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D'ARCHÉOLOGIE

LA F»F50VI]NrCE D'ORAN

FONDEE EN 1S78

TOME XXXV. 1915

72

ORAN

Imphimehie Tvpor.iiAriiKji'E et Litiioohaphique L. FOl'Ol E // et 6, Hue ThuilUer (Place Kléber)

1 9i 5

ôîsUz

621887

^1 Ao . S'S

Société de Géographie et d'Archéologie

DE LA PllOVIXCE D'ORAN 7, Rue Schneider, ORAN

MM.

COMITÉ ADMINISTRATIF DE LA SOCIÉTÉ

1914-1915

Aramboi'rg Camille.

Bascuiîng (Général).

RÉREiNGEu(ComTuand').

Dangles.

Dkciiaud.

doumergue.

DupiTv Charles

Fabre (Abbé).

Flahault.

HuoT.

Kriéoer.

Lamur Louis.

MM. I.i;moisso\. Levain, de Paciitere. Pellet. Ferez.

POCK.

Pontet.

pousseur.

IAe.né-Leci.erc.

RotlX-FuEI^SINENG.

Sandras (Docteur).

TOURNIER.

BUREAU DE LA SOCIÉTÉ

Président : MM.

i®'' Vice-Président :

2* Vice-Président :

Secrétaire général :

Trésorier :

Bibliothécaire-archiviste :

Secrétaire pour la Section géographique :

Secrétaire-adjoint id.

Secrétaire pour la Section archéologique :

Secrétaire-adjoint id.

DOUMERGDE.

Général Rasciil ng Flahault. Coni' Hére\(;er. PocK.

TOURMER. DÉCHAUD.

Lemoisson. Abbé Fabre. Arambourg.

COMMISSION

MM. DoUMERGUE.

Bascrung (Général) . Flahault.

DU BULLETIN

M1\L

Bérenger.

DÉCHAUD.

Abbé Fabre.

COMMISSION

MM. Dangles, Pontet. D"" Sandras.

DES FINANCES

Liste Générale des Membres

de la " Sûciélé de Géooraptiie el d'Arctiéoloyie de la province d'Oran "

au. l»^! Mar^s 1915

PRÉSIDENTS D'HONNEUR

Al M. Le Gouverneur général de l'Algérie.

G. Hanotaux, membre de l'Académie Française, ancien

niinisfredes Affaires Etrangères, i5, rued'Auniale, Paris.

Le général Lyautey, Résident général de France au Maroc.

VICE-PRESIDENTS D'HONNEUR

MM. Le Préfet du département d'Oran.

Le Général commandant la Division d'Ohan. Maurice Varnier, Haut Commissaire du Gouvernement de la République, Oudjda (Maroc Oriental).

MEMBRES D'HONNEUR

MM. Le Sénateur du département d'Oran.

Les Députés du département d'Oran.

Le Président du Conseil général d'Oran.

Le Maire d'Oran.

A. HÉRON DE Villefosse, membre de l'Institut, if), rue Washington, Paris.

René Cagnat, membre de l'Institut, 96, boulevard Mont- parnasse, Paris.

Le Colonel Marchand, explorateur, 20, rue du Comman- dant Marchand, Paris.

PRÉSIDENT HONORAIRE

M. MoNRRUN Théogène, avocat, 3, rue El Moungar, Oran.

MEMBRES HONORAIRES

MM. Ringer, explorateur. Caron, id.

Monteil. id.

MM. Nansen, explorateur. Trivier, id. Verminck, id.

LISTE DES MEMFiHES IJE l,A SOCIÉTÉ

MEMBRES CORRESPONDANTS '

MM. Uciié Bassi:t, doyen de la Faciillé des Leltics, 77, rue

Michclet, Alger. Augustin Hku.naiu), professeur à l'Universilé de Paris, 10,

rue Decarnps, Paris (XVF). D"" Carton, membre correspondant de l'Institut, Klu'red-

dine, La Goulellc (Tunisie). Le P. Delattrk, membre correspondant de l'Institut,

Carthage (Tunisie). DouTTÉ Ed., professeur à la Faculté des Lettres, Alger. Flamand .T.-R.-M., professeur à la Faculté des Sciences,

87, rue Michclet, Alger. Gentil L.. fjrofcsscur-adjoint à l'Université de Paris,

Sorbonne, 38 I>is, rue Denfert-Rochereau, Paris (V*). Mesplé A., professeur à la Faculté des Lettres, président

de la Société de Géographie, Alger.

MEMBRES A VIE<

lyniil racheté leurs otisalions annuelles par un versement uni'inr de 100 francs

MM. AzAN P., (>ii|jilaine détaché à la Section d'Afrique de l'ittat- Major de l'Armée, ar, avenue de Suffren, Paris (VIP). Bertiion Paul, chef de bataillon, 169, r. S'-Jacques, Paris. BoNXARD. avocat, i^i, rue de Vaugii'ard, Paris. CiiEYLARD, chef de bataillon en retraite, Bois-la-Reine,

Mustapha-Alger. Delinon, directeur de la Compagnie du Gaz, Barcelone. Getten, directeur général de la C française des Chemins

de fer de l'Indo-Chine, i4, rue Pelouze, Paris. GoYT, topographe principal en retraite, ig, cours Saint -

André, Grenoble. Massenet, ingénieur civil, fi, rue Aubert. Paris. Patxary, instituteur à l'école d'Eckmiihl, Oran. Pastorino. notaire. 12, boulevard du Lycée, Oran. TnoRiN, propriétaire, 26, boulevard Bon Accueil, Alger.

I MM. les Sociétaires sont priés de faire connaître au Secrétaire général le» rectifications qu'il y aurait lieu d'apporter aux indications qui les concernent.

LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE

MEMBRES TITULAIRES

MM. Amillac Albin lils, chirurgien-denlisle, nw du Cercle Militaire, Oran.

Amokos Ihomas, nci^ociant, GamhiîUii, Oran.

Anduze, agent de la C*® Transatlantique, Oran.

Anfré, capitaine au li^ Régiment de Tirailleurs, Meknès.

Anglard Jean, chef de section aux (ïhemins de fer algériens de l'État, rue Molière, quartier Saint-Pierre, Oran.

Aracil (abbé), vicaire à la Cathédrale du Sacré-Cu'ur, i8. boulevard Magenta, Oran.

Arambouro Camille, ingénieur 1. N. A., doniaine Saint- Joseph, Oran.

Ardaillon, recteur de l'Académie d'Alger, Alger.

Ardoin, inspecteur, chef du Service Topographique, Oran.

Arc.oud Paul, vétérinaire de l'Abattoir, Oran.

Arnould Alfred, commis des Postes, Bureau Central, Oran.

AuzAS, professeur au Lycée, 6, rue Vieille-Mosquée, Oran.

Balande François, entrepreneur de serruirerie, 87, rue

d'Arzew, Oran. Bai.longue, commis des Postes et Télégraphes. i4, me de

la Remonte, Oran. Barber, consul d'Angleterre, pi. de la République, Oran. Barbie, receveur des Contributions Diverses, 27, rue

d'Arzew, Oran. Barbin, direclein- d'école, Lalla-Maghnia. Barisain, négociant en matériaux de consfruclion, boule- vard et place Sébastopol, Oran. Barthélémy, pharmacien, 54, rue Phili|)pe, Oran. Bartitolomé, directeur des Tramways électriques, Oran. Bartibas, pharmacien, conseiller général, adjoint an

Maire, boulevard Oudinof, Oran. Bartoli fils, propriétaire, 7, r. de la Vieille-Mosrpiée, Oran. Baschung, général, cadre de réserve, Gambetla, Oran. Bastos Manuel, manufacturier en tabacs, 2^. ine Miraii

chaux, Oran. Baudry, ingénieur, 85, Avenue de l'Arniée, Etterberg,

Bruxelles. Bauger, capitaine an i^" Ri'irimenf d'infanleric, Tonlf>use. Beaudouin, propriétaire, i5, boulev. Charlemagne, Oran. Reaupuy, président de la Chambre de Commerce, Hs. rue

de Mostaganem, Oran.

Voir renvoi i, page 5.

LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE /

MM. Beiir Fr., négociant en vins, boulevard FronK-iil-Cosle.

Saint-Eugène, Oraii. lÎKN Dwou César, clavelisalcur, Mécli«'Tia. M'"'' Ben Daoud (V^"), villa Ben Daoud, [K)rles de Mascara, ()ran. \1M. IÎE^ Daoud, capitaine en retraite, i, avenue Louhet, Oran. Bendjo Prosper, négociant, 32, boulevard National, Oran. Ben Savd, étudiant en pharmacie, 5^, rue Philippe, Oran. Bentavotj Xavier, propriétaire, membre de la Chambre de

Commerce, boulevard Lescure, Onin. Bérenger, chef de bataillon de réserve, 1/4, rue Beau

prêtre, Oran. Bernard, capitaine, détaché à la Scctitjn d'Xfricpic de

l'Fitat-Major de l'Armée, i/i4, boni. S'-Geruiain, Paris Bernaiek Louis, iiégoc* en bois, r. de Mostaganem, Oran. Beroue Augustin, administrateur-adjoint, Frenda. Bertrand, propriétaire, conseiller général, Belle-Côte. Bethenod, propriétaire, faubourg de Miramar, Oran. Beugnot, capitaine, commandant le •:'.'' escadron de Spahis

Sénégalais à Saint-Louis, p"" Dakar (Afrique Occidenl''). Bibliothèque communale de ua Vilue de Tlemcen. Bibliothèque populaire de la Mosquée, École Karguentah,

38, rue d'Arzew. Oran. Bibliothèque du Bureau arabe, Lalla-Maghnia. Bibliothèque de la New-York public library, New-York. Bibliothèque de l'Université de Harvard (Cambridge),

Etats-Unis. B1DAINE Paul, administrateur des Colonies, commandant

le cercle de Siguiré (Guinée Française). BiENABE Justin, comptable au Service Topographique,

Avenue Loubet, Oran. BisTER P., interprète judiciaire, Relizane. BizET Albert, ingénieur-architecte, Djenan Kssel et Hand,

rue Marey prolongée, Alger. Blanciiet, négociant, rue de l'Hôtel de Ville, Oran. BoLELLi, inspecteur primaire, .^r, boul. Sébastopol, Oran. BoNiFAY Paul, propriétaire, i, rue de la Paix, Oran. BoMPAR (abbé), professeur au Séminaire, Eckmiihl, Oran. Bons Gabriel, capitaine d'artillerie, en retraite, délégué

financier, iTie Lepelletier, Oran. BoRiEs Auguste, délégué financier, Mostaganem. Borne, officier d'administration du Génie, en retraite,

à Settat CVIaroc). Bosc P., négociant, rues d'Tgli et de r.olinar. Oran. BoiTTY Joseph, pharmacien, Tlemcen. BoYER DE Choisy (de), commis aux Hypothèques, ruo

Duvivier, Oran.

Voir renvoi i. page 5.

O LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE

MM. Brégeat, docteur en médecine, directeur de la Santé,

kl, boulevard National, Oran. Brousses Clément, directeur de l'Institution de Sonis,

Sidi-hel-Âbhès. Bruneau, professeur de dessin, 12, houl. Malakoff, Oran. Brunel Camille, ^■•éomètre principal en retraite, Maison

Blanche, près Maison Carrée. Brunie Pierre, ingén"" E. C. P., loi, r. de Mostaganein, Oran. Brustlein Henri, ing'"-construct'", 70 r. d'Arzew , Oran. Buzenet Jean, propriétaire, boulevard du Lycée, Oraii. Buzenet René, agent commercial, Tanger.

Camallonga, propriétaire, domaine d'Arbal (Saint-Maur). Camara oficial de Commebcio, Industria y Navegacioin

DE MeLILLA.

. Canal J., ingénieur civil, 5, rue Amilcar, Tunis.

Capifali, receveur des Postes et Télégraphes en retraite,

Calvi (Corse). Carcopino Jérôme, professeur à la Faculté des Lettres,

directeur du Musée des Antiquités, Ixo, rue Salvandy,

Alger. Cardona, chancelier du Consulat d'Espagne, i, boulevard

Charlemagne, Oran. Cardonne, secrétaire du Syndicat agricole, Tlemcen. Carles Victor, négociant, i, rue de la Paix, Oran. Carli, agent général d'assurances, i5, boulevard Charle- magne, Oran. Carrafang, propriétaire, délégué financier, Saïda. Carteaux Octave, officier d'administration en retraite,

2/î, rue d'Alsace-Lorraine, Oran. Casalta Dominique, commis dessinateur au Service

Topographique, 2, rue de Paris, Oran. Castanié Joseph, armateur, rue Canroberl, Miramar

supérieur, Oran. Caulet Jules, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, quar- tier Saint-Pierre, Oran. Cavaliéro Barnett, courtier en grains, !x. rue Boëldieu,

Alger. Chabaud Paul, receveur des Postes et Télégraphes,

Relizane. Chandelier Georges, propriétaire, 6, boulevard du

Zouaves, Oran. Chanson (abbé), curé de L'Hillil. CuAPELiN, propriétaire, rue Marie-Thérèse, Oran. CiiAREix Jacques, officier interprète au Bureau des Affaires

Indigènes, Lalla-Maghnia.

Voir renvoi i, page 5.

,ISTE UDS iMlîMUHliS DE LA SOCIETE

9

\nî. ( ji\i i;i,\iN Louis- \irii;iiHl, |)r()|)ri('-liiiic, villafrc niimir,

Oraii. CiiATROUSSK Alx'l, ii(liiiiiiisliiili'iir- des MïiiiiL's Indigènes,

La Cal le. (liiiusTAT 1) .losicpli. (lircclcur (rassiiraiit-cs, i nie de la

Bastille, Oraii. CoiiKN-SoLAi, A., (lofleiir en inédeeine, lo, boulevard

Seguin, Oraii. CoiiEN-SoLAi, E., [jiur au Lycée, 3o, howl. Seguin, Oraii. CoKJNARD Paul, ingénieur E. C. P., 4o, nie Alsace- Lorraine, Oraii. Coi.oMBAM Jules, docteur en inédeeine, place de la

Bastille, Oraii. CoMMON, avoué, Ixo, boulevard Seguin, Oraii. Conseil municipal de Pfrrégaux. Conseil municipal de Relizane. Conseil municipal de Saint-Denis-du-Su;. Conseil municipal de Sidi-bel-Abbès. CosTANTi.M, inspecteur divisionnaire des Douanes, i,

boulevard de l'Industrie, Oran. Cour A., professeur à la chaire d'arabe, place Négrier,

Constantine. Courcelle Abel, docf en médecine, 5, I). Seguin, Oran. CouRRECii, direct"" de l'École du faub. d'Eckimilil, Oran. Cruck Eugène, rédacteur à VEfho d'Oinn, i, boulevard

Chaiiemagne, Oran.

Dalbéra Albert, propriétaire, 5, place d'Armes, Oran. Dandine Achille, membre de la Chambre de Commerce,

77, rue d'Arzew, Oran. Dangles Victor, géomètre du Service Topographique, Ix,

rue Saint-Louis, Oran. Dakmon Moïse de Guenoun, mercier, 3, pi. d'Armes, Oran. Déciiaud Edouard, secrétaire-archiviste de la Chambre de

Commerce, place de la République, Oran. Decrion Constant, propriétaire, Sidi-bel-Abbès. Dklabv Xuma, chef de bureau au Service Topographique,

Oran. Délace, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la

circonscription Ouest, rue La Tour d'Auvergne, Oran. Deliiomme, capitaine au Service des Renseignements,

Casbah Tadia (iNIaroc Occidental). Demas L)ominique, architecte-voyer, Tiaret. Dehos Julien, négociant, pi. Garbé, maison Ribeton, Oran. Deurikn Louis, ingénieur-chimiste, i, rue Anber, Oran.

Voir renvoi i, page 5.

dO

LISTE DES MEMBBES DE LA SOCIETE

MM. Descuamps, ad jii(laiit-(het', au convoi auxiliaire, n" i, Fez (Maroc).

Descours, pr()|)ii('lairc, délégué linancier, uiaiic, Saiiil- DeTlis-du-Si^^

Desseaux Louis, négocianl en bois, boni. Fullon, Oran.

Directeur, Hôtel Coulineiilal, Oran.

Djian Georges, officier interprèle au Tchad.

Dobrenn, chirurgien-dentiste, 7, boulevard Seguin, Oran.

Doumergue, professeur au Lycée, 2, rue Manégat, Oran.

Dreveton Julien, propriétaire, Nemours.

DuPUY Charles, [)ropriétaire, membre de la Chambre de Commerce, 3, rue de Lyon, Oran.

DuRET Ferdinand, avocat, délégué financier, 18, boule- vard Seguin, Oran.

Dutartre, commandant en rciraite, directeur de la Villa de Convalesctnice, Eckmiihl, Oran.

DuzAN, docteur en médecine, maire, Saint-Leu.

Elghozi Moïse, négociant, ko, boulevard National, Oran. Ei.LiKER, ingénieur de la voie à la C'^ des Chemins de fer

de l'O. A., Sidi-bel-Abbès. Emerat, négociant, conseiller général, 9, place d'Orléans,

Oran. Engel, ingénieur civil E. C. P., Sa, boul. National, Oran. EsTAUNiÉ, secrétaire-adjoint de la commune mixte,

Montagnac. Etienne Eugène, vice-président de la Chambre des

Députés, II l'is^ Ywe Saint-Dominique, Paris. EvÊQUE (L') du diocèse, Oran.

Fabre (abbé), curé de la paroisse de Saint-Louis, 3i, rue

de l'Eglise, Oran. Fabre Sylvain, receveur des Contributions Diverses en

retrciite, 11. me deis Jardins, Oran. Fabre la Maurelle, commis princi|)al à la Direclion des

Chemins de fer de l'Etat, 77, rue de Mostaganem, Oran. Fargues Henri, lieutLMuinf. adioint au colonel commandaul

le régiment de marche du 2^ Etranger, Fez. Farjon Ernest, propriétaire, rue du Chemin de Fer, Oran. FÉRAUD, ingénieur civil, !\, rue Michelet, Alger. Flaiiault, ingénieur E. C. P., 87, r. de Mostaganem. Oran. Fleureau Georges, avocat agréé au Tribunal de Com- merce, 43, rue de Richelieu, Paris. Flotte de Roque vaire (R. ïîe), chef du Service des Cartes

au Gouvernement général de l'Algérie, 6, boulevard

Laferrière, Alger.

Voir renvoi i, page 5

LISTE DKS miîmijues de la société 11

MM. Foi Li) Mlicd-Israi'!, |)i'o|)ii(';laiie, 9, boul. Nulioiial, Oran. FouLQUiEH, (loclciir CM ni»''(l<'rine, 9, nie de Moptaj^'aiieiii,

Oran. FouQUE Léon, iiii[)riiiiciir, rue lliuillier, l\, Oran. FouRNiAL, mcdeciii-iiiajor, Fez (Maroc). FouRMER P., capitaine anx Alïaircs Indigènes, liiskra

(Constanline). Français Léopold, piopriélairc, 2G, rue d'Orléans, Oran. Fronty, directeur du Crédit Lyonnais, Oran.

(Jabkiel Charles, courtier en vins, Ecivuiulil, Oran.

Galan (abbé), curé de Saint-Eugène, Oran.

Game Louis, juge de paix, Arzew.

Gaquière, capitaine au 4i^ régiment dliilanterie, bennes.

Garoby Edouard, secrétaire général de la Préfecture, Oran.

Garoby Jean, professeur à la Médersa, 26, boulevard

Bon-Accueil, Alger. Garrouste Charles, contrôleur des Contributi' iis Diverses.

place Sébastopol, maison Barisain, Oran. Gasquet Camille, notaire, boulevard Seguin, Oran. Gaubert, directeur des Contributions Hiverses, place de

la République, Oran. Gaudefroy-Demombynes, professeur à l'Ecole Coloniale,

9, rue Bara, Paris (VP). Gaudibert, docteur en médecine, rue Lahitte, Oran. Gauthier, capitaine du Service des Affaires Indigènes,

Aïn-Sefra. GÉRARD E., propriétaire, Palikao.

GiBou Emile, entrepreneur de travaux j)nblics, Saïda. Girard, propriétaire, 11. iiie Pélissier, Oran. GiRAUD Amédée, villa Fanny, faubourg Delmonte, Oran. GiRAUD Ednioutl, avoué, 2, rixe Dumont d'Ui'\ille, Ali>or. GiRAUD Louis, avocat, 6, boulevard du 2* Zouaves. Oran. Glatard, docteur en médecine, chef de service à rH«')pifal

civil, 3o, boulevard Seguni. Oran. M"® Glotz, professeur agrégée au Lycée de .Jeunes Filles,

79, rue d'Arzevv, Oran. MM. GoDCHOT, général, du ( adre de résene, Auxerre.

Gognalons, oflicier--interprète, avenue Cassaigne La-

ghouat. GouT Louis, receveur de rEnrcgistrement, Sidi-bel- Al)bès. Grandjean, directeur d(> l'Ecole .Jean Macé. Oran. Grai'INET, lieutenant adjoint au ('omniandant militaire

du Territoire, A.ïn-Sefra. GRÉ(.orRE Félix, notaire, Alger.

Voir renvoi i, page 5.

12

LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE

MM. Grkuzard Charles, lo, rue de la Pépinière, Paris, (8®).

(jiU(;uER Jules, contrôleur des Domaines à la Résidence

Générale, Rabat. Griguer Léon, interprèle judiciaire, Le Télagli. Gross Eugène, pubiiciste, secrétaire de la Rédaction de

l'Echo d'Oran, Oran. GsELL, professeur au Collège de France, 92, rue de la

Tour, Paris. GuÉRiDO, docteur en médecine, /ig, rue d'Arzew, Oran. Guillaume, préparateur au Lycée, 3, rue Vieille-Mosquée,

Oran. Guillet, général de brigade du cadre de réserve de l'État-

Major de l'Armée, iro, rue d'ArzcAv, Oran. GuiLLOT Maurice, professeur-adjoint au Lycée, Oran. GuiRAND, avoué, 18, rue Relleville, Oran. GuYON, lieutenant de réserve, 8*^ Tirailleurs Algériens, Fez.

Hablvgue Pierre, professeur au Lycée, Oran.

Hadj Hacène Allal, instituteur en retraite, chevalier de

la Légion d'honneiu", officier de l'Instruction publique,

10, rue Léoben, Oran. Harburger Jules, avocat, 10, boni. Charlemagne, Oran. Hassan Léon, négociant, 69, rue Philippe, Oran. Haimidakis, professeur, membre de l'Académie, au Pirée,

Grèce. Heiblig, sous-directeur de la Société Générale, 79, rue

d'Arzew, Oran. Heiivtz Désiré et fils, imprimeurs, 20, boni. Malakoff, Oran. Henrion, Diégo-Suarez (Madagascar). Henrys, général, cominandant le cercle de Meknès

(Maroc Occidental). HÉRELLE Amédée, proj)riétaire, rue de Moslaganem, villa

Sauzède, Oran. Herson, général de division du cadre de réserve. Sceaux

(Seine-et-Oise). HiRN Denis, commis principal des Postes, OraiL HouDOti Albert, propriétaire, a, rue Arago, Oran. IIuertas Raphaël (chanoine), aumônier des SS. Trinitaires,

fi, rue de Rerlin, Oran. HuMMEL Edouard, propriétaire, 79, rue d'Arzew, Oran. HuoT Charles, directeur-adjoint de VEcho d'Oran, 5, rue

Général Joubert, Oran. HuoT Louis, ingénieur à la Compagnie des Eaux, 10, rue

Ampère, Oran.

Ibrahlm bey Br.NSALEM BEN Hamida, Conseiller municipal. Oran.

Voir renvoi i , page 5.

LISTE DES MEMliKES DE LA SOCIETE I^'»

MM. IsAAc Pierre, raissicr-adjoint du Mont-de-Piété, Oran. IvARA Albert, adrniriistraleur-adjoinl, Freiida. Jaïs, directeur du ('-redit Foncier et Agricole, boulevard

du Lycée, Oraii. Jarsaillon Fdonaid, piopi ii'Iaire, 35, boul. Sefrnin, Oniii. Jarsaillon Louis, docteur eu rucdeeiiie, i6, rue de la

Paix, Oran. Jassero.n Ferdinand, docteur en uicdecine, 9, rue d' Arz(!\v,

Oran. Jauffret, avoué, 10, rue Ampère, Oran. Jeanmaire, professeur au Lycée, Besançon. jEANMiY, chef d'escadron, conmiandant (rArlilb'iic, 3-,

boulevard Srl)as(()pol, Oran. Jrannkl, docteur en médecine, if), inv Jussieu, Paris. JoBERT, manufacturier, maire de la ville de Moslaganem. JoLiET (abbé), aumônier du pensionnai \.-D-des-Champs,

io4, rue de Moslaganem, Oran. .ÎON'CHAY (Sarton du), Heutenant-colonel directeur des

Etablissements hippiques, Alger. Jouinot-Gambetta, colonel, commandant le régiment de

marche de Spahis, Casablanca (Maroc Occidental). Julien André, étudiant, 27, boulevard Marceau, Oran. Julien Louis, propriétaire. 18. quai Debosc, Cette.

Kalfcn-PiiMienta, négociant, rue Saint-Félix, Oran. Karsenty Albert, agent général d'assurances, 7, boulevard

Seguin, Oran. Keime Emile, secrétaire rédacteur à la Mairie, Oran. Kiener, ancien juge, Eckmùhl, Oran. Klein, directeur de l'usine à huile de Delmonte, Oran. KcEBEL, directeur de la brasserie VAlgérietine, Oran. Krieger Edouard, contrôleur principal des Contributions

directes, boulevard de Tivoli, Oran.

Lacave-Laplagne Jean, administrateur de la commune

mixte d'Ammi-Moussa. Laffargue, administrateur-adjoint, Saint-Cloud. Lafforêt, ingénieur, entrepreneur, Oudjda (Maroc). Lamothe (de), colonel, hors cadre, chef du Service des

Renseignements, Marrakech (Maroc). Lamur Louis, propriétaire, délégué financier, conseiller

général, 71, nie de Mostaganem, Oran. Laurent, conseiller général, Perrégaux. Lauret François, pharmacien, carrefour de Karguentah.

Oran.

Voir renvoi i, page 5.

14 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

iMM. LeboiN Paul, médecin principal à l'Hôpital militaire, cj, rue

Alsace-Lorraine, Oran. Le Camus Pierre, architecte, 27, r. Alsace-Lorraine, Oran. Leclèke, capitaine au SB** Régiment de Ligne, Belfort. Lecocq, professeur d'histoire, rue Bel-Ahhès, Tlemcen. Ledeint, propriétaire au Télagh.

Legeas, capit. en congé, 5o, rue Nationale, Constantine. Legendre, payeur principal en retraite, villa Legendre,

à Trouville, Aïn-el-Turck. Lemoisson, professeur au Lycée, 7, rue Dutertre, Oran. Levain, ingénieur, à Lardy (Seine-et-Oise). Levé, général, commandant le territoire militaire d'Aïn-

Sefra. Levet, commis principal des Postes et Télégraphes, Oran. LÉvy, J. S., négociant, 5i, boulevard National, Ora». LTk ILLIER Maurice, architecte, rue El-Moungar, Oran. Lisbonne, délégué financier, maire de Sidi-bel-Abbès. Llabador Oct., licencié en droit, agent maritime, Nemours. Loge Maçonnique « l'Union Africaine », 26, boulevard

Sébastopol, Oran. LouBiÈs, officier d'administration, Debdoii (Maroc). Lyautey h., général, Résident Général de France au Maroc,

Rabat.

Mager Henri, ingénieur en hydrologie souterraine, 21,

rue Henri Monnier, Paris. Manouené, prof de la chaire d'agriculture à Mostaganem. Maraval, docteur en médecine, 47, boul. National, Oran. Marchand Xavier, propriétaire, io5, rue d'Arzew, Oran. AIarégiano, notaire honoraire, 7, r. Edgard Weber, Oran. Margot, officier interprète du Service des Renseig*'^, Fez. AL\RTiN Ferdinand, avocat, 8, boul. du 2'' Zouaves, Oran. Martinez Antoine, greffier en chef du Tribunal civil,

boulevard de Tivoli, Oran. Massiou, rédacteur en chef de La Vciité, Oran. Masson, contrôleur des I^roduits Communaux, 65, rue

d'Arzew, Oran. Mayaudon, notaire honoraire, rue Paixhans, Oran. Mellet Pierre, agent-voyer d'arrondissement, Frenda. Merlin, directeur de la Banque d'État, Rabat (Maroc). Mesrine Charles, avoué, rue El-Moungar, Oran. Metz (de), maire de Lamoricière. Meziat, négociant en vins, 7, rue de la Paix, Oran. MiCAL, négociant en vins, aven, de la Petite Vitesse, Oran. Micheler, colonel au 29® Régiment d'Infanterie, Autun.

Voir renvoi i, page 5.

MAI

MSTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 15

Miu.k-Poi:t,n,;o>, ,.n .pri.-la i rc, nK.i.v .l,- Hio-S.la.ln 8 m.

Anipric, Oniii. MiLsoM, i„gn,ieur civil des Mines, rue Chénier Oraii

Onin""' ''"■''^'"' "^^ '^ '^'^^''''''^ ^^''"'^'-^^^^ (Agence d'Oran),

Molle, docteur en médecine, rue Edward Wel>er Oran MoNBRUN, avocat, 3, rue El-Moun-ar, Oran. MoNzoN, inspecleur des Contril.ulions diverses, H C chef du Service des perceptions et régies chérifiennes. Ou.'l jda MoTKLEY Albert, propriétaire, El-Ançor '

^^%JTl'T^\ ^'^''■''*""" '^' ^'^'''^' '^'•''"«''•^' supérieure, bidi-bel-Abbès.

Navarre H., négociant, rue de Tlemcen, Oran.

^EHLiL, oITicier-interprète à la Résidence générale, Rabal

^FSSLER, consul de la République du Pérou, boulevard d.-

1 Industrie, Oran. N.coLAÏ, capilaine de port en reiraile, lo, r. d 'Orléans, Oran McoLAs Jacques, docteur en médecine, Lamoricière. Méché^ia^''^ ""'' '^'' ^' ^''■'-^"^^ "^'^ ^«'^^'^«« incl.gènes,

Olivier Pierre, propriétaire, Bou-Tlélis Otten Jean directeur de l'usine cotonnière de Saint- Eugène, Oran.

OuDRi, général de division, du cadre de réserve, à Durtal (Maine-et-Loire).

Pachtere (de) boursier d'études, 45, rue d'Ulm, Paris

dTl'0"r^,?^'"' ^V, ^- K' '''''''^'' Direcli'on de to. A., 27, rue Alsace-Lorraine, Oran.

Pages Jean, armateur, 53, rue d'Arzew, Oran. Paire, docteur en médecine, 6, rue Ampère, Oran. PARTKr''' ^'f '"' T"'^- '"• '• ^"^ ^'^"gir^'-d, Paris (VP) BTni:Ou'n';f "' ^'"' '' '"'"^^^ ''' ^^^^'^ J-^^'^-es.

PArcATxl''rf ''.'"' ^",".':d-"-' 6, boul. Seguin, Oran. PASCALI^ Charles président du Tribunal de Commerce 3o, boulevard Seguin, Oran. ">'erce,

Passeron, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, faubourg saint-Eugene, Oran. ^

Pedoussaud, avenue Raynal, Mostaganem

P^r'"";.'?^/*''*"' ^^' ^"»l^^-«rd Sébastopol, Oran. Phrez Adolphe, sous-chef de bureau au Service Topogra-

phique. 3. rue de Lvon, Oran Pkrez Henri, banquier,' pi. Garbé, maison Ribeton. Oran. ____P™o^i^Lou^ en médecine, rue de l'Aima; Oran.

Voir renvoi i, page 5.

16 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE

MM. Petit Claude, sous-ingénieur des Ponls et Chaussées,

conseiller général. Mascara. Petit M., capitaine, i*" Régiment Etranger, Taza (iVlaroc

Oriental) , Peyras, bureau central de la Compagnie des Chemins de

fer de l'Ouest- Al g^'ien, Sidi-bel-Abbès. PiÉRART Alexandre, administrateur-adjoint, Télagh. PiNEL Henri, propriétaire, Bou-Tlélis. PiTOLLET, notaire, conseiller général, i, r. delà Paix,Oraii. PocK, caissier de la succursale de la Caisse Nationale

d'Épargne, Oran. PoMMiÈs Jules (abbé), vicaiie, Mostaganem. Pontet, directeur des Contributions directes, rue de la

Bastille prolongée, Oraii. PoRTHÉ Raymond, propriétaire, Frendah. PoTTiER W., juge d'instruction, Oran. PoussEUR, directeur de la C'^ du Gaz, 36, b. National, Oran. Prades Benjamin, réparîiteur des Contributions diverses,

Nemours. Prat Clément, négociant, boulevard Seguin, Oran. Princeteau Henry, rédacteur à la Direction de la Dette

Marocaine, Tanger.

QuiÉVREux Clément, huissier. Le Télagh.

Rahal Mohammed ben M'Hamed, caïd de Nédronia.

Ramier, conseiller général, rue El-Moungar, Oran.

Recoing Maurice, topographe, li, boul. Lescure, Oran.

Renaud A., propriéf'', conseiller général, Sidi-bel-Abbès.

René-Leclerc, chef du Service des Etudes économiques. Résidence générale. Jardin du Télégraphe, Ral)at (Maroc)

RÉUNION des Officiers, Ain-Sefra.

RÉUNION des Officiers, Oran.

Rey, capitaine au 24'' d'Infanterie à Aubervilliers (Seine).

Robert Edouard, proviseur du Lycée, Oran.

Rognon, secrétaire général de la Préfecture, Oran.

Rolland Wilhem, chef de bataillon, quai Duperré, La Rochelle.

Roman Noël, directeur des Postes et Télégraphes, Oran.

RouLLAND, propriétaire, conseiller général, Sidi-bel-Abbès.

RoussET, sous-inspecteur de l'Enregistrement, i, rue Thierry, Oran.

RoussET Louis, propriétaire-viticulteur, i3, rue de Mosta- ganem, Oran.

Voir renvoi i, page 5.

LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 17

MM. Koi \-Fiu;i.s.siM',NG, av<K-al, a, boni, du i».'' Zouaves, Oraii. RouziÈs Casimir, inslituleur, Tizi. Russi, docteur en médecine, vice-consiil d'Ilalie, quai

Sainte-Marie, Oraii. Sabatier, avocat-défenseur, conseiller général, Tlemcen. Sabouret, agent général d'as.^uranccs, 3^, boulevard

National, Oraii. Saint-Geumain, sénateur d'Uran, i, rue Blanche, Paris. SAiiNrpiEURE Charles, négociant, l'aub. Saint-Charles, Oran. Sajous, topographe de circonscription du Service Topo- graphique, Tiarel. Sanduas, docteur en médecine, 5, boulevard Seguin, Oraa. Saurel Jules, lils, avoué, Sidi-bel-Abbès. Say Louis, lieutenant de vaisseau de réserve, Port-Say. Schlotterbeck Frédéric, ingénieur, maison Brustlein,

Oran. ScnfT.NBERG, ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées,

Mascara, ScHOCRON, commis des Domaines et Moslafadal, Tanger. ScoTTi, armateur, 3, rue de Rome, Oran. Séchet, répétiteur au Lycée, Oran. Sécrétant, professeur au Lycée, Oran. Section des Affaires Indigènes dk l'P.tat-Major de la

Division, fi5, boulevard National, Oran. Segui François, contrôleur des Contributions Diverses, i4,

rue Bruat, Oran. Sénac Antonin, négociant en bois et matériaux de cons- truction, faubourg Médioni, Oran. Sépulohre, maréchal-des-logis, 2" Spahis, .Aleridja. Serre Telmon (du), lieutenant au 2*^ Groupe d'Artillerie,

Bou-Denib. Serret Gaston, vérificateur-adj. des Douanes, Casablanca. Simonin, inspecleur des Chemins de fer algériens de l'Étal,

5, rue Sirtienne (Bab el Oued), Alger. SissoN Jean, chef d'exploitation des mines de Sidi Kham-

ber, par Sidi Mesrich (Constantine). Smadja Gaston, négociant, 21, rue Saint-Félix, Oran. SoLiGNAc, professeur au Lycée, Constantine. S01PTEUR, propriétaire, Tlemcen. SouLEYRE, docteur en médecine, Arcachon. Soulier, docteur en pharmacie, inspecteur des phar- macies du département, ^^, boulevard Seguin, OraiL Stf.phanopoli, vice-président du Conseil de Préfecture, Oran. Storto, négociant, 33, boulevard Seguin, Oran. SuQUET, ingénieur, 16, rue Paixhans, Oran. Sureau Emile, agent-voyer d'arrondissement, Bel-Abbès.

Voir renvoi i, page 5.

18 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE

MM. Tafanelli, prolesseur au Collège, Tlenicen. Tardy, architecte, Tanger. TiiiÉBAULT, conservateur des Hypothèques, i6, boulevard

Sébastopol, Oran. Thomas, fondé de pouvoirs de la maison Mazella, Rahat,

ou io5, rue Michelet, Alger. ToLÉDANO Isaac, négociant, 5i, boulevard National, Oran. ToRDJMAN Maklouf, notaire, Frenda. TouRNAYRE, pharmacien, Hammam-bou-Hadjar. Tourné, receveur principal des Douanes, rue du Crève

Cœur, Oran. TouRNiER, agent de la Société des Auteurs, Compositeurs

et Editeurs de Musique, place de la République, Oran. Trotin Albert, conseiller du Commerce extérieur, domaine

d'Hamiza, Arzew. A Paris, 9, 111e du Comm*^ Marchand. Trouin César, député d'Oran, 8, rue Miromesnil, Paris.

Vaffier Ernest, lieutenant de vaisseau de réserve, 16, rue

du Rocher, Paris. Valérian Louis, architecte, i/i, rue Charles-Quint, Oran. Valette, syndic de faillites, 2, rue Schneider, Oran. Vallois, capitaine en retraite, Daours (Somme). Valois (de), oilicier d'administration en retraite, villa

Louise, Saint-Eugètie, Oran. Var.mer Abel, administrateur-adjoint de commune mixte,

Montagnac. Varnier Maurice, Haut Commissaire du Gouvernement de

la République, Oudjda. Venisse René, administrateur de commune mixte,

contrôleur général adjoint des services de la Sûreté, au

Gouvernement général de rAlgérie,-29, rue Hoche, Alger. Viala Eugène, interprète près le Tribunal civil, Mosta-

ganem. ViiNsoT René, officier vétérinaire, Oudjda (Maroc). VoiNOT, capitaine d'artillerie hors cadre, chef du Bureau

du Service des Renseignements, Oudjda.

Weil, grand rabbin, 5, boulevard Sébastopol, Oran.

Voir renvoi i, page b.

s 0 CI É T K s C 0 H R E S P 0 N ï) A N T E S

[0 SOCIÉTÉS DE GÉOGRAPHIE

Paris. Société de Géographie.

Société de Géo- graphie commer- ciale.

Alger.

Bordeaux.

Bourges.

France et Alyérie

Douai.

Dunkerque.

Le Havre.

Lille.

Lorient.

Lyon.

Marseille.

Montpellier.

Nancy.

Nantes.

Rochefort.

Rouen.

Toulouse.

Étrançjer :

Anvers.

Berne.

Bruxelles.

Bncarest.

Buenos-Ayres.

Copenhague.

Edimbourg.

Genève.

Helsingfors.

Le Caire.

Lisbonne.

Londres.

Madrid.

Manchester.

Neufchâtel.

New-York.

Rio de Janeiro.

S'-Pétersbourg

Washington.

SOCIÉTÉS DIVERSES

France et Colonies;:

Paris. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Publi- cations du Comité des Travaux historiques et scientifiques (Bulletin de Géographie historique et descriptive. Bulletin archéologique. Bulletin des Sciences économiques et sociales. Bulletin historique et philologique. Congrès des Sociétés savantes). Société nationale des Antiquaires.

Musée Guimet. Mission scientifique du Maroc (Archives Marocaines). Comité de l'Afrique Française et du Maroc.

Ofïlce colonial. Office du Gouvernement général de l'Algérie. Questions diplomatiques et coloniales. Réunion d'Études algériennes. Ministère des Colonies (Revue coloniale) . Revue des questions maritimes et colo- niales. — Société des Études maritimes et coloniales. Le Mois colonial et Maritime.

20 SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES

Alger. Faculté des Lettres. Société Historique algérienne. Bulletin agricole de l'Algérie et de la Tunisie.

Autun. Société Éduenne,

Bône. Académie d'Hippone.

Constantine. Société Archéologique.

Angouléme. Société Archéologique et Historique de la Charente.

Dax. Société de Borda.

Gap. Société d'Études des Hautes-Alpes.

Grenoble. Faculté des Sciences : Laboratoire de Géologie.

Lyon. Faculté des Sciences. Société d'Anthropologie.

Saint-Dié. Société philomatique Vosgienne.

Saint-Hippolyte de Caton [Gard). Revue épigraphique d'Espe- randieu,

Saigon. Société des Études Indo-Chinoises.

Sousse. Société Archéologique.

Toulouse. Société Archéologique du Midi de la France.

Tunis. Institut de Carthage. Direction des Antiquités et Arts. Direction Générale des Travaux publics du Gouver- nement Tunisien.

Étranger :

Almeria. Sociedad de Estudios almerienses.

Baltimore. Publications Johns Hopkins.

Bruxelles. Société belge d'Études coloniales.

Helsingfors. Fennia.

Cordoba. (République Argentine). Academia nacional de

Ciencias. Madrid. Real Academia de la Historia. Mexico. Sociedad cientifica « Antonio Alzate ». Instituto

Geolôgico. Naples. Società Africana d'Italia. Rome. École française. Accademia dei Leincei. Istituto

Archeologica Germanico-Romana. Saint-Pétersbourg. Société impériale d'Archéologie. Stockholm. Académie royale des Belles-Lettres, d'Histoire et

des Antiquités. Journal d'Archéologie. Toronto. - - The Canadian Inslitute. Upsala. Institut Géologique de l'Université.

Abonnements :

L'Anthropologie.

Les Annales de Géographie.

Revue de Géographie de Ch. Velàin.

L'Afrique française.

Le Tour du Monde.

MONOGRAPHIE

DE LA

Commune d'Aïn-el-Turck

AVANT-PROPOS

J'ai toujours eu de l'attrait pour ce qui concerne l'Agri- culture, l'Histoire et l'Histoire Naturelle d'une région ; aussi, dès mon arrivée à Aïn-el-Turck, en 1906, mon premier soin fut-il de me mettre en relations avec les vi(!iix habitants européens et indigènes. Je fus immédiatement fiappé de leur ignorance complète en ce qui concernait l'histoire du village et les choses qu'ils voyaient tous les jours.

Les fonctions (pie j'avais occupées dans un poste des Hauts-Plateaux, comme correspondant agricole de l'Ecole Supérieure des Sciences d'Alger, m'avaient permis d'acquérir un peu de pratique agricole, qui me servit lorsque je fus appelé par des colons sur divers points de la commune. J'en profitai pour étudier, dans le détail, la constitution du territoire, ses cultures, ses produits naturels, son histoire.

Des amis s'intéressant à mes collections me prièrent d'écrire une notice sur les diverses recherches que j'avais entreprises, d'en faire une sorte de monographie. Mais une monographie doit, avant tout, être historique; or, la mairie d' Aïn-el-Turck n'ayant en sa possession que des renseigne- ments insignifiants, force me fut de puiser à d'autres sources, en regrettant toutefois qu'une mairie n'eût point dans ses archives tous les renseignements concernant le centre depuis sa création.

^2 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

Une autre difficulté m'attendait : En Algérie, les ques- tions d'Histoire Naturelle sont des plus épineuses. Nous avons bien la Flore Algérienne de MM. Battandier et Trabut ; la Carte géologique, feuille d'Oran, au i/5o.ooo avec Notice explicative, de MM. Doumergue et Ficheur, mais en ce qui concerne la zoologie, il n'existe rien de précis et il était présomptueux de vouloir faire un travail convenable sans le faiie contrôler par des spécialistes en certaines questions scientifiques.

Je me suis donc adressé à eux et je remercie sincère- ment : M. Maire, professeur à la Faculté des Sciences d'Alger, qui a revu mes planches des champignons de la région et divers exemplaires de cryptogames qui me laissaient dans le doute ; M. Doumergue, professeur au Lycée d'Oran, qui a vérifié la partie géologique et botanique et mon collègue Pallary, qui a revu mes collections mala- cologiques.

Je n'oublierai pas M. Saint-Cyr, un ancien universitaire et ancien maire d*Aïn-el-Turck, qui a pris à sa charge les frais des fouilles que j'ai dirigées en ipiS dans l'enceinte berbère de la Douane.

Je remercie également le Comité, les membres de la Société de Géographie et d' A rchéologie d'Oj'an et leur actif Président, M. Doumergue, pour les félicitations qu'ils ont bien voulu me faire parvenir après l'Assemblée générale du 3 mai 191/1.

Si ce petit travail peut intéresser le lecteur et lui donner l'envie de le compléter et de le tenir à jour, ma tâche ne sera pas perdue ; les générations qui nous succéderont auront ainsi des renseignements sur l'époque passée, renseignements d'autant plus précieux qu'il leur serait, sans doute, à ce moment, matériellement impossible de se les procurer ailleurs.

Sidi-Bel-Ahbès, le i^'' juillet i9iU.

F. BLANCHE.

MOHOCfiaPHlE DE LU COMMUNE D'ilN-EL-TORCR

PREMIÈRE PARTIE

NOTICE GÉOGRAPHIQUE

CHAPITRE l D'ORAN A AIN-EL-TURCK

Le village d'Aïn-el-Turck (Aïoun et Toiiick) est situé par 35° 46' 20" de latitude Nord et 26' 20" de longitude Ouest. Il fait partie de l'arrondissement et du canton d'Oraii et n'est séparé du clief-lieu que par une distance de i5 kilomètres.

Bien que le service se fasse en voiture, ces i5 kilomètres ne sont pas une fatigue pour le voyageur, car le trajet ne manque pas de pittoresque.

Portons-nous à 6 heures du matin, place Kléber, centre du vieil Oran. Nous sommes en été. Le train de plaisir, traîné par quatre chevaux des Messageries, descend la rue (Jiarles-Quint, frôle le pied des falaises du port sous Saint-Grégoire, laisse à droite le port d'Oran, 011 les navires de fort tonnage et les torpilleurs de la Défense Mobile forment un fourmillement multicolore, cependant que, plus modestes, les caravelles espagnoles débarquent activement leurs fruits et salaisons au milieu des quais encombrés de marchandises. Nous franchissons à toute

24 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

allure les portes de Mers-el-Kébir, dominant la batterie du fort Lamoune et nous prenons la route de « la Corniche » taillée dans le roc : à droite, la mer, d'un bleu d'azur, à gauche, la montagrie. Les Bains de la Reine sont franchis en un clin d'œil et nous laissons à gauche, au flanc de la montagne, deux petits nids de verdure : Sainte-Clotilde et Roseville. Une trouée se fait jour et Saint-André de Mers-el-Kébir apparaît ; village de pêcheurs, de briquetiers, de douaniers, d'ouviiers travaillant dans les carrières exploitées pour l'agrandissement du port d'Oran,.ou à l'usine électrique, en construction. Un peu plus loin, Mers-el-Kébir, avec ses vieilles maisons, son parc à charbon et le fort, vieilli par le temps, mais toujours solide sur sa large base rocheuse.

Passons la brèche de Mers-el-Kébir; un panorama magni- fique s'offre à nos yeux : les rochers du Santon surplombent la route, de leurs crevasses des palmiers-nains étiques secouent leur panache, tandis que leurs racines, tordues et rabougries, surplombent désespéiément l'abîme. A droite, la mer, calme, sur la(|uelle des voiles rapides laissent un sillage d'argent, coupé seulement par le passage de légères mouettes cherchant une proie ou se grisant d'une atmos- phère limpide, réchauffée par le soleil levant. En face. (( l'immense faucille d'or », formant la longue plage d'Aïn-el-Turck et, jusqu'à l'horizon, vers le Sud, la plaine des Andalouses ', avec ses fermes isolées, ses champs moissonnés, dont la couleur fauve fait mieux ressortir le vert des pampres et des figuiers.

La route serpente, surplombant constamment la mer ; la deuxième tranchée, très resserrée entre le rocher de la Vieille femme et la montagne du Santon, est franchie. Bientôt la route s'écarte de la mer, rentre dans la plaine, laisse à droite Saint-Roch, Trouville, Bouisseville Tcentres balnéaires en création), à gauche, des vignes, des champs de primeurs et nous arrivons sur la place centrale d'Ain el-Turck après un voyage d'une heure et demie.

I La plaine des Andalouses comprend les leriitoires Nord d'Aïn-el-Turck, de Bou-Sfer et d'El-Ançor.

MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK 25

26 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

CHAPITRE II LE SOL, LE RELIEF

Constitution liéolog'iqiie du territoire d'Aïn-el-Turck i

Au Sud cl à l'Est, la plaine d'Aïn-el-Turck, comme celle des Andalouses, est enserrée par la chaîne du Murdjadjo et le Djebel Santon, qui sont constitués principalement par des schistes jurassiques et crétacés supportant par places, et plongeant vers la mer, de puissants bancs de dolomies basiques, tandis (|ue les crêtes sont couronnées par un plateau de calcaires sahéliens. Sur la pente Nord sont accrochés, à diverses hauteurs, des bancs de grès qui marquent les abaissements successifs de la mer pliocène.

La plaine, très uniforme, est constituée par des grès, très coquilliers en profondeur, représentant les dépôts du pliocène supérieur. Au Nord, elle se termine en terrasse dominant de 3o mètres la ligne de rivage dont elle est séparée par une étroite mais longue plage.

Enfin, en bordure de la mer, se trouvent, çà et là, des lambeaux de la plage quaternaire, qui se développe surtout près du Cap Falcon et au-dessus de laquelle se sont consli- tuées les vastes dunes qui s'étendent d'Aïn-el-Turck aux Andalouses et qui, à Falcon. couvrent 200 hectares.

Dans cet ensemble d'une conslitulion géologique assez régulière, les prescju'îles de Falcon et, des Coralès, repré- sentant les restes d'une chaîne plus ancienne que le Murdjadjo, jettent une note discordante ; elles sont cons- tituées par des schistes et des poudingues primaires (permien), qui supportent des lambeaux de calcaires basiques minéralisés par places.

Nature des terrains

Les terrains composant le territoire d'Aïn-el-Turck sont d'origine sédimentaire. Dans la partie montagneuse, sur le flanc gauche de la vallée de l'Oued el Bachir, nous trouvons

I Voir carte géoloufiriuc. Feiiillo d'Oran an i/5o.ooo et. Notice explicative pai- MM. Donmergue et Ficheur. Jourdan, éditeur, Alger.

DouMERGUE. Historique et observations. Bull. Soc. Géogr. Oran, 1908, p. 233, 248.

MONOORAPIîTE DE LA COMMUNE D AIN-EL-TURCK

27

dos schistes rubigineux ''oxfordicn) en contact avec une étroite bande de schistes et quartzites du Néocomien

Erilie l'oued el Biichir et IWïn Khedidja, une formation de schistes à Posidoimniics ^(lalloNien) supporte des bancs (le calcaires inarn(Mi\ et de doloniies du li.as, auxquels font suite, jus(|u'à ranciiMine roule dOran aux Andalouses. les giès pliocènes du Plateau d'Oran.

Tout le Santon et son prolongement à l'Ouest, du col d'Aïii Khedidja à la côte 2o:^ sont recouverts de calcaires doloniili(jues du lias.

1-a partie Est de la plaine comprend les grès et sables d'Aïn-el-Turck. 11 en est de même des terrains situés à l'Ouest et près du village.

La côte 89 (Est de la route d'Aïn-el-Turck à Bou-Sfer) est environnée de dunes consolidées qui se développent aussi à l'Est de la Daya et dans la partie comprise entj-e la côte 61 et le chemin de la Daya.

A signaler des travertins dans les lits des sources actuelles ou de celles disparues, dans la vallée de l'Oued el Bachir notamment.

Stratii?raphie : Etude de la zone coquillière du pliocène

De T906 à 1911, j'ai suivi les travaux de creusement d'une trentaine de puits disséminés dans la plaine et dans la montagne. Ces puits atteignent souvent une profondeur de 36 mètres. Dans tous j'ai rencontré un dépôt de sédi- ments très riches en fossiles et disposés régulièrement.

Cette zone est constante et régulière, sauf .près de Falcon.

Elle a une épaisseur de un mètre environ, et repose sur de l'argile, d'auties fois sur du limon, ne montrant pas de traces de fossiles, enfin sur des marnes (Puits Albalat). Elle se relève vers la montagne selon le profil suivant :

Fig. I. Coupe montrant le relèvement de l'assise coquiUfre

28 MOÎVOGRAPIITE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

Description de la côte

De la Pointe Saint-Roch au Cap Falcon. Le territoire d'Aïn-el-Turck est baigné au Nord par la mer Méditerranée. La côte commence à la Pointe Saint-Roch pour se terminer au bas du phare de Falcon, mais, par suite de son rappro- chement d'Âïn-el-Turck et de l'intérêt qu'elle offre au point de vue géologique, nous prolongerons l'étude de cette côte jusqu'à 3 kilom. 5oo au Sud-Ouest de la plage des Coralès (territoire de Bou-Sfer). (Voir cartes p. 25 et 29.)

A la Pointe Saint-Roch, nous sommes en présence d'éboulis et de dépôts de pentes. Jusqu'à l'Aïn-Ouzel, la plage, longue d'environ 8 kilomètres et large de 20 mètres, est coupée, en certains endroits, par des rochers peu élevés.

Elle n'a point partout la même consistance : le ravin Henry Bailly (Bouisseville) lui apporte des marnes sableuses et des grès tendres fossilifères. Entre la ferme Navarre et le Rocher de la Bretonne i, des lambeaux de la plage émergée dominent la plage actuelle, ainsi que dans l'anse N.-E. de la baie des Aiguades ; là, un important éboidement de terrain, ayant la forme d'un demi-cône et composé de marnes d'un bleu-verdâtre (miocène), change l'aspect de la falaise, ainsi que le font, à 100 mètres à l'Ouest du phare, les grès et schistes violacés. Viennent ensuite des poudingues.

Cap Falcon 2. T.e cap Falcon, situé à 6 milles à l'E.-N.-E. du cap Lindless, est formé par un large promon- toire qui s'étend sur un espace de / mille 3/à de l'Est à l'Ouest et est terminé, à chacune de ses extrémités, par deux mamelons que sépare une alternance de rochers escarpés et de plages. Celui de l'Ouest est le plus bas. Il ne dépasse pas 70 mètres et forme la pointe Coralès. Celui de l'Est, sur lequel se trouvent le phare et le sémaphore, a une dizaine de mètres d'élévation en plus : c'est le cap Falcon proprement dit. De loin, par suite de la configuration du terrain, le cap Falcon prend l'apparence d'un îlot Les

I Diiil s(]n iimii h nu des [)rf'miers habitants d'Aïn-el-Turck : Francisco Bretones, orio^inaire de la province d'Alicante, colon à Falcon et décédé à Oran, le 7 mars 18.53. Comme le rocher en question se trouvait à proximité de ses terrains, on l'appela rocher Bretones, puis « de la Bretonne ».

■2 Extrait des Insiruclivns nautiques pour V Algérie.

MONOGUAIMIIE DE LA COMMUNE d'aÏ.\-EE-TLRCK 20

30 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

navires qui doublent le cap Fenat peuvent avoir cette illusion.

Devant la pointe Coralès, une chaussée de rochers longue et étroite s'étend à 35o mcires au Nord et à 3oo mètres à l'Ouest. A i/2 tnille au Sud, devant la plage des Corailleurs, il y a un bon abri contre les vents d'Est. Le cap Falcon peut être doublé à petite dis lance ; les fonds de i5 mètres sont peu éloignés de la terre. Au Nord-Est du phare, à 5oo mètres environ, se trouve un gros îlot peu distant de la terre, dont il est séparé par quelques têtes de rochers. Une roche noyée gît à 5o mètres de cet îlot, au Nord. Deux autres petits îlots se trouvent également à la pointe E.-N.-E.

Mouillage. La pointe Est du cap Falcon est très saillante vers l'E.-N.-E. Elle forme la petite baie des Aiguades qu'elle abrite parfaitement contre les vents du Sud au Nord par l'Ouest ; à 5oo ou 600 mètres, les navires mouillent par des fonds de 8 à 12 mètres.

Ce mouillage est très fréquenté par les caboteurs, ainsi que par les grands navires qui se trouvent arrêtés par des vents contraires, quand ils font roule vers l'Ouest. On débarque facilement au milieu des rochers devant le com- mencement de la plage d'où part un sentier conduisant au phare i.

Une citerne en maçonnerie se trouve à proximité de la plage ; elle peut conlenir 288 mètres cubes d'eau, mais elle est généralement à sec en été.

Du Gap Faucon au 89° 69'. Après avoir franchi la (( Cueva de la Arena », la piltoresque baie du Pain de Sucre nous apparaît avec ses plages émergées et ses éboulis de blocs gréseux, les surplombant. Avant d'arriver aux plages émergées du Chiendent, (( Playa del Agram », une couche de conglomérat coquillier très friable, reposant sur des roches dolomitiques, domine la mer d'une hauteur de 4 à 6 mètres.

Dépassons la pointe des Coralès, caractérisée par ses

I Haut-fond d'Aïn-el-Tuhck. XI mille 2/3 de la plage et au N.-E. du village d'Aïn-el-Turck, il existe une tête de rocher sur laquelle il ne reste que 17 mètres d'eau au milieu de fonds de Co à 70 mètres ; il est accore et n'offre aucun danger pour la navigation.

Ce haut-fond est très connu des pêcheurs à la turlute et aux palaugres.

MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK '^1

rochers avançant dans la mer à la lilo indienne, pour arriver à des roches dolonnti(|uos supportant des grès tendres fossilifèies à hélices.

Jusqu'à la Grotte du .Négro, les doloinies réapparaissent ; au bas de la grotte, des blocs dolomitiques à hématite foiinent un él)oulis assez consécpicnt, auquel fait siiili" la courte mais belle plage des Coralès, admirablement abiitéo des vents d'Est. Cette plage part du bas de la Grotte du Négro poiu aboutir au rocher de la Batterie ; elle est coupée par des rochers plats s'avançant dans la mer ^.

Après le rocher de la Batterie, jusqu'au ^9" 6g', la côt(; est formée de falaises de grès à hélices dont les strates horizontales sont tiès marciuées dans lanst; du fer à cheval. Sur ces falaises, des dunes de 100 mètres de haut s'y terminent en pente douce.

Mines

En 1873, une société anglaise, fit des recherches de minerai de fer au cap Falcon, au-dessus de la grotte des Pêcheurs. Plusieurs balancelles, chargées de minerai, prirent le chemin de l'Europe. En 1874, une autre société continua les fouilles qui, comme les premières, furent abandonnées.

En 19 12, la Société Armani-Cou ve et C* voulut exploiter les gisements de fer signalés depuis longtemps au cap Falcon. Au i" janvier 1918, près de 5. 000 tonnes étaient extraites. <( Ces travaux ont montré qu'on se trouvait en (( présence d'un vaste gisement de fer oligiste et d'hématite « rouge, donnant comme résultat une teneur de fer variant « de 48 à 57 %. » (Rapport de l'ingénieur Cayla).

Carrières

Les grès à hélices qui composent les terrains de la pro- priété Navarre fournissent une excellente pierre à bâtir. La carrière est exploitée depuis quatre ans. Les blocs sont équarris sur place et les moellons sont vendus à Ain el- Turck ou transportés à Oran.

I Hors de la commune, mais inséparable au point île vue géographique, Falcon u'étaut guère accessible que d'Aïn-el-Turck.

32 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DAÏN-EL-TIIRCK

Le sol. Les terres

D'après l'aperçu géologique du territoire d'Aïn-el-Turck, nous voyons que la composition du sol est très variable. Une remarque qui s'impose c'est la pauvreté du sol en calcaire. L'analyse faite par le service phylloxérique n'a reconnu qu'une proportion de i à 3 % aux alentours de la montagne Pochet.

Vers i85o, certains chaufourniers, se fiant à la blancheur des pierres des coteaux situés au S.-O. d'Aïn-el-Turck, voulurent les exploiter. Cette industrie fut vite aban- donnée, la quantité de chaux extraite étant trop faible pour payer la main-d'œuvre.

Le milieu de la plaine, formé dalluvions récentes ou actuelles, est favorable à la culture de la vigne.. Dans la partie montagneuse et dans les reliefs de la plaine, la couche arable est peu profonde, les céréales donnent un faible rendement ; la brousse même y est maigre.

Depuis quatre ans, le colon empiète sur les dunes pour y cultiver des primeurs. Ces terrains, deshérités autrefois, ont acquis une grande valeur, mais lee terres manquent de consistance. Le sable, remis en mouvement, va redevenir un danger pour les terrains alluvionnaires.

Les meilleures terres se trouvent au Poteau, à la Daya et à proximité du village. Au Poteau, les terres sont fran- ches et donnent de bonnes récoltes, même pendant les années de sécheresse. A la Daya, les terres sont fertiles et fortes ; mais, si les pluies sont insuffisantes, la récolte y est très faible. L'hiver est-il pluvieux, les rendements sont énormes, à tel point que les vignes de cette région pro- duisent plus de loo hectolitres à l'hectare.

Dans les terrains accidentés, la meilleure exposition est le Sud. Ces terrains servent surtout à la culture des primeurs.

Curiosités naturelles

Dans le territoire d'Aïn-el-Turck, les eaux d'infiltration et de dissolution ont creusé de nombreuses grottes dont deux surtout méritent d'être visitées ; ce sont : la Grotte des Enfants, connue encore sous le nom de Grotte du Poilu (Cueva de los Niiîos ou Cueva del Peludo), et la Grotte du Curé. (Voir carte des grottes, p. 62.)

moiNO<;kapiiie de i.a commune d'aïn-el-tukck .'{.'!

CiKVA DE ros NI^os :

Silualion. A i.'ioo iiiùtres environ au Siul-Ouesl (h: la l)alterio du Santon, picsquo à la limite du tejiitoiie de Mcis-cl-Kébir.

Description. On se laisse glisser de haut en bas par une ouverture deo"'6o, placée enire dcuv l'ochers dislocpiés

B ExK,vn.55«m^uvt iii au frjv.til de 1 komme

B 3oyan- Jn.icceiiih]e .

E Jocher £ dri.ntnei '!ti.]a.<^md>cnui

T f<i55d.oe Sud. Est.

Q VâfStiivei .

M Cojoane centrale.

riiin (If la Cueva de los Nif

perdus dans le diss, et on se laisse choir sur un plancher sédimentaire situé à 2 mètres de profondeur. On suit une galerie de 20 mètres de longueur sur i mètre de largeur et i^oo do hautem- qui va en se rétrécissant. Accroupi, on débouche dans une salle de iT) mètres de longueur sur •20 mèlies de largeur environ. Au milieu de la pièce, on

34 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURGK

voit quelques colonnes réunies en tuyaux d'orgue et ayant l'aspect d'énormes pattes de poulpe. Le plancher stalag- mitique et la voùle remplie de stalactites seraient d'un fort bel effet s'ils n'avaient été abîmés par les visiteurs. Les draperies stalagmitiques, d'une blancheur éclatante, sont 1res belles, surtout à l'Ouest de la grotte, oii Tune d'elles affecte la forme d'un éléphant. Derrière la colonne centrale, des vasques, pareilles à des bénitiers superposés, arrivent au niveau du plancher formé par l'accumulation des concrétions calcaires. Ces vasques sont très souvent remplies d'eau, les rebords ont été brisés. L'intérieur de cette grotte est très frais ; les murs donnent asile à une multitude d'araignées du groupe des faucheurs qui, prises de peur à l'approche de la lumière acétylène, se laissent tomber pour se réfugier dans les trous du sol.

Légende. Très enfantine est la légende de la (( Cueva de los iNiiîos ». Elle date d'une soixantaine d'années à peine et m'a été racontée par un vieil espagnol, qui prétendait avoir vu, lui aussi, les troglodytes.

Des gamins cherchaient des nids dans la montagne. La chaleur était accablante. Ils auraient bien voulu se reposer à l'ombre, mais les maigres touffes du djebel ne pouvaient la leur fournir. Chemin faisant, ils découvrirent un trou entre deux rochers, ils descendirent l'un après l'autre et ils entendirent le bruit d'une source qui tombait en cascades dans l'intérieur de la grotte. Quelle aubaine ! Allumer un paquet d'alfa fut l'affaire d'un instant et la bande joyeuse s'aventura dans ce palais de fées oii tant n'était que cristal. Ils buvaient à la source depuis un moment lorsque du fond de la grotte, un cri rauque, formidable, accompagné d'im- précations, se lit entendre, déterminant la fuite des oiseleurs.

Les parents, mis au courant, résolurent de vérifier le fait et, après de mvdtiples précautions, ils arrivèrent à la grotte. Prudemment ils s'aventuraient, lors(|u'une voix caverneuse et terrible les appela chacun par leur nom... Un obus tombé au milieu d'eux n'aurait pas déterminé une fuite aussi précipitée que celle de ces chercheurs d'aventures. La grotte fut qualifiée de hantée. Quelques jours après, voulant connaître l'hôte énigrnatique de cette « cueva », plusieurs adultes s'embusquèrent derrière les broussailles et virent apparaître, très calme, un géant à longue barbe blanche, les cheveux en broussaille, tenant sur ses bras

MONO<;HAPIIIi: DE LA COMMUNE D'AÏ>-Ef.-TIRCK 35

deux t<»iil jeunes el énormes eiifiinls. II n'iiNiiil, [j;n;iîlnl. conini diuilre lo^is ijue iclui-là : on l'appela 1 honiine de la eaverne. Peu après, on ne sentrelenait plus que de la caverne de « rilonune [)()ilu » ou « des Enfants ».

I,<>rs(|ne, plusieurs années plus tard, on i-elrou\a la CTioiic, le <• poilu 11 et les enfants n'y étaient plus. La source d'eau glacée coulait encore, abonda Jile, les chasseurs et I(s Itergers pouvaient en loule sécurité y étancher leur soif ; ils devisaient toujours sur l'hole étrange de la caveine et buNaienI, en riant, à la santé « del Peludo », qui avait causé tant de frayeurs à leurs pèies.

Grotte du Curé :

Sitiialion. Djebel Santon, versant Nord. Territoiie de .Meis-eI-Kébii\ à uoo mètres de celui d'Aïn-el-Turok.

I-'oummIuic de la Giotte du Curé est au niveau du sol, profonde de ({uehjues mètres, elle ne présente pas de stalactites.

I.égeiide. In pauvre espagnol et sa chienne, douce et lidèle, avaient élu domicile dans une excavation de la mon- tagne du Santon, à l'époque oij les drapeaux de Castille et de Léon IloltaitMit sur Mers-el-Kébir et Oran. Avec le |)almier-nain (pii croissait dans la montagne, ce brave homme fabri(|uait des balais, qu'il allait vendre aux irou pes d'occuj)ation. La vente, peu fructueuse, sulïisait juste à le faire vivre.

Donc, tous les matins, il quittait son humble demeure, fermée par une dalle, emportait son dîner froid et, jusqu'à la tombée de la nuit, il aurait pu donner à ses concitoyens l'exemple du plus grand labeur s'il n'avait vécu en anachorète.

Un beau jour, son dîner disparut. Un chacal ou toute autre hèle malfaisante s'en serait-il emparé ? La chienne pouitanl, si bonne gardienne, aurait aboyé ! Bah ! se dit-il, après réllexion, elle aura suivi la trace dun lièvre, pendant ce temps le voleur aura fait son coup.

Le lendemain, le dîner disparaissait encore ; le surlen- deiruiin également. C'en était trop. « Je pincerai bien le voleur, dit-il » et, sans plus larder, il coupa dans le djebel une solide trique de zebboudj ', puis au petit jour, caché derrière un lentisque, il al lendit...

I Olivier sauvage

3(3 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

Un bruit de branches secouées, d'un corps qui se faufile entre les toulTes d'épines éveillèrent son attention. Lente- ment, il sortit la tête du fourré et il vit sa chienne, sa propre chienne, emportant le coufiin dont il avait lui- même tressé les nattes...

<( Sangre de Dios ! pera, ven aqui ! » Mais, pareille au chien de Jean de Nivelle, la chienne continua son chemin ; l'homme se mit à sa poursuite. Sur le point d'être atteinte, elle se retourna, le regard terrible, prête à bondir. Stupéfait le maître fit un pas en arrière, la chienne en profita et, tenant toujours le couffîn à la gueule, elle redoubla de vitesse, franchissant les buissons, toujours suivie par le maître furieux. Enfin, elle s'arrêta et, au moment la matraque se levait sur elle, d'une grotte, que l'espagnol ne connaissait pas encore, sortit un curé, taillé en athlète et dont l'œil fixe semblait le méduser.

Pris d'une terreur indescriptible, il lâcha son bâton et, se retournant brusquement, livide, tremblant de tous ses membres, la poitrine oppressée, descendit à grandes enjambées la pente raide du ravin.

L'apparition, toujours immobile devant la grotte, le bras droit tendu vers l'Occident, suivait des yeux cette silhouette dont la frayeur décuplait la vitesse et qui ne formait déjà plus qu'une tache se léduisant à vue d'œil, là-bas, au loin, dans la plaine d'Aïn-el-Turck.

On n'entendit jamais plus parler du marchand de balais et de sa chienne, ni du curé, fantôme mystérieux de cette grotte séculaire. La <( cueva )> existe toujours, « la Cueva del Cura », et le soir, à la veillée, les aïeuls racontent en tremblant l'histoire de la grotte avec un tel accent de sin- cérité que si jamais vous voulez prendre pour guide un espagnol ou un arabe, ne soyez pas étonné qu'il voui réponde : « Je n'y rentre pas ! » Demandez-leur pourquoi, ils vous diront d'un air ingénu : (( C'est pas bon d'entrer là, il y a des choses... ^ »

I Pour descendre dnns les silos berbères, j'ai eu toutes les peines du monde à me faire accompagner d'un arabe ou d'un espagnol.

MONOGRAPHIE DE I-A COMMUNE d'aÏN-EL-ÏURCK 'H

CHAPITRE III LE CLIMAT

Aïn-el-Turck a un climat très doux en hiver. Les chaleurs de l'automne y sont prolongées et le brouillard y est peu fréquent.

La température ne présente pas de très grands écarts entre le jour el la miit, l'hiver et l'été. La moyenne de l'été est de 25°, celle de l'hiver de i6°. A défaut de températures prises journellement, l'existence de certains végétaux serait un sûr garant de la constance de la température. Certaines plantes : les giroflées et les ricins, par exeinple, y sont vivaces ; c'est en février, mars, avril, que la flore des cham[)s est la plus riche ; les petits-pois, nécessitant pour la maturation une température d'environ i4°, sont une des richesses du pays de décembre à mars ; la fève, l'artichaut, les tomates, fructifient en même temps et la vigne primeur et le dattier entrent en floraison à la fin de l'hiver.

La température baisse brusquement en novembre, occa- sionnant la chute des feuilles. En janvier, les bourgeons des amandiers épanouissent leurs fleurs. La vigne débourre vers la fin du mois de février.

L'orge est moissonnée en mai et le blé, en juin. Les ven- danges commencent en août par l'AIicante-Bouschet et se terminent dans la première quinzaine de septembre.

Relevés météorologiqi es '. Les relevés météorolo- gi(]ues suivants, portant sur 42 mois, de janvier 1910 à juillet 19 13, donneront un aperçu du climat.

Température. Le tableau ci-après donne les moyen- nes relatives aux quatre armées.

I Mes remerciements à MM. Salmon et Vergnes, maîtres Hc phare à Falcon, et à M. Le Goff, chef du poste radiotélégraphique d'Aïn-el-Turck, qui ont bien voulu me communiquer leurs observations météorologiques journaliôrep indispensables pour établir les statistiques.

38 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

Températures moyennes mensuelles prises au phare de Falcon du 1er Janvier 1910 au 31 Juillet 1913. (Thermomètre-centigrade extérieur)

MOIS

ANNÉES

1&10

^9-1-1

-lS-12

■19^3

Janvier

13» 3

11°5

14°

13" 4

Février

14-4

13° 4

15° 7

14° 2

Mars

13° 5

13° 9

15° 8

13° 6

Avril

15° 9 "

IS'-S 21° 6

16'^ 18° 5 21° 4

16° 8 20^2 22° 1

14° 7

15° 8 19°

Mai

Juin.

Juillet

24° 9

24° 8 24° 8

24° 3 24° 6 25°

24° 7 25-2 22-3

24° 6

Août

Septembre

Octobre

23° 4 21°

20° 6 16°7

19° 1 15° 3

Novembre

DécemVjie

17°

15' 6

15° 2

Moyenne de l'année iq^S i8°5 i8°8

des 3 mois d'hiver. . iô°b i'S° i5°i

des 3 mois d'été 2li°8 24°6 24°

En comparant les températures du poste radiotélégra- phique avec celles du phare de Falcon, nous voyons que les moyennes diffèrent ; celles du poste radiotélégraphique sont toujours plus élevées pour les raisons suivantes :

Le thermomètre du poste T. S. F. est placé à l'inté- rieur du poste ;

MONOr.n M'IIIK DR I.\ COMMINR O AIN-EL-TURCK

39

î.a lriii|)('raliii(' n'y est prisf^ ([n'iuic fois p.ii' jour, le malin à 8 luMires ;

'y Le poste T. S. V . est plaeé dans un bas-fonrl, abiité, à une altitude inférieure de près de Ho mètres à celle du l^liare.

l,a eoinpai aison de ces Icmiiéralmcs, ainsi que le montre le tableau suixani, nous eonlirme qu'août et juillet sont les mois les plus chauds de l'année.

Tableau comparatif des températures prises au phare de Falcon et au poste radiotélégraphie de juillet 1911 à juillet 1913

NOTA. Les températures au poste de T. S. F. ne sont prises que depuis le P^ juillet i\)il .

MOIS

1911

1912

1913

1

PHARE

T. S F.

PHARE

T. S. F.

PHARE

T. S. F

Janvier

Février

24" 3

24° 6 25° 20° 6 16° 7 15°6

26° 3 27^5 23° 2 22M 17°9 16-8

14° 15° 7

15° 8 16 8 20' 2 22' 1 24° 7 25° 2 22-3 19° 1 15° 3 15° 2

14'^ 7 15° 9 17-2 17" 21-5 22 °9 26° 27° 24° 5 20' 4 17° 14° 3

13' 4

14° 2 13°6 14° 7 15° 8 19° 24-6

14° 5 , 14°6 15° 9 17-9 21° 5 24° 1 26-6

!

Mars

Avril .

Mai ..

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembr-e

Décembre

40

MONOr.RAPLlIE DE LA COMMUNE D AIN-EL-TURCK

Vents. Les vents dominants sont ceux de l'Ouest et du Nord-Est. Ces derniers inclinent les arbres, suivant la direction N.-E. S.-O. et parfois les brisent. C'est à eux que l'on doit la destruction totale des cyanophyllas plantés en 1896. Ces vents ont encore l'inconvénient de dessécher les jeunes pousses de la vigne, ce qui oblige les colons à planter du seigle tous les six ou huit rangs de vigne. Lorsque la vigne débourre, le seigle est assez élevé pour former un abri vivant.

Pour les 42 mois, la station du phare de Falcon nous indique que les vents du N.-E. ont soufflé pendant 21 mois, ceux d'Ouest pendant 1 1 mois, ceux du S.-O. pendant 7 mois et le tableau suivant nous donne le détail par mois :

Tableau des vents dominants de Janvier 4910 à Juillet 1913

ANNÉES

f—

ca

03

Pu

-33

s

'3

os

(X3

S

as 00

as

m

i

1910

N.-E.

S.-O.

N.-E.

S.-O.

0.

N.-E.

N.-E

N.-E.

N.-E.

N-E.

S.-O.

S. 0.

1911

N.-E,

N.-E.

S.-O.

S.-O.

S.-O.

N.-E

N.-E.

N.-E.

N-E.

0

0.

0,

1912

0.

0.

0.

N.-E.

N.-E.

N.-E.

0.

0.

N.-E.

0.

0

N.-E.

1913

0

N.-E

N-E.

0

0.

N-E.

Les vents dominants sont donc ceux du N.-E.

SiROGO. Le siroco, peu intense d'ailleurs, souffle en moyenne de 12 a i5 fois par an et ne dure que f|uel(jues heures ; rarement il souffle plus de 9 heures consécutives.

Pllte. 11 pleut en nK)yenne 5i jours par an. Voici la répartition mensuelle de ces pluies :

03

03

03

_

, .

J=3

jra

xa

■g

'3

•!=1

03

a

S

TOTAL

<TS

S

•ai

C3. 03 C<2

C3

3

•03 (=1

1

4

5

4

10

0

0

1

4

3

10

51

MONOcn M'iiii; ME r,A commim; mx-et.-ti'rck >I

l'i.i \ loMi-; I ui;. - La (iiiantilL' dcuu est \;iiial»lf, aiii>i que l'induiiie le tableau suivant, comprciiaiil la liaiilciir il('< pluies |()iiil)(''('s (le janvier' kjk» à jiiillrl i(ji3.

MOIS

A N N É E S

-19-10

^9^ a

•19^2

■19^3 1

Janvier

0"'0;mô

0- 030

0-0388

0-0114

Février

0-(J.SO

0-027

0-0038

0-0284

Mars

0-0912

o^oeoi

0-0112

0-0269

Avril

o-o:U5

0-OKSiS

0-0248

0-0106

Mai

0-0245

0-0223

0-007

0-0111

Juin

0"'001

»

0-009

0-0014

Juillet

»

0-008

»

»

! Août

1

"

»

0-004

» 1

Septembre

0-0233

0-0021

0- 0229

Octobre

0-0067

0-0191

0-1169

»

Novembre

0-0071

0-024

0-0205

0

Décembre

0-0284

0-0014

0-0091

»

Sur loo jours de pluie nous conslatons (pi'c'llc est amenée par les vents suÏNants :

VENTS DE :

S.-O

O.

X.-E

N. N.-O.

S

1

1 Iv TOTAL

Nonmre de jours de pluie . . .

31

26

20

15 ti

1 luu

42

MONOORAPHÏE DE LA COMMUNE D AlN-EL-TURCK

T.es vents du S.-O. sont donc ceux qui amènent le plus fréquemment la pluie. On peut s'en convaincre par l'orien- tation que les colons donnent à leurs meules de paille.

Pression barométrique. D'après certaines moyennes que j'ai prises au phare, le baromètre baisse avant et pendant la pluie pour remonter ensuite, ainsi que l'indique le tableau suivant :

ÉTAT DU BAROMÈTRE

Pl'RIODES

AvaDt la pluie

Pendant

Après

Du 14 au 31 Janvier 1912

760 », -

747 -, »

750 ■","' 8

Du 3 au 13 Février 1912

745 "■ ""

744 ■"/"■

760 ■", "

Du 12 au 30 Avril 1912

755 "'/" 1

743 » » 9

756 ->

Sur i5 observations relatives au siroco, il résulte qu'une seule fois (7 octobre 191 1) ce vent a amené un peu de pluie (o'"ooa/i), deux ou trois fois, quelques gouttes seulement sont tombées et en si faible quantité, que le pluviomètre n'a pu les enregistrer.

En prenant la moyenne des pluies tombées pendant ces /i2 mois, on remarque que les mois les'plus pluvieux sont par ordre d'importance : mars, février, octobre et janvier.

Ora(.es. Les orages, peu fréquents, éclatent surtout en décembre. Le 12 décembre 1909, la foudre tomba sur l'école de filles, brisant Txw tuiles, crevant deux plafonds, pulvé- risant un lanterneau, en lançant au loin les morceaux dont un, du poids de 26 kilogrammes, fut projeté à 5o mètres.

Neige et Grele. H y a ^9 ans (depuis t884) qu'il n'a pas neigé à Aïn-el-Turck. Les gelées y sont inconnues et la grêle, extrêmement rare, n'a jamais atteint les proportions de ces orages calamiteux (|ui, en (juelques minutes, broient et ensevelissent des hectares de culture, sous des grêlons de dimensions énormes.

MONOr.RAPIlIE UE T.A COMMUNE D*AÏN-ET.-TURCK 43

Dkhoisement, ses (^ONSÉQi'ENCEs. Il csl riavmnl fie conslalcr, h \ïn-('l-Tiiirk, la (juanlilé tlCau boueuse qui, à la uioiiiilic averse, défei le vers la mer. Sur son passade, C(>tle uiasse d'eau produit des affoiiillenienls au [)ied de la montagne et détruit les berges dans les détours du eaual de dérivation. Ce canal se comble, déborde, envahit le village : la rue prin("ipale devient un toiMcnl (pii désem- pierre la chaussée et dépose son cône de déjection au \ord du village.

Pendant ?.8 ans, de i85o à 1878, les habitants de la région procédèrent au déboisement en règle de la plaine et des flancs Nord du Alurdjadjo, ce qui fut la cause de plusieurs inondations. La Municipalité s'alarma et le 9.1 mai 1878, elle chargea M. Valette, agent-voyer de circonscription, de dresser un plan de canal de dérivation, qui fut construit peu après. Malgré ce canal, les inondations ne se comptent plus à Aïn-el-Turck. Ainsi que le fait remarquer M. Mous- saud, agent-voyer, dans une note du 6 août 19 13, Aïn-el- Turck sera toujours menacé d'être inondé parce (pie le profil en long de son canal présente une ligne brisée, contrariant sérieusement l'écoulement des eaux.

Le mal ira en empirant : le défrichement des dunes qui se poursuit sans relâche depuis trois ans prépare la plaine à l'inondation et à l'envahissement des sables. Un des anciens maires, M. Julien, avait pourtant prévu le danger : le ■).?> janvier 1879, il prenait un arrêté, dont voici l'ait, i :

« Art. I. Il est défendu d'extraire les souches de toute « essence sur tous les teri'ains communaux et de couper « les branches de thuya dans la partie Ouest du comnninal (( à partir de la publication du présent arrêté. »

Comnne la plupart des arrêtés municipaux, celui-ci resta lettre morte. Ces! ainsi (ju'on ne trouve plus un seul pied de thuva sur le territoire de la commune.

MONOCRAPHTE DE LA COMMUNE D AlN-EL-TURCK

CHAPITRE IV L'EAU

Aïn-el-Turck est alimenté en eau à l'aide de puits et de sources. (Voir la carte, page ^b.)

Le premiei- puits creusé à Aïn-el-Turck le fut par le Génie eu i85o. H se trouvait à la place Sud et a été comblé, il y a vingt ans.

Depuis le développement pris par la culture des pri- meurs, de nouveaux puits sont creusés tous les jours dans la plaine ; leur profondeur varie de lo à 35 mètres et les couches de roches qu'on rencontre ne sont pas partout les mêmes.

Pour l'étude de ces puits, il faut partager le territoire d'Aïn-el-Turck en deux régions distinctes, séparées par une ligne passant très approximativement par l'axe de la route d'Aïn-el-Turck à Bou-Sfer. L'eau des puits situés à l'Est de cette ligne repose sur l'argile ; elle est peu abondante et légèrement saumatre. Celle des puits situés à l'Ouest repose sur un tuf marneux ; elle est très abondante, fraîche et potable. L'eau de tous ces puits cuit bien les légumes.

Le plus important de ces puits est celui de M. Liverato (jardin à proximité de la place Sud) ; il est intarrissable, même pendant les années de plus forte sécheresse. L'eau, très fraîche, y est excellente.

Les sources d'Aïn-el-Turck sont nombreuses. Le sous-so] compris entre Aïn-el-Turck et les Coralès, en bordure de la mer, ne forme pour ainsi dire qu'une nappe qui va se ])erdre dans le sable de la plage. Pour s'en convaincre, on n'a ([u'à creuser, avec la main, dans le sable, pour la rencontrer. Sa direction vient du Sud. T>'eau en est un peu fade parce qu'elle est en contact permanent avec les grès d'origine marine. En dehors de ces sources, d'autres viennent sourdre de points plus élevés. Les principales sont, en allant de l'Est à l'Ouest :

La source Henry Bailly (ravin Henri Bailly), à Bouisse- ville ;

L'Aïn-Atrous (ferme Navarre) ;

MOiNO(.lt AI'IIIK DE LA CO.M.Mt \E I)' \ÏN-i:i.- r I HCK 45

ab MONOC.KAPIIIE DE LA COMMUNE D AIN-EL-TURCK

L'Aïn-el-Turck, qui a donné son nom au village, c'est iu plus importante et la meilleure de toutes ;

La source Sainl-Cyr, dans une grotte du jardin de M. Saint-Cyr, eau fraîche el excellente, mais peu abon- dante ;

La source Saint-Maurice, qui alimente les villas boid de mer de l'ancienne propriété Debaix ;

L'Aïn-Aounsar (ferme Emerat), captée en partie pour les besoins du village, et envoyée à Aïn-el-Turck à l'aide d'une machine élévatoire qui refoule l'eau sur le mamelon 5a ;

L'Aïn-Ouzel, dont les deux sources alimentent le village Ghazeau (Cap Falcon) ;

La source des Coralès, se perdant dans la plage du même nom ;

L'Aïn Khedidja, placée à la limite S.-E. du territoire.

Les eaux de ces sources, ainsi que celles des puits, viennent, pour la plupart, du pied du Murdjadjo. C'est au piintemps qu'elles ont le plus de débit.

Aucune rivière n'existe à Aïn-el-Turck. A 3 kilomètres au S.-O. du village existe une daya qui occupe une cinquan- taine d'hectares qui se remplit d'eau en hiver et inonde les terres du pourtour.

Le dessèchement de ce bas-tojid, inondé aux moindres pluies, a commencé en 1901. Le trop plein des eaux est entraîné à la mer par un canal passant à 100 mètres de la ferme Emerat.

Source thermale de Saiiit-Rocli

La source thermale de iSaint-Roch est située à la limite Est du territoire, en bordure de la mer, à la Grotte aux Pigeons (Grotte de Saint-Roch). Il est question d'y bâtir un établissement thermal. Cette source a une température de 45 à 5o°. Elle doit être rejetée comme eau de consom- mation ou d'alimentation, car elle contient 5 grammes de sel fixe par litre (sels de chaux, magnésie, soude, à l'état de chlorures et de sulfates).

Cette eau, par sa composition et son degré thermomé- trique, se rapprocherait de l'eau de Bourbon-Lancy (Saône- et-Loire), employée dans le traitement du rhumatisme sous toutes ses formes, des névralgies, paralysies, trauma- tismes, accidents consécutifs aux fractures, plaies par armes à feu, syphilis, diabète, anémie, trajets fistuleux

MONO(;H.\l'IlIE DE LA CO.M.Ml NE I) Al.N-KL- 1 I UCK

(.IIAPITHF V LES RESSOURCES

Produits naturels du sul

VÉcjÉTATiON. l.ii loiO'l n'oxislL' [);is à Aïii-d-Tmck, ù l'exceplion loiiU'foi^ dt' deux hoscjiiols coniplaiilés t'ii pins. d'Alcp : l'un, coniniuiial, (':?l silué 8ur la roule du (Jap Falcon, après le ilouar : l'autre décore les sommets de la montagne l'oeliet et provient de semis laits par M. \ assas, en 1888.

A part ces plantations bien minimes, nous ne trouvons ici (jue la brousse, composée de lentiscpies, palmiers-nains, (jui disparaît avec le défrichement des dunes, genêts épineux, chène-kermès, asperges, diss, alla. Dans les dunes, le lentisque atteint de grandes dimensions. Deux genévriers : Jiu}iperus macrocarpa et J. Piiœnicea, résis- tent aux vents les plus violents et iixent aussi les dunes. On pomrait donc les utiliser poui' reboiser les sables.

Plaintes comestibles. Parmi les plantes sauvages communément consommées ou utilisées comme condi- ments, on peut citer : le fenouil, employé pour aromatiser les olives, le cresson, la doucette (Fedia cornucopia') , la chicorée sauvage, la barbe de chèvre (Scorzouera undu- lata) , mangées en salade.

La châtaigne de terre (Biinium iiicrassatuui) , dont le tubercule est consommé pai" les indigènes.

Le jeune réceptacle, teurfa, du Rhaponficiuii acaiilc.

Les inflorescences en boulons de la grande férule.

Les feuilles de la bette maritime (Beta maritima) .

Les turions de plusieurs espèces d'asperges.

Champkino.ns. Lorsque les premières pluies d'octobre sont abondantes, les champignons pullulent en certains en- dioits, (]u'un peu de pratique nous a fait connaître. Si ces cryptogames n'ont jamais occasionné d'accidents, c'est (jue l'habitant d'Aïn-el-Turck s'est borné à consommer trois espèces seulement : le [tleurote de la férule, le psalliote des

48 MOiNOGRAPllIE DE LA COMMUEE D AÏN-EL-TU RCK

champs et lo pliuliole des dunc\s. Tout autre ciyplogaïue étant suspect, ils ojit laissé se iiiultiplier la coulemelle, la coucoumelle, le bolet granulé, le pleurote de l'agave, les tricliolomes, collybies et coprins. Depuis ces dernières années, tout de même, ils augmentent leur champ dft dégustation et, dans les champignonnières naturelles, les produits dimiiment graduellement.

Dans la liste ci-dessous, nous ne tenons compte que des espèces comestibles et toxiques. Nous avons donc laissé de côté celles qui, par leur petite taille, n'intéressent guère que le mycologue.

Copriiius atrarneiitarius. Terres fortes et fumées. Tout l'automne. Comestible quand il est jeune.

Coprinus ovatus. Coprin ovale. Comestible quand il est en œuf. Très abondant dans les champs de petits-pois fortement fumés.

Pleurotus opuntiae. Pleurote de l'opuntia. Ne se trouve que sur l'agave à Aïn-el-Turck, aussi l'ai- je désigné sous le nom de « Pleurote de l'agave ». Comestible, se cultive bien. Les essais que j'ai tentés en 191 2 sont concluants.

Pleurote en coquille. Automne, bois de pins. Comes- tible.

Pleurotus eryngii (2 variétés). Pleurote de la férule, champignon de fenouil, de canne bédouine. En novembre abande sur les vieilles souches de la férule commune, aux abords de la montagne Pochet. Comestible. Pleurote du Panicaut : champignon du chardon. Rare. Se trouve sur le chardon eryngii. Ces deux pleurotes ont les mêmes caractères, le dernier a le pied moins fort que celui du pleurote de la férule.

Agaric cintré. Couleur orangé. Autour du poste de radiolélégraphie, sur les racines du lentisque. Comestible.

Agaric albellus. Mousseron blanc. Très abondant dans les bas-fonds humifères de la zone radiotélégraphique. Octobre. Comestible.

Russula emetica. Russule émétique. Vénéneux. Pins de la montagne Pochet. Novembre et décembre. Rare.

Agaric travesti. Tricholoma personatum. Autour de la ferme Duret, au Nord de la Daya. Connu ici sous le nom de champignon bleu. Comestible.

Psalliota campestris. Psalliote des champs. Champi- gnon rose. Coteaux au Sud du poste radiotélégraphique,

.'MONOnRAl'IllE DE LA COMML.NE d' AÏ.N-EL- 1 L HCK 4U

SOUS les biiiyèros et dans Itjus les chani[)> de lumiilcs cl de |)etils pois. I'V'\ lier, (loiiicslihlc.

Psdlliola syliuitica. J'salliolc (\v<. l'orèls. J'Ius rare (jue le prrcrdciit. Mémo habitat.

AnKUiitu iuujiiiaia. Aiiianiic h v[\i\. Coucounu'lle. (lonicstiblo. Très aboiidiml (l;iii> les cliamps de petits pois et autour des meules. Automne.

Lépiote éleuce. var. Hhacodes. Automne et hiver. Haies de roseaux de la propriété Chamuel ; meules Henry lîailly ; Sud-Ouest de la petite Daya. Comestible.

Plioliolc (lu thym. Sur les pieds de Thvnms Munbya- nus. i, Appelé, ici, tomillo). Sud du {)hare. Décembre.' Comestible.

Pholiotc des dunes. - Très abondant dans le sable des dunes dont il crève la surface. Vit sur les racines pourries des lentisques, phyllerea, olivier sauvage. Ce champignon n'est qu'une forme de Pholiota aeyerita. Après les pluies de septembre-octobre. Dans toutes les dunes. Comestible.

Boletus granulaius. Bolet gianulé. Très abondant en octobre-novembre sous les pins de la montagne Pochet. Comestible.

Boletus luridus. Bolet blême. Vénéneux. Peu abon- dant. Se trouve en hiver sous les bruyères et autres brous- sailles.

Boletus satanas. Bolet Satan. Vénéneux. En automne. Mamelons de la Daya, sur la mousse, au pied des bruyères.

Plantes fourragères. La prairie naturelle n'existe pas à Aïn-el-Turck, ce qu'on appelle vulgairement four- rage, est l'herbe des jachères, très luxuriante quand l'hiver a été pluvieux. Ce fourrage, séché, est assez recherché des chevaux et mulets.

Plantes industrielles. Deux plantes sont impor- tantes : le palmier-nain et l'alfa. Le premier, assez abon- dant dans la région caillouteuse de Falcon, est exploité et vendu à une usine de crin végétal de Bou-Sfer. Le second est assez répandu dans la zone calcaro-sableuse.

On pourrait citer aussi l'agave d'Amérique (vulgo aloèsl, dont les fibres des feuilles servent à fabriquer des mèches de fouet, et le roseau, très recherché par les primeuristes pour tuteurs et abris.

50

MONOGRAPHIE DE LA COMMU^E D AIN-EL-TURCK

Cultures. Economie rurale

Hkpartition. Au point de v ue des cultures, le territoire d'Aïn-el-Turck peut être divisé, très approximalivement, en trois parties.

A l'Est : terres à céréales.

Au centre : terres plantées en vignes.

A l'Ouest : terres cultivées en primeurs.

Céréales. On cultive l'orge, le blé, l'avoine Le

seigle est semé comme brise-vent dans les champs de primeuis et les vignes. On le sème en octobre.

Pour la confection des abris artificiels, on utilise aussi la paille, concurremment avec le diss.

L'orge et l'avoine sont aussi cultivées comme fourrage vert. Le rendement moyen est de i5 quintaux à l'hectare.

.M0N0(;M AI'IIIK l)K I.A CO.MMl ^E I) AIN-Kt. ri'IUJK H

Deux variélés de blé sont culUvéos : le blé dur et le blé tendre. La i)rodu('li()ii atleiiit souvent /o quintaux à l'hectare. C'est un Ixin rendement si on le corni)ar'e à celui de la Helgi(iue, (|ui arrive au premier rang, avec •i'i quinlaux, et à celui de la Krance, qui arrive au deuxième rang avec i/i (|uinlaux.

Mi'rrnoDE.s dk ci i.j i kks. Les méthodes françaises de culture sont les seules (jui soient adoptées ici, même pai- les indigènes.

. Incinéuation des ciiAi mes. L incinération des chau- mes se fait rarement.

Transports. Les transports se font par charrettes (grains et vins), ou à l'aide de camions. Ces derniers transportent surtout les primeurs.

Luzerne. La luzerne est cultivée dans les jardins ; elle est vendue sur place ou sur le marché d'Oran en petits paquets de o fr. o5. Ses ennemis sont : la cuscute, les larves du soufré ( Colins hyalc) , de l'argus bleu, de l'argus myope, du bombyx de la luzerne, du Palomcna viridissuna.

Dans les grandes et moyennes exploitations, on cultive la vigne et les céréales (jui nécessitent mcjins de main- d'œuvre que les primeurs. Dans les petites exploitations, dirigées par des personnes ayant une nombreuse famille, on cultive surtout les primeurs, car dans cette culture la main-d'œuvre ne nécessite pas de grands efforts '.

Vigne. La culture de la vigne occupe une superficie de 4oo hectares et produit en moyenne 60 hectolitres à l'hectare.

Les vignerons, venus pour la plupart du midi de la France, importèrent ici les cépages du Bas-Languedoc et du Roussillon ; ces variétés ont fait leurs preuves.

Les terrains argilo-siliceux d"Aïn-el-Turck donnent des vins de bonne tenue et de coloration franche.

Dans les vieilles vignes, les cépages les plus répandus sont : le cariqnan, qui a trouvé ici son terrain de j)rédi-

I Les parents abusent du travail de leurs enfants : i5 % des enfants d'âge scolaire n'ont jamais fréquenté l'école. Quelques-uns d'entr'eux sont cependant des fils d'électeurs. Tant que la loi sur l.'instniclion obligatoire ne sera pas appliquée, Aïn-el-Turck fournira un nombre respectable de conscrits illettrés.

52 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

lectiou. Très productif, il donne un vin coloré, mais il craint l'oïdium, le mildevv et surtout l'altise.

Le grenache, à souche vigoureuse, se complaît dans les coteaux, il est sujet à la coulure et son moût accusant parfois 22° au glucomètre est sujet à refermenter.

Le mourverdre, au grain ferme, lutte avantageusement contre l'oïdium et la pourriture ainsi que le niorastel, qui donne de bons rendements dans les sols profonds.

L' Alicaiite-Bouschet donne un vin très riche en couleur.

La mondeiise, connue ici sous le nom de plantamono, donne des produits abondants et un vin limpide ayant du corps.

Raisins de table. Le chasselas et la madeleine mûris- sent fin juin ou au commencement de juillet et arrivent les premiers sur les marchés d'Oran et d'Europe, jusqu'au moment ils sont concurrencés par ceux d'Espagne, d'Italie et du midi de la France. Un hectare de ces cépages donne, en moyenne, i.ooo francs de bénéfice net.

Parmi les variétés moins précoces, citons : le Valenci, le Mascara, le muscat d'Espagne, au grain ovale très par- fumé. VEl Bordj, au gros grain rose et blanc, appelé Cognac, est un cépage tardif.

Maladies de la vt(;ne relevées pendant les sept der- nières ANNÉES :

La coulure, dont les causes mal expliquées sont d'origine atmosphérique.

La jaunisse, rare.

L'oïdium, très fréquent à la suite des vents d'Est.

L'anthiacnose, rare.

Le mildew, assez fréquent par temps humide.

La pyrale, rare.

L'altise, assez commune.

Le phylloxéra, qui a fait son apparition en 19 10. La libre culture a été accordée la même année. La reconsti- tution en américain a commencé en 191 2 avec les porte- greffes : Rupestris du Loi, sur lesquels étaient greffés Carignan et Cinsaut (vigne Vassas : montagne Pochet et Poteau). Ces plantations ont réussi à merveille.

Arbres fruitiers. Aïn-el-Turck est loin d'être un pays à fruits. Néanmoins, en pleine terre et loin de la mer, on cultive quelques piuniers, abricotiers et pêchers.

MONOGRAPHIE DE T,A COMMI'NE n'AÏN-ET.-TIJRCK -^-^

I/ainandior donne do bonnes lécoltes sur le penehant des coteaux : les ariiiindes Princesse sont e\[)ortées en primenis aux mois de mai-juin. Toutes ces espèces sont sujettes à des maladies et ont des ennemis acharnes : les pucerons, les forficult's ; la larve du papillon flambé (Papilio podaliruis) paraît alïectionner les piuniers. Le poirier et le pommier sont sujets au chancre.

Figuiers. - Les figues précoces sont transportées au marché d'Oran et valent de o fr. /jo à o fr. 5o le kilogr. Les variétés cultivées sont la figue-fleur, qui produit deux fois par an, et la verdale, qui produit de septembre jusqu'en décembi'e. In hectare de figuiers peut donner 600 francs de bénéfice.

Ennemis : le kermès fCoccus ficus caricœ) , surtout dans les jardins clôturés, les fourmis et les oiseaux. Le figuier craint beaucouy) le vent marin.

Olivier. Atteint rapidement de grandes dimensions. L'arbre est très résistant, mais la récolte des fruits est devenue impossible à cause des ravages occasionnés par la mouche de l'olivier (Decus olœ).

Aurantiacées. L'oranger et le citronnier sont cultivés dans les jardins abrités, mais en petit nombre.

Grenadiers. Deux variétés sont cultivées : la grenade douce et l'aigre-douce.

Figuier de Barbarie. Se trouve en petite quantité autour du douar.

Primei Rs. Le climat privilégié dont jouit Aïn-el- Turck devait amener les personnes ayant l'esprit d'initia- tive à cultiver autre chose que des céréales et de la vigne. M. Auguste Pessoles fut le premier qui, il y a 20 ans, tenta la culture des primeurs. Elle occupe aujourd'hui une superficie de 200 hectares.

Tomates. Produisent toute l'année ; les plus précoces valent i5o francs les 100 kilogs.

Par sélections successives, les colons sont parvenus à créer ici deux variétés de tomates parfaitement acclimatées et qu'ils désignent sous les noms de Calvania et Candiana. La première a été sélectionnée par M. Galvan, l'autre doit son nom à sa ville d'origine : Handia, dans la province

54 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

d'Alicante (Espagne), d'où elle a été importée et sélec- tionnée ensuite.

Un hectare de tomates nécessite une main-d'œuvre de i.5oo francs à 2.000 francs. I.e bénéfice peut atteindre 2.000 francs.

Maladies : Oïdium (la blanc a) . Remède : soufrages. Le phytophtora infeslans (la négra), caractérisé par l'aspect grillé des feuilles et des taches noires sur les fruits. Remède : sulfate de cuivre au 2 %. La rouille.

Les larves de cétoines (Cetonia mono, C. opaca, C flo- ralis, var. harhara) dévorent le pied, ainsi que le ver gris qui n'est autre chose que la larve de la noctuelle des moissons. Elles causent de très grands dégâts.

Petits pois. Se cultivent en pleine terre dans les terrains accidentés. Deux variétés : le pois blanc, le plus précoce, et la serpette.

Maladies : le Mildiou, caractérisé par des marbrures blanches sur les cosses ; l'anthracnose, cosses trouées.

Artichaut. Se reproduit par œilletons. Production : de décembre jusqu'en mai. En décembre, les artichauts sont vendus à raison de i fr. 80 la douzaine, o fr. 5o en février-mars. En avril-mai, ils n'ont plus de valeur, car ' cette époque, l'intérieur alimente les marchés. Aussi le primeuriste force la fructification, afin d'amener le maxi- mum de production en décembre-janvier-février.

Variétés cultivées : le précoce artichaut vert ; le violet d'Alger ; le bâtard, à tête énorme ; le violet épineux qui est le plus tardif.

Frais culturaux : i.5oo francs par hectare.

Bénéfice par hectare : i.ooo francs.

Maladies : Puceron noir, puceron blanc, la casside verte, le mildiou.

Haricots verts. Récolte et exportation en janvier Variétés cultivées : haricots nains qui résistent mieux à la sécheresse et sont aussi productifs que ceux à rames ; le haricot beurre, le Soissons.

Maladies : la graisse (taches vertes sur les gousses qui poiurissent), l'anthiacnose (taches rondes, brunes, crevas- ses sur les cosses). Le haricot ciaint beaucoup le froid

Courgettes primeurs. Depuis cette année, on cultive au Cap Falcon les courgettes primeurs. Essais très satis-

MONOGBAPflIE DE LA COMMUNE D AIN-EL-TURCK O.)

faisants. \']n clrccnibic i()i:^ "'I jinixicr Mjr.H, elles se veiulaieril à liiisoii de i fr. -h) le kilo;.' siii le iiiaielii'' de Marseille.

MeAons et pastèques. Cultures de pleine terre. On cultive 1rs melons Cantaloup et le Brodé ^nielon éerit). (ri hectare de melon rapporte 600 francs de bénclice et un hectare de pastètpies, ()oo francs.

Asperges. Cette culture, tentée durant ces dernières années, a donné des résultats merveilleux, tant au point de vue de la qualité ffue de la (juantité des turions produits.

I/asperj^c craint, moins que la vi^ne, les maladies, les insectes et les intemi)ciies. liénéfices : 1.200 francs par hectare. Une seule variété est cultivée, c'est l'asperge d'Argenteuii '.

PorA(;Ei?. Certaines plantes potagères cultivées en grand donnent de bons revenus pendant la saison estivale. Telles sont :

Les aubergines, vendues à o fr. 5o la douzaine en moyenne.

Le concombre, jaune hâtif de Hollande et le corne de cerf, désigné sous le nom d'afilcos.

Le potiron jaune de Paris et la citrouille arabe.

Les piments doux ou poivrons, l'ordinaire et le doux d'Espagne.

Les piments forts : le long, le chinois et la cerise, ces deux derniers à saveur extrêmement forte.

L'échalotte, qui vaut de 20 à 3o francs les 100 kilos sur le marché d'Oran.

Plantes d'agrément. Pour cultiver ces végétaux, il est nécessaire qu'ils soient abrités des vents marins. On a beaucoup tâtonné pour trouver une essence forestière capable de leur résister efficacement. Tl est reconnu aujour- d'hui que le tacahout et le tamarin réunissent les conditions voulues.

I Nota. Je sijrnalf ici l'intérêt qu'il y aurait à cultiver dans les terres léjrères, et elles ne manquent pas, la pomme de terre hollandaise à l'intérieur jaunâtre, d'un gnûf exquis et qui se vend très bien. On la cultive beaucouii dans la région de Mustaganem, elle fait merveille depuis quelques années. Ce serait une culture à tenter d'autant plus que les autres variétés donnent de piètres résultats à cause de l'incurie des colons qui s'obstinent à semer de mauvaises pommes de terr« achetées à vil prix au marché d'Oran.

56 MONOGR APHTE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

Dans les jardins ainsi abrités, on cultive de nombreuses espèces résistant |)lus ou moins an climat.

Arbres de promenades et d'agrément :

Cyanophyllas. Développement rapide, mais ils sont brisés par les forts vents.

Palmiers. Deux variétés : le phénix et le dattier. Un seul dattier amène son régime à maturité. C'est celui placé dans la cour de Madame veuve Gustave Combet.

Eucalyptus. Viennent très mal, ils sont brisés par le vent.

Faux-ficus. Réussissent dans les endroits abrités. Ceux plantés dans la cour de l'école de garçons, en 1896, s-ont magnifiques et progressent sans aucun soin.

Tacahout et tamarin. Résistent aux vents marins. En T912, le service des Ponts et Chaussées a utilisé ces essences pour orner l'entrée du village. En igi^, il a prolongé la plantation depuis la ferme Navarre jusqu'à Bouisseville.

Triacanthos. Ces acacias entourent la propriété Navarre ils forment des haies impénétrables.

Vente des récoltes. Les récoltes se vendent de diverses façons : Des courtiers visitent les propriétés et achètent la récolte sur pied : raisins, tomates, artichauts. D'autres fois, le propriétaire apporte ses produits au marché d'Oran. Enfin, il expédie directement à diverses maisons de Marseille, Genève, Paris.

Achat de c.ratnes et d'enorats. Les cultivateurs conservent des semences de tomates, melons, pastèques, poivrons, petits pois. Quant aux autres plantes, les semen- ces sont achetées, soit directement en Erance, soit chez les marchands grainiers d'Oran. 11 en est de même des engrais, mais Oran devient un centre fournisseur des plus sérieux depuis que plusieurs usines d'engrais y ont été créées.

Machines. Les machines agricoles n'existent pas, les colons d'ici ne sont pas syndiqués et n'ont pas de machines en commun, ils sont donc à la merci des sociétés qui leur louent les moissonneuses ou qui dépiquent leurs gerbes à raison de i franc par quintal de grain.

MONOr.K \PIIIF DR î,\ COMMINF P MN-FI. TT'HCK •>/

T,rs niiicliiiK's ('l(''\ Jilniirs "^(Uil iiii iMHiibic (]*• oti/.f. Co soiil (les iiidlciirs n ^m/. pjiiiNrc on l'i [x'-lrctlc i|iii ('■l('\ciil l'oaii (les puits iirccssairr i\ la culfiirc mai aîclirrc cl à relie de l'arlirliaiil. Citons encore deii\ norias à elievaux et trois élévateurs éoliens.

Ef.en.\(;e. On n'élèxc ici (|uc des chèvres, fi^o en moyenne. Elles voni pacager dans les comnnmaux. aux bords des chemins, sur les coteaux, dans les propriétés, après l'enlèveïnent des récoltes. Chaque chèvre paye à la commune un droit de o fr. i5 par mois. A certains momtMits, le troupeau de chèvres s'augmente de quelques moutons venant du Sud. T-c colon les achète potir la viande- et pour avoii- du fumier. Afais, à part le fumier et la laine qu'il en retire, le bénéfice est bien réduit.

T>a laine non lavée se vend de t fr. à r fr. '>.") le kilog.

T,e lait est vendu sur place à raison de o fr. -h) à o fr. .'^o le litre et à des laitiers qui l'emportent deux fois par jour à Oran.

Rt'ciier. l,e rucher compt(> '|0 ruches. T.es apicul- teurs sont tous des indigènes : ils emploient des ruches sommaires fabriquées avec des caisses ou avec des tiges de férule relié'cs entre elles et recouvertes de diss. Le prix du miel varie de t fr. 5o à ?. fr. .5o le kilog.

TwvsTONs DE svTTEBELLEs. La première invasion enre- gistrée date de 1867. Viennent ensuite les invasions de i8()i, iSpr», T8p3, 1907. T>a dernière est du ^'i mai 1909.

Propriétés et exploitations. Le domaine de l'Etat comprend le terrain de la réserve domaniale du phare de Ealcon, d'une étendue de t'i hectares 90 ares 44 centiares cultivables.

Les communaux occupent une superficie de 900 hectares (Miviron. Les biens indigènes n'existent pas.

L'étendue totale des propriétés des colons est de t. 000 hectares. La surface moyenne d'une propriété de colon est de t5 hectares environ. Les propriétaires exploitant eux- mêmes leurs concessions, les fermieis sont peu nombreux.

Le prix des terres varie de 5oo francs a 3. 000 fraucs l'hectare. Elles se louent de ."^o francs à 9.00 francs l'hectare.

Le salaire journalier agricole est de ?> francs par jour, mais un liavail de spécialiste, comme celui de tailleui- de vigne, par exemple, se paie 'j francs par jour.

58 MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

Le nombre des ouvriers agricoles esl très variable, mais il n'est jamais inférieur à ^oo. Au moment de certains tra- vaux : moissons, vendanges, piochage des vignes, ense- mencements, cueillette des piimeurs, les Marocains du Riff (i les Espagnols arrivent par bandes et doublent au-delà le nombre ordinaii'e des ouvriers agricoles.

Une ferme avec son terrain, ses constructions, ses outils agricoles, son matériel vinaiie, représente une valeur moyenne de 3o.ooo francs.

Le colon est aisé ; il doit cette aisance à la qualité des terres, au climat privilégié d'Aïn-el-Turck, à la proximité d'Oran, enfin à l'établissement des seivices réguliers mari- times, qui lui ont permis de cultiver les primeurs pour l'exportation.

Pour les mêmes raisons, l'indigène est aisé ; il travaille ses terres pour son propre compte, il a adopté les procédés culturaux et les instruments agricoles des Européens et s'en trouve très bien. Parfois, il loue son terrain pour la culture des primeurs.

CHAPrrUE VI ACTIVITÉ HUMAINE

Dans un pays les habitants tirent à peu près toutes leurs ressources du sol, le conunerce et l'industrie ne peuvent prendre une giande extension et seule l'industiie peut présenter quelque intérêt particulier à la région.

Commerce

Le commerce local d'importation se borne à fournir aux habitants les produits d usage courant : denrées alimen- taires, tissus, vêtements confectionnés, poteries, matériaux de construction, substances éclaiiantes, engins de pêche, etc., achetés, en général, sur la place d'Oian.

L'outillage et le matériel agricoles proviennent des maisons d'Oran.

A l'exportation, les transactions sont plus importantes,

MONOr.RAI'IIIK t)F, I,\ COMMUNE D AIN-EI.-TIIRCK 0!>

rar elles poilenL sur les léréjiles, le \iii et lo primeuis.

Les céréales el le vin sont vendus iuix nég(K-,ianls (l'Orau ; les piirueuis smil expédit'es siu' le poit de Miuseiile, iiue uuuiine |»arlir ><iu l'i ni \ endics, ii lieu la \('ule [lai l'i rilertnédiaiic des eourtici^, (pii -^'atl i d)ueii| ii't)|) s()u\eul des eouuiiissions exlioibilardes.

Il y a lieu de si«jualer (|ue l'alfa, (|ui n'est pas liés lare dans la bioussaille, fournit un lé^rer alirnenl au eoniriiorre d'exporlalioii. !>(> uièine le palmier-nain, (pii est vendu à une usine de Uou-Sfer.

Industrie

En dehors des petites industiies de niéliers, il n'existe I)as de grande industrie à Aïn-el-Turek. Toutefois, il y a lieu de citer deux petites industries particulières au littoral maritime : la pêche du poisson, la |K'che du corail.

Pêche. Ouel(|ues pécheurs sont inslallés à Aïn-el- Turck et au cap Falcon, mais le plus p^rand nombre viennent de Meis-el-Kébii' et d'Oran.

Les fonds de pèche sont très différents : il y a la plage, les rochers, le banc de la seiche, si connu, les fonds argi- leux, les plus profonds, explorés par les pareilles, les fonds vaseux, visités pai- les tartanons, les lanijiar'os, les boliches.

La diversité des poissons rencontrés est très grande. Les espèces péchées et consommées comamment sont :

L'anguille de mer, la nunène, l'anguille commune, le congre, la sardine, l'anchois, le turbot, la sole, la limande, le poisson anguille, le gobie noir ^cabotte, el cura), le maquereau Tpoisson bleu, cavalla\ le thon, la bonite, le baccorète, la dorée fie Saint-Pierre), la dorade, la grande araignée (grande vive), la petite araignée (petite vive) ', le chabot, le mérot (cernier), la rascasse, le bar fie loup), le serran, le rouget, le nuilet (la lisse), la sargue, le tam- bour, le pageot (pagel), le bezugue, la bogue, la salpe la pastenague, la raie blanche, la raie bouclée, l'ange de mer fel angel), le chat de mer (el gato).

-i Le? vivi's portent, derrière \,i tèle, des ;u;.'iiill<iiis ('>>iiii)iiiiiii|N;iiit avec des j.'liiiKles à venin. La piciùre est ilnno'ereiise, surtout relie tle In petite vive. Tniites den\ sont communes d.-ms les foiuls de siihle. nu voisinage de la côte. Pour combattre ces piqûres, l'application de divers méilicaments, souvent empiriques, a causé des désordres dans l'orjjfauisme. In procédé railical que J'ai vu employer eiricacement , à maintes reprises, est l'instillation de quelques fïonttes de permanganate de potasse :! i/ion dans la piqûre même.

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MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE D AlN-EL-TURCK

l'iiniii les crustacés, on prend (juelques homards sur les rochers de Falcon. Le grand crabi' épineux n'est pas très rare et les crevettes sont assez abondantes.

Gisements nioiilicrs. Parmi les niollus^iues, en dehors de (juelques espèces partout communes, il faut citer les moules dont il existe plusieurs gisements sur les parties rocheuses de la côte.

Les gisements mouliers ont tous une tendance marquée à faire face au N.-N.-E. Les parties des îlots et de la côte, ayant une autre orientation, en sont totalement dépourvus. Malgré la pèche incessante qu'on leiu' fait i)ar basse-mer, surtout aux j)ériodes d'équinoxe, certains gisements sont encore très imi)ortants. On peut les classer ainsi par ordre d'importance : ceux de l'île Plane et de (j-uelques-uns de ses îlots ; le rocher des moules, à r.ooo mètres à l'Ouest du })hare de Falcon ; ceux du bas du phare ; ceux de la pointe Saint-Roch.

La moule d'Afrique ou moule verte (Mytilus africanus) atteint un développement considérable. La moule noire (Mylllus (jalloproviiicialis) et Modiola adriutica, à taille |)lus faible et à valves plus minces, y sont plus rares La dernière est ornée de rayons rougeatres d'un fort bel effet. La moule verte (var. Maaritanica) se rencontre autour de l'île Plane.

Le coi-ail. Le corail rouge (CoralUiuii rubruin L) , la seule variété de coiail existant à Aïn-el-Turck, fut autrefois une des ressources du pays. La pèche en est interdite depuis plusieurs années, ce qui permettra aux bancs de coraux de se reconstituer. La fig. 3 montre l'emplacement des bancs.

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Fig. 3. l'i)^iti(iii ;i|>[ir(iximative des b:incs de coraux en igo'6.

MONOGHAI'IIIE DE LA COM.MUiNE u'aÏN-EL-TUKCJC ('1

DEUXIÈME PARTIE

NOTICE HISTORIQUE

CHAPITRE Vil LE VILLAGE

Préhistoire, histoire

I, "homme PRKiiisTOHUjiE. Lcs diverses stations de làge de la pierre qui ont clé découvertes sur le territoire d'Aïn- el-Turck, prouvent (|uc la plaine des Andalouses a été habitée dès la plus haute antiquité. (Voir carte, page 62.)

Dans son Caialo{jue des stations préhistoriques de ta province d'Oraii, M. Pallary signalait, en 1886 et 1888, la présence de silex taillés aux environs du village et dans la grotte de l'abri de la Plage (.Grotte aux Pigeons du Cadastre).

En février 1896, M. Doumergue relevait, près de la ferme Navarre, au bord de la falaise, premier ravin à l'Ouest, une excavation éboulée avec couche archéologique, renfermant des silex taillés, des coquilles marines et des fragments d'œufs d'autruche.

En 19 10, derrière la ferme Emerat, à la côte 89, en bordure de la mer, auprès de la source de l'Aïn-Aounsar, un beau dépôt préhistoiique, nettement néolithi(jue, dont la couche supérieure constitue, au moins en partie, les terres du jardin. La tranche, apparente sur 10 à i5 mètres de longueur, montre une épaisseur de couche de 2 mètres à 2'°5o. Dans ce dépôt en plein air, qu'on peut considérer comme station littorale, M. Doumergue n'a exploré que la lèvre et y a recueilli la partie inférieure d'un métacarpien (V Antitopc t)u1>nJis Pallas et quelques silex de petite dimeiision.

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monoc;haphie de la commune d'aïn-el-tu

RCK

^— ^-«ULjjl

iMONOdUAI'IlIli DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TUUGK <>-Î

A l'Ouest de la falaise des (.loialès, à 5oo mètres au Nord de la côte i^O, il rcciicillail de, nuiiibieux silex et (juartziles. Je signalciai deux ikhincHcs stations :

A la base du Ras bel llanech, ù l'Est du ravin Khedidja. Intrigue par les (luantilés de ecxjuillcs niarines que la eharrue lanienail en certains endroits, iM. Cirandjean m'en apporta un ceilain nombic à déterminer : avec quelques hclix se trouvaient, en assez grande abondance, des pecton- cles, Purpnrea hcniastotna, Cassis sulcosa et un Cassis saburon ; ils étaient em[)àtés de terre rougeâtre, provenant de la désagrégaticjn des roches de la colline. A la surface, j'ai recueilli quelques morceaux de S. T., mais brisés. Je ne me suis livré à aucune fouille, pas plus, d'ailleurs, que dans la station suivante ;

Station du Cimetière des Escargots '. Entre la plage des Coralès et la côte loo, sur une étendue d'un demi- hectare de dunes, se trouvent des coquilles d'hélix que l'on aperçoit en quantité considérable, surtout après une forte pluie. Ces coquilles ont été transportées en cet endroit, car les 80 % d'entre elles appartiennent à Vllelix aspersa. Or, cette espèce ne se trouve actuellement vivante que dans la proportion de 2 %. Nous avons un foyer en plein air, qu'il serait intéressant d'explorer. Les coquilles marines s'y rencontrent en moins grande quantité que les hélices.

Des coquilles d'escargots et des restes de repas, que nous avons trouvés en fouillant les abords des grottes et cavités portées sur la carte de la page 62, nous prouvent que sept ont été sûrement habitées.

Ce sont : la Cueva de los Ninos, la grotte du Curé, les 3 grottes de Khedidja (surtout la grotte du Diable, très escarpée et la grotte longue qui lui fait face), la grotte des Ciseaux, celle de la Tour du Cap.

Les outils préhistoriques les plus remarquables que j'ai rencontrés ici, entre la grotte du Négro et l'anse des Coralès, sont deux haches en pierre verte cylindro-coniques dont voici les dimensions : longueur, o" 097 ; corde du tranchant, o'"o42 ; plus grand diamètre, o'"o4ô.

Les berbères autochtones. Parmi les peuples qui ont occupé le territoire d'Aïn-el-Turck, ceux qui laissèrent des traces visibles de leur occupation furent les Beibères. que

I Nom que je lui donnai en 1909.

04

MONOOKAPIIIE DE LA COMMUiNE D Al\-EL-TtIRCK

l'on peut considérer comme les aiitochlones. Les ruines berbères (jue j'ai signalées et décrites en kji^ \ formaient neuf villages occupant des liauleuis dominant la plaine et à proximité de points deau. Ces ruines peuvent, d'après leur importance, être classées dans l'ordre suivant :

i" Ruines de la Daya (3 villages) ;

Ruines de la ferme Anselmo ;

3" Ruines de Bouisseville ;

Ruines de la Douane ;

Ruines de Saint-Roch ;

6" Ruines de l'Eglise ;

Ruines du cap Falcon.

Leur situation est indiquée sur le croquis suivant :

Environs d'Aïn-el-Turck

zr-- Huiiu's liei hères --■■ Cch. //(..• il-. 1—, L

Les croquis de la page 65, relatifs aux ruines berbères de Bouisseville, de la Douane et de Saint-Roch, complètent mon premier travail.

I Ferdinand Blanche. Ruines berbères des environs d'Aïn-el-Turck In-Bull. Soc. de Géog. et d'Arch. d'Oran, Février igiS.

\i<>\(M,n \nii|.: i,i: i \ co.m.mi .\l; I)'aï\-i:i.- it iujk 65

nuLn^s oerop'res de^ '^^ TCoch dUi r2 Avrf7 f^/3 &cKeile -1

^uôi es ierâe. -es de BoaissevïJJe en -/^o]f . Eckeiie: __L__ .

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6e^

MONOr.KAPHlE DE LA COMML >E u' AÏN-EL-TURCK

Les Iknbèies paiiussoiit avoir orciipé le pays vers la Un de l'âge de la pierre. Dans les ruines berbèies, il n'est pas rare de rencontrer des balles de jet en silex, des niielei, des silex taillés et de nombreux fragnu-nls de poteries

L'industrie de la polerie, jugée par les débris reneonirés sur l'emplacement des anciennes agglomérations, nous prouve (pi'elle fut ccmslanunenl en progrès : noirâtre,

AÎ(1\0(.U VIMIIK \)K r.A COMMI Ni; I»' VÏ\ l'.l. Il HCK '»"

^Tossirif, l'oilciiiciil iiiiciMM'c, iii.il ciiilc de- Ir di'ltiil, r||i .illciiil |tliis l.iid un (Iciiir <!<• |tci Icclidii 1 1 rs marque, donl i>li pcill se liiiif une idcr piii le» (lcii\ \ iiscs ci-roillic trouvrs dans les riiiii(.'> bcrljèics de la hdiiaiic. (^)ijc de temps n"a-l-il pas fallu pdur ai river à un pareil jcsullal !

l II aiilit' aiiiiiiiH'iil en laxrur de la Idii^iuc oc('U]>al ion berbèri' (>sl ('cliii-ci : dans les vases mal linis, ceux (pii appailiennent par eonséipienl à la période la plus reeiih-e, on ne lit)u\e jamais de Iraee de mélaiix. haiis ceux appai- lenanl à une période [)lus récente, on tintuvc des anneaux en cuivre, t'ormés dune torsade de gros lil de laiton, dos morceaux de fer mal l'oiLié cl des débris d'œiils daiiIruelK':

Les Berbères curent peut-être des relalii>ns aycc les Curtliagiiiois. Les villages berbères étaient trop bien situés pour ne pas être visités par les Phéniciens. Ces com- mervanls, ayant des comploirs de Tripoli à Tangei', de Cadix à C-arlhagène, auraieid-ils ignoié ces agglomérations placées à côté de baies sûres comme celles des Aiguades et des Coralès ? Certains vases berbères, peints avec des cou- leurs indélébiles, renfeiniant |)arl'ois des parures l'étain donnne, des (l'ul's daulnielie taillés à (îenls, indicpieraieiit une imj)oiialion ou, au moins, une imitation phénicienne.

Les Berl)ères eurent eertainement des relations avec les Roniains de Castra-Pueroruni. Au uf siècle de notre ère,, les Romains construisirent, dans la région, le centre de Castra-Pueroruni (les Andalouses). Il y a lieu de supposer (pi'ils entretinrent des relations avec les Berbères d'Aïn-el- Turck, car des débris ornés de poteries romaines sont mélangés à d'autres franchement berbères ; certains por- lenl même des dessins romains grossièrement imités.

Quelques mots sur les Berl)ères. Les Berbères d'Aïn- el-Turck étaient agriculteurs, leur silos fourmillent à tel point que dans une seule agglomération j'en ai relevé plus de soixante. Ils avaient le culte des morts qu'ils enteriaient dans des tumuli. Ces lumuli sont en petit nombre, si Ion tieid compte des nombreux Beibèies <pii occupèrent le pays. On ne peut eri faire une description exacte, car ils ont tous été fouillés, les ossements et le mobilier dispersés. Au dire des vieux Arabes, de nombreux tumuli existaient entre le marabout de Sidi bel Kheir el le posie radiotélé- grapliique actuel. C'est le seul point du territoire que je n'ai point e\jtloré, car les dunes l'ont einahi en progies- sanl constamment de l'Ouest à l'iist.

68 xMO.\OORAP]llE DE LA COMiMUNE d'aÏiN-EL-TURCK

Vandales et Arabes. Au v*" siècle, après avoir conquis l'Espagne, les Vandales ajiivèrent en Al'ii(iue el déliui- siient l'œuvre berbère. Depuis cette époque, jusqu'au xvf siècle, nous ne connaissons rien de l'histoire du pays que les Arabes occu})èrent pourtant vers le vni'' siècle. La seule trace de leur occupation était un cimetière, disparu aujourd'hui, et qui occupait approximativement le. teriain sur lequel est construit le faubourg Saint-Maurice.

Occupations établies si r des DocLMENrs historiques i. A partir du xv* siècle, la plaine d'Aïn-el-Turck est, à diverses reprises, sillonnée par des troupes débarquées, soit aux Corailleurs, soit dans la baie des Aiguades, dans le but de s'emparer ou de reprendre iMers-el-Kébir et Oran.

Portugais. Sous Jean I, le i4 août i/ii5, les Portugais, après avoir débarqué aux Andalouses, s'emparent de Mers-el-kébir et d'Oran, qu'ils abandonnent ensuite.

En 1471, Alphonse V s'empare de nouveau d'Oran, mais Jean II rendit la place aux Maures.

En i5oo, les Maures, chassés d'Espagne, débarquent à Aïn-el-Turck et s'établissent à Oran.

En 1607, les Portugais débarquent aux Andalouses, s'emparent de Mers-el-Kébir, puis repartent.

Espagnols. En 1609, le i/i mai, le cardinal Ximénez débarque à Aïn-el-Turck et occupe Mers-el-Kébir et Oran.

Si les Espagnols n'établirent rien de durable, on ne peut nier cependant que leur action s étendit plus à l'Ouest de Mers-el-Kébir : de nombreuses pièces de billon de cette épocjue (xvi'' et xvii^ siècles) ont été trouvées dans les com- munaux de Bou-Sfer, par M. Vuillaume et par d'autres per- sonnes, à Aïn-el-Turck. Voici la description d'une de ces pièces trouvée dans un défrichement, à un kilomètre au Sud-Ouest du phare de Falcon 2. C'est une pièce obsidionale frappée à Oran, en 1691, sous le règne de Charles H. Elle est taillée à six pans :

Charles II

Revers : Armes écart elées de Caslille el de Léon, couronne royale. Dans le champ et transversalement, Î\I D et un 8.

Avers : I. H. S. (Jésus, Honiinum, Salvator), il y a un petit

1 Ouvrages consultés. Fey : Oïdii, (tvniil, pcinlaiit. djivi's In ânniiin'litiii espnçindle. Conimanflant Derrieii : Hisloirc d'Ornii.

2 Cette pièce me fut remise jiar iiii (Irrricliciir pcndiiiit une ilc mes excur- sions. 11 venait rie la trouver.

MONOr.TtAPMIE DR LA COMMl'NE d'aÏN-EL-TURCK ^^^^

ncurftti f(irl ('•It'^Miit puis iriinK'diîilciiiciil iiii-(l(.'ss<nis, cl suivant la (•(luiliiiiv (lu jrrriu'lis, le mol : OMAN.

(!) 'aprî's [>. Fcy, cpii a citô la inomc monnaie.)

Maures. F.es Espai^nols ciircnl 1res souvent à su!)ir les alhuiiics dos Maiiros. En \l^)C)?>, \c pacha Hassan, d'Mfror, d('hai(]n;i sur la [)laii(' d' Aïn-el-Turck cl so dirigra sur Mers-cl-Kébir, (|u'il ne |)iil prendre. En 1708, Oran, ne recevant [)as (le seeoiiis, ea[)ilula et Bon Chelagliram en pril possession an nom du pacha d'Alger.

Espaçinols. Vingt-quatre ans après, Phihppe V, roi d'Espagne, vouhit re|)rendre Oran, tombe aux mains des liarharcs. Une armée de .Ho. 000 hommes, commandée par le comte de Aforteniart, partit d'Alicante le i5 juin r-Sr? et débarqua, le 80 juin, sur la plage d'Aïn-el-Turck, dans la baie des Aiguades. 4o.ooo infidèles voulurent s'opposer au débarquement, mais ils furent vaincus. Les Espagnols passèrent le col de Khedidja et entièrent dans Oran, le T*'" juillet T-?!-?.. Quelques jours après, Alexandre de la Motte, lieutenant-général , investit Mers-el-Kébir, défendu par l'agha turc Ben Dahiza. Ees Tiucs capitulèrent par suite du luanque d'eau '.

Ees Espagnols conseivèrent la plaine d'Aïn-el-Turck jusqu'en 176:^.. A cette date, l'Espagne qui était entrée dans la coalition contre la France républicaine, dut négliger ses. colonies. En 1790, un tremblement de terre poita un rude coup à la ville d'Oran. Ea position devint intenable. T, 'Espagne entra en pourparlers avec le dey d'Alger et ce fut le ca|iitaine Guinbaida, en personne, qui apporta les propositions concernant la remise d'Oran et de Mers-el- Kébir au gouvernement du dey.

Turcs. De 1792 à t8.So. le territoire d'Aïn-el-Turck passe sous la domination turque. Pendant ces 38 ans, les Tui'cs ne laissèrent aucun vestige de leur occupation. (Une pièce en or turque fut trouvée dans le terrain de M. Saint- Cyr, à l'endroit les Turcs établirent leur campement). Pendant cette occupation, le territoire des Andalouses était

I .S|ir l:i portf ilii fort de Mpis-pI-Kciiir. un m.irlire rappelle à la poslérité le succès de cette campagne.

.\ii cap Falcon, près du mur berbère, se trouve une tnur en ruines qui n'est ni d'oripine arabe, ni turque. Elle pourrait bien avoir été construite par les Fspajrnols pour servir de vijrie dans la crainte d'un débarquement des Turcs. Ce point surveille la baie des Andalouses, la côte des Coralès et celle d'.Vïn- el-Turck.

70 MONOr.B APHTE DE L\ COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

parcouru par des tribus nomades, composées de quelques tentes seulement ; celles d'Aïn-el-Turck faisaient pacager leurs troupeaux dans la plaine et sur les coteaux, (jui étaient très broussailleux. A la Daya, ils ensemençaient un peu d'orge dans les clairières existant entre les touffes de palmier-nain. Ils éle^ aient aussi des abeilles autour de l'emplacement actuel de la ferme Duret.

Les agents du fisc turc, envoyés d'Oran avec une forte escorte, passaient le col de Khedidja. venaient prélever le zekkat et d'autres impôts que les Arabes payaient en mau- gréant, impôts iniques contre lesquels ils se seraient bien révoltés, s'ils avaient été plus nombreux et s'ils n'avaient point craint d'être conduits auprès du bey d'Oian qui, en fait de sanction, les aurait fait pendre à la tour. T>es soldats turcs, surtout, étaient réputés pour leur brutalité. Ils campaient sous les figuiers, auprès de la source « Aïn-el- Turck ». Après leur départ, les Arabes trouvèrent leurs silos vides et leurs ruches sans miel.

François. Oppressés par les Turcs d'un côté, ne pou- vant transporter, à La Marsa (Mers-el-Kébir), un sac d'orge, sans donner une rançon aux coupeurs de route, les \rabes menaient ici une vie des plus précaires. Aussi, lorsque les Français débarquèrent à Mers-el-Kébir, sous les ordres du général Damrémont et occupèrent Oran, le i/j août t83o, ils furent accueillis comme des sauveurs. Un vieil arabe du douar des Ali Larbi pouvait dire à son fils : « Lorsque nous vîmes, sur les collines, se dresser des fortins pour tenir au large les djicbeurs du grand lac fLac de Misser- gbin'), qui contournaient la monlagne y)our diriger leurs attaques sur Mers-el-Kébir, ei qu'au moindre coup de canon, ils se sauvaient comme des moineaux dans un champ d'orge, nous disions : « Dieu soit loué ! » Nous rapprochâmes nos tentes à l'abri du canon français. » Ce vieil arabe et tous ses proches servirent contre les Gharabas, les Douairs, les réguliers d'Abd-el-Kader, car ils ne voulu- l'ent à aucun prix retourner sous la domination turque

L'attachement de la petite tribu des Ali-Larbi à la cause française fut sincère. Nous trouvâmes chez elle de précieux auxiliaires, ceitains furent goumiers, comme Ben Touil, don! les petits-fils, presque tous primeuiistes, vivent actuel- lemenl au milieu des Luropéens, sans que c<Mix-ci aient eu jamais à se plaindre d'un nllentat quelconque sur leur pei'sonne ou sur leurs l)iens. Les pionniers de la Milidja auiaient bien envié leur sort !

MONOr.H AI'IIIi; DE T. \ COMMl \K f)' VÏN-EF.- TIIRCK Tl

Histoire du viilau:<'

Avant l'ail îm'-c (les l-'rjiiiriiis, en nS.So, le Ici riloiic d" Aïri- cI-Tiirclv rlail parcoiiiii [tar la [»rlilr Irihii iKHiiadr des FI l'afia. Les \ral)('s. (|\ii la conijJOsairMil, cullix aient un peu d'tir;^(' cl faisaicnl pacaitcr leurs lr()uj)eaiix dans la plaine d' Aïn-el-Tuick, (lu'ils désii^naient sous le nom de « IMaine de l'i^urfa ».

\ renconirc daulres Iribiis, eaiu})ées au Sud du Miird- jadjo, les l'.l j-afia élaicnl des ^ens paisibles qui, ayani au CfiMU' la haine des Tuirs, devinieni nr)s auxiliaires.

Apiès le débarcpienient des Français à Oian, le i 'i a<>ùl iN.'^o, la («laine de l'Furfa appartint au Maf?hzen et fit pailie du leriiloii'e uiilitaiie d'Oran. Fes (îouverneurs Généraux, étant préoccupés pai" les révoltes, sans cesse renaissantes, qui ensanglanlaient le pays, du Kiss à l'Aurès, remiicnl à plus tard la création des centres.

l-a Commission des centies, réunie pour la première fois le t'"' janvier i846, ne parla point de la création d'un villaj^e à Aïn-el-Turck. car ce n'était pas un pte d'étapes.

Fe i""" août t8'|S. le territoire d'Aïn-el-Turck fit partie iiitéo-rante de celui d'Oran, qui venait d'être érigé en com- nuine de plein exercice.

Création or centre d'Aïx-el-Ti rck. F^n décret en date du it août i85o, et promulgué le i8 septembre i85o,. ])resciivit la création d'un centre dans la plaine de l'Eurfa.

Voici la copie du texte de cet arrêté :

Au nom du Peviple Français,

Fe Président de la République,

Vu les ordonnances du 21 juillet i845, o juin et i"' soptem- t)re 18/17.

Sur le rapport du Ministre de la Guerre,

DÉCRÈTE :

Article i*"". Tl e.*! créé dans la plaine de l'Eurfa (arron- dissement d'Oran), au lieu dit Aïn-el-Turek, un rentre de popu- lation européenne de 60 feux, qui prendra le nom d'Aïn-el-Turck.

Art. :>. Un territoire de :>.6oo hectares 35 ares f^^ centiares est affecté à ce centre de y)0])idation. ronfomiément au plan ci-annexé.

Art. 3. Fe Ministre de la Guerre e."! chargé de l'exécutinn du présent décret.

Fait à l'Elysée National, le 1 1 août t85o.

Siffué : Fouis-Napoléon BONAPARTE.

12. MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE D AÏN-EL-TURCK

Le lo septembre i85o, le Ministre de la Guerre adressa une dépêche demandant le plan de délimitation et d'ali- gnement du village, dressé conformément aux règlements et instructions en malière de voirie urbaine.

A partir de ce moment, le centie d'Aïn-el-Turck devient une annexe d'Oran et un adjoint du chef-lieu y est délé- gué, comme faisant fonctions de Maire.

Je laisse à deviner le temps, l'esprit d'initiative, l'activité qu'il a fallu pour permettre à Aïn-el-Turck de devenir commune de plein exercice. Son histoire, pendant i/i ans, sera liée à celle d'Oran, de Bou-Sfer et des Andalouses.

Passons en revue chacun de ces points :

Création du centre de Bou-Sfer. Un décret impérial du II septembre i8r>/i créa le centre de Bou-Sfer ; il fut d'abord rattaché à la commune de plein exercice d'Oran, plus tard, à celle d' Aïn-el-Turck.

Constitution de la Commission de i86i relative a l'étude du projet de distraction, des annexes d'Ain- el-

TURCK ET DE BoT'-SfER, DE LA COMMUNE d'OrAN. Le

i5 octobre 1861, une commission syndicale, nommée par le Préfet, était chargée de donner son avis motivé :

Sur l'utilité de la distraction des centres d'Aïn-el- Turck et de Bou-Sfer, de la commune d'Oran et de leur constitution en communes séparées ;

Sur les limites du teiritoire à assigner à la nouvelle commune d' Aïn-el-Turck.

Sur la situation financière dans laquelle se trouvera placée la nouvelle commune, en prenant pour base les diverses ressources qu'elle pourra réaliser et les dépenses auxquelles elle aura à faire face.

La Commission, indépendamment de l'adjoint spécial, président, comptait dix membres :

MM. Froment Ernest, Olivérès Antoine, Bailly Nicolas, Julien Sébastien, Leloup Joseph, propiiétaires à Aïn-el- Turck ; MM. Semperez Gas|)ard, Crozet François, Grégoire Hyacinthe, Blanchot Ange-Marie, Paya Joaquim, proprié- taires à Bou-Sfer.

Le 37 octobre i86t, elle émit un avis favorable.

Les propriét VIRES des A\d\loi;ses réclament lei r

RATTACHEMENT A LA I-UTTTΠCOMMUNE DE PLEIN EXEliCICE

d'Aïn-el-Turgk. Lorsque les propriétaires des Anda-

MONOC.nAPIlIE DE f,A f;OMMI NE D AÏN-EF - TÎTRCK /•>

loiiscs iippi iitiil <|iic Aïii cl I iiick iilliiil (ItM'iiii iirir (■( illlllilllic lie [)l»'ili rxciricc, ils (lriii;i iidricill , plil' voie (Ir pi-lilioii, il M. If Pirlt'l (l'Oiiiti, le iidùl i(Sli;>, à flrc iiilliiclK's j l:i ii(iii\ clic coiiimuiic.

(-('Ile pt'-lilicii [Kiiliiil les signatures tl<' MM. \iii. niaiulio, II. liliiiiclid, i'riiiljci iil .T. .];i('(|ii(s, I li'hi iiid, Ariliiissc. l'CiiilIci ;il. .I(is('|)li Hiir<, .1. l'iuis, riiliiidoii, Joseph (liiiitiin, MorL-ciii, .1. lîolici', Asiiiir, Péicz, DrnnI, TTfMiii Olixici', l'oiilciKM, Merccran, iMlcIin F.oiiis, Edrliii l'ifiic, Hiihi'v, .Icaii Masia, (jallaiulier, plus deux siguu- taiics illisibles.

U\ DÉCREI IMI'KIUM KR1(;K AÏN-EL-TlHCK EN COMMINE DE

iM.EiN EXEHcicE. Fullu, les colous (l'Aïn-el Tiuek ])iirciil vivre de leur piopre vie. Le 23 mars i86/|, -m seul décret impérial, conlrcsi/^jnc du Maréchal Randon, érigea en communes de plein exercice, les centres de Alers-el-Kébir, Aïn-el-Tuick et Bou-Tlélis.

Voici la {»artie du décret ipii concerne Aïn-el-Turck :

Art. /|. Commune d'A'in-el-TurcI:. La coinmiine d'Mn- el-Turck comprend le terrilnirr indiqué aii plan ri-anncxc. et a pour limites :

Au Nord : la mer ;

A l'Est : le territoire de la coninuuie de Mers-el-Kébir ;

\ l'Ouest : l'oued Atchan et l'oued Madrao ;

Au Sud : la crête Nord du Djebel-'Merdjajnu, le chemin d'\ïn- Rerzoïiff à Oran et l'oued Berzoug.

Elle a pour sections :

Le centre de Bou-Sfer ;

La plaine des Andalouses.

Art. 5. Le corps municipal de la commune d'Aïn-cl-Turck se compose ainsi qu'il suit :

Du maire :

:>" De trois adjoinls, ddtil un pour chacune des sections de Bou-Sfer et des Andalouses ;

De six conscillei-s municipaux, dont quatre Français ou naturalisés Français, plus un étraniJ^er ayant au moins deux années de résidence en Alirérie. dont une dans la circonscriplidu conununale. ini indiirène musulman.

Le 2^ octobi(> iSr)/), urK^ bdtre préfectorale demande l'état, des douars et fractions de douars situés sur le teriitoiie d'Aïn-el-Turck et t<iutes observations sur le passage des indigènes sous l'Administration civile.

74 MONOr.RAPlIIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

Le relevé de ces douars n'a pas élé annexé au dossier existant dans les aichives de la Préfeclure d'Oran.

Les annexes Jioi-SFEU Er les Andalolses se sépakem d'Aïn-el-Tirck. Les deux annexes d'Aïn-el-Turck, Bou- Sfer et l(>s Andalouses, mieux desservies pai' la route d'Oran aux Andalouses, s'agrandirent au détriment d'Aïn-el- Turck et acquirent bientôt assez de développement pour justifier leur accession à la vie communale.

Après la constiliilioM d'une commission syndicale de ces deux sections et le rap})oit favorajjle cpi'elle émit, le Préfet d'Oian, par arrêté en date du r>3 octobie 1869, décréta la distraction d'Aïn-el-Turck, des annexes de Bou-Sfer et des Andalouses.

Bou-Sfer devint conHUune de plein exercice et eut les Andalouses comme section.

La seciton des Andalouses se sépare de Bou-Sfer ei' devient a son tour commune de plein exercice. A son tour, la section des Andalouses ne tarda pas à demander son indépendance. Par décret du Président de la Bépu- bli(|ue du i"^"" mai 189:?, elle était érigée en commune de plein exercice et prenait le nom d'El-Ançor.

A partir de ce moment, la grande plaine des Andalouses, depuis Saint-Boch jusfju'au cap Lindless, est partagée entre trois communes de plein exercice : Aïn-el-Turck, Bou-Sfer et El-Ançor. ('.es deux dernières primeront Aïn-el-Turck, qui s'elToicera de ne point '^e laisser devancer par ses rivales u

l)h;\ ELOPi'EMENT d' AïN-EL-TuRCK.. Dc 1869 à i885, Aïn-el-Turck, isolé, reste à peu près stationnaire. Ce n'est qu'à partir de i885 qu'il commence à piogresser lentement.

De i885 à 1900, pendant ([uinze ans, le village est em- belli par des plantations d'arbres, des trottoirs sont cons- truits, les rues sont éclairées. C'est déjà un progi'ès.

En 1900, un colon, M. Debaix Maurice, a l'ingénieuse idée de lotir son terrain en bordure de la plage, pour la construction de villas qui devaient constituer le noyau d'une station balnéaire ; l'opération réussit. Le faubourg Saint-Maurice était créé.

La municipalité ne peut pas se laisseï- devancer par l'ini- tiative privée : le 16 févriei- 189*^, elle vend les terrains

\'i>ir l'Hiliclc (le \,i Culuni-salion.

MONOr.HAPIlIE DE I, A COMMTINE D AlN-ET,-TTJRCK 75

('('(Irs piir le (l( iiiiiiiiic iiiiiril itiic, s r|rii(l:iiil du \ ill;i<^M> Siiiiil- Miimicr ;iii c;!!);!! de d(.''\ crsciiiciil de In i);i\ii. i i » lois soiil Nciidii^ M iiiison de o IV. -.") le iiiMic ciuié. l-a sprciilidion ^"('11 niric, cl, en i<)i.'^, siiixiinl hi siUiJilioii, le prix du riirln' iillcinl de T) à :>o fiaiics.

( ju-;\i i<)\ i)i; J'vicoN. I.cs iiiiiiilciii s de poclu' siii\ iiciil le nioincinfnl cl séinhiirciil à l'aulrc cxlrruiilc {]o la [)la<T(', au cap l^^dcon, (pii avait déjà alliré l'allciiliou des Oiaiiais, puis(pi'cu i8;)<i r Xdmiiiisti'ation loiiail, jxtiu lo ans, une supcilicio de i6 hcclaics de Icnaiii, dépoudaiicc (]\i pliaic (/'('•lait l'cmplaccnicnl du villaf^c do Falcon.

Des baraques coniuicncèrcnl à s'élever bien péniblement jus(|u'au niomenl Aïn-el-Tuick lolil son tenain. Dès lors, de belles constructions s'élevèreiil. INI. Olio avait constiLiit la première baratjue ; en 1906, ou en comptait 12 et actu(^llement se dressent nno trenlaiue de luaisons ou ca.bauous, saus eouiptei' les maisons des primeuiistes que l'on bàlil petit à pcMit sur les l(M'rains compris entre le cap Falcou et le Pain de Sucre.

Crkation d'adres \\\exes. Aïn-el-Turck comprend encoie l'annexe Trouville, datant de T900 ; le faubourg Saint-Germain, créé en tqoFi par une société composée de MM. Pitollel, Vassas, Pessoles, Boux : le fauboni'o- Bouissc- ville, créé en 19F0 par M. Bouisse, suivant un plan métho- dique : le fnubouro- Saint-Roch-sur-Mei-, loti en 1912 fancienne propriété Soulié), il ne comprend encore, en T9Î.S, que la cantine Soulié et la villa Manliès.

Tous ces faubourgs sont construits ou se construisent sur des terrains qui piennent .jouruellem(>nt de la valeur, de})uis (pie les municipalités ont essayé de faire d'Aïn-el- Turck une station balnéaire* et (pie le tramway est en voie de constiiiction.

Les .ndmiin'strateiirs

En i85o, M. Gouvion, adjoint au Aîaire d'Oran, est délégué eonmie adjoint spécial faisant fonctions de Maire à \ïn-e]-Tui('k. T.e village n'a pa^ (\v niaiiie, la population est infime et les futurs époux vont pédesticment faire établir leur contrat de mariage à la ferme Gou^ ion, occupée aeluellerncni p;ii' la maehine élévatoire de Bouisseville.

En iSfii, Aïn-el-Tuick devient e<mimune de plein exei'- cice. M. Gouvion qui, comme adjoint sj)écial. a\ait adnn'-

76 MONOCBAPITIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

iiislré la coiiiirtuiic de i8r)0 à i86i, est nommé maire et conserve ses fondions jusqu'en 1867.

Son adminislralion est mar(|uée par quelques faits importants :

l,a remise à la comumne, le 7 avril 1857, du puits com- nninal, du lavoii' et de la fontaine de la place Sud.

Le 7 août 1857, l'église Saint-Antoine de Padoue est remise à la commune par les Domaines.

En 1858, le général de Géraudon, inspecteur général, séjourne quelques jours à Aïn-el-Turck.

Le 9,9 janvier 1860, ouvertine de la première école mixte.

C'est pendant l'édilité de M. Gouvion (pi'eut lieu, le if) déceinbie i865, M. Vassas étant adjoint au maire, le naufrage du « Borysthène », sur l'île Plane '.

Ce paquebot, des Messageries Impériales, élait parti de Marseille le mercredi i3 décembre t865, à 5 heures du soir, pour Oran, avec 257 passagers, dont 10^ hommes du 55" de ligne, 55 militaires voyageant isolément et 46 passagers de y et fi^ classes.

A 9 heures et demie du soir, le t5 décembre, la mer, houleuse depuis quelques heures, devint très mauvaise ; tous les passagers étaient couchés, loi'sque, vers les 1 1 heures, un craquement terrible se fit entendre. Le navire venait de toucher l'île Plane. Heureusement que l'avant s'était engagé entre deux récifs, ce qui permit le va-et- vient des passagers du bateau juscpi'à l'île.

Le sous-lieutenant Roy commandait le détachement du 55" de ligne. Il Ht l'appel de ses hommes sur l'île Plane, dix-sepi soldats man((uaienl, lem^s corps furent retrouvés, plus tard, du cap Lindless jusqu'à Bougie, et reconnus par l'écusson el le matricule. En tout, 54 personnes avaient disparu.

Il n'y avait, à cette épo(|ue, ni phare ni sémaphore si- gnalant l'île Plane. Le sinistre s'étant produit pendant la nuil, les pauvres naufragés pouvaient rester longtemj)s sans secours ; massés au point culminant de l'îlot, ils ne foiniaient plus qu'une grappe humaine, sur laquelle la pluie faisait rage, tandis que les vagues furieuses se brisaient avec fracas contre ce petit îlot, distant de 8 milles de la côte.

I 1,11 reliilion (lôlriillre du iiimrrnrfp se tnmve dans VErlia r/'O/o/i dr l'p|)cif|iie cl flans les « Naufrages célèbres ». L'/Z/^/x/rc' Algérien du i" mars iS()fi en donne le récit de M. Verette, aide-major, échappé au désastre.

MO.NOC.ItAI'IIllJ l»l'; I.A (XJMMI Ni; I) \l\-lil.- I l IICK '/

Aïii-cl-Tiiick n'iipi)!!! le dôsa^ln' (jik' le Iciidciiiuin à l;i pi'emièic hciue. La nouvelle lui apportée par un (jUicier conimandanl nu «h'-laclK iiieiil. Il scnail trouver M. \assas, adjoint au uiaire, [joui ré(piisitionin'i les liubilunl.s, alin d«; porter secours aux luallieureu.x lia u liages. Toute la popu- lation, coupant droit à travers les dunes, se précipil<i à la hàle dans la direclioii du sinistre, mais arrivée aux Coralès, la mer était démontée et accumulait dans la crique : cada- vres, caisses de pétrole, marcliaiidises diverses. l*ar inter- mittences, un soleil blafard éclairait iile IMane et la silhouette des naufragés, (pi'il était impossible de secourir par terre.

l'endant (]ue l olliciei prenait, avec l adjoint au Maire, les mesures nécessaires pour assurer le service d ordre, cinq balancelles ariiv aient d'Oran, toutes voiles ouvertes. Les survivants étaient sauvés.

A I heure de l'après-inidi, ils débaicpièient à Oran dans un état de fatigue et de dénuement extrême, après être restés au milieu des transes, depuis le vendredi i5 décem- bie à 1 1 heures du soir, jusqu'au dimanche à lo heures du matin, c'est à dire pendant ^^5 heures.

(( L'Echo d'Oran » ouvrit une souscription pour les sinistrés ; elle rapporta 12.000 francs i.

M. GoLvioi\ eut pour successeurs à la mairie :

De 1867 à 1868 : iM. liviLLY Nicolas.

De 1868 à 1871 : M. Vassas Antoine.

Le 8 avril 1869, Bou-Sfer est détaché d'Aïn-el-Turck

Le 23 mai 1870, est décidée la construction, sur la place du Centre, du bureau de poste, de la geôle, de l'école, du logement de l'instituteur, des dépendances de l'école et de la poste.

De 1871 à 1874 : M. Perrin Louis.

L'école mixte est transférée à la place du Centre, en janvier 1872.

De 1874 à 1876 : M. Vassas Antoine.

De 1876 à 1878 : M. Perrin Louis.

De 1878 à 1881 : M. Julien.

Par décret du i^"" mai 1879, l'école est dotée des terrains compris dans les lots n°'* ii5, 116, 117, 118 du plan cadastral.

I M. Perrin ramassa sur la plniri' (]iu'l(iues épaves du linryallihie avec lesquelles il orna avec goût, près de la mer, un petit coin de la ferme Perrin, aetuellement ferme Navarre. La elochc du [iorystliène se trouve à l'école de gar<;ons de Bou-Sfer.

7S MONOORAI'IIIE DE LA COMMUNE d'ai^-EL-TT RCK

Le i"' mai 11^79, le lavoii' cl l'abreuvoii', silués près de la Douane, soiil mis en eonsliiietion, ainsi (|ue le j)resbytèie el le cimetière.

De t88i à i8():'. : iM. Bam.i.v llemi.

Le 16 mai 1887, l'école mixte est dédoublée.

De 1872 à 1900 : M. Pessoles Frédéric.

Plantations de cyanophyllas, 189 y.

Création d'une ■.>." classe de filles et aehat , l'une horloge communale, 1893.

Construction du préau de l'école de lilles (cour des ficus), 7 décembre 1893.

Adduction des eaux.

Trottoirs et caniveaux.

Plantation de ficus à l'école d(^ filles, 1896.

Installation de la machine élévatoir(> de l'Aïn-el-Tiu'ck, 1895.

Premier éclairage du centr(^ à l'aide de réverbères à pétrole.

De 1900 à 1912 : M. Sai\t-C\r Adolphe.

C'est pendant l'édilité de M. Saint-Cyi' (pie la construc- tion des villas prit une grand.' extension.

En 1902, le Domaine maritime céda à la commune des terrains qui furent revendu^ par elle à de très nombieux acquéreurs.

Quelques faits importants iniirquent le passage de la municipalité Saint-Cyr :

Création d'une 2" classe de garçons et d'une 3*" classe de filles, octobre 1906.

Création d'une 3* classe de garçons, avril 191 2.

Transformation, en 1908, de Ta jecette auxiliaire des postes en recette.

Création de l'usine élévatoire de rAïn-Aounsai\

De 19 12 à 1913 : M. Batlly Alfred.

Du 20 juillet 1913 à . . . : iM. Vassas Joseph, fils de l'ancien maire de 1868.

Colonisation

En 18:^7, un colon lijjre, du nom de Perrin, et vjui n'avait lien de commun avec les familles de ce nom habi- tant actuellement le village, s'établissait dans un gourbi, à 2 kilomètres à l'Est du futur emplacement du village.

Comme nous l'avons vu au chapitre (( Histoire du village », le nombre de concessions accordées par le décret du II aoijt 1850 fut de 60. Chaque concession avait une

M()\()(.n M'iiii-: hi: I \ ( <)\iMi \i: it"\ï\ i:i, ii hck 7!)

LÉGENDE ; 1. Douane. 2. Maison Louis Longhi ; 3. Maison Olivérès : 4. Maison Pierre Longhi : 5. Maison Chanel et Charles Perrin ; 6, Maison Gibergues ; 7. Maison Piochaud : 8. Maison Pochet fils : 9. Maison Pareil; 10, Maison Boiella Michel: II. Maison Vassas : 12. Maison Couderc. 13. Pu^ts, Bassin, Abreuvoir,

80 MONOGRAPIUE DE LA COMaltiSE d'aÏN-EL-TURCK

contenance moyenne de 25 hectares. Le plan de distribu- tion, d'alignenienl et de nivellement fut établi par le Service des Bâtiments Civils.

La brousse, composée surtout de lentisques et de pal- miers-nains, occupait tout le territoire et l'emplacement même du village. Le Gouvernement de la -i" République, voulant favoriser les défrichements, accorda aux colons 125 francs par hectare défriché.

Les premiers colons établis furent : Couderc, Vassas Antoine, Botella Michel, Pareil, Piochaud, qui habitaient place du Sud ; Olivérès, Pierre Longhi, Louis Longhi, Narbo Jean, Chanel, place du Nord ; Pochet, sur la route entre la place du Nord et celle du Centre ; Gibergues, à la place du Centre. Quelque temps après, Couderc vendit sa concession à Anton Carlos. Ils habitaient les maisons indi- quées sur le plan de 1802. (Voir page 79.)

Bien assis dans une plaine fertile, très sûre et très saine, le village aurait prospéré rapidement si des voies de com- munication l'avaient uiis directement en relations avec Mers-el-Kébir et Oran. Lu même temps que la création du Centre, la r(jute d'Oran aux Andalouses avait été construite, mais elle ne desservait pas directement Aïn-el-Turck K Un embranchement partait de la source de Khedidja. Cette route, très accidentée, était impraticable en hiver. Aussi, pendant plus de '60 ans, Aïn-el-Turck vécut à l'écart de la civilisation et resta un des centres les plus arriérés de l'Oranie. Les Aïn-el-Turckois furent aussi isolés que les Kabyles dans leurs montagnes. Mal desservis par les voies de communication, les colons furent dans l'impossibilité de pouvoir écouler leurs marchandises à des prix rémuné- rateurs ; certains, ayant perdu patience, regagnèrent leurs lieux d'origine. Ceux qui restèrent vécurent pendant quel- ques années encore dans les gourbis et se bornèrent à cultiver des céréales et un peu de vigne.

En i885, la route du littoral, plus communément appelée route de la Corniche, est créée. Aïn-el-Turck est mis, désormais, directement en relations avec Oran.

A la même époque, le vignoble français traversait une crise très grave, par suite de l'apparition du phylloxéra. Les colons en profitent et plantent de la vigne avec une

I On s'explique diiricilenieiil qu'un centre nouvellement créé fût aussi mal desservi. La route passait, en effet, à 3 kilomètres du village, aux flancs du Murdjadjo, alors qu'il aurait été plus pratique de relier Aïn-el-Turck à Mers-el-Kébir par le bord de mer. C'est d'ailleui-s le plan qui fut suivi en i885.

MONOC.Il M'IIII-: hK LA (X)MMl M^ I)' \ï\- Kl - I I HCk f^l

acUvité (liiiiliiiil plus ^liiiidr (pic les \'\\\^ ■>(• m'ikIciiL jiisfpi'à bo francs riicclolilic.

\)v 1885 à 1895, les deux giaiitics cullmcs d Aïii-cl-Tiirck soiil les céréales et la vigne.

!.(' Méeliisscnienl des cours des vins amène bicnlùl la iiic\ cille. Veis i8i),"), les colons essayent de cultivei- les prinieuis et ils ne sont pas déçus, car les produits sont d'un e\celleiil raj)|)orl. Depuis celle épo(pie, Aïii-el-Tiirck est en pleine prospérité.

La création des services mai iliiiies poslaux réguliers amène les colons à augmen.lci' la ciilluie (ïv^ j)i imeins dans l(>s (erres légères, (-es primeurs, consislanl en tomates, pelils pois, arlicliaiils, sont lians|)ortées direclemejil au pafpiebot.

I. "arrosage n'est guère organisé (|ue p<jur la cul I me df- l'aitichaut et les légvniies d'usage courant.

Les routes, exception faite pour les chemins de grande comnuuiication, sont en mauvais élat.

La population est disséminée au \illage et dans les annexes.

I! n'y a plus de liibu, mais un douar composé de deux familles : lien Ali (chef de douar) et Ben Touil. Ces deux familles sont des descendants des Arabes installés à Aïn- el-Turck, avant la conquête.

A Bouisseville se trouve un gourbi isolé, celui de Belazreg.

A part quelques colons riches qui ont une belle maison, les autres, bien cpi'aisés, ont un simple rez-de-chaussée. Tu grand portail donne accès dans une cour au milieu de laiptellc se trouve un puits ; au fond, l'écurie, la cave, le débarras, le four, la buandeiie. Le troupeau vit sous un hangar.

L'indigène vit plus modestement ; une pièce seule, cou- verte de tuiles, lui sidnt ; à côté, il a un hangar pour lemi- ser cheval et charrelti^; le tout, entouré dun nnu' en pierres sèches ou d'une haie d'épines. Le figuier de Barbarie en e^t l'ornement essentiel.

Les matériaux de construction viennent de France et de l'étranger, les tuiles, de Marseille, mais, depuis le dévelop- pement de l'industrie céramique à Mers-el-Kébir ('1912), les usines de cette localité accaparent la pres(|ue totalité des commandes.

La meilleiu'e orientation pom- les habitations, e1 la plus recherchée, est celle du Sud-Ouest.

6

82 MONOGRAPIUE DE LA COMMUNE d'aÏ>-EL-TLRCK

Etat actiK'l (l'Aïii-el-Turek

Description di \ iuace. Aïn-ol-Tiirck a la forme «l'un liiaiigle isocèle, dont la base esl parallèle à la plage. La hauteur ou rue prinrij)ale a une direction X.-IL S.-O. Le milieu de la base est occupé par un \ aste demi-cercle : c'est la place Nord, dont la terrasse, la <> miranda » domine la plage par 20 mètres dallitudc

Des places Nord et Sud i)arleni des rues div<'rgentes qui ne sont pas enlreteiuies. La loute du phare <'t celle des vil- las, toutes deux aboutissant à la place Nord, font exception. Toute l'activité d'.\ïn-el-Tuick reste localisée dans l'artère principale et autour des places. C'est que se trouve la majeure partie des constructions. (Voir plan, page 83.)

Les établissements communaux :

Mairie. En 1860, la mairie est construite en façade sur la place Nord, maison Olivérès, à côté de l'école mixte.

En 1878, elle est transférée sur la place du Centre, dans le local actuellement affecté au garde-champêtre, (^est d'ailleurs sa place définitive entre la geôle et la lampisterie. Par suite dune entente, l'Académie autorisa la municipa- lité à occuper une dépendance scolaire, entre la place du Centre et la place Sud icôté Est), mais cela à titre absolu- ment provisoire.

Ecoles. L'école mixte d'Aïn-el-Turck fut ouverte le i^"^ janvier 1860, à la place Nord, maison Olivérès.

En janvier 187'.^, elle est transférée à la place du Centre.

Le 16 mai 1887, elle est dédoublée : l'école de garçons occupe l'emplacement de la poste actuelle, celle de filles, l'emplacement actuel de l'école de garçons.

En 1893, une deuxième classe est créée à l'école de filles.

En octobre 1906 a lieu l'ouverture d'une école de filles à 3 classes dans le nouveau bâtiment (style mauresque). L'école de garçons, cpii couiprend '.'. classes, prend la place de l'école de filles.

En avril 1912. une tioisième classe est créée à l'école de garçons.

De l'école dépeudetit la (( Bibliothèque » et la « Société de Tir ». Le ao février 187'!, M. Nouvion, préfet d'Oran, envoya une ciiciilairc à toutes tes municipalités, les invitant à acheter une armoiie-bibliothè(|iie de 100 fr. et 5o fr. de livres poiu' ciéalion dune bibliothèque scolaire.

MONO(;nArim; dk i,\ commi m: n" \ïn-el-tijhck ''^•»

Pian d'âlH E-IUBCR

en Septem-Tors -IS-IS

Échelle

10 (MiO

LÉGENDE : I. Vers le poste radiotèlègraphique ; 2. Château d'eau : 3. Chapelle S' Maurice: 4. Marabout de Sidi Mohamed Moula el Bahar ; 5. Douane : 6. Poste : 7. Ecole de garçons : 8. Ecole de filles ; 9. Mairie ; 10. Eglise S' Antoine de Padouc ; II. Cimetière; 12. Abreuvoir et lavoir.

84

MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE d'aÏN-EL-TURCK

MONOf.HAPKIK DE LA COMMINE d'aÏN-EL-TURCK 85

Ainsi fui crrrc la Ijihiiollirqiic scnlairc d" \ïii-(l-'|'iir(k, (|iii cul, à SCS (lcl)uls, •>- \(»liinics.

I!ii i<)oy, la hihlic il lic(|iir ^c (li\i>c en liihljol lir(|iir -(«i lairc cl l)i[)rK>llic(|uc popiilaiic A laide i.\t' icssoui ces «|iic lui criM' lindiisli ic c()(|uilli('i(', l'inslilulcui- poric le iKunhic tics \t)iiinics à [»i'cs de fioo. l ne cii( idairc de M. (llt'nieri- ocau, niini>lrc de llnléiicur, asanl su()|)iiun'' les Inlciies (|ui claicnl auloiisccs prcccdcinnicnl , riuslilulcui- fui oblijtjé de supjuiiucr les cours de lia\au\ niafiuels du jeudi dont les produits étaient mis en loterie. Kaulc de rossciuiccs, la l)il)liolliè(pie no put continuer à être alimentée.

La Scolaire d'Aïn-el-Turck » déposa ses stalul> à Ja l*i(''fcclurc dOran, le t*""' novembre 1909.

lùjlisc. l.c - août i8r)y, réalise Saint-Antoine de l'adoue csl l'eniise par les Domaines. Consiruile sur un mamelon, à f) '1 mclics d'allilude, elle est dépoiu\ ue (l<' style. Elle se compose tlunc [)icce rectaufiulairc, dont lavant supporte un cloclielon dominé par une coupole portant imecn^ix en bois.

(iomnu' curiosités, nous y Ir'ouvons un tableau de Saint Antoine de Padoue, exécuté par le cardinal Antonelly, cl un bref d'autel Iraduit en cinr| langues. Ces deux œuvres fuient données par le pape Pie IX, en i86r?, sur la demande du i^énéral de Géraudon.

De 1850 à i86o, un prêtre ambulant venait oiriciei' Ti Aïn-el-Turck. Pa première nomination d'un prêtre date de 1860.

Chapelle Saint-Maurice. Cette chapelle a été bâtie en 1911 sur un terrain donné par M. Eugène Debaix i*» M. l'abbé Delmas. Un comité s'est chargé de la construction faite 0)1 souvenir de M. Debaix, pour permettre aux habi- tants du village et des villas du faubourg Saint-Maurice d'avoir une chapelle à proximité.

I. ancienne église est trop éloignée, en outiT, (>lle tombe en lui nos et, de ce fait, n'est plus convenable pour les services religieux.

f.e pJiare de Falcon. Construit par MM. Robin et Donamiol, ingénieius des Ponts et Chaussées, le phare est bàli sur le luanK^lon le plus éle\é du cap Falcon. Sa tour octogonale de :>8"' yo, en pi(M're grise, domine l'horizon au Sud, à l'Est et à rOuesl. Sa hauteur, au-dessus de la haute mer, est de io/| mètres. Ee phare commença à fonctionner le if) août 18O8. L'allumage fut changé le

86 mono(;raim]ie de la commune d'aïn-el-turck

28 mars 1907. La poiléo liiminouso est de 21 à 3/| milles et sa puissance de 20.000 becs Carcel. I/incandescence est produite j)ai' le [x'Iiole. Ses feux à éclat sont groupés par !x. La duiée de i"é(>lal est de o^ay. Chaque éclipse dure 2^ 76. La durée de la (pialrième éclipse est de i5^ 27.

C'est un phare de premier ordic, le plus imporlant de la région, il converge ses feux avec ceux des phares de l'île Plane, des Ilabibas et de r\iguille '.

Du haut de la tour, on jouit d'un panorama splendide : à l'Ouest, on aperçoit le cap Lindless, les îles dénudées des Habibas, l'île Plane, la partie Ouest de la plaine des Anda- louses, la plage Antras, celle des Coralès, la pointe des Coralès avec ses rochers hérissés, couleur de lave ; à l'Est, le cap Ferrât, le village indigène de Krichtel, le faubourg Cambetta, le mont Sanlon et la j)1age d'Aïn-el-Turck.

Sémapho?'e. Le sémaphore est placé à côté du phare, il a été construit en 1899. C'est un des derniers vestiges de la télégraphie aérienne.

Poste radiotéléfirapliique. Le poste de télégraphie sans fil dépend du Ministère de la Marine. Tl est constiuit dans une dépression à gauche de la route qui mène à Falcon. Ce poste a été créé au mois de juillet 1908. Les essais commencèrent en août 1909 et, en septembre, la station était officiellement ouverte au service militaire. L'action de ce poste pourrait, à la rigueur, s'étendre jusqu'à 7.000 kilomètres.

Démographie,

En iSao, Aïn-el-Turck compte io4 habitants, vivant dans des gourbis. A part les routes tracées ])our l'empla- cement du village et des concessions, rien d'autre n'avait été prévu. Les moins tenaces partirent de suite et un an après, en i85i, il n'y avait plus (jue 97 habitants. On en compte 108 en 185/1 et 620 en 1881.

Trente ans après, en 1911, Aïn-el-Tnrck a doublé; il compte i.?'>~\ habilanls, ainsi répartis :

Français d'origine ?>r>\

Israélites naturalisés 2

I I,n pliaie de l'île Plane fut créé le 25 septembre 1007- Ses taraetéristiques sont : loiirelle cylindrique, fen fixe permanent, i bec Carcel 6, portée de 2,r fi /i milles.

M(jN<>(.i'. M'iiiE i)i; \.\ co.m.mim; i>'\ï\ Il M iu:k S7

Eliaii^''crs iiiiliiralisés ii3

Fliiiii^ci s 718

Indigènes loS

Marocains lorj

La |»(i|)iilali(>ii s'accidil Ions 1rs jciiirs. I.cs excédents (1<'S naissances se ((iiislalciil inissi bien chez l'européen (jue chez rin(iifrène ; les fannllcs, (|iii c()iii[ii(Mment de 6 à m enfants vivants, ne soni f)as rares.

Depuis (]?> ans, on n a subi (|iie deux épidémies : la pelUe vérole, en i(S88 el la lièvre typhoïde, en I9r3, rpii fut d'ailleurs \ite enrayée.

I,e preiiiiri (l(''cès enr(>gislré à Aïn-el-Turck esl celui (h* M Hoiron, à<>é tie '|i ans, préposé des Douanes, décédé en i8r)r.

Voici le tableau des naissances et des décès de i()oi à 1910 :

1901 : .H5 naissances et r>3 décès

j()0->. : 33 18

1903 : 36 9

igo4 : 22 ^ 27

1905 : 3i 22

1906 : 32 12

1907 : 38 12

1908 : 4i II

1909 : 3i 17

1910 : 46 i5

T.es indigènes n^émigrent pas et sont peu employés chez les colons, car presque tous cultivent les primeurs pour leur propre com[)te. F.es marocains, seuls, aident les colons pour les travaux de jaidinage et pour l'enlèvement de certaines récoltes ('moissons, vendanges').

T.es étrangers sont bien plus nombreux cfue les Français, ils sont presque tous cultivateurs ou épiciers. Ceux qui ont 25 ans et au-dessous savent presque tous lire et écrire : au-dessus de cet Age, la grande majorité de ces étrangers (^st illettrée.

Fa fortune des étrangers ne s'est pas acciue, elle a plutôt diminué ; cela provient de leur apathie et de leur impré- voyance. Ils avaient pourtant de belles concessions qu'ils ont vendues de leur plein gré.

Fes fils de ces étrangers font volontiers leur service

88 MONor.R AimîE de t,\ f:o^r^^T"^E d'aïn-et^-turck

mililairc dans l'armée française, tout en conservant leur mentalité et leur langue ; ils éprouvent trop souvent encore les mêmes sentiments que leurs parents, et nombreux sont ceux qui considèrent l'Espagne comme leur propre patrie.

Toutes les catégories de la population se nourrissent à peu près de la même façon et se nourrissent bien.

Les relations entre colons et indigènes sont cordiales.

Au contact des européens, les indigènes modifient leur genre de vie, mais ils prennent plutôt les mauvaises habi- tudes des étrangers, ils parlent même leur langue, alors qu'ils ne savent presque pas s'exprimer en arabe et qu'ils entendent très mal le français '. C'est la faute de la plupart des français d'origine qui, eux aussi, dans leurs relations, même de famille, parlent constamment le patois espagnol.

Les arabes, au nombre de loS, sont devenus de bons primeuristes et sont d'honnêtes gens. Leur esprit est bon. Au moment de la conscription iç)i3, les jeunes conscrits indigènes ont, de grand cœur, répondu à l'appel sous les drapeaux.

En 1913, le 18 mai, les 3^ électeurs indigènes se réuni- rent pour la première fois à l'effet d'élire 2 conseillers mu- nicipaux indigènes. Trois candidats étaient en présence : un taleb de la secte des Derkaoua et deux cultivateurs d'Aïn- el-Turck. Il n'y eut pas une seule abstention. Le taleb fut évincé. Comme, après le dépouillement du scrutin, je manifestais mon étonnement, un des électeurs me dit, en désignant le taleb: <( Nous ne sommes pas des « rahhalin ^ » pour nous faire représenter par ces farceurs. »

Situation financière

Voici, pour la lin de Tannée 1910, la situation financière de la commune ; elle est sensiblement la même que celles de 1911 et 191a.

1 La plupart des indigènes d'Aïn-el-'l"urcii. et des environs sont dans le même cas : En igia, un indigène est appelé tomme témoin en Correctionnelle. L'inter- prète arabe l'interroge. Le témoin répond en bredouillant un arabe inintelligible. L'auditoire rit : « Pardon, dit-il, n'y aurait-il pas ici ini interprète espagnol ? » Ses vœux furent exaucés et, dès lors, avec une volubilité extraordinaire, il répondit en espagnol aux questions que lui posait l'interprète.

2 Rahhalin pluriel de rahhal : nomade. Par extension de mot : rust»-!!, sans instruction.

MONOGRAPHIE DK l.\ COMMINK I)' \Ï\-KI,- I I HOK ^Î'

Recetiks i)i: r, 'exercice n)To :

Alliilnilioiis sur les palciilcs Bo'

Tii.vcs lofalivcs '^ . f\'A,\

l'roduils (les ('(Miliincs S:< i

Ta\(>s spéciales r . /joo

Chiens 5v!:j!

Picslalioiis vicinales et rurales •>.'.\~\

Droits divers néant

Octroi (le mer () . ()/4(S

Loyers et fermao-e, concessions d'eau ï).\\o~

Peiinis de chasse cl actes dv l'I^lat-Cavil aoo

Recettes accidentelles ;So()

Subventions :

De l'Etat .Sai

Du Département i . ooo

Rembouisemcnts d'avances 88

Total 25.54i'

DÉPENSES DE l/EXEMCICE IQIO :

Personnel i . ()()y

Matériel fx) i

Frais de ticsticjn financière i . i.S3

Reinbonrsement de dettes et annuilé-s d"enij)riiiit. -^-^qo

Police 1 . 080

Incendie 2q6

Eclairage 8/19

Eaux ^7.333

Cimetière 68

Hygiène 4

Hospitalisation q.S^q

Secours et subv(>ntions à des (iMivres de bienfai- sance r . oo'j

Instruction publique i . yo8

Justice 32

Biens communaux i . "",38

Voirie et travaux publics '1 .3 iTi

Subventions diverses 4")

Alïiches publiques 1 ^o

Dépenses diverses •) u)

Total i>7 . 555'

90 MONOOH APIIIR DE LA COMMT \E d'aÏN-EL-TURCK

SiTi \Tio\ (;k.m':k\i E de l'exercice :

Excédont à la lin de l'cxeicicc 8.892'

Recettes de l'exercice ^5 .54i'

Total 3:^.933'

Le chiffre du budj?et ira sans cesse en augmentant ; lors(]ue le tramway éieclrifjuc, actuellement en construc- tion, desservira le village, les besoins locaux se multiplie- ronl ; la conmuuie devia être autorisée à contracter un em|)runt. Cet em|)runt lui [)iM'mettra d'embellir le village, d amener les eaux du sous-s!)! dans des bassins plus gj'ands que ceux actuellement existants.

Les habitants d'Âïn-el-Turck et de ses annexes auront ainsi de l'eau en (juantité suiTisante. Et si la commune a la sagesse de conserver la régie des eaux, elle en retirera des bénéfices sérieux (|ui lui perjuetiront de faire face à des dépenses utiles.

CONCLUSION

Giaee au labeur de ses habitants, à l'intelligence de ses adminislratinns, à sa situation jjrivilégiée, Aïn-el-Turck est devenu un des centi'es les plus enviés de l'Oranie. Se$ habitants se trouvent aujom'd'hui dans l'aisance. Ce résul- tat, ils le doivent h ceux qui les ont précédés et (jui, par leur énergie, surmontant les multij)les dillicultés du début, ont fait, d'un pays très broussailleux, une riche région agricole. Les fils de ces pi-emiers colons, plus audacieux, plus aptes à saisir les réalités prati((ues de la vie sociale, |)lanlèi"ent de la vigne, cultivèrent les pi'imeurs, créèrent la station balnéaire, donnèrent de la valeur aux terres, enrichirent le village.

(y est aux jeunes généiations qu'il appartient de conser- ver ce patrimoine, de l'einbellir, de rester toujours attachés

MONOi.n M'iiii 1)1. i.\ coMMi m: Il \i\ Kl. Il iu:k

!M

fi l;i Iciic (|iii 1rs iKuiiiil, (!*' l'iiir l;i \illi' (|iii Iciii mviiiiil !<• hifli rlif. lii s;iiil(''. I i iitli|iiii(lii iicc.

Miillicill l'il^ciiiciil , Ir Ciilurcl iilliic ll(i|i 1rs jcillics ;i'<'lis,

It'iir l'iiil [iiidic If ^^dùl (le l;i Iccluic. A peine sortis de I r('(t|('. il.s (•(•ssciil (If s iii^l I iiirc . ..

I^><[n''ri »ii- (|iif licdlf. iiiifii\ oi-;j;iiii->ff [HMir If but à alleiiKJrf, |i;ii \ if iidi ii à t'iuinfr des iidiillfs sobics, éiicifj;!- qiios, écdiKiiiifs, à rf<|)iil liif^'"f, aux idé«'s «iféiiéreuses, el (|iii se monlreioiit , poiir le plu.s «riiind bien d' \ïri-f I- Turf k, les dii:Mf> dfscf iiilaidr, de leuis aïeuls.

['kudinam) BLA.NCIir:,

Directeur d'école à Aîn-el-Tiirck.

DE LA FRONTIERE ORANAISE A TAZfl

(MAROC)

Quand, quilliint l'Algéiic, à Zoiidj-cl-Bcghal, on va à Mçouti, soit i)ar étapes, soit pai' la voie ferrée, soit en auto- mobile, riinj)ressioM ressentie est la uiénie, elle est seule- ment d'autant plus forte que la vitesse est plus rapide ! Nous irons sans arrêt jus(|u'à Mçoun, pour ilàner depuis ce poste jus(pi'à la limite de notre voyage.

D'un bout à lautre du parcours, on a l'obsession de circuler dans un pays abandonné dej)uis des siècles et, sauf les postes (don! (pieKpies-uns avec village) et les bordjs construits par tios troupes, on n'y voit (pie de très rares douais, dont les troupeaux trouvent difficilement, plusieurs jours de suite, la nourriture^ et l'eau qui leur sont néces- saires. Cette pénurie d'babilants augmente la tristesse de ce pays désolé que nous allons parcourir de l'Est à l'Ouest, et (pie nous aj)pelons, depuis les débuts de la conquête : le Maroc () tien fol.

De la t'nuitière à Oudjda. Une route excellente et une voie ferrée inililair(> de i mètre de largeur conduisent au chef-lieu de l'ancien Amalat.

D'Oiidjda à Mcoiin. Au-delà, une piste, défoncée en maints endn^its par les innombrables convois de charrettes espagnoles attelées à cinq bêtes, et dont les ornières restent parallèles à la voie ferrée Decauville de o"" 60, qui est venue lui a |) porter son aide fraternelle.

La piste suit, le plus souvent, le « triq Sol tan », qui réunissait Oudjda à Fez. (Voir carie, page 9.H.)

Se déroulant entre les montagnes des Beni-Snassen, au Nord, et le Moyen-Atlas, au Sud, elle a une direction E.-N.-E. W.-S.-W. A la sortie d'Oudjda, elle coupe l'oued Isly, puis, de J\aïma k Dar-el-Caïd, une infinité d'aflhi(>nts de droite de la Moulouya, dont les plus importants sont : l'oued Za, à Taoïirii'l, l'oued Cu(>ttara, à Coiifitir ', et l'oued Télagh.

I .le ne résislc pirs .ni pliusii- di- si^Mliili'C le ^ii|iiilic ti:iv;iil ;icci)iii|)li |inr in;i ('(impripiiio, la :>]' du Iîi';^iiiii'ii1 de m^iiclio ilii i" l'IliMiii^cr, pour pcnin-llrc aux \(''lii('Ml('s les plli> Idiuds de r!:in( iiir, en Icjiis Iriiips, l'diied (Micltin'ii cl iiii do ses aniiiciiU do didile.

i»i: I \ I it(»\ I1I.H1-: oitwvi'^i: \ i\/\

[y.i

d'i niî I.A FROMIÈKE ORANAISE A TAZA

au poste du même nom, puis, la Moulouya elle-miême. La piste emprunte ensuite la vallée de l'oued Mçoun, un des aiîluents de gaiielie, ee qui lui permettra, quelques kilo- mètres au-deJà de la casbah de Mçoun, de passer sur le versant atlanficjuc au Hcdjcin Zhaza, limite géographique des deux bassins.

Ce seuil communique, à l'Ouest, avec le bassin de l'oued Sebou (tleuve qui se jette dans l'Océan), par un de ses aflluents, l'oued Innaouen, formé de plusieurs oueds, dont les plus importants sont l'oued Aghbal, l'oued bon Ladjeraf et l'oued Taza.

Nous citerons, poui mémoire, les postes ou bordjs les plus importants que nous avons rencontrés sur notre route depuis Oudjda : ^aïma, El Aïoun-Sidi-Mellouk, Mestig- meur, Taourirt, Goutiiir, El Agreb, Oued Ce fia (ancienne bifurcation sur iMérada), Dar-el-Caïd, Giiercif, El-Mizen, Safsafat, El-Guettaf, Mçoun.

Au-delà de Mçoun. Si nous continuons à suivre notre « Iriq Soltan » amélioré, nous éprouverons encore, dans ces parages, la même impression de tristesse que pendant les précédentes étapes ; nous nous demanderons à quoi pourra bien nous servir notre conquête marocaine ! Cette question ne recevra sa réponse vraie qu'à hauteur de Taza !

Déjà, après avoir traversé le ravin profond de l'oued Aghbal, ne coule pas le plus mince filet d'eau entre ses berges d'argile, l'aspect du pays change. La partie occiden- tale de la plaine de Fahama nous offre un commencement de végétation. Nous entrons bientôt dans les chardons, les artichauts sauvages qui montent jusqu'à mi-cuisse, avec, çà et là, de hautes tiges de fenouil:' Cette verdure, assez piquante (nous sommes au mois de mai), abrite des myriades d'énormes cloportes de plus de trois centimètres de longueur, que nous écrasons pai' dizaines sous nos pas. A cette manifestation de la nature, à laquelle nous ne sommes plus habitués, les cigales participent par leur chant étourdissant.

Les mouvements de terrain se succèdent.

Nous apercevons, à la picmière crête, située à 800 mètres au-delà de l'oued Aghbal, de vieilles habitations troglodv- tiques abandonnées ; puis, après avoir franchi l'oued bou Ladjeraf, qui a bien /|0 centimètres d'une eau limpide, à son confluent avec l'oued Ouerghin, nous débouchons sur un plateau couvert de palmiers-nains.

i»K i.\ I nn\ I iriii'; ouwsisi: \ i \/, \ 95

Tous les (»ii('(l<, jii>(|ii î\ I ;i/.;i , soi il |)i (>roii(l(''iiitii| niciiis ses dans d«'s b('r»i«'s argileuses.

Connue sou> l'elTel de la hatiiieltc niajji(|ue d'un sorcier, le pays s'esl suhilenienl luiiisloi mr ! Il un ;i plus de steppe, les liahilalions lidi.;lo(|\ li(|ii<s el aulres, occupées |»ai des sédentaires, se inull i|)lieril ; chacune [)ossède son |>elil jardin piaulé de l'èNcs, de coni'^-es ; les cli;inij)s en\ir<»n- naiils soid semés d'oige, qui connuence à niùrii ; les olivieis gainisseni de lâches sond)res les vallées, doni les thalwegs, sinueux, soni cou\erls de laïuieis roses.

Nous éprouvons très \iveinenl I impression de pénétrer dans une oasis, après avoir séjourné dans le déserl. Les gris, les mauves, les jaunes et les verls de toutes les tona-- lités, sous le ciel d'un bleu iidense, charment nos yeux (jui s'étaient habitués à la teinte uniformément poussiéreuse du bled.

Notre regard, n'uionlanl la \allée de l'oued Ouerghin, saiièle à moins de trois kilomètres sur la v'wv gauche, sur (pielques groupes de maisons à terrasse. C'est Djehla, formé de trois petits hameaux qui se touchent prescjue, dont les habitants ont tenté un semblant de résistance le lo mai 1914 jour nous sommes entrés à Taza), et qui, vaincus, oïd préféré laisser détruire et incendier leurs habitations, leurs récolles, plutôt que de se rallier à notre cause.

Leurs demeures, constiuiles en pierres plates, sont cou- veites de chaume soutenu par des branches d'arbres d'essences diverses, [)rovenant des montagnes proches, au S.-W., et supportant une épaisse couche de mortier. Quel- ques-unes sont creusées dans la roche. Toutes ont deux, quelquefois trois pièces, l'une réservée aux bestiaux et autres animaux, les autrc^s à la famille, mais une seule ouverture livre passage aux uns et aux autres. A proximité sont creusés des silos, dont quelcpies-uns seulement étaient utilisés à notre arrivée ; les auties étaient aux trois ipuirts comblés de décombres et d'éboulis.

Reprenant notre marche sur Taza, nous passons près du marabout de Sidi-bcl-Haceii, élevé au milieu d'un cimetière dont une partie des occupants ne reposent guère en paix. En effet, le^ vivants ont creusé une quinzaine d'habitations sur la rive droite de l'oued Djeouna, au Nord el à l'Ouest du plateau, sans se soucier le moins du monde de ceux qui, cependant, doivent être leurs aïeux ; des tombes mêmes sont enlr'ouvertes el laissent échapper leurs ossements

96

ni: I \ im)\iii;i4K ohvnmsk \ i\/\

Ce.< lial)ilali(iiis lioylcKlN li(|ii('s soiil |)ii's(jU(' louirs rla- blies sur le mèiwe i)liiii :

I/ouvortui'c, (|ui s(M I (r»iilié(', a i"'.Ho (Mi\iit)ii do hau- t(Mir sur i"':>o de largeur à la parlic su[)éiicuro. Lorsqu'elle

lùitrée il'iinr liiiljitnlion troglûdytique

est exposée au vent douiiriant qui vient de l'W.-S.-W., elle est parfois précédée, à petite distance, par un mur de protection en pierres sèches. (Fig. i.)

Juste en face d'elle se trouve la paroi de séparation des deux pièces principales : à gauche,- l'écurie ; à droite, la pièce d'habitation avec les pierres de foyer en F (voir fig. 2) et une petite excavation surélevée d'environ o'^So, qui doit servir à loger les enfants. Les dimensions de la pièce d'ha- bitation sont de 2 mètres sur a^So ; celles de la petite pièce contiguë et de l'écurie, respectivement de 2 mètres et 4^25 sur 2™5o.

L'écurie, dont le sol est en contre-bas du seuil, est garnie en son centre de galets jetés au hasard, pour éviter aux animaux de patauger le moins possible dans le purin qui séjourne dans les dépressions creusées par leurs sabots. Les animaux sont attachés par le cou à des cordes fixées aux parois.

Des niches sont creusées dans celles-ci à hauteur du sol

i)K r,\ iMO\rii:MK onwMsr: \ i\/\

97

on plus haut : i-llcs scrvciil ;iii\ poules [xint s'y (-(jucher, pondre et coinei'. i:iles s. .ni nlilisécs coiiiinr placards (|;ii,s les pièces dliahilalioii.

La iiaiileui du j)lar(tiid est de i'";"» à i"'<S(i.

Si riiabilaliou u'e>l pu^^ léceide, les paidi.s el je plafond conser\en| une cduche (jpaisse de suie (pii donne un a[)eiçu de la dinicullt'- cpiune personne non lialtituf^^e y (.''pion- verait à n'<pirei, pai liculi('i-einenl riii\er, pai' riuiinidité, au milieu des t'iiianalions (h'-^'at^t^'es pai- les h(Me.s e( les g'cns I

Le nouibie dvs pièces augmente en raison du iiondjie de membres de la ramille. mais je n'eu ai pas vu plus de trois.

Fig. -A. I'Ijiii cIp riiiil.itiitidii.

Pas une seule fenêtre ! L'entrée uni(|ue sert ainsi aux humains, aux animaux, à lair pur ou contaminé et à la lumière.

Les Marocains ayant fui, lois de noire arrivée dans leur pays, les seuls êtres vivaids (pie nous trouvons dans ces demeures sont de rares chiens à la voix éraillée et des puces en nombre incalculable. Ce sont l(\s derniers défenseurs de la propriété.

DE LA FRONTIERE OUANAISE A TAZA

TAZA

Ses abords. A 1500 mètres à l'ouest du marabout, nous débouchons sur lo boid Ouest du plçitoau, dont les pentes dévalent biusqucment sui' une plaine bien cultivée. Nous apercevons Taza très distinctement, car c'est le matin, le soleil est deiTière nous. Nous la devinerions à peine, se confondant avec la montagne, si nous l'abordions l'après- midi, à contre-jour.

La ville apparaît à moins de six kilomètres, allongée dans toute sa longueur sur le dernier contrefort Nord de la montagne, que les cartes dressées, par lenseignements, avant notre occupation, nommaient à tort le « Kern Nesrani ». A cette distance, la ville, avec ses hautes mu- railles, les minarets de ses mosquées, paraissant tout entière au-dessus d'un bois d'oliviers qui l'encercle pres- que, a fort bel aspect et produit un effet grandiose.

Pour l'approcher, nous traversons des terres labourées, des champs d'orge jaunissante, de blé encore en herbe et, si nous suivons la piste nouvellement créée pour nos convois, nous ne la perdons plus de vue, sauf en traversant deux petits oueds roulant une eau limpide ; au contraire, si nous avions continué par le <( triq Soltan » qui, après le marabout de Sidi-bel-llacen, se dirige plus à gauche, de nombreuses crêtes, peipendiculair-cs à la direction de notre marche, nous l'auraient cachée jusqu'au delà de l'oued Rahi.

Des cigognes circulent majestueusement au milieu des champs, largement irrigués sous de superbes oliviers, ce qui donne l'impression de ne plus être dans notre Maroc. Nous commençons maintenant à calculer ce que pourra nous donner cette contrée si fertile, quand elle sera livrée à la culture européenne ! Il ne nous a fallu que quelques heures pour passer dans une région toute différente de celle que nous avions parcourue jusqu'alors ; cette transition brusque nous fait nous exclamer joyeusement et trouver tout magnifique.

Cependant, en nous approchant de plus en plus de la ville, perchée à 70 ou 80 mètres au-dessus de ses jardins,

DK i.\ I itôMiiiiu-: onwMsr \ r\/ \

99

iioli'c .idiniiiilioii de loiil ;'i riKMirc l'ail place à un rloiilciii- icu\ rloiiiu'Uiciil . \.r> iiiiiiaillcs allirics, les maisons à h-i- rassc lie SOI il <|ii(' i ni ric^ a( cnnnilrrs, l)i('(li('<, d ('•(•( »nil)i es r| désolalion. Nous a[n'ic('vons dislinclcint'nl les créneaux dcnianlclés. Les nnns, I1an(|ncs de loins carrées nous rappelant Mansonrali, son! ('■Ncnliés ])ai cndioils comme s'ils venaienl de snbir un lon^^ bomhaidemenl el, cepen- dant, pas un piojeclil(> français n'a élé lire sur la ville. Ces ruines se sont su|)(M[josées par suite d'aband(ui, de négligence et aussi, sans mil doule, par ordre dvi^ Hiata, qui se sont ainsi olT(Mt le phiisir d'avoir une cilé toujours ouverle à lenrs rapines el à leurs déprédalioiis.

Si nous plongeons le regard au-delà des murs d'enceinte, nous constatons encoie qu'une grande partie des habita- tions ne |)ossèdent plus que des pans de murs à demi elTon- drés et que toutes ces misères sont déjà anciennes.

l/entrée en ville. La piste traverse l'oued \nemli, puis gravit en lacets un terrain rocailleux, l-^lle longe bientôt le mur extérieur de la forteiesse, encore imposante, ajipelée le « Baslioun », la dépasse et. laissant à gauche un plateau, sur lecpiel (jiiekpies koubbas à demi démolies nous indiquent un cimetière, elle tourne brusquement à droite pour pénétrer dans renceinle extérieure par la porte (( el Khebor». Au débouché de cette porte assez étroite, nous voyons à gauche une esplanade agrémentée d un sfpiare. Devant nous, la route longe à gauche le mur d'en- ceinte intérieur de la ville, tandis qu'à droite dominent, bien conservées, les nuuailles du réduit conligu au <( Bastioun ». Tout le long du miu" d'enceinte se sont installés des mer- canlis el kaouadjis Tazi, dès le lendemain de notre arrivée dans la ville, alors (pie les troupes occupaient le terrain vague, couvert de pans de murs effrités, qui s'étend à droite entre les enceintes intérieure et extérieure du côté Est.

Le « Bnstioiin ». Avant de pénétrer en ville, nous allons visiter le " Bastioun », forteresse bien conservée et d'un ensemble encore très imposant. Construit sur et contre le mur Sud, dominant ainsi la vallée Est, le chemin d'accès à « bab Khebor » et le plateau du cimetière, le « Bastioun » a bravé les intempéries el les outrages des hommes. Précédé par une cour spacieuse qui devait loger les tentes des défenseurs, leur montures et leurs approvi-

100 DE LA FRONTIÈRE ORANAISE A TAZA

sionnemenls, il Jie possède (]u'uiie poli le poile doimaiil accès dans un assez long couloii' (|ui reste à gauche du bâtiment. Avec ses murs construits à laide de caissons d'un ciment très dur et ayant de i à j mètres d'épaisseur, ses angles faits en briciues cuites au feu, ses créneaux, ses embrasures, ses chambres nudtiples, au sol de hauteur inégale, (\u\ se succèdent en labyrinthe, ses différents éta- ges, il a abriter non seulement des défenseurs indigènes mais aussi des européens. Ces derniers ont en effet laissé des traces de leur passage. Les enduits du coiUoir et ceux d'une terrasse qui y fait suite portent des dessins au trait représentant des navires dont l^es silhouettes rappellent beaucoup celles des galères Dauphine ou Héale, ou encore celles de la Fuste ou de la (( Galéane Vénitienne », du dic- tionnaire Larousse en sept volumes (pages 826, 789 et 9-44 >• Plusieurs sont inachevés, mais il est facile de dis- tinguer, sur pres([ue tous, plusieurs mats avec antennes et voiles.

De là, à conclure que le « Bastioun » a abrité des pri- sonniers de profession niaritiine il n'y a qu'un pas, d'autant plus vit(> franchi que certains dessins, représentant des f|uilles inache\ées, ne peuvent être que l'œuvre de gens (lu métier.

Les tious des murs du « Bastioun >') servent de nids à une imillilude de geais bleus, de pigeons, de merles, de moi- neaux bruyants, que nous faisons fuir si nous nous pen- chons au-dessus de la muraille, pour admirer le panorama environnant.

La ville. Les illustrés, journaux et magazines ont publié, de Taza, des photographiées la représentant comme une ville entom^ée et dominée par de hauts palmiers- dattieis, ou bien dont le pied des remparts est baignée par une nappe liquide de proportions rappelant celles d'un lac ou l'immensité d'un littoral. Aucune de ces photographies entièiement fantaisistes, mais publiées avec la vanité de faire croire à une information rapide de la part de publi- cations cependant sérieuses, aucune d'elles n'est la repro- duction de Taza.

La description exacte en a été faite dans les intéressants récits de Foucauld et de Segonzao.

Je me bornerai donc à une description succincte.

Pénétrant par la première poite à notre gauche, en sortant du « Bastioun )>, nous traversons une bande assez

DE T. \ FRONTIRHE OnANATSR \ TAZA 1^'!

('•Iroilc (le tcirJiiii ijiii dcxiiil rire [ihiiili' rd jiudiiis, jiclurl- Icinciil en riiclics, doiil la lonaliU'- vcrl ('■iiici ini(l<' tics seuls li^niicis iKKis i(''j()iiil les \('u\. l)cs Ins (riiimioiidiccs accii- nînU'cs depuis la consliucliun de la \ill(' et constituant le sol de ces jardins nous pcirucllcnt de Noir à l'intéiicur de Taza. C'est une aj^'^ioniéiation de maisons à terrasse, de couleur (XMc, dotninces |)ar sept minarets de mosquées, dont deux sont pres(|ue cachés dans les oliviers ; quelques toits à |)i^non pointu, couverts de tuiles vernissées vertes et adossés à certains minaiets, tranclietd sur la leiute uniforme et sur !"enseml)l(^ des teirasses.

Nous passons une nouvelle porte pour suivi»- une rue étroite, dont le ciel disparaît bientôt, caché par le premiei éta<?e des maisons forniant voûte. Après quelques détoms, nous nous li'ouvons devant une mosquée qui s'encastre dans " Dai- cl Mao^hzen », et occupe tout un (juartier de la cité. A droite et à o-auche de cette artère principale, partent d'autres rues ou luelles dont les portes sont closes ou seu- lement entr'ouvertcs pour permettre aux enfants de s'amuser entre eux, de maison à maison, ou à une femme voilée de se glisser silencieusement d'une maison dans une autre ^

Nous reniar(|uons l'extrême propreté de toutes ces rues à caniveau central se déversant dans des égoût^, et plus parliculièiement celle des latrines publiques, construites à quelques pas avant l'entrée de « Dar el Maghzen ».

Ce <' Dar el Maghzen », l'ancienne habitation du Rogui, n'a rien de fastueux, ni à l'extérieur, ni à l'intérieur, mais ses jardins, dont le principal, avec bassin et jet d'eau, est actuellenicnl planté de rosiers en fleurs et d'orangers. ([u'arrosenl des séguias à l'eau abondante et liiupide en font une di^meure seigneuriale au iTiilieu de la ville.

Les seules richesses Csi l'on peut ainsi dire) que possédait le « Dar el Afaghzen », lors de notre airivée, étaient : la chaise à porteurs, le fauteuil et l'artillerie du Rogui.

T,a chaise à porteurs, à deux mules, est une lourde caisse parallélipipédique en bois, sans autre ornement que les quelques moulures très communes des vantaux.

Le fauteuil Louis XTV, en velours grenat et bois doré, rappelle la camelote dont se sont toujours meublés les beys de Tunis.

L'artillerie, comprenant : un canon Krupp d«^ 70. un

I I.a ville P(>mblp ;ivoir environ .^.ooo linbitnnts.

102 DE T,A FROÎSTIÈRE OR AN AISE A TAZA

autre de 80 français, deux mitrailleuses démolies, des cais- sons sans roues, des caisses à munitions, quelques débris do harnachement, enfin, une centaine de petites bombes sphériques, le tout hors d'usag'e et capable tout au plus d'attirer regard d'un chiffonnier amateur de vieilles ferrailles.

(Quelques carreaux de céramique (et non pas de mosaï- que) dans quelques pièces de « Dar el Maghzen » ou dans les mosquées, ne méritent pas d êtie signalés.

Revenons sur nos pas, sortons de k Dar el Maghzen » et jetons un coup d'œil sur les dépendances : logements des chaouchs, arsenal, prison, corps de garde, etc.. et passons la porte surmontée du drapeau tricolore. Nous sommes dans une rue large, habitée par les autorités municipales. A droite, un immense bassin, réservoir cimenté, contient encore quelques mètres cubes seulement d'une eau crou- pissante, quoique pou\'ant être alimenté par des sources abondantes, situées au pied des contreforts montagneux du Sud de la ville.

Au sujet de ces sources, qui jouèrent un rôle important dans l'histoire de Taza, voici une légende qui m'a été racontée par un Tazi, quelques jours après notre occu- pation :

« Le fameux sultan Noir, qui habitait autrefois la région

« au Sud de Taza, avait un lils, dont le nom est oublié, tjui

« l'avait quitté à la suite de discussions de famille et était

(c venu demander asile aux Tazi.

« Le père, s'étant mis à la recherche du fugitif, arrive

« un jour devant Taza et menace de détruire la ville si

« son fils ne lui est pas rendu aussitôt. Les Tazi, compie-

(( nant leurs devoirs d'hôtes, entendent les faire respecter ;

« ils ferment leuis portes et se mettent en état de défense,

« persuadés f[ue la position de leur ville peut leur permet-

« tre de résister aux assauts les plus furieux. Les fortifi-

(( cations étaient alors en bon état. Le sultan Noir,

(( comprenant cpiil ne réussirait pas dans une attaque

(( brusquée à enlever la ville, cpi'un siège en règle pourrait

<( seul venir à bout de ses adversaires, détourne de leur

(( cours les sources et cerne complètement la ville, de façon

« à empêcher tout ravitaillement ])ar l'extérieur.

<( N'ayant pas d'approvisionnements de vivres dans la

« place et ne possédant non plus aucune réserve de four-

(( rage pour leurs animaux, les Tazi étaient bien perplexes ;

DE LA FROMIKHE OnANATSE A lAZA 103

(( au dcinirr conseil de (lérnisc. (|ii(l(|ii(-; uns parliiirnt (( inrnic de se rendre ou ;ni inoiii'^ de livrer le \'\\< du « sulliiu \oii'. (lelLe mesure allait èlre ado[»lée, (juand l'un <( d'eux proposîi [(> strala<r''nK' suivant :

« On allait |»rendn' un taui'eau, ie plus beau des Imn- (( peaux, le iiourrii' d'orge, de uia'i's, dp fcvos, lui faire « boire de I'inui de source autant (|u'il pourrait en absorber-, « puis on le lâcherait dans l'armée des assiégeants pouf « leur faire constater (|ue les vivres ne manquaient pas « aux assiégés. ,

« L'animal, ayant été nouiii de la façon indiquée, fut « auKMié près de <i Bab er Hih ». La porte lui fut Ç)uveite, (( il fut poussé au-dehors et poui'suivi par des gens qui « parvinrent à faire croire à leurs adversaires que le tau- (( reau s'était échappé.

« Les ennemis, tout joyeux de l'aubaine inespérée cpii (( se présentait à eux, s'emparèrent de l'animal et le mirent <( à mort immédiatement. En constatant que son estomac « renfeiniait, en grande (juantité, des graines de premier <( choix et de l'eau potable non encore digérées, ils furent « fort surpris et s'empressèrent de faire part de leur « observation à leur chef.

<' Le sultan Noir se rendit à l'évidence et, constatant lui « aussi, qu'il était inutile de perdre son temps à tenter de (( réduire par la famine^ des gens (jui avaient du bétail dans (( un état aussi florissant et nourri de celte façon, leva le <( siège aussitôt '. •>

Et le Tazi, fier de cet acte intelligent (jui venait de ses ancêtres, s'empressait d'ajouter : « La luse réussit souvent mieux que la force ! »

Tout en causant, nous sommes entiés dans une rue plus étroite, séparée du quartier aristocratique par une petite porte qui devait être fermée autrefois. Nous sommes main- tenant en plein rpiartier commerçant, dans le quartier des souks, très pittoresque avec ses bouticiues étroites dans lesquelles le vendeur peut à peine se remuer, entouré de ses marchandises, et il ne peut pénétrer, après avoir ouvert son volet qui sert d'auvent, qu'en se hissant au-

I II est curieux de rapprocher celle légende de celle rel.Ttive à un sit'j.'e soutenu par la vieille cité de Carcassonne et à peu près identique ; au lieu d'un bœuf on <rava un coclxm qu'on jeta par dessus les lempnrts. (Note de la Rédaction.)

i04 DE LA FRONTIÈRE ORANAISE A TAZA

dessus de son comptoir au moyen d'une corde pendue au plafond.

Aux heures de vente, les boutiques sont garanties un peu des rayons solaires par l'auvent ou une vérandah en branchages ; elles restent presque toutes fermées pendant le milieu du jour.

On y vend des étoffes, de l'huile, des articles de bazar, des chaussures, de l'épicerie, de la menthe en herbe, etc.

Pendant notre promenade, des gamins s'essaient déjà à nous faire le salut mihtaire. En voici un qui, dix mètres avant d'arriver à notre hauteur, se redresse, raidit son bras droit, allonge sa main et, tout préoccupé de la tâche diffi- cile qu'il s'est imposé, les yeux fixés sur nous, passe et... n'ayant pu saisir le moment, ou n'ayant osé le faire à notre hauteur, salue alors qu'il nous a dépassés de deux pas. Leur timidité et l'embarras de ces enfants nous font rire de bon cœur. Tls rougissent et rient avec nous.

Dans la rue principale, un maicband d'effets d'occasion et d'armes indigènes de pacotille s'est installé près d'un bassin, qui seit de fontaine ; encouragé par de naïfs ache- teurs, il vend très cher des armes fabriquées la veille : moukhalas, faits de vieux canons et de batteries à pierre complètement rouillées, couteaux emmanchés et gainés à neuf, le tout consolidé à l'aide de fer blanc provenant de nos boîtes de conserves vides.

En face, dans deux rues perpendiculaires à l'artère prin- cipale, se trouvent les souks de* marchands de cotonnades, de foutahs, de mouchoirs de soie, d'étoffes brodées. La rue de gauche se prolonge par la boutique de l'armurier, qui ne cesse de fabriquer des crosses neuyes pour vieux fusils, et par les souks de deux brodeurs sur cuir et de tous les bouchers de la ville. î>es abattoirs sont situés à quelques pas plus loin, entre les trois murs de souks abandonnés, sans plafond, ressemblant à des boxes aux murs élevés.

Quelques rares métiers à tisser l'étoffe des burnous ou des djellabas, fonctionnent à certaines heures.

En dehors du centre commercial assez achalandé, les rues, dont l«s axes correspondent souvent à des minarets, sont très calmes ; à part des enfants malpropres, presque tous teigneux '. et ((iiehfues maigres haridelles, on n'y rencontre personne.

T l,es Tazi sont rie lailln élancée (i"7o en moyenne) et bien proporlionnép. D'nn visape agréable, an teint mat et clair, le? cheveux noirs non crépus,

nE r.A ^HO^r^lKnE oranaise a taza 105

\.v joui' (le iiolic |»iisc (le [)(>ssc.ssion cl I<trs (le lii \cniiL' (lu ^(Miciiil I.Niiiih'N, lirsidciil (iénéiiil, les iiiiiisons ('laiciit loiilcs |)ii\()is('('s (le muiicln lii -; tic soie iiiiill ictili nés, iiiiiii- \('s. jiuiiics, roiiji^cs, hiciis, loscs ; à (li'-lMiil, ;i I iiidc de iiiorcfaii.v de roloiuiadc de coiilciii, i ii[tidciii('id ajii.slés, le roiKjc près de la hanijx' !

Nous dr[)ass()ns la pclilc [tlacc du niaidir, en itailic conNcilc par un olixici' (•('tilcnairc cl, Icnif^caut une pclilc inosiiiicc doiil le minarcl domino la luc, nous arrivons de\anl la ^laiidc iiK "^(|ii(''e ; nous la ci mlonirions, [)iiis(|Mc l'aeecs en est irderdit, cl passons dans le niellali dord [)as une maison n'est dehoul. ^Xueun Juif n'Iiabilail Taza lors de notre arrivée.)

Près de l'extrémité du mollah e( au Sud r)ucs|, une grande propriété, dont tous les mius sont en ruines, s'appelle <( Dar es Soltan ».

Tîn peu plus loin, l'esplanade de <( Bab or fSih » dominant les jardins plantés d'oliviers, nous permet de jouir (V\\i\ coup d'œil merveilleux sur la campagne arrosée par l'oued Taza, que franchissent les ponts des pistes de Fez et de 'Nlcknassa-Tahtania.

l.a visite de la partie de la ville est à peu près teiminéc. Nous avons parcouru Taza selon son a\c lonpfitudinal E.-S.-K. W.-N.-W., la «porte du Vent ■■ clant diamétra lenieni o[)})oséc à <( Bab Khebor >». Mlous xoir les jardins.

liCs jardins, A nos pieds, une décrino^oladc et un amoncellement de rochers énormes, puis, à 80 mètres en contre-bas, les jaidins plantés d'oliviers qui servent do tuteurs aux ceps de vii^iie, dont les lianes rrrimpont et etdaccnt, connue dans une foret équatoriale, les branches des fîoruiors, des s^renadiers. des poiriers, des pêchers et des pruniers.

Ces jardins, lies bien iirioiiés au moyen de séguias, sont très fertiles et pioduisont des légumes : fèves, courges, etc.

A l'Ouest, l'oued Taza coule à pleins bords, entre de? rives couvertes de broussailles enchevêtrées, et donne l'illusion dune rivière de France. T. es deux ponts sous les- quels passi^ l'oued lanpelh^nt de loin rarchitecluro l'omaine: sur celui de droite, le plus en aval, passe la piste d«' Mek-

1,1 barlie moyoniiomont fntirnio. ils ont les sonrrils ot les yeux noirs. Cepen- dant In type lilonfl ?e reni-onlre aussi, j'ai vu îles enf.ints !'U\ elievenx ronx cl aux yenx biens on verts clairs. î.es fenniics mit rie i"5o à t'Oo, leurs voiles Mi'ciiit empèelié fie voir leur visfige.

106 DE LA FRONTIÈRE ORANAISE A TAZA

nassa-Tahtania, sur l'aulrr, la pisic de Fez, qui va con- louiiicr au Sud le c Kern-Nesiani », montagne (jui nous cache la vallée de l'Innaouen, doul l'oued Taza est un aflluenl de gauche.

Celte « (lornc du Nazaréen » a-t-elle été habitée par les Honiains ? Les Tazi le disent et un camp romain aurait élé, d'après eux, établi sur le plateau qui y fait suite à l'Ouest.

Je n'ai l'ien trouvé, jusqu'ici, qui puisse permettre da confirmer leurs dires.

Au Xord-Est, les oliviers sont encerclés par l'oued Anemli, petit ruisselet marécageux, qui prend sa source un peu en amont, et sur la face Est, du marabout de beri Aberri, sur le(juel des cigognes ont établi leiu" nid. Cet oued coule ensuite vers le Nord-Ouest et se jette dans l'oued Taza, en aval du Camp Girardot, fpi'il laisse sur >*a rive droite.

Le Cainp (iirardot et reniplacement «le la nouvelle ville européenne. Le camp est installé sur un plateau allongé entre les jardins de la face Nord et la partie inférieure du cours de l'oued bon Ladjeraf tpii, un peu plus en aval, for- me le comuiencement de l'oued ïnnaouen. Les koubbas de Si Kaddour et de Sidi Abdallah, le j^ère et le fils, sont cons- Iruites à l'extrémité Sud-Ouest du plateau qui, paraît-il, était autrefois occupé par une partie de la ville de Taza qui déboidait ainsi jusqu'à plus de lôoo mètres de son empla- cement actuel.

Un mamelon rocheux, situé à l'Est du marabout de Sidi ben Aberii, s'appelle encoie aujouid'hui la « Porte du cuivre », mais la légende ne sait plus distinguer si le souk (lu cuivre de la ville ancienne occupait cet (nnplacemenl, ou bien si l'on a trouvé du minerai de cuivre dans les lianes du mamelon.

Le camp se transfoime en redoute en même temps (pie ses prop(n'tions diminuent, par suite de la réduction des effectifs. La partie libre à l'Ouest de la redoute, jusqu'aux deux koubbas dont j'ai parlé plus haut, serait réservée à la construction de la ville française.

L'Oriiiine de Taza. Nous avons déjà vu que les légendes sont très répandues à Taza, j'espère qu'il me sera possible d'en recueillir encore. En voici une, sur l'origine de la ville :

Taza serait d'oiiyine très ancienne, et la date en est

DE T.A I IU)\ I IKKK OUWMSK A ■\ \7.\ 107

oublier iinjoiiid Imi, iiiiii^ flic ;mi;iil v[r cré^'c à la iiirincî épcKiiic (lue si.r ;iiilics \illc.s de r\tri(|iir du Niiid, dont rim|K»iliiii<T est (oiimic i.\i' l<tii- cl dniil le iiuin (ummcncc |)iU' lin V. Midhciirciisciiiciil , tiMUi iiilcrliiciilciii' ii';i |>ii nie les citei Idiilcs. Après I iiNoir aide ipielipie [x'ii, je Unis par j>ai' iiolcr ciit»! •'•■ '''"^ \ill<'s ipii seraieiil : 7''////.s, Tlcinrcit, 'r<ii(>ii(hinl . Trloinin cl Trucs. Il m'a élc impossible de roiiiiaili (' la deinicie. I']sl-ce Taiig'ei" i'

La Ta/a priinitiv*'. Pour en liiiir a\ec les aboids immédials de Taza, il iioii> l'aiil jeler un coup d'œil sur les liabilalions lio^lod\ ticpiescieiisées dans les loclieis sur tout le j)ouitour de la \ille et ipii riirenl, sans doute, les pre- mières habitations de la Ta/a primiliNc Sur la face Est, elles sont très pittoies(piciiiciil superposées en cin(i étages. Aujourd'hui, ipiehpies-unes seulement de ces habitations sont occui)ées ; elles le sont [)lus pailiculièienicnl pai' des femmes aux ukimus faciles (pie le service sanitaire aiiia à siuveiller de près.

Al-DKLA I)K TAZA

ii'd vallée <le l'hinaouen. Notre [jénétration dans le pays a été grandement facilitée par la longue dépression, orientée Esl-Ouest, reniontant la vallée de l'oued Mçoun, depuis la Mouloina jus(|u'à Dai-el-Caïd, et descendant en- suite parles vallées des alTluents de ITnnaouen, affluent»^ qui portent les noms d'oued Aghbal et oued bon Ladjeraf les hautes vallées sont opposées et la dépression qui en résulte fait cornminn(pier le versant méditerranéen (IVloulouya), au versant atlanlicjue (Sebou). ('ette voie naturelle fut probablemenl utilisée par les Romains comme frontière militaii'e dans la Maurétanie Tingitane '.

Prc^fitant d'un convoi militaiie (cnv le pays n'est pas encore très sur avec les irréductibles Riata\ nous allons continuer notre exclusion au-delà de Taza, en descendant le coiu's de l'oued Innaouen. Comme nous l'avons vu de la terrasse de « Bah rr \V\h >>, nous aurions pu suivre la piste

T Hisloirt' aiiricnitr de /'.l/rii/KC ilii \<://;/, pur Sicpliaiio (isell. Tuiin- i. |>. '^.

108 DE LA FRONTIÈRE ORANATSE A TAZA

de Frz qui contourne le « Kern Nesrani » au Sud, mais le « triq Soltan » qui passe au Nord de ce mamelon, est beaucoup moins accidenté, par conséquent plus commode au roulement des charreltcs marocaines el des arabas avec lesquelles on effectue les ravitaillements.

Nous nous sommes déjà rendu compte (\uv la vallée paraît fermée, à la naissance, par des barrages naturels qui seraient les hauteurs de la rive o-auche de l'oued bou Ladjeraf, puis les pentes Nord du Kern Nesrani et enfin, de façon plus accentuée, à hauteur du col de Touahar.

Jusqu'à ce qu'elle arrive à ce col, la vallée de l'Tnnaouen est très étroite et l'oued lutte constamment contre les contreforts de la montagne qui l'enserrent . il est rejeté tantôt à droite, tantôt à gauche, et décrit des méandres si prononcés que le « triq Soltan », qui ne quitte pas la vallée, traverse l'oued tous les mille ou douze cents mètres. Les eaux ont fortement érodé les collines de la rive gauche pour laisser à droite de feitiles coteaux couverts de moissons.

C'est aussi sur la rive droite que le dernier poste du Maroc Oriental, celui de « Bab Merzouka », a été installé lorsque les deux colonnes Baugmarten et Gouraud ont (fuitté le camp établi en commun devant la casbah des Beni-Mgara, située un peu plus en aval. '

La ride peu élevée qui s'abaisse au col de Touahar se relie aux collines des deux rives et l'étonnement du tomiste est complet quand il s'est rendu compte de ce fait, q\\\ semble violer les lois naturelles : l'Tnnaouen, qui ne doit jamais coulei- en torrent (si l'on s'en rapporte à l'aspect de ses rives peu élevé^sV s'est frayé un passage dans une gorge rocheuse, aussi étroite qu'encaissée, qui prend fin à 6 ou 7 kilomètres plus loin, au-delà de la casbah des Beni- Mgara .

A partir de ce point, TTnnaoucu redevient un oued qui possède presque toutes les qualités de nos rivières fran- çaises et ne p<^nse plus à quitter sa vallée natiuelle.

Cette haute vallée de l'Tnnaouen est d'une fertilité extia- ordinaire : les nombreuses sources qui alimentent le thalweg principal ont formé des marais en maints endroits et donrKMit naissanc(^ à une Tiiultitude de séguias. Les

I ActuellpmPnt c'est Mçoiin qui est le rlernier posre du M.iroc Onenl.Tl. Taza appartient à l'Ocridental, depuis le t" février ir)i5. (Nnfp njrmtée jienrlnnl Vimprpaainn.)

1

DE 1,A rnoMIKKK ()|<\>\IS|-; \ I \/A It)'.»

céicales, ne compi ciiaiil (iiic des orges et de niugiiifiqii<!S blés bleus, s élaleiil en bortliire de l'oued, ((juMenl les collines voisines, gravissent les contierorts niontugneux et mordent dans les [iri'niiers buissons de la foret.

Les " nieelila >> leruies isolées) sont habitées |)ar des eulli\alenrs a\isés (|iii ont laltourt- \r> liane.- clés coleauv en élageant sa\annnent leurs elianips poui iceueillii le plus d'eau de pluie j)ossible et empêcher le ruissellement. lis élèvent des biruls, ainsi (pic ipichpics iiMjiitons cl des chèvres. Je dois ajouter (pi'ils manient le l'ii.-il tout aussi bien que la charme.

C'est plus particidièremcjd à la tombée du jour que-les pays du soleil peuNcnl être admiiés, car, à ce niomenl, les teintes reprennent leiu' éclat naturel augmenté par les rayons obliques de l'astie trop lumineux quehiues heures auparavant. Le coup d'oeil est vraiment féerique : au fond, l'immense ruban d'argent zigzague, semblant éviter, ici, un labouré noir, rouge ou violet, qui semble fuir vers la montagne, là, un chaume dont l'or pâle s'étend à perte de vue pour se heurter au vert st)mbre des chênes-verts ou des arbustes (jui couronnent le faite des coteau.v. Çà et là, les rectangles vert-jaune des vignes alternent avec des blocs de rocheis gris-blanc et le vert-noir des cèdres et des pins d'Alep (|ui se prolilent nettement à l'horizon du Tazekka. Ce dernier culmine à 1.975 mètres, à une dizaine de kilomètres au Sud de la casbali des Beni-Mgara.

La plaine se contiime ainsi juscjue et au-delà de lOucd Amelil ', aflhient de la rive droite qui conllue devant le premier poste du Maroc Occidental « Koudiat cl Abiod ». Nous n'irons pas plus loin !

Nous avons pu nous faire une idée des richesses de la plaine par l'agriculture et l'éhnage, mais nous ignorerons encore longtemps celles que renferment les montagnes juscpi'ici inexplorées ; néanmoins, elles ont déjà été étudiées par de hardis Kui()i)ccns (|ui, au péril de leur vie, ont parcouru les régions les plus sauvages. C'est ainsi qu'un de mes camarades me lacontait (|u'il avait rencontré à Taza, mi Français, originaire de Vichy, qui prospectait depuis plusieurs mois pour vme société minière.

Cet homme, vêtu comme un vulgaire montagnard Riata,

I 8orait-C(> l'oupd .\niilo ou Amliloii que Tisaot confoiifl ;ivec IVnifil Melloiiloii ? (Renvoi (S, page 78, lonie i, Histoire aitcieiine de i.i/riqiic liu Nord, par Stéphane Gsell.

110 DK l.\ I HONTIÈRE ORANAISE A T AZA

avait, les ("lievcux rasés, la tête entouré d'un linge sale formant turban, portait la moustache et la barbe coupées à la mode arabe ; les jambes nues sous sa djellaba, les pieds crasseux dans des « belghas >. (pantoulles) piestjue usées, il était assis sur un mulet chargé de ses deux « chouaris » habituels. Interrogé, il raconta qu'il avait déjà explore le Moyen et le Haut-Atlas, qu'il avait découvert des mines de fer, de cuivre, de charbon et d'or, qu'une mine de pétrole existait à une journée de marche de Taza !

Il avait été retenu prisonnier chez les Hiffains, quelques semaines auparavant, en allant visiter dans leur pays, sur la frontière espagnole, une mine de platine déjà exploitée, disait-il, du temps des Romains. 11 était descendu dans les galeries et y avait vu une statue colossale d'un nègre, dont les yeux étaient des pierres précieuses, jetant des éclats de lumière, et le nombril, un bloc de minerai de platine pur !

J'ai dit tout à l'heure que nous étions dans le pays des légendes ! Peut-être serait-il juste de classer ce récit parmi elles !

.le terminerai ce court voyage, avant de faire mes adieux à ceux qui ont bien voulu m'accompagner, en racontant la façon dont les Marocains opèrent pour moissonner et battre leurs récoltes. Pendant nos déplacements de juin, j'ai vu souvient les Tsoul, tribu lalliée, faire la moisson des orges Riata, par ordre du Service des Renseignements, et je les ai vus également sur leurs propriétés. Munis d'une faucille tenue dans la main droite, ils saisissent, pour les couper, les tiges de la main gauche. Poiu" éviter les bles- sures, les trois doigts les plus menacés de la main gauche ' sont protégés par des doigtiers en roseau.

Un tablier, fait d'une peau de chèvre, protège les jambes des moissonneurs, qui sont des houmies ou des femmes indistinctement.

La récolte est accumulée en petits tas et le dépiquage se fait sur place quelques jours après. Parfois cette opération se fait, comme en Algérie, il n'y a pas de batteus-- mécanique, c'est à dire, aux pieds des bêtes ; mais, ce que je ne m'attendais certes pas à voir, et qui m'a frappé, c'i^st le dépiquage aux pieds des femines !

Elles ont devant elles les immenses plats en bois dans lesquels elles font le couscous, y mettent quelques épis et

I L'auriculaire, rannuiaire et le majeur.

in". i.\ I HoNiiKiu: (ti<\N\isi: \ I \zv 111

les roulL'iil ;i\('c Itiii'- pii'd- iiii->, rn -.c diiiMlidiitil iillci ii.ili- vement sur lune r\ rinilic jamltc juxiuà ce (juc les «.niiiii.s airnt élé (létiu"lu''s.

l'ciulaiil celle (i|K''ral ion, as^c/ Iouj^iic, les hommes présciiU se li\i<'nl à un lia\ail Ix'aiicoiqi moins [x'-iiililc : ils sur\('ill('ii| l'I l'oiil mcllrc sépart'mi'iil le j.Taiii dan- des sacs et la paille batlue eu meule.

(()N( LISION

domine conclusion à celle itVapilulalion de notes prises au jour le joui', pendant des convois, à mes heures libies, parfois pendani un combat, el éciiles sans aucune préten- lion, Je lerminerai en souliailani bien sincèiemenl auv (Iranais et à la ville dOran en [larliculier, de voir aboutir favoiabliMuenl lems désirs, (pie leur commerce prolile de notre nou\elle coiupiète, car ce sont leurs représentants au Parlement, ce sont leurs soldats, leurs commerçants et liMirs colons, qui en ont été les [uemiers artisans.

Je n'ignore pas que la Chambre de Commerce d'Oran a déjà, à maintes reprises, émis le vœu que les voies ferrées destinées à lelier Taza à Oran soient étudiées incessamment.

La Sociétt de Géogrupliie et (f Archéologie d'Oran, elle aussi, a voté des j)rix aux nieijlcnrs ouvrages ^ur la jonction des deux Marocs et les conclusions (ju On pouvait en tirer pour le coninierc(^ du port d'Oran.

Tous mes vœux st^nt {)our la réussite de leurs souhaits et de leurs espérances si justifiées !

Tn:a, nitii-jiiin lU I ?.

M. PETIT,

Capitniiic ;ni Héginu'nt de nnirclic l'.ii i" Etraiif^ur

PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS

(le la « Société de Géographie et d'Archéologie d'Oraii »

RÉUMON MENSUELLE DU COMITE ADMINISTRATIF Séance bu [\ Janvier 191 5

Prrsiib'ncc dt M. Doumeugui:, pn'siili'nl

La séance est ouverte à 5 heures el demie.

Sont présents au Comité : MM Doumergue, Flaiiault, Bére.nger, Pock, Tourmer, Dangles, DÉciiAri), Dupuv, Al)l»é Fabre, Kriéger, Pellet, Pérez,

Absents excusés : MM. Général B\schUiNG, Arambourg, IIuot, de Pachtere, Roux-FREYsslx^E^G mobilisés ; Lemoisson, Levais, Pontet, René-Leclerc.

Absents : MM. Lamur, Pousse i n. D"" Sandras.

Le procès-verbal de la séance du 7 décembre 191/i est lu et adopté.

Avant de passer à l'examen des questions portées à l'ordre du jour, le Président exprime à ses collègues du Comité ses souhaits de nouvel An. Ses meilleurs vœux vont aussi aux so(;iélaires. Il exprime l'espoir que bientôt la victoire couronnera les efforts des Alliés et que prendra fin le' long martyrologe (pii plonge dans le deuil presque toutes les familles françaises.

Le Président donne ensuite lecture d'une lettre de Madame veuve Oliva, lui faisant pari de la mort de son mari, le caj^itaine Oliva, tombé glorieusement au champ d'honneur, le 21 décem- bre 191/i. Le Comité s'associe à la grande douleur de Madame Oliva et aux condoléances déjà transmises par le Président.

Le Secrétaire généi'al fait connaître qu'il a adressé, au nom du Comité, ses bien vives condoléances à la Société Naiioruile (le Gécxjraphie de Wasli.inglon, (pii vient de perdre son président.

Notre collègue M. Tournujr remercie le Comité pour les marques de sympathie qu'il lui a témoignées à l'occasion du deuil cruel (pii vient de le frapper.

M. Dotjmergue donne de bonnes nouvelles de M. le capitaine Mesmer, de M. le lieutenant Masson et de notre collègue M. de Pachtere, qui sont à peu près rétablis de leurs blessursiS

PROCÈS-VEHBAUX DHS REUNIONS DE LA SOCIÉTÉ l I •<

lisl accepté coiniiH' iiiciiiIjic lilulairc :

M. le lieulcnant (juAPiMir, adjoint au ('.oiiiiiiaïKlaiil militaire (In IViriloirt- d Aïn-Scfra, [)rt''.xt'iil('' dans la dernière séance.

Le Coniilé décide de suspendre joutes relations avec les Sociétés correspondantes Austro-Allemandes.

Par circulaire, M. le Ministre de rinstruclion l'uMique nous annonce que le Gonyrès des Sociétés Savantes, qui devait se tenir à Marseille, en avril 191;'), n'aura pas lieu.

Le Président fait savoir au Comité que le Bulletin est à peu près terminé et qu'il pourra être distribué sous peu.

Après examen de la situation crét'e à la S(x;iété par les événements, la séance est levée à 6 heures 9.0 minutes.

Le Secrétaire général, Le Président,

Signé : BÉRENGKR. Signé : DOUMERGUE.

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

SÉANCE DU I®"" FÉVRIEB TOT 5

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. L)oumergue, Flahault,

BÉRENGER, PoCK, ToURMER, DaNGLES, KriÉGER, LExMOISSO.N.

Absents excusés : MM. Général BaschuiNG, Arambourg, Huot, DE Pachtere, Roux-FreyssinExNg, mobilisés ; Dupuy, Abbé Fabre, Levain, Pérez, René-Leclerc.

Absents : MM. Déchaud, Lamlr, Pellet, Pontet, Pousseur, D"^ Sandras.

Le procès- verbal de la séance du li janvier est lu et adopté.

Avant d'al>order l'ordre du jour, le Président nous confirme la mort de trois de nos sociétaires tombés au Champ d'honneur. Ce sont : MM. le colonel Malrv, le héros de Menabha, bien connu, en outre, par ses recherches géologiques dans le Sud- Oranais ; le commandant Cottenest, le distingué chef des Affaires Indigènes à Casablanca, et le capitaine Aubert qui avait quitté depuis peu Bou-Denib, à l'occasion de sa récente promotion.

Le Comité s'associe aux regrets exprimés par le Président.

8

114 PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DE LA SOCIÉTÉ

Lecture est donnéL' d'une lettre de M. le général Heures, qui remercie pour les félicitations qiii lui avaient été adressées et assure la Société de tout son dévouement.

Le Président annonce que M. le Gouverneur Général a bien voulu renouveler, pour i\)ià, mais à titre exceptionnel étant donné les circonstances, la subvention annuelle de 5oo francs.

Le Comité, très touché de cette marque de bienveillante sollicitude accordée à notre Société, s'associe aux remerciements transmis à M. le Gouverneur Général par le Président.

Le Président nous fait part d'une bonne nouvelle. La construction de la ligne ferrée à voie large entre Zoudj el Beghal et Oudjda est commencée. En outre, le chemin de fer à voie étroite du Maroc Oriental vient d'être ouvert aux transports des voyageurs, jusqu'à ïaourirt. C'est le commen- cement de la réalisiation du vœu de tous ceux qui voient dans le rail le meilleur instrument pour unifier notre Afrique du Nord. Le département d'Oran pourra, bientôt, être, relié plus étroitement au Maroc.

Avec le compte administratif provisoire, le Trésorier présente un projet de budget pour l'année iQiS.

Après examen et discussion, ce projet de budget, qui ne peut être, cette année, qu'un budget d'attente, le Comité accepte les chiffres proposés.

Projet de budget de 1915

Recettes

Cotisatioas . 3 . 6oo »

Subventions 960 »

Arrérages (3oo »

Dépenses

Bulletin 2 . 4oo »

Affranchissement du Bulletin i5o »

Frais de recouvrement .^ 200 »

Frais d'expédition et de correspondance du Bureau. . 100 »

Imprimés et frais de bureau 100 ))

Frais d'élections (imprimés et affranchissement) . . 100 »

Reliure et brochage 100 »

Prix 5o »

Conférences 5o »

Abonnements et achat d'ouvrages i5o »

Concours 3oo »

Provision pour recherches archéologiques 5o »

Loyer fifio »

Impôts, éclairage, assurance, entretien 200 »

Traitement du gardien 36o »

Dépenses imprévues 180 »

Total 5 . 1 5o ))

PROCÈS-VBRBAUX DKS RÉUNIONS DE LA SOCIP^TÉ 1 1 -^

]a' lilid^fl se liiiliiiicf. iMi iccfltcs il (lt'|icns('S, à la s<tiimic de B.iTx) francs ; mais, a\t'c iiiic (lirtrrciicc m iiir)ins <le i.if»! francs |»;ir ra|)|>(iil à celui Ai' ii)i'i. Des ('c(ini>niics scn»nl rcali>;»'M'< siii" les (l(''|ifriscs du Hullrlin cl les crédits non ntilisi''-« |ici incllrdiil de relevei ceux des chapitres les |)lns inipdrlants.

Sauf eni|»è("heinent nialt'riel, le Bnllelin. (jnel<|ne [len réduil, paraîtra ré^fnliènMuenl.

\ ce snjel, le PrésidenI l'ail connaîlic la c< imposition ilu hiillcliii (In i" Irimesire n)ir>. Il re;,n-ellc ipie rinsnffisitnce des ressourci'S ne pciinelte |»as de joindic, anx travaux [tnliliés, les intérej^sanles illnslralions qni devaient les aeconipapner.

En lin de *éanrc, le Comité, après nn [»remier éclian^rc de vues, décide de nieltie à l'ordre dn jonr de la prochaine séance, la ipieslion de la date des élections i>onr le renouvellenieirt tiieinial.

L'ordre dn j'inr étant épuisé, la séance est levée à 7 heures

Le Secrétaire (jénérnl, Le Président,

Siffné : BI^RENGER. Siçné : DOUMERGUL.

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF SÉANCE nr i" Mars 1916

Présidence de M. Doumergi'f., président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doimergue, Flaiiait.t.

BÉRENC.ER, POCK. ToURMER, DÉCHArD, DuPUY, KrIÉGER,

Le MOISSON.

Absents excusés : MM. Général Rasciiung, Arambourg, Hi'ot, DE Pachtere, Rot'x-Freyssineng, mobilisés ; Dangt.es, Levain, Pellet. Pérez, Renf.-Leclerc.

Absents : MM. Abbé Fabre, Lvmtr, Pontet, PorssEi'R, D"" Sandras.

Le procès-verbal de la séance de février est lu et adopté.

\vant d'aborder l'ordre dn ,iour, le Président présente, au nom du Comité, ses bien vives condoléances à M. Flaiiailt. vice-président, qni a perdu sa mère depuis la dernière réunion. M. Flahatilt remercie ses collègues des marques de sympathie qu'ils lui ont témoignées en cette douloureuse circonstance.

M. DouMERGUE rappelle que notre collèg^ie, M. Dangles. vient d'être inscrit au tableau d'avancement pour le grade de

416 PBOCÈS-VERBAUX DES BEUNIONS DE LA SOClÉxé

topographe principal de 2^ classe ; il lui adresse, au nom du Comité, ses bien vives félicitations.

Sont proposés comme membres titulaires :

M. Noël A. H., capitaine, Chef de Bureau des Affaires Tndi- frènes à Méchéria, présenté par MM. Doumergue et commandant Bérenger.

M. SoiJGNAc, professeur au Lycée de Constantine, présenté par MM. Cour et Doumergue.

Le Président nous annonce qu'il a reçu, pour 1915, la subvention que M. le Haut Commissaire du Maroc Oriental veut bien accorder annuellement à la Société. Le Comité s'associe aux remerciementSi adressés par le Président.

Elections. En prévision d'élections possibles et conformé- ment au règlement, il a été demandé, dans le courant de février, aux membres du Comité soumis à la réélection en 1915, s'ils accepteraient le renouvellement de leur mandat.

M. Levain, fixé définitivement en France, demande à être remplacé. MM. Bérengeti, Dupuy, Pock, Pérez, Boux-Freyssi- NENG. René-Lect.erc, Tourivier, membres sortants, acceptent d'être candidats.

Le Comité aborde la question incrite à l'ordre du jour : En raison des événements n'y aurait-il pas lieu de remettre le renou- vellement triennal à plus tard ?

Après examen des avantages et inconvénients, le Comité décide de remettre les élections au mois de mai 1916, suivant en cela l'exemple des grands groupements de la ville d'Oran. Toutefois, pour respecter l'esprit des statuts,, les membres dont le mandat était renouvelable en 1915, ne seront élus que pour deux ans, en 1916. II y aura donc, au mois de mai 1916, à élire 8 membres pour 3 ans et 8 membres pour 2 ans.

Le Comité décide l'achat des publications relatives à la guerre éditées par les maisons Haichette et Armand Colin.

Concours. Le Comité décide que lès concours de Mono- graphies de communes ne seront pas interrompus. Les manus- crits devront panenir le 3i mars i9Tri. Les autres sujets seront fixés lors de la prochaine séance qui csl fixée au deuxième lundi d'avril.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 heures 45.

Le Secrétaire (jénéral. Le Préndent,

Signé : BÉRENGER. Signé : DOUMERGUE.

Lieutenant Colonel WIAURY

Mort au Champ d'Honneur !

\h\ (le nos soc la ires., cl non des nioindics, vicnl encore de disparaître dans cette terrible tourmente t^int de fils de notre lii'llr France nieiireut |»<)nr la Patrie.

l-c lieuteMant-colonel Mann était ne à l^iven (Moi lijlian). Kils d'un facteur de village, il se destina à renseignement et entra à rtcole normale primaire de Vannes.

Appelé à accomplir l'année de service réglementaire, il fut distingué par ses chefs qui l'engagèrent à rester à l'Armée. Ce ((u'il fit. Deux ans ajnès, il entrait à Saint-Alaixent. Il sortit premier de sa promotion. Désigné pour la Légion, il fit la plus grande partie de son service dans l'Extrcme-Sud Oranais, il se distingua par plusieurs actions d'éclat.

Il était déjà capitaine et chevalier de la Légion d'Honneur, lorsque le combat de Menabha le mit définitivement en vedette. Ce fut lui qui. le r(î avril 1908, à la tète de sa compagnie montée du ■>*" Régiment Kliangrr, fi a\ec Laide de la batterie du lieute- nant Gerbenne, sauva la situation de la colonne Pierron, en emportant d'assaut le mamelon du haut du(piel les ennemis dominaient a\ antageus(>menl le camp. H s'i 11 tira axcc deux ltle.<- sures légères et la capote trouée par une douzaine de balles. Après im court séjour à l'Hôpital d'Oran, il rejoignit. sa chère compagnie. Sa brillante conduite ne tarda pas à être récompensée.

Promu commandant après trois ans de grade, il se trouva un des plus jeunes officiers supérieurs de l'Armée française. Nommé à Cherbourg, il passa ensuite nu 8>* d'Infanterie à Tours, le trouvait la déclaration de guerre. Il était déjà proposé pour le grade de lieutenant-colonel.

Il parfit à la tète du « bataillon de fer i> (pi'il avait formé en vue de cette guerre, « qui devait, disait-il chaque fois qu'il nous écrivait, éclater cette année ». Sa conviction inébranlable était qu'on « les battrait ! » 11 avait foi au succès, il avait confiance en son étoile qui, dans toutes les circonstances périlleuses, l'avait préservé de la mort.

118 NÉCROLOGIE

TTôlas ! cominr tiiiil d'iuitrcs, il n'iniiil |)as assez romptr nxcc les effets de la mitraille, tenant les bail on net tes à distance. Le 20 août, il était blessé de denx balles et évacné snr Dijon. Sa ^niérison lut rapide. Le 17 septembre, il rejoignit le front. De ce jour est datée la dernière lettre qu'il adressait à un ami com- mun, lettre 011 il traduit son état d'âme et exprime tous ses espoirs. (( La guerre, écrivait-il, est certainement une chose terrible ! mais que de belles choses elle nous permet de voir. Comme on se sent réconforté par les nobles élans de toute une nation ! Quelle belle renaissance va éclore après ïa guerre... )'

Hélas ! il ne sera plus pour contempler la moisson <ju"il voyait déjà dorer celte noble terre de France, si abondamnienl arrosée du sang de ses enfants !

Grièvement blessé en novembre, il succomba à ses blessures. Sorti des rangs il mourait, à 4<'> an.s, lientenanl-colonel, peut- être même colonel, joignant son nom à la liste de « ceux qui, pieusement, sont morts pour la Patrie ».

Mais, des phalanges de héros obscurs qui tombent glori(Mise- ment sur les champs de bataille de France et de Belgique. la mémoire de Maur\- s'élèvera au-dessius de la gloire commune ; le nom du héros de Menabha restera inscrit au Livre d'Or des Fastes de la conquête de l'Extrême-Sud Oranais.

Le lieutenant-colonel Maur\' ne fut pas seulement un soldat, il fut encore un homme de science et, à ce litre, il a aussi droit à notre admiration et à notre reconnaissance. De bonne heure il avait pris goût à la géologie et, lorsque la vie des camps lui laissait dos loisirs, il cherchait des fossiles. Mis en éveil par la première découverte, en mai 1907, de terrains houillers, ])ar -M. Flamand, dans les environs de Kenadsa, il s'attacha au pro- blème de la houille. Six semaines après, en faisant creuser des puits et ouvrir des chemins, il îuettait au jour le gisement fossi- lifère de Guelteb Sidi Salah et, peu après, avec le concours du lieutenant Huot, les magnifiques gisements de Ghorassa et de Haci Ratma, les lits de houille étaient indéniables. Grâce à l'énorme quantité de matériaux recueillis et distribués par Maury, l'existence du terrain houiller sur une vaste étendue au Sud de Colomb-Béchar fut définitivement admise.

La mort de Maury a donc été une double perte pour la Patrie et pour la Science. Puisse son sang n'avoir pas été versé en vain !

.\u soldat loyal et valeureux, à l'homme de science, à un grand ami de l'Algérie, j'adresse le salut de la Société <h Géngjvphie et d'Archéologie d'Omn et, à l'ami personnel, le souvenir ému de nos affectueuses relations.

F. DOUMEKGUE.

I

ISÉCROLOCIK ll'J

Commandant COTTENEST

Mort au (ïhanip d'HoniKMir !

Encore un vide cniol (juc ccUf mort laisse dans le corps de nos ofliciers d'Afri(|ue cl dans les rangs (l(; noire Société de. Ciéograpliie.

Le coniniandanl Çollenesl était né, en iiS-o, à liergues (Nord). Klève du Prylanée Militaire de la Flèche, il s'engageait en iSHcj el cuirait à l'Kcolc M ilihiirc (rFnraulcric eu i^[}.'i. I'"n iS()ô, il élail uouiuié sous-lieutcuaut, eu i8t)7, lieutenant. Afiecté à l'Armée d'Afri(|ue, il (^ouuuaudai^, en 1902, le maghzen d'In-Salah, lorsque les Touareg lloggar pillèrent deux caravanes de gens du Tidikclt, qui nous étaient soumis. Cottenest fut chargé de la poursuite. Quelques jours après, il infligeait aux rebelle* un sérieux châtiment et s'en tirait, pour son compte, avec une blessure légère.

Promu capitaine, en 1904, il passa à la Section des \l'faires Indigènes de la Division d'Oran et fut fait chevalier de la Légion d'Honneur, en 1905.

En 1908, il revint dans l'Extrème-Sud comme chef d'Annexé à Beni-Abbès. Après un court séjour dans ce poste, il fut appelé en France, d'oii il ne tarda pas à revenir dans l'Afrique du Nord. Vers 1910, le général Lyauley, qui avait eu l'occasion d'ai)précicr ses qualités, l'appela au Service des Renseignements du Maroc Occidental. Placé d'abord à la tète du poste de Casbah ben Amed, il fut bientôt nommé chef du Service des Renseignements de Casablanca, il était encore quand la guerre éclata.

Que devint-il depuis ? Comme pour bon nombre de ses camarades qui, comme lui, sont tombés face à l'ennemi, les renseignements sont restés vagues. La nouvelle de sa mort resta longtemps douteuse et nous n'avons pu savoir en quelle circons- tance il fut promu chef de bataillon. Ce dont nous sommes convaincu, c'est (pi'à la tète de « ses Marocains », il fît vaillam- ment son devoir.

Le commandant Collenest n'était pas seulement un soldat, il s'intéressait à toutes les œuvres qui, en Afrique, complètent l'oMivre de l'oflicier combattant. A ses heures de loisirs, il ne dédaignait pas d'écrire.

120

NECROLOGIE

En igoS, il puMiail, sous le lilre : D'In-Salali au Iloggur, le récit tlélailli' de son (•\[)é(lifi()n ((uitic les Touareg Hoggai- ;

En 190O, étant à Maruia, uue Etude historique sur le Service des Affaires Indi(i('nes cl lu f'.nlonisaiion en Algérie, travail qui ne paraît pas avcdr été terminé.

En Chaouïa, il aida à l'organisation du Service niéléorologi(jue et favorisa l'élude des questions/ d'ordre économique. Il fit béné- ficier notre Bullelin des premiers résultats obtenus, les plus intéressants.

Dans tous les postes qu'il occu[)a, le commandant Cotlenest se montra donc un des plus intelligents et des plus dévoués collaborateurs de l'œuvre pacificatrice de la France au Maroc.

Aussi la perle de cet officier de valeur a-t-elle été vivement ressentie par tous ceux (pii avaient pu l'apprécier.

La Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran s'incline bien bas devant le soldat tombé glorieusement sur le champ de bataille et salue avec émotion la mémoire du collègue qui lui était très attaché. Elle s'associe au deuil de tous ceux qui le pleurent.

POL:ii SKHVIK A

ITIiôtoire des Hamyan

LA RÉGION QUILS OCCUPENT ACTUELLEMENT

AVANT-FROPOS

Les Ilainyan I

Pour tous ceux (jui oui séjourné dans le Sud-Oranais, à l'épo(jue liéioïque, ce nom sonne en fanfare guerrière, faisant éciore des visions de chevauchées superbes et d'exploits de guerre splendides !

Partout, dans notre marche progressive vers le Sud, on rencontre ces rudes cavaliers, rapides, légers, alertes, toujours prêts au combat, capables de tous les efforts et susceptibles de tous les dévouements, si le chef français qui les commande a su gagner leurs cœurs par son énergie, sa vaillance et sa justice.

Ecrire leur histoire ne saurait être l'œuvre que d'un lettré ou d'un poète, car seules, des chansons de gestes conviendraient à leurs hauts faits.

Orgueilleux, frivoles, peu religieux, ils sont avant tout impulsifs.

Ils aiment le combat pour lui-même, ne craignant pas le danger, mais surtout adorent le pillage, la razzia, non seulement pour le prolit qu'elle leur donne, mais aussi pour le triomphal retour au douar qui la suit, oii les youyou (les femmes remplissent leur cœur d'une joie vaniteuse l't leur font espérer d'amoureuses aubaines, car sous n'importe quel ciel, la Victoire auréole le Guerrier d'un nimbe (pii fait naître la Passion.

Quoique relativement peu religieux, les Hamyan redou- tent les marabouts; ils les entretiennent avec une constance étonnante, car ils craignent leurs sorcelleries ; le cas échéant, ils peuvent même être poussés à les suivre dans des voies fâcheuses pour notre cause.

9

1:^2 DOCUMENTS POLR SERMR A l'uISTOIRE DES HAMY \N

Grands nomades par excellence, leurs douars se dépla- cent sans cesse à travers les immenses steppes où, par nécessité, nous les obligeons de vivre, malgré le manque d'eau et les conditions défectueuses d'existence qu'ils ^ rencontrent.

Seule, la ligne étroite et rude du Djebel Anlar, continuée par le Djebel Bou Kliachba et le Djebel GuelUr, rompt vers l'Est la monotonie de cette immensité qui semble déser- tique et où, par un de ces hasards que prodigue la Nature, les moutons trouvent cependant le moyen de vivre, de se nmltiplier et de rapporter.

Les Hamyan sont possédés de la passion du mouvement, presqu'autant que de celle de la razzia.

L'hiver les voit au Gourara, l'été vers Tlemcen et SebdcMi, le printemps et l'automne seuls les ramènent à peu près sur le territoire du cercle de Méchéria, transhumant sans cesse à la recherche de pâturages.

11 y a peu de temps encore, c'était sur un perpétuel (jui-vive, l'œil aux aguets, le fusil en travers de la selle, que les chefs de tente effectuaient leurs déplacements.

Ayant sans cesse quelque compte à régler avec leurs voisins, quelque revanche à prendre, quelque represaille à exercer, ils devaient veiller toujours et leur œil habitué distinguait, dans le lointain des grands horizons, l'ami ou l'eimemi qui pouvait être proche.

Aujourd'hui, que nous avons établi la sécurité dans toute cette région, le Hamyani engraisse, il prend des allures de marchand et commence à savoir commercer comme un Juif.

Il est temps d'écrire son histoire, car il va sombrer dans la médiocrité qu'apportent le bien-être et les conditions meilleures de l'existence.

G'est pourquoi nous avons rassemblé les documents susceptibles d'aider un jour celui qui, vivant en poète, se sentira suffisamment amoureux des épopées et qui con- naîtra assez ces féodaux pour chanter leurs hauts faits.

Nous avons pensé qu'il ne serait pas inutile.de rechercher qui les avait précédés sur cette dure terre des Hauls- I-'Iateaux ; mais ce que nous avons pu recueillir à ce sujet n'est guère que de la u préhistoire ».

Tels quels, ces renseignements ont leur intérêt et notre travail nous aurait semblé incomplet si ntjus ne les avions pas mentionnés.

DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES HAMYAN

et de la Région qu'ils occupent

PREMII^HF PAHTIE

CHAPITRE I LES OKKilNES. L'OCCUPATION ROMAINE

Dans leur géographie africaine, les Romains appelaient <( Gélulie » la contrée située au Sud de la Numidie et de la Maurélanie et formant la région existant entre le Tell et le Sahara, qui comprend les Hauts-Plateaux. Les Hauts- Plateaux oranais faisaient donc partie de cette division de l'Afrique Septentrionale.

Sous le nom générique de « Gétules », on comprenait les peuples de la première race, qui devaient donner naissance aux Rerbères Sanhdja et Zénètes, ainsi qu'aux diverses peuplades Touareg : ils ne formaient pas un ensemble, mais étaient simplement groupés en familles.

Les Hauts-Plateaux ont, aux époques primitives, maïqué la limite entre deux races très différentes : <( Deux groupes, dit M. Tissot, ont, à l'époque la plus reculée,^ peuplé le massif atlantique ; l'un remontant du Sahara vers le Nord, l'autre descendant de ri'AHope méridionale vers le Sud. Tel paraît être le fond primitif de la race berbère, et nous y distinguons dès ce moment les deux éléments ethniques dont on retrouve la trace dans les traditions des âges suivants, comme on les leconnaîl encore dans l'anthropo- logie africaine, une rarr brune européenne et une race blonde algérienne '. »

I II a jusqu'ici été impossible d'établir si la race berbère était d'origine ;ir\enne ou d'origine sémitique, mais il est probable qu'elle a subi ces deux influences.

124 DOCUMENTS POIR SERVIR A l.'lITSrOIRE DES IIAMYAN

Cette différence s'aeccnlua encore dans la suite Les liabilants du versanl scpIcnUional reçurent, en effet, l'empreinte des civilisations qui les niodilièrent peu à peu. Ils connurent les Phéniciens, les Grecs, les Carthaginois, les Romains, les Byzantins, les Espagnols. C'est aussi sur eux que pesèrent le plus lourdement les invasions des Vandales et des Arabes, ainsi que la dominalion lurque.

Les habilanls du versant méridional, au contraiic, paraissent avoir été à l'abri de tous ces bouleversements. Indépendants, les Gétules menèrent de tout temps une existence sauvage partagée entre l'élevage des troupeaux, les luttes contre leurs voisins et les incursions dans le Tell. Leurs efforts furent isolés, et le brigandage forma une de leurs principales ressources.

Cartilage trouva en eux des auxiliaires dans sa lutte contre Rome. Lorsque LIamilcar passa en Espagne, en suivant la côte, des Gétules se joignirent à lui, et, dans cette armée considérable qu'Annibal emmena à la Trébie, à Trasimène, à Cannes, ils combattirent à côté des Gaulois, des Ethiopiens, des cavaliers numides et des Frondeurs des Baléares. 11 est certain que ceux des Hauts-Plateaux oranais, apprenant le passage de ces masses imposantes d'hommes, d'éléphants, de bagages, tinrent grossir leur nombre. De telles expéditions, dans de riches contrées et commandées ])ar des généraux réputés, leur promettaient des occasions de [)i liage qui suffisaient à les attirer.

Il est impossible de savoir la part exacte qu'ils prirent aux guerres de Massinissa, de Jugurtha et des Rois de Maurétanie, mais il est certain que leur concours ne fut chaque fois que momentané et isolé ; soit que la défaite menaçât leur allié, soit que le succès leur eût assuré un riche butin, ils s'empressèrent toujours de revenir sur les Haut s-Plat eaux poiu' y reprendre leur existence indépen- dante.

L'occupation romaine se fit lentement de l'Est à l'Ouest ; sous Claude, l'Afrique était divisée en quatre provinces : la Proconsulaire (Tunisie actuelle), la Numidie, la Mauré- tanie Césarienne et la Maurétanie Tingitane. Alais si les tribus du Nord paraissaient se soumettre au joug des Romains, il n'en fut pas de même des Gétules. Ceux-ci, renuiants et pillards, étaient restés, depuis Toiigine des temps, sans progresser sensiblement et se (uontraient rebelles à toute idée de civilisation.

DOCUMENTS POUR SERVIK A u'illSTOIHK DES IIAMYAN 125

Les Romains ourent à lutter pour repousser leurs iiuur sions dans le Tell, s'était développée à cette éporpic une prospérité inouie. Ils construisirent dans ce bul, aux litnilcs de la région colonisée, des « castella ou burgi i< et y installèrent des troupes composées en majeure piirlio d'indi<2(Mics fauxilia) ; ces posles étaient placés de façon à comniandcr les passapres dan^^ereux et à surveiller les routes par lescpielles les pillards pouvaient déboucher. Ces ofarnisons ne se contentaient pas de rester sur la défensive, mais elles se mettaient à la poursuite des assaillants cl s'engagreaient derrière eux dans le désert ; elles furent amenées à faire de véritables colonnes dans cette rés^ion. (^est ainsi que, sous Claude, les Maures de l'Ouest s'étani révollés, le général Suétonius-Paullinus jngea ne pas devoir s'airêler après un demi-succès remporté sur eux ; j)()ur leur donner une leçon sérieuse, il se lança à leur poursuile dans des régions ju?(]u'alors inconnues et poussa, dil-on, jusqu'à l'Oued Cuir. Dans cette expédition, il uti- lisa ce ((u'(m appelle aujourd'hui les « Coums ».

Les Romains, comme on le voit, ne firent que de l'occu- pation restreinte. Ce système* devait être précaire malgré le déploiement d'un appareil formidable pour l'époque et malgré les pointes Tiardies lancées jusque dans le Sahara. Il ne suffisait pas de renforcer les postes, de les reporter même plus au sud : comme devait le dire beaucoup plus tard Bugeaud : " la paix définitive de l'Algérie est dans le Sahara ». Les tiibus nomades se massaient à la limite du déseï t et tous les efforts faits par les Romains pour contenir les Cétul(>s ne les empêchèrent pas de s'avancer continuel- lement, par un mouvement lent et irrésistible, vers le Nord.

Lorsque l'Empire Romain entra dans la période de la décadence, par groupes isolés, ils s'étendirent peu à peu dans le Tell à mesure que la puissance impériale s'affai- blissait, rrest d'ailleurs une tendance naturelle que l'on constatera souvent chez les tribus des régions désertiques.

Lor'^qu'à l'anarchie politique vint s'ajouter la guerre religieuse qui acheva la ruine de la domination romaine, la tentative de colonisation et la vie agricole tentées aux limites des Hauts-Plateaux disparurent bientôt pour faire place aux anciennes mœm's des peuples pasteurs. Les indi- gènes avaient r(>pris leiu' vie propre quand arrivèrent les Vandales.

Il est certain cependant que la Civilisation Romaine

126 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

pénétra chez quelques tribus barbares ; au vf siècle, en effet, sous les derniers rois Vandales, existait au Sud du Tell oranais un royaume indépendant que gouvernait Masuna, avec le titre de « Roi des Maures et des Romains » ; sur un monument élevé à propos de la construction d'un château-fort, on a découvert une inscription rédigée en latin et datée par l'ère de l'ancienne province (anno pro- vincias), et l'on y a retrouvé les formules dont on se servait pour les Césars « Pro salutate et incolumitate ».

CHAPITRE 11 LES VANDALES ET LES BYZANTINS

Au mois de mai 429, les Vandales avec leurs alliés, Alains, Suèves, Goths et autres Rarbares, passèrent le détroit de Gibraltar et débarquèrent en Afrique. Sous le commandement de Genséric, ils se mirent en marche vers l'Est. Traversant, comme une trombe qui détruit tout sur son passage, la Tingitane, les Maurétanies et la Numidie, ils entraînèrent avec eux une foule, d'indigènes aux yeux desquels ils représentaient un heiueux élément de désordre. Tl est possible que comme dans toutes les circonstances semblables qui se présentèrent, des groupements sortis des Hauts-Plateaux oranais les suivirent. Trop longtemps contenus, ils trouvèrent une occasion de dévaster encore le Tell et d'anéantir à leur profit les derniers vestiges de la colonisation romaine.

Genséiic, maître de l'Afrique septentrionale, fît raser toutes les fortifications et divisa son empire en cinq pro- vinces, parmi lesquelles la Gétulie, comprenant le Djerid (région d'oasis au Sud de la Tunisie") et tous les pays méri- dionaux. Les Vandales ignorèrent toujours les Hauts- Plateaux oranais et ne prirent aucune précaution contre le brigandage de ses habitants. Dans cette occupation éphémère, ils n'atteignirent jamais la région des Chotts

DOCTEMENT? POT'T? SFRMn A t'iTTSTOîRF DFS Ff \l\n'AN 127

or.innis, fions I;M(U('llr cokiiiic imiis l"iiv()ns \ii, il p\i«:(rnt ;ni \ i*" sirclc un loy.innic i n(l('[)cti(l;inl (pir- ^ninvctniiit. Mnsun.i.

Tnipnis<;inls fi nssnrcr l'ordir dans cet immense onipiii' quo rionsriic avaif mis pon do tomps n conquérir, ses snreessours eurent à supporter plusieurs révoltes des Ber- bères : ils en fnirnf vite réduits à la seule possession du litl<^ral et rerlaines tribus Cétules profileront do ootfo poiiode troublop pour aller se fixer dans le Toll.

T/anaiebio était complète quand Justinien sonfjea à intervenir on Afrique pour restaïuvr la Province romaine autrefois si prosjioi'o. Kn l'espace d'un an, Bélisaire dispersa ces Vandales qui, après la conquête, n'avaient pas su orga- niser, mais s'étaient lancés dans des courses aventureuses on Italie et dans les îles de la Méditerranée. Dans les ins- tructions qu'il donna, l'Empereur disait : (( Que nos offî- (( ciers s'efforcent, avant tout, de préserver nos sujets des « incursions do l'ennemi et d'étendre nos provinces <' jusqu'au point oi'i la République Romaine, avant les (( invasions des Maures et des Vandales, avait fixé ses « frontières. »

Mais la situation du pays était profondément modifiée car la population berbère avait reconquis peu à peu un.' partie des territoires abandonnés par. les colons et n'était nullement disposée à les restituer. Rien au contraire, l'élément indio-èue se resserrait de toutes parts, se léu- nissait mome en corps de nation en face de l'occupation étrangère. Celle-ci ne s'étendit jamais au-delà des limites de la province do Constantine et encore cette réofion fut-elle on état do rébellion poinianente.

Zénètos de la première race. La province d'Oran ne connut donc jamais les Ryzantins et. quand leur domina- tion disparut devant l'invasion arabe, il existait, au Sud de Tlemceu et sur les Hauts-Plateaux, dans le Maghreb central, une tribu berbère, k les Trnianes », qui vivait dans une complète indépendance. Les détails manquent sur son orifrine et sa constitution ; on la rattache aux groupes des anciennes tribus Zénètes issues des Gétules.

128 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

CHAPITRE m

L'INVASION ARABE

ET LES ZÉNÈTES DE LA PREMIÈRE RACE

Après l'entrée de Mahomet à la iMecqiic, l'islamisme était fondé. Par la persuasion ou par la force, les Arabes durent adopter le nouveau culte, et la Guerre Sainte, imposée à tous les croyants comme une stricte obligation, allait ouvrir la voie aux conquêtes. Les nouveaux convertis trouvaient d'ailleurs dans leur prosélytisme la satisfaction d'une de leurs passions favorites, le pillage. Il n'est donc pas surprenant que la religion mahométane ait fait de si rapides progrès. En peu de temps, l'Irak, la Mésopotamie, la Palestine, l'Egypte, la Tripolitaine, l'Ifrikiya, tombèrent au pouvoir des Arabes. Ils fondèrent Kairouan et c'est do cette ville qu'ils partirent pour entreprendre la conquele du Maghreb.

Deux expéditions paraissent seules s'être aventurées jusque sur la région des Hauts-Plateaux oranais ; celle d'Okba, en 68 1, qui s'avança jusque dans le Maghreb extrême après avoir battu les Berbères devant Tiaret et qui, parvenue dans le Sous, revint vers Biskra en passant par le Zab ; et celle de Moussa ben Noceir, en 706, qui porta ses armes victorieuses jusqu'aux oasis de Sidjilmassa.

En un peu plus de cinquante ans, fut consommé l'asser- vissement du peuple berbère aux Arabes. Mais les Zénètes, tout en se laissant extérieurement arabiser, restèrent berbères comme les autres tribus ; sinon par conviction, du moins par cupidité, ils suivirent en Espagne et en Gaule leurs vainqueurs, qui croyaient éprouver l'ardeur de lems néophytes en les employant comme auxiliaires dans !a Guerre Sainte.

Les Berbères ne furent pas le seul obstacle que rencon trèrent les Arabes dans le Maghreb ; il existait, en effet, depuis plusieurs siècles dans cette contrée, une race Tudeo-

DOCUMENTS POUR SERVIR A r,'lIISTOIRE DES HAMV^AN 129

Rorbèro : dos fribiis juives venues, supposc-t-on, de l'Ara - bie par l'Etblopio, émi<?rrront succossivement fn Cyré- naïqiio, on lAbir ; les Emporcuis byznïitins les expulse rent de l'Tfrikiya. Pour fuir la perséeulion dont elles étaient l'objet, b(\'iuroup d'entr'elles se réfufrièrent dans les massifs nionlaoneux : marclianl vers le Sud-Ouest, les fraelions d "avant-^arde de ce mouA-^ement, les Mediounn et les Koiiima allèrent échouer à Tlemcen et sur le Plateau central de la province d'Oran. De là, elles s'étendirent, d'une part, jus({u'au Sahara et au Soudan, jusque dans le Alairlireb extrême, d'autre part. Cette race, supérieure à la race berbère, fouinit à celle-ci des chefs dans la lutte cr)ntre les Arabes, et, ainsi que l'affirme Ibn-Khaldoun, Dahia. Cette femme remarquable, (fui tint en échec Kl ïTaçane, était d'orio^ine juive, comme l'indique son surnom de <( La Cahena ».

Ces deux éléments, soumis en apparence, n'attendaient qu'une occasion pour se révolter. Les Zénètes, en parti- culier, poussés par leur esprit de résistance à l'envahisseur, étaient tout disposés à accueillir les hérésies qui divisèrent l'Islam ; ceux du Sud-Oranais, après un semblant de con- version, se rallièrent au Kharedjisme de la secte Sofrite, ((ui comy)tait beaucoup d'adeptes dans le Masrhreb extiéme. L(^s Arabes, d'ailleurs, au lieu de s'attacher ces nouveaux convertis, les traitèrent en vaincus. Non contents de leur enlever leurs filles, de décimer leurs troupeaux, ils firent des expéditions jusqu'au Sous et dans l'Extrême-Sud, d'ofi ils ramenèrent de riches butins et un nombre considérable d'esclaves ; ils voulurent enfin, outre les impôts ré<ruliers. prélever de lourdes contributions sur les populations La colère des Berbères, trop lon<^temps contenue, amena des soulèvements continuels à la fois relioieux et nationaux.

Le premier éclata en 7^0, dans le Mao-hreb extrême ; Meceiia en fut le promoteur ? Dans une bataille qui fut appelée la « journée des nobles », le succès des Berbères fui décidé pai' l'aiiivée de renforts Zénètes, commandés par Khaled b(>n TTarnid, et pai^mi lesquels fio-uraient. sans nul doute, des Irnianes. Lo mouvement s'étendit en Ifrikiya el en Lspaofne. \ partir de ce moment, le IMaofhreb demeura en réalité complètement indépendant et le Kharedjisme, au lieu d'étie une forme d'hérésie, devint une adaptation Iles vao-ue des préceptes de l'Islam, faite difféi'emmeiit par chaque tribu.

Les révoltes se succédèrent alors d'une façon coiilinue

130 DOCUMENTS POIJB SERVIB A l'hTSTOIRE DES HAMYAN

fliaqiie fois que les Berbères sentirent faiblir l'autorité ni'ab(\ A deux reprises, Kaironan fut prise y^ar les Khared- jites, cl dans eette hitle, les Zénètes, Béni Tfrène, Magraoua, Irnianes aeeonrnrent du Maghreb central pour se joindre à eux.

Mais, au cours de ce réveil de l'esprit national berbère, on voit cette race abandonner l'état démocratique pour former de petites royautés. A Tiaret, une nouvelle cité fut bâtie, ofi s'installa la dynastie Bostémide ; les Béni Ifrène fondèrent Tlemcen ; les Miknaça formèrent, au Tafilalet, un royauame dont Sidjilmassa fut la capitale. Ces deux dernières Iribus furent trop faibles pour assurer leur doTii- nation et résistèrent avec peine aux entreprises des tribus des Hauts-Plateaux et du désert qui se déclarèrent bientôt, à leur tour, indépendantes.

Enfin, Edriss ben Abdallah fît d'Oulili (près Fez) le siège de la dynastie Fdrisside. Ce dernier empire était appelé à jouer vm rôle prépondérant dans le Maghreb. Les tribus des Hauts-Plateaux oranais restèrent en dehors de toutes les entreprises qu'Edriss fît sous prétexte de combattre le Kharedjisme ; elles furent au contraire, semble-t-il, le refuge des Kharedjites persécutés, que protégeait ouver- tement la dynastie de Sidjilmassa. Le fondateur de Fez f»e contenta de s'emparer de Tlemcen, oTi il installa son cousin et poussa jusqu'à La Mina.

Nous manquons de renseignements sur le rôle que jouèrent les Iribus des Hauts-Plateaux oranais, dans les mouvemenl'ï politicfues et religieux qui agitèrent, au x" siècle, le Maghreb. 11 est certain ffue cette région vit passer les expéditions dirigées contre Sidjilmassa, en particulier celle de Abou- Abdallah, en qoq, entreprise pour délivrer le Mehdi. Obeïdh Mlah, qui fonda en Afrique la dynastie Fatémide, et celle des Magraoua et des Béni Ifrène; en 975. Bou Yezid trouva aussi, parmi ces populations, comme parmi les autres tribus berbères, ses plus fidèles partisans avec lesquels il alla s'emparer de Kairouan.

*

* *

La deuxième invasion arabe ne fit que passer sur les Hauts-Plateaux oranais.

Les Almoravides, venus de la région du Haut-Sénégal,

DOCUMENTS POIR SFRMH A r'niSIOtRF DES HAMYAN 131

iillciuiiiKiil If T;ilil;il<'l cl sCmparôrciil de Sirl jilniHssa. Miiîlir tlii S(ni<. ils l)(iii-(iil('niit les Jirni Ifièiie <iii ToHIa, les Miismoiidit du hcicii d les lici f/liouala du liilural occidental. Voiissef l)f ii Taclicliii Iniula Maroc cl c fsl de (|ii'il [>arlil pour s'altacpici aux Magiaoua cL aux Mikuaça du Maghreb ccnlial. F.curs partisans les plus fidclcs dan> celle rcjunon lurent les Judéo-Berbères.

Quant aii\ Mniolnides, leur berceau tiil la partie du nrand Allas occu[)ée par les Masmouda. Ils eurent à lutter contre les Ahiioravides, au Mao-hreb extrême, et lorsque, ai)rès en avoir triomphé, ils voulurent étendre leur domi- nation du côté de l'Est, ils furent arrêtés par les \rabes llilaliens qui chassaient, devant eux, tous les Zénètes qu'ils rencontraient sur leur passage.

Zénètes de la deuxième race. A la suite de tous ces mouvements, nous trouvons, vers le milieu du xf siècle, les Irnianes refoulés des Ilauts-Plaleaux jusqu'à Sidjil- massa ; en même temps, la grande tribu des Ouacines, Zénètes de la deuxième race, apparaît à la lisière de cette contrée, s'avançant dans les déserts de l'Oranie ; elle a abandonner la partie méridionale de la province de Cons- tanline sous la poussée des Arabes llilaliens.

De l'avis de M. Piquet, on a attribué, à l'arrivée de ces nouvelles tribus, une importance (ju'elle n'eut probable- ment pas en réalité, au dél)ut tout au moins. Cette épocjue a marqué au contraire une renaissance de la vie propre berbère vl la prépondérance d'une nouvelle race : Sanhadja et Zénètes de la seconde race. Néanmoins, nous devons reporter toute notre attention sur cette dernière invasion aiabe, car, parmi les tribus qui la composaient, nous trou- verons certains groupements qui se sont fixés sur les Hauts- Plateaux oranais, vers le xui*^ siècle et dont quelques mis furent les ancêtres des Hamyan actuels. Nous allons suivre la genèse de leurs migrations à travers l'Afrique septen- trionale.

132 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

CHAPITHE IV

LES Zf]Nr/rKS 1)11 LA DEl Xir.ME lîACE ET LES HILALIENS

Les tribus des Beni-Ilil;!], iiiiisi (jiu; ('elles des Beni- Soleïm, étaient établies, vers l'époque des .\bassides, dans les déserts du Hedjaz. D'après Ibii-Khaldoun, elles se divi- saient en cinq fractions : les Athbedj, les Djocheni, les l\iah, les Zorba et les Makil ; parmi les Zorba, on trouve les Ilainyan i, (jui appartenaient à la grande famille des Yezid. L'état normal de ces tribus était le brigandage, elles ne [XM'daieni aucune occasion de se lancer dans le désordre, de prêter appui à tous les agitateurs et de rançonner les caravanes.

Poui' se débarrasser de ces nomades tuibulents, El Aziz les envoya d'abord Ciuilonnei' su]- la rive droite du Nil, dans le Saïd ou Haute-Egypte ; ils ne laidèreiit pas à rendre ce pays inhabitable et, pour y remédier, le khalife fnlémide les lança sur la Berbérie.

Il est ditricile d'évaluer approximativement le noud)re des envahisseurs de ces deux grandes tribus. Certains nuîeurs estiment qu'ils devaient être yri million, chiffre qu'il convient de diminuer eu laison des guerres qu'ils eurent à subir en Arabie el en Syi'ie. En réalité, ils n'.m raient compté à leur ariivée dans l'Ifrikiya rpic :j,oo ooo personnes, dont 4-^ooo guerriers. En raison des conditions meill(>ures qu'ils trouvèrent à leur arrivée en Beibérie, ils s'accnuenl rapidement et les tribus mères se >ubdivisèrenl dans la suite en un grand nombre de fractions.

Leur entrée. en Tunisie est définitive ajiiès.leuf victoire à llaïdéraue ' io53), piès de (Tabès, siu" El Moëzz. Maîlres (l(> Kairouan, ils signèreul ime Irève avec le soiiV(Main (ie

I Le niiin de celle Iribu a élé orthog^raphié de diverses façons par les ailleurs. De Slane l'écril « Hameïaii » et il ajoute que si l'on admet l'orlhographc ponniucc telle que les meilleurs inanuscrils la présentent, il faut le prononcer « Hameiyan ». L'orthographe admise aujourd'hui est celle de « Hamyan ».

nociMEMs \'oi H sKH\rn \ 1,'iiisroiiU': dks iiamya> 1^53

Tripiili cl ^c piirliii^rniil leurs coïKjuêtes. Les Zoiba ciirrnl [xiiir leur |);iil (liihrs cl lit icj^ioii ("ouipiisc cnlrc celle \iljc cl Tripoli.

(^)iiel(|ii('s aiiiiccs ii|)!cs, les /orba eiirciil à liiltcr coiilrc les hiali, leuis voisins. (Pliasses suceessis cinciit par eux de lou> K'urs (ei riloiies, ils abaudonnèrenl la Tunisie et énii ^lèienl dans le llodna et sur les IJauts-l^lateaux du Ma^lueb cenlial. Ils y menèrent la vie nomade et, eiitie leins mains, ces régions furent bientôt changées en soli- tudes ; les Makil, (pii les occupaient au|)aravant, se massè- rent aux en\ irons du Mont liached (Djebel Amourj.

Jusque vers le milieu du xif siècle, les Zorba guerro- \èi-enl conslammeni coidrc les Riah et les Alhbedj. A ce moment, l'armée en^allissante d'Abdel Moumene s'avan- Vait jusqu'à Bougie ; voyant instinctivement dans les Almohades des adversaires redoidables, les Ililaliens oublièrent leurs querelles et, sous prétexte de venger Yahia, (Ici niei' souverain llaminadite qui s était soumis a[)rès la prise de Constantine, ils se concentrèrent sur les versants de i'Aurès et de marcbèient sur Sétif. Ils se heurtèrent à l'armée d'Abdallah, iils d'Abdel Moumene. l)n combat acharné dura tiois jours ; le quatrième jour, les Arabes cédèrent sous la poussée des Almohades (jui les poursui- \irciil jusqu'à Tébessa. Quand Abdel Moumene fut rentré au Maroc, il reçut avec bienveillance les députations des tribus arabes venues pour lui offrir leur soumission, les Jlilaliens rentrèrent dans leurs douars chargés de présents et ramenant à leur suite les prisonniers de Sétif.

Les Djochem, les Riah, les Athbedj oublièrent vite leurs serments. En ii85, quand Ali Ben Rama se révolta contre les Almohades et s'empara de Bougie, ces tribus se jangè- rent sous sa bannière ; seuls, les Zorba demeurèrent fidèles aux souverains du Maroc (M défendirent le territoire méri- dional du Maghreb du milieu. Deux ans après, Abou Youssef vint rétablir l'ordre et poussa jusqu'en Ifrikiya. l'n chemin, il lallia les contingents des Arabes Zorba et, reiUré des territoires usurpés, il châtia avec la dernière sévérité les Arabes qui avaient soutenu son ennemi. Poui' les mettre dans l'inqxissibilité de nuire, il se décida à les exporter au Maghreb. 11 tixait ainsi l'élément arabe au cœur de la race berbère, ce (pii allait amen(>r une séri(^ de troid^les et affaiblir l'empire Mmohadc.

Lorsqu'il londja en i->tK), les Zorba étaient ainsi repu lis dans le Maghreb cential : les Yezid l'occupaient depuis le

134 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

Djebel Dira jusqu'au Dehous et à la vallée de l'Oued Sahel.. touchant à l'Est aux liibus Athbedj et, au Sud, aux Daoua- ouda avec lesquels ils étaient (onliiuicllement en guerre. Les Ameur, tribu d'origine Athbedj passée aux Zorba, s'étendaient du Djebel el Akhdar l'Est de Médéah) jusqu'au Djebel liached (Djebel Amour actuel).

Nous avons vu que les Zénètes Ouaciens avaient été repoussés des déserts de la province de (Jlonstantine par les Arabes. Us s'étaient ensuite fractionnés en trois groupes principaux : les Toudjine, les Béni Merine et les Abd-el- Ouad. Ces derniers dominaient sur les Hauts-Plateaux oranais à la fin du xn' siècle. Ils étaient considérés par les Almohades comme leurs partisans les plus dévoués dans le Maghreb. Un de leurs cheikhs, Djaber Ben Youssef, ayant rétabli leur autorité à Tlemcen, reçut du khalife le gouvernement de cette ville. Les Abd-el-Ouadites allaient connaître « l'ivresse du pouvoir ». En i235, ils proclamè- rent comme chef, ainsi que les villes du Maghreb central, Yarmoracène Ben Ziane ; sous le conmiandement de ce prince, véritable fondateur de la dynastie Abd-el-Ouadite, Tlemcen s'éleva au rang de métropole.

Abou-Zakaria, sultan de l'Ifrikiya, voyait non sans ja- lousie cette puissance se drcssej- entre lui et le Maroc. Pour la détruire, il prétexta Fin lercep lion d'un présent envoyé par lui à la Cour de Fez. 11 (piiiia Tunis à la tête d une armée régulière nombreuse ; en passant par le Hodna et le Mont Rached, il entraîna sous ses étendards les Zorba, les Souaid et les Ameur. Lorscjuc ce grand rassemblement arriva sous les murs de Tlemcen, un combat acharné s'engagea ; mais la lutte était inégale. Y^armoracène dut abandonner sa capitale après s'être ouvert un passage à la pointe de l'épée.

Lorsqu'il eut livré la ville au pillage, Abou Zakaria s'aperçut de l'impossibilité de conserver sa nouvelle con- quête el quand Y^armoracène reparut sur les hauteurs qui dominent Tlemcen, le prince Hafside accepta ses proposi- tions de paix et reprit la route de l'Est. Y^armoracène se reconnaissait son vassal.

Abou Zakaria mort, les Zoiba devinrent les alliés des Ouadites, qui trouvèrent en eux des auxiliaires dans les combats qu'ils eurent à livrer contre les Toudjine et contre le Sultan mérénide Abou Y^oussef. Ils s'avançaient alors dans la plaine du Chéliff et quelques fractions s'étendaient jusqu'à Tlemcen. Comme les Makil, qui occupaient le

DOCUMENTS POl'H SEKVJU A l.'ll is loi M |; l)|> IIWIVW IMÛ

h'iiil..iic (I \i|M..(l, niiiplisvai.nl [r pays de dé-sui (Jics «,'l de IroiiMcs, ^;ii iiionicèiM" lil \(iiir |,^ |'„ni Amcui d les •'■li'l'lil «'iiliv lui «'L les Makil ; (|uci(iin;.s lhmi>aii se j(ji;,Mii- iviil à ers rinigianls. Ces deux Uibus s'iuslalJùienr de uiaiiièie à protéger TN.-uicen conlre toute entreprise hoslile.

C'est ainsi que la région des Hauts-Plateaux oranais fui, à eette époque, abandonnée par les Béni Anieur. On y a lelrouvé des traces noinbieuses de leur séjour ; ils construi- sirent en elïet des ksour un peu partout : à ïaoussera, a Asla et à Touadjeur ; ils creusèrent des puits dont l'un existe encore chez les lielvakra d un autre à Aïn-Mécif, chez les Oulad Messaoud. Avant leur départ, quelques-uns de ces puits avaient été recouverts avec des troncs d'arbres et de la terre ; d'autres étaient en partie comblés, connne à Oglat Djedida.

Les Béni Ameur et les lianiyan venus vers Tlenicen Vat tachèrent à la foitune d'Othnian, comme ils avaient secondé son prédécesseur. Ils se battirent avec lui contre les Toudjine, contre les iMagraoua et contre le Sultan Abou- Yacoub, lequel essaya à trois reprises de s'emparer de Tlemcen. Cette ville, qui avait délié toutes les attaques des Mérénides, tomba en leur pouvoir le i" mai iSSy. Son défenseur, Abou-ïachefine, trou\a la mort avec ses deux fils en voulant prolonger la lutte jusqu'à la porte du palais.

Le trône Zeyanite renversé, toutes les tribus arabes du Maghreb central tombèrent sous l'autorité directe des sultans de Fez. Mais cet immense Empire manquait de cohésion ; l'élément arabe avait fait son œuvre et les moin- dres incidents allaient déterminer son démembrement ; aussi, les années qui suivirent marquèrent-elles une sérié de luttes que les xMérénides eurent à soutenir contre les Arabes.

Les Hamyan et les Béni Ameur ne s'étaient jamais départis de leurs sentiments de hdélité envers les Zeyanites. Aussi, quand Abou-llammou 11 revendiqua ses droite au trône abd-el-ouadite (i358), se rendit-il au milieu des Arabes qui lui organisèrent, de leur mieux, un cortège royal. Le chef des Béni Ameur battit même, au Sud de riemcen, les Soueïd (famille sœur des Yezid), qui voulaient entraver la marche du prétendant. Abou-Harnmou put rentrer en possession de sa capitale. Elle fut néanmoins objectif de deux nouvelles expéditions des sultans de Fez Le prince Zeyanite employa chaque fois la même lactique Il abandonna Tlemcen et, avec les Béni Ameur, les Hamyan

136 DOCl MEMS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES IIAMYAN

et les Makil, alla s'installer soit à Oudjda, soit à Gueiçif, menaçant la roule de Fez. 11 réussit à réoccuper la ville. Mais, au cours de cette lutte, il eut l'occasion de mettre en doute la fidélité des Béni Anieur ; aussi fit-il emprisonner leiu- chef Khaled lorscjuc Abou-Zeyane marcha contre lui. Obligé de se replier sur Tlemcen, il remit Khaled en liberté sur sa promesse formelle de détacher sa tribu de la cause de son ennemi. 11 y réussit, mais à partir de ce jour, les Béni Ameur se séparèrent d'Abou Hammou ; après son insuccès contre Bougie, la rupture fut définitive. Khaled entraîna une partie des Béni Ameur vers le Sud et s'unit aux Soueid ; quelques tentes s'arrêtèrent sur les Hauts Plateaux. Certains groupes Hamyan se fixèrent sur le terri- toire abandonné.

Abou-Hammou, chassé plus tard de Tlemcen, chercha un refuge chez ses anciens aUiés ; il alla jusqu'au Sud du Djebel Raclied, dans les oasis que les Ameur avaient con- servées comme fiefs ; mais ceux-ci l'abandonnèrent et il dut s'enfuir à Tigourarine. C'est là, qu'à la mort d'Abd-el- Aziz, ses sujets le rappelèrent. Khaled essaya d'insurger contre lui le Maghreb central, mais il fut vaincu à Kaloriat Houra (N.-O. de Mascaraj et se jeta, avec ses partisans, dans le Djebel Amour (1875 ).

Les Béni Ameur devaient revenir sous les murs de Tlemcen avec Abou Tachefine, qui trouva en eux des auxi- liaires lorsqu'il détrôna son père, Abou-Hammou.

Après l'innuence de cette tribu, les souverains ouadites durent subir celle des Soueid et des Makil. En effet, pen- dant toute cette période troublée, les princes berbères, pour combattre leurs voisins ou les populations de leur race employèrent les Arabes toujours disposés à la guerre. Pour les récompenser de leurs services ou s'assurer de leur concours ils leur concédèrent les terres des vaincus. Ainsi l'élément berbère fut abaissé, écrasé, et ces Arabes, devenus la seule force de leur dynastie, ne tardèrent pas, suivant l'évolution naturelle des choses, à devenir un danger poui-

leurs maîtres.

Dans les plaines, les Berbères s'assimilèrent les mœurs, les usages, la langue même de leurs envahisseurs ; la fusion fut complète entre eux. Quant aux Hauts-Plateaux ora- nais ils avaient été le refuge des hérétiques, le dernier retranchement de la race zénète, la première et a deuxième invasion arabe n'avaient fait que passer ; ils allaient devenir au contraire, après l'arrivée des Hilahens,

DOCUMENTS POln SI:k\IU \ l/ll IS I < »| H K DIS IIWIVW 137

le berceau des liihiis jirahes lo plus |iiiitN, idlcs que les Hainyaii, les Oulad Seioui et les Akejina.

Les populalioiis .ludéo-Herbères (|iii se Iroiivaieril dans ces contrées vers le x" siècle, curent à siipporler la [jersc- culion des Ahuoliades. (leilaiues se eomcrlirenl en jriasse à rislaniisnie ; d'aulrc< Inreiil e\lerMiinée>s ; Sidjilriiassa, foyer de la science jnixc dans I l-Airème-Sud marocain, lui détruite ; à Tlemccn, eidin. Ions les juifs fuient massacrés. Au fanatisme lelitrieux des Almohades sajoulail, en effet, une raison politi(|ue ; celli> d'anéantir les éléments guerriers juifs, essentiellement dévoués aux Almoravides. Conti-, nuant leur mouvement vers le Sud-Ouest que nous avons signalé plus haut, les survivants émigrèrenl peu à peu dans la vallée de TOued Draa et dans le Sous.

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE I L'ORIOINE DES HAMYAN ACTUELS

Il nous a paru nécessaire d'indiquer à grands traits les événements principaux qui eurent lieu en Oranie pour pouvoir chercher à en tirer une conclusion permettant de discuter les origines des Hamyan actuels.

Faut-il voir dans les Hamyan qui vinrent avec les Arabe» Hilaliens en Afrique septentrionale, les ancêtres des tiibus (jui parcourent aujourd'hui le cercle de Méchéria ?

La question prête à discussion. Sans nul doute, quelques éléments de cette grande invasion s'y fixèrent, à la suite des événements que nous venons de raconter, mais trois versions principales sont en présence et peuvent également se soutenir. Elles se basent :

La première, sur les données très sujettes à caution qu'ont laissées quelques auteurs arabes.

La seconde et la troisième sur les légendes qui se sont

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138 DOCUMENTS POT R SERVIR A l/jUSTOIRE DES IIAMYAN

transmises jusque chez les llaniyan actuels, el (jui n'ont, évidemment, qu'une valeur historique très relative.

Elles n'inlirnient en lien les bases générales sur lesquelles a été scientiliquenient établie la marche progressive des diverses invasions arabes, mais ne sauraient cependant être passées sous silence.

Au sujet de l'établissement des llaniyan sur les Hauts- Plateaux, Ibn Khaldoun et Si En Naceli donnent la version suivante :

« Vers Tannée 584 de l'Hégire, Yacoub el Mançour ben « Youssef ben Abd-el-Moumen ben A.li commandait à la (( majeure partie des tribus de l'ifrikiya ; ces tribus étaient (( divisées en deux groupes : les Béni Salem, à l'Est, et les (( Béni Hilal, à l'Ouest.

(( A celte époque, un prétendant, Ali Ben Ishac, appelé « aussi Ben Ghania, appartenant à la grande tribu des (( Molthimine (gens qui se servent du litham ^), chercha (( à supplanter Yakoub el Mançour.

(( Les Béni Hilal ben Ameur, abandonnant ce dernier, « prirent parti pour le prétendant ; les Béni Salem demeu- (( rèrent fidèles. Partant de Tunis, qui était alors sa rési- « dence, Y^ikoub el Mançour marcha contre son adversaire « et, à la suite de nombreux succès, le subjugua, recouvra (( son autorité et ramena à lui les Béni Hilal qui l'avaieni <( trahi. Néanmoins, pour punir ceux-ci et les mettre dans (( l'impossibilité d'abandonner de nouveau sa cause, il leur « intima l'ordre d'aller camper aux confins de son empire « et le plus près possible du Maghreb el Akssa. Les « Hamyan, qui formaient une grande fraction des Béni (( Hilal, allèrent d'abord dans le Sahara, puis choisirent, <( pour s'y fixer, une région désertique située entre Meçila « (probablement le Djebel Meçila, au Sud-Ouest d'Oudjda) « et la ville de Tlemcen. »

Mohammed Abou Bas Ben Ahmed Ben Abdelkader En Nassi, auteur d'un ouvrage de récits historiques sur l'Afri- que septentrionale, donne les renseignements suivants :

« Les Homiâne sont une branche des Béni Y azid, fils de (( Ab's, fils de Zor'ba. Les pays de H'manza, les Dahous, le « pays des Béni Hassane, étaient leurs tributaires avant les « Almohades.

I Lilhaiii. Sorte Je vciilf (iiu- les imlifrèiics du S:ili:ir.i se placenl (le^;int le visage pour «e protéger du ?:d)le. De nos jours, les Tou;ir.^g eoiitiiiuciit % l'employer.

DOCUMENTS l'OlK SKU\ rU \ l.'lllSKJllit; DLS HV.MYA.N 11^^

<( Nous allons lacoiilcj la cause de la nciiuc des Iloiiiiàiu.' « dans la ronliée qu'ils (»('('ii[M'nt aclufllcnienl.

(( Lorsque \ai'uu)iàcèn(' ben Ziaue devint souverain de (( Tlemcen, les Mak il (|ui étaient ses voisins, puiscju'ils <( occupaient le territoire d'Angad, leniplissaient ie pays (( de désordres et de troubles. Ce prince lit alors venir les « Heni Ainei du Sahara des Béni Yazid, et les établit entre u lui et les Ma'kil. lin elïel, les Zor'ba s'étendaient aupa- « ravant dans le désert, depuis Meyila, à l'Est, jusqu'au <( Sud de Tlemcen, à l'Ouest. Au moment le roi de « Tlemcen attirait au[)rès de lui les Béni A'mcr, la tribu K des llomiàne, branche des Bcni Yazid, se joignit h ces « émigrants et s'installa entre les Ma'k'il et Tlemcen, de »( manière à servii' de bouclier à cette ville, de repousser u les attaques dirigées contre elle et de la protéger contre (( toute entreprise hostile. Ils restèrent sur ee territoire « jusqu'au jour Abou-IIammou le jeune, en l'an 760 u et quelques, s'empara de la souveraineté sur les A'ïas, « rois des Béni Ziane, que Abou l'nàne avait déjà fort « maltraités et même presque entièrement exterminés. <( Abou llammou chassa les Béni A'mer des environs de (( Tlemcen et les établit à Tessala. Les terrains de parcours « de cette tribu arrivèrent jusqu'à lléidour, montagne (( d'Oran. line portion des Homiâne, branche des Béni (( Yazid, se fixa sur ce nouveau territoire, à El M'ofra et (( dans les localités environnantes ; mais la plus grande « partie qui, du reste, ne s'était pas joiante aux Béni « A'mer, lors de leur première émigration, fut reléguée « dans le désert, d'où elle n'a point bougé jusqu'à présent.

« Telle est l'histoire des Homiûne, fils de O'k'ba ben A'bs « ben Zor'ba.

« Je tiens de personnes dignes de confiance, dépositaires <( des traditions du pays, que les Homiâne ont donné nais- « sance aux Madjamed, établis à ll'addad, aux Béni Korz, « aux Béni Moussa, aux Meraba' et aux Khachena, qui sont « tous originaires des Béni Yazid. Les l'krima, fils d'A'bs, (( sont frères des Homiâne.

« Le commandement appartint d'abord aux O.i'.ad « Lâh'ek', puis passa aux mains des Oulad Ma'âfa, et enfin « échut à la famille de Sa'd ben Màlek, descendant de « Mahdi ben Yazid ben A'bs ben Zor'ba. Cette famille pré- « tend que son fondateur est Mahdi ben Abd-er-Rahmane « ben Abou Bekr Es-Siddik. Mais cette origine qu'elle u s'attribue est combattue par cette considération que le

140 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES UAMYAN

(c commandciiienl aurait ainsi appartenu à une maison (( étrangère aux tribus, ce qui n'est pas admissible. C'est « là, d'ailleurs, l'opinion d'ibn Khaldoun, dont on peut *( consulter l'histoire pour de plus amples détails. »

Mais les llamyan actuels se donnent une autre origine. Il circule à ce sujet une légende qu'ils se sont transmis de génération en génération et que presque tous leurs caïds connaissent : les récits qu'ils en l'ont ne dillerent que par l'abondance des détails :

(( A une date qu'ils ne peuvent préciser, mais antérieure « à la domination turque, disent-ils, les Hauts-Plateaux u étaient occupés par quelques familles des Béni Anieur. <( Cette région, pays de la faim et de la soif, était d'ailleurs « peu habitée. Un nommé Sidi Maamar ben Alla, frère u d'un marabout de Tunis, quitta celte ville et s'établit aux « Arbaouat (80 kilomètres environ au Sud-Ouest de Géry- « ville), OLi il fut enterré. Il avait emmené avec lui deux (( esclaves nègres, Rezine et Akram ; un troisième naquit (( en route, qui reçut, pour cette raison, le nom de Ziad. (( Sidi Maamar laissa un lils, Sidi Aïssa, qui mourut à c( quatre-vingts ans ; sa descendance fut la suivante : (( Boulila ould Aïssa, Bel Lahia ould Boulila, Bou Smaha (( ould Bel Lahia et Si Sliman ben Bou Smaha, dont la « tombe est à Beni-Ounif .

(( Une tente, vers la même époque, vint s'installer dans « la région des Chotts ; son chef s'appelait Ahmed et était (( originaire de Marrakech. Son fils resta au Kreider et c'est (( son petit-fils, Khalifa, qui donna' son nom à la tribu des « Oulad Sidi Khalifa. Quelques-uns vinrent à Méchéria et (( construisirent un ksar (près des sources de la pépinière (( du génie).

(( D'autres gens arrivèrent de tous les côtés et se réuni- « rent à l'une ou l'autre de ces familles; ceux qui se (( joignirent à Rezine s'appelèrent Rezaina ; Akram donna (( naissaiice aux Akerma ; ceux, enfin, qui reconnurent « comme chef Ziad, devinrent les Oulad Ziad.

(( Si Sliman Bou Smaha, de son côté, eut deux fils : Si <( Mohammed ben Sliman, enterré Chellala et Si Ahmed (( ben Medjdoub.

« Toutes ces tentes, au bout de quelque temps, furent (( assez fortes pour permettre aux nouveaux émigrés de (( chasser, sous la conduite de Si Ahmed ben Medjdoub, (( les Béni Ameur. Ceux-ci, après avoir bouché tous les

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DOCUMENTS POTIR SERVIR A l/lflSTOIRR DES IIAMYAN 141

« puits fju'ils avaïpnt rreusds, so réuniront h Aïn Morif d'où '( ils "•nofnèront on uno journoo, Hit-on, Tossala. Si Alimofl « bon Mo^ jdôul), inhuino d'abord h Asla, fut dotorro par « los pfons de Chellala, qui placèrent sa tombe à oolé do « celle do son frère ni"] elle est encore vénérée. Son flN. (( Mobamniod Sidi Choikb, est l'ancêtre des Oulad Sidi « Cbeikb. Quant aux Boni Ameiu', ils étendirent leurs « terrains do |iaroours jusque dans le Tell i.

(' Un seul Boni Amour, nommé Bekar, losla dans lo (( pays ; il avait une grande fortune, de nombreux trou- (' peaux et plusieurs femmes ; il se fixa près du cbott FI '( niiarbi et son hospitalité fut bientôt connue. Aussitôt (( des nomades vinrent à lui et, pour se les attacher, Bekar « donna à quelques-uns ses filles en mariao-e. Toutes ces " familles formèrent la ""rande tribu des Bokakra. T. es « douars qui la composent ont conservé leurs noms : co « .sont : los Oulad Salem, dont l'ancêtre habitait Oudjda : <( les Moualek, originaires de Seo'uiat-el-Amra littoral " atlantique Sud-Marocain"^ : les Daamcba, du Oourara : '( les Bozazo-a, issus de doux indisfènes de Marrakech, Ali " et Boz/ousf ; les Oulad Bahma ; les Aïssoiiat, fils d'Aouïss, « de la tribu dos Chonanma do l'Oued Biss Tprès Mascara") ; (( los Bouabah, branche dos Oulad Sidi Khalifa ; enfin, los « Meharat, qui habitaient le Tell 2. n

D'après cette version, ce serait à tort que l'on considé- rerait los TTamyan comme issus d'une même souche. I-es éléments primitifs auraient été au contraire d'orio"inos trè'^ diverses et dos causes différentes auraient poussé tous ces groupes à convoro-er en une même contrée ; les uns n'au raient fait que suivro leur chef, qui redoutait l'expiation d'un méfait dont il était coupable ; los autres auraient cherché à échapper à la rapacité de leurs maîtres ; d'autres, enfin, gens de sac et de corde, n'auraient eu d'autre but que d'ouvrir un champ plus vaste à leur esprit de rapine et d'aventvu'o, ou de trouver des terrains de parcours plus étendus pour leurs troupeaux.

^Nous verrons, au chapitre IV, d'une façon plus détaillée, los différentes orio-ines des tribus.')

I Récit Hn caïd El Mir Oiilrl El Hadj Naceiir, des Rezaïna OhoraTia et de Mimed bon Mohammed, chef du Maphzen de Méchérin.

1 Documents fournis par l'Apha El Hndj Kaddotir et son fils BoufeKlja, caïd des Bekakra.

142 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOTRE DES HAMYAN

Une troisième version très intéressante, s'appuyant éga- lement en partie sur Ibn Khaldoun, donne, pom- l'origine des Hamyan, l'arbre généalogique suivant, que nous repro- duisons intégralement.

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DOCTJMEMS POl R SI:RMI< A I 'il I*- I < )| H K HKS ll\>rY\\ 143

l']llc se coniplrtc |t;u la di Hiiiiiciilal ion ci-afjrès, trouvée clans lin iiiaiiii-«ciil délcmi actiirllciiicnl |)ar un lalcb do Saïda :

« i" l.t's Cdial'aa jxulcnl le nom de knir premier ancrlre <c (|iii csl (Ihal'aa ben Ameur.

(( Les Djemba (ce mot sio-nilie côte) sont ainsi nommés « parce que, depuis leur venue dans le pays, ils étaient « toujours à c()té des Béni Ameur. fis ne se séparaient « jamais d'eux, les suivaient partout oii ils allaient.

<( On compare les Chafaa à un chameau, dont les « Djemba seraient les côtes.

(( Autrefois, la tribu des Béni Ameur, ainsi que celle d<'s (( Kamyan, se trouvaiept dans le Sahara ; elles changèrent <( de campenuMil et allèrent s'installei- dans les environs « d'El Abiodh.

« A ce moment, elles étaient commandées par Abou <( Hammou Lakhdar, un des rois des Béni Zian.

<( Le loi de Tlemcen envoya la tribu des Béni Ameur à « Tessala l'endroit qu'ils occupent encore aujourd'hui), <( en l'année 76a de l'ère liégirienne.

(( Dans le Sahara, (jui est encore occupé par les TIamyan, « restait ime partie d(vs Béni Ameur et des TIamyan, tandis « (pie l'antre |>artie des deux tribus était allée à Tessala.

<( C'est ainsi (pie ceux des Béni Ameur qui étaient restés <( furent appelés Chafaa, tandis que les Hamyan furent « appelés Djemba.

« Les Reni Metharef seuls et ceux qui se rattachent à eux « sont de véritables Chafaa.

(( Ils sont originaires des Béni Ameur et non pas des (' Hamyan.

(( Ils comprennent les Oulad Chafaa Ben Ameur, aux- (( (fuels lemontcnt l'origine de la tribu et celle des Ameur « ben Zoghba ben Ali Rabia ben Nahik ben Hellal.

« Les Akerma ont une origine différente et ne sont pas « des Chafaa.

" Les campements des Zoghba se sont étendus dans les (f plaines, depuis Bougie jusqu'à Ondjda.

« Ceux qui comprenaient les Hamyan Chafaa se trou- (( vaient à l'Est du pays de Bougie.

« A l'Ouest de cette région (de Bougie) se trouvaient les <( tentes des Béni Yazid.

144 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

« Quant aux Djemba, aux Sendan, aux Âkerma, ce sont « eux qui sont les îlamyan.

(( Ils ont tous trois le même ancêtre, qui est Ben Okba « ben Yazid ben Aïssa ben Zoghba.

« L'ancêtre qu'ils ont de commun avec les Béni Ameur « est Ben Ali Babia ben Nahik ben Hellal.

<( Les Akerma sont donc les frères des Djemba et des (( Sendan, mais ils n'appartiennent pas aux Cbafaa.

(( Avant leur arrivée dans le pays de Bougie, les Hamyari (( étaient en guerre contre leurs voisins les Biah.

« Ces derniers invoquèrent le secours des Béni Ameur (( et avec eux vainquirent les Hamyan, qui furent frappés « d'une contribution de guerre annuelle de i.ooo gharas « d'orge.

« A la suite de cela, les Hamyan quittèrent le pays, (( irrités les uns contre les autres par suite de leur défaite. »

Enfin, une quatrième version, venue du Sud, donne les renseignements suivants :

« Les Hamyan se composaient dos tribus suivantes :

(( Hamyan Chafaa ;

« Hamyan Djemba ;

(( Arabes Moucha ;

« Trafî ;

« Oulad Djerir. (( Leur nom vient de la racine « Hamya », qui veut dire " protection, concours ou appui.

(( Ce sont des étrangers qui sont venus d'un peu partout.

« Les Moucha sont venus d'Orient, c'étaient des Djouad « ^noblesse militaire).

« A cause d'une femme d'une rare beauté, vme querelle « eut lieu entre eux en Orient.

(( A la suite de cette querelle, une violente bataille fut (( livrée.

(( Les vaincus furent obligés de quitter le pays et vinrent (( se réfugier dans le Sud-Oranais. « Hs comprenaient :

(( Les Oulad Bahal ;

(( Les Oulad Embarek ;

« Les Chaareb (des Derraga actuels) ;

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN 145

'( Les Oulad Abdolkrini ;

« Los Megan ;

« Les Rczna Tcles Den aga) ;

« F.es Guctali fdes I^cjii .M.-(|);iref acluels) ;

" Les Sebabha Tdes Derr;i<ra Clieraga) ;

(' Les Ameiir oiilad Aliat :

« Les Oulad Djerir oïdad Bcdiar. " Ils étaient issus des Zoghba. '< On les appela : Arabes Moueha '. " A l'origine, les Sebabha, les Megan et les Oulad « Embarek formaieni une seule tribu : les Oulad Embarek.

Au sujet de leur dispersion actuelle, on donne deux versions :

" i" On raconte que les causes de discoïde qui les " avaient fait fuir dans le Sud-Oranais n'a van I pas oessé « ds se battaient très fréquemment.

'f Un marabout, ayant vainement essavé de les léeon- cdier, les maudit, en s'exprimant de la manière suivante :

« Que Dieu disperse les gens de Moucha.

" Que chaque tente de leur tribu soit pordue dans uru- " tribu étrangère.

« Que ceux auprès desquels ils se réfuo-ieront les aban- « donnent à leur sort ».

C'est à la suite de celle malédirtion qu'ils se livrèrent une nouvelle bataille et qu'ils se dispersèrent ensuite.

'^J." D'autres traditions rapportent que le marabout Sidi " Sliman ben Bousmaha, des Oulad Sidi Cheikh, possédait " une superbe chamelle blanche, très docile, qu'il aimait « beaucoup.

« Cette chamelle, s'étant un jour égarée, aurait été trou- <' vee par des gens des Arabes Moucha qui. sans respect " pour son saint propriétaire, l'auraient tuée et mangée.

« A la suite de ce fait, Sidi Sliman ben Bousmaha amait " appelé, sur l'ensemble des Arabes Moucha. In colère « divine et leur aurait lancé l'anathème suivant :

I Au sujet de rétymologie cl,, mot << Moucl.. „, rortair.os ..orsorm.lilés in.li. |rene.. ont dit qu'il fallait y voir le mot .< Mechcha ,, ^ -^.^ m.i ..,„, les Arabes du Sud-Oranais, signifie « Chatte ,..

D'aulres ont prétendu qu'il fallait y voir le mot « Mâcha » ^,L^

désignant «des effets de peu de valeur.., et. en l'espèce, voulant dle^^que '' ^'"'"' '^'^•"^'' " l'i"" •'•'^'i'-nt P^M.vres, ou hieu étaient des vauriens.

146 DOfT MEM*^ POT R SER^^R A l'iUSTOIRE DES HAMYAN

« Djaaltkoum, la Ârab Moucha,

« Fi koul douar, eùcha,

(( El archelladi tcskenouth ircha. »

Vous deviendrez par moi, ô Arabes Mouclia,

Une tente misérable par douar :

La tribu que vous habitez s effritera.

A la suite de cette malédiction, la dispersiou des Arabes Moucha se serait pi'oduite.

Certains tolbas disent que l'auteur de cette rnalédietlon fut El Hadj Abdelhakem, iils de Sidi Cheikh, et non pas Sidi Sliman bou Smaha.

En ce qui concerne la séi)aialion des Oulad Djerir et des Hamyan actuels, la légende donne les renseignements suivants qui ont été lacontés par l'agha Si Moulay, de Tiout :

« A l'origine, tous les Hamyan actuels, tous les Trafi, (( les Oulad Djerir et les Arabes Moucha étaient compris (( sous la dénomination de Hamyan. Ils nomadisaient « ensemble, l'hiver dans le Sahara, le printemps au Nord « de la Chaîne Saharienne, l'été dans le Tell, ils allaient <( chercher leurs céréales, qu'ils mettaient ensuite en dépôt (( dans les ksour, lorsqu'ils y passaient, en effectuant leur <( migration d'hiver vers le désert. C'est en mars qu'ils (( quittaient le Sahara pour se diriger vers le Nord et venir (( s'installer autour des points d'eau. Les uns passaient par (( Zoubia (Duveyrier) et campaient h Dermel, Djenien Bou (( Rezg et El Faïdja ; les autres prenaient la route de la Gara « Ghedioua et s'établissaient à Ain Sidi Brahim, à Gara « Ghechoua, à Necissa, Ismaïd, Bouiba, Ahmar Kheddet, « Oued Somin. Ils se dispersaient ainsi auprès des puits « et des sources .

(( A une époque antérieure à Sidi Bou Smaha ^1^70 ; <( i/i5o ?) existait chez les Oulad Djerir un homme du (( nom de « Beddaoui », coureur d'aventures, brigand ré- « puté et irrespectueux du bien d'autrui, qu'il appartînt c( à des étrangers ou qu'il f"t propiiété de ses contribules. « Ses rapines, longtemps impunies, devenaient insuppor- <( tables à tous ; elles ne manquaient pas d'attirer les repré- « sailles des populations voisines. Ees Hamyan résolurent (( de prendra dos mesures à l'encontre d'un personnage (( aussi encouibrant.

« La saison était venue allait s'effectuer l'exode

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nOCIMKNfS l'oru SKHMK \ l.'ri IS I ( )| |( K l)i:s ll\MV\N 147

" '""'"fl (le hi CniilVdrr.ilidii \ (>i S le \.,if). Selon l'iisago, « les rc[)i('HMi|:;rils .l<- chiMiiic n|(,,i|„. (Ic\aient se réiiirir' « leiiir conseil et tlécid,.,- des détiiils de la migration. Il fui " cMleiidii .pie l'on picndrail piélexte de celte réunion coii- « lumière pour discuter secrètement de la ligne de conduite « à suivie envers Reddaoui.

« Une gara s'élève près de P.oniba, sur la rive de l'oued « opposée à celle se trouve actuellement la gare du « chemin de fer (ligne d'Aïn-Sefra à Beni-Oimif). On l'ap- pelait autrefois « Garet Isnniïd ... |{l!e fut choisie comme «< lieu de rendez-vous, parce (pi'elle occuf»ait le centre des «« campements llamyan et que sa position isolée en « faisait un point de concentration indi(|ué. Le> kébar des " douars et fractions s'y réunirent et. après avoir réglé la '< question de la migration, décidèrent à mots couverts de « mettre à mort le Djei iri et s'y engagèrent par un sern)(«nt « réciproque.

« En commémoration de cette réunion, un redjem fut i< élevé plus tard sur la Gara Tsmaïd e| prii [p nom de « Redjem el Mouaïd » ( j._,_cl ^_^_jl ,^_^ : le redjem des '( députations). '

<' Mais, aussi bien cpie fût gardé le secret de la délibé- « ration, la nouvelle n'en fut pas moins apportée à Bed- « daoui, par ses enfants qui avaient fait partie du conseil " et à qui l'on avait tenté de cacher par dis euphémismes » habiles, la décision prise contre leur père. Le vieux con- « peur de roules vivait toujours un peu à l'écart de ses « concitoyens ; l'isolement était nécessaire à la préparation << et à l'exécution de ses coups de main : il était alors campé « près de Sidi Biahim avec les Oulad Djerir. Sans attendre « plus longtemps, il rassembla ses chameaux et ceux de « ses enfants et, la nuit venue, s'enfuit avec sa famille vers « Figuig.

» A la nouvelle de la disparition du fugitif, les Hamyan " prirent les armes, se ruèrent sur les Oulad Djerir demeu- " rc'i à Sidi Brnhim, les massacrèrent et pillèrent leurs « troupeaux. Puis, continuant leur course vers le Sud. ils " rejoignirent Beddaoui. au ksar de Zenaga (Figuig) et le « mirent mort.

'< Les Oulad Djerir, parents de Beddaoui. qui avaient « échappé à la mort, se réfugièrent dans les environs de « Béchar.

« Dans l'asile qu'ils avaient trouvé, les Oulad Djerir " proscrits n'eurent plus qu'un but : tirer des Hamyan une

148- DOCUMENTS POTÎR SERVÎB A l/HlSTOmE DES HAMYAN

(( éclatante vengeance du meurtre de Beddaoui et du mas- (( sacre de leurs frères. Mais leur haine ne pouvait être « satisfaite par leurs propres moyens, car leurs ennemis « étaient forts ; il leur fallait des alliés ! ^ ^

(( Par des députations, par des sacrifices d'animaux, ils . obtinrent l'appui des tribus de l'Ouest et du Sud et les ,( décidèrent à embrasser leur cause. Et, à une date fixée, u les Doui Menia, les Béni Guil Oulad Farès, les Âmeur (( rBeni Smir\ les Béni Guil Béni Chomracen, les Ait Atta, c( se rassemblèrent h Figuig en une seule barka, dirigée « par les Onlad Djerir et tombèrent à l'improviste sur les u TTamyan : ce fut l'origine du Zegdou et sa première ma- « nifestation. Les Hamyan, battus, pourchassés jusque sur « l'oued Zereoun, =e dispersèrent pour échapper à leurs u ennemis : les Trafi ot les Hamyan proprement dits for- ,< mèiont dès lors deux collectivités distinctes i. »

*

* *

De l'ensemble des légendes et des traditions que nous venons de rapporter, il y a lieu de chercher à étabhr d une manière approximative, évidemment, mais cependant rationnelle, l'exode accompli par les Hamyan depms le moment ils sont entrés en Tfrikiya jusqu a 1 époque ou ils sont arrivés dans le pays qu'ils occupent actuellement.

Nous savons d'une façon précise que c'est en to/,8 que l'invasion hilalienne pénétra en Tunisie.

A cette date, les Zoghba, dont faisaient par le les Ha- myan, se trouvaient du côté de Tripoli (d après Tbn

^ wTavons aussi que ces mêmes Zoghba, venus vers Gabès, ont été ensuite dans le Sud de l'Aures.

Des probabilités permettent de croire qu ils ont, veis T T^o, habité sur l'Oued Ttel, près de Biskra.

En 1259, Yarmoracène, roi de Tlemcen, .appelle les B. m Ameur à son secours et les oppose aux Makil.

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ni'' / ;V ' ' "" ?^""^«"^ '^*' 'l^^lfe^", nommé Saada! pitltxtanl la relurme des mœurs el la slriete observance de la <c sonna .>, se soulève conlre le sultan hatside de Tunis et est appuyé par le sulUu. de Tlenicen, Abou Tachlin

Il n en est pas moins battu par le gouverneur du Zab, Al, Ben Ahmed, émir des Douaouida.

A partir de ce inon,e„l, sous des prétextes religieux voi- lant le plus souvent lintérèt personnel, les marabouts appuyés par les Arabes, ne cessent de se mêler aux mouve- ments politiques.

La lutte continue enti e les Zeyanites et les Ualsides c'esl- a-dire entre Tlemcen et Tunis.

Bougie reste le point autour duquel se lencontrent les ambitions et les convoitises.

Les Arabes hilaliens, (|ui sont dans le pays, mais qui il occupent pas encore les villes, prennent parti, tantôt pour les uns, tantôt pour les auties, pillent, dévastent, violent et s mliltrent de plus en plus dans la race berbère.

Les Zoghba, bien entendu, ne manquent aucune occasion de se hvrer a tous ces actes répréhensibles. On en retrouve quelques-uns vers iSiS-iSig, qui soutiennent le rebelle Berhoum, lequel, révolté contre Abou Tachfin, s'était retranché à Toukal, dans lOuarensénis.

Toukal est pris, Berhoum mis à mort, Abou Tachfin s'avance vers l'Est, mais s'arrête devant Bougie, quil nose attaquer.

En i32i, tous les Arabes de l'Ifrikiya qui se trouvent dans le Sud et, parmi eux, encore des Zoghba, se soulèvent sous la conduite d'un chef almohade nommé Mohammed ben Ah Amran et entrent à Tunis.

Les divisions et les révoltes qui doivent ruiner peu à peu la dynastie hafside continuent.

D'autre part, les discordes entre les Mérinides et les Zeyanites viennent ajouter un élément de plus aux troubles existants.

Les influences maraboutiques se développent de plus en plus et viennent s'opposer aux diverses dommations.

Enfin, en 1870, Abou el Abbès rétabht lunité hafside à Tunis et reste seul maître de cet empire. Il s'occupe à faire rentrer dans la soumission les partis de l'ancien empire qui s'étaient détachés et il soumet successivement les tribus arabes dont l'orgueil était devenu insupportable.

150 DOCUMENTS POUR SERVIR A L'iIlSTOlUt; DES IIAMYAN

C'est à ce moment que les Djemba, Trali el autres sont amenés dans le Sud-Oianais par le marabout Si Maamar ould Sliman ben Alla qui s'installe aux A rbaouat (Cercle de Géryville) et aura poui- descendant le grand Sidi Cheikh. La légende raconte que Si Maamar ould Sliman ben Alia quitta la région de Tunis à la suite d'une discussion qui! avait eue au sujet d'une pastèque.

Il est beaucoup plus probable, et l'on peut admettre d'une façon à peu près certaine, que les motifs de son émigration sont dus au rétablissement du pouvoir d'Abou el Abbès et au mouvement de réaction qui se lit à celte époque contre les tribus arabes et les inlluences maraboutiques.

Les Arabes Moucha semblent être arrivés avant les Djemba et les Trali. Leur mouvement a sopérer par le Sud, mais il a été impossible de pouvoir trouver aucun document les concernant.

Cependant, si on écoule certaines histoires j aconlées par des marabouts, soit à Saheli (Guir), soit au Touat, on peut penser que cette fraction Hamyan a formé un groupe séparé qui, lorsque les Zoghba évoluaient dans la région de Biskra, a suivi, vers 1187, une tribu Hilalienne toute différente, les Djochem, laquelle prit parli pour les Almo- ravides contre les Almohades et soutint la famille des ibn Hamia contre Abou Youcef Yacoub el Mansour.

Les Ibn Ramia ayant été vaincus, les Djochem auraient été refoulés vers l'Ouest et les Arabes Moucha vers le Guir

et le Gourara.

Les Djochem se divisaient en dilférents groupes, dont deux les Sefian et les Kholt, devinrent ennemis et répan- dirent le désordre et la terreur dans tout le Sud marocain, prenant suivant les occasions, parti soit pour les Almo- hades, soit pour les prétendants marocains, mais étant sans cesse opposés les uns aux autres. .

Il finit par se former, dans tout le Sud du Sahara et dans tout le Sud Marocain, deux partis :

Celui des Sefian ;

Celui des Kholt, (jui prit le nom de Ihamed.

Les Almohades el les, Mérinides utiUsèrent successive- ment ces deux partis.

Actuellement encore, au Touat et au Gourara, on est. de naissance, soit des Sefian, soit des Ihamed.

De no. iours, lorsque les Hamyan vont aux Oasis pour s'approvisionner en dattes, les Djemba sont du parti des

Doc.MEvrsPOiHSKHMK V .•.M^n.,,,,.; in> u ^^n ^^ ir.|

n.an.od et l.s Cl.an.a. ainsi ,,„.. l.-s lU-^aïna. de cvlni des ocliaii.

Vris ,83:> .1,.,. ,N4S, ,.,,ai..s d<. CCS nomades prirciil 1 a.l a de le,Tibh-> lulles ,,Lii éclalèrenl au Touat, entre les

deux pari,, ,,u., avant , mire occupation, coiaiiMièient M, ur- denient à rivaliser ent>e eux, non seulement a.iv Oa.i. mais même, dit-on, jus(|ue dans le Sud Tunisi..,.

* 41

^ En résume, tous ces groupes occupent, à partir de iS-q a peu près les emplacements ils sont actuellement ' ' Il y aura bien encore (pielques mouvements (,ui amène- n-nt des déplacemenis provisoires ; on retrouvera des amyan vers Oran et vers Tessala avec les Béni Amem- 1> autres suivront les'.divers conquérants vers l'Ouest ou dans le Sud et reviendront plus tard sur les Hauts-Plateaux Uranais.

Il se produira, par suite, un mélange constant entre ces gens remuants et leurs voisins, si bien r,ue, peu à peu leur descendance primiliv.. fendra à s'effacer et qu'une série de groupements hétéroclites, et même parfois cahotiques limront par produire la race actuelle des Hamyan

*

Revenons à l'arrivée de Sidi Maamar ben Sliman ben Alla.

Cét<iit un descendant dAbou liekr Es Saddik, l'un des compagnons du Prophète, surnommé Abd-el-Kaba et l'un des plus respectés des Koreïchites. Ses descendants avaient ete expulsés de la Mecque à la suite de désordres religieux dont ils avaient été les instigateurs.

Après s'être dirigés vers l'Ouest et avoir habité l'Egypte pendant quehpies années, ils se retrouvaient, dans kcou- rant du xni<' siècle, en Tunisie, ils jouissaient, de par leur origine, d'une grande considération et d'une influence religieuse très marquée.

Turbulents et gênants, ils avaient été obligés, pour les raisons que nous avons indiquées plus haut, de continuer leur migration vers l'Ouest pour venir s'installer dans la vallée de l'oued El Gouleïta (Cercle de Géryville).

Cette arrivée se produit à l'époque le marabout isme

152 nOGLiMEMS POl H SEKMH A l/niSTOlKE DES HAMYAN

se développe dans toute l'Afrique du Nord d'une façon

extraordinaire. . j i.

Les marabouts viennent, en général, de 1 Ouest, de la

Sesfuiat-el-Hamra.

Sidi Maamar ould Slinian ben Alia vient en sens con-

^'^Comme les aulres, il va faire souche de saints, il fondera une immense tribu maraboulique qui représentera un pou- vou- politique nouveau et une mission religieuse très active, uui voudra son indépendance et qui jettera souvent, dans les rivalités futures entre Chérifs et Turcs, puis contre nous,

"si'^Maamar ould Slin.an ben Alia divisa en un certain nombre de groupes la cbentèle considérable q- 1 -a ^ suivi et en confia l'administration a ses bouabs, tous d ori- g^ne nègre. (On retrouve actuellement, entr autres che fes Oulad Sidi Cheikh, de semblables façons de procède.

De est née la légende, rapportée précédemment, des nègres Akerm et Rezin. En réalité, un groupe de Bou Belxia ou autres Djemba fut administré par un nègre nommé Akerm et prit le nom d'Akeima.

H en fut de même pour les He/ama.

* 1(1 *

Si nous pouvons, avec des i,iobabilités voisines des certi- tud s suivre l'histoire des Djemba, nous nous heurton pour les Chataa, à des opinions d'ordres divers qu ,1 est

'''tt^sfrîi représente les Cbalaa conune étant des Béni Ameur nous paraît la plus probable k

-TT;;^;;;;::^::^— An.eu. ... ...e. ae A--^^'v"f"'"' '' "

Kabia', fils de Nabik, fils de Ililal, ms '>'; ^-'^'.f /^l 1 , nis de El' Les S'as'asont ^ ^-^;^^/^r^^. H. .e.Uoire se trouve l'krima, fils de Yaz.d fils de Ha a « ^^ ^^^^^^ ^^^ ^^^^. ^,^,_

.lans le Djebel R'azouane, près de 1 aiel. P ,

lils de Bekr, fils de Haouz.à.te, chez lesquels le 1 rophe e

Les Béni Yaco.d,, qui oui donue leur nom

et autres

DOCUMENTS POIM S1.H\ lu \ I ,'ll IS rO[ Mj; DCS ir\MVA\ l.")3

Elle e\pli(Hi(M;iil (liuic (iivoii lies nelle le piciiiicr niou- vemoiil dos /on^liba. Occupant d'abord la i(;<r\on actuelle du cercle de Mcchéiia, ils auraient clé jetés avec l'avant- gardc de l'invasion hilalienne, les Béni Ameur auraient été heureux de piolilcr de I appel cpii Icui- était fait [)ar Yarnio- racènc poiu' (juiticr la dure réo-iun des llauts-Plaf,eaux et aller s'installer daii< le Tell.

Refoulés i)lus tard, en partie, par les successeurs de Yarnioracène dans les réj^nons du Sud, ils seraient retournés d'où ils étaient venus et se s(<raient retrouvés à côté des Djemba, arrivés [xMulaul leur absence.

Cette explication de l'origine des Chafaa et des Djeiuba nous semble i)ouvoir être admise.

Quoi qu'il en soit, ces groupes ainsi constitués étaient loin de vivre en bonne intelligence.

Il ne se passait pas de jour sans que l'un d'eux n'en razziât un autre, b^quel profitait de toutes les bonnes cii- constances que son ennemi lui offrait pour lui rendre la pareille et lui enlever ce que ce dernier lui avait pris la veille. Aussi tous ces gens étaient-ils toujours sur le qui- vive : ils s'entouraient de précautions infinies et étaient souvent arrachés à leurs occupations par le « Tiberguent » ou le <( Chaoula » '. Les bons pâturages et les meilleurs points deau étaient, en conséquence, occupés par ceux-là seuls (pii pouvaient s'y maintenir.

Les tribus des alentours ne tardèrent pas à souffrir de ce voisinage ; c'était tous les jours de nouvelles razzias et de nouvelles surpiises qui les privaient d'une quantité consi- dérable de troui)eaux. Poussées à bout par les déprédations

plusieurs de leurs frères, par suite, alors, de leur proximité de cette ville, étaient les raïas de ces mêmes chrétiens. (D'après En Nassi.)

Le commandement de tous les Béni Ameur appartenait à Daoud Ben llilal Ben A'tt af Ben Kerche Ben A'yad Ben Mani Ben Yacoub.

I Dans le Sud de la province d'Oran, lorsque le pays n'était pas sûr, que l'on avait lieu de craindre quelque attaque subite, ou que l'on était en guerre avec le voisin, on plaçait sur les haiitetirs dominant les alentours du douar des vedettes groupées deux par deux. Sitôt qu'elles croyaient qu'il y avait danger, elles saisissaient une étoffe blanche, un haïk, par exemple, et l'agi- taient. Tout le douar accourait immédiatement en armes, c'était le Tiberguent. Le Chaoula consistait pour les vedettes à allumer subitement un feu : c'était l'appel aux armes la nuit.

11

154 DOCUMENTS POV K SERVIR A l'hISTOIRE DES IIAMYAN

de ces brigands, lassées de se voir iinpiinément razziées, elles résolurent de se défaire de leurs ennemis et commen- cèrent à les traquer. Les futurs Hamyan s'aperçurent qu'il en était fait d'eux, s'ils ne se groupaient pas de façon à résister à leurs ennemis. Cette idée de group'^ment se pro- pagea parmi cette multitude dans ces termes : (( Hammi, nehamik » (chauffe-moi, je te chaufferai ; ou, protège-moi je te protégerai). Ils se réunirent donc et furent ainsi connus, dit-on, sous le nom de Hamyan i^gens qui se sou- tiennent) ; c'est là, d'après eux, l'origine du nom qu'ils ont conservé.

A quelque temps de là, les Hamyan se divisèrent en Cheraga et en Gheiaba, en raison de l'extension qu'ils avaient pris.

Après cette scission, les querelles cessèrent momenta- nément entre les Hamyan-Gheraba. Forts de leur supério- rité numérique, ils s'attaquèrent à tout ce qui était plus faible qu'eux et se vengèrent des défaites qu'ils avaient précédemment subies. Hs eurent aussi avec les Trafi des luttes sanglantes, dont le motif, fut la possession de l'Ang- el-Djemel et du point d'eau d'Ech Chebour, actuellement réclamé par les Oulad Sidi Khahfa ; les Hamyan le gardè- lent. Plus tard, ils eurent encore à lutter contre les tenta- tives des Béni Mathar pour les points d'eau du chott Chergui ; une convention passée entre les deux tribus décida que le point d'eau de Chaïb serait commun aux belligérants et que la limite passerait par le milieu du chott, laissant aux Hamyan les points d'eau du Sud, dont Ech Chebour.

L'accord se rétabUt entre les Hamyan-Cheraga et les Hamyan-Gheraba jusqu'au moment une question reli- gieuse vint les séparer définitivement.

Quoique issus d'un même groupement, les Hamyan n'étaient pas tous serviteurs des mêmes marabouts. Ceux de l'Ouest obéissaient aux Oulad Sidi Abd-el-Hakem, de la branche cadette des Oulad Sidi Cheikh, tandis que ceux de l'Est étaient serviteurs des Oulad Sidi El Hadj Bon Hafs, de la branche aînée des Oulad Sidi Cheikh ; ces divergences les firent en venir aux mains.

Les campements des Gheraba se trouvaient, à l'époque dont nous parlons, à Touadjeur. Sûrs d'être battus s'ils combattaient seuls, les Cheraga soudoyèrent les Harrar, les Djaffra, les Hassasna, les Boni Mathar, les Angad et les Oulad En Nehar. Toutes ces tribus se concentrèrent à Hassi

Doci mi:nis i'oi it si;u\iit \ i "nis i diiti; r»i;s iiwn w lÔ.j

l'^l lliitln, ail Ndid de Ti^riK )uliiic, cl \imriit lomber à I iin|)i(i\ isir Mil' les (iliciaba. \()rrs iiii coinbal incnrli icr. les (Juliul ScroLii ol lc> liciii MclhaicC suiloul rpiou- \('iciil des p(Ml«'s considôrablcs, les (Uicrag-a cl leurs alliés l'iirciil CDiiipIcIcmcnl dclails cl se laissèrent prendi'e plii- sicuis il allalicii >■, dans l'un doscjiicls se trouvait la femme Ackeïa qui, dil-on, fui i^aitléc pcndaiil plusicuis jours sans manger ni boire.

( Ancienneuienl, en effel, les lribu> (hi Sud auienaient des femmes montées sur des chameaux dans des palauquins. Elles se tenaient sur les derrières ; leur rôle consistait à' ranimer le courage des combattanis et à arrêter les fuyards en les accablant d'injures).

Après celte défaite, la paix rétablie entre les deux tribus ne dura pas longtemps. Excités par les marabouts et jaloux de venger un tel insuccès, les Cheraga tombèrent une seconde fois sur les Gheraba installés à Khebazza. Ils furent encore défaits et se laissèrent prendre quarante attatich.

La concorde devenue désormais impossible, les Gheraba et les Cheraga se séparèrent ; les premiers conservèrent le nom de llainyan et se subdivisèrent en Chafaa et en Djemba ; les seconds adoptèrent la dénomination de Trafi cause de leur position à l'extrémité ou « Tarf de la province 0, d'Oulad Ziad et de Rezaïna.

Leurs rancunes ne cessèrent que lorsqu'il leur fallut lutter ensemble contre les Turcs.

* *

Les limites approximatives des terrains de parcours des Hamyan paraissent avoir été, à cette époque, les suivantes : à l'Est, le pays des Harrar et le Djebel Amour ; au Nord, le pays des Béni Mathar (Ras-el-Aïn) et la partie Sud de la plaine de Tafrata ; à l'Ouest, la Moulouya et le Guir ; du côté Sud, la limite était des plus imprécise.

I 11 existe lieaiicniip d'avilres versions relatives à l'étymolon-ie du nom do « Trafl ». Les plus intéressantes sont celles données par le Heulenant-colonel Wachi, ancien chef de Bureau arabe. (In-Revuc Tuinsieiine 1902, p. 3o3.)

156 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hiSTOIRE DES HAMYAN

CHAPITRE II hX DOMINATION TURQUE

Pendant que les querelles intestines divisaient les Ha- myan, tout changeait en Bcrbéiie. Les Turcs étaient apparus en Ifrikiya ; les Espagnols occupaient une grande partie des côtes. C'est l'époque oij, selon l'expression du chroniqueur, (( la liberté des Berbères descend au sépulcre pour jamais ». A Tlenicen, régnaient les derniers Zeyani- tes ; en i5i2, cette cité envoya en Espagne son hommage de vassalité ; elle lut contrainte alors de fournir des vivres aux garnisons espagnoles.

Mais si la province d'Oran dut subir tour à tour la domi- nation des Espagnols, des Turcs, des Sultans Marocains, les Hauts-Plateaux restèrent généralement à l'abri de ces vicissitudes. Les sultans marocains firent sans doute quel- ques razzias dans ces régions ; mais les nomades se ven- gèrent en pillant, à plusieurs reprises, leurs convois et en les assaillant toutes les fois qu'ils battaient en retraite. Certaines fractions llarnyan furent les alliées des Espa- gnols. La chronique du Cheikh Ibn Merzouk raconte qu'à la suite de la tentative infructueuse que fit Ibrahim Pacha, pour enlever Oran aux Espagnols, ceux-ci construisirent la forteresse du Murdjadjou et s'ingénièrent à la rendre inexpugnable ; comme il était très difficile de se procurer l'eau nécessaire, le Cheikh des Hamyan leur en apporta dans des outres.

« Ce fait, ajoute le chroniqueur, doit être pour le <( musulman un objet constant d'étonnement : Dieu est « insondable dans ses moyens. y>

11 est aussi narré que le Commandant des troupes espa- gnoles occupant Oran préparait une sortie contre les gens d'Abou Mehdi Cheikh Sidi Aïssa et l'auteur arabe écrit :

« Ce duc était capitaine des chrétiens à Oran. (( Les deux plaines qu'il allait ravager sont Sirat et les <( contrées contiguës de Meleta et d'El K'a, dépendant du

Émi\

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOïRE DES HAMYAN 157

« territoire de Soucïd. I.e diu- ainiail contre nous les (( armées des ehrétiens et leurs alliés, les Hoinaïarie, les « Kiza, C-hafa et autres méprisables arabes.

« Et ces alliés, ô croyants, étaient des tribus musul- <i mânes. »

Ces Hamyan étaient ceux ([ui avaient suivi les Reni Ameur i.

Ceux restés dans le Sud n'étaient pas moins hostiles aux Turcs cpii leur inspiraient une crainte jusliliée. S'ils échap- pèrent d'une façon générale à leur autorité, ils eurent h leur payer à différentes reprises de lourds impôts et ils n'ont pas oublié les procédés qu'ils employaient pour les percevoir.

Des espions signalaient au Maghzen l'emplacement des douars et celui-ci, aussitôt renseigné, opérait de fructueux coups de main. T.es Meghaoulia ont conservé le souvenir de celui dont ils furent victimes à El Agueur, du temps du bey (laghly ^. Ayant trouvé que l'impôt réclamé était exa- géré, ils refusèrent de le payer ; les Turcs les attaquèrent et les Meghaoulia, repoussés, durent se replier par le col du Chameau (entre Méchéria et El Agueur). Le passage était Iro}) étroit pour permettre l'écoulement des trou- peaux ; la moitié resta entre les mains des agresseurs et, dans la lutte, ^2 Meghaoulia furent tués ; les autres s'enfui- rent siu' Tiout et Aïn-Sefra.

Outre les contributions qu'ils venaient lever eux-mêmes sur les tribus, les Turcs leur réclamaient un impôt de oapi- tation, appelé <( gharama ou lezma )>, toutes les fois qu'ils venaient faire leur approvisionnement en grains dans le Tell.

Aussi les Hamyan profitèrent-ils des luttes entre les Turcs et les Sultans de l'Ouest pour prendre parti pour ces derniers toutes les fois que l'occasion s'en présenta.

L'action très limitée des Turcs sur les populations des Hauts-Plateaux n'empêcha pas, en effet, les Marocains de venir guerroyer à deux reprises dans cette région.

En 16^7, le chérif saadien Mouley Mohammed chercha à

1 II existe actuellement, ihms le canton d'Arzew, au Sud de Saint-Leu, un groupement Hamyan et im point appelé : « Les Hamyanes ».

Les Arabes Hamyan qui se trouvent avec les Menaceria, descendent de la confédération des Hamyan. Ils entourent une vieille tribu berbère : les Bettioua.

2 Hécit du caïd des Meghaoulia.

158 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

étendre son autorité vers l'Est. 11 pénétra chez les Angad et entra à Oudjda ; continuant sa marche, il tomba sur les Béni Ameur, les razzia et les contraignit à chercher un refuge auprès des Espagnols d'Oran. 11 lit du butin dans la campagne de Tlemcen et, l'hiver terminé, il arriva sur les Hauts-Plateaux, au Sud-Est de Saïda. Ses succès frappèrent l'imagination des tiibus sahariennes, en excitant leur cupi- dité, et éveillèrent en elles le désir de tirer vengeance d'an- ciennes querelles. Mahmoud ', cheikh des Hamyan, vint apporter au chérif la soumission de cette grande tribu et ses voisins, les Mehaya et les Dakala, l'imitèrent. Dispo- sant ainsi de nombreux contingents de cavaliers, Mouley Mohammed envahit le Tell de la province d'Oran, et s'a- vança ensuite jusqu'à Laghouat et à Ain Mahdi, mettant toutes ces contrées au pillage. Une armée turqu^ fut envoyée d'Alger contre lui. Pour y échapper, il se décida à prendre le chemin de Sidjilmassa. Il partagea donc le produit des rapines entre ses alliés et donna rendez \ous aux: Arabes pour le printemps suivant dans les plaines d' Angad. Les Turcs airivés à Tlemcen y furent très mal reçus ; la population leur reprocha de n'avoir pas su les défendre contre les attaques du chérif. Ne s'étant procuré sa nouriiture qu'au prix des plus grandes difficultés, l'armée rentra fort mécontente à Alger, sans avoir pu recouvrer le moindre impôt.

Moulai Mohammed ne ])ut d'ailleurs mettre, l'année suivante, ses projets à exécution ; le i""" juillet t6''i9, battu par Mohammed El Hadj, il fut obligé de lui abandonner sa capitale.

Trente ans après, les Marocains reparaissaient sur les llouts-Plaleaux et trouvaient chez les tribus le même accueil ; Moulai Ismaïl avait réorganisé les forces militaires du Moghreb ; il avait constitué avec des nègres une armée solide et bien instruite ; sur les routes et aux points straté- giques, il avait placé des garnisons et construit des forte- resses. \près avoir pacifié le Sous, il se transporta dans les régions sahariennes de la Haute-Moulouya ; son armée s'y grossit des contingents indigènes, en particulier des Ilamyan, des Amour, des Béni Ameur. Guidé par eux, il s'avança jus(|u'au Djebel Amour. Mais une colonne turque

I Mahmoud était originaire des Ghiatra Oulad Ahrneil. Il descendait direc- tement du marabout Sidi Maamar lien Alta. C'est de que vient l'origine des Djouad qui existent actuellcmenl elle/ les Cliiatin.

Il

DOCUMENTS POUR SERVIR \ r, 'HISTOIRE DES II\MYAN 159

avait suivi son iiionvcniciil d s'élait établie sur la rive droite du (IhélilT, pour lui disputei' le passa^^c au lieu dit (Jouïaa. l,ors(pie les deux années se trouvèrent eu présence, elles s'observèrent d'abord ; dès (pie la nuit fut venue, les Tui-es, avec un <>iancl renfort de cris et en frappant les tambours, ouvrirent le feu de leur artillerie sur le camp du chéiif. (les (lélonalions répandirent la terreur parmi les Arabes (pii connaissaient à peine le nious(|uet et ils prirent la fuite en abandonnant le Sultan du Alaioc. La défection des Arabes entraîna l'échec de l'expédition. Moulai Tsmaïl jura de ne jamais compter sur eux et de leur faire payer chèiement leui- trahison. Réduit à ses troupes régulières, il fut obligé d'accepter la paix (jui lui était imposée. Troi- ans après, il trouvait l'occasion de razzier les Béni Ameiii Les Arabes, à leur tour, se mirent à la poursuite de son armée, quand elle fut obligée de se replier, après avoir essayé vainement de prendre Oran aux Espagnols fiôg^ .

Ces expéditions furent vaines et ne laissèrent aucune trace durable. Si les chérifs les entreprirent, ce fut surtout pour donner satisfaction à leur désir de conquête et aussi pour répondre aux vœux des populations de ces contrées, fjui supportaient difficilement le joug des Turcs. Mais leur domination ne fut jamais qu'éphémère ; elle disparaissait dès fju'ils s'étaient éloignés ; à peine \c Sultan parti, noma- des et ksouriens reprenaient leur antique indépendance

Pendant cette période, les Oulad Sidi Khalifa allèrent se fixer défi niti veulent dans la région du Kreider et se divisè- rent en Gheraba et Cheraga ; ces derniers bâtirent le ksar de Sidi Khalifa, oîj ils vivaient d'aumônes. L'un d'eux, nonuné Embarek, s'étant brouillé avec ses frères, vint, vers 1771, à Ech Chebour, avec quelques fidèles ; ils y construi- sirent quelques gourbis qu'il? abandonnèrent sept ans après pom- retourner à Sidi Khalifa. Le point d'eau d'Ech Cheboiu' resta toujours la propriété des Hamyan.

160 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

CHAPITRE III LE XIX-^ SIÈCLE Jl SQl 'Al TRAITÉ DE 1845

Les terrains de parcours des Hamyan

Au début du xi-x"" siècle, les Hamyan menaient l'existence nomade dans toute l'acceptation du terme ; mais la zone dans laquelle ils vivaient, offrait à leurs troupeaux des pàtu- lages si peu abondants, qu'ils étaient obligés de transhumer fréquemment ; selon la saison, ils occupaient telle ou telle partie de leurs terrains de parcours.

C'est ainsi qu'ils estivaient soit à Ras el Ma, Taerziza ovi El Aricha, soit à Tiouli ou dans la vallée de l'Oued El Haïdj, soit encore à Meridja et Haouciat-ed-Diab ". En un mot, ils occupaient celui des points précités il y avait de bons pâturages ou qui se trouvait le plus à proximité de la région oii le cours des grains était le plus bas.

Aux premiers jours de l'aulonine, approvisionnés en orge et en blé, ils levaient le camp et, s'ils étaient à Ras el Ma, ils allaient au Chott Ech Chergui (Rouguern) ; s'ils étaient à Taerziza, El Aricha ou Tiouli, ils se rendaient à El Reïda, Oglat en Nadja, El Morra et Oglat Moussa, dans le chott Gharbi; s'ils étaient près de l'oued el Haïdj, Meridja ou Haouciat-ed-Diab, ils allaient les uns à El Mengoub, les autres au chott Tigri, Mazar et Oglat Moussa.

A la fin de la dernière saison, chaque groupe transhu- mait et s'acheminait par petites étapes et par un itinéiaire différent vers le Sud ; les Hamyan du chott Tigri suivaient la vallée de l'Oued el Hallouf et passaient par Ich et Figuig, oii ils ensilaient une partie de leurs grains ; ceux du chott Gharbi se dirigeaient sur Aïn-Sefra, Tiout, Moghiar Tah- tani et Sfîssifa, en passant par Ain ben Khelil ou Galloul. A l'instar des premiers, ils confiaient une partie de leurs orains aux ksou riens.

I Points situés ciilre Hei'LniPnl el l>fli(liiii.

DOCUMENTS POUR SERVIR \ T,'tîlST01RF nFS IJXMYAN 161

Au début âc l'hiver, ils se retrouvjiicut ainsi tons à Klieneg en \anious, point désin^né pour la concentration générale el, de là, ils prenaient la direction du Gourara et du Touat, en descendant la \all('c de l'Oued en Nanious. S'ctant ravitaillés en dalles dans les diverses oasis, ils re- montaient vers le xXord, reprenant dans les ksour tout ou partie de leurs grains, et confiaient à leurs gardiens habi- tuels la (juantité de dattes conservée comme réserve pour l'année suivante.

Dès leur arrivée dans la région des ksour « si le vent de paix soufllait », ils se sépaiaient ; dans la négative, a{)rès' avoir suivi ensemble la vallée de l'Oued El Ilallouf jusrpi'à Djenan El Adham, ils se répandaient dans les vallées des oueds Bon Eardjeni et Bon K.dkhal (^t s'installaient pour passer le printemps dans la légion (fui a pour centre le Djebel \nlar.

Durant de nombreuses années, les llamyan menèient ce gcMire de vie (^t lien ne fut sensiblcMnenl modifié aux gran- des lignes de le\ns parcours péiiodi(pies.

Momentanément, des querelles intestines vinrent mettre un terme à cet état de choses ; à la suite de cour)s de feu échangés entre différents çoffs, la scission enir e Djend)a et Chafaa s'accentua et même certaines familles des Oïdad Sei'our et des Akerma se séparèicnt.

Quant aux Bezaïna, originaires de Bon Semghoun, lems parcours s'étendirent, de Chellala, Aers le Nord, jusqu'à Sfid ; ils étaient les clients et les serviteurs religieux des Oulad Sidi Cheikh, dont le marabout avait sa tombe à El Abiod.

Sur tous ces nomades, une seule autcn'ité existait : celle des marabouts.

* * *

(iiàce à leur iniluenee religieuse, bientôt jointe à leur- iiinueiicc politique, les marabouts représentent en réalité le seul pouvoir organisé, dans ce |)ays livré à ranarchie

Ce sont eux cpii, dans la lutte (|ui va opposer les Ohérifs aux l'incs, mettiont les llamyan, ou tout au moins cer- taines de lems fractions, au service de causc^s différentes.

Xous trouverons ces derniers s'inféodant, suivant les nécessités du moment, à telle ou telle confrérie religieuse et leurs actes leur- seront inspirés pai' des raisons sociales ipie, seule, l'auloiilé maraboutique aura entrevues.

162 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

Dans cet ordre d'idées, les Oulad Sidi Cheikh devaient évidemment injposer, tout au moins aux Djemba, leur autorité.

Lorsque mouru! Si Ben Kddin, cjiii avait succédé à Si El lladj Bouhafs, de la branche cadette, la biuaka fut trans- mise à Si El Arbi.

i Rappelons, en passant, qu'après Sidi Cheikh, ses descen- dants s'étaient divisés en deux partis, celui de Si El Hadj Bouhafs, chef de la bianche aînée, et celui de Si El Hadj Abdelhakem, chef de la branch(> cadette.)

Les descendants de Si El lladj Abdelhakem, jaloux des prérogatives attribuées à la branche aînée, réclamèrent leur part des revenus perçus annuellement par celle-ci.

Leurs prétentions n'ayant pas été admises, le chef des Oulad Abdelhakem, Si Sliman ben Kaddour, Agé de 19 ans, résolut de trancher le différend par les armes.

Il gagna à sa cause les Hamyan et marcha à leur tête contre les Oulad El ITadj Bouhafs, doni il lazzia les trou- ])eaux sur l'Oued Seggucur.

Si El Arbi répondit par une aulrc lazzia faite sur l'Oued Gharbi.

Ces deux coups de main furent le point de départ de la scission qui, désormais, allait sépiucr les (^ulad Sidi Cheikh en deux groupes à jamais irréconciliables.

Après une série de combats indécis, mais dans lesquels l'avanlage resta finalement aux Gheraba, qui étaient sou- tenus par les Hamyan, Si El Arbi leur céda la moitié des revemis de la zaouia des Oulad Sidi Cheikh.

Si Sliman ben Kaddour fonda alors, dans le ksar Gharbi, la zaouia de Si El Lladj Abdelhakem.

Les Oulad Sidi Cheikh Cheiaga se prétendirent lésés par la construction de cette zaouia.

De nouvelles luttes s'engagèrent entre h^s deux branches et, finalement, une troisième zaouia, consacrée Si El Hadj Bouhafs, fut créée.

En 1766, un accord finit par se faire et on convint (|ue les offrandes seraient partagées en trois parts égales dont chacvme serait affecté à chaque zaouia.

Mais, comme la zaouia principale de Sidi Cheikh et celle de Si El Hadj Bouhafs se trouvaient à côté l'une de l'autre, dans le ksar Chergui, il en résulta que les Oulad Sidi Cheikh Cheraga eurent, en réalité, deux parts et les Oulad Sidi Cheikh Gheraba une seule.

DOCUMENTS POtn SERVIM \ l/mSIOinF DES IIVMYAN 163

(le l'iiil iiinciiii tlt's riviilil(''> cl des C()iii[»('lili()iis (l'inlorol (|in cxi^lfiil encore de Il(»^ joui's.

Lu i)riiici[)ide cl |)rcs(|iie iiiii(|ii(' liiisoii qui [>ous;<a les Ihmiyaii h s'inlT'oder, h celle c|)()(]ue, iiiix Oulad Sirli ("dicikli ( ilii'iidiii, --C li(>ii\e iliiiis rolïre de iii/zias c(iii>^liiii- le> (|iie leur lil eiiliexoii Si Sliniaii l»en Kaddouf.

« *

|ji\ir(iii (juaiaulc ans j)lus lard, nous icliouvons les llaniyaii Cliafaa se metlanl au ser\ ice d "une autre force inaraboulir|uc, les Derkaoua.

N ers 179'!, -Moulay Sliniau couiuicuça à ié^'"uei au Maroc.

Des niarabouls allachés au parli des Turc> d'Alger, les khelouatia, avaienl fait leur ai)pariliou daus l'Atlas et suscité des uiouvemculs populaires qui douiièrent cer- taines craintes au Sultan, lequel, pour y remédier, les expulsa.

Désireux de se mettre en garde contre eu\ e| andii(ion lia ni aussi de s'agrandii- vers l'Rst, Moulay Sliman entra, d'une part, en relations avec le bey de Mascara, Moham- med el Kébir, cl, en inême temps, échangea une correspon- dance suivie avec le chcrif alide des Herkaona, !\îohanin)ed el Arbi, ennemi juré des Turcs, qu'il opposa aux Khelouatia.

Pendant fpiehpies années, Moulay Sliman envoya des troupes et peiçul l'impiM dans îa région des Béni Suiissen et sur Oudjda, sans (piaucunc dilïicidlé vint à se ])roduiie entre lui et le bey de Mascara.

Subitement, en 1800, à l'appel d'im maiaboul des Der- kaoua. nommé Abdeikader ben Chcrif, des révoltes contre les Turcs éclatèrent de tous cfMés dans la région de l'Ouest de la Régence d'Alger. En même temps, les Kabyles des Rabors se révoltèient à leur t )ur à l'instigation d'un chérif marocain, El Tladj Mohammed bcn El Arach, surnonnné Bon Dali.

l.e bey de Mascara qui avait succédé à Mohammed «^1 Kébir. El Hadj Mustapha, ne put résister au soulè\ fincnl d(>s Derkaoua, commandés par Ben Chérif.

Il fut battu à Eorthassa. Son camp fut j)ris et pillé, il se retira sur Mascara en toute hàtc, ^é^acua et alla se retran- cher à Oran.

Ben Chérif profda de cette faute pour s'emparer de Mas- cara et en faire son quartier général.

11 lança ensuite des proclamations dans toutes les tribus.

164 DOCUMENTS POUR SERVIR A L'hISTOIRE DES HAMYAN

les appelant à la Guerre Sainte contre les Turcs, menaçant celles qui résisteraient.

Les Hamyan Chafaa se jendirent à cet a])pel.

Les relations constantes qu'ils avaient avec les gens de Tlemcen, oii ils trouvaient à s'approvisionner en majeure partie de grain, les avaient mis à même de suivre le mou- venienl qui se prépaiait depuis déjà longtemps.

On leur avait raconté que le bey de Mascara, El Hadj Khelil, prédécesseur de Mohammed el Kébir, avait persé- cuté les marabouts hostiles aux Turcs dans la région de Tlemcen et que le marabout derkaoui, Mohammed ben Ali, avait lutté contre lui et avait réussi, par ses incantations, à le faire foudroyer.

D'autre part, les Tidjania, (jui régnaient en maîtres sur les Hauts-Plateaux, n'avaient pas été non plus épargnés [)ai- les Turcs et poussaient les tribus nomades du Sud à se soulever contre ces derniers.

Enfin en sous-main, le Sultan du Maroc, Moulay Slinian, entietenait des relations avec les insurgés.

L'insurrection fomentée par les Derkaoua gagna de plus en plus du terrain ; tout le pays était en révolte depuis la frontièie marocaine jusqu'au Chélil'f.

Le bcy, Mustafa, assiégé dans Oran, sollicita du Sultan Moulay Sliman son intervention auprès des insurgés.

A cette nouvelle, le dey d'Alger destitua El Hadj Mustafa et le remplaça par un coulougli nommé Mohammed Mekal- lech, l'ude homme de guerre, qui battit Ben Chérif dans difféientes rencontres, souleva contre lui toutes les tribus maghzen et, à la suite d'un coup de iinain heureux, reprit la ville de Mascara.

Ben Chérif se retrancha dans la zaouia de Mohammed ben \ouda.

Attaqué par le bey Mohammed Mekallech, il subit une défaite écrasante et dut s'enfuir dans la région de la Yacoubia (Sud de Saïda).

Pendant ce teuips, à Tlemcen, la population, excitée par les Béni Ameur, avait fait cause comnnune avec les Der- kaoua, avait prêté serment de fidélité au Sultan du Maroc et assiégeait la garnison turque qui était enfermée dans le Méchouar.

Mekallech reprit Tlemcen après avoir livré aux Derkaoua inie grande bataille à l'Oued el Ahad.

Lorsque le Sultan Moulay Sliman apprit le succès des Turcs, il jugea inutile de soutenir les Tlemcéniens et s'em-

DOGi'xMKMs l'orn sijioin \ l'iiisK^iiu: iM> ii\M>.\\ J(;:»

ploya à les léconcilici ;i\cc le bcy de Mascara, peiidaiil .jur les Jiciii Ameiir rt' vol lés sCiirii\aiciil. au Maroc.

Quoi(iiiil se lui culouré exciusivcznenl de Derkaoua et (|u il lie cessai pas dmli dcuii ,,,,c correspondance suivie avec le cliérif dcrkaoïii, Mohauinicd Kl Aibi, le .Sultan Moulay Slin.an ju-ea plus pi'oljtal.le de cesser de s'occupci lie Ja lutte entreprise par la confrérie contre les Turcs et prolila des embarras suscités à ces demicrs pour partir faire la conquête de Figui»^- (,1805,), (pi'il dcNail compléter trois ans plus tard par celle du Gourara el du Touat.

C<>s pays furent contre les Turcs, un foyer d'intrigues, <'t le refuge de tous les agitateurs des diveis'i)avs de l'Afriau'- du Nord. ^ ^

Quoique n'ayant plus à compter qw sur eux-mêmes, les Derkaoua n'abandonnèicnt cependant pas la lutte. Une grande bataille se livra au Sud de Mascara, dans la plaine d'Eghris ; les Turcs y furent vainqueurs.

Une autre, livrée à la Djidioua. égalemenl malheureuse pour les Deikaoua, les obligea à se réfugier vers l'Ouest.

Le chef derkaoui, Ben el Arach, qui s'était joint à Ben Chérif, fut rejoint par le bey sur les bords de la Tafna et fut lue au cours du combat qui se livra à cet endroit. ^ Poursuivis, les Derkaoua furent écrasés de nouveau à Teuta.

A ce moment, le dey d'Alger, trouvant que le bey de Mascara, Mohanmied Makallech, devenait trop puissant, le fit arrêter et étrangler.

El Iladj Mustafa, (jui avait été son prédécesseur mallieu reux, le remplaça. C'était un homme trop faible et trop peu énergique pour pouvoir lutter contre l'insurrection. Les Derkaoua, qui jadis lui avaient enlevé Mascara, repri- rent l'avantage et le dey d'Alger fut obligé de destituer de nouveau El Hadj Mustafa et de mettre à sa place le bey Bon Kabous(i8o8).

Avec ce dernier, les Turcs reprirent à leur tour l'avan- tage et les Derkaoua furent poursuivis sans relâche.

Ben Chérif, qui avait trouvé asile du côté de la Yacoubia, dont les marabouts avaient pris parti poui- lui, en fut chassé par le bey qui le rejeta au Sud du choit Chergui.

Ne trouvant pas d'appui chez les Oulad Sidi Cheikh, il en chercha un chez les Tidjania et se rendit à Ain Mahdi.

Mais, voyant un rival en lui, les marabouts Tidjania lui refusèrent leur aide et Ben Chérif dut repartir- vers l'Ouest et se réfugier chez les Béni Snassen.

166 DOCUMENTS l'OLiJi vSEKMl? A l'jIISTOIKE DES IIAMYAN

Le gendre de Ben Chéiif, Bon Tcifas, continua la lutte et se révolla à son tour, efntraînant derrière lui les Trara. Il fut bat lu paj' le bey Bou Kabous, mais, au retour de cette expédition, la colonne luiqiie fut décimée par la neige et rentra en désordre à Tlemccn, après avoir abandonné en route la plupart de ses bagages.

A la suite de cette expédition, il se passa un fait diiricile à expliquer. Le bey Bou Kabous s'alTilia secrètement aux Derkaoua, pactisa avec le Sultan Moulay Sliman et, lors- ({ue le dey d'Alger voulut l'envoyer dans l'Est contre le bey de Tunis, qui venait de se révolter, refusa de marcher.

Un caïd des environs de Tlemcen, nommé \li Karaba- ghli, prit parti pour les Turcs, s'enferma dans Nédromah et résista aux insurgés. Le dey d'Alger envoya Omar Agha pour rétablir l'autorité turque.

Celui-ci, aidé par Ali Karabaghli, s'empara du bey Bou Kabous, venu à Oran pour s'approvisionner, et le fit déca

pi ter.

Ali Karabaghli fut nommé bey et la paix fut maintenue, par la terreur, pendant qiiehpie temps dans toute l'Oranie.

En 1816, le derkaoui Bon Chéri f reparut, souleva une partie des nomades du Sud et les llarrar, marcha de nou- veau contre les Turcs, fut encore battu et se retira définiti- vement à Figuig.

Les nomades du Sud qui avaient suivi sa fortune et, parmi eux, les liamyan Chafaa, voyant baisser le prestige des marabouts derkaoua, cessèrent de prendre part à la lutte.

* *

LesTidjania, dont l'innuence sur les TIauts-Plateaux était aussi considérable que celle des Derkaoua dans le Nord, n'avaient pas été mieux liaités par les Turcs.

Le grand marabout d'Ain Mahdi, Tidjani, avait été chassé^'par le bey Mohammed el Kébir de sa zaouia, puis de Bousemghoun oii il s'était réfugié.

Obligé de fuir au Maroc, il avait été très bien accueilli par le Sultan Moulay SUman qui lui avait donné, à Fez, un de ses palais pour y fonder une zaouia.

Le marabout était décédé dans cette zaouia en i8i4.

Tes deux fils d'Et Tidjani, revenus à Ain Mahdi, à la mort de leur père, étendirent très rapidement leur influen- ce dans les ksour du Sud-Oranais.

a

DOC I MF M s l'OI |< SKMNIli \ l.'niSlorKK |»i:s ii\\n \\ 107

Les 'J'uifs ne l.irdrrcnl |i;i- i~i piriidii' ( uiiln ii^jr de ce ii*)ii\ l'iiii |)i iii\ oir.

I.c liCN (ic Miixaiii, lliissiiii, successeur d'Ali K;uab:j<_rhli, lit luer tous les iiiokiidenis de cet ordre (|u"il put suipicii- dr'e. puis uiarchii sur \ïri Mididi. Il sultil un ('cliee cl dut revenir vers le Tell.

Deux ans plus lard, le \n\ de Tillcii. Hun Mczraq, échoua, lui aussi, devant la /aouia.

Les Tidjaiiia attacjuèrent alois à leur tour les Turcs et lirent des incursions dans le Sud-Oranais.

Ln iS-îG, les llacheni se lévoltèrent et aj)[)elèrent Tidjani- à leui' tête. Celui-ci, après avoir essayé, en vain, de s'em- parer de Mascara, l'ut bat lu pai- le bey d'Oran cl lue.

Les Tidjania abandonnèrent la Itille. mais ne furent pas

poursuivis par les Turcs.

* * *

Si nous avons cru devoir insister sur ces très importimts mouvements maraboutiques qui, quoique certaines frac- tions d(^s llamyan y aient été mêlées, sortent de Lhi-toire particulière de cette confédération, c'est (jue les faits qui ont été racontés indiquent, d'une façon très précise, îa manière dont furent iiouv<Mnés les nomades du Sud avant l'occupation française.

Deux pouvoirs rivaux se sont constitués: celui des Chérifs et celui des Turcs d'Âlg-er.

('es deux pouvoirs diu'ent leur fortune à une léaction religieuse contre les victoires des Chrétiens qui avaient chassé les Musulmans d'Ibérie, et contre les entreprises des Portugais et des Espagnols sur les côtes de l'Afrique du Nord.

TIs ne purent s'établir que grâce à l'influence des con- fréiies et des marabouts.

Les Turcs et les Chérifs étaient fatalement appelés à entrer en lutte les uns contre les autres.

Les Turcs représentaient les sultans de Stamboul : les Chérifs, issus de la famille du Prophète, représentaient, pour les populations de l'Afrique du Nord, un Gouverne- ment constitué d'après les traditions les plus pures de l'Islam.

Les tribus arabes et les tribus berbères, jamais bien assi ses les vmes à côté des autres, favorisèrent tantôt l'un, tantôt l'autre des partis.

Les tendances des populations nomades, chez qui le refus

168 DOCUMENTS l'Ol K SEIO IK A l'iUSIOIHE DES IIAMYAN

de l'impôl a toujours élé considéré connue le plus sacré des devoirs, visaient à rindé])endance absolue.

Seule l'inlluence marabout ique fui (•a[)able d'enrayer l'anarchie.

C'est pourquoi les sultans marocains envoyèrent dans tout le Sud-Oranais des maiabouts, agents des zaouia de Fez, pour exciter partout les populations contre les Turcs et foment(;r des révoltes. Les beys ne purent recouvrer les impôts dans ces régions qu'à condition d'aller les cherchei avec de fortes colonnes militaires.

Enfin, obligés de faire face de tous les côtés, attaqués par Tunis à l'Est, par les Espagnols à Oian, par les Kabyles au centre, les Turcs durent abandonner à peu près entière- ment le Sud ei se conlcnler de chercher, dans la grande famille des Ouiad Sidi (_>heikh, un appui contre les autres intluences chérifiennes ou maiaboutiques.

Les sultans marocains ne inancpièrent pas, à plusieurs reprises, de profiter de celte situation embarrassée de leurs rivaux pour incursionner sui' les llauts-Plateaux Oranais, dans les ksour et aux oasis. Ils opposèrent, d'autre pari, clandestinement, marabouts contre marabouts ; ils furent les soutiens des Derkaoua dans le Nord et ceux des Tidjania dans le Sud.

Ils firent aussi appel à rambition des grandes familles locales, leur délivrant des cachets et des diplômes, leur pro- mettant des charges importantes futures.

Les Nomades du Sud en profilèrent pour refuser le paiement de l'impôt à tout pouvoir constitué en dehors de celui des marabouts.

A l'égard des Turcs, ces populations se déclarèrent maro- caines ; à l'égard du sultan de Imv,, elles se prétendaient sur le territoire turc.

Nous retrouvâmes les mêmes procédés au début de la conquête française, principalement chez les Hamyan K

* * *

Lorsque El Iladj Abdelkader parut dans la province d'Oran, les Hamyan en parcouraient la partie méridionale, depuis les régions de Tlemcen et de Debdou, jusqu'au Tafi-

I Cf. A. Cduk : n.v/MK/frs cliérificiiiu-s.— Il y n lit-ii df noter rinlluenro qu'exeivont encore de nos jours, cliez les llainviin, les nKinilxmts de Kenadsa el de Kerzaz. Lorsqu'une difficulté sérieuse surgit entre deux familles, le marabout Si Brahim, de Renadsa, est généralement pris comme arbitre.

DOCUMENTS V0\ \\ SKUMI\ A l.'lMSKMru; DKS ;i\MV\.\ \H[)

laloL cl au louai. Lcuiî; ])uinls d'eau claiciil à peu près les suixauls : rendrai a Cîhaibia, Ogial Cedia, Foum Bezouz, l()u> ceux des eliolLs (iliaibi, (llu'ryiii <'l l'ij^ni, dAïu Chair, d Aïu el Oiak. De iioiui)i<'u\ llani\au possédaient des pn;- piiélés à liou Anaii, El lladjoui, au Medaghia et à Figuig.

Après le Irailé de ibo'>, Abd-el-Kailer organisa son Elat ; les tribus llani;^an revurcnt des caïds, chefs politi(pies et militaires nommés par l'Emir, (^est ainsi que Mebkhout Ould Ahmed commanda a\i\ (Julad ^hlnsuul•ah, Demmou- che Ould Abdallah, auv Oulad Khelif, Ahmed lien Abdal- lah, aux Akerma, Bou Smaha Ben Maachou, aux Béni Metharcf, Aliloud Ould Laïredj, aux Meghouiia, Moham- med Ben i)if AUah, aux Oulad l\)umi et ^Mohammed Ben Amara, père de lagha honoraire El lladj Kaddom, aux Bekakra.

11 y a lieu de signaler l'inlluence dont jouissait déjà, y celte époque, Mebkhout, dont on lit plus tard un agha. u C'était lui qui était chargé de négocier d'abord avec les n Turcs, ensuite avec les Français ; mais, une fois rentré u dans sa tribu, il devenait simple particulier et il n'exer- « çait une réelle inlluence que dans sa fraclion. » '.Lettre de la Division d'Oran, ii octobre 1869J.

Dans la guerre incessanle qu'il engagea contre nos trou- pes, l'Emir trouva dans les llamyan de précieux auxiliaire:; ils durent, cependant, l'abandonner momentanément pour se défendre contre les troupes du Sullan du Maroc. Lorsque, poursuivi par les colonnes françaises, Abd-el-Kader se dé- cida à se rapprocher du Maroc, sa défaite au combat de rOued Melah (11 novembre i843) réduisit ses troupes à quelques centaines de cavaliers ; avec eux, il se jeta en désespéré sur les Hamyan, les surprit et fit sur ces derniers un butin considérable, qui lui permit de pourvoir pour un moment aux besoins des siens. Il profita alors de la proxi- mité du Maroc pour renouer des relations avec le sultan Abder-Rahmane.

Sa smala, considérablement diminuée, prit le nom de (( Deïra )> (du mot douar) ; il s'installa près d'Aïn-Ben- Khelil et obligea les Hamyan à lui fournir des contingents (juil lança sur les tribus des Laghoual et sur les Oulad Ziad Gheraba, qui perdirent dans celte affaire leur chef, Ahmed ben Ameur.

En i8fi!i, le général Lamoricière établit un camp per- manent à Saida et un autre à Sebdou ; un poste fut créé à Tiaret. Abd-el-Kader voulut reprendre la lutte ; ne trou-

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170 DOCUMENTS POUR SERVIR A L HISTOIRE DES HAMYAN

vant pas d'éléments suffisants dans le Sud-Oranais, il se rendit au Maroc et parvint, sous un prétexte religieux, à entraîner le Sultan contre nous. Mais, après le bombar- dement de Mogador, Abder-Ualimane abandonna la cause de l'Emir en signant le traité de Tanger ; une clause mettait Abd-el-Kader hors la loi dans tout le Maroc et en Algérie i. Chassé du Maroc, Abd-el-Kader se réfugia chez les Béni Guil. Le 3o janvier i845, un de ses djiouch faillit enlever en plein jour le poste de Sidi-bel-Abbès, et le général Lamo- ricière, pour protéger la vallée de la Mékerra, dut établir un camp permanent à Daya. Le mois suivant, l'Emir pas- sait en personne au Nord du chott El Gharbi, ralliant en route les tribus des Hauts-Plateaux ; il marchait dans la direction de la vallée supérieure du Chélilf. Mais il trou>^a le chemin fermé par les colonnes Cavaignac dans le Sud de Tlemcen, Lamoricière dans le Sud de Mascara et Géry dans la région saharienne ; il lui fallut reprendre la route de la Deïra sans avoir pu tenter le moindre raid. Dans les années qui suivirent, bien qu'il sentit sa cause compr.> mise, il continua la guerre de partisans, à laquelle il était réduit depuis le désaveu qu'il avait reçu du Sultan du Maroc, jusqu'au jour il dut se rendre au duc d'Aumaie Nous hésitions encore à aborder ces régions ; c'était poui nous le seuil du désert, où, croyions-nous, nos troupes ne pouvaient s'aventurer sans de grandes difficultés et les Turcs, nos prédécesseurs, n'avaient fait que passer. On se contenta d'imposer les troupeaux ; c'est ainsi que dans une lettre en date du lo janvier i845, le général Lamoricière, commandant la Division d'Oran, rendit compte que « l'agha Taveb ben Guernia avait été envoyé avec une (( centaine de chameaux chez les Hamyan Cheraga et <( Gheraba, pour faire acte d'autorité sur eux en réclamant (( le paiement de l'impôt zekkat. » On s'explique dès lors pourquoi le traité signé le i8 mars i845 détermina si défa- vorablement pour nous, comme nous le verrons, le sort des Hamyan.

I L'Emir Abd-el-Kader avait aussi essayé de rallier à sa cause la Confétlé- ration des Amour. N'ayant pu y parvenir, il les avait fait raz/.ier à Galloul et à Forthassa Gharbia, par les Hamyan Chaafa.

Pour .e ven-er, les Amour surprirent les Hamyan au moment du retour de^ caravanes du Gourara et raz.ièrent les Oulad Khalif à Oglat-et-Tine, au Sud d'Aïn-Beu-Khelil. Un mois plus tard, ils attaquèrent de nouveau les Hamyan à Rarnoug et leur enlevèrent un butin considérable.

A la suite de ces faits, une trêve passagère fut conclue à Figuig entre Amour et Hamyan.

DOCUMENTS l'orii si;ii\iii \ I 'msroihi: ins iiwn w 171

Notr (-oinpl<'iHentair<> sur Irs Icirciidcs aiuinini's relatives aux llaiiivan

Si .MoliaiiuiH'd ()iiltl MiiiiiiKir Hcn Dalioii, caïd du ksar de Mog^hur Tahlani (aiiMcxo dAïn-Sefraj, a cuinposL' un intéressant travail encore inédit sur les origines ('l l'iiistoire de son ksar.

Nous en avons extrait, à titre de curiosité, les quelques, passages ci-dessous qui se rapportent aux origines géné- rales et aux relations des llamyan avec les gens de l'Extrême-Sud :

« Dans les temps anciens, il existait dans le Sahara des <( populations diverses. Elles étaient réparties à Figuig cl « ses environs, à Moghar, Bou Semghoun et le Sahaia et <( habitaient soit dans les montagnes ou les vallées, soit « dans les hammada ou les espaces désertiques. Ces peu- << pies avaient des mœurs distinctes en ce qui concerne « l'alimentation et l'habitation. Ils étaient païens, n'a- (( valent point de livres saints ; nul prophète ne leur avait « exposé de doctrine. Les uns portaient le nom de <v Ro (( mains », d'autres étaient les " Majous » ou adorateurs « du feu.

(( Ils avaient coutume de construire leur maison de telle (( sorte que ^indi^idu, lois(|u'il se trouvait dépourvu de « vivres, pouvait s'ensevelir sous les ruines de sa demeure. « Les Majous pratiquaient une forme d'union incestueuse : « ils épousaient leurs lilles ; le frère et la sœur se mariaient « ensemble. Ils étaient vêtus de peaux de bêtes et de plumes « d'oiseaux; les pauvres, parmi eux, se couvraient de feuil- (( les d'alfa et de drinn tressées. Leur nt>iuriture consistait (( en gros gibiei- et en nebeg (baie de jujubier sauvage : « sedra). Ils faisaient une huile iwoc le guedin et leur pain <( était à base de farine de drinn. Ils apprêtaient aussi les « herbes qui, à cette époque, grâce à la fréquence des « pluies, étaient très abondantes.

<( Ces peuples vivaient entièrement séparés les uns (( des autres, n'ayant aucun rapport, et n'exerçant, « les uns vis-à-vis des autres, aucune violence. Ils « n'avaient point de souverain (Ui de chefs ; et nulle « oppression, nulle iniquité ne s'appesantissaient sur eux.

172 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

« Préoccupés uniquement de leur subsistance, chacun u d'eux recueillait, suivant les époques, les baies, les grai- « nés ou les herbes qui lormaient la base de leur alimen- « tation. Leur boisson leur était fournie par l'eau des « sources et non pas par leau des r'dirs.

<( Ces autochtones étaient de très grande taille ; par (( contre, leurs femmes étaient minces et courtes Elles (( avaient les cheveux abondants et les yeux bleus. Elles se (( couvraient de fourrures ou de peaux de renard, de chacal, <i de hyène et de lièvre. Elles préparaient une trame de (( drinn et d'alfa dont les hommes se revêtaient.

« On raconte que ces peuples furent décimés par un (( cataclysme. Cependant, une partie de leurs descendants « survécut et habita le pays qui devint désert après leur « disparition. Alors arrivèrent les Ghleuh, tribu de Ber- ce bères Zouaoua et Ibadites. Puis ceux-ci furent subjugués (c par des Arabes des Béni Hilal, Béni Hachem, Koréïchites, (( Haoumin, Béni Mekhzouni, qui, depuis Tunis, courbè- <( rent sous leur loi les lierbères. Ces derniers fuyaient <{ devant les envahisseurs qui, parvenus aux monts du « Gharb, s'installèrent dans le Tell et le SahcU'a, conver (( tissant à la Foi, par le fer et le feu, tous les indigènes « qu'ils rencontraient. Certains Berbères purent gagner (( Figuig. Le pays compris entre le Guir et l'Oued Segueur « était alors occupé par les Arabes Béni Ameur.

(( C'est au iv*' siècle de l'Hégire que les Arabes pénétrè- « rent en Ifrikiya et se répandirent de Tunis à Fez et Marra- (( kech, lutlant contre les Berbères Zouaoua et Ibadites qui « sont tous des Chleuh et qui fureait chassés des monts et (( des plaines.

« La contrée qui forme actuellement les cercles de Mé- '( chéria, d'Aïn-Sefra, de Figuig et de Géryville était le pays « des Béni Ameur qui y pratiquaient la culture et y pros- (( péraient. Au vf siècle, ces Béni Ameur émigrèrent vers « le Tell, du côté de l'Oued Melghir, de Sidi-bel-Abbès, de (( Zefizef et du Djebel Filouïn. Une partie d'entr'eux, '( cependant, les Hamyan, restèrent dans la contrée qu'ils « peuplèrent.

(( D'après ce que nous avons appris (et Dieu sait mieux (( que nous toutes choses), la descendance des hérétiques « s'est perpétuée à Figuig ; on dit que des descen- « dants des Bomains se trouvent à Kçar el Abid de Figuig ; <( il y aurait aussi des Ibadites, ainsi qu'à Chellala Dah (( rania.

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DOCUMENTS POUR SERVIR A l/lîTSIOinK DES HAMYAN 173

« Certains Poinains vivaient sous la tente comme les « Arabes. Ils possédaient des éléphants qui leur servaient « pour leurs transports et leurs mirriations et ils avaient <( un très «,nand nombre de ces pachydermes dont la vente (( leur procurait des ressources considérables. Ils avaient « aussi des bœufs et des moutons ; ces derniers étaient, «( comme les mouflons, dépourvus de laine ; on les nom- « mait u jirafiya ». Tls avaient sur le sommet de la tele « deux cornes branchues. Ces animaux donnaient du lait « comme les vaches.

« r.es peuples précités se servaient, pour leurs échanfres, « de disques de poudre d'or ; chacune de ces pièces de (( monnaie équivalait à cent douros (sesterce ?). Ils fon- ce daient le minerai d'or sur du fer rougi et utilisaient le « précieux métal pour faire des bijoux.

'< Les noms des « Romains » et ceux des « Païens >< <( étaient les mêmes. Leurs demeures et leurs tombeaux « ont été désignés sous le nom de « Arjam •», « Ajdar )>, (( Kerkour ». C'est une même désignation qui s'est con- (( servée jusqu'à nos jours.

i( T.orsque, dans l'ancien tem[)s, certains individus en- « treprirent des fouilles dans le pays, ils découvrirent des « cadaATCs sous l'amas de matériaux qui les recouvraient. <( Ces cadavres étaient revêtus de leurs vêtements et d'" « leurs ornements d'or et d'argent : à leurs côtés, leurs « armes.

« Les kerkours sont construits comme des maisons, au (( moyen de pierres superposées en cercle. A l'intérieur, <f ainsi que nous l'avons dit, on découvre des squelettes, « des cendres et du bois, des ustensiles de cuisine brisés. « Lorsque 1rs décombres recouvrent des ossements fémi- " nins. on voit, autour des os des bras et des jambes, des " bracelets d'argent ou d'or, de corne, de bois de laurier (( Les kholkhals ('bracelets de cheville') sont aussi en un (( métal usé, jaune comme le cuivre. Tout cela est détérioré, « sans aucune valeur et inutilisable, sauf l'or qui, dégagé « de sa gangue, a un éclat analogue à la lueur d'un feu " dans la nuit.

" Les Arabes de nos tribus se désintéressent de ce genre " de fouilles. Ceux d'entr'eux qui, d'aventure, ont fait de " nos jours des recherches dans quelques-uns des monu- (( ments funéraires sus-mentionnés, n'y ont plus rien " trouvé. »

174 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAIV

Après avoir exposé comment furent créés, dans une région fréquentée en hiver par les Hamyan, le ksar et l'oasis de Moghar, le caïd Si Mohammed Ould Maamar Ben Dahou raconte ce qui >uit :

« Les tribus Hamyan, qui étaient venues dans le pays, (( trouvèrent l'Oued Moghar habité. Les habitants de la « nouvelle agglomération offrirent une diffa aux notables « Hamyan. Ceux-ci se montrèrent très satisfaits de voir le « pays peuplé et invitèrent à leur tour les habitants, leurs (( enfants, leurs nègres et toutes les personnes qui se trou- (( valent avec eux, à une diffa dans leur campement. Ce fut « l'origine de l'amitié des deux collectivités. Elles échan- « gèrent le serment de foiiner une alliance étroite et de (( se prêter mutuellement main-foite en toutes les circons- (( tances.

« Par suite de cet accord, les Hamyan creusèrent des (( silos chez leurs amis. Chaque année, lorsqu'ils rentraient (( du Sahara, vers le Nord, ils entreposaient chez ces ksou- (( riens, dans leurs silos, de la laine, du beurre. Quand ils (( effectuaient une marche inverse, c'est-à-dire redescen- « daient du Tell dans le Sahara, ils déposaient entre les « mains des gens de Moghar leur blé et leur orge. Ces der- (( niers trouvaient ainsi chez leurs alliés la facilité d'acheter f( les céréales nécessaires à leur subsistance et à l'ensemen- « cément de leurs champs. D'autre part, ils avaient coutu- « me d'acheter, aux tribus nomades, des chameaux qu'ils (( confiaient aux Hamyan pour les faire pâturer ou aller <( sur les marchés lointains et s'approvisionner en grains. <( Chaque année, les chameaux des deux groupes amis >e <( rendaient à Figuig, .sous la conduite des Hamyan, et « rapportaient des dattes et des rejets de palmiers. C?s « rejets étaient plantés à Moghar ; les noyaux des dattes (( consommées étaient semés. Le sol étant propice, la (( palmeraie se développa rapidement.

« Le nombre de la population s'accrut aussi, car plu- « sieurs des occupants attirèrent auprès d'eux nombre de « leurs amis. On compta bientôt 3o maisons.

<( Les habitants de Moghar étaient braves et généreux. « Ils donnaient aussi largement l'hospitalité qu'ils com- « battaient sans répit les inicpiités. Par leur vaillance, ils « avaient rendu puissante leur petite cité. Hs ne se permet « talent aucune déprédation ; quand un rapt d'animaux (( était commis, ils n'avaient de cesse c|u'ils eussent atteint

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES IIAMYAN 175

« et tué les malfaiteurs. Ils rentraient en {iossessio/i de tous (( les atiiuiaiix (|ui leur étaient volés.

« Les llain\;ui étaient leurs défens<'urs contre les tribus, « ils les considéraient comme leurs frères. »

* *

« Dans les premiers jours d'avril, lorsrjue les llamyan « quittaient le Sahara et remontaient vers le Nord, ces (( vastes steppes demeuraient absolimient désertes jusfju'en « octobre, c'est-à-dire pendant la période des chaleurs. « Dans celte solitude que personne ne venait troubler", les « autruches se multipliaient et formaient de nombreux (' troupeaux. Tout troupeau comprenait environ une cin- (' quantaine de têtes, mâles, femelles, autruchons. T.es « habitants de l'Oued Mosrhar se livraient à la chasse de ces '< coureurs et durant toute la saison chaude, ils y ti'ouvaient (1 leur vie ; ils se nourrissaient de la chair des oiseaux tués, « vendaient leurs plumes, et, de leur graisse, préparaient « une huile qu'ils appelaient « zahen » et qui avait la pro- (' priété de guérir les maux de quiconque l'absorbait.

« En outre, l'antilope bubale abondait ; on en trouvait « des troupeaux aussi nombreux que des troupeaux de « moutons. De même, la gazelle, l'antilope addax et l'ona- « gre. Aussi, la chasse fournissait-elle la viande nécessaire « aux repas matin et soir. Enfin, les abeilles étaient en « grande quantité et le miel était aussi abondant que l'eau. « Les gens de Moghar étaient seuls à le récolter, comme « ils étaient seuls à chasser. Dans de pareilles conditions « d'existence, ils n'étaient jamais malades ; la chair des « animaux sauvages, l'huile « zahen » et le miel les préser « valent de tous les maux ; la mort de vieillesse venait « seule les surjirendre. A l'abri de la maladie et du souci, (( ils atteignaient les limites extrêmes de la vie humaine : (( ils vivaient plus d'un siècle. »

'< Quelques années après la mort de Sidi Cheikh, quand " les « Zegdous » ' se sont rendus dans l'Est pour se ven- " ger des Hamyan et des Trafis, ces Zegdous sont passés <' par Moghar Tahtani, ils ont enlevé tous les moulons « et les chameaux et ils ont massacré un grand nombre

1 Pour r.'issociiition comme sous le nom de Zegdoii, formée spécialement contre les Hamyan, voir plus loin.

176 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

<( d'habitants. Les Zegdous ont en eux-mêmes plus de cent « hommes tués. Le sièg'e de Moefhar par les Zegdous a duré (( huit jours. Pendant ce siège, les habitants de Moghar « ont creusé dans leurs maisons des silos dans lesquels ils « ont placé leurs céréales et leurs objets mobiliers, puis, <( profitant d'une nuit sombre, ils se sont tous, hommes, (( femmes et enfants, enfuis dans le Djebel Mekter, à Aïn- « Amba. Le lendemain matin, tous les Zegdous, cavaliers « et piétons, sont entrés dans le ksar et n'ont rien trouvé. " Ils ont détruit quelques maisons et ont abandonné « ensuite Moghar. Les ksouriens sont rentrés chez eux çt (c ont reconstruit les maisons démolies.

« Les Zegdous recommençaient cette attaque tons les « ans ; aussi, les habitaants do Moghar envoyaient-ils n <( Figuig un assas (sentinelle), chargé de signaler la harkn (( à Figuig. Au signal de Tassas, les habitants de Moghar (( enfermaient leurs biens dans les silos et s'enfuyaient ^lan'; « le Djebel Mekter, à Aïn-Amba. Pendant quatre années « consécutives, les Zegdous ont entièrement détruit les (( récoltes de Moghar. Les ksouriens, découragés, ont alors (( envoyé chez les Oïdad Sidi Cheikh une djemaa cha'-gée <( de les faire réconcilier avec les Zegdous.

« Les Oulad Sidi Cheikh se sont rendus à cheval auprès (( des notables du Zeg-dou, dans l'Oued Giiir, et leur ont dit: « Les habitants de Moghar Tahtani vous demandent la (f paix ; ces gens sont les amis de notre père Sidi Cheikh, (( qui leur a donné une séguia et qui a imploré le ciel de « leur accorder ses faveurs ; ne leur faites donc pas de mal, (( car nous-mêmes nous subissons le préjudice que vous « leur causez. » Les Zegdous ont répondu : « Moghar est un « ksar Hamyan. T^es Hamyan nous ont tué du nnonde et se c( sont enfuis sans verser la dia ; ce sont donc nos ennemis. (( Mais puisque vous intervenez en leur faveiu', nous leur (( accordons le pardon. Tls n'auront pas à s'enfuir loin de " nous, car nous ne leur ferons aucun mal. Nous agirons (' ainsi par considération pour votre père Sidi Cheikh. i>

<f La paix a alors régné chez les habitants de Moghar. « Ceux-ci, voyant qu'ils étaient l'objet d'attaques conti- (( nuelles de la part des gens de l'Ouest, ont demandé à (( tous ceux qui voulaient les entendre de venir habiter à (( Moffhar Tahtani, oi"] Une maison, une parcelle de terre « et de l'eau leur seraient données par la djemaa. Moghai' « s'est ainsi peuplé et il y eut 60 maisons. Moghar a, dès « lors, pu se défendre contre ses ennemis, la vie y est

DOCUMENTS POUR SERVîn A T.'flISTOinF DES Ff WTYAN 177

« devenue facile et le gibier, tel que r.'iiilmehe, y ;i existé " jusqu'à CCS dernières années (70 ans). <i

Si Mohammed Ould Maamar Hcii Daliou conic ensuit*.', au ("ours de son récil, le fait suivant (|ui, sans intéresser direcicmcnl l'histoire des Ifamyan, met en cause les « Aiahes Moucha » :

" \ l'époque des Zegdous, un malfaiteiu' du riharb, '< nouuué Bahara, vint, se disant Sultan. Tl était accom- (( pagné de Béraber et de gens des Zegdous, formant ainsi « une forte harka, composée de deux mille cavaliers et <( trois mille piétons.

« Lorsqu'il arriva à Figuig, il séjourna pendani dix « jours, il ordonna aux habitants de nourrir la harka du- ce rant son séjour. Les Figuiguiens obéirent. Ce pîéten- (' dant écrivit ensuite à toutes les tribus et à Ions les ksour « la lettre suivante : (( Venez au devant de moi avec voire « soumission et des cadeaux ; dans le cas contraire, je m(- <( verrais obligé de m'emparer de vos biens, de détruire « vos habitations et de vous combattre ». Lorsque les gens " de Sidi Brahim Orich et ceux des ksour de Khenetr Na- « mous reçurent cette lettre, ils s'enfuirent à Mosrhar- « Tahtani poru" s'entendre avec les gens de ce ksar, soit <( poru' offrir un cadeau, soit pour résister.

(' En arrivant au ksar Sidi Brahim Grich, le préten- '( dant constata que ce ksar était abandonné ; il apprit éga- « lement à ce moment que les ksour de-Kheneg Namorr< <( étaient déserts.

<' Un indigène nommé Mohammed ben Zian, des Oulad <( Sidi Cheikh, qui se trouvait alors à Moghar Tahtani. « monta sur sa jument et alla à la renc(mtre du piéten- " dant, (pi'il trouva entre Sidi Brahim Grich et Moghar « Tahtani. Mohammed ben Zian descendit de cheval, salua « le prétendant et lui dit : " Je vi<'ns du ksar de Mogh.ir <' Tahtani pour faire du bien ? )i Bahara lui répondit : (' Ouel est le cadeau (pie vous nous faites. » Mohammed <( ben Zian rey^rit : « Le cadeau sera une piière ou une '( malédiction : si vou< leur donnez la paix, vous serez " dans le bien et si vous n'acceptez pas ma demande, Dieu « vous maudira. » Bahara, après avoir entendu ce« paro « les, r'cgar'da les palmiers et se jeta dans le pays. Les gens (( de Moghar, prêts à se défendre, entorrrèrent le ksar au- « tovu- duquel se trouvait un rempart et un fossé ; la pou-

178 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOTRE DES HAMYAK

« dre parla, 5 hommes et 20 montures du goum de Bahara <( furent tués ; ce goum s'éloigna alors et envoya des « vedettes dans l'Oued Som et l'Oued Semar, mais Bahara (( entra dans une grande colère lorsque, en descendant « de son cheval, il apprit la perte des 5 hommes et des (( 20 chevaux.

« Si Mohammed ben Zian monta à cheval et se réfugia (( chez les Oulad Sidi Cheikh et les Arabes Moucha, cam- (( pés à Ghandjiia, et les mit aussitôt au courant de ce qui (' s'était passé. Bahara leva alors tous les piétons et cava- « tiers qu'il put trouver et se lança sur le ksar ; la poudre (' parla jus(|u'au moment les munitions manquèrent « aux gens de Moghar, (jui furent obligés de renvoyer les « femmes, les enfants et les impotents. Seuls, les hommes <c valides restèrent pour garder les postes.

a Mohammed ben Zian activa alors le courage de ses « gens et des Arabes Moucha, auxquels il ordonna d'aller <( immédiatement au secoius de Moghar. Cavaliers et pié- <( tons se mirent en route, après avoir envoyé leurs tentes « et leurs troupeaux dans le Djebel Chemakhikh. Cent « hommes furent chargés de garder le chemin de Bour- « dodo, tandis que la harka se dirigeait sur Moghar, « se trouvait Bahara. Ils marchèrent toute la nuit et s'em- (( parèrent des vedettes de Bahara qui surveillaient l'Oued « Som. Bahara attaqua avec ses guerriers le ksar de Mo- (' ghar le feu éclata. Les défenseurs du ksar se batti- '( rent jusf[u'au moment les munitions manquèrent. (( Les fantassins de Bahara démolirent la porte du ksar et (( les remparts, mais pendant ce temps Mohammed ben (( Zian tomba avec sa harka sur le camp des agresseurs, (( s'empara des chameaux et tua les gens qui gardaient (( les tentes. Un cavalier vint prévenir Bahara que les gens « chargés de la garde du campement avaient été surpris (' par des guerriers courageux. Bahara se rendit immédia- (( tement sur les lieux et des coups de feu furent échangés. (' Après un combat acharné qui dura une demi-heure, la (' harka de Bahara fut mise en déroute et poursuivie dans (( sa retraite par les Oulad Sidi Cheikh et les cavaliers des « Arabes Moucha, jusqu'à Fi gui g.

(' Bahara fut tué à Bagdad de Figuig, par Ben Mekaoïialc " aïeul des Oulad Redjal l'on Bahal). Ce dernier monta (' sur la monture blanche de Bahara, lequel fut décapité et (( brûlé. Les poètes chantèrent : (( La jument de Bahara (( fut ramenée par les nobles et Bahara fut vaincu par des

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DFS If AMYAN Î79

« cavalicis iiili «'pidrs, les ()iilii(l B( nikckciir ; Iciii' sang « coula dans les rivièics c\ aucun ca\ aller n'c'cha[)j)a, tons « fnicnl niassaci'cs. .. A Icnr rdonr de Kiguig, les cavalicis (( constatèrent qne les tentes, les troupeaux, les armes et (( les provisions avaient été rassemblés et partagés par les « piétons.. »

« Dans le courant du mois d'avril de la soixantième « aimée dn ix' siècle, im orage de grêle, dont les grêlons " furent de la grosseur de la ItMe d un chameau, éclata I' et détruisit les jardins, les maisons, le banage et les <( animaux. Les autiuches (jui se trouvaient dans le pays « furent tuées. Le gibier n'est icveiui (pi'après de nom- « breuses années.

« A la suite de cet orage, une grande misère régna à (( Moghar ; la gièle tomba depuis le Djebel llamir jus- « qu'au Djebel Mektcr, à Chemakhikli et à l'Ouest de i< Dcrmel. Les gens de Moghar se rendiient auprès des « Hamyan, qui se trouvaient dans le Sahara et qui n'a- « valent pas été touchés par cet orage, et l(>ur demandèrent (( des moutons et du grain, r|u'ils achèteraient. Les lla- « myan leur donnèrent à boire et à manger. Les gens de « Moghar furent poussés par la misère à couper les routes ; (I ils restèrent bientôt seuls, car les Mamyan remontèrent (( vers le Nord. A la suite de cet orage, de nombreux pafu- « rages apparurent chez eux, tandis que les Doui Menia (( et les Oulad Djerir en furent dépourvus. Ces derniers « étaient campés dans l'Oued Guir, à Béchar, dans la Zous- (( fana. Les cavaliers provenant de ces tribus, partis veis « l'Ouest pour enlever des chameaux, s'aperçurent, en « passant dans l'Oued Som, que les pâturages y étaient <( abondants ; aussi, en arrivant chez eux, ils le dirent à <( leurs gens qui décampèrent pour se rendre dans l'Oued « de Moghar, oi^i ils arrivèrent au mom(>nt de la récolte « des dattes et des fruits. Les Doui Menia eidevèrent nui- « tannnent toutes les dattes et tous les fruits qu'ils trou- « vèrenf à Moghar et s'installèrent à Garet cl Ghechoua, « dans l'Oued Selem, et à Ghouba. Un soir, trois notable^ -' de Moghar se rendirent auj)rès du kébii- des Doui Menia. (. égorgèrent un mouton et lui racontèrent ce (pii s'était <i passé ; ce kébir avait chez lui un tambour en cuivre sur " lequel il frappait pour rassembler ses gens. Le kébir, en apprenant ces faits, se mit en colère et fit batlie le <i tambour. Tous ses gens se réunirent et lui dirent : « O

180 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

(( notre Cheikh Bou Anane, que s'est-il passé ? » Le kébir « qui s'appelait alors Cheikh Bou Anane, leur déclara : <( Ce ksar est faible et ses habitants sont très nombreux ; (( nous avions l'intention, en venant camper près d'eux, (( de leur apporter la paix et la tranquillité, et vous leur (( avez causé un dommao-e en dévastant leurs jardins. « Actuellement, les gens de Moghar sont dans l'attente « et je désire que vous les dédommagiez. » Les Doui Menia « se conformèrent à cet ordre, après avoir déclaré qu'ils (( se trouvaient avec les Oulad Djerir, les Béni Oumaras « et les douar des Oulad bel Guiz, quand les dégâts furent « commis. Tl leur ordonna de faire verser, par chacune «. des tentes précitées, un chameau ou dix moutons, de le? (( lui amener et de lui signaler les gens qui refuseraient. (( ïi'ordre fut exécuté : 200 chameaux et 600 moutons fu- " rent amenés, sur lesquels 100 chameaux et 800 moutons <( furent remis aux notables de la djemaa de Mogh^r (( et 5o chameaux et t5o moutons furent distribués aux (( notables des Doui Menia ; le reste fut conservé par Bou « Anane. Les gens de Moghar invitèrent Bou Anane à « déjeuner chez eux ; celui-ci monta à cheval avec ses <( enfants et des notables (en tout 60 cavaliers) et se rendit (( à Moghnr. Là, 20 moutons furent égorgés, soit un mou- (( ton pour trois cavaliers, et on leur servit plusieurs plats. « Tls jugoient bon de vivre en bonne intelligence avec les (( gens du ks.ar. Les moutons et les chameaux furent « partagés entre les gens de Moghar.

(( Dès que les Doui Menia apprirent le retour de? Ha- f( m van dans le Sahara, ils décampèrent et se rendirent <( dans l'Oued Zousfana. »

" Pendant le printemps de la dixième année du xi" siè- <( cle, les Béni Ghoméracène, les Béni Goumi et les ksou- " riens d'Aïn-Chaïr formèrent une harka qui se diri,<Tea (( vers l'Oued Namous. Les tribus Hamyan et les Oulad « Sidi Cheikh s'enfuirent dès qu'il* apprirent l'arrivée do (( cette hnrka et se rendirent dans l'Oued Spggueur.

(( Cette harka, à laquelle s'étaient joints les Béni Zeggou (f et les Aït Tafelman CBeraber"), ne trouva absolument rien (( dans l'Oued Namous : elle ne rencontra qu'un seul indl- (( vidu des Mouchn, qui recherchait un âne. Interrogé, ce « dernier déclara que les tribus étaient rassemblées dans « l'Oued Seggueur. La harka se rendit à Moghar Tahtani

DOCUMENTS POrH SKUMK A I .'il Is I ( >l U K |)i;s IIAMYAN IHl

(( cl Mogliar Foukani, elle ciilrva tous les animaux, (( cliaiiicaux, bœuls, moulons el lit périr dr. nombreuses " personnes, painii lesquelles se Irouvaient des hommes, <( des femmes el des enfanls. La liarka qui, elle-même. Il avait subi des [)eiles, passa par l'ounassa elle pilla et '( jnassacra les Oulad Azzi.

« Les ksouriens de Mogliar ne Irouxaut plus rien à (( manger, se rendirent dans le Tell, à Uudjda el à Tiemcen <( ils estivèrent el ils purent lamasser des céréales « el de l'argent. A leur retour, ils louèrent, pour trans <( porter leur gain, des chameaux anv llamyan, à raison (( d'une gliara de blé ou d'orge par chameau. Méamnoins, « en rentrant chez eux, ils souffrirent et ce ne fut qu'un « an après que les palmiers donnèrent une bonne récolte « à Moghar el à Figuig.

« Les Hamyan qui s'étaient rendus dans le Tell, dans « les environs de la plaine d'Angad et d'Oudjda, furent « alla(|ués par les gens des Angad. Ceux-ci, qui compre- « naient avec eux les Mehaya et les Béni bou Zeggou, fu- « rent battus et prirent la fuite. Les montagnards accou- «« rurenl aussitôt au secours des Angad et chassèrent les (( Hamyan du Tell marocain. Ceux-ci s'arrêtèrent à Oglal « Sedra (Maghniaj, oii ils furent repoussés de nouveau. Ils « durent se rendre à Tiemcen. Mais là, le Maghzen luic « chassa encore les Hamyan, après avoir refusé le cadeau « que ceux-ci lui offraient. Ces derniers rentrèrent chez <( eux sans rapporter de grains et allèrent, au mois de « septembre, à Moghar Tahtani, à Moghar Foukani et à « Figuig. Durant toute l'année qui succéda, les llamyan (( ne mangèrent que des dattes et un grand nombre d'entre « eux tombèrent malades. Heureusement, Dieu leur en- « voya au mois d'octobre de la pluie qui lit pousser 1 herbe « dans l'Oued Namous. A cette époque, les gens man- « geaienl du genièvre et des glands ; puis, au mois de « novembre, ils mangèrent des herbes et se rendirent au « Gourara.

« Au retour des caravanes du Gourara, les brebis ayant i< mis bas, ils purent s'alimenter de lait et de dattes. Cette « année fut appelée « année de la soif (el aam el ateche) », « parce que de nombreux Hamyan moururent de soif en (( revenant au mois d'août, dans le Tell, d'où ils avaient été « chassés.

<( Un an après, Cheikh Mahmoud, cheikh des Hamyan, u rassembla loo chameaux et 5o autruches qu'il alla offrir,

182 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

u en compagnie de plusieurs notables, à Taniel du Maroc,

(( alin d'obtenir l'autorisation d'acheter du grain au Maroc.

(( Satisfaction lui fut donnée et des caravanes de Haniyan

« se rendirent dans la plaine d'Angad et à Oudjda,

(( elles achetèrent du grain sans aucune dilliculté. Puis

(( Cheikh Mahmoud alla encore offrir loo chameaux et 5o

« autruches au bey turc de Tlemcen, pour obtenir la même

« autorisation qui, d'ailleurs, lui fut accordée. Les Ha-

(( myan purent vivre dans l'aisance, les gens de Moghar

(( leur achetèrent des grains qu'ils semèrent ; ils eurent

(( une bonne récolte et eurent ainsi les moyens d'acheter

(( des moutons et des chameaux. .>

Enfin, parlant du commeice des plumes d'autruche avec les liamyan, le caïd Si Mohammed Ould Maamar Ben Dahou expose comment cet élevage se faisait :

t( Les ksouriens recherchaient les œufs d'autruche, lis « les faisaient couver pour avoir des autruchons ; ils s'a- « donnaient ainsi à l'élevage de lautruche. Chaque habi- (( tant de Moghar possédait de lo à ko autruches qu'il ven- (( dait à raison de 5o à 25o francs l'une. La femelle qui (( s'appelait « loumada » produisait de deux à trois œufs. « Dix roumadas pondaient dans le même endroit ; l'une <( d'elles couvait, tandis que les neuf autres pâturaient. La (( couveuse ne laissait parailre que la tête et le cou. Le « chasseur savait, en l'apercevant, quelle couvait et la (( laissait ainsi jusqu'à l'apparition des autruchons qu'il (( prenait alin de les élever. Les gens de Moghar possé- « daient des autruchons comme les nomades possèdent (( actuellement d^es moutons. Les commerçants de Tlemcen « et d'Oran venaient acheter les autruchons à Moghar, oiî « ils louaient les gens pour les élever. Les autruchons se (( nommaient u el fauchai)), ils connaissaient la voix de « la personne qui les élevait et la suivaient partout oii elle (( se rendait. Les commerçants avaient de gros bénéfices (( dans ce genre de trafic. On élevait l'autruchon pendant « un ou deux ans. Durant ce temps, il grandissait et appre- (( nait à connaître ses maîtres et l'habitation de ces der- (( niers, de telle sorte qu'ils allaient au pâturage et en reve- (( naient seuls. Au pâturage, l'autruchon rencontrait « d'autres autruchons qu'il ramenait à la maison de son (( maître. Celui-ci s'en emparait et les égorgeait, puis « envoyait l'autruchon à la recherche d'autres animaux.

DOCUMENTS POUR SER\IH \ f/llISrOIhF DKS ir\MY\\ 183

(( Les éleveurs iiiairiuiiirnl leurs aiiliiulics d'une inarquc <> rouge (^u verle, afin i|iir les chasseur> ii<' les luent pas.

•« Certaines auliiiclics allaient pondre dans le désert et (( ramenaient à liiahitation de leurs maîtres leurs petits u (pi'on égorgeait. I.a i'emelle seide rentrait chez ses maî « très, tandis que le mâle restait au dehors Aussi, était-il « égorgé et vendu dès (|u"on le saisissait. Tels étaient les « grands avantages tie Télex âge de laul ruche pour les gens « de Mogliar. »

* * *

11 y a lieu de remanpier à ce sujet ipie le pays actuel des Hamyan était, il y a encore environ 4o ans, très peuplé \>'A[ les autruches. Au moment de l'insurrection de Bou Amama en 1881, il y en avait de grandes (piantités, principalement dans la région des iMekmen, entre les chotts Chergui et Gharbi, et vers les dunes de l'Aïn-Mahla et de la Sebkha do Naama.

Pour des causes inexpliquées, et autres que la chasse, elles émigrèrent brusquement vers le Sud, au-delà du Sahara et sur le versant du Xigei'.

Il y a 4 ou 5 ans (,1910), les indigènes racontaient qu'il en existait encore un couple dans la région de Tendrara (Béni Guil).

Ce couple a disparu, probablement tué par les indigènes.

184 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAIV

CHAPITRE IV

LE TRAITÉ DE 1845

AvanI la signaluic du traité du 18 mars 1845, nous n'avions que des données incertaines sur les lianiyan. Celte même année, le général Dumas, dans son ouvrage intitulé (( Le Saliaia Algérien », mentionne, ainsi que la correspondance olïicielle de l'époque, le partage de celte grande tribu en deux fractions, les llamyan Cheraga ou Trafi et les Hamyan Gheraba ; nous avons vu dans quelles conditions ils s'étaient séparés. Les premiers appartiennent actuellement au cercle de Géry ville et les seconds, ainsi que les Rezaïna, relèvent du cercle de Méchéria. Voici quelle était levn- composition :

Oulad Abd-el-Kérim

l/^ 1 ] V ADerraga

HAMYAN;

Trali

i Rezaïna

Chafc

Djemba

Oulad Maallah Oulad Serour Akerma

Akerma

Oulad Mansomali

Oulad Khelif

Bekakra

Reni Methaief

Oulad Serour

Meghaoulia I Sendan l Megan jOulad Embarek

jOulad Tounii )

I Oulad Faiès î Reni Ogba

I Frahda \

Oulad Messaoud 1 Oulad Ahmed

Ghiatra

à

itoci MKiMs l'uin si:ji\iu a I, iiisioMu; i)i;s iiam^aa 185

Cliul'uii et Djemba avaicnl suivi juscjuà ce inoinent ia nièiiic roituiic et ils scinbiaieiil devoir èlre algériens en raison des lenains de parcours qu'ils avaient choisis il ne pouvait plus être question, à celte é[>oque, de leurs oriyi nés ; elles étaient trop peidues dans i'elïroyable inél.inge d'individualités que des siècles d'anarchie avaient produit. Celles des Akernia, des Ik'kakra, des liezaïna nous sont déjà connues ; quant aux autres, elles présentaient un extraordi- naire caractère de diversité. Les renseignements que nous donnons à ce sujet, ci-après, le prouvent abondamment.

MEGHAOULIA

Les Meghaoulia sont originaires des Oulad Ali du Guir (7 kilomètres de Bou-Denib). Leur nom actuel veut dire u ogre » : il est dû, dit-on, à la bravoure qu'ils déployaient jadis dans les batailles et à la crainte qu'ils inspiraient à leurs ennemis.

Ils ont été chassés de leur pays d'origine par les Bcrabex et, avant de venir dans la région qu'ils occupent actuel- lement, ils avaient construit un ksar, aujourd'hui détiuit, à Tenezzara (80 kilomètres à l'Ouest de Figuig).

Ce sont les Oulad Ali qui ont été Ja base d'origine des Meghaoulia.

Le douar Oulad Sebaa est venu des Ait Sebaa (Beraber).

Celui des Oulad Mellouk descend des Oulad Sidi Tadj (annexe d'Aïn-Sefra). Ses ancêtres auraient été appelés Oulad Mellouk, à la suite du fait suivant :

(( Leur aïeul, invité à suivre les gens des Oulad Sidi Tadj (( qui voulaient quitter leur pays d'origine, ne voulut pas « le faire, retenu qu'il était par Famour qu'il avait pour (( une femme du pays

<( Les gens des Oulad Sidi Tadj dirent alors : « Aban- (( donnons ce possédé » (mamlouk) et l'abandonnèrent. »

Les Oulad Daho sont des descendants d'un derrer (insti- tuteur), qui avait exercé sa profession chez les Oulad Sidi Daho, de Mascara.

Les Oulad Ll lladj Messaoud sont venus du ksar d'Où daghir (Figuig).

BENI OGBA

Après avoir été séparées, les trois tribus composant les Béni Ogba ont été, en 1913 et 1914, réunies de nouveau et ne forment plus qu'un seul groupement.

13

186 DOCUMENTS POLR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMY\N

a) Oulad Farès. Les Oulad Farès sont originaires de Tunisie. Leur ancêtre s'appelait Ben Haigoune. C'est pourquoi on les appela d'abord El Haouaguine.

Ils furent ensuite appelés Oulad Farès (enfants de cava- liers) pour la raison suivante :

Les Kessakisse, les Diania et les Oulad Mebarek qui for- maient les Haouaguine, ayant été chassés de Tunisie, se groupèrent ensemble dans le Sud-Oranais.

Dès que l'un d'eux montait à cheval pour régler une affaire personnelle, ses compagnons ne le laissaient pas partir seul. Par suite de l'accord qui régnait entre eux, tous le suivaient et prenaient son parti, comme s'ils étaient les enfants d'un seul cavalier.

Ils se réunirent plus tard aux Frahda et aux Oulad Toumi pour former les Béni Ogba.

Chez les Oulad Farès :

Le douar Kessakis descend des Béni Ogba, il vivait jadis avec les Laghouat, de Géry ville. Ce douar comprend aussi les Haouach, venus de Figuig et les Rezazna, originaires de l'Oued El Abed, près de Tagremaret (Saïda).

Le douar Oulad Oulid a eu pour ancêtres des gens du ksar d'Anoual.

Le douar Oulad Saïd a pour véritable dénomination " Oulad Embarek ben Saïd ». Il est originaire des Amour d'Aïn-Sefra (Oulad Gottib).

Le douar Rebaat se compose :

Des Rebaat, originaires des Sedjaa, près de El Aïoun Sidi Mellouk (Maroc Oriental) ;

Des Zouaid, originaires des Mehaya ;

(Ces deux premières fractions forment les Rebaat pro- prement dit).

Des Diama, venus de Seguiet el Hamra ;

Des Haouaguine, venus des Trafi.

Le caïd actuel des Béni Ogba, Yahia Ould Saïd, descen dant d'Ahmed Ben Kaskass, appartient à une famille ori- ginaire des Béni Ogba, ayant eu des croisements avec les Laghouat, de Géryville, et ensuite avec les Doui Menia.

b) Frahda. Le douar Oulad Messaoud et le douar Oulad Abbou ne formaient jadis qu'un seul douar appelé (( Oulad Ghani ». Hs descendaient des Béni Ogba ; quelques tentes venues des Sedjaa (El Aïoun Sidi Mellouk) se joigni- rent à eux.

I

DOCUMENTS POUR SKUNIIt A l.'ll IS I Ol M K IM;s ir\MV\.N 187

Le douar Oulad llcilal sctait originaire des Bmii Ililal, du Gourara.

c) Oulad Toiimi. Les Oulad Touini '"ormaieril Jadis, avec les Frahda et les Oulad Faiès, une petite confédéi ati(jn appelée « Béni Ogba »,

Ainsi que nous l'avons dit précédeirirnent, ce groupe- ment a été reconstitué en 191 'j.

La fraction Daïfallah est originaire des Laghouat (Oéry- ville).

La fraction Oulad Larhi descend des Béni Ogba.

La fraction Ziadna vient des Oulad Bou Zid, d'Aflou.

Ces trois fractions forment le douar Oulad Toumi.

Le douar Oulad El Haouar est originaii-e des Ghouati, fraction des llarrar (Tiarel).

Le douar Oulad Yahia descend des Laghouat (Géry ville).

L'origine de la tribu vient de la fraction des Oulad Larbi, (|ui s'allia avec Daïfallali. Ce dernier fut choisi comme chef pai' les notables des deux groupes. 11 eut deux fils jumeaux (touam), d'où le nom d'Oulad Toumi donné à ses descen- dants.

OULAD EMBABEK

Les Oulad Embarek ont un seul et même ancêtre, mara- bout venu de Seguiet cl lïamra avec un nègre nonuné Embarek, qui était son bouab.

Il s'installa à Tiout il se maria. 11 eut trois fils :

Radjaa Allai Mohammed

Le marabout étant venu à mourir, ses fils furent élevés par le nègre Embarek. On les appela, par suite, les Oulad Embarek, en souvenir de leur père adoptif.

Radjaa fut le premier chef de la tribu.

Kaddour ben Allai lui succéda.

A cette époque, les Oulad Embarek et les Megan étaient réunis et ne formaient ffu'une seule et même tribu dont il était le chef.

(^est Kaddour ben Allai qui, fatigué du séjour des Ksoui', amena la tribu dans la région qu'elle occupe actuellemeiit et la fit s'adonner à la vie nomade.

AKERMA

Avant la domination des Turcs, tous les Akerma, ceux de Géryville, ceux de Méchéria et ceux du Maroc ne for- maient qu'une tribu.

188 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

Sous la domination turque, ils se partagèrent en trois groupes : le premier alla se fixer non loin de Fez, le deu- xième alla avec les Trafi, et le troisième, avec les Hamyan Gheraba.

Les douars Oulad Zine (El Kohol;, El Aouameur, Ez Zourg, Kouader Oulad El Hadj, appelé aussi Djefafla (nommé ainsi à cause du temps très court qu'ils passaient dans chaque campement ; ils étaient considérés comme des gens excessivement peureux qui, au moindre bruit de guerre, s'enfuyaient et abandonnaient leur campement), descendent tous des compagnons de Sidi Maamar ben Alla, dont le nègre Akerm avait l'administration. Ils ont donc la même origine que les Akerma de Géryville. Les Oulad Ali viennent de Figuig.

Les Remadna sont originaires du Gourara (ksar de Ksabi).

Les Guenatza descendent des Oulad Sidi Ali ben Yahia, de Géryville.

Les Oulad Hammou tirent leur origine des Djafra (Saïda).

Le douar Oulad Bou Salem, appelé aussi douar Oulad Ameur, comprend deux groupements différents :

Les Oulad Bou Salem, dont l'ancêtre Salem appar- tenait aux Akerma purs et qu'on dit être d'origine koréichite ;

Les Oulad Ameur, (jui viennent des Oulad Nehar (El Aricha) .

I/ancêtre des Oulad Ameur, auxquels appartient le caïd actuel, se nommait Ben Aïssa Ben Amar, des Oulad Yahia, fraction des Oulad Sidi Chadli, de Sidi Amar Chérif.

Il s'installa dans la région en l'an io32 de l'ère hégi- rienne, fuyant sa tribu il avait commis un meurtre, il trouva un refuge chez les Akerma.

Le douar Daalize a pour origine des bergers qui venaient de la zaouia de Kenadsa et qui, employés au service des Akerma, se fixèrent parmi eux et formèrent une fraction. Ils fuient appelés Daalize en signe de mépris parce que l'un d'eux, ayant trouvé à terre un croissant de métal, affirma qu'il était tombé des cieux.

OULAD MANSOURAH

Le douar Chouareb est en partie originaire du Gourara. Il a absorbé les Mokhaïssa, qui furent jadis les premiers

11

DOCUMENTS POUR SERVIR A l/llîSroilw: r»i:s ll\MY\N 18!'

groiipomonts dos Oulnd Maiisourah, avoc les Klir|;ikliil el les Sahaba.

F-o douar Kliclakhil vient de Scffuiel cl Ifaima. Od pré- tend quil a[)[tartiiil aux arabes Moucba.

T.c douar \o^''a<:za \ irnt des Triffa.

T,e douar Oulad Ralagh vient de la (ribu des Oulad Balag^h (Saïda).

T.e douar Sehaba vient des Djafra f^Saïda).

T.e douar Baraniine vient des Oulad Sidi Aîohanimed Im-h Sliman, de Géiyville, et d(>s Oulad Sidi Moussa, d'Oud jda.

Avec le douar Chouareb se trouvaient quelques lentes des Rezaïna, des Mehaya et des Béni Guil.

OULAD KHETJF

T-e douar Oulad Ben Sliman et le douar Oulad Amor tirent leur orioine d(^s Oulad Kliaroubi Oherao-a.

Le douar Ababda vient des Oulad Afaallah fcercle de Géryville").

Le douai- Oulad Taliar vient des Angad CEI ArichaV

Une de ses fractions dite « Bekakra » vient des Oulad El Hadj (M oulouya) .

BENI METHAREF

Le douar El Ataachate est originaire des Djafra-Oulad Daoud ('Saïda).

Le douar El Messaadat est orifrinaire de Seguiet el Hamra.

Le douar El Guetati descend des Haouara TMaror Oriental).

T,e fondateur de ce douar portait sur le sommet du crâne la lonsrue mèche de cheveux a guetaya » par laquelle les vrais croyants seront portés par l'anofe Gabriel au paradis Mais cette mèche était d'une longueur démesurée et il fut surnommé l'homme à la mèche fEl Guetati).

Les Oulad Attia viennent des Béni" Snouss, non loin de Sebdou.

Le douar El Aouachir vient des Oulad El Hadj, de la Moulouya ''près de Debdou).

Les Oulad Tahar descendent des Mehaya.

Avant la domination turcpie, la tribu campait générrj- lement à la tête de l'Oued Namous.

BEKAKRA

Le douar Oulad Salem eut pour ancêtre Salem ben Amara, des INIezaouir, habitant chez les Angad TOudjdaj.

190 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMY\N

Cet ancêtre se joignit à la clientèle de Bekar. L'ag-ha El Hadj Kaddour ould Bon Feldja fut son descendant direct.

Le douar Moualek est originaire de Seguiet el Ilamra

Le fondateur de ce douar, INIalek, vint se joindre aux gens qui se groupaient autour de Bekar.

Le douar Daanicha est originaire du ksar de Deghamcha, dans le Gourai a.

Le fondateur avait les yeux chassieux « daamech », ses descendants furent désignés sous la dénomination de (' daamcha » (qui ont les yeux chassieux).

Le douar Rezazga est originaire de Mariakcch.

Le fondateur de ce groupement élail un nommé Bezoug.

Le douar Oulad Bahma est aussi oiiginaire de Marra- kech. Son fondateur se nommait Ali. 11 mourut en laissant en bas âge des enfants dont sa femme Bahma s'occupa.

Le douar Debabda avait pour ancêtre un nommé Debab, venu du ksar de Bou-Anan (Haut-Guir).

Le douar Aouïssate est originaire des Ghenanma (Oued Saoura) .

Le douar Zelalta avait pour ancêtre im nommé « Ben Zelat », originaii'e de la plaine d'Eghris (près de Mascara).

Les Abidat et les Zelalta ne forment qu'un seul grou- pement ; les Abidat ayant pour origine des rejetons d'esclaves ayant appartenu aux Zelalta.

Le douar Rouabah est originaire des Oulad Sidi Khalifa Cheraga ('près du Kreiderl.

Le douar El Merahate vient de la tribu des Béni Amevn-, campés à Tessalah, dans le Tell oignais.

Des Bekakra s'installèrent jadis dans la vallée du Haut Guir. Il en existe encore actuellement au ksar de Bou Anane. Ils sont restés en relations avec leurs parents de Méchéria.

OULAD SEROUR

Le douar Oulad Ben Sliman est originaire des Oulad Sidi Ali Ben Samah, des Béni Oukil, de la kasbah de Sidi Makreuk, près d'Oudjda. 11 fut conduit dans la région qu'il occupe actuellement par un nommé Ben Djebbar.

Les gens de ce douar, aïKjuel appartient le caïd actuel, Larabi Ould Tayeb, se disent Cheurfa, comme descendani:^ de Sidi Ali Ben Samah, enterré à MaUain, au Sud des Béni

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN 101

Bou Zcfigou et do Debdou. Ils ne peuvciil pioiivn leurs droits à ce titre.

I.e douar des Oulad lien (llieikii pK'Icnd avoir la m'-nir origine (|ue le douai- des Oulad I5en Slinian et ne former qu'une seule branche avec eux.

Les Oulad \eiradi viennent des \nf;ad, IVaetion des Mezaouir.

r.e douar llarakla descend en partie des Doui Menia ïdersa, douar Oulad Kinbaiek, et en partie des Sedjaa (FA Aïoun Sidi ^b'ilouk).

Les douars El Maarif et Oulad Bou Az/a ont une origine commune, ils sont venus de Draa.

Tous les Oulad Serour formaient jadis une grande famille. ïls sont actuellement répartis entre : Méchéria, GérN ville, Tcnira et Fez.

OULAD MESSAOUD (GHL\TBA)

T.e douar Oulad l.akhdar est originaire des Angad.

Des deux douars des Kenadsa et des Khelakhil, les gen.? de celui des Kenadsa se rattachent comme origine aux descendants de Sidi iNLnamar bon Alia : ils eurent comme ancêtre le nommé Messaoud.

L'ancêtre des Oulad Bahal est originaire des Ghenanma fOued Saoura).

Tous C(^s gens étaient groupés autour de Messaoud, qu'ils avaient choisi pom' chef.

Après sa mort, le commandement passa à Lakhdar Ben Zaïd, originaire des Mezaouïr, fraction des Mehaya (Oudjda\ puis à son fils Ahmed Ben Lakhdar.

T>a tribu actuelle des Oulad Aîessaoud et celle des Oulad Ahmed ne formaient jadis qu'un seul groupement appelé Ghiatra.

OULAD AHMED fGHlATBA)

Les Oulad Ahmed disent que les gens du douar Oulad Ahmed se eom|>osent exclusivement de Djouad et assurent ne jamais contracter d'alliances avec des étrangers.

Le douar Oulad Chaoui est venu des Chaouïa (Maroc).

Le douar Oulad Ahmed descend directement de Sid- Maamar Ben \lia ; il compte dans sa lignée le fameux Cheikh Mahmoud, qui commanda à tous les Hamyan.

Le douar Oulad Mimoun se serait formé dans la région de Seguiet el Hamra.

192 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hTSTOTRE DES HAMYAN

REZAINA CIIERAGA ET GHERABA

L'ensonible des deux liibus des Rezaïna se groupe en quatre fractions, descendant d'une façon générale des gens qui accompagnèrent Sidi Maamar Ben Alia et qui furent administrés par son bouab Rezin.

La légende raconte cpie Bezin, installé aux Arbaouat, eut quatre fils :

Ahmed Aoun Hellal Ameur

Ceux-ci se marièrent à leur tour et fondèrent une descen- dance : ceux d'Ahmed s'appelèrent les Oulad Saada, parce (pie la femme d'Ahmed s'appelait Saada.

Les descendants d'Aoun se nonnnèrent Oulad Aoirn.

Ceux de Hellal prirent le nom de Oulad HellaL

Et, enfin, ceux d'Ameur s'appelèrent Bessaïs.

En réalité, les gens des Bessaïs sont originaires de Rou Semghoun. Leur ancêtre s'allia avec les administiés de Rezin et installa son campement auprès des leurs.

Actuellement les Oulad Hellal comprennent les douais Oulad Mohammed, oiiginaire des Oulad Djcrir Khechaa premier ci deuxième Merabaa, originaire des Beraber (Ait Atta) / ,

Rezaïna

Gheraga

les Oulad bel Mehdi

Oulad el Aïd

Oulad Nehari

Hechalfa

Chouaouka ;

El Merakhis - )

Oulad Khalfallah > des Bezaïna (îheraba

Oulad Moliammed ben Aïssa )

Les Oulad Aoun se composent de :

Oulad Kouider, originaires des Ou- lad Sidi Ali ben Yahia (Géryvillr

El Abs, originaire des Angad , , .. ,,,

T.r des tiezauia (ilieraga

Nouaoura 1

Oulad Ben Dida '

El Maadna, originaires de Krendidi

Les Oulad Saada comprennent :

Tserdane )

Oulad Djilali > des Bezaïna Gheraga

El Ababsa ]

nOCÎTMENTS l>(MM< SP.n\lll A l.'ll IS lOI M K DF-.S II\MYAN 1^^

Oiiliul hcri (!lit'k(tr, •ni^^'-iii.iiics drs

( ilit'iuiiiiii;i ( ). Siioin'ii I Oiihul Siiiulii, iMciiiici- ri «lrii\iriii ' «I'- l^'Z.iïii.i (;ii<'i;il»;i VA Cwiiinal \

Soiiiiril /

l.cs Rossais comproiuiciil : Djolao-hia, premier cl (Iciixirnic j El" Modjadil) /

Koiiahi ) <l''^ Pic/aïria (iliciaha

khclaouit \

Ayaïda /

Chez les Oularl Saada se trovivenl qiiel(|uos faiiiilK-^ rui ^iîiaires des ksniir d'El Amar et de Bon Kaïs. Leurs arieê- tres, cpii étaient des lolba, vinrent dans la Irihn. s'y fixèienl et s'y marièrent.

Quelques autres indigènes des Oulad Saada eurent un aneétre originaiie des Angad fies TelohV

Tous les autres douars des Rezaïna, pour lesquels une annotation spéciale n'a pas été mise, se considèi-ent eomrne descendant, plus ou moins directement, de la famille de Rezin et eoninie frères des Oulad Ziad.

SENDAN

Ea famille du caïd actuel des Sendan est originaire de l'Egypte.

Son ancêtre, \bdenahniane Ren Abdallah, vint se fixer au Gourara, dans la région de l'Augueiout.

Plus tard, la branche à laquelle appartient le ca'ïd éniigia vers les Hauts-Plateaux oranais, oii elle forma le noyau de la tribu des Sendan.

Elle fut conduite par \bderrahmane Ren Megtouf, qui quitta le Gourara pour se livrer au conmierce, amassa une grosse fortune et se fixa dans la région située près de la fête de l'Oued Namous.

Ea famille du ca'ïd est toujours restée léunie dans cette tribu. Elle constitua la fraction des Afegatif dont, acluelle- ment, tous les membres, à l'exception de cinq, soni des parents du caïd.

Ea liaison n'a jamais été peidue entre les Sendan e| leurs parents de l'Auguerout.

Tous les ans encore, à l'époque des grandes caravanes, le caïd on ses frères vont visiter l(*s leurs qui jouissent d'une grande considération au Gourara.

194 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

Leur cousin, M'Hammed Ould Choikh, est actuellement raid du distric de l'Auguerout.

Tous les caïds qui se sont succédé dans la tribu des Sendan, avant et pendant l'occupation française, ont appartenu à la famille du caïd acluel, El Iladj Olliman.

Autour du noyau amené par Ben Abderrahmane Ben Megftouf vinrent se grouper :

El Bachir Ben Younès, venu du ksar El Amer, qui fut l'ancêtre du douar El Menacir ;

->." Saad bel Berichi, originaire d'Oudjda, fondateui du douar Berarcha ;

Mohammed ben Bou Yahia, venu du Djebel Ksel (o\\ Kessal), qui fut le fondateur du douar Oulad Ben Yahia ;

4" Belgacem Ben Ali, originaire des Oulad Djerir, qui fut l'ancêtre du douar Oulad Belgacem.

MEGAN

T.es Megan ne formaient qu'un seul douar, le douar Oulad Fekir. T,eur ancêtre, venu du Gourara, était un savant (fekir) originaire des Oulad Saïd (TimimounV

Ees Bouaki et les Behahza furent de pauvres gens venus surtout du Tafîlalet qui se groupèrent autour d'euv.

Les Oulad Saad viennent d'El Himer, près de Marnia ; ils ont des parents dans la commune mixte de Chellala (département d'Alger).

Tvcs M(>gan et les Oulad Embarek ne foimaient jadis qu'un seul groupement.

* *

11 eût été nécessaire que tous les renseignements qui précèdent fussent connus du général de La Biie, chargé de négocier, en i8/i5, la convention spéciale de délimitation de la frontière algérienne. Cet officier général, mal docu- menté, fut placé dans des conditions peu favorables pom menei- à bien sa mission et, faute de précisions suffisantes, d(^s difficultés surgirent bientôt au sujet de l'attribution à la France de la totalité des Hamyan Gheraba, le Maroc réclamant les Djemba. Le général T>amoricière avait écrit le ''i janvier, au Ministère de la Gueire, sans faire de dis- tinction entre Chafaa et Djemba : « La tribu des Hamyan " ne nous a fait aucune soumission, mais elle est algé- '< l'ienne ». On ne songeait pas encore à ce moment à occuper les Hauts-Plateaux.

Le traité dut, en outre, être signé à la hâte. Pour déter-

DOCUMENTS POUR SERVIR A I-*IITSTOIRE DES HAMYAN 1^5

mijior les tribus du Sud, que nous étions en droit de récla- mer eomme alf?ériennes et celles que nous devions recon- naître comme marocaines, les renseignements furent fournis par des notables indigènes tels que le caïd de Tlemcen, Si TIaminadi Sakals et l'agha de la montagne de l'Ouest, Si lien Abdallah. Tl était facile, dans ce cas, au\ plénipotentiaires maiocains de tromper la bonne foi du négociateur français.

I.a convention laissa sous la dépendance du Maroc les Hamyan Djemba ; les Chafaa furent placés sous notre autorité. Cotte distinction devait créer dans la suite une situation difficile. L'article - offrait sans doute un palliatif ; il stipulait, en effet, que nous étions disposés à accueillir, en n'importe (fuel nombre, les individualités de l'Etat voisin qui viendraient se réclamer de noire autorité. Cette mesure, qui visait surtout les Djemba, était insufTisante.

Peu de temps, en effet, après la signature du traité, le général Pélissier écrivait: « Dans les régions sahariennes, le (( traité de i845 a laissé se créer plusieurs anomalies. C'est « ainsi que les Djemba, fraction des Hamyan Gheraba, (( relèvent du Maroc. Cependant cette fraction campe (( toujours sur notre territoire ; elle a toujours fait avec (( les Chafaa ses approvisionnements dans le Cherg ; du « temps des Turcs, comme sous la domination d'Abd-el- « Kader, elle payait le zekkat à l'Algérie. C'est ce que peu- (( vent témoigner de nombreux fekkas. autrefois employés « au paiement de l'impôt et qui se trouvent aujourd'hui à <( Tlemcen. Ces Djemba devaient donc rentrer sous notre « domination ; leurs chefs qui ont eu avec nous de fré- « quents rapports, sont disposés en notre faveur et ne (( feront certainement aucune opposition du jour oii « l'influence hostile de l'Empereur du Maroc et les intri- « gués de Sidi Cheikh ben Tayeb n'empêcheront plus les « Chafaa dissidents de nous revenir. »

De son côté, M. Bornée, ministre plénipotentiaire n Tanger, émettait la même opinion : « Pour les Hamyan " Djemba, disait-il, ils sont nomades ; de tout temp>, il* « ont erré dans le Sahara marocain et le Sahara algérien. « Autrefois, ils dépendaient des beys ; cette tradition les « rapprochait de nous ; mais, d'autre part, le traité les « attribue à l'Empereur du Maroc, disposition à laquelle « ils n'ont naturellement pris aucune part. Aujourd'hui. « les Hamyan sont venus et paraissent s'être définitivement

106 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

» fixés sur la partie du territoire saharien, oii il est entendu (f que nous dominons ; ils ne paient rien à l'Empereur « qui ne les fait pas ehercher si loin. Etrangers, accueillis « chez nous, ils ne figurent pas sur nos registres d'impôts « et nous n'exigeons par conséquent rien d'eux. Cette « condition leur convient fort et ils en désirent la prolon- (( gation. Pour les repousser, nous n'avons aucune bonne (( raison, d'autant moins que les agents de l'Empereur ont « sur eux des prétentions si modestes qu'on nous a adressé (( des excuses pour avoir tenté de les rechercher et de leur « faire payer l'impôt l'an dernier. Les Djemba s'éloignent, (( en venant chez nous, du contact des tribus avec les- « quelles ils sont en mauvais termes et contre lesquelles « ils luttent quelquefois.

(( Nous les accueillons, mais l'on ne peut guère partir de « pour requérir, par la voie diplomatique, l'Empereur, c( de nous les abandonner, cela (|uand nous lui réclamons « nous-mêmes nos tribus émigrées. S'il y avait concession, (( nous nous trouverions, il est vrai, investis du droit de (( leur réclamer l'impôt ; mais, dans le Sahara, l'impôt est- « il bien intéressant ? L'essentiel est qu'ils achètent chez (( nous. Le Sahara me semble, avant tout, un terrain d'in- « térêts commerciaux. »

Les difficultés venaient surtout de l'impossibilité l'on était, de fixer une fiontièie avec des populations d'nri esprit aussi indépendant que les llamyan. En répartissant mieux les tribus et les ksour (m eût évité mêmç de songer à vme frontière. Chaque tribu nomade a ses parcours défi- nis, ses points d'eau consacrés, en un mot son domaine pastoral toujours respecté en temps normal par les tribus voisines; c'est ce qu'exprimait, en ces termes, M. Wadding- ton, ministre des Affaires Etrangères : « On avait reconnu (' dès ce moment l'impossibilité de délimiter ces contréps, « oii la terre est de libre parcours, les habitudes et les « intérêts des populations nomades ayant toujours plus de (' force que les stipulations diplomatiques. »

La politique à suivre devait donc être désormais d'attirer, de capter et de fixer les tribus nomades du Sud.

D'ailleurs, l'absence de frontière, si elle créa des diffi- cultés que l'on exagéra, procura aussi des avantages réels. Â plusiems reprises, le Maroc tenta vainement de nous arrêter et nous avons pu ne pas écouter ses réclamations '^l poursuivre notre installation dans cette contrée. Malgré )a

uociîMEMs l'OLU si:io iH \ I II is I ( )i li i: i»i:s ii\\iv\.\ lî'7

clause qui les l'aisail Marocains, les bjtiuLa sont restés soumis à notre aiilorilé, nous payant les impôts et accep- tant les caïds de notre choix. Installés presque toujours à ri'^t des Chafaa, ils portèrent leurs campements souvent jus<pi"à la roule (jui unit Saïda à (Jérj, ville.

Par suite, s'ils étaient vemis à se réclamei du .Maroc, deu.v cas se seraient présentés : ou bien, continuant à vivre sur leurs terrains de parcours habituels connue l'article 4 leur en donnait le droit, ils se seraient trouvés enclavés au milieu de populations reconnues algériennes, ou bien, se retirant dans l'Ouest et abandonnant leur pays, ils se seraient installés dans ces régions au détriment des pre- miers occupants. Les deux solutions n'étaient pas plus admissibles l'une (jne l'autre, car dans le premier cas nous n'aurions jamais toléré la présence, au milieu de nos admi- nistrés, de fractions étrangères échappant à notre domi- nation ; dans le second, les inconvénients qui en résul- taient pour eux étaieid tels que, chaque fois (^ue le fait se produisit, ils s'empressèrent de venir d'eux-mêmes se replacer sous notre autorité.

D'autre part, ainsi que le constatait le général Chanzy <( les Djeniba fréquentaient tous les marchés de l 'Ouest, « mais de préférence les tribus de la plaine de Sidi-bel- {( Abbès qu'ils gagnaient par la vallée de la Mékerra ', dé- « signée par eux sous le nom de « Foutoul )> et celle du « Haut-Isser ; les Chafaa ont toutes leui's relations avec les (( tribus de Tiemcen, par la route de Sebdou. >>

Enfin, tous les Hamyan Gheraba ensilotaient dans les ksour du cercle d'A'in-Sefra, dont ils partageaient la posses- sion avec les Amour.

Il y a lieu de remarquer qu'au moment le traité île i845 fut signé, tout le Sud-Oranais était en pleine efferves- cence, et qu'on ne pouvait prévoir, ce qu'aurait à créer, dans les détails, l'œuvre de pacification que nous allions poursuivre. (A suivre).

I II existe dans la vallée de la Mékerra (cûmmuiic de Ténira) une tribu Ilamyan qui a été soumise aux opérations de délimitation prescrites par le senatus-consulte de i863 et qui forme actuellement un douar-conimune L'origine de cette tribu est toute récente.

Abd-el-Kader avait trouvé dispersé dans le Tell un certain nombre de terles originaires des Hamyan. Ces émigrants étaient venus successivement à la suite de la disette dans le Sud. L'émir groupa, en iS/ia, ces clivers éléments aux environs d'Aïn-Témouchent et en forma une tribu que nous cantonnâmes, en 18A8, près de Ténira, elle est encore.

k

LISTE DES VÉGÉTAUX

recueillis pendant la reconnaissance de M. le Capitaine IVjARTlN dans r£ro Iguidi (Satiara)

(MARS-AVRIL 1913)

AYANT-PROPOS

Désigné, ex abrupto, pour accompagner au titre du Service de Santé la reconnaissance-poursuite de M le capitaine Martin, je n'étais pas préparé à recueillii' les plantes que je pouvais rencontrer dans notre tournée. C'est en route que, tenté par une abondance tout à fait excep- tionnelle de plantes d'acheb (acheb veut dire printemps, ensemble des pousses piintanières et qu'on ne rencontre qu'au printemps), j'ai fait quelques récoltes, recueilli des noms indigènes et essayé de classer un peu d'après mes souvenirs.

A ma rentrée à Timmimoun, j'ai mis un peu d'ordre dans mes récoltes et mes notes, avec laide bien insuffisante des (( Documents scientifiques de la nilssion FoJireau-Lamy ».

Je n'ai donc pas la prélention de présenter une liste de plantes bien déterminées et bien classées, mon but est simplement de signaler, au moins par lem^s noms indi- gènes, les principales plantes qui croissent dans l'Iguidi en période d'acheb.

Les déterminations et les dénominations indigènes ont été le plus souvent rapportées à celles données par Foureau.

Certaines plantes non retrouvées dans le catalogue de la Mission Foureau-Lamy ont été rangées dans les grandt-s familles d'après leurs caractères généraux. D'autres ne sont citées que sous le nom qui a paiii leur être le plus souvent appliqué par les indigènes.

En résumé, ce travail esl bien incomplet, mais tel qu'il est, il présente l'ensemble de la flore d'acheb dans la région de l'Iguidi et les régions voisines.

Timmimoun, le i^"" juin 191/1.

D' WATEAU,

Médecin aide-major à la Compagnie Saharienne du Goiirara.

LISTE DES VÉGÉTAUX RECUEILLIS DANS l'eRG IGUIDI 199

Liste ûes v6g6iaux récoltés, avec leurs noms indigeoes ei leurs localités

FAMILLE DES CRUCIFÈRES »

Moricandia arvensis D. G. (Gergir). 77.

{Beggig). Très voisine de la précédente, mais à lleiirs plus nombreuses.

Henophyton deserti C. et Dr. (Henna el djemel ou alga).

Ces trois espèces, comme la plupart des cru- cifères, constituent la meilleure partie de Vacheh '-i. Se trouvent dans tous les ouidan ^ de liamada

Savignya longistyla B. et R. (Goulglàne). Constitue la hase de l'acLieb dans les gacis * du Grand Erg. ? (Foui el djemel).

Malcolmia iEgyptiaca Spr. {Halma). 78.

Matthiola livida D. C. [Naâmia), 81. Très menue Les pétales s'enroulent sur eu.\-mèmes. Répandue.

Sisymbrium Irio L. {Chaliate). 82. IIaci Tilemsi

Anastatica hierochuntica L. (Kef Lalla Fathma). 83. IL^ci Tilemsi. Rare.

Zilla macroptera Coss. (Chobrom ou Chabrek). 81-85. Deux

variétés. H agi Ouchtal. Brassica oleracea L. (Kramb) 86 Les Eglabs "'.

Senebiera lepidioïdes Cosson [Harra ou haghagha) . 87. - Tabelbala. ? (Kerkas). Ressemble à la ravenelle de France. El

OuAHiLA. et les gacis. ? (Regel rhorrhal). Haci Occhtal, IIaci Tilemsi. ? (Heureha). Ressemble à la bourse à pasteur.

Toutes ces crucifères sont très recherchées par les animaux.

1 Le^ noms vulgaires sont en italique et entre parent lièsc.-. Le nonilire (|ni Buit est le numéro correspondant à celui donné par Foureau : in Documents.

1 Acheb, veut dire printemps. Les plantes d'aeheb emistitucnt les meilleurs li.Uurages de l'année

3 Ouidan el ondiane, pluriels synonimes du mot arabe oi/ei/ (cours d'eau).

à Gacis, terrain plat et dur qu'on rencontre dans les dunes ou à leur bordure.

y Eqlabs, pluriel de i/uei/i, employé comme nom propre pour désigner la région de Clieuuclian

200 LISTE DES VÉGÉTAUX RECUEILLIS DANS l'eRG IGUIDI

FAMILLE DES CAPPARIDÉES

Mserua rigida R. Brown. (Aggar). 35. Quelques spécimens dans l'oued Chexachan et dans quelques endroits ro- cheux des Eglabs Fleurs en mars.

Capparis spinosa L (Kabbar). 37. Un pied [)ivs l'oued Ethel

FAMILLE DES RÉSËDACÉES

? (Telma ou réséda), Plante d'acheb de tous les ouidap des EuLABS. Non broutée par les animaux

FAMILLE DES CISTINÉES Helianthemura sessiliflorum Pers. (Reguig). 45. Rives des ouidan.

FAMILLE DES FRANKÉNIACÉES

Frankenia thymifolia Desf. (Meleifa). 140 H.vci Tilemsi et les Eglabs.

FAMILLE DES MALVACÉES Malva .^Igyptiaca L. {Naâmia). H agi Tilemsi.

FAMILLE DES GÉRANIÉES Erodium glaucophyllum Ait. (McrkJi^rl). 142.

FAMILLE DES PORTULACÉES Portulaca foliosa (RijlaJ. 344. H agi Tilemsi

FAMILLE DES RHAMNÉES Zizyphus lotus L. fSeder, SedraJ. 348. Saab el Touil.

FAMILLE DES TÉRÉBINTHACÉES

Rhus oxyacanthoïdes Dum. Cours. (DJedari). 400. Quelques pieds très rares dans les Eglabs. Un spécimen à Chenaghan.

FAMILLE DES PAPILIONACÉES

Crotalaria Saharae Cosson. (Bou-Kreïss). 223. Haci Tilemsi, les

Eglabs. ? (Haska ou Assek) Le fruit est enroulé comme celui de

la luzerne, mais pourvu de piquants. Haci Tilemsi. ? (Habalia). Très voisine de la précédente, mais plus

merue.

LISTE DES VÉGÉTAI X MECl EILLIS DANS l'eRG IGIIT)! 201

Genista Saharae Coss. (Merkh). 224. Abondant entre Ei, Modaï EL Faiied et TouNASSiN. Quclqucs pieds dans le djebel Ougauta. Recherché par les chameanx.

Rétama Retam Webb. iR'tam). 225. Répandu. Les ciiameau.x ne mangent que les fleurs.

Acacia tortilis Hayne (Talha). 226. Très abondant dans toutes les parties rocheuses. Quehjues aibros avaient des gousses vertes. ? ( L'fouila ou quouila). Plante d'acheb à tige et feuilles veloutées. Le rhalya serait une variété plus grande et plus vivace. Haci Ocachtal, Erg el Atcii AN- FAMILLE DES ROSACÉES

Neurada procumbens L. iSaâdane). ;551. Regs entre Cuouikhia et Bou Bout. Cette plante est remarquable par ses calices fruciiteres qui, frais, sont gonflés de suc et très recherchés par les chameaux : secs, ils reposent sur le sable par leur face pleine, tournant en haut une face hérissée de piquants qui se fixent aux pieds et aux chaussures. Leur forme est arrondie et leur diamètre varie de celui d'une pièce de 0 fr. 50 à une pièce de 5 fr. en argent.

FAMILLE DES TAMARISCINÉES

Tamarix gallica L. (Tarja). 397. El Gheirs, El Mouaï El Fahed, Ghemiles. Les chameaux ne mangent que les fleurs.

Tamarix articulata Vahl. (Ethel ou fersigue). .398 A donné son nom à l'oued Ethel, le long duquel il forme une ligne boisée qui marquerait le cours ancien de cet oued sans eau et, maintenant, coupé de dunes. Les chameaux ne le mangent pas.

FAMILLE DES CUCURBITACÉES

CitruUus Colocynthis L. (Hadejj. 94. La coloquinte Erg el Atchan.

FAMILLE DES OMBELLIFÈRES

Fœniculum officinale L. (Besbess). 318. Le fenouil. IIaci Ti- LEMSi. Aurait des propriétés diurétiques.

Deverra chlorantha Coss. et Dr. {Gou2zàh) 319. Tout I'Erg Iguidi. Très recherchée par les chameaux.

Au moment de la maturité, les animaux qui la broutent reçoivent des graines dans les yeux. Ces graines déterminent la formation d'épaisses faus-

14

202 LISTE DES VÉGÉTAUX BECUEILLIS DANS l'eRG IGUIDI

ses mem))ranes qui aveuglent l'ankinal. Les indi- gènes savent la nécessité d'une intervention chirurgicale pour enlever les excroissances. Daucus carota L. tSennaria). 320. Tabelbala

f iMadraigua). Haci Tilemsi, lesouidan des Eglabs.

Plante rampante dont les akènes renfernaent des graines que les indigènes recueillent précieu- sement ; ils les emploient pour aromatiser les ali- ments et surtout le café. C'est le succédané de Vazir, voisin du cumin, qu'emploient les araljes des Hauts-Plateaux.

FAMILLE DES COMPOSÉES

ZoUikoferia resedifolia Coss. iAdhidlo. 'y2. Plante d'acheb. Toutes les haniada.

f (Araïcha). Voisine de la précédente. Haci Tilemsi.

? iRadda). A etïlorescence jaune canari ayant la consis- tance du papier. Les Eglabs, Kahal Tabelbala.

f (Tasseka). 54. Gros chardon ornemental à feuilles panachées. Ei'gs El Ouahila, El Atchan. Raoul

? [Gourga). Chardon artichaut.

? Deux autres espèces de chardons plus petits, très recher- chées des chameaux. Haci Tilemsi.

f (Naggar). Tient du chardon et de l'armoise.

Artemisia herba alba Asso. {Chihh) 58. Plateaux du Noid . Saab el Touil.

f (L'bouibeta). Sorte de camomille soyeuse Haci Ti- lemsi.

f (Gaouen). Deux variétés. Tous les ouidan de hamada.

? {Gartoja). Deux variétés : l'une à feuillage velouté ighartofa) ; l'autre ^ feuillage lisse (choueia). Cette espèce tient à la fois du bouton d'or et de l'armoise. Très odorante, elle est très recherchée par les indigènes qui l'emploient dans leurs ali- ments. Tous les ouidan.

f (Chaïba). Involucre soyeux à Heurs jaunes. Djebel Ta- belbala.

f (Haar/euge). Plante vivace à feuilles très petites. Fleurs jaunes. Saab el Touil. Asteriscus graveolens Forsk. (Nouggoud). 55. Très belles fleurs

jaunes. Répandue en hamada. Perralderia coronopifolia Coss. et Kral. fTirrath ou tighertj. Localisée entre l'oued Saoura et le Kahal Ta- belbala.

La plante prend vite un aspect sale ; elle em- poisonne l')s chameaux, surtout à l'état sec. Elle

LISTE DES VÉOÉTAl'X HECl i:iLI.IS I)\NS L'ERf. IGUJDI 203

doteiTiiiiie tous les ans des vides dans le troupt-au do la Compagnie de la Saouia Elle est cotnplè- temeiit inconnue des Chainhaas du Grand Eig. ? (Tahaffa). Voisinedela piécédentc mais moins nocive.

Il ACl Tir.EMSI ,

FAMILLE DES ASCLÉPIADÉES

Daemia cordata R. Bv. jUalga ou Kkalijui. 'S.'>. Piante d'acjicli. Tous les ouidan de liamada

FAMILLE DES CONVOLVDLACÉES

! (Cliachiet et dob). Petit liseron. Fbc Iguidi, Haci el

GlIEiRS.

FAMILLE DES BORRAGINÉES

Arnebia decurabens Coss. et Kral. yLuucham). ;}0 Plante d'acbcb

tjvs reclieiehée par les animaux. Commune dans

les ouidan et dans I'Erg. Lithûspermum callosum Vahl, (Halma). Plante d'acheb, vivace.

Ouidan de la Hamada et Evg. Répandue dans

IEbg Iguidi

FAMILLE DES SOLANÉES

Hyoscyamus Faleziez Coss. (B'^ttimaJ. 'à^'Z. Abondante le long de loued Saour.v ; rencontrée à Tilemsi. ' Toxique stupéfiant. Les indigènes en préparent des breuvages qui rendent fou. .' (Nouygeuf). 388. Ouidan des Eglabs. Toxique.

FAMILLE DES OROBANCHÉES

Phelipoea lutea Desf. (Tidjellet). 325. Parasite sur les racines du ^ita ('Limoniastrum Guyoriianum), Serait con- sommée par les indigènes après avoir changé l'eau d'ébullition.

Orobanche condensata Moris. ( Dhdnoune). Fleurs mauves.

FAMILLE DES LABIÉES

Marrubium deserti de Noë. tKhiatu). '^19.— Bou Maolu el KsErB.

FAMILLE DES PLOMBAGINÉES

Limoniastrum Guyonianum Coss. et Dr. (Zita). 339. Jolie plante à fleurs violacées fleurissant en avril. Abondante entre Ben Zohra, Khettamïa et Choitikhia. ï {Ratna). Très voisine de la précédente, mais plus pe- tite. Oued Saol'ka.

204 LISTE DES VÉGÉTAUX RECUEILLIS DANS l'eRG IGUIDI

FAMILLE DES PLANTAGINÉES

Plantago ovata Forsk. (Halma). 338. Très abondante surtout en terrain bien tassé de reg K

FAMILLE DES SALSOLACÉES

Anabasis articulata Moq Tand. {Adjerem). 366. Abondante et

localisée dans la hamada entre Tounassin et

Ghemiles.

? (Belhal). 471. D'un joli port. Fournit beaucoup de

bois. Les indigènes l'emploient pour la teinture

en bleu (avec le nila, non mangé).

? (Baguei). Variété grossière du belbal : fournit encore plus de bois. Grande ressource des oasis en com- bustible. Abondant à Tounassin.

Salsola vermiculata L. (Gueddem). Répandue. sodaL. (Djell), 368. Oued Saoura.

Traganum nudatum Del. (Dhamrane). 369. Fleurs en mars-avril. Très répandue. Grosse ressource des pâturages.

? (Agga'ia). Très semblable au dhamrane, mais non mangée parles animaux. Feuilles terminales oran- gées. Chenachan^ Tabelbala.

? fAscof). Souvent confondue avec le dhamrane. Peu mangée. Haci de I'Erg et Ouahila.

Cornulaca monacantha Del. (Hadd). 372. Le meilleur fourrage d'été pour les chameaux qui en sont friands. Ne pousse que dans I'Erg. Très abondant dans I'Erg Iguidi. Les pieds naissants étaient très nombreux lors de notre passage en mars-avril dans I'Erg el Atchan et I'Erg Raoul Par contre, les pieds mouraient dans le Ouahila, il n'avait pas plu depuis longtemps. D'après les indigènes, le hadd peut résister pendant sept ans à la sécheresse.

Halocnemum strobilaceum Moq. Tand. (Ghessal on rhessel). 373. Gacis (le I'Erg. Son bois serait utilisé poui' laver le linge, d'où son nom.

Atriplex halimus L (GuetaJ). 372. Oued Saoura.

Suaeda fruticosa Forsk. (Souid) 374 bis. Terrains salés des seb- khas Tabelbala.

1 tieg, terrain plut, cailloiiloii.x.

LISTE DES VÉGÉTAUX RECUEM.r.lS DANS l'eRG IGTJIDI 205

Caroxylon articulatum Moq. Tand. (Remcth ou Remtz) 374 ter. Intermédiaiie oiitie le dlianuane et le belbal. Oued Saoura. ? (Chrira). Voisine du dhamrane, mais plus petite.

La famille des salsolac(^es, représentée par de nombreuses espèces, fournit la seule verdure d'été du Sahara. C'est une précieuse lessource des pâturages.

FAMILLE DES POLYGONÉES

Calligonum comosum L. (Artaj. 340. Fleurit en mars. I.os clia- nieaux mangent les fleurs. Oued Saoura, KnET-

TAMIA, TOUNASSIN.

? (Mkhenza). Très voisine de l'aria, mais plus petite. La fleur sent très mauvais. Kahal Tabei.bala.

? ( Azal). 341. Croit sur les buttes élevées que le vent dégrade, ce qui laisse voir des racines de dimen- sions énormes. El Ouahila.

? (Arich). 342. Beaucoup moins importante que les pré- cédentes. Elle fleurit au sommet des dunes. Erg EL Atchan, Erg Raoul Rumex sp. ? (Amouida). Très abondante en mars. Comestible.

FAMILLE DES EUPHOBBIACÉES

? (Moul el lebina). IIaci Ouchtal.

? (Keusber el bir ou lebbin). 130 Oued Saoura.

FAMILLE DES LILIACÉES

Asphodelus tenuifolius L. (Tâsia). 278. Djebel Olgarta, Saab EL TouiL. ? iKaikante). Voisine de la scille. Kheneg el Etem, Kahal Tabelbala.

FAMILLE DES PALMIERS

Phœnix dactylifera L. (Nakhla). 327. Le dattier Rencontré sur tous les points de I'Ebg Iguidi, il marque la possibilité d'obtenir de l'eau dans des nebas '.

FAMILLE DES JONCÉES Juncus maritimus Lam. [Smar). 217. Tabelbala

I Nebas, bas-foiuls d'Erg il suffit de creuser à la main de o"ao à o"5o pour trouver l'eau.

206 LISTE DES VÉGÉTAlîX RECUEILLIS DANS l'eRC ICIIIDI

FAMILLE DES CYPÉRACÉES

Cyperus conglomeratus Rotta {Saâd, Ouargla), (Bous el begra, Saourai 106. Voisinage des puits ou nébas. El. Ghkirs. El. MouAï El. Eaiied, Haci Olt.htal.

FAMILLE DES GRAMINÉES

Panicum turgidum Forsk. <Mrekha}. 160 Près los puits de rOuAuiLA. ? (Mrokha) Variété In'aucoup plus menue.

Danthonia Forskhalii Vahl. 'Rahia) Oudiau des Iuilabs, dei)uis

TlI.EMSI.

Andropogon laniger Desf. iLemmad). 156 Tabelbala.

Arthraterum plumosum L. (A^eçi). 169. Espèce très abondante sur les hamada et les ergs.

pungens Desf. (Drinn). 170. Le drinn est surtout

abondant dans I'Epg el Atchan et I'Erg Raoul La graine ffoul), très consommée par les Saha- riens, ue mûrit qu'en mai.

? tiVeiness). Plante plus petite que le drinu. El Ouahila.

' (Sbett). 171. Moins rude que le drinn El Gheirs, El Mou El Fahed

brachyatherum. {Sffar).\12. Avec la précédeitte. Ampelodesmos tenax L. (Diss). 182. Bou Mahoud, Tabelbala.

? (Nej'jem). 209. Chiendent. El Mouaï El Fahed, les Oasis, Tabelbala.

? (Erchigue). Croit en grosses toutîes autour des jiuits ou nébas de I'Ouahi-la.

:' (Ha'rra et Qasba el kseib). Deux variétés de roseaux signalent la présence de l'eau à peu de profon- deur. El Kseib, El Mou.vï El Fahed.

FAMILLE DES GNÉTACÉES

Ephedra àlata D. G. (Alenda). 143,

^ fragilis Desf. (Alenda).

Les ephedras fleurissent en mars. Les fleurs seules sont mangées par les animaux.

FAMILLE DES CHAMPIGNONS Lycoperdon sp ? [Techt ed deba) ~- Sorte de vesse de loup. Haci

BOUBOUT.

LTSTE DES VÉGÉTAUX RECUKir.l.IS DANS l'eRC ICUIDI 207

Agaricus sp. ? iGouh el d/emeh IIaci Boi-bout. Ei. Mouaï ei- Fahei)

Terfezia sp ? iTerJes\. Les tiuttes aficctioiiiicnt les tt-rrains pioi TOUX, bit'ii tassas, de liamada, les rives des oiiidaii se plait le reyuig (Helianthemiim sessi- liflorum) sur les racines duquel elles [taraissent vivre en parasite. Les truffes ne se montrent que dans les bonnes années d'acheb On en distingue troisj[variétés : une blanche, une prise, une noiie. Celte dernière est la plus appréciée. La variété blanche, seule rencontrée, est très abondante ilans les Eglabs : elle est comestible.

PLANTES TOUT A FAIT INDÉTERMINÉES

\lkenza. Très aljiiiidaiitp ;i IIaci Tilemsi et aux Eglabs.

Cette plante, probablement de la famille des solanées, serait toxique pour les animaux qui la délaissent, d'ailleurs, à cause de son odeur nau- séabonde.

Jada Petit arbrisseau velouté à feuilles sèches engainant l'in- florescence. Haci Tilemsi et les djebels.

Charreque. Petite solanée ? Haci Ouchtal.

Orbeira. Plante en touffes très basses, feuilles denses, velou- tées. Très répandue.

Zitel et khrouj. Voisine de la précédente.

Tjaïa. Petite légumineuse.

AJerJorh. Ressemble au mouron. Capsule pyxidaiie. Primu-

lacée. Fegel ?

Lesseur. ?

k

CERCLE DE GÉRYVILLE

itiution à FEloUe de l'Induslrie pastorale ea Aloérie

RÔLE MÉCANIQUE DES VENTS DANS LA RÉPARTITION DES FOURRAGES STEPPIENS. COMMENT DENSIFIER LES HERBAGES.

En présence des crises fourragères qui, de temps à autre, sévissent sur nos parcours du Sud, le problème de la subsistance des troupeaux, en période de disette, a été envisagé de différentes façons :

a) Les uns ont proposé la constitution de réserves foui - ragères sur différents points des aires de pacage.

D'autres ont voulu demander à certaines méthodes culturales (dry farming) le moyen de faire rendre au sol des Hauts-Plateaux ce qu'il ne donne pas en l'état actuel des choses.

h) D'autres, enfin, et ce sont les plus pessimistes, ont conclu qu'il n'y a rien à faire, en raison de la dureté du climat dans ces régions, de l'irrégularité des précipitations pluviales, etc.

Or, la vérité, nous semble-t-il, est ailleurs :

c) La flore des parcours du Sud est adaptée aux condi- tions de ce milieu spécial. Mais elle est clairsemée, et ses localisations les plus riches et les plus denses dépendent moins de l'abondance des chutes d'eau, que de l'action exclusivement mécanique des vents.

cl) En effet, l'agitation atmosphérique, en rendant les graines nomades, continue à créer une végétation dissé- minée sur d'immenses étendues, ou fort concentrée en certains points ; de l'errance continuelle des troupeaux, à la recherche de leur subsistance et l'existence fatalement nomade, des pasteurs indigènes dans ces régions.

CONTRIBUTION A I.'lII DC \>E T.'l M)T S ri'.Mv 209

* *

T.es vents, dont rion ne vient tempérer la violence, exercent leur action sur des terrains nus, plans ou presque plans, non abrités ; el ee ne sont pins senleiiu-nt les praines, éparses dans les ste|)pes, rpii se ti'ouAeiil ainsi balayées, mais eneor(> la Icrre végétale et les parlirnlcs fertilisantes provenaril du croltin (pic le bétail (li'-pdsc dans les |)areours.

La graine, ainsi véhiculée, ne s'arrête que si un obstacle met fin à sa course vapal)ond(> ou si le courant atmosphé- rique, à l'action duquel elle obéissait, cesse de soulTler. File peut alors profiter de sa fixité, enfin réalisée, pour germer et prendre possession du sol.

Souvent, la terre végétale et les paicellcs de fumier roulées avec elle, continuent leur trajet, à moins que l'obstacle qui a interrompu la translation de la graine ne présente une assez large surface pour endiguer en même temps terre et poussières fertilisantes. Dans ce dernier cas, la graine, avenir de la plante dont elle émane, se trouve dans les meilleures conditions pour germer, croître et prospérer.

Dans la majorité des cas, la graine s'accroche au hasard des aspérités et des accidents du sol qui lui sert de plan de roulement. Là, les conditions réalisées tout à l'heure font souvent défaut, car, dans son arrêt, elle se trouve généra- lement séparée des éléments divers balayés avec elle ; la graine. germe tout de même, moins bien cependant que si elle était venue s'échouer au milieu de particules amendées. On comprend donc pourquoi la végétation, qui revêt par îlots les surfaces steppiennes, ne présente ni la densifica- tion, ni la luxuriance de celle qui croît au pied des larges obstacles ou au niveau des accidents géologiques les plus divers Texcavations ou aspérités).

Dans la steppe, la graine ne dispose que des éléments puisés dans le sol, tandis que dans les points oii les bala- yures des parcours ont été largement endiguées, cette même giainc se trouve englobée dans des éléments d'apport figurent, en plus ou moins grande quantité, les poussières d'humus.

* *

h

Dans le numéro de la Rcî^Jie Vétérinaire de Toulouse (octobre 1909), sous le titre : Répartition des subsistances

210 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRîE

naturelles du sol, sur les Hauts-Plateaux fSud-Oranais), rôle des vents, nous avons noté l'action des vents sur distribution des herbacées à la surface des steppes et nous avons insisté sur ce fait que les graines roulées ont tendance à saccumuler dans les dépressions, au pied des remblais, autour des moindres obstacles (^pierres, mottes de terre, touffes d'alfa, d'armoise, de drinn, etc.), et nous avons conclu ainsi :

(( Si donc nous voulons rendre la végétation spontanée, plus dense, plus étendue, en nappe, imitons la nature ; multiplions les obstacles et les accidents de terrain pour arrêter la terre balayée et les graines errantes : réalisons les desiderata que nous avons formulés. Puisque les cuvettes naturelles, les moindres dépressions du sol, le pied du moindre talus, sont riches en herbes, nous pouvons exploiter ces données... •>)

Depuis que nous avons écrit cela, il nous a été donné de constater qu'une simple haie à claire-voie suffît pour endiguer les graines fourragères, les parcelles fertilisantes dissiminées dans les parcoiu's, et la terre végétale.

Inutile, comme nous le préconisions alors, de faire des semis en utilisant les aspérités ou les dépressions du sol. L'obstacle, tel qu'une haie à claire-voie, suffit pour briser le vent et arrêter les balayures qu'il entraîne.

Toutes les haies que nous avons vues dans le centre de Méchéria ou dans le bled, les rebords de la voie ferrée, présentent une densification notable de la végétatioii qui y croît sur leur face S>nd et sur leur Joce Ouest en particulier.

11 semble que la direction doininante des vents se fasse du Sud au Nord et de l'Ouest à l'Est.

Nous possédons, comme nous l'avons déjà dit, à la surface des Hauts-Plateaux, une flore nombreuse et variée, acclimatée, aux conditions météoriques du milieu, par ime sélection naturelle vigoureuse ; cette flore se régénère par l'éparpillement spontané des graines, en dehors de toute intervention de l'homme.

Le vent joue, là, le rôle du semeur, de même qu'il remplit le rôle d'agent de translation du pollen dans la fécondation des flpurs : mais c'est un semeur capricieux et sans modération ; son action de translation à l'égard des graines ne se trouve graduée, ni tempérée par rien et dépasse souvent le point optimum, le but utile.

i

CONTRIBUTION A I.'kII IH: DE l'iNDUSTRIE 211

Selon la violence et la dm ce des courants atmosphé- lifjiies, fr(V|ii('nls en ces lé^'-ioiis, telle zone, heiheuse une année, sciit nue l'année suivanle : les <»rain('s qui juuaicnl ))u s"\ uiiiinlcnii' oui ('lé hiihivc-cs el cnlfaînées fort loin. I.e dé|)lacenicnl de l;i \ éi^élalion. souini>^e ainsi au caprice des vents, (>\pli(jii(' liés sou\ent les crises fourragères «jui frappent Ici [)oint ;ui profit de tel aulre, ou bien, les semis, réalisés p;u' les agitations de l'air, se trouvent tellement é[);u|)illés (|ue les troupeaux sont souvent obligés à de lies grands déplacements pour trouver de quoi se rassasier.

T/opportunité, l'abondance des |)luies, jouent un rôle indéniable ; mais si les surfaces humidifiées ont été bala- yées de leurs graines, et de leur humus, il ne croîtra rien, ou presque rien.

Or, au cours de nos tournées dans le bled, et de notre assez long séjour dans le centre de Méchéria, nous avons noté combien les accidents naturels du sol, f)u les obtacles réalisés par l'homme, peuvent être utiles pour endiguer les balayures du sol, concentrer en des points donnés les éléments fertilisants qui, autrement, sciaient perdus, et densifîer la végétation.

Mais au lieu de haies à claire-voie, (pii ne tiendraient pas contre la violence des vents et dont les nomades auraient tôt fait de faire du feu, de simples murettes de o™ 20 à o"" 3o de hauteur, en terre battue, renforcées par un petit remblai de terre, pouiraient rendre les mêmes services que les obtacles les plus larges et les plus variés.

Le terrain serait divisé en rectangles dirigés N.-S. dans le sens de la longueur.

L'essai mérite de retenir l'attention des pouvoirs publics, en raison des résultats importants qu'on doit en attendre.

L'immensité des parcours ne peut être un obstacle aux essais qui s'imposent. L'application des méthodes de (( dry farming » serait autrement difficile et onéreuse. Mais là, il ne s'agit que de barrer la surface des steppes de remblais faciles à réaliser. Et les vents, facteurs exclusifs de la grande dissémination des herbages, deviendront pour l'homme les auxiliaires sinon indispensables, du moins les plus précieux, pour collecter et concentrer aux points choisis, les graines éparses dans les parcours, ces mêmes vents, juscpi'alors agents de dispersion des poussière^; minérales et des poussières fertilisantes, permettront d'uti- liser avantageusement les débris du crottin desséché,

212 CONTRIBUTION A l'ÉTIJDE DE l'iNDUSTRIE

rejeté par le bétail et dont la destinée n'était rien moins que problématique.

Avec le temps, les digues ainsi opposées au trop large éparpillement des balayures du sol, constitueront plus tard, autant d'herbages, le stationnement plus prolongé du bétail permettra le dépôt d'une plus grande quantité de crottin, oià la plus grande partie des graines restera sur place ; nous pensons que, dans un avenir assez prochain, le revêtement végétal des steppes, instable et par îlots, fera place à une végétation à localisation fixe et en nappe con- timie. Les facteurs météoriques favorables à toute végéta- tion, continueront à exercer leur action comme par le passé ; mais nous aurons contribué à faire acquérir aux graines une fixité relative en les soustrayant, dans une certaine mesure, à l'action mécanique totale des vents.

C. BEN DANOU,

Ancien Pvépiii<i\fnv iVIIydiènc r\ Zoolcchnic à l'Ecclc ISiilionalc

iTAiiricultiirr de MonipelUer,

Vétérinaire Vdccinnleiir à Méchéria (Siud-Orannis).

SUR LA PLAGE D'AÏN-EL-TURCK

Le i8 avril 191a, M. JMaiiciic iii'écnvail :

(( M. Vassas. maire dAïii-i'l-'lurck, m'annonce qu'un raz de marée a enlevé tout le sable de la plage et a mis à nu des rochers insoupçonnés par les plus vieux habitants de la localité, non loin de l\'ndroit je signalais les luines d'anciennes carrières berbères. En cet endroit donc, -M. Vassas a pu se rendre compte de la façon donl les Berbères procédaient pour extraire leins meules dans ces carrières de grès d'origine marine.

' Ils creusaient dans le roc, ajoute M. Vassas, une circonférence d'environ o'" 10 de profondeur el, au moyen d'un burin quelconque, probablement, ils soulevaient le cercle. Souvent l'opération donnait un mauvais résultat ; dans ce cas, ils abandonnaient l'entreprise, mais plus souvent aussi, ils réussissaient et, alors, la place restait bien nette sous forme de cuvette. »

Cette communication de M. Blanche m'intrigua fort, car l'intéressante observation de M. Vassas m'amenait aussitôt à envisager certaines hypothèses. Aussi, dès que j'en eus le loisir, je me rendis sur les lieux. Je parcourus toute la plage, depuis Saint-Roch jusqu'au Rocher de la Bretonne, soit sur une longueur de 7 kilomètres. Je jugeai inutile d'aller jusqu'à Falcon, car, du Rocher de la Bretonne, l'ensemble de la cote, à l'Ouest, me parut ne pas avoir subi de grandes modifications. D'ailleurs, ce détail n'a aucune importance pour l'étude des faits que je veux mettre en relief et les conséquences que j'en ai tirées.

L'examen des lieux et 1 étude des faits qui ont précédé ou accompagné la dégradation de la plage, m'ont amené à faire quelques observations que je tiens à consigner.

L Description et constitution géologique de la plage. Etat actuel. Rectifications à apporter à la carte. Le substratum de la plage d'Aïn-el-Turck est, au point de vue

214 NOTE SLR LA 1>LA(.E d'aÏN-EL-TURCK

gcolog-iquc, coiislilué depuis Saiiit-lioch jusqu'à Falcon ', par des dépôts quaternaires d'origine marine (plage sou- levée de Poniei, indiquée sur la carte géologique au i/5o.ooo d'Oran, sous l'indice q„!.a ). Dans certaines parties, surtout entre la ferme Emerat et le Rocher de la Uretonne, les bancs quaternaires s'élèvent de i à 2 mètres au-dessus de la mer, formant terrasse et basse falaise.

Vers l'Est, et jusqu'à Saint- Roch, les grès quaternaires s'abaissent presque jusqu'au niveau de la mer et même au-dessous ; ils dispaiaissent presque partout, recouverts par le sable. De loin en loin, émergent de petits îlots, très peu saillants, dont chaque coup de mer, chaque change- uient de direction du vent, déplaçant le sable, fait varier ia forme.

Dans les parties de la terrasse, mises à nu depuis le Rocher de Ja Bretonne jusqu'à 3oo mètres à l'Est de l'Aïn- Aounsar =, le (quaternaire marin est constitué par l'assise coquiUière q ],, , à pectoncles très nombreux. J'y m lecueilli deux exemplaires du Stroinbus bubonius.

Ce niveau n'était nettement apparent jusqu'ici que sur les falaises Est de Falcon. Maintenant il est à nu sur une longueur d'environ 800 mètres. Sur tout le rest& de la terrasse rocheuse, l'assise coquiUière est cachée par les grès supérieurs jaunes, durs, exploitables dans les parties attei- gnant par places i à 2 mètres d'épaisseur.

La dénudation de 1916 jue permet donc de signalej' l'existence des couches à Stronibe à droite et à gauche de la région précitée, oh l'indice q ,î,.,i doit être, sur la carie géologique d'Oran, remplacé parq,,! .

Il y a donc une nouvelle station du Strombe, espèce que j'avais déjà récoltée dans l'assise de Falcon.

Au sujet du Strombe, puisque j'en ai l'occasion, je rap- pellerai que dans une note parue dans le Bulletin 3, j'ai signalé la récolte que j'avais faite d'un exemplaire de cette espèce à la surface du sol, aux abords du chemin de Falcon au Pain de Sucre. J'en cherchai alors vainement la prove- nance.

Depuis, j'ai tiouvé le Strombe dans le banc coquillier de la falaise, sous les villas de Falcon, ce qui m'a conduit à expliquer la provenance de l'échantillon récolté à la surface

I Voir les cartes données dans le nulietin de mars i(|i:" " 2 Ferme Emerat. 3 Soc. Géogr. Oran 1908, p. 248.

NOTE SI R i.A ri>\(;i: d'aïn-el-turck 215

du sol, à ôo-Oo nièlics d'altiludc. Cet cxcniplaiic u été, sans doute, ii'liiô du |)uiU >ilué sur le chemin el dont le cieu- scnieul a altciul la zone ccxiuiliière. 1/assise (jualernaiie doit donc s étendre sous la [jelite plaine au Sud du phare, ^e cpii permet de due (|ue le cap a été d'abord une île de la nier (piaternaire, contre hujuelle, comme à Arzew, les dé[»ots marins sont veims légèrement se relever.

il. Au sujet de la carrière à meules. J'ai retrouvé facilement la carrière à meules que M. Vassas a signalée à M. Blanche. Elle est située à environ 3oo mètres à l'Est de l'Aïn-Aounsar, devant le cabanon de M. IJeineck, à l'extré- mité Ouest du faubourg Saint-Maurice. Les bancs qui ont été exploités par les tailleurs de meules s'étendent, à droite et à gauche du cabanon, sur une longueur totale de 5o à 60 mètres. La largeur de la terrasse est en moyenne de 5 à G mètres.

La roche coquillière y change un peu d'aspect ; elle est plutôt constituée par des débris de pectoncles que par des fossiles entiers. En outre, la lumachelle est intercalée de lentilles de grès jaunâtre et de poudingue de gravier (juartzeux, montrant des sections d'huîtres, il en résulte (|ue l'ensemble manque d'homogénéité ; la lumachelle blanche est bien plus dure que le grès jaune. Aussi l'enlè- vement de meules entières devait-il être plutôt rare.

J'ai compté une trentaine d'emplacements, marqués par les cuvettes d'où les ouvriers ont réussi à extraire les meules ou par les ébauches mal réussies qu'ils ont abandonnées. Les meules ont un diamètre de o"" 4o, les cuvettes, près de o'"5o. Une moitié de cuvette a un diamètre supérieur, environ o'°70, et on y remarque les traces du procédé employé. Sur la circonférence limite, l'ouvrier forait, de distance à distance, des trous qu'il multipliait probable- ment jusqu'à ce que tout l'anneau fût évidé.

Ces meules ont-elles été taillées par le^ anciens Berbères d'A'in-el-Turck et par eux seuls ? Tout en l'admettant dans une certaine mesure, je n'irai pas jusqu'à l'afïirmer.

Tout ce que je puis dire, c'est que les indigènes du Tell viennent encore, sur certaines parties du littoral, tailler des meules dans des roches appropriées.

En 1906, j'ai vu, sur un îlot, au bord de la mer, au pied de la montagne des Lions, non loin de la Plâtrière, un indigène qui taillait des meules dans un banc de poudingue quartzeux, à éléments provenant du permien, très homo-

-16 NOIE SUB r.A PLAGE d'aÏi\-EL-TURCK

gène, d'un beau giuin, très dur, qui lui olïrait une roche de qualité bien supérieure à celle de la lumaclielle d'Aïn-el-Turck.

En résumé, les indigènes contemporains continuent à tailler les meules comme leurs prédécesseurs berbères. La carrière d'Aïn-el-Turck a donc pu être exploitée d'abord par les Berbères, puis par les Arabes. Une étude patiente des procédés d'extraction, de la facture des diverses formes de meules employées chez les indigènes anciens et moder- nes, pourrait seule fournir des éléments pour étayer une opinion plus précise.

III. Carrière près du Rocher de la Bretonne. M. Blanche a signalé entre l'Aïn-Aounsar et le Bochei- de la Bretonne, une carrière de pierre d'appareil qui aurait été exploitée par les Berbères. Il y a lieu de noter aujourd'hui qu'une exploitation toute récente paraît avoii" fait dispa- raître les traces de l'ancienne.

IV. Dénudation de la plage. La situation actuelle est-elle définitive ? Avant la tempête qui a balayé la côte, une couche de sable, d'épaisseur variable, recouvrait, presque partout, les rochers de la terrasse quateinaire ; la plage sablonneuse était plus épaisse et sa ligne de rivage d'une régularité parfaite.

Aujourd'hui la terrasse qui s'étend du milieu de la plage Saint-Maurice au Bocher de la Bretonne est absolument nue, partout la roche quaternaire montre ses angles et ses aspérités.

Vers l'Est, jusqu'à Saint-Boch, la terrasse s'affaisse, disparaît, pour ne réapparaître que de distance en distance, à travers le sable qui la couvre encore dans sa plus grande étendue. De la Douane à Saint-Boch, le sable a quelque peu diminué d'épaisseur, mais il est loin d'avoir complètement disparu. La plage a surtout perdu de son harmonie, les vagues ayant labouré sa surface et dentelé la gracieuse ligne de rivage qui en augmentait la beauté '.

La question qui se pose aujourd'hui et qui passionne les habitants du village est celle de savoir si le mal est irré-

I La plage ne m'étant pas tirs familière, je ne saurais fixer l'épaisseur (le la couche de sable enlevée sur toute son étendue. Mais je n'ai constaté aucune modification sensible dans l'état de la plage de la Douane. Celle de Bonisscville, sur sa plus grande partie, sera remise en état par un apport de o,i5 à G, 25 centimètres. Celle de Saint-Roch a très peu souffert.

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La cause ? Elle est indéniahlc. C'est l'éternelle action de la niei- qui, à échéances plus ou moins longues, se rue sur la ((Me et niodilie la ligne de rivage. Mais ce qu une leni- péle démolit, une autre, souvent, U' reconstruit et réci- proquement. Au travail (r('n>si()ii l'ait suite le travail d'édification.

C'est une violente tempête du .Nord-Est, frappant per- pendiculairement la cote, (pii a dénudé la plage ; c'est une autre moins violente qui l'ensablera de nouveau. En atten- dant, l'action permancMite des vagues agitées par la brise continuera le travail de reconstitution déjà commencé.

Il est à remarquer (pie la dénudation a été intense dans les parties les plus étroites de la plage la haute falaise se rapproche le plus de la ligne de rivage.

En face de la Douane, de Bouisseville, de Trouville et Saint-Roch, la plage est au moins deux fois plus large qu'à l'Ouc-st, les vagues en s'étalant davantage ont produit, en se retirant, des dégâts bien moindres.

Reste maintenant à savoir si la situation est irrémédiable.

D'abord, à mon avis, elle n'est pas aussi critique (jue le supposent les habitants d'A'in-el-Turck et si, sur quelques points, les baigneurs auront cette année à franchir une terrasse rocheuse de 5 à lo mètres de largeur, ils trou- veront le sable eh pénétrant dans l'eau. Partout ailleurs, les enfants pourront continuer à jouer sur le sable, avec cette différence c^ue le tapis sera moins beau que l'ancien.

J'ajouterai maintenant que la situation actuelle n'est pour moi qu'accidentelle, passagère. Je suis convaincu qu'un jour ou l'autre l'ensablement se reproduira, soit lentement sous l'action des brises de l'Ouest, soit brusque- ment sous celle plus rai)ide d'une petite tempête.

J'appuie mon opinioji surtout sur ce fait que la carrière à meules en offre la preuve la plus évidente. Les indi- gènes ne l'ont pas dénichée sous le sable, ils ne l'ont exploitée que lorsque, comme aujourd'hui, la terrasse quaternaire s'est trouvée à nu, et à une époque les grandes dragues n'étaient pas inventées. Il est aussi permis d'admettre cju'à diverses reprises, la mer les a obligés à abandonner, })our un certain temps, l'exploitation.

A ceci j'ajout(>rai qu'un habitant d'.Vin-el-rurck, à qui j'objectais que ce n'était sans doute pas la première fois

15

218 NOTE SUR LA PLAGE d'aÏN-EL-TURGK

que la plage avait été dénudée, me répondit aussitôt : (( 11 y a environ 3o ans, j'ai vu la côte nue comme au- jourd'hui ». Quoique ce témoignage ait une réelle valeur, je ne veux pas le retenir. La preuve offerte par la carrière à meules est sulïisante.

Donc, à mon humble avis, la situation est loin d'être irrémédiable. Ce qui permet d'espérer une amélioration assez rapide de la situation, c'est que la plage sous-marine se reconstitue manifestement ; à marée basse, de larges lambeaux émergent déjà et peuvent être parcourus à pied sec entre la villa Santocildes et le Rocher de la Bretonne, c'est-à-dire dans la partie qui a le plus souffert.

Le vent aidant, le sable s'étalera sur les parties basses et les nivellera. Déjà entre Bouisseville et Saint-Roch, la plage est moins endommagée, un bourrelet de sable est édifié, en bordure de la ligne de rivage, par le lent travail des vagues. En été, quand le sable sera sec, la brise de mer l'étalera sur la plage.

*

Je terminerai cette note en félicitant M. Vassas d'avoir attiré l'attention de M. Blanche sur sa découverte de la carrière à meules. Ce fait prouve, une fois de plus, que toute personne de bonne volonté peut rendre des services à la science. Il est regrettable que M. Blanche, trop éloigné aujourd'hui d'Aïn-el-Turck, n'ait pu lui-même aller recueillir sur place les éléments d'une note plus docu- mentée. Puisse la mienne rassurer la population et les estiveurs de la charmante station balnéaire à laquelle la reconstitution de la plage et la construction, à bref délai, de la voie ferrée, apporteront bientôt un nouveau surcroît de prospérité.

F. DOUMERGUE.

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BIBLIOGRAPHIE

RÈCVEIL Di:s TEXTES l.ECISLATIES ET .If HflilQVES (:f)i\CE^l\^^T LES ISItAElJTES DE Tl'lSISIE DE 1857 A 11)13, ;,miolcs et rurumcntés p,ir H. Auuhti, I vnl. iii-8°. Tunis, uii").

Tout lo monde ?ait que les Lstraëlites de Tunisie sont soumis ii vnie juridiction spéciale pour ce qui concerne leur culte, l'assis- tance publique, leur statut personnel. Mais, jusqu'ici, pour connaître les lois et règlements applicpiaut celte juridiction, il fallait faire de longues et fastidieuses recherches, soit dans le Journal Officiel de la Régence, soit dans les divers codes tuni- siens. Il manquait un ouvrage réunissant spécialement cette matière ; c'était une lacune regrettable pour ceux qu'intéresse la sociologie tunisienne.

M. le grand rabbin Arditti, délégué du Gouvernement tixnisien près la Caisse de Secours et de Bienfaisance israëlite, a comblé cette lacune. Son livre, présenté sans prétention, est cependant une œuvre importante réunissant tous les décrets, arrêtés et jugements, faisant jurisi)rudence et qui s'appliquent spéciale- ment à ses coreligionnaires indigènes, depuis la promulgation du Pacte fondamental (i^"" septembre 1807), jusqu'au 3i décem- bre ipiS. Ce livre est en quelque sorte le Code du statut personnel des Juifs tunisiens. L'auteur ne s'est pas contenté de faire œuvre de compilation. Il a joint au texte, chaque fois que l'utilité s'en présentait, des note^ et des commentaires auxquels sa connais- sauce approfondie des questions qu'il traite, donne un haut intérêt.

La première partie de l'ouvrage se termine par un projet de réorganisation du Culte et de l'Assistance publique Israélites qui paraît fort bien conçu, s'accordant tout à fait avec les principes modernes appliqués chez les peuples civilisés (voir pages 97 et suivantes). En dehors des vues personnelles si intéressantes qu'il renferme, ce projet, par contraste, met vivement en lumière le caractère insufTisant et archaïque de l'organisation actuelle.

TTn index alphabétique des matières traitées complète le livre, qui sera, croyons-nous, d'un grand secours à l'administration locale, au sociologue, à l'historien, à la magistrature, au barreau, à tous ceux, en \m mot, qui ont à connaître des questions tunisiennes.

A. COUR.

222 BIBLIOGRAPHIE

LES ARCHIVES BERBÈRES. Puhlicaliun du Comilé d'Etudes berbères de Rabat. Vol. I, fascicule i (191.")).

Par décision de M. le général Lyautey, Résident général de France au Maroc, il a été créé, le 9 janvier kjiB, à Rabat, un Comité d'Etudes berbères.

En instituant ce Comité, le Résident général, qui a toujours favorisé l'étude scientifique des tenitoires qu'il a commandés, (( s'est donné pour but de centraliser les travaux établis dans les différentes régions sur les populations berbères du Maroc, et d'en retirer des résultats pratiques concernant l'organisation et l'administration des tribus. »

Le Comité aura pour organe : Les Archives Berbères, dont l'administration est confiée à la Direction du Service des Rensei- gnements. Le budget du Protectorat assurera les frais de publication.

Le Comité, nommé par le Résident, est composé de MM. Gaillard, président, Loth, Riarna\ , colonel Simon, com- mandant Rerriau, Nehlil.

On ne saurait qu'applaudir à l'initiative du Résident général et faire des vœux pour qu'elle soit couronnée de succès, La constitution du Comité nous est un sîir garant que l'oeuvre prospérera.

Le premier fascicule des Archives est présenté par un article de M. le colonel Simon, qui expose le Inil poursuivi et fait ressortir l'utilité des Etudes berbères, an point de vue de leur application en matière de politique et d'administration. Nul n'était mieux (pudifié que le colonel Simon, pour une telle pré- sentation. Très versé dans toutes les branches de la question indigène, directeur du Service des Renseignements de la Résidence, il sera, pour ses collaborateurs, le guide le plus sûr, le plus expérimenté.

L'introduction du colonel Simon est suivie de quelques articles fort intéressants et intitulés : Les Chants populaires du Rif, par M. Biarnay ; Le Mariage des Berbères, par M. Laoust ; L'Arzef des tribus berbères du Haut-Guir, par M. Nehlil.

Jusqu'ici on ne connaissait à peu près rien de la poésie rifaine et de la législation coutiimière des tribus du Haut-Atlas. On ne peut donc que féliciter MM. Biarnay et Nehlil, d'avoir publié ces premiers documents. L'article de M. Laoust intéressera aussi bien les profanes, que les arabisants, bcrbérisants et maroca- nisants.

l"n fait que nous nous plaisons à constater, c'est que ces travaux sont sig'nés par d'anciens élèves de l'Ecole des Lettres d'Alger (aujourd'hui, Faculté), qui, de|»iiis longtemps, sont prépaies à produire des études plus méthodiques, plus scienti- fiques, (jue bon nombre de celles publiées jadis par leurs devanciers.

BIBLIOGRAPHIE 223

Puisse cette savante collaboration être le présage d'une ample floraison de beaux travaux ; puisse-t-elle nous apporter l'assu- rance que la cloison étanche que certains rêvent d etiiblir sur la fnmlic'-n' algéro-marocaine ne sera [)as élevoe. Le Maroc <'t l'Al^iférie sont les parties d'une même France, dont nul n'a le droit de sacrifier les intérêts généraux à la satisfaction des intérêts égoïstes de quelques pei-sonnalitcs. Notre nouveau protectorat ne doit pas être complètement tunisifié.

Sauf au point de vue administratif et financier, dont l'auto- noniic régionale est encore pour longtemps nécessaire, notre Afrique du Nord doit tendre à s'unifier dans tous les domaines de notre action civilisatrice : relations économiques, sociales, scientifiques, doivent trouver les frontières ouvertes. II faut viser à développer au Maroc, comme en Algérie d'ailleurs, une nuenlalilé française et non un particularisme marocain. Le pacte d'union nationale que les populations de l'Afrique du Nord scellent de leur sang sur les champs de bataille de la Patrie meurtrie, ne doit pas être rompu. La France, reconnaissante, ne le permettrait pas. Aux hommes de lettres, aux hommes de scieiue, d«' semer les germes de l'unification morale futurt\ A d'autres de préparer l'unification économique et politique.

Nul doute que le Comiic des Etudes berbères tiendra à parti- ciper à cette œuvre éminemment patriotique. Nos meilleurs vfeux l'accompagnent dans l'accomplissiement de la tâche qu'il s'est assignée ; nous souhaitons, de grand cœur, que les jeunes Arriiires Berbères deviennent, bientôt, le digne pendant des belles Archives Marocaines.

F. DOUMERGUE.

à

PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS

(le la « Société de Géographie et d'Archéoloiçie d'Oraii »

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF Séance du 12 Avril 1916

Présidence de M. Doumeugue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie. ' Sont présents au Comité : MM. Dolmergue, Pock, Tournier. DÉcnAUD, abbé Fabre, Kriéger, Pellet, D"" Sandras.

Absents excusés : MM. général Basciiuing, RéreiNger, Aram- bourg, Hi or, LcMoissoN, de Paciitere, Roux-Freyssineng, mobilisés ; MM. Flaiiault, Dangles, Dupuy, Pérez, René- Leclerc.

Absents : MM. Lami r, Pontet, Pousseur.

En ouvrant la séance, le Président annonce au Comité que M. le Secrétaire général, commaniUint Bérenger, est parti en colonne et qu'il y aura lieu de nommer un secrétaire de la séance. Il fait aussi connaître que KÎ.'Lèmoïsson vient d'être mobilisé, ce qui porte à sept le nombre des membres du Comité remplis- sant actuellement leurs obligations militaires.

M. TouRNiER, désigné comme secrétaire, lil !c procès-verbal die la dernière séance, (fui est adopté.

Avant d'aborder l'ordre du jour, le Président rappelle que la Société vient encore de perdre deux de ses membres : M. Carra - fang, délégué financier, colon à Saïda, et M. Ben Rahou, de Nemours. Il salue la mémoire de ces denx sociétaires qui. depuis de longues années, étaient dévoués à notre œuvre.

Sont acceptés comme membres titulaires :

MM. le capitaine Noël et Solignac, présentés dans la séance de mars.

Est proposé comme membre lituluire :

PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DR I.A SOCIÉTÉ 225

M. Agostim, diroctoiir do la succursale de la Banque de rAlgérie, à Oran, présenté par MM. Rérenger et Doumergue.

Le Président nous fait part (pic l'un de nos sociétaires, M. SKcirKT, professeur-adjoint au Lycée d'Oran, sous-ofTîcler d'infanterie, a été cité à l'ordre du jour de l'Armée, pour sa lirillante conduite pendant l'assaut d'une tranchée. Le Comité charge le Secrétaire général de transmettre ses félicitations et ses meilleurs vœux à M. Sicciikt.

Le Comité vote une adresse de félicitations à M. le Préfet d'Oran, ({ui vient d'être élevé au grade d'officier de l'ordre italien des Saints Maurice et Lazare, pour le dévouement dont il a fait preuve à l'occasion de l'affaire du Libano.

Au sujet des concours ouverts en 191/j, aucun manuscrit n'ayant été adressé, il est décidé cpie les mêmes questions seront maintenues pour l'année igrô. Le programme sera rappelé dans le Bulletin du trimestre.

La bibliothèque a reçu :

De MM. Hartert et W. Rothschild, deux nouveaux fascicules de leur publication sur VExplovaiion scientifique du Sahara Algérien ;

De M. Ernest Chantre, deux brochures.

Des remerciements sont votés aux auteurs donateurs.

La bibliothèque a acquis :

]'oyaçie au Maroc, par M. Oscar Daniirbcl, et diverses publi- cations sur la guerre actuelle.

La commande de tî.ooo fiches pour continuer le classement des ressources de la bibliothèque est autorisé par le Comité.

A ce sujet, le Pi-ésident annonce qu'en outre des fiches de la grande bibliothètpie, il a été établi 3. 000 fiches concernant les travaux les plus importants parus dans les puldications pério- diques. 11 espèn; que d'ici à la fin de l'année, le nombre total des fiches pourra atteindre le chiffre de 7.000, ce qui triplera on (piadruplera la valeur de noire lubliothcque.

îl est décidé que la prochaine séance de mai tiendra lieu d'Assemblée générale, la réunion annuelle n'ayant pas lieu. Le .■secrétaire général y lira son rapport et le Trésorier présentera le compte administratif relatif à l'année 191^.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à fi heures 4o.

Le Secrétaire, Le Président,

Signé : TOURNIER. Si^né : DOUMERGUE.

226 PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DE LA SOCIÉTÉ

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

Séance du 3 Mai igiD

Présidence de M. Dotimehgiîk, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumergue, Flahault, Rérenger, Pock, TouRiMER, abbé Fabre, Kriéger, Lemoisson, Pellet, D"" Sandras.

Absents excusés : MM. général RascuuiN(;, Aramboirg, Huot, DE Pacutkre, Roux-Freyssi\eng, mobilisés ; Déchaud, Dupuy, Pérez, René Leclerc.

Absents : MM. Dangles, Lamur, Pontet, Pousseur.

Le procès-verlial de la séance du 12 avril est lu et adopté.

Avant d'aborder l'ordre du jour, le Président rappelle que la Société vient encore de perdre un de ses membres, M. Roman, directeur des Postes et Télégraphes du département d'Oran. Il annonce aussi le décès, survenu à Alger, de M. Mantoz, directeur des Contributions Diverses en retraite, qui fut, jusqu'à ces derniers mois, membre de notre Société. En exprimant les regrets causés par la disparition de ces deux hauts fonctionnaires également estimés, il renouvelle, au nom du Comité, aux familles atteintes par ces deuils, l'expression de ses sincères condoléances.

Est accepté comme membre titulaire :

M. Agostini, présenté à la dernière séance.

Est admis comme membre à vie :

M. le capitaine Noël.

Sont présentés comme membres titulaires :

M. Dervieux Henri, agent dépositaire, boulevard National, à Oran, présenté par MM. Lauret et Soulier.

M. Dubois, docteur en médecine, boulevard François Le&cure, à Oran, présenté par MM. Bérenger et D"" Sandras.

MM. Vassas, propriétaire, maire d'Aïn-el-Turck, présenté par MM. Sabouret et Pallary.

Deux manuscrits, envoyés pour le Bulletin, sont remis à des membres du Comité pour appréciation.

Le Président annonce qu'il vient de recevoir le premier fasci- cule des Annales Berbères, publiées par le Service des Rensei-

PROCÈS-VERBAUX DES REflMONS DE I.A SOCIÉTÉ 227

gncments du Maroc. Il so pn^iosede consacrer une notice hihlio- j,M-aj>lii([ue à ce premier fascicule. Kn adcndaiil, le Cf)rnif(' soiiliailo le plus vif succès à la nouvelle pid)li( atioii.

La parole est ensuite doniire a\i Secrélaire général [xiur la lecture du rapport annuel.

^lis aux voix, le rap{)ort est adopté et le Comité vote des félicitations à son auteur.

Le Président s'associe tout parliculièreinent aux sentiments exprimés [)ar le (^.omité ; il tient à faire remarquer que, quoique mobilisé, ayant h assurer l'organisation et l'administration de son bataillon, le commandant Béuengeh a rempli ses fonctions de Secrétaire général avec la plus stricte ponctualité. Il se fait un devoir de lui en exprimer toute sa reconnaissance.

Le Trésorier lit ensuite le rapport financier et présente le Compte administratif de l'exercice 191/4.

Les chiffres présentés sont admis et le Comité remercie le Trésorier de son dévouement.

Le Comité décide qu'étant donné le déficit à prévoir [)our i()i5, le reliquat de 1914 sera attribué aux recettes de 1910.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée h. 7 heures.

Le Secrétaire général. Le Président,

Signé : BÉRENGER. Signé : DOUMERGUE.

Rapport du Secrétaire Général sur la marche et les travaux de la Société pendant l'année lOi^i

Messieurs et chers Collègues,

Il est d'usage que le Secrétaire général fasse tous les ans, à l'Assemblée générale, l'exposé des traA^aux de la Société pendant l'année écoulée. Le Comité, suivant l'exemple donné par les grands groupements, a décidé que cette réunion annuelle serait remise à l'année prochaine. Il n'en reste pas moins qne votre Secrétaire général a le devoir de vous rendre compte, ainsi qu'aux Sociétaires, de® résultats obtenus en igi/i- H ne saurait se dérober à cette obligation. Mais, auparavant, il vous demande de vouloir bien s'associer à lui pour saluer rcspectueuscinent la mémoire de ceux de nos Sociétaires qui sont tombés glorieuse- ment sur ks champs de bataille et de ceux que la maladie a cruellement ravis à notre affection.

228 PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS DE LA SOCIÉTÉ

Les notices nécrologiques qui leur ont été consacrées dans le Bulletin me dispensent de vous ra])polor leurs qualités et les services qu'ils ont rendus à la Science et à la Patrie.

Unissons-nous donc dans une même pensée reconnaissante pour mieux perpétuer leur souvenir ; adressons-leur notre dernier adieu et renouvelons à leurs familles l'expresision de nos vives sympathies.

En votre nom, j'adresse, à ceux de nos collègues qui font leur devoir à la frontière, l'hommage de notre admiration et, avec nos meilleurs souhaits, l'expression de notre affectueux souvenir. Puissent-ils contribuer à repousser les hordes qui se sont ruées sur notre belle France et qui, scientifiquement organisées |>our la (lestniction de nos villes et de leurs monuments, font plus de ravages que les grands cataclysmes de la nature.

Ces préliminaires achevés, je vais faire rapidement un exposé de l'état et des travaux de la Société en 191/1.

Effectif numérique de la SociéU'. Le nombre de membres était : an i" mai 191/1, de /jifi ; au t®' mars t9i5, de ^21. soit une augmentation de 5 membres.

Quatre sociétaires ont été lues à l'ennemi et, pendant le deuxième semestre, le recrutement a être à peu près suspendu.

Du fait des événements actuels, une diminution sensible est à prévoir en 1915 ; mais il y a lieu d'espérer (pi'après la guerre le recrutement sera plus actif. Tl faudra faire appel à tous ceux (fui auront, enfin, compris que la science est un des éléments de la force d'nn pays.

Erunions du Comitr «dminisiratif. Le nombre des séances du Comité a été de 10. en dehors de l'Assemblée générale, avec une moyenne de 12 inembres présents.

Malgré l'appel sous les armes de 7"" membres du Comité, le (fiianlum a été toujours al teint et aucune séance n'a rire ri'mise.

Bulletin. Produire notre Bulletin a été la pensée constante de notre Comité et surtout celle de notre dévoué Président.

Les deux premiers fascicules de 1914 ont été distribués en temps voulu ; mais la mobilisation ayant désorganisé le per- sonnel de l'imprimerie, le fascicule du 3*^ tiimestre n'a pu être composé. Quand l'atelier a rouvert ses portes, il a fallu réduire en un seul les fascicules des et ff trimestres. Cette solution nous était d'ailleurs imposée par la diminution inévitable de nos ressources.

Les trois fascicules de l'année igih forment néanmoins im vohime de 490 pages, dont l'intérêt ne le cède en rien à celui des bulletins des années précédentes. Vous avez pu en juger par

i'nocr':s-\ KRMAi X ui:s iu':i mons de i.a sociiiiÉ 22U

la lecture des mémoires publiés el doiil je vais raftpeler les [)iiueipaux.

Capitaiue Mksmkpv : Le Territoire militaire d'Aïn-Sefra (Sutl- Oranais). Etude ijâxjnipliiqne, administrative, sociale et jinan- cière, de 1906 à li)l'2. Ce travail de 3oo pages, avec Go gra- phiques et des illustraliiius, implicpie, de la part de l'auteur, un l'Iïorl sérieux et une documenlalion à laquelle nous sommes heureux de rendre hommage. Cest une étude consciencieuse el complète de la situation du Territoire. L'auteur, après avoir exposé rapidement et méthodiquement la partie gcnDgraphique et historique, fait une descriplion scientifiijne el montn' ce qui a été l'ait el peut être fail au point de vue de l'utilité praticpi»;. - Mais la partie la plus intéressante de son mémoire est celh- tpii montre les progrès accomplis au point de vue administratif, social et financier dans les territoires militaires du Sud, sous rinllucnce bienfaisante du nouveau régime.

En félicitant de nouveau Al. le capitaine Mesmer, pour l'œuvre considérable qu'il a réalisée, nous lui souhaitons vive- ment qu'il puisse, après la guerre, nous continuer sa savante et précieuse collaboration.

A. Cour : Un acte de Horin dclirré à un hraîdite par un Saïyd marocain. La lecture de ce document nous montre les grandes tliUicultés de voyager jadis au .Maroc, sans cette pièce protectrice qui assurait, à celui qui en était nanti, l'inviolabilité de sa personne et de ses biens.

Dans une étude fort intéressante : Le Préhistorique au Maroc Oriental : Ao<e sur la station de Goutitir, M. le capitaine M. Petit nous décrit d'importants ateliers de silex trouvés dans cette région. C'est, parmi les premières publications sur la préhis- toire marocaine, une des plus intéressantes. Souhaitons que de nouvelles découvertes permettent à l'auteur de nous envoyer bientôt d'autres communications.

Comme les années précédentes, M. TouRxNier nous a donné les Statistiques du mouvement des ports, du mouvement com.m.ercial et agricole de l'Oranie. Nous ne saurions trop le remercier du soin qu'il apporte, tous les ans, à établir cette documentation.

MM. Guillaume el Lhuillier ont continué à publier les résul- tats des Observ<dions météorologiques de Ui station de Santa- Cruz d'Oran. Qu'ils en soient remerciés.

Bibliographie. Les ouvrages offerts à la bibliothèque ont été l'objet, dans la mesure du possiible, de notices bibliogra- phiques., dues à nos collaborateurs les plus dévoués.

Certaines sont de véritables articles qui, malgré leur brièveté,

230 PROCÈS-VETABAUX DES REUNIONS DE LA SOCIETE

renferment, des observations et des> critiques dont l'intérêt s'ajoute à celui du mémoire signalé.

Que MM. CoLiR, Doumkrgue, abbé Fabre, Julien, Lemoisson, à qui nous devons ces analyses bibliographiques, veuillent bien accepter nos remerciements.

Bibliothèque. D'importantes améliorations ont été appor- tées à la bibliothèque, soit au point de vue de l'aménagement, soit, surtout, à celui de l'acquisition de livreis. Un nouveau corps de bibliothèque a été installé dans une troisième salle et le nombre de boîtes à fiches a été augmenté.

Pendant l'année, près de 200 livres et brochures sont venus grossir notre collection ; les uns offerts gracieusement par leurs auteurs ; les autres, et le plus grand nombre, achetés par la Société.

Malheureusement, la situation actuelle nous oblige à restrein- dre, en 191 5, les dépenses afférentes à l'achat de livres. Aussitôt que ce sera possible, le Comité reportera son effort sur l'aug- mentation des ressources de notre bibliothèque qui est, après le Bulletin, la raison d'être de notre Société.

En attendant, notre dévoué Président s'occupe, par un travail de longue haleine, à augmenter la richesse de nos ressources bibliographiques.

Concours. Nous avons mis au concours des sujets intéres- sant l'Algérie, le Sud-Oranais et le Maroc. Sur deux mémoires présentés, vm a été retenu et l'autre renvoyé à son auteur pour être revu et complété. Un prix de 5o francs a été accordé au lauréat, M. Blanche, instituteur à Aïn-el-Turck, pour la mono- graphie de son village.

Cet intéressant travail vient d'être publié dans le i*"" fascicule du Bulletin de 1910 et 5o exemplaires ont été offerts gratuitement à son auteur.

Conférence. Sous les auspices de notre Société, M. Henri Mager, ingénieur en hydrologie souterraine, a fait une confé- rence sur la Recherche des eaux souterraines par la baguette, le pendule et l'aiguille aimantée, qui a vivement intéressé l'auditoire.

Situation financière. Vous n'ignorez pas que l'état de guerre nous a valu, pendant le deuxième semestre, un fléchissement des recettes provenant des cotisations non encaissées et dont le mon- tant atteint environ le quart des somnnes à recouvrer.

Par suite de ce fléchissement, le Comité s'est vu dans l'obli- gation de supprimer ou de réduire certaines dépenses pendant le deuxième semestre, principalement celles relatives au Bulletin et à la bibliothèque. Par ce moyen et grâce surtout aux subven- tions qui nous ont été intégralement payées et aux dons reçus,

PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DE LA SOCIÉjÉ '231

nous avons pu effectuer le paieinenl de toutes les dépenses cnju^agées et, même, enregistrer un léger excédent de recettes.

Mais, eji 191 ô, la diminution dos ressources ordinaires jxjrU-ru sur les deux semestres. Comme il y a près de 80 sociétaires mobi- lisés, el que d'autres peuvent lëfre, il faut escompter, de ce côté, une perte d'environ i.ooo francs. D'autres ressources peinent aussi nous faire défaut. Le définit est donc inévitable, même en rei>lreignant le plus {K>ssil)le nos dépenses.

La situation se présente donc dans des conditions moins favo- rables que pendant l'année qui vient de s'écouler. Aussi, en ces circonstances pénibles, le Comité, pénétré de l'utilité de l'œuvre intellectuelle et morale qu'il accomplit, ne doute pas que, comme par le passé, le concours éclairé des so<iétaires et celui des Pouvoirs publics lui restera acquis. Avec leur aide la Société continuera à participer à la vie intellectuelle de la France, de l'Algérie, de l'Oranie.

Si aucun empêchement matériel ne se produit, le Bulletin de igio, pour lequel nous avons en mains la copie sulTisante, sera publié aussi régulièrement que les circonstances le permettront.

Le Comité peut donc se considérer comme satisfait de l'œiivre qu'il a pu accomplir, malgré les difficultés de l'heure présente. Il ne doute pas qu'il peut compter sur le concours de tous les sociétaires pour réaliser l'accomplissement de sa tâche. Il les associe au voeu qu'il formule : que la victoire, en assurant la prompte libération du territoire, nous permette de nous con- sacrer de nouveau entièrement à nos oeuvres de paix. En leur nom et au nôtre, nous adressons notre souvenir ému à ceux qui sont tombés au champ d'honneur, nous saluons les vaillants soldats et les chefs éminents, qui continuent à livrer le grand combat pour assurer le triomphe de la justice, du droit el de la liberté des peuples.

Le Secrétaire général, BÉRENGER.

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232 PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DE I.A SOCIETE

Rapport du Trésorier

J'ai l'honneur de soumettre aux membres de la Société les comptes de l'année igià-

En raison des événements douloureux qui se déroulent dans notre chère patrie, le montant des cotisations n'a pas atteint le (hilTre que nous avions prévu ; un grand nombre de nos socié- taires, étant mobilisés, n'ont pu être touchés par les recouvre- ments. Malgré cela, le montant de toutes les recettes est supérieur à celui du budget.

Les dépenses ont suivi une marche normale, ks crédits de trois articles n'ont pas été épuisés ; par contre, le dernier article « dépenses diverses et imprévues », a dépassé nos prévisions, par suite de la confection de meubles-étagères pour la bibliothèque, qui prend tous les jours une plus grande importance.

L'excédent des recettes sur les dépenses s'élève à la somme de 117 fr. 82. Il est nécessaire de faire remarquer que cet excé- dent n'a pu être réalisé qu'en réduisant certaines dépenses du deuxième semestre, non encore engagées : bulletin, reliure, achat de livres, etc., et, grâce aussi aux subventions annuelles qui nous ont été intégralement versées en 191 4-

En vertu de l'article i4 de? statuts, je me tiens à votre dispo- sition pour l'affectation de c€t excédent.

Le Trésorier, Siffné : E. POCK.

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236 PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS DE LA SOCIETE

HÉUMON MENSUELLE DU COMITÉ ADMIMSTUATIF Séance du 7 Juin 1910

Présidence de M. Doumergue, président

La séance t^st onvorlc à 5 heures et demie. Sont présenls au Comité : MM. Doumergue, Bérenger, TouRMEK, Dangles, Dupuï, Kuiégek, Pellet, Pérez.

Absents excusés : MM. général Basciiung, Arambourg, Huot, Lemoisson, de Paciitere, Roux-Frevssineng, mobilisés ; Fla-

UAULT, POCK, ReNÉ-LeCLERC, D"" SanDRAS.

Absents : MM. Déciiaud, abbé Fabre, Lamur, Pontet,

PoUSSEUR.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Avant d'aborder l'ordre du jour, le Président présente à M. Kriéger les meilleurs vœux du Comité pour la prompte ^uérison de son fils, blessé en Orient. Il donne des nouvelles de MM. Arambourg, Canal et Mesmer, qui se rappellent aux bons souvenirs des membres du Comité.

Il nous annonce que M. Roux-Freyssineng est parti pour le front, à la tète de sa compagnie de Tirailleurs et que M. de Paciitere a été promu sous-lieutenant. Leis meilleurs vœux du Comité accompagnent nos collègues.

M. le capitaine Noël vient d'être nommé chef de l'Annexe d'El Aricha. Le Comité est tout heureux de l'avancement mérité dont notre distingué collègue et collaborateur vient d'être l'objet.

Sont acceptés comme membres titulaires : MM. Dervieux, Dubois et Vassas, présentés dans la séance du 3 mai.

De la part de M. le général Lyauley, Résident (jénéral de la France au Maroc, M. Terrier, directeur de l'Oflic e du Gouver- nement Chérifien et du Prot(;ctorat de la République Française au Maroc, nous a fait parvenir un Rapport sur les Commerces français, (nuilais, allemand et austro-hongrois au Maroc, de 1902 à 1913. « Ce rapport, dressé par le Contrôle de la Dette, est destiné à faire connaître au Commerce et à l'Industrie de la Métropole les débouchés! qui s'ouvrei),t à t-ux dans le Maroc français, à la suite de la disparition du commerce austro- allemand. ))

i»ROCKS-VEnBAi)x DKs hi'i M(j>s DK i.A sociKii'; 2:57

< ',(■ liiivilil (''miiiii'ir les [iriii(i|i;iii\ |ii(i(liiiK iniitoili's, ceux ItivIV-n'-s (les iiidi^riics : il iri(lii|ii<- les |)rix coiiianls cf les (•|li^fl••^s (ralïiiirrs iw'-alisrs |);ir les riiaisons françaises et élran<,'ères. La (liiriimi'iilalidii (•<! |iai l'aile. l'Ile e<( e< inipit'iée [tardes f,Taviire>^ el (les ^'ia|)lii(|iiev l'ni-se l 'inil iiitix e française en lirer lonl le parti (l(''siral)le el <u|i|ilanler ceux (|iii exploilaicnl , à leur- piolil, une lerre ai'rosée du sari^-- français.

(".el irnpoi'tanl rapport |)<)urra èlre ciuisMllé à la hililiolln'uiitf par les s.(>ei(''laires.

MM. Hi':i<i:\<,i:ii (I Pcriirr rendent coniitle d'nn travail sni- \o Teliad, présente'' dans la dernière séance. La piil)liratif»n au Hnlletin en est décidée.

M. \\\.\ HwoT a envoyé une courte note concernant la dissé- iiiinalioii >\i's i.;iaines sur les Haiits-Plaleaiix. Ce travail, très int«''ressaut, iirendia place dans le Rullefin en cours d'impression.

La hihliollièipie a reçu, de M. le Sons-Secrétaire d'Etat aux Ueaux- \rts, ini ouvrai^c intitulé: f.cs MIciiKuids (leslriiclcins lie cdllirtl raies cl de li'rsnrs du fxisst'.

Le. titre de ce lra\ail en (h'-cèle le contenu. (Test une peinture lidèle d(\s actes de vandalisjne coininis par ceux (jui ne F"es[)ec- tent même pas les plus Ixdles productions d'.\rt dont s'iionoi'c rininianité. ('.es documents resteront, pour les générations futu- res, les preu\cs irrécusables de l'amoralilé d'un p<mple qui, au i;(''nie humain s'exerçani en manifestation de beauté, préfère le ;^n''nie malfai'^ant qui ne se^ complait que dans les manifestations brutales de la Force. ATais que ces exemples soient pour nous. Frauçiiis, une liçon. Redoublons de respect et d'atlacliernent pour ce palrimoine national que constituent nos monuments, nos nMis('-es nos richesses archéoloi»'iques et naturelles qui, trop s(Mneut, il faut l'avouier, sont laissés à l'abandon par ceux à (pii il apparlient d'en assurer la conservation.

Le Coniil('' décide l'achat de (pielqnes volumes de la collection d'il. Fabre, sur les nueurs des insectes, et de quelques ouvrages de vulgarisation scientifupie.

Après examen de <piel(fues (|uestions d'administration, l'ordre du jour est (''puisé el la séance levé(> à (\ heures 5o.

Le Secn'tdire (jcnéral, Le Président,

Signé : BËRENGER. Signé : DOUMERGUE.

MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE

2'"^ Semestre 1914

PERIODIQUES

Pour les publications périodiques, voir la Liste des Sociétés correspondanles, (Bull, i'"' trimestre igiS, p. ig.)

2 jS^ON PERIODIQUES

(Dons et Achats)

GÉNÉUALITÉS

Georges. Elude sur (|iiekjues espèces chevalines. (Ext. des Annales des Sciences Naturelles), broch. in-8°, lio p., 4 pi- Paris, 1869.

GuiMET (Annales du Musée). Conférences faites au Musée Guimet en 1912, broeh. in-i8, 276 p. Paris, Hachette et C'®, igiS.

Conférences faites au Musée Guimet en 1918, broch. in-i8, 388 p. Paris, Hachette et C*^ 191/i.

HuKT. Liste des espèces connues et décrites dans la famille des Antilopidés présentées par régions. (Extr. du Bull, de la Soc. d'Acclimatation), broch. in-8°, 28 p. Paris,, 1887.

JoLY (N.) et Lavocat (A.). Recherches historiques, zoologi- ques, anatomiques et paléontologiques sur la Girafe (Camelopar- dalis çiirafa. Gmelin), i vol. in-/|°, 12/i p., 17 pi. Strasbourg, Berger-Levrault, i8/i5.

JouRDY (Général). Coraux, Mél'obésies, Dolomies. Coral- liaires et Corallicoles. (Ext. du Bull, de la Soc. Géologique de France), broch. in-8°, 3o p. Màcon, Protat frères, igiS.

MOUVEMENT DE I.\ Rim.IO IIIÈQUE 2.'}!>

LvBOKVrOIRE DR GtOLOCilK DK l,\ |-\(:i |.|K DK GnENOnLK (TlilV.lilX tlu). lomc \, 7()I •>- Kjlii l)|(l<ll. ill-cS", 'S'h) [). rJifiHililc,

Ollicr l'n Tes, i 9 { ].

Ma(;i;k (llciui). Une nouvelle iiiéllKJile pour l'élude des terrains millier!; et pour la reelierclie des minerais enfouis dans les profondeurs du sol, hroeli. in-(S", S p. I^aris, Ofïiee Inlerna- tional de la Pre;ise, 1914.

Quel(pies souve.nii"s. 9.d années de polilicpie eolonialf. broch. in-i>, 107 p. Paris, E. Larose, rgiS.

M\M(;i.i.n (l.oiiis). Note sur U' pétrole, si-s origines, ses analyses, ses divers gisements. (K\t. du liiill. de la Soc. de l'Industrie Minérale, hroeh. in-8°, 60 p. Paris, Chamerot et Renouard, 1901.

MoKTii.i.i;r (Paul de). Ix>s sépultures préhistoriques. Origine du culte des morts. (Bibliothèque préhistorique) . hroeh. in-8'\ riy [)., I i pi. Paris, .T. (lamher. 191/1.

Pline. Histoire naturelle. Traduction française par E. Littré-. 2 vol. in-4°, 1.AA7 p. Paris. Firniin-Didot, r855.

Savary. Mahomet, {.e Koran, traduit de l'arabe, précédé d'un abrégé de la vie de Mahomet, broch. in-ir>. y.^?) [». Paris, Garnier frères. 1910.

AKliK^l E 1)1 NOKD (Alsérie. Tiiiiisic, .Marne. Sahara)

Amadk (Général d'). Campagne de 1908-09 en Chaonïa. (Rapport du Général Commandant le corps de délvarquement), broch. in-8°, 385 p. Paris, R. Chajîelot et C'^ 191 1.

lUuGÈs (l>'abl>é). Aperçu historique sur l'église d'Afriipie en général et en particulier sur l'église épiscopale de Tlemceu. broch. in-8°, 46 p. Paris, J. Lei"Oux et A. Jouby. i848.

Rkrbrlgger (Adrien). Le Tombeau de la Chrétienne, mausolée des rois mauritaniens de la dernière dynastie, broch. in-8°. 90 p., o, j)l. I plan. Alger, Raslide, 1867.

Rernard (Général). Promenades dans le Sud Oranais. Zousfana, Saoura, broch. in-8°, 18 p.

RERTHivrx (Paul). Grattoirs pédoncules de l'Extrèmc-Sud Oranais. (Ext. de l'Homme préhistorique) . broch. in-8°, 2 j). Paris, J. Gamber, 191 3.

Découvertes préhistoricpies dans les Oasis Saharienne.^. (Ext. de VHomme préhistorique), broch. in-8°. 6 p. Paris, J. Gamber, 191 3.

240 MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE

Hesnier (Maurice). La 'l'iiiiisio piiiii(|iie, broch. in-8°, 25 p.

Besson (Raoul). L'hirik'rland al^rio-iviarocain (Oudjda, Martimproy, Aherkaiic. Pdit-Say). broch. in-8°, /|S p. Oraii, R. Resson, t()io.

Rlanctikt (^r.). Sur quelques [loiiits l'oililiés de la fronlièiv saharienne de l'empire rom;dn, broch. in-S", j'y p., 5 pi. i carte.

Blasquez (Antonio) \ Delgado-Aguileua. Prehistoria de la réî?ion Node de Marruecos. (Ext. du Bol. de In Real Sociedad Gcograficn) , broch. in-8°, •?.S p. Madrid, 191 3.

Rlayac (J.).— Description géolog-ique des régions à phosphate de chaux de Tébessa et de Bordj-bou-Arréridj (Algérie). (Ext. dos Annales des Mines), broch. in-8°, 19 p. avec 1 pi. Paris, Diirand et P. Vicq, 189/i.

Rloch (Isaac). Les Israélites d'Oran, de 1792 à i8i5, broeh. in-8°. 21 p. Alger, 1886.

RouLLÉ (Lieutenant). La France et les Beni-Snassien (cam- pagne du général Lyaiifey), broch, in- 18, 69 p. Paris, H. Charles Lavauzelle, 1908.

BouRoiN (Georges). Les documents de l'Algérie conservés au>c Archives nationales. (Ext. de la Revue Africaine) , broch. in-8°. 3o p. Alger, Ad. Jourdan, 1906.

BouRGUiGNAT (J. R.). Des monuments symboliques de l'Algérie. Souvenir d'une exploration scientifique dans le Nord de l'Afrique, brorh. in-8°, 2^ p., 3 pi. Paris, Challamel aîné,

i8fi8.

Rrives (A.). Conférence faite à Alger sur son voyage aux régions inexplorées de lAtlas Alarocain. (Extr. du Bull, de la Soc. de Géographie d' Alger), broch. in-8°, 2/1 p. Alger. S. Léon, 1907.

BusQi KT (Raoul). L'affaire des grottes du Dahra, d'après les documents originaux. (Extr. de la Revue Africaine) , broch. in-8°, ,53 p. Alger, Ad. Jourdan, 1908.

Cat (L.). Histoire de l'Algérie-Tunisie-Maroc. Tome T. Avant i83o, t vol. in-12, 3/17 p. : Tome II. Après i83o, 1 vol. in-T2, 394 p. Alger, Ad. Jourdan, 1889.

Castries (le Comte Henri de). Les sources inédites de l'histoire du Maroc, i''® série : Dynastie saadienne. 2 vol. m-fi°. 591-654 p., T9 pi. Paris, E. Leroux, i9i3.

CnwAGNAC (le Comte Maurice de). De Fez à Oudjda. Œxtr. de la Géographie) , broch. in-8°, 83 p., t carte. Paris, t88i

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MOirvKMExr i)K i.\ lurwioriiKQïJK 241

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Dkciiaii) (Kd.)- Oraii. -nu ixnl, sdii coiinncicc, ImucIi. iii-S°, i3'.< p., :>. plans. Oraii, I». Ilriiit/.. ii)i'i.

I )i;i,UKi:i. ((lahricl). lie()<,rralia j.;fMt'ial de la piii\iii(ia drj Mil' \ Kahilas (\v ( iiiclaia-Ki'lidana-Mclilla (Marniccos scpt^Filrin- liai), linicli. iii-S", I -S p., I carie. MelilJa. Iiiiprcnta de Kl Ti'le^fraina dil H if. i <) i i .

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Ett (Colonel d'). In-Salali cl le ridikcjl. .tournai des opé- rations suivi d'une instruction pour la couduilc des eolomies dans la région saharienne, bi-f^ch. in-8°, 147 p., i carte. Paris, B. Chapelof et C'«, 1903.

F\ii)ru;rnu: (Général). Becherches anthropologiques sur les tombeaux mégalithiques de Boknia. (l^xtr. du Bull, de VAcad. d'Ilippnne) , broch. in-8°. 80 p., t carte, t3 pi. Bône. 1868.

Fatre-Biot ET (Général G.). Histoire d^e l'Afrique Septen- trionale sous la domination musulmane, broch. in-8'', fir>\ p Paris, Henri Charles Lavauzelle.

Fey (Henri-Léon). -- Notice sur les nn'nes romaines d'Aïn- Témoirchent (Oppidum Timici dv la Maurélanie Césariemie), broch. in-S", i 5 {>. Oran, Paul Perrier, 1860.

k

242 MOUVEMENT DE I.A BIBLIOTHEQUE

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FiLLiAS (Achille). L'insurrection des Oulad Sidi Cheikh (i864). Récits militaires, broch. in-8°, 5o p. Alger, A. Bouyer, 188A.

Flamand (G.-B.-M.). La position géographique d'In-Salah. (Extr. de la Revue de Géographie Universelle), broch. in 8°, 63 p. Paris, Ch. Delagrave, içii'i.

FoucAULD (Vicomte Ch. de). Itinéraires au Maroc, r883-8a. (Extr. de la Géographie), broch. in-8°, 9 p., i carte. Paris, Société de Géographie, 1887.

GoDRON (D. A.). L'Atlantide et le Sahara. (Extr. des Mém de l'Acad. Stanislas), broch. in-8°, 36 p. Nancy, Veuve Raybois, 1868.

Gîoiivernement Général de l'Algérie :

Statistique générale de l'Algérie (191 2), broch. in-8°, 887 p, Alger, Victor Heintz, 191/1.

Discours de M. Ch. Lutaud, Gouverneur Général de l'Algérie, à l'ouverture de la session des Délégations financières, le 22 mai 1914, broch. in-8°, 20 p. Beaugency, René Barillier, 1914.

GuBB (D'' A. S.). La flore saharienne. Un aperçu photo- graphique, I vol. in-i8. 129 p. Alger, Ad. Jourdan, i9i3.

GtiLi.AiME (Lieutenant). Conquête du Sud Oranais. La colonne d'igli en 1900, broch. in-S", 829 p. Paris, Henri-Cbarlcs Lavauzelle, 190T.

Hartert Œrnst). Expédition to the Central Western Sahara :

XV. Rhynchota Heteroptera. by G. lloi-wath, broch. in-S", 8 p. 1918.

XVI. List of Saharan hymenoptera, by F. D. Alorice, broch. in-8°, 6 p., I pi. 1918.

XVII. Orthoptères par Ignacio Bolivar, broch. in-8°, 16 p. 1918.

XVIII. Remarques sur la liste des coléoptères sahariens, rap- portés par le D'" E. Hartert en 191 2, par L. Bedel, broch. in-8°, 4 p. 1918.

XIX. Rhynchota. On a remarkable coccida with branclied antennae from the Sahara, by Ernest Green, broch. in 8°, 2 p., I pi. 1918.

MOUVEMENT DR LA BIBLIOTHEQUE 243

XX. On the diptera colloclcd in tlic Western Sahara, by D"" Ernst Ilartert, with dvsciipfions of nevv spocios, hy l'.rnesl I".. \iis|en, hiocli. iii-S", m [).

A Zof)l()^M(al tour in W csl \l;.n'iia, li\ llic lloii. Uolhscliild F. H. S. anrl KinsL Harlerl, l.n.cli. iii-S", uS p., 2 pi. rQiS.

JvcQUETON (G.). [.'expédition de A. Martinez de Angnlo contre Tlemcen, en juin-juillet i535. (Extr. de la Revue Afri- caine), broeh. in-8°, n) p. Alf^er, Ad. .Tonrdan, 1892.

Jacqiîot (Eucien). Les sonterrains d'Oran : T. Le labyrinthe d'Eckmiihl ; IL le souterrain de la carrière Soldini. (Extr. de la Revue Préhistorique) . broeh. in-S", S p. Le Mans, Monnoyer, 1 9 1 4 .

Ladreit de Lacharrière (Reynold). Voyage an Maroc, 1910-1911. Le long des pistes inoghrébines. Préface de M. le Marquis de Segonzac, l)roch. in-i8, 3o6 p. Paris, E. Larose, 1918.

Lapène (M.). Tablean historique de la Province d'Oran depnis le départ des Espagnols en 179a, jusqu'à l'élévation d'Abd-cl-Kailer en i83i, broeh. in-8°, 62 p. Metz. S. Lamort, 1842.

Leclerc (D*" L.). Les Oasis de la province d'Oran. Les Oulad-Sidi-Cheikh. (Extr. de la Gazette médicale de l'Algérie), I vol. in-8°. 8^ p. Alger, Tissier, i858.

Levaillant. Introduction à l'histoire des mammifères et des oiseaux du Nord de l'Afrique ou recherches sur les lois de la irravitafion des systèmes naturels par la reproduction des germes dans les milieux variables, biY)ch. in-8°, 69 p. Philippe- ville, i85i.

LiET'ssou (A.). Etudes sur les poii.s d'Algérie, i vol. in 8°, 107 p.. 16 pi. Paris, Paul Dupont, i85o.

Maxqufné (.t.). Caractères agronomiques des terrains miocènes, pliocènes et quaternairps de la région de Mostaganem. (Publ. de la Faculté des Sciences d'Alger), broeh. in-8°, 07 p., T carte. Mostaganem, Eug. Prim. 1914.

Marmol. L'Afrique. Traduction de Nicolas Perrot. Tome II. I vol. in-/i°. 578 p. Paris, Louis lîillaine, \C)(\-.

Massol (Marquis de). Souvenirs de la vallée de l'Ysser (province d'Oran"), broeh. in-8°, 4 p. i8o4.

Souvenirs de la province d'Oran, broeh. in-8°, 4 p. iS')'i.

Mesnage (le R. P.). Le christianisme en Afrique. Origine, développement, extension. (Extr. de la Rexuie Africaine) , broeh. in-8°, .SÔ2 p., I carte. Paris, Eug. Picard, 1914.

Pellissier (E.). Mémoires historiques et géographi<jues sur l'Algérie. (Exploration Scientifique de l'Algérie, i84o-42), I vol. in-4", 44o p. Paris, Imp. Royale, i844.

244 MOUVEMENT DE I-A BIBLIOTHÈQUE

Petit (Capitaine). Le préhistori(|ue an Maroc Oriental. Note sur la s^tation de Goiititir. (Rxir. du Bull, de ht Soc. de Géographie d'Oran), hroch. in-8°, 8 (>., 3 pi. Oran, L. Fouque, ipi/i.

Rabouruin ([.iieicn). - Algérie et Sahara. La question afri- caine. Etude poliliipie et économique. Les âges de la pierre du Sahara Central. Préhistoire et ethnographie africaines. Carte et itinéraire de la Mission Flatters, hroch. in-8°, i65 p. Paris, Challaniel aîné, 1882.

Richard (Ch.). l'itude sur rinsunection du Dahra (i8/|5- t8/|6), hrocli. in-8°, ^oS p. Alger, A. Besoncenez, \8/i(\.

Uésidciuc Générale de la France an Maroc :

Rcnseigneiuents statistiques agricoles sur les terres de la Chaoïiïa, hroch. in-S°. 18 p. Casahlanca, G. Mercié, 1914.

RoiîDAiRE. La dernière expédition des chotts (Algérie ci Tunisie). Complément des études relatives au projet de mer inlérieure, hiT)ch. in-8'', 187 p., 6 pi. Paris, Imp. Nationale.

1881.

SvTAui\ (H.). Les monuments d'Oudjda (Marf)c). (Kxir. du Bull. Arché(dogique) , hroch. in-8°. rî3 p., 5 pi. Paris, Imp. Nationale, 1911.

Tiio\T\s (Philippe'!. Etage miocène et valeur sliaiigraphiipic de VOstrea (■rassis.<<iitia au Sud de l'Algérie et de la Tunisir. (Extr. du Bull, de In Soc. Géologique de France), hroch. in-S", 20 [). Paris, Société Géologique de France. 1892.

Varmer (Maurice). Exposé de la situalion du Maroc Oriental fin 1912, hroch. in-8°, ,'^f)(i p. Oran, D. Heintz et fils, 191/^.

VossK» (Louis). <( Summum jus suiumum injuria ». Si cl Hadj Mokrani et la révolte de iS-i, hrocli. in-18, 118 p. Paris, Augusiin Challamel, 190,'!.

Le Bihlinlliéciurt'.,

A. TOURNIER.

Pierre CARRAFANG

La graiuliost' iiiaiiileslation ilo sympalliic qui a nianiué les (tltsôques de Fionv ( lanaraiig, o.\r)riniait aillant le jiislc liiltu (|iir mérilail riioimiir de hicn (|ui v<iiail de disparaître que rmiivtMscllc graliluilc (iiii s'adressait au représeiiL;iiit honnête, aclil' cl dt'Miué (pic pcj'dait, non pas seulement la région (pii l'avait élu, mais encore l'Oianic cidicrc.

l'ils de ses œuvres, Carralani^ cul dc^ ddiuts dilTieiles, mais grâce à une activité inlassai)le, à une [jcrsévérance qui ne s'est jamais démentie, grâce aussi ù une droilujie sans défaillance, il jtul surmonter les. épreuves des débuts et se créer un^' sil nation morale et matérielle, cpii devait le désigner pour d<,'S missions plus élevées, cpi il accomplit du reste très heureusement.

Sa jeune activité s'aiguilla loul tl'abord vers la colonisaUon. Mais ro.rganisation et la direciinn d unt' exploitation agricole ne pi )u\ aient sulïire à racli\ité dé\or.inle de cet homme d'action. \\ec un courage et un es[)ril d'initiative, dont il est aujourd'hui dillicile d'apprécier l'étendue, il s'élança à la conquête du Sud- Oranais, encore si |)cu connu et si peu sur. Rude travailleur, espiil nu'thodique, il dompta les dilhcultés qui s'élevaient devant lui et mit en valeur des régions qui étaient restées jus([n'alors lii)rs de notre iniluence économique.

(îarratang aurait pu, après de si longues années d'un labeur incessant et fécond, considérer son œuvre comme terminée, mais cet homme, d'un tempérament si extraordinaire, mit toute sa \aste inlelligence, sa force de pixxiuction au service de la défense des intérêts ilu Pays. Sur ce point encore, il accomplit sa lâche île façon parfaite, et c'est justement que M. Petit, délégué financier, a |)u dire sur sa tombe : Pierre Carrafang « est une grande ligure algérienne qui disparaît : l'Oranie plus (( particulièrement perd en lui un de ses meilleui's défenseurs. ;)

Certes, oui, Carrafang était un bon et fidèle ouvrier de la grande teiivre, de la mise en valeur de notre chère Colonie. fc]s]>rit prati(pie et juste, il apportait à l'étude des grands pro- blèmes ergonomiques une collaboration féconde. Il s'intéressuit à ttiutes les manifestations de l'activité algérienne. Depuis de bien longues années, il appaiienait à la Sociélk' de Géograpliie et d'Arehédlofiie d'Orun et dans bien des circonstances, nous avons été heureux de fair<' ai)pel au concours des vastes connais-

246 NÉCROLOGIE

sauces de cet homme si documenté sur les gens et les choses de t^elte terre d'Algérie qu'il cliérissait profondément.

Nous pleurerons, avec ceux qui Uii lurent chers, notre excellent collègue et ami, et nous souhait(ms que son nom reste sur cette terre, encore jeune, coninic le symhole de l'honneur, du travail et du dévouement.

Ed. Déchaud.

Jean-Noël ROMAN

Le i5 avril igio, la mort est encore venue faucher dans les rangs de notre Société de Géographie. M. Roman, directeur du Service des Postes et des Télégraphes du département, est décédé après une courte maladie.

M. Roman avait débuté dans l'Administration en 1877, comme auxiliaire, à Tlemcen, il fut nommé commis. Plus tard, il passa à la Direction d'Oran en qualité de rédacteur. Sur sa demande, il alla à Annecy.

Doué d'une vive intelligence, d'une grande puissance de travail, d'une indomptable ténacité mise au service de sa volonté, il prépara l'examen d'entrée à l'Ecole Supérieure Professionnelle de Paris. En 1897, il affronta le difficile concours et fut reçu. Il avait alors 36 ans. Dix-huit mois après, il sortait de l'Ecole et était nommé sous-inspecteur à Chambéry. Succes- sivement, il passa inspecteur à Oran, inspecteur principal à Alger, directeur à Constantine (1907) et enfin, en 1909, sur sa demande, directeur à Oran, sa ville natale.

Sorti des rangs, M. Roman eut le grand mérite de ne pas oublier ses débuts modestes. Il fut un chef bon et bienveillant qui, tout en exigeant de ses subordonnés le maximum de travail, resta toujours pour eux un directeur paternel. Il sut leur inspirer cette estime réciprofjuc qui, de chef à subordonnés, permet d'assurer., avec le plein gré de tous, la bonne marche des services.

Nous saluons respectueusement la méinoire de notre cher collègue trop tôt disparu. A tous ceux qu'atteint ce deuil, à la famille, à l'Administration des Postes, nous présentons l'expres- sion des sincères condoléances de la Société de Géographie.

Concours ouverîs w la Sociètû k GéograDMe et û' Arcùéologie û'Orao

l,a SucU'lé de Cicoijiaphic d'Orait met au concours les quoslioiis suivantes :

i" (loiicours aiimii'l poni- nji:"), i<)i'i : Monotjniphii'

[léographique, historique et économique d'une commune de lu province d'Oran (mixte, plein exercice ou indigène).

Un prix de 5o francs et un diplôme de médaille de vermeil (ou une médaille de vermeil), une médaille d'argenl cl une médaille de bronze seront altriliués aux meilleurs travaux présentés.

9.° Pour If) 16 : Histoire administrnlive et développement économiijue du Maroc Oriental depuis l'occupation française

(1907)-

Un prix de 100 francs ou ime médaille d'or sera attribué

au meilleur mémoire. Il |tomra être accordé des médailles aux

travaux non primés.

Pour If) 16 : Histoire d'Oran avant l'occupation française, établie surtout avec des documents inédits.

fi° Pour 1917 : Histoire de la ville d'Oran de l'année 18i8 au recensement de i911.

Un prix de 3oo francs (ou une médaille d'or d'égale valeur) sera attribué au meilleur travail sur chacun de ces de\ix sujets.

Les conditions générales des concours sont les suivantes :

Les sociétaires et les personnes étrangères à la Société peuvent y participer.

Les manuscrits devront parvenir le 3i mars au plus lard tie chacune des années fixées pour le concours.

Les monographies devront être inédites. Elles seront dressées d'après les indications générales d'un plan qui sera commu- nifpié aux personnes intéressées qui en feront la demande au Secrétaire général.

Le manuscrit portera une devise qui sera répétée dans une enveloppe fermée contenant à l'intérieur le nom de l'auteur. Cette enveloppe ne sera ouverte qu'après le classement. Si les travaux présentés ne sont pas jugés suffisants, les récompenses pourront être réduites ou supprimées. L'original f)u un double de tout travail récompensé devra être offert à la Société qui se réserve le droit de le publier dans son Bulletin. Dans ce cas. rio exemplaires seront offerts gratuitement à l'autfeur.

DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES RAFIYAN

et de la Région qu'ils occupent (Suiie)

TROISIEME PARTIE

CHAPITRE I

PREMIERS ESSAIS DOHGAMSATION. l)ftFE(TIO\S

(1845-185;$)

Après la signature du traité de i845, noire première {)réoceupati(>n fui d'organiser les llaniyan. (3n ne pouvail guère faire qu'une tentative dans ce sens, car nos postes extrêmes ne dépassaient pas la limite du Tell et la pacifi- cation ne pouvait pas être complète, aussi bien chez les Chafaa que chez les Djemba, tant que nous ne nous déci- derions pas à nous installer dans ces régions des Ilauts- IMaleaux. (Carte 1.)

Les premières soumissions, très rares d'ailleurs, des Hamyan datent de i8/i5. Au fur et à mesure de l'arrivée de chacune des fractions, le général Cavaignac, commandant la Subdivision de Tlemcen, lui laissa pour chef le caïd qu'elle avait sous Abd-el-Kader et il la rattacha au comman- dement français de Sebdou, que l'on venait de créer.

Pour arriver à tenir ces tribus, sans toutefois vouloir les transformer en sédentaires, on exigea d'elles qu'elles campassent à proximité de nos postes et on limita l'étendue du champ de leurs migrations.

Ees points extrêmes il leur fut permis d'aller étaieni les suivants : Mengoub (du Choit cl Cbarbii, Djenan ei Adham, Galloul, Fritis et Oulakak.

Ees Généraux et les Cc^mmandant.s siq^érieurs de cette

I époque précisèrent bien aux Hamyan que la mesure prise ne leur porterait qu'un préjudice momentané, que leurs terrains de parcours Irur seraitiil l'cndus intégialemeul " ■■"

17

250 DOCUMENTS POL K SERMR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

d'éviter aux nôtres LouL contact avec les Marocains, pour arriver à faire régner l'ordre et la paix.

(( Lorsqu'Algériens et Marocains, avaient ajouté ces <( oITiciers, vivront en bonne intelligence, nous songerons (( à faire valoir les droits des Hamyan sur les pâturages et (( les points d'eau, à l'Ouest des limiles oii nous les retenons c( aujourd'hui et revendiquerons pour eux, jusqu'à la (( Moulouya et l'Oued Guir, le libre parcours stipulé par le <( traité de i8/|5, dans la région au Sud du Tenict Es « Sassi. »

Expédition des iiénéraux Cavaiî^nac et Kenault, 1847.

Malgré les elTorls tentés pour faire régner la paix sur les Hauts-Plateaux, le voisinage d'Abd-el-Kader mainlenait toujours une apparence d'agitation ; les Hamyan étaient pour la plupart restés ses paitisans. Pour les réduire à composition, le général Cavaignac et le général Renault ([ui commandait à Mascara, conduisirent, chacun de leur côté, une forte expédition dans le Sahara. Ces deux olfi- ciers, partant l'un de Daya et l'autre de Saida, devaient agir indépendamment l'un de l'autre, mais de manière à reste?' autant que possible en communication, afin de s'appuyer au besoin. (Annales Algériennes, § III, page 284.)

La colonne du général Renault se mit en mouvement le 10 avril 1847 ^t. arriva le i3 au Kreider. Le i4, elle traversa le Chott Ech Chergui qui, quoique l'on fût au printemps, était praticable, et elle arriva à El Amra. Con- tinuant toujours à avancer, elle se trouva le 16 avril en vue des troupes du général Cavaignac. Le 17, elle s'arrêta à Naama, retenue quelques jours par la neige qui se mit à tomber en abondance. On apprit qu'Abd-el-Kader, qui avait paru chez les Hamyan, venait de rentrer au Maroc.

La colonne se lemit en mouvement le 20 et arriva le lendemain à Chellala ; le 1?), elle était à Bou Semghouii, ofi elle dut livier un léger combat, mais cotte oasis se soumit comme les autres ; de là, le général Renault se porta à El Abiod, ce centre de domination religieuse des Oulad Sidi Cheikh. Il se dirigea ensuite sur Brezina ; enfin, après une expédition de plus de deux mois dans le Sahaia, il rentra à Médéah.

Le général Cavaignac, (]ui s'était avancé jusqu'à Tiout, rentra de son côté à Tlemcen.

Le but des opérations de ces deux généraux avait été de prouver aux habitants de cette région que nous étions tou-

DOCLIMENTS l'OI M sr:H\IH \ l.'ll IS K )l l( i: liKS l\\M\ \\ '2~>\

jours en niesiiif^ de les allciiidre et que, pur conséquent, ils avaient grand fc^rt de se eonipromettre envers nous, en l'avoiisant les nouvelles (Milreprises qn'Ahd-el-Kader [)oin - rail former sur l'Algérie. Aussi, quel(}ues tribus s'ernprcs- sèrenl-elles de faire leiu' soninission.

Les autres ne furent réduites complètement à composi- tion (pi'en i8/|8, après une razzia exécutée sur elles au mois de juin pai' le général de Mae-.Malion, commandant la Subdivision de Tlcnici ii ; dans celte ville, le général re^ut iMie députation (|ui Ncnail lui offrir des chevaux de gada et à la tète de la(pi('lle se trouvaient Ahmed ben Abdallah, caïd de«î Akerma et Mebkliout, caïd des Oulad .Mansoiuali. D'autres caïds allèrent faire leur soumission à Oran.

Les Djemba, considérés comme Marocains, furent tenus en dehors de la convention ; ils avaient libre accès sur les marchés et ne devaient payer (jue le llak-et-Tenia. Les Ghafaa étaient imposés pour une somme globale de 1 lo.ooo francs et chaque fraction devait foninii-, en outic, un cheval de gada. On voulut alors essayer d'une organi- sation qui plaçait Mebkhout à la tète des Hamyan ; (jualre cheikh étaient sous ses ordres : Demouche, pour les Oulad Mansourah ; Ahmed ben Abdallah, pour les Akerma : Mohammeddin, pour les Bekakra, et Ben Oussen Ould Cheikh, pour les Béni Metharef. Mais ces dispositions n'eurent pas de suite.

Le caïd Boufeldja ben Amara, des Bekakra, ne voulut pas reconnaître l'Autorité française.

Sa tribu fut alors scindée en deux ; les Moualck et les Lourarka. Les premiers reçurent Ahmed ben Youssef comme caïd, et les seconds Kaddour Ould Boufeldja. Celt'^ mesure, qui rie donna pas de bons résultats, fut prise à l'instigation de Mohammed ben llarrouki, khodja de Tlemcen ; ce personnage, très en faveur auprès de l'Auto- rité et très lié avec Bon Smaha Ould Maachou, des Béni Metharef, avait été chargé en quelque sorte de l'adminis- tration des llamyan ; ce partage mécontenta suitout Kaddour Ould Boufeldja.

Le souvenir de l'expédition des généraux Cavaignac vl Renault, empêcha, en 18^19, les llamyan Gheraba de suivre le chef des Oulad Sidi Cheikh, Cheikh Ben Tayeb, qui cherchait à se faire une situation indépendante ; il voulait surtout contrebalancer l'inlluence religieuse de Si lïamza, avec lequel il était en hostilité. Pour y parvenir, il fit

252 DOCUMENTS POl R SERVII^ A l'hISTOIRE DES HAMYAN

répandre le bruit que le Sultan du Maroc, Moulay Abder- rahmane, l'avait nommé khalifa du Sud. Il réussit autant par la force que par la rus(> auprès des Hamyan Cheraga, mais fut moins heureux auprès des llamyan Gheraba, qui n'étaient nullement disposés à seconder ses vues ambi- tieuses. l']n présence de cet insuccès, il tomba sur leurs caravanes au retour du Gourara et les razzia complètement. Réduits à la misère, lf;s Hamyan Gheraba adressèrent, au général Pélissier, commandant la Sid)division d'Oran, une réclamation énergique sur la façon dont Cheikh Ben Tayeb les avait traités. Des représentations furent faites au Sultan du Maroc, (}ui s'empressa de blâmer celui qui s'intitulait son lieutenant. Cette sorte de désaveu fut d'au- tant plus prompte que le colonel Maissiat, commandant la Subdivision de Mascara, avait dirigé, au conmiencement de 1849, u^^^ expédition contre les Rezaina qui avaient écouté les incitations du chef des Oulad Sidi Cheikh. Surpris par la rapidité du mouvement de la colonne fran- çaise, les Rezaïna étaient rentrés dans le devoir ; on les interna au Nord du Chott Chergui et on les rattacha admi- iiistrativement à l'aghalik de Frendah.

Expédition Pélissier, 18^9. Aussitôt après le passage de l'expédition du colonel Maissiat, de nouveaux désordres se produisirent chez les Hamyan, poussés par Sidi Cheikh Ben Tayeb. Mebkhout avait jeté le masque et offert 60 esclaves au chef des Oulad Sidi Cheikh ; les Hamyan s'étaient joints aux dissidents. A cette nouvelle, le général Pélissier organisa trois colonnes ; il prit le commandement de l'une d'elles qui, foite de 2.3oo hommes, 46o chevaux et deux sections d'artillerie de montagne, partit de Mas- cara ; les deux autres, sous les ordres du général de Mac- Mahon et du colonel Mellinet, de la Légion étrangère, furent fournies par les Subdivisions de Tlemcen et de Sidi- bel-Abbès ; elles coopérèrent au mouvement en s'établis- sant sur les positions d'Aïn-ben-Khelil et dTJ-Aricha.

Les raisons rpii motivaient cette expédition étaient les suivantes : les Hamyan Gheraba, joints à quelques frac- tions des tribus sahariennes du Maroc, avaient formé dans le Sud-Ouest de la province d'Oran, un foyer d'hostilité qui menaçait de s'étendre rapidement si l'on ne prenait de promptes et énergi(pies mesures pour en arrêter le déve- loppement. H y avait donc urgence à diriger de ce côté des forces relativement importantes, et le général Pélissier

DOnriVïENTS VOVU SERVIR A I. IIIS|T)II<E DES FIAMYAN

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crut do son d<'Noir de s'y porter lui-nièriif. La mise à cxé- ciilion (In [iiiijcl (lu (ÙM)éral ('oinmaiidiiiil l:i |.iii\iii((' dOran était liàléc par la défection de Mcbkhoul : de plus, des ïlamyan C-heraira étaient venus le -S février rS'i») in^iiller le [)()-le (le lii vi<:ie (le Dava.

l/a<jfitiition réi^nait é^i-alement chez (juehpies tribus des llannan Cheraga ; les Oulad Ziaii avaient tué leur caïd Ben Omar, (pii avait essayé darrtMer leiu mouvement de défection.

I,e y)lan de campagne du général Pélissier consistait à jeter les llamyan Chcraga du Sud-Est, restés fidèles, sur les fractions i-elx^lles (pi'elles pousseraient devant elles jus qu'à complète soumission. 11 réussit à renforcer ses troupes de 1.600 eoumiers du Tell et du Sahara et 24o fantassins des llanar et des Atba.

La colonne Pélissier se mit en mou\('ment le ir mars : le 24, elle campait à Naama, elle séjournait jusqu'au /i avril. Pendant neuf jours, un vent violent du Sud, sou- levant des trombe> de sable, s'élevait vers 10 heures du malin pour ne tomber qu'au coucher du soleil. A partii' du 22, des reconnaissances formées par les goums furent envoyées dans toutes les directions ; le r>4. Si Sliman Ben Tayeb, frère du marabout révolté, et qui marchait avec la colonne, rentra d'une reconnaissance, (^pi'il avait éta chargé de faire sur El Abiod Sidi Cheikh.

Nos troupes arrivèrent le 6 avril à Tiout. fpie ses habi- tants a^aient abandonné depuis quelc|iies jours. Effrayés par notre pointe sur Galloul, les Hamyan s'étaient éloignés de ce ksar sans prendre le temps d'emporter leurs appro- visionnements : on le trouva reîupli d'orge, de blé, de dattes et de butin. Pour punir les Hamyan et les gens de Tiout, chez lesquels ils emmagasinaient, de leurs persis- tance dans l'insoumission, le généial Pélissier permit aux troupes et aux goums de piller le ksar.

Continuant vers le Sud. la colonne parvint an k^^ar d'Aïn-Sefra qui fît sa soumission, puis à Moghar Tahtani et Aloghar el Foukani, abandonnés. Lorsqu'c^n fut revenu sur Aïn-Sfissifa. le goum du Tell et les fantassins des tribus furent licenciés. Dans cette campagne, on ne put rejoindre des contingents importants ennemis et il n'y eut pas d'ac- tion décisive ; les Hamyan s'enfuirent devant nos colornies et allèrent se réfugier siu- le t(Mritoire du Alaroc.

Pendant que le général ï^élissier marchait ainsi sur les

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ksour du Sud-Ouest, qu'il mettait à mal, et dont les popula- tions demandaient l'aman, le ^éiiéial de Mac-Mahon, par une marche rapide, s'élait porté jusqu'au Chott des Mehaya en suivant le Chott Chergui, sur toute sa longueur. Celte pointe avait pour hut de surprendre quehjues douars des insoumis qui avaient élé signalés dans cette région. Quant à la colonne de Sidi-bcl-Abbès, sous les ordres du colonel Mellinet, elle resta en observation à El-Aricha.

Le 3 mai, la colonne Pélissier était dissoute. Mais avant de regagner le Tell, le général constitua deux colonnes mobiles, l'une à El-Âricha, l'autre au Kreider, afin d'em- pêcher les dissidents de rentrer sm^ leur territoire, sans avoir fait leur soumission. Quelque temps après, cette condition ayant élé acceptée par la plupart des gens ayant fait défection, les colonnes mobiles furent rappelées dans leurs garnisons.

Cette longue et lointaine expédition dont l'itinéiaiie avait déjà été parcouru en iSf\i par la colonne Cavaignac, avait eu i>our résultat de couper court, brusquement, à la défection des tribus du Sud-Ouest, la(|uelle avait menacé de se propager et de s'étendre. Les dissidents de Sidi Cheikh Ben Tayeb étaient refoulés ; ils avaient eu à supporter de dures privations et l'hospitalité tfue leur avaient donné»3 les tribus marocaines, leur avait été très onéreuse. De plus, nos troupes avaient montré aux populations saha- riennes qu'il n'était point de contrées, si reculées qu'elles fussent, elles ne puissent les atteindre.

En présence des violences exercées sur les Hamyan Ghe- raba, le sultan Abderrahmane s'était empressé de désa- vouei' Sidi Cheikh Ren Tayeb. Après l'expédition du général Pélissier, il attira, sous un prétexte quelconque, le marabout des Oulad Sidi Cheikh à Fez, oii il le retint prisonnier. Celui-ci, rendu à la liberté ([uelques mois après, vécut à l'écart, sans cesser toutefois de nous être hostile ; il usa de son influence, pour nous créer des embarras, toutes les fois que l'occasion s'en présenta; mais, jusqu'en i86/i, il ne se trouva mêlé personnellement à aucune action de guerre contie nous.

Pendant les années i85o et i85i, la situation suv les Hauts-Plateaux s'améliora. C'est à cotte époque (|ue les Rezaïna furent partagés en deux tribus, les ChiMaga et les Gheraba, et placés dans le cercle de Saïda.

On essava imc nouvelle organisation des Hamvan, mais

DOCTIMENTS POUR SERVIH A l.'ri IS! f)IHK DES IFAMYAN -55

coinmo foiijouis, on fut iinrir par la dilTiciilIr de lioii\('r paimi (Mi\ nn chef eapal)le de s'imposer aux: auli'es. F/apha Mf)haiTinied Hen Abdallah, des Boni Snouss, sollicita ce comiiiandemeid, mais le général de Mac-Mahon écarta ses prétentions parce qu'il reconnaissait l'impossibilité de mettre, à la tête de ces Sahariens, un étranger et surtout un homme du Tell.

On chercha également, pour obtenir la sécurité dans ces contrées, à utiliser les influences locales rpii pouvaient nous donnei' la prépondérance sans coup férir.

On avait constaté, en outre, après la colonne de iS\~, combien était insufTlsante notre ligne de postes de Boghar à Sebdou. On fut ainsi amené à s'adresser à Si llamza 11 était le descendant du plus grand Saint du Sud Algérien et l'héritier de son influence religieuse : il avait sous sa dépendance presque tous les nomades du Sud et était, depuis T8r>o, khalifa des Oulad Sidi Cheikh Cheraga. Après bien des hésitations, il accepta la situation qui lui était offerte et, pour compléter l'œuvre ébauchée, le poste de Géryville fut créé cette même année.

T.es Hamyan restèrent en dehors de l'action de ce nou- veau poste. D'ailleurs, même à l'époque des Turcs, leuis intérêts les avaient plutôt rattachés à la région de Tlemcen. Bien ne fut changé à cette situation et ces tribus conti- nnèient à dépendie du cercle de Sebdou. C'était un danger, car a la merci des agressions des tribus marocaines, elles étaient accessibles aux prédications fanatiriues des agents de la cour de Fez. T.e Bureau arabe de Sebdou ne pouvait faire sentir son action que par des tournées d'officiers et par la perception des impots. On se contenta de faire changer les campements en temps utile pour éviter les razzias ; ou chercha égalem.ent à les grouper afin de leur permettre de mieux résister, grâce à leui" cohésion, aux attaques venues de l'Ouest, dont elles pouvaient être l'objet, l.e but direct que l'on poursuivait était surtout de couvrir plus euîcace- ment nos établissements du Tell.

En t85o, la situation redevient ce (fu'elle était en iS'jy. Tes Bezaïna avaient abandonné leui' teiritoire pour aller camper au Maroc. Chez les Hamyan. les Béni Metharef, sous la conduite de leur caïd, Bon Smaha, donnèrent le signal de la défection. Kaddour Oïdd Boufeldja, mécontent du partage des Bekakra, partit chez les Oulad Sidi El Aibi fOulad Sidi Ben Aïssa) : il fut remplacé dans le comman-

256 DOCUMENTS POUR SERVIH A l'hiSTOTRE DES HAMYAN

dément des Louraïka par M'hammed Ould lîou Tkhil ; celui-ci ne tarda pas à l'imiter et entraîna avec lui, en septembre, le caïd des Moualek, Ahmed Ben Youssef ; les Bekakra se rendirent à Figuig", oi'i rendez-vous leur avait été donné par le faux sultan Ben Serour, agitateur venu de l'Exlrême-Sud. Les Mei>haoulia, les Oulad Farès, les Oulad Toumi, les Prahda suivirent le mouvement.

En décembre, les dissidents promirent de rentrer, si on leur envoyait Mebkhout avec une lettre d'aman ; on leur accorda ce qu'ils demandaient et les deux fds de Mebkhout furent gardés comme otages à TIemcen. Le mois suivant (janvier i853), comme les tribus n'avaient pas tenu leurs engagements, les principaux chefs Hamyan, y compris Mebkhout en personne, eurent le même traitement ; leurs tentes et leurs troupeaux furent confiés aux Oulad Ouriach et aux Oulad En Nehar. Avant même d'entrc^r en pourpar- lers, on leur imposa comme condition le paiement dune amende de too francs par tente. Malgré trois lettres revê- tues du cachet du Général de Division, les llamyan n'ob- tempérèrent pas aux ordres donnés et cherchèrent à gagner du temps. Quelques jours après, Mebkhout et les caïds réussirent à s'enfuii' et furent rejoints par leurs tentes, malgré la caution de l'agha Ben Abdallah. Les goimis lancés sur leurs traces ne réussirent qu'à reprendre quel- ques troupeaux.

Les Djemba envoyèrent au mois de mars une députation à TIemcen ; l'aman ]our fut accordé sous la réserve de fournir, à titre de Hak-et-Tenia et avant le 8 avril, uik^ somme globale de 8/1.270 franc?;. ()uant aux Chafaa, les clauses furent les suiA^ntes :

Chaque caïd devait payer 5oo francs et chaque tente, 200 francs ;

î>° Chaque fraction enverrait dans le Tell comme otages cinq veuves qui y resteraient jusqu'à nouvel ordre.

Si Hamza trouva à ce moment ime occasion de nous servir. Soutenu par une colonne française, aux ordres du Commandant de la Subdivision de Mascara, le colonel Duiieu, il tomba, au mois d'avril, sur les fïamyan Chafari, auxquels il prit 20.000 chameaux et 3o.ooo moutons. Après cette razzia, quelques fractions rentrèrent et on envova chez eux les fils des caïds gardés comme otages. Comme les Oulad Mansourah et les Oulad Khelif persistaient dans leur- insoumission, on augmenta de Ho francs pour les premiers

DOCIIMEN'IS POlMi SKH\1K \ I.'ll IS fT)!!?!-; liKS IIXMYAN 257

raiiicndc (|iii ;i\;ti| (''Ir iniposrc ù cluiqnc Iciilc, cl, pr)Ur los seconds, dii se {(iiilcnl;! de Liiiidci' (•(nniiic olaji^cs les lils de Dcmouclic. Pour olilij^cr les douars qui avaiont rejoint à rcsior lidMcs, ordre leur' fui donné d'ensiloter la tnoilie de leurs approvisionnetnenis sous les murs de Sebdoii. I,c •'() aoul. une partie ties liekakra vint se soumettio av^c Mxlallaii lîen llanira ; ce dernier- fut nommé caïd de toute la tril)u réunie : en lémoignag^e de fidélité, il apportait la correspondance de Ben S(>r'our avec les Ilamvan, qu'il avait saisie à l'i^ui^- : (piant aux deux caïds, ils étaient encore en fuite a\('c plirsieurs tentes.

Mebkhout demanda îi razzier- les Chafaa dissidents ; 900 cavaliers furenl mis à sa disposition, mais le coup manqua en partie par suite de la mauvaise volonté et d(^ rindisei|)line des ooumiers ; il ne ramena que cinq à six millt^ moutons. Totrtes les lentes des Oulad TiMuiii et des Heni Afetharef faisaient encore^ défection à ce momenl. Les riivaïna, mal accueillis par" les Marocains, rciragnèrent d'eux-mêmes le cercle de Saïda.

On l'énonça alors à mettre les diverses fractions ïlamyan sous un même chef et (^n jugea préférable de laisser les caïds sous l'autorité directe du Commandement français de Sebdpu. Pour- traiter les affaires d'administra- tion intérieure, les caïds étaient réunis en djemaa au clief- li(Hi du cercle. C'est à cette époque (lue l'on commença à investir olTiciellement les chefs des djemaa dont le choix avait été laissé jusque au Commandant de la Subdivision de Tleincen. I.a iK^mination des chefs indigènes fut donnée aux Généraux commandant les provinces ; elle leiii- fut retirée en septembre i864 : mais l'exécution de cette me- sure, suspendue prescpie aussitcM, ne fut rendue obligatoire qu'en juillet 1871.

On tint compte enfin du fractionnement tel qu'il exis- tait : les Ghiatra et les Alegan, deux des plus petites fractions, eurent chacune leur caïd, Abdelouhab et Bon Tkhil Ould Bamdan. Un même chef était donné aux deux tribus Ghiatra : ce chef était pris indiffércMTiment chez les Oïdad Messaoud et chez les Oulad Ahmed. Cette situation augmenta les inimitiés. Par' contre on \ouhit, au mois d'août i853, scinder les Akerma en Oulad Ben Salem et Djefala, ayant des caïds distincts ; mais Alessaoud Ben Bamdan, nommé au commandement des Djefafla, fut révoqué le •>f) du même mois comme n'ayant ni l'énergi.',

258 DOCUMENTS POTIU SEBVIK A l'hISTOIRE DES HAMYAN

ni l'inlluence nécessaires ; les Akcrma ne formèrent de nouveau qu'une seule tribu (|ui leçut, le 28 octobre, Boudjenia Ben Abdallah, comme caïd.

CHAPITRE II LA ( RftATION DU POSTE DAIN-BEN-MHKLII.

Piéoccupés par l'idée d'asseoir notre domination dans ie Sud, les Généraux conunaiidanl la Division d'Oran avaient réclamé la création dun point d'appui dans cette ré§:ion. Dès le début on avait fait élever un caravansérail à El-Ariclia et on songea à établir un poste à Aïn-Sfissifa. Ce projet fut écarté par le maréchal Randon comme prématuré.

On se rejeta sur Aïn-ben-Khclil, situé au milieu des tribus Hamyan, pour y construire non un poste, mais une maison de commandement. Cette question fut traitée en tS.")/) |)ar le général Cousin-Monlauban, commandant la Subdivision de Tlemcen ; il considérait cette mesure comme indispensable |)()nr suivciller le pays au delà du Chotl Gharbi, pour f)rotéger la joute de Figuig et main- tenir les tribus des Hauts-Plateaux oranais. Il proposait deux combinaisons : la première, de faire jouer à Aïn-ben- Khclil, à l'Ouest, le rôle que jouait Géry ville dans l'Est, en y plaçant, avec deux compagnies d'infanterie et un maghzen de 5o chevaux, un offîcier duquel relèverait diiecft^ment chacun des caïds des Hamyan ; la deuxième, de nommer Moulay Seddik, gendie et khalifa de l'agha Mohammed Ben Abdallah, agha des Hamyan, et de l'ins- taller dans cette maison de commandement.

Suivant l'avis expi'imé par le maréchal Pvandon, le Minis- lic (le l;i (iucrrc rejeta ces pro|)<)siti()ns : d'après lui, les ccHnpagnies placées dans le nouveau poste allaient se trouver hors de toute protection en face des populations turbulentes du Maroc ; en outre, les communications avec im tel poste seraient difficiles et un jour, pour le dégager.

DOCUMENTS l'OUH SRRMK A F, IIISIDIMK DKS IINMYAN

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on se troLivciait, poul-clrc, cliins la iiéccssilé d'organiser de folles coloniK'S.

Les coiisidéialions (|iii avaient fait ic[)oiis.s('i- auparavaiil l'agha Ben Abdallah, lirenl abandonner égalenienl la combinaison de Moulav Scddik. Connne on voulait laissci- à Géryville toute son action dans le Sud, on se décida à essayer dune organisation dont les éléments seraient pris exclusivement dans la tribu.

Au mois d(> juillet iSâ/i, le général Pélissier, comman- dant la province, investit lui-même, et de son autorité, Mebkhout, agha des Hamyan ; il avait sous ses ordres deux caïds : Demouche, pour les (Ihafaa, (|ui c(jmprenaient les Oulad Mansomah, les Oïdad Klielif, les Bekakra, les Aker- nia (>[ les Béni Metharef (ces derniers venaient de faire seu- lement leur soumission) et Abd-el-Ouabab poni' lesDjemba, (pii comprenaient les Megliaoulia, Sendan, Ghintra, Oulad Farcs, Oulad Seiour, Oulad Toumi, Fralida, Megan et Oulad Embarek. Les ksour étaient : Aïn-Siissifa, Aïn-Sefra, Asla, Tiout, Moghar Tahtani et Moghar Foukani. Le nouvel agha dut s'établir à Aïn-Ben-Khelil. Ce qui avait été fait fut approuvé par le Ministre de la Guerre, le 3 novembre. La Division décida ensuite que les Djemba, ayant reçu une organisation et habitant sur notre territoire, payeraient le zekkat à partir de i855. Les Chafaa payaient le Hak-el- Tenia en rem[)lacement de l'impôt achour des telliens. Tous les Hamyan furent autorisés l'année suivante (juillet 1855) à ne plus ensiloter que la moitié de leurs grains à Sebdou, moyennant le versement d'une somme de s>5.ooo francs.

La nomination de Mebkhout était loin de satisfaire les Hamyan. Dès le mois d'octobre i854, ils protestèrent ; il fallut que le chef du Bureau de Tlemcen se rendît à Aïn- bi'U-Khelil et il ne parvint à lélablir l'ordre qu'en rame- nant au Méchouar ^citadelle de Tlemcen) seize otages piis chez les Djemba les plus récalcitrants.

Fn i8r)r>, malgré de nouvelles oj)posilions et de nouxclles dilïicultés t|ui entrainèrent la destitution de trois caïds, dont Tayeb Ben Sliman, des Oulad Serour, l'agha Meb- khout réussit à se maintenir : il alla même cheri'her jus- (pi'à Figuig les lentes restées insoumises et r(H;ul des ouver- tures de soumission des Doni Menia et des Oulad Djeiir, «pii lui proposèrent de l'aider à ccunbaltre les paili-^ans i\vs Oulad Sidi Gheikh (iheraba et à les maintenir au delà de

2G0 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOTRE DES HAMYAN

l'Oued Giiir. Mcbkhont obtint enfin la soumission du ksar de Moghar Foukani.

T. es complications léappannenl dès le mois de juin i856. Les Hamyan ne voulaient plus d'agha, ni de caïd des caïds; ils se dispersèrent, malgré les efforts de Mebkhout pour les retenir. Ce chef, en voyant son impuissance à maintenir ses gens dans le devoir, et, craignant pour sa popularité, prit le parti de les suivre dans leur émigration. Abd-el- Ouahab, de son côté, avait été le premier à lui faire de l'opposition et à entraîner les Djemba dans le cercle de Géryville. Demouche, d'autre part, après avoir engagé les Chafaa à faire défection, fut tué en chargeant à la tête de S(^n g(ium, qui voulait protéger contre nous la fuite des Ha- myan. Enfin, les Oulad Ahmed, mécontents d'être réunis aux Oulad Messaoud, assassinèrent, le ir> juin, leur caïd Eddine, frère du caïd des caïds Abd-el-Ouahab, qui était venu chez eux pour percevoir l'impôt, et firent défection.

Ee Général commandant la Subdivision, en apprenant ces événements, envoya d'abord à El-Aricha un détache- ment de spahis avec loo hommes d'infanterie, pour assurer la communication avec Aïn-Ben-Khelil ; plus tard fiQ juillet TSBfi"), deux escadrons de chasseurs d'Afrique el deux bataillons partirent de Tlemcen pour appuyer le premier détachement. Ea maison de Commandement se trouvait en effet au milieu d'un pays vide, à 5o lieues de t(»iil secours, et sans cesse exposée aux incursions des lebelh^s qui étaient allés jusqu'à attaquer un convoi de ravitaillement destiné à ce poste. En outre, les tribus fidèles, complètement à découveil, étaient sans cesse sur le qui-vive. On se hâta donc d'achever les constructions commencées à Aïn-Ben-Khelil, en leur donnant tout le développement nécessaire, afin de faire de cet endroit un point d'appui.

Mebkhout, ayant réuni une partie de ses gens, demanda l'aman, qui lui fut accordé ; il lui fut prescrit, ainsi qu'à ceux qui étaient avec lui, de venir camper à Bou Guern o\ à Chaïb. Peu de temps après, le caïd des caïds Abd-el- Ouahab réussit à son tour à rentrer avec son douar (.^o tentes), après avoir livré à El Bridj un combat dans lequel il perdit 5 hommes. Quelques Djemba ne tardèrent ésfalement pas à fairt^ leur soumission et, le t®"" octobre, ils obtinrent l'aman moyennant une amende de ^o francs par tente.

DOCUMENTS POUR SEIUII; \ l."ll IS TOI M i-; dj/s II\\1\a.n 'J<11

KxiMMiitioli (in capiliiiiM' de ( oloiiil), iSôii. Mebkhuul j)arlil biciilùl de iioum'uu ni dissidence. Pour mettre un leiine à ces délVcl ions, le eapilairie de Colomb, Connnan- <lanl supérieur de Ciéryviile, ierut l'ordre, Je 28 octobre, après les fortes chaleurs, de marcher contre les insoumis '; sa colonne, composée surtout de eonlinc^ents indigènes son cercle et de cent chevauv du eeicle de Saida, était renforcée d'une compagnie de tirailleurs et de quelques spahis ; son plan était de suiprendre les llamyan et de les tourner, afin de leur couper les routes du Sud. En même temps, 1(> capitaine Leroux, Commandant supérieur de- Sebdou, à la tête d'une petite colonne de 3oo chevaux, de 25 spahis et dune compagnie de tirailleurs, devait se porter à Aïn-Ben-KheJil et prendre les dissidents à revers. Enfin, le sous-lieutenant Nicolas, chef du Bmeau de Saïda, se tenait en réserve, prêt à répondre à l'appel des deux autres colonnes.

L'opération réussit ; le 8 novembre, le capitaine de Colomb altei'gnait la plus grande partie des Chafaa à Timchetih, entre la Chebka de Tioudadin et le Djebel lendrara Gharbia. Après un engagement assez vif l'ao-ha Mebkhout qui avait rejoint les révoltés, pressé de tous côtés lit sa soumission avec tous les siens, malgré l'opposition des Bem Guil, contre les attaques desquels il fallut ensuite protéger les Hamyan. Les Oulad Mansourah, les Oulad Khehf, les Akerma et quelques tentes des Oulad Serour rentrèrent dans le devoir.

De son côté, le capitaine Leroux atteignit les Djemba et les insurgés furent ramenés dans leur pavs par des colonnes de goums envoyées à cet effet.

Expéditions du lieutenant Burin et du lieutenant-colonel Niqueux, 1857. - En février- de Tannée suivante (i85--) nos troupes furent de nouveau dirigées dans le Sud pour compléter les résultats obtenus. Le 20 de ce mois, le lieu- tenant Burin, chef du Bureau de Géryville, à la tête des goums de ce cercle, appuyés de tirailleurs et de 10 spahis commandés par le maréchal-des-logis La-erre atteignait plusieurs douars à l'Est de Figuig et leur enlevaii îo.ooo moutons.

A la suit^ d'un coup de main exécuté par les tribus maro- caines du Zegdou contre les Oulad En Nehar et d'une tenta- tive semblable contre les llamyan, deux colonnes, l'une sous les ordres du lieutenant-colonel Niqueux Comman-

262 DOCUMENTS POl R SERVIR A J.'lIISTOlRE DES HAMYAN

danl supérieur de Tiaret , l'autre sous les ordres du capitaine de Colomb, furent mises en mouvement. Le lieutenant- colonel Niqueux, après s'êtie avancé jusqu'auprès d'Âïn- Chaïr, ramena sa colonne sans avoir eu aucun engagement. Quant au capitaine de Colondj, il atteignit au pied du Djebel Béchar, à proximité d'Ouakda, les Oulad Djerir, qui voulaient lui barrer la route, et leui- infligea un cruel échec. Cin(puuite-neuf tentes des Ghiatra avaient fait, au mois de mai, leur soumission au khalifa Si Hamza. Leur caïd, Ahmed' Ould Lakhdar, avait été tué dans la razzia exécutée par le Zegdou ; il fut remplacé par Djelloul Ould Lakhdar. Pour donner satisfaction aux Oulad Ahmed, on les sépara des Oulad Messaoud (Décision du maréchal Vaillant, ministre de la Guerre, 17 août i8r>7) ; ils reçurent comme caïd Mohammed Ould En Nouar qui, du temps d'Abd-el- Kader, avait déjà rempli cet emploi.

On profita de ce que la paix paraissait rétablie dans cette région, pour y consolider notre établissement. Il était impossible de maintenir Mebkhout à la place qu'il occu- pait. Impuissant à retenir les révoltés, qui ne voulaient pas reconnaître son autorité, il avait suivi le mouvement ; il fut révoqué. Le généial Cousin-Montauban reprit alors son projet de donner à IMoulay Seddik, khalifa des Béni Snouss, le conmiandement des Hamyan et de créer un poste important à Aïn-Ben-Khelil. Au mois de juillet, il annonçait au Gouverneur la nomination de Moulay Seddik et l'achèvement du poste, qui se composait :

D'un fort en maçonnerie de 100 mètres sur 80, com- prenant une caserne pour 200 hommes, une manutention, une poudrière, un pavillon pour les officiers, un pavillon affecté au Bureau arabe ;

D'un camp retranché ayant également 100 mètres sur 80, destiné à faire camper des troupes de passage et à recevoir les approvisionnements des colonnes opérant dans le Sud.

Un équipage de 200 chameaux était, en outre, toujours prêt à marcher. Le généial demandait de compléter l'orga- nisation de ce poste en en faisant le chef-lieu d'une annexe du cercle de Sebdou. Le chef de cette nouvelle circons- cription eût été chargé spécialement d'administrer les llamyan, les ksour du Sud-Ouest et les Amour. Mais le budget se trouvait déjà grevé par de nouvelles dépenses à prévoir pour d'autres créations projetées ultérieurement ;

DOGI.'MENTS l'OI K SKHNIH \ I "il IS K )1 Ui; |)KS IIANH A^ 2(i.'5

il l'allul ajoui lier la ifislilulion rôfjfiilière de l'annexe d Aïii-Beri-Kliclil cL, (|ii(l(|iie lf[n[)s a()rès, la siluaticjii nioinenlaiiémciil {)acili(|iu' de ces légions lit ul)aiulonnei' C()ni[)lèl('iiu'iit le [)<)sle |)rovis<)ire (|ue les événenieiiLs nous avaient eonliaiiils (In iii>laller.

En effet, au\ agitations profondes des années précéden- tes, succéda une périodi' de calme relatif due surtout à la situation des partis dans le Sahara, l.e seul événement saillant de raniiée iSàô est une amende de ô.ooo francs à huiuellc les ilamyan fiacnt condamnés pour les dégâts commis à Aïn-Ben-Khelil. Le général Deligny prescrivit en même temps de mainlenii' les tribus marocaines au delà de Mengoub et de (ialloul.

Moulay Seddik, loujouis malade, vivait constamment, soit à Tlemcen, soit aux Béni Snouss et ne dépassait pas Sebdou. Sa présence ne souleva (|ue des compétitions, mais pas de grandes complicatit)ns ; les caïds réglaient géné- ralement leuis affaires directement avec le Commande- ment français de Sebdou. Celui-ci, malgré l'éloignement, parvint à se renseigner sur ce qui se passait dans les tiibus et à nous garder la lidélité des Hamyan, qui l'aidè- rent dans toutes les dillicultés qui se produisirent avec les tribus voisines. C'est ainsi (ju'ils battirent, en juin 1860, le Zegdou et en août de la même année, les Béni Guil, qui étaient venus les razzier. Nous n'eûmes à intervenir (jue dans trois circonstances.

Vers le milieu de l'année 1859, une femme indigène nommée Adda, qui essayait de jouer le rôle de sultane chez les Béni Guil, réussit à faire quelques prosélytes. Elle affirma son autorité par lincendie des moissons d'Aïn- Chaïr et par des exécutions (notamment celle de Mekhi, des Oulad Mansourah) . A la même époque, les tribus furent travaillées par des émissaires du prétendu sultan Si Moham- med Ben Abdallah. Toutes ces causes d'agitation produisi- rent une certaine émotion chez les Hamyan. Pour calmer l'effervescence, le général Durieu se rendit avec une colonne chez les Béni Guil et les razzia le 5 novembre. L'agha Ben Abdallah, de son côté, ramena quelques douars qui étaient allés camper à Oglat Es Cedra (5o kilomètres à l'Ouest de Mengoub) .

La seconde fois, ce fut en janvier 186 1 ; le commandant Dastugue dut se rendre dans le Sud avec une escorte com- posée d'un peloton de i^f) spahis et de 200 goumiers pour

264 DOCUMENTS POl U SEKMlt A I. 'HISTOIRE DES IIAMYAN

protéger le retour des caravanes ; il visita les Moghar aliii d'aviser aux movens de leur donner des caïds. En décem- bre, le Conimandiuit supérieur de Sebdou renouvela son excursion '.

Enfin, en i863, (juehjues défections isolées s'étant pro- duites, le colonel I)astugu(^ rejoignit et razzia complète- ment les dissidents à Djorf el Kehoul.

Moulay Seddik étant nioit cette même année, on voulut essayer sur les llamyan de l'effet d'un grand nom. On leur donna comme agha, le i3 mars 1864, le fils du général Mustapha Ben Ismaël. Le nouveau chef devait avoir 10 khialas (cavaliers) pris dans son aghalik. Il n'en fut rien et les Hamyan affectèrent de ne pas lui donner plus d'im- portance qu'ils n'en avaient accordé à Moulay Seddik.

L'insurrection éclata dans le Sud et l'agha Mohammed Ould Mustapha Ben Ismaël resta à Sebdou jusqu'en 1867, complètement étranger à ce qui se passait dans son commandement.

CHAPITRE III

L'INSURRECTION DE8 OULAI) SIDI CHEIKH (1864-1870)

L'expédition du Mexique avait forcé le Gouvernement français à dégarnir l'Algérie d'une partie de ses troupes. Lel3achagha des Oulad Sidi Cheikh, Si Sliman Ben Hamza, fils de Si Hamza ^qui nous avait fidèlement servis jus(|u'à sa mort, en i86i\ crut le moment pro])ice pour appeler aux armes toutes les populations qui le leconnaissaient coiumc chef religieux et militaire. Le colonel Beauprétre, Commandant supérieui-, qui avait tenté d'arrêter, avec une petite colonne, le mouvement insurrectionnel, fut surpris

I C'est, en iStio qu'EI Hini j lûulddiir Oiiltl IJouleliIjii, le 'neilicur et le ])liis dévoué flos chefs iiidifrèiies (jui nous ;iil ('lé donné jimt les ]I:imyiin, i'nt nommé caïd des Bekakra.

DOCUMEMS VOl H SKHNIll A I, lllSIOIIti: DKS IIWIVW

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lii iiiiil cl poignard»' à lion Mcin, pt'iidiiiil (jiie t^es soldais (Hairiil iiiassaciés.

L(! liuieau de Sebdou signalait à co moiiKiil l'alliludc des Djcîiiiba, qui dé(larai<'iil hauleinent ne relever que de Sidi (^iic'ikli Ben Tajcb ; d'anlre pari, Moulay Frah, venu au milieu des llanivan, leur annonça qu'ils élaienl placés sous le connnandemenL de son frère Sidi Cheikh, l ne centaine de cavalieis des Djemba, une vingtaine des Chafaa parmi lesquels des caïds, allèrent rendre visite au Mara- boiil. Aussi, au mois d'aviil, le Comniandant su|)éri('ur Henri fut-il envoyé à Aïn-Ben-Khelil avec une petite colonne pour raffermir notre autorité dans le Sud ; une autre colonne fut installée à Kl-.\richa, on retinl en surveillance quelques caïds des liamyan. Ces mesures furent insullisantes. Cinquante tentes, qui avaient fait défcclion, rejoignirent le mois suivant Sidi Cheikh Ben Tayeb à Céryville et, en août, Mohammed Ben Kendoussi, caïd des Oulad Messaoud, entraîna avec lui une partie de sa tribu pour ne pas payer l'impôt.

Le Gouvernement français protesta cette fois encore auprès de l'Empereur du Maroc, contre les agissements de Sidi (Cheikh Ben Taycb, qui fut mandé à Fez pour s'y expliquer. Se rappelant l'accueil (juil avait reçu en 18^9, le rusé marabout se dispensa de répondre à l'appel de son souverain.

Pendant ce temps, le général Deligny, commandant la province d'Oran, avait saccagé le ksar d'El Abiod Sidi Cheikh, foyer de l'insurrection, et, croyant en avoir fini avec la révolte, il s'était replié sur Saïda et avait établi ses troupes sur le plateau d'Aïn-el-Hadjar, pour y prendre ses quartiers d'été.

Mais les rebelles ne se tenaient pas pour vaincus ; ils avaient seulement battu en retraite. Le. but du marabout Si Sliman et de son oncle Si Lalla, qui le dirigeait, était d'agir sur les tribus des Hauts-Plateaux qui nous étaient restées fidèles. De son côté, le général Deligny avait orga- nisé deux colonnes d'observation, l'une à Frenda, comman- dée par le lieutenant-colonel de Colomb, l'autre à Tafaroua, par le général Jollivet.

Vers la fin de septembre, Si Lalla apparut sur le Chott Chergui, tentant d'attirer les dernières fractions qui n'avaient pas encore embrassé sa cause, c'est-à-dire les Rezaïna, les Djaffra et les Bcnî Malhar (du Télagh actuel 1.

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Expédition JoUivct, 1864. Le général Jollivet se porta alors de Tafaroua sur Je Kreider et voulant surprendre les insurgés, laissa la garde de son camp à un bataillon du 17" d'Infanterie, sous les ordres du commandant Bressoles, blessé d'un coup de pied de cheval. Avec le reste de ses troupes, il organisa une colonne légère, infanterie sans sac, composée de deux bataillons d'infanterie, deux escadrons de chasseurs à cheval, une section d'artillerie et 4o gou- miers.

Le 29 septembre, ii se mit en route sur Bedrous. Arrivée en ce point, la colonne aperçut des feux nombreux au Nord du chott. Elle s'engagea dans les boues gluantes de la sebkha. Mais au lieu des lentes de Sidi Lalla, qu'il croyait rencontrer, le général ne trouva que celles des Rezaïna. Il les envoya camper sous la protection des troupes du Kreider, pour les soustraire aux séductions et aux vio- lences du marabout, et, n'abandonnant toujours pas son idée de surprendre Si Lalla, il remonta plus au Nord vers El Kerch. Comme il n'y avait pas d'eau en ce point, il se dirigea sur Aïn-Beïda, le caïd des Maalif lui avait assuré qu'il parviendrait en trois heures. La chaleur était acca- blante, le sirocco souillait avec violence, la ration d'eau était épuisée depuis longtemps et les traînards jalonnaient la route. Après vingt heures de marche, le général parvint enfin aux sources ; mais pendant qu'il envoyait un esca- dron de chasseurs portei' des bidons à l'infanterie, des cavaliers sans nombre sortant des gorges, des ravins, des replis de terrain, débouchèrent sur la plaine. Laissant de côté les troupes qui s'étaient formées en carré, Si Lalla fonça sur le convoi qui marchait à la débandade et sur les traînards. Cent vingt de nos fantassins furent tués. Tandis que le marabout et ses contingents, ivres de leur succès, emportaient avec leurs bagages une centaine de têtes de nos soldats, la colonne reprenait le chemin d'Aïn-el-Hadjar 011 elle parvenait le 2 octobre ; le 3, elle était à Saïda.

Ayant appris ce désastre, les Rezaïna, qui avaient exécuté le mouvement qui leur avait été prescrit sur le Kreider, levèrent le masque et firent ostensiblement leurs prépara- tifs de départ. Pour les en empêcher, le commandant Bressoles envoya, le i" octobre, une compagnie d'infan- terie en avant de leurs campements ; cette compagnie conunit la faute de se diviser en deux groupes qui ne pou- vaient se prêter réciproquement aucun secours. Surexcités

Doci MEiMs l'oi H si:i<\iK A l'iiisKuui: i(i:s iiwnw 207

|)iu [r. Ii'i<)rii[)lic (.le Si l.aiiii, les lic/.aïiiii, (|iii ('liiiciil ii(-(|ijis depuis l()ii^lcin[»s à su ciiiisc cl comijljiinil un yiaïul intui- brc (le l'usils, alliH|uri cul \ i^ourcuscuicuL cliatuti (\t-> groupes et les auéaulireul. ( '.'esl ainsi (|ue la guinisou de la redoute (lu Krcidcr pi il sa part du désaslre éprouvé par la niallieureusi' colonne de l'^rcuda, la(picllc dut être rccoiis- liluée dès son rclour à Saïda.

I.e général Deligiiy, de son côté, avait opéré dans lo cercle de Géry ville et y avait obtcMiu (pielques soumissions.

Après l'affaire d'Aïn-Jieida, Si Lalla avait réussi à entraîner les populations indécises des Hauts-Plateaux. Il voulut tenter d'envahir le Tell de Daya ; mais le général Joliivet prit sur lui sa revanche en le battant sur la Mékerra et le rejeta dans l'I^xtrème-Sud.

Au mois de novembre la situation s'améliora ; le général Deligny réinstalla les Oulad Sidi Khalifa sur leur territoire; les lîeni Mathar et les llarrar demandèrent l'aman.

Sidi Cheikh Ben Tayeb, se relâchant de sa prudence ordinaire, avait commis la faute de se rendre au Maroc ; l'Empereur lui assigna comme résidence, sur les instances du (Consul général de France à Tanger, un point situé près de Kez, il devait s'installer avec sa famille. Quatre de ses fds furent gardés comme otages au Maroc.

A la fin de l'année 1864, le commandant Morand battit enfin, à Fekarine, un fort parti de dissidents.

Tandis qu'au début de i865, toute la province d'Alger était rentrée dans le devoir, la révolte gagnait la province d'Oian. Le général Deligny vint s'établir à Géryville pour préparer une expédition.

En effet, ce cercle presque en entier était en état d'insur- rection. Si Mohammed Ben llamza groupait autoiu" de lui une partie des tribus ; l'autre partie (Trafi et Oulad Sidi Cheikh Gheraba) suivait les conseils de Sidi Cheikh Ben Tayeb ; celui-ci devenu libre, après les avoir entraînés à la rébellion, s'abstint d'y prendre part ; son but était d'user ses rivaux, les Oulad Hamza.

Expédition du jçénéral Deligny, 18()5. Le 27 janvier, le général Deligny quitta Géryville pour se diriger vers 1<^ Sud-Ouest. Avec ses lioupes régulières marchaient 800 gou- miers, à la tête desquels se trouvaient le commandant Dastugue, le capitaine Pan-Lacroix, Si Ahmed ould El Kadhy, Si El lïadj Kaddour Ben Es-Saharaoui et son fils. Prenant les devants avec sa cavalerie, le général loiid)a

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sur les campements de Si Mohammed Ben llamza, à Garet Sidi Es Cheikh, entre l'Oued Ghaihi et l'Oued Namous ; après un combat acharné, le marabout fut mortelle- ment blessé, les reljelles furent razziés. Si Mohammed mourut vingt-deux jours après il[ février) et son frère Si Ahmed le remplaça.

('io\ant le calme létabli, le général legagna Oraii, non sans avoir toutefois organisé une colonne mobile de trois bataillons et de deux escadrons de hussards qu'il plaça sous les ordres du colonel de Colomb.

Contrairement aux prévisions du Général commandant la province, la moTl de Si Mohammed n'amena qu'une trêve de courte durée. Parmi les tiibus qui jurèient fidélité à son successeur, se trouvaient les Rezaïna. Par contre, les Oulad Messaoud demandèrent l'aman, qui leur fut accordé sous condition de payer l'impôt arriéré et 20 francs par tente (mais i86.5).

Expédition de Colomb, mars 1865. - L'intention des rebelles était d'inaugurer le commandement de leur jeune chef par une pointe hardie dans le Nord. Pour contrarier leurs mouvements, le colonel de Colomb partit le 25 mars de Géryville et arriva le lendemain sur l'Aïn Sidi Amar. Cincj jours après, il se trouva sur le Kheneg Seouess, oii il bouscula un millier de cavaliers des Oulad Sidi Cheikh. Après ([uel(]ues escarmouches à El Abiod et à Chellala Dhahrania, il s'arrêta sous les murs des jardins de Chellala (iin'bliii. Il ai)pri1 (jue le bivouac de Si Lalla se trouvait à Ain en Nadja, à dix kilomètres environ de son camp ; n'ayant plus d'approvisionnements suffisants, il dut i"ononc(n' à toute attaque et reprendre le lendemain, 8 avril, la direction d'Ain Tazina ; en route, nos troupes furent assaillies par les cavaliers de Si Lalla qui furent impuis- sants à mettre le désordre dans leurs rangs et battirent en retraite, laissant de nombreux morts sur le terrain ; elles ne furent plus inquiétées jusqu'à leur retour à Géryville.

t'ettc sortie de la colonne de Géryville produisit d'heu- reux résultats en empêchant les Hamyan Gheraba de se joindre aux insurgés ; bien que se tenant un peu à l'écart, ils avaient toujours eu un penchant très prononcé pour la Guerre Sainte et, pour le chef de l'insurrection, des sym- pathies qu'ils ne se donnaient pas la peine de dissimuler. Il ne fallait donc j)as s'illusionner sur leurs sentiments de fidélité. C'est par leur intermédiaire que les rebelles avaient

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|)ii faire, en toute sécurité, leurs approvisionnements en plains dans le Tel! marocain cl sur nos marchés, cl, au mois (le mai, ils allciulaicnl pour siii\ re le iiKMivemenl (pic leurs ap|>r()\ isioiuicmciils fiisscnl aciicvés.

[,"cp(»(pic appiochait d'ailleurs leurs caravanes allaicid se mettre en roiite pour le Gourara ; pour assurer 1cm- séjour, il ('lail indispensable que les nomades fussent en bons Icrmes avec les Oulad Sidi Cheikh, qui tenaient les routes de rE\lrènie-Sud. Il valait donc mieux, à moins d'être 1(\>< plus forts, ce qui n'était pas le cas des Hamyan, s'en faire des alliés, plutôt que de s'exposer à être razziés par eux. Ce parti au(picl ils s'arrêtèrent, amena de nouveau leur défection.

Si Ahmed se trouva dès lors à la tête de foices impo- santes. Le bruit se répandit bientôt que Si Lalla, accom- pa<i-né de son neveu, marchait avec Bo.ooo hommes sur le Tell de la province d'Oran. Informé des projets présumés du marabout, le Maréchal Gouverneur Général prescrivit les mesures nécessaires pour couvrir les points menacés, mesures qui consistaient à faire appuyer toutes les colonnes occupant des postes avancés, soit vers le Sud, soit vers l'Ouest.'

Expédition L.ierotelle-de Colomb, 1865. Si Lalla tenta son incursion sur le Sud de Sebdou et gagna Titen Yahia, puis Aïn-Tagonraïa 1 1> i octobre). Ti'ouvant le Tell gardé cl surtout deux ou trois colonnes à ses trousses, il se hâta de retourner dans le Sud. Il était pouisuivi par le g^énéral de l.acretelle et le colonel de Colomb. En rdute, il se débar- rassa des Hamyan. Ceux-ci durent chercher à s'abriter eux- mêmes contre notre atteinte. Ils furent joints le 8 novt^m- bre, siu" l'Oued Bon Lardjam, à l'Ouest du (]hott Gharbi, |)ar la colonne Lacretelle, (pii les razzia impitoyablement. La colonne de Colomb tombait à son tour sur certains d entre eux, le lendemain, à Magroime, au Sud-Ouest de la Scbkha de \aama et leui" iniligfeait, en hommes et en butin, des pertes tellement sensibles, que ces tribus firent des offres de soumission.

Le colonel de Colomb continua sa poursin'te, harcelant les Hamyan qui avaient pu échapper à ses coups ; il les atteigfnit à Galloul (i\ l'extrémité Sud du Djebel Guettai), le novembre, et leur tua une trentaine d'hommes. Ce châtiment les décida à demander l'aman qui leur fut accordé, à condition (qu'ils nous renforceraient de leurs

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contingents pour continuer la lutte contre les Oulad Sidi Cheikh, qui les avaient lâchement abandonnés. Les cava- liers des Hamyan Gheraba, indignés de la trahison de leurs alliés se joignirent à la colonne de Colomb le 29 du même mois, à Aïn-Sefra, et la poursuite des rebelles fut reprise.

Le douar de l'ancien caïd des Rezigat, les Oulad Aïssa, le douar du caïd Yahia Ben Zidan, des Makna, furent sur- pris et enlevés avec leurs troupeaux, dans l'Oued Namous, aux environs d'El Hadjaïj Tprès Guétrane) ; les Trafi, les Mrazig, les Slamata, les Oulad Ziane, les Oulad Aoun, les Béni Ogba, les Oulad Serour subirent le même sort. A Dahyat Tirsefsef, le colonel de Colomb opéra une razzia considérable et obligea 46o tentes à implorer leiu' pardon, puis remontant dans l'Oued Benoud, par Bou Aroua et El Mengoub, il poussa devant lui des fractions rebelles qui n'eurent d'autre alternative que la soumission ou la mort.

Les goums des Hamyan se montrèrent les plus acharnés et nos plus actifs auxiliaires contre les Oulad Sidi Cheikh, leurs anciens alliés ; ils y trouvèrent le double avantage de se venger de leur ancien abandon et de se refaire des pertes que nous leur avions fait subir. Ils confirmèrent ainsi leur ruptvne avec Si Ahmed Ben Hamza et, après la pointe du colonel de Colomb, ils se remirent en campagne pour leur propre compte, ramassant les épaves provenant des frac- tions que nous avions battues et dispersées. Ce genre d'opérations amassa contre eux des haines dont ils emenl plus tard à subir les conséquences et qui les forcèrent à chercher notre appui.

De toute façon, la tactique des Oulad Sidi Cheikh, con- sistant à sacrifier leurs alHés, leur avait réussi, car, tandis que nos troupes s'attardaient à exécuter les Hamyan, ils prirent de l'avance et s'enfoncèrent à leur aise dans le Sud-Ouest.

Au moment du retour des caravanes, certaines fractions dissidentes vinrent établir leurs campements sur l'Oued Namous ; elles occupaient ainsi la route du Goura ra et cherchaient surtout à reprendre aux Hamyan les troupeaux qui leur avaient été enlevés. Mais leur projet fut déjoué et ces derniers purent leur échapper et rentier dans les premiers jours de janvier.

Sentant son influence diminuer, Si Ahmed Ben Hamza écrivit au Général conunandant la piovince d'Oran pour lui faire connaître cpi'il était disposé à déposer les armes

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à condition que lo commandomeni dont avait été investi son père. Si Tlamza, lui soit r(Hidu dans toute son étendue. Ce qu'il voulait, c'était se constituer un petit royaume saharien et être pour nous un allié, traitant d'éfral à égal. Il étail difficile au Gouvernement français d'admettre de pareilles f)ffres (jui n'avaient poui' nous aucun i nié? et. Du reste, à la mort de l'illustre descendant de Sidi Cheikli, on s'était empressé de changer le titre de c khalifa du v'>ud » contre celui de « bachagha de Géryville ». Les pré- tentions de Si Ahmed, f|ue rien ne justifiait, furent donc accueillies par un refus catégorique. Furieux, il résolut de reprendre l'offensive et voulut tenter un dernier et suprême effort.

Ayant rassemblé, outre ses cavaliers, un millier de fan- tassins des Amour, des Oulad Djerir et des Doui Menia, il parut le t4 mars à Aïn-el-Ourak, se dirigeant sur le Djebel Megrès, à environ i''i kilomètres de Géryville. Dans cette posili(m, il menaçait de se porter sur la route de Saïda, par laquelle on attendait un convoi de ravitaillement de 3oo chameaux. Le colonel de Colomb chargea aussitôt deux compagnies du Zouaves de se porter à Kheneg Azir pour renfoicer l'escorte du convoi qui devait arriver en ce poini le i5 mars. Le soir du même jour, il amenait lui-même en ce lieu six compagnies de zouaves et un escadron de hussards ; il trouva campés convoi et l'escorte.

Comme Si Ahmed continuait sa marche vers le Nord par le plaleau de TTaci Ben Aththab. 1<^ commandant de la colonne de Géryville se décida à lui couper sa ligne de retraite sur le Sud-Ouest. Après quelques. heures de marche il se trouva en présence de toutes les ftuTes du marabout léunies sur la gâada de Ben Aththab. L^ne lutte sanglante se livra à la suite de laquelle les rebelles furent repoussés : mais nos troupes regagnèrent le bivouac de Kheneg Azir. fortement éprouvées.

Le colonel de Colomb rentra à Géryville avec le désir de venger au plus tôt îe sang lépandu dans la journée de Ben Aththab. Le 21 mars, il reprit l'offensive. A Naama, il reçut les goums des Hamyan Gheraba venus à son aide, et avec eux il surprit, à El Menaouara (au Nord de Figuig\ les campements de Sidi Cheikh Ben Tayeb ; 1.200 chameaux et 3.000 moutons restèrent au pouvoir de nos cavaliers. Remontant vers le Nord, il tombn, à FI Meharoug. sur une émigration importante dans laquelle se trouvaient les

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Rezaïna. A la suite de ces brillants coups de main, les fractions qui suivaient encore la fortune des insurgés, se dispersèrent dans le Sud par petits groupes de tentes.

C'est en vain que Si Ahmed essaya de retenir autour de lui ses fidèles. Réduit à l'impuissance, il tenta de nouveau auprès du cercle de Géryville quelques démarches ; mais ses propositions ne furent pas écoutées. Ses partisans, harcelés par les tribus marocaines, cherchèrent d'un autre côté la protection qu'il ne pouvait plus leur donner. Tls s'adressèrent à Si Sliman Ben Kaddour, neveu de Sidi Cheikh Ben Tayeb ; mais leur situation ne fit qu'empirer, car les Hamyan allaient les attaquer à leur tour.

Au mois de septembre. Si Sliman tomba sur les Oulad Sidi Ahmed Ben Medjdoub ; les llamyan, mis en éveil, montèrent à cheval et allèrent inquiéter l'ennemi par une pointe audacieuse qu'ils poussèrent jusqu'à l'Oued Guir. Enhardis par ce succès, ils ne laissèrent plus un moment de repos aux insoumis répandus sur la frontière du Maroc, resserrés entre deux périls égalenaent menaçants.

Il ne restait plus aux deux chefs de l'insurrection, Si Ahmed et Si Sliman, que la ressource d'unir leurs efforts. Leur but commun était de tenter une incursion sur les terres des Hamyan. Si Ahmed apportait d'ailleurs avec lui l'a|>pui des Béni Guil et des Amour. Après avoir campé à El Ilaïieclî, au Nord du ksar d'Aïn-Sfissifa, les deux mara- bouts se portèrent, le 35 mars 1867, sur les puits d'El Agueur et y surprirent une partie des Bekakra, le douar Mekid ('Oulad Khelif) et un douar des Meghaoulia. Le même jour, les cavaliers de Si Sliman tombèrent, à Feka- rine, sur trois douars des Béni Mekhaoula. Après cette fructueuse opération, les rebelles reprirent la route du Sud.

Sur ces entrefaites, les négociations se renouèrent entre les gouvernements français et marocain dans le but de rechercher les moyens permettant de porter un coup déci- sif à l'insiurection. Sidi El Hadj El Arbi ', (Ils aîné de Sidi Cheikh Ben Tayeb, reçut le titre de khalifa de l'amel d'Oiidjda, il s'installa à Figuig ; les Béni Guil entrèrent en relations avec l'autorité française.

Tayeb Ben Sliman, caïd des Oulad Serour, fut nommé caïd des caïds des Hamyan Djemba, mais avec la mission d'assurer seulement l'exécution des ordres concernant la

I Sidi El Hadj El Arl)i était depuis Iniigtenips dé1(-ii\i à ()iidj(l;i, coinnii' otage, par \c Gouvernement marocain.

DOCUMENTS POT 'H SEKMH A 1. niSTOIlU; F)RS HAMYAN

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police et la sécurité du Icniloiic et non [xxii être employé comme organe admiiiislriilif ciilic l'agha Si Sliman lien Abdallah et les caïds.

I^eiidaiil (luelques mois de l'iiniiée 1867, il y eut une suspension âv^ lioslililés. lue escarmouche eut lieu en N('j)lembr(' à hermi'l, t'ulre les [lamyan et un posic de dissidents de Rezaïna, de Doui Menia et d'Oulad Ziad qui avaient tenté de les razzier. Cheikh Ould Osman, caïd des Sendan, Mamoun ben Salah, caïô des Frahda et Ben Gui- mali, ex-caïd de la même tribu, furent tués dans cette icn- contre. Mais ce n'était qu'une tentative isolée des rebelles.

T.a plupart, en elïet, étaient fatigués d'un état qui mena- çait de s'éterniser ; les tribus marocaines leur faisaient payer chèrement lem" maigre hospitalité : aussi, songeant à rentrer sur leur territoire, elles engagèi'ent Si Sliman Ben Kaddour à nous demander l'aman. Cehii-ci, sentant que le moment appiochait il allait jouer un rôle pré- pondérant, n'hésita pas et, le 10 novembie, il faisait des ouvertures à l'Autorité française, qui les accueillit favo- rablement.

Il ne resta plus contre nous (pie Si Ahmed Ben Hamza. Voulant venger les vexations que les Harnyan avaient fait subir aux Oulad Sidi Cheikh, il lazzia, le 17 décembre, les Oulad Mansouiaha, les Béni Metharef et les Oulad Khelif, à Magroune. El lladj El Habib Ould Mebkhout, fils de l'agha Mebkhout, alla, de son côté, se réfugier chez le khalifa Sidi El Had.j El Arbi, et, malgré les conseils de son père, offrit ses services à Si Ahmed Ben Hamza.

I/année 1868 s'ouvrit sous d'heureux auspices : Si Sliman Ben Kaddour se rendit en personne à Géryvillc, ramenant les fractions des Oulad Abdel Kerim et des Bezaïna (pii s'étaient lalliées m lui. Ce fut, dit-on, la violente passion inspirée par une femme qui fut cause de sa venue dans nos rangs. On le nomma agha de Géryvillc le t" avril 1869. Cette conduite inspira à Si Ahmed l'idée de tirer vengeance de la trahison de son cousin. Dès qu'il se sentit en mesure de le faire avec succès, il fondit sur les Hamyan Chafaa campés dans les parages d' Aïn-Ben-Khelil et fit sur eux un butin considérable. Il voulut ensuite surprendre les Trafi ; mais, la marche lapide d'une colonne envoyée de Géryvillc à \sla, déjoua ses projets o\ le força à battre en retraite. Les Chafaa (pii. tout d'abord, avaient reconnu

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l'autorité de leur vainqueur, s'empressèrent alors de rabaïuloiiniM- ; le Général coiiiinandaiil la l)i\isi()n les condamna à payer t:>o.ooo fiaiics d'amende et la part conlributive des Akerma fut doublée ; ils reçurent, en outre, l'ordre d'établir leurs campements près de Géryville afin d'être à l'abri d'une nouvelle incursion de l'ennemi, ('ertains douars dispersés, lencontrés pai' Si Sliman Ben Kaddour, furent ralliés par lui et ramenés à Géryville.

Expédition Colonie», 1808. Les Hamyan furent réor- fifanisés et il fut décidé que cette ciui fédération sérail mise à même de prendre, avec noire concours, sa revanche sur les bandes de Si Ahmed. Une ])ointe dans les parages de Figuig ayant été autorisée par le Gouvernement Général, le lieutenant-colonel Colonieu prit, le i"' mars, la direction du Sud-Ouest.

Les contingents du marabout avaient été signalés du côté d'Aïn-el-Melah. Nos goums, aux ordres de Si Sliman Ren Kaddoiu% les rencontrèrent à Dayet Moula Djemâa et les attaquèrent furieusement . Ils leur enlevèrent un dra- peau, .STh) chameaux et leur tuèrent t5o hommes, dont leur ch(^f, Si Maamar Ben VA Djedirl, rjui commandait en l'ab- sence de Si Ahmed et en qualité de khalifa. Après ce san- glant échec les débris de la colonne ennemie reprirent la roule de leurs campements. Mais à Aïn-Ben-Khelil s'était posté l'agha de Sebdou ; avec son goum, il coupa leur retraite et acheva de les dépouiller de ce qu'ils avaient pu sauA'er du désastre en chevaux, vivres et moyens de transport.

Après ce succès, nos goums les poursuivirent dans la direction de Galloul et Si Sliman battit à Dhayet Ben Gourin un fort parti de Béni Guil. Le lieutenant-colonel Colonieu s'avança de son côté jusque sous les murs de Figuig ; accueilli avec froideur par le khalifa qui, au lieu de surveiller les agissements des tribus pillardes, avait fait cause commune avec les chefs de l'insurrection, il renlra à Géryville, après quaiante-deux jours de marche.

Fn mai t868, des Béni Guil, auxquels s'étaient joints des Bezaïna et des Oulad Serour, attaquèrent les Hamyan près de Dayet el Ferd. Tayeb Ben Sliman les repoussa après un combat sanglant.

Dans le courant d'octobre, le bruit se répandit que Si \hmed était mort au Tafîlalet du choléra ; en réalité, il aurait été empoisonné. Si Kaddoiu' Ould Hamza, son neveu

DOCUMENTS POUR SERVIR A I, 'HISTOIRE DES ItAMYAN 275

ot successeur, aidé do iiolic irréconciliable adversaire, Si Lalla, Icnla de sliniuicr le zèle religieux des Kliouans de Sidi Cheikh, uuiis ils reconuurenl vite (ju'iis s'agitaieiil dans le vide et atlendiieut des jdurs meilleurs. Aussi rannée i8()8 s'acheva-l-el!e sur les Ihinls-Plaleaux dans le eahne le plus absolu; il en fui de rnènie de l'année iHGj), on la lutte se déroula dans la province d'Alger ; le colonel de Sonis repoussa les insurgés jusfprà Biézina.

Dans le bul d'assurer la paix sur nos frontières de l'Ouest, le (louvernemenl français prit les deux mesures suivanles : il fit un accueil faxorable à la démarche de Sidi Ciheikh Ben Tayeb, (|ui nous demanda d'obtenir du Sultan du Maroc l'élargissement de ses deux fils retemis encore en qualité d'otages à Fez ; en outre, le ;>3 juillet 1869, il fit signer, à Oglat es Cedra, une convention entre les Hamvan et les Sahari(^ns maiocains, pur liKpielle ils se jurèrent sui' le Coran une amitié éternelle : elle devait durer huit mois. On léunit les Oulad Messaoud, les Oulad Ahmed et les Megan en une seule tribu (-^6 aoûti, (pii pril le nom de Ghiatia-Megan et dont le commandcnient fut confié à Djelloul Ould Lakhdar. Le successeur de Mustapha Ben Ismaël à l'aghalik des Hamyan était toujours, cette épo(pie, Si Alohammed Ben Abdallah, originaire des Béni Snouss.

Nous pensions (|ue Sidi Cheikh Ben Tayeb, trop âgé et satisfait de nos bons offices, cesseiait désormais de jouei contre nous un rôle actif. Mais il fallut bientôt ajouter (|uelque créance à des bruits qui, pendant la première quin- zaine de janviei' 1870, arrivaient du côté de l'Ouest et témoi- gnaient que le vieux chef fomentait ime agitation et lal- liait à sa cause le groupenient des tribus sahariennes connues sous le nom de « Zegdoii ». Si Kaddour Ben Hamza piéparait, de son côté, un coup de main sur les Hamvan. On apprit bientôt que les deux agitateurs avaient fait cause commune et avaient enlevé aux Hamyan :>,.ooo chameaux et 16.000 moutons. T/épouvante régna de nouveau dans le Sud et nos tribus se piéparèient soit à émigrer dans le Tell, soit à passer à l'ennemi.

Expédition de AViinpfen, 1870. Devant la gravité de la situation, le général de Wim[)fen, (|ui venait de prendre le commandement de la Division d'Oran, fournit au Gou- verneur Général un projet (|ui, dans sa pensée, devait enlever à tout janiais aux tribus pillardes le goût de leuis

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incursions sur notro territoire. Le Gouvernement y fit quelques restrictions qui devaient en amoindrir les résul- tats ; ainsi il était interdit d'entreprendre quoi que ce soit contre les oasis sahariennes et éviter toute rencontre avec les sujets du Sultan. Quoiqu'il en fui, le général de Winip- fen quitta Oran, le t5 mars, avec une colonne fortement constituée, qu'il orienta vers l'Oued Guir.

Malgré ses quatre-vingt-dix ans, Si Tayeb, secondé par son fils Si El ITadjel Arbi, entama les hostilités par une démonstration qu'il tenta le 80 mars à la tête des Béni Guil, cdiitie la colonne du colonel de l,a Jaille, près du Djebel Grouz (Rst d'Aïn-GJiaïr). Après quelrpies étapes, nos troupes, qui n'avaient pas encore parcouru cette région, se trouvèrent subitement en présence des Doui Menia, des Onlad Djerir et des Amour, qui s'étaient retranchés sur la l'ive droite de l'Oued Guir. Une leconnaissance vigoureu- sement menée permit de déconviir un gué. Le général arrêta alors ses dispositions d'attaque ; trois colonnes s'ébranlèrent sous la protection d'un feu d'artillerie très vif et enlevèrent la ligne des dunes occupée par les rebelles qu'ils mirent en pleine déroute sur la rive droite. Sur la rive gauche, le général Chanzy lepoussa tous ceux qui se trouvaient devant lui et menaça leur ligne de retraite. Après un inutile retour offensif, la plupart des fractions alliées firent leur soumission et remirent entre nos mains, à titre d'otages, onze de leurs principaux chefs. Si El Hadj El Arbi était tombé au milieu des siens mortellement atteint d'une balle au front (i5 août 1870).

Apiès avoir parcouru le pays \n^\\r compléter les résul- tats acquis dans cette province, le général Wimpfen se porta vers le Nord à la rcnconlredu colonel dcLaJaille, (pii lui amenait un convoi de ravitaillement sur les puits d'El Mengoub. Le 2a avril, il rentrait à Bou Kaïs (entre Kenadsa et Aïn-Ghaïi), il avait laissé une partie de ses ijn|)r(li- menta. 11 apprit que la garnison, sous les ordres du capitaine Pamard, avait été l'objet des agressions des Benî Guil et des Oulad En Naceur, conduits par Sidi Cheikh Ben Tayeb, en personne. Comme il passait h proximité de ces incorrigibles pillards, il ne voulut pas laisser passer l'occasion de les châtier. H marcha donc sur l'oasis d'Aïn- Chaïr et l'attaqua sur quatre points à la fois. Nos troupes n'obtinrent qu'un succès très relatif et le 28 avril, la co- lonne de Wimpfen reprenait la route d'Aïn-Ben-Khelil,

DOCUMENTS POUR SERMU A L IIISTOIHE OES II AMV A.N ^i '

d'où elle regagna ensiiilc le Tell. (Jclle ccjlonne nous coû- tait t\\ morts et \l^- blessés. 11 était cependant permis d'espérer (juc ectle camijagne aurait connue résultat d'assurer pour (pielcpie leiii|)s la liaïupiillité dans le Sud de la province d'Uraii.

I.e ra[)porl ci-a[)iès, établi à Sebilon en 1870, précise le itMe joué plus parliculièremenl [)ar les llaniyaii, au cdins des évéïieineiil» «jui \ieuiieiU d être relatés :

M Le coinineiiceinent de l'année itiyo fut signab'- par une incursion des dàssidenis, sur le territoire du cercle de Sebdou, conduits par Si kaddour bcn Ilamza. Ils tombé-, rent le '\ janvier sur le douar des Oulad Serour, douar de Tayeb ben Slimane lUaniyan), leur mirent So boiunies hors de combat, pillèrent les tentes et enlevèrent, à cette j)orlion des Hamyan, i.3oo chameaux et 600 moutons. La nouvelle de l'arrivée de Si Kaddour fut annoncée à Sebdou le 5 janvier, par le caïd des Béni Metharef (Hamyan). Le (^.ommandant Supérieur partit aussitôt de Sebdou. Il arriva à Kl-Aricha le 10 janvier. H y trouva l'agha Si Mo- hamuied ben Abdallah, avec (pielques cavaliers des Oulad Lu -Nehar et des Hamyan. Il donna aussitôt l'ordre» aux caïds des Oulad En Nehar, des Béni Metharef, des Oulad Khelif, des Oulad Mansourah, des Akerma, des Bekakra, des Angad, de réunir les goums et tous les chameaux dispo nibl(\s et de les amener sans retard à El-Aricha avec 10 jours de vivres. Le Commandant Supérieur envoyait également une reconnaissance dans la direction d'Aïn-Ben- khelil, avec mission de reprendre et de suivre les traces de l'ennemi.

« Les 7, 8 et 9 janvier, les caïds arrivèrent avec leurs goums et leurs chameaux. Pendant ce temps, la colonne mobile de Sebdou. sous le commandement du colonel de La .Taille, quittait El-\richa le 11 janvier, emmenant avec elle '|Oo chameaux et tous les cavaliers du goum. Celte colonne, dont faisait partie le Commandant Supérieur du cercle, s'arrêta à Aïn-Ben-Khelil. Des cavaliers du goum qui avaient poussé des reconnaissances au loin, vinrent annoncer au colonel de La Jaille qu'ils avaient aperçu les dissidents du coté d'El-.\mba ; mais le commandant de la colonne ne crut pas devoir entrepiendre une course qui demandait au moins deux nuits et un jour de marche rapide, dans un pays peu connu et signalé comme très diiïîcile. Il craignait, en outre, de voir ses communications

!27S DOCl MENTiS POl SERVIU A r/l[lsrOIUK DES IIAMYAN

coupées avec El-Aiiclia. La culoiinc icvinl sur El-Aiicha et, de là, sur Sebdou elle arriva lin février. Elle navail pas atteint les dissidents pendant leur retraite.

(( Quelques jours après, une elTervescence extraordinaire était signalée dans les tribus marocaines, voisines de la frontière. Les Béni liuil, les J)oui Menia, les Oulad iNaceur, les Oulad El Hadj, les Beraber, offraient leuis concours à Si Kaddour ben Uamza, pour marcher avec lui sur les llamyan et les autres tribus de l'Est.

(( Les Ilamyan, effrayés, songeaient à rentrer dans le Tell, avec leurs immenses troupeaux qui auraient eu à souffrir du manque d'espace et de pâturages.

(( Le général de Winqjfen, cojumandant la Division dOran, résolut alors de frapper un grand coup et d'aller trouver, jusque chez eux, les agitateurs pour conjurer l'orage. 11 prit le comnuindement d'une forte colonne, rassemblée à Aïn-Ben-Khelil.

« Les goums de Sebdou, composés en majeure partie de Hamyan, furent concentrés à El-Aricha et placés sous les ordres directs du colonel de La Jaille, qui eut avec lui, pour le seconder, le Commandant Supérieur du cercle et le Chef du Bureau arabe de Sebdou. Ces goums opérèrent d'abord une reconnaissance chez les Béni (juil et revinrent ensuite à Aïn-Ben-Khelil, pour prendre des vivres et former l'ar- rière-garde du corps expéditi(jniiaire, en assurant ses der- rières et en maintenant les communications avec Aïn-Ben- Khelil. Ils eurent en même temps à protéger la marche des convois.

« La colonne, après s'etie avancée jusque sur les bords de l'oued Guir, oii (^Ih^ reçut la soumission des Doui Menia, commença son mouvement de retraite.

(( Elle arriva le 2.S devant le ksar d'Aïn-C'haïi-, entouré par une cpiaiitité considérable^ de {)aliniers qui en rendaient l'approche dilïicile. La lésistance des assiégés fut très vive. Les munitions d'artillerie étant insulFisantes, on ne put battre le mur en brèche. Les zouaves et les tirailleurs eurent à essuyei" un feu teriible. C'est dans ce combat d'Aïn-Chaïr (pie le commandant SurteL Commandant supérieur du (•(•rcl(> de Sebdou, (pii s'était élancé bravement à la tête des tirailleurs, fut blessé mortellement d'une balle, au pied des murs du ksar.

<( A la suite de cette exi)édition, il était nécessaire d'avoir, en face des tribus marocaines, une force sufli-

DOCUMEMS l'OUU SEUNIH A I. IIISIUIHK IJliS lIA.MVAiN

27!)

saiilr |)iiiii' poiiMi'n, <('l()ii les ciici (iislitiiccs, <iii\('illcr rcmiciiii, Ir |ti(''\ ciiil l'I le coillbiillic iiii hcsoiii.

u (Icllc Idicc, on |»()ii\;iil l'iiNoii ilaiis la main en iiicl- laiil à la Irlc (l<'~- llaiiiNari iiii clict' assez énPi'o'i(|U(' poiii' les niiiiiilciiir groupés, assez, iiilliM'iU pour se iciiscigncr an loin, jouissant dune rrpntalion de hiaNdinc i)it'n ronnuc, capable dinliniidcM nos ennemis.

<( ('/est à la suite de ces diverses considérations que l'aiito- lilé supérieure plaça, à la lin de juillet 1870, Si Sliman ben kaddour à la tète des iïamvan, en remplacement de lagha du Sud-Ouest et des llamyan, Aloliannned ben Abdallali. (pii prenait le titre d' « Agha du Maklizen et du Djebel du Sud », ayant sons ses ordres les caïds des tribns telliennes (Oulad Ouriach, lîeni llediel, Heni Siiou^s, Onlad Fn \eliar el .\n<jad). »

CHAPITRE IV

OKGAMSATIOX DES HAMIAN

PAR LE OfiNKKAL CHANZY.— LA ( RËATIOX DU POSTE

D'EL-ARICHA (1870-1872)

Pendant toute cette période de troubles, le poste de Géry- ville avait eu un rôle des plus dilïlciles. Mais si l'on voulait protéger d'une manière certaine nos établissements du Tell, il était de toute nécessité de s'installer sur d'autres points des Hauts-Plateaux. On ne s'y décida pas encore, bien que l'on eût songé im instant à réoccuper Aïn-Ben- Khelil. On se contenta de chercher à organiser Je nouveau les Hamyan qui continuèrent à relever du cercle de Sebdou et à les placer sous l'autorité d'une personnalité indigène marquante. Mais on était toujours arrêté par la même dilli- culté qui était de trouver l'homme assez influent pour dominer sans conteste tous les autres chefs.

Le général Chanzy, nommé au Commandement de la Subdivision de Tlemcen, prit l'initiative de confier ce poste

280 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

le i- juillet 1870 ù Si Sliman ben Kaddour, qui uous avait rendu de réels services dans le cours des dernières années. L'agha de Géryville était eu effet gêné par la proximité du commandement français (pii mettait un frein à ses goùLs autoritaires et à ses dispositions à pressurer ses administrés; il démontra que sa présence au milieu des Hamyan, dans le voisinage de la frontière marocaine, serait beaucoup plus utile qu'à Géryville qui n'a\ait rien à redouter des incui- sions de l'ennemi et ses raisons furent goûtées. Esprit aventureux, homme d'une grande énergie, il sut d'abord grouper autour de lui les nomades des Hauts-Plateaux ; sa qualité de membre de la famille des Oulad Sidi Cheikh lui donnait une grande influence. Grâce à lui le calme régna sui' les Hauts-Plateaux pendant la guerre de 1870.

Un autre motif de cette paix passagère fut la mort de Sidi Cheikh ben Tayeb, survenue le 10 juillet à Figuig. Son fils Si Maamar était dans les meilleurs termes avec son cousin Si Sliman. Cette raison, jointe à la brutale vigueur du nou- vel agha, nous évita des embarras, dans une période oii s'affaiblissait, aux yeux des indigènes, notre prestige et oi'i l'Algérie se dégarnissait de troiq)es.

Les modifications suivantes furent faites. Dans l'aghalik des Hamyan furent compris les Oulad Sidi Ahmed ben Medjdoub, les Megan furent détachés des Ghiatra et Tayeb ben Sliman dut lenoncer à sa (jualilication de caïd des caïds pour se contenter du caïdat des Oulad Serour.

Le général Chanzy, quelque temps après sa prise de commandement, rédigea uu- lapport sur la situation du Sud de la Subdivision de Tlemcen et gur la nécessité d'une réoi- ganisation des populations sahariennes. Ce document est des plus intéressants car il contient, pour la première fois, des précisions officielles dont la valeur ne saurait être con- testée. Après un exposé de la situation, il iiidique ainsi qu'il suit les limites du territoire des Hamyan :

« La contrée dans laquelle les Hamyan se meuvent (( s'étend de la ligne d'eau jalonnée par les points de Ma- « goura, El-Aiicha, Taërziza, Kersouta, Ras-el-Ma, au « Nord ; aux montagnes des ksour au Sud ; de Bou Guern, (( Fekarine et Naama à l'f^st ; à Mesaksa, Mengoub, Galloul « et El Ambaa à l'Ouest. Les Chafaa ont leur territoire le « long de la frontière, leurs campements d'été, de Taërziza (( à Magoiu^a, leurs magasins à Sfissifa, aux deux Moghar « et paitie à Aïn-Sefra. Les Djemba, qui se tiennent à l'Est

DOCUMENTS rOliH SEK^1I5 A l/lIISlOIlU: DES IIAMYAN 'i8 l

(( (les piciiiicrs, (iiinix'iil I élr sur les eaux de Kci-oula, <( h.is-cl-Mii cl (»iil une l(ii(l;ui('c à se proloii^n'r sur les (( llauls-I'lalcaux de Daya jus(|u'à h]| llainuiaui ; ils fié- (( (juculcnl de j) référence, daus les chotls, les puits de la (( pointe Ouest du chotl (lliei^Mii, poussent leurs troup(.'au\ (( jus(pi'à l'ekarine, Méeliéiia et Naainu el enimagasinenl (■ à Asia, iiont et Aïn-Selia. »

Voici le portrait qu'il trace des llamyan :

(( Le lianiyan est le t\p(î du saharien : excellent cavalier, (( infatigable avenluriei-, [)illard, d'une religion facile qui u ne va jamais jusqu'au fanatisme, essentiellement subor- (( donné, supportant dillicilement toute action étrangère <( et n'admettant comme chefs que ceux des siens qui se « sont fait une réputation de bravoure et d'audace, qui lui « inspirent de la conliance, et qui partagent sa vie, ses aven- « tures et ses dangers. L'esprit de la tribu n'est pas mau « \ais en ce que notre domination y est facilement accep- « lée ; on doit la maintenir en la commandant avec vi- « gueur, beaucoup plus qu'en l'administrant avec détail.»

Après avoir tracé l'historique des Hamyan et étudié la po- litique sur la frontière, il proposa, en résumé, les réformes suivantes, en ce qui concernait les Hauts-Plateaux et le Sahaia : deux commandements indigènes, relevant chacun directement du Commandement de Sebdou, seraient créés; le premier comprendrait les Oulad En Nehar, Jes Oulad Ali bel Hamel (Angad) et les Oulad Ouriach, et confié à l'agha Si Mohammed ben Abdallah ; le centre de ce grou- pement serait à El-Aricha oii on créerait un maghzen de 5oo cavaliers ; le deuxième commandement, comprenant les llamyan (Chafaa et Djemba) et les Rezaïna, serait confié à Si Sliman ben Kaddour qui résiderait à Aïn-Ben-Khelil, dans l'ancienne maison de commandement.

Malheureusement, si on rencontrait chez Si Sliman ben Kaddour les qualités qui en firent un chef de bande renom- mé, il n'avait aucun sens politique ; il était, en outre, d'une cupidité et d'une rapacité extrêmes. Rongeant ses admi- nistrés littéralement jusqu'à l'os, il les razziait et détrous- sait les caravanes qui s'aventuraient à proximité de ses campements. Aussi les Hamyan en étaient-ils arrivés à pré- férer à la paix existante les incursions de leurs voisins du Maroc ; avec eux, ils pouvaient espérer rentrer dans leius biens par une opération in\erse, tandis qu'avec Si Sliman, ce qui était perdu létait à tout jamais et, réclamant, ils

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282 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hiSTOIRE DES UAMYAN

risquaient de s'alliier des désagréments et d'aggraver leur situation.

Dans le courant de février 187 1, l'agha, bien que nous ne fussions pas en guerre avec les tribus marocaines, arrêta de sa propre autorité, et à son profit, une caravane des Anioui' qui se rendait à Tlemcen avec 250 moutons et il fit jeter en prison les marchands. 11 s'attribua, en outre, une part léonine siu' la somme de 226.000 francs versés entre ses mains par l'Etat, en paiement des réquisitions qu'avaient fournies les llamyan |)()ur l'expédition de l'oued Guir. Djelloul oiUd l.akhdar, caïd des Ghiatra, fit connaître et appuva les piainles de ses coiiliibuablcs ; Si Slinian l'ac- cusa d'entretenir des relations avec Kaddour ben Hamza et Djelloul, lévoqué, dut se réfugiei' chez l(>s Reni Guil, après avoir pu mettre en lieu sûr la plus grande partie de s(\s moutons. L'autorité française fit toiil ce qu'elle put pour amener Si Sliman à rendre gorge ; mais il fallut patienter, car on avait besoin de lui.

Sur ces entrefaites, Si Kaddour ben Hamza fit au général de Mézanges de Saint-André, commandant la province d'Oran, des ouvertures de soumission. Rendez-vous lui fut donné le 2/1 mars à Bou-Guern où, accompagné de Si Sli- m.in ben Kaddour, il devait se rencontrer avec le lieutenant- colonel (iand, le commandant Marchand et Kaddour ould Adda, agha de la Yacoubia.

Expédition des Méloizes, 1871. Mais arrivé au jour fixé, Si Kaddour ben Hamza manqua au rendez-vous. Il laissa ses campements établis à Kheneg-El-Adha, chez les Béni Mathai- marocains et attendit la jonction des contin- gents (pi'il avait convoqués pour se porter confie les tri- bus des cercles de Sebdou et de Marnia.

En présence de cette singulière attitude, le colonel des Méloizes, qui était campé à El-Gor, avec une colonne forte de 700 hommes d'infanterie, de 644 chevaux de cavalerie régulière, d'une section d'artillerie, des goums de Daya, Tlemcen, Saïda et des goums à pied et à cheval des lla- myan, reçut l'ordre de se diriger sur Sidi-Djilali et sm* Magoiira. Il se mit en inouvement le .6 avril pom* ce dernier point.

Une seconde colonne, dite « d'El-Haçaïba ^ », venue de

I El nnçfiïba Psl le nom inilip-ÎTio ilii point J'caii situé acfuplloment an village de Magenta.

DOCUMENTS l'OLM SERMH A l.'ll IS lOI It K DES lIAiMVAN 283

Saïdii, le I cinplarii h Sidi l>jiliili ; cllf (|iiillii ce point le i.S avril [)()in- se diri^ci sur i aër/iza. I^llc conipicnail (Sçj-j lioiniucs cl'iiil'aiilcric, une scclioii d arlillcric de moii- la<>iu' cl :'4'' ('hf\aii\ du >' ( lliasscuis d'Afriiiuc.

I.c \- a\ril, Si Kaddour h(!n llaniza (|uiUa ses canipc- nu'uls de KIhmu»^-I'I- \dlia cl se tlirij^ca sur les plalcaux qui s(»nl silués à cnviioii "> i\il()nuMres au Nord des puils d<* Ma<>()Uia, tnonaçanl ainsi do (M)up('r les ronitnunicalions de- là colonne des Mcloizcs, avec le posle de Sidi-Djilali.

Un rude combal s'engagea : il est resté célèbre dans la légion. Nous croyons ne pouvoir mieux faire que de cilej-, à ce sujet, tel qu'il est, le récil qui en a été recueilli auprès d'indigènes y ayant pris paît i.

(( Sur les nouvelles reçues du Sud et après un mouve- ment de recul vers le Tell opéré par les tribus des Hamyan, menacées par Si Kaddour ben Uamza, la colonne de Sebdou, (pii compienait de l'infanterie (le narrateur n'a pu en donner la force), deux pièces de montagne et le i"""" esca- dron du 2^ Spahis, plus une partie du 2" escadron, s'était portée à El-Gor. dans les premiers jours du mois d'a- vrd 1871.

« Tandis que la coloime était en ce point, ariiva la nou- velle du coup de main opéré par Si Kaddour sur les Beni- bou-Saïd ; K^s escadrons de spahis furent renvoyés aussitôt à Sidi-Medjahed ; il ne resta à la colonne que t2 spahis de la smala de Chaaba (dont le narrateui" Si Ahmed ben Ahmed faisait partie), conmiandés par le maréchal-des-logis Si Ahmed ben Kara Mostefa. La colonne, commandée par le lieutenant-colonel des Méloizes (probablement du 2^ Chas- seurs d'Afiique), se transporta par Sidi-Yahia, Ain-Sba, Tadjertila, à Sidi-Djilali. A Tadjertila, elle fut rejointe pai- l'escadron de spahis du Télagh. Elle était en ce dernier point depuis quatre ou cinq jours, lorsqu'elle partit pour Magoura, 011 elle ne fil (jue camper un jour, pour remontei- vers Missiouïn. A Missiouïn, les Hamyan, qui ballaient la plaine en éclaireurs, revinrent annoncer au commandant de la colonne, que Si Kaddour se disposait à l'atlaquei-. La colonne revint à Magoura. Elle y arriva le i5 avril, y passa la nuit et le jour suivant, et, le 17 avril aumalin, on signala

I Réiil l'nil |Kir II' Inii^adiiT île sp;iliis Si Alinifd ln'ii Muiifti , qui participn au ciiiDiiat (le Magoura, étant alors ^^palii à l'osiadmii do «mala do Chaalia, et confirmé par divers autres cavaliers.

284 DOCUMENTS POTR SERVIR A l'hTSTOTRE DES HAMYAN

de la poussière au delà de la fioiilière, dans la direction du Kheneg-El-Adha. La poussière s'approchait de plus en plus ; puis ce furent les contingents ennemis qui apparu- rent eux-mêmes sur les hauteurs qui ferment le défilé du Kheneg-el-Adha. Il pouvait être alors dix heures du matin.

<( Le colonel des Méloizes envoya aussitôt au-devant d'eux les goums, les spahis et une troupe d'infanterie (peut- être la compagnie Kauffmann, car Si Ahmed ben Ahmed dit que cette troupe pouvait comprendre une centaine d'hommes) et avait avec elle un canon.

« La cavalerie marchait en bataille directement vers l'ennemi, les goimis à gauche, les spahis à droite ; l'infan- terie marchait à droite des spahis. La cavalerie était au pas. Pendant ce temps, l'ennemi que l'on avait aperçu, défilant par le flanc devant notre ligne et dans la direct ioQ de Missiouïn, venant du Sud, ayant découvert nos troupes, fil un à droite et se trouva face à ces dernières, vers les- ([uelles il s'avança au pas. L'ennemi avait de la cavalerie et de l'infanteiie ; dès qu'elles furent à portée de tir, les deux lignes ouvrirent le feu l'une contre l'antre ; nos trou- pes étaient ainsi arrivées à hauteur d'un petit mamelon, situé à envi ion 3 kilomètres des puits de Magoura, lorsque les deux lignes s'abordèrent. Pendant ce temps, la troupe d'infanterie, dans le but de prendre l'ennemi par son flanc gauche, s'était séparée de la cavalerie, pour se porter vers la droite en contournant le petit mamelon dont il vient d'être parlé et, formant le carré, fit feu sur l'ennemi. Celui- ci se retourna alors contre cette infanterie qu'il ne put entamer ; voyant qu'il n'en viendrait pas à bout, il revint contre les goums et les spahis ; la mêlée se produisit alors, dans laquelle, au dire de Si Ahmed ben Ahmed, il était difTicile de distinguer les amis des ennemis, ce dont les Hamyan profitèrent pour tirer aussi bien sur nos gens que sur les goums de Si Kaddour. Deux officiers, dont un capi- taine français de la smala du Télagh, furent tués, ainsi que plusieurs de nos spahis et de nos goumiers. Si Ahmed ben Ahmed dit avoir eu son cheval blessé.

<( L'ennemi traversa notre cavalerie, se précipita sur le camp, installé auprès des puits de Magoura, gardé par le reste de l'infanterie, mais ne put y pénétrer, et prenant la fuite gagna le Nord, du côté de Missiouïn, laissant sui' place beaucoup de morts. 11 pouvait être alors deux heures de l'après-midi. Les troupes qui gardaient le camp ne pu-

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISIOIRE DES HAMYAN 285

lent lii( M <iuarid elles furent iitlaquces, car les ennemis élaieiil suivis par notre cavalerie.

(( La colonni" s'étant reformée, rentra dans les campe- ments, passa la niiil à Magoura et le lendeinain, de très boiuie liriire, pailit pour Sidi-Djilali. »

D'aj)rès Si Aiuiied hen Ahmed, l'envoi [)ar le lieutenant- colonel (les Méloizes, d'une troupe d'infanterie au-devant de l'ennemi avait été suggérée à cet oiricier supérieur, par une obseivation (pie lui avait faite un nommé Mohammed Na'idja, (pu était son confident, qui plus tard devint lieute- nant de spahis et, après sa mise à la retraite, devint caïd des Djouidat, oh il était connu sous le nom de Mohammed. Cette obs(Mvation était celle-ci : «Que l'ennemi, qui parais- « sait ne pas être très nombreux, pouvait s'être fractionné (( et se proposer de prononcer son attaque sur plusieurs « points à la fois. » Sans cette circonstance, toujours au dire de Si Ahmed ben Ahmed, notre succès aurait été plus important, car on aurait pu tuer beaucoup plus d'ennemis.

« Rentrée à Sidi-Djilali, la colonne y resta quatre ou cin([ jours, pendant lesquels les Hamyan, sous la direction de Si Sliman ben Kaddour, leur agha, ou tout au moins «n son instigation, razzièrent les Méhaïa, qui étaient venus chercher sur notre territoire un refuge contre le désordre causé au ATaroc par les agissements des marabouts. A la suite de ce fait, le colonel des Méloizes envoya Si Ahmed bon \hined porter une lettre à un général fou colonel) qui anivail i)ar la route de Sebdou. (Celte lettre contenait pro- bablement la nouvelle de cette razzia.) Si Ahmed ben Ahmed trouva le général (ou colonel) déjeunant à Aïn-Sba, sous des arbres ; il lui remit sa lettre. (Cet officier général ou supérieur n'avait avec lui qu'une escorte.) Quand l'olTicier général eut lu la lettre, il s'adressa à Si Ahmed ben Ahmed sans pouvoir bien se faire comprendre en arabe, mais Si Ahmed ben Ahmed saisit bien qu'il lui di- sait, en mettant son doigt au-dessous de l'œil : « Dis au colonel et à son chien de Naïdja que s'il disparaît un seul cheveu des Méha'ia, je les en rendrai responsables. » Si Ahmed ben Ahmed ayant rapporté cette réponse, sans re- produire ce qu'elle pouvait avoir de blessant à l'adresse de Naïdja, le colonel défendit aussitôt aux ïlamyan de rien faire disparaître de ce qu'ils avaient pris aux Méhaïa, d'égorger un seul mouton ou de conserver quoi que ce fût. L'ordre fut donné de tout restituer aux Méhaïa. Le général

28G DOCUMENTS POUH SERMR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

OU colonel arriva lui-mêiiie peu de temps après à Sidi- Djilali et le colonel des Méloizes rentra le lendemain à Seb- dou, accompagné par les douze spahis de Chaaba, qui lui avaient été laissés à El-Gor et (jui l'avaient accompagné jusqu'alors. »

* *

Après cet échec, Si Kaddour repassa la frontière à Khe- neg-El-Hada ; la sécurité fut momentanément rétablie dans le Sud du cercle de Sebdou et dans le cercle de Géryville. Les Hamyan allèrent se grouper à l'Est d'El-Aiicha ; leur agha campa sous les murs du bordj avec la plus grande partie de ses goums. Quelque temps après, Si Kaddoiu' opérait, avec une audace inouïe, une razzia sur les Oulad- Sidi-Ahmed-ben-Medjdoub, campés à Kersouta. Au mois de juin, une nouvelle colonne partait de Sebdou et foiçait Si Kaddour à quitter ses positions.

L'Empereur du Maroc signifia à Si Kaddour de quitter Oglat-es-Sedra, il s'était arrêté. Le chef de l'insurrection alla se réfugier à Matarka, chez les Béni Guil ; il ne put les décider à reprendre les armes et dut ajourner l'agression qu'il avait méditée. Si Lalla, de son côté, en était réduit, pour vivre, aux exploits des coupeius de route. A la même époque, Sid Ez Zoubir, son frère, se montra disposé à en- trer en pourparlers avec nous, mais le souvenir des expé- riences précédentes ne donnèrent pas à nos représentants l'envie de reprendre des pouiparlers dans ce sens.

Pourtant, des négociations étaient entamées entre Si Sliman ben Kaddour, les filsde Sidi CheikhbenTayeb,dont deux venaient de sortir des prisons de Eez, et les Béni Guil, dans le but d'arriver à rétablir les bonnes relations (|ui existaient autrefois entre eux et les Hamyan. Les Marocains cherchaient surtout à entraîner cette dernière confédéra- tion dans un mouvement de défection. Ces tentatives fu- rent déjouées et Si Sliman fut invité à cesser toute négo- ciation de ce genre.

Si Kaddour ne put pardonner à Si Maamar ben Cheikh de lui avoir refusé son concours ; pour se venger de cet aban- don, il surprit, le H août, ses campenienis à Ogiat-Ren-Erh ■Cheikh, puis il alla refaire ses approvisionnements h Tafrata.

Si Maamar, devenu l'ennemi moilel de son cousin,

DOCUMENTS POUR SERVIH A l/mSTOlUE DES HAMYAN 287

sollicilii l'iiuldi i<;ili()ii de joindre ses ^oums aux nôtres lors(|in' l'occasion se piéscntcrail de conibaltie Si Kaddour, et s'établit avec sa famille et ses partisans auprès des iïamyan.

Le Couvernemenl de Fez prescrivit aux coinmandanis des amalats de la frontière de s'opposer à toutes les cnl re- prises de Si Kaddour, voire même de s'en emparer.

Pendant ce temps, les Iïamyan avaient quitté Kl-\riclia pour se porter successi\ ement à Ras-el-Ma dans le cercle de Daya, puis à Taërziza, au Sud-Est de Sebdou (entre Bedeau et El- A ri ch a).

Pour s'assurer de leur fidélité qui semblait douteuse, les colonnes de Daya et d'El-Aricha se portèrent en avant de leurs campements.

E'a»ha des Iïamyan était devenu impossible, non seule- ment pour ses administrés mais aussi pour ses voisins : il avait élevé le vol à la hauteur d'une institution et cette situation ne pouvait durer sans compromettre gravement nos intérêts dans le Sud de la province d'Oran. Si Abou Bekr. caïd des Mehaya. porta plainte auprès du Gouverneur (Général et une commission d'enquête, présidée par le général Dastugue, fut réunie à Sidi-Bel-Abbès pour exa- miner les faits reprochés à Si Sliman : les griefs se Irou- vèient aggiavés par ce fait qu'à la suite de dissentiments entre l'agha et quehjues fractions Hamyan, celles-ci allèrent rejoindre Si Kaddour ben Hamza.

Deux colonnes furent envoyées aussitôt à leur poiusuite : l'une, celle de Daya, sous le commandement du colonel Ee Toullec, se posta à Bou-Guern : l'autre, celle d'El-Ari- cha, remplacée ensuite par un bataillon du 55* d'Infanterie, campa à Oglat-En-\adja, à la pointe Est du chott El-Ghaibi (novembie iSyiV C'est en arrivant en ces points que nos colonnes apprirent la jonction des dissidents avec Si Kad- dour ; ils étaient conduits par les adversaires de Si Sliman, Cheikh ould Embarek, caïd des Akerma : Djelloul ould I.akhdar. caïd des Oulad M(>ssaoud : Brekh ben Berkane et Miloud ben Dimia, des Oïdad Farès : tous ces caïds furent, bien entendu, révoqués.

Si Kaddour profita de cette occasion pour repiendre vi- goureusement la campagne. Dans la nuit du lo au ii no- vembre, il jiassa entre nos deux coloimes et poussa dans Je Nord jusqu'à Ras-en-Nouala et Marhoum f/io kilomètres Sud-Ouest de Saïda), razziant en route les Béni Mathar et

288 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOîRE DES HAMYAN

les Ilamyan de Si Sliiiian. 11 rcfjassa le cliott Chergui ou Kreider et retourna dans le Sud-Ouest.

Nos colonnes mobiles allèrent occuper snr les lïauls- Plateaux des positions permettant de icndre la tranquillilé à nos populations; celle de Saïda s'établit à Tafaraoua, celle de Daya, à El Mouïlah, près de Ras-el-Ma ; celle de Sebdou à El-Aricha. Les fractions des Hamyan restées fidè- les étaient campées à Kersouta et S<mïridjat.

Dans les derniers jours de novembre, une reconnaissance des goums de Géryville surprit un groupe de Hamyan insurgés en flagrant délit de razzia de troupeaux apparte- nant aux tribus du cercle ; elle lui enleva tout le butin et lui tua deux cavaliers.

Les préparatifs ayant été poussés activement, une expé- dition fut décidée contre Si Kaddour, qui s'était avancé jusqu'à El-Kherouah, au Sud-Ouest d'El-Abiod-Sidi- Chcikh. Nos goums, appuyés par les colonnes mobiles, attaquèrent avec vigueur, à Benoud, les campements des insurgés. Ils étaient entraînés par Si Maamar et Si Kaddour ould Adda. Après une heure de combat, i5o cavaliers enne- mis étaient tués. Si Kaddour ben Hamza et Si Lalla blessés, et leurs troupes en déroute. Si Kaddour ould Adda con- tinua la poursuite, contraignant les douars rebelles à venir faire en grand nombre leur soumission au lieutenant- colonel Gand.

Cet important succès fut en partie annihilé par le départ de Si Maamar qui, satisfait de la part active qu'il avait prise au combat de Benoud, se retira au Maroc, et par la nécessité l'on se trouva de retirer à Si ,Sliman son commande- ment, ses concussions et ses exactions ayant été mises à jour I. Comme il avait rendu des services importants, dans des temps difTiciles, le Gouverneur Général lui laissa son titie d'agha ; il alla se fixer dans le Tell, dans la plaine d'El-Mlata, au Sud de la sebkha d'Oran.

La colonne mobile de Saïda, installée h Tafaroua, facilita le rapatriement et le groupement des tentes rebelles reve- nues sous notre autorité après la journée de Benoud ; elles étaient généralement dans un état de misère f|ui n'avait pas été sans peser fortement sur leur détermination de rentrer dans leur pays. A cette même époque, les Oulad Mansourah et les Oulad Khelif furent réunis en un seul caïdat, confié

I II fut révoqué le aC octobre 1871.

IJOC

jiiMEiMS i>oru sERNiu \ i.'ii is I (;i H K im:s ii\myan '280

i'i l'.l ll;il)il) oiild Mrhkiioiil . I.cs l«('z;iïii;i, de nom ciiii xm iiii<, riiiciil ralliicli(> cdiiiiiic iiiil irfois i\ Siiïdji.

Les cncls du loinhiil de Bcrioiitl l'iiroiil Icls (juc les amircs i8-'.Ji i'[ 187,'^ rcsièrcnl a.ssc/, câlines. Mids la mesure prise à ré«.'ar(l de Si Slinian Itiii Kaddoni reinellait en cause l'or^anif^aliiin des llaniyau.

C'est, dans ce hui (|u;' fui cti'-t'e, en l'éxiier i8-:>, I annexe d'|]l-\richa, doid le clief lui le ca[)ilaine Mohauiincd ben Daoïid.

Les postes île Seixluu et dFI-Aiiclia ont joué un lole tellement important dans l'histoire do I 1 soumission des llamyan, que nous estimons nécessaiie de l'exposer ci- apiès, en re\enant en arrière, dussions-nous même répéter en partie ce (pie nous avons déjà dit à ce sujet.

Dès les premieis jours de février i85i, le cercle de Seb- dou fut organisé conformément aux prescriptions ministé- rielles du 6 jan\ier i8r)i. Tl comprenait :

F -es Béni Snouss (Azaïl, Khémis, Kef ) ;

Les Boni Ifédiel ;

Les Oulad Ouriach, les Oulad Mi ben llamel (Angad), les Oulad en Néhar ;

Les llaniyau Glieraba Chafaa et Djemba).

Le capitaine de Béhagle, Commandant Supérieur du ceicle, leçut à cette époque la visite des chefs des Hamyan, des Oulad en Néhar, des Oulad Ali ben Ilamel (Angad) et celle de toutes les djemaas de l'aghalik de la Montagne du Sud. Il leur fit part de la nouvelle organisation du cercle et leçut les protestations de fidélité et de soumission de ces divers chefs indigènes.

Jus(fu'en i87r>, la tache du Commandant Supérieur de Sebdou et celle du Buieau aiabe ne furent pas des plus faciles. ]| s'agissait d'administrer, n\ec fermeté, les tribus lelliennes des Béni Snouss, des Béni Tîédiel, des Oulad Ouiiach. de maintenir sous n<»lrt^ autorité les Oulad En \éhar, les \ngad et leur faire aceeptei' notre domination : dt' surveiller étroitement les Hamyan et de prévenir leur défection : enfin, d'étendre notre influence jusque dans les ksour et de travailler à la soumission des Amour.

Nous allons rappeler brièvement les faits accomplis

290 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOTRE DES HAMYAN

dans le cercle de Sebdou pur le personnel des Affaires indi- gènes ; son action a permis de mener à bien celle œuvre complexe.

Des ï 8.^)3, la nécessité d'établir un camp à El-Aricha et un aulre à Méchéria se fit sentir. A cette époque, en effet, beaucoup d'Hamyan dissidents promettaient de se sou- mettre et n'en faisaient rien. Il était donc urgent d'inslaller à El-Aricha et à Méchéria deux goums ayant pour mission de chercher à razzier les Hamyan dissidents et de les tenir éloignés des lieux où, ordinairement, ils trouvaient des pâturages pour leurs troupe;; nx. Aussi, pendant le mois d'octobre i853, deux camps furent-ils formés dans le Sud . Celui d'El-Aricha comprenant 500 hommes des goums du cercle de Sebdou et 8o spahis ; Celui de Méchéria qui se composait de 6o spahis et de ooo hommes des goums de Bel-Abbès.

Ces goums eurent à opérer dès le mois de novembre t853, avec le commandant Defrance. Tls réussirent à sur- prendre les ?Iamyan dissidcuits et à leur eidever 7.600 mou- tons. Tls firent paitie, ensuite, de la colonne du géné- ral commandant la Subdivision de Tlemcen (novembre, décembre 18.53') qui se rendit à Aïn-Ben-Khelil. Au letour de cette colonne les cavaliers du gourn fuient renvoyés dans leurs tribus et le camp d'El-Aricha fut composé de f>oo cavaliers indigènes et d'un peloton de spahis (décem- bre 18.53). Tl devait surveiller le Sud et en particulier les Hamyan. Le commandement de ce camp fut exercé par un officier du Bureau arabe de Tlemcen. Jusqu'en i856 aucun fait saillant ne se produisit dans le cercle de Sebdou.

IK^fi. Le io janvier iS56 eut lieu, à Aïn-Ben-Khelil, rétablissement d'un camp français installé par une colonne venue de Tlemcen. Le ('ommandant Supérieur de Sebdou eut à organiser les convois chargés de ravitailler ce nouveau camp. Ees tribus du cercle de Sebd ni eurent à fournil' également les convois nécessaires à la colonne de Tlemcen (forte de i.ooo hommes environ) qui resta pen- dant près de deux mois et demi à 5o lieues au sud de S(4)dou.

l.e 18 juillet î856. le Commandant Supérieur de Seb- dou (capitaine Lerou-x) et l'adjoint du Bureau arabe (lieu- tenant Croiizet) informés de la défection et de la fuite des Hamyan, se mirent à leur poursuite avec le peloton de spahis de Sebdou et 200 hommes du goum. La poursuite

DOCUMENTS I>OUH SRHMU A I, IIISIOIHK DES IIAMYAN

291

fui poiissrc ;i( li\('in»'iil jusiiniiii (llioll (iliinhi, iiiiiis clic fui sims it''-^ii||;i|.

l'.ii s(>|>lcml)i(' i8r)fi, fri-ricc ;\ j'inlcrvonliori vi\cr<:'\(\yu- cl rapide du capiliiiric Ijtoux, les Oulad en Néiiar ne purcnl |)asser an Marne cl Icni (h'-fccliori, an lien d'être complète, ne fut (pie [lailiclie ; une lienlaine de lenles rénssirenl à passer la fionlière. Ponr enipèehei' celle défi-elion des On- lad en Ncliai , \c capitaine Leroux se porta au centre de la Irihn a\('c nn escadron de chasseurs, r^oo hommes (hi i^onni de Tlemceu et o.ôo hommes du p-oum de Sehdon. Kn (quelques jours, il razzia les Oulad en Néhar et leur enleva 6.000 moutons environ. Après ce couyi de main, loul lenira dans l'oidre dans la trihu des Onlad en Néhar.

1858. Le 9.'?. mai iSfiS, le capitaine (lolonieu, alors Commandant Supérieur de Sebdou, partit de ce point avec une colonne de ca^ale|•ie indicrène composée de 3o spahis, 100 chameaux de choix dn o-oum de Tlemcen, roo che- vaux de choix du oroum de Sebdou, [)oui' faire nne toni- née dans les ksour et mettre d'accord les caïds des llainvan et ceux des Amour. Tl de^ait, en outre, faire la répartitio7i d'une amende de cinq mille franc-^ inflio^ée aux llamyan icndus Tcsponsables des déoàts conuuis au camp d'Aïn-Ben-Khelil.

La mission rcnssll parfaitcmeni cl fnl l'objet d'nn rap- ]hm\ tiès dociuncnlé. envoyé au Tiénéial commandant la Subdivision de Tlemcen.

Dans 1(^ coui-ant de décembie iS.^cS, mi petit camp fut établi à El-\richa. Tl était com|)osé d'un escadron de spahis et d'nnc^ compaijnie de tirailleurs. Tl resta à El-Aii- cha iusnu'en janvier ii^'iq. T.e capitaine Colonieu profita de la présence de ce camp poni' se rendre à r]1-\richa en fin décembie et réffler diveises questions concernant les Ibimvaii. Il entama éo-nlement des népoeiations avec le*; Reni Yala

1850. L'année suivante, le 9 mai T85q, le Comman- daiil Snnérieui" de Sebdou rrapitaine Colonieu") se rendit chez les TTamyan avec une colonne léffère composée d'tm détachement d'infantei-ie, d'un {)elotop de spahis, d'un iroum de 790 chevaux des tribus du Tt^Il. 11 reçut à \ïn- Rcn-Khelil la soumission des Oulad \bdal1ah, fraction des \mour. et les démonstrations d'amitié des Reni Cnil, des Méhaya et même des Onlad Djerir.

292 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES IIAMYAN

En octobre 185(1, le Bureau arabe de Sebdou eut à orga- niser les goums destinés à éclairei- et à seconder la colonne du général Duirieu qui rayonna dans le pays compris entre Sidi Djilali el Ras-El-.Vïn pour châtier les tribus marocaines limitrophes.

Les gf)umiers du cercle séjournèrent avecla colonne à Ras-El-Aïn ; ils battirent la campagne à des distances con- sidérables et, dans ces excursions en territoire marocain, ils purent capturer de nombreux troupeaux et faire des prisonniers aux Béni Mathar, aux Béni Hamlil et aux Méhaya.

1<S61. En janvier-février T(S6t, le Commandant Su- périeur du cercle (commandant Dastugue) fit une toiu'née de trente-cinq jours dans le Sud, avec une colonne com- posée d'un goum de /|Oo chevaux et d'un peloton de •^5 spahis. 11 visita, pour la première fois, depuis 1849, les deux ksour de Moghrar, étudia les points de passage dans les montagnes des Amour et régla à l'amiable diver- ses affaires pendantes entre les Hamyan, les ksour et les Amour. îl reçut, pendant sa mission, quelques représen- tants des tribus marocaines, ceux des Oulad Sidi Cheikh frheraba et des Oulad Sidi El Arabi. Des cavaliers des Méhaya se joignirent à sa colonne à Aïn-Sefra.

lSr)2. Un an plus tard, le commandant Dastugue i<'fit la même tournée dans le Sud. Tl était accompagné du Chef du Bureau arabe de Sebdou, d'un peloton d'e spahis, de 200 cavaliers des Hamyan, de 5o cavaliers des Angad et Oulad En \éhai\ Paiti le '^'\ décembre 1861 de Sebdou. le commandant Dastugue campait le 6 janvier i86'> à Tiout, le 9 à Smin, sur le versant sud du Djebel Djana : le ir>, la colonne atteignait Kheneg Namous, sur le versant de l'oued Namous ; le t3, elle arrivait à Djorf El KdIk'uI. Le lendemain elle reprenait la route de Moghrar.

Pendant tout le trajet, le Commandant Suj)érieur n'eut fiu'à se loucM- du bon accueil que lui firent les caïds des Hamvan et de^ ksoiu' ainsi que la plupart des caïds des Amour.

t8()4. A la fin du mois de ïuai's i86'i, le chef de ba- taillon Henry, du fi.^^ de ligne, alors Commandant Supé-

I Actuellement Berguent.

DOCUMENTS l'OUR SERMM A I. rirsiOlUK DES UAMYAN

29:3

liciii du ('ciclc de Si-bduii, se rciidil h l]l-Alicllii poiii \ piciidi»' le coiiiiniiiidciiitiil truiic colonne composée d'une <'(tin[);iyiii(' de /.i>iia\cs, d'un cscudion de chasseurs, d'un cscadioii de >p;dus cl tic loo cavaliers du youni. l/()ccu[)a- lion d'KI-Ariclia [);u celle colonne avail été décidée par le (iénéral cominaiidanl la l)iv"ision d'Oran, à la suite des troubles survenus dans le cercle de (jéryville. Il s'agissait d'occuper le poste d'Iil-Aricha pour uiainlenir les Uamyan et en imposer aux tribus marocaines. Malgré les elîorts des Oulad Sidi (Uieikli, auprès des Hamyan, et l'émotion pro- duite par le massacre de la colonne Beauprélre (8 avril j, la présence de celte colonne suflit pour maintenir les liamyan dans l'ordre ; 70 tentes seulement de cette con- fédéialion tirent défection et se rendirent à ra])pel des Ou- lad Sidi C'iheikh. Le 18 juillet i864, le commandant Henry rentra à Sebdou, laissant le Sud du cercle dans une situation relativement bonne. La frontière marocaine avait été respectée ; les nomades du Sud du cercle de Seb- dou s'étaient tenus en dehors de l'insurrection.

1865. Le S novembre iS65, le lieutenant-colonel Maurandy, Commandant Supérieur de Sebdou, surprit, avec une colonne, les liamyan Djemba insurgés et leur enleva, à Trarid, 100.000 moutons. Au retour de son ex- pédition, le lieutenant-colonel Maurandy se rendit dans la tribu des Angad pour y arrêter des indigènes qui avaient fait défection, lors de la dernière insurrection de Si Lala.

1866. Le lieutenant-colonel Maurandy partit de Seb- dou le 8 septembre 1866, avec la colonne de ce poste et se rendit à El-Aricha il séjourna jusqu'au 18 septembre. Le Commandant Supérieur régla les différends qui exis- taient entre les Hamyan et les tribus voisines.

Au mois de décembre de la même année le Comman- dant Supérieur organisa le Makhzen du cercle, conformé- ment aux instructions du Gouveineur Général. Cette orga- nisation avait pour but d'assurer la sécurité sur toute l'étendue du territoire et elle devait permettre d'atteindre promptement les fractions dissidentes qui voulaient se lapprocher de la frontière.

Le 20 mars 1867, le lieutenant-colonel Maurandy par- tit avec la colonne de Sebdou et se rendit au Ciiotl El Charbi, à la limite septentrionale des campements occupés

k

294 DOCUMENTS POL]\ SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

par les Hamyan. (JcHe soilie avait pour but. d'empêcher Si Ahmed bcn llamza de lenler dos coups de main sur les Hamyan.

1869. A partir du mois d'avril 1869, le poste d'El- Aiicha fui occcupé d'une façon permanente. La maison de commandement fui agrandie et transformée en un posle pouvant contenir une garnison régulière de cent cinquante hommes. Cette occupation demandée par les Hamyan produisit le meilleur effet, car les Hamyan Ghe- raba se décidèrent à se grouper dans les environs du nou- veau poste, puis à sinstallei- dans les Chotts.

1870. En 1870 se produisirent les événements que nous avons racontés précédemment et qui aboutirent ;i l'expédition du général de Wimpfen sur le Guir et sur Ain Chair.

1871. ' En 1871, à la suite de la révocation de l'agha des Hamyan, Si Sliman Ben Kaddour, des dissensions existèrent entre les tribus et l'insécurité régna sur les Hauts-Plateaux de l'Ouest ; on voulut alors réorganiser le commandement de cette confédération.

Aussi le 3o décembre 1871, le capitaine Ben Daoud, du •2" Régiment de Spahis, était-il nommé (( commandant politique et militaire d'El-Aricha ».

1872. Il prit possession de son poste le 4 jan\ier 1872. Les caïds des Hamyan furent piévenus par le Comman- dant Supérieur de Sebdou qu'ils devaient s'adresser à cet officier, chargé de l'administration de leurs tribus et qu'ils n'avaient plus à correspondre avec l'administrateur du district de Sebdou.

Le but du commandement du capitaine Ben Daoud était de concourir à la reconstitution des Hamyan, et pour faci- liter, à ce titre, les relations entre eux et lui, le Général commandant la Division d'Oran décida qu'ils seraient pla- cés sous son autorité directe, de même que le capitaine Ben Daoud relèverait directement de la Subdivision de Tlemcen.

L'annexe d'El-Aricha fut fondée dès le mois de février 1872. Le capitaine Mohammed Ben Daoud commença aus- sitôt par rassembler les tentes des Hamyan rentrant de dis- sidence et il y employa toute l'année 1872. H engagea les

DOCUMENTS POUR SERVIH A 1,'rilS I OMU': DES HAMYA.N 295

caïds (les ll:iin\iiii à conslriiiic des niaisoiis à l""d-Ari(lia sous la |)r()|('('ti()ii de la «iaiiiisoii pcrinaiiciilc. Il lit crcusci' des silos an pied de la icdoutc cl les Ihuiiyaii durcid y emina^asiiicr leurs ^^laiiis.

(Au j)oinl de \ ne adiiiiiiisialif, le cercle de Sebdou avait élc modilié une pi'cinièrc l'ois le 'S scplcinbrc i(S7r^. (loimnc les llaiii\aii ne rele\ aient plus de ce cercle, un aiièlé du (Jouveiiieur ( iénéral, [nis à celte date sur la proposition du Général coniinandant la Dixision d'()ian,conslilua en une annexe le cercle de Sebdou. ('elle annexe comprenait les li'ibus suivantes : lîeni Snouss, Oulad Ouriach, Béni Hé- diel, Angad, Oulad en Neliar, elle rele\ait directenieid du ccuruuandant de la Subdivision de Tlenicen.)

Le capitaine lien Daoud, ser^iteur relifjieux par sa famille du marabout de Kenadsa, usa de l'inlluence du clicf de l'Ordre dans l'Ouest, pour faire venir à El-Aricha des députalions des tribus marocaines limitrophes.

Au mois de mars 1872, des délégués des Amour se ren- dirent auprès de lui à Daïat El Garad, près de Bou Guern, pom' faire des offres de soumission. Les conditions posées à ce sujet par le général Osmont, commandant la Division d'Oran, ne furent pas acceptées.

Le 27 juin 1872, une nouvelle entrevue eut lieu à El- Aricha. Les Amour unis aux Doui Menia et aux Oulad Djerir, vinrent pour conclure un pacte de paix avec les Hamyan.

Le 19 octobre 1872 le capitaine Ben Daoud fit .signer une convention entre les Hamyan et les Béni Guil d'après laquelle toutes facilités seraient données pour la fréquen- tation des marchés. D'autre part, il s'efforça de maintenir groupés les Hamyan, et, en récompense des services qu'il rendit comme Chef d'annexé à El-Aricha, il fut nommé le 26 novembre 1878 Commandant Supérieur du cercle de Sebdou '^emploi vacant par oiganisation).

1873. Les deux annexes de Sebdou et d'El-Aiicha, par arrêté du 2 A novembre 1878, avaient été de nouveau réu- nies en un seul cercle qui f)rit le nom de <( Cercle de Seb- dou » et conqirit les tribus de l'ancien cercle du même nom.

Cet arrêté portait le considérant suivant : « Considérant que, dans les circonstances actuelles, par suite des événements du Maroc et des complications qu'ils

296 DOCUMENTS POUK SERN lU A j/lIISTOlRE DES HAMY.VN

peuveiil produire dans le Sud-Oia^sl de l'Alg-éiie, il est né- cessaire de léunir sous liinilé daction et de commande- ment les tribus aljiéiiennes (|ui [X'uplent cette zone de la frontière... »

L'arrêté du i^'i noveuihre fSy3 portait (pie l'un des ofli- ciers placés près du (lommandanl Supérieur de Sebdou pourrait, selon le cas, être détaché à El-Aricha, oii il serait plus spécialement chargé de la surveillance et de l'admi- nistration des [lani\an, sous la haute direction du Com- mandant Supérieur de Sebdou.

Une circulaire du (iénéral commandant la Division d'Oran prescrivit (|ue les ofliciers adjoints du Bureau arabe de Sebdou et les interprètes seraient employés alternati- vement à Sebdou et à El-Aricha, de sorte qu'il y eut en permanence, à datei- du 19 déc(>mbre 1871^, un adjoint et un interprète détachés à El-Aricha. Après trois mois de résidence dans ce poste, ils rentraient à Sebdou et étaient remplacés par leurs collègues.

* * *

Ce résumé chronologique (ail rt\ssortir nettement quelle fut l'importance du poste d'El-Aricha sur la soumission des liamyan et le rôle heureux joué par le capitaine Mohammed Ben Daoud.

CTÏAPTTBE V

FIN DE r/INSl RRECTION DES OULAD J^lDl ( TIEIKH DIFFICULTES AVE( LE (iOUYERNEWENT .>IAUD(;V1\

Après une brouille passagère avec son frère Si Eddin et ses oncles, Si Kaddour, réconcilié avec eux, s'était retiré à El Goléah. Il se sentait abandonné par la plupart de ses adhérents ; sa fortune était notablement diminuée par les

UOCUMENTS POUR SERMH A l'iIISFOIRK DES HAMYAN 297

razzias iinpoilaiilcs opriécs sur x-s biens. Aussi avail-il songé à l'aut' lic iiou\*'au des oUrcs de, sounii.sssion ; uiais il avail compris <|uc I auloiilô Irauviiist; ne sciait plus dis- poscc à se laisser jouer, rourlanl les délégués des Oulad Sidi Clhcikh Chcraga, sous la direction de Si Kddiii, airi- vcrent à Alger le \ janvier \f^~[\ ; ils \eiiaicnt d'Oian le (Jénéral connnandanl la l)i\i>ioii lem' avait notilié les conditions exigées [)our obtenir 1 aman, lis rct<juriièrenl à .Mi'llili [)our les faire connaître à lems j)arlisans. Un délai de trois mois lem tul accordé pour j)rcndrc une décision, (lomine les insurgés de la province de Constantine, réfu- giés également à l"!l (ioléah, axaient iini pai' faiie ({uebpie peu cause commune avec les rebelles du Sud-Ouest, une colonne expéditionnaire sous les ordresdugénéial de Galli- fet marcha sm- celte oasis. Elle y arri\a le i>/| janvier et fut accueillie avec enthousiasme par les Arabes sédentaires. Clelfe opération obligea Si Kaddour à se rendre au Gourara il attendit le résultat des négociations entamées par son frère ; le bruit courut qu'il cherchait à se rapprocher des Doui Menia. ^éanmoins les caravanes parties pour Figuig et le Gourara ne furent pas inquiétées ; les sokhars venus de ce point rapportèrent que Si Kaddour était campé à l'Ouest d'El Mguiden. Le délai fixé expiré, Si Eddin adressa (9.1 mai) au Gouverneur Général une lettre par laciuelle il l'informa que ses gens ne s'étaient pas encore décidés, mais que, lui, persistait, pour son propre compte, dans ses intentions. Lue lettre d'aman lui fut adressée pour l'autoriser à effectuer son retour sur notre territoire.

Les Rezaïna cherchèrent cette même année à faire défec- tion; mais ils en furent empêchés grâce aux mesures prises à temps par lautorité militaire : l'agha de Saïda, Kaddour ould Adda et les caïds des llassasna, à la tète d'un gonm de loo chevaux, leur barrèrent la route du Sud.

L'ex-agha des Hamyan, Si Sliman ben Kaddour. (]ui s'était retiré dans le Tell, fut repris de nouveau par son humeur aventuieuse. Avec sa famille, il disparut au .Maroc. Il était facile de prévoir (pie ce tempérament actif ne pour- rait s'éteVniser dans un repos incom|)atibIe avec son carac- tère. Get incident causa une vive émotion parmi les indi- gènes. On racontait également que Bon Ghoucha avait fait des démarches auprès des Oulad Sidi Cheikh poui- les auK^- ner à agir contie nous de concert avec lui.

C'est sur ces incidents que se termina l'année 1878.

20

298 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

Au mois de mars i<S7/t, Si Slimaii tomba tout à coup sur nos tribus campées aux environs de l'oued Cheriàa et les razzia ; mais nos gounis lancés à sa poursuite l'alleignirent à iNefich et lui tuèrent trente-huit cavaliers, parmi lesquels Si Maamar ben Cheikh, redevenu notre adversaire ; Si Sli- man fut blessé et son convoi capturé.

A leur tour, les llamyan, conduits par le capitaine Ben Daoud, se lancèrent sur les douars ennemis campés à la frontière du Maroc et lirent sur eux un butin considérable.

Dans le courant de la même année, le bruit d'un voyage de l'Empereur du Maroc jeta la perturbation parmi les tri- bus qu il devait visiter dans le sud-est de son empire ; l'agi- tation gagna les Hamyan dont ([uelques tentes partirent en dissidence. Arrivées à iNaama, elles rebroussèrent chemin et ne persévérèrent pas dans leur projet dont elles redou- taient les conséquences. Elles rentrèrent dans leurs tribus, abandonnant Cheikh ould Boubekeur et Kaddour ben Allah qui les avaient entraînées.

Ces succès furent complétés par l'habile intervention du chérif d'Ouezzan, Moulay Abdesselem, qui amena Si Sli- maii à accepter d'établir ses campements aux environs de Fez (1876). Si Kaddour ben Hamza, de son côté, toujours retiré sur l'oued Cuir, s'en tenait pour le moment aux offres de soumission (|ue Si Eddin avait faites au nom de ses par- tisans ; il ne fallait pas s'illusionner sur leur sincérité.

Jusqu'alors le Gouvernement du Maroc n'avait jamais cherché à s'appuyer sur les termes du traité de i845 pour adresser des revendications au sujet des Hamyan Djemba qui avaient été reconnus Marocains. Au cours de cette insurrection nous avions été amenés à différentes reprises à faire appel à l'autorité du Sultan.

On lui avait signalé les méfaits commis par ses sujets, on lui réclama ensuite des réparations pécuniaires ; et on l'amena ainsi peu à peu à se mêler de la vie des populations qui lui avaient toujours échappé. En jésumé on lui rap- I)ela qu'il existait une convention de Ealla Marnia qui ré- glait nos relations de voisinage. Ce changement d'attitude décida le Maroc à utiliser à son tour les clauses qu'elle contenait.

Ce revirement dans la politique du Maghzen marocain se produisil en 1876, à la suite du voyage fait à Oudjda par le sultan Moulay Hassan. Des cavaliers marocains, poiteurs de lettres de leur souverain furent bientôt signalés chez les

DOCUMENTS POl'H SKR\ IH A l/lIlS r Ol IU-; DKS IIAMYAN 2!>i)

IhiniNiiii hjcinhii. l/('iicr<^i(iii(' i/ilri\ciili(»ri de notre Mi- iiislrc fi \'v/. ohli^L^ca MoiiliiN Hassan à ordo/iiicr leur ia()|)('l. Mais la louriini'c (iiic pril (('Ile allaiic nous cunli ai<.Miil, à notre loni'. à ne [)liis conipicndi •• an nonibro de n(»s admi- nistrés (|n(' ((Mix des Dji'inha (|ni conlinncraiciit à vivic snr notre tcniloirc. ('/était donner nn j)r('t('xle à cette frac- tion ponr- écliaijper à notre autoiilé. Klle ne s'en fit pas faute et, étant donné nolic indécision, elle avait, il faut l'avouer, des raisons pour agir ainsi.

Le malaise s'accentua ' et gagna tous les Ilamyan. En effet, les Oulad Sidi Cheikh Cheiaga reprenaient leurs incursions sui" les Hauts-Plateaux, aidés par les tribus ma- rocaines. 11 fut interdit à nos Iribus d'exercer aucune repré- saille contre leurs agresseurs. C'était tiansformer, par une simple décision administrative, les habitudes séculaires de nos nomades qui ne virent qu'une marque de faiblesse. Aussi |)rolitèrenl-ils de la première occasion pour mani- fester leur mécontentement.

A la suite d'un incident qui eut lieu à El-Aricha (octo- bre 1876) (Mitre un officier du Bureau arabe et El lladj El

I Au c.mis (In voNM^n- <lu .SiiIImm .In M;iror ;, Im rrunticT,- nlgri-ionno pon- ilaiil l'i.nnée iSh;, um niiilnis.- coi.s.lnnt n';iv;.i| rossé dVxislor (ii.ns l.-s relalioiis exislMiiles rnlr,. I.- CI,,! ,1.. posl,. .i'Kl-AncI,:, et les (hefs Hnniynn.

An mois .i\>nnl, les D.jonil.a soumis cU.ienI allés opérer uue ra/.zia chez les Amour n)alt:ré la .léfeiise qui leur eu avait été faite par le lieutenant Saintl .lames.

A la lin .le septembre des .liflieuilés surgirent au sujet de la mise dans les silos dl-1-Arieiui des grains formant les approvisionnements des Hamyan. Ces «lerniers tentèrent d'échapper à .-.'Ite mesure de précaution destinée à em- pêcher les .léparts en .lissi.lene.-. L.'urs caï.ls les soutinrent en disant que les grains leur étaient Nolés dans ces silos et que, par suite, leurs gens refusaient lie leur obéir.

En cette occasion, le caï.l FI Hadj Lazereg ould Othmane, des Sen.lan, se lit remarquer par son ins.ilen.e et dut être momentanément emprisonné. D'an- tre part, des intrigants répan.lirent le bruit que les dissidents avaient obtenu •lu Sultan la promesse que les Ilamyan .)l)éiraient bientôt à son autorité, que Ch.'ikh ould Houbekenr deviendrait le chef des Djemba, et qu'KI lladj Ahmed oul.l Mebkhoiit, frère du caïd des Oïdad Mansourah, FI Hadj Ilabih oul.l Mehkhout, serait n.mimé agha des Chafaa.

Kl lladj Ahmed ould Mehkhout (décédé en i.,!:") comme mufti à Méchéria) continuait sans cesse ses intrigues, poussait les Hamyan à s'insurger contre l'autorité de son frère, et leur promettait toute la bienveillance du Sultan.

Ces procé.lés avaient .-u le duti de surexciter l'esprit .lu caïd El Hadj El Habib .luld Mebkhout «lui, d'autre part, voyait h^s Hamyan profiter de notre iu.lécision pour u'.)béir à personne, (l.c plus li.l.'lc de u,,s serviteurs, FI Ha.lj Kaddour .nild Hou Feldja, caïd des liekakra, .lev.nu d.puis agha honoraire et

300 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

Habib ould Mebkhoul, caïd des Oïdad Mansouiah, ce chef indigène fit défection et entraîna avec lui un grand nom- bre de tentes, tant des Chafaa que des Djemba. La nouvelle des événements qui se déroulaient en Turquie d'Emope augmentait d'ailleurs encore l'agitation.

Pour rétablir l'ordre, une colonne conunandée par le général Flogny, de la Subdivision de Tlemcen, et forte de 3.4oo hommes fut mise en mouvement dans la province d'Oran. Le i5 février 1877, elle partit d'El-Aricha et alla visiter les ksour du Sud-Ouest, les deux Chellala, Asla, Tiout et les deux Moghar. Cette démonstration arrêta les projets des fauteurs de désordres. El lladj El Habib ould iMebkhout et Djelloul ould Lakhdar, des Oulad Messaoud, rentrèrent en personne, mais la plupart des tentes restèrent en dissidence. Il fallut pour les ramener le coup de main de Tanekh (loufa, en août.

La règle précédemment adoptée en ce (jui concernait les tribus pillardes du Maroc et (jui substituait l'action diplo- matique à l'action guerrière, non seulement indisposait contre nous les Hamyan, mais n'était pas faite pour mettre un terme aux agressions. C'est ainsi qu'en janvier 1878,

assassiiu'' ;i iVlécli(''ri:v im n,)i/i, iivail, \e .10 septembre 1876 offert sa démission parce (pi"il ne se sentait pas snfdsamnient soutenu.)

Un événement ])articulier amena le départ en rlissidence du caïd El Hadj El Habib ould Mebkiiout (devenu pins lard a" ha des Cliafaa, puis déecdé comme bach agha honoraire en 1912).

Le iS octobre 1876, El Hadj El Habib oïdd Mebkbout se rendait, avec plu- sieurs de SCS parents, dans la maison d'un^ commerçant israélite d'El-Ariclia nommé Simon I)ray,lui eonleslait l'exactilnde d'une facture, puis le rouait de coups et le menaçait de mort. A la >uite de la plaiide portée par Simon Dray,le lieutenant Brager, chef du |)oslc d'El-Aricha, faisait comparaître El Hadj El Habib ould iMebkhoni qui se |>résentai1 accompagné de deux de ses parents, El Hadj Abdelkader el El iladj Mahi.

Au cours de rinlerrogaloire (pii tut fait, El Hadj El Habib oïdd Mebkhout , craignant d'être arrêté, saisit son pistolet, bouscula le greffier et, suivi de ses deux parents, renversa la sentinelle de la porte extérieure après avoir tiré sur elle un coup de feu sans l'atteindre.

Le lieutenant lîragcr, qui l'interrogcail , prit son revolver et, à son tour, tira sur El Hadj El Habib otdd Mebkhout sans le blesser. Cet officier fui immédiatement couché en joue jiar Kl Hadj Abdelkader. H voulut tirer sur cet indigène, mais son revolver rata.

i;i Hadj El Habib ould Mebkhout el ses conipagu'ins rejoiguiieut un gnmpe de cavaliers qui stationnaient dans le village et s'enfuirent vers l'Ouest. Avant de partir, El Hadj El Habib avait crié au lieulenant Hrager : « Sacré bon Dieu (eu fraiiçai>) nous t'i'U donnerons, de la pou. Ire ! Va te ])lain(lre à ton gé- néral. »

DOCUMENTS POUR SERVIR A T.'lMSTOIRE DES HAMYAN 301

le Zc^doii vint ;iltii(|ncr nos Iribiis ; bion que ballii i\ VA \j2:iiriir, il n'en cmiiiciia pas moins iirif ^Tatidc (|iiarilil('' de moulons el de chameaux.

Pour é\it(>r des complications di|)Iomali(pi(>s em(»pé"n- nes, on \oulnl régler ces questions par des indemnités au pi'ofil dvs victimes ; le (^ouveiriement maiocain înil d'au- lanl plus d'emiiressemenr à les payer que celte jxtlitique lui |»einiellail ainsi de faire acte de souveiainelé sui\des tiibus (pii lui avaieni toujours échappé ; mais il lui était inqK)Ssil)le d'empé(dier le letour de tous ces méfaits.

Nos indigènes, de leur côté, constataient que nos rap- ports avec le Maroc s'étaient transformés et que loin d'im- poser nos volontés comme par le passé, nous acceptions maintenant de discuter sur le moindre incident. Ils sui- vaient de f)rès cette évolution à laquelle ils se trouvaient les f)rcmiers intéressés et ils estimaient aussi que notre prestigfe était diminué.

T.es Marocains n'attaquaient pas seulement nos noma- des. Le 17 septembre 1879, un rezzou d'une quarantaine de cavaliers franchissant la frontière à El Maofoura, tomba entre El-Aricha el Sebdou sur un convoi de quatre pro- l(^n<>-es du train des équipaoes conduit par huit soldats et un maréchal-des-logis : deux hommes furent tués. T-e (Y)mmandant du poste d'El-Aricha, ir)fornié trop tardive- ment, n'arriva que pour ramener à son camp les cadavres mutilés.

Un mois après, une colonne commanclée par le ofénéral T-ouis, fut charofée de parcourir le pavs, entre Tlemcen et Sebdou et la frontière du Maroc el de s'opposer à toute a»r(>ssion ; il était éofalement décidé que sur un point du parcours, le général recevrait les excuses du représentant de l'Emperem' du Maroc, ainsi que la somme convenue poui" indoînniser les familles des victiiiies. Cette rencontie eut lieu |)iès de Sebdou : Si Xbdesselaam Baïes exprima les r(>grels du Sultan et remit la somme de 19.000 francs.

Cette démarche n'empêcha pas les Zona Cheraga, sous la conduite de Si Eddin, de venir razzier en décembre un millier de chameaux appartenant aux mokhazenis des Der- laga et il falhit négocier à nouveau la restitution de ces animaux avec un cousin du Sullan envoyé à cet effet à Oran.

On envoya au printemps de t88o le lieutenant de Cas- tries avec quelques goums sur les Hauts-Plateaux ; il réus-

302 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

sit à ramener un instant le calme, le Gouverneur Général lui témoigna sa satisfaction dans les termes suivants :

<( J'apprécie à leur valeur les résultats obtenus par cet <( ofTîcier dans sa mission, résultats (jue vous résumez par <( la remise en main du pays des ITamyan, par l'affirma- (( tion de votre autorité dans cette région des ksour. Je (( vous prie de vouloir bien témoigner à Monsieiu' le lieu- « tenant de Castries toute ma satisfaction pour la vigueur « et le talent dont il a fait preuve en ces circonstances. »

Dans l'allocation des indemnités qui furent alors allouées, les Hamyan Djemba furent systématiquement exclus. Cependant, à la suite de prétentions présentées par l'amel d'Oudjda relativement à l'observation du traité de i8/i5,à leur sujet, ils avaient déclaré qu'ils désiraient rester Algériens. L'autorité supérieure ayant observé le mutisme le plus complet, ces tribus ne comprirent pas pourquoi nous les abandonnions tout d'un coup après les avoir si longtemps accueillies. Elles nous supposèrent l'intention de les livrer au Sultan ; elles préférèrent prendre les devants et se réclamèrent de la nationalité marocaine. Leur empressement fut d'autant plus grand que le Général commandant la Division d'Oran avait prescrit d'arrêter les caïds El Hadj Lazereg, des Sendan et El Badaoui, des Meghaoulia.

Pourtant dès 1878, le général Gérez, à qui le bien-fondé des griefs des Hamyan n'avait pas échappé, avait fait obser- ver qu'une telle situation ne pouvait se prolonger ; il nous fallait, d'après lui, poursuivre directement par nos moyens d'action les modifications de froritière devenues nécessaires pour assurer le rétablissement de notre autorité.

Pour mettre un terme à ces difficultés, M. Albert Grévy, gouverneur général de l'Algérie, pensa trouver le remède dans l'installation d'un nouveau poste permanent dans le Sud et dans une mesure dont il prescrivit l'application immédiate. Elle consistait à considérer dorénavant comme frontière hypothétique la ligne qui joindrait le Teniet es Sassi à un point situé à égale distance entre Ich, ksar maro- cain et le dernier ksar algérien désigné dans la convention de t8/i5.

La création d'un poste ne pouvait avoir qu'un heureux résultat en nous donnant une action directe sur des popu- lations sur lesquelles nous n'avions jamais eu qu'une action éloignée. En outre, l'inconvénient grave pour les

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN 303

troupes d'avoir à fuiie plusieurs (Mapes sans eau pour aller (l"l'l-\iicha aux ksour avait déjà l'ail sonjjer à établir uu j)Oste à Méchéiia. On jx-nsait aussi utiliser ce point poui- y {(lacer à dein(>ure un oHicier des Affaires indijjènes, chargé du coniiuanderuent des llainyau.

I.e projet n'aboutit pas parce que l'on considérait (juune ^rarnison, même de deux compagnies de tirailleurs et de cavaleiie, nauiait (pi'un rayon d'action tiès limité et (pie son ravitaillement j)ourrait devenii diflicile. Une auti'e cause fit met Ire en suspens l'exécution de cette idée au point de \ ne (]c> affaires indigènes. On considéra que le ravitaillement de la nouvelle place s'opérerait plus faci- lement par na>a (pie par Sebdou ou El-Aricha, ce qui amè- nerait à l'attacher à ce premier cercle le nouveau poste. On se décida à attendre pour créer Méchéria d'avoir des voies plus sûres et {)lus rapides.

T.es nouvelles défections des Hamyan et l'insurrection de Bou Amama allaient démontrer l'urgence de l'application de ces mesures.

(A suivre.)

COHTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'INDUSTRIE PASTORALE

EN A-LOÉRIB

DES NAPPES D'HflLFA ET DE LEUR ROLE AU PAYS DU MOUTON

UTILISATION DU BOUSS D HALPA

Tout se tient dans le monde, et l'on peut dire que la loi de l'interdépen- dance est une loi univei'selle. Il ne s'agit que de dépister les liens, les rapports qui existent entre les fac- teurs en apparence les plus éloignés et les plus étrangers l'un à l'autre pour en déterminer l'enchaînement.

B, D.

Lorsque l'on parcourt les steppes du Sud Oranais, on est frappé par la nature quasi plane du sol et par le défaut total d'abris naturels. Cependant, en examinant les choses moins en surface, on est amené à subdiviser les aires parcourues parles troupeaux, en trois zones bien distinctes:

A. Une zone immensément étendue, couverte d'halfa. (D'après M. Trabut, l'Algérie posséderait 5 000.000 d'hectares

d'halfa. Le département d'Oran seiil aurait une mer d'halfa, s'étendant sur 400 kilomètres de long et 170 de largeur d'un seul tenant. On estime qu'un hectare de steppe renferme de 3 à 5,000 pieds ou souches, rendant 500 à l .000 kilogrammes de feuilles sèches. La production totale de l'Algérie, en feuilles sèches serait de 400.000 tonnes. Ces chiffres nous serviront plus loin pour nos calculs.)

B. Une zone de moindre tenant n'offrant pas la continuité de la précédente, ni sa densité, ni sa capacité d'abri, à l'égard du sol peuplée exclusivement de chih {Arlemisia herba alha).

C. Enfin une zone étendue, ne présentant aucune végétation vivace, à sol complètement découvert, parsemée de plantes herbacées accrochées au sol au hasard de la direction des vents et des obstacles opposés à l'errance désordonnée des graines roulées.

coNTrMBunoN A l'éti'dr de l'inui'stjuk 305

La Zone Halfatière

A la surface des Hauts-Plateaux Sud Oranais l'action des vents s'exerce avec toute sa violence, la graminée halfa (Stipa tenacissima) est parvenue, au cours de nombreux siècles d'adaptation à conquérir la fixité nécessaire et à prendre définitivement possession du soi. Admirablement armée pour lutter contre la déshydratation en été et contre les congélations en hiver, renforcée en quelque sorte par sa richesse en cellulose, ayant presque concentré toute sa vie dans sa portion aérienne, dans ses feuilles, réduisant ainsi ses racines à un rôle secondaire, la plante halfa s'est multipliée à tel point que ses peuplements recouvrent d'immenses étendues dénommées si justement mers d'IiaJfa.

Le sol y est perméable (bled r'Iida) ; les eaux de pluie s'y collectent parfois, mais n'y stagnent jamais longtemps en raison de leur infiltration rapide dans le sous-sol. Les trombes qui, après les chutes pluviales abondantes, balayent en nappes déferlantes, les régions à sol dur (bled r'guigua ou bled meurte) ainsi que les îlots limoneux (nappes de chih) ne se produisent pas en région d'halfa. Et l'on comprend que le nomade considère les régions haltatières comme un bled providentiel où, en cas de tourmente (zerra) il pourra se réfugier avec son bétail. Aussi, lorsque le temps menace ou que les frimas s'annoncent, les pasteurs indigènes cheminent- ils à proximité des peuplements d'halfa.

Nous avons eu l'occasion de faire ressortir que les abris artificiels ne sont susceptibles de jouer un rôle efficace, en région de parcours, que si les troupeaux peuvent s'y rendre à n'importe quel moment et oîi ils pourront y trouver refuge en cas d'alerte; d'où la nécessité d'en multiplier le nombre en tous sens et de les situer à peu de distance les uns des autres. Ces conditions, au point de vue économique, sont impraticables. Mais les nappes d'halfa, par leur immense étendue, par leur continuité surtout, réalisent les desiderata que les abris artificiels, même en nombre considérable, ne sauraient jamais combler. Elles sont comme une forêt illimitée, en boidure de laquelle vivent gens et bêtes, et sous les feuilles de laquelle, à tous moments ils peuvent s'abriter en cas de danger.

Les animaux qui mènent une existence fort près de l'état de nature, et même ceux qui vivent à l'état libre, ont bien été armés par la sélection naturelle, au cours des âges, pour lutter contre les intempéries ; mais les moyens naturels dont ils

306 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE

disposent ne leur suffisent pas toujours et ils sont amenés instinctivement à utiliser au maximum les avantages, même infimes, que leur ofTre parfois le milieu ingrat ils évoluent. En régions riches en accidents naturels de toute nature (forêts, bouquets d'arbres, anfractuosités rocheuses, collines ou montagnes, etc.), gens et bêtes sont assurés de trouver, le cas échéant, l'abri utile; mais dans les steppes du Sud la configuration du sol, la morphologie de la végétation font que les abris naturels s'offrent sous l'aspect le plus inattendu et voilà qui explique pourquoi, après un examen rapide, l'observateur qui parcourt les steppes du Sud, les croit déshéritées et dépourvues de tout abri ; c'est que, venant de régions favorisées, il a dans l'œil l'image des forêts, des taillis, des grottes, et son regard ne rencontre plus rien de pareil. Et pourtant ces nappes halfatières sont bien le pendant des forêts telliennes ; elles en possèdent tous les avantages. Il ne s'agissait donc que de les découvrir et d'en utiliser toutes les ressources. Le nomade l'a reconnu depuis longtemps et c'est tout naturellement qu'il s'enfonce avec ses troupeaux sous le fouillis des feuilles d'halfa (irellad) en vertu de ce dicton :

El halfa r'ta, d'fa ou oufa.

L'halfa est un abri qui chauffe et qui nourrit.

* * *

Pendant les tourmentes, et lors de la mauvaise saison, les gens et les bêtes surpris en terrain découvert (bled r'guigua ou bled meurte) courent de graves dangers. Les précipitations pluviales, en peu de temps, déterminent la formation de nappes d'eau qui déferlent avec violence emportant tout sur leur passage. Si le vent souffle, le refroidissement rapide amène l'engourdissement et fréquents sont les désastres qui se traduisent annuellement par la perte de vies humaines et même de troupeaux tout entiers.

A l'abri des touffes d'halfa, rien de pareil ne se produit ; l'action des vents, des eaux et des neiges est brisée par le rideau que l'halfa leur oppose.

Mais pour que le refuge des nappes d'halfa remplisse pleinement et efficacement son rôle, il faut qu'il demeure en possession de sa conti^^uité, de son touffu, de sa luxuriance si l'on peut dire.

Quelle protection offrirait la plus belle forêt dont on aurait

h

CONTRIBliTION A L'iiTlDE DE l/lNnUSTRIE 307

émondé les branchages pour n'en laisser que les troncs V De même quelle p^'otection offrirait le plus beau peuplement d'halfa du jour par Varrachar/e industriel de ses feuilles on aurait réduit sa capacité d'abri à moijis que rien, en la faisant choir d l'aspect rabougri d'une nappe de chih ? Il faut donc lie toute riécessité conserver à la mer d'halfa sa densité, son fouillis inextricable.

Que devient une zone d'halfa exploitée industriellement? Il suffit d'y jeter un simple coup d'œil ; on ne peut plus la comparer à une mer d'halfa ; les feuilles n'ont ni la longueur, ni la densité qu'elles offriraient sur des souches vierges. Les pieds sont bien nelU-ment dénombrables et la capacité d'abri étant annulée, la zone halfa qui devait être bled r'iida devie^it bled r'guigua ou meurte, incapable d'offrir le moindre refuge à un seul mouton. Tandis que les troupeaux cheminant en zone vierge, disparaissent littéralement sous les touffes d'halfa. En zone exploitée ces mêmes troupeaux se trouvent à découvert comme en terrain nu ou en zone à chih.

Les feuilles acquièrent peut-être des qualités d'ordre industriel, mais sous le rapport des qualités qui intéressent l'élevage du mouton, tout se passe comme si le peuplement ainsi réduit, avait complètement disparu.

Pour que l'halfa soitr'ia et d'fa, c'est-à-dire pour qu'il puisse abriter et chauffer, il faut empêcher qu'on l'émonde, qu'on l'élague de ce qui lui tient lieu de branches, qu'on n'arrache pas ses feuilles.

Il appartiendra à l'organisation future qui aura la charge de surveiller les nappes halfatières, d'utiliser l'incinération opportune, ou tout autre moyen pour vivifier et entretenir la vitalité des nappes ; mais l'arrachage industriel qui conduit nos souches au rabougrissement et nos nappes à la ruine, devra être proscrit.

Capacité Alimentaire des Nappes Halfatières

El halfa oufa. L'halfa nourrit.

Tous les ans, au printemps, la graminée halfa produit des épis qui, en été, fructifient Or, on sait que tant que les graines n'ont pas été formées l'épi possède le maximum comme valeur alimentaire. Mais dès l'instant les graines se sont formées l'épi est réduit au rôle de support ; c'est pourquoi les pailles et chaumes sont autrement moins nutritifs

308 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'inDUSTRIE

que les grains. Les épis de l'iialfa s'appellent boitss et l'on peut voir dans les centres comme Méchéria, Géryville, Aïn-Sefra, les petits indigènes, les femmes nomades aller cueillir des bottes de ces épis pour les vendre sur les marchés.

Dans le bled, en tribu, les animaux sédentaires (chevaux, ânes, mulets, souvent les brebis nourrices tenues momenta- nément en stabulation), reçoivent chacun une poignée de bouss.

Pratiquement, une botte d'épis d'halfa, susceptible de tenir debout dans une musette ordinaire, possède une valeur nutritive égale à 4 kilos d'orge. Elle a en outre l'avantage d'offrir du volume, et c'est un point important, car une ration ne vaut pas seulement par sa teneur en éléments nutritifs mais aussi par son volume. Et cela prouve une fois de plus combien chimériques sont les espoirs de remplacer un jour les aliments par des tablettes minuscules ou par des comprimés.

En outre le prix de revient d'une botte de bouss ne dépasse guère 0 fr 20 à Ofr. 25 et comme elle représente la ration journalière complète d'une tête de bétail, elle est donc, comparée h l'orge, huit fois moins onéreuse. Mais les calculs ne doivent point partir- de cette base. Le houss n'est relativement cher que parce qu'il est cueilli par quelques mesquines. Et comme il n'apparaît qu'au printemps et qu'en cette saison les nomades sont rarement dans le besoin, la quantité apportée sur les marchés est forcément dérisoire.

Le restant de l'année, à défaut de bouss, les indigènes vont, aux environs des centres habités, arracher du gueddime c'est-à-dire le chavme ou gaine qui recouvre la base des feuilles d'halfa. Ces chavmes ont l'aspect jaunâtre et la consistance des racines de graminées ordinaires ou des pailles. Les animaux les consomment à l'exclusion des feuilles d'halfa qu'ils se contentent de mâchonner.

Les nomades prétendent que ces gueddime ou gaines sont riches en matières grasses et que si le houss permet au bétail de faire surtout de la viande, le gueddime permet de faire de la graisse. Les gaines du sen'ra (fol halfa) ou (Lggeum spartum) ne posséderaient pas la même valeur alimentaire que les gaines de l'halfa (Stipa tenacissimn). A défaut de chaumes d'halfa, le bétail qui a pu se rassasier de bouss ferait de la graisse avec n'importe quel autre fourrage. Nous citons ces observations émanant des nomades pour mémoire seulement ; l'expérimentation et l'analyse chimique peuvent seules les infirmer ou les confirmer.

Mais ce que nous devons retenir c'est que le bouss ou épi de

coM'iuHi iroN A i/i';ri dp: dk r,'iM)rsri<iK '509

riialfa vrai constitue un aliment de premier ordre dont la valeur a été consacrée par la pratique séculaire des pasteurs nomades, et par l'expérience de tous les jours. Que les nomades n'aient pas songé à mieux tirer profit d'une telle ricliesse, il n'y a pas de quoi nous surprendre. Les na|)pes d'halfa étant immenses, le champ de cette précieuse graminée devenait trop vaste, et le pasteur se contentait de mener ses troupeaux en zone chih et en zone meurte, (juitle à fouler avec son bétail les mers d'halfa pour utiliser leur capacité d'abri.

Le chameau, le cheval, peuvent s'attaquer au bouss, en raison de leur taille ; les chèvres se dressent aisément sur' leurs pieds de derrière, le mouton seul, lorsqu'il est talonné par la faim, imite la chèvre pour manger le bouss, ou les sommités épanouies, lorsque la saison est avancée. Quant au berger, il ne tente aucun effort pour améliorer la situation de son troupeau. Il se contente de le suivre nonchalamment. 11 ne produit en réalité un peu de travail que lors de l'abreuvement quand il tire l'eau des puits à l'aide d'une corde et d'une peau de bouc.

Nos éleveurs nomades ont donc à leur portée un champ immense, peuplé d'une graminée vivace, qui n'exige aucun travail du sol, aucun semis, qui est admirablement adaptée au milieu, et qui, à chaque printemps, donne des épis d'une valeur alimentaire incontestable.

On estime à 5.000.000 d'hectares l'étendue des mers d'halfa d'Algérie ; on évalue à 3.000 ou 5.000 le nombre de pieds d'halfa par hectare de steppe. En bonne production, quatre souches peuvent donner en bouss de quoi nourrir une tète de bétail pour une journée. Il est donc aisé de calculer ce que la production de bouss de 5.000.000 d'hectares pourra nourrir en un an. On arrive au chiffre de 15,000.01)0 de moutons ou tètes de bétail. Il faudrait que l'halfa puisse tous les ans donner sa récolte. Or, il est avéré qu'un pied d'halfa menattar, c'est-à-dire exploité par l'arrachage, met trois à quatre ans avant de redonner du bouss. Et c'est que réside l'intérêt des halfatiers; ils préfèrent les plants qui n'ont pas fait de « roseaux », c'est ainsi qu'ils nomment les épis ou bouss lignifiés. Or, sous le rapport élevage des ovins l'intérêt réside dans les touffes des halfas non exploités (meharrerine) l'on puisse trouver abri et la production du bouss soit assurée tous les ans. Et, pour réaliser ces conditions, les pieds ne doivent pas être dépouillés de leurs feuilles, Varracliage doit être interdit.

310 CONTRIBUTION A l/ÉTUDE DE I.'iNDUSTRIE

L'halfa fourrager devra être progressivement substitué à l'halfa papyrogène.

Si l'on supprime l'exploitation industrielle des halfas, telle qu'elle se fait encore, on privera le commerce d'exportation de l'Algérie de 400.000 tonnes de ce textile, soit environ 8 à 9.000.000 de francs par an. D'autre part, on enlève à une population indigène assez nombreuse et besogneuse, des ressources régulières sur lesquelles elle compte chaque année pour traverser la période de morte-saison Juillet- Janvier. Le trafic des chemins de fer, le charroi, etc., y perdront aussi.

Nous n'en disconvenons pas ; mais il est possible de substituer à une exploitation ruineuse à tous égards et dont l'étranger seul profite, l'exploitation avantageuse d'une matière plus utile, destinée à ne pas quitter notre colonie, et à procurer en même temps à notre élevage, une source de subsistance inestimable, sans pour cela léser un seul instant les populations indigènes dont la situation est évidemment digne d'intérêt. Les nomades, au lieu d'arracher les tiges d'halfa, se borneraient à cueillir les inflorescences (bouss) et le chantier, qui devra être administratif, le lui achèterait comme l'halfatier achetait l'halfa textile. L'emmeulage ou l'ensilage serait adopté et les milliers de tonnes de ces épis remarquablement alimentaires serviraient à parer aux crises fourragères. Les points d'achats demeureraient les mêmes que ceux assignés pour f exploitation des feuilles.

Hâtons nous d'ajouter que la cueillette du bouss ne préjudiciera en rien au plant qui conservera sa luxuriance, sa capacité d'abri, sa vitalité et sa faculté de donner annuellement ^es inflorescences.

La constitution de ces réserves qui ne demandent qu'à être exploitées, ne dispensera pas les troupeaux de nomadiser comme d'habitude à travers les zones chih et les zones meurte pour y brouter en période pastorale herbeuse. Le bouss permettra de donner aux affaiblis, aux mères nourrices et aux sujets destinés à être poussés à l'engraissement un supplément alimentaire très riche. Pendant les agnelages, les mères n'auront plus à circuler durant des journées pour trouver de quoi fournir en lait la khima et l'agneau. La meule ou le silo de bouss permettront de tenir les brebis suitées à prox imité des poi nts d'eau et d'y recevoir des rations abondantes. Le bouss est loin de présenter la même tendreté que l'épi-vert des céréales ; nous savons que la nécessité de vivre dans ce milieu si spécial des Hauts-Plateaux, lui a donné une consis- tance coriace exigeant une bonne denture incisive surtout.

CONTRIBUTION A l'ÉIIDE DE l'inDUSTRIE 311

Les hache-paille seront indispensables pour morceler l'épi ou inflorescence d'halla et le rendre plus préhensible aux ovins. Chez les petits ruminants l'inclinaison et la forme des incisives permet la préhension, ou plutôt l'incision des herbes les plus réduites, même au ras du sol. Les molaires jouent ensuite leur rôle. Mais si ces incisives sont ébréchées, branlantes, usées ou si elles sont rasées et arrondies, le mouton spécialement ne peut plus se nourrir. S'il est obligé de s'attaquer à des branchages, à des tiges ou au bouss par exemple, il n'arrive pas à les entamer. Donnez à un mouton, dans ces conditions de l'orge en grains, il s'alimentera et téra de la graisse. Avec ses lèvres il prendra l'orge et ses molaires . la broieront. Ses incisives ne sont plus indispensables et leur rôle devient nul. Si donc aux ovins usés nous donnons le bouss préalablement haché, tout se passera comme pour l'orge.

Jusqu'ici, les ovins à denture usée, étaient voués à l'inanition. Ni les herbes réduites, ni les plantes exigeant l'incision, ne pouvaient être prises par eux. Et le nombre est toujours grand de sujets mal armés sous le rapport de la denture incisive, qui succombent annuellement à l'entrée de la mauvaise saison. Du jour on leur donnera des aliments hachés, réduits, ils s'alimenteront et le stock général de viande représenté par le cheptel ovin s'accroîtra d'autant plus. On voit quelles perspectives s'ouvrent à notre élevage et quelles richesses représentent nos peuplements d'halfa jusqu'ici considérés comme bons tout au plus à taire du papier ou des objets de sparterie. C'est un devoir impérieux pour nous de chercher à augmenter la capacité de production alimentaire de notre colonie, à lui donner ainsi les moyens d'entretenir un cheptel plus nombreux et plus beau.

Certes, l'innovation dont il s'agit aura besoin d'être étudiée, dans les détails de sa réalisation. L'organisation qui aura à s'occuper des halfas devra mettre en œuvre les moyens d'entretenir vivaces et productifs nos peuplements d'halfa; de déterminer le rendement en bouss par hectare ou par souche ; fixer les conditions de la cueillette intégrale ou partielle du bouss; fixer par des analyses la teneur des inflorescences d'halfa en principes nutritifs, et déterminer les meilleurs procédés de conservation (emmeulage ou ensilage). Pour l'instant nous ne devons relenir que le fait suivant : Les nappes d'halfa ofTrent à l'élevage sur les Haufs-Plateaux une ressource inestimable comme abri et comme champ de production alimentaire. Sachons en tirer tous les avantages

312 CONTRIBUTION A l'ÉTI DE DE l'inDUSTRIE

qu'elles comportent pour le plus grand profit de notre élevage national.

N. B. Les indigènes disent fort justement d'ailleurs, que le hous& consommé en son temps, a la plus grande valeur alimentaire mais que desséché il ne vaut plus rien. C'est exact, m.ais les indigènes considèrent le hou&s sur pied. Il est évident que l'épi en question, tant qu'il ne s'est point épanoui en panache, tant qu'il n'a pas graine, est doué de tous les principes nutritifs voulus ; mais une fois graine sur pied il tombe au rang de support ligneux. Par conséquent le séchage du bouss cueilli avant fructification ne peut lui enlever ses principes. Et c'est là-dessus que la confusion doit être écartée. L'indigène parle du bouss desséché et mijri sur pied, tandis que nous, nous parlons du bouss détaché alors qu'il est tout à fait nutritif et c'est dans cet état qu'il devra être emmeulé ou ensilé.

Rapport entre l'Exploitation des Nappes

Halfatières et les Fluctuations numériques

du Cheptel

Etant donné que l'exploitation abusive des peuplements d'halfa entraîne fatalement une diminution du cheptel les diagrammes établis à cet effet devraient le noter de façon quasi mathématique. Cependant les statistiques nous montrent parfois par des chiffres que sur telle zone jadis prospère, mais aujourd'hui appauvrie, sinon ruinée par une exploitation abusive, le troupeau s'est maintenu à peu de chose près à son chiffre normal.

Cela prouve-t-il que l'appauvrissement, voire même la ruine du peuplement halfatier, a été sans influence sur les variations de ce troupeau? Evidemment non ; car si la statistique semble par des chiffres rigides nous renseigner sur l'état numérique du cheptel, ces mêmes chiffres nous laissent dans l'ignorance la plus absolue sur la valeur intrinsèque, sur le rendement net, sur le stock de viande ; en un mot sur tout ce dont le troupeau est la valeur représentative vivante. En effet un lot peut demeurer numériquement le même, mais son rendement peut varier de 50 % et le chiffre rigide ne peut prétendre soumettre à sa rigidité même cette matière si variable, si déformable qu'est l'organisme vivant ! Lorsqu'on suit le cheptel dans ses modifications incessantes, on note l'amaigrissement, le dépérissement, la réduction du format, la mortalité au seuil

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'inDUSTRIE 313

des inanvais jours ; le troupeau diminue mais le nomade comble les vides par les apiiorls élran^^ers; l'élevage marocain est pour lui fournir moutons, bœufs et chameaux. Kt le tioupeau numériquement reconstitué grâce à ses (jualilés nomades, ne se cantonne pas les conditions de subsistance sont devenues précaii'es ; il \;i [iliis loin à la recherche des zones plus hospitalièies. Et le statisticien est rivé trop t;ird pour marquer les per-tes. Tout est revenu dans l'ordre quand celui-ci entre en scène. Cependant, si grâce à sa vie errante le bétail du Sud peut parer aux ruines des herbages et des zones d'abri, le moment arrivera, si l'on n'y met bon ordre, oii le milieu deviendra inhabitable pour lui.

En efïet, si l'on examine la carte des pacages habituels au cheptel et la carte des zones d'halfa livrées à l'exploitation industrielle, on constate que ces cartes se superposent complètement. Ce qui rend les aires de parcours praticables au bétail ce sont les points d'eau ; et ce qui perniet l'installation de chantiers ce sont également les points d'eau. Et il arrive que précisément c'est dans les zones fréquentées par les troupeaux que l'arrachage des feuilles d'halfa enlève au peuplement de ce textile leur capacité d'abri, si nécessaire au.x troupeaux nomades et, aussi, leur faculté de production de bouss, source précieuse, mais insuffisamment exploitée, d'aliments de premier ordre. Il est urgent de songer enfin à utiliser celle richesse inestimable que représentent nos 5 millions d'hectares d'halfa en en réservant l'exploitation pour l'usage exclusif de notre cheptel tout entier car ce que nous avons dit à cet égard, touchant les ovins, s appliq le au chameau, au bœuf, au cheval.

Dans ce qui précède, nous avons fait ressortir le rôle alimentaire des inflorescences de l'halfa et le rôle d'abri des feuilles à l'égard des troupeaux, nous n'avons fait que relater le résultat de nos observations propres et de l'expérience séculaire des nomades. Or, il se trouve que les différentes affirmations émises au cours de notre travail, cadrent parfaitement avec les données de la science.

La plante « lialfa » qui est hydrotuge, c'est-à-dire qui n'aime pas l'humidité et ne se complaît qu'en milieu sec et chaud, absorbe surtout par ses feuilles. La chlorophylle (cette substance verte à laquelle les feuilles doivent leur coloration) a la propriété, sous l'influence des rayons solaires, de décomposer l'acide carbonique de l'air en ses éléments carbone et oxygène et de « tixer dans les tissus de la plante le carbone qui devra servir à la constitution de la cellulose et

21

314 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'inDUSTRIE

des corps congénères qui constituent les 9/10'' de la plante sèche ». (Trabut.)

Or, ce sont les feuilles persistantes de l'iialfa, les feuilles adultes qui jouent ce rôle fixateur de carbone et qui concourent ainsi à la nutrition de la plante. « Les jeunes feuilles n'interviennent que plus tard. » Et en hiver, les radiations solaires sont intermittentes, ce sont les feuilles anciennes qui permettent à la plante de profiter des moindres rayons pour emmagasiner du carbone. « Le froid (trois ou quatre mois) et la sécheresse (trois ou quatre mois) ralentissent cette nutrition... Il faut donc que durant le cours laps de temps qui lui reste, la plante puisse emmagasiner les réserves nécessaires à sa floraison, grâce à ses feuilles persistantes; mais si elle doit perdre le tenips à former ses feuilles, on comprend que sa floraison se trouve retardée. » (Trabut.) Voilà qui nous explique scientifiquement cette remarque des nomades, à savoir: que le houss (inflorescence de l'halfa) n'apparaît que tous les trois ou quatre ans chez les plants ménatterine c'est-à-dire débarrassés de leurs feuilles par arrachage.

Donc, pour conserver an plant d'haï fa sa puissance d'absorption ; pour lui laisser toute sa force d'emmagasinemcnt de carbone et sa faculté de produire annuellement des inflorescences, il est tout indiqué de ne pas le dégarnir de ses feuilles, de ne pas l'exploiter.

En outre, en lui laissant ses feuilles on lui conserve toute sa capacité d'abri tant à l'égard des plantes qui croissent à sa base ou à son voisinage, qu'à l'égard des troupeaux.

Les feuilles adultes ont encore un avantage, c'est qu'étant admirablement armées pour résister aux intempéries, elles peuvent assurer la nutrition de la^plante durant le jour, sans risquer de périr la nuit ; ce que les feuilles tendres, non encore pourvues de tous leurs moyens, sont incapables de réaliser parce que très vulnérables. Mais si elles se trouvent parfaitement et largement abritées par les feuilles persistantes, elles remplissent de leur côté le rôle de fixatrices de carbone et la nutrition de la plante s'en trouve accrue.

Au point de vue des qualités industrielles, les feuilles jeunes sont plus recherchées que les feuilles coriaces ; mais sous le rapport de la vitalité de la plante, et de sa con.servation, l'arrachage en démunissant le plant de ses organes de fixation du carbone l'expose non seulement au rabougrissement, mais encore à la ruine. Et comme le fait remarquer M. Trabut « les halfas vierges sont longs, larges, durs, grossiers, plus cassants ; dès qu'on les exploite et que la souche s'épuise, ils

CONTIUBUTTON A l'ÉTUDE DE l'inDUSTRIE 315

perdent de leur longueur, deviennent plus fins, moins cassants, plus uniformes». L'industrie y trouve peut-être son compte mais la richesse que représente la na[)pe, et l'élevage, y perdent et sont voués à une ruine certaine.

Il est un autre tait noté par les botanisles : « Dans les zones en exploitation, les glumelles ne s'ouvrent pas, les organes floraux sont desséchés sans qu'il y ait épanouissement. Cette mort précoce des organes fioraux est un signe d'épuisement de la plante qui manque des réserves nécessaires pour la maturation des ovaires. » (Trabut.) Voilà qui vient encore à l'appui de ce fait, savoir que les plants exploités par arrachage mettent trois ou quatre ans avant de donner du bouss.

Ces déductions scientifiques en concordance parfaite avec les observations des nomades, nous conduisent à comprendre pourquoi l'incinération des tiges âgées, ne rend pas les services qu'on devrait, théoriquement en attendre. L'incinération donne des cendres riches en sels de potasse et en phosphates qui, repris par le sol, Feiirichissent au bénéfice de la plante ; mais il faut que l'incinération ait lieu en temps opportun, pour que la pluie ou l'humidité suffisante du sol retiennent les cendres et les empêchent d'être éparpillées par le vent.

Mais le flambage des tiges vieilles ou mortes, prive le plant de ses organes de fixation de carbone ; le rhizome pousse bien par ses bourgeons dormants qui se réveillent ; mais le pied se trouve dénudé, exposé aux intempéries et à la dent du bétail qui ne se contente pas des jeunes pousses, mais attaque aussi les rhizomes.

Les plants ont des moyens extrêinement remarquables pour renouveler et s'étendre et n'ont guère besoin de l'arrachage que les halfatiers représentent comme un procédé utile, sinon indispensable, à la reconstitution et à la conservation des nappes, et qui est tout simplement désastreux.

Les auteurs qui se sont occupés de l'halfa et nous ont renseignés sur sa biologie si intéressante, n'ont eu en vue que le côté industriel de ce textile dans ses rapports avec la conservation des nappes. Mais aucun d'eux n'a soupçonné la valeur alimentoire des inflorescences de cette stipée et tout ce que l'élevage, en régions steppienties, est en droit d'en attendre.

INous nous expliquons parfaitement pourquoi le côté industriel et papyrogène a eu le pas sur le côté fourrager de la question. Si nous consultons les ouvrages d'agriculture algérienne nous lisons au mot bouss (appellation arabe de l'inflorescence de l'halfa) ; « inflorescence de l'halfa, récoltée ;

316 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'inDUSTRIE

pour les chevaux)-). Et c'est tout. Mais il faut avoir habité le Sud, parcouru les steppes, pour constater que le 6oms.s joue un rôle alimentaire indéniable non seulement dans l'entretien des chevaux, mais de tous les ruminants élevés dans ces régions. Le chameau qui, au printemps, n'a pas mangé de « boms », ne ait pas sa bosse et n'est pas en mesure de franchir la saison froide, à moins de transhumer au Sahara ou dans le Tell. Le bœuf, le mouton, la chèvre, trouveraient dans le bouss un aliment riche, fort précieux, si le nomade pouvait être maté)'ieUement en mesure de le leur donner. Le bouss, avant la formation des graines, offre le maximum comme valeur alimentaire et c'est à ce moment qu'il s'agit de l'utiliser; mais il y en a tellement que les possesseurs de troupeaux, même s'ils le voulaient, n'auraient ni le temps matériel, ni les moyens de le cueillir assez vite pour le faner et l'emmeuler ou l'ensiler avant la maturation des graines. Ils n'utilisent le bouss cueilli par les mesquines que pour le cheval, bête noble et dont la valeur justifie une dépense journalière de 0 fr. 25 à 0 fr. 30. Mais ils ne peuvent plus opérer de même dès qu'il s'agit de nourrir un troupeau et l'on sait que les ruminants, chameaux et bœufs compris, ne se comptent pas par unités mais par lots plus ou moins nombreux. Toutes ces raisons nous permettent de comprendre pourquoi les nomades qui ont reconnu aux inflorescences de l'halfa, une valeur alimentaire (affirmée par une expérience séculaire et par la pratique de tous les jours), n'en ont pas usé davantage pour assurer l'entretien de leur bétail.

Nous le répétons, la durée de l'état d'inflorescence de l'halfa est courte et ce n'est que par une coopération efficace, effective, s'opérant en même terrîps sur toute la surface peuplée d halfa, qu'il sera possible de cueillir en temps voulu, et avant que la graine se soit formée, tout le bouss possible. Et cette récolte de l'inflorescence de l'halfa qu'il faudra entreprendre pourra être réalisée en opérant comme les halfatiers, avec cette différence que la cueillette du bouss sera substituée à l'arrachage des feuilles.

La Mise en Réserve et la Conservation des Inflorescences (Bouss) de l'Halfa

Tant que des expériences n'auront pas fixé de façon précise les modes de conservation des inflorescences (bouss) de l'halfa, il serait prématuré d'indiquer lequel des deux procédés (emmeulage ou ensilage) est à préférer.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE OE I.'lNDUSTRlE 317

Les deux peuvent ù\ve en ployés concurramment ; mais le mouton du Sud, accoutumé à consommer le « bouss » en nature (en admettant que l'ensilage donne d'excellents résultats), acceptera-1-il un fourrage fermenté V En temps ordinaire, on éprouve déjà de grosses difficultés à faire manger aux troupeaux du Sud de la paille et du foin. Nous avons eu l'occasion de le constater très souvent ; ce n'est qu'après deux ou trois jours d'abstinence que, talonnés par la faim, nos ovins du Sud se résignent à prendre paille ou foin. Ils montrent les mêmes répugnances lors de l'abreuvement dans des bassins ou des ustensiles. Mais c'est l'afTaire de quelques jours de les obliger à changer leurs habitudes. Nous ne pensons pas que ce soit là, pour l'avenir, un obstacle à considérer.

L'ensilage en fosse sera- t-il préféré à l'ensilage sous hangar? Nous ne saurions nous prononcer à ce sujet. Cependant, au point de vue économique et même pratique, nous pensons que l'usage des fosses doit être choisi de préférence à l'autre. Il y aurait lieu naturellement, une fois en possession de tous les éléments du problème, d'éduquer l'indigène pour l'amener à utiliser judicieusement les fourrages (bouss, en l'espèce) fermentes. L'indigène répugne à tout ce qui est fermentation ; pour lui c'est synonyme de putréfaction. Arrivera-t-il à comprendre que l'ensilage rend plus alibile un aliment coriace? L'avenir nous l'apprendra. Mais des essais s'imposent de toute nécessité, car la Métropole et l'Algérie ont besoin de viande.

BEN DANOU.

VERS LE TCHAD

A Bord de 1' « Europe »

Bordeaux, 26 juillet i9iS. Après plusieurs ajournements successifs de l'heure du départ nous avons enfin quitté Bor- deaux hier soir, à 9 heures, salués par un vibrant coup de canon.

Appuyés sur les bastingages nous causons. Nous sommes quatre ou cinq. Le capitaine G..., des Spahis, le lieute- nant L..., des Chasseurs d'Afrique, le vétérinaire L..., qui seront mes compagnons de voyage jusqu'au Tchad.

Bientôt, silencieux, je rêve ; ma pensée se reporte vers ceux que j'ai quittés. A cet instant le capitaine G... s'écrie : <- C'est égal nous sommes heureux d'être plusieurs. Que ce serait triste si chacun de nous était seul. » Et comme précisément, le cœur serré, je songe à ceux que je viens de quitter, je trouve qu'il a raison et j'ai un peu la krme à l'œil. Mais, je l'espère, ce sera ma seule minute de faiblesse, car je dois considérer comme une chance inappréciable le fait d'avoir avec moi trois compagnons de route dont deux ont l'expérience du pays que je suis appelé à parcourir.

Cependant les lumières de Bordeaux s'éloignent, réfléchies par les eaux silencieuses et miroitantes de la Gironde. Le navire glisse rapidement devant les bateaux qui s'alignent le long des quais.

Le ciel, sombre dans la journée, s'est éclairci. Nous en pro- fitons pour faire une promenade sur le pont. Vers 10 heures, nous passons au fumoir et, après une courte causerie, chacun de nous regagne sa couchette.

Vers 5 heures et demie je me suis éveillé n'ayant fait qu'un somme. Un coup d'œil j^'té à l'horizon me rassure sur l'état de la mer dont la surface est à peine ridée.

Ma matinée s'écoule à m'instailer dans ma cabine très confor- table où j'ai comme compagnon le vétérinaire cité plus haut.

iO heures. Le repas nous réunit dans la luxueuse salle à manger les tables, avec les passagers qui s'y sont groupés la veille, resteront telles jusqu'à la fin du voyage Après quel- ques minutes, un léger brouhaha s'élève et, rapidement, la

I Carnet de rouie d'un Orimais.

b

VERS TE TCHAD ^lU

salle devient bruyante. Ce n'est déjà plus le silence et la gène de la veille. Avec la perspective d'une longue traversée, on a vite lié connaissance: Nous sommes une cinquantaine de passagers de i'^^ classe : officiers, administrateurs colo- niaux avec leur famille, commerçants, employés de factoreries. Tout ce monde, remis par un séjour de six mois à un an en France, ne paraît nullement avoir été éprouvé par les climats tropicaux et cela me rassure.

En quittant la table, nous avons l'agréable surprise d'enten- dre de la musifpie. Une jeune demoiselle de 16 ans à peine, fille d'un fonctionnaire colonial qui rejoint le Dahomey avec sa famille après un séjour au Sénégal, s'est mise au piano.

Notre entrée paraît l'intimider, mais elle est vite remise et cause hardiment, avec le capitaine G..., des pays oii chacun de nous se rend. Après quoi, elle exécute de nouveaux morceaux.

Le 57, 4 heures du soir. La nuit dernière, le temps s'est gâté, la sirène a mugi, mais cela ne m'a nullement empêché de dormir. Au matin l'horizon est encore brumeux et le brouil- lard va s'épaississant jusque vers 11 heures. De temps en temps la sirène fait entendre son cri lugubre. La température est gla- ciale et les passagers les plus courageux désertent le pont pour s'installer au fumoir.

Après déjeuner, le ciel et la mer passent du gris au bleu et le soleil vient agréablement réchautTer nos membres engour- dis par le froid du matin.

Midi. Nous sommes à hauteur du Cap Finistère : quatre vapeurs et un voilier se montrent à l'horizon pour bientôt disparaître.

Je commence à trouver le temps un peu long car je nai même pas la ressource de bouquiner de l'arabe, mes livres étant enfermés dans les cantines déposées en cale.

7 heurea. La soirée promet d'être plus gaie que celle de la veille car on pianote et an chante.

Le 28, 10 heures. Un soleil tout souriant est venu ce matin inonder de clarté notre cabine. Il fait bon respirer sur le pont. L'Océan, caressé par la brise, ondoie légèrement comme une étoffe de soie.

Midi. Nous sommes à hauteur du Cap Saint-Vincent.

Le 2.y, à 2 Jienres Journée ensoleillée, mer calme, brise tiède. Le temps s'écoule monotone et uoas fait désirer avec impatience l'heure oii nous toucherons à Ténériffe : demain, vers midi, suivant les prévisions du capitaine.

Pour rompre cette monotonie et sur l'initiative du com-

dS?.

320 VERS LE TCHAD

mandant du bord, on organise une fêfe au profil delà « Caisse des Sauveteurs de terre et de mer ».

Hélas ! je n'ai rien à oftVir pour enrichir le programme ; n'étant ni chanteur, ni déclamateur, ni instrumentiste, je ne pourrai qu'apporter ma bonne volonté à participer à l'œuvre pour laquelle le commandant se met en frais.

Ici se termine le récit de mon séjour sur V Europe depuis notre départ de Bordeaux jusqu'au 29 juillet à 3 heures. Je reprendrai ma relation de voyage après notre passage à Ténérifîe.

Ténériffe

Le 30 juillet, 8 heures du matin. La mer est belle, le ciel est d'azur, de la légère brume qui borne l'horizon émerge la masse rocheuse de Ténériffe. A mesure ijue nous appro- chons, les formes se précisent. Vue du Nord, l'ile à un aspect désolé : c'est un énorme amas de rochers déchiquetés, cahotés, surplombant la mer à pic, un ensemble de teintes grisàli'es ou rougeâtres semées de vagues taches vertes. Peu ou point de végétation, c'est le sol aride dans toute sa beauté sauvage.

Mais nous avançons, nous contournons une pointe et Santa- Gruz de Ténérifîe se découvre à nos yeux charmés. En un immense éventail les maisons, s'étagent sur les flancs du rocher, s'étendent autour de la baie, jetant sur un fond triste, la note gaie de leurs murs blancs, jaunes ou roses, de leurs toits d'un rouge vif, de leurs jardins d'un vert sombre.

10 heures. L' Europe \etle l'ancre au milieu de la baie. Une nuée de barques viennent accoster le paquebot et, en un clin d'œil, les ponts sont envahis parune^horde de marchands qui étalent leur pacotille, tranoiormant rapidement le bateau en un immense bazar.

En prévision de cette invasion les cabines ont été fermées : la confiance règne...

Tous ces marchands, au teint bronzé, d'un type qu'il est impossible de déterminer, mais qui se rapproche assez du gitano, nous accrochent, nous harcèlent, demandent des sommes folles de marchandises qu'ils laissent à un prix très faible : draps, robes brodées, écharpes, bourses, réticules en soie, kimonos, cartes postales, fruits, etc.

12 h. 30. Après déjeuner nous prenons passage sur un petit canot à vapeur qui, moyennant 2 francs aller et retour, nous transporte à terre.

Après l'achat de cartes postales et leur mise à la poste, nous

VERS I.E TCIîvn ^21

visitons rapidement la ville. Les rues sont étroites, les mai- sons peu élevées, mais |)resrpui toutes avec un tiall sont disposés des |)almiers et autr-t\s piaules exotiques. Santa-Cniz possède des Ir-atns électriipies (pii. mai^fré leur aspect auti(iue en même temps que vénérable, me i;q)pellenl nos chers tramways oranais.

L'uniforme fies soldats, otliciers, gendarmes, surtout celui de ces derniers, nous frappe. Très originales aussi les frui- tières qui portent sur leur tète d'immenses paniers sur de petits clia|)eau.\ à fond minuscule.

Après une visite à la Cathédrale, une station au «Café belge a un harpiste avisé exécute la « Marseillaise i\ nous rejoignons, le bord vers 3 heures.

Nous y retrouvons nos tenaces marchands qui, à force de persévérance, réussissent à traiter quelqufs alTaires. Nous passons près d'une heure à nous amuser comme de petits fous à riposter à leurs demandes fabuleuses par des offres ridicules.

Mais la sirène mugit : c'est le départ Rapidement, comme ils sont venus, les marchands disparaissent et le bateau s'éloi- gne majestueusement.

S heures. Nous sommes en pleins préparatifs en vue de la fête qui aura lieu demain soir. Le modeste et peu intelli- gent rôle de numéroter des billets pour la tombola m'échoit. Je m'en console en badinant avec deux demoiselles qui plient les numéros au fur et à mesure qu'ils sont prêts.

Le 31. S lienres. Les oscillations de ma couchette m'ont éveillé. Nous roulons sérieusement, mais cinq jours de traver- sée nous ont tait le pied marin et personne ne manque au déjeuner.

J'ai encore passé la matinée à faire des billets. La vente va à merveille. La récolte des lots donne aussi. Les aimables solliciteuses parviennent à en réunir une quarantaine.

3 heures. Les amateurs qui doivent prêter leur concours répètent pendant que le capitaine G..., qui se révèle lin cari- caturiste, croque quelques sujets humoristiques de program- me. L.a silhouette d'un passager qui est loin d'être un Apollon, obtient un beau succès.

8 heures. Un coup de cloche annonce le commencement du concert. Chansonnettes, monologues, musique se succèdent. Puis a lieu le tirage de la tombola. Cette opération terminée le pont est débarrassé de tout ce qui pourrait gêiier les dan- seurs. Vers 10 heures, la sauterie commence et dure jusqu'à 2 heures !

Et vers 2 heures et demie, lorsqu'en chantant les scies à

322 VERS LE TCHAD

la mode, nous regngnons nos cabines, j'ai bien plus l'impres- sion d'être en fête à Oran que d'être sur le plancher d'un bateau au milieu de l'Océan.

•/er août, 9 heures. Je ne me suis éveillé qu'à 8 h. 20 l'esprit encore un peu lourd des excès de la veille.

La mer fortement houleuse hier, s'est un peu calmée, mais le ciel brumeux reste d'un gris désespérément triste.

Nous pensons toucher à Dakar demain, vers 10 ou 11 heures. C'est l'agréable perspective d'un après-midi qui ne s'écoulera pas inoccupé.

Dakar

2 août. Distrait par un passager qui chante admirable- ment en s'accompagnant au piano, j'ai peine à tracer quelques lignes.

Je me suis éveillé ce matin la tête un peu lourde.

De bonne heure j'ai été chassé de ma cabine par la chaleur étouffante qui y règne et que nous vaut sans doute l'approche de l'Equateur.

Du pont, nous nous sommes tous réfugiés, j'admire le paysage côtier, l'île de Gouix. paquet de verdure d'où émer- gent quelques toits.

Lentement, très lentement, après bien des virages et des évolutions à travers la rade, VEurope vient s'amarrer le long des quais.

Quelques élégantes de Dakar sont noyées dans la foule bariolée des nègres aux vêtement-^; les plus disparates. Et, dominant cette foule noire, de nqajestueux parasols, de couleurs non moins criardes, étendent une ombre relative.

Après le repas nous descendons à terre. Après la tradition- nelle visite aux marchands de cartes postales et à la poste je trouve un Oranais, M. Fédérici, j'entreprends en compagnie du lieutenant L... une promenade à travers la ville. Si ce n'était cette foule nègre, aux vêtements pittoresques, qui déam- bule à travers les rues, encombre les guichets postaux, et se rencontre dans toutes les boutiques, on se croirait dans la plus européenne des villes.

Les remarques de mon compagnon marié à une artiste et artiste lui-même me font goûter davantage l'intérêt et le char- me que les groupes de nègres offrent, à nos yeux amusés, dans la rue. au marché, dans les boutiques ou dans leurs intérieurs. Aussi ma bobine de pellicules s'épuise rapidement et, lors- qu'un groupe de cavaliers et piétons nègres, merveilleux de

b

VERS I.E TfMIAD 323

couleur locale, ?e présente devant nnns, je suis navré de ne pouvoir fixer ce ta])ieau (|ui. rendu par un bon peintre, obtien- drait un succès de fou rire.

Vers 6 heures nous rentrons. Deux cent cinquante sénégalais avec leurs femmes ont, entre temps, été embarqués. Tout ce monde entassé, empilé, remue en un grouillement noir d'où se dégage une forte odeur de poisson faisandé.

A 8 heures la sirène fait entendre son mugissement rauque et nous partons.

Dî/ 3 aoiit. Demain dans la matinée nous toucherons à Konakry une partie des passagères qui faisaient les char- mes du bord, débarqueront.

La mer est houleuse. Le temps est lourd. Nous tanguons fortement et sommes légèrement incommodés.

Konakry. Tabou

Du 4 août. Nous arrivons de bonne heure en vue de Konakry. Une brume assez épaisse voile le paysage. Une pluie fine et serrée rend le séjour sur le pont désagréable. La marée nous oblige à mouiller au large, à environ un mille et demi du quai. La pluie qui ne cesse de tomber, la mer qui est assez démontée, rendent l'embarquement sur les chaloupes et les transports à terre très difficile. Et pourtant la visite de Kona- kry ne manquerait certainement pas d'intérêt : ses toits rou- ges, apparaissant timidement derrière un rideau de verdure, dénoncent un site charmant.

Dès 8 heures, les passagers les plus courageux s'embar- quent, la pluie fait rage et leur frêle esquif balloté par les vagues avance péniblement.

Un moment d'accalmie encourage d'autres passagers à ris- quer la descente à terre. Une partie d'entre eux sont à peine installés que la danse recommence. Une fillette mnnque de tomber à l'eau et reste en panne avec sa mère sur ['Europe tandis que le père part dans le canot. Une dame voit ses jupes retroussées jusqu'à la ceinture par une forte lame et prend un fameux bain de siège.

F.nfin, vers midi, les derniers passagers destinés à Konakry favorisés par un temps calme arrivent à débarquer et nous repartons.

Du 5 août. Décidément cela ne va plus. La mer, qu'on nous avait annoncée comme devant être d'huile à partir de Dakar, est au contraire très houleuse. Le roulis et le tangage

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combinée, nous font éprouver des sensations qui, pour être nouvelles, n'en sont pas moins désaiiréables. La salle à munger n'est plus aussi fréquentée à l'heure des repas, mais, jusqu'à présent, j'ai tenu le coup, quoique, par moments, je sente un vague à l'âme peu rassurant.

Du 6 août. La monotonie du voyage m'oblige à écourter ma relation quotidienne. La mer continue à nous secouer de la façon la plus désagréable. Dès 7 heures, nous filons le long des côtes couvertes d'une végéfalion qu'à la lunette je juge luxuriante. Nous comptons sept à huit villages nègres dissé- minés le long de la lisière de la forêt, leurs cases grises sont rendues presque invisibles par la brume.

Vers 8 heures, nous mouillons à un mille de Tabou (Côte d'Ivoire) rien n'a été fait pour faciliter un débarquement que la barre lend très périlleux. Il y une huitaine de jours une embarcation a chaviré entraînant la mort de trois ou qua- tre Européens qui y avaient pris place.

Taljou est un simple petit poste sur lequel flotte le drapeau tricolore et qui compte trois ou quatre bâtiments en pierre dis- séminés dans le bois et flanqués à droite et à gauche de cases nègres : les unes rondes à toit conique, les autres affectant la forme de constructions en pierre d'aspect rectangulaire.

A Tabou, V Europe embarque soixante auxiliaires nègres qui, jusqu'à Matadi et retour, remplaceront les chauffeurs, souliers et autres ouvriers blancs du bord dont la besogne est rendue très pénible par la chaleur.

On m'annonce que nous toucherons à Bassam demain de bonne heure. Je me hâte donc de terminer mon récit pour que le bateau belge, passant le 12, emporte ma correspondance qui parviendra à Oran alors que, par la voie fluviale, je voyage- rai à travers le continent noir.

Depuis Dakar, nous portons le casque. Je m'habitue diffici- lement à cette coiffure aussi encombrante qu'incommode.

Grand-Bassam. Cotonou

Décidément la mer si gentille au début persiste à bouder et cela ne va pas... Ce n'est pas tout à fait le mal de mer, mais une lourdeur de tête qui me rend incapable de tout travail.

Ce matin, de bonne heure, nous avons mouillé à hauteur de Grand-Bassam, mais encore, une barre dangereuse rend le débarquement difficile. Pour remédiera cet inconvénient, une société a construit un \varf métallique qui, partant de la terre,

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s'avance au delà de la barre et pennel aux voyageurs de débarquer sans risquer la dernière baignade.

Dans une nacelle en bois, assez semblable aux landeaux des manèges, quatre passagers prennent place. Au moyen d'un palan ce panier est déposé dans une pirogue qui transporte contenant et contenu jusipi'au warf. par ce même procédé le panier est hissé sur le pont oii les [passagers débarquent définitivement. Cette petite opération coûte 10 francs par personne.

Pour les tirailleurs sénégalais et leurs familles on prend moins de gants : colis, passagères et passagers s'entassent, s'empilent dans un panier de gros cordages. C'est à la fois, comique et honteux: honteux parce qu'à moins d'être inhumain absolument, on ne peut voir sans pitié ces malheui'euses né- gresses pressées les unes contre les autres avec leurs mioches qui hurlent à moitié étranglés par les cordages, étouffés par les corps au milieu desquels ils dis[iaraissent ; c'est comique, parce que l'entrée en contact du panier et de la pirogue s'accom- pagne toujours d'un choc qui amène l'écroulement de cette grappe humaine et c'est alors un fouillis de bras, de jambes, de tètes crépues émergeant d'un chaos de colis de toutes sor- tes. L'etïarement des pren)iers débarqués est encore plus drôle car, dès qu'un nouveau panier opère sa descente, ils le consi- dèrent avec inquiétude se demandant s'il ne va pas leur tom- ber sur la tête.

Heureusement pour eux, ils prennent la chose très philoso- phiquement et, bientôt, leur face s'éclaire du plus large sourire.

A midi, nous repartons sur Cotonou. La soirée se passe assez agréablement au salon quelques jeux sont organisés.

Du S août. Le temps est encore brumeux. Un pâle soleil argenté la surface de la mer qui paraît se calmer.

L'après-midi se passe encore sur le pont, à jouer au « furet» et autres facéties du même genre. Les enfants exclus du jeu, sont tout ahuris de nous voir leur faire concurrence.

Dans la soirée la mer se calme, le soleil brille et une bande de marsouins suit le bateau se livrant à des ébats que nous suivons avec le plus grand intérêt.

Du a août. Depuis hier soir, à 7 heures, nous sommes en vue de Cotonou. L'immobilité complète du bateau, une fraîche brise, un beau clair de lune nous ont permis de vivre quelques heures délicieuses.

De bonne heure nous nous sommes levés pour assister au départ de la famille G... Avec le départ de ces demoiselles

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finissent les longues causeries, le badinage, les jeux de socié- té, la musique, etc. C'est un peu la gai du bord qui s'en va avec elles...

Du 10 août. Je n'ai rien de saillant à noter aujourd'hui.

Encore cinq jours et celte longue et fastidieuse traversée prendra fin !

Demain escale à Libreville.

Du il août. Nous mouillons à hauteur de la capitale du Gabon vers 5 heures. A 6 heures, un officier en grande tenue monte à bord avec une escorte de sénégalais. Il vient prendre le drapeau du régiment du Gabon reçu, à Paris, par la délégation envoyée à la revue de Longchamps.

Nous nous disposons à descendre à terre pour assister à la prise d'armes qui doit avoir lieu. Mais à notre grand désap- pointement, l'accès des canots de la flottille nous est interdit et nous restons à bord toute la journée.

Du i2 août Ayant quitté Libreville la veille à 6 heures du soir, nous touchons à Cap Lopez dans la nuit, et, dès 4 heu- res du matin, c'est, à bord du bateau, un branle-bas de tous les diables qui nous empêciie de dormir.

encore pas de service privé pour la descente à terre. Gap Lopez présente le même aspect que les autres ports oia nous avons fait escale : c'est toujours un éparpillement de maisons dans une masse de verdure très luxuriante.

Du 13 août. Nous voilà de nouveau en pleine mer. Vrai- ment, on ne se croirait pas dans les régions équatoriales. Il fait un froid de loup qui nous oblige à tenir les cabines fer- mées et à nous vêtir de vêtements de drap. Ma vareuse colo- niale m'est en cette occasion d'un précieux concours.

Nous entrerons demain tnatin dans l'estuaire du Congo et nous toucherons à Matadi dans la soirée.

Ce sera la fin de cette monotone traversée que je trouverai peut-être plus longue à mon l'etour, mais que je ferai d'un cœur plus allègre. In cha Allah !

Du 14 août. Depuis ce matin nous remontons le Congo. Evidemment ce n'est plus le Chélitï, ni la Moulouya. Tout le long de la rive c'est un décor merveilleux, un panorama féeri- que. Il semble que l'on fait défiler devant nos yeux émerveillés un film cinématographique interminable.

Leileuveesttout parsemé d'îlots recouverts d'une végétation puissante et entre lesquels ['Europe suit lentement et prudemment son chemin.

Nous avons dépassé Bassam et Boma ; dans trois heures nous atteindrons .Vlatadi après avoir franchi le « Chaudron

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d'Enfer » formidable goiitfre le Con^o alleiiit un fond de plus de 1. 100 mètres parait-il.

Il sera troptard pour débarquer et nous coucherons à bord, .l'aime autant cela. Pour nous occuper de nos affaires nous aui'ons plus de temps et nous ne serons pas bousculés |)ar l'approche de la nuit.

Matadi. Brazzaville

Du 15 août. Nous av'ons débarqué ce matin à Matadi. Nous quittons VEaroije qui, son voyage terminé, repartira pour Bordeaux d'ans quelques jours.

Matadi (Congo Belge) est infiniment plus agréable que le livre du capitaine Deschamps ne le ferait croire. Il est vrai que tout est relatif dans la vie. J'ai eu le bonheur d'y arrivei- à la bonne saison ; température agréable, pas de moustiques, expédition facile des bagages sans paiement d'excédent, com- pagnie de camarades expérimentés. Par exemple il ne faut pas être difficile au sujet des hôtels : lits et matelas en crin, moustiquaire retapée, pas toujours de siège et pas de serviette de toilette. Quanta la nourriture. . à l'avenant. Le tout pour la modique somme de 15 francs par jour.

Matadi est vraiment curieux avec ses maisons en bois couvertes de tôle endulée ; celles en pierres sont rares. On sent la nécessité qu'on y éprouve de se mettre à l'abri des rayons du soleil et des bestioles plus ou moins désagréables qui pullulent dans le pays.

Toutes les maisons sont à véranda. Celles en planches se distinguent des autres au matelas d'air ménagé sous la cons- truction qui est supportée par des piliers en briques.

Quant aux rues : quelques-unes sont larges, dallées; la plu- part grimpent en se tortillant, creusées dans le rocher.

Après une journée passée à l'expédition des bagages, nous prenons le train pour Thysville. Au début nous côtoyons le Congo, puis l'abandonnons. Tout le personnel du train est nègre : mécaniciens, chauffeurs, serre-frein ; sauf en quelques stations importantes, les chefs de gare le sont aussi.

Habitué aux trains algériens et marocains, la lenteur des trains belges ne me préoccupe guère. De temps en temps nous avons des pannes; un boulon saute, nos nègres le remplacent par une ligature en fil de laiton et nous continuons à mar- cher. Plus loin c'est le train qui nous précède qui a un acci- dent de machine. Le chef de gare nous offre alors une audition

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de phonographe pour tromper notre attente. Enfin, cahin- caha! nous atteignons Thysville vers 7 heures du soir. l'hôtel est confortable, mais la nourriture moins bonne encore qu'à Matadi et c'est 15 francs pour le dîner, la chambre et le repas du matin.

Lelendemain à6 heuresetdemie nousquittonsThysvilledont je n'ai guère vu que l'hôtel. Dans les mêmes conditions que la veille nous fiions sur Kinshassa que nous atteignons vers 4 heures du soir. Là, nous retrouvons le Congo. A 5 heures, nous prenons passage sur un bateau à roues qui nous trans- porte à Brazzaville, nous arrivons à la nuit tombante.

Du n août. Brazzaville s'élend en boidure du fleuve sur une longueur de 4 à 6 kilomètres coupée de vastes espaces sans constructions.

Le seul hôtel qui y existe est distant de 3 kil. 500 des diffé- rents services auxquels nous avons affaire. Les fonctionnaires fixés à Brazzaville se font transporter en pousse-pousse: véhi- cule composé d'un fauteuil reposant sur une ou deux roues caoutchoutées. Une paire de brancards se trouve à l'avant, une autre paire, à l'arrière. Deux nègres, l'un traînant, l'autre poussant, véhiculent le client à travers la ville, au pas ou au trot, au gré du promeneur.

Quant à nous, pauvres passagers, nous n"avons à compter que sur la vigueur de nos jambes et, à la fin de la journée, le chemin parcouru se chiffre par 18 à 20 kilomètres sur des routes couvertes d'une poussière grise qui a tôt fait de changer lacouleur de nos vêlements. Nous allons rendre la visite obli- gatoire au Général et au Gouverneur. Celui-ci, dans un court entretien me fait entrevoir une prochaine tournée en compa- gnie du colonel Largeau à travers tout le pays. Il est probable que je resterai à Fort-Lamy.

Notre journée s'est passé hier et se poursuit aujourd'hui à compléter nos approvisionnements et refaire nos bagages.

Dans neuf jours, il faudra recommencer à Bangui.

Dit 18 août. Enfin je viens d'achever l'expédition de mes bagages, ce n'est pas un mince soulagement. Le prix du trans- port est de 365 francs la tonne avec un droit de transport gratuit de 400 kilogrammes. On peut donc avoir à payer un supplément pour excédent important, si on n'arrive pas à le repartir entre voyageurs. iJne autre dépense s'impose ; c'est celle relative à la rétribution due aux porteurs supplémen- taires que l'on doit utiliser sur la route d'étapes pendant dix jours, à raison de 8 à 10 francs : environ 80 francs.

21 août. Encore deux jours et je quitterai Brazzaville

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qui est biea le lieu le plus désagréable du voyage. Aussi quit- lei-ai-je la capitale de rAt'ri(]ue Ecjualoriale avec la plus vive satisfaction, souhaitant, tout de même, y revenir en bonne santé dans deux ans! Je dis deux ans parce que, renseigne- !nents pris, le séjour de vingt-quatre mois ne compte que du jour (le notre arTivée ici et ne prend lin que le jour de notre retour dans ce centre.

A bord de 1' « Alexandre Fondère »

25 août. Voilà exactement un mois que je me suis embar-' que à Bordeaux et il me semble que mon voyage dure depuis une éternité. Dieu! que cette oisiveté me pèse et combien il me tarde d'atteindre le but pour m'occuper.

Me voici à bord du Fondère en route vers Bangui, chef-lieu de rOubangui-Ghari-Tchad.

Noire bateau est un vapeur muni à l'arrière de deux roues qui lui servent d'appareil de propulsion. Il mesure 45 mètres de long, environ 10 de large et compte deux ponts. Sur le premier logent le personnel nègre du bateau et les passagers de même race. Tous gisent épars au milieu des marchandises et du bois employé comme combustible à la chaufferie. Sur le second pont, superposé au premier, se trouvent 18 cabines, qui reçoivent chacune deux passagers, le réfectoire, la salle de douche, etc. Enfin, surmontant le tout, se trouve le loge- ment du capitaine. Sauf celui-ci, tout l'équipage est noir, chauffeurs, mécaniciens, hommes de peine, cuisiniers, maitre d'hôtel et serviteurs. Ces derniers, très graves dans leurs fonctions, ont tous le cou immobilisé par un faux col impec- cable, mais vont... pieds nus.

Flanqué à bâbord et à tribord de deux couples de balei- nières, qui ressemblent à autant de nageoires, notre bateau, vu de haut, doit paraître un énorme cétacé.

Tous ces canots sont destinés à recevoir le bois et les passa- gers nègres que l'on n'a pu loger sur le premier pont.

Après de pénibles efforts pour se décoller d'un fond de sable ['Alexandre Fondère quitte Brazzaville le Si3 vers 9 heures.

Jusque vers midi, c'est le même paysage d'îlots verdoyants, de rives le long desquelles s'étend un étroit rideau d'arbres masquant de vastes étendues broussailleuses.

Au milieu du jour, nous arrivons au premier des postes à bois qui s'échelonnent le long des rives jusqu'à Bangui et

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les nombreux petits vapeurs, qui remontent et redescendent le Congo, s'approvisionnent en combustible.

Après un arrêt de deux heures, notre bateau ayant fait son plein de bois, nous repartons. Le lit du Congo se rétrécit (c'est-à-dire qu'il n'a plus que 12 à 1.500 mètres de largeur); nous nous engageons dans le couloir dont nous sortirons vers 5 heures.

Le couloir est un passage que s'est creusé le Congo à travers une longue file de collines peu élevées. Ne connaissant pas la vitesse du bateau, je ne puis apprécier la longueur du couloir.

Dès que nous le quittons, le lit du fleuve s'élargit de nou- veau pour redevenir ce que je l'avais vu au début.

Du 36 août. Les rives du Congo ont disparu; à droite et à gauche, de tous côtés, nous ne voyons plus que des îles. Les berges sont loin, très loin, nimbées d'une buée bleue qui s'élève au pied des montagnes qui bornent l'horizon.

Depuis le matin, nous côtoyons ces îlots qui me paraissent se ressembler tous. .Te me demande comment le commandant du bateau peut reconnaître sa route dans ce labyrinthe. Il est vrai qu'il y a plus de dix ans qu'il navigue sur le Congo. Il doit commencer à le connaître.

Vers midi nous nous arrêtons à Bolobo, en territoire belge. De nombreux boys nègres viennent nous proposer des cannes en ébène ou en acajou à poignée d'ivoire. Je juge inutile de m'en encombrer maintenant.

Le capitaine éprouve une déconvenue à Bolobo. Sa provision de bois touche à sa fin et il n'y trouve pas la quantité sur laquelle il comptait pour continuer sa route.

Nous repartons vers 1 heure et, peu de temps après, nous apercevons au large une bande de^ cinq hippopotames qui naviguent de conserve. Le capitaine G... arme sa carabine, mais réfléchit et ne tire pas. Ils sont trop loin, dit-il, ce serait un meurtre inutile et surtout une balle perdue sans aucun profit.

Un peu plus loin je fais connaissance d'un nouveau repré- sentant de la faune aquatique congolaise, le canard à aiguille. Noir, d'une forme allongée, cet oiseau vole en rasant les flots, plonge et disparaît, ne laissant émerger que son bec efîilé qui se dresse, tel une pointe, hors de l'eau.

Des compagnons de voyage moins favorisés que moi ont déjà un contact plus intime avec les insectes du pays. Quatre ou cinq d'entre eux ont du se débarrasser de puces chiques, insec- tes indiscrets et peu gênés dont le capitaine Deschamps décrit les mœurs dans son ouvrage.

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Nous arrivons au soir- n'ayant plus de bois. Force est de nous arrêter et de passer la nuit auprès d'un iiotoij le person- nel nègre du bord tait une provision qui nous permettra d'atteindre demain Massaka, le prochain poste à bois.

Du 27 août. Vers 0 heures, nous avons eu un orage. Une pluie abondante est venue à point rafraîchir la température qui s'élève à mesure que nous remontons le Congo.

A 11 heures, nous atteignons Massaka le bateau prend son bois. Nous repartons vers 2 heures et sommes dis- traits par les ébats d'hippopotames dont l'énorme mufle seul émerge de l'eau. Le capitaine G... s'arme de sa carabine, puis la remet en place déclarant que le gibier est trop éloigné. Ce sera pour une autre fois.

Une troisième fois les hippopotames se montrent. Notre capitaine se laisse tenler par la distance et en tire un. Le coup est très court et l'animal effarouché disparaît sous l'eau un certain temps pour ne plus montrer, à de longs intervalles, qu'une faible partie de son énorme tête.

Du 28 août. Après avoir passé la nuit à Loukolé, nous atteignons Liranga vers le milieu du jour. Nous y débarquons deux passagers, l'un, administrateur, l'autre, directeur des travaux publics qui doivent s'occuper de l'installation de la T. S. F.

Rien de saillant pendant cette journée qui se termine par un magnifique coucher de soleil. Il me faudrait la plume d'un Chateaubriand pour le décrire. Les derniers i-ayons viennent caresser la surface de l'eau qui ondule en un chatoiement de soie moirée et le battement des roues laisse derrière notre vapeur une traînée qui brille de mille feux.

Du 29 août. A Liranga, nous avons quitté le Congo pour le Bangui. Le paysage n'a guère changé, mêmes eaux limo- neuses, même abondance d'îles. Toutefois celles-ci sont plus resserrées, nous ne naviguons plus que dans une série de couloirs qu'elles ont creusés et, de quelque côté qu'on se retour- ne, l'horizon est barré par un rideau impénétrable de verdure. J'ai vu, dans la matinée, mon premier caïman. Il reposait sur un banc de sable ; notre approche lui a fait regagner l'eau avec précipitation, mais non sans lourdeur.

A 10 heures, nous touchons à Djoungo le bateau fait sa provision de bois. Je tire une veuve, petit oiseau à longue queue noire à reflets bleuâtres, et un autre passager me remet un gendarme à tête noire, gorge rouge veloutée, ventre jaune et dos jaune et gris. Malheureusement le formol et la seringue

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que j'ai achetés à Bordeaux sont dans une cantine au fond de la cale et ne pouvant rien faire pour conserver ces gentilles bestioles, je suis obligé de m'en défaire.

Nous quittons Djoungo vers midi et, peu de temps après, faisons la rencontre de deux bateaux à peu près de même type que le nôtre. Les commandants se connaissent sans doute, car ils se font signe, s'ariètent, se rapproc hent et, d'un bord à l'autre, font la causette.

C'est franchement amusant ; cela me rappelle l'arrêt de deux diligences se croisant sur une route, la petite conversa- tion entre les cochers qui arrangent la mèche de leur fouel, et l'impatience des voyageurs qui pestent et les envoient à tous les diables.

Nous reprenons notre route et, pour la deuxième fois au cours de notre voyage, franchissons l'Equateur ; mais, main- tenant, pour entrer dans l'hémisphère boréal.

Du 30 août. Rien de bien intéressant aujourd'hui. Dans la soirée nous avons été surpris par un fort orage. Une énor- me quantité d'eau est tombée en quelques heures. La nuit très noire ne permet plus aux barreurs de conduire la marche du bateau et la prudence oblige le commandant à accoster.

Du 3i août. Partis de bonne heure nous arrivons à 8 heures à Ifondo ( Desbordevillej, très gentil coin où, avec de faibles moyens, les coloniaux se sont installés aussi conforta- blement que possible.

Le capitaine commandant d'armes nous fait visiter sa tuile- rie où : briques, tuiles rondes, tomettes pour carrelage, colonnettes pour vérandas sont en fabrication. L'absence de la pierre dans ces terrains d'alluvion oblige à faire de la cons- truction en briques. La forêt qui environne le poste fournit le bois de charpente ; avec le feuillage des arbres on fait une couverture de fortune qui donne à ces constructions le meil- leur aspect. De petites cases individuelles pour chaque ménage de sénégalais sont correctement alignées et leur entourage de verdure leur donne un cachet de gaieté que l'on ne ren- contre guère dans les camps.

Vers 2 heures, nous atteignons un second poste mili- taire: Doungou. Celui-ci est encore mieux installé que l'autre ; les jardins surtout sont admirablement entretenus et pour- raient rivaliser avec les plus jolis parterres.

Gomme dans la plupart des points nous sommes déjà passés, nous trouvons des citronniers chargés d'innombrables petits citrons très juteux avec lesquels nous faisons de déli-

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cieuses citronnades. Ces fruits ne nous cofitent quo la peine de les ramasser.

Du 4 septewhvp. Nous sommes firrivés hier à T3an^ui. En compagnie de mes compagnons de voyage hors cadi-es, j'ai dîné chez le Gouverneur Intérimaire, qui a été très aimable pour tous.

Du 5 septembre. Nous avons quitté Bangui à bord d'un infect petit bateau à vapeur, à roues, sans cabines et dont la chaufferie, placée au beau milieu, nous incommode fortement pendant les heures chaudes de la journée. C'est le luxe décroissant : après VEuroje, le Pondère, après le Pondère, la Lorraine. Quel sacrilège de donner un pareil nom à un pareil bateau .

Heureusement nous n'en avons eu que pour la journée. Nous venons, en elTet, d'arriver à Danga s'improvise un camp en plein air. Le bateau décharge toutes les marchandises qu'il transporte, ainsi que les bagages des passagers, car il ne peut traverser le Rapide de VEléphant; ce serait trop dangereux. Des baleinières conduites par des pagayeurs nègres, d'une habileté remarquable dans ce genre d'exercice, transporteront le tout jusqu'à M'bata point l'Oubangui est navigable.

Du 6 septembre. De bonne heure les bagages ont été chargés sur les baleinières, nous nous rendons à pied à M'bata préférant user de ce moyen de locomotion plutôt que de partir avec les embarcations.

On m'avait parlé d'une douzaine de kilomètres, mais je m'aperçois au bout de trois heures de marche que ces 12 kilo- mètres sont élastiques. La chaleur les a sans doute dilatés. En réalité il y en a bien 18.

Quel enchantement que cette promenade à travers cette forêt tropicale nos regards sondent sans pouvoir pénétrer au delà de 2 ou 3 mètres. De temps en temps le sentier, à travers bois, est coupé d'un ruisseau large de 3 à 4 mètres que nous traversons sur de modestes ponts en branchages. Lorsque le marigot est moins large le pont se réduit à trois ou quatre solives plus ou moins flexibles fixées ensemble par des lianes et jetées en travers. La passerelle fléchit sous nos pas et nous n'avançons qu'avec la prudence de danseurs de corde. Cela n'empêche pas le vétérinaire de perdre Téquilibre au passage d'un de ces marigots et de s'enfoncer une jambe dans la vase jusqu'au mollet.

Parfois le bois s'interrompt, la piste traverse la brousse immense couverte de graminées qui atteignent jusqu'à 3 mètres de haut et du milieu desquelles s'élancent des arbres

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de diverses essences. La traversée de la brousse est plus pénible que ceHe des bois. Dès que le soleil est un peu haut, il fait évaporer toute l'humidité qui s'est répandue sur cette V égétation pendant la nuit et l'on sent une chaleur d'étuve monter de la terre.

Du 7 septembre. Nous avons quitté M'bata ce matin sur un petit vapeur à roues également dépourvu de cabines, mais moins incommode que le précédent ayant ses chaufferies à l'arrière, séparées de l'avant par la chambrette du capitaine.

Vers 4 heures, nous arrivons à Possel en même temps que le nouvel administrateur qui, ayant été notre compagnon de voyage depuis Bordeaux, se montre fort aimable, nous envoie quelques légumes de son jardin et nous fait parvenir un beau cuissot d'antilope.

Du 9 septembre. Nos porteurs sont arrivés enfin dans la matinée et, vers 10 heures, nous partons.

Montés sur de petits chevaux de la taille d'un bel àne, nous trottinons derrière nos porteurs qui, peu à peu, se sèment et font de multiples haltes. Nous continuons notre chemin sans trop nous préoccuper de nos hommes et nous arrivons vers 4 heures à la première étape.

Le commandant B..., dont le boy est un gaillard assez âgé, a ses bagages dès son arrivée. Il n'en est pas de même pour ses quatre compagnons de route. Nos bagages n'arrivent qu'un à un. Trois quarts d'heure après, nous sommes rejoints par le capitaine G... suant sang et eau à tirer son pousse- pousse dont les pneus ont crevé.

Cependant nos bagages n'arrivent toujours pas et nous regardons avec anxiété la route. Un -premier groupe paraît, l'un des porteurs m'apporte mon lit. J'aurai au moins la satisfaction de me reposer. Vers 6 heures mes derniers colis arrivent. Je ne vous en cacherai pas ma joie. Le vétérinaire peut avoir lui aussi tous les siens, grâce à la présence d'esprit de son petit boy qui, de sa propre initiative, est allé au village voisin, chercher deux porteurs pour remplacer ceux qui s'étaient enfuis.

iO septembre. Ce matin six colis, dont deux au capi- taine G... et quatre au lieutenant L..., étant restés en panne, le commandant décide que le vétérinaire, lui et moi partions tandis que nos malchanceux compagnons s'occuperont de leurs bagages abandonnés sur la route.

Il est ainsi fait; mais, ayant encore eu le tort de ne pas talonner nos porteurs, ceux-ci n'arrivent à l'étape que vers

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2 heures, ce qui nous oblige à nous nietlre à table à 2 heures et demie seulement.

A M'broun, nous changeons de porteurs. Rendu méfiant par les deux premièi-es journées, je surveille tnoi-méme la marche des miens qui, cette fois, arrivent au but à peu près en même temps que moi, nialgré les nombreux arrêts aux abords des champs de mil, maïs, haricots, patates, dont les propriétaires leur offrent généreusement les produits qu'ils mangent crus.

.l'ai pu remarquer que les nègres, menteurs, chipeurs, voleurs ont le mérite de ne pas être égoïstes et de toujours partager avec leurs frères ce qu'ils ont comme nourriture.

J'en avais déjà fait l'observation chez nos boys dont je vous parlerai avec plus de détails dans la lettre que je pense vous adresser dans six jours de Fort-Crampel où, l'attente probable des baleinières, nous obligera à faire un petit séjour.

i^ septembre. Nous sommes arrivés hier à Fort-Sibut après une étape de 30 kilomètres. Nos camarades, laissés en route, nous ont rejoints aujourd'hui ; tandis que nous parti- rons demain matin, eux-mêmes nous suivront avec une journée de retard.

De Fort-Sibut à Fort-Crampel

Après une journée de séjour à Fort-Sibut, nous nous som- mes mis en route le 15 sur Grampel. Cette fois ce n'est plus la piste à travers bois que nous suivons. Au pas saccadé de nos petits chevaux qui ne voulaient pas quitter le poste, ruant et se cabrant, nous allons sur une route presque droite, large de plus de 8 mètres, plate comme un billard, tracée pour servir à la circulation des camions automobiles qui, faute de matériel et de personnel, restent inutilisés.

La ligne télégraphique suit cette route sur laquelle s'éche- lonnent, de kilomètre en kilomètre, les hangars à poteaux huit à dix de ceux-ci sont tenus en réserve. C'est qu'il s'en fait une belle consommation par la faute des termites qui ont tôt fait d'en miner la base. Aussi de temps en temps rencontrons-nous un groupe de nègres substituant un poteau sain à un autre hors d'usage.

Sur cette superbe route de beaux et solides ponts en pierre ont succédé aux rustiques ponts de branchages des pistes nègres, nous rencontrons des voitures Lefèvre (toutes

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en fer à cause des termites) les unes, traînées à bras par des nègres, les autres, attelées de trois ou quatre chevaux. Ce che- min confortable, ces voitures qui circulent nous donnent l'illusion que nous sommes en pays civilisé.

Partant le matin de bonne heure, nous ne passons guère sur la route qu'une partie des heures chaudes de la journée et atteignons généralement le gîte d'étape vers 11 heures ou midi. De cette façon nous ne souffrons pas du manque d'om- brage qui différencie tant la route moderne de la piste à travers bois.

Les gîtes d'étapes sont construits pour la plupart sur le même modèle et sont composés, en outre du logement du gardien nègre, de trois ou quatre cases pour passagers, avec des hangars pour leurs chevaux et leurs porteurs. Ces cases en torchis, rondes ou carrées, .sont recouvertes de chaume et constituent des abris peu luxueux mais suffisants.

Six étapes séparent Fort-Sibut de Crampel. Nous nous reposons un jour à Dékoa (3« étape) et arrivons le sixième jour, soit le 21 septembre, à Fort-Crampel vers 11 heures et demie.

En arrivante Fort-Crampel, le commandant B... va voir l'ad- ministrateur qui l'avise qu'il a reçu du colonel Largeau un télégramme le réclamant d'urgence et l'invitant à m'emmener avec lui si je voyage en sa compagnie. L'administrateur est embarrassé car il n'a qu'une baleinière sous la main et le commandant a droit, à lui seul, à une embarcation en qualité d'officier supérieur. Ce dernier résout la difficulté en décla- rant que nous nous accommoderons tous deux d'une seule baleinière.

Il m'apprend la nouvelle en me r-ejoignant à la case nous sommes installés. Quoique j'eus été heureux de prendre quelque repos, je prépare immédiatement le départ et, nos bagages ayant été pesés et embarqués, nous prenons congé, le lendemain 22, à 7 heures, du brave vétérinaire f|ui est partagé par le regret de se séparer de nous et la satisfaction de pren- dre un peu de repos.

Je l'ai eu comme compagnon de cabine sur VEurope ; à Brazzaville nous avons partagé la même chambre d'hôtel ; sur le Fondëre nous avons été voisins de cabine ; à Bangui nous nous sommes de nouveau trouvés réunis dans une même chambre et, enfin, dans la plupart des gîtes d'étapes, nous avons logé sous le même toit. En sorte que nous nous sommes habitués l'un à l'autre, aussi la séparation m'a-t-elle été pénible.

VERS r,E TCHAD

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Sur le Gribingui

Nous voilà donc en baleinière sur le Gribingui. L'embarca- tion, en tôle d'acier, mesure de 8 à 10 mètres. Les bagages sont entassés moitié à l'avant, moitié à l'arriére avec, entre les deux tas, un espnce de 1 m. 50 i\ 2 iTiètres le comman- dant et moi avons pris place. Nous sommes protégés contre le soleil par le chimbeck, sorte de toit arrondi fait de chaumes tressés.

Nous sommes plus ou moins commodément installés dans cet espace exigu, à peine assez large pour que nous nous y placions côte à côte sur nos chaises. Pour comble, nous sommes envahis par les mouches tsé-tsé et je ne tarde pas à soufTrir de démangeaisons insupportables. Ne pouvant y tenir, nous installons le second jour une moustiquaire qui ferme à l'avant notre réduit. Nous préférons étouffer qu'être harcelés par les désagréables insectes. Les mouches arrivent néanmoins à se glisseï- à l'intérieur et nous voilà, toute la jour- née, le commandant et moi, aies rabattre contre la moustiquaire oîi, prises entre les plis, elles perdent tous leurs moyens et se laissent prendre et détruire. Quelle agréable occupation pour un homme de 46 ans et un garçon qui en n 26 !

La navigation est lente sur le Gribingui. En raison des faibles pluies, il y a peu d'eau et, en outre, le lit, semé de rapides, oblige à une navigation prudente qui nous ménage de vives émotions lorsque nous passons à travers tous ces écueils. Aux rapides de l'Iréna, les plus sérieux du parcours, notre baleinière est prise dans le remous, ramasse un bon paquet d'eau par l'avant, donne contre un rocher à l'arrière et passe néanmoins sans sérieux accident. Nous avons eu dix secondes de véritable angoisse.

Le commandant, à qui on a dit que le bateau qui tait le service entre Fort-Lamy et Fort-Archambault doit quitter ce dernier point le 29, fait tout son possible pour que nous y soyons avant le départ du 29. Nous partons donc tous les matins de très bonne heure et ne nous arrêtons que le soir à la nuit tombante, campant sur la berge les moustiques et un tas de bestioles qui se plaisent dans la verdure nous assaillent et nous dévorent. Mes bras, mes jambes, mes mains, mes cuisses sont couverts de piqûres qui provoqent des démangeaisons aussi désagréables qu'exaspérantes. La nuit j'en perds le sommeil et mes tourments ne prennent fin

338 VERS LE TCHAD

que lorsque m'étant jïratté jusqu'au sang j'éprouve une brû- lure bien plus supportable que le prurit.

Pendant mes insomnies, j'ai pour me distraire le grogne- ment de l'bippopolame qui barbotte dans l'eau à proximité des berges, ou bien le mugissement du lion en chasse au loin dans la forêt.

Dans la journée, c'est un autre geni-e de distraction, tantôt ce sont des bandes de cynocéphales qui courent sur les bords de la rivière, tantôt un caïman qui sommeille la gueule ouverte sur un banc de sable et plonge précipitamment lorsque le bruit de notre approche le réveille. D'autres fois, ce sont de petites troupes d'antilopes venues boire à la rivière qui nous regardent passer, puis s'éloignent de leur allure gracieuse et légère, non sans s'arrêter plusieurs fois pour nous suivre du regard. Lorsqu'on les tire elles font quelques bonds au bruit de la détonation, puis s'arrêtent, se retournent pour se défiler ensuite. Le commandant, qui ne connaît pas encore bien le Lebel africain qu'il a acheté avant son départ, n'est pas heu- reux dans son tir. Et pourtant il n'est pas mauvais tireur, car il n'est pas de jour où, avec son fusil de chasse, il n'abatte, quelque pigeon vert ou quelque pinlade. Ce dernier gibier est très abondant et on le retrouve dans tout le pays par bandes de dix, douze et plus.

Au moment précis oîi je termine cette phrase, les boys nous signalent une bande d'antilopes. Elles sont à environ 400 mètres, .l'en compte quatorze à la jumelle. Le commandant descend à terre et tire avec son Lebel. Il n'a pas plus de chance que les fois précédentes. Je le rejoins et lire sans être plus heureux. En tout, huit cartouches brûlées sans que ces pauvres bêtes, groupées par trois oQ quatre aient tenté de s'enfuir. Le commandant navré, prend alors son fusil de chasse, mais celui-ci se trouve inutilisable, des grains de sable ayant pénétré dans les batteries.

Force nous est de renoncer à cette proie bien tentante et de poursuivre notre chemin.

Sur le Chari

Aux Irénas. le Gribingui reçoit le Bamingui avec lequel il forme le Chari. La rivière devient plus large et les bancs de sable se multiplient arrêtant,à chaque instant, notre baleinière. Les pagayeurs sont alors obligés de se mettre à l'eau et de pousser notre embarcation pour la renflouer.

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Enfin nous arrivons le 28 soplembre à Fort-Archanibault, où, à notre grande surprise, nons apprenons que le bateau que nous comptions prendi'e le lendefriain est parti le 25; nous avions été mal renseignés et le 29 est la date de départ du vapeur de Fort-Lamy pour Fort-Archambault.

Mais le (-ommandant ne veut pas attendre jusqu'au 8 ou 10 octobre et télégraphie au colonel Largeau pour l'informer de la situation.

Nous passons donc la journée du 29 à P'ort-Archambault le capitaine M..., commandant la circonscription, nous reçoit â sa table, ce qui nous permet de récupérer les forces perdues sur le Gribingui.

Dans la soirée arrive la réponse du colonel Largeau nous enjoignant de gagner d'urgence Fort-Lamy. Sur le vu de cet ordre, l'agent de la Compagnie concessionnaire des trans- ports fluviaux remet à notre disposition la baleinière qui nous a amenés de Fort-Crampel.

Après un nettoyage, l'exhaussement du chimbeck et l'installation d'une natte neuve, notre réduit nous paraît plus habitable.

Le 30, à 9 heures du matin, nous prenons congé du capi- taine M... ainsi que du lieutenant d'artillerie T .. Celui-ci parti de Bordeaux, le 25 juin, en même temps que le colonel Largeau, traîne en route faute de moyen de transport, et partis un mois après lui, nous le précéderons de quelques jours à Fort-Lamy.

Le commandant B... qui sent bien que j'aurais assez aimé prendre quelque repos à Fort-Archambault me taquine sur la rapidité de notre voyage. Je lui réponds qu'en efTet je n'aurais pas été fâché de regarder autour de moi plus à loisir et me plains de n'avoir pas encore vu tous les échantillons de cette immense ménagerie qu'est l'Afrique centrale ; des hippopotames je n'ai vu que le mufle et entendu le grogne- ment ; l'existence du lion ne m'est confirmée que par de loin- tains et sourds rugissements ; des éléphants je n'ai vu que les énormes traces et des défenses versées par les indigènes com- me impôt, enfin je n'ai pas aperçu le moindre buffle, ni la moindre panthère, ni la plus petite girafe. Pour son plus grand amusement je lui avoue que j'en suis profondément vexé.

Le ciel ayant sans doute entendu mes doléances, nous tombons le lendemain matin à la pointe du jour sur un troupeau d'une vingtaine d'hippopotames qui sommeillent à la surface de l'eau. La baleinière passe à une centaine de mètres au plus d'eux et je peux, à loisir, contempler ces

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monstrueuses bêtes. L'une d'elles, la plus grosse, une femelle sans doute, surveille nos mouvements. Nous nous gardons bien de les inquiéter, car ce serait un jeu d'enfants pour ces énormes pachydermes d'envoyer la baleinière et son contenu voir ce qui se passe au fond de l'eau.

Deux jours après, vers midi, le commandant étant descendu à terre je l'entends me crier: « Djian, Djian, venez donc voir un lion ! » Je ne me fais pas attendre et en quelques secondes je le rejoins, ,1'arrive assez à temps pour voir le roi du désert s'éloigner lentement et majestueusement. A 150 mètres de nous, le lion se retourne une dernière fois pour nous regarder et s'éclipse dans les hautes herbes.

Nous étions tous les deux sans armes et lorsque le commandant l'aperçut, il était à peine à 50 mètres de lui, le regardant venir.

Je pourrai donc dire, pour l'avoir vu, qu'en effet, le lion n'attaque pas l'homme...

Et maintenant nous voilà aux deux tiers du cours du Chari. La nature a changé d'aspect, l'herbe est moins haute et l'horizon plus découvert, l'on ne voit plus que les arbres rabougris épars dans la plaine.

Quelques-uns, d'assez belle venue, se montrent encore sur les berges, mais ils se font de plus en plus rareè. C'est, me dit mon aimable compagnon de voyage, rasi)ect de la région centrale du territoire du Tchad.

En route, le commandant reçoit un mot d'un officier de l'entourage du colonel Largeau lui disant que celui-ci l'attend avec impatience pour l'accompagner au Kanem, région située au nord du lac Tchad, dont il aura le commandement. J'en conclus que je ne moisirai pas à Fort-Lamy, car si le colonel me réclame également d'urgence avec autant d'insistance, c'est qu'il a besoin de moi Or, oîi peut-il avoir besoin de mes services? Ce ne peut être par conséquent qu'au Borkou (sud de la Tripolitaine, région voisine du Tibesti)dont l'occupation se prépare.

Tandis que le gros de la colonne expéditionnaire s'achemi- nerait d'Abéché sur Aïn-Galakka, le colonel Largeau, avec une escorte, irait la rejoindre en un point quelconque de la route après avoir traversé le Kanem.

11 y a donc de fortes chances pour- que je passe encore quelque temps en compagnie du commandant B... qui me laissera le souvenir d'un homme fort aimable et d'un supérieur aussi distingué que bienveillant.

Ceci dit, je me demande si mon séjour à la colonie ne

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s'écoulera pas en entier au Borkou, l'on va sans doute me laisser pour toute la durée de la période d'organisation.

Au point du vue ciimatérif|ue, cette région doit être excellente, mais je doute qu'elle vaille le reste du territoire au point de vue facilité de vie et abondance de vivres.

Toutefois la question de mon séjour au I3orkou n'est encore qu'une simple hypothèse de ma part et, je serai iixé sur ce point dans trois jours, peut-être dans deux, car il est très probable que nous toucherons au but le 8 octobre au soir.

Pendant que je songeais à ces probabilités, le commandant a tiré une sarcelle, deux canards et une superbe oie armée ; autant de victuailles qui donneront des forces aux pagayeurs- et stimuleront leur zèle.

Fort-Lamy

9 octobre. Quelle déception à mon arrivée à Fort-Lamy de ne trouver aucune lettre de vous ? Il y aura bien un nou- veau courrier dans huit jours, mais à cette date je serai déjà parti. Combien de temps vais-je encore rester sans nouvelles?

Le colonel Largeau m'a fort aimablement reçu et m'a appris que son intention était de m'emmener avec lui au Borkou.

Mes prévisions étaient justes en ce qui concerne l'itinéraire qu'il suivra. En résumé voici : nous partirons lundi après- midi à cheval ; nous traverserons le Kanem de la même façon jusqu'à un point nommé «Ziguey», nous laisserons les che- vaux pour prendre les méharis comme montures. Nous joignant à la colonne partie d'Abéché, nous nous engagerons dans le grand désert pour atteindre, dans une trentaine de jours, le Ksar d'Aïn-Galakka, but de l'expédition (750 kilo- mètres de Fort-Lamy).

Les forces que doit emmener le colonel étant assez impor- tantes, il est probable que l'occupation de ce poste se fera sans coup férir. Le but de cette expédition est de contenir les Snoussistes qui, des oasis du Borkou ils nichent, opèrent razzias sur razzias contre les populations soumises.

Ils viennent encore de recevoir dernièrement deux leçons et il est probable que nous les trouverons assagis.

Du Borkou, le colonel Largeau s'acheminera par l'Ennedi, sur l'Ouadai et me laissera à Abéché.

J'aclièverai donc dans ce dernier poste mon séjour au Tchad. J'emporte, pour celte raison, les bagages et les approvisionne-

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VERS LE TCHAD

ments qui me seront nécessaires pendant cette tournée, tandis que le reste, laissé ici, sera acheminé sur ma future résidence, je retrouverai, je l'espère du moins, un peu de repos.

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En route pour le Borkou 1 Massakory. Mao

L'après-midi d'hier s'est passée en visite aux officiers de la garnison.

Le soir je retrouve à la table du commandant B..., comman- dant le régiment du Tchad, plusieurs officiers que j'ai vus dans la journée. Je passe avec eux un agréable moment.

Jusqu'au 13, je serai l'hôte du lieutenant D..., deuxième adjoint au colonel. Cet officier a une case ronde entourée d'une véranda et coupée en deux par une cloison médiane en nattes. Il m'a installé dans l'une des deux chambres ainsi formées taudis que lui-même occupe l'autre.

Du 10 octobre. Je commence dès maintenant à faire mes cantines. Je dois emporter une partie de mes effets et de mes vivres de route. Le reste de mes bagages sera dirigé sur Abéché en même temps qu'un convoi de ravitaillement pour le colonel, le capitaine F... et le lieutenant D .. qui trouve- ront ainsi, dans la capitale du Ouadai, des effets propres et des vivres pour rentrer à Fort-Lamy.

Le préposé payeur M. G..., qui a autrefois vécu en Algérie, est heureux de me causer de gens et de choses dont il a gardé un bon souvenir. Lui-même parle l'arabe et il est heureux de converser dans la langue qu'il entendait parler à Orléansville et les diverses localités qu'il a habitées.

A Fort-Lamy, on parle un arabe impossible. C'est un simple assemblage de mots et de termes nègres se suivant sans respect aucun des règles de la phraséologie et de la déclinaison arabes. .Aussi est-ce avec un vrai plaisir que j'entame une conversation avec un tripolitain de Fezzan, dont le parler correct et pur est un vrai régal.

Comme je ne dois pas rester à Fort-Lamy, c'est sans hési- tation que j'accepte d'aller prendre une tasse de café chez lui, en compagnie du préposé payeur. Par contre je lui refuse très poliment une caissette de biscuits qu'il m'otTre pour joindre à mes provisions de route.

Du H octobre. J'ai commencé à remplir mes fonctions aujourd'hui. Je recueille les réclamations que les indigènes viennent présenter directement au commandant du Territoire et les soumets à l'examen de celui-ci. Le plus pouilleux des indigènes peut le voir et lui parler. Ce petit détail ine montre

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VERS LE TCHAD

qu'il connaît son aiïaire et qu'il veille à ce que les indigènes ne soient aucunement molestés.

En compagnie du lieutenant D..., je visite dans la soirée la ville arabe. Fort-Lamy est un mélange hétéroclite de toutes les races du Tchad. On y voit des maisons en pisé et des cases ; des négresses affreuses et des femmes arabes très sveltes et presque blanches.

Aujourd'hui dimanche, je déjeune en compagnie de mon hôte et du commandant B... chez le capitaine G... qui a passé une partie de sa jeunesse en Algérie. Lui aussi a fait de l'arabe et cela nous rapproche.

Gomme il sait que, manquant d'expérience, je ne suis pas approvisionné de vivres comme le voudrait le genre de vie que je vais mener pendant quatre mois, dans un pays dénudé de toutes ressources, il m'oblige à accepter une provision respectable de farine, de légumes, de julienne Revêt et de potages Maggi. L'abondance des vivres qu'il m'offre me gêne et je n'ose les accepter. Il me les fait porter le lendemain par son boy et comme je lui demande ce que je lui dois, il me fait cette jolie réponse: « Kien, vous n'aurez qu'à en faire autant avec un camarade, si l'occasion se présente. »

Le 12 au soir, le capitaine G... et le vétérinaire L... arrivent. Je suis heureux de les revoir.

i3 octobre. Mes bagages sont prêts. Les boeufs porteurs nous attendent. Nous ne savons pas à quelle heure nous partirons.

A 3 heures, tous les officiers sont réunis, prêts à saluer le colonel Largeau et à nous dire au revoir.

A 4 heures et demie, après les adieux d'usage, nous nous mettons en route.

Nous bivouaquons au bout de deux heures auprès d'un village oii nous sommes ravitaillés en lait, œufs et volailles.

i4 octobre. Nous partons à 3 heures du matin. La lune éclaire notre marche. Vers 8 heures nous atteignons Djeddada nous nous arrêtons pour reprendre notre chemin ce soir à 4 heures.

Ce point d'eau n'est autre chose qu'une dépression conte- nant une eau noirâtre et boueuse. Ce qui fait le charme de ce coin, ce sont les verts mimosas qui le décorent, et exhalent un parfum suave,

A 4 heures nous nous remettons en rout«. Au bout de quel- ques kilomètres, le colonel qui marche toujours en tête aper- çoit une énorme tortue qui traverse la piste. Elle pèse au moins 25 à 30 kilogrammes. Renversée sur le dos, nous la lais-

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sons dans cette position sous la garde d'un l)oy qui la confiera au convoi.

Nous arrivons au bivouac peu de temps après le lever de la lune. En attendant le convoi qui arr'ivera longtemps après nous, le Fekili Nahim, homme de couliance du colonel, va jusqu'au au campement voisin pour chercher du lait que nous buvons avidement pour le grand bien de nos estomacs vides et de nos intestins à ménager,

15 octobre. Nous repartons à 3 heures du matin et arri- vons vers 7 heures au campement de Massaguet. fMusieurs villages aux populations d'origines difTérentes, sont installés à proximité de ce point d'eau.

Aussi, peu de temps après l'arrivée, voyons-nous arriver avec une certaine satisfaction de nombreuses écuelles de lait ainsi que des œufs et de la volaille.

Mais si j'ai l'avantage de boire du lait à satiété, j'ai aussi par conti'e à recueillir les réclamations de nombreux plaignants. Pour cela... un interprète ! m'est adjoint. A Massaguet, on commence à parler un arabe très pur. Mais les indigènes le causent avec un tel accent, conséquence des croisements avec les nègres, que j'ai peine à les comprendre.

La lin des entretiens de notables indigènes avec le colonel m'amuse assez. Chaque fois que celui-ci a fini de parler les arabes répondent par ce mot «Sami» (C'est bien, c'est par- fait) qu'ils accompagnent d'applaudissements lents.

Du 16 octobre. Nous couchons dans le bled, ayant quitté Massaguet à 5 heures. En attendant le convoi nous essayons de préparer un emplacement dans la brousse en la débarras- sant des krams-krams (petits piquants dans le genre de ceux qu'on trouve dans la laine des moutons) dont le contact avec ia peau est extrêmement désagréable, car ils s'y implantent comme des aiguilles après avoir traversé les vêtements. Pour aller plus vite nous mettons le feu à l'herbe sèche. Malheuieu- sement le vent se lève à ce moment et en un clin d'œil l'in- cendie prend des proportions assez sérieuses. Nos palefreniers armés de paquets de paille, parviennent à se rendre maîtres du feu, pendant que nous-mêmes, craignant pour nos harnache- ments, les transportons en un lieu ils n'ont rien à risquer.

Des 11 et 18. Nous arrivons de bonne heure à Massakory. L'adjudant commandant le poste ne nous attendait pas, un malentendu lui ayant fait croire que nous ne passerions pas par là. On s'explique et tout s'arrange. Nous prenons un repos réparateur de deux jours. Ce temps m'a suffi pour me faire préparer quelques kilos de couscous de Guerchala

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346 VERS LE TCHAD

(semoule grossière dans laquelle il reste encore un peu de son). Gela me permettra de me passer de pain lorsque dans le cours de la traversée du désert, le manque de combustible nous empêchera d'en faire.

Nous repartons le 19 de grand matin; la température com- mence à se rafraîchir dans la nuit, dès que nous nous enga- geons dans une dépression, il fait froid.

Au petit jour, une biche nous regarde passer avec la plus parfaite sérénité. Elle est, au plus, à 200 mètres de nous. Chacun se sent une belle envie de manier son fusil. Mais hélas ! le colonel ne veut pas qu'on chasse en route. « Les officiers, dit-il, abandonnent le fusil de chasse pour le fusil de guerre avec trop de facilité et des accidents sont à crain- dre. » 11 s'en est d'ailleurs produit et le colonel Largeau dit, à juste raison : « Je suis moi-même chasseur et du moment que je me prive du plaisir de chasser, les autres peuvent en faire autant. »

Nous passons la journée à Voulisome, petit village de sept à huit cases, et allons coucher à quelques kilomètres de là.

Du 20. Nous entrons maintenant dans la région du Kanem, pays d'élevage par excellence. C'est aussi la seule région du territoire qui produise du blé. Ce blé est bien inférieur à celui des régions tempérées, mais la farine qu'il donne a l'avantage de ne coûter que 5 à 6 sous, tandis que celle de l'administration coûte le modeste prix de 3 francs le kilogramme. Et encore, bien qu'en boites soudées, elle n'est pas exempte d'un certain goût de moisi. Il est regrettable qu'Abéché soit trop éloigné de cette région sans quoi, pendant toute la durée de mon séjour au Tchad, je ne mangerais guère que du pain fait avec le blé du pays.

Bien rares sont les Kanembous qui parlent l'arabe. Pourtant bien qu'assez noirs ils ont le type arabe.

Du 21. Après une nuit passée à quelques kilomètres de Kalimboa, nous partons de bon matin pour Kéa. La journée est assez chaude. Il fait 40° sous les cases, mais comme la chaleur est sèche, elle ne nous incommode pas trop.

Nous étant remis en route à la même heure que les jours précédents nous atteignons N'gouri à la nuit noire. Le lieute- nant qui commande ce poste est sur le point de terminer sa troisième année. Il a deinandé à en faire une quatrième ! Malgré tous les charmes que peut avoir le pays, nous trou- vons que c'est exagéré. Quatre ans loin de sa famille et de son pays ! quatre ans sans aucun contact avec le monde civi-

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lise! Le lieutenant ne voit comme blanc que son sergent et les rares passagers qui vont au Kanem ou à Fort-Lamy.

Nous passons avec lui la journée du 22 et repartons dans la soirée.

Da23. Nous séjournons à (Puits-Loury ». Le gîte est des moins confortables, ce qui oblige le colonel à s'installer sous les arbres. Le thermomètre marque 38° à l'ombre. Nous nous remettons en roule à 5 heures, pour aller cou- cher à 0 kilomètres plus loin.

Du 24. Nous arrivons à Mao vers 7 heures du matin. On nous installe dans des cases assez confortables que nous habiterons pendant trois jours. Nous allons user d'un nou- veau moyen de locomotion. Etant donné l'impossibilité d'abreuver chaque jour les chevau.K, nous échangeons nos montures contre des chameaux. Nous n'abandonnerons ceux- ci que dans deux ou trois mois lorsque, approchant d'Abéché, nous avons quitté la zone désertique.

Déjà rahlas et bassours sont alignés devant le perron de la case très confortable qui va devenir l'hôtel du commandant B... désigné pour l'administration de la région du Kanem dont Mao est la capitale.

C'est avec regret que je quitte cet homme aimable et de bon conseil, gai compagnon, chef modeste et bienveillant.

Quelle admirable chose que la T. S. F. ! Au moment j'écris, on me communique les Havas du 20 annonçant la catastrophe d'un Zeppelin, l'évacuation de l'Albanie par les Serbes, la promotion de Santos Dumont au grade de Com- mandeur de la Légion d'Honneur et d'autres nouvelles de moindre importance.

27 octobre. A4 heures les bagages sont préparés, les chameaux conduits devant nos cases et chargés. Ah ! ce n'est plus comme au Maroc je n'avais à me soucier de rien. L'ordonnance préparait ce que j'avais à emporter et le bon tringlot s'occupait d'arrimer le tout sur ses mulets. Et ces braves Mokhazenis sont-ils? Ici il faut se débrouiller à peu près seul. J'ai un boy qui est loin d'être d'ordonnance. Aussi faut-il que je me donne beaucoup de mouvement pour de faibles résultats. Enfm j'y arrive quand même. Je dois d'ail- leurs le reconnaître, les deux officiers du colonel Largeau, le capitaine F... et le lieutenant D... qui sont déjà passés deux ou trois fois par là, font tout ce qu'ils peuvent pour tne tirer d'ambarras. Seul le colonel conservera son cheval. A

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4 heures et demie il prend les devants et cela nous permet d'achever nos préparatifs sans précipitation.

Ma monture est prête. Gomment la mise en selle, ou plutôt en bassour va-t-elle s'opérer? .le passe une jambe, je me carre bien sur mon coussin, ma monture se relève et pan ! me voilà entraîné avec mon siège presque sur le cou de l'ani- mal. Le bassour, mis par un chamelier improvisé, n'a pas été fixé en arrière par une corde passée sous la queue. Pendant dix secondes ma situation est plutôt critique. C'est du moins ainsi que j'en juge personnellement. Les camarades qui assis- tent à la scène, la trouvent comique et viennent à mon secours en se tordant. Enfin je ne sais trop comment je par- viens à mettre pied à terre.

Cette fois le siège est fixé suivant les règles et l'opération se fait sans anicroche.

Je remets pied à terre avant le départ, pour prendre un verre de Champagne offert par le commandant B... .Te ne sais comment le remercier de ses bienveillantes attentions à mon égard.

Je fais un départ d'ancien et, quoique peu d'aplomb, au début, je me familiarise assez vite avec ma monture balancier.

Nous arrivons à la nuit au gîte d'étape où, comme par hasard, je trouve une plaignante. Je l'expédie aussi vite que mon modeste souper et vais immédiatement me reposer.

Du 28. Réveil à 3 heures. Départ à 4. Les boys qui la veille ont fait le chemin à pied, sont dotés d'un chameau.

Mon boy, malgré mes averti.ssements, persiste à vouloir se hisser sur son bassour sans le fixer à l'avant et à l'arrière. Le résultat prévu se produit, il tombe et son siège se casse. Heureusement qu'il ne s'est pas fait de mal.

Arrivée à Yonno vers 8 heures et demie sans incident. Départ à 4 heures el demie. A noter l'eau claire et limpide que j'ai bue avec délices ici et à Mao. Arrivée à l'étape à 9 heures, dîner rapide et repos.

Du 29. Réveil à 3 heures. Départ à 4. La route suivie est accidentée. C'est une suite de Ouadis (petits vallons) cou- verts de verdure : palmiers dattiers, doums, souak... Ces taches vertes forment un assez joli contraste avec l'aspect désertique que prend la dune tout à l'entour.

Décidément le chameau n'est pas la monture rêvée. Quelle allure fatigante ! Lente à la montée, rapide et saccadée à la descente, elle ne devient guère supportable qu'en terrain plat.

Vers 8 heures, nous bivouaquons dans un oued charmant

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nous n'avons que l'embarras fin choix pour monter notre tente à l'ombre des palmiers.

Départ à 4 heures du soir. Nous arrivons à l'étape vers minuit. .l'avais pris la précaution de souper avant de partir. Comme je suis fatigué, cela me permet de me coucher aussitôt mon lit monté.

Du 30 octobre. Départ à 4 heures du matin. De bonne heure, nous ariivons à Zigueï sans autres incidents que ceux qui agrémentent la marche d'un convoi de chameaux, cordes qui cassent, animaux qui se couchent, méharis qui tombent.

Le poste a une physionomie particulière avec son pavillon pour officiers et sous-officiers, aux bordures et terrasses dentelées ; et ses cases de tirailleurs, basses et longues, cons- truites en hadd (herbe dont les tiges ressemblent à celles du fenouil).

Très aimables, les camarades de Zigueï nous reçoivent à déjeuner. A mesure que nous avançons le manque de confort se fait de plus en plus sentir ! Et dire qu'ils sont nombreux les officiers qui font des troisième et quatrième années, sur leur demande, dans ces régions désertiques. A Mao encore, un officier sur le point de rentrer après sa troisième année a été tout heureux de voir sa demande de quatrième année accueillie favorablement.

Du 31 octobre. - Séjour à Zigueï. Nous sommes rejoints par la Compagnie partie de Mao un jour après nous. On sent ici le branle-bas de combat, ce n'est partout que cous- cous qui sèche, caisses de vivres alignées, lits, guerbas (outres) étendues au soleil, viande qui boucane.

Mon boy se plaint de dysenterie, mais c'est une dysenterie d'un caractère particulier, puisqu'à l'annonce qu'il sera rem- placé le lendemain, un mieux sensible se manifeste dans son état.

Il est temps que je m'en aille d'ici, car les chefs des tribus du cercle de Mao me connaissent trop déjà. Or vous savez ce que l'on gagne à être populaire parmi ces gens, c'est toute la journée un défilé incessant de pouilleux qui viennent vous exposer leur doléances.

L'un d'eux m'amuse particulièremenf. Arrêté à dix mètres de la porte de ma case, il me salue. Je réponds et baisse le nez sur mon travail feignant de ne plus m'occuper de lui. Cela ne le décourage pas, mon salut lui a permis de s'appro- cher un peu. Petit à petit, sans avoir l'air de rien, il arrive à la porte et, à la fin, lorsque je me décide à lever les yeux,

350 VERS LE TCHAD

mon bonhomrr.e est à l'intérieur de la case comnnençant son discours : « Enta habibi bezzaf » (Tu es mon grand ami.)

Du i*"" novembre. On ne se douteraitpas que c'est aujour- d'hui la Toussaint, je suis certain qu'autour de moi personne n'y pense.

On se livre aux dei'niers préparatifs de départ. De bon matin j'ai à examiner l'affaire d'une femme à laquelle un homme a fait disparaître un chameau. Comme l'affaire se ter- mine à son avantage, elle découvre que mes yeux révèlent que je suis pas un nenani (chrétien) mais un meslem (musulman).

J'ai pour ordonnance, un sénégalais, un bambara de 1 "ï80. énergique et zélé, comprenant le français et le causant suffisamment pour que nous nous comprenions. Il est vrai qu'avec les mots : gagner et content on peut exprimer pas mal d'idées. Chez les Noirs, soldats ou boys, le mot gagner a le sens d'acheter, gagner, perdre, attraper, recevoir (une bles- sure\ contracter (une maladie), etc., etc. Dites à votre boy : « Moi y a content gagner oignons. » Il comprendra immédia- tement: «Je serais très heureux que tu m'achètes des oignons.» De même il vous dira : « Moi content faire café « pour « Je voudrais faire le café. »

A 4 h. 35, après bien des hésitations, des malentendus et des ordres incompris, la colonne se met en branle. Tout le monde est à chameau, personne ne va à pied. Aussi faut-il voir avec quelle vitesse nous avançons. Heureusement que la nouvelle lune vient éclairer notre marche pendant les premières heures de la nuit. Nous arrivons à l'étape vers 10 heures et demie.

S novembre. Départ à 4 heures du matin, arrivée à l'étape à 8 heures et demie (Boufoumine). Nous faisons ici notre plein d'eau, car nous n'arriverons à Hacha que le 4 au soir et, d'ici là, nous ne trouverons pas un seul point d'eau. II est fort probable que demain et après-demain je n'en gaspillerai pas beaucoup pour me débarbouiller.

3 novembre. Nous passons la journée à 30 kilomètres de Boufoumine ayant parcouru cette distance en deux étapes. La température est de plus en plus supportable dans la journée, et les nuits sont très froides. Malheureusement le vent qui rafraîchit la température a l'inconvénient de soulever le sable et de le véhiculer dans l'air. Il se lève vers 9 heures du matin pour cesser au coucher du soleil et, pendant tout ce temps, l'atmosphère est obscurcie par la poussière en suspension.

VERS T,E TC\\.\n 351

Aussi le salilp onfro-t-il poni* iino cort;iino part maintenant dans notre alimentation.

De plus en plus c'est le désert. Nous ne marchons plus que sur le snble mouvant, plus de sol ferme. Et quelle véjifétation ! Quelques toutTes d'herbes sèches comme si elles avaient été passées au four, des arbres (exclusivement des épineux) qui atteignent 3 mètres au maximum et dont les feuilles sont de plus en plus imperceptibles.

4 novembre. Deux étapes nous ont portés à 35 kilomètres du bivouac de la veille. Le pâturage est moins beau que celui d'hier et la poussière plus intense.

5 novembre. Nous voilà à Hacha. Les chameaux ont de quoi se nourrir et les hommes vont pouvoir se reposer. Nous devons séjourner ici jusqu'au 7 au soir.

î.es puits sont rapidement creusés, car à moins d'un mètre, on trouve la couche aquifère. L'eau est fraîche et limpide mais dès qu'on l'avale on sent le goût désagréable du sulfate de soude qui entre dans la composition du natron. Nous voilà donc tous soumis à une cure purgative. Gela ne fera peut-être pas trop de mal à nos intestins.

Nous ne manquerons pas d'eau, mais il n'en sera pas de même pour le bois. Les boys sont obligés de faire pas mal de chemin pour en rapporter quelques brindilles. 11 est vrai que ce soir ils n'auront qu'à parcourir le pâturage pour ramas- ser le crottin des chameaux. Desséchés par le soleil et le vent sec qui ne cesse de souffler, ces excréments feront un excel- lent combustible. Voilà une utilisation des restes qui n'est pas à dédaigner.

Ce voyage à travers ces contrées désertiques m'assure un repos complet de l'esprit. Inhabitées, elles suppriment les plaignants et me permettent de vous consacrer ma pensée. Peut-être notre séjour à Hacha permettra-t-il à un courrier de nous y atteindre. Gomme je serais heureux, s'il m'appor- tait quelques nouvelles de vous tous ! G'est que voilà exacte- ment cent deux jours que je n'en ai pas !

Un boy resté en arrière ce matin au départ du campement n'a pas encore rejoint.

Des partisans Teddas (gens de la région) envoyés à sa recherche rentrent vers 9 heures du soir sans l'avoir retrouvé.

Du 6 novembre. Le malheureux qui s'était perdu hier est rentré ce matin exténué de fatigue et à moitié fou de terreur. Après avoir erré toute une matinée, il a pu retrouver nos traces et nous rejoindre. Sans cet heureux hasard, il eût été condamné à mourir de faim et de soif.

352 VERS TE TCHAD

Le séjour à Hacha est désagréable avec ce vent qui souffle continuellement. En deux heures la natte en doum étendue dans ma tente a entièrement disparu sous le sable. Lorsque l'on mange, le sable craque sous la dent ; ce n'est pas bien agréable, mais on s'y fait difficilement toutefois. Je soup- çonne fort qu'un séjour prolongé dans de pareilles régions aurait des conséquences regrettables sur les nerfs des gens.

Du 7 novembre. Maudite poussière ! Ce matin au moment je prenais une photo, je me suis aperçu qu'un grain de sable avait enrayé le système de fermeture de l'obturateur.

Mes progrès sont plutôt lents en photographie et les diffé- rences de luminosité des contrées j'ai opéré jusqu'à présent sont peu faites pour les hâter. D'ailleurs les piètres résultats obtenus par le colonel me consolent de mes déboires de débutant.

Du 8 novembre. Nous avons quitté Hacha hier Deux étapes nous en ont éloignés de 40 kilomètres. 11 nous en faudra faire encore deux fois autant, et en deux jours, pour atteind?'e le prochain point d'eau. Nous sommes bien dans le pays de la soif ! Ce matin nous avons fait plusieurs kilomètres sans voir la moindre touffe d'herbe. Ce n'est pas le maigre pâtu- rage qui entoure le bivouac qui nourrira aujourd'hui le trou- peau de bœufs amené par les troupes.

Quel froid ce matin au départ ! Huit degrés. A un certain moment, nous avons tous pu supporter nos pelisses de drap jusqu'à 9 heures. A 2 heures de l'après-midi, le thermomètre marque de 25 à 26"^ sous la tente. A l'extérieur la brise qui souffle d'une façon constante rend la température encore plus agréable.

J'ai abandonné la plume pour le crayon qui dans ces régions sèches et sablonneuses est bien plus pratique.

Le départ nous offre chaque jour quelques instants de récréation au retour des chameaux du pâturage. Quel concert font ces bêtes lorsqu'on les ramène vers le camp ! On ne s'entend plus. Et la poursuite ! De tous côtés on voit tirailleurs et conducteurs se lancer après leurs bêtes qui fuient stupidement. Ils les rejoignent, se cramponnent à leur queue, font la pirouette, s'affalent à terre, se relèvent et se relancent à leur poursuite en les couvrant d'impréca- tions. C'est tordant !

Moins réjouissant est le retour du pâturage de ces gra- cieuses bêtes lorsque nous séjournons à t'étape. A leur arrivée on les voit se répandre dans le camp à droite, à gauche, de tous côtés. L'air suffisant, elles s'empêtrent dans les colis,

\

VERS I.E TCItAD Hô^

s'égarent auprès des cuisines, font sauter les cordes des tentes et continuent un cert.iin tetnps leurs allées et venues, chas- sées et maudites [)ar tous.

Du 9 novembre. Quel hi/.nrre pays que celui-ci, hier c'était le désert dans toute son aridité et aujourd'hui, sur une longueur de plusieurs kilomètres, nous avons vu le sol couvert de touffes d'herbes dont nos chameaux vont se régaler.

Pas un arbre depuis Hacha. Les racines de hadd (plante aromafi(pie dont les chameaux sont très friands) nous appro- visioiuieut en combustible. Gela n'empêche pas mon boy de simplifier autant que possit)le les menus. Sa cuisine n'est pas mauvaise, mais il ne se lave pas tous les jours et de temps en temps, se mouche avec les doigts ; en tournant la tête on ne s'en aperçoit pas.

Quant à l'ordonnance, l'assurance avec laquelle il répond « oui » à tputes mes questions m'avait trop fait présumer de sa force en français. La façon dont il me sert à table m'a édifié. Qu'il comprenne ou non ce que je lui demande, il me rapporte quelque chose: serviette, pain, sel, etc. Peu lui importe que ce soit une chose ou une autre que je lui aie demandée. Cela m'amuse et je ne me fâche jamais car il m'est bien dévoué.

Du 10 novembre. Nous devions arriver au point d'eau d'Yousoufoury ce matin, mais une légère erreur d'orientation vers l'Est des guides nous a fait laisser ce point à l'Ouest, tout en nous rapprochant du puits d'Amzao

Du il novembre. Nous avons atteint Amzao hier soir vers 8 heures après un joyeux départ occasionné par un chameau récalcitrant. Deux fois pris, deux fois échappé, sept ou huit conducteurs se mirent à sa poursuite pour le reprendre et l'entraver. L'ayant rejoint, ils furent, en un clin d'œil, tous cramponnés à la bête affolée: deux étaient sur la bosse, un troisième sur le cou, un quatrième lui maintenait la ()atte antérieure gauche, le cinquième, suspendu au tlanc droit de l'animal, était coincé contre un de mes chameaux chargés ; quant au sixième, c'était le plus amusant, ayant pris le chameau par la queue, il s'était arc-bouté de ses deux jambes contre les cuisses de l'animal. Quelle élasticité et quelle agilité merveilleuses chez ces gens-là ! Pendant toute celte scène des plus divertissante, ils ont été aussi souples de corps que comiques de pose.

A proprement parler, ici comme à Hacha, les puits n'existent pas. Mais la proximité de la nappe aquifère permet d'en creuser rapidement dans le sable, autant que l'on veut, sans autres instruments que les mains.

354 VERS LE TCHAD

encore l'eau est natronée et c'est un léger goût saumâtre qui domine.

Ce golit se retrouve dans le lait de chamelle que l'on m'apporte chaque soir et qui me permet le matin, pour mon petit déjeuner, de prendre café au lait ou chocolat au choix. Je puis bien me payer cette petite compensation en prévision de mes deux repas au sable de la journée.

Du 12 novembre. Séjour à Amzao. Je passe ma journée à recueillir les éléments d'un petit travail dont m'a chargé le colonel Largeau : une étude monographiquesur une des tribus du Borkou. Bien qu'un vent extrêmement violent et chargé de sable vienne me contrarier sous la tente, je poursuis ma petite enquête avec acharnement.

Du 13 novembre. - Nous nous transportons à Tekia à 10 ki- lom. d'Amzao.'ll souffle un vent assez violent, glacial durant la première partie de la matinée. J'éprouve toutes sortes de difficultés à monter ma tente, mes piquets en fer ne tenant pas dans le sable. Vers 11 heures, elle est jetée à bas. Le colonel s'en aperçoit, me demande ce qui se passe et m'engage à demander aide à un camarade tout en me recommandant de ne pas rester au soleil, .le le remercie, le priant de ne pas s'inquiéter de moi, mais deux minutes après, je le vois ramenant le lieutenant D... et le capitaine F... avec leurs boys. J'en suis tout confus et trouve cela charmant de sa part.

Du 14 novembre. Deux demi-étapes nous transportent à mi-chemin de Ickia-Tizimi. Journée délicieuse, léger vent frais et pas de sable.

Du 15 novembre. Arrivée à Tizimi. Paysage un peu plus gai du fait de quelques arbres disséminés aux environs d'un point d'eau. Le temps est aussi agréabfe qu'hier.

Du 16 novembre. Nous quittons Tizimi l'après-midi, après y avoir passé la nuit. Est-ce l'effet de la pleine lune? Toujours est-il que la température est moins basse et le vent moins violent depuis deux jours. Ce dernier avantage surtout est appréciable, car il nous permet d'absorber une nourriture moins sablée que les jours précédents. Les indigènes préten- dent que les périodes de vent de sable alternent régulièrement avec les périodes de temps clair. Chacune serait de neuf jours.

Du 11 novembre. Deux demi-étapes, soit une trentaine de kilomètres, et nous sommes arrivés à Moledinga. Le beau temps persiste.

Mais ce qui dure trop hélas ! c'est le temps que le courrier, attendu avec impatience, met à nous parvenir.

Avant notre départ pour Ghicha (point d'eau suivant) le

VERS LE TCHAD

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colonel nous fait remarquer un effet do niirafîe. A 2 ou 3 kilo- mètres de nous, en un point nous sommes passés le matin, une superbe nappe d'eau s'étend, reflétant les touffes de hadd qui l'environnent, un ruisseau vient s'y jeter ell'onde semble se vider sous l'influence d'une brise ; l'illusion est complète ! Ce spectacle m'a fait comprendre la déception que doivent éprouver les voyageurs qui, en proie à une soif ardente, croient arriver au terme de leurs soufTrances.

Du 18 novembre. Comme à Ti/Jmi, quelques arabes indiquent la présence de l'eau à une faible profondeur. L'herbe d'un vert foncé en est un autre indice.

J'admire la prudence du colonel. Bien qu'une attaque soit peu probable, il redouble de précautions à mesure que nous approchons du but de l'expédition. Toutes les nuits, en outre des sentinelles postées à environ 250 mètres du camp, des patrouilles de cavaliers circulent aux environs dans un rayon de 2 kilomètres. Si une surprise se produit, ce ne sera pas la faute du chef.

Nous quittons Chicha à 4 heures. Le vent se lève vers le coucher du soleil. Mauvais présage disent les arabes, c'est du sable pour demain.

Du 19 novembre. La prédiction des indigènes s'est réalisée et notre journée à Millemée est marquée par une tempête de sable. Nous éprouvons bien des difficultés à mon- ter nos tentes et, aussitôt qu'elles sont dressées, nous nous y enfermons. L'aspect du camp est assez morne ; tout est gris de poussière. Les tentes continuellement secouées ont un aspect lamentable. Les bassours, tout ce qui émerge de terre, forme autant d'obstacles contre lesquels s'accumule le sable. Boys et tirailleurs se sont enfouis la tête sous des couvertures, des peaux de bouc, des outres à vivres, mais autour de leur corps, le sable s'amasse.

Du W novembre. Nous voilà à Yeggo. Nous y séjournerons trois jours et y serons rejoints par la seconde partie de la colonne à laquelle nous devions, d'après les ordres précé- dents, nous réunir à Bokhalia, à 30 kilomètres d'ici. Le capitaine L... partira cette nuit avec une escorte pour l'avertir de ce changement de programme. Nous sommes encore gratifiés d'une tempête de sable plus forte que celle de la veille. Vers 2 heures on ne distinguait plus rien à 150 mètres.

Du 21 novembre. Même temps que la veille.

Du 22 novembre. Un courrier envoyé par le capitaine L... annonce qu'il a opéré sa jonction avec les troupes du Ouadaï et qu'ils arriveront ensemble aujourd'hui.

356 VERS LE TCHAD

A 7 heures du matin, ils étaient en vue et à 7 heures et demie ils nous rejoignaient. Avec eux sont venus des indigènes de Faya, oasis située à environ 50 kilomètres d'Aïn-Galakka. Ils viennent demander l'aman et nous donnent quelques renseignements intéressants, s'ils sont exacts : « La majeure partie des guerriers de Faya a été emmenée à Aïn-Galakka par les Khouans snoussistes. Ceux-ci seraient déterminés à résister derrière leur forteresse et attendraient des renforts des populations du Tibesti. « Tant mieux ! TafTaire offrira plus d'intérêt et j'aurai l'occasion d'admirer la vaillance des Sénégalais. Toutefois il est à craindre que les Khouans ne renoncent à leur projet de résistance lorsqu'ils sauront qu'ils auront à lutter non seulement contre les troupes du Ouadaï, mais aussi contre les nôtres dont ils ignorent sans doute la venue.

Du 23 novembre. Nous reprendrons cet après-midi, à 3 heures, notre marche en avant. Nous nous porterons dans la direction de Faya oi!i nous arriverons vers le 27 sans doute. Nous ne serons plus alors qu'à deux étapes d'Aïn-Galakka.

Du Î6 novembre. Erreur ! ce n'est pas sur Faya que nous avons marché, mais bien sur A'in-Gaiakka dont nous ne sommes plus qu'à 25 kilomètres. Demain, In challah ! le 80 de montagne chantera une aubade aux Khouans, si toutefois ils nous ont attendus.

Aïn-Galakka !

Du 28 novembre. Nous sommes à Aïn-Galakka depuis hier. Nous étions vers 6 heures du matin en vue de la zaouïa. Ses gens ne s'attendaient pas à notre arrivée. Quatre jours auparavant ils avaient dépêché une quarantaine des leurs aux Khouans de Faya qui, croyant que nous devions passer chez eux, demandaient du secours.

Le nombre de nos adversaires était donc diminué d'autant. L'affaire n'en a pas moins été très chaude.

Après que plusieurs brèches eurent été pratiquées dans le mur par le 80 de montagne, l'assaut fut donné.

Ce fut une ruée d'un admirable élan, aussi bien de la part des officiers que de ces braves sénégalais. Aux côtés du colonel, je suivis toutes les péripéties de l'affaire : le capitaine Ferrandi, avec son escorte, allant aux mâles accents du clairon, planter nos couleurs sur le mur, la 8^ Compagnie, arrêtée par une épaisse fortification qui n'apparaissait pas de loin, dut se fusiller à bout portant avec les défenseurs. Ce fut ensuite

VERS 1,12 TCHAD ^iî7

une conquête de maison par maison, la prise de l'étendard snoussiste, puis l'incendie gagnant de tous les côtés. Bref, ce fut la guerre dans toute son horrible beauté. Môme au Maroc, il ne m'avait pas été donné de voir quelque chose d'aussi militaire, ni d'aussi « t'uria française ».

Muni (le ma jumelle et de mon appareil photographique, je ne me servais ni de l'un, ni de l'autre, .le ne pouvais détacher mes regards de ce qui se passait devant moi et ne songeais nullement à fixer sur des clichés un durable souvenir.

Malheureusement nous avons eu à déplorer la mort du capitaine Maignan, celles du lieutenant Berrier-Fontaine -et de l'udjudant Boncou et de neuf sénégalais. Parmi les blessés : le lieutenant Dufour, deux sergents et une vingtaine de sénégalais.

Quant aux défenseurs de la zaouïa, ils ont été exter- minés. Il y a bien eu quelques femmes (très peu) ou enfants tués, mais nous avons pu néanmoins, à la grande joie du colonel Largeau, sauver 163 femmes, 200 enfants et 54 esclaves.

L'enterrement des tués a eu lieu ce matin. C'est la même cérémonie imposante dans sa simplicité que j'ai eu hélas ! l'occasion de voir maintes fois au Maroc.

Depuis la prise d'Aïn-Galakka je suis sur les dents. Je n'ai pas une minute de repos.

Du 7 décembre. Décidément, je suis tombé de Gharybde en Scylla. Après le Maroc, oij la besogne ne manquait pas, je suis tout aussi surmené au Tchad. Le travail ne m'elTraye pas mais je préférerais que la besogne fût répartie également sur chaque jour. Ici ce n'est pas le cas. Depuis la prise de la zaouïa, je suis pris du lever du soleil jusqu'au coucher.

Aussi je n'ai pas pu, comme précédemment, tenir à jour mon journal de route.

Le l*"" décembre, nous avons quitté Galakka pour nous rendre à l'oasis de Faya située à 60 kilomètres à l'Ouest. Les Khouans qui y étaient instruits par la leçon que leurs frères avaient reçue quelques jours auparavant, ne nous ont pas attendus et se sont enfuis vers Koufra se trouve le siège de la confrérie.

A notre arrivée, le 'S au soir, par un chemin impossible à décrire, à travers les rochers, nous avons trouvé la zaouïa évacuée et nous nous y sommes installés.

Nous partirons demain, à 6 heures, pour entreprendre une tournée de pacification d'une trentaine de jours, dans l'extré- mité orientale du Tibesti et la trouée qui est située entre ce

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massif montagneux et l'Ennedi qui se trouve à l'Est, entre le Borkou et la région du Ouadaï.

Les guides me disent que les chemins que nous suivrons pendant la première partie du voyage sont encore plus acci- dentés que ceux qui conduisent de Galakka à Faya.

Du '25 décembre. J'ai quitté Faya avec le colonel et une partie de la colonne, le 8 décembre au matin.

Le parcours Faya-Gouro m'a fait voir le désert sous un nouvel aspect. C'est d'abord le désert plat et sablonneux, sans aucun pâturage, puis, un pays d'aspect absolument fantastique : des rochers noirâtres taillés en dentelle par le vent et le sable, des collines basses faites d'une roche essentiellement ferru- gineuse dont la couleur donne aa pays la physionomie d'une contrée dévastée par un immense incendie.

Nous traversons ensuite une région les plateaux sont couverts de petits cailloux aux vives arêtes, qui rendent la marche pénible aux hommes et aux animaux.

Enfin, le 13, après avoir franchi une dernière ligne de crêtes rocheuses nous arrivons en vue de Gouro. Le 14, au matin, nous sommes à 2 kilomètres de la zaouïa. C'est trop tard. Le Mokaddem Si Mohammed Senni, qui a été prévenu de notre arrivée, s'est enfui avec sa famille.

Une compagnie se lance à sa poursuite. Ses fils et ses captifs, favorisant sa fuite, se sont installés sur les pentes du plateau rocheux qui domine la zaouïa et bravement retardent par leur feu la marche des sénégalais. Ceux-ci avancent pourtant. Leur tir mieux dirigé que celui de leurs adversaires met une grande partie de ceux-ci hors de combat. Les femmes et les enfants sont bientôt pris, ainsi que deux fils du Mokad- dem, âgés de 30 à 35 ans, blessés l'un au bras, l'autre à la cuisse.

Quant au père et au reste des fugitifs ils ont réussi à se mettre hors d'atteinte.

La zaouïa est alors livrée au pillage, un fusil de guerre italien, un tapis (grande carpette) usagé et une écritoire arabe en cuivre m'échoient comme part de prise. Mais hélas ! il m'échoit aussi le dépouillement d'une très volumineuse correspondance arabe aussi intéressante qu'édifiante. Il y a trois h quatre mille lettres qu'il faut que je déchiffre et dont je dois traduire les plus importantes. J'en ai au moins pour six mois.

Mais ce n'est pas la conséquence la plus drôle de la fuite de Si Mohammed Senni. Son harem et ses enfants sont emmenés comme otages et c'est moi qui en ai la charge. Non ! mais me voyez-vous en Marsoul des Mille et une nuits,

VERS LE TCUAD 359

presque en eunuque ? Le personnel féminin comprend : deux femmes arabes de Tripoli, une femme téda, une femme ouadaïenne, petite lille d'un sultan, sept captives noires. Voilà pour les femmes de Si Motiammed Senni et leur domesticité. J'ai en outre les trois filles du vieux snoussiste dont l'ainée âgée de 18 ans, est déjà veuve et mère d'un enfant. Cette der- nière a une physionomie vraiement fine.

L'ordre qui m'a installé dans mes (onctions actuelles com- porte pour moi l'obligation de rester en permanence auprès de mon harem, de lui distribuer la pitance, de veiller à ce qu'il ne manque ni de bois, ni d'eau et ce qui est le plus délicat... de mettre la vertu de ces dames à l'abri des entre-- prises du personnel masculin de la colonne !

Gomme les femmes tripolitaines sont des hadriates (citadines) et (ju'elles m'ont vu leur causer avec compétence de rechta, boukettouf, keddid (mets arabes) que je leur ai vu faire, elles sont persuadées que je suis un musulman algérien. Gomme d'autre part, leur sort me fait pitié et que je tâche, autant que possible, de l'adoucir, je m'entends toute la journée souhaiter El Djenna (le paradis).

Mais en attendant le paradis je gagne des poux. G'est pour

l'instant le résultat le plus clair de mes attentions pour elles.

Je ne sais si tout ce monde sera emmené plus loin que

Faya, mais malgré leur côté intéressant, il me tarde d'être

débarrassé de ces fonctions qui sont une véritable sujétion.

Le 20 au soir, nous avons quitté Gouro et le 24 au matin nous sommes arrivés à l'oasis d'Oujanga, oîi nous séjourne- rons jusqu'au l*^"" janvier.

Pendant cette période, de petits détachements seront envoyés en reconnaissance dans toutes les directions.

Du iO janvier 1914. Notre séjour à Oujanga a duré jusqu'au 31 décembre après-midi. Cela m'a fait près de huit jours de repos physique seulement, car aussi j'ai récolté du travail, pour moins de temps qu'à Gouro peut-être, mais suffisamment pour m'occuper un mois de plus.

Mes occupations ne m'ont pas permis d'admirer ce joli coin d'Oujanga autant qu'il l'aurait mérité. Au milieu d'un décor sauvage d'énormes rochers, en bordure d'un lac aux eaux d'azur, une palmeraie s'étend, dressant vers le ciel sa verte chevelure. Vous ne sauriez vous imaginer avec quel plaisir on aperçoit ce coin délicieux lorsqu'on a de Faya à Gouro et de Gouro à Oujanga, parcouru près de 300 kilomètres dans un horrible pays rocheux oii l'on ne trouve de maigres pâturages épineux et de diss que tous les 40 ou 60 kilomètres.

360 VERS LE TCHAD

Pendant qu'une partie des troupes séjournait à Oujanga bon nombre de camarades avec leurs tirailleurs et leurs chameaux battaient le pays, les uns pour le reconnaître, les autres, pour nous mettre à l'abri d'une surprise de 150 à 200 irréductibles qui restent réfugiés dans les rochers du Tibesli.

Partis d'Oujanga le 31 décembre, nous nous sommes trou- vés en route le h"" janvier au matin, échangeant nos vœux à la lueur des feux du bivouac et pensant avec envie à ceux qui, à l'abri du froid et du sable, fêtaient le. Jour de l'An en famille.

J'étais pourtant moins triste que mes réflexions pourraient le faire croire et, à midi, nous étions réunis avec quelques camarades autour d'un confortable couscous, et devisions gaiement sur les infortunes de mes prisonnières.

Du l^"" au 4, il a fait chaud, mais à partir de cette dernière date, le temps se remettait au vent et au froid ; le 7, à l'heure du déjeuner, nous étions gratifiés d'une tempête de sable.

Le même jour prenant les devants avec le colonel, l'état- major et... ma smala nous arrivons à Faya après le coucher du soleil.

C'est aujourd'hui le 12, voilà quatre jours que nous sommes ici. Je continue ma besogne de déchiffreur de grimoires, troublé à chaque instant par les trop nombreux plaignants qui viennent présenter, avec une audace imperturbable, les plus fantastiques réclamations.

Hier j'ai abandonner mon travail pour préparer le départ direct sur Fort-Lamy de mes prisonnières et prisonniers; ils y seront conservés comme otages, ils me quitteront après- demain sans doute.

Malheureusement le colonel s'est laissé fléchir par l'une des femmes qui, originaire du Ouadaï, a demandé à nous suivre jusqu'à Abéché elle sera rendue à sa famille.

Me voilà donc chargé de cette femme de sa belle-sœur et de ses trois esclaves pendant quarante-cinq jours encore.

Du i6 janvier. Nous avons quitté Faya hier après-midi vers 4 heures et sommes ailés coucher à environ 8 kilomètres de là. Nous avons abandonné notre bivouac de nuit ce matin, vers 4 heures, et, après 8 heures de chameau, avons atteint un lieu de pâturage nous passerons la nuit.

Me voilà presque complètement débarrassé des fennnes, les six restées avec nous ayant été confiées aux partisans indigènes.

il janvier. L'étape n'a pas été longue ce matin. Nous avons fait tout au plus trois quarts d'heure de chameau à travers un terrain rocheux. L'imprécision des déclarations

I

VERS LE TCHAD 361

des giiidfis nous a l'ail pi^-ili-e iiikî inatiriée puisque le pelit eflbrt t'ait ce matin eût, loul aussi bien, |)u être accompli hier. X mon départ j'ai en nne petite émotion. I^'esclave, (\\\(î j'ai chargée d'an jeune Tonhon ahandonné à Gouro par ses parents, est venue, au réveil, m'avertir que l'enfant avait disparu hier dans la soirée, .(c me mis à faire des recherches, mais elles n'aboutirent pas. .l'étais navré car, ni'étant en somme chargé de ce négrillon, je voyais déjà ce pauvre petit errant dans le désert et mourant de faim et de soif. Je me portai alors sur le passage de la colonne interrogeant tout le monde. La colonne avait entièrement défilé et je n'avais reçu de chacun qu'une l'éponse négative lorsque, arrive enfin le sergent-major Gh... qui, ayant trouvé le gosse, venait de le confier au.\ captives. Je poussai alors un soupir de soulagement.

Je dois faire une petite rectification : j'exagère lorsque je prononce le mot colonne. Gelle-ci a été disloquée le 8 et nous n'avons plus avec nous (avec le colonel et son état-major) qu'un détachement de 80 hommes destiné à tenir garnison à Fada, poste dont la création est imposée par le remaniement des divisions administratives du territoire par- suite de l'occu- pation de Borkou.

Du 18 janvier. Deu.\ étapes de plus à travers le même pays désertique, mêmes horizons de rochers, mêmes paysages de sable, agrémentés de maigres pâturages et de chétifs épineux qui me l'appellent ces arbres avortons qui, dans les postes du sud algérien des hauts plateaux marocains, s'obstinent à ne pas vouloir pousser malgré la constante sollicitude des officiers.

19 janvier. Départ à 2 heures et demie du matin par un beau clair de lune. Défilé silencieux à travers des chemins les rochers éclairés par la lumière blanche de la lune prennent des aspects fantastiques Arrivée à l'étape à 9 heures un quart. Déjeuner en compagnie du lieutenant D... qui, pour la seconde fois depuis notre départ de Faya, me fait [)iirtager son repas relevé d'un plat de viande fraîche (mouton ou poulet) qu'il a pu se procurer avant notre départ.

Notre menu est des plus simples et il nous tarde d'arriver dans des contrées plus riches. Nous sommes à peu près tous réduits au régime du couscous, riz, boîtes de thon ou de sardme, viande de conserve. Et encore, j'ai eu la veine de tomber, la veille du jour nous devions quitter Faya, sur un sous-officier qui m'a passé une petite provision de beurre sans quoi j'en serais réduit au couscous et au riz cuit à l'eau et au sel.

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362 VERS LE TCHAD

Ce brave sous-officier, un des liéros de Galakka proposé pour le grade d'officier à la suite de cette affaire, n'a accepté qu'avec bien des difficultés, les petites choses que j'ai pu lui donner en compensation.

20 janvier. Départ à 2 heures trois quarts du matin, arrivée à l'étape vers midi. La matinée a été plutôt froide et j'ai dû, pour ne pas souffrir de l'abaissement de la tempéra- ture, me revêtir de ma djellaba par-dessus ma vareuse de drap.

21 janvier. Partis ce matin à 2 heures et demie nous arrivons à l'important point d'eau d'Oueyta caractérisé par deux mares et deux bons pâturages distants l'un de l'autre de deux à trois kilomètres. Nous ne tardons pas à nous apercevoir de la présence désagréable de moustiques et nous nous empressons de fuir le voisinage des mares pour installer notre petit camp en haut d'une dune.

Nous ne repartirons d'Oueyta que demain soir. Cela permet- tra aux chameaux de pâturer et de se reposer.

Les pauvres bêtes sont bien fatiguées et l'énorme bosse qu'elles avaient au départ est maintenant réduite à sa plus simple expression.

Le vent qui rendait la température glaciale hier matin, s'est calmé dans la nuit. Aussi il fait aussi chaud ce matin qu'il fai- sait froid hier. Le climat est vraiment capricieux. Heureuse- ment qu'on n'en souffre pas.

Le retour des chameaux du pâturage nous a valu une inva- sion de moustiques et chacun s'empresse de sortir sa mousti- quaire qui était remisée depuis bientôt trois mois.

2)2 janvier. Le vent s'est levé ce matin mettant en fuite ces désagréables autant qu'importunes bestioles. Comme quoi ce qui nous contrarie par moments peut nous être d'un grand secours en maintes circonstances.

Nous repartirons vers 1 heure de façon à arriver demain au pâturage d'Oum Ladam, où, en mai dernier, le lieutenant D... a tué soixante-quatorze Khouans contre deux tués et un blessé de son côté. C'est précisément le nom du lieu qui le prédestinait à être jonché d'os. Son nom doit venir d'ailleurs des os d'animaux qu'on trouve généralement dans les lieux de pâturages.

23 janvier. Partis à 4 heures du matin, nous sommes arrivés à Oam Ladam à 9 heures. Nous touchons à la lisière de l'Ennedi et déjà apparaissent à l'horizon ces œuvres d'architec- ture que la fantaisie du vent et du sable a taillés dans le roc. Plongés dans la légère brume du matin, leurs masses me

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rappellent les édifices géants d'une grande ville endormie dans le brouillard d'une matinée de novembre.

Très appréciée des cbameaux, leau d'Ain Ladam ne l'est guère des Européens EUeu une odeur et un goût particulière- ment désagréables. Les animaux, depuis longtemps privés d'une nourriture suffisante, mangent à satiété.

24 janvier. Après une nuit passée à Oum Ladam, nous nous remettons en route cet après-midi vers 4 heures. Dans trois jours nous serons à Fada nous laisserons le lieute- tenant D...

25 janvier. Nous avons abordé TEnnedi ; c'est une série de rochers fantastiques, taillés, déchiquetés de la façon la plus bizarre, de la manière la plus curieuse. Le même rocher a différents aspects, suivant qu'on le regarde d'un côté ou de l'autre. L'un donne l'illusion d'une usine avec sa haute chemi- née, l'autre se dresse en pyramide, plus loin on croirait aper- cevoir un vieux château démantelé ou un gigantesque rempart écroulé.

Vers 4 heures, après avoir gravi une rampe, nous aperce- vons à nos pieds l'Oued Ndou que marque une large bande verte bordée par une première ligne de rochers. Dans le loin- tain, d'autres escarpements surgissent élevant vers le ciel leurs formes étranges.

Je ne partage pas l'avis du capitaine F... qui trouve ce pays ignoble. Au contraire je trouve merveilleux ce paysage et son décor, après les immensités nues et arides du Borkou. Celui-ci possède, il est vrai des palmeraies qui forment autant de jolis coins, mais, entre chacunes d'elles, s'étend l'espace immense qui fatigue par son uniformité. Ici l'aspect varié de ces rochers anime le désert, la tache sombre des épineux, des euphorbes géantes, vient y jeter une note relativement gaie.

26 janvier. Nous avons traversé la vallée du Ndou dans la nuit et l'aurore blanchissait l'horizon lorsque nous avons atteint la ligne rocheuse que j'apercevais hier. Pendant près d'un quart d'heure nous avons défilé à travers un champ d'étranges monuments qui se détachaient comme des ombres sur un écran. Les tirailleurs sénégalais ne pouvaient eux-mêmes s'empêcher d'admirer ce tableau, échangeant les réflexions les plus naïves. Quel merveilleux spectacle l'Ennedi nous eût offert en cet endroit par un beau clair de lune !

Nous atteignons au jour une nouvelle vallée où, en dehors des iphènes (genre de palmiers), les véritables arbres commen- cent à réapparaître. Des oiseaux voltigent dans les airs, des

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tourterelles roucoulent dans les acacias... Nous avons quitté le désert.

Vers 9 heures et demie, nous atteignons le puits de Fada nous retrouvons la partie de la Compagnie qui, ayant quitté Faya quelques jours avant nous, était venue ici pour y préparer la rencontre des notables des populations du Djebel avec le colonel.

Nous resterons quatre ou cinq jours. Peut-être enfin y serons-nous rejoints par un courrier qui, passé par le Borkou, m'apportera des nouvelles.

28 janvier.' Nous avons quitté le point d'eau de Fada hier vers 3 heures et demie, mais nous ne sommes sortis de la vallée que ce matin pour nous engager entre des hauteurs qui, par leur aspect calciné, m'ont rappelé les paysages du Borkou et de l'extrémité orientale du Tibesti.

Du i«'' février. Nous sommes arrivés ce matin dans la vallée d'Archéi oi^i les rochers sont encore plus taillés et déchiquetés, plus tourmentés que dans les sites précédents.

A Archéi, l'eau nous est fournie par des mares qui se trouvent au pied des rochers et qu'alimenteraient des sources. La mousse verte qui les couvre nous empêche de voir les caïmans qu'on dit y fourmiller.

Nous coucherons ici et ne repartirons que demain soir pour ne trouver de l'eau qu'à Oum Ghalouba distant de quatre jours de chameau. Les froids ont pris fin et la chaleur com- mence à se faire sentir.

Dit 3 février. Gomme je vous Fav^ais fait prévoir, nous avons quitté Archéi hier. Une erreur de guides nous a fait faire une demi-heure de marche inutile, mais nous a valu d'admirer de près, au clair de lune, les derniers rochers de l'Ennedi dont nous sommes complètement sortis. Nous voilà dans la plaine du Mortcha recherchée par les nomades à cause de la richesse de ses pâturages.

Malheureusement je suis tombé sur une année de séche- resse et la terre n'offre que des herbes brûlées par le soleil. Le sol redevient ferme avec une couche superficielle de sable.

Dit 4 février. Décidément, nos guides ne connaissent guère le pays. Hier soir, pendant notre marche de nuit, ils ont complètement perdu le Nord. C'était vraiment le cas de le dire, car ils le plaçaient à l'Est. Comme à un certain moment ils nous reconduisaient tout simplement sur Fada leur erreur nous est apparue tellement évidente que nous les avons laissés aller à leur guise et avons marché en nous servant de la

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boussole. Nous a\ons retrouvé la bonne direction, mais perdu deux bonnes heures de sommeil.

Ce matin nous avons fait deux rencontres. D'abord une superbe biche qui, détachant sa blanche silhouette sur la plaine jaune, nous a placidement regardé passer. Ensuite un beau chat sauvage: «elguettouche» comme l'appellent les indi- gènes qui. blotti au pied d'un toutfe d'herbe et signalé par le colonel, n'a pris la fuite qu'au moment j'ai fait « baraquer » mon chameau pour le photographier.

La température est plus supportable ici grâce au vent qui souffle en permanence.

Nous avons bivouaqué ce matin près de l'oued Oum Ahdjar,- ainsi dénommé à cause des blocs de granit amoncelés en divers points de son lit.

Du 5 février. Après avoir couché à Oued Honache, nous nous sommes portés ce matin sur l'Oued el Hadid à travers un pays qui a toujours le même aspect depuis que nous avons quitté l'Ennedi. Quelques termitières émergent çà et nous rappelant que le désert n'est pas seul à avoir des inconvé- nients. La température est plutôt basse aujourd'hui et j'ai à nouveau me revêtir de mon paletot de drap et de ma djellaba* Je préfère cela à la chaleur.

Nous serons demain à Oum Chalouba, nous rapprochant peu à peu du but. Mon Dieu! qu'il me tarde d'arriver! Que ce voyage maintenant sans but, h travers des espaces infinis et inonotones, est fastidieux ! Bercés par nos chameaux durant des étapes, nous allons, n'ayant rien à lire, l'œil vague, la pensée errante et vagabonde. Nul point ne vient retenir le regard et. sur la route, les heures s'allongent, uniformes, insipides.

Du 6 février. Nous arrivons à Oum Ctialouba par une matinée assez froide après avoir traversé un champ de blocs granitiques. Le puits nous fournit une eau bourbeuse sans que le goût en soit désagréable. L'oued est garni d'épineux mais le pâturage est plutôt rare. Il est vrai qu'il doit disparaître rapidement en raison de la présence, en ce point, de campe- ments permanents de nomades.

Du 7 février. Après une nuit passée à Oum Chalouba, nous repartirons ce soir sur Arada.

Le courrier venu de ce point n'a pas apporté de lettres, mais en revanche quelques légumes (aubergines, tomates et salades) que le chef de poste a eu l'amabilité de songer à nous envoyer.

Du H février. Nous sommes à Arada depuis hier matin.

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Pour que ma description soit complète je vous dirai qu'entre Oum Chalouba et Arada il n'y a rien de remarquable. C'est le même pays que les jours précédents ; étendues plates, avec des traces de pâturages, coupées de temps en temps par de légers thaï w^egs marqués par une ligne d'épineux et pompeu- sement décorés du nom d'Ouadi (oueds). Cela me rappelle l'appellation de « Boulevard ^> donnée audacieusement par les Oranais à des artères qui méritent le nom plus approprié de rues.

En approchant d'Arada, le pays devient tout de même un peu accidenté et légèrement ondulé. Nous avons été reçus au poste par ce brave sous-lieutenant B... qui avait eu la pensée de nous faire parvenir des légumes à Oum Chalouba et qui, ne s'en tenant pas à cette gentillesse, nous hébergera pendant les trois jours que nous resterons ici.

Un petit accroc vient d'arriver qui peut-être aura pour conséquence de prolonger de quelques jours la durée (cin- quante à soixante jours au maximum) que mettaient à arri- ver à Fort-Lamy les lettres de France. Malgré cela la voie anglaise restera la plus rapide à destination du Tchad. Voici ce qui se passait :

Depuis deux ans, à la suite d'un accord franco-anglais, le courrier de France à destination du Tchad était mis en dépêches à Paris (Bureau étranger) et de dirigé en sacs fermés sur Liverpool qui, à son tour, le dirigeait sur la colonie anglaise de Nigeria il arrivait à Kano par les voies régu- lières. De Kano à Fort-Lamy il était acheminé par des porteurs. Au début, tout alla bien, il n'y avait guère que sept à huit sacs de lettres par courrier, mais la rapidité avec laquelle la correspondance arrivait (quarante-cinq jours au lieu de quatre-vingt-dix par la voie du Congo) suggéra aux Européens de se ravitailler en vivres de conserve par le moyen de la lettre à 1 kilogramme. Bien mieux, un commerçant fit venir sa marchandise par cette voie. Finalement, le nombre de sacs de dépêches est passé de sept à quatre-vingts! Les Anglais ont patienté ; mais lorsqu'ils se sont rendus compte que cela devenait permanent et non pas accidentel, ils ont avisé, au dernier courrier, que les difficultés qu'ils éprouvaient à recruter le personnel de porteurs nécessaires, ainsi qu'à le nourrir, ne leur permettaient plus d'assurer le service du transport de nos dépêches. C'était fatal : et, dès mon arrivée, à Fort-Lamy j'avais entendu autour de moi exprimer des craintes à ce sujet.

Ce n'a donc pas été une surprise et nous avons même trouvé

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les Anglais fort aimables de nous proposer de nous avertir quinze jours à l'avance du nombre de sacs qui arriveront à Kano. Ce qui nous permettra d'y diriger sans trop grande perte de temps l'équipe nécessaire de porteurs.

Du 19 février. Demain je serai à Abéché et, dans quelques jours, liuit jours au plus, je serai fixé sur mon affectation définitive. Ce que j'ai vu ou entendu dire me fait désirer retourner fi Fort-Lamy. Abéché très épprouvée par l'insurrection du Ouadaï, et l'occupation française, ne s'est pas relevée depuis et, pour comble, la région dont elle est la capitale est une des plus atteintes par la séclieresse. Déjà à Arada. nous en avons constaté les premiers effets : quelques morts dans les villages voisins. Puis, lorsque nous nous som- mes remis en route, cela a été une série de villages complè- tement désertés par leurs populations. Parfois des malheureux, squelettiques, décharnés, trop faibles pour fuir vers des régions plus fortunées, se traînaient lamentablement devant nous mendiant quekjue nourriture.

A Bilten, nouveau poste à deux jours d'Arada, sur la route d 'Abéché, le capitaine R... nous dit que des enfants meurent de faim auprès des cuisines des tirailleurs, autour desquels ils rôdent, guettant quelque aumône.

Enfin hier, un vieillard que le colonel Largeau interrogeait, nous apprenait, que dans son village, les malheureux en étaient réduits àse nourrir de baies desséchées et pulvérisées: vingt-huit personnes sont mortes depuis que la nécessité oblige les gens à se nourrir de cette façon.

Si la misère est aussi grande à la campagne, qu'est-ce que cela doit être dans une agglomération d'environ 10.000 habi- tants ? Et quelles ressources doit-on y trouver ?

A Fort-Lamy on a moins souffert de la sécheresse et on est assuré d'avoir constamment œufs, poulets, beurre, lait et poisson sans compter que je peux faire venir du blé du Kanem et me faire faire du couscous ou des pâtes.

A partir d'Arada le pays change. Ce ne sont plus les mêmes espaces nus et plats. Peu à peu le terrain est devenu rocheux, accidenté et se couvre d'une végétation chétive mais assez dense. De tous côtés l'horizon est borné par une ligne de collines granitiques formées de blocs énormes entre les- quels croissent des arbrisseaux dépouillés de feuilles.

Arrivé à Abéché, le 20 février au matin je quitterai la capitale du Ouadaï le 4 mars prochain. J'en suis heureux, car je ne me trompais guère sur les charmes de cette résidence. La solution que je souhaitais a été facilitée par le retour au

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Tchad d'un ex-interprète à trois galons qui, après un .séjour de sept à huit ans au Tchad ou à Zinder, s'est fait nommer administrateur colonial. Pris de la nostalgie du pays, il y revient en cette qualité. Comme il a déjà été employé au Ouadaï il est tout naturel qu'il y retourne !

Du 13 mars. Nous avons quitté Abéché, le 4 comme je l'avais dit plus haut. La r'oute a commencé à devenir inté- ressante du jour nous avons atteint le Batha (7 mars) rivière assez large par endroits. En ce moment elle est à sec, elle ne coule qu'environ un mois pendant la saison des pluies (août-septembre). Néanmoins les berges, couvertes d'une végétation assez dense d'épineux, lianes, ficus géants, en sont assez riantes. Nous voyons fréquemment des bandes de cinocé- phales prenant leurs ébats, et, sur la route, des biches qui fuient à notre approche; des pintades, qui picorent audacieu- sement à quelques pas de nous, viennent nous distraire, tandis que la brise chargée des effluves odorantes des mimosas parfume l'atmosphère.

Pour vous la bonne saison a commencé, la campagne rever- dit, les froids de l'hiver ont fui et les hautes températures de l'été sont encore loin. Bientôt vous allez fêter Pâques. Ici. . . c'est la mauvaise saison qui approche, la chaleur, dont je n'avais presque pas eu à souffrir depuis le début, commence à se faire rudement sentir. Mais contrairement à ce qui se pas- sait à Relizane, mon appétit loin d'en décroître semble augmenter. C'est bon signe.

Du 10 mars. Nous avons atteint le poste d'Ain Hadjer dontlecommandant,lelieutenantR.., a séjourné quatre ans au Maroc occidental, ce qui nous a permis de causer ensemble de choses connues de tous deux. Il nous à donné Thospilalité la plus large pendant les deux jours passés auprès de lui. Nous avons fort apprécié les produits de ses jardins. Le 12 après- midi nous lui avons fait nos adieux et repris notre vie errante.

W mars. Nous voilà à mi-route d'Abéché à Fort-Lamy, nous sommes arrivés ce matin à Ati, situé, comme Ain Hadjer, sur le Batha.

Nous avons quitté Ati le 23 mars. Depuis cette date nous avons laissé le Batha, pour nous engager à Yao dans la région du Fitri, qui est l'une des plus intéressantes que j'aie vues. Il y a trois ans une lagune de 30 kilomètres de long, sur environ 15 kilomètres de large, y couvrait une superficie de 450 kilo- mètres carrés. La sécheresse des trois dernières années a iTiis ce lac à sec fournissant aux indigènes un terrain de culture d'une richesse admirable. Ceux-ci ont su en profiter et, tandis

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que dans plusieurs réfjicns voisines c'est la misère oji la disette, au Fitri c'est l'abondance. Le sous-sol a en effet con- servé une luHDidité suffisante i)Our que le nnil, les pastèques et di(Véreutslé{j;uines viennent en cette saison avec une vigueur surprenante.

A pi'opos de mil, je serai curieux de savoir si celte variété est cultivée en Algérie, .l'en doute. C'est la seule céréale qui soit cultivée ici par la grande masse des populations du terri- toire. Ou en distingue deux sortes, le petit et le gros mil. Celui-ci, inférieur au premier, est donné de préférence aux cfievaux. L'orge est à peu près inconnue sauf au Borkou elle a été importée par les Snoussistes. Quant au blé, on le cultive un peu au Borkou, au Kanem et au Ouadaï. Si le mil du Fitri n'est pas cultivé en Algérie je crois qu'il y aurait un essai à faire qui aurait son importance, le rendement étant de trente à cinquante quintaux à l'hectare pour un demi- quintal semé. Il pourrait concurrencer l'orge pour l'alimen- tation des indigènes et être surtout cultivé pour la nourriture des chevaux, avec cette diflerence avantageuse qu'à poids égal, il est plus nutritif.

Revenons au Fitri qui a à sa tête comme chef indigène le Sultan Hassan qui prend son rôle au sérieux vis-à-vis de ses sujets (25.000 peut-être, y compris les femmes et enfants). Il habite comme le comiuun des mortels de son royaume dans une case en paille. Mais il ne ferait pas un efîort pour enfiler se^ babouches, et alors il est fort plaisant de voir deux de ses dignitaires le soutenir sous les bras, taudis que deux autres qui se sont précipités à ses pieds lui enfilent ses beighas (ses babouches) avec assez, de peirie, car il ne soulè- vera pas son pied d'un millimètre pour leur faciliter la tâche. Il est vêtu de vêtements arabes, gandouras en coton tissé dans le pays ou en indienne pleine d'apprêts. Sur sa tête, une énoi'me amama est enroulée avec un désordre qui dénote l'absence totale de goût.

Une autre chose qui a excité ma curiosité. La lagune dont je parle plus haut était parait-il extiêmemeut poissonneuse. Elle était habitée par une espèce unique: le silure*. Tout naturellement on serait porté à croire que l'eau ayant disparu les poissons avaient périr. Pas du tout ! Ils se sont tout simplement constitué des niches dans la terre et là, entourés

1 Les silures sont des Malacoptérygiens II est donc fort probable que ce nom est impropre dans le cas actuel. U sagit plutôt d'un poisson de l'ordi-e des Dipuoi, très probablement un protoptère.

(Note du Comité de Rédaction).

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d'une membrane, comme une chrysalide dans son cocon, ils conservent une espèce de sommeil léthargique jusqu'au jour les indigènes viennent les dénicher. La réapparition de l'eau, grâce à un bon hiver, viendra, peut-être dans quatre ou cinq mois dissoudre les blocs de glaise ils se sont enfermés et les rendre à la vie aquatique. A notre passage à Yao, les gens du Sultan Hassan nous en ont montré quelques- uns qu'ils avaient déjà extraits de leurs cachettes et, prévoyant notre curiosité, ils en avaient apporté un enfermé dans son bloc de glaise. Devant nous, ils ont ouvert la motte et en ont retiré le silure qui, jeté dans l'eau, s'est mis en mouvement.

Lorsqu'on m'en avait parlé la veille, j'avais formé le projet d'en rapporter un, mais j'ai été effrayé par l'encombrement que cela m'aurait causé lorsque j'ai vu qu'il s'agissait d'em- porter un bloc de 12 à 15 kilogrammes et non une motte de 2 à 3 kilogrammes comme je le supposais tout d'abord. Vous vous contenterez donc du récit et vous vous passerez de la vue qui... aurait pu fort bien être accompagnée de l'odeur, car je ne sais tout de même si la résistance de ce bizarre poisson irait jusqu'à être encore en vie en septembre 1915... La chair du silure rappelle par sa saveur celle du merlan ; elle est un peu plus fade, mais un peu plus ferme.

Après avoir quitté le Fitri, nous nous sommes engagés dans le Baguinni et sommes arrivés le 30 mars à Bokoro j'ai eu l'occasion de voir une jeune girafe apprivoisée. Libre, « Joséphine » reste parait-il des quinzaines de jours absente, pâturant dans la brousse, puis revient au poste faire une visite à ses propriétaires et s'en retourne de nouveau savourer sa liberté.

Après une journée et demie passée à Bokoro, nous nous sommes mis en route et nous voilà aujourd'hui à trois étapes de Fort-Lamy que nous atteindrons le samedi 11 avril c'est-à- dire la veille du dimanche de Pâques.

C'est avec plaisir que je goûterai enfin un peu de repos corporel car, en ce qui concerne le repos intellectuel, la correspondance snoussiste trouvée à Aïn-Galakka m'en a fait perdre la perspective pour une bonne partie de mon séjour.

DJIAN,

Interprète militaire.

OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES

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H 1

MOUVEMENT DE LA NAVIGATION

DANS LES

PORTS

ciu Département d'Oran

MOUVEMENT COMMERCIAL

374

MOUVEMENT DE LA NAVIGATION

Mouvement de la Navigation du port d'ORAN, par pavillon, pendant l'année 1914

INDICATION du

PAVILLON

Français. ......

Anglais

Autrichien

Allemand

Espagnol

Italien

Grec

Norvégien ,

Belge

Danois

Hollandais..

Suédois

Russe

Américain

Portugais

Brésilien

Marocain

Totaux on 1914. en 1913,

Différence 1914,

ENTREES

NOMBRE de

navires

2.021

449

101

100

289

67

57

53

16

36

18

17

9

1

2

3 1

3.240 3.839

599

Tonnnge

1.819.648

875.635

237.849

163.603

119 330

70.662

103.074

70.538

18.238

34.14:.

11.084

18 835

11.337

1.788

190

1.333

3

3.557.302 3.826.964

269.662

SORTIES

NOMBRE

de navires

2.014 445

101

102

286

66

57

50

18

37

20

18

9

1

3

3

1

3.231 3.826

595

Tonnage

1.818.861

869.638

237.849

166.227

119.186

69.749

103.074

68.163

21.656

36.124

12.458

20.032

11.337

1.788

558

1.333

3

3.558.036 3.815.793

257 . 757

Entrées et Sorties réunies

NOMBRE

(le navires

4.035

894

202

202

575

133

114

103

34

73

38

35

18

2

5

6

9

6.471 7.665

1.194

Tonriasic

3.638.509

1 745.273

475.698

329 840

238.516

140.411

206.148

138.701

39.894

70.269

23.542

38.867

22.674

3.576

748

2.666

6

7.115.338 7.642.757

527.419

MOUVEMENT DE LA NAVMGATrON

375

Relevé total du Mouvement des ports du département d'Oran, pendant l'année 1914

iKiitrées ot sorties réunies)

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3 C Q, £

STATISTIQUE DU MOUVEMENT COMMERCIAL DES PORTS

du déparlement d'Orau, pendant l'année lî)14

comparé au mouvement de l'année d913, et par nature de marchandises

EXPORTATIONS

NATl]RE DES MARCHANDISES

Animaux vivants

bêtes de somme

Bestiaux

race bovioe.

UNITÉS

ovine et antres Peaux Brutes tralcûes ou sècHes . .

Laine en masse

Téie

Kilos:.

Poissons \ ^^'^^^

de mer ( jjjgg qU COUServéS.-

Os, sabots, cornes de bétail

; froment

Céréales ^ avoine

en grains / oi'g®

maïs

Farine de froment

Semoules en gruau

Légumes secs et leurs farines

Pommes de terre

Fruits frais de table

Marcs de raisin et moûts .

Fruits secs ou tapés

Graines et fruits oléagineux Tabac en feuilles

faVjriqué

Huile fixe d'olives

I

de graines grasses . . . I

Quintal

KiloÊT.

A DESTI

(le France

1.80Ô 8.005 317.999 788.800 2.444.600 161.100 101.700 765.400 547.402 501.351 137.171 4 42.505 112.800 682.900 533.600 6.923.500 1.926.000 447.500 79.900 1.000 25.700 111.700 20.500

NATION

(le l'Étranger

et (les Colonies

3.824

143

5.049

146.200

145.500

)) 498.800 71.100 80.923 80.573 282.138 13.532 86.281 4.496.100 2.101.700 1.672.900 2.344.500 101.100 183.500 900 57.600 1.635.800 171.400 180.200

Tolaiix en 1914

3.629 9.440 323.048 935.000 2.590.100 161.100 600.500 836.500 628 325 581.924 419.329 13.536 128.786 4 608.900 2.784.600 2.206.500 9.268.000 2.027.100 631.000 80.800 58.600 1.661.500 363.100 200.700

.- lés

Tolaux en 1913

je

^|o

4.504

7.626

520.891

1.043,700

3.958.300

181.210

788.100

860.800

909.58cS

466.703

583.952|*

I2.89i!

160.34q.

4.250.00C

4.830.00(

1.651.20(

15.461.801

2.278.501

291.201

420.00'

16.90

1.427.80

263.20

227.21

1

MOUVEMENT COMMERCIM-

EXPORTATIONS

:]77

NATOKE DES MARCIUXDISES

UNITÉS

A DESXI

(le Kranee

NATION

cl (if< Cfiloiiies

lolaiii ni 1*11 i

Totaiiicii \m

Rt'siin^s et [u-oduits résineux

Racines, ùerfies et Ilenrs médiclDales. Lirge

Coton

Crin végtMal

Alfa

Écorces à tan

Légumes frais

Fourrages

Son

Drilles

Mistelles

Vin ordinaire

Kilog »

0

')

0

» Litre

0 0 û 0

Kilog.

0 0

» »

»

Quintal

Kilog.

»

»

Nombre

Kilog.

2i)0.100

1.S.200

110.000

2.000

3.798.800

130.000

1.917,500

9.670.800

15.600

10.432.300

506.300

4.054.700

141.051.900

464.800

411.200

371.000

251.200

220.100

»

0

419.676.000

»

3.000

a

54.893

1.226.100

267.600

379 '.600

67.150 388.472

10.300

11.600

.S9.000

3.000

22.730.300

76.503.100

527.100

686.300

31.000.200

608.000

277.300

9.200

9.960.300

87.700

372 200

19.100

20.600

510.000

2.820.000

10.000

21.986.000

»

4.000

1 702.000

9.201

354.600

169.500

246.200

18.599

114.795

330. 100

2y..soo

199.000

5.000

26.529.100

76.633.100

2.464.600

10.357.100

34.015.800

11.040.300

783.600

4.063.900

150 176.200

552.500

783.400

390.100

271.800

830.100

2.820.000

10.000

581.954.000

»

7.000

1.702.000

64.094

1.580.600

437.100

625.800

85.749

503.267

171.720

35 210

262.000

6.500

40.663.100

94.201.800

3.944.300

9.680.900

22.437.200

16.540.580

1.021.900

4.724.300

158.172.300

476.400

1.840.900

445.413

648.000

752.200

4.983.000

280.000

581.954.000

a

675.000

7.527.000

56.720

1.315.900

503.700

654.000

92.962

508.587

de li(|ueni's

Eaux-ûe-Vle et splritneux (alcool pun

Esprits de toutes sortes

Marbres bruts

Kaolin, terre à infusoires . .

Bripes, plâtre, cùaux, cimeDls . . .

Goudron minéral

' de fer

\ de cuivre

1 de plomb

\ de zinc

Sel brut et raffiné

Lie de vin

Tartre brut

Ouvrage en sparterie

Colis postau.x

Id

1

25

378

MOUVEMENT COMMERCIAL

IMPORTATIONS

NATllRE DES MAIICIIANDISES

'bêtes de soiunie.

Animaux

vivants ) Bestiaux

Irace bovine.

fovine et autres Vlanûes salées et conservées

Graisses aiiiinales autres que de poissons ,

Beurre et fromages

PolssoDS fle mer salés ou conservés

Céréales en grains

Farines

Semoules et pâtes d'Italie..

Riz

Légumes secs et leurs farines

Marrons et châtaignes. . . Pommes de terre

Fruits v f''^'''^

DE TABLE | ^^^^ ,jy ^.-^p^^

Sucres

Cafés

Chocolat

Poivre, cannelle, muscafle, clous de girofle, macis et vanille

Thés

Taliacs en feuilles ou en côtes . . .

Tabac fabriqué . . . -.

Huile fixe d'olives

Huiles de graines grasses..

Bois à construire

Mei-rains de chr-ne et autres

UNITES

Tète

Kiloir.

Quinlal

» Kiloii'.

1.000 K. Kilo-.

(le France

861 749

308.400

342.300

121.600

1.317.600

299.600

1.095.100

280.900

20.252

275.257

20.043

109

1.708.200

23.900

1.219.000

1.094.100

2.954.400

2.199.600

490.000

19.500

6.999.700

2.498.100

387.000

•3.226.200

324,000

617.000

22.580.500

941.300

600

3.827.000

504.700

1.900

13.500

172.000

3.200

340.400

»

1.388.300

13.100

122.800

48.900

221.200

6.846.600

25.700

21.939

235

453.800

1.025.900

NANX

de l'Étranger

Toiaiix (Ml 19i4

et (le.s Colonies

2.202

3.063

338

1.087

119.852

119.852

30.600

309.000

121.600

463.900

1.617.200 1.376.000

295.509

20.152

1.732.100

2.313.100

5.154.000

509.500 9.497.800 3.713.200

941.000

23.521.800

3.827.600

506.600

185.500 343.600

1.388.300 135.900 270.100

6.872.300 22.174

1.479.700

Tolaiixeii19'l3

8.731

1.401

147.230

417.900

807.. 500 1.710.900 1.015.400

290.963

98.528

2.524.200

7.518.700

5.478.300

558.200

11.023.200

4.210.400

926.500

26.646.000

4.785.800

629.000

166.300

868.100

2.132.500

79.000

262.800

7.358.700

32.483

1.657.860

I

I

.MOUVKME.NT COMMERCIAL

IMPORTATIONS

379

PROVENANT

NATURE DES MARCHANDISES

UNITÉS

(le Kraricc

de IKlraiiger it (les Colonies

Totaux en 1914

Totaox en I9i;{

jé^iiiiii's frais ou «■uii.sciscs

Kilo-.

207.-100

462.000

669.400

719.200

/ins ordinaii'e.s

Liirc

199.000

116.200

315.200

466.200

/in.s (io li(|u<Mir

-

485.700

31.500

517.200

555 . 700

Ucool, eaux -do -vie el

esprits (le toutes softe.s

»

2.442.700

9.600

2.452.300

3.908.800

ilau.x iiiiiiérales

Kilo-

1.869.100

12.300

1.881.400

2.155.100

Matériaux ^\o constiuction

»

63.774.600

868.200

61.642.800

107.140.000

loufi-e

M

3.706.000

1)

3.706.000

12.615.000

louille crue et agglomérée

Quintal

3.530

4.257.630

4.241.140

5.162.220

luiles minérales raffinées.

IIcclol.

28.694

22.361

51.0.55

57.283

luiles lourdes

Kilog.

1.614.000

4.847.500

6.461.500

1.990.300

ers, tontes et aciers. . . .

»

29.254.200

1.023.100

30.277.300

37.670.900

iarbure de calcium .....

1)

1.720.800

100

1.720.900

2.454.500

ulfate de cuivre

»

316.000

0

316.000

431.000

iperpùospliates et engrais

i;

5.930.700

»

5.930.700

. 13.609.100

170DS de parlomerle et antres . . .

))

5.861.600

43.800

5.905.400

6.858.000

ilcorée ûrûlée ou moulue

))

406.300

800

407.100

468.300

ougies de toutes sortes .

v

1.496.300

12.900

1.509.200

1.815.300

iteriBs, faïences et porcelaines...

Ù

4 018.300

573.700

4.592.000

9.424.200

erres et cristaux

»

2 773.700

81.200

2.851.900

3.873.800

ils, ficelles et cordages..

»

1.605.900

1.600

1.607.500

1.092.700

acs vides en jute .....

»

1.655.400

383.900

2.039.300

4.222.000

issus de lin et do chanvi-e

»

148.900

2.500

151.400

160.300

de coton

»

2.227.000

146.000

2.373.000

3.683.700

de laine

»

165.000

24.400

189 400

248.500 1

de soie

»

4.500 312.100

100 48.200

4.600 360.300

14.000 438.900

'Henients et lingeri.>

»

ipieret ses applications. .

1)

5.122.900

117.000

5.239.900

6.208.000

inx et pelleteries ouvrées

i>

517.600

56 . 800

1

574.400

901.500

380

MOUVEMENT COMMERCIAL

IMPORTATIONS

I

NATURE DES M\RCIIA\DISES

Bijouterie et horlogerie... Kiloj

Machines et mécaniques..

Autres ouvrages en métaux

Meubles et ouvrages en bois

Ouvrages de vannerie, de sparterie et de corderie..

Carrosserie

Blinlieloterle, taDletterie et ûrosserle

Colis postaux | Nombre

Id. Kilog.

PROVENANT

UNITÉS

le France

42.160 2.020.100 5.090.900 2 428.100

29.800 281.600 228.200 271.795

2.053.688

de IKlranger

et de? Ciiloiiies

420 1.805.000 4.688.200 2.624.800

438.800

90.700

29.000

7.250

40.463

Tolaiix en 11)1 i

42.580 3.825.100 9.774.100 5.052.900

468.600 372.300 257.200 274.045 2.094.151

Tolaiu ni 1913

54.970

4. 969. 800

11.956.500

5.127.600

A. TOURNIER.

BIBLIOGRAPHIE

(Ouvrages offerts à la Société)

Le Maroc, par M. Auîîustin Hkhnaiu), professeur à la Facilités des l^pllres d'Alper, cliai'gé du Cours de Ceogriaiiliie de l'Afrique du Nord à la Sorbfmiie. (I volnnie, Alcan Levy, Paris).

M. Aiiuiislii) Horuaril qui a apporté uiio si large et si féconde roiitiihution A la diffusion de l'étude des questions marocaines', vient de puhlier une nouvelle édition de son important ouvrage : 0 Le Maroc »

Le succès d'une œuvi-e qui renferme en elle, tout ce qu'on peut et qu'on doit connaître du grand pays (jui complète si heu- reusement notre empire du Nord de l'Afrique, est d'autant plus légitime que l'auteur y a réuni une documentation aussi complète que possible.

La nouvelle édition de « Le Maroc » retiendra l'attention de ceux que préoccupe la q uestion Marocaine car \L Augustin Bernaid l'a mise fi jour, et les événements qui doivent découler de la terrible guerre qui ébranle le monde entier, y sont envisagés très sagement dans leurs conséquenses présentes et futures.

On ne peut que féliciter l'éminent écrivain, d'avoir eu l'excellente initiative de reprendre la publication d'un intéressant ouvrage d'initiation au moment même on peut envisager une reprise prochaine dans notre œuvre de pénétration marocaine.

Nous ne dirons pas à nouveau tout le bien que nous pensons de cet ouvrage : le succès (|u'ont obtenu trois éditions successives est le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre.

Ed. Déchaud.

L'Allemaerne d'Outre-Mer, grandeur et décadence, par Camille Fidel, préface de M. Lucien Hubert. Sénateur. Avec six cartes. Boivin et C'*, Paris

Dans cette brochure d'actualité, l'auteur s'est efforcé de donner une idée exacte et complèiede la valeur économique et du degré de développement des colonies allemandes, aujourd'hui presque complètement conquises par les Alliés, ainsi que des ambitions coloniales de nos ennemis en général, et notamment en Chine, en Turquie d'Asie et en Afrique. 11 était nécessaire de répandre ces notions dans le public français, et pour y réussir MM. Boivin et C"

382 BIBLIOGRAPHIE

ne pouvaient mieux faire que de s'adresser à un de nos publi- cistes coloniaux les plus actifs « qui, depuis de longues années, dit M. le Sénateur Lucien Hubert dans sa préface, a approfondi les questions coloniales dans leurs rapports avec la politique inter- nationale et s'est en particulier consacré à l'étude de la colonisa- tion allemande »

Nous partageons entièrement cette façon de voir, et nous pensons que pour être sommaire, l'étude de M. Fidel n'en est pas moins fort intéressante, et susceptible de diffuser dans les milieux français une connaissance suffisante de la situation de l'Allemagne au point de vue Colonial.

Ed. Déchaud.

Deux stations nouvelles de pierres écrites (gravures rupestres) découvertes dans le cercle de Djelfa (Algérie), par O-B-M Flamand. (Extrait de V Anthropologie, T. xxv, pp. 433-458, Paris 1914.)

Aux nombreuses notes qu'il a publiées jusqu'ici sur les « pierres écrites » notre savant confrère, M. G.-B.-M. Flamand, vient d'en joindre une nouvelle qui ajoute au vif intérêt des précédentes.

Les gravures signalées se rapportent à deux stations de la région de Djelfa et appartiennent à trois périodes : néolithique ancien, libyco-berbère, moderne.

La première station décrite est celle de Ksar-Zaccar découverte par M. Magny, ancien juge de paix à Djelfa. Elle a offert 24 gravures dont 14 anciennes. Trois de ces dernières sont remarquables par la netteté du trait et la pureté du profil On y reconnaît parfaitement une antilope bubale, un lion, une autruche et un mouflon. Avec ceux d'autres cavicornes très mal caractérisés, tous ces dessins représentent une partie de la faune du début du néolithique.

Dix autres dessins en pointillé sont des productions de l'art libyco-berbère. Les deux derniers sont modernes.

La seconde station, relevée par M Flamand lui-même, est celle de Daïet-es-Stel. On y voit deux gravures dont une représente le demi-corps d'un personnage, qui n'est pas mal profilé.

M. Flamand termine par des conclusions du plus grand intérêt. Il résume les déductions de ses longues études sur l'âge des pierres écrites anciennes en rapport avec l'existence du buffle antique. Il admet que cette espèce était abondante à l'extrême terminaison des temps pléistocènes et que sa disparition du Sahara a coïncidé avec l'instauration du i^égime climatérique qui a créé le désert actuel.

Enfin il constate la contemporanéité de l'existence des troupeaux de buffles et de l'homme à la hache polie des gravures rupestres ; ce qui le conduit à admettre l'hypothèse, formulée déjà par

BTBLIOGRAPHTE 383

G. de Mortillet, pour le chelléen de TeniifiiiG, que le dobiit du néolithique ancien do l'Algérie est antérieur à celui du néolithitiue de l'Europe.

Ce sont des conclusions que je suis loin do contredire.

En terminant il me reste ;i souhaiter que mon savant ronfirre et ami publie bientôt le magistral ouvrage qu'il a en piéparation. depuis des années, sur les Hadjrat Mektouhat. Tous ceux qui s'inté- ressent k la préhistoire l'attendent avec impatience.

F. DOUMERGUE.

Recherche par leurs Influences des Eaux souterraines, des Corps enfouis ou dissimulés, des Gisements métallifères, par Henri Magkr, I vol. in S' broché, 'JSÔ pages, \Ti figures. H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris.

M. Henri Mager vient de réunir en un volume les résultats de ses recherches sur le Pendule et la Baguette utilisés pour la découverte des eaux souterraines, des corps enfouis et des gisements métallifères. Mais c'est plutôt l'exposé de la théorie et de la docti-ine que le résumé des résultats pratiques obtenus. Aussi est-il difficile de condenser en quelques lignes les principes d'une science que le savant ingénieur liydrologue construit de toutes pièces.

L'ouvrage a plutôt l'allure d'un traité de physique que d'un manuel de V Art de découvrir les sources.

La première partie traite de l'historique de l'emploi du pendule et de la baguette dans la recherche des eaux et des minéraux.

Le chapitre premier est consacré au pendule, aux influences qui le mettent en action, aux divers mouvements qui dénotent les influences particulières des corps étudiés. Une foule d'expériences montrent l'intérêt passionnant de cette étude.

Le deuxième chapitre traite de la baguette, de la branche de coudrier fourchue tournant entre les mains de certaines personnes soumises à certaines influences, la vieille Baguette divinatoire.

Après avoir décrit les diverses sortes de baguettes urilisées et expliqué l'action des influences agissant sur l'instrument, ^L Mager expose sa technique opératoire pour la recherche .des eaux souterraines

J'avoue que le système est bien compliqué et les déductions à tirer des graphiques tracés par la baguette ne me paraissent pouvoir être saisies que par M. Mager lui-même. Ce n'est que par une pratique de plusieurs années qu'un novice, doué d'une puissante /acM/ié d'action, arrivera à appliquer les règles tracées par l'auteur de la méthode. Il aura surtout à se mettre en garde, pendant longtemps, contre une multitude d'erreurs possibles. "

Une bonne partie du chapitre est consacrée au résumé des

384 BIBLIOGRAPHIE

études faites par M. Mager en Tunisie, en Algérie et principalement en Oranie.

C'est dans la région d'Oran, et çà dans le département, que M. Mager a découvert ce qu'il appelle les cheminoes d'appel à geysers souterrains. A ce sujet il émet une théorie que la consti- tution géologique et stratigraphique des régions considérées, soit aux environs d'Oran, d'Ai-zew, de Saint-Leu, ne permet guère d'expliquer.

Je veux bien admettre que sur certains points la baguette soit influencée par des eaux profondes ascendantes, d'origine triasique, mais sur aucun point de la région d'Oran ces eaux n'atteignent les grands niveaux aquifères du sahélien et du pliocène, les seuls que M. Mager a plus spécialement étudiés.

Un autre chapitre traite de la recherche des minéraux dont la méthode a été exposée par l'auteur dans un livre récent que j'ai déjà eu l'avantage de signaler. (Bull, de décembre 1914.)

Le dernier chapitre est consacré à « La Matière ». M. Mager admet que « la Baguette et le Pendule permettent l'étude des influences émises par la Matière » ce qui lui permet d'expliquer les influences particulières émises par les divers corps.

Enfin, l'ouvrage se termine par une série de 91 questions à résoudre, d'expériences à tenter avec les Pendules et les Baguettes afin d'arriver à contrôler, modifier, compléter les principes exposés.

Le livre de M. Mager est un essai d'explication scientifique de phénomènes qui, quoique souvent niés, ne peuvent être mis en doute. Comme pour d'autres, jusqu'ici inexpliqués, la science finira par leur donner droit de cité.

Quel que soit le sort réservé aux théorie? nouvelles émises et soutenues par M. Mager, le savant hydrologue aura le mérite d'avoir jeté les bases d'une science nouvelle. Son livre sera lu avec grand intérêt et provoquera de nouvelles recherches

>. DOUMERGUE.

Khamissa, Mdaourouch, Announa, fouilles exécutées par le Service des Monuments hi.storiqups de l'Algérie. Preniière partie: Khamissa, texte explicatif par M. Stéphane Gsell; plans et vues par M. Charles-Albert Joly. (Premier fascicule). Alger. Ad. Jourdan ; Paris, Fontemoingr et C'», ltt!4.

Le Service des Monuments historiques de l'Algérie vient de publier la première partie des recherches qu'il fait exécuter. Ce premier fascicule est consacré à Khamissa, l'antique Thubursica Numidarum. M. Ch. Joly, qui est chargé de ces fouilles, a fourni les vues et les plans. Le texte explicatif a été ajouté, à ces illustrations, par M. S. Gsell, que l'on rencontre partout, lorsqu'il s'agit des documents archéologiques de l'Algérie.

BIBLlOr.RAPIlTE 385

Tliuliuisirn t'tait un honr^;- indippno (ruiif rfilainf- iriipoitaiirr>, qui plus tard dovint ritô inmaiiio. Fait curieux î'i ipmar(|uep. il n'y eut pas à Tliuhuisira un nppoit de san^- lomain. Los indij.'-f^nos se romanisf'ront, s'assimileront d'oux-mômos : ot. choso rai'O, ce fut sans sooousso quo ros Numides dovini-ont romains.

Thuhursioa fut. dTs l'an 10('. uiio cité romaine, ainsi qu'une inscription le rappelle : Cinitos Thubvrsitona. Il y avait donc l.'i. un contre urliain avec des institutions municipales. l'no inscription cite encore des o [uineipes pontis Numidorum ». qui étaient pput-éti-e des chefs ou édiles Iiéiéditaii-es.

Quoiqu'il en soit, en 109. sous Trajan, hi Civitas fut clianprée en Municipe. lorsque 1(^ proconsul d'Afii(|ue vint faire la dédicace des statues du Capitole.

I/histoire de la ville devint ensuite plus oliscuie. A peine sait-on, par les statues qui y furent retrouvées, que cette cité, composée d'indigènes, éleva un temple à la triade romaine. Jupiter, .lunon. Minerve.

Aucune inscription chrétienne n'est venue appoi-ter un peu de clarté dans la prédication du christianisme. Tout an plus, nous connaissons qu'il y eut. au iv^ siècle, denx évoques et que saint Augustin y vint, par deux fois, y soutenir une controverse avec les évoques donatistes.

La première partie des fouilles fut consacrée à la Platea Vetos, dont le nom est indiqué par une inscription. C'est, suivant l'usage, une place qnadrangulaire de près de 30 mètres sur 2\, entourée de portiques sur trois côtés. Dos salles formaient d'un côté les porti- ques. Ces salles de grandeur différente, contenaient des statues. Quelques-unes, plaquées de marbre, servaient de locaux aux réunions des diverses curies. On a trouvé tout autour des tables de mesure, des fragments de statues énormes. .Tupiter. Minerve et Junon sans doute. Près de la basilique qui fermait le foium, existait encore une vingtaine de socles.

Outre cette place, le théâtre a été l'objet d'une étude spéciale. Ce théâtre se trouvait tout près des grandes salles et des portiques qui entourent les grands bassins d'Aïn-Youdi. Les anciens croyaient que la Medjerda, le Bagrada Africain, prenait sa source à cet endroit.

Quant au théâtre, il peut soutenir la comparaison avec ceux, si beaux, de Dougga et de Djimila.

Il mesure 70 mètres de large. De l'hémicycle au gradin le plus élevé on compte 57 mètres. Celui do Timgad est à peine plus grand. M. Gsell pense que jamais il ne fut achevé, car le portique extérieur n'existe pas. Il pouvait contenir 2.900 personnes, mais était assez mal aménagé, sans escaliers ni dégagements suffisants. Le rideau même, au lieu de tomber du portique, devait consister en deux voiles qui se tiraient l'un à droite, l'autre à gauche. Bref, ce tlîéàtre ne reçut pas la décoration ordinaiie: un citoyen riche, un édile fortuné a fait défaut pour l'embellir. Puis, vint la

386 BIBLIOGRAPHIE

ruine, au moment le christianisme progressait, et si nous en croyons saint Augustin, les théâtres furent abandonnés. Rares étaient les cités où, de son temps, se donnaient encore des spectacles.

Ce premier fascicule, consacré à Khamissa, fait bien augurer de ceux qui suivront et apporteront à la connaissance de l'Afrique romaine, un appoint très apprécié. Tout en félicitant MM. Gsell et Joly, nous exprimons le vœu de l'apparition prochaine des fascicules suivants.

Abbé FABRE.

Discours sur l'évolution des connaissances en Histoire Naturelle, par Georges Pennetier. (Actes du Muséum d'Histoire Naturelle de Rouen, 1911-1915).

M. Georges Pennetier, directeur du Muséum d'Histoire Natu- relle de Rouen, en entreprenant l'histoire de l'évolution générale des connaissances en Histoire Naturelle, s'est proposé de montrer que (' les sciences ne se sont pas accrues par bonds successifs ; « par sortes de révolutions dues aux quelques génies privilégiés « dont le nom est parvenu à la connaissance de tous ; mais que « les découvertes se sont accumulées lentement par un mouve- « ment continu et progressif : par le labeur incessant d'une foule « de chercheurs ».

Tel est le programme que l'auteur a développé dans une œuvre déjà considérable, quoique encore inachevée. Il a divisé son ouvrage en plusieurs parties qui ont été publiées successivement depuis 1911, et dont voici l'indication sommaire :

Impartie. L'Antiquité et le Moyen Age (1911).

2" partie. Renaissance (1912).

3' partie. xvii' siècle (1913).

4' partie. xviii-xix° siècle.

Aperçu général. Doctrines l)iologi(iues (1913).

Géologie (1915).

Il reste donc à publier pour le xvnr et le xi.k' siècle les cha- pitres relatifs à la Botanique et à la Zoologie.

Il ne peut être question d'analyser dans une courte notice le travail considérable de M. Pennetier, qui embrasse déjà plus de 600 pages. Nous dirons seulement que l'auteur s'attache de préférence au côté philosophique de son étude, mais que le lecteur y trouvera, outre les exposés historiques des doctrines et des découvertes, qui justifient le titre de l'ouvrage, une précieuse documentation bibliographique.

E. FLAHAULT.

PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS

(le la « Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran »

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

Séance du 5 Juillet 1915

Présidence de M. Doumergue, président

I

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumergue, Bérenger, Pock, TouRNiER, Abbé Fabre, Kriéger, Pellet, D"^ Sandras, Flahault.

Absents excusés : MM. le Général Baschung, Arambourg, HuoT, Lemoisson, de Pachtere, Roux-Freissineng, mobilisés : Dupuy. Pérez. Pousseur, Rexé-Leclerc.

Absents : MM. Dangles. Déchaud, Lamur, Pontet.

M. Flahault est désigné comme seorétaire en attendant le retour de M. le Commandant Bérenger.

M. le Président fait part de la mort de S. Exe. Don Marcel DE Azcarraga y Palmero, président de la Société Royale de Géographie de Madrid 11 a adressé à ce corps savant Ips condoléances de notre Société.

Il rappelle que notre excellent collègue, M Dupuy, vient d'avoir la douleur de perdre son beau-frère, M. Honnart, et lui renouvelle au nom du Comité l'expression de ses douloureuses sympathies.

Est admis comme membre titulaire ;

M. DE Saugy Louis, négociant en produits œnologiques, 2, rue Pasteur, à Oran, présenté par MM. Dandine et Doumergue.

Il est donné lecture d'une circulaire de M. le Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts, appelant l'attention des Sociétés Savantes sur l'intérêt que présenteraient des notes recueillies par leurs soins sur les événements actuels ; elles apporteraient ainsi une contribution éclairée à la vaste enquête que poursuit le Comité des Travaux Historiques et Scientifiques.

Des instiHictions et un plan sont à la disposition des personnes qui voudraient s'adonner à cette tâche. C'est surtout dans les villages que les documents les plus intéressants pourraient èlre notés par les instituteurs.

La bibliothèque a reçu :

De M. le Gouverneur Général de l'Algérie : Khamissa Mdaou- rouch, Announa (première partie: Khamissa). par M. Stéphane Gsell, illustrations de M. Charles-Albert Joly ;

388 PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DE LA SOCIÉTÉ

Dp m. le Résident Généval do la Répiibliquo Française au Maroc une publication dn « Service Econonni(|ue de la Résidence », intitulée : Le Commorce au Maroc. Co7iseils aux industriels et négociants de la Métropole.

Cette publication, qui vient ;'i son lieiire, a poui' but d'aider le connmerce français à supplanter le commerce allemand. Les rensei- gnements fournis sont des plus précieux. Puissent-ils être utilisés !

De la Société de Géographie de Toulouse, une notice de M. de Rev-Pailhade sur Yemploi de la montre décimale et du soleil pour la direction des anions.

Des remerciements sont votés aux donateuis.

Sur la pi'oposition du Président, le Comité arrête la composition du prochain bidletin dont aucun empêchement matériel ne paraît, à ce jour, devoir retarder la publication.

Le Président annonce qu'il va recevoir un travail de AL Cabcopino parti comme lieutenant aux Dardanelles et que d'autres travaux lui parviendront dans le courant des vacances.

Avant de lever la séance. M. le Président rapjielle que M. le commandant Dérenger vient d'être désigné pour aller prendre un commandement à Tlemcen. Au nom du Comité et en son nom personnel il exprime à M. le Secrétaire général les vœux que font tous ses collègues pour le voir bientôt revenir prendre sa place aux réunions. M. Bérenger remercie et renouvelle l'assurance de son entier dévouement à la Société.

Le Comité entrant en vacances, la prochaine séance est fixée au lundi 4 octobre 1915.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 heures et demie.

Pour le Secrétaire (/énéral. Le Président,

SiCTé: FLAHAULT Sisné : DOUMERGUE.

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

Séance du 4 Octobre 1915

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité: MM. Doumergue, Flahallt, Pock, TouRNiER, Déchaud, Pérez, D' Sandras.

Absents excusés : MM le général Baschung, Béhenger, Arambourg, Huot, Lemoisson, de Pachtere, Roux-Freissineng, mobilisés ; Dupuy, Pellet, René-Leclerc.

PROCÈS-VKnB.VUX DES ItÉUiMONS DE LA SOCIÉTÉ 389

Absents; MM. Dangles, aMié Fabue, Kkiéuer, Lamur, Pontet.

Le proct's-vei'bal de la séance du 5 juillet est lu et adopté.

Avant d'aborder l'oidie du jour, le Piésideiit rappelle que la Société a pei-du, depuis le commencenK-Mit de juillet, MM. Vallois, Capifam, Pousseur, Marcuanu, Louis Say, décédés.

Il i-appelle que tous ct-s anciens lurent des niendjres dévoués à notre Société, que NL Capifali lit partie du Comité et que ^L Pousseur lut un des premiers apôtres de l'utilité d'une Société de Géoiiraphie à Oran ; il en fut pendant les premières années l'Arcliiviste et le Ti'ésorier et, de 1879 à 1915, son dévoui.-ment aux intérêts de la Société ne se démentit pas.

Le Président remercie son collfjiuc M Flahault d'avoir Iden voulu prononcer sur la tombe de notre regretté collègue les paroles d'adieu qu'il eut le cliagrin. se trouvant en France, de ne pouvoir prononcer lui-même

Il salue enfin la mémoire de M Louis Say, le créateur de Port-Say, dont le remarquable esprit d'initiative fut constamment soutenu par une indomptable énergie. Puisse son œuvre, survivre k la disparition de celui ([ui l'avait conçue et mise à exécution.

Le Président donne de bonnes nouvelles de MM. le comman- dant Bérexger et le lieutenant Arambourg, actuellement en Orient.

Il félicite ensuite M. le D'' Sandras dont le tils Louis, médecin- major, vient d'être décoré de la Légion d'Honneur.

Sont proposés comme membres titulaires :

M. Amram Lucien, professeur de langue kabyle à Constantine, présenté par MM. Doumei^gue et Flahault.

Le Service ijes Renseignements ue l'Etat-Major du Maroc Oriental, présenté par MM. le capitaine L. Voinot et Doumergue.

Le Comité s'associe à deux vœux émis par la Société Préhisto- rique Française :

Le preiTiier tendant à maintenir le nom de « Marnien » pour désigner la première partie du deuxième âge du fer, en réservant le nom de « La Tène « exclusivement pour la deuxième partie de cette période.

Le deuxième tendant à ce que « lors de toute fouille de monument préhistorique, les travaux de consolidation et de restauration jugés nécessaires soient très minutieusement Récrits et publiés de manière à éviter d'induire en erreur les savants à venir ».

Le Président rend compte des difficultés qu'il éprouve à faire paraître le bulletin. L'imprimerie a épuisé le papier réservé à notre publication et, par suite de la mobilisation, le personnel ouvrier est insuffisant. Malgré ces entraves il espère qu'un fascicule pourra paraître avant la fin de l'année.

Il présente ensuite deux travaux d'archéologie de MM. le D' Carton et Carcopino destinés au bulletin.

390 PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS DE LA SOCIETE

Un troisième manuscrit inachevé sera retourné à son auteur pour qu'il veuille bien le soumettre complet à l'appréciation du Comité.

La bibliothèque a reçu :

De MM. Augustin Bernard, Camille Fidel, G.-B.-M. Flamand, Georges Pennetier, divers ouvrages qui feront l'objet de notices bibliographiques.

Delà Chambre de Commerce Française du Canada, un Bulletin spécial de propagande patriotique dont le titi-e dit toute l'étendue, toute la noblesse du but poursuivi.

La Société a acheté pour la bibliothèque : Les Balkaniques, par M. le Général Niox.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 heures trois quarts.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAULT. Signé : DOUMERGUE.

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

Séance du 8 Novembre 1915

Présidence de M. Doumehgue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumergue, Flahault, Pock, TouRNiER, abbé Fabre, Pellet, Pérez, D"^ Sandras.

Absents excusés : MM. le général Baschung, Bérenger, Arambourg, Huot, Lemoisson, de Pachtere, Roux-Freissineng, mobilisés ; Dangles, Dupuy, Kriéger, René-Leclerc.

Absents : MM. Déchaud, Lamur, Pontet.

Le procès-verbal de la séance du 4 octobre est lu et adopté.

Avant d'aborder l'ordre du jour, M. le Président adresse un souvenir ému aux victimes du Mereian et du Caleados et exprime la part que la Société prend au deuil qui frappe les familles des soldats alliés. Le Comité s'associe aux paroles du Président et aux sentiments de haute sympathie que la population d'Oran a si unanimement manifestés à l'occasion des funérailles des victimes. Il charge M. le Président de transmettre à M. Barber, consul d'Angleterre, les condoléances de la Société.

M. le Président rappelle ensuite au Comité les deuils nombreux qui viennent d'affliger la Société : MM. le commandant Jeanney et le lieutenant Pagan, tués en Champagne par un même obus ;

PROCÈS-VERBAUX DES R Kl NIONS DE LA SOCIÉTÉ "^ni

M. SoiPTEUR (I6c6clé à TIcmcen. Lo Comité adi-esse un souvenir ému aux roiilVri-os disparus et ses bien vives (îoiidoléances à leui-s familles.

M le Président annonce en ouli-e la mort de M. Kriégek lils, tue aux Dai'danelles. L(> Comilé s'associe au di'uil de M. Khiéoeh, membre du Comité, ol de sa lamillo.

II rappelle que le général Maucha^d, mi'uibre d'honneur <le la Société, a été blessé le 25 sepiendire en (Jliampagne et lait des vœux pour son prompt rétablissement

11 lait connaître en outre iiue M le sous-litmtenant Séché a été blessé, que M Arambourg a été évacué du Iront des Dardanelles pour cause de maladie, que M. le Docteur Peyrot a été décoré de la Légion d'Honneur et M. le Docteur Paire cité à l'ordre du jour et déi'oré de la Croix de Guerre ; enfin que M. le commandant Bérenger a été nommé Gouverneur de l'ile de T ... Le Comité adresse à MM Séché et Ar.vmbourg ses vœux de prompte et complète guérison, et à MM. Peyrot, Paire et Bérenger ses félicitations.

Le Comité vote aussi des félicitations au général Lyautey, Rési- dent Général du Gouvernement de la République au Maroc, qui a reçu la Médaille Militaire en récompense des brillants services qu'il ne cesse de rendre à la cause du Protectorat.

Passant à l'ordre du jour, le Comité admet comme membre à vie M. Vassas, déjà membre titulaire.

Sont admis comme membres titulaires :

M. Amram Lucien, professeur de langue kabyle à Constantine ;

Le Service des Renseignements de l'Etat-Major du Maroc Oriental à Oudjda, présentés dans la séance précédente.

Sont présentés comme membres titulaires :

M. Gilbert Lucien, géomètre des Domaines, Mazagan (Maroc Occidental), présenté par MM. Griguer Jules et Doumergue.

M. Griguer René, rédacteur à la Résidence Généi^ale à Rabat, présenté par MM. Griguer Jules et Doumergue.

M. Mantoue. inspecteur d'assurances, présenté par MM. Auzas et Harburger.

Sur la proposition de M. le Président, des remercieinents sont votés à M Fabre la Maurelle, pour la collaboration qu'il a bien voulu lui apporter en recopiant 500 fiches de la bibliothèque, et à M. le Docteur Sandras, qui a offert à la Société un certain nombre de-bulletins

Le Comité ayant pris connaissance d'un mémoire de M. Ben Danou vétérinaire à Méchéria, sur l'utilisation du o bouss » d'alfa pour l'alimentation d'hiver des moutons des Hauts-Plateaux, s'associe aux propositions de l'auteur. II émet le vœu :

« Que M le Gouverneur Général fasse expérimenter, dès le « printemps prochain, le procédé préconisé par M. Ben Danou, et, « si les expériences sont concluantes, en fasse faire le plus tôt « possible l'application pratique. Toutefois le Comité croit devoir

:^92 PROCÈS-VERBAliX DES REUNIONS DE LA SOCIETE

(( faire des réserves au sujet des intérêts de l'industrie alfatière « qui pourraient être menacés, et qu'il y a lieu de sauvegarder « étant donnée la crise que subit l'industrie du papier depuis « plusieurs aimées. Mais, pour si respectables que soient ces « intérêts, ils ne doivent pas primer les intérêts supérieurs à la « défense desquels M. Ben Danou consacre, depuis des années, les « ressources de sa science et de son inlassable énergie. »

Le Comité décide que le mémoire de M. Ben Danou sera publié le plus tôt possible dans le bulletin de la Société, et vote des félicitations à l'auteur, dont l'énergique et savante initiative s'applique à résoudre cette question, depuis si longtemps débattue, de l'élevage intensif du mouton dans les steppes algériens.

M. le Président signale de nouveau les difficultés que rencontre la publication du bulletin, par suite de l'insuffisance du personnel ouvrier de l'imprimerie. Néanmoins il espère qu'on va pouvoir aboutir. M. Fouque vient de donner des ordres pour que le nécessaire soit fait, mais en nous imposant une forte augmentation dont le taux, qui n'a qu'un caractère provisoire, a été accepté. Le Comité espère qu'il sera tenu compte du sacrifice consenti et que le fascicule, tant attendu, sortira des presses le plus tôt possible.

La Société a reçu :

Du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Française les deux ouvrages suivants :

Rapport d'ensemble annuel présenté par le Gouisernement Général de l'Afrique Occidentale Française pour Vannée 1912.

Ce travail, absolument remarquable, montre les énormes progrès réalisés dans nos colonies de l'ouest de l'Afrique.

Histoire de la presqu'île du Cap-Vert et des origines de Dakar, par M. Claude Faure.

De M. le Ministre de l'Instruction Publique :

La Science Française, ouvrage édité à l'occasion de l'Exposition de San-Francisco et dans lequel sont résumés les travaux des grands savants français qui ont le plus contribué aux progrès des diverses branches des connaissances humaines.

Il a été acheté pour la bibliothèque l'ouvrage J'accuse par un Allemand, traduit en français par X.

Ce mémoire, dans lequel l'auteur analyse les documents officiels concernant les pourparlers diplomatiques qui ont précédé la déclaration de guerre, est un magistral réquisitoire contre l'Autriche et l'Allemagne, que l'auteur accuse formellement, avec preuves à l'appui, d'avoir voulu la guerre.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 7 heures.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Sisné : FLAHAULT. Signé :. DOUMERGUE.

PROCÈS-VEBBAUX DES RÉUNIONS DE LA SOCIÉTÉ "W^

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMIXISTHA l'Il-" Séance du 6 Décembre 1910

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont pi'éseiits au Comité : MM Doumeroue, Fl.\iia.ui.t, Pock,

TOURNIER, LeMOISSON, Dl'I'UY, PeLLET, PÉRIiZ

Absents excusés : MM. le généial liAScnuNO, Bj^renger, Hljot, Arambourg, de Pachtere. Roux Freissinen'g, mobilisés; Dangles, Rexé-Leclerc.

Absents: MNL Déchaud, abbé Fabre, IvRiÉiiER, Lamur. Pontet, D' Sandras.

Le procès-verbal de la séance du 8 novi-mlire est lu et adopté.

M. le Président rappelle que pendant le mois écoulé la Société a perdu encore un de ses membres, M. Désiré IIeintz, maître imprimeur. Il fait aussi part du décès de Aotre ancien collègue ^L GiLLOT qui fut Vice-Président de notre Société. II renouvelle aux familles atteintes par ces deuils les condoléances de la Société.

II donne ensuite des nouvelles de quelques sociétaires qui se trouvent au front : M. Valette, capitaine, a été fait chevalier de la Légion d'Honneur ; M. Carcopino, lieutenant, a été cité à l'ordre du jour de l'Armée ; ^L Arambourg, lieutenant, complè- tement remis, a regagné les lignes de combat.

Sont acceptés comme membres titulaires :

MM. Gilbert Lucien, Griguer René et Mantoue, jiiésentés dans la séance précédente.

^L le Président donne lecture de la réponse de M. le Consu d'Angleterre remerciant la Société pour les condoléances qu'elle lui a adressées et souhaitant « que l'union étroite de nos deux Pays nous permette de mener â bien la rude tâche qui nous incombe et de délivrer du joug de l'oppresseur nos braves alliés Belges et Serbes... La victoire commune réunira plus étroitement encore la France et l'Angleterre, et rendra indissolubles les liens éti^oits qui nous unissent » .

Lecture est aussi donnée d'une lettre de NU le Gouverneur Général accusant réception du vœu émis par le Comité dans la dernière séance, au sujet de l'utilisation du « bouss » d'alfa préconisée par M. Ben Danou. « Cette question paraissant intéressante » M. le Gouverneur Général est « tout disposé à la faire mettre à l'étude » et, dans cette intention, a demandé communication du mémoire de NU Ben Danou. Satisfaction lui a été donnée immédiatement.

Par lettre M. Ben Danou remercie le Comité pour les félicitations qu'il lui a fait transmettre par M. le Président.

M. le Président informe le Comité ([ue des travaux de terrasse-

26

394 PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS DE LA SOCIETE

ment ont été entrepris sui- remplacement des ruines romaines de Mina. Quelques monnaies et divers objets archéologiques, de peu d'importance il est vrai, ont été mis à jour. La seule inscription connue est une stèle funéraire, avec médaillon, dont il ne reste que quelques lettres paraissant, à première lecture, sans valeur documentaire. Comme il arrive souvent, en pareil cas, chacun s'est servi . Il y a toutefois lieu d'espérer que la municipalité (le Relizane, qui s'intéresse aux fouilles, s'efforcera de mettre à l'abri la plus grande partie des objets trouvés.

Le Comité prie son Président de féliciter M. le Maire de Relizane, de la louable initiative qu'il a prise de s'assurer de la conservation des documents trouvés, et de l'engager à persévérer dans cette bonne voie.

Malheureusement la plupart des objets récoltés subiront le sort de ceux, hélas ! trop nombreux, qui, depuis la disparition du regretté commandant Demaeght, n'ont pas été et ne sont plus recherchés et pieusement recueillis. Notre Musée qui fut le plus beau et le plus riche de l'Algérie, dont la Ville d'Oran s'enorgueillissait, a aujoui^d'hui ses collections éparses et les oranais l'ignorent. Les hommes de science n'ont plus à leur libre disposition cet instrument de travail ; le pubhc ne peut plus bénéficier des leçons de cet établissement d'enseignement par l'aspect qu'était pour lui le Musée ; le touriste le cherche en vain.

« A quoi, d'ailleurs, peuvent bien servir ces vieilleries? »... A aller enrichir, si on n'y prend garde, le Musée des Antiquités d'Alger l'Etat, plus soucieux de conserver nos richesses nationales, les fera transporter un jour.

M. le Président donne des nouvelles du bulletin dont la composition n'avance pas. Toute sa diligence se bute à l'insuffisance des moyens à laquelle l'imprimeur n'arrive pas à remédier. C'est un préjudice réel (jue la Société subit de ce fait, non seulement pour ce qui est de sa bonne administration, mais aussi des inconvénients résultant du retard apporlé à la publication de certains travaux importants dont les auteurs veulent bien honorer son bulletin.

Si l'amélioration souhaitée n'est pas obtenue il faudra reprendre, en 1916, la composition en caractères mobiles de tout le bulletin, ce qui lui enlèvera ce cachet esthétique que l'imprimerie avait réussi à lui donner i.

Après examen de quelques questions d'administration intérieure, la séance est levée à 6 heures trois quarts.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAULT. Si^né : DOUMERGUE .

1 L'imprimerie a, depuis, recouvré tous ses moyens. {Note ajoutée pendant le tirage )

MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE

I" t;l 2' Semestres IDIÔ

1* PERIODIQUES

Pour le? pultliraliims priioilitiiics, voir la Liste des Socirtt's corresp^iiiddiilcs. (hnll. i'' Iriiiicslrc ii)i5. j». 19.)

2 ^ON PERIODIQUES

(Dons et Achats)

GÉNÉRALITÉS

BiTARD (Adolphe). Histoire populaire des sciences. Inven- tions et découvertes depuis les premiers siècles jusqu'à no? jours, I vol. jLrrand in-^", 71») p. Paris, A. Fayard.

Pabue (J. h.) La vie des insectes, Itrooh. in-S°, 291 p. Paris, Ch. Delagrave, 1916.

Les merveilles de l'instincl chez les insectes, hrooh. m-8^, 271 p. Paris, Ch. Delagrave, 1916.

Les ravageurs, broch. in-8°, 284 p. Paris, Ch. Delagrave, 1915.

Mœurs des insectes, broch. in-8°, 284 p. Paris, Ch. Dela- grave, 191 5.

Lasteyrie (Robert de) et Alexandre Vidier. Bibliographie générale des travaux histori(jues el archéologicpies publiés par les Sociétés savantes de la France (Publ. du Ministère de l'Ins- truction Publique), broch. in-Zj", /400 p. Paris. Imp. Nationale. 1915.

Laubeuf (M.) Sous-marins et submersibles, broch. in -8°, 100 p., 8 pi. Paris, Ch. Delagrave, 1915.

Mager (Henri). Les inlluences des corps minéraux. Re- cherches par leurs influences des eaux souterraines, des corps

396

MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE

enfouis ou dissiinuh'^;, des gisements métallifères, broch. in-8°, 236 p. Paris, H. Dunod et L. Pinat, 1914.

Pennetier (D"" Georges). Discours sur l'évolution des con- naissances en histoire naturelle (Actes du Muséum d'histoire naturelle de Rouen). 5 vol. in-8°. Rouen, .1. Girieud et A. Gal- lier, 1911-1915.

Un débat scientilicjae. F. A. Pouchet et î,. Pasteur (Actes du -Muséum d'histoire naturelle de Rouen), broch. in-8°, 55 p. Rouen, J. Girieud, 1907.

Rev-Pailuade (.1. de). Sur l'emploi de la montre décimale et du soleil pour la direction des avions, broch. in-i8°, 9 p. 'loulouse, M. Ronnet, 1915.

EUROPE

Allemand (Un). J'accuse ! broch. in-S", 334 P- Paris, Pavot et C/^ 191 5.

Andler (Ch.) Le pangermanisme. Les plans d'expansion allemande dans le monde, broch. in-8°, 80 p. Paris, Armand Colin, 1915.

RÉDiER (.Toseph). Les crimes allemands. Comment l'Alle- magne essaye de justifier ses crimes (Etudes et documents sur la guerre), broch. in-8°, 48 p. Paris, Armand Colin, 1915.

Congrès national des Sociétés françaises de Géographie (Paris, i5-i9 juillet 191 3). - Comptes rendus, broch. in- 8°, 35i p., 6 cartes. Paris, Masson et C"', 1914.

Denis (Ernest). La guerre, causes immédiates et lointaines, broch. in-i8°, 356 p. Paris, Ch. Delagrave, 1915.

DuRKHiciM (E.) et E. Denis. Qui a voulu la guerre ? Les ori- gines de la guerre d'après les docimients diplomatiques (Etudes et documents sur la guerre), broch. in-8°, 65 p. Paris, Armand Colin, 1915.

Fidel (Camille). L'Allemagne d'outre-mer. Grandeur et décadenc>e, broch. in-8°, 78 p., 6 caries. Paris, Boivin et C'*, 1915.

Gautier (Raoul). Résumé météorologicjue des annéeis 191 3- 1913 pour Genève et le Grand Saint-Rernard, broch. in-8°, i49 p. Genève, Société Générale d'Imprimerie, 1914.

Gautier (R.) et H. Diaime. Observations météorologiques faites aux fortifications de Saint-Maurice pendant les années i()i:>-i()i3 CExtr. des Archives des Sciences ]>hysi(pics et nafu-

MOUVEMENT DE I,A IMIU.IOTIIÈQUE 307

relies), hroch. in-S", i i ;^ p. (Jcih'nc, Sdcii'h'- f ;rii<'-i;ilc il liii[iri- iiicrie, i()i |.

Lavisse (\\.) et r;h. AvDLi'H. l'riili<|iie cl (l<i(liiri(< ;illcin;m- (les (le hi i^iieiii- n^liidrs cl (locmiiciiis siii' l;i ;j-iicnc), lirficli. in-8°, .\-] [). Paris. Arniand (>>liii, i ()!;'».

MiMSTÈBR DKS AfI'AIHKS KTHANCiKHKS. I >< ici 1 1 1 icn j < (li|il()-

nialiqiie^ i',)i'i- la ^Mierre européenne. Pièces relalives aux né- •/ociatioMS (|iii nul [iri-ccdc la déclaralidn de j/iicnc de l'Alle- ma^Mie à la Russie et à la France, hroch. in-S'', hj'i [». Paris, Hachelte el ^/^ ii)i5.

MiMSTKRK DE i.A Matumc. Annuaire îles marées des côles de France (Service hydroffraphique de la Afarine), i vol. in-iS". 4')^ p. Paris, Imp. Nationale, iç)i/j.

Moi'MEn (Jules). Notre belle patrie. Sites pittoresques de la France, r vol. in-S°, ?,o.o p. Paris, Hachette et C'^ 1888.

Nadatllac (Marquis de). La dernière élection municipale de Pompéi. (Ext. du (^correspondant) , hroçli. in-8°, 28 p. Paris, de Soye et fils, 1895.

Nicole de la Croix (l'abbé). Céoirraphie moderne et uni- verselle contenant les états de rFurope situés au Nord et à l'Orient, i vol. in-ra, 755 p. Lyon. Rolland et Rivoire aîné, 1806.

Niox (Général). Géographie militaire. Les pays balkani- ques, broch. in-i8. 188 p. Paris. Ch. Delagrave, 1915.

Pennetiek (D"" Georges). Le Muséum de Rouen en 1900, (Actes du Muséum d'histoire naturelle de Rouen), broch. in-8°. 100 p. Rouen, .r. Lecerf. 1900.

Documents, manuscrits et publications relatifs au Mu- séum d'histoire naturelle de Rouen (Actes du Muséum d'his- toire naturelle de Rouen), broch. in-8°, 89 p., 4 pi. Rouen, J. Girieud. 1906.

Naturalistes normands (xv^'-xx^ siècles). (Extr. des Comptes rendus du Conjrrès du Millénaire normand), broch. in-8'', ^i p. Rouen. Léon Gy, 191 r.

ScHMiDT (Ch. Eug.). Les villes d'art célèbres. Cordoue et Grenade. Traduction Henri Peyre. i vol. in-8°. i53 p. Paris, Renouard et H. Laurens, 1902.

Sous-Secrét\ri\t n'F.TAT des Beatx-Arts. Les Allemands destnicteurs de cathédrales et de trésors du passé, broch. in- folio, 78 p. Paris. Hachette et C'^ 1910.

Weiss (André). La violation cfe la neutralité belge et luxembourgeoise par l'.Mlemagne (Etudes et docmnents sur la guerre), bioch. in-8°. .'^7 p. Paris, Armand Colin. t9i5.

^508 MOUVEMENT DE LA RIRLIOTHÈQUE

AFRIQUE DU ISORD (Algérie, Maroc, Tunisie, Sahara)

Archives Berbères. Publication du Comité d'études ber- bères de Rabat, i''* année, i" faseicule, liroch. in-8°, 96 p. Rabat, 1916.

Ardiïti (R.) Recueil des actes législatifs et juridiques con- cernant les Israélites de Tunisie de 1807 à igiS, broch. in-8°, 264 p. Tunis, B. Borrel, 1915.

Ben Danou (C). Contribution à l'étude de l'industrie pas- torale en Algérie. Rôle mécanique des vents dans la distribution des fourrages steppiens. (Extr. du Bull, de la Soc. de Géofjraphie d'Oran), broch. in-8°, 7 p. Oran, L. Fouque, 1915.

Bernard (Augustin). Le Maroc, liroch. in-8°, ^20 p. Paris, Félix Alcan, 1916.

Blanche (Ferd.) Monographie de la commune d'Aïn-el- Turck (Extr. du Bull, de la Soc. de Géographie d'Oran), broch. in-8°, 73 p. Oran. L. Fouque, igiB.

Brault (D'' J.) Pathologie et hygiène des indigènes mu- sulmans d'Algérie, broch. in-8°, 200 p. Alger, Ad. Jourdan, 1905.

Carton (D'' L.) Le Monte Testaccio de Sousse (Extr. du Bull, de la Soc. archéologique de Sousse), broch. in-8°, 69 p. Tunis, Imp. Rapide, igiô.

Onzième chronique archéologique nord-africaine (Extr. de la Revue Tunisienne, broch. in-8°, 5.^ p. Tunis. Imp. Ra- pide, 1915.

Chantre (Ernest). Le docteur Bertholon (185^-191 4). ?a vie et ses œuvres (Extr. de la Revue Tunisienne), broch. in-8°, 22 p. Tunis, Imp. Rapide, 1915.

La Tunisie à l'Exposition internationale de Lyon, broch. in-8°. 35 p. Tunis, Imp. Rapide, 191^.

Damichel (Oscar). Voyage au Maroc. Le Maroc d'autre- fois et le Maroc d'aujourd'hui, broch. in-8°. 199 p. Bône, J. Chanbron, 191 5.

Fl,\mand (G. B. M.) Deux stations nouvelles de pierres écrites découvertes dans le cercle de Djelfa (Extr. de V Anthro- pologie), broch. in-8°, 26 p. Paris, Masson et C®, 1916.

Gouvernement Général de l'Aigérie. Discours prononcé par le Gouvjemeur Général de l'Algérie à l'ouverture de la ses- sion ordinaire des Délégations Financières, le 7 juin 1915. broch. in-8°, 34 p. Beangency, Barillier, T915.

MOUVRMKNT I)K l.\ lil Kl I II l'OlJK

Mon

GsKi-L (Sl('pliano) et Cliarlcs Albert Joly. Klmmissa,

Mdrioiiroiich, Sniioima. Ffniillcs oxéciitrcs par le Service des

Momiiiicnls lii<|iiii(jii(-^ de l'M^'érie CPiihl. du Cfnivernemenl

Céné.ral de l'AI^rérie), r vol. iii-folin, r r 'i [>. Mjrer, Ad. .Four- dan, rc)\fi.

Hartert ((Ernsf). Tri Altreria lorl. \ journey \>< llie M'Zal) coiinfry and over the eenlral W\ph Plateau? (F'aIp. de yoi'ildft's ZooI^Kficne), iiroeh. in-'i°, rf| f».. i()i5.

^[^^I^I■:l, i l.ndovic'l. \ii ^iijet d'un iiiiir intiiiiiu du foif Sainte-Thérèse à Oran fRxtr. du jonmal u I.e Petit Oranais »), 1 pi. Oran, Tnij). du « Petit Oranais )), i<)i'i.

MKSMF.r. fCapitaine"). Mnnon-rapliie d\i territoire d'\ïn-Sé- fra (Extr. du Bull, fie la .*^oc. de Géo(intphi<' (VOmn). hrfwli. in-8°, 3io p. Oran, T.. Fonque, 191/1.

MicREAT x-Ri:T.r,AirtE CFd.) Les liabous de Tanjrer. I Texte arabe. IT Analyse et extraits (Pnbl. de la ^îission scientifique du ÎNIaroc), broeb. in-8°. '>5o p. Paris, F. Leronx, iqi^.

Petit (capitaine). De la frontière oranaise à Taza (Maroc) (Extr. du Bull, de la Snc. de Gcoçimphie d'Oran), broch. in-8°, 0.0. p. Oran, L. Fonqne, I0i5.

René-Lect,erc (Ch.) Fe commerce au Maroc. Conseil? anx industriels ot anx néfrnciants de la "Métropole, broch. in- 18°, :»/j p. Paris. Tmp. de la Bourse de Commerce, ipiB.

RÉSIDENCE GÉNÉRALE w Maroc. Rapport sur les commer- ces français, anslai?, allemand et au?tro-hono-rois au Maroc de i()oo à Tdi.S fPnbl. du Contrôle de la Dette), broch. in-8°, 187p. Paris. Tmi). de la Bourse de Commerce, t9t5.

SvRTw. Fa question du Maroc en tqot Œxtr. du Bull, de la Bévue d'Etudes Algériennes), broch. in-8°, f^!^ p. Oran. Tmp. Centrale, Tçior!.

Wateat' (D""). Liste des véo-étaux recueillis pendant la reconnaissance de M. le capitaine Martin dans l'Ero- Ttruidi (Sahara). fExtr. du Bull, de la Snc. de Géographie d'Oran), broch. in-8°, 12 p. Oran. L. Fouque, ipiB.

AFRIQUE

RoRV DE Saint-Vincent (M.). Sur l'anthropolon-ie de l'Afri- que française, broch. in-8°. p.. 3 pi. Paris, d^ Fain ei Thunet, iShb.

400 MOUVEMENT DE lA BIBLIOTHEQUE

Chanoine (Capitaine). Mission Voulet-Chanoine. (Extr. du Bull, de la Soc. de Géographie)^ broch. in-8°, 6 p. Paris, Société de Géographie, 1899.

Faure (Claude). Histoire de la presqu'île du Cap-Vert et des origines de Dakar, broch. iii-8°, iG/i p.. 2 cartes. Paris, E. Larose, 191^.

Frey (Colonel). Côte Occidentale d'Afrique. Vues, scènes, croquis, broch. in-4°, 543 p. Paris, C. Marpon et L. Flamma- rion. 1890.

Gouvernement Général de l'Afrique Oocidentale Française :

Annuaire du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Française (1912-13), broch. in-8°, 1.012 p. Paris, Emile Larose, 1914.

La Mauritanie, broch. in-8°, 92 p. Corbeil, Ed. Crété, 1907.

Rapport d'ensemble annuel 1912, i vol. broch. in-8°, 948 p. Paris, E. Larose, 1916.

Maclaud (D' Ch.). Les mammifères et les oiseaux de l'Afrique Occidentale Française, broch. in-12, 352 p., i carte. Paris, Augustin Challamel, T906.

MiNTSTÈRE DES CoLOMEs. Note sur le graphite à Madagascar, broch. in-4°, 2 p. Paris, Tmp. du Journal Officiel, 1913.

Struckf (G.). Etude sur les Cafres du Zambèze (Région de Quelimane). broch. in-8°, 8 p.

ASIE

.TotTVEAiT-DTTBREuii, (G.). Etudcs archéologiqucs du Sud de l'Inde. 2 vol. in-8° : Tome L 192 p., 64 p1. ; Tome II, 216 p., 44 pi. Paris, Paul Geuthner, 191 4.

Lelièvre (A. L.) et Ch. A. Clôt oueur. Pagode de Dakao (Publ. de la Soc. des Etudes indochinoises), broch. in-folio, 25 p. Saïgon, C. Ardin, 1914.

Renaud (J.). Les ports du Tonkin : Haï-Phong, Quang-Yen, Hone-Gac ou Port-Courbet, broch. in-8°. 28 p., ^ carte.

Wessels (C). Antonio de Andrade, S. J. viajante no TTimalaine no Tibetc (1624-1630), traduzido do original holandès por Gonçalves Viana, broch. in-12, 25 p. Lisboa. César Piloto, 1912.

Antonio Vaz Monteiro Gomes. Reply to the Duchess of Bedford's statement, broch. in-8°, 58 p. Lisboa, Imprensa Nacional, igiS. ,

MOUVIÎMKM 1)1-; LA MIHLIOTIIEOUE

401

AMr:i:i(iLiE

(.ii\Miiiii: m; ( ".ommkuci: Fh\m:\isi: di; Momukal. [,(• nMc (lu ('.iiiuidii (li'|iiiis le (l(''lnil de la «.micii!', IuucIi. j/hiikI in-'i'. .^«1 p. Mdiiliviil, ( lodiii-Mcsiiard. i()i5.

MiMSTKiiK 1)1-; i.Insiiu ci ion Pi BLioiE ET DKS Bem'x-Ahts. La scienct' fiaiiraisc à i'lv\|Kisili(t!i univorsolle inlcrnalinnalc de San Francis(((, :>. vol. iii-S°. ,S()(i-'|o.'i p. Paris, iqir».

Sir.vERs (Wilhcm). Reisc in Pcni imd Fxiiador, broch. in-8°, 4ii p., 14 pi- et cartes. Leipzig, Dunker et Humblot, -i(|i'4.

CARTES

Caries pror)isoit'es des Confins aliiéro-nuirocnins, au i/ioo.ooo:

Région de Debdou ;

de Taourirt ;

d'El-Aïoun-Sidi-Mellouck ;

de Toulal ;

d'Anoual ;

du Haiit-Guir-Aïn-Chaïr : (hi Haut-Guir-Bou-Denib ;

du Haut-Guir-Kenadsa.

Caries du Maroc, au i/5oo.ooo :

Mazagan. Oued Noun.

Marrakech. Oued Dra.

Tafilelt. Oued Saoura. Figuig.

Le Bilyiiolhécaire,

A. TOLRMKH.

Angélique CAPIFALI

Le 1" juillet 1915 est décédé à Coité fCorse), M. Angélique Capifali, un des plus anciens membres de notre Société. à Calvi, M. Capifali se destina à l'Administration des Postes. Le 1" octobre 1867 il était surnuméraire à Constantine. En 1882, il débutait à Oran où, en 1883. il était promu commis principal. Successivement receveur à Mascara, à Tiaret, à Tlemcen il fut, en récompense de ses bons et loyaux services, appelé en 1902, à la direction de la Recette d'Oran-Karguentah. Il occupa ce poste de choix jusqu'à l'époque de son admission à la retraite, eu 1911.

A ses heures de loisir M. Capifali ne dédaignait pas les choses de l'espint et s'intéressait surtout au mouvement scientifique. Aussi dès son arrivée à Oran en 1882, se fit-il inscrire à notre Compagnie. Il en sortit lorsqu'il s'éloigna d'Oran et y revint plus tard.

Très dévoué, il fut élu membre du Comité en 1909 et fit partie de la Commission des Finances. Lorsqu'il se retira à Corté il continua jusqu'à sa mort à compter à notre effectif, montrant ainsi en quelle estime il tenait notre Société.

Tous ceux qui ont connu M. Capifali sont unanimes pour rendre hommage à ses qualités de cœur et d'esprit, à sa parfaite urbanité, à l'empressement qu'il mettait à rendre service chaque fois qu'il lui était permis, de par ses fonctions, de se rendre utile. Lorsqu'il quitta Oran les vœux du Comité l'accompagnèrent dans sa retraite.

Au collègue bien regretté la Société adresse son plus recon- naissant souvenir et, en son nom et au mien, je renouvelle à la famille, si cruellement éprouvée, l'expression de nos plus sincères condoléances.

F. D.

Gustave VALLOIS

Le 8 juillet 1915 est décédé à Sanvic (Seine-Inférieure), M. Gus- tave Vallois, capitaine en retraite, qui appartenait à notre Société depuis l'année 1886.

Le capitaine Vallois était un vieil habitant de la ville d'Arzew

nécuologif; 403

il s'était fixe lors do sa mise à la i-olraite. Ayant dos intérêts dans le pays, il s'y était af taché ot, tout en s'occupaiit de ses piopres affaires, il s'était consacré à celles de sa ville d'adoption.

Très dévoué, ti'és accueillant, d'une urbanité parfaite, ne comptant ([ue des amis, il avait acquis une juste notoriété. Ses concitoyens l'honorèrent en l'appelant à la direction des affaires municipales. Il fut élu maire, puis, conseiller général.

Dans l'accomplissement de ses fonctions électives il eoutiiiua à se faire l'omarquei- par son aideur au travail et sou dévouement ilésiiitéressé aux affaires |)u1)li(iues.

Aussi la population d'Arzew, profondément atteinte par ce deuil, conservera pieusement le souvenir de l'un de ceux qui l'ont le mieux servie.

La Société de Géographie n'oublieia pas la profonde marque d'estime et de confiance que lui témoigna le capitaine Vallois penilant 27 ans. A sa famille, à tous ceux (|ui le pleurent elle adresse l'expression de ses condoléances attristées.

F D.

Louis ROUSSEUR

Notre liulletin trimesti-iel relate aujourd'hui les nombreux deuils qui frappent la Société de Géographie d'Oran. Il en est un qui nous est particulièrement cruel. La mort nous a enlevé, l'été dernier, un des membres fondateurs do notre Compagnie, M. Louis Rousseur, qui a rempli avec tant de distinction et de dévouement, pendant trente-six ans, les fonctions de Directeur de la Société du gaz et d'électricité d'Oran.

Il a succombé à Paris il était allé, en juillet dernier, demander à la Science le soulagement d'une gi^ave maladie dont il était atteint depuis quelques années.

Sa dépouille mortelle, ramenée à Oran, a été accompagnée au champ de repos par une foule d'amis et do connaissances à laquelle s'étaient jointes toutes les autorités de la ville.

De nombreux orateurs ont retracé la longue et très honorable carrière de notice confrère comme ingénieur, comme chef d'un nombreux personnel et comme mutualiste. Ils ont rappelé aussi qu'il avait été volontaire en 1870 et qu'il avait fait vaillamment son devoir.

Notre Société lui a rendu l'hommage ému qui était bien à l'un de nos plus vigilants administrateurs. C'est notre distingué

404 NÉCROLOGIE

confrère M. Flahault (|ui a éloquemment exprimé sur la tombe de Pousseur nos regrets unanimes et l'hommage de nos renierciments à notre ancien trésorier. 11 a rappelé surtout ([ue Pousseur était de cette petite phalange d'Oranais t[ui eurent l'initiative, il y aura bientôt (luarante ans, de fonder, k Oran, la plus ancienne .aujourd'hui des Sociétés de Géographie de l'Algérie. Ses fondateurs comprenaient combien importante était l'cBuvre de vulgarisation à accomplir dans cette ville si considérablt; de l'Africiue du Nord, l'un do ses grands ports non seulement pour TOranie mais pour le Maroc.

M. Flahault a résume notre pensée à tous par ces mots ; « Nous perdons en Pousseur un excellent collègue et la Société de Géographie un de ses meilleurs soutiens. »

Que pourrait-on ajouter de plus juste et de plus vrai en saluant encore une fois dans ce bulletin la mémoire de notre regretté confrère.

Th. MONBRUN.

Louis SAY

Le 3 octobre 1915 est décédé à Port-Say, M. Louis Say, lieute- nant de vaisseau de réserve.

Apr-ès avoir appartenu-pendant plusieurs années au cadre des officiers de notre marine nationale, M. L. Say démissionna pour devenir colon

A la suite d'un voyage dans la région du Kiss il avait eu l'idée de créer, dans ce pays abandonné, sur ce leri-itoire plutôt marocain qu'algérien, un centre de colonisation française. L'affaire n'allait pas sans risques et sans danger car, à cette époque, la frontiéie était loin d'être respectée par les Marocains et les Bocoyas vivaient encore de piraterie.

Possesseur d'une grosse fortune, L Say tenta de réaliser son projet. En 1900 il s'installa au bord de la nier, traça les plans d'un village qui petit à petit sortit de terre, provoqua un mouvement d'affaires, créa le petit portMpii devait être le débouché de l'hinterland de Port-Say, de hardis colons avaient déjà défriché quelques hectares.

Dans la réalisation de son projet L. Say fit preuve d'une énergie, d'une volonté, d'une ténacité peu communes. Malheu- reusement, après quelques années de prospérité relative, l'œuvre

NKCROI.Or.IE 405

sembla péricliter, les lésultats n'étaient plus en proportion des elïorts. L'insuflisance îles ressources «l'une région peu colonisée il l'arrière, les (lélfCluosités du petit havre, sans cesse menacé par les sables et ouvert à tous les vents, ne pui-enl entrelenii' qu'une pi-ospérité iclalivc à Port-Say. En outre, une direction tiop tracassièi-e, nianrjuant de souplesse, ce qui est trop souvent la caractéristique de la <-olonisation privée, fit perdi-e en partie le bénéfice des résultats adjuis Nombi-eux lurent ceux qui, petit à petit abandonnèrent Port-Say, tandis i\iu' d'autres allèrent s'installer autour de la Kasba de Saïdia, en territoire marocain, oïl un nouveau centre tend à suppLuiter son voisin de la rive droite.

Puisse Port-Say, mieux adniiinslré. siir\ivre à son tbndaleui- !

Quoi qu'il advienne, le nom de riioinme entreprenant, énergique, qui eut l'audace d'aller jilanter sa lente sur les rives du Kiss, pour y étendre la prédominance française, doit rester inscrit au Livre d'Or des grands colons algériens. Le souvenir de L. Say ne disparaîtra pas; malgré les erreurs commisses son œuvre ne doit pas être condamnée à périr.

La Société de Géographie, dont M. L. Say faisait partie depuis 1904, salue la mémoire de ce vaillant champion de la colonisation française, et présente, aux familles atteintes par re deuil, l'expi^ession de ses sincères condoléances.

F. D.

Commandant JEANNEY. - Lieutenant PAGAN

Le 4 octobre 1905, sur le froiu do Champagne, un obus allemand a fait deux glorieuses victimes parmi les membres de la Société de Géographie d'Oran.

Sous un violent bombardement le commandant d'Artillerie Jeanney et le lieutenant d'Artillerie de réserve Pagan, son adjoint, pour r-elever l'énergie de leiu's hommes ébranlés, et leur donner l'exemple du sang-froiil et du mépris du danger, avaient parcouru le front, à découvert sous la pluie de fer. Ils venaient de se mettre au travail avec l'adjudant-chef de la batterie et un canonnier, lorsqu'un obus pénétrant dans leur abri, tua sur le coup les deux orticiers, blessanfmortellement l'adjudant-chef, et blessant giiève- nient l'artilleur.

Fils de ses œuvres, le commandant Jean-Baptiste Jeamiey avait fait toute sa carrière dans l'Artillerie. Appelé au corps le 3 novem-

406 NÉCROLOGIE

bre 1879, il conquit rapidement les premiers grades, et le 31 mars 1888, au sortir de l'Ecole de Versailles, il était nommé sous-lieutenant. En 1894 il était envoyé à Oran comme lieutenant, passa capitaine en 1897, fit partie des colonnes d'opération de Figuig en 1903, et des colonnes opérant dans l'Amalat d'Oudjdaen 1907 et 1908. En 1911 il était nommé au commandement de l'Artillerie des Confins Marocains et du Groupe de marche d'Oudjda. Le commandant Jeanney avait pris part au bombardement de Zenaga et aux affaires de Foum-Sefrou, d'Aïn-Sfa, de Béni-Ouzzian, de Bou-Denib et d'Aïn El Arba.

A l'occasion de ce dernier combat, il était cité à l'ordre du jour des troupes d'occupation du Maroc, et proposé pour le grade de lieutenant-colonel. Il fut retraité le 26 mai 1914, puis rappelé à l'activité à l'occasion de la guerre contre l'Allemagne et l'Autriche, et cité il l'ordre du jour de son Corps d'Armée.

Le commandant Jeanney était Officier de la Légion d'Honneur et Officier d'Académie.

Marié à Oran, il était attaché à l'Oranie par les liens de la famille et par de nombreuses relations d'amitié.

Il appartenait à la Société de Géographie depuis l'année 1906.

Ingénieur de l'Ecole Centrale depuis l'année 1904, Guillaume Pagan, après avoir participé à la construction du chemin de fer de Tlemcen à Marnia, puis des chemins de fer de la province de Palencia (Espagne) était appelé à Oran comme secrétaire à la Direction de la Compagnie de l'Ouest Algérien.

Ses merveilleuses qualités de travail, sa haute intelligence, la sûreté de son jugement et l'élévation de son caractère semblaient le destiner aux plus hautes fonctions dans cette Compagnie, et lui assurer le plus brillant avenir.

Il s'était fait inscrire à notre Société peu après s'être fixé à Oran, en 1913.

La guerre vint. Pagan, par sa situation, était non mobilisable, mais impatient de défendre la France par les armes, il se fit réintégrer dans le service actif. Vaillant officier, il ne tarda pas à être nommé lieutenant, et son commandant l'ayant particuliè- rement distingué, se l'attacha personnellement.

Ils sont morts ensemble !

Nous saluons ces glorieux soldats, unis dans le suprême sacrifice, et nous leur adressons l'hommage de notre reconnaissante admiration.

A leurs familles, à leurs veuves, nous offrons l'expression émue et chaleureuse de notre profonde condoléance.

E. FLAHAULT.

i

NÉCROLOGIE 407

HiLAiRE SOIPTEUR

^ Le 4 octohio 1915 est décédé, à lape de 86 ans, M. Ililaire Soiptour, l'un des plus anciens membres de notre Société.

Originaiiv du Doubs, notre regretté collègue s'était installé comme pharmacien à Tlemcen en 1859. Sa culture scientifique le porta bientôt vers les études agricoles er son cœur généreux l'mcita à participer aux œuvres de mutualité. Avec le regretté M. Havard il créa le Syndicat Agricole et Viticnle de Tlemcen qui est resté un des plus tîorissants de l'Algérie.

M. Soipteur fut un de ceux (pii comprirent, les premiers les avantages (jue devait apporter la culture de la vigne en Al-érie et dans la région de Tlemcen en particulier Suivant son exemple les colons de la plaine de Tlemcen plantèrent de la vigne et s'assurèrent une large aisance.

A la Société de Secours Mutuels, M H. Soipteur apporta le concours le plus dévoué et en fut un des plus fervents soutiens Aussi il ne tarda pas à mériter l'estime de ses concitoyens Obli-é d'accepter les fonctions de Conseiller municipal, il fut élu Maire de Tlemcen et le demeura de 1871 à 1880. Il fut aussi Conseiller général et Vice-Président de cette As.semblée. Partout il se fit remarquer par la connaissance approfondie qu'il avait des questions d ordre économique.

Le Gouvernement de la Républi.jue avait reconnu ses services en le faisant Chevalier de la Légion d'Honneur.

Retiré des fonctions publi-iues il resta avant tout agriculteur- viticulteur, il mit en valeur ses terres qu'il exploitait sci.mtili- quement, il en fit des champs d'expérience les colons vinrent s instruire pour mettre ses leçons à profit. Il fut de toutes les associations, de tous les groupements ayant pour but de servir luiteret général. Bon, généreux, affectueux, il est mort en emportant l'estime et les regrets de tous les hommes de bien. La xûle de Tlemcen et les villages de la banlieue ont perdu en M. H. boipteur un des hommes qui se sont le plus dévoués corps et ame à la prospérité de la région.

Au nom de la Société de Géographie je salue la mémoire de notre bien regretté collègue et renouvelle à sa famille l'expression de nos condoléances attristées.

F D.

408 NÉCROLOGIE

Henry-Joseph GILLOT

Le 6 novembre 1915 s'est éteint à Nice, après une longue maladie. M. Henry Gillot, ancien Vice-Président de notre Société.

Henry Gillot était au Havre en 1851. De bonne heure il montra les qualités qui devaient faire de lui, un homme d'action.

En 1870, à dix-neuf ans, il s'engagea, fit campagne et se fit remar(juer par sa brillante conduite. Après la guerre il reprit ses études et se destina à l'enseignement. Reçu à l'agrégation, il exerça d'abord dans plusieurs Lycées de la Métropole. Des intérêts de famille lui firent demander une chaire au Lycée d'Oran, il débuta le 1" octobre 1888. Pendant vingt-deux ans, jusqu'à son admission à la retraite, en 1910, il se dévoua à sa tache et sut développer chez ses élèves les qualités de cœur et d'esprit qui le distinguaient lui-même.

Mais l'accomplissement des fonctions universitaires ne suffisait pas à satisfaire l'activité débordante du professeur de rhétorique. Gillot consacra ses loisii's à diverses œuvres postscolaires. Il prit surtout en mains la direction et l'administration de la Société pour l'Enseignement par l'Aspect et lui donna un développement et une vitalité qu'elle retrouvera difficilement.

Au mois de mai 1892 il s'était fait admettre à notre Compagnie. En 1898, élu au Comité, il fut nommé Secrétaire-adjoint pour la Section de Géographie et, le 2 octobre 1899, élevé à la 2'' Vice- Présidence.

En 1902, sur la proposition de notre Société, et à l'occasion du Congrès des Sociétés françaises de Géographie tenu à Oran, il fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur.

En 1903, peu satisfait de la fâcheuse direction imprimée à la Société, il démissionna du Comité.

En 1905, voyant le mal s'aggraver, il consentit, sur ma demande, à être candidat au Comité. Elu il ne voulut accepter que la 1" Vice-Présidence. Il conserva cette charge jusqu'à la veille de sa mise à la retraite, en 1910.

Dans toutes les fonctions qu'il occupa, dans toutes les manifes- tations de son activité, Gillot se fit remarquer par une grande puissance de travail servie par une vive intelligence et par une grande facilité d'élocution. Il se montra aussi brillant conférencier (ju'habile administrateur Comme tout homme il eut ses qualités et ses défauts ; s'il fut un temptirament, s'il fut un caractère, il n'était pas toujours d'humeur commode. Très personnel-, parce que très sur de lui-même, il supportait mal la contradiction ; mais ses défauts étaient corrigés par la notion exacte qu'il avait du devoir, par l'énergie farouche avec laquelle il savait défendre ses droits et

NÉCROLOGIE 400

.sauvoi^îirihM- son iii(l{'|(i'iiil;uici'. par If (lovoiiomoiii ipi'il apporiait aux œuvres (riiilérèt général, |iar los services qn'i! se plaisait à rondro h coiix (|iii faisaient appel à son coneoui's.

Ponr ma pari je n'oublierai jamais et la Société ne doit pas roul)lier U) service que Gillot nous rendit en 190."). Ce lut <rràce lui, dont les opinions poliii(|ues étaient liir-n connues, que nous pûmes déinontriM- (jue la Répui)lii|iii' ii'i-lait nulli'MK'iit i-n danger parce que nous voulions luainii'uir la Sociélé dans la voie de la neutralité qui lui est iiaciM' pai' ses statuts.

Pendant les cinq années (pi'il exerça la Vice-Piésidence, (iillot apporta au Comité le concours éclairé et dévoué do son tali-nl et de son expérience. Il fut mon collaborateur dans l'élaboration des nouveaux statuts. Gillot doit donc compter au nombre de ceux (|ui ont le mieux servi la Société. A ce titre, je salue au nom de tous les sociétaires, et en mon notii tout particulièrement, la mémoire de notre bien regretté collègue et renouvelle à sa veuve et à sa famille l'expression de nos plus vives sympathies et de nos condoléances attristées.

F. DOUMEKGUE

DÉSIRÉ HEINTZ Fils

Un nouveau deuil de dixième depuis le mois de juillet) est venu frapper notre Société. M. Désiré Heintz tils, maître imprimeur à Oran, est décédé subitement à l'âge de 51 ans, le 28 novembre 1915.

Grande fut la surprise de tous ceux qui l'avaient vu encore la veille, travaillant dans ses ateliers, car, dans le métier, le connaissant à fond, il n'avait pas cessé, quoique patron, <le manier le composteur. Vivant au milieu de ses ouvriers il était fier d'en être l'ami. Sous des apparences rudes, Désiré Heintz cachait un cœur d'or; sa bonté était légendaire. La condition modeste, en laquelle il se plaisait, ne l'empêcha pas de diriger avec intelligence, avec le sens des besoins du jour, la maison paternelle dont, lui et quatre de ses frères avaient pris la succession à la mort de leur regretté père Désiré Heintz survenue en 1907 ; il s'appliqua à en améliorer les louages, à en développer les ressources, à satisfaire une clientèle commerciale de plus en plus exigeante.

A rencontre de ce que l'on constate malheureusement trop sou- vent, la réussite dans les atlaires n'étoufta pas en Désiré Heintz les

410 NÉCROLOGIE

sentiments généreux ijui l'avaient toujoiu-s distingué ; il aimait, après ses journées bien remplies", à chercher le repos dans les satisfactions intellectuelles, il consacrait ses soirées à apporter son concours à diverses œuvres d'intérêt pubhc. Il fut le fonda- tinn- de la société musicale 1' w Association Artistique d'Oran » (jui, avec son appui, ne cessa de prospérer. Il en fut le Vice- Président. En récompense des services rendus il reçut les Palmes Académiques.

La Société de Géographie dont il fut le membre fidMc lui restera reconnaissante d'avoir bien voulu y prendre la place de son père et d'avoir associé ses fils à l'appui moral et pécuniaire qu'il lui apportait.

A Madame Veuve Désiré Heintz, à ses enfants, à ses frères, k toute la famille la Société renouvelle l'expression de ses plus sympathiques condoléances.

TAIJU: DES MATIÈRES

SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE ET D'ARCHÉOLOGIE

PROVINCE DORAN

TOME XXXV. 1915

Pages

Burciiii et Comité adminisfmlif de la Société 3

Liste générale des Mombres de la Société 4

Sociétés correspondantes iq

Procès-verbaux des réunions de la Société iia, 22/1, 38;

Compte rendu de l'année 191 '1 22-

Mouvemenl de la Bibliothèque 288, 3f)5

Concours de la Société en 1915 2/17

Ferdinand Blanche. ^fonographie do la commune

d'Aïn-el-Turck :> i

M. Petit (Capitaine). De la frontière oranaise à Taza. <(>

Noël (Cajtitaine). Documents pour servir à l'histoire des Hamvan et de la région qu'ils occupent fniivre) 121, ^^q

D"" \A ATEM-, Liste des végétaux recueillis pendant la re- connaissance de Monsieur le capitaine Martin dans VErg /guirfi (Sahara), mars- avril igiS i()S

C. Ben Danou.^ Contrihntion à l'étude de l'industrie pas- torale en Algérie. Rôle mécanique des vents dans la répartition des fourra- ges steppiens. Comment densifier les herbages 206

ll'i TABLE DES MATIERES

Pages

F. DouMERGUE. Note sur la plage (rAïn-el-Tiirck .... 2i3

Guillaume et Luuillier. Observations météorologiques

faites à la station de Santa- Cniz 219, 371

C. Ben Dvnou.— Contriliiiliou à rrliidc de l'industrie pas- torale en Algérie. Des tiappes d'halfa et de leur rôle au pays du mouton. Uti- lisation du bouss d'halfa 3o4

G. Djian. Vers le Tchad 3i8

A. TouRMER. Mouvement de la naA'igation dans les ports du département d'Oran pendant l'année igi/i. Mouvement commer- cial 373

BIBLIOGRAPHIE

A. Cour. Recueil des texte? législatifs et juridiques concernant les Israélites de Tunisie de 1867 à 191 3, annotés et commentés par R. Arditti 221

F. Doumergue. Les Archives Berbères, par le Comité

d'étnde!^ berbères de Rabat -222

Ed. DÉciiAUD. Le Maroc, par \\iguslin Rfrnard 38i

L'Allemagne d'Outre-Mer, grandeur et

décadence, par Camille Fidel .... 38i

F. Doumergue. Deux stations nouvelles de pierres écrites (gravures rupesires) décou- vertes dans le cercle de Djelfa (Al- gérie), par G.-B.-M. Flamand . . . 382

Recherche par leurs influences des

eaux souterraines, des corps en- fouis ou dissimulés, des gisements méitallifères, par Henri Mager... 383

TABf.E DES MATIÈRES 413

Pagee

\1)Im'' l'vHni:. Mi;iiiii<<;i. MdiK niiomli, \iiii()iiii;i. Pro- miric [liiilif : Kliiiinissa (|)rcmicr f;is- ciiiilc). ii;ii- Sl(''[(li;in(' Csi-i,! ^H/i

I!. Fi.\ii\i r.i. |)i-((iiirs <iir rr-vuliitidii des rrmnaisp.'in- (■(•< en liisloirc naliin'llc. par Geor- y^cs l*iiNNKTii:u ?>Ht\

-\ÉCHULUGIK

Lieutenant-Colonel Maury 117

Commandant Cottenest 1 19

Pierre Carra fang o45

Jean-NniM Roman o/i6

Angélique Capifalji 4o.<

Gustave Vallois 4o;î

Louis Pou?seur 4o3

Louis Say 'jo't

Commandant Jeanney ^o5

Lieutenant Pagan 4o5

'i;i',<'^î"/^ Soipteur ',07

Henry-.Idsepli Gillol 4o8

Désiré Heintz fils 4o()

CARTE DE LA RÉGION PRINCIPALE D'ÉVOLUTION DES HAMYAN

SOCIÉTÉ

DE

D'ARCHÉOLOGIE

DE

LA F»FlOVI]NrGE D'ORAPsT

fondée: en 1SV8

TOME XXXVI. 1916

ORAiN

Imprimerie Typographique et Lithographique L. FOUQUE Il et 6, Rue Thuillier (Place Kléber)

Société de Géographie et d'Archéologie

DE LA PROVINCE D'OR AN 7, Rue Schneider, ORAN

COIVirTE ADMINISTRATIF DE LA SOCIETE

1915- 19 h;

MM. Arambouih; Camille. Bascuung (Général). BiiHE.M;F;K(C()inmand'). Dangles. déciiaud. dolmekgl'e. DiPLY Charles Fabre (Abbé). Flahault.

H LOT. KniÉGER.

MM. Lami i\ l.Diiis.

LEMOrSîSON. UE PaCIITERE.

Pellet.

PÉREZ. POCK.

Pontet.

René-Leclerc.

Roux-Freissineng.

Sanduas (Docteur).

TOUR.MER.

BUREAU DE LA SOCIÉTÉ

Président

MM. Doumergue.

1" Vice- Président :

2" Vice-Président :

Secrétaire général :

Trésorier :

Bibliothécaire-archiviste :

Secrétaire pour la Section géographique

Secrétaire-adjoint id.

Secrétaire pour la Section archéologique

Secrétaire-adjoint id.

Général Baschung. Flahault.

Com' BÉRENGER. PoCK. TOLRMER. DÉCHAUD.

Le. MOISSON. .Vbbé Fabre. Aramboi KG.

COMMISSION DU BULLETIN

MM. DOU.MEHGUE.

Baschung (Général) . Flahault.

ALM. BÉRENGER. DÉCHAUD.

.\bbé Fabre.

COMMISSION DES FINANCES

MM. Dangles. Pontet.

PRÉSIDENTS D'HONNEUR

MM. Le Gouverneur général de l'Algérie.

G. IIanoïaux, membre de l'Académie Française, ancien

ministre des Affaires Étrangères, i5, rued'Aumale, Paris.

Le général Lyautey, Résident général de France an Maroc.

VICE-PRÉSIDENTS D'HONNEUR

MM. Le Préfet du département d'Oran.

Le Général commandant la Division d'Oran. Maurice Varnier, Haut Commissaire du Gouvernement de la République, Oudjda (Maroc Oriental).

MEMBRES D'HONNEUR

MM. Le Sénateur du département d'Oran.

Les Députés du département d'Oran.

Le Président du Conseil général d'Oran.

Le Maire d'Oran.

A. HÉRON DE Villefosse, membre de l'Institut, i5, rue Washington, Paris,

René Cagnat, membre de l'Institut, 96, boulevard Mont- parnasse, Paris.

Le Général Marchand, explorateur, 20, rue du Comman- dant Marchand, Paris.

PRÉSIDENT HONORAIRE

M. MoNBRUN Théogène, avocat, 3, rue El Moungar, Oran.

MEMBRES HONORAIRES

MM. Binger, explorateur. Caron, id.

Monteil, id.

MM. Nansen, explorateur. Trivier, id. Verminck, id.

i

DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES RAMYAN

et de la Région qu'ils occupent (Suite et Carie -J )

Cil \]MTI;k VI

I/INSI KKIXTION ni: HOl A.^IAMA

En février 1881, le lieiilciiaiit de Bannières, du lînrean arabe de Sebdou, fut envoyé snr les llauls-I'laleaux, acconi- [la^^né de linterprèle ^ alJet. Il avait pour instructions de eliereher à rassurer les popidations d d'étudier éjj-alenient quel eniplaeenienl conviendrait le mieux j)our l'inslalla- lion d'un nouveau poste.

Comme chef-lien du nouveau cercle que Ion désirait créer dans celte région, il préconisa Tiout ; on ajiHuna momentanément la construction du poste projeté, car de Dfiaves événements obligèrent à faire face à um^ nouvelle situation.

 la fin de 188 1, le général Delebecque choisit, au lieu de Tiout, Aïn-Sefra comme étant le point le mieux placé pour surveiller tous les débouchés. Au cours des troubles qui agitèrent alors cette contrée, on se contenta, ainsi cpi'on le verra, de réoccuper Aïn-Ben-Khelilabandonnédepuis 1807.

Les prévisions du général Gérez s'étaient, en effet, justi- fiées. Le 6 avril 188 1, le bachagha de Frenda avisait le commandant de la Division d'un complot ourdi à l'instiga- tion du marabout Bon Amama et dans lequel étaient en- trées toutes les tribus du cercle de (léryville et les Rezaïna de Saïda. Quehjucs jours après, le lieutenant Weinbrenner, du Bmeau de Géryville, détaché chez les Djerama, était assassiné. Au mois de mai. les Hamyan Djemba insoumis venaient à Moghar grossir les rangs des insurgés.

Sans perdre un instant, on forma des colonnes pour châ- tier les dissidents et donner confiance aux tribus restées fidèles. Leur concentration eut lieu à Sebdou, Daya, déry- ville, Frenda et Tiaret.

Tandis que la colonne de Géryville, sous les ordres du général Collignon, se dirigeait sur Ghellala, la colonne de Daya opérait dans la région des Ghotts oranais.

6 DOCLiVIENTS POUR SERVIR A l'iUSTOIRE DES HAMYAN ^

Colouiies de Da.va et de («éry ville (mai 18S1). Celte dernière fut réunie le 6 mai 1881, sous tes ordres du colonel Mallaret, de la Légion étrangère ; elle comprenait le 3'' ba- taillon de la Légion, un escadron de chasseurs, deux esca- drons de spahis et 200 goumiers des Béni Mathar. Elle gagna Bou Guern le 12, puis rétrograda à El Hammam elle leçul un lenfoil de deux compagnies du i*""" Balaillon d'infanterie légère d'Afrique et une section d'artillerie de montagne.

Après avoir suivi l'Oued El Hammam jusqu'à Djerf-El- Korab, elle arriva le 20 mai, en contournant les bords sud du clîott Ghergui, à Oglat Serour. Elle franchit le Djebel Amrag et fit séjour à Eekarine pendant que la cavalerie, envoyée à Bir-el-Amia, ramenait un convoi de vivres venu de Saïda.

Le 29, elle était rejointe par la colonne de Géryville dont le commandement était passé au colonel Innocenti. Gelui- ci avait pris la direction que nous avons indiquée plus haut et s'était heurté, le 19 mai, aux bandes de Bou Amama, à Mouallak, défilé en avant de Ghellala. L'engagement fut rude et les deux partis s'en attribuèrent le succès. L'ennemi perdit dans ce combat 200 hommes ; la colonne qui avait eu de son côté 60 morts et 22 blessés se porta le lendemain sur Ghellala, puis sur Asla, d'où elle remonta plus au Nord pour s'arrêter à Eekarine.

Le 3o mai, les deux colonnes se portèrent siu' Bir-el- Amra au-devant du général Déirie, f|ui arrivait d'Oi-an pour prendre le commandement des troupes du colonel Innocenti.

Pendant cette marche, l'insurrection avait pris des pro- portions inattendues. Bou Amama avait exploité comme un succès le combat de Mouallak et rallié de nouveaux par- tisans. Dans le but de cerner le marabout, cinq groupes furent formés et répartis de la manière suivante :

i'''' Gioupe fcolonne de Tlemcen) eut la surveillance de la zone comprise entre la frontière marocaine et Bou Guern ;

2" Groupe (colonne du colonel Brunetière) fut installé à Medrissa, face à Géryville ;

?>^ Groupe fcolonne du colonel Mallaret") eut la suiveil- lance de la zone compiise entre Bou Guein et Sfissifa ; il fut chargé de ravitailler le 5^ groupe et de lui prêter son con- cours ; il élaii installé au KreidcM- ;

f\^ Groupe l'coloime venant de la province d'Alger) occupa Tiaret ;

Koci \ii;n I s i><M it --i:u\ m \ i iii>r(^inF des m \mv\n /

y (JroujK' icoloiiiic l(''}4('i(' (iii ^M'-néiiil Dririci ciil pour mission tic clicrclicr le (((iilacl de rciiiifini cl de le poiii- Sllivrc. l'olllH'c (le r;iii(iciiiic ((ildiiiic liiiiocciili, ccllr lioiipc (-oiii|ii'ciiail un hal.'iilloii du ■>.'' Tiiailicui s, un halail- lon du •'' Zouaves, deux couipa^niics du i" lialaillon d'Afii- tpie, un escadron de spahis, trois escadrons de ehasscins <r\t'ii(pie e| deux ^e(li<i|i- d aililleiie île inojda^Tlc.

Coloiiiies Détric et .>lallaret (juin ISSI). Des coinrieis annoncèreni alors la |)i<''sence de Hou Ainania à Hen llallal). A celle nouxclle, la colonne Mallurel se mil en foule sur Tismouline |)ar Ogial Mcnesia cl llaci lladri.

I']n même tcm[)s i iti juini le {jfcncral Dctric parlil à la rccheiche du uKuaboul. Arrivé à Ben llallal) sans avoir ri(Mi rencontre, il s'arrèla à Kheneg Azir, il laissa son con\()i avec un bataillon de Légion sous les ordres du com- maniianl l.al'on. ('elui-ci eut avec rpielques rebelles un (Migagemenl peu important [i i juin),maisqui dénota aussi- tôt le voisinage de Bou Amama, lequel remontait en effet vers le X(Md. Prévenu par dépêche, le général Déliic crui avoir bienlôl le contact qu'il désirait.

Four parer à toute éventualité, le commandani Lafon remoida jus(|u"à Sfissifa et le colonel Mallaret l'cvini sui' ses pas au kreider, éclairé toujours i)ar les goums des B(Mn Mathar.

Pendant ce temps, poussant audacieusement leur mar- che vers le Nord, les contingents d(^ Bou Amama ra/ziaienl les chantiers d'alfa, brûlaient la station de Kralfallah, n)as- sacralenl les Européens qui n'avaient pas voulu fuir. D'ajirès un renseignement foiuni |)arlecommandant Lafon, ils abandonnaient ensuite la dircclion du Nord pour retour- ner à Cdiaïi', pai" El May et Sidi-Klielifa ; le i8 juin ils étaient à Fekarine après être passés, le i5 juin, à portée de fusil de la colonne Mallarel, dont le chef, pour des raisons ine\pli(piées. refusa d'ordonner d'atta(pier.

C'esl en \ain (pie nos colonnes cherchèrent à les attein- dr(\ Après (piehpies avantages remportés sur des groupes isolés de dissidents, le général Délrie arriva, le 19 juin, au Kreider que le colonel Mallaret venait d'abandonner pour s(> lancer très tardivement à la poursuite de l'insaisissable marabout : il ne pouvait que le suivre d'étape en étape. C'était en outre la période des fortes chaleurs, aussi l'ordre fut-il donné d'interrompre les opérations. La colonne de Mallaret, dont le chef fut relevé de son commandement et mis à la reiraite d'olTice, devini colonne d'observation et

O DOCUMENTS POUR SERVIR A L IflS l'OIRE DES HAMYAN

fut envoyée à Ras-el-Ma ; le lieutenant-colonel .Tanin en reçut le commandement (6 juillet).

Pour proléger le Tell, quatre fortes colonnes fiuent alors établies sûr les points suivants :

Ras-el-Ma (Lieutenant-colonel Janin) ;

Kreider (Colonel Swiney) ;

Tiaret (Colonel Brunetière) ;

Géryville (Commandant Tadieu, en altendanl l'arrivée du colonel de Négrier nommé à la Légion).

Bou Amama, pendant ce temps, avait rassemblé ses con- tingents à Touadjeur ; par une série de coups de main, il parvint à recruter de nouveaux partisans, plus par la crainte (pie par la persuasion. Le 5 juillet, il descendit jus- qu'à Méchéria ; le 7 il remonta à Fekarine et voulut sur- prendre la garnison du Kreider. Celle-ci, composée de trois compagnies de tirailleurs (commandant Jac(piey), gardait le convoi de la colonne Détrie partie en reconnaissance. Le marabout subit un échec et se retira sur Bedrous.

Il voulut s'en venger sur les Harraf Gheraba restés fidè- les, en allant vider leurs silos à Zindi, au Sud de Tiaret ; il ne put y parvenir et dut se contenter de razzier quelques- uns de leuis troupeaux à Aïn-el-Hadid. Ce fut son seul suc- cès. Le géncial Détiie le força à se rabatlre vers l'Est (i5 juil- let) et, à Medrissa, la colonne et les goums de Tiaret le bous- culèrent et l'obligèrent à s'enfuir vers le Sud sans avoir pu emporter son butin.

Colonne Ducliesiie (Juillet à octobre 1881). Le lieute- nant-colonel Duchesne qui avait pris le commandement de la colonne de Ras-cl-]Ma ne put donner à ses troupes le repos qu'elles méritaient. 11 dut chercher, vainement d'ail- leurs, à couper par El Thmimam la route aux Rezaïna qui venaient de partir en dissidence, abandonnant la colonne Swiney C[u'ils étaient chargés d'éclairer.

Il est intéressant d'insister sur cet incident qui a été raconté de la façon suivante par M. le commandant Graulle, ancien Chef de Bureau arabe :

« Les Rezaïna, comme toutes les tribus sahariennes voisi- (I lies du Tell, avaient appris dans les derniers jours de juin <( ([ue Bou Amama préj)ara!t une nouvelle expédition'.

I On les nv:iil prévcmi? f|iio Ifp rolicllps nvnioiil f:ii( ferrer leurs chevaux. Or, les Sahariens ne font ferrer leurs nuintmes ([n'nn rïiomcnt de partir en expé- dition. Chez eux, l'expression : « Ils font ferrer » on simplement : « Ils fer- rent )i (en arabe « isemerou »), signifie : « Ils vont se mettre en campagne ».

DOCUMENTS POIR SKRVIH A r.'ll fs IT )I KF DES HVMVAN 9

" ( li;ii^ri;iiil |miiii Iniis ciiiiipciiiciiN, <|iii se 1 1 1 )ii\ ;iiriil iilois h 'l'iin(.lliis et (lu'ils tic jnun iiinil piolr^ici' ciiv jiir- iiics, ciir ils rlîiiciil cmploN t's ;'i hi ((iloimc du krci<lf,i ;i\cc Irms ciiN iilicr-, les ciiïds de ces d(ii\ liihils siip- plit'-rciil r;iiilni iU' de leur pcriiiclli c d'ciiN <i\ ci Iciir.s fcm- \\\i-^. Iiiiis cnriiiils cl Iciiis lr(tii[)c;iii\ ;m Nord de Siiïdii, cil Iciriloirc c'nil. ils x'iaiciit en >rirelé. Le (loiii- iiiaiidiiiil Sn|)i'>i ieiii li'iiiisiiiil , le :>.- Juin, leur deiiiMiide au (léiicral i\v I^i\ isioii dans les Ici'nies sui\ aiils :

« Los caïds Sassi ef >f()hamnied bon Chakor, des Hozuïna, \ioinienl d'anivor à Saïda, a[jrès axoir obtenu inie per- mission lie liuil jonrs du commandant de la colonne du Kreidor. ('os doux chefs indi<îonos m'ont manifesté dos craintes sérieuses an sujet do leurs troupeaux et m'ont demandé lautorisation d'inslalloi' leurs campi^ments elle/, les Oulad Kraled (".heraga (Nord-Est do Saïdaj. « Le caïd Sassi, f)articulioromont, a beaucoup insisté. \ Oici le résumé de sa conversation :

<< Bon Amaina est furieux contre nous, les Rezaïna, et a juré do nous razzioi'. Les colonnes que vous pourrez pla- cer le long du cliotl ne nous protégeront pas. Le mara- bout passeia facilement entre vos troupes, soyez-en sûr, ef viendra nous prendre, n'importe oià nous serons, à moins cependant que, prévenus à temps, nous puissions nous réfugiei" sous les murs de Saïda. Nous ne sommes pas on sûreté dans nos campements actuels au Nord do Tafaroua.

« Vous verrez (juo le marabout viendra nous prendre et nous obligera à le suivre.. Nous serons forcés do nous sou- met Ire i'i lui. .le tiens à vous prévenir du danger qui nous menace. Si vous no pouvez nous autoriser à nous établir chez les Oulad Kraled, laissez-nous aller au milieu des Hamyan. Si vous doutez de notre fidélité, nous vous lais- serons nos enfants en otage.

« Avec les Hamyan, nous ne craignons rien et mémo, si vous voulez nous adjoindre le gouni des Boni ]Mathar, nous nous chargerons d'aller razzier les Traffi. .Te tiens h vous le répéter, Bon Amania ne fera aucun cas de vos colonnes et il ira très loin dans le Tell. 11 sait que vos troupes ne peuvent pas lutter do vitesse avec les siennes et que les Arabes du Tell sont des feniincs ; ils no lui tire- ront pas un coup de fusil. 11 iia tios loin. (I Enfin, si vous no pouvez pas nous laissoi- aller ni chez ( les Oulad Kraled, ni chez les Hamvan, mettez au moins

10 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

(( une colonne devant nos canipcnients, à El Beïda ou à « Sfid, car celle du Kieider ne nous protège pas.

<( Avant peu, vous verrez que tout ce ({ue je vous prédis (( arrivera.

(( Tel est le langage que m'a tenu le caïd Sassi, et il a (( beaucoup insisté pour que je vous rapporte ses paroles.

<( Le Général de Division aurait voulu donner satisfaction

« aux Rezaïna, mais il ne put le faire parce que l'autorité

(( civile s'y opposa. Elle refusa de recevoir, même tempo-

(( rairement, des indigènes sur son territoire et contraria,

« en outre, l'action de l'autorité militaire lorsqu'elle vou-

(( lut, pour protéger ses administrés, transporter la colonne

« du Kreider à Sfid.

<( La colonne du Kreider, écrivait, le ?>o juin, à la Divi- (( sion, le Commandant Supérieur de Saïda, est beaucoup (( trop éloignée du Tell pour pouvoir le protéger d'une (( manière efficace. Entre ce point et la région oii sont ins- (( tallés les premiers campements de nos tribus (Timetlas), <( se trouve une bande de terrain de plus de cinquante kilo- <( mètres de largeur, nue, déserte et d'accès facile à la (( cavalerie.

« Les contingents ennemis pourront, évitant notre (( colonne du Kreider, par une marche hardie et rapide, « arriver au milieu de nos tribus et être maîtres de la situa- « tion, au moins pendant quarante-huit heures ; puis, une (( fois leur coup de main fait, retourner dans le Sud sans « courir aucun danger.

« De plus, le Kreider est marécageux et malsain surtout (( pendant la saison des chaleurs. Pour toutes ces raisons, (( la colonne me semblerait mieux pl-acée à Sfid ou à El (( Beïda.

u Le général se rendit à ces raisons et donna l'ordre, le <( !*'■ juillet, à la colonne du Kreider de s'établir à Sfid. « Mais le maire de Saïda ^ protesta contre ce déplacement, « faisant valoir que l'abandon du Kreider laisserait àdécou- « vert Marhoum, oh la Compagnie Eranco-Algérienne pos- « sédait quelques établissements a et il fit appuyer sa récla- « mation par le Préfet.

<f Le général Gérez, qui était à ce moment attaqué d'une

I C'était M. Engler, directeur de l'exploitation de l'alfa. T Elle avait, en effet, à Marhoum, tête de ligne de son cvploitalion, une demi-douzaine de mauvaises baraques en planches.

DOCUMENTS POUR SKHVIR A l'il IS I < )|HE DES HAMYAN 1 t

« fiiroii \i(»l('iil(' |)iir lii |)ic'ssi' oraiiaisc, n'osa pii^ (l('(il.iii(' (( à ce liaiil f(tii(li(tiiiiaii(' cl donna conlrc-ordic

« La ((lionne S\\inc\ icsla (ionr au Ktcidcr, laissant en (( prise les Irihns du lenitoiic de cotninandcrnent.

(' Aussi, le (i juillet. lors(|ue eclles-ci appiirent la niai- (( elle du niaïahout, elles décani()èrent pr(''(ipilanuuent et (( \ini'enl sinslidlei' elle/ les l)oui l'Iiabet, à :> kilomètres (I au Sud-KsI de Saïda, sur un [tialeau loelieux, entrecoupé « de ravins escarpés et ne renfermant que de mai<;res cl « rares cuit mes, ce (pii écailait toute crainte de débats.

(( Malgré cette circonstance, l'autorité civile exigea (pi'on <( chassât ces tiibus de son territoire et mit l'autorité mili- <( taire en demeure de le faire.

(( Je l'cprodnis une partie de la correspondance échangée (( à ce sujet. Klle montrera le mauvais esprit dont fit preuve « l'administration ci\ile, en refusant son concours [)our « protéger des tribus (|ui, après s'être compromises à notre « service, se trouvaient sérieusement menacées.

(( Je cite d'abord la demande qu'adiessa, le i^"" juillet, le (( Conuuandant Supéii(>ur de Saïda à l'Administrateur de (( cett(^ counnune mixte pour le prier de donnei' asile aux « Rezaïna sur son territoire :

« Monsieur l'Administrateur,

<' J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien me faire « connaître si, (hi cas de besoin, je pourrais autoriser les « T^ezaïna à aller camper momentanément, à Dra-Ed-Driss, « tribu des Oulad Kraled Cheraga.

(( Ces deux tribus craignent un coup de main des « rebelles et, dans les endroits de mon cercle oii je pour- (( rais mettre leurs troupeaux à l'abri, il n'y a ni eau, ni « pâturages.

« J'ai déjà écrit à ce sujet à M. le Général commandant « la Division, qui m'a prescrit de m'entendre avec vous. »

(I L'Administrateur refusa et, lorscpie les Oulad Daoud et « les Piezaïna, forcés par les circonstances, vinrent se réfu- « gier sur le plateau rocheux dont j'ai parlé plus haut, il « prolesta auprès du Commandant Supérieur ; n'obtenant (( pas satisfaction, il s'adressa au Sous-Préfet de Mascara, (( qui, le II juillet, écrivit la lettre suivante au Général « commandant la Subdivision :

« Monsieur le Général,

» Monsieur l'Administrateur de la commune mixte de <( Saïda m'informe que les Oulad Daoud sont entrés en

12 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

« territoire civil dans le douar-communc des Doui Thabct, « et qu'ils ont campé avec leurs troupeaux au milieu des « champs d'org-e et de blé, qui sont aujourd'hui ravagés.

« Ces mêmes Oulad Daoud ont l'intention de prendre (( les troupeaux du douar partiel des Djebarat ; le président « du douar-commune de Doui Thabet me l'affirme i.

« Je vous prie, Monsieur le Général, de me faire con- <( naître quelles sont les mesures que vous pouvez prendre (( pour arrêter ces vols et ces déprédations qui, depuis quel- (( que temps, deviennent journaliers.

(( Si vous vous croyez impuissant à les réprimer, je vous « serai reconnaissant de me le faire savoir pour que, de « mon côté, je prenne les dispositions nécessaires pour (( faire respecter les récoltes et les troupeaux de mes admi- « nistrés. »

Lettre de l'Administrateur au Commandant Supérieur de Saïda, à la date du 12 juillet.

(( Monsieur le Commandant Supérieur,

(( M. le Général commandant la Subdivision a vous <( conununiquer hiei- une lettre de M. le Sous-Préfet de (( Mascara, au sujet du campement du douar des Oulad « Daoud, dans le territoire du douar-commune de Doui « Thabct, et vous donner des ordres pour faire rentrer ces (( indigènes en territoire de commandement.

(( Ces ordres n'ont pas été exécutés ; en effet, un cavalier « que je viens d'envoyer sur les lieux m'informe que la '< famille du caïd El Bou Anani est elle-même campée en {( territoire civil et que les frères de celui-ci ont formelle- ce ment déclaré qu'ils resteraient, quand même et malgré <( vous, dans le douar-commune de Doui Thabet -.

« Conformément aux prescriptions de la dépêche de (( ]M. le Général commandant la Subdivision, en date

1 La tribu dos Oiilar] Dnoticl était l;i plus sage et In plus dévouée de toute la contrée ; c'était en outre la plus influente. Le caïd des Doui Thabet, mis en demeure de désigner les indigènes de cette tribu qui avaient manifesté l'in- tention de voler des troupeaux à ses administrés, se récria, disant qn'il n'avait jamais formulé une plainte de cette nature. Il avait simplement signalé les dégâts, peu importants du reste, commis par les Oulad D:Toiid dans les cul- tures de ses gens, afin que ceux-ci fussent indemnisés.

2 Voici exactement ce que les frères du caïd avaient répondu au cavalier de l'Administrateur :

« Nous paierons tous les dégâts que nous commettrons, mais nous ne pou- vons pas partir. Nous aimons mieux subir les pimitions que no\is inflisera l'autorité, plutôt que de nous exposer à être pris et massacrés par les TrafTi. »

Pour comprendre la frayeur qu'avaient des rebelles les parents du caïd Bou

DOCTT>fENrS POTIR SKHVIR A l.'llISTOlRE DES HAMYAN 13

(( (I hier, Je prends l;i lilx'ih'", diins lu circoiislaiM'c, de vous

« dciiiaiHlcr de mcllif à iii;i disposition la loicc supplétive

<i dt)rd \()iis dis|)os('/., (jour ictiAoycr de la coiiiiminc inixic

>' les litiit douais des ()uiad Daoud, cpii sy sont installés

<< iiré^ndiricmcnt. J'aurai llioîmcur de vous adrcssci' pro-

<' ciiainciiH'nt la liste di'< dégâts commis, j)our (pie les (iio-

piiétaires du blé et de l'orge cnle\és ou ia\agfés par les " Oulad Daoud soient i iidemiljsés. >>

>' ]| est bon de faire reniarf|uer ((u'au moment l auto-

ri civile s'acharnait à demander le lenvoi dans le Sud « des Oulad Daoucï, les rebelles se trouvaient à El Amial « ('herguia, à jo Hloinèties de Tafaroua, campement liabi-

(( tiiel de ("elle liibu. T.e général G (pi; command<iit la

<( Subdivision de Mascaia, était nouvellement arrivé de « France et ne connaissait rien aux choses do l'Algérie. « C'était un homme quinteux et bilieux, ayant constam- « ment la menace à la bouche et très arabophobe par-des- (( sus le marché. De plus, il avait une telle crainte' de l'au- " torilé civile (pie, pour rien au monde, il n'aurait voulu « entrer en conflit avec elle : aussi, obéissant à ce senti- « ment, il donna l'ordre de tracjuer comme des bêtes fau- « ves tous les indigènes du territoire militaire qui s'étaient << l'éfugiés sur le territoire de la commune mixte.

« De son cM6, le Commandant Supéiieur de Saïda, ou

« plut(')t l'oiruMer (pii en remplissait les fonctions, en l'ab-

I' sence du lieutenant-colonel Quarant(> parti en congé,

" éiiiii nn vieux chef de bataillon d'un légiment de T-igne,

« M. Euzière. (pii venait d'arriver de France et qui, lui non

(( plus, n'entendait rien aux affaires arabes.

'< Je dois dire cependant que c'était un homme fonci('-

<( rement honnête et qui ne manquait pas de fermeté. Il

'( trouva très exagérés les ordres du général ; mais n'étant

<( pas sûr de lui, il n'osa faire entendre aucune protesta-

« tion. Tl apporta toutefois beaucoup de tempérament à

« l'exécution de ces ordres, cheichant à concilier, dans la

'( mesur(> du possible, les devoirs de la discipline avec ceux

« de l'humanité ; mais il eut beau faire, les vieillards, les

" f(Mnm(>s et les enfants des Rezaïna et des Oulad Daoud

Aiiiiiii. il f;mt se r;ippeler que ce fut uii des frères de ce clief indijrèue. notnuié Djelldul, qui lira le premier coup de fusil nu combat de Sfissif^i cl qui \\i,< le ravalier des Derrapa qui délinil notre iroum eu brandissant son arme.

De])uis cette affaire, les Tralïi en voulaient beaucoup à celte famille et il est certain qu'ils auraient tué impitoyablement tous ceux de ses membres qu.i seraient tombés entre leurs mains.

14; DOCUMENTS POT R SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

n'en fuient pas moins expulsés, très brutalement, du plateau rocheux auquel ils se cramponnaient, par peur des rebelles, e{ renvoyés, malgré leurs supplications, leurs larmes et leurs gémissements, dans le Sud, ils se IrouvaienI sans protection ; tous leurs goumiers étaient absents, ils faisaient le service d'éclaireurs à nos colonnes.

« Inutile de dire le sentiment qu'éprouvèrent les cava- liers de ces tribus, lorsqu'ils apprirent que leurs familles avaient été traitées en parias à Saïda. La surexcitation fut surtout très viv^e chez les Rezaïna, qui sont excessivement vindicatifs. Ils n'en laissèrent rien voir ; mais ils déci- dèrent séance tenante de quitter notre territoire et d'aller se réfugier chez leurs amis les Doui Menia. « Le 12 juillet, après leur départ de vSaïda, ils allèrent s'installer à l'Est de Timetlas, à i5 kilomètres environ de la colonne Swiney qui, ce jour-là, campait à Sfid et, le lendemain, ils gagnèrent le Kieider en suivant la vallée de l'Oued Falet.

(( Poiu' quitter la colonne Swiney, à laquelle ils étaient attachés, sans éveiller la défiance de cet officier supérieur, les cavaliers des Rezaïna employèrent la ruse suivante : Le i3 juillet, vers 2 heures de l'après-midi, alors que leurs campem(Mits étaient arrivés avi Kreider, leurs deux caïds Sassi et Mohammed bèn Chakor se précipitèrent vers la lente du colonel et lui demandèrent l'autorisation d'aller reconnaître un fort parti ennemi que leurs éclai- reurs venaient d'apercevoir, disaient-ils, dans la direc- tion du Sud. Non seulement le colonel Swiney accorda retl(> autorisation, mais il prescrivit à tout son gouiu dese joindre aux Rezaïna. Arrivés à [\ kilomètres de Sfid, le caïd Sassi se tournant vers les goumiers étrangers à sa tribu leur dit :

« Il est inutile que vous alliez plus loin ; retoura^z auprès du colonel qui a sans doute besoin de vous ; quant à moi je v^ous fais mes adieux. )>

« Les caïds du goum, comprenant à ces paroles que les Rezaïna partaient définitivement, supplièrent Sassi de renoncer à son projet et de revenir avec eux au camp. "Ce n'est pas ma tribu qui s'en va, répondit-il, c'est l'autorité française qui la chasse. » « Et il continua sa route.

<( Le lendemain, il écrivit une lettre très digne au com- mandant Euzière, dans laquelle après avoir exposé les

DOCUMENTS POUR SKRVIK \ I, 'HISTOIRE DES IIAMYAN 1")

« liiisoiis (|ui rii\;ii('iil (l('(i(l(' i\ piiilii, il ;iiiiii)ii(;iiil son

« iiilciilioM crallcr se li\<'i clic/ les |)uiii Mciiia cl jmail de

« ne pas [(rendre [)ail à rinsinrci lion. Il i cn ieiidi ail sur

nolic leniloii'c loi^i|iie I ordre sciail lélahli.

>' l.c caïd Sassi linl sa paiole'. l'endanl son scjoin- chez

« les Doiii Meiiia. il aida ces nomades à coniballre plusieurs

. de lcni> voisins, iiolainni(>nt les Oulad Sidi (Ihcikii Clie-

(. ra^a, avec lcs(piels ils olaieni en lullc, mais il resta à

(' l'écail des rei)ellcs cl résista même aux instances pres-

« saules de Si Sliman. chef religieux des Rezaïna, c|ui le

« priait de \('nii- se joindre à lui |)our attaquer nos

« Ilamyan.

<( En mai 1882, Sassi revint siu' nolie territoire avec tous

« ses genS". »

Pendant (]ue tous ses faits se déroulaient, les ilamyan étaient gardés j)ar une colonne envoyée d'EI-Aricha. Cette surveillance ne fut pas toutefois sufTisanle pour ein|)èc]iei' un parti de dissidents de cette liibu (le venii- lazzier les Béni Mat haï'. Ceux-ci, en effet, retenus dans nos langs par leur sei\ ice de goumiers, avaient laissé sans défenseurs leurs troupeaux et leurs familles qui les accompagnaient au pacage.

Tl était à craindre que les Béni Mathai-. mécontents que nous n'ayons pu les protéger contre Icnu s agresseurs, déser- tassent à leur tour. Le colonel Duchesnc jugea prudent de rester dans Ja région de Bas-el-A[a, envoyant à plusieurs reprises des reconnaissances, soit pour protéger les Béni

I Personnollomcnf , cnr les Rezaïna ne se firent pas fante d'aller grossir les rangs des dissidents et d'attaqner nos colonnes.

a A leur rentrée, les Rezaïna ne furent pas inquiétés et aucune punition ne fut proposée à leur encontre. L'anforité civile en prit prétexte pour entamer iitic violente campagne de presse cunlre l'autorité militaire, l'accusant de fai- jilesse, et réclama un châtiment exemplaire contre ces deux tribus, surtout conire le caïd Sassi. Emu de ce bruit, le nouveau Gouverneur fiénéral, M. Tir- man, demanda des explications. L'autorité militaire lui envoya le dossier des Rezaïna en lui disant qu'il lui suiTlrait de lire les pièces le constituant pour se convaincre que, dans la circonstance, ces deux tribus avaient été plus malheureuses que coupables.

M. Tirman, qui était un administrateur très fin, très hal>ile et en mêmic temps un homme très .juste, partagea celte manière de voir. Ne voulant pas. toutefois, heurter de fmnt l'opinion publique, il décida que Sassi ne serait pas rétabli immédiatement dans ses fonctions de caïd (il ne le nomma que trois mois après), mais qu'il resterait le chef de sa tribu jusqu'à nouvel ordre.

L'opinion publique fut enchantée de cette solution et l'aulorilé mililairi' aussi, car. au fond, il n'y a pas plus de différenc»- entre un raid et un chef de tribu qu'entre bonnet blanc et blanc bonnet.

16 DOCI MENTS POTTR SERVIR A t/hISTOIRE DES HAMYAN

Matliai' coiitte les incursions de leurs voisins, soit pour enlever à celle Iribu toule intention de partir en dissidence.

Au mois d'oclobre, la colonne Duchesne ([uilta la région des (-holls pour se diriger sur Méchéria. De nou\'elles opé- lations s'y préparaient sous la direelion du général Dele- becfjue. Il fallait, en (uitre, hàlei' les travaux que l'on avait commencés en ce point pour conlenir les approvisionne- ments nécessaires aux colonnes du Sud.

On voulait en finir avec Bou Amama.Du reste, le prestige du marabout élait sérieusemenl compromis par son der- nier échec et les défections commençaient à éclaircir ses langs pour grossir le nombre des partisans de Si Sliman ben Kaddour qui avait profilé de tous ces désordres pour reparaître.

Colonne de Xéurier (novembre 1S81 à mars 18S2). T^e

comuiandement de la colonne destinée à opérer dans le Sud Oranais fut confié au colonel de Négrier. Son ordre de uiarcbe est resté célèbre et a servi de modèle pour les opé- r-alions conduites ultérieurement dans cette région.

Les troupes étaient divisées en deux parties: l'une formait l'escoite du convoi et avait pour mission de le défendre en cas d'altaque ; l'autre, l'échelon de manœuvre, devait rechercher l'ennemi, l'attaquer et le poursuivre. Cet éche- lon marchait habituellement sur le flanc le plus menacé, prêt à se montrei' partout se porterait l'ennemi, léger, n'ayant pas de bagages, débarrassé même de ses malingres laissés au convoi, il élait très mobile. L'infanterie marchait toujours par le flanc des subdivisions et par sections acco- lées autant que possible.

Au départ de Méchéria, accompagnaientje conv^oi : deux bataillons de Légion étrangère, une batterie d'artillerie, un escadion de cavalerie. Ils étaient répartis ainsi qu'il suit : l'escadron de chasseurs en avant et sur la droite de la direc- tion suivie par la colonne ; un bataillon de garde au convoi (une compagnie en tête, deux sur chaque flanc, la dernière formant la quatrième face du carré). La batterie et un bataillon, fournissant une compagnie d'arrière-garde de la colonne, se trouvaient à l'échelon de manœuv're.

Les compagnies marchaient. par le flanc droit et par sec- lions, les chefs de section à la queue de leur unité. La garde de jiolice ayanl les hommes punis sous sa surveillance, marchait en tête de la pi'cmière face derrière le guide.

Enfin, l'ordre indiquait à chaque fraction sa place dans la colonne, l'emplacement au campement en arrivant à

DOCIJMEMS |.()I |{ si:in IH \ I.IIISTOIUK DKS lf\.MVA\ 17

rt'lilpc et rnitlidil DM se lictlduiil |r cdloiirl ))rii(liiii| |;i i,,j|,- clic. Les biillciics cl sdiiiiciic^ riiiciil rcnipliicccs p;ir un seul coup (le hiiijuiic.

l'oiii le bi\(iiiiic, if caiiii» (''|;iit jiiloiirir à ra\;iiicc pai (jiia- h-ccavali. rs iiidifpiaiii les iHi^Hcs. ( :iia(|iic conipa^rnic devait rocoimaîlrc iimiicdialciiierit son em|)lacenicid et sans s'oc- cuper de sa voisine. Celle-ci, si elle clail d'anière-garde, pouvait installer ses tentes après ralij^nenient des fais- ceaux, sine de n'être pas dérangée [dus tard.

I.e col()nel de -Négri(>r (piitta Méchéria Je 3o novembre. II suivit l'itinéraire diiecl i)ar .\aama et Arekalis et arriva le :>. décembre à Aïn-8efra aprè.s avoir longé le Djebel Aïssa ; sur I un des sonnnels de cette chaîne, on pouvait apercevcwr alois le nouveau poste optique qui venait d'être créé pour nielire en communication Aïn-Sefra et Méchéria.

Le lendemain, la colonne, après s'être réapprovisionnée, quittait ce poste pour aller opérer dans le Nord ; le 4, elle était à Magroun, le 5, à Aïn-Iîen-Khelil. L'ancienne redoute étad complètement abandonnée ; les murs seuls restaient debout servant de perchoirs à de nombreux pigeons sau- vages. La toiture et les fenêtres avaient été enlevées pen- dant la dernière insurrection par Si llamza, qui les avait fait porter à Tiout.

Un arrêt de trois jours en ce point fut employé à consti- tuer une section franche sous les ordres du cai)itaine Lafcr- rière, du lieutenant Massone et du sous-lieutenanl Chabrol. A l'effeclif de 54 hommes, montés sur des mulets, elle com- prenait les six meilleurs tireurs de chacjue compagnie, quatre caporaux et deux sergents. Elle était destinée à^opé- i-er avec la cavalerie et le goum du commandant Sch un- dans des raids et comme avant-garde.

Le 9 décembre, le colonel de Négrier repartait en recon- naissance vers le chott Gharbi. Après avoir fait loo kilo- nièties en quarante-huit heures en dissimulant sa marche, le conunandant Schurr tomba avec le goum, la cavalerie et la section franche sur les Mehaïa à la pointe du troisième jour. Sinpris, ces nomades s'enfuirent abandonnant tout. Le reste de la colonne le rejoignit bientôt et les /,.ooo mou- tons lazziés furent ramenés à Aïn-Ren-Khelil.

Après un court séjour pendant lequel les convois de ravi- taillement eurent à supporter des bourrasques de neige, la colonne prit, le i»; janviei- 1882, la direction du Sud-Ouest par Forlhassa Charbia et llaci Sefra. L'objectif était un parti de Béni Cuil signalé vers le chott Tigri. Le goum,

18 DOGLMEM'S POUR SERVJK A l'iIISTOIRE DES IIAMYAN

passé sous les ordies du capitaine Lafenièie, fut chargé de prendre à icvers les dissidents. Le coup de main réussit coniplèlenient ; un seul goumier fut tué ; l'ennemi eut /40 hommes hors de comhat et la razzia fut évaluée à 100.000 francs ; il y avait g. 000 moutons et 600 chameaux.

Nos troupes ne prirent pas le temps de se reposer ; le 3o janvier, elles traversèrent le chott entre Haci Sefra et Oglat Moussa et regagnèrent Aïn-Ben-Khelil (2 février) par Garet Rima, Galloui et Chaïb Rassa.

Le 20 février, l'ennemi fut signalé vers l'Ouest. Aussitôt le colonel de Négrier prit les disposi lions suivantes : il laissa à Aïn-Ben-Khelil une garnison de /|00 hommes dans le but de parer à toute éventualité au cas oîi l'ennemi, évitant la colomie, viendiait tenter une razzia sur les Hamyan. Avec le reste de ses troupes il se porta sur El Atticha, Oglat El Guetta et le chott Tigri.

Nos cavaliers bousculèrent dans le chott Gharbi, à Oglat Moussa ('>'- février), des contingents rebelles et la section franche appuya cette charge en couronnant des mamelons successifs d'où elle faisait des feux de salve sur l'ennemi. Dix-huit mille moutons et 5oo chameaux furent capturés dans cette affaire. Voulant à tout prix en finir avec les insurgés, la colonne continua sa marche sur Haci Badda et Mengoub. Là, on apprit qu'un combat livré sous Figuig par le commandant Marmet, venu d'Aïn-Scfra, rendait toute poursuite inutile. Les partisans de Bou Amama sur- pris avaient lutter en désespérés pour le sauver ; ils avaient abandonné ainsi 62 cadavres cl 80 tentes dont celle de leur chef.

La colonne de Négrier rentra à Aïn-Ben-Khelil (10 mars).

Combat du chott Tiîïri (avril 1882). -^ A quelque temps de là, une mission topographi(|uc fut envoyée avec le capi- taine de Gastries qui, avant linsurrection, avait essayé d'arrêter Bou Amama, les lieutenants Brosselard et Del- croix, pour relever le pays parcouru et prendre des notes nécessaires à l'établissement d'une carte. Elle opéra d'abord autour d' Aïn-Ben-Khelil. Après une revue passée par le général Saussier, accompagné des généraux Colonieu et Gand et de l'agha Sahraoui, de Tiaret, la mission fut auto- risée à partir, le 18 avril, poui" le chott Tigri.

Son escorte, commandée par le capitaine Barbier, était composée de deux compagnies de Légion, d'une section de la compagnie franche (lieutenant Massone), de 10 chas- seurs d'Afrique et 10 goumiers. Le 26 avril, à Ghoua ben

DOCl MK.\JS l'OlR SKUVIK \ l.'ll IS I ( )l lU; IJES IIAMYAN 19

\la»li(iii(l, elle r;i/./iii des Uoupcaiix (11111 paili de Mnii (iiiil (|iii ii°a\iiil |ias pris [tari à l'iiisiii ri-(-li«)ii cl caiiipa, deux joins apirs, ;'i Iliiri hcii Salem. Les lra\aii\ rlaiil (ciiiiiiirs, le caiiiii lui l(\('', le '(') a\ril, (lès l'aube el la iiiarelie prise dans j;i direelion de loi I liassii (iharhia.

I.a edidiiiie eiilière élail en inowveiiienl lorsipie lavanl- <jai(ie se licmla aux Heni (Jiiil enihuscpiés deirière une série do plis de leiiain banani le [lassaj^c. lin niènie lenips, d'au- tres indigènes atlacpiaienl ta colonne de liane.

Va\ voyant les j)nsilions occupées j>ar l'euneini, h; capi- taine Barbier ordonna une volte-face complète et résolut de se diriger sm- (lallonl alin d'éviter les gorges très diniciles dans les(pielles il (>ùl été dc^ [)lus dangei(>ux de s'engagei . l,'a\ ant-garde, composée de la section franche, de\ijit ariièi e-garde et dut contenir rennemi. (lelui-ci, voyant la maïKx'iivre, attacpia avec furie cette petite troupe et la déborda pour euvelop|)ei- le con\oi.

Les légionnaires souliiireiit vaillamment le choc ])oiu' ])ermellre à la colonne de [)reiidre ses dispositions de com- bat. ]*res(pie tous fuient massacrés et le lieutenant Massone tomba l'un des premiers. Le sous-lieutenant Mcsnil, (pii commandait le convoi, s'arrêta pour soutenir l'airière- garde ; un grand nombie de ses hommes furent tués et lui- même reçut une balle à J'épaule. Il dut bientôt battre en retraite, traînant toujours sa razzia qu'il ne voulait pas abandonner.

Cependant le nombre des Béni Guil augmentait tou- jours ; ils s'élançaient sur les rangs de la petite troupe en vociférant et en tirant presque à bout portant. Des femmes, acciochées aux selles des cavaliers, encomageaient les assaillants par leurs cris. C'était un vacarme assourdissant.

l.e lieutenant Weber tomba à son tour, blessé griève- ment à la cuisse. Pour éviter une catastrophe, le capitaine Barbier ordonna à l'avant-garde d'occuper une gara aperçue à quelques centaines de mètres en avant ; il voulait y placer son convoi, et comme cette ])osition commandait bien trois directions, il pensait pouvoir iitiliseï" alors la supériorité de notre armement et sa longue portée.

Avec dix hommes le lieut(Miant Delcroix se lança à l'as- saut de la gara et au cri de << En avant la Légion ! » l'enleva à un gro>q)(> (Minemi (pii l'occujjait déjà. C'était le salut ! Toute la colonne garnit bientôt la position et put arrêter ainsi l'élan d(\s Béni Cuil ; ceux-ci se jetèrent sur le convoi et reprirent les moutons qui leur avaient été razziés deux

20 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

jours avant. Le capitaine Barbier fut frappé d'une balle en plein cœur et le capitaine de Castries, dont la conduite au cours de l'action avait été des plus brillantes, prit le com- mandement et ordonna la retraite sur Galloul.

Ce combat nous coiàtait cinquante et un morts et vingt- sept blessés. Pendant trois heures, les légionnaires avaient lutté contre un ennemi dix fois supérieur en nombre et lui avait fait perdre, assure-t-on, deux cents hommes.

Une dépêche annonça le 26 avril, à 3 heures, ces événe- ments au poste d'Aïn-Ben-Khelil. Une colonne partit deux heures après et trouva au bout de quarante-cinq kilomètres le détachement campé et complètement exténué. Le colonel de Négrier aurait voulu poursuivre les Béni Guil, mais il reçut l'ordre formel de rentrei'. Il ramena à Aïn-Ben-Khelil les corps du capitaine Barbier et du lieutenant Massone qui furent inhumés dans le cimetière du bordj. (Un monument fut ékné, par les légionnaires, à Méchéria, au pied du Djebel Antar, pour commémorer l'héroïque défense de l'escorte de la mission topographique.)

ColoniU' Coloiiieu (mars 1882). Lin peu plus tard, trois coloimes fur(Mit forjuées sous la direction du général Dele- becque et furent concentrées dans la région d'Aïn-Sefra sous le commandement des généraux Louis, Colonieu et du colonel de Négrier pour essayer, encore une fois, de capturer Bou Amama.

La colonne de Négrier eut la cojnposition suivante :

i" Avant-garde : une compagnie montée à mulets, deux escadrons de chasseurs d'Afrique, 3oo goumiers ;

Gros de la colonne : deux bataillons de Légion étran- gère, une compagnie 4i" de L'igné, une section d'artillerie.

Bou Amama était signalé entie Bou Arfa et le Djebel Ghals, à Mader Msarine. La colonne se dirigea donc sur Aïji Defla. Arrivés là, les goumiers trouvèrent des traces ([ui indi(piaient que les contingents du marabout s'étaient scin- dés en deux parties ; l'une avait pris la direction du Nord sur Aïn-el-Orak et le Djebel Lakdar ; l'autre, celle du Sud- Ouest sur Tannezaïa.

C'est la première fraction que le général Colonieu prit comme objectif. 11 installa le 10 mai son bivouac à Aïn-el- Orak et chargea l'avant-garde d'aller razzier les Oulad Sidi Ali dans le Djebel Lakdar. L'opération, conduitepar le capi- taine Laferrière, réussit et les objets trouvés dans les douars

DOGl MEMS POl R SEIU lit A L'jlISiOtlΠDES HAMYAiN 21

IKTiuiinil dv cuiislaU'i- (jijc, parmi les fuyards, se trou- Viiioiil des aj^rcssciirs du délacliciiicMl du capilaiiic Jiailjiei'. I.e capilaiiie l.arciTièrc sappièlail à icjoindre le gros de- là colonne (juand le colon. 1 de \éoii,.i lui lit parvenir un billcl ainsi conçu : « Accourez a\ec les escadrons de chas- seurs el les gouuiiers ; iJou Aniania est devant moi. Passez piu- Aïn-el-Orak, mais ne vous y arrêtez pas. »

l.a poursuite recommença avec plus d'ardeur ; le 1 1 mai, la colonne arrivait à Mengoub et y étail rejointe, d'abord par l'avanl-garde (jui lui ramenait 3.ooo moutons enlevés en roule au\ Oulad Sidi Brahim et aux llamyan dissidents, et ensuite par la colonne Marmet, venue d'Aïn-Sefra. Celle- ci venait de capturer aux Djcmba ujo chameaux, et :S.ooo moulons près d'Aïn-Chair.

Hou Amama se sentant incapable de continuer la lutte, alla chercher un refuge dans l'Exlrème-Sud. Le colonel -Marmet reprit la roule d'Aïn-Sefra, tandis que l'autre colonne remontait sur Aïn-Ben-Khelil U9 niai) k

Pendant ce temps les troupes d'El-Aricha commandées par le lieutenant-colonel Duchesne, atteignaient, le 17 mai, sur l'Oued Charef, pour venger les morts du chott Tigri, un parti de Béni Guil qu'elles mettaient en déroute. Ce fut la dernière rencontre sérieuse de cette campagne.

Au cours de celte lutte, les Djemba qui avaient fait une première soumission après l'affaire de Medrissa, étaient partis en dissidence, à la nouvelle de l'arrestation du caïd des Megan pris comme otage. Un parti rejoignit Bon Amama, les autres allèrent retrouver Si Sliman ben Kad- dour. Ils furent ramenés par les caïds Tahar ould Cheikh des Oulad Toumi, et El Kébir ould llammou. A la On de 1882, près de huit cents lentes des Djemba étaient venues se placer sous notre conunandement ; il n'en restait plus que deux cents au Maroc.

Pendant ce temps. Si Sliman ben Kaddour avait quitté la ville du Maroc il était interné et avait réuni autour de lui un certain nombre de dissidents qui n'avaient plus con- fiance dans la « baraka » de Bou Amama.

Parti le 16 novembre de Mengoub, à l'Est du chott Charbi, il longea le choit, puis l'Antar et le Djebel Amrag et, le 17 novembre 188 1, à la tête d'environ 200 cavaliers'i exécuta un coup de main heureux sur les Hamvan restés fidèles, campés à Ang-cl-Djemel ; c'étaient tous les Beka-

i Nous retrouverons plus loin Bou Amnma opérant contre nous dans VEx- trême-Sud, puis dans l'Ouest.

ii2 DOCUMENTS POUR SERVIR A LllISTOIRE DES HAMYAN

kia, quelques Beui Methaief, des GiiiaUa, des Akerma, des Oulad Maiisourali el des OuJad Farès. Jugeant inutile d'atleiidre nos colonnes, il disparut piécipitaninient vers la frontière marocaine par le col d'El Uuassa doù, par la ligne des Meknien, il regagna le choit Gliarbi, jonchant sa route de cadavres d'animaux.

Le colonel Jacquey, qui commandait à Méchéria, envoya à sa poursuite une petite colonne, laquelle, parvenue à Fekarine, dut rebrousser chemin ; il lui était impossible de regagner l'avance qu'avait Si Sliman. Une colonne envoyée d'El-Aricha ne fut pas plus heureuse.

Les victimes de Si Sliman adressèrent à l'autorité fran- çaise une réclamation ; on leur avait, en effet, défendu depuis 1S77 toute tentative de représailles. Une enquête minutieuse fut faite par le capitaine Cauchemez pour éta- blir l'importance des pertes subies ; elles furent estimées à .4^9.745 francs. Conformément à la politique adoptée, M. Ordéga, notre ministre à Tanger, léclama au sultan du Maroc les réparations pécuniaires dues aux llamyan. Le Sultan s'engagea à payer intégralement cette somme el prescrivit à l'amel d'Oudjda de verser immédiatement un acompte de 100.000 francs.

Toutefois il présenta en même temps une réclamation s'élevant à plus de 1.800.000 francs pour pertes inlligées par nos troupes à diverses tribus marocaines. Des pour- parlers et des discussions sans lin s'engagèrent entre le Gouvernement Général, le Ministère des Affaires Etran- gères et la cour de Fez. En iS84, la question n'avait pas encore reçu de solution el le général Détrie au cours d'une tournée fut saisi personnellement d'une réclamation du caïd des Oulad Mansourah ; il transmit la requête à Paris. Deux ans après, le Maghzen envoya la copie d'une lettre de Si Jiargach, dans laquelle le ministre marocain informait son souverain que M. Ordéga avait abandonné le reliquat de l'indemnité qui restait à payer après le premier acompte de 100.000 francs.

L'effet moral produit par celte nouvelle sur nos popula- li<ms fut assez fâcheux. Il n'amena heureusement aucune (•onq)licalion à cause de notre présence permanente dans ces régions et à cause des revenus, souvent considérables, qu'avaient procurés aux nomades le service de nos colonnes et le ravitaiUemenl de nos li'oupes; les chameaux de ré(pii- sition étaient alors payés, en effet, à raison de 3 francs par jour.

DOCUMENTS l'Ol U SlilU \l\ A Lllisiomt; UtS II AMVA.N 5^-^

En it'suiiié, coiiiiiu' iKJiis ra\(jn6 l'iiil ic66(nlir précédeni- lueiil, la polilicjue qnv l'on avait suivie dans nos relations de vt»isinage avec le Maioc avait été une des causes piinci- [)al('.s de l'accueil revu par Hou Amaina chez nos adininis- Irés dans le Suil Uranais. Dans un rapport d'ensenibl»; sur l'insurrection de i8î>i adressé le i "^ août i88i5 au Ministèn" des Allaires iiltiangères, on relè\e le passage suivant :

<i iNous signalerons, au premier plan des causes qui ont (( pu favoriser le mouvement insurrectionnel, notre res- « pect peut-être excessif dans ces dernières années du u traité de i845 avec le iMaroc, respect résultant d'une « interprétation sans doute trop littérale de cet acte iriter- u national. A une attitude généralement très énergique, « on a cru pouvoii', dans un but d"a[)aisement et de conci- <( liation, substituer l'action presque e.vclusive de la diplo- (( matie. Celle action comporte forcément une certaine (( lenteur, une sorte de temporisation sur laquelle nos « sujets ont bien pu se méprendre. Les gens mal inten- <t tionnés n'ont pas manqué de leur représenter ce chan- « gement dans notre manière d'être comme un indice <( d'impuissance et de faiblesse de notre part.

« Cette application des clauses du traité de i84o a placé a toutes nos populations nomades dans une sorte d'infé- « riorité vis-à-vis de leurs voisins. En interdisant aux (( nôtres le droit de représailles immédiates pour y substi- <( tuer des revendications réclamées par la voie diploma- (( lifjue, réparations souvent éludées ou accordées tardive- <( ment et d'une manière incomplète, nous avons fait le (( jeu de nos ennemis. Nous avons permis à ces derniers de « propager leurs mensonges sur notie situation effacée (( depuis nos revers en Europe. »

*

* *

Il \ a lieu de parler ici dune mesure que les nécessités de la situation nous contraignirent de prendre en 1881 : l'in- terdiction de nos marchés aux tribus marocaines qui prê- taient aide et assistance à nos insurgés ou leur servaient d'intermédiaires pour se ravitailler.

« Au moment l'insurrection éclata, cette mesure était déjà appliquée aux Hamyan Djembàa, qui s'étaient retirés au Maroc ; nous dûmes bientôt l'étendre à presque toutes les tribus de la frontière, telles que Doui iMenia, Oulad

24 DOCUME.M'S POUU .SERVIR A l'hJSTOIRE DES IIAMYAN

Djerir, Béni GuiJ, Mehaïa, Angad, Berii bon Hamdoun, Beiii Jlamlil, Béni Malhar, Béni Yala et Sedjâa.

(( Ce furent les Mehaïa qui provoquèrent les premiers l'application de celte prohibition. Avant l'insurrection, ces nomades nous avaient, en plusieurs circonstances, mani- festé leurs bonnes dispositions, mais, au fur et à mesure que le mouvement insurrectionnel prenait de l'extension et que l'hoslililé des partis marocains s'accentuait davantage, nous dûmes reconnaître que les Mehaïa ne conservaient plus à notre égard la même attitude qu'autrefois et que leur caïd, Saheli ould Bou Beker, en particnlier, usait de sa grande influence sur les tribus de la région pour nous alié- ner les fractions encore hésitantes. Malgré cela, il conti- nuait à rester en relations avec nous, ne cessant, dans ses lellies, de protester de son dévouement à notre cause. Nous nous refusâmes longtemps à croire à une pareille duplicité et ce ne fut que lorsque nous eûmes la preuve de la con- duite^ déloyale des Mehaïa et de leur chef, qui avaient pris une pari active au coup de main exécuté sur notre terri- loire pai' Si Sliman ben Kàddour, le 17 novembre 1881, ([ue nous dûmes décider que nos marchés de la frontière- leur seraient fermés jusqu'à nouvel ordre.

(( Cette interdiction fut prononcée d'un commun accord, avec l'amel d'Oudjda qui, de son côté, avait intérêt à tenir les partisans du dést^rdre le plus éloignés possible de son lei litoire et qui avait, du reste, reçu à ce sujet des instruc- lious foinielles de son souverain. En ce qui nous concer- nait, nous ne pouvions admettre que des caravanes de gens, dont le caractère d'hostilité nous était bien connu, fussent autorisées à venir sur notre territoire, pour ravitailler les rebelles ou se ravitailler elles-mêmes.

« Cette mesure, dont les Mehaïa avaient été avisés, dut recevoii" son exécution dans toute sa rigueur et c'est pour ce motif (\uc les caravanes cjui n'en ont pas tenu compte en y contrevenant, ont été arrêtées et saisies chaque fois qu'elles ont été rencontrées en deçà de la frontière, au Nord de la latitude» de Teniet es Sassi.

(' En avril i883, le calme étant revenu dans l'Ouest et le Sud-Ouesl, et la tranquillité paraissant rétablie, le Gouver- neui- (^lénéral, M. Tirman, sur les instances de l'amel d'Oudjda, venu le saluer à son passage à Lalla Marnia, leva l'inlerdiction de fréquenter nos marchés prononcée contre les Mehaïa et tous les autiTS ressortissants marocains de ce fonctionnaire, depuis Figuig jusqu'à la mer.

DOCUMENTS POUR SERVIR A l/niSTOlBE DES HAMYAN 25

-' On ne pciil se (lis>i iniil»'i- (|ii«' ce- iiicsiiio [>i( iliihil iv<'s, iiii|Mis{M-> piir les iiécossités (.lu moiiicnl, n'aient eu une. iiilliiciicc l'àchciist' sur nos roliilioiis corniucrciulcs iivcc Ir- Miiioc, cl cclii, (i'iuiliinl plus (|u"cll('s onl clé [)ris('s [)i('s(|uc iiu iiKuiiciil ri'lspiitjiic l'iiisiiil (le Mclilla un poil fiiinc'.M

CMAFITHR VII

LE ( i:i{( i.i; im: )ir^;rnr:;KLV

Nous soiunies obliges de revenir Jégèicmcnt en arrière {)our e\pos(;r l'organisalion adniinislralivc à laquelle fui due la {^réalion du cercle de Méchéria.

La décision du général Delebecque concernant la créa- lion du posie d'Aïn-Sefra fui suivie d'une exécution immé- diate. !,(' l 'i décembre t88i, nos colonnes, après avoir opéré dans tout le massif montagneux entre Aïn-Sfissifa el Icli, connnencèrent la construction d'un mur d'enceinte provisoire : c'est que se trouvent actuellement la redoute et les établissements militaires de cette place. L'endroit cboisi ré[)ondait en tous points aux nécessités du moment : inlerinédiiiire entre Aïn-Sfissifa et Tiout, Aïn-Sefra se trouvait au centre de cette région de ksour nous allions avoir à exercer une active surveillance ; elle avait, en outre, l'avantage de nous installer au milieu de populations où, jusfpi'alors, toutes les bandes de malfaiteurs avaient trouvé un refuge assuré.

Celle installation fut ccmiplétée par l'établissement de postes intermédiaires destinés à assurer les communica- tions et à couvrir notre flanc vers l'Ouest. Le plus impor- tant de ces postes fut Méchéria, situé au cœur du pays Hamyan. Le général Colonieu fut chargé de l'organiser. A son arrivée, il ne trouva qu'un ksar en ruines, ayant une source assez abondante et de mauvaises pistes à peine tracées.

Méchéria était appelé à jouer, au début, un rôle impor- tant au point de vue militaire, non scndement ct^mme cen- tre de ravitaillement, mais encore comme première base

I Lamartinièbe et Lacroix.

26 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iTïSTOIRE DES HAMYAN

d'opérations au Sud des chotts. Ses communications en arrière étaient facilitées par l'existence du poste du Kreider et par l'établissement de la voie ferrée que l'on devait pro- longer. En effet, une loi du 8 août i88t avait autorisé le Ministre de la Guerre à faire construire, comme ligne stra- tégique, un chemin de fer reliant Méchéria avec la ligne Arzew-Saïda. Elle fut achevée au début de 1882, après avoir été concédée à la Compagnie Franco- Algérienne.

Les travaux de la redoute terminés, grâce à l'activité du colonel Couston, le centre administratif des Hamyan fut reporté d'Aïn-Ben-Khelil à Méchéria. Dès lors cette confé- dération allait se trouver directement en contact avec l'autorité française ; les causes qui avaient pu nous con- duire à chercher à réunir dans une même main ces turbu- lents nomades allaient disparaître et nous allions pouvoir les maintenir sous notre autorité mieux que nous n'avions pu le faire jusqu'à ce jour.

La même année TtSSi) des postes optiques furent ins- tallés aux points A, B, C du Djebel Antar.

Le capitaine Cauchemez, les lieutenants Pémartin, Lechère et Cottin de Melleville furent les premiers officiers du nouveau poste. Leur tâche fut lourde ; de toutes parts les difficultés surgissaient ; difficultés d'organisation, diffi- cultés d'aménagement. Immédiatement ils se mirent à l'œuvre ; sous leiu' direction, des pistes furent améliorées ou créées, des points d'eau creusés. Leur présence cons- tante au milieu des tribus produisit les meilleurs effets et permit, en peu de temps, de rétablir à peu près le calme et la tranquillité.

Dans une sphère plus élevée, le généra] Thomassin, placé à la tête de la Division d'Oran, fut chargé de procé- der, à l'aide de moyens pacifiques, au repeuplement des territoires du Sud Oranais. Des négociations habilement conduites par l'intermédiaire du bachagha de Frenda, Si Ahmed ould Cahdi, aboutirent au retour intégral des Oulad Sidi Cheikh Cheraga et des nombreux Hamyan qui étaient aA'cc eux.

Deux événements heureux pour notre politique complé- tèrent les résultats obtenus ; d'une part, Si Sliman ben Kaddour, le chef militaire des Zoua Gheraba, fut assassiné par les Beraber ; Bou Amama, d'autre part, sentant la lutte impossible, alla chercher un. refuge au Gourara dans le dis- trict de Deldoul.

Pour tourner la difficulté, en ce qui concernait les

DOCUMENTS POTIR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN 27

Djciiiba, on al)iiiul(>iiii;i nioiiiciilaiiriiiciit vcliv dciiomi- iialioii ; on iurepla, en vcrlu de l'arlicle 7 du Lrailé de lS'i.") loiUes les iiidividualilés (le celle fraction qui venaieiil s<' soumellrc à noire aulorilé, et, pour les besoins du service, on les ré{)arlit en oi(„,|)(<s auxquels on donna les noms de certaines familles.

Nous pouvions nous considérer désormais comme maî- tres des llauls-Plateaux.

Le i" septembre 1885, le cercle de Sebdou fut supprimé et le poste de Méchéria, transformé en annexe, fut la Ha- ché au cercle d' Aïn-Sefra et à la Subdivision de Mascara. Le premier chef d'annexé fut le capitaine Empérauger.

Des (lillicultés surgirent à ce moment avec le sultan du Maroc à propos de l'édification d'un poste à Djenien bon Rezff : on crut devoir, pour parer à toute éventualité, déler- min(M' à l'avance la limite que nous pourrions assigner, !e cas échéant, à nos revendications. Dans une étude particu- lière qu'il fit à ce sujet, le Général commandant la Divi- sion écrivit : « Entre les Béni Guil et les Hamyan, la ligne médiane de ce territoire indécis passe à peu près par Oula- kak, Eorthassa Gharbia et l'Oued Bou-Kholkhal. Cette ligne donnerait d'ailleurs satisfaction aux désirs comme aux besoins des îTamyan : aller plus loin serait peut-être pousser les Béni Guil aux moyens extrêmes. » Mais aucune décision ne fut prise.

Ce ne fut qu'en mars 1887, à la suite des réclamations de certaines tribus marocaines, que le caïd de Figuig, Driss bel Kouri Cherardi, posa nettement la question. Le général lui lépondit en prescrivant au Commandant Supé- rieur d'Aïn-Sefra de limiter les migrations des populations des deux empires à une ligne qui, paifant de Galloul, pas- serait à Oulakak, Dar Nouichen, Oued Sidi Abdallah, Djebel M'zil, Hadjerat el M'guil et l'Oued Dermel. Le kha- lifa de Figuig déclara que, puisque nous mettions en dis- cussion une des clauses formelles du traité de i845, il se voyait dans la nécessité d'en référer au Sultan.

Les choses en étaient quand on apprit que le caïd marocain des Mehaïa avait reçu de Fez l'ordre d'aller cam- per avec sa tribu à Djenan el Adham, point situé au Sud du chott Gharbi et occupé de tout temps par les Hamyan. Le caïd El Hadj Saheli, alors en mésintelligence avec l'amel d'Oudjda, refusa d'exécuter cet ordre sous prétexte qu'il ne voulait nous donner aucun sujet de mécontentement.

Pour mettre un terme à ces discussions, le Gouverneur

28 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hTSTOIRE DES HAMYAN

Général recommanda de veiller à ce que les Hamyan occu- passent toujours les premiers ce point dès le commence- ment de la saison des pâturages, leur seule présence devant suffire à tenir à dislance les nomades marocains.

Ceux-ci profitaient du désaccord existant entre le Sultan et notre Gouvernement pour faire des incursions sur notre territoire et razzier à tout propos nos tribus. En avril 1891, des douars marocains furent signalés entre Kesdir, Djenan el Âdham, Daït Oum Ech-Chérif ; il fallut leur réitérer l'ordre de se retirer dans l'Ouest pour les décider à s'éloigner.

Cette même année, les Hamyan résolurent d'envoyer une grande caravane faire des achats de dattes au Tafilalet. Partis le 26 novembre, ils se partagèrent en deux groupes : l'un comprenant les Bekakra et les Ghialra prit la route de Figuig et de l'Oued Guir ; l'autre suivit le chemin qui passe par Talzaza.

Arrivés dans le Tafilalet, au Ghorfa, les Hamyan auxcjuels s'étaient joints en route une caravane des Doui Menia, furent bien reçus par les habitants de ce district, alliés à ces derniers. Mais les dits habitants se déclarèrent dans l'impossibilité d'entamer avec nos gens aucune transac- tion en raison des ordres donnés par Moulay Réchid, grand- oncle du sultan Abd-el-Aziz, gouverneui' du Tafilalet. En même temps nos nomades apprenaient que des lettres de Moulay Réchid avaient été lues dans toutes les mosquées de la région, prescrivant, sous les peines les plus sévères, de ne lien vendre aux Hamyan, qui étaient des Mézanates (serviteurs de mécréants). On avait, de plus, répandu le bruit que deux officiers français déguisés se trouvaient avec eux.

Le 10 décembre, une troupe composée de i.ooo à 1.200 fantassins et de 60 cavaliers, principalement de Bera- ber, déboucha de Dar el Bcïda et vint atta(juer les Hamyan ; mais les assaillants étaient mal armés de fusils à pierre, de faucilles emmanchées et de couteaux. Pendant que les Hamyan faisaient vivement prendre à leurs chevaux la direction du Nord-Est, 70 à So de leurs cavaliers se prépa- rèrent à faire face à l'attaque. A la première décharge le désordre se mit parmi les assaillants ; deux de leurs cava- liers avaient été tués, les autres prirent la fuite, bousculant les fantassins ; ceux-ci après avoir fait mine de résister, lâchèrent bientôt pied. Leurs pertes furent, dit-on, de i4o tués.

DOCUMENTS POUR SEMvm A f, HISTOIRE DES HAMYAN

2f)

Le niinhiil Iciiiiinr, les IhniiMiii ciiii^^iiiml un rcl(jui nlIViisif se miiciit en irli;iilf \cis l'Oued (îuir. \À\, ils se sépaièrcdl : nu i^ionpc ^airnii Kcnadsa, liccliai' cl Onakda ; un nuire se lendil aux Reiii (l(»unii, le troisième pril la diieelion de Figuig.

l'n n(MiveI incident allait bientôt se produire parmi ceux (pii s'étaieid rendus à lîéchai . Ln homme des lîekakta, croyant reconnaître dans une jument d'un indigène des Oulad Djerir, celle (pi'il avait perdue à Oar el Beïda, sauta dessus et s'enfuit en criant aux Tlamyan ciu'ils étaient trahis. Dans le premier moment, il y eut une panirpie. Avant que le calme fut rétabli, les gens de Béchar s'étaient emparés d'une paitic de ce qui appartenait auv Hanrryan, particulièicment des arrhes qu'ils avaient déjà versé en piévision de leurs achats.

Ces faits motivèrent une nouvelle demande de répara- tions au Gouverïiement maiocain. Quoiqu'ils n'aient à j>eu près rien perdu, les dommages subis par nos gens furent évalués à 233-745 francs ; l'indemnité fut payée en sep- lembie r89>. Afais comme nous demandions la destitution de Moulay Réchid, le Sultan fit remaïquer que celui-ci a\ait résigné depuis longtemps ses fonctions de gouver- neur du Tafilalet. Ces événements montrent l'esprit d'ani- mosité (|ni existait contre nous et nos administrés. Ils expli- (|uent, en outre, pourquoi, dans les années qui suivirent. nos noniades ne se rendirent plus dans cette région.

Celte animosité existait non seulement chez les tribus marocaines, mais encore à la com* de Fez. Elle se mani- festa à propos d'une question de frontière qui fut soulevée de nouveau (^1892) par l'amel d'Oudjda, Sid Abdesselem ben Bou Cheta. Dans une lettre adressée au Général com- mandant la Subdivision de Tlemcen, ce fonctionnaire marocain revendiqua comme dépendant du Alaroc les points d'Oulakak, Callonl, Djenan el \dham et Mengoid) ; (>n même tem])s les Mehaïa, sans plus attendi<\ s'instal- lèient à Djenan el Adham.

Fn transmettant cette léclamation, le général Délrie fil remarquer que nos droits sur les trois points d'Oulakak. Calloul et Djenan el Adham étaient incontestables : de temps immémorial, ils étaient occupés par nos nomades (pii y avaient leuis cimetières. Quant à Mengonb, les ITamyan. ajoutait-il, s'y étaient fréquemment installés, et, pour couper C(Mnl à toute discussion, il proposa de faii'c occuper par nos tribus les points d'eau contestés dès le commence-

30 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'uISTOIRE DES HAMYAN

ment de lu saison des pâturages, afin d'éviter de voir péri- mer leurs droits par défaut d'oceupaficm.

r.e Gouverneur Général et le Mi ni sire des Affaires Etran- gères approuvèrent ees mesures et celui-ei eonclut ce (jui suit : <( Les localités dont il s'agil se trouvant au Sud du « Teniet es Sassi, et n'étant pas comprises par conséquent « dans les territoires attribués au Sultan par le traité (( de 1845, il est de toute évidence que nos nomades sont « fondés à y exercer leurs droits. »

L'occupation des points en litige fut prescrite d'une façon permanente et, pour exécuter cet ordre, les Hamyan durent refouler devant eux les douars marocains qu'ils rencontrè- rent. î>e Maghzen marocain protesta et proposa la réunion d'une commission mixte de délimitation. Ces ouvertures n'aboutirent pas plus que les précédentes. En raison de la malveillance de la cour de Fez on ajourna, pour le moment, tout arrangement de ce genre.

En T90T, un premier protocole fut signé ; il fixait les limites de la façon suivante : ligne du Teniet es Sassi à Ich ; puis d'Ich à Fi gui g fTch et Figuig restant marocains) ; de Figuig à Sidi ed-Daher, traversée de l'Oued Kerroua et ligne d'EI Kerroua à El-Morra (conlluent de l'Oued Talzaza et du Guir\ rive occidentale du Guir depuis le confluent de l'Oued Talzaza jusqu'à i5 kilomètres au-dessus d'Tgli.

L'année suivante (janvier i()0!>) une nouvelle commis- sion franco-marocaine fut convoquée. Le général Cauche- mez en eut la présidence ; le chef de la mission marocaine fut Si Mohammed El Guebbaz : parmi les membies figu- raient les capitaines Farriau, du Jonchay, Ducloux, de Susbielle. Les prescriptions du précédent protocole furent virtuellement détruites. On créa une zone d'influence dite « zone des marchés » oii l'action des deux gouvernements serait comnmne, à savoir un marché français à Aïn-Sefra, un marché marocain à Figuig et des marchés mixtes le long de la voie ferrée d'Ounif à Kenadsa. En fait, cette solu- tion lamenait au traité d(^ t8/|5 et il n'y avait [)as de fron- lièrc ucllemcnt délimitée dans le Sud entre l'Algérie et les confins algéro-marocains.

* * *

Pendant ce temps, poiu' mettre fin aux incursions des Ijandes du Touat et du Gouraia et pour donner plus de sécu- rité à nos caravanes, nous avions été amenés à prolonger

DOCT7MENTS POXm SERVIR \ î.'iriSTOTRE DES nAMYAN 31

vcis ri'Alirrno-Sud noire orfiipation ; iiolic siluatiori fui Kitl'oici'c [liir la création de la Subdivision d'Aïn-Sofra.

Kn iSc)."», j'annoxo de Mécliéria d('\inl nn roicle lallaché à la Subdivision d'Aïn-Sofra (>t,l'anncc suivante, le Général commandant la Subdivision décida que la limite Sud do ce cercle sérail provisoirement la suivante : Djebel Doug, Oulakak, El Aud)aa et le Hjebel Mo^rbad.

*

* *

A paitir de cette époque, cbez les Hamyan, l'action du commandement est devenue plus facile ctn'aplus rencontré les dilTicullés d'autrefois ; on peut dire actuellement qu'ils sont à peu près complètement ralliés à notre cause. On connaît le portrait que le général Chanzy a tracé de ces indioènes, il y a peu de chose à changer aujourd'hui.

r.eurs instincts belliqueux sont devenus moins aidents que par le passé. Tls les ont mis à notre service et sont deve- nus pour nous do précieux auxiliaires. En différentes cir- constances, leurs qualités militaires ont été mises en relief. Eeurs caïds ou les descendants des grandes familles tinrent à honneur de les conduire au feu, prouvant ainsi qu'ils étaient restés ce qu'Abd-el-Kader les avait faits : des chefs militaires bien plus que politiques.

Dans cotte période de tâtonnements et de contiaintes })oliti(pies vis-à-vis dos gens de l'Ouest, ils jouèrent un rôle d'autant plus actif que. tout en nous servant, ils y trouvè- rent l'occasion de fructueuses razzias.

De 1900 à 1904, très brillamment commandés par le capitaine Sarton du Jonchay\ auquel ils ont conservé un souvenir des plus fidèles, d'autre part, rudement menés par l'agha El ITadj El Habib ould Mebkhout, qu'ils crai- gnaient, ils opérèrent une série de coups de main contre les Boni Guil et facilitèrent notre progression vers l'Ouest.

Il est nécessaire d'entrer dans quelques détails ce sujet :

l.oisqu'en i88:>, Bou Amama s'était réfugié au Gourara, dans le district de Deldoul, l'insurrection était virtuelle- mont terminée. Nous devions cependant continuer h sur- veiller très attentivement les faits et gestes de ce marabout qui avait réuni autour de lui une bande do pillards et de bandits de toute sorte.

Au début, il n'avait pas été accueilli avec grand enqiros- sement pai- la p(niulation gourarienne, d'origine berbère.

I AitiiellPiTiPnl fir)ifi) rol(-)nol cnmnumdnnl le V Rcpiment âe Spahis.

32 DOCUîMENTS POUR SERVIR A l'hTSTOIRE DES HAMYAN

composée en majeuie partie de serviteurs des chérifs d'Oiiazzan.

Il avait avec lui quelques tentes des Oïdad Ziad Cheraga fDjeramna), des Onlad Sidi Cheikh Cheraga et Cheraba et 8/| tentes de Chaamba dissidents.

Bou Amama n'avait pas tardé à étendre ses relations dans le Sud Marocain et s'était, surtout, lié intimement avec le grand chef des Derkaoua du Medaghra, Si Mohammed el Arbi.

Il avait, de plus, reçu des Beraber de l'Ouest et des Toua- reg Ahaggar, à l'Est, des propositions pour venir s'installer parmi eux ; d'autre part, toutes les caravanes venant annuellement des Hauts-Plateaux Oranais au Gourara le comblaient de ziaras et d'offrandes, ce qui n'empêchait pas ses Chaamba de s'allier aux Ait Khebbach et autres bandits du Sud pour piller et détrousser ces nomades lorsqu'ils remontaient vers le Nord avec leurs approvisionnements de dattes.

A cette époque, nous commencions à poser la question de l'occupation du Touat et dès difficultés diplomatiques se {produisaient à ce sujet entre nous et le sultan du Maroc, Moulay Hassan. Ce dernier redoutait que nous ne profltions de l'agitation produite dans la région des oasis par la pré- sence de Bou Amama pour y envoyer nos troupes, e4, d'autre part, cheichait à diminuer la puissance des Der- kaoua. C'est dans ce but (ju'il avait entrepris au Sud de Méquinez une lude campagne contre les Béni M'Guild et ([u'il s'était, en iSq.*^, rendu au Tafîlalet.

Moulay Hassan enjoignit finalement, en 189/1, ^ ^ou Amama de quitter Deldoul, pour nous, enlever ainsi toul prétexte d'ingérence dans cette région. Le marabout alla camper à Mérimine, dans la Saoura. Il avait assez souvent affecté de se rapprocher de nous ; il était même allé jus- (pi'à nous adresser des demandes de soumission vers 1889 ; mais il avait, en même temps, étendu son influence et recruté beaucoup de partisans chez les Doui Menia, les Oulad Djerir, les Béni Guil, les Ghenanema de la Saoura, les Beraber, les Oulad Sidi Cheikh Gheraba et les Mehaïa. Sa présence dans l'Oued Saoura était par suite encore plus gênante que lorsqu'il était au Gourara.

De plus, la mort du sultan Moulay Hassan, et son rem- placement par le jeune Moulay Abd-el-Aziz nous fît perdre l'espérance de pouvoir compter, pendant longtemps, sur le Gouvernement chérifien pour rétablir l'ordre.

UOCl MEMS l>Ol R SEin IM V l.'llISTOIUE DES UAMYAN 33

( )ri ciiN i>;i;j:t';i alors lidéc de iccctiisliUicr le r<tininund('- jiu'iil (|iii, en iN<»7, a\;iil él»' doiun' à Si Ei lladj l.aibi, lils iiîiK- lie Si (llieilvh lien Tayeb.

( happeloiis jjDiir inéiiioire (jiie des négociations avaient élé eiilaiiiées a\ec Ir (loii\ ernenienl marocain, en i8()7, {)oin arièler linsin reelioji des Oïdad Sidi (ilieikh et faire l'entrer tians K devoir les tribus marocaines toujours dis- posées à [>rèter leur concours an\ rebelles. Comme résultat de ces négociations, Si Kl lladj Larbi, qui était depuis longtemps déteiui à Oudjda, l'ut relâché et nommé khalifa de l'amel d'Oudjda à l'iguig. (Jn réunit sous son comman- dement, non seulement les ksour de l-'iguig, mais encore les Oulad Djei ii-, les Béni Guil, les Doui Menia, les Amour et tous les ksour de IF-xtrème-Sud » Béchar, Ouakda, Bon Kaïs, etc. KiCtte tentât i\(' d'organisation n'eutaucun succès. )

L'idée de reprendre ce projet et de mettre Bon Amama à la place d'El lladj Larbi échoua aussi ; on talonna trop, et, même, les diverses autorités françaises ne purent arri- ver à s'entendre entre elles.

Opendant, les Oasis ayant été occupées par nos troupes, Bon Amama avait fpiitté la Saoura et était allé s'installer à Figuig, toujours suivi de ses dissidents pillards et voleurs. En 1899, en voyant que nous progressions de nouveau dans le Sud, il écrivit à M. Laferrière, Gouverneur Général, qui lui accorda l'aman. Cette mesure de clémence fut vaine et ne modifia rien.

Lu 1901, une commission franco-marocaine parcourut la frontière du Sud pour établir un protocole au sujet du territoiie des Oïdad Djerir et des Doui Menia.

Les commissaires français réussirent, à ce moment, à faire éloigner de Figuig notre vieil ennemi de 1881 qui n'avait pas voulu profiler de l'aman qu'on lui avait accordé en 1899.

Sui' notre demande, Si Mohammed Guebbaz, chef de la mission marocaine, invita le marabout à quitter Figuig ou à se soumettre. Bon Amama préféra gagner par étapes suc- cessives la région nord du Maroc Oriental il alla faire cau.se commune avec le Prétendant Bon ITamara, égale- ment conrni sous la désignation de « Rogui » ou de « Mou- lay ^l'hammed »'. C'est principalement à ce dernier fait

I Bon Amama, de Figuig, alla «ncressivement à la gada de Debdoii. puis .1 M(5ridja, do sur l'Oued El Haï (Ouefaïf), enfin, par Foum Bezzouz, aux environs de Meflili des Béni Yala, il résidait encore en 190/1, lorsque nous occupâmes Berguenf. Plus tard il installa définitivement sa zaouïa à El .\ïoun Sidi Mellouk, elle se trouve encore actuellement.

34 DOClJiME.MS POLIl SERVIR A l'uISTOIRE DES HAMYAN

(|ue le cercle de Mécliéiia dut d'avoir à veiller tout particu- lièrement sur sa frontière de lOuest.

En elïet, pai suile de ce déplacement, deux marabouts se trouvaient en présence dans cette région du Maroc (Jriental :

Si Allai, chef des Zoua Ciheraba, descendant d'unegrande famille, et liou Amama, d'ojigine obscure, mais considéré comme étant le personnage religieux ayant pu résister à nos armes.

D'autre part, les lieiii (juil, lesquels voisinaient en mau- vais termes avec les llamyan depuis fort longtemps, avaient au même moment, parmi eux, un chef nommé Abderrahmane qui aspirait à devenir le maître de toute la confédération des Béni (juil. Enfin, dans cette même région, le prétendant Bou llarnara cherchait à progresser et le représentant du Sultan à Oudjda, Si Ahmed Rokina, tâchait de soutenir les intérêts de son maître, sans cepen- ilant montrer une grande énergie.

Nous ne pouvions rester simples spectateurs de ce qui se passait chez nos voisins de lUuest parce que toute une série de djiouch et de rezzous ne cessaient de commettre des déprédations à l'encontrc des troupeaux et des biens des llamyan et des gens de lannexe d'El-Aricha et du cercle de iMarnia.

Le général O'Connor, commandant la Division d'Oran, avait comme but principal de sa politique indigènel'anéan- tissement de la prépondérance de Bou Amama.

Le capitaine Sarton du Jonchay (quijut successivement chef du Bureau des Affaires indigènes, puis Commandant Supérieur du cercle de Méchéria) suivait l'orientation qui lui était donnée et rêvait, disait-on, de s'emparer lui-même de la personne du vieux marabout.

El Hadj El Habib ould Mebkhouti et les principaux chefs indigènes Hamyan profitèrent de l'état d'esprit qui régnait à cette époque, par suite du but poursuivi, pour prétendre sans cesse, et beaucoup plus souvent à tort qu'avec raison, ([u'ils avaient été pillés ou razziés par les Béni Guil, et pour

I El Hadj El Habib ould Mobkhoul arriva à se faire nommer le 3o dcto- bre 1908, agha des Hamyan Chafaa. Son commandement ne s'étendit pas sur les Bekakra et son ennemi, le vieil El Hadj Kaddour ould Boufeldja fut nom^iic agha honoraire, pour compenser les effets de la nomination d'El Hadj El Habib ould Mebkhout comme agha.

DOCl iMEMS l>OLR SLUVIll A l'iIISTOIIIE DES IIAMYAN 35

(ipt'ici- coiilic eux de soi-disaiil it!\ iiiiclics aussi fructueuses <ju iiiju?>lili(''cs. (^es procédés uc pouvaient auieiicr que des r('[)iésaill('s cl laiic se iiiaiiileiiir un état de haine constante elle/ les Ueiii (iiiil, les(juels restaient, pour la plupart, très soumis à I iiinueiiee de la baraka de Hou Aniania.

D'aulie pari, les partisans du Ivogui, Bou llaniara, et les coupeurs de loule de Bou Aniania menaçaient sans cesse (rincursioiinei sur noire territoire.

()n cherelia d'aboid à empêcher Bou Amama de pouvoir retourner vers Figuig et le (iuir.

Avec raj)pui du chef Béni (uiil, Abdeiialiiuane i-ll Vtnbi, (pii, comme nous l'avons éciil précédemmeni, ambilioii- nail de réunir tous les Béni (!uil sous son commaridemeiil on commença à s'avancer en pays Béni Cuil.

\ lauloinne iQoa, le eommandani Pierron et le capi- taine du .lonchay avec 5oo goumiers llamyan, un escadron de (-hasseurs d'x\frique (.soutien restant à Forlhassa) mar- chèrent contre les contingents de Bou Amama cami)és à Nécissa (près du Djebel Kakhdaii. On se contenta de lazzier une partie des troupeaux du marabout qui étaient entre Bou Arfa et Haci Badda et on n'attaqua pas son campement qui resta à Nécissa. Les animaux razziés furent ramenés à Aïn- Ben-Khelil et vendus aux enchères.

En juin 1908, pendant les opéiations contre Figuig, le commandant Pierron, à la tête d'une petite colonne, partit de Méchéiia et s'avança jusqu'à INIazzer, piès du massif de Tendrara, en passant par Galloul, Forthassa et Oglat Moussa, dans le chott Tigri.

Le commandant Pierron resta de sa personne à Oglat Moussa avec la compagnie montée et un escadron de chas- seurs ; le govnn s'avança jusqu'à Mazzer pour surveiller les Béni Guil.

A la tin de 1908, et au commencement de 1904, l'action se précipite.

Vers décembre 1903, une razzia est opérée; à Ouzdate i^entre Berguent et Méridja) par les goums Hamyan Chafaa, menés par l'agha El Haljib, qui pillent les Oulad Sidi Ali (Béni Gui P.

Le caïd Bou Medien, des Akcrma, est tué au cours de cette razzia. Son corps est brûlé. (2./400 chameaux et 10.000 moutons sont razziés.)

Deux politiques différentes entrent en présence, Le

36 DOCLME^TS POI R SERVIR A l'rISTOIRE DES HAMVAN

général l.yautey a pris le comniandeiiieiit de la Subdivision d'Aïn-Sefra. Avec le capitaine Berriau et l'agha de Tioiit, Si Mouley, il cherchera à rétablir la paix sur la frontière Ouest en se servant de procédés autres que ceux qu'avaient envisagés le général O'Gonnor et le capitaine du Jonchay.

Vu miad des Béni (îiiii conduit par Abderrahniane El Voubi vient à Ain-Sefra se présenter au général Lyautcy et, en janvier 190/1, un pacte de paix est passé avec l'auto- rité française.

Mais, peu après, tous les gounis llaniyan sont réunis pour parer aux éventualités que peuvent laisser craindre l'appro- che vers Ras-el-Aïn (des Béni Mathar) des contingents de Bon Amama et du Roguii.

Si Allai, (jui touche régulièreinent de nous une fort,e mensualité, soutient noire cause dans cette région, en même temps que la majorité des Béni Guil rompent entiè- rement avec Bou Amama et Bou Hamara.

Le généra] Lyautey veut éviter l'emploi de la force parce (ju'il juge que, si elle est utilisée, elle se terminera fatale- ment par des razzias qui entretiendront toutes les haines. Il estime que le fait seul d'avoir détaché la majorité des Béni Guil de la cause de Bou Amama agira sufîisamment sur les populations marocaines du Nord-Ouest pour que nous n'ayons pas à craindre de les voir envahir le territoire algérien.

Mais, pendant que le capitaine du Jonchay est mandé à Forthassa par le général, pour recevoir des instructions sur la conduite à tenir, tous les goums Hamyan commandés par le capitaine Toulat, ayant été rassemblés à Mengoub, marchent sur Méridja i^environ .Ho à 35 kilomètres à l'Ouest de Berguent) et opèrent une immense razzia sur les Oulad Ahmed ben Abdallah (21 février).

Les deux lettres suivantes du capitaine du Jonchay, Commandant Supérieur du cercle de Méchéria, à Monsieur le Général commandant la Subdivision d'Aïn-Sefra, indi- (pient, d'une façon très précise, !(> but pouisuivi pai- les autorités du cercle de Méchéria.

I De plus les Béni Guil devaient se rapprocher de nous dans un délai donné. A l'expiration de ce délai, leurs promesses n'ayant pas été tenues, le caïd Abdenahmane El Yonbi demanda qu'il fut prolongé, ce qui lui fut accordé.

A la suite de cette prolongation, les promesses faites n'étant pas encore tenues, le général Lyautey les menaça d'employer la force et, à cet effet, auto- risa le rassemblement des goums Hamyan.

DOCUMENTS POUR SER\ IJA A l'iIISKJIUE DES HAMYAN 'M

Première Lettre

(( .l'ai riioiiin'ur de vous reiidie coinplc (jne je suis arrivé (( ce malin au douar du caïd Abdcriuhniaii, après avoir « traversé, dans le ciioll Tigri, plus de Irenle tloiiars i\i'> « Béni Guii.

« C'est bien la misèi'e (jui a décidé la niasse de la Irihii u à se résigner à la soumission.

(( C'est une véritable soumission, en elTet, et nous avons « été reçus partout en maîtres.

(( Mais quelles pauvres gens ! Ils n'ont plus de (pidi se (( vêtir et à peine de quoi manger.

i( ils vivent en ce moment de ce (jue leurs caravanes ont « apporté de Figuig pendant que. le miad était auprès de « vous.

(( ils se rapprochent de nous en décanqjant par échelons « successifs, tant leurs chameaux sont faibles.

(( ils n'ont plus que très peu de chevaux capables de les <i porter. Je n'en ai pas vu plus de cinquante en tout et, u sauf ceux des notables, ils sont dans un état piteux.

<( Quoiqu'il en soit, si nous savons leur sauver la face « niaghzen, nous pourrons profiter des circonstances (jui u nous les amènent pour les apprivoiser définitivement.

« La misère est poignante, mais ne durera pas. Les Béni « Guil ont encore beaucoup de cheptel. Ce sont les mar- (( chés qui leur ont manqué.

« Je cherche à les attirer le plus vite possible et le plus « nombreux possible à Méchéria.

« J'ai été reçu par le caïd Abderrahman ayant autour de « lui tous les principaux notables. Tous ont exprimé leur « vive satisfaction de voir enfin une paix solide s'établir « et nous ont donné l'assurance que le passé d'inimitié (( entre eux et les Hamyan était oublié.

(( J'ai répété aux notables les propos que vous aviez fait (( tenir au miad venu à Aïn-Sefra et j'ai résumé de la façon « suivante au caïd Abderrahman les bases du modus « Vivendi adopté.

<' J'ai, en premier lieu, répété à Abderrahman (|u"il pou- « vait dès maintenant préparer les Béni Guil à accepter sa « prépondérance en ajoutant que, dans ce sens, je suivrais « moi-même ses indications pour régler mes relations (( avec les autres chefs. Il propose de leur faire maintenir <( le titre de caïd sous sa suprématie.

<( J'ai ensuite insisté sur l'intérêt (\ne vous attachiez à « maintenir l'accord franco-marocain, tout en laissant

38 DOCUMENTS POLIR SERVI H A l/lIlSTOlRE DES IIAMYAN

« noltement enlendro que notre action doit être prédomi- (( nante et qu'elle assure à la fois les intérêts personnels et (( les intérêts généraux de la tribu ; que nous nous atta- « cherons dès maintenant à assurer le développement éco- (( nomiqiie du pays par des moyens appropriés et sans <( toucher à la suzeraineté du Sultan.

<( Enfin j'ai représenté au caïd (jue l'action immédiate (( des Béni Guil marchant sous ses ordres contre Bon « Amama est la seule consécration possible des paroles (( échangées à Aïn-Sefra et la manifestation immédiate et « nécessaire de la sincérité de leurs engagements.

(( Abderrahman a parfaitement saisi nos intentions et <i pour bien préciser son intelligence des vues (jue je lui « avais exposées, il m'a dit qu'il s'était déjà fixé une ligne de « conduite vis-à-vis de nous, sachant bien que le Gouver- <( nement marocain était la faible plante (pie le vent eut « brisé si Dieu n'avait pas fait pousser auprès d'elle un (( grand arbre qui sert à l'arbuste d'abri contre la tempête; « moi-même, ajoute-t-il, rejeton de l'arbuste, c'est sur le (( grand arbre que je compte pour me peipétuer dans mes <( fils sous sa sauvegarde.

(( En ce qui concerne l'action contre Bou Amama, « Abdenahman la juge de toute urgence ; il m'a demandé « l'appui des Hamyan, me promettant d'entamer la ques- « tion aussitôt apiès réception de la réponse de ses contri- « bules, les Oulad Youb. Ceux-ci, bien que séparés de Bou « Amama, n'ont pas leurs campements auprès d'Abderrah- « man ; ils ignoiaient les engagements pris par leur caïd « vis-à-vis du Gouvernement français.

(( 11 vient de les aviser et il a abordé lui-même la ques- « tion du secours (pie nous pourrions Jui apporter dans « l'action contie Bou Amama à laquelle il paraît aussi « décidé (ju'à Aïn-Sefia. »

Deuxième Lettre

« J'ai l'honneur de vous rendre compte, comme suite à (( mes lettres du 9.9. janvier datée de Mengoub, du ?>i jan- « vier, d'Aïn-Sefra, que les démarches soumises des Béni « Guil avaient amené dans le Nord-Ouest du cercle une « situation qui vient de se dénouer d'une façon très heu- (( reuse et qui ])araîl lies complète. Bou Amama se trouvant '( acculé dans une position f<^rt difficile, menacé à l'Ouest « par les razzias des Beraber, à l'Est par le caïd Abderrah-

i)0<JiMKMs i>()i II si:iuin \ i.'iiisioinK i)i:s ii\mv\n 3!>

(I iiKiii cl l("> P>i'iii (liiil (jni I iihiiiidi tiiiniiciil iiscc liMCiis, (( clKMcliiiil depuis lii lin (ii-ccmbrc i"i bioiiillcr les ciiilcs du (( colé du cliol! (Iliiuhi cl à (h'cidcr le l'irlciidanl , ii\ cr (( lc(|uci M liiil ciiuxcoiinnunc, à s ;i\ anccr sur l»as-c|-.\ïu, <( des Ucui Malliar. Si Allai, jaloux L\i' uxtulrcr sou dôvouc- « niciil à uotif cause, loul eu iiiiuaul riidlueucc ri\ale de « Bou Auiania, nous a\ail leiuis au courant des ugisse- (( uiculs lie ce deruiei . Il a\ail sollicilé noire appui en cas « (le besoin conlre ceux (jiii le luenayaienl. Il avait égale- (> nuMil l'ail [jail de ses craintes au repiésenlani du Sullan <i à Oiuljda, Si Ahtned Uokina.

(( Cv dernier' l'avait incité à s"as>iu('r l'appui des llani\an (I et lui avait proniis d'envoyer de son c(Mé une colonne « chérilienni' à l»as-el- Ain ofi elle devancerait les partisans " du liogui et de Bou Atuauia. Mais tandis (pie lîokiua, <( |)réte\lant le mauvais teni|)s, ajouinait rexécution de (I celle promesse, les [)aitisans du lîogui s'avançaient de « Taza par Debdou et Bezzonz ; leiu- avant-garde était com- <( posée d'un goum nombreux sous les ordres de Si Tayeb, «( lils de Bou Amama. I^^lle s'était fait précéder de lettres <( excitant les tiibus contre le Maghzen et contre Si Allai, « r(>préseiité conune vendu aux chrétiens.

« L'effet ne se lit pas attendre ; des djioucli nondjreux <i appartenant surtout à la grosse fraction des Béni (iuil, <( les Oulad Ahmed beu Abdallali, et aux Oulad Sidi Ali « Bou Ghenafa, encore attachés an parti du Prétendant, se « l'épandirent dans l'Ouest du chotl Gharbi, forçant Si « Allai à se l'cplier sur Kasdir et vers les campements de « l'agha El Hadj Lahbib. Gelle reculade ne fit (pi'aug- <( menler l'audace d(\s (Ijiouch qui poussèrent plus avant <( leurs incursions et midti[)lièrent tellement leuis méfaits « ((ue le chef du Bureau arabe de Méchéria n'hésita pas à (( lever les goums pour se rendri^ compte, à leur tête, de la (( situation. .

<< Je me trouvais de ma personne dans le choit Tigri, en (( palabie avec le ca'id Abderrahman, au moment ces « derniers événements se déroulaient. J'avais donné len- « dez-vous au capitaine Toulat ' au campement de l'agha, (( au choit Gharbi, pour combiner avec lui, le cas échéant, « une action contre Bou Amama dont, suivant vos ins- « Iructions, l(> ca'id AbdiMiahmaii devait s(^ préoccuper en (( ce moment même.

(( J'apj)ris (Ml loutc, à r\jenan cl Adliam, (pie le ca|)itaine

I Le ciipitaine Toulat élnil i-iu'f du lUiroau arabe de Méchéria.

40 DOCUMENTS POUR SERVIR A u'illSTOlRE DES HAMYAN

(( Toulat avait cru devoir se porter contre les djiouch dans (( la direction de Mengoub. Je le rencontrai quelques (( heures après à El Hamra.

(( 11 me rendit compte des mesures énergiques prises par « lui. Il m'énuméra les méfaits des djiouch qui, la veille (( encore, avaient assassiné, puis brûlé un de nos gens qui « rentrait seul et sans arme, de son troupeau à son douar. (( Il ajouta qu'à Si Allai et aux Hamyan venaient de se (( joindre un groupe important de Mehaïa, que la seule (( nouvelle de la concentration des goums avait détaché (( définitivement de la cause des agitateurs et qui avaient (( fait à Si Allai l'offre de se joindre à lui, sous la conduite (( du caïd Bou Souar, pour agir, de concert avec les (( Hamyan, contre les djiouch qui empoisonnaient la (( région.

« Cette offre ayant été acceptée, le capitaine Toulat se ({ trouvait à la tête de forces suffisantes pour parer à toutes « les éventualités, malgré leur gravité.

« Il ressortait nettement de la situation que, si nous ne (( prenions pas une vigoureuse offensive, nous aurions <( bientôt sur notre flanc, s'appuyant sur la position de c( Ras-el-Aïn, les contingents de Bou Amama et de Bou <( Ilamara comprenant toutes les' forces disponibles des « Oulad Ahmed ben Abdallah, des Oulad Sidi Ali Bou Ghe- « nafa, des Béni Mathar.

(( (Convoqué moi-même à Forthassa Gharbia, je laissai au « capitaine Toulat la direction des opérations en lui recom- « mandant de prendre le contact le plus tôt possible av3C « les djiouch, de les pomsuivie jusqu'à leurs campements, « d'entrer en relations avec les tribus et de chercher à obte- (( nir un accord dans le genre de celui intervenu récem- (( ment à Figuig avec les Béni Guil.

« Je laissai le capitaine Toulat juge des moyens à (( employer, le connaissant assez pour pouvoir être certain « que cette opération de police serait dirigée de façon à (( obtenir des résultats- sérieux par des procédés oii la « ligueur ne tiendrait que la place strictement nécessaire. '< Je limitais en même temps son action vers le Nord au « point de Bas-el-Aïn des Béni Mathar, qui est sensiblement (( sur la ligne des chotts, dont la reconnaissance était inté- « ressante et qui pouvait lui fournir à l'occasion un point « d'appui sérieux et à portée de secours.

« J'étais d'ailleurs certain qu'il ne pouvait pas y avoir « de complications avec le Maghzen chérifîen. Si Rokina

DOCUMENTS POUR SKIUIU A l'illS lOI KK DES HAMYAN 41

« ;iy;iiil Irinoi^iK' liaiiliinciil de sa l'criiic volonlc'- (l"ii|)- <( pioiivci l(»iil ce (|iii serait fuil [)ar Si Allai pour lamciirr « la paix dans ct'tic région troublée, soit seul, soit de eoii- (I cert avec les autorités algériennes.

(( .le ia|)[)elai enlin, en terminant mes instructions au <( capitaine Toulat, de ne pas oublier que Bou Aniama n'a <( |)as cessé d'élre l'âme de toutes les révoltes, que c'est, en (' somme, contre lui (|ue se joue en ce moment la partie. « Fn exécution de ces ordres, le capitaine Toulat se porta « avec ses ijoums dans la direction de Mengoub, précédé « de fortes |)alrouilles (|ni léussiient à atteindre cin<| « djicheurs.

« Ces indiofènes avaient été entourés par le goum et pris « avant d'avoir pu se défendre, ils déclarèrent appartenii- « à l'entourage de Bon Amama. Ils sont originaires des Béni « Guil, fraction des Oulad Ramdan.

(( Afin de bien donner l'impression qu'il ne voulait user « autant (jue possible que de clémence, le capitaine Toulat « les remit à Si Allai fjui s(> chargea simplement de leur « garde.

« \a' goum laniena également trois cavaliers des Oulad (' Bel T.ahcènc Béni Cuil, mais ceux-ci piotestèrent de Icnus « bonnes intentions. Ils venaient, disaient-ils, apporter à « Si .\llal et aux Hamyan des nouvelles de l'Ouest.

(( Ces nouvelles qui sont résumées ci-dessous et dont « l'exactitude fut démontrée par la suite, peimircnt au « capitaine Toulat d'arrêter son plan d'opérations.

'< Bou Amama avait eu le pressentiment d'une action (1 })rochaine du caïd Abderrahman contre lui, à la suite « de l'entrevue de Figuig.

'< Il avait écrit à toutes les tribus Béni Guil, encore en « dehors de^ l'action de ce chef fet de plus aux Oulad " Ahmed ben Abdallah, Béni Mathar, IMehaïa, Oulad Sidi <( Ali Bou Chenafa\ leur disant :

<( Le caïd Abderrahman s'est vendu aux Français. Si vous « désirez le triomphe de la cause de la religion, tombez sur « les trou[)eaux des Hamyan et de tous ceux qui se sont l'ap- (( proches d'eux. ■Mon fils s'est rendu auprès du sidtan a Moulay M'hammed. Il se portera à votre secours avec (( une colonne commandée par le fils d'El Hadj .\bdel- (( kader, qui est au service du Sultan '. Nous razzierons « ensemble tous ceux qui ont fait la paix avecles Français.»

I II s'agissait frAbdelmak-k ould El HaH.j Abdclkader. artiiellement à In solde des .\llemands et des Turcs et opérant contre nous au Nord de Taza.

42

DOCUMENTS POUR SERVIR A I, HISTOIRE DES RAMYAN

(( Ce sont ces excitations, ajoutaient les informateurs, (jui ont causé tous les djiouch dont vous avez eu à vous plaindre.

(( Quant à nous (Oulad bel Lahcène et Oulad Farès) nous nous sommes séparés de Bou Amama dès que nous avons su la paix qui avait été faite à Fig'uig" et (pi'Abderrahman avait dit : « Si Dieu nie prête vie, je foulerai le sol du tnerah (milieu du douar) de la zaouïa de Bou Amama. » « Ensuite, (fuoiqu'après quelques hésitations, ces gens indiquèrent au capitaine Toulat les emplacements et l'importance des campements d'où partaient les djiouch dont le passage continuel en était venu à effrayer, à rendre indécis et flottant le groupe des Oulad belFahcène et des Oulad Farès.

(( Ces campements, oh l'on se déclarait hautement pour Bou Amama et pour Bou Ilamaia, comprenaient les Oulad Ahmed ben Abdallah, les Oulad Djabeur, les Alouana, les Oulad Ramdan, les Oulad Mahjoub des Oulad Youb, des Oulad Khreider, des Oulad Hadji, for- mant un groupe de 3oo tentes installées au delà du Djebel Tiskennit, les Oulad Sidi Ali Bou Chenafa installés à Méi'idja et comprenant Boo tentes. Ces divers campe- ments attendaient la venue de Si Tayeb ou de Bou Amama qui, pour triompher des efforts en sens inverse du caïd Abderrahman, faisait annoncer son arrivée tous les jours. Mohammed ould Dahman, le plus notable des trois cavaliers qu'avaient lamené les patrouilles ne put donner, d'ailleurs, malgré sa bonne volonté, aucune indication sûre sur les progrès de Si Tayeb, tandis qu'il fit entendre nettement que si Bou Amama lui-même ne recevait pas immédiatement des secours du Prétendant et des tribus ci-dessus désignées favorables au Bogui, il était acculé à une impasse, se trouvant abandonné par la grande majorité de ses anciens compagnons Béni Guil et Zona qui rejoignaient, les premiers, le caïd Abderrah- man, les seconds. Si Allai.

« Tels sont les renseignements (pie recueillit le Chef du Bureau arabe de Méchéria auprès diupiel Si Allai insista vivement sur l'urgence d'une action immédiate qui ne manquerait pas de donner le dernier coiq) au prestige de Bou Amama et d'arrêter le mouvement en avant pro- noncé par Si Tayeb et les partisans du Bogui. <' Le capitaine Toiilat n'hésita pas et partit pour Oglat Cedra.

DOCUMENTS POIR SERVIR A l/ll IS lOI RE DES FIAMYAN 43

" Il > icrill iiti iiiiad (!(••. Oiil.id hcl l.iili crue cl des Oiilnd « l''iii('s (lîcni (iiiil) sons |ji coiidiiilc du |;dcl) Mchiirrk, ijnj « se j()i<iiii| de sji pcrsomic aii.v jrounis cl fil diiip'i les (< campcnicnls de ces fraclions vers ceux du caïd Aljdcr- « ridiiiiiiii.

" Les Oïdiid \liriicd hrti Vhdidiali, an conl taire, an lieu " <!'• M'tiii se piéscnici' [tour rcccxoii' l'aman, comme ils « \ avaient clé invilcs, dccampèrcnl pour se rél'n;.'ier dans (I la ffada de Delxlon par l^tnin Be/zon/.

" f.e capilaine Tonlal les allcjonil par nne maiclie de <i nuit très pénible dans la neige, par un froid rigoureux.

(' n les rejoignit (lans les gorges à l'Ouest de Méridja, «' au lever du jour, le :> i février, et fut reçu par une Vive (( fusillad(\

« Mais les goums, ayant à leur léle l'agha El Habib, se « lancèrent avec beaucoup d'élan et les douars furent " enlevés et razziés.

<' L(> eauipemenl fut dressé le soir sur l'Oued Sidi Ali, « (l'on Ion envoya prévenir les Oulad Sidi Ali Bon Chenafa « (pi'ils eussent à faire connaître leurs intentions, que nous « étions décidés à imposer la paix, ainsi qu'ils devaient « déjà le savoir par les lettres du caïd Abderrahmaii.

« Le lendemain, le camp fut porté au point d'eau de <( Méridja je lejoignis le capilaine Toulat et d'où je me « hâtai de vous télégraphier par le cavalier du caïd des " Béni ATathar. qui se chargea de faire poilcM' notre cour- « rier à El-Aricha.

« Ce chef indigène ayant appris le mouvement offensif " des ofoums de Si Allai et des Hamyan, rendu très inquiet « par l'attitude louche de ses gens pendant les événements « de ces derniers jours, venait protester de son dévouement '( au i>aili de l'ordre et demander l'aman.

« Je le rencontrai à Oglat Cedra, tandis (pie je me por- « tais sur les traces du capilaine Toulat.

« .Te lui promis inmiédiatement l'aman en ajoutant « (fu'en ce (pii c(Uicei'nait le règlement de ses affaires avec le « Maghzen chérifien, il devait s'adresser à Si Allai, que, << (pianl à nous, notre but unique était, pai l'application du '< droit de suite, de faire respecter la paix sur notre leiri- « toire, que d'ailleurs les boimes relations qui existaient « entre les deux Gou\(>rjit>menls français et chérifien mefai- «' saient espérer que le Maghzen tiendrait compte de nos « avis sur la façon de traiter les Béni Mathar.

44 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'uISTOIRE DES HAMYAN

« Je tins le même discouis au caïd Bou Souar qui avait pris, sur l'ordre de Si Allai et en présence du capitaine Toulat, certains engagements vis-à-vis du Maghzen et vis-à-vis de nous.

« Je leur fis comprendre à tous que nous n'avions pas à intervenir dans les affaires intérieures du Maghzen, mais que, toutefois, nous ne pouvions (fue leur conseiller la soumission la plus complète à ses ordres, car il était plus évident que jamais, après ce qui venait de se passer, que le Prétendant n'était qu'un dangereux révolté, puisqu'il acceptait de lier ses intérêts à Bou Amama, dont l'atti- tude depuis vingt ans était notoirement hostile au bien et à la paix.

(( Cependant les Oulad Sidi Ali Bou Chenafa, effrayés par le sort des douars razziés à l'Ouest du Djebel Tisken- nit, avaient envoyé une lettre protestant de leur dévoue- ment au Sultan Moulay Abd-el-Aziz et du désir ils étaient de rester dans le bien et dans la paix. (' Je fis dire aux notables de venir et je restai un jour de plus en station à Méridja pour les attendre. Au lieu de se présenter, ils se retirèrent plus loin dans la direction de Debdou. Un espion nous apprit ce mouvement en ajou- tant que les Oulad Sidi Ali tenaient à rester au parti du Prétendant et avaient envoyé demander l'appui de Si Tayeb ould Bou Amama.

(( L'espion ajoutait que Si Tayeb après s'être avancé vers l'Est, dans la direction de Foum Bezzouz, étîiit revenu à Debdou il devait se trouver encore, que ceux qui venaient de avaient affirmé qu'il n'avait avec lui qu'un faible goum.

(( Il est presque certain que la colonne annoncée par Bou Amama était un des bluffs dont il est coutumier pour pousser les Arabes dans les aventures. « Pour essayer encore d'agir pacifiquement, j'ai adressé une lettre aux Oulad Sidi Ali Bou Chenafa. " Déjà en rejoignant le capitaine Toulat, j'avais fait appeler le taleb Mebarek Cnotable des Oulad Farès, Béni Guil, qui marchait avec le capitaine Toulat) et je l'avais envoyé au caïd Abderrahman porteur d'une lettre. (( Dans ces conditions, j'espère que tous seront bien fixés sur nos intentions. Tl ne peut faire de doute pour per- sonne que la présente action a été déterminée par des cir- constances urgentes, indépendantes de notre volonté, mais dont nous avons profité pour prouver notre force et

DOCUMENTS POtIR SERVIR A l'iiisTOIRE DES HAMYAN 45

« la fcriiic iiili'iilidii nous sommes de, nous faire « respecter.

'< ('cite (léiiioiislralioii n'aura pas coûté nn sou et n'«'n « aura pas moins, j'eii suis persuadé, un très grand elTet « utile.

«< Le eapilaine Toulal, (pii s'était bien |)énétré de vos « idées sur ee point, mon généial, n'a pas perdu de vue un « seul inslani (|ue l'action contre Mou Amama était votre « principal objectif ; si, malgré cela, il na pas pris le parti « d'agir immédiatement C(»ntre lui, c'est après avoir réllé- " chi sérieusement.

« La distance à laquelle se trouvait Bon Amama était trop « grande pour (ju'il put l'atteindre avec des g(»ums levés « très rapidement, presque sans vivres.

" l.e marabout était forcément sur ses gardes, par suite « du reloiu' chez lui de tous les djiouch (jue le nK)Uvement « des Kamyan avait repoussés.

(< Parmi les contingents de Si Allai se trouvaient des '< Zoua séparés très récemment de Bon Amama par la « misère plutôt que par la désaffection. Ces ferments pou- <' vaient, dans le goum, faire lever, même chezlesHamyan, " les amis de B<ni Amama sont encore nombreux dans « certaines tribus, des éléments de discorde d'autant plus ■< dangereux que, malgré nos efforts persévérants, le goum (' était encore'à l'état de horde.

'< Dans ces conditions, le capitaine Toulat préféra se bor- '< ner aux opérations ipii ont été relatées ci-dessus et qu'il " avait la quasi certitude de mener à bien, plutôt (jue de se «< lancer dans une aventure au-dessus de ses forces.

« L'opération que vient de tenter avec succès le capitaine « Toulat, les résultats heuieux qu'il a obtenus, permettiont « dans quelques jours, de marcher de nouveau avec les '< goums dans des conditions beaucoup meilleures.

« Les contingents ont reçu, pendant les journées qui « viennent de s'écouler, une instruction sérieuse qui se per- <' fectionnera encore au retour et qui les rendra plusmania- « blcs, moins sujets à une panique, toujours à craindre « lorsqu'on marche contre un ennemi aussi aguerri (pie » le noyau de coui)eurs de route qui forme, pour ainsi dire, « la ^arde d'honneur de Bon Amama.

" Nos gens ont été mis en confiance par ]o netfovage qui « vient d'être fait dans la région de l'Ouest.

" Ils peuvent maintenant s'éloigner plus au Sud sans

46 DOCUMENTS POIR SERVIR A l'iIISTOTRE DES HAMYAN

(( avoir lu piéoccu|)ali(>n de penser (in'iiii iiiitre ennemi

(( iiienaee leurs campements dégarnis.

« l"]nlin, le caïd Abderiahman a le temps d'agir ou, s'il

(( ne se sent pas assez fort, de saper la puissance, grande

i< encore, de Bon Amama dans la région. S'il réussit à pur-

(( ger le pays de l'agitateur, il devra, à moins de mauvaise

(I foi, reconnaître (pi'il a été puissamment aidé dans son

(( action par l'opération de police (pi(> nous venons de faire,

« et s'il n'obtient pas de lésnllats, nous serons prêts, mon

(( général, soit à l'appuyer, soit à le suppléer.

« Les circonstances étaient telles cpie toute action contre « Bou Amama devait forcément compiendre deux opéra- ce lions : la première, vers l'Oucsl, que j'appelle l'action « défensive, puisqu'elle était destinée seulement à parer <( aux agissements agressifs du marabout, que je vous (' signalais depuis deux mois, la deuxième, offensive, (jue (' j'aurais combinée d'ensemble avec la première et d'ac- (' cord avec le caïd Abderrahman, si je n'avais pas été pré- ci venu par les événements qui ont amené le capitaine « Toulat à i)rendie l'initiative, très justifiée, d'une action (( immédiate. »

Malgré toutes ces explications, l'action de guerre (jui avait été opérée fut jugée contraire à la politique générale suivie et les llamyan fui'cnt obligés de restituer les trou- peaux qu'ils avaient razziés.

T.e capitaine du Jonchay en voyant que la politique (pi'il avait suivie jus(ju'alors était désaNouée, (piitta le comman- dement du cercle de Méchéiia.

1/aglia El Habib ould Mebkhoul resta pendant six mois, à Algei', en disgi'ace, éloigné de son commandement.

* *

A paitii' de cette épo(pie, le changement survenu dans l'oiientation de notre politicpie obligea les Hamyan à des lelations meilleures avec leurs voisins et marqua la fin de l'époque héroïque et heureuse où, suivant l'expression de l'un d'eux : c avec un bon fusil et un cœur sans crainte, l'homme pauvie hier pouvait devenir riche aujourd'hui ».

TIs ne se plière?il d'ailleurs qu'avec regret à celte nouAclle façon de vivre.

DOCI MI;MS l'Ol R SKUMh \ 1,'lllSTfHUE lues n\MY\N i7

C/csl iiiii-^i (inCii Miiiis H)'>7, 1<' ((iiiiiiiiiikIjiiiI l'ciii' dut l'ciidn' ('()iii|)l(' iiii (iriK'iiil (-(iiiiiiiiindiiiil lii hivisioii (jiic dc^ iiidii^riic^ de- ( )(d;i(l M;i lisoiiiîdi iiviMciil V(tl<''r)Vl rrioii- liiiis iiii\ liciii (iiiil. Il idiiiiiil i-ii niriiir Irinps riiilcMlioii du «>(''iit''i ;il -III- l'iiHiliidc t''(|ui\n(|iic d'Id Ihidj Id Hiihil) (|iii nllciidil, |i(Mii >i;4iiiilci- le fjiil, (|iic ridïiiirc lui (''\ cjitrr'.

l'Iiis liird, Ifs llamNiiii rt''|)ii iidii ciil clicz leurs Noisiiis le hi'iiil (|ii<' les sii^iiiiiix ((•iisl luils piir les missions ^«-«''odôsi- (|U(>s ;i\ai(-iil pour ohjcl de tuiiicpicr' une di'diiiiiliilioii ciiln' les Icniloiirs des deux <iidii[)ciii('iils. Il» eu piolitriciil pour porter leurs campeiueiils n I Ouest de leur zone luihitiielle de paca^ic. Mécontents, les Heiii (Juil détruisirent à plusieurs reprises ces sjornaux. Le j^énéral Alix dut inviter le Coni- niaiidanl Supéiieur de Méchéria, eu rinforiuanl de cet inci- dent (5 janvier U)io\ à niainlenij- sfiicteinent les Ilamyan dans leius territoires '.

Il fallut leur' rappeler le mois suivant les niénies piescrip- tions à la suite d'une rixe sérieuse qui venait d'éclater entre bei'tJ^ers des Ale<)iiaoulia et des Béni (liiil Oiijad l'eues pour la possession de r'dirs peu altoiidaiits evislaid dans lOued Rou l.ardjaru.

* *

]/.\ création des postes de lî<>roiienl et de l^'oitliassa (lliar- hia eu 190/1 contribua, d'ailleurs, à obliger les Uaïuyan à \i\re en meilleurs teiuies avec leurs voisins de l'Ouest.

Reroiieut d'aboid dépendant exclusivement du cercle de Mécliéria fut, plus tard, rattaché à l'annexe d'EI-Aricha jus(|u'au .jour ofi il fut remis au Maroc Oiiental.

Son action s'étendit sur les tribus marocaines des Béni Mathar, des Mehaïa ^sauf les Oulad Boubaker d'El Hadj Aliloudi, les Béni Yala Oulad Uakti. les Oulad Amor Djebel Mekami, les lîeni Guil du Dahra, les Sedjaa d"FI Xïoun Sidi Mellouk, les Zekkara, les «jens de Debdou.

1 fili)rifiis('mi'iit liinilii'' coiiniic iiiluiici. en nii.'. ;'i Cairncy.

2 II y ;i lieu (lo iMjipc'îcr (iiii-ii lévrier ii;)oi< un évciiernoiit CHiaiiiih-iix se pi'iuliiisit sur \c Ipriitoirc «lu cei-cl<'. lue compHfrnie du ■:>' Hépimoiil Etnmpor ronim:iii(i«''o par le capitaine Capillery ipii, venant de lîerfrnent. npérail uii tliaiiirenieiit de «rarnison, fut «nrprise par nue tempête de nei^'e, entre Aïn- Heii-Klielii el F(>''tliassa Charbia. vers Haci Sféïa, et «e débanda. Ounranle léfjidnnaires moururent de frnid. Les autres furent seecinrus par b-s Vkerma (|ni montrèrent en rette circonstance un remarquable dévouement.

48 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

De plus, sur le tcrii luire de Bcrguenl même, et à i5 kilo- mètres environ à l'Ouest, était fixée une partie des Oulad 8idi Cheikh Gheraba marocains, avec Si Allai ; l'autre partie était avec Bou Amama.

Dans l'Oued Charef, oii les Hamyan algériens possèdent des droits de pacage concurremment avec les Béni Mathar, les Béni Guil et les Zona i marocains, l'action française s'exerça surtout par la voie commerciale.

La prospérité du marché de Berguent augmenta tous les jours. 11 faut reconnaître qu'elle dépendait en grande partie de Bou Amama qui, par suite de ses bonnes relations per- sonnelles avec le capitaine Gauthier (J. B. A.), chef du Bureau des Affaires indigènes de Berguent ^, laissait les indigènes circuler en paix et commercer en toute sécurité.

Presque toutes les tribus qui frétfuentaient ce marché, ou qui étaient installées dans les environs, appartenaient au parti du Rogui, toutes subissaient la très grande influence religieuse de Bou Amama.

Il n'existait aucun représentant du Maghzen ; certains caïds avaient des cachets du Piétendant, tel le caïd El Amraoui, des Oulad Amor.

Tout ce fju'il était possible d'obtenir de ces populations était de garder la neutralité. Toute tribu (fui demandait à fréquenter notre marché était tenue de ne plus pr(Midre une part active dans les luttes de l'Ouest entre le Maghzen et le Rogui .

La paix ne fut tioublée qu'en iqoB, par une razzia opérée par 3oo cavaliers et rîoo fantassins du Maghzen sur une caravane des Oulad Amor revenant du marché de Ber- guent et ne prenant pourtant aucune part active au mou- vement roguiste.

L'action française fut de plus en plus active et efficace sur la confédération des Béni Guil.

L'amel de Figuig, dont ils dépendaient nominalement, n'avait aucune influence sur eux.

Les Béni Ghoméracen (Oulad Youb et Oulad Hadji) plus éloignés de nous, subissaient moins notre contact, restaient plus accessibles aux influences hostiles.

En 1906, le commandant Pein, Commandant Suy^érieur du cercle de Méchéria, se rendit chez eux et séjourna à Métarka.

I Zona, (( Gens âc lu Zaonïa », expression employée pour flésiprner les Onlad Sidi Cheikh.

a En 191.'), Chef île l'annexe d'Aïn-Sefra.

DOCUMENTS POUR SERN IH A l/ HISTOIRE DES IIAMYAN 49

LuiiR'l de Figuig essaya de piuluslt'i- ' .

Iji i()()<S, 1«'6 IViKiioiis dri Bciii <iiiil (ilieraba i^Oulad ^oub, Uiilad lladjii cl Oulad Aliiiicd, canipécs en iiiai.s dans la région du landcll, cMNoNcrenl à la liaïka de Sidi Mohaniiiicd bcn Sobaï (juclques cunlingiMils sans que la masse lil lien pour s'y opposer. iAlïaire de Jiou iJenibj

Kn jnènie temps les bruits les plus fantaisistes circulaient à Heiyuenl chez les Béni Malhai , sur le succès certain de I agitateur et sur noire évacualion piochaine du pays.

1 La lellro Mii\imtc ;ulrc*sée p;ir le cluikli .Muliiuuiiied Itcu lliil)ib (Ji'> Oiilinl Faiès, des Oulad AUlcinilimaiic au (Jlicf des .MTaiies iiidigèues dWïii-Sffia est caractéristique à cet endroit :

« Je vous aunouce que l'ainel de Fiyuig mous a inlligé une amenj»; d<- « i.ooo francs, pour nous être présentés au commandant Fein et à vous, Inrs « de votre reconnaissance de Metarka. Nous n'attachons aucune inqjortance à « cette amende que nous ne paierons pas ; cependant, comme nous sommes (( unis avec le Gouvernement français et que nous suivons la même voie, nous « vous demandons de traiter l'amcl conmie il l'a fait injustement à notre égard, « pour l'empêcher de recommencer. »

A la lin d'une réunion tenue par les chioukh des lieni Guil à Deiilia, lors- qu'ils eurent prêté serment de tout sacrifier pour conserver notre amitié, un soldat de l'amel vint prier le caïd Ahderrahman, de la part de son maître, de se rendre à la casba pour y recevoir une lettre du Sultan lui renouvelant l'inves- titure de caïd qui lui avait été donnée en iSijlt. Ahderrahman donna l'ordre à ce messager de se retirer et d'aller dire à l'amel qu'il n'avait que faire di'un parchemin sans valeur.

Cette réunion avait lieu en igoô, à Defilia, à quelques kilomètres à l'Ouest de Figiiig ; le moment était grave, les tribus très surexcitées par les bruits répandus, on pouvait craindre qu'il n'en sortit la rupture du pacte de t((o4. Elle se prolongea du S au 12 janvier, au milieu d'un immense douar formé de tentes appartenant à toutes les tribus de la confédération. Le caïd Ahder- rahman prit la parole : « Notre attitude passée, dit-il, ne nous a valu que « haines et misères. Bon Aniama nous avait couverts de sa baraka el nous I' avons été ruinés. Nous avons razzié les tribus, les colonnes et les troupes » françaises mêmes, au nom du faux marabout el, quelques mois après, nous « sommes venus en mendiants implorer les autorités que nous avions insul- « lées. C'est moi qui vous y ai conduit parce que c'est moi seul que vous « écoutez dans les jours de détresse et de danger. Nous avons enfin trouvé la n paix et le bien-être. Je vous conjure de ne pas céder aux dangereuses solli- « citations des gens du dehors et de resserrer encore les liens qui nous unissent « aux Français. »

A la suite de cette harangue, tous les < liiuukli présents jurèrent solennellement sur le Coran de travailler sans relâche au maintien de la paix, de rester sourds à l'appel des séditieux et de prêter leur concours le plus dévoué au Gouverne- ment français qui les avait si généreusement accueillis. Ils s'engagèrent à nous assurer, dans toutes les occasions, l'appui de leurs goums, à donner la chasse aux djiouch et a>ix rezzous qui, ayant nos tribus pour objectif, cher- cheraient à passer sur leur territoire et à déférer à toutes les réquisitions que nous pourrions avoir à exercer sur eux. Il fut décidé que les Oïdad Ben Abdal- lah qui avaient négligé, malgré l'invitation qui leur avait été faite, de se faire représenter à la réunion par leurs chefs, seraient considérés jusqu'à nouvel ordre comme étrangers à la confédération.

^0 DOCIMEMS POUR SERVI K A l'hISTOIRE DES HAMYAN

Par mesure de répression eolleelive el pour donner à tous linipression (ie noUc eonliance en nous-mêmes, les troupeaux des ik'iii (iuil (iheraba, venus sur le marché de Herguenl le i!\ mai, i'urenl saisis el avis lui donné aux frac- lions des Béni Guil compromises que l'aman ne leur seiait accordé qu'après le paiement d'une amende de 600 mou- lons (pie des députalions de loules les fractions devaient amener à Mélarka le 10 juin.

L'ne reconnaissance, partie de Berguenl le 3 juin, devait à cet effet se renconlier à Mélarka avec le groupement de Berguenl el les goiuns des llamyan de retour de Bou Dcnib.

Le programme primitif de celle dernière colonne com- portait la reconnaissance d'Anoual ; mais, en raison de l'effervescence de cette région et de l'effectif relativement faible de son groupe, le commandant Pein dut se borner à pousser de Tioudadin une pointe rapide sur Anoual et à se replier vers l'Kst sans avoir séjouiné à Anoual'.

La situation des Ait Bou Chaouen, (jui avaient fait le vide, restait ainsi inchangée, mais l'effet moral produit sur les Béni Guil par la jonction de Mélarka et par l'importance des goums llamyan, leurs ennemis irréductibles, amenés au cœur du pays, permit de solutionner de façon heureuse et très énergique les conditions imposées aux Béni Guil.

Les engagements pris à cette époque par toutes les dépu- talions, l'occupation de Métarka qui se prolongea pendant deux mois, la construction en ce point d'une redoute som- maire, assurèrent pendant tout l'été la tranquillité absolue de celle légion et les Béni Guil et les tribus voisines à qui ils donnaient le mot d'ordre, restèrent neutres lors de la for- mation de la deuxième harka venue à l'attaque de notre ])oste de Bou Denib.

En même temps, l'installalion à El Aouïnet d'un poste provisoire eut les plus heineux effets sur les tribus indé- pendantes de l'Ouest.

Le mouvement halidiste qui se piopagea bientôt à l'insti- gation des agents du Maghzen d'Oudjda vint malheureuse- ment détruire ces premiers résultats ; l'installation à lîer- guent d'un marché mixte el d'agents des douanes chéri- fiennes devait cependant rassurer les tribus de l'Ouest sur nos intentions de conquête.

Dès lors, les Béni Guil, sans se départir cependant d'une

I Une première reconnaissance avait été faite au commencement de mai if|oS sur Anoual par le lieutenant, Noël, avec un goum composé d'Hamyan et de mokhazenis de Beni-Ounif, au cours des colonnes sur Bou Denib.

DOCl MEM'S l'Ol U SKKNIU \ I "il IS lOI UK DKS IIV.NH AN •"> I

iiHilii(|( l'di I (ttircclc, liiis>ri l'iil ciilriHlif (|U ils (iL'siriiiciil j^aidfi leur plfiiic iiult'pciKliiiKi' cl, [)()iii ailiriiicr ci-s sciili- inciils. [tciil-èlrt- aussi pour sr soustraire aux droils d<' iiiai- clirs t'Iahlis à hci'^iniil , il> (Icssiiièrciil vers \v Sud un iiioii- M'UH'iil d Cxodc <|ii "aiiciiiir aiilic raison ne jusliliail.

(■/(■si ()()ur ôludici leur l'Iat d r-|»iil cl leurs dis[>()Sili<»tis (|u"iiiic r((oiiiiais>aiiec de ea\alei ie partit de Hei'guenI dans rintenlioii de \isiter les (aniix'nients des B<'ni (Juil el ceux de leurs Noisins iniiuéiliids les Oulad Sidi Moliannued Ik-ii \liined et. les Oulad Sidi Ali lioii (Ihenafa.

\a :>.') ncjveiubre, le e(»mnuuidanl l>inau\, (ioniniandant Supérieiu' du eercle de Méchéria, (|uittail Heigiienl aNcc 80 spaliis et •>.() inokliazenis dans le ImiI de faire chez les lîeni (luil, les Oulad Sidi Ali Hou (.Ihcnafa et les Oulad Sidi Moliaïunied bon Aluned une lournée politique. Apiès avoir poussé jus(ju'en vue de Oebdou, la reconnaissance des- cendit vers AïKJual. Partout laccueil des tribus avait été l'aNorable.

La réception faite par les ksouriens d'Anoual fut égale- ment empressée.

Le •> décembre, au rciour, au jiassage de l'Oued Tizeri- bine, à environ 10 kilomètres d'Anoual, la rec<jnnaissance fut assaillie par un fort rassemblement de Heraber. Malgré la fusillade intense, les cavaliers purent se dégager et s'en- fuir. Xos pertes dans celte affaire furent de 6 spahis indi- gènes tués, dont le maréchal des logis Ben Daoud, lils du colonel Mohammed Ben Daoud, l'ancien chef de l'annexe (ILI-Aricha.

Sans doute les Béni Guil (iheraba avaient prévenu les Ait Bou Chaouen de l'objectif de la reconnaissance ; peut- être mèm(^ quelques isolés avaient-ils pris part à l'affaire de l'Oued Tizeribine, mais toute idée de complicité effective ou tacite de la masse était à écarter : les Béni Guil cherchè- rent jusqu'au dernier moment à dissuader la reconnais- sance de pénétrer sur le territoire des Ait Bou Chaouen ; les guides (pi ils eurent à fournir lirent preiive d'une loyauté absolue.

En résumé, en lin i()o8, sur les confins ouest du cimcIc de Méchéria, les llamyan se mélangeaient souvent aux Béni Guil, la situation restait incertaine ; la reconnaissance de Moulay Halid y t'Iait considérée comme un échec pour notre ])olitique et l'evécution des accords de içjo-.^ semblait devoir y rencontrer i\('^ dilliciiltés. même si Moulay Halid faisait im jour appel à notre iiiler\ cnlion.

52 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'rISTOIRE DES IIAMYAN

*

La riiorl de Bon Amania, suivie, peu de temps après, de celle du Rogui, coinuieucèreut à ramener le calme dans l'Ouest.

La progression de nos IrcMipes dans le Maroc Oriental, l'occupation de Taourirt, puis celle de Debdou, en même lem})s (]ue l'organisation des Béni Snassen et du territoire de Bou Denib, modiiièrenl siMisiblement les sentiments de nos adversaires.

En même temps rpie la zone de paix s'élargissait, une nouvelle organisation des confins algéro-marocains détour- nait du cercle de Méchéria l'aclion politique qui avait été menée jus([u'alors et le calme le plus complet ne tarda pas à régnei' dans la i'égi(»n du cliotl (ïliaibi <]ui avait été si troublée.

CHAPlTUi: VIII

CHRONIQUE DKS FAITS Ql I SE DÉROULÈRENT DANS LA RfiOION NORD Dl MAROC ORIENTAL DE 18U5 à l'.m ET QUI ( ONTRIBUKRENT A TROUBLER LA PAIX SI R LE FRONT 01 EST DU CERCLE DE MÉCHÉRIA.

Pour permettre au lecteur de mieux saisir ce que furent, sur la frontière ouest du cercle de Méchéria, ces années de désordre et de troubles dont nous avons essayé de faire une esquisse, nous avons rasseud)lé, année par année, depuis iSgf) jusqu'à la moit de Bou Amama et du Prétendant, les principaux faits qui marquèrent, dans la région nord du Maroc Oriental, la période d'anarchie à laquelle l'occupa- tion, par nos troupes, de toute la région mit fin.

Ce résumé chronologique facilitera la liaison des évé- nements qui se déroulèrent dans le « bled siba n avec ceux

DOCI MKMS l'dl H SKIUII! \ (,ll I> loi UK l)p;s ll\>n AN 53

iiii\(|iicls fuiciil nirl('s II'.- lliiiiiNiiii iiciidiiiil lii j)(''ri()iic roi- rcspoïKliiiitc.

Isl)'». -- I..1 ^iliiiilidii piilil ii|ii<' ne cessa pas d'être hniiiie (iii ('('(lé algérien |ieiMlaiil I année iNjj.'». l ii siMil l'ail (|iii aurait pu troubler les relations des indij^rèiies du cercle de Mécliéiia avec les pojjulations dr^i Heiii (iuil, se produisit au mois de juin ; mais il était imputable aux Haniyan qui, à cette épo(jue. séjournaient dans lannexe d'Kl-Aricha cl ([ui en profitèrent pour l'accomplir. Ln parti de :>.' cava- liers d(>s liekakra. Béni Mcthaicf, Oïdad .Mansonrah, Mejîhaoïdia et Sendan lazzièrenl une caravane des Béni (iuil, à rOued lîerrioug, près d'EI Mengoub icholl Gliaibi). Les liamvan eurent un bonune et deu\ chevaux tués ; ils massacièrent trois indigènes des lieni (Juil, enlevèrent \\ chameaux, -j. chevaux et 6 juments et emmenèrent leurs prises dans leurs douais (pii, pai- crainte de représailles de la part des Béni Guil, relluèrent au Nord d'El-Aricha. Les Béni (iuil, sachant bien (|ue les auteurs de ces coups de main appartenaient aux llamyan, et (fue ceux-ci n'occu- paient pas leurs emplacements habituels de campement, ne firent aucune tentative contre eux, ce qui évitaàrannexe d'El-Aricha des incursions que l'on avait, un instant, redoutées.

Au Maroc, la situation l'ut troublée pendant les premiers mois de l'année, d'abord dans la ville même d'Oudjda, dont les habitants n'étant soumis à aucune autorité, depuis le départ de l'amel Si Abdesselam Ben Bou Cheta, cherchè- rent à se venger siu- les tribus nomades des environs du dédain que ces tribus leur témoignaient. La ville resta fer- mée pendant près d'un mois aux nomades dont quelques- uns eurent à se repentir des tentatives qu'ils firent pour y entrer. L'arrivée du nouvel amel, Si Driss Ben Yaïch, au mois de février, rétablit l'ordre ; la ville s'ouvrit de nou- veau, et les transactions de son marché reprirent leur cours.

La tribu des Béni Bou Zeggou avait été, en 189/1, le théâtre de désordi'es importants : la fraction des lladdun s'était mise en rébellion ouverte contre son ca'ïd, Hanio- nada, qu'elle avait réduit à se cantonner dans sa maison ; le fils de ce ca'id obtint, au mois de février 189."), du sultan >roulay Abd-el-Aziz, l'envoi d'une colonne pour mettre les rebelles à la raison. Cette troupe, commandée par Moulay Arafa, oncle du Sultan, se rendit à El A'ïoun Sidi Mellouk :

04 UOCUxMEiNTS POUR SERVIR A L HISTOIRE DES HAMYAN

elle ne lit aucune opéiatioii. Sa présence, toutefois, empê- cha le retour des actes de rébellion qui s'étaient produits, précédemment, chez les Béni Bou Zeggou, mais ne ramena pas dans le devoir les ennemis du caïd Hamonada. Les Béni lîou Zeggou restèrent divisés en deux partis dont l'inimitié se manifesta par des conllits fréquents, mais sans grande importance.

Au mois de mars, la fraction des Achache, de la tribu des Mehaïa, dejjuis longtemps opposée au caïd de cette tribu, El Uadj Saheli ould Bou Bekeur, se sépara de ce der- nier, entraînant dans son parti les Béni Mathar, qui, jus- qu'alors, avaient subi l'iniluence de ce caïd. Les Achache allèrent chercher appui auprès des Angad, ennemis des Mehaïa. Le g mai, un engagement eut lieu entre les deux partis (Angad et Achache, réunis contre les Mehaïa) à Aïn- Sefia, sur le territoire des Bessara ; les Angad perdirent 12 hommes et 5 chevaux tués ; les Mehaïa, i4 hommes et 16 chevaux tués. Au nombre des morts, parmi les Angad, se trouvait le nommé Ben Dali ould Bou Terfa, guerrier (pi'on disait d'une très grande valeur et frère d'Abdelkader ould Bou Terfa, caïd des Mezaouir, ainsi que trois autres parents de ce même caïd. A la suite de ce combat, lesMehaïa (jui n'y avaient pas eu l'avantage, conclurent des alliances avec les lie ni Bou Zeggou et les Béni Khaled ; cet accroisse- ment de la force des Mehaïa détermina les Angad à con- clure la paix à laquelle d'ailleurs les conviaient les mara- bouts des Jieni Bou llamdoun. Le 5 juin, les Angad et les Mehaïa se réconcilièrent ; mais les Achache, tout en renon- çant à rester en lutte avec leur caïd, ne consentirent pas à rentrer sous son autorité. Cette situation était encore la même à la fin de l'année, bien que les Achache aient réoc- cupé leur pays, (|u'ils avaient auparavant abandonné pour se joindre aux Angad.

Ces événements avaient, comme toujours, déterminé la venue, sur notre territoire de nombreux douars des Mehaïa, que les cavaliers partis en liarka contre les Angad avaient envoyé se mettre sur le tenitoire de l'annexe d'El-Aricha, à l'abri de toute agression de la part des Angad. La pré- sence de ces douais et de leurs troupeaux, en deçà de la frontièie, était une gêne pour nos populations. A phi- sicius injonclions à eux faites par le caïd de la tribu des Oïdad En Nébar Cheraba et par les agents du Bureau arabe, (ra\()ir à (juitler le teiriloire algérien. I(\s Marocains avaient répondu par des refus. Lne démonstration armée fut effec-

tuée (•(Hilrc ciiv, ;'i lii siiilc de liiiiloi is;ilioii (Ioiiik'c p;ii- r Aulorilr sii[)('Mi('iii(', les •> cl 'S juin, avec les j,'^i)ums (1(! r;uni('\r cl le (Icliiclicmciil de s[)aliis d'I^H-Ariclui. f.os (louai s iiiaioeaiiis ne lésislèrenl [)as devant la ccMtitude cpii leiii l'iil donnée, (|ue, s'ils ne cédaienl pas à celle dériiori.s- Iration, la forée serai! employée pour les y conlraindre. Ils repassèrcnl la Irontière le S juin.

Depuis celle opocpie justpi'à la lin de l'année, la situa- lion politique de l'ainalal d'Oudjda ne fut pas troublée, l ne rnesurc éner<2i(pie, piiso au mois d'août par l'amel, contribua à niainlenii' cet étal de calme. î.o 12 aoù|,Si Driss Ben Yaïcii s'eni|)aia de la personne du caïd des Mé/.aoun (An^ad), Abdelkadei- Uou Terl'a. (piil retint |iiisonnici' à Oudjda, dejniis celte épofjuc ; il attribua, avec quehpie ^ I aiseml)lance, à l'esprit de désordre d(> ce caïd les coiillils périodi(pies survenus depuis plusieurs années entre les \noad et les Mehaïa. Quel (pi'ait été, d'ailleurs, le bien- fondé de ce jugement, l'action qui en fut la conséquence eut pour effet d'amener à réflexion les chefs marocains voisins d'Oudjda qui, par crainte d'un sort semblable à celui d'Abdelkader Bon Terfa, se montrèrent, poin* le monu'ut, peu disposés à rencniveler les désordres anté- lieuis. 1/amalat d'Oudjda jouit, à la suite de cet acte d'au- lorité, du moins dans la partie qui avoisine immédiatement le chef-lieu de ce Gouvernement, d'un calme relatif.

ISîMk T-cs tribus des Béni Guil continuaient, dans les premiers mois de l'année, à exercer des actes de brigandage contre les liibus des Ilamyan et ajournaient l'exécution d'uiu' convention passée avec ces derniers, en 189^, à Kas- dir l'chott Gharbi).

Pour mettre fin à celte situation, le Gouverneur Général de l'Algérie décida que si, dans un délai qui expirerait le i."i mai, l(s BcTii Guil n'avaient pas exécuté leur convention iwcc les ITaniyan et cessé leurs déprédations, notre terri- toire et nos marchés leur seraient interdits. Cette mesure fut rigoureusement applirpiée et ses résultats ne se firent pas attendre.

En effet, le ?.6 juillet et jours suivants, conformément aux instructions de Monsieui" le Général commandant la Division, une entrevue avait lieu entre le Commandant Supérieur de Méchéria accompagné des principaux nota- bles des TTamyan et l'amel d'Oudjda, accompagné des notables des Béni Guil, en vue de l'exécution des clauses

56 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'uISTOIRE DES HAMYAN

de la convention sus-visée et du règlement des revendica- tions postérieures à cette convention, intéressant exclusi- vement les Hamyan.

Cette entrevue eut un plein succès, grâce à l'habileté, à la courtoisie et à l'esprit de conciliation des représentants des deux Gouvernements. Les différends ayant été réglés, la levée de l'interdiction aux Béni (iuil de notre territoire et de nos marchés fut prononcée par Monsieur le Gouverneur Général à la date du 7 septembre.

Il ne s'est pas produit au cours de l'année 1896 de trou- bles, parmi les tribus marocaines, sur la frontière. Le caïd El Hadj Salieli, des Mehaïa, qui semblait tout puissant dans sa tribu, a perdu à un moment donné la confiance de la majorité de ses administrés. Craignant qu'il ne soit pris contre lui des mesures violentes il a brusquement aban- donné sa tente et s'est réfugié dans la ville d'Oudjda ; mais il est reparti clandestinement de cette ville, après quehjues jours, pour regagner sa tribu le calme avait semblé renaître.

1897. Dans l'amalat d'Oudjda, des troubles assez gra- ves se produisirent, provoqués par l'attitude énergique de l'amel vis-à-vis des tribus vivant depuis longtemps dans l'anarchie.

Le caïd des Mehaïa, El Hadj SaheliBouBekeur, fut amené à prendre la tête du mouvement contre l'amel, à la suite de la lecture dans sa tribu, par ordre de ce dernier fonc- tionnaire, d'instructions venues du Sultan et le destituant de ses fonctions.

La tribu des Mehaïa se partagea en deux partis à peu près d'égale force, l'un qui resta fidèle à El Hadj Saheli, l'autre qui prit le parti de l'amel et qui avait à sa tête El Hadj Miloud ould Bou Bekeur, frère et rival de Saheli.

A la même époque, et pour des causes diverse*, toutes les tribus de l'amalat s'étaient rangées soit du côte de l'amel, soit du côté des dissidents.

Au mois de mars, une première rencontre eut lieu. D'un côté se trouvaient les soldats de l'amel et les Mehaïa d'El Hadj Miloud. De l'autre se trouvaient :

Les Béni Attigue (fraction des Béni Snassen) ;

LTne partie des Béni Mengouch (fraction des Béni Snassen) ;

Une partie des Sedjaa ;

T^es Mezaouir (fraction des Angad).

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN 57

'-"' P<"»i <'•• li'incl srnil.l;, i.voir ofr xichuiciix

] n s,r„ncl CMnl.i.l ,.,,1 li,,, ;.,. mois d.vril ; i:i I(,.li

M.v.ao,M,rl l.-s M..|,.u ,||,| Ihulj S.l.Hi ,,,u n.pouss.V,.,,! leurs ii^Tcssctirs.

A (Nulir clr (Tlh. ,-.,.,K|u,, I..S ,.no,(s drs dissidonis se con- '•;'"'7!"';' '-""" ''• " 'l.u do. Zekk.n., .vslé.. fidèlo ■. l'aincl H .so .... dans srs n.onl.^nuvs. |... .o avril.. ..s derniers fu.vnt --.'U.lel.M.M.nl hadus. Ms offrirent n.ême, pour obtenir la l»^MX. ..ooo francs et ro eh-vaux à l.urs adversaires ; niais «-.'ux-c. refusèrent. F.es Zekkara furent à nouvran battus .t

'.•nneM. d Kl-Ar.cha, sous la protection du c.oun. uni < ypms quelque temps, avait été réuni à la fr.u.tière afiri d en prévenu- toute violation et de protéc^or nos tribus le eas échéant. A^.;c les Zekkara se trouvaient quelques fra ! t.<ms des Hen, lala, Boni Hou Ze^c^ou et Reni Snas.cn

>' lan.el, ni El Iladj Miloud n'avaient tenté d,. l',,,. fi<^iler secours lorsqu'ils avaient été attaqués

Le o mai, les Zekkara ayant refusé de se soumettre aux

œndd.ons qu, leur étaient posées pour séjourner sur notre

;rr.ton-e. repassèrent la frontière et, le même jour opé-

;"-"t "ne razz.a sur les Béni Hamiil. qui n'avaient ju Jue

la pris aucune part à la lutte. •' '

A partir de cette époque, le caïd Ran.dan, avec les Zek- kara et les cpielques fractions qui lui étaient alliées campa ans la région de Missiouïn, dans le voisinage immédiat le

\2? \ '"*^"' '^'''''^''' J^"'- ^ ""^ ^««H"^ au parti

adverse et n osa.t pas, étant donné ses faibles fo-ces quitte le campement qu'il avait c-hoisi et dans lequel il se senta

é ^ait r'r" 'T '""'"^- ^' H^^A^iioud, d":

cote seta.t également rapproché de notre frontière sem- blant éprouver les mêmes craintes que les Zekkara ma < . <.sant s unu> A eux. Il campai, au Sud-Ouest de Sidi \" dans la plame de Tiouli et du côté de Mechra cl Har^laï;;" Mais, le i4 mai, les Béni Yala et les Béni Snassen alliés

^^J^ejendemain .5, les Béni Bon Zeggou le quittaient à

.^o^iJ^^nr^'"'^"'^'"'''*^'^^ nans les journées du ,3 e, du li. le caïd Ramdan avait

58 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

vainement tenté de décider El lladj Miloud de s'nnir à hii, pour prendre l'offensive.

Aussi, se sentant trahi par les siens, et voyant qu'il ne devait espérer aucun secours de personne, le caïd Ramdan vinl le 16 mai, dans l'après-midi, déposer ses armes à El Bouilli, à environ 20 kilomètres au Nord de Magoura et à (S kilomètres à l'Est de Sidi Aïssa, en suppliant (pi'on lui accordât sur la terre française une hospitalité qu'il avait honteusement violée (jnelques jours auparavant. Tl déclara se soumettre à toutes les conditions qu'on pourrait exiger de lui ; mais il ne devait rester que peu de temps sur notre territoire, on l'avait fait camper aux environs de Taër- ziza. En effet, le i^"" août, il était autorisé à repasser auMaroc avec toutes ses tentes.

A partir de l'entrée des Zekkara sur notre territoire, El ITadj Miloud fit tous ses efforts pour se rapprocher, du moins en apparence, de son frère El Hadj Saheli, et se fit l'intermédiaire entre celui-ci et les diverses fractions qui avaient fait cause commune avec les Zekkara. Peu à peu les grandes agglomérations de tentes se dispersèrent et la tran- quillité revint. Toutefois El Hadj Saheli razzia, chaque fois ([u'il le put, les fractions qui avaient refusé de s'unir à lui.

Ee bruit courut pendant ce tem|)s (fu'une colonne était dirigée par le Sultan sur Oiidjda pouj- châtier ceux qui s'étaient révoltés ; mais il n'en était rien. Cependant, au commencement du mois d'août, le chérif Abdesselam El Merani, envoyé par le Sultan, arrivait à Oudjda avec cent cavaliers du Makhzen. Ees divers partis marocains envoyè- rent alors à Oudjda des représentants qui furent unanimes à déclarer au chérif qu'ils ne voulaient plus de l'amel Si Driss Ben Yaïch. Ee chérif promit de leur donnei' satisfaction.

Des renseignements, venus d'Oudjda le t.'î aoiit, firent connaître que les Mehaïa, les Angad, les Sedjaa, les Béni Snassen, les Béni Yala, les Béni Bon Zeggon et les Zekkara s'étaient réconciliés entre eux sous l'influence du chérif et que chaque tribu s'était engagée à rentrer sur son terri- toire. Ee chérif avait en outre déclaré aux Mehaïa qu'ils continueraient, comme par le passé, à obéir aux ordres d El Hadj Saheli.

Ee parti d'El ?Tadj Miloud essaya bien de résister à cet ordre et tenta d'instituer, pour assurer le service de police et de sécurité dans 1îi tribu, une assemblée de notables : mais finalement, an mois de décembre, les Mehaïa se réuni-

1.

DOCLMEMS l'OlU SKIU lU A l/lIISTOIlŒ DES HAMYAN Tjî)

K'iil Ions j>()iir plier \:\ ll;iilj Salicli de rcîpreiidre le coni- iiiiiiKli-mciil (le sii liiliii. loiis les cliels d<; fiacliori el l«'.s |»iiiici|)iiii\ iiolahlcs lui |)i(Mri('iil sciincnt de lidélilé.

I,(' •> I iK »\ ciiiiiic I ^1)7 , I il II ici (I ( )iidj(lii (|iii!l;iil. son coni- inandcMK'iil el allait s CinhaKiiicr à .N(uaoui.s, pour sf icu- ili'f à Taiij^cr. Il l'ut iciiiplaeé j)ar Si Ji(tu Hi'kcur ould \A llabbas, (jui airi\a au siège de s(.)ii (•oiiiiiiaïKlcmciij dans le couiaut du mois d<' tléceiiibi'e.

lfSl)8. ^ Il lit' se pioduisil dans l'amaJat d'Oudjda aucun fait <>ra\'i' ; la lian(piillité ue ees^a de régnei' dans le voisi- nage de notre frontière ; les troubles «pii, Tannée précé- dente, avaient mis l'Autorité Française dans la nécessité de faire ôiganiser un service de surveillance, ne se reprodui- sirent pas. Le caïd El lladj Saheli oulil Bon Bekeur, de la tribu des Mehaïa, cpii avait été l'un des principaux auteurs des troubles, reprit le commandement de sa tribu dans laquelle aucune opposition ne lui fut faite ouvertement Le nou\('l amel d'Oudjda,, Si Bon Bekeur ould El llabbas, installé depuis le mois de décembre 1897, '^^^ faire régner partout une tranquillité relative.

Le bruit se répandit chez les indigènes algériens et dans l'amalat d'Oudjda, vers le mois de juillet 1898, que le (Jou- vernement chérifien avait concédé à l'Allemagne le {josIc de Saïdia, à l'Ouest d'Adjeroud, et le droit d'occupation sur tout le territoire compris entre notre frontière ouesl cl la Moulouya. Ce bruit fut démenti ofliciellement dons nos tribus j)ar les soins du (louvernement français.

1899. L'année précédente, vers le miois de novembre, les Mehaïa et leurs alliés, les Béni Mathar, étaient tombés sur les Sedjaa et leur avaient enlevé un grand nondjre de troupeaux de moutons.

Les Sedjaa usant de représailles s'emparèrent de 200 à 800 chameaux ajjpartenant aux Mehaïa. A la suite de cette affaire, les Sedjaa voulurent conclure avec les Mehaïa un arrangement basé sur la restitution réciproque des prises. Un miad, composé de notables de leur tribu, vint à cet (>ITet trouver les Mehaïa (pii ne voulurent entendre parler de rien.

La guerre était dès lors déclarée entre ces deux fractions, l-llle aboutit à la défaite des Mehaïa qui, au mois de mai, durent entrer sur le territoire algéiien, après avoir subi un échec sérieux à Aïn-Sfa (3o kilomètres environ à l'Ouest

tiO UOCUMEiNTS POUR SERVIR A l'iiISTOIRE DES HAMYAN

d'Oudjtlaj. Cet échec leui' fut iiilligé par les Sedjaa et leurs alliés, les Haouara et les Oulad El Hadj. Ces Mehaïa devaient être dirigés sur Mécliéria el Gérj ville ; mais, arrivés près de Mahdjoub {!^o kilomètres .\ord-Ouest-Ouest d"El-ArichaJ ils refusèrent de rejoindre les campements qui leur étaient assigïiés. Ils furent alors refoulés au Maroc, après avoir payé une indemnité pour leur séjour sur notre territoire. Mais la vengeance des Sedjaa n'était pas assouvie. A la fin du mois d'octobre de celte même année, ils tombèrent de nouveau sur les Mehaïa établis près de Missiouïn, lem* tuèrent leur chef, El lladj Saheli oïdd Bou Bekeur, avec quelques cavaliers et eidevèrent de nombreux troupeaux de moutons. A la lin du mois de novembre, ils tombèrent, près de Ras-el-Aïn iBerguent), sur les Béni Mathar, mais ceux-ci se tenaient sur leurs gardes et purent repousser cette agression. 11 y eut quelques tués de part et d'autre ; en outre deux troupeaux de moutons furent enlevés aux Béni Mathar.

1900. Les Béni Guil tombèrent le a avril 1900, sur les Haouara et leur enlevèrent des tentes, une grande quantité de chameaux et de moutons ; ils leur tuèrent en outre vingt cavaliers.

Le i*"^ mai, les Mehaïa et les Béni Mathar razzièrent a Thoual (Ouest de Sidi-Moussa) le douar Hamidan, des Sed- jaa, auxquels ils prirent 2o5 chameaux, 6.000 moutons, des tapis, des tentes et massacrèrent un nombre considé- rable d'hommes et d "enfants.

Les agresseurs eurent -i hommes blessés et 4 chevaux tués.

A la suite de cette razzia, une amende de 4.000 douros fut inlligée aux Mehaïa par le chérif Si Abdesselam El Merani, commandant la coU^nne mai^ocaine qui se trouvait à Oudjda, venant d'El Aïoun Sidi Mellouk.

A la hn du mois d'août, Si Allai ould Sidi Cheikh Ben Taïeb et le chérif Si Abdesselam El Merani se réunirent et opérèrent une réconciliation entre les Mehaïa et les Sedjaa.

Le chef de l'annexe d'El-Aricha eut, le 18 novembre, à Saheb El Korrichat (Sud du Djebel Sidi El Aabed) une entrevue avec Si Allai, ainsi qu'avec le caïd et les notables des Mehaïa.

Cette entrevue, demandée par les Marocains, avait pour objet le règlement de quelques questions de pâturages. Les résultats furent très satisfaisants.

(A suivre.)

LES FABRIQUES DE LAMPES

DANS L'ANCIENNE AFRIQUE

I. ÏA'urs ( ar.U'trrcs

^ Parmi les objets de pelilcs diiiiciisions (|iie nous a légués l'antiquilé, il ne s"en trouve peiit-ètie pas ele plus iioni- breu\ (pie les lampes en terre enite. On pourrait être tenté de croire que cette abondance est due à la seule fréquence de Icnr emploi dans la vie domestique. 11 n'en est rien, elle l'est, avant tout, soit aux croyances piiilosophicpies et' reli- gieuses des anciens, soit aux traditions cpii en déeoulèicni cl qui leur survécurent.

On sait en effet que c'est dans les nécropoles antitpies (ju'on en rencontre le plus. La croyance à une autre vie, l'idée (pi'on se faisait des conditions dans les(pielles celle- ci se passait obligeaient en quehpie sorte à en déposer dans chaque sépulture. Bien plus, parmi tous les autres objets de mobilier funéraire, ce petit vaisseau paraît avoir été le plus important, le plus significatif, puisque quand tons les autres disparaissent, c'est lui seul qu'on trouve à côté des restes périssables : squelette ou cendres.

Je n'ai pas à insister ici sur les explications différentes, ou tout au moins multiples et sans doute justes la plu- part, suivant le point de vue on les envisage qui ont été données de la coutume de placer un mobilier dans les tondues. Mais il est intéressant de s'arrêter ici à l'une d'entre elles, très simple, au delà de laquelle n'allait pas la plupart des Africains, et qui voulait que le défunt fni à même, dans sa dernière demeure, de suivre rexisicnce qu'il menait de son vivant.

On a cité des cas cette explication s'impo.se ; il n'en est peut-être pas de plus suggestif que celui d'un cav(>au africain, que j'ai découvert à Gurza '.

I V. D' L. Carton. Bull. Soc. Archéol. de Som.e, ir,oo. Les Nécropoles de Ourza, p. ag.

62 LES FABRIQUES DE LAMPES DANS l'aNCIEINNE AFRIQUE

Quand j'y pénéliai, après avoir écarté la dalle qui en fer- mait l'entrée, je nie liouvai en présence d'un véritable baiHiuet funèbie. Les personnages, ou plutôt leurs restes et tout l'appareil du repas étaient disposés comme ils devaient l'être certainement dans les réelles habitations des vivants 1

Des bancs taillés dans le tuf formaient un Inciiniam, et sur eux les corps parés de leurs bijoux étaient couchés, ayant auprès d'eux la coupe des festins, des assiettes en terre samienne et une lampe. D'autres lampes, d'un char- mant dessin, avaient été placées, allumées, dans une niche creusée derrière chaque convive aux dépens de la paroi. Dn réchaud du type brasero, tout à fait semblable aux modernes « canouns » des Arabes, avait été allumé auprès de la porte. Jl portait un grand plat en terre. Au centre de la pièce, sur une table de bois qui a disparu ' se trouvait toute une vaisselle de grands bols et de grands plats en terre ou en métal, qui ont été retrouvés à terre. Deux grandes amphores qui avaient contenu le vin et l'eau gisaient à c(Mé d'eux. On sait quel grand usage les anciens faisaient des parfums au cours des repas. (.)n en fut parti- culièreiuent prodigue ici, puisque plus de 3oo iinguen- taria en verre parsemaient le sol et les bancs.

C'était donc un véritable festin que l'on avait préparé, les corps étant probablement paies de lleurs comme ils étaient oints de parfums '.

Dans les tombes puniques ou punico-romaines sembla- bles à celle dont il vient d'être question, le mobilier était complexe et très abondant, et il se simplifia ensuite de plus en plus [)our disparaîtie avec le christianisme. La lampe est l'élément (pii persista le plus longtemps.

Elle fut [leiidant plusieurs siècles, avec l'urne cinéraire, le dernier vestige des anticjues croyances païennes à la vie future.

Après les tombes, c'est dans les sanctuaires que le petit luminaiie se rencontre le plus souvent. Il semble que les fidèles en apportaient chaque fois qu'ils accomplissaient les rites sacrés. Comment s'expliquer autrement que dans

I Dans beniiriiii|i i\o c:ivt';iir\ l'iuK'raires do niir/.a, il y n de petites menme iaillces dans le tuf.

a Cette pic-rc, par so7i exif.'i)ïlé, l'emijlni de petites tables jioiir placer les mets, et celui de bancs pour s'asseoir, avec le brasero auprès de la porte, rap- pelle du reste complètement la disposition des petites demeures arabes. Un habitant d'Akouda, la Gurza moderne, s'y serait trouvé chez luli.

LES FABRIQI ES DE I.AMl'ES DANS L ANCIENNE AFRIQl E

63

cerlaiiis cjis (rciilrc eux, conimc celui d'El Kenissiu, par oxcmplc, on en iiil IroiiN»' plusieurs milliers dans un espace (\v (piehpies mètres i' '

Un Uuuve encore les lampes en abondance dans deux autres catégories (ie gisements : les dépots d'immondices jetés au.v abords des villes et les alenlouis des fours dans lesquels on les fabriquait.

Ces petits objets ikhis sont parvenus en aussi giand nombre, non seulement à cause des usages dont il vient d'être question, mais aussi en raison du peu de valeur de leur matière, (jue l'on ne cherchait pas à refondre, connue le métal ou à retailler comme le marbic, (juand ils étaient brisés.

En outie, les fragments en avaient une assez grande solidité car la terre cuite résiste très bien, on le sait, aux alta(pies des agents qui altèrent si facilement le bronze ou le marbre.

Enlin, circonstance précieuse pour les études archéolo- giques, les lampes et leurs fragments, si nombreux et si durables, ont souvent une valeur documentaire, soit parce qu'ils permettent de dater les ensembles on les trouve, soit parce que les sujets qu'ils portent nous renseignent sur la vie des anciens, soit enfin parce (jue les estampilles «pi'ils portent peuvent nous faire connaître certaines voies ou certains centres commerciaux.

Leur collectionnement, leur classement, leur compa- raison, l'examen des sujets et des estampilles qu'ils portent sont donc d'un réel intérêt et on peut s'étonner qu'on n'en ait pas encore entrepris une étude générale. C'est que la chose offre de réelles difficultés. Ainsi, pour les lampes les plus répandues dans les musées, les romaines des pre- mière et deuxième périodes, une remarque s'impose d'abord. C'est que la plupart des estampilles qu'elles offrent ont été rencontrées non seulement en Afrique, mais aussi dans d'autres provinces de l'empire romain. A défaut d'autres renseignements, leur découverte ne permet pas, à elle seule, de situer lem- lieu de fabrication, ce qui fait qu'on ignore d'où la majeure partie des lampes à estam- pilles sont sorties, à part quelques présomptions pour deux ou trois marques.

I V. Carton. Acad. des [user. Mémoires préseihtés par divers snvants, t. xii, i" partie ; Le SanctiMire de Tanit à El henissia. p. ai) et Bull. ArchéoL du Comité, 1908, p. 4 10 et suiv.

64 LES FABRIQUES DE LAMPES DANS l'aNCIENNE AFRIQUE

Bien plus, il existe paifois d'assez fortes raisons pour croire que beaucoup des ateliers qui les ont produites étaient hors d'Africpie. (Test ainsi que les jolies lampes de la première période, (jui datent du i" siècle et d'un peu avant, apparaissent brusquement sans avoir été précédées d'un type sporaditjue, doù elles auraient dérivé. Comme on sait d'auti-e part que les importations de négociants italiens en Afrique étaient déjà cornantes dès la fin de la ré|)ubliquc ', on es! poilé à admettre que cette épocpie fut celle de l'importation des produits italiens et de l'éducation des artisans africains ; les lampes ayant quelque caractère devaient venir du dehors.

C'est à la période suivante, (juand le pays commence à produire lui-même, qu'il est difficile de savoir si les lampes viennent de l'un ou l'autre des deux pays.

Les indices qui peuvent renseigner à ce sujet sont de plu- sieurs ordres. Quand, dans une région la terre à potier abonde et oii de nos jours des fouis existent, on trouve des dépôts de lampes antiques considérables, comme celui d'El Kenissia, on doit penser (|ue celles-ci ont été faites sui' place ; on n'auiait du reste sûrement pas pris la peine d'y importer de loin des vases de (pialité inférieure. Ailleuis, comme à Ilenchir Srira, ce sont et la présence de moules et les caractèies mêmes du dépôt renfermant des ratés qui indi(pient que l'atelier ne saurait être éloigné.

Je vais tenter d'indif{uer, ci-dessous, les caractères que peuvent présenter ces petits luminaires quand ils sont d'origine africaine et les points dont certains d'entre eux paraissent pio venir. Une question se pose au préalable. Ne fabriquail-on (pie des lampes dans ces ateliers ? Le potier n'étendait-il pas son industrie à d'autres formes de vases P

11 est un fait à peu jjrès général, c'est que les noms gra- vés sur les lampes ne sont pas les mêmes que ceux qui sont sur les autres poteries, même quand les deux sont juxtapo- sées. La réciprocpie existe aussi ailleurs, par exemple pour les poleries gauloises et arrétines. Cette séparation tout au moins apparente des lieux de production des poteries poiiiint des marques répandues, ne s'applique du reste pas, on le verra, à ceux des ateliers africains que l'on connaît.

C'est ainsi que, pour le plus grand de ceux (pie l'on peut

I V. Merlin. Acad. des Inscr. Comptes rendus des séances, 1911, p. 889.

I

LES Fvmuoi i:s dk i.\mim:s dws t. ancienne ai'hiqi'E

65

(•(»iisi(l('ici comiiic aviiiil cxi-^tr cii \rri(|iic, celui do l'nl- Iciii, on il lr(»ii\t'' l'c'sl;im[)illc à lit l'ois sur <l<'s hiiiiprs cl (raulrcs Icircs ciiilcs, --- bien plus soUNcnlJl faut le recon- naîlic, dans la premier.' silualion. La même juxtaposition de lampes et île vases d'aulies formes a élé constatée dans les fours du C-éramique dv (larlhatj»', les premières y élanl celle fois moins nombreuses. ï>es ateliers (pii onl alimenli'- le sanclnairc d'V.\ Kenissia onl snremeni, en deliois de lampes à lidis becs, {)r(Hluil des brùle-|)arfums. (!<•> umjm'uUirUi cl de petites amphores. \ rflenchir Si-ira, SiinUfii, Thnbnrnic, il y avait le même mélanf^e de formes.

On s'evplicpic (pic la spécialisation n'ait pas été néces- saire dans ces pelites olficines et qu'elle ne dut l'être <\xir (piand les pioduits prenaient un véiitable caractère d'arl. 1! csl ( erlain aussi qn'ime fabricpie de lampes, même assez inipor lanl(\ ne devail pas occnper une place considérable. Des fours de petites dimensions, comme ceux du Djebel Oust, capables d'en contenir- une cinquantaine eussent pu facilement en produite div mille par an, le nombre (\('> ouNi'ieis (Miq)loyés à ce travail étant reslreinl.

(Vesl plnl('i| l'amas des pièces de rebul (pii en sif^nale- rail remplacement, si celles-ci n'a^'ai(M1t élésouNcnl portées à distar)ce, comme on le verra j)om' ITenchir Srira, ou vei- sées dans des lavins, des trous, les excavations d'ofi on avait retiré la terre à potier.

On a donc reconim, en Afrique, rexistence d'ateliers de lampes à plusieurs indices : soit pai' les amas de pièces de rcl)ut, sans qu(^ le four ail été découvert, soit par la pré- siMice de fours sans amas de ratés, soit plus rarement par la coexistence de ces deux conditions.

En ce qni concerne les estampilles, on peut en recher- cher l'oiiorine en étudiant leiu' répartition géographique cl Icm- densité lelative dans chaque province. On sait que les iiom< (|ui y sont o-ravés sont ceux ou des fabricants ou des chefs d'ateliers qui étaient le plus souvent des affran- chis — ou des néo^ociants «pii vendaient les lampes. T/ap- plication des récries de l'épio-raphie aux lampes trouvées en Afritpie monlrv^ que l»eaucoup, pi'o\enant du même pio- priétaire, portent les noms de ces affranchis '.

Pour piendre les exemples les plus connus, les auteurs du t. VviTT du Corpus Îf)sc7'. Infin., cc^nstatant que les mar-

- Cpiix-ci prenaient le nom du patron, leur ancien nom formant le surnom.

66 LES FABRIQUES DE LAMPES DANS l' ANCIENNE AFRIQUE

ques des Pulleni, des Aori, des ISundinarii sont plus répan- dues en Afrique que dans les autres provinces, admettent qu'elles en sont originaires. On connaît, d'autre part, les nombreuses relations (|u'eut cette contrée avec la Sardai- gne, qui en a même été, économiquement, une dépen- dance. La découverte de ces marques dans cette île ne peut donc que renforcer l'idée de leur origine africaine. Quand enfin l'épigraphie nous a appris que les familles qui por- taient ces noms avaient poussé de profondes racines dans le pays, qu'elles y possédaient de grands domaines et que certains de ses membres y occupaient de hautes fonctions, on s'est cru autorisé à admettre que quelques-uns d'entre eux devaient y avoir des fabriques de lampes.

Une telle méthode a pu donner de fortes présonqjlions au sujet de certains noms, elle ne me paraît avoir fourni aucune certitude. Elle n'a, notHmment, jamais pu per- mettre de savoir en quel point du pays se trouvaieut les ateliers. Du reste, la dissémination a s'en faire bien plus par les grandes voies qui sillonnaient le pays queparrayon- nement, ce qui rend difficile, géographiquement, de leur assigner un centre d'expansion.

Aussi, le dépouillement de Vïnsfnnncntuin dornesticum du t. viu du Corpus Ii}scr. lat'ni., ne m'a ])as donné à ce point de vue de résultats très significatifs. On remarque pourtant que les marques les plus répandues se retrouvent le long des voies les plus im])or1antes, ou dans les ports : à Carthage, BuUa l\egia, Tebessa, lladrumète tandis qu'elles sont plus rares dans les localités isolées les lampes à estampilles des grands ateliers sont souvent remplacées par des récipients de fabrication locale r. ,

A vrai dire, les lampes indigènes j)araissent aussi avoir été l'objet d'un commerce assez actif, puisque M. Haute- cœiu" croit en avoir retrouvé en Sicile et en d'autres points de l'empiic, mais il s'agit des produits d'une basse époque, à laquelle les grands ateliers avaient périclité.

Tl faut enfin tenii" compte ici des lampes, tout à fait pareilles à celles qui ont des estampilles, mais qui n'en.

I La Colonin Thuhiirnicn étnil iioiiiiniit Ir l<iii<j- d'iiiic grande voie, celle qui allait (le Carthage à Hii)[)ont'. Mais cotte petite cité était soumise à des iniluences locales toutes particulières, comme je l'ai exposé ailleurs. (V. Car- ton. Mém. de la Soc. Nal. des Ântiq. de France, ioi3, p. i/ii. Varl indiqène sur les lampes de la « Colonia Thuburnica ».) On voit combien la question est complexe.

LES FABRIQUES DE L\MPES DANS î/aNCIENNE AFRIQUE 67

oITiciit |»iis. \.c ridinhir en est coiisidriîihlc. Sur" i.oo/i lam- pes (lu (•;il;il(»^Mc (lu Mus(''(' AlîKiui, non (•()iu[)ris celles tl'llencliir Siii;i (junl on (•(nuiiiît l'oii^^ine, il y ;i seuleiuent /i/|0 cslinnpillf - : un nni^^t'c de Sfjiv ()ft sur .'"lio, dans la col- leclion de l'aj^cs ()i sur y.^)'\, dans les irMiSi'-es de Sousse ."><) sui' j-li, ce (|ui repiéseule, en ^mos, le (ieis. Le nius('e de Conshinline ne doinie. lui, (|ue niar(|ues sur ](>(^ lam- pes : je n()nd)i(' ties lampes ('(iiîununes sans sujets ou à sujets simplement ornementaux y est donc iclalix cment grand, (iomme on sail, d'iuilre j)art, (pie dans beaucou[) de musées on écarte les lampes sans estampilles et sans sujets, ce rpii ne paraît |)as avoir été fait ici, on |)eut admettre que celte collection donne une idée plus evacte de la pr(»p()r- tioii, (|ui seiail donc pluliM d'un di\i(''me (pie du tiers.

('omment s'e\pli(|uer ce l'ail ? Doil-on penser ipie les lampes sans cachet étaient souvent des imitations ou même des coïilicfac^ons (]r^ produits des friands ateliers ? Il n'y a pas, en effet, de raison pour (\uc ceux-ci n'aient pas mis leur iiuuque sur tous leurs produits. On sait, d'autre part, (pie la plu])îut des ateliers indioèucs ne le faisaient pas. J'ai même reneonlré })arfois âi'^^ maicpies (pii paiaissaient. être une grossière imitation des estampilles conrmes : de loin le cachet paraissait net ; de près, on n'y voyait que (piehpies hastes informes. On sait aussi que l'on vendait des moules, non de lampes, mais de sujets destinés à être placés sur le discpie âv^^ lamj)es '. J'en ai moi-même trouvé une dans laquelle la sui)erposition sur le disque est évi- dente '. Enfin, certains marchands d(^ lampes vendaient des moules destinés aux petits potiers de l'intérieur. A Cai- thage, en t()o8, le It. P. Delattre a rencontré'^ un dép(')t de lampes, de statuettes et do moules aussi remarf|uables par leur nombre que par la variété et la beauté de certains sujets. Ce dé[)ol na srncment pas été le magasiu d'une fabrique coniUK^ (ur la su])posé, car la facture et les estam- pilles n'en sont pas uniformes. S'il s'était agi d'un atelier, on y eut tout au moins trouvé sa mar(pie en grande majo- rité. Il s'agit donc d'ol)jets provenant d(> fabritpies diffé- rentes, et qui ont été mis en vente à la même époque. Les

I N'. 'l"nir\i>. /;i SiKjlio. Diclinn. des Antiq. Rom., Liicerua.

:> V. CAmoN. Mém. Soc. Nnl. Aiiliq. de France, 1900, p. 23o. Slalucltes en terre cuite de la Nécropole d'Hadrumète.

3 V. Delvttre. Acad. des Inscr. Comptes rendus des séances, 1908, p. 601. Cf. Ren.\ult. m* Cahier d'Archéol. Tun., p. ii3. IIautecceur. Musée Alaoui, Supplément, Lampes n°' S08, 816, 1.088, etc.

68

LES FABRIQUES DE LAMPES DANS L ANCIENNE AFRIQUE

moules qui se trouvaient parmi eux, dans le magasin d'un commerçant (]ui ne fabriquait pas, étaient par conséquent aussi destinés à la vente. On saisit que, grâce à eux, les petits artisans de l'intéiieur aient pu imiter plus ou moins heureusement les produits sinon tous beaux, du moins les })lus corrects des giands ateliers. D'autre part, s'il y avait de ces derniers en Africpie, ils ont pu s'en assimiler plus ou moins la technique.

II. Lampes Libyco-Berbères

Le type le plus ancien et le plus récent des luminaires africains ne pro\ient pas, h piopremenl parler, d'ateliers. 11 a du, autrefois, comme il l'est de nos jours, être façonné et cuit par les femmes des indigènes. C'est un récipient en fornu' de tasse ou de verre, avec ou sans pied, pincé ou non en un ou deux })oinls de ses bords ce qui rappelle les

j>'l.L-

Fig I

Fig. 2

diverses culégoiies de la lampe jjunicjue, qui doit en être un perfeclioniiement de manière à former un ou deux becs destinés à retenir la mèche. 11 était fabrifpié à la main, à l'aide d'une boule d'argile pétrie et cuite soit sous un feu de bois, soit dans les petits fours semblables à ceux les femmes arabes A)nl leur pain, ("ette forme a été trouvée dans des dolmens Hnlérieius à l'épofjue romaine et je Viù rencontrée nombre de fois dans les tombes modernes des santons musulmans.

T.KS FAHÎUOI ES DE LAMPES DANS i/aNCIENNE M lUOrr, 00

III. Ati'lijTs <lc rK|HM|ii<' Piiiii(|ii<'

I lie licmciisc (IrcoMVcrlc l'iiilc ;'i ( linlhii^fi', dans le (|iiar- litT (lu ( li'i ;iiiii(|iic il iiiniiliM' toute une série de grands fours à potier renrermani encore les objets tels (|u'ils avaient éti'- placés poin èlre cuils au moment de leur' abandon qui doit correspoiidr'e à la prise (ie ( "uutlia<i;e.

Le (piai'tier' du (lér'ami(pie était à [)i'o\imité du liavrc cjui, d après lue-^ l'cclierclies '. l'ut le picmiei- port de (iarlhao'e, et rroii loin de la néciopole, c"est-à-dii «■ à portée des vais- seaux (pii pouvaierrt en charger" les produits el des clients (pii \()ulaient en «^ar riic les sépultures.

Les fours ', en l)ii(jues eriies, formaient un foyei' ellip- ti(pie erd'oncé dans le sol et rceouver-f de voùlelettes d'arprile soutenues piu' un pilier cerdral. Au-dossrrs se trouvait le labor-atoire, large cheminée rylindriffue qu'une eonpole devait recouvrir et dans laquelle s'élevait une colonne tubidaiie divisée en deux étages. 1,'air' el la fumée du foyer passaient d'abord par des canaux dans le laboratoire garni de poteries grossières, puis, par des trous plus petits, dans la coloinie (pii renfiMinait les lampes et les statuettes.

ï.e foyer- donnait ()ar' une partie étroite sur* la chandjre (le chauffe, oTi Ton a trouvé les restes du bois préparé pour' le feu ainsi cpie des ratés. Au-dessus de ces pièces était l'ate- lier oi'i l'on avait préparé, sur des ray(^ns, les vases non cuits, en les isolant sur- des rondelles d'os et l'ou entas- sait sur- le sol les poteries cuites porn- les classer dairs les magasins. Ceux-ci étaient reliés par un couloir renferruant des moules, des pots de couleurs et des poteries rangées pai- milliers. Parmi celle«;-ci on remarquait de grands flam- beaux d'une forme particulière. Les lampes ressemblaient à celles de la nécropol(> de l'Odéon, ce qui permet d'admel- ti'c que les fours ont fonctionné jusqu'à la destruction de Carthag-e 3.

I V. C\ni<i\. Hrriir A rclirnlogiqur . n.iii, t. ii. I.e pnrl rnarrhntni et Ir mur ilr iiirr de Carihafic et Rcvae Tunhicmie, t()ii. DncumcniK pour xcnùr à Vétiidp deK parla et de Venceiiile de la Carlhage pinuqne. p. '(o'i. (Ii, Bihlin- Ihèque de l'Instiltil de CarlhiKie. C. Loionv. étliilour, Piiris.)

a V. HuiCKLKu. Seii'ice des AnliqiiUéa. Compte rendu de la marche du Ser- vice en I90t, p. 7 el Tierue Archéol., loo-», f. ii. Les fituillex en Tunisie, p. ;^7. nvec pinn ef roiipe.

■< A rOdéoii. les lampes élaient de ydiisieiirs formes : rhodiennes, puniques, Irifolées on à deux becs, (^iaiirkler ne dit pns «ommeiit sont celles i^n'il a décdiivertes an Ci-ramique.

70

LES FABRIQUES DE LAMPES DANS L ANCIENNE AFRIQUE

On a lencoiitrc assez souvent, à Carihage, des lampes grecques ou puni(jues poiiaul sui' le (lis([ue, à la base du bec, divers symboles tels que l'emblème triangulaire, le caducée, etc., qui paraissent avoir été fabriquées à Carthage ou dans les environs. Mais, d'une manière très générale, les lampes de l'époque punique ne portent aucune estam- pille foiniée du nom ou des initiales du potier.

J'ai découvert moi-même, aux portes de Tunis et à envi- ron i5 kilomètres de Carthage ' un vaste ensemble de fours à potiers, dont une dizaine étaient bien visibles. J'y ai trouvé un grand nombre de débris d'amphores, notam- ment des anses portant des estam]iilles formées le plus sou- vent de lettres. Mais je n'y ai pas rencontré de restes de lampes. Le gîte n'a du reste été exploié par moi qu'à la surface.

Une grande ville comme ITadrumète devait certainement avoir des ateliers de potiers, soit à son intérieur, soit dans ses envii'ons. 0?i ne connaît l'emplacement d'aucun d'eux, mais on a découvert dans les «Mivirons un gisennent considérable de lampes dont la situation et l'homogénéifé peuvent donner une idée des fabii(|ues de la région ^. C'est dans le sanctuaire punique d'El Kenis- sia, à Ksibet-Soussa. Dans un entasse- ment de six mille poteries, que les fidèles y avaient déposées, j'ai trouvé tiois mille lampes puniques 3 de for- mes diveises avec ou sans pied. Tous ces petits récipients, de formes diver- ses, sont en une pâte d'un jaune clair, assez cuite, sortant évidemment des mêmes ateliers. (Fig". 3 et PI. 1.) A Sousse, dans un sanctuaire punique, a été rencontré un dépôt analogue, lis sont mêlés à des poteries indigènes bien caractérisées, qui ne proviennent pas de grands al(>- liers, et à des lampes romaines.

Des poteries en aussi grande quantité et de qualité très commune n'ont évidemment pas être transportées de

Fit

p. i8o. Eslawpilles puniques

1 \. F)"" C\T\Toy. Revue Archéoh, 189^, 1. sur aiiscf! d'amphnies trouvées au Belvédère.

•î Dans la tranchée du chemin de fer, auprès de la maison Balzan, on voit, des traces de fours à potier, mais les débris qui en proviennent paraissent relativement modernes. Peut-être s'en trouve-t-il de plus, anciens dans le voisinage.

3 V. D"" Carton. Acad. des Inscr. Mém. publiés par div. savants. Le Sanc- tuaire de Tanil à El Krnissia, p. et Bull. Soc. Archéol. de Sousse, p. 78.

T.F5; FNRHiot ES DE !.\^fI'F,s nws lV\ny:ie\ne \riuoi F. 71

PI. 1. Lampks iHMQi i:s d'Kl Kkmssiv fpp.Ès Soisst) (PI. extraite du Bullciin de la Société Archéologique de Soiissc, 1007, p. 66)

72

LES FABRIQUES DE LAMPES DANS L ANCIENNE AFRIQUE

loin, (l'aiitarit plus (fii'il y a paitout dans le pays des bancs (Taiii-ilc |)lasti<|n('. Elles sériaient donc d'ateliers situés à lladiumèLe ou aux environs.

IV. Epoque Romaine

On sait que l'on divise en deux grandes classes les lam- pes païennes de l'époque romaine. Celles de la première période, antérieures ou postérieures au commencement de l'ère chrétienne, rondes, sans (pieue, en pâte fine, dure et légère offrent souvent des sujets artistiques, ne portant que très peu d'estampilles, réduites le plus souvent à une lettie ou à un signe. Elles forment donc à ce point de vue la tran- sition entre les lampes puniques et les suivantes dont c'est la caractéristique de présenter souvent un cachet.

Les lampes de la deuxième période, de pâte plus épaisse, sont caractérisées par la queue forée', l'abondance et. la variété de la décoration ; beaucoup d'entre elles peuvent être africaines. Mais comme on n'a pu jusqu'ici retrouver aucun des ateliers d'où elles sont sorties, il faut recourir à d'aiitres indices pour en déceler l'origine.

Ee i)remier moyen auquel on ail pensé pour se procurer ces renseignements est le classement et l'examen des estampilles. 11 ne paraît pas avoir donné tous les résultats auxquels (^n pouvait s'attendie, mais il ne semble pas qu'on ait fait ce travail avec toute la méthode et l'ampleur dési- rables. On a pu cependant arriver, dans quelques cas, à des conclusions d'un certain intérêt.

Ees estampilles ont été le plus souvent imprimées sur le fond extérieur à l'aide d'un cachet. Elles comprennent alors en général une seule ligne. Ailleurs, moins fréquem- ment, elles forment deux ou trois lignes tracées à la pointe ou sm" le côté.

Ces marques peuvent offiir l'initiale du praenomen, le (icnfillce et le cor/zKi/xrrf, écrits souvent en abrégé par leurs premièi'es lettres. Ailleuis, il n'y a (pi'un seul genfilicc ou bien un coçiiioincn. Ce qui est le plus intéressant, c'est que le même geiitiUce o^\ tantôt seul, au singulier ou au plu- riel, tantôt au singulier, accompagné et suivi d'un surnom. On a pensé, avec laison, semble-t-il ^, que les premiers

1 II y en a encore (inel(|iics-nncs de In même époqne qni n'ont pas de queue, mais c'est l'except.ion.

2 V. Merlin ef PnmssiiT. /.('.<; insriijilions rVlJchi Majus, p. 88.

LES 1 AHUIOl ES l)i: l.\MI>l> l)\\S I.' \ \( .lENNE MRIOl E 7:5

roprésciilcnl [)ciil rire le roiidiitciii de la lirnic, J(;s seconds une assorialioii de ses lils, le lioisièuie, divers alelieis ai>|)ai leiiaiU aux lils, ou dirigés pai- des affranchis dont le nom a élé ajouté à la inai<iue.

(lerlains gToup<'s de lampes (pii paraissent appartenir à {{{"i péiiodes assez, longues, piéscnteni l«;s mêmes noms et les mêmes prt'iioms, a\cc (\v> sm noms différents. Il est possible mais il n'est |)as démontré (pie le fy«'/i//7/ce soil celui du propiiélairc et If surnom celui des alïianchis ou cliefs d'ateliers.

Parfois, au lieu de noms, reslam[)ille offre la représen- tation de certains objets tracés en grallite avant la cuis- son : trois palmi'ttes, par exemple, et môme des figura- lions plus ou moins compli(piées, connue im buste, un personnage debout, etc. (]e sont des raretés dont il ne sei'a i)as tenu compte ici.

('erlaines des lampes qui portent de ces estampilles ont été lianspoitées au loin, telles celles des Pullein. Cette der- nière mar(jue, (pii a une grande diffusion dans l'espace, l'a également dans le temi)s, puisfpi'on la voit sur des lumi- naires de la première éj)oque et sur d'autres du in*" siècle. On conçoit que, durant deux ou tiois siècles, une firme ait pu subir plusieurs transformations, et passer du père au fils et aux affranchis.

Quoiqu'il en soit, on peut observer avec les auteurs du t. vni du Corpus li)srr. latin, que si beaucoup de marques trouvées en Africpie l'ont été ailleurs, il en est un certain nombre (jui n'ont été rencontrées que dans cette région. Il est possible (jue ce soit l'effet du hasard, mais il est plus probable qu'il s'agit d'estampilles frappées dans ce pays.

Il faut eidin remarquer, avec ces mêmes autems, (pie la Sardaigne ayant pris ses poteries courantes à l'Afrique plutôt qu'à l'Italie, les découvertes de produits communs aux deux pays sont une présomption de plus en faveui- de l'origine africaine.

l)'autr(\s estampilles trouvées en certain nombre en Afri- que, l'ont été en plus grande (piantité ailleurs. Tl est pos- sible (pie de nouvelles découvertes changent ces propor- ti(ms. Je ne m'occuperai ici que de celles qui. par leur répartition, paraissent avoir eu l(Mir maximum d'expan- sion en ce pays, (pioi(pie ce critérium ne puisse encore donner toute certitude, des ateliers italiens ayant pu avoir leur principale clientèle en Afrique, et les ateliers africains à l'étranger.

74 LES FABRIQUES DE i.AMPES DAiNS J.'aNCIEINNE AFRIQUE

Enliii, le lecleur doil èLie prévenu que le dépouillement des estampilles portées au Corpus est loin de donner une idée exacte du iioiiibrc de lampes trouvées, et par consé- quent de leur répartition eu Afrique. On sait que, très sou- vent, des fouilles clandestines ont dépouillé des nécropoles importantes entières, et que, même quand les recherches ont été faites olïicieJlemcnt, beaucoup de lampes ont, pour des raisons que je n'ai pas à indiquer ici, passé dans les collections privées, ou chez les marchands, sans avoir été signalées. Je me bornerai à rappeler tous ces objets prove- nant des cimetières antiques d"Ei Djem, de Leinta, qui ont été colportés par des courtiers à travers la Tunisie.

Les lampes intéressantes qui n'ont pas été publiées for- ment certainement un nombre double ou triple de celles (]ui sont connues.

On sait enlin (jue toutes les nécropoles africaines sont loin d'avoir été explorées, et que par conséquent il n'est pas possible d'établir la densité, pour chaque région, des luminaires qui y ont été trouvés.

Pour toutes ces raisons, les conclurions tirées de l'étude des estampilles ne peuvent avoir qu'une précision toute relative. On verra pourtant que (juelques-unes d'entre elles ont un réel intérêt. Ln grande quantité d'exemplaires que l'on connaît permet, en outre, d'établir dès maintenant des listes, et comme un cadre dans lequel pourront rentrer la l)lupart des découvertes ulléi ieures. C'est pourquoi j'ai indiqué, pour chaque marque, le lieu de sa découverte avec le degré de fréquence.

Il eût été précieux de poursuivre la comparaison avec les découvertes faites en d'autres provinces de l'empire ; je n'ai pu me procurer à Tunis ni, en raison 'des circonstances actuelles, consulter ailleurs tous les tomes du Coi'piis Inscr. latin, qui m'eussent permis de le faire i.

J'ai tenté de dresser des tableaux permettant de trouver dans l'identité, la ressemblance ou la répétition des sujets des indications relatives à leur origine. Je dois avouer que ce travail ne m'a pas donné les résultats que j'en attendais. Le sujet adopté paraît être plutôt une question de mode, ou d'époque, que de fabrique, les sujets et les moules ayant pu, du reste, passer d'un atelier à l'autre. 11 aurait fallu pouvoir comparer entre eux et même rapprocher les exem- plaires des musées et collections, en examiner la couverte,

I Ce regret est atténué p:ir ]e fait que beaucoup de ces tomes ne correspon- dent plus du tout à l'état des découvertes actuelles.

LES IM<HIOl ES DE LAMPES DANS l'aNCIENNE AFRIQl E 7o

la pùlc, la cuissidii l'I lii riHliuc. Je n'ai pas eu la possibilité tic. le l'aire.

Qu()i(|u il en .-ttil, Noiei (piel(pie.— iiii.s tles résultats ilii classeineiil (|iie j'ai Inilé. .le n'y parle (pie des estampilles (jiiil y a plus ou moins de raisons [)oui considérer comme africaines '.

L I-AHIUS i.AETUS. l ne trouvaille l'aile à Cartilage donne peut-être le nom d'un l'ahiieanl de lanij^es de celte ville. Le U. P. Delattre ■' y a rencontré une série de formes nettement puniques et offrant aussi les symboles de la reli- gion carlliaginoisc'. l'allés portent toutes la marque ci-des- sus. Il s'agirait d ujie des plu.s anciennes fabriques de l'Afi iipie, puiscpTelle exislait à une épo(jue oii persistaient de manièic si \ ivace les croyanc«'s de la première Cartilage.

DEIUSOUIS. Trouvée deux fois en Afrique {Kd, Bulla lU'gia) et non ailleurs. Le gculUicc Deiisor a été rencoiiLix'' dans un texte d'Lchi Mains, en un point une autre famille de potiers, les PuUeiii, avaient de grands domaines et non loin par conséquent du lieu de la découverte des deux lampes qui le portent.

CCOIA \ US. Trouvée à Carthage seulement.

AlACIS. Six fois en Afrique (Carthage 4, Bir Tabenk 6), une fois à Rome ; est peul-êlrc africaine. Marque paifois en gralïile sur les côtés de la lampe.

CHETASl et SEX CHETASl. Cinq fois en Afrique (Car- thage et ma collection) et une fois à Rome.

NUNDLNARIUS. (Haïdra, Tebessa, Khenchela, Medracen, Mdaourouch, Khamissa, Guelnia et Sétif). Les auteurs du Corpus disent que ce nom n'est pas rare en Afriqui' '■' el que cette marque n'a pas été rencontrée ailleurs. Ils en con- cluent que les lampes qui la portent sont d'origine africaine. On peut rapprocher XL>iDIiM (Carthage ') et Bon Korneïn) et NAxNDLM.

Ce cognomen vient de \iin(linac, marché. On sait

1 Pour ne pas augmenter indéfiniment le nombre des renvois, je no donne pas les références relatives au Cor/)i;s Insrr. ]aL, au Catalogue du Musée Alaoui, à l'article de Gauckler publié dans les Nouvelles Archives des Missions Scienii- fiqucs, t. XV, fasc. 4, Bapport sur les inscripl. lat. découvertes en Tunisie de 1900 à î'.)0^ et au Supplément du Catal. du Musée Alaoui publié par M. Merlin dans le Bull, de la Soc. Archéol. de Soiisse, 1910, i5, p. 60, qui forment les pniiicipales sources auxquelles j'ai puisé.

2 V. Delattre. Uevue Tunis., if)i3, Lampes romaines trntivées à P.urdj- Djedid, p. i85.

3 .Tai relevé, dans une épitaplie de la Colonia Thuhurnira, les noms de C Julius Nondinarius. On sait qu'il y a eu des potiers dans cette ville.

76 LES lAlUUQl ES DE i,AMl»ES DANS E'A^(:IE^^E AFRIQUE

l'iniportance, at lestée par plusieurs inscriptions, qu'ont eue et celle qu'ont encore les marchés dans le pays essentielle- ment agricole (pi'esl IWIricpie. On remarquera que la pjc- ■niière variante n"a été trouvée (jue dans le centre et le sud de l'Afrique et pas sur le lilloial, ce (]ui est en faveur de son origine africaine.

LPOMFEILS PO-MIANUS iCarthage i, Bulla Regia i), cf. POMPEIUS a:i r)jem oj, PONTIANI (Carthage 5, Cher- chell I, Uammam-Lif i). Fréquent en Sardaigne, inconnu à Rome, remaïquable par son extension en Afrique.

LHORTENSIUS (Carthage 5, Bulla Regia 2) n'a pas été rencontré ailleurs, sauf en Sardaigne, ce (|ui confirmerait son origine africaine. Ce ncmi est fréquent dans l'épigra- phie, dans des conditions montrant qu'il était porté, non par des individus isolés, mais par les membres de familles établies dans le pays, l/une d'elles résidait à Gighti •, sur le forum de laquelle elle avait des statues de ses représentants.

Une autre possédait, aux environs de Tipasa, un domaine renfermant de grands vignobles -.

GMARRUPO. Douze fois en Afrique, très dispeisée (Car- thage, Sousse, El Djem, Ras Dimas, Timgad, Cherchell, Constantine). N'a pas été trouvée à Rome, mais en Breta- gne, sur le Danube, en Sardaigne, en Sicile, aux environs de Naples, à Ostie. On peut admettre qu'elle est provinciale et {)eut-être africaine.

ANGIIIAL. Douze exemplaires dispersés (Carthage, Iladjeb-el-Aïoun, Tebessa, Khenchela, Sousse, El Djem). Marquée parfois au grafïite ou à la pointe. J'ai cru devoii- placer ici cette estampille qui paraît n'avoir été rencon- trée dans aucune autre province, quOiiiue les autems du Corpus ne l'aient pas mise à ccMé d'autres (pii se liouvenl dans les mêmes conditions.

L PEDI SEC écrit parfois FEDI SEC. Dix-sept exem- plaires très dispersés (Carthage, Bon Kornine, Bulla Regia, Ilaïdra, Tebessa, Timgad, Cherchell, Sousse, Oran), cf. Gauckler, Nouv. Arch. des Miss., xv, p. /|5:^. L PEDHJ^S, qu'il lit Fed(i) Jus(ti).

Cette marque serait })lus fréquente en Afrique qu'ail- leurs. Elle fait penser à une fonction mentionnée dans les épitaphes du cimetière des Ofjiciales : pedisequa.

I V. Gauckler. Loc. cit. a Cf. GsELL. Tipasa, p. 422.

LES lAHIv >l KS 1)K LXMI'KS ItWS I. WCIKNM; \IHI<)I i;

77

Les C.clsi. - C.i'lsiis est iiii nom cl Cflsius un surnom. Il y ;i pliisicui l'oiincs ": r/y'ix)',.'.. ',''.',. yii ciMiiclôrcs giirs (cinci rvcmphiiics, M;ili(liii. S;il;ikl;i, Sou».- j \ . '!'(•//. Arrlirol. (lu ('.Dinilr, i()o,->, [t. 17^1', sr icnconlic dans la camjT.i- ^iw naj)oJilainc cl en Sicile ; h 1 ()|"l(;i (IKLS (C^urlhagc) ; c) (] SdANT C.I.I.SI |)iiiroi< cri ^rallilc C-arlhagc), li-ouvcc aussi en C-aniiianic, ce (|ul la rapproche de n) ; d ) (} NA Ml (jEI.S = O. \tiini(liis t)\\ \iiiiii<lins Cclsiis, j 5 exemplaires, dispersés iSoussc, Sl'ax, Riilla Hcfjia, Tebessa, Kas Dimas, Sidi cl llani (ma collcclioii 1. a ('!<' icticoni lée en plu>ieuis parlies de ]'em[»ii('.

Les Fdhricii. Seize exemplaiics a\('c on sans cogno- meii : I. KABMIC (Soussc, Tobcssa). I. l'Mil'.l AKVE (Aex^el- jnslij iSoussc). I.FAHHFA «Baltaria). I. FAHHICIVS G (Djebel Djelloud, v. lU-vuc Tunis., 1910, p.l'|6). L FABlilC MASC (Carthage, Bulla Begia, lienchir Meskal). K FABlil \rT (Carthage). F FABBJC NASO (Bulla Begia, Tebessa, (^herehell). On a houvé celte estampille à F^ome cl dans plusieurs provinces, notammcnl en Sardaignc. File païaît donc èli'c plul«M ilalienne (juafricaine.

Les AureHi. AVR WBE AVBELI A\ BFFI LASCIVI LÂSCIVI. Dix-huil. 1res dispersées (Carthage, Lemia, ^olubilis, Tebessa, Djerba, FI Djcm, Bulla Begia). Le Corpus ne donne malhcmeusemenl {)as la répaililion dans le reste de rcm|)ii'e. Si c(Mte nun(|ue est rare ailleurs, elle pourrait ètic afiicaine.

Al (!lvM)I. hix-huit idarihage, lîou Kornine, Sidi Daoud, Bulla Regia, Le Kef, Tigzirl, Ksar Renia Céder, Bou-Grara, Sfax, Gafsa, Bir bon Rekba, v. Bull. Archéol. du CoDiilé, 100;^, p. iiti). Trouvée à Borne, Oslie, Luna.

AG.BI. Paifois accompagné du swaslika. L 11c fois on a trouvé la forme P AGRL \ingt exemplaiics très dispersés iCarIhage 9, Dougga [V- Rei'ue Tunis., 1890, p. ')\-->.], Teboursouk, Cherchell, Goiiraya, Saint-Leu, Tebessa. FI Djem, Tlîina, Korbous [Bewi lt, if cahier, p. ô5j).

M.Poinssot est' particulièrement alTIrmatif sur l'origine de cette marque, qu'il place à côté de celle des Pulleni et des A'undinarii, comme. communes à l'Afrique et à la Sar- daignc. Cependant, on l'a trouvée à Ostie, en Lusitanie. en (laule Narbonnaise. Ce qui viendrait à l'appui de l'opinion de M. Poinssot, c'est que le nt^m [grios est relalivemeiil

lievue Tunis., 1S90, p. 5io.

78

LES FABRIQUES DE LAMPES DA\S L A^C1EMV \FRIQI'E

fréquent dans l'épigraphie africaine. ()i la lencontré

d'après les tables du (jri^fii: uâns les régions d'IIaïdra,

Sélif, Stgu;^ tîaïnbèse, Le Kef, et c'est peut-êtie de ce côté

(pi'iiarail été situé l'atelier ; la voie de C'^ailhage à Théveste,

(pii passait tout au])rès de Thugga en aurait facilité le

transport.

Les Victores. VICTOR \ ICTORIS VICTOR F VICTOR I VICTOR P VICTOR X. En tout 27 estam- pilles de Victor, et peut-être ses alTranchis ou descendants (Carlhage, Lemta [dont trois avec l'F], Rulla Regia, Sousse, Ilenchir Meskal, Rir bon Rekba, Zarxis, llaïdra). Cette estampille est très répandue en Sardaigne, ce qui peiinet de penser fpi'au moins une paitie de ces mar(|ues est africaine.

Les Sejnpronii. SEM, !^ fois (Rulla Regia, Bou Kor- nine). LV SEMPRONI, 8 fois (Cartbage). LSEM HA, 3 fois (Rou Kornine, Cherchell, Djebel Djelloud). Q SEMPRON, 4o fois [:i?> fois à Carlhage, puis Kelibia, Rulla Regia, Le Kef, Tebessa, Ain Reïda, Arbal).

II s'agit peut-être des ateliers d'une même famille. On iemar(piera à ce sujet la position des estampilles sur la queue de la lampe, qui est à la fois particulière et com- mune aux deuxième et ([uatiième maïques. Les Senipj'onii sont fiéquents dans ré[>igraphie du t. vin du Corpus et cette marque est en outre très rare en Italie. Il y a donc des chances pour qu'elle soit africaine.

Les Luccei et les MauricL— LVCC (Rulla Regia). LVCCI (Rir bou Rekba). EX OFFI LVCCEI et LVCCEI (Cartbage, Huila Regia, Thigibba, Tbelepte, Tebessa, Cherchell, Sfax, Dougga, El Djem, llaïdra). LVCCEIORUM (Rulla Regia, Tebessa). LVCCEI FELIX (Thigibba,^ Henchir Cheffaï). LVCCEI MAVPdCI et LVC MAVRICI (Cartbage, El Djem, Tebessa). MAVRICI (Cartbage, Sousse, Sfax, Rulla Regia, Le Kef, Thala, Tipasa, El Djem, Khanguet).

C'est d'après les auteurs du t. vui du Corpus, que les lAiccei ont été rapprochés des Maurici.

La marcfue portant le premier nom a été signalée en Sicile et en Saidaigne, les Luc. Maur à Pisauruin, les Mau- rici à Rouie, eu Saidaigne, à Sagonte et Ilicium. Lucceius Feliœ n'est pas connu hors de l'Afrique. Peut-être s'agit-il d'une maison italienne ou même lomaine ayant eu des ateliers en Africpie. L'n lot de huit lampes à deux becs, dont sept avec la marque Maurici, trouvé au Khanguet, mérite une mention spéciale.

LKS l"\l<KI(U KS 1)1 I \MI-i:s l)\\S 1. WCIKWt; AlUKjl E

79

\<.\TII()|' il liKi \(i\T. I.o iiiilciirs (lu dnpus, (jiii lappnicliciil CCS i.\v\i\ iii;m|iic--, cilcul h pr(»p(js d'elles un (,'. liiciiiits l(/a///(»/>(/.s, dr Home. On a trouvé en Afrique ') exenipiaii'cs de la |irciiiièrc ((^uiihage, liulla Kegia) cl ■>.') lie la seconde i ( '.arlliay-e, Kl Djeni, Huila Hegia, Tebessa, Clierchell, Djehel Djelloud, Ifatninani-Lir i /i(///. \iclii'ol ., 1908, lue. cil.], Soussei.On a signale à (iagliari Testa m pille A(l \T()\ et la seconde niar(|ue à Itonie, en Sardaigne cl ailleurs. Il aurait été inléi'cssant de savoir combien de l'cris, s'il s agit d un policr de Home a\aul eu des ateliers en Afrique.

Il est à noici' que celte mar(|Ue est fré(|ueide sur les grandes amphores, cttnnne on le Miia [join celles, des Doniitii et des Ti'ophiini.

L CAPR et CAlÛiAHI. Onze e\enq)laires de la {)remière (Sidi el llani, lladjeb-el-Aïoun, Sousse, Kl Djem, Sfaxi, el i4 de la seconde niaïque (Carlhage, Bulla Hegia, Médéa). Lune paraît localisée au centre de la Tunisie, et n'a notam- ment pas été trouvée à Carlhage ; elle n'aurait pas été ren- contrée en dehors de lAfiique et beaucoup de sujets qui ornent les lampes ont un caractère africain : buste de l'Afri- que, Hercule ou ses emblèmes. Il pomiail donc s'agir d'un atelier de cette contrée. La seconde des \ ariantes a été trou- vée bien j)lus souvent que je ne l'indiciue ici, car je l'ai relevée dans plusiems collections j)articulières. Klle n'a été rencontrée hors d'Afri(iue qu'en Saidaigne. Il pourrait donc aussi s'agir d'un atelier africain.

Les Phronli.— AV FIR).\, 20 fois (Carthage [Bull. Arch., 1904, p. 197]' ^'*ii Daoud, Sousse [Bull. Soc. Archéol. Sousse, 1909, p. i:>.i], Has Dimas, Sfax, Tebessa, Constan- tine [Recueil de Not. et Méui. de la Soc. AiThéol. de Cons- lantine, 190/1, p. •.>4o], Cherchell, Oran, Guetna, Bir bon liekba). PHROXI, 4 fois (Carthage, Bulla Regia). FROM, FROMM, souvent retourné et donnant MINORF ont été relevés 6 fois à Carthage, El Djem et Cherchell. On sait que cette estampille est au nom de Aufidius Phronimus. Les auteurs du t. vni du Coi-pus disent que la première marque a été rencontrée à Rome, Ostie et Luna ; ils ne parlent pas de la seconde ; les troisièmes ont été vues en Sicile et en Sardaigne. Donc elles pourraient è\i'c afiicaines, ce que conliiiueraient beaucoup de leurs sujets (pii con- viennent à r \fri<|ue : sanglier, bouc, antilope, cerf, lièvre. hyène, etc., mais aussi, faut-il le reconnaître, à d'aulres pays riverains de la Méditerranée.

80 LES FABRIQLES DE LAMPES DA^S l'aNCIENNE AFRIQUE

Les Domitii. Trente-cinq fois : DOMIT (Lemta). DOMJT... (El Djeni [Revue Tunis., n" 65, p. /i/|6]). D(3MIT- NVIC- iSonsse). LDOM (Sfax). L DOMITI (Sousse, El Djeni, Thina [Bull. Archéol., 1908, p. clxxxvhJj. L DOMI- TIA (Lemla, Eniidaviile, SbeïUa, Gui'za [Carton. BuU. Soc. Archéol. Sousse, 1909, n" /|ilj. L DOMITI F (Lemta). L DOMITI B (8beïtla).L DOMITI P (Sousse, Lemta, El Djem). L DOMITI PAVLI (Sousse, Guiza). L DOMITI PON- (Sousse). LD0MITIS(E1 Djem, Henchir Meskal). LDOMITI SES (Mahdia, El Djem). L DOMI (El Djem). L DOMiS (El Djem [Revue Tunis., 65, p. /j/ji]). C DOMITIS (Thina).

A part la dernière qui a un praenomen diiîérent, ces marcjues peuvent se rapi)c)iter à la même personne. Il n'est pas dit, au Corpus, que quelqu'une d'entre elles ait été lencontrée hors d'Afrique, sur des lampes. Elle aurait donc pu appartenir à cette contrée. D'autre part, leur répartition donne un maxiuuuu de fréquence dans le Sahel, c'est donc (ju'auiait été silué l'aleliei' ou le port d'importation.

On sait (pic la gens Doniitia est célèbre par l'atelier de bii(|ues (jui portent son nom. Or, le gentilice Domilius est très réj)andu en Afri(iue et le chef de cette gens portait le nom d'/l/c/' '.

Dojnitia IjiciUa, une des héritières de ce jjersonnage, éj)ousa, on le sait, Marc-Aurèle, ce qui rendit les empe- reurs propriétaires de la briqueterie.

Il est possible qu'un membre de cette famille ait installé des atelieis en Afiicpie.

GABINIA (Carthage [:>7 fois], Sousse, Lemta, Hadjeb-el- Aïoun, Bidla Bcgia, Bir Oimi Ali, El Djem, Médenine, Sfax et Thina, Djebel DjcUoud [ma collection]). CAVINIA (Garthage, Bulla Regia). GABÏN (Tipasa). GAB MERG (Gar- thage, Utique, Sousse, Gherchell, Oran) : en tout cin- (fuante-trois exemplaires.

Le Corpus ne cite que quelques exemplaires à Rome. Si cette marque n'a pas été trouvée ailleurs, elle pourrait être africaine. Notez que la confusion du B et du V dans Cavinia cl Cnhinia, si fréquente dans l'épigiaphie du pays, confîr- meiait cette origine.

Les Pu.lleni. L^s (>slampilles qui portent ce nom sont très nombreuses, (^n vn signale 72, mais le nombre de celles {fui ont été ti'ouvées et sont dans les collections particu- lières est bien plus considérable.

I V. Descemet. Marques de briques relatives à une partie de la gens Domitia.

T.ES FARRIO, KS DR T, VMPES DANS I.'ancevnr AFRIf,! F 81

I*IM.\|<N[. Ci. , (,,,;, ni. •-Iniii .Acinplaires rC;,rtlia^(. l l.qm' Sous-,.. Z.,Ai>. |.<.,,,is >r.o,,;,, Ho,,,., (),„)..„,, M^,,; '1'.'. H.ilh, Krni,, IVIm.ss;., Ch.Mrlu.II, Cou.aïa, I)j..|>,.| |)j,.I_ l'^nd. IJ Dj.Mi,. Si.li lhn.,,,1. Mi,- b„„ Mekba, Sidi Your.-f

PM.I.EM POSSKSSOI', ,Ca,(l,a,c.,. r.- nom dr Po.s.s.4,- ;'•" "'■ ''•""^'' ^'"- ""<• l'""I"- '!•• I5.>'.H.. a rfo l.ouvc à Car- li^o su,- u.,r |,.,iv ruilr rr|„('.s<.nl.inl uu jounir d'orgue hvd.aul,.|nr. l'I I.I,K\()HVM a^arlhaor, Bulla Hrc^la , 1 a "iMiquo P//7/c/,f est aussi sur une slatueftc de CaHham- .'1 IKiiail avou- («xislp sous la forme OFFVLENI, avee uur lirr;,- t'"!^' àv \ v[ I.. ,,ui H ,^(é rencontrée en Xarbonnaise C)n vo.l (,ue a répartilion ru Afrique est très générale. On en a trouve beaucoup aussi en Sardaii.ne et quelques-un.vs en NcUe, a Ost.e, Home, Dalmatie, dans la Transpadane et en 'raule -Naibonnaise i.

1/examen des (ables des différents tomes du Corrws niontn> •> (,u il n y avait pas de Pulleni établis hors d'Afri- que. D autre part, ce nom est très fréquent dans l'éi,ima- ph.e afr,eame. Une inscription, que j'ai découverte dans 1. theaUv d,> Thugga >, po.te le nom d'un personnage (,ui dova. . co,ume le pense M. Poinssot. appartenir à la même fanulle r,ue les PuUeni dont j'ai trouvé le nom gravé sur a porle d un domain,- '-. 11 avait été palron du pagus et^de ^incitas de la ville. Il exerça aussi des fonctions civile, et religieuses a Carfhage. La même famille devait posséder un autre domaine non loin du premier, en un point j'ai ^■ouve une inscription relative à l'éreclion d'un temple à (--ères o, ou si elle n'y avait pas de propriétés, le personnage don ,1 es question dans ce texte devait apparemment habi- ter dans le voisinage. A Uchi, il y avait d'autres membres d< la même famille et M. Poinssot a montré quels liens d.. parenle paraissent les réunir. Un autre domaine, situé au Ket, ap,.artenait à un L. Pulhiemis Fdix, dont le nom a ete Irouve encore dans des villes de la région : Thignica,

T ' '^"' J^-/~'' '"'■ '■"■■ '"'i ■' i""i^I"é .eue .•n.Hi.ion. Par contre t">i paiiiciiluTc a 1 Afrique.

.V. Mkhl,> h P.,.^,,ot. Lr. insni,,liuns ,rir},i M„ju., ,.. , , ^ L. form.- In plus corroc.e de ce nom leur paraît ^tre Pullnirnus.

3 ^ CvuTON. Acad. ries Insc. Mém. présentés par div. savant. le théâtre romain de Dtnigga. l'uatre

■Soc 'de?77 f.7'""''!-: ^rioraphle,. et arché.d. faites en Tunisie in Mém. soc des Se. de L,lle, p. ,:>4, „" /,.,-, „s„-,^ ;„,,, j^^,,,^,

» \. Carton. Découvertes, etc., p. 276, Bi".

^2 LES FABRTQT ES DE LAMPES DANS l'aNCIEINNE AFRIQUE

Aradi, Uciibi et T.e Kef même. M. Poinssot, qui a fait Iôus ces rapprochements, i emarque à ce propos que nulle région d'Afrique ne ])résenle un ensemble d'inscriptions concer- nant les Pulleni comme celle d'Uchi Mains. On peut donc se demander si l'atelier d'ofi sont sorties les lampes qui por- tent ce nom ne s'y trouve pas. L'exploration minutieuse de la surface du sol ne m'a donné aucun indice à ce sujet. D'autre part, il serait étonnant, si cet atelier avait existé ici, (|u'on ne trouve pas dans tout le pays un grand nombre de lampes portant le cachet. Tl n'en est rien. Les fouilles, peu étendues du reste, que J'ai faites dans la nécropole d'Uchi ne m'en ont fourni pas plus que celles que M. Poinssot et moi avons faites dans les cimetières de Thugga.

Les Junii. CTVN ALEX, doit se lire C. Jiinius Âlcxius, ()\ fois, très disséminée. TCarthage, Bir bou Rekba, Sousse [17], Lemta, El Djem, Sidi el TIani, Ras Dimas, Bulla Regia, Le Kef, Mahdia, Sfax, Thina, ligne de Sfax- Gafsa [17], ITadjeb-el-Aïonn, Eoriana, Médenine, Tebessa, Khenchela, Constantine, Cherchell. Rus^i; mais avec pré- dominance notable dans le centre de la Tunisie. Eréqnente en Sardaigne, rare à Rome, cette marque manque dans le reste de l'Ttalie. Elle a donc les caiactères d'une origine africaine que confirme la fréquence de certains suiets : ITercide ou ses emblèmes, buste de Celestis, buste de l'Afii- <pie, antilope, lion, autruche, croissant.

C TVN DRAC se lit C. Junins Drnci, S->. fois, avec la même répartition générale que la maifjue précédente fCarthage, Sidi Daoud, Souk el Abiod, Rir bou l^ekba, Sousse, El Djem [:h>], Sfax et Thina [8.5], Salakta, Sidi el Hani, Mahdia, Tîadieb-el-Aïoun, Philippeville, Cherchell, Lemta, Ras Dimas, Bizerte, Constantine, Djerba). Tl y a aussi ici prédominance des mêmes sujets africains. En outie les lampes ont une grande ressemblance de factiu^e, et beau- coup des sujets rtu'elles offrent leur sont communs. T^a répartition hors d'Afrique, d'après le Corpus, fréquente à Rome, en Ttalie inférieure et en Sardaigne, se rapproclie de colle de la marque précédente. On doit enfin remarquer que ces deux Junii ont le même prénom. Tl doit donc s'agir probablemeni de deux ateliers d'une même fabrique exploités ou dirigés par deux des membres ou les affran- chis d'une niême famille.

D'autres marques portent encc^re ce gentilice, mais leur rareté ne permet pas de faire de rapprochements. D'autres aussi offrent les cognomine Alex et Drar ci-dessus.

LES FARRFQT KS DE r.AMI'KS DANS i/aNCIEWE AFRIQIE H3

En soniiiic, les (l(Mi\ («sliiinpillcs des .lunii ont élo relevées i7(> fois el leiii ;il)(tii(liince localisée à mie région de la 'rimisie me parnil plaider, plus peut-êlre(|ue les faits relevés |)otir les atilics eaeliels, en faveur de leur origine africain".

Les 0/>/>f/. ( )|>|>| ,.( r.r OFICJXA OPPIOfUIM, celte der- nière» en gialTile. On reniar(|ue, comme pour- les ÎAH'ccl el les Piillcni. |;i forme du génitif pluriel relatif à un ou [jIu- sieurs meiidjies de la famille ou à ses affranchis, ou à une associât i(.n (\r<, uns et des autres. Les lampes qui portent le nom seul sont peu nombreuses, et disséminées fCarthage, Constanline, Ti[)asa, ffammam ]V\vn, Cherchell, Sétif, Gurza).

C OPPT RES, lof) exemplaires très disséminés fCartKage, Uticpie, Hou Korneïn, Sousse, Giuza, Sheïtla, Teboursouk, El Djem, Ileiichir iMeskal, Bii- bou Rekba, Ilenchir Tungai-, Chaouach, Brdia Regia, Constantine, Kellbia, Leplis INIagna, Djebel Ojelloud, Médenine, Djerba, Thala, Sfax el Thina, Souk Ahras, Ksiba [ma collection], Sidi el Ilanii.

On a trouvé d'aulres marques au nom des Oppii, mais comme le surnom diffère des précédents, il est difTicile d'en indi(pier les rapports. îls ont pu appartenir à la ménu' famille de potiers, les affranchis ayant pris le prénom d'un de ses membres et le nom d'un autre. M OPI S\S ; M OPPI ZOSI ; T, OPPI RES.

Cette (estampille devait au moins être signalée ici à cause de sa fré([uence relative en Afrique.

Les Novii. NOVIUS ; M NOVI\ S (Ilenchir Meskal, El Djem). Cette martfue est peut-être la contraction de Novius Justus I.

M- NOV- GERM. Douze exemplaires fSousse, El Djem, Eemta, Henchir Meskal, Constantine, Ras Dimas, Sbeïtla, Djebel Djelloud ) seulement ont été publiés, mais je l'ai vu un grand nombre de fois dans les collections privées.

M- NOVIVSTI. Cent treize fois (Carthage, Sousse, Lemta, Thysdras, Sidi el Ilani, IIadjeb-e1-\ïoun, Teboursouk, Bulla Regia, Tebessa, Constantine, Cuelma, Philippeville, Cher- chell, Henchir Meskal, El Djem, Thala, Sidi el Hani, Dje- bel Djelloud, SfaxV Cette marque, si fréquente en Afrique et rare à Rome, a été trouvée en Sardaigne, en Sicile, en Campanie.

nSTI. Dix-neuf exemplaiies l'Carthage. Réja, I.emta,

I Voir ci-après.

84 LES FABRIQUES DE LAMPES DANS L ANCIENNE AFRIQUE

lladjeb-el-Aïoun, llaïdia, Ilenchir cl (hiiz, Feriana.Tcbessa, Constantine, Phi]i|)pe\ille, Clieichell, Sousse, Tunisie). Le Corpus signale quelques exemplaires à Ostie et à Clusium.

Les L. Mnnafil. L- MVÂDIEC, se lit : L. Munatius Adjectus I. C'est une marque assez disséminée. Cin- (juante-six exemplaires (Carthage, Monastir, Teboursouk, Sousse ['^7], Lemta, Ilenchir Meskal, Béja, Zarxis, Sidi el llani, Enflda, Bulla Regia [t6], Chemlon, Sbeïtla, Feriana, Bir Oum Ali, Tebessa [7], Khenchela, Khamissa, Constan- tine, Seriana, Cherchell, Djebel Djelloud, LIaïdra,El Djem, Thala, Souk Ahras, LTadjeb-el-Aïoun). Elle a été trouvée dans plusieurs provinces de l'empire.

L MUN PHILE. Quarante-cinq fois (Carthage, Utique, Bon Kornine, Souss(>, Lemta, lladjeb-el-Aïoun, Bulla Regia, Tebessa, Dellys, Djebel Djelloud, Djerba, Sfax, Souk Ahras, Gurza, El Djem).

Les sujets des lampes qui ont la marque des Munatii sont souvent les mêmes (juc ceux des produits des Junii. La plupart de ces luminaires seraient sans queue, ce qui per- mettrait d'attribuer à cet atelier \ine ancienneté relative. Philelus n'est pas rare dans l'épigraphie africaine, ce doit être un nom d'affranchi d'origine grecque. Cette marque serait îissez fréquente en Ralie.

L- M- REST , Ml ^ A RES7 . Tirnte exemplaires (Carthage, Sousse, T.emta, Sidi el llani, Henchir Meskal, Thigibba, Henchir Cheffaï, Bulla Regia, Constantine, El Djem, Djebel Djelloud, Llaïdra, Souk Ahias). Marque rare à Rome, existe dans quelques autres provinces ; vue deux fois en Sai'daigne.doit être rapprochée, par son cognomen, de la marque C OPPI RES.

L- MUN- SUC-. Vingt-neuf fois fCaithage, Lemta, Bulla Begia, Le Kef, Thigibba, Tebessa, Djebel Djelloud, Sousse, Gurza, SfaxV Beaucoup moins fréquente à Rome qu'en Afrique.

MUN- TREPT. Trente et un exemplaires (Carthage, Uti- (|ue, Sousse, Lemta, Bulla Regia, Tebessa, Cherchell, Saint- Leu, El Djem). Marque frécpuMite à Rome, rencontrée en Sardaigne et ailleurs.

Quelques autres estampilles plus raies doivent être indi- quées ici. L- MUN (^Carthage, El Kautaia). L MUNL...I

I Les auteurs du Cnriiux rulmetlent qu'une nutre estampille assez fréquente, C MADIEC, est une rorruc vicieuse de celle-ci.

T,ER FMUUOI RS DE T.AMPES I)\\S F, ANCIENNE AFRIQUE

85

(Hullii Wr^hu. I. MW \VG rSousse). MVN- IIEL fCar- Ihage). IMW IIIJ.I Hir bon nokba). ].. MVN A MAR fSoiisso). |ji n'simir, siif les ciiKi cslampillos de. f|iiel(jii(' ri(''(|iicii((' porlaiil cr iiotii, deux ayant les cognomina Res- liliis cl Siicccssiis sciaiciil considérrcs comme africaines, (l('ii\ aiilics le sciaicnl moins sûrement ; Threptus sérail plulol romain, (l'esl à propos d(^ ce nom qu(^ M. Toutain ' se (lemande si \r< rotjnoniiua ffrecs de beancoup de ces eslampilles ni' soiil pas celles d'affranchis doni le (fenlUice (■on)mun indicpierail (pie les fabricpics (pii les ont fra[)pées étaient aj)parenlées enire elles, ou des succursales d'une même fabricpie doni ces affranchis auraient été les di lecteurs.

Les Clodii. CT.O TTEIJ, CU) IIEFJAX. Vin<,4-qnatre fois (('arthaf>-c, BuUa lU-^ia, El Djem, llaïdra, Cheria, ('onstantine, T(>bessa\ A été souvent rencontrée à Rome, el aussi ailleurs. HEE, C IIEI.T, C- ÏIEE, TTETJ doivent se rapporter à C- IIELVIVS ÏANVAP.IVS plutôt (pi'à la pié- sent(^ estampille.

C- CEO- SUC. Cent viuot-neuf fois. C'est la marque la plus souvent rencouliée iCarthaoe [76], Djebel Djelloud, Hou Koruiue, rti(pic, El Djem, Sousse [i3], Eemia, Ksour- sef, Bidla Hegia [i4j, Thigibba, Dougg-a, Teboursouk, Thala, llaïdia, Sfax, Sidi Aïeh, Gunifidia, Ras Dimas, Tebessa, Aurès, Philippeville, Cherchell, Oran, Consian- fiue. Souk Aluas, Çurza). On en a liouvé à Rome et ailleurs, d'après le Corpus (\\n, malheureusement, n'indi- (pie pas dans (pielles proportions. Ea fréffuence de cette mar<pie dans le cimetière des OJJlcialcs, à Carthage.uiontî-c l'ancienneté de cet atelier et la variété des formes (pii s'él(Mid de la piemièie période à la période de tiansitioii iudi(|ue (ju'il a eu un(^ grande durée. Pour cette marque, comme pour la plupart de celles (|ui ont été fabriquées en \fiique, on notera que cette fré(|uence e\isl(^ suitout dans N^s grandes villes : Carthage, Sousse, Bulla Regia, etc., sans (pTclle y soit i)i'o|)ortionnelle au nombre des autres estanq)illes. Ou ne peut, à mon sens, et pour le momeut, n'en tirer qu'une conclusion, c'est ([ue les grands ateliers avaient des dépots dans les villes importantes ou rpie leurs |)roduits étaient les plus recherchés.

Je n'allongerai pas plus cette liste de mai(pies relevées sur (l(^s k'uupes afiicaini^s. en laissaîil dv rn\ô (pichpies

I Loc. cit.

86 LES FABRIQUES DE LAMPE.^ DANS l' ANCIENNE AFRIQT E

autres qui auiaienl pcui-otie pu trouver place ici en raison de leur fré(pieiiee, mais (jui, pour d'auties raisons, ne paraissent pourtant pas devoir être considérées, jusqu'à nouvel ordre, comme africaines.

Après ces lampes dont on soupçonne l'origine indigène, sans qu'il ait été possible jusqu'ici de localiser leur point de fabrication, en voici dont on connaît le nom du lieu d'origine.

Découvertes à El Djem, à (picue f(^rée, offrant les bustes d'isis et Serapis se faisant face dans un encadrement de fers h cheval juxtaposés, elles présentent au revers cette inscription :

RX OFICI

NA C-Y-S

AB AQVAS

REGIAS

La mai(|ue G- V- S se rapporte peut-être au 2?., 644, 335 du t. MU du Corpus, trouvé sur une lampe de Carthag(> : G- VALERISAN '. L'emplacement âWquae Regiae, point situé, d'après Tissot, à l'entrecroisement des routes qui traversent la Byzacène, n'a pas encoie pu être fixé ; on hésite pour le localiser entre l'IIenchir Baboucha, l'Ain Rhoral), J'Itenchir Khatera et d'autres endroits. C'est vers cette région il peut être intéressant de le signaler ici cfue l'on a trouvé l'atelier d'iîenchir Srira, dont il sera bienlcM tpiestion.

Les Anicii. Une lampe trouvée à Carthage, en terre grise, munie d'un anneau, ayant ponr^sujet un léopard porte la marque ANICIO /RUM- Le R. P. Delattre, en la signalani, ajoute 2 ; (, ()u sali «pie les domaines des Anicii étaient considérables en Afri(|ue. » La famille de ce nom a foiuni au pays une longue suite de fonctionnaires que signalent de nombreuses inscriptions, notamment à Teboursouk, Uzappa, Timgad, Lambèse ^. L'un d'eux, Q. Anicius Fausfiis, remporta plusieurs victoires sur les indigènes. Une inscri|)lion de Rome qualifie un membre

I V. Mehlin. liulJ. Archéi'l. ,lu Comité, n,)ii, P- ccxii. Cf. Caial. Musée de Sfax, Lampes, o^.

s /}i(//. lie la .Soc. iSnIirm. ilea \ntiii.. ipio, p. 2^6.

3 \. Cl(''niont Pali.u de Lessert. Fasfes des Prov. Afric., I, pp. 5 et 291, -ii3, etc.

r.ES FNUmor-ES DE LAMPES DANS T. ANCIENNE \FRIOri:

K7

dp {•(•Ile riimillc (le \nifific (Joiniis ruliin'n '. (Vosl le iiirnic (ini l'iil |)i()C(»ii^iil cl (loiil [)Hilc (-hiiiHiiis ' diiris un piissii^n- (|iii se Ici iniiu' par ces mois : cl '/".s (ir<it \jricae cauipn.

,1c (lois placer ici une série de lampes diiri type parti- culier, (pii me paraissent l'oinu'i un mo\eii Icrnu- entre les lam[)es de la deuxiènu' période et celles (pie l'on dési^Mie sous le 7iom de lampes de transition. C-e «rioupe offre en effet des ciuacl(res bien paiticidiers indi(piant (pi'ils sont d'un atelier ou de plusieuis ateliers situés dans une ré^'^ion déleiininée. I.a pâte des petits vaisseaux est d'un jaune pale ra|)pelanl les lamjx's [)uni(pios d'EI Kenissia, peu homo- gène, épaisse, un peu grossière, mais très cuite, d,ui-e et sonore. Elle ne paraît pas avoir clé icvèlue d'une couveilo. l/ol)jcl |»araîl avoir été fait en li'ois parties : la suj^érieuic ou (iis(pie, l'inféricuie ou cuNcIte et la (pieue.

Le corps, circvdairc, se rapproche de la forme des lain-

'n ei r>

pes d'éjMxpie anléiieure et s'éloigne de celles de transition, (pii tendent \ers l'ellipse. Le diamètre en est, en général, voisin de 8 centimètres et la hauteur de 3 centimètres. En

I V. C. I. /... VI. i.v.ô.V

■j In C.ovsnbiln (Uylnii et Pvobhii.

88 LES l'ARRlQl KS DE LAMPES DANS l'aA'CIEINNE AFRIQUE

revanche, le fond, lisse ou simplement entouré d'un cercle en creux dans les lampes de l'épocpie précédente, l'est ici par lui bourrelet saillant, bordé de deux rainures entourant l'estampille. Le b(c, plus petit qu'antérieurement, est séparé du corps par deux lignes convexes circonscrivant deux lobes et lui donnant vaguement l'aspect d'un cœur ; dans les périodes antérieures, ces lignes se terminent extérieurement par deux volutes. Dans le petit méplat (|ui les sépare de la cuvette apparaît un tout petit trou (|ui paraît bien être un lion d'aérat'.on ', prototype de celui (fui, dans les lampe; postérieures, s'agiandira et se juxtaposera au trou unifjue d'alimentation des lampes de la première période. La queue, forée dans les lurai- naiies plus anciens, est, cette fois, pleine et la crête en est ornée de deux sillons parallèles ; à sa partie inféiieure, un rcnllement ou talon levét la silhouette de la proue d'un cuirassé. Sous le bec, à sa base, une ligne d'oves encadrée de deux lignes en forme de cable lui forme comme un collier.

La giande majorité de ces lampes a la cuvette entourée de faisceaux de lauriers grossièrement stylisés ; la tige, les feuilles et les liens, bien spécialisés antérieurement, sont réduits ici à une tridigilation coiqjée de tiois traits Irans- veisaux: à sa base, les baies n'étant presque plus visibles. Le sujet qui orne la cuvette est variable, mais le choix en trahi! che/ le potier une piédilection marquée pour les animaux, et même certains animaux '.

Les sujets les plus fréquents sont: cerf, bubale debout, couché ou galopant, nombreux chiens, coq, panthère, dauphin, chèvre, antilope, sanglier. D'autres sont fran- chement païens : croissant sur le disque,' génie funéraire

I V. I)i; CAnuAin.Ac. Ihill. Sac. Ccoi)r. Oivii , i8(_)0. Hisl. de la lampe antique en \fri(iiir, ii" -^çid. Apres avuir l'iiil «iiichiiics expcTiciices ;i le sujet, je crois ipic ce nt'sl ](Ms il [irojH-ement parler mi trou il'Hération qiifi n'avait pas sa raisuii il/trc, le li-oii (l':ilimenlaliion devant permettre largement à l'air d'arriver ihiiis le lécipieiit à iiiosiiie que l'huile eu était consommée. Ce petit trou me |i;Hiu'l plulc'il .ivciir ('11'' il<'sliin(' :ui dé^ageuu'ut des bulles d'nir qui, s'écluq)- paut lie riiuile surchaiilït'c, se seraient sans cela accumulées à la. partlie la plus élevée de la cuvette intérieure et. en s'écliappant brusquement, troubler la régularité de la comliuï-lidii.

;', C'est évidemment une buupe de cette catégorie que Gauckler a signalée ( Irc/u'c. (tes Miss., t. \v, |). ?<cn)). Mais il ne peut s'agir, comme il le prétend, d'un vaisseau chrétien, ni même de l'époque de transition. Cet auteur avait, du reste, très bien remarque le caractère particulier de ce groupe de lampes, qu'il consiidcrait déjà comme de fabrication africaine.

F, ES i'\i?uioi i;s 1)1-: i.\mi'i;s dws i.'ANciii.NM-; aiukm i: î^iJ

a|)[)U\('' sur un llauilx'aii, husic de Mcrcuic avec le caducée, Diane chasseresse, (îcleslis, lùnope sui' le lauicau, faune leiiani un lliyise cl jouant de la llùle de l'an, scène lubii- (|ue, iVniiue assise, les seins nus, ayant à droite et ù gauche deux personnages agenouillés et élevant les mains vers elle. Beaucoup de ces sujets ont été finis à i'ébauchoir. On rcniaïquera (jue les premiers d'entre eux peuvent être soit chrétiens, soit païens.

.le possède dans ma collection trois lampes (|ui sortent (lu même moule'. Ivlles ne p()rtcn[ pas le même sujet-', mais ont une mar(jue curieuse, signalée par (iauckler'\ et sur la(|uel!e j'ai moi-même appelé l'allention '. (lomnie je l'ai signalé, c'esl dans le centre de la 'Junisie qu'on a tiouvé le plus de lampes de ce lypc. Aussi est-ce dans le Musée; de Sousse (ju'il y t<n a le phis, et que je les ai étudiées.

La plupart d'entre elles correspondent à la description donnée plus haut. (]hez quehjues-unes la leire est rose. Il \ en a aussi qui, au lieu d'être de dimensions moyennes, sont de grand module. Elles ont souvent alors une couverte biune. Line variante assez fréquente c'est, au lieu du fais- ceau de lauriers, un encadrement formé par une série de canaux ou de fers à cheval.

Ces lampes, d'un type si uniforme, ne portent pas tou- jours de marques. Quand elles en ont, c'est le plus souvent celle dont il vient d'être parlé. J'en donne plus loin la des- cription. Voici d'abord les autres estampilles :

Encadrement de lauriers pas aussi stylisé que sur les autres luminaires, buste de Mercure R/ : PONT.

Encadrement de lauriers stylisé, coq ; au revers, trois espèces de cyprès ou de palmiers. Une autre lampe, oITranI aussi un coq, n'a que deux cyprès (v. fig. /i et 5).

Génie funéraire portant un flambeau R/. Lignes formant une croix dans un cercle et chargées elles-mêmes de petits cer'cles.

Faune tenant le thyrse, etc. : EX OFJ//CINA//P\PITO// NIS.

I Elles offiviit ct( i (le iinrlicnlicr (lu'ollos présentaient une grande quantité (le petit.s trous, défntils ([ni ont été boncliés, avant la cuisson, à l'aide de bou- lettes d'arg-,ilo.

:' Deux oui lo l)iili:ili-, le Iroisiînjc un l.usic. On sait que le sujet de la cuvette pouvait être obtenu à l'aide d'iui petit moule spécial, différent de celui qui a servi à obtenir le reste de la lampe.

3 L«c. cit.

4 Carton. Bull. Soc. Archéol. Sousse, 1910, p. 26.

90 LES FAHUIQI ES DE LAMPES UA^S I,'am;1E>NE AIRIQIE

Tête de Méduse 11/ : sii2:ne eJi l'orme de hache à deux tran- chants. (D'apiès une lauipe de ma collection.)

Une marque se ien(M)ntre assez fréquemment en dehors de la principale dont il va être question : SABBA//T] ou SÂBBA//T1CIS. Je l'ai relevée sur deux lampes portant l'une une panthère, l'autre un vaisseau avec proue à tête de cygne '.

Voici enlin les fac-similé de la manpie de beaucoup la plus répandue sur ces lampes.

FIl;. (i à II. RsTVMiMi.LLs prii iami'Es afuicaines mi Sahel

I Vne Hiilri- liiiiipi', [nulniil cvacleiMciil le niùnie sujet, et traitée de même façuii [joite la marque Q. NLMIGEL.

l.Ks rsMiiioi |.;s i)K i,\\i|.i> i,\x.. i.an,;,enne ai hioi e !U

•If li'is-^'' ;i (le |.lns (•..;ii|,.'.|.'nls \v s.»iji ,|,. ivcIumcIr., rr que soin ccvs .•iii;.(|,.,vs .'•iiiu.„uli,,ues. Sagit-il de lettres iK'()-puni(|uos on h.tiiu-s c.irsives i' M. Eiisèbe Vassel n.. pense pas (piil sa^^iss.. di- caraetères n6o-puiii(pios il ^,. demande si ee nesl p,.inl h, ivpiés..nlali..n baiba... d<. nl„- sienrs objets de niélicr.

Les textes néo-puin<p„.s se lisant de droite à gauche je me SUIS demandé si ee ne serait pas 1. nom dv Sahhaliciis des cms.ves, ée.il m ee sens, les deux caractères en forme d W retournes correspondant à la lioaturc des lettres a h et '' a de ce mot.

l^a seule concb.sion IVrmc à laqu,.]], „n puisse, à mon .IMS s arrêter m ce rpn concerne ce groupe de pote^ries, c est (pie celles-e. soi.t les produits de l'atelier ou de.rateliers d un seul potier ayant des contremaiires différents dont les "on.s sont sur le fond des petits vaisseaux, ou plutôt quelles eonstituent un type qui, adopté à un moment donne dans le 8ahel, essaima jus(,ue dans la région de >beitla ou son module s'agrandil.

Je rappelle, à ce propos, (pi'il parait v avoir eu, dans les régions de Kasserine, Sbeïtla, Feriana et Thala d'impor- tants ateliers ayant fourni en abondance de grandes pote- ries d excellente facture, d'un rouge vif, en forme de vases a verser avec col et anses élancées ou de grands plats On en a découvert à certain moment une si grande quantité que, m a-t-on dit, les Arabes en vendaient sur les marchés comme vaisselle d'un usage courant, ce que je croirais volontiers, ayant vu moi-même, chez des Français am- ont habite le pays et n'étaient pas collectionneurs, des piles ' de ces plats, de ces assiettes et des rangées de ces vases

1 our en revenir aux lampes, celles dont il vient d'être question paraissent former une transition entre les païen- nes et les chrétiennes ; aussi bien par leur forme que par la prédominance de certains sujets.

y. ~ Lampes de Fabrication Indiirèno

Beaucoup de petits luminaires africains se distinguent Lictme, la quai, te de leur pâle, leur épaisseur, leur degré

I L'oxe.nple .lu non. d. ,a ville .le Cahuna (Guelma) est bien connu.

92

LES FABRIOI ES DE LAMPES DANS L ANCIENNE AFllKM E

de cuisson, (jiie pui; les sujets (|u'ils piésenteiit. Je renvoie les personnes (]ui voudraienl se l'aiie une idée de lu lampe indigène à l'élude détaillée (jue jai faite de celles de Thii- hiirnlca ' dont les l'I. Il et III donnent une idée.

Elle est reniarcjuable ])ai- une certaine lourdeur de poids et. de forme, l'imperfoiation de la (jueiie, la présence, sur son fond, de ce boudin en forme de paiera qui sera coils- lant sur les lampes chrétiennes, une décoration à la fois naïve et originale, non dépomvue de quelque élégance, caractères qui la différencient complètement de la lampe romaine. Comme je lai indiqué, une grande partie de ceux-ci ne sont pas seulement dus à l'inhabileté des arti- sans ; ils constituent les premiers balbutiements de cet art africain que l'extension de la civilisation romaine a étouffé à ses débuts.

Je n'ai pas retrouvé les ateliers d'oîi sont sorties les lam- pes de la Coloiiia Tluiixiriiica, mais leur caractère ti'ès loca- lisé indifiue (juils existaient sûrement -\ On rencontre du reste un peu partout, dans le pays, d'excellente terre à potier dont se servent les femmes aiabes. Je crois avoir démontré que ces petites fabriques ont foiictionné pendant plusieurs siècles, leuis produits portant le rellet atténué des modifica- tions de formes subies par les lampes romaines proprement dites qu'on vendait dans les villes du voisinage.

Je n'ai noté qu'une seule marque offrant le nom de Victo)% en gralïlte. Il semble en effet que les potiers indi- gènes, qui du reste signaient rarement, ne se servaient pas de cachets, comme cela se faisait généralement pour les lampes romaines, mais gravaient l(>ur nom avant la cuis- son, à l'aide d'une pointe.

A Bulla Regia, situé à une (piarantaine de kilomètres de la Colonia Thuhiintica, les nécropoles ont offert des lampes païennes typiques avec les estampilles courantes dans le leste de l'Afrique. Fait curieux, ces lampes qui, ailleurs, ont la queue forée, présenlent ici une queue pleine. Doit- on en conclure qu'elles ont été fabriquées sur place par des

I V. D' Cahton. Mcm. Snc. Nnl. dcx Aniii]. rie France, igiS, p. i/|i. IJArt iiulifirite xur les lampes de la a Colania Thulnirnica » et. Bev. Tunis., ii,)i5, p. 97. Les lampes d'art indigène irouvées à TJniburnic et à C/iem/on.

a On vient d'en trouver une ceriniiic ipinniilé à nne (piinzaine de kilti- mètfes il l'ouest de Thnbiu'nir, tout à fait semblables, en général, à celles que j'ai décrites. M. l'alibc Laverdure a bien voulu m'en communiiquer les exemplaires.

I.KS I MUilOt KS l)K I.VMI.KS |,VN> , 'an.iknnk \i hk.i i: !I;{

94

.ES FAHRK)L ES 1)K LAMPES DANS I. ANCIENNE AFRIOC'E

î.Es 1 \nnioi Ks UK i,\mim:s I)A^s i.'wciknm.; m moi k Or>

siicciii'salcs (les •<ir;iii(ls Jilclicis, (|iir (ciix-ci iiii|)<ir hiiciil (J'iiillciiis (les limiiiiiiircs fii^oiiiirs un '^oùi des «rcri- du piiNs, DU (|iril s'iio-il siinplciiicrtl de conl icfaroiis ?

\ Siiiillii, siliK- cnlrc les dcii\ aidi"s cilrs, les lampes soid. par Iciiis (•aracl('T<-s, inlcrmrdiaiics à ccllr-. des villes voisines.

l-ii lésmiié. celle ('Inde de jji (ahrieal ion (le< lampes dans ime léirion lendraii à mordrei' (pià eolé de celles de type romain, (jiii élaieid imporlées de i^rands ateliers romains ou africains, il \ .«n a\ail (pii élaienl fahiicpiéos siu- place. On devait en elTel favonner prestpie [)ailout ces pelils objels. Dans la région dont il vient d'elic (pieslion j'ai soiivejd rencontré les restes de fours, noianimeni an snd de Thiiburnic, sui- les bords de roue(J p:nja, sni- ceux de l'oned El Hammam, et non loin de Souk-el-Arba, à l'IIen- chir Merzoug- '.

■l'iii déjà parlé ()récédennnenf des fours à polie,- de |'[Ien- chn-Jîab-Klialled, .pie j,. n'ai, à mon çrand recrret, p,,s eu le temps d'exf)lorer -. Ils sont situés an centre de la petite vdie. .I'n ai surtout recueilli anlonr d'eux des fragnieîd'* de carreaux à reliefs et des débris de lampes. Dans I,«s thermes antiques et dans un petit sanctuaire de Mrrrurins Silvaniis i'iù trouvé un certain nombre d'autres luminaires. Tous offrent les caractères de la fabrication locale : terre d un jaune ou d'un rose pale, épaisse, assez fortement cm-te. J»'''- '"I '|'i.>ne courts et l.xnds, la seconde imperforée, dis- que sui)érieur pres((ue plat, avec deux trous égaux. Sou- vent, sur un diamètre transversal, l'ornementation est redude à un encadrement de oiobules. satis sujcM ceidral OfxMidant un motif m'a frappé, car il existe assez souvent sur l(>s lampes cbrétiennes. C'est une feuille « morte m doid les nervures forment un fin réseau très saillant, encadrév de palmes ou de lauiiers très sommairement exécutés avant la cuisson. Ces poteries paraissent, comme celles de Tbuburmc. être contemporaines des lampes romaines des pi-emière. deuxième périodes et période de transition

. V. Dr L. Carton-. Bull. irchéoL du Comité, ,80 1. Es.ai ,1c lnf,..„ra,,hic ,inheolr,,i,q„e sur la région dr Snuk el Arha. p. o'iS.

N. D' L. CAnTuN. issor. Franc, p. l'avanr. des Sciences. C.nngrè'< de Clrr- monl-Ferranl, 1908. Fouilles exécutées en Tunisie en 1907.

06 LES FABRIQUES DE LAMPES DANS l'aNCIENNE AFRIQUE

M. Lampes Césariennes

Ce sont de petits vaisseaux en une pâte assez grossière, de forme lourde, à queue non forée et percées sur la cuvette d'un ou deux trous. Le fond est orné de deux cercles con- centriques. Ce qui donne à la plupart d'entre elles un carac- tère tout particulier^ c'e^st la présence d'une inscription disposée en cercle autour de la cuvette.

La formule qu'on lit le plus souvenl est la suivante : eiiillc incernas roJalas (il> assc. C'est, on le voit, une invitation à acheter le petit vaisseau au prix indiqué d'un as.

11 y a des variantes : ab assené liicernas vénales {{[g. i:i), (pi'on peut lire : soit al> asse etne..., soit nh Assené, le dernier mot étant le nom du marchand. Une autre inscription, assez fré- (picnte, montre qu'il faut s'arrê- ter à ce dernier sens : Lucernas ^'^'- ''■' colatas de of(f)i(ci)na Asseni.

Une série dont les ii-ttres entouient une coquille marine donne un détail intéressant : Endte lucernas coUatas icônes, montrant que le marchand vendait des statuettes en même temps que des lampes, comme dans l'atelier de Carthage dont il a été question au début de ce travail. Ce renseigne- uKMil, lapproché de celui (pii donne ie prix de l'objet, montie que c'était fort probablement le potier lui-mêuK^ (pii vendait ses produits, car il est difficile d'admettre qu'il ait imposé un prix de vente à un intermédiaire.

Un de ces récipients, de grand module, trouvé à Cher- ehell, porte, autour d'une grande coquille marine, des ornements circulaires, décoration rare sur les lampes païennes, fréquente sur les lampes de transition et chré- tiennes et, sur le fond, le monogramme constantinien ent(Hiré d'une double auréole description qui doit se rapporter aux deux cercles concentriques qui se voient sur les lampes de même épcxjue ^ à l'intérieui' de la(|u<^ll(' on

I V. '.'. /. /.., t. vni, a^-fi/i"?. Il" /|.

:, V. null. \rrhénl. tlu CninUé, i8f)3. p. jc<?,.

I.KS I \hUI()l KS UE l.\MIM> l»\NS r. WCIKNNK \l HKM 1.

97

lit : />'///<■ hoitof ni ) tu ( le )l(iri( uin } , acliclc/ une Ij(»iiih' piôraulictii U'oiitrc les IimiMiics ou ICspril tiiiiliii ou conti'C tous les (loiix ').

Un objet (léciil paf |)ciuii(';^lil i|ui (lorlail le luono- j?raniui(' avec l'inscription : <iiil fccerU vivat et emerit, cl dont il donne le dessin, paraît être un moule l'fipf. i.Hi, il

Fis. i3

provient d'Arbal. C'est ])eut-ètre de ce côté qu'était la fabri- que, quoique ce petit objet fut facilement Iransportable. l.e nom de caesa rie unes, (pion donne à ces lampes vient de l'appellation anticpie de Cheichell (Caesan'a) . On a trouvé dans cette localité, auprès de l'iiippodronie -^ une lampe à anse non foiée dont le disfpie supérieur est orné de cercles concentriques, et (\u'\ porte sur le fond une inscription en cercle : Vita Donaio coroinngisivo V Coroiitaçjister signifie- rait d'après Rossi -^ le chef des coroplastes, c'est-à-dire le potier du peuple.

Deux autres lampes du même type, découvertes l'une à

I V. Bull. ArchcoL, Inc. cit., p. la'i.

a V. Bull. Snc. Génçir. et Archéol. Oran, i8o5, p. aaa.

3 V. Bull. Archéol. du Comilé, i8oô, p. i.^o.

'i V. C. I. L.. I. VIII, 9.2.643, 5.

:") Bull. hisl. Arrh. i885, p. 55.

98 LKS l-AHHKH KS l)K LAMPES DANS 1 ANCIENNE AFRIQIE

CheiclioU, l'aulre en Espagne, portent le même nom de potier : Lucernas coUatas de of(fi)cina Donati.

M. Gsell, (}ui a trouvé dans la basilirpie de Tipasa i une cinquantaine de ces lampes en signale seize ayant l'une des inscriptions ci-dessus. Les autres portent diverses déco- rations : encadrement de postes en relief, rien au centre ; encadrement de palmes, une petite palme semblant faire le tour du bec ^ ; encadrement de branches d'olivier, de lau- riers, ou de petits cercles ombiliqués ; pas d'encadrement, mais disque couvert de stries rayonnantes imitant une co([uille ; d'autres exemplaires n'ont aucune ornementa- tion ; une lampe à deux becs en terre jaune, avec trois petits trous au centre, offre une tête de femme sur l'anse.

M. Gsell dit que d'autres lampes du même type portaient des symboles chrétiens : dauphin, calice, monogramme. Elles dateraient du iv^ siècle •^. On en a trouvé avec elles, dans l'église, d'autres en terre rouge de la forme si répan- due à Cartilage, et ([ui dateraient du \f siècle. Les lampes césariennes doivent donc être placées au début de l'époque chrétienne. L'étude de leur répartition, d'après le Corpus, est instructive'" : Cherchell 17, Tipasa i4, Frika 4, Sidi- Ferruch (près Alger), Tiklat (près Bougie), Bosquet (près Mostaganem), (jouraïa, Berja (Espagne), Ilici (Espagne). On doit ajouter à cette liste la moitié supérieuredunelampe de ma collection, trouvée à Carthage et qui porte l'inscrip- tion : ab Assote '\

Cette répartition fait {)eiiser, ou (pi'il y eut plusieurs ate- liers le long de la côte, à l'Est et à l'Ouest de Cherchell, ou, avec M. Gsell, (pie la fabrique était dans cette dernière loca- lité. Il est possible (pie le nom du fabricant ou d'un des fabricants ait été Donatus.

VU. Lampes d'iteneliir Srira

En iQof), un colon de la région située entre Sousse et Sbeïtla, M. Deniau, m'apporta un panier plein de lampes

1 Recherches archéologiques en Algérie, p. 6i.

2 Mol if fréquent à Henchir Srira, au Djebel Oust, etc. V. Ibitl. Bull. Archéol. du Comité, jqoi, p. clxi.

/i Je n'y ajoute point les ilécouvertes postérieures à la publication de ce volume qui n'apprendraient rien.

5 On a trouvé quidques lampes du même genre que celles de Cherchell, mais avec une formule différente, à Rome et en Etrurie (C. I. L., xv, ô.vfis et X, 16.60O) /)• Le R. P. Delattre vient de m'apprendre qu'il possède quelques fragments d(> lampes do ce type, trouves aussi à Carthage.

"KSI VMMIU, KS„K, VXM.K. „VN>,VN,,KNN,: M,,,..,,:

99

Ul- uW... .,M a^.,, Innavs d.Ms .a ,>n,,Hi,^,,V 11 pa,ai,.

sa l>u...aprd un alH.n, K J. signalais d.. suite cette Wc.uvc.rle a la Socm'.!,'- Nali..uHl.. ch. Auli.ju.in.s de

'■'■":"'•■ '■ ^'- '^•""'"-""•"-. -n u.on.•<>u...il.sa<|^n,u- ve^teauN>nicvdos Auli.,nil.^.. ,,n, li. .xplon., !.. ,|.VÙI par iM. Ilaul(>i'œur.

I^es ruin,.s d,. Ill..,nh„ S.i.a .mlrnnrul drux u.onl,- cule. doni un. n.rsu.anl Tk, ,uèl,rs sur 60 de dian.èln-, elait fonue dr lan.pes de rebut olï,anl des défa.ds l.ès ^"^^-. hM.I..( ,.||,.s étaieni collées deux à deux, lanlot le s..|c|l r a„ u.al venu, ou bien le vaisseau cabossé, écn, ou b.iile. (.es objels n avaient pas élé jetés aux abords des ale- »'';>S (|.u elau-nl dans la ville, mais dans un de ces- dépots d nnmondicc^, si fréquents auprès des iestes des villes d Ainque et dont j ai étudié c|uelques-uns -\ On a trouvé à oote de ces lampes, beaucoup de moules en plàl.v plutôt

. Is du cote exter.eur et découpés en silhouettant le profil hoM/onlaLde I objet. Ln fin revêtement de plâtre à l'inté- iKMir servait a rehausser l'ornementation

Quand ces v^tisseaux sont bien venus, ils sont en terre ou.e et, quand ds on, été brûlés, .ris ou noirs. I.es w^ e sont épaisses, ce qui les alourdit. La cuvette n' n e pl s ronde, connne dans les lampes païennes, ou dan celles de la région du Sahel dont j'ai parlé plus haut e ces cet allongement c,ui doit les faire considérer Je posteneures à celles-ci. Le bec se soude par une ba e élar" e a la cuvette, à laquelle son orifice est relié par une tu •e.., dispc>s;tion qui, lorsque l'huile sortait ,L ce l^^, n la MU te dun heurt ou d'une inclinaison trop forte 1- '•'menait à l'intérieur du récipient

Voilà un caractère qui apparaît pour la première fois sur

clmt ei^'l r ^"' "' '? s'accentuant sur les récipients cil t ens. La queue n'a plus les deux rainures des lamnrs

:': ::neM M 7t' ^^-v^* ^^^^^ ^— ^-- ^ !-p

païennes! ,3 fois) et tantôt pleine h-- fois) comme dans les ^mp^ chrétiennes. Le talon prend nettement la siC^^

"• Hement différences précédemment sont devenus d'égale

r V. Cv„,o.. Bail. Soc. ^a,ion. A,,,, ,,. f,,„,,, ,,^, ^^^

2 \. llAiTEcœrR. Mé] rly ;-F,vi;„ ^ d •' 1 ■-'^-

Srira, p. 383. "''• "^""- ^'' ''"'"''■' '''' "'•"'■''<>

^ V. Dr L. Carton. /?„//. ^,, /„ Vor i,rl,J i i c

/a<<-/„ de Sou.se. ■""'•"'' "^'^- ^'^ ^'""'' Tes-

100

LES I AHKIQIES DE I A.Ml'ES DANS L ANCIENNE AFUIQl K

grandeur et placés tantôt sur l'axe transversal, tantôt sur l'axe longitudinal. L(^ bourrelet qui entoure le fond se poursuit jusqu'à la saillie de la queue pour former la paiera.

Cette forme date probablement de la fin du iv" ou du début du v^ siècle. L'ornementation corrobore cette déter- mination. L'encadrement, interrompu par la gouttière, forme deux branches qui se rattachent à la queue. Le motif en dérive évidemment des lampes antérieures, mais com- bien altéré. La feuille de laurier a fait place à une simple palmelte, les pampres à une série de postes ; très souvent on s'est borné à tracer une suite de liaits obliques par rap- port aux rayons de la lampe, et parallèles entre eux.

Cette décoration a parfois été obtenue par moulage ; le plus souvent, elle a été faite après en creux, à l'ébauchoir. C'est l'effet d'une régression vers les procédés primitifs, comme l'on voit sur les lampes de Thuburnic et du Djebel Oust. Les sujets sont en majeure partie païens ' ; les uns sont religieux, ils représentent Serapis ou Pluton coiffé du mndiiis, llélios radié, Proserpine, Diane tirant l'arc. Mars, Léda et le cygne, Bacchus, une prêtresse debout tenant une palère, un personnage appuyé sur un Hermès. D'autres, non religieux, sont fréquents sur les autres lampes païen- nes : moissonneur, cratère. D'autres rappellent ces motifs de style alexandrin qui, dès le i" siècle, dominent en Afri- que dans les sépultures, les mosaïques, la céramique, les lampes surtout, et dans lesquels figurent des amours, assis, tenant un vase, assis près d'un panier de fruits, tenant une couronne, etc. On a relevé encore des sujets communs aux lampes païennes et chrétiennes : bélier, bœuf, cerf, che- val, chien, co(|, lévrier, lièvre, sanglier, lion, cartouche vide à bords dentelés, rosace à sept ou huit pétales.

Si on laisse de côté les motifs sûrement indifférents ou qui, étant à la fois païens et chrétiens, ne peuvent pas don- ner d'indications, il reste des sujets païens indiscutables auxquels on ne peut en opposer un seul qui soit sûrement chrétien. Il est possible que les lampes étaient destinées à une clientèle appartenant aux deux religions, les adeptes de la seconde ne tenant pas encore sans doute à afficher leurs croyancc^s [lar l'achat d'emblèmes trop précis. En tous cas, si on peut donner à ces poteries le nom de lampes

I V. HArxEcoEun. Miixée Alanui, Supplément, p. a8o. Carton. Bull. Soc. Naf. lira Anliij. rie France, 1906, p. laa. RENtiui.T. m' Cahier rrArchéol. Tunis., p. j->.'i. Nicolas. Revue Tunisienne, 1007.

LES !• Aiiuioi i:s Di: i,\Mi'i:s hws l,'^^(ME^^E ai rviQiE l'Ji

(le Iraiisilioii, rien iriiuioiisc h leur donriei- (•('lui de tlucli(;nnes.

(loiiirnc l'a n'iiiiii(|ii('' M. Ilaiilccœui', les iiiuiijiics ne (loimciil jamais le iHim, elle- vont rôdilitcs à une initiale : M, N, \. Y, ou à lin (iiiiriiiciil : liMlc à trois ou (|ualic Il iiillc-, iialiiicllc, cioiv sciilt' ou canloniK^'iî de points, ou (Il idicl' Mil une paliiiclti". .l'ai relevé inoi-même, sur des laiii|)('s (le ma collcclidii, les lettres A B C, ABCS, \ B C T ' .

Il l'aiil iccoiiiiaîli (• (|iic les cai aclt'ics de ces iiiai(|U('s sou! Idiil à l'ail ceux (|ii'oii a relcvi^'s sui' iUs laiiijK's fiancheniciil du •('•liciiiH's. Ici, comme au Djebel Ousl, les [)olieis (jui fal)ii(|uaien| les luminaires faisaieul aussi des vases d(jnt on a lrouv('' de iioml)reux di^bris '. D'apri's les noms i-elevés dans l't^pi^iaphie de la pelile ville anti(pje, l'aiileur pense tpie les potiers élaienl i\c^ indigènes el il faut reconnaître (pie le caractère de leurs iirodiiits iaf)pelle ceux des aitisaiis de Thuburnie et du Djebel Oust.

Ou peut se demander si ces lampes ont été exportées au loin. M. ITautecœur dit en avoir trouvé, dn même type (pi'elles à SbeïtIa. El Djem.Carthaa'e et en delicMs de l'Afri- ipie. à Palerme, Syraeuse et Rome. Plusieurs portaient des sujets rpTil n'a pas rencontrés à Henchir Srira, ce qui l'amène à conclure (fu'elles ne proviennent pas de cette localité, car il serait étonnant qu'une bourgade ait eu le monopole de ce type. Mes propres observations eorrobo- lent cette opinion. J'ai en ce moment sous les yeux une série de lampes provenant de Kasseiine, Alactar. Carthage, (iu Djebel Seidj, (jui paiaissent identiques à celles de Henchir Siira, à un piemier examen. Mais elles offrent des différences tendant à montrer que. comme pour le o"rou])e de lampes à la maicpie si ciuieuse décrites plus haut, il a ilù eu être fabri(pié du même fvpe, à un moment doiiri('. eu |tiusieui< poinis d'une région de r\fri(pie.

Tin. Atelier d'ithiiia

A Oudeua, auprès de Tunis, en déblayant les (her- nies anti(pies dans lescpiels a été trouvée la mosaïque

I Pour Hniili'Cii^nr, S et T seiïiifiit pciil-rtn- le-; inilinle? du prifior.

1 Ces (léliris rappollpnt toiif îi fait par ]e)ir ornpmtMitatinn en pal mettes, damier et ronds quadrillés les tessf»ns rhrcliens de Cartliatre. les roiileiirs. la nature et la cuisson de la ])àte sont identiques. Les ateliers rrHeucliir Srira auraient-ils donc exporté dans !a capitale ?

102 (ES FABRIQUES DE LAMPES DANS L'A^(;IE^^E AFRIQUE

dite des Labcrii, on a leiicontié un atelier de potier chrétien i.

La ville a élé ruinée, au milieu du iv' siècle, |)ar l'inva- sion vandale. T.es thermes cessèrent de fonctioimer, tout en restant debout, et c'est que s'installa l'arlisan ; sa fabrique lesla en pleine activité jusqu'au jour un incen- die la détruisit complèlement. Les voûtes, en s'ciïondrant, écrasèrent un entassement considérable de vases, plats, lampes, statuettes, cachets et moules.

Parmi ces débiis,Gaucklei- a remartpiéplus de trois cents plats oinés au fond, sur le pourtour ou le marli d'estam- pilles chrétiennes, quatorze types différents de monoofram- nies du Christ ou de croix siinples, le swastikadansuucarré, l'agneau, le lièvre, le coq, la colombe, l'autel, le palmier, le lion, le renard, le chrisme accosté de l'a et de l'w, un clerc tenant le calice à deux mains, le Christ et l'àme fidèle (un lièvre dans les bras), le Bon Pasteur, le Christ accosté de deux anges, saint Michel tiansperçant le dragon, l'agneau.

Parmi les cachets à estampilles l'un porte les trois lettres PER.

A côté de moules de lampes chiétiennes en plâtre, il y avait des moules de vases à parfums et toute une série de formes à potiei' ', dont plusieurs ])ortent des gialTites ou le chrisme et la palme.

On \()it (pie dans cet atelier, on ne faisait pas seulement des lampes, mais aussi d'autres poteries. Il devait probable- ment en être ainsi de tous les petits ateliers indigènes, la spécialisation dans la pioduction n'ayant pu exister que pour des établissements importants ^.

A côté des lampes chrétiennes de forme typique, on en a trouvé ici en forme « de bol tronc-conique fermé par un dôme également tronc-conique percé de deux trous, l'un au centre, l'autre dans la rigole, ])our la mèche, ou encore recouvert d'un dôme tronc-conique également surmonté d'un goulot ». Tl est intéressant de noter cette juxtaposi-

I V. (iALCKLEK. Le ddinaine fies Liiherij <) Ulhina. Bull. Archéol. du Coin., '■'^UT' p. ''i-'^ pt siiiv. Calai, du Musée Maoui, p. ir)/i et suiv.

'• IhsI ruinent en terre cuite de lo centimètres de longneur environ, en forme d'ellipse aplntie suivant deux faces concaves destinées à recevoir les doigts. Cet instrument servait à modeler l'argile tournant à l'aide d'un tour.

3 Si ou fe'en rapporte au catalogue du Musée Alaoui par Hautecœur, on aurait découvert uii autre atelier de j)otier de l'époque clirétienne h Carthage. I^es renseignements (pii m'ont élé fourni? ii ce sujet semblent indiquer qu'il s'agit d'une erreur.

LEis I- vHnioi Ks i)i; i,\\i|.|:s i>\\s i.'\n( ie>m.: mhioi k 103

li'Mi (lc(lcn\ l'oniics. riiii.déiivanl (Ic:^ liimpos antéri(Mires, l'aulic (jiic l'on e<ni,si(Jt'rc coinnie vaiHliilc, suis «ju'il \ iiil (le l\|)(' (le Iransilioii cnlrc les deux.

On iir ronnaîl pas. vu A(ii(iuf, d'autres ateliers de lampes l)\ zaïilines.

.I<' IK- puis à la lislc ,1,. ral)ii(pics de lampes (pij pircède ajouter' la (leseiipli,,ii ,|,. ,1,.,,\ d'eiiire elles, dont on m'a signalé ICxislenee. L'iiiio a lomiii plusieurs centaines de lampes païennes dans la tranchée d'une route aux environs immédiats de Mactar. L'autre a été signalée à M. Hietlmann par un gisement de luminaires de basse épcxpie, vandales ou arabes, à Sousse, au pied du Monte Testaccio.

.le ne tirerai (prune conclusion de ce (|ui précède, c'est qu'à C(Mé des ateliers à produits de caractères franchement romains, il a existé en \t'ri(jue des tabrifpies de poteries indigènes. Les lampes s'en éloignaient plus ou moins du type de la lampe romaine. Les formes souvent antérieures aux premières semblent s'en être développées à mesure cpie les importations l't rinlliience italiennes ont diminué.

D' L. CARTON,

Conespoiulanl de ilit^ililut de Francg.

BIBLIOGRAPHIE

(OuiuïKies (ifjcrfs à l<t Sorich')

MELANGES AFiUCAIiSS ET OliIE!\TAi\, par René Bassft, i vol. in-8', ritjo p. Paris, J. JVlaisoiHH'iivi' et tils, igiô.

Cet. ouvrage est formé par la réunion d'articles parus de 1882 à 1907 dans différentes publications périodiques, en France ou à l'étranger. Ainsi que cela arrive presque toujours, de tels tra- vaux, malgré leur importance, restent dispersés et souvent, introuvables pour les étudiants, ou tout au moins hors de leur portée. L'auteur et l'éditeur ont donc été bien inspirés en les réunissant en volume. Us en ont ainsi facilité la diffusion parmi les travailleurs auxquels ces articles seront une source d'infor- mation des plus précieuses pour l'histoire politique ou littéraire, l'ethnographie ou le folk-lore des populations islamiques en particulier. C'est ce dernier caractère, cette préoccupation de ce qui concerne l'ethnographie ou le folk-lore, qui forme en quel- que sorte l'idée llominante. le lien qui relie entre eux ces tra- vaux, ail premier aspect si divers.

Le premier article, un résumé de l'histoire de L'Algérie arabe, depuis la premièi'e invasion arabe jusqu'au xvi^ siècle, com- mence la conquête turque, avait été demandé à l'auteur pour la collection L'Algcrie et ses jnonuinents, collection que le Gouver- nement Général de l'Algérie a publié à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900. Il n'est {)as possible de présenter en vingt-six pages, avec autant de clarté, un tableau plus complet et plus vrai de l'histoire politique d'une période qui s'étend sur un espace d'environ sept siècles. Le deuxième article sur La Littéra- ture populaire berbère et arabe datts le Maghreb el chez les Mau- res d'Espagne, seul travail d'ensemble existant sur ce sujet, nous montre une autre face de l'histoire des mêmes populations. Ces deux chapitres servent comme d'une introduction pour la con- naissance de pays ou de populations, dont Un prétendu chant populaire arabe (III), un essai sin- Les T(dba d'autrefois (IV), des Notes de voyage (V) en Tunisie, en Algérie, au Maroc, font connaître le côté légendaire ou pittoresque.

Des comptes rendus bibliographiques suivent, mais dépassent la simple critique littéraire, par les nouveaux aperçus de l'au- teur, par l'indication de sources inédiles. Les Cheikhs du Maroc an XVI* siècle, notamment, sont im véritable chapitre d'hisloire

BIBLIOGRAPHIE 105

iilisoiiiniriil iKniscMii (\ lii>). hiiiis lui' rlrtjic (inmiirciisc il'lhn Sii'iil ('H-\iis lions iiMMis \.i |iiiiiiirir Iriidiirl ii m de ce poriiiriN II). Les Sniircrs (inihcs de l-'laiic cl ilc lildiirhcllnr (\lll) iinii- iiii»ii- Iri'iit le processus de ces soilc-; ilc h'^Tiidcs ;i IraNcrs les clu-iniiis obscurs de la liaditioii ou de la lilh'-ialiin- popnlairc depuis l'Oiiciit jiisipraiix tciiitoircs do l'Oucsl ciiropcK'ii. l n nip|)nr| sui' une .\/(>n/(i/i ttii Sriininl (l\l, la crirnpic d'un livre sur L<'.s Bainbdid (\) eoniplctcnl le ^M'oup( d'articles se rap|)oilaul à l'AI'ricpie du Nord-Ouesl. Deux éludes sur L'Ishiin ou Le Malm- DK'lisine (XI) d'après les li\|-es de MM. de ("-asiries ftu (larra de Vaux, et sur Deiw pliilnsophes anihes (\ll) de ce d( rnier, don- nent à M. René Bassel, non seidenient l'occasion de pass<T en revue les sources cilé( s pai' les auleiirs. celles cpi'ils auraieni pn utiliser, mais encore, tout en l«'ur rendant la |)ail d'élo'/es qu'ils inérilent, de redresser nomltre d'erre^urs.

In article (Mil) sur la reine de Saha, à piopos du livre de H. Le Roux. sert, de transition entre les étud<'s précédentes con- cernant les pays musulmans et des études sur les rellffion.s orien- tales, apocryphes éthiopiens (XIV à XVI), littérature co|)te et syriaque (XVII et XVIII), NosaïrLs (XIX), études persanes (XX à \XIV), etc. L'ouvra^'^e se termine par un article nécrolot^irpie snr .'\. (le Calassanti-Alotylinski. dij^ne liomma'i'e d'un savant à un antre savant, son ami.

Est-il utile d'ajouter (pie les notes au bas des pages sont une mine de renseignements bibliographiques et que ces notes ont été complétées et mises à jour lors de la réunion des articles en vohmie, en 191 5 ?

Il nous eut fallu de noinl)reuses pag( s j)our donner un compte rendu tin peu détaillé des articles qui composent ce volume. Xous nous sommes bornés à en souligner objectivement l'impor- tance et les grands services que p(Mivent en rdirer les arabisants.

A. COUR.

LES .lC77iS D'UOSTIUTÉ DES ËMlGïiÉS. ET DES MAROCAINS, SVnTOUT DES HEM SÎWSSEN, ET LES OPEIi^TIO^S EFFECTVP.ES PAU LES FnA^ÇAIS, !\OTAMMENT EN I8:>6, par le capitaine L. Voinot, i brocli. iu-S", iKf 1). (l-'xlr:nl de la licviii' \fri(<iiiie, ■>' Irim. n.ii'i). A. .loiinlan. Alper.

Avec ce volume, l'auteur nous donne nn chapitre fort intéres- sant, et encore absolument inédit, de l'histoire des relations de fronti('re franco-marocaines entre les années 1862 et i858.

Kn i85a, les Béni Snassen et les Boni Mathar avai(Mit reçu une maîtresse correction pour les méfaits commis le long de noire frontii''re. Refoulés sur leur teriitoire, ils se tinrent d'abord tran- (^uilies. Mais, non tenus en main par le pouvoir central niaio- cain, l'anarchie continua à sévir chez eux, et, petit à petit, ils

10(j BIBLIOGRAPHIE

s'eiihai'diieiil el rccdiiiiueiicrii'iil leurs incursions hostiles chez nous. Ponr cela, ils Irciiivèicnl des alliés naturels dans lesi nom- breux émigrés t[ui avaient quitté le territoire algérien par haine des chrétiens. Ces émigrés, pour faire la guerre sainte, s'étaient transformés en cou|)eurs de route, dévaliseurs de diligences entre Marnia et .Nemours. Les autorités françaises voulurent remédier à ce désordre par un acte d'énergie : l'enlèvement du chef des émigrés. Cet enlèvement réussit mais provoqua, même chez nos indigènes, une recrudescence d'hostilité et un plus grand nombre de dissidents. En i85(i. la tribu marocaine; des Kebdana, aidée par les Ouled Bon Azza, vint razzier le^ii Msirda sur notre propre territoire. Ihi contre-rezzou fit payer aux Ouled liou Azza les pertes des jMsirda. Mais cette action était insuffi- sante comme châtiment ; cependant le commandement supé- rieur français était hostile) à toute action énergique contre les Marocains et avait interdit formellement à nos troupes de dépas- ser, à la poursuite des Marocains hostiles ou des émigrés algé- riens, la frontière marocaine. Etait-ce de notre part respect exagéré des traités .'' Craignait-on. au moment de rexi)édition de la Grande-Kabylie, de créer des complications supplémen- taires ? L'auteiu' ne nous le dit pas. mais il nous montre très bien que notre politique peu énergique obligea à une concentra- tion de troupes françaises et à roiganisation de deux groupes de colonnes (jui durent opérer des actes de répression en i858, l'une, au rsord. chez les Béni Snassen, l'autre, au Sud, chez les Hamiyan.

M. le capitaine L. Voinot a fait suivre son si curieux travail de cinquante-deux pièces justificatives tirées des Archives du (louvernement Général de l'Algérie ou des Archives du cercle de Marnia. Nous ne saurions trop le féliciter du grand service qu'il a rendu ])ar sa publication à tous ceux qui s'intéressent à l'his- toire de noire belle colonie.

, A. COUR.

l._ DV DBOIT DE CITÉ ACCORDÉ PAU LES BOMAINS AUX PEUPLES CONQiUS El' SES EFFETS, pnr M. .1. CAricopiNo. A. Joiinliiii, Alger.

II. _ DEUX UMSr.lUPTIONS DU DEPARTEMENT DE CONSTANTINE BÊCEM- MENT PUBLIEES. Imprimerie Nalioniile, l'aiis.

III. MELANGES D'EPIGBAPHIE ALCEBIENNE. A. .Immliin, Alg:er.

IV. _ isoTE SUR UNE MOSAÏQUE BECEMMENT DECOUVEBTE A TIPAZA. Impiirneric Nationale, Paris.

Les quatre études que M. Jérôme Carcopino a publié toiit ié(MMiiment présentent, un réel iiitérèt. Et d'abord, la question (lu iDoil (Je cité accordé pai- les Piomains attirera l'attention de t(jus ceux qui s'occupent de législation. Après avoir dit que Rome

RlRT.rOr.RAPIIIF, 107

Il iiccniiliiil s,i |)to|('('| idii (|ii';"i icii\ (|iii ^ii 1 1| m uliiici 1 1 |i's cliiiriM'- |mlilii|ii(-- <(i\i(c iiiilihiirc cl |iairiii(-iil tlii viii^Miriiic sur les siicccssidiis, M. Ciiicdiiiiiu iriilii|ii(> les ('•t.;i|M's (ju'a snliif If (Iroil (le cili'-. Le mol de iiiiiniripc, (railleurs, st-niMc iiiilii|iii r lis (livcis(s cliaivics liiiposi'-cs aux ciloyciis romains.

.Iiisijii'à lladrifii, j'i'lian;:!'!- siiliissail, avant d'acquérir ji' titiv de ciloyru loniaiii. inir iiiilialimi. une évolnlion. Ce fut (iara- ralla (|iii lomaiiisii d'un seul ((inp lous les liommes libres de rempire. Il en excluait ce[)cndanf les piujnni, ceux que nous a|i|)cloiis paysans. Iialiilant les villafrcs et les nomades.

M. ('areopino fait rcmanpior que celte extension du droit de cité ( ut lieu au mnmcni de la décadence de la puissance romaine,

alors (pic le-; Barliarcs c mençaient à presser l'empire, alf)rs

qu'il fallait des hommes et de Tarèrent.

Ainsi cette courte étude fixe un des |)oiiils importants de la vie pul)li(jue romaine.

Deux auli-es brochures (1(> AT. Carcopinos'oceupent.d'épifrraphie afri(^aine. T/ini(> de e(>s brochures, d'apn'-s l'inscription d'Wii- Aziz-Rcn-Tellis, fixe la source de VAmpsiujn, qui serait un des petits aflluents du Rhunuuel, l'Oued-bou-^frab et non le Rhum- mcl lui-m(*me. Une deuxi(''Miie inscription, celle d'Aïn-Melonk, indi(pie la création, sous la protection de la déesse Celestis, d'un viens sièpe de numJinœ.

Dans les McJnnçies (J'Epiiimphie africaine, M. Carcopino étudie une inscriplion de Cirta. D'après lui, le premier Africain (jui obtint le ran^r suprême dans la hiérarchie des magistratures, serait le consul Aurelius Pactunieius Fronio, de Cirta. en So apn'-s .T.-C.

Enfiîi. IVliide sur la mosaïque de Tipaza, documentée et exacte uKli([ue bien la destination de r(Hlifice qui la renfermait. Ce n'est pas, d'apnXs M. Carcopino, une basilique chrétienne mais un inommienl païen, une basilique civile. Divers détails semblent rindùpuM- : l'abside réservée aux magfistrats et la salle ouverte au pnblic tant(M servant de salle d'audience, tantôt de promenoir pour les oisifs. Af. Carcopino pense même dater cette basili(pic du i""" <i(Vle, ce (pii la placerait parmi les plus anciens monu- nienls de l'Afrique romaine.

La mosaïque qui semble contemporaine de l'édifice présente une surface de 5 m. 70 de longueur sur une profondeur de 3 m. ()(). Le centre de la mosaïque est formé de trois fioaires de captifs eiudiaînés, entourés de douze têtes de personnages, hom- mes ci fenunes. Ces captifs représentent-ils des vaincus. Maures ou MiisiilniK's^ rebelle? des environs de Tipaza, ou comme le veut M. Rnllu. des justiciables de ce tribunal ? La question n'est pas résolue bien que M. Carcopino penche pour la première hypothèse.

Abbé FABRE.

PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS

de la « Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran »

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADiMINISTRATIF SÉANCE DU '6 Janvier 1916

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Dot merglie. Flakault, Pock, TouRMER, Dangles, Al)bé Fabre, Pellkt, Ferez, D"" Saindras.

Absents excusés : MiM. Général Baschuisg, Réreinger, Aram- BOURG, HuoT, Lemoissoa, DE Pachtere, Roux-Freissineng, mobi- lisés ; René-Legeerc.

Absents : MM. Déciiaud. Dri'uv, Kriéger, Lamur, Pontet.

Le procès-verbal Je la séance du 6 décembre est lu et adopté.

M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Maire de Relizane informant que les travaux exécutés dans les iniines de l'ancienne Mina ont fait découvrir un certain nombre de docu- ments lapidaires, qui sont déposés en partie entre les mains de M. Martin, chef de section des Chemins de fer de l'Etal à RelizaTie.

M. le Président ajoute à ces indications qu'à sa connaissance il aurait été trouvé dans ces fouilles deux inscriptions funéraires.

M. le Président rend compte de l'état des ^pourparlers engagés avec le propriétaire du local de la Société au sujet du renouvelle- ment du bail.

Après un échange de vues, le Comité charge M. le Président de continuer ces pourparlers et lui donne tout pouvoir pour con- clure au mieux des intérêts de la Société.

M. le Président annonce ((u'il a reçu de M. le lieutenant Canr- pardou, par l'intermédiaire de M. le commandant Mougin. un travail sur le préhistorique à Taza (Maroc). H est chargé de l'examiner.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 7 heures.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAULT. Si<rné : DOUMERGUE.

t»nocES-M;i<M\i X dks m'i mo\s di; i,\ sociiiii': KM) RI- 1 \I0\ .MK.\S[ KI.IJ': 1)1 COMIir: \l)MIM<Tli\Tl|.

Sl'vNCI-; in ~ FkVUIKH |()|(i

Présidence de M. Doi mek(;ie, président

La séance est ouverte à 5 Iieiires ef dtrnie.

Sont présents au Comité : MM. Doimerguk, Pock, Tolh.meii, DÉciiAin. Lkmoisson, Pkllkt, Pérez, Flaiiault.

Absents excusés : MM. Général Basciiing, Bére.ngeu. Aham- BouRG, HuoT, DE Pachtere, Roix-Freissineng, mobilisés r Dan-

(iLES, ReNÉ-LeCLERO.

Absents : MM. Dupuv, Abbé Fabre, Kriéger, Lami r, Pontet, D"" Sam)ras.

Le procès-verl)aI de la séance du 3 janvier iyi(j est lu et adopté.

Le Président rappelle que MM. Argoud et Pariexté, membres de la Société, ont été, le premier, inscrit au tableau d'avance- nii'ut pour la Légion d'honneur, et le second décoré de la Croix de n-„,.vre, pour leur brillante conduite en Orient. Notre jeune collègue M. Camille Arambourg a été aussi l'objet d'une citai iou à l'Ordre de l'Armée et a reçu la Croix de guerre.

M. le Président donne lecture d'une lettre par laquelle M le commandant Mougin, chef du Service des Renseignements à Taza, assure la Société qu'il veillera de tous ses efforts à la conser- vation de la ville indigène de l^aza qui présente un réel intérêt archéologique et historique.

M. le Président ajoute que, grâce à l'intelligente initiative du Commandant un musée régional est en voie de création à Taza. Le préhistorique en forme le premier noyau. Le Comité est heu- reux d'a|)prendre cette bonne nouvelle et souhaite que l'œuvre soit prospère.

-M. le Maire de Relizane nous annonce que de nouvelles trou- vailles ont été faites aux ruines de Mina. On a exhumé quelques ^leles funéraires dont les bas-reliefs sont p'iis intéressants que les inscriptions.

II est ensuite rendu compte du résultat des pourparlers en^'a^és entre le Président el le propriétaire du local occupé par la Société pour le renouvellement du bail. Le renouvellement, pour 3, 6 ou 9 années, a été accepté avec une augmentation de (lo franco par an qui ne sera exigible qu'après la signature du traité de paix Le loyer sera donc porté à 720 francs.

Le Trésorier présente le compte administratif provisoire de 1 exercice i()t5 non .-ncore clos, mais qui laissera un léger excé- dent du fait de la suppression d'un fascicule du Ruiletin. Il sou- met aussi un projet de budget pour iqi6.

110 l'HOCÈS-VEKBALX DES REUMOPsS DE LA SOCIETE

11 inonlre combien il est diiïicile d'établir un étal à peu près exact des recettes pour l'année qui commence. Le Comité est d'avis qu'il faut continuer à faire les dépenses indispensables, tout en persistant dans le syslème des économies qui a permis à la Société de maintenir son activité et de couvrir les dépenses pendant l'année 191 5.

Le Président fait aussi remarquer que si les subventions nous font défaut, la rentrée des cotisations est relativement bonne. Rares sont les sociétaires qui, non mobilisés, sont en relard avec la caisse.

Après examen des propositions du Trésorier, le projet de bud- get est adopté avec les cliiffres ci-après :

Pro,j« t de IJudiïot do 1916

Recettes Approximatives /i /ioo n

DÉPENSES

Bulletin 2.3oo »

Affranchissemenl i5o »

Frais de recouvrement 180 »

Frais de correspondance 100 »

Imprimés, frais de bureau 5o »

Reliur»' 100 »

Prix au L^cée » »

Conférences » »

Abonnements fio »

Achats de livres 1 5o »

Concours » »

Recherches archéologiques

Frais d'élections"

Loyer ^

Impôts, éclairage, assurance, entretien

Gardien de la bibliothèque

Dépenses imprévues

Total f^. /^oo ))

La Société a reçu les ouvrages suivants :

De M. Guebhard : 'Sur une petite, mais importante améliora- tion à apporter aux signes de la u Légende palœ-etthnologique internationale ».

Applications nouvelles de la radiographie à l'histoire naturelle.

Carte structurale des environs de Co.steilane.

De M. Ben Danou : Les Laines Algéro-Marocaines.

De M. Louis Gentil, membre correspondant : Notes de géolo-

DO

»

660

180

3 60

60

l>nOCÈs-\ KKHM X DES HKl MONS UE I,A SOClKlÉ 111

(/((' imimoiiiie, Skiuks \ cl \l. daiis IcsiiiicHos^ suiil iriiiiics liiiil coiMimiiiiialions à rAcadt'iiiic des Sciv'iices (iyi:>. à nji;')). Esquisse hydniUigique <lc la n''(jion de. MeUnès.

La rechei elle scienlifique au Munie.

L<i C.niie dit Munx- à réi'liellc de I .lll)ll.nnir\ |.;,r llciiiy lîiinri'c. \nlic(' sur hi l'.ousl ruclioii dr In Ciirte et Index hibùio- (irnphiiiuc itn'crdt's <rnin' rue d'eiiseiiible sur le relief du Maroc.

hc M\I. I.(iiii< (Iciilil cl l'crcira : Sur les efjejs au Maroc du (jrand IreDihleiiieiil de lerre en Porluijal (I7~)'t).

Joutes ces iidlos seront consul tccs avec prolil |»;ir tous ccu\ qu'inlcrcssc la ^V-olo^'ic marocaine.

De vils remercieinents sont votés au\ auteurs donateurs.

Le Président rend compte de quelques acquisitions de livres qu'if a laites pour la hihliolliccpie de la Société.

Le Omiité décide de remettre au mois de mai i()i7 les éleetions pour le renouvellement partiel du Comité.

Les membres sortants (mi ii)i6 étaient : AL\L AaA>nioL'KG,

DkCIIAID, KuiÉOER, LaMTR, LeMOISSON, PELLET, Po.NrET,

D'' Sandras'.

M. DouMERGUE rend comple du travail de \l. !<■ liculciuuit Campardou présenlé à la dernière séance. Il en |)ropose l'impres- sion dans un de nos prochains bulletins. Il en est ai.nsi décidé.

A cetic occasion, le Président fait remarquer que, parmi les territoriaux de France qui ont été appelés au Maroc, se trouvent plusieurs membres de Sociétés Savantes françaises qui consa- crent leurs loisirs à l'étude scientifique des régions qu'ils occu- pent militairement. Il a été heureux de répondre aux diverses demandes de renseignements adressées à la Société par la ])lupart d'entre eux.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. io.

Pour le Secrélaire gênerai. Le Président,

Signé : FLAHAULT. Signé : DOUMERGUE.

RÉUNION MENSUELLE DU COMII R ADMINISTRATIF SÉANCE 1)1' i.S Mars njif)

Présidence de M. Doumerct e, président

La séance est ouverte à f) heures et demie. Sont présents au (^.omilé : MM. Doi mergie, Toirmer. Abbé Fabre, Kriéger, Pellet, Pkrez, D' Sandras, Flahault.

11- l'HOCÈS-VEKBALX DES REUMONS DE LA SOCIETE

Ahstnts excusés : MM. Général Basciiing, Béremier, Aram- BouRG, HuoT, Lemoisson, DE Pachti^ire. Roux-Freissi^e^îg, mobilisés ; Dupuy, Pock, ReiNÉ-Leclerc.

Absents : MM. Dam;ees. Déciiaud, Lamur, Pontet.

Le procès-verbal de la séance du 7 février est lu et adopté.

Avant d'aborder l'ordre du jour, i\t. le Président annonce le décès de deux de nos sociétaires : M. Léo})old Français et M. Je Commandant Paul Bertiion, ce dernier tué le 26 mai hji.") aux Dardanelles. Le Comité s'associe aux sentiments de condoléance exprimés par le Président.

M. le Président transmet au Comité les excellentes nouvelles qu'il a l'eçues de M. le Commandant Bérenger et de M. Aram- BOiRG. Le premier a recueilli à Moudros des bois fossilisés qu'il a adressés à M. le Préfet dOran. M. Aramboirg a, de son côté, fait une découverte très importante. En faisant creuser des tranchées dans la région de Saloniquf il a niisi à jour une riche faune de mammifères tertiaires dimt il a pu recueillir (!<• nom- breuses pièces. Ces précieux documents feront sans doute, plus tard, l'objet d'une savante étude de notre jeune collègue.

Kst proposé comnie membre tilulairf :

-M. Cambrou Jean, directeur de l'école Saint-Antoine, à Oran, présenté par MM. Doumergne et Conrrech.

M. le Président rtiid compte des nouvelles difficultés que va rencontrer la publication du Bulletin. Il donne lecture d'une lettre de M. Fouque, im|)rimeur. par laquelle il nous avise que l'augmentation de 20 % ([ue nous avons acceptée sera portée à 33 % après la publication du premier fascicule de 191 6. Cette augmentation est motivée par ce fait que le papier et les couvertures ont subi une forte hausse, ce qui ne justifie pas une augmentation de t3 ",' sur le prix glolial de la facture. Le Comité trouve cette augmentation sur le prix global injustifiée. Il charge M. le Président de présenter ses observations à M. Fouque, espérant qu'il pourra en obtenir des conditions moins onéreuses. Le Comité, pour faire preuve de sa bonne volonté, accepte d'avance l'augmentation sur le prix des couvertures.

M. Pellet rend conijttf d'une correspondance échangée au sujet des fouilles qui s'exécutent en ce moment à Relizane. Le Comité prie M. Pellet de vouloir bien, lors de son prochain voyage à Relizane, étudier sur place cette question.

Le Service Météorologique de l'ihiiversité d'Alger annonce qu'il commence une nouvelle publication périodique des relevés de la pluie pour l'Afrique du Nord. Pour répondre aux besoins de l'agriculture, il sera publié trois relevés par an, se rappor- tant aux trois périodes agricoles :

De prépanilinn, allant du i^'' septembre au i" décembre.

De (léveloppemenf, allant du i*^"" janvier au 3o avril.

PROGÈS-VKURAIX UKS lu'ilMO.NS I)E I,\ SOCIKIK M^

J)c n'snildis, Mlliiiil (In i "" iiiiii an '.U aunl.

l II (jiialrit'iiu' icIcNi' ildiiiicia les (itlaiix aiiiiiicls.

(Iclle anu'lioratidii ilfs plus lii'in'<'iiscs sera jiisiciiiciil appit'ciri'.

La Socirl»' a iccn pour sa liiMinl |ir«|iic les (unia^n-s sni\aiils :

De \l. (larcopiiio : SIn Inix lnii<'s sur di'^^ siiji'ts épiî^ra|)lii(|U('s DU ai(li(''(»loLri(pirs rdiicci iiaiil iM^t'-ric <•! la Tiillipie.

|)c lord Hotiiscliild : l ne iiolc sur Les Lépidaplères <lii (iiiell- cs-Slcl (Sahara cru Irai al^i'-ricii).

|)( -M. le capilaiiic NOiiiol : Les iicics (l'Inislit.ilr îles éiiiKirrs cl lies MiiKKitins, siiriniil des lieiii Snassen, et les opéralioiis effevliiées par les Franrais, luilnnimeiit en iS'tH.

Des renieiriemonls sont volés aux aulfiirs (lonalcnrs.

Klanl iloiiiiéc la (lirficulli'' (IV'Ialilir les adresses cxaclcs triin irraiid uoiiihrc de luciiilircs. inol)iiisés ou non, que les circons- tances acinelles oui cloi-rné de leur domicile, le ('oiiiilé décide (pi'il ne sera pas puMié celle année une liste des nicinltres de la Société. Des raisons dt'Cdiiomie rincitent aussi à prendre celle nicsnre.

T.'ordri- {\\] Jour élan! épuisé, la séance est le\ée à (i li. (.").

j'diir le Serréiaire (jéiiéniL Le I^résidenl,

Signé : FLAHAILÏ. Si^nié : I)01MI-:K(;L H.

Commandant Paul BERTHON

Mdi'l ,111 cliiiiiip (riiiMiiiciir !

I.i- cnicl destin a oncort* fraj)})»'- parmi cimix di" nos sociélairrs (|ui, au\ premiers ran<rs de la li(anes(|iie mêlée, ()[){)()senl, à la rnée des hordes teiilonnes, le rem|)ait de leurs [)oilrines l'ran- çaises. l.e eommandani Berthon fl'anl- André- Antoine), a été Iné à l'ennemi le r>(i mai i9t5.

à Alger en 1889, Paul Berllion se destina à la carrière des armes. Admis à l'Ecole spéciale militaire de Saint-C\r, il en sortit en 1S90. Nommé sons-lienlenant, il se consacra d'aliord lont entier à ses fonctions militaires, ce qui ne l'empêcha |)as (le poursui\re certaines des études commencées à Saint-Cyr. '["ravailleur inl'atigahlc, il ])répara la licence es s<'icnces et l'ohlint. Versé pins particulièj'cinent dans les sciences topogra- ])hiques, il se fît remarquer par un important travail pour lequel il obtint un jiremier prix de la Société de Topo^-raphie de France. Ses connaissances spéciales lui valurent d'être nonmié membre de la mission militaire française au Pérou, dont il fil partie de 1903 à 1908.

Rentré en France, il fut, quelques années après, envové an Maroc où. comme capitaine, il fit la campairne de 1912. Trois fois il fut cité à l'ordre du jour.

La «guerre actuelle 1(> ramena en France avec les Iroujx's du Alaroc. Il ])rit part aux premiers combats et fut de* la bataille di^ la Aîarne oîi, le 6 septembre 1914, il tombait grièvement blessé. Sa brillante conduite lui valut une citation à l'Ordre de l'Armée. A peine remis de ses glorieuses blessures, le commandant lîer- Ibon demanda à reprendre du service et, à la tète d'un bataillon d'infanterie, fit partie du corps expéditionnaire des Dardanelles.

Hélas ! il ne devait pas revoir la lielle terre de France. Le lif) mai 191."). il tombait frappé à mort devant Scdduil Bahr.

Ainsi se termina une carrière si bien remplie et tro]) loi biisée.

Les services rendus par le commandant Berthon avaient été hautement reconnus, ainsi (pi'en témoignent les distinctions ipii lui avaient été accordées.

Ofïicier de la Légion d'honneur, il était aussi titulaire de la Croix de guerre, de la Médaille du îMaroc, de la Médaille colo-. niale, de la l'osette d'officier de l'Instruction publique et de la Médaille de la IMutualité.

Aux justes liommai/es qui ont été rendus au comman<laul Berthon,. la Snricfé de Ccoijrnphie et frArclicologie d'Ornn se fait im devoir de joindre les siens. Ft c'est a^ec un sentiment de profonde affliction, (jii'au nom de tons les sociétaires, je renou- velle à Ahidame veuve Berthon et à sa famille l'expression de nos condoléances les plus attristées.

F. D.

NECROLOGIE

115

léopold français

'>''•" iV'Niicr i,,i(l r<i ,|r,-,'.,l--. ;, On.ll, -, IV.rr,. ,|,. f,-, an-, M. I.r()|)..l(l Fraiiriiis. en I iviMctinir .le (ni\ini\ |)n|.|i,s, „i,.Mil>ir (le lioirc Socu'lr.

-Noire codl'irn riait iir à Oraii.

CoiMiiic son [)èic. (ioiil il a élé |». din^ne successeur, M. Léopold iM-aiiçais laisse Ja ivi.iilalioii .iMn enlreprenenr instniil cl inhVre incapal.jc d.- sacrifier la .lualilé de ses c(.iislni(li..iis. soil '' '" '■•■<'l'-nlie dun l-énéliee exa-érc, soil mèiiie aux exi-cnces '!'■ i'iopnélaires. s(.u\e,il pins soucieux d ecoiioii,i.-s injusiifiées «!"<■ '!<■ la slal.ililé et dv la l.on.ne constnictiou de |,.,„.s iuimeu- Mcs. Inirailahie sous er rapport,, il prélerail s'ahsleiiir cl '■'•""■'«vr aux .•ntrepris,.s ,p,i auraient pu nuire à s.m. l.on renom de constructeur.

Modeste et réservé, il sVtail t..ujours dérohr aux honneurs e| aux fonctions pnl.li.p„.s aiix.piell.s sa coinpélence, son carac- tère et sa sdualion indé()endante paraissaient le destiner

Au unui ,1e la Société, nous saluons sa niénioin- et renouve- lons a tous I..S siens l'expression d,. „(.s condoléances altrisl.'.es

M' Charles MESRINE

In de nos bien sympathiques confrères vient encore de nous être ravi, c est AP Mesrine, le distinoné avoné d'Oran, décédé je 22 mars 1916.

Depuis .son installati..n ,lans n,.tre ville, il v a six on sept ans Il avait tenu à faire partie de notre Société, dont il comprenaii 1 action s. utile dans cette partie de l'Afriqne du Nord. Ses occu- pat.ons nombrenses rempéchaient de prendre une part active à nos travaux, mais nous savons par quelqnes-uns de ses collè-nes qii II s y intéressait vivement.

Cela ne nous surprend pas, W Mesrine était un homm,- d affaires d une très hante valeur et sa disparition a été un <leuil h en cruel pour le monde judiciaire oranais, pour les justicia- l.les qu, recherchaient les conseils avisés de ce très distinfrué pral.cie^^ Il a été enlevé dans la pleine maturité de son tahMit

et de ses nombreux amis.

Tu. :\I.

CERCLE DE MÉCHÉRIA

13X3

1

DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE OES HAMYIIN

et de la Région qu'ils occupent

Cil M'Illii: Mil (Snilc)

lîMH. Au coiiiniciicciiiciil (le riiiiiiéc, les Boni Ciiiil savaiicèicnt ncis ritiicst, Mir U^ Icriiloire du cercle de Mécliéiiii, [)lus loiu (|u"il> navaieul coutume de le faire. Ce niom (Miiciit amena une ccrlaiiic aj^nlalion (|ui lit crain- dre des inleiitious hostiles de leur pail. Pour parer à tout é\éii('m('tit, plusieurs colonnes lurent formées. L'une (rdles, composée essenlielicment de deu\ compagnies de I. railleurs et d'un escadron de chasseurs, séjourna tem[)<»- raircment à l']l-Aricha ; les mouvements des Hcni (iuil n amenèrent aucune complication.

Au mois de juillet, Si Allai lien Cheikh Ben Ta\eh, chef des Zoua Gheraba, vint s'installer à Magoura (^annexe d'EI- Aricha) avec son douar comprenant environ aoo tentes. Il fut autorisé à creuser des silos en cet endroit. Il (juilla Magoura au commencement d'octobre ; ses relations avec les indigènes algériens ne laissèrent rien à désirer.

Au Maroc, une lazzia fut opérée au mois de mai, près de Debdou, sur les Ilaouara et les Oulad El lladj par les Béni Guil, les Mehaïa, les Béni Mathar et les Zoua GluMaba de Ben Fekchiche.

Les Béni (iuil et leurs alliés enlevèrent une centaine de chameaux à leurs ennemis après un combat ils euient sept tués, tandis que leurs adversaires en avaient eu neuf.

Au mois de juin mourut, à la suite d'une courte maladi(\ Mohannned Ben Felvchiche, neveu de Si Allai, dont il s'était séparé avec i?.o tentes.

Après sa mort, '40 lentes, constituant la fraction des Oulad Sidi El lladj Biahim, levinrent dans le douar de Si Allai.

Les Béni (mil, désireux d'assurer leurs approvisionne- ments de giains, se rendiriMit. au nombre de /|00 cavaliers, auprès du caïd des Mehaïa ipTils iiMiconlièrenl à Tiouli, au mois d'août.

Ils allèrent ensuite lous ens(iid)le à (")udjda. A la suite de celte démarche, le> Béni (îuil purent ïn'wv tranquille- ment leurs achats.

10

118 DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES IIAM^XN

Au mois d'août, les Scdjaa et les Béni Attigue, sous les ordres du caïd Boulenouar ould El Habib, razzièrent quel- ques douars des Béni Snassen.

Au mois de novembre, un djich de ko hommes, des Oulad Sidi Ali Bou Chenafa, enleva un troupeau de mou- tons aux Béni Mathar, près de Bas-el-Aïn (Berguent).

La mort de l'amel d'Oudjda, survenue à la fin de l'année, ne provoqua aucun incident.

1902. Au commencement de l'année 1902, les tribus avoisinant le cercle de Méchéria traversèrent une période d'agitation. Les tribus campées près du chott Gharbi étaient très mécontentes de l'installation des Hamyan au chott et dans l'Oued Mesakhsa.

Le caïd El Iladj Miloud voulut profiter de cet état de choses pour pousser sa tribu vers l'Est, mais il ne put y réussir, pas plus qu'à entraîner dans ce mouvement Si Allai et le caïd Abderrahman, des Béni Guil.

Tayeb ould Bon Amama, arrivé chez Si Allai à la fin de janvier, lui offrit un cheval de gada ; le sujet de son voyage était d'arriver à réunir toutes les fractions des Oulad Sidi Cheikh Gheraba sous les ordres de Si Allai.

Tayeb ould Bou Amama passa ensuite chez les Mehaïa et les Béni Guil il recueillit de grosses ziaras.

En mars, Bou Amama qui était installé à Bel Ghiada, reçut des miads des Mehaïa et des Béni Guil et leur déclara qu'il attendait les instructions du Sultan sur la conduite qu'il devait tenir et sur le lieu oii il se fixerait. Il refusa le concours de quelques chefs Beraber qui lui proposaient une expédition contre les Français.

Les Beraber se déclarèrent ouvertement indépendants et dirent qu'ils ne voulaient plus entendre parler du Sultan, puisque celui-ci avait refusé de les aider à repousser les Français de chez eux.

Ils se réconcilièrent avec les Béni Guil à la suite de démarches faites de part et d'autre, mais surtout grâce à l'intervention de Bou Amama.

En avril, le bruit se répandit dans l'amalat d'Oudjda que la Commission Franco-Marocaine était allée à Kenadsa pour s'entendre avec les Beraber, mais que Si Mohammed Gueb- baz avait an partir sans y avoir réussi.

En mai, les Mehaïa quittèrent le chott Gharbi pour remonter vers Tiouli et s'installer aux environs de ce point.

Les Beraber, qui ne tenaient plus compte de Moulay Bachid, agirent en maîtres au Tafilalet et cherchèrent, en

DOCLMEN J s 1>01 R SERN IR A 1,'llISTOIRE DEî? Il AMYAN l lU

vain d ailK'iirs, à i)i<)V(j(jii(>r des Inuiblcs chc/ les liil>ii< qui les avoisinaionl.

En juillet, le bruit courut qu'une colonne allait être envoyée par le Sultan à Oudjda. Le nouvel amel, arrivé depuis le cominencenieiit de Tannée, faisait dans ce but, disait-on, des approvisionnements d'orge.

Des actes de brigandage furent commis à la frontière algérienne par des malfaiteurs marocains et quelques-uns d'entre eux s'avancèrent même jus(pren territoire civil (communes mixtes de Sebdou et du 'réiagli).

Le •22 juillet, plusieurs Marocains enlevaient un trou- peau de moutons et de chèvres près du Khémis cercL; d<; jMarniaj, mais le caïd des Oulad .Néhar (Jheraba prévenu, reprenait les moutons à Saheb Dahmane.

Bou Amama élail toujours campé aux environs de Nécissa ; il ne disait rien sui' la conduite (piil tiendrait, cai- il craignail également le (iouxernement français et celui du Sultan.

De leur coté, les Beraber ne parvenaient pas à s'entendre pour organiser un coup de main sérieux contre nous.

Le 19 août, une harka composée de Hamyan quitta Aïn- Ben-Khelil pour razzier des Oulad Djerir du campement de Bou Amama, cpii leur avaient enlevé des chameaux.

Il n'y eut aucune rencontre, mais les Hamyan enlevèrent 20 chameaux et 2.000 moutons.

Avant ce mouvement, Bou Amama, prévenu, dit-on, par les Meghaoulia, avait quitté Nécissa pour Bel Gorin el Bel Ghiada.

Les tribus voisines, les Mehaïa et les Béni Guil, se mon- trèrent mécontentes de la razzia des Hamyan, opérée sur des serviteurs de Bou Amama. On prétendit que ce dernier, à la suite du mouvement des Hamyan, avait autorisé son entomage à user contre nous de représailles et à pillei- tout ce qu'ils pourraient surprendre.

En septembre, les tribus marocaines manifestèrent toutes leur déplaisir de voir le sultan Moulay Abd-el-Aziz interdire aux Beraber toute attaque contre nous.

En octobre, les bruits les plus divers circulèrent chez les Mehaïa et les Béni Guil au sujet du Sultan ; on prétendit qu'il avait été détrôné ou allait l'être, et personne ne cachait le peu de sympathie qu'on avait pour lui.

Enfin la nouvelle se répandit que le Sultan avait été rem- placé, (pi'il avait été fait prisonnier et allait être mis à mort.

En décembre, les Mehaïa assurèrent que c'était le propre

120 DOCL.ME.vrs POUR SERVIR A l'justoike des hamyan

frère du Sullaii (lui s'ûtail lebellé contre lui, et non un agitateur quelconque.

On apprit peu après l'exode annuel des Béni Guil pour le Sahara, au Sud du Talilalct.

lîou Ainania, à la même époque, reçut une lettre éma- nant, disait-on, du frère de Moulay Abd-el-Aziz, Moulay M'hannned, mais on en ignora le contenu. Cependant, en signe de contentement, l'entourage de Bou Amama mani- festa ouvertement la plus grande joie pendant les deux jouis (pii suivirent sa réception.

Les Mehaïa disaient que Bou Amama allait sortir de sa tranquillité, et connnencer à combattre les infidèles ; ils annonçaient sa rentrée à Figuig.

Si Allai, (]ui était venu se réinstaller à Magoura en mai, (piitta de nouveau ce point de campement dans les dernieis jours d'octobre pour se rendre à l'Oued Mesakhsa.

En résumé, nos voisins de l'Ouest ne firent au cours de cette année aucune tentative sérieuse contre nous et les intentions hostiles qu'ils manifestaient au commencement de Tannée ne furent pas suivies d'exécution.

Il ne fallait du reste attribuer ce résultat (ju'au manque absolu d'entente entre les divers groupes, dont quelques- uns a^ aient une crainte salutaii'c de nos armes.

WW'i. Le début de l'année 1908 fut marqué au Maroc •Oriciilal par une certaine effervescence, due à l'apparition et à la réb( Jhon du Prétendant.

La personnalité de ce derniei' resta inconnue et les bruits les plus divers ne cessèrent de circuler à ce sujet ; mais |)our piesque tous les indigènes, marocains ou algériens, il était Moulay M'hammed, le frère du Sultan, échappé des prisons de Méquinez.

Les Marocains venant chez nous exprimèrent l'opinion, généralement répandue paimi eux, que Moulay Abd-el-Aziz était déjà battu et que son frère sciait bientôt le maître du Maroc,

Cependant, nos voisins immédiats, Mehaïa et Béni Guil,- se bornèrent à faire des vœux pour les succès du Préfen- dant, sans lui prêter aucun appui.

Quant aux Béni Snassen, ils lui livrèrent, vers la mi- janvier, une lutte sanglante au Nord du Djebel Béni Snas- sen et le caïd Boulenouai- ould Lliabil) fut tué.

Bou Amama adressa à Si Allai des lettres pressantes et des envoyés pour le décider à se joindre à lui. On lui attri-

DOCUMENTS POUR SFRVIK \ r.'llis tOIHK URS l!\MV\N 121

l)ii;i ririlciilioii de miiiclu'r contre nous, (1rs (|iic le iiiiii;i- hoiil (les /oiiii (ilicial);i rauiiiil rejoint.

Les Heni (iiiil, dans le l)iil de d(''eider Si \llal à les lejoiiidre, lui ra//,ièrenl douze troupeaux de moulons, mais les lui rendiieni peu a[)rès, en lui envoyant un miad iionibceux.

Vax février, une scission complète se fil entre les iieiii Ci'uil et les Ilam\an, par suite du refus de ra<îha de Méché- ria, blessant pour les Béni Guil, de venir s'entendre avec eux, pour le lèii'Iement de leurs intérêts chez Si Allai.

Pendant ce temps, Bon Amama reçut de nombreuses lettres du Préteiidanl, mais il ne parvint pas, malgré ses efforts, à s'attacher complètement les Béni Ciuil e| les Bera- bei'. n se lappi'ocha de Kiguig et on lui })réta l'intenlion d'y entrer.

Si Abdelmalek ould El Iladj Abdelkader, descendant de l'émir VA Uadj Abdelkader, rejoionit le marabout cl campa avec lui.

On raconta (fue le Prétendant était à Taza, on lui attribua des victoiies successives et complètes sur les troupes du SuHan, mais, malgré ces bruits flatteurs, les tribus maro- caines voisinc's ne se décidèrent, tout d'abord, à prendre [)arli ni pour l'un, ni pour l'autre des combattants.

L'arrivée, en mars, de Moulay Arafa à Oudjda, ne vint pas relever le prestige du Sultan et le bruit comut même (jue son envoyé avait été arrêté et emprisonné par ordre de Moulay M'hammed.

Les ïlamyan se prétendirent à plusieurs reprises razziés par les Béni Guil v\ leurs alliés, et les partisans de Bon Amama exécutèrent de nombreux coups de main autour de Figuig et dans le Sud.

Bon Amama, qui était installé près de Bel Ghiada, suscita et dirigea toutes ces attaques ; celles du Sud furent exécu- tées par les gens de son entourage.

En avril, on annonça l'arrivée du Prétendant à Oudjda, mais il s'arrêta chez les Béni Bon Zeggou, puis se rendit aux environs de Melilla.

Moulay Arafa qui avait essayé de former une harkaciintic l(^s Béni Bon Zeggou, les Sedjaa et les Béni Mahiou, vif ses contingents battus par suite de la défection des Mehaïa.

El Hadj Mohammed Ben Bachir, des Béni Snassen. fui obligé de chercher un refuge sur notre territoire et Moulay Arafa se retira également à Marnia pom- s'embarquer, peu après, pour Tanger.

122 nOCl MENTS POUR SERVIU A l'jUSTOIRE DES HAMYAN

Après Ja défaite de la harka formée par le Makhzen, les Mehaïa, ainsi que presque toutes les tribus qui avoisinaient notre territoire, embrassèrent la cause du Prétendant Mou- lay M'hammed.

Seuls, les gens d'Oudjda, certainement par crainte de voir arriver le Prétendant et de subir des amendes, restè- rent fidèles au Sultan, espérant que le Makhzen ne les aban- donnerait pas.

Si Allai se rendit à Sidi Yahia Ben Younès pour avoir une entrevue avec Moulay Arafa, le représentant du Makhzen ; ce dernier lui demanda de s'employer pour la cause de Moulay Abd-el-Aziz et, au besoin, de l'aider de ses forces.

La situation s'envenima entre les Hamyan et les Béni Guil, à la suite de nombreux vols réciproques.

Bou Amama, pendant ce temps, annonçait les succès du Prétendant et lançait les gens de son entourage sur nos convois et nos postes du Sud.

En mai, le marabout transporta ses campements à Bou Grara ; de là, il continua à diriger le pillage et les attaques contre nos caravanes du Sud.

Nos indigènes algériens marquèrent leur surprise de ce que nous ne réprimions pas les actes de brigandage commis depuis le Teniet Sassy jusqu'au Sud de nos possessions et attribuèrent cette inaction au prestige de Bou Amama, contre lequel ils pensèrent que nous ne pourrions rien.

Le Prétendant se tenait, de son côté, toujours loin d'Oudjda quoique sa venue dans cette ville fut constam- ment annoncée.

Son retard était évidemment causé par le peu d'empres- sement que mettaient à le rejoindre les contingents qu'il avait demandés.

11 attendait ses renforts à Selouane et, de là, par Gherraa, devait bientôt arriver sur Oudjda.

Le bruit se répandil qu'il n'était pas le fière du Sultan et que ce dernier était actuellement à la cour de Fez ; de nom- breux indigènes qui l'avaient approché confirmèrent ce renseignement, mais il n'en resta pas moins populaire et toutes les tribus qui nous avoisinent embrassèrent ouver- tement sa cause et lui envoyèrent de nombreux présents.

Le Prétendaul niiillipha ses lettres à tous ; il en fit par- venir à Bou Amama avec des cadeaux, il en adressa à Si Allai, ainsi (ju'à toutes les tribus et même à ceux de nos indigènes des llamyan les plus en vue.

Cependant, la réunion faite, en avril if)o3, au Kreider, à

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN 123

l'occasion de la venue du Président de la République et la revue des nombreuses troupes qui y fut passée, ranimèrent la confiance de nos administrés qui continuèrent à rester calmes en présence de l'agitalion croissante de nos voisins de l'Ouest.

Si Allai ayant reçu, par j'inlermédiaire de Si Ahmed Ro- kina, des lettres du Sultan l'invitant à pièter son concours à sa cause, se rendit avec une partie de son goum à Oudjda, d'ori il revint le i3 juin.

Le Prétendant arriva enfin à Oudjda le 26 juin, pendant que son lieutenant, El Hadj Abdelkader Ren Hacira, inlli- geait une défaite aux troupes du Makhzen commandées par Omar El Youssi.

Rou Amama envoya au Prétendant victorieux des lettres et des présents ([iii lui furent portés par son frère utérin, Si Mohammed Ren Zian. Le miad comprenait aussi les fils du caïd Abderrahman, des Reni Guil, qui lui remirent des chevaux et des cadeaux.

L'attaque de Zenaga et le bombardement de foasis de Figuig,à la suite de l'attentat contre le Gouverneur Général, M. Jonnart, n'eurent pas de retentissement chez les Hamyan, ni chez leurs voisins de l'Ouest ; du reste, pour eux, ce châtiment n'atteignit pas les coupables, et ils furent toujours convaincus que Rou Amama et ceux qui lui obéis- saient étaient en dehors de nos moyens d'action. La conti- nuation des nombreux et nouveaux méfaits dans le Sud, commis par les gens de l'entourage du marabout, sembla leur donner raison.

Une caravane de Moul Sehoul, du Guir, apporta dans notre région les nouvelles que la tranquillité n'était pas troublée au Tafilalel et que Moulay Rachid s'occupait de former un goum destiné à être envoyé à Fez.

Pendant le séjour du Prétendant à Oudjda, les bruits les plus divers circulèrent sur ses intentions ; suivant les uns, il devait se rendre à Ras-el-Aïn (Rerguent) pour y faire construire une casbah ; suivant les autres, il devait repren- dre sa route vers le Nord.

Mais on apprit, le 12 juillet, que Moulay M'hammed avait quitté Oudjda depuis deux jours et qu'il s'était retiré sur l'Oued Za pour se rendre ensuite à Taza.

D'autre part, on annonçait qu'Abdelmalek, petit-fils de l'émir Abdelkader, fatigué de l'inaction qui lui était impo- sée chez Rou Amama. s'était enfui poui" rejoindre le Pré-

124 DOCUMENTS POIR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

tendant à El Aïoun Sidi Mellouk et ([u'il avait reçu le conimandenienl dune colonne.

Quant à Moulay JM'liamniod, son sort n'était pas connu depuis ce moment ; les uns disaient que, blessé, il avait été gravement malade, mais qu'il s'était complètement réta- bli ; les autres assuraient f|u'il était mort des suites de ses blessures.

En tous cas, si ses nombreuses lettres continuaient à alîiuer dans toutes les tribus marocaines, nul ne pouvait se vanter de l'avoir vu, en personne. Quelques uns, même, disaient qu'il était en fuite vers le Sud. Environ un mois après le départ de Moulay M'hammed, Oudjda était réoc- cupé par les troupes du Makhzen.

Bou Amama vint s'installer à Métarka avec yjresque tous les Béni Guil. Tl continua de prêcher la guerre à son entou- rage qui, uni aux Beraber, faisait de nombreuses attaques contre les nôtres dans le Sud.

Une harka considérable, composée de Doui Menia et de Chaamba de l'entourage de Bon Amama et de Beraber, attaqua dans la Saoura le poste de Taghit, le i8 août ; mais elle fut démoralisée par une résistance qu'elle ne s'attendait pas à trouver et par les nombreuses pertes que lui fit subir l'héroïque capitaine de Susbielle, chef de l'annexe de Taghit ; elle se retira et se disloqua peu après.

Malgré l'insuccès de cette entreprise; Bou Amama et ses gens n'en firent pas moins courir le bruit qu'il y avait eu un nombre considérable de victimes chez les nôtres. Sa version était d'autant plus écoutée qu'un groupe la harka de Taghit qui, après la levée du siège de cette place, avait attendu l'occasion d'effectuer unt^oup de main, avait attaqué un des échelons de la colonne de secours à Moun- gar ; le combat avait duré toute la journée et les assaillants n'avaient été mis en fuite que par l'arrivée, vers f\ heures du soir, des goums de Taghit. La compagnie montée du •>* Etranger, commandée pai- le capitaine Vauchez, avait été cruellement éprouvée.

Si Allai qui était parti chez les Angad à la rencontre du représentant du Makhzen, depuis la fin du mois de juillet, rentra le •?. août à Magoura, après avoir eu certaines dilfi- cultés avec Si Ahmed Bokina.

Ees Béni Guil enlevèient quelcjues troupeaux au Sud des chotts et commirent plusieurs vols aux environs d'El-Ari- cha, au préjudice des Hamyan.

DOCUMENTS POUR SERVIH A u'niSTOlRE DES HAMYAN 125

\a' brilil se irpandil (|iic le rrriciidant avait conquis Ta/.;i ; aussi s»>s pailisniis icpi iicnl-ils les hostilités.

Le •'. scpicmbrc, une liaïka du Maklizcii marocain, com- posée do soldais cl de j4(>iiins des Anfifad et des iVlehaïa, fut défaite par les Béni Hou Ze-ifiou (jui firent \ soldats prison- niers et enlevèrcjit 3 pièces de ciinon.

Mais le '>o septembre, le Makhzen icpiit l'avantage sui- tes partisans de Moulay M'hammed et leur fit subir d'assez grosses [)ertes.

(iC succès mit fin, en [)artie, aux razzias et aux combats isolés qui avaient lieu entre les partisans du Sultan et ceux du Prétendant.

r.es Béni (iuil eurent une caravane, reveuani de Marnia, razziée le i3 octobre, près d'Oudjda, |)ar les Mcbaïa et les soldats du ]\[akhzen.

D'autre i)art, les Béni Guil enlevèrent, près de (Jalloul, treize troupeaux de moutons aux Ilamyan et commirent deux aufn^s vols de moutons près du chott Gharbi et dans l'Oued El Ilarmel (cercle de Méchéria).

T,es Oulad Mansourah et les Béni Metharef se miicnt à la poursuite des voleurs, les dispei'sèi-ent à Ouziane, mais ne purent ramener les troupeaux par suite de l'arrivée des Béni Mathar qui vinrent aider les voleurs.

Sur ces entrefaites, les Béni Guil engagèrent des pour- parlers avec Si Allai pour arriver à faire la paix avec les Hamyan, mais, au moment les négociations s'enta- maient, un groupe de 20 cavaliers Béni Guil se détacha d'une caravane qui se rendait à Mainia et vint de nouveau lazzier les Hamyan.

Ceux-ci poursuivirent les malfaiteurs et reprirent leurs moutons près de Bas-el-Aïn des Béni Mathar fBerguent).

L'agha El Hadj El Habib ould Mebkhout prétendit alors (pie Bon Amama, craignant que la paix se fasse, prêchait la Guerre Sainte à son entourage et cherchait à réunir des Béni Guil, des Oulad Djerir et des Chaamba, en tout près de T. 000 fantassins et too cavaliers, pour les lancer sur Aïn-Ben-Khclil.

Sous prétexte de faiie échouer son plan, il réunit les Hamyan et, avant (pi'aucun rassemblemi^nt n'ait été effec- tué chez nos voisins de l'Ouest, il se lança sur eux et les razzia.

Pendant ce temps, un autiT goum des Hamyan sm-prit d'autres Béni Guil à Oglal Cedra et leur enleva un immense

126 UOGUMEM'fi l»OI K SERVIi^ A l'hISTOIRE DES HAMYAN

butin compreiuuil :^.20o chameaux et environ vingt-cinq mille moutons.

En iin novembre, les Ilamyan se retirèrent à l'Est des cholts et les lieni (luil, avec Hou Amama, s'installèrent à ïradit en attendant l'arrivée du Prétendant à Oudjda, qui était annoncée pour la iin du liamadan.

Le bruit courut, à la lin de l'année, que 3oo cavaliers des Béni Guil avaient été envoyés par Bou Amama auprès de Moulay jM'hammed pour le ramenei' à Oudjda, mais ce bruit fut démenti.

Ea colonne du Makhzen, (|ui était allée à El Aïoun Sidi Mellouk, rentra à Oudjda, laissiint une g-arnison à la casbah, mais l'arrivée des colonnes du Prétendant fut sulïisante pour que les troupes du Sultan, qui n'étaient plus soldées, lissent défection et vinssent s'enrôler dans les bandes des lieutenants du [\ogui, Moulay M'hammed.

Ces lieutenants étaient toujours Abdelmalek ould El Hadj Abdelkader et El Hadj Abdelkader Ben Hacira. Le premier, après avoir pillé Debdou, était arrivé à l'Oued Za, il avait été rejoint par le second.

Les Béni Bon Zeggou pactisèrent à nouveau avec les envoyés du Prétendant et quoique Hammader eût sollicité et obtenu le pardon, ils le pillèrent et le chassèrent. Ils firent répandre le bruit que Moulay M'hammed devait venir à Oudjda, après l'Aïd, en même temps que se propageait la nouvelle de l'évacuation d'Oudjda par le Makhzen.

En résumé, la situation actuelle des partis chez nos voi- sins de l'Ouest était, en fin d'année, la suivante :

Le Makhzen à Oudjda ne savait trop que faire de ses trou- pes qu'il ne nourrissait pas et qui pillaient pour vivre. Ne pouvant les diriger, il essayait de les éloigner d'Oudjda pour les embarquer à destination de Tanger.

Les partisans du Sultan n'étaient pas nombreux chez les Mehaïa ; il n'y avait que le çof du caïd E) Hadj Miloud. Chez les Angad, ils diminuaient cha(|ue jour et semblaient devoir disparaître lorsque s'eiïectuerait le départ de la mehalla d'Oudjda.

Moulay M'hammed était-il vivant ou mort ?. On l'igno- rait. Ses lettres nombieuses continuaient d'arriver, mais depuis son départ de l'Oued Zii, en juillet, nul ne s'était vanté de l'avoii' vu en personne.

Les Achache 'Mehaïa) avaicnl envoyé un miad pour s'assurer ([u'il élnit loujouis vivant : mais ce miad n'était pas encore revenu.

i)o(:[ mi:n is i»oi R skh\ lu \ i.'nisroinK des hamyan 127

On |)()ii\ail (lire (\uv tout le Maioc Oriental était avec le Rogui et (|ue son retour lui uiuèneruit prescjue ceitaine- ment la petite ininoiité (jui n'était restée lidclc au Makhzen qu'à cause de la présence de ses représentants.

Bon Amania s'employait à liilliei- les patlisatis du Pié- tendanl ; il envoyait aussi des lelties et des rnokaddenis dans toutes les tribus qui nous avoisinaient ; il annonçait rarri\('i' [)rocliaine de Moulay M'hainmed et disait (|u'il se joindrai! à lui au moment de sa verme.

En somme, pendant toute l'année iQoS, on pouvait dire que, sauf de lares accalmies, le désordre avait constam- ment régné chez nos voisins, et qu'il était probable qu'il se continuerait pendant longtemps si on n'y remédiait. .

On ne pouvait attiibuer cet état de choses qu'à l'anarchie qui avait toujours régné dans l'Ouest et à l'incurie dont faisait preuve le Makhzen, lequel était incapable de prendre des mesures sérieuses pour airéter le progrès des fautevu'S de troubles et, surtout, pour faire disparaître les agitatems (pii en étaient la cause.

11)04. Fiant donné tous les désordres (jui régnaient dans tout l'Ouest et jusqu'à la iMoulouya, pendant l'an- née 1903, on pouvait craindre un moment qu'il en résultât au début de 190^, pour la sécurité de nos régions frontiè- res, les conséquences les plus graves.

Le Rogui Moulay M'hammed et son associé Bou Amama, le plus actif propagateur de sa cause, multipliaient les menaces à l'adresse des tribus nous avoisinant. Il fallait craindre de voir l'importante confédération des Béni Guil entrer en composition avec eux ; mais dès le mois de février, grâce à d'habiles pourparlers, cette dernière con- clut un arrangement avec le Gouvernement français.

C'est en vain qu'à bout d'arguments, Bou Amama la menaça d'une harka à laquelle il avait, par l'intermédiaire de son fils, Si Tayeb, prié le Rogui d(> se joindre : les Oulad Ahmed Ben Amor et les Oulad Ahmed Ben Abdallah (|ui, seuls, avaient hésité à suivre leurs frères dans la voie de l'ordre, vinrent à leur tour offrir leurs services à Si Allai, chef des Zoua Gheraba, devenu un de nos auxiliaires dans rOuesl.

l/objeclif du Kogui, vrai ou faux, j)arut dès le mois de mars être Ondjda. A cette date, une mehalla se mit en route de Taza dans cette direction, sous le commandement de Si Tayeb et d'Kl lladj Abdelkader ; son arrivée jeta l'alarme dans \]\ Aïoun Sidi Mellouk et \v caïd des Béni Bou

128 DOCUMENTS POUR SERVI H A l'hISTOIRE DES HAMYAN

Zeggou menaça Si Rokiiia, amel d'Oiuljda, de se rendre aux rebelles, si des secoius ne lui parvenaient pas immé- diatement ; les troupes du Makhzen (|u'El Bagdad! con- duisit jusqu'à la Moulouya, n'inspirèrent confiance à personne.

Bou Arnama lui-même s'était avancé vers l'Est, à Méridja ; une véritable effervescence avait gagné les Mehaïa, voire même une partie des Zoua de Si Allai, qui refusaient à cette époque de (juiller Magoura (annexe d'El- Aricha) pour un point situé plus à l'Est ; tous voulaient rester à proximité du vieux marabout que la fortune parais- sait vouloir favoriser sans cesse.

Ea défaite infligée à la mehalla chérifîenni» d'Oudjda vers le i^ mai, à Aïn-Sfa, par Si Tayeb, augmenta encore le discrédit du Makhzen ; 200 tentes des Mehaïa, 3oo des Béni Mathar vinrent se joindre à la mehalla rebelle campée sur l'Oued Hay ; Si Ahmed Bokina sembla perdre confiance et prévint en hâte les Mehaïa et les Angad encore fidèles d'avoir à se mettre en garde contre des rezzous de Bou Amama.

E'occupation de Berguent par les goums d'El-Aricha et de Méchéria et par une colonne d'infanterie et de cavalerie surprirent quelque temps les gens du Bogui ; mais Bou Amama donna des ordres pour qu'aucun des siens ne s'oc- cupât de nos faits et gestes ; il tenait à ce que nous sachions bien (pie sa cause et ses projets n'avaient aucun rapport avec ce que nous pouvions faire sur la frontière. Cependant après les affaires de Guefaït, (piand circulèrent dans le pays les bmits de l'évacuation prochaine de Berguent par les troupes françaises, l'audace des bandits qui suivaient les armées des rebelles ne connut plus de bornes ; les djiouch vinrent enlever des troupeaux aux Béni Metharef , à Bas-el- Mesakhsa, et des chevaux à trois kilomètres d'El-Aricha . enfin, le 10 août, une harka de Bou Amama contre les Béni ITamlil et les Oulad Kaii, campés au Nord-Ouest de Mis- siouïn, pénétra en partie sur notre territoire et razzia le douar des Oulad Sidi Ahmed Miloud, des Oulad Néhar Gheraba l'annexe d'El-Aricha") ; elle se retira ensuite sans être inquiétée, et le goum des Oulad Néhar Gheraba levé à la hâte sous la direction du caïd Si Yahia ould Bel-Abbès, de l'annexe d'El-Aricha, ne put que rassurer les douars installés près de la frontière qui avaient été pris de panique à la nouvelle de cet audacieux coup de main.

Bou Amama, établi dans le Djebel Zekkara, continua à terroriser les tribus qui s'entêtaient encore à rester fidèles

uuci -MLMs poi 11 si:m\ ir( \ i/ikstoire des iiamyan 129

;iu Siillaii ; il leur adressa des iii\ ilaliuiis à se soumetire <»ii laiivii ses partisans sur leurs troupeaux, pour les coii- liaiiidic par la l'orce. I.e désordre le plus grand régna dans la lé-^ioii (lOudjda, des Béni Snassen, d'El Aïoun Sidi Mel- louk. Au\ pillages organisés par le marabout et le liogui, le eaùl des JJeni Bon Zeggou répondit en septembre par un horrible guet-apens, il attira un grand nombre de parents et d'amis de .Moulav .M'hammed (|ui furent assas- sinés pendant la nuit par les gens qui les avaient hébergés, mais le caïd eut juste le temps de se réfugier à Oudjda pour échapper aux représailles, et ses biens furent impitoyable- ment razziés.

La politique des rebelles fut admirablement secondée par les Chaamba de Bou Amama, sorte de commando par- faitement organisé, très bien armé, très mobilisable, qui multiplia ses coups de main sur les douars qui hésitaient à se ranger sous l'étendard de la révolte. Ainsi menacées par eux et pillées déjà en partie, 70 tentes des Mehaïa se virent obligées, en octobre, de se réfugier sur notre territoire ; d'autres les suivirent (Oulad Embarek, Oulad Braz, Moulav llaehem) dans leur exode ; on les installa à Marnia d'abord, puis sur la limite de l'annexe d'El-Aricha et du cercle de Méchéria à Haci Sidi M'hammed, à Taërziza et à Kerbaya.

Pendant ce temps, la mehalla du Rogui s'emparait, après un long siège, d'El Aïoun Sidi Mellouk tandis qu'ui'i parti attirait l'armée du Makhzen au Nord de la Casbah et la défaisait complètement.

Ees bruits continuèrent à circuler au sujet d'une attaque possible sur Oudjda, mais aucun commencement d'exécu- tion n'eut lien. Il .•sembla que le bruit de ce projet avait été répandu à dessein et que la nouvelle en avait été entretenue très habilement par le Bogui lui-même pour obliger l'amel à conserver près de lui les troupes dont il disposait, pour les immobiliser à Oudjda, abandonner toute la région, entre notre frontière et la Moulouya, à la libre influence du Piélendant et permettre à ses partisans de la dévaster impunément.

Au mois de décembre, la nouvelle parvint (|ue le Rogui et Bou Amama avaient l'intention de mettre enfin à exé- cution leur projet d'enlèvement de la ville et d'obliger ensuite la Erance à évacuer Berguent.On disait même que, dans ce but, les rebelles se préparaient à lever des contin- gents chez les tribus dévouées à leur cause et leur avaient imposé des contributions de guerre tiès élevées, qu'ils

130 DOCLMENTS POUR SERVIR A l'iJISTOIRE DES HAMYAN

s'étuicnl pourvus de lentes au|)rès de la garnison espagnole de Melilla, enlin (piils avaient placé entre Saïdia et Oudjda une l'orée imposante de cavaliers destinée à couper cette dernière place de ses communications avec la mer et Tan- ger. CiCs bruits, (|ui étaient tendancieux, ne furent pas conlirmés.

En résiuné, Tannée 190^ l'ut, comme l'année précédente, une aimée de troubles. Tandis (jue le Hogui et Bou Amania tenaient la campagne avec leurs partisans audacieux, le Makhzen restait inaclif à Oudjda ; les quelques sorties que ses troupes avaient risquées avaient, d'ailleurs, été, pour la plupart, très malheureuses.

Les llamyan avaient pris leur part de ces désordres dans l'immense razzia qui avait été dirigée par le capitaine Toulat et qui avait amené le désaveu de la politique suivie par le capitaine du Jonchay, Commandant Supérieur du cei'cle de Méchéria.

1905. L'année 1900 tiouva, à ses débuts, tout l'Ouest en effervescence.

Le Makhzen et le Prétendant, en présence sous les murs d'Oudjda, se battaient pour la possession de cette ville et, dans l'idée de nos populations, chez lesquelles d'ailleurs le crédit du Prétendant s'était accru d'une façon prodigieuse, la prise d'Oudjda par ce dernier ne faisait plus aucun doute.

Mais dès le début de l'année, le Makhzen, tout en pas- sant par des alternatives de succès et de revers, sentit sa situation morale s'accroître singulièrement.

Lue giandc paitie des Béni Snasseu, fatiguée probable- ment des exigences du Prétendant, l'abandonnèrent ouver- tement et passèrent à l'ennemi. Puis Si Abdelmalek, petit- fils de l'émir Abdelkader, se déclara pour le Makhzen, (jui le reçut avec empressement ; Si Tayeb ould Bou Amama lui même, entra en pourparlers avec les autorités d'Oudjda, par l'entremise du marabout de Guefaït, réfugié dans cette ville, puis s'y rendit lui-même.

Le Makhzen posséda même pendant un certain temps sur SOS adversaires une supériorité numérique dont il per- sista à ne pas profiter.

Le Prétendant, au contraiie, surpris par la défection des Béni Snassen, fut obligé de s'éloigner d'Oudjda de quel- ques kilomètres ; il en profita pour se rapprocher de Bou Amama qui semblait vouloir, désormais, associer sa cause à celle du Rogui.

Les rencontres entre les partisans du Makhzen et du Pré-

nOCI^MENTS l>OI U SER\ lli \ l/lllSTOIRE DES IIA.MVAN liU

tciulaiil luiciil assez t'rcqueiiles, mais sans résullats déci- sifs. Chaque parti s'attribua du reste la victoire. Une des a (Ta ires les plus sérieuses fut celle du 9 avril, il y eut cm iron So hommes tués de part et d'autre.

('cite silualion resta sensiblement la même Jus(ju'à la mi-juillcl, épo(|uc à laquelle le ['retendant et Bou Amama, ne se sentant plus en sécurité à la suilt; d'un succès du IMaklizen U*"^ juillet), s'éloignèrent vers l'Ouest, le premier à l'^I A,ïoun Sidi Mellouk, le second au Nord du Djebel Zekkara.

Le poste de lîergucnt, tout en rendant les bandits maro- cains plus circonspects, ne put empêcher maintes incur- sions plus ou moins fructueuses sur notre teiritoire.

Le la février, 200 moutons ou chèvres appartenant aux Oulad Néhar (annexe d'El-Aricha) furent enlevés près de Sidi-Djilali ; le 18 du même mois, un groupe de cavaliers s'empalèrent, au Sud de Mahdjeroub, de 7.'îo moutons ou chèvres appartenant aux mêmes Oulad \éhar.

Dans la nuit du 19 au 20 mai, un djich composé de 80 indigènes de l'entourage de Bou Aniauia lit une incur- sion sur notre territoire. Dans cette affaire, les nôtres eurent 2 tués et 2 blessés, mais reprirent leurs troupeaux.

Le 10 juin, les gens de Bou Amama volent deux juments aux Oulad Néhar, près de Sidi Abdallah, le 12, ils volent 6 bovins appartenant également aux Oulad Néhar.

Le i'; août, des Béni Yala nous enlèvent m moutons ; le -fo seplembre, 4 vaches ; le 26 octobre, une jument d'une certaine valeur. Un cheikh des Oulad Sidi Ali Bou Chenafa, revenant d'EI-Aricha, est tué, le 26 septembre, par un djich de 8 piélons au Sud-Ouest du Teniet Sassi. La trouée Tiouli-Missiouïn semblait attirer i)articulièrenient les ban- dits marocains.

On constata également que les djiouch étaient plus nom- breux au moment les troupes du Rogui et de Bou Amama occupaient les environs d'Oudjda.

A partir du i5 juillet, les rebelles s'étant éloignés vers l'Ouest, les coups de main furent moins nombreux. Au mois de septembre, Bou Amama s'installa chez les Béni Bou Zeggou, et le Prétendant à l'Ouest de la Moulouya, laissant ainsi toute liberté aux troupes du Makhzen, qui montrèrent beaucoup plus de hardiesse pour s'emparer des troupeaux des partisans du Prétendant que pour s'attaquer à la petite armée de celui-ci.

La mehalla chérifienne poussa même ses razzias (3 no-

13*2 DOCUMENTS POl R SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

venibie; jii^(jirà Mûiidju, à 20 kilomètres de Berguent, s'allaquaiil ainsi aux iiRligèiies (|ui, cherchant la tranquil- lité, étaient venus depuis quelque temps, en assez grand nombre, se mettre sous la protection de notre poste, ainsi qu'aux connnerçants qui, proiitant de l'essor de notre nou- veau marché de Berguent, s'y étaient installés. Cette affaire coula la vie à un juif et à onze Oulad Amor. Les gens de cette dernière tribu désertèrent, depuis, le marché de Ber- guent. Ce manque de sécurité n'arrêta cependant pas le mouveuR'nt qui conduisait les tribus marocaines à venir se mettre sous notre protection à Berguent ou à nous deman- der l'hospitalité sur notre territoire.

La guerre de razzias qui sévissait depuis le mois de juillet avait mis nos voisins dans un état de dénuement complet. Aussi venaient-ils chercher chez nous, soit un coin de terre pour les labours, soit un peu de travail pour vivre.

Bou Amama se trouvait à l'Oued Mestigmeur, chez les Boni Bou Zeggou et quoiqu'on annonçât constamment soit son départ vers le Sud, soit son retour vers l'Est, il ne semblait pas vouloir se déplacer.

Quant au Bogui, (jui était, disait-on, à Selouanc, la nou- velle de son départ sur Oudjda ou Saïdia arrivait chaque jour, mais cette annonce n'était jamais justifiée.

Le Makhzen, enlin, restait toujours dans l'inaction qui lui était habituelle. 11 ne voulait et ne pouvait rien tenter contre l'ennemi.

De nombreuses tentes des Mehaïa et des Moulay Achem continuèrent cette année à user de l'hospitalité qui leur était donnée sur le territoire algérien.

r^a politique qui consistait à acccpter-chez nous les gens cherchant à gagner leur subsistance ne pouvait être que favorable à notre influence dans l'Ouest.

Notre conflit avec l'Allemagne avait provoqué chez les indigènes des racontars souvent ridicules, toujours inexacts, émanant, sans aucun doute, des autorités maro- caines ayant intérêt à diminuer notre prestige, et pour lesquelles nous étions l'ennemi le plus proche.

(A partir de 1906, les faits s'embrouillent tellement <pie nous les citons mois par mois, poui- chercher à donner un peu plus de clarté à ce lelevé d'actes n'ayant que peu de liaison entre eux.)

1900 : Janvier. Une colonne peu importante du Makh- zen, sous les ordres de Moulay Boubeker, quitte Oudjda et

DOCUMENTS POLR SERVIR A l'hISTOIRE DES IIAMVAN V.V.'

va s'inslaller à Aïn-Berdil pour y attendre les renforts pro- mis par les Angad marocains, à la fin des semailles.

Le Prétendant s'immobilise dans son camp de Selouanc.

Bon Aniama reste chez les Béni Bon Zejjgou ; la situation des gens de son entourage est peu prospère.

Le i6 janvier, une mehalla du Makhzen tombe sur une caravane venant du camp du marabout et se rendant à Melilla ; elle lui prend ses chameaux et massacre 3o cara- vaniers ; mais le goum de Bou Amama rejoint, au retour, les j)artisans du Makhzen, en tue quatre et leur reprend tout le butin.

Vers le 20 janvier, le marabout envoie des émissaires chez les Béni Snassen pour savoir s'il pourrait s'installer sans coup férir à la casbah d'El Aïoun Sidi Mellouk. La réponse est favorable, mais la zaouïa ne peut lever son camp par suite du mauvais temps.

Février. La rentrée des Chaamba, après leur surprise de l'Oued Nesly (opérée par le groupement de Berguent sur des Chaamba de Bou Amama qui rentraient d'une expé- dition de pillage effectuée dans le Sahara algérien) ne produit pas grande impression dans l'entourage de Bou Amama ; cependant celui-ci, installé à Irsan, près d"El Aïoun Sidi Mellouk, s'en montre fort mécontent et écrit au Rogui, lui reprochant de l'avoir incité à une politique pacifique à notre égard.

Le Prétendant reste à Selouane, annonçant une marche très prochaine sur Saïdia, puis sm* Oudjda, mais déclare vouloir tout d'abord ramener à sa cause les Béni Snassen.

La mehalla de Moulay Boubeker s'installe à Cherraa.

Mars. Dès que la nouvelle de la création d'un poste à Sidi Aïssa ou à El-Bouihi, à 10 kilomètres au Nord de Magoura s est connue dans l'Ouest, les Mehaïa de Bou Amama nous font savoir qu'ils demanderont à venir se mettre sous la protection de nos troupes, pour échapper à la fois à Bou Amama et au Makhzen et pouvoir cultiver leurs terrains d'autrefois, dans les plaines de Tiouli et de Missiouïn, sur nos confins.

Bou Amama campe toujours à Irsan ; beaucoup de ses partisans manifestent un vif désir de le quitter.

Le Rogui ne bouge pas de Selouane : son prestige a beau- coup diminué.

I Frontière marocaine, annexe d'El-Aricha.

11

134 DOCLMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

Avril. Bon Amaina réussit à attirer de nouveau à lui les Zekkara et une partie des Béni Yala,

Le Rogui n'a pas quitté Selouane ; les émissaires envoyés par lui pour lever des contingents sont partout mal reçus.

Des engagements peu sérieux ont lieu sur la Moulouya entre les troupes du Makhzen et celles du Prétendant, qui cherchent mutuellement à détruire les cultures de l'adversaire.

Mai. Bou Amania, malade de rhumatismes, est tou- jours dans la région des Zekkara ; il défend à ses partisans de tenter quoique ce soit contre les Français. Son groupe- ment semble se désagréger ; ses Mehaïa cherchent à le quitter. Seuls, ses Chaamba lui restent vraiment fidèles, et font, pour approvisionner la zaouia, des coups de main heureux.

Le 6 mai, les gens de Bou Amama, attaqués par ceux du Makhzen, perdent 4 "^4 chameaux.

A la suite de cette atïaire et par crainte de représailles, les Béni Hamlil viennent s'installer à Missiouïn (5 kilomètres de Sidi Aïssa), puis, quelque temps après, remontent un peu au Nord.

Le Rogui ne quitte toujours pas Selouane. Les escarmou- ches entre ses troupes et celles de Moulay Abd-el-Aziz sont continuelles.

Le 7 mai, la mehalla du Makhzen a, avec celle du Préten- dant, un engagement assez sérieux à Mechera Guerma, au Sud de la Moulouya ; elle perd une vingtaine d'hommes.

Le 25 mai, un goum parti d'Oudjda enlève aux Oulad Bakhti une cinquantaine d'animaux.

Le Makhzen commence à montrer" de mauvaises dispo- sitions à notre égard.

La mise en liberté de Si Tayeb ould Bou Amama, vive- ment commentée par les indigènes, est attribuée par eux à rinfluence des représentants du Makhzen à Oudjda. Les autorités françaises répandent de tout leur pouvoir la vérité sur cette affaire.

Juin. Le Prétendant campe toujours à Selouane ; Bou Amama est rétabli. Le 3 juin, une harka partie de ses cam- pements attaque les Béni Moussa et les Béni Ourimèche à Sidi Bou ïlourria, près d'Aïn-Berdil ; elle leur tue ii hom- mes et en blesse i6. Elle enlève i5 mulets, ii ânes, 3 cha- meaux et prend ii fusils. Le caïd des Hadahda, M'hammed ould Ahmed El Anoual, qui en fait partie, est grièvement blessé.

DOCliMEMS l'Ol R Sl!:iU lit A l'i! IS lOl lUi l)p:S IIAMVAN 135

l'ne seconde liaïka, [)iirlie aussi de (liez Bou Ainaiiia, attaque, à Feidf El Abiod, les Béni Yahia, partisans du Makhzen, et leur tue un ou deux hommes. Trente cavaliers des mieux montés poussent jusqu'aux environs d'Oudjda et reviennent après s'être heuités aux Angad marocains.

Le mouvement de la colonne française de Berguent sur Mataïka produit une excellente et salutair(! impression, spécialement sur les Béni Cuil.

Le Makhzen nous nianifeste toujours une sourde hostilité.

Juillet. Au commencement du mois, les escarmouches sont plutôt favorables au Rogui.

Mais le 20 juillet, les troupes du Makhzen attaquent sa colonne principale commandée par le caïd Azzouz El Glîiatsi et lui iniligent un sérieux échec. Le Piétendant perd une tientaine de tués, des tentes, des cartouches et quelques fusils. Ses troupes rétrogradent sur Selouane. La mehalla chérilienne revient à Cherraa.

Bou Amama se montre très satisfait de ce que nous avons fait pour son lils, Si Tayeb ould Bou Amama. Si Tayeb avait été emprisonné par le Makhzen et, à la suite de notre inteivention, avait été remis en liberté. Sa famille fait montre des mêmes sentiments à notre égard. Ses partisans opèrent quelques incursions dans les tribus marocaines voisines de notre frontière. Ils enlèvent aux Béni Ouri- mèche, la Anes et 44 moutons, et aux Béni Bou Hamdoun 2 mulets et 7 ânes.

Les Ghaamba du marabout tentent, sans y réussir, un coup de main contre les Béni Hamlil.

Les mauvaises dispositions du Makhzen envers nous s'accusent de plus en plus nettenient.

Août. L'attitude du Makhzen amène, au commence- ment du mois, la rupture des relations commerciales entre Marnia et Oudjda.

Le Prétendant lève des impots chez les Guelaya et les tribus voisines pour réorganiser son armée et achète des fusils et des chevaux. Il est en relations très suivies avec Bou Amama.

Ce dernier campe à Sidi Makhoukh. Le 28 août, ses troupeaux sont enlevés dans l'Oued Boureddin par des cava- liers du Makhzen et ne peuvent être repris qu'après un combat assez vif à Magraz.

Septembre. Bou Amama porte ses campements au

136 DOCl MEMS l'Ol R SER\ IR \ l.'lUSlOIUE DES H \MYAN

Sud et à environ 8 kilomètres de la casbali d'Ei Aïoun Sidi Melioulv ; il profite de toutes les occasions pour nous mani- fester sa bonne volonté, spécialement dans la recherche des assassins de l'inspecteur des Eaux et Forêts Dubois et du brigadier Barbier, assassinés dans la forêt du Télagh, à l'instigation du chaouch de l'inspecteur, par un bandit réfugié chez Bon Amama.

Une scission se produit entre les Mehaïa et leur caïd ; cent tentes environ viennent s'installer près de Sidi Aïssa, puis en repartent en raison des pluies.

Le Rogui reste sur la Moulouya, au gué de Cherraa ; de nombreuses défections se produisent dans ses contingents.

Les dispositions du Makhzen restent hostiles à notre égard ; il fait répandre le bruit que le Sultan, avec l'aide de l'Allemagne, va nous rejeter sur nos anciens postes.

Néanmoins l'interdiction de commercer entre Marnia et Oudjda est levée.

Octobre. Malgré les ordres et les menaces du Rogui, les Béni Guil et les Oulad Sidi Ali Bon Chenafa ne lui envoient pas de contingents.

Beaucoup de ses gens se sont dispersés pour les labours. De son côté, la mehalla du Makhzen, démoralisée, vit dans la crainte perpétuelle de Moulay M'hammed.

Bon Amama est à Irsan et toujours en bonnes relations avec nous.

Le Makhzen leste inactif.

Trente tentes des Mehaïa de Berguent, avec Ben Abdal- lah ould Boubeker, s'installent près de Sidi Aïssa.

Des Mehaïa de Bou Amama (douar Hadahda) demandent l'autorisation de venir à Tiouli, ainsi qu'un groupe des Béni Yala, les Oulad Moussa ben Amor.

Novembre. Le Rogui est installé à Selouane avec un détachement au gué de la Moulouya ; presque tous ses con- tingents sont dispersés.

Le Makhzen conserve toujoms son attitudje passive. Bou Amama se montre très froid à l'égard du Prétendant et est inf|uiet à son sujet.

Des gens du Tafîlalet apportent à Bou Amama et à Mou- lay M'hammed des lettres émanant de Moulay Réchid, oncle du Sultan, pour les exhorter à prendre parti contre nous. Le marabout ne répond pas. Cent tentes des Mehaïa (groupe de Rouhafs ould El TIadj Saheli") viennent s'ins- taller près de Sidi Aïssa : de même un groupe de sept tentes des Reni Yala avec le caïd Ahmed Rouzian.

l)0<;i MEMS l'Ol H SEH\IH \ I.III^IOIHK DES ll\>n.\> \'il

Décembre. l>e Hogui icroiinc sa iiu'halla, s'occupe de ranicncr à lui les Iribus lilTaiues cl se prépaie à occuper foilciueul les gués de la Moulouva.

11 iullige aux Guelaya uu échec complet, leui- lue un grand nombre d'hommes, dévaste tout le pays et fait un gros butin qu'il vend à Melilla. Il est en relations excel- lentes avec les Ks{)agnols ; le biuil court (pi'il reçoit d'eux des subsides.

Bou Aniama a décidé d'hiverner à Mélarka, mais ne s'y transporte pas encore. Il a reçu de nouvelles lettres plus pressantes de .Moulay lUVhid, mais a éconduit les envoyés.

Le -Makhzen reste toujours dans l'inaction et continue de répandre contre nous des bruits défavorables.

Il est à remarquer que nos relations avec les tribus maro- caines voisines de la frontière se sont améliorées pendant l'année 1906.

Il y a lieu de noter spécialement l'atlilude de Bon Amama qui s'est complètement modifiée à notre égard, et dont les gens évitent scrupuleusement toute incursion sur notre territoire et toute attaque contre nos administrés.

11)07 : Janvier. Bou Amama installe son campement dans l'Oued Boureddin. Un groupe de Ghaamba est parti de chez lui en décembre 1906 pour aller en rezzou à l'Ouest du Tafilalet.

Le Rogui reste inactif, mais ses émissaires parcourent les tribus.

Le Alakhzen ne bouge pas non plus ; il se contente de continuer à faire répandre des bruits défavorables à notre égard et fait raconter que Si El Guebbaz, à la tête d'une forte mehalla, doit venir nous chasser des points que nous avons indûment occupés.

Février. Le Prétendant est toujours à Selouane et annonce sa marche sur Oudjda. Son camp souffre de la misère ; Moulay M'hammed a donné deux grandes fêtes, la première pour célébrer la naissance d'un rejeton mâle, la seconde en l'honneur d'un envoyé du Sultan de Stamboul, lui apportant, paraît-il, des lettres annonçant que <( des « troupes de l'empire ottoman allaient incessammentvenir « à son secoms ». Le Prétendant aurait envoyé une cen- taine de cavaliers à Bou Amama.

Ce dernier a reçu un goum de Marnia lui apportant des lettre? des autorités françaises lui proposant le })ardon com- plet et l'envoi à son camp d'un officier supéiieui" pour fiai-

138 DOCIMENTS POIR SERVI K A LflISTUlHE DES HAMYAN

ter de toutes les questions annexes. Les cavaliers bien reçus ont été renvoyés sans réponse.

Le marabout voit échouer les démarches faites par lui près des Béni Snassen et des Angad pour avoir la libellé de fré(iuenler le marché d'Oudjda.

Mars. Les Mehaïa, divisés sur cette dernière question, se sont réconciliés entre eux et avec les Angad et les Sedjaa, et se sotil réunis aux environs de Sidi Moussa Ben Ali, les pâturages sont abondants.

Le Prétendant est resté dans ses campements ; sa situa- tion est meilleure. Un mouvement se dessine chez les Meliaïa réunis pour se détacher de lui et de leur caïd.

Avril. Oudjda a été occupée par les Français, à la suite de l'assassinai du docteur Mauchamp à Casablanca, et cette nouvelle a produit une vive émotion dans l'Ouest. Bou Amama a calmer ses gens qui voulaient prendre les armes. Il a envoyé des courriers au Rogui pour lui deman- der son aide. De nombreux envoyés des tribus marocaines et même des gens d'Oudjda cherchent à l'entraîner contre nous.

L'impression dans les tribus algériennes est bonne.

Les Chaamba de Bou Amama, partis en décembre 1906, ont enlevé des chameaux aux Touareg, les ont vendus au Talilalct et doivent rentrer à la zaouïa par le district d'El Reteb. Ils rapportent la nouvelle que les tribus du Tafilalet seraient d'accord poui' nous combattre, mais nous atten- draient chez elles.

Mai. Le bruit court que les Béni Snassen refusent d'en- trer en relations avec nous, et qu'ils veulent nous faire patienter jusqu'au moment 011 ayant ensilé leurs grains, ils pourront se déclarer contre nous.

Bou Amama reste inactif ; quant au Rogui, une recon- naissance partie de chez lui a soutenu un combat peu sérieux avec les gens du Makhzen.

Juin. Une partie des Mehaïa viennent camper à Tiouli, près de leurs récoltes. Plusieurs douars des Béni Yala se rapprochent de Sidi Aïssa. Bou Amama ne bouge pas ; son fils Si Tayeb arrive à Marnia.

Le Liogui lesle toujours à Selouane. Le 9.5 juin, nu nou- veau combat assez sérieux s'engage entre les troupes du Sultan et celles du Prétendant. Ce dernier, persuadé de la complicité des Guelaya avec le Makhzen, envoie chez eux

DOCUMENTS POUR SERVIR A [.'HISTOIRE DES HAMYAN 139

une harka qui leur lue i8 hommes, pille leurs biens et incendie les maisons.

Juillet. Les indigènes commenlenl, avec animation, mais de façons dllférenlcs, le séjoiu' à Oudjda de Si Tayeb ould Bou Amama.

Août. Bou Amama, qui campe toujours aux mêmes endroits, négocie avec les Béni Guil, qui ont pillé au pas- sage les C^haamba revenant du Talilalet et obtient d'eux la restitution des animaux et objets enlevés à ses gens reve- nant de rezzou.

Ses relations avec le Bogui sont très suivies. Le Préten- dant a beaucoup de troupes, mais manque de munitions. Ainsi s'explique son inaction en face de la mehalla chéri- fienne dénuée de tout.

Septembre. Bou Amama est toujours à El Aïoun Sidi Mellouk et l'incident avec les Béni Guil semble définitive- ment réglé. Il paraît vouloir recenser ses fidèles.

Le Bogui ne fait pas parler de lui. Mais les événements de Casablanca, rapportés d'une façon très défavorable à notre cause, provo(juent une certaine effervescence chez les Oulad Amar, chez les Béni Guil et au Tafilalet. Les Beraber semblent se mettre d'accord pour marcher contre nous.

Octobre. Bou Amama ne change pas ses campements.

Des gens des Oulad Néhar, auxquels des moutons ont été enlevés à Garet Soltana (12 kilomètres au Nord de Ber- guent),se rendent près de lui pour obtenir la restitution de leurs animaux. Des lettres des Béni Snassen annonçant qu'ils ont infligé un échec aux Français étant arrivées à son camp, les gens du marabout organisent des réjouis- sances et ce dernier renvoie les propriétaires des animaux volés sans vouloir leur rendre justice.

Le Bogui reste toujours dans l'expectative.

Les indigènes commentent les incidents des Béni Snas- sen et s'étonnent que nous n'infligions pas à ces derniers une dure leçon. De nombreux émissaires des Béni Snassen sont envoyés à Bou Amama pour lui demander de s'inter- poser entre nous et eux.

Novembre. Bou Amama ne déplace pas ses campe- ments. Il conseille la paix aux Béni Snassen, à une fraction desquels (Béni Khaled) nous avons d'ailleurs accordé l'aman moyennant une amende de 5. 000 francs. Le bruit court chez tous les indigènes que cette amende ne sera pas payée et qu'une harka serait formée pour nous attaquer.

140 DOCUMENTS POUR SEKVIH A l'iIISTOIRE DES HAMYAN

Décembre. On dit que la colonne du Makhzen qui est à Selouane a été attaquée par le Prétendant et qu'il y a eu beaucoup de tués. Le Hogui aurait déclaré que les Béni Snassen avaient tort de nous combattre, car fatalement, tôt ou tard, nous commanderions jusqu'à la Moulouya.

Hou Aniama établit ses campements à Mesquen Chouala, enlre lOued Boureddin et Sidi Houria.Son fils Tayeb dirige d'importants travaux de canalisation et de culture. Le marabout reste sourd aux sollicitations de nos ennemis, mais la plus grande partie de ses contingents, ainsi que des cavaliers des Kebdana, Guelaya et Sedjaa se préparent à rejoindre les Béni Snassen.

Les Mehaïa et les Béni Yala se tiennent dans l'expectative et attendent, pour se prononcer, d'avoir vu la tournure que prendra la lutte.

Ainsi la situation des tribus marocaines voisines de la frontière n'a guère changé depuis un an ; seule, l'occupa- tion d'Oudjda par nos troupes, a procuré la paix et l'ordre aux Mehaïa et aux Angad marocains. Malgré la proximité des agitations, nos tribus algériennes n'ont cessé de con- seiver la plus correcte des attitudes et de fermer l'oreille aux sollicitations marocaines.

1908 : Janvier. Le combat d'Aïn-Sfa, en même temps qu'il a abattu les Béni Snassen, a mis fin à tous les com- mentaires plus ou moins favorables à notre cause qui étaient mis en circulation parmi les tribus frontières. La conduite réservée de Bou Amama, qui se rendait certaine- ment compte du résultat final de notre intervention aux Béni Snassen, n'a pas été sans inlluer siu' ce revirement d'opinion. Les Mehaïa, définitivement rassurés et avertis sur la conduite à tenir, ont fait bon accueil aux différentes patrouilles circulant le long de la frontière.

Février. Les Mehaïa colportent et commentent les nouvelles suivant lesquelles la mehalla d'Abd-el-Aziz ins- tallée à la Mar Chica se serait déplacée vers l'Ouest après avoir vendu ses armes aux Espagnols. D'autre part, le caïd Bou Souar, des Mehaïa de Bou Amama, aurait uni sa cause à celle du Bogui et offert son cheval à ce dernier en signe d'hommage.

Mars. De tous les bruits mis en circulation sur la conduite du Bogui, de Bou Amama, il résulte clairement que les secrètes espérances de ces agitateurs sont contre nous et que, tout en ne prenant part ouvertement ni

DOCIME.MS l'Ol M SKIUIK \ l'illSIOlKE DES IIAMYAN 141

pour Abd-cl-Aziz ni pour notre inllucncc, ils se réservent, suivani les eiicoiisl;inces, de se ralliei' nioinenlaiirnK'iil n l'un ou à l'aulie paiti. Cette expectative est eneoi-e entre- teiuie par les bruits (jui circulent sur la harka formée au Talilalet par les Bcraber, laquelle doit venir à Berguent et à Oudjda nous chasser définitivement de ces postes. Néan- moins, auciuie in(piiétude n'apparaît parmi les popula- tions algériennes.

Avril. L'ne vive agilati(^n se produit dans tout l'Ouest et surtout chez les Béni Guil au sujet de la harka des Bera- ber, de son effectif, de ses objectifs qui sont Bou Denib, Colomb-Béchar, Aïn-Sefra. On sait que la harka est com- posée non seulement de Beiaber, mais encore d'un certain nombre de Béni Guil. A la suite de ces nouvelles, les Béni Omimèche écrivent à Bou Amama et au Bogui pour leur demandei- la conduite à tenir ; Bou Amama leur répond d'agir à leur guise et le Bogui, au contraire, leur conseille d'intervenir et d'accueillir nos reconnaissances à coups de fusil. Il fait surveiller très étroitement tous nos mouve- ments dans la région de la Basse-Moulouya ; en particulier lorsqu'une reconnaissance partie de Taforalt s'est rendue jusqu'à cette rivière, elle a été observée de la rive opposée par 700 cavaliers sous le commandement des caïds Azouz et Ben Lefia.

Mai. La nouvelle de l'affaire de Mennabah s'est pro- pagée rapidement en avril iQoS.fLacolonnedulieutenanl- colonel Pierron, de Colomb-Béchar, avait été attaquée au petit jour par la harka de Moulay Lahcène El Seba'i et, tout en subissant de très fortes pertes, avait repoussé victorieu- sement l'ennemi qui s'enfuit et abandonna son camp de Mengoub, dans la plaine du Tamlelt. La prise de Bou Denib fut notr(> liposte à l'attaque de Mennabah. D'abord envi- sagée, d'après les bruits mis en circulation, comme un échec pour nos armes, elle ne tarda cependant pas à être connue sous son vrai jour.)

En apprenant la retraite de la harka Beraber, les Béni Guil et les gens de Debdou qui s'apprêtaient à renforcer de leurs contingents ceux dont dispose encore Moulay Seba'i, se sont résolus à prendre une attitude plus réservée. Les Béni Guil même, craignant des représailles, se sont retirés avec leurs campements sur la gada de Debdou pour être plus éloignés de nos troupes.

Bou \mama et le Bogui continuent I(mus menées, mais le deriiiiM' d'une façon plus effective : il prêche la révolte et

142 DOCUMENTS POI R SERVIR A T/HISTOIRE DES IIAMYAN

conseille à toutes les tribus, sur lesquelles il a de l'inlluence, de sarmer et de se tenir prêtes pour la Guerre Sainte.

Juin. La confirmation de la nouvelle de la prise de Bou Denib par les Français a fortement modéré les ardeurs anti-françaises des mois» précédents.

L'arrivée à Fez de Moulay Hatid est commentée par les indigènes, surtout par le désir de connaître l'attitude que vont prendre, en raison de ce rapprochement, Bou Amama et le Bogui .

Les uns représentent le Bogul comme devant se lendre à Fez par Taza pour faire sa soumission à Moulay Halid; d'au- tres, au contraire, veulent qu'il vienne s'installer à Cherraa avec toute sa mehalla et ses partisans pendant qu'il enver- rait un fort détachement, composé de piétons et de 5oocava- liers, chez Bou Amama.

Du côté de ce dernier, la situation serait plus calme ; les indigènes se demandent (|uelle va être la position du mara- bout vis-à-vis de nous, si le Bogui vient s'installer à Cherraa ou en tout autre point situé dans notre zone d'influence.

Il est certain que ces déplacements, très commentés, ne sont pas sans causer une certaine émotion parmi les Mehaïa eux-mêmes.

Juillet. Les mêmes bruits du changement des cam- pements du Bogui et de Bou Amama continuent à circuler, sans que rien de décisif ne puisse être connu au milieu de tous ces racontars.

Août. 11 est de nouveau question du rassemblement d'une harka Berabei" très importante qui, dès sa concen- tration, marcherait svu' Bou Denib. D'après les nouvelles en circulation, Moulay Lahcène El Sebaï prendrait le com- mandement en personne. Le bruit court également, quoi- qu'il soit faux, de la mort du chérif de Bou Denib, Moulay Ahmed El Driss, lequel a, dit-on, été assassiné, la nuit, par un inconnu, dans sa demeure à Bou Denib. Les Béni Guil attribuent ce crime imaginaire à la vengeance moti- vée par les services qu'il nous a rendus lors de l'occupation de Bou Denib. Chacun, au Maroc Oriental, escompte le succès des Beraber qui est considéré comme certain.

On ne parle plus ni de l'exode de Bou Amama, ni de celle du Bogui ; les deux agitateurs ont, du reste, entre eux, des rapports assez tendus motivés par une perception de droits sur les troupeaux et denrées de la zaouïa que le Bogui aurait voulu lever.

I)OCi:mem's poi r seiuih a i.iiisrorKE des hamyan 14:3

Septembre. l.a iioiivelif dv la dcfaile complète de la deuxième harka de Bou Deiiib au combat de Djorf ' a atterré tous les faiiali(|ues (|iii, noyant à une intervention divine, s'attendaient à un succès complet des armes isla- miques. Mais, malgré ce sanglant échec, les fanatiques et les illuminés, soit pai' conviction, soit surtout par intérêt, ne désarment pas et prétend<'nt que la harka n'était (ju Une partie des troupes considérables que Moulay Hafid va lever contre nous, pour venir reprendre Oudjda et tous les territoires (pie nous avons progressivement f)ccupés depuis 1900.

Octobre. Bou Amama meurt, (le fait produit une forte émotion sur les indigènes de l'Ouest, quoique ce dénoue- ment fut prévu et attendu depuis longtemps. Le marabout ayant pu publicpiement, avant sa mort, déclarer qu'il dési- gnait son fils Si Tayeb comme son successeur, aucune con- testation ne s'est produite et tous les indigènes de la zaouïa ont reconnu leur nouveau chef.

Les bruits les plus contiadictoires circulent sur le Rogui ; tantôt on le représente comme vainqueur, dominant jus- qu'à Taza et envoyant une mehalla sur Fez, tantôt, et c'est le bruit le plus répandu, comme ayant subi de graves échecs (pii feraient douter de sa puissance.

Décembre. Les Mehaïa auraient cherché au milieu de tous les bruits qui, depuis six mois, leur parviennent un peu de tous les côtés, à se rendre un compte exact de la situation à l'Ouest de la Moulouya. Ils auraient envoyé un rekkas à Fez pour se renseigner à ce sujet. Ce rekkas serait revenu et leur aurait assuré que l'autorité de Moulay Hafîd était sans conteste, qu'il disposait de ressources matérielles considérables, de mehallas importantes. Tout le Moyen- Maroc lui serait définitivement acquis et il n'aurait trouvé quelque résistance que chez les Beraber qui désireraient de lui, avant de le reconnaître pour chef, une intervention vers nos nouvelles possessions.

Si Tayeb aurait mis fin aux dissensions qui existaient, il y a quelques mois, entre son père et le Bogui. Il aurait envoyé à ce dernier un cheval en présent, comme indice des bons rapports ((u'il compte entretenir avec le Préten- dant. Une correspondance très active serait échangée entre le camp de ce dernier et la zaouïa d'El Aïoun Sidi Mellouk.

I Pivs K..11 Deuil..

144 DOCL.ME.MS POI R SERVlM A LHISTOIKE DES II AMYAN

1900 : Jativier-Féurier-Mars-Avnl. Aucun fait saillant nosl à signaler ; les indigènes s'entretiennent, sans y pren- dre grand intérêt, des péripéties de la lutte engagée entre le liogui et le Sultan.

Mai. Quatre prospecteurs européens, sous la conduite de M. Quijison, ingénieur de la Compagnie Hovale Astu- rienne, sont attaqués près de Guel'aït par les Oulad Amor. Deux sont blessés et pris ; ils sont ensuite rendus au poste de Berguent.

Juin-Juillet. La lutte entre le Rogui et le Sultan entre dans une période plus active. Le premier s'est rapproché de Fez avec toutes ses forces. On raconte que les Espagnols cherchent à élargir leurs moyens d'action autour de Melilla.

Août. Les nouvelles des combats livrés par les Riffains aux Espagnols dans la région de Melilla sont l'objet de commentaires défavorables à ces derniers, dont les échecs sont connus.

Septembre. La défaite et la capture du Rogui par les troupes de Moulay Hafid sont les faits saillants du mois.

Octobre. Le bruit de la mise à mort du Rogui est peu commenté ; on dit cependant que certaines tribus maro- caines ont reçu des lettres démentant cette mort et les enga- geant à ne pas se soumettre à Moulay Hafid, mais on apprend ensuite d'une façon certaine le supplice subi par le prisonnier.

*

* *

Ainsi (|ue nous l'avons déjà écrit, la mort de Bon Amama, et celle, à peu de distance, du Kogui, furent les préludes de la paix, cjue notre occupation, en s'étendant progressi- vement, allait très ra})idement faire régner dans cette région qui avait été si troublée.

DOCUME.M'S l'OLK SLKVIIl A I .'il IS I ( )l lU: KKS IIXMVAN 145

CHAPlTHi: l\ Q l KSI 10 \S A I )>! I MSTR ATI VES

Pendant la dernière période dont nous venons d'essayer d'esquisser l'histoire, le cercle de Méchéria subit, au point de vue aduiinislralif, dilïérents changements ou fut sou- mis à certaines réglementations cpie nous croyons utile, de rappeler ci-dessous.

Il importait en effet de limiter les parcours immenses qu'avant notre domination, les Hamyan n'avaient cessé d'utiliser.

La colonisation (|ui s'était avancée vers le Sud leui' inter- disait désoimais la vallée de la Mekerra et les environs de Tlemcen, ainsi que ceux de Ténira ofi, cependant, existe toujours un douar-commune Hamyan.

Vers l'Ouest, nous les restreignions et leur interdisions d'aller dans la vallée de l'Oued Charef.

Au Sud, ils n'avaient plus de raisons pour ensiloter dans les ksour Amour, et des questions d'administration locale faisaient restreindre d'une façon excessive leurs mouve- ments annuels d'achaba dans le Sahara.

Une série de mesures durent être prises pour régler leurs rapports avec leurs voisins.

MODI s VIVENDI ADOPTÉ ENTRE MÉCHÉRIA ET El-ArICHA

Après la création de l'annexe de Méchéria (i885), on adopta, pour éviter toute contestation entre les Hamyan d'une part, et les Angad et les Oulad En Néhar, d'El-Aricha, de l'autre, un modus vivendi qui fut sanctionné par le général Détrie, commandant la Division dOran (1886).

Les dispositions qu'il contenait sont toujours en vigueur et sont les suivantes :

La limite Nord des parcours des Hamyan est jalonnée par les points d'eau Magoura, Mechera el Ahmar, El-Ari- cha, Kerbaïa, Taërziza, Kersouta et Ras-el-Ma (Crampel) ;

La limite Sud des parcours des Angad et des Oulad En Néhar est formée par la rive Nord des deux chotts et par une ligne droite reliant ces chotts de Bou Guern à la

146 DOCUMENTS POUR SERVIR A u'iIISTOIRE DES H AMYAN

koubba de Sidi Ahmed Ben Miloud (chott Gharbi) et pas- sant par Dayet El Chereg ;

Par suite, il existe une région commune Hamyan, Angad et Oulad Néhar peuvent campei', faire pacager et abreuver leurs troupeaux ;

4" Les points d'eau de la limite Nord, de même que ceux situés dans les deux chotts, sont communs aux nomades des deux annexes ;

Les migrations de ces nomades s'eiTectueront d'après la règle suivante :

Lorsque les Angad et les Oulad Néhar, qui ne se rendent (]ue temporairement dans la région commune, habituelle- ment au printemps et à l'automne, désireront y conduire levus troupeaux et y camper, ils en feront la demande au chef d'annexé d'El-Aricha qui préviendra son collègue de Méchéria. Celui-ci prendra les mesures voulues pour satis- faire aux demandes qui lui seront transmises ; il assignera aux demandeurs les campements et les points d'eau dont ils pourront disposer ; il déplacera au besoin les Hamyan ; enfin il s'efforcera d'éviter tout sujet de rixes et de contestations ;

L'action des ofïiciers du bureau d'El-Aricha s'exercera de la manière suivante au point de vue de la police judi- ciaire : elle s'étendra jusqu'à la limite Sud de la région commune pour toutes les affaires intéressant les indigènes relevant de l'annexe d'El-Aricha. Elle sera limitée vers le Sud à la ligne Magoura, Teniet es Sassi, El Fedeg, Mechera el Konak, Mechera el Ghomari, Mechera es Sloughi, Mechera ben el Soit an, Timezirine et Ras-el-Ma pour les affaires intéressant quoique ce soit ;

L'action judiciaire des officiers de l'annexe de Méché- ria s'étendra jusqu'à la limite qui vient d'être indiquée (celle des Mechera) pour toutes les affaires concernant les Hamyan et les étrangers, à l'exception de celles réservées aux officiers de l'annexe d'El-Aricha par le paragraphe précédent ;

Lorsque dans une même affaire judiciaire ayant son origine dans la zone comprise entre la ligne des Mechera et la rive Nord des chotts, se trouveront compris des indigènes des deux annexes, l'instruction en sera faite par le bureau dont dépendent les prévenus ou les coupables ;

En dehors des migrations des troupeaux et de la police judiciaire, rien n'est changé aux errements établis.

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN 147

Ce iiiodus vivondi fut complété de la façon suivante par le général O'Connor, commandant la Division d'Oran (n° 429, du 3 mai igoS) :

(( Les llamyan, lorsqu'ils se rapprochent de la ligne d'El- « Aricha-Bedeau, sont placés, pour le bon ordre, sous la « juridiction administrative du chef de l'annexe d'El-Ari- « cha, dès qu'ils arrivent sur le versant méditerranéen, « c'est-à-dire dans la région les eaux coulent vers le « Nord. Les caïds ou chefs de douars doivent, en s'y in'stal- « lant, aviser sans aucun retard le chef d'annexé d'El-Ari- « cha de leur arrivée.

« Il reste d'ailleurs entendu qu'en dehors de cette bande (( de territoire assez étroite, et à cause même du peu de lar- « geur de cette zone, les Hamyan doivent obéir aux ordres « que le chef de l'annexe d'El-Aricha peut avoir à leur (( donner dans des circonstances exceptionnelles dont il « aura à rendre compte immédiatement au Général de « Division. »

* * *

En 190Ï, après l'occupation des deux Forthassa par les Hamyan, les limites du cercle de Méchéria sont modifiées de la façon suivante :

Au Nord, la limite est constituée par la chaîne de mon- tagnes qui, partant du Teniet Sassi, suivant le DjebelSidi El Abed et passant par El-Aricha, décrit un vaste demi-cer- cle dont la convexité est tournée vers le Sud ; au Nord-Est, elle est formée par une ligne inclinée Nord-Ouest-Sud-Est, partant de Ras-Nouala et passant par Bou Guern.

A l'Est, la limite est constituée par la réunion des points de Fekarine et Aïn-Malah.

Au Sud, par une ligne allant d'Aïn-Meçif à Galloul.

A l'Ouest, du côté du Maroc, la frontière reste encore imprécise. Nous avons vu plus haut qu'on s'était contenté de créer, en 1901, une zone d'influence dite « zone des marchés ».

Toutefois les droits de pâturage et de parcours des Hamyan furent maintenus dans toute la région comprise au

148 00<:i MKMS POl H SKKNIM a l.'lllSIOlKE DES HAMVAN

Noid dv la lijiiu' Djebel Doiigli, Oulakak, El Ambaa, Djebel Moighad et Mekalis.

A ce nioment, on chercha à entamer une action contre les Béni Guil et on envisagea à cet effet l'occupation per- manente de l'orthassa Gharbia. Lorsque ce poste fut créé en 1904, le général Lxautey réunit les caïds des Béni Metha- ref, des Meghaoulia el des Akerma ; il leur expli(jua que, pour poursuivre sa polilicpie vis-à-vis des Béni Guil, il était obligé de rattacher le nouveau poste à Aïn-Sefra, mais que les Hamyan conserveraient tous leuis droits sur les terrains situés au Nord de la ligne sus-indiquée. A la fin d'avril 1906, il réitéra ses déclarations à l'agha El Hadj El Habib el aux caïds des Hamyan.

Quelques années plus tard, les gens du Makhzen de For- thassa cherchèrent à éliminer les Hamyan et ils semblè- rent, un certain moment, être arrivés à leurs fins, sans que cependant rien de régulier n'ait été fait à ce sujet.

Limites actneUes du cercle. A la suite de tous ces changements, les limites actuelles du cercle de Méchéria, non compris les droits de parcours des Hamyan sur les régions environnantes, sont devenues les suivantes :

Avec l'Algérie : Du Teniet es Sassi à Oglat Taërziza (abreuvoirs sur la route d'El-Aricha à Bedeau) par la crête du Djebel Sidi El Abed et par Oglat Kerbaïa, et en laissant El-Aricha au Nord. D'Oglat Taërziza en ligne droite sur Bas-Nouala, dans le Djebel Timezirine ; de ce dernier point la limite suit l'Oued Nouala, l'Oued Hammam, les bords Ouest et Sud du chott Chergui, traverse celui-ci en face du débouché de l'Oued Kounifat, suit le bord septentrional du chott, contourne le Kreider au Sud et atteint la voie ferrée h Bou Ktoub qui reste au cercle de Géryville ^ ;

Avec le cercle de Géryville : De Bou Ktoub à l'inler- section de la route Méchéria-Géryville, aux puits de l'Oued Kheiba ^rectification du 6 mai 191 1). Ligne droite de l'Oued Khei l)a à l'Aïn-Melah, commun aux deux cercles. De cette source ;iu conlluent de l'Oued Bidan et de l'Oued Boighat (6 kilomètres à l'Ouest de l'Aïn-Méridja) ;

Avec l'annexe d'Aïn-Sefra : Du continent de ces deux derniers oueds à Aïn-Meçif ; de ce point à Mekalis par le Teniet el Khlakh en laissant Mekalis à Aïn-Sefra.

I Un niinvpini projet de délimitnlioii, soumis au Gouvornpur Général, attribue purement et simplement le bord méiidional du chott Chergui jusqu'au péri- mf'tre du coidn' de Wi<\\ Klnuli, comme liiiiitc du cercle de Méchéria.

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iUSTOIRE DES HAMVAN 149

Nous avons vu dans quelles circonstances le poste de Forthassa fut mis sous les ordres du chef de l'annexe d'Aïn- Sefra. En 1907, le général Lyautey maintint sa décision en précisant que : l'administration, l'état-civil et l'action politique appartenaient à cette mémo annexe, la justice seule dépendant de Méchéria. En réalité, au point de vue politique, le poste de Forthassa ne recevait d'ordres que directement du Général commandant le territoire d'Aïn- Sefra.

Cet état de choses dura jusqu'en 1909. date à laquelle, étant donné la personnalité du chef de l'annexe d'Aïn- Sefra, le capitaine Berriau \ la direction politique du poste de Forthassa et la police judiciaire lui furent confiées.

La limite provisoire de 1896 (qui n'avait pas été sanc- tionnée d'ailleurs par le Gouverneur Général) est rempla- cée par une ligne tout aussi provisoire, partant de Mekalis, passant au Sud de Taoussera et de Galloul pour aboutir à l'Oued Bon Kholkhal, en laissant Galloul à Méchéria. Mais les droits de parcours des Hamyan restent entiers sur toute la région située au Nord de ligne Oulakak-Djebel Dough ;

Zone d'influence vers l'Ouest : Pas de limite admi- nistrative ; une zone de police limitée à l'Ouest par la ligne Teniet es Sassi, Mengoub, Brazzia, Oued Bou Lardjam, Oued Bou Kholkhal.

En comparant ces limites à l'immense zone dans laquelle les Hamyan ont gravité autrefois, on est frappé de l'exi- guité et surtout de la pauvreté de la région ils ont été cantonnés par des décisions successives, dont l'effet ne devait être que provisoire et qui menace de s'éterniser. La contrée qui leur est affectée est presque désertique et, sauf pendant les années exceptionnelles, les pâturages y sont maigres et les points d'eau trop éloignés les uns des autres et peu abondants. Les endroits autrefois ils condui- saient de préférence leurs troupeaux leur sont maintenant interdits et il serait à désirer poiu' eux qu'on leur permit d'étendre leurs terrains de parcours plus au Sud, puisqu'au- cun changement ne peut plus être apporté aux limites Nord, Est et Ouest.

I ActncUenient lieutenant-colonel, flirectenr du Personnel Militaire et du Service de? Renseitrnement?, à la Résidence Générale du Maroc, à Rabat.

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150 DOCUMENTS POl R SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN

CHAPITRE X LES HAMYAN ACTUELS

La période de paix, de calme et de tranquillité qui suc- céda à l'ère troublée et aux grandes expéditions contre leurs voisins de l'Ouest, n'a pas arrêté l'humeur batailleuse et l'amour du bien du voisin innés chez les Hamyan.

L'autorité française a eu, à maintes reprises, à employer pour son service ces gens remuants et hardis et, bien enca- drés, ils ont donné toute satisfaction en fournissant de nombreux goums tant pour la conquête du Maroc que pour la lutte contre l'Allemagne.

*

* :t

El Hadj Mohammed ould El Hadj Ahmed, caïd des Oulad Khelif, et Ben Miloud ould El Aïd, caïd des Meghaoulia, marchèrent à la tête du premier goum qui débarqua à Casablanca en 1907 et qui prit part aux combats de Sidi Brahim, Tadarit et Sidi Moumen.

Pour la campagne contre les Béni Snassen (décem- bre igo8), les indigènes du cercle de, Méchéria envoyèrent un goum à pied et un goum à cheval, commandés par les caïds Larabi ould Tayeb, des Oulad Scrour, El Mir ould El Hadj Naceur, des Rczaïna Gheraba et par Abd-el-Hamid, des Bekakra, l'un des fils do feu l'agha El Hadj Kaddour ould Boufeldja.

A la première colonne du Haut-Guir (mars à juin 1908), quatre goums Hamyan marchèrent avec nos troupes.

En 191 1, cette même confédération eut un goum sur la Moulouya (septembre à décembre) avec les caïds Boufeldja, des Bekakra, El Hadj Demouche, des Oulad Mansourah et Zoghmane ould El Hadj El Habib, fils de l'agha El Hadj El Habib ould Mebkhout, et un autre en Chaouïa (octobre 19TT à janvier T912) avec les caïds M'hammed ould El Hadj Abderrahmane, des Megan, et Yahia ould Saïd, dos Oulad Farès.

DOCUMENTS POUR SERVIK A l'uISTOIRE DES HAMVAN 151

Kniiii, CM i<)i.H,uii dcnii-goiim tlamvaii, au(|ucl prit part Abdelkader ould El Mahi, des Oulad Mansourah, de la famille des Oulad Mebkhout, combattit à Maharidja, Sidi Youssef, Nekhila et Moul el Bâcha (mars à juin), Maroc Oriental (occupation de M'çoun).

*

* *

La déclaration de guerre de l'Allemagne, en 191 4, permit aux Hamyan et aux Rezaïna de montrer leur loyalisme.

Deux cents spahis auxiliaires levés dans le cercle, parti- rent, en septembre, en Flandre, sous le commandement du capitaine du Vigan, ancien adjoint au Bureau des Affaires indigènes de Méchéria.

Les quatre pelotons composant cet escadron étaient com- mandés par El lladj Demouche ould El Hadj El Habib, caïd des Oulad Mansourah, El Hadj Mohammed ould El Hadj Ahmed, caïd des Oulad Khelif, Boubekeur ould El Hadj Miloud, caïd des Akerma Gheraba ; Ahmed ould El Aïd, frère du caïd des Meghaoulia. (Ce dernier fut tué en décembre 1914, au cours d'une reconnaissance exécutée près de Nieuport.)

D'autre part, environ i.ooo indigènes du cercle de Méché- ria s'engagèrent aux Tirailleurs algériens pour la durée de la guerre.

En même temps, deux des officiers adjoints du Bureau des Affaires indigènes de Méchéria, le lieutenant Mieg Robert, avec les spahis auxiliaires, et le lieutenant Bernard Fernand, avec le 6^ Tirailleurs algériens, partaient pour le front.

Le lieutenant Bernard est glorieusement tombé en char- geant à la tête de son peloton de tirailleurs contre la Garde prussienne.

*

* *

Travaillés par des inlluences restées peu connues, et s'appuyant sur le renouvellement semestriel du paiement d'une prime d'engagement, une partie des goumiers et tirailleurs enrôlés pour la durée de la guerre de 1914 pré- tendirent, au bout de six mois, qu'ils ne s'étaient engagés que poiu- vm semestre et non pour la durée de la guerre et cherchèrent à créer une équivoque et du désordre.

Energiquement réprimée, cette tentative d'intrigue avorta et chacun servit ensuite d'une façon pai'faite.

152 uocuMExrs poir skrn tu a t.'histoire des ii\myan

Depuis plus de Ueiile-trois ans que nous avons placé sous noire doniinalion une région qui avait, jusque là, échappé à toute action administrative, les conditions d'existence des populations ainsi soumises à notre contrôle et à notre autorité immédiate ont subi des modifications notables.

Dès que le bien-être a pénétré chez les indigènes des Hauls-Plateaux, des changements très visibles se sont pro- duits dans leurs usages et, de là, se dégagent les symp- tômes d'une évolution vers le demi-nomadisme et l'aban- don des grandes transhumances.

Ces gens étant et ne pouvant être que pasteurs, ne deviendront jamais sédentaires. Mais ils sont arrivés à la période des parcours à amplitude restreinte sur un péri- mètre dans l'intérieur duquel ils séjournent d'une façon répétée sur les mêmes points.

Ils ont subi, sans s'en apercevoir, le contact constant des courtiers commerciaux ; les colportems kabyles leur ont apporté les produits du Tell ; ils ont été attirés sur tous les marchés européens environnant leurs steppes, et leurs cou- tumes et leius mœurs en ont reçu une impression qui n'a cessé de modifier leur genre de vie.

Une moindre fré(|uence des migrations, une réduction de leur étendue, une rareté des séjours dans le Sahara, une tendance vers la culture, et par suite vers la possession pri- vative du sol par droit d'occupation et d'usage, une plus grande recheiche dans: l'alimentation et les vêtements, l'acquisition, par les riches, d'immeubles dans les centres européens, une amélioration de la mentalité indigène en ce qui concerne le respect de la vie humaine et du bien d'autrui, l'abandon progressif des instincts belliqueux, tels sont aujourd'hui les effets les plus caractéristiques de notre influence chez les Hamyan.

Le contact de la civilisation leur a créé des besoins et leur existence est maintenant moins frugale que jadis.

L'usage du café, du thé, du sucre à peine connu à l'épo- que de l'indépendance, a d'abord pénétré sous les tentes des riches et s'est répandu, peu à peu, comme un besoin de première nécessité, chez les gens de moyenne aisance.

Les vêtements sont plus recherchés et la facilité de se procurer à Méchéria même, à Aïn-Sefra, à Géryville, ou dans le Tell, des tissus, des étoffes, des tentures diverses, a excité la convoitise de tous.

DOCLMEM'S POl R SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYA.N 153

Celle uUiraiice vers un ^^uperilu que le nomade ignorait dans la première moitié du siècle dernier est devenue géné- rale et elle va croissant.

L'abondance a pénétré sous la lente du pauvre qui peut maintenant s'employer sans crainte soit comme sokhar, soit comme cueillcur d'alfa.

Une situation embnrrassée avail pesé sur les indigènes à la suite de la disette de 1897. Les nombreuses colonnes qui opérèrent dans le Sud, à partir de 1900, et pour lesquelles de très importants convois de chameaux furent réquisi- tionnés dans 1(^ cercle, tiienl affluer largenl el ramenèrent la prospérité.

Les besoins ont subi une progression ; ce qui constituait le superflu est devenu aujourd'hui indispensable par l'accoutumance.

L'ère des coups de main, des entreprises hasardeuses, des fructueuses razzias étant close, l'indigène ne peut trouver l'augmentation nécessaire de ses ressources (jue dans son labeur.

* * *

Cette évolution de la vie des nomades entraîne peu à peu un assoupissement de l'esprit d'indépendance, de l'amour des aventures et, par suite, une disparition des instincts pillards et belliqueux.

Les aspirations vers la liberté absolue, hors de toute auto- rité, sont maintenant étouffées.

Il ne reste dans l'esprit de la génération actuelle qu'une vague vision de l'époque d'anarchie durant laquelle la force était la seule loi.

L'affaiblissement des énergies guerrières entraîne sans cesse une disjonction plus marquée des groupements jadis étroitement unis dans la période de luttes.

Le lien qui joignait tous les Hamyan est purement vir- tuel de nos jours. Il n'existe plus qu à l'état de souvenir.

L'esprit de particularisme se développe chaque année davantage.

Cet état de choses ne saurait être que favorable au déve- loppement de la situation économique.

L'élevage assure un capital qui, bien que peu solidement assis, procure des ressources suffisantes.

L'augmentation du nombre de points d'eau, qui s'est poursuivi sans interruption, a permis l'utilisation d'une

154 DOCUMEM'S POL R SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMWN

grande partie des pâturages qui jadis étaient délaissés par suite de la dilliculté d'abreuvement.

En résumé, les Hamyan sont entrés dans une ère de prospérité dont ils nous sont entièrement redevables.

Dans ce pays oiî des ksour existèrent jadis (par exemple à Touadjeur, Taoussera, Aïn-Meçif, dans l'Oued Korima, etc., etc.) et oii la population préhistorique a laissé de très nombreux vestiges (tumuli ou bazinas abondants dans l'Oued Korima aux environs de Touadjeur, de l'Oglat Mehaïa, elc, etc.), nous ne devons pas espérer voir revenir une population sédentaire.

La transformation du régime des eaux, l'abaissement de la nappe aquifère ont trop agi sur tous les Hauts-Plateaux pour qu'il soit possible d'espérer y tirer un profit quelcon- que de l'agriculture.

Les Hamyan resteront pasteurs, mais ils pourront aug- rnenter et développer leur cheptel dans de larges condi- tions. Cette richesse, quoique toujours un peu précaire, est cellp qui s'adapte le mieux à leur tempérament et à leurs aptitudes.

Nous ne les verrons plus, si ce n'est dans nos goums, combattant comme jadis.

Cependant nous ne devons pas oublier qu'ils restent sou- mis aux influences maraboutiques et qu'ils sont toujours susceptibles d'être entraînés dans l'orbite d'intrigants per- sonnages, même s'ils sont hostiles à notre influence.

C'est à nous qu'il appartiendra d'arriver à faire dispa- raître ces derniers vestiges de la marque profonde qu'avait creusée chez eux le maraboutisme.

CHAPITRE XI

LA QUESTION DES GRANDS CO>DIANDEMENTS CHEZ LES HAMYAN

La question des Grands Commandements chez les Hamyan n'a, jusqu'à présent, jamais été résolue d'une façon satisfaisante, par suite de l'impossibilité l'on s'est toujours trouvé de pouvoir mettre à leur tête un chef dont l'autorité soit acceptée sans conteste.

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN 155

Chaque tribu a sans cesse voulu conserver son indépen- dance relative ; chaque caïd a toujours prétendu ne vouloir à aucun prix d'un intermédiaire entre l'Autorité française et lui, et tout ce qu'on a tenté pour faire agréer sans res- trictions un agha a échoué.

La question avait été remarquablement traitée, en 1870, par le général Glianzy dans son projet d'organisation des Hamyan ; mais les divers essais auxquels on se livra n'abou- tirent à rien de durable.

Nous avons vu précédemment se succéder Mebkhout, Sidi Cheikh Ben Tayeb, de nouveau Mebkhout, puis Mou- lay Seddik, Mohammed ould Mustapha Ben Ismaël, Tayeb Ben Sliman [chez les Djemba), Ben Abdallah, Si Sliman Ben Kaddour, sans arriver à imposer d'une façon définitive un chef réel à ces nomades.

L'esprit d'indépendance, l'idée de féodalité, le besoin d'intriguer sans cesse étaient, et sont encore, trop ancrés dans les coutumes des caïds en fonction pour qu'ils puis- sent admettre d'avoir à se soumettre à quelqu'un qui ne soit pas de leur parenté. Encore même des discussions intes- tines existent-elles souvent dans les grandes familles, et voit-on des frères et des cousins se déchirer entre eux pour s'enlever les uns aux autres une parcelle de pouvoir.

Le seul moyen à employer était, semble-t-il, de renoncer à créer un ou des aghas et à faire de l'administration directe avec les chefs indigènes de chaque tribu.

11 y avait même, à notre avis, un intérêt puissant pour nous à laisser chez les Hamyan chaque caïd vivre dans une complète indépendance vis-à-vis de son voisin, à lui per- mettre de conserver aussi jalousement qu'il le voudrait son indépendance, si féodale puisse-t-elle paraître, pourvu qu'il eût toujours les yeux toinnés vers nous dès qu'il sentirait son autorité ébranlée.

En résumé, il fallait avoir « de la poussière de tribus » et non pas des Grands Commandements ; le principe « Divi- ser pour régner » devait être pour nous, chez ces nomades, une ligne de conduite constante, l'époque de la conquête étant achevée, et la période de simple administration devant totalement remplacer la période de « politique indigène ».

(L'idée que nous exposons ici ne vise, bien entendu, que les Hamyan qui, par suite de leurs origines très diverses, n'ont jamais eu de grande famille établie depuis des siècles parmi eux et pouvant s'imposer à tous.)

156 DOCUMEMS POLR SERVIH A l'hISTOIRE DES HAMïVN

* * *

Après la lévocalion de Si Slimaii Ben Kaddour, celte façon de procéder sembla admise.

Les chefs indigènes durent entrer, peu à peu, en relations directes avec les ofliciers du Bureau arabe.

Mais le fils de l'agha Mebkhout, El Hadj El Habib ould Mebkhout, ambitionnait de jouer un rôle politique supé- rieur aux fonctions de caïd de la tribu des OuladMansourah.

Ses intrigues, son astuce, jointes d'ailleurs à de remar- quables qualités d'homme de guerre et à une très vive intelligence, finirent par lui faire obtenir sa nomination au titre d'agha.

Mais il ne put arriver à commander que quatre tribus des Hamyan Chafaa, les Oulad Mansourah, les Oulad Khe- lif, les Akerma et les Béni Metharef , et encore rencontra-t-il des résistances violentes.

Quant aux Bekakra, dont le chef, El Hadj Kaddour ould Boufeldja, était son adversaire politique, ils furent mis en dehors de son commandement et, pour contrebalancer la nomination d'El Hadj El Habib, on éleva El Hadj Kaddour ould Boufeldja à la dignité d'agha honoraire.

El Hadj El Habib ould Mebkhout créa, comme agha, de nombreuses difficultés à l'Autorité.

Violent, impulsif, grugeant durement ses administrés, nous cachant bon nombre de faits dont il tirait bénéfice, il finit par lasser à peu près tout le monde.

Sur la fin de sa carrière, pour s'en débarrasser tout en lui tenant compte des services de guerre qu'il avait rendus, on le nomma bachagha honoraire, sans aucun commandement.

A sa mort, il ne fut pas remplacé.

Quelques années après, l'agha honoraire El Hadj Kad- dour ould Boufeldja, qui, quoique n'exerçant pas de com- mandement, avait heureusement contrebalancé, par son influence, l'activité trop grande d'El Hadj El Habib ould Mebkhout, fut assassiné en juin 19 14, dans une rue de Méchéria, par un fou originaire des Bekakra lequel, en venant lui embrasser l'épaule en guise de salut, lui tira à bout portant, dans les reins, un coup de pistolet.

T>' Autorité supérieure qui avait envisagé depuis un cer- tain temps la réorganisation des Grands Corhmandements chez les Hamyan voulut, de plus, donner une compensa- lion à la famille de cet excellent serviteur et fit nommer

UOCl AJE.MS l»OL R !>EKVIU A l.'lIlSTOlKK DES II \ \n \N 137

aghu des ciiui Uibus des ll;imy;iii Chufaa luii de ses lils, Bouleidja ould El lladj Kaddour, caïd des Bekakia.

Cette nomination mit en émoi les caïds des quatre autres tribus des Chalaa.

En effet, le caïd des Oulad Mansourah était l'I Hadj Dcmouche ould El Hadj El Habib, lils de feu El Hadj El Habib ould Mebkhout ; le caïd des Oulad Khelif était El Hadj Mohammed ould El Hadj Ahmed, neveu d'El Hadj El Habib cndd .Mebkhout ; le caïd des Akerma était Boube- keur ould El Hadj Miloud, marié à la nièce d'El Hadj El Habib ould Mebkhout ; le caïd des Béni Metharef était Boudjema ould Bou Smaha, beau-frère d'El Hadj El Habil) ould Mebkhout.

Ils prétendirent que, puisque, lorsqu'El Hadj El Habib ould M(>bkhout était agha, on ne lui avait pas donné le conmiandement des Bekakra, il n'y avait pas de raison pour qu'on donnât au caïd actuel des Bekakra le commande- ment de tous les Chafaa.

L'opposition la plus vive se produisit ; des caïds refusè- rent d'obéir au nouvel agha, des intrigues sans nombre se renouvelèrent, et, il fallut, en 1916, prendre des mesures de rigueur pour détendre la situation.

En même temps qu'elle avait fait normner Boufeldja ould El Hadj Kaddour agha des Ilamvan Chafaa, l'Autorité supérieure avait fait élever à la dignité d'agha honoraire des Hamyan Djemba, le caïd des Sendan, El Hadj Ôth- mane ould Cheikh.

Quoique cette nomination fut purement honorifique, elle provoqua des protestations de la part des caïds des Djemba, qiu redoutèrent de voir le titulaire de cet honneur arriver, par ses intrigues, à obtenir, à un moment quelcon- que, que son titre d'agha honoraire se transformât en celui d'agha titulaire. Cette crainte n'était pas sans fondement, El Hadj Othma^ne ould Cheikh ayant tenté quelques démar- ches dans ce sens et ayant dit à ses amis : « Le général m'a « mis une musette vide sous le nez en me faisant nommer « agha honoraire : il faudra qu'il la remplisse. »

En plus de ces deux causes de dissensions, le caïd Ben Miloud ould Laïd, caïd des Meghaoulia, qui avait depuis longtemps sollicité les fonctions d'agha et était dépité de son échec, mena de son côté une série d'intrigues et contri- bua à rendre difficile l'action du commandement local.

En somme, la nouvelle tentative faite pour créer des Grands Commandements chez les Hamyan n'a, jusqu'à

158 DOCUMENTS POL K SEUVIU A l/llISTOTRE DES H AMVAIV

présent, pas été plus couronnée de succès que les précédentes.

*

Nous résumons ci-uprès la vie de quelques personnalités indigènes ayant joué un rôle important dans la question du commandement chez les Hamyan.

El Uadj El Habib ould Mebkiiout. El Hadj El Habib ould Mebkhout appartenait à une famille de Cheurfa.

l/origine de cette famille, établie par un arbre généalo- gique dont la valeur a été discutée, et dont nous donnons une copie, remonterait donc à Fatima Zohra, fille du Prophète.

Le descendant de celle-ci, Idriss le Grand, venu d'Arabie à Fez, serait l'ancêtre de toute la lignée qui, après avoir donné Moulay Ali, venu de Fez au Touat (où il est enterré et a une koubba à El Obbat), a produit ensuite Moulay Abdelkrim, venu du Touat au Sahara algérien, chez les Hamyan, et a abouti à Mebkhout et à El Hadj El Habib.

La famille est sortie de la zaouïa de Touki, près de Del- doul (Gourara) .

Dès le temps des Turcs, Ahmed ould Abdelkrim et son fils, Mebkhout ould Ahmed, étaient les premiers person- nages des Chafaa ; ils traitaient directement avec les Beys d'Oran, lorsqu'en été les Hamyan avaient à faire des achats de grains.

Mebkhout eut même un jour un différend avec le Bey de Tlemcen, Mohammed, qui vint, avec une colonne, l'atta- quer à Gara Beïda (au Nord-Est d'Oglat Nadja, dans le chott Gharbi) : un combat violent s'engagea Mebkhout eut deux chevaux tués sous lui ; les Chafaa eurent quel- ques morts et la colonne turque subit des pertes assez considérables.

Lorsqu'arriva le règne de l'émir Abdelkader, Mebkhout fut son lieutenant dans le Sud-Ouest et, avec les Chafaa, le servit fidèlement.

Ce fut même là, dit-on, vme des principales causes de l'attribnlion des Hamyan Chafaa à la France.

Eu effet, lors des négociations qui devaient aboutir au traité de t845, il fut stipulé que tout le domaine des Turcs et de l'Emir reviendrait à la France.

P;u- stiilc, lc>s Chafaa et leur chef, MebkhonI, devinient

DOCUMENTS POUR SEKVIH A 1. HISTOIRE DES HAMYAN 159

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El Hadj Hadani onid Madaol

\ ancien khaliia de* Oulad Mansourali, I devenu boiteux a la suite d'une chute dans un liain maure a Tleuicen

Monammed ADdelkader

100 DOCl MKMS l>OLR bEKN lU A LlIISlOiaE DES II AMYAN

sujets l'iaiirais, alois que les Djeuiba <}ui n'avaient pas suivi jusqu'au bout Ja l'oiiune de rEiuir restaient Marocains.

LoisquAbdelkader se fut livré aux Français, Mebkhout se réfugia près du sultan du Maroc, Moulay Abderralunane, mais ce dernier l'infonna (jue son ambassadeur, Si llamida, avait des ordres pour nous remettre tous les sujetsde l'Emir, parmi lesquels il était compris ; il dut par suite quitter la cour de Fez.

Mebkhout vint alors se présenter ajux Autorités fran- çaises, lit partie de la députation qui, en i848, amena au général de Mac-Mahon des chevaux de gada en guise de soumission et fui nommé caïd des liamyan.

IV'u de temps après, il fut nonmié agha, à la suite des opérations d'une colonne mobile sortie de Tlemcen, qu'il avait ravitaillée sur les ressources de sa tribu et guidée jus- que dans le chott Tigri où, sous le commandement du général Uesmichels, elle avait razzié les Zoua Gheraba et les Hamyan dissidents.

I/un de ses fils, El lladi Dielloul ould Mebkhout, fut, en 1855, nommé caïd des Oulad Mansourah, pius révoqué.

On proposa alors un autre de ses fils, El Habib ould Meb- khout, pour remplir ces fonctions.

Nous avons exposé, dans le chapitre 11 de la troisième partie du présent travail, le rôle joué par l'agha Mebkhout pendant les débuts de la conquête : nous ne reviendrons pas ici sur celt(^ r|nestion.

El Hadj El Habib ould Mebkhout î-at nommé caïd des Oulad Mansourah en 18.57, à l'âge de 16 ans.

H avait déjà, malgré sa jeunesse, été khalifa de son père. Il avait, en i8.55, été conservé comme otage à Tlemcen à la suite d'une défection de l'agha Mebkhout.

n ne tarda pas à. se faire remarquer par sa bravoure. Le « Zegdoii » ayant fait incursion, en juin 1860, sur le terri- toire des Plamyan, le caïd des Oulad Mansourah contri- bua vaillamment à le repousser et, pour le récompenser de sa conduite, le Général commandant la Subdivision lui fit présent d'un fusil d'honneur.

Pendant l'insurrection des Oulad Sidi Cheikh, tandis que la révolte s'étendait sur les Hauts-Plateaux, El Hadj El Habib resta quelque temps fidèle à notre cause. Sous les ordres du colonel Michel, il coopéra à une razzia faite sur

DOCl MEMS POl R SEHVIU A I.IIISIOIRE DES HAMYAN 101

Sidi (llicikli lien Tayeb ; il lui ble>:>é le ia juin i864 en allant combattre les Harrar dissidents à Freiha. En i865, nous le trouvons encore à cùté du génériil Diuieu lorsijue celui-ci se lança contre les Angad et les Meliaïa, à Méchéria et à Ilarchaïa. 1/année suivante, il fut décoré de la Légion d'honneur et son attitude lui valut des éloges. En 1867, un goum des Oulad Sidi Cheikh, vcjui pour razzier les llarnyan à Taoussera, l'ut obligé de se replier et un parent de Si Ahmed Ben llauiza fut tué dans la lutte de la main même d'El Iladj El Habib ould Mebkhout.

Trois mois s'étaient à peine écoulés après ce haut fait que le caïd des Oulad Mansourah, malgré les conseils de son père, partait en dissidence et allait se léfugier chez El Iladj El Arbi, khalifa du Sultan dans le Sud ; en même temps, il demandait l'aman à Si Ahmed Ben llamza.

11 l'abandon ua bientôt à la suite du succès d'une colonne envoyée de Géryville qui força le chef des rebelles à battre en retraite. Mais, en 1869, on le signala de nouveau comme faisant de l'opposition à l'agha Si Mohammed Ben Abdallah et engageant les Hamyan à la désertion. Sa conduite était inspirée par le dépit qu'il ressentait de n'être pas placé comme agha à la tête des Chafaa. Il fut révoqué et mis en surveillance au Méchouar de Tlemcen, sous la prévention d'intrigues politiques (20 février) ; on l'interna ensuite à Cherchell, pendant que son frère, El Hadj Djelloul, était interné à Sainte-Marguerite. Sa famille, qui l'avait suivi, fut autorisée à rentrer le 22 avril 1870 et le 2 juin de la même année, la même permission lui fut accordée.

Le 10 décembre 187 1, il fut replacé à la tête des Oulad Mansourah auxquels on joignit les Oulad Khelif pour en former une seule fraction. Pendant cinq ans, il commanda sa tribu avec fermeté et sut s'y faire respecter. Mais, en 1876, le voyage du sultan du Maroc sur les contins algéro- marocains ayant créé une certaine agitation, et son frère, El Hadj Ahmed ould Mebkhout, ne cessant d'intriguer auprès des éléments marocains dans le but de le renverser et de prendre sa place, il crut que la situation qu'il avait acquise en nous servant allait être ruinée, et prétextant un incident qu'il eut avec un officier du Bureau d'El-Aricha, et que nous avons relaté dans un chapitre précédent, il fit défection, entraînant avec lui un grand nombre de tentes tant Chafaa que Djemba. Pour ramener les dissidents dans le devoir, il fallut, comme nous l'avons vu, l'envoi d'une forte colonne de 2.400 bornâmes commandée par le général

'1()2 DOClMIiMS l>Ol R SEHN lU A l/lIlSTOlRE DES HAMYAiN

Flogny. Le caïd des Oulad Maiisourah rentra en personne le i5 juillet 1877 et fut maintenu à son poste.

A dater de ce jour, il nous servit sans arrière-pensée de dissidence. Excellent cavalier, audacieux, très énergique, il réunissait toutes les qualités de ce l'homme de poudre », précieux surtout pour les coups de main hardis. N'ignorant rien de sa valeur personnelle, il considérait les autres caïds Hamyan comme ses inférieurs et n'aspirait à rien moins qu'à les commander. Il ne nous servait que par intérêt ; néanmoins, il prêta une aide efficace à ceux des officiers qui surent liier parti de ses qualités en l'employant dans les colonnes du Sud Oranais.

Il opéra également pour son propre compte et son goût des aventures frisait le brigandage ; il fallut même réfréner son ardeur à razzier ses voisins, en particulier les Béni Guil. Le cercle d'Aïn-Sefra transmit à ce sujet, à plusieurs repri- ses, les doléances de ces derniers. Obligée de le ménager, l'Autorité locale eut souvent des difficultés occasionnées par son caractère emporté et son humeur batailleuse.

C'était un homme décidé, énergique, orgueilleux et bru- tal, qui avait su s'allacher beaucoup d'Hamyan par les ser- vices qu'il leur avait rendus.

En 1897, sa grande fortune lui permit de faire vivre de nombreux indigènes qui, par suite de la sécheresse et de la mévente des troupeaux, se trouvaient dans le plus grand dénuement.

De phis, pour permettre à certains caïds de payer leurs impôts, il leur avança des sommes dont le total ne s'éleva pas à moins de 3o.ooo francs.

A côté de ces actes de générosité, il faisait, en maintes autres circonstances, preuve de cupidité et d'avarice, était mauvais payeur et souvent recevait fort mal ses créanciers.

Ses administrés qui le redoutaient n'adressèrent jamais contre lui une réclamation sérieuse. Il est bon d'ajouter qu'il avait toujours soin d'établir ses campements le plus loin possible des postes français, de manière à éviter sans doute que l'on ne vit tout ce qui se passait dans sa tribu.

Sa bravoure, l'origine chérifienne et le renom de sa famille, sa fortune, lui donnèrent une influence considé- rable, non seulement chez les Hamyan, mais aussi chez diverses tribus marocaines de la frontière. Serviteur reli- gieux et dévoué du marabout de Tiout auquel il fiança une de ses filles, il était aussi affilié à l'ordre de Kerzaz.

Il était marié à la nièce du caïd Sliman ould Abdelkrim,

DOCUME.M'S POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYAN lti3

de Géi\ ville. Une autre de ses femmes était fille du caïd de la tribu des Oulad Mimoun (Lamoricièrej.

Une autre était la sœur du caïd Boudjemaa ould Bou Smaha, dos Béni Metharef.

H avait une de ses filles mariée à son ex-khalifa et neveu, El Iladj Madani ould Madani, une autre à son cousin Mohammed ould El Hadj Djelloul.

La Erance le combla d'honneurs dans sa vieillesse ; il fut élevé à la dignité de commandeur de la Légion d'honneur, par décret du 9 octobre 1896. Agha des Ilamyan Chafaa, moins les Bekakra, le 3o octobre 1908, il fut nommé ensuite bachagha honoraire en 1908. Il mourut à Tlemcen en 1912. Son fils, El Hadj Demouche, fut nommé caïd des Oulad Mansourah, mais le véritable chef de la famille fut un de ses autres fils, Zoghmane ould El Hadj El Habib i. Lors- qu'El Habib fut nommé bachagha honoraire, la tribu des Oulad Mansourah fut de nouveau scindée en Oulad Man- sourah et Oulad Khelif, à la suite des intrigues d'El Hadj Ahmed ould Mebkhout.

El Hadj El Habib ould Mebkhout n'eut peut-être pas, de son vivant, de pire ennemi que son frère El Hadj Ahmed.

Ce dernier, vers 1855, jalousa toujours la gloire, la renommée et les succès d'El Hadj El Habib.

D'un caractère faux, sournois, très intrigant et très rusé, El Hadj Ahmed avait fait parler de lui, vers 1875, en enle- vant de vive force Khadra Bent El Hadj Ameur, fille d'un homme influent des Akerma.

Cette femme sut prendre sur l'esprit d'El Hadj Ahmed une maîtrise complète et contribua, pour une large part, à lui faire suivre des voies fâcheuses.

Comme nous l'avons déjà exposé, El Hadj Ahmed ould Mebkhout profita, en 1876, du voyage du sultan du Maroc, pour chercher à soulever les Chafaa contre l'autorité de son frère.

Craignant à juste titre d'être ensuite arrêté et interné, il partit en pèlerinage à La Mecque.

A son retour, il prit une attitude fanatique et prétextant qu'il ne voulait plus résider sur un territoire occupé par les chrétiens, il alla se fixer chez les Béni Oukil, dans l'amalat d'Oudjda.

I El Hiul.j Demouche a été révoqué en igi6 pour opposition à l'agha Bou- feld.ja ould El Hadj Kaddour, et la tribu des Oulad Mansourah a, de nouveau, été réunie à celle des Oulad Khelif.

1G4 UOCl MEMS rOUR SERVIR A l'uISTOIRE DES HAMYAjN

11 y eut divers avalais et lui même un instant emprisonné par l'amel.

Son frère El lladj El Habib intervint auprès des autorités françaises et lui lit, en 1880, accorder l'aman.

Un an après, en 1881, il dut, pour sauver sa tête et ses biens, faire luoinentanémenl sa soumission à Si Sliman qui était venu razzier les Ilamyan à Ang El Djemel (près du chott Chergui, au Sud du Krcider).

El Jladj Ahmed ould Mebkhout fulmokaddemdelacon- frérie des Derkaoua. Etant donné ses sentiments franco- phobes, il fut accueilli avec enthousiasme par feu Si Mohammed ould Larbi, le célèbre chef de la zaouïa des Derkaoua de Ghamet Allah (Talilalet, district du Medagha). Pour recevoir le titre de mokaddem de l'Ordre et le droit de distribuer des chapelets, il alla au Tatllalet, en 1897, l'^i^idre visite à Si Mohammed ould Larbi, et ce fut ce dernier (jui le désigna comme mokaddem de la confrérie des Derkaoua chez les Hamyan.

Le capitaine du Jonchay, Commandant Supérieur du cercle de Méchéria, chercha à l'utiliser comme conciliateur entre les tlamyan et les Béni Guil et lui fit, à plusieurs repri- ses, légler des contestations survenues entre les deux confédérations.

Il le lit ensuite, en 190H, loujom\s sur la demande de son frère, El lladj El Habib, et dans le but de nous l'attacher par une prébende, nommer mufti de Méchéria, cjuoicju'il ne fut ni lettré, ni instruit.

On a raconté tpi'à la mort de Si Mohammed ould Larbi, les Derkaoua furent sur le point de le n,ommer chef de la zaouïa du Medagha et que sa candidature n'échoua que parce qu'il résidait sur un territoire occupé par les chrétiens.

Cette version est actuellement totalement démentie et aurait, paraît-il, été lancée par El Hadj Ahmed ould Meb- khout lui-même pour faire croire aux Autorités françaises qu'elles lui devaient une compensation par suite de l'échec de sa candidature.

El Hadj Ahmed ne dut sa situation qu'à l'influence de son frèr'e. Il ne lui en montra aucune reconnaissance, le vola effrontément à diverses reprises, sema la haine et la discorde dans la famille des Oulad Mebkhout et son attitude fut une des causes de la décadence actuelle d'une lignée qui fut brillante. îl est mort à Méchéria en fin îqt.").

DOCl ME.M'S POUR SEK\ 114 A j/lIlïTOIKE UE6 IIA.MVAN 105

El 11 adj Kaduour ould Bôufeluja. Une seule famille, chez les Chafaa, fut capable de conlrebalancer l'inlluence des Ouiad Mebkhout ; c'est celle qui fui représentée par le vieil ag^ha honoraire Kl Hadj Kaddour ould Boufeldja. Cette famille était oiiginaire des Angad marocains, fraction des Mezaouir (Nord d'Oudjda). Son ancêtre Amara eut un fils, Salein, qui donna son nom à un douar des Bekakra. Le père de l'agha El Hadj Kaddour, Boufeldja ould Amara, était caïd des Bekakra sous Abdelkader. Ne voulant pas recon- naîlie l'Autorité française, il laissa à son lils trois chameaux pour toute foitune et se retira chez les Merinat (Amour).

La tribu des Bekakra fut une des premières à faire' sa soumission en i8/|8. Elle fut alors fractionnée en Moualek et Lourarka ; le commandement de ces derniers fut confié à El Hadj Kaddour i. Mécontent de ce partage, celui-ci écouta les conseils de Bon Smaha ould Madani, père du caïd actuel des Béni Metharef ; il partit chez les Oulad Sidi El Arabi (Oulad Sidi Ben Aïssa) et fut remplacé, à la tête des Lourarka, par M'hammed ould Bon Ktib (1862) . Le nou- veau caïd suivit l'exemple de son prédécesseur et, avec Ahmed Ben Youssef, caïd des Moualek, tous les Bekakia se rendirent à Figuig oii l'agitateur Ben Serour leur avait donné rendez- vous dans le but, disait-il, de régénérer l'Islam.

Abdallah Bel Meiah, ayant ramené les Bekakra en i853, fut nommé, caïd de toute la tribu réunie. l\ paya presque toutes les amendes infligées à sa tribu pour sa défection, mais, impuissant à maintenir ses administrés dans l'obéis- sance, il fut en outre accusé par eux de trafiquer fraudu- leusement sur les laines. Comme il ne tint aucun compte des admonestations qui lui furent adressées, il fut révoqué en 1860 2.

I Le commandement de la tribvi des Bekakra fut exercé successivement par la famille des Merah et par oelle des Oulad Boufeldja. Ces deux familles devin rent alliées à la suite du mariage d'une fille d'Abdallah Bel Merah. Malgré cette alliance, El Hadj Kaddour ould Boufeldja n'hésita pas à faire arrêter une vingtaine de membres de la famille des Merah qui partaient en dissidence chez les Mehaïa.

a Abdallah ould Meraii, après sa révocation, devint le véritable chef des Hamyan dissidents.

Ce fut lui qui conduisit la plupart des djiouch qui vinrciit attaquer les Hamyan et les Oulad Néhar qui nous étaient restés fidèles.

II fut, le i.H mars i863, puni de deux mois de prison pour avoir provoqué des désordres chez les Hamyan. H fit défection en 1S76.

Rentré en jS8o, il fut arrêté et traduit en conseil de guerre sous la préveu-

13

106 DOCUMENTS l>Ol R SERVIR A l'iIISTOIRE DES IIAMYAN

El lladj Kaddour lui alois remis à la tête des Bekakia et, depuis lois, ne cessa de les comiiiaiider avec fermeté et de nous servir avec zèle. Homme de guene valeureux, comme El lladj El Habib, il prit part, en i865, au combat de Benoud sous les oidres du général Deligny ; c'est dans cette alïaire (]ue fut tué Mohammed Ben Hamza. Avec le colonel Colonieu, il razzia en 1867 les Oulad Sidi Cheikh à Tiout, à Métarka et à El Guessif. U accompagna le colonel de La .Taille dans la plaine du Tamlelt et à Maader el Messa- rin, le général de Wimpfen à Aïn-Chaïr en 1870, et, en 1871, le colonel des Méloizes à Magoura.

Après l'opération d'El Hamad, dans laquelle il seconda le colonel Gand, il fut promu chevalier de la Légion d'hon- neur. Il participa avec le colonel Colonieu à l'affaire de Tendrara contre les Djemba.Le capitaine Ben Daoud l'avait à ses côtés lors(|u"il s'agit, à Souf-el-Kesseur, de châtier les Amour et les Oulad Djerir (1877) et de repousser à El Agueur (1878; les Béni Guil et les Oulad Sidi Cheikh. Au moment de l'insurrection de Bon Amama, il fut un auxi- liaire précieux pour le général Delebecque et le colonel de Négrier ; la croix d'oflicier de la Légion d'honneur fut la récompense de son dévouement dans cette occasion.

Caractère droit et honnête, El lladj Kaddour ne s'est jamais départi de ses sentiments de fidélité à notre égard. Son attitude, toujours très digne, fut respectueuse et sou- mise. Bien qu'il n'eut aucune instruction, ses conseils pleins de sagesse furent écoutés en maintes circonstances.

El Hadj El Habib ould Mebkhout avait contre lui une haine profonde ; il voyait en lui un rival pour le comman- dement de l'ensemble des Hamyan, il jugeait néfaste pour ses propres intérêts la confiance que nous accordions à El Hadj Kaddour et l'influence qu'il possédait. H estimait que ce chef honnête, probe et fidèle était trop écouté par nous et que, par suite, il ne pouvait pas, lui, El Hadj El Habib, prétendre se poser près de l'Autorité française comme l'homme unique et indispensable pour organiser et admi- nistrer les Hamyan.

tiiiii d'jissocialion à une bmide de nialfiiifeiirs et de complicité dans qnatre meurtres suivis de vols qualifiés.

Il fut condamné à mort par jugement du i" Conseil de guerre en date du II .janvier 1881. Cette peine fut commuée en celle des travaux forcés à perpé- tuité, par décision présidentielle du ik mars 1S81.

Il mourut à Cayenue. Son fils, Abdesselem ould Abdallah, condamne à dix ans de travaux forcés, l'avait suivi à Cayenne et est, actuellement, rentré clmz les Bekakra.

DOCl MEMS POl II SEH\ IH \ I HISTOIRE DES IIAMYW 167

El Iladj Kaddour ould BoulVldja n'avait qu'une iniluence peisoiinelle mais considérable ; elle s'étendait principale- nienl sur les IJckukra, les Akerma, les Megan et les Oulad Serour. Elle permit de modérer celle d'El Hadj El Habib ould Mebkhout. 11 jouissait d'un grand prestige, non seu- lement aux yeu\ des membres de sa famille, mais de tous les indigènes ; aussi était-il jalousé pai- de nombreuses per- sonnalités qui trouvaient sans doute qu'il nous servait trop fidèlement. C'est le meilleur chef indigène que nous ayons eu chez les Hamyàn.

Il donna sa démission de caïd en 1888, en prétextant l'état de sa santé, mais la raison véritable de son départ volontaire fut la suivante :

El Hadj Kaddour ould Boufeldja se trouvait dans le Sud avec le chef du Bureau arabe de Méchéria, lorsqu'un crime fut commis dans sa propre famille. Un de ses parents tua près de Touifza 19 kilomètres au Sud de Méchéria i un indi- gène des Bekakra.

Son khalifa, qui remplissait les fonctions de caïd en son absence, voulut sauver le meurtrier et, donnant de faux renseignements à- l'Autorité locale, accusa de ce crime et fît arrêter un Alarocain de passage.

El Hadj Kaddour ould Boufeldja rentra du Sud et apprit ce qui s'était passé. Indigné de la façon de procéder de son khalifa fqui était son parent), il reprocha vivement à ses enfants et à ses frères d'aAoir caché la vérité.

Il adressa à l'Autorité locale un rapport exact sur le crime commis et le véritable meurtrier fut emprisonné et traduit en conseil de guerre. L'avocat de ce dernier trouva le moyen de faire planer un doute, en se basant sur le premier rapport établi à l'encontre du Marocain injustement pour- suivi, et le lit acquitter.

Indigné de voir solutionner ainsi cette affaire, El Hadj Kaddoiu- ould Boufeldja donna sa démission et demanda à ce que son successeur ne soit pas pris parmi ses enfants.

Il lui fut donné satisfaction et Mohammed Ben Amara, son oncle, fut nommé caïd des Bekakra, en même temps qu'Ahmed Bel Kebir, neveu et gendre d'El Hadj Kaddour, était désigné comme khalifa.

Mais en 1902, Mohammed Ben Amara, quiétaittrop vieux pour assurer ces fonctions, démissionna et fut remplacé par Boufeldja ould El Hadj Kaddour, l'un des fils d'El Hadj Kaddour.

El Hadj Kaddour ould Boufeldja, qui avait été promu

168 1)C)<:IMKMS l'Ol U SKUSIU \ l.'lllSlOIHK DES ll\MVAA

commandeur de la Légion d'iionnein , fut nommé agha honoraire en igoH, en même temps (ju'EI lladj El Habib ould Mebkhout était nommé aglia des Chafaa (moins les Bekakra).

Bien (]u'en raison de son Age avancé, il ne put plus jouer un lole actif, il était encore précieux comme homme de sage conseil.

Il fut assassiné en juin 191/1, vui matin, dans une rue de Méchéria, par un fou de la tribu des Bekakra.

A la suite de ce meurtre, son fils, Boufeldja ould El Iladj Kaddoui-, caïd des Bekakra, fut nommé agha des llamvan Chafaa.

Cette nomination amena les dilïicullés tpie nous avons lelatées plus haut.

Tayeb Ben Sliman. Alors cpi'El lladj El Habib et El Hadj Kaddour rivalisaient d'inlluence chez les Chafaa, un troisième personnage jouait, au même moment un rôle important chez les Djemba. Tayeb Ben Sliman était ori- ginaire de la fraction des Oulad Gheni et appartenait à une des gi"andes familles des Oulad Serour. C'est lui qui contri- bua en glande partie à la rentrée des Djemba.

Il occupa les fonctions de caïd des Oulad Serour d'une façon intermittente : de i85o à i852, de i853 à i855, de 1857 à 18-3. Ses révocations successives étaient causées par son caractère remuant et par ses intrigues. Il était l'ennemi personnel de Mebkhout dont il ne voulait pas reconnaître l'autorité et qui demanda, en i855, son emprisonnement.

En avril 1867, il fut nommé caïd des caïds des Djemba, non pour les commander, mais seulement pour assurer l'exécution des ordres concernant la police et la défense du territoire.

Excellent cavalier et d'une grande bravoure, il fut blessé le II mars 1866 de trois coups de feu en défendant ses douars et un douar des Oulad Toumi placé près des siens. L'attaque était menée par un parti de dissidents, Bezaïna, Béni Guil et Oulad Serour. Le caïd eut en outre deux che- vaux tués sous lui. Après cette affaire, il fut nommé cheva- lier de la Légion d'honneur.

On lui retira, en août 1870, son titre de caïd des caïds pour lui laisser le commandement de sa tribu. L'année suivante, ses fils allèrent razzier les Béni Mathar ; Tayeb Ben Sliman fut l'objet de plaintes pour ne pas les avoir retenus et pour sa mauvaise volonté ta réunir les chameaux nécessaires à la colonne qui fut organisée alors.

DOCl MEM'8 POl R SKK\ IH \ LU ISTOI ME UES 11 A M VA \ I ' »!

(;•' lui eiisuilf r(''p(>i|uc des délVclions chez les Djeinba. Uévociué 011 1873, l'cv-caïd des Oulad Seiour fut signalé par une lettic de Scbdou (1875) comme l'un des agitateurs de ce mouvement. Renommé néanmoins le 18 août 1882, il donna sa démission en 1890, en faveur de son lils cadet à (|ui toule la fortune appartenait. Tayeb Ben Sliman ne pos- sédait rien en propre. Trois ans après il fut nommé com- numdeur de la l.égion d'honneur ; il mourut en 1899.

Au point de vue religieux, il était le serviteur des mara- bouts de Guezini (Oulad Sidi Abdallah ben Cheikh). Son fils Aïssa était un mokaddem fervent de Bou Amama.

Actnt^lJeiuent, la tribu des Oulad Serour <\st commandée par un autre de ses lils, Larabi ould raycb, (|ui nou>- est tout dévoué.

CIIAPITIΠXII LES ( ONFKr:KIES RELIGIEUSES CHEZ LES HA3IYA\

Une dizaine de confréries religieuses ont des adeptes chez les Hamyan.

Le seul fait d'avoir un nombre aussi considérable d'or- dres différents établit que, chez ces indigènes, il n'y a pas actuellement une seule influence maraboutique sérieuse.

Les confréries qui ont réussi à prendre position dans la région se sont généralement efforcées, par une lente infil- tration, par une discrète propagande, d'augmenter le nom- bre de leurs affiliés ; certaines d'entre elles y ont, à diffé- rentes époques, joué un rôle important et nous avons lon- guement exposé cette question au début de ce travail ; mais aujourd'hui on peut presque aftirmer que si les unes et les autres parviennent facilement à trouver auprès des Hamyan un accroissement de leurs ressources matérielles, elles n'ont plus sur la direction morale de ces indigènes la même iniluence que jadis.

Cependant, hàtons-nous d'ajouter qu'il y a sans cesse lieu de nous méfier et que, lorsqu'il s'agit de marabouts, les revirements d'idées les plus subits et les plus inattendus peuvent toujours se pioduire chez les Hamyan.

Le succès qu'eut Bou Amama chez eux est une preuve de ce que nous avançons.

170 UOCL MEMS l»Ol R SERMU A l/llISlOIRE DES HAMYAN

*

M. Marchand, jadis officier interprète de i™ classe, et actuellement Adminislraleur des ('olonies détachéauMinis- tère, à la Direction des AITaires Musulmanes, a écrit à ce sujet, en 190a, ce qui suit :

(( Les Ilamyan sont indépendants par tempéiament. (( Leurs aspirations vers une existence en dehors de toute « rè^le, au ^ré des circonstances, st)nt encore très vives, (( bien qu'en partie étouffées pai' notre domination.

(( C'est un legs alavifjne, le patrimoine moial hérité de « ces Sahariens, leurs ancêtres, qui, à l'époque du bled <( Siba, s'assuraient par leur bravoure et leur audace au « milieu des aventures et des dangers, une viesans entraA^es.

« Ils l'ont reçu avec la foi naïve et superstitieuse de leurs (( pères et, comme eux, ils sont de nos jours tourmentés (c par un besoin de croyance en des signes, en des avertis- ce sements ou des présages tirés des moindres événements.

« Toutefois, cette crédulité, cette crainte d'un mystérieux (( inconnu n'excluent pas un certain positivisme. Les pàs- « leurs des Hauts-Plateaux sont peu détachés des intérêts (( terrestres et la vie contemplative, la recherche d'un idéal (( mystique ne sont guère leur fait.

(( Adonnés, pendant longtemps avant notre installation « dans la région de leurs parcouis, à une existence de i^api- (( nés, ils se pliaient difllcilement aux préceptes du Coran « touchant le respect du bien d'autrui. Et les exhortations (c des personnages religieux, clairsemés au milieu de ces (( pillards, restaient sans écho. Ils ne retenaient des pres- te criptions du dogme que les {)lus facilement réalisables, (( les moins opposées à leurs instincts de brigandage ; la <( religion, la morale constituaient à leurs yeux un superflu « réservé à l'âge des abdications physiques, à l'heure pro- (( che de la comparution devant cet inconnu qui les « troublait...

« Mais si, dans le cours de leur vie agitée, ces nomades se (( montraient rebelles aux préceptes dont l'observance eut « modifié leurs habitudes, ils ne résistaient pas au désir de <( se concilier, par le seul intermédiaire de pieux person- « nages, cet infini, ce mystère (pi'ils redoutaient. Ils consi- <( déraient certains hommes renommés par leur piété, l'aus- « térité de leurs mœurs comme les dépositaires de la voie (( du salut. Et ils mettaient leur conscience en repos, apai- <( saient leur inquiétude de l'au delà en s'assurant par leurs

DOCl;.MEM'S l'OI K SKIUIK \ I ." Il IS lOI H i: l»KS liwn W 171

<( oiïrandes à ces intermédiaires une parcelle de la baiaka « qui jetterait sur leurs fautes le voile de l'oubli.

(( Aujourd'hui, cette recherche d'une intercession en vue « de la \\c l'uluic existe encore, mais elle est atténuée par le « doute. Nos llamyan ont de plus en plus la notion des « réalités de l'existence et la [)romesse d'un avenir meilleur <( dans l'autre inonde leur pjuaît d'une réalisation bien <( lointaine...

(( Ils seraient heureux que la faveur providentielle se (( manifestât sur cette terre d'une façon moins immatérielle <( et qu'elle se traduisit en une augmentation constante de « leur cheptel, en une réussite assurée de leurs entreprises.

(( C'est dans cet espoir qu'ils se ménagent, par des offrfin- « des, la protection des marabouts actuels, bien que leur « foi en la vertu d'une baraka héréditaire soit légèrement <( ébranlée.

(( Mais, incertains sur son inefllcacilé, ils n'osent pas (( rompre avec des pratiques auxquelles leurs pères étaient <( d'ailleurs fidèles. Ce respect de la tradition est peut-être « la plus forte raison de leur fidélité aux zaouïas ; il s'aug- (( mente de la répugnance à toute innovation qui caracté- <( rise les indigènes.

(< Les esprits éclairés, agents du commandement et per- <( sonnages aisés, n'ont pas comme la foule ignorante, à <( l'égard des chefs d'Ordres religieux, une considération <( inspirée par la foi en leur vertu surnaturelle ; ils les tien- (( nent pour des puissances toutes terrestres qu'il est avan- ce tageux de se concilier. Toutefois leur soumission inté- « ressée ne résiste guère parfois à un froissement de leur « esprit indépendant et frondeur. L'un des caïds les plus « intelligents du cercle de Méchéria éprouve un jour, par <( snobisme et par ambition, le désir de s'affilier à une con- « frérie. Celle des Taybia arrête son choix ; il sait qu'elle « est bien vue par l'Autorité française et qu'elle compte <( des adeptes parmi les Hamyan. Il se soumet donc aux for- ce malités d'initiation et reçoit le chapelet de l'Ordre. Quel- ce que temps après, notre néophyte se rend à El-Aricha, ofi ce un envoyé d'Ouazzan est arrivé. A sa demande d'au- cc dience, un serviteur répond que le cheikh est endormi.

ce Eh bien ! s'écrie le khouan peu convaincu, qu'il dorme ce en paix. » Et enlevant son chapelet, il le rend au servi- ce teur étonné, puis s'éloigne en disant : ce A d'autres une

17'2 DOCUME-MS POUR SERVIH A l'iIISTOIRE DES HAMYAiN

<( confrérie dont le cheikh sommeille quand les affiliés

<( viennent à lui. »

« Cette anecdote ne constitue pas un fait isolé ; elle caiac-

« térise un état d'esprit que les ancêtres de nos Hamyan

(( actuels manifestaient parfois d'une façon moins paisi-

(( ble ; dès que leur convoitise était en éveil, ils oubliaient

(( facilement le caractère sacré des marabouts et n'hési-

(( laient pas à les piller, (Si Ahmed Tedjini est attaqué

« ainsi un jour, dans les environs de Bou Semghoun

« (cercle de Géry ville), par un groupe de Sendan (Hamyan)

« et reçoit un coup de feu à la cuisse ; tout son convoi, son

(( cheval même, sont razziés par les assaillants.)

<( Les Hamyan répètent complaisamment que les person-

<( nages religieux redoutent leur versatilité et s'attendent

« sans cesse à voir leurs plus fidèles affiliés les piller à l'oc-

<( casion ; ils citent cette imprécation d'un marabout qui

<( avait eu à souffrir de leurs rapines :

C'est inciilir (|u(' dire : (( l'huile est un condiment ». C'est meutir que dire : (( les Hamyan sont le saJut )>.

« Un aulre santon a stigmatisé l'ingratitude des Hamyan « en un quatrain inspiié par une razzia opérée par eux « sur un douar, oi^i l'hospitalité la plus complète leur avait « été donnée :

Ne versez pas vainement l'eau d'une outre Et ne donnez pas davantage à manger à un Hamyan. Si vous voyez un de ces chiens dans la peine, Tuez-le en disant : « C'est comme un chrétien. »

« Mais, si nos Hamyan ont parfois, sans crainte des châ- « timents futurs, pillé les personnages religieux, ils leur « ont aussi été secourables à l'occasion.

« Un appel à leur générosité ne reste jamais vain et, dès « que leur orgueil est en jeu, ils se prodiguent sans comp- « ter, donnant et leur vie et leurs biens.

DOC-IMENTS VOi H SKIUIM V l'ilISlOIRE DES ll\MV\N 173

« Les luaiabouls n'ont eu garde de négliger ce senti- « ment : sachant que l'attachement des Hamyan à leur « égard ne se manifeste qu'eux présents, ils ont soin, cha- (( que année, de venir en personne réchauiïei- le zèle de « leurs partisans.

(( Ces voyages entraînent pour nos indigènes un surcroît « de dépenses ; le ll;un\ani ne sait pas lésister aux discrètes « convoitises du marabout et, outre l'offrande tradition- (( nelle d'un mouton par tente, ou d'un chameau par tiibu (( à telle ou telle confrérie, il donne tantôt un tapis, tantôt « un cheval. Tout est propre d'ailleurs à satisfaire l'avidité (( des chioukh ou de leurs représentants : sacs de blé, outres « vides ou pleines de beurre, peaux, etc., ils acceptent' ou, « plutôt, demandent tout.

« Nos orgueilleux nomades se laissent dépouiller dès que (( leur générosité est citée, pour les besoins de la cause, « comme article de foi. Le marabout parti et leur vanité (( assoupie, ils constatent un léger vide, soit dans leur (( troupeau, soit dans leur tente ou leur bourse. C'est l'effet (( ordinaire du passage des gens de zaouïa.

« Tls en ont bien le sentiment formulé dans ce dicton, que (( répétait souvent le vieil agha honoraire El Hadj Kaddour « ould Boufeldja, en parlant de l'attitude des marabouts « en tribu :

La main dan? le plat, ses yeux sont dardés de tous côtés. « et dans cet autre :

* ^ jl =i. sjrj'f- ^^ *

Le Zannï (lioninie de zaouïa) est crenx. (Il n'y a rien à en tirtM'. mai? on doit l'emplir.)

« Toutefois, malgré ces sarcasmes, ils continuent à se « laisser consciencieusement dépouiller. Quelques chefs, <( hésitant à témoigner de la froideur aux marabouts et, « d'autre part, désireux de les priver de ces ziaras qui « pèsent sur la tribu, seraient heureux que l'Autorité inter- (( dît les tournées des chioukh ou de leurs mokaddems. Ils (( seraient débarrassés ainsi de ces gênants personnages, (( dont la malédiction s'abattrait loin d'eux, sur cette « autorité.

« Dans l'espoir d'aiguillonner sans cesse la générosité (( chancelante des Hamyan, les marabouts ont institué sur

174 noc:i MEMS polr servik a i 'iiisioire ue» hamvan

({ place des mokaddems, collecteurs chargés de canaliser « vers la zaoïiïa les dons des Odèles ; mais, à part (jiieUfues (( personnalités importantes, ces mokaddems présentent <( généralement une faible surface et le titre dont ils sont « investis ne leur donne pas, aux yeux des Hamvan, une (( auloi'ilé sufTisanle pour provoquer au pn^lit des zaouïas (( un détachement des biens de ce monde.

(( Le mokaddem lui-même, spéculant sur son caractère (( sacré, serait disposé à vivi'e aux dépens de ses coreligion- « naires. Mais ceux-ci, dans l'ensemble, se montrent « rebelles à cette tendance ; ils laissent aux rares affiliés (( f[ue comptent dans chacpie tribu les diverses confréries, (( le soin de contribuer à la subsistance du cheikh et de ses « nombreux satellites. En ce rpii concerne la propagande « au point de vue de l'affiliation, les obligations imposées « aux khouan de certains Ordres sont en opposition trop « évidentes avec l'esprit indépendant de la masse et nom- ce bre d'individus sont peu soucieux de s'astreindre à une (( règle nouvelle, l'expansion de leur amour de la liberté « étant déjà assez contenue par l'Autorité.

« Ainsi, les confréries religieuses représentées chez les « Hamvan opèrent deux sortes de prélèvements : l'un pério- « dique, le plus fructueux, auquel les chioukh eux-mêmes « ou des envoyés de la zaouïa procèdent ; l'autre, acci- <( dentel, œuvre du mokaddem.

« Le développement de la situation économique de nos (( indigènes est-il entravé par les prélèvements sur leur <( fortune ? H est évident que le chiffre des sommes versées « à ce titre pour chaque individu est presque égal à celui « de l'impôt. H y aurait certainement avantage à ce que <( l'influence des chioukh se manifestât d'une façon plus <( désintéressée. Mais il n'est guère possible d'enrayer des <( habitudes profondément enracinées.

« Si l'Autorité intervenait d'une façon quelconque, on (( aurait à redouter l'action clandestine des chioukh plus « dangereuse, au point de vue politique, et plus ruineuse, (( au point de vue économique.

" En ce (pii concerne le développement des confréries <( leligieuses chez les Hamvan, il est permis, tout en se <( gardant de ces alfirmations prophétiques auxquelles (( l'avenii- inflige parfois des démentis, de penser que le « temps continuera, sur la foi de nos indigènes, son œuvre « de désagrégation.

" Elle s'enViic déjà, nous l'avDfis \ n, ciilamée pai- l'esprit

nOCUMEM'S POLR 8EH\ ll< \ I. HISTOIRE DES HAMYAN 175

« de criti([iie. En piésence de liuaiiilé des prédictions de « cerlains maiaboiils, devant l'extension de notre domi- « nation dans l'Extrême-Sud réalisée en dépit des obstacles « surnaturels (ju'ils devaient dresser sur notre route, nos « indigènes sentiront de plus en plus l'imposture des agi- « tateurs religieux. A l'égard des confréries qui observent « vis-à-vis de nous une attitude soumise, ils se montreront (( rhafjue jour davantage plus parcimonieux de leurs <( deniers et l'on peut espérer qu'ils seront un jour com- (( plètement affranchis de croyances opposées au dogme « même de l'Islam et de cette craintive naïveté, cause ini- « tiale de leur exploitation par les zaouïas. »

Les confréries qui exercent à un degré quelconque leur influence sur les tribus de la confédération des Hamyan sont les suivantes :

Cheikhya, adeptes de l'Ordre des Oulad Sidi Cheikh.

Aniamia, afTiliés à la zaouïa de Bou Amama.

Taybia, khouan de la confrérie d'Ouazzan.

Derkaoua.

Youcefia.

Ziania.

Kerzazia.

Kadria.

Tidjania.

Si Abdallah ben Cheikh, de Giierzim.

Oulad Sidi Cheikh. L'aïeul de Sidi Cheikh, Sidi Sli- man Bou Smaha avait établi sa zaouïa au ksar de Chellala, et comptait les Hamyan parmi ses partisans les plus dévoués.

La fidélité de ceux-ci était si grande que le saint homme revendiqua, sur ses derniers jours, la faveur de se dire (( Hamyani ».

A ce propos, nous citerons une légende répandue dans les tribus du cercle de Méchéria. Cette légende vient d'ail- leurs à rencontre de la malédiction attribuée à Sidi Sliman Bou Smaha contre d'autres Hamyan, les Arabes Moucha (voir la deuxième partie, Chap. TI\ Sidi Sliman Bou Smaha jouissait d'une large aisance ; ses troupeaux étaient consi- dérables ; aussi la recherche de pâturages abondants l'amenait-elle parfois jusqu'aux environs de Figuig. Autour d(^ lui s'installaient des campements de Hamvan et Trafi.

176 DOCl MliNTS POLR SfiERVlR A l'iIISTPIRE DES IIAMVAN

Au cours 'd'une de ces migrations, il fut l'objet d'une tentative d'agression qui échoua, grâce à l'appui que les ïlamyan lui prêtèrent. Le souvenir de cet incident de la vie de Sidi Sliman Bon Smaha s'est pieusement conservé jus- qu'à nos jours ; et les llamyan s'enorgueillissent d'avoir, par leur (idélité au saint homme, mérité qu'il revendiquât la faveur d'être compté au nombre des leurs. Sidi Sliman avait en effet ajouté à son nom le titre de <( Hamyani » qui figure sur les actes de habous déposés à la zaouïa de Béni Ounif.

V l'époque à laquelle se rattachent les faits qui ont donné naissance à la légende ci-dessous rapportée, un célèbre mal- faiteur des Harrar, Bel Lazereg, semait la terreur parmi les groupes isolés de pasteurs sahariens. Les riches troupeaux de Sidi Sliman Bon Smaha avaient déjà éveillé sa convoi- tise : mais les nombreux disciples du marabout rendaient, par leur présence autour de lui, toute attaque impossible.

Cependant Bel Lazereg attendait un moment favorable ; à la tète d'un goum composé de ses meilleurs compagnons de rapine, il se porta sur Figuig Sidi Sliman Bou Smaha était campé avec ses plus proches serviteurs, tandis que ses suivants habituels se trouvaient sur des pâturages éloignés des ksour.

Bel Lazereg se présenta au marabout, suivi à distance de son goum. C'était au matin de l'Aïd El Kebir ; mais le pillard s'en avisa peu. Il ex])rima sans détours à Sidi Sli- man le but de sa visite.

Au loin se dressaient les menaçantes silhouettes de ses compagnons ; et telle était la renommée de Bel Lazereg, que la nature de ses exigences ne laissa aucun doute au marabout sur l'identité de son interlocuteur.

Il ordonna donc à ses serviteurs de désentraver les cha- meaux ; mais avant que le malandrin s'éloignât avec son butin, Sidi. Sliman protesta en ces termes :

Les meilleurs rameaux sont couverts de feuilles, ô Bel Lazereg. Les hommes choisissent leurs cliefs parmi l'élite. Nul n'échappe au feu qu'il a alhimé.

DOt;l MEN'I'S I>()1 R SEH\ lU \ I ■||I>r01MK DES 11 AMVA.N I"7

Le marabout faisait allusion à sa ruine, dont Bel Lazoreg était l'artisan, et (|ui allait le transfoiiiKM- en un homme sans fortune, en « un rameau sans feuilles ».

Cependant le malfaiteur s'éloignait, indifïérent aux exhortations de sa vietime. Alors Sidi Sliman Bon Smaha, dressé devant sa tente, le bras levé, l'accompagna de ces mots :

^ - c •-

Puisse Dieu t'ag-iter sans cesse, comme la hète affolée qui fuit et butte de roc en roc.

Puisse-t-il t'enfoiiir sous (erre, comme on enfouit un trésor invisit)le.

Puisse-1-il te l>royer, te pulvériser, comme le grain lencire que l'on effrite entre les mains.

Soudain des cavaliers surgirent ; c'étaient des Ilamyan, venus de leurs campements du Tafîlalet pour célébrer auprès du saint homme lAïd El Kebir.

Sidi Sliman leur montra la masse des voleurs confondus avec leur butin et fuyant à l'horizon. Les Hamyan s'élan- cèrent et bientôt Bel Lazereg et son goum étaient anéantis.

Le célèbre chef de bande avait trouvé la mort dans le combat et reposait parmi les cadavres de ses compagnons auprès d'une touffe d'alfa.

Cependant les vainqueurs s'assemblaient autour de son corps, et tandis que l'un d'eux allumait une touffe d'alfa, une flamme jaillit soudain, enveloppant le cadavre qui fut consumé ; ainsi se réalisait la malédiction de Sidi Sliman.

Les Hamyan ramenèrent au marabout les troupeaux repris à Bel Lazereg, et Sidi Sliman Bou Smaha s'écria à leur vue :

Je pensais que fous les hommes étaient les défenseurs de Dieu. Je sais maintenant que les défenseurs de Dieu sont, avant tout, les Hamvan.

178 DOCIMEM'S POI R SERNIH \ 1 'lITSIOlKE DES 1I\-\1V\N

et, 011 somt'uir du secours providentiel (|u"il avait reçu d'eux, il revendiqua le titre de «. llamyani » que ses des- cendants lui ont conservé.

Après lui et en souvenir de ses vertus, les Hamyan témoi- gnèrenl la plus grande vénération à Sidi ('heikh Abdelka- der, le fondateur de lOrdie des Cheikhva.

* * *

Sidi Cheikh était adonné aux j>rati(jues de la plus grande dévotion et avait coutume de s'isoler dans des cavernes. Deux grottes situées à Nebch, à i8 kilomètres au Nord- Ouest de Méchéria, dans le Djebel Antar, et au chott Gharbi, dans le cercle de Méchéria, étaient, il y a encore une tren- taine d'années, des lieux de pèlerinage les Hamyan fai- saient individuellement, et à toute époque, des sacrifices (fanimaux dont la chair était donnée en aumône aux pauvres.

Bon Amania. Ce marabout appartient à la branche des Oulad Sidi Tadj. On connaît ses débuts, la lutte qu'il a sou- tenue contre nous et ce qu'est devenue sa zaouia, à sa mort.

Il a fondé un ordre dérivé des Cheikhya et a bénéficié de la confusion créée dans l'esprit de certains aiïiliés à la con- frérie de Sidi Cheikh, par ce fait qu'il prétendait détenir la baraka de son fondateur. En effet, Bon Amama repré- sentait aux Cheikhya qu'en s'afïiliant à sa zaouïa ils ne renonçaient pas à leur affiliation premi-ère. Parmi ses par- tisans, un grand nombre, conscients de cette équivoque, s'abritèrent S(jus le titre de « Cheikhya » pour éviter de se signaler aux yeux de l'Autorité française.

Dans les tribus Hamyan, le marabout a joui, de son vivant, d'un prestige dont la manifestation fut contenue par le souci de nous dissimuler toute attache avec le rebelle. Mais l'attitude même de Bou Amama, son insoumission, son existence en dehors de notre territoire, lui créèrent dans l'esprit des indigènes un rôle de champion de la foi islamique et de victime des persécutions chrétiennes.

Si les visites à la zaouïa de cet agitateur cessèrent à peu ])rès à pari il' de ipo.S, ce fut uniquement dans la crainte de nous déplaire, mais la sympathie vouée par une partie des Hamyan au marabout se traduisait par les relations cachées

DOCIMEMS POIR SEH\ IH A t/iIISIOIRE DES IIAMYAN 179

que c'iTlains eiilretciiaiciit, j>ai' di's iiiroinialions diverses qui lui élaient adressées clandestiiienienl, etc.

La présence de Bou Amania non loin des confins de notre territoire fut une menace permanente d'agitation.

Elle ciéa une situation d'autant plus dangereuse que le contrôle des progrès de son inlluence nous échappait en raison du caractère clandestin des relations de nos indi- gènes avec sa zaouïa.

Aucun signe apparent ne décelait en effet le (( Amami » ; il était ostensiblement <( Cheikhi » et portait en sautoir le cha|)elot de cet Ordre ; la seule différence dans cet insigne de l'airiliation à l'Ordre principal ou à son dérivé résidait dans la place d'un grain de corail. Chez les Cheikhya, le corail était placé après le cinquantième des grains du cha- pelet, tandis que les fidèles de Bou Amama l'avaient glissé après le vingt-cinquième. La « Révélation )i s'était mani- festée, paraît-il, au marabout de Mogliar en ce point même de son chapelet, nn jour qu'il l'égrenait.. .

Le dikr, oraison rituelle, était et est encore peu différent de celui des Cheikhya ; nous le donnons ci-dessous, tel qu'il se récitait au moment de l'insurrection de 1881 :

Je clien lie un retu^e auprès de Dieu, qui sait et entend tout,

contre le démon lapidable.

Au nom de Dieu, le Clément et Miséricordieux.

Louanges à Dieu. .Maître des mondes, etc. (Sourate I. Fatiha.)

Lorsque viendra la victoire de Dieu, etc. (Sourate.)

Mon Dieu, je viens à toi, je viens à toi, tu n'as pas d'associé

et le bien se répartit entièrement par ta main. (2 fois.) .f "implore le pardon de Dieu le Magnifique, (roo fois.) Il n'y a de Dieu que Dieu, la vérité évidente. (100 fois.) Dieu et ses anges répandent leurs bénédictions sur le Pro- phète. O vous qui croyez, priez pour lui et appelez sur lui le

salut, (i fois.)

Mon Dieu, répands tes bénédictions sur le Prophète illettré,

sur sa famille et ses compagnons et accorde-leur le salut.

(100 fois.)

Mon Dieu, ine voici, me voici, me voici. Tu n'as pas d'associé.

Je suis ton serviteur humble et vil, celui qui espère ton pardon

et qui obéit à tes ordres. (3 fois.)

Au nom de Dieu, le Clément et Miséricordieux. (100 fois.) J'rfittcste qu'il n'y a de divinité que Dieu, et que notre Seigneur

Mohammed est son prophète, que Sidi Bou Àniama Ben Lnrbi

est l'ami de Dieu !

180 DOCI MKN IS POrU SKU\ 115 \ l.'llISTOIKE DES IIAMV\>-

Ensuilr lo khouan lécite la fatiha et dit loo fois :

0 très bon. Mon espoir est en Dieu et c'est le meilleur inter- cesseur, (loo fois.)

J'atteste qu'il n'y a de divinité que Dieu, que Mohammed est son envoyé et que Sidi Abdelkader Ben Mohammed ' esl l'ami de Dieu, que Sidi Bon Amama est l'ami de Dieu.

O mon Dieu, par les mérites de Sidi Abdelkader Ben Moham- med, fais que Sidi Bon Amama nous soit favorable el ait pour nous la faveur de la miséricorde.

l'uis le faciLiir sincline et salue.

l.es mokaddems du Cheikh étaient porteurs d'une ins- truction noninioe « Yacouta ». Elle déterminait les peines à infliger à tout khouan, coupable d'une faute quelconque vis-à-vis d'un autre khouan ; une malédiction proférée contre un khouan « amami » entraînait pour son auteur robligation de vei'ser 20 francs.

Celui qui s'introduisait sous la tente d'autrui, dans un désir de fornication, était astreint à la remised'unchameau.

Le mokaddem réunissait les diverses amendes frappées sur les khouan et les faisait parvenir à la zaouïa.

Tant que Bon Amama vécut, la grande majorité des ïlamyan lui fut des plus fidèle : caïds, notables, khammès lui multipliaient à l'envie les ziaras et le renseignaient à qui mieux mieux sur nos moindres faits et gestes.

[,a venue des caravanes au Gourara était une occasion d'aller visiter le marabout.

Presque tous et principalement les Akerma, les Oulad Messaoud, les Meghaoulia et les Frahda (Béni Ogba) lui conservèrent leur foi jusqu'à sa mort.

Depuis, cet enthousiasme a presqii'entièrement disparu. Son fils Tayeb, héritier de la baraka, s'est allié aux Fran- çais ; il réside sans cesse à El Aïoun Sidi Mellouk, n'est plus guère orienté vers l'Algérie que pour envoyer ses moutons et ses chameaux pacager sur les terrains de parcours des Hamyan et des Amour et n'a pas l'auréole d'<( invincible » qu'on attribuait à son père.

Cependant, si un beau jom% Tayeb ould Bon Amama évoluait dans un sens contraire et prêchait l'insurrection, il est probable qu'il retrouverait chez les Hamyan la même fidélité et la même dévotion que celles qu'avait su susciter son père.

I Sifli Abdelkader ben Mohammed est le prand Sidi Cb.eikh, fondateur de l'Ordre des Oulad Sidi Cheikh.

DOCUMENTS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DES HAMYAN 181

y once fia. Si Ahmed Ben Youcef, fondateur de l'Ordre dont le tombeau est situé à Miliana, a laissé, chez les llamyan Ghafaa un renom de sainteté que la tradition orale a pieusement conservé avec ses dictons et boutades.

Le marabout était venu, au cours de ses pérégrinations, dans le Sahara de la province d'Oran. Il s'en éloigna après un très court séjour, non sans avoir, dans une brève et virulente improvisation, exprimé le pou d'attiait de ce pays :

^— Mk ^j y^ ^*i..=s. I is^

0 Saliara, ton souille m'a aveuglé, Ton eau ne m'a pas purifié. Si Ahmed te revoit une deuxième fois, Qu'il soit considéré comme un chrétien.

Comme il traversait, pour gagner le Tell, le territoire occupé alors par les Hamyan Chafaa, l'hospitalité qu'il reçut chez eux l'engagea à s'installer quelque temps au milieu de leurs douars et à les initier à sa doctrine. La générosité de ses hôtes, leur valeur guerrière, lui inspirè- rent ce propos que les Hamyan Chafaa répètent complai- samment :

Les Chafaa sont utiles, c'est un revenu sans frais de métayage.

Les Chafaa versent aux descendants de Si Ahmed Ben Youcef, les Oulad Miloud fixés à Tiout, une redevance (Khedma) annuelle de un mouton par tente.

C'est à Si Mouley, agha d'Aïn-Sefra, à Si El Miliani, ou à leurs frères que sont remises les offrandes.

En très grand nombre, les Bekakra, les Béni Metharef, les Oulad Mansourah, 5o tentes des Akerma Oulad Salem, les Oulad Messaoud sont serviteurs de la zaouïa de Tiout.

Kerzazia. L'Ordre des Kerzazia, fondé par Ahmed Ben Moussa El Hassaïn, compte de nombreux khouan sur le territoire du cercle. Chaque année, au printemps, les servi- teurs de la zaouïa parcourent les tribus Hamyan oii une ziara d'un chameau leur est remise.

14

182 DOf:i MEMS l'Ol U SEKN IH A I.IIISIUJRE DES IIAMÏAN

Celle confrérie qui, pendunl la conquêle, nous fut hos- tile, a toujours montré à notre égard, depuis l'occupation des ksour, une altitude correcte, et la zaouïa de Kerzaz a un grand renom d'hospitalité chez les Hamyan, (jui y sont bien accueillis.

(Les Oulad Serour sont presfjue tous serviteurs d'une zaouïa peu importante, celle de Si Abdallah Ben Cheikh, de Guerzim. C'était Si El Bedri ould El Mekki, chef de la zaouïa, qui venait chaque année rece^oir la ziara d'un agneau par tente. Les Oulad Serour Cheraga de Géry ville sont également serviteurs de cette zaouïa.)

Ziania. La confrérie des Ziania a son siège à Kenadsa, à af) kilomètres de Colomb-Béchar, à 3o kilomètres de rOued Guir. Elle a été fondée par Si El LIadj Mohammed Ben Abderrahman Ben Abou Zian, vers la fin du xvn" siècle de notre ère. Dans ses débuts, la zaouïa de Kenadsa s'efforça d'assurer la sécurité dans une contrée oii les attaques de caravanes, les pillages étaient fréquents. La protection donnée par les Ziania de Kenadsa aux nomades se rendant au Talilalet ou remontant vers le Nord leur créa une influence assez étendue dans les tribus des Hauts-Plateaux et du Sahara Oranais.

Les Hamyan sont, par tradition, dévoués à l'Ordre des Ziania ; le nombre des aiïîliés à cet ordre est cependant assez restreint.

Mais son chef actuel. Si Brahim ould Mohammed Ben Abdallah, l'aveugle, jouit d'une grande réputation dans tout le cercle de Méchéria.

C'est le médiateur presque toujours écouté des familles ayant des querelles intestines à régler. 1-1 tranche, lors de ses tournées, de nombreux différends et litiges et son action bienfaisante est très appréciée par la majorité des Hamyan.

Deikaoua. - Entre beaucoup d'autres étymologies, on prétend que le mot « Derkaoua » vient de 'L.3j ^ (Derqa), ([ui signifie u bouclier », parce qu'à l'origine l'Ordre avait été fondé pour réunir des combattants devant servir de boucliers contre tous les envahisseurs du Maroc, et princi- palement les Portugais.

Secte rigide, détachée des biens de ce monde, ne devant avoir aucune ambition terrestre, se livrant à des pratiques austères, sa raison d'être se basait, avant tout, sur la xénophobie.

On a dit rpic cette confiérie niait toute autorité ; cela

UOCUME.NJ'S POUR 8ERVIU A l'im.STOIHE DES II.A.MVAN iHij

ii'esl [Jd>, ciuyons-iious, absoluniciil <xacL, eur, pur exemple, dans leur luUe contre les Turcs, ils reconnais- saient l'aulorité du sultan du Maroc, Moulay Slinian. (Voir Cliap. m (le la deuxième partie du présent Uavail.j

Actuellement, tout en criant bien haut qu'ils rejettent toute autorité temporelle ne faisant pas servir sa puissance à la propagation et à la glorification de l'Islam, ils mettent quelques accomodements à cette doctrine farouche.

Nous sont-ils ou non hostiles ?

Depuis notre commencement d'emprise sur le Maroc, il s'est produit de telles évolutions qu'on ne peut guère se prononcer.

Si Moulay, agha de Tiout, est Derkaoui, et il n'y a pas de chef indigène qui nous soit plus dévoué.

Un jeune chérif des environs de Fez, de haute lignée Derkaoua, est venu dernièrement à diverses reprises parmi nous (1913-191/O, à Méchéria, à Aïn-Sefra, à Colomb- Béchar, avec le colonel Pein et le général Levé ; il est loin de nous être hostile.

Par contre, beaucoup d'autres nous haïssent réellement.

La branche mère des Derkaoua a sa zaouïa à Bon Berih, tout près de Fez.

Ses ramifications les plus importantes au Maroc sont à Sefrou et au Medagha (Tafilalet).

Dans ce dernier district, à Ghamet Allah ou à Gaouz, résidait l'un de nos pires ennemis, Si Mohammed Bel Larbi, grand maître des Derkaoua du Tafilalet, qui était, à une certaine époque, considéré comme séparé de la branche- mère.

Ce furent les Derkaoua du Tafilalet qui nous suscitèrentà peu près toutes les difïicultés qui, pendant de nombreuses années, surgirent dans le Sud Oranais.

Si Ahmed El Hachemi Bel Larbi, décédé au Gaouz en février 1892, à l'âge de 98 ans, ne cessa d'exciter contre nous les Beraber et les Béni Guil.

C'est à cette zaouïa du Tafilalet que se rendit El Hadj Ahmed ould Mebkhout, décédé étant mufti de Méchéria et mokaddem des Derkaoua dans la région de Méchéria.

Nous avons exposé précédemment le rôle joué par ce mokaddem, nous n'y reviendrons pas. Nous dirons seule- ment que son importance s'était, à la fin de ses jours, fort réduite.

Il avait, quoiqu'en aient voulu dire certaines personnes, une haine profonde pour tout ce qui était chrétien, ce qui

184 DOGUiMEiNTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMYVN

ne l'empêchait pas d'accepter de nous un traitement de 1.-200 francs par an comme mufti de Méchéria, alors qu'il ne savait ni lire ni écrire.

Les Derkaoua sont d'ailleurs actuellement relativement peu nombreux chez les llamyan qui estiment trop rigide la doctrine de cet Ordre.

Jl y a cependant lieu de surveiller de très près les agisse- ments de cette confrérie. Elle a joué un rôle dans l'avè- nement de Moulay Hafid, elle est intervenue dans l'exode d'un certain nombre de nos contribuables de Tlemcen en Syrie, elle a pris part aux formations de harkas et de djiouch qui nous ont assailli tant sur nos frontières qu'au Maroc même, et, en ce moment (octobre 19 15), elle s'est reliée à la branche dissidente des Madanya,en Tripolilaine, pour faire cause commune avec les Senoussia.

Taybia. L'Ordre des Taybia compte un certain nom- bre d'affiliés dans la confédération des Hamyan. Les ziaras ne sont remises qu'à l'occasion des visites sur le territoire du cercle de représentants de la zaouïa d'Ouazzan.

Or, ces visites ne sont pas régulières et se produisent parfois après une période de trois années, sans tournée d'aucune sorte.

Kadria. La confrérie des Kadria compte un petit nom- bre d'adeptes dans le cercle. On assure qu'aucune ziara n'est remise et que les khouan se bornent au printemps à égorger un mouton dont la chair est distribuée en aumône aux pauvres.

Chez les Oulad Amar, fraction du douar Oulad Bou Salem (Akerma), on marque à l'oreille, chaque- année, à sa nais- sance, un agneau par tente. C'est le <( Kherouf Sidi Abdel- kader ». S'il vit, on l'envoie en offrande à Si Abdallah, représentant de l'Ordre à Chellala.

Au commencement de l'été, pendant quelques jours, les tentes de la tribu, par groupes de dix, égorgent un mouton au nom de Si Abdelkader ; la chair sert à la confection d'un repas auquel les pauvres sont admis.

Tidjania. Les Tidjania, qui étaient jadis peu répandus parmi les llamyan, prennent depuis quelques années un certain développement.

*

* *

Indépendamment des ordres importants cités ci-dessus, certaines petites confréries ou zaouïas comptent des servi-

DOGUMEMS POUR iSEll\ IJ4 A LIIISTOIUE DES UA.MïAN 185

tours chez les Ilainyaii. Les Akcniia di)iiiieiit cliuqut' année au lepréscnlanL des Oulad Sidi Zion El Aïioch, Clieuifa d'E] Âïrecli, une brebis ou une toison par tente. Cette olïrande est traditionnelle. I^lle remonte à tleux siècles environ : à la suile d'un pillage elTeclué par les llaniyan sur les troupeaux des Gheurfa d'El Aïrech, ceux-ci avaient appelé sur leurs agresseurs la vengeance divine qui se manifesta soudain : deux des Hamyan se blessèrent acci- dentellement et les chameaux du groupe furent tous simul- tanément atteints de la gale. Anxieux, s'attendant à de nou- velles manifestations du courroux céleste, les Hamyan réso- lurent d'aj)aiser leurs victimes ; ils leur rendirent le b,utin précédemment enlevé, et leur versèrent une ziara, s'cnga- geant à payer chaque année la même redevance. Le groupe des Hamyan héros de cet épisode appartenait à la tribu des Akerma.

Une fraction du douar Daaliz (Akerma), 20 tentes envi- ron, remettent chaque année une ziara peu importante (I franc par tente) aux envoyés de marabouts sans grande notoriété, les Oulad Sidi Abdelmalek Bou Neggab, Gheurfa, groupés auprès de Taghit, chez les Béni Goumi. G'est plu- tôt une aumône faite à ces personnages renommés pour leur piété, qu'une ziara. Au douar des Oulad Bou Salem, 10 tentes, parmi lesquelles celle du caïd, quelques tentes des Ghiatra également donnent une ziara de n francs par tente et un pot de beurre aux Oulad Ben Abderrahman Saheli i, auxquels les Oulad Sidi Cheikh eux-mêmes don- nent en ziara chaque année une esclave.

G'est à la suite de vœux formulés, soit pour l'augmenta- tion du troupeau, soit en vue de la naissance prochaine d'un héritier, que chaque chef de tente donne une offrande aux Oulad Sidi Ben Abderrahman Saheli,

Dix tentes des Béni Metharef, parmi lesquelles celle du caïd, donnaient aussi à Si Mohammed Ben Abid, envoyé des Oulad Ben Abderrahman Saheli, un mouton par tente.

Les Megan sont en partie serviteurs des Oulad Sidi Bou Tkhil, d'Aïn-Sefra, mais leurs ziaras sont remises au caïd des \rbaouat (cercle de Géry ville).

* * *

Koubbas et Zaoïiïas. H n'existe aucune zaouïa sur le territoire du cercle de Méchéria.

I Du ksar de Snheli. sur le Gtiir, à S kilomètres de Bon Denib.

186 DOCUMEM:^ POLR SEIU lU \ I.IIISIOIKK DES IIAMVAN

Le iiiiilli l"l llaclj Ahmed ould iMc!)kii(mt rcccv ail dans sa denieuic les kliouan clc dilTéreiils oïdies (|iii élaicnl de pas- sage. Une école indigène existe à la in()sf|née ; (^lle fut dirigée spiriluelienient par lui ; elle iia (|ue l'orl peu d'élèves.

Il y a dans le cercle trois koubbas sans imporlance :

i" Celle de Sidi Mohammed Ben M'hammed, située à environ afi kilomèlres au Nord de Méchéria, près d<> Feka- rine ; elle a élé élevée en l'honneur d'un marabout de Ker- zaz d'abord enterré à Slissifa oii une koubba lui fut cons- truite, puis dont le corps fut transporté à Kerzaz.

Le mufti El Hadj Ahmed ould Mebkhout avait placé à celte koubba un bouab qui ramasse péniblement (fuelrpTar- gent des fidèles venus pour prier ou pour prêter serment ;

:>" Celle de Sidi Ahmed Ben Miloud, bâtie à l'extrémité Est du chott Gharbi ; cette koubba est le tombeau de Sidi Ahmed Ben Miloud, marabout originaire de Kerzaz et dont les descendants sont acluelleinent fixés dans les environs d'Oudjda ;

?>" Celle élevée à Galloul, en 19 1;^ par des gens des Akerma, des Meghaovdia et des Béni Melharef, soi-disaid « pour faire tomber la pluie >>, mais en réalité en l'honneur de Bon Amama.

* * *

En résumé, la " baraka », celte détention pai' un humain de la faveur divine, divisible à l'infini et transmissible à tous les hommes, grâce à l'intermédiaire de son détenteur, semble avoir, chez les Hamyan, moin.s' de puissance que jadis.

Si, dans le passé, la pureté, l'austérité des mœurs du marabout, ont permis de reconnaître en lui les attributs d'une préférence spéciale d'Allah, l'âpreté actuelle de ses descendants, leur avide attachement aux choses tempo- relles, les échecs qu'ils ont subi dans leurs luttes contre nous, ont causé dans l'esprit des Hamyan, une désillusion favorable au « doute ».

Composées actuellement d'éléments d'origines trèsdiver- ses, ces tiibus n'ont pas, comme dans d'autres régions, des grandes familles maraboutiques réunissant, la considéra- tion, le respect et les sentiments religieux de toute une population.

Suivant leur ])iovenanc(\ ou par suite de circonstances

UOCl MLMS^ POIK SEia IK \ l.'lll:> TUlUl-: DES IIANU AN l!^'

quel(<)ii(|iic8, ccriains trenlre eux se soiil aHiliés ù (elle ou telle confiéiie.

De là, dans leurs sentiments religieux, une certaine tié- deur r{ui ne les enipèclu^ d'ailleurs pas de remettre, par res- pecl humain, leuis offrandes aux mokaddems, (]uèteurs, ramasseiu's de ziaras cl aulres nicndiauls (pii les assaillent de demandes.

Mais, excej)li<)n failc pour les Dcikaoua, il i\'\ a jjas lieu d(> eraindre, en ce moment, chez eux l'accent nation du mouvement panislamique ; la théorie du « plus grand Islam » est bien ignorée de tous ces pasteurs chez lesquels le souci des intérêts matériels présents est la seule véritable préoccupation.

Tant qu'il en sera ainsi, nous pounons espérer que leur état d'es})rit ne se laissera pas travaille)' dans un sens hostile aux iiiléréts français.

CHAPITRE \lll LES REZAÏXA

Les Bezaïna appartiennent à la fraction des Tiali. < Voir sur leurs origines la première partie du présent travail.)

Avant l'occupation française, ils disposaient, sans con- testation, de tout le territoire situé au Sud du chott Chergui et délimité : à TEst, par une ligne allant d'El Hamia es Souf à Tismouline ; au Sud, par la ligne Tismouline-Touad- jeur ; à l'Ouest, par le Djebel Antar, Khebazza, Fekarine et Ang el Djemel ; au Nord, par le chott. Ils faisaient boire leurs troupeaux aux points d'eau d(^ Khadra, Bedrous, Haci el Hadri, Tismouline, Sebaïn, Touadjeur, Méchéria, El Biodh, Fekarine, Bir Senia, El Hamra. Le ksar de Bon Sem- ghoun était leur point principal d'ensilotement.

Ils ne formaient qu'un seul groupement qui se soumit pour la première fois à notre autorité en i845, sous la con- duite d'Aïssa ould Abdelmalek, lequel n'amena avec lui que le tiers des tentes.

En iS46, tous les autres Rezaïna vinrent se soumettre.

L'année suivante (iS^y), Aïssa ould Abdelmalek étant vieux et aveugle, Larbi ould Maamar Ben Cliekor fut

l!^8 DOCl MlîMS POl R 8EKV1U A l.'lIlSTOlRE DES IIAMV.VN

noiiinic caïd. 8a famille avait, sous la doiiiination turque, {)resquc toujours coinmaiidé à rciisciuble des liezaïna.

Kn janvier 18/19, Larbi ould Maamar Ben C^hekor fut accusé par son rival, Djillali Bou Zella,de vouloir entraîner les Rezaïna dans l'Ouest à la suite de Si Cheikh Ben Tayeb i. Larbi ould Maamar Ben Chekor fut arrêté, envoyé en pri- son à Oran cl remplacé {)ar son dénonciateur, Djillali Bou Zella.

Ce dernier fut, à son tour, révocpié le 20 avril i85o,pour avoir entretenu des rcliilions avec les tribus sahariennes qui nous étaient hostiles.

hes Bezaïna furent alors divisés en deux caïdats, les Che- raga et les Gheraba. Les lU'zaïna Cheraga furent confiés à Larbi ould Maamar Ben Chekor, qui sortit de prison, et les Rezaïna Glieraba eurent pour caïd Ben Moussa oïdd Kouider.

A la même épo([uc, les Rezaïna qui, jusqu'alors avaient dépendu du cercle de Mascara, furent mis sons l'autorité de celui de Saïda.

Rezaït)a Cheraga. Pendant deux ans, Larbi ould Maa- mai' Ben Chekor servit bien ; mais, dans la imit du i4 au i5 décembre i852, entraîné par Sidi Cheikh Ben Tayeb, il fît défection avec toute sa tribu pendant que nous prenions l'oasis de Lag^houat 5.

Il rentra avec la moitié de sa tribu en i853 et son com- mandement lui fut laissé. On le révoqua l'année suivante à cause des relations continuelles qu'il entretenait avec les Rezaïna restés en dissidence au Maroc.

I Le coliiiicl Maissiat, ciininiaiirlanl la Siibdivisiion de Mascara, les ramena au Nord du cliotl Chcrgul et les rallaiha ndmiiiistrativement à l'aghalik de Frendah.

s En iSSa, les Hezaïna lurent fortement travaillés par Sidi Cheikh Ben Tayeb, qui poussait déjà Si Hamza à la révolte, et. par un chérif nègre nommé Si Mohammed Ben Ali « Ben Serour », qui se faisait appeler le Sultan du Gourara. En même temps, ils étaient très fatigués et mécontents de? nom- breuses réquisitions de chameaux qu'ils avaient fournir pour l'expédition de Laghouat, ce qui les avait empêchés d'envoyer leurs caravanes annuelles au Gourara. Ce sont tous ces motifs réunis qui amenèrent leur défection. Le sultan Ben Serour ayant été tué au cours d'une razzia sur une caravane des Trafi, les Rezaïna eurent beaucoup à souffrir des tribus marocaines ; c'est pour cette raison que la moitié des Rezaïna Cheraga, avec Larbi ould Maamar Ben Chekor, revinrent, en.i853, sous notre autorité.

Révoqué en i854, Larbi ould Maamar Ben Chekor fut replacé à la tête de sa tribu au mois de juin i86'i. Il fit défection le aS avril suivant et vint faire sa soumission au mois de juin, pour nous trahir de nouveau le i" octobre, après avoir pris p.iit an massacre d'une section française au Kreider.

DOCUMENTS POUR SERVIH A LllISTOIRE DES IIAMVAN 189

Conmie il nous était impossible de trouver dans cette tribu un homme qui nous fui dévoué, on donna le pouvoir à un étranger, El Bagdadi Bel (ihaouli ', des Oulad Daoud. Ce dernier fut révoqué en i864 pour avoir fourni un recen- sement faux et fut remplacé par son prédécesseur, Larbi ould Maaniar Ben Chekor.

En i864, tous les Hezaina tirent défection et ne rentrèrent qu en 1872 -'. On dt)nna pour chef aux He/.aïna (>heraga, Mohammed Ben Abbou, homme de grande tente qui n'avait pas suivi le mouvement général en 1864. H fut révo-

1 El Biigiliidi Bel Ghaouti était originaire des ()uhKl Daoud (Djafra Cher^ga) auxquels sa famille avait, à Tépoque turque, donné des caïds. Il nous était toujours resté fidèle, alors que tout le monde partait en défection. Il avait pris part dans nos rangs à toutes les expéditions qui avaient eu lieu dans la Yacoubia. Il s'était toujours conduit en brave et intrépide cavalier. Pour le récompenser, on avait essayé, en i846, de l'installer comme caïd chez les Oulad Daoud qui commençaient à rentrer. 11 ne put y être maintenu que quel- ques mois par suite de son caractère bouillant et emporté. A la suite de diffi- cultés d'ordre commercial survenues avec ses administrés, il fut relevé de son commanderaient et même emprisonné quelques jours à Mascara. Il fut, un peu phis tard, mis à la tète des Rezaïna Cheraga.

2 Au moment éclata l'insurrection de i8(34, les Rezaïna étaient campés au Sud du chott Chergui. L'Autorité voulut les réunir au Kreider, mais quel- ques tentes seulement obéirent ; les autres se joignirent aux dissidents qu'elles suivirent au Maroc, à l'exception d'une quarantaine qui se réfugièrent à Gén' ville et y restèrent, tandis que celles qui étaiient venues au Kreider allè- rent s'installer chez les Hassasna jusqu'en 187a, époque à laquelle les Rezaïna dissiiieuts firent, après l'affaire de Mengoub, leur soumission à Géry ville. Leurs territoires du Sud abandonnés par eux et fréquemment parcourus par des partis insurgés ou marocains, furent occupés par les Hamyan et les Trafi quti prirent bien vite l'habitude de les considérer comme leur propriété. En 1872, le Commandement du cercle de Géryville proposa d'incorporer les Rezaïna à ce cercle, mais l'Autorité supérieure ne donna pas suite à cette proposition. Tous les Rezaïna furent réunis dans les environs de Sfîd, au Nord du chott Chergui, et soumis à une surveillance politique qui leur interdit de s'approcher du chott. En mars 1873, ne pouvant que diiflicilement faire subsister leurs mou- tons sur le territoire ils étaient internés, ils demandèrent la restitution de leurs parcours du Sud. La fuite de Si Sliman, survenue sur ces entrefaites, emi)êcha de donner une solution à cette demande. A la suite de cet événement, les Rezaïna furent exclusivement cantonnés au Nord du chott Chergui, placés en partie sous la surveillance des Oulad Daoud et des Hassasna, et en partie internés dans le bachaghalik de Frenda.

Leurs anciens parcours du Sud furent alors entièrement livrés aux incur- sions dos d.issidents et de leurs alliés et ce ne furent plus les Rezaïna qui allè- rent au Sud, mais bien les Hamyan et les Dehalsa restés soumis qui durent se réfugier au Nord pour se mettre à l'abri des coups de main.

Cependant, en 1876, les Rezaïna se rapprochent de la rive Nord du chott et. comme ,ils ne peuvent y vivre, ils sont, en 1877, autorisés à aller à Bedrous et à l'Est de ce point. Mais la situation reste troublée dans le Sud.

En 1S79-1880, les Hamyan sont encore obligés de revenir au Nord du chott.

En 1881. l'insurrection éclate de nouveau : les Rezaïna partent encore une

inO DOCIMENTS POliR SERVIR A l'hISTOIRE DES HAMVAIV

que on 187/1 P<^ur n'avoir pas prévenu assez lot l'Aulorité que ses adniinishés avaient pris la fuite. Ces derniers étaient allés jusipi'au Sud du choit Chergui, oià ils avaient été arrêtés par l'agha des Hassasna, Kaddour ould^Adda i.

Le connaandement des Rezaïna Cheraga fut alois donné à Sassi ould Kaddour, de la famille des Oulad Kouider, homme dont l'influence s'élend-iil non seulement sur sa trihu, mais dans tout le Sud qu'il connaissait dans ses moindres détails.

Kn 1881, dans les circonstances que nous avons longue- ment relatées précédemment, alors qu'il commandait le goum de la colonne de Slid, il partit en dissidence avec toute sa tribu. Maintenu dans son commandement à son retour, il fut révoqué en 1886 pour des causes n'ayant pas un caractère politique. (Dissimulation d'impôt.)

11 fut remplacé par El Iladj DjeJloul ould Abdallah, de la famille des Oulad Djillali, lequel fut à son tour révoqué le i5 février igoS, également pour dissimulation de matières imposables et pour n'avoir pas renseigné l'Autorité sur des faits graves (pii s'étaient passés dans sa tribu.

L'Autorité supérieure, désespérant de trouver un chef dévoué et sûr chez les Rezaïna Cheraga, le remplaça par un

fois au Marne d'où ils rcvieiuient peu après. Ils sont de nouveau, à leur retour, internés au Nord du cliott par mesure de surveillance politique. Ils dépendent du cwrcle de Saïda (lequel est successivement transformé en annexe de Saïda et ])oslc du Kreider). Lorsque, à la fin de l'année ioo5, les territoires situés au Nord du cliott Chergui sont remis à l'Administration civile, les Rezaïna récupèrent une petite partie de leurs anciens [)arcours et sont rattachés au cercle de Méchéria.

Des difficultés se produisent à la suite de ce rattachement. Les Rezaïna veu- lent, tout à la fais, conserver les terrains de culture qu'ils ont mis en valeur pendant leur internement, dans la région de Sfid et d.'El Beïda, et avoir leurs tei'rains de parcours du Sud du chott.

L'Administrateur de la commune mixte de Saïda, qui voit en eux une source de richesses au point de vue de l'impôt, cherche à les attirer vers le Nord. Pour régler la question, le Gouverneur Général prescrit une enquête et chaque indigène de ces tribus est appelé à opter d'une manière définitive pour résider soit dans la commune mixte de Saïda, soit dans le cercle de Méchéria. A la suite de cette enquâte, iSg tentes des Rezaïna se fixent définitivement dans la commune mixte de Saïda. D'autre part, il est laissé toute facilité aux Rezaïna ayant opté pour le territoire militaire, pour aller chaque année temporairement s'employer en territoire civil, soit aux travaux agricoles, soit à la cueillette de l'alfa.

I Les Rezaïna avaient formé le projet d'enlever l'agha Kaddour ould Adda. L'agha des Hassasna déjoua leur tentative et se présenta chez eux avec son goum.

A la suite de ces incidents, Mohammed Ren Abbnu, destitué, fut interné pendant quelque temps à Frenda.

DOCL MENTS l>Ol U SKKN lU \ I. IIISIOIUK DES ll\MV\N

H>1

étranger, Tayeb ould Kaddour Ik-l Uula, (iii«>iiiaire de la tribu-maghzen des Zmala, qui était caïd de la pelitc tribu des Oulad Sidi Khalifa Gheral)a.

Rezaïiia (iheraba. lA)rs(|uen i85o, on partagea les deux tribus, Ben Moussa Ben kouider fut placé à la tète des Rezaïna Gheraba. Lors de la défection de 1862, il nous resta fidèle avec son douar, composé do trente tentes, et fit tous ses efforts pour empêcher le dépait des dissidents. 11 reprit, en i85,H, le commandement de sa tribu lorsqu'elle revint. On eut le tort immense de le révoquer le 18 janvier i856, sous le prétexte futile qu'il entretenait des relations avec ses frèi-es restés dans l'Ouest. Il fut remplacé par Smaïn ould El Malek, qui se montra incapable de conduire sa turbulente tribu et se mit complètement à la remorque de Bagdadi Bel Ghaouti, caïd des Rezaïna Cheraga.

Il fut révoqué le -26 juin 1858 et remplacé par Tayeb ould Djillali, qui ne donna pas non plus satisfaction.

On reprit alors Ben Moussa Ben Kouider en 1861. Ce dernier fit défection en i864, mais il revint avec sa famille en 1868 et fut placé dans le cercle de Géryville il resta jusqu'à la rentrée des Rezaïna, en 1879. On lui confia de nouveau le commandement des Rezaïna Gheraba. Il donna sa démission en 1874 et fut remplacé par son fils, El Hadj Ben Antar Ben Moussa. Celui-ci conduisit bien sa tribu tant que son père vécut.

A la mort de ce dernier, en 1876, El Hadj Ben Antar changea sa façon de commander. Dur pour ses gens, les pressurant outre mesure, il causa de graves désordres, à la suite desquels on le força à donner sa démission. Il se retira chez les Rezaïna Cheraga et créa de nombreux embarras à l'Autorité locale. Il vit actuellement auprès de l'ex-caïd Sassi oïdd Kaddour Ben Kouider, à Sfid (commune mixte de Saïda).

El Hadj Ben Antar Ben Moussa fut remplacé par Moham- med ould Maamar Ben Chekor, parent de LarbiBenChekor, ex-caïd des Rezaïna Cheraga. Il partit en dissidence avec Sassi ould Kaddour, en i88t. 11 mourut peu après au Maroc, près de Figuig.

A la rentrée de dissidence des Rezaïna (i883), Moham- med Ben Abbou fut nommé caïd des Rezaïna Gheraba et fut destitué à la suite d'un vol de chameaux commis par ses administrés au préjudice d'Amour internés à Saïda.

A partir de cette époque, l'Autorité française renonça à chercher un caïd originaire de la tribu.

192 DOCIMKMS l'Oril SEKN IK A l'iIISIOIKE DES H \MYAN

Mohammed lîoii Alem, ancien maréchal des logis de spahis, ai)|)aitenaiit à une famille des Oulad Daoud, rem- plaça Mohammed Ben Abbou. Il démissionna à la suite d'une affaire de dia qui s'était produite entre les llarrar et les Rezaïna Gheraba et dont il n'avait pas rendu compte.

El Habib Ben Abdelhakem, ancien brigadier de spahis, originaire des Oulad Sidi Khalifa Gheraba, lui succéda, mais mourut huit mois après sa prise de commandement.

Le 20 juin 1898, El Mir Ben El Hadj Naceur, caïd de la tribu des Oulad Sidi Khalifa Gheraba, fut mis à la tète des Rezaïna Gheraba. Très fin et très habile, il est arrivé à s'im- poser et à ramener le calme dans cette tribu qui. jus- qu'alors, avait vécu dans le désordre. Une opposilion 1res vive lui est faite par Si Larbi Ben Si Larbi Ben Chekor, des- cendant de Larbi ould Maamar Ben Chekor, dont nous avons parlé aux Rezaïna Cheraga. Si Larbi Ben Chekor, qui fut longtemps khalifa du caïd El Mir, n'a cessé de chercher à le renverser pour prendre sa place. Il est actuelle- ment (1915) chef de maghzen à Debdou (Maroc Oriental), mais il continue toujours ses intrigues en vue d'arriver au but qu'il s'est proposé.

* * *

Tous les Rezaïna se sont toujours montrés hostiles à notre domination. Ils furent « hommes de poudre » par excel- lence, excellents cavaliers, menteurs et voleurs, aimant l'intrigue et nous détestant cordialen)ent.

Leur séjour dans le cercle de Saida a contribué en partie à leur donner des habitudes de travail qui ont diminué de beaucoup leurs qualités guerrières. C'est ainsi que depuis quelques années un grand nombre d'entre eux ont vendu leurs chevaux pour n'être plus appelés à participer à la formation de goums.

Leurs troupeaux se sont développés et leur bien-être s'est augmenté. Mais ils restent toujours amis du désordre et sont susceptibles de toutes les turpitudes.

Ils sont pour l'Autorité locale une source constante d'en- nuis et l'objet d'une surveillance spéciale.

Capitaine A. -H. NOËL,

Chef de Bureau des Affaires Indigènes.

Les Mosaïques Gliréllennes des Béni-Radied

C'est le général Lapasset, alors Jicutenaiit-coloiiel, qui, le premier, a signalé la présence de <( ruines romaines d'une assez grande impor lance » dans le territoire des Béni-Raclied,sur la rive droite du Chélif, à environ i4 kilo- mètres au Xord d'Oued Fodda i. On en tiouvcia une des- cription d'ensemble, due à la plume de M. Reisser, dans le Bulletin de notre Société de i8g8 2. Les trouvailles heureuses du directeur de lécole indigène des Béni-Ra- ched, M. Gégot, permettent aujourd'hui d'en préciser certains détails, en même temps qu'elles en ont accru l'intérêt.

Vers le milieu du mois de juin igi^, M. Gégot était en train de créer un jardin dans le terrain situé à l'Est de sa maison d'école, quand, à sa vive surprise, il rencontra bientôt sous sa pioche, à moins d'un mètre de la surface du sol, une mosaïque antique. Au lieu de continuer un travail qui eût risqué de la détruire, M. Gégot ajourna ses plantations, et, avec autant de désintéressement que d'in- telligence, s'employa exclusivement, d'abord par ses propres moyens, ensuite à l'aide des modestes subven- tions que l'Inspection des Antiquités put lui obtenir du Gouvernement Général de l'Algérie, à achever de son mieux une fouille qu'il avait commencée sans s'en douter, et dont mon maître M. Paul Monceaux a bien voulu, d'après les notes que je lui avais communiquées, dégager devant l'Académie des Inscriptions et Relies-Lettres les principaux résultats 3.

Les parties subsistantes de la mosaïque '• s'étendent, à partir du mur Est du logement contigu au préau de l'école, sur une longueur Est-Ouest de i4 mètres et sur

1 Rendue Africaine, i, p. 3.^1.

2 Reisser, Bulletin Soc. Géogr. et d'Arch. d'Oran, 1S98, pp. 212, 226, 245.

3 C. R. Ac. Inscr., 1913, pp. 663-666 et 1914, pp. 126 et 126.

4 Toute cette description devrnit être rédigée nu passé, car la mosaïque, enlevée par les soins de l'excellent mosaïste du Musée des Antiquités Algé- riennes, n'est plus en place. Le médaillon de l'abside (PI. IV, fig. 2) a été attribué, par décision de M. le Gouverneur Général, au Musée des Antiquités Algériennes, à Mustapha. Les autres fragments dignes d'être conservés ont été mis à l'abri à l'intérieur de l'école indigène des Béni-Rached.

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VM i.Es MO^Al\tLES C11IŒT1E.\>ES DES BL.M-HACHED

une largeur Nord-Sud de 9'"90. Elles ont grandement souffert et présentent de nombreux trous plus ou moins larges. Néanmoins le plan de l'ensemble et l'agencement de ses dessins se laissent aisément reconnaître : sur le pourtour, plusieurs compartiments à décoration géomé- trique (cercles, rinceaux) se détachant en noir sur fond blanc, avec des traces de vert ou de rouge ; au centre, un rectangle, dont la longueur, du Nord au Sud, est de 3'"9o, tandis que la largeur, à cause des lacunes, ne peut en être exactement calculée. Au milieu de ce rectangle s'inscrit une couronne de laurier : le feuillage qui la tresse a o"'25 de long ; son diamètre intérieur est de i™2 2 ; et le centre du cercle qu'elle forme est placé à i i^go à l'Est de la maison d'école. L'intervalle entie le périmètre du rec- tangle et le bord supérieur de la couronne est rempli de pampres et de grappes. La composition est d'un effet agréable : sur un fond blanc ressortent harmonieusement, d'une part, les branches de laurier se mêlent les verts, les jaunes, les rouges ; d'autre part, les vignes avec leurs feuilles en noir, que des tiges vertes relient par de souples inflexions aux raisins rouges soulignés de noir. Dans la couronne est disposée une inscription, malheureusement incomplète en haut, comme toute cette partie de la mosaï- que. Il manque deux lignes, d'ailleurs très courtes, soit quatorze à seize lettres. Au-dessous de la lacune, se succè- dent six lignes parfaitement conservées. Les lignes 3 et 4 de l'inscription, c'est-à-dire les deux piemières lignes conservées, sont en cubes noirs, comme les deux der- nières ; les lignes 5 et 6 sont en cubes rouges. Les lettres sont hautes d'environ o™i4. (PL IV, iig. 1-2.)

La lecture du document paraît certaine. En voici la transcription :

Cun clero tuo floreas. LH hoc fieret Deus iussit, Flonis et Matrona cun. omnes filios suos votu(m) reddide- runt.

L'achèvement de la fouille révéla bientôt, beaucoup plus près du logement de l'instituteur, une autre inscrip-

LES MOSAÏQUES CURE riE.NNES DES BÉ.M-RACUEU H'5

tiun plus coiutr, mais st-iiiblable. Los feuilles de laurier, polychromes, qui leiicadrenl, mesurent jusqu'à o"35 de lariic, mais le cercle ([u'elles forment n'a, iritérieureiufiit, que o°'70 de diamèlre. Les lettres qui s'y détachent en noir sur fond blanc nOnl ([ue i i centimètres de hani, sauf à la premicie lionr oi'i elles atteignent n"'!>o. On ht :

Pax (a)ec\c]lesiae \ caloUc[a]e se lupcr.

De louti' évidence, les deux textes se rapportent au même édifice : une église. Le premier en constitue la dédi- cace : Florus et Matrona, avec leurs enfants, l'ont élevée, conformément à la volonté divine : ut hoc jiercl IJcns iussit, en exécution d'un vœu : vota(ni) reddidenint. Le deuxième est ime acclamation à la gloire du culte au(jucl l'église était consacrée : le donatjsme hérétic|ue en était banni. Elle rayonnait de l'éternelle véiité que revendique le catholicisme orthodoxe : (a)ec\c]lesiae ca-^[h]olic[a]e sctnpev.

11 est à noter que les centres des médaillons qui enfer- ment les deux textes ne sont pas sur la même ligne : celui de l'acclamation est placé à 9 mètres à l'Ouest et i^So au Sud du centre de la dédicace. Ils ne sont pas non plus orientés de la même façon. Pour lire la dédicace, il faut regarder vers l'Est. Au contraire, l'acclamation est tournée vers le Nord, dans une direction exactement perpendiculaire à la précédente. Ces deux remarques, unies aux constatations opérées par M. Gégot dans la suite de ses fouilles, vont nous permettre de reconstituer le plan primitif de l'église.

On sait, en effet, que suivant une règle à laquelle les fouilles pratiquées en terre africaine n'ont pas encore opposé d'exception véritable, <( le grand axe des églises primitives était dirigé de l'Ouest à l'Est, la façade étant exposée au couchant et la partie réservée au clergé au levant ». Or, le cadre de la dédicace est le dernier vestige de l'église dont on ait, vers l'Est, constaté la présence cer- taine. Un peu plus loin, M. Gégot a bien dégagé des traces de maçonnerie ; mais elles se réfèrent à un quadrilatère, séparé de l'église par une véritable solution de continuité, fermé de son côté par un mur plein, et forcément extérieur à elle. L'église elle-même, que les débris de mosaïque prolongent vers l'Ouest jusqu'au pied de lamaisond'école, ne dépassait donc guère, sur la face opposée, l'inscription de Florus et Matrona. Celle-ci, par conséquent, devait

196 LES MOSVÏOUES CHRETIENNES DES BEM-R ACHED

appartenir à l'abside, et s'offrir directement aux regards des prêtres appelés à y pénétrer, de telle sorte que l'axe de la couronne de lauiier s'inscrivait la dédicace coïn- cidait avec l'axe même de l'abside et le grand axe de l'église tout entière.

Or, à 8 mètres au Nord du cenUe de la dédicace, M. Gégot a remis au jour les gros blocs presque bruis du mur qui le fermaient de cecôté. Pareillement, à 8 mètres au Sud, il a relevé des traces qui ne laissent aucun doute sur l'existence d'un mur parallèle. D'oii il résulte à l'évidence que l'église des Béni-Rached mesurant i6 m. de largeur entre ces murs Nord et Sud, devait, pour répondre aux proportions habituelles des basiliques chrétiennes d'Afri- que, telles qu'elles ressortent non seulement de l'examen des constructions subsistantes i, mais de la description con- temporaine de saint Augustin 2, s'étendre d'Ouest en Est sur une longueur d'au moins un tiers plus grande. Dans ces conditions, pour la suivre jusqu'à son entrée princi- pale, il eût fallu éventrer les bàtimenls et le préau de la maison d'école. Du moins pouvons-nous, de l'acclamation tournée vers le mur Sud, déduire l'existence d'une entrée secondaire à laquelle son texte faisait également face. Avec juste raison, M. Gégot s'est demandé si, tournant le dos à cette inscription en l'honneur de l'église catholique, il n'y avait pas eu, à une distance du mur Nord égale à celle qui la sépare elle-même du mur Sud, une inscription semblable. Mais ses recherches sur ce point ont amené un résultat négatif ; et elles n'ont rendu à la lumière, sur l'emplacement symétrique de celui de l'acclamation pré- citée, que la continuation du décor géométrique dont les deux médaillons sont encadrés. Il est, par suite, tout à fait probable que l'église des Béni-Rached, s'écartant du type le plus répandu des anciennes basiliques africaines ^, n'avait qu'une seule porte latérale : au Midi.

Au surplus, si des doutes subsistent sur l'agencement de ses différentes parties, on peut se prononcer, avec de grandes vraisemblances, sur la date et sur le caractère de sa construction.

De ses fondations à sa parure, elle s'affirme comme le

1 Cf. GsELL, Monuments Antiques de VAlçjérie, n, pp. 120-121.

2 AuG., Quaestiones in Heptateuchum, u, 177, b : « Oblonr/am habeal quadraturum, lateribus longioribus, brevioribus pontihus sicut pleraeque basilicae constiluentur ».

3 Cf. GsELL, ibid., p. i33 ; cf. pp. i5g et ifii.

LES MOSAÏQUES CHRETIENNES DES BÉM-RACIIED 107

produit du sol sur lequel elle s'érigea. Ses murs extérieurs furent bâtis avec une pierre de calcaire blanc qui provient, à n'en pas douler, de carrières situées tout près de là, à l'Ouest de la fraction Oulad-Yousef i. Tous les cubes de mosaïque (jue j'ai soumis à l'examen de mon savant collè- gue de la Faculté des Sciences, M. Flamand, sont pareille- ment extraits des terrains environnants : les cubes noirs sortent des strates liasiques du Temoulga,les cubes jaunes portent l'emijreinle des fossiles miocènes de l'Oued-el- Arbi ; les cubes blancs, celle des mélobésies qui caractéri- sent les terrains miocènes de l'Oued-ben-Arbeia, tandis que les cubes rouges appartiennent à l'étage inférieur des grès tertiaires des Ouled Ali. Considéré isolément, le fait que les matériaux du gros œuvre ont été employés ils ont été pris, serait, en lui-même, dénué de toute sigm- fication. Rapproché de la révélation, due à la science géo- logique, que le mosaïste, au lieu d'apporter de très loin un tableau tout fait, l'a constitué sur place avec les pierres du pays, comporte la preuve péreniptoire que, pour élever leur basilique, les premiers chrétiens des Béni-Rached n'ont fait appel qu'à eux-mêmes et à leurs propres ressources.

Il s'en faut de beaucoup, pourtant, qu'elle ait gardé un caractère étroitement local. Bien au contraire, l'une des restitutions auxquelles on peut penser pour le début de sa dédicace en fait clairement une église épiscopale. On ne peut, en effet, rapporter le souhait contenu dans le sub- jonctif floreas qu'à deux sujets : ou bien à l'église elle- même, avec le clergé qu'elle renferme : [ecc/esia] cu[m] clero tuo floreas ; ou bien au chef de l'église avec le clergé qu'il dirige, c'est-à-dire à l'évêque : [. . . .episcope,] cu[m] clero tuo floreas. Dans le premier cas, on doit combler la lacune avec le mot ecclesia ou les mots sancta ecclesia, et c'est le complément qu'a indiqué l'éminent architecte en chef du service des ^lonuments Historiques dans la courte notice qu'adoptant pour le surplus toutes mes lectures, il a consacrée à la découverte de M. Gégot 2. Dans le deuxième cas, il faut supposer que la dédicace commençait par le vocatif du nom de l'évêque qui commandait alors au clergé groupé autour de lui. C'est l'hypothèse que j'ai envisagée tout d'abord et à laquelle j'ai eu la satisfaction de voir se

I Constatation de M. Gégot.

r> A. Ballu, Rapport officiel, etc., extrait du Journal Officiel du 20 jan- vier if|i'i. P- 16 du tirage à paiî. « Sois florissante, l'église, avec ton clergé. »

198 LES MOSAÏQUES CIIRÉTïENNES DES BÉM-RACHED

rallier un juge aussi compétent que M. Paul Monceaux. En effet, le possessif (( ton » se comprend mal, appliqué à l'église qui n'abrite pas que son clergé mais rassemble tous les fidèles. D'autre part, le verbe Jloiere se comprend encore moins, appliqué aux pierres inanimées de l'église maté- rielle : dans r(>xpression flore[af doimis] de l'épigraphe chrétienne d'Henchir-Guesseiia, dotniis n'est pas une mai- son faite de moellons et de jnoilier, tuais une famille, une personnecollective'. Parcontre, une invocation qui associe à l'évêque, qui présida la cérémonie de la dédicace, le cortège de tout son clergé est tout à fait à sa place dans l'abside, en avant du banc demi-circulaire ori s'asseyait d'ordinaire l'évêque au milieu de ses clercs 2. Elle y faisait image, et, l'abside une fois déserte, y dressait à leur place le souvenir de ceux à qui elle était réservée.

Reste à savoir la date à laquelle la fondation de notre église ferait remonter, au moins, l'existence de cet évêché.

Les églises les plus rapprochées des Béni-Rached datent du IV* siècle. Vers l'Est, à El Kherba, 011 subsistent les ruines de rancicnne Tigava, le martyr local Tipasius a été supplicié le 1 1 janvier 298 3. En outre, nous savons qu'une église baptistéiiale, inséparable de la présence d'un évèque, y fut détruite en 870 ap. J.-C, lors de la révolte de Firmus'i et l'un au moins des fragments antiques qu'on y a retrou- vés porte le monogramme constantinien 5. Pareillement, vers l'Ouest, à Orléansville, emplacement moderne du Castellum Tingitanum, la basilique probablement élevée par l'évêque Marinus, Marinus Sacerdos^, restaurée à coup sûr par l'évêque Reparatus 7, appartient au premier quart du iv^ siècle ; elle est sûrement datée par une inscription de l'année 285 de la province de Maurétanie césarienne, soit de 82/1 ap. J.-C.^. 1 priori la fondation de Béni-Rached devrait être rajîportée à la même époque que ces fondations voisines, et ce n'est sans doute pas un pur hasard si, par le fini et l'excellence de ses mosaïques, par le choix des motifs, pampres et lauriers, (pii accompagnent les épigraphes qu'elles comportent, enfin par celle de ses dimensions que

I C. /. L., VIII, 2.335 : Favente deo Gadiniana fl,ore[at domus].

1 Cf. MoKCE.vux, C. l\. Ac. Inscr., igiS, p. 665.

3 P. Monceaux, Hisioire littéraire de VAjriquc chrétienne, m, p. 137.

4 Mesnage, Afrique chrétienne, p. A57.

5 C. /. L., VIII, 21.497.

6 C. /. L., VIII, 9. 711.

7 C. I. L., VIII, 9.709.

8 C. l. L., VIII, 9.708.

LES MOSAÏQUliS CIIRIÎ J1L:>>ES DES BEM-UACIIKD

199

nous avons [)u évaluer avec exaeliliide ', réalise des Béiii- Hached rappelle jusqu'à coiui)]èle coïncidence la vieille basilique chrétienne d'Orléansvilie 2.

Quant aux. indices tirés des textes, la plupart n'ont, i)ar eux-mêmes, aucune \aleur décisive. 11 n'y en a qu'un dont on [)uisse déduire quelques présomptions : elles sont en faveur de l'hypothèse piécédemment envisagée.

Les donatems, Florus et Matrona, sont, natmellement, des inconnus ; leurs noms apparaissent fréquenunent dans l'onomaslique chrétienne de l'Afrique du Nord ; mais l'usage ne semble pas s'en être répandu en un siècle plutôt que dans un autre 3. En outre, le fait que des parents s'associent leurs enfants dans l'accomplissement de leur vœu, est, à toutes les périodes, d'une banalité qui lui enlève toute signification^. Les incorrections dont leur rédaction est émaillée n'ont pas d'âge non plus : le barbarisme c.un pour cum figure déjà dans des épigraphes i3aïennes 5, et, dès le règne de Septime Sévère, l'accusatif se substitue solennellement à l'ablatif en violation des règles les plus élémentaires de la syntaxe latine 6. Pareillement, l'emploi de la formule votu(m) j'eddiderunt s'échelonne sur plu- sieurs siècles consécutifs, depuis l'inscription de Tipasa, datée de p.38 ap. J.-C. 7 jusqu'à celle d'Henchir Akhrib, datée de 543 ap. J.-C. s. Enfin, les épis qui accostent la deuxième ligne de la dédicace sont un ornement commun aux documents païens 9 et aux inscriptions chrétiennes de toutes les époques 1°.

1 La largeur de l'église des Béai-Rached est de i6 mètres. Les dimeusione de l'église d'Orléansvilie sont de 26x16 mètres (Mesnage, op. cit., p. 464).

2 L'église de Duperré (Oiipidum Novum) doit pareillement remonter au début du iv' siècle (Gsell, B. A. C, 1897, p. 673).

3 Les inscriptions chrétiennes aux noms de Florus et Matrona (voir au C. I. L., vni, l'index cognomitmm) ne se laissent pas dater avec précision.

4 Voir en dernier lieu Guemn, Arch. Miss., p. loi : Maximinus cum suis et p. 11)3, Sabitli^wus ima cum coniuge et filis.

5 Cf. C. I. L., vni, 2.977 et 7.166.

6 C. I. L., vni, 2.557 ; cf. ibid., i32, 4.55t, 8.024, etc.

7 C. /. L., vni, g. 289.

8 GsELL, Bull. Com., 1902, ccxvi. Entre ces deux dates extrêmes, la formule volum reddera apparaît, au ksar Bellezma, à côté du monogramme constantinien (C. /. L., vm, 18.621), à Mechera Sfa et Sidi Ferruch, sur des inscriptiions respectivement datées de 4o8 et 45o ap. J.-C. (C /. L., vni, 9.271 et 2i.55i).

0 C. /. L., ^iH, 21.017.

10 On les trouve sur des monuments du iv^ siècle à Renault ((7. /. L., vni, 21.517), .\mm.i-\Ioiiça (2i.53i), Tipasa (20.907, 20.90S), à Timgad (Jér. Car-

"iUU LE!> MOSVÏol.KS CHRÉT1E^^ES DES BÉ.M-RACHED

Parcoiitie, l'acclamation pax (a)ec[c]lesiae cat[h]olic[a]e seinper esl iiisliuclive et nous ramène à notre point de départ.

Ainsi que l'a vu M. Paul Monceaux, le mot pax dans le langage catholique signifie unitas ', il est jeté au dona- lisme vaincu coujme un cri de triomphe. Il évoque forcé- ment l'une des périodes où, fort de l'appui séculier, le catholicisme orthodoxe l'emporta sans conteste sur l'héré- sie africaine et put la j)roscrire expressément en vertu des (( édits d'union ». Rntre ceux rendus par Ilonorius en /uo et cchii que signa Constantin à la lin de 3i6 ou au com- mencement de 317, il est ici, faute de renseignements positifs, permis d'hésiter. Je crois cependant la basilique de Béni-Rached beaucoup plus proche de celui-ci (pie de ceux-là. C'est qu'en effet l'acclamation qu'on y lisait se retrouve, sous une forme légèrement différente, mais avec un sens identique dans les églises les plus voisines, à Kherba (ancienne Tigava) : hic pox Christi aelerna inore- tur ■' ; à Orléansville (Castelhnn Tingitanum) : Sancta ccclesia '^ ; Semper pax ^. Or, si la date de l'inscription de de Tigava, nécessairement incluse dans les limites du iv^ siècle, prête pour le surplus aux conjectures ■^, celles d'Orléansville remonlent, comme l'église elle-même, à SaA 6. La conclusion la plus simple— et la plus logique consiste évidemment à rapprocher ces trois églises dans le temps comme elles sont rapprochées dans l'espace. A Béni-Rached, comme à Kherba, comme à Orléansville, elles jaillirent comme autant de créations simultanées de la foi à laquelle la protection de Constantin venait d'in- suffler une vigueur nouvelle.

M. Gégot a, d'ailleurs, fait, à la surface des mosaïques de Béni-Rached, une petite découverte de détail qui con- firme notre interprétation : c'est celle d'un moyen bronze

copI^o, Revue Afr., La lable de patronat de Timgad, igiS, pp. 4 et 10 du tirage à pari). Par contre, elle appartient au v' siècle sur un document à Lamoricière (C. /. L.. vm, 21.77/i).

I Monceaux, Histoire littéraire de l'Afrique rlirétienne, iv, pp. 449-^5i.

■' C. /. L., vni, 2i.'|f)S.

3 C. /. L., vui, 9.710.

/( C. I. L., vni, 9.712.

5 I.n date la plus basse qui ait été proposée pour cela est encore assez haute, puisque « de peu postérieure à la révolte de Firmus » (Monceaux, op. cit., IV, p. 45o). Ce qu'il y a de certain, c'est que l'inscription encadre un monogramme constantinien.

'6 Cf. supra.

LES MOSAÏQUES CHRÉTIENNES DES BENI-RACHED 201

très effacé j'ai recoiiiui, au droit, l'eiligie de Constan- tin, et au revers la représentation du soleil personnifié, debout, un globe dans la main.

I.es lettres subsistantes m'ont permis de restituer les légendes aux trois quarts effacées : au droit, Inip(erator) Constanfiiius P(ins) F(elix) Au(j(ustus) ; au revers, SoU invicto coiniti. Les sigles qui auraient pu révéler l'atelier monétaire ont disparu. Mais celte lacune reste sans impor- tance, i)uisque dans tous les ateliers de l'empire la frappe des monnaies « solaires » fut arrêtée à la chute de Lici- nius (323 ap. J.-C.) i, et l'on peut affirmer, en toute certi- tude, que le petit bronze de Béni-Rached est antérieur à cette date. Evidemment, la monnaie a pu demeurer en usage nombre d'années après sa mise en circulation. Il n'en est pas moins vrai que sa présence au-dessus du niveau de l'église nous interdit de faire descendre la cons- truction de cette dernière plus bas que le iv"" siècle, et que le rapprochement est tentant qui confronte la date extrême des possibilités d'émission d'un pareil type monétaire (323 ap. J.-C.) avec celle de la construction de la basilique d'Orléansville (324 ap. J.-C).

Du reste, et quoiqu'il en soit des résultats chronologi- ques auxquels il me paraît conduire, le petit bronze des Béni-Rached tire du lieu de sa découverte un véritable intérêt. Il prouve que les chrétiens du lieu, si nettement hostiles aux schismatiques de leurs croyances, n'éprou- vaient aucun embarras à manier dans leur église des mon- naies païennes, soit qu'il ait été de l'essence de leur reli- gion de préférer l'infidèle à l'hérétique, soit que la dis- tinction de Dieu et de César, alTirmée dans l'Evangile, ait conservé toute sa force parmi eux, soit enfin que des néces- sités quotidiennes de la vie se fût déjà dégagé un esprit d'accommodement et de tolérance, analogue à celui qui maintient, sur le même emplacement, l'harmonie la plus profonde et une union quasi fraternelle entre l'école laïque de l'instituteur français et le bordj voisin du caïd des Béni-Rached.

I Cc.MONT, V. Sol, flans le Dictionnaire des AnliquHés de Pottier et Saclio, fasc. /i4, p. I.3S5.

16

202 LES MOSAÏQUES CHRÉTIENNES DES BENI-RACHED

Ce travail était terminé quand M. Gégot nous informe qu'après l'enlèvement de la mosaïque, en continuant les déblaiements, il a découvert l'inscription suivante :

JÉRÔME CARC0P1N(3,

Inspecteur-Adjoint des Antiquités de l'Algérie.

OBSERVATIONS MKTKOHOLOGIOLES

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BIBLIOGRAPHIE

(()uv rages offerts à lu Société)

RAPPORT GÊSËRAL SIR LA SITUATION DU PROTECTORAT DU MAROC AU 31 JUILLET 191'i, dressé par les Services de la Résidence Générale, sous la direction de M. le Général LYAUTEY , Commissaire Résident Général de la République Française au Maroc, i vol. in-S" de xxvii, 5o2 p. et So 'de slalistiques, 3 cartes, Rrsiticnce Générale de la Répiihliqne Française, Rabat.

M. le (îénéral Lyaiitey vieni de faire publier une mise au point de la situation du Protectorat français au Maroc, travail qui embrasse la période comprise entre le début de notre occu- pation effective (mars 191 2) et le i*'" août 1914.

Le livre n'étant pas dans le commerce, nous avons cru utile d'en analyser, aA'ec quelques détails, au moins la préface.

L'impression du rapport était déjà commencée lorsque la guerre de France éclata ; les événements en retardèrent forcé- ment la publication.

Ce retard a permis au général Lyaule\ . en dalaul sa préface du iG janvier 1916, de résumer les événements qui se sont déroulés au Maroc de 19T3 à 191 6.

Le rapport débute en effet par une préface de M. le Résident Général qui résume, en quelques pages, les diverses phases de l'occupation effective et les résultats obtenus de 1912 à jan- vier 191 6 par l'œuvre de pacification. Le Général rappelle d'abord les risques que sembla courir notre occupation lors de la déclaration de guerre ; il passe, trop modeste, sur le rôle qu'il joua à ce moment en demandant au Gouvernement fran- çais de lui faire confiance, l'assurant qu'il se maintiendrait à l'intérieur du pays malgré les prélèvements faits sur l'armée d'occupalion.

Non seulement les limites acquises a^^ 2 août 191 4 ont été maintenues intactes, mais encore, depuis un an, elles ont été avantageusement déplacées. La jonction effective du Maroc occidental avec l'Algérie par le Maroc oriental est aujourd'hui un fait acquis. Si la vallée de l'innaouen n'est pas encore très sûre, elle sera bientôt complètement pacifiée par le rail.

Après une revue rapide des faits les plus saillants de l'occu- pation militaire, le Général résume ce qui a été fait au point de vue de l'organisation.

Il pose d'abord le principe de la politique suivie à l'égard des indigènes. C'est la i)arlie la plus intéressante de la préface, car elle touche à une (juestion peu connue du grand public. Ne pouvant reproduire en entier le chapitre qui traite des relations politiques de la France avec le Maghzen, nous nous bornerons à citer le passage principal :

<( Le Maroc est un Protectorat. Mais ce mol, qui contient

bihlio(;hai'iiik 205

(( poiirlaiil une (.looliiue coloniale grande et sini[jle, est regardé « le ()liis souvent comme une éliqueUe et non comme une (( \«''rilé : on \ voil, sinon un mensonge, du moins une l'ornnile (( lli»''ori((ue, luic formule de transilion destinée à disparaître « après les modalités successives. C'est le résultat de la plu- ie part de nos expériences coloniales. Et ce sentiment est telle- (( ment fort, qu'au Maroc comme ailleurs, avant la guerre, on (( résistait avec peine, et déjà prestpie sans conviction, à cette (( poussée, que heaucoup cioient jtiiale, vers le gouvernement « direct, vers l'annexion précédant l'annexion légale. La a guerre nous a fait une nécessité polilique absolue de « changer de voie ; et celte expérience nouvelle, commencée (( dans un sentiment de prudence, a pleinement réussi. Le « Protectorat apparaît ainsi, non pas comme une formule théo- « riipie et de transition, non pas même comme une formule, « mais comme une réalité dural)le : la pénétration économique « et morale d'un peuple, non par l'asservissement à notre « force ou même à nos libertés, mais par une association « étroite, dans latiuelle nous l'administrerons dans la paix par « ses propres organes de gouvernement, suivant ses coutinnes « et ses libertés à lui. C'est dans ce sens que s'est orientée fran- (( chemcnt, définitivement notre politique. »

L'application de ce ()rincipe politique entraîne forcément des modifications importantes dans l'organisme administratif ; les directives nouvelles mises en pratique sont exposées dans le passage suivant :

(( Partout, dans les provinces, on s'est efforcé de donner aux « indigènes, non pas un pouvoir de façade, mais une part « effective dans l'administration et une véritable autorité par <( la garantie de leurs coutumes et de leurs libertés.... Le medj- « less de Fez doit nous servir de modèle. Dans cette assemblée, « en effet, les indigènes sont entre eux ; les décisions qu'ils « prennent, les avis qu'ils émettent, après discussion, repré- (( sentent vraiment leur opinion, et ils savent qu'il est impos- ée sible de n'en pas tenir compte. Dans les assemblées muni- « cipales des autres villes, les indigènes, noyés au milieu des (( Européens, incapables de suivre la discussion qui se poursuit (( en français et dont on leur donne de loin un résumé hâtif, « ont le sentiment d'être des figurants, et ils votent d'autant (( plus volontiers avec la majorité que leur vote ne signifie rien u pour eux. La formule à laquelle il faut tendre est celle d'as- « semblées distinctes pour les Européens et pour les indigènes « (ou peut-être de sections distinctes, siégeant séparément, « dans vme même assemblée). Cette formule seule, à l'heure « actuelle, peut nous assurer une représentation sincère des « indigènes et une indépendance complète de leurs avis. »

Nous n'avons pas à rechercher les motifs d'ordre politiqvie qui ont fait adopter cette ligne de conduite. Le patriotisme du

206 BIBLIOGRAPHIE

gt'uéral Lyauley esl trop éclairé pour que nous suspcriions un seul instant qu'il fait fausse roule. ÎNous ne voulons voir dans ce changement d'orientation qu'ime récompense au loyalisme que nous a ténioigiié le Alaglizen pendant la guerre, un hom- mage de la France reconnaissante à ceux (jui, sur les champs de hataille ont, avec elle, scelle de leur sang un pacte tl'union indissoluble.

Mais cette politirjue ne vaudia que par ceux qui seront char- gés de la diriger (juand le Général ne sera plus là. Elle peut aboutir à lunisifier le Maroc, à trop séparer ses intérêts de ceux de l'Algérie.

Aussi, quelle que soit la politique suivie, nous ne cesserons de répéter qu'il faut viser à unifier notre Afrique du Nord tant au point de vue des intérêts moraux qu'à celui des intérêts écono- miques, et en faire la base la plus solide de la puissance de la France en Afrique et dans la Méditerranée.

Et le Général, toujours prévoyant, nous montre qu'il entend assurer l'avenir par l'influence de l'école et par le développe- ment de l'action économique, non seulement avec la France, mais aussi avec l'Algérie.

Au sujet de l'enseignement, il expose tout un plan d'organi- sation, création de nouvelles et nombreuses écoles françaises, franco-indigènes et indigènes. Ce plan a déjà reçu un large commencement d'exécution. Puisse, dans cette organisation, l'enseignement du français prendre le pas sur celui de !a lan- gue berbère. L'école indigène doit tendre avant tout à faire des artisans, des collaborateurs de l'activité agricole, commer- ciale et industrielle et, dans la mesure la plus restreinte, des fonctionnaires. La pratique de la langue française facilitera la tâche à accomplir. II est permis de soutenir que nous assimi- lerons plus rapidement les indigènes en les initiant à notre langue qu'en apprenant avec beaucoup (Je difficulté la leur.

iMais pour que l'enseignement puisse remplir sa noble mis- sion, pour qu'il obtienne des résultats tangibles, il ne faut pas lésiner sur les crédits, il faut faire les sacrifices nécessaires pour que l'instituteur népuise pas en vain ses forces dans des classes de ho à 80 élèves.

Quant à l'action économique, le Général en montre toute l'étendue bienfaisante, i^ésume les résultats obtenus et not.e surtout les progrès rapides que vient de faire l'outillage du Maroc en ports, routes, chemins de fer, travaux urbains, amé- liorations dont la guerre a imposé « pour des nécessités poli- tiques de tout ordre, l'exécution rapide, urgente ».

Cet empiétement sur le programme futur a obligé le Maroc à emprunter ; mais cette avance de fonds, quelque peu gênante pour le moment, sera compensée par une rentrée anticipée des bénéfices à recueillir.

Ensuite, le Général s'arrête sur le problème de la colonisation

BIRI.lOGRVPiriE 207

agricole dont le développement doit être le but suprême de l'œuvre de pacification entreprise au .Maroc.

Les difficultés rencontrées par les premiers colons paraissent aujourd'hui surmontées ou tout au moins bien atténuées. Et à ce sujet, les lignes suivantes rassureront certainement ceux qu'attire le Maroc.

(( Une des plus grosses entraves apportées au développement « agricole du pays était la complexité, l'embarras, l'insécurité « du régime foncier. Elle est levée aujourd'hui. Le régime de « de l'immatriculation des terres fonctionne, en fait, depuis « le mois de mai dernier (191 5).... »

Les divers services devant favoriser et aider le développe- ment agricole sont créés et seront d'autant plus utiles que le Maroc profitera de l'expérience acquise en Algérie.

Le Général termine sa préface par une brève conclusion :

« Tels sont, d'une manière très rapide et très générale, les « idées et les faits actuels qu'il faut connaître, avant de lire un « rapport qui a déjà 18 mois de date. Dix-huit mois représen- c tent déjà, pour une colonie en crise de croissance, une période « de développement. Dix-huit mois de guerre représentent « beaucoup plus encore pour le Maroc : un développement et (i une avance, une évolution et une anticipation. Il était impos- c( sible que le lecteur l'ignorât. »

Le rapport qui fait suite à la préface comprend ^92 pages de texte et 80 pages de statistiques. Le cadre de cette notice ne nous permet pas d'en présenter un aperçu même très résumé.

Que ceu.x qui s'intéressent à l'avenir de- notre Protectorat lisent ce livre, ils se rendront compte une fois de plus de la grandeur de l'œuvre que la France a accomplie au Maroc ; ils mesureront les étapes rapidement parcourues, les progrès réalisés.

Admirant les résultats, leur pensée se reportera vers le général Lyautey, vers ce grand colonial dont le génie organisateur aura assuré l'avenir de l'une des plus belles colonies françaises.

Ils n'oublieront pas toutefois de confondre dans le même sentiment de reconnaissance les collaborateurs immédiats du commandant en chef, dignes émules de leur maître, les troupes d'Afrique qui firent la conquête et qui encore, avec les vieux territoriaux de France, en conservent les fruits, et cet admirable corps d'officiers du Service des Renseignements qui assure la lâche écrasante de l'organisation.

Certes l'œuvre est loin d'être menée à bonne fin ; mais lors- que rentrera, couverte de lauriers et rayonnante de gloire, l'héroïque Division Marocaine, la clé de voûte de l'édifice ne tardera pas à être posée.

F. DOUMERGUE.

PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS

de la « Société de Géographie et d'Archéologie d'Oraii »

RËUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

Séance du 3 Avhil 1916

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumebgue, Pock, Tournier, DA^GLEs, DÉCHAUD, DupuY, Abbé Fabre, Kriéger, Lemoisson, Pellet, Pérez, Flaiiault.

Absents excusés : MM. Général BaschUjNg, Bérenger, Aram- BOURG, HuoT, DE Pachtere, Roux-Freissineng, lïiobilisés ; René-Leclerc.

Absents : MM. Lamur, Pointet, D'' Sandras.

Le Président rappelle que la Société vient d'être frappée d'un nouveau deuil en la personne de Mesrine, avoué à Oran. Le Comité s'associe aux regrets exprimés par le Président et aux sentiments de condoléance dont il s'est fait l'interprète auprès de la famille de notre regretté confrère.

Le Président rappelle ensuite la mort glorieuse du général Largeau, l'un des plus brillants parmi nos officiers de l'armée d'Afrique, le pacificateur et l'organisateur de la région du Tchad. Le général a été frappé glorieusement parmi les défen- seurs de Verdun. Sa mort sera douloureusement ressentie par tous ceux qui s'intéressent au progrès et à l'avenir de l'Afrique française.

Des félicitations, auxquelles s'associent les membres du Comité, sont adressées par le Président à M. l'Abbé Fabbk, récemment promu à la dignité de chanoine.

Est admis comme membi'e titulaire : M. Cambboi% présenté à la dernière séance du Comité.

Est proposé comme membre titulaire : M. René Barber, Aice- consul d'Angleterre à Oran, présenté par MM. Dupuy et Sabôurct.

La Société Royale de Géographie de Madrid nous a fait con- naître qu'elle allait célébrer les 26 et 27 mars le lio^ anniver- saire de sa fondation. Elle convie notre Société aux solennités qui auront lieu à cette occasion. Par suite des retards des cour-

PROCÈS-VERBAUX DES [NIONS DE LA SOCIÉTÉ 209

ri^rs, cette invitation nous est [)arvenue la veille des fêtes. Il en eût été aiitroineiil que, dans le? circonstances actuelles, nous ne pouvions répondre à cette invitation. Nos regrets seront exprimés à la Société madrilène, à laquelle sont adressés les félicitations cl le salut cordial de notre Société.

M. Louis Giraud a offert à la Bibliothèque de la Société la 21^ année du BiiUedn Astronomique de France. Des remercie- ments lui sont votés.

L'ordre du jour étant é[)uisé, la séance esl levée à G h. 1/2.

Pour le Secrétaire gênerai, Le Président,

Si^né : FLAHAULT. Si£?né : DOUMERGUE.

RPX-MON MENSUELLE DU COMIÏË ADMINISTRATIF

Séance du t^'' Mai 191 G

Présidence de M. Doumergie, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Dolmergue, Pock, Tournjer, DupuY, Abbé Fabke, Kriéger, Pérez, Flahault.

Absents excusés : MM. Général Baschung, Bérenger, Aram- bourg, IIuot, Lemoisson, de Pacutere, Roux-Freissineng, mobilisés ; Dangles, Pellet. René-Leclerc.

Absents : MM. Déchaud, Lamur, Pontet, D"" Sandras.

Avant d'aborder l'ordre du jour, le Président rappelle la perte cruelle que vient d'éprouver la Société par le décès de M. le docteur Duzan, maire de Saint-Leu, et l'un de nos plus anciens confrères. Le Comité s'associe aux sentiments de con- doléance exprimés par le Président.

Des félicitations sont adressées à M. le général Henrys, com- mandant les territoires du Nord du Maroc, promu grand officier de la Légion d'honneur. C'est la juste récompense des services signalés que le général a rendus au Maroc dans la période la plus critique, au moment de la déclaration de guerre.

Notre dévoué Secrétaire général, le commandant Bérenger, vient d'être cité à l'Ordre de l'Armée d'Orient et décoré de la Croix de guerre avec palme. Le Comité est heureux d'appren- dre celte bonne nouvelle et prie le Président de transmettre au commandant les félicitations et le souvenir affectueux de tous ses collègues.

210 PROCÈS-VERBAUX DES RÉLMONS DE LA SOCIETE

KsI admis comme membre litulaiic : M. Baubeu, présenté dans la dernière séance.

Le Président fait coni'.aîlre (jiie M. Fouque rnainlienl ses condilions pour l'impression du Bulletin de la Société ; elles se traduisent par lélévation prochaine à 33% de l'augmentation fixée précédemment à ao %. Le taux de 33 % sera arrêté pour une série de fascicules dont M. Fouqjie charge son fondé de pouvoirs de nous fixer le nombre, en se basant sur l'approvi- sionnement du pa[)ier en magasin el destiné à notre publication, La leHre, datée du '\ avril, n'a pas encore été suivie de la note comi)lémentaire.

II est donné lecture d'une note de M. Pellet sur les fouilles de Mina que l'auteur n'a pu venir nous soumettre lui-même. Celte question sera reprise lors de la prochaine séance.

La Société a reçu pour sa Bibliothèque :

De M. le Gouverneur Général de rAfricjue Occidentale fran- çaise : Le Rapport annuel sur l'état de la Colonie pendant Vannée 1913. Comme les années précédentes, ce travail est du plus haut intérêt et marque les nouveaux progrès accomplis dans l'Afrique Occidentale.

Il a été acquis par voie d'achat le 2" Cahier d'Archéologie Tunisienne ; cette acquisition complète heureusement cette publication, dont le l^'', le 2^ et le ^^ Cahiers avaient été adressés à la Société par la Direction générale de l'Enseignement en Tunisie.

Le Comité arrête la composition du Bulletin du semestre.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. 45.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAULÏ. Signé : DOUMEBGUE.

BÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF Séance du 5 Jui.\ iqi6

Présidence de M. Doi merci e, président

La séance est ouverte à 5 heures el demie.

Sont présents au Comité : MM. Doi meugle, Pock. Tourmer, Arami'.olrg, Khiéger, Lemoisso.N, Pellet, Pérez, Flauault.

Absents excusés : MM. Général Bascuung, Bérenger, Huot, DE Pachtere, Roux-Freissixeng, mobilisés; Dangles, DÉrnAUD, Dlt>ly, René-Leclerc.

PROCÈS-VERBAUX DES RELMONS DE LA SOCIÉTÉ 211

Al)Sonfs : MM. Abbé Fahiœ, Lamlr, Pontet, D"" Sandras.

Le procrs-vorliiil de la séance du i^"" mai est lu et adopté.

En ouvrant la séance, le Président rappelle la perte que vient de faire la France en la personne du général Galliéni. II se fait un devoir de saluer, au nom de la SociiHc de Géographie d'Orun, la mémoire de ce grand colonial, (pii fut le véritable initiateur des procédés de colonisation que la France a applicpiés dans ses nouvelles colonies et ses protectorats.

Le Président souhaite ensuite la bienvenue à notre collègue, M. Arambourg, lieutenant, commandant une compagnie de mitrailleuses à l'armée de Salonique, pour quelques jours en permission à Oran. Il lui renouvelle les félicitations du Comité à l'occasion de sa citation à l'Ordre de l'Armée et de la .Croix de guerre avec palme, qui lui a été décernée. Tous les membres présents joignent leurs cordiales félicitations à celles du Président.

Sont proposés comme membres titulaires :

M. le baron Louis de Mesnard, i, boulevard Lescure, à Oran, pi'ésenté par MM. Pock et Martinez.

M. Studler, ancien professeur au collège d'Oran, en retraite, présenté par ^IM. Kriéger et Pock.

M. Brunel, topographe en retraite, ayant offert sa ilémis- sion, le Comité refuse de l'accepter et décide que le service du Bulletin continuera à être fait à notre estimé collègue, à titre gracieux, en considération des services qu'il a rendus jadis à la Société. M. Bruxel envoie à la Société pour la Bibliothèque son ouvrage La Question indigène en Algérie. Des remei'ciements lui sont adressés à ce sujet.

Le Président informe le Comité que le Haut Commissaire du Maroc Oriental, M. Varmer, a bien voulu lui faire parvenir pour la SociéJé une subvention de .'ioo francs. Il s'est empressé de transmettre à M. le Haut Commissaire les remerciements de la Société.

Le Président communique un vœu de la Société de Géogra- phie de Marseille relatif à la situation que la France devrait

s'assurer en , à la suite ele la guerre actuelle. Après examen

de la ejuestion, le Comité estime eju'il serait prématuré de s'oc- cuper eles modifications ejui pourront être apportées à la carte du moneie, il elécide d'ajourner à plus tard l'examen du vœu formulé par la Société de Géographie de }[arseiUe.

Le Présieient remercie M. Pellet pour les recherches qu'il a bien voulu faire à Belizane sur les résultats archéologiques des fouilles ele Mina, ainsi que pour la note qu'il a adressée à ce sujet au Comité, et qui a été lue au cours de la dernière séance. II prie M. Pellet de vouloir bien, dans la limite du possible, compléter ce travail par la copie des inscriptions et le dessin des docimients lapidaires les plus importants, afin d'en rendre la publication au Bulletin plus intéressante.

212 PHOClKïS-VERBAl X DES RÉUM0>S DE LA SOCIETE

Le Pré?ulont annonce la découverte dans la région de Taza, par M. le capitaine de Cardaillac, d'un atelier de l'âge de la pierre polie. Il présente quelques échantillons d'ébauches, envoyés par l'inventeur, dont la série insuffisante ne permet pas de juger de la valeur exacte de cette importante découverte.

M. Flauailt, faisant fonctions de Secrétaire général, pré- sente le rapport annuel lu, d'ordinaire, à l'Assemblée géné- rale de mai. Ce rapport est approuvé et le Comité vote des féli- citations à M. Flahaui.t, qui, avec tant de dévouement, supplée

M. BÉRENGER.

Le Trésorier remet le Compte Administratif de l'exercice 191 5, dont les chiffres sont approuvés. Le Comité, après en avoir pris connaissance, remercie le Trésorier de son zèle et de son dévoue- ment, il décide qu'en raison du déficit à prévoir pour l'exer- cice 1916, le reliquat de 1916 (provenant en grande partie de dépenses non effectuées et qui le seront plus tard) sera attribué aux recettes de 191 6, et placé en Bons de la Défense Nationale à court terme, afin de [)ouvoir en disposer au fur et à mesm'e des besoins.

La Société a reçu pour sa Bibliothèque :

De M. le Résident Général au Maroc, le Rapport général sur la situation du Protectorat du Maroc.

Une notice bibliographique sera consacrée à ce remarquable mémoire.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 7 heures.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAULT. Signé : DOUMERGUE.

Rapport sur les Travaux de la Société pendant Vannée 1915-1916

Messieurs et chers collègues,

11 est du devoir de votre Bureau, malgré l'état de guerre qui continue à empêcher la réunion de nos Assemblées générales annuelles, de vous rendre compte des travaux de la Société, de vous dire les efforts qui ont été faits pour maintenir son exis- tence et son activité, et le résultat de ces efforts.

L'année 191 0-191 6 vient de se clore pour nous ; elle a été marquée par de grandes tristesses,, des deuils nombreux.

La guerre a fait parmi nous de glorieuses victimes : MM. le chef d'escadron d'artillerie Jeanney et le lieutenant de réserve d'artillerie Pagan tués par un même obus, M. le chef

PJIOCKS-VKKBALX DES UÉl MNIOiNS DE LA SOCIETE 213

de l)ataill(iii Bi:iniio.N frap[)é à mort dcvanl Sedd-ri-Hahr. Saluons avec respect, admiration et reconnaissance ces confrères qui ont dc)nné leur vie en rançon de la France, et qui sont entrés dans rimmortalité.

Ayons aussi un souvenir énni [)our les excellents confrères que la mort nous a enlevés au milieu de leurs travaux, MM. An- gélique Capifah, Pierre Cahu\fang, Léopold Français, Désiré Heintz fds, Mauchanu, Cli. Mesrine, Pousseur, Jean-Noël Roman, Louis Say, Ililaire Soipteur, Gustave Vallois. Nous avons [)erdu aussi notre ancien confrère M. Henry Gillot, qui fut pendant dix ans notre dévoué vice-président.

La Société tout entière s'associera aux sentiments bien vifs de condoléance qui ont été exprimés à leurs familles.

Coiuité adininisinitif. Le souci principal de votre Comité a été de sauvegarder l'activité de la Société. Malgré l'absence d'un tiers de ses membres mobilisés, le Comité s'est trouvé en nombre à toutes ses réunions mensuelles, ayec une moyenne de neuf présences, soit plus de la moitié des membres non mobilisés.

Effectif. Les vides occasionnés par les nombreux décès signalés plus haut ont été comblés, grâce à des adhésions nou- velles. L'effectif de la Société paraît se maintenir à environ lioo membres.

Bulh'tiii. La pulilication du Bulletin de la Société a ren- contré des difïîcuités matérielles considérables : absence de très nombreux sociétaires mobilisés, d'oîi réduction du montant des cotisations, suppression des subventions des administrations publiques, élévation considérable des frais d'impression.

Le Comité est parvenu cependant à publier régulièrement son Bulletin, en trois fascicules, comme il avait été fait en 191/i- 191 5, et ce Bulletin a pu être distribué à peu près aux dates d'usage. Les trois fascicules forment un volume de 4i4 pages, accompagné de gravures et d'une carte.

Passons en revue les principaux travaux publiés :

M. Ferdinand Blanche, instituteur, nous a donné une très intéressante Monographie de la Commune d'Aïn-el-Turk, que la Société a honorée d'une médaille d'argent. Il serait désirable que l'exemple donné par l'auteur fût plus souvent imité par ses collègues.

M. le capitaine Petit, dans une note. De la Frontière Ora- naise à Taza, nous a décrit, avec un croquis de l'itinéraire suivi, une région encore peu connue. Cette étude a été fort goûtée, et fait honneur à son auteur, qui sait consacrer ses instants de loisir à faire connaître les pays qu'il parcourt, en soldat et en touriste, et rend ainsi double service au pays.

M. le capitaine Noël a donné au Bulletin des Documents pour

21-i PKOCÈS-VEKBALX DES KÉLMONS DE LA SOCIETE

servir ù l'Hisloire des Ihtniyan et de ht région qu'ih occupent actuellement. Ce mémoire très important, dont la publication n'est pas terminée, est un travail de premier ordre ; par sa solide documentation et sa bonne forme littéraire, il se classe dans les premiers rangs parmi les éludes relatives à l'histoire de l'Algérie.

Le docteur ^^"ATEAl■ a publié la Liste des végétaux recueillis pendant la reconnaissance de M. le capitaine Martin dans l'Erg Iguidi (Sahara) en nuos-avril 1913. Cette liste des plantes récoltées dans les pâturages de printemps du Sahara, est d'au- tant plus intéressante qu'aux indications de géographie bota- nique elle joint la synonvmie des noms indigènes des plantes citées.

A titre de Contribution à l'élude de l'industrie pastorale en Algérie, M. C. Ben Da\ou a [)ublié : Llne \ote sur le rôle jnécanique des vents dans la répartition des fourrages steppiens. Comment densifier les herbages ? ; Des nappes d'halfa et de leur rôle au pays du mouion. Utilisation du bouss d'halfa pour la nourriture du cheptel des Hauts-Plateaux.

Dans ces deux notes, 'SI. Ben Daxou, vétérinaire clavelisateur à Méchéria, a continué à publier le résultat de ses études sur l'élevage dans le Sud Oranais. De ces notes, très intéressantes et qui sont le fruit d'une longue et judicieuse expérience, celle relative au bouss d'alfa mérite une attention toute spéciale. Le Comité de la Société a émis à ce sujet un vœu que le Service des Territoires du Sud a bien voulu prendre en considération. Il est à souhaiter que, dès ce printemps, soient entreprises les expériences permettant d'établir si la jeune tige florifère de l'alfa peut fournir un fourrage d'hiver, et comme conséquence une augmentation de la production de viande sur les Hauts- Plateaux. M. Bex Danou est un véritable apôtre et la Société est heureuse de lui apporter son concours moral.

.M. G. Djian, dans son carnet de route Vers le Tchad, a donné au Bulletin lui ti'ès intéressant récit de son voyage de Bordeaux à Fort-Lamy, à travers le Kanem, le Borkou et l'Ouadaï, dans l'Afrique Equatoriale française. Son travail, attachant pour le lecteur ordinaire, est d'un intérêt réel pour ceux (pii seraient appelés à parcourir les régions décrites.

M. \. Toi RMER a- bien voulu, comme tous les ans, nous df)nn(r le Mouvement de la ^'avigalion dans les ports du dépar- tement d'Oran, et le Mouvement Commercial durant l'an- née it)i'i.

Knfin MM. Giillaume et Luxili^ier ont publié les Observa- tions météorologiques de la Station de Santa-Cruz d'Oran pen- dant l'année 191 5.

Le Bulletin est complété par des Notices bibliographiques de MM. Cour, Déchaitd, Doimergue, Abbé Fabre et Flahault, et, hélas ! par treize notices nécrologiques.

PROCÈS-VERBAUX DES RÉUMONS DE LA SOCIÉTÉ 215

En résumé, le Bulletin de 191 5 ne dépai'era pas la collection de nos publications. Il reste à exprimer le souhait que la Société continue à bénéficier de la confiance de ses précieux et savants collaboralem's, et puisse, malgré les difiicultés rencontrées, publier en 191 6 un Bulletin digne de ses devanciers.

-Mais il est une diiïicidté cpi'il n'est pas facile de surmonter, c'est celle l'elative à la pénurie des manuscrits présentés. La plupart de jios collaborateurs étant au front ou absorbés par les œuvres de guerre, sont obligés d'interrompre leurs études et de nous priver momentanément de leur concours.

Bibliothèque. L'état de guerre nous a obligés à limiter à l'extrême les dépenses d'achats d'ouvrages, qui ont été réduites à l'acquisition de quelques livres d'occasion, mais la biblio- thèque s'est augmentée de 60 dons d'auteurs.

11 a été commencé un très important travail, qui consiste en l'établissement de fiches pour les travaux contenus dans les publications que reçoit la Société. Ce travail porte à 5. 000 ou 6.Û00 le nombre de nos fiches, réparties : Par noms d'au- teurs, 2° Par matières, ce qui fournira à l'étude d'inappréciables facilités de recherches.

Situation financière. Un grand nondire de sociétaires mobilisés n'acquittant pas leurs cotisations et les subventions les plus importantes nous faisant défaut, nous avons réduire les dépenses.

En 1914, nous avions dépensé 5.698^64

En 1910, nous n'avons dépensé que.. 3.845 08

Réduction des dépenses 1.753*66

Nous avons pu ainsi joindre les deux bouts et noter même un excédent assez important.

Cet excédent n'aurait pu être réalisé si le Conseil général ne nous avait pas renouvelé en 1915 la subvention annuelle et si nous avions publié un 4^ fascicule du Bulletin.

Mais ce boni provisoire sera sans doute absorbé en 191 6, car le déficit sera difficile à éviter, le montant des cotisations et des subventions étant appelé à diminuer encore.

Néanmoins, notre situation reste très satisfaisante et nos réserves sont largement suffisantes pour parer à toutes les éventualités ; ce qui ne doit pas nous dispenser de porter nos plus grands efforts du côté du recrutement, en attendant que le succès final de nos armes permette à la Société de reprendre, dans sa vie normale, un nouAcl essor.

Le Rapporteur, E. FLAHAULT.

Docteur Jean DUZAN

Le 14 avril ii)i6 s'est éteint à Saint-Leu, à l'âge de 66 ans, M. le docteur Duzan, maire de la commune et un de nos plus anciens sociétaires. La brusque disparition de notre collègue fut pour nous une doidoureuse surprise, car la maladie qui le minail m paraissait pas avoir, à si brève échéance, des suites fatales.

Venu (Ml Algérie en iSH'6, le docteur Duzan s'était fixé à Saint- Leu (piil ne devait plus quitter. Il acquit rapidement l'estime de ses cuncitoyens qui, l'année suivante, lui confièrent la direc- tion des affaires communales qu'il a conservée jusqu'à sa mort.

Il ne nous appartient pas, à cette place, d'énumérer le^ ser- vices rendus par le docteur Duzan à sa commune ; tous ceux (pii connaissent Saint-Leu ont pu les apprécier. Saint-Leu est un des villages les plus propres, les plus coquets, les mieux dotés en établissements communaux du déparlement d'Oran ; tout y indique l'esprit d'initiative d'une municipalité intelli- gente, soucieuse avant tout de la prospérité du village et du bien-être de ses habitants.

Le docteur Duzian s'était fait inscrire à notre Société dès son arrivée en Algérie. Non seulement il lui resta fidèle, mais encore il lui rendit de grands services en s'intéressant à l'œuvre qu'elle avait créée, le Musée d'Oran. Le docteur Duzan fut, pour ainsi dire, le conservateur des ruines romaines de Saint-Leu (Porfus Magnus). Il veilla sur ces ruines et fut en relations constantes avec le regretté commandant Demaëght. Grâce à notre dévoué collègue, une multitude d'objets et de ^documents archéolo- gi({ucs furent sauvés de la destruction et vinrent enrichir le Musée d'Oran.

Aussi, c'est avec une bien sincère affliction ([ue la Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran renouvelle à sa veuve et à ses fils l'expression de ses condoléances les plus attristées.

F. D.

A (^'f'6

IV O ^J^ I O JB>

SUR

EL KSflR EL REBIR ET LA RÉGION DU KHLOTT'

I. Habitat <lr la Tribu dos Kblott

Exception faito pour les grandes familles bcibères, pre- miers occupants du sol, il est rare de rencontrer au Maroc des tribus bien groupées occupant des zones nettement délimitées.

Essentiellement nomades, peu capables de s'attacher à la terre, guerrières et pillardes avant tout, les tribus arabes venues pour conquérir le Moghreb devaient, quoi- (jue toutes issues d'une même souche, s'éparpiller bientôt dans le pays tout entier, sans aucun ordre, ni aucune cohésion, n'écoutant dans la recherche de leur habitat temporaire que le désir de satisfaiie des intérêts particu- liers. Cette tendance à la dissémination, dépassant les limites de la tribu, s'étendit aux familles composant la tribu elle-même et celle-ci, ainsi morcelée, devait arriver non seulement à occuper des étendues de territoire hors de proportion avec leur peuplement, mais encore à voisiner sur un même territoire, parfois dans un même douar, avec des familles descendant de tribus différentes.

Les qualités guerrières de la race ayant décliné et le besoin de se fixer s'étant fait sentir, les fractions restèrent aux places qu'elles avaient choisies. De là, pour une même tribu, l'éparpillement actuel qui correspond à celui de la période nomade, mais qui est définitif maintenant. De là, aussi, dans une même zone, les contacts souvent intimes de tribus d'origine différente, de mœurs quelquefois dis- semblables ; enchevêtrement touffu, véritable chaos qui rend souvent très difïîcile de fixer sur une carte les limites exactes de l'habitat d'une tribu donnée.

La tribu des Khlott ne fait pas exception à la règle, mais il est cependant possible de limiter à peu près exactement son habitat.

I Des circonstanres créées par l'état de guerre ont retardé la publication des trois premiers mémoires composant le fascicule actuel. (Note du C. de R.)

17

218 iNOTICE SUR EL KSAR EL KÉBIR ET LA RÉGIOiN DU KIILOTT

Mélangée sans doute à de pcliles fraclions Tlig, Bedaoïsa ou aulres el, quoique ayaul elle-même quelques-unes de ses familles émigrées en d'autres régions du Maroc i, elle se présente encore assez bien groupée, au Nord et au Sud de l'oued Loukkos.

Le bassin de cette rivière est son véritable habitat. Elle y est chez elle, car elle en impose aux autres tribus (pii vivent à son contact et par le nombre de ses ressortissants, et par l'étendue des terres qui sont sa propriété.

La tribu des Khlott occupe une bande de territoire, le « Khlott », situé en bordure de l'océan Atlantique, s'éten- danl d'Arzila, au Nord, jus(|u';i la merdja Ez-Zerga et le Drader, au Sud (,60 kilomètresj, et de Larache, à l'Ouesl, jusqu'au pied du Djebel (montagne), à l'Est (3o kilomè- tres). La superficie occupée par la tribu est en chiffres ronds de 2.000 kilomètres carrés. Sa population s'élève approximativement à 3o.ooo habitants, Tlig et Bedaoua compris, ces derniers d'ailleurs n'entrant que pour foil peu dans ce total.

La ligne de délimitation du Khlott part à peu près d'Ar- zila, (pi'elle n'englobe pas et qui appartient à la tribu des Sahel, suit d'abord l'oued El Alou, qui le sépare de la R'harbia, au Nord, s'infléchit un peu, bordant au Nord- Est la fraction des Mçoura, gagne l'oued El-Ayacha et Souk el Arba des Bedaoua (ou Ayacha) sur cet oued, puis, prenant une direction nettement Nord-Sud, arrive au fleuve Loukkos, vers dchar Mallem, côtoyant la montagne et laissant à l'Est les tribus Djebalas des Béni Gorfet d'aboid, puis les Ahl Shérif. Airivée au Loukkos, la ligne de délimitation épouse les courbes de ce fleuve sur quel- ques kilomètres, se confond avec la frontière franco-espa- gnole qu'elle quitte au djebel Gheni, passant au Sud de cette montagne, atteint le djebel Sarsar (Djebalas) qu'elle contourne, descend vers le village d'Haridiyne (Gharb) qu'elle n'atteint pas, puis se dirigeant presque en ligne droite vers l'Ouest, passe au Sud du camp français d'Ar- baoua, emprunte le cours de l'oued Drader, frontière natu- relle entre le Khlott et le Gharb et, coupant enfin en deux la merdja Ez-Zerga, se termine au marabout de Moulay Bou Selham (Khlott) sur l'Océan.

L'Allantique borne naturellement à l'Ouest le Khlott jusqu'à Larache mais, à hauteur de celle ville, la limite

I On trouve quelques fiiniillos kliloli;! sur le fli-tivr Seboii, au lieu dit liai] des Oulcd DJelloul el dans la région de Mehedya.

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KIILOTT 219

suit le Loukkos pendant (quelques kilomètres, contourne l'ancienne ville phénicienne de Li:ç«s(aujourd'huiTchem- mich; et remonte eniin, du Sud au Nord, suivant une ligne liclive pour rejoindre son point de départ au Nord-Est d'Arzila, laissant entre elle et l'Océan une étroite bande de territoire occupée par la tribu des Sahel.

La frontière lianco-espagnole dont nous ne connaissons pas encore le tracé déiinitif, suivra approximativement le 35*^ parallèle, ligne toute conventionnelle, coupant le territoire Khlott en deux parties, très inégales d'ailleurs, la plus grosse part ayant échu à l'Espagne avec la ville d'El Ksar El Kebir. Nous ne possédons en effet dans le Sud du territoire Khlott qu'une bande de 600 kilomètres car- rés environ, soit le quart de la superficie totale, dont le centre le plus important est le poste militaire d'Arbaoua ou El Ma Bared (l'eau fraîche), et qui est peuplé d'environ a. 000 habitants.

Cette division de la région, la plaçant sous deux pro- tectorats différents, n'a encore influé en rien sur les carac- téristiques du pays. Pour les Khloti, il n'y a pas encore de frontière ; qu'il soit Espagnol ou Français, le Khlott est resté, au point de vue de sa vie intime et économique, ce qu'il était avant roccuj)alion européenne. Il n'y a pas ici de Pvrénées.

II. Aperçu Géographique

Tout en comprenant les vallées de quelques petits oueds cotiers se jetant directement dans la mer ou dans les merdjas (marécages) bordant la côte océanique, l'habitat de la tribu du Khlott est, comme il a été dit, avant tout, le bassin du Loukkos et de ses afiluents, depuis sa sortie du Djebel jusqu'à Larache.

Ce bassin possède une ceinture à peu près continue.

Au Nord-Ouest et au Nord, une chaîne de petites collines de faible altitude et une suite de plateaux sablonneux le séparent des bassins cotiers des oueds Es Sebt, El Alou et El Ayacha. A l'Est et au Sud-Est, il est isolé par la haute muraille du Djebel (Béni Gorfet, Ahl Shérif et Sarsar), continuation du système riffain d'oii provient le Loukkos qui s'en échappe par une trouée étroite ménagée entre les monts des Ahl Shérif et le massif du Sarsar. Au Sud, les plateaux rocailleux peu élevés de la région d'Arbaoua

220 NOTICE SUR EL KSAR EL KÉBIR ET LA RÉGION DU KHLOTT

lui assurent sa limite avec le bassin de l'oued M'da, la glande rivière du (Jharb. A l'Ouest eiilin, une série de soulèvements sablonneux et rocailleux se terminant par le grand plateau de Larache, départage entre le Loukkos et les oueds côlieis Soulieir et Drader, les eaux de la région.

Tel qu'il est constitué avec sa ceinture de collines et de montagnes, le bassin du Loukkos affecte la forme d'un grand cirque dont les portes sont à Larache et au pied du Sarsar, jiortes opposées réunies par une voie diamétrale constituée par le lleuve lui-même.

L'intérieur de ce cirque ne présente que peu de parties vraiment plates. La vallée du Loukkos ne comporte en effet de plaines, au vrai sens du mot, qu'aux abords immé- diats des rives du fleuve.

Cette plaine, assez étroite dans le cours supérieur de l'oued, s'élargit en cercle à la hauteur d'El Ksar, s'étend en largeur sur une dizaine de kilomètres, puis se rétrécit peu à peu pour se réduire à nouveau, après le confluent (lu Loukkos et de l'oued Mkhazen, aux seuls abords immé- diats du fleuve, jusqu'à l'embouchure à Larache.

Cette plaine, d'ailleurs, est occupée dans la presque totalité de sa superficie par des marais se perdent de ngmbreiix petits filets d'eau liés des collines voisines. Ces marais sèchent en partie l'été, fournissant de bons pâturages, mais en hiver et à la saison des pluies, ne pou- vant écouler au Loukkos ou à ses affluents que leur trop plein, ils deviennent souvent impraticables au point d'arrêter la circulation dans le pays.

La majeure partie du relief de la région est constituée |)ar une inlinilé de petits mameloris dont l'altitude décroit du Djebel vers la mer, mamelons rocailleux, arrondis, dénudés et à pentes rapides, disposés sans ordre et sans direction bien nette, d'où la difiiculté de les rattacher à une suite montagneuse déterminée. Leur altitude ne dépasse pas en généial :>oo mètres, exception faite pour le djebel Gheni (3oo mètres) situé entre El Ksar et Arbaoua dont l'arête anguleuse maïque la frontière fi-an- co-espagiîole et qui doit d'ailleurs orogia])hicpiemenl être rattaché au système du Sarsar.

Ces mamelons sf)nl séparés par des ravins étroits, au fond dcscpiels s'accunnile la terre arable entraînée par le ruissellement d'où leur fertilité et serpentent d'innombrables petits cours d'eau, temporaires ou per-

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DTl KHLOTT 221

manenls, souvent boueux en hiver et partant diiïiciles à traverser.

Cette disposition spéciale du relief du sol expli(pie bien les sinuosités nombreuses du cours des oueds de la région et en particulier celles du î.oukkos dont les méandres nombreux et la forme serp(>ntine oui suggéré à ranlicpiité la légende du «Dragon gardien du jardin des Hespérides».

I/oued 1-oukkos fl.ekkous-El Kous), le Lixus des géo- graphes anciens, est la grande aitère fluviale de la région.

dans le Djebel, près de Chechaouen (tribu des Lakh- mes), il coule d'abord dans les ravins de la montagne, puis, un peu après le gué de Sebbab et le dcliar Mallem fAhJ Shérif), entre dans le Khlott j)iès de Kadjouka, cou- lant au milieu de beaux jardins de figuiers, dans une direction à peu près Nord-Ouest, passe devant la djemaa des Moujahidin se faisaient autrefois les rassemble- ment de guerriers allant attaquer les colons chrétiens de la côte (Guerre sainte, Djihad) et arrive au pied du djebel Gheni.

Ayant reçu l'oued El Ma Bared par l'intermédiaire d'une merdja de la plaine, le Loukkos prend alors une direction générale S.-E.-N.-O. qu'il conserve jusqu'à son embou- chure et coule d'abord encaissé dans un lit profond, limité par des berges à pic ; puis les berges s'abaissent peu à peu au niveau de la plaine elle-même.

Dans cette dernière partie de son cours, le Loukkos passe à Mechra-Es-Serracq (Gué des Voleurs), qui permet d'éviter El Ksar quand on se dirige du Khlott vers le Djebel et vice-versa, puis au gué d'El Ksar distant d'en- viron un kilomètre de la grande agglomération sur laquelle nous reviendrons plus loin. Ce gué que traverse la grande route de Tanger-Fez est praticable seulement en été (o'"5o d'eau en moyenne). L'hiver, lorsque la rivière est grosse, les voyageurs doivent passer un peu plus en aval, au gué des Benatyin fonctionne un bac permet- tant la traversée.

Poursuivant sa route à travers les jardins, le Loukkos arrive au gué d'El Merissa la route d'été de Larache à El Ksar le traverse et jusqu'où se fait sentir la marée, passe à Mechra El Habat il cesse d'être navigable et atteint Mechra En Nedjma. commencent les adirs du Sultan, vastes étendues de terrains se pratique l'élevage des bestiaux et surtout des chevaux et mulets appartenant à Sa Majesté Chérifienne.

222 NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT

Un peu avant la koubba de Sidi Ouaddar, le Loukkos reçoit l'oued Mkhazen grossi de l'oued Ouarrour. Le con- fluent des deux rivières se fait au milieu d'une vaste nierdja, près de laquelle se livra en 1578 ap. .I.-C. la fameuse bataillé des <( Trois Rois ».

Après ce conlluent, le Loukkos marque la limite du Khlott et du Sahel, passe à l'ancienne ville phénicienne de Lixus (Tchemmich) et arrive à Larache (Ll Araïch) il se jette dans l'Océan par une embouchure assez large fermée, comme la plupart des estuaires au Maroc, par une barre, d'ailleuis le plus souvent franchissable pour les bateaux de tonnage moyen.

Les principaux affluents du Loukkos en territoire Khlott sont : à droite, l'oued El Mkhazen, qui naît dans les Béni Arous auprès du célèbre marabout de Moulay Abdesselam Ben M'Cliich, coule dans une vallée très fertile, passe après son entrée dans le Khlott à Sidi Ali Rou Loufa, Souk El Djemaa et Tolba, Kanoura et se jette dans le Loukkos à El Ameir, réputé par des melons très appréciés du Maghzen.

11 reçoit lui-même à droite, au niveau de Souk El Djemaa et Tolba l'oued El Ameir, puis l'oued Magrouel, l'oued fmmer, au confluent duquel on remarque les rui- nes de deux ponts romains et enfin l'oued Raïçana (pii passe à l'important marché du même nom, le Souk El Tleta Er Raïçana.

A gauche, le Mkhazen reçoit l'oued Ouarrour qui des- cend du Djebel, torrent pres(]iie à sec en été dont un sous- affluent de gauche porte le nom au moins inattendu de oued Frechk Aoua (de l'espagnol, agua fresca).

A gauche, le Loukkos reçoit l'oued El Ma Bared (eau fraîche) ()ui passe au bas du plateau occupé par le camp français d'Arbaoua et coule dans de superbes jardins d'orangers, dont |)]usi('nrs sont la propriété des Choifa d'Ouezzan ; l'oued Akhfacha, et enfin le ruisseau de Smid-El Ma et l'oued Sakhsok, ces deux derniers limitant les adirs du Sultan.

Parmi les oueds côtiers cpii arrosent le Khlott, il con- vient de ciler, au Nord du Loukkos, l'oued El Alou rpii sépare le Khlott de la R'haibia, l'oued Es Sebt qui passe près de l'ancienne station lomaine de Tahertme CT>alla Al Djilalya) et au souk de Sidi El Yamani, enfin au Sud du Loukkos, l'oued Souheir qui se jette dans la merdja de Gla, voisine des ruines romaines de Frigidac et l'oued

J

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT 223

Diader qui sépare le Khlott du Gharb, passe au douar iinportanl de Sidi El llaouari et à Mechra El llader, la roule de Mehedya à Larache le traverse, pour se jeter enliii dans la iiierdja Ez-Zerga,

La plupart de ces petits oueds, grâce à la proximité des réservoirs de la montagne, conservent même pendant l'été des eaux courantes ; certains se réduisent à un mince filet d'eau, mais la fraîcheur maintenue aux abords de leur lit préserve le pays de l'apparence désolée que les fortes chaleurs donnent, au Maroc, aux sols les plus fer- tiles, aux régions les plus riches.

III. Nature du Terrain

Le territoiie du Khiolt est foimé de terrains tertiaires (néogène marin).

Le Khlott représente le fond et les plages de l'ancien détroit sud-riffain fjui faisait communiquer l'Allantique et la Méditeiranée et qui, aujourd'hui, constitue la trouée de Taza. Le Djebel qui limite le Khlott à l'Est et au Sud- Est représentait les fahiises du détroit.

Sur le bord de la mer le terrain est sablonneux, parsemé de dunes.

Dans l'intérieur, les multiples collines qui constituent le relief du sol sont formées de sable argileux, parfois de grès, supportés par des couches de marne fortement cal- caire. Quelquefois le grès se montre en masses compactes, comme dans le djebel Gheni, par exemple. En d'autres points apparaissent des conglomérats de galets d'épaisseur variable, avec ciment gréseux. Ces diverses formations peuvent être attribuées à l'étage tortonien.

Les ravins qui limitent les collines, ainsi que les plaines, sont couverts d'alluvions provenant de l'érosion des pentes et des inondations. Ces terrains contiennent en général une forte proportion de matières organiques (végétaux décomposés par l'eau), ce qui explique leur très grande fertilité (terrains « touars »).

La pierre à bâtir est rare dans le Khlott ; l'argile, par contre, très abondante, d'où l'habitude qu'ont prise les Khlott de bâtir en <( mokdar » (briques séchées au soleil) leurs maisons qu'ils couvrent de chaume.

Dans le Khlott, on ne trouve pour ainsi dire pas de mai- sons en pierres. (Voir § XVII.)

224 NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KHLOTT

Hydrologie. Le Kliloll est particulièrement bien arrose, l'eau y est abondante et douce, d'où la beauté des jai'dins de la répion. On trouve quelques oueds salés, allluents du Loukkos dans son cours supérieur, descendant du Sarsar exi^leiil des gisements de sel gemme.

Mines. 11 n'a pas été signalé, encore, de gisements miniers dans la région.

IV. Climatologie

Le climat du Khlott est en général tempéré et procède du climat marin : la température toiidx* rarement à en hiver et ne dépasse généralement pas 80° en été.

La région est bien ventilée. Les vents dominants sont les vents du Nord (beau temps). Les vents d'Ouest (vents océaniques) amènent des orages et des bourrasques sou- vent violentes. Le sirocco y souille rarement.

Il pleut enlin fré(juemment dans la région au cours de l'année, surtout de septembre à fin mars.

Les observations météorologifjues n'ont été relevées qu'à partir du i^"" janvier 1914 :

ÂHNËE 1914

MOIS

TKMI'KRATURE

PRESSION ATMOSPHÉRIQUE

VENT

l'LUIF,

Miolina

Mailma

Moyenne

HlDlma

Maxlnia

Moyenne

Direction dominante

FORCE

Janvier Février. Mars ....

Avril ....

- 1 + 6 + 5,5 + 6

420

+ 25 + 25

+ 10 + 11,5 + 13,5 + 15,5

745 716 748 746

764 765 765

760

749 755 757 754

S.-O.

S.-O. N.-N.-O N.-N.-O.

violent (1 jour) violent (9 jours) violent (1 jour) violent (4 jours)

l'2 jours 13 jour.'; 9 jours 9 jouis

y. Valeur Sanitaire du Pays

La région du Khlott est très saine dans les parties élevées, sur les collines. L'absence d'eaux stagnantes et la ventilation énergique expliquent celte salubrité. Malheureusement,

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT 225

il n'en est pas de même dans les légions basses, oii les merdjas ou marécages favorisent tout particulièiement la pullulation des moustitpies el par consé(|uent le dévelop- pement du paludisme.

La variole est nalurellement endémitpie dans la région, comme dans toutes les agglomérations arabes du Nord de l'Afrique, mais n'est pas à craindre pour les Européens qui ont pris la précaution de se faire vacciner.

On constate enfin de temps en temps quelques petites poussées de typhus et de peste comme dans toutes les par- ties du Maroc. 11 n'est pas douteux que peu à peu les mesures d'assainissement et de prophylaxie feront dispa- raître ou tout au moins rendront très rares toutes ces affections.

YI. Végétation, Ciiltures

La région du Khlott est particulièrement fertile et pro- pice à la grande culture. Les céréales viennent bien dans les terrains d'alluvions, les abords des merdjas donnent de très bons pâturages pour le gros bétail et les parties cail- louteuses des collines fournissent une nourriture suffi- sante pour les moutons. (Voir § XIX.)

Les jardins sont très nombreux dans le Khlott, aux abords des ruisseaux ou rivières ; ils sont coquets et très riches. On y trouve les arbres fruitiers les plus divers : l'oranger, le citronnier, le cognassier, l'amandier, l'abri- cotier, le grenadier, le figuier, etc., etc. La vigne et l'oli- vier y poussent très bien. Il existe en particulier autour d'EI Ksar des jardins de grande valeur, et devant de telles richesses, on s'explique bien la légende antique du <( Jar- din des Hespérides si jalousement gardé par le Dragon ».

Enfin, en certaines régions, vers Larache notamment, s'étendent des forêts de chênes-liège, d'ailleurs assez peu exploitées jusqu'à ce jour.

Vn. Routes

On ne saurait parler ici de routes proprement dites.

Le Khlott n'est sillonné que par de nombreuses pistes qui n'ont encore reçu aucun entretien. En territoire fran- çais, on commence à les aménager en attendant de pouvoir les remplacer par de véritables routes.

226 NOTICE SUR EL KSAR EL KÉBIR ET LA REGION DU KHLOTT

Presque toutes les pistes du Khlotl se croisent à El Ksar.

l.es principales sont :

Les lieux routes de Tanger à FI KsiU', sur l'une des- fpicllcs s'cinbranclic la [)islc d'VA Ksar à Tétouan et (pii se (•(intinuc vcis le Sud dans la diieclidu dr Iv/. ;

:i° Les pistes de Larache à Oue/zan pai' VA Ksar ;

?)° La i)iste de Larache à Tétouan qui croise les louti-s de Taugei' au niveau du Tleta de Raïçana ;

'\° La piste de Larache à Arzila ;

Les pistes de Larache à Souk. VA Arba de Sidi Aïssa (Gharb) et de Larache à Mehedya, celle-ci parallèle à la côte.

Le chemin de fer de Tanger-Fez traversera la région du Nord au Sud. Son tracé n'est pas encore définitivement décidé et plusieurs projets sont en présence. Celui (pii paraît avoir le plus de chances d'aboutir fait suivre à la voie ferrée les pistes actuelles de Tanger à FI Ksar, la diii- geant ensuite sur Arbaoua, puis sur Souk FI Aiba de Sidi Aïssa. C'est la plus directe. Les Espagnols désireraient que la ligne passe à Arzila et Larache, d'où elle rejoindrait à FI Ksai' le premier tracé. Outre (pi'elle desservirait ainsi deux villes importantes, elle passerait dans une région plus sûre que la première, du moins dans les circonstances actuelles. Enfin certains colons du Gharb voudraient lui faire éviter Arbaoua, (|ui n'a somme toute pas giande importance commerciale, pour la conduire d'El Ksar à Sidi Aïssa, par le gros marché de Lalla Mimouna dans le Gharb.

11 seia sans doute diiïîcile de concilier des désirs si divers qui correspondent sans nul doute à des intérêts indiscutables.

Quel que soit en tous cas le tracé qui seia ado[)té, il est inutile de dire que la voie ferrée rendra d'immenses ser- vices <à cette riche région de culture et d'élevage, à laquelle elle assurera des débouchés rapides.

VIII. Hisf(»riqiie

Nous sommes fteu renseignés sur les premiers occupants du bassin du I.oukkos, les Mazices et Aulolotes, peuplades berbères dépendant, d'a|)rès Ibn-Khaldoun, du royaume des Gomaras, qui s'étendaieiit en bordure de l'Atlantirpie depuis Arzila jusqu'à Casablanca.

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KHLOTT 227

Ces populations berbères de la plaine, refoulées peu à peu dans la montagne i^Djebel) par les invasions succes- sives, seraient représentées aujourd'hui par les Djebalas

Les Phéniciens ont certainement exploré la ccle. On retrouve encore quelques vestiges du port de Mulecha qu'ils avaient fondé à l'embouchure du canal qui relie la merdja Ez-Zerga à la mer, à la hauteur du marabout actuel de Moulay Bou Selham. Ils remontèrent le T.oukkos sur quelques kilomèlres, fondèrent Lixus, mais rien n'établit qu'ils aient poussé plus loin leur exploration.

Par contre, les Grecs semblent avoir pénétré jusqu'à El Ksar. Une inscription grcccpie gravée sur une des pierres du minaret de la grande mosquée de cette ville, pierre tombale ramassée sans nul doute à proximité par les cons- Iructeurs de l'édifice, prouve que si les Hellènes n'avaient pas établi dans la région de centres importants de coloni- sation, ils avaient au moins parcouru le pays.

L'occupation romaine a laissé des traces plus signifi- catives.

Le Khlott était traversé par deux routes romaines, simples pistes d'ailleurs, car on ne trouve aucune trace d'aménagement.

L'une d'elles venant de Tingis Tanger), Duco (Aïn Dalla), Zilis (Arzila), Ad Meicurios fDchar-Djcdid) passait dans le Khlott à Tabetnae (Lalla Al Djilalya) ont été retrouvés les murs d'un castrum, traversait le. Loukkos à lAxus, gagnait Frigidae 'Souheir), qui, près de la côte, au Sud de la merdja de Gla, devait être un port militaire, pour de se diriger sur Salé en traversant le Sebou à Banassa (Sidi Ali Bou Djenoun).

L'autre route de Tingis à Volubilis (près de Meknès) se détachait de la première à Ad MercuHos, passait dans le Khlott h Ad Novas ('Sidi El Yamanj), traversait les oueds Inimer et Mkhazen sur des ponts dont on peut voir encore de beaux restes, gagnait Oppidum Novum (El Ksar El Kebir) et se dirigeait enfin sur Volubilis par Tremulae (Baçra). Ces routes, en définitive, traversaient les mêmes centres importants qu'aujourd'hui.

Toutes ces stations constituaient une solide ligne de postes militaires destinés à contenir les tribus monta- gnardes, mais leur souvenir n'a que peu survécu, excep- tion faite pour Oppidum Novum qui a été identifié avec l'actuel El Ksar El Kebir. L'emplacement de ce poste indi-

228 NOTICE SUK EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KHLOTT

que sur rHinéraire d'Antonin comme distant de 6:^ milles de Tingis sur la route Tinçiis-Volubilis, coïncide à peu près exactement avec l'ag-glomération indigène contem- poraine. D'autre part, il est à remarquer que les pierres taillées qui ont servi à l'édification du minaict de la grande mosquée de cette ville, ra[)pellent pai leur foirne la manière romaine cl (|u'à rintcricui' de l'édifice, on trouve dans la colonnade deux chapiteaux d'ordre corintliien, dont les restes, dégradés par des blanchiments à la chaux réitérés, sont pourtant caractéristiques '.

Tissot dit enfin qu'on aurait trouvé à El Ksar des objets antiques et même une statue.

Quoi qu'il en soit, Oppidum Novum n'existait plus ou était devenu bien insignifiant lors du passage d'Okba Ben Nafi (685! ap. T.-C.) et des premiers conquérants arabes, Moulay Idriss et ses successeurs, car il n'en est jamais question dans les œuvres des historiens de la conquête.

La ville actuelle d'El Ksar paraît avoir été fondée par une fraction de l'importante tribu berbère des Ketama, d'où le nom de Ksar Ketama sous lequel elle a été long- temps connue,

Oiiginaire de la province de Constantine, celte tribu berbère est venue au Maroc au x^ siècle de notre ère, à la suite des conquérants arabes Fatimides de l'Ifrikia (Âlgé- rie-Tunisie\ qu'elle aida à renverser la dynastie Tdrissite, alors régnante. Elle s'installa sur les bords du Loukkos et fonda la ville.

Cette tribu devait d'ailleurs s'éclaircir assez rapidement jusqu'à disparaître presque. On en retrouve cependant encore quelques descendants installés à une douzaine de kilomètres d'El Ksar, sur les bords du Loukkos, mélangés à la tribu Djebala des Ahl Shérif et groupés en cinq ou six petits villages (zone française), dont le principal répond au nom de Ketama.

El Ksar ou Ksar Ketama ne tarda pas à devenir florissant, mais malgré ses prétentions au titre de capitale du Maroc septentrional, ne joua jamais de rôle sous les premières dynasties marocaines.

Sous le règne du khalife almohade Yacoub El Mançour (xi' siècle), El Ksar connut les faveurs gouvernementales. Le khalife s'y rendit plusieurs fois pour chasser, recons- tiiiisit la ville endommagée par des inondations et, pour

I Michaux-Bellaire.

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT 229

la défendre contre les incursions de voisins trop entrepre- nants, la fit entourer d'une muraille en pisé (tabia) dont on retrouve encore aujourd'hui des vestiges bien conservés.

C'est sous le règne de ce même khalife qu'arrivent dans le bassin du Loukkôs les premières tribus arabes, les Ryah.

Il serait trop long et sans grande utilité' d'entreprendre ici l'histoire des Kyah et des tribus de même famille Slian, Beni-Malek et Khlott, que nous retrouverons plus loin. Qu'il nous suiïise de dire pour la compréhension des faits, que ces tribus, iilles des Beni-Hilal, originaires du Hedjaz, furent lancées par le khalife El Mostancir (loôo ap. J.-G.) sur rifrikia révoltée elles s'installèrent après avoir réprimé la révolte. (Invasion hilalienne.)

Ces tribus, turbulentes et indisciplinées, ne tardèrent pas à entrer elles-mêmes en rébellion contre l'autorité des Almohades qui, les ayant réduites, décidèrent de les trans- planter au Maroc ; c'est ainsi que le khalife El Mançour établit les Byah dans le bassin du Loukkos et le Gharb, tandis qu'il dirigeait vers le plateau du Tamesna et l'Oum Er Rebia les autres tribus hilaliennes, les Khlott en parti- culier (i 187-1188 ap. J.-C).

Une partie seule des Ryah ainsi transplantés devait ren- trer dans le pays. Dans les dernières années du xi" siècle, une notable partie de la fraction s'échappa et retourna en Tripolitaine. Ceux qui restèrent soutinrent la cause des derniers Almohades contre la puissance naissante des Merinides. Vaincus en laaS ap. J.-C. par les Béni Akrin, ils durent ainsi que les habitants d'El Ksar payer tribut à Othman le Borgne. Ils se rallièrent d'ailleurs à la nouvelle dynastie.

A peu près tranquilles pendant quatre-vingts ans, quoi- que ayant donné asile vers 1260 aux Ouled Idriss révoltés contre le sultan Yacoub Ben Abdelhakk, les Ryah furent ainsi qu'Eî Ksar placés en 1288 sous le gouvernement des Ach Quiioula qui, de pères en fils, assurèrent l'adminis- tration de la région pendant près d'un siècle.

En i>Ho7, dernier soulèvement des Ryah. Ce soulèvement fut réprimé avec une extrême rigueur par le khalife Abbou Tabed. Les Ryah furent décimés au point qu'il ne reste plus actuellement de cette tribu que quelques représen- tants disséminés dans les marais de la côte.

Les Khlott vinrent alors les remplacer dans le bassin du Loukkos. Ils y sont encore.

230 ^oTICE SUR el ksab ei. kebir et la région nu kiiiott

Nous avons laissé les kliloll en 1188 ap. J.-C. sur los bords de l'Ouni Kr Hebia oTi ils avaicnl élé installés pat" le sultan El Manvour. (lucnieis lurbulcnls, incapables de s'attacher à la lenc (pii leur avait élé donnée, les Khlolt, pendant un siècle, turent en contiiuielle effervescence, embrassant tantôt la cause des Alinoliades, tantôt la cause des Merinides, suivant (pie leurs frètes hilaliens mais ennemis irréconciliables les Slian, prenaient paiti pour les sultans régnants ou leurs compétiteurs.

Tantôt vainqueurs, tantôt battus, ils avaient vu décliner leur puissance réelle à l'époque de leur arrivée sur l'Oum Er liebia, mais ils constituaient encore en i3o8 un véri- table danger pour la dynastie régnante. Aussi le sultan Abbou Tabed se décida-t-il à les réduire définitivement. Vaincus, il les envoya sur les bords du Loukkos remplacer les Ryah anéantis. Définitivement ralliés aux Merinides, ils restèi'ént fidèles à la dynastie jusqu'à sa chute, malgré la défaite du prétendant Abbou Salem sous les murs d'El Ksar en iSôp. Toutefois, lors de l'avènement des Saadiens, ils reconnurent sans trop de difTicidtés la dynastie nouvelle.

Leur docilité fut de courte durée, car lors de la tentative que fit le Merinide Abbou llassoun (dont la mère était Khlolia) pour ressaisi)' le pouvoir, ils embrassèrent le parti du prétendant et l'aidèrent à battre le sultan saadien El Mahdi ; mais celui-ci, ayant repris le dessus, se vengea des Khlolt. De tribu « guich », c'est-à-dire exem[)le d'impôts, et astreinte seulement à fournir des contingents en cas de guerre, il la rabaissa au rang de tribu « naïba » soumise à l'impôt.

En i5o3, les Portugais déjà installés à Earache depuis une cinquantaine d'années, remontèrent le Loukkos jus- qu'à El Ksar qu'ils surprirent une nuit, mais 011 ils ne purent se maintenir. Attirés par la richesse de la région et son importance commerciale comme voie de pénétra- tion vers l'intérieur, les Portugais tentèrent à plusieurs reprises de s'installer dans le pays ; leurs tentatives ne furent jamais suivies de succès, et la dernière même devait être désastreuse.

En 1578, en effet, le roi de F^ortugal Dom Sébastien, aidé du prétendant Mohammed XI, remontait le Loukkos à la tête d'une armée de :>o.ooo hommes, rencontrait au confluent de ce fleuve avec l'oued Mkhazen, à trois heures au Nord d'El Ksar, l'armée marocaine commandée par le

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT 231

isultan Abd El Malck et se faisait oomplètomont battre par les Marocains. Son armée était anéantie et lui-même se noyait dans l'oued Mkhazen. Son allié et son vainqueur n'avaient i)as été d'ailleurs plus heureux ; Mohammed XI s'était, au cours de l'action, noyé lui aussi dans le Loukkos, tandis que le sultan Abd El Malek malade mourait dans sa litière ; il fut enterré sur le lieu même de la bataille, l'on peut encore voir son tombeau.

Telle fut la bataille de l'oued Mkhazen, dont le souvenir est encore très vivant dans le Khlott, elle est connue sous le nom de (( Bataille des Trois Rois ».

El Ksar devint dès lors le point de rassemblement des (( Moujahidin » (soldats de la guerre sainte) qui, pendant de longues années, firent une guerre sans merci aux colo- nies européennes et chrétiennes installées sur la côte. Un de leurs chefs les plus célèbres fut le caïd R'aïlan, gou- verneur de la ville (1660).

Les Khlott s'étaient courageusement battus h l'oued Mkhazen. Pour les récompenser, le sultan El Mançour en réintégra une partie dans son guich et distribua aux autres de riches terres dans le Gharb, ^u voisinage du Sebou. Mais, incorrigibles, ils recommencèrent bientôt leurs pillages aux dépens des tribus limitrophes, si bien que le Sultan dut leur imposer une forte contribution. 11 voulut, pour les occuper, les envoyer guerroyer dans le Sud du Maroc. Les Khlott refusèrent et ce refus leur attira une sanglante leçon (i584).

Vers i63i, lors de la marche du marabout El Ayachi contre les colonies chrétiennes de la côte, les Khlott res- tèrent sourds aux appels de la guerre sainte. Bien mieux, lorsque le marabout, battu par les Berbères en i64o, se réfugia chez eux, ils le décapitèrent.

Vers 164 1 apparaît dans le bassin du Loukkos une nou- velle peuplade arabe, les Bedaoua. D'abord installée par le Sultan saadien dans la tribu des Béni Mesguilda, cette tribu, composée en grande partie de chameliers, se dis- persa bientôt, s'éparpillant non seulement dans la plaine du Loukkos, parmi les Khlott, mais encore dans le Gharb, au Nord, et dans le Gharb, au Sud, donnant un exemple de cette dissémination dont nous avons déjà parlé.

De 1660 à 1673, El Ksar et le Khlott devinrent le centre de la rébellion du célèbre caïd U'aïlan, leur gouverneur, contre les sultans de la dynastie Eilala. Grisé par ses suc- cès contre les chrétiens, l'ancien mojahed voulut s'em-

232 NOTICE SUR EL KSAB EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT

parer de Fez et se faire proclamer Sultan. Après sa défaite, il revint à El Ksar dont il fit sa capitale du Nord maro- cain ; il en fut d'ailleurs bientôt chassé par le sultan Mou- lay Ar liachid.

Obligé de fuir en Algérie, il revint avec des troupes tur- ques, mais fut encore battu à Kl Ksar par Moulay Ismaïl, iils du précédent. Le caïd fut décapité et El Ksar vit raser ses murailles.

Pendant toute la Un du xv!!*" siècle et la première moitié du xviif, le Khlott fut le théâtre des luttes incessantes des sultans régnants contre les prétendants. Les Khlott fiuciit presque toujours les adversaires du gouvernement établi, malgré les répressions souvent dures qu'ils s'attirèrent.

De sanglantes rencontres eurent lieu à El Ksar. En 1748, en particulier, le gouverneur de la ville Ahmed Ben Akbou y fut battu et tué par le sultan Moulay Abdallah (Bataille du Hinsah).

En 1747, la harka Khlott, Tlig" et Bedaoua, commandée par le pacha Ahmed RifTi, fut taillée en pièces sur les bords même du Loukkos et son chef, fait prisonnier, décapité par le même sultan. ^

Vaincus, mais non encore réduits à l'impuissance, les Khlott se faisaient battre encore quelques années plus tard à Dar Debibagh, près de Fez, par le sultan Abdallah et, poursuivis, étaient obligés de s'enfuir à Larache et de se rendre après trois mois de siège.

Le dernier soulèvement des Khlott et d'El Ksar date de iS^T), sous le règne de Moulay Abderrahmane. Il fut motivé par la nomination d'un gouverneur impopulaire étouffé par le caïd nègre Farad ji.

Depuis cette date jusqu'à nos jouis, la tribu des Khlott n'a cessé d'être calme et fidèle aux Sultans. Elle faisait partie du » Bled Maghzen » lorsqu'Espagnols et Fiançais vinrent occuper la région 2.

1 Les Tlig, tribu arabe, sont intimement mélangés aux Khlott. A quelle époque sont-ils venus dans le bassin du Loukkos, à quelle fraction arabe appartiennent-ils ? Autant tle questions auxquelles il n'est pas possible de répondre, les historiens arabes étant mtiets à leur égard. On admet, re qui est vraisemblable, qu'ils sont hilaliens, c'esl-à-dire très proehes parents des Khlott dont ils partagent depuis fort longtemps la fortune, mais s'arrêtent les liypothèses. Les Tlig sont disséminés dans la région, on en trouve cepen- dant quelques groupements assez bien marqués au Nord vers l'oued Ayacha et surtout en zone française au pied du Sarsar, dans la région d'Arbaoua.

2 Par « Bled Maghzen » on entend l'ensemble des tribus reconnaissant l'autorité absolue du Sultan, spirituelle et temporelle. Ces tribus ont accepté

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KRLOTT 2^3

IX, Les Khlott actuels

Malgré des croisements inévitables avec les différentes races habitant l'Afrique du Nord, notamment les Berbè- res, croisements effectués au cours de leur traversée de la Tunisie et de l'Algérie, et depuis leur installation au Maroc, les Khlott et les Tlig ont conservé jusqu'à nos jours le type arabe assez pur.

L'homme est en général grand, robuste ; la femme de taille moyenne et bien proportionnée. Le teint est brun, les yeux, la barbe et les cheveux noirs, le visage ovale, le nez fort. Le type représente en somme toutes les caracté- ristiques de la race sémite.

A rencontre de ce que l'on observe dans de nombreuses régions du Maroc oii les esclaves noirs sont particulière- ment prisés des Marocains, les métis nègres sont très rares.

Au point de vue de sa mentalité, le Khloti a les qualités et les défauts de l'Arabe en général, les uns et les autres tellement connus qu'il n'y a pas lieu d'insister ici. Ses mœurs sont celles de toutes les tribus arabes du Maroc, à peu de variantes près.

Cette peuplade autrefois turbulente et indisciplinée, ({ui à pu, d'après certains historiens, Marmol et Léon l'Africain en particulier, mettre en ligne jusqu'à cinquante mille hommes dont huit mille cavaliers, et qui fut assez puissante pour tenir tète aux Sultans, quelquefois même victorieusemennt, non seulement est aujourd'hui consi- dérablement réduite comme population, mais encore est une des tribus les plus pacifiques du Maroc, complètement adonnée à la culture et à l'élevage, âpre au gain et beau- coup plus occupée de ses intérêts matériels que travaillée d'idées belliqueuses.

De sa valeur guerrière d'autrefois, il ne lui reste plus grand chose, hormis une aptitude au vol à main armée très particulièrement marquée, si tant est que cet amour

inijoiiid"hui la domination européenne, puisque celle-ci représente l'autorité (lu Sultan. Par contre le « Bled Siba » comprend les tribus qui reconnaissent le Sultan comme chef religieux, mais non comme chef politique. Ce sont celles qui n'admettent pas notre protectorat D'où les expressions couram- ment employées au Maroc, être en « siba » Cètre en dissidence), partir en « siba » (partir en dissidence après avoir été soumis).

18

234 NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KIÎLOTT

de la rapine puisse être considéré comme un reliquat de sa combalivilé d'antan ; au surplus, même pour le vol, le Khloti monUe généralement peu de courage, évitant dans ses expéditions de s'attaquer à qui peut se défendre avec quelques chances de succès.

Naguère voisins dangereux pour les tribus limitrophes qu'ils rançonnaient continuellement, les Khlott étaient devenus à leur tour, avant l'occupation européenne, la proie des montagnards berbères Ahl Shérif surtout, qui les razziaient sans pitié, leur enlevant périodiquement femmes, troupeaux et argent. Cette situation précaire n'a cessé que devant la présence dans le pays des troupes espa- gnoles et françaises.

Une telle déchéance tient à de multiples causes dont l'étude n'est pas du cadre de ce travail, simple notice. Les Khlott ont en définitive participé à la déchéance générale de toutes les peuplades arabes de l'Afrique du Nord, déca- dence qui a fait de ces peuplades des adversaires peu sérieux de notre pénétration, nos plus redoutables ennemis aujourd'hui au Maroc, comme autrefois en Algérie, étant avant tout des tribus de race berbère qui ont su conserver intactes jusqu'à nos jours leur vigueur, leur énergie et leur combativité.

Les Khlott ne devaient pas, cela se comprend aisément, constituer un obstacle sérieux à l'établissement du Pro- tectoiat européen sur leur territoire.

La conquête du pays s'est faite sans coup férir, tant du côté espagnol que du côté français, et si, actuellement, dans leur zone les Espagnols éprouvent des difficultés, celles-ci ne proviennent que peu des Khlott et beaucoup des Djcbalas.

Ont-ils jamais eu d'ailleurs des velléités de résistance ? On ne saurait l'affirmer, car, malgré les nombreux pala- bres motivés par l'approche des troupes européennes, palabres au cours desquels ils avaient décidé la ruine des chrétiens, les Khlott n'ont jamais, du moins en fait, esquissé la moindre défense. Peut-être, ainsi que le fait remarquer très humoristiquement M. Michaux-Bellaire, pai'lant des Beni-Malek et des Sfian, avaient-ils, comme leurs frères arabes du Gharb, compté, pour exterminer l'envahisseur, beaucoup plus sur la puissance surnaturelle des marabouts illustres enterrés dans leur pays que sur leur propre valeur guerrière : <( Voyant que les marabouts ne manifestaient aucune colère et semblaient considérer

NOTICE SUR El. KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KIILOTT 235

ce qui se passait comme émanant de la volonté divine à laquelle il faut se soumettre... (ils) ont fait comme eux'. »

X. L'Occupation Européenne

On ne peut considérer comme une occupation euro- péenne la présence dans le Sud du territoire, au milieu de l'année iQoy, d'une méhalla chérifienne commandée par des officiers français (Mission militaire française). Il n'était nullement encore question de conquête ou de protectorat, et cette méhalla, campée à Souk El Arba du Gharb, se con- tentait de surveiller la région, sans jamais passer le Loukkos.

L'occupation européenne date de l'arrivée des Espa- gnols. Ceux-ci prenant acte de notre marche sur Fez, ayant prétexté l'insécurité de la région, troublée par les attaques continuelles d'El Ksar par les Djebalas, débar- quaient à Larache le lo juin 191 1, et de marchaient sur El Ksar 011 ils arrivaient le 12.

El Ksar possédait une garnison de troupes chérifiennes toute disposée à s'opposer à la marche des Espagnols. Cette garnison, 800 askris environ, sous les commande- ments des caïds Abdessalam El Kholti et Ben Dahan, aurait eu sans nul doute, du moins au début, la partie belle contre le petit détachement espagnol (environ 260 hommes), mais leurs chefs ayant demandé des instructions au célèbre caïd Raisouli, gouverneur de la province, reçu- rent l'ordre de ne pas bouger. Les Espagnols purent donc s'établir dans la ville sans obstacle. Toutefois, la méhalla chérifienne s'enferma dans sa caserne et refusa de quitter la ville, malgré les menaces des Espagnols. Le caïd Abdessalam El Kholti, vieux soldat difficile à émouvoir, espérait que le tabor de Souk El Arba commandé par des officiers français viendrait lui porter secours, ne pouvant admettre qu'El Ksar dût rester au pouvoir des Espagnols ; à toutes les sommations d'avoir à évacuer, il déclarait qu'il ne quitterait pas El Ksar tant qu'il n'en aurait reçu l'ordre du Maghzen, seule autorité dont il relevât. L'ordre arriva bientôt au moment les Espagnols allaient employer la force. La méhalla fut dissoute et son caïd se réfugia auprès de la « Mission française ».

I Michaux-Bellaire. Notes sur le Gharb (R. du M. M., tome xxi).

236 NOTICE SUR EL KSAR EL KÉBIR ET LA REGION DU KIILOTT

Quelques mois après, à l'organisation de notre zone, il fut nommé caïd du Khlolt français en récompense de son attachement à la cause française.

La méhalla de Souk El Arba, à la nouvelle de l'occupa- tion d'El Ksar, s'était mise en roule vers le Nord. Elle s'arrêta à Bou Djenaa, à égale dislance d'El Ksar et d'Ar- baoua. La raison de cette marche ne pouvait être la reprise d'El Ksar aux Espagnols, comme l'avait espéré le caïd Abdessalam. La mission de la inéhalla était de s'appro- cher du Loukkos et de mar(iuer ainsi la limite au delà de laquelle les Espagnols ne devaient plus empiéter. Un comi)romis entre les deux nations intéressées étant inter- venu el la frontière avant été fixée au 35'' parallèle, la méhalla rétrograda et vint s'installer à Arbaoua : elle devait y marquei" l'emplacement du poste français actuel el y laisseï' un pénible souvenir.

Quehjue temps en effet après les « Journées sanglantes de Fez », cette méhalla se révoltait contre ses chefs et une partie déscitait. La répression de cette révolte motiva l'arrivée des premières troupes françaises (juin 191 1), qui fondèrent le poste actuel d' Arbaoua dont le ressoil admi- nistratif comprend, en attendant l'occupation d'Ouezzan, notre part du Khlotl et celle du Djebel, cjue nous ont donné les traités (Sarsar, Masmouda, quelques fractions des Ahr Shérif). La garnison du poste est d'environ deux cent ciiKiuante hommes, effectif très suffisant pour tenir le pays dans la tranquillité la plus absolue.

A leur arrivée à El Ksar, les Espagnols y trouvèrent le caïd Haisouli, gouverneur du Khlott. Celui-ci ne leur fit aucune opposition, comme nous l'avons vu, mais quitta la ville et alla s'installer à Arzila. Pendant quelque temps, la concorde parut régner entre le chérif et les nouveaux venus, mais elle ne devait pas durer, les exactions de ce caïd par trop rapace ayant forcé les Espagnols à exercer un coiitnMe sur son adminisliation. Peu à peu la brouille s'accentua. Elle devait aljoutir à une rupture complète. Raisouli s'enfuit à Tanger, puis gagna le Djebel qu'il sou- leva et commença ouvertement la lutte. Elle dure encore.

S'étant réservé le Khlott et le Djebel, pendant que les Riffains portent leurs effoits contre Télouan et les ports de la côte méditerranéenne, depuis plus d'un an, Raisouli et ses Djebalas, auxquels sont venus se joindre quelques fiactions Khlott parties en dissidence, tiennent le pays depuis Sidi El Yamani et le Tleta de Raïçana, théâtre

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT 237

d'engagements fréquents et meurtriers, jusque dans les montagnes des :\hl Shérif, en dépit des postes établis en ces deux points par les Espagnols. Malgré l'effort réel, sinon suivi de succès, qu'ont tenté ces derniers dans la région, la route de Tanger-El Ksar est encore à l'heure actuelle complètement coupée par les rebelles et les rela- tions avec Tanger sont devenues des plus dilïiciles, sans qu'il soit possible de prévoir quand pourra prendre fin cette situation désastreuse pour le développement écono- mique du pays. Seule la zone côtière reste calme.

La ville d'El Ksar jouit actuellement d'une tranquillité relative qui se borne d'ailleurs à ses environs immédiats et qu'elle doit sans doute à la présence d'une importante, garnison, qui, à certains moments, a été portée jusqu'à 8.000 hommes. Il n'en a pas toujours été ainsi au cours de de l'année dernière.

Le 7 juillet iqiS, en effet, les Djebalas tentèrent de sur- prendre la ville au petit jour et arrivèrent jusqu'à ses portes. Vne vigoureuse offensive de la garnison leur fit lâcher pied. Les assaillants poursuivis se retirèrent dans la montagne et si, depuis cette date, ils n'ont plus renou- velé leur tentative, ils n'ont pas désarmé pour cela. Actuellement encore, toujours travaillés par Raisouli, ils sont rassemblés en plusieurs points du Djebel à une ving- taine de kilomèlres tout au plus d'El Ksar, n'attendant que l'occasion d'attaquer à nouveau, pendant que les frac- tions Khlott dissidentes occupent la région du Tleta de T^aïçana, pas encore dégagée. Comme nous le disions plus haut, si El Ksar jouit actuellement d'une certaine tran- quillité, cette tranquillité n'est que relative.

XI. El Ksar El Kehir (Alcazarquivir des Espagnols)

Les populations du Khlott sont assez disséminées, et, en dehors d'El Ksar qui est une ville d'une certaine impor- tance, on ne trouve dans le pays que de petites agglomé- rations accrochées aux flancs des coteaux et atteignant rarement 3oo habitants. Les centres se tiennent les marchés ne sont eux-mêmes que des points de rassemble- ments hebdomadaires auprès desquels vivent quehjues douais, simples hameaux.

El Ksar El Kebîr est loin d'être aujourd'hui aussi floris- sante qu'au siècle passé. Sans cesse mutilée par les inon-

238 NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KIILOTT

dations du Loukkos, (pii la traversait au niveau du souk actuel et que les habitants ont détourner de son cours pour remédier à ses ravages péiiodiques i, la ville occu- pait autrefois une superficie double de celle qu'elle occupe actuellement ainsi qu'en témoignent les ruines, exis- tantes encore, des muiailles qui l'encerclaient.

« Etalée au milieu d'une vaste plaine. (elle) se prê- te sente aux voyageurs venant de Tanger, comme une (( oasis de verdure au sortir du territoire dénudé vit la « tribu de Khlott. Une ceinture de jardins, clos en bri- « qiies rouges, de jardins d'oliviers, d'orangers et de gre- « nadiers, donne au premier abord à la petite ville un air « de gaîté et de prospérité. Mais l'impression favorable « cesse dès qu'on pénètre à travers le réseau de rues « étroites, tortueuses et malpropres. T.a réalité du présent (' ne justifie plus le nom d'El Ksar El Kebir (grand châ- « teau), souvenir d'un passé glorieux. ^ »

Quoi qu'il en soit, El Ksar est encore une agglomération importante d'environ 8.000 habitants, placée à un croi- sement de routes très fréquentées dont l'occupation espa- gnole a fait en outre, dans ces dernières années, une grosse garnison.

El Ksar affecte la forme d'un 8 dont l'étranglement est occupé par le souk (marché). Cette disposition fait que la ville se divise en deux parties bien distinctes, Âch-Charia (ville des gens de loi) au Nord, Bab El Oued Ha porte du fleuve) au Sud,

La première comprend surtout les habitations particu- lières, c'est le quartier aristocratique, terme qui paraît quelque peu exagéré peut-être pour qui connaît la ville.

Bab El Oued est le quartier des commerçants, des maga- sins et du Mcllah fpartie du quartier réservée aux juifs).

El Ksar est complètement ouverte, les murs des anciens remparts, d'ailleurs assez éloignés de la ville actuelle, ne pouvant constituer une défense, pas plus que les amas séculaires d'immondices, ou zabalas, souvent hauts de

1 Un barrage « Es Soud » a été construit à environ un kilomètre et demi en amont d'El K?ar. L'oued coule maintenant au Sud de la ville. Ce nouveau bras qui porte le nom d'oued Djeddid (nouvelle rivière) rejoint l'ancien par- cours un peu en aval d'El Ksar, au gué des Benatyin. L'ancien lit du Loukkos existe encore, nettement marqué, et lorsque le fleuve est très grossi, au moment des pluies, le trop plein suit l'ancien lit d'où, à l'heure actuelle encore, des inondations, mais beaucoup moins dangereuses que précédemment.

2 Michaux-Bellaire.

à

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KIILOTT

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quatre ou cinq mètres qui s'élèvent à son pourtour immé-. diat. Quoiqu'il n'existe plus rien des anciennes portes, les rues venant déboucher directement sur la campagne, l'habitude a prévalu de dénommer ainsi les issues de la ville. Elles sont nombreuses. On en compte en effet qua- torze pour Ach-Charia et seize pour Bab El Oued. Toutes ces portes, excepté celles qui donnent sur le souk, vien- nent s'ouvrir sur une route circulaire, espèce de boulevard extérieur qui entoure la ville en passant entre elle et les zabalas déjà décrites.

Lorsqu'on traverse El Ksar pour la première fois, on éprouve quelque peine, comme dans toute ville arabe, à se diriger dans ce dédale de ruelles étroites, tortueuses, sombres parce que le plus souvent couvertes de chaume et se ressemblant toutes. L'habitude aidant, il est cependant possible par la suite de discerner, dans ce lascis d'apparence inextricable, quelques rues dont la direction générale permet de traverser la ville en longueur et en lar- geur, par le chemin le plus court ; artères principales sur lesquelles viennent se greffer les voies latérales.

C'est ainsi qu'Ach-Charia est parcourue par une rue à peu près centrale qui, partant du souk, entre dans le quartier par le Bab Es-Souika (porte du petit marché), traverse le souika, suit la rue des Nyarin (fabricants de peignes à tisser), arrive à la place d'El Mers, prend ensuite la ruelle qui mène à la djemaa Es-Saïda (la mosquée heu- reuse) et de là, sortant par la porte du même nom, côtoie la Hara (hôpital musulman ruiné, peut-être ancienne léproserie) et bifurquant en deux tronçons, gagne d'un côté la route de Larache près du marabout de Moulay Ali Bou Ghaleb, patron d'El Ksar, et de l'autre la route de Tanger après avoir frôlé le camp espagnol installé au Minzah.

La place d'El Mers est un quadrilatère assez vaste qui contenait autrefois, comme son nom l'indique, des silos aujourd'hui comblés. De cette place partent, outre les lues que nous venons de décrire, trois ruelles qui la mettent en relations avec l'extérieur à l'Est et à l'Ouest du quartier.

Bab El Oued est desservie par deux rues principales partant toutes deux du souk et rejoignant la route d'El Ksar à Fez.

La première, celle de droite, emprunte la rue des Chtaouyta (fabricants de tamis), sépare les quartiers d'At

240 NOTICE SUR ET. KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KlILOTT

Tabya cl d Al Kiilliiiiiyn, airiv(> au souk. Es Srir devant la grande mosquée pour rejoindre la route de Fez par Bab El Khanzira (la porte immonde) et le dar Dabbar (tannerie).

La deuxième, qui constitue la grande artère commer- ciale, partant du souk, emprunte la rue El Attarin (é|)i- ciers), passe à la Kassaria (magasin des étoffes), devant le fondouk du Sultan, devient la rue Al Diouan, laisse la prison à droite et l'entrée du mellah à gauche et, arrive à une place sur hupielle on remarcjue le sanctuaire de Sidi Abdallah El Kniksy. se trouve l'ancien palais du caïd R'aïlan qui, restauré et devenu magasin des subsistances espagnoles, faillit, le 7 juillet 1913, être pris par les Djebalas. Puis la voie rejoint la roule de Fez par le dar Dabbar.

Le souk (marché) qui sépare les deux quartiers est une place à peu près rectangulaire, traversée par l'ancien lit du Loukkos, sous une voûte en briques. C'est l'emplace- ment du marché hebdomadaire, le dimanche (el had), les gens de la région viennent vendre leuis produits. Du souk partent différentes voies de communications le reliant aux routes de Tanger, Fez et Ouezzan.

Les maisons d'EI Ksar bâties en briques cuites, les parois crépies à la chaux, sont toutes du même modèle, dont les caractéristiques sont : la monotonie, l'aspect sale, le délabrement et l'air de vétusié. 11 n'y a en effet que de vieilles constructions à El Ksar. Inlérieurement, elles procèdent toutes la manière arabe, comprenant un patio central sur lequel s'ouvrent des chambres rectangu- laires, véritables boyaux et dont l'entrée sur la rue est disposée de façon à intercepter les 'regards du passant.

Quelques-unes de ces maisons, la minorité d'ailleurs, montrent un certain luxe de décorations intérieures, telles les maisons des familles algériennes Chaouch et Otta, le pied à terre des Cherfas d'Ouezzan et la demeure d'EI Khalkhali, ancien gouverneur d'EI Ksar et du Khiott dont la famille ruinée a quitté la ville et qui dans ces der- nières années a eu son heure de notoriété.

Ayant fait retour au Maghzen, à la rhort du gouver- neur, cette maison fut vendue par le sultan Moulay El Hafid, un peu avant son abdication, à notre agent consu- laire de l'époque, M. Boisset. A leur arrivée, les Espagnols contestèrent la validité de cette vente. Moulay fïafid ayant fait, ici comme ailleurs, argent des biens nationaux,

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT 241

comme s'ils étaient biens personnels ; ils expulsèrent de la maison assez brutalemeiit le nouveau propriétaire pour y installer le bureau m-lilaire des Henseignements, d'où réclamations de M. Boisset, discussions et démarches dont il n'est encore sorti, depuis quatre ans, aucune solu- tion définitive, remise de la maison ou paiement d'une indemnité.

Les magasins d'El Ksar sont de petits éventaires à la mode arabe ou juive. Ils sont tous dans le quartier de Bab El Oued oii ils sont groupés par professions et corpora- tions dirigées par les amins (experts) sous la haute autorité du mohtaseb. Les fondouks sont nombreux, appartenant, (pielfjues-uns au Maghzen, les autres à des particuliers ou à des zaouïas.

El Ksar possède une trentaine de mosquées, nombre qui témoigne d'un islamisme beaucoup phis fervent qu'au- jourd'hui ; beaucoup sont très endommagées. Elles sont disséminées dans la ville ou à son pourtour. Trois seule- ment méritent d'être signalées, ce sont les principalos se fait la prière du vendredi, la Djemaa El Kebir (grande mosquée), la Djemaa Es Saïda (mosquée heureuse) qui com.mémore la victoire des musulmans sur les chrétiens à Larache en i68g ap. J.-C, et la Djemaa de Sidi Ali El Azmiri (le syriote), personnage qui n'a laissé aucun sou- venir de lui, mais dont le sanctuaire est surtout fréquenté par l'aristocratie ksarienne.

Les mosquées de second ordre ne sont que des sanc- tuaires de quartier dédiés à des saints dont, pour la plu- part, les faits et gestes sont tombés dans l'oubli. Toutes les mosquées appartiennent aux Habous.

El Ksar fut autrefois un centre intellectuel. La médersa de Djemaa El Kebir était très florissante au xv® siècle. Il ne lui reste plus rien de son ancienne splendeur. Rares sont aujourd'hui les Ksariens lettrés. On ne s'occupe plus de sciences ni de lettres à El Ksar et l'instruction des musulmans se borne à étudier quelque peu le livre saint dans des écoles coraniques de quartiers.

La population d'El Ksai- est, cela se comprend, fort mélangée. Elle est en majeure partie composée de Khlott, mais on y trouve encore des Djebalas, des Riffains origi- naires de Tétouan, des gens de Fez, représentants de mai- sons de commerce importantes de la capitale, et des juifs assez nombreux, qui ne présentent pas de caractéristiques spéciales et qui pratiquent fort librement leur commerce.

242 NOTICE SUR EL KSAU EL KEBIR ET LA RÉGION DU KllLOTT

A signaler, une colonie algérienne assez importante, dont les membres venus au Maroc lors de la conquête de l'Algérie par la France, comptent aujourd'hui parmi les plus riches propriétaires fonciers de la ville. Ils sont d'ail- leurs tous sujets français, l'un d'eux même, Abdelkrim Chaouch, est le représentant accrédité de notre nation.

La population européenne, assez peu dense avant l'arri- vée des troupes espagnoles (ii Espagnols, 2 Français, I Anglais, i Italien) n'a augmenté que pour la nationalité espagnole qui est représentée actuellement par un assez grand nombre de sujets, petits marchands, dont beau- coup ont été attirés d'ailleurs par l'importance de la garni- son. Les intérêts européens sont aux mains d'agents con- sulaires de la plupart des grandes puissances.

En dehors de la poste espagnole, El Ksar possède un bureau des postes françaises et une ligne télégraphique qui la relie à Tanger par Larache et Arzila. Tout derniè- rement ce réseau télégraphique a été soudé au réseau français qui se terminait à Arbaoua. Toutes les régions des deux zones marocaines sont donc maintenant en com- munication télégraphique avec l'Europe par Tanger. Le service télégraphique est ouvert au public.

La garnison espagnole, forte de 4ooo hommes environ, est installée dans un vaste camp qui occupe au Nord d'EI Ksar la plus grande partie du Minzah, cimetière 011 l'on enterre encore, installation qui n'était pas nécessitée par des besoins stratégiques, mais qui, par contre, a été une double faute hygiénique et politique, les musul- mans ayant vu non sans mécontentement violer leur nécropole.

En dehors des postes assez nombreux, simples postes de surveillance relevés tous les jours, il n'y a que peu de troupes espagnoles casernées dans la ville même. Une petite fraction d'infanterie occupe seulement un bâtiment nouvellement construit à l'entrée d'EI Ksar, près de la grande mosquée. Un tabor marocain, semblable à nos troupes chcii Tiennes, a été placé enfin près du souk dans un ancien fondouk appartenant au Maghzen.

L'occupation espagnole ne paraît pas avoir beaucoup amélioré la situation matérielle d'EI Ksar. La ville est toujours aussi mal tenue, et, à part quelques travaux de voirie absolument indispensables, il n'a rien été fait de nouveau et aucune amélioration n'a été apportée à ce qui existait. Seule une école hispano-arabe a été construite,

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KHLOTT 243

encore assez peu fréquentée, et il y a quelques jours i le gué du Loukkos a été aménagé pour permettre le roulage, aménagement d'ailleurs tout provisoire.

Au point de vue scolaire, il convient de signaler l'inté- ressante tentative faite par l'Alliance Israélite Universelle. Son école, qui a fort bien réussi, marche de succès en succès, et nous ne saurions trop féliciter les organisateurs, car s'ils enseignent les deux langues, espagnole et fran- çaise, ils apprennent surtout à leurs nombreux élèves à aimer la France et à l'admirer.

XII. La Tie Religieuse du Khlott

Quoique musulmans de la première heure, puisque originaires du Hedjaz, les Khlott ne paraissent pas avoir été autrefois très fanatiques. Nous avons vu en particu- lier qu'ils étaient souvent restés sourds à l'appel de la guerre sainte et que, sauf de rares exceptions (lors de la bataille des « Trois Rois »), ils ne se firent en général pas remarquer par leur ardeur à combattre les chrétiens.

Les descendants actuels de la tribu, sans doute très atta- chés à leur religion, sont cependant d'un islamisme doux et conciliant. D'ailleurs leur religion penche beaucoup plus vers le culte des saints de l'Islam que vers celui de Dieu lui-même, d'oii le nombre élevé de mosquées d'El Ksar dédiées aux saints et l'énorme quantité de marabouts et de koubbas que l'on rencontre sur le territoire occupé par la tribu. Il en existe au moins cent trente disséminés dans le Khlott, dont trente pour la ville d'El Ksar seule. Une dizaine de ces marabouts rappellent la mémoire d'hommes ou de femmes célèbres par leurs vertus, leur piété ou leurs talents, quelques-uns recouvrent les restes de (' moujahidin » tombés dans les batailles contre les chrétiens, les autres, enfin, et c'est la majorité, portent des noms n'évoquant plus aucun souvenir chez les Khlott eux-mêmes qui ignorent tout de leur origine et de leurs faits et gestes historiques.

Parmi les plus vénérés il convient de citer le marabout de Moulay Ali Bon Ghaleb, personnage très savant et très vertueux, docteur en théologie, en Andalousie au vi" siècle de l'hégire, mort à El Kgar, dont il est devenu le

I Mai TQiA.

244 NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT

protecteur, dctiônant lancicn patron de la ville Sidi Bou Ahmet, autre lettré. Un autre niaiabout très connu est celui de Lalla Kalma El Andalousia, sœur de Bou Ghalcb, (jui s'élève à El Ksar.

Sidi Albarek Ben Amrame, dont le tombeau, véritable mosquée, s'élève sur les bords du Loukkos, à la pointe extrême du Sahel, peu après le confluent de ce fleuve avec l'oued IMkhazen est. lui aussi, l'objet d'une grande vénération, car il a la réputation de guérir les maladies nerveuses et de féconder les femmes stériles. Mais tous cèdent le pas Moulay Bou Selham, le saint le plus vénéré des tribus Khlott et du Charb, sur lequel nous revien- drons, car il mérite mieux qu'une simple mention.

T.es confréries religieuses sont plus ou moins bien représentées dans le Khlott et à El Ksai-. On y compte les Aïssaouas, disciples de Sidi Mohammed Ben Aïssa, dont la zaouïa mère est à Meknès et que leurs exercices bien connus ont rendu célèbres ; des Hamadcha, disciples de Sidi Ali Ben Ilamadouch, en Ahl Shérif, dont les rites se rapprochent de ceux des Aïssaouas et dont le seul exer- cice consiste à se frapper le crâne avec les instruments les plus diveis et les plus résistants ; des Thouama, disciples de la confrérie d'Ouessan ; des Derqaoua en nombre très restreint, enfin et surtout des Djilali, disciples de Moulay Abd(*lkader El Djilali, plus C(^nnu hors du Maroc sous le nom de Qadiia et dont le culte, au moins chez les adeptes de la campagne, a versé dans la superstition, vestige du paganisme antéislamique : le saint est considéré par eux ccmime le chef des esprits et des démons. De ce chef se réclame aussi une autre confrérie, plus superstitieuse encore, celle des Guennaoua, la plupart nègres, dont le nom provient peut-être d'une origine guinéenne.

XIII. :ȕoiilay Bou Seliiam

Sidi Abbou Saïd El Miçry dit Moulay Bou Selham, « le pèi'c au manteau », est le saint le plus vénéré du Maroc, depuis Tanger jiis(|u'au Sebou. Les données histo- riques sur ce personnage si célèbre son! |)lus que suc- cinctes et nous devons nous contenter des légendes qui le concernent et dont la plus répandue est ra[)portée par M. Miehaux-Bellaire.

(( Originaire d'Egypte, d'où son nom d'El Miçry

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉOION DU KHLOTT 245

u (l'Egyptien), Abbou Saïd se serait signalé très jeune u par des miracles et aurait quitté son pays natal, à la (( suite d'une aventure fâcheuse avec le Sultan de son u époque. Parti dans la direction du couchant avec l'idée « fi\e d'allelndre la « petite porte » Bab Es Serir (chenal (( qui réunit la nierdja Ez-Zerga à l'Océan) ermitage oii « était enterré Joseph, fils d'Aristote et qui lui était indi- « ([ué comme le rendez-vous des Sages, il aurait mené une (( vie errante et misérable à travers l'Afrique du Nord, u s'arrêtant d'abord à Tunis, puis repartant avec son u compagnon Abdeljalil At-Ta\yar, qu'il devait laisser (< malade à Masmouda (Djebala) jusqu'à ce qu'il ait (( atteint les ruines de Tchemmich (temple du soleil). Al « Araich, il aurait rencontré le cheikh Al Arag (aux « yeux bleus), puis Al-Tayyar lui-même en train de « pêcher dans la mer. Il aurait été enseveli avec ses deux « compagnons sur les bords de la merdja Ez-Zerga. »

Par suite de quelles circonstances ce personnage obs- cur est-il devenu lun des saints les plus vénérés du Maroc ? U est difiicile de répondre. M. Michaux-Bellaire pense que sa célébrité doit tenir au « souvenir des anciens Moujahidin qui étaient placés sous la protection du marabout égyptien et qui avaient choisi la vaste plaine qui l'avoisinc comme un de leurs lieux de réunion ».

Quoi qu'il en soit, la légende lui prête des miracles extraordinaires tel que celui d'avoir entraîné un jour la mer à sa suite, pour démontrer sa puissance à son com- pagnon At-Tayyar encore incrédule. Ce miracle aurait eu sans nul doute les effets les plus désastreux si Lalla Mimouna Taguenaout n'était arrivée à temps de Fez, accompagnée de jeunes filles de la capitale, pour arrêter le flot envahisseur. Elle accomplissait par la prophétie du marabout lui-même qui avait déclaré que la mer lan- cée à sa suite ne s'arrêterait que lorsque les jeunes filles de Fez seraient venues s'y baigner. C'est ainsi que les gens du pays expliquent la formation de la merdja Ez- Zerga.

Tous les ans, les tribus du Khlott, du Gharb et même des Béni Hassen et du Djebel se réunissent à une époque déterminée, pour faire un pèlerinage au tombeau du saint, pèlerinage (moussem) qui est l'occasion de grandes fêtes.

Ces fêtes se déroulent d'abord au souk de Lalla Mimouna, puis à Mechra El Hader et enfin au marabout

246 .NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KHLOTT

de Moulay Bou Selham lui-même. La réunion est souvent très considérable, surtout aux périodes de prospérité, comme en 1914, et pendant les quatre jours du Moussem on dépense les économies de bien des semaines.

Cette ville de toile subitement née, ce camp de milliers de tentes qui semblent plantées çà et au gré de la fan- taisie individuelle, donne une surprenante impression de discipline et laisse entrevoir les mystérieux instincts de la foule.

Personne n'a rien organisé, aucun programme n'a été fixé, mais chacun s'est mis pourtant à la place qui peut être la sienne. Des souks se sont formés, voisinent les marchands de Fez et ceux de Salé. Une grande place libre, large piste, a été aménagée pour les fantasias, et tout à l'entour se groupent, s'échelonnent les imposantes tentes- koubbas des grands caïds, les tentes plus simples des notables, une foule d'autres plus modestes encore, toute la gamme, jusqu'aux plus rudimentaires abris, vagues haïks hâtivement cousus, dressés sur deux branches ramassées çà et là, ou tendus d'un buisson à l'autre entre les touffes de datura.

Les bruits de la fête montent, assourdissants : noubas de tambourins et de ghaïtas (hautbois) qui accompagent les personnages de marque, derboukas et chants aigus des chikhat ; tebels et flûtes des Aïssaouas, des Hamad- cha, et leurs cris rythmés et monotones. Puis dominant le tout, les rafales de la fantasia, sans cesse reprise, interminable.

Et cette foule de 120.000 indigènes et plus, qui ne sont venus que pour prier et surtout s'amuser s'amuse de tout, du spectacle, du mouvement, de l'idée même qu'elle est en fête. Point de rixes, point de disputes ; les tribus ennemies, les caïds rivaux, les plaideurs en procès se rencontrent, se frôlent, oubliant leur haine dans cette atmosphère de joie i.

XIV. Organisation Administrative

Tribu maghzen, le Khlott avant l'arrivée des Européens (1911) a subi le contre-coup de toutes les vicissitudes par

I Pour de plus amples détails sur Moulay Bon Selham et son Moussem cf. Michaux-Beli.aire, Les tribus arabes de la vallée du Loukkos, in Archives Marocaines, tome iv, 1906.

.\OTICF SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGIOiN DU ERLOÏT

247

lesquelles passait le Maghzen lui-même. Les combinai- sons politiques, la puissance tour à tour accrue ou dimi- nuée des chefs indigènes qui le commandaient, ont réuni ou séparé le Khlott d'El Ksar.

Tantôt le Maghzen favorisant un gouverneur d'El Ksar ou un caïd du Khlott, lui confiait ville et tribu, tantôt appliquant la devise (( diviser pour régner » (|ui était bien la sienne, il attribuait à plusieurs caïds diverses fractions du Khlott. Tantôt devant des besoins d'argent qu'un per- sonnage puissant pouvait aider à satisfaire, le Khlott et El Ksar sont ensemble ou séparément attribués au pacha de Larache, qui leur nomme des khalifats. La même rai- son en d'autres périodes poussait à la division. A certains moments encore, le Khlott a été rattaché aux tribus du Djebel.

Parmi les gouverneurs les plus connus de la tribu, on peut citer Ar-Reiss, Achquiloula et ses descendants, le caïd R'aïlan, Ahmed Rilli, les Astot, puis dans des temps plus récents, les caïds Guenouari, Khalkhali, El Hadj Bou Selham Remiqui et enfin le célèbre caïd Raisouli.

C'est ce dernier qui, au moment de l'arrivée des Espa- gnols en 191 1, étendait son autorité sur le Khlott et tout le pays environnant. Depuis, le Khlott a été divisé entre les zones d'inlluence française et espagnole et les deux parties ont suivi un sort différent. La rupture entre les Espagnols et Raisouli a amené le remplacement de celui- ci par Remiqui, ancien caïd du Khlott, tandis que dans le Khlott français était instauré un nouveau caïd, Abdessa- lam El Kholti, ancien commandant des troupes chéri- fiennes à El Ksar dont nous avons déjà parlé.

D'un côté comme de l'autre de la fiontière provisoire, puisque le tracé n'en est point encore complètement décidé, les deux nations européennes exercent le contrôle des autorités indigènes, d'après la formule de l'adminis- tration indirecte. Un bureau indigène « Olicina indigena» est chargé à El Ksar des affaires de la tribu en zone espa- gnole, tandis qu'à peu de distance le chef du Rureau des Renseignements d'Arbaoua et le contrôleur civil de Souk El Arba de Sidi Aïssa remplissent les mêmes fonctions vis-à-vis du Khlott français. Le Khlott espagnol fait partie d'une région ' Larache-El Ksar, le Khlott français dépend

I La région d'El Ksar-Larache comprend trois cercles : Larache, Arzila, El Ksar.

248 NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KIILOTT

du cercle du Sebou et du contrôle civil de Kenitra, ratta- chés tous deux à la région de Kabat.

Quant à la ville d'El K:sar elle-même, après avoir eu une administration du Maghzen, sous la direction de ses divers gouverneurs, elle possède actuellement une muni- cipalité organisée par les autorités espagnoles. Cette municipalité est composée d'Esf)agnols et d'un seul Maro- cain, le caïd Hemi(|ui, lequel est presque toujours rem- placé par son naïb (représentant). Le consul d'Espagne en a la présidence et s'occupe de toutes les questions con- cernant la ville.

La justice musulmane en zone espagnole fonctionne sous la surveillance des Espagnols ; elle est rendue par deux cadis, l'un pour El Ksar ville, l'autre pour la tribu même des Khlott.

En zone française, les affaires sont soumises au cadi de Mechra Bel Ksiri.

XV. Commerce, Industrie, Marchés

Le mouvement commercial dans le pays des Khlott est d'une certaine activité, due en partie à la proximité du port de Larache qui sert de débouché à la jégion, mais surtout aux relations constantes des gens de la tribu avec leurs voisins de la montagne. Les souks locaux en sont la manifestation la plus importante,

La réunion des montagnards vêtus de djellabas brunes, venus à pied de leurs villages haut-perchés, des femmes berbères qui, les jambes protégées par des molletières de cuir, ont suivi les rudes sentiers et traversé les broussailles pour apporter l'huile ou des œufs, des Arabes du bas pays qui, à pied ou plutôt à âne, échelonnant sur les pistes leur délilé, ont amené au souk leur grain ou leurs bestiaux et qui restent immobiles en attendant l'acheteur, enveloppés dans leurs vêtements blancs, le mélange des produits différents des deux régions, le contraste des deux races, tout cela donne aux souks du Khlott un caractère original et pittoresque.

Il existe chez les Khlott six marchés dont un à El Ksar. Ce sont par ordre d'importance :

Souk El Tleta Er Raïçana (mardi).

Souk El Had d'El Ksar ^dimanche).

Souk El Thine de Sidi El Yamani (lundi).

NOTICE SUR EL KSAll EL KEBIR ET LA RÉGION DU KllLOTT 249

Souk El Djemaa el Tolba (vendredi).

Souk El Tnine Smid El Ma (lundi).

Souk El Tleta d'Arbaoua (mardi) en zone française '.

Le Tleta Er Raïçana, fréquenté par les Khloit, les Béni Gorfet, les gens du Sahel et les Ahl Shérif, se tient sur l'oued Raïçana (route d'El Ksar à Tanger). C'est le plus gros marché de la région. Le commerce de grains et d'ani- maux y est très actif. Les transactions atteignent 700.000 p. h. environ par an.

Le souk El Had est un marché urbain qui sert à l'appro- visionnement d'El Ksar. La présence d'une garnison assez nombreuse aurait pu en faire croître l'importance, mais les montagnards s'abstiennent en général d'y assister, par, hostilité ou par crainte de quelques représailles.

D'ailleurs les officiers espagnols, les soldats, l'Inten- dance n'achètent rien à El Ksar. Tout vient d'Espagne 2.

Il en est un peu de même pour les autres souks et de ce fait le mouvement de la région a plutôt souffert que pro- fité de l'occupation espagnole.

Le Tnine de Sidi El Yamani, à l'embranchement des routes d'El Ksar à Tanger est fréquenté par les mêmes tribus que le Tleta de Raïçana, mais moins assidûment.

Le Djemaa et Tolba visité par les Ahl Shérif, le Tnine de Smid El Ma et le Tleta d'Arbaoua sont des marchés locaux assez peu actifs. Le Tnine de Smid El Ma, situé sur la rive gauche du Loukkos et qui tire son nom de l'oued qui coule à proximité, réputé pour l'excellente qualité de ses eaux, ne peut lutter avec le très important souk El Djemaa de Lalla Mimouna qui se tient à peu de distance.

A ces marchés tant ruraux qu'urbains sont apportées toutes les denrées qui figurent habituellement sur les souks marocains : on n'y rencontre pas de spécialités. Les Djebalas y vendent des olives, de l'huile, du bois, du charbon, du sel, des figues sèches, des poulets, des œufs, des fruits suivant la saison, des oranges et surtout des raisins, un peu de coton. Les Khlott vendent des grains, du bétail, des peaux et cpielques poteries grossières.

En dehors d'El Ksar, les Européens ne fréquentent pas

1 En dehors de leurs propres marchés, les Khloft fréquentent les princi- paux marchés d'alentour, ce sont : Souk El Arba (Ahl Shérif, mercredi) ; Khemis de Bou Djediam (Ahl Shérif, jeudi) ; Sebt des Béni Gorfet (samedi) ; Khemis du Sarsar (jeudi) ; Tnine de Sidi Amor El Habi (Gharb, lundi) ; Arba de Sidi Aïssa (Gharb, mercredi) ; Djemaa de Lalla Mimouna (vendredi).

2 Michaux-Bellaire. R. du M. M., tome xxi.

19

250 NOTICE SUR EL KS VR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KIILOTT

ces marchés, qui tous, sauf ceux de la rive droite, sont en zone peu sûre.

La perception des droits de marché a été réglementée par les autorités espagnoles. Ces droits payés par le ven- deur varient suivant les marchandises entre 5 % et lo % du prix d'achat. Ils ont été fixés à 4 p. h. pour les bœufs et o p. h. 5o pour les chèvres et les moutons.

A El Ksar, concurremment avec les droits de place et de marché, on paie à l'entrée de la ville un droit de porte. (Les portes sont tombées, les droits sont restés.) Un amin nommé par le Sultan est chargé de les percevoir et reçoit 6o réaux hassani d'appointements mensuels. Avant l'éta- bUssement du monopole pour la vente du kif et du tabac, il en avait le privilège.

Les droits perçus sont de i p. h. par mule, kidar (cheval de bât) ou chameau chargé et de o p. h. 5o par âne. En échange de cette somme est délivré un reçu qui exempte des droits de marché.

A El Ksar même, le commerce est celui de toute ville indigène. Quelques tisserands fabriquent des djellabas blanches assez fines, on trouve des belras grossières faites sur place ; mais presque toutes les marchandises viennent de l'intérieur, d'Europe par Larache (étoffes, bougies, thé et sucre, quincaillerie, etc.), de Fez pour tous les pro- duits de l'industrie marocaine. Il y a dans la place un certain nombre de commerçants en gros qui, en échange des objets manufacturés européens, exportent les grains et les laines.

Une seule maison de commerce française et une maison allemande (banque et commission) représentent l'élément européen. Les Espagnols ont de petites entreprises : quin- caillerie, menuiserie, bâtiment, commerce de détail.

XTI. Mesures

A) Mesures itinéraires. Comme dans tout le reste du Maroc, les mesures itinéraires sont inconnues. Cependant, sur les routes les plus fréquentées, le décompte par heure de marche est assez souvent employé.

B) Mesures de longueur. Les mesures de longueur sont :

Le draa ou coudée : o"5o environ.

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KIILOTT 251

Le qala, la coudée plus deux phalanges.

La gania, ou brasse : i"62 environ.

Le kheloua ou pas : o'"75 environ.

Draa et (|ala s'emploient poui' les mesures des étoffes, la gama aussi ; la gama sert à estimer les hauteurs (cons- tructions) et les profondeurs (puits).

C) Mesures de superficie. On calcule les superficies d'après les quantités de grains nécessaires pour l'ense- mencer ou d'après le nombre de charrues employées dans les labours.

La grande charrue (charrue attelée de bœufs) vaut lo à 12 hectares et prend i4 à i5 mouds de semence.

La moyenne charrue (chevaux et mulets) vaut 8 à lo hectares et prend 7 à 8 mouds de semence.

La petite charrue (âne) vaut 6 à 8 hectares et prend 4 à 5 mouds de semence.

D) Mesures de capacité. Comme mesure de capacité pour les grains on utilise le « moud » dont la valeur est très variable suivant les localités, mais les récipients qui représentent cette mesure sont très répandus et les habi- tants en connaissent les valeurs relatives.

A El Ksar, l'amin en fixe et en vérifie les dimensions. Le « moud » d'El Ksar contient !iô kilos de blé. Celui de Tleta de Raïçana vaut les trois quarts du précédent, soit environ 3v^ kilos. Dans le Djebel, le « moud » n'est que de 22 kilos environ. On emploie les fractions de moud : 1/2, i/!i, 1/8, jusqu'à 1/16 et i/Sa (nous-tomni, robia, tomni).

Pour le sel en grains, les mêmes mesures sont utilisées ; le sel gemme se vend au morceau de gré à gré.

Le seul liquide qu'on ait à mesurer est l'huile. Sur les marchés on la vend sans mesure fixe à prix débattu et par très petites quantités (^par kas, verre) ; on la pèse à El Ksar.

E) Mesures de poids. Ces mesures varient avec les denrées. On distingue le retal el attari (livre d'épicier) qui équivaut au poids de 20 réaux hassani, soit 5oo grammes; le retal el bakkali (livre de matières grasses), utilisé pour le savon, le beurre, l'huile, le miel, qui équivaut au poids de 3o réaux hassani ; le retal el khaddari (livre de légu- mes) qui équivaut à ho réaux hassani.

A El Ksar, les bouchers emploient la «livre de boucher»

252 NOTICE SLR EL KSAR EL KÉBIR ET LA REGION DU KIILOTT

égale à la précédente, tandis que sur les marchés la viande s'achète par morceau de gré à gré.

Toutes ces mesures sont vérifiées et surveillées à El Ksar par un molhasseb qui est également chargé de l'établis- ment de la mercuriale.

La charge de mothasseb était autrefois achetée au Maghzen par le paiement d'une somme de 3 à /j.ooo réaux hassani. Un traitement de 2 réaux hassani lui était servi sur le budget des habous. 11 va sans dire qu'il prélevait sans contrôle les droits les plus arbitraires ; actuellement il touche 90 léaux hassani par mois et il se borne à fixer les prix.

Dans la ville, les boutiques sont soumises à une patente, les marchands d'huile, savon, etc., paient i peseta has- sani par semaine, les boulangers 2 pesetas hassani, les bouchers 2 pesetas hassani par mouton et 12 à iT) pesetas hassani par bœuf.

XYII. Habitation

Les Khlott étant une tribu de pasteurs habitent sous la la tente ' plus fréquemment qu'il n'est d'usage dans les tribus voisines. Pourtant l'étendue relativement faible des terrains de pacage leur permet une certaine stabilité, qui explique la présence dans leurs douars de nouala =, mêjne de maisons. Ces maisons sont des construc- tions très simples dont les murs en briques séchées au soleil floub) sont protégées par un toit de chaume très incliné.

Quelques riches propriétaires possèdent une ou deux maisons 5 une pièce bâtie en briques cuites (dar El Hadj Bou Selham El Bou, dar El Harrak, dar douar Haoura, dar Sldi Djelloul El Ilesbahi à Gla, dar El Bou Djena sur la route d'Arbaoua à El Ksar, dar El Bouhati sur le Djebel Gheni, etc.).

La pierre de construction manque à peu près totalement chez les Khlott ; c'est ainsi que la ville elle-même d'El Ksar

1 Les tentes sont faites de flij, bandes de haïdelli (fibre de palmier nain tressée) de o°6o de large qui valent o p. h. 5o la coudée.

2 Les nouala sont des huttes constituées par un canevas de roseaux recou- vertes d'un toit de jonc. Rondes ou carrées, ces huttes peuvent être assez confortables. Leur mobilité relative, leur prix assez modique (12 r. h. en moyenne) en font un mode d'habitation tout à fait pratique.

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA RÉGION DU KIILOTT 253

est toute entière bâtie en briques cuites. Ces briques peu épaisses (longueur o™2o, largeur o™i2, épaisseur o"o2) sont fabriquées sur place au prix de 7 p. h. le mille.

Le sable est abondant dans quelques carrières et surtout dans l'oued Loukkos et ses affluents. La chaux est faite autour d'El Ksar avec des pierres provenant du Djebel Gheni, elle vaut 4 p. h. à 4 P- h. 5o le quintar ou le (( chouari » (60 à 80 kilos). Elle sert à faire les enduits des murailles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, car les revêtements en plâtre, assez répandus dans certaines régions, sont ignorés ici.

Les maisons sont recouvertes en tuiles courbes qui rap- pellent de très près celles qui sont utilisées en Provence, et les toits en tuiles à fortes pentes d'El Ksar, les nids de cigogne qui s'élèvent en grosses touffes, les cigognes elles- mêmes perchées sur les pignons, donnent à la ville un aspect tout particulier et unique au Maroc.

XTin. Loyers

Les loyers des maisons dans El Ksar varient entre 8 et 20 r. h. par mois ; la plupart des maisons sont à un étage, desservies par un escalier intérieur donnant sur la cour ou patio. Dans toutes il y a un puits (eau à 9 mètres) et dans quelques-unes une citerne. Les puits sont maçon- nés, le prix de leur construction varie de 120 à i3o r. h. i.

Les boutiques se louent suivant le quartier de 2 à 5 r. h. Comme partout au Maroc, ce sont de simples cases larges de 2 mètres à S'^ôo et élevées de o™5o au-dessus du sol, oîj les commerçants ne séjournent que pendant les quelques heures consacrées aux affaires.

XIX. Production Agricole du Pays

V

Ainsi qu'il a été exposé au paragraphe YI, la région du Khlott convient très bien à la plupart des cultures, tant par le climat tempéré dont elle jouit, que par la nature de ses terrains.

La culture dominante est celle du « dra », sorte de sor-

I A cause de la qualité sélénlteuse de l'eau des puits, l'eau de citerne est préférée pour les travaux de la maison (lavage, etc.).

254 NOTICE SUR EL KSAU EL KÉBIR ET LA REGION DU KULOTT ^

gho qui réussit particulièrement bien dans les parties <( fraîches » des tenains touars.

L'orge, le maïs et le blé sulïîsent pour nourrir la tribu, tandis que le sorgho s'exporte en grande quantité vers l'intérieur (Cherarda, Béni Ahsen, etc.). Quelques cour- tiers en achètent sur les marchés pour en faire la vente ou l'exportation par mer à Larache, mais ce mouvement est insignifiant par rapport à celui de l'intérieur.

Les autres produits, plus ou moins abondants au Maroc, mil, fèves, pois chiches, coriandre, fenugrec, ne se ren- contrent que peu dans le Khlott, ils sont comme le blé et l'orge réservés à la consommation locale.

Les jardins nombreux et très beaux, déjà signalés, donnent de bonnes oranges ', des grenades, des figues et quelques légumes, mais l'abondance des jardins aux envi- rons de Larache, les faibles besoins d'Ll Ksar, ravitaillé déjà par les montagnards, la grande distance des autres agglomérations et la lenteur des communications ne per- mettent pas actuellement le développement plus grand des cultures maraîchères.

Quant au bétail, qui constitue une des richesses du pays, on ne peut plus comme autrefois le diriger sur Tanger pour l'exportation. L'insécurité de la route a rejeté vers l'intérieur la surproduction assez abondante et les bœufs du Khlott approvisionnent surtout les marchés ruraux d'oii les acheteurs en gros les envoient sur Meknès, Rabat et les ports de la côte. Le mouvement par Larache est rela- tivement faible.

XX. : Colonisation Européenne. Avenir du Pays Khlott

Peu de régions actuellement occupées du Maroc parais- sent plus désignées à la colonisation que le Khlott, pays éminemment propre à la grande culture et à l'élevage, pays dont la population pacifique et âpre au gain est accessible à des idées nouvelles.

Jusqu'ici, malheureusement, la situation politique de la zone espagnole, qui comprend la plus grande partie du Khlott, n'a pas encore permis la mise en valeur par les Européens de cette riche contrée.

I Les oranges se vendent en gros avant la récolte au prix moyen de 7 p. h. 5o par arbre.

NOTICE SUR EL KSAR EL KEBIR ET LA REGION DU KIILOTT 255

Sans doute les Khlotl sont soumis, mais les Djcbalas ont longtemps tenu la campagne, leur menace plane tou- jours sur le pays, et l'on comprend que dans ces condi- tions, les tentatives de colonisation soient difficiles sinon impossibles.

Quelques Européens ont fait des essais d'association avec les indigènes du Khlott pour l'élevage du bétail ; essais timides et à juste titre ! Quelles garanties espérer contre le vol dans un pays si voisin des montagnards farouchement hostiles, dont les bandes, hier encore, parcouraient la région, malgré la présence des ro.ooo soldats espagnols de Larache, Arzila et El Ksar.

Echappant à la convoitise des montagnards, protégés contre les rapines par l'horreur religieuse, les troupeaux de porcs peuvent se développer en toute sécurité et l'éle- vage du porc, entrepris par quelques colons, est particu- lièrement florissant.

Des sociétés importantes possèdent entrée El Ksar et Larache des propriétés qu'elles n'exploitent pas, attendant des temps meilleurs pour les mettre en valeur ou les revendre. Mais ce que peuvent faire des Sociétés à gros capitaux, des particuliers ne peuvent se le permettre, aussi la petite colonisation n'existe-t-elle pas encore dans la région du Khlott espagnol.

En zone française du moins le calme est complet et la sécurité absolue, mais celte zone est si peu étendue qu'on ne peut lui demander un grand développement de la colonisation.

Toute la vie du pays est en zone espagnole. Espérons que les efforts de nos voisins arriveront bientôt à rendre la liberté à une région qui ne demande qu'à vivre et à produire, à qui son sol et son climat promettent un avenir d'exemplaire prospérité i.

Arbaoua, le i6 mai igi/i. D' Gustave BERTRAND, Etienne DELHOMME,

Médecin Major de 2^ classe. Capitaine d'Infanterie H. C,

Chef du Service médical indigène Chef du Bureau des Renseignements

du district d'Arbaoua. d'Arbaoua.

I Voir Bibliographie, p. 266.

256 NOTICE SUR EL KSAR EL KÉBIR ET LA REGION DU KHLOTT

Documents et Ouvrages consultés

Archives du Bureau des Renseignements d'Arbaoua. As-Slaouy. Kitab cl Istisca (Trad. Houdas). Aubin. Le Maroc d'aujourd'hui.

Besnier. Géographie ancienne du Maroc (Archives Maro- caines, tome i).

Recueil des inscriptions anciennes du Maroc (Archives Marocaines, tome i).

De Cuevas. Etude sur la géographie du Pachalik de Larache

(en espagnol). El Bekri. Description de l'Afrique septentrionale (Trad. de

Slane, Journal Asiatique, tome i). Edrissi. Description de l'Afrique et de l'Espagne (Trad.

Dorey et Genje). EzziANi. Le Maroc de i63i à 1818 (Trad. Houdas). De Foucauld. Reconnaissances au Maroc. Ibn Khaldoun. Histoire des Berbères (Trad. Slane), LÉON l'Africain. Description de l'Afrique. Marmol. L'Afrique. Michaux-Bellaire et Salmon. Les tribus arabes de la vallée

du Loukkos (Archives Marocaines, tome iv, igoB). Michaux-Bellaire. Notes sur le Gharb (Revue du Monde

Musulman, tome.xxi, 191 2). Michaux-Bellaire. Le Gharb (Archives Marocaines, igiS). Miller. Mélanges de philologie et d'épigraphie. MouLiÉRAS. Le Maroc inconnu. Miller. Claudii Ptolemei, géographie. Noshet El Hadi. Xrad. Houdas. TissoT. Recherches sur la géographie comparée de la Mau-

rétanie Tingitane.

Itinéraire de Tanger à Rabat (Bulletin de la Société de Gcographie de Paris, 1875).

HOTE SÛR liES TOlViUliI ET QÛEliQUES RUlflES

des Environs d'El Aïoun Sldi MellouK (Maroc Oriental)

LES TOIILI

Le présent travail fait, en quelque sorte, suite à ceux que j'ai déjà eu l'occasion de publier sur les tumuli de la région d'Oudjda i.

Les anciens tumuli sont fort nombreux aux environs d'El Aïoun Sidi Mellouk 2 et il eût été désirable de fouiller quelques-uns d'entre eux. Lorsqu'en igiS j'ai sillonné cette région, mes occupations ne m'ont malheureusement pas permis, d'entreprendre des travaux qui, pour être menés à bien, auraient exigé des stationnements d'une certaine durée. Dans ces conditions, je n'ai pu prendre que des notes sommaires sur les tumuli rencontrés et dont la liste est donnée ci-après.

La plupart des tumuli sont de forme circulaire et ont un faible relief ; leur diamètre dépasse rarement 6 mètres- et il est souvent très inférieur à ce chiffre. Aux alentours de l'Ain Tameur il y a un tumulus en forme de croissant ; ce type est tout à fait exceptionnel.

Emplacement des Tumuli

Les tumuli figurant sur la liste suivante sont répartis en sept gToupes correspondant à des zones distinctes ; dans chaque groupe leur énumération est faite de l'Est à

r I,. VoiNOT. Les tumuli d'Oudjda et .Yo/e sur les tumuli et quelques vestiges d'anciennes agglomérations de la région d'Oudjda, in Bull. Soc. de Géogr. et d\Arch. d'Oran, igio et 1910.

9. On trouve également un (.ertain nombre de tumuli aux environs de Taourirt et dans la Tafrata, entre Taourirt, Debdou et la Moulouya ; il ne paraît pourtant pas y exister des groupements aussi importants que ceux constatés en quelques points des régions d'Oudjda et d'El Aïoun.

20

258 TLMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOIJN SIDI MELLOUK

l'Ouest, en indiquant les particularités de ceux qui diffè- rent de l'habituel tas de pierres à peu près informe.

Les indications fovnnies sur les emplacements des tumuli doivent permettre de les retrouver facilement sur le terrain, à condition bien entendu de prendre un guide du pays ; la carte du Maroc (3riental au 1/200.000^ (feuille Oudjda-Taourirt) peut d'ailleurs être utilement consultée,

Extrémité ouest de la plaine dWngad :

Un grand tumulus en mauvais état, dit Kerkour el Youhdi I, au sommet d'un monticule bien connu situé entre Naïma et l'oued Bouredim, à environ deux cents mètres au Sud de la piste carrossable d'Oudjda à El Aïoun Sidi Mellouk.

Très nombreux tumuli au lieu dit Blad Djouhal 2. Blad Djouhal se trouve à hauteur de Kerkour el Youhdi, entre la piste carrossable d'Oudjda à El Aïoun et les hauteurs obliques à cette piste qui forment vers l'Est l'amorce de la colline de Megacem. C'est au pied de ces hauteurs que les tumuli sont les plus denses ; quelques-uns ont de grandes dimensions et beaucoup sont en mauvais état.

Un tumulus plat à environ un kilomètre au Nord de la gare dite de l'Oued Bouredim (elle se trouve en réalité sur l'oued Atchane) et à deux cents mètres au Sud-Ouest des ruines du lieu dit Djeboub ^.

Un tumulus à la pointe ouest de l'ondulation située entre Djeboub et la cuvette dite Feidet Roumana, à proxi- mité de l'oued Alchane et sur sa rive droite.

Deux tumuli au Nord et près de la voie ferrée, à environ un kilomètre à l'Ouest de la gare dite de l'Oued Bouredim.

Plusieurs tumuli peu nets à côté et à l'intérieur des ruines d'Ighqour, à Ras Bouredim.

Un tumulus vers la lisière sud-ouest de la plaine d'An- gad et au Nord du djebel Bou Ladjeraf , au pied d'un petit monticule dit Ilarich el Abada.

Djebel Bon Ladjeraf et pied de cette montagne à la lisière sud de la plaine d'Angad :

Un petit tumulus sur la rive gauche de l'oued Bou Lad- jeraf, entre les deux falaises les plus élevées de la monta-

1 Kerkour el Youhdi, signifie le tas de pierres du juif.

2 Blad Djouhal ; le territoire des païens de l'époque antéislamique.

3 Djeboub : mot arabe qui signifie citerne. Il y a en effft une ancienne citerne en cet endroit.

TUMULl ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK 259

gne de même nom, sur le territoire de la fraction des Haddiine de la tribu des Béni bou Zeggou.

Un tumulus au débouché nord du Teniet el Hamra, près de la berge gauche du ravin dit Châabet el Hamra ».

Assez nombreux tumuli sur le sommet et les flancs des contreforts nord du Bou Ladjeraf, contreforts dénommés Koudiet Hadjate par les Berbères et Koudiet El Ariana par les Arabes. Quelques-uns de ces tumuli sont très grands ; certains ont été violés.

Ligne de hauteurs au. Nord-Ouest de la plaine d'An- gad entre cette plaine et l'oued Bouredim :

Deux tumuli, dont l'un dit Kerkour Mohammed ben Sliniane, au sommet d'un monticule à l'Est de la colline de Megacem.

Un tumulus à Teniet Ghenem 2 dans le Megacem.

Plaine ondulée autour d'El Aïoun Sidi Mellouk :

Plusieurs tumuli, dont un très grand, dans un col du flanc droit de la vallée de l'oued Bouredim, à côté du sen- tier dit Mehadj Gleb et Tsour et à hauteur du point de la rivière appelée Gueltet es Souk.

Trois tumuli sur une ondulation au-dessus de Djorf el Abiod, sur la rive gauche de l'oued Bouredim.

Un tumulus sur une ondulation entre la dépression dite Hofret en Nâàma et l'oued Bouredim.

Deux tumuli dans un petit col de la même ondulation, à côté du sentier dit Trik Chouala. Un de ces tumuli était constitué par un simple cercle fait d'une rangée de grandes dalles fichées ; quelques-unes de ces dalles seule- ment restent debout.

Deux tumuli sur la même ondulation, à la pointe d'un saillant qui domine la vallée de l'oued Bouredim, au lieu dit El Hadab, près et à l'Est d'un sentier conduisant d'El Aïoun Sidi Mellouk à Massine chez les Béni Mahiou. Un de ces tumuli est surmonté d'une haouïta en pierres sèches élevée ultérieurement par les populations musul- manes de la région.

Un tumulus au sommet de la même ondulation, entre les précédents et le mekam de Sidi Slimane, lequel paraît d'ailleurs avoir été construit sur un ancien tumulus.

1 Tenir! el Hamra : le col rouge.

2 Teniel Ghenem : le roi du troupeau de moutons.

260 TUMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK

Trois luniuli au sommet d'une ondulation située dans l'angle nord-est formé par la piste d'El Aïoun Sidi Mellouk à Massine par l'Ain Deila et le thalweg de l'Ain Délia.

Un cercle de grosses pierres au pied d'une petite falaise du flanc sud de la précédente ondulation.

Un tuiimlus à l'Est de la piste d'El Aïoun Sidi Mellouk à Massine par l'Ain Defla, entre cette source et l'ondula- tion qui est au Sud-Ouest du mekam de Sidi Slimane.

Un tumulus sur la berge droite de l'Ain Délia, dite aussi Ain Ilamdoun >, près de la piste conduisant à El Aïoun Sidi Mellouk.

Une dizaine de tumuli sur la berge gauche de l'Aïn Deila, certains entourés de dalles fichées ; trois de. ces tumuîi se trouvent à l'Ouest de la piste d'El Aïoun Sidi Mellouk, les autres sont à l'Est.

Un petit tumulus sur la piste conduisant d'El Aïoun Sidi Mellouk aux montagnes des Zekara, à environ deux cents mètres au Sud-Est de la voie ferrée, à hauteur du passage à niveau d'Ain El Hadjar.

Deux tumuli sur une ondulation du flanc gauche de Saheb cd Dib, au Sud-Est d'El Aïoun Sidi Mellouk et près d'Aïn El Hadjar.

Un tumulus, dit Redjem el Hadab, sur une petite ondu- lation au Sud et à environ un kilomètre de l'oued Boure- dim, un peu à l'Ouest de la piste d'El Aïoun Sidi Mellouk à Massine par l'Ain Délia.

Un tumulus sur une légère ondulation de direction Nord-Sud, qui se trouve à l'Ouest d'El Aïoun Sidi Mellouk et à hauteur de l'Ain Defla sur l'emprise de la future voie ferrée. (La ligne télégraphique est construite sur le bord de cette emprise, elle ne suit pas les- sinuosités de la voie provisoire de 0^60. )

Un tumulus violé sur une ondulation de direction Est- Ouest, au Sud de la piste d'El Aïoun Sidi Mellouk à l'Ain Tameur et sensiblement au milieu de l'intervalle séparant ces deux points.

Deux tumuli sur une ondulation de la rive gauche de l'oued Bouredim, au Nord de l'Ain Tameur.

Trois tumuli au sommet du flanc droit du ravin de l'Aïn Tameur, au-dessus de la source.

I Du nom du caïd de la tribu des Spdjnn, qui a rn'é le? jnrdins voisins de celle source.

TUMULI ET RUINES DES ENVIRONS DEL AÏOUN SIDI MEIXOUK 2(31

Un tumiilus violé, au sommet du flanc gauche du ravin de l'Ain Tamcur, en face des précédents.

Deux petits tumuli sur une ondulation pierreuse, entre le ravin de l'Ain Tameur et l'oued Bouredim et vers leur confluent.

Deux tumuli au pied sud-est des hauteurs dites Chebket Aïn Tameur.

Un tumulus sur la berge droite de l'oued Ouararia. On appelle ainsi la partie de l'oued, figurant sur les cartes sous le nom d'hsane, qui se trouve en aval des jardins de Mahiriz.

Trois tumuli sur une petite arête rocheuse au milieu des jardins de jNIahiriz ; il y a une haouïta en pierres sèches sur l'un d'eux.

5" Région très coupée au Sud de la plaine d'El Aïoun Sidi Mellouk, entre cette plaine et les montagnes des Béni bou Zeggou :

Trois tumuli, dont un violé, sur la crête à l'Est de l'oued Teghanimt (oued Israne des cartes), à hauteur de la colline de Ouefa Mâalla, que la carte au 1/200.000® dénomme à tort Kef Mahalla.

GrouiDe de six tumuli à environ deux cents mètres de la berge droite de l'oued Teghanimt, à hauteur de Quefa Mâalla.

Un tumulus sur la berge droite de l'oued Teghanimt, à hauteur de la pointe est de Quefa Mâalla.

Assez nombreux tumuli, dont beaucoup en très mauvais état, sur les pentes est de Quefa Mâalla, à proximité d'an- ciens vestiges d'agglomération.

Quelques tumuli sur l'ondulation de la rive droite de l'oued Irsane, à Ras Irsane.

Tumuli douteux dans les ruines de Kerkour Aghrem, au Sud de Ras Irsane ^.

Quelques tumuli peu nets dans les ruines de Ras Irsane ; il y a doute également et, pour être fixé, il faudrait faire des fouilles '.

Deux tumuli près de la croisée de la piste d'Azelaf à El Aïoun Sidi Mellouk et de celle dite Trik Hacira. Le plus petit a une bordure de pierres enchâssées à plat dans le sol, le plus grand est entouré de dalles fichées.

I V. infra, Emplacement et nature des vestiges d'anciennes agglomérations.

262 ÏIMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK

Assez nombreux lumuli sur les pentes, à la pointe ouest de Quefa Màalla.

Quelques tumuli au pied des pentes est du Rich el Hammam.

Quelques tumuli au pied nord du Rich cl Hammam. ^

Un tumulus violé sur le sommet est de la hauteur dite Tafezate, au Nord du Rich el Hammam.

Un tumulus avec bordure de grosses pierres enchâssées dans le sol, sur le flanc droit du ravin d'Ain Diab, un peu en amont de la source.

Un tumulus sur la hauteur au-dessus et au Sud d'Ain Diab : il semble en exister d'autres en cet endroit, mais les amoncellements de pierres sont si informes qu'on ne peut pas l'allirmer avec certitude.

Quelques tumuli, pas très nets, sur les hauteurs entre les lieux dits Rokna et Takhellabt.

Deux tumuli au sommet du flanc gauche de l'oued Met- lili, au Nord et près de la piste carrossable d'El Aïoun Sidi Mellouk à Mestigmar.

Ride rocheuse fermant vers VOuest la plaine d'El Aïoun Sidi Mellouk :

Plusieurs tumuli sur le liane est de Chebket Aïn Tameur, face à la source. L'un d'eux a la forme d'un crois- sant ; la bordure est constituée par deux rangées de pierres plantées de champ qui rappellent les vieux murs berbères.

Un tumulus au sommet de la pointe nord de la hauteur dite Tazenaït, au-dessus de l'oued Rouredim et sur sa rive gauche, au Nord de Chebket Aïn Tameur.

Trois tumuli, dont un violé, sur la même hauteur, au- dessus de la piste d'El Aïoun Sidi Mellouk à la zaouïa de Mouley Tayeb.

Deux tumuli violés à côté de la dite piste, au pied de la hauteur de Tazenaït.

Un tumulus sur la pointe nord de Chebket Aïn Tameur, au-dessus de la même piste ; ce tumulus se trouve à mi- pente.

Un tumulus au sommet de Chebket Aïn Tameur, à côté d'une haouïta en pierres sèches dite Roudet Sidi Ahmed.

Quatre tumuli à une cinquantaine de mètres à l'Est de Zebboudj Rema ; cet olivier est situé sur la piste allant de l'oued Bouredim à Teniet Dokkara chez les Béni Mahiou, un peu à l'Est de la hauteur de Tazenaït.

ÏUMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK 263

Un tumulus à quelques centaines de mètres à l'Ouest de Zebboudj Rema, sur la même piste.

Deux tumuli sur la berge gauche de l'oued El Ham- mam, au pied nord de la gara Sba.

Deux tumuli au pied sud de la même gara.

Vallée de l'oued Clieriâa ^ et du cours inférieur de l'oued Bouredim, vers le confluent de ces deux rivières :

Deux tumuli violés sur une ondulation rocheuse au Nord -Est de Haouïtet Sidi Mokhfi (maisonnette en maçon- nerie), à la lisière du Bled Màader.

Deux tumuli sur une crête rocheuse au milieu d'El Màa- der, au Sud-Ouest de Haouïtet Sidi Mokhfi.

Un tumulus sur les pentes est du même mouvement de terrain.

Deux tumuli au sommet est de Koudiet Sidi Lakhdar, hauteur qui se trouve au Sud d'El Màader.

Sept tumuli, certains violés, sur l'ondulation rocheuse dite Ragueb Haouïtet Sidi Lakhdar, entre la haouïta et l'oued Bouredim.

Un tumulus sur la crête entre Koudiet Derbane et Hachiet el Bekkaya, sur la rive droite de l'oued Bouredim et à hauteur des jardins de Cheriaa.

Quelques tumuli dans la plaine de rive gauche de l'oued Bouredim dite Kessaria, à TEst des jardins de Cheriâa.

Remarcjiies Générales

La plupart des tumuli des environs d'El Aïoun Sidi Mel- louk sont établis sur les flancs des hauteurs rocheuses, au sommet d'ondulations de natiue analogue et sur des berges d'oueds ; au milieu des plaines peu accidentées il est très rare d'en trouver dans les bas-fonds.

Les tumuli sont presque toujours situés au voisinage immédiat ou à proximité des sources et des oueds à eau courante, sauf dans l'Angad et sur la lisière de cette plaine les points d'eau sont espacés. Autour d'El Aïoun Sidi Mellouk les tumuli sont particulièrement denses, car cette zone est largement pourvue en eau.

I L'oued Cheriâa est la partie inférieure du cours de l'oued appelé Irsane à sa source. La réunion de l'oued Cheriâa et de loued Bouredim forme l'oued Ksob, affluent de droite de la Moulouva.

264 TUMVLl ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOrK

LES VESTIGES D'AX lENNES A(-i(iL()Mï:RATIONS

Il existe, vers El Aïoun Sidi Mcllouk, des vestiges d'an- ciennes agglomérations semblables à ceux déjà signalés dans la région d'Oudjda ' ; les observations faites sur cette nouvelle série de ruines sont exposées dans les pages qui suivent.

Les fondations des murs ont été exécutées d'après le même procédé, qui consistait à planter dans le sol des pierres de champ, en les disposant sur deux rangées paral- lèles plus ou moins espacées. Les quelques variantes ren- contrées dans certaines ruines semblent pouvoir être con- sidérées comme des perfectionnements du procédé pri- mitif ; elles marquent sans doute l'acheminement vers le mode de construction moderne.

Emplacement et iVatiire des Testiges

Ighqour. Les ruines de ce nom sont situées au lieu dit Ras Bouredim, entre la voie ferrée et le Trik es Soltane (route carrossable d'Oudjda à El Aïoun Sidi Mellouk).

I L. VoiNOT. Noie sur les iuniuU et quelques vestiges d'anciennes agglo- mérdlions de la région d'Oudjda, loc. cil.

J'ajouterai que, depuis l'époque de cette publication, j'ai aperçu une meule au sommet du Doif cl Akhdar, sur la rive gauche de l'oued Isly, à environ cinq kilomètres au Nord-Ouest d'Oudjda. Elle se trouve à une dizaine de mètres du bord de la falaise et à hauteur du rentrant qui en marque sensi- blement le milieu.

La meule, taillée dans une roche noirâtre, est brisée en deux ; les mor- ceaux ont l'un le tiers, l'autre les deux tiers du volume total. La patine est très accusée, le travail grossier et la forme peu régulière ; le trou est pourtant percé à peu près au centre.

Les dimensions moyennes sont les suivantes : diamètre de la meule, o'°46 ; épaisseur, o^aô ; diamètre du trou central, o'°i3

Cette meule a beaucoup d'analogie avec celle d'El Djemdjem, chez les Zekara, mais elle est plus petite.

J'ai cru distinguer quelques traces d'anciens murs aux abords de )a meule, mais c'est si peu net qu'il ne m'est pas possible d'être afTirmatif. Les tumuli sont d'ailleurs très nombreux sur le Djorf el Akhdar. (Voir L. Voinot, Les tumuli d'Oudjda, loc. cit.)

Enfin, j'ai également rencontré d'autres vestiges d'anciens murs dans la cuvette d'Oudjda, à l'Est et à proximité des jardins, en travers de la piste qui conduit de Bab Sidi Abdelouahab à Zoudj el Beghal.

TUMLLI ET RLINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK 265

L'agglomération qui a existé en ce point était assez impor- tante, car les ruines couvrent une dizaine d'hectares sur une ondulation de la rive gauche de l'oued Bouredim, à environ cinq cents mètres de l'endroit apparaît l'eau.

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Fig. I. Croquis au 1/4.000' des Ruines d'Ighqour

Ces ruines sont informes ; en les examinant avec atten- tion on y distingue néanmoins une sorte d'enceinte, dont le tracé est très irrégulier et qui présente à l'Est une lacune d'environ quatre-vingts mètres (fig. i). Sur certains points

266 TUMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK

de l'enceinte et à l'intérieur, en B. il y a de gros amas de pierres et des vestiges de fondations qui se recoupent en tous sens ; en G les traces de constructions sont rares, on voit un fouillis de pierres paraissant séparé de l'enceinte principale et au milieu duquel il semble exister des ves- tiges de maisons. Un puits comblé se trouve dans la partie C, sont également quelques térébinlhes déchar- nés appelés par les indigènes Botmat Khaterana.

Les murs de l'agglomération d'Ighqour sont complète- ment détruits ; d'autre part les fondations ne sont pas toujours bien nettes, parce que les pierres avec lesquelles elles ont été construites sont généralement de faible dimension ; on rencontre pourtant de ci de quelques très grandes dalles. L'épaisseur de la muraille qui semble avoir servi d'enceinte varie de o™6o à i mètre ; elle était très irrégulièrement bâtie. Les fondations de cette muraille ont parfois une disposition particulière (fîg. 2) ; sur l'un des parements les dalles sont, comme à l'ordinaire, mises de champ et bout à bout, tandis que du côté opposé elles sont également placées de champ mais perpendiculaire- ment aux premières.

Fig. 2. Plan au il ko' de Fondations a Ighqour

Il y a quelques anciens tumuli à l'intérieur et aux abords des ruines d'Ighqour.

Ain Defla ou Aïn Hamdouii. Au pied du flanc droit du ravin de l'Ain Defla, en face de la source, on aperçoit des traces très effacées d'anciennes constructions ; paral- lèlement au thalweg les ruines paraissent s'étendre sur une centaine de mètres, leur largeur ne dépasse pas une vingtaine de mètres.

Les fondations comportent deux rangées de pierres complètement enchâssées dans le sol ; il n'existe pas de dalles fichées faisant saillie.

TUMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOU.N SIDI MELLOUK 267

Les anciens tumuli sont assez nombreux à l'entour de ces ruines.

.4m Tameur. Les ruines se trouvent sur la rive droite de l'oued Aïn Tameur, légèrement en aval de la source et sur l'ondulation couronnée par la haouïta en pierres sèches dite Sbâa Rouadi ; de nombreux chiffons sont pla- cés sur cette haouïla en guise d'ex-voto.

Il existe en cet endroit des vestiges de murs très peu visibles ; les labours ont tout bouleversé et, actuellement, la terre recouvre en partie les pierres avec lesquelles elle forme des bourrelets qui jalonnent la direction de ces murs. Les pierres faisant saillie sont fortement patinées.

L'agglomération d'Aïn Tameur s'étendait à l'Est du monticule de Sbâa Rouadi, mais, de ce côté, les travaux de culture ont fait disparaître les ruines ; il subsiste pour- tant un petit fragment très net de fondations en dalles de champ, le long d'une canalisation servant à l'irrigation des jardins.

On voit quelques anciens tumuli auprès des ruines d'Aïn Tameur.

Monticule au Sud de i'Aïii Tameur. Ce monticule est situé au Sud des jardins voisins de la source et à environ six cents mètres de ces jardins ; on remarque au sommet du monticule les vestiges d'une petite enceinte rectangu- laire ayant approximativement vingt-cinq mètres de lon- gueur sur vingt mètres de largeur.

Les fondations sont identiques à celles existant près de l'Ain Detla. Les pierres affleurent le sol, leurs alignements sont réguliers et les assises des faces opposées de chaque mur sont parfois presque jointives ; une fouille rapide effectuée en travers des fondations fait néanmoins recon- naître deux rangées de pierres distinctes, dont l'intervalle est rempli avec du gros gravier. Les fondations ont beau- coup d'analogie avec celles de certaines maisons des vil- lages berbères actuels.

Quefa Mâalla. Les ruines sont à la pointe nord-est de la colline de Quefa Mâalla, entre deux ravineaux qui con- vergent vers le bas des pentes ; elles affectent la forme d'un triangle irrégulier d'environ trois cents mètres de base sur deux cents mètres de hauteur : le sommet de ce

268 TVMVLI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOIK

triangle fait face à l'oued Teghanimt, dans lequel il y a de l'eau courante à deux ou trois kilomètres en aval.

On ne distingue pas toujours très nettement les vestiges des murs, dont la largeur était en moyenne de o"8o ; en plan leurs lignes avaient une certaine régularité. Ces murs semblent avoir appartenu à des maisons et à des cours ; une de ces dernières était d'assez grandes dimensions et formait im carré d'environ trente mètres de côté. Dans la partie basse des ruines il existait probablement quelques maisons isolées.

Les fondations étaient en pierres de champ, ainsi que le montrent les doubles rangées de dalles visibles en plu- sieurs points ; à la place des dalles on trouve quelquefois de petits blocs de rochers qui, en raison de leur épaisseur, couvrent toute la surface du mur. Les pierres des ruines de l'agglomération de Quefa Mâalla sont fortement patinées.

En dehors de cette agglomération on observe égale- ment, sur la croupe située à l'extrémité est de la colline, les restes d'une ancienne maison ; les dalles des fonda- tions sont en partie arrachées mais l'une d'elles, qui est encore en place, mesure environ o"8o de haut sur plus d'un mètre de long.

11 y a d'anciens tumuli à proximité et peut-être à l'inté- rieur des ruines de Quefa Mâalla.

Ain Diab. La source sourd au fond d'un thalweg dont les flancs, de nature pierreuse, sont en pente douce. Sur le flanc droit, à une centaine de mètres en aval du point d'émergence de l'eau, on aperçoit des vestiges de cons- tructions qui s'étendent parallèlement au thalweg ; ces ruines ont une longueur d'environ quatre cents mètres et une largeur maxima de cent mètres.

Les murs ont été construits sur des fondations en dalles fichées ; leur tracé est en général très sinueux. Quelques- uns, d'allure plus régulière, ont des fondations faites avec deux rangées de larges pierres ; un mur de ce genre, per- pendiculaire au thalweg, se trouve à l'extrémité ouest des ruines. La plupart des murs ont servi à enclore des cours, sauf dans la direction de la source il y avait un groupe de maisons au sommet de l'ondulation.

D'anciens tumuli existent aux environs des ruines d'Ain Diab.

ÏUMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOl N SIDI MELLOUK 269

Mahii'iz. Une petite arête rocheuse, à côté de laquelle passe la piste conduisant à Gheriàa, pointe au milieu des jardins irrigués de Alahiriz, sur la rive gauche de l'oued de même nom qui, à son origine, est appelé oued Irsane. Sur le glacis nord de cette arête, glacis couvert de dalles luisantes, on observe des vestiges épais d'anciens murs revêtus d'une forte patine.

Les fondations sont : partie en dalles de champ, partie en larges pierres enchâssées dans le sol, qui ne laissent aucun intervalle entre les deux rangs destinés à supporter les assises supérieures du mur ; ce dernier procédé tend à se rapprocher de celui actuellement en usage chez les Ber- bères. Au pied nord-est de l'arête, on reconnaît les traces de deux maisons et, un peu plus loin, le long d'une cana- lisation, il subsiste encore des fragments de fondations en pierres levées.

Auprès des ruines de Mahiriz il y a quelques anciens tumuli.

Ras Irsane. Les ruines sont situées au bord de l'oued Irsane, entre la berge droite de cette rivière et la crête de l'ondulation voisine ; elles forment une bande étroite, étranglée vers le milieu, qui commence à la haouïta de Sidi Mohammed et s'étend jusqu'à environ quatre cents mètres en aval. A Ras Irsane, l'oued coule sur une certaine distance.

Sur toute la surface des ruines il y a d'assez grandes quantités de pierres, mais les empiacements des murs sont difficiles à retrouver parce que la charrue a dispersé leurs débris ; il semble néanmoins que cette agglomération était constituée par de grandes cours dans lesquelles se trouvaient peut-être quelques maisons. A la pointe nord- est des ruines, des fondations en grandes dalles fichées restent encore debout à côté d'un vieux silo ; elles ont appartenu à un mur d'angle.

Quelques tas de cailloux informes, qui font saillie au milieu des ruines de Ras Irsane, paraissent être d'anciens tumuli.

Kerkour Aghrem. Kerkour est un mot arabe qui désigne les tas de pierres servant de signaux ou bien ceux élevés dans un but religieux ; Aghrem est un mot berbère employé dans quehiues dialectes, mais pas dans la région d'El Aïoun Sidi Mellouk, qui signifie agglomération de

270 Tl MILI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK

maisons, village ; Kerkour Aghrem peut donc se traduire : les tas de pierres du village.

Les ruines de cette ancienne agglomération s'étalent sur le sommet de la pointe sud d'une large ondulation de la rive gauche de l'oued Irsane, à environ un kilomètre et demi au Sud-Est de la haouïta de Sidi Mohammed et par conséquent des ruines de Ras Irsane. Sur l'emplacement de Kerkour Aghrem il n'y a pas d'eau ; les habitants devaient sans aucun doute aller s'approvisionner à la rivière. Dans leur ensemble, les ruines ont à peu près la forme d'un triangle de quatre cents mètres de base sur trois cents mètres de hauteur ; le sommet de ce triangle est tourné vers l'Ouest.

A Kerkour Aghrem, il existe des amas de pierres très importants provenant des murs éboulés et qui cachent souvent les fondations ; le tracé de ces murs manque de régularité. La muraille qui paraît avoir été utilisée comme enceinte décrit de nombreuses sinuosités ; elle a quelquefois plus d'un mètre d'épaisseur. Les ruines com- prennent une majorité de cours entourées de murs de o"8o de largeur moyenne ; on y distingue aussi des vestiges de maisons de petites dimensions, dont les murs n'ont que o^oo à o"6o de large. Des traces d'ouvertures faisant com- muniquer les cours entre elles sont encore visibles de ci de là. A la lisière est des ruines, il y a plusieurs vieux silos.

Bien que cela n'apparaisse pas toujours nettement, les fondations ont été faites par le procédé de la double ran- gée de pierres de champ ; en divers points les dalles sont d'ailleurs restées debout et, sur l'enceinte, on en voit quel- ques-unes qui sont très grandes. On trouve également des fondations en pierres très épaisses, mais ces pierres sont placées sur deux rangs comme les dalles.

Certains tas de pierres de Kerkour Aghrem sont proba- blement d'anciens tumuli.

Ksir Aadja. Cette agglornération porte le même nom que celle déjà signalée dans la région d'Oudjda, sur le haut oued Isly, au pied est de la montagne des Zekara i. Dans la région d'El Aïoun Sidi Mellouk, on prononce plu- tôt Ksir que Ksar (un ksar est un village fortifié) ; le sens du mot Aadja n'est pas connu. Les ruines sont situées sur

I L. VoiNOT. Note sur les tumuli et quelques vestiges d'anciennes agglo- mérations de la région d'Oudjda, loc. cit.

TUMIILI ET RUINTS DES ENVIRONS D EL AlOt N SIDI MELLOUK

271

le sommet et au pied d'un piton rocheux de la rive gauche de l'oued Chéri Aa, à environ deux cents mètres en amont du pont de la voie ferrée de o^ôo (fig. 3) ; l'oued Cheriàa, qui est la partie inférieure de l'oued Irsane, est largement pourvu en eau.

i/ue et d 'après la cdrte provisoi- re au i/eooooo^

Echelle

EO.OOO

Fig. 3. Les Ruines dites Ksir Aadja

Le petit village supérieur occupait deux plates-formes A et B, inclinées vers le bas de la hauteur et s'étendant sur une soixantaine de mètres de part et d'autre de la crête ; ces plates-formes ont été aménagées de main d'homme et leur largeur est d'environ vingt mètres pour celle du Sud et dix mètres seulement pour celle du Nord. Les maisons ont complètement disparu ; lorsqu'elles se sont éboulées, les matériaux ont rouler le long des pentes. Un mur d'enceinte, ayant au moins un mètre d'épaisseur, proté- geait les maisons ; on en voit les vestiges en D, dans une sorte de col, ils forment un important amoncelle- ment de pierres, et en F, à la pointe est de la plate-forme nord, il ne subsiste que des traces de fondations.

Le village inférieur C E, beaucoup plus grand que le

272 TIMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK

précédent, était bâti entre la berge gauche de l'oued Cheriâa et les pentes nord du piton ; la surface couverte par les ruines mesure environ deux cents mètres de long sur soixante mètres de large, avec un étranglement à hauteur d'un coude brusque de la rivière. Les vestiges de murs sont très nombreux, mais leur saillie est faible ; les pierres, fortement patinées, ont été dispersées en tous sens. Le tracé des murs est suHîsamment régulier et les angles sont à peu près droits ; ces murs, dont l'épaisseur moyenne est de o"'6o, sont sensiblement perpendiculaires ou parallèles à la direction générale de l'oued Cheriâa ; leur réseau montre qu'il existait en ce lieu une agglomé- ration assez dense de maisons accolées les unes aux autres et que les grandes cours étaient peu nombreuses.

Dans les fondations, on ne trouve pas de dalles, celles- ci sont remplacées par de gros blocs de pierre, qui parais- sent avoir été systématiquement placés sur deux rangs et légèrement enfoncés dans le sol ; certains de ces blocs mesurent environ o"6o x o^ôo x o'"^© et ils doivent peser au moins trois cents kilogs. Lorsque les blocs sont très épais, ce qui est fréquent, il ne reste pas d'intervalle libre au centre de la fondation ; en E, à la pointe nord-est des ruines, on aperçoit les fondations d'un mur de o"8o de largeur qui présentent cette disposition.

Vers le milieu des ruines, les fondations ne sont pas visibles ; les alluvions ont recouvert la partie inférieure des murs qui a été ainsi protégée.

Un mur de ©""Go de large a été dégagé sur une longueur de deux mètres, au moyen de deux tranchées de o"8o de profondeur qui ont découvert la maçonnerie jusqu'au pied des fondations. Ce travail a permis de reconnaître que ces fondations sont, comme en E, constituées par deux rangées de blocs enchevêtrés ; au-dessus des blocs, la maçonnerie est faite avec des pierres plus petites posées à plat et ayant, la plupart du temps, leur grand côté per- pendiculaire à la direction du mur. Les parements du mur n'offrent pas une très grande régularité.

Une fouille pratiquée à peu de distance de la précédente, à l'intérieur d'une maison et dans l'un des angles, a mis à jour un foyer ; au milieu des cendres de ce foyer, il y avait des , morceaux de charbon de bois, des fragments indéfinissables d'ossements d'animaux et des débris de poteries. Ces derniers proviennent de marmites ayant été longtemps au feu et à pùte complètement noire, ainsi que

TUMULI ET RUINES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK 273

de vases à pàtc fine, de couleur ocre clair, dont la forme ne peut pas être exactement déterminée, mais qui semblent pourtant avoir eu leur base arrondie, comme celle des cruches modernes, et qui ont probablement servi aux mêmes usages.

Origine proluible des Anciennes Agglomérations

Les indigènes du pays attribuent la construction de la plupart des anciennes agglomérations aux Béni Merine et aux Béni Ouattas ; ces derniers n'étaient d'ailleurs qu'une fraction de la tribu des Béni Merine (Berbères Zénètes), lesquels ont fondé une dynastie marocaine dont la domi- nation s'est étendue, à plusieurs reprises, sur les terri- toires situés entre la Moulouya et Tlemcen, à la fin du xni* siècle de notre ère et au commencement du xiv®. Cette tradition ne s'appuie sur aucun fait précis ; elle ne paraît pas admissible pour les vestiges de constructions avec fondations en dalles de champ, ainsi que je l'ai exposé dans une étude antérieure sur les ruines de la région d'Oudjda i. Les conclusions de la dite étude au sujet de l'origine de ces constructions sont les suivantes : elles semblent avoir été édifiées au cours de la période comprise entre le if siècle av. J.-C. et le vuf siècle de notre ère par les Berbères Senhadja ; ces indigènes appelés Massésy- liens par les Romains, appartenaient au moment de l'in- vasion zénète aux tribus des Béni Fatene, des Koumia et des Mediouna.

Les données historiques sur lesquelles est basée l'hypo- thèse ci-dessus concernent également la région d'El Aïoun Sidi Mellouk, il s'ensuit que les ruines de même nature de cette région doivent avoir une origine commune ; c'est le cas d'une partie de celles d'Aïn Diab et de Mahiriz et peut- être aussi des ruines d'Ain Tameur et de Ras Irsane.

A Ighqour, Quefa Mâalla et Kerkour Aghrem, le tracé des murs est assez irrégulier et les fondations sont, dans l'ensemble, du type à double rangée de dalles fichées. Ce qui différencie un peu ces ruines des précédentes, c'est que l'on y observe, en certains points, des éléments de murs dont les fondations affectent une autre disposition. Ces anomalies, qui ont été signalées lors de la description

I L. VoiNOT. Loc. cit.

274 TUMULl ET RUIiNES DES ENVIRONS d'eL AÏOUN SIDI MELLOUK

des vestiges d'agglomérations, peuvent provenir des diffi- cultés rencontrées par les constructeurs pour s'approvi- sionner sur place en matériaux du modèle courant; il n'est d'autre part pas impossible qu'elles marquent des tenta- tives de perfectionnement du procédé primitif, cela est même fort probable pour Ighqour. Dans ces conditions, il semble logi(]ue d'admettre que les agglomérations d'Igh- qour, Quefa Mâalla et Kerkour Aghrem ont été créées par des Berbères Senhadja, pendant la période déjà envi- sagée, mais plutôt vers la fin de cette période, c'est-à-dire entre le f et le vnf siècle de notre ère.

Les ruines d'Aïn Dolla, du monticule d'Ain Tameur et une partie de celles d'Ain Diab cl de Mahiriz, dont les murs, presque droits, ont été établis sur des fondations moins frustes, proviennent évidemment d'aggloméra- tions bâties à une époque plus récente ; néanmoins, comme ces fondations paraissent dériver du type à double rangée de dalles fichées, il est à présumer que les agglo- mérations en question sont également l'œuvre des Senhadja, qui auront continué à transformer leurs pro- cédés de construction au contact des Zenata.

C'est à la fin du vn^ siècle ou au commencement du vni' que les Zenata, branche plus jeune de la race berbère, apparurent autour de Tlemcen ; la puissante tribu des Béni Ifrene, qui marchait à l'avant-garde de l'invasion, ne tarda pas à occuper tout le pays situé à l'Est de la Moulouya. Après des fortunes diverses, les Béni Ifrene se formèrent en confédération avec leurs frères les Maghraoua vers le milieu du x* siècle ; ce groupement ayant été battu par les Senhadja, les Béni Ifrene et Maghraoua se disputèrent la prépondérance mais, en 1079, ils furent écrasés par les Almoravides. Pendant ces luttes, les 'Senhadja avaient été refoulés ; néanmoins ils tenaient toujours la région s'éten- dant au Nord-Ouest de Tlemcen jusqu'à la Moulouya ; les Zenata les absorbèrent ensuite peu à peu et finirent par les submerger, si bien qu'au xni® siècle, lors de l'installa- tion des Béni Merine et des Abdelouadites, les Senhadja devaient être presque complètement dispersés '.

D'après les indications précédentes, on peut placer la création des agglomérations qui nous occupent dans la période comprise entre le \nf et le xuf siècle. Les cons-

1 L. VoiNOT Oudjda el VAmaial, in Bull. Soc. de Géogr. et d'Arch. d'Oran, 1911-1912 ; tirage à part, pp. 2^1 à aBg.

i

TUMULI ET RL'IiNES DES ENVIRONS d'eL AÏOLN SIDI MELLOUK 275

tiuctions de Ksir Aadja, qui paraissent les moins ancien- nes, ont peut-être été élevées à l'époque des Béni Merine, mais rien ne prouve qu'elles soient dues à ceux-ci ; les Béni Merine ayant fait sentir leur action sur le pays plutôt comme détenteurs du pouvoir que comme occupants du sol, il y aurait au contraire lieu de supposer que Ksir Aadja a été bâti par les populations mêlées formées de Senhadja et de Zenata, cpii habitaient alors la région d'El Aïoun Sidi Mellouk. D'aucuns ont voulu voir à Ksir Aadja des vestiges de ruines romaines, à cause de la régularité de certaines lignes. Cette opinion ne paraît pas soutenable; c'est un vieux ksar berbère et rien de plus.

Bien entendu, les conclusions auxquelles conduit la discussion des données historiques ne constituent que des probabilités. Dans l'état actuel de la question, et notam- ment en l'absence de tout document géographique, on ne saurait rien affirmer quant à l'époque de la construction des anciennes agglomérations. La seule chose qui semble hors de doute est qu'elles sont d'origine berbère.

Des tumuli se trouvent au voisinage de la plupart des agglomérations ; on en voit même à l'intérieur des ruines d'Ighqour et il semble qu'il en existe aussi dans celles de Quefa Mâalla, Ras Irsane et Kerkour Aghrem. Si ce fait était nettement établi, il tendrait à confirmer l'ancienneté de ces agglomérations, puisque les Berbères ont cessé d'inhumer leurs morts sous des tumuli après leur islami- sation, par conséquent vers le ix" ou le x^ siècle, mais ils n'ont très probablement pas renoncé de suite à cette cou- tume de leurs ancêtres.

LES RUINES DE COXSTKl CTIONS EN PISÉ OU EN MAÇONNERIE A LA CHAT X

Doseriptiou des Ruines

Djehoub. Les ruines sont situées dans une petite dépression au Nord de la gare établie sur l'oued Atchane et qui porte le nom de gare de l'Oued Bouredim, à environ cinq cents mètres au Sud du Trik es Soltane (route impé-

276 TUMULI ET RUINES DES ENVIRONS DEL AÏOUN SIDI MELLOUK

riale) conduisant d'Oudjda à Fez, à proximité du lieu dit Kefit er Remana. Ces ruines comprennent des construc- tions et une citerne ; c'est d'ailleurs pour désigner les citernes que les indigènes emploient le mot djeboub.

La citerne est bâtie au fond de la dépression ; c'est un ouvrage en maçonnerie à la chaux, avec couverture voû- tée, qui mesure environ trente mètres de long sur cinq mètres de large et devait contenir de deux cents à deux cent cinquante mètres cubes d'eau. La maçonnerie paraît vieille ; la voûte est crevassée en plusieurs endroits mais les pieds-droits sont en bon état.

Sur le flanc gauche du vallonnement et près de la citerne, on voit les ruines d'une enceinte ayant la forme d'un carré d'environ soixante mètres de côté. Cette enceinte était sans doute occupée par une garnison, ou bien elle servait à abriter les passagers, comme les noualas modernes du Maroc. La maçonnerie est en bon pisé de tuf mélangé de chaux et les murs ont au moins un nriètre d'épaisseur ; quelques pans restent encore debout.

A environ cent mètres au Nord de la citerne, au sommet du flanc droit de la dépression, il y a en outre les restes d'une maison en pisé analogue à celui de l'enceinte. Cette maison, qui commande la citerne et l'enceinte, était pro- bablement une sorte de blockhaus destiné à empêcher que ces ouvrages ne soient battus à courte portée. La dite construction mesure environ quinze mètres de long sur dix mètres de large ; elle est divisée en deux parties par un mur de refend placé dans le sens de la longueur ; l'épaisseur des murs est d'environ o™8o.

Djeboub ouJad Bon Aalein. Cette citerne se trouve sur le territoire des Béni bou Zeggoù, sensiblement à mi- chemin entre les gares de Semmouna et de Mestigmar et au voisinage du Trik es Soltane ; je ne l'ai pas visitée, mais, au dire des indigènes, elle serait de tout point sem- blable à celle décrite plus haut.

Tiqesbine. Tiqesbine est le pluriel du mot berbère taqsebt, qui signifie fortin ; les ruines ainsi appelées par les Berbères sont connues chez les Arabes sous le nom d'El Kasba, lequel a le même sens.

Ces ruines, que je n'ai également pas vues, couronnent les hauteurs au Sud de la gare de Semmouna. D'après les gens du pays, il y aurait eu autrefois sur ces hauteurs une

TUMULI ET RUI^iES DES ENVIRONS D EL AlOUN SIDI MELLOUK

277

eiggloniération très inipoilanlc ; il ne resterait plus aujourd'liui que des traces à peines visibles des murs qui élai^^nt les uns en pierres, les autres en pisé.

Origine probable des Ruines

Suivant les traditions locales, Tiqesbine aurait été bâti par les Béni Merine et les Béni Ouallas ; c'est toujours l'éternelle légende que l'on applique indistinctement et sans preuves à toutes les ruines d'orig'ine inconnue. Néan- moins, dans le cas [)articuJier, il n'est pas impossible que cette assertion soit fondée, car les Béni Merine ont élevé des fortifications en pisé sur plusieurs points de la région s'étendant à l'Est de la Moulouya, au cours des xuf et xiv'' siècles. Si l'aggloméiation de Tiqesbine n'est pas l'œuvre des Béni Merine, elle doit avoir été édifiée vers la même époque par d'aulies Zenata ; les ruines paraissent en effet semblables à celles de cette origine dont l'histoire est parvenue jusqu'à nous, autant que l'on peut en juger à l'aide des renseignements indigènes.

D'après la nature et l'aspect de la maçonnerie, les citernes semblent dater d'une épocjue plus récente ; leur construction est attribuée au Sultan Moulay Ismaïl, qui a régné sur le Maroc de 1672 à 1727. Cela paraît très vrai- semblable, parce que ce souverain s'est efforcé d'assurer la sécurité des principales routes de l'empire et que, dans ce but, il a fait construire ou restaurer des kasbas pour les garnisons échelonnées le long de ces routes ; il ne serait donc pas étonnant qu'il ait complété cette organisation en installant des citernes aux points dépourvus d'eau, afin de faciliter la circulation des troupes préposées à la garde des voies de communication. Les ruines en pisé existant à côté des citernes auraient évidemment la même origine K

Mai igi4.

Capitaine L. VOINOT.

I Voir notamment : Aboulqacem bbn Ahmed Ezziani, El Tordjman (Le Maroc de 1631 à 1812), traduction G. Houdas, Paris, 1886.

21

EXCURSION AUX GROTTES DE MOULAI AHMED OU DU ZEGZEL

(lnlaroc Oriental)

Stationnant à Berkane j'ai eu l'occasion, le i5 avril igiô, de me rendre à Talforalt par les gorges du Zegzel. Le che- min y est véritablement délicieux et l'on ne peut rien rêver de plus pittoresque et de plus imprévu. Serpentant au creux du ravin, traversant souvent l'oued à gué, le sen- tier suit la berge pour monter brusquement à flanc de coteau, pour continuer en corniche, ou en déblai, pour aller s'égarer sous les arbres ou aboutir à un gué.

Il y a de la verdure, beaucoup de verdure, les hautes collines, très abruptes, sont d'un vert uniforme percé çà et par les plaques rougeâtres du sol ou la masse rousse d'un rocher émergeant de ce fouillis de plantes et d'arbustes.

Ces petites montagnes, dont les formes varient à l'in- fini, changent encore constamment d'aspect avec l'éclai- rage et l'état de l'atmosphère, en sorte que l'on peut faire vingt fois l'excursion sans se douter que l'on a parcouru deux fois le même trajet. Ce chemin est d'ailleurs assez connu des touristes et les gorges du Zegzel sont un but fréquent d'excursion. On y va soit à mulet, soit à cheval, car la nécessité de traverser souvent l'oued rend la pro- menade à pied difficile. De Berkane aux grottes le trajet est d'environ lo kilomètres i.

Jusqu'à Takerboust les gorges, sauvages à l'entrée, semblent lutter contre l'envahissement des jardins qui empiètent sur leurs flancs ; d'énormes quartiers de roc tombés depuis des éternités rendent la cultuie impossible, et il n'est pas rare de voir, accrochée à la montagne, la masse menaçante d'un rocher qui semble prêt à tomber sur les audacieux aventurés sous sa base.

Après un coude brusque lo ravin s'élargit ; les ksour de Takerboust, acciochés au coteau, semblent, avec leur

I Voir Carte Etat-iMajor frontière algéro-marocaine au i/ioo.ooo*.

EXCURSION AUX GROTTES DE MOULAI AHMED OU DU ZEGZEL

279

teinte grisâtre, de gigantesques tortues d'eau se chauffant au soleil sur un rocher. I.e terrain s'étage en jardins artis- tement aménagés par l'ingéniosité des indigènes ; le figuier de Barbarie fait place à l'oranger et une délicieuse senteur arrive de ces vergers fleuris. Puis, l'oued se res- serre, redevient sauvage, et, jusqu'à la zaouïa de Moulai Ahmed, le chemin serpente à liane de coteau.

Près de la zaouïa l'oued se divise en deux branches : l'une va vers Tafforalt, l'autre, au Sud, vers Ain Safsaf. C'est dans cette dernière branche de l'oued Zegzel que se déverse une source assez importante qui sort de terre par une grctte.

De nombreuses légendes courent sur celte grotte. Com- prenant mal l'arabe, je n'ai pas pu les enregistrer, toute- fois j'ai pu comprendre que des démons l'habitaient. Les uns prétendent qu'elle s'enfonce sous la montagne pour sortir à Ain Sfa, d'autres disent qu'elle est habitée par des serpents d'eau énormes et que des roumis sont restés cinq heures à errer sous ses voûtes.

Je résolus d'explorer cette grotte et, dans ce but, je me suis rendu à Moulai Ahmed.

Deux explorations m'ont permis d'en dresser le plan d'ensemble (PI. V) et d'en faire une courte description accompagnée de quelques coupes (PI. VI).

L'entrée de la grotte se trouve élevée de deux nîètres au- dessus du niveau d'un petit bassin très profond situé devant l'ouverture et qui reçoit les eaux sortant de la grotte et tombant en cascade. On peut facilement accéder à la grotte par une rampe qui longe le bassin ; on se trouve aussitôt dans un long boyau inondé, haut de voûte et accusant une profondeur d'eau de deux à trois mètres. C'est comme une sorte de réservoir allongé, large de trois à quatre mètres, dont le trop plein s'écoule en cascade dans le bassin extérieur. L'eau de ce bassin est très nette- ment bleue, les parois sont en pierre lisse et jaune, très douce au toucher, portant quelques stalactites et stalag- mites vers la cascade C" se termine le canal i ; le fond en est rocheux. La cascade C" peut avoir un mètre, elle fait communiquer l'eau de 2 avec i.

La chambre 2 qui s'ouvre ensuite est large, haute de plafond et ne contient pas beaucoup d'eau ; on en a à peine jusqu'aux genoux ; elle est encore éclairée par la lumière du jour. C'est tout ce que je vis la première fois, car celte chambre se continue par un couloir étroit la

280 EXCURSION AUX OROTTKS DE MOULAI AHMED OU DU ZEGZEL

EXCURSION AUX GROTTES DE MOULAI AHMED OU DU ZEGZEL 281

PI. VI

J''^ncl oif l'oued

t:^. 9

Grottes de Moulai Ahmed : Quelques Coupes

282 RXCURSION AUX GUOTTES DE MOULAI AHMED OU DU ZEGZEL

lumière ne pénètre pas et oîi l'on n'a pas pied dans l'eau profonde. Je dus, pour m'y aventurer, faire un petit radeau sur lequel je plaçai une lanterne et des bougies.

Les parois du couloir (jui fait communi(juer la cham- bre 2 avec la chambre V sont d'une autre structure que celles du bassin de l'entrée ; la pierre y est plus rude au toucher et de nombreuses colonnettes, sur les parois, lui donnent un aspect particulier ; il y a même des réunions de colonnettes formant lustre accrochées çà et contre les parois. Le couloir est long d'une trentaine de mètres et très variable de hauteur ; il débouche dans une salle V l'on prend pied (PI. V et PL VI, fig. i), mais il continue à traverser la salle et l'on arrive, en 3', contre une paroi à pic empêchant de continuer. Je n'ai pas pu voir de trou à la base de cette paroi l'eau est très profonde.

En explorant la salle V dont la coupe ss' est donnée par la figure 5, j'ai trouvé une petite caverne E; puis, en montant une pente faite d'éboulis, de travertins, de tufs, on arrive à une sorte de carrefour d'où partent trois galeries A, B et C. La galerie \, à sol teneux, est très haute de voûte et assez régulière, elle flnil brusquement ffig. 7) à une cin- quantaine de mètres et s'ouvre dans une grande caverne. N'ayant pas apporté de cordes je ne pus, ce jour-là, aller plus loin dans cette direction. Je me suis contenté d'ex- plorer les autres galeries : la galerie B à fond de terre irré- gulier n'a qu'une vingtaine de mètres et se termine assez rapidement par une voûte surbaissée rejoignant le sol. La terre de ces galeries paraît être une espèce de terre sableuse rendue noirâtre par les excréments des chauves- souris qui vivent en grand nombre dans ces grottes. Ce sont d'ailleurs les seuls animaux que j'y aie rencontrés.

On accède à la galerie C par un chemin en corniche sur quelques mètres et assez élevé au-dessus du niveau de l'eau (fig. 3 à 5). Cette galerie est de beaucoup la plus curieuse, elle présente deux puits assez profonds dans les- quels je me proposais de me faiie descendre, lorsque j'ai trouvé la galerie F (ûg. 3 à 5). Les parois de la galerie C sont ornées de belles concrétions stalagmitiques, de colon- nes, de lustres ; dans le milieu de la galerie, en S, se dresse une pierre blanche imitant assez exactement un homme debout, vêtu d'un suaire ou d'un burnous. La galeiie C se termine comme B en cul-de-sac. On trouve, à gauche, un étroit couloir rempli de petites stalactites et stalagmites, très curieux, l'on passe en rampant et qui conduit à

KXCURSION AUX GROTTES DE MOULAI AHMED OU DU ZEGZEL 283

une salle assez vaste D. La coupe y -'• montre la disposi- tion des trois galeries C, D et F. Le double trou de la gale- rie D tient à ce qu'il y a un tunnel dans le bout de la salle D qui n'a pas d'issue.

J'ai trouvé des pierres en forme d'obus, dressées, imitant assez bien des stalagmites et simplement posées sur la terre. Aucune trace de pas sur le sol très meuble, ce qui prouve que ce n'est pas le fait d'un homme, mais bien une bizarrerie de la nature. Dans un autre endroit il y a des stalagmites très bien constituées, alors que la voûte au-dessus (qui est à peine à un mètre) est absolument lisse et ne présente aucune trace de stalactites.

La galerie F prend ouverture sur la salle V, mais, à peu de hauteur au-dessus du sol qui borde l'eau, elle court 4e long et au-dessous de C ; elle est à peu près horizontale comme niveau moyen, mais très irrégulière comme lar- geur, comme hauteur de voûte et comme surface du sol, lequel est constitué par du sable fin. Cette galerie pré- sente absolument l'aspect d'un lit d'oued semé de gros rochers provenant de la voûte : en effet, à l'extrémité, on trouve de l'eau, ce qui prouve qu'en temps de crue cette galerie est parcourue par un torrent (fîg. 8\

Quelques jours après, je suis revenu dans ces grottes avec des cordes solides pour descendre au bout de la gale- rie A. Le sol de la salle G, dans laquelle je suis descendu, est environ à douze mètres au-dessous du niveau de A. J'ai atterri sur un rocher P (v. Plan") qui présente une arche de pont. A droite et à gauche se trouvent deux petits lacs R et U ; le bassin R est plein d'eau saumùtre recouverte d'une couche de plantes très petites et verdâtres prouvant bien que l'eau est stagnante. J'ai d'ailleurs nagé dans ce lac qui ne présente aucune issue. Le boyau d'eau lim- pide L', non plus n'a pas d'issue. Après avoir dépassé un coude assez prononcé, je me suis heurté à une muraille lisse et très haute. Cette salle G a une voûte très élevée, car notre lanterne ne pouvait pas l'éclairer. On voit sur les parois grosses concrétions globuleuses imitant assez bien des champignons.

Ce qu'il y a de certain c'est que ces grottes se terminent et n'ont pas d'autre issue que le trou d'entrée.

Chose assez remarquable : dans la salle V, dont la voûte est très élevée, on voit le joiu' par une grande fenêtre inaccessible située à trente ou quarante mètres de hau- teur ; c'est le fond d'une grotte qui se trouve dans la mon-

284 EXCURSION Alix GROTTES DE MOITLAÏ AHMED OU DU ZEGZEL

taj^no et qui est l'objet de pèlerinages de la part des indigènes.

Voilà résolue, une fois pour toutes, la légende du fameux souterrain qui, si on en croy'iil les diics des indi- gènes, aurait vingt-cinq kilomètres de longueur !

Telle est la description sommaire des excavations que j'ai visitées.

Un problème intéressant reste à résoudre. Comment est alimentée la cascade extérieure qui coule à l'état perma- nent ? Lors(|ue je fis l'exploration des lieux le débit était approximativement de soixante mètres cubes à l'heure avec une vitesse de chute de S^.So à la seconde. L'écoule- ment étant permanent, il est évident que l'alimentation est elle-même permanente, cv (|ui ne paraît pas résulter de la desciiption des lieux. 11 faudrait se trouver dans la chambre V lors d'un orage pour reconnaître les diverses venues d'eau. Ce qu'il y a de certain c'est que tous les bassins 1,2, 3-3' communiquent entre eux de tout temps. L'eau vient de V très certainement, mais je ne sais com- ment elle y arrive. Tl est probable qu'il y a communication souterraine entre V et une nappe deaii située légèrement plus haut, ce qui donnerait en coupe la disposition de la figure 9. En effet, en V, tout près de 3', on n'observe pas de courant superficiel en rapport avec la vitesse qu'il a un peu plus loin vers la sortie, ce qui semblerait indiquer que l'eau arrive par le fond de 3'.

Quant à l'alimentation pai' les voûtes des excavations exploiées elle est insignifiante, le suintement étant tout à fait réduit.

Tout ce qui peut se produire en temps de pluie c'est un apport d'eau par la galerie E ou,E. Celle f(ui se trouve au-dessus de C est très humide et il y a de l'eau à l'extré- mité. Entre G et V je ne vois pas de communication pos- sible autrement que par infiltration.

.Te regrette que mon instabilité présente m'empêche de retourner à la grotte : mais j'espère que ces premiers jalons permettront à d'autres de faire des observations plus précises.

Avril 1915.

R. JOANNIS,

Sous-Licutenant au 2" Spahis.

NOTE SUR LES RUINES DE MINA

Sur le désir exprimé par le Comité de la Société de Géo- graphie d'Oraii, je suis allé, le 17 avril dernier, visiter les fouilles faites sur l'emplacement de l'antique Mina par la Compagnie du Cliemin de fer de l'Etat, dans le but de se procurer les terres nécessaires à un grand remblai exécuté au passage supérieur franchissant la voie P.-L.-M, Ces fouilles ont été faites sur le versant d'un contrefort au pied duqu(>l passe la ligne Relizane-Tiaret par Fortassa, à ] kilomètres environ au Sud-Est de la première de ces loca- lités. Elles ont mis à découvert des pierres tombales, des pierres de taille, des ti'onçons de colonne, des socles, des chapiteaux, une auge, une fontaine, des jarres et une quantité de menus objets. Beaucoup de ceux-ci, m'a-t-on afTirmé, ont été emportés pendant les travaux par les ouvriers et les visiteurs qui les ont conservés ou vendus.

Les pierres transportables, offrant de Tintérêt, ont été entreposées à la gare de l'Etat par les soins de M. Martin, chef de district. Les plus lourdes sont restées sur place. Je n'ai pas retrouvé deux pierres déjà relevées. Peut-être ont-elles été retournées, c'est-à-dire l'inscription placée sur le sol.

M. Martin a recueilli, en outre, des pièces de monnaie en cuivre à l'effigie de Fausta, de Dioclétien, des lampes funéraires dont anelques-unes ornementées. L'une d'elles, près de l'orifice d'alimentation, présente un sanglier : une deuxième, une croix à branches larges. Les inscriptions sont peu déchiffrables. M. Martin possède encore un os de mouton enjolivé de croix tracées à la pointe du couteau, portant l'inscription « Fortnna bibas » : un stylet en ivoîi^., une aie-uille à tricoter (?) en os de mouton ; de petits vases en terre cuite, à lona^ col, qui devaient, je crois, recevoir de l'huile parfumée dont on s'oignait le corps ; les débris d'une casserole en cuivre, des morceaux de belle poterie avec marque de fabrique ; une clochette ressem- blant beaucoup à une sonnaille contemporaine pour bœuf, trouvée cependant à s^Bo du sol ; des débris de creuset et autres objets.

286

NOTE SUR LES RUINES DE MINA

M. Martin a fait transporter à la gare une colonne com- plète de 5 mètres de hauteur, dont le fût mesure en moyenne o'"5o de diamètre, un moulin à grains, des pier- res écrites, enjolivées de dessins, une fontaine (fig. i) pré- sentant deux serpents et une tête de ruminant près de l'orifice de sortie de l'eau. Il a l'intention de disposer tous

Fig. I

Hauteur o^Gd ; largeur : h la base o^Oô, en haut et sur le côté o"37

ces objets dans un jardin qu'il se propose de créer près de la maison qu'il habite dans la gare. Il en prendra soin. C'est tout ce que nous pouvons lui demander pour le moment.

Les inscriptions gravées sur les pierres ne sont pas nom- breuses ; elles sont grossières. Le plus grand nombre sont illisibles, parce que toutes ces pierres sont en grès rouge qui s'effrite à l'air et à l'humidité. Beaucoup avaient déjà disparaître avant d'être ensevelies. La première inscription représentée par la figure 2 peut être considérée

NOTE SUR LES RUINES DE MINA

287

I I VLIA' l Cici TAT V IX -AN' - P-|v\ -XXX

-ITEM- IVLIAt - . Coiv5o8Ri/v/At / - P - M - X

Fig. 2 Longueur i mètre, hauteur o"45, épaisseur o"5o

comme à peu près exacte, mais la deuxième (fig. 3) prête à trop d'interprétation pour lui accorder la moindre valeur.

Fig. 3 Longueur o'°7r), hauteur o^ôa

Quelques pierres tombales intéressantes sont représen- tées par les figures /j, 5 et 6.

On voit, au premier plan des fouilles, les vestiges d'un assez grand bâtiment, un temple probablement, dont

288

NOTE SUR LES RUINES DE MINA

l'emplacement est délimité par dos bases de piliers restées debout. C'est do quo vient certainement la bollo colonne de 5 mètres do hauteur rccu(Mllio par M. Martin.

Fig. 4

Hauteur i°i2, largeur o"52

L'emplaceuioul de Mina devait se trouver sur le contre- fort qui domino la ligne ferrée do Tiarol, dont la pente regarde l'Ouest. C'est, du reste, sur ce plateau (pi'aboutit une conduite d'eau dont on aperçoit des tronçons. Elle était à air libre, maçonnée, d'une section de i mètre sur o™7o, on chiffres ronds. Elle venait de la direction de Zem- mora, alimentée par la source de l'oued Denseur.

NOTE SUR LES RUINES DE MINA

289

Fiff. 5

Fig. 6

Hauteur i"io, largeur o^ôô, épaisseur o°25

Hauteur i°8o, largeur o°55, épaisseur o"3o

Sur le versant nord existent les ruines d'une construc- tion assez importante On voit, sortant du sol, les maçon- neries des fondations de o^ôo d'épaisseur. Le bâtiment devait être divisé en cinq locaux ; deux plus grands que les trois autres. C'était, peut-être, des entrepôts et des logements formant les dépendances de la basilique dont on voit les restes en contre-bas.

Cette basilique, de 3o mètres sur 20 environ, ne pré- sente aujourd'hui que des pans de murs, principalement dans les angles. On remarque que les habitants du pays l'ont fouillée sur toutes ses faces pour se procurer des moellons durs qui manquent dans la région. Derrière l'édifice, l'on voit les ruines de thermes de moyenne importance dont la piscine est très apparente.

290 NOTE SUR LES RUINES DE MINA

D'après les renseignements recueillis, des vestiges de vannes de répartition existent en amont, du côté de la rivière. Une dérivation de l'oued Mina amenait donc l'eau par des canaux d'irrigation dans la grande plaine qui s'étend devant la cité romaine.

Il serait intéressant de faire classer par le Gouvernement Général les ruines de Mina, ne serait-ce que pour empê- cher les carriers de les exploiter comme ils le font depuis longtemps.

Pour terminer, il nous est très agréable de remercier notre collègue M. iîister, interprète à Relizane, d'avoir bien voulu nous envoyer les croquis joints à cette note et dus à la plume de son fils René.

H. PELLET.

GONTRIBOTION A L'ETDDE DE L'INDDSTRIE PASTORALE EN ALGÉRIE & AD ÏAROC

NOTE SUR LES LAINES OU SUO ORANAIS ET OU MAROC

F»I=IEFAGE

Cher Monsieur et Ami,

C'est avec le plus vif intérêt que j'ai pris connaissance de votre nouveau travail sur les laines du Sud Oranais et du Maroc.

Cet opuscule apporte un contingent nouveau, non des moins appréciables, à Télude de l'industrie pastorale en Algérie.

Elle complète heureusement et naturellement les remar- quables travaux que vous avez déjà présentés sur la question.

Vous désireriez, avec raison, voir modifier un certain nombre d'usages commerciaux, en ce qui concerne l'éle- vage et la présentation des troupeaux du Sud, le choix des espèces, en vue de la boucherie comme en vue de la pro- duction lainière, et surtout certaines méthodes employées dans les achats et les transactions.

Je pense, comme vous, qu'il y aurait encore de grands progrès à réaliser, dès que les temps auront changé, et l'Administration supérieure aidant, nous verrons, à la période agitée que nous traversons, succéder une ère de tranquillité plus propice aux choses de l'agriculture et à celles de l'industrie. Nous connaîtrons, à n'en pas douter, ces jours plus heureux, notre beau département pourra donner à ce moment un essor nouveau aux études écono-

292 PRÉFACE

iiii(iues qui sont sa raison d'être dans le concert des peu- ples de l'Afrique du Nord.

Bien situé entre le département d'Alger, si riche, et la région marocaine dont l'expansion économique nous étonne chaque jour, avec le réseau de voies ferrées qui s'améliore, malgré la tourmente actuelle, et qui déverse vers ses trois ports tous les produits de son sol, le dépar- tement d'Oran est un expi^rtaleur par excellence.

Personne n'ignore (^ue lOranie a aidé puissamment au ravitaillement de toutes nos armées, et que si elle a donné au i)ays le plus pur du sang de ses enfants, elle a coopéré et coopère chacpic jour de toute la foice de ses moyens au succès final, par ses envois considérables de blé, d'orge, d'avoine, de moutons, de vin, de laines, de peaux, de crin végétal, d'alfa, etc., envois qui se sont pouisuivis depuis deux années avec une régularité absolument méthodique, grâce au concours de toutes les bonnes volontés.

Pour terminer, et dût votre modestie en souffrir légère- ment, je tiens à vous exprimer, en mon nom propre, tous mes remerciements pour l'aide si précieuse que vous nous avez donnée lorsqu'il a fallu effectuer dans le Sud de con- sidérables achats de laines.

Oran, le 3i août 1916.

TOUPNOT,

DirecleuT de Vlitierdance de la Division d'Oran.

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'INDUSTRIE PASTORALE

EN ALGÉRIE ET AU MAROC

NOTE SDB LES LAINES DU SUO OBANAIS ET DU MABOG

La laine est le revêtement pileux du mouton. L'en- semble de la laine d'un mouton s'appelle toison. Les brins qui constituent la toison se groupent en petites touffes ou mèches qui se juxtaposent et donnent à la toison un aspect nettement fermé ou au contraire ouvert ou bien franche- ment chevelu.

Dans le dernier cas, les brins poussent côte à côte sans pour cela s'enchevêtrer et constituer des mèches (çouf zouléï). Par suite, nous pouvons d'ores et déjà distinguer les laines en deux catégories qui sont comme les pôles opposés de la variabilité des laines.

A. Les toisons composées de mèches ou touffes à brins fins, soyeux, tirebouchonnés (çouf ratba) .

B. Les toisons sans mèches, composées de brins recti- lignes, implantés côte à côte ne s'encllevêtrant pas. Ces toisons sont dites criniformes (çouf zouleï).

Entre ces deux types extrêmes, se classent toutes les autres variétés.

Quand les brins de laine composant une mèche sont d'égale longueur, les mèches ont une forme régulière, quasi-cubique et se juxtaposent assez parfaitement, les unes aux autres. L'ensemble donne alors l'impression d'un feutrage fermé, où, cependant, les mèches se devi- nent, car aux mouvements du mouton, on voit la toison se diviser en tranches transversales par des sillons pro- fonds. De telles toisons sont dites closes ou fermées. On les rencontre chez les moutons à laine fme, soyeuse (çouf

Ç'2

294 CONTRIBUTION A L ETUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE

ratha) ou à laine moyenne dont les brins sont plus ou moins ondulés (çouf harcha) ou (çouj toussimet).

Quand les brins sont inégaux en longueur, les mèches qui en résultent sont irrégulières et de forme quasi-coni- que. On conçoit aisément que des mèches conif ormes ainsi plantées base à base, ne s'appliquent pas du tout les unes contre les autres et laissent entre elles des espaces vides. De pareilles toisons sont ouvertes ou mècheuses (toussimet) ou bouffantes.

Enfin, il est une variété de toisons les brins, longs et spirales, s'enchevêtrent entre eux et forment de vraies cadenettes (mèches en spire, cylindriques, du diamètre d'un porteplume). Ces mèches cylindroïdes, indépen- dantes les unes des autres, retombent de chaque côté de la ligne du dos formant une raie dorsale partageant nette- ment la toison en deux portions. Ce type de toison se ren- contre paiticulièrement dans le cercle de Géryville, chez les moutons terfaoui ou des Trafis.

Toutes ces toisons peuvent être plus ou moins parse- mées de jarre. Le jarre est un poil blanc, brillant, rigide, qui croît parfois à côté des brins de laine et qui, à l'inverse de ces derniers, est dépourvu de toute élasticité, de toute souplesse et ne prend pas la teinture.

Ce défaut de souplesse fait que, dans l'opération du filage le jarre demeure rebelle à V enroulement, à la torsion que subissent les brins de laine ; il s'échappe le long du ///, de la cordelette obtenue et forme des bavures.

Dans la fabrication des tissus destinés à la teinture fran- che ou uniforme, le jarre échappe à l'action des matières colorantes et marcpie de fils blancs d'argent, plus ou moins nombreux, les tissus dans lesquels il se rencontre.

Les toisons jarreuses sont, pour ces deux raisons, fort dépréciées pai- elles-mêmes, et déprécient tous les lots de laine qui en contiennent.

Véjarrage a pour objet d'expurger les toisons jarreuses du jarre qu'elles renferment.

Dans les peignages et les filatures, on ne procède pas à Véjarrage des toisons. C'est une opération peu piatique, pour ne pas dire peu économique.

11 est à remarquer que le jarre, qui est en somme un poil grossier, se rencontre d'autant plus facilement que les toisons sont plus ordinaires.

Les toisons très fines, très soyeuses, en sont générale- ment exemptes. On peut s'expliquer ainsi pourquoi toutes

CONTRIBUTION A l'ÉTI DE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE -95

les opérations qui tendent à raniélioiation des toisons (par la sélection des reproducteurs à belle laine) amènent vite la disparition totale du jarre.

Dans les pays de grosse production du mouton (Austra- lie, Cap, Argentine), pour ne citer que ceux-là, l'infusion du sang mérinos et du lincoln n'a pas peu contribué, non seulement à absorber les laines autochtones, mais encore à faire disparaître le jarre d'une façon totale, absolue. Pour cela, d'ailleurs, l'utilisation de races améliorées n'est pas nécessaire ; il suffît que les géniteurs employés, pris dans le pays même l'on opère, offrent des toisons sans jarre.

Les laines des sujets issus de géniteurs améliorateurs étrangers, sont dites croisées.

Bourre. Duvet. Blousse

Dans une toison, tout n'est pas utilisé pour la filature. A côté des brins de laine, plus ou moins longs, il y a, en plus, en quantité variable, une matière laineuse très courte, qui reste adhérente aux peignes pendant l'opéra- tion du peignage. Cette matière prend le nom de blousse, bourre ou duvet. C'est le terme blousse qui est le plus communément employé.

Le produit du peignage, c'est-à-dire l'ensemble des brins de laine assez longs pour être utilisés à la filature, prend le nom de cœur. De sorte que, dans une toison, on a :

A. Le cœur, qui est la partie utilisable pour la fila- ture. Les Arabes l'appellent sdà et tââma.

B. La blousse, qui est en quelque sorte un déchet relatif, sorte de bourre laineuse d'aspect cotonneux, retenue par les peignes. Les Arabes désignent cette bourre ou blousse sous le nom de iendguïa.

Le sdà est composé des brins les plus longs, il est employé à la fabrication des fils de chaîne qui portent d'ailleurs le nom de sdà. Ces fils sont filés à la quenouille. La fileuse se tient debout. Le poids de la quenouille et la hsfuteur à laquelle elle se trouve suspendue, fait que la torsion des brins de laine se trouve poussée à un degré

296 CONTRIBUTION A I/ETinK DK I.'lNDlS IIUK PASTORALE

assez forl v[ 1rs (ils obtenus n'en sonl que plus denses et plus résistants.

La fâânia eompiend les brins de laine trop eourts pour former des iiibans. Tandis que les dents du peigne suiïi- sent pour paralléliser les brins du sdo, les brins courts de la tàdina sont parallélisés par la carde. Les fils émanant de la tââina sont filés en station assise ; ils sont plus gros que les fils de chaîne, moins denses, plus moelleux si l'on peut dire, moins résistants à la traction. Tandis que, sur le métier à tisser, les fils de chaîne ou sdà sont perpendi- culaires, les fils de trame ou tââina sont horizontaux. Ce sont les fils de tââma qui donnent aux tissus de laine de l'industrie arabe leur moelleux. Dans certains tissus, tapis ras, gh'raras, flidj, amaras, il n'y a que des fils de sdà ou de chaîne, tantôt en laine pure, tantôt composés de brins de laine, de poil de chèvre et de brins de laine de chameau.

Le suint. L.aines en toisons ou en suint

La peau du mouton sécrète, ou, plutôt, sécrète et excrète deux sortes de matières :

L'une, le sébum, qui donne leur onctuosité à certaines régions de l'épiderme, l'autre, la sueur, dont la production varie avec la température ambiante et l'état de fatigue ou de repos de l'animal. Le mélange de. ces deux matières dont l'une est produite en quantité à peu près invariable (le sébum) et l'autre (la sueur) dont le quantum est sujet à lluctuations, prend le nom de suint. Le suint (vuda'h) imprègne les brins de laine et les met à l'abri tant de la sécheresse que de l'humidité. Les toisons sont plus ou moins suinteuses ou grasses, suivant la saison et l'état des sujets considérés. C'est en été surtout ([ue le suint est le plus abondant. Il est réduit pendant les autres saisons de l'année. L'anémie, l'inanition, l'état de maladie du mou- ton réduisent et suppriment parfois la production du suint, liviant ainsi la peau à la pullulation des parasites les plus divers (gales, poux, tiques, etc.).

La sueur est seule soluble dans l'eau.

Le sébum (ouda'h) ne cède qu'à l'action des savonneux ou des produits qui le dissolvent.

De sorte que dans le lavage des laines à l'eau claire, une

CONTRIBUTION A l'kJ l DE DE l'iNDI STHIK PASTORALE 297

partie seulement du suint (la sueur) ou portion sudorale disparaît, tandis que la portion sébacée reste.

Nous avons dit tout à l'heure que la production sudorale est fonction de la température de l'air et de l'état de repos ou de fatigue du sujet. Ce fait est mis à profit par les fraudeurs pour assurer une plus complète adhérence des poussières aux toisons à dos qu'ils veulent maquiller ^fraude des laines). Quand la laine est normale, c'est-à- dire telle qu'elle résulte de la tonte, on la dit laine en toi- son ou en suint . Ke sujet n'ayant subi avant la tonte aucun lavage préalable, la laine renferme les excrétions normales de la peau ; c'est la laine brute en un mot.

Les corps étrangers

Une toison, indépendamment de ses qualités de finesse, de sa teneur en jarre, et de sa richesse plus ou moins grande en suint, est plus ou moins pure, suivant la quan- tité plus ou moins grande de matières étrangères qu'on y rencontre.

Nous appellerons matières étrangè7'es tout ce qui, dans une toison, ne résulte pas de l'activité vitale du mouton.

Le jarre, le suint, sont des produits naturels de la peau, tandis que tout ce qui, dans une toison, ne résulte pas de l'activité vitale du mouton, constitue ce que nous appelle- rons les matières étrangères à la toison. Les principales matières étrangères sont : les poussières, le sable, le gra- vier, les chardons et surtout le liaska, fruit épineux de la luzerne ridée, denticulée. Cette luzerne est très commune dans la zone saharienne du cercle de Géryville.

Dans cette région, lorsque les troupeaux hivernent au Sud d'El Abiod Sidi Cheikh, leurs toisons se chardonnent sous le ventre, au niveau des coudes, des cuisses. Les épines du jujubier sauvage fsedra) se rencontrent égale- ment dans les toisons. Les moutons du Tell n'en sont pas exempts, car cet arbuste est fréquent dans les plaines de cette zone.

Les matières colorantes d'aniline utilisées pour le mar- quage des troupeaux sont aussi des corps étrangers et, à ce titre, leur proportion au sein des toisons doit être res- treinte le plus possible.

Parmi les impuretés qui souillent ou surchargent les

298 CONTRIBLTION A l'ÉTLDE DK l'i.NOI'SI UIE TA^TOKALE

ioisons, il en est qui sont iiiliéronles au mode de vie imposée aux troupeaux; d'autres sont intentionnellement surajoutées et relèvent de la fraude. C'est pourquoi, si l'on veut porter sur une laine une appréciation juste, il est bon de savoir faire le départ entre une laine naturellement salie et une laine intentionnellement fraudée. Pour cela, voyons comment se comportent les moutons nomades qui four- nissent les toisons dites de (ji'ands pacages et les moutons élevés en bergerie et dont les laines sont dites laines colon ou de stabulation.

Laines de jjraiuls pacages et laines de stabulation

Les troupeaux de moutons devraient vivre, en général, partie en plein air, partie sous des abris.

Mais en Algérie, et notamment dans la région des Hauts Plateaux et dans une portion de la zone saharienne, les moutons vivent continuellement dehors, exposés à toutes les intempéries, sans jamais être abrités. Celte rude exis- tence qui leur est imposée depuis d'innombrables géné- rations, a contribué à faire des moulons d'Algérie en général, et des moutons du Sud en particulier, des sujets d'une rare sobriété et d'une étonnante résistance. 11 a bien fallu, au prix d'hécatombes incalculables, que nos ovins s'adaptassent aux conditions du milieu, sans quoi ils n'auraient jamais pu faire souche et se perpétuer jusqu'à nous.

Ce qui nous intéresse, pour le moment, d'une façon plus particulière, c'est l'adaptation tégumentaire. Nous devons envisager nos troupeaux fcomme s'ils vivaient absolument à l'état de natuie, l'intervention des pasteurs nomades indigènes ayant été de tous temps presque négli- geable. D'ailleurs, la sélection naturelle a pu faire son œuvre sans être aucunement contrariée. Veut-on envi- sager quelle est la qualité de la laine qui répond le mieux à tel ou tel milieu, on arrive à cette conclusion :

A climat sec, oi!i les extrêmes de température se ren- contrent, correspond une laine fine, soyeuse, quasi- mérine en un mot, la laine saharienne, çouf ratba ;

A climat humide, tempéré, correspond la laine sans mèche, chevelue, zouléï en un mot.

Mais, en réalité, si l'on tient compte de l'intervention

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE 299

de l'homme (lui trouble souvent à son profit les lois les plus harmoniques, ou qui, par son laisser-aller incons- cient, comme nos éleveurs du Sud, contribue à créer celte désharmonie, (jue voyons-nous ?

Les accouplements désordonnés entre troupeaux à laine fine et troupeaux à laine giossière ont amené la produc- tion de sujets à toisons mitigées, mélangées, et par suite à la production des variétés les plus disparates, suscep- tibles de trouver leur classement entre les deux types de laine signalés plus haut : entre le type fin, soyeux (çouf ratba) et le type chevelu, grossier (çouf zouléïV

De plus, la variation, ou plutôt l'adaptation de la laine aux conditions du milieu n'étant pas fatalement une con- dition indispensable, sous peine de mort ou de disparition inéluctable du sujet, les toisons réalisées se sont mainte- nues. Mais il n'en est pas moins vrai que, sous un climat sec, marqué par des variations thermométriques extrêmes, les toisons fermées, denses, à mèches serrées, à brins fins et soyeux, apparaissent comme les plus en harmonie avec le milieu considéré.

Sous un climat humide, mais tempéré, les toisons ouvertes, chevelues, répondent mieux aux conditions thermo-hygrométriques d'un pareil milieu.

Nous verrons plus loin que sur les Hauts Plateaux et dans le Sahara, le type de laine le plus adéquat au climat et aux conditions météoriques de ces régions, c'est le type qui se rapproche de la laine mérine. Et c'est à ce type de laine qu'il y aura lieu de recourir, chaque fois qu'il sera question de modifier nos laines du Sud. Hàtons-nous d'ajouter qu'il n'est pas indispensable de recourir à la race mérinos pour choisir les géniteurs améliorateurs, les groupements ovins du Sud renferment de merveilleux spécimens de moutons lanigères, c'est-à-dire porteurs de toisons fines bien supérieures aux toisons du mérinos pur, parce qu'en outre de la finesse du brin, elles possèdent, à l'inverse du mérinos, des mèches longues, fournies et du bouffant.

En résumé, un mouton à toison fine et soyeuse, fermée, réussira mieux en pays sec à variations thermométriques extrêmes, qu'un congénère à laine ouverte, chevelue, grossière. Il luttera mieux contre la sécheresse de l'atmos- phère car sa toison emprisonne dans l'enchevêtrement de ses mèches et de ses brins, un certain volume d'air qui constitue le meilleur des isolants contre l'action dessé-

300 co>ri\iBL"ïio> A l'étude de l'industrie pastorale

chante du milieu ; il soia mieux protégé contre les varia- tions thcimométiiques, car l'action protectrice de l'air emprisonné dans la toison s'ajoute à l'action de la laine qui est adiathermane , c'est-à-dire sinon absolument imperméable, du moins très difficilement perméable à la chaleur. Quele rayonnement du calorique émane du corps du mouton vers r<'xlérieur, ou qu'il prenne sa source dans le milieu ambiant pour aller imprest^ionner la peau, la toison fermée, avec l'air emprisonné dans ses mailles, joue bien le rôle d'écran à double fond, protecteur contre le refroidissement et contre l'échauffement.

Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la vie au dehors, sur les Hauts Plateaux, imprime tout de même une certaine rudesse aux brins, car, hiver comme été, le mouton doit se défendre contre le froid hivernal et la fraî- cheur estivale des nuits.

La peau également s'épaissit ou s'affine selon les varia- tions thermométriques du milieu.

Cette existence de perpétuel nomadisme, à travers les immenses steppes du Sud, expose les moutons à toutes les souillures.

Le crottaçe des toisons Les crotteux ou toisons crottées

Lors du renouveau de la végétation, ou lors de coups de froid, ou bien lorsque les herbes sont absorbées cou- vertes de gelée blanche, les animaux purgent {içeyyeho, selon l'expression des indigènes), les moutons sont meflou- tine ou relâchés ; en un mot, ils ont de la diarrhée.

Les déjections herbeuses, le flux diarrhéique, souillent les régions postérieures du corps, s'y agglomèrent en pelotes plus ou moins volumineuses, de forme sphérique, qui se dessèchent sur les mèches qu'elles emprisonnent, elles déterminent ce qu'on est convenu d'appeler crottes ou (kâàl) selon l'expression des indigènes et qui signifie (queue) ou plutôt 'caudales).

Les toisons qui offrent de telles souillures sont dites crottées. Dans le langage consacré par l'usage, les crot- teux sont les toisons crottées.

Le crottage des toisons, dans les exploitations euro- péennes, peut être évité si l'on fait subir aux moutons

COMRIBIITION A l'ÉTIDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE 301

l'amputation de la queue et la toilette des abords de l'anus, par enlèvement ou laceourcissement des mèches «{ui sont exposées aux souillures fécales.

Malgré cela, les moutons peuvent crotler leurs toisons sur le sol des hangars, abris, lorsque les litières ne sont pas sullisamment renouvelées, ou que le sol des bergeries ne répond pas par sa déclivité aux conditions imposées par 1 hygiène ; les crottins se diluent dans les mares d'urine et le purin qui en résulte souille largement les moutons qui s'y couchent. Le crottage des laines de stabulation dépend donc du mauvais enlietien des enclos ou des abris bergeries. Il intéresse en outre, non seulement les régions postérieures du corps, mais encore les régions qui touchoMl le sol dans le décubitus, c'est-à-dire la région sternale, le ventre, les faces latérales des cuisses. Il en résulte que, même à taux égal de crolteux, les laines de stabulation sont plus dé|)réciées que les laines dites de grands pacages.

Les souillures par la boue disparaissent après dessica- tion ; mais les souillures par les crottes communi(|ucnt aux brins de laine une teinte herbeuse confinant au jaune verdàtie, grâce aux matières chlorophyliennes, et difficile à faire disparaître.

Donc, toute toison est d'autant plus dépréciée qu'elle est plus ou moins crottée.

Après la tonte, il est indiqué d'enlever tous les crotteiix et de les emballer à part, car ils peuvent déteindre sur lés toisons qui les emprisonnent et amener une grosse dépré- ciation du lot tout entier.

A côté des crottes d'origine stercorale, provenant des déjections, et que nous appellerons crottes stercovales ou herlicuses, il y a lieu de distinguer les crottes sébacées cc^nstituées par un agglomérat de suint emprisonnant des mèches. Ces crottes sont de couleur marron, chocolat, et elles peuvent atteindre un volume assez notable. On les trouve sur les bords postérieurs des cuisses, aux aisselles, partout oii le frottement facilite l'enroulement des mèches et leur emprisonnement dans le suint qui finit par se des- sécher. Les crottes sébacées se rencontrent aussi au niveau des testicules et jusque sous le ventre ; elles sont englo- bées dans les kronches ou mèches souillées ventrales. Les crottes formées par le suint concrète autour des mèches diminuent le rendement ou poids d'une toison; l'industrie en tire quelque chose à la rigueur ; elle utilise aussi le

302 CONTRIBUTION A l'ÉTIDE DL l'inDUSTKIE PASTORALE

suint non concrète qui innprègnc tout le reste des brins, car cette sécrétion sert à faire du savon et ne détériore en aucune façon les mèches qu'elle enrobe.

Par suite, les crottes à suint ou sébacées déprécient moins une toison (jue les crottes d'origine intestinale. Mais il est préférable que le taux des crottes des deux caté- gories (herbeuses et sébacées) soit réduit au minimum.

A cet égard, et quel que soit ce taux, on peut penser que nos laines d'Afrique, qui perdent au lavage la moitié de leur poids, gagneraient à être exportées préalablement lavées. L'utilisation du suint par l'industrie ne saurait sûrement compenser l'excès des frais de transport qu'en- traîne la laine brute, c'est-à-dire non lavée. Le fret, on le comprend, est deux fois plus élevé pour une laine en suint que pour cette même laine préalablement débarrassée de oo % des impuretés qui la surchargent.

Mais, comme nous le verrons plus loin, le lavage préa- lable des toisons avant leur exportation n'est point pra- tique. Le lavage à dos, seul, avant la tonte, pourrait être utilisé.

Laines souillées par des corps étrangers

Nous avons déjà vu que la toison des moutons au pacage pouvait se charger de terre, de sable, de gravier, de boue, de haska, de sedra. Il est évident que l'adjonction à la toison d'une plus ou moins grande quantité de ces corps élrangeis en fait varier la valeur.

Un berger soigneux peut débarrasser ses moutons des brindilles de sedra. Le haska s'enlève au peignage ; mais si le nombre de gousses est élevé, comme cela a lieu sur- tout pour les laines sahariennes, le peignage provoque la rupture des brins. Une bonne laine ne doit pas présenter plus d'un chardon (haska) par vingt mètres de ruban peigné.

Quant aux autres corps étrangers : terre, sable, leur proportion dans une toison varie avec la nature des ter- rains de parcours, avec les mouvements atmosphériques et les conditions climatériques.

Ces matières augmentent évidemment le poids de la toison ; l'état hygrométri(jue de l'air, également. En pays humide, une laine normale pèse davantage qu'en pays sec, mais en plein été, même en pays sec, l'équilibre est

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE L'iNDUSTRIE PASTORALE 303

rétabli grâce à une sécrétion plus abondante du suint (oudah) qui imprègne les brins et leur donne plus de poids.

D'ailleurs, il est de notion courante que les laines qui traversent la mer se chargent d'humidité et pèsent davan- tage. Nous verrons dans le chapitre des fraudes que les liquides (eau, petit lait) sont employés non seulement pour surfaire le poids des toisons, mais encore pour assu- rer l'adhérence des corps étrangers aux mèches.

Les couleurs d'aniline et le goudron employés pour le marquage à dos des moutons déprécient les laines mais n'en font guère varier le poids.

En résumé, une toison varie de poids et de prix et pos- sède une utilisation différente suivant :

Son plus ou moins grand degré de finesse de brin;

Sa plus ou moins grande teneur en jarre ;

Sa teneur en cœur ;

[\.° Sa teneur en blousse ;

Sa richesse en suint ;

Sa teneur en crottes ;

Sa teneur en chardons ;

Sa teneur en eau ;

Sa teneur en terre ou gravier ;

io° Sa teneur en matières colorantes ou coaltarées.

D'après cette énumération, on conçoit que le rendement et la valeur des laines sont très variables.

Du rendement

Une toison (laine brute ou en suint) donne deux sortes de rendements :

Un rendement en lavé à fond ; Un rendement au peignage.

Le lavage de la toison en élimine d'abord une grande partie des corps étrangers : suint, gravier, terre, matières colorantes solubles.

Mais après ce lavage, la laine a retenu, malgré tout, une certaine quantité d'eau. Si l'on veut donc connaître son rendement absolu, api-ès lavage à fond, on la débarrasse de toute trace d'humidité en la desséchant dans le vide.

304 coNïKirti rioN a l'étldf de l'industrie pastorale

On a ce qu'on appelle alors le rendement en lavé ù fond. Le poids d'eau ainsi enlevé peut êlie évalué à i8 %.

Le peifjnage débairasse les mèches des corps étrangers végétaux qui s'y trouvent accrochés et donne la quantité de brins utilisables pour la filature, déduction faite de la blousse, du duvet, de la bourre, retenus dans les peignes.

L'opération du lavage, avec desséchage dans le vide, fournit le rendement absolu commercial, en tant (jue matière première piise en bloc.

Le peignage donne le n>ndemenl industriel à la filature.

L'opération ultime du lavage (déshydratation dans le vide, rend donc inutile la tentation d'alourdissement de la laine pratiquée par certains vendeurs peu scrupuleux.

Dans ce but, ces vendeurs mouillent leurs laines ou se contentent de les emmagasiner dans des locaux humides oij, en raison de leur propriété hygrophile, les brins de laine se chargent de Ihumidité de l'air.

De tels procédés, en plus de leur caractère déloyal, sont aisément éventés et il en résulte une baisse de prix sur la marchandise '.

Quand il s'agit de laines plus ou moins chargées en sable, l'acheteur éprouve des diiïicullés pour établir le prix à offrir, alin d'éviter une perte, ce qu'en terme de métier on appelle éviter la coiffe, c'est-à-dire Ferreur d'évaluation.

Les prix-limites imposés aux acheteurs par les indus- triels s'entendent toujours en lavé à fond.

La taxe pour déterminer le prix en lavé à fond est don- née par la perte de poids qu'après lavage subissent loo kil. de laine en suint.

Ainsi loo kilos de laine en suint à i fr. 20 le kilo, taxés à 3o % en lavé à fond, mettront la laine à 4 francs le kilo. En effet, les 100 kilos bruts coûtent 120 francs, mais le lavage à fond ne rendant que 3o kilos, ces .3o kilos coûtent 120 francs. Le kilo revient donc à à francs.

On voit que, pour obtenir une laine lavée à fond à Il francs le kilo, il ne faut pas que la laine en suint rendue à l'usine, soit payée plus de i fr. 20 le kilo. Il est des laines dont la taxe après séchage et déshydratation dans le vide est inférieure à 3o %.

On voit que ce n'est pas toujours chose aisée que

T Hiipporl (le M. Diitlidit, expert près le Syndical des peigneurs de Croix- Roubaix, Tourcoing.

CONTRIBUTION A l'ÉTLDE DE L'iNDUSTRIE PASTORALE î^îOo

d'acheter à bon es(>icnt, car par suite de la moindre erreur d'appréciation, la coiffe peut prendre des proportions exagérées.

Nos laines d'AIVique, en raison de leur mélange, des fraudes dont elles sont susceptibles d'être l'objet, et de tous les corps étrangers qu'on peut y rencontrer, des pro- portions variables en jarreuses et en gris, sont 1res dilTi- ciles à taxer. Aussi les piix olïerls sont toujours bas. Pour- tant certaines maisons d'exportation d'Algérie consentent à ne vendre qu'au conditionneincnt. Leurs laines sont lavées à l'usine n'éme, séchées et le calcul du rendement établi ; l'acheteur pouvant alors faire des offres sur une base solide, la transaction ne lui léserve aucune surprise. Mais tous nos exportateurs ne peuvent accepter pareilles conditions et nos laines restent dépréciées fatalement, car les industriels de la Métropole veulent éviter la coiffe.

Lorsque le rendement est calculé au peignage, il est naturellement inférieur au rendement en lavé à fond, parce que le peigne enlève la blousse.

D'ailleurs les déchets au peignage sont d'autant plus forts que la laine est moins résistante à la traction. Si les brins cassent facilement, ce qui est retenu par les peignes s'en accroîtra d'autant et le rendement en sera diminué.

Etant donné le prix en lave à fond, on peut calculer- le prix de revient au peignage. Il sulïit pour cela d'ajouter à ce prix en lavé à fond : 0.02 au kilo brut ; o.4o au kilo peigné (façon peignage), augmenté de la perte de valeur résultant des blousses et déchets sur le prix du lavé à fond et de la dépréciation des écarts pendant le triage en brut.

Le triage en brut d'une quantité de laine déterminée, consiste à en écarter les jarreux, les gris et les toisons cassantes. Tout ce qui est ainsi prélevé comme inférieur, prend le nom d'écart, pendant le triage en brut.

Avant le lavage, la laine en suint est triée en prime, fine, semi-fine, jarreux, crotteux. Tous ces écarts doivent entrer en ligne de compte pour l'évaluation du prix après le peignage, connaissant le prix du lavé à fond. Nous ver- rons plus loin que le classement et le triage en brut des toisons n'est pas une opération à la portée de tout le monde, car chaque toison offre au moins six qualités de brins et chacune de ces qualités correspond à une région bien déterminée de la surface du corps. Pour fixer les idées, nous donnons ci-après le schéma d'une toison avec toutes ses divisions.

306

CONTRIBUTION A L ETUDE DE L INDUSTRIE PASTORALE

Schéma d'une toison étalée, divisée en régions suivant finesses

Extra-prime : Epaules.

i" Finesse : Flanc, Bas d'épaule, Longée du cou.

2" Finesse : Bas de flanc, Avant-cuisses.

3* Finesse : Garrot, Gorge, Ventre, Cuisses.

k^ Finesse : Dos, Colleret, Bas de cuisse.

5* Finesse : Queue, Têtard.

6* Finesse : Pattelcttes part).

Déchets : Crotteux part).

Déchets : Pissottes part).

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE 307

Mais, nous le répétons, l'acheteur métropolitain, en achetant nos laines d'Africjue aussi bien que celles d'Aus- tralie, du Cap ou de l'Argentine, offre son prix en suint rendu à Vusine en prenant pour base le rendement en lavé à fond suiv(utt la taxe qui lui est imposée, comme nous l'avons montré plus haut.

Coloration des laines Laines blanches, laines naturelles, laines grises

En général, les moutons sont blancs, sauf dans la région faciale qui est parfois blanche aussi (chegueur) , mais qui offre, en Algérie, tantôt une couleur acajou, tantôt fro- ment, tantôt fruitée souvent envahie par le blanc.

La coloration blanche du corps domine et elle est main- tenue, dans les régions grosses productrices de bétail à laine, grâce à une sélection constante et rigoureuse. Mais en Algérie, la surveillance et le choix des reproducteurs sont illusoires, le pasteur nomade indigène s'en désinté- resse presque complètement. De plus, la vie d'errance imposée aux troupeaux dans les immenses régions qui leur servent de parcours, la transhumance qui oblige les moutons les plus divers à passer d'une zone à une autre, les luttes (accouplements) qui sont livrées au hasard du rut et des saisons, tout cela contribue non seulement à masquer le type morphologique (c'est-à-dire la forme) de tel ou tel mouton, mais encore donne lieu à la production d'un grand nombre de variétés de laines, comme lon- gueur de brins, finesse, frisure et influe même sur la colo- ration des toisons.

On rencontre des toisons qui sont franchement noires, marron ou rousses. Elles constituent des particularités. Ces laines sont dites laines bien naturées.

Assez souvent, la distribution du noir, du marron, du roux, du froment, de l'acajou, n'est que l'empiétement de la couleur fondamentale de la face sur le cou, parfois sur le poitrail et jusqu'au milieu du thorax. De telles toi- sons sont dites (drââ) .

De toutes façons, la couleur faciale a une tendance nettement marquée vers le blanc absolu qui est l'aboutis- sant définitif de la coloration des toisons.

L'albinisme tégumentaire pileux (c'est-à-dire le blan-

308 COMRIBVTIO.N A l'iÎTI'DE DE L'iNDUSTRIE PASTORALE

chiment des poils el do la laine) envahit donc les toisons bien fiaturées, la teinte fondamentale de celles-ci est refoulée progressivement vers les extrémités des mem- bres, de la queue, autour des orbites et au bout des oreilles. La coloration ainsi refoulée et reportée vers les régions que nous venons d'énumérer, est dite centrifuge quand elle tend à disparaître devant l'envahissement d'une autre couleur ; son caractère centrifuge se traduit par ses ten- dances à se localiser aux extrémités. La couleur envahis- sante, (pii en refoule une autre peut occuper une surface restreinte par rapport à cette dernière, et, cependant, c'est elle qui persistera dans la descendance, si les accou- plements sont bien conduits, et qui supplantera l'autre au cours des générations.

On dit que la coloration de la toison est amorcée vers la coloration blanche quand c'est le blanc qui est envahis- sant ; vers le noir, quand c'est le noir qui refoule, et ainsi de suite.

Les moutons clrââ, chez qui la coloration fondamentale de la tête a empiété sur le cou et parfois sur une partie de la poitrine, sont fréquents dans les troupeaux bérabers dont la laine grossière est excellente pour la matelasserie.

Ainsi, les troupeaux des Ouled Khlif, des Ouled Man- sourah, des Beni-Metharef, qui voisinent avec ceux de la frontière marocaine, ont produit des mélanges, le cheptel de ces tribus renfermant un pourcentage assez notable de moutons draâ.

L'industrie textile, disons-le tout de suite, recherche surtout les toisons blanches, parce qu'elles se prêtent à toutes les teintures. Seules, les toisons uniformément colorées, bien naturées, sont acceptées et triées comme les blanches.

Toutes les laines colorées (bi ou tri-colores) sont englo- bées sous le nom de gris. Ces toisons mitigées sont dépré- ciées par elles-mêmes d'abord ; et, suivant le taux qu'elles leprésentent dans un lot, elles le déprécient plus ou moins. Un lot de toisons, au point de vue constitution, devra donc renfermer le moins possible de gris.

Lors du premier triage en brut, les gris sont débarrassés de leur portion colorée, au moyen des ciseaux. La portion blanche seule est classée. Malgré cela, souvent, après le peignage, il peut subsister dans les peignés des points noirs (surfaces de section des brins colorés) et cela rend ces peignés impropres à une bonne teinture. La laine qui

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE L'iNDUSTRIE PASTORALE tî09

présente ces points est dite piquée. Les filateurs la refu- sent lorsqu'il s'agit de l'utiliser à la confection de dra- peries à teintes uniformes, franches.

Dans les laines d'Afrique, le taux des gris dans un lot est évalué en moyenne à i5 ou 17 %. C'est énorme. Un meilleur choix des reproducteurs diminuerait cette quan- tité et même en amènerait la disparition totale.

Nous ne saurions donc trop recommander à nos pro- ducteurs directs et à nos exportateurs de ne pas entasser dans un même lot toutes les variétés de toisons, mais de les classer en :

Toisons fines (çouf ratba) utilisées pour la confec- tion des burnous fins (kessoua) ;

Toisons demi-fines (çouf harcha) ;

Toisons grossières (zouléï) ;

Toisons jarreuses (renfermant zerebel kelb, ou poil de chien, nom donné au jarre par les indigènes) ;

Les gris (laines multicolores, drââ).

Les crotteux ou crottes, détachés soigneusement, seront emballés à part, de même que les bouts de mèches pro- venant des pattes, ventre, base de la queue, testicules, formant le bechiine.

Voici quelques tableaux relatifs au classement des laines en brut, par ordre de qualités décroissantes, selon leur teneur en jarreux, gris, déchets et crottes. Cette division, ce classement sont accessibles aux gens qui s'occupent des laines et nous leur conseillons instamment d'y procéder.

Le producteur nomade indigène, à la longue, pourra arriver à classer ses toisons comme nous allons l'indiquer, Efiais, en attendant, le commerce d'exportation devra le faire pour lui.

D'ailleurs, l'indigène ne possède pas toujours person- nellement assez de laine pour trouver dans ce classement un aA^antage quelconque. C'est donc au négociant qui accu- mule de gros stocks dans ses dépôts, à procéder à cette opération.

La laine prime est la laine surfine, de qualité supérieure. Sa proportion dans un lot est variable. Après la prime viennent par ordre de finesse les n°* i, 2, 3 et 4-

23

310 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE L'iNDUSTRIE PASTORALE

Classement des laines en brut

Laines du Sud des trois départements algériens Cpar loo kilos) :

Prime 3%

N'' I 22 à 25 %

2 3oà32%

3 i5 à i8 %

4 loà 12 %

Jarreux et gris. i5 à 17% Déchets, crottes. 3%

Laines des Hauts Plateaux, du Tell et laines dites

colon (par 100 kilos) :

Prime 2 %

I 10 à 18 %

2 3o à 32 %

3 23 à 25%

N°^ 4 et 5 loà i5%

Jarreux et gris. i5 %

Déchets, crottes. 3%

Les chiffres comparatifs ci-dessus nous montrent que les laines du Sud renferment un tiers pour cent en prime de plus que les laines du Tell, de 4 à 10 % en i de plus ; 7 à 8 % en moins en 3 ; environ 3 % en moins en laine II. Elles sont donc, de toutes façons, plus appréciables que les laines du Tell. L'équivalence des crottes et déchets n'est que superficielle ; mais nous savons que les laines du Tell et les laines dites colon sont pour les raisons indi- quées plus haut inégalement dépréciées, quoique leurs pourcentages respectifs en crottes paraissent égaux.

Rendement en peigné (cœur et blousse)

Laines du Sud des trois provinces algériennes :

Peigné 20 à 27 %

Blousse 4 à 6 %

Bourre, duvet. . i à 2 % Chardon 3 à 4 %

Laines du Tell :

Peigné ....... 33 à 35 % I Bourre, duvet. . i à 2 %

Blousse 7%| Chardon i à 2 %

co^TRIBUTIo^ A l'étude de l'industrie pastorale 311

Le marqiiai^e des moutons

Les moutons, pour ne pas être confondus, volés ou égarés, sont nécessairement marqués.

Le marquage se fait : Par le feu (cautérisation) ; par les couleurs d'aniline ; 3" par le goudron coaltaré ; par la mutilation partielle des oreilles.

Marquage an feu. Ce marquage se pratique en impri- mant, soit sur la face (chanfrein), soit de préférence sur le cornage, une empreinte au moyen d'une marque métal- lique chauffée au rouge. Cette empreinte peut, au gré propriétaire, représenter un dessin, des chiffres ou des initiales.

Cette marque a l'avantage d'être indélébile, car, à sa place, si elle intéresse la peau, succède une cicatrice blan- che reproduisant le signe imprimé. Sur la base des cornes la cautérisation est faite assez profondément. Lorsqu'il s'agit de moutons désarmés, c'est-à-dire sans cornage ou fartasses, la marque au feu est apposée sur le front ou sur le chanfrein.

Marquage par mutilatioîi partielle des Oi'eilles. Les indigènes, qui n'aiment guère les complications, mar- quent aussi leurs moutons en leur mutilant les oreilles (tantôt les deux, tantôt une seule) de façons diverses :

Par amputation du bout ; en fendant l'oreille sur deux ou trois centimètres ; en y pratiquant un trou au feu ou un nombre déterminé de perforations à l'emporte- pièce. Parfois les trois sortes de mutilations se rencontrent associées sur la même oreille.

Enfin, certains enlèvent, en tranche de melon, une ou plusieurs portions, soit sur le bord antérieur de l'oreille, soit sur le bord postérieur.

Marquage aux couleurs d'aniline. Ce marquage utilisé surtout par l'acheteur devrait être proscrit. Mais les expor- tateurs, qui ont souvent dans une même région jusqu'à quarante ou cinquante troupeaux, recourent au marquage à dos par les couleurs d'aniline pour bien particulariser chaque troupeau et pour permettre à chaque berger de distinofuer ses moutons.

312 COUTHIBUTIOM A l'ÉTUDE DE l'iNUUSTRIE PASTORALE

L'empreinte adoptée est appliquée à tous les moutons du môme lot. Lorsque cette empreinte est unique pour plusieurs troupeaux, la région du corps elle est apposée varie avec chaque lot. Tel berger aura ses moutons mar- qués d'un cœur par exemple sur la croupe ; tel autre sur l'épaule droite, etc.

Le simple cercle est souvent adopté. Le culot d'une bou- teille trempé dans une solution d'aniline, fait l'office de marque.

Au point de vue des commodités pour le berger, natu- rellement le marquage à l'aniline est économique, rapide et parfait. Le berger dont un ou plusieurs moutons auront disparu dans un lot voisin, les retrouvera à première vue, sans avoir besoin de dénombrer le troupeau soupçonné de renfermer les manquants.

Dans le marquage à l'aniline, une simple averse fait disparaître les contours de la marque adoptée, la rend floue, et la tache d'aniline s'étend en perdant de sa netteté.

Les bergers prétendent remédier à cet inconvénient en marquant les sujets à leur façon, c'est-à-dire en prélevant sur chaque unité une poignée de laine.

A cinquante grammes par mouton, le berger recueille ainsi pour son bénéfice, suivant le nombre de moutons dont il a la garde, une quantité plus ou moins notable de laine.

Les couleurs d'aniline, lors du lavage, se dissolvent en partie dans le bain et colorent ainsi plus ou moins les toisons. Donc, quelque pratique que puisse être le mar- quage à dos par l'aniline, il sera bon, quand on le pourra, de ne pas y recourir, toute toison colorée par l'aniline ou toute autre teinture étant fatalement dépréciée.

Marquage au coaltar. Le coaltar mélangé au goudron produit, lors du marquage, des empreintes indélébiles qui emprisonnent les mèches, les agglutinent et rendent abso- lument inutilisable toute laine souillée.

Les toisons coaltarées, lors du peignage, exposent les peignes à se fausser et peuvent provoquer des détériora- lions notables dans les machines. C'est pourquoi, lors du triage en brut, les ciseaux du trieur traitent les toisons coaltarées ou anilinées comme les gris ; les parties coalta- rées sont élaguées, détachées et constituent autant de déchets absolument inutilisables.

Donc, dans leur intérêt, les exportateurs, qui tirent

CONTRIBUTION A l'ÉTTjDE DE L,'lNDUSTRIE PASTORALE 313

profit des toisons de leurs troupeaux, devront proscrire le marquage au coaltar ; seul le marquage au feu ou par muti- lation des oreilles devrait être adopté.

La tonte

Sur les Hauts Plateaux, et notamment dans le cercle de Méchéria, la tonte s'effectue dans la seconde moitié de mars. Cependant, en raison des iluctuations thermométri- ques qui marquent ce mois de l'année, beaucoup d'éle- veurs attendent la première et même la deuxième quin- zaine d'avril. Les exportateurs qui tiennent à vendre leurs moutons dès le mois de mai, les tondent fin mars ; les animaux tondus ont quelque peu froid et sont incités à absorber davantage d'aliments, ils gagnent en poids assez vite, plus vite même que des animaux laines circulant dans les mêmes parcours. Le négociant n'a en vue que la viande qu'il pourra céder dans un ou deux mois ; mais l'éleveur qui en a le temps, laisse la température s'élever, la sécré- tion du suint est plus forte, la toison s'imprègne, s'alour- dit et, à la récolte, elle a gagné cinq à six cents grammes. On voit que le négociant comme l'éleveur ont raison, tout en se plaçant l'un et l'autre à des points de vue différents.

La tonte se poursuit jusqu'en juin-juillet. Les houalas (i4 à i8 mois) sont débarrassés de leur laine, ainsi que les sujets mâles au-dessus de cet âge. Les brebis vierges ou stériles, celles qui n'allaitent pas, sont également tondues.

Les brebis laitières, en période de sécrétion lactée, ne sont tondues que tout à fait en fin de saison, car les débar- rasser de leur toison c'est exposer la surface de la peau à une évaporation plus active, au détriment de la sécrétion mammaire. Le nomade pasteur, qui est un excellent observateur, le sait, aussi se garde-t-il bien de procéder à une opération préjudiciable à ses intérêts.

On a reproché à nos indigènes de tondre à trop de dis- tance de la peau. En opérant ainsi, en effet, ils récoltent moins de laine et obtiennent des mèches raccourcies. Malgré la perte résultant de cette pratique, nos éleveurs du Sud restent logiques en ne tondant pas trop près de la peau. Si leur méthode de tonte entraîne une perte notable de laine laissée à dos, par contre, le mouton ne se trouve pas tout à fait démuni de son vêtement naturel pour lutter

314 COMHIBLTION A l'ÉTUDF DE l'iNDI'STRIE PASTORALE

lanl coiilie la cljalcur diurne que contre les gelées noc- turnes. On sait (pie dans les régions pastorales de l'Algérie si le soleil est chaud, très chaud le jour, le rayonnement nocturne est considérable ; de plus, les moulons vivant en plein air et sans abri par tous les temps, il est rationnel de les laisser armés pour résister ; le feutrage qu'on leur abandonne sur le corps constitue un écran à double fin : il protège l'animal contre le refroidissement et empêche l'action brûlante des rayons solaires d'atteindre l'épiderme très sensible chez le mouton.

Si nous approuvons la prévoyance de l'indigène len cette matière, nous désapprouvons, par contre, les pro- cédés employés pour tondre les moutons. Pour cette opé- ration, les indigènes se servent de faucilles. Ceitains, fort adroits, tondent, ou plutôt fauchent la laine assez propre- ment sans trop massacrer le mouton ; mais la plupart blessent le sujet d'une manière souvent atroce. En outre, la tonte à la faucille, à part les boutonnières qu'elle fait à la peau, est irrégulière, en escaliers.

Néanmoins, quand celte tonte irrégulière n'a pas entraîné de dommages pour le sujet qui l'a subie, l'état d'embonpoint consécutif amène en peu de temps sur le même plan les différentes lignes de coupe ; les indigènes appellent cela égalisation du filet (idreb cl chchka) ; c'est pour eux un signe que l'animal est fin gras.

Disons en passant qu'à Marseille, les commissionnaires semblent avoir une prédilection marquée pour les mou- tons tondus à la faucille, ils y voient non seulement la preuve de leur provenance (du Sud), mais encore un avantage pécuniaire, les dépouilles plus lainées étant plus rémunératrices que des peaux rasées.

Depuis quelque temps, les ciseaux à ressort ou forcés sont assez habilement maniés par quelques indigènes ; mais dans les tribus c'est la faucille seule qui demeure préférée. Â cela, il y a plusieurs raisons :

La faucille peut être maniée par le premier venu, sans aucun apprentissage préalable. A l'époque de la tonte, il est d'usage chez les indigènes d'aller les uns chez les autres aider à tondre et cela sans rémunération aucune ; ils sont tout simplement hébergés pendant tout le temps qu'ils prêtent leur concours. C'est la seule raison qui expli- que pourquoi la faucille, cjui est jusqu'à ce jour à peu près le seul instrument utilisé pour la tonte, persistera encore en tribu. En outre, pour le prix d'une paire de

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE 315

ciseaux à ressort, on a un certain nombre de faucilles que le premier charron venu peut fabiiqucr sans difficulté.

Les ciseaux à ressort, maniés habilement par quelques indigènes entraînés, sont utilisés pour la tonte des trou- peaux d'exportation. Comme les indigènes qui ont appris l'usage des ciseaux se font payer leur travail, la faucille aura longtemps encore la préférence en tribu.

La coupe des mèches. Le cisaillement

Certains tondeurs ont tendance à manier les ciseaux en cisaillant, à la manière des coiffeurs. Les brins de laine sont ainsi inutilement saisis à plusieurs reprises et sec- tionnés en petits bouts. Ces petits bouts eussent davantage profité au mouton s'ils étaient restés implantés sur sa peau ; ils ne profitent pas davantage à l'industriel qui n'en saurait rien tirer.

La section sur chaque mèche ou groupe de brins doit être unique et non multiple, repetita, étagée sur cette même mèche. Cela n'a pas d'inconvénient chez le coiffeur dont le but est de régulariser la surface de la coupe des cheveux, tandis que chez le mouton il y a un double objectif à atteindre :

i" Un objectif d'ordre hygiénique qui consiste à débar-. rasser le sujet de sa toison pour lui permettre de mieux lutter contre la chaleur, sans toutefois le dénuder totalement ;

Un objectif d'ordre économicjue consistantà recueillir une toison d'un seul tenant, à mèches régulièrement cou- pées pour lui conserver sa valeur maxima et tout son rendement.

Aussi les intéressés qui font tondre doivent-ils surveiller de près les opérateurs pour empêcher le cisaillement des mèches et éviter ainsi des pertes bien inutiles.

La faucille, il faut le reconnaître, si elle coupe irrégu- lièrement, ne se prête pas aux divagations des ciseaux maniés par des mains nerveuses qui hachent le brin au détriment du mouton qu'ils dénudent et de la toison qu'ils diminuent ; aussi, la tondeuse (mécanique ou à main) permettrait-elle d'éviter les inconvénients de la faucille et des ciseaux mal maniés.

316 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE

Malheureusement, ces instruments perfectionnés n'au- ront, de longtemps encore, pas droit de cité, ou plutôt droit de bled, en pays indigène.

L'enroulement des toisons

Lorsque la toison est détachée, autant que possible en une seule pièce, elle est enroulée sur elle-même, surface interne en dehors, et nouée.

Malheureusement nos tondeurs ne conservent pas aux toisons la forme qu'elles devraient présenter une fois éta- lées ; en effet, une toison bien tondue, bien enlevée, devrait reproduire, étalée, la surface de la peau qu'elle recouvrait avant la tonte. Il faut qu'on puisse y repérer aisément les régions du cou, des épaules, du dos, des cuis- ses, des flancs, etc. Grâce à ce repérage facile, les trieurs peuvent prélever dans chaque secteur les mèches corres- pondantes, car chaque région offre des brins de> qualité différente. Nos tondeurs ne laissant pas toujours aux toi- sons leur forme première normale, il en résulte que le triage en brut de nos laines d'Afrique est difficile à réaliser.

Dans le centre de la toison, le nomade introduit les mèches crottées provenant des pattes, du ventre, etc., de façon à ne perdre aucun brin de laine.

Si les crotteux ne sont pas présentés à part, hors des toi- sons, il n'y a pour les acheteurs qu'à baisser les prix. En somme, la présence de mèches crottées dans une toison constitue plutôt une malfaçon, un manque de jugement, qu'une manœuvre délictueuse. Aussi, les fraudes dont les laines peuvent être l'objet relèvent-elles d'autres facteurs que nous examinerons plus loin.

Influence de l'état de santé du troupeau sur l'état physiolog:ique et l'état physique des laines

Il est à noter que l'état de souffrance des moutons (ali- mentation parcimonieuse, anémie, affections parasitaires internes) ont une répercussion nette et bien marquée sur la peau. Dès que la santé revient, que le sujet s'alimente mieux, toutes les fonctions se réveillent ; la peau se reprend à sécréter ; les mèches deviennent onctueuses ; les poux qui ont pu s'installer dans la toison disparais-

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l.'lNDUSTBIE PASTORALE 317

sent ; Ja laine récupère sa souplesse ; mais l'enchevêtre- ment des brins a conservé, emprisonnées, nombre d'im- puretés, notamment de larges croules épidermicjues, sur- tout au niveau des reins, du dos, du sacrum. Les mau- vaises toisons qui commençaient à s'en aller en lambeaux font place à une pousse laineuse nouvelle. Les régions des toisons correspondant à la face externe de la cuisse se montrent peu souillées ; et cela tient, on le comprend, à ce que les impuretés ne peuvent stagner sur un plan quasi- perpendiculaire et qui, plus est, se trouve constamment en mouvement lors de la progression ; tandis que le plan formé par la ligne du dos, des reins, du sacrum reste pres- que toujours horizontal quelle que soit l'attitude du mou- ton. En outre, les régions sacro-lombaires sont presque totalement à l'abri des frottements et des atteintes de la corne et des dents ; les impuretés qui viennent s'y échouer n'ont rien qui les sollicite à choir, pour peu que les brins de laine y soient enchevêtrés.

Et les indigènes le savent bien, car ils reconnaissent une laine à peu près normale, c'est-à-dire non maquillée, à ce que les impuretés naturelles se trouvent généralement localisées sur la ligne dorso-sacro-lombaire, tandis que les régions de la toison appliquées sur les épaules, les cuisses, le thorax, présentent une surface de coupe natu- rellement propre.

Lorsque l'indigène « sale » sa toison, c'est-à-dire sau- poudre la surface de section des mèches avec de la terre, il ne respecte pas plus les régions naturellement chargées que celles qui ne le sont ordinairement pas. Il explique que dans le bled, l'obligation de tondre à même le sol jus- tifie dans ses toisons la présence de terre (surajoutée) qu'on y découvre.

Mais les indigènes soigneux et consciencieux n'hésitent pas à tondre sur un sol préalablement nettoyé, ou même sur des nattes, pour éviter le contact du sol.

Les fraudes

Le fraudeur d'une toison a pour but de surfaire le poids primitivement normal de cette toison. Pour cela, il la maquille en y ajoutant des matières étrangères, surtout de la terre ou du sable, et des liquides pour assurer l'adhé- rence de ces substances aux brins.

318 coNTRiBi riON A l'étudk de l'industrie pastorale

Toute toison fraudée est fatalement humide, car le suint ne sutïit pas toujours pour assurer l'adhérence des impuretés aux brins ; le concours d'un liquide (eau ou leben) est souvent indispensable. Par suite, toute toison qui donne la sensation du mouillé est suspecte, à moins qu'il n'ait plu et que les sacs exposés aient été détrempés ; dans ce ra-^, on doit attcndie que les toisons aient séché.

l/huniidifieatioii spontanée des laines entassées

Les laines sont hygrophiles par excellence, c'est-à-dire qu'elles fixent l'humidité de l'air avec la plus grande facilité.

Inversement lorsqu'on les place en milieu sec, elles se déshydratent aussi aisément qu'elles se sont imprégnées.

C'est la raison pour laquelle nos laines du Sud subissent lors de leur transport un déchet de route par déshydrata- tion qui peut se chiffrer par 1/2 à 2 % ; mais en raison de leur aiïinité pour l'humidité, cette perte de 1/2 à 2 % est largement récupérée dès que les saches pénètrent en zone tellienne le degré hygrométriciue de l'air est notable.

La propriété hygiophile de la laine a été mise à contri- bution par certains cultivateurs-éleveurs de la Métropole, pour surcharger leur laine d'humidité. La veille de la tonte, le troupeau est enfermé dans la bergerie après abreuvenient. Durant la rmit, la chaleur animale, la clô- ture hermétique du local, les émissions d'urine, la suda- tion, amènent rapidement la saturation de l'atmosphère et les toisons absorbent cette vapeur d'eau et leur poids augmente en proportion. Le lendemain, la tonte se fait de bonne heure, l'acheteur qui a prélevé lui-même ou sous son contrôle les échantillons à dos, se croit à l'abri de toute fraude, mais dans le poids de la laine ainsi achetée, il emporte quelques centaines de kilos d'eau qui s'est spontanément fixée dans les mèches, grâce aux manœu- vres pratiquées par le vendeur. On le voit, la fraude existe sous toutes les latitudes. Elle n'est pas monopolisée par une seule région.

En raison de ses affinités pour l'humidité, la laine entassée dans un local donne, au bout d'un certain temps, l'impression du mouillé. Il n'y a pas dans ce cas de fraude intentionnelle ; il suffît d'aérer les toisons, de les sortir un instniil pour qu'ollos reprennent leur aspect normal.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE L'iNDUSTRIE PASTORALE -^9

Mais la sensation de mouillé que l'on rencontre dans les couches profondes du tas de laine ne doit pas être non plus taxée de fraude humide. C'est à l'expert compétent à juger s'il y a lieu de considérer tel ou tel lot comme réelle- ment fraudé ou simplement spontanément surchargé d'eau grâce à l'hygrophilie de la laine.

Dans un dépôt de laines, lorsque la manipulation des toisons entraîne de la poussière, c'est un signe favorable, à condition (pie cette poussière ne soit pas abondante et ne relève pas dune tentative de fraude sèche.

La répression des fraudes

Les pouvoirs publics, pour combattre les manœuvres délictueuses dont les laines peuvent être l'objet, ont édicté une série de mesures visant fraudeurs et acheteurs, car ceux-ci devenaient complices de ceux-là en acquérant des marchandises maquillées. L^ne circulaire gouvernemen- tale, émise à la date du 19 septembre 1910, par application de la loi du i" août iç)o5, renferme à cet égard les indi- cations nécessaires ; malheureusement, les fraudeurs ont beau jeu et peuvent impunément exercer leurs pratiques à l'abri des lois.

En effet (( le délit de fraude ne peut être constaté

« que si la marchandise maquillée est vendue ou exposée (( en vente sur un marché ou tout autre lieu public.

(( Les fondoucks, sauf des circonstances exceptionnelles, « peuvent être assimilés à des lieux publics. ^

(( Les fraudes ne sauraient échapper à l'action pénale « que si les laines occupaient dans les fondoucks un « emplacement réservé qui constituerait alors l'entrepôt « non public du vendeur ou de l'intermédiaire.

(( Sur les quais des ports, considérés comme lieux (( publics, le délit de fraude peut être constaté, à condi- « tion cependant que la transaction n'ait pas précédé le « transport, c'est-à-dire que la vente n'ait pas été préala- {( blemcnt consommée.

« Il peut arriver que les manœuvres déloyales employées « pour frauder la laine soient effectuées dans les entrepôts u par certains intermédiaires contre lesquels il n'est pas (> toujours possible à l'administration d'agir.

« La loi du i'"'" août igoô ne prévient le délit de fraude « et n'autorise les poursuites qu'autant que le vendeur a

320 CO.NTRIBITION A l'ÉTUDE de L'iNDUSTRlt: PASTORALE

« trompé ou tenté de tromper l'acheteur. Cette condition « n'est réalisée que si la marchandise est offerte publi- « qjiement en vente ou a été vendue.

« Dans le premier cas, il y a poursuite d'oiïice. Dans le « deuxième cas, les poursuites ne peuvent être engagées <( que si l'acheteur dépose une plainte au parquet. »

Nous ne voyons pas très bien dans quel cas l'acheteur (qui devrait être englobé dans les poursuites) sera inquiété. Si la vente est réalisée, même sur un lieu public, l'action répressive ne peut s'engager (jue s'il y a plainte de la part de l'acheteur.

Par suite, l'agent chargé d'appliquer les dispositions de la circulaire du 19 septembre 1910 par application de la loi du i""" août igoÔ, se trouve désarmé s'il arrive trop tard.

La marchandise fraudée, qu'il pourrait ou devrait saisir, lui échappe dès l'instant qu'elle a été vendue et que l'ache- teur l'a acceptée.

En outre, n'importe quel fiaudeur pourra, dans un entrepôt particulier ou dans un coin réservé du fondouck lui tenant lieu d'entrepôt, traiter la laine en vue de la fraude, sans qu'il soit possible de le poursuivre.

La loi du i*"" août 1905 est nette à cet égard : on a le droit, ou plutôt on peut, en toute liberté, maquiller des toisons chez soi, dans un entrepôt non public ; on peut vendre des laines fraudées dans l'entrepôt ; dès l'instant que la vente n'a pas été publique, que l'acheteur ne s'est pas plaint, l'action judiciaire est impuissante à s'exercer, ou, si elle s'exerce, elle est nulle et sans effet.

Est-ce que l'acheteur qui accepte une telle marchandise ne devrait pas être poursuivi, ainsi que le fraudeur dont il encourage les manœuvres déloyales ?

Mais l'acheteur n'achète que pour vendre à son tour, il n'a donc pas logiquement à juger le délit de son vendeur, puisqu'il va de son côté frauder un peu plus sa laine.

11 ne faut pas non plus s'attendre à ce que les industriels de la Métropole portent plainte au Parquet lorsque les laines qu'ils reçoivent se trouvent être fraudées, car, dans ce cas, qui impliqueraient-ils, si ce n'est les exportateurs du Tell ? Or, on ne peut songer un seul instant à rendre ces derniers responsables des fraudes. Ces exportateurs sont les auxiliaires les plus précieux des filateurs métro- politains, ils exposent souvent leurs propres capitaux, mais ils ne peuvent personnellement opérer tous leurs achats, car ils n'ont pas, que nous sachions, le don d'ubi-

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'i.NDUSTRIE PASTORALE 321

quité. Ils ont des représentants dans les centres lainiers les plus divers ; ceux-là ont à leur tour des courtiers qui vont chercher les laines dans les tribus du territoire sud oranais et même au Maroc.

Les achats se font au comptant en quelque point qu'on les effectue. Par suite, l'exportateur qui concentre dans ses entrepôts du Tell les arrivages de laines des prove- nances les plus diverses, est obligé d'agréer la marchan- dise sous peine de ne pas rentrer dans ses débours. C'est lui qui est la cheville ouvrière du commerce lainier, et c'est la raison pour laquelle les filateurs ne songeiont jamais à l'inquiéter. Ils baissent leurs prix, se font une idée peu flatteuse du commerce algérien et c'est tout.

Est-on pour cela désarmé totalement pour atteindre la fraude à sa source ? Nous ne le pensons pas. Il faudrait recourir :

A l'organisation d'un service tcchni(|ue df la répres- sion des fraudes des laines ;

A l'organisation syndicale de la production et de la vente des laines.

Organisation d'un service technique de surveillance et de répression des fraudes sur les laines

Les circulaires renfermant les dispositions répressives à l'égard des fraudes des laines dénotent de la part des pouvoirs publics le souci de protéger le commerce hon- nête et ceux qui le pratiquent contre les manœuvres déloyales qui tendent à le ruiner et à le déconsidérer.

Mais s'il est d'une sage administration de dicter des ins- tructions, autre chose est de les voir appliquer de façon légale, opportune et motivée, surtout lorsqu'il s'agit d'une question spéciale.

Le sens pratique dans n'importe quel domaine ne s'ac- quiert pas dans les écrits. Les exposés théoriques ont certes leur valeur ; mais il ne suffît pas de les posséder pour se croire technicien

La science bibliographique pure peut donner un instant le change sur les aptitudes de celui qui la possède grâce à une grande mémoire, mais de la théorie à la pratique vraie, il y a souvent loin.

Dans le domaine des laines, par exemple, le bon élève

322 CONTRIBUTION \ l"éti oi: DE l'industrie pastorale

qui sera ferré sur la composition chimique, les propriétés physiques des toisons, sur les usages nombreux de ce tex- tile, fera piètre figure dans un triage en brut, aux côtés du simple trieur inculte et illettré. Mais en général cela ne l'empêchera pas de se croire supérioiu' à ce dernier et de le classer dans les échelons inférieurs de la hiérarchie sociale. Cela ne veut pas dire que la théorie qui éclaire, ou plutôt qui ne doit être (pie la dissection méthodique de la pra- tique, doive être négligée, mais nous prétendons que la chaire du professeur et la compilation bibliographique ne doivent pas exclure l'expérience manuelle que l'on acquiert dans les usines, dans les ateliers, sur le terrain.

Malheureusement les exercices pratl<]ues qui sont le corollaire, l'illustration des cours théoriques, sont géné- ralement peu en honneur. Le scientili(iue s'isole trop dans sa tour d'ivoire, qui est le laboratoire ou le musée, et lors- qu'il lui arrive parfois d'en sortir pour se rapprocher de l'artisan expérimenté, du réalisateur, il n'établit pas avec lui des relations suffisantes et répétées.

11 ne faut pas oublier que tout réalisateur, à quelque degré de la hiérarchie sociale qu'on le considère, est dépo- sitaire d'une ou de plusieurs parcelles de vérité qu'il s'agit de savoir discerner. L'homme cultivé, instruit, peut y trouver des données utiles, susceptibles d'être largement appliquées et perfectionnées.

L'indigène l'a reconnu depuis longtemps ; témoin cet adage oriental : « Consulte l'homme d'expérience, et non pas le savant. »

Sans admettre l'adage dans toute l'expression du terme, nous estimons qu'au lieu de pousser les sciences théori- ques à l'analyse la plus minutieuse des détails les plus infimes, il serait beaucoup plus profitable de considérer les établissements industriels, les principes scientifiques sont pratiquement exploités, réalisés, comme le pendant normal de nos laboratoires et de nos chaires spéciales.

En matière de zootechnie, en élevage, si l'on préfère, ne serait-il pas logique de considérer les triages, les lave- ries, les peignagcs et les filatures comme les laboratoires d'exercices pratiques oii sont illustrés les cours sur les laines ? Est-ce que l'exploitation d'un fermier qui s'oc- cupe du mouton ne serait pas une école merveilleuse oiî le zootechnicien verrait en pratique ce que le maître lui a enseigné sur l'élevage des ovins, la tonte des moutons, l'utilisation des sous-produits, des peaux, etc.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE 323

L'usine les matières premières sont utilisées serait aussi pour le zootechnicien qui veut s'instruire pratique- ment, le meilleur des laboratoires, le plus instructif des musées. Il est temps que l'enseignement professionnel inculque un peu mieux le sens des réalités, qu'il reprenne dans notre organisation scolaire la place importante qu'il aurait conserver.

Quels merveilleux progrès n'enregistrerait-on pas, si tous, ingénieurs, zootechniciens, savants, faisaient des usines, des exploitations agricoles, leurs vrais laboratoires de recherches, avec, pour collaborateurs et même pour initiateurs inconscients, les ouvriers, les contremaîtres, les bergers eux-mêmes, les trieurs, les filateurs, les tan- neurs, etc., etc. Et il faut qu'on en arrive un jour pour le plus grand profit de la science et le progrès des réali- sations industrielles.

Cette trop longue parenthèse étant fermée, nous allons reprendre notre exposé au point interrompu.

Nous disions donc que la manipulation et la connais- sance des laines relèvent d'une technique exigeant un certain apprentissage et des notions indispensables.

Aussi, à l'heure actuelle, si les pouvoirs publics font montre de sollicitude pour les intérêts commerciaux de la Colonie en édictant des mesures répressives des fraudes sur les laines, on peut avec juste raison se demander quels seront les techniciens chargés de surveiller et d'examiner les toisons.

Si l'on peut, sans inconvénient, charger un agent quel- conque d'assurer la sécurité des rues, on ne peut lui con- fier le soin d'inspecter les lots de laines et de faire le départ entre une toison normale, sale, et une toison fraudée.

L'excès de zèle d'un agent inexpérimenté chargé d'une mission aussi délicate, peut faire peser la rigueur des lois sur un innocent ou faire déserter un marché par les nomades, en faveur d'autres centres la surveillance est plus tolérante ou même inexistante.

Cette surveillance, somme toute, demeure de toutes façons illusoire. Malgré leur réel désir de dépister les fraudes, les autorités locales n'ont pas toujours sous la main des agents compétents. Ces agents existent cepen- dant ; ce sont les vétérinaires qui, de par leurs fonctions, s'occupent des questions pastorales.

L'étude des laines, des peaux, des beurres et de tout ce

324 COMRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'oUUSTRIE PASTORALE»

qui provient du mouton n'est pas un champ inaccessible pour eux. Leurs études biologiques et zootechniques, quoique lointaines pour les plus anciens, ne les disposent pas moins à fouler un sol qui n'est pas du tout nouveau povH' eux.

Il y aurait lieu d'envisager la possibilité d'accorder à ceux d'entre ces praticiens qui en exprimeraient le désir, l'autorisation de se rendre dans les centres industriels lainiers (Koubaix, Tourcoing, Castres, Mazamet, etc.) pour y faire un stage pratique de un ou deux mois, afin de se familiariser avec tout ce qui concerne les manipulations, la valeur de nos laines d'Afrique.

A leur retour dans leurs centies d'action, les vétéri- naires vaccinateurs ayant réellement le feu sacré seraient en mesure de compléter leurs connaissances par l'obser- vation, ils pourraient par la suite éclairer plus efficace- ment l'administration, qui ne demande qu'à être rensei- gnée de la façon la plus exacte et la plus conforme aux intérêts du pays. Dès lors, les pouvoirs publics auraient sous la main des agents techniques, qualifiés, compétents, capables de faire appliquer à bon escient les dispositions légales concernant les fraudes ou les mesures tendant à l'amélioration de la production lainière. 11 sera nécessaire d'étendre la zone de surveillance et l'action de ces agents techniques, afin qu'ils puissent atteindre les fraudeurs sur tous les marchés à laine, sinon les acheteurs malhonnêtes déserteraient un marché pour aller dans un autre la fraude serait moins surveillée.

Et la fraude aura vécu.

Dans les régions à moutons, oii le commerce de la laine représente un chiffre respectable, il appartiendra aux comnmnes intéressées de faire édifier, en des points, choi- sis, des hangars vastes et dallés attenant à des parcs la tonte puisse s'opérer propiement.

Enfin, il faudrait que la surveillance puisse s'exercer jusque dans les entrepôts. Car la loi du i" août 1906 et les dispositions contenues dans la circulaire du 19 sep- tembre 19 10 sont à l'heure actuelle fort insuffisantes.

Cependant, si l'on ne peut attaquer le mal de front, il existe encore un moyen de le réduire dans une très large mesure, sinon de le supprimer totalement. Ce moyen consiste à organiser la production syndicale et la vente de nos laines.

CONTRIBUTION A L ETI:DE DE L INDUSTRIE PASTORALE

325

Organisation syndicale de production et de vente des laines d'Afrique

Pour lutter contre la fraude, il faudrait arriver à sup- primer les intermédiaires, car c'est dans le conflit des intérêts du producteur et des intermédiaires que la fraude prend naissance.

Le producteur, le nomade en l'espèce, s'il avait toujours eu affaire à des acheteurs loyaux, serait lui-même demeuré loyal, mais s'il traite avec un intermédiaire qui doit le voler sur la bascule, il rétablit l'équilibre en ajoutant des substances étrangères à sa laine, ce qui en augmente plus ou moins le poids. Il pratique ce que nous avons dénommé dans un premier travail sur les fraudes, la fraude en retour. Il se défend par des moyens illégaux, c'est entendu, mais il y a été amené par la force des choses. La bascule, dont il ignore la manipulation, lui est dev'enue odieuse ; il s'en méfie et préfère vendre au jugé ; il pousse même ses moyens de défense un peu loin, puisqu'il refuse d'ou- vrir ses gh'raras ou sacs renfermant ses toisons. Les cour- tiers achètent donc en quelque sorte les yeux fermés puis- qu'ils se contentent de soupeser les sacs hermétiquement clos, à en évaluer le poids et à deviner selon le poids pro- bable accusé, si la laine a été ou non fraudée.

C'est dans ces conditions qu'en 1900-1906 se pratiquait dans le Sud Oranais le commerce des laines. Petit à petit, des modifications ont été apportées ; une surveillance fut exercée qui amena les nomades à ouvrir leurs saches ; c'était un premier pas ; mais s'il y avait lieu de protéger l'acheteur et de le mettre en mesure de juger les toisons non plus en soupesant un sac fermé, mais en palpant et en voyant, il était nécessaire en revanche de mettre le vendeur à l'abri des vols à la pesée. Et dans ce but, une bascule communale fut installée les nomades étaient libres de faire contrôler les pesées effectuées sur des bas- cule? particulières.

En outre de ces tromperies à la bascule, le nomade pro- ducteur de laines avait encore, sous un autre rapport, à se soustraire à la rapacité des courtiers. Voici dans quelles conditions. En automne l'indigène est harcelé par les com- merçants qui le tentent en lui faisant en numéraire des avances sur la récolte prochaine de ses laines. Ils lui don-

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326 COMIUBLTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE

nent par exemple 5o ou 60 francs et lui font signer un engagement aux termes duquel il reconnaît avoir reçu en marchandises une somme bien supérieure, et qu'il s'en- gage à rembourser en laine. A la récolte, si les cours sont élevés, le malheureux nomade est navjé de céder ses toi- sons à 60 fr. les 100 kilos par exemple, alors qu'il pourrait les vendre sur le marché à 100 ou 120 francs. S'il cherche à se dégager, il est lié par son billet et passible de pour- suites ; dura leœ sed lex. Il en est réduit, en raison de sa mentalité souvent fruste, à frauder affreusement ses toi- sons. L'acheteur, pour rentrer dans ses fonds, accepte une telle marchandise et, pour éviter des pertes à son tour, il la fraude davantage et ainsi de suite.

Le remède à un si lamentable état de choses consiste à soustraire le nomade aux courtiers prêteurs qui pratiquent cette usure d'un nouveau genre.

La question serait résolue si le pasteur indigène pouvait céder ses toisons directement à l'industrie.

A part quelques rares chefs indigènes, la majorité des éleveurs ne sont guère possesseurs d'assez forts troupeaux pour tenter d'expédier individuellement leurs laines, les frais de transport étant trop onéreux lorsqu'ils s'appli- quent à de faibles envois.

Voudraient-ils même le faire, qu'ils ne le pourraient pas ; ils sont illettrés et ne sauraient pas correspondre avec les usines. Les intermédiaires et les courtiers ne tarde- raient pas à prendre leur revanche, s'ils faisaient de sem- blables tentatives.

L'expédition des laines exige des saches, un entrepôt la marchandise puisse être placée, à portée d'une gare expéditrice, en attendant la vente, une bascule, des mar- ques pour signaler et classer par catégories les ballots, une correspondance épistolaire et télégraphique, etc., etc. Comment fera le producteur possesseur de dix ou vingt saches seulement .»* Tous les frais généraux grèveront singu- lièrement le prix de sa laine.

En admettant que certains indigènes soient aptes à ces tiansactions commerciales, le remède est tout de même dans l'association, dans le syndicat. Ce que le pasteur nomade ne peut entreprendre seul, il peut le réaliser par le groupement.

Les Hamyan pourraient avoir à Méchéria un entrepôt central ils déposeraient leurs laines, leurs dattes, leur beurre et les peaux de bêtes mortes par accident ou abat-

COiNTRIBUTION A l'ÉTLDE DE l'inDUSTRIK PASTORALE '^'2^

tuos pour la consoiniiialion. Ces entrepôts fonctioiine- raieiil sous la surveillance des autorités locales. De même qu'il y a un officier préposé à la police judiciaire, il y aurait un olficier cliaigé de toutes les (piestions pastorales qui sont la base des (piestions économiques de ces régions. Un agent civil serait chargé de la correspondance, de la comptabilité et des ventes directes, sous le contrôle d'un conseil d'administration. Les frais généraux locatifs, de correspondance, de matériel, de transport et les émolu- ments de l'agiMit directeur de l'entrepôt, seraient répartis entre les tribus, au piorata de leurs contributions en pro- duits pastoraux ou autres. Les adhérents se soumettraient à certaines règles pour que leurs produits soient normaux et de qualité marchande. Les bénéfices réalisés en cours de campagne seraient répartis entre les intéressés, selon leur apport, déduction faite de tous frais généraux, en proportion naturellement de leur contribution. Une por- tion des bénéfices pourrait être atîectée à une caisse dite d'avance.

Pour qii'ini pareil entrepôt puisse fonctionner, il fau- drait créer de toute nécessité une caisse susceptible de désintéresser les indigènes au fur et à mesure de Ventrée de leurs marchandises en magasin. L'indigène ne peut attendre ; il vit au jour le jour et veut être payé sur le champ. La caisse ferait également les avances nécessaires pour les frais de location ou d'édification de l'entrepôt, la manipulation et le transport des marchandises.

Quand les producteurs nomades auraient l'assurance de pouvoir vendre tous leurs produits, lorsqu'ils sauraient que l'entrepôt leur fera les avances dont ils auront besoin, qu'en fin de campagne ils auront encore quelques béné- fices à toucher, ils s'appliqueront à améliorer leurs mou- tons, à récolter proprement leurs laines, à ne plus faire fi des peaux de leurs animaux morts ou abattus, à soigner la fabrication de leur beurre, etc. Non seulement la situa- tion matérielle du nomade deviendra de plus en plus satisfaisante, mais encore son commerce actjuerra de l'importance et du renom.

Dès lors toutes les améliorations concernant la laine préconisées dans les circulaires et dans les publications particulières deviendront réalisables. Nous les résumerons dans le programme suivant :

328 CONTRIBUTION A l'ÉTIDE DE L'iNDUSTRIE PASTORALE

Laiiie!>i (tonte, eusachajçe)

Les adhérenls seront avisés à l'époque de la tonte qu'à telle date ils devront concentrer leurs troupeaux en un point choisi du parcours, pour les y faire tondre, ou bien ils s'entendront pour faire savoir qu'ils désirent tondre.

Une tondeuse mécanique transportable, fonctionnant à l'aide d'un moteur à pétrole et pouvant tondre au moins de dix à vingt moutons en même temps, sera mise à leur disposition. A défaut, on enverra une équipe de tondeurs.

Les toisons, proprement cUiachées, secouées, décrot- tées, seront mises dans des gh'raras, pesées, plombées, marquées et dirigées sur l'entrepôt.

Chaque intéressé recevra le prix de sa laine, qui demeu- rera acquise au dépôt.

Le triage des toisons se fera au magasin ainsi cpie le classement.

Les déchets et les crottes seront, mi s à part. Naturel- lement les prix offerts aux intéressés seront en rapport avec le degré de pureté de leurs laines.

Les indigènes apprendront ainsi à choisir leurs mou- tons non seulement pour leur viande, mais encore pour leur laine.

L'entrepôt central des LTamyan pourra, à l'exemple de certaines maisons de commerce, avoir sa marque parti- culière et les prodivits livrés seront emliaUés et plomfjés pour éviter par la suite des manipulations délictueuses.

Donc, dans l'entrepôt, triage et catégorisation des toi- sons en lots de qualités différentes, emballage en saches autant que possible en laine, plombage portant la marque et le poids.

La tonte se fera sous le contrôle môme de l'entrepôt. D'ailleurs les indigènes finiront par apporter à la récolte de la laine la plus grande attention, car leurs intérêts seront en jeu.

Amélioration des laines africaines

Les laines africaines indépendamment des souillures naturelles ou parfois surajoutées, et susceptibles de les déprécier, sont-elles en réalité aussi inférieures que cer- tains le prétendent ?

CONTRIBUTION A l'ÉTLDE DE l'iNDLSTRIE PASTORALE 329

Il est ceilain (juilk's ne peuvent soutenir un parallèle avec les laines de Hanibouillet ; mais comme on ne doit comparer que les choses comparables, nous ne pouvons pas dire que nos laines soient supérieures ou inférieures à telle ou telle autre laine. Telles (ju'on les rencontre, elles sont le résultat d'une sélection naturelle sévère qui les rend précieuses, puisqu'elles répondent aux conditions du fuHieu. En outre, telles (ju'elles s'offrent, elles ont des qualités réelles pour l'usage auquel on les destine, et nulle autre laine ne peut les suppléer. Elles ont les mèches longues et bouffantes, elles ne sont jjoint plates comme les imstraliennes et les argentines. Pour la bonneterie et la couverture, elles sont remarquablement constituées et sont d'un prix abordable. Jamais les laines fines uniformes ne les supplanteront dans la bonneterie. Pour la matelas- serie qui exige des toisons bouffantes, nerveuses, élasti- ques, les laines grossières d'Afrique et spécialement les toisons mècheuses, criniformes parfois des ovins berabers sont merveilleuses. Ces dernières, grâce à leurs qualités incontestables de nervosité et d'élasticité, ont été essayées sur nos indications dans la fabrication des tapis du Sud à haute laine. Les résultats ont été remarquablement pro- bants ; le feutrage qui constitue la caractéristique des tapis à haute laine est demeuré rebelle au piétinement, tandis que des lapis semblables, mais l'on avait fait usage de laine fine, ont été en peu de temps aplatis ; la haute laine s'est couchée sous les foulées. Nous avons cependant tenté de les modifier en infusant à un lot d'essai du sang mérinos.

A la suite des résultats que nous avons obtenus dans le troupeau d'expériences croisement des brebis du cercle de Méchéria avec des béliers mérinos), nous avons abouti à cette conclusion : c'est qu'en une ou deux générations, les pioduits issus de mérinos offrent de superbes toisons fines ayant la délicatesse de brin du mérinos et la longueur de mèche, le bouffant et le touffu des moutons du cercle.

Mais, comme sujets de boucherie, les produits de croi- sement n'ont pas été très satisfaisants. Le hamyan qui, jusqu'au même degré que le beni-guill, est remarquable par la rondeur de son arrière-train, par le globuleux de ses gigots, déchoit dans son descendant. Il tend à perdre sa bonne conformation lorsqu'il s'accouple avec le mérinos. Mais si l'on s'en tient au croisement industriel, c'est-à-dire qu'on ne produit que des croisés de première génération,

330 CONTRIBUTION A l'ÉTUDI: DE l'iNDI STUIE PASTORALE

sans pousser à l'absorption du haniyan par le mérinos, on obtient rarement des déboires.

Mais, nous le répétons, nos laines du Sud ne sont pas aussi inférieures qu'on se plaît à le répéter ; elles ont droit à une réhabilitation ; les acheteurs, pour les payer à bas prix, les dénigrent et nous avons souvent le tort de leur emboîter le pas et de faire chorus avec eux. Il est vrai que la fraude, la malfaçon ont semblé donner raison aux détracteurs de nos laines, mais lorsque les toisons d'Afri- que leur sont offertes proprement sous la dénomination de laines colon, nous voyons aussitôt les prix se relever et devenir rémunérateurs.

Dans nos troupeaux, les sujets lanigères délite ne sont pas rares et il n'y aurait qu'à les séparer pour les élever au rang d'améliorateurs, sans qu'il soit nécessaire pour cela de recourir à l'infusion d'un sang étranger. Certes, le mérinos a fait ses preuves sur tous les champs d'élevage du monde ; mais ie mérinos est surtout amorcé du côté laine. En Algérie, on obtient facilement des croisés mieux toisonnés, mais inférieurs sous le rapport de la production de la viande. L'inconvénient ne compense pas l'améliora- tion obtenue du côté laine. En Algérie, le troupeau est surtout exploité pour la boucherie.

Cependant, on peut en faire un animal à double fin : bon sujet à laine et bon sujet de boucherie.

Comme sujets de boucherie, le hamyan et son voisin le beni-guill sont non seulement remarquables, mais encore ceux porteurs de toisons susceptibles de figurer dans les primés sont nombreux. 11 ne s'agit, comme nous l'avons dit, il y a un instant, que de les séparer et de les utiliser comme reproducteurs. En peu d'Unnées sûrement, on obtiendrait d'excellents résultats.

La pratique -des laines brutes Manipulation.- Catégorisation.- Evaluation du rendement

Pour manipuler les laines en suint, une certaine pra- tique est indispensable, ainsi que des connaissances élé- mentaires sur les toisons.

Un lot de laines brutes vaut par la proportion des finesses qu'on recherche et par le rendement qu'on en obtient en lavé à fond. En d'autres termes, plus un lot

CONTRIBUTION A L ETUDK. DE L INDUSTRIE PASTORALE

331

renfermera de laines fines, plus il aura de valeur ; plus il rendra en lave, plus il sera avantageux.

Les finesses. Leur proportion dans uti lot. Les laines d'Afrique n'offrent pas l'homogénéité que l'on rencontre dans les laines françaises ou d'outre-AUantique. Dans la Métropole et dans les pays moutonniers d'Argentine ou d'Australie, les éleveurs, par un choix judicieux des repro- ducteurs, par une sélection rigoureuse, sont parvenus à obtenir des produits d'un modèle déterminé. Il en est résulté que l'on sait désormais que telle région produit telle catégorie de laine de telle finesse ; telle autre région, ' telle autre laine de telle autre finesse, et ainsi de suite.

Les transactions, dans ces conditions, se trouvent faci- litées et les acheteurs n'ont plus à exercer leur sagacité, leur sens réellement pratique, que sur le rendement.

Tel lot en suint lavé à l'usine, séché dans le vide, ren- dra tant au quintal. C'est ce tant au quintal que l'acheteur expérimenté devra savoir dégager d'une façon sinon absolue, du moins extrêmement approchée, pour éviter les mécomptes ou, pour employer le terme consacré, éviter la coiffe. Et cette coiffe, cette erreur d'appréciation, lors- qu'il s'agit de centaines de milliers de balles, peut attein- dre de grosses proportions. C'est donc dans l'évaluation du rendement que réside la plus grosse difficulté et la mission la plus délicate de l'acheteur.

Car le rendement varie d'année en année avec les condi- tions d'ambiance qui ont influencé les troupeaux. Intem- péries, tempêtes de sable, bref toutes circonstances ayant favorisé la surcharge des toisons. L'acheteur doit aussi tenir compte de la résistance des mèches et des brins, résis- tance qui peut varier avec l'état de santé des troupeaux. Telle laine, fort légère, peu chargée, aura un bon rende- ment au lavé, mais déchètera au peignage, car les brins étant peu résistants casseront ; le rendement en peigné sera donc amoindri d'autant. L'acheteur, tout en soupe- sant les toisons, en éprouvant la solidité, la résistance des brins et des mèches, en examinant leur degré de finesse, devra asseoir son jugement définitif en donnant à cha- que lot le coefficient mérité. Durant son expertise, il est bon qu'il ne soit distrait par rien et qu'il soit tout à son affaire.

C'est pourquoi l'expert, qui a ime mission des plus diffi- ciles et des plus délicates à remplir, ne doit pas être

332 co.^TKlBLTIO^ a l'étude de l'industrie pastorale

influencé par la présence des intéressés et surtout par leurs réflexions d'ordre mercantile. Le cerveau à ce moment ne doit obéir qu'aux impressions visuelles et tactiles déter- minées par l'aspect des toisons, leur poids, le diamètre des brins, la résistance des mèches, etc. Ce sont impres- sions qu'on ne saurait décrire et communiquer, mais qui résultent d'une gymnastique fonctionnelle si l'on peut dire, d'un entraînement, d'une éducation de l'œil et des doigts. Ces aptitudes ne peuvent s'acquérir ni dans les ouvrages les mieux faits, ni dans les descriptions les plus littéraires.

Nos laines d'Afrique, en général, sont très difliciles à manipuler, elles sont hétérogènes en ce sens qu'on trouve dans un même lot des laines d'une belle finesse à côté d'autres fort grossières. D'autre part, les toisons sont « amorphes », c'est-à-dire la plupart du temps sans forme nette ; mal tondues, mal détachées, mal nouées. Lors- qu'on les déploie et qu'on tente de les étaler, on s'y retrouve diflicilement ; les régions des épaules, des cuis- ses, des flancs, ne se distinguent plus les unes des autres ou fort difïicilemerit ; de sorte que le triage en brut qui précède nécessairemen-t le lavage, constitue lorsqu'il s'agit de nos laines d'Afrique, une opération des plus difficiles, des plus énervantes, et rares sont les trieurs qui arrivent à s'y retrouver et à mener leur besogne à bonne fin.

Si l'isolement des laines de finesses différentes pouvait se pratiquer facilement, nos laines trouveraient des utili- sations multiples selon leur degré de finesse et par suite de bons prix. Mais le triage en brut étant difficile, fati- gant, n'aboutit le plus souvent qu'à un résultat piteux ; tel lot qui a donné un mal inouï n'a, en fin de compte, fourni qu'une proportion dérisoire de laine fine et une proportion énorme de laine grossière. Beaucoup de temps et de peine, par conséquent d'argent auront été malencon- treusement perdus. Aussi, nos laines sont-elles surtout utilisées pour la grosse draperie, pour la bonneterie, pour la couverture et pour la matelasserie.

Une toison n'est pas également fine dans tontes ses parties

Dans une toison se rencontrent au moins six degrés de finesses et chaque finesse est localisée dans une région bien déterminée.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE 333

Lorsque la toison est à dos, avant la tonte du mouton, il est aisé de se rendre compte que la laine des épaules diffère de la laine des cuisses, laquelle n'est plus la même que la laine du dos ou des flancs, du cou ou de la queue. 11 en résulte que dans un lot de laines homogènes, le trieur verra sa besogne facilitée, car il n'aura qu'à prélever sur chaque toison les différentes laines et à les jeter dans des paniers différents ; laines des épaules avec laine des épaules, laine des cuisses avec laine des cuisses et ainsi de suite

Notons en passant que, sauf en Afrique, les toisons déta- chées en suint, lorsqu'elles sont déployées reproduisent la forme de la peau étalée du mouton ; dans ces conditions^ le repérage des laines par région est très facile. Lorsqu'il s'agit de nos laines, ce triage en brut devient un casse-tête chinois. Les bons trieurs parviennent cependant à s'y retrouver.

En Algérie, si la proportion dans les finesses peut être envisagée, on n'en tient pas un très grand compte, et c'est l'évaluation du rendement qui acquiert, dans l'apprécia- tion des lots, l'importance primordiale. En général, nos laines, en dehors des fraudes dont elles peuvent être l'objet, sont très lourdes, très chargées en matières étran- gères. Et cela d'autant plus qu'elles sont plus fines, plus vrillées, plus spiralées, car elles retiennent mieux dans l'enchevêtrement de leurs mèches les impuretés provenant du dehors. 11 en résulte que tel ou tel lot, cependant fin, subit une légère dépréciation du fait de sa trop grande lourdeur, que son rendement est fatalement déficitaire.

En règle générale, il est admis que nos laines perdent au lavage 5o à 60 % de leur poids.

Ces chiffres sont une directive, mais ils peuvent varier en plus ou en moins selon les lots considérés.

Nos acheteurs algériens pensent d'ordinaire que les laines tondues aux ciseaux '^genre colon) sont fatalement supérieures et, par suite, plus chères que les laines dites arabes provenant du bled et tondues à la faucille. C'est un peu vrai, mais pas dans tous les cas. 11 est certain que la coupe aux ciseaux est plus régulière, donne des toisons à mèches relativement égales et exemptes tout au moins des impuretés ultimes provenant du sol la tonte a eu lieu. Mais il y a laine et laine. Telles toisons dites arabes, c'est-à-dire détachées à la faucille, à même le sol, un peu chargées, seront cependant supérieures à un lot de même

334 COMRIBl TION A l'ÉIIDE DE L'I^UI:STRIE PASTORALE

poids, mais composé de toisons grossières (juoique légères et propres. La qualité importe également. Lorsque tout à l'heure nous avons noté que l'expert, à propos des laines d'Afrique doit surtout se préoccuper du rendement, nous n'avons pas voulu dire par qu'il devait faire // des pro- portions dans les finesses.

Ce que nous voulons faire ressortir ici c'est qu'une laine genre colon n'est pas forcément supérieuie, parce que genre colon, et qu'une laine dite arabe n'est pas fatalement mauvaise et inférieure de par sa provenance.

C'est de que vient l'erreur de nos acheteurs algériens qui sont fascinés par la légèreté des toisons, à l'exclusion de leurs qualités de finesse qui sont pourtant un facteur non négligeable. Et l'on comprend pourquoi, lors des achats de laines récemment faits par l'Intendance, on a vu des négociants cruellement déçus par les prix fixés pour leurs laines alors que ces laines avaient été détachées aux ciseaux et rentraient dans la catégorie des laines dites colon. Rien d'ailleurs ne fixe mieux les idées que des chiffres :

Voici un lot léger, à fort rendement, mais la propor- tion des fines et des grossières est en faveur des laines grossières.

Ce lot en suint pèse je suppose loo kilos. Il est peu chargé et donnera sûrement au lavage 42 %. Les fines sont dans la proportion de 20 % seulement, les semi-fines et les grossières dans la proportion de 80 %. Cette laine lavée à fond devra fournir une laine fine taxée à 4 fr- 20 le kilo, et une laine secondaire taxée à 3 fr. 26 le kilo. Quel sera le prix du lot en suint, tel (ju'il aurqi été présenté ? Refai- sons les calculs déjà faits plus haut :

Les 20 kilos en lavé à 4 fr. 25 = 85 fr. Les 80 kilos en lavé à 3 fr. 25 = 260 fr.

Les 100 kilos en lavé 345 fr.

Le kilo en lavé revient à 3 fr. 45.

Les 100 kilos rendant 42 kilos coûteront donc :

42 X 3 fr. 45 = i44 fr. 90 Prenons un lot de 100 kilos bien plus chargé, c'est-à-dire

CONTJlIBimON A l'ÉTIDE DE l/lNDUSTHIE PASTORALE ' 335

ayant un icndenKiil de .Hç) %. Supposons les fines repré- sentées par 5o % et les grossières par 5o %. Nous aurons :

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Le kilo en lavé vaut 3 fr. 7;") ; les 39 kilos valent : 3 fr. 75 X 39 = i/|6 fr. 25

Pour l'acheteur algérien, le premier lot qui était supé- rieur se trouve taxé à ikk fr. 90 et le deuxième lot, qu'il appréciait peu, se trouve atteindre i46 fr. 20. Il arrive qiîe cet écart en faveur des laines non colon se trouve être assez fort pour que les intéressés se montrent mécontents et vouent les experts aux gémonies.

Si le rendement lorsqu'il s'agit de lots homogènes est primordial, il demeure encore important dans l'appré- ciation des lots hétérogènes ; mais il n'est pas tout, et, dans l'évaluation, les proportions dans les finesses doivent entrer en ligne de compte.

Lorsque les lots examinés sont fraudés ou chardonnés, le rendement doit subir une diminution de 2 à 3 % surtout lorsque les laines sont humides.

Laines du territoire d'Aïu-Sefra

De Béchar à Géryville, en passant par Méchéria, on trouve trois groupes de laines :

Les laines bérabers, zouléï ou de Béchar, laines mècheuses, lisses, à brins rectilignes, rappelant la toison des lincoln grossiers. Laines pour la matelasserie par excel- lence et pour la fabrication des tapis à haute laine, très recherchées pour les fils de chaîne, utilisées en mélange avec la laine du chameau (oubeur) et les poils de caprins pour la confection des fiidjs, des gh'raras, des smatt', des amara, des h'mels, des cordages plats, etc. Ces laines sont ordinairement très propres, légères, grâce à la rectilignité de leurs brins, laquelle rend difficile toute adhérence d'impureté.

Malgré cela, les toisons de Béchar offertes au commerce sont souvent lourdes parce que fraudées.

336 CONTRIBUTION A l'ÉTUDE DE l'iNDUSTRIE PASTORALE

A Ounif, on retrouve cette même variété de laine ainsi que celle des Bciii-Guill, qui est boulïante, à mèches fort nerveuses, à brins parfois très fins et vrillés, mais dont la finesse n'égale pas celle des laines hamyan (cercle de Méchéria).

A Aïn-Sefra, en outre des laines précédentes, on trouve des laines jarreuses, à brins cassants, très lourdes, souvent fraudées.

A Méchéria, la proportion de finesse est très forte, les brins sont beaux, soyeux et très propres à la fabrication des draps satin ou des étoffes légères. A côté de cette caté- gorie fine, il y a des laines zouléï ou lisses et des laines moyennes excellentes pour la grosse draperie.

A Géryville, les toisons sont très étendues, à mèches bien fournies, naturées, avec moins de finesse qu'à Méchéria, mais admirablement belles pour la confection des draps de troupe. Très résistantes aussi.

En certaines années, elles sont très chardonnées. La proportion des jarreux et des gris y est notable.

Le transport des laines (ensachaiî:e, pressaiçe, lavage)

Les laines sont, en Algérie, ensachées dans de grands sacs de chanvre ou de jute ; chaque sac de laine pèse de 80 à 120 kilos, selon la propreté des toisons.

L<^s saches de chanvre abandonnent souvent aux laines des filaments de chanvre difficiles à retirer ensuite et qui, à l'instar du jarre, sont rebelles à la teinture. Cela paraît de peu d'importance et cependant l'inconvénient qui en résulte doit être notable, puisque 'les industriels de la Métropole s'en sont préoccupés et ont envisagé les moyens de supprimer le chanvre dans les toiles d'emballage.

A un autre point de vue, l'usage des saches fait que la laine expédiée représente un volume assez élevé, qu'il y a lieu d'examiner au point de vue de la question des trans- ports par voie de terre et de mer.

La location des wagons de A à 5. 000 kilos, par exemple, devient onéreuse quand le chargement trop volumineux n'atteint pas ce tonnage. Tandis que s'il était possible de réduire le volume par tassement, le chargement en serait plus économique parce qu'on pourrait, sous un moindre volume, charger dans un wagon un poids plus élevé. Il en serait de même sur le bateau transporteur.

CONTRIBIÎTION A L ETUDE DE I. INDUSTRIE PASTORALE

337

On réduirait considéiablement le cubagrc occupé par le même stock ensaché si l'on voulait utiliser le pressage au moyen de presses hydraulicpies ou de presses mues par traction animale. L'Amérique du Sud, l'Australie, le Cap expédient leurs laines en Europe en balles pressées de 450 à 5oo kilos chacune, et jamais les industriels n'ont eu à reprocher au pressaiîo le moindre inconvénient : ni la résistance des mèches, ni l'élasticité des brins n'en sont modifiées. Il y aurait lieu, à notre avis, de recourir au pressage des laines tout comme s'il s'agissait d'expédier de la paille ou du foin.

Mais si, sous le rapport du cubage, le pressage est éco- nomique et lalionnel, le poids du stock transporté demeure le même, il ct)mprend le poids de la laine d'abord, plus le poids de toutes les impuretés et du suint qu'elles ren- ferment. Il s'ensuit que l'on continue à transporter des inutilités au même prix que la matière laine. Et si l'on se rappelle que les impuretés (corps étrangers, suint, pous- sières) représentent 5o à 60 % du poids global, on est con- duit à se demander pourquoi on n'a pas songé par un lavage du stock à réduire le poids au strict raisonnable.

A ce sujet une question se pose :

Y a-t-il avantage à laver les laines avant leur exportation ?

Nous répondrons tout de suite non !

Le lavage préalable des toisons destinées à être expor- tées serait non seulement une opération inutile, mais encore onéreuse par ses conséquences, pour ne pas dire désastreuse.

Nous avons montré plus haut que dans une seule et même toison, le trieur peut prélever au moins six portions différentes par leur finesse et leurs qualités. Si le triage en brut est fort aisé sur une toison en suint non lavée, il devient impossible dès que la toison a été lavée ; car lors de l'opération du lavage, les mèches sont détachées, tri- turées, mélangées et toute distinction devient dès lors impossible. Notons que l'industriel, qui fait opérer les classements en suint, lave ensuite chaque catégorie à part, car chaque finesse a une destination et un usage déter- minés. Les peignés obtenus ont des prix d'autant plus élevés que les brins en sont plus fins et plus homogènes. Telle laine peignée donnera 178.000 mètres de fil au kilo- gramme, telle autre 8.000 mètres seulement. On conçoit que l'écart de prix entre ces deux types rendrait une opé-

338 CONTRIBUTION A l'ÉTUUH DE l'iNDUSTBIE PASTORALE

ration désastreuse si un utilisait des peignés mélangés. L'industriel a besoin de faire trier en brut, en suint, avant tout lavage ; c'est pourquoi le lavage préalable de nos laines avant leur expédition dans la Métropole serait de toutes façons onéreux, car d'un lot qui eût fourni des caté- gories de choix à coté de catégories grossières, il ferait un méli-niélo bon pour bourrer des matelas ou pour fabri- quer des tapis et des carpettes.

Le lavage des débris serait parfaitement logique, parce que les débris ne sont pas triés ; on les lave en bloc et on les carde pour la fabrication des tapis et des carpettes ou même des grosses couvertures.

Les débris proprement dits sont parfois, en raison de leur prix abordable, utilisés, après lavage, pour la mate- lasscrie ; mais, à l'épocjue piéscnte, les substances textiles ont acquis une plus-value énorme et l'industrie du vête- ment a tendance à tout absorber.

En pays indigène, apiès la tonte, les femmes et les enfants glanent les débris cTes toisons et les mettent de côté. Généralement ce sont les Kabyles ambulants qui les collectent en échange de marchandises variées et de paco- tille. Dans les débiis provenant des toisons se trouvent parfois des rognines de burnous, ou de haïks ; mais dans les centres indigènes oii l'on tisse beaucoup, les rognures de tissus sont amassées et cédées à part.

*

En Fiance, le troupeau ovin, déjà en décroissance avant la guerre, a été fort entamé dejîuis le début des hostilités, des mesures ont été heureusement prises pour parer à sa ruine, mais sa reconstitution sera lente ; il est vrai de dire que pour l'industrie textile nos usines étaient tributaires de l'Argentine, de l'Australie et du Cap ; aussi malgré la maîtrise des mers et notre alliance avec l'Angleterre, la guerre, en élevant les frets, a-t-elle entraîné dans le prix des laines une hausse notable ; il a donc été nécessaire pour nous de songer à réserver à notre usage exclusif le produit total en laines de notre colonie nord africaine. Mais la matelasserie continue à absorber un stock énorme de laines et le moment est venu de songer à utiliser des produits nouveaux dont la valeur et les propriétés étaient jusqu'ici négligées ou même insoupçonnées.

CONTRIBUTION A l'ÉTUDK DE L'INDUSTRIE PASTORALE ÎÎ39

Le kapok, dans l'avanl-guerre, commençait déjà à faire ses preuves en matelasserie ; malgré sa combustibilité ou plus exactement son inflanmiabilité excessive, il n'a donné lieu, depuis son emploi, à aucun inconvénient.

11 a été utilisé en matelasserie pour les édredons, les couvertures, les dessus de lit (lesquels ne sont autre chose que des édredons étalés, réduits à l'épaisseur d'une grosse couverture et qui renferment une couche de ka{)ok).

Or, nous possédons dans le Sud Oranais, ainsi que dans les régions lacustres de l'Algérie, un duvet végétal pro- venant de l'inllorescence d'une plante aquatique (la mas- sette, Typha iatifolia) qui, dans la confection des oussadas ou plutôt dans le rembouirage des coussins, a manifesté des propriétés remarquables de légèreté et d'élasticité. Malgré cela, nous ne la préconiserions pas pour la mate- lasserie, car elle ne se manipule pas aisément et ne peut se laver. Elle est constituée par de petits llocons duveteux fort légers, qui s'éparpillent dans l'air avec la plus grande facilité, à tel point que, pour la mettre en coussins, on est obligé d'opérer avec précaution, sous un drap, pour en éviter l'éparpillement dans l'atmosphère. Mais, une fois enfermé dans le coussin, l'édredon ou le dessus de lit, ce duvet manifeste ses propriétés de légèreté, d'athermanéité et d'élasticité (sans conserver la moindre déformation) de façon très remarquable. La plante qui le fournit pousse abondamment dans l'Oued-Béchar i et son extension natu- relle pourrait être facilitée et exploitée largement.

Nous avons pensé à utiliser ce duvet végétal le lavage et la réfection ne s'imposent pas comme pour les matelas.

D'aucuns penseront que la fin des hostilités ne saurait encore être trop éloignée, et que la paix obtenue par la victoire de nos armes nous dispensera de recourir à des utilisations que seules, les circonstances actuelles peuvent suggérer. Nous ne partageons pas leur avis et nous esti- mons que rien ne doit être négligé qui peut utilement et économiquement suppléer à une matière première plus coûteuse. Si cette guerre a semé des ruines et des deuils, elle a réveillé chez nous cet esprit d'initiative et de réali- sation (jui, en s'exerçant dans le domaine de la défense

I La masselte croît clans presque tous les marécages et oueds marécageux de l'Algérie.

340 CONTRIBUTION A l'ÉTLDE DE LINDUSTRIE PASTORALE

nationale (alors qu'on nous le déniait complètement), a étonné le monde.

Il est nécessaire, indispensable, (jue ce renouveau d'énergie ne retombe pas en sommeil, sinon nous suc- comberons dans la terrible lutte économique qui succé- dera à l'horrible lutte par les armes.

*

Notre mission, en ce qui concerne la question des laines, est momentanément terminée. Nous avons eu surtout pour but d'apporter notre modeste contribution à l'étude des sous-produits de notre industrie pastorale. Nous nous sommes efforcé de faire connaître à ceux que l'avenir de notre colonie intéresse le problème si complexe que sou- lève la question lainière. Nous nous sommes placé au point de vue algérien et nous n'avons fait que tracer un programme, un plan qui nous servira ultérieurement à une élude plus complète. Les idoines en la matière sont généralement des courtiers ou des négociants qui ont acquis leurs connaissances par une longue pratique ; on ne peut s'attendre à les voir livrer au papier ce qu'ils ont, pour ainsi dire à leur insu, péniblement acquis ; les neuf dixièmes ne sauraient le faire utilement et, en supposant qu'ils y songent, ils ont autre chose à faire qu'à écrire. Nous avons cru utile de le faire à leur place. Exerçant depuis douze ans au Pays du Mouton, nous étant attaché spécialement à l'étude de ce petit ruminant, dont l'élevage est si plein d'intérêt, nous n'avons pas dédaigné de nous occuper de ses sous-produits, de leur utilisation, des tran- sactions et des fraudes dont ils sont' parfois l'objet. Notre connaissance de la langue du pays et des mœurs et pro- cédés commerciaux de ses habitants, ont singulièrement facilité notre tâche, en sorte que nous nous sommes trouvé dans les meillemes conditions possibles pour mener cette étude à bonne fin. Si ces notes peuvent être un jour de quelque utilité dans l'étude générale de notre industrie pastorale, nous en serons pleinement satisfait.

C. BEN DANOU,

Ancien Préparateur d'Hygiène el de Zooitchnie

à l'Ecote Nationale d'Agriculture de Montpellier.

Vétérinaire Vaccinateur à Méchéria (Sud Oranais).

OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES

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25

OnSRRVATOIHE DE SANTA-CRUZ

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MOUVEMENT DE LA NAVIGATION

DANS LES

PORTS

du IDéjDa.r»t.em.ent, d'Oran

MOUVEMENT COMMERCIAL

-*-

344

MOUVEMENT DE LA NAVIGATION

Mouvement de la Navigation du port d'ORAN, par pavillon, pendant l'année ISf!

ENTUÉES

SOKTIES

Entrées el Snrlics rniiiiesj

INDICATION

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Tonnnjïe

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OMvires

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Français

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1.114.791

1.668

1.117.681

3.334

2.232.472

Anglais

667

1.561.520

677

1.575.710

1.344

3.137.23(

Grec

270

149

490.064 145.241

270 150

489.888 144.313

540

299

979. 95S 289.55^

Italien

Norvégien

60

84.366

57

83.325

117

167.691

Espagnol

216 43

64.102 43.049

211 39

62.636 41.259

427

82

126. 73Î 84.30Ï

Danois

Américain (D. S. A.)-

7

23.562

t

23.562

14

47.12^

Suédois

19

12

3

22.119

18.372

9.245

19

12

3

22.124

18.372

9.245

38

24

6

44.241

36.74-< 18. 19(

Belge

Japonais

Russe

4 2

8.068 4.514

4 2

8.068 4.514

8 4

16.13( 9.02Î

Hollandais

Brésilien .

1

1.605

1

1.605

2

3.21(

Argentin

1

1.041

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2.08Î

Persan

1

1.038

1

1.038

2

2.07e

Portugais

~

957

8

1.106

15

2.06i

Australien

1

64

1

64

2

12f

Totaux en 1915.

3.129

3.593.718

3.131

3.605.551

6.260

7.199.26S

en 1914.

3.240

3.557.302

3.231

3.558.036

6.471

7.115.33e

Différence 1915.

111

4- 36.416

- 100

-|- 47.515

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-L 83.931

1

MOUVEMENT

DE

LA

NAVIGATION

345

Relevé total du Moiivemeot des

ports

du département d'Oran, pendant l'anuèe 1915

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15

STATISTIQUE DU MOUVEMENT COMMERCIAL DES PORT,

du département d'Oraii, pendant l'année lî)15

comparé au mouvement de l'année 1914, et par nature de marchandises

EXPORTATIONS

XATl'RE DES JIABCI1A\»ISES

UNITÉS

A DESX

INATION

(le l'Étranger

et (les Colonies

Tolaui en 1915

Toiaiix en 1

(le Fiiince

[ Ijùtes de somme. . Aiiim;iii\ \ , ,

1 f .ovine et antres

Tète

1.385

1.989

3.374

3.6

» »

4.350 497.008

6.262 1.714

10.612 498.722

9.4 323. C

Peaux irutes Iralcùes ou sècùes . .

Kilog.

1.037.400

17.000

1.054.400

935.0

Laiiii' 011 masse

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3.289.500

24.â00

3.313.800

2.590.1

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396 100

402 500

798 600

161 1

Poissons > de mer ( gjjgg g^ cODSerVÉS..

»

258. 600

287.600

546.200

600.5

Os, sabots, cornes de })étail

»

))

ij

»

836.5

froment

Quintal

588.899

13.066

601.965

628.3

Céréales ^ avoine. . ..

420.820 150.936

31.346 25.572

452.166 176.508

581.9 419.3

uraiiis f ortie

maïs . . . .

» »

1.920 43.334

104 64.351

2.024 107.685

13. c

128.7

Farine de froment

Semoules en gruau

Kilo-.

70.100

1.097.100

1.167.200

4.608.S

Légumes secs et leurs farines

»

3.268.900

1.417.900

4.716.800

2.784.e

Pommes de terre

» »

173.600 9.257.100

1.486.700 969.800

1.860.300 10.226.900

2.206.5 9.268.C

Fruits frais de table

Marcs de raisin et moûts .

»

»

»

'>

2.027.1

Fruits secs ou tapés

»

476.400

201.800

678.200

631.0

Graines et fruits oléagineux

»

»

»

0

80.8

TaVjac en feuilles

1.400 810.600

402.300 1.412.600

403.700 2.313.200

58.6 1.661.5

fabriqué

Huile fixe d'olives

»

173.400 12.820

138.700 92.200

312.100 105.020

363.1

de graines grasses. . .

MOUVEMENT COMMERCIAL

347

EXPORTATIONS

A DESX

NATION

NATORE DES MARCHANDISES

UNITÉS

(le Kiaiicc

lie l'Ktranjier

et ries Coloiiip.^

Tolaui en Vi\'d

Tolaui fil i'JU

lîésines et produits résineu.x

Kilog.

200

1.000

1.200

330.400

Racines, HerDes et Ilenrs médicinales.

»

11.000

7.000

18.000

29.800

Li.\ire

1)

22.200

17.000

39.200

199.000

Coton

«

»

200

200

5.000

Crin véii^étal

»

4.826.900 36.800

9.890.700 74.597.000

14.717.600

74.633.800

26.529.100 76.633.100

Alfa

Écorces ù taii

0

4.111.800

145.000

4.256.800

2.464.600

Légumes frais

))

4.834.500

725.700

5.560.200

10.357.100

Fourrages

»

0

27.028.300

27.028.300

34.015.800

Son

"

»

>

»

11.040.300

Dnllrs

»

664.500

110.900

775.400

783.600

Mistellcs

Litre

1.056.700

100

1.056.800

4.063.900

Vin ordinaire

0

û

219.688.400 285.000 975.100

11.560.400 136.900 159.800

312.248.800

421.900

1.174.900

150.176.200 552.500 783.400

de lii|iieur's

Eaux-ûa-Vle et spiritneux (alcool puri

Esprits de toutes sortes. . . .

1)

680.400

20.800

701.200

390.100

Kilog.

0

» 519.900

7.000 3.375.200

7.000 3.895.100

271.800 830.100

Kaolin, terre à int'usoires . .

Bripes, plâtre, cHaux, ciments . . .

0

»

66.500.000

66.500.000

2.820.000

Goudron minéral

»

0

» »

0

6.000.000 1.000

1.700 255.701.000 »

1.700 261.701.000 » 1.000

10.000 581.954.000 » 7.000

l de fer

* de cuivre

MlXEKAI

j de plomb

de zinc

»

374.000

463.000

837.000

1.702.000

S.M brut et raffiné

Quintal

12.400

7.470

19.870

64.094

Lie de vin

Kilog. «

1.466.800 448.500 294.600

» 600 71.800

1.466.800 449.100 366.400

1.580.600 437.100 625.800

Tartre brut

Ouvrage en sparterie

Nombre

90.154

7.629

97.783

85.749

Id

Kilog.

533.994

46.274

580.268

503.267

348

MOUVEMENT COMMERCIAL

IMPORTATIONS

NATURE DES MAIICHANDISES

Animaux' vivaiils ) Bestiaux

bêtes de somme. . . .

race boviin'. .

ovine et au tics

Viandes salées et conservées

Graisses animales autres que de poissons

Beurre et fromages

Poissons fle mer salés ou conservés

Céréales en grains

Farines

Semoules et pâtes d'Italie.. Riz

Légumes secs et leurs farines

Mairons et, cliàtaignes. . . Pommes de terre .........

frais ,

Fruits DE TABLE r secs OU tapés.

Sucres ....

Cafés

Chocolat. . .

UNITES

Poivre, cannelle, muscaûe, clous de girofle, macis et vanille

Thés

TaDacs en feuilles ou en côtes

Tabac fabriqué

Huile fixe d'olives

Huiles de graines grasses. .

Bois à construire

Merrains de chêne et autres

Tête

Kilog.

Quintal

Kilot

PROVENANT

1.000 K. Kilog.

de Krance

46 405

153.100

95.700

310.500

405.800

612

1.461

349.100

2.986.300

287.700

511 .300

7:415.700

411.600

213.000

26.939.600

400

494.500

5.500

1.000

»

7.600

24.300

4.725.700

7.096 3.900.000

de rt;iranger et (tes Colonies

99

57

49.574

61.000

240.400

230.400

227.300

87.687

27

1.600

948.900

17.300

2.900

2.412.100

3.314.400

174.400

1.756.900

4.093.200

2.300

142.700 678.000

1.789.000 163.600 311.600

1.077.900 »

1.130.000

Tolaiix en 1915

145

462

49.574

214.100

336.100 540.900 678.100 88.299 1.488 350.700

3.935.200 305.000 514.200

9.827.800

3.726.000

360.400

28.696.500

4 093.600 496.800

148.200 679.000

1.789.000 171.200 335.900

5.803.600 7.096

5.030.000

Toiaux en 1914

3.063

1.087

119.852

309.000

463.900 1.617.200 1.376.000

295.509

20.152

1.732.100

2.313.100

5.154.000

509.500 9.497.800 3.713.200:

941.000

23.521.800

3.827.600

506.600

185.500

343.600

1.388.300

135.900^

270.100

6.872.300

22.174

1.479.700

l

MOUVEMENT COMMERCIAL

349

IMPORTATIONS

PROVENANT

PIATIRE DES MARCHANDISES

UNITÉS

(le Franco

de lÉlranffer 1,1 (les Colonies

Totaux en lîll.'t

Totaux en l!lll

Légumes frais ou conservés

Kilog.

72.100

210.700

282.800

669.400

Vins ordinaires

Litre

255.800

27,200

283.000

315.200

Vins de liqueur

484.200

31.200

515.400

517.200

Alcool, eau.\-de-vie et esprits de toutes sortes..

»

597.100

9.000

606.100

2.452.300

Eaux minérales

Kilog

»

1.167.600 29.428.000

1.000 1.345.000

1.168.600 25.773.000

1.881.400 64.642.800

Matériau.x de construction

Soufre

Quintal

3.608.000 2.860

» 5.365.840

3.608.000 5.368.700

3.706.000 4.241.140

Houille crue et agglomérée

Huiles minérales raffinées.

Hcctol.

18.600

12.701

31.301

51 . 055

Huiles lourdes

Kilog.

1.179.100

161.100

1.340.200

6.461.500

Fers, tontes et aciers.. ..

»

2.434.400

10.551.400

12.985.800

30.277.300

Carbure de calcium ......

»

1.117.600

1)

1.117.600

1.720.900

Sulfate de cuivre

»

208.700

5.600

214.300

316.000

Snperpliospliates et engrais

>j

669.400

»

669.400

5.930.700

Savons de parfumerie et autres . . .

u

6.390.300

5.500

6.395.800

5.905.400

ClilcorÉe Drûlée ou moulue

».

234.900

5.600

240.500

407.100

Bougies de toutes sortes .

»

1.472.900

400

1.473.300

1.509.200

Poteries, faïences et porcelaines. .

1)

957.600

204.500

1.162.100

4.592.000

Verres et cristau.x

»

887.900

141.100

1.029.000

2.854.900

Fils, ficelles et cordages..

»

561.400

345.100

906.500

1.607.500

Sacs vides en jute

»

1.876.500

389.900

2.266.400

2.039.300

Tissus de lin et de chanvre

»

39.800

300

40.100

151.400

de coton

»

1.645.100

646.100

2.291.200

2.373.000

de laine

» » »

37.800

2.300

190.500

43.400 37.500

81.200

2.300

228.000

189.400

4.600

360.300

de soie

. Vêtements et lingerie

Papier et ses applications..

0

3.917.500

410.400

4.327.900

5.239.900

Peaux et pelleteries ouvrées

u

289.700

56.400

346.100

574.400

350

MOUVEMENT COMMERCIAL

IMPORTATIONS

PROVENANT

NATURE DES MARCHANDISES

UNITÉS

de France

de rEti-ans?er

et des Colonies

Totaux en 1915

Totaux l'ii 191-'

Bijouterie et horlogerie...

Kilog.

7.300

600

7.900

42.58C

Machines et mécaniques..

»

801.600

564.500

1.366.100

3.825. lOC

Autres ouvrages en métaux

»

4.028.000

325.000

4.353.000

9. 774. toc

Meubles et ouvrages en bois

»

574.000

127.000

701.000

5.052.90C

Ouvrages de vannerie, de sparteric et de corderie..

0

127.000

164.000

291.000

468. 60C

Carrosserie

»

92.300

2.000

94.300

372. 30C

Bimbeloterie, tabletterie et Irosserie

»

136.000

4.200

140.200

257. 20C

Colis postaux

Nombre Kilog.

151.522

1.148.287

4.294

28.685

155.816 1.176.972

274.045 2.094.151

Id

A. TOUKNIER.

BIBLIOGRAPHIE

(Ouora(jes offerts à la Suciété)

R.M-POUT PU£:^1:ME W NOM DE LA SOUS-COMMl:SSIO!\ CMMiGËE DES QUESTIONS HELATIVES AU COMMERCE ET AU RÉGIME DOUANIER ALGÉRO-MAROCAINS, par Kil. Déciiaud, i vol. broch. in-/r, laô p. Oran, D. Heintz et fils.

Par arrêté du lo novembre igiB, M. le Gouverneur Général de l'Algérie a constitué une Commission chargée d'étudier les diverses questions économiques intéressant l'Algérie en vue des modifications que vont nécessiter les événements actuels. Il s'agit surtout de prévoir les conditions dans lesquelles l'Algérie sera traitée au point de vue douanier vis-à-vis du Maroc.

Pour faciliter la tâche de la grande Commission, il a été créé d(s Sous-Commissions locales qui ont été chargées d'enquêter sur place et de transmettre les résultats de leurs délibérations à la Commission centraU* qui établira le rapport d'ensemble.

La Sous-Commission constituée à Oran se mit aussitôt à l'ou- vrage et, sous l'impulsion de la Chambre de Commerce d'Oran, qui ne néglige aucune occasion de prendre la défense des inté- rêts économiques de l'Oranie, une enquête approfondie a eu lieu. Les travaux terminés, M. Ed. Déchaud, le distingué secré- taire général de la Chambre de Commerce, fut chargé d'établir le rapport à transmettre à la Commission centrale d'Alger.

Il serait trop long d'étudier en détail le magistral rapport de M. Déchaud, travail (jui témoigne chez son auteur d'une con- naissance profonde des qTiestions économiques algéro-maro- caines. Nous ne pouvons non plus reproduire les avis des per- sonnes compétentes qui ont bien voulu remplir consciencieu- sement leur rôle de commissaire. Tontes ont été d'accord pour déclarer qu'il était nécessaire, indispensable, politique, de lais- ser, autant qiie le permettent le? traités franco-anirlais et franco- espagnol, la porte ouverte entre le Maroc et l'Alfrérie.

Toutefois considérant que la loi du 17 juillet 7.^67 doit être forcément modifiée, afin d'empêcher que les produits d'industrie étrangère pénétrant au Maroc, ou fabriqués sur place par des étrangers, ne viennent concurrencer les produits français tran- sitant par l'Algérie, la Sous-Commission a estimé qu'il y avait lieu de sauvegarder les intérêts du commerce national.

352 BIBLIOGRAPHIE

Sur ce point tout le monde est d'accord. Il n'en est pas de nit'mc pour certaines questions de détail. De sérieuses diver- gences d'opinion se sont manifestées au sein de la Sous-Com- mission, en ce qui concerne les marchandises fabriqnres par transformation directe de certains produits naturels du sol : vins, farines, semoules, etc., mais principalement le vin. La question du vin a dominé tout le débat, comme elle a pris d'ailleurs la plus grande iuiportancc à la Commission des Douanes du Parlement, j\I. Barthe, député de l'Hérault, a été chargé de rapporter le projet relatif à l'abrogation et à la modi- fication de la loi de 1867. La réglementation proposée ne tend à rien moins qu'à restreindre, à paralyser la culture de la vigne au Maroc.

Au sein de la Sous-Commission d'Orari, le représentant le plus autorisé du commerce des vins, M. Kruger-Nissolle, a protesté énergiquement contre l'adoption de mesures qui, en gênant le commerce, favorisent, dans certains cas, non seulement la spéculation, mais aiissi le commerce étranger. Lorsque le Midi viticolo aura obtenu satisfaction en ce qui concerne le Maroc, il demandera à cor et à cri l'application du même régime à l'Algérie.

L'opinion de M. Kruger n'a pas été partagée par tous ses col- lègues. Il nous paraît pourtant que ce n'est pas aux colons algé- riens à réclamer pour les colons marocains, souvent leurs enfants, des mesures prohibitives qu'ils ont jugé vexatoires, antilibérales, impolifiques même, quand, à maintes reprises, la Confédération Viticole du Midi en demandait l'application à l'Algérie.

Mais, étant donné les tendances du Gouvernement et de la Commission des Douanes du Parlement, la Sous-Commission a estimé qu'il serait peut-être nécessaire de faire des concessions et, si les Chambres le proposaient, de se rallier au principe du contingentement. On l'appliquerait au Maroc, comme on l'a fait pour la Tunisie. Quant à l'Algérie, en attendant qu'elle subisse le même sort, elle se trouvera enserrée, au moins au point de vue économique, entre deux protectorats français qui seront pour elle des Etats étrangers.

Ce n'est pas pour être ensuite traités en parias que Tunisiens, Algériens et Marocains (colons et indigènes) versent sans compter le plus pur de leur sang sur la terre de France.

Il est évident qu'il est d'une nécessité absolue de protéger l'agriculture, l'industrie et le commerce français contre la con- currence étrangère ; mais étendre le protectionnisme à nos pos- sessions coloniales nous paraît un non-sens.

En présence de pareilles tendances, on en arrive à se demander pourquoi la France a acquis des colonies, organisé des protec- torats, si les Français intrépides qui vont y coloniser sont esclaves de lois, de règlements qui les empêchent de tirer le meilleur

BIBLIOGRAPHIE

353

parti possible des terres qu'ils arrosent de leur sueur et fertili- sent de leurs os.

Pour ce qui concerne le vin, il est permis d'espérer que le rapport de AI. Barthe, établi avant la guerre, sera, le moment venu, sérieusement retouché. Sur le front les poilus perdent le goût de ralc(K>l pour prendre celui du (( pinard ». T(>us, après la paix, voudront continuer à boire du vin ; mais ils ne le pour- ront (pie s'ils le paient à un prix raisonnable. Il est donc d'un intérêt national de ne pas en restreindre la production et, par suite, l'importation sur le marché français.

F. DOUMERGUE.

LEGLISE DU PRETRE ALEXANDER DECOUVERTE A BULLA REGIA EN 19t^f, par le D' Caiiton, correspondant de l'Institut (Extrait des Comples rendus (les séances de VAcadémie des Inscriptions et Bellcs-Lellres, I9i5, p. iiti).

Continuant les fouilles qui ont déjà donné de si magnifiques résultats à Bulla Régla, le docteur Carton a fait une nouvelle et intéressante découverte. Il s'agit d'un monument déblayé dans la périphérie de la ville et qui était, selon toute vraisemblance, une église, l'église du prêtre Alexander.

Ce monument comprend une nef, longue de o"i5, large de 4 mètres, flanquée de deux bas-côtés de 2™6o de largeur. Les murs qui séparent la nef des bas-côtés présentent chacun six auges.

Le qiiadratum populi, réservé aux fidèles, était séparé du pres- byteriuin par une longue marche. Celle-ci portait deux hautes colonnes à beaux chapiteaux, retrouvés sur place, l'un byzantin, l'autre à feuilles d'acanthe. Le presbyteriiim n'est pas ici en abside : il est rectangulaire, particularité qui n'est pas rare en Afrique.

L'intérêt de la découverte consiste surtout dans la multitude et la variété des objets trouvés. Dans le sanctuaire, M. le docteur Carton découvrit un reliquaire de plomb «n forme de cassette, abrité sans doute sous le ciboriuni dont les débris de colonnes jonchaient le sol.

Les secretaria qui flanquaient le presbytej'iuin offraient toutes sortes d'ol)jets comestibles calcinés : grains de blé, haricots, amandes, noyaux de cerises, d'olives, etc. Une de ces sacristies contenait surtout des débris de coupes en verre et parmi des amphores encore debout, trois croix de métal dont l'une porte le nom, en lettres grecques, du prêtre Alexander.

354 BIBLIOGRAPniE

M. le docteur Carton décrit les vases, les grandes amphores et surtout certains vases peints, en tout semblables aux poteries puniques et plus tard kabyles. (Vest une preuve de la survivance, parmi les Kabyles de l'art piuii(pio, que l'iulluence romaine n'a pu anéantir.

Les auges seraient des aménagements pour les agapes et pour recueillir les aumônes des fidèles en faveur des pauvres.

Enfin, d'après M. Carton, ce mommient aurait été élevé vers la fin du \f siècle.

Cette brochure apporte lUie nouvelle contribution à l'histoire des églises de l'vVfrique romaine et de telles découvertes doivent grandement encourager M. le docteur Carton dans la tâche qu'il accomplit.

Abbé FABRE.

PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS

de la « Société do Géographio et d'Archéologie d'Oran »

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

Séance du 3 Juillet 191 6

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumergue, Pock, Tournier, Daxgles, Dupuy, Abbé Fabre, Pellet, Pérez, Flahault.

Absents excusés : MM. Gé.néral Baschung, Bérexger, Aram- bourg, Huot, Lemoisson, de Pachtere, Roux-Freissineng, mobilisés ; René-Leclerc.

Absents : MM. Déchaud, Kriéger, Lamur, Pontet, Docteur

SviNDRAS.

Le procès-verbal de la séance du 5 juin est lu et adopté.

Avant d'aborder Tordre du jour, le Président annonce la mort récente de M. Onésime Reclus. Il rappelle que le savant auteur de France, Algérie, Colonies, fut un grand admirateur de notre terre africaine ; que, vers 1901, Oncsime Reclus vint à Oran et fit partie de notre Société.

Sont admis comme membres titulaires : MM. le baron de Mesnard et Studler, présentés à la dernière séance.

M. Brunel remercie le Comité du témoignage de sympathie dont il a été l'objet à la dernière séance et qui lui permet de rester membre titulaire de la Société.

Le Président communique une lettre de M, le commandant BÉRENGER, actuellement à Corfou, et qui sait, malgré de très prenantes occupations militaires, trouver un moment de loisir pour nous donner de ses nouvelles. Le Président est chargé de renouveler à notre dévoué Secrétaire général le souvenir amical et les meilleurs souhaits de tous ses collègues.

Le Comité accepte l'échange de publications qui lui est pro- posé par la Société d'Histoire Naturelle d'Alger.

356 PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS DE LA SOCIÉTÉ

La Société a reçu pour sa Biljliothôque :

De M, Ed. Dcchaud : Happoil présenté au nom de la Sous- Comniission chanjée de l'examen des questions relatives au commerce et au régime douanier algéro-marocains. Des remer- ciements sont votés à notre collègue.

Au sujet du rapport de M. Déciiaud, M. Dupuy, membre de la Sous-( Commission, fait un inléressant exposé de la question douanière algéro-marocaine. Il fait connaître les desiderata de la Chambre de Commerce, aux vues de laquelle se range le Comité de la Société de Géographie. Liée par le traité d'Algésiras, la France n'a pas les mains très libres ; mais dans la limite des traités, elle doit faire tout ce qui est possible pour que le sang versé, l'or dépensé ne l'aient pas été entièrement pour le béné- fice du commerce étranger. La solution se trouve surtout dans l'amélioration des moyens de transport et la réduction des tarifs.

Mais pour cela il est nécessaire que l'Algérie fasse les sacrifices nécessaires, il faut qu'en Oranie certains intérêts commu- naux cessent de se dresser en travers des intérêts généraux. Et, puisque le seul remède paraît être dans l'amélioration des voies ferrées, il faut à tout prix prolonger la voie large jusqu'à Fez et relier Marnia à Oran |)ar le chemin le plus court, ce qui, avec l'abaissement des tarifs de pénétration, permettra à notre commerce de soutenir la lutte contre la concurrence étrangère que favorise le ^xtrt franc de Melilla.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 7 heures.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAULT. Signé : DOUMERGUE.

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF SÉANCE DU 2 Octobre 191 6

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumergi'e, Pock, Tournier, Dangles, Abbé Fabre, Kriéger, Lemoisson, Pellet, Pérez, Flahault.

PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DE LA SOCIÉTÉ 357

Absents excusés : MM. Général Baschung, Bérenger, Aram- BOURG, HuoT, DE Pachtere, Roux-Freissineng, nfiobilisés ; DÉcuAUD, DupuY, Re>é-Leclero, D"^ Sandras.

Absent : M. Pomet.

Le procès-verbal de la séance du 3 juillet est lu et adopté.

Le Président, avant d'aborder l'ordre du jour, annonce le décès de deux de nos sociétaires : M. le capitaine Maurice Petit, décoré de la Croix de guerre, au Maroc, parti pour le front français à la fin de juin dernier, tué à l'ennemi à M...., le i3 aoîit 191 6 et M. Louis Lamur, conseiller général et délégué financier, président de la Société d'Agriculture d'Oran, décédé subitement le 25 septembre 191 6.

Le Président rappelle cpie M. le capitaine Petit, travailleur infatigable, a donné au Bulletin des notes sur la préhistoire qui ont été remarquées ; que M. Lamur avait toujours mis son influence au service de la Société. Des condoléances ont été adressées aux veuves et aux familles de nos confrères, et le Comité s'y associe très vivement.

Le Président annonce aussi le décès de M. Marie-Eugène Gallois, voyageur, publiciste et conférencier, décédé à Paris, le 29 juin dernier. M. Gallois n'était pas un inconnu pour les membres de la Société qui n'ont pas oublié la belle conférence qu'il fit, en 1910, sur son voyage au Spitzberg. Le Comité adresse un souvenir ému à l'intrépide voyageur géographe.

Le Président rappelle que notre collègue M. le capitaine HuoT a été promu chef de bataillon et maintenu au poste de confiance que lui a valu sa longue pratique du Service des Affaires Indigènes.

Le Président transmet au Comité le bon souvenir de M. le commandant Bérenger, notre secrétaire général, venu à Oran en permission pendant les vacances. Il l'a chargé d'exprimer à ses collègues ses regrets de n'avoir pu les voir tous pendant son trop court séjour en Oranie.

Le Président donne aussi des nouvelles de M. le commandant Paul AzAN, qui a été deux fois blessé à l'ennemi et cette fois assez grièvement. Les meilleurs vœux lui sont renouvelés.

M. le Gouverneur Général a bien voulu remarquer le travail de M. le capitaine Noël sur les Hamyans publié dans notre Bulletin ; il a chargé le Président de transmettre ses félicita- tions à l'auteur.

Pendant les vacances, M. le Président de la Chambre de Com- merce de Mf)Staganem nous a demandé des renseignements sur les documents que la Société possède sur la région de Mosta- ganem. Notre bibliothèque a été mise à sa disposition.

Le Président communique de la part de M. le lieutenant Campardou une photographie de la grotte de Taza.

Le Comité autorise le Trésorier à consacrer au prochain

26

358 PROCÈS-VERBAUX DES RÉUNIONS DE LA SOCIETE

Emitrunt nalional une somme de 8.000 francs devenue dispo- nible par suite de placements arrivés à échéance.

Un de nos sociétaires a proposé au Comité, pour le Bulletin, un travail sur des Stations rupestres. Le Président lui a fait entrevoir qu'il serait difficile, dans les conditions actuelles, d'engager la dépense considérable qu'exigerait la reproduction des « nombreuses » photographies que comporte ce travail. Il a demandé à notre distingué collègue de communiquer ses plan- ches au Comité qui décidera.

M. HiRN, sociétaire, a bien voulu offrir à la Bibliothèque : Excursions dans les Pyrénées, Voyage en Indo-Chine, par J. B. H. Bonadona. Le Comité l'en remercie.

M. Flahault annonce de la part de notre collègue M. Bister que le fils de ce dernier a dessiné quelques monuments et inscriptions des ruines de Mina et les a fait parvenir au Prési- dent. Ces dessins seront joints à la note de M. Pellet.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 6 h. 45.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAULT. Signé : DOUMEBGUE.

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ- ADMINISTRATIF

Séance du 6 Novembre iqi6

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumergue, Pock,Tournier, DÉCHAUD, Kriéger, Lemoisson, Pérez, D"" Sandras, Flahault.

Absents excusés : MM. Général Baschung, Bérenger, Aram- BOURG, HuoT, Roux-Frei&slneng, mobilisés ; Dangles, Dupuy, Abbé Fabre, Pellet.

Absent : M. Pontet.

Le Président rappelle les nouveaux deuils qui viennent de frapper la Société : M. de Pachtere, sous-lieutenant de zouaves, tué à l'assaut de Florina, et M. le lieutenant Suquet, du 2* Zoua- ves, mort à l'Hôpital d'Oran d'une maladie contractée à l'Armée

PROCÈS-VERBAUX DES REUNIONS DE LA SOCIETE -iSO

d'Oiiciif. Le Coinilé s'assofio aux stnliuit'iits de condoléances exprimés par le Président aux familles de nos rcgretlés et glo- rieux confrères.

Le Président annonce aussi la mort sur le front de M. le lieutenant François ue Lamotue, tué dans la Somme d'un éclat d'obus, à l'âge de 21 ans. Les condoléances de la Société ont été adressées à son père le général de Lamotiik, notre confrère.

Le Président fait connaître enfin le décès à Alger de M. Emile iMaupas, l'un des premiers naturalistes qui se soient intéressés à l'Algérie, et dont des études sur la Biologie des Foraminifères lui valurent un grand prix de l'Institut. M. Emile Maupas était depuis de longues années conservateur de la Bibliothèque natio- nale d'Alger.

Nos confrères le lieutenant Garoby, grièvement blessé -en Tvmisie, a été décoré de la Croix de guerre et nommé chevalier de la Légion d'honneur ; M. Voi\ot a été promu chef d'escadron d'artillerie. Des félicitations sont votées à nos deux distingués confrères.

Le Président donne de bonnes nouvelles de M. le comman- dant Paul AzAN qui. quoique non encore suffisamment guéri, a pu reprendre du service.

Des félicitations sont adressées à M. Flahault au sujet de la Croix de guerre décernée à son fils, sergent du génie.

Enfin, le Président donne les meilleures nouvelles et transmet l'aimable souvenir de notre Secrétaire général le commandant BÉRENGER, rentré à son poste à Corfou en exc-ellente santé.

L'ordre du jour est ensuite abordé.

Le Comité décide d'appuyer un vœu présenté par M. Aram- BouRG père et proposé par la Chambre d'Agriculture d'Oran. Les pluies ayant été très rares dans le Sud Oranais jusqu'au 2^ octobre, les pâturages manquent ; les brebis n'ayant pas de lait, les agneaux périssent, et 5oo.ooo moutons sont exposés à mourir de faim et de misère. Dans ces conditions, M. Aram- BOURG et la Chambre d'Agriculture demandent que les trou- peaux du Sud soient autorisés provisoirement à transhumer dans les forêts du Tell. Le Comité s'associe à ce vœu.

La Société « Les Amis: du Mont Saint-Michel », pi'éoccupée de conserver au Mont Saint-Michel son cadre naturel et son caractère d'insularité, proteste contre les retards apportés à la suppression des digues, pré^^nte un projet de travaux propres à éviter l'ensablement tout en assurant une communication constante entre la côte, et k Mont.

Le Comité, estimant qu'au moment 011 tant de nos richesses archéologiques disparaissent, détruites par le vandalisme alle- mand, il importe de préserver les monuments qui font la gloire de la France, s'associe au vœu des « Amis du Mont Saint- Michel ».

360

riiOGES-VERBAUX DES REUMOiNS DE LA SOCIETE

Le Président annonce qu'il va recevoir pour le Bulletin un travail sur des tribus marocaines.

En fin de séance, M. Déciiald donne quelques aperçus sur le voyage qu'il vient de faire au Maroc à l'occasion de la foire de Fez. Ce qui a le plus frappé la caravane c'est le développement inouï de la ville de Casablanca. Ce qui l'a le plus déçue c'est le contraste frappant entre la richesse du sol du Maroc occidental et l'aspect misérable de celui du Maroc oriental dans le parcours d'Oudjda à Taza.

Le Comité a reçu pour la Bibliothèque :

De M. Augustin Bernard : Nos grandes colonies et la guerre. Algérie. L'effort de l'Afrique du Nord pendant la guerre:

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 7 heures.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAILT. Signé : DOUMERGUE.

RÉUNION MENSUELLE DU COMITÉ ADMINISTRATIF

SÉA^CE DU fl DÉCEMBRE 1916

Présidence de M. Doumergue, président

La séance est ouverte à 5 heures et demie.

Sont présents au Comité : MM. Doumergue, Pock, Tourmer, DupuY, Abbé Fabre, Lemoisson, Pellet, Pérez, Fi.ahault.

Absents excusés : MM. Général Basciiung, Bérenger, Aram- ROURG, HuoT, Roux-Freissine.ng, mobilisés ; Dangles, Kriéger, Reiné-Leclerc.

Absents : MM. Déchaud, Pontet, D"" Sandras.

Le procès- verbal de la séance du 6 novembre est lu et adopté.

Le Président informe le Comité que M. René Cag.nat, membre de l'Institut, membre d'honneur de notre Société, vient d'être élu Secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Les archéologues algériens ne peuvent que se féliciter de ce choix, qui est un hommage rendu aux magnifi- ques travaux de M. Cagnat sur l'archéologie et l'épigraphie de

PHOCÈS-VElXliA[ X UHS KiaMONS l)K I,A SOCIÉTÉ -i^)!

l'Africjue du .Nonl. Le Cnniitt- chiirge le Président de tiaii^incltre ses IV'licilalions à M. Gagnât.

Notre jeune collègue M. Camille Aramholrg vient d'être promu capitaine sur le front d'Orient. Le Comité est heureux d'apprendre cette bonne nouvelle et souhaite une fois de plus de voir bientôt revenir parmi nous notre distingué confrère.

Le Président conimuni(pie au Comité le premier bulletin de la SocùHé lie CiiKjrdpliic du Mdvoc, dont le siège est à Casa- blanca. Celle Société a eu i)our premier président M. le com- mandant Cire, (jui, ayant quitté le Maroc, a cédé le fauteuil à M. le capitaine de Segonzac, que nos confrères ont eu le plaisir d'écouler et d'applaudir lors du Congrès d'Oran en 1902. Nul doute que sous rimi)ulsion de ce brillant explorateur et avec l'appui moral et financier du géïiéral Lyauley, président d'hon- neur, la jeune Société, qui s'intitule modestement Société de Géographie du Maroc, voie s'ouvrir devant elle une carrière féconde. Nous souhaitons à la Société de Géographie du Maroc tout le succès dont le début semble être le garant.

Le Comité décide que les litres représentant le capital de la Société seront déposés en banque afin de les mettre à l'abri de l'incendie ou de toute autre cause qui pourrait les faire dispa- raître. Il examinera dans la prochaine séance les mesures défi- nitives à prendre dans ce but.

Il a été acquis d'occasion pour la Bibliothèque des ouvrages de iMM. Babelon, Collignon, Paris, Lenormant et Nordenskiold, dont les titres sont donnés dans le Mouvement de la Bibliothèque.

Le Président dépose sur le bureau le manuscrit de M. le lieu- tenant Campardou sur la grotte de Kifan el Ghomari. 11 en sera rendu compte dans la prochaine séance.

Le Président annonce qu'après un mois et demi d'arrêt, par suite d'un accident de machine, la composition du Bulletin vient d'être reprise. Il espère que le fascicule sera prêt avant la fin du mois.

A propos du Bidletin, le Président exprime ses craintes au sujet de la pénurie de manuscrits qui se fait de plus en plus sentir. Presque tous nos collaborateurs étant mobilisés ou absorbés par d'importantes occupations imposées par l'état de guerre, les travaux présentés sont de plus en plus rares. Il est donc nécessaire que tous ceux qui peuvent encore travailler apportent leur précieuse collaboration au Bulletin.

La séance est levée à 6 heures et demie.

Pour le Secrétaire général, Le Président,

Signé : FLAHAl LT. Signé : DOUMERGUE.

MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE

lei- et Semestres 1910

1 PERIODIQUES

Pour les publications périodiques, voir la Liste den Sociétés correspàintanfes. (Bull, i'''' trimestre igiS, p. 19.)

NOX PERIODIQUES

(Don^ et Achnts)

GÉNÉRALITÉS

Babelon (Ernest). La gravure sur pierres fines, camées et intailles, i vol. in-i2°, 820 p. Paris, A. Picard et Kaan, 1894.

GuÉBHARD (O*" Adrien). -^ Sur une petite mais importante amélioration à apporter aux signes de la légende paléoethnolo- gique (Extr. des Comptes rendus du Congrès internationid d'an- thropologie et d'archéologie préhistorique) , l»roch. in-8°, 3 p. Genève, 191 2.

Applications nouvelles de la radiographie à l'histoire naturelle. La microradiograpliie de M. Goby (Extr. de la Feuille des jeunes naluralistes), hroch. in-8°, 4 P-, 4 pL Rennes, Ober- thur, 1914.

GiiiGXET (E.) et Ed. Garmer. La céramique ancienne et moderne : sa fabrication et son histoire, i vol. in-S", 3ii p. Paris, Félix Alcan, 1899.

HiiET (M. J.) Les bovidés (Extr. de la Rei'ue des sciences naturelles appliquées), broch. in-8°, 3r p. Paris, Imp. de la Société d'acclimatation de France, 1892.

Les ovidés et les capridés (Extr. de la Bévue des sciences

MOUVEMEM' DE LA BIHLIOTIIEQUE

363

nulurelles applUiuces), Inxich. in-8°, /)5 p. Paris, Inip. d(t la Société d'acclimatation de Fiance, 1891.

Lenobmant (Fr.) Monnaies et médailles, i vol. in- 12', 828 p. Paris, A. Picard et Kaan, 1896.

Paris (Pierre). La sculpture anticpie, i vol. in-i2°, 352 p. Paris, A. Picard et Kaan, 1894.

EIKOPE

AuBREY Straiian, N. F. Mackenzu:, h. R. Mill and J. S. OwotNS. The investigation of ri vers (Publ. de la Société Royale de Géographie de Londres), broch. in-8°, 98 p., 9 pi. London, Williams Clowes and Sons, 191 6.

Bonadona (J. t. h.) I. Excursions dans les Pyrénées. II. Voyage eu Indo-Chine, broch. in-12"', 178 p. Dole, Joseph Jacques, 1912.

CoLLiGNON (Maxime). Mythologie figurée de la Grèce, i vol. in-i2°, 352 p. Paris, Alcidc Picard et Kaan, 1907.

GuÉBiTARD (D'' Adrien). Carte structurale détaillée au 1/80.000'' des environs de Castellane (Basses-Alpes) (Extr. du Bulletin de la Société Géologique de France), broch. in-8°, 60 p. Mâcon, Protat frères, rg-i^.

Tectonique des environs de Castellane (Basses-Alpes) (Extr. des Comptes rendus de l'Académie des Sciences), broch, in-8°, 4 p. Pari's, Gauthier- Villars, i9i4-

AFRIQUE DU NOlîU (Algérie, Maroc, Tunisits Sahara)

Béguet (L.) et M. Simon. Algérie : Gouvernement, Admi- nistration, Législation (Répertoire du droit administratif), 3 vol. in-8°. Paris, Paul Dupont, i883.

Bel (Alfred). Note sur une inscription de i846 figurant sur le pont de Négrier (Tlcmcen) (Extr. de la Revue Africaine), broch. in-8°, i4 p. Alger, Adolphe Jourdan, 1911.

Ben Danoi! (C.) Contribution à l'étude de l'industrie pas-

364 MOUVEMENT UE I.A HIHLIOTIlÈQUE

toralc on Al-^'ôrio. Laines orano-niaroraines, broch. in-8°, 27 p. Oran, P. Payan, 1905.

Des nappes d'hall'a el de leur rôle au pays du mouton. Utilisation du houss d'hall'a (Extr. du Bull, de la Soc. de Géo- graphie d'Oraf}), broch. in-8°, 16 p. Oran, L. Fouque, igiô.

Bernard (Augustin). Nos grandes colonies et la guerre (Extr. de la lieinie des Sciences politiques), broch. in-8°, 3i p. Paris, Félix Alcan, 191 6.

L'effort de l'Afrique du Nord, broch. in-S", 82 p. Paris, Blond et Guy, 1916.

BoîjRiniKiNAT. - Histoire du Djebel Tliaya et des ossements fossiles recueillis dans la grande caverne de la Mosquée, 1 vol. in-8°, 108 p., i3 pi. Paris, 1870.

Bugeaud (Maréchal). Exposé de l'état actuel de la société arabe, du gouvernement el de la législation (pii la régit, i vol. in-8°, 169 p. Alger, Imp. du Gouvernement Général, 18^^.

Gagnât (R.) La frontière militaire de la Tripolitaine à l'époque romaine (Extr. des Mémoires de l'Académie des Ins- criptions et Belles-Lettres), broch. in-4°, 87 p. Paris, Imp. Natio- nale, 1912.

Garcopino (Jérôme). Note sur une mosaïque récemment découverte à Tipasa (Extr. du Bulletin de la Société Archéolo- gique), broch. in-8°, 21 p. Paris, Imp: Nationale, 1915.

Mélanges d'épigraphie algérienne (Extr. de la Revue Afri- caine), broch. in-8*', 82 p. Alger, Ad. Jourdan, igi-i.

Deux inscripfifms du département de Gonstantine récem- ment publiées (Extr. du Bulletin de la Société Archéologique), broch. in-8°, 12 p. Paris, Imp. Nationale, 191 5.

Du droit de cité accordé par les Romains aux peuples con- quis. De ses effets (Extr. des Annales Universitaires de V Algé- rie), broch. in-i2°, 7 p. Alger, Ad. Jourdan, 1916.

Les mosaïques chrétiennes des Beni-Rached. (Extr. du Bull, de la Soc. de Géographie d'Oi-an), broch. in-8°, 12p., i pi. Oran, L. Fouque, 191 6.

Garton (D'' L.) L'église du prêtre Alexander découverte à Bulla Regia en 191/1 (Extr. des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), broch. in-8°, 12 p. Paris, Auguste Picard, 191 5.

Les fabriques de lampes dans l'ancienne Afrique (Extr. du Bail, de la Soc. de Géographie d'Oran), broch. in-8°, 45 p., 3 pi. Oran, L. Fouque, 191 fi.

Déciiaud (Ed.) Rapport présenté au nom de la sous-com- mission chargée de l'examen des questions relatives au com-

MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE

365

merce et an n'-^'-imi' (Ir)iuiiiicr iil^'m-marocains, hrftcli. in-8°, ia3 p. Oran, D. Heinlz et fils, 19 16.

CnENEH (. Mohammed ben). Classe des savants de rilri(|ya, texte arabe (Pid)licalion de la FocuHé des Lettres d'Alger), Paris, E. Leroux, 1910.

Dji.w (Georges). Vers le l'ebad (Extr. du lin IL de la Soc. de Géographie d'Oran), broch. in-8°, 55 p. Oran, L. Fouciue,

J()IO.

Gentil (Louis). Notice sur la cousiruction de la carte à l'échelle de i/i.ooo.ooo* et index bibliographique précédé d'une vue d'ensemble sur le relief du Maroc, Itroch, in-S*, ^8 p. Paris, Henri Barrore, iQiS.

La recherche scientifique au Maroc (Extr. de la Revue Générale des Sciences), broch. in-8°, 27 p. Paris, Armand Colin, 1914.

Esquisse hydrologique de la région de Meknès (Extr. du Bull, de la Société de Géographie commerciide de Paris), brneh. in-8°, i5 p. Paris, igi/i-

Notes de géologie marocaine, v"" et vi® séries (Extr. des Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences), 2 broch. in-8*', 27 p, Paris, Gauthier-Villars, igi/i-1915.

Gentil (L.) et Pereira de Sousa. Sur les effets au Maroc du grand tremblement de terre au Portugal de 1755 (Extr. des Comptes rendus de V Académie des Sciences), broch. in-8°, 3 p. Paris, Gauthier-Villars, 1918.

Gouvernement Général de l'Algérie. Rapport sur l'ins- truction publique présenté par M. le docteur Abadie, d'Oran, au nom de la Commission des finances des Délégations financières, broch. in-8°, 89 p. Alger, V. Heintz, 1910.

Discours prononcé par M. le Gouverneur Général à l'ou- verture de la session ordinaire des Délégations Financières, broch. 111-8", 21 p. Beaugency, René Barillier, 1916.

Rapport sur le fonctionnement de l'Office du Gouverne- ment Général en 1910, broeh. in-8°, 86 p. Beaugency, René Barillier, 1916.

Herbillon (Général). Insurrection survenue dans le Sud de la province de Constantine en 18/19. l^elation du siège de Zaatcha, broch. in-8°, 208 p., 3 pi. Paris, J. Dumaine, i803.

HÉRON DE Villefosse, (Ant.) Rapport sur une mission archéologique en Algérie, broch. in-8°, 120 p. Paris, Imp. Nationale, 1878.

NoÉ (Vicomte de). Les bachibozouks et les chasseurs d'Afri- que, broch. in-8°, 20^ p. Paris, Michel Lévy frères, 1861.

Noi^L (Capitaine A. H.) Documents pour servir à l'histoire

366 MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHEQUE

des Hamyan et de la région qu'ils occupent actuellement (Extr. du Bull, de la Soc. de Géographie d'Oran), broch. in-8°, 270 p., 2 cartes. Oran, L. Fouque, 191 6.

OiLD Kadi (Si Ahmed). Impressions du voyage à Paris de Sidi Ahmed ould Kadi, bach-agha de Frenda, broch. in-S*", 46 p. Alger, A. Boyer, 1878.

Renault (J.) Cahiers d'archéologie tunisienne, nouvelle série, à vol. in-^". Tunis, Imp. Rapide, 1910-1914.

RoTSCHiLD (Lord). A preliminary account of the lepidop- terus faunas of Guelt-es-Stel (Central Algeria) (Extr. de Novi- tates Zo(jlogicaœ), broch. in-/j°, 7 p., 1910.

Société de Géographie du Makoc (Bulletin de la). i**" Fas- cicule, broch. in-S", 77 p., i carte. Casablanca, J. Mercié et C'^, 1916.

VoiNOT (Capitaine L.) Les actes d'hostilité des émigrés et des Marocains, surtotit des Beni-Snassen, et les opérations elTec- tuées par les Français notamment en i856 (Extr. de la Revue Africaine), broch. in-8'', 112 p. Alger, Ad. Jourdan, 1914.

Voyage de S. M. ^'apoléon III en Algérie, avec notice histori- que et géographique, i vol. in-S", 36o p. Alger, Bastide, i865.

AFRIQUE

Delhaise (Charles). Ethnographie congolaise. Chez les Warundi et les Wahorohoro (Extr. du Bulletin de la Société royale belge de géographie), broch. in-8°, 64 p. Bruxelles, Typo-lithographie générale, 1908.

Chez les Wabemba (Extr. du Bulletin de la Société royale belge de géographie), broch. in-8*', 81 p. Bruxelles, Typo-litho- graphie générale, 1908.

Galli (H.) La guerre à Madagascar. Histoire anecdotique des expéditions françaises de i885 à 1895, i vol. in-8°, 964 p., i4 cartes et itinéraires. Paris, Garnier frèrts, 1896.

Goi:VER.NEME.NT GÉNÉRAL DE l' AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE.

Discours prononcé par M. Clozel, gouverneur général, à l'ouverture de la session ordinaire, broch. in-8'', 9 p. Corée, Imp. du Gouvernement Général, 1915.

Rapport d'ensemble annuel (année 191 2), i vol. in-8°, 948 p. Paris, Emile Larose, 1916.

MOUVEMENT DE LA BIBLIOTHÈQUE -î^i'

Office Colonial. Guide du coinm< rte et de la rnlrinisalicin à la Côte d'Ivoire, broch. iii-8°, 257 p., tj cartes, l'aris, I,. \N alter frères, 1910.

ASIE

Bhemeh, Martin de Flacolrt, Crev(jst et Levèqle. Les principaux oléajirineux de l'Indo-Chine (Extr. du Bulletin éco- nomique de rindo-C.hine), brocli. in-8", i5j p. Hanoï, F. H. Schneider, 1906.

Poi CHAT (Jacques). L'industrie des jossticks au Tonkin (Extr. de la Bévue Indo-Chinoise), broch. in-8°, 56 p. HaHOï, Inip. d'Exlrènie-Orient, 1911.

Douakche (L.) Les bovidés du Tonkin (Extr. du Bulletin économique de l'Indo-Chine), broch. in-S°, 173 p. Hanoï, F. H. Schneider, 1906.

A3IÉRIQUE

NoRDENSKiOLD (A. E.) La seconde expédition suédoise au Grônland (l'Inlandsis et la Côte orientale), traduction Ch. Rabat, broch. in-A", 492 p., 5 cartes. Paris, Hachette et C'^, 1888.

Le Bibliothécaire,

A. TOURMER.

Capitaine Maurice PETIT

Mort au Champ d'Honneur I

Le i3 août 191 6 est tombé à M.... (Somme) un de nos plus dévoués sociétaires, M. le capitaine Marie-Joseph-Maurice Petit.

le a5 février 1871 à Gizaucourt (Marne), Maurice Petit s'engageait à dix-huit ans au i"*" Bataillon de Chasseurs à pied. Rengagé, il entrait en 1896 à l'Ecole Militaire d'Infanterie et, le i®"" avril 1897, ^'" sortait sous-lieutenant.

Affecté d'abord à l'Infanterie de Ligne, il passa ensuite à la Légion étrangère, puis aux Zouaves, pour revenir à la Légion et finir au 9^ Zouaves de marche. Partout il se montra un soldat d'élite. Il combattit au Sahara, à Madagascar, en Tunisie, tout récemment au Maroc oriental et enfin contre l'Allemagne. Hors de France il avait pris part à douze combats.

Cité deux fois à l'Ordre du jour au Maroc, la Croix de guerre lui avait été attribuée, d'abord avec étoile, plus tard avec palme.

Capitaine adjudant-major, chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la Croix de guerre, de diverses décorations colo- niales, officier d'Académie, Maurice Petit aurait pu attendre à l'arrière sa promotion au grade de chef de bataillon. Mais, comme presque tous ses camarades retenus au Maroc par la nécessité impérieuse de défendre notre conquête, il ne cessait de demander son envoi sur le front français pour y accomplir un plus grand devoir.

Vers la fin du mois de juin 1916, satisfaction lui fut accordée et, dans les premiers jours de juillet, il s'embarquait, heureux et fier d'avoir vu ses vœux exaucés.

Ce ne fut pas sans émotion que, pour la dernière fois, je lui serrai les mains, à la Bibliothèque de la Société, il se plaisait à venir me retrouver lorsqu'il venait à Oran. Ce ne fut pas sans un pénible serrement de cœur que je vis ce beau soldat, à l'allure martiale, familiarisé avec les balles, aller affronter les obus.

Hélas I je ne devais plus le revoir. Le 3 août il m'écrivait encore, le i3, il tombait mortellement frappé en accomplissant témérairement son devoir ainsi qu'en témoigne la belle citation suivante à l'Ordre de l'Armée :

(( Officier de haute valeur et d'un courage à toute épreuve, a tenu à aller s'assurer que la liaison avec une unité voisine était bien établie malgré la violence du bombardemeiit. A été tué au cours de sa mission. »

Ainsi mourut pour la France le capitaine Maurice Petit.

NÉCROI>OGlE 369

Mais la vie de soldat n'avait pas suffi à l'activité de l'officier. Travailleur infatigable, collectionneur passionné, notre collègue avait consacré les loisirs des camps à des recherches d'archéo- logie préhistorique dont notre Bulletin a donné quelques-uns des résultats dans les publications suivantes :

En igoô : Note sur les tumuli d'Aïn-Sefra. En igi^i : i\ote sur la stalion préhislorique de Goutiiir (Maroc Oriental). En igiô, une étude géographique intéressante : De la frontière oranaise à Taza. II se proposait de publier après la guerre le résultat de ses dernières recherches au Maroc Oriental.

Si notre Société [)leure le soldat, ses regrets vont aussi au modeste savant chez lequel l'amour de la Science était insépa- rable de celui de la Patrie.

Au nom de la Société, je salue la mémoire du capitaine Petit et renouvelle à sa veuve et à sa famille l'expression denos condoléances les plus attristées.

F. DOUMERGUE.

Félix-Georges de PACHTERE

Mort au Champ d'Honneur I

Dans les premiers jours d'octobre parvenait au Lycée d'Oran une bien triste nouvelle : notre ancien collègue F. G. de Pach- tere avait été tué en Macédoine, le 24 septembre 1916. Frappé d'une balle en plein front, notre ami venait de s'inscrire, en lettres de sang, à la suite de cette pléiade de jeunes savants dont le « Livre d'Or » des Morts pour la Patrie sera l'éternelle gloire de l'Ecole Normale Supérieure.

à Paris le 20 avril 1881, G. de Pachtere se destina à l'en- seignement. Entré à l'Ecole Normale Supérieure en igoS, il en sortit agrégé d'histoire en 1907. Ses brillants succès, ses remar- quables aptitudes pour l'archéologie romaine le désignèrent pour l'Ecole française de Rome dont il fut membre de 1907 à 1910.

A sa sortie de l'Ecole il fut. nommé professeur d'histoire et de géographie au Lycée d'Oran.

Tout en se consacrant consciencieusement à ses fonctions, G. de Pachtere mit aussitôt en chantier la thèse dont il avait déjà établi le plan ; il commença à classer les nombreux docu- ments qu'il avait recueillis en parcourant l'Italie, la Tunisie et l'Altcérie.

370 NÉCROLOGIE

Doué d'une vive intelligence, dune mémoire très fidèle et, par dessus tout, d'une grande puissance de travail, il menait de front la préparation de sa thèse et l'étude de diverses ques- tions d'histoire, d'arcliéologie, d'épigraphie. Longue était déjà la liste de ses publications. Toutes portent l'empreinte de la sûreté de sa documentation, de la précision de sa méthode et de la rectitude de son jugement.

La modestie du jeune maître égalait son talent. Très sévère pour ses propres œuvres dont il était le premier critique, il tenait en piètre estime les publications dans lesquelles le souci de provoquer l'admiration des profanes l'emporte sur celui de faire œuvre de vérité.

Manquant de livres, de Pachtere demanda et obtint une chaire au Lycée d'Alger d'où il ne tarda pas à regagner, comme bour- sier d'études, l'Ecole Normale Supérieure, ce qui lui permit de se retrouver près de ses maîtres et de se consacrer tout entier à sa thèse.

Hélas ! le décret de mobilisation vint l'arracher à ses rêves d'avenir.

Sergent aux Zouaves, il fut bientôt sur la ligne de front, à l'arrière de laquelle il aurait pu rester en arguant de sa myopie. Blessé à la tète aux Eparges, il revint en convalescence en Algérie. Promu sous-lieutenant, il fut envoyé aux Dardanelles, d'oii il passa à Salonique.

sur cette terre de Macédoine qui lui rappelait ses classi- ques, il puisa dans son amour du travail le stimulant qui le préserva de la dépression morale qu'engendrait une trop longue oisiveté. Il mit à profit ses loisirs pour faire des recherches archéologiques et rendit compte à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dont il était Correspondant, des découvertes faites en creusant les tranchées.

La reprise des opérations le ramena vers les lignes bulgares d'oii il ne devait plus revenir. Parti avec une première vague

d'assaut à l'attaque de F , il tombait pour ne plus se relever.

Aujourd'hui de Pachtere dort son dernier sommeil sur cette terre de Grèce qui, ayant été un des berceaiix de la civilisation, semble destinée à en devenir le tombeau.

La mort glorieuse de de Pachtere ne doit pas seulement nous inciter à admirer et à regretter le soldat et le savant ; nous devons aussi nous rappeler que notre collègue fut vm des mem- bres les plus distingués de notre Compagnie. Membre de la Société dès son arrivée à Oran, de Pachtere ne tarda pas à être élu au Comité, sa place était marquée d'avance. Nommé Secrétaire-adjoint pour la section d'archéologie, il traita avec la plus grande compétence toutes les questions d'histoire, d'ar- chéologie et d'épigraphie romaines concernant notre déparle- ment. Il fut et demeura un des plus précieux collaborateurs du Bulletin de la Société.

NECROLOGIE

:{71

Aussi {■'(■si avec un scMliiiiciit dr \i\c icconnaissance pour les services rendus tjue la Socirlc ilc CiCixjnipliie et d'Archcdlnijie d'Oraii adresse un souvenir ému au savant qui a consacré sa vie au service de la Science v{ au soldai jLflorieux (jui est mort pour la Patrie.

Au nom de la Société, en mon nom personnel, je renouvelle à Sa jeune veuve, à sa famille l'i'xpression de nos plus sincères condoléances.

F. DOUMERGUE.

Louis LAMUR

Le 25 septembre 191 6, une triste nouvelle se répandait comme une traînée de poudre dans la ville d'Oran. Louis Lamur était subitement décédé dans la force de 1 âge. Ce fut dans la population une consternation générale. Enfant d'Oran, Lamur en était aussi un des citoyens les plus estimés. Son indépen- dance de caractère, sa loyauté, son franc-parler, son dévoue- ment à la chose publique, sa grosse si.tuation de forttme lui avaient acquis la sympathie et l'estime de ses concitoyens.

Très actif, Louis Lamur apportait son concours à toutes les œuvres qui contribuaient à la prospéi'ité de l'Algérie et de la Mère-Patrie. Quoique très adonné aux choses de la vie publique, Lamur était, avant tout, agriculteur ; il gérait avec une grande compétence les riches vignobles qu'il avait constitués dans la banlieue d'Oran ; il les cultivait en agronome, prêchant d'exemple dans l'application des méthodes scientifiques dou{ il était le fervent apôtre.

Partout il coml)attait la l'outine et ne cessait de proclamer que le progrès agricole est entièrement subordonné au progrès scientifique.

Président pendant dix-huit ans de la Société d'Agriculture, il apporta une inlassable énergie à défendre les intérêts agricoles de l'Oranie, à favoriser les initiatives, à préconiser les méthodes de culture qui marquent quelque progrès sur la routine. Aux Délégations Financières, il présida la section des Colons, il apporta le fruit de son expérience, il s'employa à stimuler des activités engourdies et ne recula jamais devant les initiatives à prendre pour réformer certains errements.

Membre de la Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran,

372 NÉCROLOGIE

L. Lamur avait bien voulu accepter de faire partie du Comité. Tout son concours était, acquis aux intérêts de notre Compagnie. Au nom de la Société et en mon nom personnel, je salue bien bas la mémoire de notre très regretté collègue et renouvelle à sa veuve, à ses enfants et à la famille l'expression de nos condo- léances les plus attristées.

F. DOUMERGUE.

Pierre SUQUET

Le lo octobre 19HÎ, un de nos confrères, M. Suquet Pierre, mourait à l'Hôpital iMilitaire d'Oran des suites d'une maladie contractée sur le front.

Après avoir fait une partie de sa carrière d'ingénieur dans notre grande colonie d'Asie, M. Suquet était venu il y a quel- ques années à Oran, en qualité de chef de service de l'impor- tante maison Alar, Clamens et Fourneron Bey, entrepreneurs de travaux publics à Marseille, pour y diriger la constnjction de l'usine électrique de Mers-el-Kébir et d'autres grands travaux. La guerre le surprit en pleine activité.

M. Suquet, quoique, dégagé de toute obligation militaire, n'hésita pas. Ancien officier, il obtint d'être réintégré avec son grade de lieutenant, et fut affecté au 2'' régiment de Zouaves. Parti sur le front, il vécut les rudes combats des Dardanelles, et de fut transféré en Macédoine ; il y contracta la maladie de laquelle il ne devait pas se relever.

Evacué à Oran, il y continua son service dans les bureaux de l'Etat-Major jusqu'au jour son mal lui 'interdit tout travail et l'obligea à rentrer à l'hôpital ; il ne tarda pas à y succomber.

Son caractère tout de droiture et de franchise, son énergie tempérée par une parfaite courtoisie et les meilleurs dons du cœur lui avaient ac(juis l'estime générale et l'amitié de ceux qui l'approchaient de plus près.

Au vaillant et glorieux soldat, nous offrons l'hommage de notre admiration ; à sa veuve et à la famille dont il était le sou- tien et le guide, nous renouvelons l'expression de nos condo- léances les plus vives.

E. F.

TABLE DES MATIÈRES

SOCIETE DE GEOGRAPHIE ET D'ARCHEOLOGIE

P R O V I X C K D ' O R A X

TOME XXXVI. 1916

Pages

Bureau et Comité administratif de la Société 3

Procès-verbaux des réunions de la Société io8, 208, 355

Itapport sur les travaux de la Société pendant l'année if(i5-if)i6 .... 212

Mouvement de la Bibliothèque 363

Noël (Capitaine). Documents pour servir à l'iiistoire des Hamyan et de la région qu'ils occupent (Cartes i et 2) 5, 117

D"" L. Cartox. Les fabriques de lampes dans l'ancienne

Afrique (PI. I, II et III) 61

Jérôme Carcopino. Les mosaïques chrétiennes des Béni-

Rached (PI. IV) igS

A. Guillaume. Observations météorologiques faites à la

station de Santa-Cruz 2o3

D"" Gustave Bertrand et Etienne DtmoMMK. Notice sur Kl Ksar El Kebir et la région du khiott 217

L. VoiNOT (Capitaine). Note sur les tumidi et quelques

ruines des environs d'El Aïoim Sidi ÎMellouk (Maroc Oriental (avec figures) . . . 267

374 TABLE DES MATIERES

Pages

R. JoANMS (Sous-Lieutenant). Excursion aux grottes de

Moulai Ahmed ou du Zegzel (Maroc Orien- tal) (PI. V et VI, avec figures) 278

H. Pellet. Note sur les ruines de Mina (avec figures). 285

C. Ben Danou. Contribution à l'étude de l'industrie pastorale en Algérie et au Maroc. Note sur les laines du Sud Oranais et du Maroc 291

Guillaume et Liiuillier. Observations météorologiques

faites à la station de Sanfa- Cruz du i^"" juin au 3o no- vembre 1916 34 1

A. TouRiNTER. Mouvement de la navigation dans les ports du département d'Oran pen- dant l'année 191 5. Mouvement com- mercial 343

BIBLIOGRAPHIE

A. Cour. Mélanges africains et orientaux, par René

Basset io4

Les actes d'hostilité des émigrés et des Marocains, surtout des Béni Snassen, et les opérations effectuées par les Français, notamment en i856, par le capitaine L. VoiNOT io5

Abbé Fabre. I. Du droit de cité accordé par les Romains aux peuples conquis et ses effets ;

II. Deux inscriptions du département de Constantine récemment publiées ;

III. Mélanges d'épigraphie algérienne ;

IV. Note sur une mosaïque récemment découverte à Tipaza,par M. J.Carcopino 106

TABLE D!£S MAIIKUKS 375

F. DoLMERGUE. Rappoit général sur la situalion «in Proteclorat du Maroc au 3i juil- let i()i'i, drossé par les Services de la Hésidcnce Générale, sous la diretiion de M. le général Lyaitey, Commissaire Résident Général de la Hépiilili(|H(' Française au Maroc. 2o4

Rapport [tréscnlé ati nom de la Sous- Commission chargée des questions relatives au commerce et au régime douanier algéro- marocains, par Kd. Dr.cHAiu 35 r

Ahhé FvBRE. L'église du [urlrc Alexandcr dérouvfMte à

Bulla Regia en 1914, par le D'' Cartox. 353

NÉCROLOGIE

Commandant Paul Berthon 1 14

Léopold Français 1 1 5

Charles Mesrine 1 1 5

Docteur Jean Duzan 216

Capitaine Maurice Pdit 368

Félix-Georges de Pachterc 369

Louis Lamur 371

Pierre Suquet 372

DT Société de geogrtphie et

298 d'î^rcheologio de 11 province

08S622 d'Or^n

t. 35-36 ^ Bulletin trimestriel de geogrtiphie et d'fiPchoologie

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