292
Total général : 7.802.000 hect., 2.511.629 liab.,
densité : 322 par hectare.
IV. Statistique générale. — La statistique pari-
sienne ne date vraiment que du conmiencement du xix^ siècle .
Mais on a toutefois quelques rensêigEements ou quekpies
PARIS
1068
évaluations pour des époqui'» aiitéiieiires. Lu population
do Paris aurait été ainsi en 13^28 de 250.000 hab. envi-
ron, en 1700 de 720.000, en 1762 de 600.000, en 1784
de 620.000, en 1791 de 631.000. Voici les chiffres don-
nés par les dénombrements officiels qui ont été faits à
partir de 1801 :
Habitants.
Habitants.
1801....
5^7.756
1861 ....
.. 1.696.141
1817....
713.966
1866....
. . 1.825.274
1831....
785.812
1872....
.. 1.851.792
1836....
899.313
1876...,
.. 1.988.806
1841....
955.261
1881....
.. 2.269.023
1846....
.. 1.053.897
1886....
.. 2.344.450
1851 . . . .
.. 1.053.262
1891....
.. 2.424.705
1856....
. 1.171.346
1896....
.. 2.536.834
Il ne faut pas perdre de vue que si Ja population a quin-
tuplé au cours du xix^ siècle, plusieurs communes ont, du
reste, été annexées à Paris. Tandis que le centre s'est dé-
peuplé, par suite des travaux de voirie, l'augmentation
s'est produite surtout dans la partie annexée ; les troupes
de garnison ne figurent pas dans ces totaux, où ne sont pas
compris non plus tous ceux qui sont logés dans des hospices,
des couvents, des prisons, des collèges et lycées ou des sémi-
naires; toute cette population comptée à part ne fait pas
partie de la population municipale et constitue les 2, 5 ^ o
du chiffre total, particuHèrement dans les VP et VII^ arron-
dissements. La densité la plus forte se remarque dans les
quartiers de Bonne-Nouvelle, de Saint-Gervais et de Sainte-
Avoye, qui comptent respectivement, par hectare, 1.042,
995 ou 990 hab. ; les quartiers de Bercy, du Pont-de-
Flandre et d'Auteuil sont, d'autre part, ceux oii elle est la
plus faible (58, 89 ou 91 hab. par hectare). On compte
953.644 ménages, dont 291.771 d'individus isolés ; ils sont
composés d'un grand nombre de personnes, particulièrement
dans les XIX^ et XX^ arrondissements ; mais partout, à Pa-
ris, le nombre des familles comprenant 5, 6 et 7 enfants est
très peu élevé. En 1896, sur 2.511 .629 hab. , 909.091 per-
sonnes de nationalité française et 1 6. 049 de nationalité étran-
gère y sont nées, de sorte que la proportion des immigrés
est des deux tiers ; c'est dans les quartiers riches que cette
proportion est la plus forte. A cause de la faiblesse de la
jiatalité et de la fréquence de l'envoi en nourrice, les jeunes
enfants sont peu nombreux ; les trois arrondissements les
plus riches, les l^^, VIII^ et IK^, possèdent le moins d'en-
fants ; les vieillards, eux aussi, sont en général relativement
en nombre un peu moindre dans les arrondissements du
centre. D'après le dénombrement de 1 896, il y a 1 .190.597
individus du sexe mascuhn, dont 629.197 célibataires,
503.830 mariés, 50.951 veufs et 6.619 divorcés, et
1.321.032 du sexe féminin, dont 630.255 célibataires,
506.101 femmes mariées, 174.433 veuves et 10.243
divorcées. Les étrangers sont au nombre de 156.813, dont
77.716 hommes et 79.127 femmes, parmi lesquels on
remarque les Belges, ouvriers pour la plupart (33.126,
à Montmartre, aux Buttes-Chaumont et à Popincourt), les
Allemands (27.407, aux Batignollcs et pareillement aux
Buttes-Chaumont et à Popincourt), les Suisses (21.344,
dans les arrondissements de FElysée, de l'Opéra, de l'En-
clos-Saint-Laurent et desBatignolles), IcsItaHens, presque
toujours ouvriers ou modèles (18.503, à Reuilly, à Popin-
court, aux Buttes-Chaumont et à Montmartre). Les Anglais
au nombre de 11.951, comme aussi les Américains du
Nord, sont cantonnés plutôt dans les environs des Champs-
Wysées et du bois de Boulogne; les Russes (9.200) sont
assez souvent étudiants, mais ils habitent surtout les arron-
dissements de l'Hôtel-de-Ville, de Popincourt, de Mont-
martre et des Batignolles.
Sous le rapport dos professions, on peut donner les
chiffres suivants dans lesquels sont englobés tous ceux qui
vivent du travail du chef de ménage (dénombrement de
1891) : i. 070.554 industriels, 560.066 commerçants,
253.563 rentiers, 157.788 personnes exerçant une pro-
fession libérale, 138.690 employés aux transports, 42.926
agents de la force publique, 37.798 fonctionnaires, 8.158
agriculteurs, plus 104.623 personnes sans profession dé-
finie ou non classées et 50.539 de profession inconnue.
On évalue la superficie des bâtiments et constructions à
4.800 hect. et à 1.000 hect. celle des terrains vagues,
jardins, vergers et potagers. Par hectare de la propriété
bâtie, on compte 523 hab. et un peu moins de 16 mai-
sons. De 26.801 en 1817, le nombre des maisons s'est
élevé en 1896 à 74.829 (35.332 dans les mêmes limites
qu'en 1817). Presque partout, excepté dans les quartiers
pauvres, les maisons sont hautes et sur 74.829, 29.426
ont plus de 4 étages (particulièrement daus l'arrondisse-
ment de l'Hôtel-de-Ville); les locaux d'habitation sont au
nombre de. 81 0.000; en moyenne, chaque maison contient
33 hab. et chaque local d'habitation 3 personnes. Si
dans la superficie on considère seulement les rues, on
constate que les plus peuplées sont celles de l'arron-
dissement de Popincourt ; les maisons les plus habitées se
trouvent dans l'arrondissement de l'Hôtel-de-Ville (40 hab.
environ). La valeur locative des locaux d'habitation est
de 452 millions et celle des locaux industriels de 308 mil-
lions ; 285 propriétés bâties ont une valeur locative qui
dépasse 100.000 fr. ; comme valeur vénale, ces maisons
et usines représentent peut-être plus de 11 milliards.
Le chiffre du loyer est par tète d'habitant de 1.024 fr.
dans le quartier' des Champs-Elysées et, par contre, de
55 fr. seulement dans celui de la Gare. 405.000 locaux
d'habitation, soit la moitié, sont d'une valeur de loyer
inférieure à 300 fr. Dans 2.450 locaux d'habitation,
la valeur du loyer est supérieure à 10.000 fr. (F arron-
dissement de l'Elysée en contient à lui seul 1.150). Le
revenu moyen par mètre carré varie de 73 fr. (11*^ arr.),
à 1 fr. 84 (XllF arr.). L'arrondissement le plus riche est
celui de l'Elysée; vient ensuite, mais à une assez grande
distance, celui de l'Opéra. Les plus pauvres sont ceux du
Xin^ et du XX^ arrondissement. On a construit un cer-
tain nombre de maisons, dites habitations ouvrières, qui
sont divisées en petits logements modèles, composés cha-
cun de deux à trois pièces et d'une cuisine ; les premières
furent élevées par l'Etat en 1852, boulevard 'Diderot; plu-
sieurs sociétés, notamment, se sont formées pour la
construction de maisons semblables, à cinq étages, et il en
existe aujourd'hui dans tous les quartiers excentriques.
Le service de statistique de la ville de Paris fait impri-
mer depuis 1865 un Bulletin (mensuel jusqu'en 1880,
ensuite hebdomadaire), un Annuaire depuis 1880, et
depuis 1885 des Tableaux mensuels; de plus, depuis
1881, les résultats des dénombrements sont publiés tous
les cinq ans en un volume. Antérieurement à 1865, six vo-
lumes intitulés Recherches statistiques^ et contenant des
renseignements pour la période de 1817 à 1856 (et par-
fois aussi des renseignements très rétrospectifs) avaient
paru en 1821, 1823, 1826, 1829, 1844 et 1860.
Etat civil. — Comme annexe à la statistique générale,
quelques détails sont à donner sur l'état civil parisien.
Les actes reçus à partir de la loi du 3 ventôse an III dans
les douze bureaux d'état civil, devenus en l'an IV les mu-
nicipalités d'arrondissement et en l'an VIII les mairies, ont
été brûlés avec ceux des époques antérieures et ceux des
communes annexées en 1859, dans les incendies de la
Commune à la fois aux archives municipales et au greffe
du tribunal de première instance où ils se trouvaient cen-
tralisés; 2.696.000 seulement, soit principalement ceux
de 1830 environ à 1860, ont été reconstitués par les soins
d'une commission spéciale qui a siégé jusqu'en 1896.^
On possède des renseignements sur la statistique de l'état
civil parisien depuis 1670. 11 y eut 16.816 baptêmes,
3.930 mariages et 21.46f décès cette année-là. La
moyenne actuellement est de 61.000 naissances par an
(c.-à-d. 25 pour 1.000 hab.), 23.000 mariages (9 pour
1.000 hab.), et 55.000 à 58.000 décès (22 à 23 pour
1.000 hab.); la moyenne des divorces est de 1.300 à
Gveaide Enc>'clopédLe-TomeXKV^.
PARIS.
. (hamùv de^r.
E éH ses.
2 S^ Ootilde.
*K Sf Etienne. -At^JnanV.
6 S^ Germaxny-des-R'éa.
7 Sf^ Gervmainy-VAudXiawvis.
8 S^ GemaiaSf Ratais.
11 Sf^Jeany^Sap^de^BeBeoOlk
12 SfJuH^eny-lo'-Paum^.
\ifS^Zeuy-S^ Gilles:
15 Sfld€niis d.'Antùny.
16 jfZouii' dBsMoaUdes:
17 S*ZouÙF-en -l'Jle
20 Sf^Merv^.
21 S*^ ]Moolas-dev-(hanmpe.
22 Sf' McokuFtht^Chardonnet.
23 Zrotre^JfoTne.fCatkécbfUe')
2% Wr-Df^de^^r'JVbtuH-Jl^
25 ïiZ'. desChamps.
26 ^ià^. ôLe^la^ûrwûO'.
27 M^. cL&'LoretUi/.
28 Jf^ J?" de^- BC^JfantPOuao
29 ï«^. ile'lhais^-
30 ïi;^. desVictoires-
31 J?" JPauL-jf'Ii€na\F-
32 J? Pierre, de. CFudSoù.
33 Tii^. de^Monimartre..
ZW id/. de.JUantrou^e.-
35 irf^. duASfos^inUmiy.
36 St^Soch..
37 dziAyacrè.-(ieicr.(BcunJiçue'/
38 de^lcuSa^èb'œre.-
Z^ S.*' Séaer-t'n..
40 de-IcLSoT'iomve.
't-2 J?'^ Thomas d^/l^dn'.
*3 efe layTnmtéy.
h\ du/ VaL- de.- Grâce.'.
Wh S*: Tirtcent.-dey.PauL.
Temples.
Ve de^MOette^-.
Kl de. VJi'eoiley
«h8 .r^" ^»«/...
49 rtfe l'Oratoa-e
Sy n ag"o gu e s •
50 R.d^Su//îtuty.
51 B,.]V^-Pfd0'^tUXJxrediy.
52 ^. dnslbumjellfa.
53 R.d^lalïeloir^.
Palais.
54- ^rcM^ifvopdl/.
55 de'la.Ov'^ desDèpuU'^
56 de^VEhjsev..
57 rfe- l'fiistitut..
58 de. Justices ei.^(^^V>^S^.
59 dR.UuL^ùtTvd!^onneicr'.
60 du.JjtncoT'e/.
61 dwSénnt/-
62 du/'BHlfunal.de.Gfntm^.^
63 de^Cfuin^js-Jebi/sdes.
^W Motel de.Vaie.
65 Ptavdvè^m.-
Miiiisières.
66 cfe l'A^T'icultur-e. .
67 de^.^^azrvsEtr'an^ères.
68 de^Coùtnies.
69 du^GxnirSf^de-Vhubufé^ÏKftof. 78 desFoh'esJ>rcunftti^u
70 de^PÎTUxnceA- . ~
7 1 <:fe^ L'Bt^ffmAclionl^ibTiqu».
72 «fe/ IfL/du^tice.
73 «&' lcL.JIamve..
71- desJhaoauxJc-RtiUiis.
75 «fe l'ArtdiùftC'.
76 «^^ï^- OtAteZet. .
77 ôfe Chtny .
79 Pr^anfM^.
80 de^ la. Gatlé. .
8 1 cfeif^ GumncLse .
82 clesJVatioTur. Bem/wrc/r i
83 rfc/ la.Poj-tR.Si JUca-tiri
^W de Liv SenaiSi^ajwi'
Zh du Vaud^dle
des Vecne^eAf.
Musées.
87 rf ' Artaierne. (aua:.SaKi&ilaS>
88 </e ^ie<«y.
89 ^// Loiuore. ■
Instruction Piil^l?
90 Collège de.Phanee, •
91 Fticullé de DroU
92 Fcuxdte' de^Iéde^vie..
93 SoT^OTUve/.
g'K Fcvle. desJfttn&f.
95 ^ii. desBfnts-et'Chaus.
96 /iZ. CentrcOe.desà'ùfetMn^
9 7 Lycée Camot .
98 zia^ ffen-i.W.
99 «f^. stZoïiùe.
100 j!^f-. Xoias-Te.-Gr'and
101 .Bd>l'P^'S*!^Geneoièz>ey.
102 .W^<?V
Hôpitaux, &.
103 Coehùn-.
104 desJJi/anùfMxlMle^-.
105 ^£>V^ -Z'ïfe//..
106 de.l(LMatemUey.
107 S f Martin. .{MOitaiT'ii./
108 delaPÙiey.
109 JUcord .
110 de^ Qtunxe, -Vingts-
111 des-En/ànt^-ÂRPÙftes:
1 1 2 i/eunes-AoeuÂifles-.
113 Sourds-JUiuits'.
1 1* SÎ^Anne-(ami^ue.d:é£^nÀfJ 121 Statue. de.EenriyW-
xd.. de.Jea7me.d2dnc/.
Etal)lis*.* divers.
1 15 Sotel de la.JHonnaiey.
116 Ccdsfe. d'Epar^gm^.
1 1 7 Jlecm^'^des-Teiheuuf.
118 Boitnse. du. Comnter'CB..
119 AM-istanceyFhiiliqtœ..
Statues, &.
120 AfoTvujnent.deGaml>eita
123 i* de.la.Bépuhlique..
124 rif-, duyJfardcAalJS'i^.
125 T«?^. «fe' Œappe..
126 Jn^deiewmphe.ae.aStmlR
\7n id.. id. du.Ccu'nouaA
128 (hloTme.dexTidIlety.
Echelle du : io.ooo?
J
E.JVixm.twvt/fdeLi'
GrHMi»d^etJh^.parM*<UHilj^^"3S^,ltue.Jfa^èrt Sachereajuy- Pari^.
3ooo
Sooo Mètres.
Société aTionyme de la G^ Encyclopédie.
1069
PARIS
4.400. La natalité est très faible à Paris et la nuptialité
presque autant; les chiffres extrêmes sont pour les nais-
sances : 13 (pour 1.000 hab.) dans le VIII*^ arrondisse-
ment et 31 dans le XX° ; pour les mariages : 8 dans le VIP
et 11 dans le XVII®; pour les décès : 11 dans le VHP et
32 dans les XÎIP et XIV«.
V. Description générale. — Si Ton examine un
plan de Paris suffisamment net, on remarque tout de suite
que, divisé en deux parties par la Seine qui décrit une
courbe au-dessous de son centre, la place du Carrousel,
il est traversé entièrement par deux grandes lignes per-
pendiculaires Tune à l'autre, se croisant au Châtelet, et que
ces lignes aboutissent à deux grands arcs de cercle formant
comme une ellipse, à l'intérieur desquels deux autres arcs
de cercle se trouvent marqués : ces voies sont de l'E. à
rO. la rue du Faubourg-Saint- Antoine, la rue Saint- An-
toine, la rue de Rivoli et l'avenue des Champs-Elysées,
puis du N. au S. le boulevard de Strasbourg, le bou-
levard de Sébastopol et le boulevard Saint-Michel, les-
quels coupent d'abord les grands boulevards, ensuite les
boulevards Saint-Germain et Henri IV ; les unes et les
autres rencontrent finalement les boulevards extérieurs ou
les approches de ces boulevards.
La Semé, large à son entrée dans Paris de 165 m. et
de 136 m. à sa sortie, a sa plus grande largeur après le
Pont-Neuf, 263 m. ; 31 ponts réunissent ses rives l'une à
l'autre et aux îles Notre-Dame et Saint-Louis, les seules
îles importantes qui subsistent depuis la suppression de
l'île Louviers en 1843. Il faut citer successivement parmi
les ports de Paris dont chacun a son. affectation et par
suite, sa physionomie, les ports de Bercy, de la Râpée, de
la Gare, Saint-Bernard, de la Tournelle, des Ormes, de
l'Hôtel-de- Ville, Saint-Nicolas, d'Orsay, de Javel.
La ligne des grands boulevards, qui se déroule de l'église
de la Madeleine à la place de la Bastille, est longue d'en-
viron 4.400 m. « Le Boulevard » est particulièrement
la partie comprise entre la Madeleine et la rue de Riche-
lieu ; elle est une des plus animées de Pans et surtout
une de celles qui fascinent le plus l'étranger ; c'est bou-
levard des Capucines (entre la place de l'Opéra et la rue
Caumartin) que se trouvent réunis le Grand- Hôtel, le café
de la Paix et le Grand-Café ; la place de l'Opéra, d'où l'on
aperçoit à la fois la colonne Vendôme (V. fig. à l'art.
Colonne, t. XI, p. 1129) et la place du Théâtre-Français,
jouit d'une réputation universelle ; le passage dit de l'Opéra
s'ouvre boulevard des Italiens, et l'Opéra-Comique, recons-
truit, s'élève presque en face ; boulevard Montmartre,
sont situés le théâtre des Variétés et le musée Grevin, les
passages des Panoramas et Jouffroy, le célèbre café de
Madrid ; du boulevard Poissonnière à la Bastille, ce sont
surtout des théâtres qu'on peut citer avec les portes monu-
mentales Saint-Denis (V. fig. aux art. Arc, t. III,
p. 600, et Anguier, t. II, p. 1175) et Saint-Martin.
(V. fig. à l'art. BuLLET, t. VIII, p. 420). Le boulevard
du Temple est déchu de la réputation qu'il avait au temps
où on l'appelait le beau boule.vai'd, puis le boulevard du
crime (à cause de tous les théâtres de drame qui s'y trou-
vaient réunis).
Le boulevard Saint-Germain s'étend, au S. , du pont de la
Concorde au pont de Sully et, par le boulevard Henri IV,
se relie, place de la Bastille, à la ligne des grands boule-
vards. La Chambre des députés (V. fig. à l'art. Bourron
[Palais], t. VII, p. 714etleplan à l'art. Parlement), la vieille
église de Saint-Germain des Prés et le musée deCluny (V. fig.
à l'art. Cluny, t. XI, p. 727), à l'intersection du boulevard
S^iint-Michel, se remarquent sur ce parcours. Le boulevard
Saint-Germain traverse une région caractéristique qui a
gardé le nom de faubourg Saint-Germain et qui forme un
quadrilatère constitué à peu près par une ligne allant du
ministère des affaires étrangères au Pont-Neuf, une autre-
du Pont-Neuf à l'Odéon et deux autres suivant la rue de
Vaugirard et le boulevard des Invalides ; c'est le Paris de
la vieille noblesse, aussi paisible que les grands boulevards
sont animés ; le quai d'Orsay est particulièrement remar-
quable par sa sévérité; seuls les magasins du Bon Marché
interrompent vraiment le calme du grand faubourg.
D'autres régions très dissemblables, celles qui montrent
le mieux la diversité des aspects de Paris, se rencontrent
précisément sur les lignes qui donnent ainsi en quelque sorte
l'ossature de la ville. II en est souvent de ces régions comme
du faubourg Saint-Germain ; elles portent des noms qui ne
correspondent à aucune division administrative. Le milieu du
boulevard Saint-Michel est aujourd'hui le centre de ce qu'on
appelle le quartier Latin, si souvent célébré, notamment
par Murger; le quartier Latin participe des quartiers
Saint-Victor, de la Sorbonne, de l'Odéon et de la Mon-
naie. C'est en somme ce qu'on appelait l'Université, vé-
ritable fouillis de rues et de ruelles ou le boulevard Saint-
Michel n'a fait sa trouée qu'en 1857-62. Presque rien
d'ancien n'y subsiste, mais il est toujours le quartier des
Ecoles, et cela suffit pour que certaines traditions au moins
y soient conservées. La place Maubert, qui en fut longtemps
le point central, a gardé aussi, sous un autre rapport,
quelque chose des mœurs qui en faisaient comme la cour
des miracles de la rive gauche.
Entre le boulevard de Sébastopol et les grands boule-
vards, longeant la partie de la rue de Rivoli où s'ouvre
la place de l'Hôtel-de- Ville, puis la rue Saint- Antoine,
s'étend le quartier du Marais, qui n'est pas un des
80 quartiers de la ville, mais toute une région de vie
industrielle. Le quartier des Archives correspond cepen-
dant au Marais proprement dit. Le Conservatoire des arts
et métiers et l'Ecple centrale des arts et manufactures
symbolisent le caractère de cette région où ne se trouvent
pas trop déplacés les Archives nationales, la Bibliothèque
et le Musée de la ville de Paris, établissements voués en
grande partie aux travaux d'érudition, forme particulière
de la production scientifique.
Au delà de la rue Saint- Antoine et de la place de la
Bastille (V. fig. à l'art. Bastille, t. V, p. 671 et suiv.)
commence le faubourg Samt-Antome ; c'est le quartier de la
Roquette, celui de Samte-Mar guérite, pour une portion aussi
celui des Quinze- Vingts ; la rue du Faubourg-Saint-An-
toine en est la partie la plus active. Toutes les industries
du meuble y ont reçu le plus grand développement. Aussi
la ville y a-t-elle placé l'école d'ébénisterie à laquelle eUe
a donné le nom de Boulle. A l'autre extrémité de Paris,
entre l'immense place de la Concorde et la place de
l'Etoile autour de laquelle rayonnent 12 avenues, s'allon-
gent les Champs-Elysées, à la fin desquels se dresse l'Arc
de Triomphe (V. fig. aux art. Blouet, t. VI, p. 1177
et France, t. XVH, p. 1131). C'est la plus aristocratique^
des promenades. Les cafés-concerts qui y sont ouverts
l'été ont pour mérite principal de contribuer le soir à leur
illumination. Dans le quartier dit administrativement des
Champs-Elysées, on- en distingue deux au point de vue
mondain, le quartier François I®^' dont la place du même
nom est le centre, et le quartier Marbeuf, à l'O. du pré-
cédent, tous deux également somptueux par leurs hôtels.
Tout à fait au milieu de la ville, il faut mentionner à
part l'île de la Cité et l'ile Saint-Louis qu'on pourrait dé-
signer sous le nom de quai^tier des Iles : l'une, qui ne pré-
sente d'animation que dans sa partie occidentale, où s'élève
le Palais de Justice et qui, autrefois couverte d'églises,
n'en renferme plus que deux, mais les plus belles de Paris,
la cathédrale et la Sainte-Chapelle (V. fig. à l'art.
Chapelle, t. X, p. 559 ; Fenêtre, fig. 6, t. XVH, p. 185 ;
Art, fig. 7, t. IH, p. 1150); l'autre, que l'on cite comme
le quartier le plus tranquille et le plus solitaire, et qui
possède, quoique petite, plusieurs édifices intéressants :
l'église Saint-Louis en l'Ile et deux hôtels du xvii^ siècle,
l'hôtel Lambert et l'hôtel de Lauzun ou Pimodan.
Reste une vaste région pour laquelle il n'existe au-
cune dénomination ni officielle ni traditionnelle, mais qui
n'en présente pas moins une certaine unité; comprise
entre la rue de Rivoli, les grands boulevards et le boule-
PAlilS — 1010
yard de Sébast^pol, e'êst avaat tout le grand <|uartier des
affaires, le quartier de ia Bdui^je, On y trouve à la fois,
avec le Palais de h Bomsù (V. Boubse, fig. B, t. VII,
p. 329), la Banque de France, l'Hôtel des Postes, le
Palais-Royal, les Halles GenU^ales et le plus grand liôtei
de Paris, l'flétel Goatiaental, î)rèsydes m^asîûs du Louvre.
Une différence assez notal>le existe en ^omme entre la
rive droite et la rive gauche, et l'on pourrait presque dire
Place de la Concorde.
qu'aujourd'hui encore les trois vieilles divisions subsistent :
Ville, Cité, Université. Après les anciens faubourgs de Paris,
dont quelques-uns ont laissé leur nom à des quartiers de
Pans, entre les boulevards extérieurs et les fortifications,
sont les communes annexées ; elles n'ont pas encore subi
de transformations profondes, excepté à l'O. dansi'arr. de
Passy-Auteuil et dans la plaine de Monceau, oii se voient
en grand nombre, à côté de hautes constructions, de
petits hôtels très élégants ; beaucoup d'artistes y ha-
bitent. Pour ne rien omettre d'essentiel dans l'indication
de ce qui constitue l'aspect général de la ville, il faut
compléter l'aperçu qui précède en passant en revue, d'une
façon sommaire, les divers quartiers administratifs.
P^ Arrondissement (Le Louvre). — Le quartier Saint-
Germain-l'Auxerrois a plusieurs aspects très différents :
ici le Palais de Justice et la place Dauphine, autrefois des
plus vivantes, aujourd'hui silencieuse ; là les magasins de
confections, plus loin le palais du Louvre avecle ministère des
finances, le square du Carrousel et le jardin des Tuileries.
La Sainte-Chapelle, l'église de Saint-Germain-l'Auxer-
rois et le théâtre du Châtelet en sont les autres monu-
ments. Le Pont-Neuf, commencé en 4578 et actuellement
le plus ancien pont de Paris, en fait partie ; c'est le premier
qui n'ait pas été chargé de constructions. — Les Halles
donnent leur nom au deuxième quartier; près d'elles
s'élèvent l'église de Saint-Eustache et plus loin l'église
de Saint-Leu, puis le temple de TOratoh^e. On trouve dans
ce quartier, à côté de trois hôtels de date récente, la Bourse
du commerce (V. Bourse, fig. 4, t. VII, p. 826) avec la
colonne qu'il a conservée du xvi® siècle, l'Hôtel des postes
et l'Hôtel des téléphones, plusieurs vieilles constructions
intéressantes : quelques maisons des xvi® et xvii^ siècles
(notamment le n^ 24) rue Saint-Denis, une du xv^ siècle
avec un arbre de Jessé, rue des Prêcheurs (n« 83), celle
du n° 54 de la rue de l'Arbre-Sec, l'ancien hôtel Cléram-
bault, rue Jean- Jacques-Rousseau, n° 20, l'hôtel Thoinard de
Vougy, occupé par la Caisse d'épargne de Paris, rue du Lou-
vre, n^ 49, l'hôtel Hurault (commencement du xvii^ siècle),
rue du Jour, n^^ 2 et 4, et les immeubles des n°^ 25,
27, l'hôtel du Haume, la dernière des maisons à piliers,
rue Pirouette, n^ 5. Une inscription apposée sur l'Hôtel
des postes rappelle que La Fontaine est mort à l'hôtel
d'Hervart, qui s'élevait sur cet emplacement. — Le quar-
tier du Palais-Royal manque aujourd'hui d'animation,,
excepté aux abords de la place du Théâtre-Français et dé
la place du Palais-Royal. Les galeries du jardin et les
arcades de la rue de Rivoli lui donnent un cachet parti-
culier. Le palais est occupé par le Conseil d'Etat, la Cour
des comptes et l'Administration des Beaux- Arts. L'église
de Saint-Roch, le théâtre du Palais-Royal et les magasins
du Louvre se trouvent situés dans ce quartier. Place des
Victoires, les hôtels dont J.-H. Mansart a dessiné les
façades subsistent à peu près tous. La Banque de France est
installée dans un hôtel dû à François Mansart et cons-
truit en 4635, mais très modifié. Au no 45 de la rue des
Petits-Champs se voit l'ancien hôtel de LuUy. Molière est
mort au n^ 40 de la rue de Richelieu. — La partie prin-
cipale du quartier de la place Vendôme est la place de ce
nom qui a conservé ses grandes constructions symétriques
du temps de Louis XIV, dont les façades sont l'œuvre de
— lOTJ —
PARIS
J.-H. Mansart ; le îi° 7 est celui que Maiisart avait cons-
truit poui* lui-même ; le ministère de la justice occupe
deux de ces listels. Sont à mentionner aussi : l'iiôtei d'Ar-
genson, rue des Bons-Enfants, n® 19 ; Tliôtelde la Vi-illière
de Saint-Florentin (l'ue Saint-Florentin, n^ â), construit pai'
Chalgrinen476T ; les jolis hétels du xvii® siècle delà rue
Église S aint- Germam-l'Auxerrois .
Gambon (notamment n°^ 37, 41 , 43) ; ceux du xyiu'^ siècle
de la rue des Petits-Champs (n^^ 87-99) ; ceux du Crédit
foncier et l'église de l'Assomption.
Il® Arrondissement (La Bourse). — C'est le plus petit
de Paris. Le quartier Gaillon est ainsi appelé à cause d'un
ancien hôtel et d'une ancienne porte de ce nom. Sa prin-
cipale rue, la rue àe la Paix, une des, plus belles de Paris,
est particulièrement celle des grands couturiers et des
grandes mndistes. L*^ncienne salle Ventadour est devenue
la succursale de la Banque de France. L'établissement du
Crédit lyonnais y est aussi situé. Le passage €hoiseul est
Fune des deux issues du théâtre des Boufifes-Parisiens, et
sa porte d'accès du mté de la rue Saint-Augustin est le
portail qui décorait l'hôtel du duc de Gesvres au commen-
cement ^u xviu® siècle. Un bel hôtel de ce même siècle
subsiste au n° 13 delà rue de Grammont. — Le quartier
Yîvîenne renferme à la fois la Bourse, la Bibliothèque
nationale, l'église de Notre-Dame des Yictoires, objet d'une
ferveur particulière, et le théâtre de TOpéra-Comique. Il
possède des hôtels assez nombreux : rue de Richelieu,
l'hôtel Talaru aux n°« 60-62 ; l'hôtel de Villarceaux, n^ 75 ;
celui qui fut construit pour Voltaire en 1774, n<* 104 ;
rhôtel de ra])bé Terray, n° 101 ; rue Vivienne, l'hôtel de
Torcy, n^ 16 ; l'hôtel Desmarais, n^ 18. Le théâtre des
Variétés touche au passage des Panoramas, qui s'ouvre
par un portail provenant de l'hôtel de Montmorency-
Luxembourg. — Un jeu de mail a donné son nom au troi-
sième quartier. La rue du Croissant mérite d'être men-
tionnée à part, parce que là se sont centralisées la Tente
en gros et la distribution des journaux. Les hôtels y sont
assez nombreux : restes de l'hôtel du maréchal de La
Feuillade (rue de la Feuillade, n° 4) ; hôtel construit pai^
M*^® du Barry, rue de la Jussienne, n^ 6 ; restes d'un hôtel
du XYii® siècle, rue du Mail, n'^ 7 ; hôtel Masson de Meslay,
rue du Sentier, n^ 32 ; hôtel de Montholon, boulevard
Poissonnière, n^ 23; rue Paul-Lelong, n^^ 3 et 5, sont
deux maisons contemporames de Henri IV. — Le quartier
de Bonne-Nouvelle tire-^ sa dénomination de l'église de
Noti^e-Dame de ce nom. Un reste curieux de l'hôtel de
Bourgogne, la toui^ de J«an sans Pem' (xv^ siècle) se voit
au n° 22 de la rue Etienne-Marcel. Le n° 43 de la rue
Grenéta est l'ancien hôtel de Coislin. Rue Sainte-Foy se
sont conservées quelques constructions de Tannée 1500
environ.
III^ Arrondissement (Le Temple).— Le quartier des Arts-
et-Métiers, ainsi appelé à cause du Conservatoire situé
dans sa circonscription, est manufacturier par excellence;
la fabrication y est souvent spécialisée à un point extrêmo;
l'industrie de la métallurgie, celle de l'horlogerie et de la
bijouterie sont a signaler ici. Le théâtre de la Gaîté avec
le square des Arts-et-Métiers, FFcoie centrale et l'Ecole
Turgot égayent un peu cette région. Elle,a poui' églises Saint-
Nicolas des Champs et Sainte-Elisabeth. A l'angle de la
rue du Vert-Bois se dresse une tour restaurée de l'enceinte
du prieuré de Saint-Martin des Champs; il y a rue Volta,
n° 16, une maison du xvi^ siècle^ et boulevard Saint-Mar-
tm, n°^ 31-33« un hôtel Louis XV. — Dans le quartier
des Enfants-Rouges (nom d'un ancien hôpital), le marché
du Temple est d'abord à signaler, haute construction en
fer qui comprend 2.400 boutiques de revendeuses, et, dans
sa partie supérieure, le « caiTeau », où les articles sont
tous étalés sur le plancher. Ce quartier est dans .son en-
semble un de ceux où il y a le plus de petits boutiquiers.
Plusieurs hôtels sont intéressants : l'hôtel de Tallard avec
son bel escalier du xviu® siècle au n° 78 de la rue des
Archives ; les hôtels du xviii® siècle également de la rue
Portefoin, et surtout ceux de la rue Chariot, particulière-
ment l'hôtel Bayard (n° 58.) et l'hôtel de Iflascaranî du
xviii^ siècle et très bien conservé |n*^ 83). Rue de Sain-
tonge, 11° 45, est à remarquer une construction du
PARIS
— 107^2 —
xvu^ siècle. — Dans le quartier tics Archives, qui depuis
longtemps donne un peu l'idée d'une ville de province,
habitent en grand nombre les petits fabricants en chanibrc,
entre autres les fabricants d'antiquités. Quatre établisse-
ments scientifiques y sont groupés deux par deux : les Ar-
chives nationales (V. Archive§, t. III, p. 75î2) et l'Imprimerie
nationale, d'une part ; le musée Carnavalet et la Bibliothèque
de la ville de Pans, de l'autre. Après ces monuments, il
convient de signaler l'hôpital Andral, l'ancien cloître des
Minimes de la rue de Béarn (caserne aujourd'hui) et les hôtels
des XVII® et xvni® siècles des rues des Archives, Chariot; de
Samtonge et de ïurenne ; la maison delà fin du xv** siècle,
située au n° 54 de la rue Vieille-du-Temple, dont la jolie
tourelle a été faussement attribuée à l'hôtel Barbette ; le
somptueux hôtel SaléoudeJuigné,dûàLevau(1656), rue
de Thorigny, n*^ 5 ; l'hôtel de Choisy, rue Barbette, n° 8 ;
l'hôtel de Brissay, rue Saint-Gilles, n° 18 ; l'hôtel des
Fusées du commencement du xvii« siècle, rue du Parc-
Royal, n*' 4. La rue des Francs-Bourgeois est bordée de
maisons anciennes. — Le quartier Sainte- Avoye (nom d'un
ancien couvent) est le centre de la petite industrie pari-
sienne, de l'article de Paris. Rue Saint-Martin, aux n»^ 447,
160 et 194 se voient de jolies façades du xviii® siècle. Rue
de Montmorency, n^ 5, sont encore des restes du grand
hôtel de Montmorency; aun° 51 de la même rue, subsiste
l'inscription d'une maison de 1407, celle de Nicolas Fla-
mel. Des constructions anciennes sont à signaler aussi
rue Chapon et rue du Temple, surtout l'hôtel de Montho-
lon auno 79 de cette dernière rue, puis rue de Braque et
rue des Archives.
IV® Arrondissement (L'Hôtel-de- Ville). — Le quartier
Samt-Merri est un des plus populeux, c'est celui qui pos-
sède l'Hôtel de Ville (V. tig. à l'art. Barrias, t. V,
p. 491; Cheminée, fig. 3; fig. à l'art. Boccador,
t. VII, p/ll). Avec la place de l'Hôtel-de-Ville, dite
autrefois de Grève, qui vit tant d'exécutions et de révolu-
tions, l'église de Samt-Merri, le théâtre des Nations, le
square de la Tour-Samt-Jacques et les bâtiments de l'As-
sistance publique doivent y être mentionnés, comme aussi
le petit musée, dit des Accidents (rue de Lutèce). On y
trouve des maisons des xiv®, xv® et xvi® siècles, rues du
Renard, Taillepain, Brisemiche, de Venise, Pierre-au-Lard
et des Etuves; d'autres vieux logis subsistent, assez nom-
breux, rue de la Verrerie et rue Saint-Merri. Au n^ 34
de la rue Quincampoix est l'hôtel de La Reynie (xvii® s.)
et au n® 60 l'hôtel de Sémonville (xvm® s.). La maison,
dite des Goths,'à cause de son curieux bas-relief, est le
n*^ HQ de la rue Samt-Martm. — Dans le quartier Saint-
Gervais, très populeux également, après Samt-Gervais et
son charnier, puis les églises de Notre-Dame des Blancs-
Manteaux et de Saint-Paul-Saint-Louis, le Mont-de-Piété et
le lycée Charlemagne, il faut citer : lejoli cloître du xv® siècle
de la rue des Archives (n® 24); l'hôtel des ducs de Ven-
dôme, rue Bourg-Tibourg (n« 33); l'hôtel de Hollande,
rue Vieille-du-Temple (n°47); Fancien hôtel d'Havès, rue
Aubriot (n® 10); les maisons n^^ 4 et 10 de la rue des
Blancs-Manteaux, l'ancien hôtel de Quincy, rue de Sévi-
gné (n*^^ 7 et 9); l'hôtel Lamoignon(de la fin du xvi® siècle),
rue Pavée (n^ 24); les maisons de la rue Geoffroy-Las-
nier, âgées presques toutes d'au moins trois siècles
(n° 26, particulièrement, hôtel de Chalon-Luxembourg); les
constructions anciennes de la rue François-Miron, surtout
le magnifique hôtel -^e Beauvais (n« 68), la maison à pi-
gnon du n® 13 et l'hôtel Hénault (n° 82); la maison du
XV® siècle, sise rue Saint-Antoine, n® 126, et celle du 104
de la même rue ; l'ancien hôtel d'Aumont, rue de Jouy,
n^ 7 ; les maisons du xvii® siècle de la rue Eginhai't ;
l'ancien hôtel de Graville (commencement du xvi® siècle),
qui a gardé le surnom d'hôtel des prévôts, passage Char-
lemagne; l'ancien hôtel des archevêques de Sens (du
XV® siècle), oîi habita Marguerite de Valois, à l'angle
des rues du Figuier et de l'Hôtel-de-Ville ; une maison
du xvu® siècle avec son escalier très curieux ainsi que
sa grille, quai de l'Hôtel-de-Ville, n° 34. Ce quartier
est donc particulièrement riche en anciens hôtels. — Du
quartier de l'Arsenal (ainsi dénommé à cause de l'arsenal
que possédait la ville), il faut savoir surtout qu'il occupe
l'emplacement de deux séjours royaux, l'hôtel des Tour-
nelles et le palais Saint-Paul et le sol d'une île, l'île ^Lou-
viers, qui fut presque jusqu'au milieu du xix® siècle un
La Tour Saint- Jacques.
grand chantier de bois. La place des Vosges (ancienne place
Royale du temps de Louis XIII), avec ses 35 pavillons,
la bibliothèque de l'Arsenal et les xArchives de la Seine y
sont à mentionner. Les hôtels de la place des Vosges, du
commencement du xvii® siècle, ont gardé leur aspect pri-
mitif. Rue des Tôurnelles (n° 28) et boulevard Beaumar-
chais (n«s 21 et 23), se trouve un bel hôtel, dit hôtel de
Ninon de Lenclos et construit par J.-H. Mansart pour lui-
même. Rue Saint-x\ntoine sont deux hôtels dessinés par
les Ducerceau, aux n«« i43 (hôtel Sully) et 212 (hôtel
d'Ormesson); quai des Célestins (n^ 2), l'ancien hôtel
Fieubet, dit de La Valette, édifié par J.-H. Mansart. Rue
des Lions, des constructions anciennes sont à noter aussi.
— Le quartier Notre-Dame, qui comprend la partie orien-
tale de l'île de la Cité et l'île Saint-Louis, renferme avec
la cathédrale le Tribunal de commerce, l'Hôtel-Dieu et la
Morgue, l'église de Samt-Louis, puis les marchés aux Fleurs
et aux Oiseaux. Ses quais ont conservé un assez grand
nombre de vieux hôtels : ceux du quai d'Orléans, ceux du
quai de Bourbon (particulièrempnt les n°^ 29 et 31); quai
de Béthune, les hôtels des n®120 et 24; quai d'Anjou,
à l'angle formé par la rue Poulletier (n° 20), l'ancien
hôtel de Tessé, mais surtout, au n® 17, l'hôtel de Lauzun
ou de Pimodan, de 1657 (acquis par la Ville), et, à
l'angle de ce quai et de la rue Saint-Louis, l'hôtel
Lambert (V. Lambert [Hôtel]). Rue Saint-Louis (n^ 51),
on remarque la façade de l'hôtel Cheniseau (xviii® siècle).
On peut noter aussi l'arcade de la rue de Bretonvilliers
(xvii® siècle)., Dans la com'du n® 18 de larueChanoinesse,
il y a encore une haute tour carrée, sans doute du
xv^ siècle, et rue des Ursins, n® 19, des restes d'une
chapelle du xii® siècle.
1073
PARIS
V^ Arrondissement (Le Panthéon). — Le souvenir de
l'abbaye Saint-Victor, dont le terrain est occupé aujour-
d'hui par l'entrepôt Saint-Bernard ou Halle aux vins,
s'est conservé dans la dénomination du premier quartier
de cet arrondissement. On y remarque surtout ses places
et squares : place Jussieu, centre de ruelles hal)itées par
toute une colonie de modèles italiens ; place Maubert, square
Monge, square des Arènes; il possède aussi l'Ecole po-
lytechnique, l'église de Saint-Nicolas du Chardonnet ; on
peut y distinguer, de plus, des restes des anciens collèges,
ainsi dans les bâtiments de l'Ecole polytechnique et rue de
Poissy où le réfectoire du collège des Bernardins (de 4346)
a été converti en caserne de sapeurs-pompiers. Au n^ 37
du quai de la Tournelle est un vieil hôtel bien conservé,
au n^ 47 l'ancien couvent des IVliramiones, et aux n'^" 55-57
l'hôtel de Nesmond. — Dans le quartier du Jardin-des-Plan-
tes, peuvent attirer l'attention, après le Jardin du Muséum
ou des Plantes, l'église de Saint-Médard, la gare d'Orléans,
rfr
Église Saint-Etienne du Mont.
l'hôpital de la Pitié, la prison de Sainte-Pélagie et l'am-
phithéâtre d'analomie. Un petit pavillon de la fin du
xviii^ siècle subsiste rue Daubenton (n^ 3); au coin de la
rue Scipion et de celle du Fer-à-Moulin, la boulangerie cen-
trale de l'Assistance publique occupe un hôtel du xvi^ si'^^cle.
— Le quartier du Val-de-Grâce est resté tranquille comme
au temps où il était rempli de monastères, mais de larges
voies maintenant le traversent. iVvec le Val-de-Grâce,
l'Ecole normale et l'Institut agronomique y sont situés.
Une rue a gardé son caractère ecclésiastique : la rue Lho-
mond. Rue des Irlandais (n** 5) sont des vestiges du collège
des Irlandais; rue de l'Estrapade (n° 5), une maison du
xviii*^ siècle à remarquer; rue Lhomond (n<* 10), les an-
ciens bâtiments de la communauté des Eudistes. Il y a des
constructions intéressantes, rue Broca (n*^' 31 , 35, 44 et 48)
et rue Saint- Jacques, et, de-ci de-là, des restes de couvents.
— Le quartier de la Sorbonne est un des plus vieux que
GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXV.
la percée de voies nouvelles a transformés. On y trouve, en
plus de la Sorbonne, le palais des Thermes et l'hôtel de
Cluny, les vieilles églises de Saint- Julien le Pauvre, de
Saint-Séverin et de Saint-Etienne du Mont, mais aussi le
Collège de France, l'Ecole de droit, le lycée Louis-le-Grand
et le lycée Henri IV, avec ses restes de l'abbaye de Sainte-
Geneviève, particuHèrement sa tour, dite deClovis, qui re-
monte en partie peut-être au xi° siècle, puis le collège
Sainte-Barbe, la bibliothèque Sainte-Geneviève. Cependant
la deuxième section du quartier, du côté de la place Maubert,
est encore encombrée de ruelles, et sa population est bien dif-
férente de celle de la première section où dominent les profes-
sions libérales. On y retrouve plusieurs maisons à pignons. Il
y a, quai de Montebello, un reste de constructions de l'an-
cien Hôtel-Dieu. Au n° 3 de la rue des Prêtres-Saint-Séve-
rin, le cloître gothique de l'ancidn cimetière Saint-Séverin
existe encore ; de vieilles maisons sont à examiner rue
Saint- Jacques et rue du Petit-Pont, et de même le n° 14
de la rue Saint-Julien-le-Pauvre. A l'angle de la rue de
l'Hôtel-Colbert et de la rue de la Bùcherie se voient les
bâtiments non encore utilisés de l'ancienne Ecole de mé-
decine. Il y a dans ce quartier aussi des restes d'anciens
collèges, et aux n^^ 2 et 4 de la rue Valette des vestiges
de l'église de Saint-Hilaire du Mont.
VP Arrondissement (Le Luxembourg). — Le quartier
delà Monnaie, avec tous ses industriels du livre, ses libraires
des quais, ses marchands d'estampes et d'antiquités, qui
sont des commerçants d'un type spécial, plus désintéres-
sés qu'on ne croirait, est un des plus littéraires de Paris.
La Monnaie et l'Institut sont les monuments de ce quar-
tier; on y trouve également l'hôtel des Sociétés savantes.
Uy a, rue Hautefeuille, n*^ 5, une jolie tourelle du xvi^ siècle ;
au n*^ 9 est l'hôtel de Miraulmont qui date de la fin du
XV® siècle. Des maisons anciennes se remarquent rue et
place Saint-André-des-Arts, des restes d'anciens collèges
subsistent aussi ; la façade de l'hôtel des archevêques de
Rouen (xvi® siècle), cour de Rohan, le petit hôtel Fey-
deau, rue Gît-le-Cœur, n'* 35, l'hôtel de la rue Séguier,
n^ 18, les restes de l'hôtel de Sancerre, du xv® siècle (rue
des Grands-Augustins, n^ 7), sont les autres curiosités à
énumérer. — Tout en présentant les mêmes caractères,
le quartier de l'Odéon est cependant plus exclusivement
littéraire, moins bourgeois, plus vivant. Il renferme le
théâtre de l'Odéon et ses galeries où sont établies des bou-
tiques de libraires, l'Ecole des mines, l'Ecole de médecine,
l'Ecole de pharmacie, les lycées Saint-Louis et Montaigne,
puis le Sénat et le jardin du Luxembourg (V. Luxe^i-
BOURG, t. XXII, p. 796). L'église de Saint-Sulpice en
est le monument religieux. Rue de l'Ecole-de-Méde-
cine, n*^ 5, l'Ecole nationale des arts décoratifs est ins-
tallée dans l'ancien amphithéâtre de Saint-Côme (fin du
xvii*^ siècle) ; au n^ 13, le musée Dupuytren occupe
l'ancien réfectoire du couvent des Cordeliers (xv® siècle).
Sont à signaler : l'hôtel de l'Estoille (1545), rue de
Tournon, n'* 10 ; les restes du couvent des Filles-du-
Calvaire (V. Luxembourg, t. XXII, p. 796), rue de Vau-
girard, à côté du Sénat; l'hôtel du xvii® siècle, situé
rue Garancière (n^ 8). — Dans le quartier Notre-Dame-
des-Champs dominent les couvents et les maisons d'ar-
ticles de piété. La prison militaire de la rue du Cherche-
Midi est établie dans les locaux précédemment occupés par
le couvent du Bon-Pasteur, et le bâtiment de l'Institut
catholique est une partie de ceux d'un ancien couvent de
Carmes (du xvii® siècle). Plusieurs hôtels sont intéres-
sants : rue d'Assas (n** 28), un pavillon du xvii® siècle ; rue
du Montparnasse, Ehôtel du Silène (dépendance du collège
Stanislas) ; rue du Regard (n« 17), l'hôtel de laGuiche, de
1701, transformé en succursale du Mont-de-Piété ; rue du
Cherche-Midi, l'hôtel du Conseil de guerre, et les maisons
des n°^ 11 et 18. — Le quartier Saint-Germain-des-Prés,
se distingue principalement par ses librairies d'art, ses
marchands de meubles anciens ou de curiosités. C'est le
quartier de l'Ecole des beaux-arts. Il possède l'Académie
6$
PARIS
~ 1074 —
de médecine, placée à côté de l'hôpital de la Charité, et en
fait d'hôtels anciens : quai Malaquais, celui du n° i ; ce-
lui du n« 9, rue Visconti; l'hôtel de 1609, sis au n° 24 ;
rue de Seine, n^ 6, un pavillon de la reine Margot. Rue de
FAbbaye (n*^ 3) subsiste l'ancien palais abbatial de Saint-
Germain des Prés (xvii^ siècle). 11 y a rue Bonaparte,
n"16, desrestes ducouventdesPetits-Aogiistins(xYii^' siècle)
et rue Jacob, n^ j9, des restes de l'abbaye de Saint-Ger-
main des Prés (V. Abbaye, hg. I, t. ï, p. 37).
VIP x\rrondissement (Le Palais-Bourbon). — Essentielle-
ment aristocratique, le quartier Saint-Thomas-d'Aquin est
celui qui renferme le plus d'hôtels: rue des Saints-Pères,
l'hôtel de Fleury (1768), occupé par l'Ecole des ponts et
chaussées ; rue de Lille, l'hôtel de Bernages (n*^ 2), oti est
installée l'Ecole des langues orientales; rue de Grenelle, 77,
rh(Uel de Caumont, actuellement de l'ambassade de Rus-
sie ; il faut citer ensuite: l'hôtel du n*^ 25 bis du quai d'Or-
say ; quai Voltaire, l'hôtel de Tessc (n^ 1), l'hôtel dos
j|Os 9./[4 (xvii^ siècle); rue des Saints-Pères, Fhôtel de Gossé-
Brissac (n° 56); rue du Bac, le vaste hôtel Samuel Ber-
nardin ou de Boulogne (n'^ 46) ; le magnifique hôtel de
Chateaubriand (n» 420); rue de Lille, l'hôtel du n^ 4
(xviF siècle) ; rue de l'Université, n*^ 3, l'hôtel iVrselot
(xvii® siècle) ; n*^ 34, l'hôtel de Soyecourt (xviii® siècle);
rue de Varennes, n°^ 47 et 53, les beaux hôtels de La
Rochefoucauld-Doudeauville et de Matignon (remanié sous
Louis-Philippe), etn°66, l'élégant hôtel Boucher d'Orsay
(xviii^ siècle); boulevard Saint-Germain, l'hôtel de Chevreuse
ou de Luynes (n^ 202), de 4640 environ, et dont il n'y a plus
({u'une partie. Au n^ 85 de la rue du Bac est l'ancienne
église du couvent des Récollettcs, et au n^ 4b de la rue
do Varonne subsiste le portail d'une éghse de 4500 environ ;
rue de Bellechasse, il y a maintenant une caserne dans les
bâtiments de l'abbaye de Pentemont (4755), et rue de Gre-
nelle, un temple protestant dans ha chapelle de cette ab-
baye ; le ministère des travaux publics est sur le territoire
de ce quartier où se trouvent également l'hôpital I^aennec et
les magasins du Bon Marché. — Le quartier des Invahdes a
de grandes analogies avec le précédent. La Chambre des
députés y est située (V. Bourbon [Palais]), comme aussi
le Musée social, de fondation récente. L'esplanade des
Invalides y constitue une belle promenade. L'église de
Sainte-Clotilde en est la paroisse. A la suite des bâtiments
du ministère de la guerre, boulevard Saint-Germain, est
l'hôtel de Brienne qui sert de résidence au ministre. Plu-
sieurs hôtels anciens se succèdent rue Saint-Dominique.
Rue de Varenne (n^ 77), le bel hôtel de la duchesse du
Maine, construit par Gabriel (4729), est occupé par le
couvent du Sacré-Cœur. Rue de Lille, doivent èire nom-
més aussi: l'hôtel de Torcy (n^^ 70-72), de 4716 ; l'hôtel
du Maine (n°^ 78-80), de 4728, qui est celui de l'am-
bassade d'Allemagne. L'hôtel de Brissac, rue de Gre-
nelle (n" 446), est aujourd'hui la mairie du VII^ arron-
dissement ; Fhôtel de Noirmoutiers ou de Sens (n'^ 440),
le dépôt cartographique de l'armée. Les ministères de l'agri-
culture, du commerce, de Finstruction publique etFarche-
vèché de Paris occupent également d'anciens hôtels. L'hôtel
du ministère des affaires étrangères est du milieu du
xix^ siècle, celui du ministère des postes est de même ré-
cent; celui enfin de la i^égion d'honneur a été reconstruit
dès 4874, mais sur les plans primitifs. — Le quartier
de l'Ecole militaire, dont cette école occupe une grande
partie, est d'aspect assez froid. On y rencontre l'insti-
tution des Jeune n-Aveugles, et la maison des frères de
Saint-Jean-de-Dieu , puis l'église de Saint-François-
Xavier. On a donné aux maisons de ce quartier relative-
ment neuf le style architectural de Louis XIV, de Louis XV
et de Louis XVI. Rue de Sèvres (n^ 86), la maison des
Oiseaux, de 4773, est devenue le couvent des Oiseaux. Un
hôtel de la rue Monsieur (n° 42) renferme de remar-
quables bas-reliefs décoratifs de Clodion. — Plus animé,
le quartier du Gros-Caillou était, avant 4860, un faubourg
de ce nom. Aujourd'hui c'est le quartier des palais de
l'Exposition universelle et de la tour de 300 m. (V. Champ-
de-]\}ars), non loin desquels est situé l'édifice du garde-
meuble. 11 y existe encore une maison du xvii^ siècle (4675),
rue de l'Université (n° 437).
VHP Arrondissement (L'Elysée) . — C'est entre les deux
magnifiques places de la Concorde (V. ce mot, § Histoire)
et de V Etoile que s'étend le quartier des Champs-Elysées
\.^^ Champs-Elysées (V. ces mots) constituent la plus belle
des promenades de Paris. Entre eux et la Seine, le Cours-
la-Reine forme une promenade spéciale. On a vu plus
haut que ce quartier se subdivise en deux , le quartier
François I^^'et le quartier Marbeuf. On remarque au Cours-
la-Reine (n^ 46) la très johe maison, dite de François P^\
pavillon de chasse datant de 4572 et apporté de Moret à
Paris en 4826. — Le quartier du faubourg du Roule a
pour territoire le village du Roule ; l'aristocratie de l'ar-
gent y habite. l\ a pour édifices: l'éghse de Saint-Philippe,
Féghse russe et l'hôpital Beaujon. Les principaux de ses
nombreux hôtels sont celui de la rue de Bercy (n^ 2), dû à
Chalgrin, et l'hôtel de Saint-Priest, rue du Faubourg-Saint-
Honoré, n° 470. — Le quartier de la Madeleine (du nom
de la grande éghse qui s'y trouve située) est des phis élégants.
11 renferme le palais de Fii;///5é/^ (V. ce mot), les ministères
de l'intérieur et de la marine et la chapelle expiatoire ; les
commerçants qui n'exercent pas un commerce de luxe se
sont groupés dans la cité Berryer. L'édifice qui fait le coin de
gauche de la rue Royale, amvre de Gabriel comme Fhôtel du
ministère de la marine, a été divisé en 4 hôtels (l'hôtel de Cril-
lon, etc). Rue des Mathurins sont Fhôtel de Beauharnais
(n*^ 32) et Fhôtel de Lagrange (n^ 44), tous deux du miheu
du xvm^ siècle; rue Boissy-d'Anglas, n« 5, l'hôtel de la
Reynière; rue du Faubourg-Saint-ïIonoré, n*^ 39, l'hôtel
Borghèse, qui est actuellement celui de l'ambassade d'An-
gleterre, et Fhôtel Pontalba (n« 44), œuvre de Visconti;
rue d'Anjou, Fhôtel de Contades, occupé par la mairie du
VHP arrondissement, les hôtels de Bauffremont et de Boissy
(n«« 42-44), Fhôtel de la Bellinaye (n« 46); rue Tron-
chet, no 7, Fhôtel Pourtalès. — Toutmoderne est le quartier
de l'Europe avec ses rues portant des noms de capitales, et
rayonnant autour de la phu-e de l'Europe. Il est construit
luxueusement et apour promenade le joh parc de Monceau,
œuvre de Carmontelle (4778), transformé par l'adminis-
tration municipale en 1864. La gare Saint-Lazare en est le
principal édifice, mais l'église de Saint-Augustin (V. Bal-
tard, fig. 4, t. V, p. 474), le collège Chaptal elle musée
Coruuschi sont aussi à rappeler. Dans le square de Messine,
Fhôtel de Villeneuve a reçu des décorations du xviii^ siècle
provenant d'autres hôtels.
W^ Arrondissement (L'Opéra). — L'origine du nom du
(iuartier Saint-Georges est incertaine. Ce quartier littéraire
et artiste était déjà surnommé la Nouvelle Athènes sous
le premier Empire. Sa place Pigalle, fréquentée par des
modèles. itahens, est restée curieuse. Ses cafés littéraires
et politiques ont été remplacés par des cabarets soi-disant
artistiques. Le « quartier Bréda » n'est plus qu'un souvenir.
V:n hôtel du xviu^ siècle,, fort intéressant, est à signaler
au n^' 9 de la rue Victor-Masse. L'église est celle de la
Trinité (V. fig. à Fart. Bàllu, t. V, p. 465). — Le
quartier de la Chaussée-d'Antin n'a pas de caractère bien
particulier, mais les constructions anciennes y sont plus
nombreuses que dans le précédent. Le lycée Condorcet y
occupe le couvent des Capucins, construit par Brongniart
en 4780. Il y a rue de la Chaussée-d'Antin, no24, un joli
hôtel du xYiii*^ siècle ; le n*^ 44 de la rue Taitbout est une
« petite maison » du même siècle. Notre-Dame de Lorette
et l'Opéra (V. Académie nationale de musique, fig. 4, 3,
4 et 5, t. l, p. 224; fig. à Fart. Baudry, t. V, p. 886;
Carreaux, fig. 2, t. IX, p. 545), sont les monuments de ce
quartier, avec la synagogue de la rue de la Victoire, les
théâtres du Vaudeville et des Nouveautés. — L'anima-
tion est beaucoup plus grande dans le quartier du fau-
bourg Montmartre, oti se trouvent Fhôtel des ventes mo-
bilières, le théâtre des Fohes-Bergère, le Conservatoire
— 1075 —
PARIS
de musique et de déclamation, dont l'église de Saint-Eu-
gène est voisine, le Comptoir d'escompte, l'hôtel du Grand-
Orient de France, centre de la franc-maçonnerie. La mai-
rie est installée dans un bel hôtel du xviii^ siècle ; un autre
de cette époque est à noter rue G-range-Batelière, n°10 ; sont
à mentionner encore : rue du faubourg Montmartre, n*^ 21 ,
une maison de 1720 environ ; rue Bergère, n" 7, une « petite
maison », et n° 20, l'hôtel Le Normand de Mézières, siège
de l'imprimerie Chaix ; rue de Trévise, n°32, l'hôtel Mar-
tinet (du premier Empire) ; rue Cadet, n^ 9, l'hôtel de Cour-
mont, etn^ 24, la « petite maison » du comte d'Artois. —
Le quartier Roehechouart (du nom d'une abbesse de Mont-
martre) a davantage une population ouvrière. Il renferme
le square Montholon et le collège Rollin.
X® Arrondissement (Saint-Laurent). — Le quartier au^
quel l'église Saint- Vincent de Paul donne son nom est
celui où se tenait la foire Saint-Laurent. Deux gares,
celles du Nord et de l'Est, y ont leurs embarcadères. Aussi
y compte-t-on un grand nom])re de petits employés. Les
autres grandes constructions sont l'hôpital Lariboisière,
la Maison Dubois et l'école Colbert. — Dans le quartier
de la Porte-Saint-Denis domine le commerce des commis-
sionnaires en marchandises et des fabriques de cristaux et
de porcelaines. Le boulevard de Strasbourg, avec ses ca-
fés-concerts, le passage Brady, les abords de la prison
de Saint-Lazare, sont les côtés curieux de ce quartier.
Le théâtre du Gymnase y est situé. Un charmant pavillon,
construit au xviii^ siècle, porte le n*' 44 de la rue des
Petites-Ecuries. — Le quartier de la Porte-Saint-Martin
a des aspects assez divers, mais c^est néanmoins avant
tout un quartier industriel et commerçant ; il renferme
l'Hôtel des Douanes et les Magasins Généraux, la Bourse
du travail, la mairie, monumentale et toute récente,
oeuvre de Rouyer, l'église de Saint-Laurent, les théâtres
de la Renaissance, de la Porte-Saint-Martin, de l'Am-
bigu, des Folies-Dramatiques, le théâtre Antoine et
quel([ues maisons intéressantes, particulièrement un hôtel
Louis XY, rue Pierre-Builet et les maisons n^^ 52 et ai-
de la rue de Bondy. — Le canal Saint-Martin traverse le
quartier de l'Hôpital-Saint-Louis rempli d'usines et, par
suite, très populeux, oU l'on n'a à signaler que l'Hôpital
qui sert à sa dénomination et un autre établissement hos-
pitalier, l'hôpital militaire Saint-Martin.
XI® Arrondissement (Popincourt). — Le quartier delà
Folie-Méricourt est ainsi appelé à cause d'une de ces an-
ciennes folies ou petites maisons, comme, dans tout l'ar-
rondissement, du reste, on en bâtit beaucoup au xviii® siècle.
Il est essentiellement industriel, de même que le quartier
Saint- Ambroise. C'est sur l'emplacement de l'église de Saint-
Amljroise que se trouvait la maison bâtie .sous Charles VI
pour Jean de Popincourt et qui devint le centre d'un vil-
lage. — Ce qui caractérise le quartier de la Roquette, ce
sont ses deux prisons, Grande et Petite Roquette, et le
développement qu'y a pris l'industrie funéraire à cause
du voisinage du Père-Lachaise. Rue de la Roquette se
remar({uent un pavillon de la fm du xviii® siècle (n° 57)
et des vestiges de la Folie-Regnault (n^^ 188 et 190), rue
de Charonne, l'ancien hôtel de Mortagne du xvii® siècle
(n« 51) et les bâtiments du prieuré de Notre-Dame de
Bon-Secours (n*^^ 97-101). — Le quartier Sainte-Margue-
rite n'est qu'une partie, du faubourg Saint-Antoine, le
faubourg du meuble. On y voit l'église de Sainte-Marguerite
avec son ancien cimetière, où fut enterré Louis XVII, puis
l'ue du Faubourg-Saint-Antoine, une jolie statue de la
Vierge du xiv® siècle (n^lOl), et rue de Montreuil, d'an-
ciennes portes (n°^ 31 et 96) et les bâtiments du couvent
de la Madeleine-de-Trainel, transformés en habitations
particulières (n^^ 100-102).
XII® Arrondissement (Reuilly ; nom du bourg qui s'était
formé autour d'une résidence royale remontant à Dago-
bert). — Du quartier de Bel-Air, resté très peu peuplé,
il n'y a rien à dire. — Le quartier de Picpus, qui porte un
nom dont l'origine est incertaine, est encore peu vivant.
Rue de Reuilly, une caserne a remplacé la manufacture
de glaces fondée au xvii® siècle, et le n« 210 de la rue du
Faubourg-Saint-Antoine était occupé par la brasserie de
Santerre. —Le commerce des vins et spiritueux a consti-
tué le quartier de Bercy (V= ce mot). L'entrepôt seul y
est à signaler. ~- Le quartier des (Juinze-Vingts participe
du faubourg Saint- Antoine et de Bercy. Il renferme uti
hospice, les (Quinze- Vingts, 2 grands hôpitaux. Trousseau
et Saint- Antoine, et 2 gares, celles de Lyon et de Vin-
cennes, plus l'importante gare d'eau de l'Arsenal.
Il n'y a que très peu de chose à dire des 8 derniers
arrondissements.
XIIP Arrondissement (Les GobeKns). — Le premier
quartier est celui de la Salpètrière, cat hospice qui est
toute une ville ; on y trouve aussi le marché aux che-
vaux, les abattoirs de Villejuif et la cité Dorée, village
de chiffonniers. — Le nom du deuxième quartier, celui
de la Gare, lui vient d'un bassin creusé sous Louis XVÏ
pour servir de gare d'eau et autour duquel un village
s'était formé. La cité Jeanne-d'Arc. qu'on y peut voir,
est étrange. — Maison-Blanche est le nom d'un cabaret;
Croulebarbc, celui d'un moulin. C'est dans le quartier
Crouîebarbe que soni situés les Gobelinset aussi les hôpi-
taux Broca et Péan. Dans ce dernier quartier, deux hôtels
intéressants occupent les n^^ 3 et 17 de la rue des Gobe-
lins. Dans le quartier de la Maison-Blanche se voient le
cours pittoresque de laBièvre et la butte aux Cailles.
XÏV® Arrondissement (L'Observatoire). — Le quartier
du Montparnasse renferme, outre le cimetière oli sub-
siste une vieille tour de moulin, Fancien château d'eau de
l'Observatoire, du ivii® siècle, à l'angle de la rue Cassini,
la Maternité, qui occupe les bâtiments de Port-Royal, 2
autres grands hôpitaux, Ricord et Cochin, l'hospice des
Enfants- Assistés, l'Observatoire et la prison de la Santé.
Sont à rappeler : dans le quartier de la Santé, l'asile
Sainte-Anne (appelé de la Santé autrefois) et le parc de
Montsouris qui date de 1878 ; dans le quartier du Petit-
Montrouge, l'hospice de La Rochefoucauld ; dans celui de
Plaisance, l'hôpital Broussais, et au n« 142 de la rue du
Château, l'ancien rendez-vous de chasse du duc du Maine.
XV<^ Arrondissement (Vaugirard; nom d'une ancienne
commune). — La culture maraîch'TC est restée importante
dans le quartier Saint-Lambert. — Le quartier Necker est
encore en grande partie l'ancien Vaugirard. Les hôpitaux
y dominent : Necker, les Enfants-Malades, l'Institut Pas-
teur, Saint- Jacques, l'hôpital International ; y sont situés
également le puits artésien de Grenelle et le lycée Buf-
fon. Les quartiers de Grenelle (V. ce mot) et de Javel
sont des centres d'usines. Quelques vestiges de l'ancien
château de Grenelle subsistent dans une caserne de la place
Dupleix ; le second de ces 2 quartiers a l'hôpital Bouci-
caut.
XVP Arrondissement (Passy). ~ H suffit d'en dire ici
que l'on remarque dans le quartier d'Auteiiil (V. ce mot)
le monumental viaduc d'Auteuil {i866), le groupe des
trois maisons de retraite de Sainte-Périne, Chardon-La-
gache et Rossini, puis l'ancien petit château de la Tuilerie,
occupé par un couvent, rue de l'Assomption ; dans le quar-
tier de la Muette, le château de la Muette, propriété par-
ticulière reconstituée avec son caractère du xviii® siècle,
et, rue de la Tour (n« 86), une tour restaurée du
XIV® siècle.— Le palais du Trocadéro est situé à la limite
de ce quartier et de celui de Chaillot, où se trouvent la
Manutention militaire, sur l'emplacement de l'ancienne
Savonnerie, et les musées Guimet et Galbera. — La
maison mortuaire de Victor Hugo, avenue Victor-Hugo,
est dans le quartier de la Porte-Dauphine.
XVIP Arrondissement (Batignolles-Monceau). — Pour
cet arrondissement, on peut signaler dans le quartier des
Ternes (nom d'un ancien hameau), au n° 19 de la rue
Demours, l'ancien château des Ternes (V. Batignolles).
XVIII® Arrondissement (Montmartre). — Le quartier
des Grandes-Carrières possède un petit obélisque de 1736
PARIS
1076
(rue Girai'don, n'^ 1), puis rtiùpital Bicliat ; le quartier
de Clignancourt (nom de l'ancienne seigneurie), une cha-
pelle du xvi^ siècle (rue Marcadet) et une maison intéres-
sante du XVII® siècle (même rue, n*^ Ti). — Les dénomi-
nations des 2 autres quartiers, la Goutte-d'Or et la
Chapelle, sont celles d'un vignoble et d'un ancien village
(V. Chapelle [La]). Dans le second sont conservés un pa-
villon du temps de Henri IV (rue de Torcy, n° 38) et
rue de la Chapelle, n^ '12!2, une maison du temps de
Louis XIII (V. Montmartre).
XIX® Arrondissement (Les Buttes-Chaumont). — On y
doit signaler le très important bassin de la Villette, dans
le quartier de la Villette (nom d'une ancienne commune) :
les Abattoirs généraux, dans celui du Pont-de-Flandre ;
réglise de Saint-Jean-Baptiste dans celui d'Amérique,
ainsi dénommé à cause des anciennes carrières dites d'Amé-
rique ; et le curieux parc des Buttes-Chaumont, créé en
1864 dans le quartier du Combat.
XX® Aukondissement (Ménilmontant. nom d'une an-
cienne commune). — Le (juartierde Bellevifle (\. ce mot)
. r-i
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ï.v. Tru(;adéro.
est des plus populeux ; celui de Saint-Fargeau est appelé
ainsi du nom de son petit lac ; ceux de Charonne (Y. ce
mot) etduPère-Lachaise, oii l'hôpital Tenon et l'église de
Saint-Germain sont situés, sont encore remplis de jardins
et de cultures maraîchères. Dans les quartiers de Belleville
et de Saint-Fargeau sont à remarquer les anciens regards
de la rue des Cascades et celui de la rue de Belleville
(n^ 231), et dans le quartier de Charonne, l'hospice
Debrousse, dont la direction occupe un petit pavillon
Louis XV, reste du château de Bagnolet.
VI. Voirie, eau, assainissement. — Le service de
la voirie était réparti sous l'ancien légime entre le prévôt
des marchands, le lieutenant de police, le Bureau des
finances et la Chambre des bâtiments. Le premier pavage
exécuté à Paris l'a été en 1485, sur l'ordre de Philippe-
Auguste. En 160o, le roi prit à sa charge toute la dépense
du pavé de Paris. Sous Louis XIU, plus de la moitié de
la ville était encore sans pavage. Le développement du
pavage en bois date de 4881, mais il est encore l'excep-
tion ; par contre, il n'y a presque plus de chaussées en
terre. L'usage des trottoirs, qui commença en 1782, ne
se généralisa qu'à partir de 1823; des refuges ont été
étobli$ au milieu des chausséee pour faciliter la traversée
des rues les plus fréquentées. En 4830 encore, le service
de la voirie était si insuffisant que, pour vous faire fran-
chir les ruisseaux que formaient les eaux s'écoulant dans
les rues, parfois des porteurs vous prenaient sur leur dos
ou vous plaçaient dans une hotte. Par décret de 4856,
les frais relatifs à l'entretien des chaussées devaient être
supportés, moitié par l'Etat, moitié par la municipalité :
Paris dépense aujourd'hui pour entretenir ses chaussées
près de 47 millions par an en plus de la subvention de
l'Etat qui est de 4 millions et d'une contribution du dépar-
tement, de 400.000 francs. Par des règlements relatifs
au balayage et à l'arrosage, la propreté de la voie pu-
blique est assurée ; aussi le nettoiement coùte-t-il annuel-
lement 40 millions. Malgré le paiement d'une taxe de
balayage, les propriétaires riverains des voies publiques
ne sont pas dégagés de toute obligation, du moins en
hiver. Pour faciliter l'enlèvement des neiges, on fait usage
fréquemment du chlorure de sodium qui les dissout. Le
nombre des édicules et concessions sur la voie publique,
bureaux de voitures de place, kiosques, colonnes-affiches,
locations d'emplacements pour dépôt de tables ou
chaises, etc., s'est de plus en plus multiplié.
Paris possède plus de 3,200 voies dont on doit cher-
— 1077 _
PARIS
cher la liste dans une publication officielle intitulée : Ville
de Paris. Nomenclature des voies publiques et privées
(Paris, 1898, in-4)et qui énumère aussi toutes les voies
ayant existé. Deux autres publications officielles sont à
consulter pour leur histoire administrative : Recueil des
lettres patentes, etc., concernant les voies publii [lies
[de Paris], dressé sous la direction d'Alphand (Paris.
1886-89, 2 vol. in-4) et Inventaire sommaire de la
collection Laxare-Montassier, par L. Lazard (Paris, 1899,
in-8). Il y a 2.345 rues, 82 boulevards, 11 o avenues,
166 places, 42 quais, 31 ponts, etc., couvrant une
longueur de 972 kil. et une surface de 1.647 hect. Les
plus longues de ces voies sont : la rue de Vaugirard
(4.3o0 m.), la rue de Rivoli (3.340 m.), le boulevard
Saint-Germain (3.150 m.), la rue Lafayette (2.980 m.),
le boulevard Malesherbes (2.600 m.). Toute voie apparte-
nant au domaine public est bordée d'arbres si elle a plus
de 20 m. de largeur. Les premières inscriptions indica-
tives des noms des rues furent apposées en 1729. Le nu-
mérotage des maisons, qui existait en partie auxviii^ siècle.
devint général à l'époque de la Révolution, mais il lui
fait alors par section. !^^n 1805, on l'établit par rue, les
luiméros se suivant dans le sens du cours de la Seine pour
les rues parallèles au tleuve, et partant du fleuve pour les
rues perpendiculaires ou obliques. Depuis quelques années,
les luiméros et même des noms de rue sont parfois lumi-
neux. Bien ([ue des essais d'éclairage des rues remontent
au xui^ siècle, les rues de Paris ne furent véritablement
éclairées qu'à partir de 1667 ; les réverbères datent de
1757 seulement; on commença l'éclairage au gaz
en 1819, à l'électricité en 1878; un petit nombre jus-
({u'ici ont été éclairées par ce dernier mode. En plus des
bois de Boulogne et de Vincennes dont il est propriétaire,
Paris a 75 promenades, qui ont une superficie totale de
près de 200 hect. : jardins publics, squares, parcs, etc.
J.es principales et les ])lus considérables par leur super-
ficie sont : le parc des BuUcs-(^!iaumont (231.000 m.(j.),
le jardin du Luxembourg et le jardin des Plantes (230.000
m. q. chacun). le jardiji des Tuileries (226.000), puis le parc
de Montsouris (154.000), le parc du Trocadéro (102.000),
le parc du Champ-de-Mars (91.000) et le parc de Mon-
ceau (84.000).
Service des eaux. — V.n dehors de l'aqueduc romain
de Chaillot mal connu, le plus ancien établissement hydrau-
lique parisien est l'aqueduc romain d'Arcueil encore exis-
tant et construit au iii*^ ou iv® siècle pour amener au
palais des Thermes les eaux de Rungis et de Chilly; son
rétabhssement, entrepris au commencement du xvii^ siècle,
fut achevé sous Louis XIV. Jusqu'au xvii^ siècle, les
aqueducs du Pré-Saint-deryais et de Belleville ont été
l'unique ressource des habitants, et seulement pour lari\e
droite ; ils avaient été établis au moyen âge à une époque
inconnue. Dès le xn^ siècle, on voit réduire le nombre des
concessions d'eau gratuites, mesure qui par la suite fut
prise plusieurs fois. A partir de Henri IV, on eut le souci
d'alimenter Paris en eau convenablement. La pompe du
Pont-Neuf ou de la Samaritaine date de cette époque ; une
seconde machine hydraulique fut élevée en 1670 au pont
Notre-Dame. A partir de 1782 fonctionnèrent pour le
quartier Saint-Honoré deux machines à vapeur ou pompes
à feu, celles de Chaillot et du Gros-Caillou ; elles étaient
dues aux frères Périer, mécaniciens représentants d'une
société ffnancière. Admniistrées par cette société, elles
furent réunies en 1788 aux eaux de la ville sous le nom
d'administration royale des eaux de Paris et sous la sur-
veillance de la prévoté des marchands. Les eaux delà vilh^
ou du Nord comprenaient les aqueducs du Pré-Saint-Ger-
vais et de Belloville, les pompes du pont Notre-Dame el
l'aqueduc d'Arcueil en partie, tandis que k^s eaux du roi
ou du 3Iidi étaient celles de Taqueduc d'Arcueil en pcU'ti'»
et du Pont-Neuf, dont le bureau des finances a^ait la sui-
veillance. La loi des 9-15 sept. 1792 remit les pompes de
la compagnie Périer au département. Par l'arrêté consu-
laire du 6 prairial an XI et le décret du 4 sept. 1807, la
propriété des eaux du Midi, avec celle des ponqies de la
compagnie Périer, fut cédée à la ville, représentée par le
pi'éfet de la Seine qui devint ainsi l'administrateur de tout
l'ensemble. La distribution était alors de 14 lit. par habi-
tant. Les travaux de dérivation de FOurcq, auxquels on
avait songé depuis le xvi^ siècle, furent commencés en
l'an XI et déffnitivement terminés eu 1839. Les canaux
Saint-Denis et Saint-Martin qui, de part et d'autre, relient
celui de l'Ourcq à la Seine, ont été ouverts, le premier
en 1821, le second, tout entier parisien, en 1825, mais
rétabhssement de son bas port de l'Arsenal est plus récent.
Un puits artésien fut entrepris, après un parcours sou-
terrain correspondant au boulevard Richard-Lenoir, dans
la plaine de Grenelle en 1833.
Le service des eaux fut réorganisé par Belgi'and sou>5
le second Empire. Les anciennes eaux furent réservées au
service public ; des eaux de source furent affectées au ser-
vice privé : celles delà Dhuis (1863) et celles de la Vanne
( 1 868) ; des usines et des réservoirs en grand nombre et
le puits artésien de Passy furent établis, et l'œuvre de
Belgrand a été activement complétée. L'eau de l'Avre a
été amenée en 1891 ; on construit actuellement l'aqueduc
du Loing et duLunain. La longueur totale de la dérivation de
la Dhuis est de 131 kil., celle de la Vanne de 173 kil., celle
de l'Avre de 100 kil. Comme volume maximum, la cana-
lisation du service domestique ou des eaux de source peut
fournir 245.000 m. c. ; la canaUsation du service public
et industriel ou des eaux de la Seine, de la Marne, de
l'Ourcq et diverses, 473.000 m. c. Il y a, en somme, à
Paris, 287 lit. par habitant, dont 98 d'eau de source; ces
chiffres seraient assez élevés s'il ne se produisait pas des
insuffisances de débit et surtout des excédents de consom-
juation à l'époque des chaleurs. Le drain de Saint-Maur
fournit un appoint au débit de la Dhuis et les ffltres de
l'usine élévatoire de Saint-Maur également peuvent com-
[ léter en temps de consommation exceptionnelle l'appro-
^isionnement du service domestique. Les eaux du service
public proviennent des puits artésiens de Passy, de la
Gliapelle, de la butte aux Cailles et de Grenelle, de l'aque-
(kic d'Arcueil qui n'a presque plus d'importance (conim-
d'ailleurs le quatrième de ces puits), des six usines élé-
vatoires de la Seine (à Ivry, Maisons-Alfort, au quai
d'Auslerlitz, à Bercy principalement, puis à Chaillot et à
Javel) et des trois \isine-. de la Marne (à Saint-Maur),
enfui du canal de l'Ourcq. Ce canal, qui a une grande
importance aussi au point de vue de la navigation, amène
les eaux de l'Ourcq au bassin de laVillette après un par-
coiu's de 107 kil. Les canaux Saint-Denis et Saint-Martin
mettent le bassin de la Villette en (communication ?vec la
Seine eji amont et en aval de Paris. Chaque zone di ser-
vice privé ou du service public a ses réservoirs de listri-
biition. Des usines de relais, installées sur divers points,
desservent les zones les plus élevées. Ces usines refdulent
les eaux dans de hauts rései'voirs qui font presque tous
un service mixte au moyen de bassins distincts. La ca-
pacité totale des réservoirs d'eau de source dépasse
500.000 m. c. ; celle des réservoirs d'eau de rivière,
165.000. La longueur totale des deux canalisations est de
2.300 kil. Les conduites sont généralement placées dans
les égouts; les interruptions de service sont réduites au
minimum, grâce à ce fait qu'en chaque point de la cana-
lisation, l'eau arrive par deux côtés différents. Les 75.000
prises d'eau qui desservent les maisons particulières, les
5.100 bouches d'incendie, les 900 bornes-fontaines de pui-
sage et les 100 fontaines Wallace (V. Fontaine, fig. 6,
t.'XVll, p. 732) sont branchées sur l'une des deux cana-
lisations ; les prises d'eau branchées sur l'autre assurent
l'alimentation des appareils publics qui sont au nombre
de plus de 20.000. 11 y a plus de 80.000 compteurs
pour desservir les abonnés du service public. L'eau est
payée à raison de^O fr. 35 le mètre cube. La vente des eaux
est faite par l'intermédiaire de la Compagnie générale des
PARIS
— iOlS
eaux et la recette brute du service atteint annuellement
46 millions de francs.
Assainissement. — Au commencement du siècle, la
longueur totale des égouts ne dépassait pas 26 kil., et tous
se déversaient dans le ruisseau de Ménilmontant, aussi
appelé égout de ceinture, qui avait été couvert en 4 750.
Quant aux fosses d'aisances, l'obligation d'en établir se
trouve déjà dans la coutume de Paris ; mais elle dut être
rappelée plusieurs fois et les prescriptions relatives au
transport des matières étaient assez mal observées. Vn
certain nombre de travaux d'assainissement furent exé-
cutés après 4832, et de 4840 à 4849 on supprima la voirie
de Montfaucon et on la remplaça par le dépotoir muni-
cipal de la Villette et la voirie de Bondy. En 4856, Bel-
grand fit adopter le plan du réseau des égouts collecteurs
actuellement existants, et dès 4868 le réseau des collec-
teurs généraux était achevé. Depuis 4865 on s'est préoc-
cupé d'épurer les eaux d'égout par l'irrigation du sol. Les
égouts reçoivent à la fois les eaux des rues et celles des
maisons ; dans les vastes galeries souterraines qu'ils cons-
tituent, on a pu placer les conduites d'eau, les tubes pneu-
matiques de la poste, les canalisations pour distribution
de la force motrice, les fils télégraphiques et télépho-
niques ; on y évacue également les matières provenant du
balayage, et en grande partie déjà les matières provenant
des fosses d'aisances. Dans la traversée de la ville, les
déversements en Seine ne se produisent plus que très
exceptionnellement, en temps d'orage (huit à dix fois par
an) et toutes les eaux sales, qui représentent iOO.OOO m. c.
par jour, ne sont déversées dans le fleuve que bien après
sa sortie de Paris. Les collecteurs généraux sont au nombre
de quatre ; ils aboutissent à Asnières, à Clichy et à Saint-
Denis ; l'eau y coule avec une vitesse supérieure à 0^^,50
par seconde. Des pompes élévatoires ont dû cire établies
pour certains quartiers bas. Les égouts ont près de
4.000 kil. ; on y accède par quelques escaliers, mais sur-
tout par 46.000 regards. Les eaux de la voie publique
y sont reçues par 44 .500 bouches ouvertes dans les bordures
des trottoirs et celles des maisons par des canalisations
particulières ; le curage en est fait plusieurs fois par jour.
Déjà plus de la moitié des eaux d'égout sont amenées dans
des champs d'épuration où elles servent à l'exploitation
agricole, dans la presqu'île de Gennevilliers et dans la
presqu'île Saint-Germain, à Achères.Le système de l'écou-
lement des vidanges dans les égouts, qu'on a appelé sys-
tème du tout à T égout, est appliqué dans une partie de
Paris; 40.000 immeubles environ le possèdent; pour cet
écoulement, les égouts ont dû être pourvus d'un système
de canalisation spéciale, dit. système Berlier. J^es anciens
modes d'enlèvement continuent donc à fonctionner. L'in-
dustrie de la vidange est libre, mais réglementée et con-
trôlée. L'enlèvement est fait la nuit pour les fosses fixes,
les plus nombreuses, qui sont vidées au moyen de pompes
à vapeur ; les voitures qui transportent les tonneaux des
fosses mobiles ou les tinettes filtrantes circulent le matin.
Les matières sont transportées dans divers dépotoirs ou
voiries et, pour un tiers, au dépotoir municipal de la Vil-
lette d'où elles sont envoyées à la voirie de Bondy ou voirie
de l'Est par une conduite de 44 kil. Le service de l'assai-
nissement coûte à Paris une somme annuelle de plus de
5 millions. Un recueil officiel de Pièces concernant les
eaux, les canaux et V assainissement à Paris a été
publié en 4880-86 (Paris, in-8).
VII. Moyens de communication. — Les carrosses
et calèches de louage et un peu plus tard aussi les chaises
roulantes succédèrent aux chaises à porteur vers le milieu du
XVII® siècle. Après une période de liberté complète, de 4790
à 1800, des règlements intervinrent, et le prix des
courses fut fixé par la police . A partir de 4 847 , nulle voiture
publique ne put circuler sans autorisation spéciale. La
Compagnie impériale des voitui^es instituée en 4855 se
transforma en 4866 en Compagnie générale des petites
voitures, après que le gouvernement eut proclamé la liberté
des voitures. Le nombre des stations est aujourd'hui de
205 et celui des fiacres de 45.000 environ (voitures de
place et de remise). La principale compagnie avec la Com-
pagnie générale (3.446 voitures) est celle de l'Urbaine
(4750). Le nombre des voyageurs en voitures de place
est évalué à près de 30 millions par année. Quant aux
voitures dites de grande remise, elles se louent de gré à
gré. Il y a près de 95.000 cochers ; le permis de conduire
leur est délivré par la Préfecture de police.
Les tentatives d'établissement de voitures publiques à
itinéraire fixe, dites carrosses à 5 sols, échouèrent en somme
depuis celle de 4662 et les autres de l'époque révolution-
naire jusqu'en 4828, où deux services furent établis. En
4854, les diverses compagnies se fondirent en une seule,
la Compagnie générale des omnibus, en faveur de laquelle
l'administration municipale institua un monopole. Les
30 lignes d'omnibus qui fonctionnaient avant 4870 sont
remplacées aujourd'hui par plus de 400 lignes : omnibus,
tramways à traction de chevaux ou à traction mécanique
(vapeur, électricité ou air comprimé), funiculaire. On dis-
tingue les tramways de la Compagnie générale des omnibus,
les anciens tramways-nord, les anciens tramways-sud,
auxquels s'ajoute le chemin de fer sur route de Paris-
Arpajori.
Près de 300 millions de personnes sont transportées
chaque année par les omnibus et tramways. La Compagnie
générale des omnibus et tramways a 500 voitures (omni-
bus et tramways) et plus de 46.000 chevaux. Les lignes
les plus fréquentées sont celles de Madeleine-Bastille et
de Montrouge-Gare de l'Est. Les compagnies de chemin
de fer ont aussi organisé un service d'omnibus de famille
et de coupés, et deux d'entre elles ont môme un service
d'omnibus à itinéraires fixes. Un certain nombre de voi-
tures de courses et de tapissières, pouvant contenir parfois
jusqu'à 40 ou 50 voyageurs, sont employées comme voi-
tures d'excursions.
La circulation est exceptionnelle sur certains points, tels
que les boulevards ; près de 60.000 véhicules et de
70.000 chevaux et plus de 400.000 personnes se croi-
sent en une journée place de l'Opéra. De cette circulation
intense il résulte qu'il y a annuellement à Paris 450 per-
sonnes tuées et 4.200 blessées.
Chemins de fer. — Paris est le centre de tout le réseau
des chemins de fer de lap>ance, et toutes les grandes compa-
gnies, excepté celle du Midi, rayonnent autour de ce centre :
chemin de fer du Nord (gare du Nord), chemin de fer de
l'Ouest (ligne de Normandie: gare Saint-Lazare, et ligne
de Bretagne : gare Montparnasse), chemin de fer d'Orléans
(gare d'Orléans), chemin de fer de Paris-Lyon-Méditer-
ranée (gare de Lyon), chemin de fer de l'Est (gare de l'Est);
ceux de l'Etat n'ont pas de gares qui leur soient propres.
De la Compagnie d'Orléans dépend la petite ligne dite de
Sceaux, prolongée par voie souterraine jusqu'au Luxem-
bourg, et de la Compagnie de l'Est dépend la petite ligne
dite de Vincennes qui aboutit à la Bastille ; la petite ligne
dite des Moulineaux, de la gare Saint-Lazare à celle du
Champ-de-Mars, est une annexe de la Compagnie de l'Ouest.
Mais au pohit de vue exclusivement parisien, la principale
\oie ferrée est le chemin de fer de Ceinture qui fait en
35 kil. tout le tour de Paris, et dont le premier tiers, la
section du Bois de Boulogne, date de 4854. Il y a, au total,
à Paris, 24 gares et 30 stations de la Ceinture, et l'on pro-
cède actuellement (4899) à la construction d'un chemin
de fer métropolitain, qui mettra en communication par
voie souterraine les principaux points de Paris. Par voie
souterraine également, la tête de ligne du chemin de fer
d'Orléans sera prochainement reportée quai d'Orsay (ancien
emplacement de la Cour des comptes) . Le mouvement des
voyageurs dans les gares est d'environ 455 millions par an
et celui des marchandises de près de 40 millions de tonnes.
Bateaux-Omnibus. — Les premiers bateaux-omnibus
datent de 1867 ; ils portent les noms de mouches ou hi-
rondelles et dépendent d'une seule compagnie ; leur
1079
PARIS
nombre est de 106, et leurs stations dans Paris de ê>2 ;
ils transportent annuellement environ 25 millions de voya-
geurs et 3 millions et demi de tonnes de marchandises.
Postes, Télégraphes et Téléphones. — Le service des
postes a son origine dans le service des grands et petits
messagers formé vers le milieu du xii® siècle dans l'inté-
rêt des étudiants. Au milieu du xviii® siècle fut créé le
service pour l'intérieur de Paris désigné sous le nom de
petite poste. L'établissement du télégraphe à Paris date
de 1854 et celui du téléphone de 1881. Il y a lOo bu-
reaux de poste, 48 bureaux auxiliaires et environ 2.000
boites aux lettres. Les bureaux télégraphiques sont au
nombre de 416 et les cabines téléphoniques, de 120.
L'Hôtel des postes (rue du Louvre) est le siège de la di-
rection des postes, télégraphes et téléphones du dépar-
tement de la Seine.
VIII. Commerce et industrie. Approvisionne-
ments. — L'histoire de l'industrie et du commerce à
Paris avant la Révolution doit être cherchée avant tout
dans celle des corporations et de la hanse parisienne et
dans l'œuvre de Henri IV et celle de Colbert. Le Liut'e
des métiers de Paris, composé au xiii® siècle (V. Boileau
[Etienne], t. VII, p. 91), fournit le premier tableau d'en-
semble de la vie industrielle et commerçante d'une grande
ville telle que Paris.
Actuellement, il y a à Paris environ 300.000 patrons,
dont 27.000 étrangers ; on y compte 1 patron étranger
pour 11 patrons français, 1 employé étranger pour 15 em-
ployés français, 1 ouvrier étranger pour 12 ouvriers fran-
çais. Parmi les étrangers, les Belges dominent. A eux
seuls l'industrie et le commerce du vêtement emploient
plus de 300.000 personnes. Pour l'industrie du bâtiment,
très importante également à Paris, à partir de 1855, il
faut noter l'existence d'une série officielle des prix qui
existe depuis le commencement du siècle. Toutes les in-
dustries de luxe, en somme, sont particulièrement dévelop-
pées à Paris, entre toutes, l'orfèvrerie et la bijouterie, et
l'on sait combien sont réputés les articles dits de Paris, pro-
duit d'un certain nombre d'industries spéciales, celles de la
bimbeloterie, de la maroquinerie, des fleurs artificielles, des
coiffures, des éventails, des parapluies et ombrelles, etc.
La librairie, elle aussi, joue à Paris un rôle considérable. Le
caractère dominant de l'industrie parisienne réside dans la
multiplicité des petites entreprises ; le travail est très di-
visé, et les grandes usines ou manufactures sont peu nom-
breuses. Mais le commerce de ce qu'on appelle les grands
magasins administrés par des sociétés, le Louvre (22 mil-
lions de capital), le Bon Marché (20 millions de capital)
atteint les plus hauts chiffres connus enjnatière commer-
ciale ; le principal fait pour 160 millions d'affaires, chiffre
que dépasse seule une maison de Chicago qui vend, de
plus, des produits -alimentaires. A ne considérer que les
objets fabriqués, l'exportation de Paris représente le cin-
quième de l'exportation française. Une mention est due
ici à l'hôtel des ventes mobilières ou hôtel Drouot, non
pas tant à cause de l'importance des ventes auxquelles on
y procède que parce qu'il y a là comme un spectacle per-
manent.
En 1832, Paris eut des entrepôts de la douane : celui
de la place des Marais et celui de l'île des Cygnes; il n'a
plus aujourd'hui que Fentrepôt de la Villette; le stock
moyen annuel y est de 3 millions de kilogr. La douane de
Paris dispose aussi de cabinets-entrepôts, où sont déposés
des assortiments de marchandises dont la conservation
exige des soins particuhers. La compagnie dite des entre-
pôts et magasins généraux, qui est concessionnaire de
l'entrepôt de la douane à la Villette, possède en outre,
i6 autres entrepôts spéciaux et magasins généraux, entre
autres celui du pont de Flandre. En dehors de cette com-
pagnie, il existe un certain nombre d'entreprises damème
genre, ainsi la Halle aux cuirs ou entrepôt de Saint-Mar-
cel. La chambre de commerce de Paris remonte au xvii^ siècle.
upprimée en 1791 et rétaWie en l'an II, elle se compose
de 36 membres élus par environ 3.300 notables commer-
çants. Elle s'est toujours monti'ée fort active, et elle en-
tretient à Paris trois écoles supérieures de commerce ; son
hôtel de la place de la Bourse renferme une belle biblio-
thèque ouverte au public. Paris possède de plus cinq cham-
bres de commerce étrangères : britannique, italienne, aus-
tro-hongroise, belge, américaine. Il ne faut pas confondre
avec la chambre de commerce la Bourse de commerce,
fondée par le conseil municipal et inaugurée en 1889
(V. Bourse de commerce, VII, p. 825). Une autre institution
est due également au conseil municipal : la Bourse du tra-
vail, qui a pour but de suppléer aux bureaux de place-
ment. Installée d'abord rue Jean-Jacques-Rousseau (1887) ,
puis dans un bâtiment spécial (1892), dû à M. Bouvard,
et fermée peu après (1893), elle a été rouverte en 1895
(V. Bourse du travail, t. VIL p. 826). Les grèves ne sont
pas rares à Paris ; la dernière, celle des terrassiers et
d'autres ouvriers en 1898, a été particulièrement impor-
tante.
Quant à l'alimentation, les principaux de ses organes
sont, avec les Halles (V. ce mot, t. XIX, p. 766), les
marchés, les abattoirs, les entrepôts de liquides. Le marché
aux bestiaux de la Villette, où entrent annuellement près
de 3 millions d'animaux, couvre une superficie de près
de 22 hect. Les Abattoirs (V. ce mot, 1. 1, p. 26) sont au
nombre de 4 à Paris. Pour les liquides, les 2 entrepôts sont
ceux de Bercy, le plus grand, et de la Halle aux vins ou entre-
pôt Saint-Bernard, ce dernier étant plus particulièrement
affecté aux eaux-de-vie ; ils peuvent contenir chacun plus
d'un miUion d'hectohtres. La ville de Paris a 29 marchés
alimentaires régis par elle : 12 seulement sont couverts.
Les marchés concédés et surveillés par l'administration
sont au nombre de 20, tous couverts ; 4 marchés enfin
constituent des propriétés particulières en vertu de tolé-
rances ou d'autorisations anciennes. On compte de plus
o.OOO à 6.000 marchands ambulants ou des quatre-saisons.
Des deux foires qui subsistent encore, la foire aux jambons
et la foire au pain d'épices, la seconde surtout a bien
peu de chose à voir avec l'alimentation. Depuis 1881 la
circulation des marchandises par eau est libre, sous le
contrôle des ingénieurs et agents des ponts et chaussées.
Le port de Paris, qui comprend les parcours de la Seine,
des canaux Saint-Martin et Saint-Denis et de l'Ourcq, pré-
sente un développement de plus de 23 kil.; il y a sur la
Seine 21 bas-ports, dont 9 sur la rive gauche. Le trafic
du port de Paris dépasse sensiblement celui de tous les
autres ports de France et s'élève à 7 miUions de tonnes.
Paris a des sources minérales : celles de Passy et d'Au-
teuil, ferrugineuses froides ; celles de Batignolles et de
Belleville, sulfatées calciques avec production d'acide sul-
fhydrique. Les sources de Passy (V. ce mot), découvertes au
milieu du xvii^ siècle, sont devenues sans importance ; celles
d'Auteuil sont au nombre de 2 : la source Quicherat, dont
le débit est de 2.000 Htres par heure et la source commu-
nale ou Montmorency, non e^iploitée. La source des Bati-
gnolles donne ce qu'on appelle essentiellement des eaux
sulfurées accidentelles. La source de Belleville, dite source
de l'Atlas, est analogue; son débit est de 20.000 litres
par vingt-quatre heures (V. Belleville). D'autres eaux,
découvertes sur divers points, ne sont pas exploitées.
ÏX. Finances. — On no peut exposer ici Fhistoire
financière de Paris sous l'ancien régime, histoire assez
confuse. Les recettes de la ville se composaient déjà avant
tout du paiement de différents droits et des revenus de
ses domaines ; mais il faut dire au moins que les contri-
butions annuelles perçues à Paris à la veille de la Révo-
lution étaient de 78 millions, dont 36 d'octroi, sur les-
quels 30 revenaient au trésor royal, et rappeler que les
fameuses rentes sur l'Hôtel de Ville, origine des rentes sur
l'Etat, datent de 1522. Du ministère des finances dépendent
VHôtel des Monnaies (V. fig. à l'art. Antoine, t. III,
p . 251 ) et les deux manufactures de tabac sises à Paris. Paris
possède aussi un grand nombre d'établissements financiers
PARIS
— 4080
relevant de l'Etat entièrement {Caisses d'amortissement et
des dépôts et consignations), ou en partie (Banque de
France, Crédit foncier), ou bien ayant le caractère privé
{Comptoir d'escompte. Crédit lyonnais. Société géné-
rale, Crédit industriel), enfin, le plus ancien de tous, la
Bourse, dont le palais appartient à la ville de Paris. Au
point de vue de l'administration financière parisienne, il
faut distinguer le service départemental et le service mu-
nicipal. Les recettes sont encaissées dans le dép. de la
Seine, non par un trésorier payeur général, mais par un
receveur central, conformément à l'ordonnance des 5-i2i mai
1832 qui a supprimé la recette générale de Paris et
les recettes particulières de Sceaux et de Saint-Denis
pour créer une recette centrale du département. Pour com-
pléter le recouvrement des contributions de chaque exer-
cice, il lui a été accordé un délai plus long qui va jusqu'au
30 juin de la troisième année. En ce qui touche les dépenses,
les attributions de comptable départemental dans la Seine
sont confiées au caissier payeur central du trésor (loi du
18 juil. 1892).
Le service des contributions directes est organisé à
Paris sur des bases spéciales. Depuis la loi du 14 fructidor
an II, la répartition est faite par une commission spéciale
de 45 membres en l'an II, de 5 d'après la loi du 23 fri-
maire an III, de 7 d'après celle du 24 juin 4880; l'arrêté
consulaire du 5 messidor an VIII, qui porte que cette com-
mission des contributions directes « tiendra lieu de répar-
titeurs », donne la nomination de ses membres au préfet de la
Seine. Le nombre des commissaires répartiteurs adjoints
créés en 4849, et alors de 49, est aujourd'hui de 4G. Les
répartiteurs titulaires et les adjoints sont distribués entre
les arrondissements de Paris, suivant l'importance de la
matière imposable et le nombre des cotes portées aux
rôles, et ce classement est déterminé chaque année par un
arrêté préfectoral. Après avoir été de 40, puis seulement
de 20, le nombre des percepteurs-receveurs est mainte-
nant de 36 (loi du 7 avr. 4879). A Paris on tient compte
dans la répartition de l'impôt des portes et fenêtres, de
la valeur locative des immeubles (loi du 47 mai's 4852,
art. 40) ; sauf exception, les personnes habitant des locaux
d'une valeur matricielle inférieure à 400 fr. (500 fr. de
loyer réel) sont considérées comme ne devant pas l'iui-
position personnelle (art. 42, 48 et 20 de la loi du
24 avr. 4832) ; quant aux patentes, le tarif a été
rehaussé sur certains points (loi du 45 juil. 4880) ;
et les diverses taxes sont plus élevées. Le produit des
quatre contributions directes est pour la ville de Paris de
34 millions. En même temps que les percepteurs-rece-
veurs de Paris, le receveur central surveille les 24 per-
cepteurs et les receveurs des arrondissements de Saint-
Denis et de Sceaux, le receveur des amendes et condam-
nations pécuniaires, le receveur des droits universitaires
et le receveur des asiles publics d'aliénés. La direction
des contributions directes du département comprend un
directeur assisté de 3 premiers commis, 5 inspecteurs et
66 contrôleurs dont 48 pour Paris. L'enregistrement et
le timbre d'une part, les domaines de l'autre, forment
dans la Seine deux directions distinctes. A la direction
de l'enregistrement il y a 4 directeur assisté de 2 receveurs-
rédacteurs, 4 inspecteurs, 35 sous-inspecteurs et d'un
contrôleur de la comptabilité ; cette administration com-
prend de plus 3 conservateurs des hypothèques et 84 re-
ceveurs.
La direction des domaines a comme pei'sonnel 4 diretî-
teur, 4 inspecteur, 40 sous-inspecteurs, 4 receveur-ré-
dacteur, puis 4 receveurs des domaines à Paris et 8 hors
Paris. L'atelier général du timbre dépend de cette direc-
tion. La direction des douanes de Paris comprend 1 di-
recteur assisté de 2 inspecteurs, 1 receveur principal et
8 sous-inspecteurs ; les gares et ports de Paris et de la
banlieue occupent 44 receveurs particuliers ; celle des
contributions indirectes, 4 directeur assisté de 4 sous-
directeur, 4 receveur principal et 6 inspecteurs ; Paris a
4 entreposeurs de tabac et 4 service de la garantie des
matières d'or et d'argent complètement distinct qui est
composé d'un sous-directeur, 4 inspecteur, 4 receveur
principal.
Budget de la ville de Paris. — Ce budget qui dépasse
actuellement celui de la Belgique, lequel est de 350 mil-
lions, n'était, il y a un siècle, que de 7 millions environ.
L'obligation de dresser un budget remonte pour la ville
de Paris au règlement du 23 août 4783. Un état de pré-
vision des dépenses de l'année, présenté par la prévôté des
marchands, devait être arrête par le roi, dont l'autorisa-
tion devenait nécessaire pour qu'on put augmenter ou dé-
passer les crédits. Dès l'an YII, c'était l'octroi à lui seul
qui représentait presque la recette totale figurant au bud-
get ; les dépenses de police et d'assistance publique étaient
les deux principales. A partir de l'organisation de l'an Ylll,
le gouvernement ayant autorisé ou régularisé la perception
de divers revenus, droits de voirie, droits de location dans
les marchés, concessions de terrains dans les cimetières,
taxes d'inhumation, les recettes atteignirent, dès 4805.
22 millions, en 1820, 32 millions (plus 8 millions de re-
cettes extraordinaires), en 4850, 50 millions. Mais depuis
cette époque, le budget extraordinaire qui n'était que de
2 millions prend des développements considérables ; ali-
menté par des fonds d'emprunts, des subventions extraor-
dinaires du Trésor, il acquiert en quekjues années une im-
portance presque égale à celle du budget ordinaire. Le
budget total des recettes s'élève en 4860 à 458 millions
(404 + 54), en 4869 à 335 millions (468 -h 467). Sous
la troisième République, les recettes et les dépenses n'ont
cessé de s'accroître ; mais le budget extraordinaire affecté
alors surtout à tous les grands travaux, maintenant ratta-
chés pour la plupart au budget ordinaire, a été considé-
rablement réduit. De 245 millions en 4875, 246 en 4885,
293 et demi en 4895, le budget des recettes ordinaires est
en 4899 de 304.372.669 fr. ; de 54 millions et demi en
1895, les recettes extraordinaires sont inscrites au budget
de 4899 pour une somme de 54.303.000 fr., ce qui porte
le budget total de cette année à 358.675.669 fr. On cons-
tate que si elles représentent encore la moitié des recettes
ordinaires, les recettes de l'octroi ont relativement diminué
d'importance dans l'ensemble du budget depuis le second
Empire. La recette des contiibutions indirectes, bien
(pie la plus forte après celle de l'octroi, est cinq fois
moins importante.
Les droits d'entrée ayant été supprimés par le décret
du 49 janv. 4794, et les finances de la ville en étant ar-
rivées à un état fâcheux, la loi du 27 vendémiaire an VII
institua un octroi pour l'acquit des dépenses locales
(Y. Octroi, t. XXV, p. 240 ). Il y a 43 bureaux d'en-
trée. Pour prévenir la fraude dans l'étendue du département,
un octroi de banlieue a été établi, et l'administration de
l'octroi de Paris a été clk^rgée du service de la perception
(ordonnance du 44 juin 1847).
Les recettes de l'année 4898 se répartissent de la façon
buivante en 39 chapitres : contributions, 35.464.900 fr. ;
intérêts de fonds placés au Trésor et recouvrement sur
les porteurs d'obligations nuuiicipales des droits avancés
pour leurcompte, 6. 749.000 fr. ; octroi, 455.825.848 fr. ;
droits d'expédition d'actes et prix de vente d'objets mobi-
liers, 284. 500 fr. ; halles et marchés, 9.465.036 fr. ; poids
public, 359.400 fr. ; abattoirs, 3.756.835 fr. ; entrepôts,
2.602.000 fr. ; produits des propriétés communales,
2.144.026 fr. ; taxes funéraires, 948.040 fr. ; concessions
de terrains dans les cimetières, 2.484.945 fr. ; legs et do-
nations pour des œuvres de bienfaisance, 48.884 fr. ; loca-
tions sur la voie pubfique et dans les promenades publiques,
1.127.950 fr. : voitures publiques, 7.624.800 fr. ; droitb
de \oirie, 1.1 00 ..000 fr. : vente de matériaux provenant
du service des travaux, cessions de parcelles de terrains
retranchés de la voie publique, 449.500 fr. ; contribu-
tions dans diverses dépenses de voirie, d'architecture, de
pavage, de nettoiement, d'éclairage, etc., 4.244.688 fr. ;
1081 —
PARIS
contribution de VVÂnt et du dép. de la Seine dans les
frais d'entretien du pavé de Paris, 4.400.000 fr. ; taxe du
balayage, 3.120.000 fr. ; redevances diverses payées par
la Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le
gaz, 14.350.000 fr. ; abonnements aux eaux de la ville,
et produit des canaux et de divers immeubles dépendant
des établissements hydrauliques, 17.427.405 fr. ; exploi-
tation des voiries, vidanges, et égouts, 4.086.763 fr. ;
recettes et rétributions perçues dans divers établissements
d'instruction publique, legs et donations, 4.628.107 fr. ;
contributions de l'Etat dans les dépenses de la police mu-
nicipale et recettes de la préfecture de police ,11. 565 . 585 fr . ;
recettes diverses et imprévues, 1.898.291 fr. ; produits de
l'exercice 1897 et des exercices antérieurs non constatés
au compte, 100.000 fr.;recettesextraordinaires, 3 millions
197.990 fr. (ventes d'immeubles et de matériaux de dé-
molition, 2.141.550 fr., etc.), et recettes de fonds spé-
ciaux (ventes d'immeubles et de matériaux de démolition,
provenant d'opérations de voirie créditées sur fonds d'em-
prunts, 1.100.000 fr. et produits d'emprunts, 50 millions
576.715 fr.) ; au total, 353.729.119 fr.
Voici, d'autre part, quelles ontétéles affectations (43 cha-
pitres) : dette municipale, 105.717.814 fr. ; charges île
la ville envers l'Etat, frais de perception par les agents du
Trésor et restitution de sommes indûment perçues, 6 mil-
lions 896.830 fr. ; octroi, 10.696.482 fr.; administra-
tion centrale de la préfecture, caisse municipale et mai-
ries d'arrondissement, 9.720.085 fr. ; pensions et secours,
emploi de dons et legs pour des œuvres de bienfaisance,
2.524.729 fr. ; dépenses des mairies d'arrondissement,
858.150 fr. ; frais de régie et d'exploitation du domaine
de la ville, des halles, marchés, etc., 1.795.245 fr. ; tra-
vaux sanitaires, exploitation des voiries, assainissement
de l'habitation, 482.465 fr.; inhumations, 1.295.662fr.;
affaires militaires, sapeurs-pompiers, postes de sûreté,
corps de garde et casernes, 1.045.410 fr. ; garde répu-
blicaine, 2.624.500 fr. ; travaux de Paris (personnel et
matériel de la direction), 5.044.353 fr. ; architecture et
beaux-arts, 3.275.602 fr. ; voirie, 1.057.915 fr. ; voie
publique, 23.052.430 fr. ; promenades et plantations,
éclairage, voitures, etc. ; 12.945.735 fr. ; eaux et égouts,
9.747.735 fr. ; collège Rollin, bourses dans les lycées et
dans divers étabHssements spéciaux, subventions à des éta-
blissements d'enseignement supérieur, 1.569.880 fr. ;
instruction primaire et écoles supérieures cl profession-
nelles, 27.635.389 fr. ; assistance publique, ahénés, en-
fants assistés, établissements de bienfaisance, 29 millions
141.202 fr. ; dépenses diverses, 575.134 fr. ; dépenses
de la préfecture de police, 32.664.415 fr. ; fonds de ré-
serve du service ordinaire, 1.237.621 fr.'; réserve spéciale
non disponible, 1.604.500 fr. ; autres réserves spéciales,
5.545.126 fr. ; provision pour les dépenses des exercices
clos non constatées au compte, 100.000 fr. ; dépenses
extraordinaires, 3.197.990 fr. (travaux de voirie, 1 mil-
lion 686.000 fr. ; architecture, 575.000 fr., etc.); et
dépenses de fonds spéciaux (emplois de produits de vente
d'immeubles et de matériaux de démolition provenant
d'opérations de voirie créditées sur des fonds d'emprunts,
1.100.000 fr., et emplois de produits d'emprunts, 50 mil-
lions 576.715 fr.) ; au total (centimes compris), 353 mil-
lions 729.119 fr.
11 ne faudrait pas croire, du reste, que le budget munici-
pal représente d'une façon absolument complète toutes les
dépenses des services de la ville ; par suite de la confusion
instituée parla loi entre l'administration de la ville et celle
du département, le budget départemental offre au point de
vue municipal également un grand intérêt ; plusieurs ser-
vices de la préfecture sont mixtes. En 1H19 le budget dé-
partemental était déjà de 38 millions, des dépenses qui
sont devenues municipales figurant alors au département.
Les recettes départementales de l'année 1898 se répar-
tissent de la façon suivante en 16 chapitres : centimes
additionnels ordinaires, 14.701.319 fr. ; revenus et pro-
duits des propriétés départementales, 879.059 fr. ; pro-
duit des expéditions d'anciennes pièces ou d'actes de la
préfecture déposés aux archives, 7.860 fr. ; produit des
droits concédés au département, 145.000 fr. ; subven-
tions pour les dépenses du budget ordinaire, 9.279.538 fr. ;
ressources éventuelles du service des chemins de fer d'in-
térêt local et des tramways départementaux, 47.400 fr. ;
remboursements d'avances, 1.783.044 fr. ; recettes extra-
ordinaires (centimes additionnels extraordinaires, il mil-
lions 530.461 fr. ; produit des biens aliénés, 1.004.656 fr. ;
dons 0t legs, 4.800 fr. ; recettes accidentelles, 19.355 fr.) ;
au total (centimes compris), 39.402. 493 fr.— Les dépenses
inscrites pour lamêmeannéesontlessuivantes : dépensesobh-
gatoir es, 1.086. 908 fr.; pro])riétés départementales immo-
bilières, 1 .198.659 fr.; mobilier départemental, 18.960 fr. ;
routes départementales, 2.000.479 fr. ; chemins vicinaux,
1.740.431 tr. ; chemins de fer d'intérêt local et tramways
départementaux, 47.400 fr.; enfants assistés, maltraités ou
moralement abandonnés, 7.970.936fr. ; aliénés, 5 millionî>
567.471 fr.; assistance et hygiène publiques, 3.838.658 fr.;
archives départementales (matériel) et archives de la préfec-
ture de police, 19.260 fr. ; encouragements aux lettres, aux
sciences et aux arts, 113.558 fr. ; agricdture, commerce
et industrie, 67.095 fr. ; subventions aux communes,
121.500 fr. ; instruction publique, 759.815 fr. ; dépenses
diverses, 2.292.087 fr. ; dépenses extraordinaires, im-
putables sur le produit des centimes extraordinaires ou
sur les produits éventuels, 12.559.272 fr. ; au total (cen-
times compris), 39.402.493 fr.
Les règles de comptabilité posées dans l'instruction géné-
rale du 20 juin 1859 et le décret du 31 mai 1862 ayant
paru insuffisantes pour Paris, un décret du 28 déc. 1878
a doté cette ville d'un règlement spécial qui forme un
véritable code de comptabilité en 275 articles (modifié sur
un point par le décret du 21 févr. 1895). Le 4 avr. 1878
une loi avait institué près la caisse municipale un con-
trôle central, la recette centrale des finances n'ayant
jamais en fait exercé la surveillance qui lui revenait. La
comptabiUté départementale est soumise au règlement du
12juil. 1893.
Dette MuxiciPALE. — Les dettes de la ville étaient déjà
nombreuses avant 1789. Depuis, la dette municipale a beau-
coup augmenté encore, surtout dans la seconde moitié du
xix<^ siècle, les grands travaux de Paris ayant été faits
généralement avec de l'argent provenant d'emprunts,
ainsi sous le premier Empire, les halles et marchés, la
Bourse, des lycées, le canal de l'Ourcq. Les événements
de 1814 et 1815 et la disette des années 1815 et 1816
obUgèrent la ville à contracter 7 emprunts, montant en-
semble à 57 millions. Une somme de près de 11 millions
prêtée sous la Restauration et en 1830 par le Mont-de-
Piété, la Banque de Franco et le Trésor, fut remboursée
au moyen d'un emprunt de 40 millions contracté en 1832.
Plusieurs des emprunts contractés depuis sont amortis
également. La dette municipale comprend les annuités
d'emprunts et les diverses autres annuités, la dette immo-
bilière et la dette flottante. Depuis 1817, les emprunts
ont comporté des obligations à lots. Celui de 1865 a été
de 300 miUions. Les derniers datent des années 1869,
1871, 1875, 1876, 1886, 1892, 1894-96 et 1898. Les
autres annuités résultent principalement du rachat par
la ville de différentes entreprises d'utilité publique, par
exemple les canaux. Les dettes immobilière et flottante
sont peu importantes relativement, n'atteignant qu'au
chiffre de quelques millions. L'ensemble de la dette est
aujourd'hui de 4.941 miUions, dont 4.135 milhons pour
les emprunts proprement dits.
X. Assistance — On trouvera aux mots Assisiaxle
PLBLIQLE, t IV, p. 271. BuiiLAu, t. VÎII, p. 454 et Hô-
i'HAL, t. XX, p. ii53, tous les renseignements relatifs
à l'assistance publique à Paris, excepte toutefois en ce
qui concerne le service des aliénés (la gestion de ce ser-
vice passa de l'administration spéciale de l'Assistance pu-
PARIS
— 1082 —
])lique à l'administration centrale de la préfecture de la
Seine en 1867, et définitivement en 1874, après avoir fait
retour à l'Assistance publique de 1870 à cette date). Un
seul des o asiles ou établissements départementaux d'alié-
nés de la Seine est situé dans Paris, 1 asile Sainte-Anne.
Il date de 1864. A cet asile est annexé un bureau
d'admission qui reçoit tous les aliénés eiivoyés par les
familles, la Préfecture de la Seine ou la Préfecture do
police; au bout de quelques jours, les malades sont ré-
partis entre les asiles ou quartiers d'hospice.
L'assistance privée joue aussi un grand rôle à Paris. 11
y a dans cette ville un nombre considérable de sociétés
protectrices de l'enfance et de radolesconce, entre autres,
l'œuvre de l'Enfant-Jésus qui remonte à 175 'i-, la Société
de charité maternelle de 1784, l'œuvre des Enfanis dé-
laissés de 1803; puis des sociétés pour l'assistance des
adultes plus nombreuses encore, ainsi l'œuvre des Pauvres
malades, qui date de 16^29, celle du Bon-Pasteur du xvii^ siècle
également, la Société philanthropique de 1780. A côté de
quelques œuvres publiques d'assistance par le travail (refuge
municipal P. Roland, refuge municipal Nicolas Flamel), des
œuvres analogues d'assistance privée fonctionnent dans
divers arrondissements, notamment celle des YIII^ el XVIÏ^
arrondissements, qui associe intentionnellement un arron-
dissement riche avec un arrondissement pauvre ; le prin-
cipe de ces œuvres est de ne jamais fournir qu'un travail
temporaire et rémunéré par un salaire réduit.
En plus de ses hôpitaux publics, Paris possède un
grand nombre aussi d'hôpitaux privés : Péan, Interna-
tional, Rothschild, Boucicaut. Saint-Jacques, des Dames
Françaises, Saint-François, Saint-Joseph; puis 12 dis-
pensaires privés également, notamment le dispensaire Fur-
tado-Heine.
XI. Hygiène et prévoyance. — Des commissions
techniques sont chai'gées de proposer à l'administration les
mesures ayant pour but de maintenir l'hygiène et la salu-
brité : le conseil d'hygiène du département, les commis-
sions d'hygiène des arrondissements municipaux, le comité
départemental des épidémies, la commission municipale
d'assainissement des habitations et celle des logements in-
salubres.
Le Conseil d'hygiène du dép. de la Seine, créé en 1802,
sous le nom de Conseil de salubrité, est le premier qu'on
ait eu en France. A l'origine il n'était composé que de
4 membres ; il en comprend aujourd'hui 42, dont 24 titu-
laires qui sont nommés par le préfet de police sur une
liste de présentation établie au scrutin et sont presque
toujours des médecins et des savants des plus marquants, et
18 qui en font partie à raison' de leurs fonctions ; ce sont :
le préfet de police, président, le secrétaire général de la
Préfecture de police, le doyen de la Faculté de médecine, le
professeur d'hygiène et celui de médecine légale de la Fa-
culté, le directeur de l'Ecole de pharmacie, le président
du Conseil de santé des armées, le directeur du Service de
santé du gouvernement militaire de Paris, les ingénieurs
en chef des mines et des ponts et chaussées, le directeur
technique des eaux de Paris, Farchitecte en chef de la
Préfecture, le chef du service vétérinaire du département,
trois conseillers généraux, le chef de la 2® division et le
chef du bureau sanitaire à la Préfecture. Les attribu-
tions consultatives de ce conseil embrassent notamment
l'hygiène publique, l'examen sanitaire des halles et mar-
chés, des cimetières, et généralement des étabhssements
insalubres, la statistique médicale, les mesures à prendre
contre les épidémies, les recherches pour assainir les lieux
pubhcs et perfectiomier les procédés des professions qui
peuvent compromettre la salubrité. Il donne son avis sur
toutes les demandes en autorisation d'ouvrir des établisse-
ments dangereux, insalubres ou incommodes. Ses réunions
ont lieu deux fois par mois, et ses travaux ont été, à partir
de 1808, rassemblés en des publications administratives;
depuis 1895 le compte rendu en est même immédiate-
ment publié dans un bulletin spécial.
Les commissions d'arrondissement sont les auxiliaires
du Conseil d'hygiène; elles datent de 1851. Elles sont
chargées de recueillir toutes les informations qui intéres-
sent 1a santé publique,peuvent appeler l'attention du pré-
fet de police sur des causes d'insalubrité, visitent les mai-
sons dans lesquelles se produisent des cas d'affection
contagieuse. Chacune de ces 20 commissions est composée
de 9 membres nommés par le préfet de police sur la pré-
sentation du maire qui en est le président; ces membres
sont choisis parmi les habitants notables, mais 2 méde-
cins, 1 pharmacien, 1 vétérinaire, 1 architecte et 1 in-
génieur doivent toujours être compris dans leur nombre:
ils sont nommés pour six ans el renouvelés tous les deux
ans par tiers. Le maire peut appeler à les seconder un
certain nombre de membres adjoints. La commission se
réunit à la mairie. Le résumé des travaux de ces commis-
sions fait, chaque année, de la part du Conseil d'hygiène,
l'objet d'une étude spéciale.
Définitivement organisé en 1892, le service des épidé-
mies se compose essentiellement d'un comité permanent
formé de membres pris dans le sein du Consed d'hygiène,
au nombre de 5, d'un service de médecins inspecteurs des
épidémies au nombre de 6, d'un bureau de renseignements
placé à la Préfecture de poHce, des services de transport des
malades assuré par voitures spéciales réparties à Paris dans
o stations, et des étuves de désinfection de Paris (4) et de la
banlieue (21). La désinfection est gratuite pour ceux dont
le loyer est d'une valeur matricielle inférieure à 800 fr. à
Paris, à 400 dans les communes du département; elle est
gratuite également pour les chambi'es faisant partie d'hô-
tels garnis. Les services de transport et les étuves dépen-
dent de la Préfecture de la Seine. Le conseil municipal
a créé de plus un laboratoire de diagnostic des affections
contagieuses, et un service de vaccination gratuite à do-
micile a été organisé à Paris et dans la banlieue.
La commission municipale d'assainissement et de salu-
brité des habitations instituée par le préfet de la Seine en
1892 se compose, sous sa présidence, de 45 membres,
dont plusieurs conseillers municipaux et l'inspecteur
général de l'assainissement. La création d'un casier
sanitaire des immeubles de Paris eut lieu à la même
époque (1893) ; il est aujourd'hui presque terminé.
Depuis la loi du 25 mai 1864 la commission des loge-
ments insalubres à Paris est composée de 30 membres,
nommés par le conseil municipal lui-même, plus le préfet
de la Seine, président, un conseiller de préfecture et le
chef du bureau des logements insalubres qui sont membres
de droit ; parmi les membres choisis doivent figurer : un
médecin, un architecte ou un ingénieur, un membre d'un
bureau de bienfaisance et un membre du conseil des pru-
d'hommes. Il y a renouvellement par tiers tous les deux
ans. Les membres de la commission se partagent les dif-
férents quartiers de la ville. L'inexécution des travaux
prescrits par l'administration à la suite de leurs rapports
est constatée par les commissaires-voyers.
La surveillance de la salubrité des voies privées est
confiée au service des architectes de la Préfecture de police,
celle des garnis a été organisée dans le dép. de la Seine à
partir de 1878, principalement par Fordonnance du 25 oct.
1883 ; le service d'inspection sanitaire des logements loués
en garni se compose, pour Paris, de 10 médecins et 8 ar-
chitectes ; 5 autres inspecteurs (2 médecins et 3 archi-
tectes) sont chargés des communes du département. Quant
à l'inspection des établissements dangereux, incommodes
ou insalubres, elle est exercée dans le ressort de la Pré-
fecture de police par un service d'inspection composé de
12 inspecteurs; ce service est aidé par l'inspection vété-
rinaire sanitaire.
L'inspection médicale des écoles existe dans le dép. de
la Seine depuis 1879; il y a dans ce département 114 mé-
decins inspecteurs nommés par le préfet de la Seine sur
une liste de présentation dressée par la délégation canto-
nale ; ils doivent visiter au moins une fois par mois toutes
1083
PARIS
les écoles de leur circonscription. Les maires adressent au
préfet un rapport trimestriel sur le fonctionnement de ce
service et à l'inspecteur général du service d'assainisse-
ment un rapport annuel.
Le laboratoire municipal de chimie, qui fonctionne de-
puis 1879 et n'était, à l'origine, chargé que de l'étude
des falsifications des denrées ahmentaires, a pris un grand
développement; son personnel ne comprend pas moins
de 67 personnes. Un service d'inspection, divisé en dix
sections, à chacune desquelles sont préposés deux experts-
inspecteurs, procède à la visite de tous les étabHssements
de vente de denrées ahmentaires. Le laboratoire inspecte
aussi les établissements d'eaux minérales et les depuis
ou débits de pétrole et d'essences minérales. Un service
spécial a pour attribution l'examen des engins explosifs.
Les inspecteurs font annuellement près de 50.000 visites
et les chimistes plus de 20.000 analyses. Ce laboratoire
est contrôlé depuis 1899 par un comité permanent formé
de 14 membres du Conseil d'hygiène. — H y a de plus
dans la Seine un service d'inspection vétérinaire sani-
taire, divisé en 8 sections, qui s'assure de la qualité des
viandes; un laboratoire de micrographie est installé aux
Halles Centrales ; un autre, aux marchés aux bestiaux de
La Yillette.
Un dispensaire de salubrité a été institué pour la sur-
veillance de la prostitution ; les filles inscrites à la Préfec-
ture de pohce sont tenues de se présenter au dispensaire
au moins une fois par semaine; deux fois par semaine, ce
service médical visite sur place les filles des maisons de
tolérance ; il y a dans Paris, à ce point de vue, douze cir-
conscriptions, et un médecin du dispensaire est attaché à
chacune d'elles.
Il existe à l'hôpital Saint-Louis, au marché Saint-Honoré
et rue Caulaincourt des stations de voitures spéciales, dites
voitures d'ambulance urbaine, pour le transport des blessés ;
elles peuvent être requises par téléphone. Des postes do
secours spéciaux pour les noyés ont été instahés sur les
bords de la Seine et des canaux parisiens. Un service de
secours médicaux de nuit fonctionne depuis 1873. On a
dans chaque poste de police la liste des médecins, sages-
femmes et pharmaciens qui font partie du service ; le re-
couvrement des frais avancés par la ville est fait par les
percepteurs des contributions.
Les animaux trouvés errants sur la voie publique sont
envoyés à la fourrière de la Prélecture de pofice ; les chiens
y sont abattus trois jours après, s'ils n'ont pas été récla-
més ; les autres animaux sont vendus au profit de l'Etat
au bout de huit jours.
Insiitutions I)E prévoyance. "— Il suffira de signaler ici
les établissements et institutions de prévoyance qu'on
trouve à Paris. Leur nombre est remarquable. La Caisse
nationale d'épargne ou Caisse d'épargne postale est une
institution d'Etat qui remonte à 1881 ; la Caisse d'é-
pargne de Paris qui date de 1818 est privée; elle a dans
Paris et dans le département 39 succursales ; le montant
des soldes dus aux déposants est aujourd'hui de 160 mil-
lions et le nombre des livrets de près de 650.000. Il y a
à Paris plus de 150 sociétés de secours mutuels, !243 insti-
tutions de prévoyance ont été en outre créées par les syn-
dicats professionnels et les unions de syndicats, particuliè-
rement des bureaux de placement. Quelques sociétés de
prévoyance n'ont rien de professionnel, entre autres la
Fourmi. La Caisse nationale des retraites pour la vieillesse
(1850) et la Caisse d'assurances en cas de décès (1868) sont
des créations de l'Etat. Les premières assurances sur la
vie et contre l'incendie datent de 1787 et 1788. Aujour-
d'hui on compte principalement 18 compagnies d'assu-
rances contre l'incendie et 17 d'assurances sur la vie;
sont à signaler ensuite environ 30 compagnies d'assurances
maritimes, 20 d'assurances contre les accidents et 5 d'as-
surances agricoles. Le Mont-dc-Piété, qui date de 1777,
est à m'ientionner enfin avec les trois succursales et les
22 bureaux auxiliaires qu'il a dans Paris (V. Mont-de-
PiÉTÉ, t. XXIV, p. 213). Des agences non ofticielles de
prêts sur gages existent en très grand nombre.
XII. Instruction publique. — L'histoire de l'ins-
truction pubhque à Paris se confond, dès l'origine, avec
celle de l'Université de Paris (V.'Sorbonxe et Université).
L'Université prospéra si vite qu'elle donna son nom à tout
le quartier de la rive gauche. Les premiers collèges furent
souvent des sortes d'hôtelleriespour les étudiants, surtout
les étudiants étrangers : ainsi au xiii^ siècle celui de Dace
pour les Danois, celui de Constantinople pour les écoliers
d'Orient. 11 faut signaler les collèges des Bons-Enfants
(1209), des Bernardins (1244), de Calvi (1252), de
Sorbonne (1257), ceux du Trésorier (1268), de Cluny
(1269), des Dix-Huit (1280), des Cholets (1294), du
Cardinal-Lemoine (1302), puis le collège de Navarre fondé
par la reine et dans lequel tous les enseignements étaient
représentés (1304), ceux de Baveux (1309), d'Harcourt
(1312),deMontaigu(1314),dePresles et deLaon(1314),
du Plessis (1316), de Narbonne (1317), de Cornouaille
(1317), des Ecossais (1325), de Tréguier (1325), de
Bourgogne (1331), d'Arras (1332), des Lombards (1333),
de Tours (1334), de Lisieux (1336), de l'Ave Maria ou
de Hubant (1339), d'Autun (1341), de Boncourt (1353),
de Mignon, puis de Grandmont (1353), de Boissy (1358),
de Justice (1356), de la Marche (1362), de Dormans-
Beauvais (1370), de Maître-Gervais (1371), de Dainville
(1380), de Eortet (1393), ceux de Reims (1412), de
Séez (1428), de Sainte-Barbe (1460), le collège Coqueret
(1463). Du XVI® siècle datèrent les collèges du Mans (1519),
de la Merci (1522), de Clermont, puis de Louis-le-Grand
(1564), des Grassins (1569); au xvii® siècle, fut fondé le
collège de Mazarin ou des Quatre-Nations (1661). En
1T63, furent réunis au collège Louis-le-Grand, devenu
chef-lieu de l'Université, 28 petits collèges qui avaient
cessé de fonctionner régulièrement. En 1789, il y avait à
Paris 10 collèges de plein exercice, comptant 3.000 élèves.
L'enseignement élémentaire était donné par les petites
écoles sous la direction du chantre de Notre-Dame, qui
fut pendant tout l'ancien régime le grand-maître de ces
écoles, puis par les écoles de charité et aussi par la cor-
poration des maîtres-écrivains étal^lie en 1570. Pour des
enseignements spéciaux furent fondés successivement le
Collège de France (1 530) , le Jardin du roi (ensuite le Muséum ,
1626), l'Académie d'architecture (1671), l'Ecole des
ponts et chaussées (1747), l'Ecole militaire (1751), l'Ecole
de dessin (1767), l'Ecole des aits décoratifs (1768), le
Collège de pharmacie (1777), l'Ecole des mines (1783),
l'Ecole de chant et de déclamation (1784), puis des so-
ciétés libres, entre autres le Lycée (1781).
La Révolution n'établit à Paris que 3 écoles centrales :
Panthéon, Quatre-Nations et Saint- Antoine ; 3 écoles d'en-
seignement supérieur, l'Ecole polytechnique, l'Ecole nor-
male et l'Ecole des langues orientales sont des créations
de la (Convention ; 2, l'Ecole des beaux-arts et l'Ecole des
chartes, ont été créées par la Restauration ; 1, l'Ecole des
hautes études, parle second Empire ; 1 , l'Ecole des sciences
poU tiques, par la troisième République.
En môme temps ont été fondés, à Paris, depuis le
XVII® siècle, plusieurs autres établissements d'enseignement
plus spéciaux : l'Imprimerie nationale (1640), l'Observa-
toire (1667), le Conservatoire des arts et métiers (1794).
le Conservatoire de musique et de déclamation (1795),
l'Ecole centrale des arts et manufactures (1829), l'Insti-
tut agronomique (1848), l'Ecole de médecine et de phar-
macie militaires (1850), l'Ecole de guerre (1878), l'Ecole
du Louvre (1881), l'Ecole coloniale (1888); et aussi plu-
sieurs établissements libres : l'Institut catholique (1875).
l'Ecole d'anthropologie (1875), l'Institut Pasteur (1889),
l'Ecole des sciences sociales (1895), l'Union coloniale
française (1896). Paris renferme une centaine de sociétés
particulières qui méritent d'être appelées savantes.
L'administration de l'instruction publique comprend les
services centraux du ministère, ceux de Vacadémie de
PARIS
4084
/Vzr/i', ceux du dépurtemeiit et de la ville. Un des 8 ins-
pecteurs d'Académie en résidence à Paris est chargé de
diriger les services d'enseignement primaire du départe-
ment et de la ville, sous l'autorité du préfet. Dans
la Seine, le conseil départemental de l'enseignement pri-
maire se compose de 8 conseillers généraux, 4 inspecteurs
primaires, 14 instituteurs et institutrices. Chacun des
maires d'arrondissement est assisté des délégués canto-
naux, d'une commission scolaire et d'un comité de la
caisse des écoles.
Pour donner Fenseigiienient secoiidaire, il y a, à Paris,
lo lycées de l'Etat : l.ouis-lc-Grand, le seul qui reste de
Tancien régime (a été aussi appelé Lycée impérial et Des-
cartes), (-harlemagne (180ïi), Condoi'cet (1803, a été
iippelé aussi Bonaparte et Fontanes), Henri lY (1804, a
été appelé aussi Napoléon et Corneille), Saint-Louis (18^0,
a été aussi appelé Monge). puis le petit lycée Condorcet
pour les classes élémentaires (1883), Janson-de~Sailly
(1884), Montaigne ou petit lycée Louis-le-Grand (1885),
Buffon (1889), Voltaire (1890) et Carnot (ancienne école
Monge, 1894). 2 autres lycées parisiens, Michelet (1864)
et Lakanal (188o), sont situés, l'un à Vanves, l'autre à
Sceaux. Les collèges Rollin (18^27) et Chaptal (18i4), qui
appartiennent à la ville, sont, en fait, des lycées. Le
nomhre total des élèves de ces différents établissements
est d'en^iron 1^.000, et la plupart sont des externes.
(Jn n'y fait irs dans tous à la fois les cours de l'ensei-
gnement classique, ceux (ie l'enseignement moderne et
les cours préparatoires aux grandes écoles. L'établisse-
ment le plus complet à ce point de vue et celui (jui
compte les élèves les plus nombreux est le lycée Janson-
de-Sailly. Les 5 lycées de filles, Fénelon, Racine, Molière,
Lamartine et Yict or-Hugo sont tout récents, ayant été
ouverts entre 1883 et 1893. L'enseignement secondaire
lil)re se donne dans 3 établissements, dont les professeurs,
iuembres de FUniversité, sont considérés comme étant au
service de l'Etat : le collège Sainte-Barbe, qui date du
x^ ^ siècle, le collège Stanislas, établissement religieux fondé
sous la Restauration, l'Ecole alsacienne (1873), puis dans
quelques écoles catholiques, dont la principale est l'école
Sainte-Geneviève ou de la rue des Postes (ancien nom de la
rue Lhomond). Pour les filles existent les cours de l'associa-
tion de l'enseignement secondaire des jeunes filles qui
remontent à 1869 et le collège Sévigné.
L'enseignement primaire, enfin, est organisé fortement,
car il n'y a pas moins de 141 écoles maternelles (trans-
formation des salles d'asile de 18'26), 17 écoles enfan-
tines, 369 écoles primaires élémentaires, et les règlements
en ont été très étudiés. La ville a développé les cours
d'enseignements spéciaux, institué les cours du soir et les
classes de vacances, elle a inscrit à son budget des sommes
considérables pour les classes de garde, les cantines et les
colonies scolaires et pour le placement d'élsves dans des
internats primaires laujues libres, elle a subventionné les
caisses des écoles, les caisses d'épargne scolaires, et créé le
certificat d'études complémentaires et des écoles primaires
supérieures : Tiirgot (1839), Colbert (1869), Lavobner
(1872), Jean-Baptiste-Smj (iSlû) et Airigo (1880) pour
les garçons; Sophie-Germain (1882) et Edgar-Quiiiel
(1892) pour les filles; elle a fondé, de plus, des écoles
professionnelles et des cours professionnels du soir, une
école départementale d'instituteurs (1872), une d'institu-
trices (1873), et des cours normaux pour son personnel
enseignant, puis des cours d'enseignement supérieur po-
pulaire professés pour la plupart à l'Hôtel de Vilb^ même,
et une école pratique des langues vivantes (1893) qui
vient d'être su])primée.
BiBUoiHLQL'Ks et AiujiivLs. — Paris renferme un trè.^
grand nombre de bibliothèques : bibliotheijues de TEtatou
bibliothèques de radmniistratiun parisienne (V. Biblio-
iHLQUE, tig. 6. t. VI, p. 667. et Bn^uorHtQLT. rsAiioi'.xUx,
iig. et plan, t. VI, pp. 679 et 680). L'administration
parisienne a 3 bibliothèques centrales : la bibliothèque
historique séparée du musée (kuiiavalet en 1897 et ins-
tallée dans l'hôtel Lepelletier de Saint-Fargeau(Y. Câk-
,\AVALET [Hôtel]), la bibliothèque administrative du préfet
de la Seine (3().000 vol., catalogue publié en 1898), et
la bibliothèque du conseil municipal (16.000 a'oL, cata-
logue de 1898 égoalement), auxquelles on peut ratta-
cher les bibliothèques annexées aux archives de la Pré-
fecture de police et à celles de l'administration de
l'Assistance publique. Après les Archives nationales et
leurs succursales des ministères, le principal dép(»t d'ar-
chives conservées à Paris est celui des archives départe-
mentales et municipales réunies sous le nom d'Archives
de la Seine. Incendiées avenue Victoria en 1871, ces ar-
chives, installées aujourd'hui dans un bâtiment spécial,
constituent de nouveau, par suite de réunions, de dons ou
d'achats, un dépôt d'un grand intérêt. Si la plus ancienne
pièce est de 1112, les séries historiques y sont cependant
plutôt des séries modernes, commençant au xvi*^ ou au
xvn" siècle ou appartenant au xvui^ siècle : celles de
la juridiction consulaire, des administrations de l'enre-
gistrement et des domaines, des actes de l'état civil re-
constitué, puis celles des administrations de la période
révolutionnaire. Les fonds antérieurs à 1800 compren-
nent environ 5.000 carions et 11.000 registres. Une
bibliothèque technique, particulièrement riche en inven-
taires, fait partie de ce dépôt. Deux inventaires d'un
caractère général sont à consulter pour la partie histo-
rique : l'inventaire des fonds municipaux de la période
révolutionnaire (1892) et l'état d'accroissement des séries
anciennes publié en 1896 dans la Correspondance kis-
tnriqiie; des états spéciaux complètent ces inventaires.
Les arcbives de l'administration générale de l'Assis-
tance publique et celles de la Préfecture de police restées
à part, et dont une grande partie a disparu de même dans
les incendies de 1871, méritent d'être signalées, les unes
à cause de leur fonds du moyen âge, les autres à cause
de leui's registres des prisons et de leurs documents de
l'époque révolutionnaire principalement (V. les volumes
de l'inventaire des archives de l'Assistance publique parus
de 1866 à 1889 en les rapprochant de l'ouvrage de
Bordier et Brièle. intitulé les Archives hospitalières de
Paris (1877), etVEtat des Archives de la Préfecture de
police iijséré dans le Bibliographe moderne en 1898.
A côté de sa bibliothèfpie et de ses archives, la ville
de Paris a placé en 1860 un service de travaux historiques,
aujourd'hui réuni au premier de ces 2 établissements ; 16
ouvrages formant 37 volumes ont déjà paru sous sa di-
rection, comme aussi un atlas reproduisant les principaux
des anciens plans de Paris. Ce service surveille de plus la
publication d'une collection de documents relatifs à l'époque
de la Révolution ; il existe 3 séries de ces documents qui
comprennent au total 12 ouvrages et 34 volumes. Une
commission formée d'érudits, de conseillers municipaux
et d'administrateurs, en tout 18 membres, a été appelée à
diriger les travaux historiques (1881) ; 2 autres commis-
sions ont le titre, l'une de commission des recherches sur
l'histoire de Paris pendant la Révolution (1886), l'autre
de commission de contrôle pour la publication de docu-
ments de l'époque révolutionnaire (1887). Au service des
ti'avaux historiques se rattache le comité des inscriptions
parisiennes créé en 1879. Une commission enfin a été
instituée pour la l'echerche des voies romaines au X. de
Paris.
XIII. Beaux-arts. — Sans rappeler ici les palais,
les églises, les théâtres, les anciens hôtels que Paris ren-
ferme (Y. ci-dessus, î^ Description générale et aux diffé-
rents mots), il faut, pour donner une idée suffisamment
exacte de toute la place qu'il tient dans l'histoire de l'art,
enumérer les principaux autres monuments et œuvres d'art
qu'il possède et dire tout le mou\-cment artistique dont il
est Lame.
Paris possède 4 arcs de triomphe : l'arc de triomphe
de ri^toile et celui du Carrousel (Y. Arc, fig. 6, t. Ill,
— 1085
PAHIS
p. 601), la porte Samt-Denis et la porte Saint-Marliu ;
Î2 tours : la tour Saint- Jacques et la tour Eiffel (V.
%. à l'art. Eiffel, t. XV, p. 712) ; 3 colonnes monu-
mentales : la colonne de Juillet, la colonne Vendôme et
l'Obélisque; un très grand nombre de statues d'hommes
célèbres ou de monuments commémoratifs érigés dans ses
rues, et ses jardins ou dans des cours d'édifices publics :
les statues de François Arago, boulevard Arago, par Oliva;
d'Eug. de Beauharnais, à THùtel des Invalides, par Du-
mont; de Beaumarchais, rue Saint- Antoine, par Claussade;
de Déranger, au square du Temple, par Doublemard ; de
Berlioz, au square Vintimille, par Alfred Lenoir ; de Claude
Bernard, rue des Ecoles, par E. Guillaume ; de Bichat,
à l'Ecole de médecine, par David d'Angers; de Louis
Blanc, place Monge, par Delliomme ; du sergent Bobillot
(V. fig. à l'art. Bobillot), boulevard Richard-Lenoir,
par A. Paris ; de Broca, au terre-plein de l'Ecole de mé-
decine, par Choppin; de Guillaume Budé, au Collège de
France, par L. Bourgeois ; de Chappe, boulevard Saint-
Germain, par Damé ; de Charcot, boulevard de rilô-
pital, par Ealguière; de Cbarlemagne, place du Parvis-
Notre-Dame, par les frères Hochet ; d'Alain Chartier, rue
de Tocqueville, par Moncel ; de Condorcel, quai (Àmti,
par Perrin; de Cuvier, au Jardin des Plantes, par Mer-
lieux; de Dante, rue des Ecoles, par Aube; de Danton,
boulevard Saint-Germain, par A. Paris ; de Maria De-
raismes, au square des Epinettes, par Barrias ; de Dide-
rot, boulevard Saint-Germain, par Gautherin, et square
Trudaine, par Lecointe ; de l'abbé de l'Epée, rue Saint-
Jacques, par F. Martin; de Frédérick-Lemaître, au square
des Ecluses-Saint-Martin, par P. Granet ; de Gribeauval,
aux Invalides, par Bartholdi ; de Gutenberg, à l'Impri-
merie nationale, d'après David d'Angers ; de Valentin Hany,
à l'institution des Jeunes-Aveugles, par Badion de la Tron-
clière; de Henri IV, au Pont-Xeuf, d'après Jean de Bo-
logne ; de Jeanne d'Arc, place des Pyramides, par Fi'é-
miet, et rue Jeanne-d'Arc, par Chatrousse ; du berger Ju-
pille, à l'institut Pasteur, par Truffot; de Lamartine,
avenue Henri-Martin, par Marquet-Vasselot ; de Larrey,
au Val-de-Gràce, par David d'Angers ; de Nicolas Le-
blanc, au Conservatoire des arts et métiers, par Hiolle;
de Jean Leclaire, square des Epinettes, par Dalou ; de
Ledru-HoUin, avenue Parmentier, par Steiner; de Le Sueur,
au Luxembourg, par Husson; de la Liberté éclairant le
monde, au pont de Grenelle, d'après Bartholdi ; de (a Loi,
place du Palais-Bourbon, par Feuchère; de Louis XIII,
place des Vosges, par Dupaty et Cortot ; de Louis XIV,
place des Victoires (V. la fig. à l'art. Bosio, t. VIL p. 4o5),
par Bosio; d'Etienne Marcel, dans le jardin de l'Hôtel de
Ville, par Idrac et Marqueste ; dé Meissonier, au jardin
du Louvre, par Mercié ; de Napoléon P"^, aux Invalides,
par Bartholdi; de Neuville, place V\^agram, par Saint-
Vidal; du maréchal Ney, boulevard Saint-Michel, par
Rude ; de Bernard Palissy, square Saint-Germain-des-
Prés, par Barrias ; de Papin, au Conservatoire des arts et
méliers, par Aimé Millet; de Parmentier, à l'Ecole de
pharmacie, par Hébert; de Pascal, à la tour Saint- Jacques,
par CaveUer ; de Pinel, place de l'Hôpital, par L. Durand;
de Raspail, au square de la place Denfert-Rochereau,
par les frères Morice ; de Rollin, au collège RoUin, par
Début; de la République, place de l'Institut, par Soitoux ;
de Ricord, boulevard de Port-Royal, par Barrias ; de
J.-J. Rousseau, place du Panthéon, par Berthet ; de
Sainte-Beuve, au Luxembourg, par Puech ; de Sedaine,
square Trudaine, par Lecointe ; de Shakespeare, boule-
vard Haussmann, par Knighton ; de Vauquelin, à l'Ecole de
pharmacie, par P. Habert; de Velasquez, square du
Louvre, par Frémiet ; de Villon, square Monge, par
Etcheto ; de Voltaire, square Monge, d'après Houdon,
([uai Malaquais, par Caillé, à la mairie du IX<^ arrondisse-
ment, par Lambert; — les monuments d'Augier, place de
rOdéon, par Barrias ; de Théodore de Banville, au Luxem-
bourg, par Roulleau ; de Barye. boulevard Henri IV, par
Marqueste ; de Boucher, au jardin du Louvre, par Aube ;
de Charlet, au square de la gare de Sceaux, par A. Char-
pentier ; de Coligny, au temple de l'Oratoire, parCrauk;
de Daubenton, au jardin des Plantes (colonne); de De-
lacroix, au Luxembourg, par Dalou ; des bienfaiteurs de
l'Ecole polonaise, rue Lamandé, par Godebski ; d'Etienne
Dolet, place Maubert, par Guibert ; de Ducheime. à la
Salpétriêre, parDesvorgne et Debrie ; d'Alexandre Dumas,
place Malesherbes, d'après Gustave Doré ; de Flachat,
rue Eugène Flachat, par Alfred Boucher; de la mission
Flatters, au parc de Montsouris, parSingery (pyramide);
de Gambetta (V. fig. à l'art. Boilkal, t"^, VH, p. 99),
place du Carrousel, par Aube ; de Francis Garnier, ave-
nue de l'Observatoire, par Puech; de l'indépendance amé-
ricaine, place des Etats-Unis, par Bartholdi ; dTngres,
à l'Ecole des beaux-arts, par E. Guillaume; de La Fon-
laijie, au Ranelagh, par Dumilàtre ; do Leconte de Liste,
au Luxembourg, par Puech ; de Le Verrier, à fOhser-
vatoire, par Magne et Chapu; du Lion de Belfort, place
Denfert-Rochereau, d'après Bartholdi; de Guy de Mau-
passant, au parc de Monceau, par Verlet; dû maréchal
Moiicey, place de Clichy, par Doublemard ; de Murger, au
Luxembourg, par Bouillon; de Raffel, au jardin du
Louvre, par Frémiet; d'Henri Regnaull, à l'Ecole des
beaux-arts, par Chapu; de Kenaudot, ruedeLutèce, par
Altred Boucher; de la République, place de la Répu-
bli([ue, par les frères Morice (la statue a 9'-', 50 de hau-
teur) ; des soldats morts pour la patrie ou de la Défense
nationale, place de Fontenoy (pyramide): de Watteau, au
Luxembourg, par Gauguié.
C'est dans ce siècle et dans cette lin de siècle surtout
que Paris s'est ainsi couvert de monuments commémo-
ratifs et de statues. Pour les fontaines publiques, intéres-
santes au point de vue artistique, il y a lieu, au contraire,
de distinguer les époques. Il faut signaler comme fontaines
du xvi'^ siècle celles de l'Arbre-Sec (15^29), dont l'inté-
rieur a été réédifié en i77o sur les dessins de Soufïlot, et
des Innocents (1530), dessinée par Pierre Lescot et sculptée
par Jean Goujon (V. fig. à l'art. France, t. XVH,
p. M 10 ; AucHiiECTiiRE, lig. 5, t. III, p. 734). puis com-
plétée à la fin du xviii^ siècle par Pajou. Mézières. Danjou
etLhuillier; pour le xvii^ siècle, la fontaine de Médicis ; j)our
le xviii*^, les fontainesdela rue de Grenelle (V. fig. à l'art.
BoucHARBON, t. VII, p. 5^26), œuvre remarquable, cons-
truite par Bouchardonde 1739 à 17 lo. des Haudrieltes
(de 1770 environ), où l'on peut voir une jolie naïade (ie
Mignot, et de la Poissonnerie ou de Jarente (V. Fontaine,
fig. 3, t. XVH, p. 731), petit édicule de 1783, construit
sur les dessins de Caron. Les fontaines à citer pour le
xix^ siècle sont assez nombreuses ; ce sont celles : de la
Victoire ou du Palmier ou du Châtelet (1806), par Bralle.
Boizot et Jacquemart (V. fig. à l'art. Boizot) ; Saint-
Georges (1824), par Constantin ; Caillou oud'/uitin {i8'28),
par Jacquot, Derre et Combette, d'après Visconti ; de la
Concorde (1836-46) (V. Foniaine, fig. 7, t. XVH.
p. 734); Cuvier (1840), construite sur les dessins de
Vigoureux et sculptée par Feuchère et Pomateau ; Molière
(1841-44), dessinée par Visconti, etcù la statue de Molière
est l'œuvre de Seurre aîné, les autres figures étant de
Pradier; de l'Archevêché ou Notre-Dame (1843), édifiée
sur les dessins de Vigoureux et sculptée par Merlieux ;
Louvois (1844), dessinée par Visconti et sculptée par
Klagmann ; Saint-Sulpice ou des Prédicateurs (1847), des-
sinée par Visconti, représentant les quatre grands maîtres
de la chaire : Bossuet par Feuchère, Fénefon par Lanno,
Fléchier par Desprez, Massillon par Fauginet (le reste de
l'ornementation est dû à Derre) ; Saint-Michel (1858-60),
par Davioud, la statue du saint étant de Duret, les dra-
gons de Jacquemart, le reste de Barre, E. Guillaume,
Robert et Gumery ; du Théâtre-Français (1872-74), dues
à Davioud et ornées de nymphes, œuvres de Carrier-Bel-
leuse et de Mathurin Moreau ; de l'Observatoire (1875),
dessinée par Davioud et représentant les quatre parties du
PARIS
— 1086
monde (ciief-d 'œuvre de Carpeaiix) ; les animaux sont dus
à Frcmiet, le reste est de Legrain et de Yilleminot (V.
fig. à Fart. Carpeaux, t. IX, p. 515). La dernière fon-
tame, celle du Trocadéro (1878), n'est pas encore ter-
minée ; elle est l' œuvre de Falguière, Frémiet, Gain, etc.
On sait que les musées de Paris sont nombreux, musées
d'un caractère général et musées spéciaux (Y. Musée,
t. XXIV, p. 592) : le Louvre pour l'histoire de Fart tout
entière, le Luxembourg pour l'art contemporain, le musée
de Cluny consacré particulièrement au moyen âge et a la
Renaissance, le musée Guimet ou musée des religions et
de l'antiquité asiatique (V. Guimet, t. XIX, p. 594), les
quatre musées appartenant à la ville de Paris (Carnavalet,
Galliera, Gernuscbi et Champs-Elysées), le musée de sculp-
ture comparée du Trocadéro ou musée des moulages (1882) ,
le musée des Arts décoratifs (1877), qui est la propriété de
ITnion centrale des arts décoratifs, et ceux qui font partie
de divers établissements publics : Bibliothèque nationale
(cabinets des estampes et des médailles), Garde-Meuble
(V. Garde, t. XVIlï, p. 507, et ARcmTEciuRE, t. lïl, fig. 6,
l^.loQ), Théâtre-Français (Y. Comédie-Française, t. XIÏ,
p. 1), Opéra, Gobelins (Y. ces mots). Ecole natioïiale
des beaux-arts (Y. Ecole, fig. 1 et 2, t. XY, p. 307).
Le musée Carnavalet (\ . ce mot) est le musée historique
de la ville de Paris ; le musée G alhera (1 895) , particulière-
ment riche en vieilles tapisseries, contient des œuvres d'art
de tous genres appartenant à la ville, tandis que le musée de
. Champs-Elysées (1888) est, en quelque sorte, le musée de
l'art municipal; par suite de la démolition du palais des
Champs-Elysées, ses collections viennent d'ailleurs d'élve
transportées dans des dépôts; il était, à roriginc, ins-
tallé à Auteuil. Le musée Cernuschi( 1895) occupe, (omme
le musée Galliera, un hôtel légué à la ville ; û con-
tient des collections d'objets delà Chine et du Japon, entre
autres une très grande statue en bronze du Bouddha. La
société du Yieux-Montmartre a entrepris la constitution
d'an musée de Montmartre. Mais bien des œuvres d'art
peuvent se trouver ailleurs que dans les rues ou les
musées (Y. Archives nationales, t. Iïï,p. 752), Biblio-
thèque nationale, Banque de France, Yal-de-GrAce,
Panthéon, Bourbon [Palais], Hôtel de Yille, Sorbonne,
Palais de Justice, Lambert [Hôtel]).
En dehors de l'administration centrale des beaux-arts,
en dehors des musées et des écoles où sont enseignés les
arts, il existe d'autres manifestations de la vie artistique
do Paris, qui sont de véritables institutions : d'abord le
Salon annuel (Y. Exposition, t. XYI,p. 969), qui fut dé-
doublé de 1890 à 1898 par suite de la scission qui se
produisit parmi les membres de la Société des artistes
français (fondée en 1881 et reconnue d'utihté publique),
dontun groupe forma la Société nationale des beaux-arts,
moins conservatrice des traditions ; puis les expositions an-
nuelles aussi de l'Association des artistes indépendants
(1881) et d'associations mondaines, le Cercle de l'union ar-
tistique qui remonte à 1860, le Cercle artistique et litté-
raire, précédemment des Beaux-Arts (1864). D'autres so-
ciétés l'ont aussi des expositions : la Société des aquarelbstes
français (1878), l'Union des femmes peintres et sculpteurs
(1881), reconnue d'utilité publique ; la Société des artistes
graveurs au burin (1882), celle des pastellistes français
(1884). D'autres encore ont plus spécialement pour but non
d'exposer, mais d'entretenir le goût des arts et de favo-
riser leur développement : la Société française des amis
des arts (1885), la Société libre des beaux-arts (1830),
la Société de Saint-Jean (ou de l'art chrétien, 1872), re-
connue d'utihté pubUque ; la Société populaire des beaux-
arts (1894), la Société des amis de l'eau-forte (1897),
celle des artistes lithographes français (1884), l'Union
centrale des arts décoratifs (1863), reconnue d'utilité
publique; la Société des amis du Louvre (1897), celle des
iconophiles (1895), Les sociétés archéologiques, qui se sont
proposé d'étudier l'histoire de l'art ou d'assurer la conser-
vation des monuments, ne doivent pas être oubliées ici :
la Société de l'histoire de l'art français (1872). celle des
amis des monuments ou comité des monuments français,
fondée en 1885 sous le nom de Société des amis des mo-
numents parisiens. Six autres du même genre ont un
caractère exclusivement parisien et même n'ont trait eha-
cune qu'à une région de Paris : le Yieux-Montmartre
(1886), la Société d'Auteuil et de Passy (1892), la Mon-
tagne Sainte-Geneviève (1895), Le Faubourg Saint-Antoine
(1899) et celles des YF (1897) et YIll^ arrondissements
(1899). On remarquera que presque toutes ces sociétés sont
très récentes et datent de la troisième RépubUque.
L'administration municipale s'est, de son côté, occupée des
questions artistiques avec solhcitude. Un service spécial
des beaux-arts fonctionne à l'Hôtel de Yille sous la direc-
tion d'un chef qui porte le titre d'inspecteur des beaux-
arts de la ville de Paris. La ville a depuis 1816 à son
budget un crédit pour commandes de travaux de peinture,
sculpture et gravure et pour acquisitions d'œuvres d'art ;
elle dépense actuellement pour cet objet plus de 200.000 fr.
par an. La commission administrative des beaux-arts, créée
en 1881, est appelée à donner son avis sur les commandes
de travaux d'art, à proposer au choix de Fadministration
les artistes auxquels il conviendrait de les confier, à en sur-
veiller l'exécution et à procéder à la réception définitive des
travaux. Vue commission dite de décoration de FHôtel de
Yille se transforme enjury des concours pour cette décoration
par l'adjonction d'un certain noml^re de membres pris parmi
les artistes et un comité techniijue, institué en 1896, exa-
mine, sous le rapport artistique, les questions de travaux
publics à exécuter dans Paris. Vwe commission aussi est
préposée à la surveiUance des musées municipaux. Déjà, en
1875, l'administration municipale avait entrepris l'inven-
taire des (euvres d'art de la ville et du département, qui a
été terminé en 1889. En 1897, une grande commission a
été instituée sous le nom de Commission du vieux Paris
et chargée de rechercher les vestiges du vieux Paris, de
constater leur état actuel, de veiller, dans la mesure du
possible, à leur conservation, de suivre au jour le jour les
fouilles et les transformations et d'en conserver des preuves
authentiques ; elle est composée à la fois de conseillers,
d'administrateurs et d'érudits et publie les procès-verbaux
de ses séances.
Au point de vue musical, le rôle de Paris n'est pas
moindre. On sait que les grands concerts qu'il possède ne
sont pas assimilables aux entreprises théâtrales et que le
but qu'on s'y propose est, avant tout, artistique ; ce sont
d'ailleurs des sociétés d'amateurs qui les administrent. Les
plus anciens et les plus fameux sont les concerts de la
Société du Conservatoire de musique, qui ont lieu au Con-
servatoire ; à côté d'eux ont brillamment réussi les concerts
de F Association artistique, dits aussi concerts Colonne, au
théâtre du Châtelet et au Nouveau-Théâtre, et ceux de la
Société des nouveaux concerts ou concerts Lamoureux, au
cirque des Cliamps-Elysées (Y. Concert, t. XÏI, p. 297). Les
concerts de FOpéra n'ont duré que de 1896 à 1898. Les con-
certs d'Harcourt,les quatrièmes de Paris, n'ont pas heu tous
les ans. Comme sociétés musicales, il convient d'indiquer à
celte place la Société des chanteurs de Saint-Gervais, vouée
à l'exécution de l'ancienne musique et la Société des grandes
auditions. En 1875, Fadministration municipale a institué
un prix de 10.000 fr. à décerner chaque année à la meilleure
symphonie avec soli et chœurs, les œuvres composées pour
le théâtre et celles qui présentent un caractère rehgieux
étant exclues du concours ; la partition récompensée est
ensuite exécutée aux frais et par les soins de la ville.
XIV. Spectacles et divertissements. — Le plus
ancien heu de spectacle (Y. aux différents noms des théâtres)
qu'on ait à mentionner dans l'histoire de Paris est l'am-
phithéâtre de la rue Monge (Y. plus haut), qui existait
encore au temps du roi Chilpéric l®'' ; c'était peut-être un
théâtre en même temps qu'un cirque. On donnait en tout
cas des représentations théâtrales à Paris lorsque l'em-
pereur Juhen y habitait. H faut descendre jusqu'au xv® siècle
1087
PARIS
pour constater l'existence à Paris d'un théâtre permanent ,
celui des Confrères de la Passion qui jouèrent successive-
ment à l'hôpital de h Trinité (1402-1539), à l'hôtel de
Flandre (1539-43) et à Fhôtel de Bourgogne (1543-48).
Des représentations étaient données aussi par les Clercs
de la Basoche et les Enfants-Sans-Souci, puis par les
foires Saint-Germain, Saint-Laurent et Sainte-Ovide. On
voit successivement apparaître le théâtre des Comédiens
ordinaires du roi à l'hôtel de Bourgogne (1588), le théâtre
du Marais (1600), l'IUustre-Théâtre (1643), la Comédie-
Italienne (1653), le théâtre du Palais-Royal (1660), où
s'installa Molière, TOpéra (1671), la Comédie-Française
(1681), F Opéra-Comique (1752), le théâtre de Nicoletou
des grands danseurs du roi (1759), puis de la Gaîté,
rAmbigu-Comique(1769), les Variétés-Amusantes (1778),
ensuite théâtre du Palais-Royal, l'Odéon (1782), les Beaujo-
lais (1783), ensuite théâtre Montansier, Palais-Royal,
Variétés, les Délassements-Comiques (1785), le théâtre
de Monsieur ou théâtre Feydeau (1789). Plusieurs théâtres
furent ouverts pendant la Révolution, le théâtre Molière
(1791), le théâtre Louvois (1791), celui de la Cité (1792),
d'abord appelé Henri IV et théâtre du Palais, celui du
Vaudeville (1792), puis le théâtre National (1793). Le
décret du 8 août 1807, qui réduisit à 8 le nombre des
théâtres. Opéra, Comédie-Française, Opéra-Comique, Odéon
ou théâtre de l'Impératrice, Gaîté, iVmbigu, Variétés et
Vaudeville, supprima quinze théâtres, notamment ceux de
la Cité, de Molière, du Marais, de la Porte-Saint-Martin,
des Jeunes-Elèves, des Jeunes-Artistes, des Jeunes-Comé-
diens, des Nouveaux-Troubadours, de la Victoire, de la
rue Vieille-du-Temple. Malgré quelques tentatives de ré-
tabhssement, Paris perdit définitivement, en 1879, son
théâtre Italien, installé alors dans la salle Ventadour. Le
Gymnase, un théâtre des Nouveautés aujourd'hui détruit,
le théâtre de la Porte-Saint-Martin et le premier théâtre
de la Renaissance datent de la Restauration ; les Folies-
Dranieatiques et le théâtre du Palais-Royal (en tant que
théâtre consacré aux vaudevilles), de 1831. Le régime de
la liberté des théâtres, qui remonte à 1791 et fut supprimé
en 1807, n'a été rétabli qu'en 1864. Avec les quatre
théâtres subventionnés, la Gaîté, l'Ambigu, les Variétés,
le Vaudeville, le Gymnase, la Porte-Saint-Martin, lesFo-
hes-Dramatiques et le Palais-Royal, les théâtres actuelle-
ment existants sont les suivants : les Bouffes (1857), le
théâtre Déjazet (1859), le Chàtelet (1862), les Nations
(1862), le théâtre de Cluny (1864), les Nouveautés (1878L
1 Athénée-Comique (1894), ou Comédie-Parisienne, le
théâtre de la République, ou du Château-d'Eau, le plus
grand de Paris, le théâtre Antoine, précédemment des
Menus-Plaisirs, le théâtre lyrique de la Galerie-Vivienne,
le Nouveau-Théâtre, les RoulFes-du-Nord, le théâtre Mon-
cey, puis les théâtres de l'ancienne banlieue, salles des
BatignoUes, de Montmartre, de Belleville, des GobeUns,
de Montparnasse, de Grenelle et des Ternes. Le théâtre
de la Gaîté et les 2 théâtres de la place du Chàtelet,
Chàtelet et Nations, ou, depuis 1899, théâtre Sarah-
Bernhardt, appartiennent à la ville de Paris. Parmi tant
d'entreprises très récentes et qui tendent à renouveler
l'art, quelques-unes ont particuUèrement réussi : le théâtre
Libre (1887), le théâtre d'Application (ou la Bodinière,
1887) et l'OEuvre (1892). Le succès du cabaret du Chat-
Noir (1882-97) a fait surgir, principalement à Mont-
martre, de nombreux cabarets analogues, se quahfiant
d'artistiques et dont la vie n'est jamais qu'éphémère. Le
cabaret Bruant en est un des types. Le nouveau théâtre
des Funambules (1898) est, comme l'ancien, un théâtre
de pantomimes.
Une salle est consacrée à des séances de prestidigita-
tion, de magie : le théâtre Robert-Houdin. Trois ont un
genre mixte, à la fois théâtres, cirques, cafés-concerts :
les FoHes-Bergère, l'Olympia et le Casino de Paris. Les
cirques que Paris possède actuellement sont au nombre
de 4 (V. CiRQCE, t. XI, p. 458). H y a près de 300 cafés-
concerts (V. (afé-Concert, t. Vni, p. 737) et beaucoup
d'entre eux jouent de véritables pièces. Les principaux bals
publics (V. Bal, t. V, p. 44) joignent à leur programme
une partie de café-concert. Un spectacle à mentionner à
part est celui qu'offre le musée Grévin (V. Grévin, t, ilX,
p. 399). Malgré tant de spectacles, Paris a gardé ses
fêtes foraines tenues successivement trois semaines environ
dans chaque arrondissement ; la fête de la barrière du
Trône, ou foire au pain d'épices, conserve une grande
vogue, de même qu'une autre foire tenue aux portes de
Paris, à Neuilly.
A Paris, c'est au ministère des beaux-arts et à la pré-
fecture de police que tout individu qui veut ouvrir ou
exploiter un théâtre ou établir un spectacle doit faire sa
déclaration, et c'est le ministre des beaux-arts qui autorise
les représentations des pièces de théâtre.
Tous les théâtres et autres spectacles sont ouverts
chaque soir, excepté l'Opéra qui ne joue que trois ou quatre
fois par semaine, et presque tous donnent des matinées
pendant la plus grande partie de l'année, le dimanche ; le
jeudi, en matinée, des représentations, dites classiques, ont
heu, en outre, au Théâtre-Français et à l'Odéon; elles sont
précédées d'une conférence dans ce dernier théâtre, qui,
donne même, le samedi, à cinq heures, des séances de lec-
ture de poésies, exemple que le théâtre Sarah-Bernhardt
a suivi. L'Opéra et le Théâtre-Français sont les seuls
théâtres qui restent ouverts toute l'année. Dans ceux oii la
représentation commence par un lever de rideau, il est
de mode de ne pas jouer la pièce principale avant neuf
heures. Le total de la recette des théâtres de Paris, qui
dépassait à peine 8 milhons par an en 1850, est aujour-
d'hui de près de 30 millions.
Aux spectacles et divertissements on peut rattacher
quelques renseignements sur les sports, les cercles mon-
dains, les dîners. Les premières courses de chevaux régu-
lièrement organisées à Paris eurent heu au Champ-de-Mars,
à partir de 1833 (V. Course, t. XIII, p. 163). C'est dans les
champs de course, situés aux portes de Paris, que sont
courus le grand prix de Paris en juin et le prix du Con-
seil municipal à l'automne. Le concours hippique de Paris,
qui a Heu annuellement, constitue un spectacle mondain.
Une société hippique, ri]trier, est curieuse parce qu'elle
est ouverte seulement à la société parisienne élégante et
se propose d'entretenir les traditions de l'équitation nationale .
Tous les autres sports ont aussi leurs sociétés, qui don-
nent de grandes fêtes: la société du Polo, la société des
Guides oli des Drags, l'Union des sociétés françaises de
sports athlétiques, dont une société, l'Union athlétique du
I^^' arrondissement, a souterrain de courses à Paris même:
les terrasses de TOrangerie aux Tuileries ; uneautre, lasociété
de Longue Paume de Paris, a son terrain de jeu au Luxem-
bourg ; d'autres encore disposent à Paris de terrains pour
le tennis ou le croquet. Parmi les sociétés d'escrime, celle
d'Encouragement à l'escrime, joue un rôle analogue à celle
de l'Etrier pour l'art hippique; la Société des maîtres
d'armes de Paris organise des assauts payants. Le sport
du patinage a pris un développement tout récent ; les éta-
blissements du Pôle-Nord et du Palais de Glace datent de
1892 et 1893. Les sociétés nautiques sont particulière-
ment nombreuses et surtout les sociétés cyclistes ; il y a à
Paris jusqu'à 63 sociétés d'amateurs pratiquant exclusi-
vement le cyclisme et comptant plus de 8.000 membres.
Un particulier avait fondé, il y a quelques années, un
cirque mondain où ne paraissaient que des amateurs et
dont la réputation fut vite établie sous le nom de son fon-
dateur : le cirque Moher.
Les cercles proprement dits, c.-à-d. les établissements
oîi l'on joue, sont au nombre de 15, principalement l'Union
de 1828, le Jockey-Club et le Cercle agricole, tous deux
de 1835, le cercle de la rue Royale (1852), le cercle des
Chemins de fer (1854) et le cercle de l'Union artistique,
surnommé d'abord cercle des Mirlitons, puis l'Epatant
(1860). Parmi les réunions qui portent le titre de dîners,
PARIS
4088 —
il en est de célèbres, d'abord le piejiiier eti date : le dîner
du Bout-du-Banc, auquel prirent part, chez M^^"" Qninault
du Théâtre- Français, Voltaire, Marivaux, François Boucher ;
puis le dîner de la Soupe à l'Oignon sous la Restauration ;
le dîner Magnysous le second Empire.
XV. Justice. — Sous l'ancien régime, un très grand
nombre de juridictions siégeaient à Paris : les différents
conseils royaux, les quatre grandes cours souveraines ou
supérieures, les requêtes de V Hôtel, \di prévôté de l' Hôtel
du roi, la chambre des t)dliments, les tables de inarbre,
puis, au point de vue plus spécialement parisien, le Chd-
telet, juridiction de la prévôté des marchands et la
juridiction consulaire qui avaient assez souvent des
conflits d'attributions, soit entre eux, soit avec le Parle-
ment. On a vu comme les attributions de la prévôté
des marchands étaient à la fois administratives et judi-
ciaires. La juridiction consulaire datait de 1563; elle se
composait d'un juge et de quatre consuls élus chaque an-
née par les corps de métiers, mais avec nécessité de la
sanction royale ; elle avait pour ressort Paris et sa ban-
lieue. La chambre des bâtiments détenait d'ailleurs aussi
une partie de la juridiction commerciale. A la Révolution,
Paris eut, au-dessous du tribunal de cassation, 6 tribu-
naux civils d'arrondissement, le ressort de chacun
d'eux comprenant une partie de la ville et du départe-
ment, 48 justices de paix (i par section ou division
d'arrondissement), un tribunal de police correctionnelle
composé de 9 des juges de paix servant par tour, un
tribunal criminel, quelque temps remplacé par 6 tribu-
naux, pour l'ensemble du département, sans parler des
tribunaux criminels extraordinaires et, de plus, un tribunal
de police municipale (jusqu'en l'an II) formé de 9 officiers
municipaux et un tribunal d'appel de 6 juges, enfui un
tribunal de commerce. Le tribunal municipal juxtaposé en
1789-91 au tribunal de police était spécial et représen-
tait l'ancienne juridiction de la prévôté des marchands.
Paris fut ensuite le siège également du tribunal des con-
flits et de tribunaux administratifs (le Conseil d'Etat, le
Conseil de Préfecture de la Seine et la Cour des Comptes) ,
créés sous le Consulat et l'Empire.
Dans l'organisation établie par le Consulat, le tribunal
de première instance de la Seine, civil et correctionnel,
se composait de 24 juges et le tribunal d'appel de 33 ;
Paris n'eut pas de tribunaux d'arrondissement; les juges
de paix furent réduits à 12 (1 par arrondissement). l]n
1810, le nombre des juges du tribunal de première ins-
tance fut porté à 48, celui des conseillers de la cour
d'appel à 60 au plus et 40 au moins. Le tribunal de 1^'^ ins-
tance comprend aujourd'hui i président, 12 vice-prési-
dents, 71 juges, dont 7 présidents de section et 25 juges
suppléants; 21 des juges et 5 des suppléants sont spé-
cialement chargés de l'instruction ; le parquet comprend
4 procureur de la République, 30 substituts et 1 des
juges-suppléants ; le greffe, 1 greffier en chef et 45 com-
mis-greffiers. Il y a 11 chambres dont 7 civiles, subdi-
visées en 15 sections, et 4 correctionnelles. Le bureau
d'assistance judiciaire placé auprès de ce tribunal est divisé
en 6 sections de 5 membres. 2.000 avocats environ sont
inscrits au tableau de l'ordre des avocats du barreau de
Paris. Leur bibliothèque, fondée en 1708, est particuliè-
rement riche. La cour d'appel de Paris a 7 départements
dans son ressort : Aube, Eure-et-Loir, Marne, Seine,
Seine-et-Marne, Seine-et-Oise et Yonne (Y. Cour d'ap-
pel, t. XIII, p. 75). Chaque arrondissement de Paris a un
juge de paix et 2 suppléants qui siègent à la mairie ; les
affaires de simple police sont jugées par chacun d'eux à
tour de rôle au Palais de Justice (Y. ce mot), 1 commis-
saire de police et 2 suppléants faisant fonction de minis-
tère public. Le tribunal de commerce delà Seine comprend,
depuis 1889, 1 président, 21 juges titulaires et 21 sup-
pléants, jugeant annuellement plus de 50.000 affaires. Au-
dessous du tribunal de commerce se trouvent placés des
conseils de prud'hommes ; il y en a 4 actuellement, pour
^ les métaux et industries diverses, le bâtiment, les tissus,
les produits chimiques ; le plus ancien date de 1844. Paris
a enfin 123 notaires, 150 avoués, 150 huissiers, 82 com-
missaires-priseurs (Y. ces mots). Avec le dépôt de la
Préfecture de police, les prisons parisiennes sont encore
au nombre de 6, celle de Mazas venant d'être démolie; la
Conciergerie, Sainte- Pélagie (1665), Saint-Lazare
(1681), hxqrandeai la petite Hoquette (1831-36) et la
Santé (1868) ; mais les prisons autres cpe la Santé près
de laquelle doivent avoir lieu les exécutions capitales, la
Conciergerie et le Dépôt, vont disparaître (1899). Ce ser-
vice dépend depuis 1891 de la direction générale des
services pénitentiaires.
XVI. Cultes. — L'histoire de Paris, au point de vue
ecclésieistique, commence avec l'apostolat de saint Denis,
dont le martyre passe pour avoir eu lieu à Montmartre, sans
doute au milieu du iii^ siècle. La première cathédrale fut, jus-
qu'au milieu du v® siècle, située dans le bourg ([ui prit le nom
de l'évèque saint Marcel. Paris n'eut qu'un évèché dépendant
de l'archevêché de Sens jusqu'en 1622, année ou fut for-
mée une province ecclésiastique comprenant les diocèses
de Paris, Chartres, Orléans, Meaux auxquels fut ajouté
celui de Blois, créé en 1697. Avant 1802, les limites du
diocèse de Paris correspondaient à celles du territoire des
Parisii et comprenaient le Parisis et une partie de la Brie
française et du Hurepoix, ces trois régions formant trois ar-
chidiaconés, la troisième sous le nom d'archidiaconé de
Josas. Paris et sa banlieue constituaient deux archiprêtrés:
la Madeleine et Saint-Séverin. 48 conciles ont été tenus
à Paris, le premier au u^ siècle, le dernier en 1811. En
1802, par le Concordat, les limites du diocèse ont été ra-
menées à celles du département ; celles de la province
ecclésiastique ont été changées plusieurs fois. Aujourd'hui
l'archevêque de Paris a pour suffragants les évoques de
Blois, de Chartres, de Meaux, d'Orléans et de Yersailles.
Les paroisses de Paris sont au nombre de 70, réparties entre
deux archidiaconés, ceux de Notre-Dame et de Sainte-
Geneviève, les paroisses de la banlieue formant un troisième
archidiaconé, celui de Saint-Denis. Il y a une cure de
première classe par arrondissement municipal. Les princi-
pales églises de Paris sont ou ont été les suivantes :
Notre-Dame (Y. fig. aux art. Jugement, t. XXÏ,
p. 254 ; France, t. XYII, p. 1101 et Architectlue, fig. 3,
t. III, p. 728), la cathédrale et l'une des plus célèbre:;
églises, occupe à ce qu'on croit l'emplacement du temple
pri]icipal de Lutèce, puis de deux églises, qui furent suc-
cessivement cathédrales du v^ au xii'' siècle, Saint-Etienne
et Sainte-Marie ou Notre-Dame. L'église actuelle fut com-
mencée en 1163 pour remplacer celle qui avait été cons-
truite de 1115 à 1130 environ, et elle ne fut terminée qu'au
xiv^ siècle. La nef a sans doute été achevée vers 1200 et
la façade vers 1240. Le nom du seul architecte connu de
Notre-Dame est Jean de Chelles. Après avoir subi pendant
le xviii^ siècle des modifications, des réparations, puis des
destructions, ce monument fut enfin restauré au xix^ siècle
sous la direction de Lassus et de Yiollet-le-Duc ; cette re-
marquable restauration, entreprise en 1845, n'est pas en-
core complètement achevée. La longueur de l'église est de
130 m., la largeur de 50, la hauteur des tours de 68.
Dans ce magnifique monument, les trois façades, surtout
la façade occidentale , et la partie sculpturale sont particu-
lièrement dignes d'admiration. — Saint-Germain des Prés,
reste du monastère de ce nom, est la plus ancienne des
églises de Paris et la seule romane; elle date des xi^ et
xii^ siècles et a été remaniée au xvii^ siècle ; au xix® siècle,
elle a reçu les belles décorations picturales d'Hippolyte
Flandrin. — Saint-Pierre de Montmartre, qui va être
restauré (1899), remonte à 1137. — Pour Saint-Martin
des Champs, V. Conservatoire nâtiOxNAl des arts et
MÉTIERS, t. XII, p. 540, fig. à l'art. Chaire, t. X,
p. 215; Architecture, fig. 1, t. III, p. 727. —
Les églises du xiii® siècle sont : la Sainte-Chapelle
(Y. Chapelle, t. X, p. 558); Saint- Julien le Pauvre, qui.
— 1089
PARIS
peut-être un peu antérieur à Notre-Dame, poss''de de très
beaux chapiteaux, a été fort remanié, et sert d'église du
rite grec, puis deux églises disparues ; Saint-Jacques la
Boucherie, dont il ne subsiste que la tour terminée en 1508,
et Saint-Paul, et, d'autre part, Saint-Germain de Cha-
ronne, des xiii^^ et xv^ siècles. — Une église est, pour la
plus grande partie, du xiv® siècle : Saint-Leu (tableaux de
Ph. de Champagne et de Le Brun). — Il n'y a pas moins
de 7 églises qui datent du xv^ siècle : Saint-Nicolas des
Champs ; Saint-Séverin (avec des parties des xiii® et
xiv^ siècles) ou l'on remarque un trilbrium ogival et près
de laquelle sont les restes d'un charmer; Saint-Germain-
FAuxerrois, plusieurs fois reconstruit et ([ui renferme des
parties de diverses époques ; Saint-Laurent, qui appartient
aussi aux xvi^, xvii^ et xix*^ siècles ; Saint-Gervais (\.
fig. à l'art. Franck, t. XVII, p. ii'J4, et ARCHrrECTUiu:,
tig. 2, t. m, p. 734), sans doute de la fin du xv^ siècle,
église tr?s riche, qui possède notamment de splendides
Eglise Saint-Paul-Saint-Louis.
vitraux, dont un certain nombre sont attribués à Jean
Cousin, et beaucoup de tableaux ; Saint-Jean en Grève
dont l'Hntel de Ville recouvre en partie l'emplacement ;
l'église des Billettes, oti subsiste un cloître du xv^' siècle.
— 4 églises seulement représentent le siècle suivant :
Saint-Merri (V. Bénitier, tig. i, t. XI, p. 187), remanié
au xviii^ siècle, où se trouvent de précieux vitraux; Saint-
Médard, Saint-Etienne du Mont, au sommet de la montagne
Sainte-Geneviève, une des églises les plus curieuses, élevée
de J 517 à 16^4, et qui possède seule encore un jubé, extrê-
mement remarquable; les reli(]ues de sainte Geneviève y
sont maintenant déposées ; on y voit aussi de nombreux
tableaux de maîtres ; puis Saint-Eustache, église très origi-
nale, presque aussi grande que iXotre-Dame et construite sur
les plans de Pierre Lemercier à partir de 1532 ; le
portail et la tour unique sont du xviii® siècle; là
aussi se trouvent plusieurs fresques ou tableaux de
grands peintres. — Les églises du xvii^ siècle sont au
nombre de 19 : Saint-Joseph des Carmes (1613), qui fait
partie des bâtiments de l'Institut catholique ; l'église de l'Oi a-
toire (16"21-30), construite sur les plans de Jacques Lemer-
cier ; Saint- Jean-Saint- François (1623) ; l'église Sanit-
Paul-Saint-Louis, bâtie pour les jésuites de 1627 à 1641
(tableaux de Philippe de Champagne et autres maîtres) ;
GRANDE ENCVCLOPÉDU-.. — XXV.
Sainte-Elisabeth (1628-46); Notre-Dame des Victoires
(1629-1740), lieu de pèlerinage; Saint-Jacques du Haut-
Pas (1630-85); les églises de h Sorbonne et du Val-de-
Grâce (V. ces mots) ; Sainte -Marie ou de la Visitation, due à
Fr. Mansart (1632-34); Saint-Roch, commencé en 1653
sur les dessins de Jacques Lemercier, et où sont conser-
vées de nombreuses peintures et œuvres d'art ; Saint-Sulpice,
autre église peu inférieure par ses dimensions à Notre-
Dame, la plus importante de cette époque, commencée en
1655 et dont la façade du xvui^ siècle est l'œuvre de Servan-
doni (elle renferme des fresques de Delacroix et des orgues
célèbres) ; Saint-Nicolas du Chardonnet, construit de 1656
à 1690 sur les dessins de Le Brun et resté sans façade,
renfermant notamment un tableau de Corot ; Saint-Louis-
en-l'Ile (i 664-1726). avec son curieux clocher ; l'église des
Invalides (V. ce mol, t. XX, p. 918) ; l'Assomption
(1670-76); Saint-Thomas-d'Aquin, bâti en 1683, excepté
la façade qui date de 1770, et possédant des peintures
intéressantes ; Notre-Dame des Blancs-xManteaux, recons-
truite à partir de 1687 ; Sainte-Marguerite, rebâtie presque
entièrement après 1712. — Il n'y a que 4 églises princi-
pales du xvm^ siècle : Sainte-(ienevièA'e (V. Eglise, fig. 9.
t. XV. p. 613 et Panthéon); la Madeleine, commencée
en 1764' et construite sur les plans définitifs de Vignon,
en forme de temple romain, pour être, comme le voulait
Napoléon, le temple de la Gloire ; Saint-Philippe du
Roule, bâti de 1769 à 1784, puis agrandi au miheu du
xix^' siècle; Notre-Dame de l'Abbaye-aux-Bois (1718),
qui fait partie d'un couvent de chanoinesses ; l'église de
Pentemont, Saint-Pierre de Chaillot et Saint-Louis d'An-
tin sont secondaires. — Un assez grand nombre d'égUses
datent du xix^ siècle : la Chapelle expiatoire (V. Cha-
pelle, t. X, p. 558), Notre-Dame de Loi*ette (1823-36),
Saint-Vincent de Paul (1824-44) où l'on admire les pein-
tures d'Hippolyte Flandrin, et Sainte-Clotilde (1846-56),
édifiée dans le genre gothique allemand du xiv^ siècle ;
puis , de la période du second Empire : Saint-Eugène
(1854-55) ; Saint-Jean-Baptiste de Belleville (1854-59),
imitation du xui*^ siècle; Saint-Bernard de la Chapelle
(1858-61), imitation du xv^ siècle; Saint- Augustin (1860-
71), œuvre de Baltard, d'un style byzantin; Saint-François-
Xavier (1861-75), construit dans le style de la Renaissance ;
la Trinité (1 863-67), imitation aussi de la Renaissance, (cu-
vre élégante et d'une grande richesse de décoration due à
Ballu, et Saint-Ambroise (1865-69), vaste église romane,
œuvre de BaUu également. Comme édifices secondaires du
même siècle, peuvent être indiqués : Notre-Dame de Bonne-
Nouvelle et Notre-Dame des Carmélites, églises du
xvii^ siècle, refaites au xix^', Saint-Pierre du Gros-Caillou
(1823), Saint Denis du Saint-Sacrement (1823-35), Saint-
Jacques-Saint - Christophe (1 841 -44) , Saint - Ferdinand
des Ternes (1844-47), Notre-Dame de Passy (1848),
Saint-Lambert (1848-56), Saint-Honoré d'Evîau (1852-
82), Notre-Dame de la Gare (1855-65), Notre-Dame de
Clignancourt (1859-63), Notre-Dame de la Croix (1863-
74), Saint-Pierre de Montrouge (1864-72), Notre-Dame
des Champs (1865-70), Saint-Joseph (1867-75), Notre-
Dame d'Auteuil (1877-80), Saint-Anne de la Maison-
Blanche (1 894) . Il faut rappeler enfin la basiHque du Sacré-
Cœur ou du Vœu-National qui domine Paris du haut de la
coUine de Montmartre ; commencée en 1876, elle a déjà coûté
plus de 24 milHons et n'est pas encore terminée (V. Aradie,
t. I, p. 13). En plus de ses paroisses, Paris possède une
vingtaine de chapelles, dites de secours, qui sont affectées
le plus souvent à des œuvres de patronage ou à des colo-
nies d'étrangers. On y trouve aussi 32 congrégations et
91 maisons religieuses d'hommes, surtout les frères des
écoles chrétiennes (55 maisons), 98 congrégations et 215
maisons religieuses de femmes, surtout les sœurs de Saint-
Vincent de Paul (60 maisons), un Institut catholique,
le grand séminaire de Saint-Sulpice et 5 autres séminaires,
et environ 20 établissements ecclésiastiques d'enseigne-
ment secondaire.
69
PARIS
1090
Les protestants, les Israélites, les orthodoxes sont re-
lativement nombreux ù Paris. Si le faubourg Saint-Ger-
main mérita dès le xvi^ siècle le nom de petite Genève,
les calvinistes ne possédèrent cependant pas de temple dans
Paris avant 4790. L'Eglise calviniste de Paris, qui fait
partie de la troisième circonscription synodale, forme un
consistoire siégeant au temple de FOratoire et composé
de 8 paroisses : Oratoire, Saint-Esprit, Sainte-Marie, Pen-
temont, BatignoUes, Plaisance, Passy, Belleville; elle a
10 temples et plusieurs cliapelles. L'Eglise hitliéi'ienne
forme un consistoire, siégeant au temple de la Rédemp-
tio]i ou se réunit le synode particulier de Paris ; elle a
6 temples et plusieurs chapelles. Les temples de l'Oratoire,
de Sainte-Marie, de Pentemont et des Rillettes sont d'an-
ciennes» églises catholiques ; celui de la Kédemplio]i date de
-1 843. 11 y a à Paris environ 50.000 calvinistes et 40.000 lu-
thériens. La faculté de théologie protestante et beaucoup de
sociétés, de publications, sont communes aux deux Eglises.
Le culte anglican est célébré dans 4 églises dont la
principale est celle de la rue d'Aguesseau. Les chapelles
et lieux de réunion des autres cultes protestants, métho-
diste, baptiste, etc., sont nombreux. Les 4 lieux du
culte grec ou orthodoxe sont : l'église russe de la rue Daru
(i 859-61) et la chapelle de Fambassade de Piussie, l'église
hellène, construction très riche (1890-95), et la chapelle
roumaine qui est l'ancienne chapelle du collège de Beau-
vais (1370). Les Israélites avaient à Paris, depuis long-
temps déjà, au moins 1 synagogue, avant les mesures
prises contre Lnix par Louis iX et Philippe le Bel. Le
consistoire de Paris a été créé en 1809. La population
Israélite à Paris est mahitenant de 50.000 hal). Il y a
3 synagogues du rite allemand, principalement celle th^
la rue de la Victoire (1865-74), ctl du rite portugais.
EvÊQUEs, puis AncdEVÈQUES. — EvÈQUES : S. Bionysius
(vers 250?), Mallo? Massus? Marcus? et Adventus? Vic-
torinus (344-346), Paulus (360 av. oct.), Prudentius
(env. 376-env. 400), s. Marcellus (fl^^ nov.436), Vivia-
ims, Félix , Eiavianus, Ursici(a)nus , Apedemius , Hérachus
(10 juil. 511-env. 525?), Probatus, Amelius (23 juin
533-541), Saffaracus (oct. 549-env, 552), Eusebius (552-
env. 555), s. Germanus (555-28 mai 576), Ragnemo-
dus (577-591), Eusebius II (env. 592), Faramundus.
Simplicius (601), s. Ceraunius (oct. 614), Leudeber-
tus (625-626), Audobertus (644-650), j. Landericns
(653-10 juin env. 656), Chrodobertus (656-663), Sigo-
baudus ou Sigebrandus (f 664), Importunus (26 juin 606),
s. Agilbertus {666-ii oct. 680), Sigefredus (690-1^^' nov.
692), Turnoîildus (28 févr. 693-env. 698), Adolphus, Rer-
necharius (f env. 722), s. Hugo (726 [?J 9 avr. 730 [?J),
Merseidus, Fedolus, Ragnecaptus, Madalbertus, Deodefre-
dus (757-env. 775), Erchenradus (28 juil. 775-7 mars
env. 795), Ermenfredus (809 ?), Inchacîus (811-10 mars
83J), Erchenradus II (avr. 831-9 mai env. 857), /Eneas
(nov. 858-27 déc. 870), Engehvinus (août 871 -fin 883),
Gauzlenus (884-env. mai ou 18 avr. 886), Anschericus
(886-env. juin 911). Theodulfus (17 mai 911-24 avr.
922), Fulradus(922-env.926), Adelelmus(927-env. 935),
Gualtherius (937-5 juin 941), Albericus, Constantius
(8 juin env. 954),Garinus (f 13 mars), Raynaldus(979-
980), Elisiardus ou Lisiernus (987-19 avr. 989), Gisle-
bertus ou Engelbertus (f 4 févr. 992), s. Raynaldus
de Vendôme (31 mars 992-12 sept, ou 6 janv. ? 1016),
Ascelinus de Fruninis, Franco (1020-25 juil. env. 1030),
Imbertus ou Hezehnus de Vergy (1030-22 nov. 1060),
Gaufridus de Boulogne (1061-l^i' mai 1095), Guilielmus
de Montfort-FAmaurv (28 sept. 1096-27 août 1102),
Fulco (t 8 avr. llOi), Galo (juil. 1104-23 févr. 1116),
Gilbertus (1117-29 janv. 1124), Stephanus de Senlis
(1121-6 iuin 1142), ïheobaldus (1144-8 janv. 115B),
Pierre Lombard (1158-59-22 juil. 1160), Maurice de
Sully (12oct. 1160-11 sept. 1196), EudesdeSullv (1196-
13 juil. 1208), Pierre de Nemours (1^08 19), Guillaume
deSeignelay (27 avr. 1220-23 nov. 1223), Barthélémy
(1224-19 oct. 1227), Guillaume d'Auvergne ;(10javr.
1228-30 mars 1249), GautieJ' de Ehâteau-ThieiTy (juin
1249-23 sept. 1249, Renaud Miguou de Corboil (iOjuil.
1250-6 juin 1268), Etienne Tempier (7 oct. 1208-
3 sept. Î279), Jean de Allodio (23 mars 1280), Ke-
noldus ou Ranulfus de llombioneria (17 juin 1280-
12 nov. 1288), Adenulfus de Anai^nia (env. 1289), Simon
Matifas de Bucv (févr. 1290-22 juin 1304), Guillaume
de Baufet (d'Aurillac) (17 janv. 1305-30 déc. 1319),
Etiemie deBourret(Borest)(20 août 1320-2 4 nov. 1325),
Hugues Micliel de Besançon (14 janv. 1326-29 juil. 1332),
Guillaume de Chauac(13août 1332-nov. 1342), Foulque
de Chanac (28 nov. 1342-25 iuil. 1349), Andouin Aubert
(11 sept. 1349-déc. 1350), Pierre de La Foret (20 déc.
1350~févr. 1352), Jean de Meulan (8 févr. 1352-22 nov.
1363), Etiemie do Paris (11 déc. 1363-sept. 4368), Ai-
meri de Maignac (25 sept. 1368-janv. '138i), Pierre
d'Orgemont(19janv. 1384-46juil. 1409), Gérard de Mon-
taigii (24 juil. 1409-25 sept. 1420), Jean Courtecuisse
(IOjuil. 1421 -juin 1422), Jean de La Rochetaillée (12 juin
1422-juin 1423), Jean de Nanton (26 juin 1423-7 or t.
1426), Jacques du Cliâtelier (17 fév. 1 127-2 nov. 1138),
Denis du Moulin (i l févr. 1439-15 ou 25 sept. 1447). GuiF
laume Chartier (4 déc. 1447-1®^^ mai 1472), Louis de Beau-
mont de La Foret (7 févr. 1473-5 juil. 'i 492). Jean Simon
de Champigny (20 déc. 1492-23 déc. 1502), Etiemie de
Pencher (3 févr. 1503-mars 4519), François de Poncher
(14 mars 1519-l^•^sept. 1532), Jean du Bellay (25 nov.
1532-15 mars 1551), Eustachedu Bellay (18 mars 1551-
63), Guillaume Viole (20 oct. 1564-4 mai 1568), Pierre
de Gondi (8 mai 1568-98), Henri deGondi (1^'' avr. 1598-
22 août 1622). — Archevêques : Jean-François de Gondi.
(14 nov. 1622-21 mars 1654), Jean-François JPaul de Gondi,
cardinal de Retz (21 mars 1654-15 févr. 1662), Pierre
de Marca (26 févr. 1662-29 juin 1662), Hardoin dePé--
rétixede Beaumont (30 juil. 16()2-l^''janv. d 671). Fran-
çois de Harlay de Champvallon (2 janv. 1671-6 août
1695), Louis- Antoine de Noailles (19 août 1695-4 mai
J729), Charles-Gaspard-Guillaume de Vintimille du Lac
(12 mai 1729-13 mars 1746), Jacijues Bonne Gigault de
Bellefonds (2 juin 1746-20 juil. 1716), Christophe de
Beaumont du Repaire (49 sept. 174(M2 déc. 1781), An-
toine-Eléonore-Lcon Le Clerc deJuigné (23déc. 1781-90),
Jeaii-Baptiste-JosephGobel (27 mars ^91-7 nov, 1793),
Jean-Baptiste Rover (15 août 1798 -sept. 1801). Jean-
Baptiste de Belloy (9 avr. 1802-10 juin 4808), Jean-Siffrein
Maury (14 oct. 1810-13 mai 1814), ;4exaiidre-Angélique
de Talleyrand-Périgord (l^^oct. ^1817-20oct. 1821), Hva-
cinthe-Louis de Ouélen (28 oct. i8i\~?y\ déc. 1839), i)e-
nis-Auguste A lire (26 mai 1840-27 juin 1818), Marie-
Dominique-Auguste Sibour (15 juil. 1848-3 janv. 1857),
François-Xicolas-Madeleine Morlot (24 janv. 1857-29 déc.
4862), Georges Darboy (10 janv. 4863-21 mai 1874).
Joseph-Hippolyte Guibert (IOjuil. 4874-8 juil. 1886).
François-Marie-Benjamin Richard (8 juil. 4886).
XVÎI. Organisation militaire! ~ Le gou\crne-
ment militaire de Paris comprend les deux dép. de la Seine
et de Seine-el-Oise. Le gouverneur militaire a sous son
autorité un commandant supérieur de la défense du camj)
retranché, du grade de général de division, et dans chacun
des deux départements un commandant, du grade de gé-
néral de brigade. L'armée dite de Paris se compose de
3 divisions d'infanterie, 4 division de cavalerie, 2 bri-
gades d'artillerie (à Versailles et à Mncennes), 4 brigade
du génie; trois corps spéciaux font, de i^lus, partie de cette
armée : la légion de la gendarmerie de Paris, la légion de
la (tarde rJ/mblicaine (î. Guide de I^^ius t. XVH,
p. 549) et le régiment des mpeim-pompievs de Paris
(V. PoMi-M.Eu). La légion de gendarmerie de Paris est
divisée en 2 compagnies : Seine et Seine-et-Oise ; à Paris
même, les gendarmes iFont guère que les fonctions
d'auxib Dires du recrutement; sur les 7 sections de la
compagnie de la Seine, 2 sont parisiennes
~ i09J -^
PARIS
Il y a dans la ville 10 casernes et 2 hôpitaux militaires,
leVal-de-Grâce et l'hôpital Saint-Martin, qui contiennent en-
semble i.360 lits, dont 64 d'officiers et 140 de sous-of-
ficiers. La prison du Cherche-Midi, oii se réunissent les 2
conseils de guerre, sert à la fois de maison de justice et de
maison d'arrêt. Paris était depuis longtemps sans fortifica-
tion, le mur d'octroi de la fin du xviii^ siècle n'en étant pas
une, quand fut entreprise en 4840 celle qui existe encore
maintenant ; l'enceinte fortifiée compte 70 ouvertures, soit
57 portes et 9 passages de chemins de fer, les 4 antres
étant représentées par la Seine, le canal Saint-Denis et le
canal de l'Ourcq. Les forts qui furent construits au rniheu
du siècle n'ont presque plus d'importance, et Paris est de-
venu, depuis 1870, le centre d'un vaste camp retranché.
Antérieurement à 1870, 16 forts placés de 2 à 6 kil. en
avant de l'enceinte défendaient la ville ; 18 autres, plus
en avant et à une distance de 6 à 20 kil., forment au-
jourd'hui une nouvelle ceinture de défense en Seine-et-
Oise et Seine-et-Marne.
XVIII. Cimetières. ™- Les plus anciens cimetières
dont on ait conservé mention sont ceux de Saint-Magloire
sous Clotaire î^^^ et de Saint-Paul sous Dagobert P^", et
plus tard, au x^ siècle, celui des Innocents ou des Cham-
peaux, l'ji plus de leur cimetière presque toutes les pa-
roisses eurent leur charnier (V. iig. à l'art. ChaRxXieii,
t. X, p. 766). Ce fut seulement au xvni® siècle, quand les
abus, résultant do la façon dont on les tenait, devinrent
trop évidents, que le Parlement prescrivit de transporter
hors de la ville tous les cimetières (arrêt de 1763). Mais
ses prescriptions furent assez mal exécutées. Le cime-
tière des Innocents, qui recevait les morts de 22 paroisses,
ne fut fermé qu'en 1783. En 1785, enfin, les ossements des
charniers furent transportés aux catacombes. Après avoir
affecté principalement aux inhumations les cimetières de
Sainte-Catherine et de Vaugirard pour la rive gauche, et
ceux de Montmartre et de Sainte-Marguerite pour la rive
droite, la municipalité ouvrit de nouveaux heux de sépulture,
le cimetière de la Madeleine de la Yille-rEvêque bientôt
fermé, qui reçut les corps de Louis XVI et de Marie- An-
toinette, de Charlotte Corday, des Girondins, le cimetière
de Mousseaux ou Monceau, oîi furent inhumés Danton,
Camille Desmoulins, Robespierre, et le cimetière de Picpus.
Ces cimetières révolutionnaires n'eurent (ju'un carac-
tère provisoire. En 1804, 4 cimetières furent affectés
aux inhumations, ceux de Sainte-Catherine, du Champ du
repos, de Vaugirard ou de l'Ouest et de Mont-Louis ou
du Père-Lachaise ; mais le premier fut fermé en 1806, le
second en 1820, le troisième en 1824; ils furent rem-
placés par ceux du Montparnasse ou du Sud (1824) et de
Montmartre ou de TEst (1823), encore existants, comme
aussi le cimetière du Père-Lachaise ou de l'Est. L'annexion
de 1839 donna à Paris plusieurs nouveaux cimetières com-
munaux. Paris possède actuellement, en plus de ses 3 grands
cimetières, 10 petits cimetières dans ses murs et 6 autres
en dehors ; ceux du premier groupe sont: les cimetières
d'Auteuil, de Relleville, de Bercy, de Charonne, de Gre-
nelle, du Calvaire ou de Saint-Pierre de Montmartre, de
Saint-Vincent à Montmartre également, de Passy, de Vau-
girard et de la Villette ; les cimetières de Bagneux, des
Batignolles, de la Chapelle, d'Ivry, de Pantin et de Saint-
Ouen composent le second groupe. Le cimetière de Picpus,
qui n'est pas public, a été fermé en 1880. Depuis 1879, les
cimetières intérieurs sont affectés exclusivement aux conces-
sions perpétuelles. \ Paris, le tarif de ces concessions est
progressif, suivant le nombre des mètres de terrain deman-
dés, et va de 330 fr. (premier mètre carré) à 2.000 fr.
Les concessions trentenaires (317 fr. 63) et les conces-
sions quinquennales (30 fr.) sont indéfmnnent renouve-
lables. Les inhumations accordées gratuitement pour cinq
ans sont faites dans des parties réservées. Chaque cime-
tière est administré par un conservateur. On a étabU en
1890, dans ceux de l'Est et du Nord, un dépôt mortuaire
où les corps peuvent être provisoirement transportés avant
ou après constatation du décès par le médecin de l'état
civil. Il y a au Père-Lachaise, depuis 1887, un four cré-
matoire avec columbarium qui reçoit les urnes, lorsque
celles-ci no sont pas déposées dans quelque concession
(V. Père-Lachaise). Le cimetière de l'Est est celui qui
renferme le plus grand nombre de tombes de personnes
célèbres et de beaux monuments funéraires ; il y a lieu
de signaler cependant au cimetière du Montparnasse les
tombes des quatre sergents de La Rochelle, d'Hégésippe
Moreau, de Proudhon, de Rude, de M"^° Agar, de Guy de
Maupassant, et la pyramide qui indique la sépulture des
sapeurs-pompiers de Paris ; au cimetière de Montmartre,
le monument de Baudin (statue de Millet) et les tombes
de M™^ Récamier, d'Ampère, Henri Beyle, Greuze, Alfred
de Vigny, Paul Delaroche, Murger, Berlioz, Théophile
Gautier, Renan ; au cimetière d'Auteuil, la sépulture de
Gounod.
Service mîs lnhumations. — Les 88 médecins de l'état
civil qui vérifient les décès sont contrôlés par 6 médecins
inspecteurs. Depuis 1878, le service des pompes funèbres
n'est plus concédé à un adjudicataire, mais exploité di-
rectement par les fabriques et consistoires de Paris que
représente un conseil d'administration composé de membres
élus et d'un vicaire général délégué de l'archevêque. Un
service municipal d'ordonnateurs contrôle cette adminis-
tration et il est contrôlé à son tour par une inspection.
La recette des pompes funèbres est annuellement d'environ
6 millions, et le produit net, de 2 milhons. — Il y a Heu
de rattacher à cette division les Catacombes et la Morgue
(V. ces mots).
XIX. Usages. — On peut grouper sous ce mot un
certain nombre de renseignements assez divers relatifs à
la vie de Paris. Il faut bien remarquer que si l'animation
est à Paris incessante, si l'on y parie toujours spectacle, si
l'on a pu quelquefois, sans qu'une telle injustice fût trop évi-
dente, signaler cette ville comme la Babylone moderne, ces
caractères qui frappent de prime abord résultent en réalité
surtout de la présence du très grand nombre d'étrangers,
au sens large du mot, qu'on y rencontre. A mieux re-
garder, on s'apercevrait souvent que l'on prend pour des
manifestations de mœurs parisiennes de simples modes
suivies du plus petit nombre et des manières de se com-
porter qui sont de toute façon essentiellement temporaires.
Par les usages, les coutumes des Parisiens, il conviendrait
d'entendre quelque chose de plus stable, les habitudes qu'on
peut relever chez ceux qui représentent la population fixe de
Paris, la seule véritablement parisienne et qui soit capable
de conserver des traditions. La vie des habitants de cette
ville, pour active qu'elle soit, ne présente pas l'agitation et
le caractère assez factice de celle de la partie flottante de la
population. 11 est seulement vrai que les Parisiens se par-
tagent peut-être plus et mieux qu'on ne le fait dans les
autres grandes villes entre le travail et le plaisir. —La
fidélité avec laquelle ils conservent les usages du jour de
l'an, du jour des rois, du vendredi saint est à citer.
Pendant le carême, les sermons ])rèchés par les orateurs
en renom sont très courus. Le mois de mai voit s'ouvrir
les salons de peinture ; le premier semestre de l'année est
d'ailleurs l'époque d'expositions artistiques de tous genres.
La foire au pain d'épices, précédée de la foire aux jam-
bons et de la foire à la ferraille, continue toujours de se
tenir àPâques.En juin,lafête des fleurs et, le lendemain,
la journée du grand prix de Paris aux courses, ont tous
les ans beaucoup de succès. Le 2 nov., par la foule qui se
presse dans les cimetières, il est facile de se rendre
compte que le peuple de Paris pratique à un haut degré
le culte des morts. Le 22 du même mois, la messe de
Sainte-Cécile est dite d'une façon particuhèrement bril-
lante dans l'éghse de Saint-Eustache. A la Noël, les pe-
tites baraques, restes d'un autre âge, ne manquent jamais
de venir s'aligner sur les boulevards, interceptant la cir-
culation. On sait que les magasins ne sont pas tous fer-
més les dimanches et qu'il y en a d'importants qui ces
PARIS
■— mn
jours-là restent ouverts, particulièrement le matin. — Les
petits termes, c.-à-d. ceux des logements dont le prix
n'est pas supérieur à 400 fr., sont à échéance du 8 du
1^'' mois de chaque trijnestre ; les grands loyers, àéchéancc
du io.
Cakactèke du Parisien. — Beaucoup des traits du
caractère qu'on attribue aux Gaulois se retrouvent chez
les l^arisiens. Le Parisien possède à un haut degré ce que
les philosophes appellent l'esprit de sociabilité ; très obli-
geant, très ouvert, tolérant et d'une grande politesse de
mœurs, il est gai et aime les arts et tout ce qui lui pa-
rait décoratif; parlant avec facilité, se plaisanta élonner
('eux qui récoutent, il est spirituel sans méchanceté, et
Ton a pu comparer aussi la « blague ;> parisienne àPironie
des Athéniens. Sérieux en dépit souvent de l'appareiice,
jamais non plus il ne semojitre positif; remarquablement
équilibré, il fait vite ce qu'il fait, et en toute chose il fait
toujours preuve de goût. Badaud, ayant besoin d'être
amusé, il se lasse hient()t de ses plaisirs, mais s'amuse de
peu ; généreux et peu défiant, quoique sceptique, il se laisse
entraîner pour des idées, mais un temps seulement. Il a
beaucoup plus de hardiesse dans l'esprit que dans le carac-
tère malgré sa liberté d'allure, ce qui ne l'empêche pas de
se montrer fort brave et bien décidé, (piand il le faut ; il
accepte avec docilité la réglementation, et l'on pourrait lui
re{)rocher pre!^(jue de paraître souvent routinier . Sans perdre
cependant jamais le sens des réalités, il est doué de l'es-
prit de générahsation, s"intéi*essant plus aux ensembles
(ju"à des détails et même à la théorie qu'à rai)plication,
11 a confiance en lui, et sa nature pleiiu.^ de ressources
offre une grande ibrce de résistance. Somme toute, ei
comme on se l'explique aisément, étant donnée l'unité de
sa patrie, le Parisien résume assez bien en sa persomie
les diverses qualités des Français.
XX. Parisiens célèbres. — Leur nombre e^t si grand,
burtout à partir du xvn*^ siècle, qu'on n'en peut citer ici que
quelques-uns: pour le moyen âge, le prévôt Etienne Mar-
cel et les portes (Charles d'Orléans et Villon ; pour le
xvi^ siècle, les sculpteurs Jean Goujon et Germain Pilon,
l'architecte Pierre Lescot. le poète Jodelle ; pour le
xvii^ siècle, les ministres H icbeHeu et Louvois, leshommes
de guerre, Condé, Luxembourg. Catinat, Tourville, les
philosophes et moralistes Arnauld, La Rochefoucauld, Male-
l)ranche, les littérateurs Molière, Boileau, La Bruyère.
Hegnurd et M"^*"- de Sévigné, les peintres Le Sueur et Le
Brun, les deux Mansart et les deux Perrault ; pour le
xv!!!"" siècle, les ministres Mulesherbes et Turgot, le gé-
iiéral Augereau. les philosophes Hclvétius et d'Alembert,
le philanthrope Montyon, les savants Cassini de Thury
et Liivoisier, le navigateur Bougainville. les littérateurs
Saint-Simon, Marivaux. Voltaire, Beaumarchais. lespeijitres
lYançois Bouclier, Lagieiiéc, David, le scul})teur Pigalle,
M"''-' Roland, l'actrice MJ''' Contât ; pour le xix'^ siècle,
les philosophes Saint-Simon et Victor Cousin, les savants
L. Burnouf, Littre. Quicherat. Viollet-le-Duc, les littéra-
teurs Paul-Louis Courier, Béranger, Auguste Barbier,
Alfred de Musset et Baudelaire, Michelet et Fustel de Cou-
langes, Lugène Sue, Mérimée, Mucger, M™^ de Stacl et
George Sand, Alexandre Dumas fils, Labiche et Meilhac.
les peintres Gros, Delaroche, H. Vernet, Corot, II. Ré-
gnault, le ^sculpteur Barye. les compositeurs Hérold, Ha-
lévy, Gounod et Bizet, les artistes dramatiques Talma,
M^^*^ Mars, 3P"^ Mahbran, l'oi-ateur Berryer, le médecin
Charcot, les administrateurs Haussmann et Duruy.
La proportion du nombre des habitants nés à Paris
comparé au chiffre total de la population est d'un peu
plu; du tiers. Marius Barhoux.
Traités de Paris- - Les fraiteb d'aliianre. de trè^e,
de limites, d'échange, de comm.erce, etf . qui ont ^^te si-
gnés à Paris, ne peuvent donner lieu ici, pour la plupart,
qu'à une simple énumération chronologique. Le lecteur
se reportera, soit aux noms des souverains signataires
ou des puissances contractantes, soit aux articles consacrés
aux grandes guerres européennes. —11 est probable, mais
rien ne démontre que le traité de o(i7, déclarant Paris
indivis entre les trois fils survivants de Clotaire I^^'(Sige-
bert, Chilpéric et Gontran), ait été conclu à Paris. Il faut
ensuite, pour signaler un acte important, franchir plus
de six siècles. En 4229 (12 avr.), le comte de Toulouse,
Raymond Vil, cède à Louis IX, placé sous la tutelle de
sa mère, la partie basse du Languedoc. — En 1286
(2o juiL), une trêve est signée entre l'Aragon et Phi-
lij)pe IV. — En 1302 (o mars), trêve entre la France et
l'Angleterre. — En 1303 (20 mai), ligue défensive de la
France et de l'Angleterre contre l'empereur d'Allemagne,
Albei't P-'' ; le roi d'Angleterre prêtera hommage au roi
de France pour le duché de Guyenne. — En 1309 (mai),
paix entre Philippe IV le Bel et Robert, comte de Bé-
lliuiie. — En 1310 (2() juin), ligue entre Philippe IV et
l'empereur. —En 1310 (sept.), traité entre Philippe V
le Long et la Flandre (autres clauses signées le 4 nov.
1317 et le 5 mai 1320). —En 1325 (31 'mai), paix entre
Charles IV le Bel et Edouard II d'Angleterre (renouvelée
avec Edouard III le 31 mars 1327). — Le 9 mars 1331,
paix entre Philippe VI de Valois et j^louard III. — Le
io janv. 1356, traité d'échange entre Jean II le Bon et
le comte de Savoie Amédée VI. — Le 31 août 1395,
alliance entre Charles VI et Jean Galéas Visconti, seigneur
de Milan. — Le 11 mars 1397, Richard II, roi d'Angle-
terre, s'engage à épouser Isabelle, tille de Charles VI.' —
Le 12 juil. 1400, Louis II, comte de Provence et roi de
Sicile, conclut une trêve de dix ans avec la Savoie. En
1476 (17 avr.), Louis XI fait alliance avec l'empereur
Frédéric lll contre le comte palatin du Rhin. — Le
2 août 1498, traité entre Louis XI et Frédéric d'Autriche
concernant l'hommage des comtés de Flandre et d'Artois,
hets de la couronne de France. — Le 20 mars 1515, traité
entre François P^\ roi de France, et le roi de Navarre.
— Le 11 janv. 1590, traité entre le roi d'Espagne Phi-
lippe II et la Sainte-Ligue (les « Seize »), contre Henri
roi de Navarre (Henri IV). — Le 12 oct. 1604, le 24 févr.
1606, traités de commerce entre Henri IV, d'une part,
l'Espagne et l'Angleterre de l'autre. — Le 6 sept. 1617,
médiation entre la République de Venise et l'Empire. —
Le 7 févr. 1623, Louis XIH traite avec la Savoie et Ve-
nise concernant la restitution de la Valteline (V. Ricm:-
LiEL). — Le 28 août 1627, le même roi accorde des sub-
sides aux Provinces-Unies de Hollande. — Le 1^"^' nov.
163i, il se ligue aux divers princes protestants de l'Em-
pire. — Le 8 févr. 1635, il se ligue avec la Suède contre
l'empereur Ferdinand IL — Le 17 avr. 1637, il signe
une convention avec le duc Bernard de Saxe-Weimar. —
En 1637 (17 déc.) et 1639 (24 mars), il s'alhe avec les
Provinccs-Lnies, moyennant subsides de la France. —
Le 29 mars 1641, il traite avec le duc de Lorraine,
Charles VI, qui redevint neutre et céda au roi plusieurs
places fortes. — En [6il (1^^' juin), il s'aUie avec le roi
de Portugal, Jean VI, récemment établi. — Pendant la
minorité de Louis XIV furent signés, à Paris : une conven-
tion^ commerciale avec le duché de Courlande (30 déc.
\i\VA\' iiii traité protégeant le duc de Wurttemberg
16
(25 janv. 1644); uu traité de commerce avec la Hollande
(18 avr. 1646); un traité avec les treize cantons (29 mai
1619); un traité avec le duc de Bouillon pour l'échange
de Sedan, de Bouillon, etc. (20 mars 1651). — Aucun
traité important du règne personnel de Louis XIV n'a été
signé à Paris.
Sous la Régence et sous Louis XV, on peut citer :
un traité de commerce et de navigation avec les villes
de la Hanse teutonique (28 sei)t. 1716) ; un traité avec
h^ duc de Lorraine Léopold (21 janv. 1718); une (on-
\ention a^ec la ?avoie. concernant l'exécution du traite*
d'Utrecht, suivie d'un article secret (4 avr. 1718) ;
une convention avec la Grande-Bretagne, touchant l'ulti-
matum des conditions de paix entre l'empereur, l'Espagne,
et les Deux-Siciles (18 juil. 1718); les préliminaires de
ami —
PARIS
la paix entre l'Espagne et rAngleterre (3i mai 1727); le
Pacte de famille (V. Famille, t. XVI, p. 1 184) du 15 août
'176i ; le traité de paix entre l'Angleterre, d'une part,
la France et l'Espagne, d'autre part, qui termine, le
10 févr, 1763, la guenr de Sept ans (V. Sept ans
[Guerre de]) : trois conventions annexes avec ]'Es])agiie
et la Sardaigne (10 juin 1763); la convention avec l'Au-
triche concernant trois prieurés situés en Alsace (l 1 juin
4774).
Sous Louis XVI, le 6 févr. 1778, sont signés deux
traités avec les Etats-Unis d'Amérique, l'un d'amitié et
de commerce, l'autre d'alliance ofiensive et défensive ;
le 21 mai 1786, une convention avec le Wurttemberg,
à l'effet de délimiter le comté de Montbéliard.
Pendant la Révolution, en dehors des décrets de réunion
ou autres que les assemblées votèrent à Paris et qui inau-
guraient un nouveau droit des gens, on peut citer deux
conventions, l'une avec le prince de Salm, l'autre avec
le prince de Lœwenstein, les indemnisant de la perle
de leurs droits féodaux en France (29 avr. 1792). —
Le 9 févr. 1795, la Toscane, qui se détacha la pre-
mière de la première coalition, signe avec la République
française, à Paris, un traité de paix et de neutralité. C'est
à Paris (14 avr.) qu'est ratifié le traité du 5 avr. 1795
signé à Bâle avec la Prusse; il en est de môme (22 juil.)
de celui, signé à Bâle également, avec l'Espagne.
Sous le Directoire, après l'armistice de Cherasco, la Sar-
daigne traite k Paris le 15 mai 1796, et nous cède la Savoie
et le comté de Nice. Viennent ensuite des traités avec le
Wurttemberg (7 août), Bade (22 août), Naples (10 oct.),
Parme (5 nov.), le Portugal (21 août 1797), et la conhr-
mation du traité de Campo-Formio (27 oct.). La Répu-
blique cisalpine, créée par ce traité, fait alliance avec la
République française par le traité signé à Paris le 22 févr.
1798. Le 19 août, traité d'alliance de la France et de la
République helvétique (articles secrets); le 30 mai 1799,
traité de commerce entre ces deux puissances.
Le Consulat signe à Paris un traité en partie secret avec la
République batave (5 janv. 1800) ; un traité de paix, de
commerce etdenavigationaveclesEtats-Unis(30sept.) ; un
Concordat (V. ce mot) avec le saint-siège (15 juil 1801);
un traité avec la Bavière (24 août) ; la paix avec la Russie
(8 oct.), avec le Wurttemberg (20 mai 1802), avec la Tur-
quie (25 juin); avec les Etats-Unis auxquels est cédée la
Louisiane (30 avr. 1803); avec la République batave con-
cernant sa coopération à la guerre contre l'Angleterre
(25 juin).
Sous le premi ,r Empire, sont signés à Paris une con-
vention avec r dlemagne concernant l'octroi de la navi-
gation du Rh'A (15 août 1804), un traité de neutrahté
avec les DeFx-Siciles (21 sept. 1805), le traité concer-
nante conversion de la République batave en royaume de
Hollande pour le prince Louis-Napoléon (24 mai 1806) ;
la convention sur le payement des contributions de guerre
de la Prusse (8 sept. 1808) ; le traité de paix avec la'Suède
(6 janv. 1810) ; le traité pour la réunion du Hanovre au
royaume de Westphalie (14 janv.), pour la formation du
grand-duché de Francfort (16 févr.) ; pour l'interdiction du
commerce entre la Hollande et l'Angleterre (Blocus con-
tinental) et la cession à la France, par la Hollande,
de la rive gauche du Rhin (16 mars), un traité avec le
royaume de Westphalie pour le partage du Hanovre
(10 mai 1811); les traités d'alliance, contre la Russie,
avec la Prusse (24 févr. 1812) et avec l'Autriche (14 mars) ;
la capitulation de P«77*s (V. ci-dessus, Paris [Histoire de]),
du 31 mars 1814; le traité de l'Autriche, de la Prusse et
de la Russie « concernant l'abdication de Napoléon P^' et
la position future de lui et de sa famille (11 avr.) ».
Le traité du 30 mai 1814, dit « premier traité de Paris »,
entre la France, l'Autriche, la Russie, la Prusse, l'An-
gleterre : la France rentrera dans ses limites du 1^^' janv.
1792, avec l'addition de quelques cantons aux dép. de l'Ain,
du Bas-Rhin, de la Moselle et des Ardennes, et d'une
partie de la Savoie. Elle recouvre également les colonies
qu'elle avait à cette même date, sauf Tancienne moitié
espagnole de Saint-Domingue (indépendante), les îles Ta-
l)ago, Sainte-Lucie et nie de France (Maurice), cédées
aux Anglais. Malte était atdibuée à l'Angleterre ; la liberté
de la navigation du Rhin proclamée. La Hollande était
replacée sous la domination de la maison d'Orange avec
promesse d'un accroissement territorial ; les Etats alle-
mands devaient être indépendanls et um's par un lien fédé-
ratif; la Suisse absolument indépendante; la partie de
l'Itahe qui n'écherrait pas à l'Autriche serait composée
d'états souverains. Le traité avec l'Espagne fut également
signé à Paris le 20 juil. Apj'ès les Cent-Jours (V. ce mot),
furent tenues à Paris des conférences entre les cinq puis-
sances, sur les bases des arrangemenls pécuniaires avec
la France (procès-verbal, 13 oct.) et fut signé le « se-
cond traité de Paris (20 nov.) » : Talleyrand, qui repré-
sentait la France au congrès de Vienne (V. ce mot),
s'était appuyé sur les Etats secondaires menacés, sur l'An-
gleterre, qui voulait l'équilibre continental, sur l'Autriche,
rivale de la Prusse, et avait ébauché avec ses deux puis-
sances la convention secrète du 3 juil. 1815. Les Cent-
Jours nous firent perdre ces avantages diplomati(|ues. Les
alhés considérèrent la France comme « complice » de Na-
poléon : r Autriche, la Prusse surtout, parlent de la dé-
membrer. Le tsar et l'Angleterre enrayèrent les ambi-
tions allemandes. Mais la France perdit Phibppeville,
Marienbourg, Bouillon, Sarrelouis, Landau, la Savoie.
Huningue fut démantelé. L'indemnité de guerre, fixée à
700 millions, dépassa en réalité un milliard par suite des
revendications particulières. Pendant cinq ans, 150.000
étrangers devaient occuper à nos frais les départements
de l'Est, où près d'un million d'hommes exerçaient depuis
cinq mois leurs exactions et leurs vengeances. Le 20 nov.
1815 furent également signées à Paris quatre conventions
spéciales : l'une, sur le payement de l'indemnité par la
France; la deuxième, concernant l'occupation d'une ligne
militaire en France par les armées alliées, suivie d'un
article additionnel et d'un tarif; la troisième, relative aux
réclamations des sujets des puissances aUiées; la qua-
trième (avec l'Angleterre seulement), concernant la liqui-
dation des créances anglaises sur la France. Enfin les
quatre grandes puissances et le Portugal signèrent une
déclaration portant reconnaissance et garantie de la neu-
tralité et de l'intégrité de la Suisse. Tous ces actes font
d'ailleurs partie de l'instrument diplomatique qui les en-
veloppe et les complète, les traités de Vienne (V. ce mot).
Le 27 oct. 1816, convention pour indemniser la banque
de Hambourg des perles éprouvées en 1813 et 1814. —
Le 28 févr. 1817, convention pour l'abolition des privi-
lèges des Français dans le royaume des Deux-Siciles. -—
Le 10 juin, traité concernant la réversion des duchés de
Parme, Plaisance et Guastalla. — Le 28 avr., traité avec
le Portugal pour la remise de la Guyane française et la
fixation des limites. — Les 25 avr. et 4 juil. 1818, con-
ventions prépai'atoi]*es à l'évacuation anticipée du territoire
français (décidée le 9 oct. suivant à Aix-la-Chapelle). —
Le 9 août 1820, convention avec la Sardaigne pour Tex-
tradition réciproque des déserteurs. — Le 2 oct. 1821,
convention identique avec les Pays-Bas. — Le 30 avr.
1827, convention pour le payement des créances françaises
sur l'Espagne. — Le 10 mars 1827, convention avec la
Bavière pour l'extradition réciproque des déserteurs. —
Le 8 mai, déclai'ations échangées touchant les relations
commerciales de la France et du Mexique. — Le 25 juil.
1828, convention avec la Prusse pour l'extradition des
déserteurs.
Sous le gouvernement de Juillet, convention entre la
France et la Grande-Bretagne pour la suppression de la
traite des noirs par l'établissement de croisières commîmes
(30 nov. 1831), complétée le 22marsl833 (V. Tuahe). —
Le 19 juil. 1836, traité de commerce et de navigation avec
leMecklembourg-Schwerin. — Le 27 juil. 1838. convention
PARIS
4094
postale avec la Sardaigne. — Le 10 mai 1839, coiivention
postale (additionnelle) avec l'Angleterre. —Le "i août, con-
vention avec l'Angleterre pour fixer les limites des pêcheries
sur les côtes. — Le 2o sept. 1839, traité d'amitié et de
commerce avec le Texas. — Le "25 juii. 1840, traité de
commerce avec les Pays-Bas. - Le l(i août, convenlion
postale (additionnelle) avec Genève, et, le lo sept., avec
la Belgique. — Le 9 févr. 1842, convention (addition-
nelle) au traité de commerce signé avec le Danemark. -
Le 30 nov. 1843, convention postale avec l'Autriche. —
Le 11 sept. 1844, avec Tour-et-Taxis (Allemagne). — Le
'21 juin 1845, convention d'extradition ;ivec la Prusse.
— i^e 26 juil. , conventions postales avec les cantons suisses
de Neuchàtel, Berne. Genève, Zurich, Vaud. — Le 13 déc,
convention commerciale avec la Belgique. Le 23 mars
iS46, convention d'extradition avec le royaume de Ba-
vière. — Conventions postales avec Tour-et-Taxis, 4 avr.;
avec Bâle, J5 sept. ; avec Saint-Gall, 13 oct.
Pendant la seconde Républi({ue furent négociés à Paris
une convention postale avec la Grande-Bretagne, 30 août
1848 ; un traité d'amitié avec Saint-Domingue (non ratifié),
22 oct. ; un traité de commerce et de navigation avec la
Belgique, 17 nov. 18^9; une convention postale avec la
Suisse, 25 nov.
Sous le second Empire, furent signés une déclaratioi]
pour régler le mode de partage des trophées et du butin
dans la guerre d'Orient, entre la France et l'Angleterre.
10 juil. 1855 (accession de la Sardaigne et de la Tur-
quie, 15 nov.); un traité d'amitié, de commerce et de na-
vigation avec le Honduras, 22 févr. 1856; les protocoles
du congrès tenu à Paris pour le rétablissement de la paix
en Orient (26 févr.) et le traité do paix (30 mars) qui
termina la guerre de Crimée (V. Question d'Orient).
Le cinquième traité de Paris est celui du 30 mars 1856,
qui a mis fm à la guerre de Crimée entre la rrance,la
Grande-Bretagne, la Sardaigne et la Turquie, d'une part,
la Russie, d'autre part ; l'Autriche et la Prusse avaient
été conviées par les belligérants à prendre part aux con-
férences, et elles ont signé le traité avec les intéressés
directs. Ce traité est fort important, moins quant à ses
conséquences géographiques — car on lui a donné pour
base à cet égard VuH possidelis ante hélium — que
par les principes qu'il a fait entrer dans le droit public
européen. Les règles générales de ce droit ont été éten-
dues aux relations internationales avec la Porte ; le res-
pect de l'indépendance et de l'intégrité de l'Empire otto-
man a été. formellement sanctionné; il a été convenu que
toute puissance ayant des démêlés avec cet empire com-
mencerait, avant de recourir aux armes, ])a]^ soumettre
son différend à la médiation des autres signuiaiiTs; les
droits civils et politiques des sujets chrétiens du sullan
ont été reconnus, sous les auspices des puissances, par
un firman proclamant l'égalité de conditions de tous les
sujets ottomans, sans distinction de religion, ni de race;
et, en échange de ces déclarations solennelles, les puis-
sances ont promis de ne pas s'immiscer dans l'adminis-
tration intérieure de la Turquie. D'autre part, le traité a
consacré le principe de la libre navigation du Danube et
de la neutrahsation de la mer Noire; il interdit, en con-
séquence, l'accès dans la mer Noire de tous navires de
guerre autres que les garde-côtes russes ou ottomans. ïl
confirme l'indépendance administrative des principautés
vassales de Vaîachie et de Moldavie, sous la garantie col-
lective des puissances, et place la principauté de Serbie
dans une situation analogue, tout en réservant sur ces
divers Etats la suzeraineté de la Porte. A. ce traité de
Paris de 1856 se rattachent directement trois autres actes,
dont le second surtout a une portée considérable. D'une
part, par une convention du 15 avr., signée également à
Paris, la France et l'Angleterre s'engagèrent à garantir
ensemble l'indépendance et l'intégrité de l'Empire otio-
man et à regarder comme un castis belli toute infraction
au traité du 30 mars. D'autre part, les plénipotentiaires
des sept puissances, réunis en conférence a|)rès la signa-
ture du traité de paix proprement dit, ont signé, le 1() avr. ,
la cclèDre déclaration stipulant les quatre points suivants :
1^ la course est et demeure abolie ; 2^' le pavillon neutre
couvre la marchandise ennemie, à l'exception de la con-
trebande de guerre ; 3" la marchandise neutre, à l'excep-
tion de la contrebande de guerre, n'est pas saisissalde
sous pavillon ennemi ; 4*^ les blocus, pour être obliga-
toires, doivent être effectifs. Tous les Etals de l'Europe
ci (ic r Vmérique ont successivement adhéré à cette décla-
ration, sauf, en ce qui concerne le premier article, l'Es-
pagiie, les Etats-Lnis et le Mexique ; encore, dans la
récente guerre hispano-américaine, les belligérants ont-
ils expressémeiîi jonoîicé à recourir à la course. Enfin, le
19 août 1858. les plénipotentiaires des sept mêmes puis-
sances ont signé une convention réglant l'organisation
des principaulés de Moldavie et Je Valachio, dont le traité
de 1856 avait disputé l'autonomie sous la suzeraineté de
la Porte.
Citons ensuite le traité qui abolit les droits de sou-
veraineté de la Prusse sur la principauté de Neuchâtei
et le comté do Valangin (26 mai 1857) ; le traité
relatif à la délimiiation de la Bessarabie et au delta du
Danube (19 juin) ; les pr(ttocoles (22 mai 1858) et la
convention (19 août) pour l'oi'ganisation des principautés
de Moldavie et de V.daciii<', suivie de stipulations électo-
rales; le traité de commerce avec la Grande-Bretagne
(22 fé\r. 1860); les protocoles des conférences tenues
entre les grandes puissances et la P'orte pour le retabhs-
sement de la paix (^n Syrie (3 août) et pour l'occupation
t(Mnporaire de ce ])ays (.-) sept. LS60 et 19 févr., 15 mars
18G1), la conveiition (la 23 août 1860 réglant diverses
(luestions relatives ;i la réunion de la Sa\oie et (îe Nice à
\-\ France; — le ti-ailé ^aï 2 it*v. 1861, entre Eempereur
des Français et le prince de Monaco, par lequel ce dernier
a cédé à la France, moyennant 4 milhons de francs, les
communes de Menton et de Roquebrune et conclu avec elle
une uïiion douanière; la convention du 4 avr, 1861 avec la
Pi'usse pourFétablissement d'une ligne navigable entre le ca-
nal de la Marne au llhin et les houillères du bassin de Sarre-
bruck: le traité de commerce du 1^^' mai avec la Belgique;
à la même date et avec le même Etat, la convention pour
la garantie réciproque de la pi'Opriété littéraire, artistique
et iîidustrielle ; la convention du 15 févr. 1862 concer-
nant le règlement de la dette espagnole, et les séquestres
el prises maritimes opérés en 1823 et 1824; les articles
additionnels du l^^evr. 1863 modifiant le traité de com-
mei-ce du 2.') juil. avec les Pays-Bas; la convenlion du
15 sept., entre la France et Fltalie, poui' l'évacuation des
Etals pontificaux par les Français ; la convention du
23 déc. 1865 pour l'union monétaire de la France, de la
Belgique, de ITtalie et de la Suisse ; les protocoles
( 10 mai's) des conférences tenues à Paris relativement aux
affaires des principaulés danubiennes et à la navigation du
Danube; la convention du 7 déc. 1866 avec l'Italie pour
e règlement de la dette pontificale; le traité avec le Siam,
relatif au Cambodge, !5 juil. 1867 ; la convention sur les
pêcheries de la Manche, avec la Grande-Brelagne (1 1 nov.);
les protocoles des conférences tenues entre les gi'andes
puissanres poui' aplanir le différend turco-grec (f> janv.
1869).
Sous la troisième République, le pren^ier acte signé
à Paris fut rarrangement entre la France et l'Allemagne
modifiant l'indemnilé d'alimentation et le tarif de rations
à fournil' à l'armée d'occupation ahemande (10 nov. 1871):
\iennent ensuite le procès-verbal d'échange des ratifica-
tions de la convention additionnelle du M déc. 1871 au
traité de Francfort, le 11 janv. 1872; l'arrangement pour
l'admission réciproque des actes de l'état civil concernant
LAlsace-Lorraine (14 juin 1872); la convention relative
au partage de la commune d'Avricourt enti'e l'Allemagne et
la France (28 août) ; le protocole du 7 oct. 1874 pour déter-
miner les circonscriptions diocésaines entre ces deux pays.
— 1095 —
PARIS
Le -10 août i87T, par un « traité de Paris », la Suède
a rétrocédé à la France File de Saint-Barthélémy (An-
tilles), qui, après avoir appai-teira à la France, avait été
cédée par elle à ia Suède en 1784 ; (Ciie r'Hroc.-^ssion a
été confirmée p'^ir un plébiscite.
Fnnn, c'est à Pinis qu'a été sigiié, le 10 déceniiue 1898,
le traité qui a uns (in à la guerre entre les Etats-Unis et
l'Espagne relativement à Cuba. Ce iraité comporte, outre
l'abandon de la souvei'aiiieté espagnole sur cette lie, la
cession complète et sans conditions, aux l]tats-Unis, do
Porto-Fiico, de File de Guam dans Farcijipel des Lar-
rons, et, enlin, de tout Farchipel des Philippiiii's moyen -
nanil un ^ersem«^nt de W millions de dollars.
Dans le dernier quarl du xix^ siècle, les conventions
de l(mte soi-te, souvenî sur des points de détail, eL
d'autre part, les questions coloniales ont pris un tel déve-
loppement, qne nous sommes oljligé (le renvoyer le lecteur
aux Tables alphahéthiiies : 'V' du t XX du Soliveau
ïiecueil général des Iraitês (commencé |)ar G. Fi'. de
Marlejis et continué par Fii. vSamver et Jules Kopt; Gol-
tingue, 187^]); T des vin^^i et un t(îmes annuels de ia
même publication, ^2^' sério. par Samwer et Hopf jusqu'au
ireizième, pnc l'\'lix Sta-rk (iepuis le qiiatoi'/.ième; Got-
tingue. 1876 à i8;07. IL Mikxin.
Conciles de Paris. — La C>allia Clirisliana, Wbi
de vérifier les dates, les Mémoires du clergé et les recueils
spéciaux indiqueiit soixante-sept conciles tenus à Paris de
360 à 1811. Nous ne mentionnerons que ceux dont les
décisions sont importantes pour l'histoire générale de
FEglise, de FFtat et des mœurs cléricales. — 360. Les
évoques qui firent partie de ce concile s'étaient assemblés
sur la demande d'IJilaire de Poitiers, qui se trouvait alors
en Orient ; ils réprouvèrent la formule arienne de Rimini
(Y. Apjaxisme, t. llï, p. 893, 1^'" col.) et excommunièrent
Saturnin, évèque d'Arles. Cette excommunication fut con-
firmée en 362. — o37. Canons destinés à em.pêcher le
roi de disposer des biens de FFglise et de nommer les
évêques. Le concile déclare nulle l'ordination d'an évèque
nommé par le roi, malgré les fidèles et contrairement à
la volonté du métropolitain et des évèques de la province.
— 573. Sur la demande de Papolus, évèque de Chartres,
quatre-vingt-deux évèques déposentPromotus, sacré évèque
par ordre de Sigebert, en violation des règles canoniques.
— o77. Quarante-cinq évèques. Dans ce concile, Gré-
goire de Tours prit la défense de Prétextât, évèque de
Rouen, contre le roi Chilpéric.^ — 18 oct. 615. Soixa)ite-
neuf évèques. Le roi Clotaire assistait à ce concile. R y
fut décrété que pour remplacer un évèque décédé, on
ordonnerait celui <[ai aurait été choisi par le métropolitain
assisté de ses suffragants, avec l'assentiment du clergé et
du peuple de la ville. Si on ])rocédait autremeiît, sous la
pression de quelqu'un, Félection serait nulle. Défense aux
juges de faire arrêter et de condannicr un clerc à l'insu
de son évèque. Défense aux juifs de demander aucune au-
torité sur les chrétiens. Si un juif a obtenu cette autorité,
il sera baptisé avec toute sa famille. Par édit du même
jour, Clotaire approuva tous- les canons de ce concile,
mais il y introduisit des modifications importantes, notam-
ment dans le premier, à l'égard duquel il staiua que
Févêque élu par les évoques, le clergé et le peuple serait
ordoimé par ordre du roi, si le roi V estimait capable,
--8^24. Renouvellement et confirmation des décisions du
concile de Fraîicfortsur les images (V. C\RorL\s | Livres])
réprouvant ceux qui brisent les images, mais blâmant le
pape Adrien d'avoir recommandé de les adorer. Ce concile
proclama la supériorité de l'autorité des prêtres sur celle
des princes. -™ 829. En cette année, Louis le Pieux et
son fds Lothaire tirent assembler quatre conciles pour
la réforme des Eglises de l'empire. Ces conciles eurent lieu
à Mayence, à L3^on, à Toulouse et à Paris. Il ne nous
reste que les canons du concile de Paris, qui était composé
des évèques des provinces de Reims, de Sens, de Tours
et de Rouen. Il s'ouvrit le 6 iuhi. Ses décisions consti-
tuèrent une sorte de code ecclésiastique divisé en trois
parties. La première regarde la discipline ecclésiastique
et contient 54 canons, dont le IH^ enseigne que l'Eglise
comporte deux puissances : la sacerdotale et la royale.
La deuxième partie comprend 13 canons. Le ¥^, le ïï^
et le V^ déclarent aux princes que leur principal devoir
est de défendre l'Eglise. La troisième partie est formée
de décisions empruntées à de précédents conciles, parmi
lesquelles se trouve la décision déjà mentionnée sur le
culte des images. La plupart des réformes disciplinaires
décrétées par ce concile sont relatées dans les notices de
notre Encyclopédie affectées aux matières qu'elles con-
cernent. — ^846. Le prince donnera aux évêques des pou-
voirs signés de son sceau, afin qu'ils puissent accomplir
leur divin ministère, lorsqu'ils auront besoin de Faction
de la puissance royale.
1021'. Le titre d'ap(;tre est décerné à saint Maîlial. —
1050. Condamnation de la doctrine de Rérenger et de Jean
Scot sur Fl'jicharistie. Ce concile, composé d'un grand
nombre d'évèqu.es. par ordre et en présence du roi, décida
que si Bérenger et ses partisans ne se rétractaient point,
toute l'armée, ayant le clergé en tête, irait les assiéger
en quelque lieu qu'ils fussent, et les punir de mort. —
1074. Paris ou les environs. Ce concile réprouva le dé-
cret de Grégoire VR, interdisant l'entrée des églises aux
clercs coupables de fornication, expression qui désignait
le mariage aussi bien que le concubinage (V. Célibat,
t. IX, p. lOi'3). Gauthier, abbé de Pontoise, y fut fort
maltraité, parce qu'il soutenait ce décret. — 1104. Con-
cile composé des trois [U'ovinces de Sens, de Tours et de
Reims. Lambert, évèque d'Arras, y avait été délégué pour
donner l'absolution au roi Philippe. Ce prince vint dans
Fassemblée, nu-pieds, avec de grandes démonstrations
d'humihté; il jura sur les Evangiles de n'avoir plus de
i;ommerce avec Rerthrade et de ne la voir qu'en présence
de témoins non suspects. Rerthrade lit un serment ana-
logue. — 1120, Réforme de plusieurs monastères. Les
rehgieuses d'Argenteuil sont remplacées par des moines
de Saint-Denis. Elles avaient pour prieure Héloïse, femme
d'Abélard. Plusieurs se retirèrent avec elle, dans le dio-
cèse de Troyes, au Paraclet, récemment fondé. — 1147.
Saint Rernard y accuse d'hérésie la doctrine de Gilbert
de la Porée, évèque de Poitiers, sur la Trinité. — 1188.
Philippe-Auguste y établit la Dime saladine. — 1196. Con-
cile présidé par deux légats et formé des évêques et des
abbés de tout le royaume. On devait y examiner la vali-
dité du mariage de Philippe-Auguste avec Ingelburge de
Danemark. On n'y décida rien. — - 1210. Concile présidé
par le cardinal-légat Pierre de Courçon. On y condamna
la doctrine d'Amaury et quatorze de ses disciples, qui
furent brûlés. On condamna pareillement au feu les livres
de la Métaphysique cFAristote. — 1213. Concile par le
même légat. Règlements sur les mœurs des ecclésiastiques,
donnant sur ces mouirs des indications caractéristiques.
!ls sont divisés en quatre parties. La première, conte-
jiant 20 canons, concerne les clercs séculiers. I. Ils s'ab-
tiendront des conversations trop fréquentes ou dangereuses
dans les églises et dans le chœur, et des promenades inu-
tiles. III etïV. Ils n'auront ni chiens, ni oiseaux de chasse,
ni femmes chez eux. XVL On ne souffrira point dans les
cloitres d'assemblées de jeu ou de débauche. La deuxième
partie regarde les cbanoines et les réguliers : 27 canons.
IR. Les évèques feront boucher les petites portes qui se
trouvent dans les abbayes et les prieurés. X. Défense
aux religieux d'avoir des chambres hors des dortoirs, de
recevoir des femmes dans des Keux suspects, de jouer à
des jeux défendus et d'aller à la chasse. XXL De coucher
deux dans le même lit. Troisième partie (religieuses,
abbés, abbesses) : 21 canons. I. On ne souffrira point
auprès des religieuses des serviteurs et des clercs suspects.
ïï. Elles coucheront seules. IV. Elles ne doivent point
danser dans les cloîtres. VIL Les évêques leur donneront
des confesseurs sages et discrets. XIL Les abbés et les
PARIS
— 1096 —
prieurs n'auront point do jeunes laquais. XIV. Us ne
laisseront point entrer dans leurs monastères des jeunes
filles ou des femmes suspectes. Quatrième partie (arche-
vêques et évêques) : 21 canons. I. Recommandation d'être
sages et modestes dans leur conduite. II. Ils n'entendront
point matines dans leur lit, et ne causeront point pendant
les offices. IV. Ils n'iront point à la chasse et ne joueront
point aux dés. XVI. Us aboliront la fête des fous. XX,
XXL Us extirperont le crime qu'il est défendu de nommer,
et le feront punir selon l'ordonnance du concile de La-
tran. — Août 1215. Robert de Courçon y lit recevoir un
règlement embrassant toute la discipline de Fécolc de
Paris. C'est le plus ancien document de ce genre c[ue l'on
connaisse. Il ordonne d'expliquer ordinairement la Dialec-
tique d'Aristote ; mais il défend de lire sa Métaphysique
et sa Physique. — 1223, 1 224, 1226, 1229 . Les conciles
assemblés en ces années, à Paris, concernent les Albi-
geois et Raymond, comte de Toulouse. — 4255. Dans ce
concile, on nomma des arbitres pour juger le différend
entre l'Université et les frères prêcheurs. Leur sentence
exclut les frères prêcheurs du corps des maîtres et écho-
liers de Paris, à moins que ces derniers ne les rappelassent
volontairement. Elle fut confirmée par un concile tenu
Tannée suivante. Mais les frères prêcheurs firent appel
au pape, qui prononça entièrement en leur faveur. —
Dec. 1281 : Quatre archevêques, vingt évêques. L'Uni-
versité se joignit à eux. Ils se plaignirent des religieux
mendiants qui prêchaient et confessaient malgré eux dans
leurs diocèses. Une bulle de Martin IV (iO janv. 1282)
confirma aux frères mineurs le pouvoir de prêcher et
d'entendre les confessions, mais avec cette clause : « Nous
voulons que ceux qui se confesseront à ces frères soient
tenus de se confesser à leurs curés au moins une fois
l'année, suivant l'ordonnance du concile. » Cette ordon-
nance est un décret du IV *^ concile de Latran.
10 avril 1302, 12 mars et 13 juin 1303. Ces dates se
rapportent aux premières assemblées des Etats généraux.
Mais ces assemblées peuvent être considérées comme des
conciles, parce que les questions dont elles s'occupèrent
appartiennent essentiellement à l'histoire ecclésiastique.
Elles résultaient du conflit survenu entre Philippe le Bel
et Boniface VIII, relativement aux droits de la puissance
pontificale et aux droits de la puissance royale, aux droits
des Eglises nationales et aux prétentions de la papauté.
Sous la pression du roi, des seigneurs, des représentants
des universités et des communes, le clergé prit parti pour
le roi (V. Boniface VIII, t. VIII, pp. 294 et suiv.). ~
16-28 mai 1310. Concile présidé par Philippe de Mari-
gny, archevêque de Sens. On y fit le procès des Tem-
pliers, plusieurs furent absous, "d'autres furent condamnés
a la prison perpétuelle, cinquante-neuf furent brûlés dans
les champs, près de l'abbaye Saint-Antoine. Tous protes-
tèrent de leur innocence. — 1328-29, Assemblées de pré-
lats et de seigneurs tenues à Vincennes, en présence du
roi Philippe de Valois, pour fixer les limites de la juridic-
tion ecclésiastique et de la juridiction laïque (V. Juridic-
tion, t. XXI, p. 335, 1^^ col.). — 13 mars 1447. Con-
cile présidé par l'archevêque de Sens : 13 canons. I. Plainte
contre les usurpations de la justice laïque, et revendica-
tion de l'immunité des clercs. III. On tiendra pour sus-
pects d'hérésie ceux qui demeureront plus d'un an dans
l'excommunication. IV. Sont excommuniés les seigneurs
et les magistrats qui n'arrêtent point les gens suspects
d'hérésie ou qui, après les aA^oir arrêtés, ne les livrent
point aux évêques.
Les conciles ou assemblées qui suivent ont été tenues
pendant le grand schisme d'Occident. — y*^l nov. 1378.
Une assemblée convoquée à Vincennes, par Charles V, se
prononce en faveur de Clément VIL L'année suivante, cet
antipape fixa sa résidence à Avignon. — 1395. Concile
réuni par Charles VI. UArt de vérifier les dates le
classe comme Premier concile Nxitional de France. Cin-
quante-cinq patriarches, archevêques et évêques, neuf
abbés, beaucoup de doyens et des docteurs y assistèrent.
L'objet de la convocation était l'extinction du schisme. On
convint que le moyen le plus convenable pour y parvenir
était d'obtenir la démission des papes rivaux. Benoît Xlil
(Pierre de Luna) qui résidait à Avignon, refusa la sienne.
— Juil. 1398. IP Concile national : 11 archevêques,
60 évêques, 70 abbés, 60 procureurs de chapitres, le
recteur de l'université de Paris, les députés des univer-
sités d'Orléans, d'Angers, Montpellier, Toulouse, un grand
nombre de docteurs en théologie et en droit. Une résolu-
tion promulguée par lettres patentes du roi (27 juil.) dé-
clara que le roi, les princes du sang et plusieurs autres
et avec eux toute l'Eglise du royaume, tant le clergé que
le peuple, se retiraient entièrement de l'obéissance de Be-
noît XIII et de ses adversaires. D'autres édits pourvurent
au gouvernement del'Eghse de France, à défaut de pape.
Cette soustraction dura jusqu'au 30 mai 1403. Le roi la
révoqua alors et rendit pour lui et pour son royaume l'obéis-
sance à Benoît XIII, parce qu'il avait consenti à donner sa
démission, tandis que Boniface JX s'obstinait à refuser la
sienne. — 1406-7. Deux assemblées du clergé décident
de se soustraire de nouveau à l'obéissance de Benoit Xt[
et demandent la convocation d'un concile général. —
11 aoùt-15 nov. Ii08. III^ Concile national. Il déclara
les adhérents de Benoît XIII fauteurs d'hérésie, et nomma
les prélats et les députés qui devraient se rendre au con-
cile de Pise. — 1429. Mesures sévères décrétées contre la
fête des fous et la fête de l'âne.
3 fév.-9 oct. 1528. Concile présidé par le cardinal Du
Prat, archevêque de Sens. 11 avait pour objet la condam-
nation de la doctrine de Luther et la réformation de
l'Eglise dans la discipline et dans les mœurs. On y fit
16 décrets pour affirmer les points de foi attaqués : unité,
infaiUibilité et visibilité de l'Eglise ; autorité des conciles,
des livres canoniques, de la tradition, des constitutions
et des usages ecclésiastiques; jeûnes et abstinences, céli-
bat des prêtres, vœux monastiques, sacrements, sacrifice
de la messe, satisfaction, purgatoire et prière pour les
morts, culte des saints, culte des images, libre arhitre,
nécessité des bonnes œuvres. Les règlements sur la disci-
pHne et les mœurs sont contenus en 40 articles, qui n'at-
teignent sérieusement aucun des abus qui fournissaient
aux Réformateurs leurs arguments les plus puissants. —
13 mars 1612. Sur les instances du cardinal Du Perron,
ce concile condamna le traité De ecclesiastica et politica
potestate, dans lequel Edmond Richer, syndic de la fa-
culté de théologie de Paris, formulant logiquement les
conclusions du galUcanisme, enseignait que la juridiction
appartient essentiellement à l'Eglise et éventuellement au
pape et aux évêques. Cette condamnation déclarait que le
livre de Richer contenait plusieurs propositions fausses,
schismatiques et hérétiques, mais sans citer ces proposi-
tions et en réservant, pour la forme, les droits du roi et
de la couronne de France, droits, immunités et libertés
de l'Eglise gallicane. Richer appela comme d'abus; mais
la reine mère défendit au Parlement de recevoir son appel,
et le fit déposer.
1811. Concile national assemblé par Napoléon. Le pape
Pie VII, prisonnier à Savone, avait refusé l'institution
canonique aux évêques nommés par l'empereur. En pré-
sence de ce refus, il s'agissait de trouver un moyen de
pourvoir à ce que l'institution ne fut suspendue par au-
cune autre cause que les empêchements canoniques. Le
25 avr., l'empereur convoqua les évêques de la France,
de l'Italie et de la portion de l'Allemagne comprise dans
ses Etats. Le concile se réunit le 9 juin ; il se composait
de 6 cardinaux, 9 archevêques, 80 évêques, 9 prêtres
nommés à des évêchés, mais non encore institués canoni-
quement. Le cardinal Fesch en fut le président. — Le
11 mai, Pie VII avait accepté quatre propositions écrites
sous ses yeux, en forme de note ; mais il ne les avait pas
signées. Sa Sainteté promettait d'accorder l'institution
canonique aux sujets nommés par l'empereur, en la forme
1097
PARIS
convenue par les concordats. Elle consentait à ce qu'il fût
inséré dans ces concordats une clause, par laquelle elle
s'engageait à faire expédier aux évoques nommés une
bulle d'institution, dans un temps déterminé, que Sa Sain-
teté estimait ne pouvoir être moindre que six mois. Dans
le cas où elle différerait plus longtemps, pour des raisons
autres que l'indignité des sujets, elle investirait du pou-
voir de donner l'institution en son nom, après les six
mois expirés, le métropolitain du siège vacant ou, à
son défaut, le plus ancien évéque de la province. — Cette
note, apportée de Savone, fut présentée au concile, comme
devant supprimer toutes les hésitations. Le 9 juil., la
commission chargée du rapport proposa au concile de se
déclarer compétent pour statuer sur le mode de l'institu-
tion que le métropolitain devrait donner dans le cas prévu
par la note. L'assemblée ne décida rien ce jour-là. Dans
la nuit, |un membre de la commission, où la proposition
du rapport n'avait obtenu que la majorité d'une seule
voix, passa au parti des opposants, qui, dès lors, devint
majorité. Le 11 juil., la commission, retirant ses pre-
mières conclusions, proposa au concile de se déclarer
incompétent : 1 ^ parce que la note n'était point signée ;
2« parce que l'addition relative à l'institution que le mé-
tropolitain aurait à donner n'était point textuellement
exprimée. Cette proposition fut adoptée. Le jour même,
Napoléon prononça la dissolution du concile. — Néan-
moins, la plupart des évêques restèrent à Paris. Après
plusieurs conférences avec eux, le concile fut de nouveau
convoqué en congrégation générale, le 5 août. Il se dé-
clara compétent pour statuer sur l'institution canonique
des évêques, et il statua : 1° que, après six mois écou-
lés sans que le pape eût accordé cette institution, le mé-
tropolitain y procéderait à son défaut ; '2^ que le décret
serait soumis à Tapprobation du pape. Pie VII l'accepta,
par bref du ^20 sept.; mais en y ajoutant que l'institution
serait donnée en son nom. Il envoya des bulles aux
évoques déjà nommés. Mais Napoléon ne permit pas qu'elles
leur fussent remises, nique le bref fût publié ; parce que
le conseil d'Etat lui avait fait observer que dans ce bref
le pape n'avait considéré le concile que comme une simple
assemblée. — Pour notions complémentaires, V. Nomina-
tion.
\6 août-15nov. 4797, l^'' concile national de V Eglise
constitutionnelle; i29 juin- 16 août 1801, IP concile na-
tional de cette Eglise (V. Organique, t. XXV, p. 538). — Le
20 ou 25 mai 1559, les Eglises réformées de Finance
tinrent à Paris leur I®^ Synode. On y rédigea leur Con-
fession de foi et on y arrêta les articles fondamentaux de
leur Discipline, E.-H. Vollet.
Géologie (V. Parisien et Tertiaire).
BiBL. : On ne trouvera indiqués ici ni les ouvrages rela-
tifs ù des parties de l'histoire de Paris traitées sous d'autres
mots que le mot Paris, ni les publications administratives
déjà mentionnées au cours du présent article. — Les Iji-
bliographies relatives à Paris publiées en 1847 par Giraiilt
DE Saint-Fargeau et en 1882 par V. Dufour sont insulii-
santes, et l'on se sert plus souvent du Catalogue des lirrcs
de l'abbé Bossuet ; Paris, 1888, in-8.
I. E. Belgrand, la, Seine, le bassin parisien aux âges
préhistoriques ; Paris, 1883, 2 vol. in-4. — J -L. de LAxXÊs-
sAis, Flore de Paris: Paris, 188 l,in-12. — J. -T. Dunkel, To-
pographie et consolidation des carrières sous Paris avec
urîe description géologique et hydrologique du sol; Paris,
1885, in-4. — J. Jaubert, Climatologie de la région deParis;
Paris, 1898, in-8.
II. J. DU Breul, le Théâtre des antiquités de Paris;
Paris, 1639, in-4. — H. Sauval, Histoire et recherches des
antiquités de la ville de Paris ; Paris, 1724, 3 vol. in-fol. —
Félibien et Lobineau, Histoire de Paris; Paris, 1725, 5vol.
in-fol. — Jaillot, iîec^erc/ies sur Paris; Paris, 1782, 5 vol.
Ju-8. — S. Mercier, Paris pendant la Révolution ou le
Nouveau Paris, éd. L. Lacour; Paris, 1862, 2 vol. in-12. —
A. DE Laborde, Paris inunicipe ; Paris, 1833, in-8. —
M. JoLLOis, Mémoire sur les antiquités romaines et
gallo-romaines de Paris, dans Mém. de l'Ac. des inscr.^
Antiquités de la Fr., 1813. t. I, pp. 1-178. — Le Roux de
LiNCY, Histoire de l'H. de V. de Paris, suivie d'un essai
sur l'ancien goiwernemoMt municipal de cette ville; Paris,
1846, in-4. —'[F. et L Lazare], laRevue municipale ; Paris,
1848-62, 5 vol. in-4. — A. Bonnardot, Etudes archéolo-
giques sur les anciens plans de Paris et dissertations ar-
chéologiques sur les anciennes enceintes de Paris; Paris,
1851-52, in-4, avec supplément de 1877. — Journal d'un
bourgeois de Paris sous le règne de François P"; Paris,
1854,' in-8, éd. Lalanne. — L IIxza.re, Bibliothèque muni-
cipale. Publications administratives; Paris, 1862-68, 12 vol.
in-12 — E. DE Barthélémy, Journal d'un curé ligueur de
Paris {1557-90); Paria. 1865, in- 12.— L -M. Tisserand. J?i,tro-
ducllon à l'histoire générale de Paris ; Paris, 1866, in-L —
Le Roux DE LiNCY et Tisserand. Paris et ses historiens
aux xîV et x\^ siècles ; Paris, 1867, in-L— J. Le Berquier,
Administration de la ville de Paris et du département
de la Seine ou traité pratique... : Paris, 1868, in-12. —
C. -A. Dauban, la Démagogie en 1193 à Paris; Paris. 1868,
în-8. ~ Du même. Paris en 119^ et en 1195; Paris, 1869,
in-8. — AL BoREL d'Hauterive, les Sièges de Paris; Paris,
1871, in-12. — G. Picot, Recherches sur les c[uarilniers.,
cinquantenicrs et dizainlers de la ville de Paris, dans Mé?n.
Soc. Hlst de Paris, 1875, t. I. — De Coëtlogon et Tisse-
rand, les Armoiries de la ville de Paris; Paris, 1875,2 vol.
in-(. — IL 1Î0U.SSAYE, le Premier Siège de Paris. A7i 52
avant Vère chrétienne ; Paris, 1876, in-16. — Fr. Lecaron,
Essais sur les travaux publics de la ville de Paris ait
moyen âge, dans Mém H. de P., 1877. t. III. — R. de LA,=i-
TEVRiE, Fragments de comptes relatifs aux travaux de
Paris en 1 36H.ibld.. ISlii.t IV. —A. Franklin, les Anciens
Plans de Paris; Paris, 1878. 2 vol. in-L — H. Gourdon de
Genouillac. Paris à travers les siècles ; [Paris, 1879-81],
5 vol. gr.in-8. — Fr. Lecaron, les Origines de la mimicipa-
lité parisienne, dans Mém. H. de P." 1879, t. VI, et 1881,
t. VIIL— P. Robiquet, Histoiremunicipale de Paris juscpiâ
l'avènement de Henri III ; Paris, 1880, in-8. — A. Sciimidt,
Paris pendant la Révolution française, trad. VioUet ; Paris,
1880-85.2 vol. in-8. —Journal d'un bourgeois de Paris {1W5-
4.9), éd. Tuotey ; Paris, 1881, in-8. — Bonnardot, etc.. Re-
gistres des délibérations du bureau de la ville de Paris
'{1^99-1516); Paris, 1883-96. 8 vol. in-l. - P. Robiquet.
Paris et la Ligue sous le règne de Henri III ; Paris, 18<s6.
in-8. — F. BoÛrnon, Paris ; Paris. 1887, in-8. — R. de Las-
teyrie, Cartulaire général de Paris [528-1680] ; Paris, 1887,
in-L — Ch. Delon. Notre Capitale Paris; Paris, 1888, ,ar.
in-8.- H. MoNiN, l'Etat de Paris en 1189; Paris. 1889, in-8.
— E. DE MÉNORVAL, Paris [des origines à 1115] ; Paris,
1889-97, 3 vol. in-12. — P. Robiquet, le Personnel municipal
de Paris pendant la Révolution. Période constitutionnelle;
Paris, 1890. in-8. — M. Tourneux, Bibliographie de l'his-
toire de Paris pendant la Révolution française ; Paris,
1890-91, 2 vol. gr. in-8. — A. Tuètev, Répertoire général
des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la
Révolution française; Paris, 1890-91. 3 \ol. gr. in-8. —
L.-M. Batiffol,'^<') Prévôté des marchands de Paris à la
fin du xiv« siècle, dans Bibl. de VEc. des Ch., 1891,
pp. 269-84. — M. Le Mansois-Duprey, l'Œuvre sociale de
la municipalité parisienne, 1811-91 : Paris, 1892, in-8. —
Souviron et DE Pontich, Recueil annoté de lois eï décrets
sur l'administration communale et départementale com-
prenant les textes spéciaux à l'administration de la ville
de Paris et du département de la Seine; Paris, 1893, in-8. —
M. Tourneux, Procès-verbaux de la Commune de Paris
{1192-93); Paris, 1894, in-8. — S. Lacroix, les Actes de la
Commune de Paris pendant la Révolution. 1189-90;
Paris, 1891-98, 7 vol. in-8. — E. Gay, Nos Ediles [depuis
1811] ; Paris, 1895, gr. in-8. — A. des Cilleuls, le Parloir
aux bourgeois, dans Mém. H. de P., 1895, î. XXII. —
BoRRELLi de Serres, la Réforme de la prévôté de Paris,
dans Recherches sur dii'>ers services publics du xiii^ au
xvir siècle; Paris, 1(S95, pp. 529-572, in-8. — L. Batiffol,
Le Châtelet de Paris vers l'kOO, dans Revue historique,
1896, pp. 232-241 (Le préviH de Paris). — Halem, Paris en
1190, trad. Cluiquet ; Paris. 1896, in-8. — G. Isambert, la
Vie à Paris pendant une année de la Révolution ; Paris,
1896, in-12. — G. Lenotre, Paris révolutionnaire ; Paris,
1896^ in-12 -- A. Aulard, l'Organisation municipale de
Paris pendatit la réaction thermidorienne, dans Révo-
lution française, 1897, pp. 253-260. — Commandant Palat,
Bibliographie générale de la guerre de 1810-11; Nancy
et Paris, 1897, in-8. — P. Lehautcourt, Siège de Paris;
Paris, 1898-99, 3 vol. in-8. — E. Mellié, les Sections de
Paris de 1190 à l'an IV ; Paris, 1898, in-8.
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ville de Pans et du département de la Seine ; Paris, 1884,
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toriciue de la ville de Paris ; Paris, 1779, 4 vol. in-8. —
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— 1098 —
Paris sous Philippe le Bel; Paris, 1837, in-8.--- Gihault bk
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Paris; Paris, 1852, gr. in-(S. •— F. et L. Lazare, Diction-
naire des rues de Paris et de ses -monuments; Paris, 1855,
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Paris, 1858-63, 3 vol. gr. in-fol. — Fr. l.ociv. Dictionnaire de
l'ancien Paris: Paris, [1800], in-12 — A. Springer, Paris
au xiii« siècle; Paris, 18G0, pet. in-8 —A. BERTY,Gtc., Topo-
graphie historique du vieux Paris; Paris, 18G()-97, G vol.
in-4. — Paris-guide par les principaux écrivains et artistes
de la France) Pail's 1867, 2 vol.'* in-12. — A. Lenoir, Sta-
tisticpie monwiienlaJe de Paris; Paris, 1867, 2 vol. in-fol.
et 1 vol. in-4. — Lefeuve., les Anciennes Mai.sons de Paris;
Paris, 1875, 5 vol. in-8. ~ ]M. du Camp, Paris, ses organes,
ses fonctions et sa vie; Paris, 1876, 6 vol. in-18. — F." Nar-
joux, Moniunents élevés par la vûle {1850-1880); Paris,
1877-81, 5 vol. in-fol. — V. Dufour, Collection des an-
ciennes descriptions de Paris (Isaac de Bourges, Da-
vity, etc.) ; Paris, 1878-83, 10 vol. in-12. — Atlas des anciens
-plans de Paris ; Paris, 1880, 3 vol. in-fol. — Mémoire de la
néiffdité de Paris, publié par A. -M. de BoiSLiSLEi Paris,
1881, 7fi-l. — F. Hoffbauer, Paris à travers les âges (texte
d'